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Dossier: Management:
L’Audit interne L’erreur humaine
en pleine mutation vous coûte cher!
MENSUEL - DEPOT EUPEN 1
Pleins gaz dans
les transactions
internationales
Christophe Lo Giudice
46. Regards
L’heure des choix – Second degré?
Rédacteur en chef
Finance Management une publication périodique destinée aux respon- Rédacteur en chef : Direction générale, marketing et partenariats:
sables financiers et autres professionnels du secteur financier des entre- Christophe Lo Giudice (redaction@financemanagement.be) Jean-Paul Erhard (jpe@financemanagement.be)
prises de Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg. Elle s’adresse Comité de rédaction: Bruno Colmant (NYSE Euronext, Chargé de cours Régie publicitaire et abonnements :
également aux dirigeants d’entreprises soucieux d’optimiser la gestion invité à l'UCL et à la Vlerick Leuven Gent Management School), Charles Fabienne Tramasure (f.tramasure@financemanagement.be)
financière de leur société ainsi qu’aux étudiants en sciences économiques Delloye (Alethea), Denis Dubru (Vice-President Finance, Belgium and Tél: 067/ 34.11.59 - fax: 067/ 34.11.60
notamment. Shared Services, GSK Biologicals), Frédéric Mailleux (Directeur Financier- 1 an – 10 numéros : 80 euros htva
GFA, Ets. Ronveaux), Chris Vroman (directeur financier du business Oxide Le numéro : 10 euros htva + frais de port
Périodicité : mensuelle (10 fois par an – ne paraît pas en janvier et en août) chez Ineos), Joël Poilvache (Regional Manager, Robert Half International)
Diffusion : sur abonnement et gratuite sur événements partenaires Editeur responsable : Jean-Paul Erhard
Tirage : 3.000 exemplaires Equipe rédactionnelle: 7, Rue du Bosquet – 1400 Nivelles
Christophe Lo Giudice, Laurent Cortvrindt, Stef Swinnen
http:// www.financemanagement.be
Finance Management – Edité par MRH SPRL Design & développement graphique :
7, Rue du Bosquet – 1400 Nivelles Pascal Liénard, Alain Verstappen, Renato Baio (mrh@3point5.be) Photo couverture : Michaël Point © Alexis Taminiaux
A LA UNE : MICHAËL POINT
IMPACT RÉGULATOIRE
Naturellement prudent, Michaël Point n’en reconnaît pas
moins que la traversée d’une telle tempête exige de tous les
fantassins d’être aux avant-postes et de faire preuve de gran-
de vigilance. « Une conséquence de cette crise sera assurément
régulatoire, augure-t-il déjà. Des voix s’élèvent pour dénoncer
un manque de contrôle sur les banques, bien que des amélio-
rations soient déjà intervenus au cours des dernières années.
Depuis le début de la crise, les régulateurs ont commencé à dé-
battre avec les professionnels. Il est encore trop tôt pour dire ce
qui en sortira mais certaines parties des risques devront sans S’il y avait forcément une partie de traitement bureaucratique,
doute être monitorées autrement. » le reste de mon temps, je le passais sur le terrain dans des envi-
Depuis près d’un an à la direction financière de BNP Paribas, ronnements allant de la sprl unipersonnelle où le gérant craint
Michaël Point peut se targuer d’un parcours qui l’a parfaite- chaque centime de rectification jusqu’à la multinationale dis-
ment armé pour exercer cette fonction dans un contexte de posant de larges moyens et d’importants effectifs. »
marché difficile. Diplômé de l’Ecole de Commerce Solvay avec Outre un écolage fiscal poussé, complété d’un diplôme com-
grande distinction en 1994, il s’attendait naturellement à une plémentaire d’analyste financier qu’il décroche par ailleurs,
entrée dans le monde du travail relativement facile. « C’était l’aventure se révèle riche d’enseignements. « Les contrôles
du moins ce qu’on nous avait martelé durant nos études, reca- m’ont permis de revenir à la base de la comptabilité, tout en
dre-t-il. Or, j’avoue avoir un peu ramé au début et j’en garde la apprenant à gérer des relations difficiles, voire conflictuelles.
leçon que toute position, quelle qu’elle soit, peut être précaire. Le tout représente un observatoire des réalités de l’entreprise:
Il ne faut jamais croire que c’est arrivé: tout peut changer très il faut dire que les CFO n’hésitent pas à prendre le temps de
rapidement. J’en ai aussi tiré une certaine combativité, le désir vous expliquer le business et le fonctionnement de leur organi-
d’en vouloir toujours un peu plus. » sation, en se disant que plus vous serez attentif à cela, moins de
Parmi les raisons justifiant ce petit passage à vide: un marché temps vous passerez dans les livres… »
de l’emploi relativement morose à l’époque, encore affecté par
l’arrivée conjointe de deux promotions suite à la suppression AU FOUR ET AU MOULIN
du service militaire. « Et je dois bien admettre, avec le recul, Aujourd’hui, Michaël Point estime que cette « casquette
une attitude peu vendeuse de ma part. Si j’étais assez confiant fiscale » peu commune s’est révélée être un véritable atout
dans mon potentiel et que la finance m’apparaissait clairement et lui a servi dans ses expériences successives. Il la valorise
comme une vocation, je n’arrivais pas à faire percevoir l’envie d’ailleurs très vite, en 1997, quand il rejoint la Caisse Pri-
qu’il y avait en moi. C’est une chose à laquelle je suis sensible vée Banque avec la responsabilité de la partie « taxe » du
aujourd’hui lorsqu’il m’arrive de recruter un collaborateur: dé- groupe. Aujourd’hui disparue, l’institution, alors filiale du
passer l’apparence et essayer de regarder plus en profondeur. » groupe Socfin, compte 350 employés actifs dans deux lignes
Après une mission temporaire à la Citibank en tant qu’ana- de métiers: le retail banking à destination des avocats – avec
lyste financier pour préparer le « Risk Rating Day » de l’insti- des agences au sein des palais de justice – et la gestion de
tution, Michaël Point entre au ministère des finances pour y fortune pour les professions libérales.
contrôler l’impôt des sociétés. Un contrat de 18 mois. « Cer- « Tout juste recapitalisée après avoir connu pas mal de problè-
tains font leurs armes dans l’audit. Je me suis dit que l’expérien- mes, cette banque souffrait de sa trop petite taille et survivait
ce pouvait représenter une alternative tout aussi intéressante. essentiellement grâce à des recettes exceptionnelles », raconte
mieux comprendre les problèmes et de les amener à proposer Fruit de la fusion en 2000 de Paribas et de la Banque Natio-
d’eux-mêmes des actions correctrices. » nale de Paris (BNP), deux institutions assez différentes, son
Autre chantier de taille auquel il contribue à la Bank of New nouvel employeur a encore été renforcé en 2006 suite au
York: la reprise en main du Management Information System rachat de la Banca Nazionale del Lavoro (BNL), la sixième
avec deux objectifs: d’une part, fournir des packages statisti- banque italienne. « L’ensemble a été fortement réorganisé ces
ques aux clients sur la manière dont ils fonctionnaient avec derniers mois dans un mouvement bien plus large qui traverse
la banque et, de l’autre, communiquer des données opéra- tout le monde bancaire depuis quinze ans. Les banques se sont
tionnelles fiables et détaillées vers le management. « Quand rendu compte qu’elles sont des industries au même titre que les
je suis arrivé, les informations étaient produites à partir de autres entreprises, devant fournir des produits et des services à
Bruxelles au moyen d’une application obsolète qui nécessitait moindre coût. Ce qui nécessite de refondre l’offre et de recher-
jusqu’à une journée pour sortir un seul package qu’on ne pou- cher une plus grande efficacité organisationnelle. »
vait qu’imprimer. Avec l’aide de développeurs IT très ‘business-
minded’ et une équipe dévouée, nous avons étoffé le contenu CHANGEMENT DE PARADIGME
et transformé radicalement l’outil en créant une interface web- En Belgique, BNP Paribas emploie 700 personnes et, avec une
based, accessible de partout dans le monde, par laquelle chaque dizaine d’entités différentes – dont Arval, Cardif, Cetelem, Cortal
manager peut générer ses propres packages et les transmettre Consors, Banque Privée, BPSS, UCBEL, Lease Group ou Atisreal
par voie électronique. » Un outil devenu ensuite un standard –, joue le rôle d’avant-poste commercial du groupe dans notre
dans le groupe pour l’activité de Custody. pays. Lorsqu’il intègre l’entreprise en mars 2007, Michaël Point
a pour mission de réorganiser la finance en créant un départe-
OREILLE FAVORABLE ment à la hauteur des exigences fortes du groupe en termes de
A son actif également: la responsabilité financière de la fi- qualité, d’efficacité et de compétences.
