Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Aubry et la
réforme des études
ecclésiastiques / par
Mgr Justin Fèvre
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Fèvre, Justin (1829-1907). Le P. Aubry et la réforme des études ecclésiastiques / par Mgr Justin Fèvre. 1903.
1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la
BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :
*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.
*La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits
élaborés ou de fourniture de service.
2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques.
*des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans
l'autorisation préalable du titulaire des droits.
*des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.
4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle.
5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur
de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays.
6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non
respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978.
Aubry
~ë~
D~ES
E~tdes ecclésiastiques
PAR
Justin FÈVRE
PARIS
~~R~H~J~SAVAÈTE,' ÉDITEUR
~<)~RUP D~S'SAMK-f&MS, 76
ARTHUh SAVAËTE, &D)T~UR, ~6, RUE DES SAiNTS.PÈRES, PARiS
"ET LA RÉFORME
HM<0:t-e~MM<MKt:HMh'M~VOt.in-8.. ;fr.H))
~afi!(MM&fB~KM~~fRa<.tvoI.in-8. 2 xe
.Ls.R~aM~MH~M~fCttMKMt'~MffftKM.IVot.in-S. 2 xn
~apro~teM~Mm~MC~xM~MM. t vot.in-8. 2 ex
Z~f&t!<aKf:e~ya~eM~i:M~'oM.!vot.in-8. 2 ;;))
j!.f!D~HM~B~/tMeK~'i:KM.!VO).!n-8 2 ))<)
;DM'OtM<&!eM<MK!~S~H<7<t~'M&M<MM.IVoi.m-8 2
~'a&om!tKa<K)M~a!M:~Het<MtM<vo).!n-j2 3 o;;
I.t D~o/aftoHdans &H<;<M<!t~.
t vo). in-n 3 ;));
Z<fO:crt~<tOM~MOf~Mf~<~MKX. t vot.in-8. o y;
~i!PfO!t:t-~Mp<!0~H~!<M~MmKt~Si!M<M.!VOt.in-8. 0 75
JPA't!:<fo<:<ftHSMxae!<!Mj'<MfMM.ivoLm-8. o y;
Le Cmtemnfetie At~f DM/MMh~.i vol. in-8 2
L< Père ~Mr!~ et !e f~ofNtedes~iH~ tMHstest~tx:.t vol. in-S :1. to
~O~F~F
~SAl!<T-AM&<)D,.CHER.IMM!MEMEBUMtÈRE.
?3 2 Con.ECTtONARTHURSAVA.ETiB A S MANCS
L~P.Aubry
r\~ REFORME
~A
DES
Etudes
ecclésiastiques
PAR
PARJS
ARTHUR SAVA&TE, ÉDITEUR
76,RUEDESSAINTS'-PËMS,76
Le "P. à A~ry t/
ET LA
RËFOM~j~~TUDES ECCLÉSIASTIQUES
(~
\~i'
PRINCIPES GÉNÉRAUX
régulières de sa réussite.
Tout prêtre est choisi parmi les hommes et institué pour le salut
des hommes. Or, personne ne doit s'ingérer de lui-même, dans ce
grave ministère- Pour y entrer d'une façon régulière, il faut trois
choses la vocation, la formation sacerdotale, et, après une longue
préparation, la promotion au sacerdoce.
La vocation, c'est Dieu qui la donne. En nous créant, sa sagesse
prêtre doit étudier toujours il doit, sans cesse et sans fin, se plonger
dans l'océan de la lumière; il doit s'en imbiber, s'en pénétrer, de
tus du sacerdoce, les trois puissances qui doivent agir dans'le grand
drame de son ministère.
Bossuet, les deux têtes et les deux bras dont la pensée et les actes
suffisent à la bénédiction de toutes les générations et de toutes les
races.
partout en souffrance. On
couper a voulu
l'ho.mme et la socteté
en deux en donner une part à l'homme séparé de Dieu et ne plus
laisser à Dieu qu'une part qu'on ne peut arracher à son empire. De
ce conflit sont nées de grandes aberrations et doivent sortir de plus
l'anarchie, il faut que les prêtres sortis, si peu que ce soit, des voies du
Seigneur, les reprennent. La preuve qu'ils en sont sortis, c'est que la
France ieuréchappe.Douze apôtres ont converti le monde~et cent mille
prêtres laissent la France périr. C'est lefait certain, indiscutable, acca-
blant. C'est donc une question supérieure à toute autre question, c'est
donc une question de vie et de mort, de savoir comment le sacer-
doce de Jésus-Christ, réduit pour l'heure à l'impuissance, peut créer
des héros et des thaumaturges. Notre situation n'est pire quepas
celle de la France au baptême de Clovis. Depuis, les évêques ont fait
la France comme les abeilles font la ruche. Si les frelons la mettent
au pillage, c'est aux évêques à défendre cette noble création de Jé-
sus-Christ, et c'est aux prêtres, à tous les prêtres sans eveption,
qu'il appartient de lui rendre ses rayons et son miel. A quelles
fleurs doivent-ils demander le suc précieux qui doit faire des mi-
racles et soulever les montagnes ? C'est la question que nous abor-
dons dans ce travail.
Question obscure,compliquée, mais formidable et qui veut d'ur-
II
grité dans FËglise. Les opinions gallicanes étaient libres, sans. doute,
ence sens qu'elles n'étaient pointrépro uvées par une définition dogma-
tique et par une réprobation souveraine de l'Eglise mais, dans leur
licite provisoire, elles étaient fausses et ne pouvaient être que fu-
III
simple, affectueux, surtout d'une grande facilité d'esprit. Dès les pre-
mières années de l'école primaire, sous sa pétulance, il y avait une
disposition à la gravité cet enfant, au milieu de ses jeux, contem-
plait la nature et songeait à son avenir à neuf ans, ,il avait pensé
au sacerdoce, et, dans le sacerdoce, à une vocation d'élite, féconde
en nobles sacrifices. Les premiers éléments des connaissances hu-
maines ne furent, pour l'enfant, qu'un jeu. De bonne heure, son de-
voir fait, il pensait à lire et allait chercher des livres au presbytère. Un
beau jour, parmi ses livres, le petit servant de messe reçut, du curé
d'Orrouy, Boulanger, une grammaire latine. Vous devinez sa joie
JO
pas moins dans ses cours et fut envoyé à Rome, par Mgr Gignoux,
évoque de Beauvais, juste appréciateur de ce grand homme en fleur,
pour suivre les cours du Collège romain. Pie IX avait fondé, à Santa-
Chiara, un séminaire français, pour former des professeurs à la ma-
nière romaine, et, par eux. détruire en France le gallicanisme jusqu'à
la dernière racine. Ici, changement complet. Autant Aubry avait
peu goûté l'enseignement de Beauvais, autant il tressaillit d'allé-
gresse, en suivant les cours de Patriri, de Ballerini, de Palmieri et
de Franzelin, pendant trois années. C'est l'âge héroïque du P. Aubry.
A Rome, la vie intellectuelle des étudiants est très intense. Je ne
parle pas dés leçons que comporte le spectacle de la ville éternelle et
la présence de la Chaire Apostolique je parle de l'application à
infuser dans les âmes le sens de l'Eglise et le profond génie de son
enseignement. Aux cours de l'Université, s'ajoutent des répétitions
fréquentes,, des
argumentations quotidiennes, des exercices hebdo-
madaires, des concours et des académies. Dans. ce milieu illumina-
teur, jene dirai pas qu'Aubry subit une véritable transfiguration je
sais que, par sa puissance d'esprit, il sut l'effectuer lui-même. Le Su-
périeur du séminaire, !e P. Freyd, le comparait au colosse de
Rhodes, et le Père Freyd était bon juge. A telle enseigne que le P.
Freyd, quand
Aubry e~t conquis, c«M maxima laude, son diplôme de
.docteur, voûtait le garder un an de plus, avec la certitude d'en faire
nn~oc~~co~oMM&Beaavais en décida autrement.
Aspn~ Aubr~ et nommé professeur au
graM séminaire il devait y rester. cinq ans. Professeur d'Ecriture
II
ment, que nous avons fait longtemps fausse route, c'est un aveu
trop fort pour leur modestie. Bien que les décisions d'un Concile
aient fourni la preuve de nos aberrations, ces sortes de gens, sem-
Llables aux Grecs de Constantinople, paraissent plutôt à voir
prêts
périr leur malheureuse patrie, que de faire un si soit-il,
pas, petit
dans la voie de la résipiscence.
porté, aux études, des talents si distingués et une si vive ardeur lui
se faire, des missions, une juste idée et d'y préparer toutes ses forces.
(~intelligence et, pour leur ntcalquer tes vérités les plus élémentaires
de la religion, il faut une rude patience. N'importe ce n'est pas
sàns une vive émotion que vous les voyez réunis dans cette grange,
priant, dans la simplicité du cœur, un Dieu qu'on vient leur prêcher du-U
lointain Occident.'Lemissionnaire visite les familles, assiste aux prières
descbrétiens baptêmes,communionsgénéra)es, réunion,catéchisme,
bénédiction des enfants, promenade dans le bois 'voisin, dîner pré-
paré par les femmes, servi par quelque notable; enfin pour cou-
ronner la mission, distribution d'images, de médailles et de cha-
pelets.
De loin, cette série d'exercices peut paraître pittoresque; de près,
c'est la plus protbnde misère. Le missionnaire est au dépourvu de
tout il est asphyxié par la fumée, dévoré par les punaises, empuanté
par le fumier du bétail, troublé dans son recueillement par les cris de
la marmaille et les monotones répétitions du catéchiste. Souvent,
après une tongue journée de marche, où il n'a eu pour se ré-
conforter, que l'eau du torrent, il ne trouve, à l'arrivée, rien à se
mettre sous la dent. La nourriture ordinaire, c'est un riz assez dur et
mai cuit, et des citrouilles cuites
à l'eau; par-ci, par-là, un peu de
viande; et, les grands jours, un rôti de chien. Le potage à la salan-
si, au lieu d'être seul, il avait eu avec lui vingt-cinq prêtres, il eût
IV
DE RÉFORME.
PROJET
dont avait été l'objet J.-B. Aubry, commandé par l'éclat de ses
succès scolaires, avait été dicté surtout par le cœur du prélat, pour ce
clerc, de ses prédilections. Aubry était à la hauteur de
objetpréféré
ces préférences il devait même les surpasser en s'élevant plus haut.
