Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Algèbre - Tome 2, Anneaux, Modules Et Algèbre Multilinéaire (PDFDrive) PDF
Algèbre - Tome 2, Anneaux, Modules Et Algèbre Multilinéaire (PDFDrive) PDF
////////// Mathématiques
Algèbre II COLLECTION ENSEIGNEMENT SUP //// Mathématiques
ANNEAUX, MODULES ET ALGÈBRE MULTILINÉAIRE
Daniel Guin
L3M1M2
Algèbre II
Ce traité d’algèbre en deux volumes s’adresse aux étudiants de licence
ou master de mathématiques (L3-M1) et à ceux qui préparent le CAPES
ou l’agrégation.
Algèbre II -
Ce tome 2 traite de la notion générale de divisibilité des éléments dans ANNEAUX, MODULES
les anneaux : anneaux euclidiens, principaux, factoriels. Il présente une
généralisation de cette notion aux idéaux – anneaux de Dedekind – et donne ET ALGÈBRE MULTILINÉAIRE
des applications à la théorie des nombres : anneau des entiers d’un corps
de nombres, ramification.
ET ALGÈBRE MULTILINÉAIRE
ANNEAUX, MODULES
Chaque notion est développée depuis les définitions de base jusqu’à des
résultats très avancés, avec toutes les démonstrations. Les chapitres sont
suivis de thèmes de réflexion (TR) qui permettent d’étudier en profondeur
des notions qui illustrent ou complètent le cours.
Daniel Guin
Daniel Guin
www.edpsciences.org
29 euros
ISBN : 978-2-7598-1001-7
ALGÈBRE
Tome 2
ANNEAUX, MODULES
ET
ALGÈBRE MULTILINÉAIRE
Daniel Guin
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page ii — #2
i i
Illustration de couverture :
Imprimé en France
ISBN : 978-2-7598-1001-7
Tous droits d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays. Toute re-
production ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées
dans le présent ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon.
Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et
non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère
scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et
L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle). Des photocopies payantes peuvent être réalisées avec
l’accord de l’éditeur. S’adresser au : Centre français d’exploitation du droit de copie, 3, rue Hautefeuille,
75006 Paris. Tél. : 01 43 26 95 35.
c 2013, EDP Sciences, 17, avenue du Hoggar, BP 112, Parc d’activités de Courtabœuf,
91944 Les Ulis Cedex A
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page iii — #3
i i
Avant-Propos vii
Remerciements xi
Avertissement xiii
Thèmes de réflexion 29
TR.I.A. Étude de Aut(Z/nZ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
TR.I.B. Localisation et idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
TR.I.C. Radical, nilradical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page iv — #4
i i
Algèbre T2
Thèmes de réflexion 55
TR.II.A. Exemples d’anneaux euclidiens . . . . . . . . . . . . . . . 55
TR.II.B. Un anneau principal non euclidien . . . . . . . . . . . . . 56
TR.II.C. Anneaux nœthériens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
TR.II.D. Séries formelles – Séries et polynômes de Laurent . . . . . 58
Thèmes de réflexion 83
TR.III.A. Critère d’irréductibilité par extension . . . . . . . . . . . 83
TR.III.B. Critère d’irréductibilité par réduction . . . . . . . . . . . 83
iv
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page v — #5
i i
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page vi — #6
i i
Algèbre T2
Appendice 229
1 Ensembles ordonnés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
2 Cardinaux – Ensembles infinis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
Bibliographie 239
vi
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page vii — #7
i i
AVANT-PROPOS
Cet ouvrage fait suite à celui intitulé « Algèbre I » (écrit en collaboration avec
Thomas Hausberger) dont je reprends ici une partie de l’avant-propos.
La très longue histoire de l’étude des nombres, puis des équations, a permis
de remarquer des analogies entre certaines propriétés vérifiées par des objets ma-
thématiques de natures différentes, par exemple les nombres et les polynômes.
Cela a conduit les mathématiciens, en particulier au XIXe siècle, à tenter de dé-
gager une axiomatique qui rende compte des raisons profondes de ces analogies.
Il est alors apparu que ces objets, de natures différentes, possédaient les mêmes
structures algébriques, par exemple groupe, espace vectoriel, anneau, etc.
Il devint évident qu’il était plus efficace d’étudier ces structures pour elles-
mêmes, indépendamment de leurs réalisations concrètes, puis d’appliquer les ré-
sultats obtenus dans les divers domaines que l’on considérait antérieurement.
L’algèbre abstraite était née.
C’est l’étude des équations algébriques qui est à l’origine de la création et
du développement de l’algèbre, dont le nom provient du titre d’un traité d’Al-
Khowarizmi. D’abord exclusivement dévolue au calcul, à l’introduction des outils
(nombres négatifs, extraction de racines, nombres complexes) et à l’élaboration des
règles d’utilisation de ces objets, l’algèbre a évolué vers ce qu’elle est maintenant,
l’étude des structures.
L’étude des nombres entiers remonte à la plus Haute Antiquité, mais c’est
l’étude des nombres algébriques, au XIXe siècle, qui a conduit aux notions
d’anneau et de corps.
L’étude de la divisibilité dans les nombres entiers est basée sur la propriété
fondamentale suivante : tout nombre entier s’écrit, de manière unique, comme
produit de nombres premiers. Comme pour toutes les structures algébriques im-
portantes, la structure d’anneau apparaît dans de nombreuses situations dans
lesquelles les éléments ne sont plus des nombres entiers. C’est en particulier le
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page viii — #8
i i
Algèbre T2
cas des polynômes. Il est donc utile, en étudiant la notion de divisibilité dans
des anneaux généraux, de voir si l’analogue de la décomposition en produit de
nombres premiers existe : on l’appelle alors décomposition en produit d’éléments
irréductibles. Cela conduit à la notion d’anneau factoriel qui généralise les no-
tions d’anneau euclidien ou principal (chapitre II). On étudie ensuite cette
décomposition dans le cas des anneaux de polynômes (chapitre III).
L’idée essentielle a été l’introduction de la notion d’idéal : celle-ci permet de
généraliser des énoncés portant sur les propriétés usuelles de la divisibilité des
nombres entiers. En particulier, la généralisation aux idéaux de la propriété de
décomposition en produit d’irréductibles, associée à la notion d’extension de corps,
a permis de faire de très grands progrès en arithmétique, notamment avec l’étude
des anneaux de Dedekind (chapitre VI).
La structure d’espace vectoriel (sur un corps), qui est l’une des plus fécondes
des mathématiques, a des applications très nombreuses, non seulement en ma-
thématique, mais également en physique, chimie, biologie et sciences humaines.
C’est la raison pour laquelle l’algèbre linéaire est un domaine fondamental et
son étude cruciale.
Si l’on remplace le corps de base par un anneau, la définition de la structure
d’espace vectoriel garde tout son sens et, pour la différencier de la notion pré-
cédente, on parle de structure de module (sur un anneau) (chapitre IV). Cette
structure de module possède beaucoup de propriétés des espaces vectoriels, mais
elle est plus subtile et certains résultats fondamentaux des espaces vectoriels ne
sont plus valables : par exemple, un module ne possède pas nécessairement une
base. Néanmoins, cette structure algébrique est d’une grande richesse – en parti-
culier si l’anneau de base est principal (chapitre V) et relativement à la dualité
(chapitre VII) – et intervient naturellement dans de nombreux contextes mathé-
matiques ou autres.
On sait que les applications linéaires sont au cœur de l’algèbre linéaire, mais
de nombreux problèmes font apparaître des applications de plusieurs variables, li-
néaires en chaque variable, les applications multilinéaires. Pour en simplifier
l’étude, l’on se ramène à des applications linéaires en utilisant le produit ten-
soriel (chapitre VIII) ou le produit extérieur (chapitre IX). Cela conduit aux
notions d’algèbre tensorielle ou algèbre extérieure, qui sont des outils très
puissants en algèbre et géométrie.
Comme dans le cas des groupes, la structure d’anneau a donné naissance à une
approche algébrique de la géométrie, en particulier des courbes et des surfaces : la
géométrie algébrique. Cette démarche « algébrique » a été également appliquée,
de manière très efficace, en analyse – groupes topologiques, espaces vectoriels
normés, algèbres de Banach.
viii
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page ix — #9
i i
Avant-Propos
ix
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page x — #10
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page xi — #11
i i
REMERCIEMENTS
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page xii — #12
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page xiii — #13
i i
AVERTISSEMENT
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page xiv — #14
i i
Algèbre T2
xiv
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 1 — #15
i i
Première partie
Anneaux et modules
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 2 — #16
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 3 — #17
i i
I
GÉNÉRALITÉS SUR LES ANNEAUX
1. Définitions – Exemples
Rappelons qu’un groupe est la donnée d’un ensemble non vide G et d’une loi
de composition interne
G × G −→ G
(x, y) −→ x ∗ y
vérifiant les propriétés suivantes :
(i) ∀ x, y, z ∈ G, (x ∗ y) ∗ z = x ∗ (y ∗ z),
(ii) ∃ e ∈ G, tel que ∀ x ∈ G, x ∗ e = e ∗ x = x,
(iii) ∀ x ∈ G, ∃ x ∈ G tel que x ∗ x = x ∗ x = e.
Si, de plus, la propriété suivante est vérifiée :
∀ (x, y) ∈ G × G, x ∗ y = y ∗ x,
le groupe G est dit commutatif ou abélien.
Définitions 1.1.
a) Un anneau est la donnée d’un ensemble non vide A et de deux lois
de composition interne, notées + et . (appelées respectivement addition et
multiplication), telles que :
(i) (A, +) est un groupe abélien (on notera 0 son élément neutre),
(ii) ∀ (a, b, c) ∈ A × A × A, (a.b).c = a.(b.c),
(iii) ∃ 1 ∈ A, ∀ a ∈ A a.1 = 1.a = a,
(iv) ∀ (a, b, c) ∈ A × A × A, a.(b + c) = a.b + a.c et (b + c).a = b.a + c.a.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 4 — #18
i i
b) Un corps est un anneau A non réduit à {0} tel que (A \ {0}, .) soit un
groupe.
Remarques 1.2.
a) Dans un anneau A, on a les relations
En effet, on a
∀ a ∈ A, a = 1.a = 0.a = 0.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 5 — #19
i i
1. Définitions – Exemples
Exemples 1.3.
a) L’ensemble des entiers relatifs Z, muni de l’addition et de la multiplication
usuelles, est un anneau commutatif.
b) Les ensembles Q des nombres rationnels, R des nombres réels et C des
nombres complexes, munis des opérations usuelles, sont des corps.
c) L’ensemble Mn (k) des matrices (n, n) à coefficients dans un anneau com-
mutatif k, muni de l’addition et de la multiplication des matrices, est un anneau,
non commutatif pour n 2.
d) Soit G un groupe abélien (noté additivement), alors End(G) muni de l’ad-
dition et de la composition des morphismes de groupes est un anneau (en général
non commutatif).
e) Pour tout entier n > 0, le groupe abélien Z/nZ muni de la multiplication
définie par cl(p)cl(q) = cl(pq) est un anneau commutatif, dont l’unité est cl(1),
où cl(x) désigne la classe dans Z/nZ de l’élément x de Z.
f ) L’ensemble R[X] des polynômes à coefficients dans R, muni de l’addition
et de la multiplication des polynômes, est un anneau commutatif.
Exercice E1.
1. Soient X un ensemble non vide et A un anneau. On note F(X, A) l’en-
semble des applications de X dans A. Montrer que F(X, A) muni des opérations
définies par
que l’on appelle différence symétrique de A et B. Montrer que P(X) muni des
opérations
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 6 — #20
i i
Définition 1.6. Un élément a d’un anneau A est inversible s’il admet un in-
verse à gauche et à droite. On note alors a−1 son inverse et U(A) l’ensemble
des éléments inversibles de A.
Exercice E2.
1. Déterminer U(R[X]).
2. Déterminer U(F(X, A)), où F(X, A) est l’anneau défini en E1.1.
3. Soit E un R-espace vectoriel de dimension infinie. Montrer que dans l’an-
neau EndR (E), il existe des éléments ayant un inverse à gauche (resp. à droite)
mais pas à droite (resp. à gauche).
Remarque 1.8. Il est clair qu’un anneau A = {0} est un corps si et seulement si
U(A) = A \ {0}.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 7 — #21
i i
1. Définitions – Exemples
Exercice E3 (¶).
1. Soient K un corps commutatif et G un sous-groupe fini de K ∗ = U(K).
Montrer que le groupe G est formé de racines de l’unité et qu’il est cyclique (en
notant n le ppcm des ordres des éléments de G, on montrera, en utilisant le
théorème de structure des groupes abéliens de type fini, cf. [G-H] théorème VI.4.2,
qu’il existe un élément x de G d’ordre n et on montrera que G = x).
2. En déduire que si K est un corps fini commutatif à q éléments, le groupe
K ∗ est cyclique d’ordre (q − 1).
Dans la question ci-dessus, l’hypothèse de commutativité est redondante
puisque tout corps fini est commutatif (théorème de Wedderburn, cf. [G-H]).
Définition 1.9. Une partie B d’un anneau (resp. corps) A est un sous-anneau
(resp. sous-corps) de A si, munie des lois induites par celles de A, c’est un
anneau (resp. corps).
Z(A) = {a ∈ A | ∀ b ∈ A, ab = ba}
A = {a + ib | a ∈ Z, b ∈ Z, i2 = −1}
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 8 — #22
i i
Remarque 1.13. Pour S = {0, 1}, cela conduit à la notion de sous-corps premier
étudiée à la section 5.
Exercice E5. √
1. Déterminer
√ le sous-anneau et le sous-corps de R engendrés par 2. Mêmes
questions avec 3 2.
2. Soient A un anneau commutatif et S une partie de A. Montrer que le sous-
ni ni
anneau de A engendré par S est formé des éléments si1 1 · · · sik k , avec sij ∈ S
finie
et nij ∈ N. (Par convention, s0 = 1.)
2. Idéaux – Morphismes
Soit E un ensemble muni d’une loi composition interne (notée multiplicati-
vement) sur lequel est définie une relation d’équivalence R. On rappelle que la
relation R est compatible à droite (resp. à gauche) avec la loi si, quels que soient
x, y, a dans E, on a (xRy) =⇒ (xaRya) (resp. (xRy) =⇒ (axRay)) et qu’elle est
compatible avec la loi si elle est compatible à droite et à gauche.
Il est facile de vérifier que R est compatible avec la loi si et seulement si
(x = x1 , y = y1 ) ⇒ (xy = x1 y1 ),
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 9 — #23
i i
2. Idéaux – Morphismes
est associative (resp. commutative, resp. admet un élément neutre e, resp. tout
élément x admet un élément symétrique x∗ ), il en est de même pour la loi induite
sur E/R, e est l’élément neutre, l’élément symétrique de x est x∗ .
Cette analyse montre que si R est une relation d’équivalence définie sur un
anneau A, l’addition et la multiplication de A induisent sur l’ensemble A/R une
addition et une multiplication (x + y = x + y, x.y = xy) qui munissent A/R
d’une structure d’anneau si et seulement si R est compatible avec l’addition et la
multiplication de A.
Soient A un anneau et I un sous-groupe du groupe abélien (A, +). On consi-
dère la relation d’équivalence R définie sur A par :
∀ (x, y) ∈ A × A, (xRy) ⇔ (x − y) ∈ I.
Il est clair que cette relation est compatible avec l’addition de A. Alors I est la
classe de 0 pour la relation R et le groupe abélien (A/R, +) s’identifie au groupe
abélien (A/I, +). La relation R est compatible avec la multiplication de A si et
seulement si
∀ x ∈ I, ∀ a ∈ A, a.x ∈ I et x.a ∈ I.
Cela conduit à la définition suivante :
Définition 2.1. Une partie I d’un anneau A est un idéal à gauche (resp. à
droite, resp. bilatère) si I est un sous-groupe abélien de A pour l’addition
et si
∀ x ∈ I, ∀ a ∈ A, a.x ∈ I (resp. x.a ∈ I, resp. a.x ∈ I et x.a ∈ I).
Remarques 2.2.
a) Si l’anneau A est commutatif, il y a équivalence entre idéal à gauche, idéal
à droite et idéal bilatère. Dans ce cas, on dira que I est un idéal.
b) Il est clair que A et {0} sont des idéaux bilatères de A.
c) Il est évident que si I est un idéal à gauche (resp. à droite, resp. bilatère)
d’un anneau A et si 1 ∈ I, alors I = A.
De la discussion précédente découle le théorème suivant.
Théorème 2.3. Soient A un anneau (resp. anneau commutatif ) et I un idéal
bilatère (resp. un idéal) de A. Alors l’addition et la multiplication induites par
celles de A sur A/I le munissent d’une structure d’anneau (resp. d’anneau com-
mutatif ). ♦
Les démonstrations des propositions qui suivent sont des exercices faciles lais-
sés au lecteur.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 10 — #24
i i
Définition 2.8. Un idéal (à gauche, à droite, bilatère) I d’un anneau A est dit
propre si I = {0} et I = A.
10
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 11 — #25
i i
2. Idéaux – Morphismes
Attention. Le résultat précédent est faux si l’anneau A est non commutatif (consi-
dérer un anneau de matrices). Plus précisément, un corps ne possède pas d’idéaux
propres ; l’hypothèse de commutativité de l’anneau est nécessaire pour démontrer
l’implication dans l’autre sens.
Exercice E6. Montrer que les idéaux de l’anneau Z sont les (n) pour n parcourant
N (on utilisera la division euclidienne dans Z).
f (1A ) = 1B .
Les démonstrations des deux propositions qui suivent sont des exercices faciles
laissés au lecteur.
11
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 12 — #26
i i
Exercice E7.
1. Déterminer tous les morphismes d’anneaux de Z dans Z, de Q dans Z, de
R dans Q. (On remarquera que la condition f (1) = 1 est très contraignante et
diminue fortement le nombre de morphismes possibles entre deux anneaux.)
2. Soit f : A → B un morphisme d’anneaux. Montrer que f (U(A)) ⊆ U(B).
f
A −−−−→ B
⏐ ⏐
⏐
π
⏐
π
A/I −−−−→ B/J
f
12
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 13 — #27
i i
2. Idéaux – Morphismes
Démonstration.
(i) Notons I l’ensemble des idéaux bilatères de A qui contiennent K et notons
J l’ensemble des idéaux bilatères de B. Pour tout I ∈ I, on pose
C’est un idéal bilatère de B puisque f est surjectif. On en déduit donc une appli-
cation ϕ : I → J .
Pour tout J ∈ J , on pose
ψ(J) = f −1 (J).
π ◦ f : A → B → B/J
13
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 14 — #28
i i
Exercice E8. Montrer que les idéaux de l’anneau Z/nZ correspondent aux nombres
entiers positifs qui divisent n.
Dans cette situation, on considère les idéaux (a) et (b) de A, engendrés par
a et b respectivement. Tout élément de (b) s’écrivant xb, avec x ∈ A, s’écrit xac,
donc appartient à (a). On en déduit donc que
14
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 15 — #29
i i
∀ a ∈ A, ∀ b ∈ A, [ab = 0] ⇒ [a = 0 ou b = 0].
Si l’anneau A n’est pas intègre, des éléments non nuls a et b tels que ab = 0
sont appelés des diviseurs de zéro.
Exemple 3.2. L’anneau Z est intègre. Tout corps est intègre. L’anneau M2 (R)
n’est pas intègre.
Exercice E9.
1. Soit p un nombre premier. Déterminer tous les diviseurs de zéro de l’anneau
Z/p2 Z.
2. Montrer que pour tout n 2 et pour tout corps commutatif k, l’anneau
Mn (k) n’est pas intègre.
3. Montrer que si X est un ensemble tel que card(X) > 1, l’anneau F(X, A)
défini en E1.1 n’est pas intègre.
4. Un élément a d’un anneau A est nilpotent s’il existe un entier n > 0 tel
que an = 0.
a) Montrer que dans Mn (k), n 2, il existe des éléments nilpotents.
b) Soient a et b des éléments d’un anneau A. Montrer que si ab est nilpotent,
alors ba l’est aussi.
c) Montrer que si ab = ba et si a et b sont nilpotents, alors ab et a + b sont
nilpotents.
Remarque 3.3. Il est clair qu’un sous-anneau d’un anneau intègre est intègre. Ce
n’est pas le cas pour le quotient par un idéal, comme on le voit facilement avec
Z/4Z par exemple.
On va dégager une notion d’idéal telle que l’intégrité de l’anneau soit conservée
par passage au quotient par les idéaux de ce type.
15
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 16 — #30
i i
Remarque 3.6. L’idéal {0} d’un anneau A est premier si et seulement si A est
intègre.
Définition 3.8. Un idéal propre m d’un anneau A est dit maximal s’il vérifie
les conditions de la proposition 3.7.
16
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 17 — #31
i i
Démonstration. Si m est un idéal maximal d’un anneau A, alors A/m est un corps,
donc un anneau intègre, et m est un idéal premier. ♦
Attention. La réciproque est fausse (considérer, par exemple, l’idéal engendré par
X dans l’anneau de polynômes Z[X]).
Démonstration. Soit (ak )k∈K l’ensemble des idéaux propres de A qui contiennent I.
Si cet ensemble est vide, l’idéal I est maximal. Sinon, cet ensemble est ordonné
par inclusion et est tel que toute partie totalement ordonnée (aj )j∈J admet un
plus grand élément ∪j∈J aj . D’après le lemme de Zorn (cf. Appendice), l’en-
semble (ak )k∈K admet un élément maximal, qui est donc un idéal maximal de A
contenant I. ♦
Exercice E10.
1. Montrer qu’un idéal (p) de Z est maximal (resp. premier) si et seulement si
p est un nombre premier (resp. nul ou premier). (On remarquera donc que dans
l’anneau Z, un idéal non nul est maximal si et seulement s’il est premier. Ceci
est une propriété générale des anneaux principaux qui sera étudiée au chapitre
suivant.)
2. Déduire de ce qui précède que l’anneau Z/pZ est un corps si et seulement
si c’est un anneau intègre.
