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Écrits anciens concernant Ibn Taymiyya

I. La Continuation d’al-Birzālī
Quand l’historien syrien Shihāb al-Dīn Abū l-Qāsim ‘Abd al- possible. Il semble y avoir réussi puisque, selon F. Rosenthal, il
Raḥmān b. Ismā‘īl al-Maqdisī Abū Shāma mourut en Ramaḍān posséda de son vivant « la confiance de toutes les factions de
665 / juin 1268, ‘Alam al-Dīn al-Qāsim b. Muḥammad b. Yūsuf savants, même de celles qui étaient hostiles les unes aux au-
al-Birzālī n’était encore qu’un bébé. Né à Damas en Jumādā I tres4 ». En outre, selon D. P. Little5, « son travail est à la base
ou II 665 / février-mars 1267 dans une famille de savants d’ori- de beaucoup de ce que les historiens égyptiens contemporains
gine berbère andalouse, il reçut une éducation soignée et eut ou postérieurs écrivirent concernant la Syrie durant le règne
même Ibn Taymiyya comme précepteur. Devenu traditionniste, d’al-Malik al-Nāṣir ».
il enseigna le ḥadīth dans diverses écoles (madrasa) de Damas, En fait plus intéressé par la religion et les religieux que par la
dont al-Nūriyya, et se passionna aussi pour les études histo- politique, al-Birzālī ne manqua pas de parler d’Ibn Taymiyya
riques. Il mourut au cours du dernier de ses cinq pèlerinages en dans son Histoire, d’autant plus qu’il le connaissait personnel-
739/ 13391. lement et avait un temps étudié avec lui. Il n’a pour son ancien
précepteur ni louange ni critique mais laisse les faits parler
d’eux-mêmes et ils sont éloquents. Qu’il s’agisse des trois atta-
ques mongoles de la Syrie, d’actions militantes menées contre
divers lieux malfamés, superstitions populaires, hérétiques
shī‘ites, derviches et soufis, ou de démêlés théologico-politi-
ques avec les autorités religieuses et militaires de Syrie et
d’Égypte, Ibn Taymiyya apparaît en effet de multiples fois au
centre de l’actualité des années concernées par les pages ci-
dessous. Le théologien-muftī acquiert par là une aura singulière
Titre d’al-Muqtafī d’al-Birzālī2 qui le situe bien au dessus de ses pairs et contemporains. Al-
L’Histoire d’al-Birzālī se termine avec l’année 738/1337-8. Birzālī confirme ainsi l’impression laissée par diverses autres
Son titre probable, al-Muqtafī, « La continuation », indique sources mamlūkes des débuts du VIIIe/XIVe siècle qu’il y eut
bien qu’elle se situe dans le sillage des œuvres des autres bel et bien un « phénomène Ibn Taymiyya » dont l’exploration
grands historiens ayyūbides et mamlūks, parmi lesquels, princi- est loin d’être achevée.
palement, Abū Shāma. Les pages traduites ci-dessous sont une
série de passages d’al-Muqtafī sélectionnés et édités chronolo-
giquement par M. ‘U. Shams et ‘A. b. M. al-‘Umrān parce
qu’ils mentionnent Ibn Taymiyya. Ils concernent grosso modo
les années 699/1300 - 707/1308 de la vie de celui-ci.
De toute évidence, al-Birzālī aime les dates et toutes les occa-
sions lui semblent bonnes d’en ajouter3. Que, parfois, certaines
puissent quelque peu différer de celles données par d’autres
sources pour les mêmes événements n’est ni surprenant ni
irrémédiable. Par leur nombre même elles ont ceci de positif
qu’elles dynamisent le récit. Dans les pages traduites ci-dessous
al-Birzālī ne fouille pas de l’histoire ancienne. Il relate des faits
récents, sinon contemporains, et les suit presque au jour le jour, Combat entre un mamlūk et un mongol6
comme un journaliste moderne « couvrirait » des affaires d’ac- TRADUCTION 7
tualité, mais sans clairement discerner les faits majeurs des L’OCCUPATION TATARE DE DAMAS (699/1300)
mineurs. Il est permis de penser que nombre des premiers lec- Le samedi de la mi-Rabī‘ II de l’an 6998 [les Mon-
teurs de ces pages de son Histoire purent eux-mêmes avoir été
gols] commençèrent à piller, à ravager, al-Ṣāliḥiyya9 et à y
impliqués, de près ou de loin, dans certains des développements
[répandre] la corruption. Ils cassèrent les portes, arrachèrent les
qui en sont l’objet ou tout au moins en avoir déjà eu connais-
fenêtres, prirent les tapis de la mosquée et, à al-Ṣāliḥiyya, ob-
sance, ainsi que de leurs protagonistes, par d’autres voies. De
tinrent beaucoup de choses : du blé, des provisions, des ali-
tels lecteurs étant bien placés pour assurer le contrôle de qualité
de son information, al-Birzālī se dut d’être aussi objectif que ments et des livres. De [tous] les côtés d’al-Ṣāliḥiyya les gens

1. Voir H. AHMAD, EI2, art. Abū Shāma ; F. ROSENTHAL, EI2, art. al- 4. F. ROSENTHAL, EI2, art. al-Birzālī.
Birzālī ; D. P. LITTLE, Introduction, p. 46-53 ; M. ROUABAH, Édition, 5. D. P. LITTLE, Introduction, p. 46 (traduit de l’anglais).
p. 309-314. 6. Détail d’une bouteille de verre émaillé, provenant probablement
2. Manuscrit d’Istanbul, Topkapı Sarayı, Ahmet III 2951, t. I. Image, de Syrie et datant de la fin du VIIe/XIIIe s. (New York, The Metro-
quelque peu améliorée digitalement, d’un détail du folio reproduit politan Museum of Art. Photo : Y. Michot, juillet 2016).
dans l’introduction de ‘U. ‘A. S. TADMURĪ à son édition d’AL-BIRZĀLĪ, 7. ‘Alam al-Dīn al-Qāsim b. Muḥammad AL-BIRZĀLĪ, Muqtafī, in M.
Muqtafī, t. I, p. 123. ‘U. SHAMS, & ‘A. b. M. AL-‘UMRĀN (éds), Jāmi‘, p. 202-215 (sigle B).
3. On trouvera dans les notes les dates correspondantes du calendrier Les sous-titres sont des ajouts du traducteur.
grégorien, telles que proposées par le programme Islamic Hijri Greg- 8. Le 9 janvier 1300.
orian Date Converter ; voir https://www.searchtruth.com/hijri/ 9. Faubourg de Damas, sur les pentes du mont Qāsiyūn.

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cherchèrent refuge au couvent des Ḥanbalites. Le mardi dix- susmentionné, le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya se rendit au
huit Rabī‘ II1 les Tatars l’encerclèrent, y entrèrent, le pillèrent camp de Būlāy14 en raison des prisonniers, pour demander leur
et firent des captifs. En ce jour-là, le mardi, entre les prières du libération. [Les Mongols] avaient en effet avec eux beaucoup
midi et de l’après-midi, le shaykh des shaykhs qui a été men- de prisonniers. Il [y] séjourna trois nuits.
tionné et un groupe sortirent [de Damas pour aller] vers eux. Ils Tôt le vendredi susmentionné, dix-sept Rajab de l’an 69915,
furent arrêtés, repoussés d’eux, et les Tatars fuirent devant eux le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya fit à Damas le tour de ce
et se dirigèrent vers le village d’al-Mizza2, pillèrent, firent des qui était à nouveau apparu comme tavernes, renversa les vins,
prisonniers, et se dirigèrent vers Dāriyyā3. Ses habitants entrè- brisa les jarres, cassa les récipients et administra une punition
rent dans la mosquée et ils l’encerclèrent, y entrèrent, pillèrent, corporelle aux taverniers, lui et sa bande (jamā‘a).
firent des prisonniers et tuèrent aussi4.
