Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dictionnaire de L Amenagement Et de L Urbanisme Kheiroarchi
Dictionnaire de L Amenagement Et de L Urbanisme Kheiroarchi
'id 1 1
DU OS
POCHE
Dictionnaire de
l'urbanisme
et de
l'aménagement
Dictionnaire de l’urbanisme
et de l’aménagement
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE
Pierre Merlin
et Françoise Choay
Dictionnaire de l’urbanisme
et de l’aménagement
COORDINATION GÉNÉRALE:
Pierre Merlin
QUADRIGE / PU F
Françoise Choay a supervisé les articles
concernant les domaines suivants :
Architecture —Art —Espaces publics —Ethnographie —Formes urbaines —
Histoire — Hygiène - Patrimoine - Sociologie urbaine - Théorie —
Urbanisme.
Pierre Merlin a supervisé les articles
concernant les domaines suivants :
Activités - Administration - Aménagement du territoire - Banlieue -
Cartographie - Centre - Communications électroniques - Construction -
Démographie - Droit de l’urbanisme - Économie - Enquêtes ~ Environne
ment- Equipements publics - Espace - Espaces verts, Paysage ~ Finances
publiques et locales - Géographie physique - Logement - Modèles mathé
matiques - Plans d’urbanisme ~ Pollutions - Problèmesfonciers - Pros
pective -Quartier - Région - Tissu urbain - Tourisme - Transports - Ville
- Villes nouvelles —Voirie et réseaux divers.
Ils remercient Madeleine Jullien qui leur a suggéré l’élaboration de ce
dictionnaire.
isbn 978-2-13-058066-9
Dépôt légal - l re édition : 1988, mars
l re édition «Quadrige » : 2005, avril
3e édition mise à jour : 2010, octobre
Presses Universitaires de France, 1988
Grands dictionnaires
6, avenue Reille, 75014 Paris
PLAN DE L’OUVRAGE
Trois objectifs principaux ont motivé k choix des termes retenus. D ’abord embrasser un
champ aussi large que possible: par exempté, l’ouvrir généreusement sur l’archikcture et
r-, , i - r i ------------ u u c c u u g z iu U td L O U C œ iS d O T lt I I
Ja it un usage permanent. Ensuite, livrer une information positive, directement utilisabk
dans k doubk maniement des notions et desprocédures. À cet égard, on a souvent côtoyé les
deux tom es kxicologwues iusau’ici adoptées /„ ■ ■ S. ,
, “ . .. . ^ lu uyinuam .s km avéré une tactie
délicate et la tentation positiviste n ’a pas toujours p u être évitée. Le troisième objectifenfin
est de nature cntiqm . L ’urbanisme, on l’a dit, est solidaire du projet social. E n tant que
1 est; Par excel< ffe>un véhirnk d ’idéologks et de mystifications. I l importé donc, dès
qu on s y engage d etre vigilant, tant en ce qui concerne k poids des savoirs invoqués qu’en
ce qui concerne la nature des valeurs occultées. C ’est bien pourquoi de nombreux articles
sontonentes. Les uns sontguidéspar une démarche épistémologique, tandis que k s autres
illustrent l engagement sans lequel il n ’estpoint d ’urbanisme.
Le dictiorninirp. np c W hnc ■ ...
Note importante
Les articles qui reposent largement sur des faits, des données statistiques ou des
textes juridiques peuvent être mis à jour de façon apparem m ent objective, encore
que les auteurs aient considéré comme indispensable d ’exprimer leur point de vue
sur les évolutions quantitatives, les modifications juridiques, leur opportunité et leur
degre d application. Il n’en va pas de même pour les articles qui font appel à
histoire des idees et aux disciplines improprement dites « sciences humaines »
a v a n t -p r o p o s
Les théoriciens de l’urbanisme ont pourtant prétendu donner à celui-ci un statut scientifique.
Déjà Cerda, en 1867 : «L brbanizaciôn réunit toutes les conditions nécessaires pour occuper
un lieu distinctparmi les sciences qui enseignent à l’homme 1e chemin de son perfectionnement...
C’est une véritabk science.» Il justifie cette affirmation par k nécessaire transformation d e k
vilk en fonction des muktions techniques liées à k révolution industriel, à k révolution
des transports, et bientôt à celk des communications. Il oppose k repos et k mouvement, ks
bâtiments et k voirie, k logement et k circuktion, une vilk sktique et une vilk dynamique.
Pour lui, k science urbanistique est constituée par un ensembk de propositions scientifiques
déduites de l’analyse de rurbanisation, d’où on doit pouvoir déduire des lois. Il introduit
k colleck de l’information sur k vilk et cherche à en analyser ks structures en recourant à
l’histoire et à 1a biologie.
La plupart des théoriciens qui lui ont succédé, à l’exception de Carmllo Sitte (Der Stâdte-
Bau, Vienne, 1889), revendiquent un discours scientifique. M ais celui-ci n’a pas progressé
depuis Cerda, voire a régressé. Chez Le Corbusier qui s’en reckme a chaque instant, cetk
revendication devient incanktdre : « Une doctrine architecturale s’esquisse déjà, internationale,
fondée sur k science et k technique... ks preuves de laboratoire existent. » E t il n hésite pas
à parler d’un p k n «jusk, vrai et exact» pour sa Ville radieuse (1935). Cet esprit faux
poussait k terrorisme jusqu’à déclarer : «La culture est un état d esprit orthogonal»
(Urbanism e, Paris, 1923). Pour lui, k scientificité de l’urbanisme se réduisait à une
géométrie qui ne connaissait que l’angk droit.
L ’urbanisme et l’aménagement, une technique? Une technique est « l’ensembk des procédés
d’un art, d’unefabrication» (Littré,). Le Larousse y ajouk «ks méthodes». T a-t-il donc des
méthodes propres à l’urbanisme? Sans douk, puisqu’on ks enseigrie. E t pourtant, que de
controverses et de désaccords à ce sujet! Pour prendre un seul exempk, celui de k pkm fcation
des transports urbains, où précisément l’effort méihodologjque a été particulièrement important,
jusqu’aux années 1960, on recourait à des approches quelque peu archaïques d’estimation
sommaire des charges et des recettes des exploitants ; dans ks années 1960, est apparu un corps
de modèks qu’on a parfois baftisê depuis « méthode classique» et qu’on a krgement utilisé pour
prévoir ks réseaux - aux Etats-Unis, en France et ailleurs -planifiés dans k période de
réinvestissement urbain qui s’est achevée avec k crise de l’etieigie. M ais, peu après, des
chercheurs, qui n’avaient pas participé à k mise au point de cetk méthode classique,
entreprenaient de k critiquer, sans être capabks de lui substituer une méthode alternative qui
soit opérationnelle.
Akrrs, l’urbanisme et l’aménagement seraient-ils un art? C’est-à-dire une « manière défaire
une chose selon ks règles, expression d’un idéal de beauté dans ks sciences humaines»
(Laroussej. M ais ks seuks règks - mouvantes - qui régissent l’urbanisme sont ks règles
juridiques, aspect partiel de l’urbanisme, on l’a dit. Quant à l’idéal de beauté, il est rarement
atteint, et nepeut constituer, on l’a vu, qu’un objectifparmi d’autres. La vilk que nousfréquentons
chaquejour nous renvoie comme dans un miroir l’urbanisme de nos prédécesseurs, voire k notre.
comment oserions-nous prétendre, à quelques exceptions près, qu’il s’agisse d un art?
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT
XVIII
Si l’urbanisme ne peut prétendre ni être une science, ni être une technique, ni ère un art, n’est-
ce pas.une praxis, c est-à-dire une action (meme si ce terme a souvent été détourné de son sens,
par les auteurs marxistes en particulier). L ’urbanisme comme l’aménagement sont interventions
volontaires, donc praxis. M ais ils sont aussi une pratique, c’est-à-dire exercice d’application,
d exécution, manière défaire, usage, confrontation aux réalités, hésitation, d’où naît l’expérience
plus que la connaissance. La praxis de l’urbanisme et de l’aménagement est plurielle : c’est
celle de l élu, celle du responsable administratif, celle du constructeur ou celle de l’ingénieur qui
aménage moyens de transport d réseaux souterrains. La pratique aussi est multiple: c’est celle
du juriste qui réglemente, celk du géomètre qui divise les terrains, celle du planificateur qui
élabore un projet, celle de l’architecte qui conçoit un bâtiment...
C est cette multiplicité de la praxis et de la pratique de l’urbanisme et de l’aménagement qui
explique les prétentions qui rivalisent autour de leur exercice professionnel. Les architectes, les
premiers, ont accaparé, au moins en France, la praxis. Cette position defa it est reconnue par
le R obert qui définit l’urbaniste comme « architecte, technicien spécialisé dans les réalisations
de l urbanisme». Par la suite, lorsque l’urbanisme et l’aménagement apparurent peu à peu
comme enjeux de pouvoir, ils suscitèrent des convoitises. En France, le corps des ponts et
chaussées qui, à la Libération, lors de la création du ministère de la Reconstruction et de
l Urbanisme, f était vu proposer de prendre en charge ce domaine et qui l’avait refusé, a eu une
seconde chance: en 1966, lorsque les ministères de la Construction et des Travaux publics
fusionnèrent, pourformer celui de l’Équipement. Le corps des ponts et chaussées en devint le
principal corps d ingénieurs et chercha a occuper systématiquement les postes de responsabilité
créés dans ce domaine au sein de l’administration. C’est une autre forme de pouvoir que
tentèrent, peu après, d’accaparer les géographes : celui de la formation des urbanistes et des
aménageurs. On vit alors se multiplier les diplômes intitulés d’«urbanisme» et d’«aménage-
mént», dont le contenu correspondait à une géographie humaine (et mêmepas physique, malgré
l importance de la compréhension du cadre naturel pour l’aménageur) le plus souvent très
traditionnelle.
M ais ces querelles ontperdu de leur acuité avec k reflux récent de l’intérêtpour l’urbanisme et
l aménagement eux-mêmes. Reflux auquel ne sont pas étrangères les nombreuses erreurs
commises en leur m m au cours des dernières décennies.
Parmi ces erreurs, il en est de plusieurs types :■
~ j Les erreurs de prévision, inhérentes à la pratique modélisatnce développée à l’époque des
certitudes et de la croissance supposée indéfinie : elles conduisent à des désaveux cinglants par ks
faits.^ Si ce type d’erreurs est k plus aisé à identifier avec k temps, ce n’est pas k plus lourd de
conséquences, car une prévision inexacte peut toujours être rectifiée.
— Les erreurs de raisonnement sont plus graves, car elles conduisent à des choix erronés :
reprenons lexempk de la planification des transports urbains, où l’automobik est en
concurrence avec ks transports en commun pour l’espace commepour ks crédits d’investissement.
Raisonnant sans distinguer la demande en heure de pointe et en heure creuse, on a déduit de
l utilisation croissante de l automobile qu’ilfallait construire en priorité des autorouks urbaines,
INTRODUCTION
ùhrs qu’en heure de pointe, celle-là seule où se posent ks problèmes de capacik des réseaux, ks
transports en commun sont cinq à dix fois plus économes en espace et en investissements.
:( ,— Les erreurs dejugement, enfin, sont lesplus délkates à éviter, car la place de la subjectivité,
; et souvent de l’idéologej est grande. Qu’on pense au plan de reconstruction à Soint-Diépar Le
: Corbusier - huit grands bâtiments et un centre civique - que l’auteur qualifiait de «scientifique».
' Pour éviter, ou Imiter, de'telles erreurs, l’urbanisme doit être ancré à la fois dans k passé,
dans k présent et dans l’avenir.
Le poids du passé, l’expérience nous l’apprend chaquejour. Deux auteurs ont particulière-
frient contribué à k mettre en évidence: Cerda, d’abord (Teoria general de la urbaniza-
feiôn, 1867), qui considère que l’histoire est la discipline qui permet de mettre en situation la
science urbaine : nifin en soi, ni supplément de savoir, elk est k chemin obligé sans lequel on ne
petit comprendre la signification et k problème des villes. M ais cette histoire est discontinue,
évolue au rythme et au gré des mutations de la technique, et par exempk des techniques é la
locomotion. Chez Camilk Sük (Der Stâdte-Bau, 1889), la mobilisation de l’histoire prend
surtout la forme d’une analyse morphologique de l’art urbain. E lk permet seuk de donner un
sms, et surtout unfondement objectif, aux principes d’organisation des ensembles urbains qu il
, étudié: cela k conduit à définir ks concepts d’idée artistique de base d’un projet et de type à
paysage urbain. Françoise Choay, à partir des apports de ces auteurs et d autres ty compris
Contemporains, k l Christopher Alexander), observe que « l’histoire a été, avec la biologe, l’une
des deux disciplines qui ont régné, de façon plus ou moins superficklk et/ouform elk sur k
cours véridictoire des théories de l’urbanisme» (La règle et le m odèle, Paris, 1980). En
fient, on préférera, avec elk, parler de « dimension historique plus que d’histoire» pour qualifier
cette intervention nécessaire et souvent dérisoire de la temporalité.
] Le futur, c’est un cadre de vk appek à servir pendant plusieurs décennies, voire plusieurs
: générations. L ’apport de la prospective est dès lors décisif. M ais il ne fa u t pas confondre
■ prospective etjùtiirologie. Cetk dernière est une pseudo-discipline scientifique (toute science du
' jùtiir est par essence illusoire). La prospective ou «art de la conjecture», selon Bertrand de
Journel, s’appuie sur une connaissance de l’histoire qui insuffle une grande prudence à l’égard
de l’innovation et du changement à tout prix. E lk «hérite sans cesse entre k probabk, k
plausibk et k vraisemblabk. E lk est fascinée par l’incertitude. Elle fa it du futur, quelk
considère comme inconnaissabk par nature, usage apparemment paradoxal [■ ■ ■ ]» (A.-
C. Découplé). «E lk part de l’exploration de l’avenir, non pas un avenir déduit, mais une
| pluralité d’avenirs imaginés» (Pierre Massé, Le plan ou l’anti-hasard, Paris, 1965).
M ais l’urbanisme et l’aménagement sont également ancrés dans k présent. Il n’y a pas
a d’intervention efficace sur l’espace si elk n’est insérée dans l’état de la société, ce qui n interdit
: pas que k débat d’idées cherche àfaire évoluer cet état. De même que ks règles de droit d’une
société ne peuvent que traduire ses valeurs dominantes, l’urbanisme et l’aménagement sont
condamnés s’ils n’accompagnent pas, quitk à ks entraîner, ks valeurs et ks goûts de la société.
Cet enracinement dam k présentjustifie l’importance de l’analyse, couvrant un large champ sur
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT XX
kplan thématique comme sur le plan spatial, préalable à toute proposition, à toute décision. Ce
sont les auteurs angb-saxons, Patrick Geddes fCities in évolution^ London, 1915), et ses
disciples, qui. ont mis au point, après Cerda, la méthode des surveys. Ces analyses ne doivent
pas apparaître comme une simple contrainte formelle et déboucher sur des propositions
incohérentes avec leurs résultats, selon une pratique très fréquente, en particulier chez bs
archikctes. L ’analyse doit aboutir au contraire à un diagnostic précis. Pour répondre à celui-ci,
pluswurs solutions doivent être échafaudées et soumises aux méthodes de préparation de la
décision.
Passé, présent et avenir ne sont pas trois étapes séparées. La longue durée, chère à l’école
historique des Annales, est particulièrement pertinente dans l’analyse urbaine. Qu’on songe à.la
permanence des structures parcellaires, souvent héritées du milieu rural, ou de celle du réseau
maire. E t qu’on pense aux conséquences des ruptures qui ont été introduites dans la morphobge
de nombreux quartiers anciens (Metz, Moscou, etc.). Pourtant, le tem ps de l’urbaniste et de
l aménageur est lui aussi pluriel. À la longue durée des historiens et du paysage urbain se
superpose h durée des cycles économiques et démographiques. La longueur de ces gelés est du
même ordre de durée que celb du g ck qui conduit de l’analyse d’une étape é l’urbanisation
au diagnostic, à k préparation et à k prise de décision. Aussi, souvent, l’arsenal disponible
des instrumentsjuridiques,financiers, etc., s’est-il trouvé décalé par rapport aux problèmes du
moment, parce qu’hérité de l’ékpeprécédente: ainsi du plan Prost pour k région parisienne,
publié en 1934,' mais approuvé en 1941, conçu pour éviter les lotissements de l’entre-deiuï-
guerres et qui présida a k construction des grands ensembles de l’après-guerre. Pour garder une
valeur' au-dek de tels gelés, les dispositifs adoptés doivent avoir été passés au filtre de k
réflexion prospective.
L ’urbanisme et l’aménagement sont avant tout des disciplines de l’espace. On pense avoir
montré qu elles sont tout autant des disciplines de k durée, du temps. Les articles qu’on trouvera
dans k Dictionnaire de l’urbanism e et de l’am énagem ent feront donc une krge place
à l espace mais aussi au temps, au temps historique comme au temps prospectif.
P. M erlin.
Sigles courants
dans la pratique professionnelle de l’urbanisme
et de l’aménagement en France
Certains de ces sigles, marqués d’un astérisque*, correspondent à
des organismes ou des procédures qui ne sont plus en vigueur, mais
dont le rôle a été important et qui sont encore parfois utilisés
A Zone réservée aux activités agricoles et biologiques dans le plan local d’urbanisme
ABF Architecte des Bâtiments de France
ACNUSA Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires
ADEME Agence de défense de l’environnement et de maîtrise de l’énergie
AEV Agence des espaces verts (d’île-de-France)
AFITF Agence pour le financement des infrastructures de transport en France
AFME* Agence française pour la maîtrise de l’énergie
AFNOR Agence française de normalisation
AFR Aide à finalité régionale
AFTRP Agence foncière et technique de la région parisienne
AFU Association foncière urbaine
aghtm* Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux
AL Allocation logement
ALF Allocation logement familiale
ALS Allocation logement sociale
ANAH* Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat
ANAH Agence nationale de l’habitat
ANDRA Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
ANPEEC Association nationale pour la participation des employeurs à l’effort de construction
ANRED* Agence nationale pour la récupération et l’élimination des déchets
ANRU Agence nationale pour la rénovation urbaine
ANVAR* (ou OSEO-ANVAR) Agence nationale de valorisation de la recherche
I AP* Accord préalable
APA Aide aux personnes âgées
APERAU Association pour la promotion de la recherche et de l’enseignement en amenagement
et urbanisme
! APL Aide personnalisée au logement
, APTR Association professionnelle des transporteurs routiers (de 1 Ile-de-France)
1 AFUCT Association des professionnels de l’urbanisme des collectivités territoriales
i APUR Atelier parisien d’urbanisme
j ARIM Association régionale pour la restauration immobilière
AU* Zone d’urbanisation future dans le plan local d’urbanisme
i BD Bibliothèque départementale
BDU Banque de données urbaines
BM Bibliothèque municipale
BNF Bibliothèque nationale de France
BU Bibliothèque universitaire
g; ca Communauté d’agglomération
1 CAECL* Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales
i CAN Communauté d’agglomération nouvelle
CAS Centre d’analyse stratégique
1 CAUE Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME E T DE L'AMÉNAGEMENT XXII
jilliiHi:
dans la disposition héritée de ce texte, l’article
RI 11-21 du Code de l’urbanisme applicable
aujourd’hui, sur l’ensemble du territoire (hors
les zones particulières que sont les secteurs
sauvegardés dotés d ’un plan approuvé et les
zones de protection du patrimoine architectu
ral, urbain et paysager), aux constructions
soumises à permis de construire, permis
d’aménager ou déclaration préalable au titre
du Code de l’urbanisme.
La loi du 31 décembre 1913, qui a fixé la
charte des monuments historiques en France,
traite explicitement des abords dans son
article premier. Mais il s’agit, en réalité, d’une
conception réductrice, exclusivement centrée
sur le seul monument qu’il s’agit d ’« isoler,
dégager ou assainir et embellir ».
En fait, c ’est à la première conférence
internationale sur la conservation des monu
ments, tenue à Athènes en 1931, qu’il appar
tint de poser le problème des abords dans son
ampleur théorique et pratique, au titre du
quatrième point de son ordre du jour concer
nant «Entourage des monuments, protection
des abords, établissement de servitudes esthé
tiques et archéologiques». Deux contribu
tions pionnières étaient apportées, en
particulier, par l’architecte belge V. Horta et
le professeur italien Giorgio Nicodemi. Le
premier tentait d’énoncer un ensemble de lois
visuelles (quantifiées) et de principes d’har
monisation pour un traitement contemporain
et non muséographique de F «entourage»
des monuments historiques. Nicodemi souli
gnait la diversité typologique des « paysages
urbains dans lesquels s’inscrivent les monu
m ents». Il concluait: «Les problèmes de
l'ambiance (produite par les abords) sont du
domaine de l ’urbanisme... Il ne s ’agit pas de
ABORDS 2
mettre les monuments hors de la vie, ce serait — crée un régime particulier de «péri
les vouer à une mort prochaine, il fa u t savoir mètre de protection adapté au monument his
les comprendre et leur donner toujours une torique » et de « périmètre de protection
place vivante dans la ville vivante. » modifié », dans les deux cas sur proposition
La protection des abords n ’était pas acquise de l’architecte des bâtiments de France.
pour autant. À la même époque, l’urbanisme Le périmètre de protection « adapté»
des ciam préconisait, au nom du progrès et de résulte d’un arrêté du préfet de département,
l’hygiène, la conservation sélective de monu après avis de la commission régionale du
ments isolés et la destruction des tissus anciens patrimoine et des sites. Il est lié à l’instruction
environnants (Charte d ’Athènes, 1933 ; Plan de propositions nouvelles de protection
Voisin de Le Corbusier, 1922-1930). d’immeubles au titre des monuments histo
riques et intervient après enquête publique.
Les abords des monuments historiques Il est particulièrement approprié lorsque la
ne font l’objet d ’une protection juridique définition d’un tracé est aisée ou que l’on n ’a
s ’appliquant d ’emblée depuis la loi du besoin que d ’un périmètre réduit (bâtiments
25 février 1943. Cette loi crée la notion juri industriels, édicules ruraux...) ou très spéci
dique de champ de visibilité des monuments fique (cônes de vue, perspectives...). La pro
historiques en y instituant, pour les travaux position se fait en extension ou réduction du
réalisés sur les immeubles situés dans ce périmètre de droit commun. L’extension doit
champ de visibilité, une obligation d’autorisa intervenir en accord avec la commune ou les
tion spéciale comportant la consultation de communes intéressées.
l’architecte départemental des monuments Le périmètre de protection « modifié » est
historiques, prédécesseur de l’architecte des établi par arrêté du préfet de département
bâtiments de France. Les travaux prépara après accord de la ou des communes intéres
toires de cette loi de 1943 invoquaient les sées et enquête publique de façon à désigner
dispositions précitées de l’article 118 de la loi des ensembles d’immeubles bâtis ou non qui
de 1911 sur la conservation des sites et des participent de l’environnement du monument
perspectives monumentales : d’où la parenté pour en préserver le caractère ou contribuer à
du mode de contrôle du juge administratif, en améliorer la qualité. Lorsque la nature du
dans la mouvance du célèbre arrêt Gomel monument ou de son environnement ne justi
du 4 avril 1914 du Conseil d’État, quand il fie pas un périmètre de 500 mètres, la réduc
statue pour contrôler respectivement l’atteinte tion tend à mieux répartir territorialement la
à la protection des abords ou le respect de mission de contrôle de l’architecte des bâti
l’article RI 11-21 du Code de l’urbanisme. ments de France. À l’inverse, une proposition
Depuis la loi de 1943, le champ de visibilité d ’augmentation du périmètre est justifiée
d’un monument historique est défini par une quand il s’agit de très grands monuments ou
double condition de distance et de visibilité. de monuments inscrits sur la liste du patri
Aujourd’hui, l’article L621-30-1 du Code du moine mondial de l’Unesco, dont la percep
patrimoine: tion à très grande échelle doit être préservée.
— confirme qu’est situé dans le champ de L’avis de la commission régionale du patri
visibilité d’un immeuble classé, inscrit ou moine et des sites est ici facultatif, mais il est
soumis à instance de classement tout autre recommandé quand il y a des difficultés parti
immeuble, nu ou bâti, visible de l’immeuble culières ou quand il est prévisible que la ou
protégé en tant que monument historique (cri les communes concernées ne donneront pas
tère de «visibilité directe») ou visible en leur accord. Lorsque la modification est réali
même temps que lui (critère de « covisibilité » sée à l’occasion de l’élaboration, de la modifi
ou «visibilité simultanée») et situé dans un cation ou de la révision d ’un plan local
périmètre de 500 mètres ; d ’urbanisme ou d ’une carte communale,
— se réfère implicitement à la jurispru l’enquête publique est à l’initiative du maire
dence administrative relative à la condition ou du président de l ’établissem ent public
de distance, selon laquelle « l’expression intercommunal compétent et est menée
“périmètre de 500 mètres” doit s’entendre de concomitamment ; l’approbation de la carte
la distance de 500 m entre l’immeuble classé ou du plan emporte la modification du péri
ou inscrit et la construction projetée» ; mètre. A défaut d ’accord des communes
ABORDS
3
dossiers qui relèvent de leur domaine de com indicateur principal de la qualité de service
pétence. offert par un réseau.
F. C. et Ph. P.
La desserte d’un lieu est liée à la proximité
des points d’arrêt des transports publics, à
.9 Architecte des bâtiments de France ; Architecture d'accompa- leur fréquence, à leur temps de trajet, aux
nem ent; M onument historique; Patrimoine; Paysage;
econstitution; Restauration; Site; Zone de protection du
destinations qu’ils permettent d’atteindre. On
patrimoine architectural, urbain et paysager (zppaup ). parle de desserte cadencée pour un service
assuré à intervalles réguliers (par exemple
toutes les heures).
ACCESSIBILITÉ P. M.
Possibilité d’accès à un lieu ou à partir d’un -> Mobilité ; Modèle de distribution géographique des déplace
m ents; Planification des transports.
lieu. L’accessibilité caractérise le niveau de
desserte et influe fortement sur le niveau des
valeurs foncières. On peut mesurer l’accessi
bilité à partir d’un point (lieu de résidence) de ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ
plusieurs façons :
— par « tout ou rien » : ce lieu est acces Acquisition d ’un logement en recourant à
sible ou ne l’est pas ; par exemple en fonction l’emprunt. Les accédants à la propriété sont
de la distance à la plus proche station des les propriétaires qui n ’ont pas achevé de
transports en commun ; rembourser les emprunts contractés lors de
— par des courbes isochrones (reliant les l’achat.
points vers lesquels le temps de trajet est le Cette expression est employée surtout pour
même par un moyen de transport donné ou par la résidence principale. Le développement du
le plus rapide) ; on peut ainsi définir des durées crédit immobilier a été encouragé par la
d’accès moyennes aux différentes destinations volonté politique de répondre à une demande
dans la ville (aux emplois par exemple) ou une largement répandue, mais aussi de détourner
durée d’accès au centre ; des luttes sociales les nouveaux propriétaires
— par une moyenne des coûts généralisés en favorisant l’accession à la propriété. Celle-
de déplacements aux différentes destinations ci est progressivement devenue, depuis la fin
(emplois par exemple) ; de la seconde guerre mondiale, un fait social
— en fonction de l’offre de transport et du de masse. La propriété occupante est désor
système d’activités : mais majoritaire parmi les ménages français,
avec 15,0 millions de ménages propriétaires
sur 26,3 millions selon l’enquête nationale
j logement en 2006 (57,2%), dont 5,1 millions
où stf.est l’accessibilité de i; d’accédants.
sont les opportunités (emplois par L’accession à la propriété a surtout
a exemple) attirant les déplacements concerné les logements neufs ju sq u ’aux
1 des différentes destinations) ; années 1980, mais cette proportion s’est inver
est la fonction de résistance à la dis- sée avec le ralentissement de la construction.
d ) tance du modèle gravitaire (fonc- En 2006, les trois quarts des accédants récents
tion puissance ou exponentielle). (moins de 4 ans) avaient acquis un logement
dans le parc ancien. L’acquisition de maisons
Cette dernière formulation est la plus satis individuelles reste dominante (77 % des accé
faisante. On peut pondérer les accessibilités dants en 2006 pour 23 % d’acquéreurs d’ap
pour différents types d’opportunités (emplois, partements), mais l’achat d’appartements se
lieux d’achats, lieux dé loisirs...). développe à travers les programmes neufs des
Le concept d’accessibilité est fondamental, promoteurs et la mise en copropriété d ’im
en particulier dans les pays en développement meubles anciens. Les logements acquis sont
où de nombreux quartiers périphériques ne confortables ou remis aux normes par leurs
sont pas desservis. Un indicateur d’accessibi acquéreurs (la quasi-totalité ont une baignoire
lité devrait, dans les études de transport, y ou une douche et des w.-c. intérieurs) et sont
remplacer les gains de coût généralisé comme plus grands (109 m?) que la moyenne (91 m2).
ACCIDENTS DE LA CIRCULATION
L’accession à la propriété a donc considéra plus risquées (tel le modèle anglais par
blement contribué à l’amélioration des condi exemple).
tions de logement.
La mise en place d ’aides publiques à
Les accédants à la propriété sensiblement l’accession alimente plusieurs polémiques de
plus nombreux chez les cadres et les profes manière récurrente :
sions intellectuelles supérieures (25 % en — Quelle définition faut-il donner à l’ac
2006) et chez les professions intermédiaires cession sociale ?
(27 %). Ils appartiennent cependant à toutes ■
— Faut-il aider des ménages à faibles res
les catégories sociales (19% parmi les sources à devenir propriétaires, en particulier
ouvriers et 14% parmi les employés). La dans le neuf, en leur faisant courir un risque
banalisation de l’accession à la propriété a en d ’insolvabilité lorsque leur situation finan
effet été encouragée par la mise en place de cière ou familiale évoluera, et au prix d’un
longue date de dispositifs publics visant à sou accroissement massif des aides à la personne
tenir la solvabilisation des ménages à revenus (apl notamment) ?
modestes et à leur donner les moyens de faire — Faut-il aider les classes moyennes
face aux évolutions du coût du logement. primo-accédantes, au risque d ’alimenter la
Depuis 1995, le dispositif central de soutien à hausse des prix ou au contraire laisser s’opé
l’accession dite « sociale » en France est lé rer un ajustement progressif des prix faute de
prêt à taux zéro (ptz). Réservé aux ménages demande Solvable ?
devenant pour la première fois propriétaire de — Comment éviter les effets d ’aubaine des
leur résidence principale, il est distribué Sous aides à l’accession, mobilisées par de jeunes
conditions de ressources et de composition ménages n’entrant que temporairement dans
familiale. Prêt complémentaire, souvent asso les plafonds de ressources et souvent aidés
cié à un prêt bancaire du secteur libre, l’effica par d’importants prêts familiaux ?
cité sociale de ce dispositif reste cependant Dans un contexte de contraintes budgé
très sensible à la conjoncture immobilière et taires, quelle part faut-il donner dans l’utilisa
aux conditions générales de crédit faites aux tion des deniers publics à l’aide à l’accession à
ménages. la propriété ? La propriété peut-elle être pro
Les aides à l’accession peuvent également gressivement généralisée à la totalité des
prendre la forme de déductions fiscales des ménages, au risque de voir s’atrophier les sec
intérêts d ’emprunts, de dispositifs de paie teurs locatifs public et privé, dont les occu
ment différé du foncier ou de systèmes de pants ne seraient plus que ceux qui n ’auraient
sécurisation des accédants en cas d’accident pu profiter de l’accession, alors que l’évolu
de la vie (assurances, fonds de garantie, aides tion des structures familiales (divortialité,
personnelles au logement...). De plus en plus familles monoparentales ou recomposées, per
de collectivités locales, en particulier dans les sonnes seules, etc.) et des exigences du
zones de marché tendu, mettent en place leurs marché de l’emploi alimentent une demande
propres dispositifs de soutien à l’accession à constante pour l’offre de logements locatifs,
destination de leurs habitants (prêts à faible parc d ’accueil irremplaçable de la mobilité
taux d’intérêt, politiques de maîtrise des prix des ménages.
d ’opération par des réduction de charges fon
A.-C. Da. et A. M.
cières...). Elles y sont encouragées par une
disposition de la loi « Engagement national Aide à la pierre; Copropriété; Crédit im m obilier; Famille;
pour le logement » de 2006 qui prévoit que la Logement; Parc de logements.
chaîne de fer, en fil de fer (système inventé en du boulonnage, avec l’emploi de boulons dits
Angleterre, amélioré aux Etats-Unis puis en « à haute résistance » à serrage contrôlé ; du
France, grâce à Plagniol et Seguin entre 1825 calcul de résistance des structures, notamment
et 1850) - , ponts en briques armées (système au feu ; de la conception de nouvelles formes
inventé par Brunei au London bridge en d’ossatures, telles que la structure tridimen
1833), écluses, etc. L’architecture métallique sionnelle, nappe constituée de barres d ’acier
devint monumentale grâce à Labrouste qui qui permet de franchir de grandes portées en
utilisa le fer comme système de charpente et toiture.
de piliers (bibliothèque Sainte-Geneviève en A. Gu.
1850, Bibliothèque nationale en 1854). Car la
résistance de l’acier permet de grandes por -> Béton.
tées, des assemblages précis, des délais d’exé
cution brefs. Il offre une certaine sécurité car,
avant rupture, il est capable de subir d’impor ACQUISITION FONCIÈRE
tantes déformations et, utilisé comme struc
ture ou comme revêtement, favorise la Achat de terrains. L’acquisition peut être
légèreté de l’architecture. En France, l’âge effectuée de gré à gré au terme d’une négocia
d ’or de la construction métallique se situe tion (à l’amiable), par une procédure contrai
entre 1830 et 1914. Il s’estompe durant la pre gnante vis-à-vis du propriétaire (expropriation),
mière guerre mondiale, par suite de l’occupa par mise en vente publique (adjudication), ou
tion des régions sidérurgiques, au profit du encore par utilisation d’un droit de préemption.
béton armé, mais ce matériau n ’en continue L’acquisition foncière peut être effectuée
pas moins d ’être très utilisé aujourd’hui par un agent privé (particulier, entreprise) ou
encore aux États-Unis et au Japon où la sou public (Etat, collectivité locale). Elle peut
plesse du métal garantit des risques sismiques. avoir pour objet la construction, l’aménage
L’acier perd sa résistance mécanique lors ment d ’équipements ou la constitution de
qu’il est soumis au feu (sa résistance critique réserves foncières. Le terrain peut être nu ou
avoisine 500 °C) et il se corrode (rouille). comporter des bâtiments qui devront être
D ’importants progrès ont été faits pour remé démolis, transformés ou réhabilités. Il peut
dier à ces deux inconvénients. La protection être viabilisé ou nécessiter des travaux d’infra
contre le feu peut s’effectuer par enrobage des structure avant de devenir constructible.
éléments en acier dans des matériaux tels Une acquisition foncière donne en général
qu’amiante (dont on a par la suite identifié les lieu à un paiement de la valeur des biens
inconvénients en matière de santé), plâtre, acquis. Mais elle peut être réglée par un
béton de vermiculite, par réalisation de cais échange et en particulier par un paiement, au
sons protecteurs en plaques de plâtre, de ver terme de l’opération projetée sous forme de
miculite ou d’amiante, par projection d ’une terrains constructibles (opération d’aménage
peinture spéciale qui gonfle sous l’action du ment) ou de locaux (opération de construction).
feu et forme écran, par remplissage d’eau, par Une acquisition est dite amiable lorsqu’elle
remplissage de béton. La protection contre la résulte d’une négociation entre le propriétaire
corrosion peut être assurée soit par la compo du bien et l’acheteur, quel que soit le statut
sition de l’acier lui-même (acier inoxydable, juridique de celui-ci. L’acquisition amiable
acier patinable formant à sa surface sous s’oppose à l’expropriation qui est une procé
l’action des intempéries une couche autopro dure administrative et judiciaire par laquelle
tectrice), soit par application d’une protection une collectivité publique utilise le pouvoir de
de surface (peinture dont il existe aujourd’hui contrainte qui lui a été conféré (déclaration
une très grande variété appropriée à des d ’utilité publique) pour obtenir la propriété
emplois divers..., galvanisation, film plas d’un bien dont son propriétaire ne souhaitait
tique, émaillage). Il reste que le patrimoine pas nécessairement se dessaisir. L’adjudica
métallique de la fin du XIXe siècle se dégrade à tion est la mise en vente publique, volontaire
vive allure, faute d’entretien et de protection. ou forcée d’un bien (par exemple d ’un bien
De grands progrès ont été également constituant le gage d’un emprunt non rem
accomplis dans les domaines : de la soudure, boursé ou à la suite d ’une dette). Elle s’effec
qui permet une grande diversité de formes ; tue donc au prix du marché.
9 ACTION FONCIÈRE
[
En pratique, ces trois formes de transaction concentraient à l’époque archaïque les fonctions
ne sont pas sans rapport, en particulier les défensive, religieuse, politique et mémoriale
deux premières. Il est courant, dans une opé (premières fondations, temple de la divinité pro
ration d’aménagement, de voir entamer une tectrice). «Un site idéal combinait l’acropole et
procédure d’expropriation (déclaration d’uti la mer, la forteresse et le port qu’enfermait une
lité publique et ordonnance d ’expropriation), même enceinte » (Roland Martin), comme ce
tandis que sont menées simultanément des fut le cas à Argos, Samos, Cnide. La valeur
négociations à l’amiable avec le propriétaire symbolique dont fut investie l’Acropole
du bien : le propriétaire sait qu’il devra céder d’Athènes a longtemps conduit les historiens
son bien et préfère souvent négocier le prix et à attribuer un rôle faussement prépondérant à
la date de la transaction ; la collectivité béné cet élément qui n ’agit pas sur la configuration
ficiaire du droit d ’expropriation peut ainsi de la ville proprement dite, établie à ses pieds.
gagner du temps (et parfois de l’argent), et À partir du Ve siècle, l’agora « arrache peu à peu
également contribuer à Créer un climat local ses fonctions politiques et religieuses (à l’Acro
moins défavorable à l’opération qu’elle pro pole) » (cf. R. Martin, L ’urbanisme dans la
jette. Les deux procédures (expropriation et Grèce antique, Paris, 1956).
négociation amiable) sont intimement mêlées Dans le langage courant, ce terme en est
et le plus souvent la transaction a lieu à venu à désigner, par analogie, un secteur
l’amiable au terme d ’une négociation qui a urbain élevé, particulièrement chargé de
pris pour base le prix estimé par le service valeurs mémoriales et/ou esthétiques.
des Domaines, éventuellement modifié par le F. C.
juge foncier (par référence aux prix de ter
rains similaires). L’inconvénient de cette pro Agora.
cédure est cependant de s’écarter des prix du
marché si l’accord s’effectue trop tôt (avant
l’estimation par le service des Domaines). ACTION FONCIÈRE
L’adjudication est la règle pour la cession
de terrains aménagés par un organisme aména Ensemble de dispositions prises par un
geur comme pour les ventes des biens des per agent privé ou public pour acquérir ou contrô
sonnes morales publiques (même entre elles). ler le sol.
Cette procédure a pour objet d ’éviter des Les particuliers et les entreprises peuvent
ententes qui conduiraient à des transactions à développer une action foncière, mais on
des prix artificiels par rapport au marché. emploie surtout cette expression pour les opé
Un cas particulier est celui de l’utilisation rations des collectivités publiques. L’action
par une collectivité publique du droit de pré foncière des collectivités publiques peut avoir
emption qui lui a été accordé dans certaines pour objet d ’acquérir des terrains, soit en vue
zones, en se substituant à l’acheteur dans une de leur utilisation immédiate, soit en vue de la
transaction projetée. L’usage du droit de pré constitution de réserves foncières, mais aussi
emption peut avoir pour objet l’acquisition de surveiller ou d ’agir sur les prix fonciers.
d’un bien que la collectivité souhaitait acqué Elle comporte également la cession de terrains
rir, mais surtout d ’éviter des transactions à des pour réaliser des opérations de construction,
prix excessifs qui amorceraient un mouve d ’aménagement ou d’équipement prévus dans
ment de hausse dans un secteur où la collecti les plans d’urbanisme ou les programmes des
vité a des projets proches ou lointains. collectivités publiques.
M. S. Une action foncière exige la réunion de plu
sieurs conditions :
-> Action foncière; Expropriation; Maîtrise foncière; Préemp — une possibilité d’acquérir, en utilisant
tion ; Réserves foncières.
un pouvoir de contrainte, les terrains déclarés
d ’utilité publique: c’est l’expropriation qui
suppose garanties et indemnisation du pro
ACROPOLE priétaire ;
— une possibilité d ’intervenir sur le marché
Du grec acropolis (ville haute), ce terme dési foncier, soit pour acquérir des terrains dispo
gnait la partie élevée d’une cité grecque où se nibles sans qu’on eh ait décidé l’utilisation
) j.
ACTIVITÉ DE BASE 10
(achats d ’opportunité), soit pour éviter une groupes d’activités, en fonction du stade où se
utilisation contraire à la politique d’urbanisme, situe l’intervention humaine :
soit enfin pour éviter une hausse spéculative — les activités primaires correspondent à
des prix: c’est le droit de préemption qui la production de matières brutes : tel est le cas
suppose un mécanisme de fixation du prix à de l’agriculture (y compris élevage et exploi
un niveau juste mais non spéculatif ; tation forestière), de la pêche, des mines et
— des ressources financières : pour les carrières ;
grandes opérations d’urbanisme, celles-ci — les activités secondaires (ou indus
peuvent venir de ressources budgétaires pour trielles) qui correspondent à la transformation
les terrains destinés à demeurer propriété des matières brutes et à la production de
publique ou de prêts pour les terrains destinés produits finis : artisanat, industrie de transfor
à la cession après aménagement. mation, bâtiment et travaux publics ;
— les activités tertiaires qui correspondent
L’action foncière des collectivités publi à la production de services: commerce (de
ques s’exerce soit directement, soit à travers gros et de détail), transports, administration et
les organismes aménageurs (établissements services publics, services privés aux entre
publics ou sociétés d ’économie mixte) prises et aux particuliers, etc.
agissant pour leur compte. Les opérations
d’importance nationale ou régionale sont plus En France, I’insee a établi et utilisé suc
volontiers confiées en France à des établisse cessivement plusieurs nomenclatures. La
ments publics fonciers (tels que l’Agence nomenclature des activités économiques a été
foncière et technique de la région parisienne remplacée en 1973 par une nomenclature d’ac
créée en 1962 qui a acheté notamment les tivités (naf, 1973) comportant 16 branches,
premiers terrains destinés à la réalisation des 19 secteurs d ’activités, 99 classes et
villes nouvelles) qui combinent les préroga 650 groupes d’activités. En 1993, I’insee l’a
tives et les moyens de l’État et des collectivi remplacée par une nomenclature d ’activités
tés territoriales et peuvent être dotés d ’une françaises (naf 93) et une nomenclature de
ressource régulière d’origine fiscale. Lorsque produits française (cpf 93) établies dans un
les opérations ont un caractère local, la cadre européen harmonisé. Ces deux nomen
société d’économie mixte ou la collectivité clatures sont articulées entre elles. Ces nomen
territoriale (départementale, communale, clatures ont été révisées en 2003, puis en 2008.
intercommunale...) dispose de la majorité et La NAF 2008 comprend 21 secteurs, 88 divi
assume donc la responsabilité financière : sions, 272 groupes, 615 classes (avec
cette formule allie la souplesse de fonctionne 732 sous-classes). Les classes sont codifiées
ment du secteur privé aux possibilités par trois chiffres et une lettre.
d’action (accès aux financements privilégiés, Les 21 secteurs d’activités de la naf 2008,
délégation du droit de préemption ou auxquels correspondent autant de secteurs de
d ’expropriation) liées aux prérogatives du produits, sont les suivants :
secteur public. A Agriculture, sylviculture et pêche
P. M. et M. S. B Industries extractives
C Industries manufacturières
-* Acquisition foncière; Établissement public foncier; Expro D Production et distribution de gaz,
priation; Maîtrise foncière; Réserves foncières; Société
d'économie mixte.
d’électricité, de vapeur et d ’air condi
tionné
E Production et distribution d’eau, assai
ACTIVITÉ DE BASE -> Activité induite nissement, gestion des déchets et
dépollution
F Construction
ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE G Commerce, réparation d’automobiles et
de motocycles
Domaine de participation des personnes H Transports et entreposage
actives à la production et à l’échange de biens I Hébergement et restauration
et de services. K Activités financières et d’assurances
On distingue, après Colin Clark, trois grands L Activités immobilières
■M ACTIVITÉ INDUITE
1971). À l'échelle communale, l’emploi rési Depuis 1983, l’Institut national de la statis
dentiel correspond, environ par tiers, à des tique et des études économiques a introduit,
activités secondaires (artisanat notamment), à par refonte complète des nomenclatures précé
des services publics ou privés et à des com dentes, une nouvelle nomenclature des « pro
merces et des professions libérales. fessions et catégories socioprofessionnelles »
P. M.
(pcs) qui remplace celle des catégories socio
professionnelles, celle des emplois et le code
Activité économique ; Activité professionnelle. des métiers. Elle a été révisée en 2003 (pcs,
2003). Cette nouvelle nomenclature comporte
486 rubriques de profession, regroupées en
ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE 42 catégories socioprofessionnelles (CS,
dont 32 pour les actifs et 10 pour les inactifs)
Position d ’une personne qui occupe un ou en 24 niveaux, puis en 8 grands groupes
emploi, c’est-à-dire exerce une profession, que socioprofessionnels (6 pour les actifs et 2 pour
ce soit à titre salarié ou comme indépendant. les inactifs). Ces 8 groupes (et les 24 niveaux)
Les statistiques concernant l’activité profes sont:
sionnelle (taux d’activité notamment) incluent 1 Agriculteurs exploitants
les personnes à la recherche d’un emploi (chô 2 Artisans, commerçants; chefs d’entre
meurs). L’ensemble des personnes actives (en prise (de 10 salariés et plus)
activité) constitue la population active. 3 Cadres supérieurs (entreprises ; fonction
Les activités font l’objet de plusieurs types publique; professions intellectuelles
de classification supérieures ; professions libérales)
— selon le secteur économique (voir à 4 Professions intermédiaires (de la fonc
« Activité économique ») ; tion publique ; des entreprises ; techni
— selon le statut qui traduit la situation ciens, maîtrise)
d’une personne dans sa profession. Le code 5 Employés (fonction publique ; entre
Insee distingue les indépendants (clergé, indé prises; commerce; services aux parti
pendants sans salariés, employeurs, aides culiers)
familiaux), les apprentis, les travailleurs à 6 Ouvriers (qualifiés ; non qualifiés ; agri
domicile, les salariés d’établissements privés, coles)
les salariés des services publics et les salariés 7 Retraités (agriculteurs exploitants ; arti
de l’État et des collectivités locales ; sans, commerçants, chefs d’entreprise ;
— selon les métiers et activités individuelles : cadres et professions intermédiaires;
nomenclature Insee de 1954 à 1 200 rubriques ; employés et ouvriers)
code des métiers de 1968 à 327 rubriques, enfin 8 Autres personnes sans activité profes
nomenclature des emplois (294 rubriques) de sionnelle (chômeurs n ’ayant jamais
l’Insee et des affaires sociales ; travaillé ; militaires du contingent ;
— selon la profession exercée par la per étudiants et élèves de plus de quinze
sonne et sa place dans la société. Jusqu’en ans; autres inactifs) (les chômeurs
1983, on utilisait en France une classification ayant travaillé sont classés en fonction
en catégories socioprofessionnelles (csp), éta de leur dernière activité)
blie en 1962, qui distinguait notamment : P. M.
0 Agriculteurs exploitants
1 Salariés agricoles -* Emploi ; Population active ; Ta u x d'activité.
une mission interministérielle pour l’aména F intérieur de ses limites, des entrepôts et des
gement de Fos et de l’étang de Berre lui a activités diverses, qui y trouvent une adresse
succédé en 1973). jugée prestigieuse, une facilité d ’accès aux
Un exemple caractéristique de cette vols privés ou commerciaux et des services
démarche a été la création, en 1972 de la communs : l’aéroport y trouve une ressource
mission interministérielle pour le parc de financière qui peut être très importante pour
Sofia-Antipolis. En fait, le projet et le début certains grands aéroports, notamment Roissy-
de réalisation avaient été dus à une initiative Charles de Gaulle (Roissy-CDG).
privée, sous forme d’association, avec le sou On appelle héliport un aéroport réservé au
tien du conseil général des Alpes-Maritimes, trafic des hélicoptères : ce terme est employé
dès 1969 et la mission est venue apporter la pour des installations importantes (Issy-les-
reconnaissance de l’État. Premier technopole Moulineaux, aéroport de Paris). On parle
français, et sans doute le plus ambitieux, d’aire d’atterrissage pour de simples espaces
Sofia-Antipolis a accueilli, sur 2 636 ha, réservés à la pose et à l’envol des hélicoptères.
quelque 1 400 entreprises, près de 30 000 L’aérogare (ou les aérogares dans les très
emplois et 7 000 habitants. grands aéroports) est constituée des installa
La réalisation des villes nouvelles a égale tions réservées aux passagers et, en partie, aux
ment donné lieu à la création de missions visiteurs ; comptoirs d’information et de vente
d’études et d’aménagement qui ont précédé des compagnies, salles d’attente, commerces
l’institution d’établissements publics d’amé et services, cafés et restaurants, etc.), ainsi
nagement. Les premières, qui ont eu une que de celles utilisées par les compagnies
existence de quelques années, comme les aériennes. Les aérogares sont d ’autant plus
seconds, qui ont correspondu à la durée de la importantes que le trafic est plus intense : elles
réalisation (entre quinze et quarante ans), peuvent représenter, dans les grands aéroports
sont par essence temporaires. internationaux, jusqu’aux trois quarts du coût
Y. P. d’investissement. Certaines aérogares (Paris-
Invalides) peuvent être situées en centre-ville :
- » Aménagement du territoire; Établissement public d'aména les usagers peuvent y accomplir une partie des
gement de ville nouvelle. formalités avant envol (enregistrement) et être
transportés à l’aéroport en autocar ou par un
ADVOCACY PLANNING -+ Luttes urbaines; moyen de transports en commun (métro). On
Participation utilise de moins en moins cette formule en
raison de la tendance majoritaire à rejoindre
les aéroports en automobile ou en taxi et de la
desserte fréquente des plus importants d’entre
AÉRODROME —> Aéroport; Bruit; Pollution; eux par une ligne ferrée (métro à Londres-
Pollution atmosphérique ; Prescriptions Heathrow, rer à Roissy-CDG depuis 1981,
d'aménagement et d'urbanisme ; Transport métro léger « Orlyval » à Orly).
aérien
La surface occupée par un aéroport est très
variable selon son importance. Elle dépend du
AÉROPORT trafic prévu lors de sa construction (ou de son
extension), de l’importance des installations
L’aérodrome est un terrain aménagé pour le techniques et des activités présentes sur le
décollage et l’atterrissage des avions, qui ne site, enfin des choix d ’aménagement, eux-
comporte généralement que des installations mêmes liés à la localisation (les aéroports éloi
très sommaires destinées aux usagers (passa gnés des centres-villes sont généralement plus
gers, pilotes et autres personnels techniques, étendus). La piste (ou les pistes) est de lon
visiteurs), voire aucune. Il comporte des gueur variable : de 600 mètres pour un petit
pistes, des voies de circulation des avions, des aérodrome (classe E) à plus de 2 100 mètres
hangars et une tour de contrôle du mouve (et en général 3 000 mètres, voire 3 500) pour
ment des avions. Un aéroport est au contraire un aéroport de classe A selon la classification
doté d’installations, parfois importantes, des de l’Organisation de l’aviation civile interna
tinées à ces usagers. Il peut même recevoir, à tionale (oaci). La surface réservée à l’aéroport
peut atteindre 10 000 ha pour un grand aéro ce qui entraîne des coûts de voirie, ou à défaut
port international (Djeddah) ou l’approcher des encombrements et crée une pollution
(Dallas-Fort Worth : 7 720 ha). L’aéroport de accrue. D’autre part, si les collectivités locales
Roissy-CDG occupe plus de 3 000 ha, celui sont a priori favorables à une implantation qui
d’Orly, 1 500 ha, l’héliport d ’Issy-les- leur apportera prestige, activités et emplois et
Moulineaux, aux limites de la ville de Paris, ressources financières, les habitants voisins
6 ha. Un aérodrome n ’utilise que quelques s’opposent presque systématiquement au pro
hectares. jet. En outre, n ’importe quel site ne peut pas
La localisation de l’aéroport (ou des aéro recevoir un aéroport : le terrain doit être plat
ports) est très importante pour l’aménagement (d’où la difficulté dans des sites accidentés), la
d’une agglomération. Il faut trouver un équi météorologie favorable (faible fréquence des
libre entre la facilité d’accès pour les usagers brouillards en particulier), la population et les
d’une part, la disponibilité et le coût des ter activités existantes réduites et, bien sûr, la
rains et la limitation des nuisances (bruit et clientèle pas trop éloignée.
pollution atmosphérique surtout) pour les
habitants (souvent ju sq u ’à une distance La lutte contre les nuisances est devenue
importante dans l’axe des pistes et sous les un impératif pour les aéroports. L’opinion
couloirs de vol) d ’autre part. L’expérience publique, et en particulier les pressions des
montre que des aéroports trop proches, outre riverains et des population situées dans la
les nuisances qu’ils occasionnent, rencontrent zone de bruit, mais aussi les pouvoirs
des difficultés d’extension et conduisent sou publics, les y poussent et ils mettent de plus
vent à construire un nouvel aéroport plus éloi en plus un point d ’honneur à souligner les
gné. Ainsi, Paris a connu successivement Le efforts entrepris et les résultats obtenus. Une
Bourget (aujourd’hui réservé au trafic partie de la réduction de ces nuisances
d’affaires, mis dont on peut se demander si, le dépend des constructeurs d’aéronefs (avions
maintien en activité est justifié), Orly et moins bruyants et moins polluants) et des
Roissy-CDG et un quatrième aéroport, à une compagnies aériennes (renouvellement de
centaine de kilomètres de Paris, est envisagé leur flotte, consignes aux pilotes). Les aéro
depuis deux décennies sans qu’aucune déci ports y contribuent par des choix d’aménage
sion n ’ait été prise. A l’inverse, un aéroport ment (orientation des pistes) et de gestion
trop éloigné augmente les temps d’accès, ce (horaires de fonctionnement et en particulier
qui peut dissuader les usagers, surtout si un interdiction souhaitable des vols de nuit). Le
aéroport plus proche est maintenu en activité. bruit est en effet incontestablement la nui
Ainsi, à Montréal, le vaste aéroport de Mirabel sance qui suscité le plus de réclamations,
(7 200 ha), à 40 km du centre, destiné initiale voire de plaintes. En France, la loi du
ment aux vols long et moyen courrier a-t-il été 11 juillet 1985 relative à l’urbanisme au voi
boudé par les usagers, puis par les compagnies sinage des aérodromes prévoit l’élaboration
aériennes et le trafic (sauf les vols nolisés) est d ’un plan d ’exposition au bruit (peb ) qui
revenu à l’ancien aéroport de Dorval (moins comporte un zonage : seuls les équipements
de 20 km du centre). Aussi, certaines villes nécessaires à l’activité aérienne peuvent être
retardent-elles au maximum l’ouverture construits dans la zone A (indice psophique
d ’un nouvel aéroport (Tokyo, Hong-Kong, supérieur à 96) ; les logements nécessaires
Athènes, Los Angeles, etc.). La solution est aux activités peuvent être autorisés dans la
souvent recherchée à travers une localisation zone B (indice entre 89 et 96) et les maisons
relativement éloignée, mais desservie à la fois individuelles non groupées dans la zone C
par une autoroute et par une ligne de transport (indice psophique entre 78 et 89). En
ferrée : les sites envisagés pour un quatrième revanche les locaux d ’activités sont autorisés
aéroport parisien sont tous situés le long de dans ces zones de bruit. Ces dispositions ont
lignes du TGV, sur lesquelles une station spé été renforcées par le décret du 27 mars 1997
ciale pourrait être ouverte (c’est déjà le cas qui prévoit :
pour Roissy-CDG depuis 1994). Mais même — des règles pour limiter la croissance du
cette solution se heurte à plusieurs difficultés. trafic dans les aéroports ;
D’une part, la majorité des usagers conserve — une charte de la qualité de l’environne
l’habitude de venir en automobile ou en taxi, ment sonore des aérodromes (adoptée en 1998) ;
AÉROTRAIN 16
communes (ou leurs groupements), mais eaux, est un cadre qui se prête bien à l’aména
éventuellement aussi par les régions ou les gement et à la planification.
départements, et peuvent recevoir des subven En France, les agences financières de bassin
tions de l’État. Elles se sont regroupées au ont été créées par la loi relative au régime et à
sein d ’une fédération nationale des agences la répartition des eaux et à la lutte contre leur
d’urbanisme. pollution. Elles ont été rebaptisées agences de
Leurs objets sont variés. Mais, dans tous les l’eau par la loi sur l’eau de 1992 et leur prin
cas, elles constituent une structure d’études et cipe a été généralisé à l’échelle européenne
de conseil auprès des collectivités territoriales, par la directive cadre 2000/60 établissant un
distincte des services engagés dans les tâches cadre pour une politique communautaire dans
opérationnelles. Elles jouent également le rôle le domaine de l’eau. Ce sont des établisse
de lieu de concertation pour les collectivités ments publics qui ont pour but « d ’assurer
territoriales. Elles disposent d’une équipe plu l’équilibre des besoins et des ressources en
ridisciplinaire de spécialistes, ce qui leur per eau, d’atteindre les objectifs de qualité définis
met d’entreprendre des études prospectives, par les règlements (...) d ’améliorer et
d’assurer le suivi d’observatoires de données d’accroître les ressources et d’assurer la pro
(emploi, logement, etc.), d’élaborer des docu tection contre les inondations » (décret du
ments d ’urbanisme, de préparer des contrats 14 septembre 1966).
de ville ou d’agglomération, de participer à la Ces agences sont chargées :
définition du projet urbain et à la promotion — de procéder aux études nécessaires, et
de l’agglomération. de faire des plans pluriannuels d’utilisation de
A l’échelle départementale, des agences l’eau ;
mixtes ont également été créées (les premières — de coordonner l’activité des différents
en Côte-d’Or et en Savoie, ainsi que dans les ministères et des collectivités locales ;
quatre départements d’outre-mer) et fonction — de participer aux travaux nécessaires.
naient de la même façon que les agences La mise en place des agences est un moyen
mixtes d’agglomération. de mettre en œuvre le principe selon lequel
Ces organes « mixtes » doivent être dis les responsables d’une nuisance, ici essentiel
tingués des « agences » créées par les collecti lement la pollution des eaux, doivent prendre
vités locales. Dans la crainte de voir se en charge la réparation des dommages (prin
perpétuer la dépendance des communes cipe «pollueur-payeur»). Les agences sont
dépourvues de moyens humains propres pour donc autorisées à prélever des redevances
la conduite de leur politique urbaine, il a été auprès des gros consommateurs ou de ceux
prévu que celles qui ne souhaiteraient pas faire qui « contribuent à la détérioration de la qua
appel comme par le passé aux services exté lité des eaux » ou qui modifient leur régime.
rieurs de l’État « en tant que de besoin » pour L’agriculture échappe néanmoins largement à
ront s’associer avec le département au sein ces redevances.
d’une « agence départementale » leur appor Les agences de l’eau sont au nombre
tant une assistance technique et juridique. de six : Rhin-Meuse ; Artois-Picardie ; Seine-
P. M. et Y. P. Normandie; Loire-Bretagne; Adour-Garonne;
Rhône-Méditerranée-Corse. Le comité de bas
•*» Groupement de com m unes ; Projet urbain. sin, qui réunit des représentants des collectivités
et des usagers de l’eau, définit la politique des
agences. Celles-ci élaborent le schéma général
AGENCE DE L'EAU d’aménagement et de gestion des eaux (sdage),
créé par la loi de 1992.
L’augmentation de la population et celle
S. B. et F. D.-D.
des consommations d’eau pour tous les usages
ont rendu nécessaire la planification de l’utili Bassin hydrographique; Eau.
sation des ressources en eau, dans tous les
pays industriels, notamment dans les régions à
forte densité de population. Le bassin hydro AGENCE FONCIÈRE ET TECHNIQUE DE LA
graphique, dans lequel fonctionne un système RÉGION PARISIENNE - » Établissement public
solidaire d ’échanges et de circulation des d'aménagement (epa) ; Maîtrise foncière
■ri
AGENCE NATIONALE DE L'HABITAT 18
vaux, 26 000 logements ont bénéficié d’une programme d’intérêt général, etc.), les autres
aide en contrepartie de loyers maîtrisés, dont interventions relevant du « secteur difïiis ».
15 000 loyers conventionnés sociaux ou très De par ses dispositifs financiers incitatifs,
sociaux, 10 400 ont été subventionnés au titre I’anah est devenue une institution contribuant
de la lutte contre l’habitat indigne (23 % des fortement à la réhabilitation du parc privé
subventions) et 25 500 logements, presque ancien et, plus largement, au maintien d ’un
exclusivement de propriétaires occupants, ont secteur locatif privé et à la revitalisation des
été aidés pour la réalisation de travaux quartiers anciens, grâce aux opah.
d’adaptation et de maintien à domicile. Mais la loi de mobilisation pour le logement
L’opportunité d ’apporter la subvention est et la lutte contre l’exclusion de mars 2009 a
décidée par le délégué de l’agence dans le introduit d ’importantes modifications pour
département ou par le président de la collecti I’anah : le 1 % logement (dont les représentants
vité (département ou établissement public de entrent au conseil d’administration de l’agence)
coopération intercommunale) exerçant la délé devient la principale source de financement ;
gation de compétence pour la gestion des ses compétences sont étendues à l’amélioration
aides à la pierre, le cas échéant après avis de la des structures d’hébergement et aux opérations
commission locale d’amélioration de l’habitat de résorption de l’habitat insalubre (rhi) rele
(clah), composée de représentants des pro vant précédemment de l’État (I’anah pourra
priétaires, des locataires et de personnes quali participer à la démolition de constructions trop
fiées. En 2008, environ la moitié des crédits de vétustes pour être rénovées); les préfets
I’anah sont distribués dans le cadre des délé deviennent les délégués de l’agence ; des fonds
gations de compétence. L’octroi des aides locaux de l’habitat privé peuvent être créés.
dépend des caractéristiques du projet (sociales,
H. J.
techniques, financières et environnementales),
des enjeux locaux, des budgets disponibles et - » Amélioration de l'habitat ancien; Démunis {logement des);
des orientations générales de I’anah . Insalubrité; Opération programm ée d'amélioration de l'habi
tat (opah); Participation des employeurs à l'effort de
construction ; Réhabilitation.
Depuis 1971, I’anah a constamment adapté
ses mécanismes d ’aides aux situations nou
velles et aux priorités nationales (lutte contre AGENCE NATIONALE POUR LA RÉNOVATION
la vacance, l’habitat indigne, la précarité éner URBAINE (ANRU) —> Financement
gétique ; production de loyers maîtrisés, entre du renouvellement urbain ; Grand ensemble ;
tien du patrimoine architectural...). On Programme national de rénovation urbaine ;
observe actuellement une progression des Renouvellement urbain ; Rénovation urbaine
actions dans l’habitat indigne et les coproprié
tés dégradées, alors que les efforts en faveur
des propriétaires occupants modestes sta AGENT IMMOBILIER
gnent, compte tenu de la grande sélectivité
des aides et de la difficulté pour ces ménages Intermédiaire qui met en présence les par
de boucler le plan de financement des travaux. tenaires d’une transaction (vente ou location)
Pour la période 2010-2012, le caractère portant sur un bien immobilier.
social des priorités de I’anah a été réaffirmé : L’agent immobilier ne doit être confondu :
développer l’offre de logements à loyer maî — ni avec l’administrateur de biens qui
trisé dans les zones de marché tendu ; amélio assure la gestion (location, entretien) de
rer les logements des propriétaires occupants biens pour le compte des propriétaires ;
impécunieux ; lutter contre l’habitat indigne — ni avec le promoteur-constructeur qui
et très dégradé ; traiter les copropriétés en dif édifie des immeubles en vue de les céder ;
ficulté ; adapter les logements au vieillisse — ni avec le marchand de biens qui achète
ment et au handicap ; lutter contre la précarité des biens immobiliers pour son compte, dans
énergétique. En outre, I’anah privilégie (en l’intention de les revendre, avec ou sans trans
2008, deux tiers des subventions et la quasi formation.
totalité des aides aux syndicats de coproprié
tés) les opérations programmées avec les col En France, la profession d’agent immobilier
lectivités locales (plus de 750 en 2008 : opah, est régie par la loi Hoguet du 2 janvier 1970.
AGGLOMÉRATION 20
Cotte loi a encadré cette profession en soumet phologiques généraux : elles étaient articulées
tant son exercice à la détention d ’une carte autour d ’un centre, prolongé par des fau
rofessionnelle, délivrée par la préfecture, bourgs, une banlieue urbanisée, maraîchère,
our y prétendre, l’agent immobilier doit de loisir et de villégiature avant qu’on n ’arrive
avoir reçu une formation juridique ou avoir à la campagne proprement dite.
plusieurs années d’expérience professionnelle Aujourd’hui, la complexité est plus grande :
et présenter certaines garanties financières l’Insee distingue les villes «lorsqu’il s’agit
afin d’assurer la sécurité des dépôts qu’il est d ’une seule commune, dont la population
amené à recevoir. Il doit avoir reçu du pro agglomérée compte au moins 2 000 habi
priétaire du bien un mandat précis. En cas tants », et les agglomérations urbaines, com
de vente, il est généralement rémunéré par posées « d e deux ou plusieurs communes,
le vendeur ; en cas de location, depuis la c’est-à-dire d’une ville-centre et de sa ban
loi Quilliot du 22 juin 1982, à parts égales par lieue (exceptionnellement, de plusieurs villes-
le locataire et le propriétaire (auparavant, le centres) ».
locataire supportait seul cette charge). La La définition de la population agglomérée
rémunération ne peut lui être versée que si s’est faite à la fois plus souple et plus
la transaction est conclue. Le mandat peut complète : « On doit considérer comme agglo
être exclusif (seul l’agent bénéficiaire peut mérée la population rassemblée dans des mai
conclure la transaction pendant sa durée) ou sons contiguës ou réunies entre elles par des
simple. parcs, jardins, vergers, chantiers, ateliers et
La profession est très artisanale et hétéro autres enclos de ce genre, même si les habita
gène : l’action de chaque cabinet est le plus tions ou enclos sont séparés l’un de l’autre par
souvent locale (une ville, un quartier). C’est une me, une route, une rivière, un canal, une
aussi un secteur d’activité très dépendant des promenade, une voie de chemin de fer ou des
cycles immobiliers et le nombre d ’agents remparts. »
connaît de fortes variations au gré des L’apparition, dans la nomenclature
périodes de valorisation et de dépression des urbaine, du terme d’agglomération traduit les
prix immobiliers et des volumes de transac transformations profondes qui sont liées à
tions. Son image de marque n ’est pas très l’urbanisation généralisée, au développement
favorable, les actions douteuses de quelques- des transports modernes et à l’apparition de
uns (en particulier ceux qui exercent en même centres commerciaux ou de centres direction
temps des activités de marchands de biens ou nels à la périphérie des cités les plus impor
de marchands de listes) se répercutant sur tantes. Le terme convient bien pour saisir une
l’ensemble de la profession. De plus, les ven réalité où les formes sont moins clairement
deurs et les acquéreurs peuvent, de plus en ordonnées que par le passé : il traduit la géné
plus facilement, entrer en contact sans inter ralisation d ’espaces suburbains, souvent très
médiaire en recourant à la presse spécialisée et monotones, et où il est difficile de lire dans
surtout à la multitude des sites Internet. La les paysages une organisation claire : seule
Fédération nationale des agents immobiliers l’analyse des flux et des espaces d ’activité en
(fnaim ) déploie de grands efforts pour amélio fait comprendre la vie.
rer l’image de marque et, avec elle, l’efficacité Les agglomérations ont reçu un statut à tra
de la profession. vers la loi Voynet du 25 ju in 1999 qui a
prévu que les établissements publics de
A.-C. Da. et A. M.
coopération communale des agglomérations
Location ; Marchand de biens. de plus de 50 000 habitants comportant au
moins une villè-centre de plus de 15 000 habi
tants établissent un projet d’agglomération
AGGLOMÉRATION qui détermine les orientations de l’agglomé
ration et les mesures nécessaires en matière
Ensemble constitué par une ville et ses ban de développement économique et de cohé
lieues. sion sociale, d’aménagement et d’urbanisme,
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les villes de transport et de logement, de politique de la
occidentales différaient par leur taille, mais ville, de politique de l’environnement et de
toutes présentaient les mêmes caractères mor gestion des ressources. Dans le même temps,
21 AGORA
la loi Chevènement du 12 juillet 1999 encou monies religieuses de la cité, puis, théâtre de
rageait la création d ’établissements publics la vie politique, enfin investie par la vie éco
de coopération intercommunale, notamment nomique, sa morphologie reflète l’histoire de
pour les agglomérations en créant, à côté des la polis et de ses institutions. Son type archi
communautés de communes et des commu tectural est mis au point au IVe siècle avant
nautés urbaines, des communautés d’agglo J.-C. où elle constitue « un groupe permanent
mération réservées à celles qui atteignent les du plan urbain alors que l’acropole a souvent
seuils de population ci-dessus. Il s’est consti disparu » (Martin).
tué 171 communautés d ’agglomération (sur Bordée sur plusieurs côtés par des édifices
187 agglomérations, les 16 autres ayant le administratifs (salle de conseil, siège des tri
statut de communautés urbaines). bunaux, archives...), elle peut regrouper aussi
Enfin, dans lé cadre de la quatrième généra bien des édifices religieux (autels, temples,
tion de contrats de plan (2000-2006), les tombeaux), dont il faut rappeler qu’ils étaient
agglomérations ayant constitué une telle répartis de façon diffuse dans toute la cité, que
communauté ont pu signer un contrat d’agglo des édifices culturels (bibliothèques, stoas) et
mération avec l’État et la région: environ même commerciaux (boutiques). Toutefois
108 contrats ont été signés (sur 187 possibles). des agoras (marchandes, spécialisées) étaient
Si, sur le plan de l’aménagement du terri souvent réservées à ces activités dont beau
toire et des structures intercommunales, on coup de cités, suivant Platon et Aristote (Poli
continue à utiliser le terme d’agglomération, tique, 133la), estimaient qu’elles ne devaient
sur le plan statistique, l’Insee lui a substitué pas souiller l’agora « libre ».
en 1997 les notions de pôle urbain et d’aire Les agoras classiques, créées empirique
urbaine. Le pôle urbain (361 en 1997) ment au fil du temps, amalgament portiques et
est constitué de la ville-centre et de sa cou édifices sans en faire la véritable entité archi
ronne urbaine (communes de banlieue). Les tecturale qui est réalisée dans les créations
pôles urbains représentaient environ 60 % de ioniennes de l’époque hellénistique, lorsque
la population française en 2006 (37 millions) l’agora, prévue à l’avance, est insérée dans le
et 3 100 communes. L’aire urbaine est plan orthogonal dont elle occupe au moins
l’ensemble du pôle urbain et de la couronne une dizaine de modules (16 à Priène, par
périurbaine (communes où 40 % de la popula exemple).
tion active travaille dans le pôle urbain au La qualité esthétique de l’espace de l’agora
nombre de 10 808 qui accueillent 17% de la a été soulignée dès le xixe siècle, notamment
population). par Viollet-le-Duc (Entretiens sur l'architec
P. C. et P. M. ture, 1863, «Septième entretien») et surtout
par C. Sitte (Der Stâdtebau, 1889, en particu
-> Aire d'influence d'une ville ; Banlieue; Contrat d'aggloméra
tion; Ville.
lier dans l’Introduction) qui en fait une sorte
d’archétype esthétique de la place urbaine et
de l’espace public. Pour ce dernier, la qualité
de l’agora tient à son échelle, à sa compacité
AGGLOMÉRATION NOUVELLE et à la clôture visuelle réalisée autour de la
-* Communauté d'agglomération nouvelle ; place proprement dite, à ses irrégularités, à
Contrat de ville ; Groupement de communes ; son asymétrie et à la disposition latérale de
Syndicat d'agglomération nouvelle ; Ville ses ornements. Viollet-le-Duc comme Sitte
nouvelle opposent les caractères spatiaux de l’agora à
ceux des places et espaces publics du
xixe siècle, hors d ’échelle, réguliers, symé
AGORA triques, à ornementation centrale, et dont tous
deux imputent le manque de grâce et la mono
Terme grec désignant la place publique qui tonie au fait qu’ils ont été conçus « sur la
constitue le cœur de la cité grecque et « sym planche à dessin ».
bolise l’indépendance et l’autonomie de la Par une ironie du sort, agora est passé dans
communauté politique » (R. Martin, L'urba le langage de l’urbanisme pour désigner, au
nisme de la Grèce antique, Paris, 1956). sein des nouveaux ensembles ou des villes
D’abord lieu saint où se déroulent les céré nouvelles (cf. agora d ’Évry) des espaces
AGRÉMENT 22
vides, surdimensionnés, auxquels on veut prê industries (moins de 100 emplois) et suppri
ter une valeur symbolique monumentale et mée dans les villes nouvelles, ainsi que pour
qui, dépourvus de fonctions religieuse ou poli les «bureaux en blanc». Elle a également
tique, mais ouvertes à la fonction commerciale été supprimée dans 23 cantons extérieurs à
et assortis d’une vague connotation démocra l’agglomération de Paris (dont 18 en Seine-
tique, ont précisément été conçus de façon et-Mame). L’agrément est également sup
arbitraire sur la planche à dessin. primé lorsqu’il s’agit de reconstructions ou
de réhabilitations de bureaux sans augmenta
F. C.
tion de surface.
_► Acropole ; Espace public ; Forum ; Vilie nouvelle. Depuis 1990 (décret du 3 janvier 1990)
cependant, l’agrément a été à nouveau exigé
pour les opérations de bureaux en blanc de
AGRÉMENT plus de 2 000 m2 dans la zone I de redevance
(Paris centre et ouest et 24 communes des
Autorisation administrative de créer ou Hauts-de-Seine). Le gouvernement a fixé,
d ’étendre des locaux d ’activités en région pour cette zone, le principe de n ’accorder
parisienne (y compris les cinq cantons du sud l’agrément que si 2 m2 dé logement sont
du département de l’Oise). Selon la procédure construits en même temps que 1 m2 de bureau.
mise en place en 1955, l’entreprise qui pré Cette mesure a été généralisée en 1994, les
voyait une construction de plus de 500 m2 rapports logement/bureau étant variables
(1 000 m2 de bureaux, 1 500 d’usines, 5 000 selon les secteurs. L’agrément est alors délivré
d’entrepôts après 1972 ; 2 000 m2 de bureaux par le préfet au vu des conventions passées
et 3 000 d’industrie et 5 000 d’entrepôts après entre l’État et la commune. En revanche,
1985 ; 1 000 m2 de bureaux ou d’industrie et l’agrément que doivent, pour leur part, sollici
3 000 m2 d’entrepôts depuis 1995) soumettait ter les utilisateurs de ces bureaux en blanc a
une demande d’agrément au Comité de décen été suspendu en 1993 jusqu’en 1998, afin de
tralisation. En pratique, la plupart des entre contribuer à la résorption du stock de bureaux
prises d ’importance moyenne, parallèlement accumulé avant la crise immobilière du début
au dépôt de leur demande, négociaient avec de la décennie. Enfin, le comité de décentrali
l’administration ( d a t a r et préfecture de la sation a été élargi à des élus.
région parisienne). L’agrément pouvait être Un décret du 9 mai 1995 a en outre rétabli
accordé « en blanc» pour des locaux à l’agrément pour les opérations de plus de
construire, mais l’entreprise qui occuperait 200 m2 réalisées par un service de l’État et
ces locaux devait alors présenter une demande abaissé les seuils, pour les bureaux et les
d’agrément. Le Comité de décentralisation, locaux à usage technique, d’enseignement et
placé auprès du ministre chargé de l’aménage industriel à 1 000 m2 et pour les entrepôts à
ment du territoire et composé de trois élus, de 3 000 m2. En sont dispensés les programmes
trois personnalités compétentes et de sept lancés dans des communes s’engageant par
représentants de l’État était (depuis le décret convention à construire des surfaces de loge
du 24 octobre 1967) compétent pour les ment équivalentes o u supérieures (la décision
implantations d ’activités du secteur privé, à est alors du ressort du préfet) et les opérations
titre d ’avis au ministre de l’Équipement, et localisées dans les zones franches urbaines.
avait pouvoir de décision pour le secteur Le décret du 26 avril 2000 a définitivement
public (avec possibilité d’appel des ministres supprimé l’agrément pour les utilisateurs de
concernés auprès du Premier ministre). locaux. Il a en outre limité la compétence du
Le refus d’agrément avait initialement pour Cçunité de décentralisation aux emplois de
objet de favoriser la décentralisation des acti l’État ou soumis à son autorité (avec dispense
vités dont l’implantation en région parisienne en dessous de 200 m2 et pour les services
ne semblait pas s’imposer. déconcentrés de l’État à compétence départe
Depuis 1967, cette procédure a été aussi mentale ou dont les activités ne s’exercent pas
employée pour favoriser le desserrement, au au-delà du département). Pour les entreprises
sein de la région parisienne, en particulier en du secteur privé, l’agrément est désormais
ville nouvelle. En 1982, puis en 1985, elle a accordé par le préfet de la région Ile-de-
été assouplie pour les petites et moyennes France (qui peut consulter le Comité de décen
23 AGRICULTURE
à leur charge un ascendant âgé et démuni ou locatives (chauffage inclus) fixé selon la taille
une personne infirme. Le ménage doit être du ménage ;
locataire ou rembourser un emprunt pour Lç est le loyer restant à la charge de l’allo
l’acquisition du logement qu’il occupe. Celui- cataire, fonction de ses ressources et de la
ci doit remplir des conditions de salubrité taille du ménage ;
(eau, w.-c. et chauffage) et avoir une surface Pp est la participation personnelle du
minimale (25 m2 pour un ménage, plus 9 m2 ménage à la dépense de logement ;
par personne supplémentaire). K est le coefficient de prise en charge, fonc
En 1971-1972, a été créée l’allocation tion des ressources et de la taille du ménage.
sociale de logement destinée aux personnes U aide personnalisée au logement (apl) a
âgées ou handicapées et aux jeunes travailleurs été instituée par la loi du 4 janvier 1977 et
(moins de 25 ans) vivant dans un logement avait vocation à se substituer à l’allocation
indépendant d’une ou deux pièces pour une per logement. Le conventionnement des bailleurs
sonne seule (plus une pièce par personne), de devait permettre cette mutation, mais il ne
9 m2 au moins et 40 m2 au plus (pour une per s’est réalisé que lentement. L’apl pouvait, à
sonne seule). L’allocation logement, au départ l’origine, bénéficier à tout ménage occupant
destinée essentiellement aux familles à revenus un logement en accession à la propriété
modestes, a été ainsi étendue aux ménages sans financé par un prêt aidé à l’accession à la pro
enfant et à des catégories toutes différentes priété (pap) ou par un prêt conventionné (pc )
(personnes âgées et jeunes travailleurs). Dans ou, depuis 1994, prêt d ’accession sociale
tous les cas, elle ne concerne que des ménages à (pas) ; ou un logement (ou logement-foyer) en
revenus modestes ou moyens. location financé par les anciennes aides hlm ,
La dernière étape d’extension, l ’allocation par un prêt locatif aidé (pla ), y compris un
de logement sociale, a été effectuée, entre prêt locatif d’intégration ou construit ou amé
1991 et 1993, à la suite de la loi Besson du lioré (quel que soit le mode de financement) si
31 mai 1990 sur le droit au logement: c’est le bailleur a passé convention avec l’État. Le
ce qu’on a appelé le «bouclage» de l’alloca bénéfice de I’apl a été étendu par la suite aux
tion logement, parce qu’elle a été étendue logements en accession acquis à l’aide d ’un
aux catégories, et notamment aux étudiants, prêt à l’accession sociale (pas) en 1994 et aux
qui ne bénéficiaient pas d’une autre aide à la logements locatifs financés par un prêt locatif
personne. Dans le cas des étudiants, cette social (pls) en 1996 ou un prêt locatif à usage
mesure a été très critiquée parce qu’elle ne social (plus) en 1999.
prend en compte que les ressources person Depuis le 1erjanvier 2001, lesformules per
nelles de l’étudiant - dans la mesure où il les mettant le calcul de l 'apl sont les mêmes que
déclare - et pas celles de ses parents même celles de VAL, en accession comme en loca
s’il a plus de vingt ans. Elle s’est avérée coû tion, En revanche, une formule particulière est
teuse pour le budget de l’État et peu sociale, employée pour les logements-foyers :
puisqu’elle a profité aux étudiants n ’habitant apl = K (E - E0) ;
pas chez leurs parents, rarement les plus où:
démunis. En outre, elle a contribué à un ren K : coefficient de prise en charge, fonction
chérissement des loyers des petits logements des ressources et de la taille du ménage ;
dans les villes universitaires en suscitant une E : équivalent de loyer et de charges loca
demande nouvelle et en solvabilisant les étu tives plafonné ;
diants. E0 : équivalence de loyer et de charges loca
Depuis le 1er janvier 2001, les formules tives minimale, fonction des ressources et de
permettant le calcul de l ’A L sont distinctes : la taille du ménage.
AL = L + C - Pp en location ; Le coût de l ’âpl s ’est vite révélé très lourd.
AL = K (L + C - L0) en accession à la pro C ’est pourquoi on a créé en 1988 une apl2
priété et pour les logements-foyers ; beaucoup moins généreuse pour les logements
où: conventionnés à partir de 1988 (avec ou sans
L est le loyer ou la mensualité d’emprunt travaux dans le secteur social, après travaux
plafonné à un loyer ou une mensualité de réfé dans le secteur privé) et une apl3 du niveau de
rence ; l’AL pour les ménages sans enfant, de 25 à
C est le montant forfaitaire des charges 65 ans, locataires dans le parc antérieur à
26
AIDE A LA PERSONNE
1977. Mais en 1997, I’apl a été réimifiée (sauf avec les autres personnes du ménage) des
pour les logements-foyers). La loi du 5 mars aides à la personne (chiffre en légère diminu
2007 sur le droit au logement opposable a tion depuis 1998), dont 2,25 millions environ
prévu que les barèmes des aides à la personne pour F apl, près de 1,2 million pour I’alf et
soient indexés sur l’indice de référence des de millions pour I’als , plus 550 000 loca
loyers. Le barème en vigueur conduit, par taires de foyers (apl ou al). Ces bénéficiaires
exemple, à partir du 1er juillet 2009, pour un étaient des locataires (plus de 80% ), des
couple avec deux enfants en zone II (agglomé accédants à la propriété (près de 10%, mais
rations de plus de 100 000 habitants, hors un quart pour F apl, un cinquième en alf et
agglomération parisienne, et quelques autres 3% seulement en als ) et des résidents de
secteurs), acquittant un loyer mensuel de foyers (près de 10 % également).
400 € et ayant un revenu fiscal annuel de Le coût de ces aides a été de 14,241 mil
11 300 € en 2008, à recevoir une aide de liards d’€ en 2007, 14,839 milliards d ’€ en
307,62 € par mois. 2008 et dépassera 15 milliards d ’€ en 2009.
L’apl suppose que le bailleur ait conclu Il se répartit entre I’apl (6,4 milliards, soit
avec l’État une convention type, d’une durée 42,5 % prévu en 2009), F alf (4,0 milliards,
de neuf ans renouvelable, prévoyant un loyer soit 26,5% ) et F als (4,7 milliards, soit
maximal (celui des logements pla) et une par 31%). Pour les bénéficiaires, ces aides sont
ticipation financière au Fonds national de importantes, puisqu’elles réduisent leur taux
l ’habitation qui verse F apl (sauf pour les d’effort (charges comprises) de 54% à 25%
logements financés sans aide de l’État). Le (moins de 17% dans le secteur public et
Fonds national de l’habitation, géré par la 35 % dans le secteur privé). La hausse des
Caisse des dépôts et consignations, a des res loyers a conduit à ce que 70 % des locataires
sources qui proviennent essentiellement de qui en bénéficient paient un loyer qui
l’État et des régimes de prestations familiales. dépasse le plafond du barème. Parmi ces
Ces conditions ont été mal reçues : les proprié bénéficiaires, il y avait, en 2007, 682 000
taires de logements non aidés n’avaient guère étudiants ( 12 % des bénéficiaires), recevant
de raison d ’accepter un conventionnement 1,2 milliard d’€ (8,5 % du total). L’alf est
limitant, surtout dans les grandes villes, le payée par la Caisse nationale d ’allocations
loyer à un niveau très inférieur aux loyers familiales, F apl et F als par le Fonds natio
libres ; les propriétaires des logements réhabi nal d’aide au logement (fnal) lui-même ali
lités avec l’aide de l’Agence nationale pour menté pour l’essentiel par l’État (près de
l’amélioration de l’habitat ont préféré bénéfi 45 %), les régimes sociaux (33 %, venant en
cier des aides non majorées pour éviter le quasi-totalité de la Caisse nationale des allo
conventionnement, condition obligatoire cations familiales) et les cotisations des
d ’obtention des aides majorées. Quant aux employeurs (21%). Le coût pour l’État est
organismes d ’HLM, ils ont protesté contre la d’environ 65 % pour F als et de 43 % pour
participation au Fonds national de l’habitation F apl, soit quelque 5,8 milliards d’€ en 2009
qui a été supprimée en 1981. Ils ont craint (36,7% du total en 2006, en diminution
également, non sans raison, que la réforme de depuis 2004). Les 35% restants du coût de
1977 ne conduise l’État à se désengager de F als et les 57% de celui de F apl, plus la
l ’aide à la pierre et ne cherche à favoriser totalité de F als , soit 9,3 milliards au total
l’accession à la propriété au détriment du (61,5% ), provient des cotisations des
développement et de l’entretien du parc social employeurs (13,2% en 2006) et des régimes
locatif. Aussi ont-ils «boudé» le convention sociaux (50,1% ). L’Union sociale pour
nement et ne s’y sont-ils ralliés, peu à peu, l’habitat ajoute à ces sommes (encore que
qu’à partir de 1982. Depuis 1988, le conven leur affectation au secteur du logement soit
tionnement a été progressivement généralisé à discutable et qu’elles aient à la fois le carac
l’ensemble du parc hlm antérieur à 1977 pour tère d’aide à la personne et d’aide à la pierre)
permettre aux locataires de bénéficier d ’une 1,1 milliard (en 2009) consacrés à la préven
aide à la personne. tion de l’exclusion et aux aides aux per
sonnes les plus vulnérables.
On comptait, en 2007, près de 6 millions Il faut également mentionner les aides fis
de bénéficiaires (13 millions de personnes cales. Certaines ont le caractère d’aides à la
9 AIDE A LA PERSONNE
personne car leur montant dépende des reve du plan de relance, 1,520 milliard supplé
nus du ménage : tel est le cas, des déductions mentaire (loi de finances rectificative pour
iour grosses réparations et améliorations
Î HOO millions prévus par la loi de finances
2009) pour le soutien à la construction et à
l’accession sociale (210 millions), l’héberge
pour 2009), de l’exonération des intérêts ment d’urgence (217 millions), la lutte contre
dans le cadre de l’épargne logement (700 mil l’habitat indigne (133 millions), l’accéléra
lions), du crédit d ’impôts sur le revenu tion de la rénovation urbaine (200 millions)
Correspondant aux intérêts d ’emprunt et la prime de solidarité active (760 millions).
(1,170 milliard en 2009, mais cette somme Au total, les aides au logement repré
devrait croître très vite et pourrait quadrupler sentent, aides fiscales et plan de relance
d'ici 2013, ce qui a conduit le gouvernement compris, plus de 21 milliards d’€ pour l’État.
en 2010 à la limiter en la fusionnant avec Par ailleurs, le 1% logement répartit, notam
des aides à la pierre, le ptz et le PASS-foncier) ment sous forme de prêts, environ 4 milliards,
et de diverses autres exonérations (130 mil tandis que les régimes sociaux et les
lions) ainsi que des exonérations d ’impôts employeurs versent plus de 9 milliards pour
locaux pris en charge par l’État (20 mil les aides personnelles, On peut donc estimer
lions), soit 2,8 milliards environ au total à plus de 34 milliards d ’€ les aides de la
(qui devraient dépasser 6 milliards en 2013). collectivité au logement (y compris rénova
D’autres ont le caractère d’aides à la pierre : tion urbaine, prévention de l’exclusion et
TVA à 5,5 % sur les travaux de grosses répara développement durable). L’ensemble de ces
tions et d’amélioration (5,4 milliards), sur la aides au logement se répartit en trois parties
construction et la réhabilitation de logements d ’importance comparable entre le secteur
sociaux (1,1 milliard) et sur les terrains à locatif social (un peu plus de 5 millions de
bâtir (110 millions), exonération d ’impôt sur logements), le secteur locatif privé (près de
les sociétés pour les organismes de logement 7 millions) et les propriétaires et accédants à
social (650 millions), crédits d’impôts corres la propriété (près de 16 millions).
pondants au prêt à taux zéro (0,7 milliard),
soit au total 8 milliards environ. Il en va de L’aide à la personne est plus récente que
même de certaines exonérations dites auxi l’aide à la pierre, instituée dès 1908 (loi Ribot)
liaires, telles les dépenses d ’équipement de et même dès 1894 par l’intermédiaire des
résidences principales dans les économies caisses d ’épargne (de façon facultative et à
d ’énergie et le développement durable petite échelle, il est vrai). É’extension progres
(1,5 milliard) et des déductions pour les sive de l’allocation logement et surtout la
investissements locatifs dans les dom -tom création de I’apl, pièce maîtresse de la loi de
(250 millions). Si l’on prend en compte ces 1977, visant à accorder plus d’importance à
derniers postes, le total des aides fiscales au l ’aide à la personne et moins à l’aide à la
logement (construction et amélioration) se pierre, allant ainsi dans le sens du rapport
monte à près de 10 milliards. Enfin, certaines Barre (Étude d ’une réforme du financement
dépenses, notamment les aides à l’investisse du logement, 1976) et, dans une certaine
ment locatif (560 millions), ont à la fois le mesure, du rapport Lion (Union des hlm ,
caractère d’aides à la personne (puisqu’elles 1975), en ont fait un élément au moins aussi
permettent à ceux-ci de réduire leur impôt sur important que cette dernière.
le revenu) et d’aides à la pierre (puisqu’elles La discussion sur les avantages respectifs
permettent la construction de logements loca de l ’aide à la pierre et de l ’aide à la personne
tifs, certes rarement sociaux, même si les peut se résumer ainsi :
loyers imposés sont un peu inférieurs à ceux — L’aide à la personne, par nature, est
du marché). Au total, les aides fiscales au mieux adaptée aux besoins des ménages et à
logement s’élèvent à plus de 13 milliards d’€. leurs ressources ; cependant, si elle est trop
Dans le même temps, 600 millions sont large - et c’est parfois le cas de I’apl actuel
consacrés aux aides à la construction locative lement - elle déresponsabilise l’occupant du
sociale proprement dite. On peut par ailleurs logement (surtout quand elle est versée direc
citer les 770 millions consacrés à la politique tement au bailleur ou à l’organisme de prêt
de la ville (loi de finances initiale pour 2009), comme c’est le plus souvent le cas pour F apl ,
auxquels sont venus s’ajouter, dans le cadre mais non pour l’AL).
28
AIDE À LA PIERRE
— L’aide à la pierre a l’avantage de rendre aussi constituer une forme d ’aide à la per
l’État, plus que les fluctuations de la sonne si elles sont fonction des ressources et
demande, maître du rythme de construction des charges du ménage).
et de permettre la constitution d’un patri L’aide à la pierre, introduite, à un niveau
moine locatif social, même si celui-ci n ’est très modeste il est vrai, dès avant la première
pas toujours occupé par les ménages les plus guerre mondiale pour les habitations bon
modestes (d’autant que les ressources et la marché (hbm ), a pris de l’ampleur après la
situation de famille évoluent après l’attribu seconde guerre mondiale avec les prêts hlm (à
tion et que le surloyer hlm que doivent payer partir de 1950), remplacés à partir de 1978 par
les locataires dont les ressources ont dépassé la loi du 4 janvier 1977 par les pla (location)
le plafond est modeste et n’est pas toujours et les pap (accession à la propriété), puis res
perçu). À long terme, il s’agit cependant là pectivement par les plus (2000) et par les ptz
d’un moyen efficace de répondre aux besoins (1995). L’aide à la personne, quant à elle, ne
des plus démunis. fut créée, avec l’allocation logement familiale,
Un équilibre entre les deux régimes d’aide qu’en 1948: encore était-ce une prestation
est souhaitable. La réforme de 1977 a sans familiale; ce n ’est qu’avec la loi de 1977,
doute rompu cet équilibre en faveur de l’aide créant l’aide personnalisée au logement, que
à la personne. Plusieurs réformes ont été suc l’État réorienta ses aides vers l’aide à la per
cessivement envisagées par les gouverne sonne, conformément aux orientations du rap
ments successifs entre 1982 et 1987. Aucune port Barre (1976).
réforme d’ensemble n ’a été effectuée. Seuls la Les prêts à taux privilégiés sont obtenus en
création en 1988 de I’apl 2, qui a entraîné une mobilisant des ressources financières bon
extension du champ de I’apl mais à un niveau marché, en particulier, par la « transforma
réduit, puis le « bouclage » des aides par la loi tion » par la Caisse des dépôts et consigna
Besson du 30 mai 1990, enfin l’unification de tions, en prêts à long terme, des dépôts des
I’apl en 1997 sont intervenus, mais toutes ces caisses d ’épargne et des chèques postaux
mesures ont encore accru le coût des aides à la (depuis 1965, les banques sont invitées à pro
personne. Les rapports à ce sujet se sont mul céder de même pour accorder des prêts immo
tipliés sans qu’une solution moins coûteuse biliers à long terme).
ait été dégagée ou en tout cas retenue par les L’aide à la pierre a pour avantages princi
gouvernements successifs. paux:
La solution pourrait être une « aide à la — de permettre la constitution, à long
pierre personnalisée » qui serait accordée aux terme, d’un important patrimoine social,
organismes constructeurs (dans le secteur notamment locatif ;
locatif) et aux ménages (en accession à la pro — de permettre à l’Etat d’être maître, plu
priété) en fonction des ressources et de la tôt que les fluctuations de la conjoncture et de
taille du (des) ménage(s) à loger et révisable la demande, de la politique et du volume de
périodiquement lorsque ces caractéristiques construction ;
évolueraient. — de pouvoir répondre aux besoins des
plus démunis.
P. M.
On lui a reproché (et ce fut l’origine de la
- » Accession à la propriété ; Aide à ta pierre ; Location. réforme de 1977) :
— l ’injustice tant lors des attributions (dont
les collectivités locales, qui contrôlent les
AIDE À LA PIERRE offices publics d ’HLM, font souvent un moyen
d ’action politique) que quant aux catégories de
Aide financière à la construction de loge bénéficiaires (dont les ressources sont très
ments destinés à la location ou à l’accession à variables, les ménages pouvant conserver la
la propriété, visant à réduire le niveau du loyer «rente de situation» d ’un logement aidé,
ou des annuités de remboursement afin de sol- même si leurs ressources et leurs charges de
vabiliser certaines catégories de population. famille, ayant évolué, ne le justifient plus) ;
L’aide à la pierre peut prendre la forme de — sa complexité, l’État ayant multiplié,
subventions, de prêts à taux privilégiés, de dans le domaine locatif, les sous-catégories
déductions fiscales (ces dernières peuvent de logements aidés au cours des années (à
29
AIDE À LA PIERRE
vrai dire, il ne s’agit pas là d’un défaut de sans but lucratif. Ils étaient financés par la
l’aide à la pierre, mais d’une critique de son Caisse des dépôts et consignations avec boni
emploi). fications par l’État. Ces prêts, d’une durée de
L’aide à la pierre avait pris, avant la réforme vingt-cinq ans, avaient des taux un peu infé
de 1977, les formes suivantes : rieurs aux prêts spéciaux du Crédit foncier.
— Primes à la construction : Subvention — Les prêts immobiliers conventionnés
au mètre carré construit, payée pendant dix (pic), créés en 1971, étaient des prêts destinés
ou vingt ans à l’acquéreur, pouvant accompa à l’accession à la propriété sans condition de
gner un prêt aidé (jusqu’en 1971, elles pou ressources pour des logements bénéficiant de
vaient né pas accompagner un prêt aidé, mais primes (ce qui supposait le respect de cer
cette mesure revenait à aider indûment beau taines normes et des prix plafonds). Consentis
coup de ménages aisés). par les établissements bancaires, pouvant cou
— Prêts à faible taux d ’intérêt aux orga vrir 80 % du prix plafond, ils avaient des taux
nismes hlm pour la constructiqn locative : jus d’intérêt progressifs et supérieurs au taux du
qu’en 1966, des crédits d ’État couvraient marché, mais ne bénéficiaient pas d’une aide
85 %, du coût sous forme de prêts à quarante- de l’État.
cinq ans à 1 % d’intérêt, avec différé d’amor La réforme de 1977, dite réforme Barre car
tissement (avec un prêt complémentaire de la décidée par le gouvernement Barre suite à un
Caisse des dépôts et consignations (cdc) cou rapport du Pr Barre publié en 1975, a simplifié
vrant 10 % du coût). Mais le système était très le régime des aides à la pierre en limitant à
dépendant du volume de l’aide budgétaire. En deux les catégories de prêts aidés par l’État
1966, a été instituée la Caisse des prêts aux ouvrant droit à l’aide personnalisée au loge
organismes d ’HLM, gérée par la Caisse des ment (apl) créée par la même réforme : les
dépôts et consignations (cdc). Celle-ci, avec prêts locatifs aidés (pla) et les prêts aidés à
les fonds qu’elle se procurait (caisses 1’a.ccession à la propriété (pap). Mais, par la
d ’épargne et comptes postaux essentielle suite, de nouvelles catégories de prêts ont été
ment), consentait des prêts aux organismes créées pour mieux les adapter à la diversité
d ’HLM dont le taux pouvait être limité grâce a des situations, notamment dans le domaine de
un apport budgétaire de l’État, dans les limites la constmction locative. Puis les pap ont été
d’un volume fixé chaque année par l’État lors remplacés par les prêts à taux zéro (ptz) en
de la préparation du budget. Le prêt couvrait 1995 et les pla par les prêts locatifs d’usage
95 %, du prix de revient maximum pour les social (plus) en 2000. Au total, les méca
hlm et les programmes très aidés (plr , psr , nismes de prêt mis en place à partir de 1978
etc.). Les prêts de la Caisse des hlm étaient à ou par la suite sont les suivants :
quarante ans pour les hlm , avec trois ans de
différé d’amortissement et trois ans de remise
totale d ’intérêt, à des taux très faibles (3,6% 1. Dans le domaine de la location
en 1975 par exemple).
— Prêts spéciaux du Crédit foncier qui — Les prêts locatifs aidés (pla), destinés
finançaient sur trente ans (à des taux de l’ordre à la construction de logements locatifs
de 6 à 9 %, grâce à une transformation des (acquisitions foncières et construction ou
primes de l’Etat en bonifications d ’intérêt) la amélioration-réhabilitation), étaient attribués
construction destinée à des classes moyennes par la Caisse des prêts aux organismes d ’HLM
(des plafonds de ressources étaient fixés) en (depuis 1986, la Caisse de prêts aux orga
location pour 55 %, du coût total ; en acces nismes d ’HLM est supprimée et la Caisse des
sion à la propriété sur vingt ans pour 70 % dépôts et consignations les distribuait directe
du coût. ment) à ces organismes et aux sociétés d ’éco
— Les prêts hypothécaires des sociétés de nomie mixte de construction, de rénovation
crédit immobilier (créés dès 1908 conformé urbaine ou de restauration immobilière; par
ment à la loi Ribot) ou prêts à l’accession à le Crédit foncier de France dans les autres
la propriété hlm étaient destinés à des per cas. C’est à ces organismes que l’État versait
sonnes physiques (avec un plafond de res son aide éventuelle qui a longtemps (avant
sources : celui du secteur locatif hlm , majoré 1996) pris la forme de subventions ou de
de 40 %) ou à des organismes de construction bonifications d’intérêt. Leur durée était de
aidiAla h im i 30
Ut a i t | M nte-deux ans pour les prêts cdc , plus la moitié des surfaces annexes: caves,
S 8 Vingt-cinq ans au maximum (trente ans
pour les prêts à taux révisable) pour les prêts
balcons et loggias) en zone I bis ; de 33,40 F
en zone I ; de 29,25 F en zone II ; de 27,15 F
CFF, Les prêts cdc comportaient une période en zone III. Il était prévu que les construc
de préfinancement jusqu’à dix-huit mois teurs participeraient au financement de
(deux ans pour les pla très sociaux) ; les prêts I’apl, mais cette disposition a été supprimée
CFF un différé d’amortissement de deux ans. en 1981. La loi de finances pour 1999 prér
Le taux était, en 1999-2000, de 3,55%, révi voyait le financement de 50 000 pla , mais les
sable en fonction du taux de rémunération du dernières années un dixième environ des
livret A des caisses d’épargne pour les prêts logements pla budgétés n’ont pas été effecti
cdc et de 6,5 % pour les prêts CFF. Les annui vement financés et un autre, dixième n ’a pas
tés pouvaient être progressives (de 0,5% été mis en chantier.
maximum en 1999 pour les prêts cdc et de — Les prêts locatifs intermédiaires (pli)
1,5 % pour les prêts cff). Le pla -cdc était ont été créés en 1987 pour répondre aux
complété par une subvention qui a longtemps besoins de catégories à revenus intermédiaires
correspondu à 12,7% du prix de l’opération entre les plafonds pla et ceux qui permettent
plafonnée à 90 % du prix de référence : cette de louer un logement à loyer libre dans les
subvention, plus modeste, a été ensuite limi grandes agglomérations! (région parisienne
tée à des cas particuliers (5 % en acquisition- surtout). Les locataires n’ont pas droit à I’apl,
amélioration, 9,5% ou 12% en Corse). Pour mais éventuellement à l’allocation-logement
les pla -cff, la subvention prenait la forme (AL). Les pli avaient été précédés, à partir de
d’une bonification d’intérêt, qui a été rempla 1983, d’une expérimentation par combinaison
cée en 1988 par une subvention de l ’Etat, de dispositifs existants (prêts conventionnés,
puis en 1996 par la réduction du taux de tva. 1 % logement, etc.). Les pli sont également
Après le 1er octobre 1996, cette aide de l’Etat accordés par la cdc aux organismes hlm et
prenait la forme du bénéfice de la tva au taux sem et, aux ménages, par les établissements de
de 5,5 %, tant pour les pla -cdc que pour les crédit choisis après adjudication. Il n ’y a pas
pla - cff. En outre, afin d’éviter que les loge de prix de revient maximum, mais le prêt est
ments locatifs sociaux ne se concentrent dans en principe limité à 70% d’un prix plafond.
les zones défavorisées, des subventions pou Leur durée peut atteindre trente ans, y compris
vaient être apportées aux collectivités locales un possible différé d’amortissement de deux
qui cédaient un terrain à un organisme d ’HLM ans. Leur taux est indexé sur celui du livret A,
ou à une sem : ces subventions couvraient de soit 2,7 % à 3 % fin 2009. Les plafonds de
30 à 50 % du dépassement de la charge fon loyers varient selon la zone géographique, de
cière de référence. Les logements construits 7,22 € à 17,32 € (Paris et communes limi
devaient respecter des normes d’habitabilité, trophes) par m2 en 2009-2010. Le plafond de
de qualité et de confort. Les occupants ne ressources est celui des plus multiplié par un
devaient pas dépasser un plafond de res coefficient qui varie de 1,4 à 1,8 selon la zone
sources indexé sur le smic et dépendait de la géographique et le nombre de personnes du
localisation du logement et de la dimension ménage (de 51 441 6 à 84 449 € pour un
du ménage. Ces plafonds correspondaient en couple avec deux enfants selon la zone géo
1999 au cas de près de 60% des ménages. graphique).
Les loyers sont fixés par une convention pas — Les prêts locatifs aidés très sociaux
sée entre l’organisme constructeur et l’Etat, (pla-ts), construits par les organismes hlm ,
pour une durée au moins égale à celle du les sem et les organismes agréés, avaient à
prêt: c’est le conventionnement qui ouvre le l’inverse pour objet de répondre aux besoins
droit à I’apl pour les locataires. Il y avait un de ménages à revenus très modestes. Ces pla
plafond de loyer (la dde peut cependant auto d’insertion (pla -i) o u pla à loyer minoré (pla-
riser une marge supplémentaire jusqu’à 12% lm ) avaient les mêmes caractéristiques que les
en fonction de la localisation ou de critères de pla ordinaires, mais ils bénéficiaient d’une
qualité, voire 18% pour les immeubles avec subvention de l’État (dans le neuf, 8 % pour
ascenseur): en 1999-2000, celui-ci était de les pla-lm et 20 % pour les pla-i , davantage
35,50 F par mètre carré de surface utile dans quelques cas particuliers) et pouvaient
(c’est-à-dire la surface habitable du logement bénéficier d’une subvention complémentaire
n AIDE À LA PIERRE
de la région et recourir plus largement au 1 % (6,5 %) était désormais dissuasif (en priorité
logement. Les plafonds de ressources étaient dans les zones où le marché du logement est
fixés à 60 % de ceux des pla . Les plafonds de tendu). Le pls a un taux indexé sur celui du
loyers étaient égaux à 80 % de ceux des pla . livret A. Sa durée est de 30 maximum. Il peut
De 1987 à 1999,30 000 pla -ts ont été budgé couvrir au plus la totalité du prix de revient
tés chaque année, mais depuis leur création (moins les subventions) le coût de la
seulement la moitié environ des pla-ts budgé construction. Il ouvre droit à la tva à 5,5 %, à
tés ont été effectivement financés. Le montant l’exonération de la taxe foncière pendant 25
moyen de la subvention d ’État était de (ou 30) ans et peut ouvrir le droit à I’apl
65 000 F environ, soit un coût effectif de (sous conditions de ressources). Le plafond
l’ordre de 780 millions pour 12 000 logements de ressources est égal à 1,3 fois celui des plus,
financés. Un peu plus de la moitié de ces soit par exemple, en 2009-2010, 47 772 € à
pla-ts étaient en acquisition-amélioration et 66 299 € pour un couple avec deux enfants
non en construction neuve. selon la zone. Le plafond de loyer varie, selon
Seuls les pla-i , rebaptisés prêt locatif aidé la zone, de 7,31 € à 12,38 € par m2 soit pour
d’intégration (plai), délivrés par la cdc , ont le ménage précédent. L’organisme construc
été conservés à partir de 2000. Ils peuvent teur s’engage à louer à ce loyer (éventuelle
couvrir la totalité du prix de revient, déduction ment avec des majorations par dérogation)
faite des subventions et bénéficient de la tva à pendant une durée au moins égale à celle du
5.5 % et d’une réduction de 25 à 30 % sur la prêt et comprise entre quinze et trente ans. Le
taxe foncière. Le plafond de ressources est de nombre de pls prévus au budget a crû rapide
55 % de celui des plus (20 323 € à 28 051 € en ment : 4 000 en 2000,22 000 en 2004, 32 000
2009-2010 pour un couple avec deux enfants (plus 10 000 de la Foncière Logement et
selon la zone géographique) et celui des loyers 30 000 construits par des investisseurs privés
de 89 % (4,32 € à 5,65 € par m2 selon la zone et vendus à des organismes de logement
pour le même ménage). Leur durée est de 40 social) en 2009. En 2008, 33 258 pls ont été
(voire 50 ans selon la charge foncière). Leur financés (plus 5 089 logements de la Foncière
taux est indexé sur celui du livret A : il était Logement).
(du 1er août 2009 au 31 janvier 2010) de — Les prêts locatifs à usage social ( plus)
1.05 % (pour un taux du livret A de 1,25 %) ont été créés par décret du 14 septembre 1999.
avec possibilité d ’échéances progressives Ils ont pris effet le 1er mai 2000 et ont rem
(jusqu’à 0,5 % par an). En 2009, le finance placé à la fois les pla et les pla-lm . Ils sont
ment a été prévu pour 27 500 logements. Le consentis aux organismes constructeurs à la
nombre de logements réalisés financés par un condition de louer au moins 30% de leurs
plai, qui dépassait à peine 5 000 au début de la logements à des ménages rentrant dans le
décennie, a fortement augmenté au cours des cadre des pla -ts (ressources inférieures à
dernières années (13 000 en 2007, 17 000 en 60% des plafonds pla ). À l’inverse, ils
2008 et plus de 20 000 prévus en 2009). peuvent accueillir 10% de locataires dont les
— Les prêts conventionnés locatifs ( pcl ) ressources n ’excèdent pas 120% de ces pla
ont également été mis en place. Il s’agissait de fonds, ce qui les rend susceptibles d ’accueillir
permettre la construction de logements loca 80 % environ des ménages. L’objectif pour
tifs à loyer intermédiaire entre ceux des pla et suivi est d’encourager la mixité sociale. Leur
:eux des p l i : 1,5 fois le loyer pla en neuf et taux est révisable et indexé sur celui du livret
1,3 fois dans l’existant. Le taux de référence A : il était, en 2009-2010, de 1,85 % (pour un
était le taux de référence du cff plus une taux du livret A de 1,25 %) avec mensualités
marge maximale de 1,75% à plus de vingt pouvant être progressives (de 0,5 % par an au
ms, soit 6,25 % en 2000 (en fait, le taux était maximum). Le plafond de ressources est
îégocié en fonction des taux du marché). Il indexé sur l’indice de référence des loyers : il
l ’y avait pas de plafond de ressources des variait, en 2009-2010, selon la zone géogra
ocataires. Ils pouvaient ouvrir droit à I’apl phique, pour un couple avec deux enfants (ou
;elon le montant de celles-ci. une personne seule avec deux personnes à
— Les prêts locatifs sociaux (pls) ont été charge) de 36 748 € à 50 999 € de revenu
nis en place depuis le 1er octobre 1996 pour imposable 2008 (soit un revenu mensuel réel
emplacer de fait le pla - cff , dont le taux de 3 450€ à 4 800 € environ en 2010) selon la
AIDE A LA PIERRE 32
zone géographique. Les plafonds de loyers les opérations groupées, un montant variable
avaient été fixés à 90 % de ceux des pla et pour les opérations isolées. Leur durée était
sont révisés chaque année, soit par exemple, de quinze, dix-huit ou vingt ans. Ils compor
our le ménage précédent, au 2e semestre taient un différé d ’amortissement de deux ans
009, de 4,86 € à 6,34 € par m2 selon la zone et leur coût était inférieur au coût auquel les
géographique. organismes prêteurs se procurent l’argent, ce
Les subventions - qui n ’existaient plus qui nécessitait une aide budgétaire de l’Etat
pour les pla que dans des cas particuliers - sous forme de bonification d ’intérêts. Leur
ont été rétablies au taux de 5 % (ou augmen taux était de 6,95 % à vingt ans en 1995 avec
tées de 5% quand elles existaient, soit 10% des annuités constantes (les prêts à taux fixes
par exemple en acquisition-amélioration) et la et annuités progressives, que le taux désor
tva a été maintenue au taux réduit de 5,5 %. mais faible de l’inflation ne justifiait plus,
La durée des prêts, distribués uniquement par avaient été supprimés en 1991). Les bénéfi
la cdc , est de trente-cinq ans, la partie de ces ciaires ne devaient pas dépasser un plafond de
prêts qui couvre le foncier pouvant être pro ressources, indexé sur le smic. Ce plafond
longée de quinze ans ainsi que l’exonération n’était pas très différent de celui des pla (ce
de taxe foncière pendant 25 (ou 30) ans. En qui était discutable, car cela incitait des ména
2008, 62 000 plus avaient été budgétés, mais ges modestes à s’endetter pour accéder à la
seulement 49 000 réalisés (plus 12 000 par propriété et pouvait créer des situations diffi
I’anru) et, pour 2009, le financement prévu ciles lorsque leur situation familiale ou finan
permettait 65 500 plus (hors anru). cière évoluait). Ces plafonds de ressources
— Les subventions pour surcharge fo n étaient, jusqu’au 30 septembre 1995, pour un
cière peuvent s’ajouter (mais ce n ’est pas couple avec deux enfants, selon que le
automatique) aux plus et aux plai (ou excep conjoint travaillait ou non : 186 186 F et
tionnellement à des opérations pls ou pli en 150 157 F en Île-de-France ; 148 497 F et
Ile-de-France) en cas de dépassement de la 119 778 F dans les agglomérations de plus de
valeur foncière de référence^ qui varie, selon 100 000 habitants, le sud du département de
la zone géographique, de 100 € à 200 € par m2 l’Oise, les îles et les villes nouvelles de pro
en habitat collectif neuf (130 € à 290 € en vince (zone II) ; 136 109 F et 109 786 F dans
individuel neuf) à 1 000 € à 1 300 € en le reste de la France (zone III). Des prix pla
acquisition-amélioration (collectif ou indivi fonds devaient être respectés. Des normes
duel). Le taux de subvention varie de 30 à minimales d’habitabilité (surface) et de qua
50 % du surcoût dans la limite d’un plafond lité étaient fixées en fonction de la composi
(2 fois la valeur foncière de référence dans le tion du ménage. Les plafonds de prêts étaient,
neuf et 40% de celle-ci en acquisition- depuis juillet 1993, pour un couple avec deux
amélioration). En 2008, un peu plus de enfants, qui devait occuper au moins 73 m2,
200 millions ont été accordés à ce titre. de 599 249 F et 717 598 F en Île-de-France,
de 502 010 F et 596 980 F en zone II, de 431
152 F et 512 707 F en zone III, selon qu’il
2. D a n s le d o m a in e d e l ’a c ce ssio n à la p r o s’agissait de construction en secteur diffus ou
p r ié té en secteur groupé.
— Les p r ê t s à ta u x z é r o , institués par
— Les p r ê ts a id é s à l'a c c e ss io n à la p r o décret du 29 septembre 1995, ont remplacé
p r ié té (pap), supprimés en 1995, étaient des de 1995 à 2005 les pap et les avantages fis
tinés à l’accession à la propriété en résidence caux qui y étaient attachés. C’est en feit une
principale (acquisition foncière et construc avance (puisque sans intérêt) destinée aux
tion ou acquisition-amélioration) pour des primo-accédants à titre de résidence princi
ménages de revenus moyens. Ces prêts étaient pale, dans le neuf ou dans l’ancien compor
accordés par le Crédit foncier de France aux tant au moins 35 % de travaux. Elle est
personnes physiques, aux sem ou aux sociétés décontingentée et accordée par les établisse
anonymes de crédit immobilier, et par la ments de crédit ayant passé une convention
Caisse des dépôts et consignations aux orga avec l’État: ceux-ci reçoivent de l’État une
nismes d ’HLM. Les prêts pouvaient atteindre subvention égale aux intérêts non perçus.
90% du prix, frais de notaire compris, pour Elle est limitée à 20% du coût global avec
33 AIDE A LA PIERRE
un coût plafond qui dépend de la taille du ans : ce mécanisme présente pour l’État le
ménage et de la localisation. Elle est égale double avantage d’en étaler la charge et de
ment plafonnée à un tiers des sommes donner à celle-ci la forme d ’une perte de
empruntées : elle est donc complétée par un recettes au lieu d’une dépense budgétaire. La
prêt au taux du marché. En pratique, elle principale nouveauté est que le nouveau prêt
représentait 16% en moyenne du finance peut être accordé pour l’achat d’un logement
ment d ’une opération qui se montait à ancien, sans condition de travaux, à condition
100 000 € en moyenne. Le ptz a été utilisé que le logement corresponde à des normes
dans 89 % des cas pour l’achat d’une maison minimales de confort et de surface (ou que
individuelle et pour un logement neuf dans des travaux permettent de les atteindre) ou en
87% des cas. Le coût pour l’État était de cas de location-accession. On estime qu’en
1,065 milliard d’€ (loi de finances pour 2009 auront été distribués 77 600 nouveaux
2004), soit 9 000 € en moyenne par prêt. La ptz pour l’achat de logements neufs et
durée de remboursement (donc la subvention 111 500 pour l’achat de logements anciens
correspondant à l’absence d’intérêt) variait (plus 44 300 en acquisition-amélioration),
selon le revenu du ménage : en 2004, de soit 255 000 au total. Leur montant moyen a
6 ans pour un revenu fiscal 2002 supérieur à atteint, en 2008, 20 000 € (contre 15 000 €
28 416 € (environ 3 500 € par mois) à environ pour l’ancien ptz).
19 ans (dont 15 ans correspondent à un dif La durée du prêt (période de différé plus
féré d’amortissement permettant de rembour période de remboursement) varie selon le
ser les autres prêts) pour un revenu inférieur revenu du ménage de 9 à 26 pour un logement
à 1 500 € par mois. Le ptz pouvait ouvrir le neuf (12 à 30 en zus et en zfu ou en cas d’aide
droit à I’apl si le prêt complémentaire y don de la collectivité locale) et de 6 à 22 pour un
nait droit (PC ou PAS, ce qui était le cas dans logement ancien. Les plafonds de ressources
un peu plus de la moitié des cas). Le plafond sont par exemple, pour un couple avec deux
de ressources dépendait de la taille du enfants, en 2010, 56 875 € de revenu fiscal
ménage, mais cette avance était accessible à 2008 (soit environ 5 450 € de revenu réel en
des revenus moyens (en 2003, pour un 2008) en Île-de-France, sur la Côte d’Azur et
ménage de quatre personnes, jusqu’à dans le Genevois fiançais et 40 488 € (3 850 €
34 728 € de revenu fiscal 2001, soit 4 270 € par mois) dans les autres régions (plus
par mois, en Île-de-France et 31 572 €, soit 12 500 € ou 15 000 € en cas de majoration).
3 880 € par mois, ailleurs) : près de 90 % des Le plafond du prêt est doublement
ménages y avaient accès (63 % pour les pap limité, d’une part à 20 % (logement ancien) ou
en 1995 lorsqu’ils ont été remplacés par les 30 % (logement neuf) du coût global (30 % ou
ptz). De fait, la moitié des bénéficiaires 40 % en zus ou zfu ) et d’autre part à 50 %
avaient un revenu fiscal inférieur à 12 638 € (logement ancien) ou 100% (logement neuf)
(soit un revenu mensuel inférieur à 1 550 € du total des autres prêts d ’une durée supé
environ): les ouvriers (32%), les employés rieure à 2 ans. Il dépend de la zone géogra
(28 %) et les professions intermédiaires phique et de la taille du ménage : par exemple,
(21 %) étaient les plus nombreux à recourir à pour un couple avec deux enfants, en 2009, à
ce type de financement. Près des deux tiers 27 500 € dans le neuf et à 24 750 € dans
(63% ) des emprunteurs avaient moins de l ’agglomération parisienne, sur la Côte
35 ans. Le nombre moyen annuel de prêts à d’Azur et dans le Genevois fiançais. Le coût
taux zéro (ptz) a été de 112 000 en moyenne budgétaire des prêts consentis en 2005 devait
(avec une tendance à la diminution), soit atteindre 1,2 milliard d’€ en 2009 et être étalé
environ 1 100 000 fin 2004. Mais le nombre jusqu’à cette date, et ainsi de suite pour les
de mises en chantier effectives a été plus prêts des années postérieures. La subvention
faible : 90 000 environ en moyenne. Le coût et le crédit d ’impôt représentaient en
budgétaire du ptz a été de 550 millions d’€ moyenne, en 2007, 6 3706 (pour un montant
en 2004. moyen du prêt de 18 120 € dans le neuf et de
— Le n o u v e a u p r ê t à ta u x zé r o , mis en 14 550 € dans l’ancien). Le coût budgétaire
place le 1er février 2005, remplace la subven des prêts consentis en 2008 devait atteindre
tion aux établissements bancaires par un cré 1,2 milliard d’€ en 2009 et a été, grâce au
dit d ’impôt sur leurs bénéfices, étalé sur cinq nouveau dispositif, étalé jusqu’à cette date.
AIDE A LA PIERRE 34
Dans le cadre du plan de relance, le nouveau total de l’opération. Le montant moyen était
ptz a été doublé en 2009 et au premier de 97 090 € en 2006. Leur taux est inférieur de
semestre 2010, et majoré de 50 % au second 0,6 % à ceux des prêts conventionnés, soit
semestre 2010. 6,00% en 2009-2010 pour un prêt à plus de
— Les p r ê t s c o n v e n tio n n é s (pc) ont rem vingt ans. Leur nombre a dépassé 70 000 en
placé, également en 1977, les pic. Ils ont eu 2002, mais n ’a plus été que de 40 000 en 2008
plus de succès que ces derniers, parce que, (52 % des prêts conventionnés). En fait, cette
s ’ils sont consentis sans conditions de res mesure avait pour objet, face à la diminution
sources, ils peuvent, sous de telles conditions, du nombre de pap, d’offrir, en ne mobilisant
ouvrir droit à T apl. Comme ceux-ci, ils sont les ressources de l’État que pour une garantie
consentis par des organismes bancaires, sans d ’emprunt, mais pas pour une bonification
conditions de ressources mais sans aide de d ’intérêts, une offre alternative d ’accession
l’État. Cependant, des conventions entre le sociale à la propriété. Leur nombre a rapide
Crédit foncier de France et les établissements ment augmenté (plus de 78 000 en 1996),
prêteurs précisent leurs caractéristiques et les mais a diminué depuis (37 500 en 2Q02) en
bénéficiaires privilégiés (couches moyennes raison de la baisse des taux d’intérêt qui n ’a
pouvant bénéficier de I’apl). Ils sont destinés pas été suivie pour les pc et les pas.
à la résidence principale en construction, mais — Le p rê t social de location-accession
aussi en acquisition-amélioration, voire à des (psla ), créé en 2004, est également un prêt
travaux d ’amélioration (agrandissement ou conventionné qui est dédié à la location-
adaptation pour les personnes handicapées). accession. Il ouvre droit à la tva à 5,5 % et à
Ils peuvent couvrir jusqu’à 100 % du prix, une exonération de la taxe foncière des pro
taxes et frais d’achat compris et ont une durée priétés bâties pendant quinze ans. L’opérateur
de cinq à trente ans. Leur taux, supérieur à doit être agréé et signer une convention avec
celui des anciens pap, est en principe inférieur l’État. Le ménage verse, pendant la phase
à celui du marché (ce n ’est plus vrai depuis la locative, une redevance (le loyer plus une part
forte baisse de ces derniers) : il est égal à un d ’acquisition), puis, pendant la phase d ’acces
taux de référence plus une marge, mais, dans sion (après la levée de l’option d’achat), un
les faits, négocié en fonction des taux du remboursement du prêt, pour lequel il peut en
marché (soit au maximum 6,60 % en 2009- outre bénéficier d’un nouveau prêt à 0%. Le
2010 pour un prêt à plus de vingt ans). Les prêt, accordé par un établissement de crédit
normes d’habitabilité, de qualité et de confort habilité, a une durée maximale de trente ans,
sont celles des anciens pap. Le montant moyen dépend du taux du marché (2,3 % à 2,65 % en
de ces prêts a été de 103 380 € en 2006. Après 2009) et peut atteindre 100% du coût de
un maximum en 2003 (115 000), leur nombre l’opération. En phase locative, le plafond de
décline (76 400 en 2008). loyer varie, en 2009-2010, selon la zone géo
— Les p r ê ts d ’a c c e ssio n so c ia le (pas) sont graphique, de 7,29 6 à 10,69 € par m2. Il y a en
venus compléter ce dispositif à partir de 1994 : outre un plafond de prix du logement : en
l’Etat accorde sa garantie, par l’intermédiaire 2009-2010, il variait, selon la zone, de 2 100 €
d’un Fonds de garantie de l’accession sociale à 4 100 € par m2. Le plafond de ressources
à la propriété, à des prêts conventionnés attri dépend de la zone géographique et de la taille
bués par des établissements bancaires aux du ménage: il était, en 2009-2010, le même
ménages de ressources moyennes. Ces prêts que celui des pas. Le psla n ’a pas suscité un
ouvrent droit à I’apl sous réserve de res très grand intérêt : il n ’en a été distribué que
sources (plus de la moitié des cas). Les pla 2 558 en 2008.
fonds de ressources dépendent de la zone — Le PASS-foncier, institué en 2007, est un
géographique et de la taille du ménage : par dispositif d’acquisition par dissociation entre
exemple, en 2008, pour un couple avec deux le foncier et la construction, donc limité aux
enfants, ils étaient de 39 118 € dans l’agglo logements neufs. Le prêt principal permet le
mération parisienne, sur la Côte d ’Azur et remboursement de la construction et le pass-
dans le Genevois français et de 31 199 € foncier, financé par le 1 % logement, celui
ailleurs (montants portés, pour 2009 dans le du terrain après le remboursement du prêt
cadre du plan de relance, à 56 875 € et principal (maximum : vingt-cinq ans). Il ne
40 489 €). Ils peuvent atteindre le montant concerne que les primo-accédants en rési
AIDE À LA PIERRE
«I
dente principale et doit être associé à une opah, aux logements de plus de quinze ans ne
tilde à la construction accordée par une col disposant pas du confort de base (w.-c. inté
lectivité locale (au moins 3 000 à 5 000 € rieur, salle de bains, chauffage central) ou pré
ttelon la zone et la taille du ménage). Les sentant un danger pour la santé ou la sécurité
plafonds de ressources et les plafonds de prix des occupants et aux logements des proprié
sont les mêmes que pour le psla. Il ouvre taires à faibles ressources, mais les travaux
droit à la TVA à 5,5 %. Le taux, en 2010, est peuvent inclure d ’autres améliorations. Le
de 1,25 % ou de 2,5 % selon que le bénéfi propriétaire doit s’engager à habiter le loge
ciaire est ou non salarié du secteur assujetti ment en tant que résidence principale pendant
au « 1 % logement». Son montant ne peut six ans. Ses ressources ne doivent pas dépas
dépasser 30% du coût de l ’opération et ser un plafond, qui est par exemple, pour un
comporte un plafond qui dépend de la zone couple avec deux enfants, de 33 330 € en Ile-
géographique (de 30 000 € à 50 0006). Le de-France et de 23 040 € ailleurs (ces plafonds
projet «M a maison à 15 € par jour» (mai sont majorés dans les opah et dans les secteurs
sons de 85 m2 minimum respectant des sauvegardés et réduits pour les propriétaires
normes thermiques sur un terrain d’au moins très sociaux). Le double plafond de la subven
250 m2), lancé en 2008, repose sur le pass- tion est normalement de 13 000 € et 35%
foncier et s’adresse aux ménages de trois per pour les propriétaires à faibles ressources
sonnes et plus dont le revenu se situe entre (30 000 € et 35% pour les propriétaires à
1 500 et 2 000 € par mois, mais ce fut un faibles ressources, voire 50 % pour les loge
échec (environ 800 maisons vendues). La ments insalubres). En 2008 », 53 700 ont reçu
«maison à 15 € par jour» l’a remplacé, mais une subvention moyenne de 2 670 €, soit un
on semble devoir être très éloigné de l’objec total de 145 millions d’€, dont 87 pour les
tif fixé (10 000 maisons en 2009). Des cri logements dont le propriétaire est impécu
tères techniques minimaux doivent être nieux et 37 pour permettre le maintien à domi
respectés. L’objectif est de 30 000 logements cile de personnes âgées. Il faut y ajouter
en 2010, mais 5 000 au mieux sont attendus 34,2 millions d’€ accordés pour 17 575 loge
en 2009. Les différents mécanismes de ments situés dans des copropriétés dégradées
garantie de prêts assurés par le 1 % logement (1 950 € par logement).
concernent en 2008 environ 1 million de — Les su b v e n tio n s e t les p r ê ts d e I ’a n a h
ménages pour un montant de 1,6 milliard sont accordés aux propriétaires bailleurs, en
d’€. diffus ou dans le cadre des opérations pro
Dans le cadre des économies budgétaires, il grammées d ’amélioration de l ’habitat en
a été envisagé de fusionner, à partir de 2011, contrepartie d ’un engagement de location
le nouveau prêt à taux zéro, le PASS-foncier et pendant neuf ans si les travaux ont dépassé
la déductibilité des emprunts pour l’achat 1 500 €, six ans dans le cas contraire, pour
d’une résidence principale. des travaux de sécurité, de salubrité, d’équi
Il existe également des aides à la pierre pour pement, d’économie d’énergie ou d’isolation
l’amélioration de l’habitat existant, notam acoustique dans des logements décents de
ment: plus de quinze ans. Le taux maximal de sub
— Les primes à l ’amélioration de l ’habitat vention varie selon le lieu de l’opération et le
(pah) et les anciennes subventions à la résorp type de location : il est par exemple en Ile-de-
tion de l’habitat insalubre étaient accordées France de 50 % en opah , de 70 % pour les
aux propriétaires occupants de ressources programmes sociaux destinés aux personnes
modestes. La pah était une subvention de très défavorisées, de 15 % pour les logements
20 % au maximum du coût des travaux avec à loyers libres et de 40% pour ceux à loyers
un plafond (sécurité, salubrité, équipement, intermédiaires. Il y ,a un plafond de res
économie d’énergie) de 70 000 F (le taux et le sources (33 330 € en Île-de-France) et un pla
plafond peuvent être accrus dans certains cas) fond de loyer (celui des pli, des plus et des
qui concerne des logements de plus de plai selon le cas). En 2008, 26 000 proprié
vingt ans. À partir de 2002, les pah ont été taires ont reçu 310 millions d’€ (12 000€ en
remplacées par des subventions de l’Agence moyenne).
nationale de l’habitat (anah). Elles sont réser — Les p r im e s à l ’a m é lio r a tio n d e s lo g e
vées, sauf pour les logements situés dans une m en ts à u sa g e lo c a t i f e t d ’o ccu p a tio n s o c ia le
AIDE À LA PIERRE
36
(palulos) sont accordées aux bailleurs sociaux domaines d ’amélioration (isolation de la toi
pour les aider à améliorer leur parc (logements ture, isolation des murs extérieurs, remplace
de plus de quinze ans) : mise aux normes ment des fenêtres, adoption d ’un nouveau
d ’habitabilité, économies d’énergie, écono système de chauffage ou d ’eau chaude plus
mies de charges, renforcement de la sécurité, performant ou faisant appel à une énergie
amélioration de la vie quotidienne, etc. Les renouvelable) avec des critères de perfor
plafonds de ressources et de loyers sont les mance. Le montant maximal du prêt est
mêmes que pour les plus . La convention de 10000€ (assainissement collectif), de
ouvre droit à I’apl pour le locataire et à la tva 20 000 € en cas de bouquet de deux travaux
à 5,5 % pour les travaux. La subvention d’État et de 30 000€ en cas d ’amélioration de la
( 10 % à 25 % ou exceptionnellement 40 % des performance énergétique globale ou d’un
travaux dans la limite de 13 000 €, ou 20 000 € bouquet de trois travaux au moins Sa durée
si la surface habitable augmente de plus de est de trois à dix (voire quinze) ans. L’éco-
10 %) est complétée par un prêt de la cdc au prêt à taux zéro est cumulable avec d’autres
taux des plus (1,85% début 2010 pour un taux aides (prêt à taux zéro, aides de I’anah , o u
du livret A de 1,25 %) d ’une durée de quinze à des collectivités territoriales, etc.).
vingt-cinq ans. En 2008,97 700 palulos (hors — Le c r é d it d ’im p ô t d é v e lo p p e m e n t
petits travaux) ont été utilisées pour un mon d u ra b le permet de déduire du revenu, jusqu’au
tant de 67 millions d ’€, ce qui traduit une dimi 31 décembre 2012, entre 25 % et 50 % de cer
nution sensible, pour une subvention moyenne tains travaux d’amélioration de la performance
de 1 664 € et 532 € respectivement. Depuis le énergétique respectant des normes techniques,
1er mars 2009, la dotation budgétaire à la palu dans la limite de 16 000 € pour un couple.
los a été remplacée par une contribution du
1 % logement, ce qui constitue un désengage Les effets de la réforme de 1977 n ’ont pas
ment de l’État. La cdc accorde des prêts à taux toujours été ceux qui étaient escomptés :
bonifié des plus (PAMbo, de vingt-cinq ans au — S u r le p la n d e l ’a id e à la p e rso n n e , la
maximum) pour des travaux éligibles à la réticence, au moins dans un premier temps,
palulos et, aux mêmes conditions, des prêts à des bailleurs à « conventionner » leur parc
l’amélioration (pam) pour des travaux éligibles locatif a réduit la portée de I’apl . Celle-ci
(mais non subventionnés) ou non à la palulos. s’est cependant révélée d’un coût difficile à
L’aide budgétaire et le prêt couvrent en supporter, bien que certaines catégories res
moyenne le quart du coût de l’opération. Par tent exclues de toute aide à la personne ;
ailleurs, I’anru accorde également des primes — S u r le p la n d e l'a id e à la p ie r r e :
pour petits travaux d’un montant moyen, de • Le coût moindre pour l’État des pap
2 260 € pour 24 000 logements en 2007 et puis des ptz que celui des pla a conduit,
48 000 en 2008. pour stimuler la construction, à privilégier
— L’éco-prêt à taux zéro a été créé à partir les pap, au moins dans un premier temps :
de 2009 à la suite du Grenelle-Environ- 166 000 pap et 67 000 pla en 1978 (première
nement. Son objet est d’améliorer le rende année d’application de la réforme). Il en est
ment énergétique des résidences principales résulté un ralentissement de la construction
et de diminuer leur consommation d’énergie locative qui a conduit à inverser peu à peu
et leurs émissions de gaz à effet de serre. Il cette répartition: 100 000 pap et 65 000 pla
est accordé sans conditions de ressources aux en 1987, 50 000 et 80 000 respectivement en
propriétaires bailleurs ou occupants de loge 1995. Les logements locatifs intermédiaires
ments construits avant 1990. Le propriétaire étaient au nombre de moins de 10 000 par an
(personne physique) doit : soit améliorer la en moyenne. La tendance a été à nouveau
performance énergétique globale dans une inversée à partir de 1996 avec la création du
proportion fixée (moins de 150 kWh par m2 ptz qui a connu un succès certain : en 1999,
par an si celle-ci était supérieure à 180 et 110 000 ptz et 80 000 pla (y compris les
moins de 80 si elle était inférieure à 150) pla - ts) prévus au budget, en fait sensible
pour les logements achevés entre 1948 ment moins ; en 2002, 87 000 prêts ptz et
et 1989; soit effectuer un «bouquet de tra 38 000 prêts locatifs ont été mis en chantier,
vaux» pour les logements achevés avant le mais en 2007, année très favorable sur le
1er janvier 1990 couvrant au moins deux plan de la construction (435 000 logements
AIRE DE JE U X
.37
inis en chantier), ces chiffres sont remontés à peut être estimée à près de 11 milliards d ’€,
environ 238 000 ptz et 110 000 logements soit le tiers du total des aides. Encore
locatifs sociaux (plus, plai, pls, y compris convient-il de souligner que la plus grosse
anru et Foncière logement), avant de dimi part de ces aides concerne les propriétaires et
nuer à nouveau en 2008 et surtout en 2009 les accédants à la propriété et que seulement
en raison de la crise économique. De 2006 à 2,5 milliards d’€ environ sont des aides (y
2008, les logements locatifs sociaux ne compris aides fiscales) à la location (sociale et
représentent plus qu’à peine un sixième des du secteur libre), soit moins du dixième seule
logements construits. ment du total des aides au logement.
• Le jeu combiné de I’apl et des loyers
(plus, pla et anciens hlm) conduit à ce que les En fait, le dilemme aide à la pierre-aide à la
ménages les plus modestes résident surtout personne pourrait être dépassé si l’on les rem
dans les logements sociaux aux loyers les plus plaçait par une « aide à la pierre personnali
élevés (qui sont conventionnés et sont solva- sée». Il s’agirait d’une aide à la pierre qui
bilisés par I’apl), tandis que les logements serait fonction des ressources et de la taille du
habités par des ménages à revenus moins ménage (et de la localisation du logement) qui
modestes ne sont pas conventionnés et sup serait réajustée, par exemple annuellement, en
portent des loyers hlm anciens et plus faibles. fonction de l’évolution de la situation finan
• Les plafonds de ressources plus élevés cière et familiale du ménage. Pour les orga
pour les pla (et les plus) que pour les pap (et nismes bailleurs, les aides seraient accordées
les ptz) conduisaient des ménages à revenus en fonction d’un profil annoncé des locataires
moyens à se loger en location, avec un coût attendus et réajusté périodiquement selon leur
budgétaire plus élevé pour l’Etat. profil réel. Un tel mécanisme aurait en outre
• Le coût budgétaire de l’aide à la pierre l’intérêt de résoudre la contradiction fonda
(environ 600 millions d’€ en 2009 pour le mentale des organismes bailleurs, dont on
logement locatif social, plus 700 millions de attend à la fois qu’ils logent les plus démunis
crédits d’impôt aux établissements de crédit (souvent mauvais payeurs faute de ressources
pour l’accession aidée à la propriété) _est suffisantes) et qu’ils équilibrent leurs
devenu très inférieur à celui de l’aide à la comptes : les aides reçues seraient en effet
personne (5,8 milliards d’€). La situation d’autant plus importantes que le profil de leurs
était inverse avant la réforme Barre : en occupants serait plus social.
1978, année de sa mise en application, le P.M.
montant des aides à la pierre était de 11 mil
-> Accession à la propriété ; Aide à la personne ; Crédit im m obi
liards de F et celui des aides à la personne de lier; Habitation à loyer modéré ( h l m ) ; Normes d'habitabilité
2 milliards de F seulement. Si l’on totalise les et de confort; Opération programmée d'amélioration de
aides publiques au logement (y compris les l'habitat ( o p a h ).
conçu comme un lieu de délassement et de partent vers deux ou plusieurs centres en pro
récréation offert « à toutes les familles, à tous les portion variable.
enfants ». Ces espaces verdoyants forent ainsi Au second type, appartiennent les travaux
équipés de « kiosques à bonbons », ainsi que de qui utilisent deux indicateurs particuliers - les
balançoires et de manèges (tel celui de Garnier déplacements de personnes et les flux aux
au Luxembourg) placés sous concession, au quels ils donnent lieu, d’une part, et les rela
même titre que les promenades à poney. tions téléphoniques de l’autre - pour apprécier
Dans les années 1920, des espaces forent le poids de chaque centre dans la vie de
encloisonnés au sein des parcs et jardins pour l’espace qui les sépare. Les données relatives
offrir des aires de jeux spécifiquement aména aux comptages routiers sont abondantes, et le
gées de bacs à sable et de toboggans, selon le recensement fournit de bons renseignements
principe avancé par Nicolas Forestier (Grandes pour les relations domicile-travail. La prise en
villes et systèmes de parcs, Paris, 1913). compte des flux téléphoniques est devenue
Les aménagements contemporains ont privi presque impossible depuis l’automatisation
légié la notion de développement moteur des centraux.
de l’enfant. Ils sont installés sur des sols souples Pour mesurer la domination exercée par une
limitant les risques de blessure en cas de chute ville dans d’autres domaines, il convient d’uti
et sont encadrés par une législation contrai liser d’autres sources. Le problème est aisé
gnante imposant d’indiquer « la tranche d’âges pour l’administration, puisque chaque ville se
à laquelle chaque équipement est destiné » et trouve à la tête de circonscriptions parfaitement
« de comporter les mentions d’avertissement définies. Pour la domination économique, on
relatives aux risques liés à son utilisation ». procède par enquête : le cadastre conduit à
v. s.-M. G. dresser des cartes des rayons fonciers urbains ;
l’analyse des rapports entre filiales, établisse
-> Jardin public; Mobilier urbain. ments et maisons mères et sièges sociaux per
met de mesurer le pouvoir de commandement :
il échappe d’habitude à la configuration simple
AIRE D'INFLUENCE D'UNE VILLE en aires d’influence continue que l’on observe
dans d ’autres domaines. La domination
Une partie de l’activité des villes est liée s’exerce sur des points, et ceux-ci sont souvent
aux services qu’elles rendent ou à la domina fort lointains sans que cela constitue apparem
tion qu’elles exercent sur l’espace qui les ment une gêne très grave.
entoure. L’étude des aires d’influence devient La définition et l ’importance de l ’aire
une pièce essentielle de la géographie urbaine d ’influence des villes, a été, au début des
et des études en vue de l’aménagement. C’est années 1960, au cœur du choix des agglomé
dans le courant des années 1930 que les idées rations chargées de jouer le rôle de métropoles
se précisèrent en ce domaine. Walter d’équilibre par rapport à la région parisienne
Christaller donna une impulsion considérable et aux grandes agglomérations des pays voi
à ce thème de recherche et proposa un cadre sins. Plusieurs recherches ont été menées à
théorique d’interprétation, la théorie des lieux cette fin, notamment l’étude du ressort
centraux. d’influence des villes à partir des échanges
La délimitation des aires d’influence repose ferroviaires, des communications télépho
normalement sur l’exploitation de données niques, du recrutement des universités. On a
empiriques. Celles-ci peuvent être analytiques aussi mesuré le pouvoir de commandement
ou synthétiques. des villes comme le nombre d’emplois situés
Au premier type, se rattachent les enquêtes à l’extérieur mais dépendant de sièges sociaux
qui permettent de déterminer ainsi des aires de situés dans la ville considérée. Enfin, on a
chalandise, d’influence bancaire, etc. Généra cherché à établir un classement des grandes
lement, les limites mises en évidence ne coïn villes à partir des critères précédents et
cident pas ; des seuils apparaissent cependant, d’autres relatifs aux services et équipements
comme le suppose la théorie des lieux cen rares qui y étaient ou non représentés.
traux. Les enquêtes les plus fines font appa L’insee prenait en compte, jusqu’en 1962,
raître, aux limites des aires d ’influence, des un découpage entre communes rurales
zones d ’indécision relative, d ’où les gens et urbaines. Étaient considérées comme
19 AIRE MÉTROPOLITAINE
ventions de I’anah (35 500 logements aidés focalise désormais sur l’isolation thermique,
individuellement en 2008). Les taux de sub l’efficacité énergétique des équipements de
vention varient selon la zone géographique chauffage et de production d’eau chaude
(ils peuvent être plus élevés à Paris et en ban sanitaire, voire l’acquisition d’équipements
lieue que dans les autres régions) et selon le de production d ’énergie renouvelable. Les
contexte de l’opération (15% pour les loge incitations visant à favoriser ces travaux
ments à loyers libres, mais ils sont plus élevés prennent la forme de crédits d’impôts, de
si le logement doit être loué avec un loyer fixé prêts («éco-prêt» à taux zéro), de déduction
par une convention signée avec l’Etat, en cas dans le calcul de la taxe foncière sur les pro
de sortie d’insalubrité ou de péril, d’accessibi priétés bâties, etc. Outre ce «verdissement»
lité et d’adaptation au handicap, de travaux de l’amélioration de l’habitat, on constate
liés au saturnisme. : que les interventions sur l’habitat existant
— Les propriétaires occupants modestes s’inscrivent fortement, depuis la loi d’orien
(63 400 logements en 2002) peuvent bénéfi tation pour la ville du 13 juillet 1991, dans le
cier de la prime à l’amélioration de l’habitat cadre plus large de la politique de la ville.
(pah), désormais distribuée par I’anah depuis Cela vaut pour les opah , comme pour les
le 1er janvier 2002. Ceux qui acquièrent pour réhabilitations engagées dans les quartiers en
améliorer peuvent bénéficier d ’un prêt aidé rénovation urbaine qui impliquent des arbi
par l’État (prêt à taux zéro) ou non aidé mais à trages entre réhabilitation et démolition-
taux préférentiel (prêt conventionné), dans reconstruction. La loi du 1er août 2003
certaines limites de coût et d’importance des d’orientation et de programmation pour la
travaux : c’est l’acquisition-amélioration. En ville et la rénovation urbaine a prévu la réha
2008, l’acquisition de logements anciens avec bilitation de 400 000 logements entre 2004
travaux représente 20% des opérations finan et 2013 (objectif très ambitieux par rapport
cées avec un nouveau prêt à taux zéro. ; auquel on constate, en 2009, un certain
Les marchands de biens nettement retard). De même, le programme national de
moins présents dans ce champ d’activité que requalification des quartiers anciens dégradés
par le passé, améliorent (sans aide de l ’État) (pnrqad), instauré par la loi de mobilisation
des logements qu’ils ont achetés avant de les pour le logement et la lutte contre l’exclusion
revendre, mais parfois ces améliorations ne du 25 mars 2009, affiche un objectif de
sont que superficielles. 60 000 logements privés à réhabiliter de
— Les organismes d ’m.M, dans le cadre de 2009 à 2016: il vise essentiellement le bâti
leur stratégie d ’intervention sur leur parc, d’avant 1949 et des quartiers comptant une
améliorent leurs logements avec notamment part élevée d’habitat indigne et de logements
l’aide des primes à l’amélioration des loge vacants.
ments à usage locatif et à occupation sociale H. J. et A. M.
(palulos) et des prêts dé la Caisse des dépôts
et consignations. 47 800 palulos ont été - » Agence nationale de l'habitat ( a n a h ) ; Aide à la pierre ; Dému
nis (logement des) ; Financement du renouvellement urbain ;
accordées en 2007 (hors anru ). La hausse des Insalubrité; Opération programmée d'amélioration de l'habi
loyers liée aux opérations de réhabilitation est tat ( o p a h ),- : é a c t - a r i m ; Programme national de rénovation
urbaine ; Réhabilitation ; Rénovation urbaine.
en grande partie prise en charge par I’apl. La
loi relative à la mise en œuvre du Grenelle-
Environnement prévoit d’ici 2020 le traite
ment des 800 000 logements sociaux dont la am énagem ent
consommation est supérieure à 230 kWh/m2/
an pour atteindre une valeur inférieure à 150. Ensemble d’actions concertées visant à dis
poser avec ordre les habitants, les activités, les
L’amélioration de l’habitat, qui reste avant constructions, les équipements et les moyens
tout le fait des propriétaires, particuliers ou de communication sur l’étendue d ’un terri
personnes morales, a donc progressivement toire.
évolué. Le nombre de logements hors L’aménagement est une action volontaire,
normes diminuant, elle concerne moins sou impulsée par les pouvoirs publics (gouverne
vent l’installation des éléments de confort ment ou élus selon l’échelle du territoire
que la modernisation du logement. Elle se concerné) qui suppose une planification spa
AM ÉNAGEM ENT CONCERTÉ 42
tiale et une mobilisation des acteurs (popula — géographie prospective et délibérée des
tion, entreprises, élus locaux, administrations). établissements humains (Pierre Randet, direc
L’aménagement peut se concevoir à des teur de l’aménagement du territoire) ;
échelles très diverses : du territoire d’un pays — remodèlement de la structure et de la
(aménagement du territoire), jusqu’à une ville figure de la France (Charles de Gaulle,
ou un quartier (aménagement urbain ou urba 14 avril 1961).
nisme), voire d’un local (aménagement d’un Toutes ces définitions insistent sur le carac
appartement, de bureaux, d’une usine), mais, tère volontaire de l’aménagement du territoire ;
dans ce dernier cas, dans une acception plus mais aussi sur sa dimension prospective : il
limitée (disposition des objets et utilisation de serait dangereux de séparer la planification
l’espace disponible). dans l’espace d ’une planification dans le
L’aménagement est par essence global. Il temps qui serait strictement économique.
en est ainsi lorsqu’on parle d’aménagement Le concept d ’aménagement du territoire est
du territoire, de grands aménagements régio apparu à la fin de la deuxième guerre mon
naux, d’aménagement urbain. Cependant, on diale. Mais l’idée et surtout le fait étaient plus
peut employer ce terme, accompagné d’un anciens. Des États, des communautés natio
adjectif, pour une action plus spécialisée : nales ont pratiqué l’aménagement du terri
aménagement agricole, industriel, touristique, toire, par exemple Rome construisant son
etc. Il peut aussi s’appliquer à un milieu déter réseau routier à travers ses possessions, ou les
miné - aménagement de la montagne, du lit pionniers nord-américains se déplaçant vers
toral, de l’espace rural - ou à un secteur - l’ouest. L’idée actuelle a commencé à prendre
aménagement routier, portuaire, etc. corps dans les années 1930 :
P. M. — en Union soviétique, après le rejet par
Staline des thèses des « désurbanistes », dans
-+ Aménagement du territoire; Aménagement régional; A m é la recherche d’un équilibre entre les fractions
nagement rural.
européennes (où était concentrée l’industrie)
et asiatique (où se trouvait l’essentiel des
ressources naturelles) ;
AMÉNAGEMENT CONCERTÉ -> Zone — en Italie, pour réduire les disparités
d'aménagement concerté (zac) entre le nord du pays et le Mezzogiorno ;
— en Grande-Bretagne, pour faire face aux
premières difficultés des régions d ’ancienne
AMÉNAGEMENT DU TEMPS industrialisation.
—> Budget-temps On retrouve, à travers ces trois cas, les
principales motivations des politiques d’amé
nagement du territoire : développement (et
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE stratégie), réduction des disparités régionales,
reconversion de régions dont les sources de
L’aménagement du territoire est l’action et richesse sont en déclin.
la pratique (plutôt que la science, la technique
ou l’art) de disposer avec ordre, à travers En France, le terme apparut à la fin de la
l’espace d’un pays et dans une vision pros guerre (en Grande-Bretagne, le titre de Town
pective, les hommes et leurs activités, les and Country planning fut donné à un minis
équipements et les moyens de communication tère en 1943) et l’idée fut popularisée par le
qu’ils peuvent utiliser, en prenant en compte livre-slogan de J.-F. Gravier (Paris et le
les contraintes naturelles, humaines et écono désert français, 1947). C’est la dimension
miques, voire stratégiques. « disparités régionales », et plus précisément
À la définition précédente, qui s’inspire de une volonté de réduire la croissance de
textes du ministre Claudius-Petit, d’Olivier l’agglomération parisienne, qui a longtemps
Guichard et de Jérôme Monod, les deux pre présidé en France aux politiques officielles
miers délégués du gouvernement français à d ’aménagement du territoire. En février 1950,
l’aménagement du territoire et à l’action régio Eugène Claudius-Petit, ministre de la Recons
nale, on peut en ajouter d ’autres, parmi les truction et de l’Urbanisme, proposa «un plan
quelles certaines sont très brèves : national d ’aménagement du territoire», fit
43 AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE
mille villes nouvelles (abritant plus du quart l’aménagement des massifs montagneux, des
de la population urbaine). services d’études (1983), placés à la disposition
• La Hongrie a développé une politique des commissaires de région, des antennes dans
(décentralisation à partir de Budapest) très les régions en conversion. Elle dispose aussi de
semblable à la politique française à l’échelle bureaux à l’étranger pour attirer en France des
(un cinquième de la France) de ce pays. investissements.
• Les Etats-Unis eux-mêmes, pourtant idéo — Des outils administratifs décentralisés,
logiquement hostiles à toute intervention à l’échelle des régions (cf. régionalisation)
excessive de l’État fédéral, ont créé dès et des autres collectivités territoriales: on
l’entre-deux-guerres la Tennessee Valley appelle décentralisation administrative le
Authority, puis ont guidé l’implantation vers transfert du pouvoir de décision de l’État vers
l’ouest d ’activités industrielles stratégiques les collectivités territoriales (pour la France :
(armement, aéronautique). région, département et commune).
• Le Brésil, en créant Brasilia comme nou — Des organismes publics chargés de la
velle capitale, poursuivait un objectif poli mise en œuvre à l’échelle locale (sociétés
tique, mais aussi une volonté d’aménagement d ’économie mixte, établissements publics,
de type «front pionnier» en direction du etc.), régionale (sociétés de développement
centre du pays. régional) ou nationale : en France, la Société
Dans la plupart des pays en développement centrale pour l’équipement du territoire
cependant, bien que les disparités régionales (scet), filiale de la Caisse des dépôts et consi
soient encore plus importantes (en faveur de gnations, a longtemps tenu ce rôle.
la capitale qui croît à un rythme excessif, sou — Des moyens financiers : tel était le rôle
vent plus de 5 % par an), l’aménagement du du Fonds national pour l ’aménagement du
territoire apparaît à beaucoup comme un luxe territoire (fnat ), remplacé en 1963 par le
qui passe après les préoccupations de déve Fonds d’intervention pour l’aménagement du
loppement économique. territoire, lui-même fusionné en 1995 avec
d ’autres fonds interministériels relatifs à
Les moyens d’une politique d ’aménage l’aménagement du territoire dans le Fonds
ment du territoire sont divers : national d’aménagement et de développement
— Un outil administratif central - ministère, du territoire (fnadt). Sous ses dénominations
service ou, comme en France, structure légère successives, ce fonds n ’est pas affecté et vient
(longtemps moins de 100 personnes à la datar, financer partiellement des actions significa
en 2008,180 personnes à la diact) ayant voca tives pour l’aménagement du territoire. Il a
tion à un rôle de coordination interministérielle, ainsi un effet multiplicateur important per
impulsée par des Comités interministériels mettant de débloquer ou d’orienter des déci
d’aménagement du territoire. La loi d’orienta sions dont le montage financier est difficile.
tion du 4 février 1995 pour l’aménagement et Le fnadt a disposé, en 1995, année de sa
le développement du territoire a institué un création, de 1,391 milliard de F de crédits de
conseil national de l’aménagement et du déve paiement et de 2 milliards d’autorisations de
loppement du territoire (présidé par le Premier programme (sensiblement autant qu’en 1994
ministre et dont le secrétaire est le délégué à l’ensemble des fonds interministériels qu’il a
l’aménagement du territoire), composé pour regroupés). Mais chaque aimée ces crédits ne
moitié au moins de parlementaires et d’élus sont pas entièrement utilisés. En 2008, le
locaux, ainsi que de représentants des activités fnadt a disposé de 221,6 millions d ’€, dont
économiques, sociales, familiales, culturelles 125 à travers les contrats de projet État-
et associatives et de personnalités qualifiées. région. La dotation affectée à l’action régio
On a ainsi reconstitué l’équivalent de la nale au sein du fonds de développement éco
Commission nationale d ’aménagement du nomique et social (fdes) permet de consentir,
territoire des années 1960 et 1970. La datar a notamment aux entreprises qui s’implantent
en outre mis en place des commissaires à dans les régions à développer ou en reconver
l’industrialisation de plusieurs régions (Nord- sion, des subventions ou des prêts à des taux
Pas-de-Calais, Lorraine, Ouest-Atlantique, avantageux. L’État peut encore intervenir
Languedoc-Roussillon, Loire, Normandie, financièrement, soit à travers la régionalisa
Ardennes et la Réunion) et des commissariats à tion de son propre budget, notamment dans le
m AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE
cadre des contrats de plan, soit à travers les — L’orientation des grands programmes
grands organismes nationaux de crédit, tels le d’infrastructure en fonction des priorités de
Crédit agricole et surtout la Caisse des dépôts l’aménagement du territoire: ainsi des plans
et consignations (en particulier à travers ses routiers spéciaux pour la Bretagne et lé Massif
liliales et les sociétés d’économie mixte aux central, des aides financières (par le fiat puis
quelles elle participe). par ses successeurs) aux liaisons aériennes
— Des moyens réglementaires concernant transversales, etc. Des schémas directeurs des
l’implantation des activités, voire des popula grandes infrastructures (routes, aéronautique,
tions (urss, Chine) : une autorisation particu voies navigables, ports...), voire d’autres équi
lière (agrément en France) peut être exigée pements (carte universitaire) peuvent intégrer
des entreprises souhaitant s’implanter dans les les préoccupations de l’aménagement du terri
régions développées (région parisienne en toire.
France). Cette procédure peut permettre — L’élaboration de plans d’aménagement
d’orienter l’entreprise vers une décentralisa du territoire à l ’échelle nationale et (ou)
tion, totale ou partielle, vers une région à régionale. Les Pays-Bas, conformément à une
développer (Ouest, Sud-Ouest, Massif cen loi de 1962, ont établi cinq plans successifs
tral) ou en reconversion (Nord, Lorraine, d’aménagement du territoire en 1962, 1966,
etc.). Ce mécanisme réglementaire peut être 1976, 1988 et 2001, complétés par des rap
complété par des incitations financières aux ports intermédiaires (officiellement simples
entreprises se décentralisant : primes de déve révisions des plans précédents, mais qui
loppement industriel ou d’adaptation indus annonçaient le plus souvent les nouvelles
trielle, créées en 1964 et devenues, en 1972, orientations du plan suivant, encore en prépa
primes de développement régional (subven ration). C’est cette démarche qui avait été
tion d’une partie de l’investissement) ; indem reprise par la France à travers la loi d’orienta
nité de décentralisation (partie des frais de tion pour l’aménagement et le développement
déménagement) ; prime de localisation des du territoire (loi Pasqua du 4 février 1995)
activités tertiaires ou de recherche et aide spé qui prescrivait T élaboration, dans un délai
ciale rurale (en fonction du nombre d’emplois d’un an, d’un « schéma national d’aménage
créés), etc. Toutes ces aides ont été rempla ment et de développement du territoire » et
cées, en 1982, par une aide unique, la prime celle de schémas régionaux de même nature.
d’aménagement du territoire, liée au nombre Mais seul un avant-projet, extrêmement
d’emplois créés, attribuée par le Comité inter vague, a été présenté en avril 1997. Seuls
ministériel des aides à la localisation des acti neufs schémas régionaux ( sradt ) étaient
vités (ciala) doté en 1984 de 1 milliard de F, approuvés au 1er janvier 2006 (plus le schéma
mais seulement de 300 millions de F d’autori directeur régional de l’île-de-France qui en
sations de programme en 1987. À l’inverse, tient lieu), dix autres étaient en cours d’élabo
une redevance peut être imposée aux entre ration, très lente pour plusieurs d’entre eux
prises ayant obtenu l’agrément pour s’implan (plus le schéma d ’aménagement de la Corse
ter dans les régions développées. Créée en qui en tiendra lieu), et l’Alsace se refusait à
1960, elle ne subsiste plus, depuis la fin de en établir un. La loi Pasqua prévoyait égale
1982, que pour les bureaux et les locaux de ment des « schémas sectoriels » (infrastruc
recherche. tures de transport, enseignement supérieur et
— Des mécanismes fiscaux, qui peuvent recherche, culture, santé, télécommunica
être adaptés en fonction des objectifs d’amé tions), mais aucun d ’entre eux n ’était arrivé
nagement du territoire : possibilité d’exonéra au stade de l’approbation. La loi Voynet du
tion temporaire de la taxe professionnelle, 25 juin 1999 les a remplacés par des «sché
amortissement plus rapide des investisse mas de services collectifs», plus nombreux
ments, etc. (ils concernent également l’énergie, les
— La réalisation de grands aménagements espaces naturels et le sport). Ces huit schémas
régionaux (canal de Provence, aménagement ont été approuvés par décret du 18 avril 2002
du littoral Languedoc-Roussillon, de la côte et publiés. Le retard par rapport à la date pré
Aquitaine et de la Corse, zone industrialo- vue par la loi (fin 1999) est moins grave que
portuaire de Fos, parc d’activités de Valbonne- le caractère souvent incomplet ou imprécis
Sophia-Antipolis, villes nouvelles, etc.). des choix effectués. Ainsi, le schéma de ser
AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE 46
vices collectifs de l’enseignement supérieur les plus touchées par la crise économique
et de la recherche, au lieu de tracer une pers (régions et pôles de conversion) ;
pective à vingt ans comme le prescrivait la — la création de technopoles (comme
loi, se limite à reprendre les projets du pro Valbonne, mais aussi en région parisienne:
gramme « Universités IIIe millénaire », dont cité Descartes à Mame-la-Vallée) ; et, de façon
l’horizon est 2010, et n ’était même précis que générale, le rôle moteur des activités de
pour les projets inscrits dans les contrats de recherche et la politique de leur localisation ;
plan en cours (2000-2006). Enfin, la loi — le dialogue État-régions dans le contexte
Pasqua a introduit la possibilité de « direc créé par la décentralisation administrative,
tives territoriales d’aménagement » (dta) éta notamment à travers les contrats de plan entre
blies sous l’autorité de l’État, pour guider l’État et les régions.
l’urbanisation de certaines régions (le schéma Ces priorités ont elles-mêmes été relayées
directeur régional en tient lieu pour l’île-de- par d’autres. En France, la datar n ’a cessé en
Erance). Sept dta ont été prescrites : Alpes- effet de mettre en avant de nouveaux
Maritimes, Alpes du Nord, estuaire de la concepts, qui n ’ont pas toujours fait la preuve
Seine, estuaire de la Loire, aire métropolitaine de leur pertinence, quitte à mettre en sommeil
marseillaise, aire urbaine lyonnaise et bassins ceux qui étaient prédominants dans la période
miniers nord-lorrains. Mais leur élaboration a antérieure. Ainsi, la reconversion industrielle
été très longue : la première (celle des Alpes- est-elle pratiquement abandonnée et n ’est
Maritimes) n ’a été approuvée qu’en 2003, et plus abordée que sous l’angle des politiques
celle des Alpes du Nord ne l’est toujours pas dites de la ville. Parmi ces notions nouvelles,
en 2009 (les autres l’ont été en 2006 et 2007). les réseaux urbains, idée-force des années
1990, n ’ont guère produit de résultats
L’aménagement du territoire ne peut cepen concrets. La notion d’agglomération constitue
dant se limiter à une série de moyens adminis une priorité plus récente: soutenue par les
tratifs, financiers, fiscaux, etc., pour infléchir nouveaux contrats d ’agglomération mis en
la localisation des activités et des grands équi place dans la quatrième génération des
pements. Il est, par essence, action à long contrats de plan (2000-2006), elle semble
terme et ne peut se concevoir sans une dimen mieux correspondre à une réalité perceptible
sion prospective. Tel a été le rôle, en France, sur le terrain. Depuis 2005, la priorité est
du sesame - système d ’études pour un schéma accordée aux pôles de compétitivité.
d ’aménagement - lancé par la datar en 1968 La d iact s ’est vu fixer d’autres priorités.
et qui recherchait les nouveautés technolo Celles-ci doivent prendre en compte dans le
giques (transports, informatique, télécommu quadruple contexte de l’Union européenne,
nications, cultures sans sol...) les plus de la décentralisation administrative, du déve
susceptibles d ’influer sur l ’organisation du loppement durable et de la globalisation de
territoire ; les possibilités offertes par l’ana l’économie mondiale. Elle a d’ailleurs tenu à
lyse de systèmes pour éclairer les décisions redéfinir les objectifs politiques de l’aména
publiques ; les possibilités d ’évolution de gement du territoire en France :
l ’occupation du territoire national, essai — prospective territoriale ;
de prospective géographique, utilisant la — créations d’aménagements ex nihilo
méthode des scénarios contrastés. Depuis la (villes nouvelles, aménagements touristiques) ;
crise de l’énergie, cette réflexion prospective — réparation des territoires en crise ;
a tenu une place bien moindre. — protection environnementale ;
L’aménagement du territoire doit pourtant — compensation (en faveur des territoires
renouveler ses principes en se nourrissant de défavorisés).
ces réflexions prospectives, sans tomber, La nouvelle datar s’est vu fixer, par le
comme le fait trop souvent la datar, dans des décret du 14 décembre 2009, les mêmes mis
concepts - et des politiques - guidés par une sions plus une mission de réflexion prospec
mode et trop vite délaissés ensuite. Au cours tive et stratégique sur les métropoles.
des années 1980, les priorités, très différentes Mais c’est de plus en plus l’Union euro
de la «décongestion du monstre parisien» péenne, qui consacre d ’importants moyens à
demandée par J.-F. Gravier en 1947, ont été : l’aménagement du territoire, bien que celui-ci
— la reconversion des régions et des villes ne soit pas officiellement partie de ses compé-
liiiiRRiiMiiuiiihiiiiiiiiiiiij'iiuiiiihiii
AM ÉNAGEM ENT RÉGIONAL
«7
lences (même si le traité de Rome évoque la nelles, pour une relance de la politique fran
nécessité de «réduction de l’écart entre les çaise d’aménagement du territoire, n ’a guère
différentes régions et le retard des moins été mise en œuvre. La loi Voynet de 1999,
favorisées»), qui choisit les principaux axes qui la corrigeait, prévoyait des dispositifs
d'une politique qui a été définie par le schéma moins globaux (suppression du schéma
de développement de l’espace communau national, qui n ’avait jam ais été établi) et
taire (sdec), adopté en 1999. À vrai dire, plus réorientait la politique dans une vision plus
que le sdec qui n ’a pas de caractère officiel environnementale et plus régionale (mais
(puisque l’aménagement du territoire n ’est seuls quelques schémas régionaux ont été
pas une attribution communautaire), ce sont adoptés). Le relais pris de facto par l’Union
les importants crédits consacrés à des objec européenne ne constitue pas la garantie
tifs concernant directement l’aménagement d ’une nouvelle politique et encore moins
du territoire, qui confèrent à l’Union euro d’un nouvel intérêt pour l’aménagement du
péenne des moyens considérablement plus territoire. Le sdec , pour pouvoir être accepté
importants que ceux de la politique nationale. par tous, a dû se limiter à des considérations
11 s’est agi, pendant la période 2000-2006, du très générales. Quant aux crédits européens,
nouvel objectif 1 (régions à faible revenu par ils sont sollicités par les collectivités locales,
habitant), qui ne concerne pour la France que mais ne traduisent aucune politique globale.
les départements d’outre-mer (et la Corse et Ils viennent appuyer des initiatives locales
le Hainaut, qui en bénéficiaient jusqu’en très dispersées. Le contexte de libéralisme et
1999, au titre des mesures transitoires) et du de mondialisation, qui a dominé la période
nouvel objectif 2 (reconversion économique récente, s’est avéré très défavorable à la prise
et sociale), qui concernait le tiers de la France en compte d ’impératifs spatiaux qui néces
(en termes de population), ainsi que de cer sitent souvent des arbitrages par rapport aux
tains programmes d’initiative communautaire objectifs purement économiques.
(coopération transfrontalière, développement p. M.
rural, zones urbaines, égalité des chances sur
Administration de m ission; Am énagem ent; Aménagement
le marché du travail). Au total, la France rural; Armature urbaine; Contrat de projet État-région;
devait recevoir de l’Union européenne Conversion; Décentralisation administrative; Décentralisa
11,11 milliard d’€ à ces différents titres entre tion (des activités); Développement local; Directives (ou
prescriptions) d'aménagem ent du territoire,; Directive terri
2000 et 2006 (à comparer à moins de 2 mil toriale d'aménagement ( d t a ) ; Disparités régionales (ou dés
liards d ’€ de crédits budgétaires nationaux équilibre régional); Grands aménagements régionaux;
Localisations des activités; Planification spatiale; Prime
pour la même période). d'aménagement du territoire; Prospective; Redevance; Scé
Pour la période en cours (2007-2013), les nario; Schéma national d'aménagement et de développe
ment du territoire; Union européenne et aménagement du
priorités européennes sont la convergence des territoire.
formes de croissance et d ’emploi dans les
pays et régions défavorisées, la compétitivité
régionale et l’emploi dans les autres régions et AMÉNAGEMENT RÉGIONAL
la coopération territoriale (transfrontalière,
transnationale, interrégionale). Le montant Les actions d’aménagement qui concernent
total à dépenser pendant cette période s’élève les ensembles régionaux sont l’œuvre de
à 307,26 milliards d’€. La part de la France l’administration centrale ou des collectivités
sera de 12,688 milliards (en baisse relative en territoriales. La part de l’administration cen
raison des conséquences de l’élargissement trale ou des services publics demeure pré
aux pays d’Europe centrale et orientale). Elle pondérante : les grands axes ferroviaires ou
se répartit entre les trois objectifs précédents routiers et autoroutiers, les voies navigables,
en 2 838 millions pour les dom (objectif 1), les aéroports de niveau national ou interna
9 100 millions (objectif 2), y compris les tional dépendent de décisions prises à l’éche
sommes attribuées à titre de transition pour la lon national, de même que la création de
Corse et le Hainaut qui ne bénéficient plus de parcs nationaux.
l’objectif 1) et 749 millions (objectif 3). Les lois du 7 janvier et du 18 juillet 1983
sur la répartition des compétences ne réservent
La loi Pasqua de 1995, qui ouvrait des à la région que des secteurs limités, les lycées
perspectives ambitieuses, bien que tradition ou les parcs naturels régionaux par exemple.
AM ÉNAGEM ENT RURAL
48
communes concernées et leurs groupements. zones rurales proches des villes, atteintes par
Cette charte exprime un projet de développe la rurbanisation, les campagnes les plus fra
ment durable du pays et prend en compte les giles (on parle le «rural profond») qui
dynamiques locales porteuses de développe nécessitent un effort de solidarité et ce que la
ment, notamment dans le domaine du tou datar appelle des «nouvelles campagnes»
risme. Un contrat peut être passé, dans le où « des dynamiques émergentes doivent être
cadre des contrats de plan État-région, entre appuyées », le gouvernement a décidé de
l’Eta.t et le syndicat mixte ou l’établissement relancer la politique d’aménagement rural à
public de coopération intercommunale consti travers la loi de développement des terri
tué entre les communes : c’est là une incitation toires ruraux du 23 janvier 2005. Celle-ci
pour les communes du pays à l’intercommu comporte quatre axes principaux : l’encoura
nalité formelle. Au 1er janvier 2008, 345 pays gement à l’emploi, la relance du logement,
avaient été constitués (26 autres étaient en l’amélioration des services publics et l’équi
cours de constitution), certains à cheval sur libre entre les différents usages de l’espace
plusieurs départements, ce qui ne va pas sans rural. Elle prévoit la création de sociétés
créer des complications dans les relations d ’investissement pour le développement
entre les collectivités territoriales concernées, rural ( sider ).
par exemple en Languedoc-Roussillon, où la Surtout, la loi de 2005 a apporté une amé
région a suscité la création de nombreux pays lioration sensible du mécanisme des z r r . Les
interdépartementaux pour réduire l’influence communes qui peuvent être concernées ont
des départements. Les 345 pays officiellement été mieux précisées. Les objectifs poursuivis
créés couvrent 81 % du territoire métropoli par l’État et les collectivités territoriales ont
tain et contiennent 43 % de la population. Au été mieux définis. Le découpage des zr r a été
1er janvier 2007,288 contrats de pays (plus de revu pour la période 2006-2009. Les aides
80 % des pays) avaient été signés. (exonérations fiscales, de charges sociales et
La loi du 4 février 1995 a par ailleurs créé de taxes foncières) pour les entreprises ont été
les zones de revitalisation rurale (zrr). Ce accrues. Le département peut passer avec
sont des territoires ruraux en difficulté (écono l’État une convention de revitalisation qui
mie fragile, faible densité de population sou peut s’inscrire dans les contrats État-région.
vent en diminution), qui correspondent à ce L’installation d’entreprises artisanales, com
qu’on appelle souvent le «rural profond», où merciales, de service ou coopératives est
l’État s’engage à soutenir le développement encouragée, notamment par des sociétés
économique. Mais ce dispositif n’a, pendant d’investissement pour le développement rural
dix ans, pas très bien fonctionné. Revu en dans des domaines très divers (immobilier
2005, il fait désormais l’objet de création de d’entreprise, rénovation de bâtiments, équipe
nouvelles zones tous les deux ans (2005, ments, etc.). Enfin, dans le domaine de l’agri
2007, 2009), puis tous les cinq ans. En 2004, culture, la transmission des exploitations est
il existait 1 700 zrr, concernant 11 674 com facilitée, des groupements d’exploitation agri
munes et couvrant 40 % du territoire métropo cole en commun peuvent être créés, les condi
litain. tions du travail saisonnier sont améliorées et
une protection d ’appellations d’origine des
Un élément nouveau est apparu à partir des produits agricoles est rendue possible. La
années 1970 : le solde migratoire entre villes même loi prévoit des outils de gestion fon
et campagnes est redevenu positif. Ceci est dû, cière et de rénovation du patrimoine rural
d ’une part à l’urbanisation périphérique (péri bâti, notamment des dispositifs favorisant le
urbanisation) et à l’urbanisation rampante de remembrement des terres (appelé « aménage
l’espace rural qui conduit à une imbrication ment foncier rural) et la possibilité, pour le
des espaces ruraux et des zones urbanisées département, de :
périphériques (rurbanisation). On a pu parler à — délimiter des périmètres d’intervention
ce sujet d ’exode urbain, qui aurait en quelque foncière ;
sorte succédé à l’exode rural ou plutôt l’aurait — établir, pour ces espaces, avec les com
dépassé en effectifs concernés (sans que ce munes, un programme d’aménagement et de
dernier soit complètement interrompu). gestion ;
Constatant les écarts croissants entre les — acquérir, dans ces périmètres, des terrains.
AM ÉNAGEM ENT TOURISTIQUE
»1
En 2006, ont été créés les «pôles d’excel des exploitations, à l’installation de jeunes
lence rurale », choisis après appel à projets agriculteurs et à la gestion des forêts.
(investissements matériels, hors voirie et Malgré ces hésitations et cette multiplica
réseaux). L’État apporte une aide, qui peut tion des procédures successives, la politique
atteindre 30 %. Les aides totales représentent française d’aménagement rural a eu au moins
1,2 milliard d ’€, soit 3,15 millions en pour résultats une stabilisation de la popula
moyenne par pôle, dont 232 millions venant tion rurale dès les années 1970, voire une
de l’État. Une première vague de 378 pôles a légère croissance depuis (largement due, il est
été labellisée en 2006-2007. Deux tiers des vrai, à l’exode urbain), des succès dans la
territoires retenus sont situés dans des ZRR et localisation des emplois créés (pour moitié
40 % dans des massifs montagneux. Ce sont dans les zones prioritaires) et une modernisa
des établissements publics de coopération tion rapide de l’économie agricole. Mais de
intercommunale (la moitié d ’entre eux), des nouvelles zones fragiles apparaissent, en par
pays (le quart), mais aussi des départements, ticulier en montagne : la politique actuelle
des parcs naturels régionaux, etc. Ils d ’aménagement rural doit donc continuer à
concernent la promotion des richesses natu faire jouer, dans le contexte nouveau de la
relles, culturelles et touristiques, la valorisa décentralisation administrative, les méca
tion des bio-ressources, le développement nismes de solidarité nationale.
d’offre de services et l’accueil de nouvelles P. M.
populations, les productions industrielles, arti
sanales et de services. La diact estime qu’ils -► Agriculture; Aménagem ent du territoire; Charte inter
communale ; Contrat de pays ; Exode rural ; Pays ; Périurbani
ont permis la création ou le maintien (notion sation ; Plan d'aménagement rural ; Sociétés d'aménagement
ambiguë) de 40 000 emplois. Dans ce dernier foncier et d'établissement rural ( ) ; Rurbanisation.
saper
insertion duns les sites touristiques est parfois œuvre de leurs dispositions a été inégale. Les
délicate. Longtemps, on a laissé se produire schémas de mise en valeur de la mer ont été
un développement spontané, les stations tou très longs à élaborer (trois seulement, sur 11
ristiques se développant le plus souvent à par qui avaient été prescrits ont été approuvés).
tir de localités existantes, sans toujours en Les schémas de massifs n’ont jamais été éta
respecter les traditions (forme et groupement blis. Mais la règle de l’inconstructibilité à
des constructions, matériaux, couleurs). Lors moins de 100 m du rivage hors des localités
qu’il y eut une intervention volontaire, celle- et la procédure des unités touristiques nou
ci eut le plus souvent pour objet de développer velles en montagne ont permis de limiter le
le tourisme, pour les besoins de l’économie « mitage » de ces espaces très convoités et fra
locale mais aussi pour attirer des devises. Ces giles. Parallèlement, les achats de terrain par
politiques d ’aménagement ont été rarement le Conservatoire de l’espace littoral et des
respectueuses de l’environnement. Elles ont espaces lacustres, créé en 1975, ont assuré la
surtout cherché à rationaliser les investisse protection définitive de plus de 1 000 km de
ments, les pouvoirs publics apportant un sou littoral. Ces mesures ont souvent fait l’objet
tien concret aux investisseurs (aménagement de critiques des élus, qui ont multiplié les ten
foncier, infrastructures, équipements touris tatives pour en réduire la portée, notamment
tiques tels que ports de plaisance ou remon celle de la loi « Littoral » afin de faciliter les
tées mécaniques notamment), et à tirer le aménagements touristiques.
meilleur parti, en termes de nombre de lits, P. M.
donc de visiteurs et de devises, des sites à
aménager. En France, deux exemples sont -> Hébergeménts touristiques; Littoral; Montagne; Tourisme.
caractéristiques de cette politique. Sur le litto
ral, la mission interministérielle pour l’aména
gement de la côte du Languedoc-Roussillon, AMÉNAGEUR
créée en 1963 pour vingt ans, a aménagé des
stations comportant des immeubles collectifs Personne ou organisme qualifié dans les
en bordure immédiate des plages et des ports études d ’aménagement et dans l’application
de plaisance. En montagne, le plan Neige qui des plans, programmes et projets résultant de
a conduit à construire en haute montagne dans ces études.
les années 1960, au-dessus des zones habitées, L’aménageur (ou l’organisme aménageur)
des stations dites intégrées, fonctionnelles peut intervenir à des échelles très variées : de
(souvent constituées d ’un bâtiment unique celle du territoire à celle du quartier, voire du
avec rue intérieure abritant appartements de local.
taille réduite, commerces, etc., et offrant un Comme celle de l’urbaniste, l ’action de
accès, skis aux pieds, au domaine skiable), l’aménageur est une intervention volontaire
mais complètement artificielles. Dans les sur l’organisation de l’espace, qui vise à une
deux cas, une architecture moderniste s’est situation ordonnée, jugée préférable à une
imposée, qui est vite apparue datée. autre. Cette action s’inscrit dans le temps : la
Au milieu des années 1970, lorsque les disposition ordonnée dépend de ce qui a été
préoccupations environnementales ont disposé auparavant, comme elle marque
commencé à se faire jour, les pouvoirs publics l ’espace pour l ’avenir. Elle est par essence
sont intervenus pour limiter les excès de telles globale - encore qu’on puisse concevoir des
politiques. C’est ainsi que furent d’abord éla aménageurs spécialisés dans un domaine :
borées les deux directives «M ontagne» industrie, tourisme, etc, - et concerne donc
(22 novembre 1977) et «Littoral» (25 août tout ce qui influe sur P organisation de
1979), approuvées par décret. Ces directives, l’espace, sur les activités des hommes dans cet
dans le contexte nouveau de la décentralisa espace, bref sur leur mode de vie^
tion, furent renforcées à travers les lois L’aménageur est donc un spécialiste de
«M ontagne» (9 janvier 1985) et «Littoral» l’espace, mais aussi du temps. Il doit en
(3 janvier 1986) qui cherchent à équilibrer les permanence intégrer les dimensions géogra
dispositions favorables au développement phique, historique et prospective. La profes
touristique et économique et les dispositifs de sion est récente : ce n ’est qu’au cours de la
protection de l’environnement. La mise en dernière génération, après la mise en place, en
a n a l y s e d é m o g r a p h iq u e
P
méthodes apportent peu par apport à des tion des habitants aux projets de transforma
méthodes plus simples. tion urbaine.
P. M. J.-M. B et P. Mo.
ANIMATION
ANOMAL - » Commerce
Action d ’animer, de donner la vie. Ce
terme sert couramment à désigner l’intensité
de la vie sociale et de ses manifestations ANTENNE COMMUNAUTAIRE
extérieures dans une agglomération. L’anima —> Télécommunications
tion d’une ville, d’un quartier, d’une me, a
pour facteurs la nature et le nombre de leurs
fonctions ainsi que les modes de circulation ANTHROPOLOGIE
qui y sont pratiqués, éléments qui peuvent y
entraîner de considérables variantes nycthé Étymologiquement, science de l’homme. Le
mérales. terme fut d’abord employé, dès le xvne siècle,
L’animation caractéristique des centres et par la théologie, pour désigner l’action de parler
des espaces commerciaux (mes marchandes, humainement de choses divines (Lalande). A la
places d’églises et de marchés, etc.) des villes fin du XVIIIe siècle, Kant consacre son emploi en
préindustrielles de l’Occident et des villes philosophie et divise l’anthropologie en théo
traditionnelles en général (voir, par exemple, rique (connaissance de l’homme en général et
les villes orientales) a pu être considérée, de ses facultés), pragmatique et morale (1798).
notamment par les urbanistes de l’ère indus À partir du dernier quart du XIXe siècle, le mot
trielle, comme le signe même de l’urbanité. désigne l’étude de l’homme en tant qu’être
Haussmann déjà implantait les théâtres de la appartenant au monde de la nature, la zoo
place du Châtelet afin d’animer ce quartier logie de l’espèce humaine. Cette acception est
désert la nuit. Mais depuis, aussi bien l’évo aujourd’hui spécifiée par l’adjectif physique,
lution des sociétés occidentales que la nature l’anthropologie en général regroupant, avec
de l’urbanisation nouvelle ont particulière l’anthropologie physique, un ensemble de disci
ment focalisé l’attention des urbanistes sur plines (archéologie, préhistoire, mais aussi
les équipements susceptibles d’augmenter ou linguistique, folklore, ethnologie...) qui étudient
même de créer l’animation : m es piéton l’homme en tant que sujet, appartenant au
nières, centres commerciaux, complexes monde de la culture. L’expression anthropologie
culturels, etc. culturelle empruntée au vocabulaire anglo-
Depuis la seconde guerre mondiale, en saxon s’est également imposée en français.
particulier en France, animation a également C. Lévi-Strauss a magistralement montré
pris le sens de stimulation des activités et des l’indissociabilité de l’anthropologie physique et
relations sociales, dans les grands ensembles de l’anthropologie culturelle. Autrement dit, la
monofonctionnels et dans les villes nou double et simultanée appartenance d’homo
velles. sapiens sapiens au monde de la vie et au monde
L’expérimentation de « nouvelles citoyen de la culture (cf. Race et histoire, 1952 et Race
netés» a alors étendu le champ d ’inter et culture, 1971, ainsi que F. Choay, «Claude
vention des travailleurs sociaux avec Lévi-Strauss et l’aménagement des territoires »,
l’émergence de la profession d ’animateur, in Urbanisme, n° 56, mars-avril 2009).
initiée au décryptage du fait urbain. A
F. C.
l’issue des trente glorieuses, l’animation
s’est orientée sur les missions de médiation _» Anthropologie de l'espace; Anthropologie sociale et cultu
attachées à la mise en œuvre de la participa relle; Ethnologie.
ANTHROPOLOGIE DE L'ESPACE
xixe siècle, par le dépassement de la phase des les autorisations. Nul ne peut effectuer des
«antiquaires». Il n ’en reste pas moins que recherches archéologiques (dites vulgaire
son objectif est de concourir à une meilleure ment «fouilles») s’il n ’est pas autorisé par
connaissance de l’histoire de l’homme, de ses l’Etat, propriétaire du sous-sol. Il existe des
interventions sur la nature et de ses réalisa services de l ’État (services régionaux de
tions matérielles. La restauration des struc l’archéologie sous tutelle du ministère de la
tures et des objets, et leur mise en valeur font Culture et de la Communication), des services
partie de la démarche archéologique. départementaux ou communaux.
L’archéologie est née depuis que l’homme a L’archéologie peut être « programmée » ou
pris conscience qu’il y avait des vestiges «préventive» selon les conditions dans les
témoins d ’une phase antérieure de l’activité quelles elle intervient sur le territoire.
humaine. Le mot est attesté en français depuis
la fin du xvie siècle. (A. Schnapp, La conquête M. G.
du passé, Paris, 1993 ; Ph. Jockey, L'archéolo Archéologie industrielle; Archéologie préventive; Patri
gie, Paris, 1999; J.-P. Démoulé et AL., Guide m oine; Ruine..
nières années en France ont concerné notam l’équipe de Richard Rogers (ancien étudiant
ment les tracés des infrastructures (lignes de de Peter Cook) et de Renzo Piano.
tgv, par I’inrap). Autour du bassin méditerra
néen, des opérations d ’envergure conduites F. C.et J. R.
avec l’unesco ont permis de sauver au moins Architecture éphém ère; Moderne.
partiellement le patrimoine des vallées du Nil
et de l’Euphrate : ce sont elles qui ont assuré
une certaine transition entre l’archéologie de ARCHITECTE
sauvetage et l’archéologie préventive.
M. G. Du latin architectus, lui-même dérivé du
grec apyneicTcov (du préfixe indiquant la supé
-+ Archéologie; Patrimoine; Ruine.
riorité hiérarchique et de Tsyrrov le charpen
tier), le chef des charpentiers. Selon Hatzfeld
(Dictionnaire de la langue française), l’archi
ARCHIGRAM
tecte est « celui qui dresse les plans d ’un édi
fice et en dirige la construction». Cette
Groupe d’architectes d’avant-garde, fondé définition témoigne de l’évolution de la notion
en 1961 en Grande-Bretagne, autour de portée par ce terme, tardivement introduit
P. Cook et qui affirmait ses positions dans la dans les sociétés occidentales.
revue du même nom : Dans l’Antiquité, le statut du « ch e f des
— rompant avec tout esthétisme ; ouvriers » est incertain. De nombreuses ins
— se réclamant d ’une nouvelle modernité, criptions montrent que, dans l’Égypte des pre
définie au plan du savoir, par la théorie de mières dynasties, il était directement lié au
l’information, la cybernétique, l’informa milieu sacerdotal, honoré pour son savoir
tique; au plan technique, par les «technolo mathématique et astrologique. L’image de
gies douces », les techniques de climatisation l’architecte que donne la littérature grecque
et de contrôle de l’environnement ; au plan (Platon, Aristote, Lucien...) est ambivalente. Il
social, par la mobilité et la précarité ; est à la fois utilisé comme paradigme de l’arti
— vouant de ce fait la construction à l’éphé san qui informe la matière, et associé à la
mère (structures gonflables ou ultra-légères, science la plus prestigieuse, des mathéma
composées à l’aide d’éléments produits par tiques. À l’époque classique, son rôle et son
l’industrie et branchées sur des réseaux d’infra prestige personnel sont effacés par ceux des
structures permanentes) et substituant à la rigi hommes politiques qui font appel à lui. Il en
dité des modèles d ’urbanisation conçus par les est de même à Rome où le cas d’Apollodore
CIAM, des configurations en perpétuels mou de Damas, architecte de Trajan, constitue une
vance et devenir (cf. P. Cook, Plug in City, exception : le Panthéon est lié au nom de
London, 1964 ; Instant City, London, 1969). l’empereur Hadrien; on ignore celui de son
Ce groupe éphémère, à l’activité essentiel architecte. Le panégyrique de l ’architecte,
lement éditoriale, marque un moment de tran composé par Vitruve dans le De architectura
sition. Il demeure lié au mouvement moderne, (dédié à Auguste), est un plaidoyerpro domo,
mais s’apparente au postmodemisme, en par pour l’obtention d ’un statut «libéral» admis
ticulier par son utilisation nouvelle des par quelques rares auteurs, tels Pline et
médias. La revue Archigram réduit la part du Cicéron. A la faveur d ’une formation intellec
texte au minimum pour utiliser les photomon tuelle spécialisée, ce statut paraît admis à la fin
tages, le dessin, sous forme de graphiques et de l’Empire romain, et notamment à Byzance,
de plans, mais aussi de bandes dessinées. jusque vers le VIIe siècle.
Durant les années 1970 et 1080, les idées, Le terme disparaît au Moyen Âge. Les
diffusées avec ferveur par différents membres édifices romans et gothiques montrent cepen
du groupe enseignant à YArchitectural Asso dant, à l’évidence, que la fonction de direc
ciation et à la London University, firent leur teur de la construction demeure. Celui qui
chemin dans le monde des étudiants en archi l’assume, et dont les connaissances mathé
tecture. Elles s’imposèrent en particulier dans matiques et stéréotomiques apparaissent dans
la conception du Centre Pompidou, ouvert en des documents comme les Carnets de Villard
1976, et dont le concours avait été gagné par de Honnecourt ou des dessins d ’exécution,
ARCHITECTE
63
tels ceux conservés au Musée de l’Œuvre de qui exerce l’art de l’architecture; artiste qui
la cathédrale de Strasbourg, est alors appelé trace le plan d’un édifice, en dirige l’exécution,
magister fabricae (maître d’œuvre, expres en assure la défense ». Cette définition (curieu
sion demeurée en usage) ou encore magister sement conservée jusqu’à l’édition de 1924 de
artificium (maître en chef des artisans). Cette ce Dictionnaire) reflète avec précision la voca
terminologie révèle la relation étroite entrete tion de l’architecte, théoricien-concepteur,
nue par le maître (maçon ou charpentier) constructeur, et artiste, telle que la définissait
avec la pratique et le chantier d’une part, Alberti et que l’âge classique l’a adoptée.
avec le système corporatif de l’autre. Elle Longtemps s’est maintenue une double tra
sous-entend également le rôle joué par les dition d’architectes-humanistes, tel Claude
clercs qui commanditent les œuvres. Perrault qui était également un médecin et
Architectus et architector réapparaissent, anatomiste célèbre, et d’architectes qui, en
incidemment, au XIIIe siècle, comme syno dépit de leur qualité « libérale » et de leurs
nymes de magister. Mais le terme ne retrouve ouvrages théoriques, conservaient un contact
réellement son usage qu’au XVe siècle, en Ita étroit avec la pratique manuelle du chantier,
lie, dans le cadre d’une réorganisation et d’une comme en avaient donné l’exemple Filarète,
réévaluation des savoirs et des pratiques, sous Serlio, du Cerceau.
l’influence de l’humanisme. L’architecte est Toutefois, en particulier sous l ’influence
alors investi d’un nouveau statut intellectuel et des Académies, la dimension esthétique tend
social, défini pour la première fois dans le De peu à peu à l’emporter sur les autres, en parti
re aedificatoria d’Alberti : « Ce n’est pas un culier en France. Dès le xviii6 siècle, les
ordinaire charpentier que j ’appelle architecte « Ingénieurs du Roy », puis les ingénieurs des
mais... celui qui est l’égal des hommes les plus ponts et chaussées, enfin les ingénieurs poly
éminents dans les autres disciplines [et qui] au techniciens, s’avèrent des concurrents dans le
moyen d’une méthode sûre et parfaite, domaine du génie et de l’aménagement. La
s’assigne à la fois de concevoir par l’esprit et perte du contact avec la réalité quotidienne et
le raisonnement et de réaliser par la construc avec les problèmes de construction est intuiti
tion» (Prologue). Trois traits spécifient désor vement saisie dans une charge de A. de
mais la figure de l ’architecte: il devient le Musset : « L’architecte, qui a dans son pupitre
grand ordonnateur du cadre bâti dans son des milliers de plans admirables, ne peut sou
ensemble, sa tâche n’étant pas limitée à l’édifi lever de terre le premier pavé de son édifice
cation de bâtiments individuels ; sa discipline quand il vient se mettre à l’ouvrage avec son
est fondée en théorie ; la finalité de sa pratique dos voûté et ses idées obstinées. »
est esthétique. Il est promu théoricien et artiste. Mais le problème prend une acuité drama
Dans les autres pays d’Europe, le titre d’archi tique avec la révolution industrielle. D ’une
tecte est introduit avec un décalage d’un siècle. part, celle-ci donne naissance à de nouvelles
Il marque l’apparition plus tardive de la Renais techniques de construction (métal, verre,
sance et il est lié à l’introduction de la nouvelle béton), maîtrisées par les ingénieurs, et por
architecture, venue d’Italie. En France, le terme teuses d’un nouveau vocabulaire formel. Un
d’architecte ou architecteur est réservé, dans la grand débat s’instaure, dont les périodiques de
première partie du xvie siècle, aux artistes ita l’époque (cf. la Revue générale de l ’architec
liens (Fra Giocondo, Domenico da Cortona, ture) se font le support, entre les architectes et
S. Serlio) appelés par les souverains. Chambiges, les ingénieurs, accusés par les premiers d’uti
qui dirige les travaux de Chambord, demeure un liser des matériaux vils et de manquer à la
magister fabricae. Philibert de Lorme (1568) vocation esthétique de l’art d’édifier. L’institu
s’enorgueillit le premier de ce titre qui l’oppose tion du diplôme d’architecte, en 1867, a pour
aux artisans, entrepreneurs et ouvriers. Son finalité la défense des intérêts professionnels
homologue anglais est J. Shute (The first and des architectes, face aux menaces représentées
chief grounds o f architecture, 1563, qui fait par les corps d’ingénieurs. Les définitions de
l’éloge de V« architecte (sic) or mayster o f buil Dauzat traduisent la banalisation et l’appau
dings ») : ni l’un ni l’autre ne sont d’ailleurs issus vrissement qui en ont résulté. D’autre part, la
de la tradition des maîtres maçons. révolution industrielle entraîne également un
Au XVIIe siècle, le Dictionnaire de l’Acadé bouleversement des activités humaines et de
mie française définit l’architecte comme « celui leur cadre spatial, qui appelle de nouvelles
ARCHITECTE DES BÂTIMENTS DE FRANCE 64
►A b ord s; Ensemble historique ou traditionnel. -* Architecture vernaculaire; M oderne; Palais; Maison indivi
duelle. . ,
ARCHITECTURE DOMESTIQUE
ARCHITECTURE ÉPHÉMÈRE
Architecture relative à l’habitation fami
liale. Expression paradoxale si l’on songe que
Toutes les sociétés ont élaboré des types l’architecture est un art de la durée, sa créa
spécifiques d’habitation sur le mode vernacu tion récente est liée à la mise au point de
laire, des « maisons sans architectes » qui ont techniques nouvelles (structures tendues,
fait référence pour la génération de mai 1968. structures gonflables) permettant la construc
Historiquement, T architecture savante n’a pas tion facile et rapide de bâtiments temporaires.
négligé ce domaine: Vitruve lui consacre un Elle sert aujourd’hui à désigner indistincte
livre entier, Alberti traite du modèle urbain du ment des constructions de toutes époques,
palais patricien, Palladio décline la villa sur la qui n ’étaient pas destinées à durer, et dont
terre ferme, etc. certaines relèvent de l’architecture par leur
Avec la période industrielle, s’ouvre la souci esthétique, d ’autres de la simple
question du logement ouvrier qui s’accomplit, construction. N ’engageant pas l ’avenir,
après la seconde guerre mondiale, dans l’architecture éphémère se prête à l’expéri
l’objectif du «logem ent pour tous». S’en mentation et c’est à ce titre qu’elle a sa place
chaînent ainsi les cités de pavillons répétitifs dans l’histoire des villes et de l’architecture
accompagnant les lieux de travail, les rési et qu’elle peut encore concerner architectes et
dences collectives h bm suppléant l’habitat aménageurs.
précaire, les grands ensembles de logements Dans la culture occidentale, l’architecture
hlm , plus tard formalisés en zones à urbaniser éphémère a essentiellement répondu à deux
par priorité ( zu p ) pour prendre le relais des demandes, bien différentes, concernant d’une
villes existantes. part la simulation de projets architecturaux,
La standardisation de la cellule unifami de l’autre la réalisation de décors pour des
liale, signe d’égalité sociale, conduit à l’indus fêtes urbaines. La simulation de projets archi
trialisation de la construction dans les années tecturaux en grandeur nature est née en Italie
1960, avec comme débouché possible la pro avec l’art urbain : à l’aide de matériaux peu
duction à la chaîne de l’habitation. coûteux et précaires (bois, plâtre), elle permet
Avec la fin des trente glorieuses, s’impose de s’assurer de l’effet d ’un édifice projeté
en retournement la maison individuelle distri dans la composition ou le paysage urbains.
buée en lotissements dévoreurs d’espace. Parmi les plus célèbres simulations réalisées
L’illustration de l’ascension sociale tend alors en France, on peut citer : l’arc de triomphe de
à supplanter l’enracinement de l’histoire fami Le Brun à la gloire de Louis XIV, place du
liale dans la signification du logis. L’habita Trône (1670), celui de Baltard en l’honneur
tion devient alors objet de mutation potentielle de Napoléon III (1862), ou encore l’éléphant
dont la valeur, y compris intra-familiale, est de la place de la Bastille (Alavoine, 1809).
déterminée par le marché immobilier. Dans le L’arc de triomphe de l’Étoile fut, lui aussi,
même temps, l’héritage du logement collectif simulé avant d’être construit. Les différentes
est massivement dévolu aux couches sociales techniques de simulation optique, parfois très
« captives ». sophistiquées, qu’on utilise aujourd’hui, ne
ARCHITECTURE FONCTIONNELLE 70
laissent pas d’être très inférieures à la simula constructives misant sur la vitesse et la faci
tion in situ, en grandeur réelle. On peut citer lité des opérations de montage et démon
de nombreux projets de constructions, en par tage : structures tendues de Frei Otto
ticulier aux abords de monuments histo (Montréal, 1967), gonflables de Fuji (Osaka,
riques, dont la simulation à l’échelle aurait 1970). Malgré les prises de position de
évité des surprises fâcheuses (cf. à Paris aux groupes comme Archigram (Grande-
abords des hôpitaux Saint-Louis ou du Val- Bretagne) ou Utopie (France), l’architecture
de-Grâce). On ne peut que souhaiter la réha éphémère et les nouvelles techniques mises à
bilitation de cette pratique. son service continuent d’être dédaignées par
Les fêtes de la Renaissance ont été l’occa les aménageurs à qui elles permettraient
sion, d’abord en Italie, de grandes composi pourtant, grâce à des solutions provisoires,
tions éphémères, associant perspectives une meilleure gestion des espaces urbani
peintes et constructions légères et inspirées sables.
par les recherches de la peinture et de la scé
B. L. et P. Mo.
nographie théâtrale. Plaquées sur le tissu
urbain existant, ces architectures temporaires - » Archigram ; A rt urbain ; Fête ; Moderne.
préfigurent et préparent les transformations et
inventions de l’art urbain. La même démarche
se retrouve lors des fêtes révolutionnaires ARCHITECTURE FONCTIONNELLE
dont le décor architectural (pyramides, obé
lisques, temples, etc.), puisé aux sources de Architecture dont les articulations for
l’Antiquité romaine, annonce la ville néo melles sont censées être directement fondées
classique. sur des exigences programmatiques. L’action
À partir de la deuxième moitié du pour une architecture visant à une meilleure
xix® siècle, le relais de la fête est pris par les «convenance», conçue principalement
expositions nationales et internationales qui comme l’adaptation aux mœurs changeantes,
rassemblent de grandes masses humaines pour s’est engagée à la fin du xvme siècle, non
des durées limitées. Leur champ d’expérimen seulement dans le cadre de la réforme de
tation profite à la construction et à l’architec l’ornement prônée par des théoriciens comme
ture plus qu’à l’urbanisme. Ainsi, entre 1850 C. Lodoli ou l’abbé Laugier, mais aussi au
et 1900, au fil des expositions, des ingénieurs travers des injonctions de J. N. L. Durand
écrivirent l’histoire de la construction métal invitant ingénieurs et architectes à privilégier
lique dans des bâtiments qui rivalisèrent le sens de l’économie et de la simplicité
d’audace et inspirèrent l’éthique et l’esthétique d’usage.
du mouvement moderne : conformément Le rôle joué par la zoologie et la botanique
à leur vocation, et en dépit de leur qualité, dans la science du xixe siècle déboucha sur
la plupart disparurent (structures suspendues la formulation de préceptes organicistes
de l’exposition de Paris, 1867, galerie des qui s’appliquent à la fois à la structure (ossa
machines de l’exposition de Paris, 1889, par ture) des bâtiments, comme chez Viollet-le-
exemple). Quelques rares exceptions survé Duc, mais aussi au découpage même des
curent, tel le Crystal Palace (Londres, 1851, constructions : l’idée d ’un ornement inspiré
remonté à Sydenham, détruit par un incendie par le règne végétal a conditionné l’Art nou
en 1935) ou la tour Eiffel (construite pour une veau en France, pendant qu’aux États-Unis
durée de vingt ans). Greenough affirmait, dès 1852, que « le
Après la première guerre mondiale, les monde de Dieu a une formule distincte pour
expositions internationales ont offert à chaque fonction », appelant la célèbre sen
l’architecture du mouvement moderne tence de Louis Sullivan : « La forme suit tou
l’occasion de véritables manifestes (pavillon jours la fonction : telle est la loi » (1896).
de l’Esprit Nouveau de Le Corbusier, Paris, C ’est en Allemagne que l’idée d’une
1925 ; pavillon allemand de Mies van der Zweckbau, ou architecture fonctionnelle
Rohe, Barcelone, 1928 ; pavillon finlandais (A. Behne, 1923) prit racine dans le milieu du
de Aalto, Paris, 1937). Les dernières exposi Deutscher Werkbund, fondé en 1907, à l’inter
tions, reflétant la crise de l ’architecture, section de la culture artistique et de la poli
étaient surtout le champ d ’expériences tique de la grande industrie. Cette idée, qui ne
H ARCHITECTURE INDUSTRIELLE
reposait plus désormais sur l’analogie orga décomposition horizontale ou verticale des
nique, mais sur l’idéalisation de la machine, volumes les constituant. Elle débouche aussi
est développée par W. Gropius (1883-1969), bien sur une production médiocre, comme
qu’inspirait fortement la connaissance distante celle de la plupart des équipements collectifs
de l ’Amérique. Dans les bâtiments du industrialisés, que sur de nouveaux horizons
Bauhaus de Dessau (1925-1926) ou dans ses quand, par exemple chez Louis I. Kahn, elle
projets d’édifices publics, les unités du pro est soutenue à la fois par une critique fondée
gramme étaient découpées en blocs mono sur l’approche de l’École des beaux-arts et
fonctionnels et venaient constituer autant par la rigueur constructive.
d’entités architecturales distinctes, assemblées — La seconde tendance vise le dépasse
les unes avec les autres. ment de la notion même de fonction isolée ;
Au travers de la diffusion de la doctrine du à cette fin, elle préconise des édifices sup
.identifie management de W. Taylor (1908), posés instantanément adaptables ou, à tout le
née dans les usines et qui investit la sphère de moins, neutres par rapport à l’usage, qu’ils
l’habitation et de l’architecture publique, la soient réglés par un principe d’unité presque
tyrannie de l’organigramme s’instaura. La classique (la Nationale Galerie de Berlin, par
forme architecturale était censée découler, par Mies van der Rohe, 1969) ou par l’ostentation
une suite d’opérations logiques, à la précision des systèmes technologiques devant autoriser,
quasi mathématique, des découpages internes mais en théorie seulement, un usage indéfini
d’un usage rationnalisé abstraitement ou de ment variable, comme dans le Centre
l’économie de parcours dont toute flânerie Georges-Pompidou de R. Piano et R. Rogers
improductive est bannie. (1977).
Le second directeur du Bauhaus, Hannes J.-L. C.
Meyer (1889-1954), fut l’un des plus actifs
défenseurs d’une architecture fonctionnelle -> Bauhaus; Congrès internationaux d'architecture moderne
( c i a m ) ; Moderne ; Progressisme ; Rationalisme.
qui gardait cependant pour lui une valeur de
critique sociale et qu’il opposait à la composi
tion de la tradition: «Toute chose en ce
monde est le produit de la formule : fonction x ARCHITECTURE INDUSTRIELLE
économie» (1928). C ’est, parallèlement, à
Francfort, que cette architecture trouva son Architecture dont relèvent les bâtiments
application la plus conséquente dans la poli utilisés par les activités de transformation des
tique menée entre 1925 et 1930 par l’archi biens naturels. Elle englobe donc aussi bien
tecte de la ville, Ernst May. Mais tous les les moulins à eau, les forges, les tanneries, les
architectes tenants de la fonctionnalité ne sau fours à chaux que les grandes manufactures
raient être rangés sous le drapeau du N eues de l ’ère préindustrielle. Toutefois, c’est au
Bauen allemand: polémiquant en 1929 avec début du XIXe siècle qu’ont émergé Tusine et
les partisans d ’une architecture fondée sur la les espaces spécifiques propres à l’industrie,
seule Sachlichkeit (objectivité), Le Corbusier au sens moderne de ce terme.
réfuta les thèses des Allemands, en affirmant L’architecture industrielle, au sens le plus
que l’«utile n’est pas le beau», puis en orga général, se distingue d’abord par son autono
nisant l’opposition à leurs thèses dans les mie à l’intérieur des espaces urbains et territo
CIAM. riaux, puis par sa capacité de renouvellement,
Au lendemain de la seconde guerre mon qui conduit en général à la juxtaposition
diale, la victoire de l’architecture fonction de bâtiments d’époques et de styles divers,
nelle sembla d ’autant plus complète qu’elle au gré des besoins des entreprises. Les
investit désormais la quasi-totalité des conti ensembles construits qui présentent une archi
nents et se manifesta par l’éclosion d ’écoles tecture homogène, en général monumentale,
nationales, originales (et lyriques), au Brésil sont exceptionnels mais de grand intérêt. En
ou au japon. Deux types de démarches se France, les grandes manufactures de l’Ancien
dégagent au sein d’un mouvement de plus en Régime en offrent les plus beaux exemples
plus diffus. (Corderie de Rochefort, 1666-1670; manu
— La première tendance porte à la disso facture de drap «L e Dijonval», Sedan, 1755 ;
ciation des éléments des bâtiments et à la Cristallerie du Creusot, 1785, ou encore les
ARCHITECTURE NÉO-CLASSIQUE 72
Salines de Chaux, réalisées à la même époque lieux divers de leur culte, en passant par la
sur les plans de C. N. Ledoux). demeure des morts et les monastères. Sa
Cette tradition monumentale a subsisté au nomenclature varie selon les cultures et les
xixe siècle, par exemple dans des ensembles époques. Ainsi, à la Renaissance, Alberti pou
comme le Grand Homu en Belgique (1845), vait classer, parmi les édifices sacrés (opposés
le familistère de Guise de Jean-Baptiste Godin aux édifices profanes), les hôpitaux tenus à
(1858), la fonderie de canons de Bourges l’époque par des prêtres.
(1865-1875), ou encore dans les «châteaux» Les recherches de l’archéologie contempo
industriels de styles gothique, roman ou raine ont montré que la relation des hommes
renaissant, édifiés à la fin du XIXe siècle, entre avec le sacré est à l’origine non seulement de
autres, par les filateurs (usine Motte-Bossut, l’architecture monumentale (S. Giedion, The
1883, dans la région lilloise) ou encore par birth o f architecture, New York, 1964, trad.
les brasseurs (brasseries de Milwaukee aux franç. 1966, Bruxelles), mais des premières
États-Unis). « villes » que nous ont léguées les sociétés
Parce qu’elle n ’était pas grevée de archaïques (P. Wheatly, The pivot o f the four
contraintes stylistiques et esthétiques, et quarters, Èdimburgh, 1971). K am ak ou
devait viser à l ’efficacité et à l’économie, Cnossos par exemple, étaient des centres reli
l’architecture industrielle a exploité et expéri gieux, dont les édifices sacrés, à l’encontre
menté les matériaux nouveaux (fer, acier, des quartiers précaires où se rassemblaient les
béton...) et joué un rôle considérable dans la ouvriers qui les bâtirent, étaient destinés à
genèse du mouvement moderne et l’histoire l’éternité.
des formes architecturales. En France, des édi Pour vaincre la mort et les affronts du
fices de prestige comme le Centre Pompidou temps, l’architecture religieuse met en oeuvre
ou encore la cathédrale de Royan dérivent, en des matériaux nobles et imputrescibles
droite ligne, l’un de l’architecture industrielle (Égypte, Grèce, Inde) ou encore des maté
des halles métalliques, l’autre des structures riaux organiques, rituellement remplacés à
industrielles en voûtes minces expérimentées l’identique (Japon). Il est impossible d’évo
par B. Lafaille entre les années 1930-1950. quer ici la richesse des typologies (temples,
On redécouvre aujourd’hui les qualités de églises, pagodes, mosquées) et des symbo
l’architecture industrielle, non seulement en liques déployées par les grands styles archi
tant que patrimoine technique, mais aussi tecturaux qui ont permis aux diverses cultures
pour ce qu’elle apporte aux paysages urbains. d’exprimer leur rapport avec le sacré, et que
La récente réhabilitation de nombreux bâti l’architecture profane a ensuite empmntées à
ments industriels et leur conversion à de nou l’architecture religieuse (cf. le Dictionnaire
veaux usages (filatures Leblan à Lille ou Blin de Viollet-le-Duc pour l’architecture civile
& Blin à Elbeuf) sont là pour en témoigner. gothique). On n ’évoquera pas davantage
B. L. l’interaction des architectures et des styles
religieux dans l’histoire (par exemple l’inter
-* Industrie; Usine. prétation de l’église byzantine dans l’islam et
le rôle de modèle joué par la « grande église »
de sainte Sophie). On notera enfin, pour
ARCHITECTURE NÉO-CLASSIQUE mémoire, qu’à partir de la Renaissance,
-* Classique l’architecture religieuse du passé a servi de
modèle, pour des programmes profanes
(bourses ou musées à l’image des temples
ARCHITECTURE ORGANIQUE Organique grecs et romains, bibliothèques et salles de
cours à l’image des églises gothiques dans les
universités britanniques et les campus améri
ARCHITECTURE RELIGIEUSE cains).
Les rapports (dimensionnement, localisa
Architecture liée au sacré et à la pratique tion, environnement) des édifices ou des
d’une religion. Elle peut comprendre des édi complexes religieux avec la ville et son tissu,
fices répondant à une multiplicité de destina varient selon les cultures, dénotant cependant
tions : de la simple demeure des dieux aux toujours l’opposition entre architecture
73 ARCHITECTURE RELIGIEUSE
Depuis les années 1980, l’église retrouve par le milieu et fortement soumis à l’inertie de
la valeur du symbole : symbole du sacré et la tradition. De ce point de vue, l ’étude de
d’une communauté différente et minoritaire. l’architecture vernaculaire est un outil précieux
L’architecture des édifices et leur emplace pour la connaissance de l’histoire des sociétés.
ment traduisent cette évolution. Plus, on s’aperçoit aujourd’hui que cette étude
H. D. et A. L. offre des perspectives d’avenir, en révélant aux
architectes de demain des modalités subtiles de
-> A rt urbain ; Composition urbaine ; Culte (lieu de). relations entre l’homme et sa maison, la société
et le milieu.
M. P. et M. Pe.
ARCHITECTURE VERNACULAIRE
-> Acculturation ; Anthropologie de l'espace ; Médina.
L’adjectif vernaculaire, du latin vernaculus,
né dans la maison (à propos d’un esclave),
puis indigène, fait partie du lexique de la lin ARCHIVES -* Histoire ; Longue durée
guistique où il désigne ce qui appartient à la
langue du pays. Il peut même être employé
substantivement. L’anglais a appliqué vema- ARMATURE URBAINE
cular aux arts (locaux) et en particulier à
l’architecture caractéristiques de certains pays Ensemble des villes hiérarchisées et de
ou régions. Cet usage s’est plus récemment leurs aires d ’influence qui assurent dans un
introduit en français, où vernaculaire est sou territoire donné les fonctions qui nécessitent
vent confondu avec populaire. un minimum de population desservie.
L’architecture des sociétés traditionnelles, La notion d’armature urbaine est très direc
dite parfois «architecture vernaculaire», tement liée à deux autres :
frappe par le nombre relativement restreint — celle de réseau urbain, qui est l’inscrip
des types et des techniques mis en jeu, dû au tion géographique de l’armature urbaine et qui
fait qu’elle est fortement soumise aux se caractérise par les relations, exprimées par
contraintes naturelles (matériaux disponibles, des flux de personnes, de marchandises, de
climat, topographie, etc.) (Amos Rapoport, communications immatérielles et de capitaux,
Pour une anthropologie de la maison, Paris, entre les villes qui sont des pôles pour leur aire
1972). Cependant, ces divers types architec d’influence, que ces relations soient de type
turaux s’expriment en d’innombrables varié hiérarchique (cas le plus fréquent) ou de spé
tés qui reflètent d ’autres facteurs culturels cialisation mutuelle (ex. : les villes de la
essentiels (l’organisation sociale, la religion Randstad Holland, Metz et Nancy en Lorraine,
et le symbolisme, etc.), ou dépendent des etc.), ou plus souvent d ’un type intermédiaire ;
conditions mêmes de l’habitat (maison collec — celle de hiérarchie urbaine, qui implique
tive ou individuelle, habitat groupé ou dis une structuration en différents niveaux et des
persé, soumis à des principes hiérarchiques, rapports de dominance entre les villes voi
égalitaires, religieux ou politiques...). La mai sines de différents niveaux.
son esquimau, l ’habitat dogon et la ville Les études de réseaux urbains ont été initiées
mozabite sont des exemples connus, démon dans les années 1930 en Allemagne par les
trant les relations étroites entre l’architecture travaux théoriques de A. Lôsch {Die rdumliche
vernaculaire et les contraintes naturelles et Ordnung der Wîrtschaft, 1940) et les études
culturelles. géographiques appliquées de W. Christaller
Comme l’a souligné A. Leroi-Gourhan {Die zentralen Orte in Süddeutschland, 1933),
(Milieu et technique, Paris, 1945), les différents tandis qu’aux États-Unis, W. J. Reilly mo
types architecturaux ne correspondent pas tou délisait sous forme gravitaire l’attraction des
jours aux coupures anthropologiques, mais on villes {The law o f retail gravitation, 1931) et
constate fréquemment un parallélisme entre que plus tard, en France, F. Perroux et J.-
coupures linguistiques et politiques et types R. Boudeville précisaient les concepts de
d’habitat. Cet auteur a rapproché, d’autre part, région polarisée et d’innovation entraînante.
les modes d’évolution de l’habitat et du vête Les études d’armature urbaine régionale se
ment, tous les deux très lents, car conditionnés sont multipliées en France, dans l’équipe de
n ART
P. George, autour de 1960 (Y. Babonnaux sur Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nice,
la Loire moyenne, R. Dugrand sur le bas Bordeaux, Nantes, Rouen, Rennes, Toulon et
Languedoc, B. Kayser sur la Côte d ’Azur, Strasbourg.
M. Rochefort sur l’Alsace) et ont défini des
notions qui ont été reprises au niveau national P. M.
(Hautreux-Lecourt-Rochefort, Le niveau
-* Aire d'influence d'une ville ; Aire métropolitaine; Am énage
supérieur de l ’armature urbaine, 1963). Ces ment du territoire; Métropole d'équilibre; Métropole régio
études définissent divers critères hiérar nale; Réseau de villes; V ille; Ville moyenne.
été, avant tout, le support d ’une méditation française cherchent à surprendre, à détourner
religieuse, des lieux de sérénité permettant le visiteur de ses préoccupations habituelles,
d ’accéder à une réalité métaphysique située pour le rendre plus réceptif aux messages
au-delà du rêve. qu’on veut lui transmettre. Ils ont apporté une
Plus près de notre époque, les Arabes, se rigueur de pensée et une étude extrêmement
faisant les épigones des Perses, dont aucun jar poussée des rapports qui lient entre eux les
din n ’a été conservé, mais dont le souvenir éléments de la composition.
reste présent par la place qu’ils occupent dans Les romantiques furent à l’origine, surtout
la religion de Zoroastre, évoquent, comme en Angleterre, de sources d’inspiration fonda
leurs devanciers, un paradis à venir. Les mentalement opposées à celles de Le Nôtre.
jardins arabes (par exemple ceux, remarquable Le rationalisme, qui tient les passions pour
ment conservés, de Grenade), lieux ombragés, dangereuses, est dévalorisé au profit des pas
luxuriants et odoriférants, parcourus de sources sions et des sentiments qui viennent de la
limpides, sont l’image de la vie étemelle où les nature, elle-même régie par Dieu. Le jardin
êtres profiteront de tous les plaisirs des sens. devient représentation de la nature, image
Créateur d’ambiance, le jardin arabe devient d’un monde idyllique et lieu de plaisir sen
un cadre somptueux pour les activités de suel. Sa composition devait favoriser une
l’homme. Plus qu’ailleurs, il est aussi le com rêverie mélancolique. Une société pastorale
plément ou le prolongement de la demeure, idyllique pourrait naître de la bonté propre à
avec laquelle il est étroitement composé. la nature humaine. Les grands jardiniers
Avec un objectif différent, les jardins ita anglais, s’inspirant parfois des jardins chinois,
liens et surtout fiançais ont poussé très loin les ont les premiers exprimé une vision du monde
recherches pour que l’habitation, tête de la bien différente du classicisme français. Une
composition, et le jardin, élément de nature, certaine politesse, c’est-à-dire l’absence de
forment un tout. Sur des terrains en pente, les grandeur, la délicatesse de forme, étaient
Italiens de la Renaissance se servirent des considérées comme les moyens les plus sûrs
techniques et des procédés arabes. Mais, rom d’accéder à la beauté. L’idée de l’infini, qui
pant avec le caractère et une sensualité trop ne peut être mesuré, était suggérée par l’utili
précise, ils s’inspirèrent du retour aux valeurs sation de lignes courbes. Si la science de leur
et à l’esthétique de l’Antiquité. Le jardin composition est restée assez sommaire, du
entrepris, près de Florence, par Laurent de moins a-t-elle permis de répondre aux préoc
Médicis, est en terrasses : chacune correspon cupations des paysagistes confrontés à la réa
dait à une forme de pensée, la dernière étant lisation des premiers grands jardins publics.
celle des vertus. Commencé mais jam ais Avec les «espaces verts», l’art des jardins
achevé, il devait symboliser les efforts vers n’a plus de message culturel à transmettre et
une spiritualisation apportant plus de savoir et cherche à satisfaire des aspirations collectives,
de beauté et, par là, atteignant l’universalité. parfois difficiles à interpréter. La composition,
D ’autres jardins, inspirés des mêmes prin au sens architectural ou musical du terme, ne
cipes, subsistent aujourd’hui, toujours com fait plus que rarement sentir ses effets dans les
posés à partir de l’habitation, d’un axe central jardins contemporains, mais l’invention et le
coupé d’axes secondaires, offrant une série de soin apportés à la réalisation des détails sont
perspectives fermées où la vue s’arrête sur un restés enrichissants à travers une grande pro
élément de décor important. fusion de formes conçues dans une totale
Les jardins fiançais, illustrés par André Le liberté. Les Anglo-Saxons, sans doute en rai
Nôtre, qui avait derrière lui une tradition son d’un sens de la nature traditionnellement
familiale d ’adaptation de jardins italiens, affirmé dans leur culture, sont restés les plus
reprennent les procédés des jardins italiens de novateurs dans la création des grands parcs
la Renaissance. La géométrie du jardin fran publics comme des petits jardins privés.
çais du xviie traduit l’esprit cartésien et le rôle Mais on n ’a guère vu se développer un art
de constructeur de la part d ’esprits tournés des jardins adapté au jardin individuel, si ce
vers la géométrie et l’utilisant pour aménager n’est, vers 1930, la tentative d’appliquer les
l’espace. Jardins de l’intelligence, où la sensi principes des peintres cubistes (asymétrie et
bilité s’exerce surtout dans la pureté des géométrie, par exemple dans le jardin de la
formes et des proportions, les jardins à la villa de Noailles à Hyères, par Mallet-
' 79 ARTISANAT
iStevens). Les essais les plus remarquables, enfin la primauté accordée à la machine
autour de maisons individuelles, de la part de dans la société industrielle, ont contribué à
propriétaires imaginatifs, accordant une place rendre de plus en plus précaires l’existence
considérable à la symbolique, sous différentes et le statut de l ’artisan, remplacé par le
formes, dont la statuaire, sont malheureuse manœuvre et l ’ouvrier spécialisé (et non
ment restés isolés et n ’ont pas trouvé d’écho plus qualifié).
chez les architectes-paysagistes. Aujourd’hui la mise sous tutelle des cir
J.-B. P. cuits de production par les marchés financiers
a généralisé dans les sociétés développées la
-+ Espace vert; Jardin public; Parc. consommation du «prêt à jeter» au détriment
de la commande du « bel ouvrage ». Pourtant,
la singularité de l’artisanat, articulant capital
ARTÈRE - » Débit d'une voie; Voirie et travail, devrait être mobilisée par les urba
nistes et les aménageurs puisque «le terri
toire est une œuvre d’art» (cf. A. Magnaghi,
ARTISAN Le projet local, 2000).
J.-M. B. et F. C.
Originellement, celui qui exerce un métier
manuel. La catégorie des artisans a inclus les -* Architecte; A rt; Artisanat; Artiste; Traité d'architecture.
peintres, les sculpteurs, les graveurs... jusqu’à
la Renaissance, où ils ont commencé à
conquérir un statut libéral et à prendre la qua ARTISANAT
lification d’artistes.
Dans la terminologie actuelle, l’artiste est Ensemble des activités de fabrication et de
concerné par les beaux-arts et l’artisan par les commercialisation exercées par des tra
arts appliqués. En principe, le premier se vou vailleurs manuels, seuls ou avec l’aide des
drait créateur, inspiré par des fins purement membres de leur famille ou d ’un nombre
esthétiques, alors que le second travaille dans réduit de compagnons (à l’origine) ou (aujour
le cadre d ’une tradition et à des fins pratiques. d’hui) de salariés : en France, on a fixé à 10 le
Mais, au fil de l’histoire, les frontières entre nombre maximum d’ouvriers d’une entreprise
leurs qualifications respectives sont parfois artisanale. On compte, en 2008,706 000 entre
difficiles à déterminer. prises artisanales à titre principal et 180 0 0 0 à
L’architecte, après avoir acquis un statut titre secondaire (respectivement près de 26 %
libéral, est longtemps demeuré capable d’œu et plus de 6 % du total). Elles offrent un
vrer de ses mains, initié aux pratiques de l’arti nombre voisin d’emplois non salariés et envi
san (charpentier, tailleur de pierres), et ron 1 750 000 emplois salariés à temps plein
travaillant en collaboration étroite avec lui. On et 1 0 0 0 0 0 emplois à temps partiel ou
en a le témoignage dans le Traité d ’architec d’apprentis. Sa valeur ajoutée est le double de
ture de Filarète (entre 1451 et 1465) et dans les celle de l’agriculture, de la sylviculture et de la
Libri de Serlio qui participe délibérément des pêche réunies. L’artisanat est prépondérant en
deux approches et considère les maîtres et nombre d’entreprises dans le bâtiment, l’ali
compagnons de chantier comme des interlocu mentation, les réparations, etc. Il représente
teurs à part entière, au même titre que le client. près de 40 % des emplois dans le bâtiment,
Traditionnellement, l’artisan acquiert son plus du quart dans les réparations, les trans
métier auprès d’un maître dans le sein d ’une ports et de nombreux services.
guilde ou d’une corporation. Son apprentis Le lieu de travail de l’artisan est l’atelier.
sage repose sur la transm ission orale et Par ses petites dimensions, le besoin de
manuelle de procédés de fabrication et sur contact avec la clientèle, l’atelier d ’artisan
une mise en situation lui permettant de s’insère facilement dans la ville. Forme de
dégager un « tour de main ». La suppression production antérieure à la révolution indus
des corporations par la Révolution française, trielle, se distinguant des manufactures par
la substitution progressive d ’un enseigne la dimension réduite des ateliers, l’artisanat
ment livresque à la formation traditionnelle, existait tant dans les villages que dans les
la survalorisation du travail intellectuel, villes où il se regroupait souvent en quartiers
ARTISTE 80
Vasari (qui dans ses Vite a transmis toute Haussmann l’esthétique joue un rôle
l’information disponible à son époque sur les secondaire, le préfet cherche néanmoins à
peintres, architectes et sculpteurs italiens créer de belles perspectives (Mémoires) et
depuis Cimabue) et qu’on ignore à peu près fait appel à des artistes (architectes comme
tout des architectes, peintres et sculpteurs Davioud, par exemple) pour réaliser ses pro
français des X I V e , X V e et xvie siècles jets fonctionnels. Par ailleurs, l’architecte
(cf. J. Thuillier, Les débuts de l’histoire de Camillo Sitte, représentant du courant cultu
l’art en France et Vasari, in II Vasari storio- raliste, voudrait faire retrouver à l’urbanishie
graflco e artisto, Florence, 1974). la dimension perdue de l ’art. Seul l’urba
Le statut d ’artiste de l’architecte est claire nisme progressiste élimine l’artiste au nom
ment défini par A lberti et résulte de sa du fonctionnalisme.
conception des trois niveaux (nécessité, com Mais cette proposition devient un sophisme
modité, plaisir esthétique) de la démarche quand « l’urbaniste n ’est pas autre chose
architecturale. Pour l ’architecte, appliquer qu’un architecte » (Le Corbusier), comme ce
correctement les règles de la construction et fût le cas pour la plupart des membres des
répondre à la demande du client sont des c i a m , et comme il l’est demeuré dans certains
conditions nécessaires, mais non suffisantes pays, tels l’Italie et la France, jusqu’à la fin
de sa pratique : c ’est seulement en faisant des années 1960. En France, l’attitude de
œuvre de beauté qu’il mérite son nom, car la l’artiste est occultée, mais elle demeure
beauté est la finalité de l’architecture. De d’autant plus prononcée que les architectes ne
plus, la compétence de l’architecte s’étendant sont formés ni à l’université, ni dans les écoles
à l’organisation du cadre bâti dans son entier, d ’ingénieurs, mais dans une École des beaux-
celle-ci appelle égalem ent un traitement arts qui n’ose plus dire son nom et qui en fait
esthétique. C ’est bien selon cette conception des « artistes » marginaux.
que l ’intervention des architectes de la
F. C.
Renaissance et des époques baroque et
classique sur la ville est composée comme —►A rt ; Artisan ; Art urbain ; Beaux-arts ; Composition urbaine.
une œuvre d ’art et a pu recevoir la dénomina
tion d ’art urbain: des « artistes» comme
Bramante, M ichel-Ange, Scamozzi, Le ART URBAIN
Bernin, Fischer von Erlach, Mansart,
Gabriel, ont ainsi signé des paysages urbains Cette expression, consacrée par H. Lavedan
à juste titre célèbres. L’importance de l’archi (Histoire de l ’urbanisme, t. 2, Paris, 1959),
tecte en tant q u ’artiste se traduit dans la désigne l’édification ou l’aménagement de
notion de « plan d ’embellissement ». l’espace des villes, tels qu’ils furent théorisés
Toutefois, peu à peu, l’équilibre des trois à partir du Quattrocento, puis progressive
registres de l’architecture, exigé par Alberti, ment mis en pratique durant la Renaissance,
s’est trouvé rompu en faveur de l’art qui l’âge classique et la période néoclassique.
monopolisait l’attention des architectes, au Relevant de l’architecte-artiste, l’art urbain
détriment dp la construction et de la diffère des procédures et aménagements
commodité. À la fin du xvme siècle, les ini médiévaux par son caractère théorique et glo
tiateurs des grandes transformations structu balisant, ainsi que par sa finalité esthétique.
rales de l’urbanisation sont les ingénieurs et La prépondérance qu’il accorde à la dimen
les hommes de science (cf. B. Fortier et al., sion esthétique le différencie également de
La politique de l ’espace parisien, Paris, l’urbanisme dont, en outre, il n ’a pas la pré
1975). tention scientifique.
L’avènement de F ère industrielle met un L’art urbain a introduit dans les villes
terme brutal aux recherches de l’art urbain. occidentales la proportion, la régularité, la
L’urbaniste tel qu’il est défini par Cerda, et symétrie, la perspective, en les appliquant
dans la mesure où il se veut le praticien aux voies, places, édifices, au traitement de
d’une discipline scientifique, ne se préoccupe leurs rapports et de leurs éléments de liaison
plus de la dimension esthétique de l’environ (arcades, colonnades, portes monumentales,
nement urbain. Cette affirmation doit cepen arcs, jardins, obélisques, fontaines, statues,
dant être nuancée. Si dans l’œuvre de etc.). On lui doit la notion de composition
ASILE 82
L’unité de compte des eaux usées est règle pas la question des résidus. En outre, les
I 'équivalent habitant (EH) : pollution émise nuisances et pollutions causées par les stations
chaque jour par un habitant, soit une d ’épuration conduisent de plus en plus sou
demande biologique en oxygène à 5 jours vent à couvrir les installations et à traiter leurs
(DBO5, quantité d’oxygène consommée par la émissions atmosphériques.
dégradation de la matière organique présente La dépense nationale de gestion des eaux
dans l’eau en cinq jours) de 60 g. Leur traite usées est passée de 8,3 à 12,1 milliards d’€
ment est encadré par la directive européenne entre 1996 et 2006, ce qui s’explique non
du 21 mai 1991 qui impose le traitement seulement par la mise en oeuvre de la directive
secondaire pour les agglomérations de plus de 1991, mais aussi par le retard précédemment
de 15 000 EH, un traitement plus rigoureux accumulé. La filière montre ainsi ses limites :
(tertiaire) pour celles de plus de 10 000 EH efficacité relative du traitement, sous-produits
situées en zones sensibles à l’eutrophisation, aux débouchés incertains, coûts croissants.
et un traitement secondaire pu approprié pour L’assainissement écologique constitue une
les autres agglomérations. À chaque type de alternative. Il vise à mieux intégrer les eaux
traitement est associé un objectif en termes de usées dans les cycles biogéochimiques en
qualité absolue des eaux traitées et ou de ren récupérant efficacement les nutriments
dement d’épuration. - azote, phosphore, potasse, autant d’engrais
Les stations d ’épuration (17 500 en France potentiels - contenus dans les eaux usées. Il
fin 2008) prennent la forme d ’usines ou de est d ’autant plus difficile à mettre en oeuvre
lagunes. Le lagunage utilise les propriétés que les collectivités sont déjà équipées de
naturelles du milieu aquatique pour dégrader réseaux d’assainissement. Il est très promet
les matières organiques. Déjà utilisé au teur pour celles qui n’en sont pas équipées, en
XIIIe siècle dans les villes européennes qui lui particulier dans les pays émergents ou en
réservaient l’ancien fossé d ’eau stagnante développement.
creusé vers le IIIe siècle pour défendre la cité, S. B.
il a disparu au XIXe avec l’enterrement des
fossés, puis est réapparu aux États-Unis vers Eau ; Cycle de l'eau ; Pollution des eaux continentales.
1920. Il est employé en milieu rural et périur
bain, là où le terrain est bon marché (il néces
site 10 à 20 m 2/EH). ASSISTANCE ARCHITECTURALE
V usine d ’épuration Vise à reproduire le
fonctionnement naturel de l’écosystème aqua Action destinée à favoriser la qualité archi
tique dans un temps et un espace limités, en tecturale des projets de construction faisant
quatre phases : l’objet d’une demande d ’autorisation adminis
— prétraitement : dégrillage, dessablage, trative de bâtir. La notion de conseil architec
déshuilage ; tural est apparue après la seconde guerre
— traitement primaire, par décantation, mondiale avec la création de postes d ’archi
visant les matières en suspension ; tectes conseils de la reconstruction (arrêté du
— traitement secondaire (biologique), qui 19 juin 1946). Un corps d ’architectes conseils,
élimine la plus grande partie des matières mis à la disposition des directeurs départe
organiques ; mentaux de l’équipement pour intervenir sur
— traitement tertiaire, en particulier déphos des projets d’importance, est créé par arrêté
phatation et dénitrification. du 24 juin 1950. Ces architectes n’ont pas de
Les sous-produits (boues d ’épuration), contact direct avec le public et donnent leur
d’autant plus abondants que le traitement est avis aux services instructeurs du permis de
efficace, ne cessent de croître depuis une ving construire. À partir de 1960, le conseil archi
taine d ’années. L’épandage agricole (régle tectural concerne l ’ensemble des permis
menté par le décret du 8 décembre 1997) de construire. La notion d’assistance architec
constitue leur débouché naturel, mais est turale apparaît avec la mise en place progres
compromis par les polluants dont les boues sive des architectes consultants dans les
sont chargées : elles doivent être traitées, ce directions départementales de l’équipement.
qui augmente le coût d’épuration. La produc Ces « hommes de l’art » sont mis gratuitement
tion alternative de biogaz par fermentation ne par l’État à la disposition du public pour tenter
ASSOCIATION 84
de pallier la carence esthétique dont témoigne culier contact direct avec les demandeurs) ;
une part importante des demandes de permis sensibilisation du public (artisans, administra
de construire. Les architectes consultants tions, maîtres d ’ouvrages, enfants, etc.) à
doivent intervenir sur les projets de construc l’architecture et à l’urbanisme par des moyens
tion avant le dépôt officiel du dossier de per multiples expositions, réactualisation de maté»
mis. Dans cette tâche, ils sont confrontés à riaux et de techniques anciennes, stages de
trois types de difficultés. formation, etc.
Tout d’abord, il est impossible à l’architecte Ces actions nouvelles ne pourront agir sur
consultant d’assister chaque demandeur d’une la qualité de la production bâtie qu’à long
autorisation de bâtir (jusqu’en 1977, chaque terme. On peut toutefois s’interroger sur la
département disposait en moyenne d’environ signification sociale - de l’assistance architec
cinq architectes, à raison d’une journée men turale. En effet, l’amélioration de la qualité
suelle de permanence chacun). Pratiquement architecturale contemporaine devrait reposer
coupé du public, son rôle se borne à donner sur des actions de type culturel plus que sur
un avis sur dossier, après réception adminis une assistance à la mise en forme des projets
trative du projet de construction. de construction. Car peut-on réellement assis
Ensuite, il devient ainsi un rouage adminis ter la création architecturale, autrement dit
tratif supplémentaire dont l’avis n’est, de sur l’expression dessinée du projet architectural ?
croît, pas obligatoire. D. I.
Enfin, pour des raisons déontologiques,
l’architecte consultant n’est pas autorisé à réali -> Architecte; Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'envi
ronnement ( c a u e ) ; Permis de construire.
ser les dessins contenus dans le dossier du per
mis de construire. Sa mission est limitée au
conseil verbal, soutenu par quelques croquis
dont le demandeur ne pourra utiliser que l’esprit. ASSOCIATION
De fait, le législateur a considéré l ’aide
architecturale comme une réponse verbale ou Groupement volontaire d’individus qui,
écrite à des questions posées. Il a oublié la sur la base d ’un quasi-contrat, mettent en
maîtrise d’œuvre et la nécessité de réaliser des commun des ressources et créent une organi
dessins. La qualité architecturale implique la sation destinée soit à défendre ou à promou
réalisation de l’ensemble du projet dessiné et voir des intérêts spécifiques, soit à exercer
ne peut se limiter à un conseil verbal ou une influence dans la vie sociale.
vaguement dessiné. Le mouvement associatif est la consé
La loi du 3 janvier 1977 créant les Conseils quence des transformations économiques et
d’architecture, d’urbanisme et de l’environne sociales provoquées par l’industrialisation.
ment (caue) a été élaborée pour résoudre ces L’éclatement de la communauté, la désagréga
difficultés et répondre à l’obligation nouvelle tion partielle des groupes primaires, l’appro
du recours à l’architecte pour toute construc fondissement de la division sociale du travail,
tion supérieure à 170 m 2 hors œuvre net. la dilution des cadres traditionnels de la socia
Désormais, les architectes consultants sont bilité nourrissent son expansion. L’existence
détachés de l’administration et intégrés dans d’associations suppose néanmoins le maintien
les caue créés dans la plupart des départe de relations sociales minimales. Tocqueville
ments sous forme d’association type 1901, considérait les associations comme un élé
présidés par un conseiller général, dirigés le ment constitutif de la démocratie. Durkheim
plus souvent par un architecte, financés par voyait dans les associations professionnelles
des subventions de l’État et du conseil général un vecteur d ’intégration sociale et le fonde
départemental. Ce financement a permis le ment d’un nouvel ordre moral, participant à la
recrutement d’un nombre important d ’archi cohésion sociale.
tectes conseillers entre 1978 et 1982 dans tous Après les lois de 1865 et 1884 autorisant
les départements. respectivement les associations syndicales et
Disposant désormais de moyens beaucoup les syndicats professionnels, c ’est la loi du
plus importants, l’action des caue prend deux 10 juillet 1901 qui reconnaît et codifie la
grandes directions : poursuite de l’assistance liberté d ’association, étendue désormais à
architecturale sur de nouvelles bases (en parti l’ensemble de l’espace social.
«6 ASSOCIATION AGRÉÉE
Les associations, avec les mutuelles et les préfet ou par les ministres chargés de l’envi
coopératives, sont considérées comme une ronnement et de l’urbanisme, selon le niveau
composante de l ’économ ie sociale qui, auquel elles exercent ces activités (art. 40 de
occupant l’espace situé entre l’économie de la loi du 10 juillet 1976, articles 8 et 44-1 de
marché et le secteur public, constituerait un la loi du 31 décembre 1976 et décret du
mode de gestion alternatif et un contre- 7 juillet 1977). Cet agrément permet à l’asso
pouvoir s’insinuant dans les interstices du ciation d’exercer en justice les droits reconnus
contrôle social et de l ’intervention de à la partie civile en ce qui concerne les infrac
l'État. tions aux règles d ’urbanisme et de protection
Les associations sont de nature très variée de la nature.
(sportives, religieuses, politiques, éducatives,
M. B.
de défense professionnelle, de quartier, cultu
relles, etc.). La diversification du mouvement - » Association agréée; Comité (ou conseil) de quartier; Luttes
urbaines; Participation.
associatif s’accompagne d’une évolution vers
l’unifonctionnalité. En revanche, on note
chez les adhérents une tendance au poly-
associationnisme. ASSOCIATION AGRÉÉE
Longtemps, et à l’inverse des sociétés
anglo-saxonnes, la France a été caractérisée Association (régie par la loi de 1901) ayant
par la faiblesse relative du fait associatif. C’est fait l’objet d’un agrément qui lui confère cer
pourquoi son renouveau, dans les années taines prérogatives prévues par l’article 40 de
1970, a été analysé, soit comme un approfon la loi du 10 juillet 1976 relative à la protec
dissement de la démocratie participative, soit tion de la nature et par la loi du 31 décembre
comme un indicateur du changement social. 1962 relative à l’urbanisme. Cet agrément
Ce renouveau est alimenté et soutenu par peut être accordé, au titre du Code rural, à
l’extension et la dispersion des couches des associations ayant pour objet la protec
moyennes, salariées et diplômées, notam tion de la nature et de l’environnement ; à des
ment dans le secteur tertiaire. La valorisation associations d’usagers qui peuvent avoir des
du cadre de vie, du quotidien, de la participa objets très divers ; à des associations de pro
tion, des groupes secondaires et de localité tection et d’amélioration du cadre de vie et de
comme lieu de sociabilité et d ’élaboration l’environnement.
d’un consensus, sont les traits dominants de La procédure d ’agrément est réglementée
la « culture associative ». par un décret du 7 juillet 1977, modifié par un
Dans le domaine urbain, le fait associatif décret du 29 mars 1985, complété par un
concerne principalement la prise en charge arrêté et une circulaire du même jour. Pour
des problèmes de l’habitat, la création et la être agréée, une association doit avoir plus de
gestion des équipements collectifs, la défense trois ans d ’existence, être active et présenter
de l’environnement et de la qualité de la vie. certaines garanties de régularité de fonction
Lorsqu’elle est porteuse d’innovation cultu nement et de représentativité. L’agrément est
relle et que le projet social l’emporte sur la accordé par l’État, représenté, selon qu’elle a
fonction de sociabilité, l’association est un une portée locale, départementale, régionale
moyen d’action collective et d ’expression des ou nationale, par le préfet, par le préfet de
luttes urbaines. Intermédiaires situés entre région ou par les ministres chargés de l’urba
l’État et la société civile, les associations sont nisme et de l’environnement. L’autorité admi
des composantes du système politique et nistrative a un large pouvoir d’appréciation,
jouent un rôle dans la mobilisation et la trans soumis au contrôle des juges administratifs,
formation des valeurs culturelles. Elles parti pour accorder ou non l’agrément.
cipent également à la formation du personnel L’agrément a des effets différents selon
politique et constituent, pour certains de leurs celui (ou ceux) des trois motifs en vertu
militants, un vecteur de la mobilité sociale. duquel il a été accordé. Les associations
Sur le plan juridique, les associations exer agréées sont appelées à participer à l’action
çant leurs activités statutaires dans le domaine des organismes publics (organes consultatifs
de la protection de la nature et de l’environne notamment) ayant pour objet la protection de
ment peuvent demander à être agréées par le la nature et de l’environnement. Les associa
ASSOCIATION DE COMMUNES 86
tions locales d’usagers bénéficient de droits bénéficient d’un droit de délaissement, c’est-
particuliers lors de l’élaboration des docu à-dire qu’ils peuvent mettre en demeure
ments d ’urbanisme. Elles peuvent enfin se l’association d ’acquérir leur bien à un prix
porter partie civile à l’occasion d’infractions fixé par le juge de l’expropriation.
au regard du droit ded'urbanisme et de l’envi En pratique, les afu sont particulièrement
ronnement ou d ’actions qui causent un préju présentes dans le domaine du remembrement
dice à un intérêt collectif qu’elles ont pour de petites parcelles, souvent inconstructibles,
charge de défendre. Le champ de ces possibi aux fins d’urbanisation et ce sans passer par
lités varie selon le type d’agrémént reçu. un organisme aménageur, ni par le dessaisisse
ment de leurs terrains : c’est F afu qui est amé
Y. P. et P. M.
nageur. L’afu est également utilisée comme
Code de l'urbanism e; Environnement. organisme gestionnaire, notamment d ’équipe
ments publics.
La portée de ces afu est demeurée limitée,
ASSOCIATION DE COMMUNES -> Agence sans doute en raison de la complexité des
d'urbanisme ; Groupement des communes mécanismes juridiques de mise en œuvre et
des nombreux contentieux qui ont eu lieu,
s’agissant de dispositifs combinant le droit
ASSOCIATION FONCIÈRE URBAINE (AFU) privé et les prérogatives de droit public. On
peut le regretter, car il s’agit là d’une procé
Forme particulière d ’association syndi dure permettant aux propriétaires de participer
cale de propriétaires dont le mode de fonc eux-mêmes à l’action d’aménagement. Cer
tionnement et les missions sont réglés par le taines opérations importantes ont, cependant,
Code de l’urbanisme. Les propriétaires de été montées par des afu , par exemple l’amé
différentes parcelles ou biens immobiliers nagement de la place d’Italie à Paris, non sans
peuvent se constituer en associations fon susciter d’assez fortes réactions, les opposants
cières, depuis la loi du 31 décembre 1967 à cette opération lourde de rénovation urbaine
(art. L 322-1 et L 352-11 du Code de l’urba ayant estimé qu’il s’agissait là d’une opération
nisme) pour engager des opérations d’amé d’intérêt privé ayant bénéficié de prérogatives
nagement, valoriser leurs terrains ou leurs de droit public.
immeubles, exécuter des travaux, mais aussi D’autres afu ont connu un vif succès, dû à
élaborer des projets d ’urbanisme, gérer des un privilège fiscal important : les afu consti
opérations ou des équipements, et le cas tuées pour procéder à des opérations de restau
échéant revendre des terrains aménagés. La ration immobilière, par association libre de
loi distingue, en effet, quatre types d ’opéra propriétaires se partageant des immeubles his
tions pouvant être engagées par les a f u : le toriques à restaurer et étant maîtres d’ouvrage
remembrement des parcelles et la réalisation des travaux sur les parties privatives et sur les
des travaux d ’équipem ent et d ’am énage parties communes. Ces afu, souvent montées
ment nécessaires ; le groupement de par par des marchands de biens ou par des offi
celles pour vente, bail ou utilisation par un cines aux statuts divers, ont parfois donné lieu
tiers; la construction, l’entretien et la ges à des abus, qui ont pu contribuer à leur mau
tion d’ouvrages d ’intérêt collectif ; et, enfin, vaise réputation. Mais si les conditions tech
la conservation, la restauration et la mise en niques, sociales et architecturales de leurs
valeur des secteurs sauvegardés, ainsi que la interventions, soumises à autorisation préfec
restauration immobilière. torale, sont clairement posées, les travaux ainsi
Sur le plan juridique, trois catégories d ’AFU entrepris dans les secteurs historiques contri
peuvent être constituées : libres, lorsqu’il y a buent incontestablement à leur revalorisation. 1
accord unanime des propriétaires pour réali n . b:
ser une opération, autorisées ou constituées
d’office par le préfet, en cas contraire. Remembrement; Restauration immobilière.
la religion, tout écrit (ou parole) émanant de L’authenticité ainsi entendue est devenue
qui fait autorité. Essentiellement référentielle, synonyme d ’originel et de véridique. Sur
la notion d ’authenticité concerne la lettre cette base, I’unesco distingue quatre modes
d’un écrit (ou les mots d ’un énoncé), dont d ’authenticité concernant respectivement les
elle garantit la valeur normative. Elle ne matériaux, l’exécution, la conception et la
s’applique ni à une signification, ni à un objet situation des biens concernés. Mais ces cri
matériel, mais concerne une qualité intempo tères ne résistent pas à l’analyse épistémolo
relle ayant pouvoir fondateur. Elle est ainsi gique. Ils reposent sur des postulats absurdes
attachée à l’institutionnalisation des sociétés selon lesquels il serait possible, dans notre
humaines. Pour démasquer la falsification, monde temporel, d ’attribuer à des artefacts
dès le haut Moyen Âge, des signes matériels matériels une fixité de sens ou d’état physique
d’authenticité ont été élaborés sous forme de ou encore une valeur de vérité propre aux
signatures, sceaux et bulles apposés sur les seuls énoncés.
documents concernés. Ainsi, en ce qui concerne la conception
À la Renaissance, un premier glissement de d’une œuvre, les travaux de la linguistique et
sens transfère une autorité référentielle à la de l’historiographie contemporains ont assez
raison critique. Les signes matériels convenus montré qu’elle est impossible à saisir objecti
d’authenticité sont doublés par des critères vement, que son sens est en permanent deve
rationnels, de nature grammaticale, syn nir, qu’on ne peut, contrairement à ce que
taxique, lexicographique. Ceux-ci seront bien pensait Vitet, « se dépouiller de toute idée
tôt appliqués à des documents dont il s’agit actuelle et oublier le temps où l’on vit pour se
seulement de certifier l’origine historique, faire contemporain du monument qu’on res
et non plus de légitimer la valeur fondatrice taure ». Les trois autres critères supposent la
par référence à une autorité transcendante. permanence d ’une identité matérielle, mor
Philologie, diplomatique et’historiographie phologique et situationnelle. Mais comment
annexent ainsi le concept d’authenticité qui fixer l’état d’un objet qui, à la différence du
continue de concerner la lettre d’objets tex texte, et de par sa matérialité, ne cesse de
tuels, mais perd son intemporalité et devient changer à partir du moment où il vient d’être
synonyme d’originel. façonné dans le temps et devient autre dès
Un deuxième glissement de sens est l’instant, purement imaginaire, de son achève
entraîné par l’application de la notion à des ment en un « état idéal » ? La difficulté (allant
objets non textuels auxquels antiquaires, jusqu’à l’absurde) de l’entreprise varie selon
archéologues et historiens d’art confèrent le la vulnérabilité des arts et des objets
statut de documents historiques. L’autorité concernés. La sculpture, surtout lorsqu’elle
intangible de la lettre est transférée à un arte est en pierre dure et soustraite aux intempé
fact matériel, dont l’authentification confronte ries, résiste mieux au temps que la peinture : le
à un cercle logique : il faut avoir connu l’état tombeau des Médicis à Florence ou les
originel pour le reconnaître. Le double pro Esclaves de Michel-Ange au Louvre pour
grès des méthodes physiques de datation et de raient avoir conservé un état « originel » quasi
l’analyse morphologique permet néanmoins immuable, à travers les siècles, mais les
une utilisation, essentiellement généalogique fresques du même artiste de la chapelle Sixtine
et discriminative, du concept d ’authenticité ont été si maltraitées par les années, et surtout
dans ces disciplines. par le rabotage subi lors de leurs récentes res
À partir de la deuxième moitié du taurations, qu’elles ne sont sans doute plus
xixe siècle, le concept d ’authenticité a été qu’une manière de faux ou de mémento.
progressivement, annexé par la pratique patri Quant à l’architecture, destinée à l’usage,
moniale devenue discipline à part entière. ses édifices sont voués, par essence, à l’imper-
Son importance a été consacrée en 1972 par manence. D ’une part, leurs matériaux et leurs
la Convention du patrimoine mondial de formes sont usés et lésés par le temps, les
I’unesco, qui fait de l’authenticité des biens intempéries, la pollution et l’usage. D ’autre
culturels et naturels la condition de validation part, ils sont en permanence réparés, adaptés,
des autres critères (valeurs historique, artis transformés au gré des styles et des demandes.
tique, ethnographique, etc.) pour leur inscrip L’authenticité des matériaux ne se résume-
tion sur la liste du patrimoine mondial. t-elle pas alors le plus souvent dans la confor
AUTOBUS 90
Pour accroître sa capacité et sa vitesse, on a, d ’image) ont été expérimentés depuis 1997
depuis trente ans, recours à des autobus arti sur le tracé du tramway Trans Val-de-Marne.
culés ou à étages (comme à Londres), à des Un tel mode de transport semble bien adapté
voies ou couloirs réservés (avec séparation au cas des villes moyennes pour lesquels
matérialisée pour q u ’ils soient efficaces), l’investissement dans un réseau de tramway
voire à des sites propres partiels (villes nou serait difficile à supporter: on estime en effet
velles de Runcom et d ’Évry, Le Mans, son coût inférieur de 40% (infrastructure et
Montpellier, etc.). On construit désormais de véhicules) à celui du tramway : cet écart reste
véritables réseaux de sites propres pour auto cependant à vérifier.
bus dans des agglomérations moyennes (géné
ralement de 1 0 0 0 0 0 à 2 0 0 0 0 0 habitants) P. M.
auxquelles cette solution offre une capacité -* Capacité (d'un m oyen de transport); Consommation
(intermédiaire entre celle d ’une ligne clas d'espace par (es transports; M oyen de transport; Séparation
des trafics; Tram w ay.
sique d’autobus et celle d’un tramway) adap
tée à la demande, une bonne régularité et une
vitesse accrue, un coût d’investissement plu AUTOCHTONE
sieurs fois moins élevé que celui d’un tram
way. Une ligne d’autobus en site propre peut Étymologiquement, celui qui est issu de la
d’ailleurs être transformée ultérieurement, si terre même : l’indigène (originaire du pays où il
la demande le justifie, en ligne de tramway. vit) n ’est nécessairement ni aborigène (présent
Pour offrir une disponibilité proche de celle dans le pays, dès les origines), ni autochtone.
de l’automobile, on a développé la demande Rares dans le monde sont les sociétés à
par téléphone (busphone), mais cet usage est proprement parler autochtones, c’est-à-dire
très coûteux. «issues du sol même où elles habitent».
