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République de Côte d’Ivoire

Union-Discipline-Travail

UNIVERSITE
JEAN LOROUGNON GUEDE
UFR DES SCIENCES ECONOMIQUES
ET GESTION

LICENE 3 ES SCIENCES ECONOMIQUES

COURS D’INTRODUCTION A
LA GESTION DES RESSOURCES
NATURELLES

CHARGE DE COURS : Dr Clément ZOKOU, Assistant


UJLOG / UFR SEG

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CHAPITRE INTRODUCTIF
Section 1 : Emergence et dynamique de l’économie environnementale
Les années 1970, avec les deux chocs pétroliers apportant la preuve d’une raréfaction
d’un nombre croissant de ressources naturelles, vont mettre au goût du jour les préoccupations
environnementales. Dans ce contexte, des chercheurs, regroupés au sein du Club de Rome,
ont publié en 1972 « The limits to Growth » (Meadow et al. 1972), puis sa suite « Beyond the
limits » (Meadow et al. 1992), et une mise à jour supplémentaire douze ans plus tard. Ce
rapport affirme que si les tendances économiques et écologiques actuelles se perpétuent, la
plupart des ressources naturelles seront à terme épuisées, ce qui limitera toute croissance
économique. Ainsi, deux siècle plus tard, l’état stationnaire inéluctable de l’économie classique
resurgit dans le Rapport du Club de Rome : « l’idée de la croissance zéro est apparue à beaucoup
comme une résurgence des thèmes malthusiens, dans laquelle la pénurie des ressources naturelles et la
pollution joueraient le même rôle que la limitation des terres disponibles et les rendements décroissants
en agriculture chez les classiques » (Faucheux et Noël, 1995, p. 48).
A ce défi posé par la question environnementale, l’analyse économique va répondre
par une diversité d’approches.
L’émergence de l’économie environnementale en tant que domaine d’analyse à part
entière, est caractérisée par la naissance deux écoles, deux philosophies différentes du point
de vue de leurs visions : d’un côté les « pessimistes » et de l’autre les « optimistes » (Vivien,
2005).
L’Ecole des « optimistes », adopte la démarche néoclassique standard et prolongent les
travaux de Hotelling et de Pigou par la création de deux courants de l’économie
environnementale: l’économie de l’environnement et l’économie des ressources naturelles. Ces
deux courants, appelés couramment « économie de l’environnement », insèrent les problèmes
environnementaux dans le cadre des méthodes d’analyse néoclassique.
L’économie de l’environnement considère l’environnement comme fondamentalement
extérieur à la sphère économique. Et l’environnement est pris en compte par l’analyse
économique s’il perturbe, en tant qu’externalités, l’allocation optimale des ressources. Dans ce
cas, il faut le soumettre à une logique de marché. L’internalisation des effets externes
environnementaux se présente alors comme le centre d’intérêt de ce courant de l’économie
environnementale. Ce pourquoi l’économie de l’environnement est généralement assimilée à

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une économie de la pollution. Celle-ci est analysée comme une désutilité pour les agents
économiques non exprimée sur le marché par le biais d’un signal-prix.
L’économie des ressources naturelles, quant à elle, perçoit l’environnement, non
comme source d’externalité mais comme un capital naturel, un stock de ressources matérielles.
Ce stock se subdivise en ressources épuisables et en ressources renouvelables. L’utilisation
intertemporelle optimale de ces ressources est fonction de leur prix de marché, indicateur du
niveau et de la durée des prélèvements. La démarche d’analyse de ce courant de l’économie
environnementale est inspirée du travail de Hotelling (1931). En somme, l’économie des
ressources naturelles vise alors à réhabiliter le marché comme mécanisme régulateur et
socialement optimal de l’épuisement des ressources naturelles.
Dominante par le nombre des travaux et des publications, « économie de
l’environnement » s’est imposée, aux yeux de nombreux décideurs, comme la base la plus
solide parmi les contributions possibles des sciences sociales à la rationalisation des processus
publics des décisions et choix publics de gestion des biens environnementaux. Des revues
académiques spécialisées reconnues comme the Journal of Environmental Economics and
Management, Land Economics, et Environmental and Resources Economics, consacrent le
rayonnement scientifique de l’Ecole des « optimistes ».
L’autre Ecole, celle des « pessimistes », à contribuer à la création de l’économie
écologique. Selon Martinez–Alier (1987), les points de compromis de nombreuses idées qui
animent ce courant peuvent se résumer comme suit. « Il existe une grande incertitude sur le
fonctionnement de l’environnement. Cette incertitude fondamentale est irréductible, dans l’état actuel
de connaissances, et ne peut être probalisée, et partant soumise au seul traitement économique. Bien
plus, la dégradation de nombreux processus écologiques est irréversible. Les instruments économiques
courants n’ont pas alors tout le pouvoir d’aborder ces aspects. »
En somme pour l’économie écologique, l’affirmation que la question de l’environnement
est si décisive pour le devenir humain qu’il faut constituer une nouvelle science. Les outils de
cette nouvelle science devaient être empruntés à la fois aux sciences de la nature et à la science
économique.
C’est ainsi à travers des mouvements de construction pluriels que la pensée économique
de l’environnement est devenue une spécialité reconnue et régulièrement enseignée, d’abord
au stade des cycles doctoraux, et de plus en plus en des niveaux de formation inférieurs.

