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Aubry et la
réforme des études
ecclésiastiques / par
Mgr Justin Fèvre
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Fèvre, Justin (1829-1907). Le P. Aubry et la réforme des études ecclésiastiques / par Mgr Justin Fèvre. 1903.
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Aubry
~ë~
D~ES
E~tdes ecclésiastiques
PAR
Justin FÈVRE
PARIS
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ARTHUh SAVAËTE, &D)T~UR, ~6, RUE DES SAiNTS.PÈRES, PARiS
"ET LA RÉFORME
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ecclésiastiques
PAR
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Le "P. à A~ry t/
ET LA
RËFOM~j~~TUDES ECCLÉSIASTIQUES
(~
\~i'
PRINCIPES GÉNÉRAUX
régulières de sa réussite.
Tout prêtre est choisi parmi les hommes et institué pour le salut
des hommes. Or, personne ne doit s'ingérer de lui-même, dans ce
grave ministère- Pour y entrer d'une façon régulière, il faut trois
choses la vocation, la formation sacerdotale, et, après une longue
préparation, la promotion au sacerdoce.
La vocation, c'est Dieu qui la donne. En nous créant, sa sagesse
prêtre doit étudier toujours il doit, sans cesse et sans fin, se plonger
dans l'océan de la lumière; il doit s'en imbiber, s'en pénétrer, de
tus du sacerdoce, les trois puissances qui doivent agir dans'le grand
drame de son ministère.
Bossuet, les deux têtes et les deux bras dont la pensée et les actes
suffisent à la bénédiction de toutes les générations et de toutes les
races.
partout en souffrance. On
couper a voulu
l'ho.mme et la socteté
en deux en donner une part à l'homme séparé de Dieu et ne plus
laisser à Dieu qu'une part qu'on ne peut arracher à son empire. De
ce conflit sont nées de grandes aberrations et doivent sortir de plus
l'anarchie, il faut que les prêtres sortis, si peu que ce soit, des voies du
Seigneur, les reprennent. La preuve qu'ils en sont sortis, c'est que la
France ieuréchappe.Douze apôtres ont converti le monde~et cent mille
prêtres laissent la France périr. C'est lefait certain, indiscutable, acca-
blant. C'est donc une question supérieure à toute autre question, c'est
donc une question de vie et de mort, de savoir comment le sacer-
doce de Jésus-Christ, réduit pour l'heure à l'impuissance, peut créer
des héros et des thaumaturges. Notre situation n'est pire quepas
celle de la France au baptême de Clovis. Depuis, les évêques ont fait
la France comme les abeilles font la ruche. Si les frelons la mettent
au pillage, c'est aux évêques à défendre cette noble création de Jé-
sus-Christ, et c'est aux prêtres, à tous les prêtres sans eveption,
qu'il appartient de lui rendre ses rayons et son miel. A quelles
fleurs doivent-ils demander le suc précieux qui doit faire des mi-
racles et soulever les montagnes ? C'est la question que nous abor-
dons dans ce travail.
Question obscure,compliquée, mais formidable et qui veut d'ur-
II
grité dans FËglise. Les opinions gallicanes étaient libres, sans. doute,
ence sens qu'elles n'étaient pointrépro uvées par une définition dogma-
tique et par une réprobation souveraine de l'Eglise mais, dans leur
licite provisoire, elles étaient fausses et ne pouvaient être que fu-
III
simple, affectueux, surtout d'une grande facilité d'esprit. Dès les pre-
mières années de l'école primaire, sous sa pétulance, il y avait une
disposition à la gravité cet enfant, au milieu de ses jeux, contem-
plait la nature et songeait à son avenir à neuf ans, ,il avait pensé
au sacerdoce, et, dans le sacerdoce, à une vocation d'élite, féconde
en nobles sacrifices. Les premiers éléments des connaissances hu-
maines ne furent, pour l'enfant, qu'un jeu. De bonne heure, son de-
voir fait, il pensait à lire et allait chercher des livres au presbytère. Un
beau jour, parmi ses livres, le petit servant de messe reçut, du curé
d'Orrouy, Boulanger, une grammaire latine. Vous devinez sa joie
JO
pas moins dans ses cours et fut envoyé à Rome, par Mgr Gignoux,
évoque de Beauvais, juste appréciateur de ce grand homme en fleur,
pour suivre les cours du Collège romain. Pie IX avait fondé, à Santa-
Chiara, un séminaire français, pour former des professeurs à la ma-
nière romaine, et, par eux. détruire en France le gallicanisme jusqu'à
la dernière racine. Ici, changement complet. Autant Aubry avait
peu goûté l'enseignement de Beauvais, autant il tressaillit d'allé-
gresse, en suivant les cours de Patriri, de Ballerini, de Palmieri et
de Franzelin, pendant trois années. C'est l'âge héroïque du P. Aubry.
