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Pendant la fabrication d’une pièce, quelle que soit la technique de fabrication, la surface de la
pièce subit des perturbations qui se manifestent par des changements dans ses propriétés. L’état
de surface de la pièce influence considérablement les propriétés mécaniques comme par exemple
la résistance à la fatigue, la résistance à la corrosion, les comportement en frottement, la
résistance à l’usure, l’esthétique etc.
Certaines caractéristiques géométriques et mécaniques sont particulièrement intéressantes en
génie mécanique parce qu’elles permettent de déterminer le comportement mécanique des pièces
en service, comme par exemple les conditions de frottement et de lubrification, l’adhérence du
revêtement, les conditions d’un ajustement etc.
Une surface de qualité convenable peut assurer le bon fonctionnement et la longévité des pièces
mécaniques. Généralement, il existe une relation entre la rugosité et la précision de la fabrication
des pièces. Une pièce avec un bon fini de surface n’est pas nécessairement précise (une poignée
de porte), tandis qu’une pièce précise doit forcement avoir un bon fini de surface. Dernièrement,
le rendement des pompes centrifuges, des moteurs d’avion des moteurs à combustible et même
des disques durs a grandement évolué, tout cela grâce à l’amélioration de l’état de surface (une
plus petite rugosité) lors de la fabrication des composantes. Ce pourquoi il es très important de
savoir comment obtenir et comment vérifier l’état de surface des pièces mécaniques.
Le tableau 4.1 montre la rugosité des surfaces obtenues par différentes techniques de fabrication.
Tableau 4.1 - Rugosité des surfaces obtenues par différentes techniques de fabrication
Technique Rugosité Ra [mm]
80 40 20 10 5 2.5 1.25 0.68 0.32 0.16 0.08 0.04 0.82 0.01
Tournage − − − × × •
Perçage − − × × •
Alésage à l’outil − × • •
Fraisage − − × × • •
Brochage − × • •
Rectification − × × • •
Rodage à la pierre − − × × • •
Polissage mécanique − − × × • • •
− ébauche, × semi-finition, finition, • finition de précision
Le terme général « état de surface » englobe d’une part, l’état géométrique de la surface réalisée
et d’autre part, l’état physico-chimique de cette surface défini par différentes caractéristiques de
la couche superficielle.
L’état géométrique d’une surface est défini par l’ensemble des écarts par rapport à une surface
idéale. Il dépend généralement de la technique d’usinage, mais à partir d’un usinage donné, on
peut obtenir différents niveaux de rugosité qui auront une influence sur la qualité, la durée utile
et le rendement de la pièce. Cet état géométrique évolue au cours du fonctionnement de la pièce
et aussi au cours de son stockage et son vieillissement.
4.1
On peut définir :
• Surface réelle - la surface qui délimite le corps
• Surface géométrique - la surface idéale définie par le dessin
• Surface spécifiée - la surface dont les limites sont définies à partir de la surface
géométrique par les symboles et les valeurs numériques indiquées sur le dessin.
• Surface de référence - la surface définie mathématiquement par différentes méthodes à
partir de laquelle, on peut déterminer les écarts géométriques.
• Surface mesurée - la surface de la pièce déterminée par les instruments de mesure.
1er ordre : Défauts de forme (triangulation, conicité) provoqués par une fixation
dans un mandrin à trois mors ou un mauvais alignement de la broche et
de la contre-poupée.
2e ordre : Ondulations périodiques provoquées par la variation de l’avance de la
fraise, un mauvais guidage ou équilibrage et les vibrations.
3e et 4e ordre : Rugosité, arrachements et marques des outils dus à l’avance de l’outil ou
de la meule, les arrachements dans la zone de coupe et l’hétérogénéité
du matériau usiné.
5e et 6e ordre : Défauts de surface liés à la structure et le réseau cristallin du matériau.
La qualité de surface des pièces mécaniques est caractérisée par la somme des écarts du 1er au 4e
ordre. Les défauts de 5e et 6e ordre sont aussi importants parce qu’ils déterminent le
comportement superficiel des métaux. On peut aussi classifier les défauts de surface en tenant
compte de la relation entre le pas moyen d’irrégularités Sm et de sa hauteur R. On a ici pour :
4.2
• Sm ≥ 1000R → défauts de forme
• 40R ≤ Sm ≤ 1000R → défauts macro géométriques (ondulations)
• Sm ≤ 40R → défauts micro géométriques (rugosité)
Cette normalisation porte sur des profils dans un espace à deux dimensions. Les paramètres de la
rugosité définissent seulement les caractéristiques géométriques de la surface. Une valeur
déterminée de chaque paramètre peut correspondre à plusieurs surfaces obtenues par différentes
techniques d’élaboration. Par exemple un écart moyen arithmétique du profil Ra de 5µm peut
correspondre à une surface obtenue par tournage semi-finition, fraisage de finition ou par
rectification ébauche. Évidement les propriétés mécaniques de chacune de ces surfaces peuvent
être différentes, ce pourquoi pour caractériser exhaustivement une surface, il faut souvent
préciser plusieurs paramètres accompagnés du mode d’élaboration de cette surface.
Une autre approche consiste à considérer les points d’une surface comme une ou plusieurs
populations permettent le traitement statistique. Les techniques de traitement du signal, utilisant
des méthodes telles que les transformées de Fourier ou les autocorrélations, permettent d’aborder
la notion d’espacement des rugosités et d’obtenir une caractérisation plus fine des défauts de
surface.
