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À la suite du rapprochement de Levo Consultants avec BearingPoint,

nous vous proposons ce contenu rédigé en 2021,


en ligne avec notre expertise et nos convictions.

La gestion de la fraude
externe dans l’assurance
et dans la banque
La gestion de la
fraude externe
dans l'assurance
et dans la banque
SEPTEMBRE 2021
REMERCIEMENTS
Nous remercions les professionnels avec qui nous avons eu le plaisir d’échanger et qui
ont grandement contribué à cette étude portant sur la lutte contre la fraude externe dans
les secteurs de l’assurance et de la banque.

Acknin Christian - Directeur du développement chez Santéclair


Auvray Etienne - Chef de service risque de crédit chez Crédit Logement
Bizien Maxence - Directeur Général de l’ALFA
Cassagnères Thierry - Directeur Sinistres Biens des personnes physiques chez Generali
Charles Anthony - Directeur des partenariats chez DARVA
Comble Pierre-Henri – Conseiller du président en charge de la stratégie et des
partenariats chez CEGEDIM
Degboe Frantz - Responsable gestion des risques et contrôle interne à la MGC
Dufour Nicolas - Responsable Gestion des Risques et Contrôle Interne à la MNH
Garrez Christian - Directeur général de DARVA
Heuzé Isabelle - Responsable des services Appuis Techniques, Fraude et Pilotage des
prestataires chez THELEM
Jentrain Laurent - Head of Customer Experience within claims solutions chez Generali
Kherfi Hocine - Responsable excellence opérationnelle chez Stelliant
Le Blouc’h François - Directeur exploitation chez OI2R
Le Coz Marine - Chargée de mission à la Direction des Risques ARKEA
Milliot Guillaume - Référent technique national chez Eurexo
Terrier Adrien - Partnerships Manager chez Shift Technology
Violeau Amélie - Directrice des Relations avec les Professionnels de Santé chez
Santéclair
Vossey Benjamin - Directeur Performance Opérationnel à la MACIF

Direction éditoriale : Christophe Saglio


Équipe rédactionnelle : Andrea Tartary, Fourat Thamri
Design éditorial : Sylvain Ori

01
SOMMAIRE

PRÉAMBULE 03

CONTEXTE GÉNÉRAL 04

LES ACTEURS 06

GOUVERNANCE 08
COORDINATION ET COOPÉRATION ENTRE
LES PARTIES PRENANTES
10

ORGANISATION OPÉRATIONNELLE 14

CLIENT VERSUS FRAUDEUR 17


AU-DELÀ DES CLIENTS LA FRAUDE FAITE PAR LES
PROFESSIONNELS
20

IA OR NOT IA ? 22

PRÉVENTION ET DISSUASION 25

LES EVOLUTIONS FUTURES 26

NOS CONVICTIONS 28

LEXIQUE 30

MÉTHODOLOGIE 31

02
PRÉAMBULE
La lutte contre la fraude externe est un sujet qui est longtemps resté au second plan pour
les acteurs du secteur financier. Cependant, ceux-ci ont pris conscience des enjeux
(financier, réputation, …) et ont mis en place des dispositifs de lutte contre la fraude
externe, dans un contexte où la digitalisation des processus amène de nouveaux risques.
Nous sommes désormais convaincus que ce sujet doit être au centre des
préoccupations, cela pour plusieurs raisons :

Le Conseil d’administration, la Direction Générale, la Direction financière sont


mobilisés sur des sujets de rentabilité et donc d’abaissement des coûts de la fraude,
La Direction des risques est mobilisée sur le sujet des risques opérationnels et de la
maîtrise du dispositif de lutte contre la fraude,
Le Conseil d’administration est également porteur de l’image de l’entité vis-à-vis de
ses clients et prospects.

Nous avons une culture du paiement dans les mutuelles.Nous


avons trop longtemps ferméles yeux. Mais maintenant, c'est
terminé! On ne va pas laisser les pratiques abusives perdurer.

Eric Billet, précident de la MCA


Source : Argus de l'assurance -Juin 2019

Les dispositifs de lutte contre la fraude existent mais comment sont-ils organisés et
quels sont leurs outils ?

Quels sont les bonnes pratiques et les nouveaux risques ?

Dans ce contexte nous avons mené des entretiens avec plusieurs parties prenantes du
dispositif de lutte contre la fraude externe dans le secteur de l'assurance et de la banque,
afin d’identifier les bonnes pratiques et de partager des exemples de fraudes qui sont les
plus fréquents sur le marché.
.
Au cours de cette étude, nous vous proposons d’aborder les thématiques suivantes :

Les parties prenantes à travers l'organisation et la gouvernance


L'état de l'art et les typologies
Les évolutions et le futur

03
CONTEXTE GÉNÉRAL
Cette étude sur la fraude fait suite à différents (ou a minima identifié une ressource) en
échanges avec des acteurs du secteur de charge de la coordination du dispositif de lutte
l’assurance et de la banque. Ces derniers contre la fraude, les pratiques et les maturités
montrent leur intérêt pour le sujet, avec, ces restent hétérogènes. Les interlocuteurs
derniers mois, une prise de conscience rencontrés sont unanimes, il n’existe pas une
renforcée en ce qui concerne la nécessité de entreprise, un secteur, une branche, une
consolider leurs dispositifs et d’y mettre les activité bancaire ou assurantielle qui ne soient
moyens idoines. épargnés par la fraude externe. Dans toutes
les entités parmi lesquelles des équipes ont
Parmi les acteurs du secteur financier, initié le dispositif de lutte contre la fraude,
certains Conseils d’administration ou leurs travaux ont permis, de manière
Directions Générales considèrent que leurs systématique, de déceler des fraudes
clients / sociétaires / adhérents / prestataires externes, sans mettre en œuvre des moyens
sont honnêtes et peu enclins à frauder. Si considérables mais grâce à des scénarios
aujourd’hui, la grande majorité des acteurs a préparés avec les métiers et exécutés sur des
mis en place un dispositif et une equipe données « à froid ».

Source : Rapport moraux ALFA 2020/21


ALFA : Association de lutte contre la fraude à l'assurance

On note par exemple 1,28 milliard d'euros de permanence évoluer, les fraudeurs adaptant
fraude aux moyens de paiement et 409 régulièrement leurs méthodes. Ces derniers
millions d'euros de fraude à l'assurance utilisent régulièrement d’anciennes méthodes,
recensés sur 2020. pensant certains dispositifs abandonnés.
La fraude externe représenterait 3% du
montant des sinistres (en assurance non-vie), En assurance et plus particulièrement en
selon un indicateur partagé par plusieurs assurance non-vie, le dispositif de lutte contre
acteurs. Un plan doit être défini afin de rester la fraude est identifié comme un levier
sous cette barrière. S’y conformer est la d’amélioration du résultat technique (ratio
résultante d’une évolution de la maturité du combiné). Dans un contexte de taux bas et de
dispositif, et probablement des ressources résultats financiers en retrait, le renforcement
complémentaires à mobiliser. du pilotage du résultat technique devient
Le dispositif de lutte contre la fraude doit en indispensable.