A Rome, la vie intellectuelle des étudiants est très intense. Je ne
parle pas dés leçons que comporte le spectacle de la ville éternelle et
la présence de la Chaire Apostolique je parle de l'application à
infuser dans les âmes le sens de l'Eglise et le profond génie de son
enseignement. Aux cours de l'Université, s'ajoutent des répétitions
fréquentes,, des
argumentations quotidiennes, des exercices hebdo-
madaires, des concours et des académies. Dans. ce milieu illumina-
teur, jene dirai pas qu'Aubry subit une véritable transfiguration je
sais que, par sa puissance d'esprit, il sut l'effectuer lui-même. Le Su-
périeur du séminaire, !e P. Freyd, le comparait au colosse de
Rhodes, et le Père Freyd était bon juge. A telle enseigne que le P.
Freyd, quand
Aubry e~t conquis, c«M maxima laude, son diplôme de
.docteur, voûtait le garder un an de plus, avec la certitude d'en faire
nn~oc~~co~oMM&Beaavais en décida autrement.
Aspn~ Aubr~ et nommé professeur au
graM séminaire il devait y rester. cinq ans. Professeur d'Ecriture
II
ment, que nous avons fait longtemps fausse route, c'est un aveu
trop fort pour leur modestie. Bien que les décisions d'un Concile
aient fourni la preuve de nos aberrations, ces sortes de gens, sem-
Llables aux Grecs de Constantinople, paraissent plutôt à voir
prêts
périr leur malheureuse patrie, que de faire un si soit-il,
pas, petit
dans la voie de la résipiscence.
porté, aux études, des talents si distingués et une si vive ardeur lui
se faire, des missions, une juste idée et d'y préparer toutes ses forces.
(~intelligence et, pour leur ntcalquer tes vérités les plus élémentaires
de la religion, il faut une rude patience. N'importe ce n'est pas
sàns une vive émotion que vous les voyez réunis dans cette grange,
priant, dans la simplicité du cœur, un Dieu qu'on vient leur prêcher du-U
lointain Occident.'Lemissionnaire visite les familles, assiste aux prières
descbrétiens baptêmes,communionsgénéra)es, réunion,catéchisme,
bénédiction des enfants, promenade dans le bois 'voisin, dîner pré-
paré par les femmes, servi par quelque notable; enfin pour cou-
ronner la mission, distribution d'images, de médailles et de cha-
pelets.
De loin, cette série d'exercices peut paraître pittoresque; de près,
c'est la plus protbnde misère. Le missionnaire est au dépourvu de
tout il est asphyxié par la fumée, dévoré par les punaises, empuanté
par le fumier du bétail, troublé dans son recueillement par les cris de
la marmaille et les monotones répétitions du catéchiste. Souvent,
après une tongue journée de marche, où il n'a eu pour se ré-
conforter, que l'eau du torrent, il ne trouve, à l'arrivée, rien à se
mettre sous la dent. La nourriture ordinaire, c'est un riz assez dur et
mai cuit, et des citrouilles cuites
à l'eau; par-ci, par-là, un peu de
viande; et, les grands jours, un rôti de chien. Le potage à la salan-
si, au lieu d'être seul, il avait eu avec lui vingt-cinq prêtres, il eût
IV
DE RÉFORME.
PROJET
dont avait été l'objet J.-B. Aubry, commandé par l'éclat de ses
succès scolaires, avait été dicté surtout par le cœur du prélat, pour ce
clerc, de ses prédilections. Aubry était à la hauteur de
objetpréféré
ces préférences il devait même les surpasser en s'élevant plus haut.
