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L’INDECHIFFRABLE MANUSCRIT VOYNICH RESISTE


TOUJOURS AU DECRYPTAGE
(20 décembre 2000, article de Pierre BARTHELEMY)

MS 408

1. Sous le nom de code MS 408 attribué par la Beinecke Rare Book and Manuscript
Library de l’université de Yale aux Etats-Unis se cache le plus mystérieux
manuscrit du monde.

2. Ecrit dans un alphabet et un langage inconnu, le «manuscrit VOYNICH «du nom


du bouquiniste américain Wilfrid VOYNICH qui le découvrit en 1912 en Italie,
dans un collège de jésuites» » a jusqu’à présent résisté a tous les assauts des
cryptanalystes.

Origines :

1. Le manuscrit, sans titre ni nom d’auteur, n’a été soumis à aucune analyse
physico-chimique, qui aurait permis d’en déterminer la date exacte de fabrication
et, éventuellement, la provenance.

2. Les spécialistes pensent, en se fondant sur l’iconographie et l’aspect extérieur du


parchemin, qu’il a été réalisé au XVIeme siècle.

3. L’empereur germanique Rodolphe II de HASBOURG (1552-1612) acheta


l’ouvrage pour 600 ducats d’or.

4. Après avoir appartenu à un chimiste qui avait guéri l’empereur d’une grave
maladie, le manuscrit atterrit entre les mains de Johannes Marcus MARCI,
professeur de médecine à l’université de Prague et ami du célèbre linguiste et
savant allemand Alhanasius KIRCHER.

- Dans leur dernière correspondance datée de 1665 ou 1666, que l’on a


retrouvée attachée à la couverture du manuscrit, Johannes Marcus
MARCI explique à Alhanasius KIRCHER qu’il lui envoie l’ouvrage car il
est convaincu qu’il ne pourra être lu par personne, excepté lui.

- Malheureusement, Alhanasius KIRCHER n’a jamais fait mention du livre,


et après sa mort l’ouvrage disparut de la circulation jusqu’en 1912.
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Contenu :

1. Derrière une couverture vierge, on trouve plus d’«une centaine de feuille de


parchemin «malheureusement des pages ont été arrachées» » reliées entre elles
par trois lanières de cuir.

2. D’un vélin beige clair, la quasi-totalité des pages comporte des «illustrations
médiévales «parfois coloriées, souvent étranges» » qui n’ont toutefois pas la
finesse d’enluminures.

Langage :

1. Même si l’on y trouve anormalement peu de mots d’une ou deux lettres, la taille
moyenne des mots s’approchent de celle des langues romanes.

2. Par ailleurs, explique le linguiste Jacques GUY, qui s’intéresse à l’analyse des
langages inconnus, «la langue du manuscrit est très prévisible», comme,
beaucoup de langues humaines connus de nos jours.

- Ainsi, le signe qui ressemble à un «9» est neuf fois sur dix précédé d’un
«8»,… dans l’autre sens, un «8» est suivie ou d’un «9» ou d’un «a» et
quand vous avez l’association «8a», celle-ci est obligatoirement suivie d’un
«n» ou d’un «m».

- Or, dans les mots polynésiens une consonne est obligatoirement suivie
d’une voyelle,… et la plupart des mots italiens se terminent par les voyelles
a, e, i ou o.

3. Comme le précise le mathématicien Jim REEDS, qui travaille aux laboratoires


de recherches d’une société américaine de télécommunication et s’intéresse
depuis des années au manuscrit, tous les langages présentent de nombreuses
particularités de répétition et de structure à différentes échelles.

- Certains lettres sont plus communes que d’autres, certains lettres


regroupent préférentiellement en syllabes en mots qui à leur tour reviennent
souvent dans des phrases courantes, etc.

- Les détaille diffèrent d’une langue à l’autre mais ces traits généraux se
retrouvent partout,… et ils se retrouvent aussi dans le manuscrit.

4. Cette ressemblance avec une langue réelle a pu faire croire que le code, inventé à
une époque où les techniques de chiffrement étaient rustiques, ne résisterait pas
aux cryptanalystes du XXeme siècle.
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- C’est ainsi qu’en 1921, l’Américain William Romaine NEWBOLD,


professeur de philosophie qui avait travaillé dans le décryptage pendant la
première guerre mondiale, annonça avoir triomphé du manuscrit.

- Publiés en 1926 après sa mort, ses résultats semèrent la consternation, vu


qu’incapable de déchiffrer l’alphabet, l’universitaire s’était perdu dans
l’analyse microscopique du dessin de chaque lettre afin d’en extraire
d’improbables signes sténographiques dont la traduction subjective ruina,
de manière posthume, la réputation de son auteur.

- De manière parfaitement arbitraire, le déchiffreur avait réarrange


les groupes de lettres qu’il avait extrait en anagrammes ayant du
sens.

- Pour invalider cette méthode, un autre cryptanalyste reprit, quelques années


après, les mêmes groupes de mots et en tira des anagrammes complètement
différentes,… de plus, les minuscules signes présentes dans les caractères
n’étaient selon toute probabilité que des craquelures de l’encre dues au
temps.

5. Au fils des années, bien des solutions furent proposées et MS 408 devient tour à
tour un traité sur l’élixir de vie, le récit d’une ancienne guerre civile ou un
manuel liturgique du rite cathare,… mais, sous l’apparente simplicité du texte, ce
langage s’est révélé si complexe que personne n’a encore réussi à percer le
secret.

La solution :

1. Pour trouver la solution de ce mystère, seule une étude statistique automatique du


langage du manuscrit conviendrait.

- «Entre 1962 et 1974, un linguiste soviétique du nom de SOUKHOTINE


avait inventé des algorithmes intéressants grâce auxquels ils était possible,
avec un texte continu, rédigé dans une langue inconnue, de séparer les
voyelles des consonnes, de trouver les coupures entre les mots et même
d’effectuer un début de classification grammaticale».

- «Il suffirait maintenant qu’un centre de recherches sorte ces algorithmes


de l’oubli et les fasse tourner sur un simple ordinateur».

2. «Nous somme à peu près certains, explique Jim REEDS, que le chiffre du
manuscrit n’est pas du genre «un symbole = une lettre» dans une langue bien
connue comme le latin ou le français, car, si c’était le cas, il aurait sûrement
déjà été trouvé».
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- Donc, s’il s’agit bien d’un code, ou bien la langue cachée est moins connue
(comme le tchèque) ou le cryptage fonctionne selon des principes
complexes.

- Ou bien il n’y a aucun code,… et, simplement, le manuscrit est un


astucieux et génial canular, rédige pour être vendu à prix d’or à un riche
collectionneur de livres insolites.

- Ou bien l’auteur de l’indéchiffrable manuscrit a inventé des dessins


mystérieux n’ayant rien à voir avec le véritable sujet du livre.

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