Le jeudi vingt du mois de Rabī‘ II5 un groupe dans lequel se
trouvait le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya sortit [de Damas
pour aller] chez le roi des Tatars6 qui était descendu à Tall
Rāhiṭ, à al-Marj7. Il entra auprès de lui et voulut se plaindre à
lui de ce qui s’était passé. Cela ne lui fut pas possible. [203] Le
vizir Sa‘d al-Dīn8 et le conseiller du régime, al-Rashīd9, lui
indiquèrent [203] de ne parler au roi de rien de cela ; cela pro-
duirait en effet un coup. [Ils dirent] : « Nous, nous nous charge-
rons d’arranger l’affaire. Il faudra cependant, immanquable-
ment, satisfaire les Mongols. Il y a en effet parmi eux un
groupe qui n’a rien obtenu jusqu’à maintenant. » Le shaykh
Taqī al-Dīn et ceux qui étaient avec lui revinrent en ville la nuit
du samedi vingt-deux du mois de Rabī‘ II10.
Le jeudi deux Rajab de l’an 69911, il fut demandé aux nota-
bles d’entre les cadis, les ulémas et les chefs, par des papiers
sur lesquels il y avait l’emblème de l’émir Sayf al-Dīn Qib-
jaq12, [de se rendre] à sa demeure. Un groupe d’entre eux
furent présents et jurèrent être bien disposés, ne pas jouer les
hypocrites, etc., vis-à-vis du régime maḥmūdien13. Le jeudi

1. Le 12 janvier 1300.
2. Village de la campagne (ghūṭa) de Damas.
3. Village important de la campagne de Damas ; voir YĀQŪT, Mu‘-
jam, t. II, p. 491-492, n° 4657.
4. Des massacres et des pillages eurent de fait lieu durant l’invasion Taverne16
de la Syrie et l’occupation de Damas par les Mongols de l’īlkhān Ghā-
zān et la soldatesque de son allié chrétien Héthum II d’Arménie, de Il fut enjoint aux gens de passer ces nuits sur les remparts et
Rabī‘ I 699 / décembre 1299 à Rajab 699 / mars 1300 ; voir Y. MI- ils laissèrent voir de bons équipements et de l’endurance. Le
CHOT, Roi croisé, p. 39-43, et les textes taymiyyens traduits in Y. MI- shaykh Taqī al-Dīn et ses compagnons marchaient parmi les
CHOT, Textes spirituels XI, p. 30-31. gens et le shaykh leur récitait les sourates du combat, les ver-
5. Le 14 janvier 1300.
6. Ghāzān Maḥmūd, fils d’Arghūn (n. 670/1271 ; r. 694/1295-703/
14. « Būlāy » ou « Mūlāy », etc., selon les sources (m. 707/1307),
1304), arrière-petit-fils de Hūlāgū devenu musulman en 694/1295 et
général de l’īlkhān Ghāzān. Fils d’un musulman tatar du Khorassan et
īlkhān de Perse de cette année-là à sa mort ; voir W. BARTHOLD et
penchant vers le Shī‘isme, il participa à l’invasion de la Syrie en Rabī‘
J. A. BOYLE, EI2, art. Ghāzān.
I 699 / décembre 1299 - Sha‘bān 699 / mai 1300. Après la défaite
7. Célèbre prairie des environs de Damas où Ghāzān avait établi son
mamlūke du Wādī l-Khazindār (27 Rabī‘ I 699 / 23 déc. 1299), Būlāy
camp ; voir YĀQŪT, Mu‘jam, t. V, p. 118, n° 11092. mena un contingent mongol jusqu’en Palestine avant de revenir à
8. Sa‘d al-Dīn al-Sāwajī (m. 711/1312), vizir de Ghāzān. Damas avec un grand nombre de prisonniers. Ibn Taymiyya rapporte
9. Rashīd al-Dīn Faḍl Allāh al-Hamadhānī (m. 718/1318), médecin, avoir eu avec Būlāy un entretien durant lequel il obtint la libération
historien et polygraphe qui fut vizir des īlkhāns Ghāzān et Öljāytū ; d’un certain nombre de ses prisonniers, non seulement des Musulmans
voir Y. MICHOT, Textes spirituels XI, p. 27 ; XII, p. 27-30 ; R. AMITAI- mais aussi des Chrétiens (voir Y. MICHOT, Roi croisé, p. 174-175).
PREISS, Material, p. 25 : « Rashīd al-Dīn était la seule personne en qui Dans un autre texte, Ibn Taymiyya parle par ailleurs avec un certain
Ghāzān avait confiance. Il était le conseiller, l’ami, le compagnon de détail d’une conversation entre lui et Būlāy ayant concerné Yazīd, le
table, le camarade, le docteur et le cuisinier de Ghāzān ». deuxième calife umayyade, et le meurtre d’al-Ḥusayn qu’il est généra-
10. Le 16 janvier 1300. lement accusé en milieu shī‘ite d’avoir commandité (voir Y. MICHOT,
11. Le 24 mars 1300. Textes spirituels N.S. XX, p. 9-10) ; voir aussi Y. MICHOT, Roi croisé,
12. Sayf al-Dīn Qibjaq al-Manṣūrī (m. 710/1310), émir mamlūk p. 81-82 ; Textes spirituels XII, p. 25, n. 1 ; Écrits. A, p. 2 ; R. AMITAI,
d’origine mongole passé du côté tatar et nommé gouverneur de Syrie Raids, p. 244.
par Ghāzān. Revenu du côté mamlūk après le départ des Mongols, il 15. Le 8 avril 1300.
fut pardonné ; voir AL-ṢAFADĪ, Wāfī, t. XXIV, p. 133-138 ; Y. MI- 16. Miniature des Maqāmāt d’Abū Muḥammad al-Qāsim al-Ḥarīrī
CHOT, Roi croisé, p. 40-41, 43-47. de Baṣra (m. 516/1122), MS. de Manchester, John Rylands Library,
13. C’est-à-dire le gouvernement de Ghāzān. Arab 680 [677], fol. 36b (Baghdād, vers 1600).

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sets du jihād, les ḥadīths de la conquête, de la militance (ribāt) lettre du shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya indiquant qu’il était
et de la garde. Il les incitait à cela et il les stimulait. Le matin entré au Caire, par la poste, en sept jours, le huitième [jour],
du samedi dix-huit de Rajab1 fut proclamé l’ordre de décorer la que son arrivée avait eu lieu le lundi [205] onze Jumādā I10, qu’il
ville tout en continuant [à garder] les remparts et les gens com- s’était réuni avec l’ensemble des piliers du régime et leur avait
mençèrent la décoration. rappelé le besoin que les Musulmans avaient d’aide et de
UNE NOUVELLE MENACE MONGOLE (700 / 1300-1301) secours. De hauts desseins [apparurent] à cause de cela, les
Le mois de Ṣafar de l’an 700 commença2 alors que des infor- guerriers furent mobilisés, les [épées] furent collectivement
mations arrivaient selon lesquelles les Tatars se dirigeaient vers dégainées et les résolutions se renforcèrent.