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Section 2 : Approche définitionnelle de la notion de ressources
naturelles
Van den Berg (1996) définit un actif naturel comme un élément de
l’environnement qui fournit des biens et services utiles, qui puissent être exploités et
qui est dépendant des mécanismes naturels pour son abondance et sa distribution. De
cette définition, il découle une distinction des ressources naturelles entre stock de biens
et services directement utilisables et éléments constitutifs de fonctions écologiques
nécessaires aux activités humaines. Dans le premier cas, on parle de capital naturel
qui se décompose en ressources naturelles épuisables et en ressources non épuisables.
La distinction entre deux catégories de ressources naturelles n’est en fait qu’une
question d’échelle de temps.
Les ressources naturelles épuisables se caractérisent par une capacité à se
régénérer si lente que leur croissance ne peut être prise en compte à l’échelle
humaine. De ce fait, on estime que ces ressources sont disponibles en quantité finie,
par conséquent les utilisations qui leur sont faites aujourd’hui réduit
irrémédiablement leur disponibilité future.
A contrario, les ressources naturelles renouvelables se reproduisent à un
rythme assez régulier de sorte que les prélèvements effectués d’une certaine quantité
de la ressource ne modifie pas le stock total. Néanmoins, il est possible d’épuiser une
ressource renouvelable par une mauvaise utilisation. Le tableau ci-dessous en
donne une description générale.

Disponibilité Propriétés physiques


Biologiques Minerais Energies
Forêts Solaire
Renouvelable Poissons Eolienne
Espèces Sauvages Hydraulique
Etc. Etc.
Espèces menacées La plupart des Fossiles (pétrole,
Epuisable minerais (Or, cuivre, gaz naturel, uranium,
fer, etc.) etc.)

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La prise en compte du temps implique de considérer et gérer le capital naturel
comme du capital physique. Ainsi, laisser une ressource renouvelable se
régénérer est vu comme un investissement ; extraire un minerai est un
désinvestissement.

Les droits de propriété sur le capital naturel ou encore la gouvernance de


l’accès à la ressource est essentielle car il influence la qualité de sa gestion. On
distingue généralement quatre modes d’appropriation des ressources naturelles :

- L’appropriation par l’Etat : forêts domaniales, parcs naturels, etc.


- L’appropriation privée ;
- L’appropriation commune : cas des ressources gérées en groupe ;
- L’accès libre : chacun exploite librement la ressource sans
pouvoir d’empêcher les autres d’en faire autant.

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CHAPITRE La gestion optimale des ressources non renouvelables
(épuisables)
La révolution industrielle et les nombreuses découvertes scientifiques qu’elle a
impulsées ont placé les ressources naturelles épuisables au cœur du fonctionnement
des économies modernes. Le pétrole, le gaz naturel, et le charbon dominent la
consommation mondiale d’énergie primaire ; et les minerais offrent aux industries
lourdes leurs principales matières premières, à savoir les métaux. Or pour Dasgupta
et al. (1979), une ressource naturelle est non renouvelable lorsque la somme
intertemporelle des services produits par le stock de cette ressource est finie. Il
ressort alors les préoccupations suivantes :

- L’horizon d’épuisement de ces ressources ne constitue-t-il pas la limite


tangible à la croissance économique ?

- une économie de marché gère-t-elle correctement ces ressources ?


Des spécificités propres à certains aspects de la gestion des ressources
naturelles épuisables ont jusque-là contredit les prédictions alarmistes suscitées par
ces questions. Ces spécificités sont relatives :
- à l’exploration de nouveaux gisements : les réserves augmentent à travers
le temps
- à l’amélioration des techniques d’extraction: des gisements auparavant
inexploitables, techniquement ou économiquement, le deviennent ;

- au progrès technologiques : l’amélioration du rendement, le recyclage,


l’invention de biens de substitution, etc.
Il ressort alors une taxonomie des ressources naturelles épuisables. La notion de
Réserve se réfère exclusivement à des gisements découverts ou prouvés, récupérables
ou exploitables dans l’état actuel de la technologie et des conditions de marché.
Lorsqu'au moins un de ces trois critères n'est pas vérifié, il est plutôt approprié de
parler de ressources. Ainsi, les ressources englobent les gisements prouvés et tous ceux
dont on suppose simplement l’existence, qu’ils soient ou non techniquement et
économiquement exploitables.
La distinction entre Réserves et Ressources est due aux Nations Unies. Dans la
pratique, on catégorise les gisements selon le degré croissant de certitude que l'on a de

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leur existence. Ainsi, on parle de Réserves prouvées pour l’ensemble des gisements
« raisonnablement certains » d'être exploités, en utilisant les techniques actuelles, au
prix actuel et selon les accords commerciaux et gouvernementaux en cours ; de
Réserves probables pour l’ensemble des gisements de moindre probabilité
d’exploitation ; et de Réserves possibles pour l’ensemble des gisements "ayant une
chance d'être exploités en tenant compte de circonstances favorables".