04
Ceci est vrai aussi dans le secteur bancaire et Focus :
en assurance vie où ces mêmes résultats Dans les autres pays les dispositifs sont
financiers sont aujourd’hui limités. La fraude hétérogènes. Dans le nord de l’Europe le sujet
mobilise différents acteurs à chaque étape du est mature avec une forte collaboration
dispositif. Si le processus de souscription est organisée entre les différents pays. Aux États-
très partiellement pris en compte dans le Unis, des associations de professionnels de
dispositif de lutte contre la fraude, la gestion l’assurance existent en parallèle d’une
du sinistre fait l’objet d’une vigilance renforcée association de consommateurs qui œuvre à
(terminologie LCB/FT). En outre, si les enjeux limiter les fraudes et ainsi contenir les
financiers sont importants pour tous les cotisations des assurés (Coalition Against
acteurs, il s’agit également d’indiquer aux Insurance Fraud). On assiste à une prise de
clients et prospects que leurs contrats ou conscience par les consommateurs que dans
cotisations ne servent pas à couvrir les leurs cotisations une partie est utilisée par les
indélicats qui fraudent. fraudeurs.

Source : Banque de France, Observatoire de la sécurité des moyens de paiement rapport annuel 2020

05
LES ACTEURS
Le dispositif de lutte contre la fraude comprend plusieurs étapes et mobilise différents acteurs,
tels que :

- Le conseil d’administration et la Direction Générale


- Les équipes internes en banque et en assurance (gestion, fraude, juridique …)
- Les partenaires (experts, professionnels de santé, réparateurs, enquêteurs)
- Les distributeurs (salariés, agents, courtiers, …)
- Le client

Les outils technologiques internes et externes sont au service de ces différents acteurs.

Au préalable, il est indispensable de poser l’organisation en identifiant les rôles et les


responsabilités de l’ensemble des acteurs internes et externes.

Il est nécessaire dans un second temps d’identifier les interlocuteurs en charge chez les
partenaires, car souvent ces derniers sont multiples et cela affecte l’efficacité et la rapidité dans
le traitement des suspicions.

Le dispositif de lutte contre la fraude implique plus précisément des acteurs spécifiques à chaque
étapes du processus, comme résumé dans la figure ci-dessous.

Cas pratique :
Des clients ont trouvé sur internet un sticker qui permet de simuler une vitre cassée et
demandent dans le cadre d’une prise en charge de gré à gré le montant du remplacement de la
fenêtre. Les experts ont dû faire évoluer leurs pratiques et demander aux clients une expertise
plus poussée du sinistre lorsque celle-ci est réalisée à distance.

06
L’enjeu principal du dispositif est de collecter le plus exhaustivement possible, des cas de
suspicions de fraude. La mobilisation de tous les acteurs est indispensable, et plus
particulièrement ceux qui sont directement en contact avec les clients.

Nous utiliserons par la suite la notion de cellule fraude de manière générique. Toutes les entités
n’ont pas de cellule fraude en tant que telle, cependant il y a toujours un interlocuteur dont le
périmètre couvre ce sujet.

La coordination doit traiter à la fois le sujet en interne et les interactions avec les contributeurs
externes.

Bonnes pratiques :
Définir les rôles et les responsabilités de chacun. Mettre en place une organisation, définir un
référent fraude si cela n’existe pas. Faire un bilan annuel de la contribution de chaque acteur au
dispositif de lutte contre la fraude. Assurer la coordination de toutes les parties prenantes
internes et externes.

07
GOUVERNANCE
1- COORDINATION ENTRE LES PARTIES
PRENANTES

Les Conseils d’administration ou les Comités de direction doivent se positionner sur la


thématique de la lutte contre la fraude. Il s’agit de définir des limites en termes de montants, de
préciser la nature des cas avérés et d’intégrer dans les politiques les conséquences éventuelles
pour le client et le partenaire en cas de fraude.

Au même titre que des règles sont définies pour le déclenchement ou non d’une expertise, cette
politique de lutte contre la fraude intègre pour certains acteurs, des typologies particulières de
sinistres : destruction totale, montant de sinistres supérieur à un seuil, factures en provenance de
l’étranger… En effet, les organismes doivent définir le niveau à partir duquel ils souhaitent
investiguer les cas de suspicions (coûts vs risques avérés). Par exemple, parmi les questions à se
poser : doit-on intervenir dès le premier euro dans tous les cas ou seulement sur certaines
typologies de sinistres ?

Si la politique de gestion de la fraude ne peut être exhaustive, elle doit cependant intégrer les
éléments suivants :
- En cas de suspicion de fraude, non avérée, le client est-il placé en « watch list » ou liste de
surveillance renforcée pour les prochains sinistres et pour combien de temps ?
- Quid des autres contrats souscrits par ce même client ?
- Quid des contrats souscrits par le cercle familial ?
- …

Bonnes pratiques :
Formaliser sa politique de gestion de la fraude et la faire valider par les instances dirigeantes.

Se donner une trajectoire d’amélioration continue du dispositif, en fonction de l’évolution de la


cartographie des risques et des résultats obtenus. Cette cartographie se réalisée en cohérence
avec le sujet des risques opérationnels (Solvabilité 2 / Bâle 3).

Prévoir une à deux fois par an un passage en Comité de direction, Conseil d’administration sur le
sujet de la fraude en complément des passages en comité d’audit et des risques.

La question du rattachement de la cellule Fraude (ou du sujet fraude) nous a été posée à
plusieurs reprises. De notre point de vue, il n’existe pas d’organisation optimale. Selon les entités
interrogées, elle peut dépendre de la direction des risques mais aussi des services de gestion des
sinistres ou d’une direction métiers. Le point important est que la cellule fraude ne doit pas faire
« à la place de » mais doit s’assurer de la bonne contribution de tous les acteurs internes et
externes et servir de référente en la matière. Comme de nombreux sujets, l’appui affiché de la
Direction Générale contribue à l’efficacité du dispositif.

08
Pour les dirigeants, l’un des dilemmes les cela existe pour la déshérence. En
plus fréquents concerne la quantification du complément des tableaux de bord, il faut
ROI (l’investissement à réaliser dans le pouvoir mesurer la qualité du dispositif de
dispositif de lutte contre la fraude au regard détection (ex : via les contrôles permanents
des économies envisagées). Le sujet ne se de second niveau). Voici quelques indicateurs
pose généralement pas lors de la mise en de qualité qui peuvent être observés :
place du dispositif, mais plutôt dans les
phases d’extension. - Sur x équipes de gestion de sinistres, une ou
plusieurs qui ne remontent jamais de cas de
En effet, la mise en place du dispositif peut suspicion de fraudes ;
se faire avec un seul collaborateur (ou
équivalent temps plein/ partiel) qui animera - Parmi les distributeurs, une partie n’alerte
le dispositif. Partant de ce principe, il est jamais ;
certain que cet investissement initial sera
rapidement couvert par les prestations non - Parmi les prestataires il y a de gros écarts
versées et la récupération des indus. Ne rien sur le nombre de suspicions remontées ;
mettre en œuvre présente également un
risque pécuniaire important, voire vis-à-vis -…
des autorités de tutelle.

