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1830 

: Hugo livre sa bataille d’Hernani


Victor Hugo
1802-1885

Biographie : https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1434688-victor-hugo-
biographie-courte/

Épisodes sur France culture : https://www.franceculture.fr/emissions/la-compagnie-des-


auteurs/victor-hugo

Reportage : https://www.youtube.com/watch?v=DfAFQSvT-2M

En ce début d’année, chacun attend la pièce de Victor Hugo : ses amis, des
libéraux. Favorables à ses nouvelles conceptions théâtrales ; ses ennemis,
des royalistes, adeptes de la vieille tragédie classique.

Une bataille de trente-neuf jours.

Le conflit éclate le 25 février, à la Comédie-Française, lors de la première d'Hernani.


Les partisans d'Hugo, des jeunes à la barbe et à la chevelure fournies, en signe de
leur appartenance libérale, occupent les lieux bien avant le début de la
représentation, mangent, boivent, pissent. Quand le rideau se lève, c'est le tumulte :
sifflets, bravos, coups de poing. Quand il se baisse, c'est l'enthousiasme, tant la
pièce a séduit la plupart des spectateurs. Des combats d'arrière-garde auront beau
se poursuivre durant les trente-huit autres représentations de 1830, Hugo vient ce
jour-là de remporter sa bataille.

Hernani : la naissance du drame romantique.

Hernani, le héros de la pièce, est un proscrit. Aimé de la belle dona Sol, il est en
outre le rival sentimental du roi. Élu à la tête de l'empire sous le nom de Charles-
Quint, celui-ci apprend qu' Hernani complote contre lui et décide généreusement de
le gracier. Hernani et dofia Sol n'en seront pas moins acculés au suicide. Ce drame
signe la mort de la tragédie classique. C'en est fini de ses sujets antiques, de ses
pesantes unités de temps et de lieu, de toutes ses règles : place au mélange des
genres et des tons, à la couleur locale, au mouvement, bref à la liberté de création.
Place au drame romantique !

Un géant seul en son siècle.

Le succès d’Hernani fait de son auteur le chef de file incontesté du romantisme. Sa


créativité et son énergie vont dès lors se déployer dans tous les domaines :
dramaturge, Hugo sera aussi poète, romancier, homme politique, plaidant pour
l’abolition de la peine de mort, s’insurgeant contre Napoléon III.
Sa mort, en 1885, sera une apothéose. Des funérailles nationales le conduiront au
Panthéon!

« Hernani a été ce que fut Le Cid pour les contemporains de Corneille. Tout ce qui
était jeune, vaillant, amoureux, poétique en reçut le souffle. »

Théophile Gautier, Histoire du romantisme, 1874.

Le Cénacle.

À trente ans, Hugo est un écrivain célèbre et scandaleux à la fois : il n’est plus
royaliste, comme au temps de ses premières poésies ; il vient de publier Le dernier
jour d’un condamné, terrible réquisitoire contre la peine de mort. Son appartement
parisien de la rie Notre Dame Des Champs, qu’il occupe depuis 1827, est devenu le
lieu de réunion du Cénacle, les futurs grands noms des lettres et des arts :

Vigny, Dumas, Mérimée, Nerval, Gautier.

1853 : Hugo inflige ses Châtiments à Napoléon III

Le coup d’État du 2 décembre 1851, par lequel Napoléon III fonde le Second
Empire, est pour le républicain Hugo un « crime » impardonnable. Il tente de
soulever les Parisiens, mais doit s’exiler dans l’île de Jersey. Il y compose Les
Châtiments.

Napoléon III : https://www.youtube.com/watch?v=kMkbO1AJD9w


Une œuvre de combat.

Six mille vers constituent un implacable réquisitoire contre le nouvel empereur.


L'histoire en est le fil conducteur avec le constant rappel de l'épopée de Napoléon le
Grand, en contrepoint des bassesses de celui qui n'est que Napoléon le Petit. L'iro-
nie en est l'arme principale, qui démystifie les justifications officielles du coup d'État :
non, la Société n'est pas sauvée !

Satire, chanson, fable, élégie, épopée, diatribe : la rage d'Hugo explose dans un
florilège de genres littéraires. Œuvre de circonstance et de résistance. Les
Châtiments sont aussi une exceptionnelle création poétique. Depuis Caïn, le premier
assassin de l'humanité, jusqu'à ce «Petit» liberticide, Hugo convoque toute l'histoire
des tyrans. Et c'est une Histoire lyrique, épique, visionnaire.

Un exil fécond.

En octobre 1855, sur pression des autorités locales, Hugo quitte Jersey pour
Guerne- sey. Là, face à la mer, il écrit ses œuvres les plus puissantes : Les
Contemplations (1856), vaste interrogation de onze mille vers sur la condition
humaine ; La Légende des siècles (1859), reconstitution gigantesque de l'épopée de
l'humanité; Les Misérables (1862), son roman le plus célèbre, mais aussi Les
Travailleurs de la mer (1866) et L'Homme qui rit (1869).

La gloire et la légende.

Cet exil sculpte également la statue d'Hugo en défenseur farouche de la liberté. En


1859, il refuse l'amnistie que lui propose l'Empereur, en déclarant hautement:
«Quand la liberté rentrera, je rentrerai. » Il ne reviendra à Paris qu'en septembre
1870, après la chute de l'Empire et la proclamation de la IIP République. En 1885,
ses funérailles seront nationales et grandioses, lui ouvrant les portes du Panthéon.

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