Section 1 : Analyse économique de la gestion intertemporelle


optimale des ressources épuisables : le modèle fondateur de Hotelling
Dans les modèles de gestion optimale des ressources épuisables, la logique
théorique voudrait que l’on retienne le concept de ressource car on ne peut parler
d’épuisement qu’à leur extinction. Cependant, la logique empirique qui est celle des
acteurs opérant sur le marché, suppose que l’on retienne plutôt le concept de réserves
prouvées car c’est le seul qui soit suffisamment fiable pour effectuer des choix
économiques. En retenant les réserves prouvées comme objet de l’analyse, on admet
que la reproduction économique n’est pas assurée, on peut considérer que la ressource
s’épuise et l’introduction d’une dimension temporelle dans son usage s’impose alors.
Cela signifie que le prix de la ressource extraite doit prendre en compte le coût
d’opportunité lié à l’épuisement progressive de la ressource en stock. Le modèle
fondateur de Hotelling tente d’analyser le mode de gestion optimale lié à un tel
contexte.

1. Présentation générale du modèle.

Hotelling (1931) pose le problème de la gestion intertemporelle d’une


ressource épuisable dans les termes suivants : comment allouer une quantité
donnée d’une ressource entre les différentes périodes futures, de manière à
maximiser l’utilité tirée de l’extraction et de la consommation de cette ressource ?
L’analyse de Hotelling reste aujourd’hui au cœur des modèles économiques
traitant de la gestion des ressources épuisables.

L’intuition fondamentale du modèle de Hotelling est la suivante. La


particularité d’une ressource épuisable est qu’elle est disponible en quantité donnée

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pour tout l’avenir : le stock est fixé. Il s’ensuit que l’extraction d’une unité de la
ressource génère deux coûts :
- le coût de l’extraction ;

- le coût d’usage ou la rente d’épuisement, c’est-à-dire le coût


(d’opportunité) de la diminution du stock disponible pour les usages futurs.
Ces deux coûts doivent être pris en compte pour déterminer la trajectoire
d’extraction, c'est-à-dire le vecteur de quantités extraites de la ressource par période
de temps. Hotelling adopte les hypothèses suivantes pour traiter ce problème :
- l’utilité marginale de la consommation de la ressource, i.e. l’utilité
procurée par la dernière unité, décroît avec la quantité consommée

-l’utilité présente d’une consommation future décroît avec la durée entre


l’instant présent et l’instant de la consommation ;
- le coût marginal d’extraction est constant.
On considère, en outre, que le propriétaire de la ressource est un producteur
privé qui exerce en situation de concurrence pure et parfaite et qui prend pour données
et connait les prix futurs p0 , p1 ,..., pt de la ressource.

2°) La résolution du problème

Le problème de Hotelling est un problème d’optimisation qui s’écrit :

Choisir la trajectoire d’extraction : ( q 0 , q1 , ..., qt ,...) ,

pour maximiser l’utilité intertemporelle: W( q 0 , q1 ,..., qt ,...) ,

sous la contrainte d’épuisement : q 0 q1 ... q t ... S0 .

La solution de ce problème dépend de la forme de la fonction d’utilité intertemporelle.


On considère habituellement la forme :
T
W( q 0 , q1 ,..., q t ,...) a t U ( qt ) C ( qt ) , ou :
t 0

- U (qt ) : l’utilité procurée par la quantité extraite à la date t ;

- C( qt ) : le coût total d’extraction de cette quantité ;

- at : le facteur d’actualisation, ie, le poids donné à l’utilité à la date t.

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L’utilité intertemporelle est donc la somme, actualisée au taux at, des flux d’utilité, nets des
coûts d’extraction, associée à la trajectoire d’extraction.

Les hypothèses de Hotelling s’écrivent :

- U '(qt ) Um p qt : l’utilité marginale de la consommation de la

ressource est décroissant avec la quantité ;


- at t
, où le taux d’actualisation vérifie : 0 < < 1 et = 1/(1 + r) avec r le

taux de préférence pour le présent supposé égale au taux d’intérêt du marché.


t décroit par définition avec le temps;

- C'(qt ) Cm c : le coût marginal d’extraction de la ressource est constant.

En utilisant ces définitions, la dernière unité extraite à la date t vaut :

- en valeur courante, P(qt) – c, c’est à dire le profit marginal net courant

- en valeur actuelle, t (P(qt) – c),c’est à dire le profit marginal net actualisé

La trajectoire d’extraction optimale est la solution du système (en supposant une


solution intérieure) :
t
p(q0 ) c p (q1 ) c .... p(qt ) c ...
(1)
q0 q1 ... qt .... S0
Les quantités optimales extraites pour chaque période sont celles qui
permettent d’égaliser les profits marginaux nets actualisés associés. Et l’agrégation
et de ces quantités doit à aboutir au stock initiale disponible de la ressource.

2°) Interprétation

La démarche de Hotelling repose sur l’idée suivante. Le profit marginal net


actualisé est constant à travers le temps, c'est-à-dire la valeur actuelle d’une unité
supplémentaire extraite et mise en vente doit être la même quel que soit la date de
l’extraction. Par conséquent le propriétaire est indifférent entre les dates d’extraction
et de vente de ses unités de ressources. Il est donc disposé à extraire et à vendre une
quantité positive à toutes les dates.