Pour certains acteurs, des indicateurs de La coordination est fortement dépendante de


résultats valorisés par un montant en euros l’organisation de l’entité : pour des groupes
ont été définis par la Direction Générale ou présentant une forte décentralisation (ex. des
les Conseils d’administration. Il peut s’agir caisses ou fédérations régionales), l’entité
par exemple d’un montant de sinistres non centrale en charge de la fraude aura
payés et d’indus récupérés. En revanche, principalement pour rôle de définir les
concernant le pilotage, tous les interlocuteurs principes et procédures, de coordonner les
interrogés ont mis en place des tableaux de actions (ex : reporting à fréquence régulière,
bord largement diffusés. cohérence des contrôles de second niveau…)
et de consolider les résultats au niveau
Ces tableaux de bord reprennent le nombre national.
d’alertes remontées et a minima les cas
effectivement pris en compte en fin de Le partage de bonnes pratiques et des retours
processus. A noter que la règlementation d’expériences seront animés à la fois au
n’impose pas de reporting sur le sujet comme niveau local et au niveau global.

Cas pratique :
Un acteur de la retraite complémentaire s’est aperçu qu’il comptait dans son portefeuille
tous les centenaires d’une région, ce qui statistiquement n’est pas possible.

09
COORDINATION ENTRE LES PARTIES
PRENANTES
1 - Entre les entités d’un même groupe
Parmi les acteurs interrogés, certains font partie de groupes pluri-métiers ou multi entités. Dans
ce contexte la vision unique du client fait une nouvelle fois régulièrement défaut. En effet, un
client identifié comme fraudeur sur un domaine d’activité ne fera pas forcément l’objet d’une
vigilance particulière sur les autres activités pour lesquelles il a des contrats avec le même
groupe. Il ne s’agit pas ici de se focaliser sur un client en particulier, mais la notion de vigilance
renforcée (terminologie LCB/FT) pour l’ensemble des contrats de ce client ne nous semble pas
inopportune.

Cas pratique :
Un participant à l’étude nous a indiqué avoir identifié le même jour 6 fausses pièces d’identité. Il a
réussi à identifier cette falsification grâce à la vigilance d’un souscripteur et surtout parce que les
dossiers sont arrivés le même jour chez la même personne. Les dossiers auraient été réparties
sur plusieurs personnes et plusieurs jours, ils n’auraient pas été détectés.

Bonnes pratiques :
Assurer la communication et la coordination entre toutes les entités fraude d’un même groupe.

Focus :
En Belgique il existe un fichier unique (Datassur) piloté par une société coopérative créée à
l’initiative des assureurs. Cette société est à l’origine en charge des mécanismes de
compensation en assurance IARD, et propose le service des risques spéciaux (RSR) pour lutter
contre la fraude à l’assurance. Un tel fichier a existé en France sous la responsabilité de l’ALFA,
cependant les assureurs n’ont pas joué le jeu pour l’alimenter.

10
2 - Entre les entités d’un même secteur

Dans le secteur bancaire français, il existe des fichiers


partagés par tous les établissements (Le Fichier National
des Incidents de remboursement des Crédits aux
Particuliers, Fichier Central des Chèques). En revanche, il
n’y a pas, à ce jour, d’équivalent dans le secteur de
l’assurance. Il ne s’agit pas d’exclure des personnes mais
de pouvoir avoir des éléments pour apprécier le risque de
fraude.

Nous pouvons retrouver chez un nouvel assureur un


véhicule précédemment accidenté avec un kilométrage
différent (kilométrage inférieur au précédent sinistre).

Cas pratiques :
Un expert s’est retrouvé à expertiser le même sinistre pour
deux compagnies différentes à quelques semaines
d’intervalle.

Bonnes pratiques :
Pour le secteur de l’assurance, envisager la création d’un
fichier pour les assurés (sur le même modèle que le
Fichier Banque de France pour la banque).

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3 - Échange entres les parties prenantes
externes dans l’assurance

Les échanges entre les experts et les distributeurs (identifier un cas de suspicion
assureurs ne font pas systématiquement de fraude représente potentiellement une
l’objet d’échanges structurés, y compris sur perte de chiffre d’affaires ou de commission
les sujets de fraude. pour les années futures). Dans le cas où
l’expert est mandaté par un intermédiaire, il
DARVA, travaille à l’enrichissement des flux peut arriver que celui-ci sélectionne l’expert
de données pour tracer la suspicion de le plus conciliant pour éviter de contrarier un
fraude dans le cadre d’échanges structurés client important pour lequel il y a malgré tout
existants. Dans ce contexte, DARVA vient de une suspicion. Il faut faire attention aux
mettre en place une commission fraude avec collusions entre distributeurs et le client
ses clients pour avancer sur le sujet. Ce point final.
confirme la prise de conscience chez les
assureurs de la nécessité d’améliorer leur Un des points remontés lors de nos
processus de détection des suspicions de entretiens concerne la communication de la
fraude. décision finale. En effet, souvent, la personne
qui lève la suspicion de fraude n’est pas
La détection reste toutefois encore informée de la suite du processus ce qui
largement perfectible pour certaines peut engendrer une baisse de la vigilance ou
populations, et particulièrement pour les d’intérêt pour le dispositif par la suite.

Bonnes pratiques :
Communiquer en aval de l’instruction du dossier à l’ensemble des parties prenantes qui ont
participé au dispositif. Ceci contribue aussi à l’amélioration continue.

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Focus :
Sur le marché des véhicules, les réseaux de fraudeurs ne se limitent pas à opérer sur le marché
français où des échanges informatisés et normalisés limitent le risque de fraude. Ils
interviennent aujourd’hui au-delà des frontières. Cependant, au niveau européen, les échanges
d’informations sont malheureusement encore défaillants. Par exemple, un véhicule déclaré
irréparable en Belgique peut revenir en France et vice versa. C’est dans ce cadre qu’une
cartographie des risques s’avère indispensable afin de mettre en place des dispositifs
particuliers de vigilance dans les cas hors processus complètement informatisés. Les échanges
européens sont défaillants, voire inexistants et le règlement RGPD ne facilite pas la démarche.

4 - Similitude des sujets de LCB/FT, gel des


avoirs et lutte contre la fraude

Il apparaît chez les assureurs et les banquiers que la lutte contre le blanchiment et le financement
du terrorisme (LCB/FT), le gel des avoirs et la lutte contre la fraude présentent des similitudes
notamment en termes d’outils de détection et de mises en œuvre de scénarios.

La communication entre les équipes en charge de ces sujets doit être organisée. Chez une
majorité des acteurs rencontrés, les outils et équipes sont différents et la coordination faible. Au
sein des petites structures, la lutte contre la fraude peut être rapprochée de la LCB/FT, du gel des
avoirs en termes d’organisation, où généralement un seul ETP est en charge de tous ces sujets.

Bonnes pratiques :
Renforcer les liens entre les équipes LAF, LCB/FT, risque et contrôle interne et mettre en place
des points réguliers.

13
Organisation opérationnelle
Quelle que soit la taille de l’entité il est important d’avoir un référent ou une équipe référente sur le
sujet de la fraude. Cette équipe doit assurer la diffusion de la culture de lutte contre la
fraude(acculturation) et aussi la coordination de l’ensemble des parties prenantes.