Cela est vrai de façon plus générale pour les anneaux finis, comme le montre
la question suivante.
3. Soit A un anneau fini intègre.
a) Montrer que pour tout élément a ∈ A, a = 0, les applications δa : x → xa
et γa : x → ax sont des automorphismes du groupe (A, +).
b) En déduire qu’un anneau fini est un corps si et seulement s’il est intègre.
17
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 18 — #32
i i
18
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 19 — #33
i i
IJ = I ∩ J
et
(iii) Si les idéaux I et J sont étrangers, alors les anneaux A/IJ et A/I × A/J
sont isomorphes.
Démonstration.
(i) Pour tout élément a ∈ A, notons aI et aJ les classes respectives de a
modulo I et J. L’application p : A −→ A/I × A/J, définie par p(a) = (aI , aJ ), est
un morphisme d’anneaux dont le noyau est I ∩ J. En considérant le morphisme π
obtenu à partir de p par passage au quotient, l’anneau A/(I ∩ J) est isomorphe à
Im(p), qui est un sous-anneau de A/I × A/J (cf. théorème 2.14(ii)).
(ii) Par définition même d’un idéal, l’inclusion IJ ⊂ I ∩ J est évidente. Les
idéaux I et J étant étrangers, il existe u ∈ I et v ∈ J tels que 1 = u + v. Soit
z ∈ I ∩ J, on a donc z = zu + zv et chacun de ces deux derniers éléments est dans
IJ. D’où (I ∩ J) ⊂ IJ.
Avec les mêmes notations que ci-dessus, posons x = au + bv. Alors
x ≡ a (mod I) et x ≡ b (mod J).
(iii) Sous l’hypothèse que I et J sont étrangers, on a A/(I ∩ J) = A/IJ, de
plus, la dernière assertion prouve que le morphisme p est surjectif, il en est donc
de même pour le morphisme π. On en déduit que π est un isomorphisme de A/IJ
sur A/I × A/J. ♦
19
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 20 — #34
i i
Exercice E11.
a) Montrer que si p et q sont des entiers positifs, pZ∩qZ = pqZ si et seulement
si p et q sont premiers entre eux.
En déduire que les anneaux Z/pZ × Z/qZ et Z/pqZ sont isomorphes si et
seulement si p et q sont premiers entre eux.
b) Généraliser cette dernière assertion en montrant que les anneaux
Démonstration. Il est clair que ϕ est un morphisme d’anneaux, l’unicité étant im-
pliquée par le fait que l’on doit avoir ϕ(1) = 1. ♦
Si le morphisme ϕ n’est pas injectif, Ker(f ) est un idéal non nul de Z, il est
donc engendré par un nombre p 0, Ker(ϕ) = (p), et le sous-anneau Im(ϕ) de A
est isomorphe à Z/pZ.
20
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 21 — #35
i i
Exercice E13. On appelle corps ordonné tout corps K muni d’une relation
d’ordre total (cf. [G-H] Appendice), notée , telle que, pour tout x, y, z dans K,
on ait
[x y] =⇒ [x + z y + z]
[x y et 0 z] =⇒ [xz yz].
Montrer que si K est un corps ordonné, pour tout x dans K, on a x2 0. En
déduire que tout corps ordonné est de caractéristique nulle.
Définition 5.5. Un corps est dit premier s’il ne contient aucun sous-corps dis-
tinct de lui-même.
Il est clair que tout corps contient un sous-corps premier et un seul. C’est
l’intersection de tous les sous-corps.
Exercice E14. Montrer que la loi multiplicative d’un corps le munit d’une structure
d’espace vectoriel sur son sous-corps premier.
21
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 22 — #36
i i
Théorème 5.6.
(i) Si K est un corps de caractéristique nulle, son sous-corps premier est
isomorphe au corps Q.
(ii) Si K est un corps de caractéristique p > 0, son sous-corps premier est
isomorphe au corps Z/pZ.
Proposition 5.7. Soit K un corps fini à q éléments, il existe un entier n tel que
q = pn , où p = car(K).
∀ x ∈ K ∗ , xq−1 = 1; ∀ x ∈ K, xq = x.
∀ x ∈ K, ∀ y ∈ K, (x + y)p = xp + y p .
22
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 23 — #37
i i
Le lecteur vérifiera que l’hypothèse d’intégrité est nécessaire pour que cette relation
soit une relation d’équivalence.
On note a/s la classe d’équivalence du couple (a, s). On définit sur l’ensemble
quotient (A × S)/R une addition et une multiplication par
Théorème 6.1. Les opérations ci-dessus sont bien définies et munissent l’ensemble
quotient (A × S)/R d’une structure de corps, que l’on notera F (A). L’application
a → a/1 est un morphisme injectif d’anneaux de A dans F (A).
et que
a1 a1 /s1 s1 = aa /ss .
Vérifions la première égalité. On a
s1 s1 (s a + sa ) − ss (s1 a1 + s1 a1 ) = s1 s (s1 a − sa1 ) + s1 s(s1 a − s a1 ).
Or, puisque a/s = a1 /s1 et a /s = a1 /s1 , on a s1 a − sa1 = 0 et s1 a − s a1 = 0.
On en déduit que
d’où
(s1 a1 + s1 a1 )/s1 s1 = (s a + sa )/ss .
La seconde égalité se démontre de la même façon.
On vérifie aisément que l’ensemble (A × S)/R muni de ces deux opérations est
un anneau, dont l’élément neutre de l’addition est 0/1 et l’élément unité est 1/1.
23
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 24 — #38
i i
Notons F (A) cet anneau. Soit a/s un élément non nul de F (A). Alors, puisque
a = 0, a ∈ S et l’élément s/a appartient à F (A). On a (a/s)(s/a) = as/as = 1/1.
Donc s/a = (a/s)−1 et F (A) est un corps.
Il est clair que l’application ϕ : A −→ F (A) définie par ϕ(a) = a/1 est un
morphisme d’anneaux. On a
Exemples 6.2.
a) Si A = Z, F (A) = Q.
b) Si A = R[X], F (A) est le corps des fractions rationnelles en X à coefficients
dans R. Plus généralement, si A est un anneau intègre, F (A[X]) = F (A)(X), le
corps des fractions rationnelles à coefficients dans le corps F (A).
L’exercice ci-dessous montre que le corps des fractions d’un anneau intègre est
solution d’un problème universel. Ceci montre l’unicité (à isomorphisme unique
près) du corps construit ci-dessus et permet, en particulier, de vérifier si un corps
donné est le corps des fractions d’un anneau intègre donné.
Exercice E17 (¶). Soit A un anneau intègre. Montrer qu’un corps K est isomorphe
au corps des fractions de A si et seulement s’il existe un morphisme injectif d’an-
neaux ϕ : A −→ K et si, pour tout corps L et tout morphisme injectif d’anneaux
σ : A −→ L, il existe un unique morphisme (injectif ) de corps ψ : K −→ L tel
que σ = ψ ◦ ϕ. (Comparer au théorème 6.10 ci-dessous.)
Généralisation : l’anneau S −1 A
Définition 6.3. Une partie S d’un anneau commutatif A est dite multiplica-
tive si 1 appartient à S et si tout produit de deux éléments de S appartient
à S.
Remarque 6.4. On remarquera qu’il est équivalent de dire que tout produit d’un
nombre fini d’éléments de S appartient à S.
24
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 25 — #39
i i
Généralisation : l’anneau S −1 A
Exemples 6.5.
a) Pour tout élément a de A, l’ensemble des an , n ∈ N, est une partie multi-
plicative de A.
b) L’ensemble des éléments de A qui ne sont pas diviseurs de zéro est une
partie multiplicative de A.
En particulier, si l’anneau A est intègre, l’ensemble A∗ des éléments non nuls
de A est une partie multiplicative de A.
c) Si p est un idéal premier de A, l’ensemble A \ p est une partie multiplicative
de A.
25
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 26 — #40
i i
Théorème 6.7.
(i) Les opérations ci-dessus sont bien définies.
(ii) L’ensemble S −1 A muni de ces opérations est un anneau.
(iii) L’application iSA : A −→ S −1 A définie par a → a/1 est un morphisme
d’anneaux.
(iv) Le noyau de iSA est l’idéal de A formé des éléments a pour lesquels il
existe s ∈ S tel que sa = 0.
Démonstration. (i) Il faut vérifier que si (a, s)R(a , s ) et (b, t)R(b , t ), alors
((ta + sb)/st)R((t a + s b )/s t ). C’est un calcul immédiat.
Les démonstrations des assertions (ii) et (iii) sont immédiates. L’élément
neutre pour l’addition est 0/1 et l’élément neutre pour la multiplication est 1/1.
(iv) Un élément a ∈ A appartient au noyau de iSA si et seulement si
a/1 = 0 = 0/1, autrement dit, si et seulement s’il existe s ∈ S tel que sa = 0.
♦
Remarques 6.9.
a) L’assertion (iv) ci-dessus montre que le morphisme iSA est injectif si et
seulement si S ne contient aucun diviseur de zéro de A.
b) Si l’anneau A est intègre et si S est la partie multiplicative formée des
éléments non nuls de A, alors S −1 A = F (A).
c) On aurait pu faire la même construction en acceptant que la partie mul-
tiplicative S contienne zéro. Mais il est facile de voir, sur la définition de S −1 A,
que 0 ∈ S implique S −1 A = 0.
26
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 27 — #41
i i
Généralisation : l’anneau S −1 A
Mais,
1 = f (1/1) = f (s/1)f (1/s) = f (s)f (1/s),
d’où f (1/s) = f (s)−1 . On en déduit que f doit vérifier
Montrons que cette égalité définit bien f , c’est-à-dire que l’expression de f (x) ne
dépend pas du représentant de x choisi. Si a/s = a /s , il existe t ∈ S tel que
t(sa − s a) = 0, d’où f (t)(f (s)f (a ) − f (s )f (a)) = 0. Puisque f (t), f (s), f (s )
sont inversibles dans B, on en déduit que f (a)f (s)−1 = f (a )f (s )−1 . On vérifie
immédiatement que f est un morphisme d’anneaux. D’où l’unicité et l’existence
de f vérifiant f = f ◦ iSA . ♦
27
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 28 — #42
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 29 — #43
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 30 — #44
i i
Algèbre T2
5. Montrer que, pour tout n ∈ N∗ ,le groupe Aut(Z/nZ) est isomorphe au groupe
(Z/nZ)∗ .
Soient n un entier et n = pr11 · · · prkk sa décomposition en produit de fac-
teurs
k premiers. Alors, d’après le théorème chinois, l’anneau Z/nZ est isomorphe
ri
à i=1 Z/pi Z.
6. Montrer que cet isomorphisme induit un isomorphisme de groupes
k
U(Z/nZ) U(Z/pri i Z).
i=1
30
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 31 — #45
i i
U(Z/2r Z) → U(Z/2Z)
31
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 32 — #46
i i
Algèbre T2
32
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 33 — #47
i i
33
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 34 — #48
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 35 — #49
i i
II
ANNEAUX
EUCLIDIENS, PRINCIPAUX, FACTORIELS
1. Anneaux de polynômes
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 36 — #50
i i
f + g : Nn −→ A
i → f (i) + g(i)
h = f g : Nn −→ A
i → h(i) = j+k=i f (j)g(k).
Exercice E1.
1. Vérifier que ces opérations munissent Pn (A) d’une structure d’anneau com-
mutatif, dont l’élément unité est l’application définie par
i − →0 si i = 0
0 −→ 1.
1.1. Cas n = 1
Les éléments de N seront notés i (et non pas i). On note X l’application
N → A définie par X(1) = 1 et X(i) = 0 si i = 1. D’après la définition de la
multiplication dans P1 (A), on a
2 0 si i = 2
X (i) = X(j)X(k) =
1 si i = 2
j+k=i
et
0 si i = s
∀ s ∈ N, s 1, s
X (i) =
1 si i = s.
36
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 37 — #51
i i
1. Anneaux de polynômes
n
f= ai X i ,
i=0
1.2. Cas n 2
37
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 38 — #52
i i
avec i = (i1 , . . . , in ). Une telle expression est appelée polynôme en les n indé-
terminées X1 , . . . , Xn , les ai sont les coefficients de ce polynôme et a0 est le
coefficient constant. Le degré total, noté deg(f ), du polynôme f = 0 est le
sup des |i| = i1 + · · · + in tel que ai soit non nul. Par convention, si f = 0, on
pose deg(f ) = −∞.
On note l’anneau Pn (A) sous la forme A[X1 , . . . , Xn ].
Définition 1.3. Un polynôme non nul f est dit homogène de degré s si tous
ses monômes ai X1i1 · · · Xnin non nuls ont même degré |i| = s. Si f = 0, il est
homogène de degré −∞.
et
g= bj X1j1 · · · Xnjn , j1 + · · · + jn = t.
j
38
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 39 — #53
i i
1. Anneaux de polynômes
Chaque expression de cette somme est soit nulle, soit un polynôme homogène de
degré inférieur ou égal à p + q. D’où deg(f g) deg(f ) + deg(g). ♦
39
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 40 — #54
i i
En posant
ψ(f ) = ϕ(ai ) y1i1 · · · ynin ,
i
on obtient une application ψ bien définie qui vérifie ψ|A = ϕ et, pour tout i,
ψ(Xi ) = yi . Ces conditions rendent nécessaire la définition de l’application ψ
ci-dessus, d’où son unicité. Vérifions que ψ est un morphisme d’anneaux.
On a ψ(1) = ϕ(1) = 1. D’autre part, soient
f= ai X1i1 · · · Xnin et g = bj X1j1 · · · Xnjn ,
i j
alors
f +g = (ai + bi ) X1i1 · · · Xnin
i
où ai (resp. bi ) est nul si le monôme X1i1 · · · Xnin n’apparaît pas dans f (resp. g),
et
fg = ch X1h1 · · · Xnhn , ch = ai bj .
h i+j=h
On a donc
ψ(f + g) = ϕ(ai + bi ) y1i1 · · · ynin
i
= ϕ(ai ) y1i1 · · · ynin + ϕ(bi ) y1i1 · · · ynin = ψ(f ) + ψ(g).
i i
40
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 41 — #55
i i
D’autre part,
ψ(f g) = ϕ(ch ) y1h1 · · · ynhn ,
h
mais
ϕ(ch ) = ϕ(ai )ϕ(bj ),
i+j=h
d’où
ψ(f g) = ( ϕ(ai )ϕ(bj )) y1h1 · · · ynhn
h i+j)=h
=( ϕ(ai ) y1i1 · · · ynin )( ϕ(bj ) y1j1 · · · ynjn ) = ψ(f )ψ(g). ♦
i j
af − bX m−n g = gq1 + r1 .
D’où
f = a−1 (bX m−n + q1 )g + a−1 r1 ,
ce qui est l’égalité cherchée, avec q = a−1 (bX m−n + q1 ) et r = a−1 r1 .
Unicité. Supposons qu’il existe un autre couple (q , r ), avec deg(r ) < deg(g),
tel que f = gq + r . Alors g(q − q ) = r − r ; si r − r = 0, alors on aurait
deg(q − q ) + deg(g) = deg(r − r), ce qui est impossible. D’où r = r , ce qui
entraîne q = q . ♦
41
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 42 — #56
i i
Définitions 2.2.
a) Soit A un anneau. On appelle algorithme euclidien sur A toute ap-
plication ϕ de A \ {0} dans N telle que, pour tout x ∈ A \ {0} et tout y ∈ A,
il existe q ∈ A et r ∈ A tels que y = qx + r, avec ϕ(r) < ϕ(x) ou r = 0.
b) Un anneau A est euclidien s’il est intègre et s’il existe sur A un algo-
rithme euclidien.
Exercice E2. Montrer que l’anneau D des nombres décimaux (i.e. le sous-anneau
de Q engendré par 1/10) est euclidien.
Remarque 2.4. Pour montrer qu’un anneau intègre est euclidien, il suffit de mon-
trer qu’il est muni d’un algorithme euclidien. Par conséquent, pour montrer qu’un
anneau intègre n’est pas euclidien, il faut montrer qu’il n’est muni d’aucun algo-
rithme euclidien, ce qui est en général difficile. La proposition suivante donne une
condition nécessaire assez simple pour qu’un anneau intègre soit euclidien. Pour
montrer qu’un anneau intègre n’est pas euclidien, il suffit alors de montrer qu’elle
n’est pas vérifiée. Nous l’utiliserons au TR.II.B pour donner un exemple d’anneau
non euclidien.
L’exercice qui suit donne une condition nécessaire et suffisante pour qu’un
anneau intègre soit euclidien.
42
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 43 — #57
i i
3. Anneaux principaux
Théorème 2.6. Si A est un anneau euclidien, tout idéal de A est engendré par un
élément.
3. Anneaux principaux
Définitions 3.1.
a) Soient A un anneau et I un idéal de A. On dit que I est principal s’il
est engendré par un élément (i.e. ∃ a ∈ A tel que I = (a)).
b) Un anneau A est principal s’il est intègre et si tout idéal de A est
principal.
43
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 44 — #58
i i
Corollaire 3.4.
(i) L’anneau Z est principal.
(ii) Si K est un corps, l’anneau K[X] est principal. ♦
Exercice E4. Montrer que l’anneau Z[X] n’est pas principal (considérer l’idéal de
Z[X] engendré par 2X et X 2 + 1).
Nous allons montrer que les anneaux principaux satisfont une propriété de
« finitude ». Ce point de vue sera généralisé au TR.II.C. et en VI.4.
Nous allons d’abord établir un résultat général.
Théorème 3.6. Soit E un ensemble ordonné. Les assertions suivantes sont équi-
valentes.
(i) Toute famille non vide d’éléments de E admet un élément maximal.
(ii) Toute suite croissante (xn )n0 d’éléments de E est stationnaire.
Démonstration. Montrons que (i) implique (ii). Soient (xn )n∈N une suite croissante
d’éléments de E et xq un élément maximal de l’ensemble {xn }n∈N . Pour n q,
on a xn xq , d’après la croissance de la suite, d’où xn = xq d’après la maximalité
de xq .
Montrons que (ii) implique (i). Supposons qu’il existe une famille non vide
F de E sans élément maximal. Alors, pour x ∈ F , l’ensemble des y ∈ F tels
que y > x est non vide. D’après l’axiome du choix (cf. Appendice), il existe une
application f : F → F telle que, pour tout x ∈ F , f (x) > x. En fixant un élément
x0 et en posant x1 = f (x0 ), . . . , xn+1 = f (xn ), on obtient une suite strictement
croissante. Elle ne peut donc être stationnaire. ♦
44
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 45 — #59
i i
3. Anneaux principaux
45
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 46 — #60
i i
Démonstration.
(i) Si l’idéal (a) est maximal il est premier, l’élément a est donc premier, et
par conséquent irréductible.
(ii) Supposons que l’élément a soit irréductible et que l’anneau A soit principal.
Supposons qu’il existe un idéal I = (b) de A tel que (a) ⊆ I. Alors a = bc et,
puisque a est irréductible, b ou c est inversible. Si b est inversible, alors (b) = A
et si c est inversible, alors b = ac−1 et (b) = (a). On en déduit que l’idéal (a) est
maximal. ♦
Remarque 3.12. Un idéal maximal étant premier, ce qui précède montre que dans
un anneau principal les éléments premiers non nuls (resp. les idéaux premiers non
nuls) et les éléments irréductibles (resp. les idéaux maximaux) coïncident.
Exercice E6. Montrer que l’anneau A[X] est principal si et seulement si A est un
corps.
Proposition 3.13. Soit A un anneau intègre dans lequel tout élément non nul et
non inversible est produit fini d’éléments irréductibles de A. Alors les assertions
suivantes sont équivalentes.
(i) Si a est un élément non nul et non inversible de A et si
a = p1 · · · pn = q1 · · · qm , où les éléments p1 , . . . , pn , q1 , . . . , qm sont des éléments
irréductibles de A, alors m = n et il existe une permutation σ ∈ Sn et des éléments
inversibles de A, u1 , . . . , un , tels que qi = ui pσ(i) , i = 1, . . . , n.
(ii) Si a est un élément irréductible de A et si a divise le produit bc,
(b, c) ∈ A × A, alors a divise b ou a divise c.
Démonstration. Montrons que (i) implique (ii). Soient b et c deux éléments non
nuls de A et supposons que a divise bc. Si b (resp. c) est inversible, il est évident
que a divise c (resp. b). On suppose donc que b et c sont non inversibles. On a
alors bc = ad avec d non inversible, sinon l’élément a étant irréductible, on aurait
b ou c inversible. On a donc
b = p1 · · · p r , c = pr+1 · · · pr+s , d = q1 · · · qt
46
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 47 — #61
i i
3. Anneaux principaux
Démonstration.
(i) Si A est un corps, l’ensemble des éléments non nuls et non inversibles est
vide et toutes les assertions ci-dessus sont vérifiées. On suppose donc que A n’est
pas un corps.
Soit a un élément non nul et non inversible de A. Si a est irréductible, l’asser-
tion est vérifiée. Supposons que a est non irréductible : montrons d’abord que a
admet un facteur irréductible. S’il n’en admettait pas, on pourrait écrire a = a1 b1
avec a1 et b1 non inversibles. De la même manière, on aurait a1 = a2 b2 avec a2 et
b2 non inversibles. En réitérant ce procédé, on aurait une suite d’éléments ai avec
ai+1 |ai et, pour tout i, ai = ui ai+1 avec ui inversible. Autrement dit, on aurait une
suite strictement croissante d’idéaux {(ai )}i∈N , ce qui est en contradiction avec le
fait que A est un anneau principal, d’après (3.7). Cela montre que a = p1 a1 avec
p1 irréductible : si a1 est inversible, c’est terminé. Sinon, on a a1 = p2 a2 avec p2
irréductible. Ce processus s’arrête au bout d’un nombre fini d’étapes, sinon on au-
rait à nouveau une suite strictement croissante d’idéaux {(ai )}i∈N . Il existe donc
un entier n tel que a = an p1 · · · pn , avec an inversible et p1 , . . . , pn irréductibles.