Les trois ans que passa Aubry à Rome furent trois années d'études
gneuses. ni
même contentieuses. Déjà même, d'un regard synthé-
tique et )Compréhensif, il s'était fait, pour le restant de ses jours, un
programme d'études de l'ordre surnaturel. De plus, par devoir d'état,
il s'était appliqué aux études d'histoire, d'archéologie sacrée et
d'Ecriture sainte. D'ailleurs, il était jeune, modeste, et plutôt enclin
à la timidité envers ses collègues, surtout envers le supérieur. Mais
par la force des choses, en enseignant selon leur foi et leur conscience,
les doctrines romaines, sans le vouloir, sans même le prévoir, Aubry
et Bocquetse trouvaient en divergence d'appréciation avec quelques
autres professeurs. Les élèves, cet âge est sans pitié ne man-
juger les discours d'essai prononcés par les jeunes clercs se trou-
vaient par là même contraints réciproquement à porter un juge-
ment sur leurs doctrines respectives. Ces divergences amenèrent des
gnement, comme s'il était une chose plus pressée que de donner
l'essentiel à la formation cléricale comme si certaines situations
pouvaient excuser la négligence du premier élément de cette forma-
tion et dispenser de commencer par là H Et prenant alors le tonde
'<~MF.~MB~,p.MO. J ·
zo
vol; à peine s'il a eu le temps de les écrire, que les voilà parties.
Ses parents, un brave curé Boulenger,ses supérieurs, professeurs,
condisciples,amis,sont!es premières personnes qui recoiventses con-
fidences. le temps, les relations
Avec s'étendent et les correspondants
se multiplient. Le P. Aubry est toujours le même franc du collier,
l'œil et le cœur ouverts, le sourire aux lèvres et la main tendue
Ftf bonus dicendi peritus.
Rendre compte des lettres est impossible. C'est une Encyclopédie,
sur toutes sortes de choses et de quibusdam ~/K.f. La première édition,
forte de lettres,laseconde réduite ~jo ne contiennent quedes lettres
sur la mission du Kouey-Tchéou. « Nous
peinte en vif, dit y avons,
l'éditeur, une âme qui se livre dans l'épanchement d'une causerie,
avec ses élans, ses pensées, ses impressions de chaque jour mais une
âme riche entre toutes, d'une pureté parfaite, d'une ardeur incroyable,
passionnée pour l'immolation d'elle-même au salut du prochain, âme
profondes du théologien, les idées les plus justes, les plus neuves,
sur les choses et sur les hommes de notre temps et de notre
pays les observations
les plus vraies et les plus piquantes sur la
Chine et les Chinois, avec les mille saillies de cette galté charmante
des âmes pures et généreuses, semblables au cri joyeux de l'oiseau
délivré des filets et qui s'envole vers le ciel. »
En recevant ces lettres imprimées, l'homme le plus capable de les's
apprécier, Mgr Lions, vicaire apostolique du Kouey-Tchéou, écri-
vait à l'éditeur « Oh t Mt/iM~MM, jubes ~«o~~ dolorem. J'ai lu
avec le plus grand intérêt, ces lettres aimables, attrayantes et non
moins instructives, qui, hélas renouvellent en moi la douleur et
l'amer regret d'avoir perdu celui que ;e regardais comme le principal
soutien futur de la mission. Réellement, quel homm~ Quelle
t)e!'tepour.Ie Kouey-Tchéou et pour mo~. Si je n'étais bien
persuadé que persoRne n'est nécessaire, je me serais plaint à
Qiiemavec amertume, et j'ai versé un ruisseau de larmes, larmes
qu'elle a toujours été depuis au moins deux mille cinq cents ans; car
c'est un pays immobile dans ses usages; et puis il reste des documents
innombrables, en tous genres, pour attester que la Chine a gardé le
~ttttM~Mo. Or, sa civilisation actuelle, à peu près à tous les points de
vue, est une monstruosité, non seulement antichrétiennë, mais aK-
~tWKKM~.
«On parle en France de leursriches bibliothèques, de leurs en-
–23–
VI
~d~~t,~a!?jaou~~
la Franèe.
~gt~~F~~d~es~~ il ressortait de
°
,.if.
2y
pratique des choses comme dans la théorie des doctrines, suffit am-
plement à nous apprendre si la France peut se promettre ces résul-
tats heureux. Depuis 187;, les Universités catholiques ont eu le
principes délétères qu'elles portent dans leur sein, soit par le crime
de la Révolution qui les tuera pour les dispenser de mourir. Tant il
est vrai que, dans notre malheureux pays, « la faiblesse du bien est
plus à craindre encore que la force du,mal. »
pression.
A l'exception des Facultés catholiques de Lille, qui, grâce à un
-'29
quard, sur la composition des corps, m'a paru horrible comme esprit
et comme pronostic. Il est la falsification d'une vérité dont Bour-
1
Correspondance inédite, t. II. Lettre du 6 mars 1878.
~~s~
pHquaat:avecin~ë!ligence.
« Ily a, dit encore Je P. Aubry, une tendacce réactionnaire et
funeste, qui, par excès, fera avorter le retour la scolastique. Excepté
l'amour de Dieu et de l'Eglise. tout autre amour peut être faussé
par excès. Saint Thomas lui-même refuserait non seulement par
esprit d'humilité, mais par justice et par esprit catholique, le rôle
vn
''G~M~t~t~ i87&.
-u-
sure, non pas de prendre sa part dans l'œuvre du salut, mais d'ac-
ligne de conduite. Les plus beaux sont les pijs simples, ce qui fait
leur valeur en même temps que leur solidité. Saint Thomas expli-
àseséteves, les livres
classiques d'auteurs qui ne le valaient
quait,
sa Somme est un précis, aussi condensé que possible, et sa pré-
pas
tention était d'en faire un manuel de l'enseignement, à la portée du
de la moyenne des esprits. Saint Thomas ne dédai-
grand nombre,
gnait pas même le Cowp~M/M ~o/a~s, comme qui dirait une
théologie à l'usage des gens du monde. On peut appliquer cette re-
principes, des lumières, des règles, un but, les coordonnant, les gou-
vernant par une loi de subordination; puis la théologie enseignée
d'une manière élevée et pratique, sans rester confinée aux éléments,
sans se perdre dans les nuages voilà les deux premiers points de
l'ancienne organisation des écoles. Le troisième point, c'est que les
écoles étaient reliées entre elles par une cohésion, l'une commen-
régulier dés choses, par des examens, des disputations, des inspec-
tions. Tout se faisait sagement et selon l'ordre Omnia bonesté et se-
CM~~M O~MMM.
L'institution des séminaires, ordonnée par le Concile de Trente,
ne fut appliquée en France qu'à une époque où le gallicanisme s'in-
filtrait dans les esprits, et où le jansénisme, moins puissant, faisait
tourner nombre de têtes. Serait-il téméraire de penser que leur or-
ganisation intérieure se ressentît de l'esprit propre, sous l'influence
pour la détourner de son but. Le fait est que l'institution des sémi-
naires ne fut pas entendue et pratiquée en France, comme dans les
mains, et qu'il doit remettre tout entière à l'Eglise, parce que l'édu-
cation de l'homme, dans les sociétés chrétiennes, est la fonction
et exclusive de l'Eglise. De ce que la centralisation est funeste
propre
aux mains de l'Etat, impuissant à gouverner les âmes, il ne s'ensuit
puissance qui ait mission et grâce d'état pour l'exercer c'est l'Eglise
thadesgallicanes, oui n'ont été &ites que pour servir de cadre à ces
~riasipes et qui n'ont pas d'autres raisons d'être. Elles finiront, du
rëjste, par venir, b~n gré mal aux méthodes romaines, quand il
–39--
pas sans une profonde modification de tout ce qu'ont fait les gallicans.
Une restauration faite sur ce plan et ainsi arrêtée ~K-e/MMM serait
et malsaine l'essai avorterait'. »
impossible
H ne faudrait pas croire, au surplus, que le contrôle universel de
d'enseignement; elle n'ira pas jusqu'à régler ce qu'il est bon de laisser
au jugement des maîtres et à leur libre initiative; elle ne gênera pas
l'expansion légitime et l'originalité de bon aloi elle n'étouffera pas
le génie dans sa germination, elle ne le brisera pas dans sa fleur.
Rome a grâce, dit-on, pour éviter ce malheur; et si l'accord de la
liberté avec l'unité est un problème, ce problème est résolu dans
Il y aura, dans les écoles comme dans toutes les choses ca'-
précises.
tholiqNeSi. autorité et liberté, hiérarchie rattachée à Rome, son centre-
mais échange de lumière et solidité d'expérïence; har-
nécessaife,
mon,ie dans l'action et le fonctiarmement des parties ensemble de
vin
De toutes les
questions qui se posent aujourd'hui en France,.
gences les plus capables, et assez simple pour être suivie par les es-
.prits les plus médiocres une méthode qui, fidèle à tous les enseigne-
ments de la tradition, s'enrichisse de toutce qui a été pensé de so-
lide et fait de bon dans les temps modernes; une méthode qui pro-
-6te des découvertes, des progrès des derniers siècles, des malheurs
même et des erreurs, qui ne sont pas ce qu'il y a de moins instruc-
tif en histoire, mais surtout de ce beau travail de développe-
ment philosophique et dogmatique qui se poursuit, sous l'influence
-de la foi, à travers les hérésies, les controverses des écoles, les agita-
t-ions de la société et les révolutions des empires.
Les étudesecclésiastiques ne sont que l'exposition et le dévelop-
l'exposition des ventés à croire, c'est une science dans le sens le plus
que caractérise leur rôle respectif. Tous deux ont le même objet et
sont établis sur la même base de démonstration. Mais tandis que
l'enseignement du catéchisme a simplement pour but d'exposer et
tions, avait fait table rase. Le monde existe depuis six mille ans au
d'école, qui, tous, veulent tout renverser, pour bâtir chacun son petit
système qu'on présente benoîtement comme la lumière des lumières,
l'autorité des autorités à elle seule, cette table rase suffit pour
juger Descartes et toute sa lignée de destructeurs révolutionnaires;
il n'est pas nécessaire d'examiner leur oeuvre; il suffit de retourner
conire eux la règle qu'ils ont taite; mais l'examen des œuvres con-
firme bien ce jugement.
Descartes brise la vieille union de la raison et de la foi, et pré-
pare ainsi la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'une fondée sur
l'élément rationnel, l'autre ayant en propre le surnaturel. Je n'exa-
minerai pas la question oiseuse de savoir si cette rupture est le fait
de Descartes seulement une ou le fait de ses dis-
posant hypothèse
ciples acceptant l'hypothèse comme principe. Il est incontestable que
le divorce de la science et de la foi n'a pas d'autre origine. Le nom
de Descartes est le drapeau du rationalisme et le synonyme de guerre,
non seulement contre la scolastique, mais contre La raison
l'Eglise.