Bonnes pratiques :
Identifier dans chaque service concerné un interlocuteur dédié (correspondant), organiser un
comité Fraude régulièrement avec l’ensemble des parties prenantes.
Communiquer régulièrement auprès de tous les acteurs de la chaine avec des exemples concrets
et revoir les indicateurs de son tableau de bord.
Piloter et animer le dispositif de lutte contre la fraude.

Le volume de suspicion de fraude remonté doit être calibré en fonction de la capacité à traiter
des équipes d’investigation. Il ne faut pas hésiter à réviser régulièrement les seuils de détection
afin d’adapter le volume. Une bonne gestion de la fraude ne se mesure pas au nombre de
suspicions mais aux nombres de fraudes avérées réellement évitées et détectées, malgré la
difficulté opérationnelle de la mise en place de ce genre de métrique.

S’il est vrai que s’intéresser à un sinistre d’une forte intensité présente potentiellement un gain
plus important pour la compagnie, il ne faut pas négliger les sinistres avec des faibles montants.
Ils présentent une fréquence plus importante et donc un volume final qui peut être significatif.

Pour certains acteurs, tout le processus de gestion de la fraude, de l’investigation à l’instruction,


est internalisé. Toutefois, la majorité des acteurs externalisent la partie investigation, qui
nécessite des compétences spécifiques. En effet, dans les équipes d’investigation on peut
retrouver les profils suivants : gendarmes, OPJ…

Selon la branche, le type de sinistre ou le délai de déclenchement, l’investigation peut être plus ou
moins complexe. Plus l’investigation est lancée rapidement après le sinistre, plus les résultats
seront fiables. Pour un sinistre en prévoyance, il n’est pas très difficile de confirmer si l’individu
est réellement en incapacité ou en invalidité au regard de ses activités. L’utilisation des données
publiques des réseaux sociaux est aussi aujourd’hui mise en œuvre par les équipes
d’investigation (open source intelligence). L’exploitation des données embarquées dans les
véhicules est aussi réalisée (avec l’accord de l’assuré) pour valider les circonstances du sinistre.
Par exemple : l’ouverture du véhicule a-t-elle été déclenchée par la clé du propriétaire ou par un
autre dispositif ?

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Afin d’améliorer le pilotage du dispositif, la Même si les outils informatiques fournissent
tendance actuelle consiste à gagner en un soutien indispensable, l’humain est au cœur
coordination, que ce soit d’un point de vue du dispositif et tous nos interlocuteurs ont
géographique, mais aussi d’un point de vue insisté sur l’animation du dispositif de lutte
business. Il s’agit d’un inversement de contre la fraude. Pour assurer la formation
tendance, même pour les structures qui était continue des collaborateurs, des exemples de
fortement décentralisées. fraude doivent être partagés (de façon
anonyme). Si une partie de la formation sur la
lutte contre la fraude peut être réalisée avec
Au sein d’une même entité et selon les les nouveaux outils de formation à distance,
métiers, les approches seront différentes. ceux-ci présentent des limites et nous pensons
Pour un groupe bancaire, l’approche diffère qu’il est préférable de privilégier les
selon la typologie d’activité entre banque de interactions et les échanges en présentiel, ce
détail, crédit à la consommation (ou crédit qui a été difficile à maintenir ces 18 derniers
instantané), banque privée ou banque mois. Une journée fraude peut être organisée
d’investissement. avec l’ensemble des correspondants qui
partagent les cas identifiés et les modalités de
détection.
Dans ce contexte, il faut distinguer deux
niveaux de politique de lutte contre la fraude Les fraudeurs utilisent aussi les failles «
externe : une politique générale au niveau du temporelles » de l’organisation. Par exemple,
groupe et ensuite des politiques au niveau de en période estivale, lorsque les collaborateurs
chaque entité, voire métier. Cependant, cette référents ou expérimentés sont absents et
diversité est aussi une richesse car certaines remplacés par des CDD (temporalité similaire à
pratiques peuvent émerger d’un secteur et en la fraude au Président).
toucher un autre demain.
Dans l’assurance, l’approche est différente La vigilance doit être permanente et ces
selon le canal de vente (direct ou indirect) collaborateurs temporaires formés au même
mais aussi selon la branche concernées (vie titre que les collaborateurs permanents. Un
ou non vie) voire la typologie de clientèle autre point d’attention concerne la routine qui
(particuliers versus professionnels). fait baisser la vigilance. Le doute ne doit pas
bénéficier au fraudeur, et les collaborateurs
doivent systématiquement alerter dès qu’il y a
Si la cartographie des risques est en effet le moindre soupçon.
différente, tout ce qui touche à l’organisation
du dispositif et à la coordination des parties
prenantes doit être similaire. La charge de
travail liée à la détection de la fraude est Cas pratique :
souvent sous-estimée. Certains acteurs Un interlocuteur nous a indiqué que souvent
considèrent que cela fait partie inhérente de lorsqu’il animait des formations ou des points
leur activité mais dans les faits, la production d’échange sur le sujet avec des exemples, les
est mesurée au nombre de dossiers traités et collaborateurs l’interpellaient pour lui évoquer
non pas en intégrant des indicateurs sur la d’autres cas de fraude potentiels pour lesquels
détection de fraude. ils n’avaient pas osé alerter la cellule fraude.

15
Dans le cas où, malgré le travail d’investigation, la fraude n’est ni confirmée ni infirmée, il est
possible d’affecter un statut de vigilance au client pour qu’il ne fasse pas l’objet d’un traitement
automatique. De même en assurance, l’équipe surveillance du portefeuille peut intervenir
lorsqu’un doute subsiste pour mettre en place des dispositifs (franchise, …) d’atténuation du
risque de fraude.

Argus de l'assurance - Février 2021

Focus :
Dans le monde de l’assurance, l’ALFA coordonne le sujet de la fraude pour tous les acteurs qui le
souhaitent. Ses missions sont les suivantes :

Faciliter les échanges d’informations entre les entreprises d’assurance et s’assurer de la


conformité CNIL ;
Promouvoir et former à la lutte contre la fraude à l’assurance ;
Servir d’intermédiaire entre les entreprises d’assurance et les officiers de police judiciaire ;
Recenser les moyens de lutte et établir une méthodologie propre à combattre la fraude à
l’assurance ;
Représenter sur un plan technique la profession en assurant des liaisons institutionnelles
avec tous les organismes concernés ;
Détecter les crimes et délits, grâce aux informations transitant par l’Association en
collaboration avec les professionnels de l’assurance.

1- L’état de l’art et les typologies

Sources : Etudes YouGov 2019

16
Client vs fraudeur
On retrouve deux typologies de fraude : celle qui est organisée, en masse, portée par des réseaux
de grands banditismes, et la fraude que l’on pourrait qualifier de « quotidienne », effectuée par les
clients pour diverses raisons, et souvent sans avoir conscience des risques et des impacts. La
question à se poser : les assurés sont-ils de bonne foi quand ils déclarent un sinistre ?
Quelles sont les motivations de ces derniers ?

Elles sont de trois ordres :

- Le particulier qui estime « récupérer » les cotisations avancées ;


- Celui qui n’est pas d’accord avec les éléments de l’indemnisation (montant, franchise …) ;
- Enfin celui qui souhaite conserver un avantage (bonus, montant de cotisation, …).