liale ouverte au Luxembourg ou encore la participation à la Dans une banque, le département financier se situe au confluant
création d’une succursale bancaire proposant des services de quatre activités: la comptabilité générale, le contrôle de ges-
aux fonds communs de placement belges (accounting, de- tion, l’activité taxe et le reporting régulatoire. « Or, ces quatre
8 pository, custody, etc.). « J’y ai aussi vécu une première expé- postes ont connu des bouleversements ces dernières années: la
rience de management dans un contexte motivant de forte compta avec un changement de paradigme lié aux IFRS, la régu-
croissance, mais également caractérisé par une pénurie et lation avec la révolution ‘Bâle II’ ou encore la fiscalité avec les inté-
certains conflits de ressources. Ce qui ne facilite pas la gestion rêts notionnels, de nouvelles dispositions en matière de précompte
en pratique. » Il y apprend sur le tas des compétences es- mobilier, la fin de la double imposition sur le paiement des divi-
sentielles – organisation, délégation, fixation des priorités, dendes et la création de la commission de ruling, par exemples. »
gestion des conflits, négociation, recrutement, évaluation, Avec de tels virages qui n’avaient pas tous été suffisamment
etc. – dans la gestion de sa propre équipe qui passe de deux anticipés, il a donc fallu rattraper le temps perdu, ce qui a en
à douze personnes dans un département lui-même gonflé partie occupé l’équipe financière cette année. « Le département
pour atteindre 25 collaborateurs. a été refondu avec un nouvel organigramme et une nouvelle ré-
partition des tâches, tout en continuant bien sûr à ‘produire’ en
même temps, raconte Michaël Point. Nous avons choisi la spé-
« L’emprise régulatoire est telle cialisation par grands types de sujets: vu que ce qui est mis en
chantier demande des compétences de plus en plus poussées, on
que conserver de bonnes relations ne peut plus se permettre d’avoir des gens qui font un peu de
avec les régulateurs est désormais tout dans chaque domaine. C’est ainsi que 25% des tâches ont
été réallouées dans une équipe qui compte dix personnes et qui
perçu comme très important par s’est révélée très réceptive à la nouvelle stratégie. »
les lignes de métiers. » Un des objectifs importants fixés cette année sera précisé-
ment le développement de la qualité des compétences de
chacun dans son domaine propre. « Nous disposons de bonnes
Après sept ans, Michaël Point prend néanmoins la décision fondations, il faut maintenant construire », résume-t-il. Autres
de quitter le navire. Dans une structure assez jeune, ses défis clés: la mise en place d’un contrôle de gestion capable
perspectives d’évolution lui apparaissent bouchée et, à 36 d’apporter plus de valeur ajoutée au business et l’amélioration
ans, il ressent le désir de découvrir d’autres facettes de la fi- de l’information et des analyses liées aux différents métiers.
nance bancaire. D’autant plus, qu’entre-temps, il a complété « Nous allons également procéder dans les deux ans à venir au
son bagage d’une maîtrise en finance décrochée à Solvay. regroupement physique dans un même building des différentes
Lorsqu’il se voit approché par un chasseur de têtes, il prête entités du groupe actuellement réparties en sept endroits. L’ob-
donc une oreille favorable à la proposition de rejoindre BNP jectif est d’accroître notre visibilité et d’améliorer le cross-selling
Paribas en tant que directeur financier. afin de consolider nos positions en Belgique. »
Fiscalité
La FEB défend
les intérêts notionnels
Pour la énième fois, les intérêts notionnels – à savoir la déduction
fiscale du capital à risque – a déclenché une tempête politique, regrette
la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB). « Il est manifeste que
certains responsables politiques rivalisent désormais en saisissant
Rudi Thomaes: « Enterrer les
la moindre occasion de tension politique, comme la préparation du intérêts notionnels dans l'état
budget, pour attaquer de front cette mesure essentielle au climat actuel des choses équivaut à un
suicide économique. »
d'investissement en Belgique », relève la fédération patronale.
Financement
L’octroi de crédit aux entreprises s’infléchit
Pour la première fois en trois ans, le montant de crédit octroyé aux s’élève pour les indépendants à € 13,56 milliards (8,1% du total) alors
indépendants et aux sociétés a diminué (-1,9%) durant le troisième qu’il est de € 49,57 milliards pour les petites sociétés (29,4% du total).
trimestre 2007, révèle le Centre de Connaissances du Financement La croissance annuelle du montant de crédit octroyé aux indépen-
des PME (www.cefip.be). Cette tendance touche aussi bien les indé- dants et aux sociétés connaît cependant encore une forte dynami-
pendants (-0,48%) que les sociétés moyennes (-0,98%) et grandes que (+10,5%). Cette dynamique est également présente auprès des
(-4,9%). Les petites sociétés enregistrent une croissance trimestrielle indépendants (+1,6%) et des petites sociétés (+ 10,2%), bien entendu
positive (+0,58%). Sur base des prévisions économiques actuelles grâce à la forte croissance enregistrée pendant les trimestres précé-
pour l’année 2008, cette croissance trimestrielle négative est proba- dents. Le CeFiP constate également qu’au cours du troisième trimes-
blement le signe avant-coureur d’une croissance annuelle négative tre 2007, le recours au crédit de caisse de la part des sociétés moyen-
du montant de crédit accordé. nes et grandes a augmenté de respectivement 12,3% et 17,2%. De
A la fin du troisième trimestre 2007, le montant de crédit accordé aux manière générale, on peut en conclure que les plus grandes entrepri-
indépendants et aux sociétés s’élève à € 168,41 milliards. Ce montant ses font de plus en plus appel au crédit à court terme.
15%
10%
10 5%
Indépendants
Petites sociétés
0%
Sociétés moyennes
Grandes sociétés
-5%
-10%
-15%
2002 Q3
2002 Q4
2003 Q1
2003 Q2
2003 Q3
2003 Q4
2004 Q1
2004 Q2
2004 Q3
2004 Q4
2005 Q1
2005 Q2
2005 Q3
2005 Q4
2006 Q1
2006 Q2
2006 Q3
2006 Q4
2007 Q1
2007 Q2
2007 Q3
Image
Qui a dit que la finance, c’est ennuyeux?
La finance, c’est passionnant. Les « spécialistes nombres.be) consiste à arriver le plus rapide-
des chiffres » semblent satisfaits de la variété ment possible à un nombre final donné, en
des tâches, des horaires et des responsabilités utilisant différents chiffres et signes arith-
de leurs fonctions, à en croire une étude réali- métiques. Toujours dans la lignée du credo
sée par Financial Forces. Et, pourtant, l’image « Who says working with numbers is boring »,
d’un secteur financier « ennuyeux » subsiste Financial Forces organisera en avril prochain
et freine les candidatures. C’est pour vain- la deuxième édition de son « Financial For-
cre les a priori que ce spécialiste en recrute- ces Trophy »: 100 équipes de quatre à six ex-
ment de personnel pour le secteur financier perts financiers pourront s’affronter lors de ce
a lancé une campagne intitulée « Chiffres et concours, dans le cadre d’une dizaine d’épreu-
Nombres ». Elle s’inspire du jeu populaire du ves. L’événement rassemble d’une manière ori-
début des années ‘90: « Des chiffres et des ginale des profils financiers et des partenaires
lettres ». L’objectif du jeu (www.chiffreset- du secteur (www.financialforcestrophy.be).