~st~p~t'~[,të'~dev)ënt~étrangêr&au' Ch~o et bientôt une
~dssanGÊ afaïëepbar sadest~ or cette séparation, ne fût-elle
qu'une abstraction philosophique, serait d~Jà un système faux et
dangereux. Faux, car l'unioQ de la raison et de la foi, l'association de
leurs forces et de leurs ressources est le don de l'Evangile, une con-
point etne peut pas être une inutilité, et pour la raison moins que pour
toute autre puissance. La foi n'est pas seulementutile, elle est néces-
saire, et la violer, c'est un crime contre Dieu et contre soi-même
c'est l'outrage la raison divine et le quasi suicide de la raison
humaine. En vain, vous m'assurez que la mise en réserve des vérités
religieuses a pour but de les faire respecter. Votre illusion ressemble à
cel!e des hommes politiques qui, bons chrétiens, en leur privé, et
libéraux dans la vie publique, croient pouvoir se couper en deux et
faire profession, de principes contradictoires, sans avoir à craindre que
l'indifférence ou l'athéisme de leur politique
puissent gêner jamais
ieurconscience personnelle. Vous me rappelez encore ces gouverne-
ments soi-disant honnêtes, mais libéraux, qui croient pouvoir conte-
nir la révolution sans tarir sa source et maintenir l'ordre en certaines
limites, malgré les assauts d'un radicalisme dont ils ne rejettent pas
,lës principes ~éyolutionnatres. La raison, dans cette hypothèse, reçoit
,~1'ordte~de rester da mais on sait com-
~iën.;peu~eH6;~tme~arde~cetlx-cOrtS)gne combien il lui est facile,
–47–
plus simple, plus sage; elle n'admet pas ces divisions de castes et
ces méthodes de privilèges à la vérité, elle n'appelle pas tout le
monde à la haute science, mais elle ne l'interdit à personne Uni-
génie n'empêche pas d'en réprouver les erreurs. Bossuet est grande
cela est hors de doute ce n'est pas seulement le premier des écri-
vains français, c'est un docteur, un évêque, un écho des prophètes,
un porteur de toutes les majestés sacerdotales. Je ne me pardonnerais
pas d'être injuste envers un tel
homme. Je un l'ai écouté comme
Père de l'Eglise je l'ai admiré comme un héros de Corneille, et, à.
l'âge où me voilà parvenu, j'ai encore à me défendre contre son
charme. Faut-il le dire ? Le Bossuet des sermons, le Bossuet de
l'Histoire des variations, le Bossuet du Discours sur l'Histoire univer-
.M/ le grand Bossuet n'est pas en cause ici. Mais ce serait manquer
à l'honneur et à la vérité; de ne
que pas contesser les torts de ce
d'approfondir la théologie
positive et de compléter, par les raisons
des textes, classés non pas selon l'idée qu'ils expriment réellement,
mais d'après leur provenance et, selon le témoignage qu on en veut
tirer. En tête de cette macédoine, vous mettez, même desséchée, la
formule non à comprendre, mais à prouver, et
dogmatique, pas
vous avez une thèse en règle, selon le programme. Point d'origina-
lité,point de recherches, point d'étude propre et approfondie, pas
même de pensée personnelle. Un travail de copiste et des exercices
de mémoire et c'est tout. La mémoire d'un perroquet peut faire de
vous le saint Thomas du nouveau régime.
L'abbé de Lamennais caractérise aussi cet enseignement qu'il pré-
sente comme très hostile au Saint-Siège, et cette méthode qu'il dit
peu satisfait de cette maigre et stérile science qui s'acquiert sur les
bancs, on commence à se livrer à des recherches plus approfondies,
on porte, dans l'étude de l'antiquité, des préjugés arrêtés d'avance,
parce que, ne se défiant pas de leur vérité, au lieu d'examiner ses
Sâint-SiÈge'M.
Lacordaire caractérise de même cette méthode t Depuis des
siècles que les écoles catholiques ont abandonné la Somme au
lieu de l'éclaircir et de la compléter, elles ont en vain cherché
le tronc d'un vigoureux enseignement: la théologie, méprisant
le nom de
.'xo&K~Mf, s'enorgueillissant positive, est du nom de
devenue une sorte de complexion de textes, où la tradition se trouve
que l'auteur du Manuel n'a fait que soutenir et, la plupart du temps,
que proposer les opinions qui se trouvent dans tous nos livres élé-
mentaires Non, pas dans tous, mais dans tous les livres galli-
cans.
Le rationalisme cartésien et le gallicanisme sont tombés depuis
sous l'anathème; ils sont morts comme doctrines hérétiques; mais
il en reste quelque chose dans les habitudes et procédés d'enseigne-
ment. Le vieil ennemi s'est perpétué dans les préjugés qu'il a semés,
dans les méthodes dont il s'est servi pour nous faire du mal. On a
conservé la méthode et, par la méthode, quelque chose de l'esprit.
A l'insu même de ceux qui s'en inspirent, il lutte pour l'existence,
pour échapper aux idées romaines qui entrent, qui veulent trans-
former la méthode, comme tout le reste. Quant aux retardataires,
ils ont en partie les principes
reçu de Rome, mais il reste, au fond
de leur âme, je ne sais quoi de subtil, de mitoyen, mais de puissant
encore contre la vérité, une quintessence d'erreur, un fonds d'idées
~Behcoature,0~f<<OKi~K''Mt<'&'<&nndex,p.4etseq.
63
IX
LE PETIT SÉMINAIRE
religion, avant que l'habitude des vices possède l'homme tout entier,
le Saint-Synode a porté ce statut Toute église cathédrale, à pro-
eomput ecclésiastique ils feront des livres saints une étude spé-
ciale, apprendront avec soin les cérémonies de l'Eglise et se prépa-
reront au ministère de la confession. » La suite du décret détermine
lès revenus nécessaires à l'entretien du séminaire et indique la for-
mation d'une commission ecclésiastique pour sa régulière adminis-
tration. Plus loin il est dit que le Pontife Romain fondera à Rome un
établissement qui sera le séminaire des séminaires, le séminaire de
ser la promesse des Saintes Ecritures: Ecce nova facio omnia, terrant
novam, f<MM novum. Une telle résolution frappe mon esprit elle
liques, la place qui lui revient et elle ne donne pas les résultats
» « L'enseignement
qu'on pourrait en espérer. religieux est à peu
.P'~MM,'<'S~t~ttt'p.ë6.
-67-
sus, à peu près comme les élèves ils tiennent plus aux sciences hu-
maines qu'à l'instruction religieuse; ils font plus semblant d'y
tenir qu'ils n'y tiennent en eflet. Et les maîtres eux-mêmes ont-ils
LE GRAND SÉMINAIRE
~jD~s~w~M~'r~,p.6~.
73
posé la plus grande partie de ses ouvrages, sous le toit d'une mai-
son chinoise, au milieu des préoccupations, des soucis et des tu-
multes d'une mission. Une mort prématurée ne lui a pas permis de
des pêcheurs de poissons dont sa puissance divine avait fait des pê-
cheurs d'hommes. A partir de l'ère apostolique, il fallut, par un
sagesse. Jusqu'au xn" siècle, elle restait, à l'école des Pères, studieuse
et ardente investigatrice elle synthétisa les doctrines contenues
dans leurs écrits, et Pierre Lombard, le maître des sentences, c)ot,
par son magistral ouvrage, cette série d'études patristiques, première
forme de la théologie. A partir du xn* siècle, Alexandre de Halès,
Albert-le-Grand, saint Thomas d'Aquin, saint Bonaventure, Dons
Scot, aussi grands philosophes que grands théologiens, portent au
thodes scolastiques et' à leur doctrine. C'est pendant deux années que
les séminaristes doivent, à son avis, s'appliquer à l'étude de là philo-
l'Eglise dans
les temps présents. Une transformation importante se
~u~true~se.
~~ë~s~s;~crées,~3~ tien, as P. Aubry, l'ali-
–79–
doute et qu'il importe, si l'on veut que les fidèles soient instruits du
XI
qui est là, au centre des sciences humaines, qui rayonnent autour
de lui comme une auréole.
Après avoir adcré le mystère, nous devons chercher à nous en
instruire et coordonner toutes nos connaissances. Le
que besoin
nous éprouvons de les synthétiser, n'est
pas une erreur. Ce qui est
une erreur et un vice, c'est I'&y~ de système qui consiste à ranger
les faits d'après les idées, trop souvent d'après des théories précon-
çues, arbitraires et imaginaires. Mais le besoin de systématiser nos
connaissances n'est pas un vice c'est l'instinct, sûr et profond
de notre âme, qui a reçu dans son origine et qui porte dans sa na-
ture ce que Bacon a si bien
appelé MMOMe)'c:Mm mentis et rerum,
cette harmonie, cet heureux accord que le Dieu des sciences a mif
entre les facultés de notre âme faite.pourles sciences et les sciences
jours. Par conséquent, dès qu'il est constaté que Dieu nous a com-
création, qui domine tout autre milieu, qui doit absorber toutes les
ressources dont le monde est rempli perfection surnaturelle du
parfois bien arides. Dirigé par un tel guide, il ne s'égarera pas dans
le détail des faits mais, les reliant les uns aux autres, rapportant
chacun d'<tx à une idée maîtresse, il ne perdra pas de vue l'ensemble
et se trouvera continuellenent soutenu, à travers le dédale des sen-
tiers plus ou moins difficiles, dans lesquels ces études le forcent de
s'avancer. Cette idée maîtresse sera comme un phare lumineux qui
éclairera sa route, soutiendra ses espérances et lui montrera le port.
La r~orM catholique des sciences offre une foule d'idées hardies et
–~6
majesté dont Dieu l'a revêtue. Voici notre but clairement déHni
XII
LA PHILOSOPHIE
grouper les faits elle apprend à chercher, pour toute chose, son
gueur d l'intelligence.
Non seulement il, faut étudier la logique et enapprécier les règles,
il &ut encore les prat Nonpas, comme on l'a prétendu, pour
jo~gler.avëe~es motS~ avec les idées; mais.au contraire, pour couper
~~ur~~totitf's,les .jongleries de la pensée, aux langueurs de la
89
que la métaphysique est une idéologie sans substance, est une insa-
nité. Comme la logique nous apprend les règles d'un raisonnement
juste, la métaphysique nous fournit le sens philosophique de tous les
termes abstraits du langage. Dans la moindre conversation, à chaque
minute, vous proférez des termes de cause et d'effets, de principes
et de conséquences, d'essence, de nature et de substance, d'accidents
et de facultés, d'unité, de vérité, de bonté, de relation et de discor-
dance ou d'harmonie. Ce sont là autant de termes
métaphysiques,
dont la métaphysique seule explique le sens. Chercher le sens de ces
mots dans un dictionnaire, c'est employer ces termes dans un jargon
qui ne dit rien à l'esprit. La métaphysique est la législation des
idées et du langage. A ce titre, la métaphysique est l'élément
et la base de tout bon travail intellectuel, dans quelque genre que
ce soit c'est
le préservatif de la pensée dans tous les ordres d'idées,
le fondement de l'édifice intellectuel dans toutes ses parties.
Ceci est vrai surtout pour les études ecclésiastiques. Le sacerdoce
ne sera, suivant un mot de Thiers, le rectificateur des idées du peuple,
que si son éducation est nourrie de métaphysique, et s'il devient
capable d'opposer un enseignement irréprochable aux mille erreurs
qui se disputent les esprits. C'est d'ailleurs l'enseignement exprès de
Rome. Il faut que la philosophie prépare fortement le prêtre aux
que nos ancêtres, plus forts que nous, ont pu étrangler. En cédant,
on eût permis à l'âne de Buridan de déposer son crottin à cet endroit,
et même à la vipère hérétique d'y cacher son nid. Tels, dans une ba-
taille, des régiments se disputent une ferme abandonnée, une haie,
un groupe d'arbres, un tertre pourquoi ? parce que l'abandon de ce
tertre, c'est la bataille gagnée ou perdue. Et si, de nos jours, vous
compris qu'il fallait les défoncer, pour qu'il ne reste plus rien de
solide à la défense.
