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1- Définition de l’épidémiologie
L’épidémiologie est un ensemble de méthodes de recherche procédant par enquêtes et également un outil de
décision qui prend de plus en plus d’importance pour le choix d’une politique de santé. Par rapport à la
médecine clinique, l’épidémiologie s’intéresse à des groupes d’individus et non aux individus eux-mêmes. Ceci
implique une approche des événements de santé, des outils de description et des outils de mesure différents
L’épidémiologie étudie la fréquence et la répartition dans le temps et dans l’espace des phénomènes de
santé, ainsi que le rôle des facteurs qui les déterminent. Ces dernières années se sont ajoutées l’évaluation
des pratiques médicales et préventives, et l’évaluation de l’organisation des systèmes de santé et de la qualité
La recherche épidémiologique procède par enquêtes. L’enquête est un outil de recherche mais une étude
épidémiologique ne se résume pas à la réalisation d’une enquête. La démarche suit différentes étapes :
formulation d’un objectif ou d’une hypothèse, élaboration d’un protocole, déroulement de l’enquête, analyse
et diffusion des résultats. Les études épidémiologiques peuvent être classées selon leur objectif, selon
etc.)
Ces études reposent sur l’observation de phénomènes de santé et des facteurs qui les sous-tendent. Les
études d’observation présentent l’inconvénient de rendre l’interprétation des résultats plus difficile,
notamment pour affirmer la nature causale d’un facteur de risque dans les études étiologiques.
On parle d’étude d’intervention chaque fois qu’il y a intervention de l’investigateur. Celle-ci peut être une
exposition à une thérapeutique, à un examen diagnostique, à une campagne de prévention, à une politique
des soins, etc. L’investigateur choisit les sujets qu’il expose et ceux qu’il n’expose pas : l’intervention est
contrôlée. Une étude d’intervention est randomisée si l’attribution de l’exposition est réalisée de manière
randomisée) sur l’observation est la puissance de l’information causale qu’elle permet (niveau de preuve
élevé), la randomisation permettant d’assurer au mieux la comparabilité des groupes. Ainsi si une différence
est observée entre les deux groupes, elle est exclusivement due à l’effet de l’intervention étudiée. Cette
situation se rencontre principalement dans les essais thérapeutiques. L’évaluation de programmes de santé
publique, comme un programme de dépistage, repose le plus souvent sur des études d’intervention non
randomisées.
Les études transversales consistent à mesurer à un moment donné la fréquence d’une maladie ou d’un
facteur, par exemple le nombre de cas d’infections urinaires parmi les femmes hospitalisées à une date
donnée. Leur intérêt est essentiellement descriptif. Elles ont l’avantage d’être faciles à réaliser et peu
onéreuses. On peut réaliser des études transversales répétées qui permettent d’avoir une idée de l’évolution
une population pour s’intéresser à un événement ou à rechercher dans le passé une exposition à un facteur.
Ces études revêtent un intérêt descriptif, étiologique ou évaluatif. Elles peuvent être longues si on s’intéresse
à un événement dont le délai de survenue est important. Les études permanentes sont des études
longitudinales qui se poursuivent de façon indéfinie, comme l’enregistrement de différentes pathologies par
Les études exhaustives portent sur une population étudiée dans sa globalité (par exemple les études de
mortalité à partir des enregistrements de décès). Elles sont d’organisation souvent difficile.
Les études par échantillonnage consistent à extraire de la population un échantillon quand on ne peut pas
étudier toute la population (population source). Pour constituer l’échantillon, la technique utilisée est celle du
sondage. Cet échantillon doit être représentatif de la population initiale, c’est à dire que tous les individus de
la population aient la même probabilité de figurer dans l’échantillon. La représentativité est assurée au mieux
par un tirage au sort (ou sondage aléatoire) des individus ce qui suppose de disposer d’une liste complète et
actuelle de la population où chaque individu ne figure qu’une seule fois (liste électorale,…). Il est toujours
nécessaire de préciser de quelle population est représentatif l’échantillon dont on parle. Sur cet échantillon
on calcule la fréquence observée du facteur de risque ou de la maladie, cette fréquence observée est une
estimation de la vraie fréquence dans la population source. Cette estimation peut être biaisée si la population
étudiée n’est pas représentative de la population initiale. L’échantillon doit être de taille suffisante car la
et dans le temps
Selon l’attitude de Observation Observation Observation
l’investigateur Intervention
Selon la population Echantillon ou population Echantillon Echantillon
exhaustive) exhaustive)
Selon la période Transversale Longitudinale Longitudinale
d’étude Longitudinale
Exemples d’études Étude de prévalence Cohortes, "exposés non- Essais thérapeutiques
(rétrospectives) dépistage
Epidémiologie descriptive
Les études descriptives ont pour objectif de rendre compte d’un phénomène de santé, de sa fréquence, de
sa répartition géographique et de son évolution dans le temps au sein d’une population donnée. Les résultats
s’expriment en termes de fréquences brutes ou spécifiques : prévalence et taux d’incidence d’une maladie,
taux de mortalité, etc. Ces résultats peuvent être ajustés ou non sur certaines caractéristiques de la
Les principaux outils de l’épidémiologie descriptive sont les statistiques de mortalité, les enregistrements
permanents de morbidité (déclarations obligatoires, registres, ...) et les études ponctuelles. L’enregistrement
des décès, et celui de pathologies par un registre, sont des études permanentes faites sur une population
exhaustive.
