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Distomatoses - Fascioloses - Douves

trématodes
Introduction :

Les distomatoses sont des maladies dues au développement dans l’organisme de parasites trématodes, vers plats
: les douves ou distomes. Ce sont des anthropozoonose, communes à l’homme et à certains animaux, l’atteinte
de l’homme étant occasionnelle et accidentelle. On distingue, en fonction de l’organe infecté, les distomatoses
hépatobiliaires, intestinales et pulmonaires qui peuvent être contractées dans différentes régions du monde.

1 – Définition :

C'est une zoonose causée par un trématode, Fasciola hepatica, localisé à l'état adulte dans les voies biliaires de
nombreux herbivores et occasionnellement de l'homme. La distomatose à F. hepatica ou fasciolose se traduit
classiquement par des signes hépatobiliaires associées à une hyper éosinophilie.

2 - Agent pathogène :
A. Morphologie et biologie :

Fasciola hepatica, communément appelée grande douve du foie, est un ver plat en forme de petite feuille,
mesurant 2 à 3 cm de long sur environ 1 cm dans sa plus grande largeur.
Il possède à son extrémité antérieure deux ventouses qui lui permettent de s'attacher à l'épithélium des voies
biliaires. Il est hermaphrodite et possède donc à la fois des organes génitaux mâles et femelles.
Le ver adulte parasite les voies biliaires intra et extra-hépatiques de l'hôte définitif (nombreux mammifères – en
particulier mouton, bœuf - accidentellement l'homme). Dans l'eau douce, ces œufs s'embryonnent en 3 semaines
et libèrent un embryon cilié : le miracidium.

- Le miracidium :
Est capable de nager dans l'eau pour aller à la rencontre de l'hôte intermédiaire: un mollusque d'eau douce, la
limnée (Limnea truncatula). Celle-ci vit le long des cours d'eau et des rigoles de drainage des prés.
L'infestation de la limnée a lieu principalement en début d'été.

- Dans la limnée, le miracidium se transforme et se multiplie (phénomène de polyembryonie) un grand


nombre de fois. Pour un miracidium ayant pénétré dans la limnée, plusieurs centaines de nouvelles formes
larvaires s'en échappent après quelques semaines : les cercaires (fin d'été, début d'automne).

- Les cercaires : sont pourvues d'une queue et sont capables de nager dans l'eau. Elles atteignent des
végétaux semi-aquatiques bordant les cours d'eau (notamment le cresson). Elles s'y fixent à la face inférieure
des feuilles en se transformant en une forme de résistance, la métacercaire.

- Les métacercaires : enkystées fixées à la face inférieure des végétaux semi-aquatiques sont constituées
d'une larve entourée d'une épaisse enveloppe leur permettant de résister dans le milieu extérieur pendant
plusieurs semaines.
- L'hôte définitif se contamine en ingérant les végétaux sur lesquels sont fixées les métacercaires.

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La larve libérée de sa coque par action des sucs digestifs se transforme en une jeune douvule immature qui
entreprend une migration vers le foie en traversant la paroi intestinale, en se déplaçant à travers le péritoine
vers la capsule de Glisson qu'elle perfore.
Foie de bovin parasité par Fasciola hepatica
- La jeune douvule traverse le parenchyme hépatique en y créant des lésions avant de s'installer dans les voies
biliaires où elle devient adulte 3 mois après la contamination.
La longévité des douves adultes est de 3 à 5 ans environ.

Adultes de Fasciola hepatica

Il pond des œufs qui sont émis dans les selles.

B. Contamination humaine :

L'homme se contamine par consommation de cresson sauvage cru, ramassé dans des prés où paissent des
moutons ou des vaches (ou autres herbivores) ou en aval de ces prés.
4 - Manifestations cliniques :

Forme typique :

- Les symptômes de la phase d'invasion débutent 1 à 4 semaines après la contamination par des troubles
digestifs vagues, une asthénie, des myalgies.
Le tableau d'hépatite toxi-infectieuse plus ou moins sévère, se traduit par les symptômes suivants :
¤ Fièvre.
¤ Altération de l'état général (asthénie, amaigrissement).
¤ Douleurs de l'hypochondre droit.
¤ Hépatomégalie sensible, parfois ictère.

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5 - Diagnostic biologique :

Les examens biologiques conduisant au diagnostic de fasciolose doivent être demandés lors de l'exploration
d'une hyperéosinophilie, surtout si celle-ci est associée à la notion de consommation de cresson, à des
symptômes évocateurs ou à des cas dans l'entourage.
L'apport des différents examens biologiques sera différent en phase d'invasion et en phase d'état :

A. En phase d'invasion :
Les éléments d'orientation seront les suivants :
- hyperleucocytose (15 à 25 000 globules blancs), avec une hyperéosinophilie élevée, atteignant souvent plus de
50%,
- un syndrome inflammatoire inconstant : VS, CRP élevée
- une cytolyse hépatique inconstante: élévation des transaminases.
Le diagnostic sera apporté par la recherche des anticorps (sérodiagnostic de distomatose) très précoce et très
sensible.
A cette phase, les examens parasitologiques des selles à la recherche des œufs seront négatifs.

B. En phase d'état :
- L'hyperésinophilie diminue, mais persiste à un taux plus modéré
- Les examens parasitologiques des selles pour la mise en évidence des œufs peuvent être positifs à ce stade.
Cependant, il faut savoir que l'infestation humaine ne comprend souvent qu'un petit nombre de douves, parfois
même n'arrivant pas à une maturité sexuelle complète, de telle sorte que le nombre d'œufs dans les selles est
souvent très faible. Pour mettre en évidence les œufs, il faudra multiplier les examens de selles et préciser au
laboratoire de faire une recherche d'œufs de F. hepatica. En effet, ceux-ci sont des œufs très volumineux (120 à
130 μm)
- Le sérodiagnostic est encore très positif à ce stade. Il peut se négativer dans des distomatoses très anciennes.

6 - Les principes du traitement :

Le seul médicament disponible pour le traitement de la fasciolose est le triclabendazole (Egaten®).


La posologie est de 10 mg/kg sur un seul jour, au cours d'un repas. Il peut être nécessaire de renouveler la cure
en cas d'inefficacité. La tolérance est bonne, mais des douleurs abdominales ou des signes allergiques peuvent
apparaître dans les suites immédiates du traitement justifiant des antispasmodiques ou des antihistaminiques.

7 - Prévention individuelle et collective :


Prévention individuelle :
Elle repose sur l'éviction du cresson sauvage du régime alimentaire. Le lavage des feuilles de cresson est
insuffisant pour éliminer les métacercaires.

B. Prévention collective :
Elle comporte :
- une surveillance sanitaire des cressonnières industrielles
- une éducation sanitaire de la population signalant les dangers de la consommation de cresson sauvage.

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