le pays. À Damas les gens se préoccupaient de fuir vers Il logea à la citadelle. Le mercredi vingt-sept Jumādā I11 à
l’Égypte, Kerak3 [204] et ailleurs. Les bruits alarmants se sui- midi le shaykh Taqī al-Dīn susmentionné arriva par la poste à
vaient l’un l’autre, les causes d’inquiétude étaient abondantes Damas après avoir avoir séjourné huit jours à la citadelle du
et les poitrines angoissées. Les caravaniers étaient chers. La Caire et parlé avec le sultan, le vice-sultan, le vizir et les grands
location d’une litière à chameau jusqu’en Égypte atteignit cinq émirs – les gens qui délient et lient – concernant le jihād, la
cents dirhams. Le prix des chameaux atteignit mille dirhams4 et défaite de cet ennemi voué à l’échec, sa subjugation, la victoire
le prix des ânes cinq cents dirhams. Les gens vendaient [leurs] sur lui, l’amélioration du sort (amr) des soldats, le renforce-
affaires au rabais – les parures, les [objets en] cuivre, les tissus. ment des faibles d’entre eux, l’administration de leurs soldes et
Les esprits étaient confus, les gens stupéfaits et les cœurs la justice à ce propos. Il leur commanda de dépenser le surplus
divisés. Le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya siégea à sa place de leurs biens de ce point de vue et leur récita le verset du
dans la mosquée [des Umayyades] le lundi deux Ṣafar5, com- trésor et ces paroles du Très-Haut : « Qu’avez-vous ? Lorsqu’il
mentant les versets du jihād et incitant les gens à affronter vous a été dit : « Élancez-vous sur le chemin de Dieu », vous
l’ennemi, à attaquer et à dépenser sur le chemin de Dieu. Il vous êtes appesantis sur la terre12 » [et les autres] versets. Il
attirait l’attention sur l’obligation de les combattre et réduisait sortit d’Égypte le mardi dix-neuf Jumādā I13.
leur nombre, disait leur affaire faible, réprouvait quiconque LES INTRIGUES POLITIQUES DE DEUX DERVICHES (702/1303)
projetait de fuir et l’incitait à dépenser la somme qu’il débour- En Jumādā I de l’an 70214 tomba dans la main du vice-sultan,
serait pour cela pour les opérations militaires. Il continua à l’émir Jamāl al-Dīn al-Afram15, une lettre à lui [destinée, ayant
siéger [plusieurs] jours sans interruption. la] forme d’une recommendation et délivrée] par la langue de
Jumādā I de l’an 700 commença6 alors que les gens [vi- Quṭuz16, un des mamlūks de l’émir Sayf al-Dīn Qibjaq. Il y
vaient] alarmés, dans la peur, la frayeur et l’adversité. Les poi- était [dit] que le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya et le cadi
trines des hauts dignitaires étaient angoissées. Ils souhaitaient Shams al-Dīn b. al-Ḥarīrī écrivaient à Qibjaq, le choisissaient
fuir et qu’on leur en donne l’autorisation. Les gens [vivaient] pour la vice-royauté, œuvraient en ce sens, qu’al-Ṣadr Kamāl
dans la peur du fait de la non-arrivée de la soldatesque et du al-Dīn b. al-‘Aṭṭār et le shaykh Kamāl al-Dīn b. al-Zamlakānī17
sultan. Ceux qui n’étaient pas partis dès le début se levaient et divulguaient les informations de l’émir et qu’un groupe des
partaient, vendaient et donnaient [leurs affaires] en gage. Les émirs étaient avec eux dans cette affaire. Ils mentionnaient un
gens enduraient une terrible adversité et disaient : « Où est la groupe des mamlūks de l’émir et de son entourage et les im-
soldatesque et qu’est-ce que cette situation alors qu’elle avait pliquaient dans cela. Quand l’émir lut cette lettre et la comprit,
l’intention d’être présente ? Ceux-là ont abandonné la Syrie et il sut que c’était un faux, la confia secrètement à un des secré-
combattront seulement à partir de l’Égypte » et des choses taires et demanda qu’on en identifie l’auteur. Il dépensa des
pareilles. Le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya, au commence- efforts pour cela, jusqu’au moment où la pensée et l’intuition
ment de Jumādā I, se rendit [de la ville] à al-Marj, au camp [de tombèrent sur un derviche (faqīr) connu comme al-Ya‘fūrī,
l’armée], se réunit avec le vice-sultan, le calma et le rassura. Il
10. Le 22 janvier 1301.
séjourna chez lui jusqu’au matin du dimanche trois du mois7,
11. Le 7 février 1301.
prit congé de lui et alla par les chevaux de la poste8 vers l’ar-
12. Coran, al-Tawba - IX, 38.
mée égyptienne mais ne les rejoignit qu’après leur entrée au 13. Le 30 janvier 1301.
Caire. 14. Du 22 décembre 1302 au 20 janvier 1303.
Le matin du lundi vingt-cinq Jumādā I9 arriva à Damas une 15. Jamāl al-Dīn Āqqūsh al-Afram (m. 719/1319), émir mamlūk
nommé vice-sultan de Damas en Sha‘bān 699 / avril 1300 et qui le
1. Le 9 avril 1300.
resta pendant environ onze ans, aimé de la population ; voir IBN
KATHĪR, Bidāya, t. XIV, p. 98 ; Y. MICHOT, Roi croisé, p. 47-48.
2. Le 16 octobre 1300.
16. Ce mamlūk ne doit pas être confondu avec al-Malik al-muẓaffar
3. Puissante forteresse au Sud de la Jordanie actuelle, à l’Est de la
Sayf al-Dīn Quṭuz al-Mu‘izzī (r. 657/1259-658/1260), le troisième
mer Morte. Sous les Mamlūks, chef-lieu d’un des « départements »
sultan mamlūk, qui vainquit les Mongols à ‘Ayn Jālūt ; voir D. P.
(mamlaka) divisant la Syrie et la Palestine ; voir D. SOURDEL, EI2, art.
LITTLE, EI2, art. Ḳuṭuz.
al-Karak.
17. Kamāl al-Dīn Muḥammad b. ‘Alī b. ‘Abd al-Wāḥid al-Anṣārī, dit
4. Soit l’équivalent de plus ou moins trois kilos d’argent.
Ibn al-Zamlakānī (667/1269-727/1327), juriste shāfi‘ite damascain qui
5. Le 17 octobre 1300.
réfuta Ibn Taymiyya concernant la répudiation et la visite des tombes
6. Le 12 janvier 1301. et fut un des shaykhs d’al-Dhahabī ; voir K. D. AL-ZIRIKLĪ, A‘lām,
7. Le 14 janvier 1301. t. VI, p. 284 ; IBN KATHĪR, Bidāya, t. XIV, p. 136-137. Selon YĀQŪT,
8. Sur le service officiel de la poste sous les Mamlūks, voir J. SAU- Mu‘jam, t. III, p. 168-169, n° 6062, Zamlakānu est le nom de « deux
VAGET, Poste. villages, l’un à Balkh et l’autre à Damas […] Les gens de Syrie disent