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A contrario, s’il existe une date (au moins) pour laquelle son profit marginal
actualisé passe par un maximum, il gagne à extraire et à vendre tout son stock à cette
date, et rien pour les autres dates.

4°) La règle d’Hotelling


4.1°) La notion de rente de rareté
Pour un bien reproductible produit en situation de concurrence, la propriété
classique d’optimalité est qu’il doit être produit jusqu’à la quantité qui égalise son prix
à son coût marginal de production. On notera q0* cette quantité optimale.

Le modèle d’Hotelling montre qu’une ressource non renouvelable se gère


différemment.
En effet, Sur les marchés concurrentiels des ressources épuisables, le prix p qt

est supérieur au coût marginal d’extraction c . Et, la différence p qt c augmente

avec le temps. Pour cause, l’extraction présente d’une certaine quantité de la ressource
réduit son stock, et partant sans disponibilité dans le futur. Ce qui induit une hausse
au cours du temps du prix de la ressource. Ainsi, le coût marginal total de production
d’une ressource épuisable comprend deux composantes :
un coût explicite, le coût marginal d’extraction c ;

un coût implicite, le coût d’opportunité lié au fait que


l’extraction d’une unité supplémentaire aujourd’hui réduit les
possibilités futures de production.
C’est ce coût d’opportunité qui est qualifié de rente de rareté, ou le coût
d’épuisement, ou encore le coût d’usage dans l’analyse de Hotelling. La rente de
rareté est concrètement analysée comme la perte d’un profit marginal net futur induit
par une décision précoce d’extraction.

Ainsi, on définit la rente de rareté à la période t Rt comme la différence entre

l’utilité marginale et le coût marginal d’extraction, évaluée à la date t. Soit,


Rt p qt c

Rt s’interprète comme la perte d’un profit net futur sur la dernière unité extraite due

à une décision d’extraction prise à la date t 0 plutôt qu’à la période t .

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t 0 désigne la période initiale caractérisée par le niveau de prélèvement q0* tel

que p q0* c . En effet, si le propriétaire de la ressource non renouvelable décide de

produire q0* à la date t 0 :

il réalise un profit net nul pour la dernière unité extraite : p q0* c 0


mais perd aussi Rt p qt c , le profit marginal net strictement positif

qu’il aurait réalisé s’il avait reporté sa décision d’extraction une date t
quelconque.
On note Rt, la rente de rareté, ou le coût d’épuisement, ou encore le prix net à la
date t ;
Pour comprendre le sens de la définition donnée à la rente de rareté ou le coût
d’épuisement de la ressource, représentons sur figure la 1.1 ci-dessous représentant
les données du modèle de Hotelling. En abscisses, on porte la quantité extraite et
consommée de la ressource. En ordonnée, on porte la valeur, en unités monétaires
par unité. On représente alors l’utilité marginale de la consommation et le coût
marginal de l’extraction.

Prix /Unité

pt qt

Rt

p (q)

qt q0* q

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4.2°) Enoncé de la Règle de Hotelling
L’équilibre analysé par Hotelling est une situation pour laquelle le producteur
n’a pas à modifier son comportement en faisant des arbitrages d’extraction entre les
différentes dates dans l’optique de minimiser le coût d’usage ou de maximiser son
profit marginal net.
La règle de Hotelling s’établit en remplaçant le profit marginal net par la rente
de rareté à chaque date, la première ligne du système (1) caractérisant la solution
optimale s’écrit :
t
R0 R1 .... Rt ...

On déduit que, pour tout t :

Rt 1 Rt 1
r
Rt 1

En rappelant que r le taux de préférence pour le présent :

= 1/(1 + r) soit r = 1/ – 1

Ceci permet d’énoncer la seconde condition d’optimalité dite Règle de


Hotelling qui s’énonce :

Le long d’une trajectoire d’extraction optimale d’une ressource épuisable, la


rente de rareté augmente à un taux égal au taux de préférence pour le présent, supposé
égal au taux d’intérêt.

Section 2 : Les ressources naturelles épuisables dans l’économie


ivoirienne
NB : Cette section est largement inspirée du « Rapport ITIE-CI 2015 », publié en en Mars 2015.
ITIE-CI : Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives en Côte d’Ivoire.

L’Etat de Côte d’Ivoire ambitionne, depuis son premier Programme National


de Développement (PND), de faire son secteur extractif le deuxième pilier de son
économie. Cette ambitionne repose le potentiel non moins négligeable du pays,
notamment en réserves minières prouvées comme le mentionne le tableau 2.1
ci-dessous.