Cette métaphysique, si injustement calomniée, si misérablement
abandonnée, c'est la base de la pensée humaine, la pierre angulaire
de la société. Cette philosophie, justement appelée fondamentale, a
cinq causes une cause matérielle, c'est son objet une cause for-
melle, c'est le point de vue où elle se place pour
l'examiner
une cause exemplaire, c'est l'idéal qu'elle doit atteindre; une cause
instrumentale, c'est l'harmonie de la raison et de-la foi nécessaire
a la réalisation de cet exemplaire typique enfin une cause finale,
~~c'es~son~but.
L~a!étaphysi<;ue,pout donner a l'esprit humain un point d'appui
i~brmiable, pose, c6 principe premier qu'il y a quelque
9i
par la qu'il est, est un, vrai, beau et bon qu'il a des relations qui
doivent le résoudre en harmonie.
pure. Non pas que la foi soit nécessaire pour instruire l'homme
sur chaque point de la philosophie mais elle est indispensable pour
l'éclairer sur l'ensemble. L'histoire de la philosophie n'est
séparée
autre chose que l'histoire des systèmes, des erreurs, des contradic-
tions qui s'anathématisent et se détruisent réciproquement. L'his-
toire de la sagesse humaine, c'est l'histoire de la folie de tous les
quels elles sont soumises. lois qui leur imposent un terme. Mais
nous savons que l'homme ne saura jamais que peu de chose, et
ignorera toujours plus qu'il ne saura. Cette condition est même sa-
lutaire pour nous elle diminue notre responsabilité dans le crime,
elle nous oblige à l'humilité qui n'est pas seulement la première
vertu surnaturelle, mais la première condition naturelle à laquelle
scientifique.
En chassant de laphilosophie ce honteux~matérialisme, nous
n'outrepasse pas ses limites, et que, dans ses limites mêmes, elle ne
fasse pas, à chaque instant, fausse route.
On peut dire ici de la foi par rapport à la raison, ce que nous di-
sons de la grâce au libre arbitre. La grâce est nécessaire
par rapport
pour éviter tous les péchés en général la foi est nécessaire pour
éclairer l'esprit humain sur tout l'ensemble des vérités de la philoso-
phie.
Séparer la philosophie de la révélation et la raison de la foi, d'un
Esprit, porte déjà, dans son âme, la vérité infinie, le ciel adorable,
ce que saint Paul appelle le Verbe abrégé, cette vie divine en partici-
pation, que l'Esprit de Dieu sème dans l'Eglise, comme un germe
d'éternité. Le vrai chrétien, qui possède la foi et la grâce, porte
au fond de lui-même l'exercice et l'harmonie de toute la religion,
gloire.
Les doctrines de la révélation, complètes dès le commencement,
f'
x~im~~
98
'~MGMH~!&mttM<f<p.t!t.
99
nels, n'estplus pour lui sans voix; et il lui est permis d'écouter, au
dehors, avec un saint respect, les échos divins qui en sortent et que
,ntë~illëM"'q:u'il ne saut-ait
mesurer, ~ais dont il devine ria6aie
protba~eur. Humble et puissant, il ose, par la contemplation de son
.Ftaace,essaiedetEavatHerau~âlMdesapatrte.
Be~ églises et dans ta société frança.tse, une défaillance
potable, une
espèce d'énervement, un temps d'épreuves. H n'y a.
pas de révolution possible dans l'Eglise, lorsqu'il s'agit de la subs"
tance de la foi, c'est l'évidence même. Une révolution imppssib.te
dans l'Eglise catholique est possible dan~ une province de l'Eglise.
Dans une église
particulière, la foi peut diminuer, la méthode se ré-
trécir, tomber
les études en faillite et la vérité en banqueroute. Ce
fut, en France, la témérité et l'étroitesse propres de certains philo-
sophes et théologiens; ils firent dévier l'enseignement théologique
de sa voie normale et avorter le mouvement progressif d'accroisse-
ment qui se poursuivait depuis des siècles. Ces hommes firent,
parmi nous, une révolution locale et cette révolution ne fut pas
un progrès.
Nous ne voulons soulever aucune
polémique. Les inconvénients
des controverses sont connus; les luttes de la pensée rappellent les
combats des anges, qui amenèrent la première séparation elles
troublent l'esprit et altèrent la pureté du regard elles prennent trop
volontiers les choses par les petits côtés en empêchant de les juger
dans leur
ensemble elles produisent plutôt des obstinations que des
redressements. Nous ne saurions cependant taire l'insuffisance de la.
formation sacerdotale dans un trop grand nombre de séminaires
i° Parce que l'enseignement dogmatique n'y a pas l'ampleur et la
hauteur voulues; il se consume dans de petits travaux et ne fait pas
des âmes apostoliques 2° parce que la ferveur de la piété n'est pas
fondée solidement par la connaissance des principes et la méditation
des dogmes; 3° parce que la pratique du ministère, aux
enseignée
jeunes ptêtres pour régler leur action dans le monde, est trop re&"
treinte et nullement en rapport avec les nécessités de circonstance.
Nous croyons oSrir, à ces maux, un remède efficace 1° En de-
mandant que les grands séminaires deviennent tous des Facultés de
théologie et que les recrues du sanctuaire soient astreintes aux
grades de bachelier et de licencié, au moins; 2° en revendiquant,
pour la piété sacerdotale, le retour aux pures traditions de la mysti-
cité chrétienne 3° en proposant que chaque prêtre soitinitié, non
seulement aux pratiques pieuses d'une vie solitaire, mais à la mis-
sion active et hardie du sacerdoce dans un monde, racheté par la
croix,sans doute, mais qui retourne aux abominations du nihilisme.
La grande charte du sacerdoce, c'est l'Euntes ~oc~ omnes La
première parole de Jésus-Christ au prêtre c'est de marcher la se-
conde, d'enseigner la troisième de s'adresser aux nations. Nous ne
faisons que répéter cette consigne. Pour la remplir, il faut la
pour-
voir, plus amplement, d'amour et de lumière.
.102––
que de pâles rayons, mais elle éclate dans la succession des empires.
La réprobation des Juifs amène la vocation des Gentils. Le chris-
tianisme conquiert le monde, d'abord par le sang, puis par ses doc-
trines et par ses vertus. La civilisation en sort. Le christianisme, sans
doute, n'a pour but que le salut éternel mais pour y conduire, il
doit s'appliquer pleinement à tout individu, et pour sauver l'individu,
le faire vivre dans une famille et dans une société chrétienne. Or,
par la vertu même de cette
application au salut des personnes, le
christianisme a exercé une influence profonde sur le droit et sur les
coutumes des nations. A l'esclavage, il a substitué le servage, puis
amené l'homme à la liberté dans des communes affranchies. De nos
jours, il pousse
l'application de l'Evangile à l'ordre politique, ci-
vil et économique des nations chrétiennes. Dans l'avenir, qui nous
dit que le Christianisme ne fera pas triompher la fraternité parmi
les nations ? et que tous nos rêves absurdes, par l'insuffisance mani-
feste des moyens d'exécution, ne seront pas, un jour, un fait accompli
par l'Eglise ?
J~ii-e l'attention sur la thèse,
en apparence paradoxale, de la lé-
gitimité de la méthode par laquelle l'Eglise nous conduit à la vérité
religieuse en exigeant la foi, avant même que nous soyons assurés
par nous-même que cet enseignement est vrai. Ecouter Dieu; c'est
l'ordre divin; vouloir arriver à la lumière par contention; c'est une
et prendre des échasses pour monter au ciel, c'es~: pure dfolie. °
erreur,
''I~lesi-eNxqûe'eeta, l'étude, la eontemphtiottdecevolame
s~rHeïEM~aaismc, peuvent en faire comprendre la hMteùrigt-
XIV
~i~~i!
ï~
?~~g.-
tains, et
qui rient beaucoup, on leur soutient qu'une des
quand
causes des souffrances de l'Eglise de France, c'est l'abandon des lois
de l'Eglise, et qu'un des remèdes ies plus efficaces, c'est leur rétablis-
sement. La situation canonique actuelle, en France, c'est le galli-
canisme ~a~Me, c'est-à-dire le maintien, dans l'ordre pratique, de
la situation qu'a produite le gallicanisme doctrinal, et qui est sa réa-
lisation dans la vie et le fonctionnement des institutions ecclésias-
» (p.
tiques. 177).
Nous récoltons d'ailleurs aujourd'hui l'un des fruits les plus amers
du gallicanisme pratique la division, le morcellement, l'émiette-
ment des catholiques et du
clergé, division qu'aucun effort n'ar-
'rête, qu'aucune objurgation ne saurait conjurer, parce que c'est dans
les idées d'abord que règnent les malentendus, les incompatibilités,
la division, en un mot le désordre.
i&B
eMe, parce qu'elle seule a mission de former les individus et, par
eux, les nations. Le travail de restauration sociale de la France
sei-â !ong et dnHeifë; d'autant plus difficile et plus Jong, que la
PraSGë va plus leiù dans le mal. Je le sais, quelques esprits pensent
que, daUs certaines conditions, la France se ëonvettirait vite. Nsn,
il y faudra, de toute fa~on, bien du temps. La conversion d'un
peN~le;
'( Pour guëttf, i! à bien des coadH~ns Voici h plus impôt-
~Më et la pta~ dtfMie l'tMMHsttCM et tel est le bttt
de <6ette restAurâtio~ de l'edueat~n ~u'.en tente et où tout le monde
sent bien que gît le salut. Mais le seul .moyen de remplir cette esn-
~N~
10~
N-M~f. M~MMOM~
~;i~O~<Ot~~ïM~OWMM
.y~ c'est que
tij8~e, c'ést que nous
nous périssons
pér1SSo11spOuravo¡r
pour avoir
r~~tndf, ârddsiüzŸa
ra-d~lueù ~,rB..Ma
est. ~Ma,tliè-,e,
orgueilleusement et sottement innové c'est que nous ne pouvons
nous sauver sans teyenir aux vieilles traditions scolaire~ de la France,
à ces traditions de haute et pieuse science, ébranlées, défigurées,
trahies en France, par le protestantisme, le jansénisme, le gallica-
nisme d'abord puis, de nos jours, par les écoles libérale et rationa-
liste mais conservées par l'Eglise romaine et contre lesquelles il
par les Papes, réalisée avec le concours des Ordres religieux. Notre
grande consolation, notre ferme espérance, c'est que nous défendons
les principes de l'enseignement de l'Eglise romaine; notre pru-
dence, c'est de protester qne nous ne voulons une restauration des
institutions antiques que dans les conditions et les limites où doit la
vouloir le Vicaire de Jésus-Christ.