9. Le 5 février 1301. « Zamalukā » […] un village dans la Ghūṭa de Damas ».

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d’entre des gens qui, auparavant, avaient été suspectés de la bataille qui soit meilleur qu’al-Marj. Il s’y trouve en effet
curiosité et de falsification. Il fut arrêté et on trouva avec lui un des fosses et ses eaux sont abondantes. Ils disaient que les
brouillon de la lettre mentionnée [206] même. Il fut battu et Tatars étaient encore loin jusqu’au moment où ils dirent qu’un
dénonça un autre individu, connu comme Aḥmad al-Qibārī, qui contingent d’entre eux était arrivé à al-Quṭayyifa. Il y en avait
avait aussi été suspecté de falsification et d’interférence dans aussi qui disaient : « Ils sont à Qārā et l’armée est descendue en
ce qui ne le concernait pas. [Cet] autre [individu] fut battu, son entièreté sur les ponts au sud de Damas. » Entre les prières
avoua et identifia un groupe des plus grands [émirs] qui leur du midi et de l’après-midi les gens se calmèrent. Quand on fut
avaient ordonné cela et dont l’objectif était de troubler ce que après la prière de l’après-midi, les gens commencèrent à parler
l’émir pensait de son entourage et de se démener pour faire du départ [des soldats] de cet [endroit-]là. Il y avait des gens
périr ceux qui étaient mentionnés dans la lettre. L’affaire se qui disaient : « Moi, j’ai été parmi eux et ils sont fermement
révéla claire à l’émir et il en reconnut complètement le com- [positionnés]. Ils ne bougeront fondamentalement pas de là. »
manditaire. Il infligea une punition corporelle aux deux dervi- Il y en avait aussi qui disaient : « Les Égyptiens ont commencé
ches susmentionnés au commencement de Jumādā II1. Par la à partir et les Syriens les suivront indubitablement. » Les gens
suite, après la leur avoir infligée, le jour susmentionné, il étaient donc confus. Le shaykh Taqī al-Dīn était en ville. Quant
commanda de les scier en deux et de les suspendre tous les aux cadis, ils étaient sortis avec l’armée. La nuit du jeudi6, les
deux. Ainsi aussi, à la date susmentionnée, punit-il corporel- gens se couchèrent. Au début de la nuit, ils virent leurs feux et
lement le scribe al-Tāj Ibn al-Manādīlī et sa main droite fut- leurs camps et, à sa fin, ne leur virent plus de trace. Le matin
elle coupée. Il était celui qui avait écrit la lettre pour eux deux du jeudi les gens se levèrent alors que la situation (amr) s’était
et son écriture était bien connue. aggravée. La ville était dans la confusion, les portes furent
APPROCHE ET DÉFAITE DES MONGOLS (702 /1303) fermées, les gens se pressèrent en foule dans la citadelle et
Le dimanche susmentionné, 25 Sha‘bān de l’an 7022, les gens quiconque en était capable fuit. Le shaykh Taqī al-Dīn sortit le
se levèrent à Damas dans une grande inquiétude (amr) du fait matin dans leur direction. On lui ouvrit la Porte de la Victoire7,
de la proximité de l’ennemi et du retard du sultan et de la péniblement, et il lui arriva d’être blâmé par les gens parce
masse de l’armée. Ils commencèrent à se mettre en mouvement qu’il était de ceux qui interdisaient de fuir. La ville resta sans
pour s’enfuir et disaient que cette armée qui s’était rassemblée que personne n’y soit en charge alors que les gens étaient de la
à al-Marj et Damas n’avait pas la capacité d’affronter un tel racaille. Les prix renchérirent tellement que le pain se vendit
ennemi et que sa stratégie était seulement de rester derrière lui un dirham les trois okkes. Les gens étaient bloqués et personne
journée de marche par journée de marche. La ville fut agitée et, n’osait sortir [de la ville] ni vers son jardin ni vers sa culture ni
[208] vers sa maison. Les brigands et les voleurs sortirent vers
quand le jour se leva, les émirs se rassemblèrent sur l’hippo-
drome (maydān) et se jurèrent de les affronter. Ils s’encoura- les jardins couper les fruits avant leur temps, et semblablement
gèrent et il fut proclamé dans la ville que personne ne s’enfuie les céréales, les légumes, etc. Les gens [vivaient] dans la stu-
et que personne ne parte en voyage. Les gens se calmèrent, les peur. L’information [concernant] l’armée leur était inaccessible
cadis siégèrent dans la mosquée [des Umayyades] et firent et la route vers al-Kuswa était parcourue en une heure, celui-ci
jurer à un groupe des juristes et de la populace d’accompagner revenant en étant blessé et un autre en ayant été victime de bri-
les guerriers. Le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya se rendit gands. La sauvagerie apparut dans la ville et les endroits
dans la direction de la soldatesque arrivant de Hamā. Il la habités par des Arabes sédentaires.
rejoignit à al-Quṭayyifa3 et al-Marj. Il se réunit avec eux et leur Le lundi quatre8 les gens arrivèrent d’al-Kuswa et, le matin
apprit ce sur quoi les émirs s’étaient accordés à Damas. Il de [ce] jour, le shaykh Taqī al-Dīn et ses compagnons rentrè-
furent d’accord avec cela. rent, les gens les félicitant et invoquant [Dieu] pour eux.
Le mercredi vingt-huit Sha‘bān4, les gens s’agitèrent beau- Beaucoup de monde sortit de la ville vers le lieu de la bataille,
coup [207] et l’ensemble des habitants des villages et des en- par plaisir, pour regarder et pour les choses à acquérir. Le vice-
droits habités par des Arabes sédentaires s’enfuirent. Les gens roi de Syrie, l’émir Jamāl al-Dīn al-Afram et les troupes
en vinrent aux mains aux portes de la ville et beaucoup de gens syriennes arrivèrent et se dirigèrent du côté d’al-Marj. Il fut
entrèrent dans la citadelle. Les demeures et les voies se rem- proclamé que nul d’entre eux ne passerait la nuit dans la ville
plirent. Des disputes se produisirent à ce propos et les cœurs sans être pendu et il fut dit que cela visait à aller plus vite der-
furent indisposés parce qu’un groupe de l’armée s’était dirigé rière les vaincus. [Ceci] fut aussi proclamé : « Que celui qui
vers al-Kuswa5 et sa région. Les gens parlaient donc [ainsi] : veut avoir affaire aux guerriers sorte vers […]9 »
« Ceux-là veulent rejoindre le sultan et le reste de l’armée. Or PURITANISME ET ICONOCLASME D’IBN TAYMIYYA (704/1305)
ceci exige de laisser la ville et ceux qui s’y trouvent derrière La nuit du dimanche quatre Rajab de l’an 70410, le com-
leurs dos. » Les gens s’inquiétaient de cela. Il était aussi des battant du jihād Ibrāhīm al-Qaṭṭān, porteur du grand manteau
gens qui disaient que l’objectif était de choisir un endroit pour bigarré, fut amené en présence du shaykh Taqī al-Dīn Ibn
1. Le 21 janvier 1303.
2. Le 14 avril 1303. 6. C’est-à-dire le mercredi soir.
7. Sur les portes de Damas, voir H. SAUVAIRE, Description, t. II,
3. Village sur la route de Ḥoms à Damas ; voir YĀQŪT, Mu‘jam,
t. IV, p. 429, n° 9780. p. 352-353.
4. Le 17 avril 1303. 8. Le quatre Ramaḍān 702, soit le 22 avril 1303.
5. Village de la première halte des caravanes quittant Damas pour se 9. Le texte est ici lacunaire.
rendre en Égypte ; voir YĀQŪT, Mu‘jam, t. IV, p. 524, n° 10265. 10. Le 31 janvier 1305. Le soir du samedi 3 Rajab / 30 janvier 1305.

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Taymiyya. Il coupa ses cheveux solidement tordus, sa mous- Légale6.
tache allongée, ses ongles, et lui commanda de délaisser l’eau Au commencement de Dhū l-Ḥijja de l’an 7047, le shaykh
de toilette parfumée, l’indécence, [d’arrêter] de manger ce qui Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya se dirigea vers les montagnards du
altère la raison, et de se vêtir du grand manteau bigarré1. [Ce Jurd et du Kasrāwan8 en compagnie de l’émir Qarāqūsh9. Par
dernier] fut saisi et décousu. Il était [formé de] beaucoup de la suite, après eux, le noble Zayn al-Dīn b. ‘Adnān10 se dirigea
pièces [de tissu] et comprenait des tapis et des pièces d’étoffe. vers la région mentionnée à la mi-Dhū l-Ḥijja11.