Le trolleybus est un véhicule semblable à L’Amérique donne un bon exemple des innom
l’autobus, pour l’usager, alimenté par du cou brables mouvements de populations qui ont
rant électrique prélevé sur des câbles aériens précédé la répartition actuelle des sociétés
par un trolley. Non polluant, il est moins souple indiennes, dites « autochtones », qui, dans leurs
car il nécessite l’équipement en câbles aériens. mythes, font néanmoins référence à une préten
L’autocar assure un service comparable due autochtonie, situant sur leur territoire les
pour des liaisons en grande banlieue ou en trous d’émergence des clans ou les lieux d’ori
zone rurale, dans les secteurs non desservis gine des ancêtres. L’autochtonie est donc sou
par le chemin de fer, avec des fréquences vent un préjugé ou une idéologie qui prétend
beaucoup plus faibles que l’autobus. Il est justifier le droit ou défendre l’authenticité
aussi utilisé pour le ramassage scolaire (zones d’une culture par le seul fait qu’elle ne se soit
rurales) et celui de grandes entreprises. jamais déplacée, donnant ainsi d’elle l’image
Sur le plan technique, mais aussi de implicite de la stagnation et niant indirectement
l’exploitation, la tendance récente est à la son histoire. Chargée d’ambiguïté, cette notion
mise au point de véhicules intermédiaires peut donc aussi bien refléter le mépris du domi
entre l’autobus et le tramway, sous forme de nant, étranger à la société (« autochtone » étant
véhicules à pneumatiques guidés : tel est le alors synonyme de «sauvage» ou de «primi
cas du tramway sur voie réservée ( tv r tif»), que l’utopie politique du «leader indi
de Bombardier) mis au point d ’abord pour la gène » qui refuse l’irréversibilité des faits et
ville de Caen. Il s’agit d ’un véhicule sur pneu prône le retour à une «identité ethnique
matiques, de la dimension d ’une rame de authentique », signifiée entre autres par l’enra
tramway, alimenté électriquement (mais qui cinement dans le territoire.
peut recourir à une alimentation diesel en
dehors des voies équipées), qui circule sur M. P. et M. Pe.
une voie routière (de préférence en site
propre) avec un guidage par un rail en creux AUTODÉVELOPPEMENT —> Développement
dans la chaussée, capable de gravir des pentes local
fortes (jusqu’à 7% ). Trois systèmes de ce
type ( t v r , Translohr et Civis de Renault-
Matra, ce dernier à guidage par traitement AUTOGESTION —> Participation
AUTOMQBILB 92
porte : ce taux est faible (1,30 en région pari diminue depuis quelques années et était, en
sienne et 1,25 dans les villes de province en 2008, inférieur à 12 750 km.
heure de pointe), ce qui aggrave les faibles
P. M.
rapports capacité-espace consommé et
capacité-investissements. -► Bruit; Capacité (d'un m oyen de transport); Consommation
Le taux de motorisation est le rapport d'espace par les transports; Coût de fonctionnement des
transports; Coût d'investissement des transports; Dépense
du nombre de véhicules automobiles à la d'énergie des transports; Nuisance; Pollution atmosphé
population (ou au nombre de ménages). Il rique ; Sécurité (des transports) ; Séparation des trafics ; Véhi
cule électrique.
comprend les véhicules de tourisme appar
tenant à des entreprises ou des admini
strations. Ce taux de motorisation est égal à AUTONOMIE FINANCIÈRE ET FISCALE
deux automobiles pour trois habitants aux DES COLLECTIVITÉS
États-Unis. Il atteint, en France en 2010,
53% de la population totale et 1,3 par En l’espace d’une vingtaine d’années, à par
ménage (voitures particulières et commer tir de 1982, parallèlement au développement
ciales). Il est un peu plus faible dans les très de la décentralisation, les ressources des col
grandes agglomérations, en raison des diffi lectivités locales ont été modifiées avec des
cultés de circulation et de stationnement. exonérations fiscales et des modalités de trans
Dans celles-ci, le taux de motorisation aug ferts en provenance de l’État sans cesse
mente avec le revenu du ménage, avec sa remises en cause. Cette évolution exprimait la
taille, avec le statut socioprofessionnel (lié contradiction d ’un pouvoir central désirant
au revenu), et surtout avec l’éloignement du transmettre des compétences au niveau des res
domicile à partir du centre. ponsables locaux, mais n ’assurant pas de façon
Le taux de motorisation ne renseigne pas pérenne le coût des transferts et au contraire
sur la proportion des ménages disposant d’au imposant un système mouvant et imprévisible.
moins un véhicule automobile (particulier ou C ’est dans ce contexte que les parlemen
commercial) : celle-ci est appelée taux d’équi taires ont décidé d’inscrire dans la Constitu
pement des ménages. En 2010, il dépasse tion l ’autonomie financière et fiscale des
83 % en France. Ce taux augmente plus lente collectivités locales. Elle est conçue comme
ment que le taux de motorisation et restera une déclinaison du principe de libre adminis
toujours sensiblement inférieur à 1. Il y a tration des collectivités dans le domaine bud
encore plus d’un ménage français sur six non gétaire et fiscal. Employée dès les premiers
équipé en automobile (trois sur dix en Île-de- débats sur la décentralisation, elle n’a été juri
France et plus de la moitié à Paris) et même à diquement définie que par la loi organique du
Los Angeîes, l’agglomération du monde où la 29 juillet 2004, après avoir été introduite dans
motorisation et l’usage de l’automobile sont la Constitution par la révision du 28 mars
les plus élevés, près de 15%. Si la dernière 2003. Ainsi l’article 72.2 de la Constitution
génération a été celle de la banalisation de prévoit : « Les collectivités territoriales bénéfi
l’automobile, elle n ’a pas été celle de sa géné cient de ressources dont elles peuvent disposer
ralisation, qui ne se produira jamais : il restera librement dans les conditions fixées par la loi.
toujours une minorité de personnes totale Elles peuvent recevoir tout ou partie du pro
ment dépendantes (les spécialistes disent duit des impositions de toutes natures. La loi
« captives ») des transports en commun pour peut les autoriser-à en fixer l’assiette et le taux
leurs déplacements. C ’est même la majorité dans les limites qu’elle détermine. Les recettes
de la population (personnes handicapées ou fiscales et les autres ressources propres des
très âgées, conjoints de personnes équipées, collectivités territoriales représentent, pour
enfants), même dans les pays les plus moto chaque catégorie de collectivités, une part
risés, qui ne dispose pas en permanence d’une déterminante de l’ensemble de leurs res
automobile. sources. La loi organique fixe les conditions
L’âge moyen des automobiles est, en dans lesquelles cette règle est mise en œuvre.
France, de plus de six ans (ce qui corres Tout transfert de compétences entre l’État et
pond à une durée moyenne d’utilisation de les collectivités territoriales s’accompagne de
douze ans). Le parcours moyen par automo l’attribution de ressources équivalentes à celles
bile, qui était estimé en 2000 à 14 400 km, qui étaient consacrées à leur exercice. Toute
AUTORISATION DE DÉMOLIR 94
la part de la Cour des comptes, les autoroutes lequel on arrive à un lieu ou à une destination,
existantes étant largement amorties et les puis par extension l’allée d’arbres menant à
excédents d ’exploitation attendus pouvant un château et enfin une large voie urbaine
rapporter plusieurs fois le prix de cette ces bordée d’arbres. Dans cette acception, l’ave
sion. nue issue de l ’art des parcs et jardins
L’emprise d’une autoroute est de 24,31 ou (cf. Laugier, Patte) est une création de l’âge
40 m selon qu’elle comporte 2,3 ou 4 pistes classique (Versailles, par exemple) qui
par sens ; la zone non aedificandi de protec accueille la circulation des carrosses, les défi
tion doit avoir au moins 100 m de large, ce lés militaires, les fêtes urbaines et se trouve
qui, comparé à la capacité de 2 000 à connotée par l’apparat.
2 500 voyageurs par piste, représente une Cette tradition de prestige a été poursuivie
forte consommation d’espace. Ces emprises par l’urbanisme du XIXe siècle. Elle est illustrée
doivent être réservées longtemps à l’avance en France par le Paris de Haussmann qui créa
sur les plans d’urbanisme. des « systèmes » d’avenues, autour de places et
Les échangeurs sont les dispositifs de rac de ronds-points et fit des avenues de l’Impéra
cordement avec la voirie ordinaire ou avec trice (aujourd’hui avenue Foch) et des
une autre autoroute. Un échangeur complet Champs-Elysées des modèles, copiés dans le
(en forme de trèfle à quatre feuilles si on veut monde entier. Sur le continent américain, les
éviter tout cisaillement des flux de véhicules) avenues, par opposition aux mes sont simple
occupe environ 10 ha et a un coût équivalent à ment les voies majeures d’une forme de lotisse
celui de 2 km d ’autoroute (deux à trois fois ment régulier et orthogonal. La ville de New
moins pour un échangeur plus simple). Le York comporte des avenues parallèles, orien
coût et l’espace utilisé, mais aussi la fluidité et tées nord-sud et coupées par un système de mes
la sécurité de la circulation, limitent le nombre perpendiculaires numérotées du sud au nord.
d’échangeurs sur une autoroute urbaine : le
F. C.
maximum est d’un par kilomètre (boulevard
périphérique de Paris). - f Boulevard ; Espace public ; Plantation ; Promenade ; Rue.
Le coût d’une autoroute en zone mrale est,
en 2010, d’environ 6 millions d ’€ par kilo
mètre pour 2 pistes par sens (8 millions pour AVION -> Aéroport; Moyen de transport;
3 pistes), mais il faut ajouter le coût des échan Transport aérien
geurs et des ouvrages d’art (30 000 € environ
le mètre en viaduc, plus encore en tunnel). Les
exigences environnementales ont contribué à AVIRON -> Plan d'eau
augmenter sensiblement ces coûts.
P. M.
AXE DE DÉVELOPPEMENT
-> Capacité (d'un moyen de transport); Coût d'investissement
des transports ; Débit d'une voie ; Route ; Voirie.
La croissance des villes s’accomplit
rarement à un rythme égal dans toutes les
directions : le développement s’établit préfé
AVALANCHE -> Montagne (aménagement rentiellement sur certains axes, ou sur un axe.
de la) ; Risque naturel Cela tient à l’hétérogénéité de l’espace urbain.
L’accessibilité au centre est meilleure le long
des artères les mieux équipées, ce que traduit
AVENIR —> Futurologie ; Prévision ; la forme radio-concentrique de la plupart des
Prospective agglomérations modernes.
La préférence pour les axes de développe
ment est surtout marquée là où les transports
AVENUE en commun jouent un rôle essentiel : l’auto
mobile permet la diffusion de la construction
Terme formé sur le participe passé du jusqu’assez loin des grandes voies et une
verbe avenir (du latin adveniré), il désigne urbanisation en taches, au besoin disconti
d’abord, au propre et au figuré, le chemin par nues. Les axes semi-lourds (tramways en site
A X E DE DÉVELOPPEMENT 96
propre) ou lourds (chemin de fer) provoquent en avant dans divers plans d’urbanisme, et en
la prolifération des grandes opérations particulier dans le schéma directeur d’aména
d ’urbanisation à proximité des gares et des gement et d’urbanisme de la région de Paris
arrêts. C’est en s’inspirant de cette logique (1965).
que Le Corbusier prévoyait, pour sa cité P. C.
industrielle, une structure linéaire. Le principe
d’axes préférentiels d’urbanisation a été mis ->• Banlieue.
BAC -*■ Transport fluvial Il ne faudrait pas cependant sous-estimer
l’importance des limites administratives : le
cas de Paris illustre bien leur rôle. Les fau
BAIE VITRÉE -* Verre bourgs annexés en 1860 ont été progressive
ment construits au long de la fin du siècle.
L’effet conjugué des règlements de construc
BAIL À CONSTRUCTION, tion de Paris, de l’effort d ’équipement entre
BAIL EMPHYTÉOTIQUE — Location des sols pris par Haussmann et poursuivi par la
IIIe République, de l’influence du métro après
1900, a conduit à transformer ces quartiers
BAINS —*■Hydrothérapie; Piscine;Plan d'eau qu’on a appelés la «petite banlieue» en un
tissu urbain homogène qui est partie inté
grante de la ville et qui s’oppose très nette
BANLIEUE ment à la banlieue développée hors des limites
de 1860.
Territoire urbanisé qui entoure une ville. Car, au-delà des découpages administratifs,
L’origine du terme provient de la juxtaposition ce qui caractérise la banlieue est sa dépen
des termes ban (proclamation officielle d’un dance de la ville. Dépendance historique tout
ordre, d ’une interdiction) et lieue: c’était le d ’abord, les municipalités de banlieue ayant
territoire d ’une lieue autour d’une ville sur accueilli des activités et des logements qui
lequel s’étendait le ban (en latin médiéval ban- débordaient de la ville, n ’y trouvaient pas
leuca). La banlieue a donc avant tout une défi suffisamment d’espace ou recherchaient des
nition administrative: elle est constituée de terrains moins coûteux. Dépendance fonc
communes autonomes mais qui se sont urbani tionnelle ensuite : l ’urbanisation des com
sées sous l’influence d’une ville centre. Mais munes de banlieue ne crée pas spontanément
cette définition administrative correspond par un milieu urbain com plet : la gamme des
fois mal à la réalité : une ville peut avoir étendu équipements, des services y est incomplète,
son territoire et annexé tout ou partie de ses parfois inexistante. De même, les activités,
banlieues. Tel fut le cas de Paris en 1860, dans les communes qui en ont accueilli, sont
d’Amsterdam ou de Stockholm, à plusieurs très peu diversifiées, ce qui oblige une large
reprises. Si le territoire de la ville est vaste, ou fraction des habitants à aller travailler ailleurs
a été largement étendu, la totalité; Ou presque, (migrations alternantes), le plus souvent dans
du territoire urbanisé peut y êtrei contenue (ce la ville elle-même, parfois dans d’autres com
fut longtemps le cas de Stockholm) : peut-on munes de banlieue.
dire que de telles villes n’ont pas de banlieue ?
À l ’inverse, le découpage administratif peut La banlieue est un fa it récent, contempo
être complexe et l’appartenance à la principale rain ou postérieur à la révolution industrielle.
commune ou à une autre ne revêtir aucune Certes, les villes, préindustrielles connais
signification : il en est ainsi à Los Angeles, saient des excroissances : pour des raisons
BANLIEUE 98
par plusieurs mesures. D ’une part, la loi de et qui ont pu s’implanter d’autant plus loin du
1948 rendit la liberté des loyers aux logements centre que la banalisation de l’usage de l’auto
construits après cette date (les loyers de loge mobile permettait de s’affranchir de la proxi
ments anciens, existants à cette date, restant mité des stations des transports en commun.
contrôlés, mais devant peu à peu être libérés, À cette époque, les banlieues des villes
ce qui se produisit dans les petites villes, mais anglo-saxonnes s’opposent à celles des pays
guère dans les plus grandes et dans l’agglomé de tradition latine. Dans les premières, les
ration de Paris). D ’autre part, l’État encoura classes aisées préfèrent habiter dans les quar
gea la constitution d ’un vaste réseau de tiers les plus récents, donc les plus périphé
sociétés de construction de logements locatifs riques. Dans les secondes, le centre reste
aidés (Habitations à loyer modéré) liées aux valorisé. Les grands ensembles ont d ’abord
collectivités locales, aux entreprises publiques accueilli des familles (avec enfants) à revenus
ou de statut privé (offices publics et sociétés moyens mais, peu à peu, ceux-ci se sont
de h l m ) . Surtout, il intervint massivement orientés vers un logement en accession à la
dans le financement de la construction loca propriété et beaucoup de grands ensembles
tive par des prêts à taux très avantageux pour n’ont plus été habités que par les ménages les
la construction des h l m , par des subventions plus pauvres et par les immigrés, créant de
(primes) et par une participation obligatoire graves problèmes sociaux.
des constructeurs à la construction (alors fixée Une nouvelle étape de développement des
à 1 % des salaires). Ces mesures permirent la banlieues a été, en France, atteinte à partir des
reprise de la construction locative (aidée et années 1970. E)’une part, les villes nouvelles
non aidée). Les organismes constructeurs ont tenté autour de Paris et de quelques
mobilisèrent systématiquement les terrains grandes villes (Lyon, Marseille, Lille, Rouen)
laissés vacants à l’époque des lotissements et d’offrir un modèle urbain aussi complet que
y édifièrent des «grands ensembles » d’appar possible (emplois, équipements, centre
tements (de 500 à plusieurs milliers) à forte urbain). D ’autre part, le goût majoritaire pour
densité. Si ces grands ensembles contribuèrent la maison individuelle en accession à la pro
à réduire la crise du logement, ils étaient priété, favorisé par une réorientation des aides
dépourvus des équipements d ’accompagne de l’État, a conduit à des formes de dévelop
ment et des activités qui auraient donné à leurs pement de maisons neuves autour des villages
habitants une chance de travailler sur place. dans un rayon qui atteint 50 km au moins
Après le décret du 31 décembre 1958, les autour de Paris : on a parlé de périurbanisa
zones à urbaniser par priorité ( z u p ) tentèrent tion, voire de rurbanisation, pour qualifier
de guider les constructeurs vers des zones cette urbanisation de l’espace rural.
aménagées pour y concentrer l’effort de créa La périurbanisation correspond à une urba
tion d ’activités et d ’équipements publics. nisation périphérique, autour des aggloméra
Dans tous les cas, grands ensembles, z u p , mais tions urbaines. Dans les définitions et
aussi « résidences » privées (Parly II au nord délimitations spatiales de F i n s e e , c ’est le
de Versailles) représentent une nouvelle forme mouvement des pôles urbains (villes centres
de banlieue : plus dense mais, de ce fait, occu et leurs couronnes urbaines, c’est-à-dire les
pant moins d’espace et souvent située plus banlieues successives) vers les communes
près du centre que les lotissements qui les classées périurbaines par F i n s e e . Elle corres
avaient précédés. pond à un désir de nombreux ménages (sur
Si en France, durant toute cette période tout avec enfants) de disposer (et si possible
(années 1950 et 1960), la construction des de devenir propriétaire) d’une maison indivi
maisons individuelles a été limitée (surtout duelle avec jardin et garage. Mais aussi à
dans la banlieue des grandes villes), dans les l’impossibilité, pour les ménages à revenus
pays anglo-saxons, elle a été la forme domi moyens ou modestes, de se loger en ville
nante, voire exclusive, du développement (voire en banlieue) en raison des prix fonciers
urbain. Parfois sous forme organisée (les New et immobiliers. On peut estimer le flux de
Towns britanniques), le plus souvent sans pla périurbanisation à environ 90 000 personnes
nification (les Residential Suburbs d ’Amé par an au cours des quarante dernières années.
rique du Nord), se sont ainsi constituées de Elle n ’a pu prendre une telle ampleur qu’à la
vastes zones d ’habitat individuel prédominant faveur des aides de l’État à l’accession à la
BANLIEUE
propriété et aux aides personnelles au loge en commun : il n ’est pas rare que les pouvoirs
ment. Elle en représente pas toujours une éco publics réagissent brutalement en évacuant
nomie réelle pour ces ménages concernés qui subitement tout un quartier avant de le raser :
dépensent souvent en frais supplémentaires de c ’est le «déguerpissem ent». Mais, faute
transport (deuxième automobile, etc.) autant, d’aménagement de terrains acquis par les pou
voire plus, qu’ils n ’ont économisé sur le coût voirs publics, le processus se répète le plus
du logement. La périurbanisation est forte souvent non loin de là.
ment consommatrice d ’espace : on estime Ces processus successifs de formation de là
qu’elle utilise environ 25 000 ha par an (dont banlieue conduisent à affirmer qu'il n ’y a pas
la moitié pour l’habitat au sens strict). Elle une banlieue mais des banlieues. Sans pré
double environ l’utilisation de l’automobile, tendre établir une typologie de celles-ci, on
et donc les émissions de gaz à effet de serre. peut indiquer : «
La rurbanisation est l’implantation de cita — Les banlieues industrielles, datant sur
dins à la campagne. Elle répond au même tout de la période d ’industrialisation du
désir de propriété d’une maison individuelle xixe siècle (sauf dans les pays neufs). Mais,
et d ’un environnement jugé plus sain que parmi elles, il convient de distinguer des sec
celui des agglomérations urbaines et repose teurs où l’industrie est l ’utilisation quasi
sur les mêmes mécanismes de financement du exclusive de l’espace et d’autres où l’indus
logement. Sur le plan statistique, elle corres trie est étroitement mêlée à l’habitat ouvrier.
pond au mouvement des habitants des zones Encore ces quartiers ont-ils souvent évolué au
urbaines vers l’espace à dominante rurale. On cours de la dernière génération avec le desser
a pu l’estimer à 40 000 personnes par an en rement de nombreuses industries vers la
moyenne depuis quarante ans. Sa consomma grande banlieue et la rénovation des quartiers
tion d ’espace est comparable à celle causée jugés insalubres. Les banlieues industrielles
par la périurbanisation (en moyenne traditionnelles recherchaient les terrains plats,
25 000 hectares par an, dont la moitié pour desservis par chemin de fer et si possible par
l ’habitat au sens strict). Elle a les mêmes voie d’eau. Les nouvelles zones industrielles,
inconvénients en matière d ’emploi de l’auto spontanées ou aménagées, recherchent sur
mobile et de ses conséquences. À la diffé tout un bon accès routier, un milieu écono
rence de la périurbanisation, elle implique un mique actif, la proximité d’une main-d’œuvre
caractère de discontinuité spatiale, de rupture qualifiée.
avec les formes traditionnelles de banlieue. — Les banlieues résidentielles, en général
Elle évoque plus une forme d’organisation de plus récentes. Mais parmi elles, il convient de
l’espace que le mécanisme de répartition des distinguer:
habitants entre milieu urbain et espace rural. • selon le type de construction dominant :
immeubles collectifs, créant un tissu urbain
La description précédente des étapes suc dense, quartiers de maisons individuelles,
cessives de formation de la banlieue concerne parfois quartiers mixtes, soit du fait d’une
surtout les pays industrialisés, et en particulier planification volontaire (banlieues d’Amster
la France. Mais on retrouve très généralement dam), soit par densification progressive d’un
des banlieues successives dans la plupart des ancien quartier d’habitat individuel (moyenne
agglomérations. Ainsi, dans les pays qui ont banlieue parisienne) ;
été colonisés, il est fréquent que la ville colo • selon les classes sociales les plus repré
niale se soit juxtaposée à la ville ancienne (à sentées : quartiers populaires, quartiers aisés
Alger, à l’est de la ville turque, la Casbah). (improprement qualifiés de résidentiels),
Des banlieues coloniales et des banlieues quartiers intermédiaires ou à population plus
réservées à la population autochtone se sont diversifiée ;
également côtoyées, sans se mêler. Les der • selon le mode d’intégration dans l’agglo
nières sont souvent le produit d’une occupa mération : desserte par les réseaux de trans
tion spontanée de terrains non achetés par port, diversité des équipements, présence de
leurs occupants, ce qui conduit à un déficit lieux d’emplois à proximité, accès commode
grave en équipements (viabilité et équipe à un centre de commerces et de services, etc. ;
ments de superstructure) et à une absence de • selon la distance au centre: on parle de
desserte par le réseau routier et les transports banlieue proche, moyenne ou grande, sans
BANLIEUE
Î01
que ces distinctions soient précisées de façon tères de localisation qui ne font plus guère de
rigoureuse. On peut cependant définir, à partir différence entre les activités secondaires et
des types d’habitat, de l’époque de première tertiaires. Les grands équipements enfin
construction et d’indicateurs statistiques (telle recherchent espace et accès aisé en automo
la proportion des personnes actives travaillant bile (centres commerciaux, foires-expositions,
dans la ville-centre), des couronnes successives. etc.). Les universités ont eu également ten
dance, à partir des années 1960, à accepter des
Les relations entre les banlieues et leurs localisations en campus périphériques dont on
« villes mères » sont caractérisées par la ségré mesure aujourd’hui les inconvénients.
gation et le desserrement, • Ces rapports spatiaux entre banlieues et
• La ségrégation est économique, sociale et villes sont cependant à nuancer selon les tradi
démographique. La ségrégation économique tions urbaines. On peut distinguer, dans les
résulte de la séparation des fonctions dans pays développés, trois modèles dominants :
l’espace et oppose le centre et les banlieues, — le modèle américain, résultante d ’une
mais aussi parfois les banlieues entre elles longue tradition anti-urbaine : le centre est
Nelon un schéma cardinal (longtemps, l’ouest abandonné aux bureaux (sièges sociaux,
et l’est à Paris). La ségrégation sociale, très administrations) le jour, aux minorités écono
poussée dans les agglomérations américaines, miques, sociales et ethniques la nuit, tandis
plus discrète en Europe, traduit les différences que les classes aisées résident dans des Sub-
liées aux activités représentées, les écarts de urbs périphériques, eux-mêmes hiérarchisés
revenus et parfois les héritages et les traditions de façon stricte selon le revenu (qui corres
des différents quartiers. Elle oppose également pond étroitement au coût des maisons) ;
souvent centre et périphérie, mais pas toujours — le modèle nord-européen, où une tradi
selon le même modèle. Comme la ségrégation tion urbaine ancienne et fortement ancrée se
économique, elle évolue dans le temps. La concilie avec une recherche exacerbée, sous
ségrégation démographique, bien que moins des climats plutôt sévères, du contact avec la
souvent mise en valeur, est parfois la plus nature : l’habitat individuel est préféré, ce qui
tranchée, au moins dans les villes européennes. conduit les classes aisées et moyennes, et
En France en particulier, les mécanismes de avec elles de nombreuses activités, à quitter le
financement du logement accentuent la ten centre des villes, qui tentent, depuis une ving
dance des jeunes ménages à résider en périphé taine d’années, de lutter contre cette tendance
rie des agglomérations (pour respecter les prix (politique dite de la ville compacte) ;
plafonds des logements aidés et pour disposer — le modèle méditerranéen, où la ville a
d’une maison avec jardin), tandis que les toujours été au cœur des civilisations et des
jeunes célibataires et les personnes âgées faits de société, reste beaucoup plus concen
recherchent les équipements du centre des trée et où la tradition a voulu que les classes
villes. aisées résident au centre et rejettent en ban
• Le desserrement est le mécanisme qui lieue les classes pauvres : même si ce schéma
conduit les activités, par manque d’espace au doit être nuancé, il oppose encore le modèle
centre des agglomérations ou pour suivre la méditerranéen aux deux autres.
population et l’extension urbaine, à se dépla
cer vers la périphérie. Ce mouvement a Le terme de banlieue est aujourd’hui sou
d’abord concerné l’industrie: spontané, il a vent associé aux difficultés rencontrées dans
souvent (en région parisienne depuis 1970 certains quartiers, en France essentiellement
environ) été encouragé par les pouvoirs publics dans certains des grands ensembles et des z u p
(utilisation de la procédure d’agrément, en des trente glorieuses. Il convient en fait de
faveur des villes nouvelles notamment). Le distinguer les problèmès généraux des ban
desserrement des activités tertiaires a été beau lieues de ces difficultés particulières. Parmi
coup plus difficile à organiser, mais certaines les premières, on doit relever le sous-
entreprises modernes ou des centres de équipement, la desserte insuffisante, l’absence
recherche n ’hésitent pas à créer leur propre d ’unité du tissu urbain et d’identité sociale.
espace hors des centres urbains. Les parcs • Le sous-équipement des banlieues a
d’activités, parcs technologiques, voire parcs résulté des conditions de leur création et en
scientifiques, répondent à ces nouveaux cri tout cas de leur dépendance par nature de la
BANLIEUE
«Ht
ville mère. Ce sous-équipement a été presque situations fréquentes d’échec scolaire, frac*
absolu dans les banlieues des villes fran tion importante de population étrangère
çaises, d ’une part à l’époque des lotissements ou « d ’apparence étrangère». Enfin, elles
défectueux (l’entre-deux-guerres) et d’autre peuvent être purement subjectives : la littérafli
part à celle des grands ensembles (trente ture d ’abord, la presse surtout ensuite, Wjj
glorieuses). Un important effort des pouvoirs cinéma et la télévision enfin ont contribué;
publics, entre 1960 et 1975 surtout, a permis par une sorte d ’amalgame, à créer une image)
de le réduire considérablement. Mais n ’est-il négative de la banlieue en général, de cer- '
pas en train de se créer à nouveau dans les tains types de quartier en particulier. ».
secteurs touchés par la périurbanisation et par Les mécanismes d ’exclusion ne sont pas '
la rurbanisation ? sans conséquences. Ils favorisent la dégradai:
• Les ménages résidant en banlieue des tion du cadre bâti : par manque d ’entretien*
villes françaises, plus pauvres en moyenne, par négligence, mais surtout par vandalisme:
ont longtemps été moins motorisés que la La violence, qui est surtout le fait des jeunes, '
moyenne. C’est aujourd’hui l’inverse, mais est également une réaction à un sentiment
cet équipement en automobiles traduit une d ’exclusion. Il faut d’ailleurs signaler que les
desserte souvent médiocre, surtout dans les violences urbaines ne sont pas nouvelles;
banlieues périphériques, par les transports en Mais la violence urbaine actuelle concerne
commun, alors même que l’éloignement des des personnes de plus en plus jeunes. Dans
lieux de travail, des écoles, des commerces, les cas extrêmes, elle peut déboucher sur
des équipements et des services oblige leurs de véritables émeutes urbaines (par exemple
habitants à se déplacer davantage. La dépen celles de l’été 1981 dans les banlieues de
dance du centre-ville a été remplacée par une Lyon, de Marseille, d ’Avignon, etc.). La
dépendance à l’égard de l’automobile. consommation et surtout le commerce de la
• Le tissu urbain des banlieues, fruit de la drogue constituent un refuge pour certains
juxtaposition des étapes successives de crois exclus, et d ’abord parmi les jeunes. Elle ren
sance urbaine, manque d ’unité', les quartiers force la violence. Violence et trafic de drogue
construits aux différentes époques, selon des créent un sentiment d’insécurité, présent non
modèles différents, sont souvent étroitement seulement chez les commerçants, chez les
imbriqués dans l’espace. C’est une des raisons personnes âgées ou isolées, mais aussi parmi
pour lesquelles les habitants des banlieues ont le de nombreux jeunes, suspectés par la police et
plus souvent de la peine à s’identifier clairement par les autorités et regardés avec méfiance par
à un espace, et en particulier à une commune, et les bandes organisées. Ce sentiment d’insécu
le font essentiellement à travers le quartier. rité favorise les réactions de racisme, voire de
racisme à rebours. Certes, ceux-ci ne sont pas
Ces handicaps des banlieues peuvent, dans nés avec les cités de banlieue en difficulté;
certains cas, engendrer un véritable sentiment mais l’ambiance qui s’y établit les favorise. :
d'exclusion. Il serait certes abusif d ’assimi Les pouvoirs publics hésitent dans leurs réac-
ler, comme on le fait trop souvent, banlieue fions entre compréhension et autorité. La loi
et exclusion. Mais celle-ci est fréquente dans d ’orientation contre l ’exclusion, votée en ;
certains quartiers de banlieue stigmatisés, et 1998, s’efforçait de prendre ce problème à
en particulier dans un certain nombre de partir de ses causes : en favorisant l’accès des
grands ensembles et de z u p . Les causes de jeunes à l’emploi, en assurant celui de tous
l’exclusion sont multiples. Elles tiennent aux soins médicaux, en améliorant les possi
d ’abord au cadre bâti : moins au logement bilités de logement des plus défavorisés.
lui-même, qui répond aux normes de confort
sanitaire et le plus souvent de dimension, De nombreuses tentatives d ’amélioration
qu’aux mécanismes d ’attribution de ces loge des banlieues en difficulté ont déjà été entre
ments (concentration de familles en difficulté prises, Pour s’en tenir au cas des banlieues des
dans les mêmes quartiers) et qu’aux formes villes françaises, on notera que celles-ci ont
urbaines (opposition avec les autres quar cherché à porter sur l’amélioration du cadre
tiers, d ’une autre époque et d ’une morpho physique comme sur la réhabilitation socio
logie différente). Elles sont surtout socioéco économique des quartiers, puis ont eu ten
nomiques: proportion élevée de chômeurs, dance à associer les deux voies dans une
BANLIEUE
»8
K ) litique globale qu’on qualifie improprement lification urbaine à l’échelle locale concernant
le «politique de la ville» alors qu’il s’agit les quartiers les plus dégradés et les conditions
d’une politique des quartiers de banlieue. de vie de leurs habitants, mais qui doivent favo
Les actions sur le cadre bâti ont été entre- riser leur insertion dans l’agglomération où ils
Iprises dès les années 1970 avec les opérations sont situés. 53 grands projets de ville et 59 opé
« Habitat et vie sociale» ( h v s ) . Expérimentées rations de renouvellement urbain, opérations
dès 1972 et généralisées en 1977, celles-ci moins lourdes, ont été retenus. Les G P U sont
associaient contractuellement l’État, les collec devenus des g p v puis des o r u sur la base d’une
tivités locales et les organismes de logement nouvelle convention impliquant souvent un
social pour réhabiliter les logements, aménager élargissement du périmètre. Comme pour les
des espaces collectifs, tout en essayant de déve grands projets urbains, le maître d’ouvrage était
lopper une vie sociale harmonieuse. Cette pro variable : groupement d’intérêt public (c’est la
cédure, où l’État jouait un rôle prépondérant et formule la plus souvent retenue), ville, structure
qui était très centralisée, a été critiquée peut- intercommunale, etc. Les crédits mis à la dispo
être de façon excessive. Bien que, dans les sition de ce nouveau programme se sont élevés
années 1980, l’accent ait été placé sur les à 2,1 milliards d’€ de subventions plus 1,5 mil
aspects sociaux et économiques, on a recouru à liard d’€ de prêts de la Caisse des dépôts et
des démolitions d’immeubles très dégradés et consignations. Les actions prévues sont
stigmatisés (Les Minguettes à Vénissieux en diverses : intervention sur le bâti (démolitions,
banlieue lyonnaise et ailleurs) après les émeutes réhabilitations, reconstructions), restructuration
de 1981. À l’inverse, dans d’autres cas, des des espaces publics, traitement paysager,
constructions supplémentaires ont été réalisées, désenclavement du site. Mais elles concernent
dans des ensembles peu denses, pour y implan aussi les fonctions économiques du quartier
ter des activités ou des populations susceptibles (implantation d’activités, restructuration de
d’en améliorer l’image (Orly par exemple). Les centres commerciaux, création d’équipements
opérations «Banlieues 89» visaient à «rendre majeurs). On peut encore rattacher à ces actions
les banlieusards fiers de leurs banlieues»: sur le cadre physique les améliorations de des
quelque 400 projets ont été aidés dans ce cadre serte et les réalisations d’équipements, voire
par le Fonds social urbain ( f s u ) pour 226 mil l’aménagement de centres de quartier (Les
lions de F entre 1983 et 1989, mais ces aména Francs Moisins à Saint-Denis, Orly, Dreux);
gements ont le plus souvent été superficiels. Enfin, les démolitions d’immeubles, qui n’ont
Une nouvelle vague d’actions centrées sur le jamais été interrompues, sont devenues un des
cadre physique a été entreprise en 1994 avec aspects majeurs de l’action sur le cadre bâti
les grands projets urbains ( g p u ) . Celle-ci a été avec la circulaire d ’octobre 1998 (utilisation
concentrée sur 13 sites particulièrement diffi des prêts p l a ) , les conventions de 2 0 0 1 pour
ciles. Le montage administratif a été adapté à l’utilisation du 1 % logement et surtout à partir
chaque cas. Les crédits ont été importants : plus de la loi du 1er août 2003 : le ministre Borloo en
de 10 milliards de F au cours du XIe plan a alors annoncé 30 000 par an, objectif qui n’a
(1994-1999) et un engagement de l’État pas été atteint.
d’apporter son aide pendant quinze ans. Les La réhabilitation socioéconomique, si T on
travaux concernent les infrastructures (désen excepte quelques expériences autogestion
clavement routier, par exemple à Grigny ou naires dans les années 1970 (les actions des
dans les quartiers nord de Marseille, desserte g a m , les expérimentations de Mons-en-
des Minguettes, etc.), la réorganisation de quar Barœul, de l’Alma-Gare à Roubaix, du Petit
tiers entiers (Le Val d’Argent à Argenteuil, le Séminaire à Marseille), prit la forme du déve
Val Fourré à Mantes), des aménagements fon loppement social des quartiers ( d s q ) selon les
ciers (friches industrielles de la plaine Saint- recommandations (1983) de la commission
Denis, Roubaix-Tourcoing, etc.). Ces grands Dubedout. Celui-ci préconisait des interven
projets sont devenus les grands projets de ville tions prioritaires en faveur des groupes les
( g p v ) pour la période de planification 2 0 0 0 - plus fragiles (principe de discrimination posi
2006 (mais devenues opérations de rénovation tive) dans les quartiers en difficulté (148 quar
urbaine ( o r u ) à la suite de la loi du 1er août tiers d s q furent retenus), mais aussi par action
2003 lançant le programme national de rénova sur le plan de l’éducation (rapport Schwartz)
tion urbaine. Il s’agit de projets lourds de requa et par la lutte contre la délinquance (rapport
BANLIEUE
TO4
décadent. Dans les Essais de Montaigne, deuxième moitié du xvie siècle à la fin dü
baroque dénote l’inhabituel, le bizarre, et ce xvm e siècle. À la fin des années 1960{
qui est médiocrement exécuté ; chez Mazzi, il G. Bazin continuait à défendre cette périodisa-’
qualifie les entreprises malhonnêtes et men tion ; selon lui, entre 1580 et 1780, le baroque
songères et Saint-Simon, dans ses Mémoires, avait présenté sept tendances stylistiques i
en fait le synonyme d ’irrégulier, d’imparfait, gothique, maniérisme, classicisme, réalisme!,'
de bizarre. Milizia (suivi par Quatremère de baroque, rococo et néo-classicisme. L’idée
Quincy) a introduit le terme en architecture, d ’un style maniériste avait émergé au cours
au sens de « il superlativo del bizzaro ». Il des années 1920 et les historiens d ’art ten
l’illustre dans son Dizionario par l’oeuvre daient alors à repousser le début du baroque
« délirante » de Borromini. au xvne siècle. Cette entité était ailleurs diffé
— Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, renciée en sous-catégories chronologiques.
baroque a commencé à être employé comme M. Hauttmann (1921), qui évitait intention-!
terme de style, plutôt qu’avec un sens déprécia nellement le terme de baroque, n ’en distint
tif, par J. Burckhardt, W. Lübke, J. Falke et guait pas moins trois niveaux, d ’éclosion
C. Gurlitt, entre autres ; à partir des années (Frühstufe, 1580-1650), d’apogée {Hochstufej
1880, il a renvoyé à des significations for 1650-1720) et tardif (Spàtstufe, 1720-1780) *
melles, chronologiques et iconographiques pré H. Rose (1922) situait le baroque tardif
cises. entre 1660 et 1760. Au cours des années
Dans son texte séminal de 1888, Renaissance 1960, le terme de « rococo », initialement uti
und Barok, comme dans son plus tardif lisé par Kimball (1943), pour caractériser un
Kunstgeschichtliche Grundbegriffe (Munich, type particulier de décoration intérieure, fut
1915, trad. franç. Principes fondamentaux de appliqué à l’architecture elle-même, en parti
l'histoire de l'art, Paris, 1952), H. Wôlfflin dif culier par B. Rupprecht (1959), puis par
férencie Renaissance et baroque à l’aide de R Minquet (1966) : « Le rococo vise une unité
concepts formels, opposés par couples : linéaire synthétique, désignée, mais non manifestée.
et pictural, plans et profondeur, forme fermée et L’enveloppé devient allusive. » Il souligne
forme ouverte, multiplicité et unité, clarté et « la suavité rococo (...) ses valeurs d’intimité.
obscurité. A la suite de Wôlfflin, les historiens Le rococo est irréductible au baroque ». À la
d’art ont poursuivi l’investigation des proprié fin des années 1970, la classification chrono
tés formelles du baroque, apportant des maté logique du baroque est établie de la façon sui
riaux significatifs dans le cadre de la recherche vante: premier baroque, 1600-1625 ; apogée,
sur les xviie et xvme siècles. Avec les années 1625-1675 ; baroque tardif, 1675-1715 ; style
1970, une synthèse de ces travaux devenait pos de transition, 1715-1730 ; rococo, 1730-1760.
sible, et permettait de caractériser l’architecture Ces distinctions chronologiques diffèrent
baroque en tant que démarche rhétorique, met selon la spécificité des paysages culturels,
tant en œuvre «une grande échelle, des formes ainsi que l’ont montré les analyses de
irrégulières et complexes, le mouvement dans H. Sedlmayr pour l ’Autriche (1930), de
les lignes, la masse et l’espace, une fusion des Landolt pour la Suisse (1948), et de Sander
arts de la peinture et de la sculpture avec l’archi pour le Vorarlbeg (1950).
tecture, un maniement audacieux de l’illusion Du point de vue iconographique, le baroque
nisme et des jeux de lumière, une dramatisation est associé à l’idéologie de la contre-Réforme
de l'espace architectural, la richesse des maté (cf. en particulier W. Weisbach, 1921 et
riaux » (A. Blunt). E. Mâle, 1932). Plus précisément, il a été mis
Le vaste champ chronologique du baroque, en relation avec l’effort de renouvellement de
qui englobait initialement les xvie, xvne et l’art tenté par les jésuites (cf. R. Wittkower et
xvme siècles s’est trouvé réduit à mesure qu’é I. Jaffé, Baroque art, the jesuit contribution,
taient précisés les concepts stylistiques de New York, 1972.
«maniérisme» et «rococo». En outre, raffi — En 1901, dans Kirchlichen Baukunst
nement de la définition formelle du baroque des Abendlandes, G. Dehio définissait le
suscitait des sous-catégories chronologiques. baroque comme la phase terminale de tout
Dès 1880, Falke avait défini le baroque style architectural. Auparavant, A. Riegl,
comme le style de l’art postérieur à la dans ses conférences sur la « Kunstgeschichte
Renaissance et s ’étendant ainsi de la des Barokzeitalters» («Histoire de l’art de
BASE DE PLEIN AIR E T DE LOISIRS
l'âge baroque »), avait fait du baroque le prin urbaine. Enfin, même si le terme lui-même
cipe spirituel d’une époque, position reprise n ’a jamais été adopté par Le Corbusier, les
CP 1916 par W. Stammler dans son Zeitalter recherches menées par celui-ci sur la morpho
dts Barock. Dès 1911, Worringer avait asso logie urbaine, au cours des mêmes années,
cié baroque et nationalisme et fait du baroque ont, de toute évidence, contribué, elles aussi,
un art allemand dérivé des principes esthé à la formation de ce type d’immeubles (les
tiques du gothique tardif. immeubles « à redant » pour Une cité contem
poraine ou ceux du Plan Voisin, 1925).
C. F. O. Introduite systématiquement dans les sché
Art urbain; Escalier; Fontaine; Histoire; Style. mas directeurs de presque toutes les banlieues
des villes européennes, la barre a marqué la
périphérie des villes, souvent au détriment de
BARRE
la qualité du paysage et des sites (Hauts du
lièvre, visible de Nancy). À partir des années
Dans le cadre de l’urbanisme moderne, 1970, en France notamment, la barre a connu
fondé sur les principes énoncés par les c i a m un net recul, solidaire de celui des grands
(Congrès internationaux d ’architecture ensembles dont elle était un élément clé. Plus
moderne), ce terme technique est devenu critiquées que les « to u rs» , les barres se
d’un usage courant, depuis les années 1950, prêtent, toutefois, plus facilement, à des trans
pour désigner les immeubles à plusieurs éta formations tendant à leur réhabilitation au sein
ges des «grands ensembles», qui épousent de grands ensembles existants. Dans le cadre
la forme d’un parallélépipède allongé. Les de la commande d’État, en France, le cahier
barres dépassent rarement 12 étages, alors des charges de ces opérations comprend des
que leur longueur et le tracé de leur déploie programmes fonctionnels (dédensification),
ment varient considérablement selon le rôle techniques (surisolation), et formels. La Cité
qui leur est attribué dans la définition des du Lièvre d’or à Dreux est un ensemble, parmi
espaces verts ou libres qu’elles contribuent à tant d’autres, où les barres ont subi une trans
former au sein du schéma régulateur. formation de forme et de structure.
Longtemps à l ’état expérimental (le D. U.
Bergpolder de W. Van Tijen à Rotterdam,
Congrès internationaux d'architecture moderne (c ia m ) ;
1934), la barre fut largement adoptée dans les Grand ensemble; M oderne; Tour.
années qui suivirent la deuxième guerre mon
diale, surtout pour les logements subven
tionnés. Conçue comme instrument important
de la réforme structurelle de la ville, la barre BARRIÈRE D'OCTROI -*■ Faubourg
fut d’abord étudiée par Walter Gropius et
Marcel Breuer. Le mur continu des îlots à cour
intérieure, formant la me traditionnelle, était BASE DE PLEIN AIR ET DE LOISIRS
éliminé pour faire place à des blocs détachés,
de 8 à 12 étages, disposés de façon orthogonale Les bases de plein air et de loisirs, définies
par rapport à l’axe de la voie de circulation. par le secrétariat à la Jeunesse et aux Sports
L’origine de la barre doit donc être cher (circulaire du 20 janvier 1964), sont des
chée dans les efforts de la culture rationaliste ensembles «réunissant dans un site naturel,
pour créer des types de logement suscep proche de la population à desservir, les élé
tibles d’offrir des conditions d’habitation à ments nécessaires à favoriser la pratique des
grande échelle, égales ou meilleures pour sports et des activités de plein air et l’anima
tous, et pour conserver à la ville une haute tion culturelle, ainsi que la détente et l’oxygé
densité résidentielle, tout en éliminant les nation».
cours d’îlots insalubres, remplacées par des La formulation peut apparaître quelque peu
grands espaces verts. désuète, mais les bases de loisirs connurent
Les projets pour le concours du Bauwelt de vite un grand succès. D ’abord réalisées par les
1924 (M. Breuer) et de Spandau-Hàselhost de villes nouvelles, elles font maintenant figure
1929 (W. Gropius) comptent parmi les pre d’équipement indispensable de toute grande
miers exemples de cette nouvelle typologie agglomération.
BASSIN D'EMPLOI
108
généraux de la population. Les services - » Aire d'influence d'une ville ; Emploi ; Travail.
déconcentrés de l’État et les élus locaux sont
ensuite partis de ce zonage, après l’avoir dis
cuté et corrigé, pour définir localement des BASSIN D'INFILTRATION, BASSIN
bassins d’emploi reflétant au mieux la réalité DE RETENUE —> Cycle de l'eau
du marché du travail.
La zone de peuplement industriel et urbain
( z p i u ) a été une autre manière d’approcher les BASSIN HYDROGRAPHIQUE
réalités du marché du travail utilisant à la fois
d’autres critères et d ’autres méthodes de car Ensemble des topographies amenant leurs
tographie. Les z p i u ne recouvraient pas la tota eaux et convergeant vers le même axe fluvia-
lité du territoire français, puisque, si toutes les tile. Dans le bassin d’un fleuve s’emboîtent, à
BÂTIMENTS ADMINISTRATIFS
m
formité et la continuité remarquables des pro force motrice naturelle à partir de laquelle
ductions de l ’École. Il faut cependant s’expliquent la recherche du lien social, mais
reconnaître que des écarts notoires par rapport aussi l’agressivité et la guerre. D ’un autre
aux normes reconnues furent parfois admis et côté, le besoin serait, d’entrée de jeu, un pro
par la suite intégrés dans la tradition. En duit social dont la genèse, dans nos sociétés,
témoignent les expériences précoces d ’une devrait beaucoup à la division du travail.
utilisation structurale du fer, clairement expri Dans cette dernière perspective, certains
mée, qui conduisait à une transformation pro sociologues, tel Halbwachs, ont insisté sur
fonde tant de la notion de stabilité que des les différences de besoins qui caractérisent
rapports entre charge et éléments porteurs. Le diverses couches sociales. Cette idée a animé
stéréotype n ’était pas toujours la forme accep bien des discours marxistes affirmant l’exis
table. Néanmoins, le maintien d ’un ensemble tence de besoins spécifiques à la classe
spécifique de critères formels contribuait à ouvrière, et qui en exprimeraient la situation
inhiber l’innovation à force de répétition et ou la place dans les rapports de production.
devait s’avérer stérilisant. L’approche bipolaire des besoins est aujour
Au cours du XIXe siècle, l’enseignement d ’hui complètement battue en brèche.
architectural de l’École des beaux-arts fut Certains, refusant l’idée même d’une contra
déjà rejeté avec mépris, parce que totalement diction entre besoins naturels e t besoins
dénué de bases pratiques, par Viollet-le-Duc sociaux, ont cherché à dresser des listes ou des
et ses disciples. Au XXe siècle, il devenait pyramides (Maslow) suggérant un continuum
synonyme de médiocrité et de conformisme. allant du plus «naturel» au plus «culturel».
Les travaux de l’école étaient l’expression de D’autres, s’appuyant sur des travaux d’anthro
formules établies et, à ce titre, méprisés par pologie, notent que la notion de besoin pri
l’ensemble des artistes d ’avant-garde. Les maire tend à s’effacer tant le seuil à partir
mouvements « modernes » furent tous des duquel les besoins vitaux ne sont plus satis
réactions contre cette institution et sa produc faits apparaît difficile à déterminer. Symétri
tion. _ quement, l’idée d’une production sociale des
L’École des beaux-arts connut d’importants besoins s’est trouvée considérablement ren
bouleversements en 1968, année où l’archi forcée du fait qu’avec la consommation de
tecture lui fut retirée pour être organisée selon masse, la demande, et donc les besoins, sont
un système nouveau. Certains aspects de son largement programmés et manipulés par des
enseignement ont subsisté après la réorganisa acteurs économiques dont les pratiques - mer-
tion d’institutions nouvelles, malgré les chan catique, publicité - ont été d’ailleurs fort criti
gements survenus dans la formation initiale et quées dans les années 1960.
surtout dans la référence au classicisme. L’image d’un champ indéfini des besoins a
rendu caduque l’opposition traditionnelle
R. M. entre besoins acquis et besoins innés et permis
A rt; Composition urbaine; Écoles d’architecture; M oderne; d’ouvrir de nouvelles voies de recherche en
Peinture. considérant comme innée la capacité d’acqué
rir de nouveaux besoins. Cette transformation
est largement tributaire de l’importance nou
BESOINS velle accordée à la notion de désir, qui tend à
être substituée à celle de besoins : l’homme
Dès l’époque des Lumières, la notion de n ’est-il pas être de désir, jamais satisfait,
besoins s’est construite autour de l’antinomie déchiré par des conflits aussi bien psychiques
entre nature et culture. L’image de besoins que sociaux et que le discours des besoins
primaires, fondamentaux ou élémentaires, vient recouvrir d ’une rationalité factice ?
sexuels, alimentaires ou autres est dès lors La déconstruction de la notion de besoins
opposée à celle de besoins socialement déter s’est accélérée dans les années 1970. Jean
minés, éventuellement condamnés comme Baudrillard (La genèse idéologique des
faux et artificiels. Depuis, la problématique besoins) a montré qu’elle recouvre souvent
des besoins n’a cessé de se développer autour des rapports sociaux ou politiques qu’elle per
de ces deux pôles. D ’un côté, le besoin serait met de ne pas désigner comme tels. Elle
à l’origine de l’histoire et de la vie sociale, constitue de fait une fausse évidence et appar-
BÉTON
112
tient au discours de l’acteur. Acteur technocra canaux, aqueducs). La découverte des ciments
tique, tel l’architecte-urbaniste pour qui, selon (Smeathon, 1745; Treussart, 1823) et des
la doctrine de Le Corbusier et des c i a m chaux hydrauliques (John, Vicat, 1815) artifi
(Congrès internationaux d ’architecture ciels permet entre 1800 et 1830 de décupler sa
moderne), les quatre fonctions - habiter, tra résistance à la compression. Durant cette
vailler, se recréer, circuler - recouvrent la tota période, son usage se répand en Europe et en
lité des besoins humains dont l’analyse Amérique du Nord.
exhaustive définit la tâche du bâtisseur; tel le Vers 1850, on associe le fer - dont la résis
planificateur qui prétend connaître les tance à la traction est bonne - au béton pour
« besoins» auxquels correspond, en fait, la confection de barques (Lambot) et de plan
l’offre qu’il est en mesure d ’apporter : mètres chers (François Coignet). Mais la méfiance
carrés de crèche, d’école, de logement, etc., à des ingénieurs français envers ce matériau
prévoir pour les habitants d ’un quartier en composite bloque son emploi dans les travaux
construction, quantité d’électricité à mettre à publics jusqu’à la fin du siècle alors que son
la disposition de la Nation définie par des usage se répand en Autriche, en Allemagne et
«besoins» qui ne sont autres que les projets en Grande-Bretagne. Une impulsion nouvelle
de décideurs nucléaires, etc. Ou encore, acteur est donnée à ce procédé entre 1880 et 1890
contestataire qui invoque les « besoins » en par les constructeurs Hennebique et Edmond
crèche, école, etc., du quartier où il mène une Coignet, d’abord dans le bâtiment, puis dans
lutte d ’habitant. De façon plus générale, la les ponts : le béton armé (d’acier), moins coû
référence aux «besoins» hante tout autant le teux que le fer, s’y substitue dans la construc
discours du libéralisme que celui de l’éta tion dès la première guerre mondiale. Celle-ci
tisme, elle alimente aussi bien l’appel à l’indi joue un rôle essentiel dans la diffusion du
vidu sur lequel repose la pensée utilitariste matériau.
que celui à la collectivité qui anime des pen La tension des armatures avant le coulage et
sées d ’inspiration marxiste. Elle fonde la prise (cristallisation) du béton est mise à
l’image d ’une libération, réponse à des exi profit par Freyssinet autour de 1930 pour la
gences dont la satisfaction doit apporter le fabrication de poteaux électriques et de tuyaux
progrès, tout comme elle vient au secours de distribution d ’eau. Ce procédé introduit
d ’une critique de l ’ordre qui voit dans la après la prise une précontrainte qui agit en
reconnaissance de certains « besoins » un ins sens opposé à la contrainte exercée par les
trument de contrôle social ou d ’intégration. charges permanentes et par les charges
Bien trop générale, la notion de « besoins » est d exploitation : le béton précontraint par fils
idéologique. Elle constitue une fausse catégo adhérents réduit de fait la consommation
rie explicative.
d ’acier et de béton, donnant aux ouvrages une
M . W. plus grande légèreté. Cette technique s’est lar
gement développée en Europe après la
-> Architecture fonctionnelle; Classe Sociale; Programmation
des équipements collectifs ; Program m e; Sociologie urbaine. seconde guerre mondiale, mais reste peu
employée aux Etats-Unis, où domine la
construction métallique. Le béton précontraint
BÉTON
par post-tension (câbles) permet une plus
grande souplesse de la technique en appli
quant les efforts de précontrainte phase par
Matériau constitué d ’un mélange de ciment phase.
ou de chaux, de sable, de gravillons ou agré Le béton peut être fabriqué sur le chantier
gats et d’eau. Connu dès l’Antiquité, et nota mais, de plus en plus, pour des raisons écono
blement employé à l ’époque romaine dans les miques, on le transporte sous forme plastique
fondations et le remplissage des murs des dans des camions spéciaux (toupies) depuis
grands édifices (Thermes de Lutèce, pont du une centrale dont l ’implantation et les pro
Gard, le béton sert à consolider l’extrados des duits sont agréés par l’État : les bétons prêts à
voûtes et des coupoles médiévales. Il est l ’emploi répondent ainsi aux besoins spéci
devenu, à la fin du xvme siècle le matériau fiques de chaque chantier.
composite du service des ponts et chaussées Les techniques de mise en œuvre par cof
pour édifier les ouvrages hydrauliques (quais, frage (coffrage-outil, coffrage perdu, cof
BIBLIOTHÈQUE
113
frage glissant) et coulage in situ, l’emploi de dates de 642 000 m 2 à 1 360 000 m2 et envi
colorants, devraient valoriser, à l’exemple du ron 3 millions de m 2 ; leurs collections de
Japon, le caractère esthétique des parements 42 millions de volumes à 75 millions et à
et des façades en béton trop souvent habillés 143 m illions (dont 13 à la bnf , 24 dans les bd
de l’uniforme de la grisaille. et 105 dans les bm ). Mais la fréquentation des
Le béton est utilisé en couche de roulement bibliothèques demeure faible en France:
pour les chaussées, les pistes d ’aéroport, en 5 ,3 millions de personnes sont inscrites en
support pour porter le pavé et, sur le trottoir, b m ; 20% de la population de plus de 15 ans
l’asphalte ; il est le matériau le plus ordinaire fréquente une bibliothèque (hors obligations
ment consommé dans le monde pour la scolaires ou universitaires) et 16% y est ins
construction : la consommation francilienne crit (à comparer à 30 % aux Pays-Bas, 60 %
est de l’ordre d’un mètre cube par habitant et en Grande-Bretagne et 70 % au Danemark). Il
faut y ajouter les 157 bibliothèques universi
par an.
taires ( bu ) qui offrent 125 000 places de lec
A. Gu. ture, possèdent ensemble 39 millions de
Composite.
volumes (ce qui est très faible par apport aux
autres pays développés) et ont 1,3 million
d’inscrits.
BIBLIOTHÈQUE
Les normes, oubliées depuis longtemps,
recommandent pour une ville de 2 0 0 0 0 habi
Centre de conservation, de consultation et tants, une bibliothèque de 1 500 m2, disposant
de prêt des livres et autres documents de 70 000 documents, en acquérant 7 000 par
imprimés, voire manuscrits, ou utilisant an et offrant 275 places assises environ; et,
d’autres supports. Les bibliothèques publi pour une ville de 100 0 0 0 habitants, une biblio
ques ont pour objet de faciliter la lecture par thèque centrale et 4 à 10 bibliothèques annexes
consultation sur place ou prêt à domicile, (de quartier) totalisant environ 7 000 m2,
gratuitement ou à un prix modique. 300 000 documents et 30 000 acquisitions
Les responsabilités et les sources de finan annuelles et offrant 1 500 places en tout.
cement diffèrent selon le statut des biblio Les bibliothèques universitaires ont, pour
thèques : bibliothèques centrales de prêt, les deux tiers de leurs surfaces, été construites
bibliothèques municipales, bibliothèques uni après 1945. Mais ce patrimoine est insuffisant
versitaires, grandes bibliothèques de consul (alors que la norme officielle était de 1,5 m
tation (et en premier lieu la Bibliothèque par étudiant, la moyenne, dans les universités,
nationale de France), sans compter les biblio est tombée à 0,5 en 1995). En outre, il a été
thèques privées (entreprises, etc.). conçu avec un stockage en magasin : alors que
Un important effort de développement des la tendance actuelle est à l’accès libre, un
bibliothèques de lecture publique a été entre quart seulement des fonds le permet. Les
pris par le ministère de la Culture dans les bibliothèques universitaires ont des fonds trop
années 1970 et surtout 1980. Auparavant, les modestes par rapport aux besoins et à leurs
trois quarts des locaux occupés par des homologues étrangères. Seules quatre biblio
bibliothèques municipales n ’avaient pas été thèques universitaires (plus celle de l’Institut
construits à cette fin : anciennes mairies, cha de France) dépassent le million de volumes
pelles, casernes, maisons bourgeoises, etc. Le (les bibliothèques Sainte-Geneviève, de la
nombre de bibliothèques a beaucoup aug Sorbonne, de M édecine à Paris, la biblio
menté depuis: 929 en 1980, 1968 en 1993, thèque nationale et universitaire de
4 390 en 2007, dont 4 285 bibliothèques Strasbourg) et 25, pour la plupart dans les
municipales ( bm ) et 97 bibliothèques départe villes universitaires anciennes, celui de
mentales ( bd ). 4 ont un statut particulier : la 250 0 0 0 , déjà très insuffisant par rapport aux
Bibliothèque nationale de France ( bn f ), la pratiques internationales. Le rapport Miquel a
Bibliothèque publique d’information (bpi du alerté en 1989 sur cette situation. Mais la prio
Centre Georges-Pompidou), la Cité des rité affichée à la construction de bibliothèques,
sciences et de l’industrie et la bibliothèque par un effort analogue à celui qui avait été
pour enfants de « La joie de vivre » (Clamart). mené pour les bibliothèques municipales au
Leur surface totale est passée aux mêmes cours de la période précédente, ne s’est pas
BICYCLETTE
118
BOIS (ESPACE BOISÉ) —> Arbre ; Espace vert ; forte, puis la promenade ou la large voie de
Forât circulation plantée d’arbres qui, sur rem pla
cement de ses anciens murs ou fortifications,
fait le tour d’une ville.
BOIS (MATÉRIAU) Dans cette acception, la seule en usage
aujourd’hui, les premiers boulevards datent de
La maniabilité, la légèreté, la souplesse, la l’âge classique (cf. à Paris les «grands boule
coupe à volonté ont fait du bois le matériau vards » créés sous Louis XIV). Au xixe siècle,
le plus usité dans la construction. En Europe la démolition systématique des anciens rem
de l’ouest, jusqu’en 1840-1850, le chaipen- parts des villes a permis, à travers l’Europe, la
tier était le grand rival de l’architecte et de création généralisée de boulevards.
l’ingénieur ; en témoigne la terminologie des A Paris, Haussmann a achevé l’œuvre enta
sciences et des techniques du bâti héritée de mée sous l’Ancien Régime. M ais il a fallu
l’art de la charpenterie (résistance des maté attendre la démolition de l’enceinte de Thiers
riaux, construction métallique...). Le bois a (1920) pour que Paris soit entouré d ’une
ainsi longtemps façonné l’architecture deuxième ceinture de boulevards, dits exté
urbaine jusqu’à coiffer la ville ; la faible por rieurs ou des maréchaux.
tée de ses poutres (comparée à celle du fer) a Dans les pays germaniques, les boulevards
même modulé le parcellaire. Mais la crainte prennent souvent le nom de Ring. L’un des
des incendies, la spécialisation de sa main- plus célèbres et des plus larges est celui de
d’œuvre, sa rareté ont amené peu à peu à lui Vienne, dont les plans d ’aménagement,
substituer des matériaux ignifuges et moins confiés par François-Joseph à O. Wagner, sus
coûteux (brique, terre, béton, acier). citèrent un vaste débat théorique et sont à
Depuis une quarantaine d ’années, le bois l’origine de l’œuvre de Camillo, Sitte.
connaît un regain d ’attention. De nouvelles Par abus de langage, depuis le dernier tiers
techniques ont augmenté sa résistance méca du xixe siècle, boulevard est devenu syno
nique - donc sa portée - et sa résistance au nyme d ’avenue, comme en témoigne la rela
feu. Largement utilisé aux États-Unis, en u r s s tion, par Haussmann, du tracé de «deux
et en Asie (Japon) pour la construction indivi boulevards de quarante mètres de largeur, par
duelle ou semi-collective, il reste dans les tant du pont de l’Alma : savoir : l’un nommé
villes françaises, malgré la promotion soute depuis lors avenue de l ’Alma... l’autre
nue par l’État, un matériau cantonné au nommé avenue de l’Empereur (maintenant du
second œuvre, à l’exception toutefois de Trocadéro)... » (Mémoires, t. 8 , p. 7 7 ).
quelques équipements publics (piscines,
salles polyvalentes, halles): les éléments F. C.
lamellés collés qui correspondent à la recons -> A ve n ue ; Espace public; Plantation; Promenade; Rue.
titution d ’éléments de grande section et de
grande longueur à partir d’éléments courts et
de faible épaisseur collés entre eux sous BOURG
presse sont utilisés pour des charpentes de
grande portée. Le terme, d ’origine germanique, est « cou
A. Gu. ramment utilisé pour désigner les différents
aspects topographiques de l’élan urbain (des
X I e et X I I e siècles) » (Jacques Le Goff). Il
BOTANIQUE (JARDIN) -► Parc s’applique à une agglomération qui s’inscrit
aux marges de la cité, en situation périurbaine
ou dans la campagne. Les bourgs sont forti
BOULEVARD fiés (c’est le sens germanique primitif) et
abritent souvent une population d ’artisans ou
De l’allemand Bollwerk, ouvrage de de marchands : ils constituent le noyau de la
défense, fortification ( X V e siècle), ce terme bourgeoisie (le terme devient courant au
signifie d’abord le terre-plein d’un rempart, X I I I e siècle).
le terrain occupé par un bastion ou une cour Aujourd’hui, le sens du terme s’est beau
tine. Par extension, il désigne ensuite la place coup restreint. Il désigne d’abord, à la limite
BRUIT
11 7
inférieure de la hiérarchie, de gros villages pendant le sommeil). Cette gêne due au brait
présentant certains caractères urbains ; ils sont est d’abord psychologique (perturbation indé
le siège de marchés ou de foires, et abritent sirable), puis fonctionnelle (le brait interfère
des services élémentaires. avec les activités exercées : travail, parole,
Dans l’ouest de la France, on désigne par sommeil...), enfin physiologique (il a des
bourg le centre des communes, par opposition effets sur la santé : fatigue, troubles d ’audi
aux écarts et aux « villages » (au vrai, des tion, voire augmentation des maladies ner
hameaux) qui les composent. Le bourg abrite veuses et même cardio-vasculaires et gastro
l’école, la mairie et l’église, mais n ’est pas intestinales).
nécessairement plus important que d ’autres Les principales catégories de brait en milieu
fractions de la commune. urbain sont :
— les bruits de voisinage : radiotélévision,
P. C.
disques et instruments de musique, cris, appa
-* Cité; Armature urbaine; Ville. reils ménagers, etc.
— les bruits industriels ;
— le brait des chantiers de construction et
BOUTIQUE —> Commerce ; Magasin de travaux publics ;
— les bruits causés par les moyens de
transport : chemins de fer, véhicules automo
BRANCHEMENT -> Réseau biles et à deux roues, avions. En ce qui
concerne la circulation des automobiles, le
brait provient du moteur - il est prédominant
BRIQUE -> Terre à vitesse faible ou moyenne, donc dans les
quartiers d’habitat - et du roulement du véhi
cule sur la chaussée (ou sur les rails pour les
BRUIT transports ferrés) qui est le plus important à
vitesse élevée, donc dans les secteurs proches
Ensemble de sons sans harmonie, qu’on d’une voie rapide. On estime que la circula
souhaiterait ne pas entendre. Le bruit est tion des automobiles (et des véhicules moto
mesuré par l’intensité du son, ce qui laisse de risés à deux roues) est la principale cause du
côté la part de subjectivité qui existe dans la brait en milieu urbain (jusqu’à 80 %).
définition précédente. Le décibel, unité
usuelle, est proportionnel au logarithme de la L’importance de la lutte contre le bruit
pression acoustique : une multiplication de dépend du contexte culturel : ce n’est qu’en
celle-ci par 10 correspond à un bel (1 0 déci 1954 que le préfet Dubois fit interdire les
bels), une multiplication par 2 à environ avertisseurs sonores dans Paris (cet exemple
3 décibels. Mais la sensation de brait est aussi fut imité dans de nombreuses villes de pays
qualitative : elle varie selon les cadres d’habi développés, mais pas dans celles des pays en
tat, les cultures, et selon la nature et la source développement où la gêne due au brait n ’est
des bruits : la société occidentale contempo pas ressentie comme une agression primor
raine est particulièrement sensible au bruit. diale). Cette lutte contre le bruit prend plu
Les mesures de lutte contre le brait sont donc sieurs formes :
également dépendantes de ce contexte. Des — La voie réglementaire. La législation
mesures spécifiques permettent de prendre en sur les troubles de voisinage est abondante
compte la composition du brait. mais difficile à faire appliquer. Le bruit des
Le brait est considéré comme la plus impor engins de chantier, des véhicules à moteur,
tante des nuisances en milieu urbain. Il est cité des avions, etc., peut être réglementé, encore
en priorité dans toutes les enquêtes sur les que la réduction de ces émissions de bruit soit
gênes ressenties. Cette impression croît donc coûteuse. Des zones de silence dans les forêts
avec la taille de l’agglomération et est plus ont été instituées depuis 1970.
élevée dans les quartiers d ’habitat collectif, -— Les règles d’urbanisme : zone non aedifi-
surtout lorsqu’ils sont récents, que dans les candi au bord des voies où le brait dépasse
secteurs de pavillons. 89 décibels, près des aéroports (et même
La gêne apparaît à partir de 60 décibels (50 84 décibels pour les opérations groupées
BRUIT
118
d ’habitat); établissements industriels classés nécessaires aux activités admises dans les sec
dont la localisation est strictement réglementée. teurs déjà urbanisés en zones B et C ; des
— L’insonorisation des bâtiments (ce qui logements nécessaires à l’activité aéronau
produit un gain de 10 à 15 décibels), double tique dans les trois zones. De même, seuls les
virage, etc. équipements nécessaires à l’activité aéronau
— L’isolation phonique des sources de pro tique ou indispensables aux populations exis
duction de bmit et des infrastructures les plus tantes sont autorisés. En revanche, les locaux
bruyantes par des levées de terre au bord des d’activités (bureaux, commerces, industrie)
autoroutes (ou leur construction en déblai), des sont admis dans les zones de bmit. Toutes les
murs antibruits (environ 1 0 0 0 €/mètre constructions autorisées dans ces zones de
linéaire : gain d’environ 10 décibels), voire la bmit doivent faire l’objet des mesures d ’isola
couverture des voies construites en tranchée, tion acoustique prévues par les textes régle
ou simplement des écrans végétaux (gain de mentaires.
5 décibels). En 1997, lorsque fut autorisée la construc
tion de deux nouvelles pistes à Roissy-
En France, les dispositions juridiques les Charles de Gaulle, a été décidée l’élaboration
plus précises concernent la lutte contre le bruit de plans de gêne sonore ( pg s ), qui ont été
à proximité des infrastructures (aérodromes et établis en 1998 (révisé en 2004 pour Roissy-
routes à grande circulation notamment). En Cdg ainsi que pour Orly). La limite de la
outre, en matière d’activités, s’applique la zone C du peb a alors été abaissée, pour
législation sur les installations classées et, en Roissy-CDG, de 84 à 78, ce qui a doublé la
matière de construction, le règlement général surface concernée et accm le nombre de loge
de la construction.. ments éligibles à une indemnisation (de 7 697
La loi du 11 juillet 1985 relative à l’urba- à 13 511 ). Le montant de la taxe d ’atténuation
nisme au voisinage des aérodromes, qui a le des nuisances sonores ( tans), instituée à par
caractère de loi d ’aménagement et d ’urba tir de 1993, a été doublé en 1998, mais cette
nisme, a remplacé la directive d ’aménage taxe a été intégrée en 1999 dans une taxe plus
ment national du 22 septembre 1977. La loi générale d’activités polluantes (tg a p ). Elle a
s’applique autour des aérodromes civils et été augmentée en 2007 pour Orly. En tout état
militaires de catégorie A, B et C (les aéro de cause, les sommes disponibles (en 2008,
dromes sont classés, selon leur trafic, en cinq 30 millions d ’€ pour Roissy-CDG, et 18 pour
catégories, de A à E). Des zones de bmit sont Orly) demeurent insuffisantes pour répondre
définies à partir d ’un indice psophique déter aux demandes d ’indemnisation. En 2008,
miné à partir du niveau sonore (en décibels) Aéroports de Paris a établi un diagnostic pour
maximal perçu lors du passage des avions. La 4.300 logements ; 4.385 logements ont reçu
zone A correspond à un indice supérieur à 96, un avis favorable à l’insonorisation pour un
la zone B à un indice entre 89 et 96, la zone C montant de 41 millions d’€. Par ailleurs, les
à un indice supérieur à une limite choisie procédures d’atterrissage seront modifiées en
entre 78 et 84 (éventuellement, par suite 2009 (Orly) et 2011 (Roissy-CDG), réduisant
d’une disposition de modulation régionale de de moitié les nuisances liées à cette procé
ces dispositions, entre 75 et 8 6 ). Les plans dure. Par ailleurs, les mouvements d ’avions
d’exposition au bmit ( peb ) délimitent sur le entre minuit et 5 heures (pour lesquels la
terrain les zones de bmit pour chaque aéro tgap est augmentée) sont plafonnés (les asso
drome à l’échelle du 1/25 000. Ce document, ciations de riverains demandent leur interdic
obligatoire, est établi par l’État et approuvé tion totale) : ils ont diminué d ’un quart de
par le préfet après enquête publique. La prin 2001 à 2009.
cipale disposition qui en résulte est l’interdic La loi du 31 décembre 1992 relative à la
tion de construire des habitations dans ces lutte contre le bruit - précisée par les décrets
zones de bruit, sauf à titre exceptionnel, des et l’arrêté du 9 janvier 1995 - est venue com
maisons individuelles non groupées dans les pléter les dispositions antérieures, notamment
secteurs déjà urbanisés en zone C, si cela pour les infrastructures terrestres. La loi du
n ’entraîne qu’une faible augmentation de la 10 juillet 1976 sur la protection de la nature
population exposée au bmit ; des logements prévoyait déjà une place particulière accordée
de fonction ou des immeubles d ’habitation au bmit dans les études d’impact. Une circu
BUDGET COMMUNAL
119
laire de mars 1978, renforcée par une autre de l’environnement les a durcies en dehors des
mars 1983, fixait à 65 décibels le bruit d’une espaces urbanisés des communes : les
voie nouvelle ou transformée à 2 m en avant constructions sont désormais interdites dans
de la façade des habitations. L’arrêté du une bande de 1 0 0 m de part et d’autre de
6 octobre 1978 imposait un recensement des l’axe des autoroutes et des routes expresses
voies bruyantes, ce qui permet de prescrire (75 m pour les autres routes classées à grande
des mesures d’isolement (30 à 45 décibels en circulation). Seules échappent à cette interdic
façade) pour les bâtiments à construire. Une tion les constructions liées aux infrastructures
politique de résorption des «points noirs» le routières elles-mêmes, les services publics
long des voies routières et ferroviaires a été qui doivent en être à proximité, les réseaux
entreprise à partir de 1983, mais ne concerne publics et les bâtiments d ’exploitation agri
pas les voies situées en milieu urbain. cole. Cependant, les p o s peuvent prévoir des
La loi de 1992 prévoit la possibilité de dérogations justifiées.
prescriptions ou d ’un régime d’autorisation
subordonnée à une étude d’impact pour les Le bruit est une nuisance à laquelle peut
activités bmyantes. Le préfet, après consulta être attaché un coût social. On peut tenter
tion des communes, délimite des secteurs d’estimer sommairement celui-ci :
affectés par le bruit au voisinage des infra — par la méthode du coût d’évitement:
structures de transport, fixe les prescriptions coût des transformations de la source de
pour réduire le bruit (isolation acoustique) et bmit (par exemple, le moteur d’une automo
les niveaux de bruit à prendre en compte pour bile) pour réduire l’émission à un niveau
la construction de bâtiments. Ces éléments acceptable ;
sont portés dans les p o s et les p l u . Le recen — par la méthode du coût d’interposition
sement et le classement des infrastructures entre la source de bmit et l’usager insonorisa
concernent notamment les routes parcourues tion des bâtiments, écrans et couverture des
par plus de 5 000 véhicules par jour, les voies voies, etc. ;
ferrées parcourues par plus de 50 trains, les — par la méthode du coût de réparation :
transports en commun en site propre parcou estimation des dépenses de santé engendrées
rus par plus de 100 trains ou autobus par jour. par les troubles causés par le bmit ;
Des dispositions sont prises pour limiter — par la méthode de la dépréciation du
l’augmentation du bruit occasionnée par parc immobilier dans les secteurs bmyants
l’ouverture ou la transformation des infra (estimée à 4% pour 10 décibels supplémen
structures de transport terrestre. Une taxe, taires).
destinée à couvrir les dépenses de réduction Ces différentes approches conduisent, par
du bruit pour les riverains des aéroports, exemple en ce qui concerne le bmit causé par
payée par les exploitants d’aéronefs, est insti les véhicules automobiles, à une estimation
tuée et affectée à l’Agence de l’environne de 0,03 € par véhicule-kilomètre en milieu
ment et de la maîtrise de l’énergie ( a d e m e ) urbain.
qui en répartit le produit en fonction de plans P. M .
de gêne sonore établis pour chaque aéroport.
Un arrêté fixe les seuils de bruit et les exi _> Aéroport; A utom obile; Coût social; Installations classées;
Moyen de transport; N uisance; Pollution atmosphérique;
gences techniques applicables aux établisse Prescriptions d'aménagem ent et d'urbanisme; Transport
ments d’enseignement (44 décibels dans les aérien ; Trouble de voisinage.
Les études de budget-temps, reposant sur — soit en annexe à une autre activité (ate
des enquêtes (par questionnaire reconstituant lier, usine, magasin, équipement public, etc.) ;
l'utilisation de la journée ou par carnet où les — soit dans des immeubles spécialement
intéressés notent leurs activités) ont été déve conçus à cette fin, dits immeubles de bureaux,
loppées dans les années 1960, avec des de construction en général assez récente.
comparaisons internationales (Szalai et al., Les bâtiments de bureaux modernes se dis
The use o f time, Mouton, 1972). L’objectif tinguent de plus en plus de locaux banalisés.
était de mettre en relation l’utilisation du Le développement, puis la banalisation, des
temps et celle de l ’espace (F. S. Chapin, méthodes informatiques, des télécommunica
« Activity Systems and urban structure, a wor- tions, de la télétransmission de données, exige
king scheme», in Planners, 1968, n° 1) afin des équipements spécifiques qui supposent un
d’en tirer des leçons tant en ce qui concerne câblage préalable. On parle de bureaux intelli
l’aménagement de l’espace que ce qu’on a pu gents. Il est préférable que ces équipements
appeler en France vers 1975 l’aménagement aient été conçus dès la construction. Dans le
cas contraire, leur installation suppose une
du temps. réhabilitation lourde et coûteuse. C’est ce qui
La méthode a été prolongée, dans les années
1970, par l ’étude des schémas d’activités et explique que, lors de l’éclatement de la « bulle
les diagrammes espaces-temps d’Hâgerstrand immobilière», au début des années 1990, les
retraçant les activités d’un individu ou des bureaux de conception ancienne se soient
membres d’un ménage : les études de trans trouvés dévalorisés et soient souvent restés
port urbain, notamment en Grande-Bretagne longtemps sans utilisation, voire le soient
(équipe d’Oxford) en font un outil privilégié encore ou aient été transformés en logements.
d’analyse de la demande, sans avoir pu en tirer Les bureaux, et en particulier les immeubles
cependant des modèles opérationnels pour la de bureaux, ont tendance à s’installer au centre
prévision et la planification. des villes, pour des raisons d’efficacité (faci
lité des relations avec les autres entreprises,
P. M. les autres établissements de la même entre
prise, les interlocuteurs dans l’administration,
-> Mobilité.
la recherche, etc.), mais surtout de prestige,
même si cela entraîne pour elles des loyers
BUREAU DE POSTE -♦ Bâtiments
souvent deux à trois fois plus élevés qu’à la
périphérie (jusqu’à dix fois dans les secteurs
administratifs
de la City de Londres proches de la Bank of
England). Face à la concentration excessive
de ce centre traditionnel des affaires, des
BUREAUX
centres secondaires ou directionnels (ex. :
Locaux où sont effectuées des tâches admi Milan) ont pu se constituer, soit destinés à des
nistratives et de gestion, dans le cadre de bureaux de prestige, sièges sociaux de grandes
l’administration publique ou locale, des orga entreprises (La Défense à Paris), soit au
nismes financiers et des assurances, des ser contraire à des services de routine de grandes
vices aux particuliers et aux entreprises, des entreprises ou à des petites entreprises, ce qui
sièges sociaux et autres services non directe nécessite une très bonne liaison avec le centre
ment productifs des entreprises industrielles et des affaires (Croydon à Londres). On a pu
évoquer ainsi la création de bipôles d’affaires
commerciales.
Le terme de bureau désignait initialement permettant aux grandes entreprises de bénéfi
le meuble destiné au travail d’écritures, puis cier à la fois d’une adresse de prestige dans le
a été étendu à la pièce où s’exerce ce travail, centre pour leur siège social, et de services de
enfin à l’ensemble de pièces ou à l ’im routine dans des locaux à loyer modeste en
meuble dévolus à cet usage, Les bureaux périphérie : outre le cas de la City et de
Croydon à Londres, on a envisagé à Paris une
sont localisés :
— soit dans des locaux qui n’ont pas ete telle organisation entre La Défense et le centre
destinés initialement à cet usage, le plus sou de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise ; entre
vent logements transformés en bureaux, Montparnasse et Saint-Quentin-en-Yvelines ;
notamment dans le centre des villes ; entre la gare de Lyon, Evry et Mame-la-
SURBAUX 124
125
caisses d’épargne de demeurer la banque de d’€ avec icade qui a succédé à la scie pour la
détail des collectivités territoriales. En 2004, promotion immobilière) et la sni (529 millions
le partenariat entre la cdc et le groupe d’€ en tant que bailleur social) ; l’exploitation
«Caisse d ’épargne» s’est concrétisé par de servipes publics de transport (2,2 milliards
l’apport à la Caisse nationale des caisses d’€ avec transdev) ; l’exploitation du domaine
d’épargne (cnce) de la banque d’investisse skiable de la Compagnie des Alpes, qui gère
ment et de gestion d’actifs de la cdc , appelée aussi des parcs de loisirs (575 millions) ; l’ingé
ixis. Mais au cours du temps, les liens se nierie des infrastructures (groupe egis : 505 mil
sont distendus à cause d’une stratégie agres lions). L’activité d ’hébergement de tourisme
sive des caisses d’épargne puis de l’intégra est représentée par belambra (autrefois vw ).
tion d’ixis dans Natexis, filiale des banques La cdc conserve encore un rôle financier
populaires. Les difficultés de Natexis, consé exceptionnel dans ses métiers traditionnels :
cutives à la crise financière de 2008, se sont activités de marchés de capitaux, de gestion de
étendues aux maisons mères qui ont dû fonds et de banque de dépôts (professions juri
fusionner dans une nouvelle entité : la pbce diques et institutionnelles), gestion sous man
(Banque populaire-Caisses d ’épargne). La dat des caisses de retraite publique (cnracl et
cdc n ’est plus actionnaire de référence de ce ircantec) et des établissements publics auto
nouvel ensemble. Au contraire, elle reste l’un routiers, assurance vie avec la Caisse nationale
des plus importants actionnaires de Dexia de prévoyance, dont la cdc détient encore
avec près de 9 % des actions en 2009. 30 % du capital. La cdc intervient aussi dans
Les fonds d’épargne ont été recentrés sur la, couverture des besoins de trésorerie de
le logement social et sur la restructuration l’État et, le cas échéant, auprès d’autres orga
urbaine. Malgré des évolutions contrastées, nismes comme la Sécurité sociale.
selon les périodes, des apports aux livrets A, La cdc est un acteur important du monde
la cdc a pu continuer son action en faveur local et financier avec un effectif de 65 000 per
du secteur urbain. Un niveau attractif du sonnes, dont 30 000 à l’international :
livret A en 2008 et la relance du logement — elle est actionnaire de quelque 500 socié
ont permis d’accroître le niveau des prêts tés d’économie mixte locales (Sem), d’aména
jusqu’à 10,6 milliards d’€. Ils comprennent gement, d’exploitation et d’immobilier ;
les prêts vers le logement qui ont atteint — elle gère un portefeuille de participation
7,4 milliards d’€, auxquels on peut ajouter dans la holding cdc Entreprises, qui s’élève à
une action vigoureuse dans la rénovation 2,5 milliards d’€, dont 2,1 milliards pour
urbaine (près de 1 milliard d’€). En outre, compte propre.
pour pallier la crise de liquidités du marché — cdc Entreprises finance directement
bancaire et particulièrement de Dexia, la cdc 50 PME et plus de 2 500 autres par l’intermé
a également accordé 1 milliard d’€ de prêts diaire des 195 véhicules d’investissement
aux collectivités locales, démontrant ainsi qu’elle soutient.
qu’elle reste un puissant agent financier dans Même après plus de trente ans de transfor
le secteur public au risque de dégrader son mations, l’avenir de la cdc , dont la puissance
propre résultat : pour la première fois la cdc est pourtant intacte, reste encore incertain.
a été en perte de 1,5 milliard en 2008. Les projets de réforme continuent à affecter
Les filiales spécialisées, de leur côté, n’ont cette institution incontournable dans le monde
pas résisté à l’usure du temps et à l’évolution public et privé.
de leur marché. Au milieu des années 1980, V. C.
elles ont été regroupées dans une société « hol
ding», Caisse des Dépôts-Développement -+ Aide a la pierre; Caisses d'épargne; Dexia-Crédit local;
Emprunts des collectivités locales ; Habitation à loyer modéré
(c 3d) détenue à 100 % par la cdc. Une rationa (hlm); Pacte de relance pour la ville; Rénovation urbaine;
lisation des métiers a entraîné une réorganisa Société d'économie mixte.
mière caisse d ’épargne, celle de Paris, fut obligation permettant de renforcer la politique
créée en 1818. Mais il fallut attendre la loi du d ’utilisation de cette ressource peu onéreuse
20 juillet 1885 pour qu’un véritable statut des (le taux de rémunération du livret A est de
caisses d’épargne soit défini : autonomie, ins 1,75 % depuis le 1er août 2010). La stagnation
titution d’une fortune personnelle pour chaque de la collecte de l’épargne populaire, au début
caisse ; constitution d’un fonds de réserve et des années 1980, a modifié les deux emplois
de garantie. En 1881, était créée la Caisse traditionnels des caisses. Depuis, la ressource
nationale d’épargne, placée sous la responsa privilégiée du livret A est entièrement consa
bilité du secrétaire d’État aux Postes et Télé crée au financement du logement social par le
communications qui, en transformant chaque biais des prêts gérés par la cdc. Le financement
bureau de poste en point de collecte, accrois des investissements des collectivités locales
sait les ressources déposées. La loi du n ’est plus «privilégié» et repose sur les res
1er juillet 1983, puis celle du 10 juillet 1991, sources disponibles sur le marché financier.
ont réformé le statut et l’organisation des Les caisses d ’épargne disposent de nom
caisses d ’épargne, qui sont alors structurées breux atouts vis-à-vis des collectivités locales
en réseau. Enfin, la loi du 17 juin 1999, en (liens anciens avec les prêts Minjoz, implan
transformant les caisses d ’épargne en banques tation locale, présence d ’élus au conseil
coopératives, a permis d ’effectuer toutes les d’orientation des caisses, etc.). Elles ont des
opérations de banque, y compris celles réali ressources diversifiées et des fonds propres
sées avec les sociétés cotées en Bourse. parfois importants, ce qui leur permet d’inter
Jusqu’en 1983, la faible rémunération de venir de façon très significative auprès des
l’épargne populaire (livret A) a permis d’accor collectivités. En 2008, le groupe des caisses
der aux collectivités des prêts avantageux par d’épargne affirme leur consentir tous les ans,
rapport aux conditions du marché, prêts dits à entre 7 et 9 milliards d’€ de prêts nouveaux,
taux privilégiés. Il en était de même pour le ce qui représenterait un peu plus du tiers de
logement, puisque la condition d’une ressource leurs besoins de financement. En outre, elles
financière peu coûteuse est une nécessité pour financent également d ’autres segments du
le financement du logement social. secteur local : hôpitaux et surtout logement
Afin d’organiser une certaine péréquation social (ophlm ).
de cette ressource de financement avanta Le réseau des caisses d’épargne a fait l’objet
geuse, les caisses d’épargne étaient tenues de d ’une modernisation et d’une réorganisation
verser à la Caisse des dépôts et consignations entraînant le regroupement de caisses autre
les sommes qu’elles recevaient de leurs dépo fois autonomes. En 2003, on comptait encore
sants. Mais avec la loi du 24 juin 1950, à 31 caisses autonomes, mais elles ne sont plus
l’intérieur d ’un plafond fixé annuellement que 17 en 2008. Leur politique est harmonisée
pour chaque caisse d’épargne (dit contingent par la Caisse nationale des caisses d’épargne
Minjoz), des prêts directs aux collectivités (cnce), organisme central qu’elles détiennent
pouvaient être octroyés. à 100 %. Le lien avec la cdc est donc définiti
Les produits financiers proposés par les vement tranché (en 2003, celle-ci détenait
caisses d ’épargne se sont donc peu à peu encore 35% de la cnce ). Le groupe des
diversifiés: compte chèques (1978), livret caisses d ’épargne comprend également dans
d’épargne populaire (1982), compte pour le son périmètre le Crédit foncier de France et la
développement industriel ou codevi (1983), banque Palatine (destinée aux pme). Il dispose
épargne-logement et plan d ’épargne en de larges participations dans le secteur des
actions (pea ). A ujourd’hui, les caisses assurances (notamment la Caisse nationale de
d ’épargne proposent une gamme assez prévoyance) et dans l ’immobilier (Nexity),
complète de produits financiers et de crédits ainsi que la banque d’affaires Natixis qui
aux particuliers et sont sorties de leur rôle comprend également l’organisme clé d’assu
d’origine en accordant également des crédits rance-crédit, la coface.
aux PME. Le livret A ne concourt en 2008 que En 2006, le groupe des caisses d’épargne et
pour environ 13 % des dépôts et 10% du pro celui des banques populaires ont annoncé un
duit net bancaire. projet de rapprochement de leurs banques
La centralisation (partielle) des dépôts du d’investissement respectives : m s, issue de la
livret A est toujours effectuée à la cdc, cette cdc , et Natexis. Les difficultés de Natexis,
131 CAMPUS UNIVERSITAIRE
largement tournée vers les activités de marché en terrains fédéraux hors des villes et amorcé
et fragilisée par la crise financière de 2008, se l’extension de l’université de masse : ce sont
sont étendues aux maisons mères affectées les Land-grarit Universities. La planification
par de considérables moins-values. Leur des campus fut illustrée par F. L. Olmsted
fusion a été entreprise en 2009. (une vingtaine de projets, dont un pour
En une génération, les caisses d’épargne, Berkeley) et par les architectes formés aux
destinées initialement à collecter l’épargne Beaux-Arts de Paris. L’idée dominante était
populaire, sont passées d’un statut purement que l’université, implantée en campus, faisait
coopératif, dominé ou associé au secteur la ville. De fait, l’environnement de nombreux
public, à celui de banque à part entière, devant campus a évolué : implantés en périphérie
s’accommoder, pour le meilleur ou pour le urbaine, ils ont été rejoints et absorbés par
pire, des risques du marché. Encore peu déve l’urbanisation (Berkeley par exemple). Les
loppées sur le plan international et vers les campus américains ont toujours été planifiés.
grandes entreprises, elles restent des acteurs Les établissements privés sont responsables
importants du secteur local. de cette planification et de leurs constructions
V. C.
et sont dotés de services internes à cette fin.
Pour les établissements publics, la situation
-> Caisse des dépôts et consignations ; Emprunts des collectivi varie selon les États, d ’une forte centralisation
tés locales. à une autonomie proche de celle des établisse
ments privés. Les capitaux privés (donations,
contrats) tiennent une place essentielle dans le
CAMPAGE, CAMPING ■-> Hébergements financement pour les universités privées, mais
touristiques peuvent également constituer un complément
appréciable pour les plus connues des univer
sités publiques (campus de l’Université de
CAMPUS UNIVERSITAIRE Californie par exemple).
Le campus s’est transposé en Europe, pour
Vaste terrain sur lequel sont construits les l ’essentiel dans les années 1960, lors de
bâtiments d’une université. l’explosion des effectifs universitaires qui a
L’origine du terme est le mot latin campus, rendu inévitable une expansion spatiale hors
qui signifie « champ », « vaste étendue de ter des bâtiments traditionnels du centre-ville. En
rain». Le terme a d’abord été employé aux Grande-Bretagne, le rapport Robbins (1963) a
États-Unis (Princeton, Chapel Hill, etc.), dès recommandé la création d’une nouvelle géné
la fin du XVIIIe siècle, à la naissance de l’uni ration d’universités, implantées dans (ou plu
versité de masse, beaucoup plus précoce tôt à proximité) de villes réduites. Les
qu’en Europe. Le modèle du campus a vite Greenfield Universities (Lancaster, Stirling,
remplacé celui, jusqu’alors dominant outre- etc.) se sont implantées sur des campus de
Atlantique, du collège britannique qui avait quelques centaines d’hectares à quelques kilo
inspiré par exemple Harvard. Les États-Unis mètres des villes. Cette tendance se retrouve
n ’ont alors plus souhaité des collèges colo un peu partout en Europe (Université auto
niaux, dont plusieurs sont devenus les univer nome de Madrid, campus De Uithof de l’Uni
sités qui ont constitué la célèbre Ivy League. versité d’Utrecht, Université de Stockholm,
Un débat eut lieu entre les partisans d’une installée dans les anciens terrains de chasse
localisation intra-urbaine et ceux qui préfé royaux de Frescati, etc.). Elle avait connu des
raient une localisation périphérique. La réalisations précurseures, telle la Ciudad
seconde option, retenue non sans débat, Universitaria de Madrid, entreprise entre les
conduisit à la construction de résidences uni deux guerres.
versitaires (dormitories) sur les campus. La En France, la solution du campus fut adoptée
tradition anti-urbaine américaine a trouvé dans les années 1960, non sans débat, sous la
dans cette solution un moyen d’apporter les pression de l’urgence. Les partisans de cette
effets bénéfiques du contact avec la nature et solution arguaient des besoins d’espace des
d’éviter les effets pervers prêtés à la promis laboratoires scientifiques, de la croissance des
cuité et à la débauche des villes. Le Morrill effectifs, du prix des terrains et de la possibilité
Act (1862) a permis la dotation des universités de constituer des réserves foncières et de
CANAL 132
regrouper les bâtiments, les résidences étu ment (Grenoble à nouveau). Mais rares ont
diantes et de réaliser des équipements sociaux été les universités jeunes à avoir fait résolu
et sportifs, de la bonne accessibilité en automo ment, comme celle d ’Avignon, le choix
bile, de la qualité d’un environnement naturel. d ’implantations dans le centre ancien, pour
Les adversaires des campus objectaient la pos l’essentiel dans des bâtiments historiques
sibilité de réutiliser en centre-ville de nom réaménagés (l’hôpital Sainte-Marthe en parti
breux bâtiments anciens, les meilleures culier). La tendance dominante est en effet
conditions de travail des étudiants près des demeurée, en dépit du discours devenu domi
bibliothèques, la qualité de l’environnement du nant, aux implantations en campus périphé
centre urbain, l’accessibilité en transports en rique.
commun, l’influence de l’université sur la cité. La mise en œuvre du programme «Univer
Il convient cependant de nuancer : certains sités 2000» s ’est prolongée, à un rythme
campus sont conçus proches du centre (Caen). moins rapide, pendant le XIe plan (fin des
Quelques rares universités ont préféré des années 1990). Le gouvernement Jospin a
implantations - dispersées au besoin - en lancé, à la fin de la dernière décennie, un nou
centre-ville (Avignon, Compiègne). Quelques veau plan de constructions universitaires, le
campus sont par ailleurs des îlots isolés dans programme «Université du troisième millé
le centre des villes (Jussieu) ou en banlieue naire (u3m) ». Celui-ci, en cours de réalisation
(Nanterre). Certains campus ont été conçus au cours de la période de planification 2000-
pour être intégrés à des quartiers d’habitation 2006 a retenu trois priorités qui avaient été
(Orléans-La Source, Toulouse-Le Mirail, négligées dans le plan précédent : la sécurité
Villetaneuse), mais cette intégration a, au des bâtiments (avec notamment le désamian
mieux, été une juxtaposition. Rares sont les tage du campus de Paris-Jussieu), les biblio
cas où la ville s’est construite autour du cam thèques et l’amélioration de la situation dans
pus : on peut citer le cas de la ville nouvelle de la région Île-de-France (Paris en particulier) :
Lille-Est autour des campus d’Annappes et de cette région, où le manque et la vétusté des
Fiers et surtout la ville de Louvain-la-Neuve, bâtiments universitaires est la plus criante,
construite pour accueillir la grande université avait en effet été désavantagée par le refus des
francophone, contrainte de quitter Leuven. collectivités territoriales (la région et la ville
Mais la plupart des campus « à la française » de Paris) de participer financièrement au pro
sont restés des réalisations périurbaines iso gramme. Les changements de majorité régio
lées, mal desservies, dont l’architecture rap nale et municipale ont permis de supprimer ce
pelle celle des grands ensembles dont ils sont handicap. Parmi les principaux projets du
contemporains et qui ont les mêmes racines plan u3m, on mentionnera la réinstallation de
idéologiques (les théories du mouvement l’Université de Paris VII à Tolbiac.
moderne et la charte d’Athènes). L’opération «Cam pus», lancée en 2001,
À la fin des années 1980 s’est posé avec doit concerner dix « campus d ’excellence »,
acuité le problème de la réhabilitation des sélectionnés parmi 46 candidats. Il s’agit de
bâtiments universitaires et du réaménage groupes d ’universités (39 au total, plus
ment des campus des années 1960. Cette 37 grandes écoles), parfois retenus pour un
question a été abordée à grande échelle à seul campus. En tout cas, le terme campus
travers le plan « Universités 2000 » lancé en n’est plus tabou.
1990. Celui-ci a concerné la construction de
P. M.
nouveaux locaux, mais aussi la modernisa
tion et la réhabilitation de locaux existants, -> Carte universitaire; Université; Urbanisme universitaire.
souvent dégradés. La solution des campus
n ’a pas été rejetée d ’emblée pour les nou
velles implantations, mais elle a été de plus CANAL - » Transport fluvial
en plus critiquée. Plusieurs campus existants
ont été complètement remodelés (Grenoble-
Saint-Martin-d’Hères ou Orléans-La Source CANIVEAU — Réseau
par exemple), notamment par la construction
de bâtiments supplémentaires. Leur desserte
a souvent été améliorée, réduisant leur isole CANTON —►Conseil régional
133 CAPITALE
CAPACITÉ (d'un moyen de transport) de métro régional offre une capacité cinq à dix
fois plus élevée qu’une autoroute pour un coût
Volume de trafic qu’un moyen de transport comparable et une consommation d’espace
peut acheminer. On peut la mesurer notam plus faible ; il en est de même entre une ligne
ment par le nombre de voyageurs maximal de tramway et une voie routière express ;
transportés dans chaque sens pendant une — la possibilité, parmi les moyens de trans
heure (capacité en heure de pointe). A titre port en commun, de choisir celui qui correspond
indicatif, on peut citer les ordres de grandeur à l’ordre de grandeur de la capacité nécessaire :
suivants pour les transports urbains : le coût de l’infrastructure et des véhicules étant
• une piste d’autoroute offre une capacité presque proportionnel à la capacité offerte, tout
de 1 600 à 2 000 automobiles, soit 2 000 à surinvestissement est très coûteux.
2 500 voyageurs environ, compte tenu du P. M.
taux d’occupation des véhicules : un camion
équivaut à deux automobiles (on dit deux -4 A utobus; A utom obile; Coût d'investissement des trans
ports; Débit d'une v o ie ; Heure de pointe; M étro; Moyen de
unités voitures particulières), un autobus ou transport; Tram w ay.
autocar à deux ou trois automobiles (uvp) à
l’heure ; pour une voie ordinaire urbaine, il
faut réduire ce chiffre en le multipliant par la CAPITAL —►Entreprise; Industrie
proportion de « temps de vert » (temps où les
feux de signalisation sont au vert) et éventuel
lement le corriger en baisse en fonction des CAPITALE
conditions locales de circulation ;
• une ligne d’autobus peut atteindre une Ville qui occupe le premier rang dans un
capacité maximale de 2 000 à 2 500 voyageurs État, dans une province. Le terme, attesté
à l’heure (pour un autobus toutes les deux dès 1509, s’applique de préférence aux cités
minutes), mais qui s’exprime le plus souvent qui ont la prééminence dans le domaine poli
en centaines de voyageurs à l’heure ; tique et administratif, mais on parle également
• une ligne de tramway a une capacité maxi de capitale économique, financière, bancaire,
male de 10 000 voyageurs à l’heure (une rame industrielle, etc.
de 330 voyageurs toutes les deux minutes), La capitale d ’un État est souvent la ville qui
mais qui s’exprime en général en milliers de se classe première par la population. La loi
voyageurs ; rang-taille montre qu’il existe généralement
• une ligne de métro urbain offre une capa une liaison statistique entre le rang n d ’une
cité variant de 10 000 voyageurs (25 rames à agglomération et sa population P„. Si P, est la
l’heure de 400 voyageurs environ : type Lyon population de la ville principale, on a en effet :
ou Marseille) à 30 000 voyageurs (40 rames
de 750 voyageurs environ: type Paris) à
l’heure ;
• une ligne de métro régional peut atteindre L’expérience montre que la formule rend
une capacité de 60 000 voyageurs à l’heure généralement bien compte de ce qui se passe
(30 rames de 2 000 voyageurs : ligne A du aux niveaux inférieurs de la hiérarchie ; aux
rer de Paris), voire plus (métro de Moscou : niveaux supérieurs, il en va autrement. Cer
70 000). tains pays se caractérisent par le poids consi
Ces ordres de grandeur font apparaître : dérable de leur capitale : la ville primatiale du
— la capacité beaucoup plus élevée des géographe américain Mark Jefferson. On en
infrastructures réservées aux transports en trouve des exemples dans les pays déve
commun (métro, tramway...) que de celles de loppés, ainsi en Grande-Bretagne, en France,
la voirie banale, essentiellement utilisée par en Autriche, en Hongrie ou au Danemark. Le
les automobiles ; cas est plus fréquent encore dans les pays en
— la nécessité, de façon plus générale de voie de développement, les plus petits sur
confronter ces capacités maximales à la tout.
consommation d’espace correspondante et au Les fonctions et l’organisation des capitales
coût des infrastructures nécessaires: sur ce européennes ont été influencées, à partir de la
plan, il apparaît que, par exemple, une ligne Renaissance, par Florence et Rome, puis par
CAPTAGE DES EAUX 134
la précision graphique la plus grande : la préci d’une photographie aérienne n’est qu’approxi
sion du dessin atteint 0,1 mm pour un opérateur mative, sauf si l’axe de la photo est absolument
entraîné, mais, du fait de l’accumulation des vertical et si le terrain est rigoureusement plat
erreurs, on estime la précision graphique à et horizontal.
1/4 mm environ. Cette recherche de précision P. M.
date du début du XIXe siècle.
— Plane : le support de la carte est plan, -> Cartographie; Plan;Topographie.
les objectifs et les choix d’aménagement de la permet aussi à la commune d’acheter des ter
commune, un guide d ’application dans la rains en recourant au droit de préemption en
commune des règles du règlement national vue de la réalisation d’un projet d ’équipement
d’urbanisme et une carte sommaire de zonage ou d’aménagement.
fixant la destination des sols et délimitant les Bien q u ’aucune statistique ne soit plus
zones constructibles (elle pouvait les étendre, tenue par le ministère de l’Équipement, on
mais non les restreindre). Elle ne comportait estime qu’il y avait au moins 3 000 communes
pas de règlement, d’emplacements réservés, de rurales dotées de marnu (couvrant près de
zones spécialisées sauf pour les zones d’acti 10 % du territoire et concernant près de 3 % de
vités. la population). Depuis la loi SRU, les cartes
La carte communale était en fait un docu communales se sont développées rapidement.
ment d ’urbanisme simplifié, tant dans son Au 1er janvier 2009, il y a 4 226 cartes com
contenu que par la procédure de son élabora munales approuvées (dont 222 en cours de
tion. La question a longtemps été controver révision et 148 en cours de remplacement par
sée. Elle a été tranchée par le Conseil d ’État un plu) et 2 623 en cours d’élaboration, pour
qui lui a reconnu tardivement ce caractère de l’essentiel dans des communes de moins de
document d ’urbanisme opposable aux tiers 1 000 habitants, correspondant à une popula
(arrêt du 22 juillet 1992) et par une circulaire tion de quelque 2,6 millions d’habitants et à
du 7 juillet 1997 qui a officialisé ce statut. Son une surface de 114 000 km2. Il ne restait que
principal effet était, depuis la loi du 7 janvier 11 045 commîmes (30 % environ, correspon
1983, de suspendre la règle de la constructibi dant à environ 2,4 millions d ’habitants et
lité limitée qui s’applique aux communes non 145 000 km2) qui devraient rester sous le
dotées de pos. régime du règlement national d ’urbanisme
lorsque l’élaboration en cours des plu et des
La loi Solidarité et renouvellement urbains cartes communales sera achevée.
du 13 décembre 2000 (modifiée par la loi P. M.
Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003),
reconnaît ce statut de document d’urbanisme Code de l'urbanism e; Constructibilité limitée; Documents
d'urbanism e; Plan d'occupation des sols.
à la carte communale et, comme pour les
autres documents d ’urbanisme, en élargit
l’objet à la préservation des équilibres, de la
diversité des fonctions urbaines, de la mixité CARTE MÉDICALE Carte sanitaire;
sociale et de l’économie de l’espace. La carte Dispensaire ; Hôpital ; Programmation
communale (qui peut concerner plusieurs des équipements collectifs
communes) est désormais soumise à enquête
publique. Elle est approuvée par le conseil
municipal et par le préfet (l’avis de ce dernier CARTE POSTALE - » Photographie
est réputé favorable deux mois après la trans (au sol, aérienne, de satellite)
mission de la carte communale). Elle est
concernée par la commission départementale
de conciliation. Elle est tenue à la disposition CARTE SANITAIRE
du public. Elle doit être compatible avec les
orientations du schéma de cohérence territo La carte sanitaire est l’inventaire de tous les
riale (qui remplace le schéma directeur) ou, en établissements publics ou privés susceptibles
son absence, avec les directives territoriales de donner des soins. Son principe a été établi
d’aménagement. L’existence d ’une carte par la loi du 31 décembre 1970 (loi hospita
communale approuvée entraîne la suppression lière), qui commande au ministre de la Santé,
de la règle de constructibilité limitée, l’appli assisté d ’une commission nationale et de
cation du règlement national d’urbanisme et commissions régionales, d’étudier les besoins
le transfert au maire de la responsabilité de des populations par secteur et par région. La
délivrer les permis de construire et les autori loi du 28 août 1998 avait précisé qu’elle
sations de lotir si le conseil municipal le « fixait les moyens nécessaires aux besoins de
décide, ce qui constitue une étape supplémen la population au moyen d’indices de besoins »
taire dans la voie de la décentralisation. Elle et que le schéma d’organisation sanitaire indi
137 CARTE SCOLAIRE
scolaire est donc essentiel à la vie de nom 80% d’une classe d’âge au niveau du bacca
breuses zones rurales: plus de 2 millions lauréat. Cet effort s’est concrétisé à travers le
d’élèves utilisent les services de ramassage sco programme « Universités 2000 », lancé en
laire mis en place par les collectivités locales. 1990 par L. Jospin pour les cinq années sui
Le coût en est très élevé : plus de 600 millions vantes. Le montant d’investissements prévus
d’€. L’État en assure plus de la moitié. (32 milliards de F, provenant par moitié de
J. C. et P. M. l’État et des collectivités territoriales) n ’a pas
été atteint dans le délai fixé (22 milliards, dont
-> Collège et lycée; École; Programmation des équipements 9 de l’État selon la datar) en raison de délais,
collectifs.
au reste prévisibles dans un programme de
cette ampleur. Mais ce retard a été comblé au
cours du XIe plan (1996-2000) et un total de
CARTE UNIVERSITAIRE 40 milliards a été investi (provenant pour moi
tié de l’État et des collectivités territoriales).
Document visant à planifier les implanta Cet effort de constmctions universitaires a
tions universitaires en fonction des besoins de même été relancé par le plan « Universités du
la population et des objectifs d’aménagement troisième millénaire (u 3 m )». Celui-ci a sur
du territoire. tout concerné les universités d’Ile-de-France,
En France, la notion de carte universitaire dont les locaux étaient les plus notoirement
est appame dans les années 1960, lors de la insuffisants et vétustes, mais qui avaient été
construction massive de bâtiments universi largement oubliées par le plan précédent faute
taires pour faire face à la croissance très de participations substantielles des collectivi
rapide des effectifs étudiants et de la création tés territoriales. Celles-ci ont modifié leur
de nouvelles universités. En fait, la politique attitude lors du plan u 3 m . Ce programme a
officielle était de créer (1958-1959) dans les également visé en priorité à assurer la mise en
villes moyennes des collèges scientifiques, conformité des bâtiments. L’État avait prévu
littéraires ou juridiques, essentiellement de de consacrer à ce programme, pendant la
premier cycle, rattachés aux universités des période 2000-2006, 26 milliards de F (dont 6
villes voisines, plutôt que de créer de nou pour la sécurité des bâtiments, notamment la
velles universités. En fait, après la loi Faure rénovation et le désamiantage du campus de
du 12 novembre 1968, ces collèges deman Jussieu), auxquels devaient s’ajouter 24 mil
dèrent, et obtinrent, de se regrouper pour for liards de participation des collectivités territo
mer de nouvelles universités. La notion de riales (des régions pour l’essentiel) et des
carte universitaire, déconsidérée par cette fonds européens. En fait, les contrats de plan
évolution contraire à ce qui avait été planifié, 2000-2006 ont prévu 6,4 milliards d’€, dont
tomba en déshérence avec l’arrêt quasi total 2,19 venant de l’État et ce programme n’était
des constructions au début des années 1970 exécuté qu’à 78 % au terme de la période (et
et ju sq u ’au début des années 1990. Cela 87,6% fin 2008). Les contrats de projets
n ’empêcha pas la création, le plus souvent à 2007-2013 prévoient une participation de
l’initiative des collectivités locales, dans les l’État de 2,262 milliards d’€ (dont 255 pour
années 1980, de nombreuses antennes univer le logement étudiant et les restaurants univer
sitaires dans des villes non universitaires, sitaires et 139 pour les équipements scienti
pour certaines de façon « sauvage », c’est-à- fiques des laboratoires universitaires).
dire sans accord préalable du ministère de Si le plan « Universités 2000 » a surtout
tutelle des universités. additionné les projets des universités et
La notion de planification universitaire est des collectivités territoriales, le souci de plani
réapparue et un nouvel effort de construction fication spatiale est réapparu avec la loi du
de locaux universitaires a été entrepris dans 4 février 1995 d ’orientation pour l’aménage
les années 1990, après deux décennies d’inter ment et le développement du territoire. Celle-
ruption quasi complète des programmes. Les ci prescrivait l’élaboration, dans un délai de
causes en ont été la reprise de la croissance dix-huit mois, d’un schéma sectoriel national
rapide des effectifs étudiants (jusque vers de l’enseignement supérieur (un autre devait
1995) et la volonté affichée par plusieurs gou concerner la recherche), synthèse de schémas
vernements successifs depuis 1985 de porter régionaux (déjà décidés par un comité intermi
139 CARTOGRAPHIE
nistériel d ’aménagement du territoire du que le nom la masse des bacheliers qui y est
20 septembre 1994). Ces schémas devaient peu préparée ? Ne vaudrait-il pas mieux créer
être établis par concertation entre l’État, les à cette fin des collèges universitaires de proxi
collectivités territoriales, les établissements mité, offrant pour les meilleurs la possibilité
d’enseignement supérieur et les acteurs écono de poursuivre ensuite leurs études dans de
miques et sociaux de la région. Mais les véritables universités ?
esquisses des schémas régionaux étaient très P. M.
hétérogènes et leur synthèse sous forme de
schéma national s’est révélée une tâche impos Campus universitaire; Université; Urbanisme universitaire;
Cartes mentales; Mobilité.
sible. La loi Voynet du 25 juin 1999 a repris
cet objectif en rebaptisant le document
« schéma de services collectifs de l’enseigne
ment supérieur et de la recherche ». Adopté CARTOGRAPHIE
par décret le 18 avril 2002, celui-ci se limite en
fait à des indications générales et à la reprise La cartographie est l’ensemble des études
du programme u 3 m pour la durée des contrats et des opérations scientifiques, artistiques et
de plan alors en cours (2000-2006), ce qui ne techniques, intervenant à partir des résultats
répond pas à l’objectif ambitieux de la loi de d’observations directes ou de l’exploitation
tracer une perspective à long terme (vingt ans). d’une documentation, en vue de l’élaboration
Le plus récent programme d’investissement et de l’établissement de cartes, plans et autres
immobilier pour l’enseignement supérieur et modes d’expression, ainsi que de leur utilisa
la recherche est l’opération « Campus », lan tion. Cette définition, établie par l’Associa
cée en 2008 et financée par la vente par l’État tion cartographique internationale, souligne
de 3% des actions d ’EDF (3,7 milliards d ’€ les trois dimensions fondamentales de la car
pour 5 milliards annoncés initialement). Dix tographie :
«campus d’excellence», réunissant au total — la cartographie est scientifique dans ses
39 universités et 37 grandes écoles et plus de fondements (l’étude de la forme de la terre,
la moitié de l’effectif étudiant, pour la plupart etc.), comme dans ses méthodes (observation
dans les grandes villes universitaires de pro des faits, analyse et exploitation de données
vince, ont été sélectionnés parmi 46 candidats. numériques et autres), utilisant des méthodes
Les réalisations devraient débuter en 2010. scientifiques anciennes (géodésie, astrono
Enfin, dans le cadre du « grand emprunt » de mie, etc.) et récentes (informatique, télédétec
2010, 16 milliards d’€ doivent être affectés à tion, etc.) ;
l’enseignement supérieur et à la recherche. Il — la cartographie est artistique dans sa
est probable que la plus grande partie de ces conception: pour transmettre des informa
moyens exceptionnels sera attribuée à ces tions sélectionnées, la carte utilise des modes
campus d’excellence. de représentation (signes, symboles, couleurs,
La constitution en cours depuis 2009 (après etc.) dont la combinaison concourt à l’effica
la fusion des universités de Strasbourg) des cité, l’esthétique étant à la fois une fin en soi,
pôles de recherche et d ’enseignement supé mais aussi un moyen pour faciliter la trans
rieur ( près) ne modifie pas la répartition spa mission du message ;
tiale des lieux d’enseignement. — la cartographie est technique par les
Plusieurs grands enjeux restent ouverts : procédés qu’elle emploie : les levés photo
l’État sera-t-il capable d ’imposer un coup grammétriques, l’exploitation des photogra
d’arrêt à la création d’antennes des universités phies (au sol, aériennes ou de satellites), les
dans des villes moyennes, ce à quoi n ’avait mesures sur le terrain, le dessin (rédaction de
pas réussi le plan « Universités 2000 » et que la carte) et l’impression, notamment.
ne recherchait pas la loi de 1995 (qui au La cartographie remonte à l ’Antiquité,
contraire encourageait la dissémination des notamment aux savants grecs. Elle fut main
équipements universitaires dans ces villes tenue, à travers le Moyen Âge, par les Arabes
moyennes sans passé universitaire) ? Au-delà et transmise aux navigateurs. C ’est du XVIe
subsiste le problème de fond : est-il souhai au xvme siècle que la forme de la terre (le
table d’accueillir dans des établissements qui géoïde, dont une approximation est l’ellip
n’ont, chaque jour davantage, d’universitaires soïde) fut reconnue et les bases de la géodé
CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE 140
croissent parallèlement. L’ensemble repose sur ment le long de grands axes de communica
une hiérarchie hexagonale emboîtée. tion, en dehors ou même à la périphérie du tissu
Il s’agit, bien sûr, d ’une disposition théo urbain dense et coupés d’une manière rigide de
rique. Lôsch (1939) mit en relation interdé l’expansion diffuse qui caractérisait jusqu’ici
pendante trois variables : le prix du produit, le les activités urbaines.
prix du transport, la densité de la population.
J. B.-G.
Il aboutit lui aussi à une figure hexagonale de
répartition. Les seules régions dans lesquelles -* Centre; Pôle de développement.
ce schéma puisse paraître valable sont les
grandes plaines rurales, comme l’a bien souli
gné Brian J. J. L. Berry (Geography o f market CENTRE
centers and their retail distribution, 1967).
On peut considérer que la loi de Reilly, Parmi les définitions du centre données par le
tenant compte des possibilités de relations dictionnaire Robert, trois sont à prendre en
entre deux villes déterminées, se place dans considération à propos de l’urbanisme et de la
les mêmes perspectives. Reposant sur la géographie: «le milieu d’un espace quel
conclusion de recherches empiriques sur les conque ; le point central doué de propriétés
zones d’attraction commerciale des villes des actives dynamiques ; le point de convergence ou
États-Unis, elle suppose une analogie avec le de rayonnement où diverses activités sont
modèle de la gravitation universelle. Ces concentrées ». La complexité du terme explique
modèles d ’évaluation peuvent s’appliquer son succès dans la terminologie des études
quand il s’agit d’un réseau urbain, mais éga urbaines ; elle met aussi en évidence la difficulté
lement à l ’intérieur d ’une ville ou d ’une de le définir en tant que concept utilisable d’une
agglomération, en considérant les centres de manière courante et pratique. Dans une première
desserte de différents niveaux. approche, fondée sur l’expérience et les descrip
La centralité peut être unique (aggloméra tions monographiques, on peut distinguer trois
tion) ou multiple (polycentralité d’une conur grands types de centres : le centre historique, le
bation ou au sein d’une région urbaine). Elle centre topologique et le centre des affaires. Il
varie en fonction des changements tech faut y ajouter une connotation spatiale : le centre
niques, économiques ou politiques. Elle peut n’est pas un point, mais un lieu dont l’étendue et
se développer ou varier spontanément, mais l’importance relative varient suivant certaines
aussi être dirigée par une politique volontaire conditions. Les caractéristiques du centre
d’aménagement du territoire. C ’est ainsi que peuvent être visuelles, structurelles et/ou fonc
François Perroux a proposé de considérer les tionnelles. Elles sont variables dans le temps et
places centrales comme des pôles de dévelop suivant l’évolution économique, technique et
pement. La théorie a donc servi, sans beau les conditions politiques. Elles s’opposent en
coup de succès, de base de référence pour général à celles de la périphérie.
l’implantation de certains équipements et la Dans la littérature géographique, le terme
localisation des investissements, surtout dans de centre peut s’appliquer à une partie privilé
les pays en cours de développement, depuis giée de la ville, que l’on qualifie souvent de
les années 1980. La plupart de ces pays « cité » (la City de Londres), mais il peut
conservent cependant une ville dominante englober une partie plus étendue et plus
(dite primatiale), presque toujours la capitale complexe (à Londres toujours, la City et West
ou l’ancienne capitale (Bangkok en Thaï End, voire l’ancien County o f London). Dans
lande, Dakar au Sénégal, Abidjan en Côte- une agglomération, on qualifie de centre la
d’Ivoire, etc.), où se concentrent, autour du ville principale, comme dans un ensemble de
pouvoir politique et de l’administration, les villes formant un réseau urbain, régional ou
fonctions économiques, culturelles, etc. national. Dans le même type de classification,
On peut se poser la question de ce que devien le centre peut aussi caractériser le rôle d’un
dra la notion de centralité devant la poussée fié pôle urbain à l’intérieur d’une zone rurale ou
vreuse des grandes agglomérations, notamment la relative importance d’un bourg par rapport
dans les pays en cours de développement, et la aux villages qui l’entourent (village-centre).
conception de centres commerciaux intégrés ou Le centre bénéficie de tous les attributs, rela
de zones d’activités regroupées, situés générale tifs à ces différentes échelles, de la centralité.
CENTRE ADMINISTRATIF 142
La puissance du centre peut être appré des différentes parties de la ville par le
ciée comparativement de différentes maniè sociologue E. Burgess (Urban Areas, 1929).
res : par le nombre absolu de sa population Il est alors évoqué comme « le foyer de la
totale (ce qui est m anifestem ent insuf vie commerciale, sociale et civique» de la
fisant), par le rapport entre cette population ville. R. E. Murphy en a décrit les caracté
totale et le nombre de personnes employées ristiques distinctives : la centralité en termes
dans le commerce de détail et les services d ’accessibilité au m oins; la plus grande
(Sven Godlund), par le niveau d ’équipe concentration de bâtiments élevés ; l’inten
ment en nombre et/ou en variété et/ou en sité du trafic des véhicules et des piétons ;
sophistification : étude sur les équipements les valeurs élevées du sol et des impôts
commerciaux de détail par de nombreux payés ; la concentration des affaires de toute
spécialistes (Géographie du commerce, la région urbaine et le mélange de tous les
J. Beaujeu-Gamier et A. Delobez, 1977), groupes ethniques et de toutes les classes
par l’existence et l’importance des com sociales. J. Beaujeu-Gamier (Atlas de Paris
merces et des activités rares (J. Hautreux et de la région parisienne, 1967) a mis
et M. Rochefort, La fonction sociale de l’accent sur les fonctions : « C ’est la zone où
l ’armature urbaine française, 1964). la proportion d ’achats faits dans les com
C’est aussi en rapport avec les théories des merces non quotidiens est la plus forte, celle
places centrales qu’a été conçue la politique où dominent les transactions verbales et
des pôles restructurateurs et des villes nou financières par rapport au transfert des mar
velles en banlieue destinés à fournir aux chandises ; celle où se déploient toutes les
populations des équipements susceptibles de ressources du tertiaire le plus raffiné quant
créer des centres secondaires dans un magma aux services personnels ; celle, enfin, où la
plus ou moins informe. superposition des activités est telle qu’elle
J. B.-G. finit par envahir l’espace urbain. »
Le c b d est le résultat d’une transformation
-* Centralité; Centre des affaires; Centre historique; Centre progressive du Downtown d’où sont expul
urbain ; Centre urbain nouveau.
sées, par le jeu de la concentration et du
prix du sol, la résidence, les activités indus
trielles et certaines formes de commerce. Son
CENTRE ADMINISTRATIF -> Bâtiments contenu et ses limites varient avec le temps.
administratifs Dans les pays neufs, spécialement anglo-
saxons, ils se caractérisent visuellement par le
rassemblement de gratte-ciel au cœur du tissu
CENTRE ANCIEN -> Centre historique urbain, donnant à la ville une Skyline très
typique. Les premières études systématiques
ont été faites empiriquement par R. Murphy
CENTRE COMMERCIAL RÉGIONAL et J. E. Vance (Delimiting the cbd, 1954). Ces
—> Magasin ; Urbanisme commercial recherches concernaient neuf villes moyennes
des États-Unis et ont permis d’élaborer deux
indices caractéristiques : le Central Business
CENTRE D'ANALYSE STRATÉGIQUE Height Index, c’est-à-dire le nombre d ’étages
—>■Planification ; Planification économique d’activités caractéristiques par rapport à la
surface de base ; le Central Business Intensity
Index qui est le pourcentage de l’espace total
CENTRE DE PROTECTION MÉDICALE utilisé aux différents étages par les activités
ET INFANTILE —> Dispensaire caractéristiques du c b d divisé par la surface
totale de l’ensemble des étages du bloc.
William Olsson (A propos de Stockholm,
CENTRE DES AFFAIRES 1940), pour sa part, a utilisé comme indica
teur le loyer total payé par les boutiques de
Le centre des affaires (en américain, Cen commerces, de restauration et de loisirs d’un
tral Business District : c b d ) apparaît dans la immeuble, divisé par la longueur de la
littérature urbaine au cours d’une description façade.
143 CENTRE HISTORIQUE
Si les limites sont variables (Ward, 1966, A centre administratif, commercial et histo
propos de Boston) et délicates à tracer, le rique et nouveau centre avec les universités
contenu du centre des affaires ne l’est pas et les banques), le dédoublement de celui de
moins. On distingue plusieurs zones : le Sâo Paulo, de Tokyo, la multiplicité, tou
noyau où se trouvent généralement des sièges jours plus au nord, des centres de Bogota.
sociaux de grandes entreprises, quelques Les plus grandes entreprises occupent sou
grands magasins, des restaurants et un vent tout un gratte-ciel avec leurs bureaux
commerce très spécialisé : c’est Yhypercentre et les mouvements verticaux remplacent les
au sein duquel on trouve le lieu où le prix du échanges horizontaux.
sol est le plus élevé. Autour de cet espace La construction de nouveaux centres
privilégié, on découvre progressivement, en (centres directionnels) hors du centre histo
s’éloignant des services, des activités finan rique favorise cette solution pratique. Elle
cières, quelques grands hôtels, etc. Au encourage également l’implantation de nou
contraire, les grands magasins de meubles, velles formes d’activités ou celle de socié
les expositions de voitures automobiles, tés rivales qui trouvent certain intérêt à
éventuellement quelques supermarchés cette proximité. Ces centres directionnels
n’apparaissent que sur les franges, voire, de peuvent être destinés soit à accueillir des
plus en plus, en périphérie des aggloméra activités de routine en un lieu bien relié à
tions. L’ensemble s’accompagne de parcs de l’hypercentre (Croydon au sud de Londres),
stationnement souterrains ou en hauteur, soit les mêmes activités d ’affaires que
indispensables à une fréquentation nom l’hypercentre (La Défense à Paris). Dans les
breuse et permanente de cette partie de deux cas, ils ont pour objet de déconges
l’espace urbain. Dans l’ensemble, ce sont les tionner ce dernier.
activités qui ont le moins besoin d’espace et J. B.-G.
le plus fort rendement financier par rapport
au sol occupé qui se maintiennent ou qui se - » Bureaux ; Centre ; Commerce.
développent dans la position la plus centrale.
Au contraire, l’administration et certains
équipements (hôpitaux, universités, etc.) tra CENTRE DIRECTIONNEL - » Centre
ditionnellement implantés au centre, sont des affaires ; Centres secondaires
repoussés vers la périphérie.
Dans les grandes villes en croissance, on
assiste à un processus de développement CENTRE HISTORIQUE
par ondes : les activités centrales se dif
fusent périphériquement le long des grandes Noyau d ’une ville ancienne à caractère
voies d’accès, tandis que le noyau central évolutif. Cette notion récente, solidaire du
accentue sa transformation par l’accumula développement des études d’art et d’histoire,
tion d’activités de plus en plus spécialisées également mise en évidence par les guides
et raffinées qui se multiplient dans l’hyper- touristiques, est ambiguë et d’un maniement
centre. Le centre des affaires de Paris se délicat. Elle peut en effet recouvrir des réali
déplace de manière continue de l’est vers tés très diverses selon l’usage qu’on en fait,
l’ouest : il évacue progressivem ent les selon qu’il s’agit ou non d ’une entité légale et
arrondissements du centre pour se dévelop administrative, selon les caractères et l’his
per à partir des premier, deuxième, neu toire des villes particulières concernées. Dans
vième et dixième arrondissements vers le certains cas, le centre historique d ’une ville
huitième, le nord du seizième et le sud du peut être réduit à quelques monuments sym
dix-septième, avant de « sa u ter» (par un boliques ; dans d ’autres, il peut coïncider
processus très fréquent dans ce genre avec la quasi-totalité de la ville. La délimita
d’occupation) jusqu’à La Défense, qui est tion spatiale du centre historique est aisée
devenue le second grand centre des affaires dans le cas de petites villes ayant peu évolué
(grandes sociétés, banques, commerces, ou dont le développement moderne est péri
etc.). On peut en rapprocher la dissociation phérique, dans le cas de villes encloses dans
des deux centres de Manhattan (Downtown des murs ou des sites naturels, ou de villes
puis M idtown), celle de M exico (ancien construites d’une pièce. Cette délimitation est
CENTRE SECONDAIRE 144
au contraire difficile dans le cas de grandes (Proudfoot, City retail structure, 1937). Dans
villes appartenant à des périodes historiques les grandes villes comme Chicago, Londres,
multiples, dont les restes sont fragmentés, et Paris, on a décrit toute une série de centres en
où les quartiers du XIXe siècle peuvent être dessous du centre urbain principal : centres
légitimement considérés comme historiques. régionaux, sous-régionaux, de quartiers, de
Les centres historiques sont souvent voisinage...
reconnaissables par la structure de leur voirie Le centre de quartier doit normalement
et de leur parcellaire qui posent à l’urba- être suffisant pour répondre aux besoins
nisme actuel des problèmes de circulation et courants de la population d ’une partie de
d’hygiène. Ils sont au centre même des pro l’agglomération. On y trouve des services
blématiques du patrimoine architectural et publics et privés, des magasins. Le centre
urbain et de la conservation intégrée. de voisinage est beaucoup plus réduit: il
F. C.
comprend juste le minimum de commerces
alimentaires et de facilités pour les achats
Centre; Conservation intégrée; Patrimoine; Rue; Secteur quotidiens. Dans les villes anciennes,
sauvegardé; Séparation des trafics.
l ’ajustem ent se fait spontaném ent ou à
l’occasion d ’une opération de rénovation
urbaine; dans les nouvelles urbanisations,
CENTRE SECONDAIRE l’em placem ent et la nature des activités
sont définis par des normes d ’urbanisme en
Dans le tissu urbain des villes d’une cer fonction du nombre de personnes, du
taine importance et, en particulier dans les niveau de vie, des distances, des moyens
grandes métropoles, le centre urbain majeur d’accès.
est assisté par des centres secondaires qui Ces centres secondaires peuvent être plani
peuvent être de deux types : des centres- fiés. Tel a été le cas des centres directionnels
relais situés au-delà du centre urbain princi ayant pour objet de décongestionner le centre,
pal et desservant des quartiers excentrés ou qui accueillent des commerces et surtout
bien des centres complémentaires fonction des immeubles de bureaux (soit des sièges
nant pour les activités plus usuelles aux sociaux comme à Paris-La Défense, soit
limites de ce même centre urbain. La struc des bureaux de routine, comme à Londres-
ture et la situation de ces centres sont ana Croydon), voire également des logements
logues quel que soit le type. Ils renferment (Rome-EUR). C ’est également le cas des
des activités plus communes que le centre centres de grandes opérations d’urbanisme,
principal, moins nombreuses et moins attrac comme les villes nouvelles (Grande-Bretagne,
tives, touchant une clientèle moins exigeante Pays-Bas, Suède, France, etc.) : ces centres
et moins abondante. Certaines peuvent être secondaires cherchent alors à être aussi
généralistes (administrations, grandes sur plurifonctionnels que possible (commerces,
faces commerciales, tels les hypermarchés), bureaux, équipements culturels et de loisirs;
ou spécialisées (meubles, électroménager, résidences, etc.) sans prétendre accueillir des
vêtements, bricolage, jardinerie, sport, etc.). activités de prestige.
Ces équipements créent une centralité L’apparition de très grandes aggloméra
secondaire, ou bien ils en bénéficient si elle tions, voire de régions urbaines (Londres,
existait déjà auparavant. L’apparition des Île-de-France, Randstad Holland, etc.) a
gares de chemin de fer, au cours du rendu nécessaire une organisation polycen-
xixe siècle, a déterminé, même dans de petites trique de l’espace. Dans la période récente,
villes, la formation de tels centres annexes. les villes-centres ont souhaité attirer à nou
Ce sont aujourd’hui les grands axes routiers veau des activités (bureaux, commerces,
(voire autoroutiers, à l’instar des États-Unis) équipements) qui les avaient quittées pour
qui attirent ces activités, créant souvent une rechercher des localisations plus acces
urbanisation désordonnée aux entrées des sibles en automobile et des prix fonciers et
villes. immobiliers moins élevés. Èlles ont déve
Mais la définition de centres secondaires loppé (Londres, Amsterdam, Rotterdam,
est délicate. On a même proposé une hiérar Stockholm, etc.) le concept de la ville
chie avec une classification à cinq niveaux compacte. Celle-ci doit réduire la consom-
P (Mi
145 CENTRE URBAIN
mation d ’espace par l ’urbanisation et les ailleurs, les auberges de jeunesse), pro
besoins de déplacem ents en autom obile longé par André Philip à la fin de la guerre
(donc la consom m ation d ’énergie et les avec les maisons des jeunes et de la culture
émissions de polluants et de gaz à effet ( m jc ), réorienté par André Malraux dans
de serre). Cette notion de ville compacte les années 1960 avec les maisons de la
dépasse la seule ville-centre. Les objectifs culture. Les maisons des jeunes et de la
précédents devraient conduire à adopter des culture étaient traditionnellem ent regrou
formes plus denses d ’urbanisation, desser pées au sein d ’une fédération, divisée
vies par des centres secondaires et par des aujourd’hui, du fait de scissions, en trois
transports en commun, tant entre le centre associations distinctes.
principal et ces centres secondaires qu’entre
P. M.
ces derniers et les quartiers d ’habitat et
d ’activités. Cette organisation polycen- Local collectif résidentiel; Programmation des équipements
collectifs; Salle de spectacle.
trique planifiée suppose une hiérarchisation
des centres et une priorité au développe
ment du réseau de transports en commun,
dont les nœuds seront le foyer des centres CENTRE URBAIN
secondaires et seront valorisés par des den
sités plus élevées à leur voisinage. L’expression centre urbain recouvre une
J. B-G. et P. M. réalité complexe, composite et variable. Il est
différent suivant la taille de la ville, son ori
-* Centre; Centre des affaires; Centre urbain nouveau; Entrée
de ville; Ville compacte.
gine et le site prim itif qui lui était lié, les
vicissitudes de son développement et la diver
sité de ses fonctions. On ne peut donc pas
donner une description simple et rigoureuse
CENTRE SOCIOCULTUREL du contenu du concept. En général, le centre
urbain (ou cœur de ville) est la partie fonda
Équipement polyvalent destiné à l’anima mentale de l’organisation urbaine : celle qui
tion culturelle, à l’action sanitaire, à l’aide en assure la vie et l’activité. C’est le siège du
sociale, etc. Il s’agit le plus souvent d’un local pouvoir organisateur, public et privé, spon
qui permet d’aménager, avec la participation tané ou réglementé, qui assure le développe
de la population du voisinage, un ensemble ment urbain et régit les rapports avec la
de services et de réalisations collectives. On périphérie urbaine et rurale : par exemple,
peut y trouver des équipements divers, tels l’administration municipale, les relais du pou
que salle de spectacles, club de jeunes, club voir extérieur (préfecture, poste, banque,
du troisième âge, etc. Il comprend en général etc.). C’est aussi le lieu de la prédominance
une grande salle polyvalente. La superficie de intellectuelle par l’université, les spectacles et
plancher varie, le plus souvent, entre 100 et les moyens de diffusion.
1 000 m2. La dénomination est variable Dans les petites villes, le centre urbain est
(centre socioculturel, maison de quartier, mai réduit et multifonctionnel : toutes les activités
son pour tous, etc.). nécessaires sont représentées en un espace
Les maisons des jeunes sont des locaux mis relativement central, généralement un carre
à la disposition des jeunes de 14 à 25 ans, four de circulation (Roanne, Saint-Germain-
comportant une grande salle qui peut servir des-Fossés) ; il en est de même dans les cités
pour les spectacles (ouverts aux adultes), une monofonctionnelles (villes minières). Dans
bibliothèque, des ateliers, des salles de les villes plus importantes, le centre urbain se
réunion. Êlles ont une surface de plancher diversifie en fonction des exigences d’espace
variant de 100 à 1 500 m2 (le plus souvent 300 ou d’accessibilité selon des étapes successives
à 600). On en compte environ 3 000 en et la complexification de la croissance
France, gérées par les collectivités locales ou urbaine : ainsi, dans les villes moyennes, qui
des associations. se sont organisées primitivement autour de
Le mouvement des maisons de jeunes leur château et de leur cathédrale (Pau, Le
fut lancé en 1936 par Léo Lagrange, qui Mans, Laon, Newcastle...), puis sont descen
lança les m aisons pour tous (et, par dues dans les vallées plus accessibles, où s’est
CENTRE URBAIN NOUVEAU 146
installé un nouveau centre devenu, mainte historique des villes anciennes est protégé et
nant, le principal. A. Smailes (Urban Survey, on y trouve des souvenirs du passé comme
1964) a bien mis en lumière les influences qui dans la place des Trois cultures à Mexico, ou
ont créé la structure des villes anglaises telles dans les quartiers anciens des villes euro
qu’elles existent actuellement. péennes (Rome, Paris, etc.). Quand les villes
Mais c’est dans les grandes villes et dans sont relativement récentes, la présence du
les métropoles que le centre urbain prend centre ne fait pas l’objet des mêmes préoccu
toute son originalité. Il recouvre alors tout un pations. Par exemple, dans la majorité des
espace urbain différencié, associant des quar cités des États-Unis qui ont connu une crois
tiers spécialisés : au premier chef, le centre sance explosive depuis un peu plus d ’un
des affaires comprenant lui-même plusieurs siècle, les centres ont été abandonnés aux plus
activités et, à proximité, ou même parfois, le pauvres et bien souvent aux minorités eth
recouvrant en partie, le centre historique, le niques. Il a fallu des explosions sociales,
centre administratif (ambassades, ministères, comme celles de Los Angeles, pour provoquer
municipalités), le centre culturel... Toutes les une réaction des pouvoirs publics et une
activités sont étroitement entremêlées et elles reconquête des quartiers les plus déshérités.
ont en commun le fait d’attirer et de desservir Au centre défavorisé/périphérie plus aisée, se
l’ensemble de la population de l’aggloméra développant progressivement vers l’extérieur,
tion considérée. succède le centre rénové (vers lequel revien
Le centre urbain doit être à même de rem nent des habitants et en particulier de jeunes
plir son rôle de « moteur » de la périphérie célibataires, les Swinging Singles : c ’est la
proche (banlieues et, plus lointaines, zones Gentrification) et la périphérie immédiate en
d’influence). Il doit donc être à la fois très voie de vieillissement/périphérie extérieure
bien desservi en transports internes et en rela en essor (Chicago, Philadelphie, Pittsburgh).
tions externes avec les espaces voisins et, On peut suivre l’inscription de ces cycles en
dans les grandes métropoles, avec le domaine auréoles successives, particulièrement dans le
international. Il en résulte la nécessité de dis paysage des grandes villes nord-américaines.
poser de certaines infrastructures et de certains Lorsque le centre a une valeur historique, la
moyens donnant naissance à des emplois tou remise en état du patrimoine immobilier coûte
jours plus sophistiqués et à des migrations fort cher, et ne peut - sauf exception - être
quotidiennes sans cesse plus nombreuses, confiée à des particuliers, si ce n ’est à des
puisque des espaces consacrés à la résidence mécènes. Beaucoup de bâtiments deviennent
reculent devant la montée des bureaux et des donc publics (musées, galeries d’art, biblio
commerces. Cette évolution normale peut être thèques) : tel est le cas d’une grande partie du
freinée par une politique volontaire d ’aména quartier du Marais à Paris, du vieux centre de
gement et de décentralisation, mais aussi par Québec, du Carré français de New Orléans,
l’avènement de nouvelles techniques (infor très appréciés des touristes.
matique, télématique, internet). Le centre J. B.-G.
urbain doit être maintenu à la tête du progrès
sous peine de connaître des difficultés -> Centralité; C entre; Centre des affaires; Centre historique;
Centre urbain nouveau.
majeures. De toute manière, quand il a atteint
un certain niveau de concentration, des
centres secondaires se constituent, spontané
ment ou par le biais de la planification volon CENTRE URBAIN NOUVEAU
taire.
À mesure que la ville grandit et se trans Ensemble d ’activités, d’équipements et de
forme, le centre en subit les conséquences. Il services, regroupés et disposés de façon pla
peut se transformer et s’adapter, mais il est nifiée soit dans un secteur d’urbanisation nou
rare qu’il le fasse au même rythme, surtout s’il velle, soit dans un quartier existant.
s’agit d’un centre ayant une valeur historique, Dans la version initiale (1965) du schéma
qui se traduit par le style de l’architecture, directeur d’aménagement et d’urbanisme de
l’existence de monuments appréciés, la réfé la région de Paris, c’est ce concept de centre
rence à une période particulièrement significa urbain nouveau qui était mis en avant comme
tive de l’évolution passée. Ainsi, le centre le moyen de résoudre les problèmes posés par
w CHANGEMENT SOCIAL
CHARGE FONCIÈRE
CHARTE D'AMÉNAGEMENT
On désigne par « charge foncière » la part
du coût d’une construction qui est imputable Par extension de l’expérience des chartes
au terrain et à son aménagement. intercommunales, le nom de charte a été
La charge foncière comprend les éléments donné à des études de développement et
suivants : d’aménagement, présentant un caractère éco
— prix du terrain et frais d’acquisition nomique autant que physique, élaboré par des
(frais de notaire, droits de mutation) ; collectivités territoriales en dehors de tout
— dépenses d’aménagement du terrain cadre juridique et dont la portée n ’est que
(démolitions éventuelles, voirie et réseaux pédagogique et (ou) politique.
divers) ; ^On citera à cet égard la charte régionale de
— taxes et participations liées à l’opération l’île-de-France, établie en 1991 à la demande
de construction (taxe locale d’équipement du président du conseil régional dans le cadre
ou, dans le cas d’une zone d’aménagement de la mission de la région en matière d’inter
concerté, montant de la participation mise à la vention en faveur du développement écono
charge du constructeur) ; mique, social et culturel et de l’aménagement
— diverses participations, dont les unes sont de son territoire que lui reconnaît la loi sur la
obligatoires sous certaines conditions (verse répartition des compétences de 1983. En fait, il
ment éventuel pour dépassement du plafond s’agissait aussi d’éléments de contre-propo
légal de densité, participation en cas de non- sitions face à la révision, sous la responsabilité
réalisation d’aires de stationnement, taxe dépar de l’État, du schéma directeur régional.
tementale d’espace naturel sensible) et d’autres L’expression «charte d’aménagement» est
facultatives (cessions gratuites de terrain, dans employée pour des documents variés, en
la limite de 10% du terrain d’assiette de la général sans portée juridique, mais qui tra
construction, pour la création ou l’élargisse duisent des orientations d ’aménagement.
ment de voies publiques; inversement, les Cependant, une charte d’aménagement et de
propriétaires d’espaces boisés inconstructibles développement durable constitue (comme le
peuvent obtenir l’autorisation de construire sur diagnostic territorial et le document cartogra
10 % du terrain, moyennant la cession gratuite phique qui la traduit) un des documents
du reste de celui-ci). constitutifs du schéma régional d’aménage
Si la part de la charge foncière s’est stabili ment et de développement durable du terri
sée ou a même légèrement décru à certaines toire prévu par les lois Pasqua de 1995 et
époques, cette évolution est souvent compen Voynet de 1999. Sa portée est de dix ans.
sée par les participations, de légalité parfois
P. M.
douteuse, versées par le constructeur à la col
lectivité (Grande-Bretagne, France) et la crois -> Charte intercommunale; Schéma régional d'aménagement
sance des frais financiers et des coûts de et d'urbanisme.
commercialisation.
Le retournement des marchés immobiliers,
qui s’est produit depuis la fin de l’année 2007 CHARTE D'ATHÈNES
dans de nombreux pays, provoque une cer
taine paralysie de nombreuses opérations Nom donné à la charte d’urbanisme qui
immobilières, dans lesquelles le montant de la résume la doctrine des Congrès intematio-
CHARTE D'ATHÈNES 150
naux d’architecture moderne (ciam) et qui est humaines. La critique, concernant essentiel
constituée par les conclusions du IVe congrès lement l’absence d ’hygiène, le désordre et
des ciam sur « La ville fonctionnelle », tenu à l ’inefficacité, est formulée sur le mode du
Athènes en 1933 (et non à Moscou en 1932, constat scientifique (sous le titre Observa
comme il avait été prévu avant le retourne tions), tandis que les propositions sont pré
ment de la politique architecturale et urbanis sentées de façon impérative (« il faut », « on
tique du gouvernement soviétique). doit »), sur le mode inconditionnel (sous le
La rédaction, collective et anonyme, de titre « il fa u t exiger »), comme si elles étaient
ces conclusions fut publiée en 1935 dans effectivement les conclusions nécessaires de
la revue hollandaise Opbouw (n° 11-12). À l’observation scientifique.
quelques simplifications et différences près Au classement des quatre fonctions corres
(cf. A. Gutton, Conversations sur l ’architec pond leur dissociation dans l’espace (zoning).
ture, t. VI, Paris, 1962, qui publie les deux Dans l’économie des quatre chapitres, on
versions au regard l’une de l’autre), c’est ce observe, notamment :
texte que Le Corbusier a republié sous le — la place prépondérante accordée à
titre de Charte d ’Athènes, mais en l’assortis l’habitation (avec le privilège, propre à Le
sant d’un commentaire personnel (imprimé Corbusier, de l’habitat en hauteur) ;
dans un caractère différent), rédigé dans le — le fait que la circulation est traitée
style à l’emporte-pièce qui a fait le succès comme une fonction à part entière ;
de tous ses écrits. Une première édition, ano — la pauvreté du chapitre consacré aux loi
nyme, parut pendant l’occupation allemande, sirs qui se résument dans la culture physique et
en 1942; une seconde (bientôt reprise en le sport, et donc, pour l’urbaniste, dans l’amé
livre de poche), en 1957, sous le nom de nagement d’espaces verts, en priorité au pied
Le Corbusier. C’est désormais cette version des habitations («Les heures libres hebdoma
et son commentaire qui sont considérés daires doivent se dérouler dans des lieux favo
comme la charte d ’Athènes. De son côté, rablement préparés, parcs, forêts, terrains de
J. L. Sert avait publié sa version et son sport, stades, plages, etc. », art. 38).
propre commentaire du document de 1933, Un bref cinquième chapitre est consacré au
sous le titre Can our cities survive (Harvard, « Patrimoine historique des villes ». Deux ans
1944). après la Ire Conférence internationale sur la
Véritable manifeste de l’urbanisme pro conservation des monuments, également
gressiste, la charte présente la structure en tenue à Athènes, le patrimoine y apparaît
miroir, caractéristique des textes utopiques et comme un mal nécessaire. Son article 69 (« La
des « théories de l’urbanisme ». destruction de taudis à l’entour des monu
En effet, c’est une « critique modélisante » ments historiques fournira l’occasion de créer
qui, d ’une part, condamne sans appel la ville des surfaces vertes ») a servi d ’alibi, pendant
contemporaine, incarnation du désordre et les années 1950 et 1960, aux architectes pro
du mal («Le chaos est entré dans les villes... gressistes comme aux autorités administra
(lieux de) maladie, déchéance, révolte. Le tives, pour la destruction d ’un patrimoine
mal est universel », op. cit., « Généralités », historique d’une valeur considérable.
art. 8) et, d ’autre part, expose et propose la Le caractère primaire de son contenu, pré
ville modèle, en ordre, de l’urbanisme pro senté sous le masque de vérités scientifiques,
gressiste, dont les traits s’opposent, point par sa brièveté et ses formules percutantes ont fait
point, à ceux de la ville contemporaine. de la charte d’Athènes l’instrument de propa
Entre une introduction (« Généralités ») et gande le plus efficace pour l’idéologie des
une conclusion (« Points de doctrine ») véhé ciam . Ce texte a exercé et exerce encore,
mentes, qui exaltent la modernité et pré notamment dans certains pays en voie de
sentent la situation urbaine du moment sous développement, un impact unique en son
un jour dramatique, critiques et propositions genre, imprimant sa marque sur l’aménage
sont réparties entre quatre chapitres, respecti ment de l’espace dans le monde entier. En
vem ent consacrés aux quatre « fonctions France, devenue le bréviaire de plusieurs
quotidiennes: habiter, travailler, se recréer générations de praticiens, d ’hommes poli
(récupération) et circuler», sous lesquelles tiques (R. Dautry, Claudius-Petit) et d’admi
est subsumé l ’ensemble des activités nistrateurs, la charte d’Athènes a déterminé
151 CHAUFFAGE
une partie des grandes options d’aménagement gence des établissements régionaux, la poli
et d’urbanisme pendant près de vingt ans. tique d’aménagement rural et son financement
(” est seulement à partir des années 1960, et se sont, de fait, décentralisés, indépendamment
hors des milieux professionnels, que son dog du soutien financier traditionnel des conseils
matisme a commencé à être mis en question. généraux aux petites communes rurales.
F. C. Les études et la charte intercommunale qui
se substituent au plan d’aménagement rural
> Architecture fonctionnelle; Congrès internationaux d'archi
tecture moderne (ciam) ; Moderne ; Progressisme ; Urbanisme.
ont essentiellement pour but de mobiliser les
forces latentes et de fixer des objectifs que
les communes essaieront d ’atteindre avec des
aides financières extérieures de la région ou
CHARTE INTERCOMMUNALE du département, sinon de l’État si celui-ci ne
se désengage pas complètement. Ces objec
Document d’orientation concerné à la fois tifs peuvent concerner le développement éco
par le développement économique et social et nomique, social, culturel et les conditions
la prévision des équipements en zone rurale. d’organisation et de fonctionnement des équi
11 y a toujours eu un courant de pensée pements et des services publics.
porté à considérer les documents d’urbanisme La charte intercommunale de développe
comme trop contraignants pour les collectivi- ment et d’aménagement est un document éta
lés locales et les citoyens. Leur contenu bli, avec l’aide des, services de l’État et en
comme leur finalité impliquent qu’ils aient ce concertation avec l’État, les collectivités terri
caractère. Pour canaliser, orienter, maîtriser le toriales et les organismes professionnels, éco
développement urbain, des mesures impéra nomiques et sociaux, par un ensemble de
tives sont nécessaires. Toutefois, en milieu communes entre lesquelles existent des liens
rural, souvent en voie de dépopulation, le pro de solidarité. Elle suppose un accord unanime
blème est inverse et il s’agit moins de conte des communes concernées. Le préfet - ou le
nir un quelconque développement urbain préfet de région si elles concernent des com
tout en évitant le mitage résultant d ’une munes de plusieurs départements - se limite à
urbanisation dispersée éventuelle, mais géné prendre acte du périmètre retenu et à publier
ralement coûteuse et regrettable - que de les décisions concordantes d’approbation des
redonner espérance à des communautés communes. Elle n ’a aucune valeur juridique
humaines déprimées, de maintenir sur leur contraignante. Depuis la loi du 13 juillet 1991,
territoire un minimum d ’équipements, d ’y son articulation avec les POS et avec les sché
réintroduire quelques investissements, d ’y mas directeurs n ’est même plus prévue. Seuls
favoriser des solidarités élémentaires que de les périmètres sensibles doivent encore être
petites communes pauvres ne peuvent assu compatibles avec la charte intercommunale.
mer qu’ensemble. Son rôle est donc plus pédagogique que nor
La charte intercommunale est le plus récent matif.
outil de la politique d’aménagement rural de
l’État, commencée voici cinquante ans avec les A. G. et P. M.
secteurs pilotes d’aménagement mral, au début -> Aménagement rural; Contrat de pays; Décentralisation
des années 1960, poursuivie par les plans administrative ; Plan d'aménagem ent rural.
hommes dans les sociétés traditionnelles. souvent l’infrastructure construite pour les liai
Le tracé actuel des routes rurales, mais aussi sons interurbaines.
des voies urbaines, reprend souvent le tracé Le chemin de fer de banlieue assure une
des anciens chemins ruraux. L’ancien réseau capacité élevée (1 700 places par train de
des chemins était très diversifié : des chemins 8 voitures dans la banlieue de Paris, jusqu’à
royaux larges et entretenus par les services du 15 trains, soit 25 000 voyageurs, à l’heure),
roi, aux chemins de traverse ou de paroisse les occupe peu d’espace (il utilise le plus souvent
reliant et aux chemins finerots marquant les des voies existantes), est régulier et sûr. Il a
limites entre les communautés. Ce n ’est qu’à exercé une influence déterminante sur le
partir de la loi du 21 mars 1836 qu’un réseau développement des banlieues des grandes
de chemins vicinaux, propriété des com villes (Paris, Lyon, etc.), favorisant une urba
munes, a été systématiquement aménagé dans nisation dense autour des gares. Il assure sur
les campagnes françaises. Ces chemins vici tout un trafic d ’heure de pointe, sur des
naux se distinguent des chemins ruraux, géné parcours assez longs, entre la périphérie et le
ralement en terre. centre (18 km en moyenne en région de
Dans les zones d’urbanisation nouvelle, les Paris). Sa faible utilisation en heure creuse,
cheminements sont rarement correctement jointe à l’obligation de service public d’ampli
prévus, ce qui donne lieu, à côté des chemins tude de dix-huit heures des horaires quoti
aménagés et revêtus, à des passages sponta diens, conduit à un important déséquilibre
nés à travers les pelouses et les espaces libres. financier de son emploi, mais cette situation
Dans les zones urbaines et les parcs et jardins, inéluctable reste moins coûteuse (subvention
on distingue : du déficit) pour la collectivité qu’un surinves
— le sentier (0,70 m de large) en terre battue ; tissement dans le réseau routier qui ne serait
— l’allée (environ 2 m de large), sablée, utile que pendant les heures de pointe.
cimentée ou dallée ; Le chemin de fer s’est perpétuellement
— l’allée carrossable, bitumée, accessible amélioré au cours de son histoire. Depuis
aux véhicules de service. une génération, l’accent a été placé sur la
Dans les zones rurales et de montagne, des recherche de la haute vitesse. Le système de
chemins de grande randonnée, balisés de l’aérotrain (guidage et sustentation sur cous
façon discrète, ont été définis et décrits (topo sin d ’air), d ’inspiration française (Bertin,
guides) pour permettre aux randonneurs un reprenant un principe découvert dès 1880 par
parcours agréable sans créer de gêne pour Louis Girard), ne s’est pas imposé faute d’un
l’agriculture et les habitants. système fiable d ’alimentation électrique à
J.-C. M. et P. M. grande vitesse en l’absence de contact entre
le sol et le train et par impossibilité d’aména
* Route ; Voie ; Voirie. ger des aiguillages, donc de développer des
réseaux complets et pas seulement des lignes
isolées. Le système, étudié par les ingénieurs
CHEMIN DE FER allemands et japonais, du train à sustentation
magnétique présente les mêmes handicaps.
Voie équipée de rails en acier sur lesquels L’Allemagne avait décidé la construction
circulent des véhicules à roues métalliques d’une ligne nouvelle Hambourg-Berlin utili
reliés entre eux et tramés par une locomotive sant cette technologie, mais l’a abandonnée.
ou motrice (train). Mais c ’est indiscutablement le train à
Initialement développés en France à partir grande vitesse (tgv), conçu par les ingénieurs
de 1832 (Lyon-Saint-Etienne), pour les liai de la sncf, qui a obtenu les résultats les plus
sons interurbaines, les chemins de fer ont convaincants. En France, la première ligne
reçu, à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, (Sud-Est entre Paris et Lyon) a été ouverte
deux types d’utilisation urbaine : en deux tronçons (1981 et 1983), puis prolon
— les chemins de fer métropolitains (métro) gée vers Valence (1994), et ensuite jusqu’à
à usage exclusivement urbain ; Marseille et Nîmes (tgv Méditerranée en
— les chemins de fer de banlieue, lignes 2001) et le sera ju sq u ’à Nice (tgv Côte
assurant la desserte fréquente de stations d ’Azur) et la frontière italienne d’une part,
implantées en banlieue, en utilisant le plus vers la frontière espagnole d’autre part. La
CHEMIN (CHEMINEMENT) PIÉTONNIER 154
ligne Atlantique a été mise en service en 1989 comme le cdg Express en projet. En revanche,
(vers Le Mans) et 1990 (vers Tours) et sera les orientations actuelles vont vers des rames
prolongée vers Rennes (tgv Bretagne-Pays de à forte capacité (rames à deux étages avec
Loire prévu en 2014) et vers Bordeaux capacité de remplissage rapide), vers la
(2016), puis vers Toulouse, la frontière espa conduite automatique des rames, qui permet
gnole ( tgv Sud Europe Atlantique) et en outre de réduire l’intervalle entre rames et
Limoges. La ligne Nord a desservi Lille donc d’accroître la capacité (rer parisien) et
(1993), a été prolongée jusqu’à Londres (par le confort et la sécurité des voyageurs.
le tunnel sous la Manche) et Bruxelles. La Le chemin de fer est actuellement beaucoup
ligne Est a été ouverte jusqu’en Lorraine en moins performant pour le transport de mar
2007 et sera prolongée jusqu’à Strasbourg chandises. Pourtant, il a joué un rôle essentiel
(avant 2015). D ’autres projets concernent la à la fin du XIXe et au début du xxesiècle, reim
liaison de Paris et de Lyon vers Dijon, plaçant peu à peu le roulage (véhicules rou
Besançon et Mulhouse, Paris-Rouen-Le tiers hippomobiles). Mais, après la première
Havre et surtout la liaison Lyon-Turin (par un guerre mondiale, il a subi la concurrence
tunnel sous les Alpes). Le schéma national des croissante du camionnage. Aujourd’hui, en
infrastructures de transport de 2010 prévoit, France, sa part de marché pour les marchan
pour 2020, de porter le réseau de lignes TGV à dises est réduite à 14 % malgré des tarifs plu
2 300 km pour un coût de 65 milliards d’€. sieurs fois meilleur marché. Cette désaffection
Le tgv a été adopté ou est en voie de est due à la rigidité du trafic ferroviaire, mal
l’être, par de nombreux pays et d’abord par gré le recours à des transports routiers termi
l’Espagne (la première ligne, entre Madrid et naux et l’aménagement d’axes majeurs de fret
Séville, a été ouverte en 1992) et la Corée du ferroviaire, qui s’oppose à la souplesse du
Sud (ligne Séoul-Fusan). transport routier (transport porte à porte,
Comme ses concurrents moins performants horaires libres, charges variables). La sncf a à
(le Shinkansen japonais, qui a été le premier nouveau l’ambition d’améliorer son offre
train à grande vitesse, l’Inter-City Express pour reconquérir des parts de marché, mais
allemand, etc.), le tgv recourt à la technologie n’y a jusqu’ici pas réussi.
ferroviaire classique (roue en métal sur rail en P.M.
métal, dite « fer sur fer»), les voies ayant des
rayons de courbure importants pour ne pas - » Grands aménagements régionaux; Heure de pointe; Métro;
Moyen de transport; Tram w ay.
limiter la vitesse. On évite au maximum les
fortes pentes, pour limiter la puissance néces
saire, quitte à multiplier les ouvrages d’art. La
principale supériorité de la technique « fer sur CHEMIN (CHEMINEMENT) PIÉTONNIER
fer» est de permettre des aiguillages, ce qui —> Piéton
n’était possible ni avec l’aérotrain, ni avec le
train à sustentation magnétique. Les rames
sont en outre compatibles avec les réseaux CHOIX MODAL (ou choix du mode
ferrés traditionnels. Ces deux propriétés per de transport) —> Coût généralisé
mettent qu’autour de quelques voies nouvelles de déplacement ; Modèle de choix modal ;
permettant la très grande vitesse, se soit déve Planification des transports; Valeur du temps
loppé tout un réseau de lignes utilisant ces (lors des déplacements)
voies et prolongeant leur parcours sur des
voies ordinaires. C’est ainsi tout un nouveau
réseau qui se superpose au réseau ferré tradi CHÔMAGE -> Activité économique ; Emploi ;
tionnel. Population active; Taux d'activité
En milieu urbain et suburbain, l’adoption
de technologies nouvelles permettant de
hautes vitesses semble peu probable en raison CIALA —> Aménagement du territoire
des faibles interstations qui ne permettraient
pas d ’améliorer sensiblement la vitesse
commerciale, sauf dans des cas très particu CIAM -> Congrès internationaux
liers, telles les liaisons directes d’aéroports d'architecture moderne
155 CINÉMA ET VILLE
ville durant vingt-quatre heures (Rien que les tion de quartiers anciens, multiplication des
heures de A. Cavalcanti, 1926; Berlin, sym centres commerciaux péri-urbains, « disney-
phonie d ’une grande ville de W. Ruttmann, landisation» des lotissements), qui affectent
1927 ; L ’homme à la caméra de D. Vertov, l’espace urbain et la périphérie des villes aussi
1929). Ces fdms, qui se sont ensuite multi bien que les modes de vie, ont inspiré nombre
pliés, finissent par représenter plus l’essence de cinéastes qui donnent à voir la vidéo
des grandes villes que leurs particularités. Les surveillance {The End o f Violence de Wim
écoles documentaristes anglaise et américaine Wenders, 1997), la circulation autoroutière
des années 1930 ont adopté une démarche {Collateral de M. Mann, 2004), la télé-réalité
sociologique pour se pencher sur des ques urbaine {The Truman show de Peter Weir,
tions précises, comme celle du logement des 1998), les enclaves résidentielles fermées {La
classes défavorisées. Zona de Rodrigo Plà, 2007), etc.
À partir des années 1960, une critique plus Avec la généralisation du numérique et
saisissante, amorcée par quelques néo surtout le montage assisté par ordinateur, les
réalistes italiens et développée par la nouvelle manipulations visuelles se démultiplient et
vague française et M. A. Antonioni, a donné offrent aux réalisateurs les conditions de
à voir l’état du tissu urbain au gré des déam s’autonomiser par rapport aux lieux du tour
bulations d’anti-héros, ou encore directement nage, à la luminosité, au climat. Quant à la
mis en scène les rapports de force et les stra vidéo, elle banalise la prise de vue, sans
tégies qui s’instaurent autour d’opérations pour autant faire de tout propriétaire d’un
d ’aménagement urbain {Main basse sur la appareil cellulaire un cinéaste. Le cinéma,
ville de F. Rosi, 1963 ; Berlin-Chamissoplatz né avec la métropole, va-t-il connaître le
de R. Thome, 1980). Une véritable «décons même sort ? La ville s’éparpille en un urbain
truction» de la ville s’est ainsi déployée sur diffus, rompt avec la continuité physique.
les écrans, opposant finalement à l’espace Le cinéma est concurrencé par l’h jp er vidéo
urbain disloqué l’unité structurale des réseaux qui facilite le morcellement des images et
de communications (W. Wenders). leur répétition infinie, la discontinuité du
Le second type de fdms comporte une fonc récit filmographique et la temporalité propre
tion narrative déterminante. Il est fortement à un auteur. Ni l’un, ni l’autre ne se porte
lié aux genres établis (policier, comédie musi bien.
cale, science-fiction). Les décors sont fré T. L. et T. P.
quemment construits en studio. La plupart
d ’entre eux donnent de la ville une image - » M oderne; Post-urbain; Résidience protégée; Salle de spec
tacle ; Science-fiction.
négative, implacable (cinémas allemand des
années 1930, américain des années 1940-
1950, du tiers monde).
La ville peut aussi être représentée comme CIRCULAIRE -> Géométrie;
un milieu convivial, humain et chaleureux Radioconcentrisme
(un certain cinéma français des années 1930,
comédies musicales américaines). Parfois
la construction narrative, le récit, prend CIRCULATION
appui sur une opposition entre la ville et un
« ailleurs » dans l’espace et/ou le temps. Le Mouvement des véhicules sur la voirie (par
rapport ville/campagne est ainsi abordé extension, s’applique aussi au mouvement
dans l’entre-deux-guerres de manière mani des piétons ou à celui des trains sur un réseau
chéenne (ville mauvaise, bonne campagne, ferré). Le terme de trafic (anglais : traffic)
dans L ’aurore de Y. W. Mumau, 1927), ou n ’est pas tout à fait synonyme : il désigne le
plus ambivalente (Le troupeau de Z. Okten, volume de la circulation.
1979). On peut également opposer deux états En France, environ le quart des 350 mil
du tissu urbain : passé/futur {Métropolis de liards de kilomètres parcourus par des auto
F. Lang, 1927) ou traditionnel/modeme {Mon mobiles de tourisme se déroule dans des
oncle de J. Tati, 1958). agglomérations de plus de 5 000 habitants;
Depuis les années 1970, les profondes Les poids lourds en représentent près de 20 %
mutations (mobilité généralisée, muséifïca- (mais seulement 5 % en heure de pointe).
157 CITÉ-JARDIN
l ’aide de deux urbanistes reconnus, Barry de terrains, Alphonse Pallu, après 1858, sur
Parker et Raymond Unwin. 400 ha proches de la gare du Pecq, avec gra
Avant Howard, des petites cités-jardins tuité pendant quatre ans sur le chemin de fer.
modèles avaient été construites par des indus Les idées d’Howard y furent d’abord popur
triels paternalistes, en Angleterre et en Alle larisées, mais aussi transformées, par Georges
magne notamment. Benoît-Lévy, à travers son livre Cités-jardins
La cité-jardin préconisée par Howard, qui (1904), et la Société des cités-jardins (créée en
en faisait une description précise mais peu 1903). L’idée fut adaptée par un élu socialiste,
réaliste (il n ’était en rien urbaniste lui-même), Henri Sellier, qui estimait qu’il ne convenait
est imprégnée d’une réaction malthusienne pas de construire des villes complètes, auto
(30 000 habitants, plus 2 000 agriculteurs suffisantes et indépendantes selon le modèle
dans la ceinture verte) et ruraliste (la ceinture anglais, mais plutôt « des ensembles de loge
verte qui entoure la cité-jardin a pour but de ments propres à assurer la décongestion de
produire l’alimentation des citadins et d’éviter Paris et de sa banlieue (...) présentant le maxi
toute conurbation) à la ville industrielle et à mum de confort matériel et de conditions
sa banlieue. Elle se veut autarcique, assurant d’hygiène». Sous son impulsion, l’Office des
la diversité des tranches d’âge, des groupes habitations bon marché (hbm) du département
sociaux et des activités de production, afin de la Seine construisit, dans les années 1930,
d ’atteindre un équilibre et d’être autosuffi quinze cités-jardins représentant quelque
sante, sur le plan alimentaire comme sur celui 20 000 logements, dont les plus importantes
des produits industriels. sont celles du Plessis-Robinson, de Châtenay-
Les deux cités-jardins construites à l’initia Malabry (la Butte Rouge), de Suresnes, de
tive d ’Howard au nord de Londres, Stains, de Drancy, du Pré-Saint-Gervais. Mais
Letchworth à partir de 1903 et Welwyn (dont peu à peu, sous l’influence des idées des
le plan, très réussi, est dû à l’urbaniste Louis Congrès internationaux d ’architecture
de Soissons) à partir de 1919, sont en fait liées moderne ( ciam ), et surtout des contraintes
au développement de la région de Londres, à financières et du manque d’espace, les cités-
laquelle elles sont reliées par chemin de fer jardins françaises firent une large place à des
(plus tard également par autoroute). Elles logements collectifs, voire à des tours.
constituent, comme certains Garden Suburbs, Dans d’autres pays également, l’influence
tel Hampstead, construit par Unwin, de remar d’Howard et du mouvement des cités-jardins
quables exemples d ’aménagement alliant fut importante: aux États-Unis, fut lancée la
habitat ouvrier et bourgeois, à base de mai cité de Radbum (New Jersey) par la City
sons individuelles, avec un centre urbain actif Housing Corporation créée dès 1924 par
et monumental de proportions, des équipe Clarence Stein, sur le modèle de la Garden-
ments publics largement conçus et des zones city association, puis, en 1935, le programme
d’activités, situées à proximité du centre, flo des Greenbelt Cities, avec aide du gouverne
rissantes. Elles servirent de référence aux New ment fédéral, à la fois pour fournir du travail à
Towns réalisées à partir de 1946. des chômeurs, réaliser des logements sociaux
L’esprit de l’œuvre d’Howard s’est surtout et expérimenter les principes des cités-jardins.
transmis à travers l’influence exercée par la Ces villes, en général limitées à un quartier
Garden City Association qui a imprégné le d’habitation, ont servi d’ancêtres aux New
milieu des urbanistes britanniques pendant la Communities des années 1960 et 1970.
première moitié du siècle et a trouvé son Quant au concept de ceinture verte (Green
aboutissement avec les propositions de New Belt), il fut repris à l’échelle du Grand Lon
Towns du plan Abercrombie du Grand Lon dres, en 1938, par le Green BeltAct, puis dans
dres (1944), puis leur réalisation (à partir de le plan Abercrombie (1944) : une vaste cou
1946). Elle est alors devenue la Town and ronne, entre 20 et 32 km du centre, est préser
Country Planning Association qui a continué vée de rurbanisation. Ce principe inspira de
à exercer une influence sensible. nombreux plans d ’urbanisme de grandes
En France, comme dans d ’autres pays, métropoles par la suite.
avaient déjà été réalisées des « cités-jardins P.M.
avant la lettre ». La plus caractéristique est
sans doute Le Vésinet, bâtie par un marchand -> N ew to w n ; Ville nouvelle.
tt>9 CITÉ LINÉAIRE
manière réflexive les espaces produits par les conceptions religieuse et juridique de la
l'urbanisme moderne. Civilité et urbanité sont société, les classes sociales sont définies à la
alors invoquées comme des qualités inhé fois par leur place dans la structure écono
rentes à la cité, perdues de vue, qu’il s’agit de mique et par celle qu’elles occupent dans le
retrouver en réhabilitant physiquement, socia développement historique, qu’il soit identifié
lement et moralement quartiers et ensembles, à la raison, à la modernisation ou aux forces
petits et grands ; elles participent de la poli productives. Les classes sociales sont alors
tique de la ville qui tend à réduire le social à conçues comme des « personnages centraux »
l'urbain. de l’histoire.
Cette émergence conjoncturelle trouve La pensée marxiste est centrée sur ce
cependant écho dans l’histoire des villes qui, thème. Elle définit les classes par leur rôle
de tout temps, ont été les lieux des luttes dans la production et leur place dans l’infra
incessantes des édiles pour constituer, faire structure économique. La société industrielle
reconnaître et faire respecter cet ensemble de est alors divisée en deux grandes classes anta
règles spatiales et sociales qui fondent les gonistes : la bourgeoisie et le prolétariat. Mais
attributs de la cité. ces classes, définies économiquement, le sont
Leur apparition coïncide également avec aussi politiquement par leur lutte et leur
taie rupture épistémologique dans les sciences action historique. Pour exister en tant que
sociales et en sociologie en particulier; classe, le prolétariat doit entrer en lutte contre
l'abandon des modèles explicatifs dominants la bourgeoisie. Mais si, par exemple, les petits
depuis la guerre (marxisme et structuralisme) paysans français partagent les conditions éco
a eu pour conséquence un hyperempirisme nomiques du prolétariat, ils ne constituent pas
qui va de pair avec le développement de la une classe pour autant car ils n ’ont aucune
microsociologie. L’explosion dans les années unité politique. Les classes sociales sont défi
1980, en France, des approches phénoméno nies « en soi » par leur place dans les rapports
logiques, anthropologiques, interactionnistes de production, mais aussi « pour soi » par leur
indique que l’accent est mis désormais sur conscience politique et leur lutte. La pensée
l’individu comme acteur principal de la scène marxiste des classes sociales s’est dévelop
sociale. L’analyse des comportements urbains pée, mais aussi déchirée, autour de ces deux
(civils et incivils) et des interactions des interprétations. Pour les uns, la société indus
citadins dans les espaces publics et privés trielle et le changement doivent être compris
constitue une véritable ethnographie de la comme le produit d’une évolution résultant
communication, nouveau champ d ’investiga des contradictions objectives du capitalisme.
tion au croisement des disciplines de la socio Pour d’autres, c’est au contraire la lutte des
logie, de la psychologie et de F aménagement. classes qui est centrale, et par conséquent la
M. Se. conscience de classe et l’action politique. La
fusion de ces deux orientations était initiale
+ Urbanité. ment possible grâce à une référence au sens
de l’histoire : économiquement inscrites dans
le mouvement de l’histoire, les classes
CLASSE SOCIALE sociales devaient du même coup prendre
conscience de leurs intérêts, c’est-à-dire du
La notion de classe sociale, comme toute la rôle que l’histoire leur assigne. Mais au fur et
terminologie qui lui est liée, apparaît à la fin à mesure que les sociétés industrielles se sont
du xvme siècle en Angleterre avec l’industria développées et que se sont affirmés d’autres
lisation et l’urbanisation. Elle est alors utilisée groupes sociaux, cette référence a perdu de sa
pour penser le changement survenu dans validité. Ainsi, les classes moyennes, notam
l’organisation sociale et rompt avec l’image ment, interviennent à un niveau proprement
d’une continuité hiérarchique faite d’ordres, politique sans s’inscrire dans une des catégo
d’états ou de corps. Depuis, la notion de classe ries fondamentales. Leur omniprésence sur la
sociale a été l’objet de multiples tentatives de scène sociale et politique a suscité de mul
définition et les débats qu’elle a suscités tiples débats, en particulier au sein de la
occupent une place centrale dans la réflexion sociologie urbaine d ’inspiration marxiste.
sur les sociétés industrielles. Rompant avec Lorsqu’elle perd sa signification historique,
CLASSEMENT 162
la notion de classe est le plus souvent utilisée «classes d’antan». Les classes sociales sont
pour rendre compte de la correspondance moins repérables en tant que groupés
entre la place dans la hiérarchie économique concrets. La notion de classe sert alors à ana
et les conduites sociales et culturelles. lyser les sources des changements dans les
Maurice Halbwachs (La classe ouvrière et les sociétés industrielles. Pour Dahrendorf
niveaux de vie, Paris, 1913) définit les classes (Classes et conflits de classes dans la société
sociales par leur plus ou moins haut degré de industrielle, 1972), la notion de classe
participation à la vie sociale. Les classes se sociale doit être remplacée par celle de rap
caractérisent par leurs professions et leur ports de classe ou de conflits de classes1.
consommation, donc leur niveau de vie. La Selon A. Touraine (Production de la société,
notion de classe ressortit alors à une théorie Paris, 1974), les conduites sociales ne
structurale de l’ordre social qui insiste sur les peuvent s’expliquer par une situation de
marques de distinction essentiellement cultu classe, mais doivent être comprises par
relles, par lesquelles les individus manifestent l’opposition des classes et leur action antago
leur appartenance de classe (P. Bourdieu, nique pour le contrôle des orientations cu it»
Condition de classe et position de classe, relies d’un système social.
Archives européennes de sociologie, 1966). D.L.
Mais cette conception de classes sociales
prend fréquemment une forme purement - » Besoins; Changement social; Luttes urbaines; Sociologie
urbaine (historique).
empirique permettant de décrire des faits hété
rogènes sans s’interroger sur leur liaison. Les
classes sont définies comme des «groupes
clos de dignité inégale » (E. Mounier) dont la CLASSEMENT
meilleure identification reste la nomenclature
de I’insee servant de base aux enquêtes statis Les trois mécanismes juridiques fondateurs
tiques et aux études sur les inégalités. De du droit du patrimoine sont le classement,
manière identique, la notion de classe est aussi l’instance de classement et l’inscription. 1
utilisée pour décrire des « cultures de classe » Depuis la circulaire du 10 août 1837, le clas
entendues comme des modes de vie, des tradi sement est la nomenclature de référence pour
tions, des systèmes de valeurs, des idées et des les monuments historiques et, depuis 1841, il
institutions, formés à partir d ’expériences soumet les travaux à autorisation; depuis
communes (E. P. Thompson, The making o f 1889, l’instance de classement soumet tempo
the English working class, Londres, 1963 ; rairement les modifications à autorisation et,
R. Hoggart, The uses o f literacy, Londres, depuis la loi de 1913, modifiée en 1927, l’insu
1957, trad. franç. La culture du pauvre, 1970). cription soumet les modifications à préavis, à
La sociologie fonctionnaliste finit alors par déclaration préalable. Pour les sites, le classe
remplacer la notion de classe par celle, plus ment est né en 1906, l’instance de classement
limitée mais plus pertinente, de couche sociale et l’inscription en 1930. Pour les réserves natu
ou de strate sociale ou bien encore par le relles, le classement et l’instance de classement
concept de statut social, débarrassés de toute datent de 1957, mais il n’y a pas d’inscription."
référence métasociale (S. Ossowski, La struc Le classement parmi les monuments histo
ture de classe dans la conscience sociale, riques ou parmi les sites est subordonné au
Paris, 1971). consentement du propriétaire, sauf classement
Mais, encore une fois, la croissance des d’office par décret en Conseil d ’État (depuis
classes moyennes a conduit à s’interroger sur 2007, ce décret en Conseil d’État n ’est plus
les liaisons entre des comportements sociaux de mise lorsque l’État est propriétaire). L’insi-
et culturels et la place occupée dans la hiérar tance de classement ou l’inscription peuvent
chie économique. La corrélation entre le vote intervenir sans consentement du propriétaire^
ou un style de vie et l’appartenance à une la première s’il faut agir dans l’urgence pour
catégorie socioprofessionnelle paraît aujour parer à un risque ou une menace, la seconde -
d’hui moins évidente, comme si les fron parce qu’elle est en principe une mesure de
tières culturelles entre les classes tendaient à protection plus légère. Iî
s’atténuer. L’hétérogénéité sociale augmente Au 31 décembre 2006, on comptait
et des clivages nouveaux font éclater les 42 310 immeubles protégés au titre des m on»
163 CLASSEMENT
inents historiques (14 282 classés et 28 290 ins — le classement est soumis par le préfet de
crits) : région à la commission régionale du patri
— dont 49 % appartenant à des propriétaires moine et des sites (après tri éventuel par sa
privés, 44 % à des communes (notamment des délégation permanente) et le ministre saisit
églises construites avant 1905), 4 % à l’État et pour avis la l re section de la commission
3 % non ventilé ; nationale des monuments historiques et statue
— dont 34 % correspondant à des habita par arrêté ministériel si le propriétaire a donné
tions, 31 % à des édifices religieux, 6% à de son accord ; le déclassement est prononcé par
l’architecture militaire, 6 % à des jardins, 5 % décret en Conseil d’État dans tous les cas ;
A de l’architecture funéraire et commémora — l ’instance de classement est notifiée au
tive, 5 % à du génie civil, 4 % à de l’architec propriétaire par le ministre par lettre recom
ture agricole, etc. ; mandée avec accusé de réception : elle produit
— dont 5 % ayant pour époque d’origine tous les effets du classement pendant un an ;
la préhistoire et l’Antiquité, 33 % le Moyen — l ’inscription est prononcée, sauf dans
Âge, 46% les XVIe- x v m e siècles, 16% les quelques cas particuliers, par arrêté du préfet
xixe-xxe siècles. de région, après avis de la commission régio
Le critère du classement parmi les monu nale du patrimoine et des sites réunie en
ments historiques est large puisqu’il s’agit, formation plénière ; la radiation de l’inscrip
depuis 1913, des immeubles dont la conserva tion est désormais explicitement prévue : elle
tion présente, au point de Vue de l’histoire ou de est prononcée par arrêté selon la même pro
l’art, un intérêt public (article L621-1 du Code cédure que l’inscription.
du patrimoine). Les critères de l’inscription ont La compétence de la commission régionale
été élargis en 1941, 1943 et 1961. À l’origine, du patrimoine et des sites pour examiner
en 1913, ne pouvaient être inscrits que des édi l ’ensemble des mesures de classement et
fices ou parties d’édifices présentant un intérêt d ’inscription d’immeubles a été confirmée,
urchéologique suffisant pour en rendre dési mais lorsque l’inscription ou le classement a
rable la préservation. En 1941, il y a eu exten été pris par le ministre, seule la consultation
sion au cas des monuments mégalithiques, de la Commission nationale des monuments
stations préhistoriques, terrains qui renferment historiques est obligatoire, encore que la sai
des champs de fouilles pouvant intéresser la sine de la commission régionale reste pos
préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie sible.
(article L621-26) et, en 1943, au cas de tout Le régime A’autorisation des travaux
immeuble nu ou bâti situé dans le champ de résulte principalement du décret du 30 mars
visibilité d ’un immeuble classé ou inscrit 2007 pour les monuments classés et du Code
(article L621-25). Enfin, en 1961 a été substi de l’urbanisme pour les monuments inscrits.
tuée à la rédaction précitée de 1913 se référant Ne sont pas soumis à autorisation les « tra
uux édifices et à l’intérêt archéologique une vaux et réparations d ’entretien» des monu
rédaction plus large se référant aux immeubles ments classés ou les « travaux d’entretien ou
ou parties d’immeubles, et non pas seulement de réparations ordinaires» des monuments
uux édifices ou parties d’édifices, et à un intérêt inscrits. Pour le reste, on a des situations
« d’histoire ou d’art », et non pas seulement un inversées :
intérêt « archéologique » (article L621-25). — pour les monuments classés, une autori
Les immeubles sont pris au sens juridique sation du préfet de région au titre du Code du
du mot immeubles par nature : ce qui explique patrimoine (sauf évocation par le ministre) et
que peuvent être ainsi protégés des parcs et un accord de l’autorité compétente pour sta
jardins, le sol de domaines ruraux ou de places tuer sur les permis ou décisions d’urbanisme ;
urbaines, des terrains ayant un intérêt archéo — pour les monuments inscrits, une auto
logique, etc. Classée parmi les monuments risation ou décision de non-opposition au titre
historiques en 1989, la Vallée des Merveilles du Code de l’urbanisme et l’accord du préfet
dans le parc du Mercantour est le plus grand de région.
monument classé de France puisqu’il s’étend Dans le cas des monuments classés, l’auto
sur plus de 3 000 hectares. risation du préfet de région ne dispense pas de
La procédure de protection pour les monu recueillir des autorités compétentes les autori
ments historiques est la suivante : sations ou accords requis en vertu d ’autres
CLASSIQUE 164
législations que le Code de l’urbanisme (éta Le déclassement d’un site est prononcé par
blissements recevant du public, sécurité, décret en Conseil d’État.
accessibilité aux personnes handicapées). Ph, P,
Dans le cas des monuments inscrits, le deman
deur du permis de construire verra s’appliquer Inscription ; Inventaire général du patrimoine culturel ; Monù»
ment historique; Patrimoine; Protection de la nature; Soup*
le caractère unificateur de ce permis. direction des m onuments historiques et des espaces prO*
Parmi les travaux soumis à autorisation tégés; Sites.
dans les immeubles classés, avec un délai de
délivrance tacite de six mois, il faut signaler
notamment ceux qui ont pour objet ou pour CLASSIQUE
effet de mettre hors d’eau, consolider, aména
ger, restaurer, mettre aux normes, mettre en Du latin classions (citoyen romain apparte»
valeur, dégager ou assainir, ainsi que les tra nant à la classe qui payait le plus d’impôts,
vaux de couverture provisoire ou d’étaiement opposé à proletarius, qui appartient à la classe
(sauf en cas de péril immédiat) ou de ravale la plus basse), ce qualificatif fut appliqué
ment, les travaux sur les parties intérieures pour la première fois par Aulu Gelîe (vers
classées, en particulier la modification des 200 de notre ère, Noctes atticae, xix, 18, xv)
volumes ou des distributions horizontales ou aux écrivains dont la grammaire et la syntaxe
verticales, la modification, la restauration, la étaient correctes, par opposition aux proleta-
restitution ou la création d’éléments de rii dont la prose était incorrecte et négligée.
second œuvre ou de décors, sols, menuiseries, Dès l’Antiquité tardive, ce terme en vint à
peintures murales, badigeons, vitraux ou signifier, par extension, «digne d’être imité».
sculptures, etc. Quant au régime des Remplacé, dans cette acception, par canoni-
immeubles inscrits, la division de principe est cus, au Moyen Âge, il fut remis en usage,
entre travaux soumis à permis de construire, parallèlement à canonique, dans l’Italie du
de démolir, d’aménager ou déclaration préa X V I e siècle où il devint bientôt synonyme
lable au sens du Code de l’urbanisme, auquel d’antique (l’humanisme se proposant l’imita
il faut renvoyer, et travaux qui relèvent d’un tion de l’Antiquité). Depuis lors, il a toujours,
préavis de quatre mois au service départemen d ’une façon ou d’une autre, conservé cette
tal de l’architecture et du patrimoine (et qui connotation. En outre, il a pris, également au
portent notamment sur les ouvrages d ’infra xvie siècle, l’acception supplémentaire (liée à
structure). la notion de classe scolaire, cette fois) de « ce
Quant à la procédure de protection des qui peut être enseigné en classe ».
sites, l’inscription intervient à l’initiative de la L’adjectif classique et son dérivé classi
formation dite « des sites et paysages » de la cisme ont connu une fortune particulière dans
commission départementale de la nature, des le domaine de l’esthétique où, au fil du temps,
paysages et des sites, après avis du conseil ils ont été définis de façon polémique, par
municipal, notification individuelle ou éven rapport à des concepts véhiculant des valeurs
tuelle mesure générale de publicité. Elle est opposées (par exemple romantique, ou, plus
prononcée par arrêté du ministre chargé des précisément pour l ’architecture, gothique,
sites (en Corse, par délibération de rassem baroque, et même néo-classique).
blée de Corse après avis du représentant de Le terme classique a d’abord été utilisé dans
l’État). Le classement parmi les sites est pro la théorie littéraire, au X V I I e siècle. Il signifie
noncé par arrêté ministériel ou décret en alors « ce qui obéit aux règles anciennes,
Conseil d’État, après avis de la formation des formulées par Aristote et Cicéron, dans leurs
sites et paysages de la commission départe ouvrages de poétique et de rhétorique », par
mentale (et le cas échéant, en zone de mon opposition au «précieux» (affecté, capri
tagne, consultation du comité de massif) et cieux), associé au cénacle de l’hôtel de
enquête publique pour recueillir les observa Rambouillet.
tions de toute personne intéressée et des pro Cette grande explosion néo-aristotélicienne,
priétaires (au cas où le projet affecte des incarnée en France par Boileau, appelait une
propriétaires autres que certaines personnes réaction, au nom d’un indéfinissable «je ne
publiques et après avis de la commission sais quoi » : ce fut la « querelle des Anciens et
supérieure des sites, perspectives et paysages). des Modernes » qui allait impliquer l’architec-
(« b CLASSIQUE
turc dans la polémique et qui consacre l’usage tique seuls les édifices de Rome fussent
tlu terme classique dans cet art (bien qu’en connus des architectes et praticiens de l’art
1777 le Dictionnaire de l ’Académie continue urbain. Rome était donc le grand modèle et la
de lui accorder un emploi exclusivement litté connaissance de son espace fut transmise aux
raire). artistes et aux architectes du monde entier par
En fait, dès avant la « querelle », Fréart de la médiation d ’innombrables gravures. Les
( iiambray utilisait le terme classique comme peintures de Raphaël, puis de Poussin, contri
synonyme d’antique à propos des cinq ordres buèrent également à façonner la ville clas
d'architecture. Vers le milieu du siècle, une sique à l’image de la cité antique. C’est bien
certaine « modernité architecturale », illustrée cette image que les travaux du pape Sixte
pur les innovations du baroque italien (en par- Quint (1585-1590) ont intégrée dans le tissu
liculier l ’œuvre de Borromini), offrait un de la ville, grâce à la conjonction de solides
objectif de choix aux attaques des « anciens ». réformes fiscales, de constructions nouvelles
Les deux frères Perrault comptaient parmi les (palais du Quirinal, achèvement de la coupole
protagonistes les plus illustres de la querelle, de Saint-Pierre), et de l’utilisation de frag
en littérature (contre Racine et Boileau), et en ments antiques (en particulier des obélisques),
urchitecture où leur position a souvent été mal disposés de façon à donner une assise supplé
interprétée par les historiens modernes. Parce mentaire et à mieux mettre en valeur des pers
que Claude avait été officiellement chargé par pectives urbaines qui devaient faire de la
Colbert de la traduction de Vitruve et que son Rome sacrée un modèle politique pour le reste
projet pour le Louvre, énergiquement défendu de l’Europe.
par son frère Charles, l’avait emporté sur celui La France fut la première à suivre cet
du Bemin, on les considère comme tenants exemple, d’abord avec la construction specta
des modèles classiques, alors qu’ils étaient les culaire des quais de la Seine, face au Louvre,
chefs de file des Modernes. puis avec la démolition des anciens murs,
L’ambiguïté de leur attitude est une consé remplacés par des boulevards à partir de
quence de la révolution épistémologique opé 1670. Une partie de ces opérations coïncidait
rée par le cartésianisme, et notamment de son avec les travaux menés par André Le Nôtre,
rejet de toute autorité. En dépit de toutes d’abord aux Tuileries puis, simultanément,
leurs critiques portées contre l’adoration de aux Champs-Élysées et à Versailles. La notion
l’Antiquité, les frères Perrault réhabilitaient de « ville ouverte » et le schéma de la patte
l’autorité dans le domaine des arts visuels, en d'oie, perfectionné par Le Nôtre, constituent
les excluant du royaume du savoir, pour les les deux traits essentiels d’une ville classique
installer dans celui de l’imagination, faculté dont la colonnade de Perrault pour le Louvre
qui, selon leur conception quelque peu jansé fournit la mise en scène.
niste, était la plus corrompue et la plus arbi L’exemple des travaux de Louis XIV fut,
traire de la nature humaine. Le pouvoir de à son tour, bientôt suivi en Grande-Bretagne,
l’exemple devenait essentiel pour tempérer en Espagne, en Allemagne et finalement en
des tendances « naturelles » vicieuses. La Russie, avec la construction de Saint-
querelle sur la nature de l’autorité devait se Pétersbourg.
poursuivre jusqu’à la Révolution française, Lorsque, à partir de la deuxième moitié du
qui eut pour effet paradoxal de créer, parmi XVIIe siècle, les voyages vers l’Orient
d’autres styles historiques, un «style clas devinrent plus faciles, la conception d ’un
sique » qu’on appelle le néo-classicisme. passé classique unifié s’effondra sous le poids
Quant au classicisme, le passé auquel il se de documents archéologiques montrant les
conforme est une totalité unifiée qu’on pour différences qui séparent la Grèce, Rome,
rait définir comme l’architecture des sept mer l ’Égypte, la Mésopotamie. Une nouvelle
veilles du mçmde. Elle incluait en effet les anthropologie faisait apparaître la cohérence
pyramides d’Égypte, les jardins suspendus de interne du paysage, du climat et de la menta
Babylone, parfois le temple de Jérusalem, et lité dans la formation de Yethos et de l’art
ses règles, qui avaient été énoncées par d ’un peuple, de son style : du même coup
Vitruve, pouvaient être vérifiées par l’analyse apparaît la valeur purement relative de tout
des vestiges demeurés dans les pays « clas précédent historique.
siques », l’Italie et la Grèce, bien qu’en pra On pouvait opposer un caractère roman-
■ m ilia ! '
CLIMAT 168
tique et national (parfois gothique) à un classi époque. Parmi les plus connues de ces rési
cisme atemporel, de valeur universelle. Il en dences, on peut citer, aux États-Unis, Célébra
résulta une floraison de nouvelles règles qui tion, commandité par la société Disney â
n ’ont plus grand rapport avec l’archéologie, Orlando en Floride, et, dans le même État,
mais sont dictées par l’anthropologie : Laugier Seaside, dont l’homogénéité « classique » fut
prend parti pour les supports ponctuels et pour soulignée par Peter Weir dans son film The
la colonne contre les supports linéaires et le Truman Show ( 1998).
mur porteur, et, en matière de tracés urbains, il En histoire de l’art, H. Wôfflin a tenté de
défend la patte d ’oie contre la grille orthogo faire retrouver au concept d’art classique son
nale. À la fin du xvme siècle, le néorationa ancienne valeur « exemplaire », proposant à
lisme pragmatique de l’École polytechnique cet effet la Rome du xvie siècle comme le
promouvait une nouvelle méthode qui appli sommet des accomplissements humains. Mais
quait au dessin des plans d’architecture et des cette tentative devait recevoir un coup mortel
plans urbains les axes du graphe cartésien. lorsqu’un élève de Wôfflin, S. Giedion, pro
En effet, l’usage de la grille dans le dessin posa en 1922 le concept de «classicism e
d ’architecture avait longtemps été limité à romantique ».
l’étude des détails (première apparition dans
J. R.
la grande édition de Vitruve, Côme, 1521), à
l’élaboration des façades (Serlio, 1541) et, - » A rt urbain; Baroque; Histoire; Peinture.
en dépit des travaux de Philibert de L’Orme,
ne s’était pas généralisé pour l’établissement
des plans avant la deuxième moitié du CLIMAT
xvme siècle (B. Vittone). Il fallut attendre 1800
pour que Durand en fasse l’instrument essen La meilleure définition du climat est pro
tiel pour l’établissement de toutes les catégo bablement celle donnée par Max Sorre en
ries de plan. 1943: «... ambiance atmosphérique consti
Toutefois, c ’est sans doute leur nouveau tuée par la série des états de l’atmosphère au-
rapport à l’histoire qui caractérise la démarche dessus d ’un lieu dans leur succession habi
des promoteurs de l’art urbain néo-classique. tuelle ». Ces manifestations de « l’ambiance
Tandis que les classiques avaient l’ambition atm osphérique» sont principalem ent les
d ’égaler un passé idéal unifié, les néo températures et les précipitations ; mais il
classiques se proposent d ’imiter des données s’agit aussi de la pression atmosphérique, dé
historiques spécifiques et d’utiliser un style l’humidité de l’air, des vents (force et direc
historique parmi d’autres. tion), de la nébulosité (et son contraire,
Au début du xxe siècle, après l’échec de l’insolation), des «précipitations occultes»
l’A rt nouveau, un certain nombre d ’archi (rosées, brouillards). Le recueil des données
tectes, en Allemagne et en France (P. Behrens dépend évidemment de la densité des postes
et Auguste Perret sont les plus importants) d ’observation météorologique et leur fiabi
tentèrent de rétablir une discipline « clas lité, pour établir des moyennes, de l’ancien
sique» dans les arts visuels, afin de com neté de ces observations systématiques
battre les excès de l’innovation. La même qui, selon les cas, va de plus d ’un siècle à
tendance se manifesta après la première quelques années seulement.
guerre mondiale en littérature, peinture et Il ne faut pas confondre ce concept avec
musique (P. Valéry, Picasso, Stravinski), mais celui de temps dont la définition scientifique
n ’eut qu’un effet marginal sur l’architecture est claire : il s’agit, pour un lieu donné, de
et l’urbanisme. l’état momentané des conditions atmosphé
Cette désignation a été adoptée dans les riques. La météorologie, qui ressortit à la géo
pays anglo-saxons par les architectes et les physique, décrit ces états, les analyse, en
urbanistes liés au mouvement « New Urba- recherche les causes et, de plus en plus sûre
nism ». Ceux-ci se spécialisèrent dans la ment, en prévoit l’évolution pour des périodes
construction de «gated communities » très allant d’un jour à quelques semaines.
denses, composées de maisons reproduisant L’étude scientifique du climat (la climato
des modèles empruntés aux xvm e et logie) suit une double voie :
XIXe siècles et discrètement adaptés à notre — une voie analytique ou séparative,
187 CLÔTURE
visant à établir des moyennes annuelles et qui permettront de le limiter et d ’en réduire
mensuelles des diverses manifestations les effets néfastes pour l’homme et pour son
atmosphériques et, à partir de ces contrats, environnement.
de différencier des «types de climats» cor G. B.
respondant à des combinaisons multiples des
divers facteurs ; - » Atm osphère; C lim ax; Conditions naturelles; Effet de serre;
Microclimat urbain; Protection de la nature.
— une voie synoptique, qui vise à étudier
le comportement et les variations de l’atmo
sphère dans toute son épaisseur, à expliquer
l’enchaînement des types de temps et, finale CUMAX
ment, à replacer moyennes et « types de cli
mats » dans une perspective dynamique, d’où État d’équilibre stable entre, d’une part, les
un rapprochement très sensible avec les pré données climatiques et, d’autre part, la végé
occupations des météorologues. tation (phytoclimax) ou le sol (pédoclimax).
Depuis un peu plus d ’une génération, Cet état se caractérise par un renouvellement
l’étude du temps et du climat ne dépend plus constant de la végétation dans sa forme primi
seulement des stations météorologiques et des tive ou par une évolution de même sens de la
ballons-sondes. De plus en plus, elle se fonde dynamique pédogénétique. Phytoclimax et
sur l’observation des photographies et d’enre pédoclimax peuvent se «croiser» pour qu’à
gistrements satellitaires, d’où d’impression partir des mêmes données climatiques, sans
nants progrès récents. intervention humaine, l ’organisation et la
Dans une acception plus restreinte, le terme répartition des groupements végétaux et des
de climat s’applique également à la définition types de sols soient extrêmement différentes,
des conditions atmosphériques moyennes compte tenu de la nature variée des roches
d’une région ou d’une zone. On parle ainsi de (chimie, porosité, minéralogie), des processus
« climat méditerranéen » ou de « climat tropi de l’érosion, du drainage, et de bien d’autres
cal humide ». Ces types de climat ont d’abord facteurs.
été définis par des moyennes ; de plus en plus, L’intervention de l’homme rompt l’équi
ils sont caractérisés par leurs mécanismes libre climacique. Lorsque cette intervention
atmosphériques et les « écarts à la moyenne » est régulièrement répétée, on passe alors au
sont pris en considération. On se rapproche paraclimax, état d ’équilibre plus ou moins
ainsi des conditions réelles, sans toutefois précaire entre les données climatiques et les
perdre de vue les dissemblances fondamen formes de perturbation dues à l’homme (ex. :
tales des types de climat. dans les régions méditerranéennes, les gar
De manière encore plus restreinte, le climat rigues basses à chêne-kermès substituées à la
peut être défini dans un site précis équipé forêt de chêne-vert par l’usage régulier du brû
d’une station d ’observation (microclimat), lis). Une large part des formations végétales
dans une petite région (mésoclimat) ou dans est paraclimacique.
une succession de stations d’exposition diffé Si l’intervention humaine cesse, un nouvel
rente (topoclimat). Les données essentielles état d’équilibre s ’établit, le proclimax, qui
portent alors sur la stratification des tempéra n ’est pas nécessairement semblable au climax
tures et leur variabilité, sur les précipitations initial.
occultes, sur les vents... On se rapproche là du G. B.
vécu et du concret, en milieu mral comme en
milieu urbain ; la climatologie est désormais -> Clim at; Conditions naturelles.
lies sous un article caractérisé par un numéro à figurent dans les plu , pos , paz, etc., c’est-à-
Irais chiffres. Le permis de construire, par dire que le rnu ne s’applique qu’à défaut de
exemple, figure l’article L 421, R 421, A 421, document local. Il convient donc d ’ajouter
mais comportera de multiples alinéas : ainsi, si aux dispositions contenues dans un pos , un
l’on recherche des textes relatifs aux formules plu , une carte communale ou un document en
de demande, on devra consulter les articles tenant lieu, les règles générales figurant à
R 421-43, A 421-1 et A 412-1. Aussi, un index l’article R 111-1 qui sont d’ailleurs dites pour
alphabétique est-il nécessaire (celui du Code cette raison d’« ordre public ».
commenté et annoté par F. Bouyssou et Même si les règles générales jouent un rôle
J. Hugot comporte 175 rubriques principales, subsidiaire, leur contenu est très vaste : elles
et la rubrique « Permis de construire », 42 réfé sont énumérées, et regroupées, aux articles
rences!). R 111-1 à R 111-26 du Code de l’urbanisme,
On se reportera à la présentation du Code en trois catégories, qui concernent respective
pratique de l'urbanisme (J. de Lanversin, ment :
1984). Cette édition, qui ne comporte ni com — la localisation et la desserte des construc
mentaires ni références jurisprudentielles, tions ;
présente l’intérêt de juxtaposer sur une même — l’implantation et le volume de ces
page les trois parties du Code présentées habi constmctions ;
tuellement de manière fractionnée et succes — l’aspect de ces constmctions.
sive (en raison même de la distinction des Une étude détaillée du Code de l ’urba
pouvoirs législatif et réglementaire introduite nisme fait apparaître les inévitables diffi
dans les codifications officielles par la Consti cultés rencontrées par la mise en œuvre des
tution de 1958). Outre la présentation règles générales d’urbanisme. Il revient au
« synoptique » des 630 articles de la partie contrôle juridictionnel de trancher en cas de
législative (L) et des 620 de la partie contentieux et de faire ainsi émerger une
réglementaire (R), ainsi que des arrêtés pris jurisprudence. Ces difficultés ont pu, dans
en application de ces derniers, l’édition une certaine mesure, être prévenues par l’éla
comporte des formulaires, les directives et cir boration de « modalités d ’application du
culaires d’application, et des extraits des six règlement national d ’urbanisme» ( marnu )
principaux autres codes concernés par l’urba ou cartes communales dans les communes
nisme: Code civil, Code des communes, non dotées de pos . Les cartes communales
Code forestier, Code général des impôts, étaient des documents d ’urbanisme som
Code rural, Code de la santé publique. maires, dont l’objet est de préciser les prin
Le législateur ayant laissé au gouvernement cipes d ’application au plan local du
le soin d ’édicter «les règles générales en règlement national d ’urbanisme. C ’est un
matière d’utilisation du sol », en dehors de la document d ’urbanisme, reconnu comme tel
production agricole (art. L 111-1 du eu), une depuis la loi SRU du 13 décembre 2000,
réglementation applicable à l’ensemble du ter adapté au cas des petites communes rurales,
ritoire avait été édictée par un décret du 29 août simplifié dans son contenu comme dans sa
1955, puis un décret du 30 novembre 1961. procédure. Il est opposable aux tiers.
L’appellation de règlement national d ’urba Au 1er janvier 2009, il reste 1 045 com
nisme est encore utilisée parfois pour désigner munes (2,4 millions d’habitants au recense
ce corps de règles, bien que le Code de l’urba ment de 1999 et 145 000 km2) non couvertes
nisme les ait intégrées sous le nom de « règles par un plu ou par une carte communale,
générales d’urbanisme » (rgu). La planifica approuvée ou en cours d’élaboration, et qui
tion urbaine a réduit leur champ d’application devraient donc rester soumises au r n u .
à travers les règles locales fixées par les pud , En outre, 2 623 communes (0,8 million
puis surtout par les pos, enfin par les plu et les d ’habitants et 50 000 km2) ayant une carte
cartes communales. Ces règles locales communale en cours d ’élaboration et
l’emportaient autrefois sur celles du rnu, qui 1 936 communes (1,3 million d’habitants et
ne jouaient qu’un rôle subsidiaire en cas de 64 000 km2) ayant un plu en cours d’élabora
silence du pos, puis des plu. tion devraient en sortir. Leur adoption
La loi du 31 décembre 1976 fait prévaloir entraîne le transfert au maire de la responsabi
sur les règles du rnu l’ensemble de celles qui lité des autorisations d’utilisation du sol.
CODE FORESTIER 170
cette disposition a été supprimée dans les doit être prévu par le règlement du pos , inter
plans locaux d’urbanisme (plu ) - , en raison venir à l’intérieur d ’une zone hom ogène de
soit de prescriptions d’architecture ou d’urba celui-ci (donc de cos uniforme), s ’effectuer
nisme, soit de l’existence de projets visant à avec l ’accord des propriétaires concernés et
renforcer la capacité des équipements collec- dans le cadre des règlements en vigueur.
lits. Le constructeur devait verser une taxe Toutes les dispositions précédentes rela
pour surdensité égale à la valeur de la surface tives à la stratégie des cos, séduisantes, mais
supplémentaire de terrain qui aurait été néces complexes, ont été en fait peu utilisées, ce
saire pour la construction envisagée. Cette qu’on ne peut que regretter car elles pouvaient
taxe était perçue par la commune ou l’établis constituer des moyens efficaces d’une poli
sement public ayant compétence en matière tique urbaine. Le dispositif des cos, qui était
d’urbanisme. La taxe pour surdensité ne doit au cœur des pos, sans être cependant obliga
pas être confondue avec le versement pour toire depuis la décentralisation (1983), joue
dépassement du plafond légal de densité. un rôle moins important dans les plu : il est
Le dépassement pouvait également être réa significatif que l’article 4, relatif aux plu , de
lisé avec l’accord de l’administration dans la loi sru du 13 décembre 2000 n’évoque la
d’autres cas: par exemple, un horticulteur fixation de cos qu’au 13e et dernier rang des
pouvait céder des droits à construire, inutiles moyens disponibles (et facultatifs) pour fixer
pour lui, au propriétaire d ’une parcelle qui les règles d’utilisation des sols.
bénéficiait d’un espace non construit à proxi P. M. et Y. P.
mité de son bâtiment.
Le dispositif des coefficients des sols peut Densité; Plafond légal de densité <pld); Plan d'occupation
des sols {pos); Plan local d'urbanisme (plu ); Surface de
être utilisé dans les plu (et, auparavant, dans plancher.
les pos ) pour mettre en œuvre une véritable
politique d’incitation, en fonction des objec
tifs de la planification urbaine. On parle ainsi : COEFFICIENT D'UTILISATION DES SOLS
— de cos d ’accompagnement qui repro —►Coefficient d'occupation des sols
duit la densité existante ;
— de cos d ’incitation qui, par un niveau
élevé, crée une incitation à la construction ou CŒUR DE VILLE —> Centre ; Centre historique;
à la densification ; Centre urbain
— de cos de dissuasion qui, très bas,
décourage la construction et permet le main
tien d’une zone dans un état proche de l’état COFFRAGE -> Béton
naturel : il permet ainsi la protection ou la
constitution de réserves foncières (où on
pourra réévaluer le cos ultérieurement) ; COLLAGE -> Composition urbaine ;
— de cos alternatifs différents pour une Morphologie (urbaine) ; Typologie
même zone, selon l’utilisation du terrain :
c’est donc une incitation à un type particulier
d’utilisation qui bénéficie d’un cos plus élevé. COLLECTIF (LOGEMENT) -► Appartement
Le transfert de cos est une procédure qui
peut intervenir en cas de dépassement du cos :
la taxe de surdensité n ’est pas due si les pro COLLECTIVITÉS LOCALES
priétaires des parcelles voisines acceptent de (ET TERRITORIALES)
réduire d’autant leur capacité de construction
(avec servitude d’inconstructibilité). Il peut La Constitution (art. 72) énumère les col
intervenir dans les cas prévus pour le dépasse lectivités territoriales : communes, départe
ment de cos, mais aussi pour la protection du ments, territoires d’outre-mer, et dispose que
paysage de certaines zones (report de cos) : le « toute autre collectivité territoriale est créée
pos prévoit alors le transfert des cos de cette par la loi».
zone vers une autre où on souhaite regrouper C ’est ainsi que la loi du 2 mars 1982
la construction, afin d’éviter le « mitage » de reconnaît cette qualité aux régions (celle de
l’espace. Le transfert du cos, dans tous les cas, 1972 les constituant en établissements
É.i.iiLLyiiikLidiLLbLLiiLLiiiiiiiLyÉiiLü.ti.iit.t
COLLECTIVITÉS LOCALES (ET TERRITORIALES) 172
les affaires de la commune». Élu tous les en la matière et ne sont pas publiques. Les déli
six ans au suffrage universel direct (1995, bérations du conseil, acquises à la majorité
2001 et, exceptionnellement, 2008), il a vu sa simple, ont le plus souvent le caractère de déci
composition et son mode de scmtin modifiés sions exécutoires, soumises au contrôle de léga
par la loi du 19 novembre 1982. Le nombre lité (le préfet dispose désormais d’un délai de
des conseillers municipaux varie selon la taille deux mois pour déférer au tribunal administratif
des communes de 9 (communes de moins de une délibération qu’il estime illégale et peut
100 habitants) à 69 (300 000 habitants et assortir ce recours d’une demande de sursis à
plus). Dans les très grandes villes, il atteint 73 exécution). Les délibérations financières - vote
(Lyon), 101 (Marseille) et 163 (Conseil de du budget, fixation du taux des taxes, émission
Paris), mais ces dernières disposent par d ’un emprunt - comme celles relatives aux
ailleurs d ’une organisation particulière en emplois communaux, à l’organisation des ser
arrondissements. vices, à la gestion des biens communaux, etc.,
Le mode de scrutin a des implications sont des décisions exécutoires. D ’autres délibé
politiques importantes. La majorité gaulliste rations, en revanche, prennent la forme de
avait adopté en 1964 le scmtin de liste majo simples vœux ou d’avis.
ritaire à deux tours, interdisant la modifica
tion des listes entre les deux tours dans les Le maire est chargé d’exécuter les délibéra
villes de plus de 30 000 habitants, ce qui tions du conseil municipal. Mais l’évolution
incitait aux regroupements dès le premier de la pratique l’a conduit à occuper dans l’ins
tour, assurait une majorité stable, et favorisait titution communale une place prédominante,
la bipolarisation. Le système adopté par la pour deux raisons principalement :
101 du 19 novembre 1982 pour les communes — d’abord le mode de scrutin (scrutin de
de moins de 3 500 habitants est le scrutin liste au-dessus de 2 500 habitants) fait qu’il
majoritaire (les candidats devant se regrouper est élu par les conseillers municipaux en tant
en listes complètes au-dessus de 2 500 habi que le chef de la liste victorieuse : les élec
tants), qui convient aux petites communes où teurs tiennent compte, dans le choix de la liste
les facteurs personnels l’emportent le plus pour laquelle ils votent, de la personnalité qui
souvent sur les stratégies partisanes. Dans les la conduit ;
communes de 3 500 habitants et plus, un — ensuite son autorité s’est considérable
mode de scmtin original combine les avan ment accrue à la faveur de l’extension de
tages du scmtin majoritaire (majorité stable) l’administration communale, dont il est sou
et de la représentation proportionnelle vent le seul au sein du conseil municipal à avoir
(regroupements politiques clairs lors des can une vue d’ensemble, les autres conseillers
didatures) : les conseillers sont élus au scmtin n’ayant guère le temps de prendre connais
de liste à deux tours, les listes déposées sance des dossiers.
devant comporter autant de candidats que de Les adjoints, élus, comme lui, par le conseil
sièges à pourvoir. Dans ces communes, la parmi ses membres (leur nombre est fixé de 1
moitié des sièges est attribuée à la liste arri à 20, mais ne peut jamais dépasser 30 % de
vée en tête au second tour (système dit de la l’effectif du conseil), ne disposent d ’aucun
prime majoritaire), l’autre moitié étant répar pouvoir propre, à l’exception de ceux qui leur
tie à la proportionnelle entre toutes les listes sont délégués par le maire. Lorsque ce dernier
présentes au second tour. retire à un adjoint sa délégation (situation
La distinction entre sessions ordinaires et assez fréquente, consacrée par la loi du
extraordinaires ayant été supprimée en 1970, le 19 novembre 1982 qui lui permet de transfé
conseil municipal se réunit légalement au moins rer la délégation ainsi retirée à un conseiller
une fois par trimestre, mais le maire peut le municipal), il se trouve privé de tout pouvoir,
convoquer chaque fois qu’il le juge utile : c’est même s’il ne peut être mis fin à ses fonctions.
donc lui, dans la pratique, qui établit la périodi Le maire n ’est pas «responsable» devant
cité des réunions. Les séances sont publiques et le conseil, qui ne peut mettre fin à ses fonc
peuvent être préparées par un travail en tions. Devant une crise durable, la seule solu
commissions. Ces commissions, permanentes tion consistera donc soit dans sa démission,
dans les grandes communes, sont présidées par soit dans la dissolution du conseil par décret
le maire ou par l’adjoint ayant reçu délégation en conseil des ministres.
1/!l COMMUNE
I ,es attributions du maire en tant que repré- innovaient fortement dans le système local
M-nlant de l’État dans la commune concernent français. Les communautés de villes (pour les
l'élat civil (notamment la célébration des agglomérations de plus de 20 000 habitants) et
mariages) et la police judiciaire. Dans cette les communautés de communes doivent obli
double compétence, il agit sous le contrôle de gatoirement exercer les deux compétences de
l'autorité judiciaire. l’aménagement de l’espace et du développe
Pour l’exercice de ses attributions en ment économique ; elles ont dû opter pour une
matière d’urbanisme, de publicité des lois et troisième compétence au moins, choisie parmi
règlements, d’établissement des listes électo la protection de l’environnement, la politique
rales et des listes de recensement en vue du du logement, la voirie et les transports urbains,
service national, il agit sous l’autorité hiérar la construction et la gestion d ’équipements
chique du préfet. publics. La mise en œuvre de ces nouvelles
Le maire est aussi et surtout l’autorité exé structures s’est révélée difficile et la formule
cutive dans la commune. Ses attributions sont de la communauté de villes a paradoxalement
classées en trois catégories : contribué à une forte relance de l’ancienne
— il prépare et exécute les délibérations du institution des districts qui en a représenté la
conseil, agissant sous son contrôle notam formule alternative et concurrente. Ceux-ci
ment en matière budgétaire : il est ordonna sont passés de 214 en 1992 à 324 en 1995,
teur des dépenses de la commune ; mais leur nombre a diminué par la suite et ils
— il peut se voir déléguer par le conseil ont été supprimés par la loi de 1999. Si la
certaines compétences énumérées par la loi communauté de villes avait eu peu de succès
(conclusion de contrats, fixation de tarifs par (5 en tout se sont constituées et aucune ne
exemple), mais ces délégations sont toujours concernait une agglomération importante) et a
révocables ; été supprimée par la loi de 1999, la commu
— il dispose enfin de pouvoirs propres, nauté de communes a connu un succès cer
pour l’exercice desquels il n ’a ni à être auto tain: 2 293 avaient été constituées au
risé par le conseil ni à lui rendre compte. Ce 1erjanvier 2009, regroupant 30 244 communes
sont d’une part la direction des services muni et plus de 26 millions d ’habitants. La loi
cipaux et la gestion de leur personnel ; d’autre Chevènement du 12 juillet 1999 a en effet
part, la police administrative. cherché à encourager ces regroupements de
Certains maires exercent ces pouvoirs soli communes, tout en limitant, dans un souci de
tairement, avec l’aide du seul secrétaire géné simplification, le nombre de formules pos
ral ou de leur cabinet, d’autres délèguent sibles. Il ne subsiste que la communauté
largement à leurs adjoints leurs compétences. urbaine, la communauté de communes et la
La «municipalité» peut être entendue, soit nouvelle formule de la communauté d’agglo
au sens large, comme l’ensemble de per mération, les districts et les communautés de
sonnes qui administrent une commune villes étant appelés à disparaître. 1 671 commu
(Robert), c’est-à-dire le maire, les adjoints et nautés d’agglomération s’étaient constituées
les conseillers municipaux, soit, au sens étroit au 1er janvier 2009, regroupant 3 003 com
du droit administratif, comme la réunion du munes et 21,4 millions d’habitants. On peut
maire et des adjoints. Étant peu rigoureux ajouter les 16 communautés urbaines (regrou
dans son usage, ce substantif est peu utilisé, pant 409 communes et 7,4 millions d ’habi
l’adjectif «m unicipal» étant au contraire tants) et les 5 syndicats d ’agglomération
d’usage courant. nouvelle subsistant dans les villes nouvelles
La « municipalité » (au sens étroit), peut se (regroupant 29 communes et 300 000 habi
voir attribuer une indemnité, mais celle-ci ne tants).
représente pas un véritable traitement. Dans Le transfert aux communes de f élaboration
les villes où la fonction du maire et des prin des documents d’urbanisme a obligé l’État à
cipaux adjoints correspond à une occupation mettre en œuvre la procédure prévoyant l’ins
à plein temps, les maires sont donc incités à cription, dans un schéma directeur (devenu
rechercher un mandat national. schéma de cohérence territoriale) ou dans un
plan d’occupation des sols (devenu plan local
Les nouvelles structures de coopération d’urbanisme), d’un projet d’intérêt général : le
mises en place par la loi du 6 février 1992 projet de construction d’un centre de confé
COMPENSATION CARBONE ■m
rences internationales a ainsi fait l’objet d’un tés territoriales ont été élaborés dès 2009,
contentieux entre la ville de Paris et l’Etat. Leur discussion parlementaire doit conduire'!
un vote à l’automne 2010 (d ’autres lois
Le rapport du comité pour la réforme des doivent suivre) qui entrera en vigueur lors des
collectivités locales (dit comité Balladur) a élections locales de 2014. Les élus dans lèfc
proposé des modifications importantes qui structures communautaires seront élus lors du
avaient clairement pour objet de faire de la même scrutin. Seules les dispositions relatives
commune (ou de la métropole ou de la au Grand Paris et à la Corse seraient reportées
commune nouvelle créée par transformation à une date ultérieure. ;i
d’une structure intercommunale) l’échelon de
P. M. etY.i»;
base de la démocratie locale et de l’organisa lu
tion locale en lui conférant une compétence - > Autonomie financière et fiscale des collectivités ; Budgiü
com m unal; Collectivités locales et territoriales; Compensa*
générale. Au contraire, les départements et les tions de la fiscalité locale ; Emprunts des collectivités localssj
régions n’auraient que des compétences spé Fiscalité directe des établissements de coopération irttëfc
com m unale; Fiscalité directe locale; Groupement de coiTh
cialisées. Le même rapport propose en outre, munes. ' 1
notamment :
— de créer, dès 2014 (date des prochaines
élections municipales), onze métropoles COMPENSATION CARBONE Effet de serre;
(d’autres pourraient être créées par la suite) Énergie et environnement ; T axe carbone : >I
ayant certaines compétences des communes,
plus les compétences sociales du départe
ment; COMPENSATIONS DE LA FISCALITÉ LOCALE i
— d’achever, avant 2014, la carte des
intercommunalités (notamment en Île-de- Près de deux siècles après sa création, la
France et en Corse, régions où elles sont le fiscalité directe locale a été entièrement réno
moins développées) ; vée entre 1970 et 1976. Mais, à peine mise en
— de rationaliser, également avant 2014, la place, elle fut critiquée et amendée, chaque
carte des syndicats de communes, ceux qui année apportant ses réformes allant toujours
correspondent territorialement à un groupe dans le sens d ’un allègement des charges
ment de communes étant absorbés par celui-ci ; pesant sur les contribuables et d ’une compen
— de créer une collectivité locale du Grand sation par le budget général de l’État. Peü à
Paris qui réunirait les départements de Paris et peu, il est revenu au contribuable national de
de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine- remplacer le contribuable local, et depuis que
Saint-Denis et Val-de-Marne) ; le budget de l’État est largement déficitaire,
-— d ’élire les organes délibérants des éta c’est la dette publique qui a pris le relais des
blissements publics de coopération inter contribuables nationaux. De multiples raisons
communale à fiscalité propre en même temps expliquent cette dérive et, parmi celles-ci, la
et sur les mêmes listes que les conseillers trop grande lenteur du regroupement commué
municipaux (et donc au suffrage universel nal, mais aussi une aggravation de la fiscalité
direct) ; locale. La connaissance du fait qu’une large
— de permettre aux intercommunalités de partie de la charge fiscale est supportée par
se transformer en communes nouvelles en î’État a sûrement incité certaines collectivités
redéployant, en leur faveur, les aides à l’inté à augmenter la pression fiscale.
gration des communes ; Quoi qu’il en soit, les compensations de la
— de clarifier la répartition des compé fiscalité locale ont pris une place considérable.
tences entre l’État et les collectivités locales ; En 2008, l’ensemble de la prise en charge de
— de compenser intégralement la suppres la fiscalité locale par le budget de l’État repré
sion prévue de la taxe professionnelle par un sente 19,1 milîiards d ’€. Cette somme
autre mode de taxation de l’activité écono comprend 3,4 milliards de compensation
mique, fondée notamment sur les valeurs venant se substituer aux exonérations et
locatives et sur la valeur ajoutée des entre s’ajoutent au produit de la fiscalité proprement
prises (ce qui a été voté dès décembre 2009 dite. Elle comprend 15,7 milliards de dégrève
pour entrer en application le 1er janvier 2010. ments qui s’imputent sur la fiscalité votée
Les projets de îoi de réforme des collectivi (65,7 milliards d ’€ en 2008). Au total, le
,!#1 COMPENSATIONS DE LA FISCALITÉ LOCALE
potentiel fiscal comprend le produit voté et les ments et de la région Corse a été supprimée
compensations, soit 69,1 milliards : la prise en depuis 1995. Quant aux bases de taxe profes
Charge par l’État est donc de 27 %. sionnelle imposées au profit des communes et
À ces montants, on peut ajouter plus de de leurs groupements, elles faisaient l’objet
10 milliards de compensation de la part d’un abattement de 25 %.
lalaires de la taxe professionnelle supprimée Les exonérations générales de taxe profes
•n 1999 et intégrée dans la DGF. On atteint sionnelle avaient pour objectif l’allègement
«lois 30 milliards, soit 11 % des dépenses de des charges des entreprises et la recherche
l'État. La suppression de la taxe profession d’une dynamique des investissements et de
nelle à partir de 2010 modifie cette situation, l’emploi. Les exonérations les plus anciennes
puisque l ’essentiel des compensations et faisaient l’objet d’une compensation appelée
dégrèvements concernent cette taxe. La dotation de compensation des allègements de
charge pour l’État n ’en est cependant pas base de la taxe professionnelle (dctp ). Elle
dllégée dans un premier temps, mais la fuite était constituée d’un ensemble de compensa
«n avant sera arrêtée. En tout cas, en 2008, tions qui étaient notifiées chaque année aux
26% de la taxe d’habitation, 7% des taxes collectivités locales. Elles résultaient d ’une
foncières et 43 % de la taxe professionnelle série de mesures législatives depuis 1983 qui
(57% avec la part salaires) sont payés par ont entraîné une perte de recettes de taxe pro
l'État qui est devenu (et de loin) le premier fessionnelle pour les collectivités locales et
contribuable local. On peut réellement parler dont la principale est celle de 1987 qui
(J'une nationalisation de la fiscalité locale. compensait l’abattement général de 16% des
Alors que les dégrèvements correspondent bases de taxe professionnelle. Il existait aussi
é des conditions liées aux contribuables (cri- une compensation de la réduction pour créa
lère de revenu pour la taxe d’habitation ou de tion d ’activité (ancienne réduction pour
valeur ajoutée pour les entreprises), les exoné embauche ou investissement).
rations reposent généralement sur des objec- La dctp (hors réduction pour création
lifs de nature incitative soit d’aménagement d ’activité) constitue la variable d’ajustement
du territoire, soit de nature économique. Il des concours financiers de l’État aux collecti
existe une exception : les compensations des vités, de telle sorte que les autres dotations
dégrèvements de taxe d’habitation et de taxe peuvent évoluer en fonction de leurs indices
foncière sur les propriétés bâties bénéficiant de référence prévus par la loi. Il en a résulté
aux personnes non imposables à l’impôt sur une baisse continue de cette dotation qui ne
le revenu (sauf les bénéficiaires du RMi) qui représente plus que 50 % des pertes initiales.
ont été transformées en exonérations en 1992 Les communes qui remplissaient les condi
11 un moment où la doctrine de l’État dans ce tions d’éligibilité à la dotation de solidarité
domaine n’était pas encore affirmée. urbaine (dsu) ont connu des pertes moindres.
Concernant les objectifs d’aménagement du L’exonération de taxe professionnelle la
territoire, il s’agit par exemple des exonéra plus importante concernait les salaires, anté
tions temporaires de taxe professionnelle dans rieurement partie constitutive de la base. Cette
les zones de revitalisation rurale ou dans les partie de la base a été progressivement suppri
zones de redynamisation urbaine, dont cer mée entre 1999 et 2003. A compter de 2004 et
taines ont le statut de zones franches urbaines. conformément aux dispositions prévues par la
Dans ces dernières, les entreprises bénéficient loi de finances pour 2004, le montant de la
également d’une exonération de foncier bâti. compensation versée par l’État en contrepartie
Toutes ces exonérations sont assez limitatives de cette suppression a été intégrée à la dotation
dans leur mise en application avec de nom globale de fonctionnement ( dgf ) et évolue
breuses conditions portant sur la définition comme cette dernière.
des zones et des bénéficiaires. Entrent égale La loi de finances pour 2010, qui définit les
ment dans les objectifs d’aménagement du ter modalités de la suppression de la taxe profes
ritoire les mesures d’exonération spécifiques à sionnelle et son remplacement par divers
la Corse, considérée par ailleurs dans sa tota impôts, prévoit une neutralité totale des effets
lité comme une zone franche. Ces mesures de la réforme pour les collectivités en 2010 et
concernent essentiellement la taxe profession 2011. Ceci explique que les dotations de
nelle, dont la part perçue au profit des départe compensation de la TP perdureront en tant que
COMPLEXE SPORTIF
dotations d’État alors même que la taxe aura pour une commande particulière : c ’est H
disparu. Il est probable qu’elles seront inté composant à la demande (on parle aussi!!®
grées à des dotations plus générales à partir de composants à façon). On peut réaliser la stnfl I
2012. ture et même les façades d’un bâtiment aVI I
Les exonérations de taxe foncière sur les des composants provenant d ’un même fais
propriétés bâties avaient à l’origine l’objectif cant ou d ’un groupe de fabricants : ces comjjj I
de favoriser la construction en général. Elles sants constituent un système constructif où G) I
sont dorénavant uniquement centrées sur le analogie, un mécano. Il s’est développé pu
logement social. sieurs systèmes constructifs de 1975 à 1.9$
La taxe foncière sur les propriétés non en matière de logements, et antérieurement «B
bâties fait également l’objet d’exonération des matière d’écoles. S’il est possible de réalkH
parts départementale et régionale, mais limi un bâtiment en utilisant des composants;»!
tée aux seules terres agricoles. provenance diverse, on dit que les composait}!
Une autre catégorie de compensation ne sont compatibles et que l’on pratique l’in^ùM
concerne ni les exonérations, ni les dégrève trialisation ouverte. Pour cela, il est nécessaiii
ments : il s’agit des sinistres économiques. que les plans du projet et les composants te ll
Auparavant, la compensation des sinistres pectent des règles de compatibilité dimensiotÉ
économiques relevait du Fonds national de nelle (pour mettre en place des composahts|g
péréquation de la taxe professionnelle (fnptp). d ’assemblage (pour lier l’un à l’autre déuSj
Mais celui-ci ayant été supprimé en 2004, les composants voisins sans avoir à les modifiai
compensations sont versées directement à par sur le chantier), fonctionnelle (pour remplfj
tir du budget de l’État. Les communes et les convenablement et avec une durabilité açcepij
établissements publics de coopération inter table les fonctions assignées à l’ouvrage). £ ■
communale bénéficient d ’une attribution France, l’Association construction et compdl’
égale à 90 % de la perte de produit enregistrée sants a établi des règles de compatibilité1
la première année, à 75 % la deuxième année, dimensionnelle, qui s’appuient sur le principe!
à 50 % la troisième année. Là encore, des pro d’une modulation des plans de 30 cm en 1
cédures similaires sont prévues dans le cadre 30 cm à l’horizontale et de 10 cm en 10 cm â '
des nouvelles impositions professionnelles. la verticale. , Kl)
V. c. Sous le vocable «produits industriels polit
la productivité » ( p i p ) , le ministère chargé de M '
Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget construction encourage depuis 1980 la fabri-
com m unal; Budget départemental et budget régional;
Concours financiers de l'État aux collectivités locales; Fisca cation et l’emploi de composants compatible!!
lité directe locale; Taxe d'habitation; Taxe foncière sur les Des groupes de fabricants proposent aux
propriétés bâties; Taxe foncière sur les propriétés non
bâties;Taxe professionnelle. architectes et aux entrepreneurs des catalogue!
de composants avec modes d’emploi (appelé!
logiciels). Des composants de grandes dimen
COMPLEXE SPORTIF — Salle de sport sions, comportant une forte valeur ajoutée ejl
usine, sont parfois appelés sous-ensem blei
(blocs sanitaires, de cuisines, etc.) et n ’ofll
COMPOSANT plus qu’à être raccordés aux divers réseaux dfl
fluides. iïl
Produit fabriqué comme unité distincte, La construction fait par ailleurs appel à dèi
destiné à remplir une fonction ou un nombre matériaux amorphes qui n ’ont subi aucun!
limité de fonctions spécifiques dans le bâti mise en forme au moment de leur livraison
ment. Par exemple un panneau de façade, une sur le chantier : ciment, gravier, plâtre, pail
baignoire, une gaine technique. Un composant exemple. Mais elle fait aussi appel à des maté
est, en principe, incorporé dans la construction riaux qui ont déjà subi une mise en forme, ait
sans avoir à subir de retouches sur le chantier. moins partielle, en usine : profilés ou tubes}
Un composant peut être présenté en catalogue dont la section est déterminée, mais la lon
(composant de catalogue). On parle parfois de gueur imprécisée ; plaques dont l’épaisseui
composant banalisé lorsqu’il ne se rapporte est déterminée, mais les autres dimension!
pas à un projet de construction bien défini. Un imprécisées ; petits blocs susceptibles d’être
composant peut aussi être conçu et fabriqué coupés sur le chantier, tels que brique ou bloo
COMPOSITION URBAINE
béton. Un travail, parfois important, reste fabrication du composite par mélange des
ure à faire sur le chantier pour parvenir à la fibres au matériau constituant la matrice, ce
C ne définitive de la matière. Ces matériaux
Itint des semi-produits. Ils peuvent avoir des
mélange étant fait le plus souvent aujourd’hui
par projection simultanée des deux matériaux
■Kttplois variés dans la construction, contraire sur un support donnant la forme voulue dans
ment aux composants. des conditions encore artisanales, mais que
P. Ch.
l’utilisation de robots de projection commence
à bouleverser.
I f l Industrialisation du bâtiment.
P. Ch.
- » Béton.
Co m p o s it e
P. M.
Coût généralisé de déplacement; Fréquence (d'un m oyen de CONGRÈS -> Tourisme d'affaires
transport) ; Marche à pied ; Moyen de transport.
CONGRÈS INTERNATIONAUX
CONFORT (DES LOGEMENTS) -► Normes D'ARCHITECTURE MODERNE (CIAM)
d'habitabilité et de confort ; Parc de logements
Les Congrès internationaux d’architecture
moderne ( c i a m ) furent fondés en juin 1928
CONGÉS PAYÉS -> Loisirs; Tourisme; à La Sarraz (Suisse), dans le prolongement
Tourisme social des polémiques provoquées par la Weissen-
CONSEIL D'ARCHITECTURE, D'URBANISME ET DE L'ENVIRONNEMENT 190
m
CONSERVATION ia
répartition par les conseils régionaux des cré D ’une part, il désigne certaines instances
dits figurant au budget des anciens e p r o u administratives chargées de la conservation et
transférés par le législateur en fonction des de la protection du patrimoine, dans un sens
nouvelles compétences attribuées à la collecti global.
vité territoriale. Les premières élections régio D ’autre part, le terme «conservation»
nales au suffrage universel ont eu lieu le désigne l’utilisation des techniques et pro-
16 mars 1986, couplées avec les élections cédés matériels, servant à maintenir les édi?
législatives. Elles ont eu lieu à nouveau en fices dans leur intégrité. Les progrès de 18
1992, 1998, 2004 et 2010. Mais le scrutin pro science moderne ont été largement exploités à
portionnel n’a souvent pas permis de dégager cet effet (voir, en France, le laboratoire installé
de majorité stable. Le législateur a dû instituer au château de Champs-sur-Mame par le ser
un mécanisme permettant l’approbation du vice des monuments historiques.)
budget si une majorité ne se dégageait pas Enfin, dans une perspective théorique ou
pour offrir une solution alternative. Ce méca doctrinale, la notion de conservation sous-
nisme étant peu satisfaisant et ne réglant pas le tend les pratiques patrimoniales dans leur
problème de l’absence de majorité claire, la ensemble. Son maniement ne va cependant
loi du 11 avril 2003 a prévu (sauf en Corse) pas sans difficulté. En effet, un édifice et
une « prime » d’un quart des sièges à la liste a fortiori un ensemble bâti ou une ville ne
arrivée en tête au second tour : ce dispositif a cessent de se transformer dans la durée sous
été appliqué aux élections régionales en 2004 l’effet du vieillissement de leurs structures et
et 2010 et semble donner satisfaction car il de leurs matériaux, des modifications (sup
assure à la fois une majorité stable et une pressions et adjonctions) qui leur sont impo
représentation d’au moins une des listes mino sées, du changement de leurs usages. Des
ritaires. cathédrales comme celles de Chartres ou de
On remarquera que, tout en conservant au Tolède, marquées par tous les siècles qui ont
conseil régional un rôle privilégié en matière suivi leur consécration, sont le symbole écla
de planification, la loi de 1982 autorise les tant d ’une conservation qui est en réalité
e p r à avoir des activités de gestion au même continuation. L’histoire n ’offfe pas d ’exemple
titre que les départements et les communes. de conservation statique des édifices. Celle-ci
La composition du conseil régional sera est un postulat inhérent à la notion de monu
modifiée à l’issue de la réforme des collectivi ment et de patrimoine historiques.
tés territoriales (loi qui doit être votée à Mais, à la différence des objets mobiliers,
l’automne 2010 pour une mise en œuvre en les immeubles ne peuvent, selon une expres
2014), à la suite de la proposition du comité sion de Viollet-le-Duc, « être mis sous
Balladur (contestée par de nombreux élus). Il cloche », aller au musée. Tout au plus peut-on
sera constitué de conseillers territoriaux (sié tenter de les soustraire en permanence aux
geant également au conseil général de leur plus sévères atteintes de la vie dans le temps
département). L’objectif avancé est de rappro par une restauration vigilante et en leur confé
cher la région et le département, mais aussi de rant non seulement le statut, mais la fonction
réduire (de 40 % environ) le nombre d’élus, ce de monument historique.
que de nombreux élus actuels contestent. Le Vouloir, en revanche, une conservation qui
mode de scrutin sera un scmtin uninominal à laisse monuments et villes «dans l’état où ils
deux tours. nous ont été transmis », en se gardant de toute
Y. P. et P. M. intervention, ainsi que le souhaitait William!
Morris, est tout aussi utopique et aboutit en
-*■ Collectivités locales et territoriales; Contrat de plan ; Établis
sement public régional; Planification régionale; Région;
définitive à leur ruine.
Régionalisation. La notion de conservation n ’a donc, dans le
champ du patrimoine, qu’une valeur relative
tant du point de vue sémantique que du point (
CONSERVATION de vue opérationnel. Son utilisation concrète
se situe entre les deux pôles, également morti
Action de maintenir intact ou dans le même fères, de la ruine et de la mise hors circuit, de
état. En matière de patrimoine, ce terme est type muséal. Elle doit composer avec les dia
utilisé dans deux acceptions différentes. lectiques complexes de l’intervention et de la
193 CONSERVATOIRE DE L'ESPACE LITTORAL ET DES RIVAGES LACUSTRES
perspective à long terme (quinze ans) et les tra- touristiques. En fait, cette modification termi
tlti ire en opérations programmées sur la période nologique masque un moindre intérêt de l’État
lin contrat. Il doit intégrer des préoccupations pour la politique des agglomérations.
de développement économique, de solidarité, P. M.
lie résorption des disparités spatiales, de déve
loppement durable. Les financements pro Agglomération ; Banlieue ; Contrat de projet État-région ;
Contrat de site; Contrat de ville ; Groupement de comm unes.
viennent de l’État et de la structure
Intercommunale, mais aussi de la région et du
département. Ils peuvent mobiliser les crédits
(lu volet territorial et territorialiser sur l’agglo CONTRAT D'AMÉNAGEMENT
mération ceux du volet régional du contrat de DE VILLE MOYENNE
plan État-région, ainsi que ceux des fonds
structurels européens et éventuellement des Convention entre l’État et une ville moyenne
crédits de l’État non inclus dans les contrats de (20 000 à 100 000 habitants) en vue de la réali
plan. Le contrat d ’agglomération doit faire sation d’un programme d’équipement d’une
l’objet d’un suivi et d’une évaluation perma durée de trois ans.
nents selon des modalités précisées dans le L’objectif était d ’inciter les collectivités
contrat. locales à mettre au point des programmes
Cette procédure concerne les 140 agglomé d ’équipements plutôt que des réalisations
rations inscrites dans les aires urbaines de plus ponctuelles et à entreprendre des aménage
de 50 000 habitants. Certaines agglomérations ments qui auraient difficilement trouvé une
ont eu recours à un conseil de développement autre forme d’aide de l’État.
ou à d’autres formes de débat public pour éla La collectivité locale présentait ses proposi
borer leur projet d’agglomération (Dunkerque, tions dans un prédossier qui était soumis au
Lyon, Lille, Seine-Eure, Strasbourg, etc.). groupe interministériel des villes moyennes
D’autres en ont débattu certaines options avec mis en place en 1973. Le dossier définitif, pré
les structures intercommunales voisines (par paré avec l’aide du groupe opérationnel des
exemple Marseille-Aix-Etang de Berre à pro villes moyennes, était à nouveau soumis au
pos des transports collectifs) ou ont cherché à groupe interministériel et approuvé par le
établir un projet métropolitain commun Comité interministériel d’aménagement du
(Nantes et Saint-Nazaire). Parfois aussi, sont territoire. Une subvention du CIAT ou du minis
élaborés conjointement un projet d’agglomé tère chargé de l’Urbanisme (6 millions de F en
ration et une charte de pays (Brest, Morlaix, moyenne) pouvait compléter les subventions
Rennes, Vannes). habituelles. Ces contrats, portant sur des tra
Les signatures sont donc intervenues, hor vaux de quelques dizaines de millions de
mis les deux contrats expérimentaux, à partir francs sur trois ans, concernaient des aména
de 2001 et la date limite, qui n ’a pas toujours gements spatiaux (voies piétonnières, espaces
été respectée, a été fixée à fin 2004. Au total, verts ; stationnement, mobilier urbain) ou des
108 contrats (sur 185 agglomérations) ont été équipements, notamment culturels. 73 contrats
signés (mais plus de la moitié seulement de villes moyennes ont été signés entre 1973
après mai 2004). et 1979.
Pour la période 2007-2013, les contrats À partir de 1977, le dossier «ville
d’agglomération prennent la forme de conven moyenne » est devenu le plan de référence qui
tions territoriales associant l’État, la région, le indique les projets d’aménagements prévus à
département et l’agglomération concernée en moyen terme (cinq ans environ). Malgré son
application du volet régional du contrat de pro appellation de plan, ce document n ’est qu’une
jet État-région. Leur signature suppose une étape dans la préparation du contrat d’aména
évaluation du contrat de la période précédente. gement de ville moyenne et n ’est pas un docu
Les objectifs sont à nouveau très généraux : ment d’urbanisme, encore moins opposable
développement de l’attractivité et de la compé aux tiers. Son établissement était subven
titivité de l’agglomération, actions centrées sur tionné par le fonds d ’aménagement urbain
sa vocation économique et son développement jusqu’à sa disparition en 1983.
durable, sur l’économie résidentielle (services Cette procédure est tombée en déshérence
à la personne), les potentialités culturelles et après la réforme de la centralisation (1982-
CONTRAT DE PAYS JW -
1983). Toutefois, en 2007, la d ia ct a lancé 1999 a prévu que les communes d ’un pay!
(avec des crédits très modestes) une procédure élaborent une charte de pays, document
expérimentale concernant 20 villes moyennes d’orientation du développement durable pren
témoins dans les domaines de l’enseignement nant en compte les dynamiques locales. Le!
supérieur, des transports et de la mobilité, de communes du pays, après s’être regroupée!
la santé et du renouvellement urbain des en établissement public de coopération intçrvt
centres-villes. Il s’agit surtout d’assurer une communale, en groupement d’intérêt écono
meilleure coordination entre ces villes et les mique de développement local ou en syndicat
ministères concernés. mixte, peuvent conclure un contrat de pay!
P. M. dans le cadre des contrats de plan Etat8
région. Un contrat de ville peut être conclu
- » Aménagement du territoire ; Plan de référence ; Ville moyenne. dans le cadre d ’un contrat de pays. Lé!
contrats étant lents à être mis au point, le
c ia d t du 13 décembre 2 0 0 2 a prévu un
CONTRAT DE PAYS assouplissement des démarches. Au totaJj
288 contrats de pays (sur 358 pays) ont étfi
Convention entre l’État (et, depuis 1983, la signés. La moitié d ’entre eux engagent, avec
région) et les collectivités locales d’un pays en l’Ëtat, la région et le département, plus d’un
vue d ’actions d ’aménagement et d’incitation. tiers la région seule, 3 le seul département et
Ils s’inscrivent dans le cadre de la politique enfin 41 n ’engagent que l’État. Il faut y ajou-i
d ’aide aux milieux ruraux fragiles en cher ter 45 contrats de parc naturel régional (autant
chant à y développer les activités et à y créer que de pn r ). :(
un cadre favorable pour ces activités et pour Pour la période 2007-2013, la procédure a
les habitants. été reconduite, les contrats de pays (ou dé
Une première procédure de contrats de pays parc naturel régional) prenant la forme de
a été introduite en 1976 qui s’inspirait des conventions en application du volet territorial
contrats de villes moyennes. L’aide de l’État du contrat de projet État-région. Ils sont signés
prenait la forme d ’une subvention des fonds entre l’État, la région, le département et le
d’intervention pour l’aménagement du terri pays (ou le pnr ) après évaluation du contrat
toire, puis du fonds d ’intervention pour le de la période précédente. Mais l’avenir même
développement et l’aménagement rural (géné des pays a été remis en question par le comité
ralement 10 ou 20 % du projet) pour des mon Balladur pour la réforme des collectivités tei>
tants de Tordre de 1 million de F. ritoriales, puisqu’il propose de ne plus en
Les projets subventionnés, qui pouvaient créer de nouveau. Plus encore que pour les
recevoir par ailleurs les subventions habi agglomérations, le remplacement des contrats
tuelles, concernaient le plus souvent l’anima par de simples conventions traduit un désinté
tion économique (zones d’activités, tourisme, rêt de l’État.
etc.), l’amélioration de l’habitat, l’organisation
P. Mv
des services et équipements collectifs, la pré '1
servation et la valorisation du patrimoine - » Aménagement du territoire; Aménagement rural; Contrat
culturel. d'agglomération ; Contrat de projet État-région ; Pays. f
mais semblent être très inégaux selon les ment par la d a t a r et par la D rv et 48 « convenu
sites. tions de sortie de d s q » pour des quartiers d s q
P. M. dans des villes non retenues pour un contrat
de ville ou un p a c t . .j
-> Contrat de projet État-région; Contrat d'agglomération; Une nouvelle génération de contrats de ville
Conversion ou reconversion.
a été conclue pour la période 2000-2006, qui
ont été élaborés en 1999. Leurs orientations
ont impliqué un retour vers une action priori?
CONTRAT DE STATION —> Station touristique taire en faveur des quartiers dégradés, mais
aussi une prise en compte des problèmes et
des programmes à l’échelle des aggloméra
CONTRAT DE VILLE tions. Il s’y est ajouté, conformément à la loi
Voynet de 1999, des contrats d’agglomération
Contrat entre l’État et une ou plusieurs col (qui doivent obligatoirement correspondre à
lectivités locales mis en place lors du XIe plan une structure intercommunale, existante ou à
(1994-1998, en fait prolongé en 1999), où ils créer et comporter un volet foncier), des
sont devenus le cadre de base de la politique contrats de pays et des contrats avec les parcs
de la ville. Ces contrats portent sur un pro naturels régionaux. On a signé, pour cette
gramme pluriannuel de développement social période, 247 contrats, souvent très tard (il n’y
urbain à l’échelle d’une commune (ou d ’une en avait que quelques dizaines à mi-2004). i
agglomération). L’objectif, en passant de Les signataires sont en fait très divers)
l’échelle du quartier ( d s q ), selon une évolu villes isolées, communes de banlieue ou struc-t
tion déjà amorcée en 1989 avec les opérations tures intercommunales. Cette dernière solu
de développement social urbain ( d s u ), à celle tion semble la meilleure, puisqu’il s’agit
de la ville, voire de l’agglomération, est de d’aborder les problèmes urbains de façon glo-t
reposer les problèmes des quartiers en diffi baie, et on peut regretter qu’elle n ’ait pas été
culté en termes de lutte contre l’exclusion et systématiquement recherchée lors de l’élabo
de réintégration physique et sociale de ces ration des contrats de plan de la période précé
quartiers dans la ville. Le contrat de ville défi dente. Elle ne correspond pourtant qu’à moins
nit une stratégie commune, synthèse entre le de la moitié des contrats. Les contrats de ville,
projet de ville des élus et les préoccupations et là où il y a un contrat d’agglomération (ou uft
les projets de l’État. Il constitue le cadre contrat de pays), s’intégrent à celui-ci. Outre
unique de définition et de mise en œuvre de la l’État et les collectivités locales, il peut y avoir
politique de lutte contre l’exclusion sociale des tiers signataires : région, département,
dans la ville ou l’agglomération. Il prolonge Fonds d’action sociale, Caisse des dépôts et
notamment les contrats d s q et les conventions consignations, organisme h l m , etc.
de quartier, ainsi que les démarches contrac La procédure est également adoptée de
tuelles concernant l’habitat : plan départemen façon empirique. Une déclaration d’intention
tal d’action pour le logement des personnes fixe les objectifs, le périmètre et les actions
défavorisées ( p d a l p ), protocole d’occupation prioritaires. Après un diagnostic, une phase
du patrimoine social ( p o p s ) et programme d ’études, d ’expertises et d ’évaluation des
local de l’habitat ( p l h ). coûts permet l’élaboration du programme
Les 13 premiers contrats de ville avaient été d’actions et la signature du contrat. Le contrat
expérimentés au Xe plan. La procédure a été en cours d’exécution est soumis à évaluation
généralisée au XIe. Les contrats de plan sont permanente et peut être réorienté si nécessaire.
couplés avec les contrats de plan État-région, La multiplicité des parties prenantes a souvent
mais souvent négociés en marge de ceux-ci. conduit à des difficultés dans la définition du
Au total, 214 contrats (plus une convention programme et dans la mise en œuvre. Le
avec la ville de Paris) ont été signés par l’État. contrat est suivi par un comité de pilotage qui
Ils ont concerné environ 750 communes et comprend le préfet, les représentants des col
1 300 quartiers. Il s ’y est ajouté 26 pro lectivités locales et éventuellement les repré
grammes d’aménagement concerté du terri sentants de la région et du département. Le
toire ( p a c t ), concernant des villes moyennes, chef de projet, choisi par la collectivité signa
des vallées et des bassins, suivis conjointe taire, travaille en liaison avec le représentant
/»3 CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE TERRITORIALE
do l’État. Il est aidé d’une équipe de maîtrise culté. Ils peuvent concerner un ou plusieurs
d’œuvre économique et sociale (mous) qui est territoires en difficulté. Les critères sont
en liaison étroite avec cette collectivité locale notamment le revenu médian (inférieur d’au
signataire. moins moitié à celui de l’unité urbaine) et la
Les contrats de ville ont engagé des crédits taille du quartier. Les préfets établissent un
importants en faveur de la politique de la classement des communes selon la nécessité
ville. Ceux-ci proviennent de l’État surtout, d’une intervention massive et coordonnée. Les
mais aussi de la Caisse des dépôts et consi préfets de région établissent alors la liste des
gnations et des collectivités territoriales (sur bénéficiaires. Le contrat comporte un projet
tout des communes et de leurs groupements urbain de cohésion sociale, des programmes
et des régions), de fonds européens, etc. d’actions pluriannuelles précisant ce projet sur
L’ensemble de ces crédits a représenté environ des champs et des quartiers prioritaires avec
1,5 milliard d ’€ par an pendant la période des objectifs précis, les modalités de mise en
2000-2006. œuvre, d’évaluation, de suivi et d’évolution.
