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Dr MEZGHENNA

Laboratoire d’Exploration NeuroMusculaire Hôpital Belloua CHU de Tizi Ouzou

La Jonction Neuromusculaire
I. Introduction :

La théorie du neurone s’est imposée depuis Cajal, cependant, il fallait comprendre les
mécanismes intercellulaires entre neurones au niveau du SNC et entre neurones et effecteur
au niveau du SNP. C’est en 1897 que le physiologiste anglais Charles Sherrington donna le
concept de synapse aux zones de contact intercellulaire ou s’effectue le transfert
d’informations. Et depuis les travaux de Claude Bernard, on supposait la nature chimique de
la transmission au niveau de la jonction neuromusculaire, démontrée plus tard par Katz et
collaborateurs. Depuis les années 50, ceci était bien élucidé grâce au progrès des méthodes
électrophysiologiques et histologiques mises en œuvre.

La jonction neuromusculaire, par définition, désigne la zone de contact entre une


terminaison nerveuse (axone du motoneurone α) et une fibre musculaire qu’elle innerve, le
contact s’effectue au niveau d’une région spécialisée de la membrane de la fibre musculaire
appelée la plaque motrice. Chaque fibre musculaire est pourvue d’une seule plaque motrice
qui est innervée par un seul axone.

La JNM est une synapse neuro-effectrice de type chimique.

II. Expériences :
1) Expérience de Claude Bernard 1840:
- Il voulait savoir ou se passait la réaction ou le blocage (le site d’action du curare) quand il
rajouta du curare à une préparation nerf-muscle (curarisation).
- Sur un témoin : il a stimulé le nerf et il a obtenu une réponse (une contraction
musculaire) après un délai correspondant à la propagation du potentiel d’action + le
délai synaptique, et puis il a stimulé directement le muscle pour obtenir une réponse
musculaire directe.
- Lorsqu’il a mis du curare au niveau du nerf ou au niveau du muscle il n’y a pas de
modification par rapport au témoin.
- Lorsqu’il a mis du curare au niveau de la jonction neuromusculaire, la stimulation du nerf
n’engendre pas de réponse alors que la stimulation directe du muscle entraine une
contraction musculaire.
- Il a conclu que le curare bloque la transmission au niveau de la jonction
neuromusculaire.
2) Expérience de Otto Loewi 1921 :
L’expérience qui a permis de mettre en évidence pour la première fois les synapses
chimiques a été réalisée en 1921 par le physiologiste allemand Otto Loewi, il démontra que
la stimulation électrique du nerf vague ralentit les battements cardiaques en libérant un
signal chimique. Il isola et perfusa deux cœurs de grenouille et enregistra la fréquence de

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leurs battements. Il recueillit le perfusat ou baignait le cœur stimulé et le transféra à l’autre
cœur. Il observa alors qu’en stimulant le nerf vague du premier cœur et en en transférant le
perfusat au second, ce dernier ralentissait lui aussi ses battements, bien que son propre nerf
n’ait pas été stimulé. Ce résultat démontrait que le nerf vague régule le rythme cardiaque en
libérant une substance qui s’accumule dans le perfusat. Initialement appelée la substance
vagale, elle fut ultérieurement assimilée à l’Acétylcholine.

3) Expérience de Katz et ses collaborateurs :


Les phénomènes de la transmission synaptique au niveau de la jonction neuromusculaire ont
été étudiés par Katz et ses collaborateurs au niveau de la jonction neuromusculaire de
grenouille (nerf sciatique et muscle sartorius).
FATT et KATZ, (en l’absence de potentiel d’action du motoneurone) ont observés après avoir
mis deux microélectrodes au niveau de la plaque motrice des petites dépolarisations
spontanées dénommés “Potentiels de Plaque Motrice miniatures”.

III. La structure de la jonction neuromusculaire :

La jonction neuromusculaire est constituée de trois éléments: l’élément pré synaptique, la


fente synaptique et l’élément postsynaptique.