Le samedi neuf Jumādā I 70512, un groupe des Aḥmadīs
Rifā‘īs13 se réunirent au palais chez le vice-sultan. Le shaykh
Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya était présent et ils demandèrent que
leur état [spirituel] leur soit concédé et que le shaykh Taqī al-
Dīn ne s’oppose pas à eux ni ne les condamne. Ils voulurent
faire paraître quelque chose de ce qu’ils accomplissaient. Le
shaykh [le] leur autorisa et parla de la fidélité (ittibā‘) à la Loi,
[expliquant] qu’il n’était permis à personne d’en sortir, ni par
dire ni par action. Il mentionna qu’ils avaient des trucs (ḥīla)
par lesquels ils rusaient pour entrer dans le feu, faire sortir de
l’écume des gorges, et il leur dit : « Celui qui veut entrer dans
du feu, qu’il se lave le corps au bain, puis le frotte avec du
vinaigre, puis y entre ! Et s’il y entrait, on ne se référerait
[cependant] pas à cela. Ce serait en effet selon nous, bien
plutôt, une espèce d’action de l’imposteur (al-dajjāl). » Ils
étaient un groupe nombreux et le shaykh Ṣāliḥ, shaykh d’al-
Munaybi‘14, dit : « Nous, nos états [spirituels] se vendent bien
chez les Tatars ; ils ne se vendent pas bien devant la Loi. » Le
conseil se sépara [après avoir décidé que les Rifā‘īs] retire-
raient leurs colliers de fer et que quiconque sortirait du [210]
Livre et de la Sunna, son cou serait frappé. Ceux des émirs, des
grands et des dignitaires du régime qui étaient présents mé-
morisèrent ces paroles et le shaykh, à l’issue de cet incident,
écrivit une étude (juz’) sur l’état des Aḥmadīs, leur commen-

Derviche vêtu d’un dilq2


6. Sur la destruction de cette roche faisant l’objet d’une vénération
Le samedi dix-sept Rajab3, le shaykh Muḥammad al-Khab- populaire, voir le témoignage du serviteur d’Ibn Taymiyya, al-Ghi-
bāz al-Balāsī fut aussi amené en présence du shaykh Taqī al- yābī, traduit in Y. MICHOT, Écrits. G, p. 4.
Dīn. Il se repentit grâce à lui et on fit témoigner à son encontre 7. Le 25 juin 1305.
qu’il abandonnerait les choses prohibées et s’en écarterait, qu’il 8. Régions de la montagne syro-libanaise habitées par diverses sec-
tes shī‘ites contre lesquelles les autorités mamlūkes menèrent deux
ne se mêlerait pas aux gens ayant le statut de protégés (ahl al-
expéditions en 699 / été 1300 et 704 / été 1305 ; voir le texte taymiyyen
dhimma) et ne parlerait sans connaissance ni [209] d’interpré- traduit in Y. MICHOT, Textes spirituels, N.S. XXIII, p. 8-9 ; Roi croisé,
tation des songes ni d’aucune chose relevant des sciences. On p. 24, 48, 84, 91 ; Écrits. D, p. 2-3 ; H. LAOUST, Essai, p. 59-60, 124-
rédigea à son encontre un écrit Légal en ce sens. 125 ; Biographie, p. 125, 134 ; Remarques ; A. HOTEIT, Expéditions.
Le lundi vingt-six Rajab de l’an 7044, le shaykh Taqī al-Dīn 9. « Au lendemain de la conquête, al-Afram, avant de regagner
Damas, confia la région de Ba‘albek et du Kasrawān à Qarāqūsh, qui
Ibn Taymiyya et une bande se présentèrent à la mosquée de acheva d’y traquer les derniers survivants » (H. LAOUST, Remarques,
l’orange5, voisine du terrain des prières des fêtes (muṣallā). p. 105-106).
Certains tailleurs de pierre étaient présents avec eux et ils 10. Zayn al-Dīn Abū ‘Alī al-Ḥasan b. Muḥammad b. ‘Adnān al-
découpèrent la roche qui se trouvait là, la firent disparaître et Ḥusaynī (m. 708/1309), le syndic des nobles [descendants du Pro-
débarrassèrent les gens de la visite d’une chose n’ayant pas de phète] (naqīb al-ashrāf) ; voir IBN KATHĪR, Bidāya, t. XIV, p. 51 ;
H. LAOUST, Remarques, p. 103-104.
fondement et en laquelle la croyance était dépourvue de voie
11. Le 9 juillet 1305.
12. Le 27 novembre 1305.
1. Un dilq est une « espèce de vêtement de derviches ou de santons 13. Derviches de la confrérie fondée par Abū l-‘Abbās Aḥmad b.
cousu de pièces rapportée de différentes couleurs et orné de grains de ‘Alī al-Rifā‘ī (Sud de l’Iraq, 500/1106-578/1182), une des plus im-
chapelet » (A. KAZIMIRSKI, Dictionnaire, t. I, p. 725). portantes et aux pratiques souvent extravagantes, déjà évoquées par
2. Détail d’une fresque de maison de pèlerin de La Mecque, Le Caire Ibn Khallikān (m. 681/1282) et Ibn Baṭṭūṭa (m. 770/1368 ou 779/
(Photo : Y. Michot, 1976) ; voir Y. MICHOT, Frescoes, p. 17. 1377) : danser au son de tambours, manger des serpents vivants ou du
3. Le 13 février 1305. feu, entrer dans des brasiers, chevaucher des lions. Les Rifā‘īs, parfois
4. Le 22 février 1305. aussi appelés « Aḥmadīs », se répandirent en Syrie et en Égypte dès la
5. Voir H. SAUVAIRE, Description, t. II, p. 231 : « La mosquée de la première moitié du VIIe/XIIIe siècle. Voir D. S. MARGOLIOUTH, EI2,
Pierre, appelée aussi la mosquée de l’orange (masdjed en-nârandj), au art. al-Rifā‘ī ; C. E. BOSWORTH, EI2, art. Rifā‘iyya ; J. S. TRIMIN-
sud-est du moṣalla ; grande. Elle renferme un puits et un réservoir et a GHAM, Orders, p. 37-40.
un minaret. ». 14. Sans doute un nom de lieu. Je n’ai pas pu l’identifier.

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cement et le fondement de leur voie. Il mentionna leur shaykh, par ceci » et référèrent l’affaire au cadi des cadis shāfi‘ite. Il le
ce qu’il y avait de bien et de mal dans leur voie, et rendit l’af- fit chercher et ordonna de l’incarcérer. Ceci fut communiqué au
faire claire à ce propos1. shaykh Taqī al-Dīn. Il en fut peiné et le fit sortir par lui-même
UN CREDO CONTROVERSÉ (705/1306) de la prison. Il sortit vers le palais et se réunit là, lui et le cadi
Le lundi huit Rajab de l’an 7052, il fut demandé aux cadis, des cadis. Le shaykh Taqī al-Dīn repoussa l’attaque d’al-Mizzī
aux juristes et au shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya de venir au et le loua. Le cadi des cadis se mit en colère et fit retourner al-
palais au conseil du vice-sultan. Quand ils furent réunis chez Mizzī à sa prison à al-Qūṣiyya12. Il [y] resta des jours. Le
lui, il demanda au shaykh Taqī al-Dīn de donner l’identité de shaykh Taqī al-Dīn mentionna ce qui s’était produit comme
[son] credo. Le shaykh fit amener son credo al-Wāsiṭiyya3 et il tort à l’encontre de certains de ses compagnons durant l’ab-
fut lu durant le conseil. On l’examina et il resta des sujets qui sence de l’émir. L’émir donna donc un ordre et on proclama
furent reportés à un autre conseil. Par la suite ils se réunirent le dans la ville que quiconque parlerait des credos, ses biens et
vendredi douze Rajab4 susmentionné après la prière. Le shaykh son sang seraient licites et sa maison et sa boutique seraient
Ṣafī al-Dīn al-Hindī5 fut aussi présent à ce conseil. Ils se livrè- saisies. L’émir visait par là à calmer les gens.
rent avec lui à un examen et l’interrogèrent sur des choses qui Le mardi sept Sha‘bān13, un troisième conseil se tint au palais
n’étaient pas dans le credo. Ils firent parler le shaykh Ṣafī al- pour le shaykh Taqī al-Dīn et l’ensemble [des présents] furent
Dīn avec lui puis ils s’accordèrent sur le shaykh Kamāl al-Dīn satisfaits du credo. En ce jour le cadi des cadis Najm al-Dīn b.
