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la revue des professionnels de l’audit, du contrôle et des risques

Dans l’actualité
 Naufrage du Costa Concordia :
qu’aurait dit l’audit interne ?

 Comment un audit interne doit-il


contribuer à la gestion de crise ?

Idées et débats
Dispositif national de prévention et
de traitement des risques dans le
domaine de la santé

Interview
De nouvelles ambitions pour l’IFACI

La profession en
QUELLES RELATIONS
mouvement ...
ENTRE L’AUDIT INTERNE
Fiche technique ET LA GESTION DES
> La conscience professionnelle :
une qualité fondamentale de RISQUES ?
l’auditeur
De la séparation stricte des fonctions
à un service regroupé

N°208
Février - Mars 2012
Marquez des points ...
avec la nouvelle certification
professionnelle

Professionnels de l’audit et du contrôle internes, cette nouvelle certification vous permettra de dé-
montrer votre professionnalisme dans le domaine de l’évaluation de la gestion des risques, et plus
particulièrement votre capacité à :
 évaluer la maîtrise des risques et la gouvernance des processus métiers de votre organisation ;
 sensibiliser la direction et le comité d’audit aux concepts liés aux risques et à la maîtrise des
risques ;
 vous centrer sur les risques stratégiques de l’organisation ;
 apporter encore plus de valeur ajoutée à votre organisation.

Disponible, à la fin du premier semestre 2013, sous la forme d’un examen, le CRMA™ est ac-
cessible dès aujourd’hui via un processus de Reconnaissance de l’Expérience Profes-
sionnelle (REP). Ainsi, toute personne justifiant d’une expérience professionnelle
dans les cinq domaines couverts par la certification CRMA™, et titulaire de di-
plômes et/ou de tout autre certificat dans le domaine de l’audit, sera en mesure
de faire une demande de REP en vue d’obtenir la certification CRMA™.

Conception : ebzone communication - Photo : © Paty Wingrove - Fotolia.com

POUR EN SAVOIR PLUS ...


Rendez-vous sur le site internet de l’IFACI (www.ifaci.com)
à la rubrique « Carrière + Diplômes ».
La revue des professionnels de l’audit,
du contrôle et des risques
n°208 - février-mars 2012 Quelles relations entre
EDITEUR
Institut Français de l’Audit et
du Contrôle Internes (IFACI)
l’audit interne et la
Association Loi 1901
98 bis, boulevard Haussmann
75008 Paris (France)
Tél. : 01 40 08 48 00
gestion des risques ?
Mel : institut@ifaci.com
Internet : www.ifaci.com

S
DIRECTEUR DE PUBLICATION
elon le cadre de référence de l’AMF de 2010,
Claude Viet l’audit interne est chargé « d’évaluer le fonc-
RESPONSABLE DE LA RÉDACTION tionnement des dispositifs de gestion des risques
Philippe Mocquard
et de contrôle interne, d’en effectuer une surveillance régu-
RÉDACTEUR EN CHEF
Louis Vaurs lière et de faire toute préconisation pour l’améliorer. »
RÉDACTION - RÉVISION
Jean-Loup Rouff - Béatrice Ki-Zerbo
Mais qu’en est-il dans la réalité ? Comment s’organi-
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
Eric Blanc - Tél. : 01 40 08 48 02
sent les relations entre la fonction audit interne – la plus ancienne – et la fonction
Mel : eblanc@ifaci.com gestion des risques – bien plus récente – ? C’est l’objet du dossier de la présente

RÉALISATION / PUBLICITÉ revue.


EBZONE Communication
32, avenue de Beauregard
94500 Champigny-sur-Marne Un premier aperçu nous est donné par un benchmark effectué auprès de sept impor-
Tél. : 01 48 80 00 56
tantes entreprises : pour trois d’entre elles, l’audit et les risques sont regroupées
Mel : ebzone@ebzone.fr
dans une entité commune ; dans deux cas, l’audit et les risques sont partiellement
IMPRESSION
séparées avec un rattachement à une même direction ; pour deux autres entreprises
Imprimerie de Champagne
Rue de l’Etoile de Langres - ZI Les Franchises enfin, les deux fonctions sont totalement séparées.
52200 Langres

ABONNEMENT Des exemples tirés du fonctionnement de trois entreprises (BPCE, Rhodia et GDF
Elsa Sarda - Tél. : 01 40 08 48 04
Mel : esarda@ifaci.com Suez), et de la DGFiP (Direction générale des finances publiques), viennent illustrer
ce benchmark en mettant en avant la nécessaire indépendance de l’audit interne par
Revue bimestrielle (5 numéros par an)
ISSN : 2117-1661 rapport à la gestion des risques et ce, quel que soit le type d’organisation mis en
CPPAP : 0513 G 83150
Dépôt légal : mars 2011 place, tout en insistant sur l’indispensable coopération entre les deux fonctions pour
Crédit photos : © Greg Epperson - Fotolia.com une bonne maîtrise des risques et un fonctionnement efficace de la gouvernance.

Vous pourrez lire également dans ce numéro l’interview de Philippe Mocquard,


Prix de vente au numéro : 22 € TTC délégué général, qui nous fait part des nouvelles ambitions de l’IFACI ; les leçons
Ce document est imprimé avec des encres végétales que peuvent tirer les auditeurs internes du naufrage du Costa Concordia ; les
sur du papier issu de forêts gérées dans le cadre
d’une démarche de développement durable.
réflexions de l’IIA Japan suite à la catastrophe du 11 mars 2011 (tremblement de
terre, tsunami, contamination radioactive) ; la nouvelle fiche technique qui porte
sur la norme 1220 A 3 et nous fait nous interroger sur ce qu’il faut entendre par
« conscience professionnelle des auditeurs internes ».
Autant d’articles que je vous invite à lire avec la plus grande attention. 

Les articles sont présentés sous Louis Vaurs - Rédacteur en chef


la responsabilité de leurs auteurs.

Toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite


sans le consentement de l’auteur, ou de ses ayants droits, ou ayants
cause, est illicite (loi du 11 mars 1957, alinéa 1er de l’article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 3
soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425
et suivants du Code Pénal.
Progressez sur
des bases solides

Votre engagement pour


+ de bonnes pratiques
+ de performance
+ de légitimité
+ de sécurité

Conception : ebzone communication - Photo : © Jakub Cejpek - Fotolia.com

Le label de qualité et de performance


Certification IFACI est délivré aux services Contactez-nous :
d'audit interne qui appliquent de façon Tél. : 01 44 70 63 00
pérenne les trente exigences pragmatiques du E-mail : certification@ifaci.com
Référentiel Professionnel de l'Audit Interne.
SOMMAIRE

DANS L’ACTUALITÉ
DOSSIER
6 Naufrage du Costa Concordia :
qu’aurait dit l’audit interne ?
Antoine de Boissieu Quelles relations entre l’audit
8 Comment un audit interne doit-il interne et la gestion des risques ?
contribuer à la gestion de crise ? De la séparation stricte des fonctions
Yuji Shimada, Hiroshi Monden et Shigeomi
Suzuki
à un service regroupé p. 15 à 34

IDÉES ET DÉBATS
16 L’audit interne et le management des risques :
13 Dispositif national de prévention et de
des méthodes complémentaires
traitement des risques dans le domaine
de la santé Gilles Caignard et Maxime Civel
Maryse Fourcade

21 L’inspection générale et la direction des risques du


groupe BPCE : une cohabitation réussie
INTERVIEW
Isabelle Maury et Géraud Brac de la Perrière
35 De nouvelles ambitions pour l’IFACI
Philippe Mocquard
25 Gestion des risques et contrôle interne chez Rhodia
Thomas Puissant
LA PROFESSION EN MOUVEMENT

37 Evénements
Le rôle de l’audit interne dans la maîtrise des risques :
28 l’exemple de GDF SUEZ
Xavier Bedoret

31 La maîtrise des risques à la DGFiP


Sylviane Miroux

FICHE TECHNIQUE N°38

Norme 1220-A3
>> La conscience professionnelle : une qualité
fondamentale de l’auditeur
Valérie Berche

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 5


DANS L’ACTUALITÉ

Naufrage du Costa Concordia :


qu'aurait dit l'audit interne ?
Antoine de Boissieu - Associé-gérant, OSC Solutions

L
e paquebot Costa • ils disposent d'un logiciel rimentés. Le capitaine trajectoire et la vitesse
Concordia a fait nau- de navigation qui intègre était même un expert adoptées sont bien celles
frage le mois dernier les informations de ces reconnu en matière de prévues, et qu'elles sont
au large d'une petite île ita- cartes et peuvent calculer sécurité. sûres ;
lienne, Giglio, après avoir les trajectoires et vitesses • le centre de contrôle de
heurté un récif. La catas- possibles et recomman- 2. Ces contrôles préventifs navigation (basé à terre)
trophe a fait une trentaine dées ; sont complétés par des suit la position des diffé-
de morts et entraîné la perte • la route à suivre est prépa- contrôles détectifs, capa- rents navires dans sa
du navire, d'une valeur de rée et validée par les offi- bles de repérer des anoma- zone ; il est donc capable
500 M€. ciers de navigation avec le lies avant qu'il ne soit trop de détecter un navire de
capitaine du navire ; tard : grande taille qui adopte-
Pour une société qui exploite • les consignes générales de • le logiciel de navigation rait une route dangereuse,
des navires, le risque de nau- navigation interdisent, par est paramétré pour alerter par exemple trop proche
frage est un risque inhérent prudence, une navigation en cas de route ou de des côtes, et peut lui
à l'activité. Posons-nous la trop proche des côtes ; vitesse dangereuses, pré- demander de corriger sa
question : un auditeur in- • la navigation dans les sentant, par exemple, des route.
terne qui aurait fait un audit zones potentiellement risques de collision. Les
quelques mois plus tôt dangereuses n'est pas alertes sont perçues par 3. Des contrôles correctifs
aurait-il conclu que ce risque assurée par une personne tous les officiers présents enfin, censés empêcher
était mal maîtrisé ? seule, mais par un groupe à la passerelle ; qu'une collision avec un récif
Cet auditeur aurait identifié d'officiers, présents à la • les navires sont équipés ne tourne à la catastrophe,
une longue liste de disposi- passerelle. Cela permet d'un sonar de fond, c'est à complètent le dispositif de
tifs de contrôle interne d'éviter les erreurs dire d'un appareil calcu- contrôle :
visant à maîtriser le risque humaines. lant en temps réel la pro- • les coques des navires
de naufrage. Faisons-en un fondeur. L'officier de modernes (comme le
rapide inventaire. Enfin, dans le cas du Costa quart peut la comparer à Costa Concordia) sont
Concordia, deux autres fac- la profondeur théorique composées d'une suite de
1. Des contrôles préventifs teurs limitaient les risques : et, réagir en cas de pro- compartiments étanches :
tout d'abord, pour éviter • le navire naviguait sur fondeur anormalement la perforation d'un com-
toute collision susceptible de des routes parfaitement basse ; partiment ne provoque
provoquer un naufrage : connues, déjà empruntées • la trajectoire et la vitesse l'inondation que de ce
• les navires ont les cartes plusieurs fois par les offi- sont suivies en temps réel compartiment, le navire
marines (avec le détail des ciers et par le navire ; par l'officier de quart pré- étant conçu pour résister à
écueils et récifs) des zones • l'équipage, et notamment sent en passerelle ; son l'inondation de deux com-
qu'ils traversent ; les officiers, étaient expé- rôle est de s'assurer que la partiments adjacents ;

6 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


• les navires de croisière du suffisants pour donner une pas une prise de risque la trajectoire et permettre
type du Costa Concordia assurance raisonnable que le volontaire et inconsidérée. l'échouage du navire ;
sont équipés de pods de risque de naufrage était bien • l'équipage n'a apparem-
propulsion latéraux. Il maîtrisé. Or, ce n'était pas le Le premier enseignement ment pas trop mal appli-
s'agit de moteurs auxi- cas : où était la faille ? tient donc à la méthode à qué les procédures d'ur-
liaires fixés sur les côtés de suivre en audit. Un audit gence, en réussissant à
la coque, et normalement Comme souvent, il y a eu un interne qui se serait contenté évacuer 4 200 passagers
utilisés pour les manœu- enchaînement de dys- d'inventorier et d'évaluer la sur 4 230, dans le noir et
vres dans les ports. Ces fonctionnements, d'origine vingtaine de dispositifs de avec un navire qui s'incli-
pods permettent cepen- humaine : contrôles listés ci-dessus, nait de plus en plus ;
dant aussi de corriger la • le commandant a pu dés- aurait pu conclure que ces • enfin, la stratégie adoptée
trajectoire en urgence, par activer le logiciel de navi- contrôles étaient bien for- par les officiers après la
exemple en cas de défail- gation, et reprendre la malisés, supervisés, et qu'ils collision semble avoir été
lance de la propulsion barre manuellement ; cela faisaient l'objet d'une plani- la meilleure possible, en
principale ; n'est fait d'ordinaire que fication dans le cadre d'un faisant faire demi-tour au
• le navire disposait aussi de pour les manœuvres por- plan de sécurité plus large. navire et en l'échouant à
générateurs de secours, tuaires, généralement Sur une échelle de maturité proximité immédiate des
pouvant suppléer le géné- sous la conduite d'un de 1 à 5, on aurait même pu côtes, grâce à l'utilisation
rateur principal en cas de pilote dépêché par le conclure que le dispositif de judicieuse des courants et
panne ou d'accident ; port ; contrôle interne était « opti- des pods latéraux. Sans
• l'équipage avait fait l'objet • le commandant a pu choi- misé », c'est à dire au niveau cela, le navire aurait pu se
de nombreuses forma- sir délibérément une route 5 (le plus haut dans l'échelle retourner et sombrer au
tions sur les procédures dangereuse, qui n'était du COSO). Or, le rôle de large, avec un bilan sans
d'évacuation du navire. La pas celle recommandée l'auditeur interne n'est pas aucun doute bien pire.
plupart des passagers par les procédures de de faire un inventaire des
avaient également reçu navigation ; dispositifs de contrôles et de De cette catastrophe, surve-
une formation sur les • les autres officiers pré- vérifier s'ils sont mis en nue presque un siècle après
consignes d'évacuation, sents n'ont pas osé réagir œuvre ; son rôle est de se celle du Titanic, les auditeurs
seuls ceux embarqués le et remettre en cause la prononcer sur les risques, internes peuvent donc tirer
jour du naufrage ne décision de leur comman- dans le cas présent, sur le deux leçons :
l'avaient pas suivie ; dant ; risque de naufrage. Pour 1) leur mission est de se
• les moyens d'évacuation • pour une raison qui reste cela, il faut envisager les cas prononcer sur les
(chaloupes) étaient claire- à éclaircir, le centre de où les contrôles sont volon- risques : ils doivent véri-
ment indiqués, en état de contrôle de la navigation à tairement tournés et, de fier si une prise de risque
marche, et en quantité terre n'a pas non plus façon plus générale, tous les inconsidérée est possi-
supérieure aux besoins (et donné l'alerte. cas exceptionnels. ble, et ne pas se limiter à
ce afin de permettre l'éva- un inventaire des
cuation sur un seul côté Quels enseignements peut- Le deuxième enseigne- contrôles en place ;
du navire) ; on en tirer quant à la ment est que, contraire- 2) Les contrôles correctifs
• les officiers à la passerelle méthode d'audit et de ment aux apparences, les doivent être audités en
avaient été formés sur la contrôle internes ? contrôles correctifs ont priorité dès que les
stratégie à adopter en cas bien permis de limiter risques étudiés ont un
d'accident de ce type. Les dispositifs de contrôle l'ampleur de la catas- impact potentiel fort. Un
ont été pris en défaut parce trophe : mauvais fonctionnement
Un audit réalisé quelques que l'on a choisi (1) d'en • les générateurs de secours de ces contrôles peut en
mois avant la catastrophe désactiver certains, et (2) de ont visiblement pu être effet transformer en
aurait tout à fait pu conclure se placer dans une situation mis en marche rapide- catastrophe ce qui aurait
que tous ces dispositifs de extrêmement risquée. C'est ment ; pu n'être qu'un incident
contrôle interne étaient bien là la faille dans le dispositif • les pods latéraux ont pu ou un accident. 
en place, et qu'ils semblaient de contrôle : il n'empêchait être utilisés pour corriger

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 7


DANS L’ACTUALITÉ

Comment un audit interne doit-il


contribuer à la gestion de crise ?
Réflexions issues de la catastrophe du 11 mars 2011 au
Japon

Yuji Shimada - Ph.D., CIA, CISA, CISM, CGEIT, professeur à la Faculté des Sciences de l’information,
Université de Tokyo
Hiroshi Monden - CIA, CISA, auditeur interne, Nipponkoa Insurance Co., Ltd.
Shigeomi Suzuki - CIA, auditeur interne, Sociétés du groupe Sumitomo Corporation