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Tableau 2.1 : Principaux gisements ivoiriens de minerais
Minerai Réserves en tonnes avérées à fin 2013
Or Plus de 500
Fer 4 000 Millions
Nickel latéritique 260 Millions
Cuivre-Nickel 40 Millions
Bauxite 1 200 Millions
Manganèse 6 Millions
Colombo-Tantalite 145
Diamant 5 Millions de Carats
(Source, Ministère de l’Industrie et des Mines, RCI : Politiques Industrielles et Minières pour
l’émergence de la Côte d’Ivoire, présentées aux Rendez-vous du Gouvernement, 10 Juillet 2014)

1. Production du secteur extractif ivoirien


1.1 Production du secteur des hydrocarbures
La production de pétrole a atteint 10 735 143 de barils en 2015 , soit une
hausse de 56% par rapport à la production de 2014. Cette variation est expliquée
principalement par la hausse significative de la production de la société CNR
International dans les blocs CI-26 (+ 66%) et CI-40 (+54%).
Ces deux blocs ont fourni respectivement 48% et 46% de la production
nationale de 2015. Cette production a été valorisée à 572 millions dollars soit 338
milliards FCFA.
La quote-part de production revenant à l’Etat ivoirien directement et
indirectement via la PETROCI s’élève à un total de 1 486 919 barils, soit 14% de la
production de l’année 2015.
La production de gaz a atteint 78 597 563 MMBTU en 2015 contre 75 306
278 MMBTU en 2014 soit une hausse de 4% par rapport à 2014. Cette hausse est
principalement expliquée par la hausse de la production de gaz de la société CNR
International de 3 053 623 MMBTU sur les Blocs CI-26 (+2,9%) et CI-40 (+1%).
On note que 1 MMBTU est égal à 28,263682 m3. Le gaz naturel, ou gaz fossile,
est un mélange gazeux d'hydrocarbures constitué principalement de méthane, il est
extrait par forage et est utilisé comme combustible fossile dans l'industrie, les usages
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domestiques et la production d'électricité. En 2017, c'est la troisième source d'énergie
primaire utilisée dans le monde avec 22,2 % de la consommation d'énergie primaire,
après le pétrole (32,0 %) et le charbon (27,1 %).
La production ivoirienne de gaz naturel en 2015 a été valorisée à 449
millions de dollars soit l’équivalent de 266 milliards FCFA.
La quote-part de production gazière revenant à l’Etat ivoirien directement
et indirectement via la PETROCI s’élève à un total de 40 859 894 MMBTU, soit 52% de
la production de l’année 2015.

1.2 Production du secteur minier


Selon la Direction Générale des Mines et de Géologie (DGMG), la production
d’or brut a atteint 23,5 tonnes en 2015 contre 19,08 tonnes en 2014 enregistrant
une hausse de 23%. Cette augmentation est expliquée principalement par l’entrée
en production de la société Newcrest Hiré (+1,6 tonnes) et la hausse de la
production des autres sociétés minières, à savoir, AGBAOU (+1 tonne), SMI
(+0,75 tonne), Tongon SA (+0,6 tonne) et LGL Mines (+0,4 tonne) au cours de l’année
2015. Cette production d’or de 2015 est valorisée à 522 milliards de FCFA.
En plus de la production d’or brut, le détail de la production des autres
minerais au titre de 2015 se présente comme suit :
Minerais Production en Unité Production en Valeur
Volume (en Milliards de F FCA)
Manganèse 263 179 Tonne 12,9
Gravier 830 561 Tonne 38,6
Sable 703 436 Mètre Cube 2,1
Diamant 14 925 Carat 0,29

2. Contribution du secteur extractif dans l’économie ivoirienne


Sur la base des données reportées par l’Etat, les revenus générés par le secteur
extractif totalisent un montant de 290 milliards FCFA pour l’année 2015. Ce montant
inclut :

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- les revenus encaissés directement par l’Etat auprès des sociétés
extractives pour un montant de 186,9 milliards FCFA soit 64,46% du
total des revenus du secteur ;
- les revenus encaissés par les deux entreprises de l’Etat « PETROCI »
et « SODEMI » au titre des parts de production et des dividendes
respectivement pour 97,8 milliards de FCFA et 1 milliard de FCFA ; et
- les paiements sociaux pour un montant de 4,2 milliards de FCFA.
La part des revenus extractifs allouée directement au budget de l’Etat provient
essentiellement du secteur des hydrocarbures pour un montant de 151,4 milliards
FCFA suivi du secteur minier avec une contribution de 35,5 milliards FCFA.

Sur la base de ces données économiques, l’estimation de la contribution du


secteur extractif dans l’économie ivoirienne se résume comme suit :

Agrégat Contribution du Secteur


extractive (en %)
Exportations 10,8
PIB 5,15
Revenus de l’Etat 5,14
Emploi 0,21

15
CHAPITRE II : Gestion optimale des ressources renouvelables : Les
ressources halieutiques
Clark définit une ressource renouvelable comme une ressource dans le stock
de laquelle on peut, sans la compromettre, puiser une quantité positive
indéfiniment. Une ressource renouvelable peut être épuisable ou non épuisable,
selon que sa productivité est affectée ou non par son exploitation. Ainsi, les ressources
biologiques (ressources halieutiques, ressources ligneuses..) peuvent finir par être des
ressources épuisables. Ce pourquoi l’exploitation optimale de ces ressources,
garantissant pérennité de leur caractère de ressources renouvelables, a constitué un
champ d’intérêt pour l’analyse économique.