Depuis un siècle, c'est le grand souci des Pontifes romains de
relever la France. Pie VII voulut y travailler tantôt par l'acte héroï-
pieds d'argile.
En France, il a actuellement, je ne dis pas seulement en pré-
~s
`
sence, mais en opposition, deux types de sëmtnai!'ës~:le~pe;~N~ti~Ng
et te type gallican. L'un offre ce que nous demandons, i'Mtre~ le"te-~
pousse, parce qu'il se croit parfait. Qui sera vainqueur ?KevieS-
drons-nous enfin à la grande théologie, ou resterons-nous dans l'or-
nière du petit enseignement. Voilà la question.
Déjà on est romain en France, en partie par l'esprit et complète-
ment par le cœur. On veut aller à Rome pour apprendre à aimer
l'Eglise encore plus, et, aux pieds du Pape, c'est à qui proclamera
avec plus de force que nous avons enterré définitivement le cadavre
du gallicanisme. Il n'est pas rare cependant de rencontrer des
XV
~~A~~S~ÿ^i~~i~h
~tt~i'Ë&S~ t g
aa& ~~)6es.~Ea da P- Aub~y met sous nos yeux un choix de médi-
tiXMM~ sacerdcitâlest un directoire spirituel et des opuscules de.piété.
~ouStattendiez des volumes sur la théologie morale, le droit canon,
la liturgie, l'Ecriture, les Pères; le P. Aubry vous appelle à la mé- ]
ditation. Cet appel est la marque caractéristique de sa réarme, la
conviction, sinon le gage, de ses succès.
Ce qui perd l'enseignement sacerdotal et le sacerdoce lui-même,
c'est le défaut de piété. La piété, utile à tout, est la .flamme qui doit
faire, de tout prêtre, un thaumaturge. Dans la limite où la piété
siMe n'est autre chose qu'une lumière sans boî'ne, qui fait qu'au
jour même où nous verrons Dieu face à face, nous ne le compren-
drons pas encore, ceux-là se persuaderont aisément que plus
l'horizon est imniense, plus la vivacité du regard a de quoi s'exercer.
Et la théologie a ce rare avantage, que les affirmations divines qui
lui ouvrent l'infini de part en part, lui sont une boussole en même
temps qu'un océan. La parole de Dieu forme dans l'infini des
lignes saisissables
qui encadrent la pensée sans larestreindre, et
fuient devant elle en l'emportant. Jamais l'homme, arrêté dans
les liens et les ténèbres du fini, n'aura l'idée de la félicité du théolo-
gien, nageant dans l'espace sans bornes de la vérité, et trouvant,
dans la cause même qui le contient, l'infini qui le ravit. Cette union,
au même endroit, de la sécurité la plus parfaite avec le vol le plus
hardi, cause à l'âme une aise indicible, qui fait mépriser tout le
reste à qui l'a une fois sentie 1. a
Les maitres de la doctrine ne doivent pas l'oublier
l'important
pour eux, c'est de former l'intelligence théologique, ce jugement néces-
saire au maniement des questions, cette force de raison par laquelle,
dit CIcéron, vous connaissez les causes et les résultats. La vraie
méthode pour inculquer les principes et développer le sens théolo-
gique, c'est l'art ou plutôt le don de saisir, selon l'expression de
« ce point indivisible
Pascal, qui est le véritable lieu de voir les
tableaux. »
La révélation n'est point une certaine somme de vérités distinctes,
bonne à démontrer comme des théorèmes de géométrie. La théo-
logie n'est pas une science factice, un simple recueil de formules et
de solutions. C'est une science de principes elle doit imbiber
l'esprit, pénétrer l'âme, donner la vie. Pour
procurer ce résultat,
son étude doit former en nous ce sens qui juge avec discrétion,
varie l'application suivant la diversité des cas, offre une solution à
tous les problèmes où ces principes sont impliqués sous n'importe
quelle forme. Le Verbe, pour s'unir à nous, s'incarne. La théologie,
c'est le Verbe et la sagesse qui s'imprime dans l'âme, par le travail
profond de l'éducation cléricale, n'est pas une sagesse humaine,
mais la sagesse divine qui s'incarne en nous, pour nous pénétrer,
nous réformer, nous élever. Ce ne sont pas seulement des lois exté-
rieures que donne cette sagesse divine; c'est une essence, un
esprit, un sens surnaturel, pour sentir, respirer et vivre.
Être théologien, ce n'est pas posséder toute la théologie, c'est
théologique est un des besoins les plus pressants, une de ces ga-
ranties les plus solides du bien que le prêtre doit faire dans la
société. C'est à la perte de cette se rattache la
intelligence que
plaie envahissante du laïcisme, la mésestime de la hiérarchie, les
quoi consistent ces deux opérations qui n'en sont qu'une. Parcourez
l'immense trésor ds la tradition catholique depuis les écrits des
Pères, jusqu'aux meilleures expositions de notre temps, vous aurez
une idée de cette intelligence de la foi, de ce christianisme intérieur,
de cette tendance à pénétrer le fond et la moelle des choses à croire.
Ce besoin est de tous
les temps, il est plus vif en notre siècle.
De nos jours, on veut sonder, voir plus avant l'enseignement ca-
~<&
ïiy
fement l'homme de
dogmatique, le coatearplateuf.
l'intelligence
Nous ne voyons pas pourquoi, quand il s'agit du Christianisme, qm
touche à tout ce qui aime ou non, les facultés aimantes ne seraieitt
XVI
LA TRADITION
quité. S'il se trouve, chez les Pères, quelques détails moins sûrs, ils
sont corrigés par d'autres Pères. Saint Augustin a tracé les lois de
cette discipline. Pour les principes, pour l'esprit, !es Pères sont nos
maîtres toute étude doit s'appuyer sur leurs études, sous peine de
courirles plus grands dangers.
« Hélas, s'écrie le P. Aubry, la méthode
française a des goûts
savourer, chez tes Pères, la pensée divine dans son expression ori-
pas l'étude des Pères, c'est une mutilation dans laquelle l'argument
perd de sa torce, parce qu'il est incomplet incompris, et souvent
voire incompréhensible. Il faut pratiquer les Pères, non pas dans des
traductions qui les trahissent, mais dans leurs propres écrits. C'est le
seul moyen d'en avoir le sens propre et d'en découvrir la portée.
Cette étude porte d'ailleurs en elle-même, un peu comme l'Ecriture,
une vertu mystérieuse, une vertu que ne suppléera jamais l'étude
d'un moderne, même le plus complet, même celui qui a reproduit
les pensées et l'esprit des Pères, mêmeBossuet.
Une réaction s'impose il faut revenir aux ouvrages des Pères et
des scolastiques, et par les scolastiques rentrer dans la parfaite in-
telligence des Pères. C'est dans L'antiquité chrétienne que nous pui-
serons les idées les plus pures, les plus puissantes, puisque ce sont
'JL<tffaM~~M<!trM,p.!4t.
–123–
Patrologie étudie les Pères en les classant selon l'ordre des parties de
la science sacrée où ils ont brillé L'apologétique~
particulièrement.
l'Ecriture sainte, la Dogmatique, la morale, la. science canonique et
seignement traditionnel.
Mais il est bien entendu loin
d'éloigner de l'étude des Pères
que
ou d'en dispenser, cette doit y amener avec plus de
préparation
fruit. Il est superflu de citer les deux Patrologies de Migne, c'est
l'aliment des forts, la source où vont boire les héros. Pour les es-
catholique, dans tout ce qui n'est pas sorti tout constitué, de la ré-
vélation. Vous y retrouvez, à chaque pas, quelques-unes de ces
XVII
ÉCRITURE SAINTE
remplit ce programme.
D'abord il faut constater la nécessité d'une réforme. La science
des Ecritures, cette science si nécessaire et si élevée, réclame des
giques.
Jamais le P. Aubry ne se sépare de saint Thomas dans la marche
des idées, pas plus qu'il ne s'écarte de Cornelius à Lapide dans les
détails de l'explication, faisant entrer la riche substance de l'un
dans le cadre lumineux
de l'autre, puisque plan et éléments, tout
est là, résolu aussi richement que possible.
Il faut lire, dans l'f aux Romains, la description de la grâce
et les conditions de la vie nouvelle par la justification et l'esprit in-
térieur. Toujours dans l'Epître aux Romains, quelle vue sur l'état
de l'homme, sur sa solidarité avec toute créature, sur cette espé-
rance inénarrable qui console son coeur de tous les maux Et cette
Révélation des Rt/iMtf de Dieu 1 Il semble défroque char-voir notre
nelle tomber, comme un vêtement qu'on laisse glisser à ses pieds,.
et l'âme sanctifiée apparaître, radieuse et divinisée, l'homme cé-
leste jaillir du sein de la pourriture terrestre vers Dieu.
vel<oppement.
On sent, à lire ces pages puissantes, que toute la vie du P. Au-
bry est venue aboutir et, pour ainsi dire, s'engouffrer dans saint
Pa'j.1 il a fah en lui sa demeure. Aussi, l'étude de saint Paul, chez
lui, n'est pas localisée, parquée, emprisonnée, pour ainsi dire, dans
un. petit espace de temps réglementaire, en dehors duquel il oubliera
saint Paul non Qu'il dirige les âmes, qu'il médite ou prêche la
parole de Dieu, saint Paul est là comme son fond, et l'inspire; tous
ses travaux, de quelque nature qu'ils soient, cherchent spontané-
ment à se tourner vers l'Apôtre des nations, pour s'inspirer de son
esprit. Même la messe n'est pas étrangère à cet exercice car, pour
bien dire la messe, il faut être plein de l'Epître aux Hébreux.
Notre conviction, à nous, comme la conviction
du P. Aubry, et
celle qui répond, il nous semble, à l'idée de l'Eglise et à la raison
d'être du prêtre catholique, c'est que le prêtre doit installer saint
Paul dans sa vie, pour qu'il la remplisse et la vivifie, pour que son
soleil l'éclaire toute, et que sa théologie se répande sicut oleum effu-
~WM sur tout son être, à éommencer par la partie la plus in-
fluente, l'intelligence.
C'est ainsi, croyons-nous, que dans le sacerdoce catholique et
pour rendre au prêtre cette force surnaturelle et divine, qui est
toute sa raison
d'être, c'est ainsi qu'il faut embrasser non seule-
ment saint Paul, mais toute l'Ecriture, même toute science sacrée
et toute étude. Chercher d'abord et surtout le ~&" < ~~y~ me,
MM~MMt me
Toute étude sacerdotale qui ne fait pas cela, qui n'est pas une vi-
site au Saint-Sacrement, un état général de contemplation, d'union
à Dieu, est misérable et stérile, si tantest qu'elle ne devienne trop
facilement fausse et dangereuse dans ses conclusions.
XVIII
L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE
Dieu, son évolution à travers les âges, jusqu'à la fin des temps.