Si cette nouvelle phase de la politique de la Cinq objectifs prioritaires leur ont été fixés :
ville a théoriquement permis une approche — l’accès à l’emploi et le développement
plus globale, on doit cependant constater économique ;
qu’elle s’est traduite dans les faits par une pré — l’amélioration de l’habitat et du cadre
dominance des collectivités locales, tant dans de vie ;
la définition des programmes d’actions que — la réussite dans l’éducation et l’égalité
dans la mise en œuvre (à travers la mous en des chances ;
particulier et un contrôle étroit du chef de pro — la citoyenneté et la prévention de la
jet). On peut même constater que la concerta délinquance ;
tion avec les habitants et les associations, — l’accès à la santé.
voire avec les milieux professionnels, a plutôt Quelque 1 900 quartiers ont été proposés et
régressé par rapport aux opérations dsq et classés par les préfets. 440 contrats, retenus
dsu . Les études préalables et le diagnostic par les préfets de région, ont été signés au
manquent souvent d’originalité et d’adapta 3 mai 2007. Un budget de 400 millions d’€ a
tion à chaque cas. On a pu dire que les contrats été affecté en 2007 à ces contrats, en plus des
de ville marquaient une normalisation de la 454 millions dont dispose l’Agence nationale
politique en faveur des quartiers en difficulté pour la cohésion sociale et l’égalité des
dans le cadre d’une politique de la ville étroi chances et des 500 millions (sur 5 milliards
tement contrôlée par les élus locaux. programmés pour cinq ans) de l’Agence natio
À partir de l’actuelle période de planifica nale pour la rénovation urbaine ( anru ) ;
tion (2007-2013), les contrats de ville sont P. M.
remplacés par des contrats urbains de cohésion
sociale (eues). Décidés au ciadt du 9 mars -► Agglom ération; Banlieue; Contrat d'agglomération; Contrat
de projet État-région; Développement social des quartiers
2006, ceux-ci s’inscrivent dans le cadre du (dsq ); Exclusion ; Grand ensem ble; Ville.
plan de rénovation urbaine prévu par la loi du
1er août 2003 pour la ville et la rénovation
urbaine et du plan de cohésion sociale prévu CONTRAT URBAIN DE COHÉSION SOCIALE
par la loi du 18 janvier 2005, auquel ont été —►Contrat de ville
affectés 12,8 milliards d ’€ pour cinq ans
(2005-2009). Leur durée n ’est plus que de
trois ans (au lieu de six), mais ils sont CONTRE-URBANISATION -► Centre urbain;
reconductibles après évaluation. La program Péri-urbanisation ; Rurbanisation ; Ville
mation est pluriannuelle (elle était annuelle compacte
pour les contrats de ville). Ces contrats sont
communaux ou intercommunaux. Ils sont
négociés entre l’État et la commune ou la CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE
structure intercommunale, en partenariat avec TERRITORIALE (CET)
les autres collectivités territoriales et les orga
nismes de logement social sur la base du projet Nouvel impôt qui se substitue à la taxe pro
de cohésion sociale dans les quartiers en diffi fessionnelle (tp) au 1er janvier 2010 pour tous
CONTRIBUTION FONCIÈRE DES ENTREPRISES 204
les anciens assujettis. Il est constitué de deux L’ensemble des deux cotisations va entraî
parties : la cotisation foncière des entreprises ner pour les collectivités, par rapport à la TP,
( cfe ), assise sur le la valeur locative utilisée une perte de recettes de 5 à 6 milliards d’€.
pour le foncier bâti, et la cotisation sur la Elle devrait être compensée par des impôts
valeur ajoutée des entreprises (cvae). nouveaux, par les impôts forfaitaires de
Les exonérations et allègements existant réseau, et par une compensation de l’État
auparavant sont conservées ( zfu , zu s , etc.), versée par trois fonds de garantie indivi
et notamment un plafonnement à la valeur duelle pour chaque catégorie de collectivités
ajoutée de 3 % (pour la somme de la cfe et (communes et epc i , départements, régions)
de la cvae acquittées par l’entreprise) au lieu constitués à cet effet. En principe, aucune
de 3,5 % pour la tp. De fait, la cfe est ce qui collectivité ne doit être perdante. Cependant,
subsiste de la taxe professionnelle, qui avait les nouvelles recettes auront des dynamiques
déjà perdu sa part «salaires» de 1999 à différentes : la cotisation foncière évoluera
2004, et qui voit disparaître sa part « valeurs en fonction des revalorisations des valeurs
des équipements productifs» qui pénalisait locatives, la cotisation à la valeur ajoutée
effectivement les entreprises industrielles. augmentera peu ou prou comme le pib , la
L’assiette de la cfe est donc constituée de la compensation risque d ’être stable, voire
somme des valeurs locatives des locaux uti déclinante. Ainsi, pour chaque collectivité
lisés par les entreprises, les locaux industriels l’avenir dépend de sa proportion de recettes
évalués selon la méthode comptable bénéfi «stagnantes», ce qui ne manque pas de les
ciant d’un abattement de 30%. La cfe est inquiéter, comme l’ont montré les vifs débats
également constituée de façon plus marginale qui ont accompagné en 2009 le vote de cette
d’une part des recettes des professions libé réforme.
rales et des contribuables non soumis aux V. c.
bénéfices commerciaux. Une cotisation mini
male pour les plus petits contribuables a été -> Autonomie financière et fiscale des collectivités locales;
Compensation de la fiscalité locale; Établissements publics
fixée à 250 €. de coopération intercommunale à fiscalité propre; Fiscalité
Seuls les epci et les communes sont attribu directe locale; impôts forfaitaires de réseau; Taxe profes
sionnelle unique (tpu ) ; Taxe professionnelle.
taires de la cfe qui devient une sorte de taxe
d ’occupation professionnelle parallèle à la
taxe d ’habitation pour les particuliers. Le CONTRIBUTION FONCIÈRE
taux de référence de la cfe est constitué de la DES ENTREPRISES — Contribution
somme des taux antérieurs de la taxe profes économique territoriale
sionnelle: taux communal et/ou de I’e p c i ,
taux départemental et taux régional.
La cvae acte enfin la prise en compte de
l’assiette «valeur ajoutée», annoncée, sans CONTRIBUTION MOBILIÈRE — Taxe
être mise en œuvre, depuis 1981. Les entre d'habitation
prises de moins de 152 500 € de chiffre
d’affaires ne sont pas taxées et les autres le
sont au taux uniforme de 1,5 % (un système de CONTRÔLE DE L'URBANISME Code
dégrèvement partiel est prévu pour les entre de l'urbanisme; Dérogation d'urbanisme
prises dont le chiffre d’affaires est inférieur à
2 millions d’€). Le produit de cette cotisation,
estimé pour 2010 à 15,4 milliards d ’€, est CONTRÔLE SOCIAL
réparti entre les collectivités selon la clé sui
vante : 26.5% pour les communes et e p c i , Ce terme peut être défini comme « l’ensemble
48,5 % pour les départements, 25 % pour les des sanctions positives et négatives auxquelles
régions. La répartition de la cvae est ensuite une société recourt pour assurer la conformité
effectuée sur la base des valeurs ajoutées des des conduites aux modèles établis » (Maurice
territoires. Il est probable qu’un système de Cusson, Le contrôle social du crime, Paris,
péréquation, envisagé lors de la préparation de 1983). Toute vie collective nécessite un certain
la loi, sera mis en place pour les départements contrôle social, garant de l’ordre et de la justice.
et les régions. Pour Durkheim, le contrôle social est une
«Mi CONVENTIONNEMENT DES LOGEMENTS
pression morale née de la conscience collec désordre qui explique le despotisme. Le marché
tive. Dans cette optique, les sociétés tradition libre sert alors de médiation entre le désir et
nelles sont définies par un contrôle social l’ordre. Le contrôle social est ici le résultat
spontané qui tient à la faible différenciation d’un compromis avantageux entre les intérêts
des individus et à la petite taille des groupes individuels des membres d’une collectivité.
sociaux. Dans les sociétés modernes, l’auto D. L.
nomie des individus est plus importante et le
contrôle social naît de la collaboration entre -* Délinquance.
les individus et les groupes ainsi que d ’un
consensus sur les valeurs. Le contrôle social
permet d’intégrer l’individu à la société en le CONTRÔLEUR TECHNIQUE -> Garanties
soumettant aux exigences d ’un ordre sans et assurances du bâtiment
lequel il n ’aurait d’autonomie et ne pourrait
être civilisé.
Le contrôle social peut être perçu comme CONURBATION
une limite et une condition de l’autonomie
individuelle, imposées au moyen de la Le terme, forgé par Patrick Geddes en 1915,
culpabilité et de la répression et créant un s’applique aux régions urbanisées que la révo
« malaise ». Pourtant l’affaiblissement de la lution industrielle a multipliées en Angleterre
pression morale et la disparition de la culpabi et en Ecosse.
lité ne signifient pas forcément la disparition Une conurbation naît de la coalescence
de toute forme de contrôle social, mais un d ’aires urbanisées : les cités vivent, dans
fonctionnement de ce dernier plus écono chaque ensemble, de marchés nationaux ou
mique et plus positif, empêchant toute réelle internationaux plus que d’aires d’influence
déviance. Le contrôle social impose des proches : elles se sont agglomérées à cause de
besoins et mobilise les individus. La liberté, l’abondance de certaines ressources (charbon
l’absence de contrainte morale, deviennent pour la plupart, mais aussi minerai de fer ou
alors « un instrument de domination puis force hydraulique dans des cas moins specta
sant» (H. Marcuse, One-dimensional man, culaires) et par diffusion, de proche en proche,
Boston, 1964; trad. franç. L ’homme unidi de formules industrielles qui avaient réussi.
mensionnel, 1968). L’individu est totalement La conurbation est constituée par une prolifé
aliéné, réduit à n ’être qu’un pur objet de stig ration d’espaces bâtis très peu hiérarchisés et
mates ou de manipulations, ne pouvant échap sans aucun plan d’ensemble.
per à une société où tout est signe de Le terme de conurbation a été employé
domination. dans d’autres pays. Il s’applique parfaitement
Dans cette perspective, l’espace et l’archi aux ensembles industriels nés dans les pays
tecture ont été perçus comme le lieu d’inscrip noirs de France, de Belgique ou d’Allemagne
tion de l’ordre social. Ainsi Michel Foucault au XIXe siècle, ainsi qu’à certaines régions du
voit dans la forme du panoptique l’inscription nord-est des États-Unis. Ailleurs, il ne
spatiale et le signe d ’un mode particulier s’impose pas : il vaut mieux parler de région
d’organisation du pouvoir et de l’ordre social. urbanisée, de ville régionale, selon les cas.
L’architecture et l’espace urbain permettent un D ’ailleurs, les actions de remodelage menées
contrôle étroit des conduites déviantes et leur dans les vieux pays industriels ont toutes pour
normalisation. À partir du xvme siècle, la ges but de donner aux conurbations, au sens strict,
tion de l’espace deviendrait un des véhicules la même structure que celle des grandes villes
privilégiés de la mise en place d ’un ordre de étalées, issues de la révolution des transports.
plus en plus absolu (Michel Foucault, Sur P. C.
veiller et punir, naissance de la prison, Paris,
1975). -> Agglom ération; Aire métropolitaine; Mégalopole; Région;
Ville.
Une autre conception fait naître le contrôle
social de la confrontation des intérêts indivi
duels. L’assouvissement des passions se réali
sant dans le monde de l’économie, il constitue CONVENTIONNEMENT DES LOGEMENTS
un frein au pouvoir absolu car il résorbe le —» Aide à la personne
CONVERSION OU RECONVERSION m
I.’ensemble de ces dispositifs a permis beaucoup plus étendues que les seuls pôles de
d'obtenir quelques résultats positifs. Le taux conversion qui y sont au demeurant inclus.
de chômage a légèrement diminué, puis aug Au titre de l’ancien objectif européen n° 2
menté à nouveau (plus de 14 % en 1995) dans (reconversion des régions, y compris les bas
les pôles de conversion, mais restait supérieur sins d’emploi et les agglomérations urbaines
mi laux national (12,5%). Il est clair que la gravement affectés par le déclin industriel), la
reconversion des régions industrielles en dif France a reçu près de 8 milliards de F (1,2 mil
ficulté est une tâche de longue haleine, ryth liard d ’€) pour la période 1989-1993 et de
mée par la formation des hommes : c’est donc 25 milliards de F (3,8 milliards d’€) pour celle
l'a flaire d ’au moins une génération. Les de 1994-1999. Elle a pu en disposer, au titre
mesures financières ou fiscales, indispen du nouvel objectif 2 (reconversion écono
sables certes, ne peuvent que servir de relais à mique et sociale), qui a regroupé les anciens
la mise en place des vraies solutions à long objectifs 2 et 5B (promotion du développe
terme, dans le domaine de la gestion des res ment des zones rurales), malgré la réduction
sources humaines notamment. des zones éligibles, 6,26 milliards d’€ pour la
Dans une seconde étape, au-delà des grands période 2000-2006. Dans la période 2007-
secteurs traditionnels d ’activités, dont les 2013, aucun des trois objectifs européens rete
crises successives avaient frappé, voire margi nus ne concerne spécifiquement la reconver
nalisé, les territoires mono-industriels, princi sion, mais, au titre du second objectif
palement l’arc nord-est, d’autres secteurs et (compétitivité régionale et emploi dans les
d'autres espaces économiques, plus diversi régions autres que défavorisées (ces dernières,
fiés, ont été confrontés à des situations de pour la France, correspondent aux seuls dom ),
mutation, affectant de façon diffuse et pérenne la France doit recevoir 9,1 milliards d’€, dont
le tissu industriel et tertiaire des pm e -pm i , une partie sera affectée aux secteurs en
jusque dans les espaces ruraux. Ainsi, la reconversion économique.
reconversion touche ou peut toucher désor Les mesures financières ou fiscales restent
mais tous les secteurs d ’activités et par là indispensables, mais ne font que participer
même chacune des composantes du territoire. à un ensemble de mesures intégrant l’éco
I ,e zonage de l’objectif 2 (zones en mutation nomique, le social et l’aménagement. La
industrielle) de l ’Union européenne en est reconversion sous-entend la préservation du
l'illustration. potentiel humain et technologique, la restau
Faute de bilan plus précis, il semble que le ration de l’attractivité des espaces et la
laux de chômage (environ 14 % en 1995) ait à sauvegarde de leur qualité, la reconstitution
nouveau augmenté dans les pôles de conver des réseaux économiques et leur ouverture
sion (comme au plan national il est vrai). aux échanges, la recherche et la promotion
Ieffort de l’État à travers le fiat a été réduit à d’activités nouvelles, le traitement des dys
70 millions de F par an environ au début des fonctionnements urbains liés à la déprise
années 1990 et ceux du nouveau fnadt à économique et la réintroduction dans la
13,9 millions d ’€ pour 2002 comme pour compétitivité des bassins d’emplois les plus
1999. En élargissant à juste titre le problème touchés.
de la conversion, ne s’est-on pas désintéressé Au-delà de la mise en œuvre de politiques
peu à peu des pôles définis en 1984 ? publiques volontaristes en la matière,
La mutation économique tend à s’inscrire l’ensemble des moyens nécessite, pour être
dans la continuité et laisse présager une action efficace, un véritable partenariat impliquant
permanente. En conséquence, elle nécessite les entreprises, notamment les plus grandes,
de plus en plus un traitement global, par sub et les collectivités territoriales, ainsi qu’une
stitution d’une logique de projet à la logique concertation étroite avec les partenaires
sectorielle qui a longtemps prévalu. Le redé sociaux. Les contrats de plan (désormais de
veloppement durable des territoires en diffi projet) État-régions et les contrats État-
culté passe par un traitement intégré et entreprises peuvent en être le support privi
pluridisciplinaire. légié, de même que les pays, les systèmes
Depuis une décennie, les fonds européens productifs locaux et les plates-formes d ’ini
sont devenus sensiblement plus importants tiatives locales. C’est dans cet esprit qu’ont
que les crédits nationaux, mais pour des zones été décidés, en 2003, 12 contrats de site
COORDINATION DE TRAVAUX, DE VRD m
concernant quatre sites abandonnés par une priété, qui fixent les organes de fonctionne"
entreprise importante (Noyelles-Godault près ment interne ; le syndicat, qui regroupe le»
de Lens, Longwy, Romorantin et Angers), copropriétaires ; et le syndic qui gère le syndic
quatre autres d ’où se retire giat Industries cat et pourvoit à l’entretien des parties corn»
(avec sa participation financière) et deux munes. L’objet de la loi était à la fois de
départements touchés par le déclin de donner un statut à une forme de commercial!*
l’industrie textile et de l’habillement (Vosges sation des logements qui n ’en avait pas, et de
et Aube). Les difficultés d ’autres bassins relancer le marché immobilier après la grande
d’emploi ont conduit à étendre cette procé crise économique. Après la guerre et la loi de
dure. En 2008, on comptait 29 contrats de 1948, qui maintient des loyers réglementés (et
site. Ces contrats, d’une durée limitée (3 ou très bas) pour les logements existants, beau*
4 ans, éventuellement prolongeâmes) ont coup d ’immeubles anciens ont été mis en
pour objet de permettre de réagir à la rapi vente en copropriété aux locataires en place
dité et à l’ampleur des sinistres économiques ou, en cas de refus de ceux-ci, à des investis*
géographiquement concentrés. Les résultats seurs. Dans le même temps, de nombreux
semblent inégaux selon les sites. immeubles ont été construits et vendus par
Il faut également mentionner les zones appartements (copropriété verticale). Par la
franches urbaines (zfu ). Cette procédure, qui suite, les mêmes dispositions ont pu être utili*
implique pour les entreprises des exonéra sées pour des ensembles de maisons indivi*
tions de charges fiscales et sociales, a été lan duelles (copropriété horizontale). Le nombre
cée en 1997. Il y a, en 2008, 100 zfu , dont 7 et la part des copropriétés augmentent ainsi
dans les d o m . Même si celles-ci s’inscrivent constamment depuis la fin de la seconde
surtout dans la politique dite de la ville, et en guerre mondiale. Il y avait 7,5 millions de
fait des quartiers en difficultés, elle contri logements en copropriété (hors h lm ) eh
buent à la reconversion économique des terri France en 2006. 76% des résidences princi
toires concernés, à une échelle il est vrai plus pales en immeuble locatif privé relevaient de
réduite que le bassin d’emploi. ce statut en 2006.
P. M. et M.-C. T. La loi du 10 juillet 1965 (corrigée par la loi
du 31 décembre 1985 et par la loi SRU du
Aménagement du territoire ; Contrat de site ; Friches urbaines 13 décembre 2000) a refondu les règles de la
et industrielles; Industrialisation; Pôle de développem ent;
Zone d’entreprise; Zone franche urbaine (zfu ). copropriété. Elle distingue les constructeurs et
les copropriétaires qui peuvent agir par l’inter
médiaire du syndicat qu’ils constituent. Elle
COORDINATION DE TRAVAUX, DE VRD assouplit les mécanismes de décision au sein
-> Réseaux du syndicat. Celles-ci sont prises en assemblée
générale des copropriétaires, chacun ayant un
droit de vote proportionnel à ses parts. Mais
COPROPRIÉTÉ alors que les décisions de gestion simple et
d ’entretien (y compris un ravalement) sont
Dispositif juridique qui permet de diviser prises à la majorité simple des copropriétaires
un bien immobilier en parties communes présents ou représentés, celles qui concernent
(murs extérieurs et porteurs, toitures, sol, les travaux d ’amélioration nécessitent soit la
escaliers, ascenseurs, couloirs, etc.) et parties majorité absolue (économies d’énergie) ou les
privatives (logements, caves, etc.). Ces der deux tiers des voix et la majorité numérique
nières (ou lots) appartiennent en propre à leur des membres (autres améliorations). Cette
propriétaire, alors que les parties communes double majorité est nécessaire pour l’acquisi
appartiennent à l’ensemble des copropriétaires tion ou l’aliénation de parties communes, ou
de façon indivise, en proportion de leur part pour modifier le règlement de copropriété.
dans la copropriété (généralement évaluée en Enfin, l’unanimité est exigée pour modifier
millièmes ou dix millièmes du total). les parts entre les copropriétaires.
Développée au départ en dehors de toute Système de décision complexe, ce régime
législation (mais peu répandue de ce fait), la génère de nombreuses difficultés de fonction
copropriété a été définie par la loi du 28 juin nement liées :
1938. Celle-ci a institué les règles de copro — à l’interprétation des textes, et en parti-
KHI CORON
l’iilier de la distinction entre travaux d’entre- plan de sauvegarde. Mis en place sous l’auto
llcn et d’amélioration ; rité du préfet, il doit permettre une prise en
à l’absentéisme aux assemblées géné charge globale des difficultés de la copro
pi les, en particulier dans les grandes copro priété et conduire à la fois à la réalisation
priétés ; des travaux de conservation du bâti, au réta
- aux retards ou refus de paiement de cer blissement du fonctionnement des instances
tains copropriétaires ; de la copropriété et à son assainissement
- au désintérêt de certains propriétaires financier. Freiné par la complexité des situa
builleurs pour l’entretien de lieux qu’ils n’oc tions - qui relèvent à la fois du domaine
cupent pas et dont ils souhaitent tirer le meil financier, juridique, social et technique - la
leur rendement locatif. mise en place des plans de sauvegarde
La copropriété, si elle a favorisé l'amélio appelle au développement de compétences
ration du confort des logements occupés par d’ingénierie sociale et immobilière nouvelles
leurs propriétaires, a cependant des effets per dans les services et les collectivités locales
vers dans certains cas. La mise en copropriété concernées.
et la vente par lots d’un immeuble, souvent À côté des plans de sauvegarde, les copro
acquis par un marchand de biens, rendent priétés peuvent également être traitées dans
parfois impossible la mise aux normes de le cadre d ’une OPAH-Copropriété (instituée
l'immeuble, notamment lorsque les acqué par une circulaire de juillet 1994). Ce cadre
reurs n ’ont pas les mêmes possibilités de doit permettre la coordination d ’une action
lînancement. Pour cette raison, il a été interdit publique préventive et curative sur les copro
de mettre en copropriété les immeubles de priétés fragiles et d ’intervenir plus tôt, aux
la catégorie IV (très inconfortables) définie prém ices du processus de précarisation.
par la loi de 1948 et les immeubles déclarés De p lus en plus, le v olet traitem ent des
insalubres. Cette règle devrait être générali copropriétés est intégré à une OPAH-Renou-
sée, la mise en copropriété n ’étant possible vellem ent urbain plus large. D epuis le
qu’après mise aux normes et des aides 1er janvier 2008, les aides de I’anah à desti
accrues étant accordées aux propriétaires n ation des copropriétés se sont étoffées
bailleurs d’immeubles entiers souhaitant les (aides au financement de l’ingénierie et des
moderniser. études préopérationnelles, révision des pla
fonds de dépense subventionnable, aide aux
L’actualité récente a mis en avant le cas syndicats de copropriétaires...).
des copropriétés dégradées, autant dans Depuis le début des années 2000, de nom
l’habitat ancien que dans des ensembles plus breuses mesures coercitives complémentaires
récents (Clichy-Montfermeil, Grigny II, etc.). ont été mises en place pour faciliter le traite
Les acteurs publics estimaient en 2002 à plus ment de ces situations complexes : rôle des
de 350 000 le nombre de logements apparte bailleurs et syndics sociaux renforcé, création
nant à une copropriété en difficulté. Des tra d’un « état de carence » reconnu par un juge
vaux de repérage engagés en 2009 devraient qui permet la substitution d ’un propriétaire
cependant conduire à une révision à la hausse privé irrémédiablement défaillant par un pro
de cette estimation. Les situations de dégra priétaire public, obligation pour les pro
dations, de loyers impayés ou de conflits y grammes locaux de l’habitat (plh) d’inclure
sont particulièrement délicates à résoudre, un repérage des situations d’habitat indigne et
puisque les logements appartiennent à des des copropriétés dégradées.
propriétaires privés (qui, en majorité, les A.-C. Da. et A. M.
louent), ce qui nécessite des interventions
adaptées, menées par exemple par les pact- - » Accession à la propriété; Marchand de biens; pact -amm ;
Opération programmée d'amélioration de l'habitat (opah );
arim, voire à des acquisitions progressives Parc de logements.
par des collectivités locales ou par les opéra
teurs dépendant d ’elles. Depuis les lois du
14 novembre 1996 dite «pacte de relance CORON
pour la ville» et «solidarité et renouvelle
ment urbains» du 13 décembre 2000, l’outil Type d’habitat ouvrier formé au xixe et au
central de traitement des copropriétés est le début du XXe siècle au voisinage des centres
CORPS D'ÉTAT ÏW
COURBE D'AFFECTATION — Modèle de choix large, est la discipline qui étudie les eaux
modal marines, lacustres et fluviales : répartition des
eaux, cartes des fonds et courants marins, des
côtes, des lacs et cours d ’eau et de leurs
COURONNE -> Banlieue rivages.
G. B.
COURS D'EAU - » Bassin hydrographique.
signalisation, etc. ; à ces coûts directs (0,08 € ceux du rer (30 millions d’€ et 10 000 voya
par voyageur-kilomètre en Ile-de-France), geurs par heure, capacité en fait nulle part
supportés par la collectivité, il faudrait ajouter utilisée), ceux d ’une voie d ’autobus en site
les coûts indirects (part des accidents corpo propre à au moins dix fois moins. Dans une
rels restant à la charge du système de santé agglomération moyenne (500 000 à 1 million
publique) et les coûts non monétaires ou d’habitants), ces rapports restent semblables,
sociaux (brait et pollution de l’air en particu l’autoroute à deux voies par sens ayant seule
lier), qui au total représentent environ 0,06 € ment un coût comparable à celui du métro
par voyageur-kilomètre en Île-de-France. (type Lyon, Marseille ou Lille) pour une
P. M.
capacité au moins deux fois plus faible.
Il faut ajouter le coût du matériel roulant :
Moyen de transport; Tarification (des transports). environ 10 millions d ’€ pour une rame de
rer (8 voitures), 5 millions pour une rame de
métro du type parisien (5 voitures), 2,5 mil
C O Û T D'INVESTISSEMENT lions pour une rame de val, 2 millions pour
DES TRANSPORTS une rame simple de tramway, 1 million pour
un autobus guidé sur pneus, 0,3 million pour
Dépense en capital nécessaire à la mise en un autobus classique. Le coût de construction
service d ’un moyen de transport, qui se d’une autoroute est très variable selon l’envi
décompose en coût des infrastructures (voies, ronnement : en France, de 5 millions d’€,
tunnels, etc.), des superstructures (stations, voire moins, en zone rurale, à 15 millions
bâtiments divers...) et en matériel roulant d’€ en moyenne en zone urbaine (en périphé
(véhicules). Le coût des infrastructures et rie des agglomérations) et ju sq u ’à 100 à
superstructures doit être réparti entre plu 200 millions d’€ en souterrain.
sieurs moyens de transport lorsque ceux-ci Les investissements entraînés par la circula
circulent en site banal (automobile, autobus, tion automobile sont donc beaucoup plus éle
cycles, par exemple) : dans ce dernier cas, la vés par voyageur transporté que ceux en
majeure part doit être affectée à la circulation faveur des transports en commun : les investis
automobile. sements routiers ne sont donc justifiés que
Le coût des investissements doit être pour faire face au volume de trafic des heures
comparé à la capacité maximale, donc en creuses ou sur les axes où la capacité des trans
heure de pointe, et non au trafic total ache ports en commun ne peut être utilisée (dépla
miné, comme il est souvent pratiqué (car cements tangentiels de banlieue à banlieue).
c’est le seul trafic de pointe qui conditionne Les investissements dans les transports en
la capacité des réseaux de transport et commun en site propre ou réservé sont
conduit à des investissements). Dans une très presque proportionnels à la capacité offerte ;
grande métropole (région de Paris par il convient donc d’éviter toute surcapacité,
exemple), le coût d ’une autoroute à 2 x donc tout surinvestissement.
3 pistes et celui d’une ligne de r er sont, à P. M.
égale distance du centre, presque identiques
- de quelque 10 à 15 millions d’€ en grande - » Autom obile; Capacité (d'un moyen de transport); Heure de
pointe; Infrastructures; Moyen de transport; Planification
banlieue à plus de 200 millions d’€ en souter des transports; Politique de stationnement; Route.
rain dans la partie centrale - , mais le rer
offre une capacité de 60 000 voyageurs par
heure et par sens, plus de 8 fois supérieure à COÛT GÉNÉRALISÉ DE DÉPLACEMENT
celle de l’autoroute (3 pistes x 1 800 automo
biles x 1,3 passager par véhicule en moyenne Coût total d ’un déplacement, par un
en heure de pointe = 7 000 personnes). Le moyen de transport donné, pour l’usager,
coût, mais aussi la capacité, d ’un métro incorporant la dépense monétaire, le temps
urbain (du type de celui de Paris) sont envi de trajet et les inconforts subis. Sa détermina
ron deux fois plus faibles que ceux du RER tion suppose établies des équivalences entre
(plus de 100 millions d’€ en souterrain et argent, temps et confort. Le coût généralisé
30 000 voyageurs par heure), ceux du tram peut s’exprimer en temps ou en argent (ou
way s’établissent à peine au cinquième de toute autre unité).
213 COÛTS-AVANTAGES (ANALYSE)
C, -I
CO ÛT SOCIAL (! + « )'
le bilan actualisé) est supérieur au taux d’actua l’urbanisation sont les mieux connus, l’urba
lisation. nisation développe toute une série de coûts,
L’analyse coûts-avantages (cost-benefit non directement évaluables en monnaie, dus à
analysis) a été largement utilisée dans la plani la concentration urbaine excessive : conges
fication économique et dans les choix d’urba tion du trafic, nuisances et pollutions de l’air
nisme. Mais on lui reproche généralement de et de l’eau, maladies mentales liées à l’écolo
ne considérer que les coûts et les avantages gie urbaine, atteintes de toute nature à l’envi
évaluables en monnaie et de négliger par là ronnement et au cadre de vie, etc. Ces coûts
même certains éléments qualitatifs au moins sociaux sont parfois sous-estimés dans le cal
aussi importants comme, par exemple, les cul économique.
pertes ou gains de confort, les nuisances et Coûts publics et coûts privés. — Les
atteintes à l’environnement, la dégradation charges de l’urbanisation qui incombent à la
des biens et des paysages naturels, etc. À cette collectivité sont aisément connaissables à par
critique très forte, des améliorations méthodo tir des budgets (prévisions) et des comptés
logiques permettent d ’échapper en partie. administratifs (réalisations) des communes
D ’une part, des progrès importants ont urbaines et de leurs groupements. Les docu
conduit à élargir le calcul économique à cer ments budgétaires et comptables permettent
tains éléments qualitatifs (méthodes d’estima une ventilation immédiate de ces dépenses
tion de la valeur du temps de transport, de la selon qu’elles concernent le fonctionnement
valeur récréative des forêts, des espaces verts ou l’équipement. Il est plus intéressant, mais
et des paysages naturels, de la valeur des aussi plus difficile, d ’analyser la part des
blessés et des morts par accidents de la route), dépenses ordinaires de fonctionnement (entre
etc. D ’autre part, différentes méthodes d’ana tien, réparations, frais de personnel, etc.)
lyse multicritères permettent de traiter à la fois induite par les dépenses d ’investissement
des éléments monétaires et non monétaires. antérieurement réalisées. Les coefficients de
Lorsque ces deux types d’éléments coexistent, charges récurrentes induites sont plus ou
on préfère parler d ’analyse coût-efficacité moins élevés selon la nature, la divisibilité, la
(cost-efficiency analysis). Reste toutefois le fiabilité et la durabilité des équipements.
difficile problème du choix d’un système de À côté des coûts publics, l ’urbanisation
pondération entre les éléments monétaires et impose également des coûts supportés par les
non monétaires. agents privés : prix fonciers et immobiliers
P.-H. D.
plus élevés dans les grandes villes que dans
les petites, coûts généralisés de déplacement
-*■ Actualisation ; Investissement. plus importants, etc.
Coûts d ’infrastructure et coûts de super
structure. — Les équipements d ’infrastruc
COÛTS DE L'URBANISATION ture (par exemple les dépenses de voirie-
réseaux divers) sont directement liés à l’urba
L’expression «coût de l’urbanisation» a nisation alors que les équipements de super
une coloration micro-économique et renvoie structure (par exemple une bibliothèque, une
à l’estimation des avantages qui, face aux université, un musée) apparaissent plutôt liés
coûts, devraient permettre de dresser un bilan au développement économique général et au
complet de l ’urbanisation. Le terme de niveau socioculturel atteint. Les premiers
« dépenses » correspond le plus souvent aux devraient précéder ou, au pire, accompagner
dépenses de fonctionnement et d’équipement l’urbanisation.
inscrites dans les budgets publics. Le vocable Coût d ’adaptation, coût de croissance, coût
«charges», le plus neutre assurément, est de développement. — Le coût d ’adaptation
principalement utilisé dans l’analyse des accroît la qualité du service rendu par l’équi
agents du financement de l’urbanisation. pement sans en augmenter la quantité (par
C ’est l’expression «coût de l’urbanisation» exemple passage de la collecte ouverte à la
qui a prévalu. Elle appelle plusieurs distinc collecte hermétique des ordures ménagères
tions : sans augmentation du nombre des tournées).
Coûts monétaires et coûts non monétaires. Le coût de croissance accroît la quantité à qua
— Même si les coûts monétaires directs de lité inchangée (accroissement du nombre des
216 CRÉDIT CARBONE
tournées sans modification du système de col reçoivent les enfants de 3 à 6 ans et que les
lecte). Le coût de développement combine «haltes-garderies» accueillent de façon plus
amélioration en qualité et accroissement en occasionnelle les moins de 6 ans. Un peu
quantité. plus de la moitié des enfants de 0 à 6 ans ont
L’analyse des coûts de l ’urbanisation a une mère qui travaille. La garde des enfants
connu une phase active à la fin de la décen d’âge préscolaire était traditionnellement, et
nie 1960. Une première démarche s’est ins demeure toujours pour partie, l’affaire des
pirée de la micro-économie et de l’analyse grands-parents ou des voisins. Cependant, les
coûts-avantages, alors très en vogue, sans modes de vie contemporains ont développé
pour autant parvenir à guider les choix le besoin d ’équipements spécifiques et de
municipaux de manière efficace. On s’est personnels spécialement affectés à cette
ensuite tourné, avec plus de succès, vers tâche.
une analyse financière et com ptable des En 2007, parmi les quelque 2,4 millions
charges de l’urbanisation qui a contribué à d ’enfants de moins de trois ans, la grande
décrypter les financements en cascade entre majorité (63 %) était gardée par leurs parents.
maîtres d’ouvrage initiaux et payeurs finals. Les autres recouraient à une crèche ou à une
Le reflux de la vague de péri-urbanisation halte-garderie (à peine 10 %), dont 0,5 % dans
et la fin de la période d’équipement massif une crèche parentale et 0,5 % dans une crèche
des agglomérations urbaines ont finalement d ’entreprise, 18% étaient gardés chez une
débouché sur une approche patrimoniale du assistante maternelle (nourrice), 2 % par une
renouvellement du capital public urbain, nourrice à domicile, 4 % par leurs grands-
qu’il s’agisse du parc de logements sociaux, parents, 2 % à l’école et 1 % par une autre per
des bâtiments administratifs, des construc sonne.
tions scolaires que le secteur public local a La localisation d ’une crèche doit viser à
désormais en charge, ou de la réhabilitation réduire autant que possible le temps de dépla
ou du désenclavement de certains quartiers. cement des enfants: elle est donc à recher
Cette approche patrim oniale a coïncidé cher à proximité des moyens de transport qui
avec l ’essor de l’intercom m unalité qui desservent un quartier résidentiel. Une halte-
assure désormais une fraction notable des garderie peut être plus facilement implantée à
dépenses d ’équipement urbain et suburbain. proximité d ’un centre adm inistratif ou
Il reste que les recherches sur les effets commercial.
redistributifs des dépenses d ’urbanisation et Une crèche de 60 places occupe environ
l’identification de leurs « v ra is» bénéfi 900 m2 de plancher hors œuvre (15 m2 par
ciaires sont demeurées trop rares, et souvent place), tandis qu’une halte-garderie est une
inconclusives, en France comme à l’étran implantation beaucoup plus modeste (environ
ger. 6 m2 hors œuvre par place). Dans l’un et
P.-H. D. l’autre cas, il faut disposer, à défaut d’un jar
din réservé à cet usage, d’une vaste terrasse.
-* Investissement. Il existe, presque partout en France, un net
déficit entre le nombre des demandes d ’ins
cription d ’enfants dans les crèches et le
COÛTS NON MONÉTAIRES ^ Coûts nombre de places disponibles. Ce déficit tient
de l'urbanisation ; Coût social moins au coût d ’investissement que repré
sente la réalisation d’une nouvelle crèche qu’à
leur coût de fonctionnement par suite des
COUVERTURE —> Étanchéité ; Gros œuvre importantes charges de personnel qu’elles
impliquent. Le coût de fonctionnement annuel
représente, en effet, entre le tiers et la moitié
CRÈCHE du coût de l’investissement initial.
J. C.
Les «crèches» proprement dites sont des
établissements assurant la garde régulière des
enfants de moins de 3 ans pendant la jour CRÉDIT CARBONE - » Effet de serre ; Énergie
née; tandis que les «jardins d ’enfants» et environnement ; Taxe carbone
CRÉDIT FONCIER DE FRANCE 216
des financements de personnes morales, des pel de plus de 12 ans en 2006, ont réduit
organismes hlm essentiellement (659 mil l’attrait de ces formes d’épargne qui restent
lions, dont 469 de prêts), ces volumes sont néanmoins très populaires, puisqu’il y avait, en
liés aux évolutions de la construction de loge 2006,12,1 millions de pel et 9,8 millions de cel
ments sociaux, après une augmentation sen ouverts. Le montant total des dépôts est de
sible entre 2000 et 2004, elle est de nouveau 230 milliards d’€. L’encours des prêts est de
en baisse entre 2005 et 2007 ; 11 milliards, ce qui laisse 219 milliards dispo
— la contribution du 1 % au financement nibles, qui sont affectés par les banques à des
île la politique de renouvellement urbain, qui emplois qui ne concernent pas nécessairement
est devenue une orientation majeure de l’uti la construction.
lisation des ressources du 1 % à travers le Les prêts particuliers — prêts aux fonc
linancement de l’Association foncière loge tionnaires, prêts des caisses d’épargne, prêts
ment (726 millions en 2006) et de I’anru aux familles des caisses d’allocation familiale,
(279 millions en 2006). L’a fl construit des etc. — sont en général de prêts complémen
logements, destinés en priorité aux salariés taires.
des entreprises assujetties au 1 %, dans des Les prêts bancaires ordinaires (en général
quartiers faisant l’objet de démolitions et dans avec inscription hypothécaire), au taux du
îles territoires où l’offre de logements locatifs marché, sont surtout destinés à court terme aux
est insuffisante. Ces financements montent en promoteurs immobiliers qui construisent pour
puissance avec la progression de la mise en vendre, et à long terme, aux acquéreurs de loge
œuvre des projets de renouvellement urbain ment aisés, qui ne peuvent bénéficier des formes
qu’ils accompagnent. de financement aidées ou privilégiées (les prêts
L’épargne logement consiste pour les particu sont généralement plafonnés à 80% de l’inves
liers à déposer leur épargne (avec intérêt) auprès tissement). La baisse des taux d’intérêt a contri
d’une caisse d’épargne, d’une banque ou d’un bué à la forte hausse des prix entre 1998 et 2008,
établissement de crédit conventionné, produi en permettant aux ménages de s’endetter sur de
sant ainsi des intérêts (plan d’épargne), puis à plus longues durées à moindre coût et a accentué
obtenir un prêt (au taux, faible, des intérêts la domination du secteur bancaire libre dans le
versés pendant la phase d’épargne, plus les frais financement de l’accession à la propriété.
de gestion) dont le montant est fonction des inté Les prêts notariés, généralement de courte
rêts acquis pendant la phase d’épargne et la durée, avec inscription hypothécaire le plus
durée du prêt. Il existe des comptes d’épargne souvent, sont des opérations entre particuliers.
logement (cel ) et des plans d’épargne logement On notera :
(pel). Le pel comporte un engagement régulier — que les mécanismes de crédit immobi
d’épargne (au moins 540 € par an) pendant au lier ont joué un rôle fondamental, tant pour la
moins quatre ans ; en contrepartie, les taux de construction locative sociale que pour rendre
rémunération de l’épargne (2,5 % depuis le possible l’accession à la propriété (90 % des
1er août 2003) et le montant maximal des prêts ménages accédants y ont recours) ;
(92 000 € à 4,20 % depuis le 1er août 2003) sont — que l’inflation a incité des ménages à
plus avantageux. Le cel ne comporte qu’une acquérir un logement plutôt qu’à le louer : le
durée minimale d’épargne de dix-huit mois, les plus souvent, avant la fin des rembourse
intérêts versés sont les deux tiers de ceux du ments, l’annuité payée (intérêts et rembourse
livret A depuis le 1er juillet 2004, le montant ment) est devenue inférieure à un loyer.
maximal du prêt de 23 000 € (au taux avanta A.-C. Da. et P. M.
geux de 3 %). Dans les deux cas, la durée du
prêt est de deux à quinze ans. Ces prêts sont Aide à la pierre; Participation des employeurs à l'effort de
construction; Rénovation urbaine.
aidés par l’État sous la forme d’une prime égale
à une fraction des intérêts acquis (la moitié pour
le cel , deux septièmes pour le pel), mais plafon CRÉDIT LOCAL DE FRANCE (CLF)
née (1 144 € pour le cel , 1 525 € plus 10 % par -> Dexia-Crédit local
personne à charge pour le pel ). La baisse géné
rale des taux d’intérêt et la diminution des inté
rêts versés pendant la phase d’épargne, ainsi que
la nouvelle imposition du revenu des intérêts CRÉMATORIUM Cimetière
CROISSANCE-DÉCROISSANCE 218
itour des secteurs urbains limités, afin de rappe - le modèle de la cité comme entité archéty
ler l’importance culturelle de la beauté et du pale et le statut de l’esthétique urbaine - sont
plaisir esthétique, et de leur donner à nouveau au cœur des problématiques actuelles de
une présence minimale, et peut-être inductrice l’aménagement et de l’urbanisme.
île formes historiques nouvelles. F. C.
À l’opposé de l ’architecte esthète autri
chien, E. Howard, le père des cités-jardins (7b- - » Art urbain; Cité-jardin; Lisibilité; Postmoderne; Posturbain;
Pré-urbanisme; Urban design; Urbanisme.
morrow, 1898), est un socialiste militant dont
le modèle spatial, très élaboré, la Garden City,
renvoie à un projet complet de société dont il
n’élude aucune des dimensions politique, CYCLE DE L'EAU
sociale et économique et auquel il intègre
même certaines valeurs progressistes (rôle de Le cycle de l’eau est le parcours hypothé
la technique). En revanche, l’esthétique ne tique d’une petite quantité d’eau partant d ’un
représente pas pour Howard une valeur clé. état initial, passant par différentes phases et
Avant que le courant progressiste n’impose états intermédiaires et revenant à son état
à l’urbanisme son hégémonie, le courant premier. Jusqu’à la fin du xvme siècle, l’opi
culturaliste a produit de nombreuses réalisa nion publique occidentale était partagée entre
tions, en premier lieu dans les pays germa deux conceptions du cycle de l’eau: l’un
niques où le livre de Sitte a, dès sa parution, aérien, l’autre souterrain (les eaux superfi
eu un retentissement pratique considérable, cielles s’évaporent, forment les nuages ; la
aussi bien dans les extensions de villes que pluie pénètre dans le sol, gonfle les nappes
dans la conception de cités ouvrières. En souterraines qui forment les sources).
second lieu, l’urbanisme culturaliste a eu La réalité est plus complexe et l’essentiel de
pour champ d’expérience la Grande-Bretagne l’eau douce vient des précipitations (880 mm/
où le schéma de Howard a, d’emblée, été an ou 486 milliards de m3 en moyenne en
associé à l’esthétique de Sitte avec la réalisa France). A l’échelle nationale, environ 65 %
tion des premières cités-jardins (cf. les inten des précipitations s ’évaporent, 15% ruis
tions explicites de R. Unwin à Letchworth, sellent et 20 % s’infiltrent. À mesure qu’on
1903). Ce courant a continué ensuite d’inspi s’approche de la ville, la part du ruissellement
rer les trois générations de «nouvelles augmente et peut dépasser 90 % dans certains
villes » anglaises issues du New Towns Act de secteurs. Plus l’imperméabilisation des sols
1946. Le modèle de Howard est également à est importante, plus la pollution hydrique est
l’origine de quelques réalisations aux Etats- grande, plus son élimination est coûteuse,
Unis (Radbum de Cl. Stein et H. Wright, plus les inondations sont fortes.
1928, et les Greenbelt Cities construites pen La surface drainée par un cours d’eau et ses
dant le New Deal). Le culturalisme a parfois affluents au point topographique le plus bas,
tempéré l’inspiration progressiste des urba appelé exutoire, définit le bassin versant. À
nistes Scandinaves et hollandais (W. Dudock cette limite géographique de l’écoulement des
à Hilversum). On en trouve aussi quelques précipitations s’adjoint une limite hydrolo
exemples dans les anciens pays coloniaux gique qui dépend de la nature du sous-sol et du
(cf. le quartier des Habous à Casablanca). pendage des couches géologiques. À la suite
Depuis la fin des années 1970, l’urbanisme d ’une averse, le cours d ’eau va enfler, son
culturaliste a retrouvé faveur et actualité, débit passer par un maximum, puis diminuer
comme en témoignent nouvelles traductions pour revenir approximativement à l’état initial.
et études (nouvelle trad. franç. du Stâdtebau, L’hydrogramme (courbe donnant le débit en
Paris, 1980, Camillo Sitte et l ’urbanisme fonction du temps) représente la «réponse»
moderne, Bruxelles, 1981, parD . Wieczorek; du bassin versant à la précipitation.
en anglais, réédition et mise à jour en un Pour les commodités du calcul du dimen
volume de la traduction critique et de l’étude sionnement des réseaux d ’évacuation d ’eau
de G. et Ch. Collins, New York, 1986). pluviale, on a divisé la France en trois zones,
L’approche culturaliste est aujourd’hui valori affectées chacune de coefficients dépendant
sée ou même revendiquée par le postmoder de leurs caractéristiques climatiques, et on a
nisme. En fait, les fondements du culturalisme adopté en 1949 la formule dite de Caquot {Ins
CYCLE DE L'IMMOBILIER 220
Paris), plus mesuré sur celui du logement neuf bas successivement en 1967,1975,1983,1991
ou d’occasion, et presque indécelable sur les et 1998. Les derniers cycles (hausse de 1984 à
loyers (sauf la partie la plus spéculative). 1991, baisse de 1991 à 1997) ont été particu
Concernant le logement du secteur privé, lièrement amples et atypiques, quoique portés
on observe un véritable cycle (hausses et par des processus différents. Dans le cycle de
baisses des prix et de la production), particu 1984 à 1998, il y a eu constitution puis explo
lièrement marqué dans les zones tendues : sion, d ’une véritable « bulle » spéculative, sui
Paris, Côte d’Azur, etc. Le reste du territoire vie d ’une chute des prix en francs courants, ce
enregistre nettement moins de soubresauts. qui était sans précédent. Cette crise s’est tra
L’ampleur du cycle dans l’immobilier neuf duite par un volume d ’invendus également
est fonction de l’inertie du produit : un sans précédent, notamment dans les loge
immeuble est «fabriqué» en quatre ans et ments de luxe et les bureaux, en particulier en
constitue un objet particulièrement lourd et Île-de-France.
peu divisible. Il est très difficile de ralentir Cette ampleur exceptionnelle s’expliquait
ou d ’accélérer la production comme dans entre autres par :
d’autres secteurs (le vêtement par exemple) • les ravages du chômage sur le pouvoir
où le processus de production est éparpillé d’achat et les perspectives des particuliers et
entre une multitude de produits élémentaires des entreprises ;
dont la fabrication peut être accélérée, ralen • le maintien de taux d’intérêt réels élevés
tie, interrompue, reprise. malgré la baisse de l’inflation ;
Le cycle immobilier présente enfin une • des anticipations (1988-1990), qui parais
forte originalité en ce sens que les prix et les sent a posteriori tout à fait infondées, de la part
quantités varient dans le même sens. Dans les de professionnels de l’immobilier ;
autres secteurs, des baisses de prix accom • une complaisance extrême du système
pagnent l’accroissement de la production (du bancaire (triplement des crédits promoteurs
moins sur le long terme), des hausses de prix et marchands de biens entre 1988 et 1990),
restreignent le marché. A court terme, l’effet chacun espérant dénouer les affaires avant
de braderie ou de « solde » résulte d’une sur retournement de conjoncture...
production temporaire dont la résorption revi Cette crise a été grave car elle s’est accom
gore les prix. Donc prix et quantités varient à pagnée d ’une incapacité totale des emprun
l’inverse. Ceci n ’est pas inconnu dans l’immo teurs à supporter les agios, et a engendré donc
bilier, mais l’effet contraire domine, résultant des pertes pour le système bancaire qui ont
de l’inertie du processus de production et des retenti sur l’ensemble du système de crédit et
anticipations des intervenants : des prix en de l’économie.
hausse peuvent faire affluer les acquéreurs Elle a été grave aussi en termes d’urbanisme
(car les prix seront encore plus élevés plus dans la mesure où les aménageurs (dont
tard), des prix en baisse peuvent les détourner I’epad et les établissements publics d’aména
(car ils pourraient baisser encore...). Il en gement des villes nouvelles) se financent et
résulte, du moins en France dans les années financent indirectement du logement social
1990, une régulation autant par les quantités (en partie du moins) par la vente de charges
que par les prix : en phase dépressive, les ven foncières qui, vers 1988-1989, étaient alignées
deurs, s’ils le peuvent, se retirent du marché sur une anticipation optimiste du marché.
en attendant des jours meilleurs. Ce comporte Faire dépendre l’aménagement urbain du
ment est permis aux offreurs du marché de cycle de l’immobilier se révèle dangereux.
l’occasion, mais évidemment pas aux offreurs Certains analystes, constatant la durée et
d’immeubles neufs qui, en phase négative, l’ampleur de la baisse, ont mis en doute la per
doivent consentir des baisses de prix ou sup sistance d’un modèle cyclique et ont craint que
porter des agios bancaires accrus. le marché demeure durablement en situation
Si l’on tente d’analyser comment se pré de léthargie due notamment à la disparition de
sente le cycle immobilier en France sur une l’inflation. Cette hypothèse a été infirmée par
certaine durée, on trouve, sensiblement, de la la reprise de la hausse (des volumes de vente,
fin des années 1960 à la fin des années 1990 puis des prix) en 1997 pour les bureaux et en
une périodicité de huit ans : le marché (pro 1998 pour les logements. Cette hausse, d ’une
duction et ventes du secteur privé) est au plus ampleur sans précédent, s’est poursuivie jus
CYCLOMOTEUR 222
qu’en 2008 et les prix ont doublé, dépassant Le retournement du cycle initié en 1998
largement, en monnaie constante, les valeurs était annoncé depuis longtemps, la progres
de 1990. Elle est cependant d’une toute autre sion du coût du logement n ’étant plus,
nature que celle enregistrée au cours du pré depuis plusieurs années, en rapport avec les
cédent cycle. Beaucoup moins spéculative, revenus des ménages. Il est cependant beau
elle concerne l’ensemble des régions et non coup plus lent que celui du cycle précédent.
plus les seuls marchés hyper valorisés, tel que Les facteurs de pression de la demande sont
ce fut le cas dans les années 1980. Elle est en en effet inchangés, tandis que les taux d’inté
grande partie le fruit d’un déséquilibre entre rêt demeurent bas et que l’action publique
l’offre de logements disponible et la demande s’est voulue très réactive dans le soutien
solvable exprimée, produit par : apporté au secteur du bâtiment en période
— une forte croissance de la demande de de crise économique (nouvelles mesures de
logement liée à la fois à une démographie relances de l’investissement locatif, aides
dynamique et à la baisse continue de la taille renforcées à l’accession dès 2008, etc.). Aty
des ménages (développement de la décohabi pique par son ampleur et sa durée, il est dif
tation, vieillissement de la population, etc.) ; ficile d ’anticiper l’évolution du cycle en
— une conjoncture financière favorable au cours et la poursuite ou non de la baisse des
développement du crédit, avec un fort niveau prix et des volumes de transactions. L’évolu
de liquidités bancaires disponibles et des taux tion de ces dernières années appelle l’atten
d’intérêt bas qui ont permis un allongement tion sur la mauvaise qualité de la prévision
des prêts et la diminution de l’apport person en immobilier et sur l’imprudence de s’en
nel nécessaire pour acquérir (au moins au remettre de façon croissante à un secteur
début du cycle avant la flambée des valeurs privé qui est, par nature, peu accueillant à la
immobilières) ; prospective régionale et à l’organisation de
— une production neuve insuffisante pour la production.
répondre à la demande depuis la fin de la crise A.-C. Da. et A. M.
précédente, le cycle de valorisation de la fin
des années 1990 et des années 2000 ne s’étant -> Aide à la pierre; Bureaux; Marché foncier; Spéculation.
pas traduit assez rapidement par une augmen
tation de la construction, en particulier en Ile-
de-France. CYCLOMOTEUR Deux roues (véhicules à)
DALLE connut une grande vogue dans les années
1960, en Europe et aux Etats-Unis. Depuis,
Tablette de pierre, peu épaisse, servant à elle a fait l’objet de critiques nombreuses, sur
revêtir le sol de certains édifices ou pièces tout à cause de son coût élevé. Aujourd’hui, il
ainsi que les voies réservées aux piétons ; par n ’est pas rare que, pour restructurer un quar
extension, aujourd’hui, le sol artificiel sur tier, on démolisse totalement (par exemple à
élevé et destiné aux piétons dans certaines réa- Sartrouville) ou partiellement (par exemple au
lisations de Turbanisme (villes nouvelles, Val d ’Argent à Argenteuil) la dalle construite
nouveaux quartiers), après la deuxième guerre une génération plus tôt.
mondiale. La séparation de la dalle en tant que volume
L’idée remonte à Léonard de Vinci qui, n ’a toutefois connu de véritable vogue
dans ses Carnets, l’illustre par une série de qu’après la seconde guerre mondiale. Deux
croquis superbes et indique que cette voie types de dalles peuvent alors être distingués :
surélevée « sera exclusivement réservée à celles qui sont au fondement du projet de ville
l’usage des gentilshommes (genteli omini) et et de son fonctionnement (comme à La
qu’aucun charroi ni véhicule ne devra y circu Défense ou à Louvain-la-Neuve) et celles qui
ler». sont venues s’inscrire dans un contexte urbain
Cette conception fut reprise au xxe siècle, existant (Mériadek à Bordeaux ou le quartier
par E. Hénard (Rapport sur l ’avenir des Beaugrenelle à Paris). La réussite ou l’échec
grandes villes, 1910), pour qui les problèmes de ces ensembles s’est jouée sur la qualité des
posés par la ville contemporaine viennent « de interfaces entre les niveaux de sol dédiés aux
cette vieille idée que le sol de la rue doit être modes de déplacement motorisés et celui
établi au niveau du sol naturel prim itif (alors dédié aux piétons.
que) les trottoirs et la chaussée doivent être Posant les bâtiments sur une surface hors
artificiellement établis à une hauteur suffi sol, l’urbanisme de dalle a soulevé des pro
sante pour laisser, en dessous, un espace blèmes juridiques spécifiques liés au rapport
capable de contenir tous les organes des ser de la propriété et du sol et rendu nécessaire le
vices de voirie ». recours à la notion de propriété en volume.
Si le trottoir a proposé une première solu Ces dalles sont par ailleurs des objets tech
tion à la séparation des flux qui fut établie niques complexes qui ont engendré des frais
techniquement et juridiquement à partir de la de construction et de maintenance très élevés.
seconde moitié du xixe siècle, la vision de Enfin, ces mégastructures bâties se sont révé
Hénard devait demeurer à l’état de projet. Elle lées peu évolutives et, dans des chantiers de
fut reprise et développée par certains protago rénovation, il apparaît que leur déconstruction
nistes du mouvement moderne, en particulier est la solution la plus pertinente en termes
L. Hilberseimer et Le Corbusier (qui inversait urbains et économiques.
les fonctions de la dalle et réservait le sol au
P. Mo. et V. S.-M. G.
piéton), mais largement appliquée seulement
après la seconde guerre mondiale. La dalle - » Béton ; Espace public ; Place ; Voie.
DATAR 224
îles élus locaux dans des commissions consul rieur et de la Décentralisation, en dissociant
tatives de développement économique régio les différentes matières de la réforme par des
nal mises en place également en 1964. lois successives qui furent adoptées par le Par
La réforme régionale que poursuivait à lement, au cours des premières années de la
cette date une politique de modernisation éco législature, a amorcé un processus que l’on
nomique et d ’équipement impulsée par le peut désormais considérer comme irréver
( 'oinmissariat du plan ne déboucha pas sur sible. La loi du 2 mars 1982 sur la transforma
une transformation profonde de la vie admi tion des contrôles et de l’autorité exécutive,
nistrative. Enfin, la dispersion des communes les lois du 7 janvier et du 22 juillet 1983 sur la
françaises (au nombre de 36 682), et l’obstacle répartition des compétences, la loi du 26 jan
qu’elle constitue à tout effort de rationalisa vier 1984 sur la fonction publique territoriale,
tion en milieu urbain comme en milieu rural, constituent quatre piliers fondamentaux,
tic put être surmontée, en dépit de nombreuses quelles que soient les lenteurs et les atténua
tentatives pour promouvoir des formes de tions appelées à marquer l’achèvement de la
regroupements, volontaires ou forcés. De réforme.
toute façon, les réformes réalisées (ou tentées) Les lois de décentralisation du 7 janvier et
n’étaient pas véritablement décentralisatrices du 22 juillet 1983 ont érigé la région au rang
car elles s’appuyaient sur le renforcement des de collectivité territoriale, créant en France
représentants de l’État, préfets et chefs des quatre niveaux d’administration (État, région,
services extérieurs. Celle de 1969, qui propo département et commune). Les lois de décen
sait la transformation de la région en collecti tralisation ont en outre posé le principe
vité locale, s’étant heurtée à une opposition qu’aucune collectivité territoriale n ’exerçait
quasi unanime de la classe politique, céda la de contrôle sur une autre, même de niveau
place, après l’échec du référendum, au statut inférieur. Elles ont prévu que l’État transfére
de compromis de l’établissement public régio rait à la collectivité concernée, avec chaque
nal (1972). compétence, les moyens dont il disposait
Une logique plus purement administrative pour l’exercer : ce principe n ’a pas été sans
se substitua désormais au volontarisme écono soulever de multiples difficultés d’applica
mique des années 1960, à la faveur de la tion.
«crise de société» de mai 1968, et du renver Ces mêmes lois ont précisé les compétences
sement de la conjoncture économique de 1973. transférées. Parmi celles-ci, on soulignera les
La décentralisation sera à nouveau au cœur des transferts suivants :
débats sur la réforme administrative, à l’occa — dans le domaine de l’aménagement, le
sion du rapport « Vivre ensemble » présenté plan de la région est confié aux régions, les
par O. Guichard à la demande du président de programmes d’aide à l’équipement rural au
la République, dont un élément, le regroupe département, les chartes intercommunales aux
ment sous la forme de « communautés de com communes ;
munes », souleva l’hostilité des élus. — dans le domaine de l’urbanisme, l’éla
Un projet de loi déposé en 1978 par le boration des documents d’urbanisme - sché
gouvernement «pour le développement des mas directeurs et plans d ’occupation des sols
responsabilités des collectivités locales», (pos) notamment - deviennent de la compé
moins ambitieux que le rapport Guichard, tence des communes, ainsi que les autori
proposant essentiellement des contrôles allé sations d’occupation du sol si la commune
gés et des redistributions de compétence est dotée d’un pos approuvé depuis plus de
(mais refusant toujours une «administration six mois, l’État conservant la responsabilité
à quatre niveaux», impliquant la consécra de fixer les règles générales d’urbanisme, des
tion de la région comme collectivité territo prescriptions nationales ou particulières (y
riale), n ’aboutit pas davantage, en raison, compris les schémas de mise en valeur de la
peut-on penser, des succès politiques des par mer) et les autorisations d’occupation du sol
tis d ’oppositions aux élections municipales si la commune n ’a pas de pos approuvé depuis
de 1977 et cantonales de 1976 et 1979. plus de six mois et dans certains cas particu
liers (opérations d’intérêt national, etc.) ;
Déterminé à adopter une stratégie parle — dans le domaine du logement, les com
mentaire rapide, le nouveau ministre de l’Inté munes établissent le programme local de
DÉCENTRALISATION ADMINISTRATIVE m
l’habitat, mais c’est l’État qui répartit les tralisation. Celui-ci serait compromis par
aides au logement ; l’imbrication des compétences prévues par là
— en matière de transports, les communes loi du 7 janvier 1983 et par les financements
établissent le plan de déplacements urbains de croisés que les lois de décentralisation avaient
l’agglomération et gèrent les services de voulu éliminer. En second lieu, l’évaluation
transport en commun, le département et la de la décentralisation en termes de respect du
région établissent les plans (départementaux droit a fait apparaître de nombreuses entorses
et régionaux respectivement) de transports et à la légalité. Si certains en imputent la respon
gèrent les services réguliers non urbains de sabilité au système de contrôle par les préfets,
transport d’intérêt départemental ou régional les élus locaux sont par contre nombreux à
(l’Etat conservant la responsabilité du réseau dénoncer le contrôle excessif exercé sur leur
national de chemins de fer et des services de gestion financière par les nouvelles chambres
transport d’intérêt national) ; régionales des comptes.
— pour l’environnement, l’État conserve Dans le domaine de l’urbanisme, où elle a
la responsabilité des zones de protection du été systématique (élaboration des documents
patrimoine architectural, urbain et paysager d ’urbanisme et délivrance du permis de
sur proposition d’une collectivité territoriale, construire par les communes dotées d’un pos
le département étant chargé des itinéraires de ou, à partir du vote de la loi Solidarité et
promenade et de randonnée ; renouvellement urbains du 13 décembre
— les établissements scolaires sont répartis 2000, d’un plu ou d’une carte communale), la
entre l’Etat (enseignement supérieur), la région décentralisation a souvent conduit à des abus :
(lycées), le département (collèges) et la com déshérence de fait des schémas directeurs,
mune (écoles élémentaires et maternelles) ; révisions et surtout modifications incessantes
— les départements reçoivent en outre des POS, zac permettant de tourner les plans
diverses responsabilités, notamment celle des d’urbanisme, etc.), l’administration préfecto
bibliothèques centrales de prêt, celle de l’aide rale et les juges administratifs ont, pendant
sociale à l’enfance, de la protection sanitaire une dizaine d’années, réagi seulement en cas
familiale, etc. d ’« erreur manifeste ». Depuis le rapport de
La loi du 6 février 1992, dix ans après le 1992 du Conseil d’État {L’urbanisme: pour
vote de celle du 2 mars 1982, a eu pour but de un droit plus efficace) cependant, les juges
corriger certaines évolutions «perverses». administratifs sont beaucoup plus vigilants et
Cette loi d’orientation relative à l’administra tranchent sur l’opportunité même des déci
tion de la République visait à la fois à poser le sions contestées.
principe de la déconcentration, à améliorer le La décentralisation enfin, si elle a favorisé
fonctionnement de la démocratie locale, à per l’émergence d ’un mode d’autodéveloppement
fectionner le contrôle a posteriori des actes des régions et des pays, n ’a que peu profité
des collectivités locales, à renforcer enfin la aux petites communes qui n’avaient guère les
collaboration entre celles-ci. Le renforcement moyens d’exercer leurs nouvelles responsabi
du contrôle des collectivités locales consti lités et ont été victimes de l’affaiblissement
tuait par ailleurs le dernier volet de la loi du des services extérieurs de l’État.
29 janvier 1993, dite «loi Sapin», relative à
la prévention de la corruption et à la transpa Le gouvernement Raffarin a fait d ’une nou
rence de la vie économique et des procédures velle étape de la décentralisation administra
publiques. tive une de ses priorités. Le projet de loi relatif
Plusieurs éléments de la décentralisation aux libertés et responsabilités locales, après le
(71 lois et 748 décrets avaient déjà été publiés vote en première lecture, avait reçu de nom
en 1992) ont fait l’objet de controverses, mais breuses critiques de tous les horizons poli
son caractère irréversible a été unanimement tiques : le gouvernement avait annoncé qu’il
souligné. Les transferts de pouvoir et la réor serait sensiblement revu avant la seconde lec
ganisation des services qui en ont résulté ture, mais cet engagement n’a pas été tenu et la
exigent néanmoins certains nouveaux méca loi « Libertés et responsabilités locales » du
nismes de régulation par l’État. En effet, le 13 août 2004, qui vient après la loi du 17 mars
bilan est plus contrasté en ce qui concerne, en 2003 sur l’organisation décentralisée de la
premier lieu, le caractère achevé de la décen République, a été très controversée dès sa
DÉCENTRALISATION ADMINISTRATIVE
127
parution. En tout état de cause, les dispositions — les aérodromes, les aéroports et les ports
prévues ne bouleversent pas la situation dans (autres que d’intérêt national ou internatio
le domaine de l’urbanisme et de l'aménage nal), les cours d ’eau, canaux et voies d’eau
ment du territoire. Le gouvernement a même sont transférés aux collectivités territoriales ;
réduit, au vu des résultats des élections régio — les transports : les transports non urbains
nales, le rôle des régions qui devaient avoir la de personnes ferrés ou guidés sont transférés
responsabilité du développement économique aux départements; la région Ile-de-France
et n’assureront que la coordination des actions devient majoritaire au syndicat des transports
économiques des collectivités territoriales. La d’île-de-France ( stif), dont son président
région doit adopter, après consultation des assurera la présidence ; le stif établira le plan
collectivités territoriales et des chambres de déplacements urbains de la région ;
consulaires, son schéma de développement — les relations avec la Communauté euro
économique. En cas d’atteinte à l’équilibre péenne: l’État peut, à titre expérimental,
économique dans tout ou partie de la région, confier aux régions qui le demandent (ou à
elle assure la concertation avec les collectivités défaut à d’autres collectivités) la fonction
intéressées. Le conseil régional définit et d’autorité de gestion et de paiement dans le
décide de l’aide aux entreprises qui revêtent la cadre du programme 2000-2006 de la poli
forme de prestations de services, de subven tique de cohésion économique et sociale de la
tions, de bonifications d’intérêt, de prêts à taux Communauté européenne ;
nul ou réduit. À titre expérimental et pour une — l’aide sociale : la politique d’aide sociale
durée de cinq ans, l’Etat peut confier à la (revenu minimum d’insertion, devenu en
région le soin d’élaborer le schéma régional de 2009 revenu social d’adaptation, fonds d’aide
développement économique : la région, une aux personnes en difficulté, aides aux per
fois ce schéma adopté, devient compétente, sonnes âgées) est confiée au département ;
par délégation de l’État, pour attribuer les — le logement : les aides publiques au loge
aides que celui-ci met en œuvre au profit des ment peuvent être déléguées par convention
entreprises. Cette compétence nouvelle de la aux collectivités territoriales (epci qui ont
région devrait avoir des incidences sur l’amé adopté un plan d’amélioration de l’habitat,
nagement régional et local. Mais, au vu de département dans les autres cas); le préfet
l’utilisation faite par les régions de leur com peut déléguer au maire par convention tout ou
pétence en matière d’aménagement régional, il partie des réservations dont il bénéficie : cette
n’est pas certain qu’elles en tirent parti pour dernière disposition est très discutable car,
favoriser un développement spatial équilibré même si le préfet peut reprendre cette attribu
et harmonieux. tion si l’usage qui en est fait va à l’encontre de
Par ailleurs, la loi Libertés et responsabilités la politique de mixité sociale, elle risque de
locales prévoit divers transferts de compé rendre encore plus difficile l’attribution d’un
tence au bénéfice des collectivités territo logement social aux familles en difficulté ;
riales. Celles-ci concernent notamment : — l’éducation : le transfert de la gestion et
— le tourisme : les communes ou les éta du paiement des personnels techniciens,
blissements publics de coopération inter ouvriers et de services aux collectivités terri
communale compétents peuvent créer des toriales: cette disposition a été vivement
offices du tourisme ; contestée, même si les personnels concernés
— la politique d’apprentissage et de for ont pu opter entre le statut de fonctionnaire
mation professionnelle des jeunes et des d’État (ils sont alors détachés auprès de la
adultes est confiée à la région ; collectivité territoriale en charge de l’établis
— le réseau routier : les routes nationales sement où ils exercent) et celui de fonction
ayant un intérêt départemental (c’est-à-dire naire territorial.
sauf les grands itinéraires nationaux) sont Ces transferts de compétences s’effectuent,
transférés au domaine public départemental ; comme lors de la décentralisation de 1983,
les collectivités territoriales pourront instituer avec compensation par l’État des charges cor
des péages sur la voirie dont elles ont la respondantes. Le gouvernement a insisté sur le
charge et bénéficieront des attributions du fait que cette compensation financière serait
Fonds de compensation de la TVA pour leurs intégrale, concomitante (aux transferts de com
investissements de voirie ; pétence), contrôlée (par une commission ad
DÉCENTRALISATION DES ACTIVITÉS 228
hoc du comité des finances locales et conforme mines et la sidérurgie dans le Nord-Pas-de-
à l’objectif d’autonomie financière des col Calais et en Lorraine par exemple).
lectivités territoriales). Mais, outre que les La décentralisation d’activités peut prendre
collectivités territoriales redoutent que la plusieurs formes :
compensation ne soit pas complète, elles — transfert de l’ensemble de l’entreprise (y
craignent qu’une partie seulement soit com compris son siège social) : ce cas est assez rare ;
pensée par transfert de ressources fiscales et le — transfert d’un établissement de l’entre
complément par augmentation des dotations de prise, notamment pourpermettre son extension ;
l ’Etat vers les collectivités concernées. Le — création d’un nouvel établissement pour
risque est qu’elles doivent augmenter leur fis faire face à la croissance de l’entreprise ou au
calité (parce que les ressources transférées regroupement d ’activités disséminées dans
seront insuffisantes) et que néanmoins une par plusieurs établissements : c’est le cas le plus
tie croissante de leurs ressources ne provienne fréquent.
de transferts de l’État sur lesquels elles La politique de décentralisation est très liée
n’auront, à la différence de leurs recettes fis à la politique d ’aménagement du territoire
cales, aucun moyen d’action. De fait, la plupart et, aux débuts de celle-ci, elle en a été, en
des conseils régionaux et de nombreux conseils France, l’aspect dominant, voire le seul. Par la
généraux, ont sensiblement accm leur fiscalité suite, cependant, le ralentissement écono
après les élections régionales de 2004 et géné mique freinant la décentralisation, l’accent a
rales de 2005 en le justifiant par une compen été mis sur la mise en valeur des potentialités
sation insuffisante des transferts de compé des régions : ainsi, la décentralisation n ’appa
tences. raît-elle que comme un moyen parmi d ’autres
P. M. et Y. P. pour réduire les disparités régionales.
Pour mettre en œuvre une politique de
Autonomie financière et fiscale des collectivités; Décen
tralisation {des activités); Déconcentration; Département;
décentralisation, on peut recourir à divers
Dotation globale d'équipem ent; Dotation globale de décen moyens, ressortissant de la réglementation,
tralisation; Dotation globale de fonctionnement; État; Projet
d'intérêt général; Région.
des finances ou de l’aménagement :
— Sur le plan réglementaire, une autorisa
tion spéciale peut être exigée, indépendam
ment du permis de construire, pour toute
D ÉCEN TR ALISATIO N DES ACTIVITÉS création ou extension d’activités. La Grande-
Bretagne a ainsi créé en région de Londres en
La décentralisation des activités est le pro 1947 (puis dans les Midlands) un Industrial
cessus, spontané ou planifié, de délocalisation Development Certificate pour les industries et
de tout ou partie de certaines activités (ou de en 1964 un Office Permit pour les bureaux en
leurs extensions prévues) d’une zone centrale région de Londres. La France a institué l’agré
vers des zones moins centrales. Lorsqu’elle ment pour toute construction ou extension
est planifiée, elle prend la forme de mesures (industrie depuis 1955, bureaux et recherche
réglementaires, financières et fiscales visant à depuis 1967). Le seuil, initialement fixé pour
encourager les entreprises à s’installer hors de les usines à 500 m2 par opération a été relevé à
la région centrale, et éventuellement de préfé 1 500 m2 en 1972, puis à 3 000 m2 en 1985,
rence dans certaines régions prioritaires. La réduit à 1 000 m2 en 1995, et est depuis 2000 de
région centrale est le plus souvent la capitale 5 000 m2 pour l’industrie (usines et entrepôts)
(ce fut le cas pour Londres, Paris, Moscou et et de 1 000 m2 pour les bureaux et la recherche.
Budapest notamment), parfois une conurba — Sur le plan financier, on peut instituer
tion dominante (la Randstad Holland) ou un des taxes supplémentaires à acquitter lors de la
bassin d ’emploi congestionné (la Ruhr en création de nouvelles activités dans les régions
Allemagne, la Silésie en Pologne). Les zones où la concentration est jugée trop forte et des
prioritaires peuvent être celles qui sont peu primes en faveur des entreprises qui s’im
développées (et en particulier peu industriali plantent dans les régions prioritaires. Le sys
sées), celles qui souffrent d ’un déficit tème a été mis en place dès 1945 en Grande-
d ’emplois, en particulier les régions sujettes à Bretagne, au détriment de la région de Londres
une reconversion à la suite du départ ou du et au bénéfice des Development Districts dont
déclin d’activités longtemps dominantes (les le contour a été modifié depuis à plusieurs
m DÉCENTRALISATION DES ACTIVITÉS
reprises. En France, de 1960 à 1982, ont existé négociation préalable avec les responsables
îles redevances payées par les entreprises de la politique de décentralisation avant de
s'implantant en région parisienne. Depuis déposer officiellement leur dossier. Depuis la
1960 également, existent des primes en faveur crise du pétrole (milieu des années 1970), la
des régions prioritaires (primes d’aménage procédure d’agrément est beaucoup moins
ment du territoire depuis 1982). Ces mesures sévère et surtout utilisée pour orienter Ales
peuvent être complétées par des incitations activités vers les secteurs prioritaires de l’Ile-
fiscales (dégrèvement des impôts locaux, de-France (villes nouvelles en particulier).
notamment de la taxe professionnelle, règles
plus favorables d’amortissement des investis La décentralisation,peut également concer
sements, réduction du droit de mutation...) ou ner les activités de l’État ou placées sous son
par des prêts à taux préférentiel en utilisant les contrôle. En France, depuis le décret du
moyens du fiat (Fonds d’intervention de 24 octobre 1967, le Comité de décentralisation
l’aménagement du territoire) et du fad (Fonds - remplacé depuis le décret du 14 janvier 2002
d’aide à la décentralisation) jusqu’en 1994 et, par le Comité pour l’implantation territoriale
depuis 1995, du fnadt (Fonds national d’amé des emplois publics ( citep), lui-même sup
nagement et de développement du territoire) primé par le décret du 12 novembre 2007 -,
qui remplace le fiat, le fidar, les crédits de avait pouvoir de décision pour les activités du
restructuration des zones minières (girzom) et secteur public (avec cependant possibilité
d’implantations des activités hors de la région d’appel du ministre de tutelle auprès du Pre
Île-de-France (fad). Sa création a entraîné en mier ministre). La décentralisation des activi
outre la disparition d’autres fonds interminis tés dépendant de l’État a été mise en avant à
tériels liés à la politique d’aménagement du plusieurs reprises, mais limitée par la résis
territoire, notamment le fiam (Fonds d ’inter tance des personnels concernés : elle s’est sou
vention pour l’autodéveloppement en mon vent traduite par des implantations dans la
tagne) et le frile. Il a été doté, à sa création, circonscription électorale du ministre de tutelle
en 1995, de 1,391 milliard de F de crédits de ou d’un élu bien placé. Cette politique a été
paiement et de 2 milliards d’autorisations de spectaculairement relancée par Édith Cresson
programmes. En 2004, ces chiffres s’élevaient en 1991 sous le terme de délocalisation: le
respectivement à 183 et 277 millions. En transfert en province de plus de 10 000 emplois
2003, 258 millions ont été effectivement (y compris des stagiaires) a ainsi été décidé
engagés, mais une faible partie concernait la dans son principe (approximativement pour
décentralisation des activités. moitié entre les emplois de l’État proprement
— Sur le plan de l’aménagement, par des dit et ceux des organismes publics qu’il
mesures d’incitation destinées à attirer les contrôle). Cette politique a été confirmée par
entreprises dans les régions à développer: les gouvernements suivants. L’objectif a
réalisation prioritaire d’équipements publics même été porté en 1993 à 30 000 emplois
(scolaires et universitaires notamment), amé avant la fin du siècle. Les principes du volonta
lioration des liaisons (autoroutes, liaisons riat, du maintien des missions des services
aériennes, etc.), effort de formation profes publics et d’indemnités aux personnes concer
sionnelle, tentative de regroupement des nées ont été retenus. Bien que cette politique
entreprises en centres locaux ou régionaux, ait été confirmée par les gouvernements sui
etc. Une telle politique a été, par exemple, vants, elle a dû faire face à l’opposition des
mise en œuvre, sans procédure réglementaire personnels et ne se réalise qu’à un rythme
ni taxes particulières, pour assurer la décen plus lent que prévu. Ces mesures devaient
tralisation, à partir de la Randstad (conurba s’accompagner de desserrements spectacu
tion de l’ouest du pays), vers l’est et le nord laires, notamment ceux de la datar et du
des Pays-Bas dans les années 1950 à 1975. Commissariat au Plan en Seine-Saint-Denis :
En pratique, les grandes entreprises négo ces derniers au moins ne se sont pas concréti
ciaient le plus souvent avec leur ministère de sées. Ces objectifs avaient généralement été
tutelle et la datar un programme d’implan accueillis avec scepticisme. De fait, en 1993,
tations à moyen terme appelé contrat de un rapport officiel se montrait pessimiste : la
décentralisation. Les entreprises moyennes mise en œuvre de cette politique par l’adminis
entreprenaient également le plus souvent une tration elle-même était lourde de risques de
DÉCHETS 230
moyenne en 2006 dans l’Union européenne, La collecte quotidienne est la plus fré
536 kg en France), mais au double aux États- quente dans les grandes villes, mais, même en
I luis. Elle a beaucoup augmenté (175 kg en France, une minorité de la population ne
France en 1960), mais cette croissance semble bénéficie que d ’une collecte hebdomadaire
interrompue à la faveur des préoccupations ou d’une fréquence de deux ou trois fois par
environnementales. Leur poids est plus impor semaine. On estime l’investissement pour une
tant dans les grandes villes. Leur volume (envi benne a près 150000 € et les besoins à une
ron 81 par jour et par habitant à Paris) augmente benne pour 6 000 habitants. Une desserte
plus vite que leur poids car les emballages, de sélective est souvent assurée pour le verre et
plus en plus importants (près de 60 % à Paris), pour les papiers et emballages.
sont plus légers que les matières putrescibles et Des méthodes automatiques ont été expéri
surtout que les matières mortes (cendres). Au mentées. Elles utilisent :
total, ces déchets dits ménagers représentent — le mode hydraulique (par les éviers munis
.14 millions de tonnes (en 2006). d’un broyeur). Ce procédé, utilisé dans les
— Les déchets encombrants : appareils années 1930 dans certains ensembles de loge
ménagers et autres hors d’usage, automobiles ments de la région parisienne, a été abandonné ;
hors service, etc., représentent 2 millions de — le mode pneumatique (les vide-ordures
tonnes par an en France. On estime que 1,3 mil sont reliés par des conduites à une centrale
lion de véhicules hors d’usage sont aban de stockage) : apparu en Suède, il est utilisé à
donnés chaque année. Grenoble-Échirolles et dans quelques villes
— Les déchets industriels sont les plus nouvelles (Tsukuba, au Japon), mais il est coû
importants : en France en 2006, 350 millions teux en investissement, s’il est économique en
de tonnes de déchets dits inertes (matériaux de fonctionnement).
construction, déchets des mines et carrières) et Le ramassage des déchets encombrants
86 millions de tonnes de déchets provenant de suppose un service spécial, périodique ou à
l’industrie de transformation, dont 10 millions la demande. Certaines villes (Paris) déposent
de tonnes de déchets considérés comme dan des bennes a cet effet en certains lieux. Mais,
gereux, voire toxiques. Les volumes les plus le plus souvent, ces dépôts ont lieu dans des
importants proviennent de l’industrie du bois, décharges. Celles-ci peuvent être :
de celle des papiers, cartons et imprimerie et de — sauvages : dépôts non autorisés, souvent
la métallurgie. en bord de voie ou en forêt ;
— Les boues d’épuration dans les usines — brutes : entassements de déchets dans
de traitement des eaux (15 millions de mètres un lieu prévu à cet effet ;
cubes par an) représentent 750000 t de — contrôlées : dépôts, souvent après
matière sèche. broyage ou compactage, recouverts chaque
— Les déchets de l’agriculture et de la jour de terre ou d’un autre matériau inerte
sylviculture (374 millions de tonnes en 2006). pour un coût de 10 à 20 €/t.
— Les déchets nucléaires enfin posent des Les décharges doivent être situées à l’écart
problèmes particuliers de traitement et de des habitations. Les décharges contrôlées sont
protection. souvent destinées à une urbanisation ulté
rieure et constituent un moyen de remblaie
Les problèmes soulevés par les déchets sont ment, en particulier de terrains destinés à
ceux de leur collecte et de leur traitement. devenir des espaces verts ou des terrains de
Si, en France, la collecte, au moins hebdo sport. On estime qu’il faut prévoir 5 à 10 ha
madaire, des déchets ménagers est obligatoire de décharge contrôlée pour 100 000 habitants.
dans les communes de plus de 500 habitants Les déchets chimiques très toxiques et les
et est assurée pour la quasi-totalité de la popu déchets radioactifs sont enfermés dans des
lation, il n’en va pas de même dans beaucoup conteneurs étanches et enfouis profondément
de pays, non développés en particulier. La col dans le sol ou immergés dans des fosses marines.
lecte traditionnelle est manuelle et s’effectue Leur toxicité pouvant durer très longtemps,
dans des bennes broyeuses. Les améliorations la sécurité de ces procédés n’est pas absolue.
visent à augmenter l’hygiène (sacs perdus et Le traitement des déchets, outre le compac
clos, conteneurs ajustables aux bennes per tage dans des décharges contrôlées, fait appel
mettant un versement automatique, etc.). au compostage et à l’incinération. Le compos
DÉCHETS 232
tage est un traitement par broyage et fermenta est peu efficace. La loi du 15 juillet 1975
tion des déchets urbains (ordures ménagères, oblige les producteurs à justifier des modes
boues d’épuration) qui permet de produire un d’élimination de leurs déchets. Elle a institué
engrais fertilisant, appelé compost. Environ une Agence nationale pour la récupération et
15 % (5 millions de tonnes) des ordures ména l’enlèvement des déchets (anred), fusionnée
gères sont traitées ainsi en France : le prix de à partir de 1991 au sein de l ’Agence de
revient (environ 20 € la tonne) est supérieur l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
au prix de vente du compost. (ademe). Il existe environ 300 centres de sto
L’incinération est encore un peu plus coû ckage (de moins en moins nombreux pour
teuse. La combustion des déchets permet de des raisons environnementales, mais de plus
récupérer l’énergie produite (courant électrique, en plus importants), 280 centres de tri,
chauffage urbain). En France, la production cor 110 usines de récupération, 95 centres de
respondante s’est élevée en 2004 à 3,8 milliards compostage ou de méthanisation et encore
de kWh d ’électricité (permettant d ’éclairer 20 incinérateurs sans récupération d ’énergie.
quelque 800 000 logements) et à 10,85 milliards Quel que soit le procédé utilisé, la collecte
de kWh sous forme de chaleur (permettant de et le traitement des déchets sont coûteux. En
chauffer environ 600 000 logements), ce qui incluant le coût de la précollecte (effectuée
représente près de 2 millions de tonnes équi dans les immeubles), le coût de la collecte est
valent pétrole (environ 1 % de la consommation très élevé et peut dépasser 100 € la tonne. Le
française). Les résidus (environ 10% en traitement coûte environ 30 € par tonne, mais
volume et 25 % en poids) doivent être stockés les produits ou l’énergie produits peuvent être
dans une décharge contrôlée. Si ce procédé per vendus. Le coût résiduel de la collecte et du
met des économies d’énergie, il est polluant traitement (100 € en moyenne) est couvert, en
(fumées). Les usines d’incinération sont surtout France, par la taxe d’enlèvement des ordures
utilisées en milieu urbain (il faut desservir plu ménagères (dont l’assiette est le revenu pris
sieurs dizaines de milliers d’habitants) : en en compte pour l’imposition du foncier bâti),
France, 35 % des ordures ménagères sont inci dont les communes peuvent remplacer le pro
nérées pour produire de l’énergie (électricité ou duit par une redevance d’enlèvement (loi du
chaleur) et guère plus de 1 % sans production 30 novembre 1974), dont l ’assiette est le
d’énergie. En France, plus de 15% (environ volume des déchets. Dans le premier cas, les
6 millions de tonnes) sont recyclées. Ce recy usagers autres que les ménages paient une
clage implique un tri sélectif des déchets, ce qui redevance spéciale. La seconde formule cor
suppose des conteneurs séparés pour le verre et respond mieux au service rendu, mais la pre
pour les papiers et les emballages, voire, dans mière est sans doute socialement plus juste.
l’idéal, pour les piles sèches, certains métaux, Le coût total de la gestion des déchets dépas
etc. Pour les déchets ménagers, la part du tri sait, en 2004, 11 milliards d’€ (1,6 milliard
sélectif augmente rapidement : 38 % en 2000, d’investissements et 9,5 milliards de dépenses
47 % en 2006, plus de la moitié actuellement. de fonctionnement). Il était financé à 59 % par
C’est également le rôle des déchèteries (il y en a les ménages et les collectivités. La taxe et la
environ 4 000 en France) couvrant les deux redevance d ’enlèvement des ordures ména
tiers des communes et les quatre cinquièmes de gères.
la population. Elles reçoivent les déchets non Si la collecte des déchets est liée à des pro
ménagers (surtout les déblais et gravats, les blèmes d’hygiène, leur traitement peut donner
déchets verts et les encombrants), en valorisent lieu à des problèmes à long terme (déchets
environ la moitié (proportion en rapide crois nucléaires ou toxiques) ou à large échelle :
sance) et placent l’autre moitié dans des centres certains déchets sont, en effet, transportés sur
de stockage. Il ne reste donc plus que moins du de longues distances, franchissant les fron
tiers des déchets ménagers à être stockés dans tières. Les rejets en mer (boues rouges du trai
des décharges et cette proportion diminue rapi tement de la bauxite) peuvent polluer les côtes
dement (50 % en 1995,43 % en 2000). à de grandes distances : la Côte d ’Azur par les
boues rouges italiennes, la côte d’Aquitaine
La collecte et le traitement des déchets par les déchets espagnols, les eaux du Rhin
sont réglementés. Le Code pénal punit les par les sels des potasses alsaciennes, etc.
décharges sauvages, mais cette disposition Les pouvoirs publics se soucient de plus en
Ï3 3 DÉCONCENTRATION
DÉLÉGATIO N À L'A M ÉN A G E M EN T
E T À LA CO M PÉTITIV ITÉ DES TERRITOIRES
DÉCROISSANCE —►Croissance (DIACT) — Aménagement du territoire
— protéger les milieux et les cadres de vie ; déracinement. Cette perspective a conduit à
— aménager les rythmes de vie ; souligner les rôles des facteurs urbains et
— améliorer les loisirs et la vie associative. spatiaux dans l’étiologie de la délinquance:
La délégation était chargée essentiellement la ligne d’implantation, l’environnement et
d’actions de coordination. Mais elle était plus l’habitat, particulièrement les rapports de voi
précisément responsable des études d’impact, sinage, se révèlent générateurs de tensions et
dont elle définissait les contenus et dont elle de délinquance. Mais il s’agit plus de fac
pouvait examiner certaines. Elle gérait le teurs d ’accélération que de causes de la
Fonds interministériel pour la qualité de la délinquance.
vie (fiqv) et préparait les décisions du Comité Un deuxième courant théorique privilégie
interministériel pour la qualité de la vie les thèmes de la tension et de la frustration.
(CIQV). En répartissant inégalement les biens, la
F. D.-D.
société développe chez les acteurs défavorisés
des tensions qui ne peuvent être réduites que
-+ Environnement. par des moyens illégitimes. Les sujets se
tournent alors vers des stratégies délinquantes
afin de satisfaire des aspirations conformistes.
DÉLÉGATION INTERMINISTÉRIELLE En troisième lieu, on note que la délin
À LA VILLE (DIV) -* Banlieue; quance est apprise dans un milieu spécifique.
Contrat d'agglomération ; Contrat de ville; Certains sociologues insistent sur la formation
Grand ensemble ; Grand projet de ville (gpv ) ; de sous-cultures délinquantes et sur les moda
Grand projet urbain (gpu ) ; Pacte de relance lités de l’apprentissage de la délinquance.
pour la ville ; Rénovation urbaine ; Celle-ci procéderait de choix normatifs spéci
Zone franche urbaine (zfu ) fiques dans une sous-culture de classe ou
dans une sous-culture de délinquance organi
sée, de « milieu ».
DÉLINQUANCE La quatrième orientation, celle qui domine
en France aujourd’hui, essaie d’expliquer la
La sociologie de la délinquance s’est délinquance en termes d’étiquetage. Dans la
construite contre les interprétations du mesure où il apparaît que la délinquance
« crime » en termes de faute morale et de per connue est très largement inférieure à la délin
sonnalité criminelle. Durkheim explique que quance réelle et où la population délinquante
la délinquance est un phénomène « normal », est très largement recrutée dans les groupes
non en raison des motivations de l’acteur, défavorisés, marginalisés et stigmatisés, il est
mais parce que le châtiment qui lui est loisible de considérer que la délinquance est
appliqué relève d ’états «norm aux» de la construite par divers agents et par des acteurs
conscience collective. Le contrôle social pré qui ont la capacité d’étiqueter les délinquants,
cède une délinquance nécessaire à son expres de les désigner comme tels et de leur attribuer
sion puisqu’elle permet d’affirmer la cohésion une identité délinquante.
de la société. Mais cette affirmation, par son Ces quatre explications, qui relèvent de tra
abstraction même, ne peut suffire à expliquer ditions sociologiques assez différentes, sont
la formation de la délinquance. Quatre types aujourd’hui mises à contribution pour expli
d’explication dominent actuellement les théo quer le développement de la petite et moyenne
ries de la délinquance. délinquance, révélé par des statistiques poli
La première associe délinquance et désor cières toujours discutables. En effet, ces expli
ganisation sociale. La délinquance procéde cations doivent être associées pour rendre
rait d ’une faible intériorisation des normes compte d’un phénomène qui n ’a pas nécessai
légitimes par les acteurs en situation de crise rement d ’unité dans la mesure où la délin
sociale au cours de laquelle ils échapperaient quance procède de logiques diverses au niveau
aux formes traditionnelles du contrôle social. des acteurs délinquants, comme à celui des
L’excès de délinquance serait lié à des appareils qui les étiquettent et les répriment.
formes pathogènes de changement social, F. D.
intervenant en particulier au cours des pro
cessus d’immigration, d’urbanisation et de -> Contrôle social ; Insécurité.
DÉLOCALISATION DES ACTIVITÉS m
pouvoir qu’ils ont délégué en élisant des voire de préparer une reconquête munici
représentants dans le cadre de la démocratie pale ;
représentative. Schématiquement, il est pos — la structure même des conseils de quar
sible de décrire le développement des ins- tier pousse les habitants à ne s’intéresser qu’à
lunces et procédures participatives comme la des problèmes spécifiquement locaux et à
rencontre de deux mouvements, l’un ascen oublier le principe d’intérêt général.
dant et l’autre descendant, reliant le pouvoir V. S.-M. G.
local et la société :
— le mouvement ascendant s’inscrit forte -+ Association; Participation, concertation.
France en particulier - les chercheurs français, recherché. De même, les concepts de soust
derrière Alfred Sauvy (Théorie générale de la peuplement ou de surpeuplement n’ont de sen»
population, Paris, 1952) et l’Institut national que par rapport aux ressources disponibles,
d ’études démographiques (ined), sont depuis donc pour un certain degré de développement,
longtemps à la pointe des progrès de cette dis et que par rapport à une définition de l’opti*
cipline - , des développements importants au mum de peuplement, donc à un objectif précis,
cours de la période récente : Le sous-peuplement absolu est atteint lorsque
— la démographie historique concerne les la population est inférieure à la population
populations passées et tente, à partir des minimale Pm et le surpeuplement absolu si ell#
sources disponibles (registres paroissiaux est supérieure à la population maximale PM,
notamment), de définir des méthodes adap ces deux limites dépendant du degré de déve-
tées d’analyse démographique et d’établir les loppement. Si P,„ n ’est pas atteint, la popula
rapports entre les faits historiques et l’évolu tion (isolat) s’éteint. Si PM est dépassée, la
tion des populations ; surmortalité rétablit l’équilibre à ce niveau.
— la démographie biologique étudie les
aspects biologiques des faits démographiques P. M,
(biométrie de la fécondité et de la mortalité, -> Démographie; Population.
écologie générale et humaine, épidémiologie,
etc.) ;
— la génétique des populations. DÉM OLITION
P. M.
Action de démolir, c’est-à-dire de rompre
Analyse dém ographique; Démographie mathématique (ou
théorique).
la liaison d ’un édifice ou d ’une masse
construite (Littré). La démolition fait partie
des pratiques de toutes les cultures et de
toutes les sociétés : elle est l’autre face, indis
DÉMOGRAPHIE M A TH É M A TIQ U E sociable, de la construction. À travers l’his
(O U THÉOR IQ UE) toire, les sociétés ont démoli dans la guerre
leurs monuments et bâtiments réciproques,
La démographie mathématique (ou théo attestant par cette violence la violence homo
rique, ou pure) cherche à établir les rapports logue et fondatrice de la construction. Mais
entre le niveau d’une population (en général) elles ont aussi détruit leurs propres édifices,
et celui des ressources. On définit ainsi notam tantôt pour des raisons rituelles (voir au
ment (Alfred Sauvy, Théorie générale de la Japon le démantèlement rituel des temples
population, t. I : Economie et croissance, Shinto, tous les vingt ans), tantôt pour des
1952): raisons tenant à l’idéologie, à la vétusté, à
— la population maximale PM qui corres l ’inutilité, au dysfonctionnement ou, en
pond au point d’équilibre avec les ressources termes positifs, à une volonté de modernisa
naturelles, celui où la mortalité égale la natalité ; tion. Ainsi ont été délibérément éliminés au
— l’optimum économique de population PD fil du temps édifices et tissus mineurs, mais
qui correspond au niveau de vie maximum ; aussi édifices majeurs et monuments pré
— l’optimum de puissance P„ qui permet cieux : à titre d ’exemple, en Europe, la plupart
de dégager le surplus maximal au-delà du des villes ont jeté bas les murailles qui étaient
minimum vital ; partie intégrante de leur identité, des rois ont
— la population minimale Pm, nécessaire démoli les palais prestigieux de leurs ancêtres
pour assurer le minimum vital ; (voir le Louvre et Philippe Auguste), deux
— la population correspondant à l’enri papes, Jules II et Léon X, ont fait abattre
chissement maximal Pe (maximum de la pro Saint-Pierre de Rome, le plus ancien monu
duction marginale). ment de la Chrétienté.
On montre que : L’invention du monument historique est
Pm< P, < P0 < Pp < PM- venue mettre un frein à cette pratique ances
Le concept d’optimum de population néces trale de la démolition, en particulier au nom
site donc d’être précisé : cet optimum a plu des valeurs d ’art et d ’histoire portées par les
sieurs niveaux possibles selon l’objectif édifices du passé. En Europe, une législation
DÉMUNIS (LOGEMENT DES)
spécifique a assuré la protection des monu valeur pour l’art et pour l’histoire, c’est donc
ments, puis celle des édifices situés dans des en raison de sa valeur anthropologique géné
Hiles et des ensembles architecturaux et rique et pour sauver la mémoire d’un savoir-
urbains. Aujourd’hui, en France, la législa édifier et d’un savoir-habiter et pour habiter
tion propre aux monuments historiques, à avec urbanité qu’il convient à présent de ne
leurs abords, aux sites et aux zppaup se pas démolir ce qui reste de notre patrimoine
combine avec les dispositions du Code de historique architectural et urbain. À titre indi
l'urbanisme relatives aux secteurs sauve catif, en France, la surface urbanisée des
gardés, aux immeubles et secteurs soumis villes, antérieure à la Révolution de 1789,
tm 7° de l’article L123-1 et au permis de représente à peine plus de 3 % du parc bâti.
démolir, régi notamment par les articles Par ailleurs, le développement des nou
1.421-3, L426-1 (2e alinéa) et R421-26 à velles techniques de construction a conduit
K421-29. certains pays comme les États-Unis à impo
Concrètement, dans la plupart des pays, ser, dans le cas de mégastructures urbaines,
l’interdiction de démolir n’est cependant pas l’obligation de déposer un plan de démolition
respectée avec rigueur. En France, la consulta en même temps qu’un plan de construction
tion de l’Inventaire général informatisé permet pour l ’obtention du permis de construire.
tic constater pour les deux dernières décennies Cette législation signe l’évolution du bâti vers
tic nombreuses démolitions d’édifices intéres un statut d ’objet technique, connoté par sa
sants, appartenant à des communes et à des sophistication et sa courte durée de vie.
particuliers. L’expérience montre qu’à l’appui F. C.
tics démolitions patrimoniales effectives, ou
souhaitées, les responsables ne manquent pas -> Classement; Lisibilité Monum ent historique; Patrimoine;
Permis de dém olir; Secteur sauvegardé; Service des m onu
il’invoquer la caution de l’histoire et de la tra ments historiques.
dition. Mais c’est là ignorer que la démolition
traditionnelle était conditionnée par un savoir-
rcfaire et un savoir-continuer qui tendent à dis DÉM UNIS (LO G EM E N T DES)
paraître. Le développement d’une civilisation
technicienne, accéléré depuis les années 1960, La montée du chômage, de la précarité de
n’a pas seulement promu de nouvelles l ’emploi et de la désunion familiale se
méthodes de construction, mais de nouveaux conjuguent avec la disparition progressive des
moyens de mémorisation, de communication logements marginaux (chambres de bonnes,
et télécommunication, de simulation, de trans garnis, article 3 de la loi de 1948) pour engen
ports rapides qui ont modifié ensemble et soli drer en nombre croissant de situations de mau
dairement notre environnement, nos rapports vaises conditions ou d’absence d’habitat pour
avec l’espace et le temps, nos mentalités. les populations les plus fragiles.
De la sorte, sont aujourd’hui en vole d’effa À partir de diverses enquêtes de l’Insee et
cement les savoir-faire traditionnels propres en particulier de l’enquête nationale logement
aux métiers du bâtiment et à la réalisation des de 2006, on peut estimer le nombre de per
petites échelles d ’urbanisation, porteuses sonnes concernées par le «mal logement»,
d’urbanité. Plus encore qu’en raison de sa comme suit :
Face à cette situation, accentuée par un l’outil financier du pdalpd, destiné à accorder
engorgement croissant de la chaîne du loge des aides financières aux ménages, d ’une part,
ment, et notamment par la chute de la mobi et à mettre en place des mesures d ’accompa
lité dans le parc social, une politique en gnement social liées au logement des per
faveur du logement des plus démunis s’est sonnes en difficulté, d’autre part. Depuis la
mise en place à partir de la fin des années loi de décentralisation de 2004, c’est un fonds
1980. La loi Besson de mai 1991, «visant à départemental unique pouvant traiter dans le
mettre en œuvre le droit au logement », puis même temps les dettes de loyers et les impayés
la loi contre les exclusions de 1998 ont de fourniture d ’eau, d’énergie ou de téléphone.
constitué un premier socle législatif et un Les fsl aident, selon les années et les esti
dispositif opérationnel destinés à soutenir le mations, de 60000 à 75 000 ménages à se
maintien et l’accès au logement des ménages maintenir dans leur logement, beaucoup plus
les plus défavorisés. Ces lois ont instauré si l’on y ajoute les ménages aidés pour régler
plusieurs outils et mesures qui sont encore leurs dépenses d’énergie.
au cœur de la politique en faveur du loge — Les pla très sociaux (plats), particuliè
ment des démunis et ont été renforcés au fil rement bien financés afin d’abaisser le loyer
des années. d’équilibre et de faciliter l’admission des
— Le plan départemental d’action pour « démunis » dans les hlm . Le mode de finance
le logement des personnes défavorisées ment de ces logements destinés aux ménages
(pdalpd), élaboré conjointement par l’État et modestes (disposant de ressources inférieures
par le conseil général. Il reste depuis sa créa à 60 % du plafond d’accès au pla) a pris une
tion le pilier de cette politique. Près de vingt appellation et un profil financier variable selon
ans après la loi Besson, la quasi-totalité des les années : pla -i (d’insertion) en 1995, pla-lm
départements sont ainsi dotés d ’un pdalpd (à loyer minoré) en 1998, puis, à partir de 2000,
actif ou en cours de révision. La loi portant prêts locatifs aidés d’intégration (plai) et obli
engagement national pour le logement de 2006 gation de loger 30 % de ménages démunis dans
a renforcé son rôle en complétant la définition le logement social ordinaire avec le plus, (prêt
de son contenu et en étendant les compétences locatif d’usage social). Près de 240 000 loge
de son instance de pilotage. La loi lui fixe ments de ce type ont ainsi été produits entre
comme contenu obligatoire: la coordination 1991 et 2007.
des dispositifs d’attributions de logement et la — Divers dispositifs contractuels avec les
définition de publics prioritaires, la prévention bailleurs privés (bail à réhabilitation, pro
des expulsions locatives et la lutte contre grammes sociaux thématiques) ont été
l’habitat indigne. Le pdalpd doit également institués. Le rôle de I’anah dans la produc
procéder à l’analyse des besoins de certaines tion de logements à loyers modérés est resté
catégories de population : personnes dépour longtemps assez modeste, mais il connaît
vues de logement, menacées d’expulsion, un nouveau développement depuis le début
hébergées ou logées temporairement en situa des années 2000. Plus de 16000 logements
tion d ’habitat indigne ou précaire, en situation sociaux ou très sociaux ont ainsi été conven
de surpeuplement manifeste dans leur loge tionnés en 2007, dont une grande part dans le
ment, ou confrontées à un cumul de difficultés. cadre d’opérations programmées (pst, opah).
Le plan doit également définir les moyens de — Enfin, la loi Besson de 1990 prévoyait
développer l’offre de logements et préciser les un schéma départemental pour l’héberge
contours de la contribution du Fonds de soli ment des gens du voyage et l’obligation
darité logement. d’aménager des aires de stationnement de
— Le Fonds de solidarité logement (fsl) est caravanes à leur intention dans les communes
DÉNOMINATION DES VOIES
341
île plus de 5 000 habitants. Une loi du 5 juillet travers la loi dalo du 5 mars 2007, qui ins
2000 relative à l’accueil des gens du voyage taure un droit «au logement et à l’héberge
vint ensuite reprendre et compléter les obli ment opposable» et substitue à l’obligation
gations des collectivités en la matière. Ces de moyens faite aux collectivités publiques,
obligations ont ensuite été régulièrement une obligation de résultat. Le droit à un loge
étoffées et des subventions d ’Etat ont été ment décent et indépendant est alors garanti
mises en place pour inciter au développement par l’État à toute personne qui, résidant sur le
de ces aires d’accueil. En 2007, la quasi territoire français de façon régulière et stable,
totalité des départements avaient approuvé n ’est pas en mesure d ’y accéder par ses
un tel schéma (20 500 places financées entre propres moyens ou de s’y maintenir. Des
2000 et 2008, soit 62 % des prescriptions des commissions de médiation sont instituées
schémas). devant lesquelles peut être présenté un
Au cours de ces vingt dernières années, la recours amiable. En cas de non-proposition
constitution d’un volet social de la politique de logement ou de relogement, un recours
du logement en faveur des personnes dému contentieux devant le tribunal administratif
nies a par ailleurs conduit au développement devient ensuite possible dans des conditions
du secteur de l’hébergement d’urgence et de fixées par la loi. L’application d ’un droit
l’accompagnement social au logement. opposable au logement reste suspendue aux
Depuis l’introduction par la loi de 1998 d ’un moyens de sa mise en œuvre. L’ensemble des
principe de « veille sociale », celui-ci est de associations mobilisées soulignent déjà leur
plus en plus complet : samu sociaux, ouver insuffisance et le caractère encore incanta
ture de places d’urgence et d ’hébergement toire de cette loi. Le chemin semble encore
temporaire, services d ’accueil et d ’orien long avant la mise en œuvre effective de ce
tation des personnes en difficultés (numéro droit.
du 115), maraudes, accueils de jour, ouver A.-C. Da.
ture de pensions de familles pour les ména
Aide à la personne; Aide à la pierre; Exclusion; Foyer;
ges ne pouvant intégrer un logement Habitationà ( );
loyer m odéré hlm Logement décent; Loge
ordinaire, etc. Ce volet social vient encore ment opposable; Meublé (ou garni).
d’être renforcé par la loi pour la mobilisation
pour le logement et la lutte contre l’exclu
sion du 25 mars 2009 qui prévoit l’intégra D ÉN O M IN ATIO N DES VOIES
tion au pdalpd d’un plan départemental de
l’accueil, de l’hébergement et de l’urgence. Il paraît si naturel de donner un nom aux
Les capacités financées par l’État sont esti rues que l’on a de la peine à imaginer que
mées à 98 000 places en 2009 (dont d’autres systèmes de baptême de l’espace sont
90 600 places permanentes à l ’année) et possibles : au Japon, ce sont les quartiers, les
devraient être augmentées dans le cadre du unités de voisinage qui portent un,nom, et non
plan de cohésion sociale. Malgré la crois les mes que l’on y trouve. Aux Etats-Unis et
sance de cette offre spécifique, les structures dans d’autres pays neufs, on a souvent préféré
existantes restent cependant engorgées, faute la numérotation des voies à l’emploi de noms.
de fluidité entre les filières d ’hébergement Donner un nom à une me, c’est créer un
temporaires et le logement ordinaire. univers verbal où exprimer l’information sur
L’arsenal juridique et opérationnel de la les localisations. Partout en Occident, l’habi
politique en faveur du logement des démunis tude de nommer les mes est ancienne, mais le
s’est ainsi étoffé progressivement. Mais la procédé n’est normalement efficace que pour
permanence des situations de grande précarité ceux qui sont familiers avec le quartier et
et d’exclusion du logement ont mis en évi connaissent par ouï-dire toutes les artères. Il a
dence la très grande difficulté à faire respecter fallu le XVIIIe siècle (1728 à Paris) pour que
le droit au logement. Diverses associations, des écriteaux soient apposés partout. Désor
tel le mouvement des «Enfants de Don mais, l’espace urbain est équipé d’une grille
Quichotte », mais aussi le Haut comité pour de repérage que tous les gens qui savent lire
le logement des personnes défavorisées, se peuvent utiliser. Mais cette grille n’est pas car
sont mobilisées pour que ce droit devienne tésienne.
opposable. Ces revendications ont abouti à Dans les pays neufs, où les plans sont
DENSIFICATION 242
souvent géométriques, la rationalisation des définir une densité nette à l’échelle d’un quartier
représentations de l’espace est favorisée par ou d’une ville, en additionnant les seules sur
le système de numérotation. Si l’on choisit faces réservées à l’habitat, à l’exclusion des
un point d’origine au centre de la ville, et si équipements, de la voirie, des espaces verts et
les axes coïncident (exactement ou à peu des activités notamment.
près) avec les points cardinaux, on sait dans — La densité brute, au contraire, prend en
quel cadran se trouve un lieu. compte la surface utilisée par les équipements
P. C. publics (écoles, locaux collectifs divers, etc.),
la voirie et les espaces verts, aménagés pour les
-> Lisibilité; Numérotation des rues; Voirie.
besoins de la population habitant les logements
construits dans l’espace considéré. Cette défi
nition est difficile à appliquer de façon rigou
DENSIFICATION —» Densité de logements ; reuse, les équipements et la voirie, par exemple,
Rénovation urbaine n’étant pas toujours faciles à affecter. Plus
l’espace sur lequel on calcule cette densité est
vaste, plus la liste des équipements à prendre
DENSITÉ en compte sera longue. 11 n’y a donc pas une
densité brute unique, mais des densités brutes à
Rapport entre un indicateur statistique différentes échelles (opération de construction,
(population, logements, emploi, etc.) et une quartier de ville, etc.). La méconnaissance de
surface. On mesure en particulier la densité de cette remarque simple conduit souvent à des
population d ’un îlot, d ’un quartier, d ’une conclusions dénuées de tout fondement et rend
ville, d ’un pays, etc., par le nombre d’indivi toute comparaison impossible.
dus par unité de surface. L’urbanisme utilise La densité brute peut devenir, à l’échelle
aussi beaucoup la notion de densité de d’une ville ou d’une agglomération, la densité
construction. Celle-ci peut être mesurée en urbaine, incluant alors les infrastructures pri
mètres carrés construits: c ’est la notion de maires et les grands équipements. La difficulté
coefficient d’occupation des sols qui joue un est de définir le périmètre de la zone prise en
rôle important dans l’urbanisme réglemen compte.
taire, et en particulier en France dans les plans Les variations de densité peuvent être très
d’occupation des sols et dans les plans locaux importantes, selon la localisation (en général
d ’urbanisme. On peut aussi la mesurer en baissant rapidement du centre vers la péri
nombre de logements par unité de surface phérie), la desserte par les transports, les
(1 ha, en général, en milieu urbain). conditions dans lesquelles s’est opérée
Mais si le choix de l’indicateur est clair, celui l’urbanisation initiale et les transformations
de la surface à prendre en compte l’est beau ultérieures éventuelles : ces variations de den
coup moins et rend très délicate l’utilisation du sités expriment clairement la structure d’un
concept (et des évaluations) de densité. Ainsi, espace urbain, avec ses nœuds et ses axes,
même dans un tissu urbain homogène (grand ses mouvements et ses rythmes. Mais l’évo
ensemble, zone pavillonnaire, par exemple), la lution des densités est lente : l’adaptation des
densité prendra des valeurs très différentes constructions aux valeurs foncières, que les
selon qu’on la mesure à l’échelle de la parcelle, densités traduisent indirectement, s’effectue à
de l’îlot, du quartier, etc. La terminologie en l’échelle des générations.
usage manque d ’ailleurs d ’unité, traduisant Quelques auteurs ont tenté de définir une
cette confusion fréquente dans l ’usage du théorie de la densité. Celle-ci est, en particu
terme. Avec prudence, on peut cependant dis lier, au cœur de l’analyse de Le Corbusier,
tinguer, à propos des densités résidentielles : pour lequel «plus la densité d ’une ville est
— La densité nette se mesure à l’échelle de la grande, plus faibles sont les distances à par
parcelle ou de l’îlot, si celui-ci est homogène. courir. Conséquence : augmenter la densité
C’est la seule dont la définition soit rigoureuse. du centre des villes, siège des affaires». La
C ’est celle que la réglementation définit comme conciliation de densités élevées et de « l’aug
coefficient d’occupation des sols (rapport de la mentation considérable des surfaces plan
surface hors œuvre nette à la surface du terrain). tées » incite à construire en hauteur, ce qui le
On peut tenter, mais l’exercice n’est pas aisé, de conduit à ses propositions de « cité-jardin ver
DENSITÉ DE LOGEMENTS
243
laquelle la densité est mesurée : outre que ces services extérieurs des différents ministères.
échelles (îlot, groupe de logements, quartier, Il demeure l’échelon privilégié de Tadminis-
ville) ne sont pas toujours aisés à préciser, le (ration locale. Certains services peuvent être
niveau d’équipement peut être très variable et installés à un niveau infradépartemental (sub
influer sur la densité calculée, et il n ’est pas divisions) ou supradépartemental (direction
toujours aisé d ’affecter les équipements à une régionale).
échelle ou une autre. En 1964, les préfets ont reçu de nouveaux
Pour toutes ces raisons, toute utilisation de pouvoirs de contrôle et de coordination des
densité exige des définitions précises et, sur «services extérieurs» de l’État au sein du
tout, toute comparaison de densité nécessite département. Cette réforme n ’avait cepen
qu’on vérifie que les définitions retenues sont dant pas empêché ceux-ci —et en particulier
identiques. s’agissant des échelons à vocation technique,
La densité parcellaire ou d’îlot est celle qui comme les directions départementales dé
est retenue par la législation de l’urbanisme, l’équipement en fournissaient l’exemple - dq
mais une même densité autorisée n ’a pas le conserver des relations privilégiées avec leur
même sens selon qu’on se situe en tissu urbain ministère d ’une part, avec leur clientèle habi
déjà urbanisé, donc viabilisé et équipé, ou en tuelle d’autre part.
terrain vierge. La densité résidentielle est donc Le décret de 1982 qui définit les pouvoirs
plus significative pour l’urbaniste. des préfets (rebaptisés alors commissaires de
Les densités de logements (et donc d’habi la République, mais cette appellation a vite
tants), quelle que soit la définition, décroissent été abandonnée) « précise explicitement la
du centre (sauf souvent au centre lui-même « direction » des services extérieurs, alors que
occupé par des activités) vers la périphérie celui de 1964 mentionnait la «coordination»
selon une loi approximativement log-normale par le préfet. Toute une série de mesures sont
(Colin Clark). Cependant, la concentration des prévues en matière juridique et financière par
activités et les valeurs foncières élevées au le texte de 1982 pour garantir l’effectivité de
centre ont, dans de nombreuses villes (nord- ce pouvoir de direction. La loi du 2 mars 1982
américaines, puis européennes et autres), pose le principe d ’une séparation complète
conduit à un départ de nombreux résidents des autorités de l’État et de celles des collecti
vers la banlieue (où ils peuvent disposer de vités territoriales dans le département et la
plus de surface), creusant ainsi, dans la courbe région.
des densités selon la distance au centre, un Assemblée délibérante du département,
cratère central (densités plus faibles qu’aux collectivité territoriale, le conseil général
franges de ce centre). Cette situation a conduit conserve pour l’essentiel la forme de la loi de
certaines villes européennes à élargir et à déve 1871. En particulier, le mode de scrutin n ’a
lopper la notion de ville compacte. Les densi pas varié : c’est le scrutin uninominal majori
tés sont en général plus élevées dans les villes taire à deux tours dans le cadre du canton. Les
latines (Europe du sud, Amérique latine) et conseillers généraux sont élus pour six ans et
orientales que dans les villes anglo-saxonnes. renouvelables par moitié dans les trois ans.
P. M. Ces modalités datent d ’une période où, la
population étant en majorité rurale, le canton
-> Coefficient d'occupation des sols ; Densité ; Ville compacte.
assurait une représentation sociologiquement
et démographiquement satisfaisante du dépar
tement (le nom d ’« élections cantonales » a
D EN SITÉ D'EMPLOIS —►Industrie ; Zone survécu aux bouleversements liés à l’urbani
industrielle sation). Les écarts très importants de popula
tion, liés à l’urbanisation, entre les cantons
(allant souvent de 1 à 10 dans un même dépar
D ÉP AR TEM EN T tement) ont conduit depuis 1973 les autorités
de l’État à créer des cantons nouveaux (318
Cadre territorial hérité de la Révolution en 1973, 41 en 1976, 165 en 1982, etc.) et,
(1790), le département constitue, outre une très exceptionnellement, à en fusionner cer
collectivité territoriale, le siège de l’institu tains. Certains cantons urbains étant aujour
tion préfectorale et d ’un grand nombre de d ’hui découpés à l’intérieur des grandes
DÉPARTEMENT
Mb
elles continuent d ’avoir recours aux services construction » (uoc), sont chargés de l’examen
gratuits des directions départementales. Le des opérations d’urbanisme et de l’instruction
transfert au département d ’une partie des des demandes d ’utilisation des sols dans les
directions départementales de l’équipement a communes dépourvues de document d ’urba
été assez difficile à régler, en raison de nisme ( pos, puis plu ou carte communale) et,
l’imbrication étroite des fonctions. Le plus dans celles qui en sont pourvues, lorsque le
gros poste de dépenses du budget d’équipe maire le leur demande, ce qui est fréquent pour
ment du département est constitué par la voi les communes rurales en particulier.
rie départementale, mais les mêmes services, L’institution des régions comme collectivi
les mêmes matériels servent à la construction tés territoriales lors de la réforme de la décen
et à l’entretien de la voirie nationale, départe tralisation administrative a créé un échelon
mentale et souvent communale. Selon l’arbi supplémentaire. Nombreux sont ceux qui
trage rendu par le Premier ministre, une partie estiment qu’il y en a un de trop et que les
assez réduite des services des DDE ont été départements (ou les régions) devraient être
transférés, mais des subdivisions territoriales supprimés. Le comité Balladur n’a pas retenu
de l’équipement et les matériels de travaux une telle option. Mais il a proposé de favoriser
restent services d’État, ne pouvant donc être les regroupements volontaires de départe
que mis à disposition « en tant que de besoin » ments. Il a surtout avancé l’idée que, pour
des collectivités territoriales sur la base de favoriser la coordination entre ces deux éche
conventions. lons, les conseillers généraux et les conseillers
Dans le cadre de la révision générale des régionaux soient élus en même temps. Cette
politiques publiques, la fusion des directions proposition a été incluse sous une forme un
départementales de l’équipement et de l’agri peu différente, dans le projet de loi sur la
culture (et, dans les 21 départements littoraux, réforme administrative. Des conseillers territo
des affaires maritimes) a été décidée. Les nou riaux (élus au scrutin uninominal à deux tours)
velles directions départementales des terri siégeront à la fois au conseil général de leur
toires (ddt) o u des territoires et de la mer département et au conseil régional. Cette loi,
( ddtm) se sont mises progressivement en qui réduirait de 40 % environ le nombre d’élus
place : après les 8 qui ont été créées à titre (qui, pour cette raison, sont nombreux à y être
expérimental au 1er janvier 2007, 47 ont été hostiles), devrait s’appliquer à partir de 2014.
instituées au 1er janvier 2009 et les autres au
1er janvier 2010. Par ailleurs, le comité pour la P. M. et Y. P.
réforme des collectivités locales (dit comité -* Budget départemental et budget régional; Collectivités
Balladur) a proposé, afin de faire cesser les locales et territoriales; Déconcentration; Em prunts des col
lectivités locales; Fiscalité directe locale.
doubles emploi, plus de vingt-cinq ans après
les lois de décentralisation, de clarifier la répar
tition des compétences entre les collectivités DÉPASSEM EN T DE COS -> Coefficient
locales et l’État et de supprimer les services d'occupation des sols
déconcentrés de l’État qui entrent dans le
champ de compétence des collectivités locales.
Les dde (désormais ddt) regroupent plu D ÉPASSEM ENT DE PLD —> Plafond légal
sieurs services. Parmi ceux-ci, le service des de densité
études (longtemps appelé « groupe d’études et
de program m ation»: gep) est notamment
chargé des études urbaines et, avant la décen DÉPENSE D'ÉNERGIE DES TR A N SP O R TS
tralisation, de l’élaboration des plans d ’urba —> Autom obile; Énergie et environnement;
nisme locaux (en fait, souvent sous-traités à Métro ; Moyen de transport ;
des bureaux d’études extérieurs) aux côtés des Plan de déplacements urbains
élus locaux (élaboration dite conjointe de 1967
à 1982) : il ne conserve ce rôle que lorsque les
communes sont défaillantes pour établir un DÉPLACEM ENT
document prescrit par le préfet au nom de
l’État. Les services du droit des sols, longtemps Mouvement d ’une personne d ’une origine
appelés « de l’urbanisme opérationnel et de la à une destination. On appelle trajet le par-
DÉPLACEMENT
247
cours effectué avec un moyen de transport péennes (25% aux États-Unis), mais 60%
donné. Un déplacement peut donc nécessiter des déplacements aux heures de pointe ;
un seul ou plusieurs trajets. On distingue — les déplacements scolaires (entre le
généralement les déplacements recourant à un domicile et le lieu d’études): 10 à 15% des
ou plusieurs moyens de transport mécanisé déplacements, mais 25 % des déplacements à
(automobile, véhicule à deux roues, transport pied ;
en commun) et les déplacements effectués — les déplacements pour achats: 10 à
intégralement à pied. Le recensement de ces 15% du total;
derniers lors des enquêtes sur la mobilité est — les déplacements pour affaires person
délicat en raison de l’imprécision sur la nature nelles: 5 à 10% ;
des déplacements à prendre en compte et de — les déplacements à titre professionnel
leur oubli plus fréquent par les personnes (déplacements d’affaires, livraisons, etc.): 10
interrogées. à 15 % de la mobilité ;
Les déplacements peuvent être répartis — les déplacements de loisirs (spectacles,
selon différents critères : visites, promenades, sports, activités sociales,
• Géographiques, par secteur (quartier) etc.) : 10 à 15 % également ;
d’origine et de destination: ce sont les — les déplacements d’accompagnement
matrices (tableaux) origine-destination. On (des enfants en particulier): environ 10% de
peut les regrouper en : la mobilité.
— déplacements radiaux entre la périphé • Horaire du déplacement: à l’exception
rie (banlieue) d’une agglomération et le des migrations alternantes et des déplacements
centre (et vice versa), les plus sensibles aux scolaires, on constate une dissymétrie entre le
pointes horaires ; matin et l’après-midi (deux tiers des déplace
— déplacements centraux, dont l’origine et ments d’achats, d’affaires personnelles et 80 %
la destination sont situées dans la zone cen des déplacements de loisirs ont lieu après
trale de l’agglomération, les plus concentrés 13 heures). La distinction principale est entre
dans l’espace, mais pas dans le temps ; les déplacements aux heures de pointe et les
— déplacements tangentiels, dont l’origine déplacements aux heures creuses : bien qu’as
et la destination sont extérieures à la zone sez bien étalés dans le temps, les déplacements
centrale et qui ne la franchissent pas (dans le personnels ont souvent un flux maximum à la
cas contraire, le déplacement se décompose pointe du soir (vers 18 heures en France) et,
en deux déplacements radiaux) ; ces déplace renforçant celle-ci, nécessitent des investisse
ments très diffus dans l’espace sont en majo ments pour assurer une capacité suffisante des
rité des déplacements à courte distance, mais réseaux de transport ; la pointe des déplace
ceux d’entre eux qui sont à plus longue dis ments scolaires renforce surtout la pointe du
tance sont très difficiles à assurer par les matin (vers 8 heures).
transports en commun à cause précisément • Moyen de transport utilisé : l’automobile
de leur grande variété d’origines et de desti est de plus en plus utilisée au fur et à mesure
nations ; des progrès de la motorisation, mais les trans
— déplacements interurbains qui sortent ports en commun assurent encore 30 % des
de (ou entrent dans) l’agglomération, dont déplacements en Île-de-France (66% pour
les pointes sont hebdomadaires et saison l’automobile seule et 4 % pour les véhicules à
nières au moins autant qu’horaires. deux roues) et 15 % environ dans les villes de
On définit les lignes de désir correspondant province (75 % pour l’automobile et 10 % pour
aux flux origine-destination. les véhicules à deux roues). Ils assurent surtout
• Motif du déplacement. En fait, il n’est pas la majorité (60 % en Île-de-France et même
toujours aisé de fixer un motif unique à un près de 75 % en heure de pointe) des déplace
déplacement et on devrait parler de motif à ments centraux et radiaux (85% pour les
l’origine et de motif à la destination. On dis migrations alternantes Paris-banlieue à la
tingue habituellement : pointe du soir). Ce sont donc eux qui per
— les déplacements entre le domicile et le mettent de faire face, grâce à leur forte capacité
lieu de travail ou migrations alternantes: et à leur faible consommation d’espace, aux
environ un tiers des déplacements utilisant déplacements les plus concentrés dans le temps
un moyen de transport dans les villes euro et dans l’espace.
DÉROGATION D'URBANISME 248
• Durée du déplacement: très liée à la ment. Mais le législateur de 1983 a opté pour
dimension des agglomérations, elle atteint en une généralisation des pos ; faute de procéder
moyenne une demi-heure (pour un peu plus de à leur élaboration, les communes se sont donc
7 km à vol d’oiseau) en Ile-de-France, mais vu imposer une inconstructibilité (il est vrai
seulement un quart d ’heure (pour 3 km en limitée). La loi sru du 13 décembre 2000, en
moyenne) dans les villes de province. même temps qu’elle substituait le plan local
P. M. d’urbanisme (plu) au pos, a reconnu à la carte
communale le caractère de document d’urba
Migrations alternantes; Mobilité; Moyen de transport; Plan
de déplacements urbains.
nisme dont l’approbation mettait alors fin à la
règle de l’inconstructibilité.
Il convient de distinguer, en matière de déro
gations, les régimes applicables aux plans
D ÉRO G ATION D'URBANISM E d ’urbanisme d ’une part et ceux applicables
aux règles générales d’urbanisme d’autre part.
La grande diversité des situations concrètes Le droit de l’urbanisme antérieur à la loi du
particulières a toujours rendu délicate l’appli 31 décembre 1976 admettait les dérogations
cation de règles générales, édictées pour aux plans d’occupation des sols, que le législa
l’ensemble du territoire (règlement national teur s’est efforcé de supprimer en leur substi
d ’urbanisme) ou pour l ’ensemble des par tuant trois mécanismes : la modification du
celles incluses dans les zones d ’un plan plan, par la création d’une procédure simplifiée
d ’occupation des sols. permettant de lui apporter des ajustements qui
Mais, à la fin de la période d ’urbanisation ne portent pas atteinte à son « économie géné
intense qu’a connue la France, des abus cer rale » ; la déclaration d ’utilité publique,
tains ont attiré l’attention de l ’opinion comportant la modification ; et enfin les adap
publique, au début des années 1970 en parti tations mineures, dont le juge contrôle rigou
culier, sur un droit devenu largement « déro reusement les conditions qu’énumèrent les
gatoire », notamment à l’occasion de la mise textes : adaptation rendue nécessaire par « la
en œuvre des zones d’aménagement concerté, nature du sol, la configuration des parcelles, ou
dont le régime juridique dispensait largement, le caractère des constructions avoisinantes ».
à l’origine, les promoteurs privés du respect En ce qui concerne par contre les règles
des règles d’urbanisme, tandis que l’adminis générales d ’urbanisme (localisation et des
tration leur accordait parfois elle-même des serte, implantation et volume, aspect des
facilités excessives. constructions), les dérogations sont encore
Le juge administratif, soucieux que le pou largement pratiquées et le juge administratif
voir discrétionnaire de l ’administration ne n’exerce qu’un contrôle restreint sur la déci
dégénère pas en arbitraire, a, le premier, sion d’octroi du permis de construire.
réagi en déterminant des conditions d’octroi
plus strictes que les textes législatifs et régle Y. P.
mentaires ne l’imposaient. Le législateur a Code de l'urbanisme.
contribué à réduire le champ du pouvoir dis
crétionnaire en instituant, par la loi du
31 décembre 1976, une distinction entre les DESCRIPTIF —> Marché des travaux
dérogations et les «adaptations mineures»
des plans d’urbanisme.
L’administration elle-même a été moins DÉSÉQUILIBRE RÉGIONAL -> Disparités
heureuse dans la poursuite des « cartes com régionales
munales», documents simplifiés dépourvus
de force obligatoire, mais fournissant aux
autorités qui ne disposaient pas d ’un plan DESIGN
d’occupation des sols (pos) des indications
assez précises et cohérentes sur la façon dont Terme anglais ayant la double forme nomi
seraient appliquées des règles générales dans nale (a design) et verbale (to design) et déri
le périmètre communal ; 5 000 communes vant à la fois du vieux français « desseign »
environ disposaient en 1983 d’un tel docu (dessein) et du latin designare (dessiner).
249
DESIGN
Cette association de deux ternes toujours nombre, offrent à l’industrie des modèles de
dissociés en français lui confère une grande qualité : le premier, l’art nouveau, propose ses
complexité sémantique (huit acceptions pour motifs floraux (cf. les premières créations de
la seule forme nominale dans l'Oxford H. Van de Velde) ; en Grande-Bretagne, les
Dictionary), en lui permettant de signifier Écossais Mackintosch et Mackmurdo créent
aussi bien dessein et dessin, que diverses une série de meubles, en partie inspirés par le
formes de synthèses des deux termes, intradui Moyen Âge, réédités aujourd’h u i; en
sibles en français autrement que par des péri Autriche, Hoffmann et K. Moser fondent les
phrases. Wienerwerkstâte (1903).
En anglais, le terme design est très employé, Mais c’est dans le sillage du mouvement
sous ces deux formes, avec une connotation moderne que V industrial design prend son
esthétique, dans la théorie et la pratique de ampleur, en particulier dans le cadre du
l’ensemble des arts plastiques. Pour les aména Bauhaus où il est théorisé et enseigné. L’esthé
geurs et les architectes, il signifie parfois tisme du mouvement moderne est récusé au
esquisse préliminaire, conception ou plan nom d’une éthique et d’une politique : seule
d’exécution, mais il prend le plus souvent est prise en compte la destination des objets.
l’acception générale (applicable en peinture ou Leur conception se résume en une fonction
en sculpture) de l’adéquation d’une idée ou dont leur forme doit être l’expression ration
conception abstraite avec une forme esthétique nelle. Le beau coïncide avec le pratique et le
concrète de réalisations bi- ou tridimension vrai, échappant ainsi à l’historicité des styles.
nelles. Ainsi, le design d’un édifice peut être Les prototypes établis dans cette optique
défini par la mise en relation, esthétiquement couvrent le champ entier de la vie quotidienne,
qualifiable et pédagogiquement transmissible, des objets et des instruments les plus tradition
d’un projet et des moyens de sa réalisation. En nels (couverts, vaisselle, sièges) ju sq u ’aux
tant que tels, le design (nom), comme l’action plus nouveaux objets techniques (locomotive,
qui le produit (verbe), postulent une concep automobile, radio), et sont étudiés en fonction
tion unitaire des arts plastiques, l’identité du des techniques industrielles de production. Si
procès de création dans les champs respectifs les membres du Bauhaus (Gropius, Mies Van
de la peinture, de la sculpture, des arts der Rohe, Breuer) ont créé des prototypes
appliqués, de l’architecture et de l’aménage célèbres, d’autres architectes ont également
ment. Cette identité est bien exprimée par donné l’exemple, Le Corbusier avec la colla
l’institution anglo-saxonne des schools o f boration de Charlotte Perriand, Aalto dont les
design. L’allemand Gestaltung et l’italien pro- sièges et les vases ne peuvent, pas plus que ses
jettazione sont très proches de l’anglais design. maisons, être dessinés en plans.
Le nom composé industrial design désigne Après la deuxième guerre mondiale,
la création de prototypes d’objets variés, indus- l'industrial design connaît une nouvelle
trialisables, relevant d’un souci esthétique ou vague. D’une part, la tradition du Bauhaus se
du moins d’un souci de qualité. Il est né, dans poursuit aux États-Unis où Moholy-Nagy,
les sociétés industrielles, d’une réaction contre chassé d’Allemagne, a ouvert un Institute o f
la laideur des premiers objets d’usage courant design à Chicago.
produits en série par l’industrie. D’autre part, en Europe, l’Italie prend la tête
Il a, paradoxalement, pour origine le mou du mouvement avec les triennales de Milan
vement nostalgique déserte andcrafts (1862) qui deviennent une tribune internationale et la
fondé par W. Morris, dans la même perspec politique de promotion du design menée par
tive qui lui faisait opter pour le culturalisme en de grandes firmes industrielles comme
matière d’urbanisme. En effet, en dépit d’une Olivetti. Mais chaque pays imprime son iden
critique décapante de la production indus tité à sa production. V industrial design italien
trielle contemporaine, Morris demeure pas est caractérisé par sa sophistication et son goût
séiste et refuse les méthodes de l’industrie au du baroque ; les pays Scandinaves accusent
profit d’un artisanat rénové. Cependant, son une certaine rusticité, en même temps qu’ils
analyse formelle des qualités esthétiques des sont influencés par la tradition japonaise ;
objets traditionnels ouvre la voie à d’autres l’Allemagne, où T. Maldonado a créé à Ulm la
créateurs qui, dans une perspective esthétique Hochschulefur Gestaltung (1954), reste fidèle
et éthique de production pour le plus grand au rationalisme.
DÉSINDUSTRIALISATION 2»
La France, malgré le travail continué par vastes et moins coûteux sans être contrainte à
quelques précurseurs comme Ch. Perriand et une décentralisation totale ou partielle.
J. Prouvé qui applique Vindustrial design Les facteurs traditionnels d ’implantation
aux composants architecturaux, a été touchée industrielle perdant de leur importance, les
tardivement par l’éthique de cette production. entreprises sont souvent prêtes à un desserre
Elle n ’a découvert que récemment le mot ment mais craignaient souvent, en région
design que le français n ’emploie ni en urba parisienne, que la procédure d ’agrément ne
nisme, ni en architecture, mais seulement les accule à une décentralisation en province
comme abréviation dIndustrial design, en qu’elles redoutaient : c’était là un effet per
l’utilisant pour tout ce qui est produit en vers d’une réglementation qui visait à accélé
série et peut présenter une valeur plastique, rer la mobilité des entreprises et qui les
et pour qualifier les objets produits plutôt conduisait parfois à une stabilité défensive
que pour désigner leur processus de produc dans des locaux vétustes sur un site incom
tion. mode.
Il ne faut pas confondre avec Vindustrial Pour favoriser le desserrement des activités
design, le styling, lancé par les Américains en région parisienne, en particulier en faveur
dans le contexte du New Deal, à dessein des villes nouvelles, grâce au décret du
essentiellement économique, destiné à stimu 24 octobre 1967, on a utilisé le pouvoir régu
ler la consommation en faisant participer les lateur des procédures mises en place dès 1955
objets à un cycle de mode. R. Loewy fut un pour la décentralisation : agrément plus facile
des plus célèbres stylistes des États-Unis, ment obtenu, puis supprimé, si on s’implante
qui exerça une grande influence en Europe. en ville nouvelle, redevance réduite. On a
Les frontières entre le design et le stylisme aussi utilisé la méthode des bureaux et des
sont cependant parfois difficiles à détermi usines «en blanc», c’est-à-dire dont on auto
ner. rise la construction sans connaître le futur
P. Mo. occupant.
Les firmes concernées par le desserrement
-+ Bauhaus ; Moderne ; Progressisme ; Urban design.
sont souvent des entreprises modernes, tra
vaillant dans des secteurs d’activités en expan
sion : construction électrique, électronique,
DÉSIN D USTRIALISATION —> Délocalisation informatique, industrie des matières plas
des activités ; Industrialisation tiques, etc.
Le desserrement permet à l’entreprise de
conserver le contact avec le milieu d’activités
DESSERREM ENT régional, de maintenir des liens étroits entre
les établissements de l’entreprise. Il s’agit
Mouvement des activités du centre d ’une donc, non pas d ’une réduction du rôle des
agglomération ou d’une conurbation indus grands centres d’activités comme le recherche
trielle vers la périphérie de celle-ci. Le des la décentralisation, mais d ’une extension spa
serrement est donc un mouvement à courte tiale de ceux-ci. Outre les grandes métropoles
distance (quelques dizaines de kilomètres au (Paris, Londres, Milan), des conurbations,
maximum), qui s’oppose à la décentralisation liées initialement à un bassin minier, ont mis
des activités d’une région vers une autre. Le en œuvre une telle stratégie, soit spontané
desserrement - des industries, des bureaux, ment (Ruhr vers la vallée du Rhin), soit de
des commerces, des services, etc. - a plu façon planifiée (Silésie).
sieurs finalités : On a parfois parlé, à tort, de desserrement
• réduire la densité d’activités, et partant la pour le mouvement d’activités de l’agglomé
congestion et les nuisances qu’elles suscitent, ration parisienne vers la ceinture du Bassin
au centre de l’agglomération ; parisien. S’agissant de mouvements qui
• rapprocher les lieux d’emploi des quar obligent à un changement de personne, ou à
tiers d’habitat et, en particulier, créer des acti son déménagement, il s’agit de décentralisa
vités à proximité des extensions urbaines tion. Mais il est certain que, lorsqu’elles sont
récentes ; contraintes à la décentralisation, les entre
• pour l’entreprise, disposer de terrains plus prises cherchent à aller le moins loin possible :
251
DEUX ROUES (VÉHICULES À)
c’est ainsi qu’entre 1955 et 1971, la couronne projet, celui qui en manifeste les premières
du Bassin parisien (moins de 200 km de Paris) intentions et en permettra la réalisation.
a accueilli les deux tiers des emplois décentra Si les progrès du dessin assisté par ordina
lisés de l’agglomération parisienne. teur (dao) présentent un intérêt majeur pour
le dessin technique (rigueur du détail et faci
P. M. lité de modification d’un document), le dessin
-> Agrém ent; Aménagement du territoire; Banlieue; Bureaux; poétique au contraire ne saurait se passer du
Décentralisation (des activités); Entrée de ville; Industrie; dessin manuel. Ce dernier mobilise le regard,
Localisation des activités; Redevance.
la mémoire et l’esprit, tout autant que l’agilité
de la main. La concentration qu’il requiert
DESSERREM ENT DES M ÉN A G ES -> Taux engage une relation au temps et une expé
d'occupation des logements rience à l’espace plus lentes donc plus denses.
Il permet de mieux discerner le contingent de
l ’essentiel. Tout en développant l’acuité
DESSERTE —> Accessibilité visuelle que ne saurait remplacer un reportage
photographique, il facilite l’analyse et la com
préhension du site, du paysage et de l’archi
DESSIN tecture qui l’environne.
Cette acuité visuelle permet aussi, lors de
En matière d’urbanisme et d’aménagement, la phase de production des dessins techniques
le dessin permet, comme en architecture, de ou assistés par ordinateur, de contrôler leur
représenter son objet soit de façon rationnelle qualité et leur pertinence. En outre, par l’iden
et technique, soit de façon poétique (au sens tité de son auteur, le dessin manuel enrichit
de l’étymologie grecque de ce terme), en fai toute publication numérique (pao : publica
sant appel à l’esthétique et à l’imaginaire. tion assistée par ordinateur). Et il n’est pas
Le dessin technique : rare que le dessin manuel et le dao soient
— décrit et définit aussi de manière plus source de métissage comme le permet de loin
étendue le territoire qui entretient une interac le remplacement de la souris par la tablette
tion avec les zones habitées : tracés de route, graphique et son stylet. Malgré tout, le déve
reliefs, découpage foncier et agricole, carte loppement du dao dénature trop souvent les
géographique ; rendus d’urbanisme et leurs contenus par les
— assure la mise en œuvre d’un projet effets hyperréalistes kitsch et trompeurs stan
urbanistique à différentes échelles, depuis la dardisés par les logiciels informatiques.
projection d’un tracé urbain, le découpage Le dessin d’urbanisme, parce qu’il modé
parcellaire en vue d’un lotissement, la défini lise l’espace dans la durée, ne saurait évoluer
tion du gabarit et la hiérarchie de voies, au rythme du design et des modes trop rapide
l’emplacement d’ouvrages d’art, d’équipe ment dépassées. Aucun urbaniste ne saurait
ments et de réseaux techniques en tout genre oublier que, au-delà de l’outil de représenta
tels que l’assainissement, la distribution d’eau tion, le dessin est avant tout un moyen de
et d’énergie ; connaissance du lieu et du patrimoine. C ’est
— permet, par sa rationalité et son objecti ce à quoi tend le dessin à la main par son
vité, de contrôler l’état ou les transformations implication dans l’espace physique et l’appré
du paysage : il complète la partie écrite d’un hension d’un temps à échelle humaine néces
règlement d’urbanisme. Il se réduit alors à des saire à l’édification des villes et du paysage.
codes graphiques objectifs : cartes, schémas, N. D.
symboles, etc.
Au sens étymologique du grec (notera, Beaux-arts; Cartographie; Documents d'urbanisme.
Moyen de transport d’agrément (jeu, puis tain malgré un vandalisme important (à Paris,
moyen de promenade à la fin du xixe siècle), 16 000 vélos remplacés et 8 000 volés en
la bicyclette est devenue, au début du deux ans sur un total de 20 600 mis en ser
X X I e siècle, le moyen de transport privilégié vice au départ). Les politiques «écolo
des ouvriers. Le cyclomoteur lui a succédé giques» tendent à encourager l’usage de la
après 1950. La bicyclette est redevenue un bicyclette, par exemple en lui donnant
moyen de promenade, de sport et un jouet accès aux pistes réservées aux autobus (et
d’enfant. La motocyclette connaît également aux taxis), voire en l’autorisant à circuler en
un renouveau très vif chez les jeunes. sens interdit sur les voies à vitesse réduite
Les véhicules à deux roues assurent une (« zones 30 »).
part importante des déplacements utilisant un
moyen de transport : moins de 5 % en région P. M.
parisienne, mais jusqu’à 50 % dans les petites - » Moyen de transport; Séparation des trafics.
villes de 50 000 habitants et moins. Dans cer
tains pays (Danemark, Pays-Bas), c’est même
le principal moyen de transport urbain (bicy DEVELOPMENT CORPORA TION
clette surtout). —> Établissement public d'aménagement
En France, le parc est estimé à 20 millions de ville nouvelle ; New Town
de véhicules de tous types (près de 3 millions
en Ile-de-France). Si le parc de motocyclettes
est assez bien connu en raison de l’obligation DÉVELOPPEM ENT DURABLE
d ’immatriculations (environ 1,4 million, en
rapide progression), celui des cyclomoteurs La notion de développement durable (sus-
l’est moins (un peu plus de 1 million, en baisse tainable development) a été introduite en
rapide). Le parc de bicyclettes est encore plus 1987 par le rapport dit Brundtland (Our
mal connu : on l’estime à 20 millions (hors Common Future) de la commission mondiale
celles qui servent de jouet), mais beaucoup sur l’environnement et le développement. Il
d’entre elles ne sont pratiquement pas utili s’agit d’harmoniser le développement écono
sées. mique et social avec la préservation de la
L’aménagement de sites propres (pistes biosphère, d’assurer les besoins de la popula
cyclables) de 2 m de large (pour permettre les tion actuelle sans compromettre l’existence
dépassements) ou de sites réservés (bandes des générations futures. Cette préoccupation
cyclables non séparées de la chaussée) est la est née du constat des effets du développe
meilleure façon d ’encourager l’emploi de la ment économique sur les grands équilibres de
bicyclette, qui est peu coûteuse, ne consomme la planète («trou» dans la couche d’ozone,
pas d ’énergie et donc n ’émet ni polluants ni risque d’accentuation de l’effet de serre et de
gaz à effet de serre. Le réseau de pistes réchauffement de la terre, etc.).
cyclables s’étend assez vite : en Île-de-France, On parle donc de développement durable
on en compte 2 200 km (300 km seulement il pour décrire des modes de développement
y a vingt ans). La bicyclette est cependant rela économique qui ménageraient mieux les
tivement consommatrice d’espace (moins que grands équilibres naturels, notamment en
l ’automobile, mais beaucoup plus que la réduisant la consommation d’énergies fossiles
marche à pied ou les transports en commun) et et donc l’émission dans l’atmosphère de gaz
pose souvent des problèmes d’indiscipline de carbonique, principal gaz à effet de serre. Le
ses usagers. développement durable suppose la recherche
Certaines villes, pour en faciliter l’emploi, de sources d ’énergie renouvelables et non
ont mis des bicyclettes, spécialement conçues polluantes et la réduction des pollutions et des
pour cet usage, en libre service (par abonne risques liés aux autres formes d’énergie. De
ment en général). Après des tentatives façon générale, le développement durable
anciennes, qui n ’ont pu être poursuivies (à suppose une durée de vie plus importante des
Amsterdam notamment autour de 1970, à La machines dans l ’industrie, des véhicules,
Rochelle à partir de 1974), cette idée a été appareils ménagers et autres produits de
reprise à Rennes (1998), à Lyon (2005), puis l’industrie, la recherche systématique des éco
à Paris (Vélib en 2007) avec un succès cer nomies d’énergie, le maintien des grands mas
253
DÉVELOPPEMENT LOCAL
sifs forestiers, une attention aux sources de tique et ont proposé, sans être suivis, un sys
pollution de l’air, des eaux continentales, des tème complexe où les pays riches auraient
mers et des sols, mais aussi un souci d’utilisa pu acheter aux pays pauvres des «droits
tion rationnelle de l’espace. Il rejoint par là d’émission» de C 0 2. La France avait envi
les questions relatives à l’accroissement des sagé récemment l’institution d’une écotaxe
ressources alimentaires mondiales et à leur (taxe sur les combustibles fossiles affectée à
répartition, elles-mêmes liées aux rythmes de des mesures de limitation des émissions de
croissance démographique et au développe gaz à effet de serre), mais la loi correspon
ment économique des pays encore peu ou non dante a été censurée par le Conseil constitu
développés. tionnel.
S’il semble illusoire d’espérer que le pro En fait, la notion de développement durable
grès des télécommunications réduira la suppose une transformation profonde des
demande de mobilité, on peut essayer de favo mentalités. Les considérations écologiques
riser l’utilisation de modes de transport plus devraient prendre autant de place que les
économiques en énergie (et surtout en pétrole) approches économiques classiques. Les pro
que le transport automobile. Des économies blèmes devraient être traités à toutes les
d’énergie et un respect plus grand de la nature échelles, mais avec un souci permanent des
peuvent en outre être attendus de formes grands équilibres écologiques mondiaux.
d’habitat plus compactes, avec une densité Bref, il suppose le développement d’une véri
supérieure à celle des banlieues résidentielles table « écologie politique ».
récentes, mais surtout avec un tissu urbain et P. M.
des formes des bâtiments plus régulières (le
Écologie; Écologie territoriale; Éco-quartier; Effet de serre;
tissu haussmannien au centre des villes ou les Énergie et environnem ent; Pollution; Pollution atmosphé
maisons de ville dans les quartiers intermé rique ; Protection de la nature ; Ville compacte.
diaires sont de bons exemples de formes éco
nomes en énergie et peu consommatrices
d’espace): ces préoccupations rejoignent DÉVELOPPEM ENT INDUSTRIEL
celles des partisans de la « ville compacte », —> Industrialisation
soucieux d’un meilleur équilibre entre la ville
et ses périphéries.
Alertés par l’opinion publique mondiale, DÉVELOPPEM ENT LOCAL
les responsables politiques ont multiplié les
réunions internationales pour rechercher un Processus de diffusion, à l’échelon local,
accord sur les voies du développement des effets de la croissance, des innovations et
durable, et en particulier sur les moyens de des acquis culturels, accompagné d’une trans
lutte contre la destruction de la couche formation, à partir des potentialités locales,
d’ozone et l’accentuation de l’effet de serre. des structures économiques, sociales et cultu
Après la réunion de Montréal (1987), les relles (on parle parfois aussi d’autodéveloppe
conférences de Rio de Janeiro (1992), de ment).
Kyoto (1997) et Buenos Aires (1998) ont Le développement local suppose une volonté
tenté de dégager un terrain d’entente entre collective de mobiliser les ressources locales,
les pays développés et ceux qui sont moins qu’elles soient naturelles, humaines, écono
avancés, mais qui ne veulent pas renoncer à miques ou culturelles, pour créer des activités
leur développement parce qu’on leur inter et construire, sur un territoire homogène, un
dirait les voies (large recours aux énergies projet de développement global. Les projets
fossiles notamment) qui ont assuré le déve doivent donc être portés par les acteurs locaux,
loppement de ceux qui sont le plus avancés. notamment les élus : le rôle de l’État ne peut
Après les déclarations de bonnes intentions être que d’accompagnement de ces projets. ^
de Rio (engagement de réduction des émis La définition précédente peut paraître
sions de C 0 2), il a été plus difficile de conci complexe, mais elle semble nécessaire pour
lier des intérêts divergents. Si les pays de un concept largement utilisé dans les années
l’Union européenne ont accepté une limita 1980 avec des significations imprécises (il en
tion de leurs émissions de C 0 2, les Etats- a été de même depuis une trentaine d ’années
Unis se sont longtemps opposés à cette poli du terme de développement).
DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
m
Le développement local est devenu en tion et l’étude des projets locaux et pour la
France, dans le contexte de la décentralisation réalisation d’actions de développement ; ses
administrative, une des priorités de la poli crédits ont diminué par la suite et il a été
tique d’aménagement du territoire, qui passe supprimé et intégré, à partir de 1995, dans le
par:
nouveau fnadt (Fonds national d ’aménage
la mise en place d’outils d’information ment et de développement du territoire).
et de formation à l’échelle du bassin d ’emploi Les premières actions ont notamment porté
ou du pays ;
sur le développement de services de proxi
— l’encouragement aux formes de coopéra mité, la simplification des procédures d’aide
tion intercommunale (cf. chartes intercommu aux petites entreprises, la mise en place de
nales de développement et d’aménagement : crédits d ’impôts à leur profit, etc. On peut
loi du 7 janvier 1983) ;
cependant craindre que cette institutionnalisa
— l’action des organismes parapublics, des tion du développement local lui fasse perdre le
associations, etc. ;
caractère d’initiative et de volonté locales qui
— la prise en compte du développement en constituent la raison d’être.
local dans les plans des régions et les contrats La création, effective en 1998 (son prin
de plan Etat-région ; cipe avait été voté dans le cadre de la loi
— le développement des formes moder Pasqua du 4 février 1995), du Fonds national
nes de communication (télécommunication, de développement des entreprises (fnde )
réseaux câblés, etc.) ; allait également dans le sens d ’une réinstitu
— une politique locale de l’habitat et la tionnalisation du développement local. Ce
participation des collectivités territoriales au fonds a pour vocation de favoriser la créa
développement économique local (loi du tion, le maintien et la croissance des petites
18 juillet 1985, qui prévoit la concertation entreprises. Doté initialement de 200 millions
entre les autorités municipales et les habitants de F (30,5 millions d ’€), il est volontaire
et les associations locales avant les délibéra ment destiné aux petites et très petites entre
tions sur les projets d ’urbanisme). prises. Il intervient sous forme de prêts
Un esprit similaire a sous-tendu la prépara d’honneur, de garanties de prêts bancaires et
tion de la loi « Montagne » du 9 janvier 1985 d’aides à la participation de sociétés de capi
qui a placé au premier plan la notion d’auto tal risque. En fait, le fnde n ’a pas d ’exis
développement et créé un Fonds d’interven tence véritable : il n ’est pas identifié en tant
tion pour l’autodéveloppement en montagne que tel dans les documents budgétaires et
(fiam), fondu en 1995 dans le fnadt. mène diverses actions d’aides aux entreprises
La politique de développement local a été à l’aide de ressources de différents minis
relancée en 1988. Des structures ont alors été tères, de la Caisse des dépôts et consigna
mises en place :
tions et de la banque des petites et moyennes
— le Centre de rencontres et d’initiatives entreprises.
pour le développement local (cridel), asso
ciation constituée par des administrations et P. M.
des entreprises privées, a pour objet de pro -* Aménagement du territoire.
mouvoir le développement local ;
— le groupe interministériel pour le déve
loppement économique local coordonne les DÉVELOPPEM ENT RÉGIONAL
actions de l’État et peut décider de subven —> Aménagement du territoire;
tions à des démarches contractuelles de déve Aménagement régional ; Développement
loppement local, notamment dans le cadre des local; Disparités régionales; Planification
contrats de plan ; régionale; Politique régionale
— un interlocuteur unique pour le compte
de l’Etat est désigné par le préfet du départe
ment pour harmoniser les procédures et le DÉVELOPPEM ENT SOCIAL DES Q UARTIERS
calendrier des interventions ; (DSQ)
— le Fonds régionalisé d’aide aux initia
tives locales pour l’emploi (frile) a été doté On appelle « développement social des
en 1988 de 250 millions de F pour la concep quartiers » un programme d’intervention ori
DÉVELOPPEMENT SOCIAL DES QUARTIERS
255
ginal, mis en place entre 1982 et 1993 entre cupa, plus précisément, des problèmes de la
l’État, diverses collectivités publiques et de jeunesse et proposa de nouvelles approches
multiples partenaires sociaux et tendant à pour favoriser l’insertion sociale et profes
renouveler les modes d’intervention dans les sionnelle des jeunes, qui aboutirent à la créa
quartiers présentant des dysfonctionnements tion de missions locales et d’une délégation
sociaux et urbains, grâce à des démarches spéciale.
novatrices par rapport aux modes traditionnels Les démarches de ces trois personnalités
de l’aménagement ou de la réhabilitation. eurent en commun de mettre en cause les
Le constat d ’un mal-vivre dans certaines modes traditionnels de l’action publique,
zones urbaines, et notamment dans les grands notamment de l’action sociale, que ce soit
ensembles, n ’est pas nouveau et il a donné ceux de l’État, ceux des collectivités locales
lieu au programme «habitat et vie sociale» ou ceux des services sociaux, en constatant
institué en 1972-1973 et formalisé en 1977. leur échec, et de proposer des modes d’action
Les opérations menées dans ce cadre n’ont pas issus d’initiatives de la «base», en marge
empêché la dérive sociale et urbaine de cer des procédures linéaires et sectorielles des
tains quartiers de banlieue, dérive liée à bien administrations traditionnelles. Surtout, tous
d’autres facteurs que l’état du bâtiment ou la trois constatèrent l’inadéquation des réponses
forme de l’urbanisme. La notion de « dévelop apportées par chacune aux problèmes sou
pement social » fait une référence implicite levés et proposèrent des modes d’organisa
aux expériences d’autodéveloppement dans tion et d’action au-delà des seuls services
les pays du tiers monde. Elle se présente aussi administratifs : de là naquirent des commis
comme une approche nouvelle de l ’action sions où se retrouvèrent administrateurs,
sociale via le développement local, mouve élus, acteurs sociaux, habitants, organismes
ment qui relève de la même philosophie. Est gestionnaires, personnalités, appelés à appré
privilégiée l’initiative des groupements de hender, ensemble, les problèmes qu’aucun
base, collectivités locales, groupes d ’habi seul n ’avait pu résoudre et n’était en mesure
tants, et ceci s’oppose aux modes traditionnels de le faire. Il s’agissait d’une sorte de «col
de l’action publique, de type « vertical ». lectif» de partenaires - le partenariat, comme
Ces démarches de développement social la globalité, est un des maîtres mots de cette
des quartiers ont présenté une grande impor nouvelle politique - susceptible de mieux
tance politique et idéologique dans les tenta comprendre, de mieux agir et de mobiliser
tives de traiter la crise urbaine dans les années les différents réseaux locaux représentés. Ces
commissions nationales eurent, à l’origine,
1980-1990.
Le développement social des quartiers s’est un autre rôle que le classique conseil aux
mis en place entre 1981 et 1982 à partir décideurs : elles eurent bien une mission
d’une analyse de la persistance d’une crise d’élaboration de stratégie et de participation
des banlieues (violences aux Minguettes à à la décision. Enfin, elles s’installèrent aussi
Vénissieux) malgré les programmes de réha à un moment où la décentralisation rendait
bilitation de l’habitat social. Les réflexions les collectivités locales pleinement respon
alors engagées témoignent de pensées exté sables de leur politique et où l’État n ’était
rieures aux modes d’approche de l’Etat qui plus le premier acteur politique.
fut, jusqu’alors, le seul initiateur et régulateur À partir de ces analyses, trois nouvelles
des interventions. En 1981, Hubert Dude- orientations furent définies : agir sur les causes
bout, maire de Grenoble, fut chargé d une de la dégradation des quartiers autant que sur
mission de réflexion qui aboutit au rapport la dégradation elle-même (ce qui met en cause
fondateur de cette nouvelle politique le chômage, l ’échec scolaire, la pauvreté,
(«Ensemble, refaire la ville») en même etc.) ; faire des habitants des acteurs du chan
temps qu’était créée la Commission nationale gement ; rendre les collectivités locales res
du développement social des quartiers. Paral ponsables des opérations. L’accent fut mis sur
lèlement, Gilbert Bonnemaison, entouré de la nécessité de travailler sur tous les aspects
trente maires, jetait les bases d’une politique intéressant la vie d’un quartier, sans se limiter
de prévention de la délinquance, organisée au bâti ou à l’urbanisme, et de s’engager dans
autour d’un conseil national et de conseils la durée, d’associer à la définition des actions
départementaux. Enfin, B. Schwartz se préoc et à leur mise en œuvre tous les partenaires, de
DÉVELOPPEMENT SOCIAL DES QUARTIERS 256
faire un effort d’adaptation des normes et des plus difficiles, succéda une politique ambi
règlements. tieuse au risque de dilution entre différentes
Un bilan, assorti de propositions, a été pré échelles, ambitions et moyens mobilisables.
senté par le Commissariat du plan et fait clai Les travaux d’évaluation menés, en particulier
rement apparaître les actions menées par par le Conseil national des villes, qui a suc
grandes masses dans les différents quartiers. cédé aux commissions créées en 1982, ont
Les 148 quartiers inscrits en dsq n ’ont pas montré les limites de l’extension territoriale et
fait l’objet de politiques également actives et politique du développement social urbain et
on peut estimer à une centaine ceux qui le l’extrême difficulté méthodologique de l’éla
furent réellement (et dont la situation le justi boration de contrats de ville pertinents.
fiait aussi). Le dsq a concerné, pendant cette La crise économique et l’augmentation sen
période, 1,5 million d’habitants, logeant dans sible du chômage des jeunes, comme de celui
quelque 350 000 logements (dont la moitié des parents, contribuent à l’aggravation de la
devaient être réhabilités). Pour certaines situation des quartiers les plus difficiles des
villes, cette procédure a pu intéresser jusqu’à agglomérations urbaines, même si toute la
40 ou 60 % de leur population. En région Ile- pauvreté n ’y est pas rassemblée, comme on le
de-France, 28 quartiers furent concernés. Le croit souvent, à tort. Certes, on peut légitime
bilan effectué par le Commissariat du plan en ment se demander si la démarche dsq a une
1988 est incontestablement positif, tant en prise, autre que marginale, sur des quartiers
termes de réalisations par rapport aux objec confrontés à de telles tensions, mais on peut
tifs (en matière de réhabilitation des loge aussi douter que son quasi-abandon dans les
ments, par exemple) qu’en termes qualitatifs. politiques de la ville qui lui ont succédé soit
Il soulignait une forte implication des parte bénéfique pour des populations qui avaient pu
naires locaux, de vraies innovations dans de en retirer le sentiment d ’une réelle citoyen
multiples domaines, une lente transformation neté, et notamment pour les jeunes issus de
des services traditionnels, une nouvelle com l’immigration.
préhension des problèmes sociaux dans leur Le « plan Banlieues » ou « pacte de relance
dimension territoriale. On ne pouvait, pour pour la ville », lancé par le gouvernement en
autant, en conclure, sauf dans quelques situa janvier 1996, a tenté d ’apporter une réponse à
tions locales, que la tendance à l’aggravation ces questions. Il prévoit la création de zones
des situations de tension et d’exclusion dans franches urbaines (44, puis une seconde vague
les cités réputées «difficiles» ait été inter de 41 créées en 2004, 100 au total en 2010)
rompue, mais elle a souvent été fortement dans des quartiers en difficulté pour y attirer
ralentie. Enfin, les résultats obtenus sont émi des activités, la création en cinq ans de
nemment fragiles et tout désengagement des 100 000 emplois dans des services locaux
collectivités publiques, entraînant la limita pour cinq ans (payés en moyenne à 55 % par
tion des financements, pouvait mettre en péril l’Etat). Il a proposé également des mesures
l’action engagée dans les quartiers les plus dans les domaines de la police, de la justice,
difficiles alors que la longue durée est évi de l’éducation, du logement, du commerce et
demment nécessaire. pour encourager les activités des associations
locales.
En 1989, suite à ces éléments d’évaluation, Initialement contesté, le succès des zones
on élargit la réflexion urbaine à d’autres situa franches urbaines (zfu), dont l’achèvement a
tions dans un souci préventif et moins exclu été étalé dans le temps, a conduit le gouverne
sivement curatif, qui aboutit à une politique ment à lancer une seconde vague de 41 zfu
dite de développement social urbain, qui a pour la période 2004-2008, dans le cadre de la
concerné quelque 400 quartiers, 13 agglomé 101 Borloo d’orientation et de programmation
rations pilotes objets de « contrats de ville » et pour la ville, notamment par des actions por
les zones urbaines en reconversion. Les dis tant sur le bâti et la restructuration des quar
positifs propres à la prévention de la délin tiers d’habitat social : c ’est la nouvelle notion
quance y furent partiellement intégrés. À une de « rénovation urbaine ». Cette loi a pour
politique expérimentale, qui concentrait les objet de relancer la politique de la ville et
moyens non seulement financiers mais aussi d’accélérer la rénovation urbaine. Elle prévoit
intellectuels et humains sur les situations les une offre nouvelle, pendant la période 2004-
Kl DEXIA-CRÉDIT LOCAL
2008, de 200000 logements locatifs sociaux à la Caisse d’aide à l’équipement des collecti
(par remise sur le marché ou construction vités locales (caecl), le Crédit local de France
dans les zones urbaines sensibles ou à proxi devenait le principal organisme financier du
mité), la réhabilitation de 200 000 autres loge secteur local. Dexia-Crédit local le reste jus
ments locatifs sociaux et la démolition de qu’à aujourd’hui avec environ 40 % de parts de
200 000 logements. Ce programme devait être marché dans un contexte de pleine concurrence
lînancé par des crédits budgétaires (2,5 mil du fait de la banalisation du crédit au secteur
liards d’€ en cinq ans, plusieurs fois aug public local engagée par l’État en 1986.
mentés par la suite) et par des prêts de la D ’abord filiale de la Caisse des dépôts et
Caisse des dépôts et consignations. Une consignations (cdc ), le clf avait connu de
Agence nationale pour la rénovation urbaine profondes modifications statutaires. Société
(anru) a été créée en 2004, comme guichet anonyme publique (25,5 % État et 25 % cdc),
unique regroupant divers crédits d ’origine il est entré en bourse en 1991, avant de faire
publique ou parapublique, pour la mise en l’objet d ’une privatisation en 1993. En
œuvre de cet ambitieux programme, dont on octobre 1996, le clf et le Crédit communal de
peut se demander s’il n’est pas quelque peu Belgique, puis la Banque d’investissement du
irréaliste au vu des résultats des années précé Luxembourg, ont créé à parité le groupe ban
dentes. Le financement de celui-ci a été inté caire européen Dexia. Le Crédit communal de
gralement imputé sur le « 1 % logement » Belgique, banque commerciale aux nombreux
depuis 2009, en application de la loi du guichets, était détenu par les communes
5 mars 2009, appelé à se substituer aux précé belges à qui il fournissait des financements.
dents crédits budgétaires. On peut se deman Dexia s’est développé de façon très dyna
der si ce programme n ’est pas quelque peu mique tant en Europe que dans le reste du
irréaliste au vu des résultats des années précé monde jusqu’à la crise financière de 2008.
dentes, sachant, de plus, que le financement Auparavant, le groupe détenait environ 15 %
prévu sur le « 1 % logement» ne couvre pas du marché européen du financement local.
tous les engagements pris. Obligé de se défaire de récentes acquisitions,
Par ailleurs, ce programme répond à cette notamment en Europe centrale, sa position
vieille idée que la démolition des grands s’est fortement détériorée.
ensembles et des quartiers dits sensibles et Si depuis 1993 le clf ne fait plus partie du
une action sur le bâti pourraient résoudre la groupe cdc, la Caisse des dépôts et consigna
crise des banlieues. Dix ans de dispositifs tions reste le plus gros actionnaire de Dexia
divers, nouveaux contrats de ville ou contrats fin 2008 (17,6% du capital) devant les com
urbains de cohésion sociale, plus ou moins munes belges (14,3% ). Les États belge et
bien financés, n ’ont pas empêché de nouvelles français détiennent chacun directement 5,7%
crises, parfois très dures, dans les banlieues, du capital.
comme en 2005. Partenaire financier de tous les acteurs
locaux (communes, départements, régions,
N. B.
chambres de commerce et d’industrie, sociétés
-> Banlieue ; Contrat de ville ; Exclusion ; Financement du renou concessionnaires de service public, hôpitaux,
vellement urbain; Fonds d'aménagement urbain fau ( ); etc.) qui concourent par leurs investissements
Grand ensem ble; Pacte de relance pour la ville; Programme
national de rénovation urbaine; Projet de quartier; Rénova au développement local, Dexia se finance sur
{
tion urbaine ; Zone franche urbaine zfu ). les marchés domestiques et internationaux. Il
n’a cependant collecté en propre que 3,1 mil
liards d ’€ en 2008, car c ’est au niveau du
DÉVELOPPEM ENT SO CIAL URBAIN groupe que s’opèrent les émissions les plus
Développement social des quartiers importantes (au total 22,2 milliards).
Le montant des prêts versés par Dexia-Crédit
local vers le secteur public local français est de
DEXIA-CRÉDIT LOCAL l’ordre de 12 milliards d’€ en 2008. L’encours
des prêts en France, environ 76 milliards d’€,
Dexia-Crédit local, héritier du Crédit local ne représente que 34% des encours totaux
de France ( clf ), est la filiale française du mondiaux de la banque en 2008.
groupe international Dexia. Succédant en 1987 Groupe européen, Dexia a eu une activité
DIFFÉRÉ D'AMORTISSEMENT 258
très développée dans le monde. Elle avait, par nierie financière, se sont trouvées prises à
exemple, pris le contrôle de la société fsa aux contre-pied avec le retournement du marché en
Etats-Unis, une des premières compagnies de 2008. Ces emprunts sont alors devenus
rehaussement de crédit, dont le rôle est essen « toxiques » à leur yeux. Même si l’expression
tiel sur le marché des obligations municipales est très exagérée, le monde bancaire, et notam
américaines. Malheureusement, cette société ment Dexia, s’est engagé à respecter une charte
d’assurance « monoline » (à un seul produit), de bonne conduite et à ne plus proposer de
qui s’est développée aux Etats-Unis pour ras produits que les collectivités ne sauraient gérer.
surer les marchés financiers sur les émissions Les bouleversements que connaîtront les
obligataires faites par les collectivités locales, a collectivités à partir de 2010 (suppression de
acheté des créances titrisées dans l’immobilier, la taxe professionnelle, réforme des institu
faisant d’énormes pertes et entraînant Dexia tions, contrôle de la dépense) vont entraîner
dans son sillage. Le résultat opérationnel de un remodelage du contexte financier qui
Dexia s’est soldé par la première perte de son auront des conséquences certaines pour les
histoire (3,5 milliards) alors que son bénéfice banques spécialisées comme Dexia.
était encore de 1 milliard l’année précédente.
V. C.
Le poids de Dexia dans le financement des
collectivités locales en avait fait un interlocu - » Caisse des dépôts et consignations ; Emprunts des collectivi
tés locales.
teur dominant, reprenant le rôle tenu aupara
vant par la CDC. Sa position envers une
collectivité influençait notablement les déci
sions des autres prêteurs. Dexia était néan DIFFÉRÉ D 'A M O R TISSEM E N T -> Emprunts
moins soumis à diverses formes de concurrence des collectivités locales
avec les prêteurs traditionnels des collectivités
(Caisses d’épargne notamment), de nouveaux
prêteurs étrangers (européens ou asiatiques) et DIRECTION DÉPAR TEM ENTALE
le développement de formes de financement DE L'ÉQ UIPEM ENT —> Département
dites « désintermédiées », encore peu usitées en
France (appel direct au marché par des émis
sions obligataires des collectivités). Il n’y a eu DIRECTIVES D 'A M É N A G E M E N T
qu’une vingtaine d’émissions obligataires de DU TERRITOIRE
collectivités locales en vingt ans.
En 2009, très affaiblie, avec un avenir indé Orientations concernant un aspect particu
terminé, notamment parce que la Belgique et la lier de la politique d’aménagement du terri
France ont des objectifs différents la concer toire fixées par le gouvernement (directives
nant, Dexia n’a plus le rôle moteur antérieur. nationales), une ou plusieurs régions (pres
Mais, comme les caisses d’épargne, l’autre criptions régionales ou interrégionales).
grand acteur du financement des collectivités, Les directives nationales, qui sont approu
est dans une situation analogue, le marché est vées par décret ; ont une valeur réglementaire
aujourd’hui éclaté entre plusieurs institutions impérative bien que leur rédaction permette
de poids équivalent. En 2009, le projet de lan de s’affranchir du cadre contraignant d ’un
cement d’une agence de financement des col texte réglementaire. Cette procédure a notam
lectivités locales, qui émettraient directement ment été appliquée à propos :
sur le marché, une caecl recréée, est encore — de l’urbanisme commercial (1969) ;
venu perturber le contexte. Bien que certains — des zones de bruit des aéroports (1973) ;
observateurs pensent que le financement des — de la protection de la montagne (1977) ;
collectivités locales va revenir à une forme — de la protection du littoral (1979).
« administrée » comme au temps de la CDC, Cette forme de directives posait néanmoins
cette hypothèse est peu vraisemblable. On ne un problème juridique : leur caractère oppo
reviendra pas sur certains acquis de la décen sable aux tiers pouvait se heurter à l’impréci
tralisation comme la liberté d’emprunter aux sion de leur rédaction, voire à la nécessité
meilleures conditions. Ceci n ’est pas sans d’interprétation de certaines dispositions, ce
risque puisque des collectivités, qui ont su pro qui pouvait conduire à des dérogations. C’est
fiter de conditions avantageuses grâce à l’ingé une des raisons qui ont conduit à refondre,
259 DIRECTIVE TERRITORIALE D'AMÉNAGEMENT
DOCTRINE DE PO PULATION
DISPENSAIRE
Une doctrine de population est l’ensemble
Établissement de prévention, de diagnostic des vues développées par une école de pen
et de soins, sans hébergement. Les dispen sée au sujet du volume et de l’évolution sou
saires proprement dits, ou « dispensaires haitables d’une population.
polyvalents d’hygiène sociale » selon la termi Sous l’Antiquité et au Moyen Age, le point
nologie administrative, sont des équipements de vue religieux, moral et politique était
DOCUMENTS D'URBANISME 262
mm f
Æ3 DOCUMENTS D'URBANISME
une dotation particulière : la dotation de rectes induites par les subventions accordées
décentralisation relative à la formation profes aux communes et groupements de com
sionnelle, gérée par le ministère chargé de munes. La dge des départements est majorée
l’emploi et de la formation professionnelle. Le pour les départements aux ressources fiscales
montant de l’accroissement de cette dotation, faibles.
résultant de son indexation sur le taux d’évo Modifié plusieurs fois, le système de la dge
lution de la DGF, est réparti entre les régions communale (484 millions d’é en 2009), a été
selon des critères spécifiques, dans un objectif relativement simplifié et recentré sur les
de péréquation. petites communes. Dorénavant, ne sont plus
En outre, la loi de finances pour 2005 a éligibles à la dge que les communes de moins
prévu de remplacer progressivement, de 2005 de 2 000 habitants (7 500 dans les dom) sans
à 2007, une part de cette dotation « forma conditions, et les communes de 2 001 à
tion» par le produit de la contribution au 20 000 habitants (7 501 à 35 000 dans les
développement de l’apprentissage (taxe addi dom) sous conditions de ressources, ainsi que
tionnelle à la taxe d ’apprentissage). Ce dispo les groupements de communes de 20 000 habi
sitif vise à substituer une ressource de nature tants au plus (35 000 dans les dom).
fiscale à une dotation versée par l’État afin de La dge est attribuée sous forme d’aide indi
renforcer l’autonomie financière des régions. vidualisée dans le cadre d’enveloppes départe
Depuis 2007, cette contribution est de 0,18 % mentales. Les dossiers de dge sont instruits par
de la masse salariale. Elle a atteint en 2009 un les services du préfet et la subvention est déci
montant de 655 millions d ’€, répartis entre les dée après avis d’une commission d ’élus. Cette
régions, qui s’ajoutent aux 1,7 milliard de la commission est également chargée de définir
dgd formation professionnelle. les catégories d ’investissement prioritaires.
V. C. La dge procure peu de ressources aux col
lectivités : un peu moins d’un milliard pour
Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget des dépenses d ’équipement évaluées à près de
com m unal; Budget de l'État et urbanisme; Concours finan
ciers de l'État aux collectivités locales; Décentralisation 40 milliards. Elle ne vient en fait que complé
administrative. ter le fonds de compensation de la TVA
( fctva), beaucoup plus conséquent. En
revanche, elle est fondamentale pour les
D O TA TIO N G LOBALE D'ÉQ UIPEM ENT (DGE) petites communes.
V. C.
Transfert de l ’État aux communes, aux
départements et à leurs groupements, destiné à -> Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget
com m unal; Budget de l'État et urbanisme; Concours finan
leur permettre d’assurer une partie du finance ciers de l'État aux collectivités locales; Décentralisation
ment des investissements. Sont également éli administrative.
gibles les services d’incendie et de secours et
les centres de la fonction publique territoriale
(centres de gestion et cnfpt). La dge résulte D O TA TIO N GLO BALE DE FO N C TIO N N EM E N T
de la globalisation de la majorité des subven (DGF)
tions spécifiques d ’investissement autrefois
gérées par chaque ministère de tutelle. Insti A l’origine (en 1979), il s’agissait du trans
tuée par la loi de 1982 relative aux libertés des fert d’une fraction de la tva perçue par l’État
communes, des départements et des régions, au profit des collectivités territoriales. Depuis,
elle a été mise en place progressivement de sa définition en tant que fraction des res
1983 à 1986, puis plusieurs fois modifiée. sources fiscales de l’État a été abandonnée et
La dge atteint 708 millions d’€ en 2009. Ce son évolution est définie par référence à
montant évolue chaque année comme la forma l’évolution du produit intérieur brut. La DGF
tion brute de capital fixe des administrations est perçue par les communes, les groupe
publiques (+ 3,7% en 2004), mais elle a été ments de communes à fiscalité propre (syndi
bloquée, comme d’autres dotations, en 2009. cats d’agglomération nouvelle, communautés
La dge des départements (224 millions d’€ urbaines ou d ’agglomération et communautés
en 2009) est fonction des dépenses directes de communes), les départements et, depuis
d’investissement ainsi que des dépenses indi 2004, les régions. La DGF s’élève en 2010 à
ÏI1/ DOTATION GLOBALE DE FONCTIONNEMENT
•II milliards d’€ et représente 13 % du budget male était importante, au profit des communes
île l’État. les plus concernées par les problèmes sociaux.
I ,e principe d’un transfert d’une partie des En 1993, la dgf a été encore réformée et
produits fiscaux collectés au niveau national instaure à partir de 1994 une nouvelle réparti
vers le niveau local, pratique courante dans de tion qui s’organise autour de deux parts prin
nombreux pays, s’explique par la rigidité et cipales :
pur l’étroitesse de la fiscalité locale par rap • une dotation forfaitaire (13,6 milliards
port aux besoins financiers des collectivités d’€ en 2004 pour les seules communes et
territoriales. La DGF représente environ 30 % groupements), consolidant les dotations per
des ressources propres de ces collectivités, çues antérieurement par les communes (tronc
lille a succédé au versement représentatif de commun et dotations particulières sauf dsu) ;
la taxe sur les salaires (vrts) qui compensait • une dotation d’aménagement du territoire
lui-même les pertes de recettes liées à la sup (6,9 milliards d’€ en 2004), elle-même répar
pression en 1967 de la taxe locale (taxe sur le tie en trois parts : une dgf des groupements
chiffre d’affaires supprimée par la mise en (5,5 milliards), la dsu (635 millions) et une
place de la tva). dotation de solidarité mrale (dsr pour
La répartition de la DGF entre les collectivi 420 millions), répartie entre les bourgs-
tés est guidée par deux principes : assurer, centres et les communes de plus de 3 500 habi
d’une part, des ressources suffisantes aux col tants.
lectivités démunies ou aux besoins impor En 2005, la dgf a été réformée une nouvelle
tants, par exemple du fait de rurbanisation, et fois. Elle comprend dorénavant pour les com
tenir compte, d’autre part, même si cela n ’est munes une dotation forfaitaire rénovée et des
pas toujours apparent, du niveau de recettes dotations particulières de solidarité urbaine
que procurait antérieurement la taxe locale. (dsu) et rurale (dsr). La dotation forfaitaire
Sous diverses dénominations - attribution de est elle-même composée de trois éléments :
garantie pour le vrts, dotation forfaitaire pour une dotation de base, calculée en fonction du
la DGF - les collectivités perçoivent encore logarithme de la population (concrètement
environ 30 % de leur DGF au prorata de ce entre 60 et 120 € par habitant en 2005) ; une
qu’elles percevaient en ancienne taxe locale. dotation superficielle à raison de 3 € à l’hec
La réforme de 1985 de la DGF a tenté de tare ; une dotation de garantie qui vient com
modifier de façon significative le poids du pléter la première si elle se révèle inférieure à
passé en remplaçant progressivement les l’ancienne dotation forfaitaire de la commune.
critères antérieurs par des critères plus repré À ces trois dotations s’est ajoutée une dotation
sentatifs des besoins des communes : la de compensation de la part salaire de la taxe
population, l’insuffisance de ressource fis professionnelle, complément supprimé en
cale, et surtout des facteurs objectifs de 2004. Cette compensation fiscale rend encore
dépenses communales (longueur de la voirie plus opaque un système de transfert réputé
communale, nombre d ’élèves et de loge particulièrement complexe.
ments sociaux). Divers concours particuliers La réforme de 1993 avait été rendue néces
venaient s’ajouter au «tronc commun» de la saire par la stagnation relative de la masse à
dgf au bénéfice des communes centres répartir, alors que dans le même temps le
d’agglomération, des communes touristiques nombre d ’ayants droit augmentait (avec
ou thermales. Mais, en instituant une garantie notamment les nouvelles intercommunalités).
de progression pour toute les communes, le La dynamique de l’évolution de la dgf s’est
système n ’a pu à la fois opérer une péréqua ralentie : elle était encore de + 9% entre 1989
tion efficace et une garantie, notamment du et 1998 ; elle n’a augmenté plus que de 1,5 %
fait du ralentissement de l’inflation. à 2, 5% dans les années récentes.
C’est à partir de ce constat, mais aussi de la Les études réalisées par le Commissariat du
montée des problèmes sociaux dans les ban plan au début des années 2000 avaient montré
lieues, qu’a été créée en 1991 la dotation de que la dgf avait été un facteur essentiel de
solidarité urbaine (dsu). La dsu, dans sa pre résorption des inégalités de ressources des
mière forme, opérait un prélèvement sur les communes, même si l ’aspect péréquateur
communes supposées être les plus riches et n ’était pas visible : en cristallisant les effets
dont la part de la garantie de progression mini de péréquation du vrts, de la DGF initiale et
DRAINAGE 2m
de celle de 1985, la DGF avait réduit 30 % des comme conséquence de la loi sur l’administra
écarts de ressources entre communes en vingt tion territoriale de la République du 6 février
ans, ce qui est considérable. Mais la globali 1992, destinée à favoriser le regroupement
sation de tous ces effets dans une seule dota communal et surtout la loi « Chevènement »
tion forfaitaire indifférenciée en 1994 a incité du 12 juillet 1999. Au 1er janvier 2008,
à oublier quel était le contenu de la dotation 2 583 nouveaux groupements à fiscalité
et à croire que seules les dotations de solida propre (communautés d’agglomération et de
rité étaient péréquatrices. La réforme de 2005 communes) avaient été créés. Cet engouement
apparaît comme le résultat d’une recherche de pour l’intercommunalité s’explique en partie
transparence dans un système de répartition par le recherche d ’un gain net de ressources
très bloqué. Elle apparaît aussi comme une représenté par la DGF des groupements ou
tentative de recherche de plus grande égalité dotation d ’intercommunalité (en moyenne
entre collectivités, renforçant la position des 35 € par habitant dans les communautés
communes rurales au détriment des com d ’agglomération en 2000, 45 € en 2009),
munes urbaines. Dans les premières années Comme un habitant rapporte de la dgf à sa
de la dgf, les dotations forfaitaires par habi commune d’une part, et à son intercommuna
tant étaient dans un rapport de 1 à 3,5 entre lité d’autre part, une nouvelle réforme est en
les petites et les grandes communes, elles ne train de se dessiner: la DGF territoriale. Il
sont plus que dans un rapport de 1 à 2, gom s’agirait de transférer le total des dgf commu
mant les besoins différenciés en fonction de nales à l’intercommunalité qui la répartirait et
la taille des communes. assurerait la péréquation à l’intérieur de son
Les enjeux se sont alors déplacés vers les périmètre. Le principe a été évoqué lors des
dotations de solidarité, et notamment vers la débats préliminaires à la réforme des institu
dsu , car 75 % des communes de plus de tions territoriales en cours.
10 000 habitants perçoivent la dotation contre Les départements et les régions bénéficient
moins de 50 % auparavant. L’éligibilité à la également d ’une dgf beaucoup plus stable,
dsu résulte des critères principaux suivants : c’est-à-dire ayant connu moins de réformes.
la pauvreté fiscale de la commune et des habi Leur caractère péréquateur est très affirmé.
tants, le nombre de logements sociaux ou de Leur dgf a également intégré la majeure par
bénéficiaires de I’apl, la pression fiscale. tie de la dotation générale de décentralisation
La réforme de 1993 a été rendue néces les concernant.
saire par la stagnation relative de la masse à V. C.
répartir, alors que dans le même temps le
nombre d’ayants droit augmentait. La DGF - » Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget
com m unal; Budget de l'État et urbanisme; Budget départe
totale, indexée jusqu’en 1990 sur les recettes mental et budget régional ; Concours financiers de l'État aux
de TVA perçues par l’État, évolue en fonction collectivités locales; Fiscalité directe locale.
de l’inflation et de deux tiers de l’évolution
du pib en volume. La dynamique de l’évolu
tion de la DGF s’est ralentie : elle était encore DRAINAGE —» Cycle de l'eau
de + 9% entre 1989 et 1998; elle n ’aug
mente plus que de 1,5% à 2,5% dans les
années récentes. DROIT DE CO NSTRUIR E - » Coefficient
La dgf reste le transfert de l’État qui forme d'occupation des sots ; Permis de construire ;
l’enjeu essentiel des rivalités entre collectivi Plafond légal de densité
tés. La DGF est étudiée chaque année par les
groupes de pression que représentent les
associations d’élus à caractère sectoriel (tou DROIT DE L'URBANISM E
risme, montagne, littoral, communes rurales,
grandes villes, groupements, etc.) qui tentent Branche du droit administratif qui a, durant
de l’infléchir à leur profit. ces vingt dernières années en France, pris une
Le développement de la coopération inter grande importance, sans pour autant acquérir
communale a largement changé la donne de la son autonomie scientifique, car il fait appel à
répartition de la DGF. Le nombre de collectivi des grandes disciplines comme le droit civil
tés nouvelles éligibles à la DGF s ’est accru ou le droit pénal, mais aussi à des disciplines
MB DROIT DE L'URBANISME
plus récentes comme le droit fiscal, le droit de tissements d ’infrastructure lourde et dès
lu construction ou le droit de l’environnement. grandes zones opérationnelles, qui a caracté
Empirique en raison des besoins, pas tou- risé les trente glorieuses, et d’urbanisation
|ours prévus, auxquels il doit faire face, il est accélérée du territoire français. Elle a créé
missi largement expérimental et son évolution deux instruments qui s’efforcent, avec des
technique est commandée par les transforma- résultats décevants, de promouvoir un urba
lions des politiques urbaines autant que par nisme local d ’une part, et plus qualitatif
celle des modes de vie, que celles-ci inflé d’autre part : les zones d’intervention foncière
chissent. Mais le droit contemporain ne part (zif) en matière foncière, le plafond légal de
pas du néant. Le Premier et le Second Empires densité (pld) en matière fiscale.
ont laissé l’un la première législation relative Le droit de l’urbanisme est enfin un droit
aux établissements dangereux, incommodes codifié (Code de l ’urbanisme). Technique
ou insalubres, l’autre le permis de bâtir, mais ment, le droit de l’urbanisme est sans cesse
c’est la IIIe République qui a donné son essor devenu plus complexe, faisant de plus en plus
au droit de l’urbanisme, après les destructions appel aux actes réglementaires pour l’applica
causées par la première guerre mondiale (lois tion de lois « d ’orientation» ou des «lois-
de 1919 et 1924 inaugurant la planification cadres », ouvrant seulement de grands pro
locale), qui ont été complétées par les décrets- blèmes généraux au débat parlementaire.
lois de 1935. Le gouvernement de Vichy, L’administration, sous le contrôle, il est vrai,
généralisant le permis de construire, posa en du juge administratif, a, chaque année, élargi
outre le principe de la non-indemnisation des son pouvoir (on peut le constater par l’impor
servitudes d’urbanisme, par la loi du 15 juin tance des parties réglementaires du Code de
1943. Les ordonnances et décrets de 1958, la l ’urbanisme). Mais ce sont plus encore les
loi d’orientation foncière de 1967, les lois de textes internes à l’administration - instruc
1975 et 1976 ont complété un édifice qui a été tions, directives, circulaires - qui ont fondé la
remanié par les lois de 1982 et 1983 sur la pratique, elle-même hétérogène, des services
décentralisation, par la loi du 18 juillet 1985 extérieurs du ministère chargé de l’urbanisme.
et enfin par la loi Solidarité et renouvellement Matériellement, le droit de l’urbanisme,
urbains du 13 décembre 2000 (simplifiée par initialement voué à l’aménagement de la cité,
la loi Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003). s ’est étendu, à la faveur de l’urbanisation
La loi du 31 décembre 1967 (loi d’orienta accélérée de la France, au droit de l’exten
tion foncière) a constitué véritablement la sion urbaine (la ville et le « périurbain »),
« charte de l’urbanisme fiançais », qui inspira puis à l’ensemble de l’espace, bâti ou non
les politiques publiques, conduites principa bâti, rural ou naturel, l’ensemble du territoire
lement par l’État, à la fin d ’une période étant désormais soumis à la planification que
d’intense urbanisation et de prospérité budgé le législateur de 1983 appelle toujours
taire. Elle s’efforçait, d’une part d’encadrer le «urbaine». C ’est, selon Cristini (Droit de
dynamisme des agglomérations urbaines en l ’urbanisme, 1985) «un “droit dévalorisé”...
distinguant la destination à long terme des par la dégradation des sources et l’altération
sols, fixée par les schémas directeurs d’amé des rapports hiérarchiques entre les différentes
nagement et d’urbanisme (sdau) et les règle règles du droit ; un “droit éclaté” par les diffé
ments d’utilisation des sols opposables aux rents moyens dont dispose l’administration
tiers à moyen terme par les plans d’occupa pour individualiser l’application des règles et
tion des sols ( pos). D ’autre part, elle a établi par la juxtaposition des régimes différents
le nouveau régime des zones d’aménagement dans l’espace et dans le temps ».
concerté (zac ), qui permet d ’ouvrir l’urba La décentralisation administrative, entre
nisme opérationnel aux aménagements privés prise par les lois de 1982-1983 et complétée
dans des conditions à la fois attractives et par la suite par de nombreux textes législatifs
garantissant la réalisation des équipements et réglementaires, a été souvent critiquée,
collectifs nécessaires aux nouveaux habitants. mais est reconnue presque unanimement
La loi du 31 décembre 1975 «portant comme irréversible. Elle a cependant fait
réforme de l’urbanisme et de la politique fon apparaître de nombreux dysfonctionnements,
cière » a marqué une réelle réserve devant les par rapport à l’intérêt général et parfois par
efforts mal maîtrisés dé la politique des inves rapport au respect du droit. Un rapport du
DROIT DE PRÉEMPTION URBAIN 270
Conseil d’État de 1992, intitulé L'urbanisme : en valeur des paysages, charte des parcs natu
pour un droit plus efficace, soulignait ceux-ci rels régionaux), de l’organisation des trans
et présentait de nombreuses propositions. ports et des économies d’énergie (loi du
Leur adoption aurait permis au droit de l’urba 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation
nisme français de retrouver un peu de réflec rationnelle de l’énergie : plans de déplace
tivité et de l’efficacité qu’il avait avant la ments urbains). Ces dispositions devraient
décentralisation. L’une d’elles a cependant été renforcer la portée des documents d ’urba
retenue dans la loi d’orientation pour l’aména nisme. La loi Solidarité et renouvellement
gement et le développement du territoire du urbains du 13 décembre 2000, simplifiée par
4 février 1995 : l’élaboration par l’État de la loi Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003, a
directives territoriales d ’aménagement. été largement guidée par ce souci de cohé
Sept dta ont été prescrites en 1995 (Alpes- rence entre l ’urbanisme et les domaines
Maritimes), 1996 (Alpes du Nord, estuaire de connexes : les documents d’urbanisme doivent
la Seine, estuaire de la Loire, aire métropoli concourir aux équilibres entre développement
taine marseillaise), 1997 (aire urbaine lyon urbain, préservation des espaces agricoles et
naise) et 1999 (bassins miniers nord-lorrains). protection des espaces naturels et des pay
Elles ont été approuvées entre 2003 et 2007 sages dans l’esprit du développement durable ;
(seule celle des Alpes du Nord ne l’est pas à la mixité urbaine et sociale dans l’habitat ; à
encore). Il restera à savoir comment elles une utilisation économe de l’espace urbain et
seront appliquées. de l’espace naturel; à la maîtrise de la mobilité
Au cours de la période récente, le droit de et à la limitation de la circulation automobile;
l’urbanisme a intégré de nombreuses préoccu à la préservation de la qualité de l’air, de l’eau
pations qu’on peut qualifier de connexes. Les des milieux, des sites et des paysages, etc. On
plans d’urbanisme, et en particulier les plans peut craindre cependant que ces intentions se
d’occupation des sols et encore plus les plans traduisent difficilement dans les faits.
locaux d’urbanisme, doivent tenir compte de P. M. et Y. P
préoccupations relatives à la politique de la
ville et du logement (loi d’orientation sur la -> Code de l'urbanisme ; Expropriation ; Planification urbaine en
France (historique); Préemption.
ville du 13 juillet 1991 : programme local de
l’habitat), de la protection de l’environnement
et des paysages (loi du 8 janvier 1993 sur la
protection et la mise en valeur des paysages DROIT DE PRÉEMPTION URBAIN
créant les directives de protection et de mise —> Préemption
E
plastique) résistaient mieux aux fortes pres étant distantes de 200 mètres. Le réseau doit
sions. assurer des pressions ni trop faibles (dysfonc
Avant d’être acheminée au réservoir de dis tionnements des appareils raccordés), ni trop
tribution, l’eau doit être rendue potable. Les élevées (risques de vibrations, voire d’éclate
normes de potabilité sont définies à l’échelle ment des conduites). Le réseau se classe selon
internationale par l’Organisation mondiale de deux types : réseau ramifié, arborescent ou en
la santé, en Europe par la directive 98/83/CE antenne, qui a l’avantage d’être économique
du 3 novembre 1998, en France par le décret mais de n ’alimenter les abonnés que par un
n°2007-49 du 11 janvier 2007 relatif à'la sécu seul chemin ; réseau maillé qui rend possible
rité sanitaire des eaux destinées à la consom par un simple jeu de robinets-vannes l’alimen
mation humaine. Ces normes visent avant tout tation en retour. L’entretien des réseaux est
à préserver la santé publique (absence de souvent insuffisant, et les fuites de l’ordre de
germes pathogènes et de substances toxiques 30 %, avec une grande variabilité d’un réseau
ou cancérigènes), mais aussi à fournir une eau à l’autre.
compatible avec les réseaux de distribution (ni
abrasion, ni dépôts) et jugée agréable (en Le prix de l ’eau (facturé au consomma-
France, ceci est souvent assimilé à « inodore, teur) n’a cessé d’augmenter depuis une ving
incolore et sans saveur»). Elles prennent en taine d’années. Il atteint 3 €/m3 en moyenne
compte des paramètres physico-chimiques et en 2008, avec de fortes disparités. Ce prix
bactériologiques et concernent aussi bien la comprend la fourniture de l’eau potable, la
ressource - toute eau ne peut pas être potabili- collecte et le traitement des eaux usées, la
sée - que l’eau à la sortie de l’usine de traite redevance des agences de bassin (application
ment et, depuis peu, au robinet, compte tenu du principe pollueur-payeur), ainsi que
des risques de contamination en réseau. Après diverses autres taxes et redevances. Son aug
floculation et décantation, les eaux de surface mentation est en partie due à celle du coût
font l’objet d ’une filtration (utilisée dès la de potabilisation (ressource plus dégradée,
seconde moitié du xyme siècle), puis d ’une normes plus exigeantes) et au rattrapage
désinfection (chloration et/ou ozonation). Le (inachevé) du retard de l’assainissement.
traitement des eaux souterraines se limite sou Afin de limiter la pression sur la ressource,
vent à une chloration de sécurité. d ’une part, et l’augmentation des coûts,
Le réservoir est un ouvrage enterré, sémi- d’autre part, plusieurs solutions sont envisa
enterré ou aérien, destiné à stocker l’eau gées ou mises en œuvre. La plupart reposent
potable avant sa distribution, à constituer une sur le constat selon lequel beaucoup des
réserve en cas de travaux ou de pollution acci usages ne nécessitent pas une eau potable. Il
dentelle à l’amont et à répondrè à la demande serait alors possible d ’utiliser deux réseaux,
de pointe comme à la demande réglementaire dont un d’eau non potable pour l’arrosage des
en cas d’incendie. Si l’on veut minimiser les jardins et le nettoyage des mes par exemple ;
pertes de charge dans les conduites (cette un tel double réseau existe à Paris, mais serait
expression désigne le frottement de l’eau très coûteux à créer ex nihilo. Une autre possi
contre les parois), il doit être situé au bary- bilité consiste à utiliser les eaux pluviales pour
centre du réseau ; sa position élevée permet la certains usages, voire les eaux grises (issues de
distribution gravitaire de l’eau. S’il faut éco la maison, à l’exception de celles des toilettes),
nomiser l’espace, le réservoir sera soit enterré, ce qui revient à utiliser l’eau en série (l’eau
soit implanté hors agglomération, soit semi- usée d ’un usage devient la ressource d ’un
enterré dans un parc et agrémenté de fontaines autre) au lieu de l’utiliser en parallèle. Ces
comme le fit Darcy à Dijon en 1840. solutions sont souvent mises en œuvre dans
Le réseau de distribution est constitué par les quartiers durables ou les bâtiments à haute
l’ensemble des conduites qui relient un ou plu qualité environnementale. Indépendamment
sieurs réservoirs aux usagers et qui traversent, de la prudence qu’elles nécessitent en termes
pour permettre leur accès et leur entretien, de santé publique, elles engendrent deux pro
l ’espace public. Le dimensionnement des blèmes au moins. Les réseaux et usines de trai
canalisations prend en compte les demandes tement existants peuvent connaître des
de pointe ainsi que les contraintes d’incendie dysfonctionnements du fait de leur surdimen
(60 m3/h pendant deux heures), les bouches sionnement. La production d’eau potable est
273 ÉCHELLE
un puissant levier de protection de la res en retenant une personne sur N (le rapport 1/N
source, en particulier face à la contamination est le taux de sondage). Le tirage au sort lui-
agricole ; si l’enjeu qu’elle représente diminue, même fait appel à des tables de nombres au
les conséquences pourraient être dramatiques hasard, qui sont publiées. Dans ces condi
pour les milieux aquatiques. tions, il est possible d’appliquer les techniques
S. B. d ’inférence statistique et d’estimer, à partir de
la mesure de certains paramètres dans l’échan
-* Agence financière de l'eau; Cycle de l'eau; Pollution des tillon, leur valeur probable (et les limites
eaux continentales. d ’erreur) dans la population, ou de vérifier des
hypothèses relatives à la population. Si cette
Condition de représentativité n ’est pas (ou
E A U X PLUVIALES -> Assainissement ; Cycle mal) remplie, on dit que l’enquête est biaisée.
de l'eau ; Fontaine ; Pollution des eaux Mais on dispose rarement d’une telle liste
continentales exhaustive ; soit elle n ’existe pas, soit elle
n ’est pas accessible, soit elle est ancienne. On
utilise alors d’autres procédures, comme par
E AUX USÉES —►Assainissement ; Pollution exemple tirer au sort des adresses et, s’il s’agit
des eaux continentales d’une enquête, interroger une des personnes
qui y demeurent.
Line méthode très employée, critiquable sur
ÉCHANGEUR -> Autoroute ; Carrefour le plan théorique, mais qui, en pratique, donne
des bons résultats, est la méthode dès quota,
qui consiste à reproduire volontairement dans
ÉCHANTILLON l’échantillon certaines caractéristiques de la
population : on cherchera, par exemple, à
Lorsqu’on cherche à étudier un ensemble avoir la même proportion de personnes de dif
d’unités, une population (des personnes, des férents âges ou de différentes catégories socio
ménages, dont on veut connaître les comporte professionnelles que dans la population.
ments ou les opinions, des produits dont on Pour les études d’urbanisme et d’aménage
veut contrôler la qualité, etc.), il n ’est pas ment, on recourt parfois à un sondage aréo-
nécessaire d’examiner toutes les unités concer laire : sur un document graphique (carte, photo
nées : on peut se contenter d ’en prendre un aérienne), on établit un quadrillage numéroté et
échantillon plus restreint. Si Celui-ci a été on tire, au hasard, certaines des cases de celui-
constitué conformément à la règle, difficile à ci ; On enquête alors toutes les unités (ménages,
assurer, du hasard, les conclusions qu’on pourra logements, etc.) contenues dans ces cases.
en tirer pourront être généralisées à l’ensemble La précision de la mesure dépend évidem
de la population, aux erreurs statistiques près. ment de la taille de l’échantillon. Mais l’erreur
C’est en particulier le cas pour les enquêtes ne décroît que selon la racine carrée du nombre
qu’on effectue pratiquement toujours sur un d ’observations. Ainsi, lorsqu’on double la
échantillon de petite taille par rapport à la taille d’un échantillon, l’erreur probable sur
population. Mais pour que l’inférence de l’un une proportion ou sur une moyenne n ’est divi
à l’autre soit possible, il faut que l’échantillon sée que par ^2 = 1,414. Il est donc inutile de
présente certaines propriétés que l’on résume chercher à tout prix à disposer d’un échantillon
par le terme de représentativité. important, sauf si on veut procéder à des ana
Au sens strict, employé en statistique lyses fines qui exigent qu’on prenne en consi
mathématique, un échantillon est représentatif dération des sous-populations très restreintes.
s’il a été obtenu selon des règles précises qui B. Mat.
font que tout membre de la population a la
même probabilité d ’être choisi pour faire par -> Enquête.
tie de l'échantillon. La manière, en principe la
plus simple, de réaliser cette condition est de
disposer d’une liste complète et numérotée de ÉCHELLE -> Carte ; Cartographie ;
tous les membres de la population visée (la Photographie (au sol, aérienne, de satellite) ;
base de sondage) et d’y faire un tirage au sort, Plan
ÉCHIQUIER 7 j|lj
quelles peuvent être annexées quatre classes La commune est propriétaire des locaux des
maternelles. L’implantation d’un tel équipe écoles publiques. C’est elle qui a l’obligation
ment nécessite un terrain de 5 à 6 000 m2 et d ’en assurer la construction et l’entretien.
correspond à un ensemble d’environ 600 loge Mais elle n ’est pas tenue de construire des
ments. Mais le nombre d’enfants par loge écoles maternelles. Lorsque les enfants d ’une
ment varie couramment du simple au double commune fréquentent l’école d ’une autre
lorsqu’on passe d ’un quartier à un autre. De commune, la première doit rembourser à la
même, pour un quartier donné, il peut évoluer seconde sa part des charges. L’organisation
considérablement en une dizaine d’années, la d ’une cantine scolaire reste facultative, mais
population ayant tendance à vieillir en même existe dans presque toutes les villes, souvent
temps que les logements : les nouveaux quar gérée par un établissement public communal,
tiers d’habitation connaissent généralement ou par une entreprise privée (contrat de forfait
une forte densité d ’enfants par logement, puis ou concession).
le nombre d’enfants scolarisables tend à dimi À noter que la plupart des pays pauvres
nuer après quelques années. C’est pour faire pratiquent l’école en double mi-temps pour
face à cette évolution que l’on a souvent diviser'par deux une partie des coûts de
ajouté, de façon transitoire, aux groupes sco l’enseignement.
laires que l’on implantait dans ces quartiers, J. C. et P. M.
des classes démontables.
L’école maternelle (enseignement présco Carte scolaire ; Crèche.
laire) peut être autonome ou rattachée à une
école primaire : le groupe de base comprend
quatre classes et nécessite un terrain de ÉCOLE DE CHICAGO —►Écologie urbaine;
2000 m2. Sociologie urbaine
On compte, en 2007-2008, 55 329 écoles
(parmi lesquelles un peu moins du tiers sont
des écoles maternelles), dont le dixième envi ÉCOLE DES B E A U X -A R TS -> Beaux-Arts
ron sont privées, pour la plupart confession
nelles (surtout dans les régions de tradition
catholique, comme la Bretagne et la Vendée). Il ÉCOLES D'ARCH ITECTURE
faut y ajouter 80 écoles régionales d’en
seignement adapté (destinées notamment À la différence de la plupart des formations
aux enfants handicapés). Elles totalisent architecturales existant aujourd’hui dans le
275 000 classes, mais il existe encore, en milieu monde, les vingt écoles nationales supérieures
rural, malgré la banalisation du ramassage sco d’architecture françaises ne relèvent pas de
laire, près de 5 000 écoles à classe unique. L’en l’université, mais du ministère de la Culture et
semble de ces écoles accueille 6 650 000 élèves de la Communication. Elles ont le statut d’éta
(parmi lesquels environ 14 % dans les écoles blissements publics administratifs. Au nombre
privées), dont 2 550 000 dans les écoles mater de six dans la région Île-de-France et de qua
nelles (presque toutes publiques) et 4 100000 torze dans les autres régions françaises, leur
dans les écoles primaires et les écoles d’ensei fonction première est d’offrir un enseignement
gnement adapté. En 2008-2009, on comptait de l’architecture de qualité aux étudiants (envi
322 000 enseignants dans les écoles publiques ron 1 700) qui y préparent chaque année le
et 46 000 dans les écoles privées, soit un ensei diplôme. A ces vingt écoles d’architecture, il
gnant pour 19,3 élèves (une des moyennes les convient d’associer l’École spéciale d’architec
plus élevées d’Europe). La taille moyenne des ture (établissement privé) et l’ex-ENSAis (École
classes, qui a fortement diminué, était, en 2006, nationale supérieure des arts et industries de
de 26 enfants dans les classes maternelles et de Strasbourg) devenue insa (Institut national des
22,5 dans les classes des écoles primaires), soit sciences appliquées) qui délivrent également
24,2 pour l’ensemble (il était de plus de 30 en un diplôme d’architecte reconnu par l’État.
1960 et supérieur à 28 encore en 1990). La Les écoles nationales supérieures d’archi
dépense moyenne est de 5 350 € par élève tecture françaises existent seulement depuis
(4 970 dans les écoles maternelles et 5 440 dans quarante années. Elles sont nées de façon
les écoles élémentaires). spontanée et désordonnée, sous la dénomma-
ÉCOLOGIE 270
niait durable réside dans la limitation de ces ment à la ville. Mais, à partir de la fin des
échangés (diminution de la pression sur les res années 1960, dans le climat des luttes en
sources, réduction des rejets et émissions de faveur de l’environnement, le concept d’éco
loule nature) d’une part, dans le recours aux logie est revenu à ses origines, la biologie ani
ressources renouvelables d’autre part. male et végétale. Il a été utilisé pour étudier
b’écologie territoriale se fonde ainsi sur les relations entre les espèces vivantes et
l’analyse des consommations d’énergie et de l’homme, tout autant que les relations entre
matières d’un territoire donné et de leur circu l’homme, en tant qu’espèce vivante, et son
lation au sein de celui-ci qu’elle emprunte à la propre milieu, naturel et surtout artificiel.
théorie des écosystèmes. La description du Il en résulte que l’application du concept
métabolisme territorial (terme employé par d’écologie à l’environnement urbain présente
analogie avec le fonctionnement d’un orga actuellement, comme tout transfert d ’un
nisme) permet de mieux comprendre les inter domaine à l’autre du savoir, un caractère ana
actions entre ce territoire et son milieu naturel, logique. Ce caractère a l’avantage de stimuler
voire des milieux éloignés (en lien avec les l’imagination et la recherche. Il a l’inconvé
importations et exportations économiques), ce nient de risquer, en l’absence d’un contrôle
qui passe par la détermination de bilans de rigoureux des conditions de validité de l’usage
matières, à’analyses des flux de matières et du concept, de tomber dans la pure et simple
il’énergie, à ’empreintes environnementales. équivoque. La sensibilité militante se substi
L’écologie territoriale y associe l’analyse des tue alors à la réflexion scientifique et l’action
acteurs, institutions, politiques, techniques qui manque de bases rigoureuses. Il importe donc
sont à l’origine de ces flux, c’est-à-dire de la de n ’appliquer qu’avec prudence le concept et
dimension sociale du métabolisme, au côté des les méthodes de l’écologie au milieu urbain et
celle des processus naturels qui le guident. Elle d’en vérifier avec un soin particulier les condi
permet d’identifier des cibles pour la dématé tions et les limites de validité.
rialisation (consommation moindre de B. D.
matières), la décarbonisation (consommation
moindre de carbone), le «dewatering » -> Écologie; Sociologie urbaine (historique).
!" Mi'lïee des capitalistes en plus-values géné- questions : Que produire ? Comment pro
iiiilices de profits. Mais ce profit est précaire duire? Pour qui produire? La production
• i menacé. D’une part, il y a une tendance à s’obtient en combinant de manière efficiente
l'civilisation des taux de profit entre les diffé- des facteurs productifs : terre, travail (qualifié
irnlos branches d ’activité. D ’autre part, il ou non), capital (c’est-à-dire machines, équi
i s islc une baisse tendancielle des taux de pro- pements, moyens de financement).
lil dans l’économie dans son ensemble. Les — La répartition des richesses produites
• uses économiques sont donc inévitables et suit la production: la rémunération des fac
•■.uni renforcées par l’action révolutionnaire de teurs de production - terre, travail et capital -
la classe prolétaire. constitue simultanément le revenu des agents
I ,e courant néo-marxiste a été assez vivace économiques : salaires et traitements des tra
en l'rance dans les années 1970, en particu vailleurs, loyers et fermages des propriétaires
lier dans l’analyse des rentes foncières et de fonciers, intérêts et dividendes des prêteurs de
la division sociale de l’espace en milieu capitaux, profits des entrepreneurs.
urbain, ainsi que dans la théorie de l’inter — La dépense des revenus produits et répar
vention publique (capitalisme monopoliste ti s constitue la troisième grande fonction
d’État). économique. Il s’agira d ’expliquer la consom
d / Keynes et la révolution keynésienne. mation et l’épargne des ménages ainsi que les
Keynes (1883-1946) est en rupture complète dépenses d’équipement des entreprises. Ces
avec ses maîtres néo-classiques. 11 rejette dépenses de biens de consommation et d ’équi
l'existence de prétendus mécanismes naturels pement rachètent en quelque sorte la pro
qui rétabliraient automatiquement le plein- duction et le circuit économique est alors
emploi. Bien au contraire, il peut exister des entièrement bouclé.
équilibres durables de sous-emploi. Il suffit Ces trois grandes fonctions : production,
que la demande effective globale soit insuffi répartition, dépense n ’épuisent pas la totalité
sante par rapport à l’offre globale. Il ne faut des faits économiques. D ’autres domaines
plus raisonner sur les comportements indivi d ’analyse demeurent. Citons les principaux :
duels mais sur les macroquantités. C’est l’iner- — La monnaie et l’inflation : quel est le
iic à la hausse de la consommation, jointe à un rôle de la monnaie et des instruments moné
déclin relatif des occasions d ’investir dans les taires sur le niveau de l’activité économique ?
systèmes économiques ayant atteint leur matu Comment est financée la production ? À quel
rité qui, ensemble, sont responsables du profil rythme évolue le niveau général des prix ?
bas de l’économie. Si les agents économiques — Les relations économiques internatio
privés (ménages, entreprises) sont incapables nales : quels sont les déterminants du com
d’assurer la reprise, il revient à l’État, par une merce international? Y a-t-il une division
politique délibérée de dépenses publiques sou internationale du travail et une spécialisation
tenues, au besoin par la pratique du déficit internationale entre les pays ? Quels sont les
budgétaire et de faibles taux d’intérêt, d’assu effets d’un déséquilibre des échanges exté
rer la relance de l’économie. La macro rieurs d’un pays sur sa situation économique
économie et la thérapeutique keynésiennes interne? Quels mécanismes expliquent la
ont guidé avec succès la conduite des poli conversion des monnaies les unes dans les
tiques économiques dans les pays occidentaux autres (ce qu’on appelle le change) ?, etc.
jusqu’à la fin des années 1960, mais elles se — La dynamique économique : comment
heurtent à de graves mécomptes en économie rendre compte des variations dans le niveau de
ouverte. Aujourd’hui, les économistes sont à l’activité économique. Existe-t-il des limites à
la recherche de nouvelles théories qui seraient la croissance économique ? Comment corriger
à même de comprendre, d ’interpréter et de les inégalités de développement? Comment
juguler la crise. obtenir une croissance forte sans inflation et
sans chômage importants ?
Les principaux domaines de l'analyse éco — La politique économique et le rôle de
nomique : l’État: ces questions ont été renouvelées par
— La production est la première des la problématique keynésienne. On peut se
grandes fonctions que doit expliquer la science demander jusqu’où doit s’étendre la sphère
économique, en apportant des réponses aux d’action de l’État et, corrélativement, à quel
ÉCONOMIE DU TOURISME 280
montant doivent être plafonnés les prélève Chine (55 millions), l’Italie (44 millions), la
ments obligatoires? De façon plus générale, Grande-Bretagne (31 millions), l’Allemagne
quel rôle remplissent la fiscalité, la politique (24 millions), etc. Mais, en termes de recettes,
monétaire et d’encadrement du crédit, la poli sur un total de plus de 955 milliards de $ cil
tique budgétaire et les dépenses publiques, 2007, pour le seul tourisme international, les
etc. Ces questions relèvent de l’économie États-Unis (97 milliards) devancent l’Espagne
financière et de l’économie publique. (58 milliards), la France (54 milliards), l’Italie
À côté de ces questions très transversales, (43 milliards), la Chine (42 milliards), la
il faut évoquer encore des domaines plus res Grande-Bretagne, l’Allemagne, etc. Ces très
treints, la science économique ayant eu ten grandes inégalités entre les pays d’accueil se
dance à se compartimenter. On peut citer, reflètent dans (ou reflètent) les capacités
par exemple, l’économie industrielle et la d’accueil : le nombre de lits d’hôtels (et assi
gestion des entreprises, l’économie du tra milés) dépasse 30 millions, dont plus de 40 %
vail, l’économie sociale, l’économie de la en Europe, 35 % dans les Amériques (États-
santé, l’économie de l’éducation, l’économie Unis surtout), 20 % en Asie-Pacifique et seule
de la recherche-développement, l’économie ment 5% pour l’Afrique et le Moyen-Orient.
de l’environnement, etc. 11 faut cependant nuancer ces résultats : si les
P.-H. D. pays européens apparaissent parmi les pre
mières destinations, leurs visiteurs sont en
-a Économétrie; Économie du tourism e; Économie spatiale; majorité issus des autres pays européens (87 %
Économie urbaine.
dans le cas de la France en 2007).
La croissance des indicateurs quantitatifs
du tourisme a été très rapide. Le chiffre de
ÉCONOM IE DU TO UR ISM E 100 millions de touristes internationaux n ’a
été atteint qu’en 1964 et les recettes ne repré
On s’accorde à penser que le tourisme a sentaient alors que moins de 10 milliards de $,
connu trois âges successifs.1 élitiste jusqu’à ce qui correspond à des taux moyens de crois
1945, groupiste et conformiste pendant les sance entre 1964 et 2001 respectivement de
« trente glorieuses », exigeant et narcissique 5,5 % et de plus de 10 % par an.
depuis la crise pétrolière. Si cette approche On estime la consommation touristique
comporte une part de simplification (les intérieure (F'rançais et étrangers), en 2007, en
comportements de chaque « âge » ont perduré hôtels, cafés et restaurants, autres héberge
après le passage à l’âge suivant), elle souligne ments, alimentation, transport, loisirs touris
la place prise par le tourisme dans l’économie tiques, organisation de voyages, etc., à
mondiale : occasion de recettes d ’appoint, puis 117,6 milliards d’€ (dont environ 40 % par les
industrie de masse, elle est entrée dans une étrangers, hors transport), soit environ 7 % du
étape de concurrence accrue qui explique le PIB. On pourrait y ajouter les 31,5 milliards
développement de la mercatique touristique. dépensés par les 114 millions d ’excursion
Le nombre d’arrivées de touristes interna nistes pour des déplacements de la journée.
tionaux a atteint, en 2007, 903 millions, soit Cette consommation touristique intérieure
14% de la population du globe (certains tou (hors excursionnistes) se ventile entre les
ristes pouvant être comptabilisés pour plu hébergements marchands (16 milliards), les
sieurs arrivées). 54% d’entre eux ont encore hébergements non marchands (10 milliards
l’Europe pour destination : celle-ci en retire correspondant aux loyers qu’auraient dû payer
51 % des recettes, transport exclu. Pour les en hébergement marchand les personnes
Amériques, ces parts de marché sont respecti séjournant en résidence secondaire ou chez
vement de 16 % et 20 % ; pour l’Asie de l’Est des parents ou amis), 13 milliards pour les
et le Pacifique, de 20 % et 22 % ; l’Afrique et cafés et restaurants, 10 milliards pour les
le Moyen-Orient ne comptent que pour 10% achats alimentaires, 24 milliards pour les
des touristes internationaux et 7 % des recettes. transports (y compris en automobile), 14 mil
La France est le premier pays touristique en liards pour les achats et autres prestations,
termes d ’arrivées de touristes étrangers 6 milliards pour les services de loisirs, 11 mil
(82 millions en 2007), devançant l’Espagne liards pour les forfaits et voyages organisés et
(59 millions) et les États-Unis (56 millions), la 14 milliards pour les autres dépenses.
: SI ÉCONOMIE SPATIALE
l.a place de l’industrie touristique dans les plus capitalistiques. Selon I’unedic , les
l'économie est cependant délicate à mesurer. emplois dans le tourisme en France peuvent
( )n ne peut en effet la mesurer à travers la être estimés à 820 000 au 1er janvier 2007.
nomenclature Insee des activités. La branche Mais cette estimation soulève de nombreuses
liolels-cafés-restaurants ne peut lui être totale questions méthodologiques : choix des
ment attribuée et, à l’inverse, le tourisme branches prises en compte (dont les hôtels-
dépassé cette seule branche. Celle-ci repré cafés-restaurants) ou au contraire exclues
sente environ 359 000 entreprises et un chiffre (transports, services de loisirs, etc.), limitation
d’affaires de 98 milliards d’ê. aux activités directement liées au tourisme,
Le tourisme est considéré comme particu caractère saisonnier de nombreux emplois (un
liérement important par les pays d’accueil en tiers dans l’hôtellerie et la restauration),
mison de son rôle dans la balance des paie importance des emplois à temps partiel, etc.
ments. Pour la France, en 2007, les recettes D ’autres études ajoutent les emplois indirects
provenant des touristes étrangers se sont éle liés au tourisme (dans les transports, le bâti
vées à 39,6 milliards d ’€, tandis que les ment, l’alimentation par exemple) et des
dépenses des Français à l’étranger ont repré emplois induits (consommations des per
senté 26,8 milliards, ce qui a dégagé un sonnes vivant du tourisme). Sans compter les
solde positif de 12,8 milliards. Cet excédent emplois induits (ce qui serait très discutable),
esi, par exemple supérieur à celui de l’indus- on estime ainsi le poids du tourisme en France
ine automobile (0,9 milliard en 2007, mais à plus de 1,4 million d’emplois, voire davan
H,8 milliards en 2005) et près du double de tage, soit 5,5 % de l’emploi national.
celui de l’agroalimentaire (7,2 milliards). Il Si difficile que soit l’appréhension du poids
n’a cessé de croître jusqu’en 2000 (où il a économique du tourisme, celui-ci est impor
nlleint 15 milliards), après une stagnation tant pour les pays traditionnellement touris
autour de 10 milliards dans les années 1990, tiques (Europe occidentale surtout), comme
puis a eu tendance à décliner à partir de pour les pays qui ont souhaité tirer profit de
2001. Les recettes proviennent essentielle leurs avantages naturels (climat surtout) et
ment des pays développés (92 %). culturels. Mais le tourisme est une activité qui
Les dépenses en capital dans le tourisme n ’est pas exempte d ’inconvénients. Les
sont importantes. En France, elles repré emplois créés sont souvent saisonniers ou (et)
sentent (sans les investissements dans les à temps partiel et de faible niveau. Les capi
activités liées, tels les transports) près de taux nécessaires sont importants. Lorsqu’ils
10 milliards d ’€ par an qui se répartissent sont étrangers, le pouvoir de décision et les
entre les hébergements (la moitié environ), revenus le sont aussi. C’est en outre une acti
l’autre moitié correspondant aux investisse vité fragile, soumise aux accidents clima
ments dans les restaurants et débits de bois tiques et politiques. Enfin, elle peut avoir des
son (20 % environ), dans les autres conséquences néfastes pour l’environnement,
hébergements commerciaux et associatifs, voire entraîner une perte d ’identité culturelle
dans les équipements touristiques et surtout pour les populations des pays d’accueil. Dans
dans la construction et le gros entretien des les pays en développement en particulier, il
résidences secondaires (plus ou moins de n ’est pas du tout certain que ces caractéris
20% selon les années), la restauration et les tiques en fassent un investissement prioritaire
débits de boisson (près du quart), les équipe comme beaucoup de dirigeants l’ont cru.
ments ( 15 %). Ils sont effectués par les ména P. M.
ges (60%), les entreprises (un tiers) et les
acteurs publics (un peu plus de 5 %). --»• Aménagement touristique ; Hébergements touristiques ; T o u
risme.
Contrairement à une opinion largement
répandue, le tourisme est une activité qui
nécessite des investissements importants
notamment pour réaliser les hébergements - ÉCONOM IE SPATIALE
par rapport aux recettes qu’il engendre et aux
emplois qu’il crée. On peut avancer le chiffre Branche de la science économique qui ana
de 300 000 € au moins par emploi équivalent lyse les rapports entre les faits économiques
plein temps, ce qui en fait une des activités et l’espace.
ÉCONOMIE URBAINE
En fait, l’espace a toujours été largement Si l’analyse économique des villes est h
négligé par les économistes, ce qui explique ancienne et remonte aux économistes précli
en partie la difficulté, pour les aménageurs et siques William Petty (vers 1670) et Richî
les urbanistes, à utiliser (et parfois à maîtriser) Cantillon (vers 1725), l’économie de la
les concepts des économistes. L’économie est beaucoup plus récente et date
spatiale a été d’inspiration allemande dès ses xxe siècle. Elle est née au confluent de
débuts au XIXe siècle avec von Thünen (théo sieurs courants : la théorie de la localisa
rie de l’économie agricole, de 1826 à 1863), des activités industrielles, développée;
Launhardt (1882) et Weber (théorie des locali Weber (1909) et Lôsch (1940) ; l’école hirçl
sations industrielles, 1909) et Lôsch (théorie rique allemande (théorie dite de la base écql
des régions économiques, 1940). Elle a été mique) ; les travaux des économistes du îi
relayée, depuis la deuxième guerre mondiale, qui ont étudié les prix fonciers. t.i*
par la régional science, fondée à l’University L’essor définitif de l’économie urbaineida
of Pennsylvania par Isard. cependant des années 1960 lorsque deux éd
P.M .
nomistes américains, Wingo et Alonso, pi
appliqué l ’appareil d ’analyse néoclassiq)
-> Économ ie; Facteurs de localisation des activités; Science aux problèmes de localisation des ménages,i
régionale.
des activités sur l’aire urbaine. Aujourd’Ht
les principaux domaines d’investigation (
l’économie urbaine sont les suivants : l'tt
ÉCONOM IE URBAINE — Les réseaux urbains et l'aimaUty
urbaine, qui semble quelque peu délais^
La ville n ’est certes pas réductible à un pur aujourd’hui.
système économique mais les aspects écono — Les valeurs foncières en site urbain,■)(
miques des problèmes urbains sont suffisam coexistent deux corps d’explication conci)
ment importants pour justifier l’existence rents: l’analyse néo-classique et l analyi
d ’une économie urbaine qui s’est développée néo-marxiste. Ces deux théories apparaisSéffl
aux côtés de la géographie et de la sociologie également insatisfaisantes. L’analyse u&
urbaines. L’économiste se sent concerné par classique parvient certes à un ensemble! q
l’analyse des décisions qui concourent à amé résultats très complets et très précis, m aisi
nager progressivement les biens rares et les partir d’hypothèses très éloignées des réalifl
services Urbains en vue d’atteindre les finali urbaines (ville circulaire concentrant tous *
tés de l’homme dans la cité. Plus simplement, emplois au centre, ville linéaire, etc.). L’
on dira que l’économie urbaine est l’étude de lyse néo-marxiste part d’hypothèses beaui
la ville en tant qu’organisation économique, plus réalistes, mais ne parvient presque j
avec deux champs d ’analyse complémen à des conclusions opératoires, en raison;j
taires : l’extrême difficulté qu’il y a, dans la théi
— Y économie des villes, c’est-à-dire l’étude marxiste, à passer des valeurs aux prix ifj
du réseau qu’elles forment dans l’espace natio production.
nal, l’analyse de leurs interrelations, de leurs i— Les transports urbains : notamment, (
zones d’influence réciproque, de leur pouvoir choix du mode de transport par l’usager ets
de commandement, de l’armature qu’en- choix des investissements d’infrastructure1"
semble elles constituent et qui confère à un la collectivité à partir de la notion de ci
pays ou une région sa trame territoriale ; généralisé de déplacement, l’analyse du trs.
— Yéconomie de la ville, conçue comme par origine-destination au moyen de modèle)!
une entité spatiale et un système d’organisa la tarification des transports collectifs, etc.i.j
tion, largement ouvert sur l’extérieur, qui — Le logement urbain et l ’éconàm'
ordonne la localisation de ses agents (ména immobilière : conditions de la produçtiontjj
ges, entreprises, pouvoirs publics) et affecte cadre bâti, financement du logement et p e i
son territoire à des usages du sol concurrents : tique d’aide à l’accession, modèles de loci
le logement, les activités économiques, les sation résidentielle et des services conne:
équipements d’infrastructure, etc., en fonction au logement, etc. j
d’impératifs divers, notamment d’ordre éco — Les équipements collectifs urbains ét |
nomique. conditions de leur financement par l’État et
ÉCONOMIES EXTERNES
lier énergétique) a lancé la réalisation d ’un sant les uns sur les autres et formant donc une
second éco-quartier, Riesefeld. totalité solidaire.
Plusieurs villes européennes ont développé De cette étymologie, on peut tirer deux
des éco-quartiers au cours de la décennie définitions, d’ailleurs non exclusives Tune de
écoulée: Malmô (B001), Hanovre (Krons- l’autre :
berg), Copenhague (Vesterbro), Stockholm — l’écosystème est un système dont un
(Hammerby), etc., et surtout Bedzed (Bed- élément au moins est l’habitat d ’une espèce
dington Zéro Energy fossil) à Londres. Ce ou d’un groupe d’êtres vivants ;
quartier de 1,7 ha comporte 82 logements, — l’écosystème est un système qui inclut
2 500 m2 de commerces et de bureaux et des de la matière vivante.
équipements publics. La dépense d’énergie de Ces définitions, en raison de la place
chauffage a été réduite de 90 %, la consomma qu’elles font à la notion de système, ont au
tion énergétique totale de 70 %, le volume des moins les trois implications suivantes :
déchets de 75%. Récemment, le gouverne — un écosystème doit obligatoirement
ment britannique a lancé la réalisation de dix décrire des cycles de la matière vivante, notam
Ecotowns de 10 000 à 20 000 habitants. ment des molécules de carbone ;
En France, de nombreuses villes ont entre — un écosystème décrit des chaînes ali
pris de construire un éco-quartier. On peut mentaires ;
citer Grenoble (quartier De Bonne), Lille — dans tout écosystème, il existe des effets
(L’Union, ancienne zone industrielle), Douai de rétroaction.
(zac Raquet), Paris (zac Rungis), Clermont- Il peut être intéressant de donner deux défi
Ferrand (zac Trémonteix), Narbonne (quartier nitions complémentaires. Une biocénose est un
du Théâtre), Strasbourg (zac Danube) et bien ensemble d’êtres vivants dont la vie se condi
d’autres. Il reste à savoir si ces villes feront, tionne réciproquement, et qui sont placés dans
comme à Vauban ou à Bedzed, des choix éco des relations identiques par rapport aux élé
logiques dans tous les domaines et assureront ments non vivants (« abiotiques ») du milieu
la mixité sociale ou si la dénomination d’éco- avec lequel ils sont en relation. Un biotope est
quartier ne sera qu’un élément publicitaire. Le le milieu d’implantation d’une biocénose. Tout
gouvernement a lancé, en octobre 2008, un écosystème est donc l’association d’une biocé
plan d’actions qui comporte un concours des nose et d’un biotope et implique leurs inter
éco-quartiers (160 projets ont été présentés), actions. On distingue l’écosystème généralisé
un projet d ’éco-cités (12 ont été retenues qui comporte un grand nombre d’espèces dif
parmi 19 présentées) et un appel d’offres pour férentes, animales et végétales, chacune
les transports collectifs. n ’étant représentée que par une faible quantité
La notion d’éco-quartier peut être élargie à d ’individus (ex. : la forêt tropicale humide) ; et
l’échelle de la ville (Freiburg peut être consi l’écosystème spécialisé comprenant un très
dérée comme pionnière), voire d’une région petit nombre d’espèces différentes (ex. : la
urbaine : telle est l’ambition annoncée pour steppe).
l’île-de-France en 2004 (Pierre Merlin, L ’ëco- L’écosystème est un modèle qui permet de
région d ’Ile-de-France, une utopie réaliste, concevoir les rapports d’interaction internes
Paris, 2007). aux milieux biologiques et abiotiques et les
P. M. relations entre ces deux domaines. Il met
l’accent sur la solidarité entre les parties d’un
» Développement durable; Énergie et environnem ent; Ville tout et de ces parties avec le tout.
compacte.
On peut reconnaître l’existence d ’écosys
tèmes à toutes les échelles, depuis l’échelle
locale jusqu’à celle de l’ensemble du globe.
ÉCOSYSTÈM E A tous les niveaux, se manifestent interac
tions et solidarités, liens entre le non-vivant et
Terme forgé en 1868 par E. Haeckel à pro le vivant, transformation de matière et d ’éner
pos des rapports des plantes et de leur envi gie.
ronnement, à partir de oikos, mot grec qui La notion est donc essentielle pour mettre
signifie « demeure », « endroit où l’on habite » en évidence le fait que toute action sur un élé
et de système, ensemble d’éléments interagis ment d ’un système peut avoir des répercus
ÉCOULEMENT DES EAUX 285
sions très complexes sur son fonctionnement, la vie possible sur celle-ci. L’action des socié
et donc des conséquences importantes que tés humaines semble capable de modifier son
l’on ne peut prévoir qu’en pensant en termes ampleur et de provoquer des changements
d’écosystèmes. considérables dans la répartition des climats
F. D.-D. et des conditions de vie sur la terre. 11 existe
cependant bien des incertitudes en ce qui
-> C lim ax; Écologie; Environnem ent; Habitat. concerne ces derniers points.
L’ensemble terre/atmosphère reçoit du
soleil de l’énergie sous forme de radiations
ÉC O U LEM EN T DES E A U X -► Cycle de l'eau d’ondes courtes (ultraviolet et visible). Une
partie de ces radiations est réfléchie par les
nuages ou la surface terrestre ; une autre partie
ÉC R ÊTEM EN T (essentiellement l’ultraviolet) est absorbée
dans les hauts niveaux de l’atmosphère; une
Suppression d’un volume bâti en suréléva partie enfin atteint les océans et les conti
tion ou en surcroît d’un édifice. nents, dont elle provoque réchauffem ent.
En tant que prescription réglementaire L,'enveloppe atmosphérique elle-même, en
applicable par les dispositions régissant les dehors de ses plus hauts niveaux, n’absorbe
monuments historiques, les plans de sauve pas ces radiations courtes et en reçoit donc
garde et de mise en valeur, les zones de pro peu d’énergie thermique.
tection du patrimoine architectural, urbain et Le globe ainsi échauffé émet à son tour des
paysager, les pos et les plu, l’écrêtement vise radiations, mais dans une gamme d ’ondes
à restituer le volume de l’édifice soit dans ses plus longues que celles reçues du soleil, celle
dimensions d’origine, soit dans des propor de l’infrarouge. Pour une part, ces rayons tra
tions satisfaisantes pour la composition archi versent directement l’atmosphère et l’énergie
tecturale ou urbaine. qu’ils transportent se perd dans l’espace inter
Cette prescription, d’une application régle sidéral. Pour une part plus importante, ils
mentaire difficile, étant donné les consé sont absorbés par des gaz atmosphériques,
quences techniques, économiques et d’usage, qu’ils échauffent. L’atmosphère ainsi échauf
est rarement utilisée. Pour le patrimoine archi fée émet à son tour des radiations infrarouges,
tectural et urbain, hormis cas exceptionnel, à la fois vers le haut, en direction de l’espace,
cette disposition correspond à récuser la stra et vers le bas, en direction de la surface ter
tification historique des édifices et, à ce titre, restre, qui récupère ainsi une partie de l’éner
doit être maniée avec attention. gie qu’elle a émise, ce qui provoque de
A. Mé. nouvelles émissions d’infrarouge, et ainsi de
suite.
■-> pos ; Secteurs sauvegardés; zppaup. Ainsi, l’atmosphère est en gros transparente
aux radiations d ’ondes courtes venues du
soleil, mais les radiations d ’ondes longues
ÉDIFICE —> Bâtiments administratifs; émises par le globe sont en quelque sorte
Construction « piégées » par l’atmosphère et elles effectuent
comme un va-et-vient entre la terre et son
enveloppe gazeuse. Pour la totalité du globe et
ÉDIFICES M E N A Ç A N T RUINE -> Permis en année moyenne, l’ensemble terre/atmo
de démolir ; Police administrative sphère renvoie vers l’espace autant d’énergie
qu’il en reçoit du soleil et garde approximati
vement la même température moyenne au
EFFET DE SERRE cours du temps. Mais le processus qu’on vient
de décrire fait que cette température, de l’ordre
Expression qui désigne une série de proces de 15°, est plus élevée que celle de - 18° que
sus qui ont lieu dans l’atmosphère et qui déter l’on observerait si l’atmosphère était transpa
minent la température de celle-ci. L’effet de rente à l’infrarouge.
serre existe du fait même de la présence d’une Cette différence de 33°, qui rend la vie pos
enveloppe gazeuse autour de la terre : il rend sible sur la terre dans ses formes actuelles, est
287 EFFET DE SERRE
due à un mécanisme de « piégeage » qui évo tation de l’effet de serre provoque un réchauf
que ce qui se passe dans une serre, dont la fement de la température moyenne de
vitre est transparente aux ondes courtes, mais l’atmosphère. Mais l’incertitude règne en ce
opaque aux ondes longues. Telle est l’origine qui concerne son ampleur (on avance des esti
de l’expression « effet de serre ». mations comprises entre 1 et 3 °C pour un
L’atmosphère est un mélange de gaz aux doublement de la teneur en gaz carbonique
propriétés différentes, dont les proportions depuis 1990, ce qui, au rythme de croissance
peuvent varier au cours du temps, en fonction actuel, serait atteint dès 2 050) et ses consé
de processus naturels, mais aussi d’actions quences éventuelles. En effet, de petites varia
humaines. tions de l’équilibre énergétique peuvent
L’air sec, qui constitue l’essentiel de la déclencher des boucles de rétroaction posi
masse atmosphérique, est traversé par une tive, capables d’amplifier des décalages, au
grande partie des infrarouges, et contribue départ limités, et que ces boucles positives
donc assez peu à l’effet de serre. Il en va tout peuvent à leur tour donner naissance à des
autrement pour des gaz dont la proportion est boucles négatives, capables de provoquer des
variable, capables d’absorber les radiations, autorégulations et de limiter les effets cumula
et que l’on nomme pour cette raison les « gaz tifs des boucles précédentes. Les prévisions
à effet de serre». Ceux-ci sont variés selon pour la fin du xxie siècle (toujours par rapport
leur masse et selon leur origine. La vapeur à 1990) du groupe international d’experts sur
d’eau est caractérisée à la fois par sa masse l’évolution du climat (giec) varient de 1 à
relative considérable et par le rôle des pro 6,4 °C selon les modèles utilisés, mais surtout
cessus naturels dans les changements de ses selon que les émissions de gaz à effet de serre
proportions. Le gaz carbonique (C 0 2), le (ges) continueront à croître au rythme actuel
méthane, les oxydes d ’azote sont moins ou au contraire que des mesures seraient
abondants, mais peuvent néanmoins jouer un prises immédiatement pour les stabiliser, puis
rôle important. Leur masse relative varie à la les réduire. Dans tous les cas, le réchauffe
fois en fonction de processus naturels et ment se poursuivra pendant des siècles en rai
d’interventions humaines. Ainsi la proportion son de la durée de vie élevée de certains ges.
de gaz carbonique présente dans l’air est Mais les modèles de prévision, malgré le
réglée par des échanges complexes entre degré de sophistication qu’ils atteignent,
l’atmosphère, les végétaux qui le fixent par l’importance des moyens informatiques uti
l’assimilation chlorophyllienne et le resti lisés, la richesse des informations disponibles,
tuent dans la respiration, les océans où il se ont du mal à prédire l’effet de ces processus
dissout. Mais les sociétés humaines ont eu complexes. Ainsi, par exemple, on peut ima
recours massivement, depuis la révolution giner qu’un réchauffement relativement léger
industrielle, aux combustibles fossiles. L’uti des hautes latitudes pourrait entraîner une
lisation du charbon, du pétrole et du gaz a fusion partielle des inlandsis et une réduction
restitué à l’atmosphère des masses énormes des banquises, qui à son tour renforcerait le
de carbone fixées parfois depuis des cen réchauffement par suite de la disparition de
taines de millions d’années ; si bien que la surfaces blanches qui réfléchissent une part
proportion de gaz carbonique a indiscutable importante de la radiation d’onde courte. Par
ment augmenté de façon significative depuis exemple encore, l’augmentation de l’évapora
un siècle, et que le rythme de cette augmen tion, par suite de celle de la température, aurait
tation s’accélère. Une dernière catégorie de deux effets parfaitement contradictoires :
gaz à effet de serre doit sa présence unique d’une part, un renforcement du réchauffement
ment aux actions humaines ; c’est le cas par à cause de l’augmentation de la teneur en
exemple des chlorofluorocarbures (cfc), dont vapeur d’eau - qui est elle-même un gaz à
l’intervention dans les mécanismes de forma effet de serre - , et d ’autre part, une plus
tion et de destruction de l’ozone dans la grande extension des nuages, donc des sur
haute atmosphère fait parfois oublier qu’ils faces réfléchissantes. Il est très difficile de
jouent aussi un rôle dans les niveaux où se savoir lequel de ces effets serait prépondérant.
fait l’absorption des infrarouges. L’interaction des boucles se complique
Il est désormais admis par la quasi-totalité encore si l’on fait intervenir la circulation
de la communauté scientifique que l’augmen dans les océans, la modification des couver-
EFFET DE SERRE 288
d'épuisement), puis pour le gaz, mais devra inégalité devant les charges publiques) ont
être volontaire pour le charbon (dont les conduit le Conseil constitutionnel à en annuler
réserves peuvent couvrir plusieurs siècles), ce la création. Le gouvernement a aussitôt
qui suppose un développement sans pré annoncé le dépôt d’un nouveau projet prenant
cédent de l’électricité nucléaire et des éner en compte ces observations.
gies dites renouvelables (éolien, solaire, etc.). F. D.-D. et P. M.
Pour atteindre ces objectifs sans compro
mettre la volonté légitime de développement Atmosphère; Clim at; Développement durable; Énergie et
environnem ent; Pollution; Pollution atmosphérique; Protec
des pays moins ou peu industrialisés, une tion de la nature; Risque naturel; Taxe carbone; Véhicule
aide financière massive devra leur être appor électrique.
tée : le seul point positif de la conférence de
Copenhague a été l ’engagement des pays
développés d’apporter 30 milliards de $ pour EFFLUENTS —> Assainissement; Cycle
la période 2012-2012 et 100 milliards jusqu’à de l'eau
2020 (mais le financement n ’en est pas du
tout assuré). L’Union européenne, pour sa
part, a proposé de réduire ses émissions de ÉGLISE —> Architecture religieuse; Lieu
20 % en 2020 (voire 30 % comme annoncé à de culte
la conférence de Copenhague de 2009) et de
60%, voire davantage, en 2050. La France
s’était fixé comme objectifs 20% (qu’elle É G O U TS —> Assainissement
était prête à rehausser en cas d ’accord à
Copenhague) pour 2020 et 75 % en 2050. En
fait, les experts estiment nécessaire, pour que ÉLABO R ATION DES D O C U M E N TS
le réchauffement par rapport à la période pré D'URBANISM E -* Plan d'occupation des sols
industrielle ne dépasse pas 2 °C, une réduc (pos) ; Schéma directeur
tion des émissions de ges de 50 % à l’échelle
mondiale, soit 80 % pour les pays déve
loppés. ÉLECTRICITÉ
Des dispositifs ont cependant été mis au
point ; à l’échelle nationale ou internationale L’électricité est l’énergie la plus pratique et
(dans le cadre du protocole de Kyoto) pour la plus utilisée en milieu urbain. Elle est
réduire les émissions de ges, et en particulier renouvelable (hydraulique, éolienne, photo
de C 0 2 : voltaïque, marémotrice) ou thermique
— la « compensation carbone » permet la (houille, gaz, nucléaire). L’électrification a
réalisation de projets de réduction des émis touché d’abord les grandes villes, à la fin du
sions ailleurs que là où elles sont produites ; xixe siècle, puis s ’est étendue aux villes
— le « crédit carbone » est un droit négo moyennes, entre les deux guerres. Elle est
ciable d’émission de C 0 2 accordé aux Etats considérée en France comme un service
ou aux entreprises dans le cadre de la mise en public, concédé en 1946 à Electricité de
œuvre du protocole de Kyoto ; France ( edf) et privatisé en partie en 2000.
— la « taxe carbone » qui doit être acquittée On distingue le réseau électrique entretenu et
par les producteurs de C 0 2 et a pour finalité développé par Réseau électrique de France
d’inciter à des économies d’énergie fossiles et (ref ), établissement public, du transport du
d’orienter les consommateurs vers des produits courant réalisé par des entreprises concession
pas (ou moins) producteurs de C 0 2 : prévue en naires, dont edf et GDF.
France par la loi de finances pour 2010, Dès le début d ’un projet, le responsable
au taux initial de 17 € par tonne, elle devait doit prendre contact avec le centre de distribu
concerner surtout les transports privés (donc ni tion ref pour connaître les possibilités d’ali
les transports aériens ni les transports routiers mentation en énergie - valeur résiduelle de
de voyageurs) et le chauffage (non électrique), puissance, état des câbles, modèle de struc
mais très peu l’industrie (concernée pour 7 % ture du réseau, etc. - et lui fournir les rensei
seulement de ses émissions). Ces conditions gnements nécessaires à l’établissement d ’un
(exclusions trop nombreuses et injustifiées et avant-projet détaillé - estimation des puis
EMBELLISSEMENT 290
pp
m EMPLOI
signification sur le seul domaine de l’esthé tion de la totalité de son terrain si l’emplace
tique. ment réservé ne le couvre que partiellement
Au xxc siècle, le terme d ’embellissement mais rend la partie non couverte inutilisable
lit de fugitifs retours dans la terminologie (droit de délaissement).
urbanistique ; notamment, dans le titre de la Les collectivités publiques sont, de leur
fameuse loi de 1919, dite Cornudet, sur les côté, incitées par ce mécanisme à procéder à
plans d’aménagement, d ’embellissement et des réservations foncières utiles, adaptées, et
d’extension des villes, et ceci bien que son qu’elles pourront réaliser sans se soumettre à
rédacteur ait eu essentiellement en tête des des charges excessives dans l’avenir. La
problèmes d ’hygiène, de circulation et notion de « fonction collective » assignée
d’ouverture de nouveaux territoires à l’urba aux équipements d’intérêt général exclut, par
nisation. Plus généralement, au début du exemple, des opérations de construction
siècle et durant l’entre-deux-guerres, la d ’habitations - même à caractère social -
notion d’embellissement fut certes employée, qui pourraient engager les budgets des col
mais comme un simple synonyme des expres lectivités, sans une réflexion préalable et
sions art urbain et esthétique urbaine. Elle approfondie sur leur localisation et sur leur
désignait l’objectif poursuivi par la composi programmation financière à moyen terme.
tion « Beaux-Arts » qui procédait principale La collectivité dispose, depuis la loi 86-13
ment par de grands tracés viaires articulés à du 6 janvier 1986, d’un an après mise en
un dispositif monumental hiérarchisé. Pour demeure du propriétaire d’acquérir le terrain,
les architectes adeptes de ce courant de pen pour procéder à l’acquisition, ce qui est notoi
sée, il s’agissait alors de sauvegarder l’impé rement insuffisant et certainement néfaste à la
ratif de la beauté aux côtés de ceux de futilité prévision et à la réalisation des équipements
et de l’économie. En fait, de notion englo (art. 123-9 et 123-32 du Code de l ’urba
bante au siècle des Lumières, l’embellisse nisme).
ment se réduit un siècle et demi plus tard à la A. G. et Y. P.
question des apparences visuelles, devenant
elle-même une dimension de plus en plus -> Délaissement (droit d e ); Plan d'occupation des sols (pos) ;
Plan local d'urbanisme (plu); Réserves foncières.
subsidiaire dans le processus d’urbanisation
massive.
P. G.
EMPLOI
- > Art urbain ; Baroque; Composition urbaine; Image de la ville;
Place royale; Planification urbaine en France (historique); Occupation rémunérée ou, de façon plus
Projet urbain.
précise, charge de travail ou fonction attribuée
à une personne pendant son temps de travail,
EM PLACEM EN TS RÉSERVÉS qui traduit son insertion dans le processus de
A U X ÉQUIPEM EN TS PUBLICS production de biens et de services.
Un emploi est à plein temps s’il offre une
L’un des objectifs du document d ’urba charge de travail, et la rémunération corres
nisme étant de localiser des équipements pondante, qui utilise complètement la force de
publics futurs, afin d’en prévoir et de ménager travail d’un individu, en respectant les règles
l’espace nécessaire à leur réalisation, les docu (sur les horaires de travail en particulier)
ments opposables aux tiers peuvent comporter fixées par les pouvoirs publics. Il est à temps
des emplacements réservés aux équipements partiel dans le cas contraire. Il y a cumul
publics ainsi qu’aux installations d’intérêt d ’emplois par un individu s’il occupe plus
général. d’un emploi à plein temps.
Le propriétaire des terrains concernés par 11 y a plein emploi dans un pays, une
un emplacement réservé ne peut donc en région ou une agglomération, lorsque la tota
changer l’occupation du sol. Toutefois, il peut lité de la population active a la possibilité de
mettre en demeure la collectivité publique, au trouver un emploi. Dans le cas contraire, une
bénéfice de laquelle l’emplacement a été partie de cette population active est en situa
réservé, d’acquérir les terrains couverts par tion de chômage. Il y a sous-emploi lorsque,
l’emplacement, voire de demander l’acquisi soit une partie de la population active n’est
EMPLOI 292
pas employée (chômage), soit lorsqu’elle est • Les sources liées à la sécurité sociale sont
occupée à des activités à faible productivité souvent précises et rapidement disponibles :
(situation fréquente dans les pays en voie de Caisse régionale des assurances maladie et
développement), soit encore lorsqu’elle n’est (avec la ventilation des emplois par type de
pas employée régulièrement tout au long de locaux) Caisse régionale des accidents du tra
l’année (par exemple dans les régions où vail ; groupement des assedic ( unedic), qui ne
l’économie repose sur une activité saison concerne que les entreprises du secteur privé.
nière, agriculture ou tourisme). Au plan indi • Les enquêtes du ministère des Affaires
viduel, le sous-emploi est la situation d’une sociales.
personne dont la force de travail et les com • Les déclarations fiscales des entreprises
pétences ne sont pas pleinement utilisées par (secteurs de l’économie non marchande et
l’économie. non financière seulement).
Les informations statistiques sur les • Le dépouillement par I’insee des déclara
emplois sont, le plus souvent, beaucoup tions annuelles de salariés (das) par les entre
moins précises que celles qui concernent la prises est très précis, mais ne concerne que les
population. Elles émanent de sources diverses, salariés du secteur privé, des collectivités
inégalement accessibles. L’expérience montre locales et des services de l’État à caractère
que la meilleure méthode consiste à confronter industriel et commercial (hôpitaux, La Poste,
ces différentes sources sur plusieurs années et etc.).
à les utiliser conjointement : • Les enquêtes périodiques par sondage de
• Les recensements de population: mais I’insee sur l’emploi ont pour objet d’actuali
les dépouillements concernant le lieu de tra ser (tous les ans en principe) les données des
vail sont peu détaillés, notamment du fait de recensements, mais excluent les entreprises
la pratique (de I’insee en France, notamment) artisanales et, selon les années, certaines acti
de ne dépouiller exhaustivement qu’une frac vités.
tion (1/5 pour le recensement de 1975 et 1/4 Une des difficultés pour les aménageurs et
pour ceux de 1982, 1990 et 1999) des bulle les urbanistes provient du fait que les tableaux
tins individuels, sauf commande du dépouil établis à partir de ces diverses sources statis
lement exhaustif par les collectivités terri tiques :
toriales. En outre, ces dépouillements étaient — sont rarement ventilés de façon fine, sur
lents : les données des recensements sur l’em le plan géographique, avec les croisements
ploi ont été ainsi disponibles en 1978 pour le nécessaires avec les types d’emplois (activi
recensement de 1975, en 1985 pour celui de tés économiques, catégories socioprofession
1982, en 1993 pour celui de 1990 et en 2002 nelles, etc.);
pour celui de 1999. Bien que la rapidité — ne fournissent pratiquement jamais d’in
d ’obtention des résultats ait été une des rai dications sur le type de locaux où l’emploi est
sons avancées pour adopter le « recensement exercé (sauf certaines statistiques des caisses
rénové », mis en oeuvre pour la première fois d’accidents du travail, mais celles-ci sont très
entre 2004 et 2008, et dont les résultats ont peu accessibles).
été publiés comme ceux du recensement de Or, ces deux informations sont nécessaires
2006, ces délais ne semblent pas devoir être pour décrire (et donc prévoir) la traduction
raccourcis. En outre, les analyses localisées dans l’espace et dans le tissu urbain de ces
deviennent plus incertaines du fait du déca emplois.
lage dans le temps de la collecte des informa À l’échelle internationale, des statistiques
tions et parce que celles-ci ne sont établies sont établies par l’Union européenne ( ue),
que par sondage pour les localités de plus de l’Organisation de coopération et de dévelop
10 000 habitants. Cette source fournit donc pement économique (ocde ), par le Bureau
presque toujours des données anciennes et international du travail (bit) de Genève (qui
pas toujours détaillées. publie un annuaire et un bulletin des statis
• Le fichier des établissements industriels et tiques du travail) et par l’Organisation des
commerciaux de I’insee ne concerne qu’une Nations Unies (onu) (annuaire et publications
partie, la plus importante certes, des emplois. annuels).
La fiabilité des chiffres d’emplois est plus On compte en France en 2005, 24 841 000
grande pour l’industrie. emplois dont 814 000 dans l’agriculture,
293 EMPRUNTS DES COLLECTIVITÉS LOCALES
3 988 000 dans l’industrie, 1 592 000 dans la À partir de 1978, les départements et les
construction et 18 448 000 dans le secteur ter- communes de plus de 10 000 habitants se sont
liaire. Parmi ces emplois, 22 648 000 sont des vu proposer par la Caisse des dépôts et consi
emplois de salariés et 2 199 000 des emplois gnations une procédure dite de globalisation.
non salariés. Les collectivités négociaient en une seule fois
l’ensemble de leurs besoins d’emprunt pour
P. M.
l ’année sur la base d ’un programme de
> Activité économ ique; Activité professionnelle; Bassin dépenses prévisionnelles. Les communes non
d'em ploi; M ain-d'œ uvre; Migrations alternantes; Salarié;
Travail.
« globalisées » déposaient des demandes de
prêts spécifiques pour chaque équipement. La
procédure de globalisation a d’abord été géné
EMPLOI DE VILLE —> Pacte de relance ralisée aux communes de plus de 5 000 habi
pour la ville tants, puis a disparu avec la banalisation du
système des prêts.