(ii) Supposons que q soit un élément irréductible de A et que q|bc. En no-
tant b et c les classes respectives de b et c dans A/(q), on a bc = 0. D’après la
proposition 3.11, on en déduit que b = 0 ou c = 0, i.e. q divise b ou q divise c.
♦
47
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 48 — #62
i i
4. Anneaux factoriels
Définitions 4.1. Un anneau factoriel A est un anneau intègre dans lequel :
a) tout élément non nul et non inversible de A s’écrit comme produit d’un
nombre fini d’éléments irréductibles de A,
b) si a est un élément non nul et non inversible de A et si
a = p1 · · · pn = q1 · · · qm , où les éléments p1 , . . . , pn , q1 , . . . , qm sont des élé-
ments irréductibles de A, alors m = n et il existe une permutation σ ∈ Sn et
des éléments inversibles de A, u1 , . . . , un , tels que qi = ui pσ(i) , i = 1, . . . , n
(unicité de la décomposition).
Proposition 4.2. Dans un anneau factoriel, un élément non nul est irréductible si
et seulement s’il est premier.
Théorème 4.4. Un anneau factoriel, qui n’est pas un corps, est principal si et seule-
ment si les idéaux premiers non nuls sont maximaux.
Démonstration. D’après la remarque 3.12, l’assertion est vraie pour les anneaux
principaux. Montrons la réciproque. Soit A un anneau factoriel vérifiant la condi-
tion de l’énoncé.
Montrons que les idéaux premiers sont principaux. Soient I un idéal pre-
mier non nul de A et x un élément non nul de I ; puisque A est factoriel, on a
x = p1 · · · pn , où les pi sont des éléments irréductibles de A. Puisque I est un
idéal premier, il existe un indice i0 tel que pi0 appartient à I. L’élément pi0 , étant
irréductible dans un anneau factoriel, est premier, donc l’idéal (pi0 ) est premier
et, par conséquent, maximal par hypothèse. Il est contenu dans I, qui est premier,
donc différent de A, d’où (pi0 ) = I.
Cela entraîne que les idéaux premiers de A sont principaux.
48
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 49 — #63
i i
4. Anneaux factoriels
Montrons par l’absurde que l’anneau A est principal. Si l’anneau A n’est pas
principal, l’ensemble I des idéaux de A qui ne sont pas principaux est non vide.
L’ensemble I, ordonné par inclusion, est inductif donc, d’après le lemme de Zorn
(cf. Appendice), il possède un élément maximal I = {0}. D’après ce qui précède,
l’idéal I n’est pas premier ; il ne peut donc pas être maximal. Il existe un idéal
maximal m qui contient I strictement. Un idéal maximal étant premier, d’après
ce qui précède m = (p) et, d’après la proposition 3.11, l’élément p est irréductible.
Soit p−1 l’inverse de p dans le corps K des fractions de A. Pour tout élément x
de I, l’élément px appartient à I, donc x = p−1 px appartient à p−1 I. Puisque
I ⊂ (p), p divise tout élément x ∈ I, donc p−1 x appartient à A et p−1 I est
un idéal de A. C’est un idéal propre de A (car p, étant irréductible, ne peut être
inversible), qui contient I. De plus, il le contient strictement : en effet, si p−1 I = I,
une récurrence évidente montre que tout élément x de I est divisible par pn pour
tout n ∈ N, ce qui n’est possible que si I = {0}, ce qui est contraire à l’hypothèse.
Par conséquent, l’idéal p−1 I n’appartient pas à I, il est donc principal. Il en est
donc de même de I, d’où la contradiction. ♦
Démonstration. Montrons d’abord que tout élément non nul et non inversible de
A[X] s’écrit sous forme d’un produit fini d’éléments irréductibles. Soit f ∈ A[X]
un élément non nul et non inversible. Si f n’est pas irréductible, alors on a f = f1 f2
avec fi , i = 1, 2, éléments non inversibles de A[X]. Si f1 et f2 sont irréductibles,
on a le résultat. Si f1 ou f2 est non irréductible, on lui applique le même processus.
À chaque étape, ce processus diminue le degré des polynômes ou décompose le co-
efficient dominant en produit d’éléments irréductibles de A, donc de A[X]. En un
nombre fini d’étapes, on obtient une décomposition de f en un produit fini d’élé-
ments irréductibles de A[X]. Pour démontrer « l’unicité » de la décomposition, on
établit d’abord deux lemmes.
Lemme 4.5.1 (de Gauss). Soient a un élément irréductible d’un anneau factoriel
A, f et g deux éléments de A[X]. Si a divise le produit f g, alors a divise f ou a
divise g.
Démonstration. Écrivons
f (X) = b0 + b1 X + · · · + bn X n , g(X) = c0 + c1 X + · · · + cm X m .
49
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 50 — #64
i i
a divise chaque coefficient de f . Il existe donc un coefficient bi0 = 0 qui n’est pas
divisible par a. On peut donc considérer k le plus petit entier, 0 k n, tel que
a ne divise pas bk , i.e. a divise bi pour i < k. De la même manière, on considère
le plus petit entier h tel que a ne divise pas ch . Le coefficient du terme de degré
h + k de f g est
L’élément a divise tous les termes de cette somme sauf le terme bk ch , par consé-
quent a ne divise pas le coefficient du terme de degré h + k de f g, il ne divise
donc pas f g. ♦
L’égalité (1) montre que l’élément irréductible p1 est en facteur dans g et l’égalité
(2) montre qu’il en est de même des éléments irréductibles q2 , . . . , qs .
50
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 51 — #65
i i
4. Anneaux factoriels
51
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 52 — #66
i i
5. Divisibilité
Définitions 5.1. Soient a et b deux éléments d’un anneau A.
a) On appelle plus grand diviseur commun de a et b, et on note
pgcd(a, b), tout élément d de A vérifiant les deux propriétés suivantes :
(i) d|a et d|b
(ii) ∀ x ∈ A tel que x|a et x|b, alors x|d.
b) On appelle plus petit commun multiple de a et b, et on note
ppcm(a, b), tout élément m de A vérifiant les propriétés suivantes :
(i) a|m et b|m
(ii) ∀ x ∈ A tel que a|x et b|x, alors m|x.
52
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 53 — #67
i i
5. Divisibilité
avec
γk = inf k∈I (αk , βk ), δk = supk∈I (αk , βk )
sont respectivement un pgcd et un ppcm de a et b. Si l’on pose
γ δ
d=u pkk , m = v pkk
k∈I k∈I
on a dm = ab. ♦
Remarque 5.5. La définition d’un pgcd (resp. ppcm) de deux éléments d’un an-
neau s’étend clairement à une famille finie d’éléments a1 , . . . , an de A. Le même
procédé que celui montrant l’existence d’un pgcd (resp. ppcm) de deux éléments
d’un anneau factoriel montre l’existence d’un pgcd (resp. ppcm) d’une famille
finie d’éléments.
Proposition 5.7.
(i) Soient a1 , . . . , an des éléments d’un anneau factoriel A et d un pgcd de
ces éléments. Posons ai = dai , i = 1, . . . , n. Les éléments ai , i = 1, . . . , n, sont
étrangers.
(ii) Si a1 , . . . , an sont des éléments étrangers deux à deux d’un anneau facto-
riel, le produit a1 · · · an est un ppcm de a1 , . . . , an .
Dans le cas d’un anneau principal, on a les propriétés plus précises suivantes.
Théorème 5.8 (de Bezout). Soient a1 , . . . , an et d des éléments d’un anneau prin-
cipal. Les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) d est un pgcd de a1 , . . . , an ,
(ii) d est un générateur de l’idéal de A engendré par les éléments a1 , . . . , an .
53
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 54 — #68
i i
Exercice E8. On dit qu’un anneau A est de Bezout si tout idéal de A engendré
par deux éléments est principal.
Montrer qu’un anneau factoriel de Bezout est principal. (En notant P une
famille de représentants des éléments irréductibles de A, tout élément x ∈ A \ {0}
s’écrit, de manière unique aux inversibles près, x = p∈P pνp (x) . On considère les
applications ϕx : P −→ N définies par ϕx (p) = νp (x). Soient I un idéal de A et
un élément a = 0 de I ; montrer que l’ensemble
54
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 55 — #69
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 56 — #70
i i
Algèbre T2
√ √ √
4. Montrer que pour tout x = α + β d ∈ Q( d), il existe q = a + b d ∈ A tel
que
|d| + 4
|N (x − q)| < .
16
5. En déduire que si d = −3, −7, −11, l’anneau A est euclidien, pour ϕ.
Montrer que si |d| 12, le critère de la question 1 n’est pas vérifié.
On a donc démontré
√ que les seules valeurs de d < 0 pour lesquelles l’anneau
des entiers de Q( d) est euclidien, pour ϕ, sont −1, −2, −3, −7, −11.
On peut démontrer, mais c’est beaucoup plus difficile, que ces √ valeurs sont les
seules valeurs de d < 0 pour lesquelles l’anneau des entiers de Q( d) est euclidien.
56
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 57 — #71
i i
Nous avons vu au théoréme 3.7 que si A est un anneau principal, alors toute
suite croissante d’idéaux de A est stationnaire. Nous allons étudier ici cette pro-
priété dans un cadre plus général.
Un anneau A est nœthérien si toute suite croissante d’idéaux de A est sta-
tionnaire.
D’après le théorème 3.6, un anneau A est nœthérien si et seulement si toute
famille non vide d’idéaux de A possède un élément maximal.
1. Montrer qu’un anneau A est nœthérien si et seulement si tout idéal de A est
engendré par un nombre fini d’éléments (on dit que l’idéal est de type fini).
On voit bien, à partir de ce résultat, pourquoi un anneau principal est nœthé-
rien et en quoi cette nouvelle notion de « finitude » est une généralisation de la
notion d’anneau principal.
2. Soit A un anneau nœthérien :
a) montrer que tout anneau quotient de A est nœthérien,
b) pour toute partie multiplicative S de A, montrer que l’anneau de fractions
S −1 A (cf. définition I.6.8) est nœthérien.
L’objectif des prochaines questions est de montrer le résultat suivant.
57
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 58 — #72
i i
Algèbre T2
2. Montrer que l’anneau A[X], des polynômes à coefficients dans A, est un sous-
anneau de A[[X]].
On considère maintenant l’ensemble L des suites (an )n∈Z formées d’éléments
de A vérifiant la propriété suivante : pour chaque suite s = (an )n∈Z ∈ L, il existe
un entier ns ∈ Z tel que an = 0 pour tout n < ns .
3. Montrer que les opérations définies sur L de manière analogue à celles qui
précèdent munissent L d’une structure d’anneau commutatif.
58
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 59 — #73
i i
59
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 60 — #74
i i
Algèbre T2
pour tout n > ms . Autrement dit, l’ensemble P est formé des suites s = (an )n∈Z
telles que an = 0 si n < ns et n > ms . Il est clair que les deux opérations définies
sur A((X)) munissent P d’une structure de sous-anneau de A((X)). On appelle
cet anneau l’anneau des polynômes de Laurent en une indéterminée, à
coefficients dans A et on le note A[X, X −1 ]. Le plus grand entier n tel que
an = 0 est le degré du polynôme.
13. Montrer que l’anneau A[X, X −1 ] est le localisé de l’anneau A[X] relativement
à la partie multiplicative engendrée par X.
60
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 61 — #75
i i
III
IRRÉDUCTIBILITÉ DES POLYNÔMES
POLYNÔMES SYMÉTRIQUES
1. Irréductibilité
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 62 — #76
i i
les éléments c(f ) et c (f ) diffèrent d’un élément inversible. Autrement dit, l’élé-
ment c(f ) est intrinsèquement défini, à un élément inversible de A près. Si
i=n
f (x) = ai X i ∈ A[X],
i=0
c(f ) = pgcd(ai )0in , le pgcd étant pris sur les coefficients non nuls de f , à un
inversible près.
Il est clair que si b est un élément de K ∗ , c(bf ) = bc(f ). On peut donc écrire
f (X) = c(f )f1 (X), avec c(f1 ) = 1 et f1 ∈ A[X]. En effet, écrivons
i=n
ai
f (X) = Xi
bi
i=0
1 i
i=n
f (X) = ai X .
b
i=0
d
i=n
f (X) = f1 (X), avec f1 (X) = ai X i .
b
i=0
62
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 63 — #77
i i
1. Irréductibilité
Lemme 1.1 (de Gauss). Soient A un anneau factoriel et K son corps des fractions.
Soient f et g deux éléments de K[X], alors c(f g) = c(f )c(g).
Démonstration. Puisque f (X) = c(f )f1 (X) et g(X) = c(g)g1 (X), il suffit de mon-
trer que si c(f ) = c(g) = 1, alors c(f g) = 1, avec f et g dans A[X]. Posons
f (X) = a0 + · · · + an X n , an = 0, et g(X) = b0 + · · · + bm X m , bm = 0.
Or p ne divise pas ar bs mais divise tous les autres termes de cette somme, il ne
divise donc pas la somme. ♦
Remarque 1.2. Il est clair que si f ∈ A[X] est un polynôme de degré strictement
positif tel que c(f ) = 1 (ou c(f ) et non inversible dans A), f n’est pas irréductible
dans A[X] puisqu’il s’écrit f = c(f )f1 , avec c(f ) et f1 non inversibles. La condition
c(f ) = 1 est donc nécessaire pour que le polynôme f soit irréductible dans A[X].
63
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 64 — #78
i i
64
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 65 — #79
i i
1. Irréductibilité
g(X) = b0 + · · · + bp X p , h(X) = c0 + · · · + cq X q ,
avec bp = 0, cq = 0, p 1, q 1.
Puisque b0 c0 = a0 est divisible par p mais pas par p2 , l’un et l’un seulement des
éléments b0 ou c0 est divisible par p. On peut supposer que b0 n’est pas divisible
par p et que c0 est divisible par p. Puisque an = bp cq n’est pas divisible par p,
cq n’est pas divisible par p. On peut donc considérer r, r q < n, le plus petit
entier tel que cr ne soit pas divisible par p. Alors, ar = b0 cr + b1 cr−1 + · · · n’est
pas divisible par p, puisque p ne divise pas b0 cr mais divise tous les autres termes
de la somme, ce qui est contraire à l’hypothèse. ♦
Exemples 1.6.
a) Soit a = 1 ∈ Q∗ un élément sans facteur carré. Alors pour tout n 1, le
polynôme X n − a est irréductible dans Q[X].
b) Si p est un nombre premier, f (X) = 1 + X + X 2 + · · · + X p−1 est un
polynôme irréductible dans Q[X]. En effet, il suffit de montrer que f (X + 1) est
irréductible dans Q[X]. On a
(X + 1)p − 1
f (X + 1) = (X + 1)p−1 + · · · + (X + 1) + 1 =
(X + 1) − 1
1 p−1 p−2
= (X p + Cpk X k ) = X p−1 + Cpk+1 X k + p
X
k=1 k=2
Exercice E2. Montrer que les polynômes P (X) suivants sont irréductibles :
√ √ √
P (X) = X 4 +(−2+7 −2)X 2 −9X +3 ∈ Z[ −2][X] (prendre p = (1+ −2)),
P (X) = X 7 + (4 − 3i)X 3 + 5X 2 + (1 − 2i) ∈ Z[i][X] (prendre p = (1 − 2i)).
65
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 66 — #80
i i
Exemples 2.3.
a) Soient K un corps, E un K-espace vectoriel de dimension n et u un endo-
morphisme de E. Pour tout f ∈ K[X] (par exemple le polynôme caractéristique
de u), on peut former l’endomorphisme f (u) de E. Si A ∈ Mn (K) est une matrice
(par exemple la matrice de u relativement à une base fixée de E), on peut former
la matrice f (A) ∈ Mn (K).
b) On considère B = A[Y1 , . . . , Yq ] : pour tout (u1 , . . . , un ) dans B n et pour
tout f ∈ A[X1 , . . . , Xn ], on peut former l’élément f (u1 , . . . , un ) dans B. On dit
66
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 67 — #81
i i
montre que f (a) = 0 si et seulement si r(a) = 0. Or, deg(r) < 1 implique que
r(X) est une constante, par conséquent r(a) = 0 si et seulement si r(X) = 0.
De plus, l’égalité f (X) = (X − a)q(X) implique c(q) = c(f ) = 1, d’où
q(X) ∈ A[X]. ♦
67
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 68 — #82
i i
Théorème 2.7. Soient A un anneau intègre et f (X) un polynôme non nul de A[X].
Le nombre de racines distinctes de f (X) dans A[X] est au plus égal au degré de
f (X).
i=s
f (X1 , . . . , Xn ) = gi (X1 , . . . , Xn−1 )Xni ,
i=0
avec gi (X1 , . . . , Xn−1 ) ∈ A[X1 , . . . , Xn−1 ]. Pour tout (a1 , . . . , an−1 ) dans
S1 × · · · × Sn−1 , le polynôme f (a1 , . . . , an−1 , Xn ) s’annule sur Sn , c’est donc le
68
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 69 — #83
i i
P : A[X1 , . . . , Xn ] −→ Pn (A, A)
est un isomorphisme.
Attention. Chacune des hypothèses intègre et infini est nécessaire. Cette identifi-
cation est donc à proscrire, en particulier pour les polynômes à coefficients dans
un corps fini.
D : A −→ A
69
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 70 — #84
i i
Remarque 2.13. Supposons que A = R et considérons f˜, f , h̃ les fonctions poly-
nomiales associées respectivement à f , f et h. On déduit de l’égalité (∗) que
d’où
f˜(x + y) − f˜(x)
= f (x) + y h̃(x, y)
y
et, en faisant tendre y vers 0, on obtient (f˜) = (f ). Autrement dit, la fonc-
Or, on a
70
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 71 — #85
i i
Mais
i=k
(X + Y )k = Cki X k−i Y i ≡ Ck0 X k + Y Ck1 X k−1 mod(Y 2 ).
i=0
Remarque 2.17. Pour tout f ∈ A[X], D(f ) appartient à A[X], on peut donc
itérer l’application de l’opérateur D. Comme d’habitude, on notera D k (f ) = f (k)
le k-ième polynôme dérivé de f .
71
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 72 — #86
i i
Remarques 2.19.
a) L’égalité de la formule de Taylor étant une égalité entre polynômes, on
peut substituer à X et Y des éléments x et h de A (ou de tout sur-anneau de A),
et l’on obtient
Proposition 2.21.
∂
(i) ∂X i
, 1 i n, sont des dérivations de l’anneau A[X1 , . . . , Xn ].
(ii) Soient K un corps et f (X1 , . . . , Xn ) ∈ K[X1 , . . . , Xn ] tel que
∂f
∃ i, 1 i n, =0
∂Xi
alors :
– si la caractéristique de K est nulle, le polynôme f ne contient pas Xi ,
– si la caractéristique de K est p > 0, Xi apparaît dans le polynôme f avec une
puissance qui est un multiple de p.
72
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 73 — #87
i i
Proposition 2.23. Avec les mêmes notations que ci-dessus, a est une racine mul-
tiple de f si et seulement si f (a) = 0 et f (a) = 0.
On en déduit que f (k) (a) = 0 pour 0 k r − 1. D’autre part, f (r) (a) = r!g(a)
et, puisque g(a) = 0, f (r) (a) = 0.
73
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 74 — #88
i i
3. Résultant – Discriminant
Nous allons donner une condition nécessaire et suffisante pour que deux poly-
nômes à coefficients dans un corps aient un facteur commun non constant. Nous
en déduirons une condition nécessaire et suffisante pour qu’un polynôme de de-
gré supérieur ou égal à 2 ait une racine double. Cette condition généralisera la
condition bien connue dans le cas du degré 2.
Soient K un corps et
f (X) = a0 + a1 X + · · · + an X n , g(X) = b0 + b1 X + · · · + bm X m
deux polynômes à coefficients dans K. Dans toute la suite, on suppose que
0 m n et que an = 0, bm = 0.
Proposition 3.1. Les polynômes f (X) et g(X) ont un facteur commun non
constant si et seulement s’il existe deux polynômes h(X) et k(X) dans K[X]
tels que f (X)h(X) = g(X)k(X), avec deg(h) < deg(g) et deg(k) < deg(f ).
Démonstration. Si f (X) et g(X) ont un facteur commun non constant l(X), on
peut écrire f (X) = l(X)f1 (X) et g(X) = l(X)g1 (X) et il suffit de prendre
h(X) = g1 (X) et k(X) = f1 (X).
Réciproquement, si on a f (X)h(X) = g(X)k(X), puisque K[X] est factoriel,
tous les facteurs irréductibles de f (X) sont des facteurs irréductibles de g(X)k(X).
Comme deg(k) < deg(f ), nécessairement au moins l’un de ces facteurs irréduc-
tibles divise g(X). ♦
74
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 75 — #89
i i
3. Résultant – Discriminant
Écrivons maintenant
a0 c0 + b0 d0 = 0
a1 c0 + a0 c1 + b1 d0 + b0 d1 = 0
a2 c0 + a1 c1 + a0 c2 + b2 d0 + b1 d1 + b0 d2 = 0
.. .. .
. . = ..
.. .. .
. . = ..
an cm−1 + bm dn−1 = 0.
avec m − r − 1 zéros,
– si m < r n,
avec r − m − 1 zéros,
– si n < r m + n − 1,
75
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 76 — #90
i i
Démonstration. L’analyse qui précède montre que les polynômes h(X) et k(X)
existent si et seulement si le système (S) admet une solution non nulle. On se
place dans le corps des fractions K de A ; le système (S) admet une solution non
nulle dans K, donc dans A en multipliant par les dénominateurs, si et seulement
si les vecteurs colonnes de sa matrice sont linéairement dépendants, autrement
dit si et seulement si le déterminant de sa matrice est nul, i.e. R(f, g) = 0. ♦
Théorème 3.4. Soient K un corps, f (X) et g(X) des polynômes à coefficients dans
K. Ils ont un facteur commun non constant si et seulement si R(f, g) = 0. ♦
76
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 77 — #91
i i
4. Polynômes symétriques
Remarque 3.5. Dans les raisonnements ci-dessus, on a seulement utilisé le fait que
l’anneau K[X] est factoriel, par conséquent le théorème 3.4 reste valable si l’on
remplace le corps K par un anneau factoriel.
n(n−1) 1
D(f ) = (−1) 2 R(f, f )
an
4. Polynômes symétriques
F (X) = (X − T1 ) · · · (X − Tn ).