À
l’issue des dom- Événements tude de 8,8 sur l’échelle de trophe a été caractérisée par
mages colossaux du 11 mars Richter) a occasionné une la gravité des dommages
provoqués par le interruption du trafic ferro- occasionnés par le tsunami :
grand tremblement de terre Le 11 mars 2011, à 14 h 46 viaire et d’énormes embou- outre des logements, des
de Tohoku, le Japon a rapi- (heure du Japon), un violent teillages. Bon nombre d’ha- bâtiments, des bureaux, des
dement rebondi grâce au tremblement de terre suivi bitants effectuant quotidien- usines et des magasins ont
soutien humain, matériel et par un tsunami a frappé la nement des trajets d’une à été balayés, et la région de
financier reçu du monde région de Tohoku. Ces deux deux heures ont été incapa- Fukushima a été affectée par
entier. Sous l’égide de l’IIA- phénomènes ont provoqué bles de rentrer chez eux et une contamination radioac-
Japan, des forums d’audi- des dommages considéra- ont dû passer la nuit sur leur tive due à des explosions
teurs internes certifiés (CIA) bles : 15 821 morts, 3 926 lieu de travail. dans la centrale nucléaire de
réalisent volontairement dif- disparus, 5 940 blessés, De nombreux membres des Fukushima Daiichi.
férentes enquêtes. La catas- 118 499 bâtiments totale- forums CIA ont marché plu- Voici les enseignements que
trophe du 11 mars 2011 a ment détruits, et 180 297 sieurs heures pour regagner nous avons tirés de cette
naturellement orienté l’at- bâtiments gravement endom- leur domicile, ou ont passé catastrophe.
tention de nos forums sur magés (chiffres au 6 octobre la nuit au bureau et sont
les mesures pouvant être 2011), (http://www.npa.go.jp rentrés chez eux le lende- Prise en compte des
prises, du point de vue de /archive/keibi/biki/higaijo- main. L’entreprise ou l’orga- scénarios catastrophe
l’audit interne, face à une kyo_e.pdf). nisation dans laquelle les
crise de cette ampleur. En En outre, la centrale auditeurs internes travail- Le district de Taro (à
communiquant les résultats nucléaire de Fukushima laient a également subi des l’époque Tarocho) dans la
de ces enquêtes, nous espé- Daiichi a été à l’origine dommages importants. ville de Miyako, Préfecture
rons que les audits internes d’une contamination radio- Le Japon est un pays fré- d’Iwate, a construit la digue
contribuent à formuler des active. quemment frappé par des la plus importante au
suggestions et des recom- À Tokyo, où l’IIA-Japan est catastrophes telles que des monde (longue de 2,5 km et
mandations pour renforcer situé, le séisme d’une mag- tremblements de terre, des haute de 10 mètres) pour se
la gestion de crise à l’avenir. nitude supérieure à 5 sur ouragans, des inondations et protéger contre les inonda-
l’échelle japonaise (magni- des tsunamis. Cette catas- tions provoquées par les tsu-

8 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


namis importants tels que Prise en compte mis d’éviter à au moins une Importance des
ceux qui ont dévasté la du système de personne d’être victime du exercices et de la
région en 1897 et en 1933. communication et de tsunami. formation
La digue, fréquemment visi- la conduite à tenir en
posant l’hypothèse
tée par les touristes du Dans la gestion de crise, La ville de Kamaishi, préfec-
d’une défaillance des
monde entier, rassurait les nous devons planifier la ture d’Iwate, baptisée le
moyens de
habitants, mais n’a pu conduite à tenir en cas de « miracle de Kamaishi », a
communication
empêcher l’inondation pro- panne des moyens de déploré moins de morts et
voquée par ce tsunami, qui a Dans la région de Tohoku, communication technolo- de blessés grâce à ses exer-
dépassé la hauteur du mur les téléphones portables et giques. cices complets d’évacuation.
d’endiguement. les e-mails sur téléphones Par exemple, juste après le
En outre, la description du mobiles étaient hors service Évaluation objective tremblement de terre, les
système de sécurité de la en raison de graves pannes des risques élèves du collège Kamaishi-
centrale nucléaire de des systèmes de communi- Higashi Junior High School
Fukushima indiquait que cation. Du fait des restric- Les Japonais utilisent sou- ont traversé seuls en courant
celle-ci possédait de doubles tions des communications vent l’expression « excluons la cour de leur établissement
mises en place par les socié-
ou triples dispositifs de l’hypothèse ». Il n’était pas pour se réfugier dans les
tés de télécommunications,
sécurité, et qu’elle était prévu que toute l’alimenta- zones d’évacuation dési-
les services de téléphonie
conçue pour résister aux tion électrique de la centrale gnées. De surcroît, ils ont
mobile étaient bloqués à
secousses sismiques. Toute- nucléaire, y compris l’ali- pris par la main des enfants
Tokyo et Osaka. En consé-
fois, la hauteur inattendue quence, beaucoup ne pou- mentation externe et les de maternelle et de primaire
du tsunami a détruit les vaient pas contacter leur générateurs de secours, pour les évacuer avec eux
générateurs de secours, pro- société ou leur famille. tomberait en panne sous dans des zones surélevées.
voqué de graves dommages Heureusement, un élève de l’effet d’un tremblement de Au cours de la formation de
et des fuites radioactives à l’école primaire de Kamaishi terre. Au cours d’une trois ans dispensée dans les
l’issue des explosions dans la à Iwate a fait preuve d’un audience à la Diète, le direc- préfectures d’Iwate et de
centrale nucléaire. comportement exemplaire, teur-général de l’Agence Miyagi, les forces d’auto-
Nous pouvons tirer l’ensei- bien que dans l’incapacité de pour la sécurité nucléaire et défense du Japon avaient
contacter sa famille. Seul
gnement suivant : la gestion industrielle a déclaré que la également amélioré leur
chez lui, il a pris l’initiative
de crise doit anticiper les centrale nucléaire était capacité de réaction face à
de se réfugier en lieu sûr. Il a
scénarios catastrophe en conçue pour résister à un un éventuel tsunami, et ont
mis en pratique ce qu’il avait
partant du principe qu’au- tremblement de terre et qu’il pu réagir juste après la
appris à l’école, assurant
cune mesure n’est « 100 % ainsi sa survie. Cette forma- n’aurait jamais imaginé que catastrophe.
infaillible ». tion pratique de base a per- toute l’alimentation élec-
trique tomberait en panne. L’importance des exercices
quotidiens et de la forma-
REMERCIEMENTS
En matière de gestion de tion est un autre enseigne-
Nous remercions chaleureusement tous les membres de
crise, il est primordial ment tiré de cette expé-
nos Forums pour leur collaboration active, en particulier,
d’identifier et d’évaluer les rience.
Mme R. Yokota, M. H. Kawasaki, M. Z. Sasako, M. S. Tsuyo-
risques en toute objecti-
shi, M. N. Goto, M. H. Yanase, M. H. Tabuki et M. S. Kosugi,
sans qui ce document n’aurait pu être produit. Sans leur vité, et de reconnaître que Importance d’un plan
coopération, nous n’aurions pu fonder cette étude sur des les résultats d’audits, de continuité
données aussi pertinentes et la mener à bien. même défavorables, et les d’activité
Enfin, nous saluons et nous remercions tous ceux qui suggestions, ont pour but
nous ont soutenus, dans tous les domaines, durant la d’améliorer les plans et les Fujitsu Ltd illustre la reprise
réalisation de ce projet. structures existants. de la production juste après

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 9


DANS L’ACTUALITÉ

la catastrophe. Grâce au taines sociétés, dans les- La prise de décision à exposé à différents risques
plan de continuité d’activité, quelles les décisions étaient l’échelle du site prend de catastrophes naturelles,
en place depuis trois ans, la prises au niveau des sites, alors toute son impor- seront différents de ceux de
société a pu redémarrer les ont acquis une bonne répu- tance. Les règles doivent pays exposés à des risques
activités de six des huit tation auprès du public. Par être documentées pour tels que les crimes, les atten-
lignes de production dans exemple, un bureau local que les cadres locaux tats terroristes, les défail-
ses usines fabriquant des d’une société de courses a soient à même de prendre lances de l’infrastructure
ordinateurs personnels, pré- pris seul la décision de four- des décisions en période sociale ou l’instabilité poli-
fecture de Fukushima, et par nir un soutien logistique de crise. tique. Les auditeurs internes
ailleurs compenser la baisse dans le secteur touché par la doivent réaliser un audit de
de la production grâce à catastrophe. En l’occurrence, Possibilité d’un audit gestion de crise en fonction
l’usine de secours de le siège social a ultérieure- de gestion de crise des caractéristiques propres
Shimane, située à mille kilo- ment reconnu cette capacité à l’entreprise et à son envi-
mètres, qui était intacte. Le décisionnaire et a appliqué L’objectif d’un audit interne ronnement.
plan de continuité d’activité l’idée dans l’ensemble de est « d’apporter une valeur Voici quelques conseils pour
précisait que dans le cadre l’entreprise. ajoutée et d’améliorer les acti- un audit de gestion de crise.
du plan de secours, les deux Un cas similaire a été signalé vités d’une entreprise » au
usines compenseraient à Niigata Chuetsu lors du sens de l’IIA. Améliorer les • Faire une observation
mutuellement leur produc- séisme de 2004. Le super- activités d’une entreprise en sur site
tion si l’une d’entre elles marché local de l’enseigne concevant et en renforçant le Il est important de faire une
était endommagée. Les Harashin, qui possède plus système de gestion de crise observation sur site afin de
besoins en main-d’œuvre de soixante magasins, a par- compte parmi les responsa- confirmer l’existence
ayant également été plani- tiellement repris ses activités bilités importantes des audi- d’éventuelles sources de
fiés, la production a pu être sur un parking peu après le teurs internes. danger telles que des rivières
transférée sans difficulté à séisme sur décision du ou des rivages. Il est égale-
l’usine de Shimane. directeur du magasin frappé En conséquence, les audi- ment nécessaire de vérifier
par le séisme. Cette décision teurs internes ne doivent que les mesures de préven-
Cet exemple illustre qu’un s’inscrivait dans la philoso- pas simplement envisager tion de catastrophes sont
plan de continuité d’acti- phie de la direction, « le la possibilité théorique élaborées et mises en œuvre
vité est primordial pour la client avant tout », qui d’un audit de gestion de sur site comme précédem-
poursuite des activités. donne à la clientèle la prio- crise, mais réaliser un ment indiqué à la direction
rité dans les activités quoti- audit de gestion de crise générale.
Désignation des diennes. Le magasin a rapi- dans le cadre des audits
décisionnaires et des dement rouvert, à la grande internes apportant une • Acquérir une vue d’en-
responsables en satisfaction des clients. valeur ajoutée. semble
période de crise Il n’est pas possible de
Lorsqu’une crise se Aspects d’un audit de détecter des points faibles
Durant cette immense catas- déclare, les entreprises gestion de crise sans acquérir une vue d’en-
trophe, certaines entreprises peuvent être moins effi- semble de la société. Il est
ont été affectées par des caces pour prendre des Un audit de gestion de crise également important de
retards dans la prise de déci- décisions ou juger au quo- doit englober les aspects détecter les zones d’ombre
sion parce que de nombreux tidien des processus opé- détaillés dans le tableau ci- dans votre entreprise ou vos
salariés avaient péri ou été rationnels, et le personnel après. Bien entendu, les processus opérationnels.
blessés, ou du fait de l’ab- peut se trouver dans l’in- aspects devant être pris en Acquérir une vue d’ensem-
sence des dirigeants dans les capacité de communiquer compte lors de l’audit d’un ble est essentiel pour y par-
sièges sociaux. Toutefois, cer- avec la direction générale. pays tel que le Japon, qui est venir.

10 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Tableau : Aspects d’un audit de gestion de crise

Type de risque Points de contrôle de l’audit


 La société a-t-elle mis en place un système de gestion de crise ?
- Déclenché automatiquement en cas d’urgence ?
- Transversal ?
 La société définit-elle clairement les pouvoirs et les responsabilités en cas d’urgence ?
 La société tient-elle compte clairement du personnel et des responsabilités en cas d’urgence ?
Système
- Le temps et les moyens de déplacement sont-ils pris en compte ?
- Un personnel de remplacement est-il pris en compte ?
 La société définit-elle clairement la chaîne de communication dans l’hypothèse où les
dirigeants, tels que le directeur et/ou les responsables de la gestion de crise, sont absents du
lieu de travail ?

 La société définit-elle clairement les procédures de gestion des approvisionnements ou des


ressources humaines en cas d’urgence ?
- Les procédures sont-elles rationalisées ?
- Un rapport factuel ex-post et sa validation sont-ils autorisés ?
Procédures / règles en - Les responsabilités en situation d’urgence sont-elles déterminées ?
cas d’urgence - Les procédures de gestion des ressources humaines telles que le soutien des employés et
leur affectation aux sites sont-elles définies ?
 La société autorise-t-elle la prise de décision individuelle par les sites ?
 La société forme-t-elle le personnel au concept fondamental de philosophie et de politique
de l’entreprise ?

 La société définit-elle les risques pertinents pour le plan de continuité d’activité ?


- Tremblements de terre, tsunamis, mascarets, pluies torrentielles, tempêtes de vent,
inondations, effondrement des berges, tempêtes de neige, tornades, éruptions,
glissements de terrain, etc.
Conditions préalables du - Incendie, dysfonctionnement, panne de systèmes, perturbation des communications,
plan de continuité etc.
d’activité - Catastrophe d’origine humaine (intentionnelle ou accidentelle).
- Crimes, attentats terroristes.
- Instabilité politique, révolutions, émeutes, grèves.
- Pandémies.
 La société identifie-t-elle clairement les risques prévus et imprévus ?
 La société établit-elle une liste exhaustive des risques ? (Certains risques sont-ils oubliés ?)
- Quels sont les types de risques identifiés et quelles sont leurs causes ? La société a-t-elle
une vue d’ensemble ?
 La société tient-elle compte de la gestion de la chaîne d’approvisionnement ?
 La société tient-elle compte des prestataires externes, y compris des activités externalisées
par les sous-traitants ?
 La société envisage-t-elle les risques en adoptant d’autres points de vue ?
Analyse des risques

 La société prend-elle en compte la chaîne de risque ?


Par exemple, la société considère-t-elle qu’une panne de système aboutit à une interruption
et à des retards dans les différents processus de l’entreprise tels que la production et le
paiement ?
 La société tient-elle compte des pertes potentielles et de leur probabilité de survenance ?
- Montant de la perte évalué ?
- Fréquence de survenance prise en compte ?
 La société tient-elle compte des évaluations quantitatives et qualitatives ?
- Risques quantitatifs découlant de l’évaluation qualitative ?
Évaluation des risques  La société tient-elle compte des risques inhérents et résiduels ?
 La société différencie-t-elle clairement les risques inhérents et les risques contrôlés ?
 La société réalise-t-elle des études de cas et prend-elle en compte les résultats de ces études
dans l’évaluation des risques ?
- enseignements d’autres entreprises ;
- enseignements du passé.

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 11


DANS L’ACTUALITÉ

Type de risque Points de contrôle de l’audit


 Les mesures sont-elles équilibrées en termes de prévention, de détection et de correction,
ainsi qu’en termes matériels, techniques (logiques) et de gestion ?
 Les mesures sont-elles prises en compte en termes de gestion des ressources ?
- équipement, matières premières ;
- liquidités, trésorerie ;
- informations ;
Mesures - personnel, dont les prestataires externes.
 Les mesures sont-elles planifiées de façon chronologique, des mesures d’urgence aux
mesures de reprise d’activité ?
 Les mesures sont-elles clairement communiquées et font-elles l’objet d’une formation
régulière ?
 Les mesures comprennent-elles des contre-mesures en cas d’estimation erronée du risque
inhérent ?
 La société analyse-t-elle et évalue-t-elle régulièrement l’évolution des risques ?
 La société contrôle-t-elle régulièrement les risques imprévus ?
 La société contrôle-t-elle régulièrement la conception et la mise en œuvre des mesures
d’urgence ?
Contrôle  La société évalue-t-elle également la situation à l’étranger ?
 La société contrôle-t-elle également les prestataires externes ou les partenaires
commerciaux ?
 La société révise-t-elle le plan de continuité d’activité à la lumière des résultats du contrôle ?

• Tirer les enseignements être attentifs à ces informa- de la question des coûts. une collaboration des audi-
du passé tions. L’audit de la gestion de crise teurs internes possédant des
Pour évaluer un risque de est délicat à mettre en connaissances avec les
catastrophe, il est également * * œuvre, sauf à être un audi- experts des différents
important d’examiner des * teur interne expérimenté et domaines nécessitant une
données telles que les docu- rompu à la sensibilité aux approche spécifique.
ments historiques. Un évé- Les auditeurs internes doi- risques. Les principaux Enfin, nous espérons que les
nement tel que le grand vent prendre l’habitude de aspects ne relèvent pas de auditeurs internes du
tremblement de terre de réfléchir aux différents types connaissances comptables, monde entier pourront
Tohoku est censé se produire de risques. Au Japon, l’atten- mais plutôt de connais- bénéficier des enseigne-
une fois par millénaire, et tion a été focalisée sur le sances dans les domaines ments tirés de la catastrophe
celui de Jogan Sanriku est tremblement de terre et le spécialisés de la stratégie et du 11 mars 2011. 
survenu dans la région de tsunami récents, mais nous de l’organisation de l’entre-
Tohoku en 869. Ces événe- devons garder à l’esprit que prise, notamment une
ments historiques doivent ce ne sont pas les seuls expertise dans les activités
être pris en compte et éva- risques inhérents à la ges- telles que la vente, la pro-
lués. Au Japon, les noms de tion des risques. Les propo- duction, la logistique, les
lieux désignent parfois des sitions d’amélioration peu- achats, les ressources
caractéristiques géogra- vent être rejetées, car elles humaines et les technologies
phiques telles que des zones sont souvent onéreuses. de l’information et de la
submergées ou maréca- Mais la mission de l’auditeur communication.
geuses. Les auditeurs est d’informer sur les L’audit de la gestion de crise
internes doivent également risques, indépendamment n’est possible qu’à travers

12 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


IDÉES ET DÉBATS

Dispositif national
de prévention et de traitement
des risques dans le domaine
de la santé
Maryse Fourcade, Inspectrice, IGAS

sanitaire (application du règlement quant à elle, chargée de préserver et


Plusieurs acteurs se partagent la res-
sanitaire international) ; réseaux de d’améliorer l’état de santé général de la
ponsabilité de la prévention et du trai-
vigilance sanitaire ; lutte contre les population (promotion, information et
tement des risques pouvant intervenir
vecteurs des maladies transmissibles ; éducation en santé, prévention des
dans le domaine de la santé.
gestion des urgences, des situations pathologies chroniques, pratiques
L’inspection générale des affaires
exceptionnelles et des crises sani- addictives, nutrition…), prévention des
sociales contribue à la maîtrise des
taires. maladies infectieuses (politique vacci-
risques sur le champ sanitaire à travers
nale, IST-VIH, hépatites...), prévention
deux missions : une mission d’audit
• Qualité de l’offre de soins et du des risques liés aux milieux naturels,
interne qui assure notamment l’éva-
système de soins : conception, pla- produits alimentaires, menaces terro-
luation des dispositifs de maîtrise des
nification, et mise en œuvre de l'orga- ristes… Elle est également chargée
risques ; une mission méthodologie
nisation et de l'offre de soins ; Alloca- d’élaborer une politique de veille et de
performance.
tion de ressources aux établissements sécurité sanitaire, d’assurer la gestion
de soins. des alertes et des urgences sanitaires et
la préparation aux menaces.
Plusieurs acteurs se partagent la respon-
Les autorités et agences
L es risques dans le domaine de la
santé couvrent trois domaines :
sabilité de la prévention et du traitement
des risques pouvant intervenir dans le
domaine de la santé.
sanitaires