Section 1 : Modélisation de la gestion optimale des ressources


halieutiques
De la même façon que pour les ressources épuisables, une gestion rationnelle
de la population de poissons suppose de tenir compte des effets futurs des
prélèvements actuels. Le prélèvement d’une unité supplémentaire aujourd’hui réduit
la disponibilité future directement (l’unité en question) et indirectement (les
descendants de l’unité prélevée). Il s’ensuit soit, si l’on raisonne à effort de pêche
constant, une réduction de la production future, soit, si l’on raisonne à production
constante, une augmentation des coûts de production futurs. D’où la nécessité de la
conceptualisation de règles de gestion optimale de ces ressources.

1°) Modélisation des caractéristiques biologiques

On considère une zone de pêche donnée et une espèce de poissons vivant sur
cette zone. On note x(t) l’état de la population de l’espèce de poissons à la date t. On le

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mesure, par exemple, en nombre d’individus ou en unité de biomasse (Masse de
matière vivante présente ou sur une aire limitée donnée).
Au niveau d’analyse retenu ici, on résume la dimension biologique du
problème en supposant que l’accroissement naturel de la population de poissons, noté
F(x), résulte uniquement de l’interdépendance entre les caractéristiques biologiques de
l’espèce et le milieu naturel considéré.
F(x) détermine le nombre d’individus ajoutés au stock par unité de temps, en
fonction de l’état du stock courant. On pose l’hypothèse logiquement plausible
suivante : F(x) est négatif pour un stock suffisamment grand, et positif sinon. La
spécification la plus simple d’une telle relation est donnée par la loi logistique, due à
Verhulst (1838) :
( )= (1 – ), où :

- r désigne le taux de croissance biologique intrinsèque de la population ;


- K définit la capacité de charge du milieu naturel.
Sa représentation graphique est présentée par la figure 2.1 ci- dessous. Il s’agit
d’une parabole dont les racines sont x = 0 et x = K, positive entre ces deux racines,
négative sinon.
Figure 2.1 : Représentation graphique de F(x)

On peut justifier l’interprétation des paramètres r et K de la façon suivante.


Pour le premier, notons que si la capacité de charge du milieu K est très grande,
l’évolution de l’état de la population de poissons dépend surtout des caractéristiques
de l’espèce. Or, on montre que :

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lim K F(x) = r x,

c’est-à-dire que, à la limite, lorsque la capacité de charge est très grande, le taux de
croissance de la population de poissons (F(x)/x, par définition) est égal à r.

Pour l’interprétation de K, remarquons que l’état de la population augmente quand


x < K, est stable quand x = K et diminue quand x > K.

2°) Modélisation de l’activité de pêche.

Le comportement des pêcheurs dépend à la fois de la technique de pêche, de


paramètres économiques et du cadre institutionnel dans lequel il exerce son activité.

2.1 La fonction de prélèvement


La technique de pêche et le rendement varient avec l’espèce et la zone de pêche.
Dans une représentation stylisée, on suppose que le prélèvement du secteur de la
pêche par unité de temps, noté h, peut être approché par la relation :
h = q E x,
avec :
- q : un coefficient de prenabilité propre à l’espèce considérée et à la technique de pêche
qui lui est applicable ; il représente "la probabilité d'être capturé par une unité d'effort
pour un poisson pris au hasard dans un ensemble"
- E : l’effort de pêche global, mesuré en nombre de bateaux, en jours de mer, en nombre
de filets, etc ;
- x : l’état de la population de poissons.
La relation considérée implique les propriétés intuitives suivantes : toutes choses
égales par ailleurs :
- le prélèvement augmente avec l’effort de pêche ;
- le prélèvement augmente avec l’état de la population.

2.2 Les paramètres économiques


Les paramètres pertinents pour comprendre les motivations des pêcheurs sont
le prix de vente p de la ressource, le coût c de l’effort de pêche et le taux d’intérêt i sur
le marché financier. A partir de ces notions, on peut définir :

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- RT = p h : la recette totale ;
- CT = c E : le coût total ;
- = RT – CT : le profit ;
Il est important de dire que le coût de l’effort de pêche est défini de façon
extensive, de manière à intégrer aussi bien les coûts directs (main-d’œuvre, carburant,
amortissement du capital, etc.) que le coût d’opportunité.
En effet, le coût d’opportunité englobe l’ensemble des gains auxquels le pêcheur
renonce du fait qu’il emploie son capital humain et financier dans ce secteur, plutôt
que dans un autre secteur de l’économie.
c
Pour la suite, il est utile de poser l’hypothèse : K
pq
Ceci revient à ne retenir que les espèces dont l’exploitation est économiquement
rentable. En effet, l’exploitation d’une espèce n’est rentable que s’il existe des valeurs
de l’état de la population de l’espèce x pour lesquelles le secteur de la pêche peut
dégager un profit positif. Or, le profit est égal à :
= (p q x – c) E,
pour un état x donné de la population de poissons. Il est donc croissant avec x. Sachant
que l’état de la population est au maximum égal à K, la capacité de charge du milieu
naturel, un profit positif peut être dégagé si la condition: p q K – c 0 est satisfaite.