Il en subsiste le principe d’une évaluation
EMPREINTE ÉCOLOG IQ UE -> Environnement par les collectivités de leur besoin global
annuel de financement et de la recherche des
prêts correspondants. La notion de finance
EMPRISE (LARGEUR D') — Autoroute; Route ment spécialisé par nature d’équipement est
abandonnée, sauf pour quelques investisse
ments exceptionnels (ponts, métro) ou pour
EM PR UN TS DES CO LLECTIVITÉS LOCALES bénéficier de prêts spécifiques, par exemple
ceux de la Banque européenne d’investisse
Ressource d’investissement des collectivi ment. Les prêts étant appelés à financer globa
tés locales qui permet de financer environ lement des équipements de nature différente,
40 % des dépenses d’équipement. Le recours à la durée des prêts dépend peu de la nature des
l’emprunt n’est plus soumis à aucune restric investissements réalisés. En fait, ce sont les
tion depuis 1999. conditions du marché des capitaux (durée de
Les nouvelles responsabilités issues des lois remboursement de la ressource généralement
de décentralisation, ainsi que la libéralisation obligataire) qui induisent la durée des prêts et
financière, ont expliqué un recours accru à non les besoins des collectivités. Le raccour
l’emprunt de 1985 à 1995. Dans cette période, cissement de la durée des prêts observé au
la hausse a surtout été importante pour les cours des années 1980, rarement au-delà de
départements et les régions confrontés au pro quinze ans, a rendu plus difficile le finance
blème du financement des collèges et des ment des opérations longues (urbanisations
lycées. Le flux annuel d’emprunts nouveaux a nouvelles, grandes infrastructures de trans
atteint, en 1994,98 milliards de F ( 15 milliards port, etc.). La durée est en voie de se rallonger
d’€). On a assisté au contraire à un désendette et il n ’est plus rare de voir proposer des prêts à
ment net dans les dernières années du siècle vingt ou trente ans.
passé, puis l’endettement a repris. En 2009, le Les conditions des frais financiers se sont
montant du flux net d ’emprunt (après rem également transformées. Auparavant, l’essen
boursement des emprunts antérieurs) est éva tiel de la dette des collectivités était constituée
lué à 20 milliards d’€. de financements à taux fixe, solution qui ras
Dexia-Crédit local est le principal prêteur surait les élus d’autant que ces taux, proposés
des collectivités locales (près de 38 % des parts par la Caisse des dépôts et consignations,
de marché), mais il est suivi par les Caisses étaient «privilégiés», c’est-à-dire en dessous
d’épargne (40%). Selon les situations locales du prix du marché. Aux taux fixes se sont
et les disponibilités, les collectivités recourent ajoutés des prêts à taux variables ou révisables
également au Crédit agricole (13 %), au Crédit en fonction des fluctuations des taux moyens
foncier de France et au Crédit mutuel. Ces pratiqués sur le marché financier, souvent
organismes constituent ce que les spécialistes inférieurs aux taux fixes. Moins onéreux, les
appellent l’oligopole des prêteurs aux collecti prêts à taux variables sont exposés au risque
vités locales. L’ensemble des autres prêteurs de la remontée des taux. Dans tous les cas, il
ne concourent que pour 5 % des prêts. s’agit de gérer un risque.
ENCOMBREMENT 294
Avec une période longue d’inflation modé notation, celles-ci ne notant que le risque de
rée et des taux d’intérêts fonction du marché, non-remboursement des émissions obliga
les collectivités ont été confrontées pour la taires). Les prêteurs ont également réclamé
première fois à partir de 1983 à des frais une meilleure transparence financière, les
financiers positifs en francs constants. Or, comptes des collectivités ne reflétant pas tou
leurs ressources (dotations de l’État, impôts, jours leurs véritables engagements ni les
tarifs publics, etc.) étaient largement indexées risques pris avec leurs organismes satellites.
sur l’inflation. Les collectivités ont donc pro La transformation du cadre comptable des
gressivement cherché à réduire le coût de communes avec une nouvelle nomenclature à
leur dette. Ceci explique le développement partir de 1997 (instruction M l4) n ’est certai
de diverses méthodes de gestion active de la nement pas étrangère aux soucis des ban
dette, jusque-là réservées aux entreprises, quiers.
destinées à rechercher les conditions opti Mais l’analyse de risque a eu d ’autres
males soit en matière de taux (recherche des conséquences. En mettant en lumière la plus
taux les plus bas en faisant jouer la concur ou moins grande aptitude des collectivités à
rence nationale ou internationale), soit en rembourser leurs emprunts, elle a incité les
matière de risques (en répartissant de façon banquiers à aligner les conditions de prêt à la
harmonieuse leurs encours entre taux fixes perception du risque, abaissant les conditions
et taux variables). Les collectivités ont de pour les collectivités plus sûres (et souvent
plus en plus recours aux produits financiers les plus riches) et les augmentant dans le cas
dérivés, produits de couverture des risques contraire.
tels que les plafonds de taux (caps). Elles En vingt-cinq ans (1984-2009), le marché
n ’hésitent plus à recourir à l’émission obli des emprunts a connu une transformation
gataire directe sur le marché et à subir radicale, du point de vue tant des prêteurs que
l’épreuve de la notation par des organismes des emprunteurs. Au produit financier quasi
spécialisés. unique, l’emprunt à taux fixe et à rembourse
De leur côté, les prêteurs ont modifié leur ment par annuité constante, aux conditions
stratégie vis-à-vis des collectivités. Tenues identiques pour toutes les collectivités, se
pour de « bons » risques par les banquiers, sont progressivement substitués des produits
surtout par comparaison avec les entreprises financiers de plus en plus différenciés, tant en
(une commune ne peut pas faire faillite, dit le matière de taux, de durée que de rembourse
dicton), les collectivités présentaient de nom ment. Face à des prêteurs de mieux en mieux
breux avantages pour les banquiers : faible outillés, les collectivités ont parfois su profi
coût de la préparation des contrats ; effet favo ter d’occasions financières ou réussi à impo
rable sur les ratios de structure des fonds ser des rapports de force équilibrés. Mais
propres des banques. cette situation, réservée à quelques centaines
Avec le ratio « Cooke » les prêts aux collec de grandes collectivités, n’est pas bénéfique
tivités n’étaient pris qu’à hauteur de 20 % de pour les collectivités financièrement déjà fra
leur montant en besoin de fonds propres. giles ou pour l’immense majorité des petites
Avec le nouveau ratio «M ac Donough» il communes qui n’ont pas les moyens humains
revient à chaque banque d’évaluer le risque de d’opérer une gestion active et efficace de la
tout emprunteur quelle que soit sa nature. Le dette. Même les grandes collectivités ont dû
ratio peut alors être supérieur à 20 % si la col parfois faire face aux conséquences d ’em
lectivité est mal « notée ». Des sinistres signi prunts très sophistiqués, indexés sur des cri
ficatifs sont d’ailleurs apparus au début des tères qui ont subi le contrecoup de la crise
années 1990 (ville d’Angoulême, stations de financière de 2008, produits financiers appe
sport d ’hiver, notamment), démontrant que si lés emprunts toxiques.
une commune ne fait pas faillite, rien (et sur
V. C.
tout pas l’État) n ’empêche qu’elle soit dans
l’incapacité de rembourser sa dette. Les orga - » Budget comm unal ; Caisse des dépôts et consignations (cdc) ;
Dexia-Crédit local ; Caisses d'épargne.
nismes financiers ont donc mis en place des
systèmes d’analyse de risque des collectivités,
avec des méthodes de notation interne (à ne
pas confondre avec celles des agences de EN C O M BR EM EN T —* Congestion ; Coût social
795 ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT
périodes : il n ’est pas certain que les solutions entrent en combinaisons complexes danà
adoptées pour leur stockage soient sans danger l’atmosphère et produisent des gaz irritants,
à long terme. voire dangereux ;
La consommation française d ’énergie se • le chauffage à l’aide de combustible!
répartit entre plusieurs secteurs : fossiles entraîne des pollutions de l’air, dis
— l’agriculture : 1 % ; persées mais importantes en milieu urbain.
— l’industrie : 19 %, dont 2 % pour la sidé La crise de l’énergie a entraîné, dans les
rurgie et 5,5 % pour les utilisations comme grands pays consommateurs, et en particulief
matière première ; dans ceux qui étaient le plus dépendants éner
— le secteur des résidences et des activités gétiquement, vis-à-vis du pétrole notamment;
non industrielles ni agricoles (dit « résidentiel- une politique d ’économies. En France par
tertiaire ») : 26 % ; exemple, on a d’abord réduit les gaspillages:!
— les transports : 19 %, dont pus de 15 % 12 millions de tonnes équivalent-pétrole (tep)
pour le transport routier, 2,5 % pour le trans économisées dès 1974-1975. Puis on a réalisé
port aérien, plus de 1 % pour le transport des économies de comportement (réduction
maritime et seulement 0,5% pour les trans du chauffage par exemple) : 6 millions de tep
ports ferrés ; économisées à la fin des années 1970. Enfin)
— la production d’énergie secondaire (cen on est passé aux économies d’investissemènf
trales électriques utilisant des énergies fos (procédés moins coûteux en énergie) : 18 mil
siles) : plus de 35%. lions de tep économisées dans les années
Parmi ces sources de consommation d’éner 1980. Mais, depuis le contre-choc pétrolier
gie, on soulignera la consommation très de 1985, ces efforts se sont relâchés. L'a
inégale selon les moyens de transport. Pour consommation finale d’énergie a encore aug
effectuer cette comparaison, on mesure le menté de plus de 50% depuis 1973 (le pib
nombre de « grammes équivalent pétrole » croissant de 370 % pendant la même période);
(gep) par kilomètre parcouru et par personne en fait essentiellement depuis 1985. Ce relâ
(ou par tonne) transportée. La consommation chement concerne avant tout le secteur deâ
des transports en commun (de l’ordre de 15 à transports, et pour l’essentiel le transport rou
20 gep) est au moins trois fois plus faible que tier: la diminution de la consommation des
celle de l’automobile (60 gep en milieu véhicules a été plus que compensée par là
urbain). Cet écart est une des justifications croissance de la puissance moyenne (et donc
(pas la seule) de la priorité aux transports en de la vitesse), par l’augmentation du parc et
commun, même si la dépense d ’énergie ne du kilométrage parcouru.
représente que 5 % environ du coût de fonc Cependant, la loi sur l’air et l’utilisation
tionnement des transports en commun et 15 à rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996,
plus de 50 % de celle de l’automobile. a prévu, dans les agglomérations de plus de
100 000 habitants, l’élaboration d’un plan de
Au-delà des conséquences des transports déplacements urbains, qui a notamment pour
sur l’environnement déjà mentionnées à pro objet de limiter la consommation d ’énergie et
pos des différentes sources d’énergie, il faut la pollution atmosphérique qui résulte de la
citer : consommation d ’énergie pétrolière, donc de
• le transport de l’énergie électrique, limiter la circulation automobile. L’efficacité
qu’elle soit d’origine hydraulique, thermique, de ces plans n ’est pas apparue clairement :
nucléaire ou autre, pose des problèmes esthé seules les villes s’étant dotées d ’un réseau de
tiques (fils et pylônes), l’enfouissement des transport en site propre (tramway pour de
lignes étant très onéreux ; nombreuses villes moyennes) ont réussi, au
• le raffinage des produits pétroliers néces mieux, à stabiliser la part de marché des trans
site des installations de grandes dimensions, ports en commun.
polluantes pour l’atmosphère et pour les eaux ; Cette politique d’économie d’énergie a été
• le transport des produits pétroliers, par accompagnée, dans certains pays, et en parti
oléoduc et surtout par camions et navires, est culier en France, par une politique de
cause de nombreux accidents et pollutions ; recherche de l ’indépendance énergétique.
• la combustion de produits pétroliers par Dans le cas français, la priorité a été accordée
les véhicules de transport dégage des gaz qui au développement de l’électricité d ’origine
297 ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT
nucléaire. La puissance installée est passée de énergies fossiles, agité dans les années 1970
2 millions de kilowatts à 63 millions (18 % de (rapport Halte à la croissance! de 1971) s’est
la puissance installée mondiale). L’électricité éloigné. Quoi qu’affirment certains écolo
nucléaire couvre actuellement plus de 80% gistes, on sait qu’on dispose vraisemblable
de la consommation d’électricité et 40% de ment, au rythme actuel de consommation et
la consommation totale d ’énergie. Le taux aux conditions économiques actuelles, de
d’indépendance énergétique de la France est pétrole pour une quarantaine d’années, de gaz
passé de 23 % lors de la crise du pétrole à naturel pour environ un siècle, de charbon
50% en 2006. Une nouvelle amélioration pour deux siècles.
repose sur une problématique limitation du Cependant, les problèmes posés par l’ac
rôle du transport routier qui représente à lui centuation de l’effet de serre ont conduit les
seul près du cinquième de la consommation gouvernements à rechercher une limitation de
nationale d’énergie et 60 % de la consomma la consommation d’énergies fossiles, produc
tion pétrolière. L’énergie nucléaire a l’avan trices de gaz carbonique (conférences de Rio
tage de ne pas produire de polluants ni de gaz en 1992, de Kyoto en 1997 et de Buenos
à effet de serre. Mais elle pose de graves pro Aires en 1998). Le protocole de Kyoto, qui
blèmes de sécurité: sécurité des centrales n ’est entré en vigueur qu’en 2005, a prévu
(celles construites en France sont considérées une réduction moyenne, entre 1990 et 2012,
comme les plus sûres du monde), transport ou de 5,2 % (8% pour FUnion européenne, 0%
traitement des combustibles irradiés, enfouis pour la France) des émissions de gaz carbo
sement des déchets nucléaires, démantèle nique par les pays développés, mais beaucoup
ment des centrales obsolètes, etc. Ces risques, de pays sont loin d’avoir respecté l’objectif
même de probabilité infime, sont d ’autant fixé. On redoute en effet, le gaz carbonique
plus graves qu’ils concernent les générations étant le principal gaz à effet de serre, que sa
futures. teneur dans l’atmosphère, déjà fortement
Au plan mondial, la Conférence mondiale accrue depuis le début du siècle, et surtout au
de l’énergie prévoyait, en 1983, que la cours des deux dernières générations, n ’aug
consommation d’énergie passerait de 8 mil mente et que l’accentuation de l’effet de serre
liards de tep à, selon les scénarios, 13 à 17 en que cela annonce n ’entraîne un réchauffement
2020. En fait, cette consommation est long de l’atmosphère terrestre qui, selon les hypo
temps restée presque stable autour de 8 mil thèses, pourrait atteindre de 1 à 6 °C à la fin
liards de tep, largement il est vrai en raison de du siècle avec toutes ses conséquences (élé
l’effondrement, dans les années 1990, de la vation du niveau des mers par fonte des gla
consommation des pays de l’ex-URSS. Cepen ciers, désertification accélérée de certaines
dant, une nouvelle phase de croissance (de régions, etc.). Cette politique de limitation de
près de 50% ) a marqué la fin des années la consommation des énergies fossiles a aussi
1990 et les années 2000. Le dilemme actuel pour objet de réduire la pollution atmosphé
concerne les pays en développement: leur rique. On conçoit qu’elle soit contestée par
croissance nécessitera une augmentation de les pays non développés qui ne veulent pas se
leur consommation d’énergie ; les économies voir interdire les moyens, en termes énergé
dans les pays développés ne compenseront tiques, de leur développement : la croissance
probablement celle-ci que partiellement. Il actuelle de la Chine, par exemple, recourt
n’est guère réaliste d’imaginer d’importantes essentiellement au charbon comme source
économies d’énergie dans les pays en déve d’énergie. Si les pays européens ont compris
loppement, sauf à leur apporter une aide ce problème et pris des engagements - qui
importante en termes de transferts de techno restent à tenir - d’économies, les États-Unis
logie et de capitaux: rien, dans le passé se sont montrés beaucoup plus réticents,
récent, n ’annonce une telle évolution. Sur la voire hostiles, mais leur attitude s’est quelque
base d’une stabilisation de la consommation peu modifiée en 2009 après l ’élection de
des pays développés et du doublement de B. Obama.
celle des pays en développement, on peut La conférence de Copenhague (décembre
imaginer une consommation mondiale de 2009) devait fixer de nouveaux objectifs, qui
l’ordre d’environ 17 milliards de tep en 2020. devaient concerner cette fois tous les pays,
Le spectre de l’épuisement des ressources en pour « l’après-Kyoto» (après 2012), ce qui
ENLÈVEMENT DES ORDURES MÉNAGÈRES 298
L’enquête par téléphone ne touche que ceux siers soumis à l’enquête sont habituellement
qui ont le téléphone et dont le numéro est déposés en mairie. Les observations sont
accessible ; d’autre part, il est plus difficile de consignées dans un registre. Le commissaire
retenir l’attention au téléphone qu’en face à enquêteur établit un rapport et donne un avis
face : ce type d’enquête doit être réservé aux public.
questionnaires courts. La décision, prise après l’enquête, n’a pas
Il est rare que l’on cherche à interroger tous nécessairement à tenir compte des avis
les membres de la population cernée : c’est exprimés lors de la consultation. Cette latitude,
coûteux et inutile. On se contente d’en étudier qui est la garantie qu’une décision peut être
un échantillon (méthode des sondages) et on prise, n ’est souvent pas comprise des personnes
généralise ensuite par inférence statistique. consultées qui ont souvent tendance à considé
B. Mat. rer que l’opposition d’un ou plusieurs intérêts
privés doit toujours pouvoir faire échec à une
Échantillon; Modèle (mathématique).
décision d’intérêt public. Toutefois, l’évolution
récente de la législation des enquêtes publiques
consacre une pareille opinion.
E N Q U Ê TE PUBLIQUE
A. G.
Phase au cours de laquelle un projet de -> Débat public; Documents d'urbanisme; Planification urbaine
décision administrative est soumis aux obser en France (historique); Plan d'occupation des sols ( pos ) ; Plan
local d'urbanisme ( plu ) ; Schéma de cohérence territoriale
vations du public, dans le but d ’assurer (SCOT).
l’information des personnes concernées, de
garantir les droits des propriétaires et de favo
riser la concertation. ENSEM BLE HISTO RIQ UE O U TR A D ITIO N N EL
Dans le domaine de l’urbanisme et de
l’aménagement, sont concernés : Groupement, resté cohérent et significatif,
— les documents d’urbanisme opposables de constructions anciennes en milieu urbain
aux tiers (pos, paz, psmv), auxquels s’ajoutent, ou mral.
depuis la loi Solidarité et renouvellement Ce concept ne doit pas être confondu avec
urbains du 13 décembre 2000, les plans locaux celui de « centre historique ». Le centre histo
d’urbanisme (plu) et les schémas de cohérence rique, spécifiquement urbain, est constitué par
territoriale (scot) ainsi que les cartes commu le noyau historique d ’une ville ayant connu,
nales ; et/ou connaissant encore, un développement
— certains projets de constructions, de lotis périphérique ultérieur, depuis l’ère industrielle
sements, de campages ou de caravanages, selon (par exemple, par suite de la destruction de
qu’il y a un document d’urbanisme opposable murailles). Un centre historique peut, soit
aux tiers ou non et selon leur importance ; effectivement constituer un ensemble, soit
— les projets d’équipements publics d’in- comprendre seulement quelques édifices
ffastmcture ou de travaux, notamment quand ponctuels ou des fragments de tissu histo
ils impliquent des expropriations ; rique, déstructurés par une voirie moderne et/
— les créations de parcs nationaux, etc. ou noyés dans un tissu récent.
L’enquête ne peut avoir une durée infé Le concept d ’ensemble historique s’est
rieure à un mois ni excéder deux mois. Elle imposé à partir du moment où le monument
doit donner lieu à des publicités préalables historique a cessé d ’être dissocié de son
dans la presse, qui permettent d ’avertir le contexte et où tissu mineur et architecture ver
public qu’elle va avoir lieu, mais peuvent naculaire ont été considérés comme biens
entretenir des malentendus puisque aucun patrimoniaux. La notion d ’ensemble histo
dossier n ’est encore mis à la disposition du rique s’est avérée solidaire de celle de conser
public. vation intégrée. D ’un maniement très souple,
Elle est généralement supervisée, dans son elle échappe aux contraintes des définitions
déroulement, par un commissaire enquêteur administratives et s’applique à des entités spa
(plus rarement par une commission d’enquête, tiales très diverses allant de Tîlot, du secteur
pour les projets importants), désigné par le ou du quartier urbain jusqu’à la ville ou au
président du tribunal administratif. Les dos village entier.
ENTRÉE DE VILLE
:soi
tanées ou (mal) planifiées. Elles se caracté biens, en combinant comme facteurs de pro
risent par la médiocrité et le manque d’unité duction des matières (brutes ou semi-
de l’architecture, l’ampleur de la voirie interne ouvrées), du capital et du travail, est une entre
et surtout des parcs de stationnement, le prise industrielle. Le responsable d ’une entre
recours à des matériaux bon marché, à des prise est l’entrepreneur. Sa caractéristique est
formes banales (les « boîtes à chaussures ») et de risquer son capital monétaire dans une
à des couleurs criardes. La publicité est omni entreprise (J. Marchai) : cette expression, qui
présente, en particulier le long de la voie rou ne s’applique pleinement qu’aux entreprises
tière d ’accès. Le désordre de ces zones est où les capitaux sont fournis par une seule per
pourtant la première image que les visiteurs sonne, est surtout employée dans le bâtiment
ont de la ville autour desquelles elles sont et les travaux publics.
situées. Enfin, ces zones commerciales faciles Une entreprise peut adopter des statuts juri
d ’accès en automobile drainent une large diques divers : sociétés de personnes, sociétés
clientèle au détriment des commerces du de capitaux (anonymes ou à responsabilité
centre-ville ou de ceux des quartiers d’habitat. limitée), entreprises individuelles, entreprises
A Avignon par exemple, quatre centre coopératives, etc.
commerciaux (Avignon-nord sur la r n 7 , vers En pratique, les prises de participation
Lyon, Cap-Sud et Avignon-sud vers Marseille, financières, les associations, les groupements
La Courtine le long de la rocade et près de la d’intérêt économique, etc., conduisent à la
gare tgv) se partagent la clientèle pour les constitution de groupes économiques plus
achats occasionnels (lesquels réduisent sou larges - le degré de liaison entre les entre
vent au strict minimum les achats dits quoti prises d ’un groupe étant très variable - et
diens effectués dans les magasins de quartier). nécessitent, pour être appréhendés, un exa
L’urbanisme éprouve les plus grandes diffi men détaillé de la répartition du capital, de la
cultés à organiser ou à réguler ces zones. Le distribution des pouvoirs entre les dirigeants,
poids des mécanismes fonciers est difficile à des échanges de biens et de services entre les
contrecarrer. Les municipalités (villes-centres entreprises concernées.
ou communes de banlieue) où s’implantent Par ailleurs, les entreprises travaillant dam
ces zones d’activités sont souvent très conci un même secteur d’activité sont fréquemment
liantes vis-à-vis d’activités qui leur apportent regroupées en syndicats professionnels ou en
des ressources fiscales (et créent des emplois, associations dont certaines peuvent être très
même si ceux-ci sont de niveau modeste). puissantes (ex. Union des industries métallur
Les commissions d’urbanisme commercial giques et minières).
(dites de l’aménagement commercial depuis L’entreprise est une unité juridique. Elle
2008) peuvent contribuer à contrôler ces créa peut disposer de bâtiments et de lieux de pro
tions de surfaces commerciales, mais elles le duction, dénommés établissements, à des
font surtout sous l’angle économique, cher adresses différentes. Le siège social est le
chant à réguler la concurrence avec les com lieu où fonctionnent ses services adminis
merces traditionnels, et leurs décisions sont tratifs et où, le plus souvent, travaillent ses
souvent discutables (elles ne sont pas à l’abri dirigeants : c ’est l ’adresse officielle de
des pressions sur leurs membres). l’entreprise qui définit, par exemple, le lieu
P. M. où elle acquittera les impôts et taxes dont elle
est redevable.
-> C om m erce; Desserrement; Urbanisme commercial. L’importance économique d’un pays, d’une
région, d’une agglomération est la somme de
l’importance des entreprises qui s’y trouvent.
EN TR EP Ô T —►Aéroport ; Commerce ; On a ainsi défini le concept de pouvoir de
Magasin ; Port commandement d’une ville comme le nombre
de salariés travaillant hors de cette ville pour
des entreprises dont la ville considérée abrite
ENTREPRISE le siège social. Cette importance économique
des entreprises peut être mesurée par divers
Unité économique de production de biens indicateurs : nombre d’emplois, production,
ou de services. Une entreprise qui produit des valeur ajoutée, chiffre d’affaires, volume des
11)3 ENVELOPPE
mcntation de l’effet de serre, ont placé les une approche des problèmes de santé qui,
préoccupations environnementales au premier complémentaire de celle de la clinique et de la
plan des débats publics. Après les élections recherche biologique fondamentale, s’attache
présidentielles de 2007, le président Sarkozy, à faire apparaître les aspects collectifs de la
comme il s’y était engagé, a créé un grand maladie.
ministère d’Etat (intitulé, en 2009, ministère Développée au xixe siècle à partir des mala
de l’Écologie, de l’Énergie, du Développe dies à caractère épidémique marqué (maladies
ment durable et de la Mer, en charge des infectieuses telles que le choléra, le scor
Technologies vertes et des Négociations sur but...), l’épidémiologie a progressivement
le climat) et a réuni, en décembre 2007, le élargi son champ au cours du xxe siècle, pour
« Grenelle Environnement » qui a retenu le s’intéresser à l’ensemble des maladies, trans
principe de mesures en faveur de l’environne missibles ou non ; aujourd’hui, l’épidémiolo
ment en cours de traduction législative. Une gie étudie l’ensemble des faits de santé et des
première loi, dite Grenelle-Environnement 1, états intermédiaires entre l’état de santé et
du 3 août 2009, a posé les principes généraux l’état de maladie (épidémiologie des handi
issus de ce débat. Une seconde loi portant caps...) ; plus récemment encore, l’épidémio
engagement national pour l’environnement, logie « d ’intervention» étendit le concept à
du 12 juillet 2010, précise les mesures adop- l’ensemble des situations par lesquelles
lées. Certaines mesures ont été entreprises, l’homme tente d’intervenir sur la maladie, par
notamment l’institution de la « taxe carbone », la prévention ou par le soin ; l’épidémiologie
qui a pour objet de renchérir l’utilisation des devient ainsi, outre la science explicative des
énergies fossiles, devait être mise en vigueur phénomènes de santé dans les groupes
le 1er janvier 2010. Cependant, le Conseil humains, l’outil approprié de l’évaluation des
constitutionnel, en a annulé, le 29 décembre actions et des politiques de santé.
2009, l’institution, la jugeant inefficace (en 11 est donc désormais fréquent de rappro
raison des nombreuses exclusions, notam cher, voire de confondre, l’épidémiologie et la
ment celle des industries les plus polluantes) politique de santé, ou santé publique. Idéale
et créant des inégalités face aux charges ment sans doute, ces deux termes ne devraient
publiques. Un nouveau projet de loi doit être recouvrir que les étapes d ’une démarche
déposé par le gouvernement. unique, allant itérativement de la connais
sance à l’action. La réalité est très différente.
F. D.-D. et P. M.
En effet, l’épidémiologie est une science et,
, Bruit; Déchets; Développement durable; Écologie; Écologie en tant que telle, elle vise principalement à
territoriale; Écosystème; Efffet de serre; Énergie et environ-
nement ; Nuisance ; Pollution ; Pollution atmosphérique ; Pol
l’amélioration de la connaissance, même si
lution des eaux continentales; Pollution des m ers; Pollution elle poursuit l’ambition légitime de contribuer
des sols; Protection de la nature; Taxe carbone. à éclairer des choix ; la santé publique est un
domaine d’action administrative qui peut
s’appuyer sur l’épidémiologie, mais aussi par
ÉPANDAGE -> Déchets fois la trahir, et qui, surtout, ne s’y réduit pas.
11 importe de montrer les liens délicats qui
existent entre les deux domaines, et la manière
ÉPANELAGE —►Composition urbaine; dont l’un et l’autre interfèrent avec d ’autres
Morphologie (urbaine! ; Urban design disciplines et contribuent à modifier le pay
sage social.
il
ÉPIDÉMIOLOGIE 306
permet donc de constater des situations et des spatial des individus : le caractère urbain ou
différences (comme, par exemple, la diffé rural d ’une zone géographique donnée, la
rence de taux de suicide, ou de fréquence densité de l’habitat ou de la population, le
d’apparition d’allergies, entre zones rurales et type, la taille du logement, son degré d’équi
urbaines) ; elle autorise ainsi des comparai pement ou de confort, la qualité de l’air,
sons et, parce qu’elle permet de soulever des l’existence d ’industries polluantes, l’organi
hypothèses, ouvre la voie à l’épidémiologie sation de la gestion des déchets, etc., sont
analytique. autant de variables, parmi d ’autres, dont
L’épidémiologie analytique vise à recher l’épidémiologiste peut étudier le lien avec un
cher les causes des faits observés. Toutefois, problème de santé donné.
pour la plupart des manifestations patholo
giques, les facteurs étiologiques sont nom Toutefois, le passage de l’épidémiologie à
breux et étroitement imbriqués ; la causalité la santé publique n ’est ni automatique ni
est exceptionnellement directe, et presque tou direct, pour trois ordres de raisons au moins.
jours de type probabiliste. Le chercheur • En premier lieu, la mise en évidence d’un
s’attache donc, en réalité, à mettre en évidence lien entre telle variable d’environnement et un
et à étudier les relations qui existent entre des problème de santé débouche naturellement
faits pathologiques et différents facteurs, dits sur la définition d ’actions qui ne relèvent plus
« facteurs de risque », dont on souhaite savoir du scientifique mais du pouvoir législatif ou
s’ils ont un rôle étiologique. L’impossibilité, réglementaire : élaboration de normes, de
pour des raisons éthiques évidentes, comme cahiers des charges rigoureux dont les
pour des raisons pratiques, de recourir à de contraintes se mêlent à celles, multiples,
véritables études expérimentales sur des venant d’autres horizons (impératifs indus
groupes humains montre la difficulté de l’épi triels, financiers ou esthétiques notamment).
démiologie analytique ; les méthodes utilisées Ce passage ne se fait pas sans de nombreux
sont principalement des études d’observation compromis. Ceux-ci expriment un choix
(études de cohortes, études de cas témoins) social, implicite ou explicite, pour un certain
qui permettent de comparer les risques de rapport entre des coûts consentis et des avan
maladie dans des groupes, en présence et en tages attendus. Ce marchandage est illustré,
l’absence du facteur étudié. parfaitement, par l’adoption de seuils, néces
Ce sont ainsi de multiples enquêtes épidé sairement arbitraires, fixant un niveau de
miologiques qui ont permis d’établir, de façon risque acceptable pour tel ou tel danger (pollu
quasi certaine, le rôle de la consommation de tion chimique, radioactivité...), là où l’épidé
tabac dans la survenue des cancers broncho miologiste observe un continuum.
pulmonaires et de démontrer l’effet cancéri • En second lieu, on doit souligner que le
gène de certains toxiques chimiques d’usage politique est, bien souvent, amené à agir sans
courant comme le chlorure de vinyle ou attendre que la preuve d’un lien de causalité
l’amiante. entre un phénomène morbide et un facteur
La mise en évidence de risques clairement d’environnement soit scientifiquement parfai
identifiés permet la définition d ’actions de tement établie ; un tel lien est d’ailleurs, on l’a
protection de l’individu : c’est le propre de la vu, presque toujours très difficile à établir.
santé publique ; si certaines de ces actions Si cette attitude ne satisfait pas le scienti
sont d ’ordre strictement sanitaire (campagnes fique, elle doit suffire au responsable de santé
d ’information antitabac, anticonsommation publique, qui peut fonder une intervention
alcoolique, définition d ’un dispositif préventif incontestablement efficace sur la description
tel celui de la protection maternelle et infan d ’un risque spécifique, voire d ’une simple
tile, etc.), d ’autres relèvent d ’un tout autre nuisance, même si l’analyse de la cause n’est
ordre et intéressent au premier chef l’urbaniste pas achevée.
et l’aménageur. C’est ainsi que la réglementation des abat
En effet, les épidémiologistes n ’ont pas toirs, à la fin du xvme siècle, fut détenninée
manqué de prendre en compte, à côté des par le souci de mettre fin à des odeurs nauséa
facteurs directs de maladie (facteurs phy bondes, que l’on associait alors de façon toute
siques, cliniques, biologiques), des facteurs subjective à la notion de «fièvre putride».
liés à l’environnement social, économique ou Cette décision, fondée sur une attitude scien-
307 ÉPIDÉMIOLOGIE
lifïque erronée, n’en fut pas moins heureuse dans les couches urbaines les plus défavori
du strict point de vue de l’hygiène publique. sées; l’intervention scientifique des épidé
De même, à l’heure actuelle, les immi miologistes a su provoquer de remarquables
grants constituent, dans la société française, actions d’hygiène publique : les autorités
un groupe particulièrement et notoirement municipales se sont attachées successivement
fragile du point de vue sanitaire. Les épidé à garantir l’eau potable, à assurer l’hygiène
miologistes ont montré que, dans ce groupe des villes par la collecte des ordures ména
particulier, les risques de maladies (en parti gères et la circulation appropriée des eaux
culier de tuberculose, de prématurité, d’acci usées ; elles ont entrepris la destraction des
dents) sont bien supérieurs à la moyenne taudis et de toute forme d’habitat insalubre ;
nationale, sans que la ou les causes certaines mais, avec l’amélioration générale du niveau
de ces différences soient parfaitement établies de vie et de l’hygiène, c’est indéniablement la
(on ne sait, par exemple, si l’excès de la mise au point des premiers vaccins, puis la
tuberculose chez les immigrants est le fait de découverte des antibiotiques et les premières
leurs conditions de vie en France ou s’il transfusions sanguines, qui ont permis la
résulte d’une pathologie « importée » de leur spectaculaire régression, dans les pays occi
pays d’origine). Différents types de mesures dentaux, des grandes maladies infectieuses,
peuvent cependant d’ores et déjà être prises. telles que la tuberculose, la diphtérie, la polio
Parmi celles-ci, certaines concernent évidem myélite.
ment la surveillance sanitaire, mais aussi les À l’heure actuelle, il apparaît que nos socié
conditions de vie, de logement, de travail, de tés paient un large tribut à d’autres maladies,
ces populations particulières, et contribue celles que l’on dit de civilisation : affections
raient sans conteste à l’amélioration de leur cardiovasculaires, cancers, dépressions, acci
état de santé. dents de la route, accidents domestiques;
• Enfin, on doit considérer que, si l’épidé l’épidémiologie permet de penser que des
miologie représente pour les autorités sani changements dans les comportements indivi
taires un guide précieux, elle ne constitue pas duels, c’est-à-dire le choix d’une hygiène de
la source unique, ni sans doute la source prin vie différente (moindre consommation de
cipale, des progrès accomplis par notre société tabac et d ’alcool, responsabilité accrue devant
en ce qui concerne l’état de santé de la popula le risque) permettraient, conjugués avec une
tion. réglementation favorisant le respect de l’envi
L’évolution du tableau des maladies infec ronnement (contrôle de la qualité de l’air, du
tieuses depuis le xixc siècle illustre bien le rôle niveau de bruit acceptable, évaluation et
relatif des différentes disciplines - épidémiolo réglementation des polluants chimiques), de
gie, biologie, clinique - dans l’accomplisse réduire le poids de ces agressions. Mais des
ment d’un progrès décisif en santé publique. progrès décisifs peuvent être réalisés dans la
Dès le xviiie siècle, des précurseurs de prévention ou le traitement de ces maladies,
l’épidémiologie (Boisguilbert, Deparcieux, par la recherche biologique fondamentale ou
puis surtout Villermé avec YEnquête sur les par des avancées cliniques. Il est indispen
problèmes de santé des ouvriers du textile du sable que de telles recherches soient poursui
nord et de l ’est de la France, Quetelet en vies.
Belgique, Stanway en Angleterre, Goldberger De même, dans l’épidémie de sida, apparue
aux États-Unis) ont mis l’accent sur l’étude en 1982 dans les pays occidentaux, c’est
des relations entre les atteintes à la santé et la l’épidémiologiste qui, ayant défini un sys
pauvreté ou la dureté de la condition ouvrière. tème d’alerte adéquat, en suivant le dévelop
Dès la fin du xixe siècle, l’épidémiologie a pement de la maladie dans le temps et dans
su mettre en évidence de façon précise, l’espace, en décrivant les groupes humains
notamment par la tenue systématique de concernés et la transformation de ces groupes,
registres de décès, l’intrication de facteurs a permis de caractériser la maladie comme
tels que la pauvreté, l’éducation insuffisante, maladie sexuellement transmissible, et de
l’insalubrité des logements et des lieux de tra proposer à la société, par l’intermédiaire du
vail, la pénibilité des tâches, la surpopulation législateur, des moyens propres à en contrôler
au foyer, etc., en tant que causes de la surve la transmission. En l’occurrence, ces mesures
nue préférentielle de maladies infectieuses relèvent à la fois de l’hygiène individuelle et
ÉPISTÉMOLOGIE
m
de l’hygiène publique et prennent toute leur cartésienne » (cf. Règles pour la direction dû
importance en l’attente de la découverte d ’un l ’esprit), d ’« épistémologie kantienne » (cfi
vaccin ou d ’un traitement approprié (que Premiers principes métaphysiques de '■la
l’épidémiologiste pourra d ’ailleurs contribuer science de la nature), etc. Chaque fois, ug
à définir en apportant sa compétence particu corps de savoirs constitués, ou en voie dfl
lière à l’évaluation de tel ou tel traitement). l’être, a été interrogé sur son statut, ses procé)
dures et son fondement. Bien des formes
Ainsi, si l’épidémiologie est une des tech d ’interrogation sont cependant possibles et
niques essentielles de la santé publique, elle toutes n ’ont pas la même source. Certaines aol
ne suffit pas, à elle seule, à la définir ; à trouvé leur forme au-delà et au-dessus de toul
l’inverse d ’ailleurs, l’épidémiologie peut savoir constitué, bien qu’elles aient concerné
s’orienter vers des préoccupations d ’un tout ces savoirs. Exemple : la question qui a touw
autre ordre que la santé publique et renvoyer à menté longtemps l’« onto-théologie » : le mot
des secteurs de la recherche fondamentale, «science» convient-il d ’une manière uni
comme la génétique par exemple ou F immu voque à Dieu et à l’Homme? Ou encore, la
nologie. question critique héritée de Kant : comment
L’ensemble de règles que constituent la ramener les savoirs aux sources d ’une subjec
santé et l’hygiène publique, que l’épidémiolo tivité constitutive et législative ? Dans ces
gie contribue largement à élaborer, témoigne deux cas, la question ne se pose que pour qüi
cependant, tout autant que l’effort consenti dispose déjà de son point de départ : l’écart de
pour favoriser la recherche épidémiologique, l’Homme à Dieu dans le premier; l’exigence
biologique et médicale, de l’importance que la jugée irrécusable, de la spontanéité et de
société attache à la santé de ses membres. l’unité d’un « sujet de savoir» dans le second
Pour l’aménageur, l’urbaniste, l’architecte, («Je pense», doit pouvoir accompagner
le promoteur immobilier, pour le simple par toutes mes représentations). D ’autres interro
ticulier, l’ensemble des règlements d’hygiène gations, plus nombreuses et plus quotidiennes;
publique, et particulièrement les règlements sont nées de l’intérieur des savoirs en devenir;
d’hygiène municipaux et les règlements sani et semblent y avoir été exigées, dessinées en
taires départementaux issus de la loi de 1902, creux comme autant de manques. Exigences
constituent sans doute une contrainte qui d ’interprétation : que désignent au juste les
interfère avec des préoccupations directes termes théoriques en usage dans la physique
qu’ils peuvent avoir tendance à préférer; dite «des particules»? Exigences de
mais bien d’autres règles viennent violer, au méthode : comment définir, avec une préci
nom de la protection de la collectivité, des sion souhaitée maximale, les procédures
libertés individuelles. Il s ’agit d’un des mul d ’administration de la preuve ? Exigences
tiples aspects du compromis qu’une société d ’anticipation : comment discerner, à l’inté
doit réaliser, et sans cesse reconsidérer, entre rieur d ’une discipline scientifique, les
la liberté de l’individu et la sécurité qu’elle a concepts productifs capables de s’investir
promis de lui garantir. ailleurs et de bouleverser, au moins locale
C. w.-G. ment, les formes déjà reçues de la rationalité?
Exigences de fondation : comment asseoir une
-+ Hygiène; Insalubrité (habitat, logem ent); M igrations; Morta
lité; Pollution.
théorie sur la base de ses principes ? (cf. les
essais plus ou moins réussis d ’axiomatisa
tion).
Il est possible de donner au mot « épistémo
ÉPISTÉM OLOGIE logie » un sens à ce point libéral qu’il convien
drait aussi bien au Théétète de Platon, à
En un sens littéral, « épistémologie » F Analytique transcendantale d ’E. Kant, à
désigne tout discours à prétention théorique TIntroduction à la médecine expérimentale de
prenant la science pour objet. Or, la tradition Claude Bernard, aux Fondements de la géo
philosophique n ’a jamais été avare de discours métrie de D. Hilbert, à la Logique de la décou
de cette nature. On parle donc à bon droit verte scientifique de K. Popper. Or, un nom
d’« épistémologie platonicienne » (cf. le dia qui désigne trop ne désigne plus rien. Il nous
logue intitùlé Théétète), d ’« épistémologie faut donc restreindre le droit d’user de ce nom
to e ÉPISTÉMOLOGIE
(« épistémologie ») en prenant garde cepen des problèmes, exigeant des formulations (un
dant à ne pas formuler d ’interdictions trop langage) ou des concepts non encore dispo
draconiennes. Pour y parvenir, la méthode, nibles.
sinon la meilleure, du moins la plus inoffen Nous découvririons de plus que nos
sive, pourrait se formuler comme suit. « cartes » régionales ne sont pas homogènes et
Au départ, considérons comme acquise une que des expressions dont l’usage nous paraît
hypothèse minimale : dans notre monde de devoir convenir à toute science (ex. : « énoncé
culture, certaines régions, que nous nommons vrai», «problèm e soluble», «m éthode de
« sciences », se laissent distinguer par expé résolution », « théorie », « preuve ») n ’ont ni le
rience. Nous avons appris dès l’école à les même sens, ni la même portée en tous les
désigner et à les nommer. Et une bonne partie points de notre « atlas » partiel. Nous ne tarde
de notre éducation a consisté, bien qu’à des rions pas ainsi à nous persuader à la longue
degrés divers, à acquérir quelque accointance qu’il nous faudrait sans cesse remanier, com
avec elles. Convenons d ’abord (et c’est le pléter cet « atlas » toujours en voie de fabrica
moins que nous puissions faire) de traiter ces tion. Il nous faudrait même en effacer certaines
«régions culturelles» comme des données cartes devenues muettes. Tant et si bien que
observables, à la façon dont le seraient, par l’«épistémologie» dont nous espérions pou
exemple, les rues d’une ville, avec les réseaux voir nous contenter (constitution et lecture
d’indications qu’elles manifestent et qu’il d’un «atlas» des savoirs disponibles) finirait
convient d’apprendre à déchiffrer. Nous pour par en exiger une autre, puisque notre lecture
rions tenter de dresser plusieurs cartes régio ne nous laisserait jamais en repos, et que notre
nales pour commencer et, plus tard, une sorte « atlas » serait plus inquiétant que rassurant.
d’atlas, dans l’espoir d’obtenir une représenta Le mieux ne serait-il pas alors de chercher,
tion de ces régions, de déterminer les fron au cœur de ces « observables » que nous nom
tières qui les séparent et les chemins capables mons « sciences »,: des germes d’inquiétude ?
de conduire de l’une à l’autre. Nous ne tarde Ne serait-ce pas là le premier pas propre à
rions pas à découvrir que pour accéder à cer nous mettre sur la voie de « problèmes » que
taines d’entre elles (par exemple la physique nous pourrions, de plein droit, désigner du
de l’atome), il faut nécessairement en traverser nom d’« épistémologiques » ?
d’autres (dans ce cas la théorie mathématique
des espaces dits « de Hilbert »). En continuant Trois espèces de problèmes, en effet, sur
de la sorte, nous pourrions espérer (à condi gissent de la pratique scientifique :
tion de travailler avec les praticiens de ce • Les uns sont formulables dans le langage
genre de voyage) acquérir une vue, à la fois scientifique de la science où ils prennent nais
globale et précise, des domaines entre lesquels sance; Ils sont désignés et circonscrits comme
se distribue la « scientificité » contemporaine. autant de «manques», moyennant l’usage
Nommer une telle démarche « épistémolo d’expressions appartenant au langage de cette
gie » est affaire de convention. Et, de fait, son science et dont la précision est vérifiable par la
but serait de parvenir à articuler un enchaîne communauté scientifique. Souvent, de telles
ment de discours (l’« atlas », précisément) formulations se présentent comme un pro
dont les sciences seraient l’objet... gramme explicite de recherches.
Admettons cependant (ce qui d’ailleurs est Exemple fameux : la désignation par David
le cas) que nous disposions, sinon d’un atlas, Hilbert, au congrès de 1900, de la liste des
du moins d’une collection de « cartes » régio problèmes mathématiques ouverts et dont
nales, et que chacune soit construite confor certains sont aujourd’hui encore en chantier.
mément à 's a fonction: permettre de s’y Il arrive aussi que la solution de tels pro
reconnaître dans le paysage. Elles nous four blèmes exige une extension du champ des
niraient les indications minimales nécessaires objets accessibles dans la théorie souhaitée,
pour avoir accès aux divers savoirs consti le remaniement du langage et son enrichisse
tuant telle ou telle discipline. Nous appren ment, parfois une «révolution» conceptuelle,
drions à ainsi distinguer dans cette discipline souvent la création d’instruments méthodolo
des régions différentes : les unes bien assurées giques ou de moyens d ’investigation nou
(apparemment du moins) et le plus longtemps veaux. Mais si profondes ou radicales que
codifiées - d’autres en chantier, ouvertes sur soient ces transformations, leurs procédures
ÉPISTÉMOLOGIE 310
et leurs résultats doivent pouvoir être commu homogène à celle qui assure aux propositions
niqués dans une langue homogène, dont on de la science leur précision et leur communi
puisse toujours vérifier la bonne constitution cabilité.
des expressions qui la composent et mesurer • Troisième espèce de problèmes : ceux qui,
le degré d ’adéquation des énoncés qu’elle surgissant de l’intérieur d’une science détermi
permet. Problèmes internes, donc, qui ne sont née, trouvent leur formulation du fait que cette
posés que dans les termes permettant de les science est plongée dans un autre univers de
reconnaître solubles, même si la solution est discours et dans d ’autres formations de sens
encore loin d’être à portée de main. que les siens, non autorisés par ses strictes
• Deuxième espèce de problèmes : ceux qui, procédures d’énonciation et de désignation. Il
naissant localement d’une région de manque, arrive pourtant qu’un homme de science soit
semblent exiger, pour pouvoir être formulés inévitablement conduit à faire usage de ces
dans une langue homogène à celle de la théorie formations dont il n ’a pas immédiatement le
qui les manifeste, une refonte des principes de contrôle. Par exemple, un mathématicien
base de la théorie, qui paraît comme réduite à pourra s’interroger sur le sens qu’il donne au
l’état de chantier. Les acteurs du savoir se mot « existence », lorsqu’il démontre un théo
trouvent alors dans une situation de paradoxe, rème dit « d’existence ». Il pourra feindre de
ne pouvant ni renoncer aux normes de la ratio s’abstenir de toute question et se dire, par
nalité, ni les laisser en l’état. Leur inquiétude exemple, « l ’existence d’une intégrale géné
concerne ici le corps même de la doctrine, sa rale pour tel système d’équations différen
rectitude, sa productivité conceptuelle, son tielles n’a d’autre sens que celui que lui
avenir visible. Que faire? Aborder de front confèrent les conditions “d ’existence” énon
ces problèmes fondamentaux ou les ajourner, cées dans le théorème. “Exister” dans ce sens
s’en remettre pour les résoudre au déroule veut dire “satisfaire à des conditions” et rien de
ment, toujours exigeant, du travail quotidien plus ». Mais il aura dès lors répondu, sans autre
qui engendre son lot de « problèmes » précisé examen, à la question: «Q u’est-ce qu'exis
ment posés ? Cette hésitation a été, en général, ter?» pour une intégrale générale. Et qu’il ait
résolue par les exigences internes de chemi dit : « ce n’est rien de plus que cela », suppose
nement de la science elle-même, qui tend vers qu’il a fait un choix dans le champ sémantique
sa figure d’équilibre. De l’intérieur de leur usuel où il est fait usage du mot « existence ». Il
science, et sans renoncer le moins du monde à arrivera au même mathématicien de se dire :
la rigueur de leurs procédures, les acteurs ont « Il doit exister une classe de fonctions telles
su élaborer les méthodes, les concepts et les que... ». Il peut le dire sans remords et se
langages propres à produire une telle figure contenter de définir l’une de ces fonctions.
d’équilibre, à en dégager la structure et à Mais, en ce sens aussi, il a fait son choix dans
l’exprimer en un corps d’énoncés communi le champ sémantique où il est fait usage des
cables. mots « exister », « classe », « fonction ». Il pose
C’est en ce sens qu’on a pu dire (en abusant par principe qu’existe la fonction qu’il sait
légèrement du sens de l’expression) que les définir. De toute façon, l’usage de la langue
mathématiques produisent aujourd’hui leur mathématique, qu’il sait contrôler, traverse et
propre « épistémologie ». Elles le font dans un crible la langue naturelle dans laquelle elle se
langage homogène, sinon au leur propre, du trouve plongée au point d’avoir à s’expliquer
moins à celui qui procure à leurs énoncés leur avec elle. 11 en va de même, dans un autre
précision maximale et la vérification de leur champ, des physiciens. Tous, par exemple,
adéquation. Ce langage est celui que les logi sont d’accord sur la validité et l’usage des
ciens de l’âge moderne ont construit à la suite formalismes de la mécanique quantique. Ils
de G. Frege et B. Russell. La physique et la divergent sur l’interprétation des termes thé-
biologie elles-mêmes tendent vers cet idéal miques (sur leur référence). Ces divergences
d’exactitude, que l’usage d’un langage entiè tiennent sans doute à ce que les formalismes de
rement explicite permettrait d’atteindre. C’est la mécanique ne produisent aucune procédure
pourquoi nous appellerons « réductibles » les de contrôle sur l’usage des expressions telles
problèmes de cohérence, de fondement, et que « objet », « réel », « particule », importées
d’adéquation, dans la mesure où ils peuvent se dans la langue «scientifique», à partir des
traduire en une langue en droit transparente, expressions de la langue naturelle dans
ÉQUIPEMENTS COLLECTIFS
laquelle la première est plongée. Si bien qu’une même qu’il est nécessaire de se poser la
phrase telle que: «Le méson n est un objet question de la référence des termes théo
nvl », est sémantiquement mal formée. Or, s’il riques de la mécanique quantique, de même
rsi impossible d’éviter ces expressions mal il est nécessaire de s’interroger, le plus rigou
Ibrmées, il faut bien poser les problèmes reusement possible, sur le sens que prennent
i|u'appelle leur usage. C’est un exemple des expressions telles que espace, communi
lypique de problème que nous appellerons cation, extension, ouverture, environnement
» épistémologique ». lorsqu’il s’agit de la vie urbaine.
On ne peut espérer aborder avec quelque J.-T. D.
chance de succès de tels problèmes, en « résor
bant» les divergences d ’interprétation ou de Urbanisme.
d’équipement collectif, même si la qualité et aux besoins courants des habitants (équipe
la nature du service rendu sont différentes. ments qualifiés de résidentiels).
On distingue aussi les équipements en L’élaboration des programmes d ’équipe
fonction du niveau de la desserte qu’ils ments, dite programmation, est à la fois tem
assurent. Ainsi, on parlera d ’infrastructures porelle (fixation des échéanciers), financière
primaires, secondaires ou tertiaires selon et spatiale (implantation). Dans les années
qu’elles intéressent l’ensemble de la ville (et 1960, les retards pris par la réalisation des
de la communication entre les quartiers), équipements sur la construction des loge
qu’elles desservent l’ensemble d ’un quar ments ont conduit à définir des normes
tier ou qu’elles restent intentes à une opéra d’équipements à réaliser, qu’on a réunies dans
tion immobilière donnée. À chacune de ces des grilles d ’équipements. Ces «grilles» de
catégories d’infrastructures correspond une normes d’équipement ne sont plus en vigueur,
répartition différente des financements entre mais on s’y réfère parfois encore.
la collectivité locale et le promoteur-
constructeur. J. C. et P. M.
Les lois de décentralisation des 7 janvier et Dotation générale de décentralisation (dgd) ; Dotation globale
22 juillet 1983 ont transféré aux collectivités d'équipement (D G E ); Dotation globale de fonctionnement
(dof); Intégration des équipements; Local collectif résiden
territoriales - régions, départements et com tiel; Programmation des équipements collectifs; Subven
munes - certaines compétences, et donc la res tions d'équipement.
11imts diffus sont incorporés dans les murs et orthogonal impose la transformation des voies
les planchers, ce qui est plus économique et étroites en escaliers quand elles escaladent la
esthétique, ou parfois nettement distincts de pente du site. La mégastructure urbaine de
eeux-ci, ce qui facilite l’entretien, les répara- l’époque minoenne, telle qu’on la voit à
lions et les modifications. Lorsqu’ils ne sont Cnossos, présente un grand escalier qui monte
pas incorporés, ils sont souvent regroupés de la cour principale où avaient lieu les céré
dans des gaines. Certains équipements loca monies, tandis qu’au sanctuaire de Lindos et à
lisés sont regroupés entre eux pour constituer l’asklépion de Cos, de vastes escaliers relient
<le véritables sous-ensembles fabriqués en les terrasses des différents niveaux. Dans la
usine et assemblés sur le chantier (ex. : sous- ville médiévale, des escaliers irréguliers étaient
cnsembles salle d ’eau, sous-ensemble cui utilisés de façon empirique pour maîtriser les
sine). Le bâtiment tend à être de plus en plus dénivellations du site comme, par exemple, à
équipé afin de satisfaire des besoins nouveaux Prague, l’escalier qui conduit au Château.
ou de mieux satisfaire des besoins anciens. Dans les projets urbains de la Renaissance,
des escaliers larges et réguliers étaient traités
P. Ch.
comme les éléments d’un spectacle, ainsi
> Eau ; Électricité; Gaz; Réseau; Télécommunications. qu’on le voit dans l’École d ’Athènes de
Raphaël, où l’escalier et la voie qui lui fait
suite constituent la scène d’une action drama
ÉQUIPEM ENTS TO U R IS TIQ U ES tique. Les escaliers peuvent aussi être le lieu
-> Aménagement touristique du théâtre urbain spontané, comme l’escalier
extérieur de Saint-François à Quito. Les esca
liers servent également à mettre en valeur des
ÉROSION -> Aplanissement; Relief espaces urbains particulièrement importants.
Michel-Ange a construit un large escalier en
forme de rampe pour accéder au Campidoglio,
ERREUR -► Modèle (mathématique) ; grandiose salle urbaine destinée à servir de
Prévision ; Risque décor à de complexes cérémonies civiles. Des
escaliers composés avec art offraient un cadre
imposant, et souvent d’une élaboration icono
ESCALIER graphique poussée, pour une église : tels les
escaliers de De Sanctis, montant à la Trinité
Série ou volée de marches connectant un des Monts à Rome, ou encore ceux des Sta
niveau à un autre. Les escaliers permettent de tions de la Croix menant à la chapelle de
faire la jonction entre les différents niveaux Neumann à Würzburg.
d’un ensemble urbain ; ils sont utilisés comme Des escaliers inclus dans des édifices et des
voies piétonnières ou comme passages ; ils ensembles architecturaux pour des raisons
sont inclus dans des édifices ou dans des iconographiques permettaient, en outre,
ensembles architecturaux afin de prolonger l’intégration de ces architectures dans
verticalement des axes urbains. Les escaliers l’ensemble d’un cadre urbain plus vaste. Tel
urbains sont généralement construits en maté est le cas, particulièrement spectaculaire, de
riaux durables, pierre ou brique, et plus la Ziggourat, en Mésopotamie, ou dans le
récemment béton. La pente d’un escalier (rela monde Maya, à Warka ou à Ur comme à
tion entre marche et contre-marche), comme Chichén Itza et à Tenochtitlan. De même, les
l’angle de ses marches et le caractère de sa escaliers-rampes du temple d’Hatchepsout
rampe déterminent la façon dont l’escalier est sont le prolongement d’un axe qui traverse le
perçu par ses usagers. Les escaliers sont droits Nil depuis Kamak. Les escaliers de Rinaldi,
ou curvilignes, très rarement circulaires ; ils entourant l’abside de Sainte-Marie Majeure,
sont coupés par des paliers. créent une véritable scène urbaine entre la
Dans l’Antiquité, les escaliers étaient utilisés place et l’église. Les escaliers du capitale de
à des fins pratiques et cérémonielles. À Éphèse, Washington lient cet édifice aux avenues les
la voie de marbre se transforme en escalier plus importantes de la ville. Des villas,
lorsqu’elle s’incurve pour s’élever au-dessus comme celles de Poggio à Caiano et de
de la plaine ; à Priène, la régularité du plan Chiswick, se servent d’escaliers pour intégrer
I
ESPACE
314
édifices et vastes perspectives dans le paysage relations de proximité qu’il établit avec ses
environnant. Les escaliers continuent à être semblables. La proxémie de Hall annexe les
utilisés dans les ensembles urbains contempo concepts de territoire, de distances critiques,
rains (cf. le centre civique de Vancouver). de stress. Elle s’oppose aux prétentions scien
Dans l’art des jardins, les escaliers consti tistes et universalistes des théories de l’aména
tuent souvent des éléments fondamentaux, gement de l’espace développées par le courant
tirant parti des courbes de niveau du terrain. progressiste (de Fourier à Le Corbusier).
Bramante a utilisé au Belvédère du Vatican un Pour leur part, certains psychanalystes ont
double escalier qui lui permet de se plier à la montré le rôle important de la spatialisation
forte pente du site et de créer un contrepoint à dans le développement psychique (A. Mits-
l’imposante niche du sommet. Hildebrand a cherlich, Psychanalyse et urbanisme, 1970).
relié les deux Belvédères de Vienne au moyen Si l’espace est presque ignoré par certaines
d’un ensemble d ’escaliers et de rampes. Dans disciplines qui concourent pourtant largement
certains de ses jardins les plus importants, Le à l’aménagement et à l’urbanisme, il constitue
Nôtre a utilisé à la fois des rampes droites et la raison d’être d’un certain nombre d’autres
des rampes curvilignes comme variation de disciplines :
l’escalier, permettant d’ajuster au mieux le jar • l’astronomie et l’astrophysique qui étu
din aux dénivellations du terrain. dient la constitution, la position et les mouve
C. F. O. ments des corps dans l’espace céleste (i 'espace
infini) ;
A rt des jardins; A rt urbain; Baroque; Espace public; Théâtre.
• les études spatiales qui se consacrent aux
objets expédiés par l’homme au-delà de l’at
mosphère ;
ESPACE • les sciences de la terre, et en particulier :
- la géodésie : étude de la forme de la terre
Etendue indéfinie qui contient et entoure tous et mesure de ses dimensions ;
les objets (Larousse). Dans cette définition, le - la géologie : étude de la composition, de
terme important est sans doute « indéfini ». la structure de l’évolution de la terre et des
Celui-ci peut d’ailleurs s’entendre dans son matériaux qui la composent ;
acception mathématique (« qu’on ne peut limi - la géomorphologie: étude scientifique
ter», qui est synonyme d ’infini) ou dans son des formes de la surface terrestre ;
acception banale (« qu’on ne peut définir »). 7 la géographie qui s’intéresse aux relations
Ce terme est devenu récemment d ’un qui caractérisent la vie des groupes humains
emploi généralisé, souvent excessif et dénué dans leur cadre spatial ;
de rigueur (Matoré). Kant avait montré que • l’aménagement et l’urbanisme qui trai
l’espace était une forme a priori de la per tent de l’intervention volontaire et organisée
ception des humains et avait développé la phi de l’homme pour «disposer avec ordre»
losophie critique impliquée par cette (aménager) hommes, activités et équipements
affirmation. Pourtant, l’espace est resté quasi sur une portion de la surface terrestre, et pour
absent de certains champs d ’investigation assurer une évolution et un développement
scientifique, les préoccupations spatiales des villes à la fois harmonieux et efficace ;
apparaissant marginales, voire inexistantes, • l’architecture, c’est-à-dire la conception,
pour la plupart des économistes, des psycho la réalisation et la décoration des édifices ;
logues et même des sociologues. Il a, par • les arts plastiques, telles la peinture et la
contre, donné lieu à des approches spéci sculpture où l’espace - à travers la perspec
fiques, par exemple à travers le concept de tive en particulier - tient un grand rôle.
proxémie humaine (Edward T. Hall, The hid-
den dimension, 1966, trad. ffanç., La dimen On s ’intéressera ici essentiellement à
sion cachée, Paris, 1971), qui analyse, en se l’aménagement et à l’urbanisme, et donc aux
nourrissant de constatations empruntées à échelles allant, du groupe de constructions au
l’éthologie animale et à l’anthropologie de territoire national.
l ’espace, la façon dont l’homme utilise A ces échelles, l’espace apparaît comme un
l’espace, et en particulier la nature, et les bien rare dont il importe d’organiser ration
modalités, différentes selon les cultures, des nellement la consommation.
ESPACE
MIS
La rareté de l’espace peut se faire sentir à définir et à réglementer les densités, expri
l’échelle de tout un territoire. Tel est le cas des mées en nombre de personnes, puis en surface
Pays-Bas qui, depuis le xnc siècle, ont récu de plancher construit, par unité de surface.
péré de l’espace sur la mer (poldérisation), ou Des densités maximales sont fixées par les
des plaines et vallées de Java, de Chine, etc. documents d’urbanisme, tandis qu’on recourt
I ,a pénurie d’espace est la plus aiguë en milieu souvent à des normes pour déterminer, et
urbain où elle conduit à des mécanismes spé réserver dans ces documents, les surfaces
cifiques de formation du prix du sol (rente nécessaires aux différentes fonctions, et en
foncière qui intègre une « rente de rareté »). particulier aux équipements publics.
L’occupation de l’espace urbain s’organise L’espace aménagé, que ce soit à l’échelle de
selon les prix du sol que les différentes activi la ville ou à celle de la région ou du territoire,
tés sont prêtes à payer. n ’est pas seulement un espace homogène et
L’aménageur doit en priorité s’inquiéter de isotrope. Les activités humaines s’y disposent
la disponibilité des sols sur le plan juridique, selon des règles complexes que les écono
c’est-à-dire quant à leur propriété; sur le mistes spatiaux ont tenté de définir, qu’il
plan de leur utilisation actuelle et des possi s’agisse des cultures (Johann Heinrich von
bilités de la modifier. Dans les pays où le Thünen, Der isolierte Stadt in Beziehung a uf
régime le plus répandu est la propriété privée Landwirtschaft und Nationalôkonomie, 1826-
du sol, l’urbanisme s’est constamment heurté 1850-1863) ou des industries (Alfred Weber,
à l’accusation de porter atteinte au droit de Über den Standort der Industrien, 1909). Les
propriété (garanti, rappelons-le, par la Décla villes et autres établissements humains se dis
ration des droits de l’homme et du citoyen) posent en réseaux (August Lôsch, Die raurn-
et il a fallu près de deux siècles en France liche Ordnungder Wirtschaft, 1940). Mais ces
(la première loi sur l’expropriation date de ordonnancements et ces réseaux suivent une
1810) pour définir les modalités d’interven géométrie perturbée :
tion de l’État ou des collectivités locales • par les conditions géographiques (Walter
dans l’intérêt général. Le droit distingue : Christaller, Die zentralen Orte in Süddeut-
• le sol, propriété privée sous réserve des schland, 1933);
mécanismes permettant l’intervention collec • par les facteurs historiques, susceptibles
tive ; de créer une anisotropie (front pionnier en
• le sous-sol, dont les produits sont pro Amérique du Nord, par exemple) ;
priété collective (mines) ; • par les voies de communication.
• le sur-sol ou droit de construire au-dessus L’espace aménagé est en effet un espace de
du sol, soumis aux règles d’urbanisme. La relations économiques (transports de mar
tendance moderne est de séparer la propriété chandises) et humaines (migrations à diverses
du sol et celle du sur-sol : tel est le sens en échelles dans le temps). Ainsi l’espace appa
France des coefficients d’occupation du sol et raît à la fois polarisé (François Perroux) et
du plafond légal de densité, mais ce dernier structuré par les voies et supports de commu
exemple montre les difficultés, théoriques et nication (Richard L. Meier, A communication
pratiques, qui s’opposent à cette évolution. theory o f urban growth, 1962).
Le droit de l’urbanisme ne fixe pas seule L’homme se déplace dans l’espace :
ment les règles de l ’intervention publique — à l’échelle quotidienne : migrations,
(l’urbanisme d ’intervention). 11 réglemente dites alternantes, domicile-travail (ou école)
aussi l’utilisation du sol et la construction, et autres déplacements de proximité (achats,
assure le contrôle de ces réglementations et loisirs, etc.) ;
définit le rôle respectif des acteurs de l’amé — à l’échelle hebdomadaire et annuelle :
nagement urbain et ses moyens financiers vacances, tourisme ;
spécifiques. Cette mission réglementaire vise — à l’échelle d’une étape dans le cycle de
à assurer, dans l’intérêt général, un certain vie, voire de la vie entière: migrations de
ordre dans la disposition des établissements résidence, voire migrations internationales,
humains dans l’espace, y compris pour ména volontaires, ou forcées.
ger des zones naturelles, à des fins agricoles Les techniques de transport, comme l’aug
ou paysagères. mentation du temps disponible et des revenus
La consommation de l’espace a conduit à ont, au moins dans les pays développés, consi
dérablement accru ces différentes mobilités, tenance à un groupe social. Les premiers tra
au point de complètement bouleverser le rap vaux de Paul-Henry Chombart de Lauwe ont
port de l’homme à l’espace. Les techniques de été prolongés, aux Etats-Unis notamment, par
télécommunication permettent, en outre, de la méthode des cartes mentales qui consiste à
mettre les individus en relation sans déplace faire dessiner par un individu le plan de
ment, mais ne peuvent toutefois prétendre à l’agglomération où il vit : l’espace qu’il est
remplacer celui-ci (au contraire, tout indique capable de restituer ainsi est d ’autant plus
que le progrès des communications à distance vaste que son niveau socioéconomique ést
multiplie les occasions de contacts interper plus élevé, et prend la forme d’une ellipse
sonnels). dont son lieu de résidence et son lieu de travail
L’espace ne peut être appréhendé indépen seraient les foyers. Les études sur la mobilité
damment du temps. La mobilité l’illustre quotidienne ont largement montré l’influence
bien : la fréquence dans le temps d’un dépla de ces deux pôles de la vie quotidienne et de
cement n ’est pas indépendante de sa longueur l’itinéraire habituellement suivi pour les relier;
dans l’espace. L’homme gère un budget- dans le choix des lieux d’achats et de loisirs. <
temps comme il gère un budget-argent et, Cette perception de l’espace est, à une
dans les lieux dont il dispose, individuelle échelle plus locale, guidée par la morphologie
ment ou en groupe, un budget-espace. La rela urbaine et par les points de repère offerts au
tion entre espace et temps est d’ailleurs une citadin. Kevin Lynch (The image o fth e city,
des voies les plus fécondes d’explication de la Cambridge, Mass., 1960) a, le premier, mis en
mobilité quotidienne (diagrammes espace- évidence les concepts (lisibilité, imageabilité,
temps de Thor Hâgerstrand). identité) et les éléments (itinéraires, nœuds,
Mais le temps intervient dans l’Utilisation repères spatiaux, quartiers, etc.) de cette ana
de l’espace à une tout autre échelle : celle du lyse de l ’image de la ville, exerçant une
temps historique. L’histoire s ’est toujours influence considérable et suscitant des travaux
écrite dans l’espace, souvent dans les villes, a de qualité variable.
légué les bâtiments où elle se déroulait, bref, En fait, chaque citadin ne peut se situer
s’est inscrite dans la pierre. La typologie des librement dans la ville. Les mécanismes de
bâtiments, mais aussi les structures moins ségrégation (ethnique, économique, sociale,
évidentes de la morphologie urbaine (réseau démographique) de jure ou plus souvent de
viaire, parcellaire, rapports entre espace facto, limitent à la fois les espaces où un indi
construit et non construit) sont fortement pré vidu peut résider, mais aussi ceux qu’il peut
gnantes et perdurent souvent, même en cas fréquenter, au moins régulièrement. Il est
de reconstructions successives, par exemple dommage que les études sur les cartes men
dans l’Amsterdam des canaux ou le Paris des tales n’aient pas poussé plus loin leurs investi
Halles, étudié par l’équipe d’André Chastel gations dans cette voie.
et Françoise Boudon (Système de l ’architec Au total, il se crée une symbolique de
ture urbaine : le quartier des Halles à Paris, l’espace. Certains espaces, à diverses époques,
1977). ont pu paraître maléfiques (la montagne jus
Ainsi, la ville doit gérer son espace, mais qu’au xixe siècle), d’autres ont été considérés
aussi son passé, ce qui conduit à la question comme sacrés (les bois dans l’Antiquité). À
de la préservation, non seulement des bâti l’échelle urbaine, cette symbolique est guidée
ments isolés (monuments), mais aussi de par une perception fugitive des caractères
leurs abords, de quartiers entiers, de sites d ’un lieu, porteur à la fois de signes histo
remarquables, bref à la notion de patrimoine. riques, sociaux et économiques : un hôtel par
Elle doit aussi gérer son futur et la planifica ticulier, par exemple, évoque à la fois
tion implique la protection d ’espaces qui, par l’époque où il a été construit, la classe sociale
leurs qualités naturelles ou acquises, doivent à laquelle il était destiné (l’aristocratie) et celle
être protégés contre des interventions qui en qui l’occupe aujourd’hui (une bourgeoisie
détruiraient le caractère. quelque peu nostalgique), les valeurs fon
L’homme, enfin, module l’espace, mais se cières et mobilières élevées.
situe dans l’espace, parfois avec maladresse. Appropriation de l ’espace, lecture de
Les études des sociologues ont montré que l’espace, symbolique de l’espace sont au
l’espace social était limité et reflétait l’appar nombre des composantes de ce qu’on a pu
ESPACE PUBLIC
317
appeler caractère d’un lieu, d’un site et, dans après avis de la commission départementale
le cas de la ville ou d’un quartier, caractère des sites, perspectives et paysages.
urbain ou urbanité. Les espaces boisés classés figurent sur les
documents graphiques des documents d’urba
P.M.
nisme opposables aux tiers. Ils constituent
-> Am énagem ent; Densité; Mobilité; Proxémie; Rente fon une servitude d’urbanisme. Ils peuvent égale
cière;Télécom m unications; Urbanisme. ment être définis par le préfet dans le cadre
des espaces naturels sensibles.
Un espace boisé classé ne peut recevoir
ESPACE BOISÉ CLASSÉ d ’occupation du sol, en particulier de
construction, que si elle est compatible avec
Les espaces boisés, comme le précise une le boisement (le classement se superpose en
circulaire du 8 février 1967, remplissent une effet au zonage du pos ou du plu, mais ne se
triple fonction écologique, sociale et urbaine. substitue pas à lui). Les demandes de défri
Ils sont régis par le Code forestier en ce qui chement sont irrecevables. Les coupes sont
concerne les coupes et défrichements. Celui- soumises à autorisation. Le stationnement des
ci détermine un statut particulier de protection caravanes est interdit.
des forêts domaniales et des forêts soumises Un espace boisé classé ne peut être déclassé
au régime forestier, surveillées et gérées par que par une révision du plu (auparavant du
l’Office national des forêts. Il permet de clas pos ), si le classement n ’est pas obligatoire,
ser comme forêts de protection celles dont la mais pas par la procédure plus légère de la
conservation est nécessaire au maintien des modification : ce déclassement ne peut être
terres en montagne et sur les pentes, à la lutte anticipé en cours de procédure. Le déclasse
contre les avalanches et l’érosion. ment pour cause d’utilité publique suppose
Le Code de l’urbanisme fixe par ailleurs une enquête publique ayant porté à la fois sur
un principe d’équilibre entre l’aménagement l ’utilité publique de l’opération et sur le
et la protection ; les schémas directeurs défi déclassement qui en résulterait. Par exception,
nissent les espaces forestiers, boisés ou peut être ouverte, sous certaines conditions, la
libres à maintenir ou à créer et organise un possibilité de déclasser au maximum un
régime de protection spécifique des espaces dixième d’un espace boisé classé et d’y auto
boisés classés par un pos , un plu ou par un riser la construction par les propriétaires qui
document d’urbanisme opposable aux tiers. cèdent gratuitement à l’État ou à une collecti
Ce régime peut également être appliqué vité territoriale cet espace boisé classé.
dans les communes situées dans des espaces P.M.
naturels sensibles. Enfin, la loi littoral a créé
Espace vert; Forêt; Plan d'occupation des sols; Plan local
un régime semblable pour les espaces, sites d'urbanisme (plu).
ou paysages remarquables ou caractéris
tiques du patrimoine naturel et culturel du
littoral.
Les dispositions relatives aux espaces ESPACE O U V E R T -+ Espace vert
boisés classés concernent les forêts - forêts
domaniales et forêts soumises, bois et forêts
des particuliers - , les espaces boisés urbains ESPACE PUBLIC
- publics et privés, y compris des espaces sus
ceptibles d’être replantés et des alignements D ’usage assez récent en urbanisme, la
plantés - , les espaces boisés du littoral, qu’ils notion d’espace public n’y fait cependant pas
soient existants ou à créer. Le classement par toujours l’objet d’une définition rigoureuse.
les documents d ’urbanisme est obligatoire On peut considérer l’espace public comme la
pour les forêts domaniales ou soumises, pour partie du domaine public non bâti, affectée à
les massifs forestiers dans lesquels le ministre des usages publics. L’espace public est donc
de l’Agriculture a refusé, après avis du formé par une propriété et par une affectation
Conseil d’État, des autorisations de défriche d’usage.
ment et pour les espaces boisés les plus signi Sous l’Ancien Régime, les biens de la Cou
ficatifs du littoral. Le classement intervient ronne étaient indistincts, mais certains juristes
ESPACE PUBLIC 318
accordaient déjà un caractère spécifique aux que des espaces verts (parcs, jardins publics,
lieux destinés à l’usage du public. Cette dis squares, cimetières, etc.) ou des espaces
tinction ne fut cependant formalisée ni lorsque plantés (mails, cours, etc.).
la Révolution transféra à la Nation le domaine Par extension, de nombreux urbanistes
royal, ni, plus tard, par le Code civil. Elle fut considèrent également au titre de l’espace
établie peu à peu, à partir du milieu du public des lieux bâtis de droit privé : gares,
xixe siècle, tant par la loi que par la jurispru centres commerciaux, voire les moyens de
dence. A ujourd’hui, l ’espace public n ’est transport en commun ou les équipements col
guère présent, en tant qqe tel, dans l’urba lectifs. On ne les suivra pas ici.
nisme réglementaire. Si sa physionomie est Entre l’espace public et l’espace privé pro
modelée par les règlements urbains, depuis prement dits, l’architecture et l’urbanisme dis
les plus anciens (alignements, prospects, par tinguent en outre, souvent, des espaces
exemple), seuls les espaces verts et la voirie « intermédiaires », surtout en matière d’habi
font l’objet de dispositions générales spéci tat. Ainsi on qualifie par exemple d’espace
fiques dans le Code de l’urbanisme. «privatif» un espace réservé à l’usage d ’un
Mais la notion d’espace public en urba particulier, sans lui appartenir ; d’espace « col
nisme ne relève pas seulement de ces aspects lectif» ou d’espace « semi-public », un espace
juridiques. Il faut aussi la mettre en relation réservé à un usage de voisinage. Dans les
avec l’émergence, à partir du xvnie siècle, années 1970, l’Etat français a encouragé une
dans la société européenne occidentale, de la politique expérimentale d’habitat social col
notion d ’espace privé, organisée autour du lectif, focalisée sur les «espaces intermé
modèle institutionnel de la famille restreinte. diaires », à inscrire entre le logement et
A la clôture du logement sur l’intimité fami l’espace public proprement dit (cf. le quartier
liale et à l’organisation interne spécialisée de de l’Arlequin, à Grenoble, ou encore l’en
cet espace domestique, répond en effet une semble « SAP 74 » de Poitiers). Mais ces types
spécialisation des espaces extérieurs comme de lieux ne correspondent en général pas à des
« espaces publics », lieux de l’anonymat ou notions juridiques spécifiques.
des rencontres informelles. Le travail et une La réflexion sur la ville et les théories de
large part de la vie quotidienne comme de la l’urbanisme du xixe siècle se sont peu préoc
vie civique se retirent de la rue. Les processus cupées du concept d’espace public, qu’elles
de spécialisation fonctionnelle et formelle des ont abordé de façon semblablement contin
espaces extérieurs, engagés à la Renaissance, gente et partielle, selon qu’elles privilégiaient
se renforcent. Au xixe siècle, cet espace public les fonctions circulatoires (Haussmann,
devient l’espace de la circulation et des pro Cerda) ou l’organisation communautaire de la
menades marchandes ou hygiéniques que vie quotidienne (utopies de type fouriériste).
nous connaissons encore aujourd’hui. L’urbanisme culturaliste apporte, en
Ainsi la constitution d’un « espace public » revanche, une contribution plus substantielle
accompagne paradoxalement la régression à l’élaboration de la notion d ’espace public.
d’une participation directe quotidienne à la D ’abord avec les analyses morphologiques de
vie civique urbaine. L’habitat et les lieux de Camillo Sitte (Der Stadtebau, 1889), mais
travail - étrangers l’un à l’autre - dessinent surtout avec les théoriciens anglo-saxons de
en creux les lieux d ’activités banalisées, le la «cité-jardin» qui placent les espaces
domaine de « l’homme de la rue », de « l’usa communs au centre de leur problématique,
ger». Il faut encore rapprocher la spécificité sous les deux formes du parc et de la place.
de l’espace public de la laïcisation de la E. Howard commence la description de sa
société, et donc de la quasi-disparition d ’un ville-jardin par l’édification, au croisement
domaine concret et symbolique du sacré, des six grands boulevards radiaux, du « centre
l ’espace sacré (cf. J. Habermas, L ’espace public » (Tomorrow : a peacefulpath to social
public, trad. franç., 1982). reform, Londres, 1898). R. Unwin groupe les
En tant que composé d ’espaces ouverts, ou maisons autour d ’un espace communautaire.
extérieurs, l’espace public s’oppose, au sein Il prône également la constitution d ’un centre
du domaine public, aux édifices publics. Mais nettement marqué, regroupant des édifices
il comporte aussi bien des espaces minéraux publics : « On aura là de véritables nœuds de
(rues, places, boulevards, passages couverts) composition dans le projet de la ville » (Town
319 ESPACE VERT
XIXe siècle. Les jardins ménagés dans ses végétaux des espaces minéraux avec planta
zones bâties les plus denses étaient de petite tions d’arbres, on utilise aujourd’hui, parfois,
taille et revêtaient un caractère souvent utili l’expression «espace planté» pour nommer
taire. les seconds. La notion de «parcs et jardins
Les jardins de cette époque sont réguliers. publics » isole, quant à elle, ce qui relève du
Composés sur une trame de carrés, ils n’accu domaine public, hors la voirie plantée.
saient que rarement un axe principal. Les fon En 1854, le baron Haussmann créa le ser
taines étaient présentes et les labyrinthes très vice des promenades et plantations de la ville
fréquents. A Paris, les jardins de l’hôtel Saint- de Paris, dont Alphand, « ingénieur en chef
Paul, exécutés au xixe siècle sous Charles V, des embellissements de Paris», devint le
étaient connus de toute l’Europe. La ménagerie, directeur. L’espace vert n ’était plus œuvre
qui est à l’origine du nom de la « me des Lions d’un architecte ni d’un artiste paysager, mais
Saint-Paul», et l’importante treille (me d ’un gestionnaire de service public. Ouverts à
Beautreillis) en étaient deux éléments notables. tous, les « espaces verdoyants » devaient être
Le grand jardin, composé symétriquement disposés dans la capitale de manière à ce que
autour d’un axe central, largement dominant, chacun puisse également s’y rendre. Parcs
mais fermé à son extrémité, apparaît au périurbains et jardins intra-urbains (jardins
xvie siècle, en Italie. Il devait inspirer Le publics, parcs, squares), promenades, places
Nôtre, au xvne siècle, qui cherchait cepen et voies plantées, furent ainsi localisés précisé
dant rapidement à l’ouvrir vers l ’infini ment dans un souci de complémentarité,
(cf. Versailles et l’avenue des Champs- d ’équilibre et d ’homogénéité. En une ving
Elysées, tracée en prolongement des jardins taine d’années, plus de 1 800 ha d ’espaces
des Tuileries ju sq u ’à l ’Étoile et Saint- verts ont été ainsi créés.
Germain-en-Laye). L’aménagement de ces lieux s’accompagna
Les jardins commencèrent à s’affirmer de la conception et de la mise en place d’un
comme des lieux de vie sociale. Versailles mobilier urbain original, chargé d ’affirmer la
était accessible à chacun, en permanence, et logique publique et l’identité de l’aménagement
l’aristocratie en vint à ouvrir au public, à cer végétal qui ponctue et irrigue alors la ville.
taines occasions, les jardins de ses hôtels par Au lendemain de la première guerre mon
ticuliers. Quelques-uns d ’entre eux, comme diale, le débat sur les fortifications de Paris
celui du Palais-Royal, devinrent les bases (libérées de leur servitude militaire, puis
essentielles de la vie civique, des centres acquises par la Ville) donna lieu aux projets de
d ’échange entre la noblesse moderniste et les création d’une « ceinture verte » autour de la
élites bourgeoises. capitale, propre à modifier considérablement
À la fin du xvme siècle, les thèmes rous- son image. De grandes déclarations en petites
seauistes et l’influence des «parcs paysagers » concessions, la ceinture verte a été déchique
anglais marquèrent, à leur tour, les arrange tée à la suite de construction de logements
ments des jardins. sociaux et de grands équipements, pour la plus
Mais c’est sous le Second Empire que ces grande part, jusqu’à ce que la réalisation du
derniers acquirent les formes et les modes boulevard périphérique scelle définitivement
d ’usage qui caractérisent « le jardin public » son sort. Le thème de la ceinture verte ne
encore si présent dans nos villes. C ’est en effet cessa, depuis, de réapparaître chaque fois
une politique globale de définition et d’amé qu’un grand projet d ’infrastructure affectait
nagement des espaces verts que le baron telle ou telle «couronne» de l’agglomération
Haussmann mit en place. Pour des motifs parisienne.
d’hygiène, le préfet de Paris attachait, comme Outre les réalisations haussmanniennes,
Napoléon III lui-même, une grande impor deux pôles théoriques ont marqué la question
tance aux «promenades et plantations». Le des espaces verts depuis la fin du xixe siècle
premier, il les désigna d’un terme global, celui et jusqu’à une époque récente. Leurs principes
« d’espaces verdoyants ». Il définit une typo connurent, d’ailleurs, de nombreuses applica
logie des espaces à créer ou à aménager selon tions, au moins partielles.
des modalités précises, correspondant aux Le premier pôle est celui de la «cité-
unités urbaines desservies par chacun d’eux. jardin » et des variations de ce thème. La végé
Afin de distinguer les espaces strictement tation y est intégrée à toutes les composantes
ESPACE V ER T
321
île la ville. Elle est, en fait., un élément struc verts urbains et de proximité (25 m2 avec les
turant de premier ordre par l’articulation des espaces dits «de fin de semaine»). En 1974,
jardins privés ou communautaires, des voies un recensement général des espaces verts fut
fortement plantées et des parcs centraux. ordonné par le ministre de l’Environnement,
Le second pôle, postérieur, est celui du avec mise à jour permanente.
« mouvement moderne ». Une fois posés les L’urbanisme réglementaire s’est attaché à
immeubles ou gratte-ciel et les grandes voies encourager la réalisation d ’espaces verts.
de circulation, l’espace vert, c’est tout le Ainsi, une circulaire de 1973 sur les zones
reste. Véritable manifeste, la cité ouvrière de d’aménagement concerté obligea-t-elle à amé
Siemensstadt à Berlin (1929), dessinée par nager 10% au moins de la superficie de
W. Gropius, ne connaît ainsi, hors du loge chaque zone en espaces verts d’au minimum
ment, que la coursive de chaque étage et le 1 500 m2. De manière plus large, le Code de
parc au-dehors. l’urbanisme ouvre la possibilité de subordon
ner l’attribution d’un permis de construire à la
En 1960, à l’occasion de l’élaboration du réalisation d’espaces verts (R 111-7). Une loi
Plan d’aménagement et d’organisation géné de 1976 (eu: L 142-2) instaure une «taxe
rale de la région parisienne, un contenu, rela départementale d ’espaces verts», sur le
tivement précis, est donné à la notion modèle de la «taxe locale d’équipement»,
d’espaces verts. Elle recouvrait la volonté de destinée au financement de toute intervention
mettre en valeur, d’aménager et de développer départementale en matière d’espaces verts ou
les espaces de nature, présents à l’intérieur et de conservation du littoral. L’Etat peut, en
à l’extérieur des grandes agglomérations et outre, accorder des subventions pour tout type
dont la nécessité s’impose, d’une part pour d’espace vert accessible au public.
répondre aux multiples besoins des citadins, Dans le développement des grands ensem
et d’autre part pour assurer la structure du bles, la question de l’enfant a été placée au
paysage d’un monde rural, menacé par le centre des problématiques sur les espaces
développement anarchique de l’urbanisation. verts. Selon les tranches d’âges et les des
L’intérêt de cette démarche a été de faire sertes, on multiplia les définitions de lieux et
prendre en compte une politique globale et de de leurs aménagements, conçus comme des
l’inscrire dans les documents d’urbanisme au équipements normalisés, de l’aire de jeux au
même titre que les autres grands équipements. terrain pour l’aventure.
De cette politique régionale sont nées une Se fondant sur les concepts d’écologie et de
série de mesures réglementaires telles que : qualité du cadre de vie, une politique plus
protection des espaces boisés spécialement déterminée de valorisation de la nature fut
protégés, établissement de zones non aedifl- ensuite impulsée. Elle se manifesta cependant
candi applicables aux espaces verts, prévision plus dans l’aménagement des villes nouvelles
obligatoire, au moment de la construction ou dans celui de vastes espaces verts
d’immeubles d’habitation, des espaces verts « d ’agglomération» périphérique, tels que les
nécessaires, recherche des normes traduisant espaces boisés ou les bases de loisirs, qu’au
des objectifs de grandeur souhaitables mais sein même de la ville traditionnelle.
jamais appliquées à l’époque, etc. C’est une autre opportunité qui conduisit,
L’imprécision de la notion des espaces depuis ces dernières années, à poser la ques
verts qui, de toute façon, ne tient pas compte tion d’une définition contemporaine du rôle et
des limites administratives, rend difficiles les de l’aménagement des espaces verts publics
comparaisons internationales : Paris, Londres, au sein de la ville : la libération de grandes
New York, Tokyo, disposent d’environ 10 m2 emprises foncières publiques (friches indus
d’espaces verts par habitant, moins que trielles, casernes ou grands équipements
Bruxelles (28 m2) ou que les grandes villes reportés en périphérie, etc.). Le concours
allemandes qui durent être reconstruites après international pour l’aménagement du parc de
la seconde guerre mondiale (Dortmund: La Villette à Paris, sur 35 ha, a été à ce titre un
123 m2). À la même époque, période de nor événement.
malisation quantitative des équipements
publics, en France, des circulaires ministé À l’heure actuelle, les espaces verts propre
rielles fixèrent un objectif de 10 m2 d’espaces ment dits peuvent prendre des formes difïe-
ESPACE VERT
322
rentes et occuper des superficies et des empla titre que les autres, en oubliant que la plupart
cements variables selon les besoins auxquels d’entre eux apportaient une réponse unique à
ils répondent, leur aire d’influence et la diver une question unique. L’évacuation des eaux,
sité du milieu urbain avoisinant. Divers types les circulations, les aires de stationnement,
de classement sont possibles selon : par exemple, peuvent être réglées par le cal
— la localisation (urbaine, suburbaine, cul parce que les besoins exprimés sont uni
rurale) ; voques et que, seuls, se posent des problèmes
— leur degré d’aménagement ; techniques complexes.
— leur statut de propriété (public, privé, En raisonnant par analogie, on a considéré
privé ouvert au public) ; que les espaces verts devraient répondre avant
— le type d’utilisateurs ; tout aux besoins d’exercice physique des cita
— la fréquentation (quotidienne, hebdoma dins, et même d ’une seule catégorie priori
daire, occasionnelle, etc.). taire : celle des jeunes enfants. L’exemple le
On distingue, aux différents niveaux : plus frappant est celui des grands ensembles
— de l’unité d’habitation : les jardins où les espaces verts, qui occupent des délaissés
privés et jardins d’immeubles (aires de jeux, de terrain, sont conçus comme étant un com
aires de repos et pelouses) ; plément du logement et constituent même un
— de l’unité du voisinage : les squares, alibi à la mauvaise conception d ’un habitat
places et jardins publics, terrains pour l’aven ignorant lui-même la multiplicité des besoins
ture, plaines de jeux, terrains de sports sco et des aspirations de ceux qui les occupent.
laires, parcs de voisinage) ; L’échec de ce type d ’espaces verts, pure
— du quartier : parcs de quartier, prome ment et étroitement fonctionnels, est si évident
nades, terrains de sport ; que les utilisateurs les abandonnent car la
— de la ville : parcs urbains, parcs d’attrac prise en compte des seuls besoins élémen
tions, jardin botanique, jardin zoologique, taires a conduit à une uniformité affligeante. Il
équipements sportifs polyvalents ; faut imaginer alors une autre attitude qui,
— de la zone périurbaine : bases de plein s’efforçant d ’aller au-delà des besoins de type
air et de loisir, forêts-promenades, terrains de matériel, mais sans les négliger pour autant,
campage, parcs d’attractions ; tiendrait compte d ’aspirations conscientes ou
On appelle coupure verte, les zones de inconscientes, plus profondes et plus subtiles,
discontinuité qui doivent séparer les agglo qui feraient entrer en ligne de compte la sym
mérations et empêcher leur croissance désor bolique, l’imaginaire et la sensibilité esthé
donnée. Soumises aux fortes pressions de tique, et qui aboutirait à un polymorphisme
l’urbanisation, elles nécessitent une protec des espaces verts.
tion particulière et des aménagements spéci Comme pour toute œuvre d ’art, il s’établit
fiques. Trop vastes pour que l’agriculture y donc entre l’espace vert réalisé et celui pour
disparaisse, elles doivent être protégées des lequel il a été imaginé, un langage par-delà
pressions foncières spéculatives et des les langues différentes. En fait, en plus de la
troubles causés à l’agriculture par les prome satisfaction des besoins très élémentaires, il
neurs venus de la ville. semble que les utilisateurs attendent des jar
On appelle trame verte le réseau hiérarchisé dins et des espaces verts qu’ils comportent
d’espaces naturels plantés, reliés entre eux par aussi la part de l’esprit et de l’imaginaire.
des cheminements bordés d’arbres pour les C’est en cela qu’existe « l’art des jardins ».
piétons et les cyclistes. L’espace vert, de quelque type que ce soit,
Quant aux espaces verts, ils remplissent se présente aussi comme la contrepartie idéa
plusieurs fonctions : lisée des conditions de vie en milieu urbain :
— production (agriculture, forêt) ; — à la contrainte de la ville succède la
— préservation des ressources naturelles liberté dont on jouit dans les espaces verts ;
(flore, faune) et humaines; — l’étroitesse des espaces fermés (apparte
— ouverture au public pour le repos, la ment, me) est compensée par la grandeur des
détente, l’oxygénation, les loisirs. espaces ouverts que sont les espaces verts ;
Durant les cinquante dernières années, les — l’ombre, parfois inquiétante des mes de
espaces verts publics urbains ont été consi la ville, trouve une contrepartie dans la
dérés comme un équipement urbain au même lumière qui inonde les espaces naturels ;
323
ÉTABLISSEMENT HUMAIN
— enfin, la dimension quelque peu artifi soit encore d ’une volonté de limiter la taille
cielle, bien que sécurisante, du milieu urbain, des établissements, ou enfin d’une adaptation
parce qu’il est en majeure partie minéral, au territoire qui constitue l’aire de recrute
disparaît dans les espaces verts au profit d’un ment et de clientèle de l’entreprise (dans le
milieu végétal auquel l’homme a été habitué commerce en particulier), et bien entendu
durant la quasi-totalité de son histoire. souvent de plusieurs de ces raisons conjointe
L’espace vert apporte, en outre, une réponse ment.
aisée à la dualité calme-sécurité/risque, que Si l’entreprise est l’unité juridique et finan
recherche l’homme dans son développement, cière de production, l’établissement est donc
en offrant une oasis de calme et de sécurité au l’unité spatiale et fonctionnelle, caractérisée
milieu des dangers de la ville, et en permet par son adresse, son (ou ses) activité(s),
tant, par le jeu et l’exercice, le risque sans l’entreprise dont elle dépend. Si l’établisse
danger. Par ailleurs, le couple associativité/ ment comporte une activité permanente, cette
rencontre et individualité/isolement, est facile dernière est placée sous la responsabilité d’un
ment évoqué par les lieux de rencontre et les directeur ou d’un gérant qui exerce celle-ci par
possibilités d’isolement qu’offrent les espaces délégation des responsables de l’entreprise et
verts. selon leurs instructions.
On compte, en France, en 2005, 3,04 mil
J.-B. P.
lions d’établissements. La majorité (1,75 mil
> Bois; Forêt; Jardin public; Parc; Parc naturel; Paysage; lion) n ’a aucun salarié. 1 050 000 en ont
Plantation ; Promenade. moins de 10, 224 000 entre 10 et 199, un peu
plus de 7 000 entre 200 et 2000 salariés et
seulement 118 qui ont plus de 2000 salariés.
ESPÉRANCE DE VIE -> Mortalité La répartition de ces établissements par
branche d’activité est la suivante :
— 300 000 dans l’industrie ;
ESPLANADE -> Place — 370 000 dans la construction ;
— 800 000 dans le commerce ;
— 115 000 dans les transports ;
ÉTA B LISSEM EN T — 95 000 dans les activités immobilières ;
— 540 000 dans les services aux entre
Lieu où s’exerce une activité économique prises ;
de production ou d’échange de biens ou de — 820 000 dans les autres services (aux
services. L’établissement est caractérisé par particuliers, santé, éducation et action sociale).
son unité géographique (terrain, bâtiments, P. M.
installations...) mais n ’a ni la personnalité
juridique ni l’autonomie financière qui appar - > Entreprise; Établissement classé.
tiennent à l’entreprise. Une entreprise peut
comporter un seul établissement (entreprise et
établissement sont alors confondus en un É TA B LIS S E M E N T CLA SSÉ — Installations
même lieu) ou plusieurs établissements, dont classées
un seul abrite le siège social de l’entreprise.
Dans certains cas, l’établissement peut ne pas
correspondre à une activité permanente É TA B LIS S E M E N T H UM AIN
(exemple : dépôt) ou être délicat à cerner
(exemple : entreprise de transport). La multi Toute installation qui marque la stabilisa
plicité des établissements d’une même entre tion provisoire ou définitive des hommes et
prise peut résulter soit d’une extension des s’inscrit dans le paysage par des tentes, des
activités de celle-ci, soit d ’une absorption caravanes, des cabanes, des huttes, des mai
d’autres entreprises, soit d ’une division du sons et par leurs dépendances.
travail fonctionnelle (exemple : siège social, Ce sens, ignoré par les dictionnaires, a été
usines, laboratoires, etc.), soit de spécialisa introduit par Vidal de La Blache qui
tion (production de biens différents, ne faisant consacre un chapitre des Principes de géo
pas appel aux mêmes techniques et matériels), graphie humaine (1922) aux «établissements
ÉTABLISSEMENT PUBLIC 324
hum ains». Le terme est l ’équivalent de mis aux règles du droit administratif, pour ce
l’anglais human settlement, largement utilisé qui concerne leur organisation et leur fonc
par les organisations internationales. tionnement. Les modalités du contrôle de
Les établissements humains sont de toutes tutelle auquel ils sont soumis varient beau
dimensions : de la maison isolée aux plus coup et laissent parfois à l’établissement une
grandes villes, la gamme est continue. Il est très large autonomie (Caisse des dépôts et
commode d ’opposer l’habitat dispersé et consignations).
l’habitat groupé et, au sein de celui-ci, d’intro La création d ’établissements publics
duire une coupure entre les villages et les locaux, par une ou plusieurs commîmes agis
villes. Mais quel critère choisir? La popula sant conjointement, permet de donner à une
tion agglomérée (2 000 habitants en France) activité spéciale une plus grande autonomie
ou un ensemble de traits dans lesquels le de gestion, d’y associer divers organismes
nombre des habitants est modulé en fonction dont les représentants seront appelés à siéger
de leurs activités ou des caractères du bâti ? dans leur conseil d ’administration. Ces éta
À la limite du village et de la ville, se situe blissements sont placés sous le contrôle de la
le bourg ; on trouve ensuite toute une hiérar collectivité qui les crée ainsi que sous celui
chie de petites villes, villes moyennes, de l’État. La formule a été notamment utili
grandes villes (qui sont souvent des métro sée pour des Offices publics d’habitations à
poles régionales), capitales. L’image est com loyers modérés (ophlm) ainsi que pour des
pliquée par l’étalement des établissements bureaux d’aide sociale. Comme pour les éta
humains, de plus en plus marqué dans le blissements publics créés par l’État, la for
monde contemporain, ce qui a conduit à intro mule permet aux collectivités territoriales de
duire les notions de concentration, d ’agglo tirer parti des différents attributs attachés à la
mération, de zone de peuplement industriel et reconnaissance de la personnalité morale :
urbain, de conurbation et, a une autre échelle, possibilité de posséder un patrimoine et de
de mégalopole. passer des conventions ; autonomie budgé
P. C. taire; constitution d ’organes de gestion spé
cifiques.
-*■ Bourg; Habitat; Ville. La gestion des établissements publics
administratifs étant assurée par un organe
délibérant (conseil) et par un organe exécutif
ÉTA B LIS S EM EN T PUBLIC (président ou directeur), c’est généralement la
composition de l’organe délibérant qui rensei
«Notion aux frontières imprécises», selon gne le plus clairement sur la pensée qui a
la formule utilisée par le Conseil d’État dans présidé à sa création. Les textes créant un éta
un rapport de 1971 sur la réforme des éta blissement public ne précisant parfois pas
blissements publics. On désigne par cette clairement la catégorie à laquelle il appartient,
expression un organisme menant une activité ce sont les juridictions saisies qui établiront,
d’intérêt public, au niveau national ou local, le cas échéant, les critères, relatifs à la nature
doté d’une personnalité, d’un patrimoine et des activités et aux règles de fonctionnement.
d’un budget propres.
Pour les établissements publics nationaux, Y. P.
créés par l’État, comme pour les établisse -> Établissement public d'aménagement; Établissement public
ments locaux, créés par les collectivités terri d'aménagement de ville nouvelle; Établissement public fon
cier; Établissement public régional; Groupement de com
toriales, les conditions de leur création sont munes; Urbanisme opérationnel.
nécessairement fixées par le législateur, en
vertu de l’article 84 de la Constitution. On
distingue des établissements publics indus É TA B LISSEM EN T PUBLIC D 'A M É N A G E M E N T
triels et commerciaux et des établissements (EPA)
publics administratifs. Les premiers ont une
gestion qui est largement soumise au droit Forme particulière d ’établissement public
privé : comptabilité commerciale, personnel d ’État à caractère industriel et commercial
relevant en principe du régime des salariés de dont l’objet social, l’organisation statutaire et
droit privé. Les seconds sont entièrement sou les modalités de fonctionnement sont régis par
tra. ÉTABLISSEMENT PUBLIC D'AMÉNAGEMENT
le ( 'ode de l’urbanisme. Ils sont compétents 16) et des opérations d ’urbanisme en secteur
pour réaliser pour leur compte ou, pour celui déjà urbanisé (La Défense, Euroméditerranée,
tic l’État, d ’une collectivité locale ou d ’un Saint-Étienne) ou non (les villes nouvelles).
mitre établissement public, ou pour faire réali- Une première génération d’EPA a été créée
Ncr toutes interventions foncières et opérations pour lutter contre la spéculation foncière en
d'aménagement prévues par ce Code. Ces région parisienne (aftrp) et pour l’aménage
organismes sont créés par un décret en Conseil ment de la zone de La Défense (1958), puis
d'fitat, qui précise leur objet, leur zone de pour celui des villes nouvelles (1969 à 1973).
compétence territoriale, la composition du Par la suite, pendant plus de deux décennies,
conseil d’administration, le mode de représen- cette structure a été ressentie par les collectivi
Intion des collectivités locales concernées, la tés locales comme une intrusion abusive de
désignation du personnel de direction et les l’État et seul un nouvel epa a été créé : I’epa-
pouvoirs de chacun. Ils bénéficient de préro France (pour l’aménagement du parc
gatives exorbitantes de droit commun pour Eurodisneyland) en 1987. Au milieu des
remplir ces missions, notamment des droits années 1990, certains élus ont pensé que
d’expropriation et de préemption. Ils sont sou l’autorité et les moyens de l’État pouvaient
mis à la comptabilité publique, ainsi qu’au faciliter la réalisation d’opérations complexes
contrôle économique et financier de la Cour d’aménagement. Les epa, outre ceux des bas
des comptes. Ces établissements bénéficient sins fluviaux, se sont multipliés depuis:
de fonds selon les conditions de leur création Euroméditerranée (quartiers dégradés du
(dotation propre pour l’Agence foncière et centre de Marseille près du port) en 1995, epa
technique de la région parisienne, aftrp, qui du Mantois-Seine aval (grands ensembles en
est un établissement public foncier menant des difficulté et, depuis 2007, l’ensemble de l’aval
opérations d’aménagement) et eurent recours de la Seine de Poissy à Bonnières), epa du site
aux prêts du fnafu jusqu’à la disparition de de Jussieu (désamiantage et restructuration) en
celui-ci en 1994. Aujourd’hui, tous ces éta 1997, epareca en 1998, epa Seine-Arche (pro
blissements fonctionnent avec leurs res longement à l’ouest de La Défense) en 2000
sources propres (recettes de leurs opérations (en cours de fusion avec celui de La Défense),
d’aménagement) et, en Île-de-France, peuvent epa de la plaine de France (communes défavo
faire appel au Fonds d ’aménagement de la risées et friches industrielles au nord de Paris)
région Ile-de-France. en 2002. Une troisième vague d’EPA a été créée
Son caractère industriel et commercial récemment: I’epa d’aménagement universi
donne à l’établissement public d’aménage taire en 2006, epa Orly-Rungis-Seine amont et
ment (epa) la souplesse nécessaire de fonc epa de Saint-Étienne en 2007, epa de la Plaine
tionnement sur le plan opérationnel. Son du Var (Éco-Valllée) en 2008 et un epa, très
caractère paritaire - élus, État - ne doit cepen controversé, est en voie de création pour le
dant pas faire illusion: c’est un instrument pôle scientifique et technologique de Saclay.
créé (et éventuellement dissout) par l’État, à En outre, certains epa ont été transformés, soit
son initiative, pour réaliser un projet voulu par que leur mission initiale soit achevée, soit
l’État qui en assure, en outre, le contrôle (sur qu’elle ait été élargie ou modifiée : I’epareb
le plan administratif, par les préfets, sur le (ville nouvelle des rives de l’étang de Berre)
plan des projets dans un cadre interministériel, est devenu I’epad Ouest-Provence en 2002,
sur le plan de la gestion financière par les I’epida (ville nouvelle de l’Isle d’Abeau) est
règles de la comptabilité publique) ; les collec devenu epa Nord-Isère (epani) en 2009. Enfin,
tivités locales sont seulement consultées avant certains epa ont mis leurs équipes à la disposi
sa création. tion d’un autre epa : tel a été le cas de celui de
Certains epa ont une vocation régionale, la ville nouvelle de Marne-la- Vallée auprès de
telle F aftrp (1962), voire nationale sur un l’EPA-France (depuis 1987) et de I’epa de la
thème précis, tel I’epareca, établissement ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines
public d ’aménagement et de restructuration (avant sa disparition en 2004) auprès de l’EPA
des espaces commerciaux et artisanaux (1998) Mantois Seine-aval (à partir de 1996).
ou I’epa d’aménagement universitaire (2006). Les opérations menées par les établisse
La plupart concernent un type d’aménagement ments publics d’aménagement, y compris les
particulier, tels les bassins fluviaux (il y en a villes nouvelles, sont coordonnées, depuis
ÉTABLISSEMENT PUBLIC D'AMÉNAGEMENT DE VILLE NOUVELLE 328
1999, par le groupe central des grandes opé phase préalable à la décision finale de
rations d’urbanisme qui a succédé au groupe construire la ville nouvelle, elle-même mar
central des villes nouvelles. quée par la création de I’epa. Cette procédure
N. B. transitoire avait été décidée par une directive
du Premier ministre du 4 avril 1966. Les mis,
-* Établissement public; Établissement public d'aménagement sions d ’études et d ’aménagement se sont
de ville nouvelle; Établissement public foncier; Groupe cen
tral des grandes opérations d'urbanisme. assez vite installées sur le site même des villes
nouvelles et une de leurs tâches a été d’obtenir
des élus locaux un degré minimal de consen
ÉTA B LIS S EM EN T PUBLIC D 'A M É N A G E M E N T sus, qui était loin d ’être acquis au départ;
DE VILLE N O UVELLE autour du projet de ville nouvelle. Ces mis
sions ont été créées entre 1966 (Évry et
Organisme aménageur chargé de l’aména Cergy-Pontoise) et 1969 (Mame-la-Vallée,
gement d’une ville nouvelle. Melun-Sénart, rives de l’étang de Berre) :
Créé par décret en Conseil d ’État, après cette phase transitoire a donc duré de un à
consultation des collectivités locales - entre quatre ans.
avril 1969 (Lille-Est, Cergy-Pontoise et Évry) Les missions de l ’établissement public
et octobre 1973 (Melun-Sénart) - , il est admi d ’aménagement d ’une ville nouvelle
nistré par un conseil comportant pour moitié s’appliquent dans un périmètre d ’intervention
des élus locaux (élus par leurs pairs) et pour défini par le décret de création. Elles sont
moitié de représentants de l ’État. Cette multiples :
composition type a été modifiée par la suite, — planification : préparation des sdau, des
en application de la loi Rocard du 13 juillet pos et des PAZ qui sont proposés à l’État et
1983, la moitié des sièges restant attribués aux collectivités locales ;
aux collectivités locales, le président étant un — réalisation de réserves foncières (expro
élu. Les services sont sous la responsabilité priations, préemption, achats amiables) ;
d’un directeur général, nommé par le gouver — aménagement des sites (voirie primaire,
nement, et comportent une centaine de per assainissement) ;
sonnes, les urbanistes ayant cédé peu à peu le — conception et exécution, en tant que
pas aux spécialistes opérationnels (ingénieurs, maître d’ouvrage délégué, des équipements
financiers, commerciaux). qui seront gérés par la collectivité locale (ou
Le mécanisme de I ’epa a été préféré pour l’organisme qui les regroupe, le syndicat
les villes nouvelles à celui de la société d’éco d ’agglomération nouvelle) ;
nomie mixte parce que celle-ci suppose une — aménagement des terrains à construire
initiative de la collectivité locale et qu’elle qui sont vendus (ou loués à long terme aux
l’oblige à courir le risque financier de l’opéra promoteurs de logements, aux industriels, aux
tion (garantie des emprunts notamment). La collectivités publiques, etc.), en utilisant les
formule de I ’epa permet l ’association, pour procédures de zai, de zac, etc. ;
une longue durée, de l’État - initiateur et pro — coordination entre les administrations,
priétaire des terrains et qui a financé les pre les collectivités locales et les acteurs privés,
mières opérations - et des collectivités locales sur le plan du financement, de l’échéancier de
dont les attributions (équipements publics, réalisation des équipements publics, des loge
impôts locaux) sont maintenues. ments et de la création des emplois (program
Dans une étape intermédiaire, les établisse mation), sur le plan technique ;
ments publics d’aménagement des villes nou — extension, dans certains cas, de son rôle
velles ont été préfigurés par des missions d’aménageur à celui de promoteur (centres
d’études et d’aménagement. Pour chaque ville commerciaux de voisinage, artisanat, centres
nouvelle, il s’agissait d’une équipe pluridisci de services, voire bâtiments de zones d’acti
plinaire chargée, sous la responsabilité de son vités), à l’exception des logements et des
directeur (qui, dans les faits, est devenu le centres commerciaux régionaux.
directeur de l’établissement public à sa créa Ces missions sont cependant limitées par
tion), de la coordination des études et des les moyens financiers accordés par l ’Etat
acquisitions foncières et de préparer les pre (équipements), la nécessité de l ’équilibre
mières opérations d ’aménagement pendant la financier des opérations et la volonté des élus
327 ÉTABLISSEMENT PUBLIC FONCIER
île prendre en main les décisions fondamen Vaudreuil, dont l’échec était patent, avaient
tales concernant les villes nouvelles. été dissous respectivement fin 1983 et fin
Les budgets des établissements publics ont 1987. Une seconde vague de dissolutions
été importants: vers 1980, pour les 9 villes d’epavn a eu lieu récemment : Évry à la fin
nouvelles, ils totalisaient environ 2 milliards 2000, les Rives de l’étang de Berre fin 2001,
de F, dont moitié d ’activités pour compte Cergy-Pontoise et Saint-Quentin-en-Yvelines
propre (fonctionnement, études, acquisition et fin 2002, celui de L’Isle d’Abeau fin 2008. Il
aménagement de terrains, financées par la ces ne subsiste plus que les epa de Sénart (ancien
sion des terrains aménagés) et moitié d’activi nement Melun-Sénart), de Mame-la-Vallée
tés pour le compte de l ’É tat (réserves (et l’EPAFrance pour Éurodisneyland). Pour
foncières, voirie primaire) et des collectivités Marne-la-Vallée, la fermeture se fera sans
locales (infrastructure primaire, équipement doute en plusieurs étapes, les secteurs 1 et 2
de superstructure, etc.). En 2000, ils ne totali étant achevés, mais les secteurs 3 (Bussy-
saient plus que moins de 2 milliards pour les Saint-Georges) et 4 (Eurodisneyland) étant
sept villes nouvelles encore en cours de réali encore en plein développement. Les com
sation, dont 0,6 milliard pour compte de tiers : munes concernées peuvent maintenir le SAN
cette dernière part diminue car les syndicats (tel est le cas à Berre) ou non. Elles peuvent
d’agglomération nouvelle mandatent moins aussi constituer une communauté d’agglomé
systématiquement les établissements publics ration, formule ouverte par la loi de 1999, qui
d’aménagement pour réaliser des équipements représente une intercommunalité moins forte
et que le volume de ceux-ci a tendance à que le SAN : c’est ce qui a été choisi à Évry, à
décroître. Cergy-Pontoise, à Saint-Quentin-en-Yvelines
Au plan national, la politique des villes et à L’Isle d’Abeau.
nouvelles a été coordonnée par un Groupe P. M.
central des villes nouvelles, créé par la même
loi de 1970 sur les villes nouvelles. Celui-ci a -» Établissement public; Établissement public d'aménagement
( epa ) ; Groupe central des villes nouvelles; Syndicat d'agglo
joué notamment un rôle important dans la mération nouvelle; Syndicat communautaire d'aménage
répartition entre les villes nouvelles des aides ment; Ville nouvelle.
de l’État et dans la recherche de l’équilibre
financier des opérations qui y sont menées. Il
a été supprimé en 1999 et son secrétariat géné É TA B LISSE M E N T PUBLIC DE CO OPÉRATION
ral fondu au sein de celui des grandes opéra IN TER C O M M UN ALE - » Com m une; Fiscalité
tions d’urbanisme. directe des établissements de coopération
La réalisation de la plupart des villes nou intercommunale ; Groupement de communes
velles françaises étant très avancée, la dissolu
tion des établissements publics d ’aména
gement des villes nouvelles est devenue iné ÉTA B LISSE M E N T PUBLIC FONCIER
luctable. Pour faire bon usage de l’expertise
accumulée dans ces epavn, d’autres missions Forme particulière d’établissement public à
d’aménagement ont pu être confiées : c’est ce caractère industriel et commercial dont la voca
qui s’est produit avec la très discutable opéra tion première, voire exclusive, est la réalisation
tion Eurodisneyland (création d’un nouvel epa d’opérations foncières (acquisitions amiables,
baptisé abusivement EPA-France, mais utilisant par préemption ou par expropriation et travaux
le personnel de l ’EPA-Marne), puis avec la indispensables de requalification) pour le
création de I’epa du Mantois-Val de Seine qui compte des collectivités publiques concernées.
a recouru au personnel de I’epa de Saint- On distingue des établissements publics d’État
Quentin-en-Yvelines. Mais ces extensions de et des établissements publics locaux.
compétences sont demeurées limitées. Les premiers établissements publics fon
C’est plutôt les modalités du retour au droit ciers d’État ont été l’Agence foncière et tech
commun des villes nouvelles qui ont mobilisé nique de la région parisienne en 1962, celui
l’intérêt des pouvoirs publics. Déjà, les epa de la Basse-Seine en 1967 (devenu de
de Lille-Est (devenue Villeneuve-d’Ascq), Normandie en 2004), et celui de la métropole
considérée comme achevée par les élus de la lorraine en 1973 (devenu de Lorraine en
communauté urbaine de Lille, et du 2001). Il faut également mentionner le
ÉTABLISSEMENT PUBLIC RÉGIONAL m
"HtlHiliiHitifritfHH"”
331 ETHNOLOGIE RURALE
plus vers les groupes minoritaires ou les com Témoins en sont les systèmes de classifica
munautés relativement closes à l’intérieur des tion des éléments naturels ou des couleurs,
sociétés industrielles. les nomenclatures de parenté, etc. Ainsi les
Esquimaux (cf. Whorf) disposent d’une mul
M. P. et M. Pe.
tiplicité de termes pour désigner divers états
> Ethnologie rurale; Ethnologie urbaine. de la neige que notre langue ne distingue pas.
La langue révèle d’autre part la position sym
bolique de certains éléments culturels. Un
ETH N O LIN G U IS TIQ U E exemple, devenu classique, concerne l’habi
tat, considéré, dans un grand nombre de
L’ethnolinguistique s’est constituée en sociétés, comme une image du corps, d’où le
domaine quasi autonome pour poursuivre ou nom donné à chaque partie de la maison et
affiner les descriptions formelles des langues parfois même la fonction qui lui est attribuée.
« exotiques » ou locales (phonologie, morpho Sans pour autant subsumer ses recherches
logie, syntaxe...) et pour approfondir l’étude sous le terme d ’ethnolinguistique, E. Ben-
des relations entre langue et société. veniste, dans son Vocabulaire des institutions
W. von Humboldt (textes échelonnés européennes, Paris, 1969, a accumulé une
entre 1811 et 1835, récente trad. franç. Intro information remarquable, notamment sur
duction à l ’œuvre sur le Kavi et autres essais), l’espace, sa perception et sa pratique dans les
puis E. Sapir et L. B. W horf (Language, sociétés dérivées du noyau indo-européen
thought and reality, Cambridge, Mass., 1956, (Grèce et Rome, en particulier) : les chapitres
trad. franç. Paris, 1969) voulurent démontrer consacrés à «Cité et communauté» ou à la
que toute langue exprime, de par sa structure maison (« Les quatre cercles de l’appartenance
même, une vision et une analyse du monde sociale») permettent, à travers la longue
propres à la société qui la parle. Bref, une durée, d’éclairer d ’un jour nouveau les pra
langue créerait et refléterait une « mentalité » ; tiques actuelles.
elle prédéterminerait la culture. Cette théorie a M. P. et M. Pe.
donné lieu à de très riches travaux, mais elle
bute cependant sur certains faits : les langues -► Anthropologie de l'espace; Anthropologie sociale et cultu
relle.
peuvent changer et la vision du monde rester
la même et inversement : ainsi dans notre
société, quatre siècles après Copernic et
Galilée, on dit toujours que le «soleil se ETH NO LO GIE RURALE
couche ».
A. Meillet initia à la même époque des tra Étude des communautés rurales et pay
vaux sur les relations entre les faits sociaux et sannes incluses dans les sociétés de type
les faits linguistiques, entre les variations de la industriel suivant les méthodes de recherche
structure sociale et celles de la structure lin propres à l’ethnographie et à l’ethnologie.
guistique. Il y a en effet des rapports entre Issue de l’ethnologie « exotique », T’ethno
lexique et société et entre phonologie et logie rurale a voulu marquer une rupture avec
société. Des mots empruntés, certains pho les études de folklore. Van Gennep (1873-
nèmes témoignent de l’histoire du groupe et 1957) peut être considéré comme l’un des arti
de ses contacts avec d’autres langues. Il en est sans de cette séparation, soutenue par les tra
de même des relations entre morphologie et vaux des grands anthropologues français tels
société ou syntaxe et société. Certains auteurs que Mauss, Durkheim et Lévi-Strauss qui ont
ont tenté de mettre en corrélation un système suscité des études systématiques de l’organi
religieux et une structure linguistique, d’autres sation sociale et des représentations collec
se sont demandé si la complexité croissante tives de tous les types possibles de sociétés.
des structures syntaxiques traduisait l’émer L’ethnologie rurale a privilégié les recher
gence d ’une société et d ’une pensée plus ches sur les systèmes de parenté (dits com
complexes. plexes, par opposition aux systèmes « élé
À un niveau plus pragmatique, il est clair mentaires», courants dans les sociétés exo
que différents environnements physiques ou tiques) et sur les systèmes de tenure foncière,
culturels suscitent des variations sémantiques. qui sont étroitement liés par le biais de la
ETHNOLOGIE URBAINE
332
transmission du patrimoine à travers les dère que cette microsociété est un échantillon
«liens de sang». L’étude des systèmes juri représentatif de microsociétés du même type.
diques coutumiers, intimement dépendants Cependant, l’ethnologie urbaine rencontre
des deux précédents, a montré que les sociétés des difficultés spécifiques. L’accès au terrain,
rurales européennes se répartissent entre deux apparemment immédiat, s’avère plus délicat
grands types juridiques : les systèmes « égali qu’en milieu exotique ou rural, en raison
taires » dans lesquels les biens sont partagés même des « barrières invisibles » qui cloi
équitablement entre les descendants d ’une sonnent les sociétés industrialisées et séparent
même génération (communautés taisibles du les groupes de manière souvent conflictuelle.
Massif central) et les systèmes « inégalitaires » D’autre part, la microsociété dans laquelle tra
pour lesquels il y a un seul héritier par généra vaille l’ethnologue urbain ne constitue ni un
tion (sociétés patriarcales du bassin méditerra groupe autonome, ni une « réduction » de la
néen). société globale. Chaque sujet se trouve à
Ces différents systèmes se reflètent, plus ou l’intersection de plusieurs microsociétés plus
moins directement, dans la forme de l’habitat ou moins dépendantes (groupe de travail,
et le plan de l’habitation (Wylie, 1957). groupe de résidence, groupe de loisir, etc.).
Mais l’ethnologie rurale ne se cantonne pas L’interprétation d ’observations faites dans
à ces seuls domaines. On lui doit de nom l’une d ’elles nécessite fréquemment l’étude
breuses études concernant la vengeance, la des autres et des manières dont celles-ci s’arti
violence et la sorcellerie dans les sociétés pay culent. Cette méthode permet de déceler des
sannes. D ’autre part, les travaux de C. Lévi- processus cachés mais essentiels, tels que la
Strauss sur les mythologies ont inspiré des dénégation, les représentations illusoires, les
études sur les représentations implicites liées conflits larvés, etc.
à certaines activités traditionnelles et suscité
un regard nouveau sur les traditions orales. M. P. et M. Pe.
d'entre elles pour lui confier une mission de — une présentation des raisons pour les
maîtrise d’œuvre. quelles le projet a été retenu ;
L’étude de définition offre la possibilité de — une liste des mesures envisagées pour
réaliser un travail simultané sur le programme supprimer ou réduire les conséquences des
et sur sa formalisation urbaine ou architectu travaux sur l’environnement.
rale tout en assurant un dialogue soutenu La responsabilité de l ’étude d ’impact
entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre et revient au maître d ’ouvrage du projet. Il peut
en offrant la possibilité, très en amont, d’une la faire exécuter par ses services techniques ou
appropriation collective du projet. la confier à un organisme spécialisé ou à un
La procédure fait appel à des compétences bureau d’études. Toutefois, dans certains cas
pluridisciplinaires comportant au moins une (défrichements par exemple), elle doit être
composante programmation et une compo menée par une personne publique. Elle est
sante maîtrise d ’œuvre. Elle demande un contrôlée par le service compétent pour ins
encadrement important de la part de la maî truire le dossier, ce qui signifie que ce n’est
trise d’ouvrage : gestion des phases de travail qu’à titre exceptionnel (travaux importants,
partagées et individuelles, mise en place d’un notamment d’infrastructure) que les services
cahier des charges et souvent recadrage du de l’environnement sont sollicités pour effec
projet à l’issue de la première phase de diag tuer ce contrôle. Ges deux dispositions - exé
nostic. Dans le cadre de l’élaboration d’un cution sous la responsabilité du maître
projet urbain, cette procédure, juridiquement d’ouvrage et contrôle par un service technique
bien encadrée, remplace le «concours non concerné par la protection de l’environne
d’idées», procédure aux contours juridiques ment - réduisent beaucoup la portée réelle de
imprécis. cette procédure. Il reste cependant que, l’étude
d ’impact étant rendue publique et figurant,
V. S.-M. G.
lorsqu’il en est mené une, dans le dossier
> Maître d'œuvre; Maître d'ouvrage. d’enquête publique, elle contribue à l’infor
mation du public.
F. D.-D. et P. M.
ÉTUDE D'IM PACT
Environnement; Protection de la nature.
Étude préalable à la réalisation d’aménage
ments ou d’ouvrages qui, par l’importance de
leurs dimensions ou leurs incidences sur le EUROPE -> Union européenne
milieu naturel, peuvent porter atteinte à ce et aménagement du territoire
dernier, et comportant une évaluation de leurs
conséquences sur l’environnement. Elle a un
rôle d’aide à la conception du projet, d’infor ÉV A C U A TIO N DES E A U X PLUVIALES
mation du public et d’aide à la prise de déci -> Assainissement; Cycle de l'eau
sion par les pouvoirs publics.
Une étude d’impact est exigée par la loi du
10 juillet 1976 sur la protection de la nature ÉVICTION -> Expulsion
pour « les travaux entrepris par les collectivi
tés publiques ou qui nécessitent une autorisa
tion», d’un coût supérieur à 6 millions de F, EXCLUSION
voire en dessous de ce seuil pour certains tra
vaux (lignes haute tension, barrages hydrau Mécanisme par lequel certaines personnes
liques, mines, installations classées, etc.). ou certains groupes se trouvent - ou se consi
Le décret du 12 octobre 1977 prévoit dèrent - exclus de la vie sociale, économique,
qu’une étude d’impact comporte : culturelle, politique de la communauté dans
— une analyse de l’état initial du site, laquelle ils vivent. Il s’oppose largement au
permettant d’identifier les types de milieux concept d’intégration.
qui peuvent être affectés ; L’expression a largement été employée au
— une analyse de la situation initiale et des cours de la période récente à propos des
effets prévisibles du projet ; immigrés et, de façon plus large, à propos
EXCLUSION m
des populations vivant dans des quartiers L’échec scolaire est une autre cause d ’exclu-
confrontés à de nombreux problèmes, notam sion, d’autant qu’il constitue un des facteurs
ment certains grands ensembles des trente décisifs du chômage ultérieur. La proportion
glorieuses. Mais l’assimilation de la notion de personnes étrangères - ou plutôt d’appa
d’exclusion à la banlieue, ou même aux quar rence étrangère, si délicate que cette notioll
tiers de banlieue en difficulté, constitue un soit à manier - constitue un autre facteur, lui
amalgame abusif. Ces quartiers n ’ont pas aussi à la fois cause et conséquence : d’une
l’apanage de l’exclusion et tous leurs habi part, les quartiers où la population d ’appa
tants ne sont pas en situation d ’exclusion. rence étrangère est nombreuse sont stigm?*
L’exclusion est d’ailleurs un mécanisme qui a tisés par l’opinion et par leurs propres
existé à toutes les époques sous des formes et habitants, étrangers compris ; d’autre part, lès
en des lieux divers. étrangers sont en moyenne beaucoup plus mal
Les causes de l’exclusion sont multiples. logés (et regroupés dans les logements prér
Certaines tiennent au cadre bâti. Le loge caires des centres des villes et dans les cités
ment n ’est pas toujours en cause : dans les collectives les moins attractives), plus souvent
quartiers les plus concernés, il répond aux chômeurs, moins bien placés par rapport aux
normes officielles de confort sanitaire et de mécanismes d’intégration par le système sco
dimensions. Cependant, le logement est cause laire, etc.
d’exclusion pour ceux qui n ’en ont pas : en A ces causes physiques et à ces causes
France, on a recensé 86 000 « sans domicile socioéconomiques de l’exclusion, il faut ajou
fixe» lors d ’une enquête de 2001, qui ter des causes subjectives : la littérature, et sur
s’ajoutent aux ménages habitant des construc tout la presse, voire le cinéma, contribuent à
tions provisoires, des habitations de fortune, créer une image négative de la banlieue et en
des habitations mobiles, des cités d’urgence, particulier des quartiers des trente glorieuses,
des meublés, des chambres d’hôtel. Parmi les et donc par amalgame à l’exclusion de leurs
conséquences de cette situation, on constate la habitants.
multiplication des squats collectifs : on estime
qu’il y a environ 2 00 logements squattés en Les conséquences de l’exclusion concer
Ile-de-France, essentiellement dans les quar nent elles-mêmes le cadre physique et le
tiers les moins favorisés des villes, abritant contexte socioéconomique. La dégradation du
environ 8 000 personnes, dont une majorité de bâti, la négligence vis-à-vis des espaces
familles immigrées. L’exclusion tient aussi, en publics, résultent d ’un processus cumulatif
particulier dans les grands ensembles, à un qui peut souvent conduire au vandalisme.
regroupement de familles pauvres, de situa Malgré les efforts des organismes bailleurs et
tions de chômage, d’échec scolaire, etc. Les des pouvoirs publics, les moyens financiers ne
mécanismes de financement du logement permettent pas toujours un entretien et des
social - qui ont fait quitter ces ensembles aux réparations suffisamment rapides pour enrayer
familles en ascension sociale pouvant accéder cette spirale. La violence obéit également à
à la propriété d’une maison en zone périur des mécanismes cumulatifs. Elle est surtout le
baine - et les modes d’attribution des loge fait de jeunes - de plus en plus jeunes - qui
ments locatifs sociaux ont largement contribué ressentent davantage les situations d ’exclu
à ces regroupements. Les formes urbaines de sion et n ’y voient pas d’issue. Même si la vio
ces ensembles, qui s’opposent physiquement lence en milieu urbain n ’est pas nouvelle, elle
au tissu des quartiers d ’autres époques, leur prend parfois la forme de véritables émeutes
monotonie - même si les pavillons de l’entre- urbaines dont le sentiment d’exclusion est la
deux-guerres ou les maisons des «nouveaux cause et dont des incidents ressentis comme
villages » en souffrent tout autant - ont aussi des injustices constituent l’occasion. La vio
contribué à cet effet de stigmatisation de cer lence est également liée au trafic de drogue,
tains quartiers et donc de leurs habitants. qui est le refuge de beaucoup d’exclus, notam
Les causes socioéconomiques se cumulent ment parmi les jeunes.
le plus souvent avec les causes physiques. La Dégradations, violence, trafic de drogue
plus importante est le chômage, mais celui-ci entraînent l’insécurité et alimentent les réac
est à la fois, comme la plupart des autres cri tions de racisme. La peur et l’angoisse sont
tères, cause et conséquence de l’exclusion. présentes chez les commerçants, chez les per
335 EXODE RURAL
sujétions liées à cette activité). Le départ de sible. C ’est à l’entrée dans la vie active et
nombreuses jeunes filles contraignit les familiale qu’on ressent le plus l’envie de chan
hommes à choisir entre l’exode et le célibat. ger, et d’abord de condition, ce qui nécessite
La concentration dans les villes des établisse souvent un changement de cadre. Ce sont
ments scolaires, hospitaliers, des commerces d ’ailleurs les migrants les plus jeunes qui
non quotidiens, des équipements culturels, changent le plus de profession, alors que c ’est
rendait celles-ci attractives, tandis que le rare au-delà de 35 ans.
retard de l’équipement des campagnes en Le rang dans la fratrie et la dimension de la
routes revêtues, en réseaux d’eau et d ’électri famille semblent avoir eu peu d ’importance;
cité faisait ressortir la difficulté de la vie à la En revanche, le statut matrimonial jouait un
campagne. rôle important, les célibataires étant beaucoup
La décision individuelle de quitter la ferme, plus mobiles que les personnes mariées.
le village, peut être favorisée par les circons Les différences selon le sexe, moins
tances: la conscription, puis le service mili connues ont été importantes, surtout au
taire, les guerres, les épidémies dans certaines xixe siècle. L’effet cumulé de ce différentiel a
régions, les propositions de rachat de terres entraîné un déséquilibre significatif des sexes,
pour les reboiser par l ’administration des surtout dans les communes petites ou isolées
eaux et forêts, l’offre de concessions de terres (jusqu’à 2 femmes pour 3 hommes).
en Algérie, l’entraînement par des parents ou Puisque l’exode rural résulte d ’une compa
amis déjà partis, en visite au village, etc. raison entre le niveau de vie à la campagne et
celui espéré en ville, le départ concerne en
En France, les régions qui ont le plus contri priorité des plus pauvres. Parmi les agri
bué à l’exode rural ont été l’ouest (Bretagne, culteurs, les plus petites exploitations ont
Mayenne, Vendée), le Nord-Pas-de-Calais, la logiquement été quittées les premières.
Lorraine, le Jura, le Massif central, les Hautes- La mobilité sociale est liée à la mobilité
Alpes, les Pyrénées-Orientales et les Landes. économique professionnelle. Si de nombreux
Contrairement à une idée largement répan agriculteurs continuèrent à exercer cette pro
due, l’exode rural a rarement pris la forme de fession, beaucoup, après leur départ, tra
longs déplacements de la campagne vers les vaillèrent dans l’industrie, le commerce et les
grandes villes, et en particulier vers Paris. Le services. Les emplois occupés étaient presque
plus souvent, les déplacements étaient à courte toujours, au moins au début, des emplois
distance. On partait dans le département vers subalternes, la qualification des partants étant
une ville proche, en général petite, et pas sou faible ou nulle.
vent vers le chef-lieu. Des migrations succes L’existence d’une sélection selon les capa
sives, parfois sur plusieurs générations, vers cités intellectuelles ou le niveau d’études, sou
des villes plus importantes, ont conduit à un vent avancée, semble avoir existé sans être
vaste brassage de population. systématique. Les ruraux qui ont suivi des
Ces caractéristiques spatiales des migra études secondaires ont été plus nombreux à
tions intérieures s’expliquent également à la partir. Mais ces études n ’ont pas toujours pré
lumière des filières qui se sont établies, à la cédé le départ. Il serait en tout cas excessif
fois géographiques et professionnelles. On d ’imputer à l’exode rural un quelconque
peut citer les exemples bien connus des fonc « appauvrissement du capital intellectuel héré
tionnaires corses, des cafetiers-charbonniers ditaire » des campagnes.
du Massif central (les « bougnats ») ou celle,
disparue, des colporteurs de Maurienne. Ces Le vieillissement des populations rurales a
filières ont créé des courants réguliers, parfois été important, et surtout durable, voire de plus
d’autant plus perceptibles que les originaires en plus prononcé, au moins jusqu’au début du
d’une même région se regroupaient volontiers XXe siècle. En 1962, il y avait encore, dans
dans le même quartier d’une ville (à Paris, les l’ensemble de la population rurale française
Bretons autour de la gare Montparnasse, les près d’un quart de plus de personnes de 65 ans
Nordistes autour de celle du Nord, etc.). et plus que dans la population urbaine. Ce
vieillissement a été particulièrement marqué
La prédominance des jeunes dans l’exode chez les hommes agriculteurs : le renouvelle
rural est indéniable et aisément compréhen ment des chefs d ’exploitation n ’y était plus
sa7 EXODE RURAL
assuré (ce qui a permis la concentration ulté dans les petites villes. Le travail dans les usines
rieure des exploitations). De façon générale, ce urbaines de certains agriculteurs a en revanche,
vieillissement a eu des conséquences psycho dans certaines régions (Alsace-Lorraine, Midi,
logiques défavorables sur la population restée Alpes du Nord), accru le niveau de vie des
sur place. Au contraire, dans les villes, la travailleurs pratiquant une double activité. Le
population rajeunie a eu une natalité plus éle tourisme rural enfin s’est développé, mais son
vée et une mortalité plus faible, ce qui a favo apport ne peut être qu’un appoint.
risé le dynamisme des attitudes collectives. L’exode rural, en diminuant la population
Le déséquilibre des sexes chez les jeunes bénéficiaire, a rendu moins rentables les équi
adultes a entraîné, dans les campagnes, un pements publics et privés. Or, ceux-ci sont
célibat masculin forcé (20 % à 40 ans dans le souvent plus coûteux à la campagne, en tout
sud-est du Massif central) qui a également eu cas dans les zones de montagne. Il en est
des conséquences sur la natalité. La réduction résulté à la fois un retard d’équipement des
de la population parmi laquelle trouver un campagnes et une charge plus lourde pour la
conjoint (isolat) a fait croître les taux de collectivité nationale. Le désenclavement des
consanguinité et ralenti la baisse de la morta villages, puis des écarts, l’électrification, les
lité infantile et de la mortinatalité et augmenté réseaux d’eau et d’assainissement ne sont par
la proportion d’enfants handicapés. venus que lentement dans les campagnes
Aussi, le taux de reproduction de la popu (souvent seulement après la seconde guerre
lation rurale, qui était, au XIXe siècle, plus mondiale dans les lieux isolés).
élevé que celui de la population urbaine Il y a eu une modification de la composi
(avec des variations régionales), est devenu tion sociale de la population rurale. Les
plus faible entre les deux guerres mondiales. ouvriers agricoles ont presque disparu, sauf
On a ainsi pu estimer que, sur les plateaux dans quelques régions de grande culture ou
de Haute-Provence, entre 1853 et I960, les de façon saisonnière. Les commerces, même
effets secondaires de l’exode rural (vieillisse quotidiens, n ’existent plus que dans les gros
ment et déséquilibre des sexes) expliquaient villages et les bourgs. Les professions libé
la baisse de population pour la même quan rales (médecins, notaires, etc.) se sont faites
tité que l’exode rural lui-même, la part due à rares. Mais l’effet le plus important est sans
la baisse de fécondité se limitant à moins de conteste la démoralisation et la perte de
15% de la chute totale. Il y a donc eu un dynamisme de la population rurale. Ceci
effet multiplicateur de l’exode rural, qui a pu s’est traduit aussi par une «urbanisation» du
aller jusqu’à un dépeuplement quasi complet mode de vie rural. Non seulement on y a
de certaines zones rurales isolées. En Haute- adopté les appareils ménagers, la télévision,
Provence, l’effet global de l’exode rural a été l ’automobile (le taux de motorisation est
le double du nombre des partants. supérieur à celui des villes). Mais la majorité
des achats, des services, des loisirs s’effec
L’exode rural, en réduisant la pression tuent en ville.
démographique a amélioré le niveau de vie des L’habitat rural a été en partie déserté. Les
ruraux restés sur place. Mais ceci ne vaut que agriculteurs reprenant les terres ont souvent
pour les agriculteurs qui ont pu en profiter laissé les bâtiments de ferme à l’abandon. De
pour étendre leur exploitation. Ceux qui ne nombreux bâtiments, voire des hameaux ou
l’ont pas pu et les salariés agricoles n ’en ont même des villages entiers, sont tombés en
pas bénéficié. Quant aux commerçants et arti ruines. Certes, certains migrants ont conservé
sans, ils ont perdu une part de leur clientèle et cette propriété pour y revenir lors de leur
se sont souvent marginalisés ou ont cessé leur retraite. Des citadins ont acquis des résidences
activité. L’agriculture s ’est certes adaptée secondaires ou de retraite. Mais beaucoup de
- modernisation des méthodes de culture, ces ex-citadins, comme des jeunes ménages
abandon (en faveur du reboisement ou de locaux, préfèrent une maison neuve ou
friches) des terres les moins productives - , récente.
mais avec un certain retard par rapport à
l’exode de la population. L’implantation P. M.
d’usines à la campagne a donné peu de résul -> Aménagement rural ; Migrations; Vieillissement d'une popu
tats, sinon de fixer une partie de la population lation.
EXODE URBAIN 338
ments publics ou les grands équipements conditions de taille et de loyer, mais pas
linéaires : autoroutes, voies ferrées, etc. nécessairement de proximité de l’ancien loge
V. R. ment : ce processus a conduit à de nombreux
départs du centre vers les grands ensembles de
► Action foncière; Acquisition foncière; Maîtrise foncière; Pro la périphérie et accéléré la transformation
priété.
sociale des quartiers centraux (à Paris en parti
culier). Certains organismes, et surtout des
marchands de biens ou des promoteurs,
EXPULSION exercent parfois des pressions illicites sur des
locataires mal informés, pour obtenir leur
Décision de justice visant à faire partir d ’un éviction au moindre coût. Les transformations
logement, contre leur gré, ses occupants qui du tissu urbain par le jeu de ces mécanismes
n’ont pas (squatters) ou n’ont plus (bail non d ’éviction sont moins spectaculaires, mais
renouvelé ; non-respect du bail, en particulier beaucoup plus importantes, que celles qui
par défaut de paiement du loyer) de titre à résultent des expulsions dont une petite mino
l’occuper. rité prend la forme extrême du recours à la
En France, la procédure d’expulsion suppose force publique.
une ordonnance d’expulsion délivrée par le tri Depuis la loi de lutte contre les exclusions
bunal d’instance, qui est signifiée au locataire de juillet 1998, une politique de prévention
par huissier et exécutée, si nécessaire, avec le des expulsions s’est mise en place et étoffée
concours de la force publique. Des délais progressivement, notamment avec la loi por
peuvent être accordés par le tribunal au loca tant engagement national pour le logement
taire. Aucune expulsion ne peut être exécutée de 2006 et la loi pour le droit au logement
en hiver (1er décembre au 15 mars). Si la police opposable de mars 2007 : mise en œuvre de
refuse d’apporter son concours à l’exécution, chartes départementales pour la prévention
l’Etat doit verser des indemnités au propriétaire. des expulsions, création d ’un protocole
L’expulsion peut, ou non, être accompagnée du d ’urgence pour les locataires de bonne foi
relogement du locataire, par le propriétaire ou qui s’engagent à reprendre le paiement de
par une collectivité publique (29,6 millions d ’€ leur loyer (circulaire de mai 2004), volet
dépensés à cette fin en 2007). obligatoire dans les plans départementaux
Il ne faut pas confondre expulsion et évic d ’action pour le logement des personnes
tion d’un logement. L’éviction a une portée défavorisées ( p d a l p d ), reconnaissance des
plus large et vise tous les processus qui locataires de bonne foi menacés d’expulsion
conduisent les habitants d’un logement, d ’un parmi les publics prioritaires du droit au
immeuble ou d’un quartier à le quitter. C’est logement, etc. La nécessité de prévenir les
le cas de la rénovation urbaine, de la réhabili expulsions est en effet ravivée ces dernières
tation d ’un immeuble, de la reprise d ’un années par les problématiques d’engorgement
appartement par son propriétaire (pour lui- du parc social comme des structures d’héber
même, pour ses enfants ou pour le vendre). gement d’urgence et d ’accueil des sans-abri.
Dans certains cas (par exemple, la rénovation
urbaine depuis 1970), la loi impose le reloge A. M. et P. M.
ment ou une indemnisation si le locataire la -> Démunis (logement des); Mobilité résidentielle; Péril (arrêté
préfère. Le relogement doit respecter des de); Rénovation urbaine.
F
seule façade, sous prétexte de préservation des régions économiques et une théorie des
historique. Parfois confondu avec les efforts échanges.
d’intégration de monuments historiques à des L’entreprise qui dispose d’une localisation
constmctions nouvelles (la Bourse de Rome meilleure que ses concurrentes bénéficie
construite sur le site du temple d’Hadrien), ou d’une rente de localisation. Mais la localisa
encore avec le « recyclage » d’édifices dont la tion optimale pour une activité peut évoluer,
valeur architecturale justifie leur préservation, par exemple avec les réseaux de transport.
le façadisme fait aujourd’hui l’objet de contro Aujourd’hui, des facteurs plus qualitatifs,
verses passionnées (cf. le gratte-ciel à l’empla tels que la proximité d ’autres activités, de
cement du Coty Building à New York sur la services, de sous-traitants, bref d ’un véri
5e Avenue), surtout là où la spéculation fon table m ilieu d ’affaires, et le prestige de
cière met en cause la préservation authentique l’adresse deviennent des facteurs de locali
du patrimoine urbain. sation prépondérants pour les entreprises,
D. U. non seulement dans le secteur tertiaire, mais
aussi dans l’industrie, pour le siège social,
Arcade; Peinture; Postmoderne. les laboratoires et centres de recherche, et
même les unités de production. Ainsi
s’explique le développement de Grenoble
FACTEUR S DE LO CALISATION ou de la grande banlieue sud-ouest de Paris;
DES ACTIVITÉS Les économies externes, que retirent les
entreprises de la présence d’autres activités
Éléments qui contribuent au choix d’une qui leur sont utiles, sont aussi un facteur
implantation dans l’espace par une activité. important de localisation, que favorise la
La géographie industrielle traditionnelle concentration des activités, malgré les charges
distinguait : qui en découlent (loyers et souvent salaires
— les matières premières et l’énergie qui plus élevés). La politique de décentralisation
attirent les industries en consommant en vise à inverser ce processus. Elle peut
grandes quantités (ex. : sidérurgie sur les bas s’appuyer notamment sur les déséconomies
sins miniers de fer ou, dans une moindre externes que cause un excès de concentration
mesure, de charbon) ; (congestion de la circulation, pertes de temps
— par extension, les lieux d’importation de dans les transports, fatigue des salariés, loyers
ces matières premières jouant un rôle analogue et salaires élevés).
(ex. : raffineries de pétrole dans les ports) ; P. M.
— la main-d’œuvre et, en particulier, la
main-d’œuvre qualifiée, surtout pour les , Économies externes; Économie spatiale.
industries de main-d’œuvre ;
— le marché de consommation : ces deux
derniers facteurs expliquent l’implantation de FAIM -> Agriculture
nombreuses industries dans des aggloméra
tions éloignées des ressources en matières
premières (ex. : Paris). FAMILLE
La théorie de la localisation des industries
en fonction de ces facteurs a été formalisée La fam ille est un ensemble de personnes
par l’économiste allemand Weber en 1909 liées par l’union (consacrée institutionnelle
(Über den Standort der Industrien) qui défi ment par le mariage ou libre) et par le proces
nit le triangle de localisation et recherche le sus de reproduction : elle comporte le couple,
point optimal d’implantation : c’est celui où les enfants et les ascendants. La famille éten
la somme des coûts de la main-d’œuvre et due comporte la parentèle, même indirecte, et
des transports (matières premières, énergie, peut, dans certaines populations, s’étendre à
produits fabriqués) est minimale. Cette la tribu. Au contraire, on appelle noyau fami
théorie sera complétée et élargie dans la lial (ou famille nucléaire) la famille réduite au
suite par d ’autres auteurs, notamment par couple et à ses enfants : c’est l’unité pertinente
Lôsch (Die râum liche Ordnung der pour les études démographiques.
Wïrtschaft, 1940) qui y a ajouté une théorie Lorsque plusieurs noyaux familiaux, et
MS FAMILLE
a fortiori des personnes sans lien familial père et la mère, rompu par la mobilité accrue
direct, résident dans un même logement et le lien à l’espace et au groupe restreint. Le loge
constituent donc un même ménage, on parle ment a contribué à accélérer cette mutation :
de cohabitation. Un des objectifs de la poli- le logement des jeunes se rendant en ville
tique du logement est d ’élargir l’offre pour était exigu et précaire. Dans le logement des
supprimer les cohabitations non volontaires. familles ouvrières - et dans le logement urbain
Mais il est clair que la famille est une insti en général - , l’espace est mesuré au minimum
tution dont la composition, le rôle et l’idéolo nécessaire pour permettre sa reproduction.
gie varient grandement selon les civilisations Mais cet espace du logement est d’autant plus
et les époques, comme nous l’enseigne l’his valorisé qu’il est limité et coûteux. Il s’établit
toire de notre propre société, entre le XIIIe et le alors une correspondance de fait entre le loge
XXe siècle, par exemple. Les structures de la ment et la famille nucléaire. Les autorités
fumille ont en effet accompagné celles de la contribuent à cette évolution par les méca
société et dépendu de l’influence de la reli nismes de programmation et d’attribution des
gion. En France, on rencontrait traditionnelle logements. La correspondance entre un
ment de nombreux ménages multiples ménage et un logement est alors établie,
(plusieurs générations ou plusieurs noyaux comme celle entre le nombre de pièces et la
familiaux cohabitant sous le même toit) dans structure et la dimension du ménage.
le sud et le centre du pays, davantage de La famille, qui a donc évolué au cours des
familles mononucléaires dans le nord. Ces dif siècles, n ’est cependant pas figée dans le
férences étaient notamment liées aux tradi- modèle de la famille nucléaire (couple marié
lions en matière de transmission de la et ses enfants). Les causes des évolutions
propriété (héritages, indivision). Les commu actuelles de la famille doivent être recher
nautés familiales ont même été une forme chées dans les relations entre les individus et
dominante de la famille - et de la propriété, entre les sexes. Au cours des deux siècles
essentiellement rurale - dans les civilisations écoulés, on a assisté à l’affaiblissement de la
slaves de l’Europe centrale et danubienne (la lignée par rapport au noyau biologique, de la
zadrouga des slaves du sud notamment). La gens par rapport à la domus. La nouvelle évo
communauté familiale est encore très répan lution en cours résulte du transfert d’impor
due dans les pays islamiques, en Afrique tance des liens du sang vers les liens de
intertropicale et en Amérique latine, essentiel l’amour. Le mariage bourgeois était long
lement en milieu rural. temps demeuré un mariage arrangé, gouverné
En France, la famille de type patriarcal, hié par les intérêts et par les convenances plus
rarchisée, était la norme. La famille remplissait, que par l’attirance réciproque. Aujourd’hui, la
sous la responsabilité de l’ancêtre, une triple formation des couples (parfois homosexuels)
fonction économique - unité de production, selon l’inclination, la libération partielle de la
surtout en milieu rural - , sociale - cadre de vie femme des tâches éducatives - grâce à l’école
de l’individu, auquel elle apporte sécurité publique - , puis ménagères - grâce à l’équi
et éducation, à laquelle il doit solidarité - et pement ménager - , la disparition des tabous
morale : gardienne des traditions familiales sexuels ont conduit à privilégier l ’intimité
et religieuses. La Révolution a cherché à valori entre deux individus. La famille nucléaire
ser l’individu et a introduit le divorce, mais la s’en trouve fragilisée. Le mariage n ’apparaît
bourgeoisie a cherché à maintenir l’ordre plus comme une institution fondamentale du
ancien, la pérennité des valeurs morales et la groupe, mais seulement comme un moyen,
transmission des terres selon le droit d’aînesse. facultatif, de confortation du couple. Les
Cependant, les bourgeois libéraux, créateurs du enfants assurent moins un besoin de repro
système capitaliste, valorisèrent l’individua duction ou de création de richesse que de ren
lisme et le partage des biens, que l ’enfant forcement du couple. Tout en restant
unique résout. L’enfant n’apparut plus comme majoritaire, la famille nucléaire n ’est plus la
une richesse, mais comme un risque de disper règle. La multiplication des couples non
sion des capitaux. La révolution industrielle et mariés, celle des divorces et des séparations,
les mutations qui l’ont accompagnée ont rendu la reconstitution de nouveaux couples par des
caduques les fonctions traditionnelles de la personnes séparées (familles recomposées), la
famille, estompé la différence des rôles entre le multiplication des procréations hors mariage
FAUBOURG 344
et des familles monoparentales sont les prin lisation. Les faubourgs pouvaient atteindre
cipales manifestations de cette évolution. une extension importante et s ’organiser en
L’affranchissement à l’égard de la norme communautés autonomes (avec église et vie
familiale ne se traduit pas pour autant par un sociale propre) pendant les périodes de paix,
relâchement des liens interindividuels. Au Mais les faubourgs étaient mal acceptés par le
contraire, la fragilité des couples s’accom pouvoir de la ville et par le pouvoir politique
pagne d’un besoin accru de solidarités nou qui cherchaient à en interdire le développe
velles ou plus intenses : entre générations, ment. Ainsi, à Paris, on ne compte pas moins
entre parents séparés, entre frères et sœurs, de 17 édits royaux successifs entre 1549 et
entre amis. 1781, interdisant la construction hors des
En termes de besoins de logements, il en murs. Mais ces interdictions restaient le plus
résulte une diminution de la taille moyenne souvent formelles ou furent vite oubliées,
des ménages - accélérée par ailleurs par la Ceci conduisit, périodiquement, la ville à
baisse de la fécondité - , donc une augmenta étendre ses limites, voire à construire de nou
tion du nombre de logements nécessaires et veaux murs de fortification pour englober les
l’apparition, face au modèle dominant de la faubourgs. C ’est ainsi qu’à Paris, outre
maison familiale individuelle en accession à d’anciens faubourgs dont la localisation appa
la propriété en périphérie des aggloméra raît aujourd’hui très centrale (Saint-Honoré,
tions, d’un contre-modèle de l’appartement Saint-Antoine, Saint-Denis, Saint-Martin,
en location dans le centre des villes. Celui-ci Saint-Germain, etc.), les faubourgs du XVIIIe
est en effet mieux adapté à des situations et du début du xixe siècle ont été incorporés à
familiales qui évoluent sans cesse au cours la ville en 1860.
du cycle de vie, aux besoins de proximité et D ’autres faubourgs se sont implantés le long
de solidarité qu’éprouvent les jeunes qui ont des principaux axes de communication qui
quitté le domicile familial, les couples encore rayonnent autour de la ville, en fonction des
précaires, les parents divorcés, les familles besoins des voyageurs. Les plus proches de
monoparentales et même les personnes âgées ces anciennes communautés ont été absorbées
dont l’importance relative augmente avee le par les vagues successives de la banlieue, mais
recul de la mortalité. La politique du loge s’en distinguent encore dans le tissu urbain par
ment et la politique d’urbanisme se doivent leur caractère linéaire, leurs maisons groupées,
d’être neutres par rapport aux choix indivi l’importance des commerces, etc.
duels en matière familiale. Elles doivent se Des faubourgs se sont encore développés;
montrer également accueillantes vis-à-vis du à la fin du xixe siècle, près des gares dans les
modèle, encore largement majoritaire, et du villes, nombreuses, qui ont refusé que le che
contre-modèle émergent. min de fer pénètre leur centre (Les Aubrays
P. M. à Orléans, Saint-Pierré-des-Corps à Tours,
etc.) : un axe privilégié, peu à peu urbanisé,
-* Logement; Ménage. les relie alors au centre de la ville.
Dans tous les cas, le faubourg s’oppose à la
banlieue. Alors que cette dernière occupe
FAU BO U RG l’espace de façon continue, par un déborde
ment de la ville, le faubourg avait un carac
Excroissance ponctuelle d’une ville (de fors tère ponctuel, étroitement localisé. Il était
- hors - et bourg : hors les murs). dominé par ses propres activités - artisanat,
Initialement, le faubourg résultait de commerce, agriculture suburbaine, auberges
l’implantation, hors des limites (en général et anciens relais de poste - alors que, dans la
hors des murs) de la ville, d’activités qui n ’y banlieue, le rapport entre les activités et
étaient pas acceptées ou qui, plus souvent, y l’habitat est rarement direct.
trouvaient une localisation avantageuse.
P. M.
L’existence de douanes intérieures (l’octroi),
perçues aux portes de la ville (les barrières de -» Banlieue; Ville.
C. N. Ledoux dont les pavillons subsistent à
Denfert-Rochereau, place du Trône, sur le
canal Saint-Martin), favorisait ce type de loca FAVELLA —►Bidonville
446 FÊTE
de milliers de spectateurs et engendrent une tiers qui connaissent des difficultés similaires.
architecture et un aménagement éphémères et C’est donc un changement important dans la
en partie spontanés (Woodstock, île de Wight) mise en œuvre des moyens de l’État qui va
ou rave parties qui illustrent la dimension de dans le sens d ’une simplification et d ’une
la fête comme espace de subversion et d’une meilleure lisibilité de l’action publique. Elle
possible transgression de la norme sociale, dispose de financements de l’État, du secteur
politique, culturelle. des h l m , de la Caisse des dépôts et consigna
F. C. et M. Bo. tions ( c d c ). Au total, l’effort en 2004 pour
financer le programme national de rénovation
► Anthropologie; Architecture; Art urbain; Baroque; Espace urbaine s’élève à 1,050 milliards d’€.
public; Renaissance.
De son côté, la c d c a poursuivi les actions
engagées dans le cadre de son programme
de renouvellement urbain. Ce programme,
FEUX DE S IG N ALISA TIO N -> Carrefour; Débit issu d’une convention signée avec l’État en
d'une voie octobre 1998 et actualisée en juin 2000, a
pour objet de favoriser des investissements
de renouvellement urbain, notamment à tra
FIBRE O PTIQUE -> Télématique vers des prêts pour le renouvellement urbain
( p r u ) à taux privilégié lié à celui du livret A,
des prêts de projet urbain ( pp u ) et un fonds
FICHIER DE PO PULATION -♦ Population d ’investissement pour le renouvellement
urbain ( f r u ).
L’enveloppe des prêts pour le renouvelle
FICHIER DES É TA B LISSEM EN TS ment urbain ( p r u ) sert au financement des
INDUSTRIELS E T CO M M ER C IAU X - Em ploi; actions prévues sur les sites nécessitant un
Établissement remaniement profond des quartiers et des
espaces, prioritairement dans les grands pro
jets de ville ( g p v ) et dans les opérations de
FIN AN CEM EN T DE LA C O N S TR U C TIO N renouvellement urbain ( o r u ). Le p r u a pour
-* Aide à la pierre ; Crédit immobilier ; vocation de favoriser la diversification de
Habitation à loyer modéré ( h l m ) l’habitat par des opérations de restructuration,
de démolition et de reconstruction de loge
ments (29% des émissions en 2002) et de
FIN ANCEM ENT réhabilitation (17% des émissions en 2002).
DU R EN O U VELLEM EN T URBAIN Il finance aussi les interventions sur le parc
privé, en particulier dans les copropriétés
Le programme national de rénovation dégradées. Il peut financer également
urbaine a pour objectif d’améliorer les condi l’ensemble des investissements inscrits dans
tions de vie des habitants des quartiers priori les projets de rénovation urbaine: investisse
taires de la politique de la ville grâce à l’effort ments à caractère public (écoles, équipements
porté dans le domaine du logement, de l’habi sportifs et culturels, espaces verts).
tat et de l’environnement urbain. Il s’agit de Le prêt projet urbain ( ppu ) se concentre sur
réhabiliter, de construire ou de démolir des les investissements hors logement, qu’ils soient
centaines de milliers de logements. de caractère public ou privé, à partir du moment
L’un des moyens destinés à mettre en où ils font partie du projet local de requalifica
œuvre le programme est l’Agence nationale tion urbaine et sociale. Les ppu peuvent financer
pour la rénovation urbaine ( a n r u ), établisse des investissements à vocation économique,
ment public à caractère industriel et commer des travaux d’aménagement, d’infrastructure
cial, créée en 2004 en conformité avec la loi ou d ’amélioration de la circulation dans les
du 1er août 2003. Cet organisme a en charge quartiers, l’implantation ou la requalification
le financement par des subventions aux d ’équipements de proximité, la création ou
maîtres d’ouvrage des opérations de rénova l’amélioration d’établissements d’enseignement
tion urbaine dans les zones urbaines sensibles primaire ou secondaire, de centres culturels ou
(zus) et, à titre exceptionnel, dans les quar sportifs, des acquisitions foncières et des opéra
FISCALITÉ
tions de partage foncier. Son taux n ’était pas par rapport au revenu et au patrimoine im n fl
très attractif puisqu’il se situait à 4,2 %, pour la bilier, a un poids trop faible pour exercer dS|
période 2002-2004. C’est pourquoi la consom effets appréciables, contrairement aux Étfttfi
mation de ces prêts est en baisse. Unis où la property tax a parfois suscité ( f l
V. C. mouvements de révolte des c o n trib u a b le
C’est surtout la taxe professionnelle qui a-,fl
-» Amélioration de l'habitat ancien; Pacte de relance pour la accusée d’effets pervers, à la fois entre c o f l
ville; Renouvellement urbain; Rénovation urbaine.
munes riches et pauvres et entre taille et natun
d’activité des entreprises imposables, celles i|
fort contenu en travail étant relativement pénw
FISCALITÉ lisées. La taxe professionnelle a été remplàûél
au 1er janvier 2010 par la contribution éconflp
Synonyme de prélèvement obligatoire, la mique territoriale, composée de deux élément!
fiscalité est généralement définie de manière assis respectivement sur la valeur foncière :É !
large par les auteurs modernes comme sur la valeur ajoutée des entreprises.
« l’ensemble des prélèvements pécuniaires Quant à la fiscalité spécifique sur les plus» ‘
obligatoires à titre définitif, sans contrepartie values foncières et immobilières et sur les 1
directe ou immédiate, requis des agents éco opérations de construction et d’aménagemeMj
nomiques par les administrations publiques ». elle n’exerce ni effet incitatif majeur, ni effet
Cette définition inclut donc, à côté des impôts dissuasif pénalisant, à l’exception peut-être
proprement dits, la parafiscalité et surtout les de la redevance pour dépassement du plafond
cotisations sociales, au motif que, dans la plu légal de densité. 1
part des pays, ces dernières sont plus proches P.-H.D, -
d’un véritable impôt que d’un système d’assu
rances volontaires. Contribution économique territoriale (CET) ; Fiscalité direotü
locale; Imposition des plus-values immobilières; impôt sur
• Il existe diverses classifications : les grandes fortunes; Plafond légal de densité; Taxe d'haw» ;
— Impôts directs (émis par voie de rôle, tation ; Taxe foncière sur les propriétés bâties ; Taxe foncière
sur les propriétés non bâties ; Taxe professionnelle.
généralement assez progressifs par rapport
aux revenus et aux patrimoines) et impôts
indirects (frappant l’activité ou la dépense à
des taux proportionnels). FISCALITÉ DIRECTE DES ÉTA B LISSE M E N TS 1
— Impôts sur le revenn/impôts sur le capi- PUBLICS DE CO OPÉRATION
ta//impôts sur la dépense. IN TER C O M M UN ALE (EPCI)
— Impôts levés par les gouvernements
centraux/impôts régionaux et locaux. Sur ce Pendant un siècle, la coopération inter-i
dernier point, les pays à structure fédérale ont communale s ’est effectuée par le biais de
un système de partage des recettes fiscales syndicats de communes financés par des par
entre les trois niveaux de gouvernement : Etat ticipations des communes membres. Les
fédéral, États fédérés, autorités locales. Les communautés urbaines créées en 1966 ont
pays plus centralisés abandonnent aux éche inauguré l’ère des regroupements commua
lons locaux une fiscalité souvent archaïque et naux à fiscalité propre. Actuellement, après
peu productive, complétée par un système plusieurs modifications législatives, les grou
plus ou moins complexe de subventions. pements de communes à fiscalité propre
• Principaux effets de la fiscalité locale en comprennent les trois sortes de communautés
milieu urbain : (urbaines, d’agglomération et de communes)
En France, les impôts locaux étaient, jus et les syndicats d’agglomération nouvelle.
qu’à une date récente, pour 85 % environ, des Du point de vue fiscal, on distingue les
impôts directs de trois sortes : la taxe foncière établissements publics de coopération inter
sur les propriétés bâties et non bâties (peu communale (epci) à fiscalité superposée et les
importante et en régression), la taxe d ’habita syndicats à fiscalité spécialisée.
tion (qui se maintient) et la taxe profession Avec la fiscalité superposée, I’epci disposé
nelle, qui progresse sensiblement et représente des quatre taxes directes locales sur l’ensemble
plus de la moitié des impôts locaux directs. La de son territoire. Il vote les taux dans des condi
taxe d’habitation, assez fortement régressive tions identiques aux communes et ces taux uni-
üi FISCALITÉ DIRECTE LOCALE
fermes pour chaque taxe vont s’ajouter aux communes aux ressources domaniales impor
(|UX de chaque commune, généralement diffé- tantes, le vote d’un produit fiscal communal
fants. 11en résulte une inégalité de situation des est général. Le système du vote des taux, qui
fontribuables selon la commune où ils habitent. était similaire à toutes les collectivités ju s
Cotte inégalité peut éventuellement se justifier qu’en 2009, sera plus différencié à partir de
par des niveaux de service différents selon les 2010 à la suite de la suppression de la taxe
quartiers de l’agglomération. La fiscalité super- professionnelle.
flOHée était la plus répandue. Elle ne concerne La fiscalité directe locale est composée de
plus que la moitié des communautés de com quatre taxes qui frappent les occupants de
munes, c’est-à-dire les zones plutôt rurales, et locaux d’habitation (taxe d ’habitation), les
Poux communautés urbaines. propriétaires fonciers de propriétés bâties
La fiscalité spécialisée concerne la taxe pro (taxe foncière sur les propriétés bâties) ou non
fessionnelle unique (tpu), I’epci monopolisant bâties (taxe foncière sur les propriétés non
Il faculté de taxer les entreprises, les com bâties) et les activités professionnelles non
munes membres ne conservant que le produit agricoles ou minières (taxe professionnelle
des trois autres taxes, dites taxes ménages. La ou, depuis 2010, contribution économique
TPU est obligatoire pour les communautés territoriale). Ces quatre taxes avaient succédé
d'agglomération et les syndicats d ’aggloméra- en 1974 et 1976 aux quatre «vieilles» (contri
llon nouvelle ( san) ; elle est optionnelle pour bution mobilière, contribution foncière des
les communautés de communes et les commu propriétés bâties, non bâties et patente) insti
nautés urbaines. Malgré la spécialisation, ces tuées lors de la Révolution. Elles ont fait
KPCi peuvent également lever des impôts addi l’objet de m ultiples aménagements ou
tionnels sur les taxes ménages. Les san ne réformes, destinés à remédier aux injustices et
l'ont jamais fait, mais quelques communautés disparités apparues après deux siècles d’erre
d'agglomération ont pris cette décision. Au ments.
moment du passage des fiscalités tradition En 2010, la taxe professionnelle a été sup
nelles à la tpu , une évaluation des transferts primée et remplacée par la contribution éco
est opérée et les communes qui présentent un nomique territoriale, composée d ’une taxe
manque à gagner reçoivent une attribution de d’occupation professionnelle appelée cotisa
compensation qui n ’est pas indexée dans le tion foncière des entreprises (fce ), dont
temps. l’assiette est la même que la taxe foncière sauf
Dans le cas de la fiscalité superposée, I’epci pour les bâtiments industriels qui bénéficient
peut décider qu’une zone particulière sera d’une décote de 30 %, et une cotisation sur la
soumise à une tpu, appelée taxe profession valeur ajoutée des entreprises (cvae) assise
nelle de zone (tpz). Cette solution est souvent sur la valeur ajoutée des établissements.
utilisée lorsque une communauté de com L’assiette de chacune des deux taxes fon
munes réalise une zone d’activités et souhaite cières et de la taxe d ’habitation est évaluée
que le produit de la taxe professionnelle qui par les services du cadastre à partir de
en résultera reste en totalité au niveau du valeurs locatives annuelles, la taxe profes
groupement et ne soit pas partagé avec la ou sionnelle ou, depuis 2010, la contribution
les communes concernées. économique territoriale ou cet faisant l’objet
V. C. de déclarations des contribuables. Depuis
1981, les taux sont votés chaque année par
►Fiscalité directe locale; Groupement de communes; Taxe les collectivités avec les principales limites
professionnelle; Taxe professionnelle unique (tp u ). suivantes: les taux des taxes foncières et
d’habitation ne peuvent excéder deux fois et
demie les taux moyens nationaux des taxes
FISCALITÉ DIRECTE LOCALE considérées (ou les taux moyens départemen
taux lorsqu’ils sont supérieurs pour des rai
Ensemble des impôts levés par les com sons historiques à la moyenne nationale) ;
munes, les groupements de communes à fisca l’impôt professionnel (tp et, depuis 2010,
lité propre, les départements et les régions, sur cet ) ne peut excéder deux fois le taux moyen
les contribuables situés sur leur territoire res national et elle ne peut progresser plus vite
pectif. Hormis quelques centaines de petites que la taxe d’habitation ou que la progrès-
FISCALITÉ DIRECTE LOCALE 350
sion moyenne des taxes foncières et d’habita les collectivités locales. Peu à peu, l’État a
tion. limité ses concours qui pèsent lourdement
dans son budget. Par le jeu complexe des exo
Les critiques sur le système actuel de la nérations et des dégrèvements, la fiscalité
fiscalité directe sont nombreuses et peuvent votée par les municipalités ne correspond plus
être regroupées autour de quatre thèmes : le à ce que paie le contribuable local.
vieillissement et l’inadaptation de l’assiette Les critiques concernant la taxe d ’habita
des taxes, l’inégalité des situations, la super tion portent surtout sur l’absence de prise en
position de la pression fiscale de plusieurs compte des capacités contributives des contri
catégories de collectivités sur la même buables, c’est-à-dire du revenu, dans la base
assiette, la prise enrcharge croissante de la d’imposition. Toutefois, des mesures d’exo
fiscalité locale par l’État. nérations totales ou partielles, basées sur la
La révision périodique des valeurs loca faiblesse des revenus, ont été mises en place à
tives, assiette de la taxe d’habitation et des partir de 1992 et surtout en 2000 : 25 % de la
taxes foncières, avait été prévue par la loi en charge de l ’impôt a été transféré à l’État.
1974, mais la seule tentative de révision, dite Contrairement à ce qui est souvent énoncé, la
en valeur 1990, a été refusée par les élus. taxe d’habitation n ’est plus un impôt univer
Depuis 1981, les valeurs locatives évaluées sel pour tous les habitants. Elle devient très
en 1970 ont été simplement actualisées concentrée sur les revenus moyens et élevés.
chaque année à partir de coefficients forfai À partir de 1994, c’est la taxe foncière sur les
taires annuels s’appliquant à l’ensemble des propriétés non bâties qui a connu de nou
locaux, maintenant la structure et la hiérarchie veaux allégements pour les parts perçues par
d’imposition d’origine. Les valeurs actuelles les départements et par les régions afin d’aider
ne tiennent pas compte de l’amélioration du les agriculteurs en difficulté.
confort dans les locaux anciens et pénalisent L’inégalité en matière de fiscalité locale est
les locaux plus récents, notamment le parc de devenue la règle : elle s’illustre par des écarts
logement social. Si la révision des valeurs importants des taux des quatre taxes, mais
foncières est sans conteste nécessaire, elle aussi par de très fortes différences de richesse
inquiète les responsables locaux qui craignent entre collectivités. Mais cette inégalité repré
des transferts de fiscalité entre catégories de sente également la contrepartie de la liberté
redevables. Mais l’assiette fiscale est aussi communale du vote des taux, liberté à laquelle
l’un des éléments de comparaison des collec les élus sont très attachés. Diverses solutions
tivités locales entre elles et la révision des ont été mises en place pour atténuer les situa
valeurs locatives aurait des conséquences tions extrêmes : plafonnement des taux, écrê
indirectes fortes sur la répartition des trans tement de la taxe professionnelle pour les
ferts de l ’État. Certaines collectivités très communes les plus riches, prise en compte du
aidées aujourd’hui, parce qu’elles sont consi potentiel fiscal dans les transferts de l’État.
dérées comme « pauvres », peuvent demain La concentration des activités dans un petit
être classées « riches » et par conséquent rece nombre de communes et même de départe
voir moins de concours de l’État. La suppres ments entraîne des disparités considérables de
sion de la taxe professionnelle va de toute richesse fiscale. L’écart, dans un rapport de 1 à
façon complètement remettre en cause le statu 25, des taux de la taxe professionnelle fausse
quo et une réforme des valeurs locatives tant le jeu de la concurrence entre les entreprises et
professionnelles que d ’habitation est inévi peut les gêner à l’exportation.
table à court terme, avant 2015. C’est dans les périphéries des aggloméra
En prenant en charge près de 50 % de son tions que les situations les plus inégales sont
montant, l’État a progressivement vidé de sa préoccupantes : certaines communes bénéfi
signification la fiscalité locale. En l’absence cient de concentration d’activités et donc de
de décision sur une réforme sérieuse de la fis produits élevés, hier de TP et demain de cet,
calité locale, se sont multipliées des exonéra tandis que leurs voisines ne peuvent que
tions et des dégrèvements venant corriger à la recourir à la fiscalité sur leurs habitants. Plu
marge les errements du système. A l’origine, sieurs solutions de péréquation sont envisa
ces allégements, qui bénéficient aux contri geables et ont été utilisées : péréquations
buables, étaient totalement compensés pour verticales (l’État redistribue aux communes
Mil FISCALITÉ DIRECTE LOCALE
tion. Ce point sera débattu au cours des pro précises, la flexibilité servant alors de masque
chaines années. En tout cas, le comportement à un désengagement des pouvoirs publics.
de gestion des départements et des régions Telle a été, par exemple, l’évolution des
sera fortement modifié: perdant l’élasticité documents successifs, au cours des années
considérable que leur procurait le vote des 1960 et 1970 qui, dans le sud-est de l’Angle
taux, elles devront revoir leurs modalités terre (grande région de Londres), ont fait
d’équilibre budgétaire annuel. suite au Greater London plan de Patrick
V. c. Abercrombie (1944). La même critique peut
être formulée à l’égard du schéma directeur
- » Autonom ie financière et fiscale des collectivités; Budget régional de TÎle-de-France (sdrif), tel qu’il a
com m unal; Budget départemental et budget régional;
C om m u n e; Concours financiers de l'État aux collectivités été adopté par décret en Conseil d ’État le
locales; Contribution économique territoriale Département; 26 avril 1994. Le projet approuvé en 2007
( );
Dotation globale de fonctionnement dgf Fiscalité directe
des établissements publics de coopération intercommunale; par le Conseil régional (mais pas par l’État)
Groupement de com m unes; Taxe d'habitation; Taxe fon tente d’y remédier.
cière sur les propriétés bâties; Taxe foncière sur les proprié
tés non bâties; Taxe professionnelle. En fait, la conciliation de la prise en
compte, dans la planification urbaine, des
incertitudes de l ’environnement et d ’une
FISCALITÉ IMMOBILIÈRE nécessaire volonté d’intervention suppose une
—> Budget communal ; Participations véritable réflexion prospective dont tiennent
(des constructeurs) ; Programme lieu, trop souvent, de simples projections ou,
d'aménagement d'ensemble ; Taxe locale au contraire, des scénarios futurologiques.
d'équipement ( t l e ) ; t v a immobilière
P. M.
- » Documents d'urbanism e; Planification urbaine en France
(historique); Schéma régional d'aménagement et d'urba
FLEXIBILITÉ (DE L'URBANISM E) nisme.
cédures juridiques existantes intéressant les locales sur leurs dépenses d ’investissement
quartiers anciens et, surtout, d’initier de nou (acquisitions et travaux). Les bénéficiaire»
veaux modes d’intervention, de type incitatif sont les communes, les départements et tel
et à caractère contractuel, appuyés sur un fort régions, leurs groupements et leurs régies, les
appareil d’études préalables. Il instaura une services départementaux d ’incendie et d»
complémentarité entre les actions foncières, secours, les bureaux d ’aide sociale et le»
les travaux d’embellissement urbain et la créa caisses des écoles, ainsi que les centres de la
tion des mécanismes incitatifs d’aides à l’amé fonction publique territoriale. Le fctva a suc*
lioration des logements anciens. Firent partie cédé au Fonds d ’équipement des collectivités
constitutive du fau les opérations program locales (fecl), première tentative de système
mées d’amélioration de l’habitat (opah) qui y de répartition d ’une subvention globalisée.
trouvèrent toute leur logique d’aménagement. Le fctva est calculé sur la base dés
Le fonctionnement du fau mit l’accent sur dépenses d’investissement réalisées la pénuli
l’initiative des collectivités locales et sur le tième année selon le taux de TVA en vigueur
rôle d’un groupe administratif départemental cette année-là, sauf en ce qui concerne le»
auprès du préfet instruisant les dossiers. Un communautés d’agglomération et les commu
comité directeur interministériel statuait sur nautés de commîmes (les dépenses d ’investis
les dossiers transmis, simultanément sous tous sement prises en compte dans ces cas sont
les aspects. celles de l’exercice en cours). :
Les opérations d’aménagement et de réha Avec un taux d’entrée de la tva de 19,6%
bilitation des grands ensembles dites « Habitat en 2009, le taux de retour (taux de sortie)
et vie sociale», entreprises dès 1973, furent aurait dû s’établir à 16,387%. Mais depuis le
formellement intégrées au fau en 1980 et ins 1er janvier 1997, le taux est diminué de
truites par les mêmes instances départemen 0,905 % pour tenir compte de la part de TVA
tales et nationales. versée par la France au budget européen. Fina
Le bilan du fau est incontestablement posi lement, avec un taux de « retour » de 15,482 %
tif: la revitalisation et la mise en valeur des des dépenses engagées, le fctva apparaît
centres et des quartiers existants sont issues comme le principal transfert de l’Etat en
de ces mécanismes dans lesquels se sont for matière d ’investissement local (6,2 milliards
tement impliquées les collectivités locales. d’€ en 2010). Comme son versement est auto
La disparition du fau est liée à la décentra matique et ne s’appuie que sur les dépenses
lisation de l’urbanisme en 1983 et a souvent effectuées, le fctva favorise les collectivités
été regrettée. Ne restent de compétence d ’État qui ont les moyens financiers d’investir.
que les actions relevant de la solidarité natio Il est clair que les collectivités ont voulu
nale et c’est dans cet esprit qu’a été créé, en bénéficier, comme les entreprises, d’un achat
1985, le Comité interministériel des villes «hors taxes» de leurs dépenses d ’équipe
(civ), compétent pour coordonner les procé ment, bien qu’économiquement ce principe
dures subsistantes et des démarches nouvelles ne soit pas fondé, puisque les collectivités,
comme le développement social des quartiers. comme l’État ou les particuliers, sont pour la
N. B. majeure partie de leurs activités des consom
mateurs finals. D ’autre part, l’État s’est privé
-* Développement social des quartiers ; Opération programmée d’un puissant moyen d’infléchissement de la
d'amélioration de l'habitat (opah ).
politique d’investissement des collectivités. Il
n ’est d’ailleurs pas sûr qu’il souhaite recou
vrer une marge d ’action dans ce domaine,
FON D S DE COM M ERCE — Com m erce; mais c’est la forte progression de ce transfert
Magasin et son poids dans son budget qui l’inquiète. Il
en a progressivement limité l’évolution en
restreignant par la loi ou par décret son champ
FONDS DE C O M P EN SATIO N d ’application qui est aujourd’hui stabilisé.
DE LA T V A (FCTVA)
V. C.
Créé en 1976, le fctva est destiné à rem
-*■ Budget co m m un a l; Budget de l'État et urbanism e; Budget
bourser la tva payée par les collectivités départemental et budget régional.
FONDS DE PÉRÉQUATION FINANCIÈRE ENTRE COLLECTIVITÉS LOCALES
FONDS DE D ÉVELO PPEM EN T ÉC ONO M IQUE fessionnelle par habitant (deux fois 1 545 €
| T SOCIAL (FDES) -> Aménagement par habitant, soit 3 090 €, pour 2004). Le cal
du territoire cul était opéré établissement par établissement
et non par entreprise et l’écrêtement concernait
les cas réellement exceptionnels : centrales
FONDS DE PÉR ÉQ U A TIO N FINANCIÈRE nucléaires, usines automobiles, raffineries de
IN TR E CO LLEC TIVITÉS LOCALES pétrole. Le nombre d ’établissements écrêtés
était donc très peu élevé.
[•acteur essentiel de discrimination de res La répartition du fonds était effectuée
sources entre collectivités, la taxe profession entre les communes selon qu’elles étaient
nelle (tp) a fait l’objet de nombreuses «concernées», c ’est-à-dire situées dans le
tentatives de péréquation. Il n ’existait plus en bassin d’emploi de l’établissement écrêté, ou
2004 qu’un seul fonds de péréquation au «défavorisées», c ’est-à-dire pauvres. Une
niveau départemental, les autres venant d’être commune pouvait évidemment être concer
fondus soit dans la dotation globale de fonc née et défavorisée. Le mode de répartition
tionnement, soit dans le budget général de était décidé par le conseil général selon des
l'État. On peut considérer que ces disparitions critères qui lui étaient propres, mais à l’inté
sont des constats d’échec ou au contraire que rieur de seuils édictés par la loi. Sauf dans
les fonds de péréquation avaient rempli leur une dizaine de départements, les effets
mission et ne pouvaient plus évoluer. péréquateurs du fonds étaient assez faibles,
Au niveau national, on distinguait le Fonds mais les conseils généraux étaient très
national de péréquation de la taxe profession attachés à leur rôle dans ce domaine.
nelle (fnptp), créé en 1982, plutôt centré sur Avant 1992, les établissements de coopéra
la compensation des pertes de base de tp, et le tion intercommunale à fiscalité propre échap
Fonds national de péréquation (fnp), créé en paient à l’écrêtement, ce qui avait favorisé la
1997, qui opérait une péréquation entre com création de groupements dont c’était le seul
munes. La complexité du système de péréqua objectif. Depuis la modification législative et
tion, un des fonds (le fnptp) venant alimenter le développement de l’intercommunalité, la
le second (le fnp) et sa faible efficacité - envi situation est devenue très complexe. Pour sim
ron 700 millions d’€ répartis sur un produit de plifier, on peut considérer que l’écrêtement ne
14 milliards de taxe professionnelle commu portera que sur 30 à 50 % de l’écrêtement de
nale - expliquent sa disparition en tant que droit commun, les epci arrivant à échapper
telle. L’État a repris la fonction de garantie des partiellement à la mesure de péréquation.
pertes qu’assurait le fnptp. Elle est destinée Au niveau régional, il n’existe qu’un seul
aux communes et aux groupements à fiscalité fonds, le Fonds de solidarité des communes
propre dont la perte de produit de tp est supé de la région d’île-de-France (fsrif) qui opère
rieure à 1 680 € en 2003 ou à 10 % du produit une péréquation horizontale sur la base de la
de la tp. Ils perçoivent une compensation richesse fiscale totale et non seulement profes
dégressive pendant trois ans : respectivement sionnelle. Créé en 1991 en même temps que la
90 %, 75 % et 50 % du montant de la perte. Ce dotation de solidarité urbaine (dsu) qu’il ren
dispositif a été repris dans le cadre de la force, le fsrif opère un prélèvement sur les
contribution économique territoriale qui suc communes les plus riches et notamment sur la
cède à la taxe professionnelle. ville de Paris, vers les communes qui
Le fonds départemental de péréquation de la concentrent surtout les logements sociaux.
taxe professionnelle est alimenté par l’écrête La réforme de la tp maintient les avantages
ment opéré sur la taxe professionnelle des éta acquis antérieurement à 2010 aussi bien pour
blissements exceptionnels. Les départements les fdtp que pour le fsrif. Ils ne doivent être
peuvent abonder le fonds sur leurs ressources révisés qu’à partir de 2015 dans le cadre
propres, mais cette possibilité est rarement uti d’une réflexion d’ensemble sur la péréquation
lisée. Était considéré comme « exceptionnel », fiscale entre collectivités.
tout établissement dont la base de taxe profes V. c.
sionnelle rapportée à la population de la
commune était supérieure à deux fois la Budget com m unal; Budget départemental et budget régio
moyenne nationale du ratio de base taxe pro nal ; Taxe professionnelle.
FONDS D'ÉQUIPEMENT DES COLLECTIVITÉS LOCALES a t
FON D S D 'ÉQ UIPEM ENT DES CO LLECTIVITÉS logées dans des édifices particuliers, qttl
LOCALES - » Fonds d e compensation d e la t v a étaient souvent réalisés sur le thème de la Stôà
ou d ’autres bâtiments publics, et étaieitt
implantées en bordure d’espaces libres ou de
FONDS D 'IN TER VENTIO N mes. Ainsi à Athènes, un édifice en L, flanqué
POUR L'A M É N A G E M E N T DE LA M O N TA G N E d’une double colonnade (425-400 av. J.-CA
(FIAM) —> Montagne (aménagement de la) marquait l’intersection de deux mes et Langui
sud-ouest de l’Agora. À Rome, la fontaine
était également un élément primordial de
FON D S INTERM INISTÉRIEL l’aménagement urbain. Pline en dénombre 500,
D 'A M É N A G E M E N T D U TERRITOIRE (FIAT) Elles figuraient une tête d’animal ou un porteur
—* Aménagement du territoire d’urne par laquelle l’eau s’écoule. Au Moyen
Age, ornée d ’un décor parfois somptueux en
clocher ou en tabernacle, qui marque symbole
FON D S INTERMINISTÉRIEL quement sa valeur et en fait un point de repère)
POUR L'A M ÉN A G E M EN T la fontaine resta généralement un équipement
E T LE DÉVELOPPEM ENT D U TERRITOIRE utilitaire, dans lequel l’eau n’est présente qué
(FN AD T) -> Aménagement du territoire pour être employée. Le type de la fontaine à
vasque se rencontrait à la même époque danè
les pays islamiques où il anime les jardin»
FONDS N A TIO N A L POUR L'AM ÉLIORATION (Alhambra de Grenade) ou dans les lavabos
DE L'H A B ITA T (FNAF) —►Agence nationale des cloîtres chrétiens. Ce type, dans lequel le
pour l'amélioration de l'habitat ( a n a h ) ; jeu de l’eau introduit un agrément esthétique)
Amélioration de l'habitat urbain était parfois utilisé comme fontaine publique
en Italie (fontaine Gatteschi à Viterbe). !
Toutefois, c’est à partir de la Renaissance
FONDS N A TIO N A L POUR L'A M ÉN A G E M EN T que la fontaine devient véritablement un objet
FONCIER E T L'URBANISM E (FNAFU) esthétique et, en tant que telle, partie inté
-* Action foncière ; Maîtrise foncière grante de l’art urbain. Cette évolution
commence à Rome sous l’impulsion des
papes Nicolas V et Sixte Quint. Dans cette
FON D S SPÉCIAL D 'IN V ESTISSE M EN T ville, D. Fontana (après ses restauration et
ROUTIER -> Route agrandissement de l’antique réseau des aque
ducs) construisit sur le Janicule la fontaine
Pauline (1612) et dota Rome d’un ensemble
FON TAIN E de fontaines qui s’inséraient dans son vaste
projet d ’embellissement urbain. Il inventa
About d’une canalisation assurant l’alimen également le type formel du pan coupé et amé
tation en eau, aménagé par les moyens de nage ainsi le carrefour des Quattro Fontane,
l’architecture ou de la sculpture. « La fontaine en y installant en vis-à-vis quatre fontaines
est plus vieille encore que la colonne, aussi adossées, figurant des fleuves et des vertus.
vieille que la ville elle-même, puisqu’elle cor Un peu plus tard, le Bernin composa un
respond à un besoin élémentaire de l’homme » ensemble très divers de fontaines qui cessaient
(P. Lavedan). L’alimentation des logements en d’être seulement des architectures ou des bas-
eau courante ne s’étant développée que depuis reliefs pour devenir sculptures indépendantes,
un siècle, la fontaine a été une condition lui permettant de traiter la Rome du xvne siècle
essentielle de l’existence humaine. Comme la comme une architecture intérieure.
source, dont elle est le prolongement artificiel, Le Bernin et ses contemporains transpo
elle présente initialement un caractère sacré, sèrent en ville les jeux d’eau construits en Ita
magique ou religieux et, à ce titre, est dotée lie depuis un siècle pour l ’agrément des
d’attributs allégoriques ou de décors, évo jardins (Villa d ’Este, 1549; Villa Lan te,
quant ou conférant ce caractère. Elle contribue 1566). Mais leur décor urbain élimina toute
à articuler et à animer l’espace urbain. végétation : le seul élément naturel est l’eau,
Dans l’Antiquité, les fontaines étaient utilisée comme matériau privilégié, en nappes,
M t' FORÊT
en cascades, et en jets différenciés (fontaine privée de tout caractère utilitaire, la fontaine est
(les fleuves, PiazzaNavona, 1647-1652). récemment redevenue un élément au moyen
face à Rome, Paris conserva longtemps, duquel aménageurs et architectes cherchent à
gomme toutes les villes des régions de plaine, animer et à embellir les espaces publics des
le principe de la fontaine sèche. Un des villes nouvelles ou des espaces rénovés en ville
exemples les plus remarquables en est la fon- ancienne. De nombreux sculpteurs (Bury,
iame des Innocents aménagée en 1547 par Penalba, Tinguely parmi d’autres, en France)
l'ilgct et Lescot : une tribune d’angle où l’eau ont été mis à contribution à cet effet, avec un
eMévoquée par les longues figures en relief bonheur variable, selon les programmes et les
lies nymphes aux amphores, alors que l’on localités. Parallèlement, des expériences aussi
Ignore encore aujourd’hui comment le liquide intempestives que malheureuses ont été tentées
éluit puisé. Au XVIIe siècle, la maîtrise de en tissu ancien à Paris où de nouvelles fon
l'cuu par les fontainiers permit la création des taines, mal implantées, constituent tantôt un
« théâtres d’eau» des jardins à la française du danger pour la circulation des piétons (Saint-
XVIIe siècle, dont l’influence pénétra la ville. Germain-des-Prés, rue Beaubourg), tantôt un
lin Europe centrale, jusqu’à l’apparition obstacle pour la perception du paysage urbain
des compositions baroques, les fontaines (place de l’Hôtel-de-Ville), ou encore intro
étuient les seuls éléments relevant spécifique duisent une altération incongrue dans un
ment de l’art urbain. Dans les pays d’élevage, espace historique (Palais-Royal).
comme l’Alsace ou la Suisse, se développa le M. Pes. et C.-F. O.
type de la fontaine à colonne surmontée
d’une statue du saint auquel la fontaine était - » Art urbain; Eau; Espace public; Place; Renaissance.
parfois - à produire du bois de feu (affouage) forêt, satisfait en priorité les besoins d’une fri»
et à nourrir les animaux domestiques. quentation de voisinage. Les équipements qui
La localisation des forêts dans le monde s’y trouvent (aires de jeux, allées, pelouses,
tient à la possibilité pour les arbres de trouver équipements sportifs, abris sanitaires) corres*
d’importantes quantités d ’eau, provenant du pondent à une fréquentation intense d’enfanl»,
sous-sol ou des précipitations atmosphériques. de mères de famille, etc., qui peuvent goûter
La France pratique, depuis le xixe siècle, aux joies de l’ambiance forestière en toute
une politique de reboisement, en particulier en sécurité (le parc forestier est généralement clô»
montagne (politique de défense et restauration turé). La fréquentation de pointe peut varier de
des terrains en montagne), notamment sur les 100 à 400 personnes l’hectare. Exceptionnel
espaces délaissés par l’agriculture à la suite de lement, et pour les zones les plus densément
l’exode rural, puis du gel de terres dans le aménagées (plages, pelouses pour la détente^
cadre de la politique agricole commune de le bain de soleil), les densités peuvent atteindre
l’Union européenne. La forêt française couvre, 500 ou 1 000 personnes à l’hectare, voit*
en 2010, plus de 15,5 millions d’ha, soit 28 % 2 000 dans les secteurs les plus fréquentés. Eh
du territoire national, presque le double de sa raison de cette utilisation intense, le pare fores»
surface minimale atteinte à la fin du tier est un équipement lourd et coûteux : son
xvme siècle (8 millions d’ha). Cette superficie entretien et sa surveillance incombent entière)
représente autant que les surfaces de cultures ment à la collectivité bénéficiaire, pour
et plus de la moitié de la surface agricole utile laquelle il constitue une lourde charge. :
(un peu moins de 30 millions d’ha). La surface La forêt-promenade doit pouvoir accueillir
reboisée est chaque année, depuis un siècle et simultanément de 10 à 100 personnes à l’hec»
demi, double de la surface défrichée. tare, selon les endroits. Les parties de forêt
Les forêts contribuent à mettre en valeur les destinées à la fréquentation la plus dense sont
terres pauvres, régularisent le climat et le très bien desservies par des routes aménagées
régime des eaux. Elles assurent également une et par des parcs de stationnement. Sentiers;
production d’oxygène importante et peuvent, pelouses, sous-sol sont régulièrement net)
dans certains cas, constituer de véritables toyés. Aires de détente et équipements légers
filtres contre la pollution chimique, celle des sont caractéristiques de ces zones de forêt, ti
poussières et des bruits. La forêt normale garde son aspect naturel
Le rôle économique de la forêt est consi et l’accueil du public est limité. La densité
dérable car les métiers du bois occupent de fréquentation instantanée reste inférieure à
600 000 personnes, représentant un chiffre dix personnes à l’hectare.
d’affaires qui est égal à 3,6 % de la produc On tend actuellement à fixer massivement les
tion intérieure brute, soit l’équivalent de la visiteurs en périphérie des massifs forestiers par
fabrication d’automobiles et de matériels de des aménagements importants (parcs forestiers;
transports terrestres. musées de plein air, parcs de stationnement;
La forêt constitue également un élément jeux, etc.), auxquels peuvent s’adjoindre, dans
essentiel de l’aménagement du territoire, en la mesure où les crédits le permettent, des équi
raison des relations antagonistes ou complé pements de découverte active du milieu fores
mentaires qu’elle entretient avec d ’autres tier (salle de conférence, sentiers d’initiation à
modes d ’occupation du sol: antagonistes, la nature, musée de la forêt, centre d’informa
parce que le sol affecté à la forêt est exclusif tion, etc.). De plus, des zones de réserve inté
de toute autre utilisation ; complémentaires, grale et des zones de silence sont prévues.
en raison de son rôle économique, de la sauve Les aménagements obéissent aux mêmés
garde des équilibres biologiques et de l’har impératifs que ceux qui régissent les bases de
monie des paysages qu’elle assure, et de la plein air et de loisirs et les grands parcs subur
part importante que la forêt prend dans les loi bains : simplicité et rusticité des équipements
sirs des populations urbaines. (bancs, tables de pique-nique, etc.) et souci,
dès l’investissement, des problèmes de ges
L’ouverture des forêts au public a conduit tion et d ’entretien.
à préconiser trois types d’aménagement : parc
forestier, forêt-promenade et forêt normale. Le rôle grandissant de la forêt dans la vie
Le parc forestier, installé en bordure de publique a justifié l ’intervention de l ’État
FORME URBAINE
ms
dans les domaines de la réglementation et de quables sur le littoral à condition qu’ils aient
la gestion. Le Code forestier qui a succédé, en une réelle qualité de boisement.
1866, à divers édits royaux, impose une régle En sus de ces tâches de production de bois
mentation à l ’État, aux départements, aux et de gestion du patrimoine, I’onf contribue à
communes et aux particuliers. la production du milieu naturel, en partici
D’autre part, des mesures du Code de pant, notamment, aux réalisations et à la ges
l’urbanisme visant le classement des bois, tion des parcs nationaux et des parcs naturels
forêts et parcs en espaces boisés protégés, la régionaux, à la restauration des terrains en
taxe départementale d’espaces verts, l’ouver montagne et à la fixation des dunes littorales.
ture des forêts privées au public, la possibilité Il prend en compte, dans ses actions, les don
de construire sur un dixième de la superficie nées écologiques et paysagères. Il assure aussi
d’une forêt, à charge pour le propriétaire la réalisation d’aménagements légers destinés
d’abandonner les 90 % restants à la commune à l’accueil du public dans les forêts, en met
(CU : L. 135), sont venues compléter le Code tant l’accent sur la préservation du calme dans
forestier dans les domaines qu’il ne lui était certaines zones et, en contrepartie, en assurant
as possible d’aborder. Il régit les espaces la création de petites aires de stationnement,
oisés classés pour les coupes et les défriche de pique-nique et de cheminements, etc.
ments dans les forêts qui sont soumises au J.-P. M. et J.-B. P.
régime forestier. Il détermine un statut parti
culier de protection des forêts domaniales et B ois; Espace boisé classé; Espace vert; Parc; Parc naturel.
urbaine. » C’est à cette histoire qu’il consa hidden dimension, 1966). A. Bailly insisté
crera son Histoire de l ’urbanisme (1926- également sur la relativité des formes- s p i
1941-1952) qui reste l’introduction la plus tiales qui sont liées au vécu et à l’imagé
complète à la question. Les travaux anglo- mentale des individus et tente d’élaborer u n i
saxons de A. E. J. Morris (History o f urban microgéographie {Géographie de la p e r ç a i
form, 1972), E. N. Bacon {Design o f cities, don, 1981). 4
1967), S. E. Rasmussen (Town and buildings À cette approche géographique, il faut ajoük
1969), etc., se rangent dans cette perspective. ter les travaux de l’école sociologique fraiil
On trouve encore dans la pratique urbanis çaise, notamment ceux de Maurice Halbwaohl
tique des premiers urbanistes, comme {Morphologie sociale, 1938, en particulier)* '4
I. Cerda, J. Stubben, C. Sitte, R. Unwin, et Des recherches concernant l ’analyse dU
de ceux de la sfu (Société française des tissu urbain se sont développées ces demièrël
urbanistes), une préoccupation certaine pour décennies parallèlement aux discours q u ilé
la forme urbaine, et cela parallèlement au sont élevés contre la dissolution et la destiné)
développement des ciam (Congrès internatio tion de la ville, sa perte d’identité et d’unité
naux d ’architecture moderne) et de leurs formelle, pour défendre une politique de saut
nouveaux objectifs (concentration sur le vegarde des centres historiques, en réaction
logement rationnel, attitude négative vis-à- contre les principes des ciam, conduisant à la
vis de la ville existante) qui conduisirent les dissociation entre ville et architecture efià
urbanistes progressistes à se désintéresser de l’absence de dimension spatiale dans loi
la question de la forme urbaine. Cet intérêt outils d’urbanisme actuels. Ce travail a sinb
pour la forme urbaine persista également tout été l’œuvre d ’architectes théoriciens;
dmis certaines grandes expériences d ’urba venus principalement, dans un premier temps;
nisme municipal: la ceinture hbm de Paris d’Italie. ' ■J
(1914-1937), les cités-jardins du département Ce sont les œuvres de S. Muratori {Studio
de la Seine (1920-1940), les « H o fe» de per un ’ opérante storia urbana di Venezia,
Vienne (1920-1934), le plan Berlage pour 1959 ; Studiper un ’ opérante storia urbana di
Amsterdam (1912-1934), Villeurbanne- Roma, 1963; L ’edilizia storia venezidnat
centre (1924-1934), etc. 1960) qui inaugurèrent cette approche nou
En raison de la vocation spatiale de leur velle dont il tire trois conclusions : le type ne
discipline, les géographes ont été amenés à peut se définir en dehors de son application
aborder la forme urbaine, mais sans toujours concrète, le tissu urbain; le tissu urbain ne
clairement l’expliciter. Le livre de P. Claval peut être saisi en dehors de son cadre,
{La logique des villes, 1981) propose une l’ensemble de la structure urbaine ; la structure
synthèse assez complète des approches de la urbaine ne se conçoit que dans sa dimension
géographie urbaine, de ses objectifs et de ses historique, car sa réalité se fonde dans le
référents : temps par une succession de réactions et
• L’approche du paysage urbain par ses com d ’évolution à partir de l’état antécédent.
posantes emprunte beaucoup aux travaux des C. Aymonino {Lo studio dei fenomeni urbani,
historiens de la ville et de l’urbanisme. Il s’agit La città di Padova, 1970; Le città capitalt
ici de définir la ville par son aspect extérieur, del XIX, 1975) et son équipe s’appuyèrent sur
ses bâtiments, ses monuments, son site. cet acquis pour définir et systématiser les
• La géographie des représentations intro concepts de forme urbaine, de type, de crois*
duit la variable comportementale des groupes sance, etc. De ce travail se dégage le concept
et des individus. A travers le concept de central du rapport entre morphologie urbaine
« territorialité », C. Raffestin {Paysage et ter et typologie du bâti, à savoir « le rapport dial
ritorialité, 1977) montre que le même pay lectique (et non causal) entre typologie des
sage, le même quartier peuvent être sujets à édifices et forme urbaine». De son côté;
une multiplicité de rapports, symétriques et A. Rossi, reprenant en partie les travaux fran
dissymétriques, entre individus ou groupes ; çais de R Lavedan et M. Poète, mit l’accent
selon lui, l’espace ne dit rien en soi, la forme sur l’existence d’une architecture de la ville;
spatiale doit être retranscrite en termes de en partant d’une définition de la ville comme
rapports sociaux. Il développe là une thèse dépôt de l’histoire, sur le lien entre monu
proche de la proxémie de E. T. Hall {The ments et mémoire collective, entre ville et
FORUM
Ü1
architecture. De son travail ressort également différents, et d ’une manière plus générale,
l'idée d’une autonomie de la forme urbaine, selon qu’il désigne un objet de connaissance,
(il tant que structure par rapport à la fonction la forme urbaine (morphologie-objet), ou les
(1 à la distribution. Les études de Caniggia, moyens qui rendent possible sa connaissance
disciple et héritier de Muratori, sur l’histoire (une théorie morphologique d’analyse). En
urbaine ont également permis de démontrer outre, on peut également considérer la forme
l'importance des éléments permanents et des urbaine soit comme un ensemble pris anté
persistances dans la croissance et la transfor rieurement à son analyse, un objet de connais
mation de la ville, dans la détermination de sa sance à construire, soit comme un ensemble
forme physique, la morphologie urbaine se soumis à l’analyse comme objet construit (à
réalisant selon lui par un processus d’expan travers une typologie urbaine par exemple).
sion et d ’agrégation de types élémentaires La seconde difficulté tient au fait que si cer
simples. taines villes se présentent avec une configura
En France, les études se développèrent tion simple, facilement identifiable (les cités
liussi, avec O. Zunz sur le quartier du Gros- anciennes circonscrites dans leurs murailles,
Caillou (Pour une histoire des form es certains bourgs et villages, etc.), la ville indus
urbaines, 1970); A. Chastel, F. Boudon et al. trielle moderne géante (cf. J. Gottmann,
sur le quartier des Halles (Système de l ’archi Mégalopolis, 1961) devient «infinie parce
tecture urbaine, 1977), qui mettent l’accent sur qu’indéfinie» (C. Aymonino). La vieille
le rapport entre parcellaire et forme urbaine ; dichotomie intérieur vs extérieur (bourg us-
P. Micheloni, A. Borie et P. Pinon (Formes faubourg) est alors remplacée par l’opposition
urbaines et sites de méandres, 1982) qui centre vs périphérie qui se complique dans le
cernent la relation entre site et forme urbaine, cas des agglomérations polarisantes (Paris,
en soulignant l’importance du territoire Londres, Moscou, etc.) ou polynucléaires
physique; et enfin B. Rouleau sur les quar (Randstad aux Pays-Bas, Rhein-Rhur Gebiet
tiers périphériques de Paris, du XIIe au en RFA). La forme de la ville est toujours la
XXe arrondissements actuels ( Villages et fa u forme d’une époque de la ville : elle se pré
bourgs de l ’ancien Paris, 1985), qui place au sente à la fois avec une épaisseur historique,
centre de son analyse la permanence des struc résultat de son évolution sur place, et avec une
tures parcellaires. D ’autres auteurs s’inspi étendue géographique, conséquence de son
rèrent de l’acquis italien, comme Ch. Devillers expansion dans l’espace, juxtaposant ainsi des
(Typologie de l ’habitat et morphologie fragments urbains hétérogènes donnant lieu,
urbaine, 1974) ou J. Castex, P. Panerai et aujourd’hui, à des ensembles hétéroclites sur
P. Céleste (Lecture d ’une ville, Versailles, le plan formel, dont la morphologie est diffici
1979). lement saisissable et lisible. La prise en
Parmi les travaux anglo-saxons, moins compte de cette difficulté a conduit un certain
connus, on peut citer l’article de G. Baird sur nombre de chercheurs (Aymonino, Rossi,
le parcellaire de Toronto («Vacant Lottery», etc.) à parler de « villes par parties », consti
1978), ceux de B. Hillier (Space syntax: a tuées d’aires morphologiquement et typologi
different urban perspective, 1983), qui tente quement plus ou moins homogènes, et
de mettre en place une méthodologie d’ana temporellement limitées.
lyse originale et rigoureuse, afin de déterminer A. L.
les règles de formation des schémas urbains.
-> Composition urbaine; Morphologie (urbaine); Parcellaire.
Pour lui, l’objectif central est la forme phy
sique et spatiale de la ville et non le processus
socioéconomique qui a permis sa production :
la forme urbaine est un champ de savoir auto FORTIFICATIONS -► Boulevard ; Esplanade
nome.
On retiendra de cette longue (mais schéma
tique) présentation le caractère polysémique FORUM
de la notion de forme urbaine et l’aspect pluri
disciplinaire de son étude. C’est là une de ses Vaste place dallée, entourée de portiques,
premières difficultés. En effet, le terme de qui constitue, à la jonction du cardo et
morphologie urbaine s’emploie dans des sens du decumanus, le centre vital des villes
FOUILLES 382
romaines ; lieu privilégié de rencontre, il ras Les foyers pour jeunes travailleurs ou tra
semble progressivement les fonctions juri vailleurs migrants comportent généralement
dique, religieuse, politique, culturelle et des chambres (de préférence individuelles),
commerciale. parfois des studios, et des équipements com
On peut distinguer deux types de forum muns (hall, cuisine et salle à manger, salle de
(cf. J. B. Ward-Perkins, Cities o f ancient Greece réunion, avec bar, cafétéria, petites salles de
and Italy, New York, 1974). Le plus ancien, le loisirs, locaux administratifs).
forum ouvert (forum républicain de Rome, Dans les foyers pour personnes âgées, les
fomm d’Ostie, de Pompei), a été créé spontané chambres sont de véritables petits logements
ment par l’agglutination, autour du carrefour et peuvent comporter une salle d’eau et une
primitif, d’édifices liés par des portiques. A cuisine, voire une deuxième pièce (pour les
l’opposé, le forum fermé, comparable à l’agora couples) : on parle dans ce cas de foyers-
hellénistique, qui ne laissa pas de l’inspirer résidences. Les logements d’un foyer peuvent
(cf. R. Martin, « Agora » et « fomm », Mélanges être regroupés dans un même immeuble
de l ’École française de Rome, «Antiquité», ou sous forme de petits pavillons en rangées.
1971), est un ensemble autonome, conçu Ils peuvent aussi être répartis dans une opéra
comme un tout qui, de César à Trajan, prend tion de logements familiaux sociaux (foyer
aussi valeur de monument à la gloire de l’empe « soleil »), tout en disposant d’un centre de ser
reur. vices communs, ce qui assure une meilleure
Le Forum impérial comporte nécessaire intégration pour les occupants. Il est en effet
ment basilique, sanctuaire et portique, mais important que ceux-ci ne soient pas isolés, ce
peut être complété, en particulier par des qui implique aussi une localisation favorable
bibliothèques et des boutiques. De Rome, où dans la ville, avec une bonne desserte par les
le plus prestigieux est celui de Trajan, son transports en commun, à proximité d’équipe
modèle est transmis et incorporé dans toutes ments culturels et sportifs.
les créations urbaines de la province et de Les foyers ne doivent pas être trop grands :
l’Empire, telles Timgad, Leptis Magna, etc. des maxima ont été fixés à 80 résidents par
(cf. P. Gros). foyer pour personnes âgées, 150 places pour
Le forum républicain de Rome, comme les foyers de jeunes travailleurs (mais un
ceux d ’Ostie et de Pompéi ont été analysés par effectif de Tordre de 100 semble préférable),
Viollet-le-Duc et Sitte, de la même façon que 300 pour des foyers de travailleurs migrants
l’agora grecque dont ils présentent une partie et 150 pour les foyers d ’étudiants. La
des qualités. Comme agora, et tout aussi abu construction de foyers pour personnes âgées,
sivement, forum est passé dans la langue des travailleurs immigrés, etc., peut faire l’objet
urbanistes pour qui il est devenu synonyme de de subventions et de prêts. Les logements-
lieu de rencontre publique, quels que soient foyers peuvent faire appel au mode de finan
l’usage et les caractéristiques formelles de cement des logements sociaux. Le fonction
celui-ci (cf forum des Halles à Paris). nement des foyers peut aussi bénéficier de
F. C. subventions (caisses de retraite, caisses
d’allocations familiales, etc.). Face aux pro
-> Agora ; Espace public. blèmes croissants du logement des personnes
à faibles ressources, un effort accru de réhabi
litation des foyers a été entrepris, puis on a
FOUILLES —> Archéologie ; Archéologie lancé, à partir de 1995, une nouvelle caté
préventive ; Ruine gorie de logements-foyers, les résidences
sociales.
La surface hors œuvre d’un foyer varie de
FOYER 30 m2 à plus de 40 (logements-foyers) par
place, équipements communs compris.
Local servant d’habitation collective à cer Les foyers sont en majorité gérés par des
taines catégories de personnes, en particulier organismes de logement social (oph et esh).
des personnes isolées dans la ville, telles Tel est le cas des deux tiers des 170 000 places
que personnes âgées, jeunes travailleurs, tra de logements-foyers pour personnes âgées
vailleurs immigrés, étudiants, etc. offertes dans 3 000 résidences. Les oph
FRICHES URBAINES ET INDUSTRIELLES
pseudoscience de sa propre invention (l’ékis- réelle», telle qu’elle se trouve évoquée dans
certains travaux du sociologue Henri Lefebvre.
tique) ; ,,
celui de la perspective, assez comparable A.-C. D.
il la précédente, de « l’urbanisation complète de
In société (...), aujourd’hui virtuelle, demain - » Prévision.
M i P ? ! ! H ! ! ) I Ü H i H!
G
GÉNIE URBAIN
GARDEN-CITY -* Cité-jardin
Expression apparue en 1905 au sein de
l’Association générale des hygiénistes et tech
GARDERIE — Crèche niciens municipaux (aghtm) et reprise en
1984 par le ministère de l’Urbanisme, du
Logement et des Transports pour désigner
GARE —►Chemin de fer; Rabattement l’« art de concevoir, de réaliser et de gérer les
réseaux techniques urbains ». Approche uni
taire et globale de la voirie, des réseaux divers
GARNI -> Meublé (vrd) et des transports, le génie urbain
cherche à améliorer la productivité et l’effica
cité des aménagements et services urbains en
G AZ associant des pans de l’analyse urbaine
jusque-là séparés : choix techniques, structure
Forme d’énergie concurrente de l’électricité. spatiale, intercommunalité, etc. Il exige une
Les premiers réseaux de gaz ont servi d’abord formation urbanistique de haut niveau afin de
à l’éclairage public, au milieu du XIXe siècle, coordonner le développement durable de
puis, en France, avec les découvertes des gise l’agglomération dont il a la gestion matérielle.
ments de Lacq (1951) et du Sahara (1955), la A. Gu.
«gazéification» s’est étendue aux arts ména
-> Réseau; Te chnique; Voirie et réseaux divers (vrd).
gers, se substituant peu à peu au système ponc
tuel et astreignant de la bouteille de gaz.
Aujourd’hui, le gaz naturel est transporté par
des gazoducs et des navires gaziers. GÉODÉSIE -> Carte ; Cartographie ;
Topographie
Le réseau de conduites appartient au proprié
taire du sol, à la commune quand elles passent
sous la voie publique, qui concède la distribu
GÉOGRAPHIE
tion à un concessionnaire par un cahier des
charges. Le maire doit donner une permission
de voirie qui peut être attribuée à titre global. Étymologiquement, dessin de la terre. En
La pose des canalisations se fait le plus sou fait, le sens a profondément évolué. Long
vent en pleine terre (mais, au Japon, dans des temps, la géographie a été l’étude (mathéma
caniveaux techniques). La tranchée doit être tique) des formes et des dimensions de la
profonde de 0,70 m. Une protection catho terre, aujourd’hui appelée géodésie (terme
dique est nécessaire pour isoler la conduite qui a lui-même pris un sens élargi). Mais
des courants électriques souterrains de très dès Strabon (Ier siècle avant et après J.-C.), la
faible ampleur, dits « vagabonds ». Le plomb géographie s’attache à dégager les traits
est interdit depuis plus de cinquante ans, mais essentiels du cadre physique dans lequel
le sous-sol urbain reste encombré de tuyaux s ’inscrivent les comportements humains.
datant des années 1820-1950: Paris est ainsi Aujourd’hui, la géographie doit être considé
la première mine française de plomb métal rée comme une science humaine dont l’objet
lique. est de « déceler, et dans la mesure du possible
d’évaluer, la nature et l’intensité des rapports
A. Gu. et relations qui caractérisent et conditionnent
la vie des groupes humains [...], définis dans
-* Réseau. des cadres spatiaux de dimensions hiérarchi-
369
GÉOMÉTRIE
sées...» (P. George, Dictionnaire de la géo (de l’air, des eaux courantes, des sols, des
graphie, 1970). Elle est donc concernée par mers).
les données relatives au milieu naturel (géo La géographie humaine est également sus
graphie physique) et par celles qui décrivent ceptible d ’apports importants à l’aménage
les effets (actuels et passés) de la présence des ment et à l’urbanisme dans des domaines tels
hommes et de leur action sur le milieu (géo que l’étude de la population et de sa réparti
graphie humaine). Sa spécificité réside dans tion, celle des activités, de l’analyse des lieux
la recherche des interrelations spatiales, à dif habités (espaces ruraux et urbains). Mais il
férentes échelles, de ces deux séries de don importe que l’apport de la géographie se dis
nées. tingue clairement de celle des autres sciences
Les géographes ont souvent eu tendance à humaines et sociales qui abordent ces thèmes,
considérer, en France notamment, l’aménage souvent avec des outils et des méthodes plus
ment (et en particulier l’aménagement urbain, fins : la démographie, l’économie, la sociolo
voire l’urbanisme) comme un prolongement gie et l’anthropologie notamment.
naturel de leur discipline. Il s’agit en fait de La géographie a enfin un rôle important à
champs d’action pluridisciplinaires par nature jouer pour appréhender la dimension spatiale,
qui ne sauraient être l’apanage d ’une seule fondamentale pour l’aménageur, de certains
discipline quelle qu’elle soit. Mais la géogra grands problèmes contemporains. On citera
phie, discipline de l ’espace à différentes en particulier, sans que la liste prétende à
échelles, est concernée au premier chef. l’exhaustivité, le développement et le sous-
Encore convient-il de préciser les apports développement, le risque d’épuisement des
originaux possibles de la géographie. Contrai ressources naturelles et en particulier des
rement à une opinion très répandue chez les sources d’énergie fossile, les ressources ali
géographes eux-mêmes, ces apports origi mentaires et la faim dans le monde, les pollu
naux ressortissent peut-être au moins autant tions, l’effet de serre.
au domaine de la géographie physique qu’à P. M.
celui de la géographie humaine. L’étude des
contraintes imposées par le milieu - qu’il Clim at; C lim ax; Conditions naturelles; Relief; Risque natu
rel; Topographie.
s’agisse de la lithosphère, de l’atmosphère, de
l’hydrosphère, de la biosphère - est en effet
indispensable pour comprendre l’implanta
tion et le groupement des hommes, mais aussi GÉOLOGIE -> Géotechnique
pour planifier celui-ci et éviter des erreurs
majeures. La connaissance de la résistance
des roches à la construction, des ressources GÉOM ÉTRIE
en eau par exemple sont indispensables à
l’aménageur. Un domaine important est celui Du grec yeropsTpra (mesure de la terre),
de l’étude des risques naturels, dans les diffé « d’où primitivement arpentage, sens primitif
rents domaines précédemment cités, trop sou qui subsiste, à côté du sens moderne, à toutes
vent négligés par les aménageurs : ainsi des les époques de la littérature grecque. Chez
risques volcaniques et séismiques, des possi les modernes, la géométrie est la science de
bilités d ’inondations, de cyclones ou de l’espace» (Lalande). En tant que telle, elle
typhons, la fréquence des avalanches, etc. présente trois acceptions essentielles :
Tout aussi essentielle est l’étude des consé — « science des rapports de forme et de
quences de l’action de l’homme, et en parti position qui peuvent exister entre choses per
culier de ses aménagements de l’espace sur çues ; étude des propriétés des figures en tant
le milieu naturel. Les négliger serait faire que ces propriétés se déduisent formellement
courir des risques, parfois à long terme mais de leurs définitions » (Lalande) ;
bien réels, à la fois au milieu lui-même et — « science de toutes les espèces possibles
aux hommes qui l’occupent. On peut citer d’espace » (Kant) ;
les terrassements, la création de reliefs artifi — « science des ensembles ordonnés à plu
ciels, la rectification des rivages et des cours sieurs dimensions » (Russel).
d’eau, l’accélération de l’érosion par défores Seule la première acception concerne
tation et, bien sûr, les différentes pollutions l’architecture et l’urbanisme dont l’usage de
GÉOMORPHOLOGIE
3»
la géométrie a évolué avec le développement physique est souvent rattachée ; métrique, à par
de cette discipline, selon le rôle et la place tir du xvme siècle (cf. E. Neufert, 1965, trad,
qu’elle occupait dans la configuration du franç. La coordination dimensionnelle, Paris,
savoir, et les significations qu’elle véhiculait 1967).
à travers le temps (cf. A. Dahan-Dalmedico, — Comme instrument de composition, elle
J. Peiffer, Une histoire des mathématiques, agit pour régulariser et conformer les figures
routes et dédales, 1986). urbaines, tant au niveau local que global de
Ainsi, pour Pythagore, Platon, Aristote, il la ville, et dans la configuration des îlots, à
existe une correspondance entre le monde, la travers deux grands types de tracés géomé
nature et les mathématiques qui représentent triques, orthogonal et radioconcentrique.
sur terre l’absolu divin. Cette métaphysique La variété des tracés de plans d ’urbanisme
n’a cessé, jusqu’au xvme siècle, d’imprégner peut être schématiquement ramenée à l’oppo
la géométrie dans son application à la théorie sition entre plan régulier et plan irrégulier,
de l’art (cf. J. von Schlosser, D ie Kunst représentée par deux écoles antagonistes de
Literatur, Vienne, 1924, trad. franç. La littéra composition urbaine, classique et pittoresque
ture artistique, Paris, 1984 ; E. Panofsky, Idea, (cf. R. Unwin, Town-planning in practice,
Berlin, 1924, trad. franç. Paris, 1983) et à tra 1906). Nous excluons ici le tracé spontané.
vers la pratique des peintres, maîtres-maçons, — Comme instrument de représentation gra
charpentiers et architectes (G. Jouven, phique : l’introduction du géométral (plan, élé
L ’architecture cachée, Paris, 1979). vation) et surtout l’invention de la perspective
L’avènement de l’esprit rationaliste, la laï (Brunelleschi, Alberti) ont transformé l’espace
cisation progressive de la société, puis l’essor pictural, architectural et urbain (Panofsky, La
du romantisme et l’écroulement du vieux sys perspective comme forme symbolique, Berlin,
tème métrologique duodécimal, ont contribué 1927, trad. franç., Paris, 1975). L’évolution de
à supplanter et éliminer cette géométrie d’ini la discipline, avec la géométrie projective de
tiés qui se manifestait, entre autres, à travers G. Desargues (1591-1662) et la géométrie des
deux grands t>qtes de tracés harmoniques : le criptive de G. Monge (1646-1718), puis leur
tracé arithmétique modulaire (théorie de la synthèse par Poncelet (1788-1867), ont ouvert
proportion) et le tracé géométrique dyna la voie à de nouvelles possibilités de représenta
mique (rectangle d ’or et autres rectangles tions : l’axonométrie, l’isométrie, la perspective
dynamiques). Ceux-ci font place aux tracés cavalière et militaire (née pour des raisons stra
physiques/statiques, et aux trames simples, tégiques au xvme siècle), qui ont à leur tour
rationnelles, que J. N. L. Durand inaugure influencé la conception de nouvelles formes
dans ses Leçons d ’architecture (1802). Le urbaines et architecturales.
Corbusier tentera, en vain, de les ressusciter
avec ses « tracés régulateurs » (1924) puis son A. L.
Modulor (1950). -* A rt urbain; M o du lo r; Nombre d 'o r; Orthogonism e; Radio-
Les rapports de la géométrie avec l’esthé concentrique.
I ,es études géotechniques concernent niques et slaves laissèrent plus de liberté aux
notamment les mines, l’emprise des infra- juifs dans leur vie urbaine.
llmctures de transport (ports et aéroports en Au cours de l’histoire, en particulier à par
particulier, voies de communication). Elles tir de la législation napoléonienne, beaucoup
lotit fondamentales pour le choix des sites de ghettos ont été détruits et ont disparu des
d'équipements pouvant comporter des risques villes de l’Europe occidentale. On en retrouve
(centrales nucléaires par exemple). Elles per les éléments à Venise, à Florence comme à
mettent également de déterminer les terrains Amsterdam. En France, ils ne se trouvent que
lusceptibles de faire l’objet de constructions dans les anciens états des papes (Carpentras).
on au contraire présentant des risques La persistance des ghettos, jusqu’aux grandes
(Néismes, éruptions volcaniques, éboulements, persécutions raciales nazies, a été plus accen
glissements de terrains, etc.) trop importants, tuée dans l’Europe orientale. Aujourd’hui, le
filles peuvent aussi concerner les conditions terme (encore ignoré par Littré) a pris dans la
de drainage des terrains, d’approvisionnement langue commune un sens général pour dési
on eau. Elles conduisent souvent à déterminer gner toute ségrégation ethnique ou simple
les travaux spécifiques nécessaires pour ment sociale, ayant un support territorial.
rendre constructible un terrain en réduisant les Mais il faut souligner que ces nouveaux
risques objectifs qu’elles ont mis en évidence. ghettos ont assez souvent un caractère transi
Il s’agit d ’études souvent coûteuses, mais toire car leurs populations les abandonnent au
indispensables avant tout projet d’aménage bout d’un certain temps (cf. le ghetto italien
ment d’une certaine envergure. Elles ont leur de New York, Brooklyn, où les Américains
place dans l’élaboration des plans de préven d ’origine italienne constituent aujourd’hui
tion des risques naturels prévisibles (ppr). une minorité). Dans son livre The Ghetto,
L. Wirth a bien montré comment le quartier
G. B. et P. M.
juif de Chicago avait joué un double rôle de
> Risque naturel. ségrégation et d’assimilation progressive.
P. Mo.
et environnement
cours de golf homologués en 2010, pour la jusqu’à plusieurs dizaines. Ils peuvent être
plupart privés. constitués de blocs continus très allongés,
Pour l’urbaniste, l’implantation d ’un ter selon le principe du «chem in de grue»
rain de golf présente des caractères assez spé (immeubles rideaux ou barres) ou de tours,
cifiques. C’est un équipement de très grande mais sont souvent disposés en équerre, en
dimension (30 à 60 ha), qui exerce un impact quinconce, en étoile, etc., de façon à ménager
important dans l’organisation de l’espace, entre eux des prospects suffisants. Ils peuvent
avec un flux de fréquentation qui, proportion accueillir une population globale de 1 000 à
nellement, reste très faible. plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Les
Par ailleurs, on a vu se multiplier au cours espaces intercalaires sont aménagés en aires
des années 1980 les projets d ’implantation de de stationnement, en espaces verts ou en ter
« golf-immobiliers » dans des zones naturelles rains de sport. L’expression «grand ensem
soumises à une forte pression touristique ou ble » est de moins en moins employée : lô
urbaine. Il s’est souvent agi d’un moyen de vocabulaire adm inistratif préfère parler de
contourner des mesures de défense de l’envi «quartiers en difficulté» ou de «zones
ronnement, le golf, équipement de loisir vert, urbaines sensibles », les habitants de « cités ».
étant dans un premier temps mieux accepté Toutes ces expressions sont impropres!
qu’un projet immobilier, le second n ’étant puisque les difficultés rencontrées dans beau
alors présenté que comme l’accompagnement coup de ces ensembles (mais pas tous)
du premier, alors même que toute la marge de résultent précisément du fait qu’ils ne sont
l’opérateur se réalise sur lui, le golf pouvant devenus ni des quartiers ni des cités au sens
parfois être réalisé à perte. Les études de plein de ces termes.
marchés indiquent que des maisons « sur un En fait, il s ’agissait de programmes
golf» peuvent se vendre 15 % à 20% plus d’urgence, dans le cadre d’une politique offi
cher qu’ailleurs, bien que moins d’un tiers des cielle de construction visant à réduire la
acheteurs pratiquent le golf. grande crise du logement apparue après la
J. C. guerre. Ces premiers grands ensembles ont
été réalisés en dehors de toute doctrine offi
Espace vert.
-*
cielle, de tout texte réglementaire, lè terme
même employé pour les désigner traduisant
ce vide conceptuel et juridique. Les premiers
G RAN D ENSEM BLE grands ensembles, dans les années 1950,
implantés en marge des secteurs d ’habitat
Groupe d ’immeubles locatifs comportant ancien, ont été accompagnés d’une infrastruc
un nombre élevé de logements. ture de voirie et d ’équipements souterrains
Le terme « grand ensemble » est apparu dès qui ont permis de doter les logements de tous
1935, dans un article de Maurice Rotival dans les éléments du confort moderne (hormis
la revue L ’Architecture d ’aujourd 'hui, comme l ’ascenseur dans les immeubles de quatre
un des éléments structurants de l’urbanisme niveaux et moins). C ’est seulement après
moderne, en rupture avec la tradition urbaine, 1960 que les nouveaux ensembles, dans le
axée sur l’hygiène, l’espace et le soleil. Cet cadre des zones à urbaniser par priorité (zup),
article présentait une théorie, empreinte de ont commencé à être dotés aussi d ’équipe
moralisme social, de l’implantation des cités à ments collectifs commerciaux, sociaux ou
bon marché, aux fonctions et à l’organisation culturels. Pour briser la monotonie ou l’uni
spatiale clairement définis, et de leurs prin formité, on a même aménagé parfois des
cipes de construction à partir de la réalisation centres commerciaux, inclus dans des
d’ensembles de hbm entre les deux guerres. constructions basses à échelle plus humaine
A partir des années 1950, ce terme s’est ou imitant de vieux villages. Dans les plus
répandu pour désigner des groupes de grandes récents, il s’est constitué des galeries mar
dimensions d ’immeubles locatifs, implantés chandes couvertes et des secteurs commer
dans des zones d’aménagement ou périmètres ciaux qui forment des pôles d ’attraction
d ’expansion urbaine spécialement délimités. nouveaux, en concurrence avec ceux des
Ces immeubles ont toujours un minimum de quartiers anciens limitrophes. Mais le grand
trois niveaux au-dessus du rez-de-chaussée et ensemble, celui des quartiers urbains rénovés
S/3
GRAND ENSEMBLE
comme celui des banlieues éloignées en sec- « Habitat et vie sociale » (hvs) qui visait, à
leur semi-rural, tend toujours à constituer un titre expérimental d’abord (dès 1972), puis
monde à part. Et l’éloignement, l’uniformité, dans le cadre d’un groupe interministériel (à
les dimensions démesurées et le caractère partir de 1977), avec l’aide du Fonds d’amé
impersonnel du cadre de vie ont été souvent nagement urbain (fau), à réparer les loge
mal ressentis par ses habitants, soumis à un ments et les immeubles et à améliorer les
complexe d’isolement pénible (baptisé « sar- espaces publics, mais aussi, quoi qu’on en ait
eellite» dans les années 1960, du nom de Sar dit, à susciter la participation des habitants
celles), et souvent dénoncés comme les pour faciliter leur intégration dans le milieu
principales causes d’une délinquance juvénile urbain. Par la suite, dans les années 1980, les
particulièrement élevée. La population initiale actions sur le cadre physique furent quelque
était en général très jeune, constituée en majo peu délaissées. On recoumt cependant, après
rité de jeunes ménages mais, même si elle les émeutes urbaines de l’été 1981, à des
tend à vieillir sur place, les nouveaux arri démolitions d’immeubles, dont on attendait
vants restent toujours parmi les plus jeunes. un choc psychologique. Parfois au contraire,
on profita de la faible densité de certains
Si la population initiale des grands ensembles pour les remodeler par des
ensembles correspondait à la moyenne natio constructions nouvelles (à Orly par exemple).
nale sur le plan des revenus, au point que cer Les actions sur le cadre physique ont repris
tains ont cru y voir un creuset uniformisateur avec le programme «Banlieues 89» qui a
de la société française moderne, leur évolution permis, avec des moyens financiers limités
a été très inégale. Certains grands ensembles, (226 millions de F de 1983 à 1989), de mener
généralement bien reliés aux équipements et quelque 400 opérations d’amélioration, en
au milieu urbain, n’ont pas rencontré de pro fait modestes et le plus souvent sans grande
blèmes majeurs. Mais beaucoup ont dû faire portée.
face à une paupérisation, voire une marginali Enfin, en 1994, parallèlement à la poli
sation, de leur population. Les plus aisés des tique des contrats de ville, furent sélectionnés
locataires, ceux qui bénéficiaient d’une pro 13 «grands projets urbains» (gpu) concer
motion sociale, cherchaient à les quitter, sou nant de vastes quartiers, voire des communes
vent pour un logement en accession à la entières, où les difficultés étaient graves et
propriété. Peu à peu, de nombreux grands persistantes: 9 en région parisienne, 2 dans
ensembles sont devenus, la crise économique celle de Lyon, les quartiers nord de Marseille
accélérant l’évolution, de véritables ghettos et Roubaix-Tourcoing. Cette politique, qui
défavorisés : familles dites lourdes, immigrés, dépasse les grands ensembles, les concerne
chômeurs, etc. La dégradation - aggravée par cependant au premier chef. Les opérations,
le vandalisme - des bâtiments a accm le senti qui devaient durer jusqu’à quinze ans, sont
ment du rejet. de grande envergure, contrairement aux
programmes hvs ou à Banlieues 89 : infra
À partir de ce constat, que les pouvoirs structures routières (désenclavement autorou
publics ont commencé à dresser au début des tier) ou ferroviaire (desserte par le métro),
annéesi 1970, ceux-ci ont recherché des solu réorganisation de quartiers entiers par créa
tions. À cette fin, ils ont alterné les actions sur tion d’un centre ou réduction d’une dalle,
le cadre physique (bâti, environnement) et les aménagements de friches industrielles ou de
dispositifs socioéconomiques, avec une ten zones d’activités, etc. Les montants mis en
dance, non continue cependant, à faire passer jeu ont été considérables : 10 milliards de F
la priorité des premiers vers les seconds. Au au total (500 à 1 200 millions par gpu) au
cours de cette génération d’actions curatives, cours du XIe plan (1994-1999).
faute d ’avoir pris à temps les mesures préven Ces grands projets sont devenus les grands
tives, les interventions sont passées du niveau projets de ville (gpv) pendant la période de
local (le grand ensemble, voire une fraction de planification 2000-2006. Le mécanisme a été
celui-ci) au niveau global (la commune, la élargi à des projets lourds de requalification
ville, voire l’agglomération) et même national. urbaine à l’échelle locale concernant les quar
Les actions sur le cadre bâti ont commencé tiers les plus dégradés et les conditions de vie
dans les années 1970 avec le programme de leurs habitants, mais qui doivent favoriser
GRAND ENSEMBLE 374
leur insertion dans l’agglomération où ils sont plaçait en exergue le concept d’autodévelop
situés : ce sont les 53 grands projets de ville pement. La politique de développement social
(gpv) et les 59 opérations de renouvellement des quartiers (dsq) qui en a résulté a concerné
urbain (oru, opérations moins lourdes). Les 148 quartiers (1,5 million d ’habitants) et
gpu sont devenus des gpv sur la base d ’une 350 000 logements avec des financements de
nouvelle convention impliquant souvent un l’État, des collectivités territoriales et de parte
élargissement du périmètre. Comme pour les naires divers. Le bilan qui en a été dressé était
grands projets urbains, le maître d’ouvrage est clairement positif. Pourtant, en 1989, dans le
variable : groupement d’intérêt public (c’est la cadre du Xe plan, on a remplacé ce dispositif
formule la plus souvent retenue), ville, struc par celui du développement social urbain
ture intercommunale, etc. Il était prévu 2,1 mil (dsu) qui élargissait l’action à l’échelle de la
liards d ’€ de subventions plus 1,5 milliard d’€ ville, à un nombre plus élevé de quartiers (500
de prêts de la Caisse des dépôts et consigna en tout, dont certains en centre-ville). Il n ’est
tions pour ce nouveau programme. Les inter pas certain que cet élargissement ait été béné
ventions prévues concernaient la dimension fique: le dispositif dsu s’est traduit par une
physique (démolitions, réhabilitations, recons dilution des actions en faveur des quartiers en
tructions, restructuration des espaces publics, grave difficulté dans une politique dite de la
traitement paysager, désenclavement du site) ville (le ministère de la Ville a été créé en
et la dimension économique (implantation décembre 1990) plus diffuse et s’est traduit
d’activités, restructuration de centres commer par un retrait des acteurs locaux (associations,
ciaux, création d ’équipements majeurs). représentants des habitants des quartiers) au
Quant aux démolitions d ’immeubles, qui profit des élus. La notion d’autodéveloppe
n ’avaient jamais été interrompues, elles sont ment a disparu avec les traces d ’idéologie
devenues un des aspects majeurs de l’action autogestionnaire des dsq.
sur le cadre bâti à partir de 1998 et surtout de Dans les années 1990, on a prétendu pas
2002 : le ministre Borloo en a annoncé 30 000 ser à une politique globale de la ville. En
par an, mais il est peu probable que ce rythme fait, une logique économique et des méca
soit respecté. On peut d’ailleurs s’interroger nismes administratifs plus traditionnels l’ont
sur l’opportunité d’opérations qui aggravent emporté. Ce fut d ’abord la généralisation, au
la stigmatisation des quartiers concernés. XIe plan, des contrats de ville (13 avaient été
La réhabilitation socioéconomique a reçu la expérimentés au Xe plan) : 214 contrats (plus
priorité à partir des années 1980, sans que les une convention avec la ville de Paris) ont été
programmes portant sur le cadre physique signés avec des communes ou des structures
soient pour autant abandonnés comme on l’a intercommunales. En fait, la difficile négo
vu. Des actions expérimentales en ce sens ciation du programme d’actions entre l’Etat
avaient déjà été entreprises par les groupes et les collectivités locales et la mise en
d’action municipale (gam) ou à titre ponctuel œuvre, de fait sous le contrôle de ces der
(Mons-en-Barœul, l’Alma-Gare à Roubaix, le nières, ont encore conduit à élargir les objec
Petit Séminaire à Marseille). Le rapport tifs et la nature des actions entreprises. Les
« Ensemble, refaire la ville >>(1982-1983) pro crédits ont cependant été importants (23 mil
posé par la commission présidée par Hubert liards de F pour 1998). Au XIIe plan (2000-
Dubedout, maire de Grenoble et ancien ani 2006), les contrats d’agglomération, à une
mateur des gam, a prôné une action globale en échelle (les 140 agglomérations inscrites
direction des habitants les plus fragiles, en dans les aires urbaines de 50 000 habitants)
particulier les étrangers et les groupes margi jugée plus pertinente que celle de la ville,
nalisés (chômeurs, familles «lourdes », sont venus compléter les contrats de ville. Ils
femmes isolées, etc.), bref de lutter contre comportent des programmes peu nombreux
l’exclusion, de rejeter le spectre de la ville à mais significatifs à l’échelle de l’aggloméra
deux vitesses, de démocratiser la gestion de la tion dans une perspective à long terme
ville, de rééquilibrer socialement la popula (quinze ans). Cette procédure avait d ’abord
tion de ces quartiers, d’insérer les jeunes dans été expérimentée à Bordeaux et au Creusot-
la ville et dans la société, de prévenir l’insécu Montceau-les-Mines), puis mise en place en
rité, de relier le développement social au déve 2001: 108 contrats d’agglomération (sur 185
loppement économique local. Le rapport agglomérations) ont été signés. Pour la
H/5
GRAND ENSEMBLE
période 2007-2013, ces contrats ne sont plus cédent, au moins par l’ampleur des crédits
que des conventions territoriales signées dans prévus, pour la transformation de ces quar
le cadre de contrats de projet État-région. tiers : en 2009, 531 zus ont été sélectionnés en
Le pacte de relance pour la ville, à la suite deux phases. Une Agence nationale pour la
de la loi du 14 novembre 1996, a créé les rénovation urbaine (anru) a été créée pour
«emplois de ville» pour les jeunes de 18 à coordonner ce programme en regroupant les
moins de 26 ans, destinés à « favoriser l'inser financements publics (État, collectivités terri
tion des jeunes résidant dans les grands toriales, Caisse des dépôts et consignations) et
ensembles et les quartiers d ’habitat dégra privés organismes bailleurs des logements
dés», mais leur application fut modeste sociaux, 1 % logement, etc.). Le programme
(12 000 emplois créés en 1996-1997). Le fixé par la loi de 2003 était excessivement
pacte de relance pour la ville créait en outre ambitieux, puisqu’il prévoyait, en cinq ans
une hiérarchie de zones en difficulté, où l’on (2004-2008) la démolition de 200 000 loge
espérait créer des emplois, essentiellement ments, la reconstruction de 200 000 unités et
grâce à des incitations fiscales elles-mêmes la réhabilitation de 200 000 autres, ainsi que
graduées : 731 zones urbaines sensibles (zus), la « résidentialisation » de nombreux quar
au sein desquelles 350 quartiers ont été érigés tiers, des réalisations (par réhabilitation ou par
en zones de redynamisation urbaine (zru) et construction) d ’équipements publics et des
44 ont reçu pour cinq ans (1997-2001) le sta aménagements d’espaces publics et de loisirs.
tut de zones franches urbaines (zfu). Ces der Les ambitions ont été modérées par la suite :
nières, d’abord contestées parce que les les programmes de I’anru, au 1er juin 2009,
emplois étaient souvent transférés plus que visent, avant 2013, à démolir 130 000 loge
créés et que leur coût était élevé, sont appa ments, en construire 124 000 et en réhabiliter
rues comme un succès sur le plan local 298 000. La loi de 2003 prévoyait 2,5 mil
(10 000 entreprises nouvelles implantées, liards d’€ venant de l’État pour la période
45 000 emplois créés, un quart de ces emplois 2004-2008. Plusieurs lois successives (18 jan
occupés par des habitants de la zone). Elles vier 2005, 13 juillet 2006 et 5 mars 2007) ont
ont été prolongées et une nouvelle vague de porté ce montant à 6 milliards pour la période
41 zfu a été décidée pour la période 2004- s’étendant jusqu’à fin 2013 (plus 350 millions
2008. Il y en a, au total, 100 en 2010. accordés en décembre 2008 dans la cadre du
Le gouvernement Jospin, sans supprimer plan de relance économique). Ils seront
les mécanismes existants, a mis l’accent sur abondés par des crédits venant des autres par
la création d’emplois au plan national avec la tenaires, et en particulier des organismes
création des emplois jeunes qui généralisent bailleurs. L’anru avance un total de 42 mil
et améliorent le dispositif des emplois de liards, dont 38,7 seraient engagés à mi-2009.
ville en lui donnant une autre dimension Il reste à réussir à mener toutes ces opérations,
(350 000 emplois à créer par le secteur probablement dans un délai plus long, le
public et associatif avant la fin 2000). En démarrage du programme ayant été assez lent
fait, seuls les emplois du secteur public et (I’anru elle-même prévoit un achèvement
associatif ont été créés, mais le gouverne du programme fin 2015). Fin 2008, seuls
ment Raffarin a refusé leur pérennisation. 45 800 logements avaient été démolis, 17 990
Une partie seulement de ces emplois concer reconstruits, 78 780 réhabilités et 48 490 rési-
nait les grands ensembles en difficulté, dentialisés.
même si l’on y a créé en priorité des emplois Le risque des politiques suivies depuis
jeunes d’assistance aux enseignants, d ’ani 1989, et surtout depuis 1994, était, au nom de
mation sportive, sociale ou culturelle, la globalisation des problèmes des grands
d’accueil et d’assistance (dans les transports ensembles, de voir se diluer les politiques en
publics par exemple), de promotion des nou faveur de ces quartiers en difficulté dans des
velles technologies (cybercafés ou sites mul politiques globales qui contribueront peu à
timédias). réduire leurs handicaps. Si un point de vue
La loi pour la ville et la rénovation urbaine global était nécessaire, on peut regretter que
(dite loi Borloo) du 1er août 2003 a mis en les politiques centrées sur le quartier se soient
place le Programme national de rénovation souvent insérées dans une politique de la ville
urbaine, qui constitue un effort sans pré qui apparaît trop souvent comme une coquille
GRAND MAGASIN, GRANDE SURFACE 376
vide, où les élus locaux sont devenus les l’État. Elle est devenue elle-même départe
acteurs majeurs - tout en laissant l’État et des ment par la loi du 10 juillet 1964.
institutions nationales comme la Caisse des Outre ce problème politique, la capitale
dépôts et consignations apporter l’essentiel prend souvent une extension spatiale qui la
des financements - au détriment de la partici fait se développer hors de son territoire. On
pation des habitants. Le programme national peut étendre celui-ci (création du Greater
de rénovation urbaine a le mérite de replacer London en 1965, au reste largement débordé
l’action à l’échelle des ensembles en diffi par la périurbanisation) ou chercher à coor
culté. On peut lui reprocher de mettre presque donner les différentes collectivités locales.*
exclusivement l’accent sur les problèmes du Dans le cas de Paris, cette coordination a
cadre physique sans pouvoir répondre aux dif d’abord été assurée par le préfet du départe-
ficultés économiques et sociales des habitants. ment de la Seine (et le préfet de police pour ce
P. M. qui le concerne). Mais avec l’extension de la
banlieue à la fin du xixe siècle, et surtout
- » Banlieue; Barre; Contrat d'agglomération; Contrat de ville ;
Développement social des quartiers (dsq) ; Exclusion ; Fonds
après la première guerre mondiale, l’agglomé
d'aménagement urbain; Grand projet de ville (gpv); Grand ration a débordé sur les territoires des départe
projet urbain (gpu ); Pacte de relance pour la ville; Pro
gram m e national de rénovation urbaine; Renouvellement
ments voisins de Seine-et-Oise et de Seine-et-
urbain; Zone à urbaniser par priorité (zup) ; Zone franche Mame. Pourtant, les structures administra
urbaine (zfu ).
tives n ’ont commencé à être modifiées
qu’avec l’avènement de la Ve République. Le
District de la région de Paris, établissement
G RAN D M AG ASIN , GRANDE SURFACE public regroupant les départements de Seine,
Magasin ; Urbanisme commercial Seine-et-Oise et Seine-et-Mame, a été créé
par la loi du 2 août 1961. Mais son délégué
général (Paul Delouvrier) n ’avait qu’un rôle
GRAND PARIS de coordination entre les départements et vis-
à-vis des ministères. Il a pourtant su donner à
La capitale pose, dans de nombreux pays, la région une impulsion nouvelle avec l’élabo
des problèmes particuliers quant à son statut ration du schéma directeur d’aménagement et
et à son administration. Dans les pays fédé d ’urbanisme de la région de Paris (sdaurp,
raux, il n ’est pas rare qu’elle soit indépendante 1965) et avec le lancement notamment du
de toute autre entité territoriale (Washington Réseau express régional (rer) et des villes
aux États-Unis, Canberra en Australie). Dans nouvelles proposées par le sdaurp. La loi de
d’autres pays, on choisit de bâtir une nouvelle 1964 a réorganisé la région parisienne en huit
capitale, soit pour arbitrer entre plusieurs départements : le département de la Seine
villes ou régions rivales (Brasilia au Brésil, (légèrement étendu à l’est) a été divisé en
Ottawa au Canada, Canberra encore), soit quatre départements (Paris, Hauts-de-Seine,
pour des raisons politiques (éviter les villes Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne, ces trois
trop remuantes: Islamabad au Pakistan, derniers constituant la petite couronne de
Brasilia encore), d’équilibre ethnique (Ibadan Paris) et celui de Seine-et-Oise (légèrement
au Nigeria) ou stratégiques (Islamabad amputé à l’est) en trois départements
encore), voire pour servir le prestige d’un diri (Yvelines, Essonne et Val-d’Oise), constituant
geant (Yamoussoukro en Côte-d’Ivoire). avec la Seine-et-Mame, demeurée inchangée,
Dans les pays très centralisés, la capitale est la grande couronne. C ’est cette loi de 1964
le plus souvent la ville principale de la pro qui a conféré au délégué général au district le
vince ou de l’État autour duquel s’est réalisée titre de préfet de région et la loi du 6 mai 1976
l’unité nationale (Berlin, Paris). Mais cette qui a créé la région d’île-de-France avec le
capitale est surveillée de près par les autorités même statut (à quelques exceptions près) que
nationales et a souvent un statut particulier. les autres régions (qui avaient été instituées en
Ainsi, Paris n ’eut un maire qu’en 1789, en 1972), le préfet de région devenant également
1848 et, de façon plus durable, depuis 1977 et préfet de Paris. Enfin, la loi du 31 décembre
n ’a eu un conseil municipal qu’en 1834. De 1975 a rapproché le statut de la ville de Paris
1800 à 1977, elle a été administrée par le pré (dont le territoire constitue en même temps un
fet du département de la Seine au nom de département, le conseil municipal étant égale-
GRAND PARIS
377
inent conseil général) de celui des autres com trois départements de la petite couronne).
munes avec un maire (également président du Ses compétences auraient été celles du
conseil général). Celui-ci a été élu pour la pre département augmentées de celles des inter
mière fois en 1977. communalités les plus importantes, les com
munes demeurant des collectivités locales.
Le problème de la gestion de l’aggloméra Les conseillers du Grand Paris auraient été
tion parisienne, qui réunit la plus grande part élus en même temps que les conseillers
de la région Île-de-France, a été reposé dans régionaux au scrutin de liste, à la propor
les années 2000. Plusieurs élus parisiens et tionnelle à deux tours avec prime majori
divers spécialistes ont alors avancé l’idée de taire, les premiers élus étant conseillers
créer un Grand Paris. Ni le statut (on parlait de régionaux et du Grand Paris et les élus sui
département ou plus modestement de commu vants seulement conseillers du Grand Paris.
nauté urbaine), ni les limites (certains évo Par ailleurs, le président Sarkozy avait
quaient la petite couronne, d’autres une chargé dix équipes d ’architectes (et non
agglomération plus étendue) n ’étaient claire d’urbanistes) de faire des propositions d’amé
ment définis. Les inégalités, notamment de res nagement du Grand Paris. Leurs projets, sou
sources fiscales, entre Paris et les communes vent intéressants, manquent cependant
de la première couronne et la nécessité de coor d ’études de base : il s’est en fait agi d ’un
donner les politiques d’aménagement (loge concours d ’idées. Christian Blanc n ’a
ment et transports en particulier) ont conduit la d’ailleurs pas cherché à travailler en concerta
nouvelle municipalité de gauche à nouer des tion avec elles. Tandis que certains (Jean Nou
contacts avec les communes proches, puis à vel) dénonçaient ses méthodes, les neuf autres
proposer la création d’une structure de concer équipes ont constitué, autour de Christian de
tation, le syndicat Paris Métropole (devenu Portzamparc, un « Groupement international
syndicat mixte d’études en 2009), qui réunit en pour le Grand Paris » sans obtenir pour autant
une conférence métropolitaine les collectivités un véritable dialogue.
territoriales (87 au 1er mai 2009, en majorité de Sur le plan de la gouvernance :
gauche, mais certaines également de droite) — il paraît difficile tant de créer, même dans
sur une base d’adhésion volontaire. Le syndi le seul cas du Grand Paris, un nouvel échelon
cat a vocation à concerner l’ensemble de administratif (chacun s’accorde à penser qu’il
l’agglomération (il comprend déjà les villes y en a déjà trop en France) : une éventuelle
nouvelles). Les Hauts-de-Seine ont décidé, en réforme de la gouvernance du Grand Paris a été
2010, d’y adhérer. repoussée à une date ultérieure ;
En 2007, le président de la République — dans cette hypothèse, se poserait le pro
Nicolas Sarkozy a créé un secrétariat d’Etat blème du partage de compétences avec la
au développement de la région capitale. Cette région qui subsisterait en tout état de cause ;
nomination a été effectuée dans un contexte — de plus, il paraît pour le moins peu judi
de conflit entre l’État et la région, le gouver cieux de recréer, à peu de choses près, l’ancien
nement ayant refusé d’approuver le projet de département de la Seine, créé en 1790 et sup
nouveau schéma directeur de la région Île-de- primé en 1966 (par la loi de 1964) ;
France (sdrif) adopté par le conseil régional — enfin, un département du Grand Paris
en février 2007. Le secrétaire d’État (Christian recréerait une barrière fâcheuse entre son ter
Blanc) a préparé ses propositions sans concer ritoire et la grande couronne, analogue à celle
tation avec la région et les premières options qui existe actuellement entre Paris et la ban
évoquées (métro souterrain de rocade à 20 km lieue.
du centre parisien, développement privilégié Sur le plan de l’aménagement :
du plateau de Saclay autour des établisse — on peut mettre en sérieux doute la perti
ments scientifiques qui y sont déjà installés) nence d’un métro souterrain de rocade de
ne correspondaient pas aux projets du sdrif. 130 km, surtout à cette distance du centre
Dans le même temps, le comité pour la (20 km en moyenne) : il serait très coûteux
réforme des collectivités territoriales (dit (estimé à environ 22 milliards d’€) et interdi
comité Balladur proposait (5 mars 2009) de rait tout autre projet d’envergure de transport
créer une collectivité locale à statut particu dans la région pendant plusieurs décennies ;
lier, dénommée « Grand Paris » (Paris et les enfin, sa clientèle limitée (les déplacements
GRAND PROJET DE VILLE
378
de rocade, s’ils sont nombreux, nécessite spatiale) pour la renforcer et réduire les inéga
raient presque toujours au moins deux corres lités et non les accroître. Ce ne sont pas des
pondances, ce qui serait très dissuasif) ; idées d ’architectes, si brillantes soient-elles,
— le choix d’un pôle privilégié de déve ni un projet établi sans étude sérieuse par un
loppement économique (le plateau de Saclay) organe ministériel, mais une étude d ’urba
ne ferait, comme l’opération de La Défense nisme régional (comme le projet de sdrif de
un demi-siècle plus tôt, qu’accentuer le dés 2007, éventuellement amendé pour prendre
équilibre de la région (entre la moitié sud- en compte certaines des objections de l’État)
ouest, prospère, et la moitié nord-est, en voie qui le permettra. Le Grand Paris a eu, à deux
de paupérisation, voire de marginalisation). reprises dans son histoire (sous le Second
Le gouvernement a cependant créé, le Empire avec Georges Haussmann et sous la
30 mars 2009, une opération d’intérêt national présidence du général De Gaulle avec Paul
(oin) pour ce projet et fait adopter la loi du Delouvrier) une telle politique. Il convient, un
3 juin 2010 qui reprend le projet de métro demi-siècle après le second (et un siècle et
automatique souterrain de 130 km (le « Grand demi après le premier) de redonner un tel
Huit»), Dépossédant le conseil régional et le souffle à l’aménagement du Grand Paris et
Syndicat des transports de l’île-de-France de non de recourir à des astuces de gouvernance
leurs attributions, cette loi crée également une et à des idées ponctuelles d’aménagement.