• Politiques de santé publique et de Les agences sanitaires et autorités indé-


prévention : conception, conduite et Le ministère de la santé pendantes sont chargées, chacune dans
mise en œuvre des politiques de santé son domaine, de la prise en charge
publique ; mise en œuvre des plans et La direction générale de l’offre de d’une dimension du risque sanitaire. Il
des actions de santé publique ; pré- soins du ministère de la santé a pour s’agit principalement de :
vention des pathologies à forte mor- objectifs de promouvoir une approche
bidité/mortalité ; prévention des globale de l’offre de soins, d’assurer une • La Haute autorité de santé (HAS)
addictions et de la toxicomanie. réponse adaptée aux besoins des Autorité publique indépendante à
patients et des usagers, de garantir l’ef- caractère scientifique, la HAS est
• Veille et sécurité sanitaire : veille et ficience et la qualité de l’offre de soins. chargée d’évaluer scientifiquement
surveillance épidémiologique ; veille La direction générale de la santé est, l’intérêt médical des médicaments,

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 13


IDÉES ET DÉBATS

des dispositifs médicaux et des actes • L’agence nationale de la sécurité • L’autorité de sûreté nucléaire
professionnels ; de promouvoir les sanitaire de l’alimentation, de l’en- (ASN)
bonnes pratiques et le bon usage des vironnement et du travail (ANSES) Autorité administrative indépen-
soins auprès des professionnels de Établissement public à caractère dante, l'Autorité de sûreté nucléaire
santé et des usagers de santé ; d’amé- administratif, l'ANSES intervient dans (ASN), est chargée de contrôler les
liorer la qualité des soins dans les éta- les domaines du travail, de l'environ- activités nucléaires civiles en France :
blissements de santé et en médecine nement, de l'alimentation, de la santé installations nucléaires de base, trans-
de ville ; de développer la concerta- et du bien-être des animaux, de la port des substances radioactives,
tion et la collaboration avec les acteurs santé des végétaux. En santé radioprotection (protection contre les
du système de santé en France et à humaine, l'Agence évalue les proprié- rayonnements ionisants, issus notam-
l'étranger. tés nutritionnelles et fonctionnelles ment des équipements radiologiques
des aliments, ainsi que l'ensemble des des établissements de santé).
• L’Institut de veille sanitaire (InVS) risques auquel l'Homme peut être
Établissement public, placé sous la exposé au travers du travail, de l'envi- Les acteurs territoriaux
tutelle du ministère chargé de la ronnement et de l'alimentation.
Santé, l’Institut de veille sanitaire L'ANSES a aussi compétence dans le La politique de prévention et de traite-
(InVS) réunit les missions de surveil- champ du médicament vétérinaire, et ment du risque sanitaire est déclinée et
lance, de vigilance et d’alerte dans elle assure l'évaluation avant mise sur mise en œuvre au niveau territorial par
tous les domaines de la santé le marché des pesticides et des bio- les 26 Agences régionales de santé
publique. cides, ainsi que des produits chi- (ARS), qui ont ont pour objectifs, au sein
miques dans le cadre de la réglemen- de chaque région, d’assurer un pilotage
• L’Agence française de sécurité tation REACh. L'ANSES est placée unifié et transversal de la santé en
sanitaire des produits de santé sous la tutelle des ministères chargés région et de réguler l’offre de soins.
(Afssaps) de la santé, de l'agriculture, de l'envi-
Cette agence se consacre à assurer la ronnement, du travail et de la Le rôle de l’IGAS
sécurité sanitaire des médicaments, consommation.
des produits biologiques et des dispo- L’Inspection générale des affaires
sitifs médicaux en France. • L’Etablissement français du sang sociales contribue à la maîtrise des
(EFS) risques sur le champ sanitaire à travers
• L’Institut national de prévention et L’Etablissement Français du Sang est deux missions :
d’éducation pour la santé (INPES) l’opérateur civil unique de la transfu- • une Mission d’audit interne lui est
L’Institut national de prévention et sion en France : don de sang, don de rattachée. Cette structure assure
d’éducation pour la santé est un éta- plasma et don de plaquettes. Il est à notamment l’évaluation des disposi-
blissement public administratif chargé ce titre le garant de la sécurité de la tifs de maîtrise des risques mis en
de mettre en œuvre les politiques de chaîne transfusionnelle, du donneur œuvre par les ministères chargés des
prévention et d’éducation pour la au receveur. affaires sociales et leurs opérateurs ;
santé dans le cadre plus général des • une Mission méthodologie perfor-
orientations de la politique de santé • L’agence de la biomédecine (ABM) mance (MMP) chargée, en coopéra-
publique fixées par le gouvernement. L'Agence de la biomédecine est une tion avec le secrétariat général des
Il est également chargé de la partici- agence publique nationale de l'État, ministères chargés des affaires
pation à la gestion des situations exerçant ses missions dans les sociales, du pilotage du dispositif
urgentes ou exceptionnelles ayant des domaines du prélèvement et de la d’animation de la fonction inspec-
conséquences sanitaires collectives et greffe d'organes, de tissus et de cel- tion-contrôle exercée par les ARS. 
à la formation à l’éducation pour la lules, ainsi que dans les domaines de
santé. la procréation, de l'embryologie et de
la génétique humaines.

14 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


DOSSIER

Quelles relations entre l’audit


interne et la gestion des risques ?
De la séparation stricte des fonctions
à un service regroupé

16 L’audit interne et le management des risques :


des méthodes complémentaires
Gilles Caignard et Maxime Civel

21 L’inspection générale et la direction des risques du


groupe BPCE : une cohabitation réussie
Isabelle Maury et Géraud Brac de la Perrière

25 Gestion des risques et contrôle interne chez Rhodia


Thomas Puissant

28 Le rôle de l’audit interne dans la maîtrise des risques :


l’exemple de GDF SUEZ
Xavier Bedoret

31 La maîtrise des risques à la DGFiP


Sylviane Miroux

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 15


DOSSIER

L'audit interne et le
management des risques :
des méthodes
complémentaires
Gilles Caignard - Adjoint de la directrice de l'audit et du contrôle internes, Aéroports de Paris
Maxime Civel - Diplômé du Master Audit des Organisations et Maîtrise des Risques, Paris Descartes

D
ans le cadre de la démarche L'élaboration du plan annuel cation et d’analyse des risques de
de progrès menée conjointe- d'audit et de la cartographie l’entreprise par le management des
ment avec la certification des risques : un enjeu risques (cartographie des risques).
IFACI, la direction de l'audit et du primordial pour l'audit interne • « L’appétence pour le risque défi-
contrôle internes d'Aéroports de Paris a et le management des risques nie par le management des diffé-
réalisé, du 22 mars au 26 mai 2011, un rentes activités ou branches de l’or-
benchmark sur le renforcement du lien Le Référentiel Professionnel de l'Audit ganisation »
entre l'audit interne et le management Interne de l'IFACI précise que « le res- Ce second acte vise davantage la prise
des risques. ponsable de l'audit interne établit un plan en compte des managers dans les
fondé sur une analyse de l'ensemble des activités opérationnelles et de sup-
Cette étude, réalisée avec l'aide d'un risques de son organisation. Pour ce faire, le ports qui peut se révéler être d’une
1
étudiant diplômé du Master « Audit des responsable de l'audit interne prend en utilité significative dans l’identifica-
organisations et Maîtrise des risques » compte le système de management des tion des risques et in fine dans l’élabo-
de l'Université Paris Descartes, a porté risques défini au sein de l'organisation. Il ration de la cartographie des risques.
plus précisément sur les interactions tient notamment compte de l'appétence pour
entre le management des risques et le risque définie par le management pour les Au-delà du référentiel et des axes de
l'audit interne dans l'élaboration du différentes activités ou branches de l'orga- recherche présentés ci-dessus, d’autres
plan annuel d'audit et l'actualisation de nisation. » domaines sont à prendre en compte
la cartographie des risques. pour donner une analyse complète des
A partir de cette formulation, nous pou- liens qui unissent l’audit interne et le
Cette étude a concerné sept entreprises2 vons dégager deux axes de recherche management des risques dans l’élabo-
et a permis de dégager les pratiques les pour l’élaboration du plan annuel d’au- ration du plan annuel d’audit et la car-
plus répandues sur le sujet afin de pro- dit et la cartographie des risques : tographie des risques (ex : suivi des
poser des voies d'améliorations qui ont • « Le système de management des plans d'actions, accidents, etc.).
été mises en application dès la fin de sa risques »
réalisation. Ce premier axe porte essentiellement Ce premier constat souligne l'existence
sur les outils et méthodes d’identifi- d'axes précis mais avec des méthodolo-

16 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

Les effectifs dédiés à l'audit interne et au


Organisation de l’audit interne management des risques
et du management des risques
Le benchmark a révélé une différence
notable entre entreprises dans l'effectif
L’audit et les risques sont regroupés de l'audit interne. Concernant la taille
(entité commune) 2 de l’effectif dédié à l’audit interne, les

L’audit et les risques sont partiellement


résultats variaient de 12 à 70 auditeurs
3
séparés (entités séparées et rattachement avec un lien direct avec l'importance de
à la même direction) l'entreprise ou du groupe concerné.
L’audit et les risques sont totalement séparés
2
En revanche, contrairement à l’audit
interne, l'effectif du management des
Schéma 1
risques varie faiblement avec une à deux
personnes au sein de la direction cen-
gies et des approches distinctes entre les entreprises, mais l'organisation et le lien trale.
entreprises. C’est pourquoi nous avons entre ces deux entités diffèrent entre les
décidé de réaliser des entretiens auprès sociétés. Cependant, les membres présents dans
de sept entreprises choisies conjointe- la fonction centrale du management des
ment avec l’IFACI pour : A partir des réponses fournies par les risques s'appuient sur les fonctions opé-
• leur niveau de réflexion sur les pra- entreprises, nous avons pu relever 3 rationnelles de l'entreprise afin d'iden-
tiques d’audit interne et de manage- modes d'organisations (Cf. schéma 1) : tifier les risques encourus par ces der-
ment des risques dans l’élaboration • 3 entreprises ont regroupé l'audit nières. Pour cela, certaines directions du
de la cartographie des risques et/ou interne et le management des risques management des risques se dotent d’un
du plan annuel d’audit ; au sein d'une même direction ou réseau de coordinateurs risk manager
• leur niveau de maîtrise des normes entité ; dans chaque domaine d’activité pour
d’audit (5 certifications IFACI – 1 cer- • 2 entreprises ont partiellement séparé identifier et évaluer les risques de leur
tification ISO – 1 évaluation IFACI) ; les fonctions d'audit interne et de périmètre respectif (domaine d’activité
afin de dégager les meilleures pratiques. management des risques dans deux ou unité opérationnelle) – (Cf. schéma
directions distinctes tout en ayant une 2).
autorité supérieure commune ;
Les résultats et les principaux • 2 entreprises ont totalement séparé  Bonnes pratiques : Le rapproche-
enseignements du benchmark les fonctions d'audit interne et du ment du management des risques et
management des risques. de l'audit interne au sein d'une direc-
La structure de l'audit interne et du tion commune semble offrir une meil-
management des risques dans l'en-
treprise
Les réseaux risk managers dans les entreprises
Organisation des directions de l'audit
interne et du management des risques
Le premier axe de recherche a porté sur 2
la structure et l'organisation des direc- Présence d’un réseau de risk managers
tions d'audit interne et du management
des risques au sein des entreprises. Absence d’un réseau de risk managers

5
L'étude a révélé que les fonctions d'au-
dit interne et de management des
risques sont présentes dans toutes les
Schéma 2

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 17


DOSSIER

leure coordination entre les deux D'autres sources sont utilisées selon les • Deux directions d’audit interne ont
fonctions (élaboration du plan annuel entreprises : choisi de découper le programme
d'audit, actualisation de la cartogra- • Des entreprises ont mis en place un annuel selon la nature des missions
phie des risques, rattachement des tableau/matrice présentant les risques mais en y ajoutant un découpage sup-
audits et des recommandations aux majeurs couverts par les programmes plémentaire selon les branches d’ac-
risques, etc.). d'audit des quatre à cinq dernières tivités de leur entreprise.
La mise en place d'un réseau de risk années. Ce tableau récapitulant l'en-
managers dans chaque activité semble semble des missions d'audit des pré- Seule, une direction d'audit interne pré-
nécessaire pour les entreprises afin de cédents programmes d'audit avec sente son programme d'audit selon le
faire le lien avec les fonctions opéra- leurs risques rattachés permet d'avoir découpage des risques de sa cartogra-
tionnelles et ainsi identifier un plus une vision synthétique sur le niveau phie. Ceci s'explique par la maturité
grand nombre de risques encourus de couverture des risques par les pro- avancée de sa réflexion en termes de
par la société. grammes d'audit antérieurs et à iden- management des risques, qui est la
tifier clairement les risques insuffi- préoccupation principale de l'élabora-
Elaboration du plan d'audit samment couverts. tion du plan annuel d'audit (Cf. schéma
• Dans les cas où les deux fonctions 3).
Eléments pris en compte dans l'élabora- audit/management des risques sont
tion du plan annuel d'audit séparées et relèvent de directions dif- Validation du plan annuel d'audit
L'ensemble des sociétés consultées lors férentes, des réunions formelles entre L'ensemble des entreprises du bench-
de cette étude utilisent principalement le management des risques et l'audit mark présente le projet de plan d'audit
deux sources d'information pour réaliser interne sont organisées régulière- au Comité exécutif (COMEX) ou à la
le plan annuel d'audit : ment. direction générale de la société pour
• La cartographie des risques accord.
Après actualisation, la cartographie Découpage du plan annuel d'audit L'audit interne présente ensuite ce plan
des risques est l’une des deux princi- Le découpage du plan annuel d'audit se d'audit approuvé en comité d'audit
pales sources du plan annuel d’audit présente selon deux modèles domi- lorsque les entreprises en sont dotées
en faisant ressortir les risques majeurs nants : (cinq cas sur sept). Dans ce cas, le comité
de l’entreprise et de ses activités. Un • La majorité des directions d'audit d'audit a un rôle de consultation sur le
niveau de détail suffisamment fin per- interne (4 cas sur 7) découpe le pro- programme d'audit tout en gardant la
met de remonter à la source des gramme annuel selon la nature des possibilité de suggérer des missions.
risques majeurs et ainsi de les traiter missions (type de mission : audit de C'est toutefois à l'issue de cette présen-
plus efficacement par des missions conformité, origine de la mission, tation que le plan est déclaré « validé ».
précises. etc.).
• Des entretiens avec les directions
opérationnelles
Découpage du plan annuel d’audit
Les entretiens avec les responsables et
les directeurs d’unités opérationnelles
sont la deuxième source principale du 1
plan annuel d’audit. Ces entretiens Découpage par famille de risques
visent à évaluer ou à s'interroger sur
Découpage par domaines d’activités
le niveau de maîtrise des risques de 3 2
l'entité et permettent d’impliquer les Découpage par nature de mission
directeurs des unités opérationnelles
dans le processus d’élaboration du
plan annuel d’audit.
Schéma 3

18 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

Fonction élaborant la cartographie des risques Actualisation de la cartographie des


risques
Afin que le programme d'audit soit basé
1 1 sur des risques correctement identifiés
Opérationnels et évalués, la cartographie doit être
régulièrement actualisée.
Management des risques et risk managers
La fréquence de l'actualisation de la car-
dans les directions opérationnelles
tographie des risques est variable (tri-
Audit interne mestrielle à bisannuelle) et dépend de
5 l'évolution des risques dans l'entreprise.
Certaines sociétés observent des évolu-
Schéma 4 tions rapides de leurs risques les obli-
geant à actualiser fréquemment leur car-
tographie des risques afin de les identi-
 Bonnes pratiques : Un tableau per- exhaustive pour faire ressortir les risques fier et de suivre leur cotation (Cf.
mettant d'avoir une vision synthé- majeurs niveau par niveau pour réaliser schéma 5).
tique des risques majeurs couverts et la cartographie des risques.
non couverts par les précédents pro- Intégration des plans d’actions dans l’ac-
grammes d'audit est relativement Des entreprises ont fait le choix de tualisation de la cartographie des risques
simple à mettre en place et présente décentraliser cette étape aux directions Les plans d’action issus des missions
un suivi des missions. opérationnelles. Ce sont les risk mana- d’audit ont un impact direct sur l’actua-
Concernant le découpage du plan gers dans les domaines d’activité ou les lisation de la cartographie des risques.
annuel d'audit, quel que soit le type unités opérationnelles, assistés par la Leur suivi par l'audit interne est donc
de présentation (par famille de fonction centrale du management des primordial pour avoir une vision précise
risques, par nature des missions, par risques, qui sont en charge d'élaborer la de la mise en place des outils de
branche d’activité), il est important cartographie des risques de chaque contrôles qui modifient la cotation des
que le rattachement entre les missions direction opérationnelle. En analysant risques dans la cartographie.
et les risques de la cartographie des ces cartographies des risques de chaque
risques soit cohérent et explicite. risk manager, le management des risques Cependant, les moyens pour permettre
réalise une cartographie globale présen- un suivi et une intégration des plans
L'actualisation de la cartographie des tant les risques majeurs de la société (Cf. d’actions dans l’actualisation de la car-
risques et lien avec les plans d'action schéma 4). tographie des risques sont différents
d'audit selon les entreprises :

Elaboration de la cartographie des


risques
Fréquence de l’actualisation
de la cartographie des risques
Toutes les entreprises du benchmark dis-
posent d'une cartographie des risques
1
établie selon des pratiques convergentes Bisannuelle
mais variables. 2
Annuelle
Des sociétés construisent leur cartogra-
phie à partir d'un « univers des risques » Semestrielle
2
regroupant entre 200 et 400 risques,
Trimestrielle
complété par les directions opération- 1
nelles. Le management des risques et
l'audit interne en font une analyse Schéma 5