En développant, on obtient
77
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 78 — #92
i i
Démonstration. On a
78
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 79 — #93
i i
4. Polynômes symétriques
En faisant Tn = 0, on obtient
D’où, (X −T1 ) · · · (X −Tn−1 ) = X n−1 − s̃1 X n−2 +· · ·+(−1)n−1 s̃n−1 , ce qui prouve
que les polynômes s̃1 , . . . , s̃n−1 sont les polynômes symétriques élémentaires en
T1 , . . . , Tn−1 . ♦
79
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 80 — #94
i i
f2 (T1 , . . . , Tn ) = g2 (s1 , . . . , sn ).
On obtient alors,
On peut, par exemple, supposer que ces polynômes sont à coefficients dans un
corps algébriquement clos K, ou bien on peut se placer dans une clôture algébrique
de K (cf. [G-H]).
Nous allons donner une nouvelle description de R(f, g). Les coefficients aα de
f (X) correspondent au produit de a par les fonctions symétriques élémentaires des
xi et les coefficients bβ de g(X) correspondent au produit de b par les fonctions
symétriques élémentaires des yj . De plus, R(f, g) est homogène de degré m en
les aα et homogène de degré n en les bβ (le vérifier sur le développement du
déterminant définissant R(f, g)). Par conséquent, R(f, g) s’écrit comme le produit
de am bn par une fonction symétrique des xi et yj .
Si xi = yj , les polynômes f et g ont un facteur commun, donc R(f, g) = 0.
En considérant R(f, g) comme un polynôme en les xi et yj , on en déduit qu’il est
divisible par xi − yj . Puisque tous les facteurs xi − yj sont irréductibles, R(f, g)
est divisible par leur produit, donc divisible par l’expression
S = am bn (xi − yj ).
1in 1jm
Pour tout i, 1 i n, on a g(xi ) = b 1jm (xi − yj ), d’où
(∗) S = am g(xi ).
1in
80
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 81 — #95
i i
4. Polynômes symétriques
Pour tout j, 1 j m, on a f (yj ) = (−1)n a 1in (xi − yj ), d’où
(∗∗) S = (−1)nm bn f (yj ).
1jm
Exercice E8. Soient f (X) = 0, g(X) = 0, g1 (X) et g2 (X) des polynômes à coef-
ficients dans K. On pose deg(f ) = n, deg(g) = m et b est le coefficient dominant
de g. Montrer que
a) R(g, f ) = (−1)mn R(f, g),
b) si r(X) est le reste de la division euclidienne de f (X) par g(X),
R(f, g) = (−1)mn b(m−deg(r)) R(g, r).
c) R(f, g1 g2 ) = R(f, g1 )R(f, g2 ).
(n−1)(n−2)
Exercice E9. Montrer que D(X n−1 + X n−2 + · · · + 1) = (−1) 2 n(n−2) .
81
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 82 — #96
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 83 — #97
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 84 — #98
i i
Algèbre T2
X 8 − 1 = (X 4 − 1)(X 4 + 1).
84
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 85 — #99
i i
85
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 86 — #100
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 87 — #101
i i
IV
GÉNÉRALITÉS SUR LES MODULES
1. Modules – Morphismes
A × M −→ M
(a, x) −→ ax
satisfaisant aux conditions suivantes : pour tous éléments a, b de A et x, y
de M ,
a(x + y) = ax + ay
(a + b)x = ax + bx
(ab)x = a(bx)
1x = x.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 88 — #102
i i
M × A −→ M
(x, a) −→ xa
(x + y)a = xa + ya
x(a + b) = xa + xb
x(ab) = (xa)b
x1 = x.
88
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 89 — #103
i i
1. Modules – Morphismes
Attention. Cela n’est plus vrai si A est non commutatif, auquel cas HomA (M, N )
est seulement un groupe abélien.
89
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 90 — #104
i i
Définitions 1.7.
a) Le noyau du morphisme ϕ défini ci-dessus
Ker(ϕ) = {a ∈ A | ∀ x ∈ M, ax = 0}
On notera que l’existence d’annulateurs non triviaux (cf. exemple 1.8 ci-
dessous) montre qu’il y a une différence importante entre la structure de module
et celle d’espace vectoriel.
Exemples 1.8.
a) Si M est un Z-module (i.e. un groupe abélien) et si x ∈ M est un élément
de torsion, AnnZ (x) est un idéal non trivial de Z.
b) Si M = Z/nZ, n = 0, AnnZ (M ) est un idéal non trivial de Z.
2. Sous-modules
Les démonstrations des résultats énoncés dans ce paragraphe sont des exercices
faciles et classiques laissés au lecteur.
90
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 91 — #105
i i
3. Modules quotients
Proposition
2.5. Si (Ni )i∈I est une famille de sous-A-modules d’un A-module M ,
alors i∈I Ni est un sous-A-module de M . ♦
3. Modules quotients
A × M/N −→ M/N
(a, x) −→ ax
Proposition 3.1.
(i) La loi externe ci-dessus est bien définie.
(ii) Cette loi munit le groupe abélien M/N d’une structure de A-module.
(iii) La projection canonique M −→ M/N , qui à un élément de M associe sa
classe dans M/N , est un morphisme (surjectif ) de A-modules, de noyau N .
91
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 92 — #106
i i
Démonstration.
(i) Si y est un autre représentant de la classe x, on a x−y ∈ N . Par conséquent,
a(x − y) ∈ N et ax = ay.
Les démonstrations des assertions (ii) et (iii) sont des exercices
immédiats. ♦
K → π(K), K → K
4. Morphismes et quotients
Théorème 4.1. Soient M , N deux A-modules et f : M −→ N un morphisme de
A-modules. Alors f induit un isomorphisme f : M/Ker(f ) −→ Im(f ), tel que le
morphisme composé
f
M −→ M/Ker(f ) −→ Im(f ) → N
soit égal à f .
π : M −→ M/P
la projection canonique.
(i) Ker(π) = P .
(ii) Si l’on note π1 et π2 les restrictions de π à P + Q et Q respectivement,
alors Ker(π1 ) = P et Ker(π2 ) = P ∩ Q.
(iii) Les A-modules (P + Q)/P et Q/(P ∩ Q) sont canoniquement isomorphes.
92
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 93 — #107
i i
4. Morphismes et quotients
1 π
P + Q −→ (P + Q)/P −→ Im(π1 )
2 π
Q −→ Q/(P ∩ Q) −→ Im(π2 )
π π −1
1 2
(P + Q)/P −→ π(Q) −→ Q/(P ∩ Q)
Démonstration. Soient
p : M −→ M/P, q : M −→ M/Q
θ : M/Q −→ M/P
tel que θ ◦ q = p. En effet, pour tout x ∈ M/Q, il existe m ∈ M tel que q(m) = x :
on pose θ(x) = p(m). Cette application est bien définie, car si m ∈ M est tel
que q(m) = q(m ), (m − m ) appartient à Ker(q) = Q ⊂ P = Ker(p), d’où
p(m) = p(m ). Il est évident que θ est linéaire et surjective. Le noyau de θ
est l’ensemble des éléments x ∈ M/Q tels que x = q(m) avec m ∈ P , i.e.
Ker(θ) = P/Q. On a donc Im(θ) = M/P (M/Q)/(P/Q). ♦
93
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 94 — #108
i i
soit commutatif.
Démonstration. La démonstration de ce résultat est strictement analogue à celle
du théorème I.2.14. ♦
5. Modules monogènes
Définition 5.1. Un A-module M est monogène, de générateur x, s’il est en-
gendré par x, i.e. M = {ax, a ∈ A}.
94
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 95 — #109
i i
6. Produit et somme
6. Produit et somme
où tous les xi sont nuls sauf pour un nombre fini de i ∈ I et cette écriture est
unique. ♦
95
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 96 — #110
i i
7. Modules libres
Soient M un A-module et (xi )i∈I une famille d’éléments de M . On
considère
(I) (I)
le A-module A , et à tout élément (ai )i∈I de A on associe l’élément i∈I ai xi
de M . Cela définit une application ϕ : A(I) −→ M qui est un morphisme de
A-modules.
Définitions 7.1.
a) Les éléments (xi )i∈I sont linéairement indépendants, ou la famille
{xi }i∈I est libre, si le morphisme ϕ est injectif.
b) Les éléments (xi )i∈I forment un système générateur de M , ou la
famille {xi }i∈I est génératrice, si le morphisme ϕ est surjectif.
c) La famille {xi }i∈I est une base de M si ϕ est bijective.
d) Un A-module M qui admet une base est dit libre.
96
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 97 — #111
i i
7. Modules libres
Remarques 7.2.
a) Le A-module M est libre de base (xi )i∈I si et seulement si tout élément
s’écrit de manière unique comme combinaison linéaire (finie) des xi , à coefficients
dans A.
b) La construction ci-dessus montre que tout A-module libre est isomorphe
au A-module A(I) , pour un certain ensemble I. Si l’on veut seulement exprimer
que le A-module M est libre, on écrira M A(I) et si l’on a besoin d’en préciser
une base X = (xi )i∈I , on écrira M A(X) .
Théorème 7.3 (propriété universelle). Soit L un A-module engendré par une partie
X. Alors L est libre de base X si et seulement si, pour tout A-module M et
toute application f : X −→ M , il existe un unique morphisme de A-modules
f : L −→ M tel que f = f ◦ jX , où jX est l’inclusion canonique de X dans L.
Exercice E4. Montrer que si N est un A-module libre, tout morphisme surjectif
de A-modules, p : M −→ N , admet une section, i.e. il existe s ∈ HomA (N, M )
tel que p ◦ s = idN .
Proposition 7.5. Soit M un A-module libre. Toutes les bases de M ont même
cardinal.
97
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 98 — #112
i i
Attention.
a) Tous les A-modules ne sont pas forcément libres (fournir des contre-
exemples avec A = Z).
b) Un sous-module d’un A-module libre n’est pas forcément libre (cf. exemple
ci-dessous).
Exercice E5. Soient k un corps et A = k[X, Y ]. Montrer que l’idéal (X, Y ) est un
sous-A-module qui n’est pas libre (on montrera que (X, Y ), qui est engendré par
deux éléments, ne contient aucun système libre à plus de un élément).
Définition 7.8. Un A-module est de type fini s’il admet un ensemble fini de
générateurs.
Attention. Un sous-module d’un module de type fini n’est pas forcément de type
fini.
98
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 99 — #113
i i
7. Modules libres
99
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 100 — #114
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 101 — #115
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
Nous allons montrer ici que la somme directe et le produit direct d’une famille
de A-modules sont solutions de problèmes universels qui sont duaux l’un de l’autre.
Soient (Mi )i∈I une famille de A-modules et M un A-module.
1. Montrer que le A-module M est isomorphe au A-module i∈I Mi si et seule-
ment si,
– ∀ i ∈ I, ∃ αi ∈ HomA (Mi , M ),
– pour tout A-module N et pour toute famille fi ∈ HomA (Mi , N ), i ∈ I, il
existe un unique ϕ ∈ HomA (M, N ) tel que, pour tout i ∈ I, on ait ϕ ◦ αi = fi .
2. Montrer que le A-module M est isomorphe au A-module Πi∈I Mi si et seule-
ment si,
– ∀ i ∈ I, ∃ βi ∈ HomA (M, Mi ),
– pour tout A-module N et pour toute famille fi ∈ HomA (N, Mi ), i ∈ I, il
existe un unique ψ ∈ HomA (N, M ) tel que, pour tout i ∈ I, on ait βi ◦ ψ = gi .
3. En déduire que pour tout A-module N , les morphismes
θ : HomA ( Mi , N ) −→ HomA (Mi , N )
i∈I i∈I
η : HomA (N, Mi ) −→ HomA (N, Mi )
i∈I i∈I
définis par
θ(ϕ) = (ϕ ◦ αi )i∈I ,
η(ψ) = (βi ◦ ψ)i∈I
sont des isomorphismes de A-modules.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 102 — #116
i i
Algèbre T2
On prendra garde au fait que tout autre combinaison des symboles , et
HomA (−, −) ne donne pas d’isomorphisme ou donne un « morphisme » qui n’est
pas défini.
f : A × A −→ A.
102
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 103 — #117
i i
ϕ : K −→ Z(A).
103
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 104 — #118
i i
Algèbre T2
On dira que les éléments de N(S) sont les fonctions de S dans N qui sont nulles
presque partout.
On définit sur N(S) une opération interne, notée multiplicativement, par
(f g)(s) = f (s) + g(s).
5. Montrer que, muni de cette loi, N(S) est un monoïde, dont l’élément neutre est
l’application nulle.
6. Montrer que tout élément f de N(S) s’écrit, de manière unique, s∈S sμ(s) ,
avec μ(s) = 0 sauf pour un nombre fini de s, où μ(s) ∈ N et sn est l’application
de S dans N définie par sn (x) = 0 si x = s et sn (s) = n.
Soit K un anneau commutatif. On appelle anneau de polynômes en S, à
coefficients dans K, l’algèbre K(N(S)), que l’on notera K[S] dans la suite.
7. Montrer que si card(S) = n, les anneaux K[S] et K[X1 , . . . , Xn ] sont iso-
morphes.
8. Montrer que tout élément de K[S] s’écrit, de manière unique,
a(μ) sμ(s)
μ∈N(S) s∈S
104
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 105 — #119
i i
V
MODULES SUR UN ANNEAU PRINCIPAL
Nous avons vu au chapitre précédent que les modules sur un anneau ont un
comportement très différent de ceux des espaces vectoriels sur un corps (un sous-
module d’un module libre, resp. de type fini, n’est pas nécessairement libre, resp.
de type fini). Nous allons, dans ce chapitre, montrer que si l’anneau est principal,
ces difficultés disparaissent. De plus, nous établirons le théorème de structure des
modules de type fini sur un anneau principal.
Ce résultat a de nombreuses applications. Il s’applique évidemment aux
groupes abéliens de type fini (l’anneau Z est principal !), mais il permet aussi,
par exemple, d’obtenir directement un résultat de réduction des endomorphismes
d’un espace vectoriel de dimension finie (la jordanisation).
Compte tenu de l’importance des ces applications, nous allons donner ici deux
démonstrations différentes du théorème de structure des modules de type fini, qui
ont chacune leur intérêt, tant théorique que pratique.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 106 — #120
i i
(1.1.1) Supposons que L soit un module libre de rang fini n. Nous allons faire
un raisonnement par récurrence sur n.
Si n = 0, le module L est libre de base l’ensemble vide et le résultat est évident.
Supposons le résultat vrai pour les modules libres de rang r n − 1 et soit
L un module libre de rang n. Alors L est isomorphe à An ; considérons le mor-
phisme de modules p : An → A défini par p((x1 , . . . , xn )) = xn . Il est clair que
Ker(p) = {(x1 , . . . , xn−1 , 0)|xi ∈ A} est un module isomorphe à An−1 , donc libre
de rang n − 1. Tout sous-module de L est isomorphe à un sous-module N de An .
On a p(N ) = aA. Si a = 0, alors N est contenu dans Ker(p) et le résultat découle
de l’hypothèse de récurrence. Si a = 0, p(N ) est un sous-module de A, donc libre,
et le morphisme N → p(N ) est surjectif et a pour noyau N ∩ An−1 , qui est libre
par hypothèse de récurrence. On en déduit que N (N ∩ An−1 ) ⊕ p(N ) (pour
une justification précise de cet isomorphisme, cf. VII, exercie E.2), donc N est un
module libre comme somme directe de modules libres. De plus, p(N ) est de rang
égal à 1 et (N ∩ An−1 ) est, par hypothèse, de rang inférieur ou égal à n − 1. D’où
le résultat.
(1.1.2) Considérons maintenant un module libre L = {0} de base X = {xi }i∈I
quelconque et N un sous-module propre de L.
Pour tout k ∈ I, onnote πk : L → A le morphisme k-ième coordonnée, i.e.
πk (M ) = nk avec M = i∈I ni xi .
On peut toujours supposer que I est muni d’une structure d’ensemble bien
ordonné (cf. Appendice). Pour tout t ∈ I, on note Lt le sous-module de L
engendré par les éléments xi pour i t et on pose Nt = N ∩ Lt . L’image de Nt
par πt est un sous-module de A, πt (Nt ) = Aat . On note yt un élément de Nt tel
que πt (yt ) = at . Si at = 0, on prend yt = 0.
Pour tout s ∈ I, on considère Ks le sous-module de L engendré par les éléments
yt pour t s. Donc Kt est contenu dans Nt , pour tout t. Nous allons montrer
que, pour tout s ∈ I, Ks = Ns , ce qui prouvera que le sous-module N lui-même
est engendré par les éléments (ys )s∈I .
Supposons que, par hypothèse de récurrence, on ait : pour tout t < s, Kt = Nt .
Cette hypothèse est bien vérifiée pour le plus petit élément de I. Pour tout élément
x ∈ Ns , on a πs (x) = qas , q ∈ A, donc x − qys s’écrit comme combinaison linéaire
d’un nombre fini de xi , avec i < s. On a donc x − qys ∈ Nt , avec t < s. D’où,
d’après l’hypothèse de récurrence, x−qys ∈ Kt . Mais Kt ⊂ Ks et, par conséquent,
l’élément x appartient à Ks , d’où Ks = Ns .
Ce qui précède prouve que la famille (ys )s∈I est génératrice de N . Montrons
maintenant que la sous-famille desys qui ne sont pas nuls est libre sur A. Suppo-
sons qu’il existe une relation S = finie ni yi = 0, dans laquelle il existe des termes
106
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 107 — #121
i i
2. Modules de torsion
non nuls. On note k le plus grand indice i tel que ni yi = 0. Puisque πk (yi ) = 0
pour i < k, on a πk (nk yk ) = πk (S) = 0. Mais πk (nk yk ) = nk ak et, puisque ak = 0,
on doit avoir nk = 0, ce qui est contraire à l’hypothèse.
On en déduit que la famille des (ys )s∈I qui sont non nuls est une base de N ,
qui est donc un module libre. ♦
2. Modules de torsion
Exemples 2.2.
a) Un module libre est sans torsion.
b) Tout module fini est de torsion.
d) (Q/Z, +) est un Z-module de torsion.
107
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 108 — #122
i i
108
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 109 — #123
i i
d’où M ⊆ P M (p). Comme l’inclusion dans l’autre sens est évidente, on a
M = M (p).
P
Remarque 2.7. Il est clair, d’après le corollaire 1.2, que si le module M dans le
théoreme 2.5 et le corollaire 2.6 est de type fini, la somme directe est finie.
109
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 110 — #124
i i
Démonstration.
(i) Nous allons faire un raisonnement par récurrence sur n. Si n = 0, N est le
module réduit à zéro, de base l’ensemble vide : le résultat est trivial.
On suppose le théorème vrai pour les modules libres de rang inférieur ou égal
à n − 1.
Soient (xi )1in une base de M et (πi )1in les fonctions coordonnées as-
sociées à cette base. Rappelons qu’elles sont définies de la manière suivante :
tout élément x de M s’écrivant de manière unique x = 1in ni xi , on pose
πi (x) = ni .
Pour tout u ∈ HomA (M, A), u(N ) est un idéal de A, donc de la forme (αu ).
Puisque N est non nul, il existe au moins une fonction coordonnée qui ne s’annule
pas sur N , il existe donc des (αu ) non nuls. D’après le théorème II.3.7 (ii), cette
famille d’idéaux possède un élément maximal. Notons a l’un de ses générateurs
et notons f un élément de HomA (M, A) correspondant à a, i.e. f (N ) = (a). Soit
n ∈ N tel que f (n) = a. Écrivons n = 1in ni xi .
Or, (rπi + sf ) est un élément de HomA (M, A), par conséquent, il existe un α tel
que (rπi + sf )(N ) = (α). On a donc (d) ⊆ (α). Puisque d divise a, on a (a) ⊆ (d).
On a donc (a) ⊆ (α). On en déduit, par maximalité de (a), que (α) = (a). On a
donc (d) = (a), d’où a divise d, donc a divise ni .
Par conséquent,
pour tout i, 1 i < n, il existe ni ∈ A tel que ni = ani . On
pose n = 1in ni xi . On a n = an , donc f (n) = f (an ) = af (n ), mais comme
N = (n ∩ N ) ⊕ (Ker(f ) ∩ N ).
110
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 111 — #125
i i
Théorème 3.2 (de structure des modules de type fini). Soient A un anneau princi-
pal et M un A-module de type fini. Il existe un entier p et une famille (a1 , . . . , ar )
d’éléments de A non nuls et non inversibles, avec ai divise ai+1 pour 1 i r−1,
tels que
M Ap ⊕ A/(a1 ) ⊕ · · · ⊕ A/(ar ).
L’entier p et les idéaux (a1 ), . . . , (ar ) déterminés par ces conditions sont uniques.
Démonstration.
Existence. Soit (x1 , . . . , xn ) une famille génératrice de M . Il existe un mor-
phisme surjectif f : An → M . Si f est un isomorphisme, alors M est libre de rang
n et le théorème est démontré en prenant p = n et la famille des ai vide. Sinon, le
morphisme f a un noyau non nul et M An /Ker(f ). D’après le théorème 3.1, il
existe une base (e1 , . . . , en ) de An , un entier q, 1 q n, des éléments non nuls
de A, a1 , . . . , aq , avec ai divise ai+1 pour 1 i (q − 1), tels que (a1 e1 , . . . , aq eq )
soit une base de Ker(f ). On pose aq+1 = · · · = an = 0. Alors
An /Ker(f ) ((ei )/(ai ei )).
1in
111
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 112 — #126
i i
M Ap ⊕ A/(a1 ) ⊕ · · · ⊕ A/(ar ).
