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Définition :
Le mot crise peut être compris selon différentes acceptions. Il peut en effet être
compris comme un brusque changement d'état ou une aggravation subite, une
apparition brutale d'un état morbide, une période d'intense activité qui retombe
soudainement et un point de paroxysme où s'expriment de graves tensions.
Il peut également désigner le moment périlleux ou décisif d'une affaire, une période
d'instabilité ou de doute collectif. Ou encore, comme une phase grave dans
l'évolution des choses, des événements, des idées.
On peut alors distinguer diverses sortes de crises à savoir, les crises de santé, les
crises politiques, les crises sociales, les crises culturelles, les crises de change, les
crises boursières, les crises financières, les crises économiques, etc.
Une crise financière peut être également décrite comme un ensemble de situations
diverses dans lesquelles certaines institutions financières perdent soudainement une
grande partie de leur valeur du fait d'un dérèglement du système de refinancement.
Il y a également crise financière, selon Michel AGLIETTA, lorsqu'un accident localisé
peut se propager à l'ensemble du système financier, à cause des externalités qui
sont inhérentes à la présence du risque dans un système.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis ont connu une formidable
croissance économique. Personne ne s'imagine alors qu'en une simple journée à Wall
Street le pays s'apprête à provoquer l'une des plus graves crises économiques de
l'Histoire : la Grande Dépression.
De ce fameux "jeudi noir" de 1929 à la Seconde Guerre mondiale, la débâcle s'est
propagée dans le monde entier. Au cours d'une récession de dix longues années, les
pays les plus concernés connaîtront d'importants bouleversements sociaux et politiques,
jusqu'à favoriser l’ascension d'un certain Adolf Hitler en Allemagne.
Nous étudierons aujourd’hui une grosse crise économique, voire la plus grosse du
vingtième siècle, la crise 1929 qui est tristement exemplaire de ce qui constitue une
crise dans notre société.
Avant le célèbre krach boursier d'octobre 1929, des signaux préalables font
percevoir des difficultés économiques : en 1926, aux États-Unis, le secteur
immobilier décline. Les paysans rencontrent de fortes difficultés : les pays
européens importent de moins en moins, entrainant ainsi une surproduction.
On ne peut comprendre la crise de 1929 sans revenir sur l’état du monde au début
du 20ème siècle et plus encore sur la première guerre mondiale. Celle-ci fut selon
l’expression de nombre d’historiens, la première guerre mécanique. Cependant, en
1918 le monde ne ressemble plus à ce qu’il était en 1914. En 1917, la révolution
russe en impose une nouvelle, le socialisme, faisant naitre dans les milieux ouvriers
des espoirs de changement et des fortes craintes dans les milieux d’affaires et
politiques conservateurs.
D’un autre côté, le centre de gravité́ de l’économie mondiale a changé́ . Les Etats-
Unis sont devenus, au détriment de l’Europe la première puissance mondiale. Le
capitalisme s’est développé́ aux Etats-Unis en suivant une vitesse accélérée,
comparé à l’Europe.
Avant la crise : un monde en quête de repère
Les années qui séparent la fin de la Grande guerre et le krach de 1929 furent
marquées par une refonte profonde de l’ordre économique et politique mondial :
déclin de l’Europe, révolution russe et domination américaine. Après une fin de
guerre difficile, marquée par des troubles sociaux importants (y compris aux Etats-
Unis), l’individualisme combiné aux valeurs libérales (la croyance dans le mécanisme
régulateur du marché́ ) et l’arrivée à maturité́ de nouvelles technologies (électricité́ ,
automobile, aviation, téléphone, etc.), donna en l’espace d’une dizaine d’années le
sentiment que la fortune était à la portée de tous, sans effort, en dormant...
Les années qui avaient précédées la grande guerre avaient été́ en effet marquées
depuis la fin du 19ème siècle par une forte idéologie en faveur du progrès, en premier
lieu du progrès technique et scientifique. La science semblait être la réponse à tous
les maux humains (santé, alimentation, loisirs, transport, etc.). La guerre contribua à
remettre en question cette idéologie avec plus de 10 millions de morts.
La révolution de 1917 en Russie, qui mit fin à l’empire dans la violence, ébranla aussi
fortement les esprits des dirigeants politiques européens.
Les Etats-Unis, bien que n’ayant pas été́ un des théâtres de la guerre, furent aussi
touchés par des grèves, en 1919, en particulier dans la métallurgie et l’industrie
motrice. Les années 1919 et 1920 sont difficiles aux Etats-Unis, comme en Europe, il
a fallu recourir à l’économie de guerre
La révolution russe de 1917 marqua fortement les consciences tant des milieux
populaires que dirigeants, montrant grandeur nature, qu’une autre (autre que le
capitalisme) forme d’organisation sociale et politique était possible, d’où̀ les craintes
des dirigeants politiques et des milieux d’affaires.
Les Etats-Unis étaient aussi devenus le principal créancier mondial, alors qu’ils
étaient débiteurs au début de la guerre.
Cette période est aussi marquée par l’affirmation des sociétés par actions.
Peu à peu, l’économie des Etats-Unis connait une formidable accélération, tirant
profit tant des avancées techniques et scientifiques issues de la première guerre
mondiale (automobile, aviation, téléphone, chimie, etc.) que de l’organisation
industrielle du travail qui s’était développée au début du 20 ème siècle dans les usines
Ford
Les conflits sociaux du passé semblaient également entre de vieux souvenirs pour la
classe moyenne. Les ouvriers, qui voulaient améliorer leur situation, n’avaient guère
d’autre choix que de mettre toute leur foi dans le « rêve américain » de réussite
individuelle et non plus sur une action collective de changement social.