4.4
• Ligne moyenne de moindres carrés du profil (ligne moyenne) m - Ligne de référence dont
la forme est celle du profil géométrique et qui divise le profil de telle sorte qu’à
l’intérieur de la longueur de base la somme des carrés des écarts à partir de cette ligne
soit minimale (c.f. figure 4.3).
R2 =
1
[( R + R3 + R5 + R7 + R9 ) − ( R2 + R4 + R6 + R8 + R10 )
5 1
] (4.1)
• Hauteur maximale du profil Ry ou Rmax - Distance entre la ligne des saillies et la ligne des
creux à l’intérieur de la longueur de base.
• Écart moyen arithmétique du profil Ra - Moyenne arithmétique des valeurs absolues des
écarts du profil dans les limites de la longueur de base (c.f. figuere 4.5).
4.5
Figure 4.5 - Écart moyen arithmétique du profil Ra
1 l 1 B
Ra =
l ∫0
y ( x ) dx = ∑ yi
n A
(4.2)
• Écart moyen quadratique du profil Rq - Valeur moyenne quadratique des écarts du profil,
dans les limites de la longueur de base (RMS = 1,11 Ra).
1 l 2
l ∫0
Rq = y ( x )dx (4.3)
• Pas moyen des irrégularités du profil Sm - Valeur moyenne des pas des irrégularités du
profil à l’intérieur de la longueur de base.
• Longueur développée du profil Lo - Longueur qui serait obtenue en étirant le profil en
ligne droite.
2
l dy
Lo = ∫0
1 + dx
dx
(4.4)
1 1 n 2
Sk = 3 × ∑ yi (4.5)
Rq n i =1
η p = b1 + b2 + ... + bn (4.6)
ηp
tp = (4.7)
L
• Courbe du taux de longueur portante - Graphique représentant la relation entre les valeurs
du taux de longueur portante et le niveau de coupe du profil (c.f. figure 4.8).
• Distribution de densité des écarts du profil - Fonction du nombre des écarts du profil se
situant dans une surface délimitée par deux lignes tracées parallèlement à la ligne
moyenne, à l’intérieur de la longueur de base par rapport à l’ordonnée moyenne des deux
lignes tracées. Cette fonction est exprimée par un nombre d’ordonnées en pourcentage du
nombre total d’ordonnées à l’intérieur de la longueur de base (c.f. figure 4.9). En
statistique, cette fonction est appelée fonction de densité de probabilité.
4.7
Figure 4.9 - Distribution de densité des écarts du profil
N
1 1
Obliquité =
( Rq ) 3 N
∑Y
1
i
3
(4.8)
N
1 1
Kurtosis =
( Rq ) 2 N
∑Y
1
i
4
(4.9)
E { g ( x )} = g ( x ) (4.10)
Dans la pratique, les moyennes temporelles sont souvent plus faciles à obtenir que les moyennes
d’ensemble, par exemple dans le cas d’un profil de surface usiné. On peut donc admettre
l’équivalence entre la réalisation simultanée d’un grand nombre d’expériences aléatoires et la
répétition d’une même expérience un grand nombre de fois à des instants différents.
1 N −m
ACF (m) = ∑ YY
N − m i =1 i i + m
(4.11)
AFC(m)
r (t ) = (4.12)
s2
ainsi r(0) = 1.
La figure 4.12 représente différents profils de surface avec les diagrammes des fonctions
d’autocorrélation correspondantes.
4.10
Figure 4.12 - Différents profils avec leur fonction d’autocorrélation normée
α
Rz = mmoy × [µm] (4.14)
2
4.12
4.4.3 - Appareils électroniques à palpeur
Les déplacements verticaux transmis par un palpeur à aiguille en diamant, dont l’angle au
sommet est de 90° avec un rayon de pointe moyen de 2,5 µm, sont transformés en signaux
électroniques par un convertisseur piézoélectrique ou inductif. Selon les types de pièces à
examiner, le bras du palpeur comporte un ou deux patins d’appui qui jouent le rôle de filtre
mécanique et de référence rectiligne.
Les signaux électriques amplifiés jusqu’à un million de fois traités par un calculateur qui donne
les différents critères statistiques. Les appareils courants d’atelier indiquent un ou plusieurs
paramètres normalisés (Ra, Rq, Rz). On peut aussi déduire les critères physiques à partir des
enregistrements.
L’idéal consiste à relier le profilographe à un ordinateur qui permet d’obtenir les renseignements
spécifiques à une étude donnée. La figure 4.14 représente, à l’aide d’un schéma, un appareil à
stylet.
Figure 4.14 - Aspect général d’un appareil à stylet (Mitutoyo Contracer CV-500/600)
Tous les paramètres sont calculés sur des longueurs d’exploitation qui varient de 1 à 100 mm,
avec des longueurs d’élaboration différentes agissant par l’intermédiaire de filtres passe-haut ou
passe-bas qui éliminent certaines fréquences et modifiant le profil enveloppe (cut-off).
De ce fait, les divers types d’instruments et les différentes méthodes de mesurage de surface
peuvent donner, à partir d’une même surface réelle, des surfaces mesurées dissemblables. La
figure 4.15 illustre l’influence des différentes valeurs de cut-off sur la valeur du paramètre Ra.
Une telle technique nécessite une automatisation de la mesure et un pilotage par calculateur qui
doit enregistrer chaque profil en mémoire. La durée des mesures augmente également et le relevé
des profils sur 1 cm2, nécessite trois heures.
4.14