1) Un élément pré synaptique nerveux : formé par la terminaison de l’axone d’un


motoneurone alpha. Cet axone en s’approchant de la plaque motrice, il perd sa gaine de
myéline et se divise en plusieurs ramifications, Chacune de ces ramifications forme à son
extrémité de multiples varicosités en grappe appelé boutons synaptiques, qui reposent
directement sur la membrane de la fibre musculaire. L'élément pré synaptique se caractérise
par la présence de vésicules synaptiques qui sont des éléments de stockage du
neurotransmetteur et de nombreuses mitochondries pour fournir de l’énergie. L’ensemble
des terminaisons pré synaptiques est entouré de cellules de Schwann empêchant le
neuromédiateur de diffuser en dehors de la synapse.
2) Un élément postsynaptique musculaire : formé par la membrane plasmique de la
fibre musculaire, cette membrane s’invagine en de profondes gouttières synaptiques,
l’ensemble de ces gouttières constituent l’appareil sous-neural de Couteaux. Au sommet des
gouttières (c’est-à-dire au niveau des crêtes) se concentrent les récepteurs de
l’acétylcholine. Par contre au niveau de la base des gouttières on trouve beaucoup plus des
canaux sodique voltages dépendants.

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3) Une fente synaptique: l’élément pré synaptique et l’élément postsynaptique sont
séparés par un espace appelé fente synaptique de 10 à 50 nm de largeur. Au niveau de la
fente synaptique, on trouve l’acétylcholinestérase, enzyme qui hydrolyse l’acétylcholine.

IV- Le fonctionnement de la jonction neuromusculaire :

1) Mise en évidence :

Les phénomènes de la transmission synaptique au niveau de la jonction neuromusculaire ont


été étudiés par Katz et ses collaborateurs au niveau de la jonction neuromusculaire de
grenouille (nerf sciatique et muscle sartorius). L’enregistrement en moyen de
microélectrodes insérées au niveau de la membrane postsynaptique révèle qu’un potentiel
d’action pré synaptique déclenche, après un délai, une dépolarisation locale de 20 à 40 mV
d’amplitude et qui dure près de 10 ms. Ce potentiel est local car son amplitude décroit
rapidement dès qu’on s’éloigne de la plaque motrice. Sur ce potentiel se greffe rapidement
un potentiel d’action musculaire, ceci rend difficile l’analyse de ce potentiel local,
l’adjonction du curare à la préparation a permis d’éviter l’apparition du PA musculaire et on
constate alors que selon la concentration du curare l’amplitude du potentiel local varie et
tant que son amplitude reste au dessous d’une certaine valeur seuil, il n’y a pas de potentiel
d’action musculaire. Cette dépolarisation locale constitue le potentiel de plaque motrice
(PPM).
2) Les phénomènes pré synaptique :
Les phénomènes pré synaptiques regroupent l’ensemble des étapes qui aboutissent à la
libération de l’acétylcholine par la terminaison nerveuse pré synaptique.

1. L’ACETYLCHOLINE :

a) Synthèse:
L’acétylcholine est synthétisée dans le cytosol au niveau de la terminaison nerveuse du
motoneurone α, à partir de l’acétyl-CoenzymeA (provient du métabolisme du glucose au
niveau de la mitochondrie) et de la choline introduite par des molécules de transport
(recaptée) située dans la membrane plasmique. Cette réaction est catalysée par la choline
acétyltransférase (CHAT), enzyme produite dans corps cellulaire du motoneurone α.

Choline + l’acétyl-Coenzyme A ACETYLCHOLINE


Choline acétyltransférase

b) Stockage :
Une fois synthétisée, l’acétylcholine est concentrée et stockée dans les vésicules
synaptiques. Ces vésicules sont initialement formées dans le corps cellulaire du
motoneurone alpha, puis elles gagnent la terminaison de l’axone moteur où elles se
chargent en acétylcholine. Dans le bouton terminal, les vésicules synaptiques sont groupées
en deux pools, l’un de réserve et l’autre, situé près de la membrane plasmique dans une
zone active prêts à l’exocytose.

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c) Exocytose: Commandée par le calcium qui joue un rôle très important dans la
sécrétion de l’acétylcholine.

Donc l’arrivée du PA à la terminaison pré synaptique induit une ouverture très rapide des
canaux calciques voltage dépendants puis une entrée du Ca++ à l’intérieur de la terminaison
pré synaptique (étant plus concentré à l’extérieur qu’à l’intérieur) d’où une augmentation,
importante et localisée au voisinage immédiat des canaux calciques, de la concentration du
calcium ce qui déclenche la fusion et l’exocytose.