M Ap ⊕ A/a1 A ⊕ · · · ⊕ A/ar A,
Pour démontrer l’unicité des idéaux (a1 ), . . . , (ar ), nous allons d’abord étudier
les composantes p-primaires de T (M ).
M A/(a1 ) ⊕ · · · ⊕ A/(ar ).
112
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 113 — #127
i i
ce qui entraîne que π1 = 0, ce qui est une contradiction. Par conséquent, tous les
ai sont des puissances de p, ai = psi .
On a donc une décomposition
M A/(ps1 ) ⊕ · · · ⊕ A/(psr )
avec s1 < s2 < · · · , sr .
Unicité. Montrons que l’on a r = q, où q est un entier bien déterminé. Puisque
p est irréductible, l’idéal (p) est maximal, donc A/(p) est un corps. Par consé-
quent, M/(p)M est un A/(p)-espace vectoriel et sa dimension est un entier q bien
déterminé. D’après l’existence de la première partie, on a
M A/(ps1 ) ⊕ · · · ⊕ A/(psr )
d’où :
qui à la classe d’un élément a de A modulo (p(si −1) ) associe la classe de pa modulo
(psi ), est un isomorphime, d’où :
i=q
(p)M A/(p(si−1 ) ).
i=1
113
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 114 — #128
i i
On notera que l’entier r est tel qu’au moins l’une des lignes de ce tableau est
formée de nombres tous non nuls. Pour les autres lignes, les entiers si,j peuvent
être nuls à partir d’un certain rang.
On pose
i=t
s
ak = pi i,r−k+1
i=1
et la condition de décroissance si,1 > si,2 > · · · > si,r , pour tout i, entraîne que
ai divise ai+1 pour 1 i r − 1. On obtient, à partir de () ci-dessus, l’écriture
T (M ) = A/(a1 ) ⊕ · · · ⊕ A/(ar )
s
avec ai divise ai+1 pour 1 i r−1. D’autre part, l’unicité des idéaux (pi i,j ) et la
condition ai divise ai+1 pour tout i entraînent l’unicité des idéaux (a1 ), . . . , (ar ).
Cela achève la démonstration du théorème de structure des modules de type fini
sur un anneau principal 3.2. ♦
On sait bien que si a et b sont deux éléments d’un anneau A, a divise b si et
seulement si l’on a l’inclusion des idéaux (b) ⊂ (a). Par conséquent, en posant
Ai = (ai ), le théorème de structure des modules de type fini sur un anneau
principal peut s’énoncer de la manière suivante.
114
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 115 — #129
i i
M Ap ⊕ A/A1 ⊕ · · · ⊕ A/Ar .
N = {x ∈ M |∃ λ ∈ A, λx ∈ N }.
Définitions 3.7.
(i) Les idéaux (ai ), 1 i q, du théorème 3.1 sont appelés les facteurs
invariants de N dans M .
(ii) Les idéaux (Ai ), 1 i r, du théorème 3.5 sont appelés les facteurs
invariants du module M .
s
(iii) Les éléments di,j = pi i,j sont appelés les diviseurs élémentaires
de M .
Remarque 3.8. Puisque les éléments pi sont irréductibles, il est clair que les élé-
ments di,j , pour j fixé et 1 j t, sont étrangers entre eux deux à deux. On en
déduit que, pour tout i, 1 j r, on a
A/(aj ) A/(di,j ).
1it
115
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 116 — #130
i i
Exercice E3.
1. Soit G un groupe abélien fini. Montrer qu’il existe un élément x de G dont
l’ordre est le ppcm des ordres des éléments de G (on décompose G sous la forme
donnée par le théorème 4.3, on note y la classe de 1 dans Z/ar Z et l’on pose
x = (0, . . . , 0, y)).
2. En déduire que si G est un groupe abélien fini dont l’ordre n’est pas divisible
par le carré d’un nombre strictement supérieur à 1, ce groupe est cyclique.
et
tj = wi,j avec wi,j wi+1,j car ai |ai+1 .
1ir
Définition 3.9. Soit G un groupe abélien fini. En écrivant les diviseurs élémen-
taires de G dans l’ordre croissant, chacun d’entre eux étant écrit un nombre de
fois égal au nombre de fois où il apparait dans l’écriture des facteurs invariants
de G, on obtient une suite finie de nombres entiers que l’on appelle le type de
G (cf. exemple 3.11).
Remarque 3.10. Lorsque l’on a le type d’un groupe abélien fini G, le nombre
maximum d’occurrences d’un même facteur premier de |G| qui apparaît dans le
type donne le nombre de facteurs invariants de G.
Conclusion
Soit G un groupe abélien fini. On détermine ses facteurs invariants (cf.
TR.V.B) (ai )1ir et l’on en déduit sa décomposition canonique
G Z/ai Z.
1i?r
116
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 117 — #131
i i
On calcule ses diviseurs élémentaires, qui donnent son type (c1 , . . . , cs ), et l’on a
G Z/ci Z.
1is
De plus, en regroupant dans cette dernière somme directe les termes correspondant
à un même facteur premier p de |G|, on a la décomposition en somme directe de
la composante p-primaire G(p).
Ceci peut se résumer sous forme d’un tableau. Soient G un groupe abélien fini,
|G| = pt11 · · · ptkk la décomposition de son ordre en facteurs premiers, a1 , . . . , ar ses
w
facteurs invariants et di,j = pj i,j ses diviseurs élémentaires. On écrit
p1 p2 ... pj ... pk
a1 w1,1 w1,2 ... w1,j ... w1,k
a2 w2,1 w2,2 ... w2,j ... w2,k
.. .. .. .. .. .. ..
. . . . . . .
ai wi,1 wi,2 ... wi,j ... wi,k
.. .. .. .. .. .. ..
. . . . . . .
aq wq,1 wq,2 ... wq,j ... wq,k
Exemples 3.11.
a) Soit G un groupe abélien de type (2, 2, 3, 23 , 5, 32 ). On veut déterminer
les facteurs invariants de G et sa décomposition canonique. Le nombre premier
apparaissant le plus grand nombre de fois est p1 = 2, avec trois occurrences. Il y
a donc trois facteurs invariants. Ce sont
a1 = 2, a2 = 2 × 3 = 6, a3 = 23 × 32 × 5 = 360.
117
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 118 — #132
i i
20 = 22 × 5 et 30 = 2 × 3 × 5,
Comme dans le cadre des applications linéaires entre espaces vectoriels, on note
⎛ ⎞
a11 . . . a1n
⎜ ⎟
U (f ) = ⎝ ... . . . ... ⎠
am1 . . . amn
118
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 119 — #133
i i
Proposition 4.1.1.
(i) La matrice Tij est inversible et Tij−1 = Tij .
(ii) Pour tout λ élément de A, la matrice Eij (λ) est inversible et
Eij (λ)−1 = Eij (−λ).
(iii) Si λ est inversible dans A, alors la matrice Di (λ) est inversible et
Di (λ)−1 = Di (λ−1 ). ♦
On remarquera que si l’on multiplie la matrice U à droite par Tij , Eij (λ) ou
Di (λ), on obtient les résultats analogues à ceux de la proposition ci-dessus en
remplaçant « ligne » par « colonne ».
119
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 120 — #134
i i
Exercice E5.
1. Soient K un corps et SLn (K) le groupe des matrices (n, n) de déterminant
+1. Montrer que ce groupe est engendré par les matrices élémentaires.
2. On suppose que n 3. Montrer que pour k = i, j et pour tout λ ∈ K,
En déduire que pour n 3, le groupe SLn (K) est égal à son sous-groupe des
commutateurs (cf. [G-H]).
(u v)Q = (t 0).
120
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 121 — #135
i i
et en posant P3 = P2 P0 et Q3 = Q0 Q2 , on a
⎛ ⎞
d1 0 ... ... ... ... 0
⎜0 a2 0 ... ... ... 0⎟
⎜ ⎟
⎜. . . ... ... ... ... ... . . .⎟
⎜ ⎟
⎜. . . ... ... ... ... ... . . .⎟
⎜ ⎟
P3 U Q3 = ⎜
⎜0 ... ... 0 ar 0 . . .⎟
⎟
⎜0 ... ... ... ... 0 0⎟
⎜ ⎟
⎜. . . ... ... ... ... ... . . .⎟
⎜ ⎟
⎝. . . ... ... ... ... ... . . .⎠
0 ... ... ... ... ... 0
121
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 122 — #136
i i
122
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 123 — #137
i i
M Ap ⊕ A/(a1 ) ⊕ · · · ⊕ A/(ar )
123
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 124 — #138
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 125 — #139
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 126 — #140
i i
Algèbre T2
b) I est l’idéal des polynômes p(T ) ∈ K[T ] tels que, pour tout x ∈ V ,
p(u).x = 0 signifie que l’idéal I est l’annulateur du sous-module V .
Rappelons que le polynôme unitaire g tel que I soit égal à l’idéal principal (g)
est appelé le polynôme minimal de la restriction de u à V .
c) Il existe x ∈ V tel que le sous-espace vectoriel V soit engendré par les
éléments ui (x), i ∈ N, signifie que V est un sous-module monogène de Eu .
Montrer que, dans ce cas, le K[T ]-module V est isomorphe à K[T ]/(q(T )), où
q(T ) est un polynôme unitaire déterminé de manière unique.
d) Il existe x ∈ Eu tel que (ui (x)), 0 i n − 1, soit une base de l’espace
vectoriel Eu et tel que l’on ait g(u)(x) = 0, deg(g) = n, signifie que Eu est
monogène et d’annulateur I = (g).
4. Soit M un K[T ]-module canoniquement isomorphe à K[T ]/((T −α)m ). Montrer
que les classes (mod. (T − α)m ) des (T − α)k , 0 k m − 1, forment une K-base
de M (i.e. une base de M en tant que K-espace vectoriel) et que l’on a
pour 0 k m − 1.
5. On suppose que M est un K-espace vectoriel et que v est un endomorphisme
de M tel que Mv K[T ]/((T − α)m ). Montrer qu’il existe une K-base de M
par rapport à laquelle la matrice de v est la matrice d’ordre m, Vm,α , telle que :
(Vm,α )i,i = α, (Vm,α )i+1,i = 1 et 0 ailleurs (le premier indice désigne la ligne d’une
matrice...).
Dans toute la suite, E est un K-espace vectoriel de dimension finie n (sur K)
et u un endomorphisme de E.
6. Montrer que, puisque E est de dimension finie sur K, le K[T ]-module Eu est
un module de torsion de type fini (on pensera au fait que le K-espace vectoriel
K[T ] est de dimension infinie).
On rappelle que l’anneau K[T ] est principal : nous allons donc utiliser les ré-
sultats concernant les modules de type fini sur un anneau principal, en particulier,
la décomposition du sous-module de torsion.
7. Montrer que E admet une décomposition
E = E1 ⊕ · · · ⊕ Er
où chaque Ei est un K[T ]-module monogène, Ei = K[T ]/(qi (T )), les pôlynômes qi
étant non nuls vérifiant q1 |q2 | · · · |qr . Ces polynômes sont uniquement déterminés
et qr est le polynôme minimal de u.
126
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 127 — #141
i i
E = E(p1 ) ⊕ · · · ⊕ E(pl )
où chaque E(pi ) est annulé par psi i . On peut donc appliquer 3.d.
8. Déduire de ce qui précède que si le corps K est algébriquement clos, il existe une
K-base de E telle que la matrice de u relativement à cette base est une matrice
diagonale par blocs, chaque bloc étant de la forme décrite à la question 5.
Cette matrice est la réduite de Jordan de l’endomorphisme u.
9. À l’aide du dictionnaire de la question 3, transcrire les résultats des questions 4,
5, 6 en termes de sous-espaces propres ou sous-espaces caractéristiques.
a1 · · · ak = f (x1 , . . . , xk ).
127
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 128 — #142
i i
Algèbre T2
où les ai sont des nombres entiers positifs tels que a1 |a2 | · · · |aq .
Les nombres ai , 1 i q, sont appelés les facteurs invariants de la
matrice A.
6. En déduire que deux matrices A et B à coefficients dans Z sont équivalentes si
et seulement si elles ont même rang et mêmes facteurs invariants.
128
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 129 — #143
i i
VI
ÉLÉMENTS ENTIERS ET ANNEAUX
DE DEDEKIND
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 130 — #144
i i
1. Éléments entiers
Théorème 1.1. Soient R un anneau, A un sous-anneau de R et x ∈ R. Les asser-
tions suivantes sont équivalentes :
(i) x est racine d’un polynôme unitaire de A[X],
(ii) l’anneau A[x] est un A-module de type fini,
(iii) il existe un sous-anneau B de R contenant A et x qui est un A-module
de type fini.
130
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 131 — #145
i i
1. Éléments entiers
Définition 1.2. Dans la situation ci-dessus, l’élément x est dit entier sur A.
Un polynôme unitaire dont il est racine est appelé relation de dépendance
intégrale pour x sur A.
q p
A[x1 , . . . , xn ] = ( Abj )ck = Abj ck . ♦
k=1 j=1 f inie
Définitions 1.5.
a) Avec les notations ci-dessus, A s’appelle la fermeture intégrale de A
dans R.
b) Si A est intègre et K est son corps de fractions, la fermeture intégrale
de A dans K s’appelle la clôture intégrale de A.
c) Si B est un anneau qui contient A et dont tout élément est entier sur A,
on dit que B est entier sur A (i.e. la fermeture intégrale de A dans B est B).
131
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 132 — #146
i i
Définition 1.8. Un anneau A est intégralement clos s’il est intègre et égal à
sa clôture intégrale.
132
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 133 — #147
i i
1. Éléments entiers
a2 − db2 ∈ Z et 2a ∈ Z.
Ces deux conditions entraînent que 2b ∈ Z, on peut donc poser a = u/2 et b = v/2
avec u ∈ Z et v ∈ Z. Il est facile de vérifier que si v est pair, alors a ∈ Z et b ∈ Z
et que si v est impair, alors nécessairement d ≡ 1 (mod 4).
On en déduit que :
√
– si d ≡ 2 (mod 4) ou d ≡ 3 (mod 4), alors A = Z[ d],
√
– si d ≡ 1 (mod 4), alors A = Z[ 1+2 d ].
bn + an−1 bn−1 + · · · + a0 = 0, ai ∈ A, i = 0, . . . , n − 1.
133
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 134 — #148
i i
2. Norme et trace
Les éléments N(x) et Tr(x) définis ci-dessus dans le cas des extensions qua-
dratiques, sont respectivement la norme et la trace de x. Nous allons, ci-dessous,
généraliser cette notion à des endomorphismes, puis, à la fin de ce chapitre, à des
idéaux.
Rappelons quelques définitions d’algèbre linéaire. Soient A un anneau commu-
tatif, E un A-module libre de rang fini n, u un endomorphisme de E, (ei )i=1,...,n
une base de E et (aij ) la matrice de u dans cette base. Les expressions
n
aii et det(aij )
i=1
sont indépendantes de la base choisie. On définit alors la trace et le déterminant
de u par
n
Tr(u) = aii et det(u) = det(aij ).
i=1
On sait que la trace et le déterminant vérifient Tr(u + u ) = Tr(u) + Tr(u ) et
det(uu ) = det(u)det(u ). De plus, on a
det(XIdE − u) = X n − Tr(u)X n−1 + · · · + (−1)n det(u).
On généralise ces définitions de la manière suivante. Soient B un anneau et
A un sous-anneau de B tels que B soit un A-module libre de rang fini n (c’est le
cas d’une extension de corps E/K avec [E : K] = n). Pour tout x ∈ B, on note
mx l’endomorphisme de B défini par mx (y) = xy.
134
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 135 — #149
i i
2. Norme et trace
135
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 136 — #150
i i
donc TrL/K (x) = −an−1 et NL/K (x) = (−1)n a0 . Mais puisque x est un élément
primitif, on a Mx (X) = (X − x1 ) · · · (X − xn ). Donc
d’où # $
x(yi zj ) = aih yh zj = aih (yh zj ).
h h
Remarque. Les traces et normes définies pour les corps quadratiques sont bien
des cas particuliers de ce cadre général. Les définitions de la norme et de la trace
données à la définition 2.1 s’appliquent bien entendu au cas des extensions finies
non séparables de corps. Mais dans ce cas, l’explicitation de ces éléments est
plus complexe et doit prendre en compte le facteur d’inséparabilité du degré de
l’extension (cf. [G-H], TR.XIII.B).
136
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 137 — #151
i i
2. Norme et trace
Px,L/K (X) = (X − x1 ) · · · (X − xn ).
Les coefficients de Px,L/K sont donc des sommes de produits de xi . Pour prou-
ver le résultat, il suffit donc de montrer que les xi sont entiers sur A. Pour
tout i, 1 i n, xi est conjugué de x, i.e. il existe un K-isomorphisme
σi : K(x) −→ K(xi ) tel que σi (x) = xi . En appliquant σi à l’équation de dé-
pendance intégrale de x sur A, on obtient une équation de dépendance intégrale
pour xi . ♦
Corollaire 2.5. Si, de plus, A est intégralement clos, alors les coefficients de Px,L/K
appartiennent à A. ♦
d’où # $ # $
det(Tr(xi xj )) = det σk (xi xj ) = det σk (xi )σk (xj )
k k
137
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 138 — #152
i i
n
on en déduit que i=1 ui σi (x) = 0 pour tout x ∈ L. Autrement dit, les σi ,
i = 1, . . . , n, sont linéairement dépendants sur K, ce qui est en contradiction avec
[G-H], théorème X.3.1. ♦
Corollaire 2.7. Sous les hypothèses de la proposition 2.6, si, pour tout y ∈ L,
TrL/K (xy) = 0, alors x = 0.
Démonstration. En écrivant y = j λj xj et x = i μi xi , on a
TrL/K (xy) = μi λj TrL/K (xi xj ).
i,j
Pour x fixé, on pose sx (y) = TrL/K (xy). On déduit du corollaire 2.7 que
l’application linéaire ϕ : L −→ L∗ = HomK (L, K), définie par ϕ(x) = sx est
injective. Puisque dimK (L) = dimK (L∗ ) = n < +∞, l’application ϕ est un
isomorphisme. On note (x∗1 , . . . , x∗n ) la base duale de (x1 , . . . , xn ) et l’on pose
yj = ϕ−1 (x∗j ), j = 1, . . . , n. Alors, TrL/K (xi yj ) = syj (xi ) = x∗j (xi ) = δij .
On a démontré le résultat qui suit.
donc
138
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 139 — #153
i i
De la même façon, on a
NQ(ζ)/Q (1 − ζ) = p
(écrire la matrice de la multiplication par 1 − ζ dans la base (1, . . . , ζ p−2 ) et
calculer son déterminant) et
NQ(ζ)/Q (ζ − 1) = (−1)p−1 p.
p = (1 − ζ)(1 − ζ 2 ) · · · (1 − ζ p−1 ).
139
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 140 — #154
i i
140
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 141 — #155
i i
Démonstration. L’équivalence des assertions (i) et (ii) est une conséquence immé-
diate du théorème II.3.6.
Montrons que (i) implique (iii). Soient E un sous-module de M et F la famille
des sous-modules de type fini de E ; elle n’est pas vide car {0} ∈ F. D’après (i),
F admet un élément maximal F . S’il existe x ∈ E un élément n’appartenant pas
à F , alors F + Ax est un sous-module de type fini de E qui contient strictement
F . Par maximalité de F , on a E = F , donc E est de type fini.
Montrons que (iii) implique (ii). Soit (Mn )n∈N une suite croissante de sous-
modules de M . Alors, E = ∪n∈N Mn est un sous-module de M . D’après (iii), il
admet un système fini de générateurs (x1 , . . . , xq ). Pour tout i, 1 i q, il existe
un indice n(i) tel que xi ∈ Mn(i) . Soit n0 le plus grand des n(i), 1 i q. On
a xi ∈ Mn0 , pour tout i, 1 i q, d’où E = Mn0 . La suite (Mn ) est donc
stationnaire à partir de n0 . ♦
Définitions 4.2.
a) Un A-module M qui satisfait aux conditions ci-dessus est dit nœthé-
rien.
b) Un anneau A est dit nœthérien si, pour sa structure naturelle de
A-module, c’est un A-module nœthérien.
141
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 142 — #156
i i
Corollaire
p 4.4. Si A est un anneau et M1 , . . . , Mp sont des A-modules, alors
M = i=1 Mi est un A-module nœthérien si et seulement si les modules Mi
sont nœthériens, 1 i p.
142
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 143 — #157
i i
5. Idéaux fractionnaires
n a donc bi ∈ A pour tout i et A est un sous-module du A-module libre
On
j=1 Ayj . Puisque l’anneau A est nœthérien, ce A-module libre est nœthérien.
On déduit de la proposition 4.3 que le A-module A est nœthérien, donc de type
fini, d’après le corollaire 4.5. Les idéaux de A sont des A-sous-modules de A
particuliers : ils sont donc de type fini sur A, donc sur A , et A est un anneau
nœthérien.
Si A est principal, tout sous-A-module d’un module libre étant libre (théo-
rème V.1.1), A est libre de rang inférieur ou égal à n. Mais la démonstration
ci-dessus montre que A contient une base de L sur K, il est donc de rang n. ♦
5. Idéaux fractionnaires
Proposition 5.3. Soit A un anneau nœthérien (resp. intègre nœthérien). Tout idéal
(resp. idéal non nul) contient un produit d’idéaux premiers (resp. idéaux premiers
non nuls).
b + Ax ⊃ p1 · · · pn , b + Ay ⊃ q1 · · · qr .
143
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 144 — #158
i i
Remarques 5.5.
a) Tout sous-A-module de type fini de K est un idéal fractionnaire. Si
. . . , xn ), avec xi = adii , 1 i n, alors I est contenu dans d−1 A,
I = (x1 ,
avec d = i di .
b) Si A est nœthérien, tout idéal fractionnaire est un A-module de type fini.
En effet, I est un sous-module de d−1 A qui est nœthérien.
c) Si I et I sont des idéaux fractionnaires, alors I ∩ I , I + I , II sont des
idéaux fractionnaires (de dénominateurs respectifs d ou d , dd et dd ).