Recrutement
Les profils qui ont la cote…
et ceux qui l’ont moins
L’année 2007 a été un cru positif en matière de recrutement financier, relève le site spécialisé
eFinancialCareers qui fait le bilan de l’année écoulée et balise les tendances de 2008. Si les
signaux demeurent au vert, quelques nuages pourraient venir assombrir le ciel…
En vogue en 2008
Gestion de patrimoine: pour la banque privée, tout va bien. Se- risque et de contrôle devraient continuer leur ascension en 2008, à la
lon une étude récente de PriceWaterhouseCoopers, ce secteur fois en termes d’offres d’emplois et de progression salariale.
devrait bénéficier d’une croissance de 22 % au cours des trois Actuaires: le « mouton à cinq pattes », le profil presque introu-
prochaines années. « Démographie et vieillissement de la popula- vable qui devrait connaître un grand succès en 2008? L’actuaire
tion aidant, de plus en plus de propriétaires de PME vendent leurs doté d’une expérience en marketing…
affaires et se retrouvent à la tête d’un joli capital qu’ils cherchent à
faire fructifier. Cette clientèle devrait augmenter en 2008 et dans En recul en 2008
les prochaines années. » Les agences de notation qui pourraient payer leur myopie à voir
Product managers: « Les banques généralistes belges réduisent venir la crise des subprimes.
leur réseau d’agences et encouragent les clients privés à passer du Real Estate: la température du secteur pourrait descendre d’un
guichet aux transactions en ligne, pointe eFinancialCareers. Cela cran en 2008 en raison d’un marché immobilier moins porteur et
représente des opportunités croissantes pour les product mana- d’un durcissement des conditions de crédit.
gers ou segment managers, familiers des technologies Internet. Auditeur interne et financial controller: « Si la demande ne semble
De même, les profils IT continueront d’être à l’honneur en 2008. » pas devoir faiblir en 2008 pour ces métiers, les plus grosses structu-
Compliance: parmi les compétences rares et très demandées par res commencent tout doucement à faire le plein de compétences.
les recruteurs en 2008 figurent les compliance managers, qui Toutefois, celles-ci intéressent désormais les plus petites sociétés »,
veillent à la conformité de l’entreprise avec une législation euro- relève eFinancialCareers
péenne sans cesse plus complexe – comme la Stock Compliance L’approche dilettante: « Le marché de l’emploi sera probablement moins
pour les entreprises cotées à Wall Street. euphorique en 2008 qu’il ne l’était en 2007. Et même dans un contexte
Fonctions support: les métiers de middle-back office, de gestion du de pénurie de compétences, tout ne sera plus permis aux candidats… »
Conjoncture
La croissance de l’économie à son plus
faible niveau depuis 2003
Le constat ressort du rapport d’analyse sur les risques dans nucléaire en Iran restera à la une de l’actualité et la situation au
le monde que l’assureur-crédit Euler Hermes vient de publier. Moyen-Orient sera la plus explosive. »
D’après ce dernier, la croissance de l’économie mondiale en La Belgique n’échappe pas au ralentissement, mais la croissan-
2008 devrait avoisiner les 3%, contre 3,8% en 2007. Il s’agit du ce devrait malgré tout atteindre 1,9% (contre 2,7% en 2007).
plus faible niveau depuis 2003, avec une croissance d’à peine L’année dernière, le principal moteur était les investissements
1,5% aux Etats-Unis (2,2% en 2007), de 1,5% au Japon (1,9% en (+ 5,2%) dans la construction et les biens d’équipement. En rai-
2007) et de 2% pour la zone euro (2,6% en 2007). « Aux Etats- son du climat incertain, Euler Hermes prévoit un recul à 2,2%.
Unis, la crise frappant le secteur de l’immobilier va entraîner une En raison de la croissance économique plus faible, l’assureur-
augmentation du taux d’épargne et une baisse de la consommation. crédit s’attend par ailleurs à une augmentation du nombre de
Le recul boursier et la hausse du prix des matières premières ne faillites en 2008. En 2007, elles avaient déjà augmenté de 5%
viendront certainement pas renforcer la confiance du consomma- dans le monde et l’on prévoit le même chiffre en 2008. En Bel-
teur, y lit-on. L’Europe va également en subir indirectement les gique, les faillites ont à nouveau augmenté de 0,3% à 7.772,
conséquences négatives, mais c’est surtout l’euro cher qui mine sa soit quelques unités en dessous du record de 2004 (7.910). Les
position concurrentielle. » perspectives belges ne sont pas bonnes en raison de la crois-
Par ailleurs, les risques sont beaucoup plus défavorables sance économique plus lente, mais aussi à cause du nombre
CONFRONTATION DE CONCEPTIONS
« Le modèle belge s’est inspiré de la comptabilité continentale
– allemande et latine – qui privilégie ce que l’on appelle les
stakeholders, c’est-à-dire les travailleurs, les fournisseurs, les
clients, les pouvoirs publics, les syndicats, bref toutes les par-
ties qui entrent d’une manière ou d’une autre en contact avec
l’entreprise, commente Roland Smets. A l’inverse, la tendance
anglo-saxonne, très libérale, privilégie quant à elle la protection
de l’actionnaire. Avec la proposition de la Commission euro-
péenne, nous nous inscrivons en quelque sorte à la confronta-
tion de deux conceptions différentes de l’économie. »
En Europe, chaque pays s’est en fait organisé un peu à sa
manière: des pays comme la France, l’Espagne ou l’Italie
ont aussi leur centrale des bilans. A l’inverse de ce courant
comptable en « coûts historiques » visant à protéger les
créanciers, les pays anglo-saxons et scandinaves font une
distinction entre les sociétés cotées et les autres. « Au ni-
14 veau européen, plusieurs impulsions ont été données ces
dernières années pour s’inspirer du modèle américain où ce
système de centrale des bilans n’existe pas, reprend Bruno
Colmant. Il porte sur deux niveaux avec, d’une part, des so-
ciétés cotées sur lesquelles pèsent énormément d’obligations
Bruno Colmant: « Le système anglo-saxon n’est pas comptables et, de l’autre, la grande masse des sociétés non
transposable tel quel. Attention à ne pas désosser le cotées qui ne doivent pas déposer de comptes. »
squelette de l’entreprise sous couvert de simplification
Aujourd’hui, la proposition de la Commission porte en elle
administrative! »
l’augmentation de la pression sur les sociétés cotées avec, par
exemple, les nouvelles normes IFRS qui exigent énormément
portante réforme fiscale qui a refondu l’impôt des sociétés sur d’informations. « C’est certainement une bonne chose pour
base de la décision de relier la comptabilité et la fiscalité entre un marché européen unifié, mais la diminution de la charge
elles, explique Bruno Colmant. L’effort a abouti à une harmoni- comptable des entreprises au niveau inférieur se révèlerait bien
sation du droit comptable avec le droit fiscal, créant une stabi- plus hasardeux », ajoute-t-il. « Une information financière fia-
lité désormais bien maîtrisée par les différents intervenants et ble facilite la transmission d’entreprises et l’accès au capital à
par le fisc. Ce choix avait également pour avantage de diminuer coût réduit, notamment dans le cadre des emprunts bancaires,
le coût administratif, en n’ayant pas à tenir deux comptabilité, illustre Roland Smets. Elle favorise aussi les échanges trans-
l’une comptable, l’autre fiscale. » frontaliers et peut renforcer la position concurrentielle des en-
C’est dans ce contexte qu’a été créée la Centrale des bilans, treprises européennes. »
avec pour mission de rassembler l’information comptable par
la collecte des comptes annuels de la quasi totalité des socié- SOURCE DE PLUS-VALUE
tés exerçant une activité en Belgique, leur traitement et leur Une réduction des exigences comptables et du contrôle
mise à disposition de toute personne intéressée. En 2006, plus des comptes conduira inévitablement à une augmentation
de 323.000 comptes annuels ont ainsi été déposés par 304.000 sensible des charges administratives pour les entrepri-
entreprises. « Notre Centrale des bilan est, à ce titre, une des ses et pour les tiers qui utilisent ces données financières,
meilleures, si pas la meilleure, au monde », estime-t-il. puisqu’ils devront chercher d’autres moyens pour obtenir
Les avantages du système sont évidents. Tout d’abord, disci- des informations fiables, estiment encore ces experts. « Cet-
pliner les entreprises, obligées de s’organiser en la matière. te même réduction annihilerait la connexion entre la comp-
D’autre part, la transparence qu’il engendre contribue à une tabilité et la fiscalité qui a fondé l’impôt des sociétés depuis
diminution des coûts du crédit en permettant aux institutions plus de trente ans, appuie André Bert, Président de l’IEC. Si,
16
E n 2006, la PME belge médiane a réalisé de bons
résultats, révèle un benchmark que vient de
publier Deloitte Fiduciaire sur base d’un échan-
tillon de 2.200 entreprises représentatif du pay-
sage entrepreneurial belge. Dix indicateurs caractérisant la posi-
tion financière et opérationnelle sont utilisés dans l’évaluation:
structure financière et capacité de remboursement, liquidité et
valeur ajoutée de 45 € sur une vente de 100 €, la moitié des
PME obtiennent en 2006 une marge de valeur ajoutée de 47 €
ou plus. Concrètement, cela équivaut à un accroissement de
2% de la productivité. Les raisons de cette progression sont
une offre de produits innovante et la recherche constante
d’un financement plus efficace.