Société du Grand Paris (où l’État est majori
taire), chargée de réaliser cette rocade de P. M.
métro avec une quarantaine de stations, de -> Capitale; Schéma régional d'aménagement et d'urbanism e;
diriger (éventuellement par contrat en liaison Statut de la ville et de la région de Paris ; Ville nouvelle.
sieurs reprises, notamment en 1984, 1988 et ments sanitaires et aux équipements culturels
1992 (l’accent est désormais placé sur les liai y ont ajouté les seuls projets du XIIe plan
sons transversales est-ouest et nord-sud) : on a (2000-2006), ce qui constitue un horizon très
alors prévu un réseau de 10 000 km vers 2007 réduit par rapport à celui prévu par la loi
(il y en a 11 000, y compris les voies express Voynet (vingt ans). Seuls les schémas des
sans péage, en 2009). Après les réalisations transports, de l’énergie, et de façon très som
des tgv Paris-Lyon (mis en service en deux maire celui de l’information et de la commu
étapes en 1982-1983), Atlantique (1989- nication, présentent une véritable prospective
1990), un schéma directeur des liaisons ferro et des programmes à l’horizon 2020.
viaires à grande vitesse a été approuvé en La lutte contre l’émission de gaz à effet de
1991. Depuis, ont été ouvertes les liaisons serre (cf. Grenelle Environnement) et l’ouver
Paris-Lille (1993), Paris-Londres par le tunnel ture du réseau ferroviaire à la concurrence
sous la Manche (1994, puis une ligne nou (en 2003 pour le fret et en 2009 pour les
velle construite par l’Angleterre en 2007), le voyageurs) ont conduit à accélérer la réalisa
contournement est de Paris et celui de Lyon et tion de lignes ferrées à grande vitesse. Un
le prolongement de la ligne Paris-Lyon à nouveau schéma national des infrastructures
Valence (1994), puis à Marseille et Nîmes de transport a été rendu public le 12 juillet
(TGV Méditerranée en 2001), le TGV Est jus 2010. En ce qui concerne le réseau TGV, celui-
qu’à la station lorraine entre Metz et Nancy ci serait doublé vers 2020 et assurerait la conti
(2007). Le tgv Est a été décidé en 1998. nuité des liaisons vers l’Allemagne, l’Italie et
L’ouverture a eu lieu en 2007 jusqu’à la sta l’Espagne, ainsi que la desserte de toutes les
tion lorraine (entre Metz et Nancy) avant un grandes villes françaises (seules Brest, Nantes,
prolongement ultérieur jusqu’à Strasbourg. Grenoble et Clermont-Ferrand ne seraient
La loi d’orientation pour l’aménagement atteintes qu’indirectement). Il prévoit notam
et le développement du territoire du 4 février ment l’ouverture en 2011 des tronçons (en
1995 (loi Pasqua) prescrit l’élaboration, dans cours de travaux) Perpigan-Figueras et Dijon-
un délai de dix-huit mois (donc pour 1996), Mulhouse. En outre, de nouvelles liaisons tgv,
de schémas pour : portant le réseau de voies rapides à 2 300 km,
— l’enseignement supérieur et la recherche ; devraient être réalisées (avant 2020 sous
— les équipements culturels ; réserve d’un accord entre l’État, les collectivi
— l’organisation sanitaire ; tés territoriales et les autres acteurs pour leur
— les ports ; financement et d’une décision sur le choix du
— les aéroports ; tracé) : prolongement du tgv Est à Strasbourg
— la desserte terrestre des ports ; (avant 2015), du tgv Méditerranée à Nice
— les réseaux terrestres (routes, chemin de (ligne Provence-Côte d’Azur) et de Nîmes à
fer, voies navigables, plates-formes logistiques) ; Perpignan, du TGVAtlantique à Rennes (prévu
— les télécommunications. en 2014) et à Bordeaux (2016), puis à
Ces schémas sectoriels n’ont jamais été éta Toulouse, à Limoges (à partir de Poitiers) et à
blis. La loi Voynet du 25 juin 1999 les a rem la frontière espagnole, achèvement des lignes
placés par des schémas de services collectifs. Paris-Mulhouse et Rhin-Rhône (se rejoignant
Elle en a ajouté trois supplémentaires concer à l’est de Dijon), liaison Lyon-Turin, ligne
nant respectivement l’énergie, les espaces Paris-Normandie, contournement sud de Paris,
naturels et ruraux et le sport. Ces schémas de voire ligne Paris-Amiens-Calais pour raccour
services collectifs ont été approuvés ensemble cir le trajet vers Londres. Le coût de ces lignes
par décret du 18 avril 2002 et publiés peu est de l’ordre de 20 millions d’€ par kilomètre,
après. Ils sont au nombre de huit, les deux mais certaines lignes nécessitant des ouvrages
schémas concernant les transports (voyageurs d’art importants, telles que Lyon-Turin (le tun
et marchandises) ayant été regroupés en un nel sous les Alpes coûtera près de 150 millions
seul. Plusieurs de ces documents sont plutôt par kilomètre) ou Provence-Côte d ’Azur
décevants. Ceux qui concernent le sport d’une peuvent être sensiblement plus coûteuses : le
part et les espaces naturels et ruraux se sont coût total de ce plan est de ce fait estimé à
limités à un diagnostic et à des orientations 65 milliards d’€. Pour le transport de marchan
générales. Les schémas relatifs à l’enseigne dises, on prévoit de renforcer l’« autoroute fer
ment supérieur et à la recherche, aux équipe roviaire » Perpignan-Bettembourg et de mettre
GRATTE-CIEL
38a
au gabarit européen la ligne Paris-Hendaye à celle d ’autres techniques plus fines. On parle
et le contournement de Lyon. Le transport d’entreprise de gros œuvre pour désigner une
fluvial (liaisons Seine-Nord et Seine-Moselle) entreprise de maçonnerie et/ou béton armé.
recevrait 15 milliards d’€ et les équipements Le gros œuvre est souvent opposé au second
portuaires (Dunkerque, Le Havre, Nantes) œuvre qui regroupe l’ensemble des ouvrages tels
2,7 milliards. La réalisation du métro souter que cloisons, revêtements intérieurs, équipe
rain de grande rocade en Île-de-France ments de chauffage et de plomberie, installations
représenterait un autre type de grand amé électriques, menuiseries, peintures, etc., et réa
nagement régional, évalué à 22 milliards d’€. lisé par divers corps de métiers ou corps d’état.
Les autres projets de transport urbain (tram La structure d ’un bâtiment est l’ensemble
way, autobus à haut niveau de service, métros des ouvrages dont le rôle est de transmettre
automatiques) devraient recevoir 53 milliards aux fondations, donc au sol, les sollicitations
d’€ d’ici 2030. Les réseaux des transports en dues au poids du bâtiment, aux charges
site propre passeraient de 329 km à 1 800 km d’occupation, aux actions exercées sur le bâti
en 2025. ment par divers agents tels que le vent, la
Les évolutions technologiques et sociales neige, les secousses sismiques, etc. La struc
déplacent les enjeux. Les infrastructures ture assure l’équilibre ou la stabilité du bâti
immatérielles (circuits financiers, services ment. Elle comprend des ouvrages verticaux
informatiques, milieu de recherche et poten (murs, poteaux), des ouvrages horizontaux
tiel de formation, etc.) apparaissent comme (planchers) et des ouvrages de liaison tels que
des facteurs déterminants de l’environnement les volées d ’escaliers.
économique. Les futures politiques d’aména Les murs qui ne sont pas à la périphérie du
gement du territoire auront à se préoccuper, bâtiment sont souvent appelés murs de refend.
plus que des infrastructures, d ’améliorer ou de Les dispositions prises pour résister aux actions
créer cet environnement. Tel est notamment exercées par les forces horizontales telles que
l’objet du schéma de services collectifs relatif le vent s’appellent le contreventement : celui-ci
à l’information et à la communication. est souvent constitué par les murs de refend,
P. M. les cages d’escalier et les gaines d’ascenseur,
combinés avec les planchers.
Aménagement du territoire; Aménagement régional; A m é
nagement rural; Aménagement touristique; Chemin de fer;
Lorsque la structure comprend des poteaux,
Infrastructure ; Schéma national d'aménagement et de déve des poutres et des planchers on parle souvent
loppement du territoire.
d’ossature, par opposition à structure à murs
porteurs lorsque les transmissions verticales se
font par des murs. Les murs périphériques
G R A TTE-C IEL -> Immeuble de grande hauteur (façade et pignon) peuvent faire partie de la
structure, mais peuvent aussi être distincts s’ils
ne contribuent pas à transmettre les charges et
G R EN ELLE-EN VIR ON NEM ENT - Effet jouent seulement le rôle de paroi d’enveloppe.
de serre; Énergie et environnement; Il existe des règles détaillées pour le calcul des
Environnement; Taxe carbone structures en béton, en acier ou mixtes.
Une attention toute particulière doit être
accordée aux assemblages qui relient les diffé
GRILLE D 'ÉQ UIPEM ENTS Carte sanitaire; rents éléments de la structure : ils doivent être
Carte scolaire; Équipements collectifs ; en mesure d ’assurer la transmission des
Programmation des équipements collectifs efforts. Il faut également tenir compte de la
déformabilité d ’une structure. Dans un bâti
ment, la structure peut être visible et constituer
GROS Œ UVRE un élément de l’architecture. On parle alors de
structure apparente. Elle peut au contraire être
On désigne par gros œuvre les fondations, dissimulée, en tout ou partie, par l’enveloppe
la structure et parfois aussi l ’enveloppe du (façade, par exemple) et par les aménagements
bâtiment. Cette notion est généralement asso intérieurs (plafonds et cloisons, par exemple).
ciée à la maçonnerie et au béton dont la préci L’enveloppe est l’organe dont la fonction est
sion de mise en œuvre est grossière, comparée de séparer l’intérieur d’un bâtiment de l’exté
i i
GROUPE CENTRAL DES VILLES NOUVELLES
383
rieur et de le protéger contre les sollicitations au groupe central des villes nouvelles et orga
de divers agents : la pluie, le vent, la chaleur, le nisé sur le modèle de celui-ci. Il est rattaché au
froid, la neige, le bruit, la lumière solaire, la Premier ministre, mais inséré au sein du minis
pénétration de personnes ou d’animaux. Elle tère chargé de l’équipement. Il est présidé par un
permet aussi les relations nécessaires avec le président nommé par lui et dirigé par un secré
milieu extérieur : éclairement, vue, ventilation, taire général qui met en œuvre ses orientations.
captage éventuel de rayonnement solaire. Son champ d’action est celui des établisse
L’enveloppe remplit donc de très nombreuses ments publics d’aménagement, y compris ceux
fonctions. Elle est constituée de la façade, des des villes nouvelles non achevées. Outre celles-
pignons et de la toiture et peut participer pour ci, cela inclut l’opération de La Défense (et son
partie à la structure (façade porteuse). Il existe prolongement vers l’ouest conduit par I’epa
des façades lourdes, en maçonnerie ou en Seine-Arche, créé en 2000), les territoires en
béton, et des façades légères, généralement redéveloppement, pour lesquels des epa ont été
constituées de panneaux sandwiches à pare créés plus tardivement : Euroméditerranée à
ments de bois, de métal ou de matériau plas Marseille (1995), Mantois-Seine aval (1996),
tique. Les façades légères sont de deux types : Plaine de France (2002), Saint-Étienne (2007),
— mur rideau, si elle passe devant les Orly-Rungis-Seine-amont (2007) et plaine du
poteaux et planchers de la structure et est Var (2008). Il assure aussi le suivi de l’Agence
accrochée à eux ; foncière et technique de la région parisienne
— à éléments de remplissage, si elle est (aftrp), créée dès 1962. De façon plus précise,
constituée de panneaux reposant sur les plan le groupe central :
chers avec deux variantes, selon qu’ils passent — propose les principes de réalisation et de
ou non devant les poteaux ou les murs. financement des grandes opérations d’urba
Les pignons sont généralement lourds, en nisme ;
maçonnerie ou en béton. La toiture peut être — définit les conditions d’attribution des
de deux types : toiture terrasse, à pente nulle aides spécifiques à leur financement et leur
ou faible, constituée d’un support en béton ou répartition entre les collectivités locales
en métal sur lequel sont placés un matériau concernées ;
étanche à l’eau, un isolant thermique et une — est consulté sur les politiques contrac
protection de surface ; ou toiture en pente tuelles, notamment les contrats de plan ;
comportant une charpente et une couverture. — émet un avis sur la transformation des
Les mesures prises pour économiser l’éner statuts ou la suppression des organismes
gie et réduire les besoins de chauffage ont fait d’aménagement qui réalisent ces opérations ;
jouer à l’enveloppe un rôle fondamental, puis — assure la tutelle des établissements publics
qu’un des premiers objectifs poursuivis a été d’aménagement, notamment sur le plan finan
d’améliorer son isolation thermique (les tech cier;
niques les plus performantes sont celles qui — coordonne les relations avec les collec
consistent à placer l’isolant vers l’extérieur). tivités locales ou leurs groupements.
Pour désigner l’enveloppe on parle parfois P.M.
du «clos et couvert», dont l ’achèvement
_> Établissement public d'aménagement (epa ) ; Groupe central
marque toujours une étape importante d’un des villes nouvelles.
chantier, car il permet de travailler à l’abri,
hors des intempéries.
P. Ch.
GROUPE C EN TR AL DES VILLES N O UVELLES
Construction.
Organe qui a assuré la coordination, au
niveau national, de la politique des villes
GROUPE C EN TR AL DES GRANDES nouvelles et de leur financement. Il a été
OPÉRATIONS D 'URBANISM E remplacé, en 1999, par le Groupe central des
grandes opérations d’urbanisme, qui couvre
Organe de coordination, au niveau national, aussi les opérations de restructuration urbaine
des grandes opérations d’urbanisme qui a été assurées par un établissement public d’aména
institué par décret du 26 juillet 1999, succédant gement.
GROUPE D'ÉTUDES ET DE PROGRAMMATION m
Rocard a prévu que, lorsque la ville nouvelle taires des communes concernées. Celles de
sera achevée, le san se transformerait en com Marseille et de Nantes ont fait suite à la loi
munauté urbaine, sauf si les communes du 12 juillet 1999, celles de Toulouse et de
concernées décident de fusionner. De fait, les Nice en 2008. Les communes sont représen
SAN d ’Evry, de Cergy-Pontoise, de Saint- tées au conseil de communauté au prorata de
Quentin-en-Yvelines et de l’Isle d’Abeau se leur population (comme pour le district). Ce
sont transformés en communautés d’agglomé conseil dispose d’un pouvoir fiscal propre,
ration à la dissolution des établissements La communauté urbaine a des compétences
publics d ’aménagement de ces villes nou propres, celles des communes, dans les
velles ; seul celui des Rives de l’Étang de domaines de l’urbanisme, de la politique fon
Betre a été maintenu en tant que SAN. Il sub cière (en particulier création de zones d’habi
siste donc, en 2009, cinq SAN regroupant tations ou d ’activités, de zac , etc.), du
34 communes et 319 000 habitants. logement, des transports, de la voire et du
Le district (district urbain, créé par l’ordon stationnement, de l’eau, de l’assainissement
nance du 5 janvier 1959, devenu district selon et des abattoirs. D ’autres compétences
la loi du 31 décembre 1978) était également peuvent être transférées par délibération du
un établissement public de groupement inter conseil de la communauté : les équipements,
communal, qui concernait surtout le milieu les espaces verts, l’éclairage public, etc. La
urbain. Mais il pouvait être créé à la demande communauté urbaine est la forme la plus
des communes concernées (à la même double poussée de coopération intercommunale,
majorité que le syndicat) ou imposé, après adaptée au cas des agglomérations urbaines
avis du conseil général, par l’administration : d’une certaine taille et morcelées sur le plan
dans les deux cas, la décision prenait la forme communal. Les 16 communautés urbaines
d’un arrêté préfectoral. Il était administré par existantes regroupent 409 communes, dont la
un conseil comprenant des délégués élus par population est de 7,4 millions d’habitants.
les conseils des communes membres, en U ensemble urbain était un organisme sou
nombre fixé selon la population de chacune mis au régime juridique, administratif, finan
(alors qu’il y a égalité de représentation des cier et fiscal des communes, qui pouvait être
communes dans le comité du syndicat). Son créé en ville nouvelle lorsque les communes
objectif était de satisfaire aux besoins concernées souhaitaient une séparation
communs des commîmes concernées : il exer complète entre l’agglomération nouvelle et la
çait de plein droit les attributions des com partie de leur territoire non concernée par
munes en matière de logement, de lutte contre celle-ci. Le conseil provisoire, composé
l’incendie et dans les domaines précisés par notamment de conseillers généraux, cédait la
l’arrêté de création (urbanisme en particulier). place progressivement, au fur et à mesure de
Le district avait obligatoirement une fiscalité l’arrivée des habitants de l’agglomération
propre. Il existait, au 1erjanvier 1998,310 dis nouvelle, aux élus de ceux-ci. Le budget était
tricts, réunissant 3 502 communes et une étroitement contrôlé par l’administration.
population de 10 millions d ’habitants environ. L’ensemble urbain était donc une commune
Il a disparu après la loi du 12 juillet 1999. avec un statut transitoire : seules les com
La communauté urbaine est une forme de munes de la ville nouvelle du Vaudreuil ont
regroupement instituée par la loi du préféré cette formule, jusqu’en 1981, à celles
31 décembre 1966 pour les agglomérations du syndicat communautaire d ’aménagement
grandes ou moyennes (plus de 50 000 habi ou de la communauté urbaine, dans l’applica
tants). Elle est créée par décision des com tion de la loi du 10 juillet 1970. L’ensemble
munes ou par décision de l’État. Il y en a 16 urbain du Vaudreuil est devenu la commune
seulement. Celles de Bordeaux, Lille, Lyon de Val-de-Reuil.
et Strasbourg, grandes agglomérations, ont
été imposées par la loi. Celles de Brest, Toutes les formes précédentes de coopéra
Cherbourg, Dunkerque, Le Creusot- tion intercommunale sont anciennes, créées
Montceau-les-Mines et Le Mans, de création avant la décentralisation en tout cas. Celle-ci
ancienne, et celles de Nancy, d’Arras et du n’a, contrairement à ce qui avait été espéré par
Grand Alençon, de création plus récente ses promoteurs, ni accéléré les fusions de
(1996-1997), résultent de décisions volon communes ni multiplié les formes de groupe
SH7 GROUPEMENT DE COMMUNES
ment. Le gouvernement a tenté d’en tirer les nord et dans l’ouest, mais il y en a très peu
conséquences en proposant, dans le cadre de en Île-de-France.
lu loi du 6 février 1992, deux nouvelles for La communauté de villes avait pour objet
mules de coopération : la communauté de le développement concerté des aggloméra
villes et la communauté de communes. Une tions de plus de 20 000 habitants. Elle avait
commission départementale de coopération des compétences définies selon les mêmes
intercommunale, présidée par le préfet et com principes que la communauté de communes,
posée d’élus, a été mise en place dans chaque mais avec précision. Dans le domaine de
département. Elle a établi un « schéma dépar l’urbanisme, il s’agissait du schéma directeur
temental de coopération intercommunale» (et des schémas de secteur), des chartes inter
proposant des créations de communautés de communales, des programmes locaux de
villes ou de communes qui doivent ensuite l’habitat et des zac. La fiscalité propre était
Être acceptées par les communes selon la règle obligatoire : les communautés de villes
de la double majorité. Les communes ont pu, votaient et percevaient la taxe professionnelle
dans un délai de six mois, formuler leurs sur la totalité du territoire des communes
propres propositions qui s’imposent alors à la associées. À l’inverse de la communauté de
commission. communes, la communauté de villes a ren
La communauté de communes est un éta contré très peu de succès. Seules cinq se sont
blissement public destiné à l’élaboration d’un constituées : autour d ’Aubagne (Garlaban),
projet commun de développement et d’amé de Cambrai, de Flers-de-l’Orne, de La
nagement de l’espace en milieu rural. Elle est Rochelle et dans la banlieue sud-est de
automatiquement compétente pour l’aména Toulouse (Sicoval). Elles regroupaient
gement de l’espace et pour les actions de 87 communes et environ 350 000 habitants.
développement économique. Elle choisit des Cette forme de regroupement a été supprimée
compétences supplémentaires, dont une au par la loi du 12 juillet 1999. On peut cepen
moins parmi quatre énoncées par la loi : envi dant regretter le faible succès des communau
ronnement, politique du logement et du cadre tés de villes, puisqu’il s’agissait là d ’une
de vie, voirie, équipements culturels, sportifs forme de coopération très poussée, y compris
et scolaires. Mais la loi laisse à la commu sur le plan financier et fiscal, qui n ’est pas
nauté de communes le soin de préciser les sans rappeler celle (le san) qui fonctionne
compétences transférées dans chacun des avec succès depuis plus de vingt ans dans les
domaines choisis. La communauté de com villes nouvelles. Avec la mise en œuvre de
munes est dotée d’une fiscalité propre. Elle ces nouvelles formules de coopération,
peut aussi instituer une taxe professionnelle l’intercommunalité a franchi un pas impor
de zone à taux unique dans les zones d’acti tant, surtout en milieu rural.
vités qu’elle gère ou mettre en commun la
taxe professionnelle à taux unique pour tout La loi Chevènement du 12 juillet 1999
leur territoire. La formule a connu un succès constitue la tentative la plus récente pour ren
certain. Au 1er janvier 2010, 2 409 commu forcer l’intercommunalité. Elle tend d’abord à
nautés de communes ont été mises en place. simplifier les possibilités en réduisant à trois
Elles regroupent plus de 30 000 communes et les structures à fiscalité propre : la commu
27 millions d ’habitants. Elles exercent en nauté urbaine (agglomérations de plus de
moyenne 7,7 compétences (8,2 pour les dis 50 000 habitants avec taxe professionnelle
tricts), soit nettement plus que le minimum unique et possibilité d’un prélèvement addi
prévu par la loi (trois). Bien que cette for tionnel sur les ménages) et la communauté de
mule ait été conçue pour les communes communes (sans seuil démographique, avec
rurales, des villes importantes (Marseille, taxe professionnelle unique ou fiscalité addi
Grenoble, Clermont-Ferrand), qui ne faisaient tionnelle concernant ou non la taxe profession
pas partie d’une communauté urbaine, ont nelle), qui sont maintenues, et la communauté
choisi de faire partie d’une communauté de d’agglomération, formule nouvelle.
communes : à la suite de la loi du 12 juillet Une communauté d ’agglomération doit
1999, Marseille est devenue communauté compter au moins 50 000 habitants avec une
urbaine. Les communautés de communes ville-centre de plus de 15 000 habitants (ou le
sont cependant surtout nombreuses dans le chef-lieu du département). Comme la commu
GROUPEMENT DE COMMUNES 388
nauté urbaine, elle est soumise à la taxe pro Elles regroupent quelque 3 150 communes et
fessionnelle unique avec possibilité d’un pré plus de 22 millions d’habitants (plus du tiers
lèvement additionnel sur les ménages. Le de la population française).
préfet peut proposer des périmètres cohérents Après la loi de 1992, celle de 1999 a permis
et être à l’origine de regroupements, mais une nouvelle progression importante des grou
ceux-ci ne peuvent se faire qu’avec l’accord pements de communes à fiscalité propre. Au
des conseils municipaux selon la règle de la 1er janvier 2010, on en comptait 2 611, réunis
double majorité. L’élection de leur conseil au sant 34 773 communes (95 %) et plus de
suffrage universel n ’a pas été retenue. Les 60 millions d’habitants (89 % de la populatiott
compétences des communautés d’aggloméra française), dont 1 224 à taxe professionnelle
tion sont de plein droit celles des communes unique (16 336 communes et 42,4 millions
en matière de développement économique, d’habitants, soit 66 % de la population). Parmi
d’aménagement de l’espace communautaire, les 8,4 millions d’habitants (3 047 communes)
d’urbanisme et de transports (schéma direc non concernés par un epci à fiscalité propre, la
teur, zac , transports urbains), d ’équilibre plus grande part était située en Île-de-France
social de l’habitat (programme local de l’habi (5,7 millions dans 394 communes, dont la
tat, politique du logement) et de politique de ville de Paris).
la ville. Elle doit y ajouter trois compétences La loi sur les libertés et responsabilités
au moins parmi les cinq suivantes : voirie et locales du 13 août 2004 facilite la constitua
stationnement à l’échelle de la communauté, tion et assouplit le fonctionnement des grou
eau, assainissement, lutte contre les pollu pements de communes sans le bouleverser*
tions, équipements culturels et sportifs Elle prévoit en outre la possibilité de trans
d ’intérêt communautaire. Pour inciter les fert de certaines compétences des départe
communes à constituer des communautés ments ou des régions aux epci qui en font la
d ’agglomérations, il a été prévu que, pour demande.
celles qui auront été créées au plus tard en
2004, la dotation globale de fonctionnement Jusqu’ici la barrière de l’égoïsme commu
comporte une dotation d ’intercommunalité de nal n’a guère été renversée en milieu urbain :
250 F par habitant, ce qui est plus du double les communes restent jalouses de leurs préro
de ce qu’elle était (120 F) pour les communau gatives et les plus riches, surtout en matière de
tés de villes (cette somme était de 500 F dans taxe professionnelle, ne veulent pas partager
les communautés urbaines et de 175 F dans leurs privilèges. Le principe de cette taxe était
les communautés de communes à taxe profes absurde : en effet, outre qu’elle pénalisait les
sionnelle unique) : cette disposition, valable entreprises qui investissaient, les communes
de 2000 à 2004, a coûté 500 millions de F par les plus riches, souvent parce qu’elles ont plus
an. Le district et la communauté de villes ont d ’activités sur leur territoire et perçoivent
donc disparu et se sont transformées, avant donc plus de taxe professionnelle, peuvent en
la fin de 2001, dans la majorité des cas en abaisser le taux et devenir ainsi encore plus
communautés d’agglomérations, ou en com attractives. Au contraire, les communes les
munautés de communes. Les syndicats plus pauvres doivent, pour se procurer des
d’agglomération nouvelle des villes nouvelles ressources, pratiquer des taux élevés qui
peuvent se transformer en communautés découragent les entreprises. Il faudra bien en
d’agglomération. Les syndicats de communes venir soit à une réforme imposant des regrou
couvrant le même périmètre qu’une commu pements avec fiscalité propre, soit à une
nauté d’agglomération ou inclus dans celui-ci réforme de la taxe professionnelle pour en
sont supprimés au profit de celle-ci. On espé faire une taxe d ’agglomération ou de bassin
rait que l’incitation financière et le relatif d’emploi. Celle-ci pourrait être en partie redis
consensus qui s’est établi lors de la discussion tribuée en fonction des besoins et des res
de la loi assurerait un certain succès à la com sources des communes et, pour le reste,
munauté d’agglomération. De fait, 181 com utilisée pour des équipements d’intérêt supra-
munautés d ’agglomération (c’est-à-dire communal. Le remplacement de la taxe pro
presque toutes les agglomérations remplissant fessionnelle par divers impôts nouveaux, et
les critères) ont été comptabilisées par le notamment par la contribution économique
ministère de l’Intérieur au 1er janvier 2010. territoriale (CE, qui est composée d’une coti
389 GROUPEMENT FONCIER AGRICOLE
sation foncière des entreprises (cfe, destinée intégrées dès 2009 à un des projets de loi
en totalité au «bloc communal» : communes constituant la réforme des collectivités territo
cl aux epci) et d’une cotisation sur la valeur riales, dont la discussion parlementaire devait
ujoutée des entreprises (cvae, dont 26,5 % aboutir à un vote à l’automne 2010 (la suppres
reviendra au bloc communal), a été voté en sion de la taxe professionnelle étant entrée en
décembre 2009 et est entré en application dès vigueur dès le début 2010). Cette loi devrait
le début de 2010. Il ne résout que partielle entrer en vigueur définitivement en 2014, date
ment ces problèmes, en tout cas pas celui des des prochaines élections locales. La création
inégalités territoriales. des métropoles se ferait par transformation
d’EPCi à fiscalité propre ou ex nihilo. Celle-ci
Le comité pour la réforme des collectivités serait un groupement de communes d’au moins
locales (dit comité Balladur, a proposé le 450 000 habitants constitué avec l’accord des
5 mai 2009, plusieurs réformes qui concernent conseils municipaux. En outre, une structure
l’intercommunalité : plus souple, le pôle métropolitain, pourrait
— achever avant 2014 (date des prochaines regrouper, avec les accords du epci récemment
élections municipales) la carte de l’inter validé, 450 000 habitants (dont au moins un de
communalité, notamment en Île-de-France et plus de 200 000 habitants). Seule la création
en Corse, où les structures intercommunales ne d ’une institution du Grand Paris nécessitera
couvrent qu’une minorité de communes ; une réflexion plus longue en raison des nom
— rationaliser, avant 2014, la carte des syn breux désaccords qu’elle suscite. La générali
dicats de communes, notamment par absorp sation de l’intercommunalité serait réalisée par
tion par les groupements de communes de ceux concertation entre les collectivités territoriales,
qui couvrent le même territoire ; qui établiraient un schéma départemental de
— ne plus créer de pays ; coopération intercommunale. Le préfet dispo
— instaurer l’élection des organes délibé serait, pendant les années 2012 et 2013, de pou
rants des établissements publics de coopération voirs temporaires pour régler le cas des
intercommunale à fiscalité propre au suffrage communes non intégrées à une structure inter
universel direct en même temps, sur les mêmes communale. Ainsi, la carte de l’intercommuna
listes et donc avec le même mode de scrutin lité serait achevée avant le 1erjanvier 2014.
(proportionnelle à deux tours avec prime majo P. M. et Y. P.
ritaire) que les conseils municipaux ;
— créer, dès 2014, onze métropoles (et -* Commune; Contribution économique territoriale; Ensemble
urbain ; Établissements publics de coopération intercommu
d’autres éventuellement ensuite sur la base nale à fiscalité propre; Fiscalité directe des établissements
du volontariat, ayant certaines compétences publics de coopération intercommunale; Fiscalité directe
locale; Syndicat communautaire d'aménagement; Syndicat
des communes et les compétences sociales du d'agglomération nouvelle ; Taxe professionnelle unique îtpu).
département (les conseillers métropolitains
étant élus sur les mêmes listes que les conseil
lers municipaux) ; G R O U P EM EN T D'URBANISM E
— créer un Grand Paris, collectivité locale -> Groupement de com m unes; Plan
à statut particulier réunissant Paris et les d'occupation des sols ( p o s ) ; Schéma directeur
départements de la petite couronne ;
— permettre aux intercommunalités de se
transformer en communes nouvelles en redé G R O U P EM EN T FONCIER AGRICOLE
ployant, en leur faveur, les aides à l’intégra
tion des communes ; Un groupement foncier agricole (gfa) est
— réduire les effectifs des exécutifs inter une société civile immobilière, constituée
communaux ; exclusivement de personnes physiques, qui a
— compenser intégralement la suppression pour objet de donner à bail des terres agricoles.
de la taxe professionnelle par un autre mode Créé en France par une loi de 1962, étendu
de taxation de l’activité économique reposant en 1970, le gfa est une forme de propriété socié
notamment sur les valeurs foncières et la taire de la terre agricole dont l’objectif premier
valeur ajoutée de l’entreprise. est de surmonter l’obstacle majeur de l’accès au
Ces propositions, quelque peu modifiées foncier pour un jeune agriculteur, en évitant
après une brève phase de concertation, ont été l’investissement initial souvent trop lourd.
GYMNASE 390
furent alors refoulés dans un habitat ancien vocation sociale (Saint-Simon). Napoléon III,
souvent insalubre, soumis aux fluctuations très influencé par le saint-simonisme, fit ainsi
des loyers et de leurs revenus. Aux franges réaliser l’immeuble collectif de la «cité
de la ville, ont crû lesfaubourgs ouvriers, aux Rochechouart » à Paris.
quels firent suite les banlieues «pavillon Parallèlement, se développèrent des actions
naires» lors de la multiplication des coopératives, destinées à faire des ouvriers
lotissements après la seconde guerre mon eux-mêmes les responsables de leur logement.
diale. Les mines et les usines éloignées des Des coopératives ouvrières furent créées,
villes suscitèrent, ou prirent directement en comme sociétés de constmction ou pour aider
charge, la réalisation de logements : corons et à l’autoconstruction. Une partie de ces mou
cités ouvrières marquèrent bientôt des régions vements devait être intégrée à la tradition du
entières. logement social, tandis que l’autoconstruction
Le milieu du xixc siècle vit ainsi naître et se (qui oppose l’habitat construit par les ouvriers
développer, d ’une part, une tendance à la et celui construit pour les ouvriers) se mainte
ségrégation des groupes sociaux dans l’espace nait jusqu’à nos jours sous des formes margi
urbain ; d’autre part, des actions spécifiques et nales, dont la plus connue est le mouvement
massives destinées à assurer le logement des des « castors ».
populations ouvrières. Ce double mouvement La fin du xixe siècle et le début du xxe
a ouvert l’histoire de l’habitat ouvrier. furent marqués par un âpre débat entre les
Les actions de logement des ouvriers qui se partisans d’une prise en charge publique du
firent jour dès le second quart du xixe siècle «logement social» (intervention de l’État ou
sont à l’origine du phénomène du «logement des municipalités) et ceux qui entendaient le
social». Ce dernier a été ensuite orienté vers laisser à Faction privée. La victoire des pre
l’ensemble des populations salariées, et non miers ouvrit la voie aux « politiques du loge
plus seulement vers les ouvriers. Il est né de la ment social», fondées principalement sur
conjonction de deux types de préoccupations. Laide financière à la construction (« aide à la
Les premiers émanaient des propriétaires de pierre ») et sur un réseau d’organismes spécia
mines ou d’industries, désireux de loger leur lisés de construction et de gestion : les hbm
main-d’œuvre à proximité de l’usine, dans des (habitations à bon marché), devenus ensuite
conditions décentes, bien contrôlées sociale hlm (habitations à loyer modéré).
ment et économiquement. Les premières Longtemps lieu de focalisation des théories
«cités ouvrières» combinaient dans ce but architecturales et urbanistiques, particulière
une série de dispositifs : d’une part, une orga ment en France où la « commande publique »
nisation spatiale quasi militaire (maisonnettes concentre les débats des concepteurs, et grand
alignées au long de voies rectilignes débou distributeur de crédits de constmction, le loge
chant sur l’usine, l’église ou la maison du ment social est indissociable de Fhistoire de
directeur), associée aux premiers « équipe l’urbanisme. Nourri par un échange interna
m ents» (bains, lieu de culte, etc.), d’autre tional d’idées et d ’expériences, il a largement
part, un contrôle de fait de la consommation contribué, et contribue encore, à façonner
(logement et coopérative d’achat appartenant notre paysage urbain et les pratiques sociales.
à l’usine, rendant l’ouvrier totalement dépen Cité ouvrière (formes très élaborées en
dant de son salaire) et l’intervention de tra Allemagne, Siedlungen), cité-jardin née en
vailleurs sociaux (visiteuses à domicile, etc.). Grande-Bretagne (garden city) et adoptée par
En France, la cité réalisée par Étienne Dollfuss la Belgique, grand ensemble (particulièrement
à Mulhouse en fut un des premiers exemples. systématisé en France, par la reconstruction
Le second courant fut animé, notamment, d ’après la seconde guerre mondiale), furent
par les médecins hygiénistes dénonçant les les grands paradigmes d’une histoire mainte
conditions de vie dans les taudis, ou par les nant tournée vers des réalisations de moindre
philanthropes désireux d ’améliorer la condi ampleur, mais plus diversifiées (habitat indivi
tion matérielle et morale des miséreux. Il pui duel, petits immeubles collectifs, « maisons de
sait également aux racines de l’utopie (cf. le ville », « habitat intermédiaire », etc.).
Phalanstère de Fourier et son application dans Devenu synonyme de production de masse
le cadre du Familistère de J.-B. Godin), ainsi d ’une faible qualité, telle que l’illustre la
que dans des conceptions économiques à France des années 1950, le logement social
HABITAT TROGLODYTIQUE 394
cependant, tout au long de son histoire, a joué sante, qui voit dans le logement des classes
un rôle innovateur du point de vue de la tech pauvres un moyen de les détourner des luttes
nique de construction comme de l’architecture révolutionnaires (Paul Leroy-Beaulieu) ; la
et donné lieu à certaines réalisations remar tendance du catholicisme social ; et surtout
quables. celle du protestantisme. Le mouvement fondé
Mais, en fondant une politique « sociale » par F. Le Play (La réforme sociale, 1864), a
du logement sur des procédures de localisa été à l’origine de la création en 1889 de la
tion, de financement et de conception spéci Société française des h b m (animée par Jules
fiques, les politiques du logement social Siegfried et Georges Picot) qui privilégiait la
furent, et sont encore, un facteur puissant de maison individuelle et la propriété de celle-ci.
la ségrégation sociale de l’espace. L’objectif politique « entraver la propagation
P. N. des idées socialistes dans la classe ouvrière »
était clairement avoué et ses conséquences
-* C oro n ; Habitat; Maison individuelle. spatiales tirées : « Les plans seront conçus
dans la pensée d’éviter toute occasion de se
rencontrer entre locataires » (résolution du
HABITAT TROGLODYTIQUE - » Architecture Congrès international des h b m , Paris, 1889).
vernaculaire L’aspect populationniste doit aussi être souli
gné : « Il est indispensable d’aider les familles
nombreuses, d ’autant plus qu’en les soute
HABITATION À LOYER MODÉRÉ (HLM) nant, on en accroîtra le nombre, et de prendre
soin de leur précieuse progéniture. » À cette
Logements à loyer modéré, qui constituent époque, l’aide de l’Etat n ’intervenait pas,
la principale forme de logement social en n ’était même pas sollicitée : la charité devait
France, construits avec l’aide de l’État et de être le moteur financier. Le logement était
diverses collectivités, et notamment de prêts à sommairement équipé et le loyer devait per
taux inférieur à ceux du marché, dont les mettre des bénéfices (ce fut parfois le cas).
caractéristiques ont évolué (prêts h l m , prêts L’aide de l’État fut cependant utilisée de
locatifs aidés à partir de 1978, prêts locatifs à façon indirecte à partir de la loi Siegfried
usage social à partir de 1999, etc.). Les loge (1894) qui rendit possible (mais non obliga
ments construits en h l m ont trois caractéris toire) une aide aux sociétés de h b m par le canal
tiques communes : des caisses d’épargne. Pourtant, en douze ans
— ils sont destinés à des ménages, consi (1894-1906), les quelque 100 sociétés de h b m
dérés comme socialement intéressants, qui constituées n’auront construit qu’un peu plus
doivent justifier (à l’entrée et, en principe, par de 3 000 logements (trois quarts de maisons
la suite) de conditions d’occupation et de res individuelles, en majorité vendues). La loi
sources maximales ; Strauss (1906) rendit obligatoires les « comités
— ils respectent des normes de surface, de de patronage des h b m et de la prévoyance
prix de revient et d’équipement ; sociale » et réglementa la qualité des construc
— les loyers, ou les annuités de rembour tions, mais les subventions reçues par ces
sement, sont limités. comités furent symboliques (sauf dans la Seine
Les logements h l m peuvent être des mai où le département et la ville de Paris vendirent
sons individuelles ou des appartements, sont aux sociétés de h b m des terrains à prix préfé
en location mais parfois en accession à la pro rentiel). Le financement des caisses d ’épargne
priété. fut très limité. Avant la première guerre mon
La dénomination de h l m s’est substituée en diale, malgré la loi Ribot, étendant les possibi
1950 à celle de h b m (habitations bon marché), lités d’aide de l’État, 20 000 logements h b m
utilisée depuis les origines du logement social seulement ont été construits. Les loyers des
(1889). Le mouvement des h b m , né à la fin du premières h b m étaient inférieurs de près de
xixe siècle, est inspiré par le courant hygié moitié à ceux du marché.
niste (loi de 1850 sur l’assainissement des L’intervention directe de l’État dans le
logements insalubres) et paternaliste de la financement du logement a été rendue pos
bourgeoisie moderniste du Second Empire. Il sible par la loi Bonnevay (23 décembre 1912)
réunit une tendance conservatrice et morali dont les effets ne se firent sentir qu’après la
395 HABITATIÇN À LOYER MODÉRÉ
guerre : elle créa les offices publics de hbm. disposent du droit d ’expropriation. Ils ont été
Mais ceux-ci n ’empêchèrent pas que le blo transformés en o p a c et, depuis le 1er février
cage des loyers détourne les capitaux de la 2007, en offices publics de l’habitat ( o p h ) ;
construction locative et que les candidats au — Les offices publics d’aménagement et
logement se tournent en priorité vers les lotis- de construction ( o p a c ) , institués par la loi du
seurs qui achetaient des terrains agricoles et 16 juillet 1971 pour remplacer les o p h l m
les recédaient sans effectuer les travaux de concessionnaires d ’opérations d’urbanisme,
viabilisation, bafouant les lois de 1919 et devenus des offices publics de l’habitat ( o p h )
1924 sur les plans d’aménagement, d’embel le 1er février 2007, sont des établissements
lissement et d’extension des communes. La publics à caractère industriel et commercial,
loi Loucheur (1928) a bien prévu le finance soumis à un régime mixte entre le droit privé
ment en cinq ans de 280 000 logements et le et le droit public, ce qui leur confère une
bureau des hbm de la Seine, animé par Henri grande souplesse, en raison de l’allègement
Sellier, réalisa des immeubles collectifs sur la de la tutelle. On compte, en 2009, 276 o p h
zone non aedificandi des anciennes fortifica (dont 1 interdépartemental, 91 départemen
tions, ainsi que 15 cités-jardins en banlieue: taux, 32 intercommunaux, dont 25 liés à un
à Châtenay-Malabry (la Butte-Rouge), Le e p c i , et 152 communaux).
ment pour les catégories à revenus plus élevés relance pour la ville en 1996, programme
ou très modestes ; les pla et les pla-ts ont été national de rénovation urbaine en 2003),
K-mplacés par les prêts locatifs à usage social aggravés du fait que les prêts aidés à l’acces
( n u s , créés en 1999-2000 et par les prêts sion à la propriété ( pap), puis prêts à taux
locatifs sociaux ( pls, créés en 1996), les pu zéro ( ptz), ont permis aux classes à revenus
cl les pla- i (prêts locatifs sociaux d’intégra- moyens de quitter les hlm locatifs, laissant
iion, sous-catégorie des pl-ts) étant mainte dans les hlm une majorité de familles
nus ; pauvres et une proportion élevée d’immigrés.
— les pap (prêts aidés à l’accession à la
propriété : décret du 27 juillet 1977) destinés Un sujet récurrent de débat est la capacité
a des ménages à revenus modestes ou moyens du parc hlm à faire face aux besoins des caté
(mais les plafonds de revenus sont plus gories les plus défavorisées. En fait, la popula
faibles que pour les pla); depuis le tion des hlm est devenue, au cours de la
1“ octobre 1995, les pap sont remplacés par dernière génération, beaucoup plus populaire
les prêts à taux zéro puis, depuis le 1er février qu’auparavant : plus des deux tiers des ména
2005, par les nouveaux prêts à taux zéro ; il ges logés en hlm ont des revenus inférieurs à
s’y ajoute depuis 1994 les pas (prêts d’acces la moyenne contre un tiers dans les années
sion sociale), où l’aide de l’État se limite à 1960 ; alors que le revenu moyen des loca
une garantie d’emprunt. taires hlm était supérieur à celui de l’ensemble
Au total, on compte, d’après le recense des ménages jusque vers 1975, il est actuelle
ment de 2006, 4,2 millions de logements ment voisin des deux tiers de celui-ci. La moi
locatifs sociaux ( hlm ou autres, non com tié des ménages bénéficient d’une aide au
prises les filiales de la cdc), soit 42 % du logement ( apl dans presque tous les cas
parc locatif et près de 16 % du parc total de puisque 95 % du parc est conventionné). 60 %
résidences principales, presque tous (plus de ont un revenu inférieur à 60% du plafond.
95%) construits après 1948 en communes Malgré cette évolution, la proportion d’occu
urbaines (97% ), surtout des appartements pants du parc hlm dont les revenus sont deve
(85 %). Ce parc se partage presque par moitié nus supérieurs aux plafonds exigés à l’entrée
entre les oph (2 115 000 logements, plus de augmente et dépasse 30 % (et même 40 % en
197 500 places de foyer correspondant à région parisienne), largement parce que les
107 000 logements) et les f.sh (1 850 000 loge plafonds de ressources n ’ont pas suivi l’évolu
ments plus 213 000 places de foyer équiva tion du coût de la vie. Ceci pose cependant la
lant à 115 000 logements), les sociétés question des surloyers, que les organismes de
coopératives ne gérant que 20 500 logements hlm ont la possibilité d’appliquer à ces ména
et 1 800 logements-foyers. Le taux de rota ges dont les ressources dépassent les plafonds,
tion des locataires est de l’ordre de 10% et mais que la plupart sont réticents à mettre en
celui des vacances de 3,5% (4,0% dans le œuvre.
parc des oph et de 2,9 % dans celui des f.sh). La possibilité de vendre les logements
Dans les attributions de logements, les relo sociaux locatifs à leurs occupants a été abor
cations l’emportent largement sur les loca dée en France de façon beaucoup plus timide
tions de nouveaux logements (93 % dans les que dans certains autres pays, et en particulier
oph et 80% dans les f.sh), ce qui traduit la que dans la Grande-Bretagne des années 1980.
diminution des constructions. Les loyers, La première loi sur ce thème remonte à 1965,
dans les oph, sont en moyenne de 35 € par an mais le volume des ventes est resté modeste en
par m2 de surface corrigée. Ils sont dotés de raison des difficultés réglementaires et d’une
tout le confort (w.-c. intérieur, baignoire ou réticence certaine des organismes de hlm. La
douche, chauffage central). Leur taille loi Méhaignenie du 23 décembre 1986 a
moyenne est de 3,3 pièces (71 m2). Mais le cherché à les faciliter, mais en maintenant
caractère majeur de ce parc est son vieillisse l’initiative de vente entre les mains des orga
ment qui crée des problèmes d ’équilibre nismes hlm. Depuis la loi du 21 juillet 1994,
social, traités par diverses procédures depuis qui a fait suite à un protocole d’accord avec
1975 (Habitat et vie sociale, puis Développe l’Union nationale des organismes de hlm, les
ment social des quartiers en 1984, Dévelop contraintes ont été assouplies. En particulier,
pement social urbain en 1989, pacte de l’acquéreur, qui peut être un proche parent de
HABITATION BON MARCHÉ
l’occupant, n’est plus tenu d ’occuper le loge logements locatifs sociaux doivent atteindre
ment à titre de résidence principale. Les orga ce taux dans un délai de vingt ans et payer
nismes ne sont plus tenus de rembourser le une contribution de solidarité pour les loge*
prêt aidé par anticipation, ni de consentir un ments manquants, dont sont déduits leutrç
prêt aux acquéreurs. Les ressources tirées des investissements destinés à atteindre ce seuil]
ventes doivent être réinvesties dans de nou Ce dispositif est applicable aux communes
velles opérations. Le nombre de ventes à des de plus de 3 500 habitants (1 500 en île-dàf
particuliers (en général le locataire) demeure France) situées dans une agglomération (uti
modeste : environ 4 000 par an (4 600 en epci depuis la loi de 2007 sur le droit oppo
2008, dont 1 900 par les oph et 2 700 par les sable au logement) de plus de 50 000 habitant
Esh). Qn est loin de l’objectif de 30 000 qui a comprenant une commune de plus de i.
été fixé et porté à 40 000 en 2007. Par ailleurs, 15 000 habitants. Sera-ce suffisant? Sul
les démolitions de logements locatifs sociaux, 730 communes concernées, près de la moitié
pour cause de dégradation et d’obsolescence, (330 entre 2005 et 2007, ont préféré payer la
a crû : 14 700 logements (dont 10 300 des oph contribution de solidarité, il est vrai peu disî
et 4 400 des esh en 2008, rythme encore très suasive (150 € par an par logement social
inférieur à celui prévu par le programme natio manquant) plutôt que de mettre en chantier
nal de rénovation urbaine de 2003 (200 000, des logements sociaux, même si la définition
objectif réduit par la suite à 123 000, avant de ces derniers a été élargie aux logements à
2013). loyer conventionné, aux foyers, etc.
La part des logements sociaux, et notam
ment des logements locatifs sociaux, tend à P. M:
diminuer dans le parc français de logements -> Aide à la pierre; Grand ensem ble; Logem ent; Loi d'oriem»4
tion pour la ville. '
du fait de ces ventes, mais surtout du ralen
' . ■■■!
tissement de la construction de ce type de
logements : celle-ci atteignait, au milieu des HABITATION BON MARCHÉ (HBM)
années 1990, 70 000 en moyenne, consé - » Habitation à loyer modéré (hlm) ■
quence de la réforme du financement du
logement mise en place en 1978, mais s’est
établie autour de la moitié de ce chiffre après
1999 et est remontée à environ 100 000 de HALLE —> Marché; Place marchande
2006 à 2008. De ce fait, leur part dans le
parc locatif diminue depuis une trentaine
d ’années. Les réticences des collectivités HALTE OE SPORTS -> Salle de sports
locales, accrues depuis la décentralisation qui
leur a confié la responsabilité des autorisa
tions de construire, sont la cause principale HALTE-GARDERIE -> Crèche
de cette baisse de la construction locative
sociale. Les maires des commîmes qui ont un
parc social important, confrontés aux pro HÉBERGEMENTS TOURISTIQUES
blèmes économiques et sociaux que posent
certains de leurs occupants, sont réticents à Le tourisme fait appel à des hébergements
l’augmenter. Quant à ceux des villes qui en qui soit sont construits spécialement à cette fin
ont peu, ils sont, avec l’appui de leur électo (hôtels, villages de vacances), soit utilisent
rat, très hostiles à la construction sociale. La des bâtiments construits comme résidences
loi d ’orientation pour la ville du 13 juillet principales (devenus résidences secondaires
1991 avait institué un mécanisme pour inciter ou hébergeant des vacanciers), soit construites
vivement ces dernières à y recourir (à défaut, comme résidences secondaires. On estime en
elles devaient payer une participation à la 2008 à 18,5 millions le nombre de lits touris
diversité de l’habitat), mais la loi du 21 jan tiques offerts en France. Cette estimation
vier 1995 l’a vidée de sa substance. Cepen inclut les hôtels homologués (sur la base de
dant, la loi sru du 13 décembre 2000 a 2 personnes par chambre), les villages de
institué à nouveau un mécanisme de ce type : vacances, les auberges de jeunesse, les gîtes
les communes qui ont moins de 20% de (sur la base de 4 personnes par gîte), les
Ne HÉBERGEMENTS TOURISTIQUES
parents (35 ,8%) ou des amis (8,2%), dans qu’ils consomment, une capacité beaucoup
leur résidence principale ou secondaire. plus élevée. C ’est à eux que revient, surtout
Au total, les hébergements touristiques dans les très grandes villes et sur les axes
français sont caractérisés par la prépondérance radiaux et dans le centre, le rôle d ’acheminer
des résidences secondaires en termes de lits l’essentiel des migrations alternantes si on
(69,4 %) et des hébergements non marchands veut éviter un surinvestissement, très coûteux
en termes de nuitées (résidences secondaires, en capitaux et en espace, dans le réseau rou
parents et amis : 59 % des nuitées des Fran tier. En simplifiant, on peut affirmer que la
çais, 71 % avec les locations). Ils sont aussi capacité des réseaux de transport en commun
caractérisés, mais ce n ’est pas propre au parc doit être ajustée à la demande de pointe et
français, par la saisonnalité : 46 nuitées de celle du réseau routier à la demande des heures
Français à peine par lit (en fait à peine une creuses. Ceci permet une répartition du coût
cinquantaine car certaines ont lieu hors des élevé d’investissement dans ce dernier réseau
lits recensés par les services du tourisme) et sur une longue période de la journée mais, ù
27 nuitées d’étrangers. l’inverse, place les transports en commun
P. M. dans une situation d’exploitation très difficile,
puisque leur capacité n ’est utilisée à plein que
-> Aménagement touristique; Économie du tourism e; T o u pendant les heures de pointe.
risme.
P. M.
Capacité (d'un moyen de transport}; Coût d'investissement
des transports ; Déplacement; Migrations alternantes.
HÉLICOPTÈRE —►Transport aérien
la périphérie urbaine, et même en dehors de tions therm ales» possédant des caractéris
la ville, et bon nombre d’entre elles sont ainsi tiques variées et réparties sur tout le territoire.
contraintes à la disparition. Les traitements hydrothérapiques sont
Pour lutter contre cette fâcheuse tendance remboursés par l’assurance maladie, lorsqu’ils
qui aboutit à l’élimination du secteur produc représentent des indications médicales
tif, certaines villes construisent des bâtiments reconnues. Les propriétés thérapeutiques des
spécialement conçus pour accueillir ce type eaux thermales sont dues en partie aux sels
d ’activités. La ville de Paris en a construit minéraux qu’elles contiennent, à la chaleur
plusieurs dizaines. Leur hauteur est en naturelle d’origine tellurique, et à un environ
moyenne de cinq étages avec, si besoin est, nement médicalisé (consultations, massages,
des sols renforcés pour supporter le poids des rééducation, etc.).
machines éventuelles. On compte environ un L’enseignement de l’hydrothérapie fait par
emploi pour 100 m2. Seules des petites entre tie normalement du cursus des études médi
prises peuvent adopter cette solution ; quand cales, mais il tend à être délaissé, tandis que
elles grandissent, il leur faut trouver une autre le caractère touristique des stations d ’hydro
localisation. thérapie est, au contraire, exploité de plus en
Certaines de ces constructions appliquent un plus intensément : ainsi, Vichy est devenu un
régime spécial destiné à favoriser la naissance important centre de congrès et de loisirs, avec
et le développement de nouvelles entreprises. l’installation du Club Méditerranée, tandis
Elles constituent alors ce que l’on appelle une que plusieurs stations pyrénéennes ont formé
«pépinière industrielle». Sélectionnés au une «chaîne du soleil» grâce à l’animation
départ, assistés au point de vue technique du célèbre chef cuisinier Michel Guérard.
financier et commercial, les bénéficiaires ne J.-F. L.
peuvent rester plus de vingt-trois mois et sont
ensuite invités à voler de leurs propres ailes. Tourisme.
Ces procédés montrent l’intérêt que les orga
nismes publics attachent à la conservation de
l’industrie dans le tissu urbain. HYGIÈNE PUBLIQUE
J. B.-G.
Ensemble des règles collectives destinées à
Industrie; Localisation des activités; Parc d'activités; Pépi préserver la santé (grec hygieinon, « santé »).
nière d'entreprises ; Zone industrielle.
Pendant longtemps le pouvoir religieux a
assuré la tutelle de l’hygiène. Mais peu à peu,
et notamment en Occident, les conseils donnés
HÔTELLERIE —> Hébergements touristiques par les médecins attachés aux princes ont pris
le pas sur les pratiques sacrées. Les œuvres
d ’Hippocrate ont joué un rôle fondamental
HYDROCARBURE —> Énergie et dans la diffusion de l’hygiène individuelle.
environnement; Pollution atmosphérique; Copiées et transmises à l’époque romaine qui
Pollution des mers en appliqua les préceptes à l’espace public
(aqueducs, thermes, égouts), elles furent écou
tées dans les sociétés médiévales islamique et
HYDROGRAPHIE, HYDROLOGIE -► Bassin chrétienne (implantation des hôpitaux,
hydrographique; Cours d'eau ; Mer constmction des hammans et des étuves, aéra
tion des bâtiments), mais mal appliquées à la
Renaissance et sous l’Ancien Régime.
HYDROTHÉRAPIE L’hygiène, que Jean-Jacques Rousseau assi
milait plus à une vertu qu’à une science, prend
Usage de sources thermales dans le traite toute sa puissance dès la seconde moitié du
ment des maladies, la rééducation et la conva xvme siècle lorsque les philosophes et les
lescence. scientifiques se fédérèrent pour lutter contre le
La France est l’un des pays où l’hydrothé méphitisme, émanations mortelles, voire
rapie est particulièrement développée, grâce à contagieuses, venant des eaux stagnantes, des
un exceptionnel réseau de plus de 400 « sta dépôts viaires, de la putréfaction des corps. La
'103 HYGIÉNISME
ÎLE-DE-FRANCE —►Grand Paris, statut l’égalité sociale (les axes étant orientés nord-
de la ville et de la région de Paris ; est/sud-ouest et nord-ouest/sud-est pour égali
Schéma régional d'aménagement ser l ’ensoleillement) et d’optimiser les rela
et d'urbanisme tions entre deux points de la ville, en évitant
le caractère centralisateur des plans radio-
concentriques.
ÎLOT L’îlot est lui-m êm e divisé en parcelles,
unités de propriété de tailles variables mais
C’est la plus petite unité de l’espace urbain, de formes le plus souvent quadrangulaires, et
entièrement délimitée par des voies (souvent dont les limites sont normalement perpendi
appelée «pâté de maisons» dans le français culaires aux limites de l’îlot, en bordure de
courant, block dans les pays anglo-saxons et voie, sauf dans le cas des villes anciennes, où
germaniques, cuadras d ’Amérique du Sud, le réseau viaire, et par conséquent les limites
etc.)- Dans les villes de formation ancienne et d ’îlots, ont pu être modifiés au cours des
continue, la forme et la dimension des îlots temps sans entraîner de modifications des
qui les constituent sont très variables, mais limites parcellaires à l’intérieur des îlots. Ces
dans les villes à plan régulier (bastides du limites servent elles-m êm es de cadre très
Moyen Age, agglomérations et métropoles à contraignant aux différents élém ents de
développement rapide de l’époque moderne), l ’occupation du sol de l ’îlot : bâtiments,
des îlots, délimités dans la grille uniforme du cours, jardins. Un îlot sera dit à tissu dense
réseau des voies, se succèdent de façon régu ou serré, si les bâtiments, compris dans ses
lière et présentent des formes le plus souvent différentes parcelles, sont jointifs et consti
rectangulaires, comme dans les villes nord et tuent des agglomérats continus, placés en
sud-américaines à plan géométrique. général en bordure de l’îlot, le long des voies.
Au plan théorique, la première réflexion Un îlot peut, au contraire, présenter un tissu
sur le rôle de l ’îlot et sur la division de lâche lorsque les bâtiments, disposés sans
l ’espace urbain est due à Cerda qui, dans son continuité et dans des orientations diverses
projet de plan d’extension de Barcelone dans les différentes parcelles, y occupent des
(1859) puis dans sa Teoria general de la surfaces moindres que les espaces interca
urbanizaciôn (1867), en fait le domaine de la laires non bâtis. L’occupation du sol d’un îlot
résidence, relié au monde extérieur, à la peut donc revêtir des aspects très variés :
nature et à la société par les voies. Dans le espaces verts, tissus denses, tours d’habita
plan de Barcelone, ce «systèm e» prend la tions ou de bureaux entourées de bâtiments
forme d’un quadrillage avec des îlots carrés à bas ou d’espaces verts, monument ou bâti
pans légèrement coupés, le centre de l ’îlot ment public isolé, etc. Chacun de ces types
étant planté. Cerda voyait, dans ce quadrillage reflète les modes d’occupation du sol urbain
systématique, non un moyen de faciliter les à un moment donné ou une certaine étape de
lotissements, comme cela fut dans les villes son évolution. Plus un îlot est étendu, moins
américaines, mais le seul capable de permettre sa structure interne risque d’être homogène.
Il o t in s a l u b r e 406
Cependant, l’îlot est de plus en plus consi par le thème de l’image de la ville selon une
déré comme une unité statistique. A Paris, les perspective comportementaliste qui tentait de
données des recensements concernant la discerner des agencements spatiaux et des
population et le bâti sont publiées depuis 1946 figures architecturales emblématiques suscep
sur la base de l’îlot : il représente une entité tibles d’être perçus, reconnus et utilisés par les
géographique très précise et permet la consti citadins dans la pratique quotidienne de leur
tution de banques de données pour les études environnement.
et opérations d’urbanisme et d’aménagement Puis, durant les années 1980, l’expression
(telle la banque de données urbaines, gérée « image de la ville » ou du quartier s’est large
par l’Atelier parisien d’urbanisme). ment répandue. Actuellement, elle désigne
B. R.
des connotations attribuées soit à la réputation
d’un quartier ou au prestige d’une ville, soit à
- » Densité; Parcellaire;Tissu urbain. la notoriété d’un architecte ou à la renommée
d ’un équipement ou d ’une manifestation
culturelle. Ainsi entendu, le terme d ’image
ÎLOT INSALUBRE ■■> Hygiène publique; occupe une place centrale dans l’argumenta
Insalubrité ; Réhabilitation ; Rénovation tion des opérations d’urbanisme, au point que
urbaine l ’amélioration de l ’image du lieu apparaît
comme un des objectifs privilégiés de chaque
« projet urbain ».
IMAGE DE LA VILLE La faveur dont jouit ce terme peut être
expliquée par un infléchissement des pra
Des années 1970 aux années 1980, deux tiques politiques dû au développement des
acceptions de l’expression image de la ville se classes moyennes et à la décentralisation, ce
sont succédé. qui entraîne la montée d’une démocratie fon
Dans un premier temps, la géographie et la dée sur la communication et les sondages
sociologie urbaines ont analysé les images d’opinion. D’autre part, le ralentissement de
mentales par lesquelles les réalités matérielles la croissance économique et urbaine induit la
sont appréhendées et appropriées par les cita concurrence entre les villes. En conséquence,
dins. Ce type d ’approche a tenté de définir les édiles conçoivent les territoires comme des
les figures spatiales qui composent l’image marchandises, qui paraissent alors justiciables
globale d’une agglomération, ainsi que les de techniques de commercialisation. En outre,
connotations qui alimentent l’identité attri l’engouement pour la sémiotique introduisit
buée à un lieu. L’image de la ville apposée dans l’esprit des aménageurs la conviction
sur des dispositifs bâtis les dote d’une valeur qu’il est possible et nécessaire d’agir sur la vie
symbolique et pratique. sociale au moyen de la dimension plastique
Les auteurs qui analysaient la ville en de des dispositifs spatiaux. Ceux-ci, par leur visi
tels termes se détournaient des interrogations bilité et leur lisibilité, sont censés être produc
alors dominantes sur les déterminations struc teurs d’affects chez leurs spectateurs, et donc
turelles de la production de l’espace. Ils d’effets psychologiques et de comportements
orientèrent leurs recherches vers la question sociaux. Ainsi se trouve théoriquement justi
de la ville en tant qu’espace vécu et perçu. Se fiée la réintroduction d ’une problématique
situant dans la ligne des travaux de la psycho formaliste dans l’urbanisme et dans l’architec
logie de la forme et de la sémiotique, ces ture.
travaux valorisaient les modalités de subjecti- Cependant, l’hypothèse sur laquelle reposent
vation des individus et des groupes face au ces stratégies symboliques reste fragile, car
réel. De ce fait, des micro-objets d ’étude l’actuel foisonnement des signes et des images
furent privilégiés, auxquels il fut appliqué des entraîne leur indétermination sémantique et
analyses en termes de valeurs et de représen incite leurs récepteurs à une relative indiffé
tations sociales. Ces approches ont participé rence. Or, si les formes n’ont pas de significa
d’un mode de pensée subjectiviste qui réhabi tions claires et univoques, la recherche de
lite les formes sensibles. production du lien social par la manipulation
Pour sa part, l’urbanisme fut affecté, notam d’emblèmes ou de symboles paraît assez illu
ment au travers de l’œuvre de Kevin Lynch, soire. L’image de la ville peut-elle alors être un
407 IMPOSITION DES PLUS-VALUES IMMOBILIÈRES
des objets centraux de l’action urbanistique, taie de protection civile (et, si l’immeuble
comme c’est le cas aujourd’hui? dépasse 100 m, d ’une commission technique
P. G. interministérielle).
Le contrôle est de la compétence de la
-> Décentralisation; Mercatique urbaine; Projet de quartier; commission consultative départementale de
Projet urbain; Monument.
protection civile qui peut effectuer des visites
sur place pendant la construction. Sur son
avis, le maire peut demander au constructeur
IMMEUBLE —> Construction ; Immeuble de procéder à des vérifications des éléments
de grande hauteur de construction. Le propriétaire est tenu de
maintenir les installations en conformité avec
les dispositions réglementaires, d ’organiser
IMMEUBLE DE BUREAUX -► Bureaux un service de sécurité, de faire procéder à des
exercices périodiques d’évacuation. En cas de
non-conformité aux dispositions prévues par
IMMEUBLE DE GRANDE HAUTEUR le permis de construire ou en cas d ’urgence, le
maire peut faire procéder à la fermeture provi
Corps de bâtiment dont le plancher bas du soire.
dernier niveau est situé à plus de 28 m (50 m Par ailleurs, pour des raisons d’urbanisme,
pour les immeubles d ’habitation) du sol le la circulaire du 16 mars 1977 vise à réduire la
plus haut utilisable par les engins des services construction des tours (en particulier d ’habi
publics de secours et de lutte contre l’incendie tation).
(décrets du 15 novembre 1967 et du 15 juin
P. M.
1976).
Cette définition réglementaire ne recouvre B u re au x;C o n struction ;To ur.
pas exactement l’acception usuelle de tour
ou de gratte-ciel. Ce dernier terme, traduit
de l’américain, désigne les immeubles de IMPOSITION DES PLUS-VALUES
très grande hauteur apparus aux États-Unis IMMOBILIÈRES
dans les années 1880 (immeuble de la Home
Insurance à Chicago par William Le Baron Les plus-values immobilières sont consta
Jenney en 1885, reposant sur le principe des tées à l’occasion des mutations d’immeubles
piliers verticaux en maçonnerie). bâtis ou non bâtis (ventes, expropriations,
Les immeubles de grande hauteur posent successions, etc.). La plus-value est obtenue
des problèmes particuliers de sécurité et font, par différence entre le prix de cession et le
pour cette raison, l’objet d’une réglementation prix d’acquisition. Des déductions sont opé
particulière. Celle-ci concerne en France : rées au titre des intérêts des emprunts
— l’implantation : moins de 3 km d’un contractés, des travaux d ’amélioration et de
centre principal de secours et de lutte contre réparation et de l’érosion monétaire. Lorsque
l’incendie; la détention du bien a excédé deux ans, une
— l’occupation : pas d’établissements classés réduction proportionnelle à la durée est appli
et une occupation limitée à une personne par quée. On obtient ainsi la plus-value nette réa
10 m2 hors œuvre en moyenne ; lisée. L’abattement pour durée de détention
— la qualité des matériaux (résistance au est de 10% pour chaque année de détention
feu) et la division en compartiments isolés au-delà de la cinquième année pour les
entre eux ; immeubles et les parts de sociétés à prépondé
— les possibilités d’évacuation (dégage rance immobilière.
ments horizontaux et verticaux) ; Diverses situations d ’exonération sont pré
— l’autonomie de l’immeuble (électricité, vues : les immeubles qui constituent l’habita
alarme, réserve d’eau, etc.). tion principale du cédant ; les immeubles pour
Le permis de construire, qui permet de lesquels une déclaration d’utilité publique a
vérifier le respect de cette réglementation, été prononcée en vue d ’une expropriation;
n ’est délivré qu’après enquête publique et les immeubles échangés dans le cadre d’opé
consultation de la commission départemen- rations de remembrement ou assimilées ; les
IMPÔT DE SOLIDARITÉ SUR LA FORTUNE 40è:
rijf
• . ii!
immeubles dont le prix de cession est infé (2009) sont imposables à I’isf. Le patnmoini:!:
rieur ou égal à 15 000 € ; les immeubles déte comprend tous les biens, droits et valeurt)
nus depuis plus de quinze ans (en raison du taxables à l ’exclusion des biens professions '
cumul des abattements de 10 %). nels (notamment les actions des gérants mino»
Depuis 2004 la déclaration et le paiement de ritaires de sarl), les biens mraux donnés j);,1
l ’impôt est effectué par le notaire lors de la bail à long terme, les objets d’antiquité Q8
publicité foncière. Ainsi, il acquitte, lors d’une d ’art, les droits de la propriété littéraire etj
même formalité, les droits d’enregistrement dus artistique, les rentes viagères et les bois qt ;
par l’acquéreur et l’impôt sur le revenu afférent forêts (aux trois quarts de leur valeur), que,cfli ’
à la plus-value immobilière dû par le vendeur. biens soient situés en France ou à l’étranger..tiv:'
Le contribuable qui cède un immeuble est Les biens sont évalués à leur valeur vénak j;
imposable à l ’impôt sur. le revenu afférent à appréciée au 1er janvier de l’année d’impostri
la plus-value au taux proportionnel de 16% tion. Ils font l ’objet d’une déclaration.,dj|:j
et non plus comme auparavant au taux margi contribuable sous peine de sanction. Le tarif
nal de l’impôt sur le revenu, qui pouvait être de I’isf est progressif. En 2009, il s'établit à j
largement supérieur. Mais les plus-values 0,55% du patrimoine pour la transjséîi
sont également assujetties aux prélèvements comprise entre 0,79 et 1,28 m illion d’€ flÜ;
sociaux (csg et crûs) de 12,1 % en 2010, soit atteint 1,8 % au-dessus de 15 millions d’€. (|■jj
un taux global de 28,1%. Pour 2009, le produit de I’isf a été d’envi*,
La législation de l ’im position des plus- ron 5 milliards d ’€, l ’impôt sur le reveoi§j|
values est dont plutôt bienveillante envers les rapportant 59,2 milliards d’€ à l ’État. ;i !1
propriétaires d’un patrimoine restreint et fami L’exclusion des biens professionnels et dM ’j
lial par le jeu des exonérations et abattements. objets d’art a pu modifier le comportement'
Le nouveau régime d’imposition s’applique des personnes concernées par l ’impôt sur lft :
aux plus-values réalisées par les particuliers, fortune (igf puis isf) et qui avaient probable- I
mais ne s’applique pas, en principe, aux pro ment une part importante de leur patrimoine ; '■
fits tirés d’une activité professionnelle impo dans l’immobilier. Une partie d ’entre elles 8 0
sables au titre des bénéfices industriels et certainement cédé une fraction de son pacp, j
commerciaux, bénéfices agricoles et bénéfices immobilier pour le remplacer par des valeurs 1
non commerciaux. Ainsi, les profits réalisés moins apparentes ou exonérées. Cependant,
par les marchands de biens et lotisseurs ayant les cycles de l’immobilier ont plus d’impadt 1
cette qualité, ainsi que les profits de construc que I’isf. Le nouveau cycle haussier des prit;’ '
tion réalisés à titre habituel, ne sont pas de l’immobilier depuis 2000 n ’est en rien
concernés par l ’imposition des plus-values freiné par les conséquences sur I’isf. Cet
immobilières des particuliers. impôt apparaît finalement, pour la majorité :
des contribuables qui ont des patrimoines ;
'' V. c.
inférieurs à 2 millions d’€, comme un impôt
-> Spéculation. supplémentaire sur l ’immobilier. Pour les
vraies grandes fortunes, la tentation de la
délocalisation est grande et réelle. C ’eât
IMPÔT DE SOLIDARITÉ SUR LA FORTUNE d’ailleurs pour freiner ces départs de fortuneSi
(ISF) à l ’étranger qu’a été institué un «bouclief
fiscal» qui limite, depuis 2008, les impôt!
Impôt annuel sur le capital possédé par les payés par un contribuable. Il s’agit d’un droit
particuliers, créé par la loi du 23 .décembre à restitution des impôts directs qui excèdent
1988. Il remplace l’impôt sur les grandes for 50% du total représenté par I’isf, I’irpp, l f
tunes (igf), créé en 1982 et appliqué de 1982 à CSG et la crds. Le bouclier fiscal a été jugé
1986. Le dispositif qui a institué I’igf, puis conforme aux dispositions constitutionnelles
I’isf, comprend des mesures tendant d’une part par le C onseil constitutionnel, mais reste
à combattre l’évasion fiscale et d’autre part à controversé quant à son utilité et à sa justifif
permettre une meilleure connaissance par cation.
l’administration de la fortune des particuliers. L’avenir de I’isf est incertain. Son image
Toutes les personnes domiciliées en France est socialement forte, mais sa rentabilité est
détenant un patrimoine d’au moins 790 000 € faible, trop centrée sur l ’immobilier, et ses
409 IMPÔTS FORFAITAIRES DE RÉSEAU
conséquences économiques restent néfastes. qui ont marqué aux États-Unis la détermina
D’autres solutions d’imposition du patrimoine tion de l’assiette de l’impôt foncier comme de
dont encore à l ’étude. son pourcentage (amendement 13 réduisant à
V.C. 25 % le taux de l’impôt foncier en Californie),
en renvoyant une part du financement des
-4 Fiscalité. réseaux de transport (BART dans la zone de
San Francisco) à l ’échelon fédéral, marquent
l’actualité de cette question.
IMPÔT SUR LES GRANDES FORTUNES L’impôt foncier peut aussi être conçu
Impôt de solidarité sur la fortune comme un moyen au service d’une politique
d’urbanisme et d’une politique foncière :
— un taux élevé sur les terrains construc
IMPÔT FONCIER tibles encourage les propriétaires à ne pas les
retenir trop longtemps ;
Impôt annuel sur les terrains bâtis et non — la fixation de la valeur de l’assiette peut
bâtis. être un moyen pour la collectivité de récupé
L’impôt foncier constitue une des res rer les plus-values occasionnées par la
sources des collectivités locales, directement réalisation d’équipements publics et par celles
erçue par elles auprès du propriétaire des nées de l’autorisation de construire. :
iens fonciers et immobiliers, au même titre, L’expérience montre que le maniement de
en France, que la taxe d’habitation (pour les cet outil est délicat et peut conduire à des
logements) et que la taxe professionnelle effets pervers, comme la répercussion des
(pour les activités), perçues auprès des occu taxes sur les prix des terrains. Ces effets se
pants des bâtiments. manifestent essentiellement dans une situa
L’assiette de l’impôt foncier (parfois appelé tion économique de rareté et beaucoup moins
taxe foncière) peut être : en période de stagnation ou de crise.
— soit estimée par des experts ou par les L’impôt foncier, de nature annuelle, peut,
services de la collectivité locale en fonction mieux que des impôts perçus une seule fois à
de la valeur vénale ou de la valeur locative du l ’occasion d ’une mutation (décès, vente,
bien ; construction), permettre à la collectivité de
— soit déclarée par le propriétaire qui en programmer sur plusieurs années ses dépenses
estime la valeur et peut se voir opposer celle- d ’investissement (y compris le service de ses
ci en cas d ’expropriation ou de préemption : emprunts) et de fonctionnement.
dans ce cas, la collectivité locale dispose en
général d’une possibilité d’appel pour éviter M. S.
les sous-déclarations. Fiscalité directe locale; Maîtrise foncière; Taxe foncière sur
Le taux de l’impôt foncier est voté par les les propriétés bâties; Taxe foncière sur les propriétés non
bâties.
collectivités locales lors du vote de leur budget
et peut varier selon la nature du bien taxé (par
exemple, exemption partielle ou totale, défini IMPÔTS FORFAITAIRES DE RÉSEAU
tive ou temporaire, en faveur du logement
social ou d’activités productrices d’emploi). Ce sont de nouveaux impôts créés à l’occa
Un impôt foncier perçu par la commune sion de la suppression de la taxe profession
peut faire l’objet de taxes complémentaires nelle (tp) et de la m ise en place de la
visant à couvrir les frais de fonctionnement contribution économique territoriale ( cet).
d’équipements supracommunaux (jusqu’au En effet, celle-ci représentant un pouvoir fis
niveau régional). Dans ce cas, la définition de cal inférieur d’un tiers par apport à la tp, le
l’aire de perception de ces taxes addition manque à gagner pour les collectivités devait
nelles, qui revient à définir les bénéficiaires de être comblé. Comme des entreprises grandes
l’équipement considéré, peut être délicate contributrices de la tp et non (ou peu) sou
(réseaux de transport en commun par mises à la concurrence internationale allaient
exemple). Ces taxes sont d ’autant mieux être très favorisées par la nouvelle cet (edf,
acceptées que le lien paraît plus étroit entre sncf, etc.), les impôts forfaitaires de réseau
l’impôt et son affectation. Les grands débats (ifr) ont été institués pour récupérer, à partir
INCENDIE (LUTTE CONTRE L'I 418
de 2010, une partie de l’avantage fiscal dont gagner de chaque catégorie de collectivités!
vont bénéficier ces entreprises. Les attributions sont les suivantes :
Les ifr concernent : — au bloc communes-intercommunalités ;
— les installations terrestres de production 50% de l’éolien, 50% des entreprises de
d’électricité utilisant l ’énergie mécanique du production d’électricité nucléaire, 50% des
vent (éoliennes) ou utilisant l’énergie méca entreprises de production d’électricité photo*
nique hydraulique des courants situées dans voltaïque, la totalité des entreprises de réseaux
les eaux intérieures ou dans la mer territoriale relatives aux transformateurs électriques, 66 %
(usines marémotrices) : le montant de l ’impo des stations radioélectriques et la totalité d#
sition forfaitaire est fixé à 2,913 € par kW de taxes sur les surfaces commerciales (tascom),
puissance installée ; ainsi que la taxe additionnelle à la taxe sur les
— les installations de production d’électri installations de stockage nucléaire ;
cité d’origine nucléaire ou thermique à flamme — aux départements : 50 % des taxes ptOf
(au même taux) ; venant de l ’éolien, 50 % de celles des entre
— les centrales de production d’énergie prises de production d’électricité nucléaire,
électrique d’origine photo voltaïque ou hydrau 33 % de celles des stations radioélectriques ;
lique (barrages) : au même taux ; — aux régions : la totalité des ifr prove
— les transformateurs électriques : le mon nant du matériel roulant et des répartiteurs.
tant de l’imposition est fixé en fonction de la V.C.
tension selon un barème fonction de la ten
sion en amont ; -> Contribution économique territoriale ; Réseaux ; Taxe profea*
sionnelle.
— les stations radioélectriques ; le montant
de l’imposition forfaitaire est fixé à 1 530 €
par station radioélectrique ;
— le matériel roulant utilisé sur le réseau INCENDIE (lutte contre I') - Eau
ferré national pour des opérations de transport
de voyageurs : le montant de l’imposition for
faitaire est établi pour chaque matériel roulant INCINÉRATION DES DÉCHETS Déchets i
en fonction de sa nature et de son utilisation
selon un barème (par exemple, 35 000 €, pour
une motrice TGV, 23 000 € pour une automo INCONFORT —> Confort (d'un moyen
trice) ; il est ensuite réparti entre les régions en de transport) ; Coût généralisé •
fonction de l’utilisation de sillons-kilomètres de déplacement ; Modèle de choix modal ;
réservés par région (un sillon-kilomètre corres .b
pond au trajet réservé sur une ligne ferroviaire
à un horaire donné auprès de l’établissement INDEMNITÉ D'EXPROPRIATION :
public Réseau ferré de France par une entre -> Expropriation
prise de transport ferroviaire) ;
— les répartiteurs principaux de la boucle
locale cuivre : le montant de l’imposition de INDICES ;
chaque répartiteur principal est fonction du
nombre de lignes. On dit aussi nombres-indices. Soit une
En outre, a été également instituée une taxe grandeur économique quelconque G, prenant
additionnelle aux installations nucléaires de différentes valeurs G, G], ..., G„ au cours du
stockage. Le montant de cette taxe addition temps. On appelle indice de la grandeur G au
nelle est déterminé, selon chaque catégorie temps t le rapport :
d ’installation destinée au stockage définitif
de substances radioactives, par application I</o = p r X 100.
d’un coefficient multiplicateur appliqué à une Go
somme forfaitaire. Un tel indice est un indice simple, par
Les ifr ont été répartis en tenant compte des opposition aux indices composites qui font
compétences des collectivités (par exemple intervenir plusieurs grandeurs différentes,
celles liées au matériel roulant aux régions) et par exemple les prix de différents articles
afin de compenser au mieux les manques à dans l’indice des prix des fruits et légumes.
«11 INDUSTRIALISATION
Il se pose alors un problème de choix de la région, soit dans un secteur d’activité. Dans
moyenne et du systèm e de pondération. les pays développés, l ’industrialisation date
Chaque article peut avoir un poids compa de la (première) révolution industrielle
rable, c ’est-à-dire une égale importance: la (xixe siècle) ; elle est beaucoup plus tardive, et
moyenne est dite simple. Elle est pondérée n ’est souvent encore qu’un objectif, dans les
lorsque tout ou partie des articles se voit pays en voie de développement ; à l ’inverse,
attribuer un coefficient de pondération parti certains progrès techniques (électronique,
culier. Il existe quatre types de moyennes. informatique, automatisation de la production,
La moyenne arithmétique est la plus usuelle, robotique, etc.) ont bouleversé les conditions
mais n ’offie pas les propriétés les plus com de production dans de nombreux secteurs au
modes. A insi la m oyenne des indices ne cours du dernier quart de siècle, ce qui a
conduit pas au même résultat que l’indice de conduit à parler de seconde (certains parlent
la moyenne. Il existe aussi une moyenne de la troisième) révolution industrielle, encore
géométrique (qui est réversible et permet en cours.
aisément de changer de base), ainsi qu’une L’importance de l’industrie pour l’écono
moyenne quadratique et une moyenne har mie est plus large que sa part dans l’emploi
monique, plus rarement utilisées. ou la valeur de la production, parce qu’elle
Le choix des pondérations pose d’autres induit d’autres activités (sous-traitance, ser
problèmes. Soit à construire un indice des vices aux entreprises), attire la population qui
prix. La pondération peut se faire à partir des induit elle-même d ’autres activités (dites rési
quantités de l ’époque actuelle (indice de dentielles). C’est ce qui explique la priorité
Paasche, qui déforme peu les évolutions accordée par les villes et les régions au déve
récentes) ou de l ’époque de base (indice de loppement des industries.
Laspeyres, qui déforme peu les évolutions Les pays d’industrialisation ancienne ont à
anciennes). On retient plus rarement les quan faire face aux problèmes de restructuration
tités d’une époque intermédiaire. Une bonne de branches industrielles entières (en France :
solution consiste à prendre la moyenne géo sidérurgie, chantiers navals, textile, etc.),
métrique de ces deux indices (indice de voire à mettre en œuvre la reconversion ou
Fisher). Comme on le voit, la technique de réindustrialisation de régions touchées par la
confection d’un indice n ’est pas entièrement crise de leurs industries dominantes (Nord,
neutre par rapport aux résultats qu’il permet Lorraine, bassins miniers du sud du M assif
de mesurer. Central, etc.). C’est le rôle de la Délégation
P.-H. D. interministérielle à l ’aménagement du terri
toire et à l ’attractivité régionale (datar) sur
le plan géographique et de l’Institut de déve
INDIVIDUEL (LOGEMENT) -+ Maison loppement industriel (idi) créé en 1970, sur
Individuelle celui des entreprises : celui-ci concentre son
activité sur les entreprises moyennes et les
secteurs de pointe, assure des prêts aux entre
INDUCTION —> Activité induite prises en difficulté ou y prend des partici
pations (en principe temporaires), voire
favorise les restructurations et les fusions
INDUSTRIAL DEVELOPMENT CERTIFICA TE d ’entreprises.
-> Agrément ; Décentralisation (des activités) ; Le coût de la main-d’œuvre est devenu un
Industrie facteur de localisation de plus en plus décisif
des productions industrielles et même de cer
tains services. D e nombreuses industries de
INDUSTRIALISATION main-d’œuvre, comme le textile et l ’habille
ment, se sont ainsi délocalisées dans des pays
Processus de structuration (d’une économie à bas salaires. Dans une seconde étape, des
et d’une société) par l ’emploi croissant de industries exigeant une main-d’œuvre quali
machines, d’énergie et de technologie. On fiée (électronique, appareils ménagers, maté
parle de désindustrialisation pour la dispari riel informatique, etc.) se sont délocalisées
tion d ’activités industrielles, soit dans une dans des pays ayant su former une main-
INDUSTRIALISATION DU BÂTIMENT 41*
d’œuvre adaptée, notamment les « dragons du logements. Lorsqu’il est possible de conce
sud-est asiatique (la Corée du Sud, Taiwan, voir et de réaliser un projet de bâtiment en
Hong-Kong, Singapour, puis la Thaïlande, les utilisant des composants provenant de fabri
Philippines, la Malaisie, l ’Indonésie, etc.). La cants différents, indépendants les uns des
Chine accueille aujourd’hui des unités de pro autres, on dit qu’on pratique l’industrialisa
duction de plus en plus variées. Cette vague tion ouverte ou que Ton est en système
de délocalisations atteint désormais les ser ouvert. Ceci suppose que les projets et les
vices : centres d’appel téléphonique (au composants respectent certaines règles de
Maroc par exemple pour ceux qui répondent compatibilité. <
en français), traitement informatique en Inde, On appelle parfois industrialisation fermée
etc. Les anciens pays industrialisés conservent la production de composants non compatibles
encore le plus souvent le contrôle financier et entre eux et telle que Ton ne puisse réaliser
capitalistique et le pouvoir de commandement un bâtiment qu’avec des composants provet
sur ces activités délocalisées, mais sur ce plan nant d’un même fabricant. j
également une évolution se fait jour, d’autant Industrialisation ne veut pas dire fabrication
que les pays d’accueil négocient souvent des en série : on peut avoir, en effet, une fabrica
transferts de technologie à l ’occasion des tion industrialisée de produits différents les
transferts d’activités de production ou de ser uns des autres ; ce qui est essentiel, c ’est que
vices. l ’outil de fabrication soit le même et que son
réglage, pour passer d’un produit au suivant*
p. M.
se fasse industriellement, c’est-à-dire avec peu
- » Délocalisation des activités; Industrie; Localisation des acti de temps de main-d’œuvre. L’automation, ou
vités. automatisation, ou réglage automatique des
machines, favorise de ce point de vue la fabri
cation industrielle de produits différents et
INDUSTRIALISATION DU BÂTIMENT ouvre de très intéressantes perspectives dans
le bâtiment car elle permet de concilier indus
Processus qui vise, par une innovation trialisation et diversité architecturale. Il existe
technique, à remplacer le travail de l’homme déjà des fabrications automatisées pour des
par la machine, soit pour réduire les coûts ou composants simples.
les délais, soit pour fabriquer des produits p. en:
nouveaux. La machine peut fonctionner dans
une usine, mais elle peut aussi fonctionner -► Chantier; Composant.
etc.), enfin des services (gestion informa mat inflationniste pour majorer leurs prix ou
tique, centres d’appel téléphonique). leurs marges. '■
Les m oyens classiques de lutte contti#
P. M.
l’inflation sont la hausse des taux d’intérêt, le
Activité économ ique; A grém ent; Architecture industrielle; freinage des dépenses improductives, la limi
Décentralisation (des activités); Délocalisation des activités; tation des déficits publics, l ’encadrement dü
Desserrement ; District industriel ; Hôtel industriel ; Industria
lisation; Installations classées; Nuisance; Parc d'activités; crédit et la surveillance des rythmes de pro
Prime d'aménagement du territoire; Redevance; Te chno gression de la masse monétaire. Davantage
pole ; Technopole ; Zone industrielle.
que la mise en œuvre d’un instrument unique,
la maîtrise de l’inflation suppose un dosage
INFLATION habile de moyens d’intervention complémen
taires. Au demeurant, une action trop vigou
L’inflation est un processus protéiforme reuse de lutte contre l’inflation peut entraîner
qui ne se ramène pas seulement à son aspect des effets néfastes par ralentissement de l’acti
le plus connu, la hausse du niveau général vité économique et relance du chômage.
des prix. On peut la définir comme « l’excès La concentration urbaine permet d ’offrir
des flux de demande de biens par rapport aux aux consommateurs un assortiment plus
possibilités de l ’offre, excès provoquant un complet de biens et services, disponibles à des
mouvement auto-entretenu et irréversible de coûts de transport et de commercialisation
hausse des prix ainsi qu’un épuisement pro moins élevés, ce qui devrait exercer une pres
gressif des ressources en devises étrangères » sion à la baisse des prix de vente au détail. En
(Émile James). L’inflation se caractérise donc sens inverse, l’importance des patrimoines et
à la fois par une insuffisance de l’offre par des revenus urbains, la masse du pouvoir
rapport à la demande, une hausse des prix qui d’achat disponible, les effets d’imitation des
se généralise progressivement et une perte de niveaux de consommation de la classe aisée
substance de la monnaie nationale, qui épuise font probablement plus qu’annuler cet effet
les réserves d ’or et de devises du pays et dépressif. Aux États-Unis, l’indice du coût de
menace son indépendance. la vie apparaît 10 % plus élevé dans les villes
L’inflation peut se caractériser par son millionnaires que dans les petites villes de
intensité croissante (situation de tensions 50 000 habitants. Il en va de même en France.
inflationnistes, inflation rampante, inflation La sensibilité des prix à la taille des villes est
déclarée, hyperinflation), par l ’étendue du surtout marquée dans le domaine des coûts de
contrôle des pouvoirs publics (inflation transport et des services. Elle est moindre ou
ouverte ou contenue), par ses causes structu nulle et, quelquefois, négative, dans le cas des
relles plus ou moins permanentes ou conjonc produits manufacturés.
turelles, donc transitoires. P.-H. D.
L’explication de l’inflation a longtemps été
strictement monétaire. On incriminait l ’émis - » Intérêt.
dans les systèmes physiques dans les aimées d ’œuvre, voire proximité géographique.
1950. Pour cette dernière, l ’information est L’effet à mettre au compte de ces technologies
définie comme l ’identification d ’un ou de serait plutôt appréciable en termes de change
plusieurs événements parmi un ensemble ment d ’échelle et de brouillage des territoires.
d’événements possibles. L’information est D ’un point de vue sociologique, les nou
d’autant plus riche qu’elle réduit l’indétermi velles technologies de communication ont
nation. U originalité d’un message d’une lon permis une pluralisation des réseaux d’infor
gueur donnée est le maximum d’information mation. La ville apparaît non pas comme une
qu’il peut contenir; la redondance mesure la sorte d ’agora informationnelle reproduisant
répétition ou encore le manque par rapport à l ’ancienne place villageoise, mais comme le
l’originalité; les bruits sont les phénomènes lieu d’une multiplication de sous-cultures.
qui provoquent une perte d’information. Une
M . D.
équivalence a été établie entre l ’entropie,
quantité qui «m esure» l ’état de dégradation - » Informatique et urbanism e; Systèm e; Télém atique; Urba
de l ’énergie d ’un système et l ’information nité.
l’enrichir des données fournies par les recen matiques ne sont plus des spécialistes : il leur
sements et par les archives urbaines, prévoir faut des équipements faciles à entretenir St
des sorties graphiques (cartes thématiques d ’un fonctionnement clair et aisé. i,
— Les logiciels, sans lesquels ces machinai
pre
dessinées automatiquement).
C’est une tâche immense qui n’a été menée restent inutiles, sont encore rares. Les
à bien que dans quelques grandes villes : miers, écrits par et pour les services technique!
Lille, Marseille, où le cadastre informatisé de l’équipement, qui se sont informatisés tail
fournit des résultats exemplaires. Il reste que tôt, ne sont plus adaptés au matériel moderne,
le coût de telles expériences est très élevé : il ni aux besoins des collectivités locales. I#
a fallu plus de dix ans pour saisir les données plupart des micro-ordinateurs ne s e rv it
à Marseille, et l’effort régulier de mise à jour encore qu’à la gestion financière et à la mani
est également considérable. pulation des fichiers (gestion de la paie, du
On peut estimer approximativement que le personnel, du fichier électoral). Les communes
coût de la création d’une b d u dans une grande ont souvent trop de matériel et trop peu dp
ville est formé de la façon suivante : logiciels. h,
— 5 % de frais d’études préliminaires ; Les programmes spécialisés dans les tâchai
— 15% pour l’achat du matériel et des d’urbanisme (gestion des permis de construire*
logiciels; des ordures ménagères, du parc automobile, de
— 80 % pour la saisie, la vérification et la la santé publique, etc.) sont encore peu nom
correction des informations. breux (cf. le catalogue détaillé tenu à jour par le
Le développement de méthodes modernes cxp ). Y
(scanner) permet de diminuer ces coûts. Il Une seconde génération de logiciels pour
restera à assurer la mise à jour régulière de la micro-ordinateurs est indispensable afin
b d u , tâche immense et délicate. d’ouvrir aux autorités locales le champ
immense de l’aide à la décision (simulation
• La révolution de la micro-informatique : des effets d ’une décision, d ’une politique,
La progression de l’informatisation vers le recherche de solutions optimales, comparai
bas de la pyramide urbaine est compliquée son de stratégies différentes). r
après 1980 par l ’arrivée sur le marché des — L ’informatisation des communes de
micro-ordinateurs, aussi puissants que cer taille moyenne pose des problèmes nouveaux ;
taines machines importantes de la décennie • le choix du matériel ;
précédente et d ’autant moins coûteux que • celui des logiciels ;
leurs prix sont en baisse continue et rapide. • la réorganisation parfois profonde du ser
En conséquence, les communes petites et vice informatisé ; Y
moyennes (de 2 000 à 20 000 habitants) • la réorganisation des relations entre les
s’informatisent, ce qui provoque des change différents services de la ville.
ments considérables : Le second point et surtout le premier acca
— La forme particulière de la pyramide parent trop souvent l’attention des autorités
urbaine française (97% des communes ont locales, alors que ce sont les deux derniers qui
moins de 5 000 habitants) explique l ’élargis posent les questions les plus délicates et les
sement immense et soudain du marché de plus intéressantes. L’informatisation risqüe
l ’informatique municipale. Les grands fabri d’être un demi-échec si elle ne coïncide pas
cants (IBM, Bull, etc.) y perdent une partie de avec une réorganisation du travail et une redis
leur influence : le grand renom de i b m , acquis tribution des tâches.
principalement en formant des informaticiens Sa principale justification est de facilitei
professionnels, joue désormais un rôle plus considérablement la collaboration entre des
faible. Des fabricants français (Leanord, Add- services distincts partageant, par exemple, les
X, Normerel, Logabax) et des sociétés de mêmes bases de données. Il est malheureuse
service, petites mais implantées localement, ment trop fréquent que les services munici
commencent à fournir ce marché en expan paux refusent de collaborer plus étroitement
sion. Cependant, leur répartition sur le terri entre eux et s’équipent séparément en s’igno
toire est encore irrégulière et la qualité de rant. C ’est que la réorganisation entraî
leurs services inégale. née par l ’informatique est douloureuse : elle
— Les utilisateurs de ces systèmes infor bouleverse les habitudes, change l’organi-
;.»17 INSALUBRITÉ
gminme, attaque les privilèges. En imposant est une très ancienne préoccupation de la
une standardisation des procédures et des puissance publique, un élément traditionnel
données, elle rend certaines personnes moins de la «police» et une loi du 13 avril 1851 a
Indispensables et certains rôles moins néces défini la notion d ’îlot insalubre à démolir
saires. sous responsabilité des maires. L’état phy
B. M. sique du logem ent était considéré en lui-
même comme mortifère et porteur de mala
» Système d'information géographique (sic) ; Télématique. dies (« le s murs qui tuent») à la suite des
ravages du choléra au début du XIXe siècle,
puis sous la forte influence de l ’école pasto
INFRASTRUCTURES rienne. Malgré des contestations - c ’est la
misère qui fait mourir et non les maisons -
Ensemble des installations réalisées au sol cette idée demeura très vivace. Suite à l ’échec
ou en souterrain permettant l’exercice des de la loi de 1851, restée lettre morte, le traite
activités humaines à travers l’espace. Elles ment de l’habitat insalubre a été réorganisé
comportent notamment : par la loi de santé publique de 1902 qui a
— les infrastructures de transport : voirie et institué un dispositif cohérent, pour l’essen
stationnement; chemins de fer et métros; tiel encore en vigueur : édiction par le maire
rivières, canaux et ports ; aéroports, etc. ; d ’un règlement sanitaire municipal, institu
— les aménagements hydrauliques, éner tion d’une autorisation de bâtir devant être
gétiques, de communication ; conforme à ce règlement, arrêtés d’insalubrité
— les réseaux divers (eau, assainissement, prescrivant les travaux à réaliser par les pro
électricité, gaz, téléphone) ; priétaires, exécution d ’office, à leur charge,
— les espaces collectifs aménagés (parcs, desdits travaux en cas de défaillance, hypo
jardins, cimetières, terrains de sport). thèque légale sur le bien pour garantir la
On distingue : créance publique.
• les infrastructures primaires, qui ont un L’hygiénisme constitua le fondement d’une
rôle pour toute une ville ou une région ; politique systématique de démolition, celle-ci
• les infrastructures secondaires, qui concer étant considérée comme le seul moyen d’éra
nent un quartier ou une opération ; diquer le mal. Ce mouvement de pensée
• les infrastructures tertiaires, qui concer imprégna tout l ’urbanisme moderne de
nent un groupe de logements, un équipement, l ’entre-deux-guerres et de l’après-guerre en
une entreprise d ’activités, etc. France, comme le mouvement hlm, encore
La répartition des financements entre l’État, aujourd’hui. C’est dans cet esprit que furent
les collectivités locales et les constmcteurs mises en place les opérations dites de rénova
dépend de cette classification. tion urbaine, organisées par les décrets de
P. M. 1958: opérations lourdes de démolition-
reconstruction entraînant déplacement des
-* Coût d'investissement des transports; équipements collec habitants et destruction du patrimoine urbain.
tifs; Moyen de transport; Stationnement; Voirie; Voirie et
réseaux divers ( vro ). En effet, les caractéristiques architecturales et
urbaines de la v ille traditionnelle, non
conformes par définition aux préceptes de la
INGÉNIERIE —►Maître d'œuvre modernité, ont justifié cette politique urbaine,
sous couvert de santé publique.
Une loi du 10 juillet 1970, dite « lo i
INONDATION —> Étanchéité; Risque naturel Vivien », institua les procédures de résorption
de l ’habitat insalubre (rhi): ses objectifs
concernent essentiellement la résorption des
INSALUBRITÉ bidonvilles (déjà engagée par une loi de 1964,
jugée inefficace) et la lutte contre les « mar
État d’un logement, d’un ensemble de loge chands de sommeil ». Cette loi a essentielle
ments (îlot, habitat) ou d’un quartier qui est ment institué un mécanisme dérogatoire du
malsain et donc nuisible pour la santé. droit commun de l ’expropriation pour accélé
La lutte contre la dégradation de l’habitat rer la démolition des îlots déclarés irrémédia-
INSALUBRITÉ «•If
d’office à la réalisation des travaux prescrits, discuter, mais ne pouvait, en droit strict, impo
aux frais du propriétaire. L’inscription d’un ser une décision qu’en classant l ’immeuble
privilège immobilier spécial, institué par objet de litige.
l’ordonnance du 11 janvier 2007 garantit L’application pratique de ces principes a
cette créance, ainsi que les éventuels frais de été renforcée par le système des autorisations
relogement ou d’hébergement des occupants. propres du Code de l’urbanisme, en particu
Suite à l ’adoption de la loi Solidarité et lier par le régime du permis de construire et
renouvellement urbains du 13 décembre 2000, celui du permis de démolir, précisés par la loi
une politique publique de lutte contre l’habitat du 6 janvier 1986.
indigne a été lancée et des moyens financiers Le régime de l ’inscription permet donc une
mis en place, notamment par I’anah , afin protection juridique satisfaisante des monu
d’aider les propriétaires. Cette politique est ments concernés, mais cette protection n ’est
axée sur la réalisation de travaux, la démoli cependant pas analogue à celle du classement,
tion devenant exceptionnelle. car la maîtrise d ’œuvre des travaux d’entretien
On estime aujourd’hui le parc de logements ou de restauration n ’est pas effectuée dans les
indignes, c ’est-à-dire insalubres ou dangereux mêmes conditions, et les contrôles concernant
et dont le traitement relève des pouvoirs de la nature et la qualité des travaux sont bien
police administrative exercés par les préfets moindres.
(insalubrité) et les maires (police générale Depuis 1984, l ’inscription au titre des
fondée sur le règlement sanitaire départemen monuments historiques est déconcentrée au
tal, police spéciale des bâtiments menaçant niveau des préfets de région : l’instruction est
mine, police spéciale de la sécurité des hôtels faite par les drac et les dossiers soumis à
meublés) à quelque 600 000, également répar une commission régionale du patrimoine his
tis entre des propriétaires occupants et des torique, archéologique et ethnologique (core-
bailleurs comme entre le milieu urbain et le phae) avant signature de l’arrêté d’inscription
milieu rural. par le préfet.
Par ailleurs, divers textes confirment l’obli Cette déconcentration de l ’inscription a
gation de joindre à toute promesse de vente entraîné un accroissement sensible des monu
ou d’achat et à tout contrat de vente un état ments inscrits et une grande hétérogénéité de
mentionnant la présence éventuelle de maté ce patrimoine, selon les sensibilités locales et
riaux contenant de l ’amiante ou, pour les faute de principes de doctrine nationale.
immeubles construits avant 1949, du plomb Il existe aussi une inscription au titre des
et, dans les zones contaminées, des termites. sites, en application de l’article 4 de la loi du
N. B.
2 mai 1930, dont le régime juridique est le
même que celui de l ’inscription au titre des
■+ Agence nationale de l'habitat (anah); Bidonville; Démunis monuments historiques.
(logement des); Hygiène publique; Logement décent; Opé
ration programmée de l'habitat (o pa h ) ; Réhabilitation ; Réno F. C. et N. B.
vation urbaine.
Classement; inventaire général du patrimoine culturel.
INSCRIPTION
INSÉCURITÉ
Procédure créée en 1927, instituant et pro
tégeant une catégorie de monuments non cou Insécurité : absence de sécurité physique ou
verts par la loi de 1913. psychique.
Il s’agissait à l’origine d’une simple mesure L’insécurité occupe une place importante
de précaution, à effets limités dans le temps, dans la société contemporaine où ce terme,
prise par l’administration qui peut inscrire un qui renvoie a priori à des connotations psy
édifice sans consultation du propriétaire. chologiques, revêt un contenu idéologique
Nécessairement informé après coup, celui-ci qui le limite surtout à la notion d’insécurité
était seulement tenu de faire connaître ses urbaine.
intentions quatre mois avant de passer à l’exé L’insécurité routière, en termes d’accidents
cution de ses travaux de transformation. de la circulation automobile, ou encore l’insé
L’administration avait toute latitude pour en curité issue de catastrophes naturelles,
INSPECTEUR DES MONUMENTS HISTORIQUES 4*tL
leu installations classées. L’inspection des ins l’intégration systémique. La première expres
tallations classées a un droit de contrôle per sion désigne les relations entre les acteurs
manent. sociaux et les systèmes de socialisation des
Une taxe unique, perçue sur les installa individus, mettant l’accent sur les fonctions
tions classées, et une redevance annuelle, qui normatives. La seconde expression désigne
ne concerne que celles qui font courir un les relations entre les parties du système social
risque particulier, contribuent au financement et ses capacités de régulation, mettant l’accent
de ce dispositif. sur des fonctions d’adaptation.
1 P. M. D. L.
intérêts de cette période peuvent être reportés Toutefois, les nécessités pratiques de la
sur la période suivante (il s ’agit alors d’un conservation conduisirent rapidement à une
simple mécanisme de financement) ou pris en dissociation entre l’inventaire pragmatique,
charge par une collectivité publique (il s’agit prioritaire, dressé sous forme de liste par la
alors d’une aide publique). Commission des monuments historiques et
l ’inventaire purement archéologique et scien
: i; P.-H. D. et P. M.
tifique. Celui-ci commença d ’être élaboré,
Actualisation;Investissement. sans concertation ni systématisme, à la fois
par les sociétés d ’archéologie qui publièrent
quelques remarquables « statistiques monu
INVENTAIRE GÉNÉRAL mentales» régionales et par le Comité des
DU PATRIMOINE CULTUREL travaux historiques auquel on doit le Réper
toire archéologique des départements (1861
Les réformes récentes du régime des monu 1888). De son côté, le ministère de l’Educa
ments historiques, en partie pour éviter tout tion nationale faisait entreprendre l’Inventaire
risque de confusion de l ’Inventaire général général des richesses d ’art de la France
dont il sera question ici avec des mesures de (1874-1913), demeuré sans suite.
protection juridique, ne se réfèrent plus à des Après avoir joué un rôle pionnier, la France
immeubles inscrits à l’inventaire supplémen avait pris un retard considérable par rapport à
taire des monuments historiques ou à des d ’autres pays européens (Italie, Allemagne,
objets mobiliers inscrits à l’inventaire supplé Grande-Bretagne) en matière d ’inventaire
mentaire à la liste des objets mobiliers classés, monumental scientifique.
mais à des immeubles inscrits (tout court) ou André Malraux, alors ministre de la
à des objets mobiliers -inscrits (tout court) au Culture, mit en chantier en 1964 et sous
titre des monuments historiques. Subsiste l ’autorité scientifique de l ’historien de l’art
cependant une «inscription à l’inventaire» André Chastel, / Inventaire général des monu
des sites. ments et richesses artistiques de la France,
Si des recueils de monuments (dotés d’un qui s’attache à tous les trésors de notre patri
prestige politique ou religieux) étaient apparus moine depuis les monuments jusqu’aux
en Europe dès le XVIIe siècle sous la plume objets. Quarante années d’expériences et de
d’«antiquaires», tels les Français Félibien savoir-faire ont permis à l ’Inventaire général
(1681) ou Montfaucon (1724-1733), le terme de renseigner plus de 180 000 édifices et
d’inventaire est appliqué pour la première 210 000 objets dans près de 40 000 communes.
fois, avec sa double finalité, aux monuments Chaque opération d ’inventaire procède par
historiques, dans le cadre de la Révolution aire d ’étude, fraction du territoire qui est
française. Le décret du 4 septembre 1792 spé explorée systématiquement, soit en s ’atta
cifie quatre catégories d ’objets expropriés chant à toutes les composantes du patrimoine
dont il réclame l ’« inventaire raisonné » en (opération topographique), soit à une seule
vue de leur conservation et, deux ans plus tard d’entre elles (opération thématique, telle que
(15 mars 1794), le Comité d ’instruction le patrimoine industriel, balnéaire, hospitalier
publique de la Convention publie son Instruc ou militaire, l’orfèvrerie, le vitrail, etc.).
tions sur la manière d ’inventorier et de La loi du 13 août 2004, dite des libertés
conserver, notamment les monuments de et responsabilités locales, donne, en son
l’architecture. Ces deux textes sont animés article 95, un fondement légal, sous le nom
d’une volonté d’exhaustivité et d’objectivité récent d Inventaire général du patrimoine
scientifique due à leur rédacteur, le naturaliste culturel, à cette entreprise documentaire
Vicq d’Azyr. Les progrès de l ’histoire de l ’art sans effets ni contraintes juridiques. Elle
ont ensuite permis au Comité des arts et confie la conduite des opérations, de la pro
monuments, créé par Guizot (1837), d’étendre grammation jusqu’à la valorisation, aux
les ambitions de l ’inventaire qui se proposait conseils régionaux, sous le contrôle scienti
désormais de couvrir «tous les monuments fique et technique de l’État. Conformément
d’art en France, dans tous les genres», et aux prérogatives de libre administration des
d’affiner ses méthodes ( Cahiers d'instruc collectivités territoriales, les régions ont toute
tions de 1846). latitude dans leurs choix d’opportunité. Elles
INVESTISSEMENT "424
peuvent confier « aux collectivités territoriales Pour l ’élaboration des documents d’urbal
ou aux groupements de collectivités qui en nisme, les données que collectent lé»
font la demande la conduite, dans leur ressort, enquêtes d’inventaire se greffent sur les sys»
des opérations ». La mise à disposition de ser tèmes d’information géographique ( sig) de
vices de l’État est devenue transfert définitif tout acteur concerné. La connaissance ainsi
et, avec divers rattachements selon les organi disponible constitue pour l’aménagement dtl
grammes, les services chargés de l’inventaire territoire un outil d ’aide à la décision. Suf
au sein des régions sont placés sous l’autorité l’ensemble des secteurs du patrimoine, le»
d ’un agent qualifié. résultats des enquêtes de l’Inventaire général!
Le contrôle scientifique et technique de lieu de compréhension de l’histoire des ville»
l’État a pour objet « de garantir, sur l’ensemble et des régions, permettent d’élaborer des polit
du territoire, la qualité scientifique et tech tiques raisonnées de gestion, de protection s i
nique des opérations d’inventaire et à en assu de mise en valeur. Ils facilitent la définition et
rer la cohérence, la pérennité, l’interopérabilité l ’administration des espaces protégés, tels
et l’accessibilité» (décret du 20 juillet 2005). que les zones de protection du patrimoine
Il définit les normes qui «portent sur les architectural, urbain et paysager (zppaup), les
méthodes de conduite des opérations, les voca secteurs sauvegardés ou les immeubles et sedt
bulaires, les schémas et les formats de don teurs soumis au 7° de l ’article L123-1 dq
n ées» . L’État contribue à la diffusion des Code de l’urbanisme. La reconnaissance défi
résultats des opérations auxquels il donne un points forts du patrimoine local peut débout
accès et une visibilité nationale par l’intermé cher sur une diversification de l’offre touris
diaire de bases de données en ligne (Mérimée tique, contribuer à construire et à diffuser une
pour l’architecture et les aménagements de image régionale originale ou fournir matière à
l ’espace, Palissy pour les objets et le mobilier, une animation culturelle du territoire. fi
Mémoire, catalogue d’images, etc.), complé Les programmes de recherche auxquels
tées par YAtlas de l ’architecture et du patri l’Inventaire participe, souvent en partenariat
moine qui donne à voir, sous forme de cartes et avec les universités et les écoles d ’architec
de plans, où se trouvent les œuvres et dans ture, nourrissent en connaissances fondamen
quel contexte elles se situent. L’État peut, par tales de nombreuses disciplines universitaire»
ailleurs, réaliser des opérations d’inventaire au (histoire, histoire de l’art, etc.). Sans préjudice
plan national : bilan sur le patrimoine indus du développement considérable de la dématé
triel, scientifique et technique, lancement rialisation de la documentation et de la misé
d’opérations sur le patrimoine littoral ou sur en ligne, les résultats dès études d ’inventaire
les réseaux de circulation tels que canaux, voie sont régulièrement diffusés par diverse»
ferrée, routes, etc. revues scientifiques et certaines enquête»
Dans cette nouvelle configuration, le d’envergure permettent la publication
Conseil national de l ’Inventaire général du d’ouvrages de synthèse qui font référence.
patrimoine culturel, dont les membres repré
F. C. et Ph. Pi
sentent à parts égales l’État, les collectivités
et le milieu de la recherche, est amené à jouer -* Classement ; Inscription ; M onument historique ; Patrimoine.
un rôle important par les avis qu’il formule et
les évaluations auxquelles il procède, notam
ment à partir des rapports annuels régionaux, INVESTISSEMENT
sur la qualité scientifique des opérations et
des résultats que l’on peut en attendre. Acte par lequel un agent économ ique,
Quant aux obligations qu’a l ’État de por généralement une entreprise, consacre tout ou
ter à la connaissance des communes ou de partie de ses surplus (ou des surplus d ’un
leurs groupements les informations néces autre agent) à l’acquisition ou à la fabrication
saires à l’exercice de leurs compétences dans de moyens de production supplémentaires :
le domaine de l’urbanisme, la loi du 13 août machines, équipements, outillages, etc.
2004 précise que le préfet fournit notamment L’investissement suppose donc l ’affectation
les études techniques dont dispose l ’État d’une épargne disponible à la production de
« en matière d ’inventaire général du patri nouveaux moyens techniques de production,
moine culturel ». c ’est-à-dire à de nouveaux biens capitaux.
425 ITINÉRAIRE (CHOIX D')
Une fraction de l ’investissement total (ou loppées dans les domaines des investissements
hrut) correspond au remplacement des urbains et des grands équipements d ’amé
machines usagées ou obsolètes : c’est l’inves nagement. Depuis Keynes, on distingue l ’effet
tissement de remplacement qui se substitue, créateur et l’effet multiplicateur de l’investisse
en quelque sorte, au capital amorti. Si l’inves ment. L’effet créateur d’un investissement se
tissement total ou brut est supérieur à cet mesure par la masse des biens et services qu’il
amortissement, il apparaît un investissement permet de produire, de vendre. On est conduit
net (un désinvestissement net si l’investisse à en comparer la rentabilité à celle d ’autres
ment bmt est inférieur à la valeur du capital projets d’investissement. L’effet multiplicateur
amorti). Seul l’investissement net contribue à de l’investissement est macro-économique et il
l’accumulation du capital. Les comptables est lié mécaniquement à la propagation des
nationaux préfèrent parler de «form ation flux de dépenses qu’il occasionne à travers
brute de capital fix e » (FBCF) plutôt que tout le système économique. Keynes a beau
d’investissement brut, mais il s ’agit bien du coup insisté sur cet effet multiplicateur comme
même concept. , facteur de relance lorsque les économies sont
Le financement des investissements se fait en situation de sous-emploi généralisé. À long
soit sur les ressources propres de l ’agent terme, c ’est évidemment l’effet créateur de
(autofinancement), soit à partir des surplus richesses qu’il convient de privilégier. Les
d’un autre agent (emprunt). théoriciens du développement ont d ’ailleurs
Les investissements ne sont évidemment montré qu’un taux d’investissement minimum
réalisés que s ’ils sont jugés rentables par était nécessaire pour assurer le décollage des
l’agent qui les décide, par exemple l ’entre économies sous-développées. D e nos jours,
prise. L’estimation de cette rentabilité, a priori, et sous tous les régimes, l’investissement pro
est l’un des points difficiles de l’analyse éco ductif demeure l’une des clés de la croissance
nomique. Les bénéfices futurs escomptés et économique.
actualisés sont comparés au coût d’acquisition P.-H. D.
des emprunts (ou au coût d ’opportunité des
fonds propres en cas d ’autofinancement). - , Coût de l'urbanisation; Coûts-avantages (analyse); Écono
m ie ; Intérêt.
Cette opération, déjà aléatoire dans le cas des
investissements productifs du secteur mar
chand, est encore plus délicate s ’agissant de la
rentabilité sociale d’investissements collectifs ISOLANTS (MATÉRIAUX) - » Chauffage;
comme une autoroute, un hôpital, une univer Énergie
sité, un opéra, des installations militaires, etc.
Or, l’aménagement urbain et, dans une large
mesure, la production immobilière entrent ISOLATION PHONIQUE -► Bruit
directement ou indirectement (logements
aidés) dans ce cadre collectif. C’est la raison
pour laquelle les méthodes coûts-avantages, ITINÉRAIRE (CHOIX D') -> Modèle
coûts-efficacité, etc., ont été largement déve de transport ; Valeur du temps
"Ml
■'itil
;-!sl
•;‘l«
i'H»
■;ih
-si!
■i'ill
!ti
;---{|
-:!!
' •%
•H;
J
pouvant les reprendre pour les vendre comme JARDIN OUVRIER —►Jardin familial
terrains constructibles ou les pouvoirs publics
les exproprier pour cause d’utilité publique (tel
a été le cas lors de la construction du boulevard JARDIN PRIVÉ —> Art du jardin ; Jardin
périphérique de Paris entre 1957 et 1973). familial ; Paysage
Pourtant, ces jardins constituent un outil de
gestion de l ’espace préférable aux friches
urbaines ou agricoles. Ils peuvent même JARDIN PUBLIC
constituer un moyen efficace de réhabilitation
de friches ou de « délaissés » urbains (zones En son sens strict, le jardin public est un
enserrées par des infrastructures et de ce fait espace vert urbain, enclos, à dominante végé
inconstructibles) sous réserve que les nuisances tale, protégé des circulations générales, libre
(bruit, fumées, gaz d’échappement) ne consti d’accès, conçu comme un équipement public
tuent pas une contre-indication. Ils jouent en et géré comme tel. Il doit, de ce point de vue,
outre un rôle social que les initiateurs du mou être considéré comme une invention de l’urba
vement avaient bien perçu. Ils permettent enfin nisme du Second Empire. ‘î
une meilleure compréhension des problèmes Le parc est également un espace vert public,
du paysage et de l ’agriculture. Il revient aux essentiellem ent planté, mais de grandes
collectivités locales d’aménager ces terrains et dimensions, jusqu’à une période très récente,
de les rendre ainsi à une activité économique et l ’aménagement des parcs se référait à deux
sociale. On peut aussi imaginer des jardins traditions : celle de la composition dessinée
familiaux sur des exploitations agricoles : les rigoureuse, qui triomphe en France à l ’époque
agriculteurs mettraient alors des petites par de Louis XIV, avec le m odèle du parc de
celles à la disposition des citadins et leur appor Versailles ; celle, d’origine anglo-saxonne et
teraient une aide (matériel, travail, conseils). surtout anglaise, de la reconstitution savante
La seule incitation est l ’exonération de d’une nature « authentique » ne laissant pas
la taxe foncière sur les terrains non bâtis apparaître le travail de l’homme.
dans les commîmes de plus de 5 000 habitants. Le square, dans son acception française, est
Cependant, certains conseils généraux un jardin public formé au centre d ’une place
apportent une aide à la création de jardins bordée de façades, contourné par les circula
(subvention ou réalisation directe de jardins). tions. Il ne doit pas être confondu avec le
En Ile-de-France, l ’Agence des espaces verts square londonien, espace libre au centre d’un
(aev ) apporte également des subventions à îlot quadrangulaire, réservé à l’usage des rive
des associations ou à des collectivités territo rains, à l ’origine espace minéral servant de
riales qui achètent des terrains à cette fin ou cour, qui fut ensuite souvent planté.
qui aménagent des jardins : depuis son institu Le terrain de jeux est un espace public de
tion en 1982, elle a permis la création de proximité de petite dimension destiné exclusi
quelque 30 000 jardins. Outre le maintien des vement aux jeux des enfants. La réalisation
jardins existants, certains, mal gérés, prennent de cet équipement peut être exigée lors de la
une allure de bidonvilles et ont besoin d’une délivrance d ’un permis de construire ou d ’une
véritable réhabilitation. Une action pédago autorisation de lotir, voire être inscrite dans
gique doit être menée auprès des utilisateurs les documents d ’urbanisme (pos et plu).
pour qu’ils contribuent à l ’amélioration du Les terrains pour l ’aventure sont apparus
paysage. Les accès piétonniers, pour les dans les années 1970. Inspirés de multiples
exploitants et pour les visiteurs, nécessitent expériences anglo-saxonnes, ils ont pris en
d’être améliorés et entretenus. France une vocation sociale affirmée. Ce sont
Si, il y a quelques décennies, les jardins des espaces de 1 000 à 6 000 m2 où les jeunes
familiaux paraissaient n ’être plus qu’une sur adolescents peuvent librement développer des
vivance, ce n ’est donc plus du tout le cas activités inform elles, éventuellem ent avec
aujourd’hui, ceci en liaison avec la montée l’encadrement non directif d’un adulte spécia
des valeurs écologistes. lisé. Il est doté d ’équipements sommaires
P. M. (petit local, bloc sanitaire) et clos de manière
à préserver l’isolement des jeunes qui le fré
-¥ Banlieue. quentent. Il vise à développer l ’autonomie et
429 JUGE FONCIER
Ih sociabilité des enfants, notamment dans les sible à tous en toute égalité, et dont chacun
quartiers de logements collectifs. Mais cet iso peut cependant avoir son usage personnel, est
lement même peut conduire à des dérives, ce un lieu policé, mais d’une manière qui lui est
qui a limité, après une phase initiale de grand propre : le « gardien de la paix » n’a pas laissé
succès, leur multiplication. la même image dans la littérature selon qu’il
est saisi dans la rue ou dans le square.
Si la notion de jardin public prend son sens Le jardin public devint en même temps un
contemporain au XIXe siècle, l’usage public de élém ent de la réorganisation de l ’espace
certains jardins est cependant antérieur. urbain. Haussmann et le « service des prome
C’est au XVIIe siècle que les jardins s’affran nades et plantations de la ville de Paris », au
chirent des habitations et firent l ’objet d’amé nom de l’hygiène et de l ’aération de la capi
nagements très dessinés. D es propriétés tale, mais aussi d’une vision ordonnée de la
particulières commencèrent à être ouvertes au vie collective (le jardin est un « salon à ciel
public : jardins religieux, aristocratiques ou ouvert», mais un salon gardé), définirent
royaux. Ainsi en est-il, par exemple à Paris, trois niveaux d’équipement pour Paris :
du jardin des Tuileries, du Luxembourg ou du • les grands parcs suburbains (bois de
jardin du Chapitre de Notre-Dame (réservé Boulogne et de Vincennes : 850 et 900 ha) ;
aux hommes). « Le premier jardin véritable • les parcs urbains, de 10 à 15 ha (parc
ment créé pour le public fut le Jardin des Monceau, parc des Buttes-Chaumont, parc
Plantes, alors appelé Jardin Royal des Plantes Montsouris, qui complètent les grands jardins
médicinales », créé au milieu du XVIIe siècle et cimetières) ;
(P. Lavedan). • les squares, de 1 500 à 20 000 m2 (il en
Ouvert en 1640, le jardin du Palais-Royal existe actuellement plus d’une centaine).
appartenait au domaine du duc d ’Orléans, L’aménagement de ce «systèm e vert»
donc inaccessible à la police royale, contrôlé donna lieu à la création d’un mobilier urbain
par les propres gardes du duc. Ce dernier y fit original, encore présent : grilles, bordures de
construire une galerie marchande ; des hôtels, massifs et de pelouses, panneaux de signalisa
clubs, cafés et boutiques s ’y créèrent ; des tion, kiosques, édicules, bancs, lampadaires,
spectacles y étaient donnés. Les élites aristo etc. Il ponctue l’espace vert de produits manu
cratiques et bourgeoises s’y rencontraient, les facturés, dans lesquels la fonte et le fer jouent
idées nouvelles y circulaient librement, la le premier rôle.
presse s ’y développait. Les jardins prirent Diffusé dans toutes les grandes villes de
ainsi une importance de plus en plus grande France, ce modèle domina jusqu’à la seconde
dans la vie citadine au XVIIIe siècle, d’autant guerre mondiale, et perdure encore aujour
qu’ils portaient une sensibilité nouvelle à la d’hui. Les constructions de quartiers périphé
nature, sauvage et providentielle à la fois, riques (grands ensembles ou lotissements) et
pure en tout cas. L’influence de la conception de villes nouvelles ont donné lieu à de nou
anglaise du landscape —vision idéalisée d’une velles formes d’espaces verts. Mais le concept
campagne paisible, offerte dans le prolonge de jardin public ou de parc en tissu urbain
ment de la perspective d’un parc - se fit sentir. continu n ’a, en fait, guère changé.
Le «parcpaysager» s’opposait à la tradition J.-B. P. et V. S.-M. G.
du parc « à la française » et de ses ordonnan
cements architecturaux hérités de l ’époque -* Aire de jeux; Espace vert; Parc; Paysage.
classique.
Ce sont des usages bien différents que
développa le xixe siècle, notamment sous le JE U - » Fête ; Loisirs touristiques
Second Empire. Le jardin devint le lieu de la
promenade bourgeoise, celui surtout où les
nourrices promenaient les enfants. L’équipe JEU X (THÉORIE DES) -* Simulation
ment de l ’espace changea: marionnettes,
manèges et jeux d’enfants, kiosques à bon
bons. Le jardin «public», c ’est-à-dire acces JU G E FONCIER -> Expropriation
l
LAGUNAGE - » Assainissement croissance (1 000 lieux de culte ouverts au
cours des trente dernières années, soit un
tiers au total). Les juifs sont à peine 1 % de
LIEU DE CULTE la population. 28% se déclarent athées. On
compte quelque 200 synagogues. Il y a envi
Le paysage urbain et rural est marqué par ron 150 temples bouddhiques. La majorité
les lieux de culte qui constituent souvent un de la population ne pratique aucune religion,
signal visuel (clocher des églises, minaret des mais 28 % seulement se déclarent athées.
mosquées). En France, chaque village, chaque L’islam est devenu, du fait de l ’immigra
quartier a son église et parfois d’autres lieux tion, la seconde religion par le nombre de per
de culte (temple protestant, mosquée ou salle sonnes qui s’en réclament et par le nombre de
de prière musulmane, synagogue juive, temple pratiquants réguliers. Le nombre de musul
bouddhique). , mans est mal connu et fait l ’objet de polé
Depuis la loi de 1905 (séparation de l’Église miques récurrentes. L’insee avance le chiffre
et de l ’État), les églises paroissiales et les de 4 m illions, dont un tiers seraient prati
biens dont elles disposaient ont été dévolus quants. D ’autres sources avancent des chiffres
aux communes, qui ont la responsabilité de de 5 ou 6 millions, voire davantage (dans ce
leur entretien, mais les laissent à disposition dernier cas au moins dans un hut polémique).
des fidèles et des ministres du culte, qui ne Les mosquées étaient traditionnellement peu
peuvent les aliéner. L’Église catholique est nombreuses (150 en 1976), et cette carence
très majoritaire en France (les deux tiers de la était comblée par des salles de prière, dont
population, mais 42 % seulement se déclarent certaines d’usage intermittent. Ces lieux de
catholiques et il n ’y a que 9% qui ont une culte musulmans ont rapidement progressé en
pratique religieuse régulière). Elle dispose de nombre (900 en 1985, 1 550 en 2001, 2 150
45 000 édifices, mais seuls quelques milliers en 2008). Mais la construction de mosquées
font encore l’objet d’un service régulier. Elle ou même la présence de salles de prière sou
doit cependant construire des églises dans les lève une forte opposition d ’une partie de la
nouveaux quartiers et financer leur construc population : selon un sondage (qui date de
tion et leur entretien. Ces constructions, peu 1989 il est vrai), 38 % des Français se décla
nombreuses, sont paradoxalement souvent raient explicitement opposés à la construction
peu fréquentées. La construction la plus de mosquées. La construction de la grande
importante de la période récente a sans doute mosquée de Lyon, financée aux deux tiers par
été celle de la cathédrale d’Évry, dans la ville l ’Arabie Saoudite et inaugurée en 1994, a sus
nouvelle, ouverte au culte en 1995. cité de nombreux débats. Les collectivités
Les protestants représentent moins de 3 % locales et les pouvoirs publics sont néanmoins
de la population. Les diverses Églises pro conscients de l ’urgence d’ouvrir aux musul
testantes disposent de 3 000 temples, mais mans des lieux de culte décents. Mais deux
les constructions neuves concernent presque difficultés se présentent. D ’une part, il ne
exclusivement l’Église évangélique en forte paraît pas souhaitable qu’une part importante
LINÉARITÉ 432
du financement vienne de pays étrangers, qui n ’est lisible que d’avion ou du haut d’un édi
peuvent vouloir en tirer une influence reli fice élevé. En revanche, le piéton et l’automo
gieuse et politique. D ’autre part, la loi de sépa biliste ne le perçoivent que par fragments, de
ration de l ’Église et de l ’État interdit tout façon diachronique. Davantage, si les lois de
financement public : certaines municipalités la « bonne forme » peuvent être considérées
sont obligées de recourir à des artifices pour comme régissant un niveau de base de la per
mettre des terrains à disposition tout en res ception de l’espace bâti, en revanche, la pure
pectant la lettre de la loi (que certains ont pro forme en soi, pastichée par les praticiens qui
posé de modifier, hypothèse qui soulève elle- cherchent à déterminer les constantes for
même une polémique). melles d’une morphologie urbaine universelle
P. M. (B. Hillier), n ’est pas plus isolable dans le cas
de l’espace urbain que dans celui de l’écriture.
- » Architecture religieuse. Car, en second lieu, l’espace bâti, bien qu’il
ne soit en aucune façon l’équivalent d’un texte
écrit, n ’en demeure pas moins, comme tout
LINÉARITÉ —> Cité linéaire artefact humain (y compris la forme de l’écri
ture), porteur de signification. Il est en perma
nence offert à l’interprétation de ceux qui s’y
LISIBILITÉ meuvent.
Cette interprétation est fonction d’un autre
Qualité de ce qui est lisible. Ce terme a type de lisibilité, relative et non plus univer
été transposé dans le champ des études selle, programmée par des spécificités cultu
urbaines pour désigner les conditions for relles et individuelles. Les codes sociaux qui
melles facilitant l’appréhension visuelle d ’un conditionnent ainsi la lisibilité de l’espace bâti
ensemble bâti plus ou moins vaste. Cette sont multiples. Le linguiste anthropologue
notion a été élaborée dans le contexte de américain, B. Whorf (Language, thought and
l ’urbanisation intensive des années 1950- reality, 1956, Cambridge, Mass., trad. franç.
1960, selon une double perspective critique 1969, Paris) a, le premier, montré le rôle du
et normative qui dénonçait l ’« illisibilité » découpage linguistique dans la perception de
des réalisations urbaines de l’ère industrielle l’espace et la spécificité lexicale qui caracté
jusqu’au deuxième après-guerre et cherchait rise, à cet égard, les langues des différentes
à établir des règles formelles pour l’édifica cultures. La lisibilité renvoie également, entre
tion des nouveaux programmes. La lisibilité autres, au mode de découpage du sol, à la
était ainsi posée comme une des valeurs clés typologie et au style des édifices. La richesse
de l’environnement bâti. de l’interprétation est directement fonction de
Mais la transposition métaphorique de celle des codes sociaux entrant en jeu et
l ’écrit au bâti ne va pas sans difficulté. Au qu’elle suppose donc connus. A insi, par
sens strict, elle n ’est pas pertinente puisque le exemple, les villes de l’Islam sont apparues
tissu urbain n’est pas l ’objet d’une double labyrinthiques et illisibles aux premiers voya
articulation et ne peut donc être assimilé à un geurs occidentaux : ceux-ci ignoraient les
discours. Toutefois, dans une acception plus codes qui régissent leur espace et dont la
large, la métaphore de la lisibilité n ’est pas connaissance, acquise par la pratique sociale,
sans intérêt heuristique. les rend immédiatement déchiffrables par
Tout d’abord, elle pourrait être recevable à leurs habitants. Pour ces derniers, la lisibilité
condition de limiter les termes comparés au est la condition de l ’appropriation de leur
pur graphisme de l’écriture (indépendant de espace. De même, une approche anthropolo
sa valeur sém iotique) et à un pur design gique a permis de montrer que des groupes
urbain, autrement dit à la perception de sociaux appartenant à des sociétés non occi
formes qui, les unes et les autres, relèvent des dentalisées ne parviennent pas, une fois trans
lois universelles de la Gestaltpsychologie. On plantés dans des espaces aux formes
observera toutefois que la perception de la géométriques simples, à y découvrir une lisi
forme urbaine dépend essentiellem ent du bilité qui leur permette de se les approprier
point de vue adopté : la forme d’un plan tracé (cf. P. Bourdieu et A. Sayad). Un autre
et clairement lisible sur la planche à dessin exemple peut être fourni par le travail des
433 LITTORAL
archéologues et des historiens qui, grâce à l ’environnement bâti. D ’autre part, dans la
Taccumulation progressive d’informations sur mesure où la charge sémantique d’un espace
les pratiques sociales des sociétés antiques, est fonction de ses références à des codes
permet de redonner une lisibilité au chaos de sociaux, établis et connus aussi bien du prati
leurs villes en ruines. cien que de ceux pour qui il œuvre, il est clair
On voit ainsi que la lisibilité présente une que, dans le contexte actuel de changement
hiérarchie de sens et de niveaux concernant la social et d ’acculturation généralisée, l’urba
simple orientation dans la ville, l’appropria niste est démuni: soit du fait de l ’absence
tion de l’espace urbain ou encore sa connais d’une tradition spatiale de référence, soit par
sance conceptuelle. Ces trois niveaux sont ignorance des références propres à une culture
solidaires dans les sociétés traditionnelles où, minoritaire donnée.
toutefois, la connaissance des codes sociaux, F. C.
qui sous-tend l’appropriation, n’est pas néces
sairement conceptualisée et peut demeurer -> Appropriation ; Forme urbaine; Morphologie (urbaine);
Sém iologie; Typologie.
implicite. Ces niveaux tendent, en revanche, à
être dissociés dans les sociétés industrialisées.
Dans sa pratique, l’urbaniste est concerné
par la lisibilité dans la mesure essentielle où LITTORAL
elle conditionne l’orientation et son appropria
tion de l’espace urbain. L’orientation, dans les Le littoral est un espace linéaire (environ
agglomérations des pays développés aussi 7 000 km de longueur en France métropoli
bien que des pays en voie de développement, taine), particulièrement sensible, offrant à
tend aujourd’hui à être traitée, de façon stan l’aménagement des conditions difficiles :
dardisée, par la signalétique urbaine. Celle-ci — les littoraux attirent des populations
constitue un système adjuvant sui generis, importantes, dans et hors des villes (en France,
dans lequel l’écrit joue un rôle important. Cer la densité moyenne des communes littorales
tains travaux ont tenté d’opérer une synthèse est plus du triple de la densité moyenne du
entre orientation et appropriation de l’espace. pays) ;
Dans son ouvrage pionnier, The Image o f the — les littoraux attirent des activités qui ont
city (Cambridge, Mass., 1960), K. Lynch assi des besoins souvent contradictoires : ports
milait la perception des formes urbaines à une (pêche, plaisance, commerce), baignade,
image, évitant ainsi la métaphore de la lisibi aquaculture, etc. ;
lité, à laquelle il substituait la notion d’« ima- — les littoraux sont exposés aux destruc
geabilité ». Ce travail novateur devait exercer tions de la mer. Les eaux qui les baignent sont
un rôle stimulant tant au plan théorique qu’au particulièrement polluées. D ’autre part, la pol
plan pratique. Il définissait, en particulier, des lution marine est, pour une large part, issue des
types de repères urbains (allant du monument littoraux ; leur surveillance est un moyen privi
au marteau de porte) autour desquels l ’image légié de lutter contre la pollution.
se structure, mais il n ’évitait pas la confusion A insi, les régions littorales constituent
entre bonne forme et forme codée et, axé sur des écosystèmes spécialement sensibles. Il
la recherche de constantes objectives, ne fai n ’est donc pas étonnant que les pouvoirs
sait pas la part suffisante à la notion de relati publics exercent des droits de surveillance
vité culturelle. rigoureux sur ces espaces, et ce sur une cer
Solidaires de recherches en cours dans taine profondeur.
d’autres domaines (psychologie, anthropologie En France, de la mer vers la terre, on ren
culturelle, histoire de l ’art), les travaux sur la contre successivement :
lisibilité de l’environnement bâti sont aujour — Le domaine public maritime, « le sol et
d’hui encore peu avancés et n’apportent aux le sous-sol de la mer territoriale », ainsi que
urbanistes que des enseignements limités. les lais de mer (« terrains que la mer laisse à
D ’une part, il semble bien qu’au-delà des lois découvert en se retirant»). Il couvre ainsi
fondamentales de la psychologie de la forme, tous les espaces «jusqu’au point où les plus
l’articulation spatiale des différences anthropo hautes mers peuvent atteindre en l’absence de
logiques et sociales est, comme Sitte l’obser perturbation météorologique exceptionnelle ».
vait déjà, un facteur important de lisibilité de L’usage du domaine public maritime est très
LITTORAL
434
collaboration avec le Conseil national du lit l ’aménagement dans les années 1960, i)
toral, a souligné la forte activité résidentielle exprime bien la volonté de mettre en lumièrè
(530 000 habitants supplémentaires en vingt les priorités de l ’action d ’aménagement -et
ans), économique et touristique, qui s ’est net donc d’éclairer la portée et les conséquences
tement accélérée depuis la loi de 1986. Mais de choix qui s ’inscriront dans les documents
le rapport estime que les principes qui ont d ’urbanisme. Historiquement, en France, la
présidé à l’élaboration de celle-ci demeurent pratique très libre des livres blancs est apparue
d’actualité. Selon une enquête de 1986, 94 % avec l ’élaboration des schémas directeurs
des personnes sondées approuvent la loi et d’aménagement des aires métropolitaines (ou
57 % estiment qu’elle a amélioré la situation. grandes agglomérations d ’influence région
Le rapport préconise par ailleurs de lutter nales) puis des sdau . Elle renouvelait sensi
davantage contre les pollutions diffuses blement les techniques antérieures des
d’origine terrestre, notamment en mettant en rapports établis par l’administration sur l ’amé
conformité les rejets en mer et de mener une nagement régional (programmes régionaux
approche d ’ensem ble du littoral incluant établis entre 1959 et 1962, en application dé
l ’arrière-pays. la loi du 7 août 1957) ou des études d ’urba
Dans ces conditions, on ne peut qu’être nisme réalisées par les techniciens de l’amé
inquiet des assauts répétés, de la part de cer nagement urbain. ;
tains élus, visant à «assouplir» la loi « Litto-i Ces documents, par leur caractère mono
ral». Le gouvernement l ’avait envisagé pour graphique et descriptif, par leur contenu
la Corse, mais ce risque a été provisoirement essentiellement géographique, par leurs proV
écarté. En revanche, un décret paru le positions délibérément orientées vers
30 mars 2004 permet l’installation d’aména l ’action et l ’investissement (liste d ’opéra
gements légers dans les espaces naturels ainsi tions pour les premiers, programme d’urba
que l’extension limitée des bâtiments et ins nisation pour les seconds) faisaient en
tallations nécessaires à l ’exercice d ’activités quelque sorte partie d ’un processus très
économiques. La m ission parlementaire a directif, conduit par l’État et soutenu, sans
également proposé, en 2005, divers assouplis contradiction, par les forces locales, plus
sements visant à faciliter la construction dans soucieuses, avec raison, d ’obtenir l’interven
des espaces protégés par la loi. Les autorités tion locale de l ’État que de discuter ou de
prônent la concertation, mais celle-ci risque mettre en cause les finalités qu’il pouvait
de conduire à une application a minima de la assigner à ses décisions d’aménagement ou
loi de 1986. d ’investissement et les modalités qu’elles
F. D.-D. et P. M. pouvaient prendre.
L’apparition des «livres blancs» dans les
Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres; années 1960 correspondait, sous l ’influence
Directives d'aménagement du territoire; Domaine public;
M e r; Pollution des m ers; Prescriptions d'aménagement et de la datar, a un tournant important dans
d'urbanisme.
la manière de regarder l ’espace français,
son évolution et d ’essayer de l’influencer,
en vue de freiner la centralisation écono
LIVRE BLANC mique, financière, culturelle, de créer des
pôles régionaux (les métropoles d ’équilibre)
Le terme de « livre blanc » est directement et de combattre le «désert français». Dans
inspiré de l’anglais. Originellement, le White cette optique nouvelle, le livre blanc, établi
Paper est la publication des réflexions et des pour un espace provincial donné, centré
orientations d ’une personne ou d’un groupe, autour de ses plus grandes v ille s ( l ’aire
sur un problème particulièrement sensible, métropolitaine), était d’abord un acte d’in
dont l ’élucidation est nécessaire à la collecti terrogation fondé sur une analyse objective,
vité et dont les conclusions contribuent à voire provocatrice, des réalités, porteur de
orienter et à éclairer l’action de l’exécutif et propositions libérées, autant que faire se
du législatif. Il fait donc le point d ’un pro peut, du conform ism e ambiant, local ou
blème dont la solution intéresse l ’ensemble de ministériel.
la collectivité concernée. Par la suite, la technique du livre blanc fut
Apparu en France et dans le vocabulaire de étendue à l ’élaboration des sdau. La publica-
437 LOCALISATION DES ACTIVITÉS
tion du livre blanc consacrait le premier résul animation qui semblent poser le plus de diffi
tat des études. Ces livres blancs, toutefois, cultés. Aujourd’hui, toutes les réalisations de
sont généralement redevenus des exercices ce type dépendent des seules communes et la
classiques de géographie et de prévision, tant tendance actuelle semble être à la reconver
il est difficile, sans la dénaturer, de systémati sion d’anciens bâtiments plutôt qu’à la réali
ser localement une démarche essentiellement sation de nouvelles constructions, chaque fois
pertinente pour les enjeux majeurs, de portée que cela est possible.
nationale. J. C.
A. G. et M. S.
Équipements publics.
eaux, prêts à taux privilégié) en faveur des Les logem ents locatifs représentaient
entreprises qui s’implantent dans les régions F essentiel du parc de logements dans les pays
prioritaires. Dans le cas des grandes entre socialistes. Cela a aussi été le cas dans les
prises, l ’État négocie de véritables contrats pays occidentaux pendant longtemps mais
globaux concernant l’ensemble des implan l’accession à la propriété, souvent encouragée
tations à moyen terme du groupe concerné. par les pouvoirs publics (prêts aidés, exonéra
Des négociations assez semblables doivent tions fiscales), se développe rapidement. En
être menées avec les entreprises du secteur France, les locataires représentent un peu
public; l ’exemple de l ’ex-üRss montre moins de 40 % des ménages (pour la résidence
d’ailleurs que même la possession par l’État principale) auxquels on ajoute parfois les 4 %
de tous les moyens de production n ’assure de ménages habitant un logement qui ne leur
pas une répartition optimale des « forces pro appartient pas, sans être locataires (ménages
ductives ». logés par l ’employeur ou par leur famille ou
Mais aujourd’hui, la priorité n ’est plus, habitant à l’hôtel).
dans les pays développés, à la recherche d ’une Les locataires ont des revenus plus
répartition équilibrée ou volontaire des activi modestes de plus d’un tiers que les proprié
tés à travers le territoire - encore que ce souci taires et accédants (respectivement 1 900 et
subsiste à l’intérieur des agglomérations - , 3 000 € par mois selon l’enquête nationale sur
mais à l’attraction, et plus souvent au main le logement de 2006), habitent des logements
tien, des activités. La délocalisation vers les plus petits (3,0 pièces et 67 m2 contre 4,7
pays à bas coût de main-d’œuvre des indus pièces et 109 m2 en moyenne pour les proprié
tries de main-d’œuvre (textile, habillement), taires) et des appartements (dans 76 % des cas,
puis d’industries de haute qualification (élec alors que la proportion est presque inverse
tronique), enfin de services (gestion informa chez les propriétaires et accédants).
tique) prive les pays développés d ’une part Il semble qu’il y ait, de plus en plus, deux
significative des activités qui s’y étaient initia modèles dominants de rapport au logement :
lement développées. celui des familles, accédant à la propriété, le
P. M. plus souvent d ’une maison individuelle en
périphérie des villes ; et celui des ménages
-> A grém ent; Aménagement du territoire; Décentralisation sans enfants, locataires en majorité, recher
(des activités); Délocalisation des activités; Desserrement;
District industriel; Économie spatiale; Industrialisation; Parc chant en général un appartement dans les
d'activités; Pôle de compétitivité; Redevance; Science régio
nale ; Technopôle ; technopole ; Zone industrielle.
centres urbains. La baisse de la nuptialité et de
la fécondité entretient le second modèle, au
moins dans les pays latins, malgré la faveur
dont jouissent la propriété et la maison indivi
LOCATION duelle. Mais, bien entendu, ces deux modèles
ne sont pas exclusifs d’autres situations.
Contrat par lequel le bailleur met à la dispo Le secteur locatif du logement est lui-même
sition du locataire un local pour une certaine souvent pluriel. On rencontre en France :
durée, dans certaines conditions, moyennant — Un secteur à loyers au niveau du marché
un certain prix (le loyer). (encore que les augmentations en soient régle
La location n’obéit pas à la même législa mentées depuis la loi Quilliot de 1982, atté
tion en immobilier d ’entreprise (décret de nuée par la loi Méhaignerie du 23 décembre
1953) et en habitation. Dans ce cas, il faut 1986 et remplacée par la loi Mermaz-
distinguer la location sociale ( h l m ) et le sec Malandain du 6 juillet 1989), qui correspond
teur privé. Ce dernier a connu des systèmes aux logements construits après 1948 (et à ceux
plus ou moins encadrés (loi de 1948) et des construits avant cette date, qui sont sortis
variantes et modifications dans le secteur depuis de la réglementation fixée par la loi du
libre: lois Quilliot (1982), Méhaignerie 1er septembre 1948).
(1986), Mermaz-Malandain (1989). — Un secteur locatif privé à loyers régle
Du ménage, la location exige généralement mentés, composé d’une offre très disparate en
un effort financier moindre (mais perpétuel) termes de produits (neufs ou anciens) comme
que l ’accession (effort intense mais limité de niveaux de loyers (de très social à proche
dans le temps). du marché): logements encore soumis au
LOCATION
439
régime loi de 1948 ; logements loués en contre forme d’un contrat d’assurance proposé au
partie d’aides fiscales (dispositifs «Périssol», bailleur, qui couvre les risques d’impayés de
«Robien», «Borloo populaire», «Scellier») loyers et prévoit des mesures d ’accompa
ou d’aides à la réhabilitation (conventionne gnement et de recouvrement adaptées en cas
ment anah, très social, social ou intermédiaire) : de sinistre. Le risque est garanti par le « 1 %
dans ces derniers dispositifs les propriétaires logem ent» pour les locataires salariés ou
s’engagent pour une durée donnée (6 ou 9 ans) assimilés et par l ’État pour les autres bénéfi
à pratiquer des loyers dont les plafonds sont ciaires.
fixés par décret, selon un zonage géographique Les différents secteurs locatifs observés en
visant à tenir compte des réalités du marché France n ’existent pas dans tous les pays. Cette
locatif des grandes agglomérations. pluralité du secteur locatif est source de ten
— Un secteur du logement locatif social, le sions et de fortes disparités. Ainsi en France,
plus souvent construit avec aide financière de dans les grandes villes (Paris surtout), le rap
l’État (secteur dit hlm). port entre les loyers de logements compa
Après la loi de 1989 s’est dégagé, pour le rables mais de secteurs locatifs différents
secteur privé, un consensus pour ne plus dépasse souvent 1 à 5, sans que ce soient les
modifier la réglementation des rapports loca seuls ménages les moins aisés qui bénéficient
tifs, un accord relatif ayant été trouvé en des logements à loyers réglementés. En outre,
faveur d’un encadrement mesuré des loyers le faible niveau de ces derniers nuit à leur
(système des références de voisinage, en fait entretien par leurs propriétaires. _
assez souple, voire franchement négligé), Les problèmes de location sont donc plutôt
assorti d’une certaine durée garantie au loca économiques que juridiques :
taire (un bail expiré est obligatoirement • hausse des loyers du secteur privé perpé
renouvelé sauf trois possibilités ouvertes au tuellement en avance sur l’inflation générale
bailleur : reprise pour vente, reprise pour habi dans les zones tendues ;
tation personnelle, manquement du locataire à • pénurie structurelle à Paris et donc cherté
ses obligations). des loyers, au moins pour les nouveaux venus ;
La forte hausse des loyers dans les années • stagnation ou fonte du locatif privé et,
2000 et les difficultés croissantes des ména en tout cas, recul certain de sa fraction
ges à accéder à un logement ont cependant meilleur marché (disparition progressive du
conduit à plusieurs modifications des rap « parc social de fait ») ;
ports locatifs à la fin des années 2000. La • appauvrissement relatif des locataires en
loi de mars 2007 instituant le droit au loge général (aspirés vers l’accession à la pro
ment opposable, suivie de celle de février priété) et des locataires hlm en particulier ;
2008 en faveur du pouvoir d’achat et de la • baisse de la mobilité des locataires hlm
loi de mobilisation pour le logement et la (qui ont droit au maintien dans les lieux) et
lutte contre les exclusions ont successive donc difficulté d’accueillir des candidats en
ment renforcé les protections des locataires : nombre croissant, non acceptables en acces
instauration d’un indice de révision des sion et dans le locatif privé cher, et souvent
loyers moins inflationniste (lié à l ’évolution marqués par la crise économique et le chô
des prix et non des coûts de construction), mage : dans ce cas, la location hlm se complète
réduction du montant du dépôt de garantie à d’une sorte d’« accompagnement social » qui
un mois, instauration d’un tiers payant pour n’était pas a priori dans la fonction de bailleur.
l ’allocation logement, mention obligatoire La stagnation ou la diminution du secteur
de la surface du logement dans le bail, etc. locatif sont préoccupantes parce que la loca
Ces protections supplémentaires sont en par tion reste indispensable, en particulier pour
tie justifiées par l ’instauration d’une garantie faire face à la mobilité résidentielle et fournir
universelle des risques locatifs (grl), visant un habitat aux jeunes et aux ménages en muta
à sécuriser les revenus des propriétaires- tion géographique ou professionnelle.
bailleurs et la relation locative. Elle vise à Dans les pays en développement, le secteur
permettre aux propriétaires de louer sans locatif, même aidé, conduit à des loyers inac
risque à un plus vaste panel de locataires et cessibles à la majorité. Celle-ci habite en pro
de favoriser ainsi le développem ent de priété (souvent par autoconstruction sur des
l ’investissem ent locatif. La grl prend la terrains utilisés illégalement) des logements
LOCATION DES SOLS
446
dernier, limitant son impact sur la nature des — les habitations mobiles.
formes urbaines. Le logement est une unité fonctionnelle où
l’organisation de l’espace répond aux normes
V. r !
culturelles de la société et de l’époque. Mais
> Action foncière; Rente foncière. la dimension, la forme, l’organisation interne,
le niveau d’équipement du logement sont éga
lement liés à la structure et au niveau écono
LOCATIONS TOURISTIQUES mique et social.
... Hébergements touristiques ; Résidence Un logement se caractérise par son type
secondaire (maison individuelle, appartement dans un
immeuble), par ses dim ensions (surface,
nombre de pièces), par son âge (date de
LOGEMENT constmction ou date de réaménagement), par
ses éléments de confort (eau courante, salle
Local ou ensemble de locaux formant un d ’eau, w.-c., chauffage, etc.), par son taux
tout, destiné à l ’habitation, et où habitent d’occupation. On distingue aussi le mode de
ensemble plusieurs personnes, qu’elles aient groupement des logements, leur densité, leur
ou non des liens de parenté entre elles, qui statut d’occupation (propriété des occupants,
constituent un ménage. Dans les définitions location, disposition gratuite, etc.) et leur
de I’insee, il y a correspondance entre un mode de financement.
logement et un ménage. Les membres d’un Le logement actuel est le produit d’une évo
ménage qui partagent un logement y ont le lution qui a commencé avec l’abri qui proté
plus souvent des activités communes à l’occa geait les populations primitives contre les
sion des repas, des loisirs, etc. intempéries et contre les agressions de la
Le logement peut être unifamilial s’il abrite faune ou de groupes rivaux.
uniquement les membres d’une même famille Le logement urbain est issu du logement
constituée par le couple et ses enfants (noyau rural. Ce dernier se présentait généralement
familial) et éventuellem ent par des ascen sous forme d ’une maison avec ses dépen
dants. Il peut aussi être occupé par plusieurs dances, abritant la fam ille, mais aussi les
noyaux familiaux, liés ou non par des liens de travailleurs attachés à l’exploitation. Le loge
parenté, ou par plusieurs personnes isolées : ment rural traditionnel s ’adaptait au paysage,
on parle alors de cohabitation. utilisait des matériaux et des techniques
Le concept de logement est plus précis que locales. Le logement urbain est regroupé, soit
celui d’habitation qui est une unité physique, horizontalement sous forme de succession de
identifiée à la maison, rurale ou urbaine, avec maisons contiguës, qui peuvent atteindre des
ses dépendances, et qui peut comprendre plu densités élevées (villes médiévales, médinas
sieurs logements (ayant des accès et des équi des villes arabes, etc.), soit verticalement,
pements, tels que la cuisine ou la salle d’eau, dans des immeubles regroupant plusieurs
distincts), sans qu’il s’agisse toujours, pour logements et éventuellement d’autres activi
autant, d’un immeuble collectif. tés (magasins, bureaux, etc.). Le logement
On distingue dans les statistiques : urbain traditionnel dépendait encore des
— les résidences principales, les résidences matériaux locaux (ainsi du rôle de la pierre
secondaires et les logements vacants ; calcaire à Paris ; de celui du bois à Moscou ou
— les logements collectifs correspondant de la brique à Londres). M ais avec les
à des ménages collectifs (communautés reli méthodes industrielles de construction, cette
gieuses, hospices de vieillesse, personnel logé dépendance s ’est largement estom pée, le
sur place dans les hôpitaux, les établissements logement urbain ayant tendance à s ’interna
d’enseignement ou les hôtels, etc.) ; tionaliser, à se banaliser et même à s’imposer
— les logements collectifs correspondant en milieu rural. À l ’inverse, des formes de
à la population comptée à part (non comprise logement rappelant le cadre rural (maison
dans la population municipale): casernes, individuelle isolée) se développent à la péri
prisons, internats des établissements d’ensei phérie des villes (banlieues américaines et
gnement, hôpitaux psychiatriques, chantiers autres), mais aussi urbanisation des abords
temporaires, etc. ; des villages dans les zones proches des agglo
LOGEMENT-FOYER 442
faibles (en moyenne 3 € par jour), ce qui peut plus souvent qu’ils ne sont pas là où ils
dissuader les demandeurs et diminuer la pres pourraient trouver un occupant. De plus, les
sion exercée sur l’État. logements vacants sont en majorité anciens,
Le comité de suivi estime que l’accessibilité souvent petits et mal équipés et il s ’agit pour
du droit au logement reste un objectif qui n ’est plus de la moitié d’appartements.
que partiellement atteint, du fait d’un déficit Après examen des statistiques disponibles,
persistant d ’information et d ’assistance aux on peut classer la vacance en trois ou quatre
demandeurs. Indépendamment du bilan quan catégories, com binées selon des dosages
titatif de la loi, de l’appréciation que l ’on peut divers : , ,|
porter sur ses ambitions (le droit français au — Vacance de rotation : un logement est
logement opposable est infiniment plus ouvert simplement vide entre deux habitants. C ’est
qu’en Écosse, par exemple) et des problèmes pour cette raison que le taux de vacance des
posés par le risque accru de concentration de studios est quatre fois celui des cinq pièces:;
populations démunies ou fragiles dans des la succession des occupants y est plus rapide
quartiers d’habitat social déjà paupérisés, on et les phases d ’inoccupation plus fréquentes.
peut cependant espérer que ce nouveau droit La vacance est donc une conséquence de la
sera un accélérateur de l ’action publique, à la mobilité résidentielle, en particulier dans les
fois pour construire des logements sociaux (la appartements du secteur locatif privé.
contestation de l ’obligation pour les villes — Vacance de dévalorisation : ceci affecte,
d ’avoir 20 % de logements sociaux est close) par exemple, les régions en déclin écono
et des places d ’hébergement ou pour lutter mique, le rural profond non revendiqué par
contre l ’habitat insalubre ou dangereux. les résidences secondaires, certains ensembles
N. B. hlm stigmatisés, certains quartiers vétustes
des villes moyennes : dans ce cas, la vacance
-* Expulsion ; Insalubrité ; Logement décent.
est durable par insuffisance de la demandé
s’adressant au patrimoine de logement.
—- Vacance de transformation : entre deux
LOGEMENT VACANT états, un logement reste vide. Ceci peut cor
respondre à des travaux (temps nécessaire
Logement qui n ’est occupé ni à titre princi pour installer le confort), à des changements
pal (en permanence par un ménage), ni à titre de statut (une famille laisse vide après le
secondaire (de façon intermittente par un départ d’un locataire car elle va loger un de
ménage disposant, par ailleurs d ’une rési ses membres), à des successions (le logement
dence principale). Un logement vacant est du défunt attend la décision des héritiers), à
donc un logement vide, au moins temporaire des opérations commerciales ou urbaines
ment. Le nombre de logements vacants, qui (marchands de biens et aménageurs laissant
augmentait lentement depuis le recensement vide avant de démolir ou de réhabiliter, pro
de 1968 a baissé entre les deux derniers recen moteurs « portant » des invendus).
sements. Il est estimé, en 2006, à 1 950 000 Faut-il invoquer en outre une vacance de
selon le recensement et à 1 850 000 selon rétention, qui concernerait les logements déli
l ’enquête nationale sur le logement. bérément laissés vides. Ceci est discutable. Ce
Beaucoup d’idées fausses circulent sur les n ’est jamais l’intérêt d ’un propriétaire de lais
logements vacants, attisées par l ’aspect cho ser un logement ne rien produire. Mais il est
quant de maintenir des logements inoccupés, vrai que les propriétaires personnes physiques,
quand les m al-logés ou les sans-logis se les marchands de biens ou les aménageurs
comptent par milliers. Une de ces idées serait laissent parfois durablement un logement sans
qu’il y aurait une vacance permanente d ’un occupant. Plusieurs raisons à cela ;
parc de logements s’éternisant dans leur inoc • la longueur des opérations d’urbanisme,
cupation. En réalité, la vacance est le plus même dans une conjoncture prospère ;
souvent un état transitoire affectant tour à tour • la protection accordée aux locataires par
les diverses fractions du parc. Tout logement les lois successives et la fréquente non-
a été, est ou sera vacant. exécution des décisions d’expulsion : certains
En outre, quand les logements sont, de propriétaires feraient rentrer des locataires
façon réelle, durablement vacants, c ’est le pour quelques mois ou une année (en atten-
445
LOI D'ORIENTATION POUR LA VILLE
ment, au même titre que les équipements les grandes agglomérations urbaines, des
publics, et être financée dans les mêmes condi obligations de résultat sont im posées aux
tions. Cette proposition novatrice, qui fit l ’objet communes sous peine de contribution obliga
de nombreux commentaires, financiers ou idéo toire. ;
logiques, avait un double objectif, celui de per En second lieu, est créé un mécanisme origi
mettre une offre diversifiée de logements nal, parafiscal, pour favoriser la réalisation de
sociaux dans tout aménagement et de rompre logements locatifs sociaux dans toute opéra*
ainsi avec les logiques du « zonage », et celui de tion de construction : la participation à la diver
contourner la question du financement de la sité de l ’habitat, à la charge du constructeur;
charge foncière du logement social. participation financière ou en nature, le méca
La même philosophie inspira la réflexion nisme étant d’encourager cette dernière forme.»
relative aux quartiers anciens : éviter les effets Deux autres titres de la loi traitent respecti
ségrégationnistes de l’excessive revalorisa vement du maintien de l’habitat, et notam
tion immobilière liée aux opérations de réha ment de l’habitat à vocation sociale, dans les
bilitation dans les centres-villes, et conserver quartiers anciens et de l ’évolution des grands
à ces quartiers la relative mixité de la popula ensembles avec la création d’outils juridiques
tion et des activités, qui en font une sorte de et financiers spécifiques (programmes de réfé
« m o d èle» de ville. Elle inspira aussi la rence, règlements de p o s adaptés, fiscalités
réflexion relative à la nécessaire évolution spécifiques).
des grands ensembles vers plus de mixité des Un autre titre traite de la politique fon
populations et des activités. cière, stricto sensu, et, à cette fin, crée un
On voit apparaître deux pôles autour des nouvel outil - l’établissement public foncier -
quels s ’articule la loi: d ’un côté, le souci et modifie le régime des droits de préemption
d’assurer la mixité de l ’habitat dans les diffé dans différents cas de figure.
rents types de quartiers d’une agglomération ; Votée sans opposition au Parlement, on a
de l ’autre, celui de trouver de nouvelles pu estimer que cette loi ambitieuse, trop peut-
réponses à la lancinante question foncière, être, était mort-née, les délais d’application de
d’autant plus à l ’ordre du jour que 1990 a ses mesures les plus novatrices ou les plus
connu des pics de prix fonciers et immobiliers. contraignantes ayant été repoussés jusqu’à
Enfin, apparaît aussi le souci de l ’État leur abandon, dès 1993. Les obligations des
d’éviter que la décentralisation de l’urbanisme communes en matière de logement social,
et de l ’aménagement au bénéfice des com emblèmes de cette «m ixité» sociale qui fut
munes ne s ’effectue au détriment de toute l ’axe politique de la loi, furent en même
solidarité nationale entre communes riches et temps allégées. La loi Carrez du 21 janvier
communes pauvres, entraînant ou confortant 1995 relative à la diversité de l’habitat a sup
les ségrégations spatiales et rendant impos primé le mécanisme de la participation à la
sible toute politique du logement, et en parti diversité de l ’habitat. Seuls ont subsisté
culier du logement social. La loi a donc posé quelques grands principes généraux et
des principes généraux d ’urbanisme et de quelques outils, tels que le programme local
solidarité en matière de politique locale de de l ’habitat ( p l h ) o u les établissements
l’habitat, opposables à toutes les communes, publics fonciers, qui ne connurent, cependant,
et créé des mécanismes coercitifs pour cer pas les développements attendus. Sur tous ces
taines d’entre elles. points et, en particulier sur l’obligation pour
En premier lieu, le titre intitulé « D e les communes des agglomérations urbaines
l ’équilibre de l ’habitat dans la ville et les d ’offrir au moins 20% de logements sociaux,
quartiers » a pour objectif d’engager les col la loi Solidarité et renouvellement urbains du
lectivités locales à définir de véritables poli 13 décembre 2000 reprend les dispositions de
tiques locales de l ’habitat. Les moyens utiles la l o v en tentant de les rendre plus efficaces :
sont en premier lieu l’obligation de prendre celles-ci n ’ont pas été modifiées par la loi
expressément en compte les besoins d’habi Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003.
tat dans les différents documents d ’urba
nisme, grâce notamment à l ’élaboration de N. B.
programmes locaux de l ’habitat ( p l h ) avec
Grand ensem ble; hlm ; Programme local de l'habitat; Réha
une procédure et des objectifs précisés. Dans bilitation; Ville.
447
LOISIRS
sym bolique, mais ce n ’est que dans les vent négligé ou détruit ces structures de longuë
années 1970 que la moitié des Français sont durée et minimisé leur importance comme sup
partis en vacances - pour devenir une pra ports de traditions et de pratiques sociales.
tique de masse dans les pays développés. Les
lieux, les modes d ’hébergement, lesactivités F. C.
exercées (y compris le repos conçu comme - » Decum anus; Histoire; Morphologie (urbaine); Parcellaire.
refus de toute activité) répondent à un sys
tème de valeurs où l ’individu peut exprimer
ses préférences (repos, rupture avec la rou LOT
tine professionnelle et fam iliale, dépayse
ment, distraction, mais aussi présence de Le lot est une portion de terrain, le plus sou
parents ou d ’amis), mais celles-ci sont large vent de forme géométrique (carré, rectangle où
ment conditionnées par une offre en partie autre) qui, associée à d’autres, égaux ou équi
contrôlée par des intérêts économiques et par valents, permet de former un lotissement. Il a
des modes créées par les classes aisées, voire vocation à être attribué à une personne phy
par des propagandes éducatives et politiques. sique ou morale, de droit privé ou public : c ’est
P. M. donc une unité sociale de répartition des
espaces, un élément de la morphologie urbaine.
-> Activités touristiques; Budget-tem ps; Tourisme. Il se distingue de la parcelle, unité cadastrale
qui peut avoir des formes extrêmement variées.
L’origine du lot remonte à l ’Égypte
LONGUE DURÉE ancienne: les crues du N il, en apportant
chaque année un nouveau limon qui effaçait
Cette expression doit sa fortune à F. Braudel les limites de propriété, donnaient aux arpen
(«Histoire et sciences sociales, la longue teurs et aux géomètres la possibilité de redéfi
durée», Annales ESC, n° 4, 1958) qui, dans la nir des lots. En Occident, c ’est la colonisation
«dialectique de la durée telle qu’elle se grecque qui, à la fin du vme siècle avant J.-C.,
dégage... de l’observation répétée de l’histo conduisit à la distribution de lots réguliers aux
rien », distingue des « temps multiples et contra émigrés grecs, afin de mettre en place un tissu
dictoires » et souligne « la valeur exceptionnelle urbain : le lot urbain était alors ce qui était
du temps long ». La longue durée lui sert ainsi à nécessaire à l ’installation d ’une famille
caractériser certaines structures (sociales, men (Voikos : deux adultes et les enfents) dans un
tales, économiques, etc.) qui, masquées par le espace de 120 m2 environ; composé de une à
temps court de l’histoire événementielle, n’en trois pièces ouvrant sur une cour avec un puits
constituent pas moins « les éléments stables (Mégara Hyblaea, près de Syracuse) : ce sont
d ’une infinité de générations » dont ils per des files de lots de ce type qui ont permis vers
mettent d’éclairer les comportements. le milieu du VIIe siècle avant J.-C. l’apparition
Cette notion, devenue indispensable aux his d’îlots urbains, l’îlot étant la future unité limi
toriens, est particulièrement pertinente en tée par des espaces de circulation (mes), qui est
matière d’aménagement de l’espace, ainsi que donc le résultat d’un processus de fusion des
l ’indiquait Braudel lui-même, signalant « la lots primitifs. C ’est le chef du groupe (oikistès)
durable implantation des villes, la persistance qui procédait à la répartition. La plus ancienne
des routes et des trafics, la fixité surprenante du attestation du mot grec signifiant lot (oikope-
cadre géographique des civilisations». don) se trouve sur une inscription d’Himère
G. Roupnel (Histoire de la campagne fran (Sicile) du début du VIe siècle avant J.-C.
çaise, Paris, 1932) a pu faire remonter au Néo
lithique nombre de nos chemins ruraux ; plus M. G.
tardives, les grandes routes de l’Empire romain -* îlot; Lotissement; Parcellairé; Tissu urbain.
ont déterminé les axes de la circulation euro
péenne, et le tracé viaire des villes romaines
reste souvent lisible aujourd’hui dans celles LOTISSEMENT
qui leur ont succédé. De même, le parcellaire
médiéval est demeuré présent dans nombre de Division d ’une propriété en vue de l’im
villes européennes. Les urbanistes ont trop sou plantation de bâtiments, ayant pour objet, sur
449 LOTISSEMENT
une période de moins de dix ans, de porter à désireuses d’acquérir ou d’exproprier des lots
plus de deux le nombre des parcelles invendus ou mal équipés. Ces dispositions
constructibles. Cependant, les opérations qui législatives ne dégagent pas les lotisseurs de
ressortissent à une autre procédure (afu auto leurs responsabilités. Le souci du législateur
risée, zac, restauration immobilière, résorp était donc principalement de garantir les ache
tion de l ’habitat insalubre, etc.) sont exclues teurs éventuels. La loi du 15 juin 1943 a pris
du champ du lotissement. désormais en compte les aspects urbanistiques
Le législateur a voulu réglementer les d’un aménagement purement privé à l’origine ;
divisions de propriétés entre les deux guerres et le décret du 26 juillet 1977 (modifié par
mondiales, en raison du développement anar celui du 14 mars 1986) a consacré définitive
chique de la construction périurbaine. Consti ment le caractère opérationnel du lotissement
tuant de véritables « opérations d’urbanisme », et son intégration dans l ’aménagement de
les lotissements ont contribué, en particulier, à l’ensemble du territoire communal.
l’extension des «banlieues pavillonnaires». Si cette évolution des fonctions attribuées
Mais la surdensification et le sous-équipement aux lotissements a été ainsi marquée par une
de certains lotissements avaient abouti à de intervention, progressive mais continue, des
nombreux «lotissements défectueux» et les pouvoirs publics dans leur régime juridique,
deux lois du 14 mars 1919 (qui ne fut pas la faveur des propriétaires et des acquéreurs a
appliquée) et du 19 juillet 1924 mettaient fin à été, elle, assez fluctuante. Très nombreux
la liberté de lotir, imposant au lotisseur la créa entre les deux guerres, les lotissements se
tion d ’équipements collectifs avant de sont raréfiés au lendemain de la seconde
commercialiser les lots. Mais la loi de 1919 guerre mondiale. Ils ont connu un regain
n’était pas rétroactive et ne comportait aucune d’intérêt très sensible à l’occasion du déve
sanction; la loi de 1904, plus efficace, fut loppement de l ’habitat individuel et de la
cependant souvent tournée par les lotisseurs résidence secondaire. En 1981, plus de
qui se retiraient de l ’association syndicale, 10 000 autorisations ont été délivrées, repré
après avoir vendu les lots, et sans avoir réalisé sentant 115 000 logements. La loi de 1983,
les équipements prévus. La loi Sarraut du adaptant au nouveau contexte de la décentra
15 mars 1928 a dû prévoir le financement lisation les règles concernant l ’autorisation,
a posteriori de ces équipements dans les lotis ne modifia pas les règles de fond de leurs
sements défectueux, pour 50 % par subven régimes. En 2000, ces nombres étaient sensi
tions de l’État et pour 50 % par les associations blement plus faibles, bien que les services du
de « mal lotis », qui pouvaient emprunter sur ministère de l’Équipement soient dans l ’inca
dix ans auprès d’une Caisse départementale pacité de le chiffrer, ou même de l ’estimer.
des lotissements défectueux. Différents textes,
regroupés dans l’article L 317-1 à 15 du Code L’arrêté de lotissement a un triple objet :
de l’urbanisme, témoignent de la nécessité de autoriser la division du terrain, sous réserve de
« l ’amélioration de certains lotissem ents» certains travaux, en vue de la vente ; approuver
(intitulé du chapitre VIII du titre consacré aux des documents et leur conférer un caractère
opérations d ’urbanisme dans le livre III réglementaire; édicter des dispositions à
«Aménagement foncier»). caractère réglementaire. La procédure est
Ces dispositions n’ont plus qu’un intérêt his proche de celle du permis de construire. Elle
torique puisque, depuis une loi du 31 décembre est de la responsabilité du maire si la commune
1973, il ne peut plus être créé d’associations a un pos ou un plu approuvé depuis plus de
syndicales à cette fin. Outre les règles particu six mois, du préfet dans le cas contraire. Le
lières de fonctionnement de ces associations, délai d’instruction est, sauf cas particulier, de
ces articles contiennent surtout des disposi trois mois.
tions financières : subventions de l ’État (leur Le dossier de la demande d’autorisation de
montant s’élevait jusqu’à 1974 à 92 millions lotir comprend :
de F pour un millier d’opérations), prêts de — une note de présentation de l’opération,
caisses départementales, autres participations. précisant les mesures prévues pour assurer
Ces subventions, depuis la loi du 31 décembre son insertion dans l’environnement ;
1976 portant réforme de l ’urbanisme, pou — un plan de situation du terrain, un plan
vaient être accordées par l’État aux communes de l’état actuel de celui-ci et de ses abords et
LOTISSEMENT 458 :
viduelles. Cette procédure a reflué depuis la fin de rénovation de Paris suscitaient la création
des années 1980 avec le recul de la construc de nombreuses associations de la défense des
tion, un moindre engouement pour l’habitat locataires. Entre 1968 et 1973, l’approfondis
individuel et l’apparition des « mini-ZAC ». sement de la crise du logement a suscité, en
France, comme dans d’autres pays, de nom
P. M. et Y. P.
breux mouvements à caractère revendicatif
►Banlieue; Lot; Parcellaire; Permis de construire; Zone dont la formation a fait l’objet d’analyses par
d'aménagement concerté ( z a c ). des sociologues urbains (M. Castells, Luttes
urbaines, Paris, 1973).
Dans les pays dépendants, les luttes des
LOTISSEMENT DÉFECTUEUX — Banlieue; « sans-logis » ont également pris une exten
Lotissement ; Permis de construire ; sion considérable, en particulier en Amérique
Urbanisme opérationnel latine, par exemple au Chili, dans les années
1960 et 1970. Toutefois, les revendications
concernant la vie quotidienne des squatters
LOYER -> Location (pobladores), organisés en junta de vecinos,
ne visaient pas seulement l ’amélioration de
l ’habitat, mais celle de la santé, de l ’éduca
LUTTE ANTIBRUIT — Bruit tion, de l’alimentation, ainsi que la lutte contre
l’alcoolisme, la délinquance et la prostitution.
Aujourd’hui, les luttes urbaines semblent
LUTTE ANTIPOLLUTION -* Pollution avoir perdu de leur importance dans les pays
atmosphérique ; Pollution des eaux développés où les revendications tendent à se
continentales; Pollution des mers focaliser sur les problèmes écologiques et ren
voient aux significations et aux incidences du
développement économique sur l’environne
LUTTE CONTRE LES RISQUES NATURELS ment (luttes antinucléaires, par exemple). On
-> Risque naturel constate également une évolution de l ’action
sociale qui perd sa dimension collective anté
rieure. Si, pour certains, cette transformation
LUTTES URBAINES des luttes est interprétée comme une démobili
sation et un renforcement de l ’individualisme,
Expression désignant les conflits qui, dans pour d’autres (A. Touraine), on assiste à une
le cadre de l’industrialisation des sociétés et évolution de la nature et du sens de l ’action
du développement urbain, opposent les inté vers une dimension plus culturelle, avec le
rêts des classes dominantes à ceux des usa passage de la société industrielle à la société
gers, du point de vue global du « droit à la postindustrielle. Ces changements témoignent
ville » décrit par H. Lefebvre. Ces conflits de l’émergence de nouvelles formes de mobi
peuvent être très divers et toucher à tous les lisation tournant autour de la défense de l ’indi
aspects de la vie quotidienne : logement, trans vidu comme sujet, acteur de son action.
ports, environnement, vie sociale et écono C. M.
mique avec ses incidences sur l ’espace.
Dans les pays développés, c ’est surtout -> Conflit social.
D ’autres établissements publics d ’État ont Il ne doit pas être confondu avec : >; tjlj
ensuite été créés, financés par une fiscalité • l’agent immobilier qui met en contact des '
ad hoc, la « taxe spéciale d’équipement », dont acquéreurs et des vendeurs ou des bailleurs et >
le plafond est voté chaque année par le Parle des locataires ; •> j;l
ment. Successivement ont ainsi été créés l’Éta • l’administrateur de biens (gérant ou sym L |
blissement public de la Basse-Seine ( e p b s ) en die) qui a reçu un mandat de gestion d’un . ■
1967, celui de la Métropole lorraine ( e p m l ) en propriétaire bailleur ou occupant ; < jj !
1973, du Nord-Pas-de-Calais en 1990, de • le promoteur immobilier qui construit et ; '
l ’Ouest-Rhône-Alpes en 1998, de la région vend des immeubles neufs, encore que la ,
Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2001, etc. distinction avec la réhabilitation lourde soit jj
D ’autre part a été introduite, en cohérence parfois complexe, ce qui rapproche les deux Iji
avec la décentralisation, par la loi d’orientation professions. il
pour la ville de 1991, modifiée sur ce point par Le marchand de biens a un statut essen tiel jJ
la loi Solidarité et renouvellement urbains de lement fiscal: l’opération d’achat et reventq j
2000, un cadre incitatif pour développer des est considérée comme une unité financière et I
établissements publics locaux. Le principe est le professionnel est taxé (selon une tva spét i j
alors qu’ils engagent dès l ’acquisition des cifique) sur la marge brute réalisée. Il est )
conventions de rachat avec les collectivités donc, à l’achat, exempté des droits d’enregis- !
locales concernées. Après un développement trement. . 1J
laborieux, la création s’en est accélérée depuis La profession est de nature commerciale et
quelques années, en concomitance avec le d’accès relativement ouvert, le marchand de ;
développement de la bulle immobilière. Mais biens travaillant à ses risques et profits avec ]jj
un certain nombre de ces e p f locaux restent ses fonds propres et des soutiens bancaires. ,s jj
dans une certaine mesure des coquilles vides. La marge, essence même de l ’achat- .
Les acquisitions foncières publiques revente, implique des transformations et des . j
peuvent également avoir pour objet de proté circonstances favorables. >j
ger de l’urbanisation des espaces naturels qu’il Trois transformations se pratiquent entre ;j
importe de conserver à l’état naturel. De telles achat et revente : jj
interventions peuvent être le fait d'organismes — technique : installation du confort sani- ij
de droit privé (fondations américaines, Natio taire dans des logements anciens encore sous- j
nal Tmst en Grande-Bretagne) ou d’établis équipés, création d’ascenseurs, digicodes et |
sements publics comme, en France, le autres équipements communs, rattrapage
Conservatoire de l ’espace littoral et des d’entretien (ravalement, toiture, etc.) ; d
rivages lacustres, créé en 1975 pour mener -— juridique : achat en bloc d’un immeuble, .!
une politique foncière de sauvegarde du litto création d’une copropriété et revente par lots ; 'j
ral : financé sur dotation budgétaire, le Conser — locative : congé et éviction des locataires . ;j
vatoire a acquis, au 1er août 2009,125 000 ha souvent très anciens (avec indemnité), afin de j
(dont 104 000 en métropole) représentant récupérer et revendre des logements vides. j
1 330 km de rivage (dont 1 050 en métropole). Diverses circonstances jouent en faveur du 1j
’ V. R. marchand de biens : ;
■— le droit locatif: qui n’a ni prévu ni |t|
-> Acquisition foncière; Action foncière; Conservatoire de organisé l ’interruption anticipée des baux et
l'espace littoral et des rivages lacustres; Établissement
public foncier; Expropriation; Préemption; Réserves fon défend mal les occupants contre les évictions
cières. abusives ;
— le goût de la propriété : le professionnel
achète du locatif pour revendre en accession,
MANUFACTURE -* Usine le plus souvent à des propriétaires occupants ;
— l ’inflation immobilière: acheter pour
revendre est d ’autant plus facile que les prix
MARCHAND DE BIENS montent pendant la même période : à Paris,
entre 1986 et 1990, les logements se valori
Le marchand de biens est un professionnel saient de 25 % par an ; les professionnels ont
de l’immobilier qui acquiert un bien existant afflué, avec le soutien complaisant du sys
en vue de le revendre avec bénéfice. tème bancaire.
469 MARCHÉ
Aujourd'hui, la médina se trouve à la fois tants répartis entre cinq agglomérations mil
revendiquée et valorisée comme symbole lionnaires et des villes m oyennes en par
d’une spécificité culturelle, et menacée de tie soudées par un tissu suburbanisé ou rurba-
l’intérieur, sous l’impact d’un double proces nisé. _
sus. D ’une part, progressivement désertée par La mégalopole du nord-est des États-Unis
ses anciennes couches urbaines au profit de doit beaucoup aux caractères originaux de
périphéries aménagées à l’occidentale, elle est l’histoire de la colonisation américaine, et à
envahie et dégradée par l’afflux de nouvelles l’optimisme constructif de ceux qui ont forgé
populations rurales (cf. la spectaculaire dégra le destin du pays. Mais l ’organisation de
dation du vieux Caire). D ’autre part, sous cou l’espace que l’on y observe n ’est pas spéci
vert de modernisation et d’assainissement, les fique de cette seule région. À partir du moment
programmes d’Etat (par exemple dans les pays où l’urbanisation cesse d’être liée à la seule
du Golfe) et la spéculation détruisent, éventrent desserte des campagnes et où elle dépend de
et dénaturent d’anciennes médinas (cf. le cas plus en plus des marchés que les villes se
de Damas). Depuis 1993 cependant, la médina créent entre elles, les réseaux urbains perdent
d’Alep bénéficie d’un projet de réhabilitation la belle géométrie analysée par les modèles de
soutenu avec détermination par les autorités Lôsch ou de Christaller. Les villes industrielles
syriennes et par le gouvernement allemand. s’agglutinent là où les conditions de localisa
Au-delà de la seule restauration du patrimoine, tion sont optimales et donnent naissance à des
l’initiative vise à régénérer la cité sur les plans conurbations, cependant que les cités qui
social et économique, en impliquant les com vivent du commerce, de la banque ou des
munautés locales, pour garantir la transforma industries de transformation s ’organisent le
tion de l’héritage culturel en milieu vivant. long de corridors de circulation : on évite ainsi
Si, en Algérie, les médinas ont été souvent la prolifération indéfinie des grandes villes et
altérées ou désagrégées par la colonisation, la pollution qu’elle engendre, sans multiplier
au Maroc, elles ont été protégées par la poli les distances et les charges d’investissement.
tique de Lyautey qui avait instauré une sépa L’Amérique du Nord offre d ’autres
ration rigoureuse entre la ville arabe ancienne exemples de mégalopoles : de Pittsburgh à
et la nouvelle ville coloniale, fondée sur des Chicago, au sud des Grands L acs; de
normes occidentales. Windsor-Detroit à Québec, au Canada ; de
J.-M. B. et F. C. San Francisco à San Diego, en Californie. La
même organisation de l’espace se signale au
-► Acculturation; Centre historique; Conservation; Lisibilité; Japon, de Hiroshima à Tokyo, en passant par
Urbanité.
Osaka-Kobe, Kyoto et Nagoya. En Europe
occidentale, les faits sont peut-être plus
com plexes, mais la formation de corridors
MÉGALOPOLE urbains se lit à deux échelles : celle, réduite,
de la Randstad en Hollande ou du M oyen
« Megalopolis » fut le nom donné à la cité- Pays suisse ; et celle des grandes concentra
État qui naquit du synœcisme des petites tri tions urbaines d’un grand pays : de la Ruhr à
bus du nord-ouest du Péloponnèse soumises à Stuttgart en passant par le fossé rhénan, en
Sparte, lorsque celle-ci subit des revers au Allemagne ou, pour l’Angleterre, de Londres
cours de la guerre qui l’opposa à Athènes au à Manchester et Liverpool, en passant par
Ve siècle (av. J.-C.). Les fondateurs avaient Birmingham. En France, la coupure entre Ile-
mis tous leurs espoirs dans la construction de-France et zones urbaines en développe
qu’ils lançaient : ils pensaient forger le cadre ment des vallées de la Saône et du Rhône est
d’une vie sociale nouvelle. trop grande pour que l ’on puisse vraiment par
Jean Gottmann a repris le terme, dans ler d ’une mégalopole Paris-Lyon-Marseille,
l’ouvrage qu’il a consacré en 1961 à la façade quoique le TGV tende à rapprocher en un
urbanisée du nord-est des États-Unis, pour même corridor de circulation rapide tous les
attirer l’attention sur l ’originalité du corridor centres de cet ensemble.
de grandes villes qui s’allonge de Boston à P. C.
Baltimore et à Washington : 650 km de long,
moins de 100 000 krm, 45 millions d’habi -► Conurbation; Urbanisation ; Ville.
MÉNAGE m i
Fam ille; Logement; Projections démographiques. mer ( s m v m ) . On peut regretter qu’elle n ’ait
pas institué un document unique, ayant valeur
de schéma directeur, pour la frange terrestre
MER du littoral et de s a u m pour le domaine public
maritime. Le s m v m , dont le régime juridique a
La mer et le littoral (au sens strict, frange été précisé par la loi du 3 janvier 1986 et par
comprise entre les plus hautes et les plus le décret du 5 décembre 1986, peut être établi
basses eaux de la mer ; au sens large et usuel, pour une zone côtière « constituant une unité
zone linéaire de contact entre la mer et le géographique et maritime et présentant des
continent) sont des espaces particulièrement intérêts liés, concurrents ou complémentaires^
fragiles qui attirent des activités spécifiques au regard de la protection de l’exploitation et
*U MERCATIQUE URBAINE
de l’aménagement du littoral». Il doit déter basses et les plus hautes eaux), les terrains
miner l’affectation des espaces terrestres et endigués ou remblayés sur la mer. Il fait
maritimes, mentionner les projets d’équipe l’objet de dispositions spécifiques, pour cer
ment et d ’aménagement de la mer (ports, taines anciennes :
marinas, etc.) et préciser les mesures de pro — chemin du douanier : servitude de pas
tection des milieux marins. Le smvm est éla sage de 3 m en faveur des piétons (la loi du
boré sous l’autorité du préfet et soumis à un 31 décembre 1976 a confirmé cette disposi
groupe de travail composé d’élus et de repré tion très ancienne, mais inégalement appli
sentants des intérêts locaux. Il est approuvé quée) ;
par décret en Conseil d ’État. Il est opposable — réserve publique sur une profondeur de
aux documents d ’urbanisme. 11 smvm ont été 20 m (terrains clos) ou 50 m (terrains non
entrepris (ainsi que cinq schémas d’aménage clos) à partir de la limite du dpm ;
ment régional pour la Corse et les quatre — concessions de plage pouvant être
départements d’outre-mer, qui tiennent lieu de accordées sur le dpm pour l’aménagement et
smvm). Mais, en 2010, quatre smvm seule l ’exploitation d’une plage, en général pour
ment ont été approuvés - ceux de l’étang de quinze ans (plages naturelles) ou trente ans
Thau (1995), du bassin d’Arcachon (2004), (plages artificielles) ;
du golfe du Morbihan (2006) et du Tregor- — concessions de port de plaisance ana
Goëlo (2007) - , ainsi que les schémas d’amé logues, mais les travaux d’aménagement
nagement régional de la Réunion (1995), de devant être compatibles avec les documents
la Martinique (1998), de la Guadeloupe d’urbanisme;
(2001) et de la Guyane (2002). Il est très pro — concessions d ’endigage sur le dpm ,
bable que beaucoup des 7 autres smvm (et le mais, depuis 1973, ces terrains endigués
schéma d’aménagement régional de la Corse) appartiennent toujours au dpm et ne peuvent
ne voient jamais le jour. C ’est regrettable car être utilisés que pour des équipements ou
le smvm semblait constituer un outil adapté services d’intérêt général ou, exceptionnelle
pour concilier les intérêts concurrents des ment, des hébergements collectifs (hôtels, vil
activités économ iques (pêche, conchyli- lages de vacances).
culture et mytiliculture, ports, industrie, agri P. M.
culture), ceux de l’aménagement touristique
et le souci de protéger le littoral. -> Aménagement touristique; Conservatoire de t'espace littoral
et des rivages lacustres; Directives d'aménagement du terri
C’est ce même souci de conciliation d’inté toire; Littoral; Pollution des m ers; Prescriptions d'am énage
rêts contradictoires qui a conduit le gouverne m ent et d'urbanisme.
ment à remplacer la directive de 1979 par une
loi d’aménagement et d’urbanisme relative à
l’aménagement, la protection et la mise en MERCATIQUE URBAINE
valeur du littoral (devenue depuis la loi sru du
13 décembre 2000, dispositions particulières Depuis le début des années 1960, le terme
aux zones du littoral). La loi du 3 janvier 1986 de marketing s ’est im posé dans toutes les
obéit également au souci de conférer un carac langues du monde, le terme francisé de mer-
tère juridique plus précis aux dispositions de catique n’ayant guère réussi à s’imposer. Quel
protection et à celui d’accompagner les dispo que soit le domaine d’application, public ou
sitions contraignantes de protection par des privé, l’un et l’autre désignent, d’une part une
mesures positives vis-à-vis des activités liées démarche ayant vocation à fixer un futur
à la mer. Malheureusement, dix ans après la voulu, à savoir le marketing stratégique,
publication de cette loi, son application n ’a d ’autre part un ensemble de techniques spéci
conduit qu’à des résultats modestes. L’action fiques regroupées sous le vocable de marke
de l ’État, pendant cette période, a surtout ting opérationnel. Ce dernier pourrait être
concerné les mesures en faveur des activités défini comme la promotion des relations
économiques liées à l ’utilisation de la mer d ’une entité avec tous ses partenaires : clients
(ports, pêche, cultures marines, tourisme). lato sensu, fournisseurs, personnel, marketing
Le domaine public m aritime (dpm ) est interne, etc.
constitué par les eaux territoriales, la frange Le marketing urbain a pris son essor à partir
littorale au sens strict (limite entre les plus de la première crise pétrolière (1973) et non,
MERCATIQUE URBAINE 48» ;
contrairement à une idée reçue, sous l’impul Ce dernier affiche un futur voulu, c’est-à-dii»
sion des premières lois de décentralisation de une ambition socioéconomique à long lerme)
1982 et 1983. Les secousses de la crise ont en partagée par la majorité des acteurs urbains st
effet sensibilisé les villes au fait qu’elles distinctive des villes rivales par rapport aux»,
étaient en concurrence pour attirer des entre quelles elle se situe. Par exemple Barcelone; uns
prises et pour lutter contre le chômage. Ulté des cités pionnières en la matière (1990), s’était'
rieurement, la construction du marché unique donné comme ambition centrale de devenir U
européen et l’accélération de la mondialisation capitale d’une «macro-région» débordant le§
ont œuvré dans le même sens. Mais le slogan frontières de la Catalogne, tout en s’appuyant ■
consécutif « vendre la ville » à des entreprises sur une culture marquée fortement par ses ■
pour créer des emplois donne une vision sim racines méditerranéennes. Autre exemple, celui
pliste et réductrice du marketing appliqué
la
de Lisbonne, qui a profité de l’ouverture interna»
dans la sphère publique de l’économie. tionale du Portugal pour s’affirmer comme «
Tour d’abord le marketing d ’une ville, capitale atlantique» de l’Europe» : la ville s’est
comparé à celui d’une entreprise, se singula alors engagée, pour crédibiliser cet objectif*
rise par la multiplicité de ses cibles et de ses dans l’organisation d’une série d’événements de
objectifs : attirer de nouvelles entreprises, portée internationale, en particulier la demièrè
certes, mais aussi retenir celles qui sont déjà exposition universelle du XXe siècle.
implantées et encore créer un climat de Le plan stratégique d’une ville reçoit son
confiance avec les investisseurs, donner aux ancrage territorial dans un projet urbain, vision
habitants un sentiment de fierté, celui de rési volontariste de sa forme et de son paysage et
der dans la ville considérée, séduire des cadres cohérente avec l’ambition centrale dont l ’éla
hautement qualifiés pour peser sur leurs choix boration l ’a précédé. C’est ainsi que ce qu’on a
résidentiels en sa faveur, etc. pu appeler la nouvelle génération de schémas
En outre, le marketing urbain comporte des directeurs (désormais remplacés par des sché
risques de dérive particuliers. En premier mas de cohérence territoriale) sont des docu1
lieu, émerge fréquemment le risque de confu ments comportant en ouverture une analyse et
sion entre le marketing des politiques une orientation stratégiques, dont sont déduits
urbaines et celui des hommes politiques trop les principes d’organisation de l’espace urbain.
tentés d ’orienter la communication urbaine Par exemple, le schéma directeur d ’Orléans
pour soutenir leur réélection. Deuxièmement, (1994) débute par une réflexion sur la place
il ne faut pas négliger l ’éventuel décalage concurrentielle de la ville et justifie en consé
entre l’objectif d’une action marketing et sa quence une vocation distinctive (« la techno
perception par la population : ainsi, l’exposi pole nature »), puis un parti d’aménagement.
tion universelle tenue en l’an 2000 à Hanovre La démarche de projet, constitutive du
comme moyen de redynamisation de la ville marketing stratégique, a fait l ’objet, il y à
aux yeux de ses élus a rencontré l’opposition une dizaine d’années, d’une promotion juri
de la moitié de sa population, convaincue que dique. La loi Chevènement du 12 juillet 1999
cet événement provoquerait des hausses de assigne aux principales structures intercom*
prix et des atteintes à l’environnement. Troi munales l’élaboration « d’un projet commun
sièmement, le marketing urbain peut engen de développement et d’aménagement». La
drer des effets pervers dans l ’usage des loi Voynet du 25 juin 1999 prévoit pour un
services publics : en bref les habitants les plus pays la formulation d’une charte qui exprime
riches sont souvent les mieux formés et, grâce aussi un projet commun et propose pour cer
à leur niveau d’éducation élevé, ils sont plus taines aires urbaines un projet d ’agglomé
habiles à capter l’information des campagnes ration correspondant à un véritable plan stra
publicitaires sur l’offre de services locaux. Ils tégique. Enfin, la loi sru du 13 décembre
sont dès lors les premiers à fréquenter les 2000 institue T’exposé d’un projet d’aména
équipements sociaux créés initialement en gement et de développement durable (padd)
faveur des habitants les plus défavorisés. pour tout schéma de cohérence territoriale et
Le marketing stratégique d’une ville poursuit pour tout plan local d’urbanisme.
comme objectif principal l’élaboration d’un pro Le capital image d’une ville que le marke
jet global de développement, encore appelé sui ting doit développer, voire réorienter, dans le
vant les pays plan stratégique ou projet de ville. sens de son projet global de développement
167 MÉTRO
Une nouvelle série de réseaux de métro, — une sécurité et une régularité très éle
depuis un demi-siècle, a été entreprise en Amé vées;
rique du Nord (Toronto, Montréal, M exico, — l’absence presque complète de nuisances.
San Francisco, Washington, Atlanta, etc.), Son coût d’investissement élevé est justifié
dans des pays en développement (Sâo Paulo, par sa forte capacité : dans les pays en dévelop
Hong-kong, Caracas, Alger, Lagos, etc.), et pement où cet investissement doit être payé en
dans des villes m oyennes en Europe devises, il n ’est pas toujours certain qu’un
(Stockholm, Rotterdam, Amsterdam, Rome, métro soit prioritaire par rapport à un équipe
Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Rennes, etc.). ment lourd dans d’autres domaines. Dans les
On distingue parfois le métro urbain, des très grandes agglomérations, c’est, en revanche,
servant la seule zone centrale, avec des sta le seul moyen de faire face à la demande en
tions très rapprochées (500 m environ en heure de pointe, en évitant un surinvestissement
moyenne à Paris), et le métro régional, desser routier encore beaucoup plus coûteux.
vant surtout la banlieue, avec des stations plus
éloignées (1 km, parfois plus). Dans le cas de Les techniques du métro se sont améliorées
Paris, le réseau express régional ( r e r ) réuti au fil des temps, sans qu’il y ait jamais eu de
lise largement, en banlieue, le tracé de lignes mutation brutale. Les évolutions récentes
ferrées existantes et les relie à travers le centre concernent :
en souterrain, avec quelques stations de cor — la réalisation de métros à très forte capa
respondance avec le métro urbain. cité (autour de 60 000 voyageurs par heure et
Mais la plupart des réseaux de métro allient par sens) desservant l’ensemble d’une agglo
les deux conceptions : avec des arrêts plus rap mération (centre et banlieues) : cela était déjà le
prochés dans le centre qu’en banlieue (Londres, cas du métro de Moscou, entrepris entre les
Moscou, Tokyo, Stockholm, San Francisco...). deux guerres mondiales, puis de celui de
Récemment, est apparu le concept de pré Hong-kong ; le réseau express régional ( r e r )
métro (ou semi-métro). À Bmxelles, il s’agit de la région de Paris a la particularité de s ’aj ou-
d’une ligne de tramway totalement séparée de ter à un métro urbain ancien, avec lequel il offre
la voirie, et pour cela en grande partie souter de très bonnes correspondances ;
raine : on peut, lorsque le trafic l ’exige, lui — la réduction des intervalles entre les
substituer des rames de métro. Cette concep rames, ce qui permet d’accroître la capacité :
tion permet une réalisation progressive, évi on atteint 80 secondes sur certaines lignes du
tant tout surinvestissement et correspond bien métro parisien ;
au besoin des villes moyennes (autour de — l’automatisation de la conduite, réalisée
1 million d’habitants), de même que le métro entre autres sur les métros légers v a l , le métro
léger (véhicule automatique : v a l ) de Lille, de de Lyon - système Magaly - et sur le r e r
Toulouse et de Rennes. parisien - système s a c e m - , voire de l’ensemble
du fonctionnement ( v a l , ligne 14, dite Météor,
Les avantages essentiels du métro sont : du métro parisien, ouverte en 1998) ;
— la capacité élevée : le métro parisien — l ’amélioration du confort : sur ce dernier
peut assurer jusqu’à 38 rames de 800 voya plan, il convient de rappeler l’importance
geurs à l’heure (30 000 passagers) ; le métro pour les usagers de la réduction du nombre
de Moscou, 63 000 (45 rames de 1 400 passa et de la simplification des correspondances
gers) ; le r e r , 60 000 (30 rames de 2 000 voya dont la ligne A du r e r (malheureusement,
geurs), etc. Dans les villes moyennes, on se c’est beaucoup moins vrai pour les autres
contente d’une capacité plus faible (8 000, lignes, pourtant postérieures) représente une
soit 20 rames de 383 places à Lyon) ; remarquable illustration (elle a permis de
— la faible consommation d’espace : en diminuer de près d’une correspondance en
souterrain dans les zones très denses, il n’uti moyenne le parcours de ses usagers par rap
lise que quelques mètres carrés (accès) au port à leur trajet antérieur).
sol ; là où il est construit au sol, son emprise
P. M.
est de 12 m de large par voie double ;
— la faible consommation d’énergie
—> Capacité (d'un m oyen de transport) ; Confort (d'un moyen de
(comparable à celle des autres transports en transport); Coût d'investissement des transports; Moyen de
commun) ; transport; Tram w ay.
469 MÉTROPOLE RÉGIONALE
On a essayé, en France, de réanimer la pro majorité : deux tiers des communes et la moi
vince en promouvant les métropoles régio tié de la population ou l’inverse).
nales pour les aligner sur les grandes villes On désigne par métropolisation la tendance,
qui ont tiré pleinement profit des possibilités observée partout dans le monde au cours des
du XIXe siècle. La politique des métropoles années 1980, au renforcement des niveaux
d ’équilibre, lancée en 1964, s ’est révélée supérieurs du réseau urbain. Cette transforma
assez décevante. Les centres qui se sont tion se traduit souvent par le retour à la crois
montrés les plus dynamiques depuis cette date sance démographique des grandes villes dans
sont des villes généralement plus petites que les pays industrialisés ; elle est liée à l’attrac
celles qui avaient été retenues. tion qu’elles exercent vis-à-vis des sièges
Le ciadt du 18 décembre 2003 a arrêté un sociaux d ’entreprises, des services qui leur
cadre d’action pour conforter les métropoles sont nécessaires, et des activités financières.
françaises par rapport à leurs hom ologues La métropolisation s’est souvent accompa
européennes. Cette action concerne les dimen gnée d’une flambée spéculative.
sions économiques (quartiers d ’affaires, Depuis 1990, les prix atteints par l’immobi
accueil de sièges sociaux, de congrès), admi lier et les nouvelles conditions de la concur
nistratives (implantation d’emplois publics), rence internationale conduisent les entreprises
éducative et de recherche, culturelle et artis à ne garder dans les très grands centres que
tique. En fait, il ne s’est guère s’agi que d’un leurs fonctions de décision et de contacts. La
effet d’annonce : aucun moyen nouveau n ’a métropolisation s’en trouve ralentie, mais elle
été annoncé et la notion même de métropole a se poursuit au plan fonctionnel.
été laissée dans le vague (la datar a évoqué P. C. et P. M.
les agglomérations de plus de 100 000 habi
tants, ce qui correspond à une acception Aire métropolitaine; Aménagement du territoire; Armature
urbaine; Métropole d'équilibre.
contestable d’une métropole).
Si elle est adoptée, la proposition présentée
le 5 mars 2009 par le comité pour la réforme
des collectivités locales (dit comité Balladur) MÉTROPOLISATION -> Capitale; Métropole
de création de métropoles ayant certaines régionale ; Urbanisation
compétences des communes et les compé
tences sociales des départements, aurait des
conséquences beaucoup plus importantes. Le MEUBLÉ (OU GARNI)
comité Balladur propose de donner ce statut,
dès 2014, à onze métropoles (Lyon, Lille, Un logement est considéré comme meublé
Marseille, Bordeaux, Toulouse, N ice, lorsqu’il est garni en nombre suffisant de
Strasbourg, Nantes, Rouen, Rennes et Toulon) meubles et d ’ustensiles pour permettre la vie
et éventuellement, par la suite à d’autres, sur courante. L’expression «garni», synonyme,
la base du volontariat. On retrouve le choix plus utilisée au x ix e siècle, a pris un sens
des anciennes métropoles d ’équilibre (à péjoratif, mais la location meublée recouvre
l’exception de la métropole lorraine et avec des réalités différentes. La définition du loge
l’addition de Nice, Rouen, Rennes et Toulon). ment « m eu b lé» dans les enquêtes statis
Les conseillers métropolitains seraient élus tiques associe en effet les logements loués
sur les mêmes listes que les conseillers des meublés dispersés dans le parc de logements
villes la constituant. Cette proposition a été ordinaires et les chambres d’hôtels meublés
intégrée au projet de loi de réforme des collec non classés tourisme. Selon I’enl 2006, plus
tivités territoriales qui doit être voté à de 430 000 résidences principales seraient
l ’automne 2010. Il s ’agira de métropoles des logements loués ou sous-loués meublés,
réunissant des communes d’un seul tenant dont 22 000 en hôtel ou garni.
regroupant plus de 450 000 habitants. Elles La location meublée n’est pas soumise au
auront pour rôle de définir un projet d’aména même régime locatif que les locaux d’habita
gement et de développement économique, tion loué nus. Les locations meublées ne sont
environnemental, éducatif et culturel et seront pas spécifiquement réglementées et relèvent
formées par un (ou plusieurs) epci à fiscalité du Code civil. Toutefois, depuis la loi de cohé
propre ou par création nouvelle (à la double sion sociale de 2005, toute location meublée
471 MICROCLIMAT URBAIN
d’une résidence principale est soumise à une s’agit là d’un des seuls modes d’habitat dispo
réglementation minimale (rédaction d ’un bail nible, surtout dans les grandes villes, pour
d’un an, conditions de renouvellement tacite des catégories de population marginalisées
et encadrement du congé). En revanche, le (immigrés, personnes en rupture sociale et
dépôt de garantie, les charges, les obligations familiale notamment), dont elles favorisent
du propriétaire et du locataire, les documents l’insertion. Ce rôle social est de plus en plus
annexes, ne sont pas réglementés. Par ailleurs, reconnu et de nouvelles réponses publiques
le régime fiscal de la location meublée est éga commencent à y être apportées. Un nouveau
lement spécifique, les loyers perçus par le statut des occupants de ces hôtels a été institué
bailleur relevant non pas du régime des reve par la loi de cohésion sociale de 2005 et ren
nus fonciers mais de celui des bénéfices indus forcé par la loi de mobilisation pour le loge
triels et commerciaux. Les maisons meublées ment et la lutte contre les exclusions de 2009
ou pensions de famille ont en revanche un afin de mieux protéger leurs droits en tant que
statut juridique différent et peuvent offrir les locataires (meilleures garanties de maintien
repas en plus du logement. dans les lieux ou de relogement), tandis que se
mettent en place des politiques de réhabilita
Les hôtels meublés (« hôtels de préfecture » tion et de préservation de cette offre atypique.
ou « garnis ») offrent une certaine souplesse Certaines collectivités locales (en premier lieu
d’accès et ont un rôle ancien dans le logement la Ville de Paris, où l’on recensait 650 hôtels de
des catégories populaires urbaines. Les loca cette catégorie en 2007) tentent ainsi de freiner
tions s ’effectuent le plus souvent au mois le mouvement de leur disparition (autant de
(à la semaine en Grande-Bretagne), dans un fermetures, autant d’afflux sur les listes de
contexte non touristique (en ville surtout). Les demandes h l m ) , par une politique d’acquisition
occupants sont en majorité des célibataires, et d’amélioration de ces établissements. Cer
sédentaires, appartenant à des couches sociales tains sont également transformés en résidence
à revenus modestes, voire isolées ou margina sociale ou en centre d’hébergement d’urgence.
lisées (immigrés, chômeurs), souvent jeunes. Dans le même sens la loi Engagement natio
Les hôtels meublés, classés en nombreuses nal pour le logement de 2006 a défini un nou
catégories selon leur niveau d ’équipement, veau statut de « résidence hôtelière à vocation
sont le plus souvent vétustes, sous-équipés et sociale » donnant accès à des aides fiscales à
mal entretenus et exigent des loyers hors de l’investissement privé et visant à favoriser à la
proportion avec le service rendu. Ils com fois la réhabilitation des établissements et le
portent souvent un café-restaurant, ce qui développement d’une nouvelle offre de ce type.
favorise la convivialité pour les occupants et
A.-C. Da. et A. M.
la rentabilité pour les exploitants.
L’effectif des hôtels meublés tend à dimi -> Démunis (logement des) ; Location ; Logement.
nuer. Certains sont améliorés et se font classer
hôtel de tourisme. Beaucoup ont disparu dans
le cadre d’opérations de rénovation urbaine, MICROCLIMAT URBAIN
de résorption de l’habitat insalubre ou de réha
bilitation. Au cours des années récentes, la Les villes font subir au climat des régions
disparition des hôtels meublés s’est accélérée, qui les entourent des modifications sensibles ;
l ’envolée des valeurs immobilières rendant elles insèrent un climat local urbain ou un
encore plus rentable la récupération du bâti microclimat urbain dans le climat régional.
(pour réhabilitation) ou du sol (pour recons Certaines des modifications sont avanta
truction) des hôtels meublés, le plus souvent geuses, d ’autres peuvent être considérées
bien situés dans les quartiers traditionnels. De comme des nuisances.
plus, le renforcement des règles de police — Les villes modifient les conditions du
(notamment au titre de la sécurité incendie, bilan radiatif. L’état de l’atmosphère, notam
après les épisodes dramatiques connus à Paris ment sa température, dépend du bilan des
en 2007) accélère la disparition d’une partie échanges entre les radiations d’ondes courtes
de cette offre. reçues du soleil et des radiations d ’ondes
Cette disparition progressive des hôtels longues émises par la surface terrestre. Dans
meublés n’a pas que des avantages. Car il les villes :
MICROCLIMAT URBAIN m
• les bâtiments et les surfaces planes revê — Les mécanismes décrits ci-dessus intrafo
tues s’échauffent assez fortement à la récep fèrent (cf. schéma), pour donner quelquès
tion de la radiation solaire ; caractéristiques propres au microclimat
• les radiations d’ondes longues émises par urbain. :i
les surfaces ont des trajets complexes ; elles :— L’existence d ’un « îlo t de chaletii
sont renvoyées de surface en surface, si bien urbain » est une constante. Il est dû à la fois Ô
que, dans l’ensemble, elles sont en quelque l’augmentation du bilan radiatif des villes p#Br,
sorte « prisonnières » de la ville, ce qui réduit rapport à leur environnement et au chauffas! t
les pertes radiatives de celle-ci ; des immeubles en hiver. Dans les régions et
• l’atmosphère des villes étant en géné les périodes froides, il peut être considéré
ral polluée, les poussières en suspension comme un avantage, mais il apparaît aussi1
réduisent la quantité de radiation entrante, dans les régions et les périodes chaudes Où ii
mais aussi celle de radiation sortante: ce constitue une nuisance. Une différence de
dernier effet tend à prédominer sur le premier, quelques degrés peut suffire à faire franchi*
si bien que, dans les villes, « l ’effet de serre» un «seuil de confort». La diminution de 1a
est augmenté. vitesse du vent peut aggraver les inconvé
■*— Les villes modifient les conditions de la nients de l’îlot de chaleur. .
circulation de l ’air. Les espaces urbanisés — L’augmentation des jours de brouillard
constituent des surfaces de forte rugosité. est due à la pollution et à la réduction de la
C elle-ci réduit, globalement, la vitesse du vitesse du vent. Elle se manifeste sur les péri*
vent. Mais, localement, il peut se produire des phéries des grandes agglomérations. Dans le
effets de canalisation, avec tourbillons et vents centre, en effet, l’îlot de chaleur tend à atté-t
forts près des immeubles élevés ou entre les nuer l ’importance des brouillards. Celle-ci
immeubles barres. peut être considérée comme une nuisance. t
Particules
en suspension
Rugosité
de la surface
celles qui concernent la natalité et la mortalité, tions alternantes subsisterait, car cela ne sup
on pourrait leur appliquer les méthodes de primerait pas leurs autres causes :
l’analyse démographique (quotients de migra • la spécialisation croissante des emplois ;
tion, analyse longitudinale et transversale, • la non-transparence du marché de l ’emploi ;
etc.). Mais ce n’est pratiquement jamais le • la mobilité résidentielle et professionnelle ;
cas, surtout à l’échelle des régions, des villes • la présence, dans de nombreux ménages,
ou des communes. de plusieurs personnes actives.
De façon générale, les migrations sont sélec Les activités étant plus nombreuses au
tives: selon le sexe (l’exode rural en France centre, les migrations alternantes concernent
a concerné les femmes avant les hommes ; surtout les habitants de la banlieue, en parti
l’inverse s’observe en Afrique), selon l’âge, culier des quartiers récents. Les cadres et
l’état matrimonial (célibataires surtout), la pro employés de bureau effectuent souvent de
fession et le niveau d’instmction. longues migrations radiales, les ouvriers des
P. M. migrations à plus faible distance et plus dis
persées dans l’espace urbain. Les non-salariés
- a Exode rural ; Migrations alternantes ; Population ; Projections travaillent plus souvent à leur domicile ou
dém ographiques; Recensement; Vieillissement d'une popu
lation. près de celui-ci. Les hommes, les adultes
jeunes, les salariés font également des dépla
cements plus longs que la moyenne.
MIGRATIONS ALTERNANTES En région parisienne, la durée moyenne de
(PENDULAIRES OU QUOTIDIENNES) chaque déplacement domicile-travail (pour
ceux qui en effectuent un) atteint 38 mn (36
Déplacements quotidiens entre le domicile à l ’aller, 40 au retour) pour près de 10 km
et le lieu de travail (auxquels on peut assimiler en moyenne. Ces valeurs dépassent à peine
les déplacements scolaires quotidiens). Les 15 mn et 3 km dans les villes de province (soit
migrations alternantes au sens strict repré une différence quotidienne de trois quarts
sentent un quart de la mobilité d’un jour de d ’heure). Aussi, pour une personne active,
semaine aux États-Unis, un tiers environ dans dans une très grande agglomération, le temps
les pays européens développés, la moitié dans de trajet domicile-travail approche (surtout
des pays moins développés. pour les femmes qui effectuent plus de tâches
La principale caractéristique des migrations ménagères) le temps de loisir résiduel.
alternantes est leur concentration dans le temps, Le recours aux transports en commun est
aux heures de pointe, la majorité des horaires beaucoup plus important pour les migrations
de travail étant semblables dans une agglomé alternantes que pour les autres déplacements :
ration. Les migrations alternantes représentent 41 % (transport mixte - automobile + trans
ainsi la majorité de la demande de déplace ports en commun - compris) en région pari
ments en heure de pointe : la moitié (70 % avec sienne (55 % pour l ’automobile et 3 % pour
les déplacements scolaires) à la pointe du soir ; les véhicules à deux roues) contre 27 % pour
les deux tiers (90 % avec les déplacements sco les déplacements pour d’autres motifs (69 %
laires) à la pointe du matin. Comme les réseaux en automobile). Cet écart est lié à leur concen
de transport doivent être dimensionnés en fonc tration aux heures de pointe et sur les axes
tion de cette demande de pointe, la connais radiaux vers et dans le centre. En outre, le
sance précise des migrations alternantes est souci d’économie est plus important lors des
fondamentale pour le planificateur. C’est ce qui migrations alternantes en raison de leur carac
explique que l’essentiel des travaux sur la tère répétitif. L’utilisation des transports en
mobilité les ait longtemps concernées, sans jus commun est même encore plus importante
tifier le désintérêt manifesté pour les autres pour les migrations alternantes aux heures de
motifs de déplacements. pointe : 50 % en région parisienne. Elle est
Les migrations alternantes sont dues, avant maximale pour ces migrations alternantes en
tout, à la répartition géographique différente heure de pointe sur les axes radiaux (85 %) et
des résidences et des activités : un des objec dans Paris (81 %). Ainsi, un véritable partage
tifs de l ’aménagement urbain vise à rappro des rôles s’établit-il entre l’automobile et les
cher ces deux répartitions. Mais, même s ’il transports en commun selon le motif du dépla
était pleinement atteint, la majorité des migra cement, l ’horaire et le type de trajet. Une
MILIEU
conclusion superficielle, à laquelle beaucoup classées mais, même pour ces dernières, unft
d’analystes se limitent, selon laquelle l’usage autorisation administrative, délivrée pour ufl0
de l ’automobile est largement majoritaire, durée déterminée, est nécessaire (loi du 2 janl
même pour les migrations alternantes, passe vier 1970) et une étude d ’impact doit êtt|;
rait à côté de l ’essentiel. Cette conclusion effectuée (loi du 19 juillet 1976).
essentielle est que, pour les déplacements les Les mines et carrières peuvent poser déni.;
plus répétitifs, les plus concentrés dans le problèmes d ’urbanisme, soit par l ’espai®#j
temps et dans l’espace que sont les migrations qu’elles utilisent, soit par les nuisances
alternantes à destination du centre à l’heure de qu’elles occasionnent (bruit, poussières # 1
pointe, les transports en commun sont de loin pollutions, transports lourds, détérioration du
prédominants et peuvent seuls faire face à paysage, etc.), soit par les difficultés d(,
cette demande massive. C’est une des justifi construction qu’elles entraînent (carrièreil.
cations de la priorité qui doit leur être accor souterraines). Les plans d ’urbanisme n i
dée dans les investissements. Cela montre en doivent pas omettre les servitudes correspon
outre que, contrairement à une opinion large dantes. L’ouverture de carrière peut, notam
ment répandue, les investissements dans les ment, être refusée dans les sites classés (ou
transports en commun doivent en priorité en cours de procédure) et aux abords des
concerner les axes radiaux et non les rocades, monuments historiques ; lorsqu’elle implique
pour lesquelles l ’essentiel de la demande se le défrichement d ’espaces boisés (une auto
porte - et se portera toujours - vers l ’automo risation de défricher est alors nécessaire).)
bile (le contrat de plan État-Île de France pour dans un périmètre de protection des eaiWl
2000-2006 et le contrat de projet 2007-2013, A l’inverse, les plans d’urbanisme, et notam
cédant à une mode discutable, ont effectué ment le p o s ou le p l u , peuvent interdire
cependant un choix inverse). l’urbanisation d ’une zone pour permettre son
L’automobile est cependant le moyen de exploitation future en carrière. si
transport le plus utilisé pour les liaisons inter L’aménageur doit aussi assurer la réhabit
urbaines et en milieu rural, quel que soit le litation des anciennes carrières par apport
motif de déplacement. Elle est également pré de matériaux pour les combler, couverture
pondérante dans les agglomérations petites et de terre végétale puis aménagem ent: le i
moyennes et, dans les grandes aggloméra anciennes carrières se prêtent souvent bien ü)
tions, pour les migrations alternantes tangen- l’installation de bases de loisirs et de plein
tielles (de banlieue à banlieue : 85 % environ air. D es problèm es de réhabilitation se
en région parisienne). posent aussi pour les déchets miniers (ter
P. M. rils) qui forment de véritables collines artifi
cielles et pour le carreau (terrain clos
Déplacement; Em ploi; Heure de pointe; Modèle de trans englobant l’orifice du puits et les installa*
p ort; Population active.
tions) des usines qui ne sont plus exploit
tées. . ■■. ;
Les mines ont, en outre, souvent créé mà
MILIEU - » Environnement paysage urbain spécifique : carreau de la mine)
terrils, aires de stockage, voies de transport dés
minéraux, et même habitat, spécifique. On
MINES ET CARRIÈRES appelle corons les groupes d’habitations, exi
guës et sans confort, construites pour héberger
Installations à ciel ouvert ou en sous-sol les mineurs (Nord-Pas-de-Calais en particu
destinées à l’extraction de substances miné lier). Leur réhabilitation, si elle est possible, ou
rales : au sens ordinaire, on distingue les pro leur démolition doit être envisagée. Les mines
duits métalliques ou fossiles (m ines) des plus récentes ont pu donner lieu à la construc
minéraux destinés à la construction (car tion de cités minières s’inspirant, peu ou prou,
rières). Le régime des mines, qui établit un des principes des cités-jardins. ,
droit préférentiel au profit de l’État, s’applique
aux matières d’intérêt national ; le terme de p. M.
carrières, dans cette acception juridique, est - » Activité économ ique; C oro n; Friches urbaines et indus-
réservé aux exploitations de matières non trielles;Tréfonds.
«7 MOBILIER URBAIN
des différents éléments du mobilier ; banalisa en excluant les déplacem ents effectu és à
tion de ces objets qui se retrouvent iden pied en totalité) un jour de sem aine par
tiques, non seulement d ’un pays et d ’une ménage ou par personne (ou par personne de
ville à l ’autre, mais dans les villages et les 6 ans et plus). La mobilité est liée à la taille
campagnes ; distribution purement quantita de la ville (le maximum s’observe dans les
tive des objets mobiliers, traités comme v illes m oyennes). Elle s ’est longtem ps
unités singulières et non plus composants accme presque linéairement avec le niveau
d’un ensemble complémentaire et intégrateur de vie (mesuré par le revenu R) et le niveau
de l ’espace urbain qu’ils contribuent désor de motorisation m (lui-même lié au revenu),
mais à désintégrer. Autrement dit, le rôle jusqu’à ce qu’on atteigne un niveau de satm
convivial et esthétique de ce type d’équipe ration, voire une légère diminution (récente)
ment tend à s ’effacer. Ils sont en revanche dans certains cas. D ’autres facteurs inter
devenus le support d ’une autre fonction viennent : âge, sexe, position dans le
publicitaire. ménage, exercice d’une activité profession
Paris offre aujourd’hui, à cet égard, un nelle, desserte par transports en commun,
exemple caricatural où la circulation des pié organisation de la ville, etc.
tons est entravée par des objets hors d’échelle La mobilité est établie par enquêtes par
(kiosques à journaux, urinoirs, poubelles) et sondage, effectuées à domicile auprès de tous
des panneaux publicitaires prétexte à plans de les membres d ’un même ménage ou par la
quartiers surnuméraires. D es opérations et méthode du carnet (où l’enquêté note ses
des concours de réaménagement d’espaces déplacements). Les résultats de ces enquêtes
publics ont également amplifié le fractionne fournissent une approximation de la demande
ment du systèm e des espaces parisiens en de déplacements. Mais cette estimation est par
créant des espaces à forte spécificité d ’aména défaut, car elle ne comprend pas la demande
gement, mais sans liaison avec le reste des non réalisée, qu’on appelle demande latente;
mobiliers urbains. en raison de l’insuffisance de l’offre de trans
Le mobilier urbain, autrefois porteur de port (desserte insuffisante en transports en
convivialité, conserve cependant un rôle commun, non-disposition d’un véhicule indi
potentiel que les urbanistes devront repenser viduel) ou du revenu des intéressés (pour
et réélaborer en diversifiant les modes de pro payer la dépense monétaire liée au déplace
duction, en différenciant les mobiliers urbain ment).
et rural et en travaillant à une répartition ratio Les études sur la mobilité ont mis l’accent
nalisée et maîtrisée du mobilier dans l’espace sur:
urbain. — le budget-temps de transport, dont Zahavi
D es solutions devraient également être estime qu’il est presque constant (résultat
recherchées pour intégrer dans des réseaux contesté par d ’autres auteurs) ;
d’infrastructures (éventuellement souterrains), — les chaînes de déplacements (un dépla
et d ’équipements plutôt que dans des objets cement n ’est pas décidé indépendamment
encombrants et offensants pour la vue, la col de ceux qui le suivent ou le précèdent), qui
lecte des déchets et les équipements sanitaires ont conduit à étudier les programmes d’acti
qui, par définition, ne contribuent pas à l ’urba vités dans un espace-temps à trois dimensions
nité. (Hàgerstrand) ;
— les cartes mentales, représentations
F. C. et V. S.-M. G.
subjectives de l ’espace urbain par un habitant
-> Éclairage public; Espace public; Trottoir; Viabiliser. à partir des lieux qu’il a l’habitude de fré
quenter ;
— l’accessibilité qui, surtout dans les
MOBILITÉ pays en développement, n ’est pas assurée
pour tous, soit par carence des réseaux de
La mobilité est la propension d’une popu transport en commun, soit par insuffisance
lation à se déplacer. En ce qui concerne la du revenu.
mobilité à l ’intérieur d ’une agglomération, P. M.
on mesure le plus souvent la mobilité par le
nombre moyen de déplacements (en général - » Déplacement;Accessibilité.
479 MODALITÉS D'APPLICATION DU RÈGLEMENT NATIONAL D’URBANISME
seuls ces derniers sont des modèles réelle On a tenté, dans les années 1960, aux
ment explicatifs. États-Unis et parfois en France, de construire
L’ajustement (éviter l’anglicisme « calibra des modèles simulant le développem ent
tion ») d’un modèle consiste à déterminer les urbain (cf. P. Merlin, «M odèles d ’urbani
valeurs numériques des coefficients et para sation», Cahiers de I ’iaurp, vol. 11, 1968).
mètres du modèle qui permettent la meilleure Ces modèles étaient soit globaux, soit par
adéquation possible entre les résultats calculés tiels (concernant par exemple la localisation
par le modèle et les résultats empiriquement des ménages, ou celle des commerces). Les
observés Les coefficients sont les éléments modèles explicatifs, dont le plus connu est
numériques qui sont attachés aux variables celui de Herbert et Stevens qui analyse le
d’un modèle descriptif : ils n ’ont pas de signifi choix de localisation des ménages, se sont
cation propre et seul leur signe (positif ou révélés difficiles à utiliser opérationnellement
négatif) en a une. Les paramètres sont les élé pour des prévisions. Des modèles descriptifs
ments qui fixent les lois traduites par les rela (Lowry, aux États-Unis ; Merlin et Lebel en
tions d’un modèle explicatif ou analogique. Ils France) ont pu être utilisés opérationnelle
ont une signification propre et, avant toute ment, mais souffrent des insuffisances géné
application en prévision, on doit s’interroger rales des modèles descriptifs.
sur leur évolution possible, en faisant appel à la P.M.
réflexion prospective. Par exemple, l’exposant
d’un modèle gravitaire est un paramètre qui tra - » Modèle de transport; Prévision; Recherche opérationnelle;
Système.
duit la résistance des usagers à se déplacer.
Les écarts entre les valeurs observées et
les valeurs calculées par le modèle sont les
« erreurs » du modèle. On peut considérer MODÈLE DE CHOIX MODAL
que, dans une application en prévision, les
erreurs seront supérieures à celles observées Modèle qui décrit le choix d’un mode de
lors de l’ajustement du modèle à partir d’une transport par l’usager. La plupart des modèles
situation observée. Des méthodes classiques ne comparent que deux modes de transport à
(calcul d’erreurs, analyse de variance) per la fois. On procède alors par répartitions suc
mettent d ’apprécier la qualité de l ’ajuste cessives :
ment. Mais cette qualité ne peut se limiter — entre la marche à pied et l’emploi d’un
aux résultats de tels calculs : on peut toujours moyen de transport ;
obtenir un bon ajustement d ’un modèle en — entre l’emploi d’un moyen individuel et
multipliant les coefficients (ou paramètres), d’un moyen de transport en commun ;
mais ce gain de précision est illusoire car ces — parmi ces derniers, entre les différents
coefficients supplémentaires ont peu de moyens concurrents le cas échéant.
chances d’être stables dans le temps, et les Les modèles les plus utilisés reposent sur
erreurs risquent d ’être très élevées lors de le concept d ’arbitrage par l ’usager entre la
l ’application d’un tel modèle en prévision. dépense monétaire, le temps de trajet (et sou
Aussi, les modèles explicatifs, comportant vent le confort). Leur mise au point suppose
un petit nombre de paramètres clairement la détermination d ’équivalences entre ces
identifiés, sont les plus utiles à l’analyse d’un dimensions différentes : les coefficients de
système, comme pour la prévision et la plani pénibilité permettent de corriger le temps en
fication. fonction de l’inconfort lié à chaque séquence
Les modèles mathématiques ont de nom du déplacement (trajet terminal à pied,
breuses applications en urbanisme et en amé attente, correspondance, trajet dans un véhi
nagement de l ’espace. On citera notamment cule surchargé). L’arbitrage entre le temps et
leurs applications dans le domaine écono la dépense monétaire nécessite la détermina
mique (échanges interindustries, multiplica tion empirique d’une valeur du temps (sub
teurs d’emplois, etc.), dans celui de la mobilité jective), à partir de l ’analyse objective du
et des transports (distribution géographique comportement ejfectif des usagers, connu par
des déplacements, choix du mode de trans les enquêtes de mobilité.
port, etc.), dans l'étude des réseaux urbains, Les principaux modèles, dont s’inspirent
en économie spatiale. les modèles actuellement utilisés, ont été mis
MODÈLE DE DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES DÉPLACEMENTS m
au point au début des années 1960. Ils pré une analogie entre la mobilité et la gravitatioft
sentent sous forme mathématique (Warner, universelle. Deux formulations mathéma*
États-Unis) ou sous forme graphique (Barbier- tiques sont employées :
Merlin, France et Beesley, Grande-Bretagne) — puissance: il
une courbe d’affectation permettant d’affecter
les usagers à l’un ou l ’autre des deux moyens
de transport en fonction de la comparaison du
temps de trajet et des dépenses monétaires — exponentielle: sq
pour chacun d’eux. L’étude française, qui pre 9'
nait en outre en compte le confort, établit la t} = a'g, x aj x e *' dt u*
courbe d’affectation en fonction de la diffé
rence, pour les deux m oyens de transport gt : génération du quartier i (par ex. :
concurrents, du coût généralisé du déplace population active) ;
ment considéré (lequel incorpore dépense aj : attraction du quartier j (par ex. t:
monétaire, temps de trajet et confort). emplois); f
Comme les autres modèles de transport, les dÿ : indicateur d’éloignement (distance',1
modèles de choix modal reposent sur des prin coût généralisé) entre i etj ; .
cipes établis au début des années 1960. Les a ou a' : paramètre de mise à l’échelle ;
améliorations apportées par la suite ont plutôt P ou P' : paramètre de sensibilité de la mobk
été des complications qui, recourant à davan lité à la distance.
tage de variables, donc de coefficients ou de
paramètres à ajuster, ont nui à leur valeur pré • Les modèles des opportunités formalisent,
dictive. . un comportement des usagers qui, pour choisir
La principale critique apportée aux modèles leur destination, explorent l’espace de proche*
de choix modal souligne que, seule une mino en proche, selon les distances (ou coûts géné
rité des usagers est en situation de choix véri ralisés de déplacement) croissantes.
table : les autres, soit ne disposent pas d’une On peut présenter, pour ces modèles, des
automobile (on les appelle « les captifs » des remarques analogues à celles présentées à
transports en commun), soit sont, au contraire, propos de l’ensemble des modèles de trans
décidés à utiliser leur automobile dans tous port quant à leur origine et à leurs améliora
les cas. tions ultérieures quelque peu illusoires. On
L’affectation aux itinéraires concurrents observera cependant que les modèles de pré
repose sur des modèles de conception similaire. vision ex nihilo des flux (tels le modèle gravi-
P.M. taire ou le modèle des opportunités) étaient
bien adaptés au cas de prévisions à long
-* Coefficient de pénibilité ; Confort (d'un moyen de transport) ; terme dans des agglomérations en évolution
Coût généralisé de déplacement; Modèle de transport;
Moyen de transport ; Valeur du temps (lors des déplacements). rapide et où l ’on prévoyait de nouveaux
réseaux de transport, ce qui explique qu’ils
aient été préférés dans les années 1960-1970
MODÈLE DE DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE où ces conditions étaient remplies dans les
DES DÉPLACEMENTS pays développés. Au contraire, les modèles
de facteur de croissance, repartant des flux
Modèle qui permet de déterminer les flux % existants, sont plus adaptés à des prévisions à
entre chaque origine i et chaque distinction j moyen terme dans des agglomérations qui
sous forme de matrice (tableau). On distingue : évolueront peu et où on se limitera à complé
• Les modèles de facteur de croissance, qui ter et à améliorer les réseaux existants: ces
corrigent les flux actuels par des facteurs modèles, abandonnés dans les années 1960,
prenant en compte la croissance prévue, dans méritent d ’être remis au goût du jour, au
chaque quartier, de la population résidente et moins dans le contexte actuel des villes des
des activités; ces modèles donnent de bons pays développés.
résultats à moyen terme, si aucun bouleverse
ment de la structure de l’agglomération ni du P. M.
réseau de transports n ’est prévu.
-* Coût généralisé de déplacement; Déplacement; Modèle de
• Les modèles gravitaires qui reposent sur transport.
483 MODERNE
et traqué, aussi bien dans l’Allemagne nazie une œuvre (période des prairie-houses) qui,
que dans la Russie soviétique, à partir des publiée en 1910 à Berlin, deviendra un ferment
années 1930). , pour l ’avant-garde européenne (particulière
Depuis la seconde guerre mondiale, les ment Van’t Hoff, Mies Van der Rohe et Aalto)
courants de l’art moderne se multiplient tan et consacre la place de l’architecte américain
dis que, sous la pression des changements dans la modernité.
sociétaux, des médias et d’un marché de Dans les années qui suivent, le mouvement
l’art en expansion, ils voient leur public se propage à travers l’Europe, dans le sillage
s’élargir, leur reconnaissance s ’accélérer, de courants artistiques, en particulier pictu
leur durée de vie se réduire, tendant ainsi à raux (cf. S. Giedion) tels que : l’expression
changer de nature et à relever des phéno nisme allemand qui marque les œuvres de
mènes de mode. E. M endelsohn (tour Einstein à Potsdam,
En architecture, la modernité a été assumée 1921) et de H. Poelzig (théâtre de Berlin,
tardivement. Sans doute parce que les réalisa 1919); le néo-plasticism e hollandais et la
tions de cet art sont résistantes au change revue De Stijl qui influence les Néerlandais
ment, faites pour durer, mais aussi à cause de Rietveld, Van Doesburg et Van Eesteren, mais
leur destination utilitaire qui y limite les choix aussi L. Mies Van der Rohe ; le cubisme auquel
arbitraires et le champ de l ’innovation, les s’alimentent les rationalistes dont, à partir des
jeux de l’humour, de la subversion et la puis années 1920, Le Corbusier, également très
sance de la négativité. De ce fait, la notion est marqué par le futurisme italien ; le constructi
plus ambiguë et difficile à cerner que dans les visme, le suprématisme (K. Malevich) et le
autres arts. Critiques et historiens de l’archi futurisme russes dont est issue l’architecture
tecture en témoignent, qui ne s ’accordent ni soviétique d ’avant-garde des années 1920
sur sa généalogie (cf. rôles respectivement (A. Vesnine, K. C. Melnikov, etc.).
accordés au mouvement anglais des Arts and Le concours international pour le siège du
crafts, par N. Pevsner, Pioneers o f modem Chicago Tribune (1922), quoique gagné par
design, Londres, 1936, et au modem style ou des Américains (Howells et Hood), suscite de
art nouveau par B. Zevi, Storia dell’architet- la part des protagonistes du mouvem ent
tura modema, Turin, 1955), sur son contenu moderne européen une série de projets qui
et sur son interprétation (accent mis sur le introduisent ce mouvement aux Etats-Unis.
rationalisme par S. Giedion, Space, time, Celui-ci y sera pleinement reconnu et diffusé à
architecture, Cambridge, Mass., 1941, sur le la suite de l'émigration (1938) de Gropius et
mouvement organique par Zevi). M ies Van der Rohe qui avaient fui l ’A lle
L’«architecture moderne», en tant qu’avant- magne nazie. Le premier y deviendra le direc
garde militante et consciente de soi, n’est pas teur de l’école d’architecture de Harvard où il
issue du modem style qui, malgré son nom, formera une nouvelle génération d ’archi
revendique une affiliation aux styles du passé. tectes, le second, installé à Chicago, créera
Elle naît à Vienne, à l’articulation du xixe et du une série de chefs-d’œuvre (Illinois Institute
x xe siècle. C’est là que, dans le cadre de la o f Technology, entre autres), immédiatement
Sécession (mouvement artistique, créé en 1897 imités et convertis en types.
et dominé par la figure du peintre G. Klimt) et
dans la mouvance de l ’enseignement de Dans la mesure où l’architecture moderne
O. Wagner (cf. Moderne Architektur, 1896, est issue d’un « mouvement » aux ramifica
trad. franç. 1984), A. Loos publie ses premiers tions multiples, elle ne peut être définie que
manifestes (dès 1897), avant de construire sa très schématiquement, par les modulations et
maison-manifeste (villa Steiner, 1910), que variations qu’elle apporte aux traits communs,
J. M. Olbrich construit le Palais de la Sécession caractéristiques des autres avant-gardes. On
en 1898, et que J. Hoffman édifie le sanatorium retiendra en particulier :
de Pukersdorf (1903) avant de commencer, — Sa volonté d ’innovation radicale qui
deux ans plus tard, le projet du palais Stoclet de s’exprime :
Bruxelles. Parallèlement, et sans lien avec une • Par une rupture explicite avec les styles et
avant-garde artistique qui n’existe pas encore traditions du passé qui, au xixe siècle, avaient
dans son pays, F. L. Wright réalise aux Etats- lourdement pesé sur le néo-classicisme et
Unis, pendant la première décennie du siècle, l’éclectisme.
MODERNE 4*6
Lurçat pour des municipalités communistes. des désurbanistes étaient prématurés et furent,
Quant aux réalisations sociales de Le avec l ’ensemble de l ’architecture d ’avant-
Corbusier (lotissement de Pessac, 1925, puis garde soviétique, condamnés par le stali
unités d ’habitation inspirées par celle de nisme.
Marseille, 1947-1952), elles ne remportèrent Dans un tout autre contexte économique,
pas l ’adhésion des couches sociales aux social et politique, Furbanisme des ciam, tel
quelles elles étaient destinées ; elles illustrent que le définit le manifeste de la Charte
la difficulté d ’inventer a priori un mode de d ’Athènes (1933), et que l ’ont interprété
vie et le caractère provocant et élitique que L. Hilberseimer, Le Corbusier, J. L. Sert,
prend souvent, contre son intention explicite, rompt lui aussi avec la rue, les gabarits tradi
la création de l ’avant-garde architecturale. En tionnels, et accorde une prééminence nouvelle
fait, jusqu’à la seconde guerre mondiale, la à la circulation automobile et au classement
majeure partie de l’architecture moderne (hors des activités.
URSS) fut produite pour des clients privilé Le mouvement moderne connaît son apo
giés (cf. les « villas » construites par Loos gée avant la deuxièm e guerre mondiale.
(1925-1931), Hoffmann, Mies, Le Corbusier, L’après-guerre voit encore des créations
M allet-Stevens, Aalto, Wright, etc.) qui, architecturales brillantes chez les vétérans
quelles que soient leurs origines (poètes et - Seagram Building de Mies Van der Rohe à
artistes d’avant-garde, bourgeois éclairés ou, N ew York, chapelle de Ronchamp de Le
dans le cas de Wright, parvenus sociaux) Corbusier, musée Guggenheim de Wright,
demeurent une minorité. etc. - et chez les représentants d’une nouvelle
L’importance qu’ils accordaient aux chan génération, illustrée aux États-Unis par Louis
gements sociétaux a conduit les architectes du Kahn (Salk Institute de La Roja). L’architec
mouvement moderne à vouloir élargir leur ture moderne tend néanmoins à se figer dans
champ d’intervention et à concevoir, synchro un modernisme à deux visages : fonctionna
niquement, un urbanisme qui rompe avec la lisme froid, symbolisé par le verre et l ’acier,
ville du passé. « Bientôt les rues des villes res illustré par les réalisations américaines de
plendiront comme de grands murs blancs. La Gropius, de ses élèves, des épigones de Mies
cité du x x e siècle sera éblouissante et nue, Van der Rohe, et qui se propage rapidement
comme Sion, la ville sainte, la Capitale du en Europe et dans le monde entier; forma
ciel» (Loos, 1908). Le Corbusier qui n ’a de lisme, symbolisé par le béton, ressassant la
cesse de dénoncer les méfaits de la ville tradi typologie et le vocabulaire plastique créés par
tionnelle, réclame « place nette » et « table Le Corbusier et quelques autres, et qui se
rase ». La vision la plus radicale naît en Union répandra aux États-Unis à partir des années
soviétique de la collusion entre l’avant-garde 1960. C’est peut-être à cet académisme d’un
architecturale et les programmes officiels nouveau genre que conviendrait le mieux
(« chacun connaît les inconvénients des villes l’expression malheureuse de style internatio
actuelles... La solution de ce problème ne nal créée par Hitchcock et Johnson en 1932
peut venir que d ’une conception créatrice (The international style. Architecture since
nouvelle», 1918, cité par A. Kopp): c ’est le 1922) pour désigner les réalisations diverses
« désurbanisme » proposé par Okhitovich et hétérogènes du mouvement moderne, à une
(1921-1930), tel que M. Guinzbourg et époque où celui-ci menait une recherche et un
M. Bartch l ’illustrèrent avec leur projet de combat qui ne s’étaient pas encore figés dans
« ville verte » pour Moscou. Pour lutter contre un style. Quant à l ’urbanisme des ciam, il
l’urbanisation « petite bourgeoise », il est pro finit par exprimer le conformisme d’un nou
posé de simultanément désurbaniser, décen veau mode d’urbanisation qui se répand à
traliser et mobiliser : un habitat industrialisé l’échelle planétaire.
léger, assorti des équipements nécessaires est Ce nivellement et cette vulgarisation des
implanté dans la verdure et suit, de façon apports du mouvement moderne appelaient
linéaire, les réseaux de distribution de l’éner un renouvellement qui, après la dissolution
gie, régulièrement répartis sur l’ensemble du officielle - et symbolique - des ciam (1959),
territoire. Très proches de la conception anti- fut d ’abord tenté de l’intérieur par certains
cipatrice de « la ville linéaire » (Soria y Mata, groupes émanés des ciam, tel Team 10, dont
La ciudad lineal, Madrid, 1882), les projets le « brutalisme » n ’était qu’un expédient.
MODERNISME
La vraie relève du mouvement moderne solaire), Le Corbusier tenta d’établir une sérié
fut prise au cours des années 1960 par d ’unités de mesure se déduisant les unes
quelques groupuscules (Archigram en des autres par application du nombre d ’or et,
Grande-Bretagne, Metabolism au Japon, Uto en 1946, proposa d ’unifier celles-ci avec le
pie en France) dont les recherches tentaient système anglo-saxon. Il tenta d’appliquer cé
d’intégrer les acquisitions scientifiques et système à ses propres réalisations, en particut
techniques et les transformations sociétales lier à l’unité d ’habitation de Marseille. Mais
issues de la guerre et de concevoir un cadre ses espoirs furent déçus : outre les insuffi
spatial en harmonie avec cette nouvelle sances théoriques évidentes de sa construction
modernité. Le groupe anglais Archigram joue intellectuelle, il rallia peu de ses collègues 4
alors un rôle de charnière. D ’une part, il pour l ’emploi du modulor qui se heurta en outré
suit et radicalise l ’approche du mouvement aux normes introduites par l’Association Iran*
moderne. D ’autre part, il annonce, notamment çaise de normalisation (A fnor ) qui introdui
par son utilisation des médias, le mouvement sait à cette époque des mesures standard dans
postmodeme. le bâtiment, déterminées selon des critères
F. C. techniques et industriels, tout différents de
ceux de Le Corbusier pour qui le modulor
-> A rchig ra m ; Architecture fonctionnelle; Beaux-Arts; Charte devait être l ’instrument de la recherche de
d'Athènes; Congrès internationaux d'architecture moderne
( c i a m ) ; M odernism e; Postmoderne; Progressisme. l’harmonie des formes, indissociable des théo
ries fonctionnelles de l ’architecture et de
l ’urbanisme qu’il développait par ailleurs.
MODERNISME -> Moderne
D. I.
-> Géométrie; Nom bre d'or.
MODIFICATION D'UN DOCUMENT
D'URBANISME —> Plan d'occupation
des sols (pos) ; Plan local d'urbanisme (plu) MONDIALISATION
pagnes européennes, où se pratiquait une poly gauche, appellent de leurs vœux une altermon
culture vivrière, à se spécialiser pour éviter dialisation. Celle-ci serait une mondialisation
la concurrence des produits importés de pays - personne ne veut ni ne peut faire abstraction
ou de régions où les rendements étaient plus des possibilités techniques nouvelles - qui ne
élevés. De même, les échanges de produits s’effectuerait pas uniquement selon des critères
industriels à travers le monde ont créé une financiers, mais aussi sur le plan social et
concurrence entre pays producteurs et une spé culturel, qui s’accompagnerait d’une prise en
cialisation en fonction des matières premières compte prioritaire des objectifs écologiques et
disponibles, des attentes des consommateurs et d’une aide considérablement plus importante
des qualifications des ouvriers. Le développe aux pays en développement. La crise écono
ment de l’aviation, et en particulier l’apparition mique de 2008-2009 a semé le doute sur les
des avions à réaction, a rendu banal un déplace bienfaits du capitalisme mondialisé et renforcé
ment, pour affaires ou pour les loisirs. la position des altermondialistes. Pointant, on
La troisième mondialisation a commencé à peut craindre que les réformes introduites, sous
être ressentie lorsque des entreprises, surtout la pression des gouvernements des pays riches
les grandes entreprises multinationales, ont et du Fonds monétaire international, n ’aient
choisi de délocaliser leur production (de pas conduit à une remise en cause en profon
biens, puis de services) dans des pays à faible deur.
coût de main-d’œuvre (salaires et charges P. M.
sociales). Le capital des entreprises est devenu
de plus en plus international, comme leurs -> Délocalisation des activités.
prescription particulière de massif n’a été éla cette politique. En revanche, le rapport est plus
borée dix ans après la publication de la loi. nuancé sur d’autres plans. La population mon
De même, les comités de massif n ’ont établi tagnarde est en croissance lente, même si le
aucune recommandation particulière comme M assif central, les Pyrénées centrales et la
ils pouvaient le faire. Si le problème de la Corse intérieure perdent encore des habitants.
création de stations nouvelles (utn) a perdu Le nombre d ’entreprises agricoles décroît
de son acuité, c ’est plus en raison de la crise au même rythme que dans le reste du pays et
et du fléchissement de la demande en sports on constate un rajeunissement des chefs
d’hiver qu’en raison des dispositions de la loi, d’exploitation, bien que les revenus agricoles
beaucoup moins rigides que celles qui la pré demeurent inferieurs de 30 % à la moyenne
cédaient. Le bilan des cinq premières années nationale.
d’application de la loi, tiré par le Conseil Enfin, un rapport d ’information parle
national de la montagne le 25 janvier 1990, mentaire a examiné, en 2003, les modifica
faisait cependant apparaître l’effort de solida tions juridiques envisageables. Outre des
rité consenti : aménagements visant à faciliter l ’applica
— 2 milliards de F par an de dotations tion de la loi de 1985, il préconisait le ren
particulières aux départements défavorisés, forcem ent des m assifs et de n ou velles
dont 1,2 milliard par an d’indemnités com mesures en faveur du développement éco
pensatoires aux agriculteurs de montagne nom ique des zones de m ontagne. Ces
(90 000); recommandations ont été en partie reprises
— plus de 350 millions par an de majora dans la loi du 23 février 2005 sur le déve
tions d’autres aides (installation des jeunes, loppement des territoires ruraux et dans le
modernisation des exploitations, aides à la décret du 22 décembre 2006 relatif à l’urba
mécanisation, etc.) ; nisme en montagne. En particulier, l ’élabo
— 300 millions par an, soit les trois quarts ration, par le com ité de m assif, d ’un
des crédits du fidar (Fonds interministériel schém a régional d ’aménagement et de
pour le développement et l ’aménagement développement du m assif est devenu obli
rural), consacrés au développement écono gatoire. Mais en sens inverse, la procédure
mique des zones de montagne ; utn a été déconcentrée, pour les petites
— 37,4 millions par an répartis par les opérations, à l ’échelle du département.
comités de massif au titre du fiam ; Le d isp o sitif de déconcentration-
— diverses autres aides : traitement spéci décentralisation des procédures d ’aménage
fique en matière de quotas laitiers, aménage ment, notamment en matières d ’unités tou
ment de routes forestières, construction ristiques nouvelles, a mal fonctionné, faute
d’autoroutes. de prescriptions particulières de m assif ou de
Mais on observera que ces aides concernent schémas directeurs. D e façon générale, le
pour l’essentiel la seule agriculture et qu’une Conseil national de la montagne et les com i
part dérisoire (les crédits du fiam, soit moins tés de m assif n ’ont pas pris la place impor
de 3 % du total) était répartie sur proposition tante que leur réservait la loi. La directive
des comités de massif. Le fiam a d’ailleurs été territoriale d ’am énagem ent des A lp es du
intégré, à partir de 1995, au nouveau fnapt Nord (la seule des sept dta prescrites qui
(Fonds national d’aménagement et de dévelop concerne au premier ch ef la montagne), déci
pement du territoire). Si aucun bilan de l’appli dée en 1996, n ’est toujours pas publiée en
cation de la loi « Montagne » n’a été effectué 2010. Sa mise au point se heurte à l’opposi
depuis 1990, une évaluation de la politique tion de nombreux élus qui ont obtenu d ’en
de la montagne a été établie dans le cadre réduire la portée, notamment quant à la limi
du Commissariat général du plan en 1999. Ce tation de l ’urbanisation dans les stations
bilan souligne la réduction des crédits apportés existantes et au caractère exceptionnel des
par l’État à la politique de la montagne (hors liaisons par remontées mécaniques entre les
l ’indemnité spéciale montagne dont le coût domaines skiables.
s ’élevait à 1,6 milliard de F), du fait de La loi « Montagne » a eu des effets positifs
l ’absence d ’individualisation des crédits sur l’environnement (30 % de la zone de mon
«m ontagne» dans le fnadt depuis 1995 et tagne est protégée). La crise de la construc
d’un désengagement de la datar vis-à-vis de tion, plus que la politique des stations
MONUMENT 492
nouvelles, a réduit le « mitage » des vallées et destination, peut convenir et s’appliquer à tous
des versants. Il conviendrait en revanche de les genres de bâtiments. C’est ainsi qu’on a vu,
relancer la politique des massifs, en associant dans certains temps, de simples particuliers
mieux l’État et les collectivités territoriales, faire de leurs maisons des monuments publics,
notamment dans le cadre de l’élaboration des et qui sont encore réputés tels, par la grandeur
schémas de massif. et la richesse qui y furent déployées » (Diction
P. M. naire de l ’architecturej.
En fait, depuis la création de la profession
-* Aménagement du territoire ; Aménagement rural ; A m énage d’architecte à la Renaissance et à mesure que
ment touristique; Directives d'aménagement du territoire;
Prescriptions d'aménagement et d'urbanisme ; Protection de se confirmait son statut, la deuxième accep
la nature. tion s’est progressivement imposée et monu
ment en est venu à désigner de préférence un
édifice, caractérisé par sa masse, la dignité de
M ONUM ENT sa fonction, sa magnificence ou sa qualité
architecturale, indépendamment des souvenirs
Du latin monumentum (dérivé de monere : dont il puisse être porteur. Dans cette accep
avertir, rappeler à la mémoire); étymologi tion, le monument, contrepoint du tissu urbain
quement et originellement, tout artefact, de mineur, a joué un rôle sémantique et esthé
quelque nature, forme ou dimensions que ce tique essentiel dans l’organisation concertée
soit, poteau-totem ou cathédrale, inscription des villes occidentales, de la Renaissance à la
dans le marbre ou peinture sur le bois, expli fin du xixe siècle. Parallèlement, le sens initial
citement construit par un groupe humain de mémorial a dû être spécifié par l’accole-
quelle qu’en soit l ’importance (famille ou ment de l’adjectif « commémoratif ».
nation, clan ou cité) afin de se remémorer et Aujourd’hui, dans les sociétés développées,
de commémorer les individus et les événe les monuments commémoratifs, outre ceux
ments, les rites et les croyances qui fondent qui ornent les cimetières, sont le plus souvent
conjointement leur généalogie et leur iden destinés à rappeler des événements tragiques
tité. Le monument sollicite et mobilise par sa dont le souvenir, bien qu’archivé par les
présence physique une mémoire vivante cor médias, veut être, en permanence, directement
porelle, organique. Il existe chez tous les rappelé à la conscience collective : guerres
peuples et pourrait s’apparenter à un univer (du monument aux morts des places de vil
sel culturel. Référence vivante à une origine, lages aux mémoriaux de l ’Argonne), géno
à un fondement, il ressortit à la catégorie de cides et massacres (si, à Paris, un monument
l’authenticité ; il fait partie des dispositifs qui aux déportés a été élevé à la pointe de l’île de
ancrent les humains dans leur condition de la Cité, les anciens camps de concentration
vivants dotés de parole. Il est partie inté allemands ont également été transformés en
grante d’une anthropologie fondamentale. monuments commémoratifs).
Cependant le rôle du monument, entendu en Quant au terme monument, sans qualifica
son sens originel, a progressivement perdu son tif, bien qu’il soit à l ’heure actuelle au centre
importance dans les sociétés occidentales, tan du débat architectural, faisant l ’objet d’une
dis que le mot lui-même acquérait d ’autres littérature abondante et nostalgique, il semble
significations. Les lexiques l’attestent dès 1689 avoir perdu tout sens dans le contexte urbain
avec le Dictionnaire de Furetière. Cette évolu actuel où :
tion sémantique est confirmée un siècle plus • un gigantisme absolu et non plus relatif,
tard par Quatremère de Quincy. Celui-ci note, excluant la différence qui faisait exister le
avec sa pertinence habituelle, qu’appliqué « aux monument (même en pleine haussmannisa-
ouvrages de l’architecture», ce mot «désigne tion), est consacré par :
un édifice, soit construit pour servir à éterniser - une idéologie de l ’exploit technique, liée
le souvenir des choses mémorables, soit conçu, à la transformation et à l’industrialisation des
élevé ou disposé, de manière à devenir un agent matériaux et méthodes de construction ;
d’embellissement et de magnificence dans les - un urbanisme qui a rompu avec l’échelle
villes ». Il poursuit en indiquant que « sous ce des gabarits et parcellaires traditionnels ;
second rapport, l’idée de monument, plus rela • l’architecture ne cherche plus à exprimer
tive à l’effet de l’édifice qu’à son objet ou à sa esthétiquement une hiérarchisation des fonc
493 MONUMENT HISTORIQUE
• Typologique: antérieurement limité aux des monuments, 1903), que, reposant sur
monuments antiques, aux grands édifices reli des valeurs contradictoires (telles intégrité et
gieux et civils de l’architecture savante, le usure par le temps), ils ne peuvent faire l’objet
champ du monument historique s’ouvre à tous d’aucune axiomatisation ;
les types et catégories de bâtiments. Ces — de son coût financier ;
annexions contribuent à faire remplacer la notion — de son coût social : en particulier de
de monument historique par celle, plus large et l’obstacle qu’il peut constituer au développe
mieux maniable, de patrimoine qui échappe ment et à l’innovation, notamment par la
cependant, en France, aux dispositions juri muséification ; a
diques concernant les monuments historiques. — des ambiguïtés et des dérapages entraî
• Chronologique : la barrière de la révolu nés par l’industrie culturelle qui tend à trans
tion industrielle est maintenant franchie au pro former le monument historique en objet de
fit du xixe siècle, encore méprisé au début des consommation.
années 1960 et même du xxe siècle. En France, • F. C.
les œuvres de Le Corbusier, Perret, Mallet-
A rt; Classement; Histoire; Inventaire général du patrimoine
Stevens sont classées et la loi a dû restreindre culturel; M onument naturel; Musée; Patrimoine; Restaura
la protection au titre des monuments histo tion ; Service des monum ents historiques.
riques aux immeubles dont les architectes ne
sont plus en vie.