 Les potentiels de plaques motrices miniatures « libération quantique de


l’acétylcholine»:
Les travaux de B. Katz et de ses collaborateurs, dans les années 50 et 60, ont conduit à
établir la notion de potentiel de plaque motrice miniature (PPMm) et à concevoir la théorie
quantique de la transmission de synaptique.

À l’aide de microélectrodes insérées au niveau de la plaque motrice, FATT et KATZ, (en


l’absence de potentiel d’action du motoneurone) ont observés :

- des petites dépolarisations spontanées d’environ 0,5 mV d’amplitude


- leur morphologie ressemble à celle du potentiel de plaque motrice
- ils sont sensibles aux agents qui bloquent l’action de l’acétylcholine (curare,
acétylcholinestérase)
FATT et KATZ les ont dénommés “PPM miniatures”.

Ceci a conduit Katz et ses collaborateurs à la conclusion que le PPM miniature est déclenché
par la libération spontanée d’un petit paquet d’acétylcholine, appelé le quantum (le contenu
d’une seule vésicule correspondant à environ 10000 molécules d’Ach). Et que le PPM
résultait de la sommation d’une centaine de PPM miniatures due à la libération synchrone
d’une centaine de paquets d’acétylcholine, appelés « quanta » liée à la fusion simultanée
d’un grand nombre de vésicules à la membrane plasmique pré synaptique.

d) Dégradation :
Une fois exercer son action sur l’élément post synaptique, l’acétylcholine libérée dans la
fente synaptique est hydrolysée (dégradée) par l’acétylcholinestérase en acétate (acide
acétique) et en choline dans la fente synaptique, la choline libérée sera réabsorbée par la
terminaison pré synaptique nerveuse grâce à un transport actif. Parallèlement à l’hydrolyse
de l’acétylcholine, les membranes des vésicules synaptiques, qui s’étaient intégrées à la
membrane plasmique lors de l’exocytose, sont réintégrées dans la terminaison pré
synaptique par un processus d’endocytose pour donner de nouvelles vésicules synaptiques.

3) Les phénomènes postsynaptiques :

Les phénomènes post synaptiques regroupent l’ensemble des évènements qui se déroulent
depuis la fixation de l’Ach sur ses récepteurs spécifiques au niveau de la membrane post
synaptique jusqu’à sa dégradation.

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1. Le potentiel de plaque motrice :

a) Mise en évidence :
Le PPM a été mis en évidence par FATT et KATZ au niveau de la JNM de la grenouille : Sur
une préparation comportant un axone moteur innervant une fibre musculaire partiellement
isolée et placée dans un bain de liquide de Ringer. Ces chercheurs ont placés deux
microélectrodes l’une sur la plaque, l’autre à une dizaine de millimètres de cette dernière.

La stimulation de l’axone fait apparaître un potentiel qui précède la contraction de la fibre.


Ce potentiel initial local correspond à la dépolarisation initiale de la plaque suivie d’un
potentiel d’action propagé. La dépolarisation de la plaque dépasse largement le seuil de
déclenchement du potentiel d’action.
Pour pouvoir analyser facilement la dépolarisation locale de la plaque, la préparation est
traitée par application du curare pour éviter l’apparition du potentiel d’action musculaire
propagé.
On peut enregistrer un potentiel de plaque de grande amplitude sans PA musculaire, cette
dépolarisation locale est le potentiel de plaque motrice PPM.

b) Caractéristiques :
- le PPM est un potentiel local ; en effet, si l’on éloigne l’électrode de dérivation de
quelques millimètres de la plaque, le potentiel de plaque diminue progressivement
d’amplitude puis disparaît.
- Le PPM est un potentiel graduable : son amplitude croit en fonction de l’intensité de
stimulation, et lorsqu’elle dépasse un certain niveau (seuil), elle donne naissance à un PA
musculaire.
- Un potentiel d’action pré synaptique déclenche un PPM toujours supra liminaire pour
induire un PA musculaire, on dit que le facteur de sécurité de la transmission
neuromusculaire est très élevé.

c) Les mécanismes ioniques à l’origine du PPM :