Exemples :

Faux bris de glace Il y a 30% de plus de changement de pare-brise que de production de pare-
brise (OI2R).
Fausses déclarations à la souscription ou au moment du sinistre (non-fumeurs, certificats
médicaux de complaisance…).
Substitution (RC familiale utilisée, substitution de conducteurs…).
Non matérialité du risque.

Ces fraudes perdurent dans un contexte de pandémie qui fragilise certaines populations, qui
peuvent être tentées de frauder.

Cas pratique :
Des clients fraudent en utilisant des vraies factures mais pour des biens qu’ils n’ont pas. Il y avait
précédemment les cas des factures fournies par la famille, les amis et il y a aujourd’hui le cas de
la vraie-fausse facture. Le bien a bien été acheté, cependant celui-ci a été retourné au
fournisseur, et le client a toujours en main la facture (cas d’usage de la vente en ligne).

17
Les organismes, dans un objectif de relation Il s’avère que tous les clients peuvent être
client, craignent aussi de se tromper et de amenés à frauder mais pour des raisons
perdre un client. Si la possibilité d’arrêter la différentes : le client ancien va chercher à
relation commerciale est possible dans la augmenter le montant de l’indemnisation
plupart des cas suite à la détection d’une considérant qu’il a déjà payé depuis
fraude, en assurance santé, cette possibilité longtemps des cotisations.
n’existe pas. Il s’avère que souvent le client
arrête la relation commerciale de lui-même. Les entités mutualistes rencontrent parfois
des difficultés à considérer leurs sociétaires
Les différents acteurs reconnaissent qu’il y a comme des potentiels fraudeurs et à mettre
des typologies de fraudes que l’on retrouve en œuvre la résiliation des contrats les liant,
plus souvent que d’autres (valorisation des le lien affinitaire avec les sociétaires pouvant
biens…), ainsi que des régions plus propices à être fort (lien régional, lien professionnel, …).
avoir des cas de suspicions de fraude. Par En dehors du fait que cette affirmation est
exemple lors d’un vol, il va y avoir une fausse (cf. introduction), plusieurs mutuelles
tendance récurrente à augmenter la valeur ont aussi ouvert leur souscription à d’autres
des biens volés. Il est vrai que se pose la populations, qu’elles connaissent moins...
question de la valeur sentimentale d’un bien,
valeur qui n’est pas estimable. Dans ce cas, il Il s’avère que dans la plupart des cas, une fois
ne s’agit pas d’une fraude intentionnelle et le sociétaire ou le client alerté par l’entité de
c’est à l’humain de faire preuve de la non-prise en compte de son sinistre, celui-
discernement. ci rompt de lui-même la relation contractuelle.
Cependant, les fraudeurs n’hésitent pas dans
Nous avons cherché à savoir si l’ancienneté certains cas à clamer leur bonne foi et à
ou la nouveauté de l’adhésion était un facteur écrire des lettres de réclamation aux Conseils
de risques aggravant pour la fraude. d’administration.

Bonnes pratiques :
Au même titre de ce qui est fait pour la LCB/FT, nous conseillons de construire une cartographie
des risques de fraude en fonction des produits vendus, des canaux de distribution, des typologies
de client, de la typologie de sinistres (exemple : en assurance auto, le risque de fraude sur un
sinistre incendie avec destruction totale du véhicule est structurellement élevé) et définir les
dispositifs de détection « à chaud » et « à froid ».

Aujourd’hui, tous les acteurs assureurs et , nous pouvons parler du rôle du


banquiers s’inquiètent de la satisfaction et de développement de modèles prédictifs,
l’expérience client. La rapidité de traitement comme aide à la décision, dans le crédit
d’une souscription, d’un sinistre ou d’octroi conso, et plus particulièrement dans le cas de
d’un crédit devient un élément-clé de la la souscription en ligne. Des algorithmes
relation client. Tout événement qui vient permettent d’évaluer le risque de fraude
ralentir le processus peut avoir un impact sur future. Par exemple, parmi les différents
la concrétisation de la souscription et sur la paramètres utilisés, ils peuvent s’assurer que
satisfaction client. Pour répondre à cet enjeu le demandeur réside bien à l’adresse

18
indiquée, que les demandes sont réalisées à À l’inverse de la fraude planifiée, la fraude de
des horaires habituels. Si tel n’est pas le cas, circonstance arrive uniquement au moment du
le dossier est placé en attente pour analyse et sinistre ou du paiement de la prestation et
étude par un analyste. celle-ci du fait d’une impréparation peut être
Cependant, plusieurs exemples nous ont été plus facilement détectée. Sous la pression des
donnés, au cours desquels une pression assurtech, les assureurs développent des
commerciale « exagérée » cachait un risque capacités à régler des sinistres sur des
de future fraude : par exemple il peut s’agir processus complètement automatisés sans
d’une souscription d’une assurance intervention humaine, au même titre que la
automobile demandée en fin de journée car le mise en place de rachats en ligne pour
véhicule doit être retiré immédiatement chez l’assurance vie.
le concessionnaire. Dans ce cas nous Pour rappel, certains acteurs s’engagent à
parlerons de fraude « planifiée ». Il s’agit régler 90% des sinistres en 48h00. Dans un
souvent des cas les plus difficiles à détecter contexte où l’instantanéité devient la norme, le
où le dossier est construit dès la mise en temps passé à investiguer un soupçon de
relation pour une fraude future. fraude peut devenir rédhibitoire car mal perçu

Bonnes pratiques :
Définir des délais maximums de traitement de dossiers, de retour vers les clients en cas de
suspicion de fraude, voire de mettre en place des SLAs. Ces éléments sont à définir en fonction du
processus, du canal de distribution, …

par le client. Le risque étant que le client sente moins de 48h et s’il n’y a pas de réponse au
une suspicion alors que celle-ci ne résulte bout de ce délai, le dossier poursuit son
finalement que d’un atypisme. Il faut donc déroulé. Le sujet du délai de traitement est
développer une capacité de contrôle en temps vrai à toutes les étapes de la gestion du
réel et de mettre de côté certains dossiers sinistre (on entend ici sinistre au sens large :
pour les travailler dans un second temps, en c’est-à-dire aussi l’impossibilité pour un client
se basant sur des données complémentaires. de rembourser son crédit ou son emprunt) et
Dans ce cas même si la fraude est détectée les experts sont par exemple attendus sur leur
après l’événement, il est toujours possible de réactivité et leur temps de traitement des
reconsidérer le sinistre, de revenir vers le dossiers. Cette réactivité est aussi nécessaire
client pour réclamer l’indu voire de porter lors du processus de souscription d’un
plainte. L’une des entreprises interrogées a contrat quand les algorithmes de scoring ou
mis en place un SLA (Service Level la souscription manuelle ont mis de côté le
Agreement) entre son service d’investigation dossier pour avoir le temps d’une instruction
et les autres services : elle doit repondre en complémentaire.

FOCUS :
Si la pandémie a fait baisser le nombre de sinistres en auto (-20% en 2020 versus 2019), et les vols,
le taux de fraude est resté stable. Dans le contexte économique existant, certains secteurs
d’activités doivent faire l’objet d’une vigilance accrue, car des assurés pourraient être tentés de
frauder pour récupérer de la trésorerie. Pour donner suite au premier confinement, un acteur a mis à
jour ses scénarios de détection.