• Spatiale : au cours des cinquante dernières MONUMENT NATUREL Monument
années, la notion de monument historique, à
travers celle de patrimoine, a été adoptée dans
le monde entier, notamment à l’incitation MORBIDITÉ - » Hygiène publique; Mortalité
d’organismes internationaux comme l’Unesco
et l’Icomos. En 1964, trois pays non européens
(Tunisie, Mexique, Pérou) signaient la Charte MORPHOLOGIE
de Venise. Aujourd’hui, près de 120 pays appar
tenant aux cinq continents ont signé la Conven Étude de la forme urbaine.
tion du patrimoine mondial. Le concept de morphologie apparut d’abord
N i l’importance idéologique prise par les chez les géographes allemands et fiançais, entre
monuments historiques, ni la législation qui les deux guerres. Mais alors que rares étaient
les protège, ni la publicité qui en diffuse les géographes à continuer à s’y intéresser
l ’image et les fait reconnaître, n ’assurent (M. R. G. Conzen, Alnwick, Northumberland :
pleinement leur sauvegarde dans une société a study in town planning analysis, 1960; et
où ils demeurent aujourd’hui menacés, non J. W. R. Whitehand, The urban landscape : his-
seulement par les pollutions et nuisances, torical development, Londres, 1981), le concept
mais bien par le processus d’urbanisation lui- fut repris par les historiens (P. Lavedan, et plus
même et la façon différente dont il est res récemment A. Chastel, F. Boudon et al., Sys
senti par les divers types de populations. tème de l ’architecture urbaine : le quartier des
Ces difficultés tiennent à ce que, loin de Halles à Paris, Paris, 1977), W. G. Hoskins,
correspondre à un objectif donné, les notions etc., et surtout par les architectes italiens à partir
solidaires de monuments historiques et de de 1959. Parmi ces derniers, Vittorio Gregotti
protection sont indissociables d’un ensemble distingue deux courants :
fluctuant de facteurs historiques et culturels.. — une approche comme complément, et
On peut schématiquement énoncer la pro en opposition à la notion de typologie, déve
blématique actuelle du monument historique loppée par les écoles de Rome et de Venise,
autour : de S. Muratori (Studi per una opérante studia
— de son statut, dont la légitimité peut être urbana di Venezia, Roma, 1959) à A. Rossi
contestée dans certaines cultures et certains (L'architettura délia città, Padova, 1956, trad.
milieux sociaux pour lesquels la notion de franç. L ’architecture de la ville, Paris, 1981) ;
monument historique n ’est pas signifiante ; — une approche, venue des géographes, qui
— des critères de sa préservation, dont on applique à la connaissance architecturale, les
oublie généralement, malgré les analyses concepts de site et de situation, et qui s’est déve
magistrales de Aloïs Riegel (Le culte moderne loppée à Milan, puis à Venise, de G. Samona
MORPHOLOGIE
m
CL’urbanistica e l ’awenire délia città negli stati tion, marquent généralement le surgissement
europei, Bari, 1959) à V. Gregotti (Il territorio de problématiques nouvelles que leur étudà
dell’architettura, Milano, 1966, trad. franç. Le contribue à élucider. Cette altération des signfy
territoire de l ’architecture, Paris, 1982). fications originelles est caractéristique du
D ’Italie, le mouvement morphologiste a débat architectural actuel. Elle traduit un
gagné les autres pays européens et les États- manque certain de rigueur. i»
Unis, au point de devenir une mode. Parmi les Dès lors, la portée méthodologique de
facteurs de l’émergence de l’approche morpho l’approche morphologique est tout aussi incer
logique, on peut citer une réaction contre les taine que le discours sur la forme urbaine est
abus du mouvement moderne (à la suite en par flou. Aucun spécialiste de la morphologie n’est
ticulier des Congrès internationaux d ’archi capable d ’exprimer clairement ses apports au
tecture moderne, c i a m ) qui exigeait une trans plan de la méthode. Seuls quelques auteurs
formation complète de la ville traditionnelle, peuvent y prétendre : l’équipe de A. Chastel ou
délaissant les études sur la forme urbaine, G. Baird, dans leurs analyses du rôle du parcel
confirmant la rupture entre la ville et le passé. laire sur la longue durée ; Bill Hillier qui, à
On peut aussi noter un désir de réduire la cou travers sa «syntaxe spatiale», adopte une
pure, opérée notamment en Grande-Bretagne démarche partielle, mais rigoureuse, pour défi
et aux États-Unis, par suite de filières de for nir les règles qui président à la formation des
mations distinctes, entre l ’architecture et espaces urbains, mais qui néglige la technolo
l’urbanisme. Ce souci rejoint celui de la réin gie et le style, autres éléments essentiels, avec
troduction de la dimension spatiale dans les l’espace, de l ’architecture urbaine.
études urbaines : le courant marxiste refusait Cette absence de contenu méthodologique
toute autonomie à l’objet urbain comme espace explique sans doute que la m orphologie
et prétendait que la recherche de quelque forme urbaine n ’ait pris, ni dans la pédagogie de
que ce fiât était une entreprise idéologique. l ’architecture et de l ’urbanisme, ni dans les
Derrière la généralité de la référence, durant démarches institutionnelles, une place à la
les deux dernières décennies, aux principes et mesure du discours qu’elle a inspiré (sauf aux
au vocabulaire de l ’approche morphologique, États-Unis, à travers Yurban design).
les concepts utilisés ne sont pas toujours Si tous les spécialistes qui se réclament dé
clairs. Les principaux spécialistes sont rare la morphologie urbaine s’accordent pour don
ment d ’accord sur le sens qu’ils attachent à ner un poids important à la dimension histo
des termes comme structure urbaine, forme rique, ils ne font que reprendre, souligne
urbaine, etc,, ou même morphologie. Pour F. Choay (F. Choay et R Merlin, À propos de
C. Aymonino (La città di Padova, Roma, la morphologie urbaine, Paris, 1986), la
1970), c’est « l’étude (la description et la clas démarche fonctionnelle des traités d’architec
sification) des causes qui contribuent à la for ture, en substituant l’histoire de la ville à celle
mation et à la modification de la structure de l’architecture comme fondement épistémo
physique de la v ille » , alors que d ’autres logique aux règles de l ’esthétique. Mais les
auteurs sont plus restrictifs. On retiendra, avec morphologues appellent de leurs vœux une
B. Hillier et al. («Space syntax: a different histoire finalisée, destinée aux seuls archi
urban perspective », The Architects Journal, tectes (les travaux de Benevolo comme de
1983), trois conditions : Tafuri sont caractéristiques à cet égard), consi
• l’objet central de réflexion théorique est dérant la ville comme une unité en soi, mini
la forme physique et spatiale de la ville ; misant les différences à travers le temps et
• il doit y avoir une discipline analytique, et l ’espace, érigeant en types formels absolus,
si possible scientifique, de la forme urbaine ; porteurs d ’une vérité esthétique, des villes
• la morphologie urbaine suppose la réunifi types (la ville du xvme siècle pour Krier) ou
cation de l’architecture et de l’urbanisme en une des éléments types (la ville, la place), niant
discipline unique où l’architecture retrouverait l’irréversibilité de l’histoire. Or l’objet urbain
sa dimension analytique et l’urbanisme son n ’est pas abstrait, universel, idéal typique,
intérêt pour la dimension physique et spatiale. mais concret, localisé et spécifique.
Cette divergence des définitions n’est pas
neutre : l ’apparition de termes nouveaux, celle À partir des années 1990, la réorientation
de termes anciens sous une nouvelle accep vers le projet des principaux exposants archi
<•7 MORPHOLOGIE
la ville. Par ailleurs, un retour sur la morpho pays en développement à population jeune ot
logie elle-même, dans le sens de l’approfon état sanitaire nettement amélioré (Amériqua
dissement des logiques internes de la forme du Sud, A sie de l’est et du sud-est). Les taux
urbaine considérée dans son autonomie, est intermédiaires (10 à 20 %o) correspondént à
nécessaire. La tâche épistémologique de la une phase de transition ou à des pays ayaqt
morphologie urbaine pourrait ainsi être celle subi un fort vieillissement (l’Allemagne pat
de rendre saisissables les entités invisibles et exemple). 4
de contribuer à la compréhension de la spatia Le taux brut de mortalité dépend de la struc?
lité humaine dans ses caractères d’unité et de tare de la population. Aussi est-il préférable
totalité. d ’utiliser des taux de mortalité par âge (afi
Malgré les réserves théoriques qu’on a évo groupe d’âge). On peut utiliser des taux du
quées, les études de morphologie urbaine, fon moment (analyse transversale), des taux fia?
dées sur une analyse de l ’évolution du tissu génération ou des quotients (analyse longita?
urbain et du rôle de chacune de ses caractéris dinale). ?!
tiques (site, réseau viaire, trame parcellaire, Pour avoir une vue synthétique du niveau
espace libre et espace bâti), peuvent être fort de la mortalité du moment d’une population;
utiles pour comprendre, et donc pour savoir et effectuer des comparaisons, on peut utiliser
comment aborder, les problèmes des quartiers la méthode de la population type (population
anciens, qu’il s’agisse de la préservation du de référence, à laquelle on applique les taux
patrimoine ou de son évolution, voire de son de mortalité par âge de la population obser-j
remplacement. Aldo Rossi, le plus souvent vée). Pour mettre en évidence l’influence dè,
cité des fondateurs du courant morphologiste, la structure d’une population sur la mortalité;
concluait lui-même : « L’étude de la ville est on peut appliquer des taux types à la structure
un aspect important de la formation et de la de la population étudiée (méthode des taux
pratique d’un architecte, mais, le plus souvent, types). Dans les deux cas, on obtient un taux
cela ne peut constituer un but en soi (...). Pen brut comparatif de mortalité.
ser que les études typo-morphologiques On étudie la mortalité selon les cara
puissent être le véhicule principal de l ’archi ctéristiques du décédé (catégorie socio*
tecture risquerait d’être une autre façon de professionnelle, revenu, groupe ethnique;
rétrécir la liberté d’expérience du jeune archi etc.), selon les circonstances du décès et
tecte (...). » Il faut éviter de créer « sans cesse surtout selon ses causes (maladie par type;
de nouveaux mythes, comme l’a fait le fonc accident).
tionnalisme ou comm e l ’analyse typo Un intérêt particulier est attaché à la morta
morphologique court le risque de le faire ». lité infantile (décès d’enfants avant un an),
P.-G. G. et P. M. considérée comm e un bon indicateur du
niveau sanitaire d ’une population. Le taux de
-* Composition urbaine; Histoire; Longue durée; Parcellaire; mortalité infantile (improprement dénommé
S ite ;Typ o lo g ie ; Urban design; Voirie.
car c ’est en fait un quotient de mortalité) est le
rapport du nombre de décès avant un an au
nombre de naissances (effectif initial de la
MORTALITÉ génération). Il est cependant mal connu dans
les pays où l’enregistrement des décès (et des
Phénomène démographique lié aux décès. naissances) est imparfait, souvent ceux-là
On définit le taux brut de mortalité d’une mêmes où la mortalité infantile est élevée.
population comme le rapport du nombre Même dans les pays développés, la non-prise
annuel de décès à son effectif moyen au cours en compte des faux mort-nés minore le taux
de l ’année. de mortalité infantile, sauf correction. Les
Les taux bruts de mortalité élevés (plus de taux varient de moins de 10 %o (3,6 %o en
20 %„) concernent encore de nombreux pays France en 2008) dans les pays les plus avancés
en voie de développement (Afrique intertropi (Europe du Nord, Japon) à plus de 100 %>
cale et quelques pays asiatiques). Les taux dans de nombreux pays peu développés. Il
faibles (inférieurs à 10 %o) sont ceux de atteignait plus de 250 %o dans les époques
presque tous les pays développés (France : anciennes : en outre, la mortalité de 1 à 20 ans
8,6 %o en 2008), mais aussi de beaucoup de y était à nouveau égale à ce taux, alors qu’elle
r 499 MORTALITÉ
est aujourd’hui très faible. Les démographes tions de mortalité de la table (de génération
distinguent, dans la mortalité infantile, les ou du moment). Elle dépasse 70 ans pour la
décès endogènes (dus à des causes antérieures moyenne des deux sexes dans les pays déve
il la naissance ou liées à l ’accouchement) et loppés et, ou de façon plus générale, dans les
les décès exogènes (dus à des causes posté pays où la mortalité infantile est la plus faible.
rieures à la naissance). D e même, ils dis En France, l’espérance de vie à la naissance
tinguent dans la mortinatalité les vrais mort- atteint, en 2009, 84,5 ans pour les femmes (ce
nés (qui n ’ont pas manifesté de signe de vie) qui est le meilleur résultat mondial), mais
et les faux mort-nés (qui ont manifesté de tels seulement 77,8 ans pour les hommes (l’écart
signes avant de mourir). Le taux de mortinata entre les hommes et les femmes est un des
lité est le rapport des mort-nés (vrais et faux) plus élevés du monde et largement attribué à
aux naissances. l’alcool). Elle reste inférieure à 50 ans dans les
Les tables de mortalité résument la morta pays les moins développés, généralement
lité d’une génération (tables de génération) ou ceux à mortalité infantile élevée, proche ou
celle du moment (tables du moment). Elles se supérieure à 100 %o (Afrique intertropicale,
présentent sous la forme de tableaux indi Afghanistan, etc.). Dans les sociétés
quant, pour 10 000 naissances (S0) par anciennes, l ’espérance de vie à la naissance
exemple, le nombre m„ de décès et celui Sé était inférieure à 30 ans (France de l’Ancien
ries survivants à chaque âge x, le quotient de Régime), voire à peine supérieure à 20 ans
mortalité correspondant qx. Les différentes (Inde vers 1900). Les progrès rapides de cette
grandeurs sont liées entre elles par les rela espérance de v ie sont liés à la disparition
tions : presque totale des causes exogènes de décès
Sx = S 0~ m 0- m l - (accidents, maladies infectieuses).
tables de génération ont une signification, ce flux migratoires influent sur le mouvement
qui suppose une prévision de baisse des quo naturel (et inversement). Le taux d’accroisse
tients par âge. Les compagnies d’assurances, ment naturel est un taux du moment, qui
principales utilisatrices, préfèrent cependant dépend de la structure de la population. Pour
utiliser des tables du moment, qui ignorent la s’affranchir de celle-ci, on a défini le concept
baisse prévisible de la mortalité. et les taux de reproduction.
P. M. P. M.
- » Analyse dém ographique; Projections dém ographiques; -+ Migrations; Mortalité; Natalité; Reproduction.
Vieillissement d'une population.
MOYEN DE TRANSPORT
MOSQUÉE —> Lieu de culte
Mode de locomotion permettant de dépla
cer les personnes ou les marchandises. On
MOTIF DE DÉPLACEMENT —> Déplacement ; peut distinguer :
Migrations alternantes • Les moyens de transport de personnes
(ex. : autobus, métro, automobile), les moyens
de transport de marchandises (ex. : camion),
MOTOCYCLETTE —* Bruit; Deux roues ceux qui peuvent servir à l’un ou à l ’autre selon
(véhicules à) ; Nuisance ; Pollution leur aménagement (ex. : train, avion, bateau,
téléphérique) ou à l’un et à l ’autre simultané
ment (ex. : cargo mixte).
MOTORISATION —> Automobile ; Mobilité • Les moyens de transport à grande distance
(internationaux, voire intercontinentaux et
intérieurs) et les moyens de transport urbains
MOUVEMENTS MIGRATOIRES — Migrations (intérieurs à une ville, une agglomération ou
une région urbaine). Parfois, les mêmes infra
structures (routes, voies ferrées), voire les
MOUVEMENT NATUREL mêmes véhicules (automobiles), peuvent assu
(D'UNE POPULATION) rer ces deux types de transport.
• Parmi les moyens de transport de per
Evolution d’une population par le jeu des sonnes, les moyens de transports collectifs
naissances et des décès. ou transports en commun, dont le service est
On appelle accroissement (ou déficit) natu offert au public ou, au moins, aux membres
rel la différence, au cours d’une période, entre d ’une collectivité (ex. : train, métro, autocar),
l’effectif des naissances et celui des décès. Le et les moyens de transport individuel, propriété
taux d’accroissement annuel est le rapport de d’une personne, physique ou morale, qui se
l ’accroissement naturel à l’effectif moyen de réserve le choix des utilisateurs (ex. : automo
la population au cours de la période : il est bile, bicyclette). Le rôle respectif des moyens
donc égal à la différence entre le taux brut de de transport individuels et collectifs est une des
natalité et le taux brut de mortalité au cours questions centrales de toute tentative de définir
de cette période. une politique de transport, qu’il s ’agisse des
Bien que les seuls événements pris en transports intérieurs ou des transports urbains.
compte soient les naissances et les décès, la Pour ces derniers, les avantages des transports
formation et la rupture des couples influent individuels sont le confort (confort du véhi
sur la natalité, donc sur le mouvement natu cule, disponibilité permanente, accès direct à
rel. la destination choisie, intimité permise par le
La croissance (ou la décroissance) d ’une choix des compagnons de voyage éventuels) et
population est la somme de l ’accroissement la vitesse (qui reste, pour presque toutes les
naturel et du solde des migrations. liaisons urbaines, supérieure à celle des trans
Le mouvement naturel concerne, en prin ports collectifs). Ceux des transports collectifs
cipe, une population fermée (sans migra ou en commun sont l ’économie des investisse
tions) : en pratique, ce n ’est pas le cas et les ments, la faible consommation d’espace, la
501 MUSÉE
réduction des nuisances (bruit et pollution de métro, qui est lui-mêm e un chemin de fer
l’air surtout), la sécurité élevée. adapté à l’usage «métropolitain». Le chemin
• Les moyens de transport en site propre, de fer a été initialement conçu pour des liai
qui utilisent une infrastructure spécifique sons de ville à ville et on n’a songé à un trafic
(ex. : chemin de fer, métro) ; en site banal, qui de banlieue qu’à la fin du XIXe siècle. L’auto
partagent une infrastructure avec d’autres mobile a été aussi conçue pour des déplace
moyens de transport (ex. : automobile, auto ments à grande distance. La bicyclette était, à
bus, bicyclette, etc., sur la voirie urbaine) ; en sa naissance, un jouet, puis est devenue, à la
site réservé (portion d’une infrastructure réser fin du xixe siècle, un moyen de promenade
vée à un moyen particulier ; ex. : lignes de pour les classes aisées (rôle du Touring club de
tramway dans l’axe d’une voie routière, voie France). Ce fait est important, car il explique
réservée aux autobus sur la voirie urbaine). que les différents moyens de transport soient
Les principales caractéristiques d’un moyen mal adaptés à un usage urbain. Toute politique
de transport sont les suivantes : de transport urbain doit faire intervenir les dif
— la vitesse (distance parcourue en une férents moyens de transport de façon privilé
unité de temps, généralement une heure) : giée là, où et quand ils sont le mieux adaptés
cette notion est en fait complexe car il convient (capacité et coût notamment).
de distinguer la vitesse maximale (technique P. M.
ment possible et administrativement autori
sée) ; la vitesse commerciale (vitesse moyenne - » Autobus ; Automobile ; Bruit ; Capacité (d'un moyen de trans
port); Chemin de fer; Confort (d'un moyen de transport);
entre un point de départ et un point d’arrivée, Consommation d'espace par les transports; Coût de fonc
compte tenu des temps d’arrêt, des accéléra tionnement des transports ; Coût d'investissement des trans
ports; Deux roues (véhicules à ); M étro; Modèle de choix
tions et des décélérations) ; la vitesse effective m odal; Plan de déplacements urbains; Planification des
pour l’usager (vitesse moyenne de son origine transports; Pollution atmosphérique; Sécurité des trans
ports ; Tra m w ay ; Véhicule électrique.
à sa destination, compte tenu des trajets termi
naux à pied, des temps éventuels de correspon
dance et d’attente) ;
— la capacité (nombre maximum de per MULTIPLICATEUR D'INVESTISSEMENT
sonnes ou charge maximale transportée par —> Investissement
un véhicule ou, pour une infrastructure de
transport, nombre maximum de personnes ou
charge maximale qu’elle peut acheminer dans MULTIPLICATEUR D'EMPLOIS
chaque sens pendant une heure) ; —> Activité induite
— la sécurité (pour l’usager et pour les tiers) ;
— le confort, qui revêt de nombreux
aspects : attente (liée à la fréquence), corres MUNICIPALISATION DES SOLS
pondances, régularité (respect des horaires -► Maîtrise foncière
prévus), surcharge des véhicules, trajets ter
minaux à pied, difficulté de stationnement,
intimité, etc. ; MUNICIPALITÉ -> Commune
— le coût (en investissements pour l ’infra
structure et les véhicules et en fonctionne
ment pour les usagers et pour la collectivité) ; MUR -> Gros œuvre
— les nuisances (bruit et pollution de l ’air
surtout) qui engendrent des coûts sociaux et
les émissions de gaz à effet de serre ; MUR ANTIBRUIT -> Bruit
— la consommation d’espace (par les
infrastructures elles-mêmes et, indirectement,
par les formes d’occupation de l’espace dont MUSÉE
les différents modes de transport favorisent le
développement). Originellement, dans l’Antiquité, temple des
11 est intéressant de constater qu’aucun muses. Par extension, et jusqu’au xvme siècle,
moyen de transport n ’a été conçu pour un édifice ou appartements consacrés à la pour
usage spécifiquement urbain, si ce n ’est le suite du savoir ou des arts. Le terme prend son
MUSÉE 502
acception actuelle à la fin du xvm e siècle l’ouverture des premiers grands musées d’art
(cf. Dictionnaire de Quatremère de Quincy). Il européens : musée Pio Clementino au Vatican
sanctionne alors l ’institutionnalisation et (1763), British Muséum (1759), Louvre, déjà
l’ouverture au public des collections d’art et/ou projeté sous Louis XV, ouvert symbolique
de sciences naturelles, en désignant le lieu où ment en 1793 comme Muséum des arts,
celles-ci sont conservées et exposées. réouvert en 1797 comme Musée central des
On peut distinguer trois phases dans l’his arts. L’administration napoléonienne, héritière
toire du musée. des idées de la Révolution sur la répartition
1/ À partir du Quattrocento, une phase prépa territoriale des m usées, les diffuse dans
ratoire, qui prend ses origines en Italie, avec la l’Europe entière, en créant elle-même (Brera;
collection privée dont les objets sont collec Prado, Mauritzhuis) ou en inspirant la création
tionnés pour leur valeur d ’histoire et d ’art. de nouveaux musées. Le musée d ’art ne
Reflet d’une mentalité nouvelle, cette pratique fit son entrée aux États-Unis qu’en 1870
est solidaire à la fois des travaux des humanistes (Metropolitan Muséum de N ew York et
sur l’histoire gréco-romaine et de leur autono Muséum o f Fine arts de Boston).
misation du champ de l’art. D'emblée, ces col 3/ La dernière phase, entamée au x x e siècle,
lections ont un double contenu : objets antiques peut être qualifiée à’inflationniste. D ’une part,
(sculptures, mosaïques, médailles, etc.) et les objets de la muséologie se multiplient jus
œuvres d’artistes contemporains, les objets qu’à l’absurde, incluant la production de tous
médiévaux étant exclus. Les papes et les princes les arts de faire traditionnels ou industriels.
italiens (Médicis, Gonzague, Este) sont, avec Aux m usées d ’arts appliqués, de folklore,
quelques artistes (Mantegna, Ghiberti), les pre d’ethnographie, de plein air apparus à la fin du
miers collectionneurs, au sens moderne. Les XIXe siècle, succèdent les musées de sciences,
souverains européens leur emboîtent le pas à mais aussi des transports, de la batellerie, des
partir du XVIe siècle, suivis aux XVIIe et postes, du jouet, du vin, du fromage, du sel,
xvme siècles par antiquaires et amateurs, nobles de la paille, etc. D ’autre part, le musée envahit
et bourgeois. Ces collections ne sont pas, ou des aires culturelles nouvelles, comme le
exceptionnellement, ouvertes au public : celles Japon où il prolifère particulièrement, et
rassemblées au Capitole en 1471 par Sixte IV même le continent africain. « D ’institution
sont visibles une fois par an ; à partir de la fin qu’il était au x ix e siècle, le musée devient au
du XVIe siècle, certaines collections royales ou x x e une mentalité. » Cette inflation coïncide
princières sont accessibles plus régulièrement, avec une vocation nouvelle. Le musée n ’a
tels les cabinets de Louis XIV. Parallèlement, la plus seulement pour tâche de conserver et res
Wunderkammer médiévale (cabinet de curio taurer des collections, de les exposer au public
sité) subsistera jusqu’au XVIIIe siècle. L’Ashmo- et de les utiliser pour la recherche. Devenu
lean muséum, première collection à être ouverte centre culturel, il accueille, à titre temporaire,
en permanence dès 1583 (aux étudiants conférences et spectacles divers (théâtre,
d’Oxford), est, en fait, un cabinet de curiosités cinéma, concerts), mais surtout il comprend
rassemblant objets ethnographiques et marbres désormais bibliothèques, photothèques,
antiques. services pédagogiques, restaurants et comp
2/ À partir de l’époque des Lumières, une toirs de vente de plus en plus développés qui,
phase d ’institutionnalisation. Les productions outre livres et reproductions graphiques, en
de la nature et des arts, désormais distinguées, viennent à proposer les souvenirs et objets les
seront présentées dans des locaux différents. plus hétérogènes et parfois incongrus.
La majorité des grandes collections royales ou
princières sont nationalisées, alimentant les Cette histoire des musées se traduit dans
nationalismes, et régulièrement ouvertes au l ’espace architectural et urbanistique. La col
public à des fins d ’abord pédagogiques et lection privée, est rassemblée dans le palais ou
accessoirement de délectation esthétique. À l’hôtel de son possesseur, ou encore dans la
quelques anticipations italiennes près (créa villa spécialement conçue à cet effet (cf. villas
tion du musée du Capitole par Clément XI, de Mantegna à Mantoue, Madama, Giulia,
legs et ouverture des Offices et du palais Pitti Borghèse, Albani, etc. à Rome).
par Anna Maria Ludovica de Médicis), c ’est Outre le studiolo (cabinet) cher aux princes
la seconde moitié du x v m e siècle qui voit italiens, deux organes spécifiques servent à
503 MUSÉE
l’exposition des œuvres, d’une part le jardin trouvés accordés à l’architecture du mouve
aménagé pour les sculptures (Cortile du Bel ment moderne (musée Krôller-Muller). Dès
védère par Bramante pour Jules II), d’autre lors, le musée n ’a plus cessé de solliciter
part la galerie. Celle-ci est, à l’origine, une l’architecture d’avant-garde, jusqu’à parfois
création française du xvie siècle, dont le plus sacrifier la fonctionnalité à l ’originalité des
célèbre exemple fut exécuté à Fontainebleau espaces intérieurs (musée Guggenheim de
pour François Ier. Mais, dès la deuxième F. L. Wright). L’acier et le béton ont été uti
moitié du xvie siècle, elle connaît un déve lisés de façon tantôt monumentale (musée
loppement spectaculaire en Italie (galeries national de M exico, musée d ’ethnologie à
des O ffices de Vasari et Buontalenti à Osaka), tantôt misérabiliste (musée de Yale
Florence (1559) pour François Ier de Toscane, par L. Kahn).
au palais de Mantoue et à Sabionnetta pour À mesure que se transformait leur rôle cultu
Vincent Ier de Gonzague, du Vatican, 1580 rel, les musées sont devenus des machines de
1583, du Palais Pitti, 1556-1563). Parmi les plus en plus complexes, tant du point de vue
plus célèbres galeries des palais européens de leurs exigences techniques (éclairage,
construits ensuite, on peut citer, notamment, conditionnement hygrométrique et calorifique,
la grande galerie du Louvre, projetée d’abord flexibilité des espaces d’exposition) que de
par Catherine de M édicis, réalisée par l ’articulation spatiale des différentes fonc
Ducerceau et Métézeau (com m encée en tions: les anciens musées s ’agrandissent
1595) et décorée par Lebrun, la galerie du (Washington, N ew York, Londres, Berlin,
palais Pamphili construite par Borromini et Paris), les nouveaux tendent au gigantisme
décorée par Pietro da Cortone (1645-1650), (Centre Pompidou).
les galeries des palais de l ’Ermitage à Saint- Jusqu’au x x e siècle, les m usées étaient
Pétersbourg. essentiellem ent implantés dans les centres
Dès que le musée devient une institution, urbains et sur les emplacements les plus pres
porteuse d’un programme nouveau, il suscite tigieux (Musée des beaux-arts de Vienne, de
une nouvelle typologie architecturale, dont Bruxelles, de Berlin, National Gallery de
une première forme est élaborée au cours du Londres). L’inflation muséale a posé le pro
xixe siècle dans l’esprit du néoclassicisme et blème des m usées en termes urbanistiques
illustrée par les plus grands noms de l’archi nouveaux. D ’une part, cet équipement a cessé
tecture, tels Schinckel à Berlin, von Klenze à d ’être exclusivem ent concentré en m ilieu
Munich et Saint-Pétersbourg, Semper à urbain. Dans les zones naturelles ou rurales, il
Vienne. Tandis que les anciens palais (Louvre, exerce un double rôle social et économique,
Vatican, etc.) sont réaménagés, en tenant stimulant la vie locale, suscitant l’afflux de
compte notamment d’exigences d’éclairage, touristes dans des secteurs déshérités, contri
les nouvelles structures d’accueil empruntent buant à renforcer les réseaux touristiques
parfois l ’apparence des palais renaissants, existants dans les régions plus favorisées.
plus généralement celui du temple antique Les musées d’arts et traditions populaires ont
(Altes Muséum de Berlin, Glyptothèque de vu leurs techniques d ’exposition servir de
Munich, British Muséum et National Gallery modèle pour la plupart des métiers et pra
à Londres, Metropolitan Muséum de N ew tiques traditionnels. En milieu urbain, le déve
York) : le musée est effectivement un temple, loppement des réseaux de transports rapides
élevé pour la plus grande gloire nationale, afin et les exigences du stationnement ont conduit
de célébrer le culte de l’art et du savoir. Au à un décentrement des nouveaux musées (La
symbolisme extérieur répond intérieurement Villette à Paris). Par ailleurs, la politique
la pompe d’un grand hall d ’entrée d’où un du patrimoine a encouragé la réutilisation
escalier monumental conduit à l ’étage. La d’anciens édifices comme musées. L’Italie,
décoration est chargée, la couleur de rigueur avec en particulier F. Albini et C. Scarpa, a
(rouge pompéien pour les salles archéolo acquis la précellence dans ce domaine qui
giques, depuis Visconti), l ’accrochage des exige à la fois beaucoup de discernement dans
peintures « en tapisserie ». le choix des édifices (échelle, fragilité) et de
Dans une seconde phase, les impératifs de tact dans leur adaptation à leur vocation nou
la m uséologie moderne (sobriété du cadre velle. Parmi les plus belles réussites de ces
mis au service exclusif de l ’œuvre) se sont architectes, citons les musées des Palazzo
MUSÉE 5 (tt
Bianco et Palazzo Rosso à Gênes, du Palazzo interrogations liées aux processus sociaux qu’il
Abatelli à Palerme, de Capo-di M onte à a enclenchés : commercialisation et consom*
Naples. En France, deux réalisations illustrent mation de la culture (on ajustement comparé le
les difficultés de la réutilisation du patrimoine Centre Pompidou à un supermarché culturel);
historique. Le Musée du XIXe siècle a été ins instauration d ’un rapport nouveau avec le
tallé dans l ’ancienne gare d ’Orsay, qui occupe passé et ses créations, dédifférenciation des
un site névralgique ; mais son espace inté sociétés par la standardisation des contenus
rieur, qui se serait bien prêté à un musée de la comme des contenants du musée. L’urbanisme
technique, a été transformé en décor holly doit nécessairement tenir compte de cette pro
w oodien sous prétexte de faire valoir des blématique dans la sélection des thèmes et
œuvres d’art dont, en réalité, la contemplation équipements ainsi que dans le choix des lieux
a été ainsi rendue impossible. d’implantation des nouveaux musées. •
Désormais promu au rang d ’équipement
majeur, le musée soulève, dans l’ensemble des F. C;
pays développés et en développement, des A rt; Palais; Patrimoine. -I
N
NAPPE PHRÉATIQUE -> Eau manifesté de signe de vie (dits vrais mort-
nés), mais aussi ceux qui sont nés vivants et
sont morts avant la déclaration de la naissance
NATALITÉ (dits faux mort-nés).
La natalité peut être étudiée en particulier
Phénomène démographique lié aux nais selon :
sances. • la durée du mariage ;
On définit le taux brut de natalité d’une • le rang de naissance ;
population com m e le rapport du nombre • l’intervalle séparant une naissance de la
annuel de naissances à son effectif moyen au précédente, et les combinaisons de ces critères.
cours de l ’année. Les taux bruts de natalité La prévention ou la régulation des nais
peuvent atteindre 40 % o dans les populations sances (on parle improprement de contrôle
où aucune limitation volontaire n’intervient des naissances) fait appel soit au retard du
(situation de nombreux pays en développe mariage (Chine), à la continence, totale ou
ment, notamment en Afrique intertropicale périodique, soit à la contraception (pratiques
et en Afghanistan). Ils sont inférieurs à diverses empêchant la fécondation lors des
15 %o (France 12,1 %» en 2008) dans les rapports sexuels), soit à l’avortement (destruc
pays développés et dans quelques pays en tion de l ’embryon après fécondation).
développem ent (ex. : Cuba, Singapour), P.M.
voire à 10 %o (Allemagne 8 % o , Japon 9 %o)
où sont pratiqués le contrôle et la régulation _» Analyse dém ographique; Fécondité; Mouvem ent naturel
(d'une population).
des naissances par les couples. D es taux
intermédiaires se trouvent dans des pays
(Chine et, depuis peu, Inde, Amérique latine,
notamment) correspondant à une situation NATIVISME
de transition vers des taux faibles par réduc
tion progressive de la fécondité, décidée par Ce mot (popularisé par l’anthropologue amé
les couples (ex. : Argentine 18 % o ) ou par les ricain R. Linton) désigne les mouvements créés
autorités (ex. : Chine 14 %o) ou les deux par les membres d’une société traversant une
(Indes 22 % o ) . crise grave et recherchant une vie meilleure par
Le taux brut de natalité dépend de la struc un «retour aux sources», ce qui les amène à
ture de la population, ce qui nécessite, pour éliminer de leur culture les personnes, les objets
des études rigoureuses, d’utiliser des taux de et les coutumes d’origine étrangère.
fécondité qui rapportent le nombre des nais Les mouvements nativistes étudiés par les
sances à l’effectif des femmes en âge de pro ethnologues résultent presque toujours de
créer. contacts violents ou de rapports contraignants
Les naissances sont enregistrées à l ’état entre la société occidentale et les sociétés tra
civil, dans les pays qui en disposent. Les ditionnelles asservies. Ils sont souvent carac
enfants mort-nés sont ceux qui n ’ont pas térisés par l ’apparition de prophètes, bientôt
NATURE 50»
suivis par des disciples, à la recherche d ’un ment des New Towns et le cadre administratif et
nouveau code de conduite et d ’un monde financier qui était voté par le Parlement. ,.
meilleur. On parle alors de mouvements mes La conception, la réalisation (acquisition et
sianiques. L’histoire de l ’Europe est riche de aménagement des terrains, et, en grande par?
tels mouvements, généralement liés à des tie, construction) et la gestion immobilière
périodes de famine et de grandes inégalités sont assurées par un organisme public, la
sociales. Development Corporation, dont les respom
On peut voir une forme particulière et atté sables sont nommés par le gouvernement. Le
nuée de nativisme dans certains mouvements financement est assuré par des prêts du Trésor;
régionalistes actuels, lorsqu’ils revendiquent de longue durée (soixante ans), à taux d’inté?
le retour à des traits culturels spécifiques rêt réduit, avec différé d’amortissement. >;
qui auraient été bousculés par la société Les New Towns sont très inspirées des idées
dominante. Quoi qu’il en soit, cette position a de Howard : situées hors de l ’agglomération,
ravivé la conscience des particularismes leur taille est limitée, leur densité est faible,'
locaux. Elle exerce parfois des effets notables l’habitat individuel y prédomine (80 à 90 %
sur l’habitat : la maison traditionnelle réhabili des logements), l’équilibre habitat-emploi esl
tée devient l’emblème même du régionalisme assuré. Elles sont divisées en unités de voisi
(cf. E. Morin, Commune en France : la méta nage. Ce mode de financement a permis des
morphose de Plodémet, Paris, 1967). loyers très faibles, mais aussi de construire
M. P. et M. Pe. pour les louer des locaux d’activités avec un
bénéfice qui a financé les équipements d ’infra
- » Acculturation; Relativisme culturel.
structure. Les Development Corporations ont
également souvent réalisé, pour le compte des
collectivités locales, les équipements de super?
NATURE —» Écologie ; Écosystème ; structure. D es regroupements de communes
Environnement ont permis de créer l ’unité politique (les muni
cipalités actuelles sont même plus vastes que
les New Towns). Quatorze New Towns (dont
NAUTISME -* Plan d'eau huit autour de Londres) furent décidées avant
1950 (d’autres le furent par la suite). Les béné
fices (liés au mode de financement très avanta
NETTOIEMENT DES VOIES, NETTOYAGE geux) reviennent au Trésor. .
URBAIN —» Viabiliser Le gouvernement Thatcher s’est cependant
inspiré des New Towns Development Corpo-i
rations pour mener de grandes opérations
N E W C O M M U N IT Y — Cité-jardin ; Ville de restructuration urbaine dans des friches
nouvelle industrielles ou portuaires (dont celle des
anciens docks du port de Londres) sous
l’égide d’une Urban Development Corpora
NEW TO W N tion (11 ont été créées entre 1981 et 1989),
associant à des capitaux publics la plus forte
Ville nouvelle britannique, réalisée dans le proportion possible de capitaux privés.
cadre du New Town Act de 1946. Lorsqu’elles ont été considérées comme
Les New Towns sont issues du mouvement achevées, les New Towns ont été gérées par la
de pensée des cités-jardins, lancé par Howard New Towns commission (loi de 1959). Les der
et animé par la Garden City Association. En nières Development Corporations ont été sup
1944, le Greater London plan, établi par Patrick primées en 1992 (Milton Keynes), sauf en
Abercrombie, proposait de décongestionner Ecosse, où elles ont été conservées, en raison
Londres et sa banlieue en desserrant des indus de leur efficacité pour attirer des activités, jus
tries et la population correspondante au-delà qu’en 1995 à 1999. Le gouvernement Thatcher
d’une ceinture verte (Greenbelt), dans des New a fait mettre en vente systématiquement par
Towns et des Expanding Towns situées à 40 km la commission nationale, puis par English
ou plus du centre de Londres. La commission Partnership qui lui a succédé, les biens immo
Reith fixait, en 1946, les principes d’aménage biliers (logements et locaux d’activités) des
NOMBRE D'OR
*07
— un niveau de qualité apprécié par la sont cependant plus élevées que celles des
méthode dite « d’appréciation de la consistance foyers d’accueil construits jusqu’en 1975 (7,
utile », mise au point par le Centre scientifique 12 et 17 m2 selon le nombre d’occupants).
et technique du bâtiment (6 000 points pour un Récemment, les pouvoirs publics ont
appartement) ; précisé les caractéristiques minimales d’un
— des conditions d’occupation maximale logement décent. La loi Urbanisme et habi
qui, après avoir été longtemps d’une personne tat du 2 juillet 2003 a interdit la division
au plus par pièce (norme qui est toujours d ’immeubles en vue de créer des locaux
utilisée par l’Insee), sont plus complexes : un d’habitation de moins de 14 m2 et de 33 m3
« studette » (type I) pour une personne seule ; de superficie et de volum e habitables ou
un studio (type I bis) pour deux personnes non pourvus d ’alimentation en eau et en
seules, sauf un jeune ménage ; un deux pièces électricité, d’évacuation des eaux usées ou
pour un jeune ménage sans ou avec une per qui n ’ont pas fait l ’objet d’un diagnostic
sonne à charge ou pour trois personnes ou pour amiante et risques de saturnisme. La loi sru
une personne seule et une personne à charge ; du 13 décembre 2000 et son décret d’applica
un quatre pièces pour quatre personnes ou une tion du 30 janvier 2002 ont précisé la notion
personne seule avec deux personnes à charge ; de logem ent décent introduite par la loi
puis une pièce supplémentaire par personne Malandain-Mermaz de 1989 : est interdite la
supplémentaire. mise en location des logements considérés de
Des normes un peu moins strictes s’appli moins de 9 m2 de surface habitable et de
quent aux logements anciens acquis et amé moins de 2,20 m de hauteur sous plafond (soit
liorés (ex.: 41 m2 pour 2 pièces), qui doivent 20 m3 de volume) ne présentant pas un gros
respecter, en outre, des normes d’habitabilité : œuvre en bon état et les normes minimales de
étanchéité, bon état d’entretien du gros œuvre ; confort sanitaire (eau froide et chaude, cuisine
conformité des canalisations aux règlements ou coin cuisine), ce qui, en pratique, concerne
sanitaires; surface moyenne des pièces princi surtout des anciennes « chambres de bonne ».
pales au moins égale à 9 m2 ; ouvertures des L’habitabilité d’un logement s’exprime aussi
pièces à l’air libre; ventilation ; équipement en fonction de son occupation. Une méthode
d’une cuisine ou d’un coin-cuisine ; équipe très simple consiste à comparer le nombre
ment sanitaire (w.-c. intérieur avec cuvette à de pièces principales et le nombre de personnes
l’anglaise et chasse d’eau; salle d’eau avec bai qui occupent le logem ent: en France, la
gnoire ou douche et lavabo avec eau chaude et moyenne était, lors de l’enquête nationale sur
froide) ; alimentation électrique ; chauffage. le logement de 2002, de 4,2 pièces pour 2,3 per
Les foyers pour personnes âgées doivent sonnes (à comparer à 2,7 pièces pour 3,1 per
répondre également à des normes d ’équipe sonnes au lendemain de la deuxième guerre
ment et de surface minimale : 20 m2 pour une mondiale). L’insee définit le peuplement d’un
chambre (qui doit comporter w.-c., baignoire logement en comparant son nombre de pièces à
ou douche, lavabo et volume de rangement), une norme qui dépend de la composition du
30 m2 pour un studio (qui doit comporter en ménage. Celle qui est utilisée depuis 1968 est
outre une cuisine et un dégagement), 46 m2 d’une pièce de séjour plus une chambre pour
pour un deux pièces. Pour les personnes han chaque personne de référence, une pour chaque
dicapées, la chambre peut n ’avoir que 16 m2 personne non célibataire extérieure à la famille,
(sans w.-c. et baignoire ou douche). une par célibataire d’au moins 19 ans, une pour
Les logem ents-foyers obéissent à des deux enfants s’ils sont de même sexe ou de
normes plus faibles: chambres de 12 m2 sexes différents et ont moins de 7 ans, une pour
(avec lavabo, w.-c., baignoire ou douche et chaque enfant dans le cas contraire, une pour
volum e de rangement) pour les foyers de l ’ensemble des domestiques et des salariés
jeunes travailleurs ; de 9 (avec lavabo et ran logés. Le logem ent est en surpeuplement
gement) à 12, 16 ou 21 m2, selon qu’elles modéré s’il manque une pièce par rapport
sont occupées par une, deux ou trois per à cette norme, en surpeuplement accentué s’il
sonnes (avec l’équipement complet) pour les en manque 2 ou plus ; au contraire, en sous-
travailleurs migrants. Les normes des studios peuplement modéré, prononcé ou très accen
et des appartements sont les mêmes que pour tué si le nombre de pièces est supérieur à la
les logements aidés hors foyers. Ces normes norme respectivement de 1, 2 ou 3 et plus.
NORMES D'HYGIÈNE
Le surpeuplement concerne, en 2008, 7,2 % par la construction d’un bâtiment mal intégré
des logements (dont 0,6% de surpeuplement à son voisinage, coupure d ’un quartier ou
accentué), le peuplement normal un logement d ’une commune par une infrastructure de
sur cinq environ et le sous-peuplement près des transport, troubles de voisinage, etc.
trois quarts d’entre eux (dont la moitié en sous- La notion de nuisance est donc très large et
peuplement prononcé ou très accentué). n ’a pas de contenu juridique, bien que l ’étude
P. M. d’impact, introduite par la loi du 10 juillet
1976, tente d ’évaluer les conséquences néga
-> Aide à la Pierre; Logem ent; Logement décent; Parc de loge
ments. tives prévisibles d’un projet. Par ailleurs, on
tend à attacher à la notion de nuisance celle
de son coût social, qu’on tente d ’évaluer (par
exemple pour le bruit ou pour la pollution
NORMES D'HYGIÈNE —> Hygiène publique atmosphérique).
F. D.-D. et P. M.
NOUVELLE CAPITALE - Ville nouvelle -> Autom obile; Bruit; Coût social; Déchets; Étude d'im pact;
Installations classées; Microclimat urbain; M oyen de transr
port ; Pollution ; Pollution atmosphérique ; Pollution des eaux
continentales; Pollution des m ers; Pollution des sols;Tràns-i
NOYAU - t Centre des affaires port aérien. 1
OPÉRATION D'URBANISME -> Urbanisme locale de « suivi animation » qui joue un rôle
opérationnel essentiel : elle informe le public bénéficiaire
sur l’opération en cours, apporte des conseils
techniques par le biais de diagnostics sur l ’état
OPÉRATION GROUPÉE DE RESTAURATION des logements et des parties communes des
IMMOBILIÈRE -> Restauration immobilière immeubles, réalise des simulations financières
pour inciter les propriétaires à effectuer les
travaux, assure l ’assistance administrative
OPÉRATION PROGRAMMÉE pour les demandes de subventions. Ces opéra
D'AMÉLIORATION DE L'HABITAT (OPAH) teurs sont des associations (fédération des
p a c t - a r i m , réseau Habitat et Développement),
Opération s’inscrivant initialement dans le des bureaux d’études privés, des collectivités
nouveau dispositif du Fonds d’aménagement en régie, des entreprises publiques locales
urbain ( f a u ) , mis en place en 1977 (et sup (E P L ).
primée en 1984) et répondant à la volonté de Les sont issues du rapport n o r a -
o p a h
revitalisation des centres et quartiers urbains e v e n osur l ’habitat ancien de 1976, lequel
existants, grâce à des mécanismes d’incita mit en avant, dans le cadre d’une réforme du
tion, conjuguant aide à l ’amélioration de financement du logement, l’importance éco
l’habitat privé ancien, création de logements nomique, urbaine et sociale du parc de loge
sociaux, amélioration des services locaux, ments anciens. L’objectif des o p a h est, grâce
embellissement du cadre architectural, amé à des dispositifs essentiellement incitatifs,
nagement des espaces publics, des actions accompagnés d’un effort important des col
foncières et sociales. Le f a u avait été mis en lectivités publiques, de créer les conditions
œuvre dans un cadre contractuel associant la d’une revalorisation économique des quar
collectivité locale cçncemée (commune, e p c i tiers anciens, susceptible d’entraîner le réin
ou département), l’État et l ’Agence nationale vestissement privé. L’intérêt et l’originalité
pour l’amélioration de l’habitat ( a n a h ) . de la démarche d ’oPAH était de ne pas consti
Les o p a h sont actuellement définies par tuer une nouvelle procédure administrative et
l’article L 303-1 du Code de la construction juridique : son objectif est de déclencher chez
et de l ’habitat ( c c h ) ; les circulaires du les propriétaires privés une dynamique de
7 juillet 1994 et du 8 novembre 2002 consti réinvestissement. L ’ o p a h exclut a priori les
tuent les textes de référence. Elles doivent transferts de propriété : il s’agit de convaincre
s’articuler avec le plan local d ’urbanisme les propriétaires (occupants ou bailleurs) de
( p l u ) , le programme local de l’habitat ( p l h ) réaliser des travaux de mise aux normes de
et le plan départemental pour le logement des confort. Elle vise à maintenir les populations
personnes défavorisées ( d p l p d ) . L’accent est fragiles « personnes âgées handicapées »,
nettement mis sur la réhabilitation des loge ménages à faibles revenus, immigrés). Elle
ments, notamment privés, grâce aux méca encourage le conventionnement des lo g e
nismes incitatifs offerts aux propriétaires. ments locatifs (ce conventionnement ouvre le
L ’ o p a h est un cadre contractuel de program droit, pour les propriétaires, à des subventions
mation, signé pour trois ans, précisant les majorées de I ’ a n a h et, pour les locataires, à
différentes aides financières devant être l’aide personnalisée au logement). La produc
apportées par chacun des partenaires au projet tion de logements à loyers maîtrisés est un
dans un quartier délimité de façon assez objectif prioritaire de l ’ a n a h . Elle poursuit
étroite (on estime que, au-delà de 1 500 loge également des objectifs d’urbanisme - lutter
ments, soit 150 à 200 à traiter par an, l’opéra contre la déshérence des quartiers centraux
tion perd de son efficacité) après un diagnostic anciens, améliorer les services urbains, main
préalable. La convention d ’oPAH décline un tenir le caractère du tissu urbain - , ce qui
programme d’actions avec des objectifs quan implique une intervention de la collectivité
titatifs et qualitatifs (sur l ’amélioration du (création de rues piétonnières, relance de
quartier notamment). Elle précise les aides commerces, etc.). Ce mécanisme s’est substi
financières devant être apportées par chacun tué aux opérations groupées de restauration
des partenaires. La mise en œuvre du pro immobilière issues de la loi Malraux de 1962,
gramme ainsi défini est assurée par une équipe dont l’échec était patent.
OPÉRATION PROGRAMMÉE D'AMÉLIORATION DE L'HABITAT 5t4
Les objectifs assignés aux opah ne sont exemple un programme de restauration immo
cependant pas exempts d’une certaine ambi bilière), mais doit reposer avant tout sur l’inci
guïté, qui explique les dérives de certaines tation et la conviction des propriétaires.
d’entre elles. Elles sont, en effet, appelées à
favoriser deux enjeux structurellement contra La durée de I’opah était de trois ans, excep
dictoires, d’une part, la revalorisation de tionnellement renouvelée, et est actuellement
l ’immobilier, grâce à de fortes incitations à la de trois à cinq ans sans possibilité de renou
réhabilitation d’initiative privée, soutenue par vellement. Il y a, début 2009, 732 opah en
des investissements publics dans le quartier et, cours. Il y a eu, à partir de 2005, une forte
d’autre part, le maintien de la vocation sociale accélération du volume de logements traités ;
du quartier, où les populations modestes, 57 172 en 2008 (I’anah a aidé en outre
âgées, et d’origine immigrée sont générale 46 383 logem ents hors opah). La dépense
ment majoritaires. L’objectif social des opah, moyenne par logement a été 5 670 € en opah
qui justifie une intervention publique détermi (4 000 € dans le diffus). Les trois cinquièmes
nante et le financement de multiples outils à des logements subventionnés sont habités par
objectif social, a été rappelé à plusieurs leur propriétaire et les deux cinquièmes en
reprises par la puissance publique. De fait, on location. Le taux de subvention est normale
a souvent reproché aux opah d’avoir entraîné ment de 20 % des travaux subventionnables,
de fortes mutations de population dans les mais peut atteindre, dans certains cas et sous
quartiers anciens, généralisant les évolutions certaines conditions, 35 %, voire 50% (sortie
observées dans les grandes villes et les régions d ’insalubrité). Ces subventions peuvent être
prospères, même si les effets de la revalorisa abondées par les collectivités locales. Les sub
tion sont très inégaux selon les régions ou les ventions dans les opah ont représenté 803 mil
villes et s’ils se font encore attendre dans cer lions d ’€ et les subventions de I’anah
taines d’entre elles. 324 millions, soit 43 % en moyenne (186 mil
Les opah ont évolué du fait de la décentrali lions sur un total de 529 millions, soit 35 %
sation qui a amené à en redéfinir les objectifs. hors opah) : les opah représentent donc 61 %
Jusqu’en 1983, le dispositif connut un v if suc des subventions de I’anah . En 2009-2010,
cès, à la fois parce qu’il correspondait mani 50 millions d’€ issus du fonds exceptionnel
festement aux besoins locaux et parce qu’il octroyé à I’anah par le plan de relance de
était inséré dans un dispositif global à entrées l ’économie vont être consacrés à accélérer
multiples. À partir de 1983, de nombreuses 100 opah, pour l’essentiel en zones de renou
opah se réduisirent de fait à des préoccupa vellement urbain.
tions de revalorisation de l ’habitat privé, Par ailleurs, les propriétaires occupants
beaucoup de commîmes se désengageant des peuvent, sous réserve d ’un plafond de res
actions foncières sociales ou architecturales à sources, recevoir la prime d’amélioration de
la suite de la disparition du fau. Cette évolu l ’habitat (pah), dont le taux est majoré en
tion fut aggravée par la baisse des aides de opah (25 % avec un plafond de 21 250 € si les
I’anah et par la disparition des mécanismes ressources sont inférieures au plafond des pap,
correcteurs au plan social, notamment l ’obli voire 35 % et 29 750 € si elles sont inférieures
gation de conventionnement des logements. à 60 % de ce plafond) : 50 millions d ’€ de pah
Ceci amena l’État à clarifier le régime juri ont été accordés en 2008 dans les opah.
dique des opah et à leur donner un contenu La majorité des opah engagées l’a été dans
minimum dans le cadre de la loi d’orientation les villes petites ou moyennes et en milieu
pour la ville (1991): ce sont des actions rural, et cette relative ruralisation s’accentue.
d ’aménagement, dont les objectifs généraux Ceci semblerait montrer que I’opah a permis
sont précisés et auxquels doivent répondre les de traiter les situations immobilières les plus
conventions locales, et ce sont, dans ce cadre, faciles, laissant de côté les îlots ou les quar
des outils vivants de politique de la ville. tiers où l’état du bâti, de la propriété et de
L’opah doit être cohérente avec le programme l ’occupation sociale, nécessiterait des méca
local de l ’habitat (plh) et avec le plan départe nismes d’intervention d’une autre nature.
mental pour le logement des personnes défa Ceci étant, et malgré les critiques portées
vorisées (pdlpd) et peut s ’accompagner aux aspects sociaux et architecturaux des
d’actions contraignantes localisées (par opah, ainsi qu’à leur moindre adaptation aux
615 OPÉRATION PROGRAMMÉE D'AMÉLIORATION DE L'HABITAT
dérivés d’une tradition légendaire. Vitruve dis nouvelle acception à partir de la création du
tingue quatre ordres : étrusque appelé toscan ; concept de biologie (Trevirianus, 1802), rapi
dorique et ionique (dénommés d’après les prin dement adopté par Lamarck. Les roman
cipaux dialectes grecs et respectivement liés tiques néo-kantiens, notamment Schelling,
aux genres masculin et féminin) et enfin le cherchent à localiser le principe vital de toute
corinthien (d’après la ville de Corinthe). chose dans le concept d’organisme vivant
L’architecte bolonais Serlio (1475-1553) a qu’ils appliquent même aux minéraux. Mais
ajouté un cinquième ordre, composite, créé à il faut attendre 1837, et la synthèse de l’urée
partir de diverses sources antiques, romaines par Wôhler, pour que soit élaboré le concept
pour la plupart. Ces cinq ordres sont devenus scientifique de chimie organique.
les ordres « canoniques » ou standard, en L’application du qualificatif organique à
dépit des différentes tentatives des xvne et l ’architecture est imputable au franciscain
xvme siècles pour ajouter de nouveaux ordres vénitien Carlo Lodoli qui, bien que n ’ayant
nationaux (français, anglais, bavarois, améri publié aucun ouvrage, exerça une influence
cain) ou liés à d’autres systèmes esthétiques considérable par son enseignement. Lodoli se
(chinois, indien, gothique). servait du terme organique pour décrire le
mobilier particulièrement conçu pour être en
F. C. et J. R.
contact étroit avec les organes humains (dos,
-> Arcade; M oderne; Progressisme; Proportion; Symétrie. bras et fondement, dans le cas des sièges).
L’idée d’organicité est reprise dans le traité
d ’architecture de son disciple Milizia, mais
ORDRE SOCIAL —►Contrôle social ; Société quelque peu éclipsée par la liaison nécessaire
que celui-ci postule entre forme et fonction.
Ces conceptions furent à leur tour adoptées
ORDURES MÉNAGÈRES - » Déchets; Taxe par le sculpteur et théoricien américain
d'enlèvement des ordures ménagères Horatio Greenough, lors de son séjour en Ita
lie, pendant les années 1830. C ’est lui qui
résuma ces idées complexes dans la formule
ORGANISATION D'ÉTUDE D'AIRE lapidaire « la forme suit la fonction» (form
MÉTROPOLITAINE (OREAM) -> Aire follows function), qui devait être intégrée dans
métropolitaine la théorie architecturale par l’intermédiaire de
son admirateur Louis Sullivan.
Cependant, Sullivan subissait aussi
ORGANIQUE l’influence de l ’architecte allemand L. Eidlitz
qui apportait aux États-Unis la tradition du
Très utilisé par les architectes et les urba romantisme néo-kantien en même temps qu’une
nistes de la fin du xixe siècle et du début du idée plus scientifique de la notion d’organisme.
XXe, ce terme est particulièrement associé aux Selon Eidlitz, une œuvre d’art ne doit jamais
œuvres de F. L. Wright et de E. Mendelsohn. imiter des objets naturels, mais être une idée
Originellement, il qualifiait l’organisation réalisée qui se développe à la manière d’un être
intentionnelle des parties au sein d’une totalité. naturel. On n’est pas loin de l’adage sullivanien
Aristote intitule son principal traité de logique selon lequel l’ornement doit se développer sur la
Organon, l ’instrument qui permet la claire structure de l’édifice « à la manière d’une fleur
articulation de toute construction mentale, et il sur la plante» (Kindergarten chats, 1901-1902,
définit la main humaine comme Vorganon pro éd. 1947, p. 189). Sullivan applique cette
organoun, l’instrument qui tient lieu de nom conception génétique, non seulement à l’orne
breux instruments. Dérivant d ’ergon, travail, ment, mais à l’ensemble de l’édifice. Son dis
le sens du substantif organon est en effet très ciple F. L. Wright intègre dans cette conception
proche de celui de mechana (instrument). organique jusqu’aux dispositifs de chauffage et
Vitruve établit une distinction entre les de ventilation.
organa, instruments mus par la seule force de À la suite de Sullivan, Wright condamne
l’homme, et les machines, mues par des agents pour leurs excès « biomorphiques » les orne
non humains, comme l’eau et le vent. ments végétaux de l’Art nouveau. Cependant,
Le terme organique devait trouver une au-delà de ce projet d’un nouveau vocabulaire
ORGANISME AMÉNAGEUR 518
ornemental, fondé sur des exemples naturels faits du soleil (cf. lutte contre la tuberculose).
et indépendants de tout précédent historique, Le mouvement fonctionnaliste, rompant par
qui fut abandonné aux environs de 1905, ailleurs avec le tracé traditionnel des voies et
d’autres éléments plus essentiels de la pensée des îlots, a mis en avant la recherche de l ’enso
romantique devaient survivre et aider des leillement maximal (Le Corbusier) et conduit à
architectes aussi différents que E. Mendelsohn des formes privilégiant l’exposition au sud
et H. Hâring à formuler une théorie et une (dans l ’hémisphère nord) des pièces princi
critique de l’architecture qu’ils prétendaient à pales ou une double exposition est-ouest.
la fois organique et fonctionnaliste. La recherche de l’ensoleillement a fait son
Depuis 1945, le terme organique est lié à entrée dans les textes réglementaires avec un
certaines tendances de l ’architecture qui se décret du 29 août 1955, qui prévoit que, dans
sont opposées au rationalisme du mouvement tout ensemble de 15 logements ou plus, la
moderne. Elles ont trouvé un partisan moitié au moins des pièces d ’habitation de
convaincu en la personne de l’Italien B. Zevi chaque logement doit être exposée au soleil
qui s ’en est fait l ’historiographe (Storia au moins deux heures par jour, pendant deux
dell’archittelura moderna). Pour lui, l ’usage cents jours par an. Mais ce texte est difficile à
des matériaux « naturels » et le rôle accordé à appliquer, faute de règles précises.
l ’asymétrie dans l ’œuvre de F. L. Wright L’orientation des bâtiments par rapport au
indiquent la voie à suivre pour échapper aux soleil avait préoccupé beaucoup plus tôt les
stéréotypes rigides des années 1930 et au habitants de pays froids (qui le recherchaient)
«fonctionnalism e» positiviste des années ou de pays chauds (qui l’évitaient) : ainsi les
1940 et 1950. Néanmoins, l’œuvre de l ’archi ksour sahariens et, de façon générale, l’habi
tecte finlandais A. Aalto, qui a toujours refusé tat du Maghreb évitent les ouvertures expo
d’adopter une quelconque position théorique sées au soleil.
en la matière, est sans doute celle qui a exercé Un autre aspect de l ’orientation des bâti
l’influence la plus puissante dans ce sens. ments est la recherche d’une majorité d’ouver
J. R. tures vers l’extérieur ou vers l’intérieur (cours,
patios). La première est la plus fréquente en
-*■ Architecture fonctionnelle ; Culturalisme ; Moderne ; Style. milieu touristique présentant des vues particu
lières (mer, montagne), et a été longtemps pré
férée en ville (les logements sur rue étant
ORGANISME AMÉNAGEUR — Établissement valorisés par rapport aux logements sur cour).
public ; Société d'économie mixte Dans les pays et régions méditerranéens, une
orientation vers un espace intérieur est souvent
préférée : dans une partie de l ’Islam, l’ouver-
ORGANISME DE HLM —> Habitation à loyer turë vers l’extérieur est condamnée pour des
modéré (hlm) raisons culturelles (morales). Le souci de calme
et de sécurité tend à généraliser cette attitude.
P. M.
ORIENTATION (OU EXPOSITION)
D'UN BÂTIMENT -> Construction.
phie des villes, 1939), on pourrait distinguer le tique (P. Levêque et P. Vidal-Naquet,
tracé en échiquier, ou damier, où les îlots sont Clisthène VAthénien, Paris, 1964). Chez les
des carrés, et le tracé orthogonal, en général, où Romains, son usage est lié à des pratiques
les îlots rectangulaires peuvent avoir des côtés religieuses d’origine étrusque et à la facilité
de dimensions variables. d’orientation qu’il permet (cf. C. Lachmann,
Le premier tracé orthogonal connu à ce jour Gromatici veteres, 1848-1852, rééd. 1960).
semble remonter à plus de trois m ille ans Il est évident que la croyance en la sacralité
avant Jésus-Christ : ce serait celui de la cité et en l ’efficacité d ’une direction (nord/sud
ouvrière égyptienne de Kahum. On le trouve pour le plan de Pékin) s ’accommode mieux
dans les cités grecques, où il est mis en place d’un tel système de tracé. Quant aux considé
dans le fameux plan de Milet par Hippodamos rations d’ordre pratique, ce sont surtout la faci
(Ve siècle), qui lui donna son nom : plan « hip- lité et la rapidité de réalisation du quadrillage
podamique », ou quadrillage milésien. On le des îlots, puis du lotissement et de la construc
retrouve également dans les villes fondées par tion, ainsi que la circulation et le repérage
Alexandre et ses successeurs (Alexandrie), aisés (par numérotation) qui l’emporteront. Ce
dans les colonies et villes romaines, au Moyen sont elles qui feront du système orthogonal
Âge dans les bastides du sud-ouest de la France l ’instrument privilégié de tous les impéria
(Montpazier), en Italie centrale, en Espagne, lismes et de toutes les colonisations (J. Reps,
dans les fondations germaniques (Cracovie, The making ofurban America, 1965).
Posen, Breslau). Au xixe siècle, c ’est celui de Cependant, outre la monotonie, les princi
villes russes (Odessa), grecques (Corinthe, paux défauts de ce système consistent dans
Volo, Thèbes, Sparte). Hors d’Europe, le tracé les difficultés de choix d’une génératrice ou
orthogonal caractérise la plupart des villes du lieu central, en l ’absence d ’un support
coloniales, depuis les créations espagnoles du idéologico-religieux, dans les difficultés
XVIe siècle en Amérique du Sud, ou françaises, d ’adaptation au terrain, à son relief, et dans
du xvme siècle (La Nouvelle-Orléans), jusqu’à l’allongement des communications. Ce der
la grande colonisation du x ix e siècle en nier point a conduit les urbanistes à y intro
Afrique (Orléansville, Djibouti), en A sie duire les diagonales (Barcelone) pour
(Saigon), en Océanie (Nouméa) ; c ’est encore raccourcir les distances, notamment au centre,
celui des grandes villes américaines (Chicago, ou pour mettre directement en relation cer
Sait Lake City, San Francisco), etc. La persis tains pôles majeurs de la ville. En revanche,
tance et la diffùsion de ce tracé, dans le temps les diagonales du plan de Washington
et l’espace, ne doivent pas dissimuler les signi (L’Enfant, 1792) sont directement issues de
fications diverses dont il a pu être chargé dans l ’art des jardins (cf. Laugier).
l’histoire, surtout à son origine. Elles sont de A. L.
double nature : mythique et idéologique, mais
aussi pratique. -> Cité linéaire ; Géométrie ; Moderne ; Radioconcentrisme.
sation des appels d’offre et la mise en concur tive (tuc) des années 1980, puis les contrats
rence des missions traditionnelles des pact, emploi-solidarité (ces) créés en 1989, enfin
telles que la conduite des opah et les missions les emplois de services des particuliers
diverses d’ingénierie publique, ont fait émer (1993), le dispositif des emplois de ville visait
ger d’autres opérateurs et ont fragilisé le mou à créer de véritables emplois (les tuc et les
vement pact, au risque que les missions très ces étaient à mi-temps et de durée limitée),
sociales liées au logement, à l’amélioration de avec une formation, gage d ’une chance
l’habitat et à la lutte contre l’habitat indigne ne d ’accéder ensuite à un emploi stable. Il
soient sacrifiées au principe du moins disant. s ’agit d ’em plois, en général peu qualifiés
N. B. (niveaux IV à VI, ce qui correspond à une
formation primaire ou secondaire), pour des
-> Amélioration de l'habitat; Insalubrité; Logement décent; jeunes de 18 à moins de 26 ans résidant dans
Opération programmée d'amélioration de l'habitat ( o p a h ) ;
Réhabilitation. des quartiers d ’habitat dégradé. La durée de
travail hebdomadaire varie de vingt à trente
heures par semaine, rémunérées le plus sou
PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE vent au smic, avec une subvention dégressive
de l’État pendant cinq ans (en général de 75 %
Ensemble de mesures prises, notamment à 35 % du salaire et des charges sociales) et
dans le cadre de la loi du 14 novembre 1996 un complément éventuel de subvention de la
qui y est consacrée, qui ont pour objet de don part de la région ou du département. Les
ner, dans la politique de la ville, la priorité à employeurs sont des collectivités locales, des
l’action économique. entreprises de service public (organismes hlm
La loi relative à la mise en œuvre du pacte notamment), des établissements publics, des
de relance pour la ville comprend bien les associations, etc. Les tâches demandées sont
deux volets habituels des dispositifs concer variées : assistance de gardiennage, nettoyage*
nant les quartiers en difficulté : des mesures entretien de bâtiments ou d’espaces extérieurs,
concernant l’aménagement urbain et l’habitat encadrement d ’activités sociales, culturelles
et des mécanismes devant favoriser la créa ou sportives, accompagnement dans les trans
tion (ou le maintien) d ’activités dans ces ports publics, soutien et accompagnement
quartiers. D es dispositifs, adoptés dans le scolaire, etc. Ce dispositif a l’avantage d’assu
cadre de diverses lois votées au cours de rer des services de proximité dans les quartiers
l ’année 1996, visent en effet à rendre ces eux-mêmes en difficulté.
quartiers plus attractifs et à y attirer des popu Le gouvernement espérait créer 25 000
lations de revenus moyens. Mais, dans la loi emplois « v ille » par an à partir de 1997. Il
du 14 novembre 1996, l’accent est clairement semble que le bilan ait été beaucoup plus
placé sur l’emploi. Le diagnostic sous-jacent modeste: de l ’ordre de 12 000 en 1996 et
est en effet que le chômage est un obstacle 1997. Les emplois de ville ont en outre eu un
dirimant à toute volonté de recréer, dans ces coût élevé pour la collectivité. C’est ce qui a
quartiers, un sentiment de communauté. poussé le gouvernement Jospin à créer en
Le protocole du pacte de relance pour la 1997 les « emplois jeunes ». L’objectif était
ville prévoit, outre des m oyens financiers de créer en cinq ans 700 000 emplois (pour
venant de l ’Etat et des collectivités locales, moitié dans le secteur public et associatif et
des participations de la Caisse des dépôts et pour moitié dans le secteur privé), rémunérés
consignations, du Crédit local de France, des (charges sociales comprises) à 80 % par
créations d’emplois « ville » (Union des hlm, l’État. Il s’agit en quelque sorte d’une amélio
sociétés de transport urbain, chambres de ration et d’un élargissement des emplois de
commerce et d’industrie, divers ministères y ville : les emplois jeunes ne concernent pas en
compris le ministère des Armées dans le cadre effet les seuls quartiers en difficulté. Mais ces
du service national), des sociétés d’assurance emplois, qui devaient correspondre à « des
(mesures en faveur des commerçants de ces besoins émergents non satisfaits » et présen
quartiers), etc. ter « un caractère d’utilité sociale, notamment
Les emplois «ville» constituaient l’élément dans les domaines des activités sportives,
central de ce volet du pacte de relance pour la culturelles, éducatives, d ’environnement et
ville. Venant après les travaux d’utilité collec de proximité » ne devaient donc pas rempla-
523 PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE
cer les emplois existants. S ’il semble que le de F de bases de la taxe pour les créations et
rythme très élevé prévu pour la création des de 500 000 F pour les entreprises existantes ;
emplois jeunes ait été respecté dans le secteur taxe sur les bénéfices dégressive pendant
public et associatif (assistance aux en sei cinq ans ; droits d ’enregistrement pour les
gnants dans l ’éducation, activités d’accueil et fonds de commerce ; régime d’amortissement
d’assistance dans les collectivités locales, des locaux construits avant 1999 par quart sur
promotion des nouvelles technologies, etc.), quatre ans ; cotisations sociales pendant un an
le secteur privé a très peu recouru à ce dis jusqu’à 50 salariés et 1,5 smic; éventuelle
positif. La question demeure ouverte de ment taxe foncière sur les propriétés bâties et
savoir combien, au terme des cinq ans, de taxe départementale de publicité foncière,
ces emplois jeunes se sont transformés en etc.).
emplois permanents. Les zones franches urbaines (zfu) sont des
zru de plus de 10 000 habitants, au nombre
À côté des emplois « ville », le pacte de de 44 initialement (dont 6 outre-mer), présen
relance pour la ville prévoyait des aides fis tant des handicaps économiques et sociaux
cales spécifiques pour la création d’emplois particulièrement lourds. Certaines zfu corres
dans les quartiers en difficulté. À cette fin, pondent aux grands projets urbains (Grigny,
une hiérarchisation de ces secteurs a été opé Clichy-Montfermeil, Mantes-la-Jolie, Meaux,
rée selon la gravité des problèmes d’emploi, Roubaix-Tourcoing, Vaulx-en-Velin, quartiers
en fonction de laquelle les aides sont modu nord de Marseille). D ’autres sont situées dans
lées. d’autres grandes agglomérations, mais parfois
Les zones urbaines sensibles (zus), en fait dans des villes moyennes (Dreux, Bourges,
créées par la loi du 4 février 1995 sur l ’amé Saint-Dizier, etc.), voire petites (Chenôve).
nagement et le développement du territoire, Elles ont été créées, après une négociation
au nombre de 700 en métropole et de 31 dans avec les autorités européennes (qui pouvait
les dom (il y en a 751 en 2009), sont caracté craindre des distorsions de concurrence), pour
risées par la présence d’un grand ensemble cinq ans (1997-2001). Les aides fiscales - exo
ou d’un quartier dégradé et par un déséqui nération de l’impôt sur les bénéfices pendant
libre accentué entre population et emploi. cinq ans jusqu’à 400 000 F ; de la taxe profes
Les emplois « v ille » peuvent y être créés. sionnelle jusqu’à 3 millions de F et de la taxe
Les entreprises nouvelles y sont exonérées foncière sur les propriétés bâties en cas de
d’impôts sur les bénéfices. D ’autres aides création ou d’extension et pour les entreprises
sont accordées : régime avantageux d’amor travaillant sur le marché local ; des charges
tissement des constructions, droits d’enregis sociales patronales sous les mêmes conditions
trement réduits, aides majorées aux chômeurs et celle d ’embaucher au moins pour 20%
créateurs d’entreprises, éventuelle exonéra dans la zfu ; des charges personnelles pour les
tion de taxe professionnelle. En outre, des commerçants et artisans, etc., - y sont renfor
mesures spécifiques visent à y diversifier cées par rapport au régime des ZRU. Mais, à la
l ’habitat et le peuplement et à améliorer demande de l ’Union européenne, ces mesures
l’environnement. ne s ’appliquent qu’aux petites entreprises
Les zones de redynam isation urbaine (jusqu’à 50 em plois créés) pour éviter les
(zru), également issues de la loi du 4 février effets d’aubaine. D ’autres zfu ont été créées
1995, au nombre de 350 (avec une population par la suite, notamment dans le cadre de la loi
totale de 3 millions d ’habitants), sont des du 1er août 2003 pour la ville et la rénovation
quartiers compris dans les zus et confrontés à urbaine. Celles de la période 1997-2001 ont
des difficultés particulières du fait de leur été prolongées. En 2010, il y en a 100 en tout
localisation, de leurs caractéristiques écono (dont 7 dans les dom), qui ont toutes été pro
miques et sociales et situées dans des com rogées jusqu’à la fin de 2014.
munes pauvres (éligibles à la dotation de Les résultats de ces mesures ont fait l’objet
solidarité urbaine). Les entreprises y bénéfi d ’une polémique : tandis que l’Association
cient, outre des avantages prévus dans les des zones franches urbaines estimait, fin
zus, d’exonérations supplémentaires, sous 1997, que l’objectif de créer 1 500 à 2 000
certaines conditions, de taxes (taxe profes emplois par an pendant cinq ans et d’en main
sionnelle pendant cinq ans jusqu’à 1 million tenir 25 000 serait dépassé, le rapport Sueur
PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE 524
Mais, fin 2008, les réalisations avaient pris du l ’organisme urbain. Depuis les civilisations
retard : seulement 45 800 logements ont été archaïques, le palais comporte une partie pri
démolis, 17 990 construits, 78 780 réhabilités vée, agrémentée de jardins, abritant les appar
et48 490«résidentialisés». tements du souverain et éventuellement
L’action sur la ville a jusqu’à présent souffert des logements pour sa cour, et une partie
également de la dispersion, entre de nombreux « publique », à vocation politique et souvent
ministères, des crédits consacrés par l’État à judiciaire. Dans l’Antiquité grecque, la struc
cette politique et au développement social ture démocratique de la société à l’âge clas
urbain, ce qui semble justifier la création de sique explique l’absence de palais, dont les
I’anru. Un document officiel évaluait ces cré rares exemples appartiennent aux périodes
dits dans la loi de finances pour 2003 à 4 mil archaïque et hellénistique. De même, le palais
liards d’€ de crédits d’État (y compris le coût n ’existait pas dans la Rome républicaine. Isolé
des mesures fiscales et la dotation de solidarité de l ’extérieur tantôt par un simple mur-
urbaine comprise dans la dotation globale de écran (Égypte, Islam), tantôt par une véritable
fonctionnement), auxquels s’ajoutent 220 mil fortification (M ésopotamie, M ycènes, Bas-
lions de fonds européens, 225 millions de la Empire, Moyen Âge), le palais est un orga
Caisse des dépôts et consignations, 160 millions nisme complexe, une sorte de cité ou de cita
d’autres financements publics et 1,1 milliard de delle autosuffisante. Contrairement au château
contribution des collectivités territoriales, soit (sauf dans le cas de la forteresse), la vocation
5,7 milliards au total, dont 385 millions seule essentiellement urbaine du palais se traduit le
ment sont des crédits spécifiques du ministère plus souvent par sa localisation à l’intérieur de
de la Ville. Une autre faiblesse de la politique la ville même (le palais d’Alexandrie se serait
de la ville est que, malgré son intitulé globali étendu sur la plus grande partie de la ville) et,
sant, elle opère à l’échelle de quartiers ou de en règle générale, par sa configuration très arti
projets locaux. La création de I’anru, mais culée, D ’où la pertinence diachronique de la
aussi les progrès de l’intercommunalité, appa définition imagée proposée par B. Castiglione
raissent comme des conditions nécessaires pour le palais ducal d ’Urbino, à la fin du
mais non suffisantes d’une appréhension glo XVe siècle : « Ville en forme de palais ».
bale des problèmes des quartiers en difficulté. La relation spatiale entre palais et tissu
P. M. urbain, qui reflète le degré de perméabilité
du pouvoir à la vie sociale de la cité, peut
Banlieue; Contrat de ville ; Développement social des quar néanmoins varier sensiblement. Les palais de
tiers ( d s q ) ; Exclusion; Financement du renouvellement
urbain; Grand projet urbain ( g p u ) ; Grand ensem ble; Pro Babylone, érigés sur un imposant soubasse
gram m e national de rénovation urbaine; Renouvellement ment en gradins et entourés de jardins, ou la
urbain; Rénovation urbaine; Zone d'entreprise; Zone
franche urbaine ( z f u ). Cité interdite de Pékin, accusent la césure
avec le tissu de la ville, tandis qu’à l ’autre
extrême les palais italiens, notamment à la
p a l a is Renaissance, sont presque toujours partie
intégrante d’une place publique, souvent édi
Du latin Palatium (dérivé probablement de fiée en même temps.
l’étrusque faladu : ciel), l’une des trois hau La typologie du palais présente une
teurs du mont Palatin, à Rome, sur laquelle, constante : l ’alternance de pleins et de vides
depuis Auguste, furent érigées les demeures comme schéma d’implantation. Elle n ’en évo
des empereurs, ce terme désigna par exten lue pas moins au fil d ’une histoire dont on
sion, d’abord la maison d’Auguste, puis celles indiquera quelques étapes essentielles.
de ses successeurs et enfin, plus généralement, Les palais de la Crète minoenne présentent
la résidence vaste et somptueuse d’un chef une première innovation notable, sous forme
d’État ou d’un personnage de marque. Se dit d ’un développement en hauteur, avec les dif
également d ’un édifice imposant destiné à des férents étages reliés par de larges escaliers.
fonctions d’utilité publique. L’architecture romaine de l’époque impériale
La caractéristique essentielle du palais, tout introduit un ordonnancement global de
au long de son évolution, est son double lien, l’espace. Deux conceptions différentes se font
d’une part à l’exercice et à la représentation jour, opposant la résidence de plaisir (villa
du pouvoir, d’autre part à la complexité de Handriana, palais de Domitien), et, notam
PALAIS DES SPORTS 528
ment dans les provinces de l’Empire, le palais tratifs au Louvre, Sénat au Luxembourg);
fortifié, qui emprunte son schéma distributif à D ’autre part, on entreprend à des fins sem
l’architecture militaire du castrum (palais de blables (tribunaux, ministères, expositions,
Dioclétien à Split, palais de Trêves). Ces der congrès) la construction d ’éd ifices gran
niers exemples livrent le modèle des palais dioses, organisés sur le même schéma distri
royaux, puis impériaux, du Moyen Âge (palais butif. U ne autre dérivation, notamment
de Byzance, palais de Charlemagne, à Aix-la- en Italie et dans les pays germaniques, a été
Chapelle et Verberie). la reprise et l ’adaptation, par la nouvellé
La Renaissance introduit un changement bourgeoisie, de la typologie du palais pou®
d’échelle. À partir du XVe siècle, Tltalie est le magnifier ses immeubles de rapport. )
théâtre d’une véritable prolifération de palais Enfin, quelques réformateurs et utopistes
urbains (palazzi), nés d’une émulation entre ont conçu et tenté de promouvoir l’édifica-i
les familles les plus éminentes, pour orner tion de «p alais pour le peuple» (phalan
leurs villes en étalant leur prestige personnel. stères, fam ilistères). Un exemple à très
Après sa mise au point à Florence, ce type grande échelle en est donné par les ensembles
nouveau connut son plein essor à Rome où, construits par la municipalité socialiste à
dans un deuxième stade (palais du Vatican), il Vienne, après la première guerre mondiale. ; ;
sera traité à une échelle grandiose, inspirée Alors que le xixe siècle emprunte à la tradi
des vestiges de l’Antiquité classique. tion d’une typologie prestigieuse son monu-
En France, l ’impact de la Renaissance se mentalisme fastueux et s ’efforce d ’inscrire
manifeste d’abord dans l’architecture des châ l ’architecture de la nouvelle société dans la
teaux. Et c’est avec un siècle de décalage, au continuité (éclectique) du patrimoine histo
regard de l ’Italie, qu’apparaissent l ’hôtel rique, son fonctionnalisme n’a pas empêché le
(équivalent du palazzo italien) et surtout le x x e siècle de continuer à construire des palais :
palais royal, illustré d’abord par le nouveau sièges d’institutions internationales, palais des
Louvre de R Lescot, puis le palais du sports, etc. Cependant, ce mouvement a sou
Luxembourg de S. de Brosse, immédiatement vent détourné l’exigence de représentation au
imités. Mais c ’est avec la construction de profit de l’exploit technologique (le Palais des
Versailles que la typologie du palais entre dans Nations Unies à N ew York devient le « palais
sa phase culminante et que la France en livre le de verre »). En pensant ainsi asseoir un nou
modèle achevé aux cours d’Europe continen veau langage architectural sur une base rigou
tale du XVIIIe siècle, même si le registre stylis reusement objective, on en est arrivé soit à une
tique, dans les pays germaniques ou en Russie, spécialisation et à une différenciation des sché
doit beaucoup aux formules du baroque ita mas d’implantation, soit à l’adoption d’ossa
lien, tel qu’il se développe notamment dans tures librement aménageables, qui s ’inscrivent
une nouvelle vague de palais romains et dans à l’opposé de la configuration, à la fois articu
les centres méridionaux de la péninsule. lée et homogène, du palais à travers l’histoire.
Plus ils s’éloignent de la ville, plus les nou R. T.
veaux palais royaux s’évertuent à réinventer
la cité, avec un raffinement et un faste souvent -> Classique; Composition urbaine; Patrimoine; Renaissance;
Utopie.
inconnus dans les capitales de l ’époque. Le
principe d’une composition additive est repris
des exemples de l’Antiquité, mais la volonté
d’ordonnancement est appliquée avec rigueur PALAIS DES SPORTS — Salle de sport
et s ’étend à une mise en forme de la nature
selon des tracés régulateurs qui vont livrer les
nouveaux modèles formels pour le réaména PANNEAU SANDWICH -> Composite
gement et les extensions des centres urbains.
Avec le déclin du pouvoir monarchique, le
palais se voit progressivement conférer de PANOPTISME —> Pré-urbanisme; Utopie
nouvelles vocations. D ’une part, d ’anciennes
demeures princières ou seigneuriales sont
affectées à des services d ’intérêt général (par PARA-HÔTELLERIE Hébergements
exemple, à Paris, musée et services adminis touristiques
527 PARC
conseil spécialisées le soin de choisir leur tiques du ménage (âge et csp du chef, taille et
implantation. L’aménagement du territoire revenus, etc.), étudient l’occupation et appro
n’y trouve pas non plus son compte car les fondissent le cas des emménagés récents.
entreprises ont tendance à se regrouper dans Le parc français comprenait, en 2009,
les localités et dans les parcs qui présentent le 32,5 millions de logements (28,7 avaient été
plus d ’atouts... ou qui ont su présenter la recensés en 1999), dont 27,4 m illions de
meilleure image. résidences principales, 3,2 millions de rési
dences secondaires (dont 0,7 million de résit
P.M.
dences occasionnelles) et 1,9 m illion de
-+ Activité économique ; Hôtel industriel ; Industrie ; Localisation logements vacants.
des activités; Pépinière d'entreprises; Technopôle; techno
pole; Zone industrielle.
Les principales variables de classification
des logements sont :
— L’âge : les statistiques françaises utilisent
PARC DE DISSUASION -> Politique généralement un découpage qui distingue, selon
de stationnement ; Rabattement; la date de l’achèvement de l’immeuble, des cou
Stationnement pures liées aux guerres (1915 et parfois encore
1871) avant 1948 - date de la loi ayant eu pour
objet premier la relance de la construction prit
PARC DE LOGEMENTS vée locative - , puis aux recensements de la
population après cette date. En 2006, on compte
Ensemble des logem ents situés dans un un tiers (33 %) des résidences principales
cadre géographique (quartier, ville, pays, etc.) construites avant 1948 (dont 21 % antérieures à
et à une époque donnés. Le parc de logements 1915), un autre tiers (32 %) construites pendant
fait l’objet de statistiques dont l’origine prin les trente glorieuses (1948-1974) et le troisième
cipale est constituée par les recensements tiers (35 %) construites depuis la crise du pétrole
démographiques et les enquêtes par sondage (à partir de 1975). Les résidences secondaires
sur le logement. En France, les recensements sont en moyenne un peu plus anciennes et les
de la population comportaient traditionnelle logements vacants encore plus : près d’un tiers
ment un bordereau de maison (liste des loge des logements non-résidences principales sont
ments, nom de l’occupant et caractéristiques antérieurs à 1915.
de l’immeuble, y compris équipement et date — Le mode d’occupation : résidences prin
de construction) et une feuille de logement cipales (occupées par un ménage la plus
(catégorie de logement, composition et équi grande partie de l’année : 84% des logements
pement, liste des personnes qui l ’habitent). en 2006), résidences secondaires et logements
Dans le recensement rénové, réalisé par occasionnels (occupés de façon intermittente
I’insee pour la première fois entre 2004 et par un m énage - ou par certains de sès
2008, c’est un répertoire des immeubles, mis membres - qui dispose par ailleurs d ’une rési
en place à l’automne 2003, qui sert de base de dence principale : respectivement 9 % et 1 %
sondage dans les villes de plus de 10 000 habi des logem ents), logements vacants (non
tants, où 40 % seulement des logements ont occupés : 6 %). Les résidences secondaires se
été recensés en cinq tranches annuelles. Les rencontrent dans les régions touristiques (bord
enquêtes périodiques sur le logem ent per de mer, stations de sports d ’hiver, villes de
mettent une connaissance plus approfondie cure), en zone rurale (qu’elles soient héritées
des conditions des mécanismes de finance ou acquises, anciennes résidences principales
ment des logements et comportent souvent ou construites), mais aussi, de plus en plus, en
une étude détaillée des ménages récemment zone urbaine et, en particulier, dans le centre
emménagés. Ainsi, celles de 1978, de 1984, (pied-à-terre de personnes résidant ailleurs,
de 1988, de 1992, de 1996, de 2002 et de mais aussi fausses résidences secondaires de
2006 établissent des tableaux croisant des ménages déclarant ailleurs leur résidence prin
caractéristiques du logem ent (catégorie, cipale pour des raisons fiscales, électorales,
nombre de pièces, âge, confort, statut d’occu etc.). Les logements vacants correspondent
pation, charge financière et secteur locatif, soit à un état transitoire (avant première occu
propriété ou accession, type d’immeuble), pation ou entre deux occupations, pendant des
avec la taille de la commune, les caractéris travaux d ’aménagement, avant démolition,
S31 PARC DE LOGEMENTS
etc.), soit à une inadaptation aux besoins • l ’existence d’une salle de bains ou de
(logements trop nombreux en zone rurale ou douche (98,9% en 2006) ou l’absence de
dans des localités en déclin économique, loge salle d ’eau (1,1 %) ;
ments inconfortables ou insalubres, logements • l ’existence d’un chauffage central (94,3 %
promis à la démolition), soit à une volonté du en 2006), soit individuel soit collectif ou son
propriétaire. absence (5,7 %).
— Le statut : logements dont l’occupant — La taille des logements. On la mesure en
est propriétaire ou accédant à la propriété surface habitable ou en nombre de pièces. En
(c’est-à-dire n’ayant pas achevé de rembour France, la surface habitable est la surface de
ser l’emprunt contracté pour l ’acquisition) : plancher, murs et gaines techniques non com
57,2% des résidences principales en 2006 prises. Elle représente environ les trois quarts
(50,7% en 1982); locataire ou sous-locataire de la surface hors œuvre. Dans les pays
(y compris locataires en meublé, fermiers et d’Europe de l’Est, on ne compte que la surface
métayers): 39,2% (41% en 1982); logé à des pièces principales. Le nombre de pièces
titre gratuit (par son employeur, un parent ou suppose aussi des conventions : en France, la
autre) : 3,6% (8,3 % en 1990), répartis à peu cuisine ne compte pas comme pièce princi
près par moitié entre les logements mis à dis pale, sauf si elle dépasse 12 m2, ce qui est le
position par l’employeur et ceux qui le sont cas dans de nombreux logements ruraux où la
par des parents ou par un tiers. cuisine tient lieu de salle de séjour.
— Le type : maison individuelle, apparte La taille moyenne des logements a tendance
ment ou autre. Dans les pays latins, et en parti à augmenter (4,0 pièces en France en 2006
culier en France, la proportion d’appartements pour les résidences principales contre 3,7 en
est plus élevée que dans les pays nordiques et 1982, 3,1 en 1962 et 2,7 en 1946) en liaison
anglo-saxons : 43,3 % en 2006 des résidences avec l’élévation des revenus, malgré la crois
principales en France, mais 72 % en Île-de- sance des coûts et la diminution de la taille
France et 61 % dans les autres agglomérations moyenne des ménages (2,30 en 2006 contre
de plus de 200 000 habitants. Elle diminue 2,70 en 1982, 3,10 en 1962 et 3,07 en 1946).
lentement depuis une génération environ. Cette évolution vers plus d ’espace de loge
— Le confort (par ailleurs lié à l’âge du ment par personne (près de 1,8 pièce et de
logement), notion par nature imprécise et 40 m2 en 2006 contre 0,88 pièce et environ
évolutive. Les indicateurs retenus évoluent. 15 m2 en 1946) est cependant plus lente en
Ainsi, la proportion de résidences principales France - et dans les autres pays latins - que
équipées de î’eau courante et de l ’eau chaude dans les pays anglo-saxons ou nordiques (à
n ’est plus publiée : si la première dépasse Stockholm, le nombre moyen de pièces par
99% depuis le début des années 1980, la personne est passé, en un siècle, de 0,5 à 2
seconde n’atteignait que 88,2% au recense environ). La taille moyenne des pièces aug
ment de 1982 (non recensé par la suite, mais mente également (plus de 23 m2 en 2006
proche de 99% actuellement). Un logement contre moins de 18 en 1946) et les normes
est considéré par I’insee comme «tout d’habitabilité visent à fixer des minima ; en
confort» s ’il dispose de l’eau courante, d’une revanche, les surfaces non utiles (entrées, cou
cuisine, d’un w.-c. intérieur, d’une baignoire loirs, dégagements) ont tendance à être moins
ou douche et du chauffage central (94% en généreuses dans les logements récents (après
2006). Ces indicateurs sont adaptés à la situa 1948) que dans les logements anciens.
tion française et à l ’époque actuelle. D ’autres Un parc de logements évolue quantitative
peuvent être utilisés ailleurs, tels l’existence ment du fait :
d’un système de conditionnement d ’air, le • de la construction neuve, connue par les
téléphone (74,4% en 1982 contre 15,2% statistiques de construction (pas toujours très
seulement en 1968, mais ce taux n’est plus précises, y compris dans des pays développés
recensé depuis, ce qui traduit la banalisation comme la France) ;
de cet équipement), etc. Les indicateurs • des démolitions, en principe connues par
actuellement utilisés en France sont : les permis de démolir;
• la présence de w.-c. intérieurs (98,9 % des • des changements d’utilisation (transforma
résidences principales en 2006) ou extérieurs tions en bureaux, par exemple, et inversement) ;
( 1,1 %) au logement ; • des fusions ou divisions de logements ;
PARC DE LOISIRS 532
etc.) ont été le plus souvent différés et l’inves tive et surtout traversée jusque-là par des flux
tissem ent prévu a été revu largement en de passage indifférents aux ressources
baisse; les collectivités publiques engagées locales.
dans de tels projets se sont lourdement endet Par comparaison, les difficultés longtemps
tées, pour une rentabilité tout à fait aléatoire. rencontrées après son ouverture en avril 1992
Les grands parcs d’attraction et de loisirs par le méga-parc D isneyland-Paris (ex.
constituent aujourd’hui d’importantes opéra Eurodisney), à M am e-la-Vallée, illustrent
tions d’urbanisme et d’aménagement du terri les problèmes d ’adéquation d ’un produit
toire, considérées souvent comme prioritaires commercial et d’un modèle d ’aménagement
et décisives pour les régions et les pays pro résolument nord-américains à une demande
moteurs en l ’absence d ’autre opportunité européenne et, tout particulièrement, fran
économique. Par ailleurs, ils apparaissent çaise : « première véritable déconvenue finan
comme l’un des principaux pivots sur les cière » (selon le président de la Walt Disney
quels s’appuient les politiques régionales et Company) d ’un groupe pilote dans le
locales de promotion d’une image attractive, domaine des loisirs dont les résultats globaux
pour les visiteurs touristiques évidemment, restent florissants (près de 10 milliards de F
mais aussi à destination des investisseurs de bénéfices en 1993). L’exceptionnelle
potentiels. ampleur de cette opération doit être souli
Le cas du parc dit du Big Bang Schtroumpfs gnée : 2 000 ha de superficie contrôlés, 25 mil
à Hagondange (Moselle) illustre remarquable liards de F investis en première phase,
ment les excès de cette argumentation : conçu 12 000 emplois créés lors de l’ouverture du
comme une opération de reconversion de ter premier parc à thème (« Le royaume
rains et de bâtiments industriels abandonnés, enchanté »), près de 6 000 chambres d’hôtel
il a largement bénéficié du soutien des firmes mises en service, avec un appui considérable
sidérurgiques, des banques et des collectivités des fonds publics (lignes et gares tgv et rer
régionales pour réunir un important investis en particulier, plus emprunts privilégiés et
sement de départ (720 millions de F), avant de aménagements fiscaux et même la modifica
rencontrer très vite de graves difficultés qui tion de plusieurs lois). Les problèm es
ont entraîné la liquidation judiciaire et la cumulés de la baisse de fréquentation (moins
reprise par le groupe Walibi avec une révision de 9 millions de visiteurs en 1994, contre 11
drastique des ambitions premières (2 millions au cours de la première année) et des dépenses
de visiteurs projetés dans le programme de moyennes par visiteur, de l’exploitation hôte
1988,410 000 réels en 1993). lière (taux d’occupation annuel de 55 à 60 %),
En revanche, le parc du Futuroscope, près de la lourde charge financière et des pertes
de Poitiers - qui cumule les thèmes ludiques, enregistrées, ont conduit l’entreprise à adop
technologiques et pédagogiques et accueille ter un plan drastique de restructuration en
aussi des entreprises et des équipements ter 1994 (recapitalisation massive, réduction de
tiaires supérieurs de niveau national - a 20 % du personnel), à réviser sa politique
connu un indiscutable succès de fréquenta commerciale (réduction et modulation saison
tion (2,5 millions de visiteurs en 1994 - dont nière des tarifs du parc, des hôtels et des
40% d’enfants - , soit le double du chiffre de restaurants) et à retarder le programme
1992 et dix fois plus qu’en 1987, année d ’extension prévu (deuxième parc d ’attrac
d’ouverture, mais 1,4 million seulement en tion, bureaux et logements). Le second parc à
2006), à la hauteur de l’effort spectaculaire thème (« Les studios Disney ») n ’a été ainsi
de son principal promoteur, le département ouvert qu’en 2004, mais n ’a guère contribué à
de la Vienne (près de 1,5 milliard de F inves accroître le nombre de visiteurs (15,4 millions
tis en moins de dix ans); 1995 a été sa pre en 2008, meilleure année). En revanche,
mière année d’ouverture permanente, avec l’opération s ’est développée à travers l’ouver
environ 800 emplois spécifiques fixes et un ture, en 2000, d ’un vaste centre commercial
chiffre d’affaires de l’ordre du demi-milliard régional (« Val d’Europe » : 100 000 m2), et le
de F. C’est l ’exemple, encore exceptionnel en lancement en 2001, autour d ’une seconde
France, de constitution d ’un nouveau pôle gare de rer, d ’un vaste programme de
touristique et hôtelier appuyé sur un parc à construction de bureaux (500 000 m2) en
thème, dans une région médiocrement attrac cours de réalisation.
PARC FORESTIER
Ces trois cas particuliers, brièvement ana d ’autres collectivités, et de divers droits,
lysés, reflètent assez bien la diversité de ce redevances et revenus. En France, un pare
type d’équipements et de leurs résultats. national peut comporter :
—~des zones de réserve intégrale, a but
G. C.
exclusivement scientifique : en pratique, cette
- » Base de plein air et de loisirs; Parc; Tourisme. possibilité a été utilisée une seule fois le 9 mai
1995 dans le vallon du Lauvitel (parc des
Ècrins) sur 689 ha ;
PARC FORESTIER — Forêt — le parc proprement dit, où les activités
exercées sont réglementées dans un but
de protection: interdiction ou autorisation
PARC NATIONAL - , Parc naturel exceptionnelle des voies de communication,
de la publicité, des activités industrielles, de
la chasse; limitation des activités com m et
PARC NATUREL ciales selon leur compatibilité avec le paroi
autorisation préalable de travaux forestiers, de
« Territoire relativement étendu, qui pré l’irrigation, de l’aménagement des chemins
sente un ou plusieurs écosystèmes, générale d’exploitation ; ;
ment peu ou pas transformés par l’exploitation — la zone périphérique (pré-parc), où des
et l’occupation humaine, où les espèces végé équipements sont réalisés pour permettre
tales et animales offrent Un intérêt spécial du l’accès aux ressources conservées dans le pare.
point de vue scientifique et récréatif, dans Les dispositions de la loi de 1960 ont été
lequel ont été prises des mesures pour y empê renforcées par la suite par l’interdiction de là
cher l’exploitation ou l’occupation et pour y puhlicité (1979), la stricte réglementation dé
faire respecter les entités écologiques, géo la circulation des véhicules terrestres (1991) et
morphologiques ou esthétiques ayant justifié par les dispositions de la loi montagne (1985).
sa création, à des fins récréatives, éducatives Les contraintes réglementaires liées à
ou culturelles » (Union internationale pour la l ’inclusion dans un parc national expliquent
conservation de la nature, 1969). les réticences fréquentes des habitants locaux,
On distingue, selon le niveau d’interven malgré les retombées économiques (tou
tion, des parcs nationaux et des parcs régio risme) de la création du parc : il en résulte
naux. parfois l ’exclusion de zones intéressantes
Les premiers parcs naturels ont été créés (Mercantour), bien que les limitations dtt
dans les pays neufs anglophones (États-Unis, droit de propriété entraînées par la création
Canada, Australie et Afrique du Sud), pour du parc puissent être indemnisées comme ett
sauvegarder le milieu naturel là où il avait été matière d ’expropriation (les particuliers res
encore peu modifié. Le premier parc national tent propriétaires de la majeure partie des ter
a été celui de Yellowstone, dans les mon rains dans les parcs nationaux fiançais). i
tagnes Rocheuses, aux États-Unis (1872). La loi du 14 avril 2006 a modifié le statut
des parcs nationaux. L’objectif poursuivi
En France, les parcs nationaux ont été ins était de les faire mieux accepter par les popu
titués par la loi du 22 juillet 1960 (et le décret lations et les collectivités locales. La zone
du 31 octobre 1961). La création d ’un parc centrale devient le « cœur de parc » (un parc
national suppose une enquête préalable peut en comporter plusieurs). La zone péri
(notamment auprès des collectivités locales) phérique devient «aire d ’ad h ésion »: elle
puis l ’établissement d’un dossier soumis à réunit les communes extérieures au cœur de
enquête publique, à l’issue de laquelle peut parc ayant décidé d’adhérer à la charte de
être prise une décision par décret en Conseil celui-ci et où sont réalisés des équipements
d ’État. Le parc national est géré par un éta permettant l ’accès aux ressources conservées
blissement public, doté d ’un conseil d ’admi dans le parc : les activités n ’y sont pas limi
nistration, com posé d ’élus locaux et de tées, mais les travaux autorisés doivent s ’ins
membres nom m és, et d ’une com m ission crire dans le programme du parc, ne pas
scientifique. Les ressources proviennent des altérer son caractère et ne pas contrevenir à
subventions de l ’État et éventuellem ent sa mission. Un décret en Conseil d’État déli
535 PARC NATUREL
mite le cœur de parc, fixe les règles de pro ont des objectifs beaucoup plus divers que les
tection le concemânt et crée l’établissement parcs nationaux : sauvegarde du patrimoine
public chargé de le gérer. La charte, révisée naturel et culturel ; loisirs et détente des habi
au moins tous les douze ans, définit, pour tants des villes voisines ; mais aussi aménage
l’aire d’adhésion, des orientations (et non des ment des espaces ruraux. Le second objectif
règles) de protection, de mise en valeur et de était même présenté comme le plus important
développement durable et équitable. En fait, dans le décret de 1967 et le troisième par
cette loi rapproche les nouvelles aires d’adhé celui de 1975. Le maintien sur place de la
sion des parcs naturels régionaux qui ont population, le développement des activités et
connu un succès certain. La loi ouvre en d ’équipements figuraient donc au premier
outre la possibilité de créer des parcs naturels plan des buts poursuivis. Cependant, le décret
marins et des parcs naturels urbains. de 1988 a replacé au premier rang des objec
Il existe neuf parcs nationaux : Vanoise tifs «protéger le patrimoine naturel et cultu
(1963), Port-Cros (1963), Pyrénées occiden rel, notamment par une gestion adaptée aux
tales (1967), Cévennes (1970), Écrins (1973), milieux naturels », avant celui de « contribuer
Mercantour (1979), Guadeloupe (1989), au développement économique et social de ce
Guyane (2007) et Réunion (2007). Il faut en territoire». La loi du 8 janvier 1993 sur la
outre mentionner le parc naturel marin protection et la mise en valeur des paysages
d’Iroise, créé en 2007, constitué des îles de prévoit qu’ils « concourent à la politique de
l’extrémité nord-ouest du Finistère et des protection de l’environnement, d ’aménage
espaces marins compris entre celles-ci et la ment du territoire, de développement écono
côte. Leur superficie est très variable : ceux de mique et social et d’éducation et de formation
France métropolitaine (0,64 % du territoire), à du public ». Enfin, le décret du 1er septembre
l’exception de celui de Port-Cros (700 ha), 1994 confirme la priorité à la fonction de pro
ont un cœur de parc de 45 700 ha (Pyrénées tection des parcs régionaux et en donne pour
occidentales) à 91 800 ha (Écrins), mais avec la première fois une définition : « territoire à
une zone d’adhésion plusieurs fois plus éten l ’équilibre fragile et au patrimoine naturel et
due ; ceux créés dans les dom sont de dimen culturel riche et menacé, faisant l’objet d’un
sion très variable : 17 500 ha en Guadeloupe, projet de développement fondé sur la préser
105 600 à la Réunion, 2 030 000 en Guyane ; vation et la valorisation du patrimoine. »
le parc marin d’Iroise comprend 3 550 ha de Ils peuvent être créés par décret à la
terres émergées. Un projet de parc national du demande des communes, des départements ou
haut Ariège a été abandonné en raison de des régions. L’agrément ainsi accordé est
l’hostilité qu’il soulevait de la part des habi valable douze ans (dix ans avant la loi du
tants. D ’autres parcs nationaux sont à l’étude : 14 avril 2006). Il est renouvelable, mais égale
— le parc maritime de Corse (nord-ouest ment révocable en cas de non-respect de la
de l’île) concernerait la frange littorale charte, ce qui a été le cas, en 1996, du pnr du
(15 000 ha environ) et le territoire maritime Marais poitevin, qui demande sa réintégra
(25 000 ha environ) ; tion. La charte constitutive, élaborée par la
— le parc des Hauts de la Réunion ; région, est soumise à la commission intermi
— les parcs naturels marins de la Côte ver nistérielle des parcs régionaux et adoptée par
meille, des estuaires de la Somme, de l’Authie décret. Elle définit les limites du parc, les
et de la Canche et de Mayotte ; objectifs, le programme des équipements à
— le parc international (France, Italie, réaliser et des mesures à prendre, et précise le
Suisse) de l’Espace Mont-Blanc, qui serait fonctionnement de T organisme qui sera
créé par les collectivités territoriales (Savoie, chargé de réaliser le programme et de gérer le
Haute-Savoie, Val d’Aoste, Valais). parc (le plus souvent, établissement public de
coopération intercommunale). Le finance
Les parcs naturels régionaux (pnr) sont ment est assuré par la région et les collectivités
régis par le décret du 1er mars 1967 et par le locales concernées, mais peut comporter des
décret du 24 octobre 1975, remplacé par celui subventions de l’État. Le programme d’équi
du 25 avril 1988. Les lois de décentralisation, pements concerne notamment l’aménagement
puis celles du 8 janvier 1993 et du 2 février des accès, la restauration des constructions, la
1995, leur ont donné une base législative. Ils protection des paysages et la lutte contre les
PARC NATUREL 538
nuisances. La plupart des parcs naturels régio d ’opposition d ’un propriétaire au moins)
naux sont de dimension comparable à celle après enquête publique, à la demande d’une
des parcs nationaux (encore qu’ils ne com administration, d’une collectivité territoriale;
portent pas d’aire d’adhésion). Les parcs natu d’une association (avec indemnisation, en ca$
rels régionaux sont considérés comme des de limitation du ,droit de propriété), voire à
éléments de structuration des territoires au la demande des propriétaires. Le décret prêt
même titre que les agglomérations : pour la cise les interdictions particulières propres à
période de planification 2000-2006, des chaque réserve naturelle (par exemple, chasse»
contrats de parcs ont été introduits : tous les cueillette, restrictions d ’accès, bruit, cam
pnr en ont signé un ; pour la période 2007 pagne, activités commerciales, etc.). Il existe;
2013, ces contrats sont remplacés par des en 2008, 163 réserves naturelles qui couvrent
conventions s ’inscrivant dans le contrat de 558 000 ha en métropole (dont 480 000 ha tert
projet État-région. restres, soit 0,87% du territoire). Il convient
Il existe, en 2009, 46 parcs naturels régio d’y ajouter les 160 réserves de statut libre,
naux (dont 2 outre-mer, en Martinique et en dites régionales, dont 6 en Corse (en général
Guyane) qui englobent 3 707 communes créées avant la loi de 1957) et les réserves
rurales (dont 36 outre-mer) et représentent au biologiques de l’Office national des forêts qui
total près de 6 842 000 ha, soit 155 500 ha en sont soit domaniales (une centaine), soit dans
moyenne en métropole et 288 000 ha outre des forêts communales ou autres.
mer, soit près de 12,4% du territoire national
et 675 000 ha outre-mer. Ils abritent plus de Les périmètres sensibles étaient des parties
3 millions d’habitants au total. de territoires soumises à des règles particu
lières de protection des espaces boisés et du
Les réserves naturelles, créées par la loi du paysage. Institués par la loi de finances de
1erjuillet 1957 (modifiée par la loi du 10 juillet 1961, ils s ’accompagnaient de la perception
1976), sont des parties du territoire d’une ou d’une t o e départementale d ’espaces verts sur
plusieurs communes, où des mesures spé les opérations de construction. La loi du
ciales de protection sont appliquées en vue de 17 juillet 1985 (complétée par le décret du
la conservation d’espèces animales ou végé 14 mars 1986) sur les principès d’aménager
tales ou de milieux naturels présentant un inté ment confirme la prééminence du département
rêt remarquable du point de vue scientifique pour promouvoir des politiques de protection
(en particulier d’espèces menacées de dispari et d’acquisitions d ’espaces naturels et sen
tion). Ce n’est qu’en 1997 qu’une circulaire sibles et favoriser l ’accès au public. Tout
en a proposé une définition : « espace protégé département peut décider de créer une « taxe
par une réglementation spécifique et géré départem entale des espaces naturels sen
selon des critères écologiques (qui) contri sibles» (0,5 à 2%, le plus souvent 1 %, de la
buent à l’action de l ’État pour la préservation valeur des constructions, reconstructions OU
de là biodiversité. » La réserve a donc avant agrandissements). Cette taxe est prévue sur
tout un intérêt scientifique et non récréatif : l ’ensemble du territoire du département.
l ’accès du public y est limité ou réglementé. Lorsque la taxe est instituée, le département
Sa dimension peut être très variable : de moins peut créer des zones de préemption (après
de 1 ha (Toarcien : 0,6 ha) à une centaine de accord des communes disposant de pos ou de
milliers d’hectares (réserves des Nouragües et plu, et du représentant de l’État dans le cas
des Marais de Kaw en Guyane), voire contraire). Dans ces espaces (boisés ou sites de
2,27 millions d’ha pour la réserve des Terres qualité), le département peut acquérir au prix
australes françaises) ; la moyenne, en métro du marché tout terrain ou droit de jouissance de
pole, est de 1 500 ha environ, Les réserves terrains. Le département peut, dans les zones
naturelles sont gérées par une association (cas de préemption, édicter les mesures nécessaires
le plus fréquent), par Un établissement public à la protection des sites et paysages et prévoir,
(parc national, Office national des forêts, etc.) notamment, l’interdiction de construire. ;;
ou par une collectivité locale (département,
commune ou organisme en dépendant). Les arrêtés de biotope ont pour objet la pro
Le classement en réserve naturelle résulte tection des habitats d’espèces protégées de là
d ’un décret (pris en Conseil d’État en cas faune et de la flore sauvages. Ils sont pris par
§37 PARCELLAIRE
le préfet après avis de la chambre d’agri celle sont en général rectilignes. La plupart des
culture et de la commission départementale parcelles ont une forme quadrangulaire, surtout
des sites (en pratique après une consultation en milieu urbain. Mais certains éléments du
plus large). Ils ne constituent pas une servi contour, épousant les formes du terrain ou le
tude d ’utilité publique dont l’inscription au tracé de voies rurales, sont courbes ou sinueux.
plan d ’occupation des sols est obligatoire, La forme de la parcelle varie du carré au rec
mais sont en général intégrés dans les zones tangle étroit et allongé (formes en lanières),
naturelles de celui-ci. mais certaines parcelles sont circulaires ou tri
angulaires (formes de lotissements).
Les zones naturelles d ’intérêt écologique, Dans tous les cas, l ’ensemble parcellaire
faunistique et floristique (znieff), créées en constitue un canevas continu, sans vides
1982 par le ministère de l ’Environnement, intercalaires. La forme de chaque parcelle est
identifient des secteurs d’intérêt particulier sur donc étroitement tributaire de celles des par
le plan écologique. Bien que ce ne soit pas à celles qui l ’entourent. Toute parcelle a une
proprement parler une mesure de protection, forme et une dimension déterminées par les
elles doivent être prises en compte dans les causes et les conditions de sa formation,
documents d’urbanisme. l’ensemble dans lequel elle se forme s’inscri
On peut citer d’autres inventaires de pro vant dans une structure rurale ou dans une
tection: structure d’urbanisation. La formation d ’un
— les zones importantes pour la conserva parcellaire d’urbanisation peut résulter, soit
tion des oiseaux (zico) ; de la partition d’une parcelle initiale en lots
— les zones de conservation spéciale ; réguliers, destinés ou non à porter un habitat
— l’inventaire de 1 706 sites (en mai 2007), individuel (lotissements), soit, au contraire,
couvrant 6,82 millions d’ha ( 12,4 % du territoire du regroupement de plusieurs parcelles voi
métropolitain par le ministère de l’Environ sines en vue d ’y implanter, par exemple, de
nement en conformité avec la directive euro grands immeubles, voire de grands ensembles
péenne « Habitats » : ces sites doivent constituer d ’habitations. Toute urbanisation d’un secteur
le réseau écologique européen « Natura 2000 ». déterminé entraîne donc généralement une
Au total, près de 30 % du territoire national modification du parcellaire et de sa densité
est concerné par une des protections précé (nombre de parcelles par unité de surface).
dentes (non compris les zones de préemption Dans tous les cas, la formation et l’orientation
des périmètres sensibles et les znieff), dont des parcelles sont déterminées par la présence
1,7 % par une protection forte (cœur des parcs d ’une voie d’accès qui en constitue Tune des
nationaux, réserves naturelles et acquisitions limites. L’urbanisation est donc génératrice à
du Conservatoire du littoral, non compris les la fois de parcelles et de voies.
forêts soumises au régime forestier, qui repré La parcelle, portion de l’espace, est aussi
sentent 8 % du territoire métropolitain). une unité de propriété : le parcellaire repré
P. M. sente donc l’ensemble du système d ’appro
priation foncière d ’un espace. À ce titre, il est
* Écosystème ; Parc ; Paysage ; Réserves foncières ; Site. lié à la notion de cadastre.
Selon Hérodote, il existait en Égypte, à
l ’époque des pharaons, une sorte de cadastre
PARCELLAIRE délimitant les propriétés et permettant de
répondre aux contestations qui s ’élevaient à
Ensemble de la division du sol en parcelles la suite des débordements périodiques du
et sa représentation cartographique. Désigne Nil. En Grèce, sous la domination romaine,
généralement tout partage du sol et l’ensemble des plans parcellaires avaient été gravés sur
des lots qui le constituent, quelles que soient marbre ou sur bronze. En France, jusqu’à la
leurs dimensions ou leurs formes. En tant que fin du xvm e siècle, le parcellaire n ’a donné
portion de l’espace, la parcelle est définie par lieu que localement à des plans précis, et les
des limites précises, chaque limite étant plans terriers, qui constituaient une image
concrétisée par une ligne topographique visible exacte des propriétés seigneuriales, tant en
au sol et commune avec la parcelle voisine. milieu urbain que rural, et qui permettaient de
Les différentes parties du contour d’une par régler tous les litiges concernant les droits
PARCELLE 538
attachés à une seigneurie, montrent que ces cours d ’eau, glaciers, rochers, dunes, marét
propriétés étaient délimitées sur la base de la cages, etc.) ne sont pas divisées en parcelles. A
parcelle. À chaque parcelle étaient liés un nom la parcelle bâtie se rattachent la taxe d’habita
de propriétaire, de locataire ou de tenancier, tion, la taxe professionnelle, la taxe foncière et
une indication précise de sa surface, sa conte la taxe d’enlèvement des ordures ménagères!
nance, son utilisation, sa classe ou son revenu. Chaque parcelle fait l’objet d’une fiche.
Toutes ces indications ont permis peu à peu Le parcellaire sert enfin de base à de nom?
l’établissement de véritables cadastres parcel breuses fonctions autres que fiscales. En tant
laires. À partir de 1791, des tentatives de levés que trame foncière, il forme le cadre obligé de
parcellaires ont été faites par commune, mais toute opération d’urbanisation et d’aménage
c ’est seulement par la volonté de Napoléon ment en général : à ce titre, il apparaît comme
que ces levés ont commencé à être systéma l ’image la plus précise de l ’histoire d ’uh
tisés, par la loi du 15 septembre 1807 créant espace. La division d’un terrain en parcelles
un cadastre parcellaire de la France, « dernier (lotissement) en vue de la construction indivi
degré de perfection auquel le cadastre peut duelle est une forme très répandue d’opération
atteindre » selon Gaudin, ministre des d’urbanisme : elle fait l ’objet d’une autorisa
Finances d’alors. Ce plan parcellaire a été réa tion spécifique. Le parcellaire constitue aussi
lisé entre 1808 et 1850, et la France a été le un instrument privilégié pour l’établissement
premier pays à se doter d’un cadastre parcel des recensements nationaux, la constitution de
laire général. Des cadastres existaient cepen banques de données, l’établissement des p o s
dant dès le xvme siècle dans certaines régions et des p l u et, d’une façon générale, pour toutes
d’Italie : Milanais, etc. les opérations ayant pour but la connaissance,
La parcelle, unité de propriété, est donc l ’aménagement et la gestion de l ’espace â
aussi une unité cadastrale à caractère fiscal. grande échelle. *
En tant que portion du sol, elle fait l ’objet B. Ri
d’une évaluation distincte pour l’assiette de la
contribution foncière. La parcelle correspond, Cadastre; Clôture; Lot; Lotissement; M orphologie (urbaine);;
Tissu urbain; Voirie. ; j
en principe, à une portion de terrain d’un seul
tenant, située dans un même lieudit, présen
tant une même affectation et appartenant à un
même propriétaire. Chaque parcelle reçoit un PARCELLE - » Lot; Lotissement; Parcellaire >j .
Le choix d ’un parti traduit souvent plu pertinents : participation des citoyens à la ges
sieurs des faiblesses méthodologiques de la tion spatiale des communes médiévales
démarche du planificateur de l’espace. D ’une (cf. l ’utilisation de l ’exemple florentin par
part, le parti est par définition unique et inter Ch. Alexander, The Oregon experiment,
dit toute m odification, toute évolution : il Berkeley, 1975, trad. franç. Une expérience
s’impose à celui qui le retient, comme à ses d ’urbanisme démocratique, Paris, 1976); ou
commanditaires et à la collectivité des usa encore implication des habitants dans la
gers. D ’autre part, le choix d’un parti apparaît construction (architecture vernaculaire) de leur
comme une attribution souveraine du planifi demeure, en milieu rural ou urbain, dans les
cateur. À ce titre, il est à peine besoin de justi sociétés préindustrielles ou traditionnelles.
fier ce choix. C ’est la raison du décalage, C ’est dans ce contexte qu’a émergé en
souvent manifeste, entre les analyses préa France la notion d’« ateliers publics d’architec
lables et les solutions retenues. ture et d’urbanisme» fédérant habitants, élus
Les méfaits de ces choix brutaux ont été et techniciens. L’aspiration se heurte notam
réduits par la multiplication des enquêtes préa ment aux distorsions de contenu entre exper
lables, selon la méthode recommandée par tise technique, exercice d’un mandat électoral
Patrick Geddes, puis par l ’introduction de la et appartenance à un lieu de résidence.
notion de flexibilité et l ’emploi des méthodes Aujourd’hui, la complexité qui caractérise
scientifiques de préparation de la décision les structures politiques, socioéconomiques et
(analyse multicritères). techniques des sociétés modernes rend
P. M. impossible une implication immédiate de ce
type, sinon à une échelle limitée, locale ou
Documents d'urbanism e; Urbanisme. ponctuelle, sous la forme de groupes ou
d’associations plutôt que sous la forme indi
viduelle.
PARTICIPATION D e fait, la notion de participation est
employée à la manière d’un concept régula
Action consistant à prendre part. Ce terme teur. Son contenu reste flou, masquant des réa
est surtout utilisé par la réflexion politique lités très diverses, allant d ’une assistance
pour différencier, selon les régimes, les camouflée à une lutte ouverte, issues d ’initia
niveaux d’implication des citoyens dans la tives individuelles ou institutionnalisées.
décision politique. A insi, elle a pu désigner des expériences
En matière de gestion de l’environnement, conçues et encadrées par des praticiens occi
la notion de participation a connu une vogue dentaux, tantôt dans des pays en voie de déve
considérable depuis les années 1960 où elle loppement où il s’agissait de contribuer au
est apparue dans le double contexte des études logement des plus défavorisés, soit par la pro
et des luttes urbaines, répondant à la critique motion de nouvelles méthodes et procédures
des modes de production de l’environnement plus ou moins dérivées de la tradition locale,
bâti ainsi que de leurs effets, tant dans les soit en contrôlant des processus d’urbanisa
pays développés que dans ceux en voie de tion spontanée ; tantôt dans des pays déve
développement. La participation des indivi loppés où il s ’agissait soit d ’aider l ’auto
dus et/ou des groupes à la production-gestion affirmation de minorités, soit d’initier par une
de leur cadre de vie apparaissait comme une véritable pédagogie, à l’oceasion d’opérations
nouvelle panacée, à la fois instrument d’inté ponctuelles, de nouveaux modes de collabora
gration psychosociale (notamment dans le cas tion des usagers avec architectes et techniciens
des minorités ethniques et des catégories du bâtiment (cf. les expériences d’Alexander
sociales défavorisées) et un outil économique aux États-Unis, celles de R. Piano ou de G. di
pouvant contribuer à résoudre le problème du Carlo, en Italie).
logement social (cf. J. F. C. Turner, Freedom Mais le terme de participation est aussi
to build, Londres-New York, 1972). appliqué à l ’action de groupes institutionna
Ces théories dénoncent avec justesse une lisés, comme les associations diverses concer
carence des sociétés modernes. Mais elles nées par le cadre de vie et le logement. À
calquent généralement leur concept de par l’échelle municipale, la participation a trouvé
ticipation sur des modèles historiques non un terrain privilégié dans les pays de tradition
PARTICIPATION À LA DIVERSITÉ DE L'HABITAT 540
la conjoncture de 1991 à 1998 a rendu illu différents emplois de la peec, et les montants
soire les participations promises aux collecti correspondants, sont désormais fixés par
vités. Certaines d’entre elles, parties prenantes l ’État dans un cadre législatif et réglementaire
dans le capital des sociétés d’économie mixtes et non plus dans un cadre conventionnel (près
d’aménagement, ont même dû renflouer les de 30 conventions depuis 1996). L’Agence
finances des opérations. nationale pour la participation des employeurs
L’évolution de la jurisprudence a rendu à l ’effort de construction (anpeec), créée en
plus délicate l’utilisation des participations. 1987, voit sa mission recentrée sur l’évalua
En particulier, il n’est plus possible de faire tion et le contrôle des acteurs du 1 % loge
financer des équipements collectifs destinés à ment, tandis que l’union d ’économie sociale
l’ensemble de la population municipale par du logem ent (uesl), créée en 1996, est
des participations en provenance d’une zac réorientée vers la gestion des fonds, la mise en
particulière : les participations doivent impé œuvre des politiques nationales d’emploi des
rativement concerner des équipements inté ressources du 1 % et l’application de la loi de
ressant uniquement l’opération elle-même. 2009 instituant le droit au logement opposable
V. C. (en utilisant une partie des droits de réserva
tion des collecteurs au bénéfice des salariés et
-* Chargé foncière; Programme d'aménagement d'ensem ble;
Taxe à la valeur ajoutée Im mobilière; Taxe locale d'équipe
demandeurs d’emplois désignés comme prio
ment. ritaires).
Le 1 % logement est recueilli par les comi
tés interprofessionnels du logem ent ( cil)
PARTICIPATION DES EMPLOYEURS ou par des chambres de commerce et d ’indus
À L'EFFORT DE CONSTRUCTION trie (cci). Les pouvoirs publics encouragent
les fusions entre ces collecteurs dans un
Également appelée « 1 % logem ent », et souci d’efficacité accrue. En 2010, le réseau
récemment rebaptisée «Action logement», la comprend 21 cil (102 cil et 14 cci en 2007,
participation des employeurs à l ’effort de 111 cil et 24 cci en 2003).
construction (peec), instituée en 1953, est une Les collecteurs redistribuent historique
contribution obligatoire des entreprises pri ment les fonds de deux façons traditionnelles :
vées non agricoles de plus de 20 salariés à la — aide aux salariés accédant à la propriété :
solution des problèmes de logement de leurs le 1 % fournit des prêts complémentaires d ’un
salariés (jusqu’en 2005, le seuil d’assujettisse montant variant de 6 400 € à 17 600 € suivant
ment était fixé à 10 salariés). les régions (représentant environ 5 % du coût
À l’origine, la contribution était de 1 % de de l’opération), dont le taux d ’intérêt est avan
la masse salariale de l’année antérieure. À la tageux (1,5%) : ces prêts à taux réduits sont
suite de baisses successives, elle s ’établit, réservés aux primo-accédants ou aux ménages
sans changement depuis 1991, à 0,45%, Les en situation de mutation professionnelle ;
•essources du 1 % sont supérieures à la col- ■
— financement aux bailleurs sociaux pour
ecte annuelle (1,6 milliard d ’€ en 2007) le montage financier d’opérations locatives
tuisqu’elles incluent aussi les retours de prêts sociales : en contrepartie du prêt du 1 % loge
2,2 milliards pour les prêts à long terme). En ment, une partie des logements créés est réser
1007, les ressources de la peec contribuent à vée aux salariés des entreprises, soit sous
lauteur de 8 % environ à l’effort national en forme d’un «droit unique» pour l’attribution
àveur du logement. d’un logement par le financeur, soit sous la
Le cadre législatif et réglementaire du 1 % forme d’un « droit de suite » pour les attribu
ogement est fixé par les articles L.313-1 et tions successives d ’un logement pendant la
mivants et R.3313-1 et suivants du Code de la durée de son financement.
instruction et de l’habitation. La loi de mobi- Ces deux domaines d’intervention sont tou
isation pour le logement et la lutte contre jours d ’actualité, mais l ’intervention du 1 %
'exclusion du 25 mars 2009 a engagé une logement s ’est progressivement diversifiée.
éforme du 1 % logement et de sa gouver- Dans l ’emploi des ressources du 1 % loge
lance afin de réorienter ses ressources vers ment, les principaux champs d’intervention
es axes prioritaires de la politique du loge- sont les suivants :
nent et de réduire les coûts de gestion. Les — les aides à la personne, pour :
PARTICIPATION DES EMPLOYEURS A L’EFFORT DE CONSTRUCTION m.
partir des aimées 1950, conformément à la doc Giovannoni avait aussi, le premier, mis
trine des c i a m ................................. l ’accent sur la valeur sociale du patrimoine
Schématiquement, la reconnaissance du urbain ancien. Depuis, ces idées ont été
patrimoine urbain a été préparée et réalisée reprises et appliquées en Italie, notamment par
au cours de trois étapes qui se sont déroulées la ville de Bologne. Elles ont reçu une consé
successivement dans trois pays différents, la cration à l ’échelle internationale dans la
Grande-Bretagne, l ’Autriche et l ’Italie et Recommandation dite de Nairobi « concernant
qu’on peut lier aux trois noms symboliques la sauvegarde des ensembles historiques op
de Ruskin, Sitte et Giovannoni. traditionnels et leur rôle dans la vie contempo
— Tout d’abord, dès les années 1840, raine », adoptée par la Conférence générale de
Ruskin découvre la valeur mémoriale de l’Unesco à Nairobi le 26 novembre 1976. .
l ’architecture domestique à laquelle il accorde À l ’heure actuelle, en France, les associât
le même prix qu’à l’architecture monumentale. fions de quartier qui militent pour la défense
C’est à ce titre qu’il est le premier à s’élever dé certains tissus du xixe et du x x e siècle
contre les destructions opérées, sous l’impact menacés de destruction par des z a c ont fait
de la révolution industrielle, dans les tissus découvrir la valeur sociale et conviviale de
traditionnels des villes européennes. Pour lui, ce patrimoine urbain «infra-ordinaire^
la conservation de ces tissus est exigée par la (G. Pérec). -,
piété due au travail des générations passées. Il , .
Crédit agricole en 1978-1979 a permis de pro pas exclusivement les territoires ruraux. Plus
poser une division fine du territorial national de la moitié (204) comptent la majorité de
sur la base des déplacements locaux les plus leur population dans l ’espace à dominante
fréquents. urbaine (défini par I ’ i n s e e : pôles urbains,
La politique des contrats de pays, déve communes périurbaines ou multipolarisées).
loppés à partir du printemps 1975, se propo 79 d’entre eux, polarisés par un grand pôle
sait de restructurer des zones rurales en urbain, sont même presque exclusivem ent
difficulté. Quelque 500 contrats de pays, urbains. Seuls 164 pays ont une population
concernant près de 10 000 communes et 6 mil en majorité rurale. Les pays sont de fait des
lions d’habitants, ont été signés entre 1976 et espaces de coopération intercommunale : des
1983. Ils ont été décentralisés auprès des 337 pays ayant adopté un statut formel, plus
régions à partir de 1983. de la m oitié (177) ont formé un syndicat
Le pays est devenu une pièce maîtresse de mixte, 29 un établissement public de coopé
la politique française d ’aménagement du terri ration intercommunale, 17 un groupement
toire avec la loi Pasqua du 4 février 1995 et la d’intérêt public et un tiers (114) une simple
loi Voynet du 25 juin 1999. La première défi association. La plupart des pays sorti
nit le pays comme un territoire présentant une concernés par un (172) ou plusieurs (58)
cohésion géographique, culturelle, écono schémas de cohérence territoriale ( s c o t ) . De
mique ou sociale. La seconde précise les même, 39 des 45 parcs naturels régionaux
modalités de constitution des pays et prévoit recoupent le périmètre d’au moins un pays.
l’élaboration par les communes ou leurs grou L’objectif de cette politique d ’aménage-!
pements, en association avec le département ment du territoire, qui repose sur les pays et
et la région, d’une charte de pays. La charte de sur les agglomérations comme interlocuteurs
pays exprime le projet de développement de l’État et des régions, est que des projets
durable du pays en prenant en compte les communs de développement soient conçus à
dynamiques locales, notamment en matière cette échelle : tel est le rôle des chartes de
touristique. Elle vise à renforcer les solidarités pays et des contrats de pays ou d ’aggloméra
réciproques entre la ville et l’espace rural. Le tion. La loi s r u du 13 décembre 2000 a prévu
pays peut conclure un contrat de pays qui qu’une charte de pays puisse tenir lieu de
s’inscrit dans le cadre du contrat État-région et schéma de cohérence territoriale ( s c o t ) à la
peut lui-même servir de cadre à un contrat de double condition qu’elle en reprenne les dis
ville. Au 1er janvier 2008, il y avait 371 pays positions et qu’elle ait été soumise à enquête
dont 345 reconnus officiellement. Ils concer publique. La constitution de pays avait été
naient 47 % de la population (74 000 habitants lente après la loi Pasqua. Les incitations
et 79 communes en moyenne) et 81 % de la financières de la loi Chevènement du 12 juil
surface (1 183 km2 en moyenne) de la métro let 1999 (dotation d’intercommunalité) et la
pole. On peut y associer les 25 territoires mis possibilité de contrats de pays visent à favori
en place dans la région Rhône-Alpes selon des ser l’intercommunalité, à encourager le par
bases proches de celles des pays, ce qui tage de la taxe professionnelle et à définir
conduit à plus de 50 % de la population métro de tels projets communs. De fait, la constitu
politaine (et 84 % de la surface). Le comité tion des pays a été fortement accélérée et sou
pour la réforme des collectivités locales a pro vent suivie de la signature de contrats de
posé, en mars 2009, de ne plus créer de nou pays.
veau pays. Pourtant, l ’existence même des pays est
Les pays peuvent être très divers : remise en cause. Le comité pour la réformé
ensemble homogène dont les habitants ont le des collectivités locales (dite comité Balladur)
sentiment d’appartenance à une même com a en effet proposé de ne plus en créer de nou
munauté, bassin de vie et d’emploi, groupe veau. Cette proposition a été retenue dans le
ment construit sur une base volontariste. Ils cadre de la réforme territoriale de 2010. Mais
sont constitués à l ’initiative du préfet ou des les pays existants ne seront pas supprimés et
communes concernées après avis de la pourront continuer à souscrire des contrats de
commission départementale de coopération pays. En fait, ces contrats de pays sont rem
intercommunale. Contrairement à une opi placés, pour la période de planification 2007
nion souvent admise, les pays ne concernent 2013, par de simples conventions territoriales
547 PAYSAGE
qui prennent place dans le cadre du volet terri Les «représentations» ont joué un rôle
torial du contrat de plan État-région. important dans l’histoire des jardins, puis des
espaces verts : jardins chinois, japonais, per
P.C. etP. M.
sans, arabes. Mais les références occidentales
Aménagement du territoire; Aménagement rural ; Contrat de principales sont successivement les jardins
pays ; Contrat de plan État-région ; Région ; Schéma de cohé toscans (en terrasses successives, pour se rap
rence territoriale ( s c o t ).
procher de la perfection), le jardin français
(décor d’une fête perpétuelle, au dessin géo
PAYSAGE métrique) et le jardin anglais (où des chemins
tortueux débouchent sur des perspectives
Littéralement, étendue de pays qui se pré faussement naturelles).
sente à un observateur. Le terme est aussi La logique fonctionnelle a ensuite prévalu.
employé par certaines écoles géographiques La conception des parcs et jardins, pendant la
pour désigner le milieu naturel synthétique, première moitié du x x e siècle, et jusque dans
objet d’une géographie physique globale. les années 1970, suivait le principe du
L’école des peintres paysagistes a été à «zonage vert»: espaces verts, plans d ’eau,
l’origine du mouvement anglais du landscape plaines de jeu, etc. La tendance actuelle, avec
qui s’intéresse rapidement aux vastes espaces le déclin de l’influence du fonctionnalisme,
autour des grandes demeures. Le souci de ramène aux jardiniers paysagistes, aux jardins
mise en valeur paysagère conduit à privilé d’intérieur, aux pergolas et aux plantes grim
gier la succession, le défdement des images pantes : l’ombre, le mystère, la complexité et
que perçoit le passant et qui servent d’unité l ’intimité sont les mots clés de cette nouvelle
de mesure et de guide pour la réflexion des approche où jardin de ville, mail, promenades,
paysagistes. L’idée de paysage renvoie donc sentier, etc., remplacent zones et espaces verts.
à la représentation par l’homme de ce qui Il en résulte une redécouverte des plantes et
l’entoure : représentation objective (comme une plus grande richesse de leur utilisation.
dans l ’analyse des paysagistes anglais des La notion de paysage n ’était traitée juridi
xvme et xixe siècles), mais aussi subjective, quement que par quelques dispositions du
influencée par l’imaginaire collectif. règlement national d ’urbanisme et par un
On peut d’abord constater le rapport entre contrôle des divisions foncières dans des par
le paysage (et sa représentation) et l’idée de ties de communes identifiées comme nécessi
nature. Mais si l’on s ’accorde sur le fait que tant une protection particulière. La loi du
l ’homme, au début de son histoire, était 8 janvier 1993 est la première à aborder la
attaché à la nature, puis s’en écarta de plus en protection et la mise en valeur des paysages.
plus, deux tendances opposées se partagent Elle prévoit notamment que l ’État puisse
l ’histoire des philosophies. Pour les uns, prendre des directives de protection et de mise
l’homme heureux à l ’état naturel perd le bon en valeur des paysages sur des territoires
heur en s ’en éloignant : c ’est le mythe du remarquables par leur intérêt paysager, définis
«bon sauvage». Pour les autres, l ’homme en concertation avec les collectivités territo
s’humanise en se libérant de la nature: c ’est riales. Ges directives, élaborées à l ’initiative
notamment le processus d ’humanisation de de l’État ou des collectivités territoriales, sont
Hegel. C ’est également l ’avis de Toynbee, approuvées par décret en Conseil d’État. Les
car « il y a culte de la nature quand la nature documents d’urbanisme doivent être compa
domine l’homme ». Pour Bachelard, l ’image tibles avec elles et elles sont opposables aux
a une fonction active. Elle a un sens dans la tiers s’il n’en existe pas. Les commissions des
vie inconsciente, elle désigne sans doute des sites, dont la com position est m odifiée,
intérêts profonds. Mais aussi elle vit d’un deviennent des commissions des sites, pers
besoin p ositif d ’imaginaire. Les traits pectives et paysages. La même loi prévoit que
objectifs du paysage sont insuffisants pour les documents d ’urbanisme opposables aux
expliquer le sentiment de la nature. Si ce sen tiers ( pos , paz , et, depuis 2000, plu et carte
timent est si durable dans certaines âmes, communale) doivent avoir, parmi leurs objec
c ’est que, dans sa forme originelle, il est à tifs, la préservation de la qualité des paysages
l’origine de tous les sentiments : c ’est le sen et la maîtrise de leur évolution et prévoir les
timent filial. prescriptions de nature à assurer leur protec
PÉAGE 348
tion. Les autorisations d’utilisation du sol, et l ’Autriche, par exemple. Dans les années
en particulier les permis de construire et les 1930, l’art de la fresque monumentale fait utt
déclarations de travaux, doivent comporter retour triomphal dans l ’œuvre des peintres
des documents graphiques ou photogra m exicains: D. A. Siquieros, D. Rivera et
phiques précisant l’insertion dans l’environ J. C. Orozco. Promouvant une nouvelle icono
nement et l’impact visuel des bâtiments ainsi graphie «héroïque et populaire», ceux-ci
que le traitement de leurs accès et de leurs s’assignent une tâche politique et didactique!
abords. Enfin, il devient possible de classer et pour « apprendre au peuple son passé »j!
comme espaces verts des arbres isolés, des couvrent d’images inspirées du folklore latino-
haies ou des plantations d’alignement. américain et de l’art précolombien les grandes
La loi du 2 février 1995 relative au renfor surfaces intérieures des édifices publics, rare*
cement de la protection de l’environnement a ment leur espace extérieur. îi
en outre introduit des dispositions relatives Leur œuvre n ’a cependant pas laissé d’ins
aux entrées de villes (réglementation de l’affi pirer les peintres qui, à partir des armées 1970,
chage, règles d’implantation des constructions investissent les murs (en particulier les murs
par rapport aux voies publiques à plus de pignons aveugles, particulièrement inesthé
100 m des autoroutes et voies express et de tiques) de certaines grandes villes, créant un
75 m des autres routes à grande circulation) et genre et un vocable (mural en anglais ; « mur
à la préservation des espaces remarquables peint» en français) nouveaux. Le mouvement
(enfouissement des réseaux électriques et télé commence aux États-Unis (N ew York, San
phoniques dans les parcs nationaux, réserves Francisco, Los A ngeles), sous des formes
naturelles et sites classés). Elle a en outre ins diverses qu’on retrouvera ailleurs : composé
titué une obligation d’entretien par leurs pro fions abstraites, trompe-l’œil (parfois géomé
priétaires des terrains non bâtis situés en zone triques, mais le plus souvent intégrant le
d’habitation ou à proximité d’une telle zone. paysage urbain), compositions figuratives
P. M. et J.-P. M. traitées dans le style de F hyperréalisme, I
caractère politique et contestataire.
-> Espace vers; Jardin public; Parc; Parc national; Patrimoine; Cette animation de la ville p arla peinture
Site; Zone de protection du patrimoine architectural; urbain
et paysager (zppaup). traduit un questionnement interne propre à cet
art, mais elle exprime aussi la double problé*
matique de l’architecture et de la ville contem
P É A G E-* Autoroute; Tarification poraines et, par ce contenu discursif, constitue
(des transports) une innovation. !
On ne mentionnera que pour mémoire la
coloration des bâtiments. Cette pratique,
PEINTURE qu’on trouve appliquée de façon sophistiquée
dans l’Antiquité, par exemple pour les temples
L’un des beaux-arts qui, dans la culture de la Grèce classique, n ’a cessé, à travers les
occidentale, a apporté une contribution signi siècles, d ’être mise en œuvre par l’architecture
ficative, de façon directe, à l ’aménagement vernaculaire dans certaines régions, notam
esthétique des villes et, de façon indirecte, à ment dans le bassin de la Méditerranée. Les
leur conception et à leur morphologie. tentatives pour colorer les façades contempo
La peinture à la fresque a été utilisée directe raines sont en revanche rarement accordées
ment pbur l ’ornementation dès façades de aux conditions locales (lumière, matériaux,
monuments et de maisons, dès le XVe siècle, en pigments disponibles) et codifiées par la cou
Italie et dans de nombreux pays d’Europe cen tume, comme dans la tradition vernaculaire.
trale. L’usage des motifs décoratifs abstraits De façon indirecte, depuis le Quattrocento,
n’excluait pas la représentation figurée et, en la peinture a contribué au modèlement de la
particulier, le trompe-l’œil à base d’éléments ville occidentale, à la fois formellement et par
architecturaux. Cette tradition est demeurée ses thèmes figurés. Ainsi, à la Renaissance,
vivante et les décors traditionnels sont elle apporte à l’art urbain la perspective et ses
constamment restaurés ou reproduits dans variations sur le thème de la ville idéale. À
nombre de villes et villages de l’Italie (Ligurie partir de l ’âge classique, et avec l ’appui du
et Gênes, en particulier), de la Suisse ou de dessin et de la gravure, elle popularise le
549 PÉRIL (ARRÊTÉ DEI
sommé d’avoir fait les travaux dans les délais tout si l’autorité publique souhaite être ren»
impartis, peut les faire exécuter d'office aux boursée du montant des travaux comme la loi
fiais du propriétaire. Dans le cas du péril immi l’y autorise, les problèmes les plus fréquent*
nent, l’architecte des Bâtiments de France doit ment soulevés étant liés à la structure des pro»
être averti si l’immeuble est protégé au titre priétés ou à l ’impécuniosité des propriétaires.
d’une des législations relatives au patrimoine. La législation relative au péril était une légis
Le régime juridique des bâtiments mena lation ancienne, mal adaptée aux problèmes
çant ruine est fixé par les articles L 511-1 et de sauvegarde des bâtiments (la démolition
suivants du Code de la construction et de peut constituer une prime à l’absence d’entre*
l ’habitation et est issu d ’une très ancienne tien et autorise la reconstruction de bâtiments
législation française, relative à la police des que l’on eût voulu conserver), ainsi qu’à la
immeubles bâtis, fondée sur la préservation protection des occupants (non propriétaires)
de la sécurité publique. Cette procédure, qui en milieu urbain.
remontait au Code rural de 1898, n ’avait La loi Solidarité et renouvellement urbains
jamais été modifiée et comportait plusieurs du 13 décembre 2000 a fixé toute une série de
dispositions devenues obsolètes, telle l’homo mesures pour améliorer l’efficacité des dispo*
logation de l’arrêté par le tribunal administra sitifs juridiques, pour mieux responsabiliser
tif pour que celui-ci devienne exécutoire. les propriétaires et pour assurer le relogement
Lorsque le bâtiment était à usage d’habitation, des occupants. La procédure du péril a été pro
aucune protection des occupants n ’était pré fondément sim plifiée par l ’ordonnance du
vue, l’arrêté de péril constituant alors un motif 15 décembre 2005 qui a supprimé l’homolo
d’expulsion, tant bien même la responsabilité gation de l’arrêté de péril par le tribunal admi
de l ’état du bâtiment incombait au proprié nistratif pour le rendre exécutoire ou pour
taire. Pour toutes ces raisons, la procédure du permettre l’interdiction d’habiter. Dès lors que
péril a été profondément modifiée et simpli le maire constate que l’état d’un bâtiment pré
fiée par l’ordonnance du 13 décembre 2005 et sente un danger pour la sécurité publique ou
son décret d’application, sachant qu’une pro pour celle de ses occupants, faute pour le pro
tection des occupants, identique à celle des priétaire, appelé à présenter ses observations et
occupants des immeubles insalubres, avait été à remédier au danger, d’avoir pris les mesures
instituée par la loi « solidarité et renouvelle nécessaires, il notifie au propriétaire un arrêté
ment urbains» du 15 décembre 2000. En cas de péril, sans expertise contradictoire.
de défaillance des propriétaires, l ’exécution La législation relative aux bâtiments mena
des travaux prescrits a été facilitée, d’une part, çant ruine ne doit pas être confondue avec
dans les copropriétés et, d’autre part, par la celle de l ’insalubrité, même si leurs consé
création de nouvelles sûretés pour garantir la quences de droit sont identiques lorsque les
créance de la commune. Enfin, le rapproche locaux concernés sont affectés à l’habitatiom
ment entre les régimes juridiques des bâti Elle ne doit pas, non plus, être confondue avec
ments menaçant ruine, lorsqu’ils sont à usage les nouvelles dispositions relatives à la sécu
d’habitation, et les immeubles insalubres a été rité des équipements communs des immeubles
complété par l’inclusion des premiers dans le collectifs d ’habitation instituées par la ldi
champ de l’expropriation en loi Vivien. du 1er août 2003 d’orientation et de progranï-
Le régime du péril concerne essentiellement mation pour la ville et la rénovation urbaine,
des bâtiments inhabités dans les zones rurales ; mises en œuvre par une procédure analogue,
dans les grandes villes et, notamment à Paris, mais dont les effets de droit vis-à-vis des occû-
des immeubles non entretenus, souvent en pants sont différents. s
copropriété et habités jouent un rôle social de
N. B.
fait et peuvent menacer ruine, avec tous les
dysfonctionnements que cela entraîne. Des -¥ Insalubrité; Police administrative. :
propriétaires de logements situés dans un bâti
ment menaçant ruine bénéficient des mêmes
aides majorées de I ’ a n a h qu’en insalubrité PÉRIMÈTRE D'AGGLOMÉRATION
pour effectuer les travaux de réparation. -> Agglomération ; Groupement
Par ailleurs, la procédure des travaux de’communes ; Syndicat Communautaire
d’office est difficile à mettre en œuvre, sur d'aménagement
561 PÉRIURBANISATION
par an, par moitié environ pour la périurbani l ’instrument principal le plus efficace et le
sation et la rurbanisation, dont la moitié pour mieux connu du public ; de sorte que, dès
l ’habitat) que le sentiment de recul de leur 1945, le législateur a tenté d’en faire l’autorir
mode de vie traditionnel, surtout dans l ’agri sation unique de toutes les utilisations des
culture. Pour les pouvoirs publics, la périurba sols. D ’une autorisation très limitée, le permis
nisation, surtout si elle est dispersée, entraîne de bâtir, délivrée par les maires en matière de
des coûts d’équipement public qui peuvent santé publique depuis 1902, le permis de
être lourds. construire fut transformé en 1919 en autorisé
La tendance récente, accélérée par la crise tion d’urbanisme dans les villes de plus de
de l’énergie et la crainte du réchauffement cli 10 000 habitants, et étendu par la loi du
matique, est de réduire la mobilité en automo 15 juin 1943 à l ’ensemble du territoire.
bile et donc, sinon d ’interrompre la Depuis la loi d ’orientation foncière du
périurbanisation, du moins de la rendre moins 30 décembre 1967, le permis de construire
consommatrice d’espace, donc plus dense, et n’a plus pour objet que le contrôle préalable
plus ordonnée (en fonction des réseaux de des règles d’utilisation du sol et n ’a donc plus
transport en commun notamment). C ’est le celui, conféré par la loi de 1943, de contrôle
principe de la ville compacte. Encore faut-il préalable des règles techniques de construc
que cette volonté se traduise dans divers docu tion. Il y eut une tentative de restriction dû
ments, en particulier dans les plans d ’urba champ du permis de construire, et surtout
nisme, et que l’opinion soit prête, sans pour d ’extension des cas de permis tacite après
autant renoncer à son désir de maison indivi une simple déclaration (loi du 3 janvier
duelle avec garage, à accepter des formes de 1969), mais, dès la loi du 31 décembre 1976,
groupement plus denses, telles que les mai le législateur a repris la voie de la généralisai
sons de ville (maisons mitoyennes alignées le tion du permis de construire et a souhaité lui
long des rues avec petit jardin à l’arrière). conférer le caractère d’« autorisation de syn
P.M. thèse ». Le régime d’autorisation a même été
étendu aux démolitions (permis de démolir)
- f Agglomération ; Banlieue ; Lotissement ; Rurbanisation ; Ville et aux clôtures (autorisation d’édifier des clô
compacte.
tures). La loi du 6 janvier 1986 a cependant
créé le régime sim plifié de la déclaration
préalable de travaux en cas de projet de faible
PERMIS DE BÂTIR -> Planification urbaine ampleur. La réglementation actuelle du perr
en France (historique) ; Permis de construire mis de construire est, au terme de cette évolu
tion, devenue extrêmement complexe, et a
donné naissance à un abondant contentieux
PERMIS DE CONSTRUIRE Une procédure dite « d ’accordpréalable»
au permis de construire avait été instituée dès
Autorisation administrative préalable 1954. Elle consistait à émettre un avis de prim
nécessaire avant une opération de construc cipe sur une demande de permis après étude
tion. Le droit de l’urbanisme s ’est développé simplifiée; mais l ’avis favorable notifié au
en France autour du mécanisme de l’autori pétitionnaire créait des droits à son profit et
sation administrative préalable, qui assure la ne pouvait être remis en cause lors de la déli
sanction des règles d’urbanisme et la maîtrise vrance du permis, qui demeurait en tout état
des pouvoirs publics sur l ’utilisation des de cause nécessaire. Cette procédure a été
sols par les particuliers. C ’est, aujourd’hui, supprimée par un décret du 28 mai 1970.
l’ensemble des utilisations des sols, de la plus Par le sursis à statuer, l’administration peut
complexe (l’opération d’urbanisme) à la plus suspendre temporairement sa décision concer
élémentaire (l’édification d ’une clôture) qui nant un projet qui risquerait de compromettre
se trouvent soumises à une telle autorisation le parti d ’aménagement envisagé, pendant
préalable. En particulier, le droit de construire l ’élaboration ou la révision d ’un document
« s ’exerce dans le respect des dispositions d’urbanisme. La décision est prise par arrêté
législatives et réglementaires relatives à l’uti préfectoral motivé et ses effets ne peuvent
lisation du so l» (art. L 112-1 du Code de excéder deux ans. Exceptionnellement, ce
l ’urbanisme). Le permis de construire est délai pourra être prorogé d’un an si les deux
553 PERMIS DE CONSTRUIRE
surface de plancher nouvelle ou, si le terrain nombreux : outre les cas précédents, notam
portait déjà un bâtiment, créant moins de ment pour les immeubles de grande hauteur,
20 m2 de surface de plancher. La déclaration les constructions de locaux d ’activités de
de travaux est, comme le dossier de permis plus de 1 000 m2, en secteur sauvegardé ou si
de construire, instruite par le maire de la l ’avis de l ’architecte des bâtiments de France
commune si celle-ci est dotée d’un document ou d’une commission spécialisée est requis,
d ’urbanisme approuvé ( pos , plu ou carte dans les zones de bruit au voisinage des aéro
communale), par la direction départementale dromes, en cas d ’avis divergent entre le
de l ’équipement dans le cas contraire. Le maire et la DDE, en cas de sursis à statuer, etc.
délai d’instruction est d’un mois (deux mois La loi Solidarité et renouvellement urbains
lorsqu’une protection particulière des lieux du 13 décembre 2000 a étendu la responsabi
intervient). lité du maire au nom de la commune si celle-
L’adoption de la loi « Paysage » du 8 jan ci est dotée d’une carte communale et si elle
vier 1993 oblige désormais les constructeurs le décide. La commune peut déléguer ses
à inclure dans la demande de permis de compétences à un établissement public de
constmire des vues précisant l’implantation coopération intercommunale. En cas de non
par rapport au terrain naturel et des photogra réponse dans les délais réglementaires (deux
phies permettant d ’apprécier l ’impact des mois dans le cas général, davantage en cas de
constructions sur l ’environnement. Cette dis dispositions particulières, par exemple en site
position vaut également en matière de décla protégé), le permis de construire peut être
ration de travaux, de permis de démolir, de considéré comme délivré tacitement, mais de
création de terrains de camping ou de carava nombreuses dispositions encadrent cette pos
nage et, de façon générale, pour toutes les sibilité.
procédures relatives à l ’utilisation du sol. Le permis de construire délivré (ou la
Cette obligation est étroitement contrôlée par déclaration de travaux tacitement acceptée)
les tribunaux administratifs, y compris pour autorise la réalisation des travaux dans les
les bâtiments agricoles. limites du projet déposé, des prescriptions
éventuelles fixées par l’administration et du
La délivrance du permis de construire est respect du droit des tiers. Le permis de
de la responsabilité du maire au nom de la constmire est affiché en mairie pendant deux
commune si celle-ci est dotée d’un document mois et sur le terrain pendant toute la durée
d’urbanisme (pos, plu ou carte communale) des travaux. Le constructeur, pour faciliter le
approuvé depuis plus de six mois, le préfet contrôle de la conformité de ses travaux, doit
n ’exerçant qu’un contrôle de légalité adresser à la mairie successivement une décla
a posteriori. Elle est de la responsabilité du ration d’ouverture de chantier puis une décla
maire, mais au nom de l’État, après instruc ration d’achèvement de travaux. Lin certificat
tion par la dde (désormais ddea) qui recueille de conformité est alors délivré (ou refusé en
l ’avis du maire, et sous l ’autorité hiérar cas de non-respect du projet ou des prescrip
chique du préfet (qui peut réformer ou annu tions). Des infractions - absence d’autorisa
ler la décision du maire), dans les autres cas tion ou non conformité des travaux - peuvent
(pas de document d ’urbanisme approuvé être constatées en cours de constmction et
depuis six mois). Cependant, même s ’il y a peuvent entraîner l’interruption des travaux,
un document d’urbanisme approuvé depuis une amende ou une peine de prison, ou encore
plus de six mois, la décision demeure de la le rétablissement de l’état antérieur (démoli
responsabilité du préfet dans des cas excep tion). L’autorisation que constitue le permis
tionnels (construction pour le compte de de constmire, comme les autres autorisations
l ’État, de la région, du département et de d ’utilisation du sol peut s ’éteindre par
leurs établissements publics ou concession péremption. Celle-ci intervient si la constmc
naires, opérations d’intérêt national, ouvrages tion autorisée n ’est pas entreprise dans un
de production, de transport de distribution délai de deux ans ou si les travaux sont inter
et de stockage d ’énergie ou de matières rompus pendant une année pleine au moins.
radioactives). Elle le demeure également, en La compétence de délivrer le permis de
l’absence de document approuvé depuis plus constmire est une compétence liée : le maire
de six m ois, dans des cas beaucoup plus ou le préfet n’ont pas de pouvoir d ’apprécia
555 PERMIS DE DÉMOLIR
tion de l ’opportunité du projet, mais sont de 170 m2 de shon (ce qui concerne la majorité
tenus de vérifier sa conformité avec les règles des maisons individuelles) et pour les bâti
en vigueur (pos, plu ou carte communale s’il ments agricoles de moins de 800 m2 de shon.
en existe) et doivent motiver un refus ou un P. M. et Y. P.
sursis à statuer. Le permis délivré peut être
conditionnel (par exemple lié à une participa Certificat d'urbanism e; Code de l'urbanism e; Permis de
dém olir ; Plan de masse ; Tiers (droit des).
tion aux équipements ou à une affectation pré
cise des locaux) ; ou être assorti de réserve
(par exemple, construction de places de sta
tionnement, conservation d’arbres, etc.) ; ou PERMIS DE DÉMOLIR
de prescriptions techniques ou esthétiques
(choix de matériaux, de couleurs, etc.). Un Autorisation administrative préalable néces
permis de construire à titre précaire peut être saire à la démolition de certains bâtiments et
délivré, par exemple pour des constructions instruite dans les mêmes formes et conditions
légères et démontables dans des emplace que le permis de constmire et valant, comme
ments où ces constructions sont en principe lui, autorisation au titre des différentes législa
interdites (emplacement réservé au pos ou au tions éventuellement applicables.
plu dans l’attente de l’acquisition des terrains Le champ de cette autorisation est précisé à
par le bénéficiaire de la réserve) ou pour des l ’article L.421-3 du Code de l ’urbanisme,
bâtiments industriels dans des zones affectées issu de l’ordonnance du 8 décembre 2005
au pos ou au plu à un autre usage. La loi SRU relative au permis de constmire et aux autori
a prévu que les constructions non perma sations d’urbanisme. Un permis de démolir
nentes (par exemple, les installations démon est requis pour toutes les constructions situées
tées en fin de saison) reçoivent un permis dans des espaces soumis à une protection par
pour une période de cinq ans et que les cara ticulière au titre du patrimoine ou des sites et
vanes fixes soient dispensées de permis il est alors soumis à l’accord de l’architecte
de constmire tant qu’elles ont conservé leurs des bâtiments de France. Le permis de démo
éléments de mobilité. Le permis de constmire lir est également nécessaire lorsque le conseil
peut enfin être dérogatoire, lorsque le projet municipal l’a instauré sur tout ou partie du
respecte l ’esprit plus que la lettre des textes, territoire de la commune. Contrairement au
mais seulement pour des adaptations mineures permis de constmire, autorisation nécessaire
(léger dépassement de co s ou de hauteur, par pour toute construction d’une certaine impor
exemple), mais cette exception est aujourd’hui tance ou pour les modifications apportées aux
devenue rare car très contrôlée par les constmctions existantes, le permis de démolir
ddea, puis par les tribunaux administratifs. Il est une autorisation de type exceptionnel dont
convient encore de signaler le permis groupé le champ d’application est donc restreint.
qui correspond à une construction de plusieurs Le fait de soumettre certaines démolitions à
bâtiments sur un même terrain par une seule autorisation est, lui-même, récent puisque le
personne avec division du terrain en propriété permis de démolir n ’a été introduit dans la
ou en jouissance, dans le cadre d ’une opéra législation de l’urbanisme que par une loi du
tion de promotion immobilière, ce qui produit 31 décembre 1976. En 1948 cependant, avait
les mêmes effets qu’un lotissement. été instituée une autorisation de démolir les
La construction est effectuée sous la respon logements existants, dont l’application n’avait
sabilité du propriétaire du terrain, qui a pas été satisfaisante. L’objectif, dans les
demandé et obtenu le permis de constmire (ou années 1970, était à la fois de mettre un frein
effectué la déclaration de travaux). L’autorisa aux démolitions abusives, alors qu’on encou
tion est valable si les travaux sont entrepris rageait la réhabilitation de l’habitat existant,
dans un délai de deux ans et cesse en cas et d ’assurer une coordination avec le régime
d’interruption des travaux pendant plus d’un des protections instituées au titre du patri
an. Elle peut être modifiée par une procédure moine ou des sites, grâce à un d ispositif
parallèle à celle de sa délivrance (permis modi d’autorisation unique.
ficatif). Le recours à un architecte pour la Il est encore trop tôt pour évaluer le nou
demande de permis de constmire est obliga veau dispositif qui permet à une commune
toire sauf pour les locaux d’habitation de moins d ’instituer sur son territoire le permis de
PERSONNE ACTIVE 5 5 titt;|
î
démolir de façon à assurer la protection linéaire (ou artificielle) n’a pas été maîtriséè
d’immeubles, de quartiers ou d’éléments pay avant les expériences systématiques poursui1-
sagers identifiés comme présentant un intérêt vies au cours des années 1420 par l’architecte ■
justifiant leur conservation par le plan local Brunelleschi et, à sa suite, par les peintres ■
d’urbanisme. florentins de son entourage, en particulier
N. B. Masaccio (fresque de la Trinité, 1427). Le
dispositif mis au point par Brunelleschi lui
-► Architecte des Bâtiments de France ; Arrêté de péril ; Code de permit de représenter, de façon convaincante,
l'urbanism e; Permis de construire.
le baptistère de Florence depuis la cathédrale*
et la place de la Seigneurie depuis la façadé
de San Remolo. Choisissant de figurer à la
PERSONNE ACTIVE —> Population active fois les constructions et les espaces urbains,
en éliminant le ciel et tout personnage 1i
humain au profit d ’un monde créé par les 1'
PERSPECTIVE hommes, Brunelleschi marquait le caractère
artificiel de ce mode de représentation. ■ H
Du latin perspicere (voir clairement), ce Ces expériences ne furent cependant théo
terme désigne aujourd’hui plus généralement risées et développées qu’avec le De pictura
un système de représentation géométrique d ’Alberti (1435), trad. franç. De la peinture,
de l’espace, né en Occident, élaboré d’abord J.-L. Schefer, 1992. Ce traité offrait pour la
par des artistes, puis par des mathématiciens première fois aux artistes un d isp o sitif j
qui l ’ont mis au service de la science dès le permettant de représenter, avec une appa- '■
XVIIe siècle (Desargues, B osse) et en ont rente précision scientifique, non seulement ■
exploité la conception pour aboutir à la des objets réels, mais aussi les visions d’un ■
constitution de la géométrie descriptive passé imaginaire ou de futurs possib les. ;
(Monge, 1798), puis à ses applications au des Il fut suivi, à la fin du Quattrocento, par le |!
sin industriel et au dessin assisté par ordina D e prospettiva pingendi de Piero délia S
teur (dao). Francesca. On comprend le rôle créateur j
La perspective linéaire est un système per que devait ainsi jouer dans l ’art urbain le
mettant de représenter un objet tridimension dispositif perspectif, simultanément utilisé ■
nel sur Une surface plane, de façon à en offrir par peintres, scénographes et architectes
une image comparable à celle qui apparaît à dans des compositions qui në cessèrent de ’ji
l’œil : un corps de dimensions connues appa s ’influencer réciproquement, souvent dans
raît comme une projection sur un plan l ’œuvre d ’un m êm e artiste polyvalent
(tableau ou plan de projection), à partir d’un (Brunelleschi, Francesco di Giorgio Martini, 1
point d’observation précis. Ce point de vue Raphaël...). lt
peut coïncider avec la position du spectateur Dans un ouvrage séminal (Die Perspektive
réel. L’intersection du rayon visuel principal als « sym bolische Forrn », Leipzig, 1927*, !?
(point principal) et du plan (perpendiculaire) trad. franç. Paris, 1967), E. Panofsky a
du tableau est le centre du cône ayant pour montré le statut épistémique relatif de lia
sommet l ’œ il de l ’observateur et dont les perspective artificielle : produit de la vision
génératrices passent par tous les points du du monde d ’une culture spécifique, à Un
corps donné. Toutes les lignes horizontales moment précis de son histoire, cette « forme
parallèles à l’intérieur de l ’objet représenté, symbolique » peut être opposée non seulè-
mais non parallèles sur le tableau, tendent ment à la représentation perspective de
vers le même point (point de fuite). L’illusion l’Antiquité, mais à l ’appréhension bidimen*
offerte par la perspective linéaire peut être sionnelle de l ’espace byzantin, ou encore
complétée par l’utilisation de la perspective aux perspectives isométriques de la peinture
atmosphérique qui articule les distances entre chinoise ou japonaise.
les objets par des changements de couleurs et Selon une même approche, les modalités de
de tons. l ’utilisation du point de fuite (unique ou mul
En dépit de recherches optiques remontant tiple) peuvent être mises en rapport avec les
à Euclide et poursuivies durant le M oyen développements parallèles de la science et de
 ge (perspective naturelle), la perspective la sensibilité dans les sociétés occidentales, et
557 PHOTOGRAPHIE (AU SOL, AÉRIENNE, DE SATELLITE)
des apparences à leur mise en relation synthé techniques d’accélérateurs de piétons (10 à
tique; de photogrammétrie pour les procédés 15 km/h). Le débit d’un passage pour piétons
permettant d’établir les cartes topographiques ne s’arrêtant pas peut atteindre 3 000 personnes
à partir des photographies aériennes ou de à l’heure et par mètre de largeur.
satellite; de télédétection pour la détection à
distance (gravimétrie, rayonnements électroma P. M.
gnétiques, sismographie, scintillométrie) qui -* Marche à pied ; Rue ; Séparation des trafics.
utilise des « images non photographiques », éta
blies à partir d’avions et surtout de satellites
artificiels. PISCINE
P. M.
Bassin artificiel pour la natation.
-+ Carte; Cartographie; Échelle; Topographie. L’équipement en piscines publiques et pri
vées est, pour l’essentiel, récent. Il y avait
moins de 500 piscines publiques en France
PIÉTON en 1960, mais leur nombre a beaucoup pro
gressé, surtout dans les années 1970. Le
Personne qui marche à pied. Longtemps, secrétariat d ’État à la jeunesse et aux sports
aucun aménagement spécial n ’a été prévu. évalue à 6 141 en 2009 (en forte progression,
Les trottoirs, espaces latéraux le plus souvent surtout dans les années 1970 : environ 500 en
revêtus et légèrement surélevés, datent pour 1960 et 4.300 en 1997) le nombre de bassins
l’essentiel du xixe siècle. de natation ouverts au public (5 171 publiques
On a tendance aujourd’hui à les compléter et 970 privées), dont à peine la moitié sont
par d’autres aménagements : couverts (2 565 bassins publics et 367 bassins
— les feux tricolores, pour la traversée des privés), donc utilisables en toute saison.
voies ; On estime par ailleurs qu’il y aurait environ
— les passages piétonniers, matérialisation un million de piscines enterrées, en général
des espaces permettant de relier les deux trot de petites dimensions (10 m x 5 m étant le
toirs bordant une voie : ces passages ont été plus fréquent), plus 500 000 piscines
introduits dans les années 1920 afin de limiter hors sol, appartenant à des particuliers ou à
les incidents sur la chaussée en concentrant les des copropriétés : leur nombre a doublé en
traversées des voies par les piétons et en leur dix ans.
accordant une priorité dans des espaces claire Entre les piscines de plein air et les pis
ment visibles par les conducteurs de véhicules ; cines couvertes existent les «p iscin es
— les rues piétonnières (éviter l’expression mixtes » qui juxtaposent un grand bassin de
«rues piétonnes»), qui peuvent former de plein air pour l’été et un petit bassin couvert
véritables zones piétonnières, dans le centre pour l’hiver, et les piscines «tous tem ps» ou
des villes, sont réservées aux piétons (et parfois « piscines transformables », dont la toiture est
aux transports en commun et aux livraisons à escamotable. Cette seconde solution est plus
certaines heures) : elles favorisent l’animation coûteuse que celle de la piscine mixte, mais
et l ’activité commerciale. Le premier grand elle se justifie lorsque l’espace disponible est
centre piétonnier fut le centre reconstruit de réduit. Citons enfin les « bassins d ’apprentis
Rotterdam en 1953 ; sage mobiles », sorte de petites piscines trans
— les cheminements (ou chemins) piéton portables, conçues dans les années 1960 pour
niers sont, au contraire, tracés le plus souvent initier à la natation les enfants des communes
dans les quartiers neufs et sont distincts de la dépourvues de piscines, qui ne sont pratique
voirie automobile ; ment plus utilisées. Une ancienne circulaire
— les passages souterrains ou en passe interministérielle demandait de prévoir une
relles, pour traverser une voie à circulation piscine de plein air dans les localités de plus
importante, imposent des escaliers ; de 2 000 habitants (2 m2 par habitant) et une
— les trottoirs (3 km/h) et escaliers roulants piscine couverte à partir de 5 000 habitants
qui peuvent être aménagés sur la voirie, pour les (0,5 m2 par habitant).
correspondances entre moyens de transport, etc. Les piscines publiques couvertes sont des
On a mis au point, à titre expérimental, diverses équipements dont la fréquentation, de durée
559 PITTORESQUE
assez réduite (une heure), ne justifie pas de courbe, le géométrique au pittoresque, etc.
trop longs déplacements. Il n ’est donc pas Sans assimiler complètement le baroque,
rationnel de leur réserver des localisations expression esthétique d ’une époque particu
trop excentriques. La surface de terrain à pré lière (V.-L. Tapié), au pittoresque, ils pré
voir est de l ’ordre de dix fois la surface du sentent néanmoins des caractères communs.
bassin (par exem ple 3 000 m2 pour une C’est aussi dans l’histoire des jardins qu’il
piscine de quartier disposant d’un bassin de faut aller chercher l’usage du mot pittoresque.
25 x 12 m). Au xvm e siècle, en Angleterre (W. Temple,
La loi du 3 janvier 2003 a imposé aux pis W. Kent), apparut, sous l ’influence de l’art
cines, pour empêcher les noyades acciden chinois et d’une nouvelle idée de la nature, le
telles de jeunes enfants, l ’installation d ’un jardin pittoresque ou jardin paysager, opposé
d ispositif de sécurité (alarme sonore, bar au jardin géométrique classique français (le
rières, couverture ou volet) conforme à des « p eign é» et le «sauvage», selon l ’expres
normes précises. La majorité des piscines pri sion de Voltaire). Son développem ent en
vées se sont mises en conformité avec cette France (Watelet) donna lieu à un style mixte,
loi, sans que ces accidents aient pour autant combinant éléments pittoresques et géom é
diminué. triques, et qui marqua la composition urbaine.
Les rapports entre tracés de jardin et tracés
J. C. et P. M.
urbains n’ont d’ailleurs pas encore fait l’objet
-> Salle de sport ; Stade et terrain de sport. de recherches approfondies.
L’opposition du géométrique et du pitto
resque se retrouve dans l’urbanisme. C. Sitte
PISTE (D’UNE VOIE ROUTIÈRE) -> Autoroute; (Der Stâdtehau, Vienne, 1889, trad. franç.
Capacité (d'un moyen de transport) ; Débit L'art de construire les villes, Paris, 1980),
d'une voie; Route; Voie en réaction contre ce qu’il appelle « le s
systèmes modernes géom étriques» de son
époque (« systèmes rectangulaire, rayonnant,
PISTE CYCLABLE —> Deux roues (véhicules à) ; triangulaire »), auxquels il ne reconnaissait
Séparation des trafics aucune valeur esthétique, introduisit l ’idée de
pittoresque et de tracé souple dans le traite
ment de l’espace urbain. L’analyse formelle
PITTORESQUE minutieuse de nombreuses places antiques,
médiévales, renaissantes, lui permit de mettre
Terme dérivé de l ’italien pittoresco (qui en évidence, sous leur diversité stylistique, un
concerne la peinture) ; à partir de l’époque ensemble de règles constantes, qui en dictent
romantique il se dit « de ce qui résulte, en pein l’organisation irrégulière et non géométrique
ture, de l’opposition des lignes et du contraste et contribuent à leur qualité esthétique. Sans
bmsque de la lumière et des ombres » (Littré). chercher une reproduction nostalgique du
Pour H. Wôlfflin (Renaissance und Barock, passé, ce sont ces règles qu’il souhaite voir
Munich, 1888), « est pittoresque ce qui fait appliquer pour faire pièce à la monotonie de
tableau». Selon lui, le «style pittoresque» a l’urbanisme contemporain.
pour caractères le mouvement, la masse, Dès sa parution, le Stâdtebau exerça une
l ’ombre et la lumière, le flou, la difformité, influence considérable sur l ’urbanisme des
l’irrégulier et la dissymétrie (...) qui sont «la pays germaniques (R. Baumeister, C. Gurlitt,
marque essentielle de l’architecture baroque », J. Stubben...). Au début du siècle, Le
opposée à l ’architecture classique de la Corbusier fut un de ses adeptes les plus
Renaissance. Cependant, comme le remar convaincus (cf. P. Tumer, L ’éducation de Le
quera plus tard Wôlfflin lui-même (Principes Corbusier, Paris, 1987), avant d’être l ’un de
fondamentaux de l ’histoire de l ’art, 1915), ces ses plus féroces critiques, baptisant « chemin
caractères ne sont ni spécifiques, ni réductibles des ânes » le tracé souple.
à la période baroque, mais se présenteraient R. Unwin ( Town-planning in practice, Lon
comme des constantes d’une évolution plus dres, 1909) adopte une attitude plus nuancée,
générale de la « vie des formes » (H. Focillon), en reconnaissant la valeur de chaque système
opposant le régulier à l’irrégulier, le droit au de tracé. On lui doit la mise au point des tech
PLACE 560
niques de composition visuelle des garden lier, à la fin de ce siècle, se développer des
cities, fondées sur la recherche de l ’effet places qu’on a pu appeler «organiques»
visuel et l’étude soigneuse des cheminements, (F. Mancuso, « La piazza délia citta italiana »,
et caractérisées par l’attention qu’elles portent in La piazza e la citta, Institut italien de Paris,
à la hiérarchisation des espaces, au marquage 1985) parce qu’elles s ’avèrent un organe
des entrées et des limites, au jeu formel des urbain fondamental, présentant pour chaque
retraits, ruptures et transitions : en un mot, la ville une morphologie originale, adaptée à son
codification du tracé souple à effet pitto site, sa forme, et sa vocation. Cette place
resque. Ces techniques furent expérimentées médiévale est apparue essentiellement en Ita
dans de nombreuses réalisations anglaises, lie, pays dans lequel l ’intensité de la vie
Letchworth (1903, Unwin et Parker), publique était favorisée par la densité de son
Hampstead (1909, Unwin), Welwyn (1909, urbanisation (étayée par une solide armature
Louis de Soissons), ainsi que dans les réalisa antique) et par la vitalité de ses structures
tions françaises, notamment les cités-jardins municipales. Dans le cas des fondations d’ori
du département de la Seine (1912-1935), gine romaine, ces places sont établies sur
créées sous l’impulsion de H. Sellier (1883- l ’ancien forum (Bologne, Padoue, Vérone) ;
1943) ou dans les réalisations urbaines de dans les fondations nouvelles, elles occupent
H. Prost (1874-1959) au Maroc. une position centrale. Elles sont toujours asso
Il faut toutefois rappeler que c ’est au ciées à au moins un édifice essentiel et presti
V ésinet qu’une des premières tentatives gieux de la ville, attirant les rassemblements
d ’application du tracé souple a été réalisée populaires et les fêtes auxquels elles prêtent
pour une cité résidentielle par A. Pallu, en un cadre fonctionnel et symbolique : cathé
1856. drale, église (Parme), ou palais communal
A. L. (Sienne, Florence). Souvent elles réunissent
palais communal et édifice religieux (Venise)
A rt urbain; Baroque; M oderne; Urbanisme. et peuvent cumuler une troisième fonction,
commerciale. Cependant les places mar
chandes sont souvent autonomes, soit en posi
PLACE tion centrale, pour le commerce local, soit en
position périphérique, près des portes et de
Du latin platea (place publique), lieu public l’accès aux grandes routes, pour le commerce
découvert constitué par l ’ensemble d ’un cyclique avec l ’extérieur. Les places centrales
espace vide et des bâtiments qui l’entourent. irrégulières, dont la forme est dictée par les
Son importance et son rôle varient selon les pratiques collectives locales, tém oignent
cultures et les époques, et selon l’intensité de d’une grande sophistication dans leur adapta
la vie publique. Dans certaines cultures, la tion au site et à la morphologie urbaine ; elles
place urbaine n ’a pratiquement pas d ’ex is sont toujours placées tangentiellement aux
tence (Islam), dans d’autres, elle est exclusive voies de circulation, de façon à offrir un
ment liée à des pratiques religieuses (Mexique espace protégé et convivial, et visuellement
précolombien). On connaît, en revanche, le closes par des artifices divers, parmi lesquels
rôle polyvalent (politique, social, religieux, les ornements (fontaines, sculptures, loges),
économique) joué par cet organe urbain dans jamais en position centrale, jouent un rôle
les cités de l ’Antiquité grecque et romaine : important ; enfin, elles sont caractérisées par
agora et forum sont devenus des symboles de l ’échelle et la qualité de l’architecture des édi
la vie urbaine et de l ’espace public. fices majeurs qui forment leur cadre. Certaines
Dans les pays occidentaux, l’histoire de la villes comportent un véritable systèm e de
place est scandée à la fois par celle de l ’urba places, communicantes ou voisines (Bergame,
nisation et par celle du pouvoir, non sans Modène, Ferrare).
accuser des décalages chronologiques et des Hors d’Italie, les places médiévales sont
différences morphologiques d ’un pays à rares : Paris ne compte qu’une seule place
l’autre. On peut, très schématiquement, la jusqu’au règne d’Henri IV. La vie publique
diviser en trois phases. se déroule dans la rue et l ’espace résiduel
La première couvre la période médiévale, mesquin du parvis des églises et cathédrales
du xie à la fin du XIVe siècle, et voit, en particu ne mérite pas le nom de place. Deux excep
561 PLACE
tions sont toutefois à signaler : les places éta accueillent les sièges d’institutions ou d’admi
blies sur le forum des anciennes fondations nistrations variées : parlement, hôtel des
romaines et, dans les bastides et dans des fermes, hôtel de ville, bourse de commerce,
villes nouvelles (cf. les villes Zâhringen en etc. Au fil du temps et des programmes, elles
Suisse), les places à arcades, qui occupent s’ouvrent, discrètement (place Vendôme, place
plusieurs modules au centre de leur grille des Victoires, à Paris) ou largement (Bordeaux,
orthogonale et réunissent généralement Paris: place Louis-XV, actuellement de la
l’église sur un côté et une halle marchande Concorde), entrant en composition avec
au centre (en France Montpazier, Villeréal, d’autres places (enfilade de la place Stanislas,
etc.)- Enfin, au XVe siècle, les villes mar sur la place de la Carrière et la place de l’Hémi
chandes des Flandres et de la Hanse réalise cycle à Nancy). Elles utilisent la perspective
ront de vastes places, fermées, dominées par (parfois lointaine), à la manière de l’art des
leurs hôtels de ville, qui représentent une ver jardins. La place Royale a servi de modèles
sion tardive et simplifiée de la place médié aux cours européennes (de la péninsule Ibé
vale. rique à la Scandinavie), pendant deux siècles
La seconde phase (de la Renaissance à F ère (cf. H. Lavedan, Histoire de l'urbanisme, t. II).
industrielle) voit créer sous l ’impulsion pre — La place résidentielle anglaise, créée au
mière de l ’Italie, la place esthétique dont la xvne siècle par l’architecte Inigo Jones qui
finalité, qui l’emporte sur toute valeur fonc s’inspirait de la place Royale de Paris. La
tionnelle, est essentiellement un embellisse formule résidentielle proposée par Henri IV
ment de la ville, lié à une image du pouvoir. ne devait jamais s’imposer en France. Elle
Cette place n’est plus l’œuvre collective des connut un succès immédiat en Angleterre
municipalités, mais la création des architectes, où, sous le nom de square, elle a donné
promoteurs de l’art urbain. Dès le XVe siècle, à naissance à un « urbanisme domestique » ori
partir des recherches théoriques des traités ginal, d’un grand intérêt (cf. D. J. Osbom,
d’architecture sur les proportions et la pers Town-planning in London, the eighteenth and
pective, influencés aussi par les perspectives nineteenth centuries, Londres, 1964). Le
urbaines construites par les peintres et les scé centre du square est toujours occupé par un
nographes, les architectes italiens (Filarète, jardin, fermé d’une grille, dont seuls les rive
Francesco di Giorgio) élaborent des types de rains ont la clé. Par abus de langage, le nom
places, désormais régulières, dont une géomé de square a ensuite été donné à des places
trie savante règle la forme et les proportions. résidentielles, sans jardin (Trafalgar Square) :
Jusqu’au xixe siècle, la place «program cette carence lexicographique de l’anglais se
mée » fait l’objet de créations de plus en plus traduit aujourd’hui par l’utilisation fréquente,
importantes, élaborées et nombreuses, dont la en particulier aux États-Unis, des termes
maîtrise esthétique sert à magnifier le pouvoir piazza et piazza pour désigner les places
politique plus qu’à accueillir des activités col urbaines récemment créées (United Nations
lectives. On signalera, parmi d’autres, trois Piazza à New York).
types particuliers de places programmées : Hors d’Europe, il faut citer la grande place
— La place théâtrale du baroque italien à l ’architecture baroque, qui, dans les pays
qui, pour mettre en scène des monuments hispano-américains, occupe le centre de la
urbains, s’ouvre de plus en plus largement grille coloniale et marque le pouvoir du pays
et établit une relation nouvelle avec les voies colonisateur et de sa religion.
de communication (Rome de Sixte Quint et La troisième phase, marquée par l’avène
d’Alexandre VII). ment de l’ère industrielle, a vu à la fois dispa
— La place royale française, dont le premier raître l’art urbain (créateur des places à valeur
exemple fut, à Paris, la place Royale (aujour esthétique) et s ’effacer la fonction d’espace
d ’hui des Vosges) d’Henri IV, régulière, ordon public et populaire des places organiques. La
nancée mais encore fermée à la manière vie publique s’est concentrée dans des bâti
médiévale. Les places royales tirent leur nom ments fermés (marchés, salles de spectacle),
de la statue du roi qui occupait leur centre l’espace urbain a été envahi par les moyens de
(disposition ignorée par l ’Italie), avant que la transport. Les places nouvelles créées par
Révolution ne les détruise. Parfois résiden l ’urbanisme sont partie intégrante des sys
tielles (place Royale, place Vendôme), elles tèmes de circulation (cf. à Paris la fonction
PLACE CENTRALE
désigne, dans les sciences de l’homme, sous sifîer» les tissus urbains existants dans les
le terme de places marchandes ou encore de centres-villes. Dans la pratique, le mécanisme
marchés physiques, ou localisés, pour les dis s’est révélé assez ambigu pour ce qui est de sa
tinguer de l’autre emploi du terme, marché, portée juridique, et l ’instrument assez rigide
celui qu’en font surtout les économistes » pour ce qui est des objectifs urbanistiques. La
(1. Chiva, Universalia, Paris, 1985). ■ ' réforme qui fut opérée par la loi de finances
Au-delà de leur fonction économique, les pour 1983 visait à introduire un nouvel objec
places marchandes jouent un grand rôle social : tif proprement économ ique : attribuer à la
ces lieux donnent, en effet, des, occasions dé commune,’ou le cas échéant à l’établissement
rencontres, d’alliances, de conflits et d’amuse public intercommunal, les trois quarts du pro
ment; ils permettent la diffusion de l ’infor duit du versement résultant du dépassement du
mation. Souvent liées à des célébrations reli plafond légal de densité, le quart restant étant
gieuses, plus importantes mais de fréquence attribué au département, ces collectivités ayant
moindre que les marchés, les foires permettent, le libre choix de son affectation.
plusieurs fois dans l’année, des échanges entre La grande nouveauté introduite par le pld
des populations qui sinon resteraient séparées. dans le droit immobilier consistait à partager
Les places marchandes sont parfois des le droit de construire, jusque-là exclusivement
lieux essentiels de communication entre la « attaché à la propriété du sol » (art, L 112-1
campagne et la ville. Même le marché cou du eu ), entre le propriétaire et, au-delà du
vert des grandes villes, forme limite de place «plafond légal», la collectivité. Le construc
marchande, offre un style et une ambiance teur, quel qu’il soit, qui désire franchir cette
uniques qui le distinguent des autres fomies limite, doit acheter ce droit de construire.
de commerces par une certaine liberté faisant Techniquement, le législateur avait retenu
évoquer les anciennes relations entre ville et pour la détermination de ce seuil une formule
campagne. Les places marchandes sont pré calquée sur la fixation des c o s : le pld est le
sentes partout dans le monde, dès qu’une rapport entre la surface de plancher hors
société doit aménager régulièrement des oeuvre nette d’une construction et la surface
échanges commerciaux importants avec des du terrain sur laquelle la construction est ou
groupes avec lesquels elle n’est pas constam doit être implantée. Quand les règles d’urba
ment en contact (souks ou bazars de l ’Orient, nisme l’y autorisent, le propriétaire d’un ter
mercados de l’Amérique latine). rain constructible peut donc construire avec
Comme l’a souligné Isaac Chiva, les places une densité supérieure au plafond légal de
marchandes ont engendré une architecture ori densité, sous la condition d ’acquitter une
ginale, qu'il s’agisse des halles en bois pré redevance égale à la valeur de la surface du
sentes dès la fin du Moyen Âge ou des halles terrain nu supplémentaire qui lui aurait été
mécaniques. «L a halle, comme la place du nécessaire (dite redevance pour dépassement
marché, a joué un rôle capital non seulement du pld). Le législateur de 1975 a fixé le pld à
dans la vie des agglomérations urbaines ou 1 (1,5 pour Paris). La loi de finances pour
rurales, mais aussi dans leur structuration et 1983 a permis de le relever dans la limite de
leur devenir» (D. Hervier, Halles et marchés, 2 (3 pour Paris). Plus d ’une vingtaine de
Monuments historiques, n° 131, Paris, 1984). communes ou groupements de communes
ont pris la décision de le relever et le Conseil
F. C.
de Paris l’a porté à 3, ce qui, dans la pratique,
—f Marché; Placé. . le fait disparaître, compte tenu des coeffi
cients d’occupation des sols fixés. La mise en
œuvre de ces dispositions a donné lieu à de
PLAFOND LÉGAL DE DENSITÉ (PLD) multiples complications concernant le verse
ment résultant du dépassement: le calcul des
Le Plafond légal de densité (pld) a été créé surfaces en cause (la surface de plancher
par la loi du 31 décembre 1975 portant réforme étant appréciée forfaitairement jusqu’à 1977,
de la politique foncière. Il constituait, dans puis faisant l ’objet d’un calcul réel depuis un
l’esprit de ses «inventeurs», un mécanisme décret du 7 juillet 1977) ; la valeur du terrain
fiscal moins contraignant que l ’impôt foncier « considéré comme nu et libre » ; les modali
et un instrument souple permettant de « déden- tés de calcul.
PLAINE
La loi de 1975 visait à ralentir la densifica Quant à ses effets en matière foncière el urba
tion du tissu urbain des centres-villes en aug nistique, ils sont assez difficiles à estimer.
mentant le coût des constructions qui y seraient La loi du 23 décembre 1986 posait le prin
envisagées, la «charge foncière» constituant cipe de la suppression locale tacite du p l d , qui
un élément déterminant dans le bilan prévision cesserait de s ’appliquer à partir du 25 mars
nel des promoteurs. Pour cette raison, les per 1987 dans les communes qui n ’en avaient pàs
sonnes publiques n’en étaient pas exemptées, voté le maintien. Au 31 juillet 1987, il avait
ni les opérations d’intérêt général. Le champ été rétabli dans 2 065 communes concernant
d’application initialement fixé était d’ailleurs 25% de la population « (il n ’y a pas de
très étendu car le mécanisme pouvait jouer éga statistique plus récente). La loi Solidarité et
lement dans des parties fortement urbanisées renouvellement urbains du 13 décembre 200®
du territoire communal, dans des zones dotées permet la suppression du p l d - qui est de plein
par le p o s d’un cos élevé. , droit dans les communes ayant institué la par
Depuis la loi de finances pour 1983, deux ticipation pour le financement des voies nou
exceptions importantes ont été apportées au velles et des réseaux et s’il a été institué après
principe de l ’universalité du versem ent : le 31 décembre 1999 - et ne permet pas de
sont désormais exonérées les constructions l ’instituer là où il n ’existe pas.
publiques (de l ’État ou des collectivités
locales, mais aussi d ’établissements publics Y. P.
gérant des services publics) ; et les recons - » Coefficient d'occupation des sols; Densité.
tructions ou rénovations, par leurs proprié
taires, de bâtiments préexistants dont la
surface de plancher ne serait pas augmentée. PLAINE -► Plateau ; Relief
Les modifications introduites par la loi de
finances pour 1983 et les relèvements du p l d
décidés par les villes, et en particulier celle de PLAINE DE JE U X - » Stade et terrain de sport
Paris, ont considérablement réduit la portée du
p l d . Mais, dès sa création, celui-ci souffrait
Les plans urbains sont à des échelles subventions (contrats régionaux, contrats
variant de 1/5 000 (on distingue les bâtiments) ruraux, etc.).
au 1/500, voire au 1/200 (on distingue leur A. G.
forme précise). Ils sont de plus en plus infor
matisés. -> Aménagement rural; C h a rte intercommunale.
— la pêche suppose une zone calme, sépa personnes qui se déplacent davantage que sur j
1
;I
rée des autres usages ; les moyens qu’ils utilisent à cette fin, oubliant j
— l ’aviron nécessite un plan d’eau de que le déplacement n ’est pas non plus une i
2 200 m de long et de 15 m de large par couloir ; fin, mais un acte intermédiaire pour exercer i
— le canotage a besoin d ’au moins une des activités, professionnelles ou non. -,
dizaine d’hectares ; L’objectif est d’assurer un équilibre entre !
— le motonautisme est incompatible avec mobilité et accessibilité en ménageant la pro- j
toute autre activité nautique : un stade de ski tection de l’environnement et la santé, donc en ;
nautique exige une vingtaine d’hectares ; réduisant la pollution. L’accent est donc placé i
— la voile, dont le nombre de pratiquants sur l’utilisation et les mesures d ’encourage-) !
(y compris la planche à voile) double tous les ment des transports publics, moins polluants j
deux ans, suppose un vaste plan d’eau (de 50 et moins consommateurs d’énergie, ainsi que i
à plusieurs centaines d’hectares) sans courant de la marche à pied et de la bicyclette, et sur la .
ni obstacle au vent sur les berges. limitation de l’utilisation des transports auto- ■
J. C. et P. M. mobiles. j
Le plan de déplacements urbains (pdu) doit -
Base de loisirs et de plein air; Équipements touristiques. être compatible avec le schéma directeur ou
le schéma de secteur (et désormais avec le j
schéma de cohérence territoriale), s ’il en :
PLAN DE CIRCULATION — ■Planification existe, et a fortiori avec la directive territo- ;
des transports riale d’aménagement dans les régions concer- !
nées par celles-ci. Inversement, le Pos, puis le J
plu , des communes concernées et le plan j
PLAN DE COHÉSION SOCIALE -* Contrat d ’aménagement de zone dans les z a c (avant j
de ville sa suppression par la loi sru du 13 décembre i
2000) doivent prendre en compte le plan de
déplacements urbains (les futurs plans locaux J
PLAN DE DÉPLACEMENTS URBAINS d ’urbanisme devront être compatibles aveé j
lui). Le pdu est soumis à enquête publique j
Plan, rendu obligatoire dans les 59 agglo selon les règles définies par la loi du 12 juillet ■'
mérations de plus de 100 000 habitants, par 1983. ;{
l’article 14 de la loi du 30 décembre 1996 dite Le plan de déplacements urbains est élaboré };
loi sur l ’air et l ’utilisation rationnelle de sous la responsabilité de l’autorité organisa- I
l’énergie, qui a pour objet l ’organisation des trice des transports urbains dans le périmètre
transports de personnes et de marchandises, et doit couvrir l’intégralité de celui-ci. Les ser- -
de la circulation et du stationnement. Il est vices de l ’État (direction départementale de ■
obligatoire dans les périmètres de transports l’Équipement et de l ’Agriculture, mais aussi t
urbains inclus dans les périmètres de transport gestionnaires de grands équipements engen
des agglomérations de plus de 100 000 habi drant des déplacements) et éventuellement la
tants (il y en a 65). En fait, les plans de dépla région et le département y sont associés;
cements urbains (pdu ) avaient été prévus par L’État participe à son financement pour moitié
l ’article 28 de la loi d’orientation des trans du coût des études. Le projet de plan est arrêté i
ports intérieurs de 1982, mais sans que la par l ’autorité organisatrice des transports j
méthodologie de leur élaboration n ’ait été pré urbains et soumis à l ’avis des conseils des col- !
cisée et sans caractère obligatoire. lectivités territoriales, des préfets et éventuel- !
La dénomination des pd u peut paraître lement, à leur demande, à celui des sociétés ;
curieuse, puisqu’elle n ’utilise pas le terme de transport, des associations d ’usagers ou i
«transport», alors que c ’est bien d’un plan de protection de l ’environnement et des
de transports à l ’échelle de l ’agglomération, chambres consulaires. Il est ensuite soumis à 1
dans le périmètre des transports urbains, qu’il enquête publique avant d ’être approuvé par
s’agit, et lui préfère celle de « déplacements l’organe délibérant de l’autorité organisatnce
urbains », à l ’évidence impropre pour les des transports urbains. En région île-de-
transports de marchandises. Il faut y voir une France, le pdu est élaboré par l’État (le Syndi
volonté maladroite de mettre l’accent sur les cat des transports d’île-de-Franee y est asso-
W7 PLAN D'OCCUPATION DES SOLS
cié), mais il peut y avoir des pdu locaux, non jet s’inscrit sur le terrain destiné à la recevoir.
prescrits par la loi, élaborés dans un cadre Il doit donc faire établir par un homme de
intercommunal (une dizaine sont en cours l ’art le projet architectural composé :
d’élaboration). Le pdu fait l’objet d’une éva — d’une vue en plan qui définit l ’implan
luation après cinq ans. Le préfet peut se substi tation de la construction, son emprise au sol,
tuer à l’autorité organisatrice qui ne l’aurait sa position par rapport aux limites de pro
pas établi dans un délai de trois ans. priété et par conséquent la superficie ;
La loi prévoyait que les pdu fussent établis — d’un plan de chaque niveau, indispen
dans un délai de deux ans, donc avant la fin de sable dans les projets complexes.
1998. Seul celui de l’agglomération de Lyon a Mais l ’expression «plan de m asse» est
été achevé dès 1997 (révisé en 2005), mais aussi employée à propos du pos (puis du plu).
son élaboration avait été entreprise avant le En effet, celui-ci édicte des règles d’urbanisme
vote de la loi sur l’air, Bien qu’une fraction qui fixent l’implantation et la hauteur des
significative des agglomérations de plus de constructions. Ces règles sont écrites dans le
100 000 habitants n ’aient manifesté aucune règlement d ’urbanisme et s ’appliquent à
hâte pour établir leur pdu, on en compte, au chaque propriété. Il est également possible de
1er janvier 2010, 55 qui ont été approuvés les exprimer graphiquement sur le document
(dont trois annulés) et 17 en cours d’élabora graphique du pos (ou du plu), par le dessin de
tion (soit 72 au total, dont une trentaine pour l’emprise au sol maximale que pourront occu
des agglomérations où son élaboration n’était per les constructions et par une cote fixant la
pas obligatoire). Beaucoup d’entre eux cepen hauteur maximale. Le plan relativement som
dant reposent sur des études sommaires et pré maire qui en résulte fixe l’enveloppe maximale
sentent plus des intentions générales qu’un dans laquelle devront se loger les construc
catalogue de mesures précises. Il ne semble tions. Ce plan de masse est un contenant.
pas certain que l ’objectif de limitation de la A. G.
circulation sera respecté dans toutes les agglo
mérations. Quant aux transports et à la livrai - » Permis de construire ; Plan d'occupation des sols ( p o s ).
1 et sq. du Code de l ’urbanisme). Il a été, valeur de dta ). Ils devaient respecter les ser
depuis la loi d’orientation foncière (lo f ) du vitudes d ’intérêt public et les disposition^
30 décembre 1967 et jusqu’à la loi Solidarité relatives aux projets d’intérêt général ( pig );:
et renouvellement urbains du 13 décembre Depuis la loi d ’orientation sur la ville du
2000 par laquelle le plan local d’urbanisme 13 juillet 1991, ils devaient prendre en consi
(plu ) lui a succédé, le document d'urbanisme dération les dispositions des programmes
opposable aux tiers. Lès POS approuvés locaux de l ’habitat ( p l h ). Depuis celle du
demeurent en vigueur jusqu’à leur révision 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en
sous forme de plu et les pos rendus publics valeur des paysages, ils devaient être compa-
avant la loi srü demeurent opposables aux ■ tibles avec les directives de protection et de
tiers dans les conditions antérieures. Après la mise en valeur des paysages prévues par.
loi de répartition des compétences du 7 janvier cette loi et avec les chartes des parcs natu
1983, l’élaboration des pos a été décentralisée rels régionaux. Enfin, depuis la loi du
à l ’échelon des communes. Le pos n ’a plus 30 décembre 1996 sur l ’air et l ’utilisation
été essentiellement réservé aux communes rationnelle de l’énergie, ils devaient prendre u
urbaines, mais n’était plus obligatoire (sauf, en considération les orientations des plans de
depuis la loi du 13 juillet 1991, dans les quar déplacements urbains qui sont rendus obliga
tiers correspondant aux anciennes zup ). toires dans les périmètres de transport dès
La loi de 1967 prévoyait que les orienta agglomérations de plus de 100 000 habitants
tions de la politique d ’urbanisme de la (et qui peuvent exister dans des aggloméra
commune fussent définies par le schéma tions plus petites). À l’inverse, il s’imposait
directeur d ’aménagement et d ’urbanisme aux lotissements, aux constructions et aux
(schéma directeur après la loi du 7 janvier démolitions. Il pouvait être localement rem
1983). Aussi, même si l’élaboration des sdau placé par un plan d ’aménagement de zonè
a été loin d’être systématique, cette fonction (paz ) dans une zac (mais celle-ci ne pouvait ’
n’était pas celle des po s . En revanche, les pos être créée que dans une zone urbaine oü
avaient pour objet premier de définir de façon d ’urbanisation future du pos ) ou par un plan
précise les droits attachés à chaque parcelle, de sauvegarde et de mise en valeur ( psm v )
mais aussi d’organiser le tissu urbain en défi dans un secteur sauvegardé. Il n ’était pas
nissant la destination des constructions, les tenu de respecter le règlement national
densités et éventuellement les formules appli d ’urbanisme - qui, en revanche, s’appliquait
cables, de localiser les emplacements réservés dans les communes non pourvues de p o s , 1
pour la réalisation d’équipements et de proté sous réserve des dispositions éventuelles
ger les espaces naturels ou agricoles. Pour d ’une carte communale - , mais certaines dis
tenir compte de la diversité des situations des positions de cèlui-ci, dites d ’ordre public,
communes, la loi de 1983 a prévu un contenu pouvaient prévaloir sur celles du pos lors de
minimum - la délimitation des zones urbaines la délivrance d’une autorisation d ’utilisation
ou à urbaniser, l’affectation des sols par fonc du sol.
tion et les règles d’implantation des construc
tions - et des élém ents complémentaires Le dossier du pos devait comporter :
facultatifs (par exemple les règles concernant — un rapport de présentation qui en consti
la densité ou la forme des constructions). tuait l ’exposé des motifs, c ’est-à-dire qu’il
Les pos (et les documents d’urbanisme en exposait et justifiait les options retenues ;
tenant lieu, tels les psm v et les pàz ) devaient — des documents graphiques, à une échelle
être compatibles avec les orientations du entre le 1/2 000 et le 1/10 000, avec le plan
schéma directeur et du schéma de secteur et, parcellaire en fond de plan, qui localisaient
en l ’absence de tels schémas, avec les direc avec précision les zones auxquelles s ’appli
tives territoriales d ’aménagement (dta , insti quaient respectivement les différents règle
tuées par la loi du 4 février 1995) et, en ments, les servitudes, les prescriptions ou
l ’absence de ces dernières, avec les lois dispositions résultant d’autres documents qui
d’aménagement et d ’urbanisme, devenues s’imposaient aux tiers ;
dispositions particulières aux zones de mon — le règlement qui devait au minimum
tagne et du littoral depuis la loi sr u (le déterminer l’affectation dominante des sols par
schéma directeur de la région Île-de-France a zone, en précisant l’usage principal qui pouvait
«89 PLAN D'OCCUPATION DES SOLS
en être fait et la nature des activités qui pou • les zones de richesse naturelle (nc ), réser
vaient y être interdites ou soumises à des condi vées à des activités productives, en particulier
tions particulières, et édicter les prescriptions à l ’agriculture : seules les constructions d irec
relatives à l’implantation des constructions par tem ent liées à l ’exploitation (y com pris p o u r
rapport aux voies, aux limites séparatives et l ’habitation) étaient possibles ;
aux autres constructions ; • les zones de sites, de risques o u de n u i
— des annexes, dont au minimum les avis sances (nd ), liées à des im pératifs e n viron
des personnes consultées, la liste des empla n em e n tau x : espaces p résentant u n intérêt
cements réservés aux équipements publics (et esthétique, historique o u écologique, espaces
leur implantation précise), la liste des opéra exposés à des risques naturels (inondations,
tions déclarées d’utilité publique, les annexes éboulem ents, avalanches, etc.) ou hum ains
sanitaires (réseaux d’eau et d’assainissement, (m ines, carrières) o u à des nuisances (aéro
élimination des déchets), les servitudes d’uti drom es, certains établissem ents industriels,
lité publique, le cas échéant les directives etc.), où l ’urbanisation était im possible o u sou
d’aménagement national et le plan d’exposi m ise à des conditions restrictives.
tion au bruit des aérodromes, ainsi que la liste À cette liste, il faut ajouter les espaces réser
des lotissements dont les règles d’urbanisme vés pour équipements publics, les espaces
ont été maintenues. boisés classés (le pos pouvait les classer), les
L’aspect majeur était le zonage dont le zones réservées aux jardins familiaux en zone
règlement précisait les règles et que les docu urbaine et éventuellement des zonages com
ments graphiques localisaient avec précision plémentaires (par exemple secteur à protéger)
(par parcelles). On distinguait : ou particuliers (camping, caravanage, pratique
— Les zones urbaines (U), c ’est-à-dire du ski et remontées mécaniques). Le pos déli
celles où la capacité des équipements publics mitait également les secteurs de reconstruc
existants ou en cours de réalisation permettait tion à l ’identique, les secteurs de curetage, les
d’admettre immédiatement des constructions. secteurs à protéger ou à mettre en valeur ainsi
Elles étaient généralement divisées en plu que, depuis la loi d’orientation sur la ville du
sieurs zones, par exemple le centre urbain 13 juillet 1991, les zones d’implantation des
(ua ), les zones à dominante d’habitat, qui pou grands ensembles commerciaux, et, depuis la
vaient être diversifiées selon la densité autori loi sur l ’eau du 3 janvier 1992, les zones
sée, les zones à dominante d’activités, voire d’assainissement et de maîtrise des eaux plu
des zones spécialisées dans l ’accueil d ’une viales. Il faut ajouter à cette liste les zones
activité spécifique (par exemple, zone por affectées à la pratique du ski en montagne (loi
tuaire ou industries nuisantes, dangereuses ou «montagne» du 9 janvier 1985) et, dans les
insalubres). communes littorales, les secteurs réservés aux
— Les zones naturelles, équipées ou non, terrains de camping et au stationnement des
dans lesquelles l’urbanisation est interdite. La caravanes (loi «littoral» du 3 janvier 1986).
loi en distinguait quatre types : Enfin, si l’on souhaitait imposer des prescrip
• les zones d ’urbanisation future (na ), des tions architecturales dans certains secteurs, le
tinées à être urbanisées, notam m ent lorsque pos pouvait prévoir un plan de masse coté à
leur équipem ent le perm ettrait, sous form e trois dimensions qui organisait l’emprise au
de groupes d ’habitation o u de lotissem ents, sol et la hauteur des constructions.
ou dans le cadre d ’u n e zac ou seulem ent L’instrument qui permet de fixer les den
(zones n a strictes) p a r m odification d u p o s ; sités de construction autorisées dans les diffé
leur dim ension devait respecter u n équilibre rentes zones du pos (et du plu ) est le coeffi
entre possibilités d ’am énagem ent et protec cient d ’occupation des sols (cos). C ’est le
tio n ; on p ouvait préciser le term e probable rapport maximal autorisé entre la surface de
où elles seraient urbanisables (c o u rt: i n a ; plancher hors œuvre nette et la surface du
m oyen : n na ; o u long term e : ni na ) ; terrain. Le recours à la fixation de c o s est
• les zones naturelles ordinaires (nb ), desti une possibilité, non une obligation. Une zone
nées à u n e urbanisation diffuse (zones isolées pouvait comporter des c o s différents selon la
déjà partiellem ent construites, tels ham eaux et nature ou la destination des constructions ou
écarts): toute opération groupée ou lotisse être divisée en secteurs où des co s différents
m ent y était im possible ; s ’appliquent. La fixation des c o s était un
PLAN D'OCCUPATION DES SOLS
5 * * Ll
aspect déterm inant du pos , car il influe direc la commune, d ’un droit de préemption sue
tem ent su r les valeurs foncières. les transactions im mobilières concernant1
des terrains situés dans les zones urbaines et?
La procédure d ’élaboration du POS, décen les zones d ’urbanisation future délimitées!
tralisée après le 1er octobre 1983 (loi du 7 jan par le plan. Le plan approuvé a pour effet
vier 1983) auprès de la commune, plus d ’entraîner, au terme des six m ois qui,
complexe que la procédure antérieure, dite suivent son approbation, la décentralisation
d’élaboration conjointe entre l ’État et la des autorisations individuelles d ’occuper et
commune, était scandée par six décisions : d’utiliser le sol (permis de construire, lotis
— la délibération d u conseil m unicipal sement, etc.).
prescrivant l ’élaboration du pos et déterm inant Il existait deux possibilités d ’application
les m odalités d ’association des personnes anticipée du p o s . Supprimées en 1983, elles
publiques autres que l ’É tat ; ont été rétablies par la loi du 23 décembre
— l ’arrêté du maire fixant les modalités 1986, mais leur pertinence est objet de débat
d’association ; car elles pouvaient ouvrir la porte à des abus;.
la délibération d u conseil m unicipal D ’une part, le préfet, après avis du maire, pou
arrêtant le projet de pos ; vait aménager les règles d’implantation des
— l ’arrêté du m aire rendant public le pos ; bâtiments par rapport aux voies et aux fonds
— l’arrêté du maire fixant l’enquête voisins du r n u . D ’autre part et surtout, on
publique ; pouvait anticiper sur la révision du pos sous
■— la délibération d u conseil m unicipal réserve que les documents du p o s révisé
approuvant le po s . soient établis formellement, ce qui supposait
Le plan d’occupation des sols entrait en que le pos soit arrêté. Dans ce dernier cas,
vigueur, c ’est-à-dire devenait opposable aux l’application anticipée devait être compatible
tiers, lorsqu’il était rendu public par arrêté du avec le schéma directeur approuvé ou en
maire, dans les conditions suivantes : cours d’élaboration, ne pas compromettre un
— d a n s les co m m u n es couvertes p a r u n pig , ne pas porter atteinte aux espaces boisés
schém a d irecteur local, dès q u ’avaien t été classés, aux terres agricoles ou à des sites pro
effectuées les m esu res d e p ublicité : le tégés.
contrôle d e la légalité su r le contenu d u pos La règle d ’urbanisme est la disposition
était effectué p a r l e p ré fe t dans u n délai de juridique qui figure au règlement du pos qui
deux m ois ; édicte :
■— dans les communes non couvertes par — soit une interdiction, par exemple, inter
un schéma directeur, après exécution des diction de construire ou de lotir ;
mesures de publicité et écoulement d’un — soit des règles ou limitations relatives à
délai d’un mois durant lequel le préfet pouvait l’occupation du sol : ces règles peuvent en par
notifier à la commune les modifications qu’il ticulier concerner les voies privées, les règles de
estimait nécessaires. desserte par les réseaux, les caractéristiques des
Les mesures de publicité étaient constituées terrains (surface, linéaire de façade) pour être
par un affichage, en mairie, de l ’arrêté muni constructibles, l’implantation des bâtiments
cipal qui rendait public le plan et par la publi sur la parcelle (distances par rapport aux voies
cation de mentions de cet arrêté dans deux et aux limites des parcelles voisines), des règles
journaux locaux. Le plan rendu public devait d’emprise au sol (coefficient d’emprise au
être approuvé dans un délai de trois ans, faute sol qui est la part maximale de la surface de la
de quoi il cessait d’être opposable. La délibé parcelle qui peut être construite), hauteur maxi
ration d’approbation faisait l’objet des mêmes male des constructions, voire leur aspect exté
publicités. rieur (matériaux, couleurs, clôtures) ;
Le plan opposable (rendu public ou — soit une prescription, par exemple, obli
approuvé) s ’impose aux occupations et utili gation de réaliser un certain nombre de places
sations du sol envisagées sur le territoire de stationnement ou de planter.
considéré, qu’elles soient ou non soumises à Les plans d’occupation des sols approuvés
autorisation. Il a pour effet supplémentaire, - et eux seuls - pouvaient faire l’objet soit de
depuis la loi du 16 juillet 1985, de déclen révision, soit de modification. Le déroulement
cher l ’institution de plein droit, au profit de des procédures de révision et de modification
871
PLAN D'OCCUPATION DES SOLS
ne respectait pas la règle du parallélisme des blèm es. Bien que le ministère chargé de
formes, bien que la procédure de révision l ’équipement ne tienne plus, depuis 1995, de
s’apparentât sensiblement à celle de l’élabora statistiques de l’élaboration des pos , on peut
tion. La procédure de modification, plus estimer qu’il y a eu plus de 20 000 po s pres
simple, ne pouvait donner lieu à des change crits (17 286 lors de la dernière statistique au
ments du plan qui porteraient atteinte à son 1er janvier 1994) et plus de 15 000 approuvés
économie générale. En revanche, la révision (14 392 approuvés et 379 rendus publics à la
pouvait concerner des points de n ’importe même date; 15 840 au 1er juillet 2004), cou
quelle importance. vrant au moins la moitié du territoire national
La révision est une procédure analogue à (hors dom ) et concernant 86 % de la popula
l’élaboration, avec cette différence que le plantion (15 360 communes couvertes au 1erjuillet
révisé n ’entre en vigueur qu’après enquête 1998, probablement 90 % en 2004). Les rai
publique, lorsqu’il est approuvé. En attendant sons en sont faciles à comprendre : le pos per
le nouveau plan, l’ancien continue de s’appli mettait d’échapper à l’application par l’Etat
quer. La révision est décidée par délibération du règlement national d’urbanisme, ouvrait la
du conseil municipal et, à compter de cette possibilité de créer le droit de préemption
décision, les mesures de sauvegarde qui per urbain ( d pu ) et surtout donnait au maire la
possibilité de créer des zac et la responsabilité
mettent de surseoir à statuer sur certaines déci
sions entrent en vigueur. des autorisations d ’utilisation du sûl (permis
La modification est une procédure abrégée, de construire ou de démolir, autorisation de
qui s’opérait sans consultation des personnes lotir). Les contraintes qu’il comportait appa
publiques associées à l’élaboration du plan. raissaient très minces, puisque la possibilité
Elle ne pouvait concerner qu’un pos approuvé de modification permettait de s’en affranchir
ou en révision et ne devait pas porter atteinte par une procédure légère.
à l’économie générale du po s , ne pas affecter Ce dernier point a pu conduire à parler de
les espaces boisés classés et ne pas créer de crise des pos comme on a parlé de crise des
risques graves de nuisances. L’objet de la schémas directeurs, bien que la situation soit
modification devait être soumis à enquête apparemment inverse. En effet, la modifica
publique, puis approuvé par délibération du tion fréquente, rapide, parfois incessante, des
conseil municipal. Cette procédure ne déclen p o s par de nombreuses communes leur a
chait pas les mesures de sauvegarde ; elle était enlevé une grande part de leur crédibilité.
réservée à des changements peu importants: Certes, le rôle de fixer les orientations, à
elle ne pouvait concerner les espaces boisés m oyen et long termes de l ’urbanisation ne
classés et ne devait pas entraîner de risque revenait pas aux po s , mais aux schémas direc
grave de nuisance. En fait, les communes ont teurs. Mais, en l ’absence très fréquente de
usé largement de cette procédure commode, schéma directeur, cette fonction n ’était pas
pour faire ce qui leur importait, indépendam assurée. En outre, les modifications trop fré
ment des vagues critères législatifs qu’elles quentes - et, pour tout dire, trop circonstan
ne connaissaient pas ou interprétaient à leur cielles (en fonction des projets que le maire
façon. Il revenait au préfet de saisir le juge souhaitait ou non voir se réaliser) -r étaient
pour en faire respecter le champ restreint. contradictoires avec l’objet même du pos qui
La mise à jour consiste à introduire (ou à est de fixer le droit des sols. On a pu dire
supprimer) dans les documents en vigueur, qu’on était revenu à une nouvelle forme
quelles que soient les pièces du dossier d’urbanisme de dérogation (tempérée cepen
concerné, mais il s ’agit le plus souvent des dant par l’enquête publique et la délibération
documents graphiques, diverses décisions du conseil municipal). On a pu voir un conseil
prises indépendamment du pos (par exemple, municipal voter, au cours de la même séance,
déclaration d’utilité publique, servitude d’uti l ’approbation d’un p o s (pour avoir la respon
lité publique nouvelle, etc.) ayant une inci sabilité des autorisations d’utilisation du sol)
dence sur l ’utilisation du sol. et sa mise en révision (pour pouvoir recourir
au sursis à statuer). La proposition du rapport
Le pos a connu un indéniable succès, que la Labetoulle en 1992 qu’un pos ne puisse être
décentralisation a encore accéléré, mais qui modifié moins de trois ans ni révisé moins de
n’était pourtant pas sans poser de graves pro cinq ans après son approbation n ’a pas été
PLAN D'URBANISME (DIRECTEUR, COMMUNAL, DE DÉTAIL)
mise en œuvre. Le contrôle de légalité de intervenir dans un délai d’un an. Les pos en ..
l’État, et d’abord de sa compatibilité avec le révision, dont le contenu a été arrêté par le j
schéma directeur quand il en existait un, a conseil municipal, restaient soumis à la procé-- i'
souvent été très insuffisant, souvent sous le dîne des pos avec la même limite d’un an. Les j
prétexte de l ’ancienneté du schéma directeur prescriptions d’élaboration ou de révision d’un
(sans que les préfets ne prescrivent sa mise en pos antérieures à cette date valaient prescription .i
révision). Cependant, depuis les années 1990, d’élaboration ou de révision d’un plu et 1
le contrôle juridique est devenu plus rigou devaient comporter une concertation avec les U
reux : les juges administratifs ont désormais habitants. L’application anticipée des pos en ■
condamné pour abus de pouvoir les modifica cours de révision demeurait jusqu’à expira
tions qui n’ont pour objet que de satisfaire les tion du délai de six mois. Au 1 juillet 2004, il :
souhaits de la municipalité ; ils sont devenus y avait 15 840 pos approuvés (9 590) ou en ';j
très restrictifs sur la notion d ’économie géné révision (6 250), correspondant au total à :i
rale du pos et sur le risque de nuisances pour 54,7 millions d’habitants. Au 1er janvier 2009, !
des tiers que peuvent apporter des modifica 12 048 pos ou plu approuvés concernaient j
tions. Les préfets, dans leur contrôle de léga 37,55 millions d ’habitants et 195 000 km2. ;
lité, ont eu tendance à s ’aligner sur cette 2 084 autres (1,45 million d’habitants et
nouvelle jurisprudence. On a par ailleurs de 71 000 km2) étaient en cours d ’élaboration i
plus en plus, surtout dans les communes (dont 148 dans des communes couvertes par '■
rurales, établi des pos au contenu minimal : une carte communale) et 4 804 pos (19,3 mil- i1
délimitation des zones constructibles et règles lions d’habitants et 114 000 km2) étaient en .!
d ’utilisation du sol (sans c o s ni hauteurs révision pour devenir des plu . j
maximales des constructions). Les plu doivent, par rapport aux po s , élar
À défaut d’un renforcement des schémas gir le champ des dimensions couvertes en pre- '
directeurs et de l’obligation d’en établir dans nant davantage en compte des aspects tels que ’
les zones urbaines et dans les zones fragiles, la politique de l ’habitat, les déplacements,
la solution retenue est l’élaboration par l’État l’environnement, etc. En revanche, les aspects ;
des directives territoriales d ’aménagement relatifs à l ’utilisation des sols y tiennent une !
(d ta ), prévues par la loi d ’orientation pour moindre place. Sur leur portée, aucune des j
l ’aménagement et le développement du terri
toire du 4 février 1995. Mais il aurait égale
réserves formulées ci-dessus ne semble avoir
trouvé de réponse dans cette mutation. La loi
Jj
ment fallu réglementer les modifications du Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003 et deux i
pos (ou du plan local d’urbanisme qui le rem décrets de 2009 incitent même à la modifica- j
place), soit en instituant une durée minimale tion plutôt qu’à la révision des plu et la loi du j
(cinq ans?) au Cours de laquelle ce plan ne 17 février 2009 crée même, dans certains cas, !
peut subir de modifications (mais peut être une procédure de révision sim plifiée sans i
révisé, ce qui suppose une procédure lourde, enquête publique. ;j
ou mis à jour). Il aurait surtout fallu contrôler
le contenu des modifications, ce que les pré A. G. et P. M. |
fets ne font pratiquement pas, et mettre ainsi -> Approbation ; Carte comm unale ; Code de l'urbanisme ; Coef- j
fin à la quasi-clandestinité de ces modifica ficient d'occupation des sols (cos) ; Documents d'urbanisme ; !
Emplacements réservés aux équipem ents; Enquête i
tions qui va parfois jusqu’à passer outre à des publique; Espace boisé classé; Plafond légal de densité i
projets d ’intérêt général. ( p l d ) ; Planification urbaine en France (historique) ; Plan local :
d'urbanisme ( p l u ) ; Projet d'intérêt général ( p i g ) ; Publication ;
La loi Solidarité et renouvellement urbains Schéma directeur; Zone d'aménagement concerté ( z a c ) . , i
du 13 décembre 2000 a prévu le remplacement
du pos par un plan local d ’urbanisme (plu ) de
portée plus large. Des modalités transitoires, qui PLAN D'URBANISME (DIRECTEUR,
soulignent la continuité entre les pos et les plu , COMMUNAL, DE DÉTAIL) - Planification
ont été définies par la loi. Les pos approuvés urbaine en France (historique)
avant cette date demeurent en vigueur jusqu’à
leur révision en étant soumis au régime juri
dique des plu . Les pos rendus publics avant PLAN GÉNÉRAL DE NIVELLEMENT
cette date demeuraient opposables, mais leur ET D'ALIGNEMENT -* Planification urbaine
approbation selon le régime des pos devait en France (historique)
PLAN LOCAL D'URBANISME
673
— fixer les em placem ents réservés (voies, plu et doit présenter, de façon sim ple et accès-' tj
équipem ents, espaces verts) ; sible à tous, le projet urbain de la com m une (ou ;j
— localiser, dans les zones urbaines, les des com m unes) qui peut com prendre des pro
terrains cultivés à p rotéger et inconstructibles ; je ts plus d étaillés (un quartier, u n e z a c , un' ,i |
— délim iter les secteurs où la délivrance espace public, etc.); la loi du 2 juillet 2003 a,i
du perm is de construire p e u t être subordon sur ce point, précisé la loi sru : elle a distingué !jj
née à la dém olition de bâtim ents existants ; le padd, dont il a supprim é l’opposabilité directe ,j j
— délim iter les zones d ’assainissem ent par crainte q u ’elle ne soit source de contentieux)! ■f
(cf. loi su r l ’eau d u 3 ja n v ie r 1992) ; et les orientations d ’am énagem ent ; le padd tra-’ u
■
— fixer une superficie m inim ale des ter duit l’économ ie générale du plan et donc fixe la I j
rains constructibles en cas de contraintes liées limite entre les procédures de m odification (le: j
à u n assainissem ent n o n c o lle ctif ; padd doit être respecté) et de révision (toute la j
/ — fixer, dans les zones urbaines et à u rba procédure est reprise et le padd est m odifié) ; j
niser, des coefficients d ’occupation d u sol c ’est donc u n projet global, la vision stratégique |
(c o s) déterm inant la densité m axim ale des p o u r l’ensem ble de la com m une, qui doit se j
constructions et préciser les conditions de traduire à travers les parties du padd qui ont une i
transfert de c o s dans les zones à p rotéger sur valeur juridique : le règlem ent du plu , obliga- :
le plan paysager ; toire et concernant toute la com m une, et p a r ,
— préciser (de façon obligatoire), dans les des orientations d ’am énagem ent facultatives '
za c , la localisation des principales voies et propres à certains secteurs ;
des espaces publics, celle des équipem ents — des orientations d ’am énagem ent, pro jets |
publics et des espaces verts, et (de façon détaillés facultatifs, concernant des secteu rs :
facultative) la surface de p lancher construc présentant u n intérêt particulier (centre-ville, ;
tible ; espace public, za c , quartier spécifique, entrée ■
— instituer, dans les zo n es urbaines, des d e ville, etc.) e t qui d o iv en t c o n n aître u n e ;
servitudes consistant soit à interdire, p o u r é v o lu tio n s ig n ific a tiv e (d é v e lo p p e m e n t, ;
cinq ans au m axim um , les constructions dans re stru c tu ra tio n ) ; e lle s o n t u n e v a le u r ju r i
u n périm ètre dans l ’attente de l ’approbation dique, c ’est-à-dire que les opérations précises
p a r la com m une d ’u n plan d ’am énagem ent de c o n stru ctio n et d ’a m é n ag em en t d o iv e n t
g lo b al; soit à réserver des em placem ents les re s p e c te r d a n s le u r e sp rit e t n o n à la 1
p o u r des program m es de logem ent q u ’il lettre; '
définit ; soit à délim iter des terrains destinés — le règlem ent, qui doit être cohérent avec
à la réalisation de voies, d ’équipem ents ou le padd et qui p ré c ise d ’u n e p a rt les rè g le s
d ’espaces verts. d ’affectation des sols (zonage), d ’au tre p art
les règles d ’u tilisation des sols, règlem ent lar
Bien que la loi sru ne détaille guère le gem ent différent de celui des pos ; *
contenu du dossier du plan local d’urbanisme, — les docum ents graphiques plus com plets 1
celui-ci comprend : q u e dan s le po s e t o p p o sa b le s : ils d o iv e n t ;
— u n rapport de présentation qui, com m e fa ire a p p ara ître e t d é lim ite r av ec p ré c isio n j
p o u r le pos , constitue l ’exposé des m otifs du notam m ent, s ’il en existe : i
plan, qui en expose et ju stifie les options ; il • les espaces boisés classés ; :
est obligatoire, m ais n ’a pas de valeur ju ri • les em placem ents réservés (y com pris :
d iq u e ; il p ré se n te u n « d ia g n o s tic » q u i p o u r des logem ents sociaux) ; ’j
d é ta ille la situ a tio n a c tu e lle e t c o n tie n t • les zones où les installations, perm a- ;j
u n e a n a ly se p ro s p e c tiv e d e s b e so in s, d é s nentes ou non, les plantations, les dépôts, les j
c o n tra in te s e t d e s p o te n tia lité s d e la affouilleinents, les forages ou les exhausse- j
c o m m u n e e n m a tiè re d e c o n so m m a tio n m ents sont soum is à des conditions ; !
d ’esp a ce , de lo g em e n t, de d é v elo p p em e n t • les secteurs protégés en raison des richesses j
des activités, d ’am énagem ent et d ’environne du sol ou du sous-sol, où ne sont adm ises que j
m e n t; il précise n otam m ent l ’état initial de les installations d e m ise én valeur dé ces res- h
l ’environnem ent et les incidences sur celui-ci sources; [
des options retenues ; • les secteurs de reconstruction o u d ’am é
— le projet d ’am énagem ent et de développe nagem ent avec m aintien de la densité ;
m ent durable (padd ) qui constitué le cœ ur du • les zones de curetage ;
875 PLAN LOCAL D'URBANISME
• les périm ètres, délim ités p a r les plans de dans les conditions prévues par le padd o u par
déplacem ents urb ain s ( pdu ), com portant des transformation en zones U par modification ou
règles particulières en m atjère de stationne révision du plu ;
m ent ; — les zones agricoles (A), qui rem
• les zones de ski et de rem ontées m éca placent les zones NC des pos (les anciennes
niques ; zones NB disparaissent), mais qui sont
• les paysages, quartiers, îlots ou im m eubles exclusivement réservées à l’agriculture: les
à m ettre en valeur ; constructions de bâtiments agricoles et les
• les zones com portant des règles particu logements des agriculteurs ne sont tolérés
lières d ’im plantation des bâtim ents ; que s ’ils sont indispensables aux activités
• les terrains agricoles inconstructibles en agricoles ;
zone urbaine ; — les zones naturelles (N, anciennes zones
• les em placem ents réservés p our la constru ND des pos ), p réservées en tant que sites ou
ction de logem ents (notam m ent pour assurer la p aysages et p o u r leu r in térêt esthétique, h isto
mixité sociale) ; rique et écologique (m ais qui ne com prennent
• les zones en attente d ’u n pro jet global p lu s les zones de risques (inondations, ébou-
d ’am énagem ent ; lem ents, avalanches, m ines, carrières, etc.),
• les zones de transfert de c o s en zone à qui p euvent exister dans toutes les zones du
protéger ; plu ), qui p euvent recevoir des constructions
• les zones de gabarit, e n zone urbaine ou p a r transfert de c o s si celles-ci ne po rten t pas
d ’urbanisation future ; atteinte aux intérêts protégés.
— des annexes qui sont : Parmi les règles d ’utilisation des sols,
• d ’u n e part, des annexes inform atives: seules les règles d’implantation des construc
servitudes d ’utilité publique, lotissem ents tions sont obligatoires (il n ’y a pas d’article
ayant m aintenu leurs règles anciennes, réseaux obligatoire). Mais le règlement du plu peut
d ’eau, d ’assainissem ent, d ’élim ination des prévoir, comme c ’était le cas dans celui des
déchets, p lan d ’exposition aux bruits des aéro POS, des dispositions concernant les types
ports et prescriptions d ’isolation acoustique au d ’utilisation des sols autorisés ou non,
voisinage des infrastructures de transports ter l ’accès à la voirie, le stationnement, les
restres, plan de prévention des risques, zones réseaux (eau, électricité, assainissement,
agricoles protégées, etc. etc ), les caractéristiques des terrains, les
• d ’autre part, des docum ents graphiques plantations, l ’emprise au sol, la hauteur,
com plém entaires: secteurs sauvegardé, za c , l’aspect extérieur et surtout la densité (par
zones de préem ption, zones forestières sous l’intermédiaire de co s) des constructions. La
contrôle, périm ètres m iniers, etc. loi SRU avait supprimé la possibilité de fixer
une taille minimale des parcelles construc
L e zonage (règles d ’affectation des sols) tibles. La loi Urbanisme et habitat en a
com porte, dans les plu : ouvert la possibilité « lorsque cette règle est
— les zones u rbaines (U ) qui, com m e dans justifiée pour préserver l ’urbanisation tradi
les pos , sont celles où la capacité des équipe tionnelle ou l ’intérêt paysager de la zone».
m ents publics existants o u en cours de réali La même loi réintroduit aussi le contrôle du
sation perm et d ’adm ettre im m édiatem ent respect du co s (supprimé par la loi SRU) en
des constructions (m ais o n p e u t y refuser u n cas de division des terrains bâtis. Comme
perm is de construire si les réseaux prévus ne pour le POS, la règle d’urbanisme édictée par
doivent pas être réalisés im m édiatem ent), le règlement du plu peut prévoir soit une
subdivisées généralem ent selon la densité interdiction (par exemple, de construire ou
(c o s) autorisée, la d ivision en zones selon de lotir), soit des règles ou des lim ites à
l ’usage principal o u les activités dom inantes l ’occupation du sol, soit une prescription
devenant facultative ; (par exem ple, obligation de réaliser des
— les zones d ’u rbanisation future (A U , places de stationnement ou certains types de
anciennes zones n a des pos ), destinées à être plantation). Les constructions doivent res
urbanisées lorsque leur éq uipem ent le perm et pecter le règlement à la lettre (les déroga
tra ou sous form e d ’opérations d ’ensem ble tions mineures, possibles avec les po s , sont
(groupes d ’habitations, lotissem ents, zac ) exclues).
PLAN LOCAL D'URBANISME 570
— dans les communes littorales, au président Le conseil municipal organise un débat sur
de la section régionale de la conchyliculture. les orientations du projet d’aménagement et
de développement durable ( padd ) retenu au
7 . 3. Publication de cette délibération : plus tard deux mois avant l'examen du projet
— par affichage en mairie pendant un mois, de plu (en cas de révision, ce débat peut avoir
— par mention dans un journal lu dans le lieu lors de la mise en révision du plu ).
département.
À compter de cette publication, le sursis à
statuer peut être opposé aux projets qui 3. Arrêté du projet de plu et enquête publique 1
pourraient compromettre l'exécution du plu .
3 . 7. Arrêté du projet de p l u
Le conseil municipal :
2. Élaboration du projet de plu et débat — dresse le bilan de la concertation;
— arrête le projet de plu.
2. 7. Porter à connaissance par le préfet
Le préfet: 3.2. Avis des personnes publiques consultées
— porte à connaissance de la commune (ou Ce projet est:
de I'epci chargé de l'élaboration du plu ) — affiché en mairie pendant un m ois;
les informations nécessaires, notamment — soumis pour avis aux personnes publiques
relatives aux prescriptions et documents associées et, à leur demande, aux com
577 PLAN LOCAL D'URBANISME
munes limitrophes, aux epci directement commissaire enquêteur (à condition que ces
concernés et à I’ epci chargé d'élaborer un modifications n'altèrent pas l’économ ie
s c o t limitrophe : ceux-ci doivent donner générale du projet), est approuvé par délibé
leur avis dans un délai de trois mois (passé ration du conseil municipal.
ce délai, cet avis est supposé favorable).
4 . 2. M is e à la d is p o s itio n d u p u b lic
3 ■3. E n q u ê te p u b liq u e Le plu approuvé est tenu à la disposition du
— le maire demande au tribunal administra public.
tif de désigner le commissaire enquêteur
(un mois au m inimum avant l'ouverture 4 .3 . D é b u t d u ca ra c tè re e x é c u to ire d u plu
de l’enquête publique); Le plu approuvé est transmis au préfet.
— le maire publie l’avis d’enquête publique Le plu est exécutoire :
(15 jours au m inim um avant son ouver — - s’il existe un scot , dès sa transmission au
ture); préfet et sa mise à la disposition du public;
— le maire soumet le projet de plu à enquête — s’il n’existe pas de sc o t , un mois après
publique pendant un m o is: le dossier sa transmission au préfet, sauf si celui-ci
comprend le padd , le règlement, les docu notifie les modifications q u ’il estime
ments graphiques et, en annexe, les avis nécessaires, notamment poür assurer la
des personnes publiques consultées compatibilité avec les docum ents de
(l’enquête publique peut valoir pour la niveau supérieur, avec les principes
déclaration d’utilité publique des travaux s'appliquant à tous les docum ents
prévus dans une zac si le plu en prévoit d’urbanism e: dans ce cas, le plu n'est
une); exécutoire qu'après transmission au pré
— le commissaire enquêteur remet son rap fet des modifications demandées.
port dans un délai d’Un mois.
Note : Lorsque la com mune fait partie d'un epci com
pétent en matière de plu , il convient de remplacer « la
4. Approbation et exécution du plu com mune » par « I'epci compétent en concertation avec
chacune des communes concernées» et «le m aire »
du
4 . 7. A p p ro b a tio n plu par « le président de I'epci com pétent» Dans ce cas, le
Le plu , éventuellement modifié, suite notam débat public est également organisé au sein des
ment aux avis des personnes publiques, aux conseils municipaux des communes concernées et le
observations du public et au rapport du projet de plu arrêté leur est soumis pour avis.
boration, ainsi que les présidents des epci d’application anticipée possible d’un plu en
voisins et que les maires des communes voi révision) est son opposabilité (la loi du 2 juillet
sines. Le maire peut en outre recueillir l ’avis 2003 précise que celle-ci ne concerne que le
de tout organisme ou association compétent, règlement et les documents graphiques, donc
y compris des collectivités territoriales des à l’exclusion du padd , et mentionne la compa
États limitrophes, le cas échéant. Les asso tibilité avec les orientations particulières) à
ciations agréées sont consultées à leur toute personne publique ou privée pour l’exé
demande. cution de tous travaux, constructions, planta
Le conseil municipal (ou l’organe délibé tions, affouillements ou exhaussements de
rant de I’epci et les conseils municipaux de la sol, pour la création de lotissem ents et
ou des communes concernées) débat sur les l’ouverture d ’installations classées, qu’elles
orientations générales du projet d’aménage soient soumises ou non à autorisation. Un plu
ment et de développement (padd ) au plus tard approuvé depuis plus de six mois ouvre, au
deux mois avant l ’examen du projet de plu même titre que le po s , la délivrance des auto
(éventuellement dès la mise en révision en risations d’utilisation du sol par le maire (ou
cas de révision d’un document existant). Le par le président de I’epci qui a compétence en
conseil municipal arrête le projet de p l u , matière d’urbanisme). La déclaration d’utilité
affiche cette décision et soumet le projet pour publique d ’une opération non compatible
avis aux personnes publiques associées à son avec le plu nécessite une enquête publique
élaboration ou consultées lors de celle-ci, qui ouverte par le préfet (qui porte à la fois sur
donnent leur avis (dans leur domaine de com l’opération et sur la mise en compatibilité du
pétences) dans un délai de trois mois (faute de plu ) après examen _conjoint de cette mise en
quoi il est réputé favorable). Le maire soumet compatibilité par l’État, la commune, les orga
alors le projet (rapport de présentation, padd , nismes associés à l ’élaboration du plu et après
documents graphiques, règlement et annexes) avis du conseil municipal. Le propriétaire
à enquête publique (s’il y a une za c , cette d’un terrain réservé par un plu ou grevé par le
enquête peut valoir enquête préalable à la plu d’une servitude peut exiger l ’acquisition
déclaration d’utilité publique des travaux qui de celui-ci par la collectivité ou le service
y sont prévus) avec, en annexe du dossier, les public bénéficiaire de cette réservation (droit
avis des personnes publiques consultées. Le de délaissement).
p l u , éventuellement modifié (les modifica
tions adoptées à la suite de l’enquête publique Le plu peut faire l ’objet de révision, de
ne doivent pas porter atteinte à l ’économie modification ou de mise à jour et, depuis la
générale du projet), est approuvé par délibéra loi du 2 juillet 2003, de révision simplifiée
tion du conseil municipal. Il est transmis au ou, depuis celle du 17 décembre 2009, de
préfet et tenu à la disposition du public. S ’il modification simplifiée.
n’y a pas de scot, le plu ne devient exécutoire — La ré v isio n s ’effectue dans les mêmes
qu’un mois après sa transmission au préfet. formes que l’élaboration du plu . Elle peut ne
Celui-ci peut demander des modifications si porter que sur une partie du plan. La délibéra
le plu n ’est pas compatible avec la dta ou tion du conseil municipal qui prescrit la révision
avec les dispositions particulières aux zones précise ses objectifs et les secteurs concernés.
de montagne et du littoral ; ou s’il compromet Une procédure de révision d’urgence, pour
gravement les objectifs généraux des docu prendre en compte un projet d’intérêt national,
ments d’urbanisme exposés dans la loi s r u ; peut comporter un examen conjoint des per
ou s ’il y .a des incompatibilités manifestes sonnes publiques associées et une enquête
avec l ’utilisation ou l’affectation des sols des publique portant à la fois sur ce projet et sur la
communes voisines ; ou s ’il compromet la révision du plu .
réalisation d’une dta , d’un scot , d’un schéma — La m odification , qui suppose qu’il ne soit
de secteur, d’un sm vm . Le plu devient exécu pas porté atteinte à l’économie générale du plan,
toire dès transmission au préfet des modifica donc que le padd ne soit pas changé, s’effectue
tions demandées. par délibération du maire après enquête
publique. Elle ne peut réduire un espace boisé
Le principal e ffe t ju r id iq u e d e l ’a p p r o b a classé ou une protection de zone agricole ou
p l u (il n’y a pas, contrairement au po s ,
tion d u naturelle. Le projet de modification est notifié,
579 PLAN LOCAL D'URBANISMÊ
avant l’ouverture de l’enquête publique, au pré zac. Les pos rendus publics avarit le 1er avril
fet (ce qui n’était pas le cas pour la modification 2001 demeurent opposables, mais leur appro
du pos ), au président du conseil général et aux bation (ou leur révision dont le contenu a été
personnes publiques associées. Dans l’esprit de arrêté par le conseil municipal) selon le
la loi du 2 juillet 2003, la modification doit régime des pos a dû intervenir dans un délai
devenir la règle générale ; la révision, l’excep d’un an. Les paz arrêtés avant cette date sont
tion. En particulier, la transformation d’une maintenus, mais devront être intégrés aux
zone d’urbanisation future (au ) en zone urbaine futurs p l u . Les prescriptions d’élaboration
(U) peut se faire par modification si cette trans ou de révision d ’un pos antérieures à cette
formation est en cohérence avec le padd . date valent prescription d ’élaboration ou de
— La révision simplifiée peut être utilisée révision d’un plu mais doivent comporter une
pour permettre la réalisation d’un projet pré concertation avec les habitants. Au 1er juillet
sentant un intérêt général pour la commune ou 2004, il y avait 9 590 pos approuvés encore
pour la collectivité, quand celui-ci réduit un en vigueur et 6 250 autres qui avaient été mis
espace boisé classé ou une zone agricole ou en révision (qui devaient donc devenir des
naturelle, ou qu’il nécessite un changement du PLU). . . .
padd (ce qui interdit la procédure de modifica Malgré ces similitudes indéniables et la
tion). Comme dans la révision d’urgence, le continuité entre les plans locaux d’urbanisme
bilan de la concertation et l ’éventuel débat sur et les plans d ’occupation des sols, il existe
le changement du padd ) sont reportés à la des différences significatives^ tant dans les
séance du conseil municipal qui approuve la mécanismes prévus que dans la portée de ces
révision simplifiée. deux générations de documents d’urbanisme
— La modification simplifiée a été introduite à l ’échelle locale, les premières traduisant
par la loi du 17 février 2009. Il s’agit, d’une part, souvent les secondes dans les textes et dans
de permettre, jusqu’à fin 2010, l’implantation les procédures. Parmi les premières, on souli
de constructions en limite séparative, d’autre gnera:
part, de rectifier une erreur matérielle du plu ou — l ’institution d u p ro jet d ’am énagem ent et
de modifier des éléments mineurs de celui-ci. de développem ent durable (padd ), véritable
En fait, ces modifications mineures peuvent être cœ ur du dossier du plu (m êm e si son contenu
significatives, puisqu’elles permettent d’aug était peu précisé dans la loi sru ) ;
menter, dans la limite de 20 % le ces , le cos — l’obligation de couvrir l’intégralité du
ou la hauteur des constructions, de diminuer territoire de la commune (ou des communes) ;
l’obligation de recul ou de diminuer de 20 % la — l’absence d’article obligatoire dans le
surface minimale de terrain. Cette modification règlement du plu ;
simplifiée ne comporte pas d’enquête publique, — le n ouveau zonage qui supprim e notam
mais un porté à connaissance du public pendant m en t les zones n b des pos (zones naturelles
au moins un mois. ordinaires destinées à une urbanisation dif
fuse), ju g ées à ju ste titre trop favorables au
Le plan local d’urbanisme présente de nom « m itage » des espaces n o n urbanisés ;
breuses similitudes avec le plan d’occupation — la place plus réduite faite aux règles de
des sols qu’il remplace. Des modalités transi densité et à l’utilisation des co s ;
toires ont été définies par la loi SRU concer — l ’obligation d ’u n débat public (en fait
nant les po s , mais aussi les paz , puisque ce organisé au sein d u conseil m unicipal) su r les
document spécifique est supprimé par la loi orientations du plu avant que le p ro jet de plu
sr u dans les nouvelles Za c . Les po s (ét ne soit arrêté (donc avant l ’enquête p ublique) ;
les paz ) approuvés avant le 1er avril 2001 — la suppression des possibilités d’appli
demeurent en vigueur jusqu’à leur révision en cation anticipée du plan en révision.
étant soumis au régime juridique des plu . Les Il est possible, près de dix ans après la sru ,
po s (et les pa z ) peuvent être m odifiés ou d ’établir un bilan quantitatif provisoire du
révisés dans les mêmes conditions que les plu remplacement des POS par les plu et de l’élabo
(ce qui inclut la procédure de révision simpli ration de nouveaux plu dans des communes
fiée) ; s ’il s’agit d’une révision générale, ils non dotées de p o s . A u 1er janvier 2009,
doivent être mis en forme de plu , donc cou 12 048 pos ou plu étaient approuvés (corres
vrir l’intégralité de la commune, y compris les pondant à 37,55 millions d’habitants au recen-
PLAN PARCELLAIRE 580
sement de 1999 et à 195 000 km2), 2 084 autres d’urbanisme, et notamment des plu (c’était
plu étaient en cours d’élaboration (1,45 mil déjà un peu le cas des schémas directeurs,
lion d’habitants et 71 000 km2) et 4 804 pos mais ceux-ci étaient tombés en quasi-
en révision (19,3 m illions d ’habitants et déshérence), des instruments de développe
114 000 km2). On notera que, parmi les plu en ment économique et social de la commune
cours d’élaboration, 148 seulement concer (ou d’un groupe de communes). On attend
naient des communes dotées d ’une carte des plu qu’ils apportent une dimension dyna
communale. Au total, si toutes les procédures mique absente des pos , traduisant un projet
d’élaboration ou de révision en cours aboutis urbain réfléchi et argumenté, qui peut
saient, un peu plus de la moitié des communes comporter des actions volontaires (notam
( d o m compris), habitées par 58,3 millions ment des opérations d ’aménagement) qui
d’habitants et totalisant une surface de peuvent être détaillées dans le plu .
380 000 km2, seraient couvertes par un plu , On notera que le texte de la loi sru et
soit un peu plus que par les anciens pos . celui de la loi du 2 juillet 2003 recourent à
Il faut, sur le plan qualitatif, rappeler les un vocabulaire nouveau et volontariste : soli
objectifs poursuivis par le ministère chargé darité, renouvellement, cohérence, équilibre,
de l’équipement, à l’origine de cette réforme, concertation, etc. Il reste à mesurer si la pra
et adoptés par la représentation parlemen tique sera le reflet de ces intentions louables
taire. La principale différence réside dans et ambitieuses ou s ’il ne s ’agira que d ’un
l’ambition plus large des plu . Alors que les vernis formel et bavard pour masquer des
documents d’urbanisme à l’échelle commu pratiques très traditionnelles. A insi, la
nale, depuis les origines (loi de 1919) volonté (accentuée par la loi Urbanisme et
jusqu’aux pos , avaient pour mission de fixer habitat du 2 juillet 2003) de privilégier la
les règles d’affectation et d ’utilisation des modification (procédure légère) des plu par
sols (et notamment les droits à construire), le rapport à leur révision (procédure lourde) et
plu constitue un véritable projet d’aménage l’institution de la révision simplifiée, dont le
ment et de développement durable (ce que champ a été étendu par deux décrets de 2009
traduit notamment le padd ). L’article 1er de peuvent apporter le meilleur (un dynamisme
la loi sru , et notamment les dispositions qui accru du plu ) comme le pire (une adaptation
forment la nouvelle rédaction de l ’article empirique aux projets des agents écono
L 121-1 du Code de l ’urbanisme, précisent miques).
les objectifs de cette nouvelle génération de
P. M.
documents d’urbanisme (ils concernent donc
également les sc o t et les cartes comm u -> Approbation ; Carte communale ; Code de l'urbanisme ; Coef
nales): équilibre, diversité des fonctions et ficient d'occupation des sols (cos) ; Documents d'urbanisme ;
Emplacements réservés aux équipem ents; Enquête
mixité sociale, utilisation économe et équili publique; Espace boisé classé; Plan d'occupation des sols
brée des espaces. Ces principes dépassent ( ); ( );
pos Plafond légal de densité pld Planification urbaine en
( );
France (historique); Projet d'intérêt général pig Publica
largement les seules préoccupations d’organi ( );
tion; Schéma de cohérence territoriale scot Zone d'amé
sation de l’utilisation de l’espace. Certes, au (
nagement concerté zac ).
fil des textes législatifs, la nécessité de com
patibilité (ou de prise en considération) avec
les dta , les pig , les lois d’urbanisme (Mon PLAN PARCELLAIRE — Parcellaire ; Plan
tagne, Littoral et Abords des aérodromes),
les plh , les pdu , etc., avait été introduite dans
les po s , mais sans bouleverser leur économie PLAN QUINQUENNAL —> Contrat de plan
générale. La loi sru fait une large place aux État-région ; Planification ; Planification
soucis, appams après l’institution des p o s , économique
de préservation de l ’environnement, d ’écono
mies d’énergie et d ’espace, de renouvelle
ment de la ville sur elle-même, bref de ce PLANIFICATION
qu’on appelle peut-être par facilité et par
conformité à la mode le « développement Processus qui fixe (pour un individu, une
durable». Plus ambitieuse encore est la entreprise, une institution, une collectivité
volonté de faire des nouveaux documents territoriale ou un État), après études et
581 PLANIFICATION
l’Union européenne). Ils sont désormais pré deux sens, entre les réseaux de transport et
sentés comme découlant de la loi Voynet du l’occupation du sol, la planification des trans
25 juin 1999 sur l’aménagement et le dévelop ports doit être menée en liaison étroite avec là
pement du territoire. Outre les contrats État- planification spatiale ou territoriale (urba
région et les contrats de ville, la période 2000 nisme ou aménagement du territoire selon
2006 a vu apparaître les contrats de pays, les l’échelle). i
contrats d’agglomération et les contrats dépar En raison du coût élevé des infrastructures
temental et régional, puis les contrats de site de transport, mais surtout de la longue durée
en 2003. des études (quelques années), des processus
La réforme des contrats de plan, décidée en de prise de décision (quelques années, parfois
2006 pour les nouveaux contrats de projet des décennies), de réalisation (en années et
État-région de la période 2007-2013 vise à souvent en décennies) et d’utilisation (plur
renforcer à nouveau la dimension stratégique sieurs générations), la planification des trans
de ces contrats. Un ajustement annuel des pro ports s’entend à moyen terme (cinq à dix ans),
grammations est effectué, avec réexamen sys mais plus souvent à long terme (de vingt ans à
tématique des projets non engagés dans les une génération), l’horizon à retenir dépendant
délais prévus, par un groupe d’étude et de de la taille de l’agglomération, de son rythme
suivi des contrats de plan Etat-région ( g es - de croissance et de l’ampleur des problèmes
per ). Ces contrats s’intégrent dans le cadre de abordés.
la stratégie européenne dite de Lisbonne La méthodologie générale de la planifica
(adoptée au Conseil européen de mars 2000). tion des transports comporte :
Conformément à cette dernière, les objectifs — la connaissance de l’offre (par les statis
prioritaires affichés pour la cinquième généra tiques des transporteurs en particulier) et sur
tion de contrats État-région (2007-2013) sont tout de la demande (par des enquêtes sur la
la compétitivité et l’attractivité des territoires, mobilité) actuelles ;
la dimension environnementale du développe — l’analyse de la mobilité actuelle, la
ment durable et la cohésion sociale et territo construction et l’ajustement de modèles capables
riale. Le montant des financements prévus de représenter mathématiquement, avec un taux
pour ces 26 nouveaux contrats de projets et d’erreur acceptable, cette mobilité ;
les 10 contrats interrégionaux de massifs et de — la prévision des données exogènes aux
fleuves est de 36,7 milliards d ’€. Comme transports : évolution démographique et éco
pour les périodes précédentes, l ’engagement nomique (emploi, revenus, motorisation) et
de l’État est, par habitant, plus important dans développement urbain (localisation des rési
les régions les plus pauvres ( d o m , Corse, dences, des activités, etc.) ;
Limousin, Auvergne, etc.) et plus faible dans — une réflexion prospective sur l’évo
les plus riches (Île-de-France, Alsace, Pays de lution possible des comportements, qui se
la Loire). traduit par la fixation des paramètres des
P. M. modèles mathématiques, en vue de leur appli
cation aux prévisions exogènes précédentes ;
-> Contrat de plan État-région; Contrat d'agglomération; — l ’application des modèles aux prévisions
Contrat de pays; Contrat de site; Contrat de ville; Planifica
tion économique ; Planification spatiale. exogènes pour connaître la demande future,
répartie dans l ’espace (origine-destination),
dans le temps (détermination de la demande
PLANIFICATION DES TRANSPORTS d’heure de pointe), par mode de transport et
éventuellement par itinéraire ;
Établissement de programmes, spatiaux et — la détermination des réseaux de transport
économiques, déterminant la demande prévi optimaux, par comparaison de la demande pré
sible à l’horizon temporel étudié, les investis vue à l’offre actuelle puis par une évaluation
sements à réaliser pour la satisfaire, leur des gains de coût généralisé et des accessibili
échelonnement dans le temps et leurs consé tés, l’étude de la rentabilité des infrastructures
quences prévisibles, en particulier sur le déve nouvelles ainsi envisagées, la préparation
loppement urbain et la localisation des d ’une décision de réalisation (ou non) et d’un
activités et des équipements. En raison des échelonnement dans le temps des investisse
interactions possibles et prévisibles, dans les ments ;
583 PLANIFICATION ÉCONOMIQUE
— l ’étude des conséquences (impact) des gement du territoire (à l’échelle des régions et
infrastructures nouvelles envisagées sur le du pays).
développement urbain, et la correction éven P.M.
tuelle, pour les mettre en harmonie, des prévi
sions de réseaux et/ou des prévisions d’urbani -+ Coût de fonctionnement des transports; Coût d'investisse
ment des transports; Coût social; Modèle de transport;
sation. Moyen de transport ; Plan de déplacements urbains ; Tarifica
Une telle procédure doit être itérative, tion {des transports).
XIIe plan. Le Commissariat général du Plan ralement considéré comme une approche
(cgp) s’est seulement vu demander d’établir intermédiaire entre la planification rigide des
un rapport sur les perspectives à moyen terme économies socialistes et l’absence volontaire
(de trois à cinq ans) qui, remis fin 1999, a été de toute planification, au nom du libéralisme
soumis à l ’avis du Conseil économique et économique et du primat de la libre entrer
social et a été présenté au Parlement en 2000 prise. À l’inverse, dans le système soviétique
lors d’un débat sans vote. En 2006, le cgp a (imité dans les autres pays socialistes), le
été remplacé par le Conseil d’analyse straté gosplan (Comité d’État pour la planification
gique. économique) jouait le rôle de superministère
Si la procédure d’élaboration des plans asso qui gouvernait les choix de nombreux minis
ciait étroitement les « partenaires sociaux » tères spécialisés et auquel était même subor
(représentants du monde économique et des donnée la planification spatiale menée par le
milieux d’affaires, syndicalistes, responsables gosstroi (Comité d ’État pour la construc
des administrations), elle s’appuyait aussi sur tion), aussi bien à l’échelle de l’aménagement
des outils spécifiques : comptabilité nationale du territoire (équilibre Russie-Sibérie-Asie
prévisionnelle à court terme (les budgets éco centrale, notamment) qu’à celle de l ’urba
nomiques) et modèles de planification (le nisme et surtout des décisions d’implantation,
modèle dynamique multisectoriel de la divi des unités de production ou des équipements.!
sion des programmes de I’insee), ainsi que sur Mais, même dans les pays prônant le libéra
les travaux des grands instituts de prévision lisme absolu, dont les Etats-Unis représentent
(Observatoire français de la conjoncture éco le m odèle le plus achevé, les pouvoirs
nomique) ou des centres de recherche univer publics - le gouvernement fédéral essentielle
sitaires. ment - interviennent pour aider certains sec
La planification économ ique au niveau teurs de l’économie, au gré des pressions des
central et la planification urbaine n ’ont pas milieux professionnels, des besoins ressentis
toujours été conçues conjointement. En par l ’opinion ou des pressions politiques:
France, il a fallu attendre le printemps 1959 c ’est ainsi qu’ont été, dans le domaine des
pour qu’une certaine liaison entre l ’urba transports, largement subventionnées les
nisme traditionnel et la planification macro autoroutes de liaison Interstate highways,
économique soit établie par le biais des pro années 1950), puis les autoroutes urbaines
grammes de modernisation et d’équipement (années I960) et, enfin, la construction de
des agglomérations. Si les villes ont été prises métros dans les grandes villes (décennie
en considération dans la planification macro 1970).