Les trois ans que passa Aubry à Rome furent trois années d'études
gneuses. ni
même contentieuses. Déjà même, d'un regard synthé-
tique et )Compréhensif, il s'était fait, pour le restant de ses jours, un
programme d'études de l'ordre surnaturel. De plus, par devoir d'état,
il s'était appliqué aux études d'histoire, d'archéologie sacrée et
d'Ecriture sainte. D'ailleurs, il était jeune, modeste, et plutôt enclin
à la timidité envers ses collègues, surtout envers le supérieur. Mais
par la force des choses, en enseignant selon leur foi et leur conscience,
les doctrines romaines, sans le vouloir, sans même le prévoir, Aubry
et Bocquetse trouvaient en divergence d'appréciation avec quelques
autres professeurs. Les élèves, cet âge est sans pitié ne man-
juger les discours d'essai prononcés par les jeunes clercs se trou-
vaient par là même contraints réciproquement à porter un juge-
ment sur leurs doctrines respectives. Ces divergences amenèrent des
gnement, comme s'il était une chose plus pressée que de donner
l'essentiel à la formation cléricale comme si certaines situations
pouvaient excuser la négligence du premier élément de cette forma-
tion et dispenser de commencer par là H Et prenant alors le tonde
'<~MF.~MB~,p.MO. J ·
zo
vol; à peine s'il a eu le temps de les écrire, que les voilà parties.
Ses parents, un brave curé Boulenger,ses supérieurs, professeurs,
condisciples,amis,sont!es premières personnes qui recoiventses con-
fidences. le temps, les relations
Avec s'étendent et les correspondants
se multiplient. Le P. Aubry est toujours le même franc du collier,
l'œil et le cœur ouverts, le sourire aux lèvres et la main tendue
Ftf bonus dicendi peritus.
Rendre compte des lettres est impossible. C'est une Encyclopédie,
sur toutes sortes de choses et de quibusdam ~/K.f. La première édition,
forte de lettres,laseconde réduite ~jo ne contiennent quedes lettres
sur la mission du Kouey-Tchéou. « Nous
peinte en vif, dit y avons,
l'éditeur, une âme qui se livre dans l'épanchement d'une causerie,
avec ses élans, ses pensées, ses impressions de chaque jour mais une
âme riche entre toutes, d'une pureté parfaite, d'une ardeur incroyable,
passionnée pour l'immolation d'elle-même au salut du prochain, âme
profondes du théologien, les idées les plus justes, les plus neuves,
sur les choses et sur les hommes de notre temps et de notre
pays les observations
les plus vraies et les plus piquantes sur la
Chine et les Chinois, avec les mille saillies de cette galté charmante
des âmes pures et généreuses, semblables au cri joyeux de l'oiseau
délivré des filets et qui s'envole vers le ciel. »
En recevant ces lettres imprimées, l'homme le plus capable de les's
apprécier, Mgr Lions, vicaire apostolique du Kouey-Tchéou, écri-
vait à l'éditeur « Oh t Mt/iM~MM, jubes ~«o~~ dolorem. J'ai lu
avec le plus grand intérêt, ces lettres aimables, attrayantes et non
moins instructives, qui, hélas renouvellent en moi la douleur et
l'amer regret d'avoir perdu celui que ;e regardais comme le principal
soutien futur de la mission. Réellement, quel homm~ Quelle
t)e!'tepour.Ie Kouey-Tchéou et pour mo~. Si je n'étais bien
persuadé que persoRne n'est nécessaire, je me serais plaint à
Qiiemavec amertume, et j'ai versé un ruisseau de larmes, larmes
qu'elle a toujours été depuis au moins deux mille cinq cents ans; car
c'est un pays immobile dans ses usages; et puis il reste des documents
innombrables, en tous genres, pour attester que la Chine a gardé le
~ttttM~Mo. Or, sa civilisation actuelle, à peu près à tous les points de
vue, est une monstruosité, non seulement antichrétiennë, mais aK-
~tWKKM~.
«On parle en France de leursriches bibliothèques, de leurs en-
–23–
VI
~d~~t,~a!?jaou~~
la Franèe.
~gt~~F~~d~es~~ il ressortait de
°
,.if.
2y
pratique des choses comme dans la théorie des doctrines, suffit am-
plement à nous apprendre si la France peut se promettre ces résul-
tats heureux. Depuis 187;, les Universités catholiques ont eu le
principes délétères qu'elles portent dans leur sein, soit par le crime
de la Révolution qui les tuera pour les dispenser de mourir. Tant il
est vrai que, dans notre malheureux pays, « la faiblesse du bien est
plus à craindre encore que la force du,mal. »
pression.
A l'exception des Facultés catholiques de Lille, qui, grâce à un
-'29
quard, sur la composition des corps, m'a paru horrible comme esprit
et comme pronostic. Il est la falsification d'une vérité dont Bour-
1
Correspondance inédite, t. II. Lettre du 6 mars 1878.