b. al-Zamlakānī. [Celui-ci] le contesta et se livra avec lui à un Ṣarṣarī14 renonça de lui-même à [sa] position (ḥukm) à cause
examen sans douceur. Ils furent satisfaits de cela de la part du de paroles qu’il avait entendues de certains des présents. Le
shayk Kamāl al-Dīn, le magnifièrent et le louèrent, lui, son vingt-six Sha‘bān15 arriva la lettre du sultan au cadi des cadis,
examen et ses vertus. Ils sortirent de là l’affaire étant rejetée et le réinstallant dans sa position et dans laquelle [il était
le shaykh Taqī al-Dīn se retira chez lui. Ce qui avait porté écrit] : « Nous, nous avions ordonné de tenir un conseil pour le
l’émir à agir ainsi était une lettre qui lui était arrivée d’Égypte shaykh Taqī al-Dīn. Ce qui s’est tenu comme conseils pour lui
concernant ce sujet (ma‘nā). La cause en cela était le cadi māli- et qu’il est sur la voie des Anciens (salaf) nous a été commu-
kite Zayn al-Dīn, le cadi d’Égypte, et le shaykh Naṣr al-Man- niqué. Nous n’avons rien visé, par là, excepté l’innocenter. »
bijī6. Après cela, un des cadis à Damas réprimanda un individu Le lundi cinq Ramaḍān de l’an 70516 arriva la lettre du sultan
d’entre ceux qui étaient proches du shaykh Taqī al-Dīn et pour- [ordonnant] de tirer au clair ce ce qui était arrivé au shaykh
suivit une bande. Ils furent ensuite relâchés. De l’agitation se Taqī al-Dīn durant le mandat (wilāya) de Jāghān17 et durant le
produisit dans la ville. L’émir vice-sultan [en] était sorti pour mandat du cadi Imām al-Dīn18, et de les faire se présenter, lui
chasser et fut absent environ une semaine puis fut présent. et le cadi des cadis, en Égypte. Le vice-sultan fit chercher un
Le lundi vingt-deux Rajab7, le traditionniste Jamāl al-Dīn al- groupe des juristes et mit par écrit ce qu’ils mentionnèrent de
Mizzī8 lut une section réfutant les Jahmites9 du livre Les ce qui était arrivé durant les jours de Jāghān. [212]
actions des eslaves [211] composé par al-Bukhārī10. Sa lecture INCARCÉRATIONS AU CAIRE (705/1306-706/1307)
de cela se fit durant le conseil tenu pour la lecture d’al-Ṣaḥīḥ, Le lundi douze Ramaḍān19, le cadi des cadis et le shaykh
sous [la coupole de] l’aigle11. Certains des juristes présents Taqī al-Dīn partirent par la poste. Le shaykh Taqī al-Dīn entra
furent en colère, dirent : « Nous sommes ceux qui sont visés le samedi dans la ville de Gaza et tint un conseil dans sa mos-
quée. Tous deux arrivèrent ensemble au Caire le jeudi vingt-
1. Sur cette affaire des Aḥmadīs Rifā‘īs, voir H. LAOUST, Essai, deux Ramaḍān20. Un conseil se tint pour le shaykh Taqī al-Dīn
p. 125-127 ; Biographie, p. 135-136 ; AL-NUWAYRĪ, traduit in Y. MI- à la citadelle. Il voulut parler mais il ne lui fut pas possible
CHOT, Écrits. D, p. 3-4.
d’examiner et de parler selon son habitude. Il fut détenu dans
2. Le 24 janvier 1306.
3. Voir IBN TAYMIYYA, Wāsiṭiyya, trad. LAOUST, Profession.
une tour pendant [quelques] jours puis transféré vers la citerne
4. Le 28 janvier 1306. (jubb)21 la nuit de la Fête de la Rupture [du jeûne], lui et son
5. Muḥammad b. ‘Abd al-Raḥīm b. Muḥammad Ṣafī al-Dīn al-Hindī
al-Urmawī (Inde, 644/1246-7 - Damas, 715/1315), théologien ash‘a- 12. Toponyme de vocalisation incertaine. Sur ces événements, voir
rite ; voir H. LAOUST, Essai, p. 129, n. 1 ; IBN QĀḌĪ SHUHBA, Ṭabaqāt, H. LAOUST, Biographie, p. 137.
t. II, p. 296-298, n° 515. 13. Le 22 février 1306.
6. Abū l-Fatḥ Naṣr b. Sulaymān b. ‘Umar al-Manbijī (vers 638/ 14. ṣarṣarī : ṣaṣarī B. Najm al-Dīn Abū l-‘Abbās Aḥmad b. Muḥam-
1240 - 719/1319), shaykh de zāwiya au Caire, ami de l’émir Baybars mad b. Sālim b. Abī l-Mawāhib b. Ṣarṣarī (Damas, 655/1257 - 723/
al-Jāshnikīr ; voir H. LAOUST, Essai, p. 25, n. 1. 1323), grand cadi shāfi‘ite ; voir H. LAOUST, Essai, p. 131, n. 1.
7. Le 7 février 1306. 15. Le 13 mars 1306.
8. Jamāl al-Dīn Abū l-Ḥajjāj Yūsuf b. al-Zakī ‘Abd al-Raḥmān b. 16. Le 21 mars 1306.
Yūsuf… al-Mizzī (654/1256-742/1341), important traditionniste 17. Sayf al-Dīn Jāghān al-Manṣūrī al-Ḥusāmī (m. 699/), émir mam-
syrien ; voir G. H. A. JUYNBOLL, EI2, art. al-Mizzī. lūk du sultan Ḥusām al-Dīn Lājīn qui fut en charge de l’inspection de
9. Adeptes de la théologie de Jahm b. Ṣafwān, Abū Muḥriz (m. 128/ la collecte des taxes et revenus du sultan (shadd al-dawāwīn) à Damas
746) ; voir W. MONTGOMERY WATT, EI2, art. Djahm b. Ṣafwān et durant le vice-sultanat de Qibjaq ; voir AL-ṢAFADĪ, Wāfī, t. XI, p. 31,
Djahmiyya n° 2714.
10. Muḥammad b. Ismā‘īl al-Bukhārī (m. Khartank, 256/870), l’au- 18. Imām al-Dīn al-Qazwīnī ; voir H. LAOUST, Biographie, p. 138.
teur de la plus importante collection canonique de ḥadīths ; voir 19. Le 28 mars 1306.
J. Robson, EI2, art. al-Bukhārī. 20. Le 7 avril 1306.
11. Nom traditionnel de la coupole dominant la salle de prière de la 21. Sur cet emprisonnement d’Ibn Taymiyya dans une tour, puis dans
mosquée des Umayyades ; voir G. DEGEORGE, Damas, p. 34-37. une citerne, de la citadelle du Caire, voir les extraits de ses lettres

— —
6
frère. Le vingt-huit Dhū l-Ḥijja7, le shaykh Tāj al-Dīn Maḥmūd b.