19
Au-delà des clients, la fraude faite par les
professionnels ?
Les professionnels peuvent avoir deux rôles primaire d’assurance maladie). Il s’avère que
dans le cadre de la fraude externe : les échanges d’information entre les CPAM et
les organismes de complémentaire santé,
- Acteur pour leur enrichissement personnel sont faibles, voire nuls. La réalité est
(santé) contrastée selon les organismes et selon les
- Complice du particulier (IARD, auto MRH, régions, car il n’y a aucun processus national
prévoyance). d’échange d’informations mais au niveau
local des connexions ont pu se faire entre les
Par exemple, il peut s’agir du fait de vendre un interlocuteurs des CPAM et les interlocuteurs
verre d’une certaine qualité comprenant des organismes complémentaires. Il s’agit ici
certaines caractéristiques techniques et d’un levier très important pour lutter contre la
finalement monter un verre de qualité fraude.
inférieure au devis. Afin de se prémunir de ce
type de fraudes, certains prestataires En complément des données liées au sinistre
intervenant dans le secteur de la santé ont pour détecter des suspicions de fraudes,
des partenariats avec des verriers et à l’aide d’autres informations sont utilisées, comme la
d’échange d’informations s’assurent que le localisation géographique pour s’assurer
verre fabriqué et livré correspond bien au verre qu’un prestataire avec deux identifiants n’ait
indiqué dans le devis et la facture. Ce pas la même adresse pour diviser par deux sa
dispositif, en plus d’éviter la fraude, permet production « atypique ».
aussi de rassurer le client final sur la qualité
du produit. Dans certains cas, le client, avec la complicité
du professionnel, peut faire passer une
Parmi les acteurs qui pilotent des prestataires, réparation d’entretien pour un sinistre. Une
l’un d’entre eux nous a indiqué avoir mis en révision d’entretien peut être dissimulée
place un système de notation sous forme de derrière un changement de pare-brise. On
code couleur (rouge / vert) afin de développer constate une situation similaire concernant
une vigilance adaptée lorsqu’il y a des doutes les assurances des emprunteurs (faux
sur un prestataire. certificat de décès : falsification de la nature
La détection de la fraude du professionnel de du décès) par complaisance avec les familles.
santé peut être réalisée par plusieurs acteurs : Pour le professionnel, le risque est finalement
la plate-forme de tiers payant, l’organisme de assez faible pour une fraude détectée par un
référencement mais aussi par l’assureur. Dans organisme d’assurance car il ne peut pas lui
cette branche, un autre acteur intervient dans retirer sa capacité d’exercer. Seul le dépôt de
la détection, il s’agit de la CPAM (Caisse plainte pourra servir d’électrochoc.

Bonnes pratiques :
Inclure la possibilité d’effectuer des contrôles de recevabilité des partenaires / professionnels
agréés, comme des scoring à l’adhésion.
Développer les relations avec les acteurs externes comme les CPAM.

20
Cas pratique :
Des fraudeurs professionnels utilisent de fausses factures de pharmacie (produits remboursés
uniquement par les mutuelles), afin d’inciter des particuliers à obtenir le remboursement de celles-
ci sans avoir procédé réellement à l’achat, les fraudeurs percevant une rétrocession.

21
IA or not IA ?

Source : Argus de l'assurance - Octobre 2019

Cas pratique :
Une analyse a été menée sur un portefeuille d’assurance automobile dans un pays d’Asie réputé
pour le sérieux de ces clients et la complexité de son processus d’assurance, et donc
normalement une absence totale de fraude.

L’intégration des données dans un outil d’analyse a permis d’identifier des cas de fraude (certes
inférieur à un pays Européen en termes de volume mais supérieur en termes de montant par
fraude).

Une des évolutions majeures consiste à mettre en œuvre des dispositifs qui identifient le risque «
à chaud » versus « à froid ». Un dispositif de détection à chaud permettra d’éviter de payer un
sinistre, tandis qu’ un dispositif de détection « à froid », est mis en place après dédommagement
d’un sinistre, suite auquel l’entité mettra en œuvre un processus de récupération de l’indu.

La réussite des dispositifs informatisés est basée sur la qualité des données. A ce titre, il est
impératif d’avoir un modèle de données normalisé et structuré et d’éviter la non-exhaustivité.
L’automatisation des échanges de données dans des protocoles normalisés permet de réduire
aussi le risque de fraude. En effet, on retrouve encore des cas de fraude qui exploitent des
processus non normalisés (garagiste hors réseau des garages agréés, parcours hors tiers payant,
…).

La télé expertise s’est fortement développée ces dernières années. C’est un avantage pour le
client et un gain en termes de coût, cependant cela amène de nouveaux cas de fraudes.

22
Bonnes pratiques :
Évaluer la mise en place d’un outil interne versus un outil externe en termes de ROI, notamment
en considérant le niveau de maturité data de l’organisation, avant de le déployer.

Un acteur important de la gestion des sinistres IARD collecte aujourd’hui 95% des données
échangées en cas de sinistre, cependant ces données ne lui appartiennent pas et leur exploitation
doit être autorisée par les assureurs. En revanche, dans le cadre de la détection de certains
scénarios de fraude, cet organisme pourrait jouer un rôle dans le dispositif, sachant qu’il ne s’agit
pas de mettre en place des algorithmes comme cela peut être le cas de l’IA, mais plutôt des
contrôles de cohérence.

En matière d’assurance santé il ne faut pas hésiter à travailler en collaboration avec les
organismes de tiers payant qui disposent d’une maille d’analyse plus fine que les assureurs.

Les outils de retouche d’images actuels permettent très facilement de modifier un document
existant voire d’en créer un de toute pièce, et l’accès à de faux document en ligne se simplifie.
Malheureusement la technologie d’OCR (reconnaissance de pièces) présente encore des limites
en matière d’analyse de documents non standards et reste vulnérable au faux (fausse pièce
d’identité ou passeport par exemple). Pour une grande partie des acteurs, cette détection est
réalisée par les équipes manuellement, même si sur certains documents normalisés (Carte
d’identité, avis d’imposition) des traitements automatisés existent.

L’intérêt principal d’utiliser un outil de reconnaissance est l’alimentation, à partir d’une lecture
optique, du système d’information et d’éviter ainsi la saisie manuelle. Toutefois cette technologie
reste à date limitée aux documents structurés. Pour les documents non structurés il n’y a pas
encore de solution idéale.

FOCUS :
Comme dans tous les projets, la règlementation RGPD doit être prise en compte dans les
traitements automatisés de lutte contre la fraude. Ce facteur a été remonté par plusieurs acteurs
comme étant un point d’attention plutôt qu’un élément limitant le dispositif de lutte contre la
fraude. L’appropriation de cette règlementation et son impact sur la gestion de la fraude doivent
être examinés.

23
En plus des risques liés aux transformations statiques des documents, de nouveaux risques
apparaissent. Bien qu’à ce jour nos interlocuteurs n’aient pas relevé de cas de fraude utilisant ces
technologies, le deepfake est susceptible de pouvoir contribuer à de nouveaux cas de fraude.