économique, c ’est davantage comme pôles La planification économique nationale et
de croissance régionale que comme foyers la planification régionale ont été m ises en
autonomes de progrès. Au seuil de la décen cohérence, à travers la procédure des contrats
nie 1990, la perspective a quelque peu changé de plan État-région, conformément à la loi
et le Commissariat général du Plan, relayé Rocard du 29 juillet 1982 sur la planification.
par la datar, a mis l’accent sur le rôle des Il s’agissait de développer à l’échelle régio
grandes villes dans la croissance et le pro nale des programmes et des projets concrets
cessus d ’internationalisation des économies. compatibles avec les objectifs du plan natio
Les contrats de ville ont été expérimentés nal. Les contrats de plan État-région ont cou
au X e plan (1989-1993) et la procédure a vert trois quinquennats (1984-1988, 1989
été généralisée au XPplan (1994-1998) et 1993 et 1994-1998, ces derniers ayant été
renouvelée pour les périodes suivantes de prolongés d’un an en 1999). Ceux de la qua
planification. Ils ont été remplacés, pour la trième génération couvrent la période 2000
période actuelle (2007-2013) par les contrats 2006, soit sept ans. Ils intègrent, dans leur
urbains de cohésion sociale. Les contrats volet territorial, les contrats urbains de cohé
d ’agglomération, et les contrats de pays ont sion sociale et les conventions de pays et
été institués lors delà période 2000-2006, les d’agglomération (ex-contrats).
contrats de site en 2003. Le bilan de la première période fait appa
Le système fiançais de planification écono raître la prépondérance des réalisations
mique, qui a lui-même évolué au cours d’une d ’infrastructures de transport (environ 40 %
histoire longue d’un demi-siècle, était géné des financements globaux contractualisés),
585 PLANIFICATION RÉGIONALE
suivis par les actions de politique économique naux s ’ajoutent 5 contrats interrégionaux de
sectorielle (17 %), d’action sanitaire et sociale massif et 5 aütrés de fleuves.
(11 %), de formation (10% ) et d’enviromie- Si le système français de planification éco
ment (7% ): l ’aménagement de l ’espace ne nomique, malgré ses évolutions au cours d’un
représentait que 6 %. Au cours de la seconde dem i-siècle ét des dix plans successifs de
et de la troisième générations de contrats de 1946 à 1993, incarnait une voie m oyenne
plan, cette tendance s’est confirmée : les infra entré là planification rigide des économ ies
structures ont absorbé respectivement 24 % et socialistes et le libéralisme anglo-saxon, il
36%, les programmes de réhabilitation des s’est progressivement, et surtout au cours des
logements ( pact) et la politique des villes trois dernières périodes de planification, rap
12 % et 13 %, la formation et la recherche 9 % proché du second.
et 18 %, l ’emploi et lé développement écono ' ' P,-H. D. et P. M.
mique 8% et 14%, etc. Pour la quatrième
génération de contrats de plan, l’État devait Contrat de plan État-région; Planification; Planification spa
tiale- : ,
apporter 17,510 milliards d’€ hors territoires
d’outre-mer, grands programmes et pro
grammes interrégionaux (829 millions pour
ces derniers) et les régions 17,753 milliards, PLANIFICATION RÉGIONALE
auxquels devaient s’ajouter les contributions
de l ’Union européenne (environ 9 milliards Encadrement par les pouvoirs publies du
d’€), d’autres collectivités territoriales (dépar développement économique et social à l ’aide
tements, communes et leurs groupements : d’un plan, grâcè à la mise en oeuvre d’iristru-
plus de 9 milliards) et d ’autres partenaires ments spécifiques. On parle de plan tant que
(organismes consulaires, etc.) et un avenant l’action menée n ’implique pas la localisation
«marée noire et inteittpéries>>’(6 l0 millions précise des implantations décidéès ; on parle
d’€) ajouté en 2000. Les contrats de plan de d ’aménagement lorsque les documents éla
cette quatrième génération ont comporté deux borés indiquent les lieux, axes ou aires où les
volets : le volet régional concerne les projets interventions doivent avoir lieu.
qui concourent au développement de l’espace Uné action de planification régionale peut
régional dans son ensem ble (équipements être conçue de deux manières : elle peut appa
structurants, telles les infrastructures de trans raître comme la spécification, pour chacune
port ou les établissements universitaires, par des entités territoriales d’un pays, des actions
exemple) ; le volet territorial ceux qui d’encadrement décidées au niveau national ;
concourent au développement local et à une elle peut résulter de décisions prises et appli
meilleure utilisation du territoire (investisse quées dans le cadre des régions. Dans le
ments de proximité, opérations d’animation second cas, un problème de coordination se
destinées à favoriser la création d’activités, pose, de manière à éviter que les régions ne se
prise en compte de l’environnement) en liai nuisent en essayant d’attirer chacune une part
son avec les nouveaux contrats de pays et disproportionnée des investissem ents p os
d’agglomération. sibles, ou à éviter aussi que les ambitions
Pour la période 2007-2013, ces contrats régionales ne compromettent la réalisation des
ont été rebaptisés «contrats de projet État- objectifs nationaux.
région». Cette modification terminologique a L’accent a été mis longtemps, en France,
pour objet de souligner qu’on vise à renfor sur la coordination entre les divers niveaux :
cer la dimension stratégique de ces contrats. la planification régionale, imaginée en 1955
Un ajustement annuel des programmations et menée par l ’État et ses administrations,
sera effectué avec réexàriien systématiqué avait deux volets. La DATAR concevait, pour
des projets non engagés dans les délais pré le compte du Premier ministre, les actions
vus. Conformément à la stratégie européenne d’intérêt national; au moment de l ’élabora
dite de Lisbonne, les objectifs prioritaires tion des plans nationaux, une navette avec
affichés sont la compétitivité et l’attractivité les régions Consultées permettait de répartir
des territoires, la dimension environnemen un certain nombre de crédits en tenant
tale du développement durable et la cohésion compte à la fois des objectifs nationaux et
sociale et territoriale. Aux 26 contrats régio des objectifs régionaux. Cette première for-
PLANIFICATION SPATIALE
mule, mise en œuvre à partir de 1962, a été — celle de la région, d’un massif, d’une
complétée par l ’apparition d ’une marge dé bande littorale : c ’est l’échelle de la planificai
manœuvre régionale réelle en 1972 : les éta tion régionale ; •
blissem ents publics régionaux pouvaient — celle d ’un quartier, d’une ville ou d’unej
lever des impôts et financer leur action direc agglomération : il s’agit alors d’urbanisme ;
tement. • • — celle d’un îlot ou d’un petit groupe dq
La décentralisation, en transformant les bâtiments et de leur environnement : on parle
régions en collectivités territoriales, a cpnduit alors de composition urbaine ; ,
à transformer les cadres de la politique régio — celle du bâtiment lui-même: c ’est le
nale. La loi Rocard du 29 juillet 1982 avait domaine de l’architecture. ;
prévu la négociation de contrats de plan La planification spatiale doit toujours
entre l’État et les régions. Des contrats de prendre en compte et analyser les données e(
ville ont été mis en place au début des années les contraintes naturelles, économ iques et
1990. humaines et tenir compte des objectifs fixéq
La loi Pasqua du 4 février 1995, puis la loi par les responsables élus de la population qui,
Voynet du 25 juin 1999, ont imposé l ’idée en dernier ressort, auront aussi à approuve^
que cette contractualisation devait également les plans établis. Élle s’inscrit dans le temps,
être menée avec des ensembles territoriaux qu’un horizon (et un échéancier) soit ou non
plus petits, mais plus vastes que la commune fixé dans le plan. ..
ou le canton. Les contrats de pays et les
P. M;
contrats d’agglomération jouent donc un rôle
central dans la quatrième génération (2000 Aménagement du territoire; Planification. ;
2006) des contrats de plan. Ils traduisent la
reconnaissance de trois niveaux de planifica
tion - l ’État, la région et le pays ou l’agglo PLANIFICATION URBAINE
mération - même si ces nouvelles unités
territoriales ne sont pas des collectivités terri Ensemble d ’études, de démarches, voire
toriales. Mais cette dualité entre la structure de procédures juridiques ou financières, qui
des collectivités territoriales et celle des permettent aux collectivités publiques de
unités de planification ne manque pas de connaître l ’évolution des milieux urbains,
poser des problèmes et illustre le débat entre de définir des hypothèses d’aménagement
départementalistes (hostiles à un rôle impor concernant à la fois l’ampleur, la nature et la
tant des régions ou des pays) et les régiona- localisation des développements urbains et
listes qui souhaiteraient au contraire voir le des espaces à protéger, puis d’intervenir dans
département s’effacer. la mise en œuvre des options retenues. Les
P. G. et P. M. documents d ’urbanisme, à cet égard, font
partie de la planification urbaine. ;
-*■ Aménagement du territoire; Aménagement régional; Mais cette expression n’a pas de signification
Contrat de plan; Pays; Planification; Planification spatiale;
Politiqué régionale; Région. précise et ne correspond pas à une démarche
particulière et organisée des pouvoirs publics.
P. M.
PLANIFICATION SPATIALE
Documents d'u rbanism e; Planification urbaine en France
(historique); Plan local d'urbanisme ( p l u ) ; Schéma d e cohé
Action visant à fixer, pour un territoire rence territoriale ; Urbanisme. :
donné, les objectifs de développement et de
localisation harmonieuse des hommes, de
leurs activités, des équipements et des moyens PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE
de communication. (HISTORIQUE)
La planification spatiale est complémen
taire, sans lui être nécessairement subordon 1/ Les origines
née, de la planification économique et sociale.
Elle peut s’exercer à différentes échelles : Si on excepte les plans anciens, visant
— celle du territoire national : on parle à embellir ou à restructurer les villes de
d’aménagement du territoire ; l ’époque - le plan des Artistes, sous la
587 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUEI
multiples, dont celle que la loi instituait, et à L’entre-deux-guerres n’en resta pas à cette
une enquête publique ; le conseil municipal législation initiale. En fait, la crise urbaine!
l’approuvait en dernier ressort et, s’il ne le produit de la négligence des autorités
faisait pas, après mise en demeure du préfet, publiques, de migrations démographiques
le projet était transmis au ministre de l’Inté vers les villes, d’une insuffisance des équipe:
rieur qui, après consultation facultative de la ments publics qu’on commençait à éprouve*
commission nationale, le faisait approuver dans les grandes agglomérations, perçait sous
par décret en Conseil d ’État. Toutefois, un la relative stabilité de la société française. Là
arrêté du préfet était suffisant pour les projets région parisienne devait, naturellement, deve
concernant les communes victimes de cata nir le lieu privilégié de l’éclosion de nouvelles
clysme. mesures. Il fallut au gouvernement trois ans
Le projet était établi par un homme de pour obtenir le vote de la loi du 14 mai 1932*
l ’art, désigné par le conseil municipal sur autorisant l ’établissement du «projet d ’amè-,
proposition du maire. Cette désignation nagement de la région parisienne» (le parp).
devait être faite dans les deux mois suivant Ce document couvrait un territoire de 35 km
la promulgation de la loi de 1919. À défaut, de rayon autour de Notre-Dame ; il concernait
le préfet devait mettre en demeure le 657 communes. Les projets d’aménagement,
conseil municipal de le faire et il y procé d’embellissement et d’extension devaient lui
dait lui-m êm e si cette m ise en demeure obéir. Une enquête publique et diverses
n ’était pas suivie d ’effet. Il en était de consultations jalonnaient sa procédure et,
même si le plan n ’était pas établi dans les point d’orgue solennel, il devait être approuvé
délais prévus. par une loi.
Tels sont les caractères essentiels de la pro L’équipe animée par Henri Prost, qui laissa
cédure d ’élaboration du projet d ’aménage son nom au plan, le présenta le 14 mai 1934;
ment, d’embellissement et d’extension. On y Il comporte :
retrouve les nécessités habituelles propres à — une carte au 1/50 000 (qui laisse la ville
garantir la compétence, l ’efficacité, la démo de Paris en blanc) ; ,
cratie locale, auxquelles, sous des modalités — un mémoire descriptif général de 7 pages
variées, on n’échappa plus sous les régimes seulement;
successifs ultérieurs. — un programme de servitudes (30 pages);
Par son contenu, le projet était un plan Un effort conceptuel et technique d ’une
d’urbanisme, c ’est-à-dire un projet global, ampleur exceptionnelle venait d’être accompli,
comportant : qui reçut un accueil réservé car, conformément
— un plan qui localise les équipements aux instructions du président du Conseil
publics futurs et en particulier la voirie ; Raymond Poincaré, il limitait considérable
— un programmé qui détermine les servi ment les possibilités de construction, protégeait
tudes hygiéniques, archéologiques et esthé les paysages et les espaces ruraux, etc., ce qui
tiques, les espaces libres à préserver, la hauteur appamt comme autant d’atteintes aux principes
des constructions, les réseaux divers (eau, assai des libertés locales et du droit de propriété.
nissement). Après enquête publique (1935-1936), modifi
Un arrêté du maire réglait les conditions cations puis nouvelle enquête publique (1938
d’application des mesures prévues par le plan 1939), le plan Prost fut approuvé par décret le
et le programme. 2 2 ju in l939, puis par une loi du 24 août 1941.
Divers auteurs estiment à 300 (sur Les projets d ’aménagement, d ’embellisse
2 000 communes concernées) le nombre de ment et d’extension des commîmes devaient
projets établis avant 1943 ; dans la région pari être subordonnés au projet d’aménagement de
sienne, 138 communes étaient tenues d ’en la région parisienne. Celui-ci, rendu oppo
avoir un : 75 en furent pourvues, plus 21 pour sable aux tiers par son approbation législative,
lesquelles il n ’était pas obligatoire d’en faire. le resta jusqu’en 1976, bien qu’il ait été mis en
On ne peut pas affirmer, en conclusion, que révision en 1944 et que d’autres documents
les communes firent preuve d’un engouement régionaux (non opposables aux tiers avant
excessif pour agir sur leur aménagement, ni 1976) lui aient succédé.
que l’État abusa de ses prérogatives pour les y Le principe du projet d’aménagement régio
contraindre. nal fut étendu au pays tout entier par décret-loi
589 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE)
du 25 juillet 1935 : ainsi virent le jour des pro rant, elle fut validée sans difficulté à la
jets régionaux d’urbanisme, dont les disposi Libération, par une ordonnance du 27 octobre
tions s ’imposent aux communes pour leurs 1945, appliquée jusqu’en 1958 et, malgré cer
propres projets (établis conformément aux taines mesures de déconcentration, on en
lois de 1919 et de 1924). La région, dans ce retrouve l’économie dans les textes jusqu’en
texte, était définie comme un simple ensemble 1983.
de communes. La procédure, très lourde, pré En vingt-quatre ans, les communes n’avaient
voyait une élaboration sous l’égide du préfet. pas vraiment usé avec zèle des prérogatives
Elle ne reçut pas, semble-t-il, d’application. que le législateur leur avait conférées ; elles ne
Les décrets-lois de 1935 constituent, en se plaignirent pas vraiment, durant les quarante
fait, la seconde génération (après les lois de années qui suivirent, de cette confiscation
1919 et 1924) du droit de l’urbanisme. Outre totale opérée sous le régime de Vichy. La légiti
les projets régionaux d’urbanisme (25 juillet), mité de l’État dans l ’initiative de l’établisse
ils concernent : ment des «plans d’urbanisme» et la délivrance
— l ’utilité publique de certains travaux des permis de construire, pour ne citer que
d’aménagement pour la défense nationale deux aspects, symboliques et importants à la
(25 juillet) ; fois, de la législation d’urbanisme, a été admise
—■l’extension du permis de construire, le sans peine dans notre pays et l’est demeurée
pouvoir accordé au préfet de surseoir à sta longtemps.
tuer, en région parisienne (25 juillet) ; La loi du 15 juin 1943 officialise l ’adminis
— la refonte et l ’amélioration de la législa tration de l ’urbanisme dénommée « déléga
tion sur l’expropriation qui est simplifiée et tion générale à l ’équipement national », créée
devient possible pour cause de plus-value, et en 1941, qui fut le maître d’œuvre du texte.
pour laquelle est instituée une procédure Elle organise les institutions consultatives
d’urgence (8 août) ; sur des bases sim ples : comité national
— les lotissements-jardins qui sont soumis d ’urbanisme de 23 membres (10 fonction
à autorisation (8 août) ; naires, 3 maires, 10 personnalités qualifiées);
— la lutte contre les locaux insalubres et commission départementale d’urbanisme de
les immeubles menaçant ruine (30 octobre 19 membres (8 fonctionnaires, 3 maires,
1935); 2 conseillers généraux et 6 personnalités qua
— les servitudes de viabilité sur les voies lifiées). Elle délimite des circonscriptions
publiques(31 octobre 1935). d’urbanisme et place un inspecteur général à
leur tête, fondant ainsi une nouvelle adminis
tration territoriale. Elle abroge l’ensemble des
3/ La guerre et l ’après-guerre: la loi du textes antérieurs et rationalise la législation
15 juin 1943 et la reconstruction des lotissements et du permis de construire.
Elle édicte le principe fondam ental selon
Par les décrets-lois de 1935, le droit de lequel les dispositions d ’urbanisme qui
l ’urbanisme avait accompli de grands pas, restreignent l ’utilisation du sol n ’ouvrent
mais il restait confus, incommode, embar droit à aucune indemnité quand elles ne modi
rassé. Il attendait une unification simplifica fie n t pas l ’état antérieur des lieux. Elle
trice et ordonnatrice. Elle vint avec la loi du fixe les conditions du remembrement urbain.
15juin 1943. Elle assortit les infractions au projet d’aména
Cette longue loi, puisque le texte en a la gement et aux autorisations de sanctions
qualité formelle, même s’il ne fut débattu par sévères. Elle normalise enfin les documents
aucun Parlement ni soumis pour avis à aucune d’urbanisme, en distinguant les projets d’amé
assemblée, excepté le Conseil d’Etat, mit en nagement intercommunaux et les projets
ordre la prolifération juridique antérieure; d ’aménagement communaux.
elle rendit intelligible un droit bourgeonnant Le projet d ’aménagement intercommunal
et constitue, de ce seul point de vue, un pro implique la création d’un groupement d’urba
grès essentiel. On sent à sa lecture qu’une nisme ; ce groupement est créé par décret,
pensée organisatrice, auparavant absente* après avis ou sur proposition des maires ou sur
s’exprimait avec vigueur. Son esprit était déli la proposition de l’inspecteur général d’urba
bérément étatiste et centralisateur. Au demeu nisme, après avis des conseils municipaux. Le
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE) 590
projet d’aménagement, qui s ’applique à tout le et, s’il ne leur plaît pas, il appartiendra à leurs
groupement, comprend un plan qui localise représentants d’y faire obstruction comme ils
les équipements et les diverses zones et un le pourront, puisque le texte ne leur confère
programme qui détermine les règles juridiques qu’un rôle consultatif. Le souci de l ’efficacité
qui vont définir les possibilités d’occupation domine celui de la participation, qui n ’existé
du sol. Il comporte en annexe la liste des équi pas encore. ;
pements et un avant-projet d ’assainissement Indiscutablement, le système a fonctionné
et d’alimentation en-eau. avec efficacité : la loi en ouvrait la possibilité!
Établi par un homme de l ’art désigné par le La foi en la reconstruction de la France animâ
délégué à l’équipement national, il est pris en la jeune administration de la reconstruction,
considération par lui avant d’être soumis aux issue de la délégation à l’équipement national;
divers services administratifs, puis à enquête En cinq années, entre 1945 et 1950,1 850 pro
publique. La com m ission départementale jets d’aménagement furent déclarés d’utilité
d’urbanisme donne son avis. L’inspecteur publique. La reconstruction fut menée à bien
général établit un rapport sur le projet. Les en dix ans environ. D ’autres nécessités que
communes sont alors consultées. Le préfet l’étroitesse de vue, qu’on prêta quelquefois à
régional le transmet avec son avis au délégué ceux qui en eurent la charge, empêchèrent
à l’équipement national qui consulte le comité d’anticiper, un peu plus qu’on ne le fit alors,
national d’urbanisme. Le projet est approuvé le développement urbain à venir, qu’il n ’était
par décret en Conseil d’État. Ce décret vaut pas très difficile de prévoir, une fois confirmés
déclaration d’utilité publique pour toutes les le renouveau démographique, l ’évolution de
opérations prévues au projet. la société rurale et les migrations qu’elle pro
Le projet d ’aménagement communal a un mettait, l’aspiration par l’agglomération pari
contenu et une procédure analogues. Il est sienne, la banalisation de l’automobile, etc. j
obligatoire pour :
— les communes comprises dans un grou
pement d’urbanisme ; 4 / La période charnière : l ’explosion urbaine
— les communes de plus de 10 000 habi et les plans d ’urbanisme (1956-1971)
tants; . . 'i
b) Puis, la loi du 7 août 1957, confuse et tion) s’engagea donc dans l’établissement de
cahotante, mais riches d’idées et d’institutions. ces documents, sans avoir la force, le soutien
c) Ensuite, les décrets de 1958 : pour aller moral et les moyens d ’études de les établir,
vite, la nouvelle constitution aidant, une part d ’autant qu’une bonne part de ses crédits
notable de la législation de l’urbanisme perd étaient affectés à l’expérimentation des docu
sa nature législative. Les plans d’urbanisme ments nouveaux qui devaient devenir, par la
font leur apparition et remplacent les projets loi du 30 décembre 1967, les schémas direc
d’aménagement. teurs d’aménagement et d ’urbanisme et les
d) Enfin, en 1960, 1961 et 1962, les droits plans d’occupation des sols.
de préemption font leur apparition, ainsi que Aussi, durant ces années cruciales, la « plani
des prélèvements ou fiscalités spécifiques à fication urbaine » s’effaça progressivement dans
l ’aménagement (redevance d ’équipement, les esprits et la pratique administrative et, sous la
redevance d ’espace vert, participation pour pression des besoins et de l’urgence, l ’urba
dépassement du coefficient d ’utilisation du nisme se fit à coup de permis de construire et de
sol, réforme du permis de construire). « grands ensembles » qui furent institutionna
On peut dire qu’à partir de cette date on lisés en 1958 à travers la procédure des z u p :
n’inventera vraiment plus rien. Tout existe, « zones à urbaniser en priorité ». Des opérations
sous des formes confuses* incomplètes, mal de plusieurs milliers de logements n’étaient pas,
articulées, incommodes, mais comme toutes dans les années 1960, une chose rare. On s’y
ces prérogatives nouvelles sont conférées à jetait à grand cœur avec beaucoup de foi, sans
l’État, leur emploi dépendra de la capacité, trop se soucier de l’agencement de l’ensemble,
très insuffisante, de son administration à les tant dans l’espace que dans le temps, ni des
utiliser. grands équipements qui devaient un jour
La loi du 7 août 1957 créa de toutes pièces connecter ces opérations entre elles et avec la
la nouvelle administration de la construction, ville près de laquelle elles s’implantaient.
avec ses structures centrales et territoriales, Une crise administrative couvait très dis
ses corps spécifiques de fonctionnaires, au crètement qui conduisit le gouvernement, en
prix d’une diminution de moitié de ses effec 1966, à fusionner l ’administration de la
tifs. Malgré ses qualités, ce choc devait lui construction et celle des ponts et chaussées,
être fatal : handicapée par l’insuffisance de ses avec l ’objectif affirmé que cette dernière
bases territoriales, elle se condamnait à une apporte à l’urbanisme local l’armature intel
centralisation excessive qui la privait de toute lectuelle et territoriale qui faisait défaut à celle
efficacité, en particulier dans le domaine des de la construction décapitée, quoique pérenni
documents d ’urbanisme, à un moment de sée, à partir de 1957.
l’évolution locale où il commençait à devenir Confiée à Edgard Pisani, cette fusion résulta
difficile d’opérer ainsi. de la création, en janvier 1966, du ministère
C’est là une des raisons essentielles - mais de l’Équipement. Ën moins d’une année, elle
pas la seule - du piétinement que connut l ’éla donna lieu aux directions départementales de
boration des plans d’urbanisme pendant une l ’équipement, en même temps que se fon
dizaine d’années. Les nouveaux plans direc daient, en une seule loi, les projets de textes
teurs, des groupements d ’urbanisme, souf épars, en préparation au sein de l’ex-ministère
frirent aussi d ’une insuffisance notoire de de la Construction. Ce projet allait devenir la
fonds de plan adaptés et de crédits d ’études. loi d ’orientation du 30 décembre 1967, qui
Une troisième cause de ce piétinement tient créa de nouveaux documents d’urbanisme,
encore dans le souci, louable mais lourd de élaborés sous le régime de la concertation
conséquences, de réformer, dès 1963, la légis entre l’État et les collectivités locales :
lation des plans d ’urbanisme. On créa une — le schém a directeur d ’am énagem ent et
inadaptation certaine avec la superposition de d ’urbanism e ( sdau ), qui fixe les orientations
trois couches de documents juridiquement de la politique d ’am énagem ent de l ’espace,
opposables aux tiers (plans directeurs d’urba en général p o u r p lusieurs com m unes ;
nisme, plan d ’urbanisme communal, plan — le plan d ’occupation des sols ( pos ), qui
d’urbanisme de détail) qu’il fallait établir et fixe les règles générales d ’utilisation d u sol
coordonner. La nouvelle administration locale qui s ’im posent à tous, en général p o u r une
(les directions départementales de la construc com m une.
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE) 592
La loi de 1967 institua aussi les zones pement : on se hâta d ’achever et de faire
d ’aménagement concerté ( z a c ), pierre de approuver les documents en cours d ’éla
touche de l ’urbanisme opérationnel des boration, avant la date limite du 30 juin 1971;
années 1970 et suivantes. fixée par la loi du 30 décembre 1967, pour
Durant la même période des années 1962 à l’élaboration de ces plans. En quelque trois ans
1968, la région parisienne, pourvue d ’un et demi, furent produits et approuvés
délégué général - Paul Delouvrier - et d’un 245 plans directeurs de groupements d ’ur
district doté de moyens financiers propres, banisme (concernant 2 763 communes!
remettait en cause sa stratégie d’aménagement 35 435 km2, 10 093 000 habitants), 1 984 plans
antérieure, définie par le plan d’aménagement communaux (concernant 43 127 km2 et
et d’organisation générale de la région pari 19 127 000 habitants), 2 347 plans sommaires
sienne (le padog ) élaboré entre 1956 et 1958, d’urbanisme (concernant autant de commîmes;
approuvé en I960, et conçu sur des bases juri 45 000 km2 et 2 6 6 1 0 0 0 habitants), ainsi que
diques analogues au parp. La nouvelle admi 321 plans d’urbanisme de détail.
nistration régionale s’engageait dans la longue Si la « qualité » de certains de ces plans,
aventure du schéma directeur d’aménagement établis à la hâte,(pouvait être critiquable et lais
et d’urbanisme de la région de Paris ( sdaurp ). ser derrière elle quelques mauvaises traces que
Ambitieux et volontariste, avec ses villes nou les pos auraient par la suite à rectifier, il n’en
velles, son réseau d’autoroutes et de transports reste pas moins que jamais, dans l ’histoire
collectifs ( r e r ), il fut présenté en 1965, urbaine française récente, la législation ne fut
contesté, révisé en 1969 puis en 1975, et fina aussi massivement appliquée, en si peu de
lement approuvé en 1976. Élaboré et publié temps, à d’aussi vastes espaces, à tant de col
avant même d’avoir la base légale que lui don lectivités locales et à tant d’habitants. Avec les
nera la loi d’orientation foncière du plans d’urbanisme, les Français faisaient enfin
30 décembre 1967, mis en œuvre par une poli connaissance avec cette législation redoutable
tique particulièrement radicale d’acquisitions qui permet ici, interdit là, discrimine entre les
foncières (zad et expropriations), il parvint, uns et les autres, réglemente l ’usage de
peu à peu, à réorienter la croissance de l’espace, fixe pour l’avenir des objectifs à la
l ’énorme agglomération, sans y réussir dans ville, pour le meilleur comme pour le pire.
tous les domaines. Mais on ne peut pas affirmer que ce premier
On ne peut, non plus, négliger l’apport du contact avec le droit de l’urbanisme local ait
Ve plan (1965-1969), celui de « l ’ardente conduit à l ’intériorisation collective de la
obligation » du général de Gaulle ; les propo nécessité d ’aménager globalement l ’espace.
sitions de sa comm ission de l’équipement Les plans d’urbanisme, massivement établis,
urbain étaient particulièrement ambitieuses. restèrent l’affaire de l’administration. Les élus
Sans être toutefois très bien coordonnées locaux, comme la population, ne les perçurent
avec celles de la nouvelle administration de pas comme un acte majeur d’aménagement de
l ’équipement, les idées issues du Commissa l’espace. Le droit qu’ils édictaient ne semblait
riat général du plan contribuèrent à populari pas faire partie du paysage juridique habituel,
ser la nécessité d’aménager et d’équiper les pas plus que les options d ’aménagement
villes, lancèrent l ’idée de l ’impôt foncier, qu’ils sous-entendaient. Cette « conscience
poussèrent des agglomérations de plus de juridique » ne fit son apparition qu’avec celle
50 000 habitants à établir des programmes de du nouveau contentieux de l ’urbanisme qui
modernisation et d ’équipement ( p m e ). En prit, à partir de cette époque, une importance
même temps, sous l’influence de la datar , on inattendue, ancrant progressivement l ’idée
s’attachait à susciter une première régionali d ’un ordre à respecter dans les décisions
sation du budget de l’État. d’aménagement.
Il faut, pour finir et pour comprendre les Cette même période fut aussi celle de
paradoxes de cette période, mentionner les l’émergence réelle de l’aménagement du terri
effets inattendus de l’année 1968. L’applica toire et de l’action régionale, avec la déléga
tion de la loi d’orientation foncière y perdit tion du même nom ( datar , créée en 1963), à
trois ans, en même temps que s ’accélérait laquelle ont laissé leur nom Olivier Guichard
l ’établissement m assif de plans d’urbanisme puis Jérôme Monod. Il fallait contrebalan
par la nouvelle administration locale de l ’équi cer l’évolution galopante de la région pari
593 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE IHISTORIQUEI
sienne et les notions d’aires métropolitaines celle du 31 décembre 1975 «portant réforme
- ensembles d’agglomérations importantes - de l ’urbanisme et de la politique foncière»,
et de métropoles d’équilibre firent leur appa qui a étendu le droit de préemption (zone
rition, avec des schémas d’aménagement des d ’intervention foncière) à tout le territoire des
tinés à orienter et dynamiser les plus grands communes de plus de 10 000 habitants dotées
ensembles urbains de province, établis avec d’un pos rendu public (facultativement pour
des moyens d’études importants. Ces initia les communes plus petites) et institué le pla
tives eurent des retombées salutaires sur fond légal de densité ( pld ) qui vise à limiter la
l’aménagement urbain qui bénéficia, comme densité, tout en procurant des ressources sup
par osmose ou imitation, de leurs méthodes plémentaires aux collectivités locales (objec
de pensée, mais aussi de moyens d ’études tifs en fait contradictoires).
locaux, en crédits ou personnes, sensiblement Les années 1970 sont également celles au
plus importants. cours desquelles furent évaluées, avec beau
coup de lucidité et de courage politique et
intellectuel, les conséquences des enthou
5 /L ’application centralisée de la loi d ’orien siasm es ou des engouements des années
tation foncière (1971-1983) 1960. Le gigantisme, sous toutes ses formes,
fut remis en question, les villes moyennes ne
A insi, l ’administration de l ’équipement furent plus ignorées, l’action en douceur sur
était prête en 1971, avec quatre années de les quartiers anciens retint une attention
retard il est vrai, à s’engager dans une phase croissante, le souci de la qualité imprègne,
active d ’application de la loi d’orientation fon de plus en plus naturellement, les initiatives
cière de 1967, dont les décrets d’application publiques et privées. L’idée d ’environne
furent pris en 1969 pour les sdau , et en 1970 ment fit sa première apparition en 1971. La
pour les po s . capacité intellectuelle et psychologique des
L’histoire de l ’aménagement urbain, en techniciens administratifs comme des élus
France, est marquée d’une grande continuité locaux, d’appréhender l ’urbanisme dans sa
juridique quant à la nature et l ’esprit des globalité et dans ses nuances variées, de
moyens de droit conférés à la puissance même que la vague et la vogue des études
publique pour agir sur l ’espace et en ordonner d’aménagement devraient donc laisser espé
l’utilisation. Elle est tout autant faite d’inco rer qu’on était enfin prêt, en France, à
hérences, d’accélérations, de latences, de sur s ’engager, avec sérieux et cohérence, dans la
sauts, de rendez-vous manqués, de décisions phase d ’établissement des schémas direc
tardives, quant à la manière d’employer les teurs d’aménagement et d’urbanisme et des
prérogatives, quelque peu régaliennes, que le plans d’occupation des sols.
législateur met à la disposition de l’adminis Pourtant, l’élaboration des schémas direc
tration d ’État. L’histoire la plus récente ne teurs d ’aménagement et d ’urbanisme, qui
dément pas ces constantes profondes. aurait dû normalement profiter des circons
Avec la loi d ’orientation foncière appa tances et précéder celle des plans d’occupation
raissent des moyens nouveaux, certains plus des sols, s’enlisa dans des difficultés venant à
apparents que réels, mais aussi et surtout une la fois de l ’État et des collectivités. Aucun
cohérence certaine dans l ’ordonnancement vent porteur ne les mena à bon port, et si 400
juridique que la codification de l ’ensemble (concernant plus de 10 000 communes) furent
des textes, en 1973, sous l’intitulé de «Code mis en route, moins de 200 seulement furent
de l’urbanisme », mettra à la portée de tous, approuvés (190, au 1er décembre 1985), sans
avec beaucoup plus d ’évidence. Parallèle que ce bilan chiffré suffise à bien représenter
ment, et non sans hésitation, s ’ordonnaient la réalité. L’État n ’apporta point l ’impulsion
aussi les financements et notamment ceux de qu’il fallait, Il s’ingénia même, sans le vouloir
la politique foncière, déterminante pour anti délibérément, à casser l ’élan qui aurait pu
ciper sur l’aménagement et les urbanisations à naître. Lancée en 1969-1970, avec l ’idée de
venir. voir grand pour libérer le marché foncier, la
Cette période vit voter plusieurs lois qui politique des schémas directeurs fut stoppée
complètent le dispositif prévu par la loi du en 1972-1973 par une autre idée : établir pour
30 décembre 1967. La plus importante est les agglomérations des études préliminaires
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE IHISTORIQUE) 594
1992, deux nouvelles formules de collabora cohérence territoriale) que 210 schémas direc
tion ont été proposées. La communauté de teurs approuvés (23 seulement de plus que
villes n’a rencontré aucun succès et a été sup lors de la décentralisation en 1983), couvrant
primée par la loi de 1999: 5 seulement 23 millions d’habitants (38% de la popula
s’étaient créées, dans des petites et moyennes tion) et 78 000 km2 (12% de la métropole),
agglomérations, regroupant 87 communes et dont 94 en cours de révision. Quarante autres
environ 350 000 habitants. Au contraire, la sont en cours d’élaboration, mais on peut pen
communauté de communes, établissement ser que, pour la plupart d’entre eux, celle-ci
public destiné à l ’élaboration d ’un projet n ’a jamais abouti. Un rapport du Conseil
commun de développement et d ’aménagement d’État (rapport dit Labetoulle : « L’urbanisme :
de l’espace (en milieu rural dans l’esprit du pour un droit plus efficace»), s ’est ému de
législateur, mais c ’est loin d’être toujours le cette situation en 1992. Estimant peu crédible
cas, puisqu’il s ’en est même créé une dans de rendre vie aux schémas directeurs, il suggé
l’agglomération marseillaise), doté d’une fis rait que l’État établît, à l’échelle départemen
calité propre, compétente au moins pour tale ou régionale des directives territoriales
l’aménagement de l’espace et pour le dévelop d ’aménagement ( dta ) qui s’imposeraient aux
pement économique, a connu un succès cer documents d’urbanisme (et donc aux po s ). La
tain. Au 1er janvier 2010, il en existait 2 393, loi d ’orientation pour l ’aménagement et le
regroupant plus de 30 000 communes et 27 mil développement du territoire du 4 février 1995,
lions d’habitants. Le législateur est à nouveau dite loi Pasqua, a retenu cette disposition. La
intervenu en 1999: la loi Chevènement du loi Voynet de juillet 1999 l ’a maintenue. Sept
12 juillet 1999 supprime le district et la com dta ont été prescrites : pour les A lpes-
munauté de villes, maintient la communauté Maritimes, les Alpes du Nord, l’estuaire de la
urbaine et la communauté de communes et Seine, l’estuaire de la Loire, l’aire métropoli
propose une formule nouvelle - la commu taine marseillaise, l’aire urbaine lyonnaise et
nauté d’agglomération - , en même temps que les bassins miniers nord-lorrains, mais seule la
sont créés les contrats d’agglomération. Cette première a été approuvée par décret du
nouvelle tentative, qui comporte des avantages 2 décembre 2003 et les autres seulement entre
financiers pour les communes qui s’y insére 2005 et 2007 (celle des Alpes du Nord ne l ’est
ront, semble devoir être mieux suivie d’effet toujours pas).
que les précédentes : 181 communautés La décentralisation a en outre permis une
d’agglomération se sont constituées avant la pratique dévoyée des plans d’occupation des
fin de 2010, regroupant environ 3 150 com sols. La procédure de modification de ceux-ci
munes et plus de 22 millions d’habitants. étant relativement légère, de nombreuses
Surtout, on a assisté à une véritable déshé communes se dotent d’un pos restrictif, quitte
rence des schémas directeurs, dont l’établisse à le modifier pour permettre telle ou telle opé
ment n’est plus obligatoire dans les agglomé ration, souvent proposée par un promoteur
rations de plus de 10 000 habitants. Certes, les privé, qui se présente comme une opportunité.
lois de décentralisation ont prévu, pour l’État, Ainsi, le pos , au lieu de guider l’urbanisation
la possibilité de prescrire l’établissement d’un selon des règles fixées pour tous pour une cer
schéma directeur, voire, après deux ans, de se taine durée, est guidé par les projets circons
substituer aux collectivités locales défaillantes tanciels et modifié selon l ’accueil réservé à
pour l’élaborer. Mais les préfets, traumatisés chaque projet, mais aussi selon l’intérêt de la
par la décentralisation, et doutant d’être soute municipalité, y compris en termes électoraux
nus par le gouvernement, n’ont presque jamais (le souci de ne pas troubler ni modifier l’élec
utilisé ces possibilités. Pis, ils ont interprété a torat existant est souvent le principal critère
minima leur rôle de vérification de la compati - inavoué - de décision). Il n ?est, dans ce
bilité de certaines décisions, et d ’abord des contexte, pas surprenant que les pos aient ren
plans d’occupation des sols, avec les schémas contré auprès des élus locaux un succès beau
directeurs existants. coup plus grand que les schémas directeurs :
Ainsi, on ne comptait, au 1erjuillet 1997 (le l ’existence d ’un po s approuvé entraîne en
ministère de l ’Équipement n ’a pas remis à effet la décentralisation auprès du maire de
jour ce bilan, qui évolue peu, depuis cette date l ’attribution des autorisations d’utilisation du
jusqu’à son remplacement par le schéma de sol (dont le permis de construire). Ainsi, au
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE) 596
1er juillet 2004, 15 840 po s avaient été 2004 qui étend les compétences décentralisées
approuvés, couvrant 54,7 millions d’habitants (mais ce texte concerne peu l’aménagement et
et 290 000 km2, soit plus de la moitié du terri l ’urbanisme).
toire national, mais près des neuf dixièmes en L’objet de la réforme, qui s’est traduite par
termes de population. La moitié environ de la loi Solidarité et renouvellement urbains
ces pos ont été placés en révision (les modifi ( sru ) du 13 décembre 2000, corrigée (pour la
cations sont encore beaucoup plus fréquentes simplifier selon le discours officiel) mais non
et ne sont même pas recensées). bouleversée par la loi Urbanisme et habitat du
Dans le domaine de l’urbanisme opération 2 juillet 2003, est de donner un caractère
nel, les zac sont également trop souvent le beaucoup plus global et plus dynamique à la
moyen de réaliser des opérations dérogatoires planification. On reprochait en effet aux plans
au po s , sur sollicitation des aménageurs sou d’occupation des sols ( pos ) et aux schémas
vent privés : l’urbanisme concerté, voulu par directeurs d ’être trop exclusivement centrés
le législateur, devient souvent un urbanisme sur l’aspect physique de la planification, lés
négocié, où les constructeurs obtiennent des règles d ’affectation et d’utilisation des sols,
avantages en termes de droits à construire en et en particulier la fixation des droits à
échange de participations financières. construire, et d’offrir une vision trop statique.
On ne pouvait même pas avancer l’espoir Certes, les documents d’urbanisme, au fil des
d’une prise de responsabilité des élus locaux nombreuses législations successives, notam
après une période expérimentale. Les méfaits, ment celles des années 1990, avaient été
au moins dans le domaine de l’urbanisme, de déclarés devoir être compatibles (ou prendre
la décentralisation, ont constitué un tabou et en compte, selon les cas) les lois d’aménage
personne ne semble vouloir limiter les préro ment et d ’urbanisme, les directives territo
gatives d’élus dont beaucoup ont largement riales d’aménagement, les schémas de mise en
perdu de vue la notion d ’intérêt général. valeur de la mer, mais aussi les programmes
Certes, des dta ont été prescrites dans sept locaux de l’habitat, les directives de protec
régions particulièrement sensibles. En outre, tion et de mise en valeur des paysages, les
le schéma directeur régional d’île-de-France chartes des parcs naturels régionaux, les plans
( sdrif , révisé en 1994), mais à nouveau en de déplacements urbains, etc. Mais les dispo
cours de révision (le nouveau sdrif , approuvé sitions du Code de l’urbanisme étaient deve
en 2007 par le Conseil régional,, est toujours nues, du fait de ces ajouts successifs*
en attente d ’approbation par l’Etat) et ceux foisonnantes et l ’économie générale des sché
des départements d’outre-mer ont valeur de mas directeurs et des pos n ’avait pas été modi
d ta . Les six dta approuvées entre 2003 et fiée et traduisait toujours la préoccupation
2007 sont au reste assez peu contraignantes. dominante initiale. En outre, ces documents
avaient été mis en place à une époque où le
développement urbain s’effectuait essentielle
7/ La planification globale (depuis 2001) ment par extension des zones construites,
alors que le ralentissement de la croissance
Sans que la décentralisation soit en quoi démographique et le souci d ’économ ie de
que ce soit remise en cause, bien au contraire, l’espace conduisent à privilégier un dévelop
il est apparu nécessaire, à la fin des années pement, dit durable, économe en espace et en
1990, de revoir le dispositif de planification énergie, réduisant les pollutions, les nuisances
urbaine mis en place par la loi d’orientation et les émissions de gaz à effet de serre, faisant
foncière du 30 décembre 1967 et décentralisé appel au moins autant au renouvellement de la
par les lois de décentralisation, en particulier ville sur elle-même qu’à son extension. Enfin,
par celle du 7 janvier 1983. Le ministère des soucis nouveaux sont apparus, tel ceux de
chargé de l’urbanisme et les parlementaires cohérence entre les diverses actions des pou
n ’ont nullement souhaité corriger les excès de voirs publics, nationaux et locaux, celui de
la décentralisation au-delà de l’institution (il y concertation avec la population, celui d’équi
a déjà quinze ans) des dta (dont l’élaboration libre et celui de solidarité entre les différentes
a été extrêmement lente). Bien au contraire, le couches de population et les différents quar
gouvernement Raffarin a fait voter la loi tiers ou communes qui composent une agglo
Libertés et responsabilités locales du 13 août mération ou un pays : la loi sru essaie de les
597 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE)
secteurs à mettre en valeur, réhabiliter, restruc stade variable d’élaboration. Dans l’hypothèse
turer ou aménager: ces orientations sont optimiste où tous les documents en cours d’éla
opposables dans leur esprit et non à la lettre. boration ou de révision parvenaient au stade de
Le règlement du plu , en revanche, est oppo l ’approbation, ce seraient 18 936 communes (un
sable sans dérogation possible, même peu plus de la moitié) qui seraient couvertes par
mineure. Il n’y a plus, contrairement au POS, un plu , et 6 701 autres (18%) par une carte
d ’article obligatoire, si ce n ’est les règles communale, tandis que les scot concerneraient
concernant l’implantation des constructions. 17 715 communes (un peu moins de la moitié).
De même que le scot s’inscrit dans la conti On peut en effet constater que les scot n’ont
nuité du schéma directeur, le plu s’inscrit dans guère rencontré plus de succès que les schémas
celle du po s . Il y a cependant des différences directeurs, malgré la disposition importante de
notables, parmi lesquelles, l ’obligation du la loi SRU qui prévoit qu’en l’absence de scot
padd , qui précise les objectifs de la politique les zones naturelles et d’urbanisation future pré
de la commune et doit faire l ’objet d’un débat vues par les plu dans les communes éloignées
public avant l’enquête publique, et l ’absence d’une agglomération ou du littoral ne peuvent,
d’article obligatoire du règlement, un zonage sauf exception limitée, être urbanisées. En
différent, une place plus réduite accordée à la revanche, le succès du pos s’est reporté sur le
fixation des densités de construction (cos), la plu pour la raison qui a fait le succès de ce der
suppression des possibilités d ’application nier : le transfert au maire de la responsabilité
anticipée en cas de révision. des autorisations d’utilisation du sol. Le succès
La carte communale n ’est pas à proprement certain des cartes communales s ’explique de
parler une nouveauté de la loi SRU. Elle exis même par le souci d’échapper à l’application du
tait avant la décentralisation sous le nom de règlement national d’urbanisme.
«m odalités d ’application du règlement On peut discuter pour savoir si l ’élargisser
d’urbanisme» ( m arn u ) pour les communes ment des objectifs des nouveaux documents
non dotées de po s . La loi du 7 janvier 1983 d’urbanisme, objet premier de la loi sru , sera
voulait la faire disparaître dans un délai de effectif ou non. Trop souvent, de même que
deux ans, mais la loi du 17 juillet 1986 lui les schémas directeurs et les pos ont assuré de
avait permis de subsister. Le Conseil d ’État, façon souvent très formelle les obligations de
en 1992, lui avait reconnue le caractère de compatibilité avec les documents concernés
document d’urbanisme simplifié. La loi SRU a par des politiques spécifiques (habitat, dépla
donné un caractère légal à ce statut et la sou cements, paysages, etc.), les plu demeurent
met à enquête publique. Comme les autres avant tout des documents fixant les règles
documents d’urbanisme, son objectif est plus d’occupation des sols, habillés de considéra
large que celui des anciennes m arnu , qui se tions générales sans portée opérationnelle.
limitait à fixer les droits à construire, même si Auquel cas la réforme de la loi sru n ’aura été
ceux-ci constituent toujours l ’essentiel de qu’une vaine concession à des thèmes à la
leur contenu et si les objectifs du nouvel mode (développem ent durable, solidarité,
article L 121-1 du Code de l ’urbanisme équilibre, cohérence, mixité, concertation,
paraissent décalés à l ’échelle des petites renouvellement urbain, etc.). Il demeurere
communes rurales concernées par la carte une certitude : la loi sru et les nouveaux
communale. documents d ’urbanisme n ’apportent pas de
D es dispositions transitoires assurent la réponse aux excès résultant de la décentrali
continuité entre schémas directeurs et scot , sation de l ’urbanisme. On peut même
comme entre pos et plu . Les schémas direc craindre le contraire, par exemple des dispo
teurs et les pos révisés sont appelés à devenir sitions qui visent à faire de la modification
des scot et des plu . des plu la règle et de la révision l ’exception
Au 1er janvier 2009, seuls 82 scot , et à faciliter et élargir le champ de ces modifi
12 048 plu et 4 226 cartes communales avaient cations (loi de 2003 et décrets de 2009).
été approuvés. Certes, il restait 56 anciens sché
mas directeurs et 4 804 pos encore en vigueur. A. G. et P. M.
En outre, 251 scot, 2 084 plu (dont 148 dans
-+ Documents d'urbanisme ; Droit de l'urbanisme ; Plan d'occu
des communes déjà dotées d’une carte commu pation des sols ( p o s ) ; Plan local d'urbanisme ( p l u ) ; Schéma
nale) et 2 623 cartes communales étaient à un de cohérence territoriale ( s c o t ) ; Schéma directeur.
599 PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ
PLASTIQUES (MATÉRIAUX)
POINTE —>■Heure de pointe ; Migrations
Le terme de plastique recouvre un ensemble alternantes
de matériaux issus de la pétrochimie, très dif
férents les uns des autres et dont l ’emploi
dans la construction s ’est considérablement POLARISATION, PÔLE DE CONVERSION,
développé. On les trouve dans des ouvrages PÔLE DE CROISSANCE -> Conversion
divers : revêtements de sol, tuyaux et canalisa ou reconversion ; Pôle de compétitivité ;
tions, matériaux isolants, panneaux muraux, Pôle de développement
profilés divers utilisés pour la fabrication de
fenêtres, volets et persiennes, couverture de
toit, appareils sanitaires, bardages, peintures, PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ
etc.
Suivant la nature des liaisons entre poly Réunion d ’entreprises, d ’établissements
mères, on distingue deux grandes familles de d ’enseignement supérieur et de centres de
matériaux plastiques : recherche qui s’engagent dans une démarche
— les thermoplastiques qui sont sensibles partenariale (sur un territoire donné, qui est le
à la chaleur (d’où des déformations à chaud) ; plus souvent la région, mais sans regroupe-
PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ 600
ment physique) pour développer des syner façon beaucoup plus spectaculaire. Elle veut
gies autour de projets dont les priorités sont traduire, contrairement aux actions antérieures
l’innovation et la recherche de la compétiti de la datar, une rupture avec les politiques
vité. On notera que ce dernier terme apparaît, antérieures. Il ne s’agit plus de mesures quali
dans les actions d’aménagement du territoire fiées de défensives, voire d’« ambulancières »,
peu avant (ciadt du 14 septembre 2004) que comme celles menées par la datar depuis ses
la datar ne se transforme (en janvier 2006) origines, mais d’une politique offensive qui
en DiACT, plaçant la compétitivité au premier vise à créer de «véritables plates-formes
rang de ses préoccupations, en opposition technico-économ iques associant industrie,
avec ses politiques antérieures en matière de recherche et enseignement supérieur». La
localisation des activités (la décentralisation spécialisation des pôles est considérée comme
de celles-ci en particulier). Le suivi est assuré une condition essentielle de leur réussite. De
par un groupe interministériel dont le secréta nombreux spl ont établi des relations étroites
riat est assuré par la diact (de nouveau appe avec les pôles de compétitivité (par exemple
lée datar après le 14 décembre 2009) et la Club-Tex avec le pôle up-Tex). .
direction générale des entreprises. Le fondement théorique des pôles de com
La localisation des activités avait été le pre pétitivité s ’inscrit dans une analyse, discu
mier champ d’intervention de la datar après table mais nouvelle, tirée de divers rapports
sa création en 1963 à travers la politique de d ’économ istes, des forces et faiblesses de
décentralisation de celles-ci. Mais ce thème l’industrie française à l’heure de la mondiali
avait perdu de son importance et les procé sation :
dures d ’agrément étaient devenues presque — la thèse « décliniste », agitée par divers
formelles. L’État avait bien, suite au ciadt de intellectuels français (Nicolas Baverez, etc.),
décembre 1997, après un travail d’identifica est rejetée ;
tion, lancé, entre 1998 et 2003, des appels — l ’industrie constitue un des principaux
d’offres pour la reconnaissance de systèmes moteurs du développement économique : elle
productifs locaux ( spl ). Ces projets concer représente 80% des exportations et motive
naient des territoires ayant déjà une activité 90 % des crédits de recherche-développement ;
spécialisée concentrée autour d ’un même — la part en volume de l’industrie dans la
secteur, des relations interentreprises ( pm e valeur ajoutée nationale est stable depuis
essentiellement) denses et des structures d’ani vingt-cinq ans et la baisse en valeur de la part
mation (par exemple, porcelaine à Limoges ou de l’industrie n ’est due qu’à la baisse relative
parfums cosmétiques à Grasse). Par exemple, des prix industriels, d’où la stabilité de la part
Club-Tex (Nord-Pas-de-Calais) regroupe de marché de la France, alors que, les autres
66 entreprises et 6 centres de formation et de pays d’ancienne industrialisation (États-Unis,
recherche autour des aspects techniques de Allemagne, Grande-Bretagne) ont reculé ;
l’industrie du textile. Au total, 103 spl étaient — la diminution des effectifs industriels
en place en 2005,f qui totalisaient plus de résulte essentiellement de l’externalisation par
500 000 emplois pour 18 000 entreprises. Ces les entreprises des emplois non liés à leur cœur
chiffres ne doivent cependant pas faire illu de métier et au recours plus large à l'intérim et à la
sion : il s’agissait essentiellement d’entreprises sous-traitance, et non d’une perte de substance ;
et d’emplois qui existaient: L’accompagne — les délocalisations à l’étranger d’unités
ment par la datar et les financements spéci de production, outre qu’elles sont anciennes,
fiques ont été extrêmement réduits (la datar n’ont qu’une ampleur limitée (bien moindre
n ’a d’ailleurs publié aucun chiffre). Les que les fusions-acquisitions) et ont un effet
moyens financiers sont largement venus des favorable sur la balance commerciale. ,
collectivités territoriales et des organismes Les véritables problèmes de l ’économ iè
consulaires, souvent dans le cadre des contrats française, et en particulier de l ’industrie, se
de plan État-région. Ils ont représenté 4 mil situeraient ailleurs :
lions d’€ par an à partir de 2006. — retard par rapport aux autres grands
La politique des pôles de compétitivité, pays industriels dans le domaine de l’innova
amorcée en décembre 2002, décidée en 2004 tion technologique, qui traduit le tassement
et concrétisée en 2005, a manifesté une ambi relatif du potentiel scientifique et technolo
tion beaucoup plus grande et a été lancée de gique, notamment en Ile-de-France ;
601 PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ
Un pôle de compétitivité est géré par un Une procédure d ’évaluation des pôles de
con seil d ’administration et une équipe compétitivité a été lancée en juillet 2007. Les
d ’orientation. U n com ité de labellisation objectifs de cette évaluation visaient à éclairer
assure l ’expertise et procède à la sélection le gouvernement pour la suite de cette poli
des projets de recherche et de développe tique et de reconduire, voire d’augmenter, les
ment. La présidence ne dçit pas être assurée aides aux pôles qui ont obtenu des résultats
par un représentant de l ’État : c ’est souvent jugés satisfaisants. Elle a été réalisée par
celui d ’une entreprise (pour 15 des pôles, deux cabinets internationaux indépendants
c ’est un représentant d ’une p m e ) . Le pôle se sous supervision de la diact. Elle devait
voit désigner un interlocuteur unique au s ’accompagner d’un renforcement du disposi
nom de l ’Etat. Il y a enfin un comité local de tif de soutien et de leur pérennisation. Les
coordination qui réunit 100 à 200 membres. résultats de cette évaluation ont été remis en
Au total, 997 grands groupes industriels et juin 2008. Selon cette évaluation, 39 pôles
5 545 PME participaient aux 71 pôles de com ont atteint leurs objectifs, 19 ne les ont atteint
pétitivité. Les p m e étaient concernées par que partiellement et 13 devraient être reconfi
près du tiers des projets. gurés en profondeur. L’ensemble des actions
L’action d’un pôle de compétitivité implique ciblées a été traité. L’ancrage territorial est
la définition d’une stratégie commune aux par général. Il y a une forte diversité des projets
803 PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ
quant aux thématiques, à la taille et aux parte route stratégique, et de contractualiser de pré
naires retenus. Les financements annoncés férence les actions en partenariat entre l ’État
ont été effectivement mobilisés. La plupart et les collectivités territoriales. Il faudra,
des pôles sont engagés dans des actions inter pendant la période 2009-2011, mieux prendre
nationales. Mais l’effort reste à faire dans le en compte le développement durable, encou
domaine de la formation. Par ailleurs, la rager la collaboration entre les pôles et les
composante environnementale du développe actions à caractère international. Les finance
ment durable est peu abordée. Les consultants ments seront accrus par mobilisation des res
ont recommandé de poursuivre le finance sources du secteur privé.
ment unique des projets, d ’apporter un appui Au-delà de ces évaluations, il serait évidem
public à des structures locales d’animation et ment prématuré de porter un jugement sur une
de mener des actions coordonnées entre l’État politique qui en est seulement à ses débuts.
et les collectivités territoriales. Selon ces éva Diverses questions ont déjà été posées, aux
luateurs, les priorités, à vrai dire très géné quelles la datar a tenté de répondre par avance :
rales, devraient être : — ces pôles doivent-ils être à l’échelle
— de consolider et d’inscrire dans la durée nationale (voire régionale) ou à l’échelle euro
la dynamique positive de coopération autour péenne?
de l ’innovation ; — le nombre de pôles n ’est-il pas excessif?
— de responsabiliser les acteurs en créant — les moyens financiers prévus sont-ils
une logique de contractualisation et de contrôle adéquats et n’y a-t-il pas un risque de saupou
a posteriori ; drage de ceux-ci?
— de réaffirmer l’engagement de l’État et — l’État est-il compétent pour animer cette
de développer le pilotage stratégique ; politique?
— d’intégrer la politique des pôles de com Ces interrogations ne manquent pas de per
pétitivité dans la politique de recherche et tinence et les réponses apportées n’emportent
d’innovation ; pas toujours la conviction :
— de poursuivre l’optimisation des circuits — le fait que le nombre de pôles ait été
de financement en renforçant leur cohérence considérablement accru dans l’étape ultime
globale. précédant la décision montre que le risque de
Un autre rapport d’évaluation a été établi en saupoudrage est réel ;
décembre 2008 par le Conseil économique et — les crédits prévus, certes non négli
social. L’avis estime que ces pôles de compé geables, viennent de chapitres budgétaires ou
titivité « ont développé un état d’esprit et une d’organismes qui ne les utiliseront pas ailleurs ;
pratique de réseau dont on peut se féliciter» et — surtout, les 67 pôles retenus sont loin de
souligne que le dispositif permet à chaque remplir tous les critères affichés :
filière et à chaque territoire de trouver sa place • dans certains, la composante « recherche
dans la course a la compétitivité. Mais il souli et université » est symbolique ;
gne les nombreux écueils qui guettent le dis • la liste des branches auxquelles ils appar
positif adopté : tiennent ne donne pas l’impression de concer
— nécessité d’un préfinancement de l’ani ner avant tout les secteurs où l’innovation est
mation des pôles, la plus développée et la plus urgente ;
— appareil de gouvernance trop figé ; • la spécialisation des pôles est toute rela
— intégrité des collectivités locales ; tive pour certains ;
— participation encore insuffisante des PME; » la synergie entre des participants, qui
— complication des procédures. dans la plupart des cas n ’avaient aucune rela
À la suite de l’évaluation de juin 2008, le tion lors de l’appel à projets, risque d ’être
président Sarkozy a annoncé, dès le 26 juin difficile à faire émerger ;
2008, qu’on ne créerait pas de nouveau pôle, • les sites de ces « pôles » sont souvent très
sauf dans le domaine des écotechnologies imprécis (une région entière, voire plusieurs) ;
et qu’on instituerait pour chaque pôle deux • la visibilité internationale est loin d’être
référents, l’un national et l’autre local. Il a toujours claire.
estimé nécessaire d’approfondir la stratégie Enfin, si la principale orientation nouvelle est
de développement des pôles en bâtissant une la recherche de la compétitivité, fût-ce au détri
stratégie de pôle, en élaborant une feuille de ment de l’égalité spatiale (ceci est clairement
PÔLE DE DÉVELOPPEMENT
précisé), les pôles de compétitivité ne sont pas co llectiv ités territoriales et organism es
sans reprendre certains des principes des techno consulaires. L’ambition est de créer de véri
poles ou des districts industriels. La rupture est tables plates-formes technico-économiques.
donc peut-être moins nette qu’il n’est affirmé. La spécialisation des pôles est considérée
Peut-on le regretter puisque cette rupture irait à comme une condition essentielle de leur
l’opposé de certains des critères de l’aménage réussite. i
ment du territoire (égalité des chances sur le
plan spatial, planification, équité)?
■ p. H
Lieu ou localité, voire région, qui, du fait PÔLE RESTRUCTURATEUR -> Centre; Centre
des activités qui y sont installées, exerce un urbain nouveau
effet d ’entraînement sur l ’implantation
d’autres activités.
Le concept, développé par François POLICE ADMINISTRATIVE
Perroux, est très lié à celui d ’économ ies
externes. Le pôle de développement favorise Le procédé de la gestion des services
et suscite le progrès économique et la modifi publics n’est pas le seul qui permette à l’État
cation des structures et de l ’organisation de la de prendre en charge des activités dans la
production. Perroux a également développé le pratique très diversifiées. Sur l’ensemble dû
concept de pôle de croissance, qui concerne territoire, la police administrative consiste efi
seulement l ’évolution quantitative de l’écono l’édiction de normes juridiques (règlement!
mie. Cette théorie est parfois appelée théorie généraux, autorisations ou interdictions parti
de la polarisation. culières) et en la prise d’actes matériels visant
Le terme de pôle a aussi été employé, à au maintien de l’ordre public.
propos des zones de reconversion indus En matière d ’urbanisme, on trouvera
trielle : le gouvernement français a créé, le 8 d’assez nombreuses illustrations de ce pro
12-1984, 14 pôles de conversion. S ’agissant cédé qui a toujours un caractère préventif et
de villes ou de secteurs marqués par le déclin poursuit les mêmes objectifs que la police
d’industries anciennes (sauf celui de Fôs-sur- générale : parmi les polices spéciales concer
Mer), qu’il s’agit de rendre à nouveau attrac nant l’urbanisme, il faut signaler celles qui
tives, l’emploi du terme « p ô le » apparaît ici concernent la sécurité et la salubrité des bâti
comme un audacieux pari sur le succès de leur ments, les établissements industriels dange
reconversion, reux, incommodes et insalubres, la protection
Le terme de pôle a également conduit à des eaux, de l ’esthétique du cadre urbain tit
forger le concept de technopole. Il s’agit d ’un des paysages, etc.
pôle de développem ent caractérisé par le
recours à des technologies innovantes. Depuis Y . P.
1988, les technopoles français préfèrent utili
ser le terme de technopoles, bien qu’il appa -> Insalubrité (habitat; logem ent); Péril (arrêté d e ); Servitude;
Trouble de voisinage.
raisse impropre.
Enfin, en 2005, la d a t a r a créé 66 pôles
de compétitivité. Ceux-ci ont pour objet de
regrouper et de favoriser le développement POLITIQUE DE LA VILLE Banlieue ; Contrat
d’activités liées à la recherche. Les pôles d'agglomération ; Contrat de ville ;
de compétitivité associent établissements Développement social des quartiers ( d s q ) ;
d ’enseignem ent supérieur, centres de Exclusion ; Grand ensemble; Pacte de relance
recherche, entreprises et éventuellem ent pour la ville ; Projet de quartier ; Projet urbain;
905 POLITIQUE RÉGIONALE
— Les oxydants : le plus actif d’entre eux Les sources émettant les polluants peuvent
est sans doute l ’oxygène triatomique ou ozone être classées en trois catégories selon leurs
( 0 3). Il se forme naturellement dans la haute caractères spatiaux, importants pour tout ce qui
atmosphère, sous l ’influence des rayons ultra- concerne l’aménagement : les sources fixes et
violents, mais il est capable de se former dans concentrées sont formées essentiellement par les
les basses couches, notamment en présence usines; leur identification et leur surveillance
d’hydrocarbures. L’oxydation par l ’ozone sont relativement faciles, Les sources fixes
peut produire des destructions considérables et dispersées - foyers domestiques (longtemps
dans les molécules organiques. la seule source de pollution), incinérateurs
— Le gaz carbonique (dioxyde de carbone, d’immeubles, petites usines, etc. - sont plus dif
C 0 2) ne peut guère être considéré comme un ficilement contrôlables. Les sources mobiles
polluant, puisqu’il existe en quantités impor sont apparues avec la locomotive à vapeur et se
tantes dans l’air pur. Mais il peut atteindre des sont multipliées avec l’automobile et l’avion.
concentrations anormales et dangereuses du En matière d’effets sur la santé, la place des
fait de la pollution. Celle-ci produit aussi un gaz et des particules fines explique la patj
corps beaucoup plus nocif, le monoxyde de importante des atteintes à l ’appareil respira
carbone, CO. toire. Le sang est affecté surtout par l’empqif
La classification selon les origines des pol sonnement par le monoxyde de carbone. Les
luants amène à traiter, rapidement du mode de tissus superficiels, notamment ceux de la peau
formation de la pollution. et des yeux, sont particulièrement sensibles
—■Les combustions normales, complètes, aux hydrocarbures. Tous les polluants sont
produisent avant tout du dioxyde de carbone, capables de produire des réactions allergiques
mais aussi des résidus - « cendres » - qui sont qui se manifestent de façon très variée. ,
entraînés par les courants chauds ascendants, Les «irritants» provoquent des réactions
liés aux combustions. Certains combustibles immédiates, au niveau des organes atteints
contiennent des corps, en faible quantité, mais directement, et peuvent provoquer des acci
dont la combustion, même complète, donne dents graves, surtout chez les malades chro
des oxydes parfois dangereux. Le plus impor niques. Parmi les plus importants, on peut
tant, de loin, est le soufre qui donne de l’anhy citer les anhydrides, les hydrocarbures. Les
dride sulfureux (S 0 2). Il y a en effet du soufre polluants non irritants ont des effets à long
dans beaucoup de charbons et de produits terme, une fois installés dans le corps. C’est
pétroliers. Les combustions à haute tempéra souvent le cas pour les métaux, avec leurs
ture, comme celles qui sont liées au fonction effets cancérigènes (amiante) ou tératogènes
nement de beaucoup de moteurs, produisent le (mercure). Certains polluants font sentir leurs
dioxyde d’azote, N 0 2. effets immédiatement, quand ils atteignent des
— Les combustions incomplètes sont fré concentrations élevées dans des épisodes de
quentes, dans les foyers mal réglés ; les pollution revêtant l’aspect d’une crise aiguë,.à
moteurs à piston impliquent, pour que l’allu la suite d’un accident climatique ou industriel.
mage soit possible, des combustions de ce Il est normal de donner une place particulière
type. Elles produisent du monoxyde de car aux effets des polluants sur les êtres humains.
bone, gaz toxique, et des résidus d’hydrocar Mais on ne doit pas oublier pour autant leur
bures, qui se combinent entre eux. action sur la végétation, victime, elle aussi,
— Les rejets industriels autres que d ’épisodes aigus et d’affections chroniques,
les combustions produisent beaucoup de avec les maladies des arbres provoquées par le
particules et de poussières métalliques notam fluor (vallées alpines) ou par les pluies acides
ment. Par exemple, la production d ’alumi (probablement responsables de l ’état des
nium implique l ’usage de fluor, qui est forêts en Allemagne et en Scandinavie).
rejeté dans l’atmosphère en quantités impor Les bâtiments sont également atteints:
tantes. oxydation des parties métalliques, corrosion
— Les combinaisons de polluants, les uns des pierres, notamment des calcaires, par les
avec les autres, ou avec des corps normale pluies et les aérosols acides.
ment présents dans l ’atmosphère, méritent
d’être mentionnées à part : gouttelettes acides, Pour synthétiser les distinctions variées
anhydrides aromatiques. faites ci-dessus, il est commode, bien qu’un
«09 POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE
peu artificiel, de distinguer deux types de pol — Les climats où les anticyclones sont par
lution, par des associations de caractère. Le ticulièrement fréquents présentent un très fort
« type classique » est apparu avec l’utilisation risque de pollution. C’est le cas, notamment, des
massive des combustibles fossiles, notamment régions continentales des latitudes moyennes
le charbon, et les concentrations urbaines et (en hiver), des régions méditerranéennes (en
industrielles. On peut la qualifier de «pollu été) et des régions tropicales (pratiquement
tion type xixe siècle », encore importante, bien toute l’année, mais surtout pendant la saison
que sa réduction ait été spectaculaire. U s’agit sèche). L’industrialisation et l’urbanisation de
de particules (métaux), d ’aérosols et de gaz régions où le climat a des caractères favorables à
(S 0 2, C 0 2), résultant de la combustion et des la pollution réservent de graves difficultés pour
rejets industriels et provenant de sources un avenir proche, comme le montre le cas de
fixes. La pollution de « type moderne » est liée Los Angeles ou celui de grandes villes tropi
à la banalisation des automobiles et à la diver cales à saison sèche (Mexico, Bombay, etc.).
sification de l’industrie chimique. Elle prend — Les sites les plus dangereux pour la
surtout la forme de gaz (CO 2 , CO, NÔ2, et pollution sont ceux qui se prêtent bien à la
hydrocarbures oxydants), résulte de combus formation des inversions thermiques, c ’est-à-
tions incomplètes à haute température et pro dire les creux et les vallées.
vient de sources mobiles ou dispersées. La pollution a ses rythmes. Les effets
Ces deux types de pollution ne se mesurent aigus de la pollution sont aggravés à certains
pas suivant les mem es techniques. D ’une moments bien précis. Il existe à la fois des
manière générale, comme on ne peut tout phénomènes cycliques, et des crises aiguës,
mesurer, on choisit des polluants typiques et rares mais dévastatrices. Les cycles sont dus,
représentatifs, assez faciles à doser et à pour leur part, à des phénomènes climatiques
recueillir. Ce choix est relativement facile et à des rythmes de l ’activité économique.
pour la pollution « classique » que l’on mesure Les cycles annuels et diurnes combinent les
grâce à l ’appareil «soufre-fum ées» (dosage deux effets, alors que les cycles hebdoma
du S 0 2, et de l ’ensemble de la charge en parti daires sont plutôt dus à des rythmes purement
cules). L’étude de la pollution «moderne» est économiques.
plus difficile, et demande des dosages plus
nombreux (oxydants, NO, CO, hydrocar Les sociétés modernes ne manquent pas de
bures). moyens de lutte contre la pollution atmosphé
La pollution varie dans le temps et dans rique. Contrairement à une opinion courante,
l ’espace. Certes, la pollution atteint toute la des succès notables ont été obtenus, surtout
planète. On commence même à craindre que en ce qui concerne la «pollution classique»,
l ’augmentation de la teneur en CO2 puisse qui a beaucoup diminué en France. Les pro
modifier les grands équilibres énergétiques de blèmes sont plus difficiles à résoudre dans le
l’atmosphère. Mais il est certain qu’il existe cas de la pollution « de type moderne », car
des lieux particulièrement affectés et des les polluants sont plus volatils et les sources
crises momentanées. Comme la lutte contre plus dispersées et souvent mobiles.
ces concentrations spatiales et temporelles de Tandis que les grandes réunions internatio
la pollution est à la fois possible et importante, nales sur Tenvironnement (Rio de Janeiro,
il est nécessaire d ’en comprendre les méca 1992 ; Kyoto, 1997 ; Buenos Aires, 1998 ; Bali,
nismes. 2007 ; Copenhague, 2009) se préoccupent de
problèmes mondiaux, comme la diminution de
La localisation de la pollution dépend la quantité d’ozone protectrice dans la très
d’abord, évidemment, des sources invento haute atmosphère ou l’augmentation de l’effet
riées et classées ci-dessus... Mais elle est liée de serre, les recommandations européennes et
aussi aux mécanismes atmosphériques : les des lois nationales s’occupent davantage des
polluants se concentrent dans les basses pollutions proprement dites. La France, en
couches de l ’atmosphère quand l’air stagne conformité avec les directives européennes, a
et ne connaît ni mouvements verticaux ni adopté le 30 décembre 1996 une loi sur l’air qui
mouvements horizontaux. Ces occurrences se illustre les procédures actuelles pour la mise en
produisent dans certains climats et dans cer œuvre des techniques de lutte contre la pollu
tains sites. tion qui doivent être coordonnées et concertées.
POLLUTION DES EAUX CONTINENTALES
Les mesures relèvent de la gestion des verte »). Les seuils de déclenchement ont été
sources de pollution existantes, mais aussi de abaissés à Paris en juin 1999. ~
politiques à plus long terme destinées à Les actions d ’aménagement demeurent
réduire les volumes globaux de pollution. Il indispensables. Des règles précises pèsent suî
peut s ’agir de simples mesures techniques les installations industrielles : interdiction de
d’action sur les sources ou de décisions certains carburants et de certains procédés,
d’aménagement, telles celles qui vont de la dimension minimale des cheminées pour faci
redistribution spatiale des activités à l’échelle liter la dispersion des polluants, mise en place
locale ou à celle du territoire national. obligatoire de filtres, etc. Les actions à long
La loi sur l ’air du 30 décembre 1996 terme concernant des espaces étendus sont dé
cherche d’abord à améliorer la connaissance plus en plus fréquentes : éloignem ent des
de la pollution. Alors que longtemps la pollu sources de pollution inévitable des zones
tion n’a été mesurée que près de sites consi habitées (réglementation des installations
dérés comme dangereux, on est passé à une classées), limitation des implantations indus
couverture beaucoup plus complète du terri trielles dans les sites à fort potentiel de pollu
toire. Toutes les agglomérations de plus de tion, tels les fonds de vallées, imposition de
100 000 habitants doivent avoir des systèmes barrières végétales, politiques de limitation de
de mesures régulières. 35 associations de sur la circulation automobile à travers les plans
veillance ont été mises en place qui, tout en de déplacements urbains que la loi sur l’air a
couvrant tout le pays, forment un réseau plus rendus obligatoires dans les agglomérations
serré dans les vieilles régions industrielles, de plus de 100 000 habitants, etc.
lieux de concentration des fortes pollutions Les mesures de lutte contre la pollution ont
« classiques ». Les stations d ’observation se un prix, ce qui a conduit à formuler le principe
sont également multipliées, y compris dans selon lequel « les pollueurs devraient être les
les régions rurales, où l ’on mesure la «pollu payeurs». Mais son application est limitée
tion de fond » et où Ton surveille particulière notamment par des considérations juridiques,
ment les apports d’ozone. Les mesures d’une la loi française refusant qu’une recette du bud
grande variété de polluants sont confrontées à get de l ’État soit affectée à une politique parti
des normes, fixées en fonction des connais culière. C’est donc surtout par des incitations-
sances sur les effets de ces polluants sur la positives - dégrèvements fiscaux - qu’on-
santé publique, qui tendent à devenir de plus cherche à obtenir l’adoption de techniques et
en plus strictes. Elles concernent à la fois les d ’appareillages moins polluants.
concentrations instantanées en polluants et les
F. D.-D.
durées de dépassement des seuils.
Ces mesures et ces normes font l’objet de -> Aéroport; Atm osphère; Autom obile; Coût social; Dévelop
deux types de traitement : pement durable; Effet de serre; Énergie et environnem ent;
installations classées; Microclimat urbain; M oyen de trans
— des traitements rétrospectifs, qui défi port; Nuisance; Plan de déplacements urbains; Protection de
la nature ; Transport aérien.
nissent la qualité de l’air par des indices
synthétiques tenant compte d’une vaste
gamme de produits polluants, qui servent à
mettre en évidence la nécessité d’actions à POLLUTION DES EAUX CONTINENTALES
long terme relevant de l’aménagement ;
— des traitements servant à la prévision Constituant l ’essentiel de la matière
des risques à l’échéance de quelques heures, vivante, l ’eau joue un rôle fondamental dans
qui utilisent un indice fondé sur la teneur de l’alimentation humaine. Il est donc tentant de
quatre polluants majeurs - S 0 2, N 0 2, ozone, considérer comme polluée toute eau qui n’est
poussières et fumées - en vue de la gestion au pas potable, c ’est-à-dire dont la consomma
jour le jour de la pollution. tion peut provoquer des troubles pour la santé
Les dispositions d ’urgence concernent des hommes.
depuis longtemps les installations indus L’atmosphère fonctionne comm e une
trielles, en particulier les centrales thermiques. gigantesque machine à; distiller l ’eau des
La loi sur l ’air a introduit la possibilité de limi océans, qui est fournie à l’état presque pur aux
ter la circulation automobile des véhicules les habitants des continents sous forme de pluie
plus polluants (qui n’ont pas reçu la «pastille (elle est notamment débarrassée du sel qui la
611 POLLUTION DES EAUX CONTINENTALES
il se forme sur les grains de sable une enve La pollution thermique résulte également
loppe bactérienne qui agit sur la matière orga de processus physiques. Elle est due au rejet
nique; dans la mer d’eaux échauffées parce qu’elles
— stérilisation, pratiquée à l’aide de pro ont servi au refroidissement dans des transfor
duits chlorés ou d’ozone : celle-ci est un agent mations industrielles ou dans des opérations
d’épuration très actif qui ne laisse pas de goût à de production d ’énergie. Les eaux chaudes
l ’eau; perdent beaucoup plus vite leur individualité
— traitements spécifiques, destinés à éli dans la mer que dans les cours d’eau continen
miner des produits précis, dus à des rejets taux, ce qui explique qu’on ait localisé beau-:
industriels. coup de centrales nucléaires sur les littoraux,
La lutte contre la pollution des eaux conti notamment aux États-Unis.
nentales peut être imposée par des mesures Les agents qui peuvent être considérés
législatives ou réglementaires, prises à l ’échelle comme des polluants sont très nombreux :
d’un pays tout entier, comme les dispositions — les micro-organismes, bactéries et virus
qui, en France, imposent des autorisations pour à propriétés pathogènes, proliférant sur les lit
le déversement des eaux usées. Mais elle néces toraux, à proximité des effluents des égouts.
site une planification générale des utilisations Le problème est particulièrement grave dans
de l’eau. Celle-ci peut être réalisée à l’échelle la mesure où la densité de population est spé
de l’aire de desserte d’une grande aggloméra cialement forte le long des littoraux et où la
tion ou dans le cadre d ’un bassin fluvial. baignade se développe considérablement. On
F. D.-D. détecte souvent la pollution bactérienne par
les matières fécales ;
-* Agence de l'eau; A griculture; Assainissement; Cours d'e a u; — les produits organiques, molécules aux
Ea u; Installations classées; Nuisance; Pollution des m ers;
Pollution des sols. longues chaînes carbonées. Celles-ci consti
tuent notamment :
• les produits pétroliers rejetés par les
POLLUTION DES MERS moteurs de bateaux, par le dégazage des
pétroliers et lors des accidents qui surviennent
Ensemble des processus et des résultats de aux navires de ce type ou aux puits sous-
ces processus qui introduisent dans l ’eau de marins de pétrole, origine des plus célèbres
mer des corps qui ne s’y trouvent pas à l ’état épisodes de pollution marine ;
naturel, ou qui s ’y trouvent avec des concen • des produits d ’origine diverse, tels que
trations moindres. détergents, résidus d’engrais ou de pesticides ;
Au sens strict, la pollution implique des — les produits non organiques tels que :
m odifications de la com position de l ’eau. • les sels biogènes, comportant des atomes
Mais on em ploie couramment le terme de d’azote ou de phosphore, provenant souvent
«pollution thermique» pour désigner l’éléva des engrais. Ils sont capables de servir d’ali
tion anormale de sa température par suite de ments à des végétaux marins, d’où leur nom ;
l’action humaine. • les métaux : leur présence est due surtout
Les polluants se présentent soit à l ’état de aux rejets industriels. On s’est intéressé avant
substances dissoutes, soit à l ’état de parti tout aux plus toxiques d’entre eux, tels que
cules en suspension. La présence de celles-ci le mercure, le plomb, le cuivre, le zinc, le
est spectaculaire, puisqu’elle modifie la cou chrome et le nickel ;
leur et la transparence de la mer. Il n’est pas • les radio-nucléides artificiels qui sus
toujours facile de distinguer les processus citent de grandes craintes et une abondante
«norm aux» des processus «naturels» qui littérature. Ils proviennent des explosions ato
introduisent des particules arrachées aux miques et de rejets contrôlés. Ces derniers
continents par l ’érosion fluviale et les pollu sont l’objet d ’une surveillance très attentive,
tions. Il est évident que les rejets de boues si bien que la pollution radioactive des océans
industrielles (comme les boues rouges, résul reste limitée ; l ’immersion de déchets radioac
tat de l ’activité de l ’industrie du kaolin) tifs, même à forte profondeur et munis de
constituent des pollutions. Mais que dira-t-on protections considérables, continue cependant
de l’arrivée de troubles en quantité accrue par à susciter bien des réticences et contestations.
suite de la déforestation d’un bassin fluvial? Les polluants sont apportés aux océans :
613 POLLUTION DES SOLS
— par les cours d ’eau des continents et par qui cesse d ’être disponible pour d’autres êtres
les pluies : de ce fait, la pollution des mers vivants. Des concentrations accentuées de pol
reflète, en quelque sorte, celle des eaux conti luants peuvent se former par le fonctionnement
nentales et de l’atmosphère ; des chaînes alimentaires.
— par des rejets directs le long des côtes : D ’une manière générale, les résidus
i les égouts et les effluents industriels non d’engrais, les sels biogènes, ont provoqué des
contrôlés abondent le long des littoraux dans mécanismes d’eutrophisation qui ont fait pro
beaucoup de pays ; liférer des algues et des animaux plus ou
— par des rejets directs en mer, à partir des moins utiles.
bateaux: les plus importants sont ceux des Ainsi, malgré - et parfois à cause de - toutes
pétroliers. ces évolutions, la pollution a des effets multi
Il reste que les sources de pollution marine formes, qui se font souvent sentir loin des
les plus importantes se situent le long des lit sources de production des polluants et qui
toraux. aboutissent à la dégradation des eaux litto
Tout un système d’interactions fonctionne rales, affectant donc des activités comme le
dans le milieu océanique, qui assure une cir tourisme, la pêche côtière, l’aquaculture, mais
culation et une évolution des polluants, et aussi les eaux du large, donc la pêche hautu
qui explique leur localisation. Les mers sont rière. On a même pu émettre des craintes à
capables d’opérer la dilution ou l’élimina propos d’éventuels effets, d’ordres de gran
tion, au moins apparente, des polluants, par deur très élevés, en invoquant, par exemple, la
exemple : possibilité d’une crise généralisée du phyto-
— la sédimentation des particules, plus ou plankton, qui aboutirait à affecter les échanges
moins rapide selon leur taille, élimine les d ’oxygène à l’échelle mondiale.
troubles; Chaque pays peut mener la lutte contre la
— la décomposition de la matière orga pollution par la surveillance de son littoral et
nique, comme les hydrocarbures, est relative de ses eaux territoriales, champ d ’action
ment rapide, sous l’action de bactéries qui limité, mais important. Cependant, il est aussi
minéralisent les molécules organiques ; nécessaire de se prémunir contre les pollu
— l’action de l’eau de mer et des micro tions originaires des pays voisins, et contre
organismes marins semble avoir un pouvoir celles qui naissent en haute mer. Seules des
de destruction assez fort vis-à-vis des micro négociations internationales peuvent être effi
organismes d’origine terrestre, comme ceux caces dans ce domaine. C’est ce qui explique
de flores intestinales : on a njême pu parler du l ’intérêt porté à des conventions comme celle
«pouvoir auto-épurateur de l’eau de mer». de Londres (1954), celle de Bonn (1969) ou
Mais beaucoup de polluants ne sont pas celle de Bm xelles (1971), qui organisent la
définitivement détruits par ces processus, et lutte internationale contre les pollutions par
leur circulation dans l’écosystème marin peut les hydrocarbures.
produire des concentrations ou des effets inat F. D.-D.
tendus :
— le rôle des courants marins est banal et Littoral; M e r; Nuisance; Pollution des eaux continentales.
tions. Les mêmes sources permettent de d ’état civil concernant l ’individu : ceux-ci
connaître sa structure par sexe, âge, état matri sont répertoriés par commune de naissance.
monial, etc. D ’autres sources, notamment Mais ce répertoire n ’indique pas la résidence.
l’état civil, permettent de connaître son mou Divers fichiers partiels peuvent être utilisés
vement naturel, résultat des naissances et des (fichier électoral, fichier des contribuables,
décès. Les mouvements migratoires sont de la Sécurité sociale, etc.), mais ils ne
généralement plus mal connus. concernent jamais l’ensemble de la popula
Au plan spatial, on parle de densité de tion. Cependant, dans le cadre de la couver
population comme le rapport d’une popula ture médicale généralisée, un nouveau
tion à la superficie qu’elle occupe, et on la registre national d ’immatriculation à l’assu
mesure en habitants par kilomètre carré (ou rance maladie, qui a vocation à l ’exhaustivité,
par hectare dans les zones urbaines). est en cours de constitution.
On décrit la structure de la population par Les démographes construisent des modèles
divers caractères : de population :
— le sexe : il y a une stabilité (sauf avorte — une population stationnaire a un nombre
ments sélectifs, comme en Chine ou en Inde), annuel de naissances invariable et une morta
dans le temps et dans l’espace, du taux de lité invariable définie par une table : son effec
masculinité à la naissance (0,512 environ), tif et sa structure sont invariables et l ’espérance
mais la surmortalité masculine entraîne, hors de vie à la naissance est l ’inverse du taux brut
migrations, un excédent féminin au-delà de de mortalité (égal au taux brut de natalité) ;
40 ans environ (en France) ; — une population stable a un nombre annuel
— l’âge (par année de naissance ou par année de naissances croissant, à taux r constant, et une
d’âge révolu): on établit des histogrammes, mortalité invariable définie par une table : r est
appelés pyramides des âges, qui distinguent les aussi le taux d’accroissement naturel de cette
deux sexes et peuvent indiquer la distribution à population dont la structure est invariable: on
chaque âge, d’un autre caractère : les âges sont montre qu’une population quelconque, soumise
indiqués en ordonnée ; les effectifs en abscisses à des lois de fécondité et de mortalité inva
(le sexe masculin à gauche, féminin à droite) : riables, évolue progressivement vers la popula
l’analyse d’une pyramide des âges d’une popu tion stable correspondant à ces lois (Lotka).
lation est très révélatrice de son histoire démo P. M.
graphique (variations de la fécondité, surmor
talité due aux guerres, aux famines, etc.) ; -* Démographie; État civil; Recensement.
intermittentes : or, ces formes d’activités se ment des marchandises (fret) et des passagers.
développent de plus en plus, soit par choix Un port franc est un port où les marchandises
(jeunes en particulier pour les emplois inter en transit ne paient pas de droits de douane.
mittents, femmes pour les emplois à temps Par extension, le qualificatif de port est
partiel), soit par absence d’emplois stables ; attribué aux villes ayant une fonction por
— le cas des aides familiaux (agriculture, tuaire importante. Celle-ci induit des activités
commerce, etc.) dont la situation réelle commerciales (commerce de gros, entrepôts)
(emploi fixe ou non) peut être très variable ; et autres (transports, douanes).
—- dans certaines formes d ’économie (pays
P.M.
en développement surtout), existe un secteur
d’activités informelles (vente à la sauvette, -> Infrastructures; Transport fluvial.
menus services), qui ne correspond pas à des
emplois, mais qui représente une activité pour
ceux qui les exercent. PORT DE PLAISANCE -> Équipements
Les taux d’activité sont très dépendants des touristiques
conventions retenues pour traiter les cas pré
cédents, qui peuvent représenter ensemble
une fraction importante de la population active POSTINDUSTRIEL -> Société postindustrielle
(la majorité dans certains quartiers, voire cer
taines villes, des pays en développement). Il
n ’est dès lors pas surprenant que les taux POSTMODERNE
d’activité publiés par le Bureau international
du travail ( b i t ) soient très variables pour des Terme utilisé aux États-Unis par des socio
pays à économie comparable. logues et des critiques en liaison avec celui
L’ensemble de la population active d ’un de «postindustriel», dans le cadre d’une
bassin d’emploi, d’un secteur géographique, réflexion sur les sociétés industrielles avan
d’une profession ou d’une entreprise est appe cées, à l’âge de l’électronique. Le contenu de
lée main-d’œuvre. Cette expression est égale ce concept présente une grande diversité,
ment utilisée pour définir le facteur travail selon les id éologies des auteurs qui s ’en
ajouté aux produits bruts. On parle d’industrie servent. Le philosophe français F. Lyotard l’a
de main-d’œuvre pour désigner celles d’entre utilisé pour qualifier et définir un état du
elles qui nécessitent un important emploi de savoir émergeant dans les sociétés avancées
main-d’œuvre par rapport à l’emploi du capi vers la fin des années 1950. La notion de
tal : industrie textile, confection, par exemple. postmodeme est pour lui l’instrument d’une
Au contraire, les industries qui nécessitent analyse historique et épistémologique : son
beaucoup de capital et peu de main-d’œuvre « hypothèse de travail est que le savoir change
sont dites capitalistiques : sidérurgie, raffine de statut en même temps que les sociétés
ries de pétrole par exemple. entrent dans l ’âge dit postindustriel... » (La
P. M. condition postmodeme, Paris, 1977).
Sous l ’impulsion du critique Ch. Jencks
-> Activité professionnelle; Em ploi; Migrations alternantes; (The language o f post-modem architecture,
Ta u x d'activité.
Londres, 1977), ce terme est passé dans la ter
m inologie architecturale pour désigner un
mouvement auquel il confère une double
PORT connotation : l’adjectif moderne renvoie à la
fois à la « modernité » historique de la société
Abri naturel ou artificiel pour les navires, et au mouvem ent dit «m od ern e» qui, en
composé notamment de quais le long desquels architecture et en urbanisme, débute dans les
accostent les bateaux, et de bassins appelés années 1920. D ’une part, postmoderne se
docks (par extension, dock désigne aussi les réfère au sens épistémologique initial, reflé
magasins construits sur les quais où sont entre tant l’engouement pour la philosophie et les
posées les marchandises). Les installations sciences de l ’homme qui, depuis une ving
portuaires sont les bâtiments et les appareils taine d ’années, s ’est emparé du milieu des
nécessaires à l’embarquement et au débarque architectes : son emploi trahit la superficialité
617 POSTMODERNE
de ces approches, au même titre, par exemple, du Mouvement moderne. En fait, ce qui est
que la fortune actuelle du terme « déconstruc proposé est une technique de la citation
tion », emprunté à J. Derrida et vidé de sa visuelle, que celle-ci soit empruntée aux pay
signification. D ’autre part, postmodeme qua sages publicitaires du présent (Las Vegas,
lifie globalement les réactions idéologiques et Disneyland), à la peinture (de Piranèse à
formelles, d’un ensemble d’architectes, contre Chirico), ou à l’architecture savante du passé.
le mouvement moderne, sous des chefs En revanche, ce maniement de la citation
d’accusation m ultiples : évolution vers un éclaire la nature de l’historicisme pratiqué par
nouvel académisme, échec du projet social, nombre de postmodemes. Il ne s’agit là, en
insuffisance sémantique et « ennui » dégagé effet, nullement d’un néo-style ou d’un éclec
par l’éthique et l’esthétique de la fonctionna tisme, comparables à ceux du xixe siècle, qui
lité, absence de références à la tradition et anti étaient nourris d’érudition et concernaient la
historicisme. structure autant que les ornements des édi
Ch. Jencks affirme que l’architecture post fices. L’historicisme postm odem e habille
modeme est «métaphysique, conceptuelle, espaces et bâtiments, de façon « libre et non
possédant une mémoire historique». Il est savante, en ne sacrifiant ni à la cohérence, ni à
cependant difficile de dégager dans les dis l ’exactitude » (Ch. Jencks), à des fins pure
cours, les projets ou les réalisations des archi ment visuelles, sans égard aux référents (éco
tectes postm odem es des traits communs, nomiques, sociaux, politiques) des formes
assumés comme tels, qui permettraient de par empruntées. Parfois, surtout en urbanisme, la
ler d’un véritable mouvement. En fait, le seul citation est pratiquée avec sérieux, comme
dénominateur commun de ces travaux est leur c ’est le cas des aménagements de style clas
opposition au mouvement moderne, parfois sique de L. et R. Krier (cf. Architecture ration
d ’autant plus violente qu’elle résulte d ’un nelle, Bmxelles, 1978), dont A. Van Eyck se
bmsque retournement. Ph. Johnson, créateur demandait combien de temps ils allaient conti
avec Hitchcock du terme « style international » nuer à « ramper sur les traces de Piranèse,
(1932) et champion de ce style aux États-Unis Sitte, Chirico et Marx » (Discours au Royal
jusqu’aux années 1970, déclare soudain : «L e Institute ofBritish Architects, 1981). Le plus
style international est (.•■) assommant, man souvent, la technique de citation joue simulta
quant de richesse, totalement faux... le verre nément sur plusieurs registres, cherchant à
est ont. (...) l ’inspiration du passé est in. » provoquer la surprise ou le choc. Le processus
Si on tente d’analyser la production (tex est mis en lumière dans la description par
tuelle, graphique, architecturale) d’architectes Ch. Moore de la Piazza d’Italia réalisée par lui
et aménageurs postm odem es tels que en 1978, à La Nouvelle-Orléans, pour un quar
P. Johnson, R. Stem, R. Venturi, M. Graves, tier italien : « Je me suis rappelé que les ordres
Ch. Moore aux États-Unis, Sterling, Krier, architecturaux étaient italiens avec une petite
Botta, Bofill en Europe, Isosaki au Japon, on contribution des Grecs, et donc j ’ai cm pou
est confronté à un pluralisme dans lequel on voir utiliser des colonnes toscanes, doriques,
peut discerner deux tendances : l ’une affir ioniques et corinthiennes au-dessus de la fon
mant une nouvelle modernité par un esthé taine. Mais c’était une erreur, elles cachaient
tisme nourri de kitsch ou des apports du pop la forme de l’Italie (carte géante de l ’Italie ins
art, ou encore utilisant les procédés du mou crite dans le sol), et donc j ’ai ajouté l ’ordre
vement dada ou du surréalisme ; l’autre regar Delikatessen dont nous avons pensé qu’il res
dant vers le passé, en quête de monumentalité semblerait à des saucisses accrochées dans la
et de styles, et puisant à toutes les sources, de vitrine d’un magasin (...). L’eau coule sur le
l’antiquité au baroque, du classicisme euro fut des colonnes, recouvertes d’acier inoxy
péen (privilégié dans certains projets d’amé dable, de la fontaine : j ’aurais voulu avoir des
nagement) aux architectures totalitaires essuie-glaces de camion pour établir une
(nazie, stalinienne) et même à celle du mou connexion avec le présent (...) » (Discours au
vement moderne. r i b a , 1981).
Cette énumération montre que le postmo- Au-delà de leur pluralisme formel, l’archi
demisme ne peut être défini, comme c ’est sou tecture et l ’aménagement postmodemes pré
vent le cas, par un retour à l ’histoire et à la sentent cependant une unité non assumée,
tradition, qui s’opposerait à l’an-historicisme qu’une analyse critique peut définir par :
POSTURBAIN
— leur refus du sérieux et leur rejet des an idea, Towards theyear 2000, Daedalus, été
objectifs éthiques et sociaux, essentiels pour 1967) dans un sens proche de la notion de post
le Mouvement moderne ; City âge (The post city âge, Daedalus j
— leur vide idéologique ; automne 1968) due à Melvin Webber.
— leur formalisme, ambivalent, installé sur Webber, l ’un des premiers (cf. aussi
les deux plans de la séduction et de la dérision. D. Martindale, 1962; S. Greer, 1962), notait
De fait, le postm odem ism e cache, sous que la ville, au sens traditionnel d ’espace
l ’alibi pervers d ’un art attractif pour les discret et limité, tendait à disparaître. Il liait
m asses, un nouvel élitism e qui conduit à cette disparition d ’abord essentiellement à la
s ’interroger sur la nature de ce « mouvement » révolution technique des communications
multiple. S ’il peut, par son élitisme et son atti (transports, mais davantage médias et télé*
tude polémique, apparaître comme une nou communications), dont il montrait comment
velle avant-garde, il faut néanmoins compter elle libère les hommes de leur ancestrale
avec son double caractère, iconique et média insertion « locale » : la société nouvelle, en
tique. En effet, d ’une part la recherche des voie d’émergence dans les pays développés;
architectes et urbanistes postmodemes étant « est de moins en moins dépendante de la
d’ordre visuel, elle s’appuie très largement sur v ille», le sens et l ’importance de la distance
le dessin perspectif et la diffusion d’images. physique déclinent rapidement. Ensuite, ces
À telle enseigne que beaucoup d’architectes transformations sont liées par une boucle dé
postmodemes en viennent à se contenter de rétroaction à d ’autres facteurs, comme la
cette seule production iconique. La bande croissante com plexité d ’une organisation
dessinée a d ’ailleurs exercé une influence sociale qui ne coïncide plus avec l ’organisa
importante sur l ’architecture postm odem e tion spatiale, le développement d ’une éco
(cf. notamment Alix). D ’autre part, cette acti nomie de services, les déplacem ents
vité iconique est directement tributaire des corrélatifs de populations vers des zones
médias (revues professionnelles) qui, par non urbaines, observés en particulier aux
rétroaction, prennent une importance crois États-Unis.
sante et transforment l ’avant-garde en mode. En fiançais, « posturbain » permet de pallier
Cette condition nouvelle de l ’architecture une pauvreté lexicale, source de confusion et
comme fait de mode est confirmée par le rôle de contresens permanents. En effet, le mot
des médias non spécialisés, devenus support « v ille» sert aujourd’hui à désigner indistinc
publicitaire : « Un des aspects intéressants du tement des entités historiques et physiques ,
postmodemisme est sa présence, en couleur, aussi disparates que la cité préindustrielle, la
dans la grande presse hebdomadaire, au métropole de l ’âge industrielle, les conurba
moins aux États-Unis » (Ch. Moore, op. cit.). tions, les agglomérations déca-millionnaires,
L’architecture postm odem e est surtout les « villes nouvelles » et les petites com
représentée aux États-Unis, mais aussi en munes de plus de 2 000 habitants. D e même;
Grande-Bretagne, en Italie, au Japon. En Le Corbusier n ’utilise le terme « V ille
France, elle a été introduite avec retard, et en radieuse » que par abus de langage.
partie par la médiation d’architectes étrangers « Posturbain » pointe les nouvelles formes
(cf. Bofill). d ’urbanisation engendrées par la synergie
F. C. d ’un ensemble d ’innovations techniques et
par leur application au développement des
-> Culturalisme; M oderne; Société postindustrielle; post grands réseaux techniques d’aménagement;
urbain.
tendance à la concentration qui investit des
périphéries toujours plus largement irradiées,
et dont l’étalement coïncide avec le dépeuple*
POSTURBAIN ment des centres et noyaux urbains histo
riques; tendance inverse à la dispersion
A djectif composé (applicable à âge, ère, linéaire (en forme de tentacules et en bordure
civilisation, etc.), proposé par F. Choay (L’his de littoral) ou ponctuelle et diffuse (rurbanisa
toire et la méthode en urbanisme, Annales tion). Autrement dit « posturbain » signale que
ESC, juillet-août 1970), comme corrélât de le schéma de W. Chrisfaller est périmé, que
«postindustrial» (D. Bell, The Trajectory o f Père des entités urbaines discrètes est termi
619 PRÉEMPTION
née et que le divorce d’urbs et de civitas est convenu. Cette double restriction fait appa
consommé. raître le double objectif que peut poursuivre le
Néanmoins, le terme «posturbain» n ’a pas droit de préemption. D ’une part, il permet des
la précision monosémique de l ’anglais post- acquisitions d’opportunité : par exemple, dans
city âge. Il est même ambivalent dans la une zone où une collectivité publique souhaite
mesure où il peut servir à désigner le résultat maîtriser l’urbanisation (ville nouvelle, réno
physique, mental et social du processus vation urbaine, développement d’un nouveau
d’urbanisation qui aboutit à réduire au déno quartier), l’instauration d’un droit de préemp
minateur commun d ’une nouvelle culture tion lui permet d’acquérir progressivement les
l ’ancestrale différence entre villes et cam terrains et de bloquer, si elle le souhaite, les
pagnes. transactions entre personnes privées. D ’autre
La notion de post-city âge (et l’équivalent part, le droit de préemption permet, avant
français qu’on choisira de donner à ce terme) tout, de peser sur l ’évolution des prix fonciers.
présente une valeur heuristique. Elle ouvre Arme antispéculative, il permet, en effet,
une problématique et introduit à une prospec d’intervenir lorsque la déclaration d ’intention
tive de l’aménagement esquissée dès 1931 par d ’aliéner (dia), obligatoirement envoyée par
l’Italien G. Giovannoni avec sa notion d’anti le vendeur au bénéficiaire du droit de préemp
urbanisme (Vecchie Città ed edilizia nuova), tion, fait apparaître un prix anormalement
avant E. de Sola et M. Webber ( Urbanization élevé. Cette technique pose toujours un délicat
and communication, 1973, et A different problème de fixation du prix. En cas de désac
paradigm fo r planning, 1978). Elle engage à cord entre le propriétaire et le bénéficiaire du
explorer la voie d ’un aménagement local, droit de préemption, on applique en général la
d’échelle modeste et de dimensions réduites, procédure qui vaut en cas d’expropriation.
propre à induire des retrouvailles avec l ’urba En France, le, droit de préemption a vu son
nité. utilisation généralisée en matière foncière,
depuis son apparition en 1958 dans les « zones
F. C.
à urbaniser par priorité ». Il peut s’appliquer
-> Postmoderne; Société postindustrietie; Télécom m unica aujourd’hui en zone agricole (droit de préemp
tions ; Télématique ; Urbain.
tion des safer), en zone naturelle protégée
(espaces naturels sensibles), en zone urbaine
ou périurbaine.
POTABLE (EAU) -* Eau La première application systématique du
droit de préemption est intervenue en 1959, à
l ’intérieur des «périm ètres sensibles», au
POUVOIR DE COMMANDEMENT bénéfice du département (auquel peut se sub
- » Entreprise stituer, depuis sa création en 1975, le Conser
vatoire du littoral). L’objet était de délimiter,
en particulier sur le littoral, des périmètres à
PRÉCIPITATIONS -> Cycle de l'eau l’intérieur desquels s ’appliquerait, au béné
fice du département, une taxe spéciale sur les
constructions («redevance d ’espace vert»,
PRÉEMPTION devenue «taxe départementale d ’espace
vert» puis, en 1985, «taxe départementale
En matière foncière, le droit de préemption des espaces naturels sensibles») permettant
est le droit pour une personne publique d ’intervenir à l ’intérieur des périmètres de
(commune le plus souvent) de se substituer à préemption.
l’acquéreur lorsqu’un propriétaire foncier En matière agricole, la loi d’orientation agri
déclare son intention d’aliéner (dia) un terrain. cole de 1962 a également introduit, en même
Au regard du droit de propriété, la préemp temps que les safer (Sociétés d’aménagement
tion est une technique intermédiaire entre foncier et d’établissement rural), un droit de
l’acquisition amiable et l’expropriation : elle préemption à leur profit, dont les conditions
ne contraint pas le propriétaire à se dessaisir sont fixées au niveau du département.
de son bien, mais elle limite sa faculté de Le troisième type de «droit de préemp
vendre à qui il souhaite, à un prix librement tion », le plus substantiel dans ses résultats, a
PRÉEMPTION 62& -
été celui de la zone d ’aménagement différé non dotées d’un pos. La flambée spéculative
(zad), créée en 1962. Créée pour quatorze ans 1985-1990 a conduit à élargir la possibilité'
(huit à l’origine), la zad couvre un périmètre pour l’État de créer des zad dans l’ensemble,
dans lequel des projets publics ou privés des communes, qu’elles soient dotées où li
doivent se réaliser dans un proche avenir, ris non d’un pos. Én outre, la loi d ’orientation,
quant d’entraîner une flambée des prix fon pour la ville du 13 juillet 1991 a également
ciers. Pour atténuer la spéculation, la rétabli les «prézAD», c ’est-à-dire les périT
référence de prix est fixée à la valeur du ter mètres provisoires délimités par le préfet
rain dans l’usage qu’il avait un an avant la avant l’établissement d’une zad. Cette com-i
création de la zad. Cet outil a effectivement pétence d’État est normalement exercée pari
joué un rôle important dans le contrôle du le préfet, après avis du Conseil d’État en cas
marché foncier, notamment dans le cas des d’opposition de la commune. En contrepar
villes nouvelles ou des futurs tracés d’auto tie, les communes obtiennent un droit de’
routes. priorité pour acquérir les biens mis en vente
Nouvelle extension du droit de préemption par l’État, ses établissements publics et les
en 1975, dans la loi portant réforme de la entreprises publiques dont là liste est fixée
politique foncière, avec la création des zones par décret. S:
d ’intervention foncière : il s’agit cette fois de Le champ d ’application du droit de pré*'
créer, au profit des communes, un droit de emption a de nouveau été étendu récemment ;\
préemption dans les zones urbaines. La zif est à trois reprises. L’évolution la plus impôts
créée de plein droit dans toutes les villes de tante a été apportée par la loi du 27 février; !
plus de 10 000 habitants qui disposent d’un 2002 sur la démocratie de proximité, qui a j
pos opposable aux tiers. Dans ces zones, le étendu le domaine de la préemption publique
prix de référence est le prix du marché. Faute et cherché à harmoniser le régime juridique li.
de moyens techniques et de moyens finan des différents droits de préemption définis.
ciers affectés à cet usage du droit de préemp par le Code de l ’urbanisme. La disposition la i;
tion, celui-ci est resté assez peu utilisé si ce plus marquante de cette loi est probablement r
n ’est dans quelques grandes villes. celle qui permet à l’État d’instituer, à l’initia
À peu près stabilisé pendant une dizaine tive du Conservatoire du littoral, de nou- "
d’années, le droit de préemption a été à nou veaux périmètres à l ’intérieur desquels le !'r
veau m odifié à plusieurs reprises depuis Conservatoire se voit doté d’un droit de pré- ; :
1985. La loi d ’aménagement du 18 juillet emption propre, et non plus par délégation ;j
1985 a d’abord complètement réorganisé le ou par substitution au département dans
droit de préemption en zones urbaines et péri l ’hypothèse où ce dernier n ’exerce pas ce )
urbaines : dans les communes dotées d ’un droit. Ce renforcement accompagne u n e teri-
pos, zif et zad ont été unifiées en un droit de dance lourde, la part croissante des objectifs i
préemption urbain (dpu) qui peut être institué d’environnement dans l ’exercice du droit de
sur tout ou partie des zones u et na des pos. préemption, comme le traduit également la ;
Initialement prévue comme automatique, la loi du 30 juillet 2003 relative à la prévention
transformation des zif en zones de dpu est des risques technologiques et naturels, qui
soumise, depuis la loi du 17 juillet 1987, à élargit l’usage possible de ce droit à proxi
une décision expresse des communes. Celles- mité d’une installation soumise à un plan dé
ci ont toute liberté pour instituer le dpu, en prévention des risques technologiques ou
limiter le champ d’application ou le suppri dans les périmètres soumis à des servitudes
mer. D ’un intérêt certain, le dpu est largement dites d’inondation. La loi Urbanisme et habi
utilisé par les communes, mais il a parfois tat du 2 juillet 2003 a également largement
donné lieu à des usages contestables (choix de étendu la possibilité de pratiquer le droit de
l’acquéreur, de l’opérateur, simple opération préemption urbain sur le territoire de com
de marchand de biens) qui ont été soulignés munes seulement dotées de cartes commu
dans un rapport du Conseil d’État (« Urba nales, sans qu’il y ait lieu de tenir compte des
nisme : pour un droit plus efficace », Conseil possibilités de construire dans la zone consi
d’État, 1992). dérée.
D ’autre part, les z a d avaient été mainte Cet élargissem ent coïncide avec un
nues par la loi de 1985 pour les communes nombre croissant de recours, y compris
821 PRESCRIPTIONS D'AMÉNAGEMENT ET D'URBANISME
d’un droit de préemption fort, avec révision outre, ces lois peuvent elles-mêmes prévoir
possible de prix, limité aux zones d’interven cette opposabilité : c ’est le cas des lois rela
tion actives, le droit de préemption prenant tives à la montagne, au littoral et aux zones
lui-même dans cette hypothèse un caractère de bruit des aérodromes.
actif et anticipateur. C’est dans ce cadre que les directives natio
nales d’aménagement du territoire ont été
V. R.
refondues dans le cadre des lois - dont elles
Acquisition foncière; Action foncière; Loi d'orientation sur la ne constituent qu’une partie - relatives à
( )
ville iov ; Maîtrise foncière; Prix fonciers; Propriété; Réser l ’urbanisme au voisinage des aérodromes
ves foncières ; Sociétés d'aménagement foncier et d’équipe
( )
ment rural safer ; Spéculation. (11 juillet 1985), au développement et à la
protection de la montagne (9 janvier 1985) et
à l’aménagement, la protection et la mise en
PRÉFABRICATION - » Béton;Composant; valeur du littoral (3 janvier 1986). Il faut y
Composite; Industrialisation du bâtiment ajouter un article de la loi du 18 juillet 1985
relatif à l’espace occupé par les anciennes
enceintes fortifiées de Paris et de Lille, En
PRÉFECTURE -> Bâtiments administratifs fait, l’objectif de rendre les règles juridiques
plus précises que dans les anciennes direc
tives n ’a guère été atteint, les textes de ces lois
PRÉFET -* Conseil régional ; laissant une large marge d ’imprécision (qui a
Déconcentration ; Département toujours été interprétée, dans les faits, a
minima) au nom de la souplesse d ’applica
tion.
PRÉMÉTRO - » M étro;Tramway La loi Solidarité et renouvellement urbains
du 13 décembre 2000 supprime du Code de
l’urbanisme la notion de loi d’aménagement
PRESCRIPTIONS D'AMÉNAGEMENT et d’urbanisme et la remplace par celle de
ET D'URBANISME «dispositions particulières» relatives aux
zones de montagne et du littoral. À vrai dire,
Avant la décentralisation, l’État avait déjà cette modification sem ble purement for
été conduit à édicter, sous le nom de direc melle.
tives d ’aménagement du territoire, des orien Les schémas régionaux d’aménagement et
tations concernant des aspects particuliers de d’urbanisme (Île-de-France, Corse, départe
la politique d’aménagement du territoire. Le ments d’outre-mer), les schémas de mise en
caractère opposable aux tiers de ces direc valeur de la mer, les directives de protection et
tives se heurtait cependant à une difficulté : de mise en valeur des paysages et les direc
le caractère parfois imprécis de leur rédac tives territoriales d ’aménagement, une fois
tion.
PRÉSERVATION 623
approuvés par décret, ont également valeur de — les directives territoriales d’aménagement
prescriptions régionales. (loi d’aménagement et de développement du
En outre, la loi du 7 janvier 1983 prescrit territoire du 4 février 1995) qui concernent
aux documents d ’urbanisme de déterminer certaines régions : des 7 DTA prescrites, 6 ont
les conditions permettant de limiter l’utilisa été approuvées entre 2003 et 2007 (Alpes-
tion de l ’espace, de préserver les activités Maritimes, bassins miniers lorrains, estuaire de
agricoles, de protéger les espaces forestiers, la Seine, estuaire de la Loire, aire métropolitaine
les sites et les paysages naturels ou urbains, lyonnaise, Bouches-du-Rhône), mais celle des
de prévenir les risques naturels prévisibles et Alpes du Nord est encore en cours d’élaboration
les risques technologiques. La loi d’orienta en 2009. i
tion sur la ville du 13 juillet 1991 y a ajouté
P.M!
la prévision d’espaces constructibles suffi
sants pour les activités économiques et -> Aménagement du territoire; Directives d'aménagem ent du
territoire; Directive territoriale d'aménagement <d t a ) ; Litto
d’intérêt général et pour la satisfaction des ral; M e r; M ontagne; Schéma national d'aménagem ent et dé
besoins présents et futurs en matière d’habi développement du territoire; Schéma régional d'aménage*
ment et l'urbanisme.
tat. Ces prescriptions ont valeur de loi d’amé
nagement et d’urbanisme. Ce principe, qui
vise à assurer l’équilibre entre protection et
aménagement, sert de base au contrôle admi PRÉSERVATION -► Conservation;
nistratif et juridictionnel des documents Patrimoine; Paysage; Secteur sauvegardé;
d’urbanisme. Site
La loi du 7 janvier 1983 prévoit aussi la
possibilité de prescriptions particulières à
certaines parties du territoire. C elles-ci PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL
doivent être fixées pour les régions (prescrip —> Département
tions régionales) ou un ensemble de régions,
par exemple pour les massifs montagneux
(prescriptions interrégionales). Établies sur PRÊTS À L'ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ
proposition des régions ou après consultation (PAP) -+ Aide à la pierre ; Crédit immobilier
de celles-ci, approuvées par décrets, ces
prescriptions acquièrent valeur de prescrip
tions d’aménagement du territoire. Malheu PRÊTS À TA U X ZÉRO - Aide à la pierre;
reusement, cette possibilité est très peu Crédit immobilier
utilisée. A ce jour, aucune prescription parti
culière de massif n ’a été établie (et ne le sera
probablement jamais). De même, aucune PRÊTS AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
prescription particulière régionale pour le lit —> Emprunts des collectivités locales
toral n ’a été établie. Onze schémas de mise
en valeur ont été prescrits, mais quatre seule
ment ont été approuvés (ceux de l’étang de PRÊTS AUX ORGANISMES D'HLM Aide
Thau en 1995, du bassin d ’Arcachon en à la pierre; Habitation à loyer modéré ( h lm )
2004, du golfe du Morbihan en 2006 et de
Tregor-Goëlo en 2007), même si celui du
littoral charentais en est proche. Ainsi le fait PRÊTS CONVENTIONNÉS - » Aide à la pierre ;
que ces prescriptions s’imposent aux docu Crédit immobilier
ments locaux d’urbanisme (schémas direc
teurs et plans d’occupation des sols) est-il
resté presque sans portée. PRÊTS LOCATIFS AIDÉS (PLA) -> Aide
Plus récemment, ont été institués deux à la pierre; Crédit immobilier; Habitation
autres types de prescriptions d ’aménagement à loyer modéré ( h lm )
et d’urbanisme :
— les directives de protection et de mise en
valeur des paysages (loi « Paysages » du 8 jan PRÊTS LOCATIFS D'USAGE SOCIAL (PLUS)
vier 1993); —►Aide à la pierre ; Habitation à loyer modéré
623 PRÉ-URBANISME
PRÊTS SPÉCIAUX DU CRÉDIT FONCIER vidu humain comme type universel, identique
-> Aide à la pierre en tous temps et en tous lieux. L’espace du
modèle progressiste est conçu pour satisfaire
les besoins types de cet homme universel, et
PRÉ-URBANISME déduit, a contrario, de l’espace de la ville criti
quée. Il peut être caractérisé par :
Expression créée (F. Choay, L ’urbanisme, — son ouverture, qui permet, conformé
utopies et réalités, Paris, 1965) pour désigner ment aux exigences de l’hygiène, une égale
un ensemble de textes et de réalisations distribution à tous de l’air, de la lumière et de
dus à des penseurs politiques et sociaux du la verdure, dont Godin fait « le symbole du
XIXe siècle, dont la démarche, marquée au coin progrès»: c ’est ainsi qn’Hygeia (Londres,
de l’utopie, anticipe et préfigure celle de l’urba 1876), la ville modèle de Richardson, a « le
nisme. On peut diviser le pré-urbanisme en deux plus faible coefficient de mortalité » ;
courants, « progressiste » et « culturaliste ». — son découpage, selon un classement
Ceux-ci fondent identiquement leurs proposi rigoureux : activités humaines habitat, travail,
tions de sociétés modèles sur une double cri loisir sont aménagés en des lieux distincts ;
tique de la société industrielle, à travers ses — la simplicité et l’immédiate lisibilité de
dimensions économique, sociale, politique, et cette logique fonctionnelle dans son organisa
de l’état de la ville dans cette société. Progres tion. La ville progressiste récuse l’héritage artis
sistes et culturalistes se rencontrent pour dénon tique du passé pour se soumettre, exclusivement,
cer, parallèlement aux iniquités de la société aux lois d’une géométrie « naturelle » ;
capitaliste industrielle, les tares physiques et — la transposition de la qualité et du rôle
morales de ses grandes villes : densités exces de modèle aux édifices qu’il englobe et qui
sives, insalubrité de l’habitat et des quartiers deviennent des prototypes, eux aussi définis
ouvriers, distances épuisantes entre lieux une fois pour toutes. Owen établit un type
d’habitation et de travail, inadaptation de la voi d’école, Richardson un type d’hôpital ou encore
rie, absence d’espaces verts, mais aussi opposi de buanderie municipale. Toutefois, parmi les
tion des quartiers riches et des quartiers divers édifices types, le logement occupe une
pauvres, monotonie et laideur des nouvelles place privilégiée. Deux formules se dégagent :
constructions. Mais la critique des progres solution collective ramassée en hauteur pour
sistes, inspirée par une idéologie du pro occuper moins d’espace, adoptée par Fourier
grès, vise, derrière ces défauts, davantage avec le «palais » de son Phalanstère ; solution
l’archaïsme et l’inefficacité de la ville contem individuelle, telle la maison de Richardson avec
poraine, tandis que celle des culturalistes, inspi son toit-terrasse destiné à l’héliothérapie, sa cui
rée par une idéologie de la culture comme unité sine laboratoire à l’étage élevé et ses salles d’eau.
organique, vise essentiellement la désintégra À l’opposé de la cité occidentale tradition
tion des valeurs culturelles traditionnelles sous nelle et des grandes villes de l’ère industrielle,
l’effet de l’industrialisation. Cependant, dans le modèle progressiste se présente comme un
l’un et l’autre cas, la critique de ce qui est sem établissement éclaté : quartiers, communes ou
blablement considéré comme «désordre» phalanges sont autosuffisants, indéfiniment
social et urbain a pour finalité et contrepartie, juxtaposables. Un espace libre préexiste aux
comme dans l’utopie, l’élaboration d’un modèle unités qui y sont disséminées. Les vides et la
spatial, support d’un modèle de société, expres verdure annoncent la désagrégation de la ville
sion reproductible d’un ordre et d’une vérité. traditionnelle. Par ailleurs, comm e tout
modèle utopiste, le modèle spatial progressiste
Le modèle spatial progressiste, déjà annoncé est un dispositif contraignant qui, au service
par les projets panoptiques de J. Bentham à la d ’idéologies politiques diverses (socialisme
fin du XVIIIe siècle, peut être défini à partir paternaliste chez Owen, socialism e d ’Etat
d’ouvrages comme ceux d’Owen, Fourier, chez Cabet, socialisme communautaire chez
Richardson, Cabet. Malgré certaines diver Fourier), conditionne ses habitants en vue
gences (Fourier, par exemple, ne croit pas à la d’un rendement maximal de leurs activités.
révolution industrielle), les auteurs n’en sont
pas moins unis par leur foi dans le progrès, leur Le modèle spatial culturaliste peut être
rationalisme et une même conception de l’indi dégagé à partir des œuvres de J. Ruskin et
PRÉ-URBANISME 62#
W. Morris. Ne comptant aucun exemple fran raliste, s ’il récuse les déterminations rigou
çais, il appartient spécifiquement à l’Angleterre, reuses du rationalisme progressiste et échappe
terre natale de la révolution industrielle où, à son conditionnement totalitariste, n ’en
depuis le début du xixe siècle, une tradition de impose pas moins les contraintes de l’utopie.
pensée en analysait les conséquences morales et L’intégration du passé dans le présent n ’a
matérielles, opposant les réalisations de la nou lieu qu’à condition d’éliminer l ’imprévisible.
velle société à celles du passé (cf. A. B. Pugin, Le m odèle social fonctionne grâce à la
Contraste or a parallel between the noble édi réduction de l’espace et à son homéostasie qui
fices o f the fourteenth and jïfteenth centuries empêchent la croissance et interdisent l’intro
and similar buildings o f the présent day, 1836 ; duction des transformations techniques, intro
Th. Carlyle, Signs o f the time, 1829) : la clé de duites par la révolution industrielle dans les
voûte de ce modèle n ’est pas le concept de modes de production.
progrès et son orientation vers l’avenir, mais
l’idée de culture, connotée par la nostalgie. Les deux modèles, progressiste et cultura
« L es phalanstères de Fourier... n ’im pli liste, ne se présentent pas, chez tous les
quaient rien d ’autre qu’un refuge contre la auteurs et dans tous les textes, sous une forme
pire indigence », écrit W. Morris dans les Nou également canonique. Néanmoins, tous ces
velles de nulle p art (News from Nowhere, esprits pensent l ’établissement de l ’avenir eh
Londres, 1884). On ne peut exprimer avec termes de modèle, comme un objet reproduc*
plus de brutalité la différence idéologique qui tible, et non comme processus ou comme pro*
oppose les deux modèles. Mais, pour pouvoir blême. Il est arraché à la temporalité et à
réaliser la belle totalité culturelle, conçue l’histoire et devient, au sens étymologique^
comme un organisme où chacun, à nouveau, utopique, « d e nulle part». Tel est bien le
tient son rôle original, la ville du m odèle reproche adressé par Marx et Engels à ceux
culturaliste doit, elle aussi, présenter un cer qu’ils appellent les « socialistes utopistes ».
tain nombre de déterminations : Ceux-ci ont certes collaboré à une critique
— au contraire de l’espace modèle pro lucide et radicale de la société contemporaine
gressiste, la cité modèle culturaliste est bien (au même titre d’ailleurs que Marx et Engels),
circonscrite, à l’intérieur de limites précises : mais ils se sont prématurément enfermés dans
elle contraste avec les espaces naturels qui des constructions abstraites et ont élaboré des
l’entourent ; modèles voués à l’anachronisme. Pour Marx
— ses dimensions sont modestes, inspirées et Engels, la perspective d’une action transfor
de celles des cités médiévales ; matrice remplace le modèle rassurant, mais
— elle ne présente aucune trace de géo irréel, des socialistes utopistes. C’est l’action
métrie: l’irrégularité et l’asymétrie sont la révolutionnaire qui, dans son développement
marque de l’ordre organique, qui traduit la historique, réalisera l’établissement socialiste
puissance créatrice de la vie ; puis communiste : l’avenir demeure ouvert.
— l’art y présente la même importance que Dans la pratique, seul le modèle progres
l’hygiène dans le modèle progressiste : moyen par siste a donné lieu à des réalisations concrètes,
excellence d’affirmer une culture, il ne peut se peu nombreuses et de dimensions réduites. Ce
développer que par la médiation d’un artisanat ; sont essentiellement, en Europe, les établisse
— en matière de construction, pas de pro ments de Owen à N ew Lamark et de Godin à
totypes: chaque établissement doit être dif Guise (le Familistère) et, aux États-Unis, les
férent des autres, tant par ses édifices publics « colonies » fondées par les disciples d’Owen,
que par ses demeures individuelles. Fourier et Cabet. Celles-ci périclitèrent assez
La cité du modèle culturaliste s ’oppose à rapidement. Leur échec s ’explique par le
l’établissement du modèle progressiste par caractère contraignant et répressif de leur orga
son climat urbain. Au plan politique, l’idée de nisation, mais surtout par leur coupure d ’avec
communauté s’achève en formules démocra la réalité socioéconomique contemporaine.
tiques. Au plan économique, la production Ces expériences appartiennent aux curiosités
n’est pas envisagée en termes de rendement, sociologiques. En revanche, les modèles de
mais du point de vue de son rapport avec « modèles » du pré-urbanisme présentent un inté
l’harmonieux développement de l’individu au rêt épistémologique considérable : la démarche
sein de la totalité culturelle. Le modèle cultu selon laquelle ils ont été construits annonce celle
825 PRÉVISION
de l’urbanisme. Ils sont les archétypes ou les • Considéré en tant qu’aveni?; c’est-à-dire
modèles des modèles de l’urbanisme. comme ensemble d’«états de la nature»
(c’est-à-dire d’éventualités) possibles à une
F. C.
échéance plus ou moins lointaine, le futur est
-> Culturalisme; M oderne; O rd re ; Progressisme; Urbanism e; objet des discours de la description imagi
Utopie. naire : Y utopie et la science-fiction.
L’imaginaire n ’exclut pas le rationnel. L’écri
vain de science-fiction témoigne le plus souvent
PRÉVISION d’une culture scientifique étendue. L’utopiste
est presque toujours un ingénieur social aux
La terminologie des pratiques illustrant « les descriptions rigoureuses. Pierre Versins ras
mœurs de l’esprit dans son commerce avec semble utopie et science-fiction sous la rubrique
l’avenir» (Bertrand de Jouvenel) est assez de « conjectures romanesques rationnelles ».
confuse pour que l’on ne puisse éviter de poser • Considéré en tant que devenir, c ’est-à-
d’entrée quelques repères, quitte à nuancer par dire comme procès historique, le futur est
la suite certaines des définitions ainsi avancées. objet des discours de l’action : la futurologie
Ce que l’on nomme prévision dans le langage et la prospective.
ordinaire constitue une démarche commune, à Cette dernière distinction est propre à la ter
des titres et à des degrés divers, aux six maniè m inologie française. L’anglais désigne par
res principales de tenter de dire quelque chose une expression unique - futures research -
du futur, ce terme ayant lui-même trois accep l’ensemble des formes « savantes » de la pré
tions distinctes, à chacune desquelles sont atta vision. De même l ’allemand et le russe, par
chées deux de ces manières de dire. celle de « prognose ».
• Considéré en tant que destin, c ’est-à-dire Une prévision peut avoir deux sortes de pro
comme enchaînement, établi à l ’avance, duits finaux : des prédictions et des conjectures.
d’événements inéluctables, le futur est objet Par prédictions, on désignera des assertions
des discours du dévoilement (c’est-à-dire de relatives à la configuration nécessaire d ’un
l’apocalypse, au sens propre de ce dernier futur déterminé : elles sont les produits de la
terme) : la divination et la prophétie. divination, de la prophétie et de la futurologie.
La divination intéresse le dévoilement du Par conjectures, on désignera des hypo
sort d’un individu, la prophétie celui de la thèses concourant à « la création intellec
destinée d’une cité ou d’un peuple. La parole tuelle d’un futur vraisemblable » (Bertrand
divinatoire ou prophétique se confond avec de Jouvenel) ou à tout le moins possible :
son objet : le terme latin de fatum désigne à la elles sont les produits de la science-fiction,
fois l’oracle, la destinée et l’ordre du monde. de l’utopie et de la prospective.
A.-C. D.
Futurologie; Prospective; Science-fiction; Utopie.
PRÉVISIONS DÉMOGRAPHIQUES 628
tions françaises ont accordé la priorité au sou devaient créer 160 000 emplois (soit 5 300 €
tien des territoires fragiles et à l’accompagne de pat pour 150 000 € d ’investissement en
ment des mutations industrielles, ainsi qu’aux moyenne par emploi annoncé). Ces créations
quartiers de grandes agglomérations particu d ’em plois connaissent cependant, d ’une
lièrement en difficulté. Les zones retenues ont année sur l’autre des variations importantes :
un niveau de revenu net imposable moyen entre 10 000 en 1993 et 22 500 en 2000. Cette
inférieur à la moyenne nationale. Elles ont en part de la pat est en diminution : avant l’aug
outre soit un taux de chômage plus élevé que mentation de 1995, le montant moyen était de
la moyenne nationale (11,2% ), soit subi un 40 000 F par em ploi (6% de l ’investisse
déclin démographique de plus de 1,2 % entre ment).
1990 et 1995. Il s’y ajoute des zones à risque Le zonage de la pat a été profondément révisé
(zones en reconversion industrielle; zones à la baisse pour la période 2007-2013 sous la
exclues de l’objectif européen n° 1, celui des pression de la Commission européenne. L’élar
régions en retard de développement, ce qui gissement de l ’Union européenne aux pays
concerne la Corse et le Hainaut ; quartiers sen d’Europe centrale et orientale a eu pour consé
sibles où le taux de chômage dépasse 13,9 %). quences que des régions d’Europe occidentale
Cela conduit à éliminer certaines zones de qui paraissaient défavorisées se situent désor
Bretagne et de Normandie, du M assif central mais dans la moyenne. Les zones éligibles à la
et de l’est comme les bassins d’emploi de Bar- pat ne représentent plus que 15,5 % de la popu
le-Duc et de Verdun, dont les élus ont vive lation (réduction de plus de moitié) et 3 370 com
ment protesté. Des aides compensatoires ont munes. Ce découpage, qui remplace à la fois les
cependant été prévues pour les territoires qui anciens découpages utilisés pour l’industrie et
ont, à cette occasion, perdu l ’éligibilité à la pour les activités tertiaires, prend la nom de
pat. La Commission, qui demandait une zones éligibles aux aides à finalité régionale
réduction plus importante encore des zones (afr). Pour les entreprises de recherche, déve
éligibles à la pat (exclusion de certains quar loppement et d’innovation, il n’y a pas de
tiers de banlieue des grandes villes), a adopté zonage (les projets sont donc éligibles dans tout
la carte définitive, qui ne concerne plus que le pays). Pour assurer une transition, des zones
34 % de la population, à l ’automne 1999. correspondant à 6,9 % de la population (et
En outre, des avantages fiscaux peuvent 2 292 communes) ont été maintenues à titre
être accordés aux entreprises sous certaines transitoire en 2007 et 2008. Enfin, une réserve
conditions de localisation, d’emplois créés et nationale a été créée en vue d’aider les zones
d’investissements effectués : exonération tem qui pourraient subir un sinistre.
poraire de la taxe professionnelle, réduction Les conditions d ’éligibilité sont (en cas
du droit de mutation sur les achats de bâti de création d ’entreprise), pour les projets
ments anciens. D e même, des exonérations de recherche-développement-innovation, de
fiscales sont accordées pour les dépenses liées créer au moins 20 emplois permanents et que
à l ’expatriation de cadres étrangers établis en l’investissement atteigne au moins 7,5 millions
France pour travailler dans des entreprises d ’€ et, pour les investissements productifs
étrangères. (industrie et services), 25 emplois et 5 millions
Le montant des pat a été très variable selon d’investissements (ou 50 emplois sans mini
les années. Il atteignait 834 millions de F en mum d’investissement). Le plafond de la pat
1990, mais avait chuté à 252 millions en 1993. par emploi créé est porté à 15 000 € (avec un
Les crédits correspondants ont été sensible taux majoré de 25 000 € pour les projets d ’un
ment accms en 1994 (1 milliard de F d’autori intérêt exceptionnel). Ces seuils sont légère
sations de programme en 1994, mais une ment différents en cas d’extension et sont plus
partie seulement a été, comme les années pré élevés pour les investissements productifs en
cédentes, utilisée). Le montant des pat distri cas de reprise d ’établissement. Le nouveau
buées est remonté en 1997 à 580 millions, taux maximal de la pat est :
puis a à nouveau diminué à 415 millions de F — pour la recherche, fondamentale ou
en 2001. En dix ans, 850 millions d’€ ont été industrielle, 45 % pour les pme et 35 % pour
attribués à 1 600 projets représentant au total les grandes entreprises ;
24 milliards d’€ (la pat donc représenté en — pour le développement expérimental,
moyenne 3,5% de l ’investissement) qui respectivement 35 % et 25 % ;
PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE 628*
(comment estimer les prestations d’un agent caractère purement comptable. Outre qu’fl
économique à lui-même), leur évaluation en dépend des taux de change en valeur (il est le
monnaie cornante ou en monnaie constante plus souvent exprimé en dollars), il ne prend
(en corrigeant l ’inflation), le passage des pas en compte les activités non commerciali
valeurs territoriales aux valeurs nationales, sées (travail domestique par les membres du
des valeurs brutes aux valeurs nettes, amor ménage, aide bénévole, agriculture vivrièrej
tissements déduits (revenu national), le traite etc.). Divers paradoxes montrent également
ment des impôts, la valeur ajoutée par les son inadéquation (les conseils rémunérés des
administrations publiques et le secteur non sophistes auraient été comptabilisés dans lé
marchand de l’économie, enfin les particula pnb de l’Athènes antique, mais pas les conseils
rités propres à chaque catégorie d ’agents gratuits de Socrate). L ’onu et la Banque mon
économiques - entreprises, ménages, État, diale ont construit l ’indicateur de développe*
institutions financières - sont autant de ques ment humain qui tient compte, pour chaque
tio n que les conventions de la comptabilité pays, de sa production, de données sanitaires
nationale tentent de résoudre, de manière (espérance de vie à la naissance) et de données
encore imparfaite. culturelles (taux d ’analphabétisme des adultes
On exprime le produit dans trois optiques et durée moyenne de formation). On cherche
différentes qui se recoupent. Dans l ’optique actuellement à définir des indicateurs plus
de la production, le produit est la somme des complets (et plus complexes), prenant par
valeurs ajoutées par les branches productrices, exemple en compte la qualité de l’environne
calculées aux prix du marché hors taxes, aux ment, qui seront sans doute pluriels. ;
quelles on ajoute les tva et les droits de
douane, ainsi que la valeur, estimée au coût de P.-H. D. et P. M.
production, des services non marchands ren -* Économ ie; Niveau de vie.
dus par l’État et les administrations publiques.
Dans l’optique de la répartition, le produit est
la somme des rémunérations brutes, de toute PROFESSION ET CATÉGORIE
nature, perçues par les agents : salaires, pro SOCIOPROFESSIONNELLE (PCS) -* Activité
fits, intérêts, dividendes, rentes, loyers, fer professionnelle
mages, etc. Enfin, dans l ’optique de la
dépense, le produit additionne les consomma
tions finales des ménages et des administra PROGRAMMATION DES ÉQUIPEMENTS
tions, l ’investissement des entreprises, des COLLECTIFS
intermédiaires financiers et du secteur public,
la variation des stocks détenus par ces mêmes Établissement de programmes de réalisa
agents et le solde des échanges extérieurs. tion d ’équipem ents co llectifs, précisant
A côté des comptes nationaux, les pays ont leur nombre, leurs dimensions, leur locali
également développé des comptabilités régio sation, leur coût et l ’échéancier de mise en
nales et interrégionales, mais qui recouvrent œuvre.
rarement la totalité des régions d’un ensemble La programmation est une démarche qui a
national. Les efforts pour dresser des comptes été très développée en France, surtout de 1960
économiques de villes sont, en France comme à à 1975. L’importance qui lui a été accordée
l’étranger, demeurés peu nombreux. Pourtant, résulte de la conjonction :
les espaces urbanisés forment plus des neuf — d’une approche fonctionnaliste de
dixièmes des valeurs ajoutées et concentrent l ’urbanisme qui prétendait codifier, quantifier,
l’essentiel des revenus et des productivités, des normaliser les besoins des habitants ;
consommations et des dépenses. Enfin, les — du constat des graves dysfonctionne
comptabilités patrimoniales sont à peine déve ments engendrés par l’insuffisance des équi
loppées. pements collectifs, tant dans les zones de
La mesure la plus courante de la production lotissements pavillonnaires de l’entre-deux-
annuelle de biens et de services est le produit guerres que dans les grands ensembles des
national brut (pnb ). Cette notion a été de plus années 1950 et 1960 ;
en plus critiquée (Bertrand de Jouvenel, dès — d’une volonté de planification rigou
1957, Colin Clark, etc.) en raison de Son reuse et centralisée.
831 PROGRAMMATION URBAINE
Celle-ci avait pris deux formes essentielles abandonnée car elle paraissait trop rigide et
et complémentaires : était trop rarement respectée.
1/ L’établissement de normes, définissant L’importance de cette démarche program
le niveau d’équipement à atteindre, à diffé matique a beaucoup diminué depuis les
rentes échelles de desserte (voisinage, quar années 1970, pour plusieurs raisons :
tier, ville, etc.), ce niveau étant défini par la — le déclin des idées fonctionnalistes et le
population (ou le nombre de logements) des développement des critiques des normes et
servie dans l’aire d’influence d ’un équipe même des équipements collectifs eux-mêmes,
ment, son contenu, la surface au sol et la jugés par certains porteurs de «normalisa
surface construite nécessaires. Le regroupe tion»;
ment de ces normes constitue une grille — la crise économique, les difficultés de
d ’équipements. financement public et le recul de la planifica
Cette démarche, classique dans l’urbanisme tion quantitative et rigide ;
soviétique, où elle a toujours été appliquée — les fruits de l’important effort d’équipe
avec rigueur, a conduit en France à l’établisse ment entrepris au cours des deux décennies
ment de la grille Dupont (du nom du président précédentes ;
de la commission désignée à cette fin par le — une analyse plus fine, par les urbanistes et
ministre Sudreau), publiée en 1959, et qui a les maîtres d’ouvrage, des besoins, qui conduisit
servi, dans les années 1960, à la programma à des solutions plus diversifiées et à la recherche
tion des zones à urbaniser par priorité (et de complémentarités ; la démarche des équipe
au rattrapage du retard dans les grands ments intégrés s’insère dans cette évolution.
ensembles). Mais les réalisations suivaient J. C. et P. M.
mal et, en 1970, une nouvelle grille d’équipe
ments, plus modeste, fut diffusée par circu Carte sanitaire; Carte scolaire; Carte universitaire; Équipe
ments collectifs.
laire, pour les besoins des zones d’aménage
ment concerté.
Pour les besoins des villes nouvelles, l ’Ins
titut d ’aménagement et d’urbanisme de la PROGRAMMATION URBAINE
région Île-de-France (iaurp) a établi en 1967
une autre grille qui, après révision, fut publiée La programmation urbaine touche l ’en
en 1974. semble des composantes d ’un tissu urbain
2/ L’établissement de programmes, applica - le logement, les activités économiques, les
tion modulée dans le temps, en fonction des équipements collectifs, les transports, la logis
possibilités de financement, des normes édic tique et la circulation - , qu’elle analyse,
tées dans les grilles d’équipement. dimensionne et organise au regard des besoins
C’est pour établir un lien entre les projets des usagers (résidants, actifs, utilisateurs et
d’aménagement et la planification écono services, visiteurs et touristes) d’un territoire,
mique qu’une loi du 7 août 1957 avait prévu d’un tissu existant et d’une évolution à court,
qu’à l’occasion de chaque plan quinquennal moyen et long termes.
national serait établi, pour chacune des agglo Dans le cadre d’un projet urbain, la pra
mérations de plus de 50 000 habitants, un tique de la programmation à l’échelle urbaine
« programme de modernisation et d’équipe v ise à la définition des différents besoins
ment» (pme), qui traduisait en ternies de pla fonctionnels des usagers existants ou futurs
nification économique les projets d ’équi d’un territoire pouvant s’étendre au-delà du
pement prévus dans les documents d ’urba secteur d’aménagement projeté, par exemple
nisme. les équipements d ’un centre-ville qui
Ces programmes, dont la périodicité était touchent l’ensemble de la population de la
calquée sur celle des plans quinquennaux, ville, voire de l’agglomération. La program
contenaient des perspectives à long terme mation urbaine doit également s ’envisager
(quinze ans) et un plan d’équipement à moyen dans le temps en mesurant l ’impact d ’une
terme (cinq ans). nouvelle programmation sur le tissu urbain
Une trentaine d ’agglomérations se sont existant, en assurant la bonne mise en œuvre
ainsi dotées de pme lors de la préparation des de la mutation fonctionnelle d’un territoire,
IVe, Ve et VIe plans, puis la procédure a été en veillant à la cohérence globale des pro
PROGRAMME D'UNE CONSTRUCTION 63g
grammes à l ’échelle d’un bassin de vie et à n ’est jamais totalement absente, mais la dis
l’équilibre financier de la collectivité. tinction du projet et du programme permet de
Contrairement à l 'encadrement réglementaire clarifier les responsabilités et les rôles respec
dont fait preuve la pratique de la programmation tifs du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre. 1
architecturale, le Code de l’urbanisme ne pres Le décret «ingénierie» a codifié, avec Une
crit, pour l’élaboration des documents d’urba grande précision, les différentes étapes de là
nisme, que le recours à de grands objectifs conception et de la réalisation, dont la pre
quantitatifs (nombre de logements ou d’emplois mière est l’élaboration du programme. Il régle
à créer, équipements publics en découlant) et le mente les rapports contractuels entre maître
seul grand équilibre « habitat-emploi ». d’ouvrage public et maître d’œuvre. La multi
Il existe à ce jour une demande croissante plication des concours d’architecture a rendu
de programmes urbains dans les études de encore plus nécessaire l’élaboration d ’un pro
prospective ou de maîtrise d’œuvre urbaine. gramme précis, référence commune de tous les
Cette demande est liée au démantèlement des concurrents. On a objecté que cette distinction
services déconcentrés de l’État qui ne jouent programme/projet empêchait que le processus
plus leur rôle de régulateurs et de prescrip de mise au point du projet pût faire évoluer le
teurs. Si cette pratique devait se confirmer, il programme, sinon à la marge. Néanmoins, elle
conviendrait de donner une structure plus s’impose aujourd’hui à toute la profession. :
stable à ces programmes et de mieux les enca Un programme architectural comprend, en
drer sur les plans législatif et méthodologique. général :
V. S.-M. G. — les intentions du maître d’ouvrage;
qu’elles soient sociales, politiques, culturelles;
- » Programmation des équipements collectifs; Programme
d'une construction.
etc., auxquelles devra répondre le bâtiment ; >
— le programme des locaux proprement
dit: surface et caractéristiques des locaux,
liaisons fonctionnelles, contraintes d’implan
PROGRAMME D'UNE CONSTRUCTION tation par rapport à l’environnement (accès,
orientation, etc.), principes de conception et
Etymologiquement : « Ce qui est écrit à de traitement dés locaux et des espaces exté
l’avance.» La réalisation d’une construction rieurs, exigences techniques.
se déroule en trois phases concernant l ’élabo La nécessité de mettre au point des pro
ration du programme, celle du projet et la grammes a fait naître la spécialisation de pro
mise en œuvre du chantier. grammateur, qui définit le programme d ’un
La notion de programme, dans son accep édifice en fonction de son adaptation aux utili
tion actuelle, est assez récente. Le pro sateurs. Le programmateur évalue également
gramme, jusqu’au x ix e siècle, n ’est pas la clientèle potentielle d ’un équipement et
formalisé. Il correspond à une intention du tend, de plus en plus, à définir les conditions
maître d’ouvrage, qui définit la destination de de fonctionnement (gestion, entretien, mainte
l’édifice, et les objectifs poursuivis (prestige, nance). Cette spécialisation répond au besoin
utilité, etc.). L’architecte conserve une grande d’adapter précisément l’ouvrage à sa destina
liberté dans l ’interprétation du programme, et tion et aux possibilités financières du maître
notamment dans la définition des surfaces et d’ouvrage, après les décennies de réalisations
de la destination des pièces. C’est à travers le normatives, souvent peu adaptées et coûteuses.
dialogue entre le «prince » et l’architecte que On parle également de programme en urba
se précise le programme, en même temps que nisme, pour désigner la liste, l ’échéancier et
s ’élabore le projet. le coût des équipements à réaliser, ainsi que la
A l ’inverse, avec l ’organisation de la pro détermination des surfaces nécessaires. L’uti
fession de maître d’ouvrage, naît la notion lisation de grilles normatives ne permet
moderne de programme, qui vise à décrire le qu’une approche grossière. Seule une bonne
plus précisément possible ce que l’on attend connaissance des conditions locales (structure
de l ’ouvrage (les « exigences »), en termes démographique et sociologique, espace dis
qualitatifs et quantitatifs, avant d’en produire ponible, objectifs politiques, etc.) permet
le dessin, d’opérer des choix techniques. La l ’élaboration d ’un programme d ’équipe
référence im plicite à un type architectural ments.
633 PROGRAMME LOCAL DE L'HABITAT
plh, une taxe de participation à la diversité de tifs en matière d’habitat, que les plh soient
l’habitat, payée par les constructeurs, égale au compatibles avec les scot, mais aussi que cei
maximum à 15 % de la différence entre le coût scot tiennent compte des plh existants. .
foncier de l’opération menée par un construc
teur et celui d’une opération pla (600 F par m2 P. M. et Y. #
construit, 900 F en Ile-de-France). Cette parti Habitation à loyer modéré ( h l m ) ; Loi d'orientation p o u rlÉ
cipation pouvait être acquittée en argent ou ville ( l o v ) ; Schéma de cohérence territoriale ( s c o t ). ,
pour assurer le bon fonctionnement social et de travaux engagés ou programmés dans les
urbain du quartier et assurer la pérennité des cinq prochaines années, 130 000 démolitions
investissements. On recherche une démarche de logem ents, 123 000 constructions et
partenariale entre les divers niveaux de collec 298 000 réhabilitations. On notera que ces
tivités territoriales, les services de l ’Etat objectifs pour la période 2004-2013, sont
(notamment les ddea), les bailleurs sociaux et inférieurs à ceux que la loi du 1er août 2003
autres maîtres d’ouvrage et les habitants. Au fixait pour la seule période 2003-2008
plan national, un comité d’engagement, animé (200 000 démolitions, 200 000 constructions
par I’anru, réunit ces partenaires (services de et 200 000 réhabilitations). Il n’est cependant
l’État, Union d’économie sociale pour le loge pas du tout assuré que ces objectifs plus réa
ment, collecteurs du 1 %, Caisse des dépôts et listes soient atteints. De l ’annonce du plan
consignations, etc.). Borloo en 2003 à la fin de 2008, 45 800 loge
Les financements ont été décidés en plu ments ont été dém olis, 17 990 construits,
sieurs étapes. Ils devraient atteindre, sous 78 780 réhabilités et 48 490 « résidentiali-
réserve que le rythme des opérations suive, ce sé s » , ce qui est très inférieur au rythme
qui n ’a pas été le cas au début au moins, annoncé un peu légèrement en 2003. La pro
42 milliards d’€ au total. En ce qui concerne grammation, fin 2008, concerne 98 900 démo
l’État (indépendamment des apports des par litions, 38240 constructions, 213 870 réha
tenaires sociaux, et notamment de l ’Union bilitations et 210 320 résidentialisations.
d’économie sociale pour le logement, qui sont L’anru fait état d ’une «m ontée en puis
au moins aussi importants) : san ce» du programme pour expliquer la
— 2,5 milliards d’€ lors de la loi pour la modestie des réalisations des premières
ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 années et le retard des constructions sur les
(pour la période 2004-2008) ; ■ démolitions. Mais la div reconnaît que, dans
—■portés à 4 milliards d’€ lors de la loi du le meilleur des cas, le programme aura, à la
18 janvier 2005 pour la cohésion sociale date prévue de son achèvement, deux ans de
(pour la période 2004-2011); retard. La programmation atteint 74% des
— puis à 5 milliards d’€ lors de la loi du investissements prévus pour la période 2004
13 janvier 2006 d’engagement national pour 2013 et 77 % des subventions de I’anru.
le logement É>our la période 2004-2013) ; Les logements démolis sont à 53 % dans
— et à 6 milliards d’€ lors de la loi du des immeubles hauts (R + 7 ou plus). Les
5 mars 2007 sur le droit au logement oppo logements reconstruits sont des appartements
sable (également pour la période allant jus (80 %), presque tous (95% de ceux-ci) dans
qu’en 2013); des immeubles R + 6 au maximum, et des
— enfin, le plan de relance de décembre maisons individuelles (20% ). La majorité
2008 a accordé 350 millions d’€ à l’ANRU : offrent 3 pièces principales en appartement et
celle-ci estime qu’ils entraîneront 4 milliards 4 en individuel. Ils sont financés pour deux
de travaux dès la fin de 2009, l’objectif étant tiers environ par des plus-cd, pour un quart
d’accélérer les opérations pour apporter éga par des plus et pour le reste par des plai. Les
lement un élément de solution à la crise réhabilitations portent à 91 % sur des loge
économique. ments construits entre 1949 et 1976. Parmi les
La répartition prévue des financements est logements démolis, 29 % étaient vacants à la
de 30,0% par l’État (pour l ’essentiel via date de décision de l’opération: en moyenne,
I’anru ), 42,2 % par les bailleurs de loge pour la période 2004-2008, on a dû reloger
ments, 5,5% par les régions, 3,8% par les 68 % des ménages. Ces relogements ont été
départements, 12,1 % par les communes et effectués pour 32% hors d ’une zu s (dont
leurs groupements, 1,4 % (hors prêts) par la 11 % dans une autre commune) et pour 68%
cdc et 5,0 % par d’autres acteurs. L’anru joue en zus (dont 4 % dans une autre commune).
à la fois le rôle de « guichet unique » pour les Le programme national de rénovation
collectivités locales et de partenaire dans le urbaine ne se limite pas au logem ent. Il
montage et le suivi des opérations. concerne aussi l ’emploi. M ais, dans ce
Au 1er juin 2009, 365 projets ont été domaine, les résultats sont décevants : le taux
approuvés par I’anru et 328 conventions de chômage dans les zus avait augmenté de
signées. Cela correspond à 38,7 milliards d’€ 17,2% en 1983 à 20,0% en 2005 pour dimi-
PROGRESSISME
638
nuer par la suite (16,9 % fin 2008. Il a en fait considérer la Charte, d ’A thènes des cia m
suivi l ’évolution générale et est encore plus (1933) comme le manifeste du progressisme
du double de la moyenne nationale (7,5 % fin parvenu à sa maturité.
2008) comme de celui des quartiers voisins L’urbanisme progressiste diffère du pré
des zus (7,7 %). Il touche surtout les jeunes, urbanisme progressiste par :
en particulier les hommes (41,9% pour les — la perte du projet global de société. À
15-24 ans). Les contrats d ’autonomie n ’ont l’exception des modèles soviétiques, qui se
pas rencontré le succès espéré : 12 500 contrats veulent les inducteurs d’une société nouvelle
seulement signés en septembre 2009, dont et d’un «nouveau mode de vie», les modèles
moins de 1 000 sorties vers un emploi ou une de l’urbanisme progressiste, élaborés par des
formation. architectes et non plus par des penseurs et des
Par ailleurs, des équipements publics, militants sociaux ou politiques, ne portent plus
notamment scolaires, sportifs, culturels, mais qu’un projet réduit d’adéquation à la modernité
aussi médicaux, sociaux ou administratifs, (devenue synonyme de progrès), qui concerne
sont construits ou réhabilités : 3 milliards d ’€ l’espace plus que la société. La « ville radieuse »
sont prévus à cette fin. De même, des aména de Le Corbusier, par exemple, pourrait convenir
gements sont réalisés (5 milliards d’€) : parcs à des régimes politiques opposés : nulle concep
et jardins, places et espaces publics, parcs de tion des rapports sociaux n’a dicté la structure
stationnement, aires de jeu). de son espace qui conditionne seulement ses
P. M. occupants à une vie hygiénique, accordée au
développement du machinisme (rôle de l’auto
- » Grand ensem ble; Pacte de relance pour la ville; Renouvelle mobile) et économe de son temps ;
ment urbain; Rénovation urbaine.
— sa prétention scientifique qui masque le
décalage, plus marqué par rapport à l’état du
savoir contemporain, de son rationalisme
PROGRESSISME simpliste et de sa conception universaliste
de l’homme, défini en termes exclusifs de
Néologisme servant à désigner les idéolo besoins et de fonctions élémentaires: «Les
gies inspirées par la foi dans le progrès. besoins humains sont identiques entre tous
Depuis son utilisation par F. Choay (L urba les hommes, les hommes étant tous faits sur
nisme : utopies et réalités, Paris, 1965), ce le même moule depuis les époques les plus
terme sert à désigner l’un des deux courants lointaines » (Le Corbusier) ;
(l’autre étant le culturalisme), selon lesquels — enfin, surtout, l ’importance de ses réali
on peut classer les doctrines et les réalisations sations qui, depuis l’avènement du mouve
du pré-urbanisme et de l ’urbanisme. Par ment moderne, et à un rythme sans cesse
progressisme, on entend mettre en évidence accéléré depuis la deuxième guerre mondiale,
l’idéologie du progrès sous-jacente aux pro marquent la planète de son empreinte unifor
positions et aux modèles de ce courant. On en misante : zonage, géométrie élémentaire
a donné une définition à l ’article «p ré d’espaces éclatés éliminant la rue, standardisa
urbanisme » : modèle spatial lié à la croyance tion du logement pour le plus grand nombre,
au progrès, au rationalisme et à une concep etc.
tion de l ’individu humain, comme type univer
sel, identique en tous temps et en tous lieux. F. C.
En urbanisme, le progressisme est repré -* Charte d'Athènes; Congrès internationaux d'architecture
senté, depuis la Teoria general de l ’urbani- moderne ( c i a m ) ; Culturalism e; M oderne; Pré-urbanism e;
Urbanisme.
zaciôn de Cerda (1 8 6 7 ), par une lignée
ininterrompue de textes théoriques parmi les
quels on peut citer, entre autres : la Ciudad PROJECTION Carte
lineal de A. Sofia y Mata (1882), Une cité
industrielle de Tony Garnier (1917), La ville
radieuse de Le Corbusier (1933), ainsi que PROJECTIONS DÉMOGRAPHIQUES
de nombreux ouvrages et articles de C. Van
Eesteren, W. Gropius, L. Hilberseimer, Résultat de calculs illustrant l ’évolution
B. Taut, H. Meyer, etc. On peut, par ailleurs, future d ’une population dans une ou plu
637 PROJECTIONS DÉMOGRAPHIQUES
sieurs hypothèses qui ne sont pas invraisem tion. Une telle approche n ’est pas satisfaisante
blables. car elle ne tient pas compte de la structure de
Les démographes distinguent les perspec la population, qui influe beaucoup sur les taux
tives des prévisions. Les perspectives ont bruts.
pour objet principal d’illustrer l’évolution de L’établissement de projections par âge (ou
la population dans différentes hypothèses, le groupe d’âge) d’une population fermée sup
plus souvent à long terme. Leur objet est de pose :
montrer les conséquences, sur l ’effectif et la — une projection des naissances à partir de
structure d ’une population, de ces hypo quotients perspectifs de fécondité (on peut
thèses, notamment en matière de fécondité et établir des perspectives encore plus fines en
de mortalité. Ces hypothèses peuvent être la projetant les mariages, puis les naissances de
prolongation de la situation du moment ou rang successif, et en ajoutant une projection
de l’évolution récente ; elles peuvent aussi de naissances illégitimes) ;
être des hypothèses dont on redoute la réali — un calcul de survivants de chaque géné
sation; elles peuvent encore constituer des ration à partir de quotients perspectifs de
évolutions extrêmes, destinées à encadrer mortalité.
l’évolution future probable. Un exemple his Les quotients perspectifs (de fécondité et
torique de perspective est celle établie en de mortalité) concernant le futur sont extraits
1928 par Alfred Sauvy pour la population de tables perspectives et supposent donc une
française, montrant que, si la fécondité rejoi hypothèse sur l’évolution de la fécondité et
gnait progressivement le niveau observé dans de la mortalité. Cette hypothèse peut être
le département de la Seine, elle tomberait à établie à partir de l ’évolution passée, en
29 millions en 1980. Cette perspective a été tenant compte aussi de l’évolution dans des
l’origine des mesures d’encouragement à la pays, régions ou villes, où celle-ci est plus
natalité, qui ont contribué à la reprise de la avancée, notamment pour le recul de la mor
fécondité de la population française. talité. Des tables perspectives de mortalité
Au plan opérationnel de l ’aménagement, par génération ont été établies pour la France
on s ’intéresse surtout aux prévisions qui (Delaporte, 1941 ; Merlin, 1964).
cherchent à déterminer la situation la plus Les prévisions démographiques dans une
probable, ou à encadrer celle-ci par plusieurs population ouverte supposent une prévision
perspectives établies dans des hypothèses des migrations. Mais, si on veut une prévi
plausibles, à l’intérieur desquelles on pense sion qui ne soit pas trop grossière, il faut
que l’évolution future se situera. Alors que estimer ces migrations par année et par âge,
les perspectives sont par essence condition afin de tenir compte des migrants dans le cal
nelles, cet aspect est moins central pour les cul des naissances et des décès. Les données
prévisions, d’autant plus qu’elles sont à plus sont rarement disponibles, même au niveau
court terme et que le prévisionniste peut espé national, et on doit souvent se contenter de
rer que son hypothèse se vérifiera. 11 est clair données fragmentaires (migrations déduites
que l’aléa inhérent aux prévisions démogra de l ’évolution de la population entre deux
phiques croît avec l ’éloignem ent de leur recensements par exemple) et d’approxima
terme et est lié aux changements de compor tions.
tement (mortalité et surtout fécondité) qui Sur le plan de l ’aménagement, les prévi
peuvent survenir. sions démographiques sont notamment utili
Qu’il s’agisse de perspectives ou de prévi sées pour :
sions, on distingue les projections d’une popu — les prévisions de nombre de ménages,
lation fermée, pour laquelle on calcule les de taille et de composition de ceux-ci, ce qui
naissances et les décès, et les projections nécessite des perspectives fines de mariages
d’une population ouverte, pour laquelle on et de naissances selon les rangs successifs ;
prend en compte également les mouvements — les prévisions de population scolaire ou
migratoires et les conséquences de ceux-ci sur étudiante, ce qui nécessite une prévision fine
le mouvement naturel. par année d’âge et une prévision de l ’évolu
Des projections grossières sont souvent éta tion des taux de scolarisation par âge ;
blies à partir des taux bruts de natalité et de — les prévisions de population active, ce
mortalité appliqués à l’ensemble de la popula qui nécessite une prévision fine par sexe et
PROJET D'AMÉNAGEMENT COMMUNAL (OU INTERCOMMUNAL)
âge et une prévision des taux d’activité par née, pour se dédoubler et être remplacée par
sexe et âge, surtout délicate pour l’activité des les termes projet urbain et développement
femmes, celle des jeunes actifs et celle des social des quartiers.
personnes qui approchent de la retraite. Mais il convient d ’aller au-delà de l’utilisa
P. M. tion explicite des termes de projet et de quar-!
tier, dont les contenus sont aujourd’hui tels
Analyse dém ographique; Dém ographie; Fécondité; Migra qu’ils désignent presque tous les types et tous
tions; Mortalité; M ouvem ent naturel (d'une population);
Natalité. les terrains d’opération. En effet, des accep
tions aussi larges rendent ces notions à la fois
floues et révélatrices des conditions actuelles
PROJET D'AMÉNAGEMENT COMMUNAL d’exercice de l ’urbanisme. Ainsi peut-on dis
(OU INTERCOMMUNAL) -> Planification cerner au moins trois démarches se réclamant
urbaine en France (historique) de la notion de projet.
Pour le groupe - de plus en plus large et hété
rogène - des gestionnaires des agglomérations,
PROJET D'AMÉNAGEMENT DE LA RÉGION le terme de projet désigne un ensemble de nou
PARISIENNE —►Planification urbaine velles pratiques faisant travailler en commun
en France (historique) les services administratifs avec les investisseurs
privés (à la condition qu’il existe un marché
solvable). Tous doivent nouer des relations dé
PROJET D'AMÉNAGEMENT, partenariat autour de sites stratégiques. Ces
D'EMBELLISSEMENT ET D'EXTENSION relations s ’établissent autour d ’un contrat
-* Planification urbaine en France (historique) d’objectifs en introduisant des pratiques déro
gatoires aux logiques réglementaires et aux pro
cédures qui caractérisent l'urbanisme de plan.
PROJET DE QUARTIER Pour les élus locaux, le terme de projet ren
voie à un dessein politique capable de toucher
Les deux notions de projet et de quartier, les décideurs et d’emporter l’adhésion de la
usuelles dans l’urbanisme, ont été officielle population du quartier ou de la commune
ment associées dans la circulaire du 27 juillet autour de l’affirmation d’une identité collective
1984 relative à la démarche de projet de quar et d’une conception partagée de l’avenir collec
tier. Il s ’agissait alors, dans une volonté de tif. Le projet est alors conçu pour être diffusé à
rénovation de l’urbanisme opérationnel susci l’extérieur vers les investisseurs potentiels afin
tée par les changements politiques, de démo de les attirer, et à l’intérieur vers les citadins-
cratiser les procédures grâce à la participation citoyens. D e ces deux publics découle le
dans le cadre du quartier, considéré comme double objectif que le projet s’assigne ordinai
l’échelle la plus pertinente de l ’animation de rement : la stimulation de l’activité économique
la vie locale. En outre, cette circulaire insistait et la garantie de la cohésion sociale locale. Il
autant sur l’impératif d’amélioration des quar peut alors emprunter les voies de la gestion des
tiers sociaux existants que sur la prise en services locaux, du soutien à la construction,
compte des facteurs qualitatifs (composition aussi bien que celles de l’animation culturelle,
architecturale et urbanistique, mixité sociale de l ’action sociale ou de la communication
et fonctionnelle) dans la réalisation d’urbani publicitaire. Si le projet d’aménagement local,
sations nouvelles, objectifs dont la démarche en tant que vecteur de mobilisation politique,
négociée, globalisante et évolutive du projet est d’actualité, c ’est certainement parce qu’il
de quartier devait assurer la réalisation. apporte une réponse, au moins partielle, à la
Toutefois, en quelques années seulement, crise des modèles idéologiques globaux qui
on a pu voir s’éroder aussi bien la conviction avaient alimenté les discours programmatiques
que la société civile locale était spontanément et les actions édilitaires, à la fois des élus
porteuse de solutions alternatives et opti locaux et de l ’État, durant les trois premières
males que l’espérance en la capacité des pou décennies d’après guerre.
voirs publics à infléchir significativement Enfin, pour les architectes et les paysagistes,
leur mode d’intervention. L’expression projet avec le projet à l’échelle d’un quartier, il s’agit
de quartier a été progressivement abandon de mener une opération de mise en scène des
639 PROJET D'INTÉRÊT GÉNÉRAL (PIG)
formes urbaines. De plus, par un usage militant PROJET DE VILLE -+ Projet urbain
de la notion de projet, opposée à celle de plan,
référencée à d’autres disciplines et à d’autres
pratiques professionnelles, ils affirment la pri PROJET D'INTÉRÊT GÉNÉRAL (PIG)
mauté de la démarche de composition urbaine
et ils postulent la prédominance du critère de la Ouvrage, action ou protection présentant
visibilité dans l’appréhension de l’espace. Cette un caractère d’intérêt public indéniable qui
acception architecturale du projet a été permise s’impose aux collectivités locales à l’occasion
par le rejet des grands ensembles et de la doc de l ’élaboration des documents d’urbanisme.
trine fonctionnaliste qui a entraîné une revalori Dans le régime décentralisé d’élaboration
sation des représentations de la ville comme des documents d ’urbanisme introduit par la
forme et des citadins comme sujets sensibles et loi du 7 janvier 1983, les communes sont
enracinés. responsables de l’établissement de ces docu
Outre la diversité de ses acceptions et de ses ments. Toutefois, elles n ’ont pas une souve
usages, la notion de projet désigne à la fois la raineté absolue sur l’usage de leur territoire et
phase d’élaboration et le produit de l’élabora sur son aménagement. Elles doivent prendre
tion, ce que n’était pas le plan qui se présentait en compte les exigences que les auteurs
comme le résultat d’une conception achevée. d’autres projets (État, régions, départements,
Le plan fixait des décisions légitimement arrê autres communes, groupements de collectivi
tées par l’autorité compétente; le projet est tés, établissements publics, autres personnes
en permanence en cours de révision afin de ayant la capacité d’exproprier) sont amenés à
s’adapter aux opportunités de valorisation terri entreprendre sur son territoire. Pour être
toriale. Ces tendances à l’empirisme opération prises en compte, ces exigences, qui peuvent
nel et au contextualisme programmatique, concerner des projets d’équipement, d’amé
relayées par un esthétisme morphologique, nagement ou de protection, doivent avoir la
attestent d’une plus grande acceptation par les forme de projets d’intérêt général (pig) (Code
urbanistes de l’impact des logiques du marché de l’urbanisme, L 121-12 et R 121-13). ^
foncier et immobilier sur la définition de l’ave Un projet a le caractère de projet d’intérêt
nir des territoires. Cette acceptation fut d’abord général lorsqu’il a fait l’objet, de la part de
résignée, puis a été sublimée grâce aux conno son auteur, d’une délibération ou d’une déci
tations positives accordées aux termes de projet, sion, mise à la disposition du public, en arrê
de partenariat et de planification stratégique. tant le principe et les conditions de réalisation.
Il en va différemment pour le quartier. Le Code de l’urbanisme précise la destination
Bien que réputé offrir un antidote aux effets des projets susceptibles d’être qualifiés d’inté
néfastes du gigantisme urbain, il se trouva rêt général : opérations d ’aménagement ou
relégué dans le courant des années 1980, car d ’équipement d ’infrastructure ou de super
il apparut comme trop porteur de valeurs structure, fonctionnement d’un service public,
communautaires à l’opposé des principes uni accueil des populations défavorisées, protec
versalistes. L’expression projet urbain s ’est tion du patrimoine naturel ou culturel, préven
donc substituée à celle de projet de quartier. tion des risques naturels, mise en valeur des
Aussi, du plan au projet et du territoire au ressources naturelles, aménagement agricole
quartier, puis du quartier à l’urbain, les substi et rural.
tutions terminologiques révèlent des glisse Le projet d’intérêt général n’a à être pris en
ments de valeurs entraînant, en fin de compte, compte lors de l’élaboration d’un document
un quasi-renversement des conceptions struc d’urbanisme que s’il a été porté par le préfet à
turelles, régaliennes et redistributives, qui la connaissance de la collectivité locale ou du
avaient dominé la pensée urbanistique depuis groupement qui élabore le document d’urba
son origine et durant toutes les années de forte nisme. Le préfet doit vérifier que ces projets
croissance industrielle et de fort développe ne remettent pas en cause des politiques
ment urbain. nationales (servitudes d’utilité publique, lois
d’aménagement et d’urbanisme par exemple).
P. G. Le préfet a donc une certaine marge d ’appré
ciation. Si le document d’urbanisme élaboré à
_> Décentralisation; Développement local; Im age; Mercatique
urbaine ; Planification ; Projet urbain ; Quartier. la suite de ce «porter à connaissance» ne
PROJET RÉGIONAL D'URBANISME 640
prend pas en compte le projet d’intérêt géné radicalement modifié les modalités de la pla
ral, le préfet le porte à nouveau à la connais nification urbaine. Les outils traditionnels de
sance de la collectivité ou du groupement qui Turbanisme opérationnel ne permettaient pas
l’a perdu de vue. aux maires de faire face aux problèmes qu’ils
Si la collectivité locale persiste à ne pas devaient tenter de régler : la baisse de l’activité
prendre en compte le projet en question, la économique ou l ’exclusion sociale. C ’est
commission de conciliation peut être saisie ainsi qu’ils choisirent, surtout dans les grandes
par le préfet. Cette commission ne dispose villes, la méthode de la « planification straté
d’aucun pouvoir de décision pour arbitrer le gique », dans laquelle le projet urbain occupe
différend. Tout au plus, permet-elle d’avoir un une place centrale.
rapport supplémentaire sur le problème. Si la D ’autre part, dans l ’évolution libérale de
conciliation échoue, les solutions sont diffé l’économie française, les entreprises sont des
rentes selon le document d’urbanisme : acteurs essentiels, non seulement de la crois
— pour les schémas de cohérence territo sance économique, mais du développement
riale (et auparavant pour les schémas direc urbain, et sont aussi porteuses d’un modèle de
teurs), le préfet peut notifier à l’établissement gestion qu’on tend à appliquer à la ville.
public qui élabore le schéma les modifica Emerge alors l’image du «maire-manageur»
tions à lui apporter: tant que ces modifica qui gère sa ville comme une entreprise. Sa
tions ne sont pas faites, le schéma n’est pas stratégie est d ’abord l’aménagement de zones
exécutoire ; accueillantes offertes à des prix compétitifs.
— pour les p l u (et auparavant pour les Cette approche s’est affirmée pour répondre
p o s ) , il en va de même que pour les schémas au chômage, en mettant l’accent sur la prise
directeurs, quand la commune n ’est pas cou en compte de l ’aspect économique et social
verte par un schéma directeur approuvé : le comme objectif principal de la planification :
p o s contraire à un p i g ne peut être exécutoire ; aménager la ville est nécessaire au maintien
dans le cas contraire (s’il existe un schéma ou à la création d ’entreprises et d ’emplois.
directeur ou un s c o t approuvé), le préfet ne Dans le mouvement général de l ’économie
peut que saisir le tribunal administratif du POS et du changement social, dans les années
ou du p l u qui lui paraît contraire au schéma 1960-1975, les plans d’urbanisme accompa
directeur ou du s c o t , en faisant obstacle à gnaient la croissance, c ’est-à-dire s ’effor
un p i g . çaient de lui donner une rationalité spatiale.
A . G . et P. M . Dans les années 1980, la croissance écono
mique, n ’ayant plus de facteurs propres aussi
- » Aménagement du territoire ; Décentralisation administrative ; constants, devint un enjeu dans une compéti
Expropriation; Opération d'intérêt national; Plan d'occupa
tion des sols ( p o s ) ; Plan local d'urbanisme ( p l u ) ; Prescrip tion entre pays, régions, villes et sites. L’urba
tions d'aménagement du territoire; Schéma directeur; nisme devint indispensable pour attirer les
Schéma de cohérence territoriale ( s c o t ).
activités et les investissements, donc un préa
lable à l ’expansion économique. Cela a cor
respondu au passage d ’une planification
PROJET RÉGIONAL D'URBANISME essentiellement quantitative à une vision plus
-*• Planification urbaine en France qualitative par le biais de l ’adaptation des
(historique) ; Schéma régional principaux documents d ’urbanisme - le
d'aménagement et d'urbanisme schéma directeur ( s d ) et le p o s - dans leur
contenu et dans leur forme. Ceux-ci ne cal
culent plus les besoins à partir de normes chif
PROJET URBAIN frées, mais partent du contexte, de la situation
locale réelle. Les stratégies de développement
Le projet urbain a acquis, dans les années se concrétisent dans des projets précis (par
1980, un statut nouveau dans les interventions exemple d’équipements ou d’infrastructures).
sur la ville. Ce changement est dû à plusieurs Les pressions concurrentielles se sont
facteurs. accrues du fait de la construction européenne
D ’une part, l ’évolution générale d ’ordre et de la politique commerciale internationale
juridique et la décentralisation des décisions mettant en compétition les territoires sur le
d’urbanisme au niveau des communes ont marché de l’implantation des entreprises. La
PROJET URBAIN
641
l ’usage de la proportion était généralisé, aussi s’en inspirèrent. R Behrens, notamment, éla
bien à l’échelle des arpenteurs qu’à celle des bora une méthode, permettant de contrôler les
peintres et des sculpteurs (qui se servaient de proportions à l’aide de «tracés régulateurs»,
grilles orthogonales pour proportionner leurs qui fut adaptée et appliquée à l’échelle urbaine
personnages aussi bien que pour transposer par Le Corbusier, par exemple dans sa « Ville
leurs projets à des échelles différentes). pour 3 millions d’habitants ». Dans son travail
En Grèce, un système élaboré d’analogies ultérieur, le Modulor, qui exerça une grande
entre proportions m usicales et proportions influence, celui-ci tente, de façon très ingé
linéaires fit l’objet d ’une théorie générale nieuse, d’établir pour la production industrielle
ment acceptée par l’ensemble des traceurs de un ensemble de dimensions préférentielles fon*f
plans, architectes et praticiens des disciplines dées sur la « section d’or ».
visuelles. Il fut largement repris par les
J. R.
Romains. Sa permanence au Moyen A ge est
liée à celle de la popularité du limée dans sa -> M odulor; N om bre d 'o r; O rdre; Symétrie.
traduction latine. Il semble néanmoins s ’être
produit un conflit à cette époque entre les
clercs préposés à la surveillance des travaux PROPRETÉ
de construction, essentiellement préoccupés
par les questions de nombres et l’harmonie La propreté ne prend sens qu’en référence
platonicienne, et les maçons qui, soucieux avec son contraire, la saleté. C’est pourquoi on
avant tout de techniques constructives, traitera ici du rapport propre/sale qui aujour
avaient mis au point un système élaboré de d ’hui engage la société urbaine tout entière
contrôle géométrique; la plupart des maçons pratiquement et symboliquement. Plusieurs
et des charpentiers étaient habitués à établir dimensions se conjuguent dans cette relation.
des dimensions en se servant du nombre irra —- Une dimension physique collective évi
tionnel: _l_ dente que les discours ambiants traduisent en
fl termes quantitatifs : on mesure le degré de pro
preté d ’un espace ; on raisonne en tonnes de
D ’autres méthodes plus complexes étaient déchets à traiter ; on évalue la masse critique
également utilisées. À partir du moment où, au d’ordures à évacuer. On associe immanquable
XVe siècle, le statut social de l’architecte fut ment ce rapport à la pollution : on combine
reformulé en Italie, pratiquement chaque auteur alors l’échelle du territoire à celle de la planète;
de traité tenta de rétablir la méthode numérique L’industrie de la propreté s’est développée et
de proportionnement utilisée dans l’Antiquité diversifiée considérablement ces dernières
et de l’associer à une approche géométrique. années. Elle donne lieu à de nouvelles profes-
Le terme possédait également une acception sionnalités. C’est à la suite d’une longue histoire
médicale, liée aux quatre éléments (air, feu, que propreté individuelle et propreté collective
eau, terre) dont on pensait qu’ils composaient sont entrées dans une relation dissymétrique.
le corps humain selon des proportions spéci La propreté participe des politiques locales
fiques. Beaucoup de prescriptions médicales et fait désormais partie de l’image de marque
visaient le maintien de cette relation équilibrée. des villes. Elle révèle une ville ordonnée,
La relation entre harmonies musicale et contrôlée et bien gérée où règne une certaine
dimensionnelle fut mise en question par le qualité de vie. C ’est à propos de la propreté
R Mersenne et par Descartes, et finalement que s’est mis en place le discours écologique.
rejetée par Claude Perrault au cours des années L’histoire de l ’aménagement urbain se
1670 et 1680. Dans le même temps, néanmoins, confond avec la lutte pour la propreté et la
Newton tentait de réinstaurer une harmonie gestion de l ’eau et a donné naissance aux pre
« naturelle » en mettant en rapport les quantités miers équipements urbains. Certains histo
de couleur du spectre avec des accords tonaux. riens des villes arabes se sont servis de la
Au xixe siècle, diverses tentatives furent propreté comme indicateur démographique, la
faites pour établir une proportion « esthétique » présence des bains révélant l’importance de la
sur une base scientifique ou même statistique, population alentour ; de même, la localisation
en particulier en Allemagne (Fechner, Moersel, des tanneries et des abattoirs marquait les
Zeising). Beaucoup de praticiens du XXe siècle limites de la ville.
645 PROPRIÉTAIRE BAILLEUR
moine. Ces bailleurs ont, depuis dix ans, le droit d ’expropriation est entré dans les
quelque peu négligé le logement pour s ’inté mœurs, mais dans des cas précis, tandis que la
resser à l ’immobilier d ’entreprise, nettement concertation a gagné du terrain.
plus rentable, voire aux placements boursiers Il est très délicat, pour les autorités natio
dont le retour sur investissem ent est plus nales ou locales, d’articuler les politiques qui
rapide et l’achat et la revente nettement plus s’adressent aux divers types de bailleurs (les
souples. On remarque en outre que les princi moyens d’action sont plus abondants dans le
paux d’entre eux (compagnies d’assurances et secteur public que dans le privé) et de « gérer »
caisses de retraite) ne sont pas principalement dans son ensemble le secteur locatif par rap
bailleurs, ce qui fragilise leur intervention. port au secteur de la propriété occupante. La
Les organismes de logement social for politique fiscale et la législation sur les loyers
ment une catégorie spécifique : les bailleurs sont perpétuellement considérées comme
sociaux qui construisent et gèrent, avec des décevantes, voire spoliatrices, par une large
aides de l’État, des logements dont le prix de fraction des bailleurs personnes physiques.
revient et le loyer sont plafonnés et qui sont Les réglementations et les interrogations
destinés à des locataires ne dépassant pas un sur la rentabilité locative peuvent décourager
certain niveau de revenu. Ils possèdent en les propriétaires bailleurs, d’autant que la plu
France 3,8 millions de logements (4,6 millions part des particuliers bailleurs sont âgés. Il y a
si l’on y adjoint le secteur locatif intermédiaire là un double risque : celui du rétrécissement
ou social non hlm : sem, filiales de la cdc ou du marché locatif, obligeant les collectivités
de collecteurs du 1 % logement). La mission publiques et les investisseurs institutionnels à
du secteur social s ’est alourdie en raison de la intervenir plus sur le marché locatif (ce qui les
crise économique, du chômage, de certains détourne d’autres investissements). Et celui de
problèmes liés à l ’immigration et de la ten ventes d’immeubles entiers à des marchands
dance marquée à la ségrégation urbaine. de biens qui les revendent par appartements
(souvent sans mise préalable aux normes) soit
La législation, de 1914 (premier blocage des à des accédants à la propriété, soit à des inves
loyers) à la loi du 1er septembre 1948, a tisseurs : il y a là une perte pour le marché
cherché, en période d’inflation et d’excès de la locatif et plus encore pour le marché locatif
demande sur l’offre, à protéger les locataires en « social de fait » que constituent les logements
réglementant les loyers. Cette législation a eu encore loués selon le régime de l’article 3 de
des effets pervers en suscitant le désengage la loi de 1948.
ment des investisseurs traditionnels (investis Pour pallier cette situation, les pouvoirs
seurs institutionnels, particuliers aisés) de publics ont mis au point, depuis une dizaine
l’immobilier locatif. C’est ce qui a conduit, par d’années, des mécanismes (qui portent le nom
la loi du 1er septembre 1948, à rendre la liberté des ministres ou parlementaires qui les ont
des loyers (contrôlés par la loi Quilliot du proposés : Périssol, Besson, Robien, Scellier)
22 juin 1982, puis la loi Méhaignerie du visant à encourager les personnes privées à
23 décembre 1986 et enfin par la loi Mermaz- acheter des logements neufs (ou réhabilités)
Malandain du 6 juillet 1989) aux logements pour les mettre en location. Ces dispositifs
construits postérieurement à cette loi. Mais ceci reposent sur un avantage fiscal qui prend la
a créé, de façon durable, un double secteur forme d’une déduction des revenus de l’amor
locatif (loyers réglementés des logements tissement d ’une partie du prix d ’achat (ou,
anciens et loyers libres des logements récents pour le dispositif Scellier, d ’une réduction
et des logements anciens reloués après mise d’impôt) en contre-partie d’un engagement de
aux normes), qui induit toujours des rentes de mise en location d ’une durée minimale
situation (il subsistait, en 2006, environ (9 ans). Dans la plupart de ces dispositifs, les
260 000 logements soumis à la loi de 1948). aides fiscales distribuées s ’accompagnent
Si ces lois Quilliot (1982), Méhaignerie d’un encadrement des loyers (dont le carac
(1986) et Mermaz-Malandain (1989) ont tenté tère réellement social fait régulièrement polé
de régler de façon équilibrée les rapports entre mique). Avec la mise en œuvre du Grenelle-
propriétaires bailleurs et locataires, les règles Environnement, certaines aides seront égale
d ’urbanisme ont amélioré celles qui s ’éta ment modulées selon des critères d’efficacité
blissent entre les premiers et l’administration : énergétique du logement.
PROSPECT
647
Le parc locatif se renouvelle par ailleurs indemniser les propriétés auxquelles on retire
par le jeu de transferts spontanés d’un statut toute constructibilité? Est-il acceptable que
à l ’autre. Certains propriétaires, lorsqu’ils quelques propriétés soient valorisées sans
quittent le logement qu’ils occupaient, pré contrepartie grâce aux investissements de la
fèrent ainsi le louer plutôt que de le vendre. collectivité?, etc.
De même, certains héritiers d’un logement Il est enfin à noter que le processus d’urbani
familial choisissent-ils de le mettre en loca sation et que la densification de cette urbanisa
tion. Enfin, le transfert par succession de tion s ’accompagnent nécessairement d’une
logements loués s ’accompagne souvent du augmentation de la proportion des terrains
maintien en location. Pour ces différentes publics ou à usage public pour la circulation, les
raisons, on n ’observe pas de retrait général équipements et les espaces verts. Ainsi, 56 %
de la fonction de bailleur, même si les pro des terrains de la ville de Paris sont publics,
grès de l ’accession à la propriété et le déve exclusion faite des deux grands bois périphé
loppement du parc locatif social ont entraîné riques qui augmenteraient encore ce chiffre.
mécaniquement une diminution de la part du J. C .
secteur locatif privé dans le parc.
Domaine public; Expropriation; Préemption.
A . - C . D a . et A . M .
doit pas comporter d’ouverture offrant des vues humains : les destructions du goût sont cumu- ,
sur la parcelle voisine (mur-pignon) ; latives dans le temps. q
— entre les bâtiments d’une même parcelle, La maîtrise de l ’imagination com m ence
l’espacement doit être tel que les baies des aussi par celle d ’une connaissance : le savoir
pièces d’habitation ne soient pas masquées par des produits passés et actuels des « conjec-f
une construction qui serait vue sous un angle de tures romanesques rationnelles» (pour
plus de 45° au-dessus de l’horizontale (60° sur reprendre l’expression de Pierre Versins) qui
la façade la moins ensoleillée si ce n ’est pas la se sont appliquées aux rêveries sur les deve-i
façade principale). nirs possibles des formes urbaines et, plus
Mais ces règles générales peuvent être préci généralement, des types et des localisations!
sées par les plans d’occupation des sols ou les possibles des habitats humains. t :
plans locaux d’urbanisme (dont ils constituent Appliquée aux problèmes d’aménagement •
une disposition obligatoire) lorsqu’ils existent. de l ’espace, la prospective a connu ses; i
Le p o s ou le p l u fixe aussi Valignement de moments de gloire, en France à la fin des '
chaque voie, c ’est-à-dire la limite entre celle-ci années 1960 et au cours des années 1970, sous>
et les parcelles riveraines. L’alignement est, l’impulsion des services de la Délégation à Tj
avant même le prospect, une des règles les l’aménagement du territoire et à l’action régio- Vf
plus anciennes du droit de l ’urbanisme. Les nale ( d a t a r ) . En témoigne, en particulier, la ;ji
alignements des voies d’une commune sont Collection « Travaux et recherches de prospec-i ;j
fixés par les plans d’alignement. Le règlement tive» entre 1968 et 1980. Le pari des promo-,
d’urbanisme peut exiger que les constructions teurs de cet effort, sans précédent dans sesi j
soient édifiées à l’alignement : celui-ci est noti dimensions et dans sa durée, était d’accoutu- ;[
fié au propriétaire qui veut construire par un mer les acteurs du développement local et .;}
arrêté individuel d’alignement. Des servitudes régional à prendre eux-mêmes et progressive- 1j
de reculement peuvent imposer une distance ment en main la maîtrise intellectuelle e t j '
fixée entre les constructions et l ’alignement, opérationnelle de leurs propres problèmes jj;
sans que cela ouvre droit à indemnisation ni à d’aménagement ; un avenir proche devrait per- V
délaissement. On parle de servitude de visibi mettre de mesurer si les lois portant décentrali- V
lité lorsque celle-ci est prise afin de dégager sation d’un certain nombre de compétences et i:
les abords d’un carrefour. de procédures de décision ont donné à cet effort j
P.M. une signification effective à longue portée. , V
PROSPECTIVE
les botanistes définissent un plesio-climax qui de tels espaces, que l ’on peut établir à partir
représente l’état que prendrait la végétation, en des textes de lois, montre quelle est la
se mettant en équilibre avec les sols et le climat, conception que s’en est faite le législateur. Ils
si toute action humaine cessait pendant une cen sont tous considérés soit comme particulière
taine d’années. Sauf dans des régions très limi ment proches de l ’état naturel, soit comme
tées en étendue, ce n’est jamais ce plesio-climax particulièrement sensibles, soit enfin comme
qui sert de référence aux législations. « remarquables ». Il s’agit notamment :
La loi française du 10 juillet 1976 «relative à — ■des littoraux, et spécialement des espaces
la protection de la nature » indique (art. 1) : « La dunaires ; des espaces boisés, des espaces verts
protection de la nature et des paysages, la préser et des forêts : enFrance, les premiers bénéficient
vation des espèces animales et végétales, le d’une place particulière dans les plans locaux
maintien des équilibres biologiques auxquels ils d’urbanisme, où ils constituent les zones N ;
participent et la protection des ressources natu — des zones de montagne, où des aides au
relles contre toutes les causes de dégradation qui maintien de la vie pastorale sont prévues
les menacent sont d’intérêt général. » Il semble depuis la loi du 3 janvier 1972, quand elle
que ce texte fasse référence à deux notions : est « de nature à contribuer à la protection du
— celle de système naturel, conçu comme milieu naturel et des sols». Par ailleurs, la
un ensemble « d ’équilibres biologiques » entre plupart des parcs nationaux français Sont
des espèces et leur environnement. Elle est situés dans les espaces montagnards du pays,
d’ailleurs reprise, sous une forme à peine diffé où l ’on cherche à maintenir ou à restituer des
rente, dans le Code forestier qui limite les droits paysages proches du plesio-climax, au moins
de particuliers propriétaires de forêt «afin dans les zones centrales de ces parcs ;
d’assurer l’équilibre biologique du pays » ; — des eaux littorales ou continentales.
— celle d’espaces qui ont besoin d’une pro En France, 1,7 % du territoire national fait
tection particulière, parce qu’ils sont encore les l’objet d’une protection forte : cœur des parcs
moins modifiés par les actions humaines, et (ou) nationaux, réserves naturelles classées ou de
parce qu’ils sont remarquables. La loi du 2 mai statut libre, terrains acquis par le Conservatoire
1930 fait référence à la notion de «monument du littoral. On peut y ajouter les forêts soumises
naturel », c’est-à-dire « les biotopes et les for au régime forestier (8,0 % du territoire) et les
mations géologiques, géomorphologiques et zones naturelles (N) des plu (ex-zones nd des
spéléologiques remarquables ». Elle les met sur pos) qui recouvrent en partie les précédentes et
pied d’égalité avec les sites archéologiques et représentent 9 % du territoire métropolitain. En
historiques. À la protection des espaces, on outre, plus du quart du territoire fait l’objet de
adjoint en général celle des espèces, notamment mesures de protection moins fortes : les zones
de celles qui sont menacées d’extinction, d’adhésion des parcs nationaux, les 46 parcs
qu’elles soient végétales ou animales. naturels régionaux, les sites « Natura 2000 »
C’est la reconnaissance de l’existence d’un (sans compter les zones de protection des péri
système naturel, composé d’éléments solidaires mètres sensibles et les znieff). Compte tenu
qui interagissent les uns sur les autres, qui ins des territoires entrant dans plusieurs de ces
pire une première série de dispositions, et en catégories, c ’est environ 30% du territoire qui
tout premier lieu celles qui régissent les études fait l ’objet d’une protection.
d’impact. Celles-ci sont définies à partir de La dernière décennie a vu se multiplier les
l’idée qu’une atteinte, même limitée, à un élé initiatives internationales pour la préservation
ment du système naturel provoque souvent une des grands équilibres naturels à l ’échelle de la
série d’effets induits qui peuvent donner nais planète entière. La nécessité des ententes inter
sance à des dégradations en chaîne, qu’il s’agit nationales s’est imposée en premier pour les
de prévoir pour les empêcher. actions sur l’atmosphère, afin d’empêcher des
La référence à la notion de système naturel m odifications de sa com position capables
est également implicite dans la constitution des éventuellement d’augmenter l’effet de serre ou
agences de bassin, qui doivent évaluer, prévoir d ’affecter la couche d ’ozone des hautes alti
et limiter les effets dans l’ensemble d’un bassin tudes. Une première réunion à Montréal en
fluvial d’aménagements limités et localisés. 1987 sur ces questions a été suivie de la confé
Les espaces à protéger font en général rence des Nations Unies sur le développement
l ’objet de législations particulières. La liste et l’environnement ( cnude), tenue à Rio en
II
PROTECTION DE LA NATURE 68*
1992, qui a beaucoup élargi le champ des Commission nationale du débat public, com4
actions collectives préconisées. Un catalogue posée d’élus, de représentants d’associations
d’actions souhaitables, l’« Agenda 21 », traite agréées, de magistrats et de personnalités qua»
des problèmes de la biodiversité, de la destruc lifiées, est chargée de l’organiser, d ’élaborer et
tion des forêts tropicales, de l ’érosion des sols, de rendre public un bilan de ce débat ; t
de la pollution des océans et, naturellement, — la modernisation des enquêtes publiques»
des m odifications atmosphériques. Par la avec notamment la possibilité de faire assistât
suite, les conférences de Kyoto en 1997, de le commissaire enquêteur par un expert ; ,
Buenos Aires (2004), de Bali (2007) et de — l’institution d’un conseil départemental
Copenhague (2009) ont eu pour objet princi de l’environnement (et éventuellement dçt
pal de rechercher le moyen de limiter l’effet de conseils régionaux), instance de concertation»
serre. La stabilisation de la consommation de médiation et d’expertise ; ,
d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz — la possibilité d’expropriation pour de?
naturel) se heurte au désir légitime des pays motifs de sécurité publique liés à un risqua
non développés d’assurer leur développement naturel (avalanches, crues, etc.) grave ; •
et donc d’accroître leur consommation. Il fau — un plan de prévention des risques natu
drait donc que les pays développés acceptent rels prévisibles (ppr) qui remplace les plans
de réduire la leur. L’Europe s’y est engagée et d’exposition aux risques naturels prévisibles
propose, pour y inciter, une taxation assise sur (per), les plans de surfaces submersibles et les
la quantité de gaz carbonique émis, mais les plans de zones sensibles aux incendies de
États-Unis s’y opposent et ont proposé un sys forêts : il est établi selon une procédure sim
tème com plexe selon lequel certains pays plifiée et déconcentrée ; .
(riches) pourraient acheter à d’autres pays — un plan de gestion des cours d ’eau,
(pauvres) des « droits à polluer». Cette propo prévoyant les travaux nécessaires d’entretien,
sition n’a pas été retenue, mais la solution, qui de curage, etc. ; .
suppose une véritable solidarité internationale, — un inventaire départemental du patri
est loin d’être encore acquise. On recense moine naturel (sites, paysages et milieux) et
actuellement quelque 170 accords internatio des mesures de protection qui sera établi par
naux sur la défense de l’environnement. Ils ont les services de l ’État ;
le mérite d’indiquer des actions souhaitables — l’extension de la taxe départementale
et de fournir des références pour la protection des espaces naturels sensibles aux installa
de la nature. Mais, dans bien des domaines, le tions et travaux divers (parc de stationnement
grand problème est celui de l ’application, par exemple) et la création d’autres taxes
puisque certaines recommandations heurtent (passagers maritimes vers des îles protégées,
des intérêts nationaux ou privés puissants et automobiles sur les ponts y conduisant) au
que les coûts de mise en œuvre sont impor bénéfice de la protection de ces espaces ; ...
tants. Les financements prévus restent actuel — l’augmentation progressive de la taxe
lement très faibles par rapport aux besoins. sur la mise en décharge des déchets ménagers
En France, les orientations récentes de la pro et l’institution d’une nouvelle taxe sur les
tection de la nature sont de plus en plus influen déchets industriels spéciaux pour financer la
cées par les politiques définies à l ’échelle réhabilitation des « sites pollués orphelins ».
mondiale. C’est le cas par exemple pour le plan La loi Lepage du 30 décembre 1996 sur
national de l ’environnement de 1990 et de l ’air et l’utilisation rationnelle de l ’énergie
l’Agence de l’environnement et de la maîtrise prévoit une surveillance de la qualité de l ’air,
de l’énergie (ademe), instituée en 1991. des objectifs de qualité et des seuils d’alerte.
La loi Barnier du 19 janvier 1995 sur la pro Elle prescrit l’élaboration de plans régionaux
tection de l’environnement complète et amé pour la qualité de l’air et de plans de protec
liore les dispositifs en vigueur, institués par la tion de l’atmosphère dans les agglomérations
loi de 1976 ou par d’autres textes, notamment de plus de 250 000 habitants et dans les autres
pour prendre en compte la décentralisation. zones très polluées. Elle fixe un objectif sup
Ses principales dispositions concernent : plémentaire aux plans de déplacements
— l’organisation d’un débat public autour urbains - la promotion des modes de transport
des grandes opérations publiques d’amé les moins polluants et les moins consomma
nagement (infrastructures notamment): une teurs d’énergie - et les rend obligatoires dans
§51 PUBLICATION
vie sociale qui serait la réplique urbaine des institutions) qu’en contradiction avec leurs
formes traditionnelles de sociabilité du village fonctions et leurs structures, elles se donnent
ou du bourg rural. De fait, dans de nombreuses artificiellement cette forme sociale : la vie de
villes, subsiste encore la trace des anciennes quartier. »
paroisses, voire de quartiers professionnelle En réaction à cette approche nostalgique,
ment spécialisés (faubourg Saint-Antoine à non exempte d’idéologie, une thèse opposée,
Paris), ou même des formes sociales d’organi mais tout aussi radicale, suppose la disparition
sation constituées à la faveur de mobilisations pure et simple du quartier. Survivance d’un
collectives. Mais le remodelage des agglomé passé révolu, le quartier n ’aurait plus, dans
rations urbaines au cours des décennies l’organisation urbaine d ’aujourd’hui comme
récentes d’urbanisation rapide a largement fait dans les pratiques sociales et les modes de vie,
éclater les cadres traditionnels d’organisation qu’un rôle subalterne. L’éclatement des réseaux
de la vie sociale en milieu urbain. de sociabilité, autrefois largement étayés par
l’organisation familiale et la proximité du voi
L’aspect le plus controversé de l’image sinage, davantage fondés aujourd’hui sur le
sociale du quartier est l’existence des attributs milieu de travail et sur les pratiques de loisirs,
d ’une entité communautaire. L’évocation retirerait désonnais au quartier sa fonction tra
d’une société consensuelle, enracinée dans ses ditionnelle de cellule élémentaire de la société
espaces de vie et développant entre ses urbaine. Cette fonction transiterait progressive
membres des liens étroits d’échange, d’entraide ment vers l’entreprise et vers les lieux de parti
et de reconnaissance mutuelle, est liée aux cipation offerts à l’initiative collective des
mythes nostalgiques de la communauté perdue, citadins (associations, clubs, groupements poli
développés depuis les débuts de la révolution tiques, syndicaux ou culturels, etc.).
industrielle et urbaine. La fréquence de cette Il convient cependant de ne pas perdre de
image dans les représentations collectives vue que les configurations sociales de la vie de
transparaît dans la littérature et dans différents quartier ont été différenciées de longue date, en
courants des sciences humaines et sociales. raison précisément de la disparité des modes de
Cette approche nostalgique confine souvent vie propres aux différentes couches sociales.
à l’idéologie, tel ce passage de Gaston Bardet, Les pratiques de l’espace (déplacements dans
déjà cité par Henri Lefebvre (Quartier et vie la ville, distribution spatiale des réseaux de
de quartier, in Cahiers de I ’iaurp, vol. 7, relation et des modes de participation à la vie
1967) : « Dans un quartier de ville ou de vil collective) varient selon les classes sociales et
lage, on distingue plusieurs assemblages de selon le degré d’intégration à la société urbaine.
rues et de places, vivant d’une vie propre, plu Le développement de la sociabilité de voisi
sieurs échelons domestiques possédant leur nage a toujours été, dans la ville traditionnelle,
caractère particulier, voire leurs coutumes, le fait des couches populaires puis de la classe
leurs manifestations [...]. L’échelon domes ouvrière, tandis que les classes bourgeoises (et
tique est dû à la topographie tant sociale que aristocratiques) entretenaient des relations
naturelle, c ’est une constante d ’ordre géo sociales plus largement diffuses dans l’espace
économique, le premier élément proprement urbain. Les travaux de l’école de Chicago, sou
urbain, c’est-à-dire où l’échange intervient et vent confirmés sur ce point par la suite, ont mis
dont la fédération va constituer l’échelon en relief l’étroite relation entre les modes
supérieur, bien connu autrefois sous le nom de d’organisation de la vie sociale propre à cer
quartier, villette, faubourg ou bourg. Le monu tains quartiers et les migrations dont les villes
ment public est l’organe qui caractérise cet sont le siège : le quartier joue un rôle d’accueil,
échelon supérieur [...]. 11 y a une véritable vie de regroupement et d’installation des commu
spirituelle des quartiers, dépassant les réalités nautés ethniques (ou provinciales), d’intégra
familiales, aussi avons-nous baptisé cet éche tion à la vie urbaine, tandis que ces courants
lon Y échelon paroissial. » Henri Lefebvre migratoires influent à leur tour sur l ’aspect
dénonce cette idéologie communautaire qui physique et social des quartiers.
peut même se changer en idéalisme politique, Il semble, par ailleurs, que l’évolution
en utopie démocratique, en tentant de faire actuelle aille plutôt dans le sens de la coexis
jouer à la paroisse ou au quartier un rôle insti tence et d’une diversification progressive des
tutionnel qu’ils n ’ont pas : « On demande (aux formes de vie relationnelle propres aux diffé
655 QUARTIER
rentes catégories résidentielles. Certaines mino historique et social des quartiers, la cité prise
rités ethniques et certains quartiers ouvriers dans son ensemble. D’autre part, ceux (le cou
conservent des traits communautaires, même si rant progressiste selon le même auteur) qui prô
leurs membres disposent personnellement de naient une restructuration d’ensemble du tissu
peu d’attaches relationnelles. Mais on observe urbain, la hiérarchisation des fonctions
également dans les «nouveaux villages» de la urbaines, des centres et des voies de communi
périphérie urbaine une valorisation de la convi cation, pour satisfaire les besoins de l’individu
vialité résidentielle et des formes de sociabilité ramené à un idéal type rationnel.
parmi les classes moyennes. A l’inverse, la ten La notion de quartier est réapparue en
dance à s’émanciper des réseaux de solidarité France, au milieu des années 1970, dans le
résidentielle et territoriale se confirme dans les discours officiel sur l’urbanisme. Après la
couches citadines disposant d ’une capacité période intense de construction de logements,
matérielle et culturelle d’accès à la variété des s’est posé à cette époque le problème de la
moyens de relations et de participation sociale, réhabilitation, architecturale mais aussi
qu'offre le milieu urbain. sociale, de certains îlots résidentiels dégradés,
et en partie de certains grands ensembles
Ce débat théorique, qui a nourri la littérature récents. Les opérations de rénovation archi
sociologique des dernières décennies, sous-tend tecturale baptisées « Habitat et vie sociale » de
l’approche du quartier par les urbanistes. En la fin des années 1970 s’étant révélées insuffi
France, au début des années 1960, l’elfort entre santes, la nouvelle politique de « développe
pris pour corriger le déficit des quartiers ment social des quartiers », définie par la
pavillonnaires et des grands ensembles en équi commission Dubedout en 1982, mit l’accent
pements et en services publics a donné lieu à la sur l’accompagnement économique et social
définition de normes d’équipement cherchant à des opérations de revalorisation du cadre bâti.
mettre en exergue la notion de quartier. Cette Cette attention nouvelle portée au quartier
approche n’était pas sans rappeler la mécanique, dans la conduite des opérations d’urbanisme
certes beaucoup plus rigide, de la programma s ’est aussi traduite dans les débats et les
tion des équipements publics dans les rayons expériences lancées par certaines municipali
(environ 40 000 habitants) et les microrayons tés, visant à une démocratie locale et à la
(10 000 habitants) de l’urbanisme soviétique. décentralisation de la gestion communale à
Cette démarche normative est à mettre en rela l’échelon des quartiers. De telles expériences
tion avec l’autonomie minimale dont certains ont eu lieu en Italie (Bologne), en Espagne,
sociologues font, on l’a dit, une condition de en France (Grenoble). Elles peuvent prendre
l’existence d’un quartier, au point de confondre la forme de décentralisation territoriale des
niveau d’équipement et degré d’organisation services administratifs des villes comme celle
d’un quartier. Henri Lefebvre a fustigé ce rôle de l’instauration de structures de participa
d’alibi que les urbanistes font jouer au quartier : tion, permettant d’associer plus étroitement la
« Dans un premier temps, on traite de collec population à la préparation des décisions qui
tions de choses : logements, immeubles et mai la concernent. En France, ce souci trouve,
sons, rues et quartiers, territoires et zones depuis la grande réforme de la décentralisa
d’activité; ensuite, par une opération magique, tion administrative, particulièrement poussée
sous les vocables « communauté » ou « collecti en ce qui concerne l’urbanisme, une matière
vité», on réintroduit dans ces collections de plus large. Sur le plan législatif, il s’est tra
choses la conscience, la vie. » L’idéologie sert duit par l’instauration (loi du 31 décembre
ainsi de masque aux carences de la pratique pro 1982) à Paris, Lyon et Marseille, de conseils
fessionnelle. C’était là une critique implicite d ’arrondissement, regroupant par tiers des
tant des théories (celles des fonctionnalistes en élus de la ville, des élus de l’arrondissement
particulier) que des pratiques de l’urbanisme. et de représentants des associations, et par
Dès le xixc siècle, s’est en effet manifesté, chez celle de maires d’arrondissement. Les projets
les théoriciens de l’urbanisme, un clivage signi de quartier ont, en outre, été au centre des
ficatif. D’une part, les partisans (le courant débats qui ont abouti à la loi du 18 juillet
culturaliste distingué par F. Choay cf. L 'urba 1985.
nisme, utopies et réalités, 1965) d’une crois Pour conclure, on ne peut que souligner à
sance urbaine préservant le patrimoine nouveau la complexité du concept de quartier.
QUARTIER HISTORIQUE 6S«
RACISME
RADIALE -> Voirie
Croyance en l’inégalité des «races»
humaines, au nom de laquelle certaines socié
tés ou certains individus sont soumis à RADIOCONCENTRISME
l’exploitation économique, à la ségrégation
sociale et même à la destruction physique. Est Principe de tracé urbain utilisant la configu
raciste toute personne ou toute politique dont ration radioconcentrique dans la composition
les actes s’inspirent, consciemment ou non, urbaine, et opposé à l’orthogonisme à l’inté
de cette croyance. rieur de la catégorie générale des tracés géo-
i|i
1
RAMASSAGE DES ORDURES MÉNAGÈRES
métriques urbains. Dans le tracé radioconcen- cercles, communication aisée entre centre et
trique, les principales artères rayonnent d’un périphérie, possibilités de hiérarchiser les
même point et sont reliées entre elles par un centres et de donner un ordre au plan), malgré
ou plusieurs cercles (ou polygones) ayant quelques inconvénients, comme la difficulté
pour centre ce même point. On parle égale de construire aux angles trop aigus, lorsque les
ment de plan en étoile. Certains sites naturels rayons sont nombreux ; mais le m onocen
(colline, méandre...) favorisent spontanément trisme et la concentration excessive qu’il
sa formation, et jouent le rôle d ’élém ent engendre semblent être son défaut majeur.
ordonnateur de la conformation. A. L.
Le tracé radioconcentrique est apparu pour
la première fois comme figure de composi Linéarité; Morphologie (urbaine); Orthogonisme.
tion urbaine à la Renaissance où il était lié
aux recherches sur les formes circulaires, le
plan centré en architecture et leur symbo RAMASSAGE DES ORDURES MÉNAGÈRES
lisme platonicien (cf. R. Wittkower, Archi —►Déchets; Taxe d'enlèvement des ordures
tectural principles in the âge o f humanism, ménagères
Londres, 1949). C’est Filarète qui, avec le
plan de Sforzinda de son Trattato d ’architet-
tura (1465), introduisit le tracé radioconcen RAMASSAGE SCOLAIRE — Carte scolaire
trique, bientôt repris dans nombre de projets
italiens de villes idéales. L’exploitation des
propriétés géométriques du plan étoilé et de RATIONALISME —►Art urbain; Classique,
sa structure centralisée permettait aussi de Industrialisation du bâtiment
traduire spatialement la puissance politique
des nouveaux princes italiens. D ’autre part,
le développement de l’artillerie et la stratégie RAVALEMENT
nouvelle qu’elle impliquait inspiraient aux
ingénieurs militaires de l ’époque des figures Travaux d ’entretien des façades des
urbaines centrées identiques, les v illes- immeubles.
forteresses (Palmanova, Granmichele). Mais L’origine du terme est lointaine : de ravaler
Neuf-Brisach, malgré son contour polygonal, (rabaisser, faire descendre de nouveau), le
est bâtie sur un système orthogonal. terme a été employé pour les opérations dê
À côté de ces structures radioconcentriques grattage d’un mur de haut en bas, puis pour
globales, à l’échelle de la ville entière, il faut l’application d’un enduit, d’un crépi ou d’une
mentionner aussi des structures radioconcen peinture. Le sens actuel inclut tous les travaux
triques partielles réalisées dans de nombreuses de remise en état d ’un mur de façade par
villes (Versailles, Karlsruhe, Rome) avec la regrattage, nettoyage à la pierre, application
figure du trident, ou de la patte d ’oie, ou du d’un enduit ou d’une peinture.
rond-point étoilé (plan de Wren pour Londres ; La loi française (actuellement, la loi du
Paris haussmannien ; le plan Griffith pour 30 décembre 1976) prévoit que les travaux de
Canberra, de 1911, est constitué par la juxtapo ravalement des façades doivent être effectués
sition d’une série d’unités radioconcentriques). au moins tous les dix ans, sur injonction faite au
Quant au radioconcentrisme spontané, favo propriétaire par l’autorité municipale, dans le
risé par l’action du site, il s’effectue à travers cas de Paris et des communes figurant sur une
l ’attraction et l ’enveloppement des monu liste établie par l’autorité administrative. Si les
ments principaux, et par un mode de crois travaux ne sont pas entrepris dans les six mois
sance général en anneaux successifs, donnant suivant l’injonction, le maire peut les prescrire
lieu à deux grandes catégories de voies : rayon par arrêté notifié au propriétaire. En cas de non-
nantes (ou radiales) et circulaires (ou rocades) exécution dans le délai fixé (qui ne peut excéder
(Moscou et Paris par exemple). Pour Lavedan un an), le maire peut, sur autorisation du tribu
{Géographie des villes, 1939), le plan radio- nal de grande instance statuant en référé, les
concentrique est celui qui présente le plus faire exécuter d’office aux fiais du propriétaire.
d’avantages (souplesse du système permettant Les campagnes de ravalement, instituées
d’augmenter ou de diminuer les rayons et les par le ministre Malraux, ont pour objet à la
659 RECENSEMENT
en France sont de qualité très inégale. Dans les proximité) et précisé par un décret du 5 juiil
pays en développement où une majorité de la 2003 après un débat qui a laissé insatisfaits
population est illettrée, un dénombrement, les partisans du recensement traditionnel. Le
complété par des enquêtes par sondage sur des recensement rénové n ’est pas plus écono*
thèmes particuliers, peut être une solution plus mique que le recensement traditionnel, mais il
économique et plus réaliste qu’un recensement. allège et étale dans le temps la charge de traf
Le recensement permet aussi de poser des vail de I’insee . Ce recensement rénové a été1
questions portant sur le passé (migrations, mis en œuvre de 2004 à 2008, non sans que;
fécondité par exemple), sur des faits écono certains maires aient protesté et commencé,
miques (logement, revenu, motorisation) et par refuser d ’y participer (ils y ont été
sociaux (mobilité). Aussi les tableaux statis contraints par les préfets). Les résultats, attri»
tiques établis à partir des recensements, croi bués à l’année médiane (2006) ont été publié»
sant plusieurs caractères de population selon à partir de 2009. Des estimations partielle»
des découpages géographiques divers, sont-ils avaient été établies auparavant sur la base de»
une source irremplaçable pour toute étude premières campagnes. Si une réforme étai);
urbaine, malgré les omissions et les erreurs nécessaire en raison de la lourdeur du recen
dont il convient d’apprécier l’importance. En sement traditionnel et de la lenteur de soi,
France, en raison du volume de ces tableaux, dépouillement, on peut redouter, dans (é
I’insee publiait d ’abord les résultats du recensement rénové, un taux élevé d’o n iié
dénombrement de la population, puis des sions dans les villes, une source d’erreurs supj
tableaux établis par sondage sur 5 % des bulle plémentaire et des difficultés dans les
tins (1/20); enfin des tableaux par sondage comparaisons du fait de l ’absence de date
au 1/5 (20 % des bulletins) ou au 1/4, en géné unique. Le répertoire des immeubles loca;-
ral plusieurs années après le recensement. Le lisés, qui sert de base de sondage dans leé
dépouillement exhaustif n ’est effectué que là villes, a été m is au point dans la hâte 'à
où il est demandé (et financé), en général par l’automne 2003. Les autres bases de contrôle^
les collectivités locales, mais cette circons le registre de la taxe d’habitation et le réperr
tance est rare. L’exploitation des résultats des toire national interrégimes de l ’assurance
sondages ne doit pas omettre les erreurs aléa maladie, ne sont ni exhaustifs ni exempts de
toires : celles-ci limitent les possibilités d’ana doubles emplois. Si les techniques statistiques
lyse dans un découpage géographique très fin, permettent de limiter l ’inconvénient de la
souvent souhaité pour les études d’aménage non-exhaustivité dans les villes (8 % recensé»:
ment. chaque année, donc 40 % par période de cinq
Le dernier recensement de la population ans au terme de laquelle les résultats serojÉt
fiunçaise a été celui de mars 1999. Les résul établis), la méthode a peu de chances d’êtte
tats du dénombrement ont été publiés en comprise par l ’opinion (elle manque de lisibi
juillet 1999; ceux du sondage au 1/20 en lité) et même par de très nombreux utilisateurs
2000 ; ceux du sondage au quart en 2002. (et en premier lieu par les élus locaux) de»;
Ce recensement de 1999 a été le dernier données ainsi établies. Au plan de l’exploité
effectué de façon classique. L’insee trouvait tion scientifique des résultats, il est devenù
en effet cette procédure très lourde. Il a pro difficile, voire impossible, d’établir des indi
posé d’y substituer un recensement étalé sur cateurs statistiques concernant plusieurs com
cinq ans, qui n’est exhaustif que pour les loca munes (recensées à des dates différentes))
lités de moins de 10 000 habitants et est effec notamment pour les études sur la mobilité et
tué par sondage dans les villes plus sur les migrations, comme de mener dès
importantes à partir d ’un répertoire des études fines (à l’échelle du quartier) dans deS
immeubles, qui en revanche devrait être villes où la population a été établie par son
exhaustif (avec un contrôle possible par le dage : le recensement rénové est beaucoup
nouveau registre d’immatriculation à l’assu moins utile que le recensement traditionnel
rance maladie créé dans le cadre de la couver pour les géographes, les aménageurs et les
ture médicale universelle introduite en 1999). urbanistes.
Ce mode de recensement, baptisé «recense P.M.
ment rénové », a été décidé (dans le cadre de
la loi du 27 février 2002 sur la démocratie de - » Échantillon;Population.
861 REDEVANCE
insistait plus sur les tempéraments provin pays et beaucoup y découvrirent le charme
ciaux que sur les facilités de circulation. des cultures rurales traditionnelles. Mais les
Les historiens, Auguste Longnon en particu tensions internationales firent passer ces pro
lier, firent prendre conscience de la singulière blèmes au second plan.
longévité de beaucoup de circonscriptions De la fin des années 1930 à la fin des années
administratives françaises. Son Étude sur les 1940, le régionalisme et la région redevinrent
pagi de la Gaule (1865-1872) le prouve pour à la mode, mais l ’accent glissa très vite du
les petites régions, et indique qu’elles restent domaine politique et culturel au champ de
souvent vivantes dans la conscience populaire. l’économie.
À partir de 1870, la réflexion sur la région Ce n ’est qu’en 1955 que les «régions de
s’enrichit donc doublement: elle s ’interrogea programme » sont apparues comme un nouvel
sur la genèse et la solidité des régions histo échelon pour certaines actions administra
riques et insista sur l ’échelon inférieur des tives, en particulier la planification écono
divisions territoriales que constituent les pays. mique et la programmation des équipements
Pour Foncin (1898) par exemple, ceux-ci sont publics. Elles sont devenues en 1960 «cir
à la fois des régions naturelles calquées sur la conscriptions d’action régionale ». Une nou
géologie et le relief, des régions historiques velle et importante étape frit franchie en 1972,
héritées du Bas-Empire romain, et des divi après l’échec du référendum de mai 1969 : les
sions connues de tous, comme en témoignent régions devinrent alors des établissements
les noms qui leur sont donnés. publics, mais on évita de leur accorder un
La synthèse de cette première réflexion sur quelconque statut de collectivité territoriale,
la région fut proposée par Vidal de La Blache : puisque celui-ci avait été refusé par la majo
la France est organisée en espaces régionaux, rité des électeurs en 1969. Ce n’est que la loi
unis en une construction originale (Des divi de décentralisation du 2 mars 1982 qui leur a
sions fondamentales du sol français, 1888- accordé ce statut, dans le cadre d’un nouveau
1889) ; ces régions sont calquées sur les divi partage des com pétences entre l ’État, les
sions naturelles, mais elles n ’ont acquis leur régions, les départements et les communes
caractère qu’à travers une longue histoire (lois du 7 janvier et du 22 juillet 1983). Près
{Tableau de la géographie de la France, de trois décennies plus tard, l’unanimité n ’est
1902). Dans ses derniers travaux, Vidal de La pas encore faite, ni dans le monde politique ni
Blache prit la mesure des faits de « nodalité » dans l’opinion, sur l’opportunité de cette orga
(Les régions françaises, 1908, La France de nisation à quatre niveaux.
l ’Est, 1917). Les monographies régionales, La compréhension des réalités régionales
dont il est l’instigateur, donnèrent très vite une n’a pas progressé du même pas: On voit mal
vue d’ensemble de la diversité des territoires quelles responsabilités confier aux nouvelles
qui constituent notre pays. autorités, faute de bien comprendre l’origina
Un mouvement régionaliste vivant s ’était lité des instances régionales qui constituent
développé à partir des années 1880 : il devait surtout des relais dans l ’application et la
beaucoup aux géographes, mais trahissait un conception de certaines politiques d’aménage
besoin d’enracinement et une quête d’identité ment.
très populaires ; il exprimait aussi l ’inquiétude Depuis la fin des années 1960, un nouveau
d’une partie des élites devant les retards de régionalisme est né : il voit plutôt dans la
développement de la province. À l’occasion région une communauté où renouer avec les
de la mobilisation de l ’économie nationale cultures populaires du passé et où concevoir
durant la première guerre mondiale, la France un destin économique assumé par tous. Les
fut découpée en régions qui sont demeurées réformes de 1982 donnent à ceux qu’inspirent
dans le cadre des regroupements des chambres ces idéologies certains moyens, mais elles ne
de commerce, et annonçaient les régions de s ’appliquent pas toujours dans les cadres
programme des années 1950-1960. qu’ils souhaiteraient.
L’entre-deux-guerres vit retomber le mou D e l’analyse qui précède, on peut conclure
vement régionaliste ; dans le même temps, la qu’il n’existe pas de meilleure manière unique
réflexion sur la région piétina : les monogra de subdiviser l ’espace d’un pays : critères
phies furent nombreuses, de qualité ; les Fran physiques et compétition économique créent
çais apprirent, en les lisant, la diversité de leur une multiplicité d ’ensem bles hom ogènes,
RÉGION DE PARIS O U ILE-DE-FRANCE m
mais dont les limites ne se superposent géné services régionaux (dont l’intitulé est choisi
ralement pas ; la vie de relation et les activités par chaque région) en liaison avec le servie#
tertiaires suscitent autour des villes des aires déconcentré de l ’État, traditionnellement lat
qui subissent les mêmes entraînements. Le direction régionale de l ’équipement ( dre )j
poids de l’histoire et des attachements cultu Celles-ci sont, dans la cadre de la révision
rels dessine des zones où la conscience terri générale des politiques publiques, en cour#
toriale demeure vive, même si les solidarités de fusion avec les directions régionale^
objectives sont ténues. de l ’environnement (diren) et de l'industrie
La division de la France en régions s’est faite, de la recherche et de l’environnement (drirs$
en 1955 et 1962, en combinant plusieurs cri pour constituer les directions régionales
tères : on voulait des espaces de taille moyenne de l ’environnement, de l ’aménagement-
(entre 10 et 50 000 knr) et qui disposent d’une du logem ent ( dreal ). 9 dreal (Basses
cohésion liée à une longue tradition historique Normandie, Champagne-Ardennes, Corsai
et (ou) à la prééminence d’un centre urbain Pas-de-Calais, Pays de Loire, Midi-Pyrénéen
important. La décentralisation fait apparaître Picardie, Provence-Alpes-Côte d ’Azufl
aujourd’hui les insuffisances de ce cadre: Rhône-Alpes) ont été m ises en place aù
l’influence de Paris est si forte, par exemple, 1erjanvier 2 0 0 9 ,1 0 autres au 1erjanvier 2010|
qu’il n’est pas possible de concevoir l’avenir de les dernières (Aquitaine, Île-de-France, Lojj
l’agglomération sans associer à la région Ile-de- raine, Guadeloupe, Martinique et Guyane) au
France, les régions Picardie, Haute-Normandie, 1er janvier 2011. On observera que le périf:
Centre et Champagne-Ardenne. mètre de cette fusion n’est pas cohérent avéjè
On a reproché aux régions françaises, d’une celui retenu pour les directions département,
part, d’être trop petites, d’autre part, de consti taies de l ’équipement (qui fusionnent aveS
tuer un échelon supplémentaire de collectivi celles de l’agriculture). uiii
tés territoriales. D e fait, la région est souvent p. C. ei P. JVÜ'
en concurrence avec le département. Beau
coup pensent qu’il y a un échelon de trop et - » Aménagement du territoire ; Aménagement régional ; Budg$>
départemental et budget régional; Conseil régional; Décerç
qu’il faut supprimer soit le département soit la tralisation administrative; Établissement public ré g io n a l
région, mais le débat est v if entre « départe- Planification régionale; Politique régionale; Science régüf^t
nale. ,:,ji
m entalistes» et « région alistes». En mars
2009, le comité Balladur pour la réforme des
collectivités locales a proposé, non de suppri
mer un de ces deux échelons, mais de favori RÉGION DE PARIS OU ÎLE-DE-FRANCE 1,
ser les regroupements, tant de régions que de -* Grand Paris ; Schéma régional iii-
départements, sur une base volontaire : il d'aménagement et d'urbanisme ; Statut il
estime qu’une quinzaine de régions ayant cha de la ville et de la région de Paris qi
cune au moins 3 millions d’habitants consti
tuerait une solution satisfaisante. Ce comité ' , :■»>
proposait également que les conseillers régio RÉGION NATURELLE -> Région ,i
naux soient élus en même temps que les . it
conseillers généraux, au scrutin de liste à ■ ,;:J.
deux tours. La proposition retenue par le gou RÉGION POLARISÉE — Région >i
vernement est quelque peu différente, tout en
poursuivant le même objectif. Dans le projet
de réforme territoriale en cours de discussion RÉGION URBAINE -► Agglomération ; Aire -
parlementaire qui sera définitivement voté métropolitaine ; Carte communale ;
à l ’automne 2010 et mis en application en Conurbation ; Schéma régional .:i
2014, les conseils régionaux seront constitués d'aménagement et d'urbanisme ; Région >
de l’ensemble des conseillers généraux de la
région (qui seront dénommés conseillers
territoriaux). Le mode de scrutin serait majori RÉGIONALISATION
taire à deux tours.
Les problèmes d’urbanisme et d’aménage Dans l ’acception la plus large, le terme de
ment sont traités, dans les régions, par les régionalisation décrit l’opération qui conduit
665 RÉHABILITATION
P.M.
Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (a n a h ); RELIEF U?»
Amélioration de l'habitat ancien; Conservation intégrée; ti
pact - arim ; Rénovation urbaine ; Restauration ; Secteur sauve
gardé; Zone de protection du patrimoine architectural et Dans une acception étroite, le terme jdè
urbain (zppau ). relief ne concerne que les parties les plus
saillantes, les plus élevées, des continents «t
des bassins marins. Il est alors synonyme, sur
RELATIONS SOCIALES Changement les continents, de montagne. ' lilli
social ; Classe sociale ; Conflit social ; Société Dans un sens plus large, il désigne l’orga
667 REMEMBREMENT
d ’application très générale au Japon et en songe que les artistes de l’époque étaient de#
Australie. «hom m es universels», artistes polyvalent#
Il n ’existe en France qu’une procédure, en même temps qu’humanistes. i ■liijl1
celle de l’Association foncière urbaine (afu) L’idéal artistique de la Renaissance ;l#j
permettant de mener à bien le remembrement une mise en proportion de l ’espace quii||
de terrains urbanisables : l’association des pro fonde sur la perspective et se traduit par1'
priétaires, sous des règles précises de majorité commensurabilité des parties. La paternité ,
qualifiée, acquiert la qualité d’établissement cette approche est généralement attribuéei#
public après autorisation préfectorale et peut F. Brunelleschi qui, quoique peintre (det 1
alors effectuer le remembrement et l’équipe panneaux en bois, réalisés par lui et perd’
ment des terrains. depuis, auraient livré les premiers exempl1
Juridiquement com plexe, pratiquement de vue en perspective) et sculpteur à l’oci
laborieuse lorsque les propriétaires sont nom sion, est avant tout architecte. La perspecti'
breux et le parcellaire complexe, I’afu n ’a trouve cependant son application simuh
qu’une portée marginale depuis sa création dans la peinture (Masaccio) et la sculpti
en 1967. C’est pourtant un outil intéressant, (Donatello, Ghiberti). La peinture acquii
voisin du Bebauungsplan allemand, qui atté d’ailleurs rapidement un très grand prestigi
nue les difficultés liées aux plus-values du fait qu’elle parvient à traduire dans uni
qu’entraîne le zonage, dans la mesure où forme achevée l’idéal de parfaite lisibilité;#
sont redistribués simultanément les terrains de régularité auquel la culture de la perspeûj
et les droits de construire. L’afu est, en tive aspire. ‘lit
outre, une procédure économe des deniers La première réalisation autonome d#
publics, puisque ce sont les propriétaires Brunelleschi, l ’Hôpital des Innocents (14JîJ^
eux-mêmes qui financent les équipements. 1427) à Florence, illustre bien cette rechei
de régularité et pose les prémisses pour u
V. R.
aménagement spatial unitaire qui trouve s(
-* Association foncière urbaine; Parcellaire. aboutissement dans l’organisation symétriqj
ultérieure de la place de l’Annunziata. Ce t
d’aménagement était préfiguré par le traiterai
RENAISSANCE intérieur des églises de Brunelleschi, nota
ment à San Lorenzo. Dans les deux exempj
Concept élaboré en Italie (rinascita), entre cités, l’architecte fonde son ordonnance;
le milieu du XIVe siècle (Pétrarque) et le pre de l’espace sur un élément fondamental, le poi
mier quart du XVe, pour désigner le renouveau tique, qui assure une transition entre espa(
de la culture qui s’amorce dans ce pays et intérieur et espace extérieur, et surtout un dév
trouve son inspiration dans l’Antiquité clas loppement modulaire permettant de réaliser
sique. mise en proportion de l ’espace dans ujit
En France, il faut attendre le x ix e siècle composition à la fois élémentaire et articulé#,
pour que le terme passe dans l’usage et serve D ’où son utilisation récurrente, aussi bien dâij)
désormais à marquer une périodisation de les nouvelles interventions que dans les travail?
l’histoire qui ne concerne pas exclusivement de régularisation d’un espace existant. Dès 1«
les arts. La Renaissance en France est dès lors années 1420, le portique devient un thèthjl
datée d’un siècle plus tard qu’en Italie. favori de la peinture (B. Gozzoli, Masolino dfi
Si le Quattrocento est porteur d’une révo Panicale, S. Botticelli, Piero délia Francesca,
lution en peinture, avec l ’invention de la V. Caipaccio) et Alberti peut ainsi affirmer que
perspective, et en architecture, avec la rup l’architecture « nouvelle » a trouvé son inspira*
ture accomplie par Brunelleschi par rapport à tion dans la peinture (Opéré volgari, IV, p. 41).
la tradition médiévale, il consacre également Comme le montre l’un des trois célèbres pan
l ’avènement d’un aménagement urbain neaux d’Urbino (Musée de Berlin), le portique
conscient de soi. Celui-ci, théorisé par les peut devenir également un filtre perspectif
trattatistes, réalisera une synthèse des apports jouant alors un rôle analogue à celui de la logr
respectifs de la peinture et de l’architecture, gia chez les maîtres flamands de l’époque. ,;!i
et bientôt de ceux du théâtre et du nouvel art Dans une première phase, la préfiguration
des jardins. Synthèse non surprenante, si l’on spatiale opérée par la peinture va essentielle
189 RENAISSANCE
ment vers une rationalisation et un embellis de la place de Pienza, inspiré par Alberti, ou
sement de la ville existante. Elle reflète la sta la restructuration d’Urbino, autour du palais
bilisation de l’espace urbain, consécutive aux ducal, en relation étroite avec le paysage).
grandes interventions des deux siècles précé D ’autre part, il préconise une recherche
dents. Dans le même esprit, les peintres d’ordonnancement unitaire de certaines par
contribuent à la recherche, sur les nouvelles ties de la ville, de régularité, poursuivie toute
typologies de bâtiments et sur leurs interrela fois par la médiation de l’architecture (cf. le
tions possibles avec le tissu urbain (cf. Le réaménagement du quartier du Borgo, à
cycle de saint Bernardin par Le Pérugin), qui Rome, et l’émergence figurative des palais du
aboutira aux traités d ’architecture de F. di Vatican, reliés au Tibre par trois mes paral
Giorgio. lèles flanquées d’arcades, projet élaboré par
Vers la fin du Quattrocento, une deuxième Alberti pour Nicolas V, vers 1450, et réalisé
phase voit apparaître en peinture les pre en partie ultérieurement).
miers exem ples d’un espace urbain idéal, Ainsi, malgré l ’adéquation ville-maison, le
avec une organisation strictement centrée D e re aediflcatoria laisse entendre qu’à
(cf. les deux autres panneaux d’Urbino, attri l’opposé d’une place, une ville ne saurait être
bués à F. di Giorgio ; La remise des clefs à l ’objet d ’un projet unique. Or, cette
saint Pierre, par Le Pérugin) qui « exalte conscience de la complexité du fait urbain (la
(...) la place com m e lieu privilégié de la ville ne pouvant être, pour Alberti, que le
pensée architecturale du XVe siè c le » et cadre de plusieurs interventions successives)
reflète « une conscience de plus en plus pré se perdit par la suite. Le traité de Filarete
cise des «valeu rs représentatives» de (1461-1464) présenta la première cité idéale :
l’architecture » (A. Chastel, Le grand atelier, le projet de ville en étoile pour F. Sforza,
i. 23). Le rôle nouveau de l ’artiste, qui se Sforzinda, étend un ordonnancement rigou
:raduit par son statut social, trouve ainsi sa reusement radiocentrique à la totalité de
consécration définitive. Brunelleschi, pour- l ’espace urbain. L’architecture militaire s ’em
:ant maître d’œuvre virtuose, place déjà la para bientôt du symbolisme prestigieux de ce
conception intellectuelle de l ’invention de schéma et la notion de ville idéale se concré
'ouvrage, voire du projet, au-dessus de celle tisa dans un idéogramme géométrique qui
les techniques de construction et donc du reparaît régulièrement chez les trattatistes ulté
chantier. Cette approche, qui s ’inscrit dans rieurs.
'idéalisme néo-platonicien de l ’époque, va Les traités de Francesco di Giorgio Martini
itre désormais appliquée indifféremment à (1470-1480) offrent le premier catalogue de
'édifice singulier et à l ’aménagement de la formes de ville. Le schéma radial y sert à visua
fille. liser les variantes déjà décrites par Alberti et
Le postulat d’une identité de l ’architecture déterminées par la situation géographique des
:t de l’art urbain passe par la réflexion théo- villes : dans la plaine, en colline, le long d’une
ique que L. B. Alberti développe dans son rivière, etc. Sur un plan purement formel, il
De re aediflcatoria (présentation au pape s’agit d’une réafïïrmation de cette centralité
'ficolas V en 1452 ; publication posthume en qui était l’idéal inscrit dans les recherches du
485). Alberti préconise l ’unité de l’espace Quattrocento sur la perspective. Dans l ’abs
ntérieur et de l’espace extérieur d’un édifice, trait, cette forme de ville a des origines
lostulant, à terme, un contrôle global de anciennes (fascination de la cité circulaire et
'aménagement, dont son premier projet partant parfaite, équilibrée). Dans les faits, elle
l’église à plan centré (San Sebastiano à est dictée par des exigences militaires. Le tracé
dantoue, vers 1460) est l ’illustration para- des fortifications et la menace de l’artillerie
ligmatique. Son approche spécifique de la commandent le développement radiocentrique
’ille ne s’en fonde pas moins sur deux ordres de la ville, car radial est le critère balistique de
le préoccupations, qui se traduisent par la contrôle de toutes les directions de l’espace, au
oexistence du principe de commodité et du départ d’une place centrale.
irincipe de plaisir. D ’une part, il prône Comme l’indique R Lavedan, « c ’est à la
'adaptation au site, au contexte, voire une France qu’est revenue la pénible obligation
ontinuité avec la vifle existante, telle qu’elle d’expérimenter [...] les nouvelles méthodes
st issue du Moyen Âge (cf. l’aménagement d ’urbanisme défensif» {Histoire de l'urba-
RENOUVELLEMENT URBAIN
nisme, II, p. 76). Rocroi (date de fondation Karlsruhe et fut imaginé en 1600 par J. Errardj
incertaine) est l ’exemple de la toile d ’arai ingénieur d ’Henri IV. Les grands jardinlj
gnée ; Vitry-le-François (projet de G. Marini, comme ceux de la villa d’Este, du palais Pitti
1545) est construit sur un plan en damier, (Boboli), de Fontainebleau, préludent à ltenj
commandé néanmoins par la superposition du baroque et livrent le m odèle pour uô§;
d ’un schéma radial virtuel: deux exemples refonte des espaces de représentation dans1la
dont l’harmonie formelle ne sera plus égalée ville. ‘/ S
par les autres réalisations de l’époque, à vrai Ils trouvent un allié puissant dans le théâtre)
dire peu nombreuses. P. Cataneo est, dans un Depuis les travaux de G. Genga et B. Peruzai
sens, le dernier auteur d’un traité (1554) qui (vers 1520), le théâtre, pour ses décors scénût
s ’intéresse à un rapport organique entre graphiques, fait jouer un rôle privilégié àilNj
l’enceinte et le tissu urbain; par la suite, la rue, homologue de l’allée dans les jardins.
première l ’emporta définitivement sur le place peut encore subsister, à l ’avant-plàlttji
second. Si Palmanova reste, avec son plan mais elle coïncide alors avec l ’espace de;!*;
parfaitement radiocentrique, l’exemple le plus scène. La vue s ’ouvre au loin, même si F infini
prestigieux de ville militaire et de tracé idéal, est toujours arrêté par un élément de scansiortf j
elle n’en est pas moins un anachronisme dès l’arc de triomphe ou l’obélisque. Et ces pmij
sa fondation (1593). cées, qui dans les villes militaires étaient dtejj,
La trame quadrillée domina aussi bien dans tées par la contrainte, deviennent l’expressidiÉ;
les nouvelles fondations (La Vallette, 1566- du rayonnement de la ville. À l’instar de lfaÉÎ
1571), puis dans toutes les villes coloniales, des jardins, le théâtre déploie ainsi un résêaij
que dans les extensions de villes (Lisbonne, à unificateur de l’espace (cf. la scène du Teatwjj
partir de 1513 ; Anvers, à partir de 1548). Olimpico à Vicenee, de A. Palladio) panifiai
L’Italie en avait offert, au tout début du système de parcours qui rappelle souvefl|
xvie siècle, un exemple dans l ’extension de celui des cortèges princiers ou royaux dans l«ii
Ferrare (Addizione erculea) qui, par ses fêtes de prise de possession des villes. iK,t
dimensions, est comparable à une nouvelle À la fin de la Renaissance, le répertoire et# ;
fondation, et dont l ’aménagement avait été désormais réuni pour maîtriser la centralisai ]
confié à B. Rossetti. Le projet de ce dernier a tion vers laquelle tend la ville et dont le plâji
été considéré par plusieurs auteurs comme la de D. Fontana pour la Rome de Sixe Quitty ;
première intervention urbanistique moderne,
dans la mesure où les prévisions du plan défi
nissent les lignes directrices du développe
ment à venir, en faisant largement abstraction
apportera la preuve. flj'
R
i
- » A rt; Art urbain; Composition urbaine; Fontaine; HistoMr)i
Palais; Peinture; Perspective; Radioconcentrisme; SyrrçétH
des possibilités d’édification immédiates. Vir trie; Traité.
tuellement, c ’est toujours la perspective qui
régit les dispositifs de contrôle formel de îtf
l’espace mais, dans la pratique, elle n’est plus RENOUVELLEMENT URBAIN
utilisée que pour asseoir la convergence de
multiples figures hétérogènes. En outre, l’élé Le comité interministériel des villes (CIV)
ment de la rue prend, par rapport à la place, du 14 décembre 1999 a défini un programmé
une importance que l’art urbain ultérieur du national de renouvellement urbain et fait dll
xvie siècle ne fera qu’accentuer. gpv (grand projet de ville) l’instrument cet»;
Dans la deuxièm e moitié du siècle, la tral de la politique de la ville. L’objectif cU*.
recherche sur les tracés, notamment dans le renouvellement urbain, poursuivi par les GW
registre principal de la perspective, s’enrichit et par les opérations de renouvellement urbaül
d’une nouvelle influence : l ’art des jardins. (oru), est la relance de quartiers (d’habitet
Celui-ci naît à l’extérieur de la ville, dans la social prioritairement, mais pas exclusive*-
campagne, autour des résidences seigneuriales ment) en déshérence moyennant une intervetty
(villas, châteaux), ou l’absence de contraintes tion très volontaire et diversifiée sur l’habitâjt,
permet de donner libre cours à une vision tota l’emploi, la sécurité, l’école, etc. Le concepjt
lisante. La leçon est presque aussitôt intégrée de renouvellement urbain implique un réirt)
dans les projets urbains, comme le montre en vestissement sur des sites ayant un potentiel
France le projet de ville radiale qui inspirera économique sous-utilisé, un remodelage des
«71 RÉNOVATION URBAINE
quartiers avec une part de démolition- lement créée, par où transiteront les finance
reconstruction qui complète la réhabilitation ments de l’État et des divers partenaires vers
! de l ’habitat existant. Il implique aussi une les opérateurs définis par les collectivités terri
nouvelle articulation des quartiers avec le toriales.
reste de la ville (nouveau dessin des voiries,
développement des transports en commun). A. M.
Les villes doivent devenir les initiatrices Amélioration de l'habitat ancien; Financement du renouvel
des projets et mobiliser les différents opéra lement urbain; Réhabilitation; Grand projet de ville ( pgv );
Rénovation urbaine.
teurs. Elles ont la légitimité pour le faire et
doivent s ’impliquer à un niveau élevé (maire
ou adjoint à forte délégation) et mettre les dif RÉNOVATION RURALE -s Aménagement
férents services municipaux au service de rural
l’objectif commun. Il s’agit aussi de fédérer la
population autour des projets. Le renouvelle
ment urbain implique l’engagement de l’État RÉNOVATION URBAINE
sous différentes formes, des partenaires finan
ciers, dont la Caisse des dépôts et consigna Démolition, en vue d’une construction nou
tions ( cdc ) et l ’Union d’économ ie sociale velle, d’un secteur urbain occupé par des loge
pour le logem ent ( uesl ), des maîtres ments, des activités ou de façon mixte. Cette
d’ouvrage publics et privés, des structures définition montre que le terme, consacré par
d’intervention foncière et diverses associa l’usage et par la réglementation, est impropre :
tions. Cela nécessite une direction de projet on devrait parler de démolition-reconstruction
sous mandat de la municipalité ou de la struc et réserver l ’expression de rénovation à la
ture intercommunale compétente. La direction réhabilitation.
de projet peut rester aux responsables locaux La rénovation urbaine est une opération
ou être confiée à un opérateur ( sem , opac , d ’ensem ble qui concerne la totalité, ou
etc.). Le projet est institué pour cinq à dix ans l’essentiel, du bâti d’un secteur. Elle peut être
et, moyennant des études de faisabilité, il est motivée :
assorti de programmes d’action successifs. — par la mauvaise qualité des bâtiments :
Des indicateurs enregistrent le degré de réali l ’insalubrité de certains quartiers anciens a été
sation des objectifs. à l’origine des opérations massives de réno
Cette politique des gpv et des oru a été vation urbaine des années 1960 et 1970; la
confirmée dans ses grandes lignes lors du délinquance qui y trouvait parfois refuge a
changement de majorité issu du scrutin légis également été évoquée ;
latif de 2002 moyennant un changement — par leur inadaptation : on rénove ainsi
terminologique : on parle désormais de réno des quartiers d’usines ou d’entrepôts pour
vation urbaine. La loi d’orientation et de pro construire des logements ; des secteurs d ’habi
grammation pour la ville et la rénovation tat vétuste pour construire des ensembles de
urbaine du 1er août 2003 vise, entre autres, bureau ou des logements modernes, le voisi
une réduction des inégalités dans les zones nage d’une opération de voirie, etc. ;
urbaines sensibles (zus) et entre celles-ci et le — par leur insuffisante occupation du sol
reste des zones urbanisées, moyennant des (c’est souvent le cas dans les centres urbains,
objectifs en termes de logement, d’emploi, de en particulier dans les quartiers d’affaires ou
développement économique, de transport, de susceptibles de le devenir) ou par leur inadap
scolarité, d ’accès à la santé et de sécurité tation à la circulation automobile.
publique. La rénovation urbaine a existé à toutes les
Un programme national de rénovation époques : ainsi de la transformation de quar
rrbaine a été adopté, qui représente un très tiers entiers de Paris par Haussmann (le quar
mibitieux investissement : 30 milliards d ’€ tier de la pègre, dit Petite Pologne, devenant
sur cinq ans (2004-2008), et doit en particulier par exemple le luxueux quartier Saint-
•énover l ’habitat par de très nombreuses Augustin). Sous la double poussée des doc
iémolitions, constructions et restructurations. trines de l ’urbanisme progressiste et de la
2e programme s’appuie sur I’anru (Agence spéculation foncière, la rénovation urbaine a
rationale pour la rénovation urbaine), nouvel été mise en pratique depuis les années 1950.
RÉNOVA TION URBAINE 67f,
Elle a été réglementée en France par le décret les immeubles les plus vétustes dont le gros
du 31 décembre 1958, qui a permis les œuvre est en très mauvais état. Mais la démo
grandes opérations de rénovation des années lition s ’opère de plus en plus après étude du
1960, en particulier en région parisienne cas de chaque immeuble et non plus de façon
(plus de 100 opérations, couvrant près de systématique. Si la reconstruction dans ces
600 ha, comportant la démolition de plus de conditions est plus délicate et souvent plUSj
50 000 logem ents et la reconstruction de coûteuse, elle maintient une continuité dans
85 000) ; puis par la loi de 1965 (suppression l’évolution du tissu urbain. ijt
des bidonvilles) et celle de 1970 (résorption L’expression « rénovation urbaine », impror,
de l ’habitat insalubre). prement attachée aux opérations de démolition,
La rénovation urbaine est une opération reconstruction, a été reprise dans un sens plus
lourde qui nécessite une intervention massive large et plus conforme à l ’étymologie, au débiift
des pouvoirs publics : des années 2000, remplaçant celle de renouvela
— sur le plan institutionnel, par mise en lement urbain, elle-même employée depuis lêjt
place d’un organisme aménageur qui acquerra années 1990 (notamment dans l’intitulé de lfj
les bâtiments, les démolira, relogera les occu loi Solidarité et renouvellement urbains dm
pants, établira le plan de l’opération, aménagera 13 décembre 2000). L’intitulé de la loi Borlo®
les terrains et les cédera à des constructeurs ; du 1er août 2003 (loi d’orientation et de prn
— sur le plan juridique, pour permettre grammation pour la ville et la rénovation
l’expropriation ; urbaine) l’a consacrée. Cette loi lance un pr«.
— sur le plan financier, le plus souvent, gramme national de rénovation urbaine, nou
en particulier en début d’opération, en raison velle tentative pour traiter le problème dès
du coût des infrastructures à réaliser et du banlieues en difficulté, et en particulier celui dq
délai inévitable entre les acquisitions et les 163 quartiers prioritaires des zones urbaines
premières cessions. sensibles (zus). Le programme prévoyait, pour
On a reproché à la rénovation urbaine : la période 2004-2008, une offre nouvelle de
— sur le plan social, de rompre les liens 200 000 logements sociaux par remise sur lu
de quartier pour les habitants relogés ailleurs marché de logements vacants et par construc
(et parfois pas du tout) et de favoriser la tion dans les zus ou dans les agglomérations
formation de quartiers aisés ou de centres de dont elles font partie, ainsi que la réhabilitation
bureaux de luxe ; de 200 000 logements locatifs sociaux et la
— sur le plan économique, de permettre, démolition de 200 000 logements vétustes ou
au prix d’aides publiques importantes, des inadaptés. La loi attribuait 2,5 milliards d’€ de
bénéfices importants pour les opérateurs crédits budgétaires en cinq ans, plus des prêt*!
intervenant en fin de processus ; de la Caisse des dépôts et consignations et dèé i
— sur celui de la morphologie urbaine, fonds du 1 % logement, et le gouvernement a
d’opposer brutalement les quartiers rénovés évoqué un total de 19 milliards d’investisse
aux caractéristiques du tissu urbain antérieur ments dans les 163 quartiers prioritaires et de
et de celui des quartiers voisins (Italie, Front quelque 25 milliards en tout dans les banlieues
de Seine, par exemple, à Paris). en difficulté. Ces objectifs quantitatifs powif
Ces critiques ont conduit à limiter ces opé vaient paraître optimistes, voire irréalistes, a#
rations : on a créé le fonds d’aménagement vu des réalisations des années antérieures :ü
urbain qui n’accorde que des subventions spé n’est pas certain que l’augmentation des cffe
cifiques et non plus des subventions globales dits, à la suite des lois du 18 janvier 2005 (potin
d’équilibre (ce fonds a été supprimé en 1983, la cohésion sociale), du 13 juillet 2006 (engages
dans le cadre de la décentralisation). La loi du ment national pour le logement) et du 5 maifl
18 juillet 1985 a supprimé le chapitre consacré 2007 (droit au logement opposable), puis dû
à la rénovation urbaine dans le Code de l ’urba plan de relance (2009), suffise à vaincre les len
nisme. teurs structurelles et les réticences de nombreux
D es alternatives à la rénovation urbaine élus vis-à-vis du logement social. ms,
sont apparues, au moins en ce qui concerne Pour assurer la réalisation de ce prêt
les logements : les procédures d’amélioration gramme, la loi a prévu la création (effective en
de l’habitat ancien et en particulier la réhabili 2004) d ’une Agence nationale pour la rénova*
tation. Celle-ci ne peut cependant concerner tion urbaine (anru ) avec le statut d’établisse
673 RENTE FONCIÈRE
Depuis trois siècles, les explications théo des autres. Ces modèles ont été repris ét
riques sur la formation de la rente foncière ont affinés, notamment en France, par Gérard
constitué une part substantielle de la théorie Maarek (1964) et René Mayer (1965) qui foi#
économique, particulièrement aux xvrae et varier le champ des variables prises en compte*
x ix e siècles, avec l’émergence des conflits Depuis, plusieurs économistes (Mirrlees,
pour l ’appropriation du sol et l ’exploitation Solow, Riley) ont proposé des modèles nor-i
progressive du « gisement fiscal » que consti matifs de localisation et d’équilibre du marché
tuait la propriété foncière lorsque l’agriculture foncier, dérivés des modèles néo-classiques.
représentait l’essentiel du secteur productif. Il ne paraît pas évident que la valeur explica
La théorie classique de la rente foncière, tive et prédictive de ces travaux soit à la hau
développée en particulier par Adam Smith, teur du formalisme mathématique sur lequel
Malthus, Ricardo et Marx, repose pour ils sont construits.
l’essentiel sur l ’idée de la variation de la rému Dans une autre direction, s’est développé*
nération du capital foncier, liée à l’inégale fer particulièrement en France, un courant d’idées
tilité des terres et à la loi des rendements se réclamant de l’analyse marxiste (Alquier,
décroissants. Lojkine, Topalov, Preteceille, Castells;
Marx, héritier de la pensée ricardienne, a Lipietz). Ses représentants inversent la problé
précisé la notion de rente foncière en distin matique, en postulant la nature sociale des
guant quatre éléments : la rente différentielle prix fonciers, résultat de rapports de forcé
liée à la fertilité, la rente différentielle résul entre catégories sociales. Produit historique
tant du capital investi, la rente absolue et la de forces économiques et sociales, l’espace
rente de monopole. urbain est alors régi par la « division écono
Ces distinctions, si elles ont stimulé l ’ana mique et sociale de l ’espace » (Lipietz). ;
lyse théorique de la rente, n ’ont guère permis L’analyse néo-marxiste partage avec le
de produire des concepts opératoires, statisti courant néo-classique la difficulté à produire
quement mesurables. D ’autre part, elles ne sont des concepts opératoires pour une analyse
pas transposables au cas des terrains urbains. empirique du foncier urbain. Sur ce demiéril
L’école néo-classique, et notamment Alfred point, se développent depuis quelques années
Marshall, à la fin du xixe siècle, élargit l’ana en France des analyses empiriques des
lyse en se proposant d’expliquer simultanément marchés fonciers et immobiliers, en particu-..
la formation des prix fonciers et les change lier à travers la technique statistique des prix
ments d’affectation des sols par la concurrence hédoniques, qui permet de mettre en é v i-.
entre les utilisateurs potentiels. Léon Walras dence la part relative de différents facteurs
avait, de son côté, présenté en 1880 une expli dans la formation des prix fonciers et immo-.-,
cation de la formation de la valeur des terres biliers. s
conduisant à une croissance indéfinie de la
V. R. 1
rente foncière, justifiant selon lui une appro
priation publique généralisée des terres. -* Prix fonciers.