Il fut fait honneur au cadi des cadis Najm al-Dīn. Son pouvoir ‘Abd al-Karīm b. Maḥmūd al-Fāriqī8 arriva d’Égypte. Il s’[y]
d’infliger des punitions lui fut renouvelé et une robe d’honneur était rendu pour rendre visite au shaykh Taqī al-Dīn et entre-
lui fut donnée. Il voyagea vers Damas et y arriva le vendredi prendre de l’aider. Il [y] séjourna un temps puis revint, l’affaire
six Dhū l-Qa‘da1. Le décret de sa nomination (taqlīd) fut lu étant telle quelle. En ce jour le vice-sultan fut informé de l’ar-
dans l’emplacement réservé (maqṣūra) à la prédication le ven- rivée d’une lettre que le shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya lui
dredi treize Dhū l-Qa‘da2. À sa suite fut lue la lettre qui était avait envoyée depuis la citerne. Il informa de cela un ensemble
arrivée avec lui, dans laquelle il était fait opposition au shaykh de ceux qui assistaient à son conseil, le loua et dit : « Je n’ai vu
Taqī al-Dīn concernant le credo et dans laquelle l’obligation de personne de pareil à lui, ni de plus courageux que lui. » Il
s’y opposer était intimée aux gens, spécialement les adeptes de mentionna ce qu’il pratiquait dans la prison comme dévotion
son rite (madhhab), ainsi que la menace de destitution et d’in- au Dieu Très-Haut, qu’il n’acceptait rien comme vêtements
carcération. Il y était aussi [écrit] de proclamer cela dans les sultaniens, ni comme avances sultaniennes, et qu’il ne se souil-
contrées syriennes et ce fut donc proclamé avant la prière du lait par rien de cela.
vendredi dans la mosquée [des Umayyades] et les souqs. Des Le jeudi vingt-sept Dhū l-Ḥijja9, les deux frères du shaykh
informations arrivèrent aussi sur le grand nombre de ceux qui, Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya, à savoir Sharaf al-Dīn ‘Abd Allāh10
en Égypte, s’étaient coalisés contre le shaykh Taqī al-Dīn, et Zayn al-Dīn ‘Abd al-Raḥmān11, furent demandés de la pri-
selon lesquelles beaucoup de tort avait été fait aux Ḥanbalites, son au conseil du vice-sultan. Le cadi mālikite Zayn al-Dīn fut
Taqī al-Dīn ‘Abd al-Ghanī, le fils du shaykh ḥanbalite Shams présent. Beaucoup de paroles furent [échangées] entre eux et
al-Dīn, avait été incarcéré, ils avaient forcé l’ensemble d’eux les deux [frères] furent renvoyés à leur cellule (mawḍi‘).
de se rétracter de leur credo concernant le Coran et les attributs Le matin du vendredi quatorze Ṣafar de l’an 70712, le cadi
[divins], et les cadis avaient enjoint à leur camarade le cadi des des cadis Badr al-Dīn [b. Jamā‘a]13 se réunit avec le shaykh
cadis ḥanbalite Sharaf al-Dīn al-Ḥarrānī3 d’être d’accord avec Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya dans la maison d’al-Awḥadī, à la
la communion (jamā‘a). Il était de peu de savoir, avait donc été citadelle. Ils se séparèrent avant la prière et longue fut entre
d’accord, avait forcé l’ensemble des adeptes de son rite à [ac- eux deux la conversation. [214]
cepter] cela, avait collecté leurs déclarations autographes et une Au début de Rabī‘ I14, l’émir Ḥusām al-Dīn Muhannā b.
affaire sans pareille s’était produite à l’encontre des Ḥanbalites. ‘Īsā15 arriva à Damas et se dirigea vers Le Caire. Il y arriva le
Cela était dû à l’intervention de l’émir Rukn al-Dīn al-Jāsh- dix-neuf du mois susmentionné16, se présenta de lui-même à la
nikīr4 dans l’affaire, suite aux démarches du cadi mālikite, d’al- prison au shaykh Taqī al-Dīn Ibn Taymiyya et l’en fit sortir
Qarawī le mālikite et d’un ensemble des Shāfi‘ites. après en avoir demandé l’autorisation. Il sortit le vendredi
À la fin de Ramaḍān 7065, l’émir Sayf al-Dīn Salār6 requit la vingt-trois17 du mois vers la demeure du vice-sultan à la cita-
présence des trois cadis shāfi‘ite, mālikite et ḥanafite et, parmi delle. Certains des juristes furent présents et beaucoup d’exa-
les juristes, d’al-Bājī, d’al-Jazarī [213] et d’al-Namrawī, et parla mens se produisirent entre eux. La prière du vendredi les
de faire sortir de prison le shaykh Taqī al-Dīn. Ils furent d’ac- sépara puis ils se réunirent jusqu’au coucher [du soleil] et
cord de lui imposer des conditions et de le forcer à se rétracter l’affaire ne fut pas tranchée. Par la suite ils se réunirent, en
de certains [points] du credo. Ils lui envoyèrent quelqu’un qui vertu d’un rescrit du sultan, le dimanche vingt-cinq du mois18,
le ferait se présenter pour qu’ils parlent de cela avec lui. Il toute la journée. Un ensemble [de gens] plus nombreux que les
n’accepta pas de se présenter. Le messager revint six fois chez deux premières fois furent présents. Présents furent Najm al-
lui à ce propos et il persista à ne pas [vouloir] se présenter à ce
moment-là. Le conseil devint [trop] long pour eux et ils se 7. Le 30 juin 1307.
retirèrent sans rien. 8. Un des deux shaykhs qui, plus tard, se chargeront de laver la
dépouille d’Ibn Taymiyya et de la mettre dans son linceul ; voir AL-
JAZARĪ, traduit in Y. MICHOT, Écrits. F, p. 197-198.
9. Le 29 juin 1307.
traduits in Y. MICHOT, Textes spirituels IX et X ; Témoin, p. 337-340 ; 10. Sharaf al-Dīn ‘Abd Allāh… b. Taymiyya (Ḥarrān, 666/1267-8 -
D. AYALON, Discharges, p. 40. Damas, 727/1327), frère cadet d’Ibn Taymiyya ; voir H. LAOUST,
1. Le 20 mai 1306. Essai, p. 11.
2. Le 27 mai 1306. 11. Zayn al-Dīn ‘Abd al-Raḥmān… b. Taymiyya (Ḥarrān, 663/
3. Sharaf al-Dīn Abū Muḥammad ‘Abd al-Ghanī b. Yaḥyā al-Ḥarrānī
1265 - Damas, 747/1347), frère d’Ibn Taymiyya qui était commer-
(m. 708-9/1309), « personnage sans énergie, assez peu compétent » çant ; voir H. LAOUST, Essai, p. 147 ; Biographie, p. 157.
(H. LAOUST, Biographie, p. 138). 12. Le 15 août 1307.
4. Al-Malik al-Muẓaffar Rukn al-Dīn al-Manṣūrī al-Jāshnikīr (m. 13. Badr al-Dīn Abū ‘Abd Allāh Muḥammad b. Jamā‘a (639/1241-
709/1310), émir mamlūk qui usurpa le sultanat de Shawwāl 708 / avril 733/1333), cadi des cadis shāfi‘ite ; voir K. S. SALIBI, EI2, art. Ibn
1309 à Ramaḍān 709 / février 1310. Il fut déposé par le sultan légitime Djamā‘a. Sur cette rencontre, voir H. LAOUST, Biographie, p. 141.
Muḥammad al-Nāṣir b. Qalāwūn, qui revint alors d’exil et commença 14. Le 31 août 1307.
son troisième règne ; voir G. WIET, EI2, art. Baybars II. 15. Ḥusām al-Dīn Muhannā b. ‘Īsā b. Muhannā al-Ṭā’ī al-Tadmurī
5. Le 4 avril 1307. (après 650/1252 - 735/1335), émir des bédouins de Syrie et ami d’Ibn
6. Sayf al-Dīn Salār (m. 709/1310), émir mamlūk qui partagea la Taymiyya ; voir IBN ḤAJAR AL-‘ASQALĀNĪ, Durar, t. V, p. 138-140, n°
réalité du pouvoir avec Baybars al-Jāshnikīr durant le deuxième règne 4865 ; H. LAOUST, Biographie, p. 141.
d’al-Nāṣir Muḥammad (698/1299 - Shawwāl 708 / avril 1309). Il dut 16. Le 18 septembre 1307.
ensuite laisser le sultanat au seul Baybars (Shawwāl 708 / avril 1309 - 17. Le 22 septembre 1307.