Bonnes pratiques :
Ne pas considérer que tous les documents sont fiables et mettre en place des contrôles
manuels/automatiques sur les documents justificatifs.

24
Prévention et dissuasion
Si les assureurs ont l’habitude de définir des Dans le cas des mutuelles, c’est généralement
politiques de souscription qui excluent des au président ou au mandataire social de porter
risques non souhaités d’un point de vue plainte et parmi nos interlocuteurs il y a peu de
assurantiel, on retrouve moins la prise en passage à l’acte. De même lorsqu’il y a
compte du risque de fraude. Certains acteurs usurpation d’identité d’un professionnel de
bancaires, et plus particulièrement sur le sujet santé, celui-ci porte rarement plainte de peur
du crédit (crédit conso…), ont mis en place des de représailles. Ces choix sont appréhendés
dispositifs pour évaluer le risque de fraude le dans le cadre d’une politique de contentieux et
plus en amont possible. Cette pratique est de recouvrement, propre à chaque structure.
particulièrement vraie dans le cas de l’offre de
crédit en ligne en BtoBtoC avec des temps de
réponses courts. Un scoring du prospect et Dans quelques cas, la décision de résilier ou
une analyse détaillée sont réalisés, ce qui d’arrêter la collaboration commerciale revient
permet soit un refus, soit une acceptation, soit aux équipes de distribution qui n’appliquent
l’entrée dans une phase d’investigation par pas systématiquement les recommandations
des collaborateurs. Cette phase de la cellule fraude car la relation commerciale
d’investigation doit être la plus courte possible a plus de poids que la fraude constatée (dans
pour ne pas perdre le partenaire, ni le client. le cas d’une fraude de faible intensité).
En BtoC, il n’y a que deux possibilités à l’issue D’autres acteurs ont délibérément sorti la
du scoring : acceptation du prospect ou refus. partie distribution de la décision qui est prise
et appliquée par la cellule fraude.

Une fois le contrat accepté, si une fraude est


avérée, en BtoBtoC, il faudra déterminer les Concernant la communication proposée aux
responsabilités entre le fournisseur et le clients sur l’existence de dispositif de
distributeur. S’il s’avère que le distributeur a détection, le sujet ne fait pas l’unanimité
appliqué toutes les diligences sous sa certains acteurs pensant que cette pratique
responsabilité, l’impact de la fraude sera pour est inefficace (à comparer à la pratique de
le fournisseur. Dans le cas contraire, l’impact l’information sur un bien immobilier de
de la fraude sera pour le distributeur. l’existence d’un dispositif d’alarme). Dans la
grande majorité des cas, les clients ignorent
La dissuasion est aussi liée aux décisions qui les risques qu’ils encourent à frauder ou à
sont finalement prises : une fois la fraude essayer de frauder. Ils pensent que le seul
détectée, est-ce que le contrat est résilié, que risque c’est de ne pas être remboursé mais le
se passe-t-il avec le client, va-t-on jusqu’à risque pénal est réel. Pour rappel dans le code
porter plainte ? Il s’avère qu’il y a des pénal, l’escroquerie est punie de 5 ans
pratiques différentes concernant la poursuite d’emprisonnement et de 375 000€ d’amende
en justice. au plus (Art. 313-1 à 313-3).

25
Cas pratiques :
Dans le cas d’une analyse des dépenses de santé de plusieurs professionnels, les
consommations semblaient anormalement élevées. Il a suffi d’un courrier envoyé à ces
professionnels pour que dans les mois qui suivent la consommation baisse.

Les méthodes et degrés de dissuasions sont hétérogènes, d’une simple information dans la
documentation contractuelle de vente jusqu’à des communiqués directement adressés aux
clients lors de campagnes de communication globale lutte anti-fraude.

Bonnes pratiques :
Informer le prospect/client sur les risques qu’il prend en essayant de frauder son
assureur/banquier en le dissuadant via une communication sur les poursuites encourues en cas
de malveillance.

Les évolutions futures

Source : Argus de l'assurance - Février 2021

Les évolutions technologiques doivent pouvoir assister encore plus fortement l’humain dans les
phases de détection et d’instruction. En complément des données connues par l’assureur, des
données sur le parcours client sur le site internet ou sur son espace client peuvent être utilisées
(exemple : un client qui est allé consulter ses conditions générales et qui ensuite déclare un
sinistre).

Des données externes, comme les photos aériennes ou photos de type « streetview »
commencent à être utilisées pour valider les informations déclarées entre, avant et après le
sinistre. Des compagnies étrangères font intervenir des sociétés pour réaliser des photographies
aériennes post-sinistres (orage, ouragan, crue, incendie …) pour s’assurer que les dégâts déclarés
sont bien réels.

Une autre évolution importante consiste à couvrir tous les secteurs d’activité de l’entreprise,
certaines activités étant aujourd’hui moins mise sous surveillance. La stratégie d’analyse
aujourd’hui est basée sur l’espérance de gain (ou de non-paiement d’un indu). Cette stratégie
laisse de côté la majorité des règlements de petits montants qui nécessiteraient aussi un
dispositif de vigilance.

26
Le développement du digital que ce soit en
souscription ou en gestion sinistres va
apporter de nouveaux risques. Le
développement de la souscription en ligne
amène l’augmentation du risque de
matérialité : le bien pour lequel le crédit a été
accordé, existe-t-il, n’est-il pas surévalué ou
sous -évalué ? Le véhicule assuré existe-t-il et
dans quel état est-il ?... Sur ce sujet, certains
acteurs, plus particulièrement digitaux sont en
avance pour identifier les risques de fraude en
amont. En effet, dans ce contexte, on ne voit
pas le client, encore moins la réalité du risque.
Pour répondre à cet enjeu, les acteurs digitaux
développent des mécanismes de scoring du
client à partir d’éléments physiques et de
parcours clients. Les acteurs traditionnels du
secteur financier devront s’inspirer de ces
pratiques.

Le sujet du partage des informations au sein présentent un bon niveau de qualité,


des entités est un élément d’amélioration du cependant pour les données anciennes en
dispositif. Il ne faut pas hésiter à échanger portefeuille, celle-ci est perfectible.
avec les acteurs digitaux d’un même groupe
qui peuvent détecter des nouveaux moyens de L’ALFA a récemment lancé une initiative pour
fraudes qui peuvent toucher demain d’autres identifier les fraudes inter assurances sur la
acteurs du groupe. Trois éléments peuvent branche automobile. Le partage des données
contribuer à améliorer le dispositif de lutte permet de détecter ces fraudes inter
contre la fraude : la qualité des données, le assureurs (cette initiative est en production
partage des données et le volume des depuis juillet 2019 et concerne 8 entreprises
données. La qualité des données est un représentant 36% du marché automobile).
élément clé de la réussite de ces algorithmes. Certains acteurs travaillant avec plusieurs
Il s’agit d’un sujet complexe sur lequel les distributeurs peuvent aussi avoir une vision
organismes travaillent déjà dans le cadre de la d’un même client chez plusieurs fournisseurs
règlementation européenne (Solvabilité 2 et et mettre en œuvre des dispositifs de
Bâle 3). vigilances adaptées. Concernant le volume de
données, il est évident que cela permet de
En général, les données récemment collectées détecter des mécanismes de corrélation.