6. Anneaux de Dedekind
et √ √
N(1 + −5) = N(1 − −5) = 6, N(2) = 4, N(3) = 9.
√ √
Supposons
√ que l’élément 1 + −5 ait un diviseur non trivial x = a + b −5 dans
Z( −5). Alors N(x) est un diviseur non trivial de 6 dans Z, i.e. N(x) = 2 ou
N(x) = 3. Mais les équations
a2 + 5b2 = 2, a2 + 5b2 = 3
144
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 145 — #159
i i
6. Anneaux de Dedekind
√
n’ont pas de solution
√ dans Z. Par conséquent,
√ l’élément 1+ −5 n’a pas de diviseur
non √trivial dans Z( −5). Si l’anneau Z( −5) était factoriel, puisque cet élément
1 + −5 divise le produit 2.3, d’après le lemme de Gauss, il devrait
√ diviser 2 ou
3 et, en prenant les normes, 6 diviserait 4 ou 9. Donc l’anneau Z( −5) n’est pas
factoriel.
Cela montre que l’anneau des entiers d’un corps de nombres n’est pas néces-
sairement euclidien ou principal ou factoriel. Nous allons montrer ci-dessous que
cet anneau possède néanmoins une structure très intéressante.
Théorème 6.2. L’anneau des entiers d’un corps de nombres est de Dedekind.
Puisqu’un corps de nombres est une extension finie de Q, le théorème 6.2 est
un corollaire du théorème qui suit (en prenant A = Z).
xn + an−1 xn−1 + · · · + a0 = 0.
145
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 146 — #160
i i
Théorème 6.4. Soit A un anneau de Dedekind qui n’est pas un corps. Tout idéal
maximal de A est inversible dans le monoïde des idéaux fractionnaires de A.
m ⊃ Aa ⊃ p1 · · · pn .
Donc, d’après le lemme 5.2, m contient l’un des pi , par exemple p1 . Comme par
hypothèse p1 est maximal, on a m = p1 . On pose b = p2 · · · pn . On a Aa ⊃ mb
et Aa ⊃ b, par minimalité de n. Donc, il existe b ∈ b tel que b ∈ / Aa. Comme
mb ⊂ Aa, on a mb ⊂ Aa, d’où mba−1 ⊂ A. Donc ba−1 ∈ m par définition de m .
Comme b ∈ / Aa, on a ba−1 ∈
/ A et m = A. ♦
où les np(b) sont des entiers relatifs, nuls sauf un nombre fini d’entre eux.
(ii) Le monoïde des idéaux fractionnaires de A est un groupe.
Démonstration.
(i) Montrons d’abord l’existence de la décomposition. Soit b un idéal fraction-
naire ; il existe d = 0 ∈ A tel que db ⊂ A. Ainsi b = (db)(Ad)−1 et l’on est ramené
à montrer le résultat pour les idéaux « entiers » i.e. les idéaux de A (i.e. d = 1).
Soit F la famille des idéaux non nuls de A qui ne sont pas produits finis d’idéaux
146
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 147 — #161
i i
6. Anneaux de Dedekind
alors
pnp (b)−mp (b) = A.
p∈P
Si les np(b) − mp(b) ne sont pas tous nuls, on sépare les exposants positifs et
négatifs et l’on obtient
pα1 1 · · · pαr r = qβ1 1 · · · qβs s
avec pi , qj ∈ P, αi , βj > 0, pi = qj , pour tout i et j. Puisque p1 est un idéal,
p1 ⊃ pα1 1 · · · pαr r = qβ1 1 · · · qβs s et, puisqu’il est premier, p1 contient l’un des qj .
Mais p1 et qj sont maximaux, donc p1 ⊃ qj implique p1 = qj . Contradiction.
(ii) La partie (i) prouve que p∈P p−np (b) est l’inverse de p∈P pnp (b) . ♦
Remarques 6.6.
a) On peut vérifier facilement que les propriétés suivantes sont satisfaites :
(i) np(ab) = np(a) + np(b).
(ii) b ⊂ A est équivalent à np(b) 0, pour tout p ∈ P.
(iii) a ⊂ b est équivalent à np(a) np(b), pour tout p ∈ P.
(iv) np(a + b) = inf(np(a), np(b)).
(v) np(a ∩ b) = sup(np(a), np(b)).
b) Si a est un idéal de A, on a a = p∈P pnp (a) avec np(a) 0. Si p est tel
que np(a) > 0, on dit que p divise a et on écrit p|a.
Si p|a, alors a = pq avec q = (p(np (a)−1) ) p pnp (a) . Mais pq ⊂ p puisque p
est un idéal, d’où a ⊂ p. Réciproquement, si p est un idéal premier de A tel que
a ⊂ p, alors np(a)np(p) = 1, donc p intervient dans la décomposition de a en
produit d’idéaux premiers, i.e. p|a.
147
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 148 — #162
i i
148
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 149 — #163
i i
1ne1 , . . . , cn en ) soit une base de Ax. On en déduit que A/Ax est isomorphe à
(c
i=1 Z/ci Z, d’où Card(A/Ax) = c1 · · · cn . Considérons l’application Z-linéaire
u : A −→ Ax définie par u(ei ) = ci ei . On a det(u) = c1 · · · cn . D’autre part,
puisque la multiplication par x est bijective, (xe1 , . . . , xen ) est aussi une base
de Ax. Il existe donc un automorphisme de Z-modules v : Ax −→ Ax tel que
v(ci ei ) = xei . Puisque c’est un automorphisme, son déterminant est inversible
dans Z, d’où, det(v) = 1. Mais v ◦ u est la multiplication par x, dont le détermi-
nant est, par définition N(x). On a donc
Remarque 7.3. Pour tout idéal non nul a de A, N(a) est fini. En effet, pour tout
élément a = 0 de a, on a Aa ⊂ a et A/a s’identifie à un quotient de A/Aa, donc
Card(A/a) Card(A/Aa) = N(a) < +∞. En particulier, si a est un idéal princi-
pal, a = (a), alors N(a) = |N(a)|.
Si p = m, np(m) = 0, d’où
149
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 150 — #164
i i
Or nm(q) ∈ N, donc
∀ p ∈ P, np(q) = np(a) et a = q.
Card(a/am) = Card(A/m). ♦
Exemples 8.1.
a) Dans Z[i], on a 5 = (2 + i)(2 − i).
√
b) Dans Z[ −5], les éléments 2 et 3 sont irréductibles, mais √ les idéaux
√ premiers. En effet, (2) = (2, 1 + −5) et
(2) et (3) √ne sont pas 2
(3) = (3, 1+ −5)(3, 1− −5). Autrement dit,√ l’idéal (2) dans Z est premier, mais
n’est pas premier dans « l’extension » Z → Z[ −5]. On dit qu’il se décompose.
150
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 151 — #165
i i
8. Décomposition des idéaux premiers dans une extension et action du groupe de Galois
Démonstration. Les assertions (i) et (ii) sont équivalentes, d’après la remarque 6.6.
Les assertions (ii) et (iii) sont clairement équivalentes.
Montrons que (iii) implique (iv) : q ∩ A est premier dans A, mais q ⊃ p
entraîne q ∩ A ⊃ p et, comme p est premier, donc maximal, q ∩ A = p. Il est
évident que (iv) implique (iii).
Enfin, les assertions (iv) et (v) sont équivalentes puisque q étant contenu dans
B, tous les éléments de q sont entiers, donc q ∩ K = q ∩ A. ♦
Théorème 8.4.
(i) Tout idéal premier propre de B est au-dessus d’un unique idéal premier
non nul de A.
(ii) Tout idéal premier propre de A est en-dessous d’au moins un idéal premier
de B.
Démonstration.
(i) Soit q un idéal premier de B. D’après la proposition 8.2, l’unique idéal p
en-dessous de q est p = q ∩ A, qui est un idéal premier de A. Il faut vérifier que
p = {0} (utiliser, par exemple, la norme).
(ii) Les idéaux premiers de B qui sont au-dessus de p ⊂ A sont les « diviseurs »
de pB. Pour montrer qu’il en existe, il suffit de montrer que pB = B, ce qui
équivaut à montrerque 1 ∈ pB. On sait que 1 ∈ p, mais il faut s’assurer que l’on
ne peut avoir 1 = finie αi βi , αi ∈ p, βi ∈ B.
Pour cela, on démontre le lemme suivant.
151
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 152 — #166
i i
152
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 153 — #167
i i
9. Ramification
Démonstration. Montrons que le groupe Gal(L/K) opère sur l’ensemble des idéaux
premiers de B qui sont au-dessus de p. Si q est un idéal premier de B au-dessus de
p, alors, d’après le lemme 8.6, pour tout σ ∈ Gal(L/K), σ(q) est un idéal premier
de σ(B) = B, au-dessus de σ(p) = p.
Montrons que cette action est transitive, i.e. pour tout q et q au-dessus de p, il
existe σ ∈ Gal(L/K) tel que σ(q) = q . Supposons que pour tout σ ∈ Gal(L/K),
on ait σ(q) = q ; les idéaux q et σ(q) étant premiers, donc maximaux, sont
étrangers deux à deux (m + m = B). Donc, d’après le théorème chinois I.4.3, le
système de congruences
x ≡ 0 mod q
x ≡ 1 mod σ(q)
admet une solution α ∈ B.
D’après le théorème 2.3, on a
NL/K (α) = σ −1 (α) = α σ −1 (α).
σ∈Gal(L/K) σ=id,σ∈Gal(L/K)
9. Ramification
i=r
pB = qei i , ei 1, i = 1, . . . , r
i=1
où les qi sont des idéaux premiers de B, qui sont précisément les idéaux premiers
de B au-dessus de p.
153
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 154 — #168
i i
Définition 9.1. Dans la situation ci-dessus, on dit que p se ramifie dans B (ou
dans L) s’il existe un indice i tel que ei 2.
154
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 155 — #169
i i
9. Ramification
Démonstration. D’après le théorème 6.5.i, qi est le seul idéal maximal qui contienne
e
qei i : donc, pour tout i = j, on a qei i + qj j = B. On applique alors le théorème
chinois I.4.3. ♦
Nous allons maintenant introduire la notion de discriminant qui permet de
caractériser les idéaux premiers de A qui se ramifient dans B.
155
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 156 — #170
i i
diviseur de zéro, car sinon tout élément de Ad = DB/A serait diviseur de zéro, ce
qui est contradictoire avec l’hypothèse. On en déduit que 1 − α(det(aij ))2 = 0,
d’où det(aij ) est inversible. La matrice (aij ) est donc inversible et (x1 , . . . , xn ) est
une base de B sur A. ♦
(TrB/A (xi xj )) 0
D(x1 , . . . , xm , y1 , . . . , yn ) =
0 (TrB/A (yk yl ))
156
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 157 — #171
i i
9. Ramification
Définition 9.12. Un anneau est dit réduit si zéro est son seul élément nilpotent.
Proposition 9.13. Si A est un anneau nœthérien réduit, l’idéal (0) est intersection
d’un nombre fini d’idéaux premiers.
Démonstration. Supposons que L soit non réduit et soit x ∈ L un élément non nul
nilpotent. On pose x = x1 et l’on complète en une K-base (x1 , . . . , xn ). Alors,
pour tout j, 1 j n, l’élément x1 xj est nilpotent, donc la multiplication par
x1 xj est un endomorphisme nilpotent de L. Par conséquent, toutes ses valeurs
propres sont nulles, donc TrL/K (x1 xj ) = 0, 1 < j n. La matrice TrL/K (xi xj )
ayant une ligne de zéros, son déterminant D(x1 , . . . , xn ) est nul, d’où DL/K = (0).
Réciproquement, supposons que L soit réduit. Comme K est un corps et que
L est un K-algèbre de dimension finie, L est un anneau nœthérien. D’après la
proposition 9.13, l’idéal (0) est intersection finie d’idéaux premiers, (0) = i=r q
i=1 i .
Pour tout i, 1 i r, L/qi est un anneau intègre, de dimension finie sur K, donc,
157
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 158 — #172
i i
d’après le théorème 1.7, c’est un corps (car toute algèbre de dimension finie sur
un corps K est un anneau entier sur K). On en déduit que, pour tout i, 1 i r,
qi est un idéal maximal, d’où, pour tout i et tout j, 1 i, j r, on a qi + qj = L.
i=r
i=rque L i=1 L/qi . Par conséquent, d’après la
Le théorème chinois entraîne
proposition 9.10, DL/K = i=1 D(L/qi )/K . On sait, d’après la proposition 2.6, que
pour tout i, 1 i r, D(L/qi )/K = 0, d’où DL/K = 0. ♦
Théorème 9.16. Sous les hypothèses ci-dessus, pour qu’un idéal premier p de A se
ramifie dans B, il faut et il suffit que p ⊃ DB/A . Les idéaux premiers de A qui se
ramifient dans B sont en nombre fini.
158
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 159 — #173
i i
9. Ramification
D(B/pB)/(A/p) = (0) ♦
159
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 160 — #174
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 161 — #175
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
induit un isomorphisme
i=n
i=n
A/ pri i −→ A/pri i .
i=1 i=1
2. En déduire qu’un anneau de Dedekind qui n’a qu’un nombre fini d’idéaux pre-
miers est un anneau principal (montrer que chacun de ces idéaux premiers est
principal et en déduire que tout idéal est principal).
3. Soient A un anneau de Dedekind
et a un idéal de A. Montrer que A/a est un
anneau principal (écrire a = i=r pni −1 A avec S = A \ ∪r p ).
i=1 i et considérer S 1 i
4. En déduire que dans un anneau de Dedekind, tout idéal est engendré par au
plus deux éléments.
Nous allons maintenant démontrer le résultat suivant.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 162 — #176
i i
Algèbre T2
162
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 163 — #177
i i
2. En déduire que
⎛ ⎞
D(1, x, . . . , xn−1 ) = ⎝ (xi − xj )⎠
i j=i
4. En déduire la proposition (remarquer que Mx (xi ) est conjugué de Mx (x) et
appliquer théorème 2.3).
5. Montrer que, dans le cas de polynômes de degré 2 ou 3, on retrouve le discri-
minant usuel.
Soient p un nombre entier naturel premier et ζ une racine primitive p-ième
de l’unité. On pose K = Q, L = Q(ζ). Alors A = Z, B = Z[ζ], (1, ζ, . . . , ζ p−2 )
est une base de B sur A (ou de L sur K) et Mζ (X) = X p−1 + · · · + 1. Nous
allons déterminer DQ(ζ)/Q , i.e. calculer D(1, ζ, . . . , ζ p−2 ). D’après la proposition
ci-dessus, cela revient à calculer NQ(ζ)/Q (Mζ (ζ)).
6. De l’expression (X − 1)Mζ (X) = X p − 1, déduire que (ζ − 1)Mζ (ζ) = pζ p−1 .
7. En déduire que NQ(ζ)/Q (Mζ (ζ)) = ± pp−2 (utiliser les relations du para-
graphe 3).
163
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 164 — #178
i i
Algèbre T2
√
Supposons que d est congru à 2 ou 3 modulo 4. Alors (1, d) est une base
de B sur Z.
1. Montrer que
√ 2 0
D(1, d) = = 4d.
0 2d
√
2. En déduire que les seuls nombres premiers de Z qui se ramifient dans Z[ d]
sont 2 et les diviseurs premiers de d.
√
Supposons maintenant que d est congru à 1 modulo 4. Alors (1, 1+2 d ) est
une base de B sur Z.
3. Montrer que # √ $
1+ d 2 1
D 1, = d+1 = d.
2 1 2
√
4. En déduire que les seuls nombres premiers de Z qui se ramifient dans Z[ 1+2 d ]
sont les diviseurs premiers de d.
On va maintenant étudier comment, pour un nombre premier p donné, l’idéal
pB se décompose dans B.
D’après le théorème 9.3, on a
i=r
ei fi = 2,
i=1
164
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 165 — #179
i i
Nous allons appliquer les résultats du TR.VI.C ci-dessus pour donner une
condition nécessaire et suffisante pour qu’un nombre entier naturel soit somme
des carrés de deux nombres entiers. On considère, avec les notations du TR.VI.C,
le cas d = −1, i.e. L = Q(i). Puisque −1 ≡ 3 (mod 4), on a B = Z[i]. On
sait que l’anneau Z[i] est euclidien (TR.II.A), donc principal. On notera que la
démonstration proposée dans TR.II.A pour montrer que l’anneau Z[i] est euclidien
s’adapte facilement pour montrer directement qu’il est principal.
On sait que −1 est un carré dans Fp si p est congru à 1 modulo 4 (on peut le
p−1
−1 −1
voir avec la formule = (−1) 2 , où est le symbole de Legendre,
p p
[G-H], TR.XV.A). Par conséquent, on déduit de la classification du TR.VI.C que :
– les nombres premiers de la forme 4k + 1 sont décomposés,
– les nombres premiers de la formes 4k + 3 sont inertes,
– 2 se ramifie dans Z[i].
On en déduit que si p est un nombre premier congru à 1 modulo 4, alors pZ[i]
se décompose en un produit q1 q2 d’idéaux premiers distincts.
165
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 166 — #180
i i
Algèbre T2
166
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 167 — #181
i i
VII
DUALITÉ
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 168 — #182
i i
Remarques 1.2.
u
a) La suite 0 −→ M −→ M est exacte si et seulement si le morphisme u est
v
injectif et la suite M −→ M −→ 0 est exacte si et seulement si le morphisme v
est surjectif.
b) Si u : M −→ M est un morphisme de A-modules, pour tout A-module N ,
– on note u : HomA (M, N ) −→ HomA (M , N ) le morphisme de A-modules
défini par u(w) = w ◦ u (on remarquera le « renversement » du sens des flèches),
– on note u : HomA (N, M ) −→ HomA (N, M ) le morphisme de A-modules
défini par u(w) = u ◦ w.
0 −→ M −→ M −→ M
u v
soit exacte.
(ii) Pour que la suite
M −→ M −→ M −→ 0
u v
soit exacte.
M −→ M −→ M −→ 0
u v
est exacte.
Montrons que le morphisme v est injectif : soit w ∈ Hom(M , N ) tel que
v(w) = w ◦ v = 0. Puisque v est surjectif, cela entraîne w = 0.
Montrons l’exactitude en HomA (M, N ) : remarquons que l’on a l’égalité
u ◦ v(w) = w ◦ v ◦ u. Puisque v ◦ u = 0, on a u ◦ v = 0 et Im(v) ⊆ Ker(u). D’autre
168
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 169 — #183
i i
est exacte en M .
Puisque Im(u) = Ker(v), on a M/Im(u) = M/Ker(v) Im(v). De l’injectivité
de v, on déduit l’unicité du morphisme ϕ, d’où M = Im(v) et le morphisme v
est surjectif, ce qui achève la démonstration. ♦
Attention. Si, avec les notations du théorème 1.3, le morphisme u est injectif
(resp. le morphisme v est surjectif ), le morphisme u (resp. v) n’est pas néces-
u v
sairement surjectif. Autrement dit, si la suite 0 −→ M −→ M −→ M −→ 0 est
exacte, il n’en est pas forcément de même des suites
(resp.
u v
0 −→ HomA (N, M ) −→ HomA (N, M ) −→ HomA (N, M ) −→ 0),
169
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 170 — #184
i i
0 −→ Z −→ Q −→ Q/Z −→ 0
0 −→ M −→ M −→ M −→ 0
u v
une suite exacte de A-modules. Montrer que les assertions suivantes sont équiva-
lentes.
(i) Le A-module M est isomorphe au A-module M ⊕ M .
(ii) Il existe s ∈ HomA (M , M ) tel que v ◦ s = idM .
(iii) Il existe r ∈ HomA (M, M ) tel que r ◦ u = idM .
0 −→ M −→ M −→ M −→ 0
u v
0 −→ M −→ M −→ M −→ 0
u v
170
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 171 — #185
i i
2. Dualité
2. Dualité
Définitions 2.1.
a) Pour tout A-module M le A-module M ∗ = HomA (M, A) est appelé le
module dual de M et ses éléments sont les formes linéaires sur M .
b) Pour tout morphisme de A-modules u : M −→ N , on appelle trans-
posé de u, que l’on note t u, le morphisme de A-modules N ∗ −→ M ∗ défini
par t u(y ∗ ) = y ∗ ◦ u pour tout y ∗ ∈ N ∗ .
Exercice E4.
1. Donner des exemples de A-modules M non nuls tels que M ∗ = {0}.
2. Donner des exemples de morphismes de A-modules u : M −→ N ni injectifs,
ni surjectifs, tels que t u soit bijectif.
M × M ∗ −→ A
(x, y ) −→ x, y ∗
∗
est une forme bilinéaire (cf. section VIII.1 pour un rappel sur les applications
bilinéaires), appelée la forme bilinéaire canonique sur M × M ∗ .
Remarques 2.2.
a) Dans le cas particulier M = A, l’application
A −→ A∗
y −→ y ∗
171
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 172 — #186
i i
Théorème 2.3. Si
M −→ M −→ M −→ 0
u v
0 −→ M ∗ −→ M ∗ −→ M ∗
v t u t
est exacte.
Corollaire 2.5. Si M est un A-module libre de rang fini, M ∗ est un A-module libre
de même rang.
Attention. On en déduit que, dans ce cas, M ∗ est isomorphe à M . Mais cet iso-
morphisme n’est pas canonique (il dépend du choix d’une base de M , par l’in-
termédiaire du choix d’un isomorphisme M An ).
De plus, le résultat précédent n’est pas vrai, en général, si M n’est pas libre de
rang fini (prendre A = Z et M = Z/nZ) (cf. exercice E5 ci-dessous).
Théorème 2.6. Soient M un A-module libre de rang fini et (e1 , . . . , en ) une base
de M . Alors les éléments e∗i de M ∗ , 1 i n, définis par e∗i (ej ) = δij , avec
δij = 1 si i = j et δij = 0 si i = j, forment une base de M ∗ , appelée la base duale
de la base (ei )1in .