~~s~
pHquaat:avecin~ë!ligence.
« Ily a, dit encore Je P. Aubry, une tendacce réactionnaire et
funeste, qui, par excès, fera avorter le retour la scolastique. Excepté
l'amour de Dieu et de l'Eglise. tout autre amour peut être faussé
par excès. Saint Thomas lui-même refuserait non seulement par
esprit d'humilité, mais par justice et par esprit catholique, le rôle
vn
''G~M~t~t~ i87&.
-u-
sure, non pas de prendre sa part dans l'œuvre du salut, mais d'ac-
ligne de conduite. Les plus beaux sont les pijs simples, ce qui fait
leur valeur en même temps que leur solidité. Saint Thomas expli-
àseséteves, les livres
classiques d'auteurs qui ne le valaient
quait,
sa Somme est un précis, aussi condensé que possible, et sa pré-
pas
tention était d'en faire un manuel de l'enseignement, à la portée du
de la moyenne des esprits. Saint Thomas ne dédai-
grand nombre,
gnait pas même le Cowp~M/M ~o/a~s, comme qui dirait une
théologie à l'usage des gens du monde. On peut appliquer cette re-
principes, des lumières, des règles, un but, les coordonnant, les gou-
vernant par une loi de subordination; puis la théologie enseignée
d'une manière élevée et pratique, sans rester confinée aux éléments,
sans se perdre dans les nuages voilà les deux premiers points de
l'ancienne organisation des écoles. Le troisième point, c'est que les
écoles étaient reliées entre elles par une cohésion, l'une commen-
régulier dés choses, par des examens, des disputations, des inspec-
tions. Tout se faisait sagement et selon l'ordre Omnia bonesté et se-
CM~~M O~MMM.
L'institution des séminaires, ordonnée par le Concile de Trente,
ne fut appliquée en France qu'à une époque où le gallicanisme s'in-
filtrait dans les esprits, et où le jansénisme, moins puissant, faisait
tourner nombre de têtes. Serait-il téméraire de penser que leur or-
ganisation intérieure se ressentît de l'esprit propre, sous l'influence
pour la détourner de son but. Le fait est que l'institution des sémi-
naires ne fut pas entendue et pratiquée en France, comme dans les
mains, et qu'il doit remettre tout entière à l'Eglise, parce que l'édu-
cation de l'homme, dans les sociétés chrétiennes, est la fonction
et exclusive de l'Eglise. De ce que la centralisation est funeste
propre
aux mains de l'Etat, impuissant à gouverner les âmes, il ne s'ensuit
puissance qui ait mission et grâce d'état pour l'exercer c'est l'Eglise
thadesgallicanes, oui n'ont été &ites que pour servir de cadre à ces
~riasipes et qui n'ont pas d'autres raisons d'être. Elles finiront, du
rëjste, par venir, b~n gré mal aux méthodes romaines, quand il
–39--
pas sans une profonde modification de tout ce qu'ont fait les gallicans.
Une restauration faite sur ce plan et ainsi arrêtée ~K-e/MMM serait
et malsaine l'essai avorterait'. »
impossible
H ne faudrait pas croire, au surplus, que le contrôle universel de
d'enseignement; elle n'ira pas jusqu'à régler ce qu'il est bon de laisser
au jugement des maîtres et à leur libre initiative; elle ne gênera pas
l'expansion légitime et l'originalité de bon aloi elle n'étouffera pas
le génie dans sa germination, elle ne le brisera pas dans sa fleur.
Rome a grâce, dit-on, pour éviter ce malheur; et si l'accord de la
liberté avec l'unité est un problème, ce problème est résolu dans
Il y aura, dans les écoles comme dans toutes les choses ca'-
précises.
tholiqNeSi. autorité et liberté, hiérarchie rattachée à Rome, son centre-
mais échange de lumière et solidité d'expérïence; har-
nécessaife,
mon,ie dans l'action et le fonctiarmement des parties ensemble de
vin
De toutes les
questions qui se posent aujourd'hui en France,.
gences les plus capables, et assez simple pour être suivie par les es-
.prits les plus médiocres une méthode qui, fidèle à tous les enseigne-
ments de la tradition, s'enrichisse de toutce qui a été pensé de so-
lide et fait de bon dans les temps modernes; une méthode qui pro-
-6te des découvertes, des progrès des derniers siècles, des malheurs
même et des erreurs, qui ne sont pas ce qu'il y a de moins instruc-
tif en histoire, mais surtout de ce beau travail de développe-
ment philosophique et dogmatique qui se poursuit, sous l'influence
-de la foi, à travers les hérésies, les controverses des écoles, les agita-
t-ions de la société et les révolutions des empires.