L'histoire de l'Eglise, c'est l'accomplissement séculaire des gestes de
Dieu et du concours des hommes, pour le salut des hommes et la
jour doivent être admis tous les peuples. Cette promesse est traduite
Théologie surtout est la science des vérités révélées, qui sont l'objet
de la foi, et, avant tout, la théologie dogmatique est le fondement et
le MM)- des études sacerdotales. Or, dans le plan général de ces études,
l'histoire ecclésiastique, pour s'harmoniser avec les autres branches
des études sacrées, doit prendre le rôle de servante de la théologie.
« En effet, l'objet de l'histoire ecclésiastique est, au fond, iden-
tique avec celui de la théologie, puisqu'elle est l'étude de la vie de
indiqué par la génération des idées elle est donc une seule science
avec ces deux sciences »
1
KLÈE, Manuel de l'histoire des dogmes chrétiens, introd. p. 12 ALZOG, Rist. de
t'~KM, t. I, S I}.
1 ç
j~
rapports hiérarchiques de
membres ses
~° L'Eglise considérée
comme gardienne et vengeresse de la vérité par les écoles, par les
auteurs ecclésiastiques et par la lutte contre les hérésies; 4° L'Eglise
considérée comme gardienne et vengeresse de la vertu qu'elle pro-
duit dans les masses, plus particulièrement par les saints et par le
contre-coup de ses vertus sur la législation civile.
Cette innovation de Gieseler parut heureuse elle fut adoptée
en Allemagne, par Alzog,
par Doellinger, par Moehler, par Hergen-
fœthef, par Krauss, par Gams et par la plupart des historiens. En
France, Blanc et Rivière, partageant leur histoire en leçons, essaient
de se rapprocher des distributions allemandes. On les voit triom-
pher dans Richou, dans Drioux je les crois définitivement acquises.
Le P. Aubry s'en inspire, mais ne s'y assujettit pas strictement.
Lui qui voit bien tout, excelle'à abréger. Sa puissance d'esprit éclate
–i39–
dans l'ordre avec
lequel il groupe les événements, sur les origines de
que vous voudrez mais je les veux souples, avec des contours fa-
cultatifs et une grande liberté d'allure. Depuis Jésus-Christ, je m'en
tiendrai aux divisions admises par tout le monde 1° Le christia-
nisme jusqu'à la chute de romain 2° les barbares
l'empire temps
jusqu'àCharlemagne; 3° le Moyen-Age jusqu'àLuther; 4." les temps
modernes. Les sous-divisions, c.'est bon pour les savants; ça peut
.être utile quelquefois; plus d'une fois, c'est embarrassant.
Sur le dernier point, sur les limites et le but de l'histoire de
gie qui s'écarte de la scolastique et perd les deux idées qui sont ie
fondement de la théologie, surnaturel et le prini
je veux dire l'esprit
cipe de tradition. C'est depuis ce temps surtout qu'on a cessé de
se faire une assez idée de l'autorité enseignante, de la fonction
grande
d'enseignement dans l'Eglise, de la place cette fonction
qu'occupe
dans l'économie du christianisme, on a oublié que 1 Eglise est,
avant tout, une société ~'M.M~Mm<M< et le clergé du xvn" siècle n'a
J.-B.
AUBRY CoKf: d'histoire œf:f~M~«}MC. T. II, p. ~90.
1~
personnes nous
conviendrons, si l'on veut, qu'il y a, dans les
œuvres du P. Aubry, quelques bottes de foin, quelques coups de
trique et d'étrille. La part faite à la critique, nous convenons qu'il
peut se trouver dans l'ensemble points contestables, car
quelques
enfin le P. Aubry est homme. Mais la grande apostasie qui se pour-
suit depuis trois siècles; mais la sortie de plusieurs peuples du giron
de l'Eglise; mais l'empoisonnement des générations eu-
progressif
ropéennes mais l'affaiblissement et l'effacement du clergé français
et sa lamentable impuissance. Qui donc peut les contester ? Il faut
nous retremper aux Sources.
Le Pape est le démiurge du. monde et
le P. Aubry est son prophète, ce prophète des restaurations pos-
sibles, si nôtre infatuation bysantine ne nous condamne pas à périr
de male mort.
Je n'ajoute pas Rira bien qui rira le dernier nous n'abuserons
pas, nous n'userons même pas du droit de flétrir lespropos
absurdes. La gravité de la question, la solennité des événements ne
laissent point de place aux variantes de la bonne ou de la mauvaise
humeur. La parole du salut a été prononcée, honneur à qui a su et
a osé la dire avec autant de conviction que de courage. Le sablier
du temps aura depuis longtemps enseveli dans la poussière les pe-
tits glapissements d'une critique jalouse, malfaisante et
inepte,
lorsque le nom du P. Aubry sera placé, je ne dis pas seulement à
côté des Dupanloup, des Gaume et des Rollin mais dans une au-
réole dont je veux pronostiquer la gloire.
XIX
LES TÉMOIGNAGES
Lit)e,letoju!Ueti886.
A. PiLLET,
Professeur à la Faculté de
théologie
de l'Université de Lille.
s n
d~~
~1kj~S~~ç~' d~4~Y `~ ~` `~fn~'·
~?. An]teas,tey}mv!e[t8y8.
Mars 1890.
Un vicaire général.
23 ftvrit l8g0.
La lecture de la A~tAoJ~ a été pour moi un soulagement, une
AvrittSgo.
Combien je savoure la grande idée du P. Aubry, sa magistrale
26 avril 1890.
Ce livre est un
grand et bel ouvrage, vraiment magistral, neuf,
original, de portée considérable. C'est un appel pressant à la ré-
surrection et à la vie. S'il n'est pas compris, pas reçu, pas réalisé,
ce sera un signe de plus de la gravité de notre maladie. Mais tout
cela est lumière, lumière vivifiante. Le P.
Aubry est plus grand
missionnaire dans ce livre qu'en Chine; l'oeuvre, ici, est plus con-
sidérable. Il y a bien quelques incorrections, mais la beauté, la
beauté lumineuse, la majestueuse vérité de l'oeuvre, fait oublier les
.ombres, et je serais vraiment curieux de voir quelle
critique, quelle
réfutation on pourrait en faire. Je sais qu'il y a là une suite de cri-
tiques hardies, à déconcerter, même sur Bossuet, même sur Massil-
lon, même sur Lacordaire, même sur le grand style et la grande
prédication du grand siècle mais tout cela est si vrai, si irréfu-
table Nous avons tellement senti tout cela sans oser jamais le dire,
-que c'est une bienheureuse satisfaction de lire ces sentences triom-
phantes du P. Auhry.
:48
En lisant de théologie~
heritique moqueuse de nos Compendium
je me suis pris à regretter que le P. Aubry n'ait pas ajouté un mot
sur nos Af~MM~ ~'&~M~ Sainte et notre mode d'enseignement
d'Ecriture Sainte, mode vraiment comique rien ne prouverait
mieux sa grande thèse. Et l'enseignement de la prédication Quel
thème
Un directeur de Grand Séminaire.
Avril i8go.
Mai jS~o.
juillet :8<)o.
3 aoùt i8go.
Septembre 18~0.
Justin FÈVRE,
Pronotaire apostolique.
l; décembre tSoo.
5 mars [8qi.
L'ouvrage du
Aubry P.
est un grand livre, et son apparition
une grande grâce, au moins pour la France. Je souhaite qu'il pro-
duise des fruits de salut dans le clergé; il lui cffrira d'ailleurs une
lecture de haute importance, dont, pour mon compte, quatre lec-
tures successives n'ont pas épuisé la lumière.
L'Étendard, de Montreal.
2 mars 18~1.
Septembre 18~0.
Nous souscrivons
parfaitement aux idées du P. Aubry, et re-
mercions le frère du docte théologien d'avoir publié ces pages par-
tantes d'intérêt, et appelées à faire beaucoup de bien à l'enseigne-
ment théologique en France. Il n'est pas un professeur qui ne
veuille les méditer à loisir, s'imprégner des pensées si élevées
qu'elles renferment, afin de rehausser, dans l'esprit de ses élèves,
l'estime des études ecclésiastiques.
L'Ami du clergé.
18 avri)j8~l.
GARANCHER,
Professeur au Grand Séminaire de Chartres.
F. JAUFFRET,
Evêque de Bayonne.
~j~no~~Bme.cQ~pied du crucifix et
dëpfier;eebo~Sàaveut; me donner un peu de ce je ne sais quoi
qu'il avait accordé à ce saint prêtre Quelle àme 1 quel coeur Ah
c'est bien Jésus vivait ett lui
Quel service vous rendrez à l'Eglise, en publiant tous les écrits
de ce prêtre selon le cœur de Dieu!
BRIFFON,
Prêtre de la Mission,
2~ juin !8oi.
9 août 1801.
ityait~
journal l' Uni,vers.
-'Lejournall'UKM~
–~3–
Août l8pï.
giques. Nous en avons une preuve éclatante dans son livre sur la
Méthode, qui ne veut pas être un livre timide et dans lequel il y a
beaucoup à prendre, bien des choses qui, sans doute, ne plairont
Juin i8pi.
t Mgr GAY,
Evêque d'Anthédon.
25 mai tS~
plus de cette idée, que Rome est seule capable de former complè-
tement l'élite des maîtres qu'ils destinent à cetenseignement.
Août 1894.
R. P. BERTHE,
de l'Université de Louvain.
Bvêque d'Annecy.
II
L'abbé GARANCHER.
Angers, igjanviertSc);.
Vous avez fait là une œuvre, une grande oeuvre. Dieu vous a
sensiblement inspiré et soutenu et Mire livre car il est bien
vôtre restera, comme ceux de avec qui votre frère avait
Balmès,
tant de ressemblance, mais qu'il dépasse de cent coudées. Aujour-
d'hui, au fort de la tempête,on ne verra pas cette bouée de sauvetage
offerte aux prêtres quelques-uns pourtant la saisiront ils se sauve-
ront et deviendront à leur tour des sauveteurs.
Que je suis donc heureux de pouvoir vous féliciter sans réserve.
On doit rugir en certains lieux! Rugir est impropre braire et
pousser des cris à la manière des oies du Capitole, à la bonne heure ?
Tumultus gallicanus.
R. P. ÂRMAXD GOSSIN,
Q.uimper,2ojanvieri8~
LU)e,2i]M~eM8<);.
de ïa Faculté de Théologie
Doyen
de l'Université catholique de Lille.
Paris, 26janvieri8<
R.C.ZÈPH[R!N,
De la Congrégation du Saint-Rédempteur.
Paris, ~o janvier.
Il est dommage qu'il nous faille des livres spéciaux, tels que l'ad-
mirable ouvrage sur les ~~MtM~M, pour nous enseigner une si belle
doctrine, tandis que ce devrait être l'atmosphère naturelle de notre
intelligence et de notre cœur.