172
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 173 — #187
i i
2. Dualité
est une forme linéaire sur M ∗ et donc un élément de M ∗∗ , que l’on notera x̃. On
en déduit une application
cM : M −→ M ∗∗
x −→ x̃
qui est A-linéaire et canonique.
Exercice E5.
1. Donner un exemple de groupe abélien de type fini M tel que cM ne soit pas
injective.
2. Montrer que si E est un espace vectoriel de dimension infinie, cM n’est pas
surjective.
173
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 174 — #188
i i
Théorème 2.8. Si le A-module M est libre (resp. libre de rang fini), l’application
canonique cM : M −→ M ∗∗ est injective (resp. bijective).
Démonstration. Soient (ei )i∈I une base du A-module M et (e∗i )i∈I sa base duale.
On a vu ci-dessus que pour tout x ∈ M , e∗i (x) = xi est la i-ième coordonnée de
x dans la base (ei )i∈I . Soit x ∈ M tel que x̃ = 0. On a donc y ∗ (x) = 0 pour tout
y ∗ ∈ M ∗ , donc en particulier pour y ∗ = e∗i , i ∈ I. On en déduit que xi = 0, i ∈ I,
d’où x = 0 et cM est injective.
Supposons que card(I) = n est fini. Puisque e∗i , ẽj = e∗i (ej ) = δij , la famille
(e˜j )1jn est la base duale de la base (e∗i )1in . L’application cM transforme donc
une base de M en une base de M ∗∗ , elle est bijective. ♦
Remarques 2.9.
a) L’application cM étant canonique, on déduit de ce qui précède que si M est
un A-module libre de rang fini, les A-modules M et M ∗∗ sont canoniquement
isomorphes.
b) Si M est un A-module libre de rang fini et si (ei )1in est une base de M ,
alors (cM (ei ))1in est la base duale de (e∗i )1in .
c) Si M est un A-module libre de rang fini, toute base de M ∗ est la base duale
d’une base de M (il suffit de remarquer que, si (fi )1in est une base de M ∗ , sa
base duale (fi∗ )1in est une base de M ∗∗ et d’identifier M ∗∗ à M par cM ).
u
M −−−−→ N
⏐ ⏐
⏐
cM
⏐c
N
M ∗∗ −−−−→ N ∗∗
t (t u)
174
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 175 — #189
i i
3. Orthogonalité
3. Orthogonalité
Remarque 3.2. Si N est une partie d’un A-module M , alors pour tout y ∗ , tout
z ∗ ∈ N ⊥ et tout λ ∈ A, on a y ∗ + z ∗ ∈ N ⊥ et λ y ∗ ∈ N ⊥ , autrement dit N ⊥ est
un sous-A-module de M ∗ .
Proposition 3.3.
(i) Si N ⊂ P sont deux parties d’un A-module M , alors P ⊥ ⊂ N ⊥ .
(ii) Si (Ni )i∈I est une famille de parties d’un A-module M , alors
# $⊥
'
Ni = Ni⊥ ,
i∈I i∈I
Démonstration.
(i) Le morphisme t u est défini par
Or,
(u(N ))⊥ = {y ∗ ∈ M ∗ | u(x), y ∗ = 0, x ∈ N },
175
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 176 — #190
i i
d’où,
(u(N ))⊥ = {y ∗ ∈ M ∗ | x, t u(y ∗ ) = 0, x ∈ N }.
Autrement dit, y ∗ appartient à (u(N ))⊥ si et seulement si t u(y ∗ ) appartient à
N ⊥ . D’où (u(N ))⊥ = (t u)−1 (N ⊥ ).
(ii) On en déduit que
(u(M ))⊥ = (t u)−1 (M ⊥ ) = (t u)−1 (0) = Ker(t u). ♦
176
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 177 — #191
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
Les modules projectifs que nous allons introduire et étudier ci-dessous jouent
un rôle fondamental dans beaucoup de domaines des mathématiques. En effet, ils
constituent une classe de modules plus large que celle des modules libres, dont les
propriétés suffisent à résoudre de nombreux problèmes.
Nous allons d’abord introduire et étudier une notion duale, celle de module
injectif.
Nous avons vu, dans l’exercice E1, des exemples de A-modules M, M , N et
de morphismes u : M −→ M injectifs tels que les morphismes
associés ne soient pas surjectifs. Nous allons maintenant étudier une classe de
A-modules pour lesquels cela ne se produit pas.
Un A-module N est injectif si pour toute suite exacte de A-modules
M −→ M −→ M ,
u v
la suite de A-modules
est exacte.
1. Montrer qu’un A-module N est injectif si et seulement si, pour tout morphisme
injectif de A-modules u : M −→ M , le morphisme
est surjectif.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 178 — #192
i i
Algèbre T2
2. En déduire qu’un A-module N est injectif si et seulement si, pour tout mor-
phisme injectif de A-modules u : M −→ M et tout morphisme de A-modules
f : M −→ N , il existe un morphisme de A-modules g : M −→ N tel que
f = g ◦ u.
3. Montrer qu’un A-module N est injectif si et seulement si la propriété de la
question précédente est satisfaite lorsque M = A, M est un idéal de A et u est
l’injection canonique. (Pour montrer que la condition est suffisante, on considère
un morphisme injectif de A-modules u : M −→ M et un morphisme de A-modules
f : M −→ N . Soit F l’ensemble des couples (P, v), où P est un sous-A-module
de M contenant u(M ) et v : P −→ N un morphisme de A-modules tel que
f = v ◦ u. En munissant F d’une relation d’ordre adéquate et en appliquant le
lemme de Zorn, montrer que F admet un élément maximal (Q, g), avec Q = M ).
Un A-module N est divisible si
∀ a ∈ A, a = 0, ∀ x ∈ N, ∃ y ∈ N | x = ay.
0 −→ M −→ M −→ M
u v
178
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 179 — #193
i i
M −→ M −→ M
u v
la suite de A-modules
u v
HomA (N, M ) −→ HomA (N, M ) −→ HomA (N, M )
est exacte.
10. Montrer qu’un A-module N est projectif si et seulement si pour tout mor-
phisme surjectif de A-modules v : M −→ M , le morphisme
est surjectif.
11. En déduire qu’un A-module N est projectif si et seulement si, pour tout mor-
phisme surjectif de A-modules v : M −→ M et tout morphisme de A-modules
f : N −→ M , il existe un morphisme de A-modules g : N −→ M tel que f = v◦g.
12. Montrer que si (Ni )i∈I est une famille de A-modules, le A-module i∈I Ni
est projectif si et seulement si chaque Ni est projectif.
13. En déduire qu’un A-module libre est projectif.
On en déduit donc que tout A-module est isomorphe à un quotient d’un
A-module projectif.
14. Montrer qu’un A-module N est projectif si et seulement s’il est facteur direct
d’un A-module libre.
15. Montrer qu’un A-module N est projectif si et seulement si toute suite exacte
de A-modules
0 −→ M −→ M −→ N −→ 0
est scindée.
16. Soit A un anneau intègre. Montrer que tout A-module projectif est sans tor-
sion. Montrer que la réciproque est fausse (considérer A = Z et M = Q).
179
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 180 — #194
i i
Algèbre T2
180
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 181 — #195
i i
10. Montrer que E = j∈J Ej est un module contenu dans P et que E ∈ E(M, P ).
Vérifier que E = Σj∈J Ej .
11. En déduire qu’il existe une extension essentielle maximale E de M contenue
dans P (utiliser le lemme de Zorn).
On se propose de démontrer le résultat suivant.
σ = π|E : E −→ I/H
181
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 182 — #196
i i
Algèbre T2
Les modules quotients Mi /Mi+1 sont appelés les quotients de la suite de com-
position et n est sa longueur (n est le nombre de quotients).
Si pour tout i, 0 i n − 1, on a Mi = Mi+1 , on dit que la suite de
composition est strictement décroissante.
Soient Σ et Σ deux suites de composition d’un A-module M :
182
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 183 — #197
i i
183
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 184 — #198
i i
Algèbre T2
cM : M −→ D(D(M ))
184
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 185 — #199
i i
Deuxième partie
Algèbre multilinéaire
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 186 — #200
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 187 — #201
i i
VIII
PRODUIT TENSORIEL
ALGÈBRE TENSORIELLE
ALGÈBRE SYMÉTRIQUE
1. Applications bilinéaires
∀ y ∈ N, fx (y) = f (x, y)
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 188 — #202
i i
Avec ces notations, l’application f est A-bilinéaire si et seulement si, pour tout
x ∈ M et tout y ∈ N , les applications fx et fy sont A-linéaires.
On définit sur l’ensemble HomA (M, N ; P ) une addition et une multiplication
par les scalaires de la manière suivante : pour tous f, f1 , f2 dans HomA (M, N ; P ),
pour tout a dans A et pour tout (x, y) dans M × N , on pose
Proposition 1.2. Muni de ces deux opérations, HomA (M, N ; P ) est un A-module.
♦
définie par
définie par
∀ θ ∈ HomA (M, HomA (N, P )), ΨM,N,P (θ) = f
est A-linéaire et que
Cela prouve que ΦM,N,P et ΨM,N,P sont des isomorphismes réciproques l’un de
l’autre. ♦
188
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 189 — #203
i i
2. Produit tensoriel
définie par HomA (u, N ; P )(f ) = f , avec f définie par f (x, y) = f (u(x), y). On
rappelle que l’on a une application A-linéaire
ΦM ,N,P
HomA (M , N ; P ) −−−−−→ HomA (M , HomA (N, P ))
⏐ ⏐
⏐
HomA (u,N ;P )
⏐
u
HomA (M, N ; P ) −−−−−→ HomA (M, HomA (N, P ))
ΦM,N,P
Montrer que l’on obtient des carrés commutatifs analogues si l’on considère des
applications linéaires v ∈ HomA (N, N ) et w ∈ HomA (P, P ).
Ces commutativités expriment que le morphisme ΦM,N,P est fonctoriel.
2. Produit tensoriel
189
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 190 — #204
i i
Autrement dit :
Donc x ⊗ y est la classe dans M ⊗ N= L/Q de l’élément e(x,y) . Puisque tout
élément de L s’écrit de manière unique finie a(x,y) e(x,y) , tout élément de M ⊗ N
s’écrit de manière non unique finie a(x,y) x ⊗ y, avec a(x,y) ∈ A.
Ce qui précède se résume en la proposition suivante.
(x1 + x2 ) ⊗ y = x1 ⊗ y + x2 ⊗ y
x ⊗ (y1 + y2 ) = x ⊗ y1 + x ⊗ y2
(ax) ⊗ y = x ⊗ (ay) = a(x ⊗ y)
pour tous x, x1 , x2 ∈ M , y, y1 , y2 ∈ N et a ∈ A. ♦
Proposition 2.5.
(i) Si x = 0 ou y = 0, alors x ⊗ y = 0.
(ii) Les A-modules M ⊗A N et N ⊗A M sont isomorphes.
(iii) Les A-modules A ⊗A M , M ⊗A A et M sont isomorphes.
190
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 191 — #205
i i
2. Produit tensoriel
191
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 192 — #206
i i
(u ⊗ v) ◦ (u ⊗ v ) = (u ◦ u ) ⊗ (v ◦ v ).
N −→ N −→ N −→ 0
u v
est exacte.
Démonstration. Soient
N −→ N −→ N −→ 0
u v
Cela étant vrai pour tout A-module P , d’après le théorème VII.1.3, la suite
⊗u ⊗v
M ⊗A N −→
Id Id
M M
M ⊗A N −→ M ⊗A N −→ 0
est exacte.
Le même raisonnement appliqué dans l’autre sens montre que, si cette dernière
suite est exacte pour tout A-module M , c’est en particulier le cas pour M = A
et la suite
N −→ N −→ N −→ 0
u v
est exacte. ♦
Remarque 2.10. Ce qui précède montre que si v est un morphisme surjectif, pour
tout A-module M , le morphisme IdM ⊗ v est aussi surjectif.
192
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 193 — #207
i i
Attention. Cette propriété est fausse pour l’injectivité, comme le montre l’exemple
ci-dessous (cf. aussi TR.VIII.A).
Démonstration. La suite
0 −→ a −→ A −→ A/a
est exacte. Par conséquent, pour tout A-module M , la suite
a ⊗A M −→ A ⊗A M −→ A/a ⊗A M −→ 0
0 −→ aM −→ M −→ A/a ⊗ M −→ 0
Théorème 3.1. Soient I un ensemble d’indices, (Mi )i∈I une famille de A-modules
et N un A-module. On a un isomorphisme naturel de A-modules
# $
Mi ⊗A N (Mi ⊗A N ).
i∈I i∈I
193
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 194 — #208
i i
Démonstration. Tout élément de ( Mi ) × N s’écrit de manière unique
i∈I
(Σi∈S xi , y), où S est un sous-ensemble fini de I. On considère l’application
# $
Mi × N −→ (Mi ⊗A N )
i∈I i∈I
définie par (Σi∈S xi , y) → Σi∈S (xi ⊗ y). On vérifie facilement que c’est une appli-
cation A-bilinéaire, d’où une application A-linéaire
# $
Mi ⊗A N −→ (Mi ⊗A N ).
i∈I i∈I
d’où le résultat. ♦
Corollaire 3.3. Si M et N sont des A-modules libres de bases respectives {xi }i∈I
et {yj }j∈J , le A-module M ⊗A N est libre de base {xi ⊗ yj }i∈I,j∈J .
Démonstration. Il est clair que {xi ⊗ yj }i∈I,j∈J est une famille généra-
trice du A-module M ⊗A N . Si Σi,j ai,j (xi ⊗ yj ) = 0 (somme finie), alors
Σj (Σi ai,j xi ) ⊗ yj = 0. D’après l’unicité de l’écriture démontrée au corollaire 3.2,
cela implique Σi ai,j xi = 0 pour tout j de J, d’où ai,j = 0 pour tout (i, j) ∈ I × J.
La famille {xi ⊗ yj }i∈I,j∈J est donc libre. ♦
194
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 195 — #209
i i
Démonstration. Soient {vi }i∈I une base de M et {wj }j∈J une base de N (I et J
ensembles finis), alors {vi ⊗ wj }(i,j)∈I×J est une base du A-module M ⊗A N . Pour
tout (i, j) et (i , j ) de I × J, il existe un unique fi,i ∈ EndA (M ) et un unique
gj,j ∈ EndA (N ) tels que
f (vi ) = vi et f (vk ) = 0 si k = i
g(wj ) = wj et g(wl ) = 0 si l = j.
Il est facile de vérifier que les familles {fi,i }(i,i )∈I×I et {gj,j }(j,j )∈J×J sont des
bases respectives des A-modules EndA (M ) et EndA (N ). On a
(fi,i ⊗g
˜ j,j )(vk ⊗ wl ) = vi ⊗ wj si (k, l) = (i, j)
(fi,i ⊗g
˜ j,j )(vk ⊗ wl ) = 0 sinon
donc {fi,i ⊗g
˜ j,j }(i,i )∈I×I,(j,j )∈J×J est une base du A-module EndA (M ⊗A N ).
Puisque {fi,i ⊗ gj,j }(i,i )∈I×I,(j,j )∈J×J est une base du A-module
EndA (M ) ⊗A EndA (N ), on a le résultat. ♦
195
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 196 — #210
i i
∀ (x, y, z) ∈ M × N × P, x ⊗ (y ⊗ z) → (x ⊗ y) ⊗ z.
f : M × (N ⊗A P ) −→ (M ⊗A N ) ⊗A P
définie par (x, t) → f˜x (t) est A-bilinéaire, d’où l’application A-linéaire
f˜ : M ⊗A (N ⊗A P ) −→ (M ⊗A N ) ⊗A P
définie par x ⊗ (y ⊗ z) → (x ⊗ y) ⊗ z.
En faisant le même raisonnement dans l’autre sens, on obtient une application
A-linéaire
g̃ : (M ⊗A N ) ⊗A P −→ M ⊗A (N ⊗A P )
définie par (x ⊗ y) ⊗ z → x ⊗ (y ⊗ z) et l’on vérifie que f˜ et g̃ sont inverses l’une
de l’autre. ♦
Nous allons donner ici une version plus conceptuelle du produit tensoriel de
n 3 modules, sous forme de solution d’un problème universel analogue au
théorème 2.2.
196
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 197 — #211
i i
Applications multilinéaires
Applications multilinéaires
M1 × · · · × Mn → L −→ L/Q
Définition 4.3. Le A-module L/Q est appelé produit tensoriel des A-modules
M1 , . . . , Mn et est noté M1 ⊗A · · · ⊗A Mn .
197
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 198 — #212
i i
ϕ (f ) : ϕ (M ) −→ ϕ (N )
Le lecteur vérifiera que cette opération munit bien ϕ
(B) ⊗A M d’une structure
de B-module. On note ϕ
(M ) ce B-module.
Si f : M −→ N est un morphisme de A-modules, on pose ϕ
(f ) = Idϕ (B) ⊗f ;
c’est un morphisme de B-modules (le vérifier).
On appelle ϕ
ainsi définie l’extension des scalaires.
198
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 199 — #213
i i
∀ x, x ∈ A ∀ y, y ∈ B, (x ⊗ y)(x ⊗ y ) = xx ⊗ yy .
A × A −→ A, B × B −→ B,
u : A ⊗K A −→ A, v : B ⊗K B −→ B
(A ⊗K B) ⊗K (A ⊗K B) −→ (A ⊗K A) ⊗K (B ⊗K B)
199
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 200 — #214
i i
(A ⊗K B) ⊗K (A ⊗K B) −→ A ⊗K B
(A ⊗K B) × (A ⊗K B) −→ A ⊗K B
ψ : M × N −→ HomA (M, N )
définie par (f, y) → (ψ(f, y) : x → f (x)y). Montrons que cette application est
A-bilinéaire. Pour tout f, g ∈ M
, y, y ∈ N , λ ∈ A et pour tout x ∈ M , on a
ϕ : M ⊗A N −→ HomA (M, N )
Proposition 7.1. Si l’un des A-modules M ou N est libre de rang fini, alors l’ap-
plication ϕ est un isomorphisme.
200
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 201 — #215
i i
Démonstration. Supposons que M soit libre de type fini et notons {e1 , . . . , en } une
base. On sait que le A-module M
est libre et possède une base {1 , . . . , n } définie
par i (ej ) = δi,j , 1 i, j n. D’après lecorollaire 3.2, on sait que tout élément
n
de M ⊗A N s’écrit de manière unique i=1 i ⊗ yi . On a
# n $
n
ϕ i ⊗ y i = ϕ(i ⊗ yi )
i=1 i=1
Montrons que ϕ est surjective. Soit u ∈ HomA (M, N ) déterminén par les u(ej ),
1 j n. En posant u(ej ) = uj , 1 j n,on a alors u = ϕ( i=1 i ⊗ ui ).
Montrons que ϕ est injective.
n On a ϕ( ni=1 i ⊗ yi ) = 0 si et seulement si,
pour tout j, 1 j n, ϕ( i=1 i ⊗ yi )(ej ) = 0, c’est-à-dire,
n si et seulement si,
pour tout j, 1 j n, yj = 0, donc si et seulement si i=1 i ⊗ yi = 0.
201
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 202 — #216
i i
Remarques 7.2.
a) On sait que si M est un A-module libre de rang fini, les A-modules M et
M
sont isomorphes non canoniquement, alors qu’ici ϕ est canonique (i.e. défini
indépendamment du choix d’une base).
b) Les hypothèses sont nécessaires. En effet, considérons le cas A = Z,
M = N = Z/2Z. On a M
= 0, d’où M
⊗A N = 0, alors que HomZ (Z/2Z, Z/2Z)
est non nul car il contient l’identité.
c) Si M est un A-module libre de rang fini, on a l’isomorphisme
M ⊗A M −→ EndA (M ).
M × M −→ A
(f, x) → f (x)
est A-bilinéaire et induit une application A-linéaire
γ : M ⊗A M −→ A
ϕ : M ⊗A M −→ EndA (M )
Proposition 7.3. Avec les notations ci-dessus, pour tout A-module libre de rang
fini M et tout endomorphisme u de M , la trace de u est égale à γ(ϕ−1 (u)).
202
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 203 — #217
i i
8. Algèbre tensorielle
8. Algèbre tensorielle
ϕp,q : T p (M ) × T q (M ) −→ T p+q (M )
par : pour tous a et b dans A, pour tout x dans T p (M ), pour tout y dans T q (M ),
ϕp,q (x1 ⊗ · · · ⊗ xi ⊗ · · · ⊗ xp , y1 ⊗ · · · ⊗ yj ⊗ · · · ⊗ yq ) =
x1 ⊗ · · · ⊗ xi ⊗ · · · ⊗ xp ⊗ y1 ⊗ · · · ⊗ yj ⊗ · · · ⊗ yq .
On note
ϕ : T (M ) × T (M ) −→ T (M )
203
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 204 — #218
i i
Remarques 8.3.
a) Si x1 , . . . , xn sont des éléments de M , le produit iM (x1 ) · · · iM (xn ) dans
T (M ) est x1 ⊗ · · · ⊗ xn .
b) L’algèbre T (M ) est non commutative.
et
204
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 205 — #219
i i
8. Algèbre tensorielle
Exercice E4.
1. Soient A un anneau commutatif et X1 , . . . , Xndes variables. On note
A{X1 , . . . , Xn } l’ensemble des expressions de la forme finie ai1 ,...,in X1i1 · · · Xnin ,
avec ai1 ,...,in ∈ A, dans lesquelles les éléments de A commutent avec les Xi ,
1 i n, mais les variables Xi , 1 i n, ne commutent pas entre elles.
Montrer que la somme, définie de manière évidente, et le produit, défini par
concaténation, i.e.
ai1 ,...,in X1i1 · · · Xnin bj1 ,...,jn X1j1 · · · Xnjn = ai1 ,...,in bj1 ,...,jn X1i1 · · · Xnin X1j1 · · · Xnjn
étendu linéairement, munissent A{X1 , . . . , Xn } d’une structure de A-algèbre.
On appelle cette A-algèbre l’algèbre des polynômes non commutatifs à co-
efficient dans A.