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 19


DOSSIER

• tableau de rapprochement entre la plans d'actions et ainsi actualiser la • Afin d'avoir une cartographie des
cartographie des risques et les recom- cartographie des risques. risques détaillée et actualisée pour
mandations ; chaque niveau, le management des
• mission d’audit de suivi ; * * risques doit disposer d'un réseau de
• réunion trimestrielle ou mensuelle * risk manager qui serait chargé d'élabo-
entre les directions de l’audit interne rer une cartographie pour chaque
et du management des risques (dans Les bonnes pratiques observées : direction ou branche d'activité. Le
le cas où les directions sont dis- management des risques est dans un
tinctes) ; • Des liens fréquents entre les fonctions rôle de pilotage et de supervision des
• envoi du rapport de mission au mana- d'audit interne et de management des risk managers.
gement des risques ; risques permettent de tirer un meil-
• outil informatique regroupant les leur parti de l'interdépendance natu- • Enfin, même si les pratiques sont
informations des missions d'audit relle de leurs travaux. Souhaitables encore hétérogènes sur le sujet, une
dont les plans d'action. tout au long de l'année, ces liens sont présentation du plan annuel d'audit
indispensables au moment de l'élabo- conforme au découpage de la carto-
 Bonnes pratiques : Concernant l'éla- ration du plan annuel d'audit et de graphie des risques concourt de toute
boration de la cartographie des l'actualisation de la cartographie des évidence à une plus grande lisibilité
risques, le management des risques et risques. des deux démarches et à leur conver-
l'audit interne doivent disposer d'un gence. 
périmètre suffisamment large pour • Les missions du plan d'audit doivent
identifier les risques majeurs de la être rattachées aux risques de l'activité
société et ceci à tous les niveaux. La auditée afin d'expliciter le lien entre 1. Maxime Civel, co-auteur de l'étude et de l'arti-
réalisation d'un univers des risques ou les missions et la cartographie des cle – Diplômé du Master Audit des Organisa-
tions et Maîtrise des Risques de Paris V, actuel-
des cartographies des risques auprès risques. Il est important de signaler lement Etudiant du Master Comptabilité Audit
des directions opérationnelles per- que ce rattachement n'est possible et Contrôle de gestion de l’Université Paris Dau-
phine.
mettent d'atteindre ce niveau d'exi- qu'à partir d'une cartographie détail-
gence. lée avec plusieurs niveaux de risques, 2. Les sept entreprises ayant répondu au bench-
mark : Banque de France, Michelin, RTE, Eif-
Pour l'intégration des plans d'actions et n'est pertinent que si celle-ci est fage, Eurocopter, Veolia, Air France. Ces entre-
dans la cartographie des risques, actualisée de façon régulière. Idéale- prises exercent des activités diverses avec des
cultures différentes. Par ailleurs, cinq de ces
chaque entreprise utilise les pratiques ment, dans la mesure où ce lien est entreprises sont certifiées IFACI dont deux ont
qui s'adaptent le mieux à son environ- suffisamment robuste, le plan annuel été distinguées lors des Trophées du Contrôle
Interne. Leur taille est très variable avec un chif-
nement. Cependant, l'outil informa- d'audit peut présenter un découpage fre d'affaires compris entre 4 Mds et 33 Mds
tique semble être le meilleur moyen identique à celui de la cartographie d'euros et un effectif de 8 500 et 330 000 sala-
riés.
pour avoir un suivi en temps réel des des risques,

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20 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

L’inspection générale et la
direction des risques du groupe
BPCE : une cohabitation réussie
Entretien avec
Isabelle Maury, Directrice des risques groupe, BPCE
Géraud Brac de la Perrière, Directeur de l’inspection générale groupe, BPCE

L. V. : Vous vous considérez-donc comme


La crise des subprimes et la faillite de Lehmann ont-elles eu une influence sur la faisant partie du contrôle permanent.
montée en puissance de la filière risques dans les banques ?
L’audit interne a-t-il les coudées franches avec les dirigeants et le comité d’audit ? I. M. : Oui, mais je ne suis pas la seule à
Les membres du comité d’audit ont-ils les compétences requises pour apprécier les être le contrôle permanent, il y a aussi le
risques bancaires ? directeur de la conformité. Le 97-02 est
Les rôles entre le risk management et l’audit interne sont-ils clairement définis ? Ces limpide sur la distinction contrôle pério-
deux fonctions sont-elles concurrentes ou complémentaires ? dique, contrôle permanent, et il n’y a pas
Autant de questions, et d’autres encore, auxquelles la directrice des risques et le de mélange des genres.
directeur de l’inspection générale de la BPCE répondent en toute franchise, en affir-
mant que la coopération entre les deux départements est un gage de crédibilité, G. B. P. : Le champ d’intervention de
source de progrès et de valeur ajoutée. l’inspection et de l’audit interne est par
ailleurs plus large que celui des risques,
particulièrement dans notre groupe où
Louis Vaurs : A la suite de la crise des sub- groupe de travail, avec les différents l’inspection générale a un champ d’in-
primes (2007/2008), on a observé en France directeurs des risques de la place, avec vestigation incluant l’ensemble des
une montée en puissance de la filière pour objectif de refondre une partie du fonctions d’une entreprise. Il y a les
risques. Comment l’avez-vous vécue ? 97-02 sur certains aspects qu’elle esti- risques, la conformité, mais il y a aussi le
mait ne pas avoir assez développés. Le pilotage global, le développement…
Géraud Brac de la Perrière : Je tiens à 97-02 a donc été remanié en consé-
préciser que cette montée en puissance, quence, avec la volonté de mieux préci- I. M. et G. B. P. : La stratégie et les res-
au sein du Groupe BPCE, ne s’est pas ser les prérogatives de la fonction sources humaines.
faite au détriment de l’audit interne et risques.
n’a donc généré aucune difficulté entre L. V. : Est-ce que l’audit interne s’appuie
les deux fonctions. L. V. : Comment se répartissent les rôles sur la cartographie des risques établie par
entre la direction des risques et l’inspection la direction des risques pour élaborer son
Isabelle Maury : Vous parlez de la crise générale/audit interne à la BPCE ? plan d’audit ?
des subprimes, mais, en 2008, il y a sur-
tout eu la faillite Lehmann. I. M. : C’est très simple : contrôle per- G. B. P. : Nous élaborons un risk asses-
A cette époque, l’ACP avait créé un manent versus contrôle périodique. ment qui intègre les éléments de carto-

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 21


DOSSIER

graphie des risques, tous les risques de sieurs établissements. Auquel cas, dans L. V. : Qui coordonne la qualité, la confor-
suivi, les risques de conformité, les le domaine des risques, bien sûr, on peut mité… ?
risques informatiques et autres types de soit identifier puis déployer des best
risques, et qui prend en compte égale- practices, soit constituer des ateliers avec I. M. : Il existe un comité de coordina-
ment d’autres aspects, liés aux dernières la filière pour déterminer une nouvelle tion du contrôle interne, qui coordonne
missions réalisées, à des recommanda- norme. C’est très utile. toutes les fonctions de contrôle.
tions qui tardent à être mises en œuvre,
à des éléments de résultat, à des infor- Nous réalisons également une évalua- G. B. P. : Ce comité, j’en assure le secré-
mations que je peux avoir dans mes tion du contrôle permanent, à partir tariat. Il est présidé par François Pérol. Y
contacts avec les dirigeants du groupe. d’un système de scoring que nous avons viennent les membres du directoire en
Tous ces éléments-là sont donc pris en établi en fonction de critères, en identi- charge des finances et des opérations. Y
compte pour bâtir un risk assesment qui fiant également les axes de progrès. viennent également les trois fonctions
vise à établir un plan d’audit avec une de contrôle que l’on a évoquées, le res-
bonne périodicité en fonction de nos L. V. : Comment s’organise la coordination ponsable de la révision comptable et le
moyens et de la criticité des sujets. des différents acteurs du contrôle interne ? responsable de la sécurité des systèmes
L’approche est donc vraiment différente d’information.
de celle de la cartographie des risques de I. M. : Quand on a créé BPCE, on a tra- Les cinq fonctions de contrôle sont réu-
la direction des risques. vaillé sur ce point en priorité, nies dans ce comité qui se tient
A noter que l’inspection générale est non seulement au niveau tous les deux mois envi-
invitée à tous les comités de risques. de BCPE SA, mais ron.
Cela permet d’avoir l’information au fil pour toute la
de l’eau. La fluidité de l’information est filière, et l’on a
« Le 97-02 est limpide L. V. : Ce comité de
la clé du bon fonctionnement. écrit des chartes sur la distinction contrôle coordination des
De plus, les risques reçoivent tous nos de fonctionne- périodique, contrôle contrôles internes
rapports. Nous nous voyons une fois par ment. Ce sont comprend, par
mois pour échanger de manière un peu des écrits fonda- permanent, et il n’y a pas définition, l’audit
informelle, soit sur des événements ou teurs, ils ont per- de mélange des genres » interne, les risques
des thèmes sur lesquels travaille la mis de clairement et la conformité ?
direction des risques, soit sur des points délimiter les missions.
relevés dans nos missions. Et l’on parti- Le but était de bâtir une G. B. P. : Oui. Et les autres
cipe aussi, tous les deux, au comité exé- coordination adaptée et pragmatique, fonctions de contrôle : finances, révi-
cutif du groupe. et de déterminer les missions de l’audit sion comptable, sécurité des systèmes
interne, les risques et la conformité. d’information…
L. V. : Concernant cette cartographie, est-ce Notre lien le plus important avec la
que la direction des risques se sert de l’ap- conformité est avec les risques opéra- L. V. : Contrôle de gestion, aussi ?
proche par les risques développée par l’ins- tionnels. En cas d’incident d’une fraude,
pection générale, pour l’enrichir ? l’urgence est de se coordonner. G. B. P. : Non. Le contrôle de gestion,
Par ailleurs, les risques de non-confor- c’est une des fonctions de gestion.
G. B. P. et I. M. : Non. mité sont intégrés dans la cartographie
des risques opérationnels. La conformité I. M. : Ce n’est pas un contrôle interne
I. M. : En revanche, nous nous servons contribue également à certains comités de niveau 2.
des conclusions, des recommandations des risques, en particulier le comité des
que l’on retrouve dans les rapports risques opérationnels. Nous sommes L. V. : Et comment cela se passe-t-il entre
d’inspection générale pour voir si, au également amenés à coordonner cer- vous et la conformité ?
niveau des établissements, il n’y a pas taines actions pour correspondre au
des actions que l’on pourrait mener au mieux aux organisations des établisse- I. M. : Après deux ans et demi de pra-
niveau national, qui concerneraient plu- ments du groupe. tique nous sommes rodés.

22 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

G. B. P. : En fait, l’ACP a audité l’inspec-


tion des Banques populaires, je crois en
2008. Cela pourrait être une bonne
chose que l’inspection elle-même se
fasse auditer. J’y réfléchis.

L. V. : Si l’on se réfère aux normes, l’évalua-


tion diligentée par un organisme qualifié et
indépendant porte d’une part sur l’existence
au sein de la direction de l’audit interne
d’un programme d’assurance et d’amélio-
ration qualité, d’autre part sur le respect des
normes de l’IIA associé à la mesure de la
valeur ajoutée qu’apporte l’audit interne à
la banque par la pertinence de ses constats
et de ses recommandations.
Concernant les comités risques de I. M. : C’est pareil pour le directeur des Je voudrais vous poser une dernière ques-
niveau groupe, j’invite systématique- risques. Chaque établissement a son tion, toujours d’actualité, c’est celle du rat-
ment la conformité, l’audit également directeur des risques. tachement de vos fonctions soit à la direc-
bien sûr. Cela permet un bon partage de tion générale soit au comité d’audit. Qu’en
l’information. Bien sûr, il faut que les investigations est-il à la BPCE ?
soient complémentaires. Si c’est pour
L.V. : On parle beaucoup actuellement des faire du travail en doublon, cela n’a pas G. B. P. : Pour la partie audit, je suis très
trois lignes de défense des organisations : d’intérêt. favorable au système qui fonctionne en
• la première ligne est constituée essentiel- France, à savoir le rattachement à la
lement des opérationnels, du dispositif de L. V. : L’audit interne est une fonction nor- direction générale, l’objectif étant
contrôle interne et des contrôles informa- mée. Cela vous paraît-il être un avantage d’avoir accès à un maximum d’informa-
tisés ; ou un désavantage, par rapport à la fonc- tions sur la vie de l’entreprise.
• à la deuxième ligne on trouve le contrôle tion risques qui, elle, ne l’est pas, du moins
permanent assuré par des équipes ad à l’échelle mondiale ? Ma présence au comité exécutif, ma par-
hoc ; ticipation au comité des risques, au
• et la troisième ligne de défense, c’est l’au- I. M. : L’ACP ne s’exprime pas sur le comité que l’on appelle GAP, où l’on se
dit interne, le contrôle périodique. dimensionnement type dans le domaine positionne sur les questions de refinan-
des risques, mais elle demande à chaque cement du groupe, qui sont des risques
Etes-vous d’accord avec cette approche ? groupe de fixer sa norme, puis elle porte clés sont, selon moi, indispensables.
un jugement positif ou négatif. En Si l’audit était rattaché au comité d’au-
G. B. P. : En fait, dans un groupe comme dehors de cela, nous travaillons dans un dit, il s’appellerait peut-être encore audit
le nôtre, on travaille sur quatre niveaux, cadre extrêmement défini par les textes, interne, mais ce serait un audit de plus
en réalité. au premier duquel le 97-02. en plus externe.
Si l’on prend l’exemple d’une Banque Je pense donc que, pour l’efficacité de
populaire, elle a son propre audit interne L. V. : La direction des risques est évaluée notre fonctionnement, le schéma actuel
qui doit mener son plan sur une pério- par l’audit interne. Qu’en est-il de l’audit est bon. D’autant plus que nous avons
dicité de quatre ans. interne ? Sur le plan des normes profession- un accès libre au comité d’audit pour
Et nous, nous allons intervenir dans des nelles, il est nécessaire de faire une évalua- présenter les conclusions de nos rap-
missions plus globales et auditer l’audit tion externe tous les cinq ans. Que faites- ports ou les points qui pourraient nous
interne. C’est presque un niveau supplé- vous dans ce domaine ? préoccuper.
mentaire.

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 23


DOSSIER

L. V. : Ne pensez-vous pas cependant qu’un émettre une alerte, nous l’émettons. Et Banques populaires et de Caisses
rattachement au comité d’audit vous don- il n’y a aucune censure, bien au d’épargne et de personnalités. Nous
nerait plus d’indépendance ? contraire. mettons beaucoup l’accent sur la péda-
gogie de nos supports et de nos présen-
G. B. P. : Moi, je pense que ce qui est L. V. : Quels sont vos relations avec le tations. Il y a un effort – dans toute la
important, c’est d’avoir l’accès au comité comité d’audit ? profession, et pas seulement chez BPCE
d’audit. Mais c’est aussi d’avoir une rela- – pour rendre les présentations au
tion étroite avec son président, pour G. B. P. : Nous sommes invités perma- comité d’audit accessibles, et pour sus-
nous, le président du directoire. nents, à tous les comités d’audit, qui se citer débats et questions.
tiennent sept à huit fois par an, pendant
I. M. : Celui qui pilote l’entreprise, c’est au moins quatre heures. Le temps L. V. : Je vous remercie de vous être prêtés à
l’exécutif, ce n’est pas le comité d’audit. nécessaire est consacré aux sujets de cette interview qui montre l’importance que
La direction des risques est un outil qui contrôle. Nous pouvons nous exprimer vous attachez à la bonne coopération entre
sert à l’exécutif. En ce qui concerne notre conformément à la réglementation, et risques et audit interne au plus grand béné-
président du directoire, il est très attentif pour la bonne information du comité. fice de la direction générale et du comité
aux risques, à l’inspection, et à la confor- d’audit. 
mité, ces trois fonctions lui sont ratta- I. M. : C’est un comité d’audit et des
chées directement. Et si nous devons risques composé de dirigeants de

24 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

Gestion des risques et contrôle


interne chez Rhodia

R
hodia est intégré, depuis sep- 5. Un système d’information structu-
tembre 2011, dans le groupe rant : Les principaux processus s’ap-
Solvay, suite à une OPA ami- puient sur un système informatique
cale. Le nouveau groupe compte 30 000 unique, couvrant pratiquement
collaborateurs pour 12 milliards de chif- toutes les entités du groupe.
fre d’affaires. Le dispositif décrit ci-des-
sous est celui en vigueur chez Rhodia Le dispositif de gestion des risques mis
avant cette intégration. en place a donc dû répondre à ces diffé-
rents objectifs.
Un contexte particulier La gouvernance générale de l’entreprise
La problématique pour Rhodia a été de est la structure de base sur laquelle est
mettre en place un dispositif de gestion construit tout le dispositif. Sous la
Thomas Puissant des risques et de contrôle interne qui supervision du Conseil d’administration
Responsable de l’évaluation du contrôle réponde à 5 contraintes : et du Comité d’audit, les principaux
interne, Rhodia Internal Audit 1. Des risques industriels forts : L’ac- acteurs ont toujours été, et resteront, la
tivité est par nature risquée et impose direction et le personnel de l’entreprise.
de prendre en compte un risque
industriel significatif. Ce risque fait Un comité d’audit actif
en outre l’objet d’un encadrement En liaison avec le Conseil d’administra-
réglementaire strict. tion, le Comité d’audit et des risques est
Comme toute grosse entreprise spécia- 2. Une internationalisation impor- formellement chargé d’assurer un suivi
lisée dans une activité donnée, Rhodia tante : Rhodia est très présente dans de l’efficacité des systèmes de contrôle
– dans le domaine de la chimie – est les pays émergents, notamment la interne et de gestion des risques du
soumise à des contraintes liées notam- Chine et le Brésil, et s’y développe groupe (application de la 8e directive
ment aux risques industriels, à l’inter- régulièrement. européenne). Au-delà de l’aspect for-
nationalisation, aux évolutions régle- 3. Des référentiels réglementaires en mel, ce sont les pratiques qui favorisent
mentaires, etc. évolution : La société a été un temps le bon fonctionnement du dispositif
Un dispositif de gestion des risques a soumise à la loi américaine Sar- interne. Parmi ces pratiques, on peut
été élaboré en fonction de ces banes-Oxley, et est désormais sou- citer :
contraintes. mise au référentiel européen (LSF et • la présentation au comité de la carto-
Une direction des risques et une direc-
e
8 directive). graphie des risques ;
tion de l’audit interne ont la charge, 4. Une volonté de standardisation • les présentations faites au Comité
chacune en ce qui la concerne, de faire des processus : La direction a la d’audit par certains des « risk spon-
vivre et évoluer le dispositif de maîtrise volonté de s’appuyer sur des proces- sors » sur les risques principaux dont
des risques. Certaines directions sont sus standardisés, supportés initiale- ils ont la charge ;
responsables de la maîtrise de risques ment par des fonctions centrales • la présentation du bilan d’activité de
spécifiques. influentes, et qui restent des « pro- l’audit interne et d’une évaluation
cessus modèles ». annuelle du contrôle interne.