Cette progression de la productivité s’est en outre traduite
gestion du fonds de roulement, valeur ajoutée et intensité du par un accroissement opérationnel et net des rendements,
travail et du capital, rentabilité opérationnelle et financière et de 1% à chaque fois pour la PME belge médiane, par rapport
enfin, le rendement des fonds engagés. à 2004. Concrètement, la moitié des PME belges a réalisé en
Pour huit des dix indicateurs clés pris en considération, la 2006 un rendement opérationnel d’au moins 13% et un ren-
PME médiane obtient de meilleurs résultats en 2006 qu’en dement net de 6% ou plus. Les meilleures performances sont
2004 et 2005. Alors qu’en 2004 la PME médiane générait une réalisées dans les secteurs des services, des matières plasti-
Les entreprises de moins de dix ans livrent d’excellentes per- familiales se financent grâce à leurs fonds propres, à leurs
formances en matière de productivité et de rentabilité. Pour comptes courants et aux avances des actionnaires et des ad-
chaque tranche de 100 € de chiffre d’affaires, la moitié des ministrateurs/gérants, à concurrence de 60% minimum.
jeunes entreprises créent 54 € de valeur ajoutée. Pour les en- Par ailleurs, la PME familiale se distingue par une produc-
treprises de plus de 25 ans d'existence, ce chiffre retombe tivité et un rendement opérationnel très élevés. Toutefois,
à 36 €. Cette valeur ajoutée élevée donne en outre un ren- le rendement net d’une PME familiale est moins élevé. La
dement opérationnel et financier plus fort chez les jeunes moitié des entreprises familiales réalisent un rendement de
entreprises. La moitié des jeunes entreprises réalise ainsi un maximum 6%, contre 7% pour les entreprises non familiales
rendement net de 11% ou plus. Pour les entreprises de plus et 9% pour les filiales internationales. Ce rendement net in-
de 25 ans d’existence, ce chiffre retombe à 6%. férieur est imputé à un taux d’autofinancement trop impor-
Par contre, au fil des ans, les plus anciennes entreprises ont tant (capital, réserves et comptes courants) par rapport aux
eu l’occasion de se constituer des fonds propres plus confor- résultats enregistrés.
tables grâce aux bénéfices réservés, ce qui profite bien en- Conclusion: les PME familiales sont souvent « surcapitalisées ».
tendu à leur indice de solvabilité. Les anciennes sociétés Dans ce contexte, une partie des moyens mis à la disposi-
jouissent également d’une meilleure position de liquidité tion de la société par les actionnaires/administrateurs se
que leurs jeunes homologues. voit souvent investie dans des secteurs non productifs tels
Autre constat: les entreprises familiales se caractérisent par que l’immobilier. Ce dernier ne manquera pas de créer des
un niveau élevé de solvabilité. En effet, la moitié des PME problèmes lors de la vente ultérieure de l’entreprise.
ça rapporte!
18
Les entreprises ayant une plus forte représentation de femmes dans leur
comité de direction ou dans leurs équipes de management sont aussi les plus
performantes. Une plus grande mixité à ce niveau peut vous faire gagner un
point de rentabilité des fonds propres, cinq points en résultat opérationnel et
dix-huit points de croissance du cours de bourse!
Source : Base de données Amazone Eurofund; Amadeus; Research insight; Datastream; Bloomberg; McKinsey
FINANCE
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N°14
1 4 - FEVRIER
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> EN PRATIQUE
SOMMAIRE
N°14 FÉVRIER 2008
Dossier
Audit interne
Longtemps, le rôle des auditeurs in-
ternes s’est surtout cantonné à une
attitude quelque peu défensive qu’on
peut qualifier de « gendarme » interne.
Aujourd’hui, les entreprises attendent
de la fonction qu’elle participe plus acti-
vement à la création de valeur. Enquête
sur un métier en pleine mutation.
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FINANC
FIN
FINANCE
ANCE
ANC E MANAGEMENT
M ANA
MANA
ANAGEM
GEMENT
GEM ENT - CFO MAGAZIN
MAGAZ
MA
MAGAZINE
GAZIN
GAZ INE
IN
NE - N°
N°14
° 1 4 - FE
°1 F
FEVRIER
E VR
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2008
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DOSSIER
FISCALITÉ
L’auditeur interne:
du gendarme au
consultant interne
Longtemps, le rôle des auditeurs internes s’est surtout cantonné à une
attitude quelque peu défensive qu’on peut qualifier de « gendarme »
interne. Objectif premier: éviter et contribuer à résoudre les problèmes.
Aujourd’hui, les entreprises attendent de la fonction qu’elle contrôle la
bonne conformité aux réglementations en tous genres, qu’elle examine
une plus large gamme de risques et qu’elle participe plus activement
22 à l’amélioration des performances de l’organisation. Rien de moins!
Enquête sur un métier en mutation.
« Dans un certain nombre pas responsable des procédures et du contrôle interne, mais
bien du fait de vérifier que ceux-ci soient bien mis en place et
d’entreprises, l’audit interne fonctionnent effectivement. Vous me direz: pourquoi a-t-on
rapporte au CFO, ce qui n’est besoin des auditeurs s’ils n’opèrent que cette ‘vérification’?
Notre rôle consiste à fournir au conseil d’administration une
pas recommandé. » assurance indépendante et objective d’une personne autre
que le CEO et/ou le CFO, ainsi qu’à fournir la même assurance l’élargit encore également aujourd’hui à l’évaluation de la ges-
à ces derniers de la part d’une personne autre que les mana- tion des risques, incluant la notion d’opportunités opération-
gers qui leur rapportent directement. » nelles à prendre ou non. »
Philippe Dangre: « Le contrôle interne ne peut se limiter aux Michel Weber: « Un terrain qu’il faut bien qualifier de difficile. Si
contrôles de la comptabilité, ni se réduire aux rapports fi- la méthodologie des auditeurs permet effectivement d’explorer
nanciers. Il couvre également les aspects de respect des lois tous ces champs-là, encore faut-il disposer des moyens néces-
et règlements – ‘compliance with laws and regulations’ –, la saires et du temps pour relever l’ensemble de ces missions! »
fiabilité des informations financières et opérationnelles, le fait Pascale Vandenbussche: « Il faut également évoquer tous les
que les processus en place – dépassant d’ailleurs la finance – développements des sujets concernant la gouvernance d’en-
soient rationnels et efficaces, la protection des actifs, etc. On treprise et l’éthique qui ont des impacts sur notre métier… »
Philippe Dangre: « … et on peut dire qu’on aboutit ainsi à des at-
tentes de la part des actionnaires qui sont démesurées par rapport
aux possibilités réelles que nous avons. Si, dans les banques et les
« 57% des responsables de assurances, les départements d’audit interne s’inscrivent dans un
rapport de un à cent vis-à-vis de l’ensemble de l’organisation, il
l’audit interne disent rapporter se situe plutôt dans un rapport de un à mille dans les autres sec-
au comité d’audit et 14% seu- teurs, même si certaines entreprises sortent du lot avec une pro-
portion un peu plus favorable. Il faut donc nuancer quelque peu
lement ont une fonction pure- la capacité d’apporter réponse à toutes ces questions. Et ce n’est
ment de type support. » pas seulement un problème d’effectifs. On entre de plus en plus
La proportion de temps consacré à l’audit des processus nologies de l’information sont en progression significative
financiers, aux investigations en matière de fraude et aux sur les trois dernières années. En ce qui concerne la gouver-
audits liés au management apparaît relativement stable au nance et l’IT, cette progression devrait encore se marquer au
cours des sept années sur lesquelles porte l’étude. A l’inver- cours des années à venir. Par contre, les audits de confor-
se, le pourcentage de temps passé dans un rôle de conseil, mité et les audits opérationnels devraient prendre moins de
sur des audits relatifs à la gouvernance ainsi qu’aux tech- temps à l’agenda des auditeurs.