Le nombre de personnes qui achetaient des actions et des obligations atteignait des
niveaux record. La fièvre de la spéculation toucha pratiquement toutes les couches
de la société́ .
C’est a priori à partir de 1924 que les prix des actions commencent à monter.
L’Europe adopta le nouvel état d’esprit qui prévalait aux Etats-Unis... La classe
moyenne en formation pouvait accéder à la consommation de biens manufacturés de
masse.
La période de la prospérité́ , ce ballon d’essai de ce que l’on appela dans les années
1980, le « modèle fordiste », fut de courte durée. A peu près une dizaine d’années.
Cet essai fut de plus très limité géographiquement puisqu’il était circonscrit aux
Etats-Unis, en l’Europe, il fut beaucoup plus modeste.
Au-delà̀ des problèmes économiques qu’il dénonce, Keynes mit en garde les
dirigeants politiques contre les troubles politiques et sociaux qui pourraient en
découler. Mais, il ne fut pas entendu. Toute forme de dirigisme économique était
rejetée. Pourtant, le krach de 1929 redonna à l’Etat un rôle économique majeur.
Le 24 octobre 1929 fut ce fameux jeudi noir dépeint par le cinéma : La bourse
américaine chuta de près d’un tiers. Mais, dès le 21 octobre, plusieurs millions de
titres sont proposés sans trouver d’acquéreur. Le 23 octobre, près de 6 millions de
titres sont mis en vente. Le 24, la baisse s’amplifie. Le 29, c’est plus de 16 millions
de titres qui cherchent acquéreur.
Déroulement
Au début des années 20, une forte spéculation se met en place : les crédits
bancaires sont abondants.
Le 24 octobre 1929, à Wall Street, des millions d’actions bancaires sont vendues,
ce qui deviendra le « jeudi noir » dans l'histoire boursière. Un grand nombre
d'actions avaient été́ achetées à crédit durant les années 20 : c'est l'éclatement de
cette bulle spéculative.
Il ne faudra que quelques jours, à la fin de l'année 1929, pour que la crise boursière
se propage à l'économie "réelle". Les ménages américains qui avaient emprunté
massivement pour investir en bourse ne peuvent plus rembourser leurs crédits. Pour
les banques, cela se traduit rapidement par des pertes "sèches". La quasi-totalité des
établissements décide donc de resserrer leur crédit. Les premiers à en souffrir seront
les entrepreneurs qui voient leur trésorerie de plus en plus fragilisée. Les faillites qui
s'ensuivent amplifient encore un peu plus la fragilité des banques. Pris dans ce
cercle vicieux, les épargnants américains se ruent sur leur banque pour retirer leur
argent. Mais sur place, les caisses seront bientôt vides. Plusieurs établissements
bancaires font finalement faillite à leur tour. Le 30 juin 1931, l'un des plus
emblématiques, l'American Union Bank, ferme ses portes. De plus à lieu la faillite de
la plus grande banque autrichienne, le Kredit Anstalt de Vienne, le 11 mai 1931.
Cette crise financière aggrave une crise économique déjà̀ installée : les dépenses
de l'État et le crédit diminuent, impliquant une contraction de l'économie.
On entre alors dans une période de déflation (baisse des prix, des salaires, et donc
de la demande, de la production, et de l'emploi).
Conséquences
Les faillites s’enchainent avec le nombre de chômeur qui grossit de mois en mois, au
+ fort de la crise : on atteint 13 million de chômeur au états Unis, et le chômage n’est
pas indemnisé comme aujourd’hui. Ces chômeurs ne consomment plus entrainant
alors une surproduction qui mène d’autres entreprises en difficulté et génère du
chômage supplémentaire.
L’isolationnisme (politique qui limite toute intervention dans les affaires du monde)
se retrouve dans plus ou moins toutes les économies : les États-Unis rapatrient
leurs capitaux prêtés dès le début de la crise. Des pays montent des barrières
douanières pour protéger chaque économie nationale, ce qui pénalise le commerce
international.
Les économistes sont aujourd'hui divisés sur le poids du "New Deal" dans le
redressement économique. A l'échelle de la planète, il faudra attendre la fin de la
guerre 1939-1945 pour définitivement tourner la page. Aux Etats-Unis, c'est en tout
cas en 1940 que le PIB est revenu à son niveau d'avant krach, c'est-à-dire au-dessus
des 100 milliards de dollars. Il était descendu à 56 milliards en 1933. Quelle qu'en
soit la raison, c'est cette relance de la production qui permettra le redressement
économique, bancaire et enfin boursier. Le Dow Jones, qui avait chuté jusqu'à
41,22 points en 1932, est remonté de manière irrégulière mais puissante tout au long
des années 1950 : l'indice a réalisé des pointes à 194,40 points en 1937,
212,5 points en 1946 et 521,5 points en 1956. A l'aube de la crise de 2008 et après
avoir subi d'autres krach de plus faible ampleur, il avoisinait les 14 500 points en
novembre 2007.
La crise financière de 2008 nous rappelle tristement que ne pas tirer les leçons du
passé peut avoir des conséquences tragiques. L’histoire se répète, les mêmes
causes entraînant les mêmes effets. La chute de « Lehmann Brothers » a remplacé
le « Krach de Wall Street », mais la responsabilité de la FED est, elle, toujours aussi
considérable.