L’épidémiologie descriptive représente souvent une première approche d’une question. Elle permet de
formuler des hypothèses étiologiques pour expliquer les phénomènes de santé observés. Ces hypothèses
Les études de prévalence étudient la présence d’un facteur donné ou d’une maladie dans une population à un
moment précis : c’est l’équivalent d’un instantané photographique. Elles permettent d’apprécier l’importance
d’une maladie, de connaître les groupes à risques et ainsi d’orienter des programmes de santé publique (par
exemple, l’étude de la prévalence des formes résistantes et non résistantes du paludisme au niveau des
diverses régions du monde).Les études transversales sont généralement peu coûteuses car rapides à réaliser.
L’investigateur suit l’évolution d’une population sur une période donnée. Durant la période d’étude, on
observe l’apparition d’une ou plusieurs maladies. Le taux d’incidence permet d’évaluer l’évolution d’une
maladie et l’impact de mesures préventives. Un des objectifs des études d’incidence est la surveillance
contre cette maladie lancé dans les années 1960 modifie la distribution des cas selon l’âge tout en réduisant
globalement et de façon sensible son incidence.Les difficultés de ces études sont liées à la difficulté de suivi
Les séries de cas correspondent à l’observation détaillée d’un certain nombre de patients et ne permettent
pas de tirer des conclusions que l’on puisse généraliser à d’autres cas. Cependant, une série de cas peut
Los Angeles chez 5 hommes jeunes, homosexuels, sans antécédent particulier, a conduit à la découverte du
Epidémiologie étiologique
Les études étiologiques cherchent à mettre en évidence l’association entre l’exposition à un facteur de risque
et la survenue d’une maladie. Quel que soit le type d’étude étiologique, l’objectif est de savoir si les patients
exposés à un facteur de risque ont plus de chance d’être malades que les patients non-exposés. Les études
étiologiques sont toujours comparatives (comparaison de groupes de sujets qui différent soit sur la présence
de la maladie, soit sur la présence du facteur de risque). Il est essentiel que la maladie, comme l’exposition,
soient définies précisément et de façon identique dans les deux groupes comparés. Ce sont des études
maladie.
- Etude rétrospective lorsque l’enregistrement du facteur de risque se fait après la survenue de la maladie.
Ce sont des études prospectives au cours desquelles on suit, pendant une période de temps donnée, une
cohorte d’individus exposés ou non à un facteur de risque. On note au cours du temps l’apparition de la
maladie étudiée pour chaque individu. Ce type d’étude est envisagé lorsque l’exposition et la maladie sont
fréquentes dans la population et que le délai d’apparition de la maladie est court. Pour connaître la relation
entre tabagisme et infarctus du myocarde, on suit une cohorte sur une période pendant laquelle on note la
consommation de tabac et la survenue de l’infarctus. La fréquence de l’infarctus sera comparée chez les
Remarque : Une cohorte est un ou plusieurs groupes de sujets suivis au cours du temps et définis à partir de
géographique,...).
Remarque : une étude de cohorte historique associe la recherche rétrospective de l’exposition à un facteur
de risque et le suivi de la cohorte pour l’apparition de la maladie. La durée de l’étude est ainsi diminuée pour
Ce sont des études prospectives portant sur deux cohortes de sujets constituées de façon distinctes. Une
cohorte est exposée au facteur de risque l’autre n’est pas exposée. Ces deux cohortes sont suivies pendant
L’estimation de la proportion de sujets exposés dans la population générale n’est pas possible dans ce type
d’étude puisqu’on étudie séparément les deux cohortes. De même l’incidence de la maladie dans la
population ne peut pas être estimée car cette incidence est par hypothèse dépendante de la proportion de
sujets exposés au facteur de risque. Pour le calcul des risques absolus et relatifs on utilise la même méthode
proportion réelle de sujets exposés. Les études "exposés non-exposés" trouvent leur indication lorsque
L’enquêteur choisit les groupes étudiés sur la base de leur statut malade ou non-malade. Les facteurs de
risque sont recherchés dans le passé par l’interrogation des individus ou la collecte de données dans les
dossiers médicaux. Ce sont toujours des études rétrospectives. Une des contraintes vient du fait que l’on doit
s’assurer que l’exposition au facteur de risque est survenue avant la maladie (séquence temporelle).