Ramaḍān 709 / février 1310) ; voir G. WIET, EI2, art. Baybars II. 18. Le 24 septembre 1307.

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7
Dīn b. al-Raf‘a, ‘Alā’ al-Dīn al-Bājī, Fakhr al-Dīn b. Bint Abī ration. Un groupe [de gens] entra chez lui concernant [la pos-
Sa‘d, ‘Izz al-Dīn al-Namrawī, Shams al-Dīn b. ‘Adlān1, Ṣahr sibilité] de voyager vers Damas en adhérant aux conditions im-
al-Mālikī2 et un ensemble des juristes. Les cadis ne furent pas posées. Il leur répondit positivement et ils lui firent monter les
présents. On requit leur [présence]. Certains d’entre eux invo- chevaux de la poste la nuit du dix-huit Shawwāl11. Le lende-
quèrent l’excuse d’être malades et certains d’entre eux suivi- main, un autre cavalier de la poste fut envoyé derrière lui et le
rent leurs compagnons. Le vice-sultan accepta leurs excuses et fit revenir. Il se présenta chez le cadi des cadis en présence
ne les força pas à être présents après que le sultan avait d’un groupe des juristes et l’un d’eux lui dit : « Les autorités ne
ordonné qu’ils soient présents. Le conseil se sépara sur quelque se satisferont que de l’incarcération. » Le cadi des cadis dit :
chose de bien et le shaykh passa la nuit chez le vice-sultan. Le « Et il y a là, pour lui, un intérêt. » Il prit le mālikite Shams al-
matin du lundi vingt-six du mois3, il écrivit une lettre à Damas Dīn al-Tūnisī12 comme délégué et l’autorisa à prononcer à son
contenant [l’annonce de] sa sortie [de prison], qu’il résidait encontre un jugement d’incarcération. [Al-Tūnisī] s’abstint
dans la maison d’Ibn Shuqayr4 au Caire, et que l’émir Sayf al- [cependant] et dit : « Rien n’est établi contre lui. » L’autori-
Dīn Salār avait ordonné que [sa libération] soit retardée de sation fut donc donnée au mālikite Nūr al-Dīn al-Zawāwī13. Il
quelques jours par rapport à l’émir Muhannā, afin que les gens fut perplexe. Le shaykh dit donc : « Moi, j’irai en prison et je
voient son éminence et qu’il leur arrive de se réunir avec lui. suivrai ce que l’intérêt exige. » Nūr al-Dīn, à qui l’autorisation
Muhannā arriva à Damas le jeudi six du mois de Rabī‘ II5. Il avait été donnée de prononcer le jugement dit : « Ce sera dans
resta trois jours et partit. Par la suite, un troisième conseil fut un endroit approprié à quelqu’un de pareil à lui. » Il lui fut dit :
tenu pour le shaykh Taqī al-Dīn le jeudi six Rabī‘ II6 à l’école « Les autorités ne se satisferont que de ce qui est appelé
al-Ṣāliḥiyya au Caire. « incarcération ». Il fut donc envoyé à la prison du cadi et on le
PLAINTES DE SOUFIS AKBARIENS ET NOUVELLE CONDAMNATION fit s’asseoir là où on avait fait s’asseoir le cadi Taqī al-Dīn b.
(707/1308) Bint al-A‘azz quand il avait été incarcéré. Il fut autorisé à avoir
En Shawwāl7, le shaykh des soufis au Caire, Karīm al-Dīn al- chez lui quelqu’un qui le servirait. L’ensemble de cela se pro-
Āmulī8, Ibn ‘Aṭā’9 et un ensemble d’environ cinq cents [per- duisit sur indication du shaykh Naṣr al-Manbijī et du fait de
sonnes] se plaignirent aux autorités (dawla) du shaykh Taqī al- son influence sur les autorités. En prison, le shaykh continua à
Dīn Ibn Taymiyya et de ses propos sur Ibn ‘Arabī10 et d’autres. recevoir des demandes de fetwas. Les gens allaient chez lui et
Elles référèrent l’affaire à ce sujet au magistrat [215] shāfi‘ite. lui rendaient visite. Les [demandes de] fetwas posant problème
Un conseil fut tenu pour lui. Ibn ‘Aṭā’ prétendit [diverses] lui arrivaient des émirs et des notables.
choses et aucune d’elle ne fut établie. Lui cependant reconnut BIBLIOGRAPHIE
qu’il disait : « On ne demandera pas l’aide du Prophète – Dieu AMITAI, R., Mongol Raids into Palestine (A.D. 1260 and 1300), in
prie sur lui et lui donne la paix ! – en une demande d’aide ayant Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain & Ireland,
119/2, Londres, 1987, p. 236-255. [Raids].
le sens de l’adoration mais on cherchera à accéder par lui [à
—, New Material from the Mamluk Sources for the Biography of
Dieu]. » Certains de ceux qui étaient présents dirent : « Il n’y a Rashid al-Din, in J. RABY & T. FITZHERBERT (éds), The Court of the
en cela rien [à reprocher]. » Le cadi des cadis Badr al-Dīn con- Il-khans, 1290-1340, Oxford, Oxford University Press, « Oxford
sidéra que c’était de la mauvaise éducation et le critiqua sévè- Studies in Islamic Art, XII », 1996, p. 23-37. [Material].
rement pour cela. Une lettre fut présentée au cadi [lui ordon- AYALON, D., Discharges from service, banishments and imprison-
nant] de faire avec lui ce que la Loi exigeait à ce propos. Le ments in Mamluk society, in Israel Oriental Studies, II, Tel Aviv, Tel
Aviv University, 1972, p. 25-50. [Discharges].
cadi dit donc : « Je lui dit ce qu’on dit à quelqu’un de pareil à
BIRZĀLĪ (AL-), al-Muqtafī ‘alā Kitāb al-Rawḍatayn, al-ma‘rūf bi-
lui. Ensuite, les autorités (dawla) lui donnèrent le choix entre Ta’rīkh al-Birzālī, édition ‘U. ‘A. S. TADMURĪ, 4 t., Beyrouth, al-
[diverses] choses, à savoir résider à Damas ou à Alexandrie Maktabat al-‘Aṣriyya, 2006. [Muqtafī].
avec des conditions, ou l’incarcération. » Il choisit l’incarcé- BORI, C., Ibn Taymiyya wa Jamā‘atu-hu: Authority, Conflict and Con-
sensus in Ibn Taymiyya’s Circle, in Y. RAPOPORT & S. AHMED (éds),
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2. Sur cette rencontre, voir H. LAOUST, Biographie, p. 142. Paris, Maisonneuve, M. Besson, 1960 ; t. II-XII, Suppl., Leyde, E. J.
3. Le 25 septembre 1307. Brill - Paris, Maisonneuve & Larose, 1965-2007. [EI2].
4. Ibn Shuqayr (m. 744/1343), compagnon ḥanbalite d’Ibn Tay- HOTEIT, A., Les expéditions Mamloukes de Kasrawān : critique de la
miyya ; voir C. BORI, Circle, p. 32. Lettre d’Ibn Taymiyya au sultan an-Nāṣir Muḥammad bin Qalāwūn,
5. Le 5 octobre 1307. in Aram 9 & 10: The Mamluks and the Early Ottoman Period in
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10. Muḥyī l-Dīn Abū ‘Abd Allāh Muḥammad Ibn al-‘Arabī, « le plus al-Zawāwī (vers 629/1231-2 - 717/1317), uléma maghrébin arrivé à
grand shaykh » soufi andalou (m. 638/1240) ; voir A. ATESH, EI2, art. Damas en 687/1288-9 et qui en fut le cadi mālikite jusque peu avant sa
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