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 25


DOSSIER

Cette information synthétique donne au 4. Ces local process owners sont eux- surer la cohérence entre la cartographie
comité la possibilité de remplir sa fonc- mêmes au contact des acteurs finale- des risques du groupe, la cartographie
tion de supervision. ment les plus importants : les pro- des risques assurables et la déclinaison
priétaires de contrôle, c'est-à-dire du contrôle interne par processus ; les
Un engagement concret de la le personnel qui fait fonctionner les dispositifs de contrôle définis processus
direction générale processus quotidiennement. par processus sont orientés et priorisés
L’engagement de la direction se concré- Les responsables opérationnels, qui en fonction de la cartographie des
tise par tout un ensemble d’actions et de sont les responsables hiérarchiques risques.
communications pour créer le « tone at de ces « propriétaires de contrôle »,
the top », et, en matière d’organisation, doivent garantir la bonne mise en Le service ERM établit chaque année
par la constitution d’un Comité des œuvre des processus, incluant les dis- une cartographie des risques, c’est à dire
risques. Ce comité réunit trois fois par positions de contrôle ou de maîtrise une liste des principaux risques avec leur
an les plus hauts responsables du des risques prévues. évaluation (impact et occurrence). Cette
groupe dans les domaines des opéra- liste est étudiée par le comité des
tions, de la finance, du juridique, de l’in- Deux directions spécialisées risques, qui en tire une liste de risques
formatique, et naturellement le directeur dans la gestion des risques majeurs à suivre au niveau du groupe.
des risques et le directeur de l’audit Deux directions spécifiques ont pour Le comité des risques nomme ensuite
interne. mission de faire vivre et évoluer le dis- les « risk sponsors » sur les risques
positif de maîtrise des risques : une majeurs. Ces « risks sponsors » doivent
Une déclinaison par processus direction des risques et une direction de définir des plans d’action pour le traite-
Un élément clé de la gouvernance l’audit interne. Elles doivent assurer un ment des risques majeurs ; les points
interne a été la déclinaison de la « bouclage » du dispositif qui permette d’avancement de ces plans d’action sont
démarche de contrôle interne par pro- une amélioration continue et son adap- envoyés au comité des risques.
cessus, à 4 niveaux dans l’organisation : tation aux évolutions des enjeux de l’en-
1. Au plus haut niveau, des « pilotes de treprise. Le service « contrôle interne » de la
processus » ont été désignés pour direction des risques fournit un appui
chaque grande direction fonction- La direction des risques : aux CPM dans la conception de leur
nelle. Les directeurs de fonctions cartographie et gestion des modèle de contrôle. Il s’assure notam-
sont ainsi des « Corporate Process risques ment que les dispositifs de contrôle défi-
Owners » – CPO, avec un ensemble La particularité de la direction des nis permettent bien de répondre aux
de processus dont ils ont la charge. risques de Rhodia est qu’elle rassemble, risques identifiés par le comité des
2. Dans la plupart des cas, la définition au sein d’une même direction : risques.
des dispositifs de contrôle à mettre • une activité « assurances », chargée de
en œuvre sur un processus est assu- définir les risques assurables, de
rée en pratique par un collaborateur négocier les contrats d’assurance et de
direct du CPO, désigné « Corporate les suivre ;
Process Manager » – CPM. En tant • une activité « Enterprise Risk Manage- Rhodia en un clin d'œil
qu’expert de son processus et en ment », chargé de réaliser la cartogra-  Activité : chimie de spécialités
connaissant très en amont les évolu- phie des risques majeurs et de faire  Parmi les 3 leaders mondiaux dans
tions, le CPM peut identifier les définir les actions de traitement de nombreuses activités (tensio-
risques et définir les contrôles appro- nécessaires ; actifs, silices, terres rares, poly-
amides)
 issu du « spin-off » de la branche chi-
priés pour son domaine. • une activité « contrôle interne »,
3. Pour favoriser une application effec- chargé de faire définir les dispositifs
mie de Rhône-Poulenc en 1998
 chiffre d’affaires 2010 : 5,2 milliards
tive dans les unités de l’entreprise les de contrôle interne processus par pro-
CPM peuvent faire percoler leur cessus. d’euros
message vers des « local process  14 000 collaborateurs
owners », situés au plus près des opé- Le fait de regrouper ces trois activités au  65 sites industriels dans le monde
rations. sein d’une même direction permet d’as-

26 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

La direction de l’audit interne : Pour obtenir une couverture la plus large Ainsi, la direction industrielle joue un
évaluation des risques et des possible de l’ensemble des risques et rôle d’audit dans le domaine des risques
contrôles processus significatifs, l’audit interne liés à la sécurité, l’hygiène et l’envi-
La mission de la direction de l’audit utilise différents types d’outils. Les mis- ronnement. Ces audits se fondent sur
interne est de fournir une évaluation sions d’audit constituent la base de son des standards développés en interne et
indépendante sur la maîtrise des risques activité, mais, par la responsabilité d’un visant le meilleur niveau de gestion de
et sur la solidité du dispositif de contrôle processus mondial d’évaluation ce type de risque.
interne. De manière plus précise, la annuelle du contrôle interne, d’autres
direction de l’audit répond aux ques- éléments sont à sa disposition : ques- Au sein de la direction informatique,
tions suivantes : tionnaires remplis par les dirigeants des une équipe de « Governance, Risk, Com-
• A-t-on mis en place les actions de entités légales ou des business units, pliance » (IT GRC) est chargée d’un pilo-
traitement des risques (ou les activités auto-évaluations ou tests de contrôles- tage des risques liés aux processus infor-
de contrôle si l’on se situe dans le clés, documentation de l’environnement matiques, en coordination étroite avec
cadre d’un processus) adéquates ? de contrôle. l’audit interne.
• Ces actions de traitement des risques L’audit peut alors jouer son rôle clas-
majeurs ont-elles les effets attendus ? sique de fonction d’assurance vis-à-vis La direction juridique a également un
• Les dispositifs de contrôle définis pro- de la direction et du comité d’audit, mais impact primordial en ce qui concerne la
cessus par processus fonctionnent-ils il peut également faire une restitution « compliance », notamment en étant le
comme prévu ? aux business et aux CPM d’informations propriétaire et promoteur d’une « poli-
pertinentes qui aident ces derniers à tique de comportement », aspect essen-
La direction de l’audit formule des améliorer la maîtrise de leurs risques, et tiel dans l’établissement d’un environ-
recommandations et suit leur mise en à adapter les activités de contrôle. nement de contrôle favorable.
œuvre.
La direction de l’audit interne est divisée Des directions responsables Une nouvelle histoire s’ouvre pour
en deux services : de la maîtrise de risques Rhodia avec l’intégration au sein de Sol-
1. Un service d’audit interne « clas- spécifiques vay, mais le « nouveau » groupe a
sique », réalisant des missions d’audit Plusieurs fonctions jouent par ailleurs affirmé sa volonté de s’appuyer sur son
de filiales, de fonctions support, de un rôle important dans la maîtrise des dispositif de gestion des risques et de
processus. risques, même si leur désignation ou contrôle interne dans un objectif d’amé-
2. Un service d’évaluation du contrôle titre ne comporte pas nécessairement le lioration continue. 
interne, chargé de s’assurer que les mot « risque », « contrôle interne » ou
dispositifs de contrôle interne définis « audit ».
par les CPM sont bien mis en œuvre.
Pour cette évaluation, le service s’ap- Audit interne et risques spécifiques
puie sur un réseau de correspon- Pour le domaine informatique, une partie des risques et des processus est très tech-
dants, situés dans les différentes niques, et l’appel à des personnels experts est incontournable. Les équipes d’audit
zones. Ces correspondants ont sou- interne se font donc souvent accompagner par un membre de l’équipe IT GRC.
L’équipe IT GRC effectue par ailleurs des interventions dans des environnements
vent une autre fonction dans l’entre-
purement informatiques, par exemple en garantissant les bonnes pratiques des
prise, et ne sont pas rattachés hiérar- « data centers » ou en vérifiant la solidité des protections des grandes infrastruc-
chiquement à la direction de l’audit tures réseaux.
(sauf en Europe). Le même type de synergie est recherché avec l’équipe HSE, relevant de la direction
industrielle, qui organise des audits des sites industriels selon un référentiel très
développé.
Le fait de placer l’audit interne et l’éva- Un autre exemple est le développement durable, qui fait l’objet d’un système
luation du contrôle interne dans la d’auto-évaluation étendu chez Rhodia, et dont l’audit vérifie la bonne prise en
même direction permet de coordonner compte par les entités du groupe.
L’ensemble des résultats est rassemblé dans les rapports d’audit interne, fournissant
efficacement leur action et d’optimiser
aux lecteurs des rapports une appréciation la plus complète possible.
les ressources disponibles.

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 27


DOSSIER

Le rôle de l'audit interne


dans la maîtrise des risques :
l'exemple de GDF SUEZ

L
’objectif de cet article est d'étu- réseaux, ou des centrales électriques,
dier la place de la direction de sont de plus en plus pointus. Les
l'audit Interne de GDF SUEZ au cadres réglementaires sont de plus en
sein du dispositif global de gouvernance plus stricts, les outils informatiques
et de gestion des risques de l’entreprise. de plus en plus puissants, ce qui aug-
Le positionnement de l'audit interne de mente aussi leur complexité ; les
GDF SUEZ prend en compte quatre normes comptables sont de plus en
challenges : plus techniques... L'audit interne doit
1. Le groupe exerce des activités donc développer les expertises
industrielles diversifiées, de l'ex- répondant à cette technicité crois-
ploitation de centrales nucléaires à la sante.
gestion de réseaux de distribution 4. Enfin, l'audit interne doit coordon-
Xavier Bedoret d'eau, en passant par l'exploration ner son action avec celle des autres
Directeur de l’audit interne Groupe, gazière, la gestion de réseaux de acteurs de la gouvernance, principa-
GDF SUEZ transports de gaz, le négoce d'hydro- lement les équipes de gestion des
carbures, la gestion des déchets risques et de promotion du contrôle
Le groupe a défini l’organisation de industriels et ménagers, etc. Les pre- interne. L’audit interne est fédéra-
l’audit interne en fonction de données miers défis à relever par l'audit teur de diverses démarches de
essentielles : l’exercice d’activités indus- interne sont ceux de la connaissance contrôle des processus et de maîtrise
trielles diversifiées dans plusieurs et de la compétence. des risques.
dizaines de pays ; la technicité crois- 2. GDF SUEZ est un groupe interna-
sante des processus ; la coordination tional, qui exerce ses activités dans Une organisation
de l’audit interne avec la gestion des plusieurs dizaines de pays. Le décentralisée pour mieux
risques et le contrôle interne. deuxième défi pour l'audit interne est couvrir le monde
L’organisation, décentralisée pour de pouvoir intervenir partout dans le
mieux couvrir l’international, garantit monde, dans des contextes indus- L'organisation de l'audit interne a été
l’indépendance de l’audit interne qui, triels et commerciaux spécifiques définie pour répondre à ces enjeux. La
comme il se doit, évalue les dispositifs ainsi que dans des cadres culturels et direction de l'audit comprend plusieurs
de gestion des risques et de contrôle réglementaires particuliers. Il doit équipes : la direction de l’audit du siège
permanent. Il reste néanmoins très donc être agile. ainsi qu’un service d’audit au sein de
proche des managers et fait preuve 3. La troisième contrainte concerne la chacune des 6 grandes branches du
d’une grande disponibilité à l’égard des technicité croissante des proces- groupe. De plus, certaines filiales sont
directions et des différents organes de sus : les processus techniques, par dotées de leur propre service d’audit
contrôle. exemple ceux liés à l'exploitation des pour des raisons réglementaires (socié-

28 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

tés cotées sur une bourse locale, législa- présence et de disponibilité auprès d’un • elles animent des réunions théma-
tion spécifique) ou contractuelles (par- grand nombre de clients au sein du tiques et organisent des sessions de
tenariats, contrats de concession). groupe. formation visant à faire monter en
compétence l’ensemble des auditeurs.
Les auditeurs internes de GDF SUEZ La mise en œuvre de filières
représentent une vingtaine de nationa- d’expertise pour plus de Les filières d’expertise de l’audit interne
lités réparties dans une trentaine de ser- pertinence deviennent de véritables interlocuteurs
vices différents. Cette vaste commu- des directions fonctionnelles : la compé-
nauté, riche en diversité et en compé- Afin d’être plus pertinent dans quelques tence professionnelle des auditeurs
tences, fonctionne selon un système de domaines techniques, l’audit interne de combinée à leur expérience « de ter-
double rattachement : le rattachement GDF SUEZ a décidé de créer six filières rain » en font des partenaires reconnus
au directeur de l’audit interne groupe d’expertise : des diverses directions fonctionnelles.
pour assurer l’indépendance de la fonc- 1. gouvernance ; Les rapports de mission d’audit, prag-
tion et la fluidité de la communication 2. comptabilité & finance ; matiques et synthétiques, constituent
des informations (mode de fonctionne- 3. santé, sécurité & gestion environne- une matière utile à la réflexion et l’amé-
ment qualifié de « régalien ») ; le ratta- mentale ; lioration des processus d’entreprise.
chement à la direction de la branche ou 4. trading de commodities ;
de la sous-filiale pour assurer la proxi- 5. systèmes d’information ; Le détachement
mité géographique, la disponibilité 6. fraudes & investigations. d’opérationnels pour plus
managériale et la connaissance des d’impact
métiers du groupe. Chaque filière regroupe une douzaine
d’auditeurs en provenance de différents Les six filières d’expertise ne couvrent
Un audit indépendant mais services d’audit. Un pilote est désigné pas l’ensemble des processus et des
proche des managers pour animer le réseau d’auditeurs. Les thèmes que l’audit doit traiter. C’est
filières d’expertise jouent plusieurs pourquoi, les équipes d’audit de GDF
L'audit interne est une activité indépen- rôles : SUEZ font fréquemment appel aux
dante au sein du groupe. La direction de • elles conduisent des missions d’audit « business experts ». Les business experts
l'audit interne groupe rapporte au pré- transversales (i.e. concernant plu- sont des managers de terrain, des spé-
sident-directeur général et au Comité sieurs branches du groupe) sur leur cialistes reconnus dans leur domaine et
exécutif ainsi qu’au Comité d’audit. thème d’expertise. Ainsi, par exemple, disposés à mettre leur expertise pendant
Chaque trimestre, le directeur de l'audit la filière « systèmes d’information » quelques semaines par an au profit du
interne présente un rapport d’activité mène des missions transversales sur groupe. Ils sont détachés de leurs activi-
succinct couvrant les travaux conduits la gouvernance informatique et la tés pour la durée d’une mission.
par l’ensemble de la communauté des sécurité d’accès aux systèmes ; la
auditeurs internes, les points d’attention filière « santé, sécurité & gestion envi-
et les actions d’amélioration menées par ronnementale » conduit des missions
le management. Le plan d’audit annuel thématiques sur les sujets de sécurité
est analysé et validé par le Comité exé- technique et de reporting environne- GDF SUEZ en un clin d'œil
cutif et le Comité d’audit du groupe. mental, etc. ;  220 000 collaborateurs
• les filières identifient les référentiels  Chiffre d’affaires supérieur à 85
Cette organisation à double rattache- d’audit (normes techniques, stan- milliards €
ment permet de garantir l’indépendance dards ISO, directives européennes,  Plus de 150 auditeurs internes :
de l’audit interne, tout en maintenant la etc.) ; - de 24 nationalités
- répartis en 41 équipes
proximité avec les décideurs au niveau • elles entretiennent une relation per-
- ayant réalisé plus de 400
des branches et des principales filiales. manente avec les directions fonction-
missions en 2011
L’auditeur présente ainsi les qualités de nelles concernées ;

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 29


DOSSIER

 Identification et évaluation des risques.


 Sélection des risques majeurs (après consultation de l’audit et du contrôle internes).
 Accompagnement à la définition des plans d’actions de maîtrise des risques majeurs.
ERM

 Analyse des processus opérationnels critiques.


Contrôle  Définition et animation des contrôles nécessaires à la maîtrise des processus.
interne  Gestion des plans d’actions en cas de lacunes.

 Vérification de la bonne mise en œuvre des contrôles définis par le contrôle interne.
 Elaboration d’un programme d’audit fondé sur les risques majeurs.
Audit  Observations complétant les risques identifiés et leur évaluation.
interne  Recommandations en vue d’une meilleure maîtrise des risques.