L'abbé JUBAULT,
Diacre au séminaire Saint-Sulpice.
part ne savent pas ce qui s'y passe et n'y vont que pour les ordina-
tions. La règle de l'Eglise veut que les séminaires soient dirigés par
le clergé séculier, par les prêtres du diocèse et non par les religieux.
Les Sulpiciens ont eux-mêmes besoin d'un indult accordé ad Jo-M-
nium. On ne s'explique pas la pratique des évêques de faire diriger
leurs séminaires par des religieux qui ne connaissent pas le plus
souvent le monde, la vie et les besoins de la société, l'esprit des dio-
cèses et les grands devoirs du Sacerdoce.
P. PERNY,
Ancien provicaire du Kouy-Tcheou.
"Ver~utt,T2ma~nS~
LAMOURBUX,
Directeur au Grand Sémtîiaire de Verdun.
Etats-Unis,26avril:8p~.
Hazebrouck.
L'abbé DMREYNE,
Professeur au Séminaire d'Hazebrouck.
Rodez,;ma[i8()~.
bibliothèque.
ERNEST, Cardinal BOURRET.
-t- J.-C.
L'abbé PÈRi~s,
Docteur en théologie et en droit canonique.
(journal <~M droit MKOHt' mai 180';).
Louvitle,t'"septembrei8(~.
~~tisme et de l'histoire t.
R. P. FLEOMj
de l'Ordre du B. Grignon de Mootfort~
En consignant ici' ces témoignages, nous n'entendons pas entre-
prendre sur l'œuvre des prospectus nous voulons faire un plébis-
cite. Les lettres faMMBt''tme république; dans cette république, il
XX
LES OBJECTIONS
aveugle desa
résistance, nous ramènerait à la réalité des choses.
Si vous prêtez l'oreille a des grognements aussi peu fraternels qu'ils
se croient décisifs, le P. Aubry n'est qu'un Erostrate. Sa pétulance
i Lettre d'un
Supérieur de Séminaire.
d'après le P. Aubry, mesoMt ;pas ~a pet~oBtiBn il ifaudrait'revenir
à saint Thomas; '.Rranzelin a ouvert une ~oie où nous devrions
,marcher; on n'Entend pas assez la SPraditian 'dans nos livres de
cours; nous faisons trop deipalénuque, ~pas assBz'a'exposnior) du
dogme dans l'étude de l'Ecriture'sainte, ordonne 'trop à la con-
troverse etàl'ér.udition,pas assez au sens dogmatique; il n'y a pas
a.espérer de voir surgir sur notre sol un clergé ibrt et inBuem:, sans
<de solides études théologiques. Nous souscrivons des deux
-mains à des idées qui nous paraisceM incontestables.
e Pourquoi, à propos de ces vérités, avoir parle si sévèrement et
si injustement de l'organisation des études sacrée:, dans les Grands
Séminaires? Où sont-elles les Ecoles m&demes demeurées carté-
siennes dans leurs procédés, gallicanes dans leurs conclusions, in-
capables d'innuence salutaire sur une société dont le désarroi est
l'oeuvre .la plus incontestable. Où est-elle cette école qui, tout en
acclamant les conseils pressants de Léon XIII, demeure cantonnée
dans ses méthodes surannées ?
« Voilà des accusations et est de faire
;fort graves qu'il inique
peser sur les Grands .Séminaires en général. S'il 'est, en quelque
lieu connu du P. Aubry, un professeur de théologie attardé dans les
conclusions gallicanes, au lieu d'accuser tout le monde, qu'un zèle
bien entendu dénonce l'hérétique ou le quasi-hérétique à l'Index et
au Saint-Office.
« Qu'est-ce que ceci encore? « Le P. Aubry fait le procès de
nos vieux théologiens qui, depuis le xvn" siècle, ont perpétué,
chez nous, les théories gallicanes, jansénistes et libérales ? a Eh
ces théories se sont perpétuées chez nous, et il n'est pas un
quoi
prélat, pas un homme dévoué à l'Eglise, pour dénoncer la présence
d'une semblable peste à qui pourrait nous guérir. Nous demandons
lignes.
« Jamais non plus nous n'avons rencontré « cette école utilitaire
de nos chaires d'enseignement, oppose la théorie
qui, dans beaucoup
à lapratique, l'action aux principes ». Le P. Aubry ne doit pas
les maitres
ignorer que ce ne sont point qui opposent la pratique
à la théorie, mais les élevés'les moins studieux, en quête d'une
pas assez la Tradition dans nos livres de cours que nous faisons
trop de polémique, pas assez
d'exposition du dogme qu'en Ecri-
ture sainte on donne trop de temps à la controverse, à l'érudition,
pas assez au sens dogmatique qu'il n'y a pas à espérer de voir
surgir de notre sol un clergé fort et influent sans de solides études
théologiques, etc. » à cette thèse, le correspondant répond
« Nous souscrivons des deux mains à des idées qui nous paraissent
incontestables. a Et puis, sans prendre connaissance du développe-
ment philosophique, historique et documentaire, nécessaire à
l'exposé complet de la question, il parle d'injustice, d'agression,
voire même d'orgueil et d'iniquité car chacune de ces accusations
ressort, soit du tour donné à la pensée, dans tout le corps de
l'article, soit des mots eux-mêmes.
a A entendre d'ailleurs ce correspondant résumer sa pensée, « le
P. Aubry va jusqu'à l'injustice et au delà. » Chez un homme
qui Mt un appel si énergique à la charité et la justice, cet au dela
nous semble sortir quelque peu de la mesure sacerdotale et de la
note théologique sans doute la <-ause est entendue désormais, et les
graves autorités que nous avons pour nous, devront, à n'en pas
douter, réformer leur jugement
« Après cela, que notre auteur demande
plaisamment dans quelle
/Nf~ Kc~M'ff est érigé en dogme M chauvinisme qui a réduit
en maxime l'idée dont on nous a bercés que « le clergé français est
tepremierclergé du monde qn'il affirme que les procédés car-
tésiens et gallicans ont disparu, sans laisser, dans beaucoup d'in-
teUigences/ des traces fatales, des tendances subversives, tout un
ensemble de principes atténués et à pdue saisissables à l'analyse,
qui se fera en dehors de cette idée, tout ce q-ni .'ne s'y rattachera
et le mal. sera
ans du régime que nous vivons, irréme<ittaMe;ies
les plus saines de nos seront a Nous
parties provinces perdues.
sommes en France ~o.ooo prêtres, too évêques, ~.ooo pro-
fesseurs, disait un nous n'avons ni famille qui
naguère évoque
nous ni ambition nous Eh bien [ avec une
gêne, qui préoccupe
telle laisserons-nous la victoire à l'incrédulité? Ah, si nous
armée,
avions seulement d<-ux ou trois de Sales, deux ou trois
François
Vincent de Paul, un ou deux CharlesBorromée, la victoire ne serait
cepté la dixième partie des sacrifices que se sont imposés les catho-
que ;~ré6)rHte qu'il propose est sans doute trop intime, trop uni-
verselle elle revêt surtout un caractère en apparence trop surna-
turel, dans ce siècle raisonneur; elle ramène trop souvent aux tradi-
tions antiques' des esprits engoués de leurs procédés personnels, pour
ne pas soulever, a jbnon, et même avant tout examen sérieux, des
'Z.'OK<f~,7]mnett89;,M.deM.rabMAub)y
i7;
prenez garde, Monseigneur, qu'il n'ait pénétré chez vous. Nous pen-
sons qu'il serait fort mal écouté. Et s'il
allait répétant le même
s'en
propos à tous les évoques de France, l'un après l'autre ne manque-
raient pas de lui faire le même accueil. Il comprendrait alors qu'il
n'a pas le droit de s'approprier les éloges destinés à son ami, et mis
si complaisamment en avant dans sa réplique.
« N'avons-nous pas nous même, sur la H du compte-rendu, in-
pour sauver la société, n'ait besoin d'être forti&é dans ses principes,,
restauré dans sa législation plus qu'ébranlée parla Révolution. C'est là
toute notre thèse une de ces thèses pour
lesquelles la martseraitum
réel martyre et il ne nous déplaît pas, bien plus, nous nous regar-
dons comme très honoré d'être pris à partie, taxé d'injustice, etc.
f A son tour, notre contradicteur dépasse, et de beaucoup, notre
~Passant de ce qu'il
appelle nos méprisés, au point de notre ré-
supérieur nous suit sur le terrain de h ~«MtMM ~ofM/e. Or, il est bon
de le rappeler, l'idée qui domine dans le P. Aubry, c'est l'idée de la
pas une méthode, mais une doctrine à peu près irréprochable, soit sur
la question des rapports de l'Eglise et de l'Etat, soit sur là-manière
d'établir la foi et d'amener l'esprit à la première vérité révélée, soit
179
CONCLUSION
~t.SHtfa'ï,6jjait[et.i8~.Att..deM.l'abbëAub~
iS-ï
par les évêques, formés selon la tradition séculaire des études sacer-
dotales.
Toutes ces controverses ont leur raison d'être; mais aucune
temps absorbé, d'un côté, par les études vivifiantes, de l'autre, par r
°
les oeuvres ouvrières et sociales, par les intérêts qu'il est obligé de
prendre ce qui regarde son troupeau,par la prédication à dom'-
cile, par les -'inférences publiques, par les écoles du soir qu'il sera
bientôt contraint de faire ou d'organiser, pour éliminer le poison
de l'enseignement neutre.
Le christianisme est toujours le même et toujours en progrès. Son
cyclone qui ravage la France, fait table rase pour les oeuvres d'une
radicale restauration du Christianisme.
Le point ~g départ d'une restauration efficace, c'est la répudiation
de tout particularisme scolaire. Nos écoles d'aujourd'hui avaient été
fondées, après le concile de Trente, des
sous l'influence
latente
écoles protestantes, gallicanes et jansénistes; de là, leur rétrécisse-
ment doctrinal, leur étroite pratique, leur stérilité, leurs résultats
funestes. Le P. Aubry a vingt fois constaté ce vice au point de dé-
Depuns,
em Ftance~. dem-x. msa~em~THs pMalleles et contradictoires,
se dessinèrent l'un, de itanc retoa)' aux doctrines et aux pratiques
fomaines; l'aut)!&, d'in&tt.atifMLa~eng~e dans les aberrations et les
attentats rëvoiKtiannan'es. D'un c6.të, nous fevimmes à la juste idée
de la monarchie des papes, à la sage entente des lois morales, à
t'unitë liturgique, à la nécessite du droit canon, à une plus juste
conception de la philosophie, de la théologie,, de l'histoire de
I'antre,Ies cohortes de l'anarchie et dasodalisme nous poussent à une
refonte de la société française ou plutôt travaillent pour la ruine du
pays et la perte de son indépendance.