2,6
Autre 2,9
5,3
7,7
Audits de management 6,8
7,3
24,5
Audits opérationnels 28,9
30,6
12,1
Audits IT 10,9
8,9
7,7
Gouvernance 5,9
4,4
4,5
Enquêtes sur les fraudes 3,8
5,1
Il y a 3 ans
11,6
Audits des processus financiers 11,7
Aujourd'hui
10,7
15,7
Audits de conformité 17,3
17,2
0 5 10 15 20 25 30 35
Source : IIARF
26
« Attention de ne pas vivre
avec l’illusion que l’audit
Pascale Vandenbussche: « L’audit interne n’est pas res-
ponsable des procédures et du contrôle interne, mais bien
interne, avec l’aide de
du fait de vérifier que ceux-ci soient bien mis en place et l’audit externe, apporte une
fonctionnent effectivement. »
assurance sur tout. »
Filiale à 100% de l’entreprise néerlandaise KPN, l’opérateur l’audit rapporte en direct au CEO alors que l’audit se référant
de téléphonie mobile Base est, par ce biais, soumis aux obli- à SOX m’amène beaucoup plus à interagir avec l’audit groupe.
gations Sarbanes-Oxley (SOX). Historiquement présente au Le champ d’action est également très différent: au niveau
niveau du groupe, la fonction d’audit interne a été créée groupe, l’accent est quasi exclusivement mis sur l’intégrité
dans la filiale belge en 2002, d’abord dans cette perspec- des comptes, peut-être même au détriment de ce que pourrait
tive de « compliance ». « Les obligations liées à SOX étant apporter une approche plus large en matière d’audit interne
importantes et extrêmement formalisées avec des contrôles comme nous la menons sur un plan local. »
fréquents au niveau groupe, la fonction d’audit a de la sorte Certains vont jusqu’à dire que les obligations SOX sont coû-
acquis une visibilité importante en interne », confie Philippe teuses et ne servent à rien ou, du moins, pas à grand-chose.
Dangre, directeur de l’audit interne de Base. Une opinion que ne partage pas complètement Philippe
Au-delà de ce champ spécifique, il a également été chargé Dangre. « On ne peut évaluer SOX en termes de coûts/bé-
de développer une fonction d’audit interne au spectre plus néfices, estime-t-il. Il y a, d’une part, des effets positifs qu’il
large qui, celle-là, jouit d’une plus grande liberté d’action, faut détecter et sur lesquels capitaliser et, d’autre part, certai-
d’exécution, de durée de ses missions, etc. « Nous touchons nes lourdeurs du processus qu’il faut essayer d’optimiser ou
là à l’efficacité, à l’efficience des processus, à la conformité des d’écarter, en mettant de côté ce qui est superflu, voire dom-
actions prises avec la stratégie de l’entreprise. Cette facette de mageable pour la société. »
27
L’auditeur interne
confronté à
une inflation
des attentes 29
L’audit interne se trouve dans une phase
charnière de son histoire, à en croire plusieurs
études récentes sur la fonction. Champs d’action
plus larges, inflation des compétences requises,
défis croissants à l’agenda… le tout dans un
contexte de guerre des talents marquée pour le
type de profils requis. Seule solution: anticiper!
ministration, des leaders de l’organisation et des régulateurs tion avec d’autres fonctions liées à l’audit au sein de l’entre-
bien au-delà des questions traditionnelles de conformité aux prise », confirme l’étude menée auprès de 138 professionnels
régulations, y lit-on. Leur rôle s’élargit pour inclure des activi- de l’audit interne dans 24 pays.
tés liées à la création de valeur, dans une perspective de plus Une coordination qui se révèle bien nécessaire, à en croire
grande performance. » les répondants. Ainsi, seuls 29% d’entre eux déclarent que
l’audit interne interagit et travaille en bon alignement avec
PLUS STRATÉGIQUE les autres fonctions de risk management présentes dans l’or-
Une évolution qui n’est pas sans lien avec l’évolution que ganisation. Dans près d’un cas sur cinq, il n’existe que peu ou
connaît la fonction de CFO dans bien des organisations, pré- pas du tout de partage d’informations.
cise KPMG. « Traditionnellement, le CFO est en charge de do-
maines tels que le risque, le reporting financier, la conformité PÉNURIE DE COMPÉTENCES
aux règlements en vigueur et les infrastructures. Ce qu’on peut Si les défis en termes de champs d’activité ne manquent
qualifier de rôle de ‘préservation de valeur’. Aujourd’hui, ils se pas, le plus sérieux chantier à rencontrer porte, d’après Ernst
voient confier d’autres champs d’action en complément: ils se & Young, sur le fait de trouver des personnes disposant des
trouvent ainsi de plus en plus au centre des processus de déci- compétences adéquates pour identifier et gérer les risques
sion, d’influence et de leadership. On attend d’eux un rôle plus
stratégique et orienté vers le business. »
De même, l’auditeur interne se positionne dans une pers-
pective de ‘création de valeur’, notamment en matière de « L’audit interne doit trouver
connaissances des risques de sorte de participer à l’amélio- un équilibre entre les atten-
ration de leur gestion. « En mettant en œuvre des analyses des
risques au niveau de l’entreprise et en couvrant les principaux tes du Comité d’audit – ‘évi-
domaines à risques, l’audit interne peut améliorer la coordina- tez les problèmes’ – et celles
30 de la direction – ‘faites pro-
« Améliorer la préservation de valeur, gresser notre business’ »
étendre la création de valeur »
d’entreprise croissants. Pas moins de 49% des structures
sondées disent avoir augmenté la taille de leur fonction
d’audit interne au cours des douze derniers mois et 38% des
répondants indiquent qu’ils travaillent à moins de 90% de
leur effectif budgété. De plus, 36% font état d’un taux de
rotation annuel supérieur à 15%.
Les compétences les plus difficiles à trouver sont celles
liées à l’ITC, aux fraudes ainsi qu’aux risques d’entreprise et
opérationnels. Plus d’un tiers des sondés affirment dispo-
ser d’un nombre insuffisant de collaborateurs instruits en
matière de dépistage et prévention des fraudes. Parmi les
autres domaines en déficit de personnel compétent, figu-
rent ceux des transactions et de la taxation. Les résultats
de l’enquête indiquent aussi que les équipes d’audit interne
devront fournir des efforts importants pour élargir leurs
compétences de base au domaine des risques d’entreprise
et opérationnels.
D’après le Livre Blanc publié par KPMG, l’audit interne a pour dou-
ble défi de maintenir et de renforcer ses activités de « préserva- EN PROFONDEUR
tion de valeur » (cercle en bas à droit sur le graphe) et de s’impli- L’aspect international apparaît également comme un défi
quer plus en profondeur dans des activités « créatrices de valeur » important pour les entreprises globalisées. « La plupart des
(cercle en haut à gauche), ce qui implique de la part des auditeurs analyses des risques internationales sont réalisées au niveau
internes de nouvelles compétences en ligne avec cet objectif. des quartiers généraux et tiennent par conséquent trop peu
compte de la langue, la culture et la réglementation locale. El-
Source: KPMG, The Evolving Role of the Internal Auditor, 2007 les ne traitent donc pas les questions suffisamment en profon-
deur », pointe le rapport. Autre chantier de taille: trop peu de
« La plupart des analyses des rôle de conseil en matière de développement stratégique, mais
un sur cinq s’attend à voir sa fonction jouer un tel rôle dans les
risques internationales sont trois ans à venir. Un peu moins d’un répondant sur trois prend en
réalisées au niveau des quar- charge des formations de membres du comité d’audit interne et
quatre sur dix jouent un rôle de formateur interne auprès du per-
tiers généraux et ne traitent sonnel de l’entreprise en matière de contrôle interne, de corporate
governance et de conformité. Plus d’un sur cinq s’attend à ce que
pas les questions suffisam- la fonction prenne un tel rôle dans les trois ans à venir.