Schéma 1

L’intérêt est triple : l’audité bénéficie de étage de la tour GDF SUEZ à La • la cartographie des processus du
l’intervention d’un expert technique Défense. Cette proximité physique per- groupe est définie par la direction du
interne qui comprend les enjeux et la met une coordination efficace des pro- contrôle interne et adoptée par l’audit
culture de l’entreprise ; le business expert grammes et des actions menées par ces et l’ERM ;
découvre une entité du groupe auprès trois fonctions (Cf. schéma 1). • les dispositifs de contrôle interne défi-
de laquelle il peut comparer ses pra- L’action de l’audit interne est étroite- nis par la direction du contrôle interne
tiques et créer une relation profession- ment liée à celle de la direction des sont testés par l’audit interne ; c’est
nelle enrichissante ; l’auditeur présente risques (ERM) et du contrôle interne : l’audit interne qui évalue l’efficacité et
une équipe avec fort impact combinant • le programme d’audit est bâti de la bonne mise en œuvre des contrôles
la rigueur méthodologique et la compé- façon à couvrir les risques majeurs internes. 
tence technique. Pour éviter tout conflit identifiés dans la cartographie des
d’intérêt, les business experts sont sys- risques (faite par l’ERM) ;
tématiquement affectés à des missions
d’audit en dehors du périmètre des acti-
Les autres acteurs du contrôle et de la gestion des risques
vités dans lesquelles ils sont générale-
ment actifs. Dans certains domaines, il existe des services de contrôle, d’inspection et d’au-
dit, même s’ils n’en portent pas toujours le nom. C’est notamment le cas des
activités d’exploration, de production, de gestion environnementale, de ser-
La proximité avec les autres
vices commerciaux et financiers, etc.
fonctions de gestion des
Dans ces domaines, les autorités nationales, européennes ou sectorielles ont
risques défini des standards de sécurité, de contrôle ou de qualité ainsi que les organes
chargés de la vérification périodique du respect de ces normes. Ces dispositions
La direction de l’audit interne, celle du s’imposent aux auditeurs internes de GDF SUEZ et les interventions d’audit doi-
contrôle interne et celle du management vent, dès lors, être coordonnées avec ces organes.
des risques (l’« ERM») sont très proches L’audit interne intervient, dans ce cas, comme véritable troisième ligne de
l’une de l’autre et se réunissent tous les défense, en évaluant les dispositifs de gestion des risques et de contrôle perma-
quinze jours. Elles sont situées au même nent mis en place par le management.

30 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

La maîtrise des risques


à la DGFiP
Sylviane Miroux, Directrice de projet, Chef de la Mission Nationale Maîtrise des Risques, DGFiP

commune respectueuse des pratiques Elle vise l’ensemble des activités exer-
La démarche de maîtrise des risques à
déjà existantes au sein des deux cées y compris les missions dites sup-
la DGFiP doit permettre aux acteurs du
anciennes directions. port (ressources humaines, informatique
réseau de mettre en œuvre des outils et
…).
un savoir-faire sécurisant l’exercice des
La démarche de maîtrise des risques,
métiers par la maîtrise des processus
pour le moment centrée essentiellement Il s’agit d’un dispositif permanent dont
de travail et des risques principaux qui
sur les activités des directions départe- tous les agents de la DGFiP ont vocation
y sont associés.
mentales et régionales des finances à être les acteurs, chacun au regard des
Les outils de la maîtrise des risques
publiques, est de permettre aux acteurs tâches et des responsabilités qui lui sont
sont, d’une part les outils support : car-
du réseau de mettre en œuvre des outils confiées : les équipes de direction, char-
tographie des processus et cartogra-
et un savoir-faire sécurisant l’exercice gées du pilotage du réseau qui doivent
phie des risques opérationnels ; d’autre
des métiers par la maîtrise des processus répondre des résultats du département,
part, les outils opérationnels : organi-
de travail et des risques principaux qui y les responsables d’unité en tant que res-
grammes fonctionnels, guides de pro-
sont associés. En cela, elle s’inscrit plei- ponsables du bon fonctionnement de
cédures, référentiels de contrôle
nement dans le cadre des engagements leur service et les agents en tant qu’opé-
interne.
de professionnalisme et d’exemplarité rationnels de la mise en œuvre des pro-
La maîtrise des risques suppose, préa-
dans l’exercice des missions de service cessus de travail.
lablement à sa mise en œuvre, un
public de la DGFiP.
important effort de communication
Le dispositif s’appuie sur les acquis des
afin d’en expliquer les objectifs et les
La démarche de maîtrise des deux ex réseaux pour structurer, homo-
modalités.
risques à la DGFiP généiser et professionnaliser la
démarche à l’ensemble des activités et
Présentation générale de la démarche risques opérationnels de la DGFiP.

La maîtrise des risques à la DGFiP a été Les outils en cours de déploiement

A
dministration de réseau définie comme la mise en place d’un répondent tout d’abord à deux risques
employant 120 000 personnes, dispositif administratif s’assurant que qui peuvent être qualifiés de génériques,
la Direction Générale des dans chaque entité de travail, il existe puisqu’ils sont communs à toutes les
Finances Publiques (DGFiP) est née, en une description précise de l’organisation activités : l’organisation insuffisante et
2008, de la fusion de la Direction Géné- des processus de travail et des types de non sécurisée des travaux et des services
rale de la Comptabilité Publique et de la contrôle permettant, si les prescriptions et la qualité insuffisante du contenu, de
Direction Générale des Impôts. Dès sont respectées, d’assurer la couverture la diffusion et de l’accès à la documen-
2009, le directeur général a décidé de des risques et de donner une assurance tation.
mettre en place un dispositif de maîtrise raisonnable de la maîtrise du fonction- Parallèlement à la couverture de ces
des risques qui participe d’une culture nement des services et des activités. risques génériques, il convient d’identi-

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 31


DOSSIER

fier et de couvrir les risques spécifiques dans la mise en œuvre du dispositif et très précis des activités exercées au
associés aux processus de travail. Il s’agit relève des différents pôles métier, qui sein des différents services de la DGFiP
de l’ensemble des dysfonctionnements, sont notamment responsables du (services des directions départemen-
erreurs, anomalies ou fautes qui peuvent contenu des outils de la maîtrise des tales, services des impôts des particu-
altérer le bon exercice des missions et la risques. liers, services des impôts des entreprises,
bonne organisation des services. La réa- Le fait pour la MNMR de pouvoir s’ap- conservation des hypothèques, trésore-
lisation de ces risques peut se traduire puyer sur le réseau des responsables ries …).
par des impacts de diverse nature : départementaux de maîtrise des risques
financiers, d’image, qualité de service, et pour les N°1 départementaux d’avoir L’approche processus adoptée se fonde
qualité comptable, qualité des condi- à leur disposition une « tour de sur une identification méthodique des
tions de vie au travail … contrôle » du dispositif de maîtrise des activités telles qu’elles doivent être réa-
risques constitue un des points forts de lisées. Elle identifie en particulier :
La maîtrise des risques ne se réduit donc l’organisation mise en place à la DRFIP. • leur nature (activité de pilotage, sup-
pas à une activité de contrôle, mais Elle a permis de diffuser de façon pro- port ou opérationnelle) ;
constitue un dispositif permanent inté- gressive une culture commune de la • leur contenu (descriptif détaillé des
gré aux processus de travail et d’organi- maîtrise des risques, respectueuse des activités) ;
sation qui doit faciliter et sécuriser acquis des deux anciens réseaux, en • les interactions et articulations entre
l’exercice des missions. même temps que des outils d’aide à la chacun d’eux mais aussi à l’intérieur
maîtrise de l’activité. d’un processus.
Les acteurs de la démarche
L’audit, défini comme une activité per- La cartographie des processus de la
Le dispositif de gouvernance arrêté par mettant de s’assurer que le fonctionne- DGFiP a adopté un maillage en 5
la DGFiP prévoit que la politique natio- ment d’une organisation est conforme niveaux :
nale de maîtrise des risques est définie aux prescriptions et réglementations, • les cycles d’activité, au nombre de 18,
par le directeur général, assisté du s’appuie sur une organisation compara- qui identifient les grandes missions
comité national de maîtrise des risques ble à celle de la maîtrise des risques confiées à la DGFiP ;
(CNMR) composé de membres du (mission nationale rattachée au direc- • les processus, au nombre de 300,
Comité de direction. teur général et missions départemen- constituent la déclinaison opération-
La mission nationale de maîtrise des tales) mais indépendante. nelle de ces missions. Ils constituent
risques (MNMR), directement rattachée L’audit permet de s’assurer de la mise en un ensemble de travaux liés relevant
au directeur général, est chargée de met- œuvre effective des outils de la maîtrise d’une même activité, généralement
tre en œuvre cette politique. des risques. caractérisés par des normes juridiques
Ainsi les deux démarches, complémen- spécifiques en vue de la production
Ce schéma est reproduit au niveau des taires, sont clairement distinguées tant d’un résultat. Le processus recouvre
départements : le directeur assisté du au plan organisationnel que fonctionnel. une dimension transversale et peut
comité départemental de maîtrise des faire intervenir plusieurs services col-
risques, s’appuie sur le responsable de la Les outils de la maîtrise des laborant successivement ;
mission maîtrise des risques qui est le risques de la DGFiP • les procédures, au nombre de 1 100,
garant de la mise en œuvre du dispositif constituent les enchaînements, selon
au plan local et apporte le soutien Les outils support de la maîtrise des des normes prédéfinies d’un proces-
nécessaire aux services. risques à la DGFiP sus ;
La création de structures dédiées au • les tâches s’intègrent dans une procé-
niveau national et local n’entraîne La cartographie des processus de la dure. Chaque tâche est composée
cependant pas le transfert de la pro- DGFiP d’un ensemble d’opérations indivisi-
priété des risques au profit de ces struc- La première pierre de l’édifice est bles, fréquemment exécutées par un
tures ; la responsabilité opérationnelle constituée par un recensement exhaustif même opérationnel ;

32 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Les différents acteurs de la maîtrise des risques

• les opérations, au nombre de 11 000, compte notamment des éléments Les organigrammes fonctionnels
sont les composantes d’une tâche. Ce d‘information suivants : Afin de maîtriser le risque lié à l’organi-
sont des actions élémentaires qui ne • création de nouvelles procédures ; sation, il convient en pratique de pou-
peuvent être séparées dans le temps. • modifications substantielles de procé- voir répondre aux deux questions sui-
dures susceptibles d’avoir un impact vantes :
La cartographie des processus sert de sur leur niveau de classification ; • Quelles tâches doivent être réalisées
socle aux autres outils de la maîtrise des • résultats des contrôles internes réali- au sein d’un service donné ?
risques. sés par les chefs de service ; • Quel(s) opérationnel(s) au sein du
• dispositif de veille associant les res- service est (sont) chargé(s) de leur
La cartographie des risques opéra- ponsables des missions départemen- accomplissement ?
tionnels tales de maîtrise des risques ;
La cartographie des risques opération- • constats opérés par l’audit interne Les organigrammes fonctionnels (OF)
nels de la DGFiP prend la forme d’une dans le cadre de ses travaux ; ont pour objet de décrire le rôle et les
classification des procédures en quatre • observations des corps de contrôle attributions des agents au sein d’un ser-
niveaux de sensibilité (faible, moyen, externes. vice (cela par tâche décrite de façon syn-
élevé, très élevé). thétique), d’indiquer la documentation
Cette revue annuelle permet de faire disponible, de faire état des contrôles à
Cette classification, opérée dans un pre- vivre le dispositif de maîtrise des risques effectuer tels qu’ils sont décrits par ail-
mier temps à dire d’experts, fait l’objet et de s’assurer de son adéquation aux leurs dans les référentiels de contrôle
d’une actualisation annuelle tenant évolutions de la DGFiP. interne.

L’établissement de la cartographie des L’OF permet de prendre connaissance


Diplômée de l'Ecole Normale d'Ad- risques opérationnels a permis de hié- rapidement des processus visés, d’ana-
ministration, Sylviane Miroux est
rarchiser les travaux relatifs aux guides lyser la pertinence de l’organisation
affectée, en 1996, au Ministère des
de procédure et aux référentiels de mise en place, d’identifier les risques
finances (DGI) en qualité d’adjointe
au chef de bureau dans un premier contrôle interne. éventuels d’ordre organisationnel et les
temps, puis de chef de bureau du mesures correctrices à prendre. Ils sont
bureau chargé de la coordination Les outils opérationnels de la maîtrise mis en place dans tous les services
et de la stratégie, de l'organisation des risques à la DGFiP départementaux.
des services et de la maîtrise d'ou-
vrage informatique des systèmes L’objectif premier fixé au dispositif de Il a pour objectif une clarification des
d'information de la DGI. En 2000, maîtrise des risques au sein de la DGFiP tâches affectées à chacun et une
elle assure les fonctions de rappor-
est de faciliter les travaux des agents. connaissance plus fine des liaisons à
teur à la Cour des comptes, avant
Une attention toute particulière est donc établir au sein du service. Son utilité est
de prendre la responsabilité de chef
portée au déploiement d’outils de d’autant plus grande que des tâches
du bureau chargé de la gestion des
crédits, du contrôle de gestion et de nature à : diversifiées sont exercées au sein du ser-
la mise en place de la LOLF, de 2003 • améliorer l’organisation interne de vice.
à 2006. chaque service (organigrammes fonc-
En 2006, elle devient sous-direc- tionnels) ; Outil interne au service, il est partagé
trice des ressources humaines au • clarifier l’exercice quotidien des mis- par son responsable et ses membres.
Secrétariat Général du ministère sions (guides de procédures) ;
des finances, et, en 2009, elle prend • sécuriser des travaux souvent com- Les guides de procédures
les fonctions, qu’elle assure encore
plexes (référentiels de contrôle Prioritairement destinés aux agents afin
aujourd’hui, de directrice de projet,
interne). qu’ils s’approprient l’exécution des pro-
chef de la Mission Nationale Maî-
trise des Risques. cessus, les guides offrent une vue appro-

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 33


DOSSIER

fondie d’une activité et sa décomposi- Les référentiels de contrôle interne grammes fonctionnels, des guides de
tion en tâches opérationnelles. Les référentiels de contrôle interne procédure et des référentiels de contrôle
identifient les principaux risques pou- interne va être prochainement déployé ;
Ces guides se présentent sous forme de vant affecter le bon déroulement des par ailleurs, un outil informatique dédié
fiches de procédure détaillant les opéra- processus à n’importe quelle étape de au reporting et à l’analyse des résultats
tions et les points de vigilance sur les leur exécution. Plus particulièrement du contrôle interne est en cours de réa-
plans fonctionnel et informatique et destinés à l’encadrement intermédiaire, lisation.
récapitulent la documentation déjà dis- ils présentent pour les risques ainsi
ponible (notes, instructions et guides identifiés les mesures de contrôle Démarche récente dans la sphère admi-
utilisateurs divers …). interne les plus adaptées pour sécuriser nistrative, la maîtrise des risques sup-
le fonctionnement des services. pose préalablement à sa mise en œuvre
Les guides de procédure permettent un important effort de communication
ainsi aux agents de maîtriser le déroule- A chaque référentiel de contrôle interne afin d’en expliquer les objectifs et les
ment des opérations qu’ils ont à mettre est associée une grille de diagnostic qui modalités.
en œuvre de façon très concrète et pré- permet au chef de service, dans le cadre
cise. du contrôle interne de supervision a Au service de tous les membres de l’or-
posteriori, de formaliser l’analyse de la ganisation, c’est avant tout une
Ils constituent également le mode opé- mise en œuvre des mesures de couver- démarche pragmatique fondée sur la
ratoire de référence permettant d’homo- ture des risques prévues dans le RCI. volonté de faciliter le travail des
généiser les procédures, de diffuser les Un outil informatique, support de la car- agents. 
bonnes pratiques. tographie des processus, des organi-

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34 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


INTERVIEW

De nouvelles ambitions
pour l’IFACI
Entretien avec Philippe Mocquard - Délégué général, IFACI

Revue « Audit & Contrôle internes » : interne opérant sous la supervision d'un tion (veille réglementaire, actualités de
Philippe Mocquard, vous avez pris depuis comité d'audit. la profession), de documentation
janvier 2011 la direction opérationnelle de Ces trois leviers restent des facteurs de (guides et manuels pratiques) et
l’IFACI qui, en quelques années, est devenu développement essentiels de l'associa- d'échanges visant à faciliter la création
l’organisme de référence dans les domaines tion pour les prochaines années. de réseaux et à faire croître la commu-
de la formation en contrôle et audit Dans ce contexte porteur, le rôle de nauté des auditeurs et des contrôleurs
internes, ainsi qu’en matière d’évaluation notre institut est d'anticiper et d'accom- internes (réunions, colloques...).
des services d’audit interne. Et vous-même, pagner le développement de nos Notre premier axe de travail consiste à
à la tête de la formation, vous y avez gran- métiers. Il le fait en investissant dans la améliorer la connaissance et l'accès à la
dement contribué. A présent, en tant que recherche, pour en approfondir et en documentation existante. En effet, les
délégué général, quelles sont vos nouvelles développer les pratiques, et pour en adhérents ne sont pas toujours bien
ambitions pour l’Institut ? identifier les orientations futures. informés de l'existence de documents
Accompagner les auditeurs et les susceptibles de les aider très concrète-
Philippe Mocquard : L'IFACI s'est contrôleurs internes, c'est également ment. Nous avons avancé dans ce
effectivement développé de façon très développer les services que l'Institut domaine avec notamment la mise en
importante au cours de la dernière fournit à ses adhérents : services d'infor- ligne d'un nouveau site internet, ou
décennie, à l'instar des grands instituts mation, de documentation, de forma- encore avec la capacité de converser
de l'IIA. Cette croissance est le reflet de tion professionnelle, d'évaluation indi- directement et régulièrement avec les
la montée en puissance de la profession, viduelle ou collective. De nombreux adhérents par e-mail. Beaucoup reste à
portée par l'augmentation de la taille projets sont actuellement en cours, sous faire cependant.
des entreprises et l'évolution concomi- l'impulsion du conseil d'administration,
tante de la régulation et de la réglemen- pour accroître la valeur ajoutée des ser-
tation. vices de l'IFACI. Philippe Mocquard est ingénieur
Par ailleurs, l'audit interne est un métier Enfin, ces développements se réalisent et certifié DPAI et CIA. Contrôleur
de passage, notamment en Europe, ce dans un contexte d'intégration crois- de gestion pour Rhône-Poulenc, en
qui implique un investissement impor- sante de l'activité des instituts du réseau Grande-Bretagne, aux Etats-Unis
tant dans la formation des auditeurs. de l'IIA. puis au siège, il intègre l'audit
L'IFACI a répondu à cette demande en interne central en 1997. Au sein
développant une offre de formation pro- A&CI : Nos adhérents attendent beaucoup d'Aventis, en 2000, il suit les projets
fessionnelle forte de 45 séminaires à ce de l’IFACI. Ils souhaitent toujours plus d’in- liés à la fusion des groupes Rhône-
jour, s'adressant à l'ensemble des popu- formations, de benchmark, de services gra- Poulenc et Hoechst. Il rejoint l'IFACI
lations de l'audit et du contrôle internes. tuits ou payants. Quels sont vos projets en 2004 où il devient directeur de la
Enfin, nos métiers se sont diffusés dans dans ce domaine ? Formation avant de prendre, en
tous les secteurs d'activité et dans les 2009, la responsabilité des projets
organisations de toutes tailles. Au Ph. M. : Les auditeurs et les contrôleurs stratégiques de l'Institut en tant
niveau de l'administration centrale de internes attendent en premier lieu de qu'adjoint au délégué général. Il
l'État, par exemple, et ce depuis le décret leur association qu'elle les aide à être est nommé, en janvier 2011, secré-
de 2011, chaque ministère organise et plus efficaces dans leurs travaux quoti- taire général de l’Institut avant d’en
formalise son contrôle interne puis diens. Pour ce faire, notre association devenir le délégué général en jan-
l'évalue périodiquement par un audit développe différents services d'informa- vier 2012