La nécessite d'agir apporte souvent des lumières et des conseils
que la spéeNlatian ne peut donner. Par une réaction toute naturelle
contre la, sécheresse et la pauvreté de nos méthodes, il y eut sou-
vent, dans les séminaires, des essais de réforme et de relèvement vers
les études plus approiandies, plus larges et plus élevées. Mais ces
derniers, procédant de l'esprit propre, ne produisirent que des inno-
vations futiles,
ouLdasg~eNsss. Ces initiatives personnelles, fruit de
bons désirs, mais aw:nuraes, s'imprégnèrent des erreurs régnantes
et produisirent des théories creuses, des rêveries d'amour-propre,
qui vinrent se perdre en libéralisme ou en essais d'économie poli-
tique.
De son côté,. Pie IX, pour sauver la France, avait fondé le sémi-
naire français; il espérait que les élevés de cette maison, devenus
professeurs, réformeraient nos séminaires sur le programme des sé-
minaires romains. Dans la plupart des diocèses, cette tentative n'a
pas abouti pleinement. La restauration des études
par l'idée KMMMM,
cruei6ée sur. un plan gallican au moyen de sujets fotmés a Rome,,
mais d'abord sommis à des supérieurs gallicans, inconscients et in-
traitables,. obligés dé subir une organisation gallicane de l'enseigne-
ment,, a soNvefH abouti â.nn échec, parce qu'on voulait. introduire
l't~eromMne,/saBS.n'Md)!&erï<t)rgânisati.on gaHicaM,q)ti ne: peut
ni ne veut la souffrir. On ne met pas le vin nouveau dans les vieilles
routes. La réforme des études ecclésiastiques; ne s'est- pas faite,
n~a 'étémi 'cormplete, ni conséquente aveceNe-metne.
parce qu'elle
Si 't'om veut &tre Rofnain, et on doit le ~ot)!<yir, –'il 'faut 'l'être
'dams r'organisation des études comme dans leuTS principes, et fa
parfaite plénitude.
Généralement toutefois, on sent qu'on est dans le faux, on se
de l'insuffisance des études et de l'absence des hommes.
plaint
Mais ces plaintes restent dans le vague et les généralités, ou
n'amènent que des expédients sans vertu. J'ai en moi quelque chose
seignement sulpicien, moins pour les défendre, que pour les actua-
liser et les agrandir. Un peu plus tard, le professeur Hogan, dans
un livre sur les jE~M du clergé, parcourait, comme nous, toutes
les branches de la science sacrée, pour faire connaître ses vues les
plus choies et ses conceptions les plus hardies. Depuis, l'archevêque
de Rouen, Frédéric Fuzet, par une initiative tristement solitaire,
créait à Rouen le Grand Séminaire d'après le programme du concile
de Trente. A l'heure présente, Eudoxe-Irénée Mignot, archevêque
d'Alby, publie une série d'actes épiscopaux équivalant à un traité
des études ecclésiastiques. Michel-André Latty et Emile-Paul Le
Camus, évêques de Châlons et de La Rochelle, par des pastorales qui
sont des livres, réorganisent, dans leur séminaire respectif, les études
ecclésiastiques. Une foule d'auteurs avaient déjà préludé à ces ré-
formes en Allemagne, plusieurs écrivains didactiques, notamment
Sailer en Italie, Audisio avec son Introduction M~ ~MtM-M ec-
B'<«& ~Mf mA~ d'M~Kt t
P. Aubry.
Je fais remarquer en passant que la réforme du P. Aubry n'a rien
de commun avec les autres les autres ne valent que par les talents
et l'expérience de leurs auteurs la réforme du P. Aubry, c'est le
retour aux grandes traditions du haut enseignement; c'est la pure
tradition des Ignace et des Boromée, telle que nous la trouvons au
séminaire de l'Eglise romaine, mère et maîtresse d~ toutes les
Eglises. Les autres sont des réformateurs, le P. Aubry est un Père
de l'Eglise.,
Mais, enfin, en quoi consiste la réforme du P. Aubry ? Cette
question exige deux réponses l'une négative, répudiant les aberra-
tions de nos séminaires l'autre positive, préconisant les éléments
et les points capitaux d'une régénération scolaire.
Ce que repousse le P. Aubry, c'est i" La piété sacerdotale, par-
du vivant de sentiments
quée dans un compartiment séparé dogme,
sans lumière, consistant surtout en rectitude extérieure et préten-
dant, dans l'éducation sacerdotale, à la première place, de manière
à prévaloir sur l'enseignement dogmatique, qui n'a qu'un rôle su-
balterne et de mince importance.
Ce que repousse le P. Aubry, c'est 2° L'enseignement de la
théologie dogmatique, réduite à un petit CoM/x'~MM, dont les
thèses sont invariablement prouvées par les trois preuves de l'Ecri-
ture sainte, des Pères et de raison théologique, mais sans intelli-
1 ŒMf~H complètes, t. X, p.
~p~
ployés par les pères, mais dispersés dans leurs ouvrages ils ont éla-
boré et édifié la théorie complète de la théologie. La scolastique
comprend trois choses une langue, une méthode et un ensemble
de doctrines. Les doctrines sont celles de l'Eglise; la langue est celle
de la science; la méthode est celle de l'enseignement. La méthode
prise l'initié
tue l'initiateur, dit Ballaache, ou s'il ne verse pas tou-
jours son sang, Dieu se plait à lui demander ce sacrifice du cœur. Cette
immolation de soi-même est le gage béni des meilleurs triomphes.
Nous savons bien que Dieu a mis notre humilité sous la garde des
(~rjpY~i
H.
;E
'i~
TABLE DES MATIÈRES
I.–Principesgénéraux 1
JI.–Coupd'oeilrétrospectif. 4
Ht.–ViedeJean-BaptisteAubry. 9
16
IV.–Projetderéforme.
V.–Lestroisvolumesde 20
correspondance.
VI. –L'exécuteur du testament de l'auteur. 26
VU. Comment a été faussée la méthode d'enseignement thcologique
d'aborddansrorganisationdesécoles. 32
VIII. Comment a été faussée dans les études b méthode intérieure
del'enseignementthéologique. 40
IX.–Lepetitséminaire. 63
X.–Legrandséminaire 71
XL–Lathéoriedes sciences 79
XII.–Laphi[osoph!e. 87
XIII. La théologie dogmatique et la religion 96
XIV. La théologie dogmatique et l'église 104
XV. Choix de méditations sacerdotales lit t
XVI. La tradition. ti7 7
XVII.–Ecrituresainte. 124
XVIII.–Histoiredel'Eglise. !;o
XIX.–Lestémoignages. 1433
XX. Les objections 165
Conclusion ]8o
/<
(~
LE P. AUBRY y
u
S~ë~'?~ ~M~T 'j&AR~t~~)È,
séparément.
Le courant est créé aujourd'hui. Après avoir sommeillé pendant près d'un
liturgique
la science liturgique s'est réveillée un peu avant le milieu du xix" siècle, Les
siècle,
recherches d'un nombre de savants. dMs tous les pays d'Europe, se portent au-
grand
jourd'hui de ce c5M le goût généra) iui-m~e s'y est intéressé. On a vu avec étonne.
merveilles ces livres de On a étudié ces
ment qu'il y avait des dans v~ux liturgie.
monuments avec même sous l'amptre des préoccupations confessionnelles,
passion, parfois
aussi et littéraire.
parfois simplement par gott esthétique
La piété ourétienne de son c&té. sons l'impu.ittinn de quelques hommes 4a doctrine et
de est entrée dans ces voies nouvelle qui, au tond, sont tes voies anciennes.
foi,
L'Année de Doin Guéranger est devenue le vade-mecum des fidèles éclairés,
liturgique
et les éditions se succèdent à intervalles réglés.
Enfin tes théologiens commencent voir le parti que l'on peut tirer de la et
liturgie
son importance de premier ordre comme lieu tttéfil.~que.
Le moment semble donc venu de réunir dans un ~rand ouvrage d'ensemble toutes lea
données et de fournir aux savants et même aux amateurs un de ces recueils où
éparses
ils trouvent sous la main des renseignements qui leur auraient coûté des années da
recherches arides, un de ces ouvrages faits,pour des siècles et que toute grande biblio-
doit posséder un jour ou l'autre.
thèque
On encore le nombre de volumes de cet ouvrage toutefois ]a collec-
ne peut prédire
tions a dès maintenant l'allure de ces grandes collections bénédictines que nous édi-
tons d'autre- Gallia ('ArMiatM H~Mit'e I.ttMrent'e de itt Ft't~ee, etc. etc.
part
mo!e stM s(<tt on de dix ou quinze volumes grand in-4°, sans aucune
peut parler
exagération*
Elle contiendra toute tes donnés liturgiques rentermées dans l'Ancien et le Nouveau
toutes celles se trouvent dans les Pères ou les écrivains
Testament, qui ecclésiastiques
les de jusqu'à Charlemagne, dans les conciles, dans
depuis origines l'Uglises
les inscriptions, enfin dans les ouvrages de toute nature du r" siècle au clôt la
)X*, qni
vraiment importante de l'histoire liturgique.
période
moaumeuts
De plus, elle'donnera place aux textes et aux liturgiques édités ou inédits
de toutes les grandes liturgies occidentales ou orientales, romaine, gallicane, celtique,
mozarabe, etc.
Do telle cette collect)on unique on aura sous la main une véritable
\(", sorte qu'avec
.B~t'otMstM Hiw~tOMe, a peu près tous les ouvrages que peut désirer l'historien,
;,)~théab~ ou le liturgisie, et dont l'acquisition aujourd'hui représenterait presque
~e~rtune;
.i~'t~~icvsn~A;s;blrauR, xuéNr~~$ ~~11~7`s~s ~f~
ACTA SANCTORUM
Johannes Bollandus, Godefridus Henschen!us, etc.
SOCIETATIS JESU THEOLOGI
Cette œuvre colossale, aujc -rd'hui en grande partie épuisée, comporte deux séries
bien distinctes
LA pftEniERE sÉRiE, ou I'~dt<:ott d'Anvers, comporte 54 volumes in-folio d'environ
iOOO à i iOO pages chacun à 2 colonnes, avec gravures.
LA DEUX!NME sÉRM, œuvre des nouveaux boltandistes, comprend à ce jour M forts
volumes in-folio (tome II de novembre, et le Propy/a'Hm moMmofM, dernier
pars prio,
paru, y compris).
Entin une Table ~etterct~ ou Dictionnaire des 60 volumes desdits Acta
premiers
sanctorum des Bollandistes,
La collection complète de cette oeuvre vaut
incomparable aujourd'hui, Prop~~BMot
novembris co~rir.
3660 francs
AVIS IMPORTANT
Contre 2400 francs comptant les personnes qui désireraient posséder immédiatement
la collection entière recevront une des trente dernières collections encore en notre
possession, et l'envoi leur en sera fait aussitôt ~t jusqu'à épuisement de ce solde de
l'ancienne édition, sous engagement de notre de répond.'e favora-
par conséquent part
blement à toutes les demandes.
BULLETIN DE SOUSCRIPTION
Je soussigné_
demeurant à.
déclare souscrire à la collection entière des Acta Sanctornm des Bollandistes
charge.
Le_ –i90_.
SiCSATUttE t
'l',
en couleur
Otig!na<
NF Z 43-120-0