ment en profondeur. »
FINANCE MANAGEMENT - CFO MAGAZINE - N°14 - FEVRIER 2008
REGARDS ACADÉMIQUES
FISCALITÉ
32
L a santé d’une région, d’un pays se reflète le plus
souvent dans la prospérité et dans le dynamisme
des petites et moyennes entreprises qui s’y dé-
veloppent, y exercent leur activité en fournissant
des emplois directement ou en permettant la création d’em-
plois en amont et en aval de la chaîne économique. Or, chaque
année, de nombreuses entreprises disparaissent ou déposent
Comme la plupart des informations concernant la nature fa-
miliale des entreprises ou leur transmission ne sont pas direc-
tement disponibles, dans aucune base de données préétablie,
nous avons eu recours à une enquête2 par questionnaire por-
tant sur la transmission des PME de manière à pouvoir récolter
ces informations et à constituer notre propre corpus. Outre
l’inexistence de données compilées sur notre thème de recher-
leur bilan en raison d’un problème de transmission. Ainsi, un che, une revue des études empiriques antérieures n'a montré
grand nombre d’emplois sont perdus annuellement avec la fer- que quelques enquêtes.
meture d’entreprises qui n’ont pas su ou pu trouver une solution
au problème de leur transmission. CARACTÉRISTIQUES DES PME FAMILIALES
Selon les estimations d'un groupe d'experts de la Commission Les résultats statistiquement significatifs de l’enquête ont
Européenne, un tiers des entreprises européennes feront l'objet montré que les PME de notre échantillon sont majoritairement
d'une transmission dans les dix prochaines années, soit entre 25 et de nature familiale (81,33%). Rapportée à la population totale,
40% des entreprises selon les Etats membres. Vu l’importance de cette information nous permet d’estimer que sur les 8.917
ces chiffres, le problème de la transmission peut avoir des consé- PME wallonnes en activité depuis quinze ans et occupant
quences dramatiques au niveau macro-économique: disparition au moins deux travailleurs (et représentant 55.284 emplois),
d’entreprises et d’emplois, coût social important, manque à gagner 7.252 seraient de nature familiale. La PME familiale est donc
pour l’Etat et les Régions, détérioration du tissu industriel, etc. bien le type d’entreprises dominant en Wallonie. Ce résultat
Depuis le début des années 1980, de nombreuses recherches confirme les études précédentes. Selon ces mêmes critères
ont été réalisées sur la transmission de l’entreprise et, en par- (quinze ans d’activité et minimum deux travailleurs) appli-
ticulier, de l’entreprise familiale. Cependant, peu de recherches qués à la Belgique (35.356 PME représentant 55.284 emplois),
se sont intéressées aux performances des entreprises familia- il y aurait 28.755 PME familiales. Enfin, si nous appliquons
les lors l’opération de transmission. C’est cette problématique ce pourcentage à l’ensemble des 234.158 PME belges [ONSS,
que nous avons choisi de développer. Notre état de l’art nous a 2002], 190.440 seraient des PME familiales.
conduit à poser trois questions centrales: L’enquête nous a également permis d’observer que les PME
1. Quelles sont les caractéristiques des PME familiales en Wallonie? familiales sont nettement moins représentées dans les sec-
2. Quelles sont les caractéristiques des transmissions de teurs des services et de l’industrie, et qu’elles sont en géné-
PME familiales en Wallonie? ral plus petites que les PME non familiales. Plus de 95% des
3. La transmission d’une PME familiale a-t-elle un impact sur dirigeants sont également propriétaires de leur entreprise
sa performance commerciale, économique et financière? et la structure de l’actionnariat des PME est principalement
quière pas immédiatement les compétences spécifiques pour gé- für Gewerbe-und Handelsforschung, 2002], 96% des trans-
rer l’entreprise convenablement. Par contre, la technique de trans- missions d'entreprises réussies survivent à la période critique
mission par revente a une influence positive sur les performances. des cinq premières années alors que seulement 75 % des
Enfin, le manque de significativité des résultats des transmissions créations passent ce cap!
par donation ne nous permet que d’observer une baisse des perfor- Les pouvoirs politiques belges se sont beaucoup préoccupés
mances lors des années qui suivent la transmission. de la création d'entreprises au cours de la dernière législature.
Même au niveau européen, l'accent a jusqu'à présent été mis
CONCLUSIONS sur la création d'entreprises. Or, au regard de la préservation
Lorsque la transmission familiale est réussie, les repreneurs as- de l'emploi, la transmission d'entreprises représente égale-
surent une certaine innovation, remettant en question les pa- ment un enjeu majeur. Si la création d'entreprises est l'essence
radigmes établis et peuvent, par conséquent, gérer plus habi- même du renouvellement, la transmission d'entreprises per-
lement la performance de l’entreprise et ainsi se montrer plus met de maintenir un réseau existant, voire même de le renfor-
offensifs dans la recherche de nouveaux projets générateurs cer, l'améliorer et de bénéficier de la courbe d’expérience.
de croissance. La combinaison des générations, lorsqu’elle est
harmonieuse, en synergie et maîtrisée, permet de tirer à la fois
parti du dynamisme, de l’impatience et de l’énergie des jeunes 1
Synthèse de la thèse de Doctorat en sciences de gestion soutenue
ainsi que de la sagesse, de l’expérience des plus âgés. et obtenue le 03/05/2007 à l’Université de Mons-Hainaut par Oli-
La Commission Européenne, en 2003, émettait l’avis que la vier Colot et 1er prix du CeFiP Academic Award 2007, récompen-
phase de transmission dans le cycle de vie d'une entreprise sant la recherche sur le financement des PME en Belgique, décerné
méritait davantage d'attention et une action coordonnée. par le CeFiP (Centre de Connaissances du Financement des PME).
Notre étude nous conduit à surenchérir et réclamer autant, 2
L’enquête a été réalisée dans le cadre du projet européen Equal
voire plus, d’attention et de moyens à la transmission qu'à la – QualiCréa et a été financée en grande partie par le Fonds Social
création d'entreprises. Selon une étude autrichienne [Institut européen (FSE).
37
quéreur pour effectuer son due diligence est de quatre à huit seules quelques personnes au sein de la cible soient au courant
semaines, selon la complexité de l’acquisition (e.g. nombre et des pourparlers en vue d’une reprise éventuelle.
localisation des entités à auditer). Idéalement, le due diligence Afin de répondre à ce souci de confidentialité, et également en
est initié par une « management presentation » visant à donner vue de faciliter la consultation simultanée par plusieurs person-
un aperçu de la cible, de sa situation actuelle et des projections nes d’un même document, se sont développés des systèmes de
futures. Sur la base de notre expérience, nous recommandons « data room » virtuelle, dans lesquels l’information est stockée
vivement aux différentes parties d’assister, dans la mesure du sur un site internet dont l’accès est sécurisé. Dans un cas comme
possible, à cette présentation. C’est en effet une occasion uni- dans l’autre, des instructions spécifiques peuvent être données
que se forger une première impression quant à la cible et ainsi quant à la possibilité de prendre des copies (pour des raisons
orienter de manière plus efficace la suite des opérations. de confidentialité, certains documents pourraient en effet faire
Le cœur du due diligence est la « data room ». Il s’agit d’une salle l’objet d’une interdiction de duplication – e.g. contrats de tra-
dans laquelle est stockée l’information relative à la cible. Bien vail) ou de poser des questions additionnelles. Typiquement, un
que cette « data room » puisse être localisée dans les locaux de système de questions-réponses est mis en place par voie écrite,
la cible, elle est bien souvent organisée dans les bureaux de ses avec le cas échéant l’une ou l’autre réunion entre spécialistes.
conseillers pour des raisons de confidentialité. Dans le cas, no-
tamment, de petites acquisitions, il n’est en effet pas rare que RÉDACTION DU RAPPORT
Sur la base des informations glanées lors de la « management
presentation », dans la « data room » et via la procédure de
questions-réponses, les conseillers fiscaux de l’acheteur rédi-
« Il convient d'identifier gent un rapport dans lequel ils décrivent la situation fiscale
de la société ainsi que les risques pour le passé (et éventuel-
les opérations de lement pour le futur).
sur les possibilités de - une revue du respect des formalités fiscales (récapitulatif
des déclarations fiscales et autres fiches et formulaires
restructuration future. » introduits et restant à introduire);
- un résumé des contrôles fiscaux ayant eu lieu. Ceci per- montrer que les biens ont quitté le pays et que ceux-ci
met notamment d’évaluer certains risques. Le fait par sont bien arrivés dans un pays déterminé;
exemple qu’une position prise par la cible ait déjà été ac- - l’application/la récupération de la TVA sur certains services. Il
ceptée (ou au contraire refusée) lors d’un contrôle fiscal existe en effet des prestations de services pour lesquelles, se-
antérieur constitue un élément favorable (ou défavora- lon que certaines conditions sont remplies ou pas (e.g. leasing
ble) dans l’appréciation du risque y relatif; immobilier), la TVA doit ou être appliquée à la sortie (et peut
- une description d’éventuels accords fiscaux (« rulings ») corrélativement faire l’objet d’une récupération à l’entrée).