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 35


INTERVIEW

En second lieu, il s'agit d'accroitre la Comment voyez-vous sa place dans le


production de documentation et d'in- concert mondial de l’audit interne ?
formation à destination des adhérents.
Pour ce faire, l'Institut travaille simulta- Ph. M. : Nous venons de décrire la façon
nément sur deux axes : dont les instituts, européens en particu-
• Dès 2012, plus de moyens seront liers, doivent apprendre à coordonner
affectés à la recherche, il sera ainsi leurs travaux pour fournir des services
possible d'accompagner un plus de meilleure qualité à leurs adhérents.
grand nombre d'unités de recherche, C'est une première façon de décrire la
ou encore de faire évoluer les services place de l'IFACI au sein de l'IIA : un ins-
de veille et de revue de presse actuels. titut qui participe pleinement à la vie du
• La coordination des travaux des insti- réseau, partie prenante d'un processus
tuts du réseau de l'IIA constitue le de réflexion et de production de plus en
second axe d'amélioration. Une meil- plus intégré. pays francophones en mettant gracieu-
leure répartition des travaux, une D'une façon plus générale, l'Institut doit sement à disposition l'ensemble de sa
meilleure coopération entre unités de s'adapter aux attentes des auditeurs et production. Le développement, en 2012,
recherche au niveau européen, puis des contrôleurs et de leurs organisa- d'un pôle de traduction et d'adaptation
au niveau mondial, sont indispensa- tions. Il est évident que certaines pra- de la documentation produite par d'au-
bles à l'augmentation du volume, de tiques au sein de certaines organisations tres instituts en Europe et ailleurs ren-
la qualité et de la pertinence de la s'internationalisent. Pour autant, cer- forcera encore l'implication de l'Institut
documentation. taines régulations et réglementations auprès de la communauté francophone.
restent nationales, à l'instar de certaines Enfin, l'IFACI étend sa présence au sein
Enfin, il est évident que tous les adhé- organisations dont le périmètre d'action des différents comités décisionnels de
rents n'ont pas les mêmes besoins. est par nature national. Ceci implique l'IIA et dans les conférences internatio-
L'Institut doit répondre aux attentes de que notre association doit rester une nales et régionales. Sur un plan très
ses différentes populations : contrôleurs structure fondamentalement ancrée au opérationnel, notre association, une des
et auditeurs internes, gestionnaires de niveau national, organisant la réflexion plus matures au sein du réseau de l'IIA,
risques, juniors, seniors et directeurs, et produisant à ce niveau, tout en étant participe pleinement aux réflexions et
individus et services. capable, au travers du réseau de l'IIA, de aux projets conduits au niveau mondial
Pour ce faire, l'IFACI conçoit des offres répondre à d'autres besoins. par l'IIA en matière de formation, de
plus spécialisées. Tel est le cas de l'Audit L'évolution de l'ECIIA, impulsée par les certification ou de publications par
Executive Center (AEC) qui s'adresse quatre pays membres permanents de exemple.
plus particulièrement aux responsables son conseil d'administration (Alle- Par nature ancré au niveau national,
d'audit. Il s'agit d'un service exclusif pro- magne, France, Italie Royaume-Uni), l'IFACI à vocation à participer aux pro-
posant à la fois un centre de documen- est, sur ce plan, tout à fait significative. jets européens et mondiaux de toutes
tation et d'information international en La confédération européenne des insti- natures et à y diffuser la vision originale
ligne, ainsi que des événements répon- tuts d'audit interne, fondée à l'origine construite par ses adhérents.
dant à leurs besoins spécifiques : pour accompagner le développement
échanges et conférences sectorielles, des instituts en Europe, a vu, en 2011, A&CI : Nous vous remercions, Philippe
nationales et internationales, tables ses priorités recentrées sur la promotion Mocquard, de nous avoir fait part de vos
rondes... Ce service, en cours de déve- de nos métiers auprès de la Commission ambitieux projets pour mieux répondre aux
loppement, devrait voir le jour en 2013. Européenne et des associations profes- attentes des adhérents de l’IFACI et rester
sionnelles européennes présentes à dans le peloton de tête des instituts leaders
A&CI : L’IFACI est l’un des tout premiers Bruxelles. de l’IIA. Nous vous souhaitons une totale
instituts mondiaux appréciés de l’IIA pour Parallèlement, l'institut participe pleine- réussite dans les différentes actions enga-
son dynamisme et sa créativité, et son rôle ment au développement des métiers de gées. 
important auprès des pays francophones. l'audit et du contrôle internes dans les

36 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


LA PROFESSION EN MOUVEMENT

Evénements
conformité avec les stan- management sur les travaux Caisse d’Epargne Ile-de-
dards professionnels, etc. des auditeurs ; elle traduit France
un lien hiérarchique.
Il existe des spécialisations L’effectif de la direction de
La supervision des fonctionnelles et techniques Pourquoi superviser ? Pour l’audit est de 34 personnes
missions d’audit : par directeur de mission : assurer la qualité des pro- dont un directeur, deux
organisation et méthodologie, finance, duits finis et faire bénéficier superviseurs, cinq chefs de
responsabilités risques, planning… les opérationnels de l’avis missions, treize auditeurs
d’un expert ayant suffisam- experts et onze auditeurs,
Réunion mensuelle En matière de supervision, ment de recul pour ne pas chacun œuvrant dans un
du 20 janvier 2012 les responsabilités clés du être absorbé par la dyna- périmètre bien défini.
directeur de mission sont mique du groupe.
Groupe Lafarge de réaliser l’analyse des Les spécificités de supervi-
risques, de préparer la lettre Comment superviser ? En sion sont liées à différents
L’équipe d’audit (40 per- de mission, de valider les fixant des étapes et des facteurs. Au premier chef à
sonnes) est fortement programmes de travail, de niveaux. Tout d’abord, s’as- l’activité bancaire fortement
structurée, comprenant : un superviser à distance surer de la pertinence des réglementée (CRBF 97-02).
senior vice president qui rap- (points formels), de rédiger risques identifiés, du péri- Ensuite au nombre impor-
porte au CEO ; six direc- le rapport et l’executive sum- mètre de l’audit proposé et tant d’unités auditables. A
teurs de mission ; huit mary letter, de suivre l’avan- du timing envisagé. Valider une typologie de missions
managers ; vingt-deux cée des plans d’action. Les la bonne tenue de la réu- très diversifiée (audits d’en-
auditeurs seniors. responsabilités clés du nion d’ouverture et la qua- tités, de processus, de por-
manager, sont de superviser lité des informations four- tefeuilles, thématiques, de
Une supervision collégiale la préparation des pro- nies à l’audité. S’assurer prestations externalisées,
est exercée par le Comité grammes de travail, d’orga- que les travaux envisagés etc.). Aux spécialisations
des directeurs de l’audit niser les aspects logistiques sont pertinents au regard par banque, par domaine
composé du senior vice pre- de la mission, de proposer des objectifs. En cours de de compétence…
sident et de six directeurs de une répartition des travaux, mission, débriefer au fur et
mission. Elle porte sur la d’encadrer l’équipe sur le à mesure les problèmes Il existe des écueils à éviter
préparation du plan d’au- terrain, de revoir les papiers rencontrés, et valider avant dans l’organisation de la
dit ; la préparation des de travail, d’organiser la communication aux audi- supervision. Ainsi des
reportings au Comité rédaction du rapport de tés. Avant la communica- objectifs insuffisamment
d’audit ; la définition des mission, etc. tion finale qui doit être détaillés et formalisés pour
plannings et des affecta- claire et concise, faire une les différents clients de la
tions de missions ; le suivi Alcatel-Lucent revue intégrale des docu- mission. Une analyse des
de l’activité et de la perfor- ments pour s’assurer que risques validée trop tardive-
mance du département ; le La supervision consiste en les points relevés sont justi- ment. Des arbitrages tardifs
suivi de la qualité et de la une revue effectuée par le fiés. des moyens. Une mauvaise

février-mars 2012 - Audit & Contrôle internes n°208 37


LA PROFESSION EN MOUVEMENT

répartition des rôles créant œuvre du contrôle interne » communication doit être évaluations et des plans
des redondances et des a fait l’objet d’une révision, permanente, les responsa- d’actions : dispositifs de
allers et retours multiples. en raison de la mise à jour bilités fixées et connues. La gestion des risques clés du
Des dérapages sur les du référentiel AMF en juil- formation continue est groupe et contrôle interne
délais : ils pénalisent l’orga- let 2010, du rôle renforcé du indispensable. Les clés de la financier. D’autre part des
nisation des missions et comité d’audit, d’une prise réussite sont l’implication principaux leviers : une car-
leur enchaînement dans la de recul sur les projets de l’équipe dirigeante, la tographie des risques
réalisation du plan. visant la mise en place, la sensibilisation du manage- groupe (évaluation en cen-
structuration ou l’optimisa- ment, l’adhésion de l’en- tral et dans chaque entité) ;
Mais il existe heureusement tion du dispositif de semble du personnel, un un questionnaire de
des facteurs clés de succès contrôle interne, tout cela objectif d’efficacité voire contrôle interne financier ;
pour une supervision effi- avec pour objectif la mise à d’efficience, une démarche un formulaire de reporting
cace. En numéro un la com- disposition d’un outil sim- d’amélioration continue. annuel. Les pistes d’amé-
pétence (ce qui ne va pas ple et pratique, s’appuyant lioration concernent les
toujours de soi). La formali- sur des exemples concrets. L’Agefiph a mis en place outils de suivi d’incident ;
sation des constats et un dispositif de gestion des l’optimisation du dispositif
recommandations. L’impor- Les éléments constitutifs du risques dans un contexte pour limiter les redon-
tance de la réunion de fin dispositif de gestion des particulier caractérisé par dances et fluidifier les
de mission : le chef de mis- risques sont le cadre orga- une absence d’obligations échanges entre acteurs :
sion doit s’impliquer dans nisationnel, l’identification réglementaires. Une audit interne, qualité,
la présentation des conclu- et le recensement des démarche proactive pour contrôle interne, gestion
sions. La capacité de répon- risques, l’analyse et le trai- anticiper les exigences des des risques, etc. ; la gestion
dre aux attentes, formulées tement des risques, le pilo- instances de contrôle de crise.
ou non, des destinataires tage en continu du disposi- externe, et le contexte de
du rapport, etc. tif de gestion des risques. crise, aboutissent à la mise Allianz France considère
La valeur ajoutée du super- Les difficultés liées à la en place d’une cartographie que Solvency 2, en dépit des
viseur est fonction de sa mise en pratique tiennent des risques et d’un comité contraintes, est une réelle
capacité de prise de recul et aux différents acteurs et aux d’audit. Aujourd’hui, le opportunité pour améliorer
de sa capacité à formuler points de connexion entre besoin de renforcement de le contrôle interne. A com-
une problématique argu- eux : confusion des rôles et la maîtrise passe par une mencer par la mise en
mentée. des responsabilités ; procé- approche par processus, par œuvre d’une cartographie,
dures en décalage avec la une formalisation du dispo- vraie approche globale inté-
culture de l’organisation ; sitif de contrôle interne, par grée. Le contrôle des
Mettre en œuvre et gestion des informations une introduction de réfé- risques joue un rôle impor-
optimiser un relatives aux risques, etc. rentiels de contrôle interne. tant dans chacun des trois
dispositif de contrôle piliers (exigence, gouver-
interne Pour faire vivre et optimiser Thales a défini d’une part nance, transparence), au
le contrôle interne, il faut des principes clés : respon- travers de l’environnement
Réunion mensuelle mettre en place un disposi- sabilisation et engagement de contrôle, de l’évaluation
du 13 février 2012 tif général intégré avec une des mandataires sociaux des risques et des rapports
équipe centrale en charge des filiales ; boucle d’amé- de contrôle interne. 
Le cahier de la recherche d’assurer la cohérence des lioration dans les entités
« Des clés pour la mise en dispositifs particuliers. La légales basée sur des auto-

38 Audit & Contrôle internes n°208 - février-mars 2012


Calendrier 2012
Tarifs Tarifs non
S E SSIONS Durée
adhérents adhérents
janvier février mars avril mai juin juillet sept. octobre nov. déc.

SE FORMER AU CONTRÔLE INTERNE


S’initier au contrôle interne 2j 950 € 1 125 € 5-6 2-3 8-9 2-3 2-3 11-12 2-3 5-6 8-9
Cartographie et management des risques 3j 1 675 € 1 875 € 11-13 6-8 12-14 4-6 9-11 13-15 10-12 8-10 3-5
Mettre en œuvre le dispositif de contrôle interne 2j 1 200 € 1 350 € 16-17 9-10 15-16 14-15 19-20 4-5 13-14 15-16
Piloter et faire vivre le dispositif de contrôle interne 2j 1 200 € 1 350 € 19-20 15-16 19-20 23-24 21-22 18-19 22-23
Le contrôle interne des systèmes d’information 2j 1 200 € 1 350 € 24-25 22-23 27-28 3-4
SE FORMER À L’AUDIT INTERNE
Les fondamentaux de l’audit interne
8-9
S’initier à l’audit interne 2j 950 € 1 125 € 5-6 1-2 15-16 7-8 2-3 6-7 4-5 8-9 6-7
29-30
Conduire une mission d’audit interne : la méthodologie 4j 1 950 € 2 150 € 10-13 6-9 12-15 3-6 21-24 11-14 2-5 10-13 9-12 12-15 10-13
Maîtriser les outils et les techniques de l’audit 3j 1 625 € 1 775 € 16-18 13-15 19-21 10-12 29-31 18-20 9-11 17-19 15-17 19-21 17-19
D PA I

Maîtriser les situations de communication orale de 2j 1 050 € 1 150 € 19-20 13-14 22-23 10-11 21-22 21-22 12-13 20-21 18-19 22-23 20-21
l’auditeur
Réussir les écrits de la mission d’audit 2j 1 050 € 1 150 € 23-24 16-17 26-27 12-13 23-24 25-26 12-13 24-25 22-23 26-27 20-21
Exploiter les états financiers pour préparer une mission 3j 1 525 € 1 675 € 25-27 26-28 29-31 26-28 3-5
d’audit
Désacraliser les systèmes d’information 3j 1 525 € 1 675 € 28-30 4-6 26-28 12-14
Détecter et prévenir les fraudes 2j 1 050 € 1 150 € 29-30 28-29 24-25 24-25 6-7
Le management
Piloter un service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 30,31 10-11 11-12
Manager une équipe d’auditeurs au cours d’une mission 1j 685 € 770 € 21 4 14
L’audit interne dans les petites structures 1j 685 € 770 € 7 29 19
Balanced Scorecard du service d’audit interne 1j 685 € 770 € 10 25 28
Le suivi des recommandations 1j 685 € 770 € 6 11 26 7 21
Préparer l’évaluation externe du service d’audit interne 2j 1 300 € 1 450 € 13-14 15-16 29-30
L’audit interne, acteur de la gouvernance 1j 685 € 770 € 12 26
Audit interne, contrôle interne et qualité : les synergies 1j 685 € 770 € 15 25 5
Les audits spécifiques
Audit du Plan de Continuité d’Activité - PCA 2j 1 300 € 1 450 € 8-9 27-28 26-27
Audit de la fonction Comptable 2j 1 300 € 1 450 € 5-6 8-9
Audit de performance de la gestion des Ressources 3j 1 525 € 1 675 € 11-13 21-23
Humaines
Audit de la fonction Achats 2j 1 300 € 1 450 € 16-17 27-28
Audit des Contrats 1j 685 € 770 € 16 1
Audit de la fonction Contrôle de Gestion 2j 1 300 € 1 450 € 5-6 29-30
Audit de la Sécurité des Systèmes d’Information 2j 1 300 € 1 450 € 22-23 12-13
Audit des Processus Informatisés 2j 1 300 € 1 450 € 27-28 19-20
Audit de la Législation Sociale 2j 1 300 € 1 450 € 13-14 17-18
Audit du développement durable 2j 1 300 € 1 450 € 7-8 15-16
SE FORMER DANS LE SECTEUR PUBLIC
Le contrôle interne dans le secteur public 2j 1 300 € 1 450 € 2-3 21-22 6-7 12-13
Pratiquer l’audit interne dans le secteur public 4j 1 950 € 2 150 € 26-29 4-7 22-25 17-20
SE FORMER DANS LE SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER
Le contrôle interne dans le secteur bancaire et financier 3j 1 525 € 1 675 € 6-8 19-21 5-7
Pratiquer l’audit interne dans le secteur bancaire et 4j 1 950 € 2 150 € 11-14 24-27 10-13
financier
SE FORMER DANS LE SECTEUR DES ASSURANCES
Le contrôle interne dans le secteur des assurances 2j 1 300 € 1 450 € 8-9 2-3 4-5 8-9
Pratiquer l’audit interne dans le secteur des assurances 4j 1 950 € 2 150 € 13-16 26-29 8-11 17-20
SE FORMER DANS LES SECTEURS INDUSTRIE ET COMMERCE
Audit des processus clés des activités industrielles et 4j 1 950 € 2 150 € 23-26 2-5 18-21 15-18 4-7
commerciales
ACQUÉRIR UNE CERTIFICATION
Le DPAI
Préparation au DPAI 2j 950 € 1 125 € 29-30 11-12 15-16 13-14
Le CIA
Préparation au CIA - partie I 1,5 j 850 € 1 050 € 16pm-17 12pm-13 12pm-13 10pm-11 3pm-4
Préparation au CIA - partie II 1,5 j 850 € 1 050 € 19pm-20 15pm-16 14pm-15 13pm-14 6pm-7
Préparation au CIA - partie III 1,5 j 850 € 1 050 € 23pm-24 19pm-20 18pm-19 17pm-18 10pm-11
Préparation au CIA - partie IV 1,5 j 850 € 1 050 € 26pm-27 22pm-23 21pm-22 20pm-21 13pm-14

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FICHE TECHNIQUE

La conscience professionnelle :
une qualité fondamentale
de l’auditeur

Norme 1220-A3
Les auditeurs internes doivent exercer une vigilance particulière à l’égard des risques significatifs susceptibles
d’affecter les objectifs, les opérations ou les ressources. Toutefois, les procédures d’audit seules, même
lorsqu’elles sont menées avec la conscience professionnelle requise, ne garantissent pas que tous les risques
significatifs seront détectés.