3°) Le modèle Gordon-Schaefer

Le modèle Gordon-Schaefer (Gordon, 1954 ; Shaefer, 1957) est un


modèle statique qui privilégie la description de l’équilibre biologique. Grâce à
cette simplification, il constitue un cadre commode pour envisager différent mode
de gestion de la pêcherie.

3.1 Présentation du modèle


Le modèle de Gordon-Schaefer s’écrit : h = q E (1 – q E / r) K,
RT = p h,
CT = c E.
L’accroissement net de l’état de la population de poissons par unité de temps s’écrit:

19
x’ = F(x) – h, soit
x’ = r x (1 – x/K – q E/r) ;
L’état de la population de poissons est en équilibre stationnaire lorsque son
accroissement est égal au prélèvement effectué sur la période, soit :
F(x) = h , par conséquent, x’ = 0
Le prélèvement assurant l’équilibre stationnaire est dit soutenable au sens où il
correspond à l’accroissement de la population sur la période, et ne compromet pas
alors la capacité de reproduction de la ressource.
Le modèle repose sur l’hypothèse de travail selon laquelle l’état de la population
de poissons x est supposé s’ajuster infiniment vite à tout effort de pêche E et rejoindre
par conséquent instantanément l’équilibre stationnaire associé, égal à :
(1 – q E / r) K : solution en x de l’équation x’ = 0.
Sous cette hypothèse, on peut remplacer x par (1–qE/ r)K dans l’expression du
prélèvement h = q E x, pour obtenir la première équation du modèle de Gordon-
Schaefer.
La conséquence immédiate de cette hypothèse est que le prélèvement croît avec
l’effort de pêche E, quand ce dernier est petit, puis décroît ensuite, quand il augmente.
Ceci tient au fait que la ressource se raréfie, à l’équilibre stationnaire, avec l’effort de
pêche.
La figure 2.2 ci-après, inspirée de Schaefer (1957), présente graphiquement les
données du modèle. En abscisses, on porte l’effort de pêche E. En ordonnées, on
représente la recette totale RT et le coût total CT de l’effort de pêche E. On déduit des
précédentes les données suivantes :
- RM = RT/E = pq(1 – q E/r) K : la recette moyenne de l’effort de pêche ;
- Rm = RT E = pq(1 – 2qE/r) K : la recette marginale de l’effort de pêche ;
- CM = CT/E = c : le coût moyen de l’effort de pêche ;
- Cm = CT E = c : le coût marginal de l’effort de pêche.

20
Figure 2.2 : Représentation graphique des données du modèle Gordon-Schaefer

L’objectif du modèle statique de Gordon et Schaefer est de définir et d’étudier


les notions de prélèvement maximum soutenable, d’équilibre bio-économique et d’état
optimal statique.

3.2 Le prélèvement maximum soutenable

Il résulte d’une situation telle que :


d’une part, l’état de la population de poissons est stable ;
d’autre part, le prélèvement et, par suite, la recette totale sont maximums.

Il est obtenu à la suite de la résolution du problème d’optimisation suivant :


chercher E et x pour maximiser : h = q E x,
sous la contrainte : x’ = r x (1 – x/K) – q E x = 0.
Dans le modèle Gordon-Schaefer, cette contrainte est satisfaite en tout point de la
courbe RT (rappelons que la courbe RT, par définition, détermine la recette qui résulte
du prélèvement soutenable, pour le niveau d’effort considéré). La solution de ce
problème s’obtient ainsi, indirectement, en trouvant l’effort de pêche EPMS où la courbe
RT atteint son maximum.

21
Sur la figure du bas, ce point correspond à l’intersection de la courbe Rm avec l’axe
des abscisses. On montre facilement que la solution a pour expression est : (EPMS, xPMS)
= (r/2q,K/2).

3.3 L’équilibre bio-économique

Noté (E*, x*), il est obtenu grâce aux respects des deux conditions suivantes :
d’une part, l’état de la population de poissons est stable ;
d’autre part, le secteur de la pêche a la même rentabilité que le reste de
l’économie.
Dans le modèle de Gordon-Schaefer, l’effort de pêche de l’équilibre bio-
économique vérifie simplement : RT = CT.
En effet, par construction, n’importe quel point de la courbe RT vérifie la
première condition.
La seconde condition est remplie lorsque RT = CT.
On situe donc l’équilibre bio-économique, sur la figure du haut, au point d’intersection
des courbes RT et CT. On le retrouve, sur la figure du bas, à l’intersection des courbes
RM et CM.
On déduit l’expression analytique de l’équilibre bio-économique :
(E*, x*) = (r (1 –c/(pqK))/q, c/(pq)).