dont la cible pourrait bénéficier ; Ceci peut également inclure la description d’éventuels risques
- un inventaire des déductions reportables (pertes fisca- qui seraient liés à des opérations concomitantes au « closing »
les, etc.). Celles-ci peuvent en effet engendrer des éco- (e.g. abandon de créance sur un prêt intragroupe auquel il doit
nomies fiscales futures et peuvent dès lors, en tant que être mis fin en raison du changement d’actionnaire).
telles, être valorisées lors de la détermination du prix;
- une validation des montants de provisions fiscales re- IMPLICATIONS
prises dans les comptes. Ceci vise à s’assurer que les Les conclusions tirées dans le cadre du due diligence fiscal
provisions en question sont suffisantes pour couvrir les peuvent être prises en compte de diverses manières dans le
impôts restant à payer; cadre de la négociation de la convention de cession:
- une analyse de la composition fiscale des réserves de la - dans le cas le plus simple, le risque fiscal en question
société. En effet, il peut être intéressant, voire nécessaire peut être couvert par les indemnités génériques tradi-
pour l’acquéreur, de réorganiser les fonds propres de la tionnellement incluses dans un SPA. Il s’agit en l’occur-
société après l’acquisition. rence de risques ayant une probabilité de survenance
faible et portant sur des montants peu élevés;
Risques éventuels pour le passé (et éventuellement pour le futur) - si le risque a une probabilité de survenance plus élevée et/
Cette partie du rapport vise à identifier les éventuels risques fis- ou porte sur des montants plus importants, le SPA peut
caux relatifs à des prises de position de la société. Le droit fiscal prévoir une indemnité spécifique à charge du vendeur dans
38 reste en effet une matière complexe dont l’application pratique le cas où le risque se matérialise (généralement l’octroi de
est souvent sujette à interprétation. En fonction du profil de ris- l’indemnité sera soumis à certaines conditions et fera l’ob-
que de la société cible et de son «appétit fiscal», il se peut donc jet d’un plafond). Alternativement, si le risque est encore
qu’elle ait par le passé appliqué (ou utilisé) les règles fiscales de plus probable (par exemple en cas de litige porté devant les
manière plus ou moins agressive. instances judiciaires), les parties peuvent se mettre d’ac-
Il convient par ailleurs d’identifier les opérations de réorganisa- cord sur une réduction du prix ab initio (avec le cas échéant
tion passées qui imposent des contraintes sur les possibilités de une clause selon laquelle un complément de prix sera payé
restructuration future. Traditionnellement, un due diligence fis- par l’acquéreur si, au final, le risque ne se réalise pas);
cal porte au moins sur les aspects d’impôts sur les revenus et de - enfin, en cas d’identification d’un risque fiscal d’une telle im-
taxe sur la valeur ajoutée. Les risques classiquement identifiés portance que celui-ci ne peut ni être couvert par une indemnité
incluent notamment: ni donner lieu à une réduction de prix, il peut être envisagé de
- le non-respect des obligations formelles (introduction des ne pas procéder à la transaction (« deal breaker »). Il s’agit bien
déclarations fiscales, de certains formulaires, de fiches fis- entendu d’un cas extrême qui reste assez rare en pratique.
cales, etc.); Par ailleurs, les conclusions du due diligence fiscal peuvent être
- la manière dont sont pris en compte les principes appli- utilisées en vue d’optimiser la structuration fiscale lors de l’ac-
cables en matière de prix de transfert. Dans ce contexte, il quisition (e.g. choix du véhicule d’acquisition) et après celle-ci.
convient de lister les relations que la cible entretient avec
des entités liées et d’évaluer, dans la mesure du possible, si CONCLUSION
ces transactions sont effectuées à des conditions « de mar- Le due diligence fiscal constitue une condition sine qua non d’une
ché » et si la documentation y afférente (contrats, études acquisition réussie. Il permet en effet d’appréhender la cible et son
de comparables, factures,…) semblent suffisantes afin de environnement, de négocier le transfert des actions de celle-ci et de
supporter la rémunération appliquée; procéder si nécessaire à de l’optimisation fiscale post acquisition.
- la non-application du régime d’auto-liquidation. Dans En tant que tel, il représente une opportunité unique de gérer la si-
certains cas, c’est en effet le preneur du service (et non tuation fiscale passée, présente et future de la cible. Il convient par
le prestataire) qui est tenu de déclarer et d’acquitter lui- conséquent d’y accorder une attention toute particulière.
même la TVA sur les services qui lui sont procurés;
- la disponibilité des documents de transport. Lorsque des Cette rubrique a pu être
biens sont transportés et quittent le pays, l’assujetti qui réalisée grâce à
effectue la livraison de biens doit être à même de dé- la collaboration de
Actualités en matière
d’assistance financière
L’article 23 de la directive 77/91/EEC (telle que modifié par l’article 6 de la
directive européenne 2006/68/EC du 6 septembre 2006) donne la possibilité
– mais non l’obligation – aux Etats Membres de permettre aux sociétés de
fournir une assistance financière (avancer des fonds, faire crédit ou donner
des sûretés) en vue de l’acquisition de leurs actions par des tiers sous
certaines conditions.
des variantes plus ou moins strictes existent dans la législa- qu’un gage ou une hypothèque, mais aussi toute forme
tion des autres pays membres de l’Union Européenne. Elle de garantie ou toute autre opération grevant les actifs
vise notamment à protéger les intérêts des créanciers de la de la société. Une sûreté sur les actions de la société
société, dont les intérêts pourraient être lésés par de telles tombera par exemple en dehors du champ d’application
opérations (le capital de la société est en effet le premier de la réglementation, dans la mesure où l’on ne peut as-
« buffer » de ceux-ci). similer les actions d’une société aux actifs de celle-ci.
Bien qu’il s’agisse de réglementations différentes, la matière - La société fournissant l’assistance financière (i.e. son
entretient des liens étroits avec les problèmes d’intérêts so- conseil d’administration) doit avoir su, ou n’avoir pu rai-
cial (i.e. une opération déterminée bénéficie-t-elle réellement sonnablement ignorer que l’assistance contribuerait ou
à la société?), et la jurisprudence publiée traite d’habitude les faciliterait l’acquisition de ses actions. Ce lien causal n’est
deux questions de manière parallèle. pas interprété strictement, et une situation présentant un
Cette disposition a notamment un intérêt dans le cadre du décalage dans le temps (même important) est également
financement de l’acquisition d’une société, dans la mesure susceptible de tomber dans le champ d’application de la
où elle limite les possibilités pour un acheteur éventuel de réglementation (la société ne pourrait ainsi pas refinancer
financer l’acquisition en donnant des sûretés sur les actifs de la dette découlant de l’acquisition de ses propres actions).
la société visée (gage sur fonds de commerce par exemple). - L’article 629 du Code des Sociétés concerne l’assistance accor-
dée par une société pour l’acquisition de ses propres actions.
1. DESCRIPTION L’assistance financière accordée pour l’acquisition des actions
D’un point de vue juridique, les remarques suivantes peuvent d’une société (directement ou indirectement) liée est en prin-
être faites: cipe permise. A ce propos, il importe de souligner qu’un tribu-
- L’énumération de l’article 629 est exhaustive et cette dis- nal sera enclin à juger particulièrement sévèrement ce type
position doit être interprétée de manière stricte. Tout de situations, particulièrement si l’assistance est accordée
autre type d’ « assistance » (diminution ou rembourse- pour l’acquisition des actions d’une société mère ou sœur et
ment de capital, distribution de dividendes …) est par que la société ne titre aucun bénéfice réel de l’opération.
41
Faciliter l’accueil
des enfants des travailleurs:
quelques pistes possibles
La garde des tout-petits (de 0 à 3 ans) est devenu un réel problème pour les
travailleurs. Les places disponibles dans les crèches sont insuffisantes et les
listes d’attente de plus en plus longues. Investir dans l’accueil des enfants de ses
travailleurs rend l’entreprise plus attractive, contribue à fidéliser le personnel
et constitue une jolie manière de concilier politique de l’emploi et qualité de vie.