Entretien avec ...


Valérie Berche - Directrice de l’audit, du contrôle interne et de la qualité groupe, La Française
des Jeux

La revue A&CI : La norme vise la conscience l’entreprise en rattachement à une direction


professionnelle des auditeurs internes. Comment la générale, avec un lien non hiérarchique certes,
définissez-vous dans votre organisation ? mais autorisé et avéré, avec le comité d’audit.
C’est dans ce cadre d’indépendance que les
Valérie Berche : Rappelons en préambule les auditeurs vont trouver la légitimité d’interven-
fondements sur lesquels, à mes yeux, il est crucial tion dans l’ensemble des activités du groupe.
qu’une entité d’audit interne puisse installer sa
pratique pour exercer sa mission de façon effi- • La capacité d’objectivité : le cadre de la fonc-
cace : tion une fois posé, les auditeurs doivent y
intervenir de façon objective, c'est-à-dire avec
• L’indépendance : la fonction d’audit interne un « formatage » d’esprit particulier, si je puis
doit être positionnée dans l’organigramme de dire, qui privilégie par obligation, pour former

février-mars 2012 - FICHE TECHNIQUE N°38 - Audit & Contrôle internes 1


FICHE TECHNIQUE

d’esprit n’est en aucun cas antinomique, bien


au contraire, avec le recours à l’intuition, la
nécessaire instauration d’un lien de confiance
à installer avec l’audité pendant la mission, et
plus généralement un comportement de colla-
borateur tout à fait « normal » qui développe
ses qualités humaines et relationnelles dans
l’entreprise, et fort heureusement d’ailleurs !

• Sur un plan plus comportemental, je rappelle


en permanence à mes auditeurs, et ceci est à
l’évidence renforcé dans une entreprise de
1 000 personnes comme la nôtre, de ne jamais
oublier qu’ils véhiculent l’image de l’audit
interne dans leurs faits et gestes quotidiens, et
qu’ils seront immanquablement observés,
voire jugés à travers leur fonction, même à
table ou dans un environnement hors
mission ! Notre rôle d’auditeur nous donne en
effet des devoirs et des droits d’accès, de
contrôle et d’évaluation du correct fonctionne-
ment de l’activité de l’entreprise. A travers cela,
nous émettons, à l’attention de leur hiérarchie
et de la direction générale, une opinion plus
ou moins positive sur la façon dont des opéra-
tionnels effectuent les tâches dont ils ont la
Diplômée d’une école de commerce, Valérie Berche a passé responsabilité. Ce pouvoir de contrôle nous est
trois ans au sein du Cabinet d'audit Pricewaterhouse : certes conféré par notre fonction, il est de ce
missions de commissariat aux comptes et d'audit opération- fait admis par l’ensemble des collaborateurs,
nel, essentiellement en milieu industriel. mais il exige en contrepartie un comportement
A la Française des Jeux depuis septembre 1991, elle a occupé exemplaire de la part des auditeurs qui l’exer-
des responsabilités au contrôle de gestion, avant de devenir cent, sinon les commentaires peuvent aller
auditeur senior à la direction audit groupe. bon train, voire la crédibilité de l’entité d’audit
Elle a assuré les fonction de directrice de l’audit groupe de interne peut s’en trouver entachée.
juillet 1997 à décembre 2009.
En janvier 2010, elle est nommée directrice de l’audit, du • L’absence de conflit d’intérêt : garant du
contrôle interne et de la qualité, encadrant une équipe de 10
réflexe d’objectivité que doit en permanence
personnes.
activer l’auditeur dans ses travaux, il est abso-
lument fondamental de veiller à éviter tout
conflit d’intérêt qui obérerait son jugement ou
une opinion dans l’exercice de leur mission, le pourrait entacher son objectivité. L’éthique et
recours à des faits et non à des sentiments ou la déontologie sont en effet fondamentales
des jugements non étayés. Ceci dit, cet état dans l’exercice de notre métier. Et l’honnêteté,

2 Audit & Contrôle internes - FICHE TECHNIQUE N°38 - février-mars 2012


pour un auditeur ou un candidat à un poste tiques de formation technique qui travaillent en
d’audit, d’exposer l’existence d’un conflit d’in- binôme avec mes auditeurs de formation plus
térêt le concernant, est à mes yeux la première généraliste et souvent financière.
manifestation de sa conscience professionnelle
respectant la déontologie forte de son métier. Je ne leur demande pas, bien évidemment,
d’avoir la connaissance de tous les métiers audi-
• La compétence et la conscience profession- tés, et je fais appel au besoin à des expertises
nelle : enfin, nous arrivons au thème à traiter, techniques support soit en interne, soit en
objet de votre question… Alors pourquoi tout externe sur des problématiques pointues de type
ce préambule, me direz-vous ? L’auditrice que juridique, fiscal actuariat, statistique, etc. Dans la
je suis ne se refera pas… on doit creuser les mesure du possible, tant pour garantir une
fondations d’une maison avant de songer à en complémentarité de compétences qu’une
bâtir les murs. Or, si les conditions énoncées formation croisée dans les missions, je veille à
ci avant sur l’indépendance, la capacité d’ob- positionner, sur les interventions d’audit, au
jectivité et l’absence de conflit d’intérêt ne sont minimum des équipes en binôme composées
pas réunies, la compétence et la conscience d’un auditeur de profil généraliste avec un audi-
professionnelle seules ne suffiront pas. teur informatique. En effet, les systèmes d’infor-
mation, historiquement dans notre entreprise,
En termes de compétences requises, je privilégie mais désormais dans toutes les environnements,
en général le recrutement d’auditeurs formés en font partie intégrante des métiers et activités à
cabinets d’audit ou dans d’autres entités d’audit auditer.
interne. Je souhaite, en effet, concentrer leur
formation sur les métiers et les enjeux de notre En matière de conscience professionnelle, terme
entreprise, et non sur l’apprentissage du métier auquel je préfère le couple « rigueur et bon
d’audit, tout en faisant jouer à l’audit interne ce sens », sans volonté aucune de remettre en cause
rôle de vivier assez classique de pourvoyeur, les normes bien sûr, j’attends de mes auditeurs
après deux, trois ou quatre années passées dans qu’ils développent une sensibilité éduquée, affû-
cette entité, de collaborateurs en mobilité interne tée, ce qui ne signifie pas pour autant une
dotés d’une solide connaissance du groupe. compétence avérée, sur au moins trois plans :
• l’approche par les risques au regard des enjeux
Par ailleurs, je dois tenir compte des spécificités de l’entreprise ;
de notre entreprise, dont l’usine de production • une connaissance suffisante des principaux
est un centre de développement et de produc- risques et contrôles relatifs aux technologies
tion informatique autour d’un data-center que de l’information, y compris sur des domaines
nous exploitons en propre (plus du tiers des 1 nouveaux tels que la cybercriminalité, etc. ;
000 collaborateurs de l’entreprise est en effet • une sensibilité certaine aux risques de fraudes,
rattaché à des fonctions techniques, informa- en premier lieu sur les cycles financiers et
tiques et de sécurité SI). comptables classiques, mais aussi liés aux
métiers standard et spécifiques de notre entre-
En conséquence, l’entité d’audit interne a recruté prise (corruption, blanchiment, etc.).
dès son origine et sans doute avant que cela ne
devienne une nécessité évidente pour beaucoup L’objectif d’ensemble n’est pas d’être infaillible,
d’autres entités d’audit, des auditeurs informa- mais :

février-mars 2012 - FICHE TECHNIQUE N°38 - Audit & Contrôle internes 3


• de donner aux instances dirigeantes de l'en- argent comptant les dires de leurs interlocu-
treprise et au Comité d’audit une assurance teurs…
raisonnable sur le degré de maîtrise des acti-
vités du groupe, et A&CI : Quels sont les mécanismes que vous avez
• de fournir des recommandations d'améliora- mis en place pour développer et maintenir cette
tion, dans un souci constant de renforcement conscience professionnelle tout au long des missions ?
des dispositifs de fonctionnement, de contrôle
interne et de couverture des risques. V. B. : Dans la phase de préparation et de mise
en œuvre de la mission, véritable lieu d’expres-
A&CI : Comment évaluez-vous cette conscience sion de la conscience professionnelle des audi-
professionnelle chez les auditeurs que vous recrutez ? teurs, mes attentes sont claires : soyons
intelligents dans notre démarche !
V. B. : J’ai déjà évoqué dans le paragraphe précé- Nous avons à notre disposition des atouts de
dent les critères de choix que je mettais en avant taille :
dans les profils d’auditeurs que je recherchais. • l’accès aux documentations et aux sachants de
Ensuite, très honnêtement, c’est sur le terrain, l’entreprise ;
comme dans quasiment tous les autres métiers, • une méthodologie d’intervention éprouvée
que l’évaluation réelle de la rigueur et du bon (programmes de travail, encadrement des
sens de l’auditeur se fera. Avoir travaillé en cabi- auditeurs les moins aguerris, des interventions
net d’audit plusieurs saisons n’est pas en équipe et non seul, etc.) ;
une garantie en tant que telle de la • un soutien et une confiance affir-
conscience professionnelle més de la direction générale.
avérée du nouvel entrant,
mais cela permet de penser
« Le pouvoir de contrôle, La préparation de la
qu’au moins, si les fonda- conféré par notre fonction, mission est donc une
mentaux du métier d’audit exige un comportement phase capitale qui pose les
étaient incompatibles avec fondations de la réalisation
la personnalité du candidat,
exemplaire de la part des efficiente de la mission.
il n’aurait pas réitéré l’expé- auditeurs » L’improvisation autant que la
rience en audit interne… Ce rigidité sont bannies ; en
métier ne correspond pas, c’est revanche, l’adaptabilité et la
vrai, aux aspirations de tout un chacun : finesse dans le contact à établir avec les
j’ai eu à ce propos des expériences riches avec audités, une fois la mission bien préparée, sont
des collaborateurs venus de postes de chefs de de vraies qualités.
projet ou d’assistance à maîtrise d’ouvrage, qui Pour préparer sa mission avec sérénité et effi-
possédaient sur le papier et dans le quotidien cience, l’équipe d’audit devra couvrir les points
toutes les compétences requises pour appréhen- suivants :
der très correctement le métier d’auditeur, à l’ex- • une correcte appréhension des objectifs de la
ception d’un point fondamental : le refus, le mission ;
malaise ou l’ennui qu’ils pouvaient ressentir au • la complexité, l’enjeu et les spécificités des
questionnement obligatoire lié au recoupement métiers concernés par la mission ;
et à la justification requise des informations, • les processus métiers et supports concernés
cette espèce d’interdiction de prendre pour par la mission ;

février-mars 2012 - FICHE TECHNIQUE N°38 - Audit & Contrôle internes 4


FICHE TECHNIQUE

• les précédentes évaluations de contrôle interne rialité sont des exigences fondamentales liées
ou les informations issues de missions de au métier et deviennent, j’en témoigne, des
nature différente, qui sont des inputs intéres- réflexes à vie pour ceux qui exercent ces
sants, mais qui, en aucun cas, ne dispensent métiers durablement… Mais le doute doit
l’auditeur de recouper ou corroborer les infor- rester un outil, il n’est pas une raison d’être…
mations obtenues ; Ces exigences n’autorisent donc pas l’auditeur,
• les zones de risques où s’exercent les métiers pendant qu’il les exerce, à être lourd, désagréa-
audités ; ble, peu pertinent. Il doit savoir ou apprendre
• les risques de fraudes potentiels. à asseoir son opinion en développant des
questions judicieuses, savoir contourner s’il
A&CI : Une conscience professionnelle « hyper- faut faire tomber des résistances chez les audi-
développée » ne risque-t-elle pas de transformer les tés, ne pas se laisser embarquer sur des
missions d’audit en des évaluations trop tatillonnes ? terrains non pertinents par des audités rompus
Comment être attentifs aux « risques significatifs à nos méthodologies, apprendre à s’en tenir,
susceptibles d’affecter les objectifs, les opérations ou voire à revenir à son programme de travail tout
les ressources » tout en étant efficace ? en donnant l’impression de développer un
entretien informel avec l’audité. Là aussi, l’ex-
V. B. : Dans la réalisation de sa mission, l’équipe périence s’acquiert à chaque mission un peu
d’audit devra actionner son sens inné plus, et c’est bien sûr au responsable de
de l’objectivité, mû par un degré l’entité d’audit de déceler, puis
élevé de ce fameux « scepti- tester les niveaux de robustesse
cisme professionnel » selon de ses auditeurs en la matière
le terme consacré, c'est-à- « C’est sur le terrain que : c’est ce à quoi sert l’enca-
dire montrer sa capacité à l’évaluation réelle de la drement intermédiaire
évaluer avec un esprit d’auditeurs plus expéri-
critique les preuves et les
rigueur et du bon sens de mentés.
données qu’elle recueille. l’auditeur se fera »
On arrive alors dans un L’audit interne repose vérita-
domaine où les qualités et les blement sur une logique, donc
compétences personnelles de l’au- sur un raisonnement et des déduc-
diteur sont plus ou moins développées tions. Les conclusions rendues se
de façon naturelle. Donc, l’élément différenciant fondent largement sur le jugement de profes-
entre les auditeurs résultera véritablement de sionnels, jeunes certes en ce qui concerne mes
l’art avec lequel chacun apprend à mettre en auditeurs, mais encadrés, et s’appuyant sur une
œuvre : méthodologie éprouvée. La qualité de leurs
• en premier lieu, une démarche ciblée d’entre- conclusions dépend de la capacité à rassembler
tiens et de recueil de preuves auprès des colla- et évaluer correctement des éléments probants
borateurs audités ; suffisants et adéquats. Cette collecte passe par
• en second lieu, le degré de « doute » qui doit un degré élevé d’écoute, de reformulation, d’in-
être dans sa compétence et qu’il doit distiller teraction et de communication tout au long de
intelligemment pour se concentrer sur les la mission, tant avec les interlocuteurs rencontrés
zones à enjeux de la mission. Douter, remettre qu’au sein même de l’équipe d’audit.
en cause, justifier, tracer, rechercher la maté-

5 Audit & Contrôle internes - FICHE TECHNIQUE N°38 - février-mars 2012


A&CI : Comment gérez-vous le risque d’audit ? des papiers de travail permet, quant à elle, de
vérifier la traçabilité et la consignation des procé-
V. B. : Le risque d’audit est le risque de rendre dures d’audit exécutées, les preuves obtenues,
des conclusions non valides ou des avis erronés les conclusions rendues.
sur la base des travaux d’audit effectués. Les
preuves d’audit doivent être convaincantes et Enfin, si la qualité des conclusions et des avis
l’entité d’audit interne, avec ses droits de formulés par l’équipe d’audit laisse à désirer, la
contrôle et d’évaluation sur l’ensemble des acti- validation obligatoire que nous nous imposons
vités du groupe, a elle-même, et c’est heureux, avec les opérationnels, à l’issue de la mission,
des comptes à rendre sur la qualité et la perti- limite aussi ce risque. Car n’oublions jamais
nence de ses interventions : aux commissaires combien l’audité est prompt à se manifester
aux comptes, au Comité d’audit, à la Cour des quand l’argumentaire ou l’opinion formulé par
comptes en ce qui nous concerne, qui sont l’auditeur souffre d’inexactitude… L’expertise de
autant d’occasions saines de vérifier si notre l’auditeur consiste ensuite à déceler si la moue,
niveau de vigilance et de rigueur dans la voire l’ire de notre interlocuteur est provoquée
démarche d’évaluation des risques et de l’envi- par une compréhension réellement erronée d’un
ronnement de contrôle est toujours probant et point de notre part, sur le fond ou dans son
fiable. énoncé, ou bien si l’auditeur a réellement mis en
exergue le point sensible et que c’est cela qui
Nos preuves d’audit doivent nous permettre de froisse…
formuler en toute confiance des conclusions et
avis solidement étayés. Dans un premier temps, En guise de conclusion, même si nous ne
la revue réalisée en interne par la hiérarchie de sommes tenus qu’à fournir une assurance
l’équipe d’audit est l’occasion de porter un œil raisonnable, nous n’avons dans ce métier pas
neuf et aguerri sur le cheminement suivi par les vraiment, ou rarement, droit à l’erreur, et c’est ce
auditeurs dans la formulation des opinions et qui nous maintient en alerte permanente. 
recommandations proposées. La revue détaillée

février-mars 2012 - FICHE TECHNIQUE N°38 - Audit & Contrôle internes 6

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