Les témoins sont des individus qui n’ont pas la maladie étudiée : il peut s’agir de sujets sains ou de sujets
atteints d’une autre maladie que celle ayant servi à constituer les cas. Les témoins doivent être
théoriquement représentatifs de la population dont sont issus les cas : parmi les patients hospitalisés, dans la
population générale d’où proviennent les cas, parmi la famille et les voisins des cas.
Ce type d’étude est indiqué lorsque la maladie est rare ou que la durée entre l’exposition au facteur de risque
et la maladie est longue ou lorsque l’on souhaite étudier une maladie et un ou plusieurs facteurs de risque lui
sont attachés. Par exemple, on souhaite étudier l’exposition aux solvants organiques comme facteur de risque
de glomérulonéphrite chronique. Le groupe des cas est constitué dans un service de néphrologie, celui des
témoins est constitué dans un autre service de l’hôpital (traumatologie). On interroge les sujets des deux
groupes sur leur passé professionnel afin de mesurer la fréquence d’exposition dans chaque groupe.
L’incidence de la maladie étudiée ne peut pas être calculée puisque le nombre de sujets malades (échantillon
de cas) est fixé a priori. La proportion de sujets exposés peut être estimée chez les malades ou chez les non-
malades mais pas pour la population générale. La proportion de sujets exposés est par hypothèse différente
chez les malades et les non-malades (pour pouvoir estimer la proportion de sujets exposés dans la population,
il faudrait connaître la proportion de malades dans la population). Les risques absolus ne peuvent pas être
estimés car ils dépendent directement, dans ce type d'étude, de la taille des deux échantillons constitués
(malades et non-malades). On ne peut donc pas calculer le risque relatif. Si la maladie est rare (prévalence <
a+b c+d
Comme le risque relatif, l’odds ratio permet de dire que le risque d’être malade est OR fois plus important
Le risque relatif ou l’odds ratio mesurent l’association entre le facteur de risque et la maladie. Si la mesure du
risque est supérieure à 1, alors le facteur augmente d’autant le risque d’avoir la maladie. Si la mesure du
risque est inférieure à 1, alors le facteur est dit ‘protecteur’ et diminue d’autant le risque d’avoir la maladie. Il
est indispensable dans un deuxième temps de calculer l’intervalle de confiance de cette valeur. Celui-ci
comprend pas la valeur 1, on conclut alors que la mesure d’association entre le facteur de risque et la maladie
Comparaison des types d’études étiologiques sur leur faisabilité et leurs résultats
rare rare
Coût élevé
RÉSULTATS
Risque relatif Risque relatif Pas de calcul du risque relatif
l’odds ratio
Incidence de la maladie
Fréquence de l’exposition
Risques attribuables
Epidémiologie évaluative
L’évaluation utilise des outils épidémiologiques pour évaluer aussi bien des stratégies thérapeutiques et
diagnostiques que des programmes de prévention des maladies : essais thérapeutiques, essais de prévention
techniques médicales. On procède toujours par comparaison entre différents groupes : un groupe dont les
sujets sont soumis au facteur étudié, et un groupe dont les sujets ne sont pas soumis au facteur. Ce sont le
Les critères de jugement pour mesurer l’effet du facteur étudié peuvent être un indicateur de santé
(morbidité, mortalité, survie), mais aussi être un critère de coût (coût d’un traitement par rapport à un autre,
coût d’une stratégie diagnostique par rapport à une autre, …) ou de qualité de vie. Celle-ci est mesurée à
l’aide de questionnaires standardisés qui permettent d’établir des échelles de qualité de vie. Ces critères,
indicateurs de santé, coût et qualité de vie, sont souvent associés et le critère de jugement devient alors, par
L’intervention évaluée est un traitement. Ces études portent sur des groupes constitués par tirage au sort.
L’investigateur contrôle l’administration du traitement : un groupe sera soumis au traitement étudié et l’autre
L’évaluation d’un programme de santé publique (d’un programme de dépistage par exemple) peut se faire par
des études "avant après" et "ici ailleurs". Les études "avant après" comparent des sujets avant la mise en
place de l’intervention et après. La situation "avant" sert de référence pour évaluer l'efficacité de
l’intervention. Les sujets peuvent être leur propre témoin, par exemple dans une étude sur le comportement
vis à vis du tabagisme avant et après une campagne de prévention contre le tabac. Les difficultés
d'interprétation des études "avant après" proviennent d'une possible variation spontanée des indicateurs qui
se serait produite même en l'absence de l’intervention (mise en place au même moment d'autres mesures de
santé, changements socioculturels, etc.). Les études "ici ailleurs" comparent, au même moment, des
communautés distinctes géographiquement dont l’une reçoit l’intervention et l’autre pas (exemple : deux
services hospitaliers). Les difficultés d’analyse et d'interprétation de ce type étude sont liées à la possibilité