2. Étendre cette construction pour un ensemble quelconque de variables
(Xi )i∈I . On note A{Xi }i∈I la A-algèbre ainsi obtenue.
3. Soit M un A-module libre de base (xi )i∈I . Montrer que la A-algèbre T (M )
est isomorphe à la A-algèbre A{Xi }i∈I (montrer que A{Xi }i∈I est solution du
problème universel d’algèbre tensorielle de M ).
Remarque 8.6. Le lecteur vérifiera facilement que ces prolongements sont compa-
tibles à la composition, i.e. v ◦ u = v ◦ u.
205
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 206 — #220
i i
9. Algèbre symétrique
On reprend le problème universel de la définition 8.1 en supposant, de plus,
que les algèbres considérées sont commutatives.
S’il existe, le couple (S(M ), jM ) est solution d’un problème universel, donc
est unique à un unique isomorphisme près.
Le morphisme f : T (M ) −→ R vérifie, pour tout x et tout y dans M ,
f (x⊗y) = f (x)f (y) et f (y ⊗x) = f (y)f (x). Puisque l’algèbre R est commutative,
on a f (x)f (y) = f (y)f (x), donc x⊗y −y ⊗x appartient à Ker(f ). Par conséquent,
Ker(f ) contient l’idéal bilatère a engendré par les éléments x ⊗ y − y ⊗ x, pour x
et y parcourant M .
On pose S(M ) = T (M )/a et l’on note jM la composée de iM et de la projection
canonique π : T (M ) −→ S(M ).
f˜ ◦ jM = f˜ ◦ (π ◦ iM ) = (f˜ ◦ π) ◦ iM = f ◦ iM = f.
206
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 207 — #221
i i
9. Algèbre symétrique
Souvent, par abus de langage, on dit que l’algèbre symétrique de M est S(M ),
le morphisme jM étant sous-entendu.
Exercice E6. Soit M un A-module libre de base (xi )i∈I . Montrer que la A-algèbre
S(M ) est isomorphe à la A-algèbre de polynômes A[Xi ]i∈I .
Exercice E7. Avec les notations de l’exercice E5, que peut-on dire de l’algèbre
S(M/N ) ?
207
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 208 — #222
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 209 — #223
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
Dans tout ce qui suit, A est un anneau commutatif. Un A-module M est dit
plat si, pour toute suite exacte de A-modules
N −→ N −→ N
u v
la suite de A-modules
⊗u ⊗v
M ⊗A N −→
Id Id
M M
M ⊗A N −→ M ⊗A N
N −→ N −→ N
u v
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 210 — #224
i i
Algèbre T2
210
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 211 — #225
i i
211
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 212 — #226
i i
Algèbre T2
212
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 213 — #227
i i
IX
PRODUIT EXTÉRIEUR
ALGÈBRE EXTÉRIEURE
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 214 — #228
i i
f (x1 , . . . , xi , . . . , xj , . . . , xn ) = 0,
(iv) ∀ a ∈ A, ∀ i, j, 1 i n, 1 j n, i = j,
Démonstration.
(i) Posons f˜(xi , xi+1 ) = f (x1 , . . . , xi , xi+1 , . . . , xn ) ; f˜ est une application bili-
néaire alternée. On a
y1 = a11 x1 + · · · + a1n xn
.......................................
.......................................
yn = an1 x1 + · · · + ann xn
214
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 215 — #229
i i
2. Déterminants
On déduit de ce qui précède que si (e1 , . . . , en ) est une base d’un A-module
libre M , toute application n-multilinéaire alternée f définie sur M est entièrement
déterminée par la donnée de f (e1 , . . . , en ). En particulier, il existe une et une seule
forme n-multilinéaire alternée f : M −→ A telle que f (e1 , . . . , en ) = 1. Dans ce
cas, on notera D cette forme n-multilinéaire alternée. Par conséquent, si ai,j ,
1 i n, 1 j n, sont les composantes des éléments y1 , . . . , yn relativement à̀
la base (e1 , . . . , en ), on a
D(y1 , . . . , yn ) = sgn(σ)a1σ(1) · · · anσ(n) .
σ∈Sn
2. Déterminants
Pour la commodité du lecteur nous rappelons ici quelques notions bien connues
sur le déterminant dont nous ferons usage dans la suite.
On note Mn (A) le A-module des matrices (n, n) à coefficients dans A. Une
matrice B de Mn (A) sera notée B = (bij ), bij ∈ A, 1 i n, 1 j n,
où i est l’indice de la ligne et j est celui de la colonne. On notera dans la suite
B1 , . . . , Bn ses colonnes. On rappelle que toute matrice (n, n) peut être vue comme
représentation d’un endomorphisme u d’un A-module libre de rang n relative-
ment à une base {e1 , . . . , en } de ce module. Dans ce cas, pour tout 1 i n,
Bi = b1i e1 + · · · + bni en (comme il est usuel, on identifie le vecteur de base ei avec
la colonne dont toutes les composantes sont nulles, sauf la i-ième qui vaut 1).
215
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 216 — #230
i i
Les matrices Bik et Bik+1 sont égales, ainsi que les coefficients bik et bik+1 , donc
det(B) = 0.
Exercice E1.
1. Soient B ∈ Mn (A) et t B sa transposée. Montrer que det(t B) = det(B).
216
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 217 — #231
i i
3. Produit extérieur
Montrer que
f (y1 , . . . , yn ) = det(B)f (x1 , . . . , xn ).
En particulier, si u est un endomorphisme de M , il existe un scalaire, noté det(u),
tel que
f (u(x1 ), . . . , u(xn )) = det(u)f (x1 , . . . , xn ).
3. Produit extérieur
217
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 218 — #232
i i
Tout élément de T p (M ) s’écrivant finie ai1 ...ip xi1 ⊗
· · · ⊗ xip , avec ai1 ...ip ∈ A
et xij ∈ M pour tout ij , tout élément de Λ (M ) s’écrit finie ai1 ...ip xi1 ∧ · · · ∧ xip ,
p
βM,p : M p −→ T p (M ) −→ Λp (M )
qui à (x1 , . . . , xp ) associe x1 ∧· · ·∧xp . Il est clair qu’elle est p-multilinéaire alternée.
Par conséquent, les éléments x1 ∧ · · · ∧ xp satisfont aux relations et propriétés
démontrées au paragraphe 1.
– Si r > n, pour tout r-uple (i1 , . . . , ir ), il existe j = k tels que eij = eik et
ei1 ∧ · · · ∧ eir = 0, d’où x = 0.
– Si r = n, d’après la relation d’antisymétrie, tout générateur de Λn (M )
s’écrit, à un signe près, e1 ∧ . . . ∧ en . Par conséquent, tout élément de Λn (M ) est
218
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 219 — #233
i i
3. Produit extérieur
les termes correspondants à tous les r-uples (i1 , . . . , ir ) différents de j sont nuls
car l’un des ik , 1 j r, est égal à l’un des js , r + 1 s n. Le seul élément
qui reste dans cette somme est aj ej1 ∧ · · · ∧ ejr ∧ ejr+1 ∧ · · · ∧ ejn , qui est donc nul.
Or, à un signe près, cet élément est égal à aj e1 ∧ · · · ∧ en . D’après le cas précédent,
on a donc aj = 0. Comme cela est vrai pour tout j, on a ai = 0 pour tout i et
la famille des éléments ei1 ∧ · · · ∧ eir (i1 < · · · < ir ) parcourant les parties à r
éléments de l’ensemble {1, . . . , n} est libre. C’est donc une base de Λr (M ).
Pour n = 0, on pose Λ0 (M ) = A. ♦
Démonstration. Montrons que (i) implique (ii). Si les éléments x1 , . . . , xp sont li-
néairement indépendants, d’après le théorème de la base incomplète, on peut
compléter {x1 , . . . , xp } en une base {x1 , . . . , xp , xp+1 , . . . , xn } de V . D’après le
théorème ci-dessus, l’élément x1 ∧ · · · ∧ xp ∧ xp+1 ∧ · · · ∧ xn est non nul, il en est
donc de même de l’élément x1 ∧ · · · ∧ xp . p
p Montrons que (ii) implique (i).
p Supposons que 1 ai xi = 0, alors
1 ai x i ∧ x 2 ∧ · · · ∧ x n = 0. Mais, 1 ai xi ∧ x2 ∧ · · · ∧ x n = a1 (x1 ∧ · · · ∧ xn ) ;
d’après (ii), cet élément est nul si et seulement si a1 = 0. On peut faire ce raison-
nement pour tout ai , ce qui prouve (i). ♦
219
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 220 — #234
i i
Λp (M ) −→ Λp (N ),
Exercice E3.
1. Soient M , N des A-modules et u : M −→ N une application A-linéaire.
Montrer que Λp (u) est obtenue à partir de u⊗p : M ⊗p −→ N ⊗p par passage au
quotient.
2. Montrer que Λp (v ◦ u) = Λp (v) ◦ Λp (u).
220
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 221 — #235
i i
(x, y) → (x + 0) ∧ (0 + y) = x ∧ y
ψ : Λ2 (M ) ⊕ Λ2 (N ) ⊕ (M ⊗A N ) −→ Λ2 (E)
vérifiant
E × E −→ Λ2 (M ) ⊕ Λ2 (N ) ⊕ (M ⊗A N )
θ : Λ2 (E) −→ Λ2 (M ) ⊕ Λ2 (N ) ⊕ (M ⊗ N )
221
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 222 — #236
i i
On considère l’application
αp,q : E n −→ Λp (M ) ⊗A Λq (N )
définie par
αp,q (x1 +y1 , . . . , xn +yn ) = sgn(σ)(xσ(i1 ) ∧· · ·∧xσ(ip) )⊗(yσ(j1 ) ∧· · ·∧yσ(jq ) ).
σ∈Sp,q
On vérifie que αp,q est une application n-multilinéaire alternée. On en déduit une
application A-linéaire
α̂p,q : Λn (E) −→ Λp (M ) ⊗A Λq (N )
vérifiant
α̂p,q ((x1 +y1 )∧· · ·∧(xn +yn )) = sgn(σ)(xσ(i1 ) ∧· · ·∧xσ(ip) )⊗(yσ(j1 ) ∧· · ·∧yσ(jq ) ).
σ∈Sp,q
Les applications α̂pq , pour (p, q) couple d’entiers positifs ou nuls tels que p+q = n,
induisent, par propriété universelle du produit, une application A-linéaire
α : Λn (E) −→ (Λp (M ) ⊗A Λq (N )).
p+q=n
βp,q : Λp (M ) × Λq (N ) −→ Λn (E)
222
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 223 — #237
i i
5. Algèbre extérieure
définie par
β̃p,q : Λp (M ) ⊗A Λq (N ) −→ Λn (E).
Les applications β̃p,q , pour (p, q) couple d’entiers positifs ou nuls tels que p+q = n,
induisent, par propriété universelle de la somme directe, une application A-linéaire
β: (Λp (M ) ⊗A Λq (N )) −→ Λn (E).
p+q=n
5. Algèbre extérieure
T p (M )/(T p (M ) ∩ J) = Λp (M ).
On a donc
Λ(M ) = Λp (M ).
p
Théorème 5.1. Pour toute A-algèbre associative unitaire R, pour toute application
A-linéaire f de M dans le A-module sous-jacent à R vérifiant f 2 (x) = 0 pour
tout x dans M , il existe un unique morphisme d’algèbres associatives unitaires
fˆ : Λ(M ) −→ R tel que fˆ ◦ kM = f .
223
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 224 — #238
i i
224
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 225 — #239
i i
THÈMES DE RÉFLEXION
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 226 — #240
i i
Algèbre T2
226
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 227 — #241
i i
S(V ) ⊗ V −→ Ω1S(V )|k (on montrera que l’application S(V ) −→ S(V ) ⊗ V définie
par v1 ⊗ · · · ⊗ vn → i (v1 ⊗ · · · ⊗ v̂i ⊗ · · · ⊗ vn ⊗ vi ), où v̂i signifie que l’on omet
vi , est une dérivation universelle : conclure).
Pour tout n 1, on pose ΩnA|k = ΛnA Ω1A|k et, par convention, on pose Ω0A|k = A.
On appelle ces modules modules des formes différentielles.
10. Avec les données de la question 9, montrer que l’on a un isomorphisme cano-
nique
ΩnS(V )|k S(V ) ⊗ Λn V.
227
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 228 — #242
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 229 — #243
i i
APPENDICE
1. Ensembles ordonnés
Définition 1.1. Une relation d’ordre sur un ensemble E est une relation bi-
naire R satisfaisant les conditions suivantes :
(i) ∀ x ∈ E, xRx (réflexivité),
(ii) ∀ x ∈ E, ∀ y ∈ E, [xRy] et [yRx] =⇒ [x = y] (antisymétrie),
(iii) ∀ x ∈ E, ∀ y ∈ E, ∀z ∈ E, [xRy] et [yRz] =⇒ [xRz] (transitivité).
Un ensemble ordonné est la donnée d’un couple (E, R), où E est un
ensemble et R une relation d’ordre définie sur E.
Exemples 1.2.
a) La relation sur l’ensemble N est une relation d’ordre.
b) Pour tout ensemble E, la relation d’inclusion est une relation d’ordre sur
l’ensemble P(E), ensemble des parties de E.
c) La relation R définie sur N∗ par xRy si x est un diviseur de y est une
relation d’ordre.
d) Soient E un ensemble et (F, R) un ensemble ordonné. On définit sur
G = F(E, F ), ensemble des applications de E dans F , une relation d’ordre,
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 230 — #244
i i
Algèbre T2
notée R , par
∀ f ∈ G, ∀ g ∈ G, f R g si et seulement si ∀ x ∈ E, f (x)Rg(x).
Pour plus de commodité, sauf mention explicite, nous noterons une relation
d’ordre définie sur un ensemble E par et nous écrirons « soit E un ensemble
ordonné ».
Exemples 1.4.
a) Soient E un ensemble et F le sous-ensemble de P(E) formé des parties non
vides de E. Les éléments minimaux de F sont les parties à un élément.
b) Dans l’ensemble des entiers naturels strictement plus grands que 1, ordonné
par la relation « m divise n », les éléments minimaux sont les nombres premiers.
c) L’ensemble R muni de l’ordre usuel n’a pas d’élément minimal ou maximal.
Exemples 1.6.
a) Dans l’exemple 1.2.a, 0 est le plus petit élément de N et il n’y a pas de plus
grand élément.
b) Dans l’exemple 1.2.b, ∅ et E sont, respectivement, le plus petit élément et
le plus grand élément de P(E).
c) Dans l’exemple 1.4.c, il n’y a ni plus petit ni plus grand élément.
230
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 231 — #245
i i
1. Ensembles ordonnés
Définition 1.8. Une partie X d’un ensemble ordonné E est totalement or-
donnée si, pour tout élément x et y de X, on a x y ou y x. Si c’est le
cas pour X = E, on dit que la relation d’ordre sur E est totale, ou que E est
totalement ordonné.
Exemples 1.9.
a) La relation d’ordre usuelle sur les ensembles N, Z, Q et R est totale.
b) La partie vide et toute partie réduite à un élément sont totalement ordon-
nées.
c) Si l’ensemble E admet au moins deux éléments, la relation d’ordre sur
l’ensemble P(E), induite par inclusion, n’est pas totale.
Définition 1.10. Un ensemble ordonné E est inductif si toute partie non vide
totalement ordonnée de E possède un majorant.
Ces ensembles possèdent l’importante propriété suivante, qui est utilisée très
souvent dans cet ouvrage.
Théorème 1.11 (lemme de Zorn). Tout ensemble ordonné inductif possède un élé-
ment maximal.
Remarques 1.12.
a) Ce théorème est équivalent à l’axiome du choix, dont des énoncés équi-
valents sont (entre autres) :
tout produit cartésien non vide d’ensembles non vides est un ensemble non
vide,
ou
pour tout ensemble E, il existe une application
f : P(E) \ {∅} −→ E
telle que
∀A ∈ P(E) \ {∅}, f (A) ∈ A.
b) Le lemme de Zorn est également équivalent au théorème de Zermelo énoncé
ci-dessous.
Définition 1.13. Un ensemble E est bien ordonné s’il est ordonné et si, pour
l’ordre considéré, toute partie non vide de E admet un plus petit élément.
231
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 232 — #246
i i
Algèbre T2
Théorème 1.14 (de Zermelo). Tout ensemble peut être bien ordonné. ♦
Remarque 1.15. Si une relation d’ordre définie sur un ensemble E le munit d’une
structure d’ensemble bien ordonné, cette relation d’ordre est totale (car toute
partie à deux éléments {x, y} a un plus petit élément). On en déduit donc que
tout ensemble peut être muni d’une relation d’ordre totale. Mais attention, toute
relation d’ordre définie sur un ensemble n’est pas nécessairement totale (comme
on l’a vu avec l’inclusion sur l’ensemble des parties d’un ensemble), de même
que toute relation d’ordre n’est pas nécessairement une relation de bon ordre.
L’existence d’une relation d’ordre totale qui ne soit pas une relation de bon ordre
est équivalente à l’axiome de l’infini énoncé ci-dessous.
Attention. On vient de définir l’égalité de deux cardinaux, mais on n’a pas dé-
fini la notion de cardinal. Il s’agit « intuitivement » du nombre d’éléments de
l’ensemble. Il est clair que l’égalité des cardinaux définit une relation d’équiva-
lence sur la « classe » des ensembles. On peut alors considérer le cardinal d’un
ensemble comme un représentant de sa classe d’équivalence.
On remarquera que dans la phrase ci-dessus, on parle de la « classe » des en-
sembles, car parler de « l’ensemble » des ensembles conduirait à une contradiction
(cet ensemble devant alors se contenir lui-même comme élément).
Définition 2.2. Un ensemble E est dit fini s’il existe un entier n tel que E soit
équipotent à l’ensemble {1, . . . , n}. On écrit alors Card(E) = n. On dit qu’un
ensemble est infini s’il n’est pas fini.
232
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 233 — #247
i i
Cela définit une relation d’ordre total sur les cardinaux. La réflexivité et la
transitivité sont évidentes. En revanche, l’antisymétrie, loin d’être évidente, est
donnée par le théorème suivant.
Exercice E1. Montrer que si E et F sont deux ensembles non vides, il existe une
application injective de E dans F si et seulement si il existe une application sur-
jective de F dans E (noter que la réciproque utilise l’axiome du choix).
233
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 234 — #248
i i
Algèbre T2
Ce qui précède montre que tout ensemble infini est au moins dénombrable, ou
que ℵ0 est le plus petit cardinal infini.
Nous allons maintenant définir des opérations sur les cardinaux.
Remarques 2.9.
sont disjoints, X ∩ Y = ∅, on note la réunion
a) Lorsque les ensembles X et Y *
de X et Y de la façon suivante : X Y , que l’on appelle réunion disjointe de
X et Y .
b) Les définitions ci-dessus n’ont de sens que si elles ne dépendent pas du
choix des ensembles X et Y . Le lecteur vérifiera qu’il en est bien ainsi.
Exercice E2. Montrer que si a, b et c sont des cardinaux, on a les identités sui-
vantes :
a + b = b + a, a + (b + c) = (a + b) + c, 0 + a = a,
ab = ba, a(bc) = (ab)c, 0a = 0, 1a = a,
a(b + c) = ab + ac
b+c
a = a a , (ab) = acbc, (ab)c = abc, a0 = 1, a1 = a,
b c c
234
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 235 — #249
i i
T × T = (Y × Y ) ∪ (Y × Z) ∪ (Z × Y ) ∪ (Z × Z).
Les ensembles apparaissant dans le second membre sont deux à deux disjoints et,
puisque Y et Z sont équipotents, on a
Card(Y × Z) = Card(Z × Z) = b2 = b,
d’où
Card((Y × Z) ∪ (Z × Y ) ∪ (Z × Z)) = 3b = b.
235
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 236 — #250
i i
Algèbre T2
Corollaire 2.12.
(i) Si a est un cardinal infini, pour tout entier n 1, on a an = a.
(ii) Le produit d’une famille finie de cardinaux non nuls, dont le plus grand a
est infini, est égal à a.
(iii) Soient a un cardinal infini, I un ensemble de cardinal inférieur
ou égal à
a, (ai )i∈I une famille de cardinaux inférieurs ou égaux à a. Alors i∈I ai a.
Si de plus, ai = a pour un indice i, alors i∈I ai = a.
(iv) Soient a et b deux cardinaux non nuls dont l’un au moins est infini. Alors
ab = a + b = sup(a, b).
Théorème 2.13.
(i) Tout produit cartésien fini d’ensembles dénombrables est un ensemble dé-
nombrable.
(ii) Soient I unensemble dénombrable et, pour tout i ∈ I, Ei un ensemble
dénombrable. Alors i∈I Ei est un ensemble dénombrable.
Proposition 2.15. Si f est une application surjective d’un ensemble E sur un en-
semble infini F telle que, pour tout élément x de F , l’ensemble {f −1 (x)} est
dénombrable, alors les ensembles E et F sont équipotents.
Proposition 2.16. Si E est un ensemble infini, l’ensemble F(E) des parties finies
de E est équipotent à E.
236
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 237 — #251
i i
Attention. Ce résultat est faux pour l’ensemble P(E) des parties quelconques de E
(cf. exercice ci-dessous).
237
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 238 — #252
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 239 — #253
i i
BIBLIOGRAPHIE
Tous les résultats présentés dans ce livre (sauf dans l’Appendice) sont entièrement dé-
montrés. Les quelques références à la théorie des groupes ou des corps qui sont utilisées
se trouvent dans :
[G-H] Guin, D., Hausberger, T. Algèbre I. Groupes, Corps et Théorie de Galois. (2008).
EDP Sciences.
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 240 — #254
i i
7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 241 — #255
i i
INDEX TERMINOLOGIQUE
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 242 — #256
i i
Algèbre T2
242
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 243 — #257
i i
Index terminologique
243
i i
i i
i i
“anneaux” — 2013/9/23 — 8:08 — page 244 — #258
i i
Algèbre T2
244
i i
i i