Les étudesecclésiastiques ne sont que l'exposition et le dévelop-
l'exposition des ventés à croire, c'est une science dans le sens le plus
que caractérise leur rôle respectif. Tous deux ont le même objet et
sont établis sur la même base de démonstration. Mais tandis que
l'enseignement du catéchisme a simplement pour but d'exposer et
tions, avait fait table rase. Le monde existe depuis six mille ans au
d'école, qui, tous, veulent tout renverser, pour bâtir chacun son petit
système qu'on présente benoîtement comme la lumière des lumières,
l'autorité des autorités à elle seule, cette table rase suffit pour
juger Descartes et toute sa lignée de destructeurs révolutionnaires;
il n'est pas nécessaire d'examiner leur oeuvre; il suffit de retourner
conire eux la règle qu'ils ont taite; mais l'examen des œuvres con-
firme bien ce jugement.
Descartes brise la vieille union de la raison et de la foi, et pré-
pare ainsi la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'une fondée sur
l'élément rationnel, l'autre ayant en propre le surnaturel. Je n'exa-
minerai pas la question oiseuse de savoir si cette rupture est le fait
de Descartes seulement une ou le fait de ses dis-
posant hypothèse
ciples acceptant l'hypothèse comme principe. Il est incontestable que
le divorce de la science et de la foi n'a pas d'autre origine. Le nom
de Descartes est le drapeau du rationalisme et le synonyme de guerre,
non seulement contre la scolastique, mais contre La raison
l'Eglise.
~st~p~t'~[,të'~dev)ënt~étrangêr&au' Ch~o et bientôt une
~dssanGÊ afaïëepbar sadest~ or cette séparation, ne fût-elle
qu'une abstraction philosophique, serait d~Jà un système faux et
dangereux. Faux, car l'unioQ de la raison et de la foi, l'association de
leurs forces et de leurs ressources est le don de l'Evangile, une con-
point etne peut pas être une inutilité, et pour la raison moins que pour
toute autre puissance. La foi n'est pas seulementutile, elle est néces-
saire, et la violer, c'est un crime contre Dieu et contre soi-même
c'est l'outrage la raison divine et le quasi suicide de la raison
humaine. En vain, vous m'assurez que la mise en réserve des vérités
religieuses a pour but de les faire respecter. Votre illusion ressemble à
cel!e des hommes politiques qui, bons chrétiens, en leur privé, et
libéraux dans la vie publique, croient pouvoir se couper en deux et
faire profession, de principes contradictoires, sans avoir à craindre que
l'indifférence ou l'athéisme de leur politique
puissent gêner jamais
ieurconscience personnelle. Vous me rappelez encore ces gouverne-
ments soi-disant honnêtes, mais libéraux, qui croient pouvoir conte-
nir la révolution sans tarir sa source et maintenir l'ordre en certaines
limites, malgré les assauts d'un radicalisme dont ils ne rejettent pas
,lës principes ~éyolutionnatres. La raison, dans cette hypothèse, reçoit
,~1'ordte~de rester da mais on sait com-
~iën.;peu~eH6;~tme~arde~cetlx-cOrtS)gne combien il lui est facile,
–47–
plus simple, plus sage; elle n'admet pas ces divisions de castes et
ces méthodes de privilèges à la vérité, elle n'appelle pas tout le
monde à la haute science, mais elle ne l'interdit à personne Uni-
génie n'empêche pas d'en réprouver les erreurs. Bossuet est grande
cela est hors de doute ce n'est pas seulement le premier des écri-
vains français, c'est un docteur, un évêque, un écho des prophètes,
un porteur de toutes les majestés sacerdotales. Je ne me pardonnerais
pas d'être injuste envers un tel
homme. Je un l'ai écouté comme
Père de l'Eglise je l'ai admiré comme un héros de Corneille, et, à.
l'âge où me voilà parvenu, j'ai encore à me défendre contre son
charme. Faut-il le dire ? Le Bossuet des sermons, le Bossuet de
l'Histoire des variations, le Bossuet du Discours sur l'Histoire univer-
.M/ le grand Bossuet n'est pas en cause ici. Mais ce serait manquer
à l'honneur et à la vérité; de ne
que pas contesser les torts de ce
d'approfondir la théologie
positive et de compléter, par les raisons