Le sujet du présent article porte sur les possibilités qui exis- curité sociale. L’Office National de sécurité sociale admet que
tent pour une entreprise de favoriser l’accueil des enfants de l’accès gratuit (ou à un prix anormalement bas) à une crèche
42 ses travailleurs. d’entreprise peut constituer un complément à la branche de la
sécurité sociale des allocations familiales. A ce titre, cet avan-
I. L’ENTREPRISE SOUHAITE CRÉER tage est exclu de la notion de rémunération au sens du droit
À SES FRAIS UNE CRÈCHE DESTINÉE de la sécurité sociale et n’est donc, en principe, pas soumis aux
EXCLUSIVEMENT AUX ENFANTS DE cotisations (personnelles et patronales) de sécurité sociale.
SES TRAVAILLEURS
Créer une crèche d’entreprise destinée à accueillir unique- 2. ASPECT FISCAL
ment les enfants des travailleurs (à l’exclusion donc des en- 2.1. DANS LE CHEF DU TRAVAILLEUR
fants de personnes tierces à l’entreprise) n’est possible que Le Code des impôts sur les Revenus (CIR) prévoit que les avan-
si l’employeur déclare l’existence de celle-ci à l’organisme tages qualifiés « d’avantages sociaux » sont exonérés d’im-
Kind en Gezin. En effet, ce dernier qui est chargé de contrôler pôts (et ne sont donc pas soumis à une retenue de précompte
les structures d’accueil néerlandophones (situées en région professionnel) dans le chef du travailleur (3). La mise à dispo-
néerlandophone et à Bruxelles) semble être le seul organisme sition gratuite ou à un prix anormalement bas d’une crèche
à accepter ce type de crèche (1) (en ce qui concerne les struc- d’entreprise est considérée comme un avantage social pour le
tures d’accueil francophones dépendant de l’Office de la Nais- travailleur et n’est donc pas imposable dans son chef (4).
sance et de l’Enfance: voir infra point II,1). Si le travailleur doit payer un montant à son employeur pour
Les frais liés à l’installation et au fonctionnement d’une crèche bénéficier des services de la crèche d’entreprise, il pourra dé-
d’entreprise destinée exclusivement aux enfants des travailleurs duire cette participation financière à l’impôt des personnes
sont entièrement à la charge de l’employeur. Il fixe lui-même le physiques si la crèche d’entreprise est placée sous la sur-
montant de l’éventuelle contribution due par les parents.
1. ASPECT SOCIAL
La notion de rémunération soumise aux retenues de sécurité « Le fisc accepte la déductibilité
sociale est extrêmement large. Elle est cependant tempérée par
certaines dispositions légales qui excluent expressément de des frais dans la mesure où
cette notion certains avantages alloués par l’employeur au tra-
vailleur. Parmi ces avantages, on trouve notamment les indem-
ils dépassent le montant
nités, payées directement ou indirectement par l’employeur, qui que les travailleurs auraient
doivent être considérées comme un complément aux avantages
accordés par les diverses branches de la sécurité sociale (2).
normalement dû payer à une
Les allocations familiales constituent une branche de la sé- crèche ordinaire. »
L’erreur humaine
vous coûte cher
L’erreur est humaine, dit l’adage bien connu. Mais balayer d’un revers de
la main la masse des petites fautes du quotidien serait en soi… une erreur,
affirme John Evans. Ce Britannique qui s’est imposé en tant que « Human Error
Specialist » décode les mécanismes à l’œuvre et les moyens d’y faire face.
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L ’histoire se passe au sein d’un service hospita-
lier où sont pris en charge les patients en phase
terminale. « Il est apparu que l’impression des
étiquettes destinées à certains médicaments était
quasiment illisibles, raconte John Evans. Résultat: les doses qui
s’y trouvaient mentionnées n’étaient pas compréhensibles pour
l’infirmier en charge de les administrer. Je ne vous explique pas à
portements, notre nonchalance ou le fait d’avoir la mémoire
courte. » Et notre interlocuteur de poursuivre son diagnos-
tic avec un petit film percutant mettant en évidence à quel
point l’on peut être aveugle aux circonstances changeantes
de notre environnement. Plusieurs protagonistes ont été in-
vités à participer à l’expérience. Ceux-ci devaient visiter une
entreprise déterminée et demander à s’entretenir avec une
quelles conséquences ce dysfonctionnement pouvait aboutir! » personne y travaillant, mais avec la mission particulière de
Un tour de table est alors organisé pour comprendre les cau- prêter attention à ce tout qui pouvait leur arriver d’étrange.
ses du problème. « Au bout du compte, on s’est rendu comp-
te que l’infirmier en charge de l’impression de ces étiquettes AVEUGLÉ PAR SA MISSION
n’avait pas changé la cartouche d’encre et, plus étonnant, que Ce que ces « cobayes » devaient percevoir survient dès leur
ce fait était considéré comme allant de soi. Il se justifiait après arrivée à la réception. La personne qui les accueille leur de-
l’envoi d’une note interne émanant du chef de service et disant mande un instant de patience, le temps de prendre un papier.
que chaque département devait s’engager à réaliser des écono- Elle plonge derrière la réception et une autre réceptionniste –
mies. Lorsque ce dernier a été informé de la chose, il a évidem- au look de surcroît complètement différent – prend sa place,
ment réagi en soulignant qu’il n’avait jamais été question de la papier recherché à la main, et poursuit l’échange comme
ce type d’économies! » si de rien n’était. Bien qu’il apparaisse à l’écran que la plu-
Conclusion: commettre des erreurs fait partie de notre natu- part des candidats remarquent quelque chose, il ressort des
re, souligne John Evans. « Nous ne pensons même pas aux dé- entretiens menés ensuite que 75% des personnes relèvent
gâts collatéraux que peuvent ainsi avoir certains de nos com- d’autres phénomènes « étranges » plutôt que de pointer ce-
lui-là, le plus évident.
Que retenir de l’expérience? « Elle dit beaucoup sur la manière
dont les individus réagissent à une tâche spécifique, confie John
Evans. Chacun de ces protagonistes avait pour mission de poin-
« Nous ne pensons pas aux ter ce qui leur advenait de bizarre, mais c’est précisément cette
dégâts collatéraux que mission qui les empêche de voir ce qui se déroule sous leur nez!
Ils s’attachent à des détails, cherchent l’endroit où quelque chose
peuvent ainsi avoir certains de pourrait bien survenir. Mais ce qui se passe juste devant eux leur
nos comportements ou notre échappe quasi complètement. » Un constat qui, selon lui, expli-
que déjà bon nombre d’erreurs humaines au quotidien…
nonchalance. » Mais comment diable devient-on « Human Error Specialist »?
Second degré?
Satanée guerre des talents! Un des enseignements des en- cash dormant sur les comptes épargne auprès des banques
quêtes les plus récentes concernant les rémunérations: les qui squeezent l’emploi et augmentent les frais de gestion
salaires augmentent plus vite que l’inflation. Une conclusion pour un service famélique,… Bref, nous participons à l’expan-
s’impose: les Belges tous trop bien payés en comparaison de sion d’une économie sans vision citoyenne aux dépens d’une
la valeur ajoutée qu’ils dégagent vraiment! Il faut réagir… et approche éthique et engagée pour les générations futures.
vite! Parce que le problème n’est pas tellement dans les mon- Plus de loisirs, plus de « qualité de vie » (ou de lifestyle, c’est
tants qu’ils perçoivent sans le mériter réellement mais bien pareil!), plus de détente… Nous contribuons à diluer la valeur
dans l’utilisation de l’argent qui leur est généreusement oc- du travail et de l’effort dans notre société à l’heure où nous
troyé par leur employeur ou par leurs actionnaires. manquons cruellement d’entrepreneurs, de leaders et de
Plus grosse maison, plus grosse voiture, plus grosse télévision, champions de la performance! Et qu’il n’y en ait pas pour jouer
plus lointaines vacances, etc. Bref, chacun augmente son em- les étonnés lorsque son employeur décidera d’alléger la masse
preinte écologique et puise sans retenue dans notre patrimoi- salariale et que son contrat durement négocié ainsi que ses
ne de ressources naturelles. Plus d’investissements en bourse revenus passeront à la trappe. Il sera alors parfaitement pré-
(en misant sur les sociétés les plus rentables à court terme, paré à jouir de ses biens, de ses rentes et de son temps libre.
souvent les moins responsables sur le plan sociétal), plus de Allez, il est encore temps de réagir!