27
Nos convictions

La mise en place d’un dispositif de lutte contre la fraude fait partie du dispositif de maîtrise des
risques d’un assureur ou d’une banque au même titre que la LCB/FT, au gel des avoirs et plus
globalement la gestion des risques opérationnels.
Les investissements initiaux pour monter un dispositif sont raisonnables et les premiers résultats
sont rapidement visibles.
La montée en maturité du dispositif doit s’effectuer sur deux axes :

Extension du périmètre couvert et des scénarios appliqués


Renforcement de l’embarquement de toutes les parties prenantes.

Parmi les acteurs rencontrés, le niveau de maturité est hétérogène et nous sentons une volonté
de leur part pour continuer de progresser sur le sujet. Si les nouvelles technologies permettent
d’accompagner cette amélioration du dispositif, leur mise en œuvre doit être mûrement réfléchie.

L’utilisation des réseaux sociaux pour partager des pratiques de fraude impose d’être de plus en
plus réactif et attentif. L’échange et le partage organisés par les organismes professionnels, ou
de manière informelle par les responsables du dispositif, sont à privilégier et à renforcer.

Concernant la gouvernance politique du dispositif et sa mise en œuvre opérationnelle, il est


indispensable de formaliser une politique sur le sujet. Il s’agit de définir des objectifs quantitatifs
et de performance. Ce thème embarque aussi le sujet du reporting et du partage d’information
avec les instances de Direction. L’existence d’une équipe dédiée à l’animation du dispositif est un
facteur clé de succès. Elle ne fait pas à la place des équipes opérationnelles, mais elle assure la
formation, la coordination et le pilotage du dispositif. Elle est l’élément au cœur du dispositif pour
les parties prenantes internes et externes. Elle contribue à acculturer sur le sujet, organiser les
partages d’expérience et rend compte du dispositif aux instances de gouvernance. La mise en
œuvre d’un dispositif de lutte contre la fraude n’est pas forcément une question de moyens, cela
peut être simple en travaillant avec des équipes existantes (ayant rencontré des cas avérés). La
réalisation d’une cartographie des risques reste toutefois indispensable, en identifiant
notamment des scénarios potentiels de fraude en fonction des produits vendus ou des canaux de
distribution.

28
Nous avons pu relever dans les chapitres dans l’évaluation du risque de fraude.
précédents que la coordination entre tous les (adoption de règles d’authentification forte
acteurs et le partage d’information comme pour le paiement en ligne). Sur la
contribuent à l’efficacité du dispositif. A ce dissuasion, nous sommes convaincus que des
titre, chacun doit savoir à qui s’adresser afin travaux peuvent être menés pour
d’assurer une gestion la plus fluide possible communiquer sur les dispositifs mis en œuvre
du dossier. Les interlocuteurs doivent être et ainsi limiter les tentatives de fraude. Les
connus dans l’ensemble des services partenaires pourraient proposer dans le cadre
concernés et même dans les petites de leurs travaux standards sur les sinistres
structures il faut s’assurer qu’il y a toujours un d’effectuer ces contrôles pour les risques sur
interlocuteur présent. Le rôle et les leur parcours.
responsabilités de chacun dans le dispositif
doivent être précisés afin de rendre efficient le Les nouvelles technologies apportent et
processus sans perturber la relation client. Ce apporteront des capacités importantes de
partage doit se faire « à chaud » mais aussi « traitement et d’analyse. La mise en œuvre de
à froid » afin de sensibiliser très régulièrement ces éléments ne doit cependant être réalisée
les acteurs du dispositif à la détection. La que sur des dispositifs déjà matures ou les
recherche de synergie entre les sujets fraude, dispositifs manuels ou à froid ont atteint leurs
LCB/FT et gel des avoirs doit contribuer à limites.
assurer une meilleure efficacité des
dispositifs. Les retours d’expérience sont Le dispositif de lutte contre la fraude est un
indispensables pour faire évoluer et améliorer « organisme vivant » qui doit en permanence
régulièrement le dispositif. Il y a aussi un s’adapter aux nouveaux cas de fraude, les
intérêt à mettre en commun des données fraudeurs étant toujours prompt à tester de
entre les parties prenantes afin d’identifier les nouvelles méthodes, sans relâcher la bride des
fraudeurs multi-entités. En aval de l’instruction dispositifs existants. Dans ce contexte, une
de la suspicion de fraudes il faut revenir vers évaluation du dispositif doit être réalisée. En
les parties prenantes pour partager sur les effet, il est indispensable de s’assurer que
décisions prises et les raisons de ces celui mis en place fonctionne correctement en
décisions. fonction des mécanismes de détection
développés dans le cadre de la cartographie
Le chantier de la prévention et de la des risques. Par exemple, pour le risque de
dissuasion reste à ce jour encore en jachère. phishing, certaines compagnies lancent des
Comme indiqué précédemment, ces sujets campagnes tests permettant de s’assurer que
sont aujourd’hui en retrait dans le dispositif de leurs collaborateurs ont les bons réflexes. Au
lutte contre la fraude. Concernant même titre, les compagnies d’assurance et les
l’anticipation, la généralisation de la banques pourraient proposer d’organiser des
souscription en ligne doit être anticipée en campagnes de tentatives de fraudes factices
termes de risque de fraude. De même les afin de s’assurer que les dispositifs en place
accès clients en ligne doivent être intégrés fonctionnent correctement.

29
LEXIQUE

CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie

DARVA : conçoit des plateformes collaboratives et des outils d’échange à forte dimension
technologique pour relier les assureurs, leurs partenaires et leurs assurés en automobile,
habitation et santé

DSI : Direction des Systèmes d’Information

Gel des avoirs : empêcher l'utilisation, l'altération, le mouvement, le transfert de ces fonds,
avoirs et ressources ou l'accès à ceux-ci, sauf autorisation au titre des procédures de
dérogation

IFB : Insurance Fraud Bureau est une association anglaise de lutte contre la fraude

LAF : Lutte Anti- Fraude

LCB/FT : Lutte contre le Blanchiment et le financement du terrorisme

OPJ : Officier de Police Judiciaire

Vigilance renforcée : Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le financement du


terrorisme, il y a 3 niveaux de vigilance : vigilance simplifiée, vigilance complémentaire,
vigilance renforcée. La vigilance renforcée impose de renforcer l’intensité des contrôles sur
les opérations réalisées par le client ou le prospect.

30
MÉTHODOLOGIE

Etude sur la gestion de la fraude externe dans l'assurance et la banque menée au travers
d'entretiens avec différents professionnels du secteur.

5 acteurs de l’univers assurance


Generali
MACIF
MGC (Mutuelle Générale des Cheminots)
MNH (mutuelle nationale des hospitaliers et des professionnels de la santé et du social)
Thelem

2 acteurs de l’univers banque


Arkea
Crédit Logement

2 réseaux d'experts
Eurexo
Stelliant

1 acteur de l’investigation
OI2R

2 acteurs technologiques
Shift Technology
DARVA

2 acteur de la prestation de service en santé


Santéclair
CEGEDIM

1 association professionnelle
Association de Lutte contre la fraude à l’assurance

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Cabinet de conseil - Organisation & Transformation

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