Les travaux de TAKEUCHI et ses collaborateurs en 1960, par la technique du potentiel


imposé sur une préparation comportant JNM de grenouille, montrent que le potentiel de
plaque motrice est induit par une augmentation de la perméabilité de la membrane
postsynaptique à certains ions.
Ils ont montré que le PPM est due à une augmentation de la conductance de la membrane
post synaptique simultanément aux ions sodium et aux ions potassium. Ces ions vont se
déplacer selon le gradient électrochimique et faire tendre le potentiel de la membrane
postsynaptique vers une valeur comprise entre le potentiel d’équilibre du Na+ (+58mV) et
celui du K+ (-70mV). La dépolarisation postsynaptique résulte du fait qu’il y’a plus d’ions Na+
qui entrent dans la cellule que d’ions K+ qui en sortent.
Cet accroissement de la conductance est du à la fixation de molécules d’Ach libérées par la
terminaison pré synaptique sur des récepteurs canaux localisés au niveau des sommets des
replis de la membrane post synaptique.
Pour déterminer la nature des ces ions, ces chercheurs mêmes ont utilisé la technique du
potentiel stabilisé sur une préparation analogue montre que le PPM résulte de

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l’augmentation simultané de la perméabilité de la membrane postsynaptique aux ions Na+
et au K+.

V. Le délai synaptique :

L’ensemble des processus qui se déroulent depuis l’arrivé de PA au niveau pré synaptique
jusqu’au déclenchement de PPM comprend 03 étapes : la sécrétion de Ach (2) sa diffusion à
travers la fente synaptique et (3) l’interaction avec le récepteur.
L’accomplissement de l’ensemble de ces processus dure 0,5 à 1 msec .Cet intervalle est
appelé le délai synaptique.
La sécrétion de l’acétylcholine est le processus qui consomme le plus de temps.

VI. Conclusion :
Dans les circuits neuronaux, les synapses transmettent d’un neurone à un autre les
informations que véhiculent les potentiels d’action. Les mécanismes cellulaires de la
transmission synaptique sont très proches de ceux qui produisent les autres formes de
signaux électriques dans le neurone, notamment le potentiel de repos et le potentiel
d’action, il s’agit d’un transit d’ions par les canaux de la membrane. Dans le cas des synapses
chimiques, les canaux, aux pores plus petits et plus sélectifs, sont activés par la liaison de
neurotransmetteur libéré par la terminaison pré synaptique avec les récepteurs post
synaptiques. Le très grand nombre de neurotransmetteurs peuvent être regroupé en deux
catégories : les neurotransmetteurs à petites molécules et les neuropeptides. Ils sont
synthétisés à partir de précurseurs particuliers et stockés dans des vésicules sises dans la
terminaison pré synaptiques, libérés de façon dépendante du calcium. Les terminaisons pré
synaptiques déversent leur contenu de neurotransmetteurs dans la fente synaptique par
quanta quand la dépolarisation l’envahit et qui est due à l’arrivée d’un potentiel d’action,
ceci entraine une ouverture des canaux calciques voltage dépendants permettant l’entrée
du Ca++ dans la terminaison pré synaptique. Des récepteurs post synaptiques qui, en
ouvrant ou en fermant les canaux ioniques, traduisent la fixation des neurotransmetteurs
sur leurs récepteurs spécifiques en signaux électriques. Les courants post synaptiques
produits par l’ouverture ou la fermeture synchrones des canaux ioniques modifient la
conductance ou la perméabilité des cellules post synaptiques ce qui augmente ou modifie
l’excitabilité membranaire. Les changements de conductance qui augmentent la probabilité
d’émission de potentiel d’action sont excitateurs, ceux qui la diminuent sont inhibiteurs.
Une fois exercer son action, l’acétylcholine dans le cas d’une jonction neuromusculaire,
libéré dans la fente synaptique est hydrolysée (dégradé) par l’acétylcholinestérase en
acétate (acide acétique) et en choline dans la fente synaptique, la choline libérée sera
réabsorbée par la terminaison pré synaptique nerveuse grâce à un transport actif.
Parallèlement à l’hydrolyse de l’acétylcholine, les membranes des vésicules synaptiques, qui
s’étaient intégrées à la membrane plasmique lors de l’exocytose, sont réintégrées dans la
terminaison pré synaptique par un processus d’endocytose pour donner de nouvelles
vésicules synaptiques.

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