3.4 La gestion statique optimale de la pêcherie


Elle implique de choisir un effort de pêche E0 (et, en même temps, un état de la
population de poissons x0), tel que, à l’équilibre, le surplus :
W = (p q x – c) E
soit maximum. La gestion statique optimale résulte alors de la résolution du problème
d’optimisation sous contrainte :
choisir E et x pour maximiser : W = (p q x – c) E,
sous la contrainte : x’ = r x (1 – x/K) – q E x = 0.
A priori, ce mode de gestion serait suivi en cas d’appropriation privée de la
pêcherie par un propriétaire ayant un taux de préférence pour le présent nul. En effet,

22
sous ces hypothèses, le propriétaire prend en compte les effets à long terme de son
prélèvement actuel, puisqu’il est seul à en subir les conséquences.
Si l’effort de pêche E0 maximise le surplus, il vérifie la condition d’optimalité du
premier ordre : Rm = pq(1 – 2qE0/r) K = c = Cm, qui garantit qu’on applique toutes les
unités d’effort de pêche qui rapportent plus qu’elles ne coûtent. En transformant cette
égalité, on trouve : E0 = r (1 – c/(pqK))/2q,
L’état d’équilibre de la population correspondant est :
x0 = (1 – qE0/r)K = (1 + c/(pqK)) K/2.

4°) Les ressources halieutiques dans l’économie ivoirienne

La Zone Economique Exclusive (ZEE) ivoirienne est devisée en trois Zones de


pêche : au large de: (1) Grand Bassam, (2) Grand Lahou et (3) Tabou avec les
différentes profondeurs. Elle couvre une superficie de 200 000 km²; et est bordée par
les eaux du Liberia et du Ghana. Les eaux continentales couvrent une superficie de
12 000 km², et s’étendent jusqu’à une profondeur de 150 mètres. L’abondance des
ressources halieutiques est estimée entre 80 000 et 120 000 tonnes selon les
années. Elles sont constituées principalement de trois grandes catégories: les petits
pélagiques, les démersaux et les thonidés.
La pêche et l’aquaculture en Côte d’Ivoire constituent des activités importantes
qui génèrent près de 70 000 emplois directs et plus de 400 000 personnes vivent
principalement de la pêche artisanale et de la transformation des produits
halieutiques. Ces activités génèrent également une valeur de 20 milliards de F CFA
par an grâce à l’exportation des conserves de thon.
La pêche en Côte d’Ivoire est pratiquée par des unités de pêche variées,
industrielles et artisanales, dont la production ne contribue que partiellement à
satisfaire les besoins en poissons de la population locale; le taux de couverture de la
sécurité alimentaire n’est que de 13,5 % ce qui justifie des importations massives de
poissons congelés.
Les produits débarqués sont multiples et les thons mineurs constituent la
grande partie des captures. Ces derniers sont totalement écoulés sur le marché
local; ils sont de ce fait la principale source d’approvisionnement de la population.

23
Les thons majeurs sont directement utilisés par les conserveries. En ce qui concerne
la production artisanale (petits pélagiques, thonidés côtiers), elle est
essentiellement transformée en poissons fumés. Ces produits de faible valeur
marchande sont entièrement consommés en Côte d’Ivoire et pour l’essentiel dans les
zones littorales. Ces produits jouent un rôle clé pour la sécurité alimentaire locale.

Graphique 1: Evolution des Volumes de captures des pêches industrielle et


artisanale de l’économie ivoirienne

80 000

70 000

60 000

50 000

40 000

30 000

20 000

10 000

0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Industriel Artisanal Total

Source: Direction de l’aquaculture et des Pêches (Côte d’Ivoire), 2014

L’aquaculture représente une opportunité pour la Côte d’Ivoire au


regard d’importantes potentialités dont elle dispose. En effet, le pays dispose d’un
formidable potentiel hydrographique:
- 4 fleuves principaux : Cavally (600 km), Sassandra (650 km),
Bandama (1050 km) Comoé (1100 km)).
- Un système lagunaire qui couvre 1.200 km² de superficie.
- Des retenues d'eau, issues de la construction des barrages hydro-
électriques, sur les fleuves Bandaman, Bia et Sassandra couvrent une
superficie totale de 1 760 km². A cela, il faut ajouter plus de 1 000 petits

24
barrages et retenues d'eau couvrant environ une superficie de 64 000 ha
et près de 100 000 ha de bas-fonds propices à l'élevage de poissons.

L’intérêt pour l’aquaculture en Côte d’Ivoire a commencé principalement


au cours des années 90-2000 avec une production annuelle de 200 à 300 tonnes par la
ferme d’Etat de Jacqueville, devenue privée plus tard sous le nom de Société
Ivoirienne d’Aquaculture lagunaire (SIAL). La production des fermes privées
atteignait 30 à 50 tonnes par an principalement de mâchoirons sauvages. Au cours
de cette période 3, 69 milliards de F CFA ont été mobilisés auprès de partenaires
(Coopération belge, Coopération française et BAD) pour soutenir une stratégie de
développement piscicole au niveau régional. Trois projets régionaux ont été mis en
œuvre : (i) Projet Piscicole du Centre-Ouest (PPCO 1992 à 1999), (ii) Projet d’Appui à
la Profession Piscicole dans l’Est de la Côte d’Ivoire (PAPPE 1996 à 2003), et (iii) le volet
piscicole du Projet de développement rural intégré de la région forestière de l’Ouest.
Toutefois, l’élan de décollage de l’aquaculture en Côte d’Ivoire est brisé en 2002 avec
le conflit militaro-politique.

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