Plus récemment, Lowdon W ingo et
W illiam A lonso ont élaboré, indépendam
ment l’un de l’autre, des modèles qui relient REPORT DU COS —> Coefficient d'occupation
le prix des terrains au coût de transport et des sols (cos)
intègrent la question de la formation du prix
des terres à la question plus large de l ’organi
sation de l’espace urbain et de la croissance REPRÉSENTATION — Cartographie;
des villes. Géométrie ; Morphologie (urbaine) ;
Le modèle de W ingo (1962) repose sur Photographie (au sol, aérienne, de satellite);
l’hypothèse de maximisation par les individus Plan
de leur revenu net, en prenant en compte loyer
et coût généralisé du déplacement. Alonso
(1964) élargit l ’analyse en intégrant les REPRODUCTION
comportements des entreprises et ceux des
ménages, pour aboutir à une structure des prix Fonction des individus qui leur permet de
fonciers en fonction des préférences des uns et produire d ’autres individus. Le renouvelle
675 RÉSEAU DE VILLES
L’idée des réseaux urbains est apparue Rennes et Brest sont associées à Angers et Le
dans les documents de la datar en 1989. Mans dans un réseau des « grandes villes dé
S ’inspirant d ’exem ples étrangers (Bade- l ’O uest», tandis que Saint-Malo, Saint-
Wurtemberg, Randstad Holland, Emilie- Brieuc, Quimper et Vannes constituent celtli
Romagne par exemple), elle vise à créer des des « v ille s m oyennes de Bretagne» (on
dynamiques nouvelles à l’échelle locale et sur notera que Lorient n ’appartient à aucun de
le plan de l ’aménagement du territoire. Il ces deux réseaux). Annecy, Chambéry dt
s ’agit soit pour des v illes moyennes (par Grenoble appartiennent même à la fois au
exemple Reims, Châlons-en-Champagne et réseau des « grandes villes de Rhône-Alpes »
Troyes en Champagne) de se regrouper en et à celui du « sillon alpin » (dont fait partie
fonction de leurs potentialités et de leur Genève). De même, Dunkerque est membffe
volonté de collaboration, soit pour les métro du réseau de villes de la Côte d ’Opale et dû
poles régionales (Lille, Lyon, Toulouse, réseau Raphaël qui regroupe 11 villes dü
Strasbourg) de mobiliser les villes de leur aire Nord-Pas-de-Calais avec lés villes belges
d’influence et de les faire profiter de leurs d ’Ypres et Mons. Le réseau le plus réduit
possibilités de développement. n’est constitué que de Béziers et de Narbonne
L’initiative est normalement locale et doit et s ’intitule curieusement « triangle d’oc ». <
m obiliser le plus grand nombre possible Les réseaux de villes peuvent se situer à
d’acteurs locaux autour de projets d ’enver une échelle plus vaste que la régiorti
gure. Les partenaires sont des villes (ou leurs La datar tente de promouvoir des notions
groupements, par exemple une communauté telles que l ’arc atlantique, la façade médite^
urbaine), le département et (ou) la région, la ranéenne, l’arc nord-est, etc. La charte d’amé
datar, etc. L’Etat, à travers la datar, peut nagement qui associe J e s huit régions du
encourager les rapprochements entre les Bassin parisien (dont l’île-de-France), signée
maires et associer les ministères à la défini le 5 avril 1994, quelques sem aines avant
tion de programmes de coopération. D es l’approbation du nouveau schéma directeur
études d’état des lieux et un diagnostic, met de cette dernière région, en représente un
tant en évidence les forces et les faiblesses, exemple significatif. Elle avait été entreprise
sont établis afin d’élaborer une stratégie. Des en 1990 et avait donné lieu à la publication
objectifs à l’horizon de vingt ans sont définis par la datar, en 1992, d’un Livre blanc qui;
par les partenaires. La charte d’objectifs ainsi avait été assez mal accueilli, les présidents de
établie peut impliquer l ’État et servir de base région publiant même en 1993 leur propre
lors de l’élaboration des contrats État-région « scénario de l’équilibre ». La charte constitue
et des contrats de villes, l’État soutenant les une synthèse de ces deux approches. Elle
projets d’intérêt national commun aux villes affirme une volonté de solidarité et de coopé
du réseau (promotion à l ’étranger, accueil ration institutionnellement souple, qui s ’est
des entreprises, construction d ’une image traduite notamment par un contrat de plan
culturelle, spécialisation universitaire ou éco interrégional (1994-1998) d’un montant de
nomique, technologies de communication, 1 milliard de F financé par tiers par l’État, par
etc.). la région Île-de-France et par les sept autres
D ’abord constitués de façon informelle, régions. Deux plans ont traduit des esquisses
puis sur les bases de la circulaire du 17 avril à long terme des systèmes urbains et de
1991 du Premier ministre, les réseaux de l ’armature verte. Le premier reprend les
villes ont reçu une consécration législative réseaux urbains alors constitués ou en projet
a posteriori dans le cadre de la loi du 4 février en Normandie (Rouen-Le Havre-Caen), en
1995 d’orientation pour l’aménagement et le Val de Loire (Orléans-Tours), en Champagne
développement du territoire (confirmée dans (Reims-Châlons-Troyes) et en Picardie
la loi Voynet du 25 juin 1999 et à travers une (Amiens-Beauvais-Saint-Quentin). Mais ce
nouvelle circulaire ministérielle). schéma, qui n ’était relayé par aucune procé
Les réseaux de villes se sont regroupés en dure, et la modestie du contrat de plan interré
un Club national des réseaux de villes qui gional n’ont pas permis de dépasser le stade
associe 21 réseaux. Dans certains cas, deux des velléités et de la démarche symbolique
réseaux de villes peuvent couvrir le même ter (assortie, il est vrai, d’un transfert financier
ritoire ou un territoire voisin. Ainsi, Nantes, important) : il ne s’est pas davantage traduit
677 RÉSEAUX
dans les faits que la tentative précédente qui duelles régie par le marché et évoque un
remonte à la fin des années 1960 et était déjà monopole, public ou privé, avec, dans tous les
impulsée par la datar. cas, une responsabilité des pouvoirs publics.
Si l’idée des réseaux de villes paraît sédui Concrètement, le génie urbain englobe sous
sante et la mise en œuvre proposée très souple, le vocable « réseau » la desserte par des cana
il n ’est pas certain que la dynamique souhaitée lisations d’eau potable et d ’eaux usées, de
par la datar soit toujours bien réelle. Trop chauffage, de gaz, d ’électricité, de télécom
souvent, les villes qui s ’associent se consi munications. II paraît normal d ’y inclure les
dèrent plus comme rivales que comme com moyens de transport en commun structurés en
plémentaires. Si elles sont prêtes à s’associer réseaux ; métro, tramway, chemin de fer de
pour bénéficier des concours - au reste banlieue, autobus, trolleybus, ainsi que le
modestes - de l’État, elles sont le plus souvent réseau viaire, support aussi de la circulation
réticentes à affirmer de façon limitative leurs automobile. Naguère, on insistait sur la maté
spécialités et à coordonner leur action en rialité des réseaux. En effet, les services ne
matière d’accueil des entreprises (exemple : pouvaient être fournis sans un support maté
Orléans et Tours). riel. La coexistence de ces supports dans un
Quoi qu’il en soit, les réseaux de villes ne espace urbain densément occupé posait, et
font plus partie des priorités de la datar. Ils pose encore, de redoutables problèmes. Néan
ne sont même plus mentionnés dans ses moins, aujourd’hui, l ’attention se porte plus
publications. qu’hier sur les services et sur l ’information,
plutôt que sur les supports matériels. L’essor
P. M.
de la téléphonie mobile (et de nombreux ser
-> Aménagement du territoire; Armature urbaine. vices fournis par internet), par exemple, incite
à revoir le critère de matérialité sans pour
autant nier la base physique des réseaux
RÉSEAU EXPRESS RÉGIONAL (RER) -* Métro ( l’encombrement du spectre électromagné
tique est tout aussi préoccupant que l’encom
brement du sous-sol par les vrd).
RÉSEAU URBAIN - » Armature urbaine; Afin de bien spécifier l’unité géographique
Réseau de villes concernée, certains parlent de «réseaux
urbains ». Ainsi sont exclus les réseaux d’élec
tricité à haute tension, les trains de grandes
RÉSEAUX lignes, le réseau autoroutier, le transport
aérien, les télécommunications interurbaines,
On a pris l’habitude de désigner par le terme la radiodiffusion et la télévision (hertzienne,
« réseaux » un ensemble de fonctions, de ser analogique ou tnt ). Malheureusement, les
vices et d ’objets techniques généralement géographes emploient le terme de « réseau
essentiels à la vie urbaine. Malgré l’hétérogé urbain » dans un sens tout différent, pour
néité qu’il recouvre, l’aménageur, l’urbaniste caractériser le semis de villes sur un territoire
trouvent le mot commode car il réfère à des national ou régional. Comme ce réseau urbain
caractéristiques importantes pour la concep géographique n ’est pas sans rapport avec les
tion et le fonctionnement des villes. Le diction relations de transport et de communication
naire Robert dans une de ses définitions de qu’entretiennent les villes entre elles, le risque
« réseau » fait bien comprendre lesquelles. Le de confusion est sérieux. Pour l ’éviter, on
réseau est l’« ensemble des lignes, des voies de emploie parfois l ’expression «réseaux tech
communication, des conducteurs électriques, niques urbains », dont le seul inconvénient est
des canalisations, etc., qui desservent une l’ambiguïté du terme «technique», qui sem
même unité géographique, dépendent de la blerait renvoyer vers le seul ingénieur, hors de
même compagnie». Il est donc pour l’«unité l ’aménagement et de l ’urbanisme, tout ce qui
géographique urbaine » une forme particulière concerne les réseaux. Au-delà de ces pro
de desserte, ou d’accessibilité aux services. En blèmes de terminologie, mal résolus, il faut
même temps, le fait de «dépendre d ’une reconnaître que l’histoire de la plupart des
même compagnie » paraît soustraire ces ser réseaux a d’abord été urbaine. C’est la concen
vices à la sphère des consommations indivi tration des populations et des activités dans
RÉSEAUX m
des unités urbaines qui a conduit à organiser contre le vandalisme (usage des matières
des systèmes d’eau potable, de lutte contre plastiques et de l ’acier inoxydable). D é
l’incendie, des systèmes d’assainissement, des même, la fiabilité requise du réseau électrique
réseaux d’électricité, d ’éclairage public, de urbain exige un maillage serré que l ’on né
gaz de ville, de téléphone ou de télégraphe trouve pas dans les zones rurales. L’éclairage
urbain, sans parler du tramway et du réseau de public urbain nécessite une densité d ’implah*f
voirie. Ce n ’est qu’à partir de ces réseaux tation de luminaires sans commune mesure
locaux que des interconnexions ont tissé pro avec celle d ’un village. Les risques éventuels
gressivement les réseaux nationaux, voire d’une pollution de l’eau destinée à la boisson
internationaux, que nous connaissons. des citadins conduisent à des contrôles ettlfc
Aujourd’hui, il est vrai, ces interconnexions des précautions extraordinaires dans les très
pèsent lourd dans le fonctionnement technique grandes agglomérations.
et surtout dans l’économie des réseaux. Si les Pour toutes ces raisons, la distinction1
réseaux électriques étaient restés urbains, il est urbain/non urbain reste donc pertinente en ce
vraisemblable que la qualité du service fourni qui concerne les réseaux, à condition de ne
serait bien moindre pour un coût bien plus pas oublier le cas échéant qu’ils s ’insèrent
élevé. Il en va de même pour le réseau télépho dans des systèmes techniques, économiques,
nique dans lequel les subventions croisées géographiques plus vastes qui conditionnent
jouent un grand rôle au profit du consomma leurs performances. Au-delà des aspects tech
teur urbain. L’insertion dans des ensembles niques, propres à chaque réseau selon -la
plus vastes des réseaux desservant les villes ne nature des services fournis, trois dimensions-
doit donc pas être perdue de vue. Pour autant, valables pour l’ensemble des réseaux évo
la desserte des unités urbaines présente qués ci-dessus sont susceptibles d ’intéresser I
nombre de traits spécifiques qui justifient le les aménageurs. La dimension topologique
maintien de la distinction pour l’urbaniste ou traduit la façon dont un réseau dessert un ter-‘
l’aménageur. ritoire. La dimension économique met en évi
L’importance et la concentration des flux à dence les conditions de l’équilibre entre offre
traiter exigent des techniques particulières : et demande pour les services offerts par les
métros ou tramways pour le transport, réseaux. La dimension urbanistique concerne
conduites maîtresses pour l ’eau potable, les effets des réseaux sur la forme de la vilbi
grands collecteurs pour l ’assainissement, ou l’espace urbain et l’usage de ces effets par
fibres optiques pour les télécommunications l ’aménageur. u
et la télédistribution. Les systèmes de desserte On dispose, depuis une quarantaine d’an
urbains présentent également des «points sin nées, d’une modélisation théorique de base de
guliers », indissociables des réseaux dont ils là topologie des réseaux. Cette modélisation
sont des noeuds : usine de traitement d ’eau, est d ’application générale. Les réseaux de
station d’épuration, transformateur électrique, backbone d’intemet, tout comme les réseaux
central téléphonique, régie de télédistribution, de chemin de fer, peuvent être modélisés de la
téléport, gare, station de métro, dépôt d ’auto sorte. En combinant l ’approche systémique et
bus, parc de stationnement. la théorie des graphes, on peut ainsi décrire
La nature de la desserte ou du service convenablement les réseaux et quantifier leurs
fourni est souvent elle-même spécifiquement caractéristiques topologiques à un instant
urbaine, ce qui entraîne d’importantes consé donné. Il s’agit en effet d’une approche sta
quences sur le choix des techniques. Un train tique.
de banlieue doit pouvoir s’arrêter fréquem La connexité se définit à partir d’un graphe
ment. Il faut donc qu’il puisse freiner et accé associé au réseau. Il y a connexité s’il existe
lérer dans des temps brefs. C’est pourquoi au moins un chemin reliant deux sommets
l’électricité s’est rapidement imposée comme quelconques du graphe. Pour un réseau
source d’énergie pour ce type de train. Plus connexe, la connectivité permet d’évaluer les
tard, on a cherché à alléger les voitures (usage liaisons directes entre les points pris deux à
de l’aluminium), puis on a amélioré la moto deux, ainsi que les relations alternatives
risation (électronique de puissance) ; pour les offertes par le réseau. Pour mesurer la
mêmes raisons, enfin, on a accru les capacités connectivité, on a proposé de nombreux
(voitures à deux niveaux), avant de lutter indices, fondés eux aussi sur la théorie des
879 RÉSEAUX
graphes. L’indice a mesure le nombre de cir dans cette voie en dépit du caractère combi
cuits existant dans le graphe représentatif du natoire de la topologie réticulaire. Les résul
réseau par rapport au nombre maximum de tats semblent prometteurs. Il n ’en reste pas
circuits que pourrait présenter un graphe moins que la généralisation aux différents
ayant le même nombre de nœuds. L’indice g types de réseaux réels évoqués ci-dessus est
traduit l ’importance des liaisons directes une tâche ardue.
entre nœuds du réseau. C ’est le rapport entre
le nombre d’arêtes du graphe associé au Une économie des réseaux repose sur la
réseau et le nombre maximum d’arêtes pos connaissance de caractéristiques, de proprié
sibles pour un graphe comportant le même tés, de performances communes aux réseaux
nombre de nœuds. Pour chaque nœud, un de différents types et doit fournir les prin
indice de nodalité traduit l’existence de rela cipes d’analyse économique correspondant à
tions plus ou moins nombreuses, directes ou ce «n o y a u » commun aux divers réseaux.
indirectes, avec les autres nœuds du réseau. L’idée que les réseaux reflètent la structure
Lorsqu’une mesure des arêtes s’impose, d’un ensemble d’interactions, de transactions
comme c’est le cas dans les réseaux de trans entre individus, groupes, firmes, comme ser
port pour lesquels le temps de transfert d’un vices nécessaires au fonctionnement de la
nœud à l’autre dépend beaucoup de la distance, ville, paraît admise par les spécialistes. C’est
il faut utiliser d’autres indices de nodalité. On donc autour des propriétés topologiques qui
retrouve alors le concept d’accessibilité bien traduisent de telles structures de liaisons que
connu en transport : on parle alors d’accessibi se constitue l ’économ ie des réseaux. La
lité nodale. Ces méthodes font l’objet, moyen connexité du réseau joue un rôle fondamen
nant de bonnes interpolations, de cartographies tal. Du point de vue de l’expression de la
utiles à l’aménageur. demande, être raccordé au réseau ou ne pas
À vrai dire, au-delà de cette approche sta l’être, telle est la question. Les autres proprié
tique, on est toujours à la recherche d’une tés topologiques viennent par surcroît. Les
théorie formalisée unitaire qui rendrait nœuds de réseaux sont valorisés par leur
compte de la genèse et du développement fonction de mise en relation.
topologique des réseaux. Certains modèles Comment ces propriétés caractéristiques
représentent le développement des réseaux des structures de réseau sont-elles prises en
de chemin de fer suburbains ou interurbains, compte dans les modèles économiques? L’uti
d’autres l’extension des réseaux d’assainisse lité du service fourni au consommateur par un
ment, d ’autres encore la croissance du parc réseau dépend généralement des autres
de téléphones. Bien qu’intéressants, ces consommateurs. À quoi bon avoir le téléphone
modèles reposent sur des propriétés intrin si personne d’autre n ’est abonné? La qualité
sèques à chaque type de réseau' st se prêtent de l ’eau fournie par le réseau d’une grande
donc mal à une générali satiprL7Fort heureuse ville est généralement mieux contrôlée que
ment, des approches théoriques unitaires ont dans un petit réseau. Cela ressortit au « concer-
aussi été testées. Elles s’appuient générale nement collectif» positif. Cette extemalité de
ment sur une périodisation du développement réseau positive, qui permet d’anticiper un
des réseaux. Les recherches les plus récentes cercle vertueux ou un effet boule de neige,
portent sur la caractérisation globale de peut donner une valeur économique considé
révolution des réseaux dans le temps et dans rable au réseau qui en est le siège, non sans
l ’espace: courbes logistiques représentant risque que la bulle se dégonfle si la valeur a
l’évolution de la connectivité du réseau, frac- été exagérée. Du côté du «concem em ent»
taies représentant l ’évolution morphologique négatif, on trouve toutes les formes de dégra
des réseaux au cours du temps. A ctuelle dation du service offert par le réseau sous
ment, de nouvelles approches théoriques uni l ’effet de la multiplicité des consommations
taires sont testées. Elles utilisent des modèles (effets de « pointe » en particulier et, surtout
issus des sciences physiques ou biologiques dans le cas des réseaux routiers, la conges
(graphe dual, dimension fractale, attachement tion).
préférentiel, automates cellulaires, etc.). Les Parmi ces effets positifs ou négatifs rele
puissances de calcul des ordinateurs vant du «concemem ent collectif» dans les
modernes permettent d’avancer rapidement réseaux, certains sont internes au réseau (par
RÉSEAUX 880 '
• Un contrôle économique en amont des ment collectif » négatif, évoqués plus haut. À
réseaux sur les grands choix d’équipement côté de la classique congestion, les analystes
(liaisons, nœuds, « points singuliers » majeurs) dénoncent des dépendances et des fractures
avec évaluation des coûts de desserte induits (du spatial mismatch au splintering urba-
par les conséquences urbanistiques. Un tel nism) dus aux réseaux, qu’il appartient à
contrôle peut s’effectuer dans le cadre des l’urbaniste ou à l ’aménageur de prévenir.
scot, mais pas seulement. G. D.
• Une meilleure reconnaissance et une
meilleure utilisation pour la planification des - » Génie urbain ; Impôts forfaitaires de réseau ; Réseau de trans
p ort; Technique; Télécom m unications; Télém atique; Viabi
procédures de lotissement qui assurent à lisation ; Voirie et réseaux divers (vrd ).
l’échelle inffacommunale, par des moyens
juridiques simples, adaptés et acceptés, une
rationalisation effective de l’urbanisation. RÉSERVE NATURELLE — Parc naturel
— Comment favoriser un urbanisme des
réseaux? On constate que, dans l’histoire, de
très grands urbanistes se sont intéressés aux RÉSERVES FONCIÈRES
réseaux comme principe d’aménagement des
villes. I. Cerda a été le premier et non le Stocks de terrains que constituent des col
moindre à œuvrer dans ce sens d ’un urba lectivités publiques pour anticiper sur les
nisme de liaisons. La leçon a été oubliée pen évolutions des marchés fonciers, qui leur
dant un siècle, où l’on a préféré un urbanisme interdiraient de maîtriser le développement
de contention et de zonage, sans doute plus urbain ou qui rendraient plus coûteuses les
facile à mettre en œuvre. Aujourd’hui, alors acquisitions nécessaires.
que la société urbaine autorise chaque indi Pour l ’essentiel, une politique de réserves
vidu à jouer un rôle social, l’enjeu sociopoli foncières consiste, pour les collectivités
tique des réseaux s ’avère considérable. Ils publiques, à anticiper sur le développement
permettent à chacun en quelque sorte de urbain de façon à ce que les besoins en terrains
recréer et de réadapter la ville en permanence, à bâtir soient satisfaits à temps et à des prix
objectivement et symboliquement, en se libé maîtrisés, assurant du même coup la récupéra
rant de contraintes de l’espace et du temps, au tion par la collectivité des plus-values d’urba
profit d’une libre élection des lieux et des nisation.
moments. Des théoriciens, des praticiens, tant Les exemples les plus caractéristiques de
en France qu’à l’étranger, ont compris ce véri politique active de réserves foncières se
table enjeu des réseaux pour l ’urbanisme. trouvent en Europe du nord. En Suède, par
Dans des réflexions, dans des actions portant exemple, les municipalités ont commencé,
sur les réseaux de transport, les réseaux d’eau dès le début du x x e siècle, à acheter des terres
ou de télécommunications, ou sur plusieurs agricoles en vue de l’expansion urbaine pré
réseaux à la fois, ils replacent ces réseaux au visible à moyen et long terme. Selon une
cœur de la vie urbaine, rendent leurs multiples enquête récente, un tiers des villes suédoises
usages, leurs combinaisons plus commodes et possèdent aujourd’hui des réserves foncières
leurs images signifiantes. Les méthodes allient qui leur permettent d’assurer leur développe
l’analyse historique à des évaluations topolo ment pour les dix ans à venir. Aux Pays-Bas
giques (fractales) et socioéconomiques des également, les municipalités jouent un rôle
réseaux. Des logiciels permettent des repré central dans l’offre de terrains à bâtir.
sentations graphiques intégrant ces éléments En France, si quelques municipalités, par
et conduisant à des procédures de conception exemple Rennes, ont joué un rôle actif sur
respectant l’esprit de ce nouvel urbanisme des les marchés fonciers, et si les trois établisse
réseaux. ments publics fonciers créés en 1962
Rappelons cependant que le réseau, après (Agence foncière et technique de la région
avoir été longtemps négligé par l’urbanisme, parisienne), en 1967 (Établissement public
ne doit pas être désormais idéalisé. À côté de de la basse Seine) et en 1973 (Établissement
leur rôle très positif, voire essentiel, pour les public de la métropole lorraine) ont joué un
villes modernes et leur évolution, les réseaux rôle important de régulateurs, en particulier
peuvent receler des risques de «concem e- I’aftrp, dans le cas des villes nouvelles de la
RÉSERVOIR
RÉSIDENCE PROTÉGÉE
RÉSIDENCE SECONDAIRE
Le Journal officiel du 5 janvier 2005 qua
lifie ainsi une « zo n e d ’habitation fermée Logement occupé de façon intermittente
répondant à certaines exigences de sécurité et par un ménage qui dispose par ailleurs d’une
de services » et désigne son équivalent anglo- résidence principale. Comme dans le cas
saxon : Gated Community. opposé de la résidence principale, le qualifica
L’autoenfermement résidentiel s ’est tif «secondaire» concerne l’occupation, non
d’abord épanoui au cours des années 1990 un caractère intrinsèque, du logement.
dans le Sunbelt (États du sud des États-Unis) Les résidences secondaires - logements
comme réponse des classes moyennes aux occasionnels compris - constituent en France
tensions repérées entre Blancs, Hispaniques environ 10% du parc de logements, mais
et Noirs, qui mettaient à mal la solidarité de leur effectif (environ 3,2 m illions, dont
voisinage. Les Prisonniers volontaires du quelque 230 000 logements occasionnels)
rêve américain (S. Degoutin, Paris, 2006) ont s ’accroît à un rythme (en moyenne 30 000
obtenu la privatisation des espaces publics par an) qui varie beaucoup selon la conjonc
grâce au perfectionnement des nouvelles tech ture économique et immobilière (30 000 par
nologies de l’information et de la communi an dans les années 1980, 20 000 dans les
cation, avec la mise en œuvre d’un contrôle années 1990, 25 000 par an dans les années
des accès et d’une clôture garantissant l’entre- 2000). Il se développe approximativement
soi. par moitié par construction neuve et par moi
En France, cette tendance s’est diffuséeplus tié par changement d ’affectation d’anciennes
récemment à la faveur des mesures gouverne résidences principales. Le parc français de
mentales de défiscalisation destinées à stimuler résidences secondaires est com posé, en
la production de logements sans aggravation 2006, d’environ 2 millions de maisons indi
de la dette publique. La promotion privée a viduelles et de 1,2 million d’appartements.
alors multiplié les programmes «R o b ien » Ce sont les appartements qui se sont déve
débouchant sur une offre locative en direction loppés le plus vite jusqu’en 1993 (environ
des revenus moyens. Le marché est désormais 3 % par an contre 0,5 à 1 % dans les années
saturé dans le Midi avec, en 2002, 46% des récentes), les maisons individuelles récem
résidences réalisées à Toulouse, environ 20 % ment (1,5% par an, moins de 1% avant
à Montpellier, Marseille et Bordeaux, et 7 % 2000).
seulement à Paris (cf. G. Billard, J. Chevallier On peut distinguer notamment :
et F. Madoré, Ville fermée, ville surveillée : la — les maisons de campagne (environ 45 %
sécurisation des espaces résidentiels en du total), souvent héritées, reflétant le caractère
France et en Amérique du Nord, Rennes assez récent de l’exode rural en France. La
2005). pratique de la résidence secondaire rurale, qui a
La conception des résidences protégées été favorisée par la proportion longtemps faible
repose sur une architecture du «juste milieu », de propriétaires de maisons individuelles,
une «rente de situation» en matière de ser explique que les résidences secondaires soient
vices et une qualité d’insertion «naturelle». en moyenne plus anciennes que les résidences
Le groupe Monné-Decroix présente ainsi une principales ;
opération sise à M ontpellier : « Gorgée de — les logements de loisirs de bord de mer
RÉSIDENTIALISA TION
systématique à « l ’état initial» est, à l’heure de légitimité architecturale, à côté des notioni
actuelle, définitivement condamné au profit d ’authenticité matérielle ou historique.*:Il
de l’intérêt pour les « sédimentations » de va de soi que le parti de l’« achèvement archiS
l ’histoire qui ont façonné les édifices et en tectural » qui relève d’une réflexion attaché!
consacrent la richesse, leur conservation sys au projet initial, impose des obligations dë
tématique peut, en revanche, engendrer une rigueur, garantissant, avec toute la précisidà
complexité qui satisfera les spécialistes, nécessaire, la fidélité à la pensée de l'auteia*.
mais sera inaccessible au public. Là où la Tout le contraire est le parti de l ’« extension »,
conservation se cantonne à l ’authenticité de qui n’a pas la même préoccupation, et s'in s
la matière, la restauration s ’attache davantage crit dans une démarche plus autonome. j !>,
à l’aspect visible, introduisant une dimension En résumé, on observe que la «conservai-
esthétique et didactique. C’est en allégeant ou tion » du patrimoine se passe difficilement dsl
supprimant des éléments «d e peu d’intérêt», outils de la «restauration». Celle-ci en adopu
voire en restituant des éléments disparus mais tant une démarche plus « globale », tend à son-
nécessaires, que la cohérence et la lisibilité tir le patrimoine d’un statut figé et immuable
architecturale de l’édifice seront renforcées. pour le replacer dans un rôle social et culturtî
La restauration ne se fonde plus alors sur le vivant, animant avec vitalité les réflexions, et
seul critère de la fidélité à l’histoire. Induisant les débats, et mobilisant l ’évolution doctriî
explicitement un jugement de valeur sur les nale. i
apports de l ’histoire^ elle opte pour un « état
historique de référence », le plus représentatif B. Moj.
de l’évolution architecturale de l’édifice Archéologie; A rt; Association foncière urbaine ( a f u ) ; Montf- '
(hôtel de Beauvais à Paris). ment historique ; Histoire ; pact - arim ; Patrimoine ; Reconstitué )
tion ; Réhabilitation ; Restauration immobilière. ‘^
— La restauration fait également appel à
la notion d’écriture architecturale, selon une
expression mimétique et intégrée, ou, au RESTAURATION DES TERRAINS V
contraire, délibérément contrastée (béton brut EN MONTAGNE iU
au château de Falaise). D ’où pour le public, -> Montagne (aménagement de la) :■)
des difficultés de compréhension, ou des ambi
guïtés de lecture et d’interprétation (chevet de
Notre-Dame de Bemay reconstruit en bois). RESTAURATION IMMOBILIÈRE
Les arguments de « lisibilité » souvent avancés
par respect du public, ne doivent pas, pour les Opération consistant à engager des travaux
mêmes raisons, ignorer les notions d’homogé de remise en état, de modernisation ou de
néité et d’harmonie de l’architecture. démolition ayant pour objet de transformer
— La restauration peut ne pas s’attacher les conditions d ’habitabilité d ’un ensemble
uniquement à un état historique ayant effecti immobilier, que celui-ci soit situé, ou non,
vement existé, mais viser l ’achèvement d ’une dans un quartier historique ou dans un sec
œuvre architecturale dont la construction a été teur sauvegardé. La restauration immobilière
interrompue. Un exemple éloquent est celui figure parmi les opérations d’aménagement
de l’ancien Musée des travaux publics (actuel foncier ; c ’est un mécanisme contraignant qui
Conseil économique, social et environnemen permet à la collectivité publique de déclarer
tal), construit par Auguste Perret en 1937, d ’utilité publique les travaux que devront
mais inachevé. En 1962, après la mort de engager les propriétaires des immeublés
l’architecte, l’aile initialement prévue sur concernés sous peine d’expropriation. ;■■*
l’avenue du Président-Wilson a été construite Le périmètre de restauration immobilière
dans le style de Perret, tandis qu’en 1995 la (pri), issu de la loi du 4 août 1962, dite « ldi
construction de la dernière aile sur l ’avenue Malraux», a été conçu comme une alterna
Albert-de-Mun prit le parti de ne plus suivre le tive à la rénovation urbaine, afin de permettre
projet initial, pourtant dessiné par Perret, et la restauration complète d’îlots vétustes par
adopte une expression architecturale délibéré leurs propriétaires, notamment lorsqu’ils sont
ment étrangère. Ces exemples d ’achèvement groupés en association syndicale, ou par la
architectural donnent tout son sens à la for collectivité publique après expropriation. Le
mule de Viollet-le-Duc qui introduit une sorte mécanisme prévoyait l ’identification des
REVÊTEM EN T
887
A. Gu.
-* Viabiliser; Voie. RISQUE NATUREL
tenaires » deux années de suite est très impro trophes indirectes, conséquences de l ’onde de
bable, mais elle est toujours possible. tempête qui se forme dans le fond des baies.
La fréquence de retour est parfois utilisée Les caractères de la répartition de la popu
dans la législation. Ainsi, en France, on tend à lation peuvent faire varier l’importance des
dimensionner les réseaux d’évacuation des risques naturels. Il semble que, dans les mon
eaux urbaines de façon à leur permettre d’éva tagnes européennes, les avalanches aient eu
cuer « l ’averse décennale», c ’est-à-dire la des conséquences particulièrement graves au
quantité d’eau qui a des chances de tomber en moment du maximum démographique du
quelques heures une fois en dix ans. Les xixe siècle. Il en va de même, de nos jours, au
conséquences de ce « risque » sont d’une gra Népal qui connaît une densité d’occupation
vité modérée, si bien que l ’on peut accepter sans précédent dans l ’histoire. Après une
ses inconvénients, quitte à prévoir des sys période de diminution de la population, qui a
tèmes d ’indemnisation : le dimensionnement réduit les conséquences des avalanches, les
des réseaux d’évacuation de façon à leur per montagnes des pays industriels connaissent
mettre d ’évacuer « l ’averse centenaire» de nouveau ce fléau, à la suite de la construc
entraînerait des frais très supérieurs à ceux tion en altitude des stations de sport d’hiver.
d’une indemnisation périodique assez rare. Il De la même façon, les sociétés paysannes
est évident que l’on ne peut raisonner de la comportaient des populations à densité faible,
même manière en présence d’événements qui si bien qu’il était possible de ne construire
auraient des conséquences catastrophiques. d ’habitations que dans les parties non inon
C’est ainsi que l ’on n’accepte de construire dables des plaines alluviales, même très culti
des centrales atomiques que dans des sites où vées. De nos jours, aux abords des villes, les
la probabilité d’une destruction des réacteurs lotissem ents ont envahi ces parties inon
par un tremblement de terre est presque nulle dables, ce qui a provoqué une recmdescence
(mais une probabilité n ’est jamais nulle ; elle des dégâts liés aux crues. Plus généralement,
ne peut que tendre vers zéro). on peut dire que l’augmentation générale de
Les événements qui font courir des risques la population humaine réduit les possibilités
aux hommes et à leurs installations peuvent de choix et peut augmenter l’exposition aux
relever : risques naturels.
— de la dynamique interne du globe, c ’est-
à-dire de forces géophysiques, notamment de Cependant, dans le même temps, les
celles qui conduisent au déplacement des moyens de lutte se sont accms :
«plaques» constituant l ’écorce terrestre. Il — Les systèmes de prévision, d’alerte et
s’agit essentiellement des tremblements de d’évacuation se sont beaucoup développés. Ils
terre et des éruptions volcaniques ; ont une efficacité certaine en ce qui concerne
— de la dynamique externe, c ’est-à-dire les crues et les cyclones. Mais cette efficacité
surtout de la force de gravité: avalanches, varie beaucoup selon le degré de développe
glissements de terrain ; ment économique. Il est relativement facile
— de la dynamique des fluides qui forment d’avertir et d’évacuer les populations des
l’atmosphère et l’hydrosphère entourant le bords du golfe du Mexique, aux États-Unis, à
globe : inondations, ondes de marée ou ondes l’approche d’un cyclone tropical ; il n ’en va
de tempête, en ce qui concerne les eaux ; orages, pas du tout de même pour les paysans du
chutes de grêle, averses de neige, coups de froid Bengale, qui ne peuvent être avertis parce
bmtaux, pour ce qui est de l’atmosphère. qu’ils n’ont ni radio ni télévision, et qu’ils ne
Ces distinctions commodes sont cependant disposent ni des routes ni des véhicules qui leur
assez artificielles, dans la mesure où il peut y permettraient de quitter leurs villages menacés.
avoir des effets combinés. Par exemple, les — La connaissance de la nature et le déve
tremblements de terre s ’accompagnent sou loppement de la technologie permettent des
vent sur les littoraux de « tsunamis », c’est-à- aménagements: construction d’ouvrages de
dire d’élévations du niveau de la mer, dues à défense, comme ceux entrepris en Zélande à
l’onde de choc dans un bassin océanique ; les la suite de la catastrophe de 1962, dans le
cyclones tropicaux provoquent des destruc cadre du «plan Delta» (multiplication et sur
tions directes par l’effet de la force du vent et élévation des digues, construction d’écluses) ;
des pluies abondantes, mais aussi des catas mise au point de techniques architecturales
RISQUE NATUREL
690
permettant d ’élever des immeubles résistant de celles-ci. Le p e r est devenu en outre une
aux secousses telluriques, etc. Les séismes servitude d’utilité publique et s ’impose aux
qui ont affecté Los Angeles en 1993 et surtout documents d’urbanisme et aux autorisations
Kobe en 1995 ont cependant montré les d’occupation des sols. Il est de la compétence
limites de ces techniques, ou plus exactement de l ’Etat et publié par le préfet après avis des
de la façon dont elles ont été utilisées. communes et enquête publique. Malheureu
— La prévision des risques rend possibles la sement, leur élaboration a été fort lente:
cartographie à grande échelle des zones mena 380 p e r ont été approuvés, alors que quelque
cées et la mise en place de réglementations 10 000 communes étaient concernées.
limitant leur occupation. Cependant, ces La loi Barnier relative à la protection de
réglementations sont souvent insuffisantes et l ’environnement du 12 février 1995 a rem
mal acceptées, donc mal appliquées. Il faut placé le p e r - ainsi que les plans de surfaces
tenir compte à cet égard des caractères de la submersibles ( p s s ) , les périmètres de risques
mémoire collective, qui perd assez vite la et les plans de zones soumises aux incendies
conscience des dangers après une période sans de forêts, aux avalanches, aux mouvements
catastrophe. En France, les grandes averses du sol - par un plan de prévention des risques
méditerranéennes d’octobre 1988 et de sep naturels prévisibles ( p p r ) . La procédure est
tembre 1992 ont eu des conséquences d’autant déconcentrée et simplifiée. Les dispositions
plus graves qu’un certain nombre d’aménage les plus urgentes peuvent être prises dans un
ments préventifs, pourtant suggérés dans des premier temps, sans attendre le plan complet.
rapports techniques, n ’avaient pas été pris. Les travaux de prévention peuvent être exé
C’est seulement après les catastrophes de cutés d’office si nécessaire. Au 1er septembre
Nîmes et de Vaison-la-Romaine qu’a été impo 2009, 6 648 communes sont couvertes par un
sée la généralisation de plans de prévention des p p r . Il s ’y ajoute 1 787 communes couvertes
risques, à la place des trop rares plans d ’expo selon la procédure antérieure à la loi de 1995
sitions aux risques. (anciens p e r et p s s , article R 111-3 du Code
D ’une manière générale, les sites menacés de l ’urbanisme). En outre, des p p r ont été
sont souvent attractifs et possèdent de tels prescrits pour 4 680 commues. Le nombre de
avantages qu’il est difficile de ne pas les uti communes concernées par un ou plusieurs
liser. Ainsi la fertilité des plaines alluviales risques naturels (inondations, avalanches,
asiatiques, ou des pentes des volcans, à Java mouvements de terrain, séismes, tempêtes au
comme en Italie, y a attiré des masses de cyclones, feux de forêt) a été évalué à 23 393
population qu’on ne peut envisager de dépla (64%), dont au moins 16 000 devraient être
cer définitivement. On sait que la ville de couvertes par un p p r .
Los A ngeles sera détruite en partie par un Pour les activités industrielles, outre la
tremblement de terre, dû au rejeu de la faille législation relative aux installations classées,
de San Andréas (ce n ’est pas une question intervient la directive européenne du 24 juin
de <<si » mais de « quand », a-t-on pu écrire), 1982, dite directive « S e v e so » , parce que
mais nul n ’a proposé de la déplacer. Les prise après le grave accident causé par un
forces mises en jeu dans les grands événe déversement de produits chimiques dans cette
ments naturels aux conséquences catastro ville italienne. En France, cette directive s ’est
phiques sont telles qu’il est im possible à seulement traduite par une adaptation de la
l ’humanité de se prémunir complètement législation sur les installations classées. Les
contre elles, quels que soient les développe industriels concernés doivent établir un plan
ments des techniques. d’opération interne qui définit les mesures à
En France, la loi du 13 juillet 1982 relative prendre en cas de sinistre. Un plan particulier
à l ’indemnisation des victim es de catas d’intervention, préparé par le préfet, prévoit
trophes naturelles avait prévu l ’élaboration les mesures externes à l’entreprise à prendre et
de plans d’exposition aux risques naturels les moyens de secours à mettre en œuvre.
prévisibles ( p e r ) élaborés par l’Etat. Il s ’agis
sait d’interdire aux particuliers de s’installer F. D.-D. et P. M.
dans des zones sujettes à des risques naturels
et, en revanche, de leur garantir une indem Effet de serre; Environnem ent; Géotechnîque; Installations
classées; Protection de la nature; Risque; Risque technolo
nité en cas de catastrophe survenue en dehors gique.
R O N D -P O IN T
691
tion des conducteurs» devait être un préa Le réseau routier français ( d o m co m p rit
lable à l’autorisation de circuler. comporte, en 2003, environ 1 m illion d|i
Le croisement de voies, principale source km: m ||
d’embarras, fut l ’objet de recherches et de — 11000 km d’autoroutes ; fi»!
solutions très innovantes, dont la principale fut — 9 000 km de routesnationales ; .p|,
le rond-point, mises en place dans la capitale — 384 000 km de routes départementale»*!!
française sur le substrat des voiries haussman- — 604 000 km de voies communales ; ?nj
niennes. Le rond-point des Champs-Élysées a — plus environ 700 000 km de chemiai'
apporté les deux principes de la circulation ruraux. . ■>[:
moderne : la priorité d’un flux sur l’autre et la Les routes nationales et autoroutes sont à lk j
mise en place d’un sens unique de circulation. charge de l ’État à 100% en zone rurale,»»
Les règlements antérieurs étaient très souples, 85% hors périmètre d ’agglomération e tf|'
demandant seulement aux conducteurs de se 55 % en agglomération. Les chemins départe#
tenir de préférence sur la droite. mentaux et les voies communales sont à ‘lit:
Le rond-point est devenu beaucoup plus charge des départements et communes respect
contraignant. Il est assorti d ’une signalisation tivement, avec une subvention du Fonds spétf
rappelant au conducteur l ’usage en vigueur et cial d’investissement routier ( f s i r ) de 20 â
d’une police de surveillance adéquate. Les 50 %. Les chemins ruraux appartiennent an
ingénieurs et les architectes français avaient domaine privé des communes qui ne sont pa#
pris de l ’avance sur le dessin des machines à tenues de veiller à leur entretien. M
circuler que sont les ronds-points, les sens
interdits ou les feux tricolores. On doit néan P. M.'
1»
moins à Eno d’avoir su coupler ces dispositifs -> Infrastructure;Voie. il\
physiques avec la nécessité de former les ‘ H„j:
conducteurs à la pratique de ces chaussées
complexes, ouvrant ainsi la voie du permis de RUE
conduire mis en place en 1919 à Paris.
V. S.-M. G. Du latin ruga (ride, sillon, puis, en bas latin,’
me), voie bordée de maisons ou de murailles1
Espace public ; Place ; Rue ; Voie.
dans une ville ou un village. Élément essentiel
de toutes les cultures urbaines, depuis l’Anti
quité, elle y présente des aspects et y joue des
ROUTE rôles différents.
Dans le monde occidental, son évolution
Voie carrossable destinée à la liaison entre morphologique est fonctionnelle ; elle a suivi
les localités et à la desserte des zones rurales. celle des sociétés et des techniques. Les étapes
Les chaussées romaines étaient pavées. Les de son histoire coïncident avec celles de l’his
routes médiévales n ’étaient pas revêtues. toire des villes et de l’urbanisation. i
Depuis le xixe siècle, les routes ont été revê Sauf dans le cas d’agglomérations où elles
tues dans les pays développés. suivent d’anciens tracés romains, ou dans la
La route comporte, outre la chaussée, les cas des «villes neuves» (dites «bastides » ert
fossés, talus, bandes d’arrêt, pistes cyclables France et en Grande-Bretagne), dont on
et plantations éventuelles. La largeur de la trouve des exemples dans nombre de pays
chaussée doit être de 5 m pour les petites européens, les mes médiévales sont générale»»
routes rurales, de 6 à 7 m pour les routes à ment sinueuses, irrégulières, épousant les
deux pistes, de 3,5 m par piste pour les routes accidents du terrain et reflétant les vicissi
plus importantes. L’emprise totale de la route tudes de l’histoire. Elles sont étroites, dépour
est d’environ 9 m pour une petite route rurale, vues de trottoirs, traversées par un caniveau
12 m pour une route à deux pistes, 16 m pour central. Le pied des maisons est protégé par
trois pistes, 20 m pour quatre pistes. de grosses bornes en pierre.
Le coût de construction, en zone rurale, Comme en témoigne la toponymie (me des
varie de 500 000 € environ pour une petite Bouchers, des Fourreurs, des Tanneurs, de la
route rurale à 2 à 3 millions d ’€ pour une route Vannerie, des Orfèvres, etc.), elles sont sou
à quatre pistes (par kilomètre). vent spécialisées dans des activités particu
RUE
«3
lignes, régulières, bordées d’immeubles aux (...) les mes ne doivent plus exister, il faut
façades alignées et uniformes. Cependant, créer quelque chose qui remplace les m es »
une partie des anciens réseaux médiévaux (La ville radieuse, Paris, 1933). Dès lors ins
subsiste, en dépit de modifications parcel crite au cœur du débat sur l’urbanisme, la
laires et de reconstructions (cf. en France cer suppression de la « m e corridor», devenue
taines m es du vieux Bordeaux, bordées de symbole d’archaïsme, souvent même de dan
leurs hôtels classiques), et suscitent des ger moral et social (Le Çorbusier), est préco
embarras de la circulation tels qu’une longue nisée par la doctrine des c i a m qui s ’impose
tradition les décrit en France, de Boileau à dans les réalisations de l ’urbanisme à partir
Maxime Ducamp, en passant par Voltaire. des années 1950, dans les rénovations
Certains de ces réseaux médiévaux se main urbaines, les grands ensembles suburbains,
tinrent d ’ailleurs jusqu’à nos jours, dans certaines villes nouvelles européennes
nombre de centres historiques, en Italie, en (Grande-Bretagne, France).
Espagne, dans les pays germaniques, en N i les dalles, ni les espaces verts, ni les
France. nouveaux centres commerciaux ne « rem
La deuxièm e partie du x ix e siècle voit placent» effectivem ent la me. C elle-ci ne
s’hypertrophier la fonction circulatoire de la tarde pas à être réhabilitée au nom de valeurs
me. En France, ce nouveau rôle est illustré diverses : convivialité, sécurité, tradition. La
par l ’œuvre de Haussmann, qui sert de série des apologies de la m e est ouverte par
modèle à l’Europe entière. Le préfet détmit J. Jacobs dont l’ouvrage (The death and life
d’anciennes voies, trop étroites, en «régula o f great American cities, New York, 1961),
rise» d’autres, perce de nouvelles mes pour qui se situait dans un contexte spécifiquement
adapter la ville aux conditions de l’ère indus américain, contribua néanmoins au renver
trielle (cf. Haussmann, Mémoires, Paris, sement doctrinal de l ’urbanisme européen.
1890-1893, t. 2, t. 3, chap. 1). D es rues à Suivaient les pamphlets du postmodemisme,
usage résidentiel sont créées. Amorcé depuis militant au nom d ’un étem el urbain (cf.
l ’âge classique, le repliement, dans les R. Krier, L ’espace de la ville, Paris, 1975).
espaces intérieurs de bâtiments spécifiques Le retour à la rue semble aujourd’hui, en par
(cf. entre autres, bâtiments administratifs, tie, acquis. La ville de Louvain-la-Neuve, en
bourses, magasins, salles de spectacle), B elgique, en donne un exemple où les
d’activités publiques et privées qui se dérou concepteurs sont même revenus à la m e pié
laient primitivement dans la m e médiévale, tonnière. Parmi les partisans de la rue, beau
s’accélère avec notamment la révolution de coup ne sont cependant pas assez attentifs
l ’économie et des modes de production, le aux révolutions sociétales et techniques
progrès des techniques de construction et de (rôles des médias et des télécommunications,
conditionnement des bâtiments, le développe par exemple) qui, depuis l’époque médiévale,
ment du confort, l ’évolution de la famille ont transformé son statut et au fait que la
RUE PIÉTONNIÈRE
également être protégées au titre des sites grands axes routiers pour bénéficier d’une
(Montségur). meilleure accessibilité. La contre-urbanisation
semble peu différente de la rurbanisation.
F. C.
Si la notion de rurbanisation (ou de contre-
+ Fouilles; Peinture; Reconstitution. urbanisation) implique bien ce caractère de
discontinuité, de rupture avec les formes tradi
tionnelles de banlieue, elle évoque plus une
RUISSELLEMENT -> Assainissement; Cycle forme d’organisation de l’espace que le méca
de l'eau nisme de répartition des habitants entre milieu
urbain et espace rural. C ’est pour celui-ci
qu’on peut employer l ’expression d ’exode
RUPTURE DE CHARGE -* Confort urbain pour appréhender à la fois la périurba
(d'un moyen de transport) nisation et la rurbanisation. Cette notion pré
sente l’avantage de le faire apparaître comme
le pendant de l ’exode rural, dont il constitue
RURBANISATION en quelque sorte l ’inverse. Elle souligne aussi
le caractère m assif de ce nouveau courant
Néologisme qui désigne le processus d’urba migratoire. On définira donc l’exode urbain
nisation rampante de l’espace rural, d’imbrica comme le processus de départ de citadins vers
tion des espaces ruraux et des zones urbanisées des communes rurales, en général à proximité
périphériques. Sur le plan statistique, on peut (périurbanisation) mais souvent en disconti
évaluer la rurbanisation comme le mouvement nuité (rurbanisation) des zones urbaines, sans
des espaces urbains vers l’espace à dominante que ce départ s’accompagne d’un changement
rurale. On a pu l’estimer à 40 000 personnes de style de vie ni le plus souvent d’un change
par an en moyenne depuis quarante ans. ment d’activité, voire d’emploi.
La rurbanisation (J.-B. Charrier, Citadins et La rurbanisation est certes liée à la crois
ruraux, 1969 ; G. Bauer et J.-M. Roux, La rur sance urbaine et dépendante de la ville (ou
banisation, 1976) doit être distinguée de la sub d ’un ensemble de villes proches). Mais elle
urbanisation qui est le développement continu s ’organise autour des noyaux de l ’habitat
de l’espace autour des villes. Elle diffère aussi rural, sans créer un nouveau tissu continu.
de la périurbanisation qui désigne l’urbanisa On peut considérer que les territoires rurba-
tion des franges rurales des agglomérations. La nisés forment une nouvelle étape du dévelop
périurbanisation et la rurbanisation affectent pement des banlieues. Mais son caractère est
souvent les villes de façon simultanée. Mais, différent des précédentes, y compris de la
de façon générale, la première a précédé la périurbanisation. En effet, la rurbanisation ne
seconde. Dans certains cas comme, depuis crée pas un nouvel espace, mais se superpose
1990, dans la grande couronne parisienne sauf à l’espace rural, le modifie, mais ne le fait pas
la Seine-et-Mame, le solde migratoire est disparaître. En outre, à la différence des ban
devenu négatif: il y a donc plus d’habitants de lieues successives, il s’inscrit en discontinuité
ces départements qui quittent la région, souvent spatiale avec les agglomérations. La popula
vers des zones rurales, que d’habitants de Paris tion y exerce des activités liées à la ville, sou
et de banlieue qui y viennent. La rurbanisation vent en ville.
prend alors le pas sur la périurbanisation. La rurbanisation prend surtout la forme de
Les géographes anglo-saxons ont utilisé la construction de maisons individuelles en péri
notion de counter-urbanization (contre- phérie des villages traditionnels, en particulier
urbanisation) pour définir un mouvement, sous forme de lotissements de quelques unités à
déjà ancien autour de certaines grandes villes quelques centaines de logements (les «n ou
(Londres, N ew York, etc.), de départ des veaux villages»), mais souvent aussi à l’écart
villes non seulement des habitants, qui conti des lieux déjà construits (on parle alors de
nuent à y travailler en ville au prix de longues « mitage »), ou encore de réutilisation, en géné
migrations alternantes en train ou en automo ral après travaux, de maisons existantes des vil
bile, mais aussi de nombreuses activités qui lages ou des écarts. L’espace rural reste donc
préfèrent soit créer leur propre espace en dominant en termes de surface. Mais la majorité
milieu rural, soit se localiser le long des de la population adopte un mode de vie urbains.
RURBANISATION 696
Île-de-France), 6 centres dramatiques régio quet des anciens jusqu’à l’organisation d’uo,
naux et 103 scènes conventionnées (dont 8 en concert de rock. Une salle de 400 m2, très som
Ile-de-France). Le nombre de théâtres privés maire, peut coûter moins de 10 000 €, avec ua
est mal connu: de l’ordre de 180, dont 51 en coût d’entretien minime en dehors des mani
en Île-de-France). Il faut y ajouter 19 centres festations, mais une salle plus vaste ou mietuj;
chorégraphiques nationaux. La fréquentation équipée peut coûter beaucoup plus cher.
des théâtres est, en 2007, de l’ordre de 8 mil
lions de spectateurs par an (0,6 dans les J. C. et P. M.
théâtres nationaux, plus de 1,5 million dans -> Centre socioculturel.
les centres dramatiques nationaux et régio
naux, plus de 2 millions dans les scènes sub
ventionnées, 3,2 m illions dans les théâtres SALLE DE SPORT |
privés parisiens, etc.). Celle des théâtres
lyriques est encore plus faible : 739 000 specta Sous le terme général de «salle de sport»,
teurs à l ’Opéra de Paris, 631 000 dans les on peut désigner une grande variété d’instal
centres chorégraphiques nationaux, 83 000 à lations sportives dont la destination répond à;
la Cité de la musique. En revanche, on compte des fonctions très diversifiées : t«
17 millions d’entrées pour les spectacles de — accueil des classes d’éducation phy
variétés ou de musiques actuelles. sique (en particulier par mauvais temps) ; a!
Dans certains pays, d ’autres salles de spec — pratique des « sports de salle », tels qua.
tacles jouent un rôle important tel est le cas judo, escrime, etc. ;
des cirques en Union soviétique, par exemple. — pratique en salle de disciplines de plein
C’est pour lutter contre ce désert culturel en air pendant la mauvaise saison (tennis, basket-,
dehors de Paris que le ministre André Malraux bail, handball) ;
avait lancé en 1960 l’implantation de «mai — organisation de spectacles sportifs avec
sons de la culture», conçues comme des pôles accueil du public, pour l’une ou l’autre des
d’animation culturels polyvalents, disposant deux catégories de sport précédentes.
chacun d’une ou deux grandes salles de spec Depuis la simple salle d’entraînement poly
tacle, d’une bibliothèque, d’espaces d’exposi valente de 200 m2 qui accueille successive
tions, de salles de répétition, etc. Il avait ment un cours de danse, un club de judo, des
initialement été prévu d’en réaliser une ving séances de yoga, etc., jusqu’à un palais des.
taine au cours du IVe Plan (1960-1965), mais sports pouvant recevoir plusieurs milliers de:
seulement 13 ont pu être menées à bien, la spectateurs, toutes les situations intermé
dernière en 1975 à Créteil, On n ’en a plus diaires se rencontrent: gymnase, salle de:
construit depuis. M oins ambitieux, des sports, complexes sportifs, etc. j
«centres d ’action culturels» ont été créés au Au cours des années 1970, avait été établie:
nombre d’une trentaine, à partir de 1968. Les en France une typologie très précise des équi
maisons des jeunes et de la culture ( m j c ) sont pements sportifs couverts à réaliser avec les
des structures de statut associatif, mais en géné dimensions à respecter dont les plus courants
ral liées aux collectivités locales, qui proposent étaient les « gymnases B » de 30 m sur 20 avec
des spectacles, des ateliers et des loisirs. F n f î n 6 m de hauteur sous plafond et les « Complexes
quelques grands projets ont à nouveau été sportifs évolutifs couverts» (« cosec») consti
engagés à partir de 1981 (Opéra de la Bastille). tués d’un ensemble de salles. Avec la décentra
Cependant, à côté des rares théâtres profes lisation, tout cet aspect normatif a tendu à
sionnels permanents, qui presque tous sont disparaître, chaque commune étant portée à
soutenus directement ou indirectement par concevoir son programme et à intégrer cet équi
des subventions, on estime qu’il existe pement dans un ensemble original.
plusieurs milliers de troupes de théâtre ama La réalisation d’un complexe de quartier
teur, sans compter les multiples orchestres, plutôt que de salles sportives isolées présente
souvent de jeunes, et les chorales. Beaucoup plusieurs avantages :
de communes, même modestes, disposent — une utilisation scolaire plus souple et plus
ainsi de salles polyvalentes, parfois très rus variée par rotation des salles et des installations ;
tiques, qui offrent des lieux pour l’accueil des — un plein-emploi (entre heures « scolaires »
manifestations les plus variées, depuis le ban et heures de loisirs) plus facile à assurer lorsque
SC ÉN A R IO
899
l’équipement est d’une taille suffisante pour situées les unes par rapport aux autres dans
justifier un gardiennage spécifique ; un double système de relations diachroniques
— une conception évolutive du programme et causales, en vue de mettre en évidence les
pourvu que le terrain choisi pour sa localisation caractères probables de l ’évolution d ’une
le permette. situation donnée, à partir d’un corps d’hypo
Une salle de sport doit bénéficier d’une thèses formulées sur les «tendances lourdes »
bonne accessibilité, puisque c’est un équipe de cette évolution. La valeur heuristique d’un
ment qui appelle une fréquentation rappro scénario est donc fonction de la pertinence
chée avec taux de rotation assez soutenu des des hypothèses choisies au départ ainsi que de
utilisateurs. Pour des motifs plus symboliques la cohérence du système de relations destiné à
qu’utilitaires, on choisit souvent une implan intégrer l’ensemble des variables de révolu
tation en bordure d’un parc urbain ou d ’un tion décrite.
plan d’eau, c ’est-à-dire dans un cadre évo La plupart des scénarios actuellement pra
quant le sport et les loisirs. tiqués ressortissent à l’une ou l’autre de deux
Le secrétariat d’État à la Jeunesse et aux catégories principales : les scénarios « tendan
Sports évalue, en 2009, le nombre de salles ciels » et les scénarios « contrastés ».
multisports à environ 16 600, le nombre de L’objet des scénarios tendanciels est la
salles spécialisées à 14 400 et le nombre de simulation de processus d’évolutions pos
salles non spécialisées à 15 000 environ (soit sibles à partir d ’une situation existante,
46 000 salles au total, dont 1 300 couvertes). compte tenu d’hypothèses de base formulées
On estime le nombre de courts de tennis à sur la nature et le rythme de déroulement pro
42 000 environ (dont 5 700 couverts), celui bables de ces processus. Les scénarios tendan
des bassins de natation ouverts au public à ciels admettent d’ordinaire un jeu de variables
plus de 7 000 (dont moins de 3 000 cou relativement restreint: ils postulént, en parti
vertes), le nombre de patinoires à 184 et celui culier, la permanence de l’environnement du
des terrains de grands jeux couverts à 150. système de variables qu’ils combinent (ex. :
Les normes officielles, qui ne sont plus au permanence des institutions ou du système de
mieux que des recommandations depuis la production en vigueur). Ils s’efforcent de des
décentralisation, prévoyaient au moins 1 m2 siner à grands traits des images de situations
de terrain par habitant pour les villes de plus futures, en s’attachant à mettre en évidence
de 10 000 habitants. les divers cheminements susceptibles d ’y
conduire. Toutefois, à la différence des scéna
J. C. et P. M. rios contrastés, ils se préoccupent moins
Piscine ; Stade et terrain de sport.
d’explorer l’ensemble du champ des possibles
que de rendre compte d’un ou plusieurs pro
cessus d’évolution jugés significatifs à raison
SANITAIRE (ÉQUIPEMENT) Carte sanitaire ; de la nature des prémisses qu’ils admettent.
Dispensaire; Hôpital Un exemple déjà classique de scénario ten
danciel est représenté par le scénario dit «d e
l’inacceptable»; Une image de la France en
SANTÉ PUBLIQUE — Carte sanitaire ; Van 2000 (1971). Établi par la DATAR, ce scé
Épidémiologie; Hôpital; Hygiène publique nario, présenté d ’entrée de jeu comm e un
« outil » neuf et une « démonstration méthodo
logique qui a fait la preuve de sa productivité
SAUVEGARDE -> Conservation ; en permettant de boucler un cycle complet
Préservation ; Restauration ; Secteur d’investigations prospectives », décrit le che
sauvegardé minement d ’une France qui, laissée à elle-
même - c ’est-à-dire sans politique volonta
riste d’aménagement de l ’espace - accumule
SCÉNARIO les déséquilibres régionaux et les tensions
politiques à un degré qui peut mettre en ques
Un scénario peut être défini comme la tion l’unité nationale et la pérennité de l ’Etat :
combinaison de séquences d’événements ou cette dernière partie de la thèse étant, bien
de phénomènes anticipés, ordinairement entendu, du domaine du non-dit. Ajoutons
SCÉNAR IO
que, assez curieusement, s ’agissant d ’un tra imaginée(s) à la situation présente puisse eU w
vail qui s’inscrivait délibérément dans un long même être effectuée avec la plus grande c l a n
terme, le «scénario de l’inacceptable» a fait possible. .,j|H
l ’objet, dès 1976, d’un premier essai d ’évalua Qu’il soit « tendanciel » ou « contrasté », o n
tion réalisé - autre singularité - par ses scénario est généralement remarquable parM
propres auteurs et « d’où il ressort qu’il est à la luxe de «détails concrets» qui illustrent S f li|
fois toujours d ’actualité et déjà dépassé». séquences : « Il faut pousser le tableau ajUgJ
C’est indiquer que l’analyse effectuée se situe détails concrets et spécifiques pour étabffl
à un niveau général qui néglige, en particulier, qu’un possible apparent dans l'abstrait,à j |
l ’étude de l’impact du scénario de base sur bien un possible effectif», souligne Bertrahn ;
tout ou partie des schémas d ’aménagement de Jouvenel. Mais à la condition de ne pan
qui ont été, depuis sa publication, élaborés au induire en erreur le destinataire de la conjetJtj
niveau régional et local. Mais elle reste fidèle, ture ainsi « factualisée» et, par extension,.!»
ce faisant, à l ’inspiration dominante de ne pas s’abandonner soi-même à l’illusion q m
l ’ensem ble des travaux de prospective de l ’on progresse ainsi dans l ’appréhension dàj
l ’aménagement qui ont été réalisés à l’échelon l’avenir. *|i
central, celui de la datar. Ils ont toujours À la différence d’un modèle, un scénario)
concerné par priorité de vastes problèmes n’a pas et ne peut avoir pour ambition de facty
(régionalisation, nouvelle division internatio liter l’intelligibilité d ’une situation « réelle »)l
nale du travail, géopolitique européenne et Il est, de bout en bout, un exercice de i’imagWi
méditerranéenne, etc.) : la traduction opéra nation. . id
toire de la prospective de l’aménagement est, Pousser un scénario « dans le détail » rii$|
fort logiquement, l ’affaire des instances signifie donc pas pour le scénariste multiplieÉc
d’études régionales et locales. Sa trace est à les chances d’approcher au plus près « la » réa-J
rechercher - tâche beaucoup plus difficile - lité possible, dès lors que le possible admet pan -’!j
dans les schémas d’aménagement de régions hypothèse plusieurs réalités. C’est seulement
ou de zones (littoral, montagne, etc.) et dans accroître - ou, au contraire, diminuer - lesM |
les documents d’urbanisme. chances de provoquer l’adhésion du lecteur à L
L’objet des scénarios contrastés est l’élabo une certaine vision des choses: de le rendrè J
ration de l ’image future d ’une situation don sensible, dans les meilleurs cas, à une situa** ,
née à partir d’hypothèses dont toutes les tion. Plus celle-ci sera décrite avec minutie eb .
implications sont progressivement décrites moins elle apparaîtra comme vraisemblable,
par référence à un m odèle séquentiel qui puisque cette minutie même contribuera à éva- .
«redescend» lui-même dans le temps, depuis cuer l’événement aléatoire, à surdéterminer la .
la situation imaginée et affectée d ’un terme prévision implicitement ou explicitement faite, <
jusqu’à la situation actuelle. Les scénarios donc à restreindre le champ des possibles où
contrastés admettent au départ des contraintes elle est a priori susceptible de s ’inscrire. Lét ) l |
d ’environnement généralement beaucoup plus paradoxe d ’un scénario est ainsi qu’il esti ' i
limitées que les scénarios tendanciels ; ils font condamné à ne « dire » à peu près rien de la ’ j
reposer l ’essentiel de leur démarche sur la situation qu’il est censé décrire par anticipa-
rigueur des cohérences séquentielles qu’ils tion. Sa fonction est donc autre : elle est de
élaborent. Leur liberté de choix est ainsi diffé familiariser avec une démarche et une vision.
rente de celle des précédents, mais elle n’est Un scénario volontairement « factuel » a pour
guère, en pratique, plus importante. ambition de provoquer l’imagination du lec
Dans la pratique, les scénarios contrastés teur, de la forcer au désaccord avec les hypo
recourent volontiers à des oppositions particu thèses implicites ou explicites qu’il admet, de
lièrement tranchées entre les situations antici la contraindre à suivre d’autres cheminements
pées qu’ils prennent comme point de départ que ceux qui sont évoqués. Un scénario est fait
de leur démarche et la situation actuelle : de là pour être récusé et, une fois rejeté, en nourrir
leur dénomination. Ils admettent comme règle un autre de ses propres dépouilles : il est pat
du jeu la formulation d’hypothèses volontaire définition «inacceptable», à l ’exem ple du
ment outrancières, décrites à traits accusés, de célèbre scénario d’aménagement du territoire
sorte que la reconstitution des cheminements décrit ci-dessus. Le moins que doive ajouter
qui peuvent conduire de la (ou des) situation(s) un prévisionniste ayant fait l’expérience de ce
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE
«01
procédé d’exposition de conjectures est qu’il Comme tous les documents d’urbanisme
n’est pas facile de convaincre le destinataire prévus par la loi s r u , le schéma de cohérence
d’un scénario de ne point prendre celui-ci au territoriale doit déterminer les conditions per
pied de la lettre. mettant d’assurer :
— l ’équilibre entre le renouvellement
A.-C. D. urbain, un développement urbain maîtrisé, le
> Aménagement du territoire ; Modèle ; Système.
développement de l ’espace rural, d’une part, et
la préservation des espaces agricoles et fores
tiers et la protection des espaces naturels et des
SCHÉMA D'APTITUDE ET D'UTILISATION paysages, d’autre part, en respectant les objec
DE LA MER (SAUM) — Mer tifs du développement durable ;
— la diversité des fonctions urbaines et la
mixité sociale dans l’habitat urbain et rural,
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE en prévoyant des capacités suffisantes pour la
satisfaction des besoins d’habitat, d’activités
Document d’urbanisme qui remplace, selon économiques et d’équipements ;
la loi Solidarité et renouvellement urbains — une utilisation économe et équilibrée
( s r u ) du 13 décembre 2000, modifiée par la
des espaces naturels, urbains, périurbains et
loi Urbanisme et habitat; du 2 juillet 2003, le ruraux, la maîtrise des besoins de déplace
schéma directeur depuis le 1er avril 2001. ments et de la circulation automobile, la pré
L’ambition du schéma de cohérence territo servation de l’environnement (eau, air, sol et
riale ( s c o t ) est d’être le principal outil d’orga sous-sol, écosystèmes, espaces verts, milieux,
nisation et de mise en cohérence, à l’échelle sites et paysages, réduction des nuisances
du bassin de vie, du projet politique et urbain sonores, sauvegarde du patrimoine, etc.).
défini par les élus. Par rapport au schéma Le schéma de cohérence territoriale, ayant
directeur, le s c o t poursuit des objectifs plus rm objet plus large que le schéma directeur,
larges, puisqu’il incorpore, dans le schéma prend en compte notamment les politiques
d’aménagement de l ’espace, les préoccupa de logement, de transports et d’équipement
tions sociales, économiques et environnemen commercial. Il fixe les orientations fonda
tales. La notion de projet, apparue en pleine mentales de l’aménagement des territoires
lumière dans les années 1990, qui sous-tend la intéressés. A cette fin :
loi s r u , implique que le s c o t fixe les moyens — il commence par exposer le diagnostic
de mettre en œuvre ce projet à l’échelle d’une résultant des prévisions économiques et démo
agglomération, d’une aire urbaine ou d’une graphiques et des besoins de développement
région urbaine, comme le plan local d’urba économique, d’aménagement de l’espace,
nisme ( p l u ) doit le faire à une échelle généra d’environnement, d’équilibre social de l’habi
lement communale. Par ailleurs, pour donner tat, de transports, d’équipements et de services ;
au s c o t une légitim ité qu’avait perdue le — il précise le projet d’aménagement et de
schéma directeur, et pour permettre de développement durable (padd) retenu, qui
débattre du projet politique et urbain et pour fixe les objectifs des politiques publiques
mieux affirmer sa valeur juridique, le s c o t est d’urbanisme en matière d’habitat, de dévelop
soumis à enquête publique, ce qui n ’était pas pement économique, de loisirs, de déplace
le cas de son devancier. Le ministère de ments des personnes et des marchandises, de
l’Équipement, suivant les avis de nombreux stationnement des véhicules et de régulation
spécialistes et de la majorité des élus, a pro du trafic automobile ;
posé de substituer le s c o t au schéma directeur —: il fixe les orientations générales de
plutôt que d’adapter ce dernier parce que l’organisation de l’espace et de la restructura
celui-ci était largement déconsidéré auprès tion des espaces urbanisés, détermine les équi
des élus (qui l ’avaient placé de fait en quasi- libres entre les espaces urbains et à urbaniser et
déshérence), parce qu’il avait mal intégré les les espaces naturels et agricoles ou forestiers
nouvelles préoccupations apparues depuis sa et apprécie les incidences prévisibles de ces
création par la loi du 30 décembre 1967 (envi orientations sur l’environnement ;
ronnement, habitat, transports) et parce que sa — il définit les objectifs en matière d ’équi
lourde procédure était jugée décourageante. libre social de l’habitat et de construction de
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE
m
logements sociaux, d ’équilibre entre l’urbani scot; s’il ne le recouvre que partiellement; Ml
sation et la création de dessertes en transports périmètre du scot est élargi à toute la commtW
collectifs, d’équipement commercial et artisa nauté, sauf refus de celle-ci formulé dans les siitt
nal, de protection des paysages (notamment mois. Le périmètre doit être d’un seul tenanti0(|
les entrées de villes) et de prévention des sans enclave et ne pas découper celui des EPCI
risques ; existants. Il tient compte des périmètres de#
— il détermine les espaces et les sites natu groupements de communes, des agglomérai
rels ou urbains à protéger ; fions nouvelles, des pays, des parcs naturels]
— il peut définir les grands projets d’équi des autres scot, des plh, des pdu, des schémas |
pements et de services et de transports : l’urba de développement commercial, des charté#
nisation peut être subordonnée à la création de intercommunales, des aires de d ép lacem en t
dessertes en transports collectifs et à l’utilisa urbains et de la zone de chalandise des com
tion préalable des terrains situés en zone urba merces. Il est arrêté par le préfet sur proposition
nisée et desservies par les équipements ; des communes ou de I’epci compétent selon!!#
— il peut être complété, en certaines de ses règle classique de la double majorité (la moitié
parties, par des schémas de secteurs qui en des communes représentant les deux tiers de là
détaillent et précisent le contenu. population ou les deux tiers des commune#
Les schém as de cohérence territoriale représentant la moitié de la population), le tiers!
prennent en cçmpte les programmes d ’équi des communes non membres de I’epci devant!
pement de l ’État, des collectivités territo figurer dans cette majorité. Le périmètre de*
riales et des établissem ents et services I’epci chargé d’élaborer le scot, et dans ce easi
publics : on notera que cette formulation est également celui du scot, peut être étendu à une
vague et place sur le même plan les projets ou plusieurs communes (ou à un ou plusieurs'
de l ’État et ceux des collectivités locales et autres epci). À l’inverse, si une commune ou un
qu’elle ne mentionne même pas les direc epci se retire de I’epci chargé d’élaborer le scot}>
tives territoriales d ’aménagement. Les pro le périmètre de celui-ci est réduit en consé
grammes locaux de l ’habitat (plh), les plans quence. ci
de déplacements urbains (pdu), les schémas Les services de l’État sont associés à l’éla-'
de développem ent com m ercial, les plans boration du scot. Les présidents du conseil!,
locaux d’urbanisme (plu) appelés à rempla régional, du conseil général, des établisse-!
cer les plans d ’occupation des sols (pos), les ments publics concernés, des epci voisins*
plans de sauvegarde et de m ise en valeur compétents en matière d ’urbanisme et les
( psmv), les cartes communales, les opéra maires des communes voisines peuvent'
tions foncières et les opérations d ’aménage demander à être consultés. Le président dé
ment doivent être compatibles avec les scot I’epci chargé d’élaborer le scot peut égale
et avec les schémas de secteur qui peuvent ment recueillir l ’avis de tout organisme ou
les compléter et les préciser pour certains association compétent, y compris des collecti
secteurs du territoire concerné. Les chartes vités locales des États limitrophes. Le préfet
de pays peuvent tenir lieu de scot si elles en porte à la connaissance de I’epci les informa
reprennent les dispositions et si elles ont été tions qui doivent être prises en considération
soumises à enquête publique. par le scot et lui fournit les données dont dis
pose l ’État. L’epci organise la concertation
Le schéma de cohérence territoriale est éla avec le public. Un débat sur les orientations’
boré à l’initiative des communes ou de leurs générales du projet d ’aménagement et
groupements compétents par un établissement de développem ent est organisé au sein dé
public de coopération intercommunale ou par l ’organe délibérant de I’epci au plus tard!
un syndicat mixte. Celui-ci précise les modali quatre mois avant l’examen du schéma direc-:
tés de concertation et est en outre chargé de son teur (cette disposition permet de clairement
approbation, de son suivi et de sa révision. La mettre en évidence les orientations du projet*
loi du 2 janvier 2002 prévoit que, si le périmètre en fonction desquelles le scot va être établi).
du scot recouvre celui d ’une communauté Une fois arrêté par délibération de l ’établis
urbaine, d’une communauté d’agglomération sement public, le projet de schéma est soumis
ou d’une communauté de communes, un epci à l ’avis des communes et de leurs groupe
unique est chargé de la communauté et du ments, du préfet, de la région, du départe-
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE
703
1. D é t e r m in a t io n d u p é r im è t r e d u scot
7. 7. Proposition des c o m m u n e s
Les communes (ou I'epci compétent) proposent un projet de périmètre à la double majorité (deux tiers des
communes représentant la moitié de la population ou la moitié des communes représentant les deux tiers de la
population), dont au moins un tiers des communes non membres d'un epci compétent. Ce périmètre doit être
d'un seul tenant et sans enclave et ne pas découper celui des epci existants.
3 . 7, A rrê té du p ro je t de scot
L’organe délibérant de l'organisme chargé de son élaboration arrête le projet de s c o t .
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE 7<Ü
4. Approbation et exécution du s c o t
4 . 1. A p p ro b a tio n du scot
L organe délibérant de I'epci approuve le s c o t , éventuellement modifié, notamment pour tenir compte des
observations émises par le public et des avis des communes, du préfet et des personnes publiques concer
nées (à condition que ces modifications soient compatibles avec l'économie générale du projet).
ment, des organismes consulaires et, le cas urbanisation et espaces naturels et agricoles,
échéant (si le scot prévoit la création d’unités logement, notamment logement social,
touristiques nouvelles) du comité de massif, implantations commerciales, transports, envi
des communes voisines et des epci compé ronnement, etc.) ; il comporte des documents
tents voisins. Les associations agréées sont graphiques (plans et tableaux) qui ont une
consultées à leur demande. Si, en dehors du valeur juridique.
cas des groupements de communes à fiscalité Le scot ne comporte pas de carte générale
propre, une commune (ou un groupement de de destination des sols, ce qui le distingue du
communes), membre de I’epci qui élabore le schéma directeur, auquel il succède, et de tous
scot, estime ses intérêts essentiels compromis les documents d’urbanisme antérieurs. Cette
par le projet, elle peut, dans un délai de trois absence est justifiée par le respect du principe
mois, saisir le préfet des modifications qu’elle de subsidiarité : le scot doit laisser les com
demande ; si la commune n’obtient pas satis munes libres dans l ’élaboration de leur plan
faction, elle peut décider de se retirer. local d’urbanisme (ou de leur carte commu
Le projet, auquel sont annexés les avis des nale). Le scot peut cependant identifier des
communes et des epci et ceux des autres per éléments précis, par exemple une forêt ou une
sonnes publiques concernées (ainsi que, le vallée à protéger. C’est dans le même esprit
cas échéant, la délibération motivée de la que l ’on considère que la compatibilité des
commune qui a fait usage de la possibilité plu , des cartes communales, des opérations
précédente et l’avis du préfet), est soumis à d’aménagement, des pdu, des plh, etc., doit
enquête publique. À l ’issue de l ’enquête s ’entendre «dans l ’esprit du scot » et non
publique, le schéma, éventuellement modifié, «au pied de la lettre». On peut cependant se
notamment pour tenir compte des observa demander si Cétte absence de carte générale et
tions émises par le public et des avis des com cette flexibilité de l’exigence de compatibilité
munes, du préfet et des personnes publiques ne risque pas de réduire l’influence des scot
concernées (à condition que ces modifications et de laisser les communes maîtresses de leurs
soient compatibles avec l’économie générale options spatiales (et autres) au détriment de la
du projet), est approuvé par l’organe délibé cohérence et de la solidarité intercommunale.
rant de l ’établissement public. Il est transmis
au préfet, à la région, au département et aux La révision du scot s ’effectue selon la
organismes qui orit été associés à son élabora même procédure que son élaboration. Àu plus
tion. Il est exécutoire deux mois après cette tard tous les dix ans, l’établissement public qui
transmission, sauf si le préfet demande des l’a établi procède à une analyse des résultats
modifications pour le rendre conforme à la de l’application du schéma pour décider de
directive territoriale d’aménagement ou aux son maintien en vigueur pu de sa révision
dispositions particulières concernant la mon complète ou partielle. Faute de Cette délibéra
tagne ou le littoral ou aux principes généraux tion, il devient caduc. La loi Urbanisme et
de la politique d’aménagement : dans ce cas, habitat du 2 juillet 2003 a ajouté une procédure
il est exécutoire après publication et transmis de modification, plus légère que celle de révi
sion des modifications demandées. Il est tenu sion, mais comportant une enquête publique,
à la disposition du public. comme celle qui existe pour les plans locaux
d’urbanisme, qui est adaptée au cas où il faut
Le contenu des scot n ’est exposé dans la adapter le scot sans porter atteinte à l’écono
loi que de façon indirecte. En pratique, un mie générale du padd. Le projet de modifica
scot comporte : tion est notifié, avant l’ouverture de l’enquête
— un rapport de présentation, qui présente publique, au préfet, aux présidents des conseils
le diagnostic de l ’environnement et des besoins régional et général et aux organismes associés
de développement ; à l’élaboration du SCOT. En outre, si la modifi
— le projet d’aménagement et de dévelop cation est nécessitée par un projet nouveau
pement durable (padd), qui exprime les objec qui suppose aussi une modification du plu,
tifs stratégiques retenus ; l’enquête publique peut être conjointe pour la
— un document d’orientation, qui précise modification des deux documents. Lorsqu’une
les orientations d’aménagement permettant déclaration d’utilité publique, un document
la mise en œuvre du padd (équilibres entre d’urbanisme, un plh, un pdu ou une opération
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE
plus tard jusqu’à l’expiration du délai de trois territoire à dominante périurbain), et 16% à
ans prévu antérieurement en pareil cas. Enfin, un territoire à dominante rurale.
une commune pouvait, jusqu’au 1er janvier
2002, demander à être exclue du périmètre Il est délicat de porter un jugement sur le
d ’un schéma directeur approuvé pour remplacement des schémas directeurs par les
rejoindre celui d’un scot si ce transfert pou schémas de cohérence territoriale. Beaucoup
vait lui assurer une meilleure cohérence spa de procédures d’élaboration des scot (les pre
tiale et économique et qu’il n’entraînait pas de miers « nouveaux » scot ont été approuvés fin
rupture de continuité territoriale pour le 2004) n’ont pas encore abouti et des révisions
schéma directeur qu’elle quittait : la décision de schémas directeurs dans le régime juridique
était prise par le préfet après avis de l ’organe des scot sont encore en cours. Au 1er janvier
chargé de l’élaboration du schéma directeur. 2009,82 scot avaient été approuvés, 23 étaient
L’organisme chargé d’élaborer le scot est en cours d’approbation (projet arrêté), 167 en
variable. Au 1erjanvier 2007, il s’agissait dans cours d’élaboration (après délibération sur les
la majorité des cas (58 %) d’un syndicat mixte objectifs et définition des modalités de concer
(55 %) ou intercommunal (3%), dans 31 % des tation), 61 étaient en projet (périmètre arrêté et/
cas d’une communauté de commîmes (21 %), ou établissement public créé). En outre,
d’agglomération (10% ) ou d ’une commu 56 schémas directeurs étaient encore en
nauté urbaine (un seul cas, celui de l ’agglomé vigueur. Le ministère de l’Équipement fait état
ration lyonnaise), tandis que pour 11 % des de l’intérêt suscité par le scot auprès des col
scot, l’établissement public n’était pas encore lectivités locales et estime qu’il y avait une
désigné. véritable attente en ce sens. L’état publié par le
La zone couverte par Un scot est très ministère conduit à un résultat plus nuancé,
variable, tant en nombre de communes (de puisque, si tous les scot dont le périmètre a été
3 pour un scot à la Réunion à 192 pour celui arrêté ou est en cours de définition étaient
du mont Saint-Michel) qu’en population (de menés jusqu’à leur approbation et tous les
1 635 habitants pour celui de la montagne du schémas directeurs ayant valeur de scot étaient
Haut-Languedoc à 1,25 million dans le cas de révisés dans le délai de dix ans (hypothèse très
l ’agglomération lyonnaise). Les périmètres optimiste, puisque celui-ci sera atteint en
des scot font d ’ailleurs apparaître une adé 2011), les scot concerneraient environ deux
quation partielle avec ceux des autres outils de cinquièmes du territoire, près de la moitié des
planification qui doivent être compatibles commîmes et les deux tiers de la population
avec eux, comme avec les autres découpages (contre respectivement 14 %, 19% et 38 %
d’échelle comparable (pays, aires urbaines de pour les schémas directeurs). Mais les scot
I’insee). A u l erjanvier 2007, si 78 % des com approuvés au 1er janvier 2009 ne couvrent
munes dotées d’un plh étaient situées dans le encore que 48 204 km2 (moins de 9% ),
périmètre d’un scot, 43 % du territoire des 3 563 communes (moins de 10%) et 10,5 mil
scot n ’étaient pas dans celui d’un plh . De lions d’habitants (16% ) et, même en prenant
même, si 137 scot correspondaient à un pdu en compte les schémas directeurs encore en
et 25 à deux pdu, 127 ne correspondaient à vigueur, ces pourcentages ne s’élèvent respec
aucun pdu (il est vrai facultatif dans les agglo tivement qu’à 12%, 14% et 22%. Certes, on
mérations de moins de 100 000 habitants). Si peut espérer que les schémas qui n’aboutiront
177 pays (la moitié) étaient concernés par un pas seront compensés par des scot dont le péri
ou plusieurs scot, seuls 77 (22 %) avaient le mètre sera défini plus tard.
même périmètre qu’un scot. De même, 8 pnr Il est clair que l’appréciation du bien-fondé
correspondaient au périmètre d’un scot, mais du passage des schémas directeurs aux sché
pas les 38 autres, qui étaient concernés par un mas de cohérence territoriale ne peut se limi
(10 d’entre eux), par deux (9) ou plus de deux ter à l’aspect quantifié. Le succès sera réel si :
(19) scot. Enfin, les périmètres des scot, — la cohérence entre la politique d’aména
comparés au découpage des aires urbaines de gement spatial et les politiques sectorielles
I’insee, sont dans des cas de figure très divers : (logement, et en particulier logement social et
40 % correspondaient à une aire urbaine ou à mixité de l’habitat ; transports et en particulier
un territoire plus vaste, 44 % à des territoires limitation de la circulation automobile ; équi
inférieurs à une aire urbaine (dont 16 % à un pement commercial ; environnement, et en par
SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT DE L'ESPACE COMMUNAUTAIRE 708;.
une partie seulement du territoire couvert par majorité, il fallait une approbation par décret
le schéma directeur et qui avaient pour objet en Conseil d’État.
d’en détailler et d’en préciser le contenu. Les Malgré l’extrême simplicité de cette procé
schémas de secteur, qui subsistent dans le dure qui se déroulait localement et sauvegardait
cadre des scot, devaient être établis dans le les intérêts communaux sans arroger de pou
cadre des orientations fixées par le schéma voir de veto à une commune, peu de schémas
directeur. avaient été établis, et cela pour de multiples
Le dossier du schéma directeur comprenait : raisons, parmi lesquelles le faible intérêt porté
— un document graphique, généralement aux problèmes intercommunaux, tant par les
au 1/10 000 ou 1/25 000 selon l’étendue du communes que par l’État, a beaucoup compté.
territoire concerné, qui localisait les espaces Il n ’y avait pas, à proprement parler, de révi
urbains à réaménager ou restructurer, les espaces sion du schéma directeur. La procédure était
à urbaniser, les espaces naturels à protéger, les en effet la même que celle de l’élaboration. Il
grands équipements de superstructure et d’infra s’agissait donc, en fait, d’un nouveau schéma
structure ; directeur et, depuis la loi sru, d’un scot.
— un rapport de présentation qui exposait Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 7 jan
les hypothèses sur lesquelles se fondait le vier 1983, toute modification de schéma direc
schéma : il en expliquait et justifiait les choix teur approuvé, antérieurement ou non à cette
d’aménagements arrêtés ; loi, devait suivre la nouvelle procédure d ’éla
— des annexes variées, selon la nature et la boration décentralisée. L’extrême lourdeur de
difficulté des problèmes qui se présentaient cette procédure a pratiquement paralysé toute
dans le territoire considéré. évolution, même la plus minime, des schémas
L ’élaboration du schéma directeur avait été directeurs. Pour ces raisons, le législateur, sur
redéfinie par la loi du 7 janvier 1983 (procé proposition du gouvernement, a admis, dans
dure décentralisée). Toutefois, la procédure la loi du 16 juillet 1985, qu’une autre procé
antérieure demeurait en vigueur pour les sché dure pourrait être utilisée pour modifier un
mas directeurs dont l’élaboration est rendue schéma directeur approuvé dans les cas où cer
nécessaire pour des raisons d’intérêt supérieur taines dispositions d’un pos, sans remettre en
à celui du territoire concerné ou lorsque l’éla cause les intérêts de l’ensemble des communes
boration d’un schéma directeur, prescrite par concernées, contenaient des dispositions sus
l’État - comme la loi du 7 juillet 1983 lui en ceptibles d’être incompatibles avec ledit
maintenait la compétence - , n ’avait pas été schéma. Cette procédure nouvelle permettait
menée à son terme (approbation) dans un délai de surmonter quelques-uns des obstacles
de deux ans. résultant de la procédure décentralisée. Elle
La procédure décentralisée était conduite était déclenchée par la commune, mais son
par la commune ou par un syndicat, spécia déroulement était entre les mains du préfet.
lement créé à cet effet, quand le territoire Ainsi, deux ans après la loi du 7 janvier 1983,
couvert par le schéma comprenait plusieurs il a fallu revenir à une procédure réintroduisant
communes. l ’administration de l ’État pour ménager une
Dans la production antérieure à la décen certaine évolutivité dans l’aménagement.
tralisation, le préfet délimitait le périmètre du En fait, la procédure du schéma directeur a
schéma après avis des communes. Il créait connu une crise. Malgré son intérêt pour per
une com m ission locale d ’aménagement et mettre une vision prospective de l’urbanisme à
d’urbanisme, composée d’élus désignés par l ’échelle de bassins d’emploi ou de vie, il était
les conseils municipaux et de représentants de presque tombé en déshérence, surtout depuis
l’administration, à laquelle étaient associés la décentralisation. 187 schémas directeurs
des représentants des chambres consulaires. avaient été approuvés à cette date ; 23 seule
La commission élaborait le schéma. Une fois ment l’ont été depuis. Ils couvraient 19% des
établi, le projet de schéma était soumis, après communes (14 % du territoire de la métropole)
avis des administrations concernées, à la déli et concernent 3 8 % de la population. 265 autres
bération des conseils municipaux, puis il était ont été délimités, mais 225 sont restés sans
approuvé par arrêté du préfet et, dans certains suite (il en restait donc une quarantaine en
cas, par décret. Si certaines communes fai cours d’étude). La plupart (132 sur 187) des
saient opposition, selon certaines règles de schémas directeurs antérieurs à la décentralisa
SCHÉMA DIRECTEUR D'AMÉNAGEMENT E T D'URBANISME
tion ont été mis en révision, mais 35 révisions zones fragiles (littoral, montagne). Le gouveftf ;
seulement avaient abouti fin 1998 et la plupart nement s’est orienté vers une autre solution il ;
n’ont jamais abouti. Encore beaucoup ont-ils remplacer le schéma directeur par un schéirifc!
été élaborés après les pos, prenant en compte de cohérence territoriale de portée plus larges
a posteriori leurs dispositions, ce qui est et, pour inciter les communes et leurs groupa**
contraire à l’esprit de la loi de 1967 et au bon ments à l ’élaborer, rendre très difficile*
sens, puisque les pos devraient être des instru l ’ouverture à l ’urbanisation des zones d’urb#*;;
ments de mise en œuvre de la politique définie nisation future (au) en son absence. >! |l!
par les schémas directeurs. La procédure de La loi Solidarité et renouvellement urbains p
révision, très lourde, a conduit au maintien en du 13 décembre 2000 a prévu des modalité*";;
vigueur, et souvent au non-respect, de schémas transitoires pour le passage du schéma direct
directeurs anciens, par exemple établis avant teur au schéma de cohérence territoriale (scotM
la crise du pétrole. qui est appelé à le remplacer. Au 1er janvieftjj
Il faut ajouter que les préfets n’ont fait que 2009,56 schémas directeurs, qui ont été révisé!11
rarement usage du droit, que les lois de avant le 1er janvier 2003 ou qui ont étw!
décentralisation leur accordaient, de prescrire approuvés avant le 1er avril 2002, demeuraient ' 1
l’élaboration d’un schéma directeur ou, en en vigueur avec le statut juridique des scoTJ i|;
cas de carence des communes, de se substi 82 scot avaient été approuvés, 190 étaient !
tuer à elles. Il y a eu de la part de l ’État une des stades variables d’élaboration et 61 en prô*.»
véritable démission. Pour leur part, les com jet (périmètre arrêté ou epci créé). Il est très ,
munes n’ont manifesté aucun empressement, probable que l’objectif de remplacer tous le*!:'
surtout depuis la décentralisation, pour éla schémas directeurs par des scot dans le délai ",
borer des documents qui n’étaient plus obli de dix ans après la publication de la loi sru sera |i|
gatoires dans les agglomérations de plus de loin d’être atteint : près de 40 environ, soit un
10 000 habitants et qui ne leur apportaient ancien schéma directeur sur cinq, ne devraient
que des contraintes. L’égoïsme municipal et pas être parvenus au stade de l’approbation. <î, i,
l’absence de vision prospective et à grande A. G. et P. tvï.’ 'H
échelle l’ont systématiquement emporté.
Le Conseil d ’État s’est ému de cette situa -* Approbation; Directive territoriale d'aménagement ( d t a )J ij
tion. Le rapport Labetoulle a proposé en 1992 Documents d'urbanism e; Livre blanc; Opposabilité aux j
tiers; Plan d'occupation des sols ( pos ) ; Planification urbaine >1; j
(Pour un droit de l ’urbanisme plus efficace) en France (historique); Prescriptions d'aménagem ent iU3
d'urbanism e; Publication; Schéma de cohérence territorial?. , ]
de substituer au schéma directeur des direc (SCOT). ’ t i il
tives territoriales d’aménagement, à échelle
départementale, voire régionale, établies par
l ’Etat et opposables aux documents d ’urba SCHÉMA DIRECTEUR D'AMÉNAGEMENT /
nisme. Le gouvernement a préféré retenir, ET D'URBANISME -* Schéma directeur; ■
dans le cadre de la loi d ’orientation pour Schéma régional d'aménagement
l’aménagement et le développement du terri et d'urbanisme
toire du 4 février 1995, l ’élaboration par
l ’État de directives territoriales d’aménage
ment (dta), auxquelles les documents d ’urba SCHÉMA DIRECTEUR DE LA RÉGION
nisme devront se conformer. 7 dta ont été ILE-DE-FRANCE (SDRIF) - Grand Paris;
prescrites et 6 ont été approuvées: A lpes- Schéma régional d'aménagement
Maritimes (2003), bassins miniers lorrains et d'urbanisme
(2005), estuaire de la Seine (2006), estuaire
de la Éoire (2006), aire métropolitaine lyon
naise (2007), Bouches-du-Rhône (2007). SCHÉMA NATIONAL D'AMÉNAGEMENT
Seule celle des Alpes du Nord est encore en ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
cours d ’élaboration en 2010 (un projet a été
rendu public en 2009). Document dont l’élaboration a été prescrite
Quel que soit le rôle que joueront ces direc par la loi d’orientation pour l’aménagement
tives, une option était de rendre les schémas et le développement du territoire du 4 février
directeurs obligatoires dans les aggloméra 1995, dite loi Pasqua.
tions de plus de 100 000 habitants et dans les Ce schéma devait :
711 SCHÉMA RÉGIONAL D'AM ÉNAGEM ENT E T D'URBANISME
— établir les principes des grandes infra 2002. Seuls neuf schémas régionaux étaient
structures de transport, des grands équipements approuvés fin 2009 et huit autres étaient en
et des services collectifs d’intérêt national ; cours d’élaboration.
— déterminer la manière dont les poli P. M.
tiques de développement économique, social,
culturel, sportif, d’éducation de formation, de - » Aménagement du territoire ; Directives territoriales d'aména
gem ent; Grands aménagements régionaux; Schéma régio
protection de l’environnement, du logement nal d'aménagement et d'urbanisme.
et d’amélioration du cadre de vie concourent
à la réalisation de ces orientations et à la mise
en œuvre de ces principes ; SCHÉMA RÉGIONAL D'AMÉNAGEMENT
— proposer une organisation du territoire ET D'URBANISME
fondée sur les notions de bassins de vie,
organisés en pays, et de réseaux de villes ; Document fixant, à travers un rapport et
— tenir compte des solidarités interdépar des cartes, les orientations, spatialisées, de la
tementales, interrégionales et européennes, politique à long terme d ’aménagement et
ainsi que des spécificités et des handicaps de d ’urbanisme d ’une région urbaine (zones
chaque territoire ; d’urbanisation, secteurs à préserver, implanta
— énoncer les principes en matière de tion des activités, projets d’infrastructures et
logement, d’implantation des administrations de grands équipements, etc.).
et de localisation des investissements publics. En France, cette nécessité était apparue dès
Les contrats de plan État-région devaient l’entre-deux-guerres. Une loi du 14 mai 1932
tenir compte de ses orientations. Celles-ci avait prescrit l’élaboration d’un Projet d’aména
devaient être précisées par des schémas secto gement de la région parisienne pour coordonner
riels approuvés par décret, en particulier pour les plans d’aménagement, d’embellissement et
l ’enseignement supérieur, la recherche, les d’extension des communes. Le parp, dit plan
équipements culturels, les infrastructures de Prost du nom de son auteur principal, fut rendu
transport et les télécommunications. Enfin, public le 14 mai 1934 et approuvé en deux
des schémas régionaux devaient être établis, temps, en 1939 et 1941, après enquête publique,
en cohérence avec le schéma national et les devenant ainsi opposable aux tiers (il le resta
schémas sectoriels. jusqu’à son abrogation en 1976), ce qui n’est
Ce schéma national devait être soumis pour sans doute pas la vocation d’un plan régional.
avis aux régions, aux départements et aux Un décret-loi de 1935 prescrivit des plans simi
principales organisations représentatives des laires pour les autres grandes agglomérations,
communes. Il devait être approuvé par le Par mais demeura sans effet.
lement par une loi. Il devait être évalué et Les tentatives de révision du plan Prost
réexaminé tous les cinq ans selon la même après la deuxième guerre mondiale n ’ayant
procédure. Les contrats de plan État-région pas abouti, un plan intérimaire, le Plan d’amé
devaient tenir compte des orientations qu’il nagement et d’organisation de la région pari
arrête, qui peuvent être précisées par des sché sienne (padog) fut approuvé en 1960 sans
mas sectoriels établis par décret, en particulier avoir été soumis à enquête publique. Peu
pour l’enseignement supérieur, la recherche, après, un établissement public du district de la
les équipements culturels, les infrastructures région de Paris ayant été créé par une loi du
de transport et les télécommunications. 2 août 1961, son délégué général, Paul
Le schéma national n’a jamais été achevé. Delouvrier, fit préparer un schéma directeur
Seul un avant-projet, au reste très vague, a d ’aménagement et d’urbanisme de la région
été présenté au ciat d ’Auch en avril 1997. de Paris, rendu public en 1965. Pour éviter
Les schémas sectoriels n ’ont pas davantage que ce dernier document n ’apparût comme
abouti. La loi Voynet du 25 juin 1999 a favorisant la croissance de la capitale, le
prévu la suppression du schéma national. comité interministériel d’aménagement du ter
Elle a maintenu les schémas régionaux et a ritoire du 24 février 1966 a créé les Organisa
remplacé les schémas sectoriels par des sché tions d ’études d ’aire métropolitaine pour
mas de services collectifs, en en ajoutant les principales régions de province et prescrit
deux (énergie et espaces naturels et ruraux), la préparation de schémas directeurs pour
qui ont été approuvés par décret le 18 avril ces aires métropolitaines. Il semble cepen
SCHÉMA RÉGIONAL D'AMÉNAGEMENT E T D'URBANISME 71$
dant préférable d’appeler ceux-ci « schémas a été décidée le 19 juillet 1990. En fait,
régionaux », pour éviter une confusion avec le processus de révision était déjà amorcé
les sdau, institués par la loi d’orientation fon depuis les élections régionales de 1986. La
cière du 30 décembre 1967, qui ne concernent région avait élaboré plusieurs documents
qu’un périmètre intercommunal plus limité. préparatoires, auxquels «répondirent» des
Ces schémas régionaux avaient un caractère documents de la dre. La région revendiquait/
de document prospectif fixant les enveloppes en effet qu’une modification législative lui;
quantitatives et les grands principes d’aména rendît la responsabilité du sdrif. Le Premier
gement et constituant le cadre dans lequel ministre, en 1989, fit préparer un Livre blanc
devaient s’inscrire les plans intercommunaux (janvier 1990) par une équipe conjointe de
et communaux. spécialistes de la dre, de la région et de la
ville de Paris. M ais, peu après, le travail
Le schéma directeur d ’aménagement et conjoint cessa et la dre publia successivement1
d ’urbanisme de la région de Paris a reçu une esquisse, un avant-projet, puis un projet
a posteriori un cadre législatif grâce à la loi (octobre 1992)v tandis que la région publiait
du 30 décembre 1967. Pris en considération une charte de l’île-de-France sans portée juri
par le gouvernement avant même d ’être dique. Le projet de schéma directeur, dans une-
rendu public, il n’a été approuvé par décret atmosphère marquée par la préparation des
que le 1er juillet 1976, après deux révisions élections législatives, reçut un avis défavo
en 1969 et en 1975. Une nouvelle tentative de rable du conseil régional et des huit conseils
révision en 1980 n ’est pas allée à son terme. généraux. Le gouvernement décida, début
Ce schéma directeur régional a exercé une 1993, de le modifier pour prendre en compte
influence importante : il a notamment été à une partie des critiques émises. Cette tâche,1
l’origine des villes nouvelles et le véritable poursuivie par son successeur, conduisit à
point de départ de la réalisation du réseau î ’approbation d ’une version modifiée, sans
express régional (rer). Certains de ses homo nouvelle consultation du conseil régional et
logues de province ont également été à l’ori des conseils généraux - ce qui suscita de nom
gine de villes nouvelles (Lille-Est dans le breuses protestations - par décret en Conseil -
Nord, Le Vaudreuil en Basse-Seine, L’Isle- d’État le 26 avril 1994.
d’Abeau près de Lyon et les rives de l’étang Ce long processus ne pouvait aboutir qu’à
de Berre entre Marseille et Fos-sur-Mer). un document de compromis, sans options
Le régime juridique du schéma directeur de marquées, que ne souhaitaient pas la plupart
la région Île-de-France (sdrif) a été confirmé des élus. Il est significatif d’observer que, du
par la loi du 7 janvier 1983 qui lui confère les plan Prost au nouveau schéma directeur régio
effets d’une prescription particulière d ’amé nal, les documents graphiques, comme les
nagement et d ’urbanisme. La loi prévoyait, options, aient été de plus en plus vagues. Le
compte tenu du caractère particulier de cette nouveau sdrif propose notamment une orga
région, que son schéma directeur régional fût nisation multipolaire de la région, avec cinq
élaboré sous la responsabilité du préfet de «pôles d ’envergure européenne»: Paris, La
région, sous la direction du directeur régional D éfense, Roissy, M am e-la-Vallée, M assy-
de l ’équipement (dre), avec la participation Saclay-Orly. On pouvait craindre que, derrière
de représentants du conseil régional, du cette apparente symétrie, le mouvement des
comité consultatif économique et social et des activités tertiaires vers l’ouest ne se perpétue,
préfets des départements. Il est approuvé par aggravant le déséquilibre est-ouest de la
décret simple ou par décret en Conseil d’Etat région et que le radioconcentrisme, qu’avait
lorsque le conseil régional ou des conseils tenté de rompre le schéma directeur de 1965-
généraux représentant plus du quart de la 1976, ne reprenne.
population régionale ont émis un avis défavo La loi d’orientation pour l’aménagement et
rable. Le Conseil d’État a confirmé que la le développement du territoire du 4 février
portée normative du sdrif s ’applique aux 1995 a prévu que, désormais, l ’élaboration
options fondamentales et aux objectifs essen et la révision du schéma directeur de la région
tiels et que les pos (et donc les plu) devaient Île-de-France seraient de la responsabilité
être compatibles avec le sdrif. de la région en association avec l ’État, en
La révision générale du sdrif de 1965-1976 recueillant l’avis des conseils généraux, du
713 SCHÉMA RÉGIONAL D'AMÉNAGEMENT E T D'URBANISME
conseil économique et social régional et des que le projet de la région souhaitait voir limi
chambres consulaires. Le schéma, qui a valeur ter au maximum.
de directive territoriale d ’aménagement, doit Le président Sarkozy a nommé en 2007 un
toujours être approuvé par décret en Conseil secrétaire d’État au Développement de la
d’Etat. La loi Voynet du 25 juin 1999 a précisé région capitale (Christian Blanc) et évoqué
que, lors d’une révision ultérieure, le sdrif un « Grand Paris » qui pourrait constituer ou
devrait maîtriser la croissance urbaine et non une nouvelle collectivité territoriale et,
démographique et l ’utilisation de l’espace, en tout cas, devenir l’échelle privilégiée de
tout en garantissant le rayonnement internatio planification de la métropole parisienne.
nal de la région. Il devrait définir les moyens à Parallèlement, il a consulté une dizaine
mettre en œuvre pour réduire les disparités d’équipes d’architectes, chargées d ’émettre
internes à la région et assurer les conditions des propositions d’aménagement. Le 29 avril
d’un développement durable. 2009, iî a présenté ces propositions et celles
Il était prévu que le sdrif de 1994 fût de Christian Blanc. C elles-ci comportent
révisé à mi-parcours (en 2003) pour tenir notamment la réalisation d’un métro souter
compte des évolutions constatées depuis son rain rapide de rocade («Grand H u it») de
élaboration. Des études préalables en ce sens 130 km à 20 km environ du centre de Paris
ont été entreprises en 2002 à l’initiative de la (coût estimé : 22 milliards d’€) et la concen
région. Mais il était clair qu’une révision ne tration des activités de recherche et des entre
serait sérieusement mise en chantier qu’après prises innovantes sur le plateau de Saclay (et
les élections régionales de 2004. Celles-ci accessoirement dans une dizaine d ’autres
passées, on s’est orienté vers une révision en pôles, situés en majorité le long du nouveau
profondeur plus que vers une simple mise à métro). L’État prendrait en main, à travers
jour. une Société du Grand Paris, dans le cadre de
La révision du sdrif de 1994 a été entre contrats avec les collectivités locales, l’amé
prise par le conseil régional en 2004, l’Institut nagement autour des stations de celui-ci,
d’aménagement et d’urbanisme de la région espérant créer de nombreux emplois et récu
Île-de-France (iaurif) étant chargé des études pérer, grâce à la plus-value prise par les ter
nécessaires. Cette élaboration du projet de rains, le coût de ces aménagements. Ces
sdrif a été menée à travers une large concerta propositions ont fait l ’objet de v iv es cri
tion qui, dans le cadre d’ateliers thématiques tiques. Malgré celles-ci, et sans qu’il y ait eu
et d’ateliers territoriaux, a associé techniciens, un dialogue avec la région, le gouvernement
élus, représentants des milieux économiques a fait voter la loi du 3 juin 2010 qui prévoit
et des associations. Ce travail de concertation le «Grand Huit» et crée la Société du Grand
a permis d’atteindre un relatif consensus. Le Paris.
président du conseil régional avait annoncé,
ayant sa réélection, son intention de faire de La loi du 7 janvier 1983 disposait égale
l ’île-de-France la «première éco-région ment que la Corse fût dotée d ’un schéma
d’Europe ». Si cette expression est sans doute d ’aménagement régional ( sar) que devait
excessive, le projet, adopté par le conseil élaborer le conseil régional. Il ne l’a pas été,
régional le 16 février 2007, est marqué par les mais seulement un Livre blanc (1990) pré
choix écologiques, considérés comme une paré par les services de l ’État. Un schéma
condition de l’amélioration des conditions de d ’aménagement régional était égalem ent
vie dans la région et, par voie de conséquence, prévu dans les dom . Ils ont été approuvés
de son attractivité et de sa compétitivité éco pour la Réunion, la Martinique, la Guyane et
nomique. Cependant, l’État a refusé de sou îa Guadeloupe entre 1996 et 2006, donc au
mettre ce projet, malgré la négociation de terme d’un très long délai qui laisse mal
quelques modifications (approuvées par le augurer de leur application.
Conseil régional le 25 septembre 2008), à
approbation par décret en Conseil d’État. Les La loi d’orientation pour l’aménagement et
différends portaient notamment sur les pers le développement du territoire du 4 février
pectives de développement économique, que 1995 prévoit l’élaboration par les régions de
l’État souhaitait voir considérer comme priori schémas régionaux d ’aménagement et de
taires et sur l’importance du réseau autoroutier développement du territoire calqués, à cette
SCIENCE 71$
échelle, sur le schéma national du même nom — Dans une nouvelle écrite en 1958 qlj
(ce dernier supprimé par la loi Voynet intitulée «Paris, 15 décembre 1999», BonSj
du 25 juin 1999). Le schéma d’aménagement Vian évoque un processus de « rurbanisation ^
régional en tient lieu dans les départements de Paris tel qu’il nécessite de contrôler 1$
d ’outre-mer et en Corse (dans ce dernier prolifération des champs de poireaux de l’avez
cas, s’il est élaboré), tout comme le sdrif en nue de l’Opéra, la croissance desdits poireaux
Île-de-France. Leur élaboration a été très constituant un danger pour les passants de cettfl
lente : seuls neuf schémas régionaux étaient voie : étonnante correspondance avec le thèmfl
approuvés en 2009, quatre autres étaient naguère, défendu par les candidats de la listf)
en cours d’élaboration, trois étaient prévus et «Paris-Écologie» aux élections municipale^
quatre régions (A lsace, Centre, Limousin de 1977, celui de la nécessité absolue, au noiq
et M idi-Pyrénées) y avaient renoncé. Les du respect des équilibres naturels, de la réintrc^
contrats de plan État-région (désormais duction d’activités agricoles dans Paris intr#
«contrats de projet») doivent tenir compte muros.
des orientations des schémas régionaux. La — Dans une autre nouvelle écrite en 196Q
même loi prévoit la possibilité pour l ’État et intitulée « Les Villes », Gérard Klein décrit
d’établir des directives territoriales d’aména les guerres d’extermination que se livrentj
gement dans certaines régions : sept dta ont par l’intermédiaire de machines programmées
été prescrites pour les Alpes-Maritimes, les pour la destruction progressive de toute forme
A lpes du Nord, l ’estuaire de la Seine, de vie urbaine, des cités rigoureusement iso^
l ’estuaire de la Loire, l ’aire métropolitaine lées les unes des autres. :j
marseillaise, l ’aire urbaine lyonnaise et les — En 1975, Emest Callenbach publie
bassins miniers nord-lorrains. À l ’exception Ecotopia, c ’est un des premiers romans uchrq-j
de celle des Alpes du Nord, encore en cours niques qui imagine une société écologique : la
d’élaboration, les dta ont été publiées en Californie est indépendante et mise sur l’éner
2003 (Alpes-Maritimes) et entre 2005 et 2007 gie solaire, la dilution des villes, F autoproduc-,
(les cinq autres). tion de l ’habitat, des activités décentralisées)
P. M.
des services publics performants, une démqj
cratie participative, une égalité entre hommes
-> Aire métropolitaine; Directive territoriale d'aménagem ent; et femmes, une incroyable liberté de mœurs,
Grand Paris; Région; Schéma de cohérence territoriale
{ s c o t ) ; Schéma directeur; Schéma national d'aménagement
sans oublier «peace and love». Ce roman
et de développement du territoire. d’anticipation décrit dans le détail une société
alternative où les Écotopiens ne circulent plus
en automobiles, ne résident plus dans des
SCIENCE - » Épistémologie; Urbanisme; conurbations gigantesques et polluées, ne tra:
Urbanologie (et l'introduction générale) vaillent pas dans des conglomérats soumis à
l’ordre taylorien, mais s’émancipent en accord
avec la nature, leur chronobiologie et leurs
SCIENCE-FICTION désirs.
J.-G. Ballard (1930-2009) est le type même
Catégorie des « conjectures romanesques de l’écrivain de science-fiction littéralement
rationnelles » (Pierre Versins), constituée par hanté par le fait urbain. On est ici tout à
un ensemble de discours d’inspiration et de l ’opposé d ’un classique tel que Jules Verne,
thématiques très diverses mais qui ont cepen dont tout l’œuvre est marqué par le thème dp
dant un caractère commun : celui de la distan voyage initiatique, c ’est-à-dire de l’évasion
ciation temporelle associée ou non à une hors de la ville en vue d’échapper à la perte de
distanciation spatiale. Ils traitent le plus sou soi-même et de retrouver du même coup ses
vent, mais pas toujours, d’événements situés origines ; et l’on se souvient qu’une des pre
loin en avant dans le temps. mières bandes dessinées de science-fiction
Comme dans la littérature utopique, les - Le savant Cosinus - a précisément pour
thèmes liés à l ’urbanisation et à la ville objet de décrire les infructueuses tentatives du
occupent une place de choix dans les récits de héros en vue de tenter de sortir de Paris.
science-fiction. En voici trois exemples, entre Quant à Ballard, il s’est focalisé, dans les
bien d’autres : années 1970, sur l’exploration de la banlieue,
715 SCIENCE RÉGIONALE
pable d’expliquer le détail des localisations. même titre qu’un plan local d ’urbanisme
C ’est ce qui explique le succès de travaux (plu) ; il partage avec ce dernier et la carte,
comme ceux de Walther Stohr : celui-ci souli communale la qualification de document
gne le rôle des initiatives locales (bottom up) d’urbanisme dont les règles sont directement;
dont les effets sont moins déstructurants que opposables aux tiers. Le secteur sauvegardé
celles prises de loin (top down) par des dont le plan est simplement « prescrit » corres*
hommes qui ignorent tout des problèmes et des pond à une situation très particulière. Il ne
possibilités réelles des lieux. La réflexion sur s’agit pas d’une « servitude d’utilité publique
le développement par le bas manque cepen affectant l’utilisation du sol » : compte tenu du
dant d’un fondement théorique satisfaisant. régime juridique applicable avant l ’opposabir
La restructuration en cours de la science lité du plan, les annexes du plan local d’urba-i
régionale passe par la remise en cause des nisme indiquent, à titre d’information, sur u»
postulats sur lesquelles elle a été bâtie : les ou plusieurs documents graphiques, les segjf.
orientations récentes mettent l’accent sur le teurs sauvegardés délimités. L’application dq
rôle de la connaissance dans la différenciation l ’article RI 11-21 du Code de l ’urbanisme
de l ’espace et sur celui de la communication peut encore être invoquée si le secteur sauvèrj;
et des flux d’information dans la structuration gardé délimité ne dispose pas d ’un plan de
des systèmes de relations. sauvegarde approuvé, mais cet article cesse
d’être applicable à compter de l’approbation
P. C.
du plan de sauvegarde. Enfin, la loi « urba*
-> Économie spatiale; Pôle de développem ent; Région. nisme et habitat » du 2 juillet 2003 exonère les
immeubles situés dans un secteur sauvegardé^
dont le psmv est approuvé, des servitudes
SCOLAIRE (ÉQUIPEMENT) -> Carte scolaire; d’utilité publique résultant du périmètre dq
Collège et lycée; École protection des monuments historiques ou dq
l ’inscription à l ’inventaire des sites ; ces servi-»
tudes subsistent en revanche tant que le psm\(
SECONDAIRE -> Activité économique; n’est pas approuvé. i!
Artisanat; Industrie Si le préfet de région assure la programmai
tion et la mise en œuvre des crédits nécesrt
saires à la réalisation des opérations, ainsi
SECOND ŒUVRE - » Gros œuvre que leur maîtrise d’ouvrage en application dit
Code des marchés publics, c’est le préfet dq
département qui prend par arrêté les déci-î
SECTEUR SAUVEGARDÉ sions de création du secteur sauvegardé oq
de mise en révision du psmv, ainsi qué
Le terme « secteur sauvegardé » est apparu d ’approbation du plan élaboré, révisé oq
dans la loi du 4 août 1962, dite loi Malraux. modifié. Il saisit l ’administration centrale
Ces secteurs relèvent depuis 1976 du Code de pour que soit recueilli l’avis de la commis^
l’urbanisme. Ils «peuvent être créés lorsqu’ils sion nationale des secteurs sauvegardés avant
présentent un caractère historique, esthétique la création du secteur, puis sur le projet de
ou de nature à justifier la conservation, la res plan élaboré ou révisé avant sa soumission à
tauration et la mise en valeur de tout ou partie l ’enquête publique. La création du secteur
d’un ensemble d’immeubles bâtis ou non ». nécessite l’accord de la collectivité territo
En 2009, il y en a 97, d’une superficie totale riale et, conformément au principe d’élabora
de 6 000 hectares, allant de 11 hectares à tion conjointe entre l’État et cette collectivité,
U zès, Sarlat ou Grasse à 235 hectares à un protocole d ’action commune précise: les
Béziers, 237 hectares au quartier de la Boucle modalités de désignation par le préfet de
à Besançon et 246 hectares à Versailles. l ’architecte chargé d ’étude, les modalités;
Il faut distinguer le secteur sauvegardé déli d ’organisation de la comm ission locale et
mité et le secteur sauvegardé pourvu d ’un celles de l’accord préalable de la collectivité
plan de sauvegarde et mise en valeur (psmv) à tout acte de procédure. La com m ission
approuvé. Le psmv est en effet un document locale du secteur sauvegardé, devenue
d’urbanisme réglementaire à part entière, au pérenne, est désormais présidée par le maire
717 SÉCURITÉ DES TRANSPORTS
(ou le président de l’entité intercommunale), disposition répond selon les cas à des objectifs
aux côtés duquel siège le préfet de départe de simple mise en valeur à l’égard de construc
ment. Dans son rôle consultatif, elle assure le tions adventices, de reconstitution d’une mor
suivi de l’établissement du psmv, mais aussi phologie bâtie, d’aération d’un cœur d’îlot ou
la mise en œuvre opérationnelle du secteur de restructuration du tissu. Sont soumis à
sauvegardé et l’application du plan. Elle peut déclaration préalable tous travaux intérieurs
se prononcer sur tout projet d ’opération menés sur tout immeuble d’un secteur sauve
d’aménagement ou de construction, notam gardé dont le plan est en cours d’étude (élabo
ment lorsque celui-ci nécessite une adapta ration ou révision). Sont soumis à permis de
tion mineure. Elle formule un avis sur la construire, si le psmv est approuvé, à l’excep
modification du plan, cet avis remplaçant tion des travaux d’entretien ou de réparations
celui qui était donné antérieurement par la ordinaires :
commission nationale. — les travaux exécutés à l’intérieur des
La délivrance des autorisations de travaux immeubles ou parties d’immeubles jugés d’inté
est entièrement décentralisée, mais très rêt patrimonial, lorsque ces travaux ont pour
contrôlée. À compter de la publication de objet ou pour effet de modifier la structure du
l ’arrêté préfectoral créant le secteur sauve bâtiment ou la répartition des volumes existants ;
gardé, tout travail ayant pour effet de modifier — les travaux qui portent sur un élément que
l’état des immeubles est soumis, selon les cas, le plan a identifié comme présentant un intérêt
à permis de construire, d’aménager, de démo patrimonial ou paysager et qui font l’objet d ’une
lir ou à déclaration préalable, toujours après annexe particulière du plan de sauvegarde et de
accord de l’architecte des bâtiments de France mise en valeur ; si cette disposition ne semble
(abf). Celui-ci assure, à compter de l ’acte de pas pouvoir servir, en l ’état actuel de la juris
création, la surveillance générale du secteur prudence, pour protéger des éléments d’inté
sauvegardé en vue de préserver son caractère rieur d’immeuble à l’occasion de l’élaboration
historique ou esthétique et il veille à la cohé d’un plan local d’urbanisme, le plan de sauve
rence du projet de plan avec cet objectif. Le garde constitue un document d’urbanisme par
recours auprès du préfet de région contre ticulier dans lequel il est permis d’identifier des
l’avis « conforme » de I’abf sur les autorisa éléments se situant à l’intérieur d’un bâtiment.
tions d’urbanisme et déclarations préalables Ainsi, les travaux projetés sur des décors (par
existe dans des conditions analogues à celles quets, cheminées, lambris, etc.) qui auront été
concernant les « abords des monuments histo identifiés au moment de l’élaboration ou de la
riques ». révision d’un psmv, seront soumis à permis de
Le règlement et ses documents graphiques construire.
(au minimum à l ’échelle du 1/1 000, voire
du 1/500) définissent les conditions architec Ph. P.
turales selon lesquelles est assurée la conser Architecte des bâtiments de France; Association foncière
vation des im meubles et du cadre urbain. urbaine; Conservation intégrée; Documents d'urbanisme;
Ensemble historique ou traditionnel ; Patrimoine ; Réhabilita
Ils peuvent comporter des règles relatives tio n ; Restauration; Restauration immobilière; Zone de pro
aux matériaux à utiliser. Ils précisent les tection du patrimoine architectural urbain et paysager
(ZPPAUP).
immeubles ou parties d’immeubles intérieures
ou extérieures «dont la démolition, l’enlève
ment ou l ’altération sont interdits et dont la SÉCURITÉ -> Contrôle social ; Délinquance;
modification est soumise à des conditions spé Immeuble de grande hauteur ; Insécurité
ciales ». Cette disposition peut le cas échéant
distinguer les bâtiments d’intérêt architectural
ou historique propre et les bâtiments d’intérêt SÉCURITÉ DES TRANSPORTS
urbain dont la démolition totale est interdite,
mais dont une possibilité importante de trans A bsence de risques d ’accidents. Elle
formation est admise, notamment dans les s’entend :
parties intérieures ou « dont la démolition ou • pour l’usager : on la mesure généralement
la modification pourra être imposée par l’auto par le nombre de tués et de blessés (graves ou
rité administrative à l’occasion d ’opérations légers) par million de kilomètres-voyageurs.
d’aménagement publiques ou privées ». Cette Cette sécurité est nettement meilleure pour les
SÉCURITÉ fDU BÂTIMENT) 7 #
Hormis les servitudes librement consenties plan. La loi du 7 janvier 1983 rend désor
entre particuliers, qui sont régies par les règles mais obligatoire ce qui n ’était antérieurement
générales des contrats entre personnes pri qu’une recommandation. Passé un délai d’un
vées, une distinction essentielle doit être faite an, après l ’approbation du p l u (auparavant
entre les servitudes de droit privé et les servi du p o s ) , ou après la création d’une servitude
tudes de droit public. nouvelle, seules les servitudes figurant sur
Régies en France par le Code civil, les servi cette liste peuvent être opposées à des
tudes de droit privé ont pour objet de protéger demandes d’autorisation d ’occupation des
chaque propriétaire contre le dommage qui sols. L’administration est donc désormais
pourrait résulter de l’exercice illimité par un liée par les informations données. Mais
tiers de son droit de propriété. Ce sont donc s ’agissant, depuis la décentralisation, du
des charges imposées sur un bien pour l’usage maire ou du président de l ’établissement
et l ’utilité d ’un bien appartenant à un autre public intercommunal, c ’est le préfet qui
propriétaire. Les exemples les plus classiques devra les mettre en demeure de réparer une
traitent de l ’écoulem ent des eaux, de la éventuelle omission, ou même de procéder
mitoyenneté, du droit de la copropriété, du d’office à l’inscription de la servitude omise.
droit de passage (terrains enclavés), de la pré Une servitude mérite un commentaire parti
sentation des vues et des troubles de voisinage. culier car elle illustre bien la transformation
La servitude est attachée au fonds, c ’est-à- du mécanisme : la s e r v itu d e d e c o u r com m un e.
dire que le propriétaire de l’héritage soumis à Cette limitation à l’exercice du droit de pro
la servitude ne peut vendre cet héritage sans priété en matière d ’immeuble à usage d ’habi
la servitude. tation constituant un droit réel, demeurant
À ces servitudes légales ou convention attaché au fonds, est d ’origine légale et non
nelles civiles de voisinage, anciennes pour la conventionnelle.
plupart, sont venues se superposer, à l’occa La servitude « de cour commune » subor
sion de l ’urbanisation, des servitudes adminis donne la délivrance du permis de construire à
tratives, imposées par le souci de mieux gérer la création sur un terrain urbain de servitudes
les documents de planification urbaine et donc n on a e d iflc a n d i ou limitant la hauteur de la
désormais conçues au bénéfice de l’«utilité construction. À défaut d’accord amiable entre
publique ». les propriétaires, ladite servitude pourra être
Ces se rv itu d e s d ’u tilité p u b liq u e , instituées imposée par le juge. Une jurisprudence abon
par voie législative, constituent une catégorie dante de la juridiction civile, et non administra
particulière de servitudes, fondées sur la pré tive, est commentée dans le Code de
servation de l’intérêt général, qui comme les l ’urbanisme (Dalloz) sous l ’article L 951-1.
servitudes «d e voisinage», viennent limiter Figurent également, dans le Code de l ’urba
l ’exercice du droit de propriété en matière nisme, les servitudes d’utilité publique qui
immobilière, tel qu’il est défini par le Code concernent les cimetières, cours d’eau, «mar
civil. Elles ont des objectifs très spécifiques, chepied» (libre passage sur les berges des
soit pour garantir la pérennité, l ’entretien, cours d’eau non domaniaux), le passage sur le
l’exploitation ou le fonctionnement d’une ins littoral maritime (assurant le libre accès des
tallation d ’intérêt général qui a besoin d ’un piétons à la mer) et le « reculement » (en exécu
espace propre (exemples : faisceaux hertziens, tion de plans d’alignement). Enfin, le transfert
oléoducs, téléphériques, etc.) ; soit pour proté de coefficient d’occupation du sol peut frapper
ger un espace particulièrement précieux pour un terrain d’interdiction de construire (servi
la collectivité (exemples : réserves naturelles, tude non a ed iflca n d i) dans les zones à protéger
sites classés, monuments historiques et leurs en raison de la qualité de leurs paysages.
abords, etc.). Cette accumulation de restrictions au libre
L’énumération de toutes les limitations exercice du droit de propriété pose le pro
administratives résultant de la réglementation blèm e de l ’indemnisation du propriétaire
de l ’urbanisme (et de l’environnement), pour du bien soumis à la servitude. Généralement,
l ’ensem ble du périmètre d’application du le texte qui institue la servitude prévoit le
plan d’occupation des sols, doit obligatoire régime de l’indemnisation éventuelle. On doit
ment, dans un effort de sim plification et signaler à ce propos qu’en France, à la diffé
d’information, figurer dans une annexe au rence de nombreux autres pays, notamment
SEXE 7* !
l ’inventaire supplémentaire des monuments etc.), la côte ouest (caps Gris-Nez et .Bit
historiques. Nez, Côte d ’Albâtre, cap Homu, baies
Les priorités nouvelles des services dépar Somme et du mont Saint-Michel, pointe
tementaux de l’architecture et du patrimoine Raz, cap de k Chèvre, baie d’Audieme,
tendent à l’évidence à faire souhaiter l ’allège partiede Belle-Île et l’île de Ré, dune du ’
ment du travail que leur donnent les projets comiche basque, etc.), des ensembles
en site inscrit. Une circulaire du 10 mai 2007 gorges (du Verdon, du Tarn et de la Jonte*l |
des ministres de l’Écologie et de la Culture l’Hérault, du Gardon, du Verger), des pi
sur l’évolution de la politique des sites ins sages naturels (lac de Grand-Lieu, monta)
crits adopte une procédure de radiation des Sainte-Victoire, cirque de Navacelles),
sites les plus dégradés, qu’il y ait diagnostic vallées (boucle de la Seine dite de Châi
connu et soustraction rapide au contrôle de Gaillard, vallée de l ’Yerres, Grand Mort
I’abf ou qu’il y ait nécessité de réaliser une des paysages de marais (marais salants*)
étude préalable. Dans les deux cas, la levée Guérande, Marais poitevin), des vignobjj
de l’inscription se fait en appliquant la règle (côte méridionale de Beaune, vignoble*
du parallélisme des formes. En secteur sauve Banyuls, vignoble de Château-Chalon),
gardé doté d’un plan de sauvegarde et de réseaux exceptionnels comme le canal
mise en valeur approuvé, l’effet du site ins Midi. Les opérations de gestion partenarii
crit est suspendu, comme dans les cas des de grands sites menacés par la fréquentai
ZPPAUP. touristique se développent, comme en té
Dans le cas des sites classés, leur protec gne la dévolution du label «Grand site
tion demeure vigilante et efficace. Compte France», conféré depuis 2003. ,fl
tenu des effets de la servitude de classement, S ’agissant du contrôle des travaux par lejji
elle vise néanmoins une certaine stabilité et des autorisations, le ministre chargé des rtî
des modifications de portée « mesurée ». doit donner son accord aux démolitions en Si
Au 31 décembre 2005, le territoire national classé, après avis de la commission dé]
comportait 2 639 sites classés pour une super mentale de la nature, des paysages et des sil
ficie de 826 241 hectares (1,5% du territoire Les autres autorisations de travaux en
de la métropole). Du point de vue historique, classé reviennent en général au ministre chi
on constate que les lois de 1906 et 1930 ont des sites, mais les cas énumérés pars
surtout préservé des sites « ponctuels » : articles R341-10 et R341-12 du Code de l’e:
monuments naturels, châteaux et parcs, ronnement définissent les autorisations
ensembles bâtis, places ou promenades relèvent de la compétence du préfet de dépi
publiques. Certes, on remarque quelques ment (ou d’un directeur de parc national), i
exceptions notoires, liées au statut foncier des Pli!
sites concernés. Furent, en effet, concernés :
dès 1911 le massif du Pelvoux (7 300 hectares), • Abords ; Classement ; Inscription ; Patrimoine ; Paysage J W
mis de dém olir; Secteur sauvegardé; Zone de protectiqnj
puis en 1928 le gave du Cauterets (15 000 hec patrimoine architectural ; urbain et paysager (zppaup ).
tares), en 1941 le cirque de Gavamie "’M
(15 000 hectares), en 1942 la Camargue
(15 000 hectares) et en 1951 le m assif du SITE (d'une ville)
Mont-Blanc (26 100 hectares). Il a cependant
fallu attendre le milieu des années 1970 pour La signification la plus générale de sitenë):
que se développe un changement d ’échelle fait un synonyme de lieu, d’endroit (avec pi
dans la taille des sites classés et qu’une prio fois une connotation esthétique ou tourisi '
rité systématique soit accordée aux paysages dans le langage courant).
emblématiques, quitte à recourir au décret en Le terme a cependant des acceptions pli
Conseil d’Etat. Cette politique, qui réduisait le précises dans différentes disciplines : u!
nombre des classements, a ainsi touché le lit — en archéologie, il désigne un lieu pn
toral méditerranéen (caps Corse, Bénat, Sicié, où les fouilles ont amené la découvi
Canaille, Ferrât, Antibes, massifs des d’industries ou de monuments ; ilil
Calanques et de l ’Estérel oriental, îles de — en biogéographie, il désigne une petite
Lérins, Porquerolles, presqu’île de Giens, aire forestière où régnent les mêmes condU
falaises de Bonifacio, comiche des Maures, fions climatiques et édaphiques ; i
7 25 SOCIÉTÉ CENTRALE POUR L'ÉQUIPEMENT DU TERRITOIRE
«opérations d’aménagement», des «services en matière financière (mais sans effet contrai
publics à caractère industriel ou commercial » gnant), soit à l’initiative de la chambre elle-
et de «toute autre activité d’intérêt général». même, par décision de son président.
La véritable limitation résulte, en fait, de la Le nouveau statut des sem locales, s ’il
double délimitation territoriale (les affaires atteint sans aucun doute l ’objectif de sou
de « sa circonscription») et matérielle (les plesse, n’apporte à leur gestion ni simplifica
interventions économiques et sociales ne por tion, ni unification, et la responsabilité des
tant pas atteinte au «principe de liberté du collectivités locales actionnaires en ressort
commerce et de l’industrie » : les collectivités renforcée.
locales ne peuvent prendre de participation Filiale de la Caisse des dépôts et consigna
dans toute société, quelle que soit l’activité tions (cdc), la Société centrale d’équipement
qui lui est impartie). du territoire ( scet) a longtemps été, depuis
Il est manifeste que le législateur de 1983 a son origine dans les années 1950, le principal
souhaité éviter certains «dérapages» finan maître d’ouvrage pour les interventions de la
ciers qui avaient pu se produire antérieurement, cdc dans le domaine de l ’équipement et de
en mettant des conditions financières plus la mise en valeur (aménagement concerté et
rigoureuses à l’intervention des sem locales au zones industrielles, rénovation urbaine).
profit de non-actionnaires. Par ailleurs, il a La scet, ainsi d’ailleurs que la Société auxi
aussi procédé à l’allégement des contrôles de liaire de la rénovation et de l’équipement fon
l’État, qui constituaient autrefois la contrepar cier (saref), filiale de la Banque de Paris et
tie de l’octroi par celui-ci de subventions aux des Pays-Bas, ont créé deux réseaux de sem,
communes rencontrant des difficultés finan sous le contrôle des élus locaux, mais en dis
cières, du fait de garanties imprudemment posant du pouvoir financier, des moyens tech
accordées aux emprunts émis par une sem niques, et du «pouvoir d ’expert». La scet
(art. L 235 du Code des communes). avait pris en charge la gestion du personnel de
Le contrôle interne est désormais assuré toutes ses filiales dans ses bureaux parisiens,
par un délégué spécial, désigné en son sein et assuré ainsi des garanties de carrière ainsi
par l’assemblée délibérante des collectivités qu’une mobilité du personnel. Le rôle de la
locales non actionnaires (ou non directement scet, considérable jusqu’aux lois de décentra
représentées au conseil d’administration ou lisation, doit, en particulier, être apprécié par
de surveillance de la sem) ayant accordé leur référence à l ’intervention, dans les finances
garantie aux emprunts qu’elle a contractés. locales, du « groupe de la Caisse des dépôts et
Quant aux commissaires du gouvernement et consignations », à laquelle elle appartenait.
aux commissaires aux comptes, antérieure La commune fait également fréquemment
ment désignés par l ’État, ils sont désormais appel à une société d’économie mixte locale
choisis dans les conditions du droit commun. pour réaliser une opération de lotissement, sur
Le contrôle externe est assuré par les collec la base d’un contrat de concession ou d’une
tivités locales actionnaires ou ayant accordé convention de mandat qui est une variante de
leurs garanties, par le préfet commissaire de la la réalisation en régie.
République du département où la société a son Il existe, en 2007, 1 090 sem, dont le quart
siège. Ce dernier reçoit communication des a vocation d’aménageur.
comptes annuels et des rapports du commis
Y. P.
saire aux comptes, des contrats passés par
les sem, à l ’exception des services passés avec -* Aménagement régional; Caisse des dépôts et
des personnes publiques autres que les collec consignations (cdc ) ; Maître de l'ouvrage; Urbanisme opéra
tionnel.
tivités locales. Enfin, toutes les délibérations
des organes des sem locales doivent lui être
aussi communiquées sous quinzaine. SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION -* Besoins
La chambre régionale des comptes peut, le
cas échéant, exercer des contrôles financiers à
l’égard des sem locales comme des collectivités SOCIÉTÉ DE CONSTRUCTION
locales elles-mêmes, soit à l’initiative du préfet,
selon un mécanisme qui s’apparente au contrôle Société ayant pour objet la construction
a posteriori organisé par la loi du 2 mars 1982 d ’immeubles d’habitation ou d’immeubles à
SOCIÉTÉ D'HLM m
la création de nouveaux matériaux ou à l’utili de celles qui peuvent le mieux guider leur ana
sation du froid, qui ne constituent nullement un lyse d’elles-mêmes.
ensemble homogène et isolable.
L’épuisement des deux sens donnés au A. T.
coure des années 1970 au thème de la société -* Postmoderne; Posturbain; Télécom m unications; Télém a
postindustrielle oblige à redonner à celui-ci un tique.
influence sur les sociologues et les historiens. face à la très rapide croissance urbaine que
La réflexion de Weber s’applique au matériau connaissait soudainement la France. Nonobs
urbain de l’histoire universelle, des origines tant leurs carences, analysées avec attention,
au xvm e siècle, et s ’attache à définir divers ces grands ensembles lui apparaissent comme
types de villes comme des combinaisons ori les « laboratoires sociaux » (référence polé
ginales de traits interdépendants: écono mique à l’école de Chicago) où est menée
miques, politiques, administratifs, culturels, l’expérience, historiquement nouvelle, de la
sociaux, militaires, etc. Chacun de ces types cohabitation de classes sociales différentes
présente la réalisation la plus complète d’une dans le même espace résidentiel. Chombart
combinatoire et constitue pour Weber un de Lauwe espérait que ses recherches, consa
« type idéal ». Ainsi le type idéal de la ville de crées aux formes nouvelles de la ségrégation
l’Occident médiéval se définit par l’interdé et de la déségrégation, aideraient les pouvoirs
pendance de certains traits comme l’autono publics à saisir la chance historique qui
mie d’une organisation communale fondée sur s ’offrait, d’orienter le développement urbain
le lien associatif et indépendante du système vers davantage d’harmonie.
féodal, l ’existence d ’une économ ie dotée En France, Chombart de Lauwe n ’a pas
d’une finalité interne, la présence de certaines été seul à voir dans la crise et l’explosion
catégories sociales, en particulier une « bour urbaine un phénomène de civilisation majeur,
geoisie » privilégiée ou patriciat, dont la per porteur de grands espoirs. Au tournant de la
pétuation ne doit rien au systèm e lignager décennie 1960-1970, Henri Lefebvre, philo
rural, etc. Tous les traits du type idéal sont loin sophe issu du marxisme, prophétise la révo
d’être présents dans tous les exemples histo lution urbaine, c ’est-à-dire l ’avènement de la
riques connus. Les types proposés par Weber révolution sociale comme conséquence des
permettent précisément d ’ordonner tous les nouvelles formes du développement urbain.
exemples historiques dans leur écart et leur Parallèlement, une évolution importante
distance par rapport à une référence idéal pour la recherche en sciences sociales se
typique qui n ’est pas une norme mais un ins manifesta en France à partir des années 1960 :
trument de compréhension. F intervention des planificateurs-aménageurs
La ville m édiévale occidentale, si diffé dans la commandite de recherche. Cette
rentes que soient ses variantes, est visiblement intervention a eu pour effet d’accroître consi
posée par Weber comme la référence la plus dérablement les moyens financiers mis à la
intéressante : ni les villes antiques ; ni les disposition des chercheurs, mais aussi de
villes asiatiques qu’il analyse ne présentent peser sur les orientations de la recherche
cette autonomie originale qui a été, non pas urbaine, qui connut un développement spec
certes « le seul élément décisif », mais, à tout taculaire au cours de la période 1960-1975.
le moins, un facteur essentiel de la naissance En effet, loin de se borner à une neutralité
du capitalisme et de l’État modernes où Weber d’utilisateurs, les planificateurs-aménageurs
aperçoit la « rationalité » spécifique de l’Occi imposèrent alors à la recherche urbaine, et en
dent. particulier à la sociologie urbaine, une
conception de la société qui tire principale
En France, au lendemain de la seconde ment ses ressources de la nouvelle économie
guerre mondiale, P. H. Chombart de Lauwe a de la croissance planifiée, issue des travaux
été le continuateur d ’Halbwachs dans le des initiateurs keynésiens de la comptabilité
domaine de la sociologie urbaine, au carre nationale. Il arriva que les planificateurs parti
four des traditions précédentes. Il a dirigé et cipent directement aux travaux de recherche
suscité, au sein du Centre d’ethnologie sociale en sciences sociales. Sous des formes
et de psychosociologie, un nombre considé diverses, plus ou moins contestataires,
rable d’études et d ’enquêtes sur le mode de l’ensemble de très nombreux travaux de cette
vie urbain, qui ont dominé la période 1950- période se résument dans une reformulation
1965. Particulièrement soucieux d ’élucider explicite de la problématique planificatrice de
les mécanismes de la ségrégation sociale, il a la croissance volontaire et de ses bienfaits
consacré de nombreux travaux aux grands (cf. en particulier Chamboredon et Lemaire
ensembles d’habitation, construits à la hâte au qui, dès 1970, analysent et critiquent l’utopie
cours des années 1950, dans le but de faire technocratique de la fusion harmonieuse des
SOI m
classes sociales dans les nouveaux grands spontanée de l’extension urbaine et va-t-il pro
ensembles). gressivement résorber inégalités et déséquj*
Ces reformulations ont pu prendre un tour libres? Ou bien n ’est-il qu’un leurre, eLf*
plus radical à la faveur historique de la révolte fonction est-elle celle d’un «brouillage» idéo
de mai 1968, en cherchant leurs garanties logique, destiné à déjouer les révoltes urbaines?
théoriques auprès de deux philosophes : Ou encore vise-t-il délibérément à « exacerber#
Michel Foucault, dont les analyses mettent en les conflits de classes, en prolétarisant cadre»
relief les formes innombrables de l ’interven supérieurs et commerçants? Ou enfin, est-il de
tion asservissante de l ’État dans la vie des nature équivoque et indécidable 1 . ';Çj
individus; et Louis Althusser, dont la « le c Les événements ont tranché entre les prévir
ture» de Marx,;au sortir de la glaciation dog sions, obligeant les sociologues marxistes!»
matique de la période stalinienne, rendait évoluer selon des trajectoires intellectuelles
confiance aux sociologues qui cherchaient à qui, sauf exception, les ont conduits vers dtp
renouveler l ’analyse marxiste pour l ’appli problématiques non marxistes. Ils espéraient
quer à leur époque, en couplant les principes en la conjonction du mouvement ouvrit*!
du matérialisme historique à l’appareillage et des mouvements urbains dans l’issue d’unp
des enquêtes empiriques (cf. E. Lebas, 1982; révolution dont mai 1968 n ’était « q u ’ilfl
F. Godard, 1980). début». Dès 1976-1977, ils constataient que
La tendance néomarxiste, dont les travaux la « proximité spatiale » n ’empêchait pas Ip
dominent de leur masse la période 1968- « distance sociale » de se perpétuer, et surtou},
1977, est constituée de courants distincts. que les acteurs des nouvelles luttes (urbaine»;
Manuel Castells a, le premier en France, théo régionalistes, écologiques, environnementâ-
risé l’adaptation du matérialisme historique à listes, fém inistes, etc.) appartenaient au#
l’analyse des problèmes urbains {La question couches moyennes salariées dont eux-mêmqs
urbaine, Paris, 1972). Il part de l’idée que la faisaient partie. >3
baisse générale du taux de profit affecte parti Cet échec des prévisions conçues à partir dé
culièrement l ’économ ie urbaine des infra 1968, lié à d’autres événements de la conjonc
structures nécessaires. D ’où une crise urbaine, ture internationale, a conduit les sociologues
sensible à tous les niveaux. Cette crise a pour marxistes à retrouver des domaines d’investi
effet de détériorer la reproduction de la force gation et des problématiques que d ’autrag
de travail, donc la consommation des biens sociologues n’avaient pas quittés. De partet
économiques et des équipements collectifs. d ’autre de 1980, se sont développées des
Pour endiguer la crise, l’Etat tente d’aména recherches sur l ’«objet local», c ’est-à-dire
ger et de planifier l ’utilisation de l ’espace sur de petits territoires (villages, quartiers
urbain, régional, national, sans oublier qu’il urbains) à propos desquels les observateurs,
doit diriger aussi des capitaux publics vers les issus de disciplines différentes, et loin des pré
secteurs déficitaires de l ’économie produc occupations des planificateurs absorbés par la
tive. crise économique, tentent de saisir l’effet spé
Le problème posé par les sociologues mar cifique de la localisation des phénomènes
xistes est alors de savoir si l’Etat, asservi au sociaux.
grand capitalisme dans cette phase du « capi M. À.
talisme monopoliste d ’État », parviendra à ’M
endiguer la crise urbaine, freiner la spécula _* Anthropologie sociale et culturelle; Classe sociale; Écologie
urbaine ; Ethnologie urbaine ; Quartier ; Ségrégation ; Socié$<ji.
tion foncière et immobilière, aménager conve
nablement l ’habitat et les transports, et ■ -: ï
SOUK —> Marché ; Médina ; Place marchande immeubles classés ou inscrits, sous la forme
d’une conduite d ’opération totale ou partielle,
par les services déconcentrés du ministère,
SOUS-DIRECTION DES MONUMENTS sur décision du préfet de région (ou par un
HISTORIQUES ET DES ESPACES PROTÉGÉS service à compétence nationale, sur décision
du ministre). L’assistance est définie par un
Le service des monuments historiques a contrat écrit.
pour origine en 1830 un rapport de Guizot au La détermination (en accord avec les affec
roi Louis-Philippe et la nomination d’un ins tataires) et la maîtrise d ’œuvre des travaux de
pecteur général des monuments historiques réparation des immeubles classés appartenant
Ludovic Vitet, remplacé par Prosper Mérimée à l’État sont assurées, sauf cas particuliers, par
de 1834 à 1860. La Commission des monu I ’ a b f territorialement compétent. La maîtrise
ments historiques a été créée en 1837 avec des d’œuvre des travaux de réparation n’apparte
architectes qui lui sont attachés. Ce service nant pas à l ’État est confiée à un architecte
embryonnaire prend consistance après la qualifié, mais I ’ a b f peut assurer cette maîtrise
loi du 30 mars 1887 et la législation de 1905- d’œuvre en cas de péril pour le monument, de
1907 relative aux cultes (décret du 12 avril danger imminent pour les personnes ou de
1907) et s ’affirme définitivem ent avec la carence de l’offre publique ou privée.
loi de 1913. Dans la seconde moitié du Pour les travaux de restauration, la maî
xx e siècle, la création de services régionaux trise d’œuvre est confiée à l’architecte en chef
déconcentrés, la mise en place de services des monuments historiques territorialement
d’archéologie modifient la physionomie du compétent pour les immeubles dépendant
service qui se concentre sur ses missions de l ’État. Pour les autres immeubles, elle est
propres (et absorbe les palais nationaux et cer confiée soit à un architecte du corps des archi
tains bâtiments civils). La réforme de 2005- tectes en ch ef des monuments historiques,
2009 réorganise le contrôle scientifique et soit à un architecte qualifié ou à l’architecte
technique, l ’assistance à maîtrise d’ouvrage et en ch ef territorialement compétent lorsque
à la maîtrise d’œuvre. L’arrêté du 17 novembre aucun maître d’œuvre n ’a pu être retenu par
2009 a remplacé ce service par une sous- le maître d’ouvrage.
direction des monuments historiques et des Pour les travaux de modification, la part
espaces protégés. accessoire des travaux de restauration est
Le décret du 22 juin 2009 définit le contrôle incluse dans la mission de l ’architecte spécia
scientifique et technique comme destiné « à lisé chargé de ceux-ci, mais si les travaux
vérifier périodiquement l’état des monuments neufs sont prépondérants, ils sont confiés à un
et les conditions de leur conservation » et « à maître d’œuvre choisi par le maître d’ouvrage.
vérifier et garantir que les interventions
sur les biens classés ou inscrits (...) sont com Ph. P.
patibles avec le statut de monument historique ' A b o rd s ; Architecte des bâtiments de France; Architecte en
reconnu à ces biens en application de ce code chef des m onuments historiques; Classement ; Monum ent
historique ; Restauration.
(...) et ne compromettent pas leur bonne
conservation en vue de leur transmission aux
générations futures». Les compétences des SOUS-EMPLOI -> Emploi
services s ’étendent aux conditions scienti
fiques et techniques selon lesquelles les inter
ventions sur les monuments sont étudiées, SOUS-SOL - » Mines et carrières ; Urbanisme
conduites et documentées et que le contrôle souterrain
des travaux s’exerce dès le début des études
documentaires et techniques préparatoires et
tout au long des travaux autorisés jusqu’à leur SOUS-TRAITANCE
achèvement.
Un autre décret du même jour, relatif à Exécution, par une entreprise, d’une partie
l’assistance à maîtrise d ’ouvrage des services de la production de biens ou de services pour
de l ’État chargés des monuments historiques, le compte d ’une autre entreprise, conformé
précise que celle-ci est exercée, pour les ment à des plans, des normes ou des objectifs
SPÉCULATION m
imposés par celle-ci. On peut sous-traiter la son terrain soit convenablement traité par le
fabrication de pièces, ou une étape de la fabri plan d’urbanisme.
cation, ou un service spécialisé. La durée de détention joue à l’évidence un
Le plus souvent, ce sont de grandes entre rôle important dans l’attitude spéculative. Le
prises qui font appel à la sous-traitance auprès spéculateur achète pour revendre dans un délai
d’entreprises plus petites, voire d’artisans. Des relativement bref. En France, par exemple, la
entreprises spécialisées dans la sous-traitance fiscalité tient compte de cet aspect en taxant
se sont créées dans l’industrie, mais aussi dans plus sévèrement les plus-values « à coutft
le secteur des services (dits aux entreprises). terme» (terrain revendu moins de deux ans
La sous-traitance est un moyen pour l’entre après son acquisition) que les plus-values jà
prise de se décharger de fabrications ou de ser moyen terme (plus de deux ans de détention),!
vices délicats et coûteux, ou irréguliers, et de v .k .
les obtenir à moindre frais. Elle contribue, dans ■ ■!((.
une région, à dynamiser l’activité économique. _» Cycle de l'im m obilier; Imposition des plus-values im m o lé
Hères ; Marché foncier ; Prix foncier ; Rente foncière ; Sociolo
P. M. gie urbaine.
- » Entreprise; Industrie.
SQUARE —> Espace vert ; Jardin public
SPÉCULATION ■-J.
SQUATTER
Opération qui consiste à profiter des fluc
tuations du marché pour faire un bénéfice. Occupant sans titre d’un bien foncier pu
En théorie libérale, la fonction du spéculateur immobilier. 4
est bénéfique puisqu’elle assure la communi L’origine du terme (to squat: s ’accroupir,
cation des marchés dans le temps et dans se blottir) se situe en Australie, dans la pre
l’espace, dans le cadre d’une activité parfai mière moitié du xixe siècle, à propos d’occu
tement légitime. Dans cette optique, spéculer pation de terres inexploitées par des éleveurs
est donc simplement le fait de se comporter de moutons.
en homo economicus. Dans les pays développés, il s’agit le plus
Par contraste, « la spéculation» fait l’objet souvent d ’un logement ou d ’un immeuble
de fréquentes condamnations d’ordre moral. entier (appelé squat). Il peut aussi s’agir de
Par rapprochement avec la notion d’enrichis bureaux, de locaux commerciaux ou indus
sement sans cause, on oppose ainsi l’argent triels, etc. Dans les pays en développement,
gagné par le travail aux gains spéculatifs on applique le terme pour l’occupation illé
résultant du flair, de l ’adresse, parfois de pro gale d’un terrain pour y construire un loge
cédés douteux, de la part du spéculateur. ment en général sommaire : telle est l’origine
On conçoit que le marché foncier soit des bidonvilles. Il s ’agit parfois d’une véri
devenir, par ses caractéristiques propres (opa table forme alternative de logement. ;j
cité du marché, variations de prix indépen La pratique du « squattage » n’est pas nou
dantes de la nature physique du bien), un velle. Elle a à la fois un aspect utilitaire - æ
terrain d’élection pour le «spéculateur», procurer un logement lorsque c’est impossible,
notamment en ce qui concerne les terrains qui pour des raisons financières ou autres, par les
passent du statut de terre agricole à celui de voies légales - et un aspect sociopolitique
terrain à bâtir. Pour des raisons économiques - dénoncer les conditions du logement, la spé
complexes, le prix du sol est directement lié culation foncière et immobilière, revendiquer
au caractère « in te n sif» de son utilisation le droit au logement, attirer l ’attention (des
(agriculture, maraîchage, usage industriel, pouvoirs publics, de l’opinion, des médias) sur
urbanisation, «tertiaire supérieur»). Ce chan des situations de mal-logement, vivre en com
gement de statut, issu de la réglementation du munauté, fonder un foyer de création et de
droit des sols, induit toujours un accroisse manifestations artistiques (squat d ’artistes).
ment de valeur considérable, créant un enjeu Dans certains cas, les squatters n ’hésitent pas à
pour le spéculateur qui aura la chance, effectuer des aménagements des locaux (instal
l’adresse, ou l’influence suffisante pour que lations sanitaires, création de locaux collectifs,
735 STADE E T TERRAIN DE SPORT
etc.). Liée à une occupation illicite, leur situa par quatre piquets et le Stade de France à
tion reste cependant par définition précaire. Saint-Denis (inauguré en 1998 avant la Coupe
Les conditions favorables à une action de du monde de football), qui peut accueillir
squatters sont : 80 0 0 0 spectateurs (et même 1 0 2 0 0 0 pour
— une situation tendue du marché du loge des concerts) et qui a coûté 2 milliards de
ment locatif ; F ttc, il y a toute une gamme de situations
— la présence ostensible, parfois de façon intermédiaires sm s frontières précises.
durable, de logements vides, notamment Un type se dégage cependant, celui du
d’immeubles entiers promis à la démolition ou stade omnisports, centré sur un terrain permet
à une reconversion ; tant la pratique du football et du rugby (super
— un quartier en évolution dont la popula position des tracés, environ 120 m sur 70 m),
tion d’origine se voit évincée par une opéra inscrit dans une piste d’athlétisme de 400 m,
tion d’urbanisme (rénovation, réhabilitation). bordée de tribunes. On y trouve souvent
Une opération de squattage peut avoir plu annexés un petit terrain d ’entraînement, un
sieurs issues : plateau d’éducation physique, des terrains de
— exceptionnellement (cela s ’est produit basket-ball et de tennis. Un stade omnisports
en particulier à Amsterdam) la pérennisation ainsi conçu occupe généralement un terrain de
par location régulière offerte aux squatters ; 4 à 8 ha. Il s ’agit presque toujours d’équipe
— parfois, découragement des squatters ments appartenant à la commune qui assure
devant les actions entreprises par le proprié les coûts d’entretien, tandis que l’investisse
taire (intimidations, dégradations volontaires ; ment est subventionné par les départements et
coupure d’eau, d’électricité et de gaz, etc.) ; les régions. Cependant, seules 2 400 com
— relogement par les pouvoirs publics, des munes environ ( 6 %) possèdent une piste
ménages squatters ou d’une partie d’entre d’athlétisme homologuée.
eux, dans des logements définitifs ou des On notera que, généralement, les terrains
solutions d’hébergement temporaires, notam qui servent aux compétitions ne sont pas
ment pour les opérations défendues, voire ouverts, le reste du temps, à la pratique spor
menées à l’initiative d’associations œuvrant tive et encore moins à la population scolaire,
dans le domaine du logement ou des per ceci afin de ménager la qualité de la pelouse.
sonnes défavorisées ; Dans la programmation des équipements, il
— le plus souvent, procédure d’expulsion, peut donc être utile de distinguer le stade de
exécutée au besoin avec le recours à la force compétition, affecté au sport-spectacle, qui
publique : la procédure de flagrant délit sup doit disposer d’une bonne desserte automobile,
pose que le propriétaire réagisse rapidement mais peut être localisé en périphérie, et les ter
dans un délai de 48 heures : au-delà, une rains de sport affectés à l’activité sportive et
décision de justice ou un procès-verbal de aux scolaires, qui ne doivent pas être trop éloi
conciliation exécutoire devient nécessaire, gnés des lycées et collèges.
conformément à la procédure d’expulsion; A côté des stades et terrains de sport propre
dans les pays en développement, on procède ment dits, qui sont des espaces réservés à des
parfois à des expulsions massives de quartiers activités sportives organisées, peuvent aussi
entiers : on parle en Afrique d’opérations de exister des plaines de jeux, librement acces
déguerpissement. sibles, qui combinent les caractères d’un ter
H. J. et A. M. rain de sport sommairement aménagé à ceux
d ’un parc urbain. Ce sont des espaces de
-* Bidonville ; Démunis {logement des) ; Expulsion ; Insalubrité ; quelques hectares, peu structurés, banalisés,
Luttes urbaines; Rénovation urbaine.
où la pratique sportive est envisagée comme
une détente. Les plaines de jeux peuvent aussi
posséder des petits terrains d’utilisation sur
STADE ET TERRAIN DE SPORT veillée, généralement concédés à des associa
tions (courts de tennis, jeux de boules) et des
Espaces destinés à la pratique (loisirs, aires de jeux équipées pour les enfants (écha
entraînement et compétition) d’activités spor faudages d’escalade, toboggans, etc.).
tives en plein air. Les terrains d ’activités physiques sont des
Entre le simple terrain de football délimité terrains de petites dimensions (moins d ’un
STATION D'ÉPURATION
Davos, Zermatt, etc.) avant que ne se déve Enfin, on distingue les communes à forte
loppent, au x x e siècle, les sports d ’hiver fréquentation journalière (environ 1900) qui
(Megève, Val d’Isère, etc.). reçoivent de nombreux excursionnistes mais
L’expression «station touristique» est offrent peu d’hébergements pour des séjours.
réservée depuis 1919, en France, aux stations Elles peuvent recevoir une dotation complé
classées par décret pris en Conseil d’État. Il mentaire de la d g f si elles présentent des
en existe 537 en France en 2009. Le classe monuments historiques et offrent aux visiteurs
ment suppose qu’il existe des éléments attrac des parcs de stationnement entretenus et amé
tifs mis en valeur, que la commune soit dotée nagés.
d’un p l u (auparavant d’un p o s ) . On distin Alors que les mécanismes financiers en
guait (jusqu’à la loi du 14 avril 2006 qui a faveur des stations et des communes touris
supprimé cette dictinction) six types de sta tiques concernent peu l ’aménagement, il
tions classées, régis chacun par des règles existe un dispositif tourné vers des objectifs
spécifiques : stations hydrominérales (villes d’aménagement : les contrats de station, pro
d’eau), climatiques, balnéaires, de tourisme, cédure introduite par la loi Rocard du 29 juillet
de sports d ’hiver et d’alpinisme, uvales. Il 1982 sur la contractualisation. Ces contrats
n’est plus nécessaire pour l ’ouverture d ’un peuvent être passés entre l’État (mais pas tou
casino et la création d’un office municipal du jours), la région, le département et la station.
tourisme à statut d ’établissement public Us comportent un programme pluriannuel éta
industriel et commercial (il en existe 142 bli par les collectivités et les acteurs locaux et
seulement). Il fait bénéficier la commune de approuvé par le conseil municipal et par les
la taxe additionnelle à certains droits d’enre autres contractants. Parmi ces contrats, on dis
gistrement, d’une taxe sur les entreprises inté tingue des contrats de pays d’accueil (surtout
ressées au développem ent de la station, dans les zones rurales : il en existe 142, réunis
éventuellement de la taxe sur le produit des sant environ 6 800 communes), des contrats
jeux du casino et de la taxe de séjour. Le station-vallée (en montagne, pour promouvoir
montant de cette dernière est fixé par le le développement touristique dans les vallées
conseil municipal, entre 0,15 et 1,05 € selon autour d’une station), des contrats de valorisa
le classement de l’hébergement. Dans les sta tion des stations littorales (pour concentrer la
tions de sports d’hiver, les communes fréquentation touristique et éviter le mitage du
peuvent percevoir une taxe sur les remontées littoral). Depuis le Xe plan, les contrats de sta
mécaniques. tion sont intégrés aux contrats État-région. En
Il n’existe plus, depuis 1993, de définition outre, en 1993, a été lancée la procédure des
administrative des stations touristiques. On projets de station qui comportent une subven
retiendra que ce sont les communes qui tion de l’État.
mettent en œuvre une politique locale du tou Bien que, dans presque tous les gouverne
risme et qui offrent des capacités d’héberge ments successifs, il y ait eu un secrétaire
ment pour l ’accueil d’une population non d’État (voire un ministre) chargé du tourisme,
résidente. Plus de 3 000 communes répondent la direction du tourisme a été, en 2009, fondue
à cette définition. Ces communes touristiques au sein de la direction générale de la compéti
bénéficiaient du concours particulier de la tivité, de l’industrie et des services. L’organi
dotation globale de fonctionnement qui leur sation de l’offre et la promotion du tourisme
était réservé et certaines d’une dotation sup sont le fait d’organismes nationaux (Agence
plémentaire (dont ne bénéficiaient pas toutes française de l ’ingénierie touristique, Maison
les stations classées). Mais, depuis la loi du de la France, Observatoire national du tou
31 décembre 1993, cette dotation touristique risme) ; régionaux (Comités régionaux du tou
et la dotation supplémentaire ont été fondues risme, créés en 1942 et réformés en 1987,
dans la dotation forfaitaire. Les communes composés pour moitié d ’élus et de représen
qui recevaient la dotation particulière en tants des activités liées au tourisme) ; départe
conservent le bénéfice, mais le montant en est mentaux (Comités départementaux du
gelé. Depuis 1964, certaines communes ont tourisme, associations officialisées par la loi
reçu le label de stations vertes ou de villages du 31 décembre 1992); et locaux (environ
de neige (553 en 2009) ou de villages de neige 2 394 offices de tourisme et 750 syndicats
(23 en 2009). d’initiative communaux ou intercommunaux,
STATIONNEMENT
qui sont dans neuf cas sur dix des associations leur automobile jusqu’à la gare, puis le mét(
fondées par les commerçants et les hôteliers, ou lè chemin de fer vers le centre. jjii
des e p i c dans la plupart des autres cas). Ces ' P."!
structures sont complexes et peu lisibles. Les
V
lois de décentralisation de 1983 avaient Politique de stationnement.
des lotissem ents, dans les années 1920, ture de police (également créée dans plusieurs
devait rendre ce cadre trop étroit. On chercha grandes villes et en Corse), qui couvre Paris et
alors à doter l ’agglomération d’organes spéci les trois départements limitrophes (Hauts-de-
fiques pour traiter des problèmes d’aménage Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne),
ment: ce furent d ’abord (1928) le Comité soit un peu plus que l’ancien département de
supérieur d’aménagement et d ’organisation la Seine. Ce statut a été légèrement modifié
générale de la région parisienne (35 km par la loi de décentralisation du 2 mars 1982,
autour de Paris), à l’origine du premier plan puis par la loi du 31 décembre 1982, relative à
d’aménagement de la région parisienne (dit Paris, Lyon et Marseille.
plan Prost) de 1934 (approuvé en 1939, puis Cette dernière réforme a renforcé le rôle de
1941); ensuite le Comité d’aménagement de l’arrondissement. Cette division ancienne de
la région parisienne (1943), dont les travaux Paris (elle remonte à la Révolution) ne jouait
aboutirent au Plan d’aménagement et d’orga qu’un rôle réduit, pour certains services admi
nisation générale de la région parisienne nistratifs, et était îa circonscription électorale
(1960) ; enfin, le district de la région de Paris pour les élections municipales. La réforme de
(loi du 2 août 1961), établissement public qui 1975 avait déjà institué une com m ission
couvrait l ’ensemble des départements de la d’arrondissement, où les élus étaient toutefois
Seine, de la Seine-et-Oise et de la Seine-et- minoritaires. L’arrondissement est, depuis la
Mame, qui fit préparer le schéma directeur loi du 31 décembre 1982, doté d’un conseil
d’aménagement et d’urbanisme de la région d’arrondissement élu et d’un maire d’arrondis
de Paris (1965, approuvé en 1976 après révi sement. L’objet de la réforme est de faciliter la
sion). participation des habitants par la création d’un
La loi du 10 juillet 1964 a réorganisé la échelon local.
région parisienne en huit départements, le Dans les années 2000, a été mise en évi
délégué général au district devenant en outre dence l’inégalité entre Paris, ville au terri
préfet de région. Mais il a fallu la loi du toire limité et aux ressources importantes, et
6 mai 1976 pour transformer la région pari de nombreuses communes de banlieue, beau
sienne en région Île-de-France et la doter coup plus pauvres. Sur le plan de la gouver
d’un statut comparable à celui qu’avaient les nance comme sur celui de l ’aménagement,
autres régions depuis la réforme régionale de un territoire intermédiaire entre celui de la
1972 (le préfet de région devenant en outre ville et celui de la région ne serait-il pas per
préfet de Paris), tout en conservant les pou tinent? Pour certains partisans du Grand
voirs propres, qui étaient ceux du district, de Paris, il fallait réunir en un seul département
création et de gestion de certains équipements Paris et ceux de la petite couronne. L’idée a
(transports collectifs, espaces verts, etc.). La été reprise en 2007 par le Président Sarkozy
loi du 2 mars 1982 a prévu, comme pour les qui a créé un secrétariat d’État au Dévelop
autres régions, le transfert de l ’exécutif au pement de la région capitale. Le 5 mars
président du conseil régional. Ce conseil a été 2009, le comité pour la réforme des collecti
élu, pour la première fois, au suffrage univer vités locales a proposé ce regroupement des
sel, le 16 mars 1986, puis réélu en 1992, quatre départements centraux en une collecti
1998 et 2004. vité locale de statut particulier regroupant les
L’évolution du statut de la ville a été plus compétences des départements et celles des
tardive et plus rapide. La loi du 31 décembre intercommunalités les plus importantes.
1975 a créé un statut, encore particulier, mais Cependant, constatant les nombreuses cri
beaucoup plus proche du droit commun, en tiques que soulevait cette proposition,
particulier avec le rétablissement d ’un maire M. Sarkozy a repoussé à plus tard, dès le
élu par le conseil (pour la première fois à la 29 avril 2009, le problème de la gouvernance
suite des élections municipales de 1977). Les de la métropole parisienne.
plus importantes particularités de ce statut Les services de la ville de Paris (35 000 agents
tiennent au fait que Paris est à la fois commune environ) ont été encore accrus par certains ser
et département, son conseil à la fois conseil vices de la préfecture et par une partie des ser
municipal et conseil général et que le maire vices extérieurs de l ’État, transférés dans le
élu par celui-ci est aussi président du conseil cadre de la décentralisation. Le préfet de Paris
général. En outre, est maintenue une préfec et de la région Île-de-France conserve les attri
STRUCTURE (D'UN BÂTIMENT)
butions de représentant de l’État, comme dans dues. La conception organique est fondée stlr
les autres départements et régions. une analogie biologique ou bien évolutidti-
niste. Dans le premier cas, le changement ’4 e
P. M. et Y. P.
style est expliqué en termes de développe
_> Capitale; C o m m u n e ; Décentralisation administrative; ment, maturité et déclin; dans le second , *#1
Région; Grand Paris; Schéma régional d'aménagement et termes de progrès, conduisant de formes mati
d'urbanisme.
nales à des formes plus avancées. Les teCÜ»
niques et matériaux utilisés par l ’art, comrrie
STRUCTURE (D'UN BÂTIMENT) — Gros ses fonctions pratiques, sont souvent considé
œuvre rées comm e des facteurs déterminants (lu
style. Le style est conçu com m e résultant
d’une vision du monde ou de formes de la vie
STYLE sociale. Dans les deux cas, il est façonné par
le contexte social de l’attitude esthétique, ^
Du latin stilus, poinçon servant à écrire, ce C.-F.O.
terme en est venu à désigner par métonymie
l ’écriture elle-m ême et le langage « c o n si -* Architecture; A rt; Art urbain; Baroque; Classique; Histoire;
Moderne ; Organique ; Renaissance. : i-
dérés relativement à ce qu’ils ont de caracté
ristique ou de particulier pour la syntaxe ou
même le vocabulaire» (Littré) dans l ’usage
qu’en fait une personne ou une époque. Dans SUBURBANISATION -> Agglomération;
la deuxième moitié du xvme siècle, le terme Banlieue ; Périurbanisation ; Rurbanisation
« style » est passé dans le domaine des arts
visuels, mais il est moins employé par l’urba
nisme. Toutefois, dans la mesure où des SUBVENTIONS DE L'ÉTAT
approches stylistiques ont été appliquées à AUX COLLECTIVITÉS LOCALES — Dotation
l ’urbain, elles sont semblables à celles en globale de fonctionnement ; Dotation globale
usage dans l’histoire de l’art. d'équipement
Dans les arts visuels, en particulier en archi
tecture, style renvoie le plus souvent à une unité
omniprésente et rigoureuse, à un principe qui SUBVENTIONS D'ÉQUIPEMENT
détermine le caractère des parties et l’organisa
tion du tout. Le style est considéré comme Dépenses d’investissement de l’État ou de
l’expression signifiante qui révèle la vision d’un collectivités locales versées à des collectivités
individu ou d’un groupe, traduisant la mentalité en vue du financement d’un investissement
et la sensibilité collectives d’une culture spécifique. Avec la création de la dotation glo
dans son ensemble. En ce sens, le style d’une bale d’équipement (dge) en 1983, la plupart
époque informe toutes ses œuvres, bonnes ou des subventions d’équipement de l’État ont été
médiocres. Les historiens d’art ont étudié la for globalisées. À l’inverse, les subventions spéci
mation et l’évolution des styles, s’en sont servi fiques ou des participations (fonds de concours)
comme moyen de dater et d’identifier des entre collectivités locales se sont multipliées.
œuvres d’art et ont déduit du style des valeurs Les subventions spécifiques d’équipement
religieuses, sociales et morales. Sur cette base, de l’État non intégrées dans la dge s ’élèvent à
ils sont parvenus à construire un système cohé 105 millions d ’€ en 2010, soit 15 % environ
rent, bien qu’incomplet, de la distribution tem de la dge (708 millions).
porelle et spatiale des styles dans le monde. Les subventions d’équipement accordées
L’acception la plus répandue du style prend par les départements aux communes et aux
en compte des éléments formels, des relations groupements de communes se sont fortement
et des qualités. Cette approche de l ’analyse développées depuis la décentralisation, en liai
stylistique a fait l ’objet d’une élaboration qui son avec le rôle péréquateur qui a générale
permet de dégager et de décrire avec précision ment été reconnu aux conseils généraux. Les
des différences d’une grande finesse. D ’autres départements ont versé environ 5,4 milliards
conceptions du style, souvent très sophisti d’€ de subventions d’équipement à l ’intention
quées dans leurs méthodes, sont moins répan des communes en 2008. Mais l ’absence de
741
SYMÉTRIE
normalisation des aides, différentes dans niveaux. On parle de surface hors oeuvre
chaque département qui édite son propre guide brute pour la totalité de cette surface, sans
des subventions, a abouti à une forte hétérogé aucune déduction.
néité quant à la nature des concours accordés. On appelle surface de plancher hors oeuvre
Quant à la région, dans la mesure où elle nette la surface obtenue en déduisant de la
assure, hormis les lycées, peu d’opérations à surface hors oeuvre brute les combles et les
son propre compte et étant donné sa compé sous-sols non aménageables, les toitures-
tence en matière d’aménagement du territoire, terrasses, balcons, surfaces non closes en rez-
les dépenses qu’elle effectue en section de-chaussée, les garages et les locaux affectés
d ’investissement sont constituées à près de à des activités agricoles. C’est la surface de
50 % de subventions d ’équipement (5,4 mil plancher hors œuvre nette qui intervient au
liards d’€ au niveau national, somme équiva numérateur dans le calcul du coefficient
lente à celle des départements), dont 40 % en d’occupation des sols.
matière de transports et de télécommunica On appelle surface habitable la somme des
tions. Il arrive souvent, mais ce n ’est pas la surfaces des pièces habitables ou de service et
règle, que ces concours s ’inscrivent dans le des espaces de circulation intérieurs. Elle se
cadre des contrats de projet État-région. déduit de la surface hors œuvre nette en sous
Le désengagement progressif de l ’État, la trayant les surfaces occupées par les murs,
crise financière dans laquelle il se trouve, et la cloisons et gaines techniques et les espaces
récente décision de supprimer, à partir de communs (palier, cage d ’escalier, ascenseur,
2 0 1 0 , la taxe professionnelle (remplacée par etc.).
une contribution économique territoriale (cet)
d’un rendement moindre placeront les collecti P. M.
vités locales, qui financent 75 % des dépenses - » Coefficient d'occupation des sols.
d’équipement, dans une situation particulière
ment délicate dans les années qui viennent.
V. C. SURFACE DE VENTE Magasin
mité qui manquait un peu au comité du sca, commune unique, par fusion des communes
organe délibérant de celui-ci, élu par les ou des portions de communes comprises dans
conseils municipaux au second degré. le périmètre d’urbanisation ; la création d’une
Le budget du sca devait, pour ce qui communauté d’agglomération nouvelle (càn).
concerne l ’agglomération nouvelle, être L’application de cette loi s’est effectuée éh
approuvé par l ’autorité de tutelle, ce qui était trois temps.
l’occasion d’une négociation sur les subven — Dans un premier temps, le préfet a pro
tions d’équilibre. Celles-ci étaient justifiées posé, après consultation des communes
par le décalage entre les besoins d ’équipe concernées, une révision du périmètre d ’urba
ment d’une zone d’urbanisation nouvelle et le nisation. Il a pu prévoir le retrait de certaines
montant des recettes (taxe professionnelle en communes ou, avec leur accord, l ’addition
particulier) souvent inférieures aux prévisions d’autres communes, il a pu aussi proposer des
initiales. modifications de frontières, des communes,
Le périmètre de l’agglomération nouvelle, maintenues ou non dans le périmètre d’urba
couvert par le sca, pouvait être plus vaste que nisation. Le périmètre comprend ou non les
le périmètre d’urbanisation, mais plus réduit secteurs anciennement urbanisés des com
que le périmètre d’intervention de l’établisse munes.
ment public d ’aménagement et, a fortiori, — Dans un deuxième temps, avant la fin
que le périmètre d’études initial. Cette plura 1983, ces périmètres ont été approuvés par
lité des périmètres traduisait une particularité les comités des sca et les conseils munici
des villes nouvelles françaises : partie inté paux, ceci à la double majorité prévue pourlà
grante des régions urbaines où elles ont été création des sca (dans le cas contraire, un
planifiées, elles n’ont pas de limites strictes et décret en Conseil d’État eût été nécessaire))
correspondent à l’ensemble des zones (loge il en est résulté le retrait de certaines com
ments, activités, loisirs, etc.) situées sous munes à Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-
l ’influence de leur centre urbain nouveau. Yvelines, Rougeau-Sénart, Grand-Melun et
La loi du 10 juillet 1970 prévoyait, lorsque L’Isle-d’Abeau (où il y avait déjà eu un retrait
la ville nouvelle serait achevée, ou au plus tard en 1978). En outre, Grand-Melun et Sénart-
après vingt-cinq ans, la disparition du sca : Villeneuve ont fusionné pour former Sénart-
soit par fusion volontaire des communes, soit, ville nouvelle. Par contre, Évry, Mame-la-
dans le cas inverse, par création d’une com Vallée-Val Maubué et les rives de l’étang de
munauté urbaine. Berre comportent les mêmes commîmes. Des
La loi du 10 juillet a été remplacée, après de rectifications de frontières communales ont
nombreuses propositions et plusieurs projets eu lieu partout, sauf sur les rives de l’étang de
avortés, par la loi du 13 juillet 1983. Le syndicat Berre.
d’agglomération nouvelle a alors pris le relais — Dans un troisième temps (premier
du syndicat communautaire d’aménagement. semestre 1984), les communes ont eu le choix
entre quatre solutions, à la double majorité
P.M .
déjà évoquée:
_► Établissement public d'aménagement de ville nouvelle; • création d’une commune nouvelle par
Groupe central des villes nouvelles; Groupement de com
munes ; Syndicat d'agglomération nouvelle ; Ville nouvelle.
fusion ;
• création d’une commune unique par
fusion des communes ou de la partie de leur
SYNDICAT D'AGGLOMÉRATION NOUVELLE territoire comprise dans le périmètre d’urba
nisation ; ce dernier cas s’applique à défaut
Association de communes situées, en tota d’accord sur une autre solution ; '
lité ou en partie, dans le périmètre d’urbani • création d’une communauté d’agglomé
sation d ’une ville nouvelle, que la loi du ration nouvelle ;
13 juillet 1983 a substituée au syndicat • création d’un syndicat d’agglomération
communautaire d’aménagement. nouvelle.
C’est une des quatre formules offertes aux Cette dernière formule a été choisie pour
communes par la loi du 13 juillet 1983, les succéder à tous les anciens syndicats commu
autres étant la création d ’une nouvelle nautaires d ’aménagement. Elle devait être
commune par fusion ; la transformation en adoptée à la double majorité prévue pour la
745 SYNDICAT D’AGGLOMÉRATION NOUVELLE
création des sca. Après chaque élection muni ment des emprunts, ou de subvention d’équi
cipale, le Syndicat d’agglomération nouvelle libre du budget nécessité par la croissance
(san) pouvait se transformer en communauté rapide : cette dotation nécessite une conven
d’agglomération nouvelle. tion entre l’État et le san ;
Les dispositions relatives aux syndicats de — de subventions d’équipement individua
communes s’appliquent aux san. Un san est lisées ;
administré par un comité d ’élus des com — de dotation spécifique d’équipement
munes qui le constituent, composé en tenant pendant une durée maximale de cinq ans
compte de la population des communes (1984 à 1988);
(aucune ne peut être majoritaire). Le retrait — de la garantie de l’État et des collectivi
d’une commune est possible par décret en tés publiques pour ses emprunts.
Conseil d’Etat, après avis du comité syndical La Communauté d ’agglomération nou
et des conseils municipaux des communes velle (can), autre formule proposée par la
qui le constituent. Le SAN exerce les compé loi Rocard, n ’a été choisie par aucune ville
tences des communes en matière d ’urba nouvelle. Il s ’agissait d ’un établissement
nisme, de logement, de transports, de création public de coopération intercommunale à
de voies et de réseaux divers, de développe caractère administratif, administré par un
ment économique et pour les équipements conseil d’agglomération composé d ’élus au
nécessités par les opérations d’urbanisme. suffrage universel pour six ans et auquel
Les autres équipements sont réalisés par les s ’appliquaient les règles des communautés
communes. Les communes gèrent les équipe urbaines. La can devait avoir les mêmes
ments d ’intérêt communal, le SAN ceux qui compétences et le même statut en matière
sont reconnus d’intérêt commun. Le san peut, de recettes financières et fiscales que
comme le sca, repevoir des compétences des le SAN.
communes ou leur en déléguer. Il se substitue Un décret, sur proposition ou après avis du
au sca dans ses droits et obligations : il comité du SAN, fixe la date à laquelle les opé
reprend notamment la charge des emprunts rations de construction et d ’aménagement
contractés par le sça et la convention qui le sont considérées comme terminées, ce qui
lie à l’établissement public d ’aménagement met fin au régime financier particulier. Les
de la ville nouvelle, mais celle-ci peut être communes choisissent alors librement leur
révisée. forme de coopération et peuvent opter pour la
En matière fiscale, les communes votent et fusion complète ou partielle. La loi Rocard
perçoivent les taxes foncières, la taxe d’habita de juillet 1983 privilégiait l’hypothèse d’une
tion et les autres produits et taxes, à l’exclusion transformation du san en can . Dans le
de la taxe professionnelle. Le SAN vote et per contexte créé par la loi Chevènement de
çoit la taxe professionnelle (et désormais la juillet 1999, c’est l ’hypothèse d’une transfor
contribution économique territoriale), dans les mation en communauté d’agglomération est
limites fixées par la loi, et, si ses ressources ne le plus souvent choisie par les élus. De fait,
lui permettent pas d’assurer la charge de la les SAN d ’Évry (fin 2000), de Cergy-
dette et les autres dépenses obligatoires, peut Pontoise, de Saint-Quentin-en-Yvelines (fin
prélever une taxe additionnelle sur les taxes 2002) et de l’Isle d’Abeau (fin 2006) se sont
foncières et sur la taxe d’habitation. Il verse transformés en communautés d ’aggloméra
aux communes une dotation destinée à couvrir tion à la dissolution des établissements
les charges qui leur sont transférées ou, au publics d ’aménagement de ces villes nou
contraire, en reçoit une de celles-ci pour les velles; seul celui des Rives de l ’Étang de
charges qu’il assume en leur nom. Les com Berre (fin 2001) a été maintenu en tant que
mîmes reçoivent la dotation globale de fonc SAN. Par ailleurs, les villes nouvelles de
tionnement versée par l’État : le calcul de Marne-la-Vallée et de Sénart, non encore
celle-ci tient compte des urbanisations en achevées, conservent leurs san. L’objectif
cours. recherché est qu’il n ’y ait pas de régression
Le SAN bénéficie, comme les sca qui les de l ’intercommunalité, domaine où les sca
ont précédés : puis les san ont toujours été présentés
— de dotation en capital de l ’État, prenant comme des modèles. Cela signifie que les
notamment la forme de différé d’amortisse périmètres ne devraient pas être réduits, et
SYNDICAT INTERCOMMUNAL
qu’il ne devrait pas y avoir de réduction des moins chez Forrester, elle en néglige de$
domaines de compétences. dimensions fondamentales : notamment lefl,
P.M. rapports avec l ’extérieur, la dimension spsti
tiale, les rapports sociaux. !
Groupement de co m m unes; Syndicat communautaire On parle de systémique ou d ’autott
d'aménagem ent; Ville nouvelle. organisation pour expliquer l ’organisatioh
et l ’évolution des systèmes dotés d ’unlê,
complexité fondamentale. Ces approches onti
SYNDICAT INTERCOMMUNAL été appliquées à l’organisation urbaine et orijt
-+ Groupement de communes; Syndicat montré que les analyses urbaines ne pouV
communautaire d'aménagement; Syndicat vaient reposer sur des causalités simples (les
d'agglomération nouvelle supposés « effets structurants » des infrastruc^
tares par exemple). Hl.
SYSTÈME
P. 4:
- » Modèle (m athém atique); Scénario.
peuvent rendre de très grands services aux des évolutions urbaines et de faire des projec
communes moyennes et petites à un coût dix tions fiables, de la population, de l ’emploi ou
| fois moindre. de la fiscalité, par exemple. Un nouvel obs
Les sig (comme apic, Intergraph, Arclnfo) tacle apparaît : la contradiction entre les exi
servent d ’ordinaire à trois usages : d’abord, gences des sig, où l ’on croise des données
i à rassembler dans une sorte de cartothèque détaillées, et la loi Informatique et liberté qui
électronique unique toutes les cartes à diffé contrôle les fichiers et interdit les croise
rentes échelles qu’utilise une mairie, ce qui ments : en France, la plupart des sig aujour
permet de mettre à jour d’un seul coup ce fond d’hui sont en marge de la légalité.
cartographique et de choisir commodément
l’échelle et la zone représentée. Ils sont utilisés, B. M.
d’ordinaire, dans la gestion du droit des sols -+ Cadastre; Informatique et urbanism e; Réseaux.
(attribution de permis de construire, etc.). Ils
servent enfin à préparer des décisions d’urba
nisme : regroupement de parcelles, expropria SYSTÈME NATUREL - Protection
tions, gestion de réseaux, étude de bassins de la nature
scolaires, protection de l’environnement.
Un engouement un peu ex cessif a rendu
les sig très populaires. Malheureusement, ils SYSTÈME PRODUCTIF LOCAL — Pôle
sont souvent très mal utilisés. Les défauts des de compétitivité
sig se trouvent plutôt en amont (le coût et la
durée de la saisie des données restent le princi
pal obstacle) et en aval : il leur manque encore SYSTÉMIQUE -* Modèle (mathématique) ;
des modules élaborés permettant de simuler Système
ni
Sif
I ti
.tUt
iîjf'
'■*!*
. 'H
!»•
f!
Ai
'il'
■Ait).:
■:U
TABLES DE MORTALITÉ -> Mortalité supporté par la collectivité. On peut égale
ment concevoir des tarifs différents selon
l ’heure (plus coûteux en heure de pointe)
TAILLE DES LOGEMENTS pour se rapprocher de la tarification au coût
—> Parc de logements; Taux d'occupation des marginal.
logements Le péage sur les autoroutes urbaines, justi
fié par leur coût d’investissement, ne doit pas
nuire à leur pleine utilisation.
TARIFICATION (des transports)
x P. M.
Établissement des prix (du tarif) auxquels —> Coûts de fonctionnement des transports; Planification des
transports; Politique de stationnement.
sont facturés les biens ou services. Sur le
plan théorique, on distingue la tarification au
coût marginal (on fait payer le coût d ’une
unité supplémentaire produite) et la tarifica TAUDIS Hygiène ; Insalubrité (habitat,
tion au coût moyen (on fait payer le coût logement) ; Rénovation urbaine
total, divisé par le nombre d ’unités pro
duites).
La tarification peut être un moyen d’action TA U X D'ACTIVITÉ
sur les consommations. A insi, dans le
domaine des transports, la tarification des Le taux d ’activité générale est le rapport
transports publics, le plus souvent inférieure entre la population active et la population
aux coûts de fonctionnement, entraîne un coût totale (la population active comprenant les
pour la collectivité (subvention du déficit) personnes occupant un emploi et celles qui
mais peut inciter à l’utilisation des transports sont à la recherche d’un emploi). On mesure
en commun. En fait, cette incitation, sans être désormais le plus souvent le taux d ’activité
négligeable, doit s ’accompagner, pour être pour les plus de 15 ans (en France, en 2005,
pleinement efficace, d’un haut niveau de ser 61,8% pour les hommes et 51,1 % pour les
vice offert. femmes, ce qui est un des taux les plus faibles
Un tarif uniforme sur le réseau de trans des pays développés). On utilise aussi un taux
ports favorise le desserrement des rési d ’activité pour les 15 à 65 ans (70% en
dences et des activités, alors qu’un tarif France). Le total des personnes actives est
proportionnel à la distance favorise la de 28 millions en 2008 (dont 23,1 millions
concentration. de salariés, 2,2 m illions de non salariés et
Des tarifs préférentiels sont souvent éta 2,7 millions de chômeurs). Mais on compte
blis pour certaines catégories d ’usagers parmi eux 4,3 millions de salariés à temps par
(familles, personnes âgées, étudiants, etc.) ou tiel.
pour les usagers réguliers (abonnements). Les variations du taux d’activité, selon les
Ces mesures d’incitation s ’ajoutent au coût régions et les quartiers, sont liées à :
TA U X D'ACTUALISATION 750(i
magne et en Grande-Bretagne comme en de sept jours) sont les plus longs, ceux à la
France, mais seulement 10 jours en moyenne campagne, en ville ou en circuit les plus courts
aux États-Unis et au Japon) et selon la sévérité (cinq jours environ).
du climat (les habitants des pays froids sont Même si la banalisation progressive des
plus enclins à prendre des vacances dans des vacances s’accompagne d’une réduction des
pays au climat plus doux). Ce taux atteint envi inégalités, celles-ci demeurent d’autant plus
ron 80 % en Suède, en Norvège et en Suisse, de fortes que les écarts entre catégories socio
l’ordre de 70 % au Danemark, en Allemagne et professionnelles - qui sont encore largement
aux Pays-Bas. Il est sensiblement plus faible plus que du simple au double - se doublent
aux États-Unis, au Canada et au Japon. Le taux d’écarts quant au nombre de départs, à la durée
fiançais est proche de la moyenne européenne des séjours, aux milieux de vacances (les plus
(67 % en 2008), mais la crise économique modestes sont plus nombreux à la campagne et
semble devoir entraîner une chute significative moins sur le littoral) et aux types d’hébergement
en 2009 et 2010 (on prévoit une moyenne de (les plus modestes souvent chez des parents ou
64 %). Il est inférieur à la moyenne européenne amis ou en hébergement de plein air). Par
dans les pays méditerranéens. ailleurs, la progression du taux de départ est
Le taux de départ en vacances varie selon interrompue et les vacances d ’hiver ne
plusieurs critères, encore que les écarts se res concernent qu’un tiers des Français (dont 8 %
serrent avec le temps : seulement aux sports d’hiver). De façon géné
— le lieu de résidence : il est plus élevé rale, malgré une tendance au fractionnement
dans l’agglomération parisienne (80% ) et des vacances (davantage de séjours plus courts :
décroît selon la taille de l ’agglomération jus 2,5 séjours de vacances de 4 nuits au moins en
qu’à 60 % dans les communes rurales ; moyenne), la concentration saisonnière pose un
— la catégorie socioprofessionnelle : le taux problème à l’industrie touristique et à de nom
de départ est de 90% pour les professions breuses autres activités (transports, etc.).
supérieures, de 78 % pour les professions inter P. M.
médiaires, de 63 % pour les employés, de 67 %
(en forte hausse récente) pour les commerçants - » Loisirs;Tourism e.
et artisans, de 48 % pour les ouvriers, de 38 %
chez les agriculteurs (contre 20% vers 1980),
de 66 % pour les inactifs non retraités (ce qui est TA U X DÉMOGRAPHIQUES -> Analyse
très proche de la moyenne nationale) et de 53 % démographique ; Fécondité ; Mortalité ;
pour les retraités ; ce critère recouvre largement Mouvement naturel (d'une population) ;
celui du revenu, mais aussi celui du temps libre ; Natalité; Projections démographiques;
— l’âge : les enfants et les adultes d ’âge Reproduction
moyen (30 à 49 ans) partent le plus.
Le nombre de voyages annuels varie en
fonction des mêmes critères et dans le même TA U X DE MOTORISATION -> Automobile
sens (5,5 voyages annuels pour les Parisiens
et 3,3 pour les ruraux). Il en est de même pour
la durée des vacances (en moyenne 9,7 nuitées TA U X D'EMPLOI
par séjour de vacances et 23 jours au total).
Le taux de départ en vacances d’été approche Rapport, dans un cadre géographique déter
le taux global. En revanche, le taux de départ miné, entre le nombre d’emplois et la popu
en hiver est presque deux fois plus faible et lation active. Ce taux permet de mesurer l’adé
traduit des écarts plus nets que le taux global. quation quantitative globale entre l ’offre
Les destinations de vacances des Français d’emploi et la demande. Au niveau régional,
sont la campagne (36% ), la ville (34% ), la il est inférieur à 1 lorsqu’il y a un chômage
mer (27 %), la montagne (15 %), un lac (4 %) important ; il peut être supérieur à 1 dans une
ou un circuit (3 %) : le total est supérieur à région qui attire par exemple des migrants
100% car plusieurs espaces peuvent être fré quotidiens interrégionaux, voire frontaliers.
quentés au cours d ’un même séjour. Les Dans une agglomération, le taux d’emploi est,
séjours au bord de la mer ou d’un lac (plus de en général, nettement supérieur à 1 dans le
huit jours en moyenne) et à la montagne (plus centre ainsi que dans quelques secteurs de ban
TA U X DE RENDEMENT INTERNE 7$;
lieue où sont implantés des centres d’emplois, -— pour les célibataires de moins de 19 anS);
industriels ou tertiaires. A Paris, il approche une pièce pour deux enfants de même sexe'du
1,5. Il est, en revanche, inférieur à 1 presque de moins de 7 ans ; '-If!
partout dans les banlieues. Il est cependant — une pièce par enfant dans les autres caè)
plus élevé en proche banlieue (0,95 en proche Un logement était dit en peuplement norméH
couronne parisienne) qu’en grande banlieue (22,6 % des résidences principales en 2002) s’flt
(0,7 en grande couronne parisienne). Il se rap correspond à la norme précédente. S ’il a untfh
proche cependant de 1 dans les agglomérations deux ou trois pièces de plus que la norme thêCH
secondaires qui ont un marché de l ’emploi rique ci-dessus, il était dit en sous-peuplemerif
quasi autonome et dépasse même 1 dans cer modéré, prononcé ou très accentué (respective* ,
taines villes nouvelles (Évry, Cergy-Pontoise, ment 26,7%, 20,6% et 21,0% des résidencè^
Saint-Quentin-en-Yvelines). Au contraire, il principales). S ’il a au contraire une ou detfiè
peut être très faible dans les communes ou pièces de moins que cette norme, il était étf.'
quartiers d’habitat récent sans zone d’activités. surpeuplement modéré ou accentué (respective
P .M .
ment 9,3 % et 0,9 % des résidences principalèj1
en 2002, contre 26,0 % et 12,7 % en 1962). * 1
- » Em ploi; Population active. Le surpeuplement est plus fréquent :
— dans les appartements (20 % contre 2 %
pour les maisons individuelles) ; ‘K
TA U X DE RENDEMENT INTERNE — dans les logements en location (21%
-> Actualisation contre 3 % pour les logements en propriété'
ou en accession à la propriété) et surtout dans1
les habitations de fortune (près de 60 %) ;
TA U X D'INTÉRÊT -> Actualisation ; Intérêt — dans les logements occupés depuis plu*
sieurs années, l’installation ayant souvent été
suivie d’une, voire de plusieurs naissances ;
TA U X D'OCCUPATION DES LOGEMENTS — dans les régions urbaines, où le coût du
logement est plus élevé (21% dans l’agglo-1
Nombre moyen de personnes occupant un mération de Paris contre 7% dans les corn-1
logement. Ce taux moyen n ’a de sens que munes rurales et 3 % dans les agglomérations
comparé à la taille moyenne des logements de moins de 100 000 habitants). *•
(surface, nombre de pièces). On calcule sou L’insee a donné, dahs l ’enquête «L oge-’
vent un nombre moyen de personnes par pièce m ent» de 2006, une nouvelle définition-,!
habitable. tenant compte de la surface du logement, du!
Des normes de peuplement (d’occupation) peuplement normal, du sous-peuplement et du
des logements peuvent être définies par les surpeuplement: 1
pouvoirs publics ou par leurs services statis — le peuplement est normal si le nombre
tiques. Ces normes sont essentiellement liées à de pièces est égal à la norme évoquée ci-
une situation du logement, dans un cadre géo dessus et si les membres du ménage disposent
graphique donné, à une époque particulière, et d’au moins 18 m2 par personne ou, dans lé
ne sauraient revêtir aucun caractère universel. cas d’un studio, d’au moins 25 m2 ; (|!
Ainsi, en France, on a longtemps considéré — le sous-peuplement correspond à une:
qu’une occupation «normale» correspondait pièce de plus que la norme (définition inchan
à une personne par pièce habitable (les statis gée, qui ne tient plus comptedu degré de
tiques de I ’ i n s e e étaient établies sur cette sous-peuplement); '*
base). L ’ i n s e e a ensuite défini une norme théo — le surpeuplement correspond aux situa
rique prenant en compte la structure du tions où le nombre de pièces est inférieur à
ménage : la norme (définition antérieure), mais aussi à
— une pièce de séjour pour le ménage ; celles où les membres du ménage disposent de
— une pièce pour chaque personne de moins de 18 m2 par personne; ce surpeuple
référence d’une famille ; ment est dit accentué si le nombre de pièces est
— une pièce pour chaque personne hors inférieur de 2 ou plus à la norme (définition
famille non célibataire ou célibataire de plus inchangée) : tous les studios de moins de 25 m2
de 19 ans; sont donc considérés comme surpeuplés.
753 TAXE À LA VALEUR A JO U TÉ E IMMOBILIÈRE
Selon cette norme, 9 % des ménages m énages (de 2,5 à m oins de 1,90) que de
(15,8% en appartement et 3,6% en maison l ’augmentation du nombre moyen de pièces
individuelle) sont encore en situation de sur (de 2,1 à 2,7).
peuplement en 2006 (contre 11,8 % en 1996 et La décohabitation résulte du départ d ’un
16,8 % en 1984). Il s’agit surtout de ménages noyau secondaire (par exem ple, un enfant
jeunes : le taux de surpeuplement décroît régu marié) ou d’un cohabitant isolé (un ascendant,
lièrement avec l’âge de la personne de réfé un enfant adulte, une autre personne apparte
rence du ménage (de 21,0 % pour les moins de nant au ménage sans appartenir à la famille).
30 ans à 2,2 % pour les plus de 65 ans). Une La cohabitation peut être volontaire (pour des
personne de plus de 60 ans dispose en raisons de solidarité familiale ou d’assistance),
moyenne de 20 m2 de plus qu’une personne mais traduit souvent l ’insuffisance de l ’offre
entre 20 et 40 ans. En raison de la diminution de logement. On peut mesurer le degré de
de la taille moyenne des ménages et de l ’aug cohabitation par la différence entre le nombre
mentation de la surface des logements, chaque de noyaux familiaux, augmenté du nombre
personne a gagné en moyenne 10 m2 en vingt des cohabitants isolés, et le nombre de ména
ans. Du fait du prix des logements, cette sur ges. Ainsi par exemple, en France, en 1982
face disponible par personne varie en sens (les mêmes données n ’ont malheureusement
inverse de la taille de l’agglomération (32 m2 pas été établies aux recensements ultérieurs),
à Paris, 45 dans les zones rurales). Enfin, dans on comptait 2,9 millions de cohabitants isolés
le même temps, les espaces attenant au loge (dont 1,15 million d’enfants) et 1,8 million de
ment (cour ou jardin dont disposent 94 % des ménages sans fam ille, formés de personnes
maisons individuelles, espaces extérieurs par cohabitant volontairement ou par nécessité (ce
tagés qui existent dans 40 % des immeubles) dernier chiffre était de 2 millions en 1968) ;
se sont agrandis. enfin 150 000 logem ents occupés par deux
L’évolution de l’occupation moyenne des familles, dont 14 000 cas sans lien d’ascen
logements est rapide, au moins depuis la dance (contre 325 000 et 27 000 en 1968).
seconde guerre mondiale: en France, 1,14 P. M.
personne par pièce en 1946; 1,01 en 1962;
0,93 en 1968; 0,83 en 1975; 0,74 en 1982; - » N orm es d'habitabilité et de co nfort; Parc de logements.
0,68 en 1990 ; 0,63 en 1999 et 0,60 en 2002,
0,56 en 2006 (0,67 en Île-de-France et même
0,70 à Paris). Ces données montrent qu’une TA U X D'OCCUPATION DES AUTOMOBILES
norme d’occupation, quelle qu’elle soit, doit —> Automobile; Capacité (d'un moyen
être évolutive. En Union soviétique, où la de transport)
situation du logement, jusqu’à ce qu’un gigan
tesque effort de construction soit entrepris
après 1955, était désastreuse, la norme offi TAXE A LA VALEUR A JO U TÉ E IMMOBILIÈRE
cielle est passée de 8 m2 en moyenne par habi
tant en 1950 à 20 m2 en 1980 et on envisageait Toutes les opérations concourant à la pro
d’atteindre 33 m2 dans les années 1990. À duction ou à la livraison d ’immeubles sont sou
Stockholm, en 1900, on comptait 1,6 personne mises à la taxe sur la valeur ajoutée. Il s’agit
par pièce, mais 1 seulement vers 1950 et 0,5 notamment des ventes de terrains à bâtir, de
actuellement. terrains lotis et des ventes d’immeubles. Cer
On appelle desserrement le processus par taines mutations ou livraisons à soi-même sont
lequel, les ménages s’installant dans des loge cependant exonérées : apports et cessions de
ments plus vastes, l’occupation moyenne des terrains à bâtir effectués par les collectivités
logements diminue. Il résulte de l’augmenta locales au profit des offices publics d ’HLM,
tion de la taille des logements, mais parfois remembrements fonciers, baux à construction,
aussi de la réduction de la taille moyenne des cessions gratuites aux collectivités locales,
ménages. A insi, dans la ville de Paris, le acquisitions de terrains à bâtir par l’État, les
nombre moyen de personnes par pièce a dimi collectivités locales et les établissements
nué de 1,20 en 1946 à 0,70 en 2006 (soit de publics qui en dépendent, réalisation d ’opéra
plus de 40 %), mais ce résultat provient autant tions de rénovation urbaine, etc.
de la diminution de la taille moyenne des La qualité de terrain à bâtir résulte de
TA XE ANNUELLE DES BUREAUX A
pressions de divers groupes d’intérêt, le gou compte des objections du Conseil constitution
vernement avait arrêté son niveau à 17 € la nel, qui serait applicable en 2011. Par ailleurs,
tonne, tout en maintenant le principe de son la France a souhaité voir s ’établir une taxe car
augmentation régulière ultérieure, mais sans bone à l’échelle de l’U nion européenne.
préciser le rythme de celle-ci. Ce niveau n ’a D ’autres méthodes, qu’il ne fait pas
satisfait ni les écologistes, qui réclamaient un confondre avec la « ta x e carbone», ont été
taux très supérieur, ni de nombreux consom m ises en place, à la suite du protocole de
mateurs, qui redoutaient les conséquences sur Kyoto, pour réduire les émissions de g e s :
leur pouvoir d ’achat. Pour apaiser ces der — la « compensation carbone » constitue
niers, le gouvernement a annoncé qu’elle une démarche qui permet à une entreprise,
serait intégralement com pensée pour les après avoir cherché à réduire sur place ses
ménages sous forme d’un crédit d’impôt (46 € émissions de C 0 2, de développer des projets
pour une personne seule, 92 € pour un couple, (généralement dans des pays non industria
plus 10 € par personne à charge), ou en accor lisés) de réduction des émissions ou de cap
dant un complément de revenu équivalent (dit ture et de séquestration du C 0 2 : il peut s ’agir
« chèque vert ») aux ménages non assujettis à de projets d’amélioration de l ’efficacité éner
I ’ i r p p (61 € ou 122 € pour les ménages rési gétique, de production d ’énergies renouve
dant dans une commune non desservie par les lables ou d’opérations de reboisement) ;
transports urbains). — le « crédit carbone » (évalué en tonnes de
Son champ a également fait l ’objet de C 0 2) permet à son détenteur d’acheter des
débats. L’électricité en a été exclue (ce qui droits d’émission pour pouvoir dépasser le
semble logique puisque, en France, elle pro contingent qui lui a été attribué (à l ’échelle des
vient pour l’essentiel de sources non fossiles), États, puis à celle des entreprises) dans le cadre
mais qui a suscité des réserves des écologistes de la mise en œuvre du protocole de Kyoto et
qui y ont vu un encouragement au développe qui peuvent être transférés entre entreprises
ment du nucléaire. Elle a été limitée aux trans ou des pays industrialisés vers les pays en voie
ports privés (à travers le prix des carburants) de développement (c ’est le mécanisme dit de
et au chauffage (fioul, gaz, charbon, dont développement propre) : le cours de la tonne
le prix sera accru d’autant). Mais certaines de C 0 2 s’est avéré très variable (de 10 à 40 €
professions ont négocié une exonération la tonne) selon la conjoncture économique
(industries qui échangent des quotas de C 0 2, mondiale (ils ont atteint un minimum en 2008-
ainsi que les plus polluantes, telles que les 2009.
centrales thermiques, les raffineries, les coke- P. M.
ries, les cimenteries, les verreries, etc., qui
représentent au total 93 % des ém issions Effet de serre; Énergie et e nviron n em e nt; Environnement.
industrielles hors carburants), un étalement
(agriculture, pêche) ou une compensation
(transports routiers de voyageurs et transports TAXE D'ENLÈVEMENT
aériens), ce qui paraissait très contestable. DES ORDURES MÉNAGÈRES
La taxe, ainsi conçue, devait rapporter, en
2010, 3,8 milliards d’é, dont 2,7 provenant Taxe destinée à couvrir les dépenses
des ménages (auxquels ils devaient être com d ’enlèvem ent des ordures m énagères des
pensés) et 1,1 provenant des entreprises. Le communes ou syndicats de communes dans
prix des carburants, par exemple, aurait été lesquels le service est effectué. L’assiette de
rehaussé de 4,11 centimes par litre (essence) la taxe n ’exprime pas un niveau de service
ou de 4,52 centimes (gazole). particulier (volum e ou poids des ordures),
Mais le Conseil constitutionnel, le mais est représentée par le revenu cadastral
29 décembre 2009, a annulé la création de des propriétés. Il s ’agît donc de la même
cette taxe, arguant que les nombreuses excep assiette que celle de la taxe foncière sur les
tions la rendaient «contraire à l’objectif de propriétés bâties, indépendamment du fait
lutte contre le réchauffement climatique » et que le local soit im posé ou non. Sont exo
créant une « inégalité devant les charges nérés les locaux professionnels (surtout les
publiques ». Le gouvernement a annoncé qu’il usines) et évidemment les locaux situés dans
présenterait un nouveau projet de loi, tenant la partie de la com m une où ne fonctionne
TAXE DÉPARTEMENTALE D'ESPACES VERTS 756;
pas le service d ’enlèvem ent des ordures l’assiette foncière. La difficulté de trouver des ;
ménagères. En 2008, la taxe d’enlèvement systèmes simples de mesure du service rendu
des ordures ménagères a procuré 5,03 mil rend ce choix plus malaisé en zone urbaine. !
liards d’€ avec un taux moyen de 8,75 %, les v. c:;
quatre impôts locaux rapportant 45,9 m il
liards d ’€ aux communes et aux e p c i . - » Déchets; Taxe foncière sur les propriétés bâties.
Depuis 2004, le taux de la taxe d’enlève
ment des ordures ménagères est fixé par la col
lectivité. En principe, le produit attendu doit TAXE DÉPARTEMENTALE D'ESPACES
équilibrer le coût du service, mais ce n’est pas VERTS -+ Parc naturel
obligatoire. L’institution de la taxe n ’est
d’ailleurs pas obligatoire : le financement du
service peut être pris en charge par le budget TAXE DE SURDENSITÉ -> Coefficient
général de la commune. On connaît ainsi des d'occupation des sols
communes urbaines qui, n’ayant pas institué la
taxe, font payer le service à l ’ensemble des
contribuables des impôts locaux, y compris les TAXE D'HABITATION
entreprises qui ne bénéficient pas du service.
Le développement de l’intercommunalité a Taxe prélevée au profit des communes et
entraîné de nouveaux partages de compétence des groupements à fiscalité propre, elle était
entre les communes et les établissements également perçue par les régions jusqu’en
publics de coopération intercommunale ( e p c i ) . 2000 et par les départements jusqu’en 2009.
Au début, les communes ont souhaité garder la Elle a remplacé en 1974 l’ancienne contribu
collecte des ordures et confier le traitement à tion mobilière créée en 1790 en tant qu’impôL
I ’ e p c i . La question de savoir laquelle des collec d ’État sur le revenu. Elle prenait pour base
tivités devait voter la taxe s ’est donc posée. d’imposition la valeur locative du logement
L’article 107 de la loi de finances pour 2004 a des contribuables, considérée comm e le;
vocation à éclaircir des situations souvent meilleur indicateur du niveau des ressources,
complexes. Le principe est dorénavant que la d ’un ménage.
collectivité (commune, e p c i o u syndicat mixte) La taxe d’habitation a d’abord totalement
ne peut instituer la taxe qu’à condition de béné perdu la référence aux revenus des c o n tr i
ficier de l’ensemble de la compétence élimina buables, qui n ’a été réintroduite que récem
tion des déchets ménagers et d’assurer au moins ment. Une première tentative a consisté à
la collecte. Au cas où cette nouvelle disposition transformer la part départementale de la taxe
poserait des problèmes, un régime transitoire a d ’habitation en taxe départementale sur le
été prévu. Comme les e p c i nouvellement com revenu. Prévue pour 1992, elle n ’a pas été
pétents doivent gérer des situations antérieures mise en application. Cependant, un système:
de taux disparates, il a également été prévu la de dégrèvement en fonction du revenu a été
possibilité de voter des taux différents par zones retenu et a été particulièrement renforcé à par
définies par des critères objectifs (fréquence de tir de l’an 2000.
ramassage, mode de tri, distance à parcourir). L’assiette fiscale est donc toujours repré
Là encore, des dispositifs d’harmonisation des sentée par la valeur locative brute du loge
taux dans le temps sont prévus. ment, identique aux abattements près à
La taxe est supprimée dans les communes l’assiette de la taxe foncière sur les propriétés
(ou groupements) où est instituée la rede bâties. Les valeurs locatives sont évaluées par
vance d ’enlèvement des ordures ménagères les services fiscaux par comparaison avec
(loi du 30 novembre 1974). La redevance, huit catégories de logements, les éléments de
perçue directement par la collectivité, doit confort du logem ent (salles d ’eau notam
obligatoirement être calculée en fonction du ment) étant pris en compte et accroissant la
service rendu (poids ou volume des ordures valeur locative. Comme le parc de logements
par exemple). Ce sont surtout les communes sociaux est pourvu du « confort moderne », il
de moins de 2 000 habitants et notamment les est surimposé par rapport au parc ancien de
plus rurales qui choisissent la redevance, ce logements. U ne révision des valeurs loca
qui permet à leurs habitants d ’échapper à tives, dont les bases relatives de calcul sont
757 TAXE FONCIÈRE SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES
inchangées depuis 1970, devait remédier à tion nouvelle), grâce à une fiscalité unique sur
cette situation. Mais si la révision a effective leur territoire, atténue les disparités à l’inté
ment été effectuée par les services du cadastre rieur des agglomérations.
en 1990, sa mise en pratique est constamment En 2009, le taux moyen du bloc communal
retardée, les élus craignant des transferts de (commune plus groupement) de la taxe d’habi
charges trop importants entre catégories de tation est de 14,94 % auquel s’ajoutait le taux
contribuables. Elle a été abandonnée et les départemental environ 7,39% en moyenne.
valeurs locatives ne sont actualisées que par Avec une valeur locative nette taxable d’envi
un coefficient unique annuel pour toutes les ron 3 000 €, la cotisation communale était de
catégories. La structure de la taxation reste l’ordre de 448 € et la cotisation départemen
donc inchangée depuis 1970. tale de 221 €, soit une cotisation totale de
Sont imposés à la taxe d’habitation, chaque 669 € par logement. Dans les groupements à
année, les occupants au 1erjanvier des locaux fiscalité propre, la cotisation est augmentée du
d ’habitation, qu’ils soient propriétaires ou prélèvement du groupement (environ 100 € en
locataires. D es abattements décidés par les moyenne). En moyenne, la taxe d’habitation
collectivités locales (pour charge de famille, à contribue pour 25 % à la fiscalité locale totale
la base, ou spéciaux pour personnes non impo et pour environ 10% des recettes de fonction
sées à I’irpp, handicapés) viennent corriger nement des collectivités.
l’assiette fiscale des contribuables, pour leur À partir de 2010, dans le cadre des nou
résidence principale. Un dégrèvement total est velles répartitions fiscales liées à la suppres
accordé aux personnes âgées de plus de 60 ans sion de la taxe professionnelle, la th
et aux veufs et veuves non imposables à I’irpp départementale est attribuée au bloc commu
et à I’isf. Des dégrèvements sont accordés en nal (commune et éventuellement epci).
fonction de situation personnelle ou de reve V. C.
nus. Depuis 1992, certains dégrèvements
accordés sont devenus des exonérations com Autonom ie financière et fiscale des collectivités; Fiscalité
directe locale.
pensées partiellement par l ’État. Les autres
dégrèvements en fonction du revenu se sont
accrus surtout à partir de 2000. On considère
en 2009 que le quart environ de la taxe d’habi TAXE FONCIÈRE
tation est payée par l ’État. Dans ces condi SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES
tions, la responsabilité des élus dans leur vote
de la fiscalité est fortement atténuée. Taxe prélevée au profit des collectivités
Chaque année depuis 1981, en même locales (communes, groupements à fiscalité
temps que celui des trois autres taxes locales, propre, départements). La part régionale a
les taux de la taxe d’habitation est librement été attribuée au département dans le cadre
voté par le conseil municipal, sous réserve de la suppression de la taxe professionnelle.
d’un plafond. Les taux, hérités des errements La taxe foncière frappe les propriétaires et
de la fiscalité locale depuis la Révolution et les usufruitiers de logements et de locaux
de situations spécifiques, sont extrêmement commerciaux et industriels. Elle remplace
divers : de 1 à 25 %. Èn général, les taux éle depuis 1974 l’ancienne contribution foncière
vés correspondent à des communes au poten sur les propriétés bâties. La base d’imposition,
tiel fiscal professionnel faible : l ’absence le «revenu foncier» ou revenu cadastral, est
d ’entreprises taxables oblige en effet la égale à la moitié de la valeur locative de la
commune à concentrer l’effort fiscal sur les propriété : l’abattement de 50 % est consenti
autres catégories de contribuables que sont les afin de tenir compte des charges de propriété.
propriétaires et les habitants. Dans une même C’est la règle pour tous les locaux, logements
agglomération, les situations les plus dispa ou locaux professionnels sauf pour les bâti
rates peuvent coexister, les frontières commu ments des entreprises industrielles proprié
nales séparant des tissus urbains semblables taires de leurs locaux, pour lesquels la valeur
mais soumis à des taux différents. L’existence locative est établie en fonction des immobili
de groupements de communes à fiscalité sations inscrites à leur bilan. Dans tous les
propre (communautés urbaines, d’aggloméra autres cas, la valeur locative est évaluée par
tion et de communes, syndicats d’aggloméra les services fiscaux.
TAXE FONCIÈRE SUR LES PROPRIÉTÉS NON BÂTIES 758'
Pour les logements, c ’est la même valeur personnes âgées ou invalides de condition
locative qui sert d’assiette fiscale pour le fon modeste, a fait place à une exonération dans
cier bâti et pour la taxe d ’habitation. Les les mêmes conditions.
valeurs locatives sont évaluées par les ser Les compensations par l’État des exonéra-'
vices fiscaux par comparaison avec huit caté fions temporaires qui subsistent ont pratique-
gories de logements. Les éléments de confort ment disparu pour des raisons techniques. La
et d’aspect du logement peuvent influencer le loi « Engagement national pour le logement»
niveau de la valeur locative. de 2006 a réactivé certains dispositifs afin de
La révision cadastrale de 1970 avait permis favoriser la construction de logement social.'
de relier les valeurs locatives aux loyers réels. Globalement, ces compensations sont modestes1'
Depuis cette date, diverses actualisations forfai et insuffisantes pour inciter les responsable^1
taires ont été appliquées et les valeurs locatives locaux à construire des logements aidés.
ne sont plus significatives des loyers réels. Un La taxe foncière sur les propriétés bâties,'
processus de révision des bases fiscales a été comme les autres impôts locaux, connaît dès ;
engagé pour définir des valeurs locatives, mais taux très disparates. En 2009, le taux moyen
il a été abandonné. Il est probable qu’une révi était de 19,24% pour les communes et i:poi,
sion d’ampleur succède dans quelques années à 9,82 % pour les départements et 2,66 % pour
la suppression de la taxe professionnelle. Déjà, les régions (part qui a disparu au profit du
dès 2010, les valeurs locatives des locaux département en 2010). Pour un revenu foncier
industriels, considérées comme surtaxées, béné moyen par logement de 1 400 €, la cotisation1
ficient d’une décote de 30 % pour les calculs de globale est de 444 €. En moyenne, le foncier1
la nouvelle cotisation sur les valeurs locatives bâti contribue pour 31 % à la fiscalité locale
des locaux professionnels, taxe remplaçant en totale et pour 14% aux recettes de fonction
partie la tp et distincte de la taxe foncière. nement des collectivités. Le niveau élevé dë
D es exonérations permanentes existent la part de la taxe dans la fiscalité locale
pour les locaux publics et les bâtiments ruraux. s ’explique surtout par le fait que, dans la-
Afin de favoriser la construction, le législateur réglementation des taux, le vote du taux fon- i
avait prévu des exonérations temporaires au cier est libre de toute condition d’évolution.
profit des constructions neuves. Leur régime a , V.C.
été modifié en 1984 puis en 1991. Dorénavant,
l’exonération de longue durée s’applique aux Cadastre; Fiscalité directe locale.
rise le maintien de taux faibles. La Création les activités, les emplois ne peuvent être équi-
d’une taxe professionnelle unique (tpu) sur le répartis sur l’ensemble du territoire. L’émiet
territoire de plusieurs commîmes dans certains tement communal est un facteur d’accroisse
groupements intercommunaux, a semblé une ment des disparités de richesse fiscale car
amorce de solution à ces difficultés. certains territoires, peu nombreux, accaparent
Malgré une sensibilité accrue, le taux de l’essentiel des activités et d’autres sont com
taxe professionnelle n’était pourtant pas le cri plètement démunis. On constate que plus le
tère fondamental d’implantation des activités. territoire est large et moins grandes sont les
Les sources de matière première, d’énergie, le disparités. Il y avait moins d’écart de richesse
bassin d’emploi, les moyens de communica en taxé professionnelle entre les régions
tion et les prix du terrain restent encore, et de qu’entre les départements, moins entre les
loin, plus importants. départements qu’entre les communes.
Modifiée sans cesse depuis sa création, la Il est ainsi apparu clairement qu’un
taxe professionnelle s’était détachée de plus en m oyen efficace d ’opérer une péréquation
plus des situations économiques réelles, il reve entre les communes était de favoriser le
nait aux ressources fiscales nationales (irpp, is, regroupement intercommunal et dé mettre la
tva) de supporter le coût des compensations et taxe professionnelle en commun. Il est
des dégrèvements de la fiscalité locale. revenu aux syndicats d ’agglomération nou
Plusieurs raisons très différentes expliquent velle (san) de mettre en place cette première
les réformes de la taxe professionnelle : sou mutualisation dès 1985. Puis la lo i du
hait de l ’État de réduire ses contributions qui 6 février 1992 a imposé la taxe profession
grèvent son budget ; recherche d’allégement nelle unique sur l ’ensemble du territoire des
des charges sur les entreprises, surtout indus nouvelles communautés de villes, permettant
trielles, dans un contexte économique interna aux communautés de communes d ’opter
tional très concurrentiel; recherche d ’un pour un tel système. La loi Chevènement du
meilleur équilibre des ressources entre collec 12 juillet 1999 l ’a étendu aux nouvelles
tivités dans un souci d’aménagement du terri communautés d’agglomération avec un très
toire. Le projet le plus réaliste consistait à grand succès.
retenir une assiette fiscale reposant sur la Au 1er janvier 20 0 9 ,1 6 970 communes for
valeur ajoutée. Étudiée dès 1980 en remplace mant 1 263 établissements publics de coopéra
ment de la taxe professionnelle, cette solution tion intercommunale (epci), regroupant
est enfin retenue partiellement dans le nou 44,3 millions d ’habitants, sont soumises ou
veau système de la contribution économique ont opté pour la tpu. Il ne faut toutefois pas se
territoriale. Pourtant, la tp survit dans un der méprendre : la tpu ne résout pas instantané
nier avatar : une part de la cet est représentée ment la problématique des disparités fiscales,
par une contribution sur les valeurs locatives au contraire. En effet, en même temps que
des entreprises, la même qui était prise en les communes sont dessaisies de leur pouvoir
compte dans l ’assiette de la tp. Après avoir fiscal sur les professionnels, I’epci doit leur
perdu la part salaires, la tp vient de perdre là verser une contrepartie appelée attribution
part « équipement » et change de nom mais de compensation, correspondant à la perte
survit encore. subie, diminuée des éventuels transferts dé
V. C. charges liées aux nouvelles compétences
de I’epci. Selon la loi de 1999, l ’attribution
- » Autonomie financière et fiscale des collectivités; Compensa de compensation n ’est pas indexée et son
tions de la fiscalité locale; Contribution économique territo
riale; Fiscalité directe des établissements publics de
importance devrait diminuer peu à peu dans
coopération intercom munale; Fiscalité directe locale; Fonds l’ensemble des ressources de taxe profession
de péréquation de la taxe professionnelle ; Impôts forfaitaires
de réseau ; Taxe professionnelle unique (t p u ).
nelle de l’agglomération. Dans les faits, les
attributions de compensation figent néan
moins les écarts de ressources entre commune.
TAXE PROFESSIONNELLE UNIQUE (TPU) L’epci peut décider d’employer une partie
de ses ressources pour financer une dotation
Malgré ses avatars, la taxe professionnelle de solidarité communautaire. La vocation de
est longtemps restée la recette la plus discri cette dotation est d ’opérer une péréquation
minante entre les communes. Les entreprises, financière entre communes selon des indica
TECHNIQUE
7%
teurs librement choisis, mais à condition chantiers de l’État au temps des Lumières est
qu’au moins 50 % des transferts reposent sur aussi à l’origine de l’ergonomie.
trois indicateurs : la population, le potentiel Au x v m e siècle dans les grandes villes,
fiscal et le niveau des charges. la maîtrise d ’ouvrage public, la gestion et
L’expérience des villes nouvelles montre l’entretien de la petite voirie sont confiés à des
que la péréquation est un processus long. architectes-voyers ou à des maîtres maçons,
Plus de vingt ans après le début des pre les ingénieurs du roi ayant compétence pour la
mières taxes professionnelles uniques, les grande voirie (routes, boulevards). Mais, tant
écarts de richesse entre communes se sont que le commerce reste limité entre l’intérieur
resserrés, mais sont encore jugés comme trop et l’extérieur de la ville, l’octroi, qui procure
importants. Il serait souhaitable que les nou la plus grande part des fonds communaux, ne
velles communautés d’agglomération tentent permet pas le financement des travaux publics
d’accélérer un processus d’égalisation raison- locaux. A ussi, la palette des services tech
née des ressources sans lequel le regroupe niques urbains va-t-elle s’étoffer avec la révp-,
ment communal risquerait de s’engluer dans lution industrielle qui accroît les finances,'
des querelles de répartition financière. communales et offre de nouvelles technolo
V. C. gies - la distribution de l’eau à domicile par'
conduites enterrées, le gaz pour l’éclairage des
-* Fiscalité directe des établissements publics de coopération rues et des appartements - très différentes des
intercommunale; Groupement de com m unes; Taxe profes
sionnelle. techniques du porteur d’eau ou du lampiste. ;
La Restauration et le Second Empirèî
confient la gestion de leurs services urbains,
TECHNIQUE aux ponts et chaussées (ministère des Travaux
publics), à la vicinalité (ministère de l ’Inté
Du grec techné : art, métier. Ensemble des rieur), au génie (ministère de la Guerre), à des ,
savoirs rationnels qui ont trait à la transforma compagnies concessionnaires ou à des ser-,,
tion de la matière. Le terme « technologie » vices autonomes, dont Paris constitue l ’excep-,
est introduit en ph ilologie allemande au tion : aménagement de trottoirs, d’abreuvoirs,,
milieu du xvme siècle et adopté par les acadé pavage puis, au début du x x e siècle, gestion,
miciens parisiens pour distinguer, dans les des permis de construire, des réseaux élec-,
modes de production des arts, les rationalités trique et téléphonique, récolement et gestion,
des croyances. Le mot « technique » sert à fil du trafic à mesure du développem ent de
trer ce qui est susceptible d’être jaugé par la l ’automobile. Pour l ’ingénieur, polytechni
science et par conséquent d ’être mesuré, cien ou simple technicien, la problématique
ajouté, soustrait, multiplié ou divisé, amélioré. urbaine est partout identique : elle se fonde sur,
Le Journal polytechnique donne son nom à la l’écoulement des fluides, l’hydraulique, mère
grande école en l’an IV (1794). Dans le milieu des sciences de l’ingénieur. Qu’il s’agisse de
industriel, le terme « technique » se substitue l’eau ou des hommes, seuls comptent le flux,
peu à peu à « art » au cours du second quart du et le débit qu’il veut, comme la vitesse, tou
XIXe siècle. « Technique » est adopté par les jours plus importants. Cette conception, qui
ingénieurs. Il s’attache aux métiers dont les s’accompagne de la généralisation du concept,
gestes paraissent plus «mécaniques» et dont de réseau, montre aujourd’hui ses limites, de
la production destinée aux masses n’a pas une la gestion des inondations à celle des conges
grande valeur esthétique. L’art se réduit alors tions du trafic.
à la conception d’une œuvre par l’artiste tan La ville, système complexe et d’une grande
dis que la technique renvoie à l’artisan. matérialité est une somme, une intégrale tech
S ’appuyant sur un corpus scientifique et nique. Dans le second x ix e siècle et à
sur une élite intellectuelle, la technologie l ’exemple de Paris, les villes de province,
s’implante d’abord dans les places fortes pour d ’abord les grandes puis, aujourd’hui, les
gérer les hommes, les fluides et les matières petites, se sont dotées de services techniques
nécessaires à la suffisance guerrière, puis là indépendants de la tutelle de l ’État, notam
où la puissance publique estime nécessaire ment du ministère des Travaux publics, puis,
d’équiper le territoire. Ponts, canaux, routes, après 1966, de l ’Équipement. Ces services
ports, arsenaux : la rationalisation des grands sont généralement dirigés par un ingénieur
763 TECHNOPOLE, TECHNOPOLE
formé dans une grande école - ponts et chaus gie, mais aussi de permettre des échanges
sées ou centrale pour les cités les plus fas- technologiques entre les entreprises présentes
tueuses, travaux publics, instituts des sciences dans un même technopôle (notion de « fertilité
appliquées pour les villes moyennes - ou issu, croisée ») par l ’organisation de rencontres, de
par promotion, du rang des techniciens supé colloques, la diffusion d ’informations, voire
rieurs. En croissance continue depuis les la création d’une pépinière d’entreprises.
années 1920, les effectifs techniques se sont Le modèle existait déjà aux Etats-Unis :
largement étoffés avec le développement du abords de la route 128 près de Boston, Silicon
traitement informatique et la décentralisation Valley dans le sud de San Francisco, à proxi
(1982) pour s ’atténuer avec le début du mité de la Stanford University. On peut égale
fort endettement des commîmes (1990): on ment citer les villes nouvelles scientifiques :
compte aujourd’hui près de 20 000 cadres et Akademgorodok en Sibérie ou Tsukuba au
200 000 techniciens ou assimilés dans les ser nord de Tokyo, entreprises respectivement
vices techniques urbains français. en 1958 et 1963. Les premiers exemples en
Depuis les années 1950, la tendance conti France ont été le parc international d’activités
nue à l’abstraction (mathématique algébrique, de Valbonne Sophia-Antipolis dans l’arrière-
physique expérimentale) dans les formations pays niçois et la zone d ’innovation et de
initiales a pour résultat une perte de techni recherche scientifique et technique de Meylan,
cité chez les ingénieurs, et maintenant chez près de Grenoble.
les techniciens, alors que la conduite des Le parc de Sophia-Antipolis a été entrepris
chantiers (travaux neufs et maintenance) en en 1969 par une simple association, qui a bien
milieu urbain exige une connaissance tou tôt reçu le soutien du département des Alpes-
jours plus précise des gestes et de la perfor Maritimes : le groupement d ’intérêt écono
mance des matériaux qui travaillent « aux mique qui en a résulté a procédé aux acquisi
états limites ». Indispensable pour prendre en tions foncières et à l’aménagement des terrains.
compte la dimension environnementale dans En 1972, l’État lui apporta sa reconnaissance et
la ville, la part des sciences chimiques et bio lui assigna une ambition internationale. La
logiques dans ces formations reste dérisoire : maîtrise d’ouvrage est dès lors assurée par un
elle pourrait être une compensation de la syndicat mixte qui regroupe le département,
technicité perdue. les cinq communes, la Chambre de commerce
A. Gu. et d ’industrie et la Chambre d’agriculture.
Une mission interministérielle coordonne les
- » Génie urbain; Infrastructures; Réseaux; Voirie et réseaux actions des pouvoirs publics. Un plan d’amé
divers.
nagement a été approuvé en 1974 et la durée de
l’opération fixée à vingt ans, avec la perspec
tive d’accueillir, sur 3 000 ha, 20 000 emplois
TECHNOPÔLE, TECHNOPOLE et 10 000 résidents. Seul le premier de ces
objectifs a été atteint. En 2002, le parc
La notion de technopole est apparue vers (2 300 ha, dont les deux tiers constitués par une
1970 comme une application des théories de forêt protégée) abrite environ 1 200 entreprises
François Perroux sur la polarisation. (dont 400 seulement de haute technologie et
Un technopole réunit, sur un site, le plus au moins autant à capitaux étrangers), ce qui
souvent suburbain, des activités qui ont en représente 900 000 m2 de bureaux, et offre
commun de recourir à des technologies inno 25 000 emplois. Le secteur de l’informatique
vantes et qui sont acceptées par un comité est dominant (26 % des entreprises et 44 % des
d ’agrément. La présence ou la proximité emplois). Les objectifs en matière d’emploi ont
d ’une université et de centres de recherche donc été atteints et on envisage une extension
semble constituer une condition indispensable spatiale ou la création de « sites associés ». En
à la diffusion de l ’innovation à partir des revanche, les objectifs de population n’ont pas
recherches scientifiques et technologiques, été atteints : Sophia-Antipolis n’accueille guère
souvent par le canal de petites entreprises nées plus de 6 000 habitants. Sur ce dernier plan,
pour permettre le développement industriel de la majorité des cadres a préféré résider ailleurs,
ces nouveaux procédés. L’objectif initial était à N ice, sur le littoral ou dans le reste de
en effet de favoriser ces transferts de technolo l’arrière-pays.
TECHNOPOLE, TECHNOPOLE 19k
tous réunis. Une procédure d’agrément des Guyane et un à La Réunion) réunis au sein de
entreprises est le plus souvent mise en place, l’association France Technopoles, on compte,
mais sa rigueur quant au caractère innovant en 2003 :
des activités des candidats est très inégale — 27 pépinières d’entreprises et 25 (sur
(cf. pressions des investisseurs privés et sou 30 existant en France)» incubateurs» les
vent des collectivités locales, soucieuses accompagnant, regroupant plus d’un millier
avant tout des créations d’emplois). Les acti d’entreprises et offiant environ 5 000 emplois
vités présentes dans les technopoles sont, de (environ 10 000 créés depuis l’origine) ;
ce fait, très diverses : enseignement supérieur — une cinquantaine de parcs scienti
et recherche, petites entreprises créées par fiques (hors Île-de-France), regroupant envi
des chercheurs ou des ingénieurs, mais aussi ron 3 000 entreprises et offrant quelque
des établissements de grandes entreprises, 80 000 emplois ;
des petites et moyennes entreprises travaillant — une vingtaine de parcs technologiques,
sur des contrats publics ou en sous-traitance, regroupant plus de 2 000 entreprises et offrant
des antennes d ’administrations publiques, près de 50 000 emplois.
des investisseurs immobiliers et des zones
d’habitat. Les relations entre la plupart de On peut rapprocher la notion de technopole
ces entreprises et la recherche ou l’enseigne de celle de district industriel. On désigne ainsi
ment supérieur sont faibles, sauf dans le regroupement, sur un territoire donné,
quelques situations plutôt rares : petites entre d’entreprises ou d’établissements exerçant des
prises créées par essaimage ou par des cher activités proches et entretenant d’importantes
cheurs ou de jeunes ingénieurs, entreprises relations entre elles sans être le plus souvent
participant à la recherche publique ou à la liées sur le plan du capital : mise en commun de
recherche militaire. Même l’offre de stages à connaissances techniques, partage de réseaux
des étudiants et la participation des cadres à commerciaux, activités de formation, etc.
l’enseignement supérieur n ’apparaissent pas Ces entreprises, qui peuvent être de tailles très
significativement plus développés qu’ailleurs. différentes, bien que concurrentes, trouvent
La seule caractéristique originale des techno dans une telle collaboration des économies
poles serait une part plus importante d’inves d’échelle et contribuent à la création de l’image
tissements publics. du district. Le district industriel permet aussi
Il semble que les technopoles remplissent à des petites et moyennes entreprises d’accéder
très peu leur objectif de diffusion de l’innova à des marchés (y compris à l’exportation), à
tion à l ’échelle régionale, que leur apport aux des technologies nouvelles, à des programmes
finances locales soit mince, voire négatif, et de formation qu’elle n’auraient pu, seules, se
que la fertilisation croisée soit plus un mythe voir ouvrir.
qu’une réalité. Pourtant, selon l’association Le district industriel se distingue cependant
France Technopoles, les entreprises créées de la technopole. En effet, il peut concerner
dans les technopoles l’auraient été pour moitié des activités traditionnelles (confection par
par des ingénieurs, pour trois sur dix par des exemple) et pas seulement des activités inno
techniciens supérieurs et pour les deux der vantes comme la technopole. Il s’applique à
niers dixièmes par des chercheurs. En fait, les un territoire, alors que la technopole est une
technopoles sont avant tout perçus par les élus ville ou une agglomération.
comme un moyen d ’améliorer l ’image de Cette notion a été développée à partir du cas
marque de leur ville et d ’attirer des entre de lTtalieidu nord, et en particulier de l’Émi-
prises, elles-mêmes désireuses de se donner lie-Romagne, région qui n ’avait pas de forte
une image de modernisme par ce choix de tradition industrielle auparavant. Il présente le
localisation. On comprend dès lors que les grand intérêt de reposer davantage sur les
comités d’agrément - lorsqu’ils existent - potentialités locales que sur l’apport d’inves
soient peu rigoureux. La technopole - puisque tissements et de technologies de l’extérieur
cette désignation est en voie de l’emporter - (on a parlé à ce sujet de développement endo
risque de n ’être guère plus que la nouvelle gène). Le succès des premières expériences
appellation du parc d’activités, qui a lui-même italiennes, dès les années 1970, a fait école
succédé à la zone industrielle. ailleurs. En France, on cite souvent le cas du
Outre les 47 technopoles (dont un en Choletais, région également sans grande tradi
TÉLÉCOMMUNICATIONS
7«f
gérant. Le réseau et l’antenne se composent les foyers des émissions de télévision beaucoup
d’un com plexe de réception (pylône et plus variées que ne peuvent le flaire les ondes
antennes de réception), d’une station de tête, hertziennes ; en effet, les interférences entre
des câbles coaxiaux, d’un amplificateur, des longueurs d’onde rapprochées ne permettent
dérivateurs et répartiteurs. Le téléphone cellu d’utiliser qu’un petit nombre de canaux ; de
laire est en plein développement (1 million plus, l’extension même du réseau télévisé fran
d ’abonnés au téléphone mobile en 1995 çais qui, remplissant un service public, a visé à
- contre près de 3 millions en Allemagne, une couverture à peu près complète du terri
2,5 millions en Italie - , 5 millions en 2000, toire, multiplie les risques d’interférence.
45 millions en 2005 et 55 millions en 2010) Certaines villes ont été câblées en fil
grâce à l’utilisation de bornes émettrices dispo coaxial, technique bien dominée, assez bon
sées tous les 300 m environ. Ces « portables » marché, qui permet de distribuer aux foyers
peuvent être équipés de tous les médias. plusieurs dizaines de canaux, mais dont le
débit est trop faible pour offrir des émissions
A. Gu.
interactives (où le spectateur peut intervenir
_> Posturbain; Réseaux; Société postindustrielle;Télématique. dans le spectacle, par exemple en déterminant
lui-même l’évolution du film qu’il regarde).
La fibre optique (fo ), pour un coût trois ou
TÉLÉDÉTECTION - Photographie quatre fois plus élevé, offre des débits trente
(au sol, aérienne, de satellite) fois plus grands. Mais cette technique n ’est pas
encore bien dominée : on ne sait pas commuter
des flux lumineux. Seuls les grands axes de
TÉLÉDISTRIBUTION —» Télécommunications; communication électronique (dans Paris, par
Télématique exemple) sont équipés en fo : les réseaux ter
minaux vers les logements sont faits en fil
coaxial. Les premiers en France, 1 500 loge
TÉLÉMATIQUE ments à Biarritz, reliés entre eux en fo , ont pu
recevoir des spectacles interactifs et utiliser des
Ensemble des techniques et des méthodes techniques de communication qui réclament
permettant d’acheminer des informations par de gros flux, comme le «visiophone» (télé
des techniques électroniques. phone permettant de voir le correspondant).
Depuis la fin des années 1970, la téléma Pour les villes, le câblage est une grande
tique a pris en France un essor tout à fait tentation et un grand danger. La loi de 1982
exceptionnel, qui la place aujourd’hui en tête prévoyait la formation de sociétés locales
des pays industrialisés. Trois grands thèmes d’exploitation du câble ( slec) présidées par un
intéressent particulièrement l ’urbaniste : le élu local. Ces slec, chargées de contraintes, ne
réseau d’affaire transpac , la télévision par pouvaient espérer être rentables que dans des
câble, et l’essor du Minitel. villes de plus de 250 000 habitants. La loi de
Le réseau transpac permet d’acheminer 1986 supprime nombre de ces contraintes. La
des données groupées en «paquets» le long viabilité des slec demeure un problème fonda
d’un réseau spécial. Le coût d’acheminement mental pour les municipalités.
est indépendant de la distance et de la locali Le Minitel a connu depuis 1982 un essor
sation de l’émetteur sur le territoire. imprévisible : on en comptait 6 500 000 à la
Cette technique favorise ainsi, depuis vingt- fin de 1994 avant qu’il ne soit supplanté par
cinq ans, la déconcentration des entreprises : internet.
les grandes sociétés de service (banques, assu Des systèmes techniques analogues existent
rances, etc.), qui ont besoin de faire circuler en Europe : Prestel en Grande-Bretagne ;
entre leurs établissements de très gros flux Bildschirmtext en Allemagne fédérale. Les
d’information (centres de gestion de chèques, États-Unis, longtemps très en retard, ont repris
activités de recherche, etc.), ont pu les locali les devants avec internet.
ser dans de petites villes, loin des guichets et Ce véritable détournement spontané d’une
des clients. technique par le public a fait apparaître de
Les réseaux câblés, qui se sont développés nouvelles formes de convivialité, dé nou
d’abord dans les grandes villes, apportent dans velles manières de vivre la ville et de s ’y
TÉLÉPHONE
rencontrer qui devraient intéresser considéra et celui des fêtes qui en régénèrent périoi
blement l’urbaniste. ment la vitalité et la cohésion. Pour toujei
B. M. raisons, la terre n ’a jamais pu être consi!
comme une simple marchandise, même
-> Bureaux intelligents ; Informatique et urbanisme ; Posturbain ; les sociétés qui réduisent tous les échar
Réseaux ; Société postindustrielie ; Télécommunications.
des transactions monétaires et introduis
droit de propriété dans tous les rappoi
l’homme peut avoir avec les choses.
TÉLÉPHONE -> Télécommunications ; La tenure foncière est donc une instil
Télématique carrefour ou un « fait social total »
puisqu’elle cristallise tous les éléments ci
rels et toutes les forces sociales du gr<j
TEMPS —> Climat; Histoire; Longue durée Pour l’observateur extérieur, elle est ausi
meilleur des révélateurs de la société>ü|
même temps qu’un dédale impénétrable p|
TEMPS DE TR A JET -> Accessibilité; le juriste. Malgré la variété des systèmes,
Coût généralisé de déplacement; tenure foncière à travers le monde, une f
Modèle de choix modal ; Valeur du temps commune à chacun d’eux apparaît nettemi
(lors des déplacements) les droits que les hommes peuvent exercet:
la terre ne forment qu’une partie du réseâj*
solidarités qui les attache les uns aux auf
TEMPS LIBRE -► Budget-temps; Loisirs; Ces droits deviennent caducs lorsque les
Tourisme ponsabilités qui en sont la contrepartie cesp
d’être assumées. Il s ’ensuit qu’un quelcoi
«droit d’user et d ’abuser» (définition 'la
TENDANCE (TENDANCIEL) - Scénario daire du droit de propriété en France,
exemple) est proprement inconcevable, ce:
suffit à expliquer bien des malentendus i
TENNIS (TERRAIN DE) -> Stade et terrain graves entre colonisateurs et colonisés (si;
de sport un acte de cession avec des idées toutes
rentes en tête, par exemple). Il s’ensuit égal
ment, qu’au lieu d ’un droit unique et absolu^
TENURE DES TERRES existe un enchevêtrement de droits, ayant chat
cun une nature et une étendue différent^
Ensemble, toujours complexe, des droits et (droits d’usage, droits de contrôle politique,
obligations qui ont la terre pour source et pour droits religieux, etc.), et dont la totalité n’esj
objet. jamais exercée par une seule personne, mai$
Dans toutes les sociétés connues, la terre par une multitude d’individus ou de groupes,
est investie d’une importance relevant de poursuivant des intérêts distincts. ’i’i
dimensions multiples : économique comme
M. P. et M.
source d’approvisionnement pour les hommes
qui y vivent (gibier, plantes sauvages utilisées ■ Anthropologie de l'espace.
comme nourritures ou remèdes, bois de feu,
matériaux de construction, pâturages pour les
herbivores domestiques, support des plantes TERRAIN À BÂTIR
cultivées, etc.) ; stratégique (dans une zone
dont la topographie et les limites lui sont La notion de «terrain à bâtir» est relative’
connues, une communauté est en sécurité ment récente. Là où il n ’existe guère de régle
et peut repousser un agresseur) ; religieuse et mentation de l ’urbanisme ou, plus
symbolique (lieu où vécurent les ancêtres, généralement, de contrôle social de l ’usage
qu’aménagèrent les divinités primordiales et des sols, cette notion renvoie seulement aux
où s ’enracinent un mode de vie spécifique caractéristiques physiques du terrain (pente,
et les valeurs morales du groupe) ; sociale, en nature du sous-sol, risques d ’avalanche ou
fournissant le cadre des interactions du groupe d’inondation) pour déterminer s’il peut rece-
89 TERRE
k'oir des constructions. En revanche, dans les sophistiqué, on voit actuellement construire
pays où le développement de l’urbanisation a sur des terrains qui ne sont « à bâtir» ni tech
Entraîné la mise en place d ’un contrôle juri niquement, ni juridiquement, par exemple en
dique de l ’usage des so ls, il existe deux Italie (abusivismo) et en Espagne.
ensembles de conditions pour qu’un terrain V. R.
puisse être qualifié de terrain à bâtir.
D ’une part, le terrain doit être «technique -► Droit de l'urbanisme ; Viabiliser.
chaque année, en juillet, une passerelle tempo THÉORIES FONCIÈRES -* Rente foncière !f
raire était aménagée sur pilotis, traversant le -.'•un
canal de la Giudeca de la place Saint-Marc à
l’église San Giorgio Maggiore pour la fête du THERMALISME, THERMES - » Hydrothérapie;
Rédempteur. Tourisme ■'[
En fait, c ’est seulement à partir de la
Renaissance que la notion de théâtre urbain
est assumée. D ès lors, représentations ico- TIERS (droit des) •>;
niques et compositions urbaines ne cessent
d’interférer, mêlant souvent fiction et réalité. Le souci de protéger les « tiers » contre leà
À partir du xvie siècle, on observe deux types initiatives que pourraient prendre des peni
de décor scénique, fréquents dans l ’un et sonnes privées ou publiques, physiques ou
l’autre cas : d’une part, le trident formé par la morales, sur la base d ’un droit qui leur est
convergence de trois rues et flanqué d’édifices reconnu par des textes (Vusus et l ’abusus
imposants, comme dans le cas des projets de d’un droit de propriété foncière ou immobw
Rainaldi, Fontana, le Bemin pour la piazza del Hère, reconnu à l’acquéreur d’un bien par un
Popolo ; d’autre part, la scène ouverte, bordée acte notarié ; la compétence pour expropriai)
de monuments remarquables, à laquelle fait ou bénéficier d’une expropriation reconnue à
écho un arrière-plan de même qualité, comme une collectivité publique par une loi, pour ne
c’est le cas à Pienza. citer que deux exemples) a conduit depuis
Ainsi, à l’occasion d’une représentation en longtemps les pouvoirs publics à prévoir des
l’honneur de la reine Christine, la scène mon recours contentieux.
trait le Castel San Angelo et Saint-Pierre tels On n ’abordera pas ici les relations de
qu’on pouvait les voir du palais Borghèse où droit civil entre un constructeur et les acquêt
avait lieu le spectacle. D e la même façon, reurs d ’un immeuble, entre le propriétaire!
deux siècles plus tard, l ’arrière-scène du donnant en location un immeuble et le « prêt#
théâtre de Sehinkel à Berlin figurait cet édifice neur» du bail, entre l ’acquéreur d ’un lot
sur la place même par laquelle le public était dans un lotissem ent « défectueux » et lé
entré. A l’inverse, Cortona a conçu l ’église lotisseur, etc., qui sont des relations contrac
Santa Maria délia Pace et sa place comme un tuelles où n ’interviennent pas en principe
ensemble composé d’une scène, d’une loggia des « tie r s» . Mais on donnera deux!
et d’une salle. De même, la porte en manière exemples de la protection administrative du
de proscénium de la piazza del Popolo, droit des tiers contre des décisions qui leur
construite par le pape Alexandre VII pour feraient grief kl
l’entrée de Christine de Suède à Rome, conti — Le certificat d ’urbanisme, qu’il soit ordi
nue d’accueillir les visiteurs arrivant du nord. naire (informatif) ou détaillé (pré-opérationnel))
Au cours des xvn e, xvm e et x ix e siècles, constitue, a jugé en 1977 le Conseil d’État (cfi
certains des espaces les plus grandioses créés 30 mars 1977, Fiamma), une décision adminisk
par la culture occidentale ont été conçus pour trative unilatérale faisant grief. Il est donc sus4
le théâtre urbain : la place Saint-Pierre à ceptible de recours pour excès de pouvoir. Ce
R om e; la place de la Concorde telle que recours est d’ailleurs recevable contre un certik
l’avait conçue Gabriel ; la séquence des places ficat négatif aussi bien que positif, et contre le
de Nancy ; le Croissant de Bath ; Regent Street refus de délivrer un certificat, résultant le plus
par Nash ; ou encore les espaces généreux et souvent du silence de l’administration. Depuis
les grandes perspectives du Paris haussman- 1983, dans tous les cas où le maire est compé
nien, qui mettaient en scène population et tent pour délivrer un certificat d’urbanisme au
véhicules dans un spectacle urbain animé dont nom de la commune, c’est cette dernière qui voit
les peintres impressionnistes nous ont légué sa responsabilité engagée par un refus illégal,
l’image, et qui font, encore aujourd’hui, fonc ou un certificat comportant des informations
tion de théâtre. inexactes ou incomplètes. ;
— Le permis de construire ne prend pas
C.-F. O. parti sur le respect de dispositions du droit
-> Art urbain; Espace public; Peinture; Perspective; Place;
privé (il ne peut avoir pour effet d ’« auto
Rue ; Salle de spectaclè. riser», par exemple, l’empiétement d’une
773 TISSU URBAIN
construction sur une propriété voisine, ni retenir l’attention des tiers concernés, particu
davantage constituer un titre de propriété, lièrement des associations.
créer ou faire disparaître une servitude de Y. P.
voisinage). La délivrance régulière par l’admi-
nistration d’un permis de construire ne confère Certificat d'urbanisme; Permis de construire; Publicité fon
cière.
à son bénéficiaire aucun droit à l’égard des
tiers. Mais cette «réserve du droit des tiers»
leur permet, si leur situation est affectée,
d’exercer à l’égard de la collectivité publique TISSU MINEUR -> Abords;
le recours pour excès de pouvoir, le recours en Ensemble historique ou traditionnel ;
responsabilité ou enfin une action en respon Secteur sauvegardé; Zones de protection
sabilité devant les tribunaux judiciaires contre du patrimoine architectural et urbain
le titulaire du permis. Les recours des tiers et paysager ( z p p a u p )
contre la décision administrative sont limités
par l’exigence d ’un «intérêt pour agir», plus
facile, il est vrai, à apprécier par le juge lors TISSU URBAIN
qu’il s’agit de recours individuels, éventuelle
ment « fantaisistes », que lorsqu’ils sont for Expression métaphorique assimilant les
més par des associations de défense ou de cellules construites et les vides d’un milieu
protection, agréées ou non. Ces dernières se urbain à l’entrelacement des fils d’un textile.
fondent, en effet, sur un intérêt collectif et On peut appeler tissu urbain l’ensemble des
surtout sur l’intérêt général et leur rôle ne éléments du cadre urbain qui constituent un
cesse de se développer. tout homogène. Le tissu urbain est l’expres
V affichage des actes administratifs est une sion physique de la forme urbaine.
mesure destinée à assurer la publicité des Il est constitué par l’ensemble des éléments
actes administratifs, qui doit être prévue par physiques qui contribuent à celle-ci - le site,
des textes et ouvre aux particuliers les voies le réseau viaire, la division parcellaire, le rap
de recours garantissant leurs droits. L’urba port entre les espaces bâtis et non bâtis, la
nisme connaît, en particulier, trois obliga dimension, la forme et le style des bâtiments -
tions d’affichage. En matière de permis et par les rapports qui relient ces éléments.
de construire, l ’article R 421-39 du Code Bien que cette expression assez vague soit
l ’exige « de manière visible de l’extérieur (...) utilisée de diverses façons, on peut définir un
dès la notification de la décision d’octroi tissu urbain homogène comme l ’apparence
et pendant toute la durée du chantier». En physique d’une portion de ville où les élé
outre, « tout intéressé peut prendre connais ments précédents ont des caractéristiques peu
sance des documents déposés à l’appui d’une différentes. On parlera ainsi du tissu médié
demande de permis de construire ». Le détail val ou du tissu haussmannien de nombreux
de cette réglementation, résultant d’un décret quartiers de Paris de la seconde moitié du
du 30 décembre 1983, montre suffisamment xixe siècle, ou de tissu géorgien à Londres.
les difficultés soulevées dans le passé par Le concept de tissu urbain est très lié à ceux
cette procédure (on lira avec intérêt les com de typologie des bâtiments (dimension, style,
mentaires de F. Moderne et H. Charles sous etc.) et surtout de morphologie urbaine (ana
l’ancien article R 421-42). lyse des structures spatiales). Il est également
En matière de permis de démolir lié à la perception par les habitants des carac
l’article R 430-18 requiert de son bénéficiaire téristiques physiques du cadre urbain.
des formalités analogues (mais le Conseil Un tissu urbain est lié à l’histoire de l ’espace
d ’État a jugé en 1982 que l ’absence d’affi correspondant : le réseau viaire et le parcellaire
chage en mairie n ’affectait pas la légalité de sont souvent hérités des structures rurales anté
l’arrêté). Il en est, enfin, de même pour l’auto rieures et des modifications subies à l ’époque
risation de lotir (R 315-42). de la première construction. Leur résistance
Davantage que les sanctions pécuniaires aux modifications ultérieures est très variable,
encourues (amendes prévues pour les contra parfois très élevée (on a alors les meilleures
ventions de la cinquième classe), c’est le point chances de rencontrer un tissu urbain homo
de départ du délai de recours qui semble bien gène : couronne des grands canaux d’Amster
TOIT
dam) ; parfois plus faible (rénovation des le levé sur le terrain des détails à faire figurer
centres-villes américains, La Défense, etc.). sur un plan ou sur une carte. On préférera urié
Les rapports du bâti au non-bâti évoluent dans définition plus large qui englobe l ’ensemble
le temps. Mais l’élément le plus variable, très des techniques de terrain en vue de l’élaborai-
lié aux techniques et matériaux de construction tion d’une carte. Dans ce sens large, la top»-
d’une part, à la réglementation d’autre part, est graphie comporte : ■ i|
la hauteur des bâtiments. Il peut, dans certains — La géodésie, qui était au départ la science
cas, y avoir juxtaposition (pavillons, grands de la forme de la terre et la mesure de sali
ensembles) ou superposition (petits immeubles dimensions : elle comporte le choix d’un ellip
collectifs ayant remplacé peu à peu des soïde de référence et d’un système de projet!-
pavillons dont la majorité subsiste; tours au tion ; le réseau géodésique est un réseau
milieu de bâtiments plus bas) de tissus. de points de base, déterminés par mesures
On parle de tissu lâche ou serré, selon le d’angles (au théodolite) et de distances (mesat*
degré d’occupation du sol et des bords des rées par chaînage très précis ou par mesurai
voies par les bâtiments ; de tissu dense ou peu radioélectriques au telluromètre), formant dep
dense, selon le rapport de la surface de plan chaînes de triangles (triangulation) ; le réseau
cher à la surface de terrain. de nivellement est un réseau de points dopt
À la notion de tissu urbain se rattachent l’altitude est déterminée avec précision. .u
également celles de : — Le levé topographique direct, qui s’effeo*
— construction diffuse: répartition irrégu tuait par détermination d’un canevas complé
lière d’une activité, d’un type de construction, mentaire au canevas géodésique, cheminemenls
par petites quantités, dans un espace ; on parle de le long des axes principaux et levé des détails
construction en diffiis pour désigner des opéra dans les mailles définies par les cheminementsi;
tions diverses, mais toutes de petites dimensions, les formes du terrain étaient, de même, détermi
disséminées dans le tissu urbain (ou rural) ; nées sur le terrain et représentées par courbes
— densification : processus de transforma de niveau (isohypses). *t
tion d’un tissu urbain où des bâtiments occu — Le levé photogrammétrique, dont l’emp
pant le sol avec une faible densité sont peu à peu loi s’est généralisé après la deuxième guerft
remplacés par des bâtiments ayant une densité mondiale. Il permet largement de limiter le levé
(coefficient d’occupation du sol) plus élevée : il direct au «complètement» des levés photo-
en est en particulier ainsi lorsque plusieurs grammétriques (détails non visibles sur les pho
maisons individuelles sont démolies pour tos, erreurs d ’identification, etc.) et à certain^
construire un immeuble collectif, lorsqu’une levés de grande précision (plans urbains, levés
ancienne villa ou propriété sert de support à souterrains, etc.). Le levé photogrammétrique !
une opération de construction, et souvent reconstitue, à partir de deux photographies suc
lorsque, après le départ d’une usine ou d’un cessives du terrain, une image en relief qui est
entrepôt, on réutilise le terrain pour construire observée et dessinée (restituteur photogrammfe-
des immeubles d ’appartements ou de bureaux. trique). Les tendances récentes visent à réduira,
La notion de tissu urbain est donc à la fois voire à supprimer, les interventions au sol etià
statique (état des formes urbaines à un moment automatiser l’analyse des photographies. Auit
donné) et dynamique (porteuse de possibilités petites échelles (c’est-à-dire pour la représenta
d’évolution de ces formes urbaines). tion de grands espaces, la topographie fait un
P. M. large usage des photos de satellites. t
P. ivj,
Clôture ; Densité ; Ilot ; Morphologie (urbaine) ; Parcellaire.
-> Carte; Cartographie; Conditions naturelles; Photographie
(au sol; aérienne; de satellite); Plan; Relief. ^
TOUR i
TOPOGRAPHIE
Comme composante urbanistique et comme
Étymologiquement, art du dessin de la forme architecturale spécifique, la tour a,
terre. On appelle topographie, stricto sensu, depuis la seconde moitié du X I X e siècle, sus
775 TOUR
plus hautes. Tandis que s ’affrontent promo vinrent séjourner dans les villes du Midi eti|f|
teurs et détracteurs de la tour comme futur baignèrent dans la mer (N ice, H yères);i||K
inéluctable de la ville-monde, seules quelques souci de la santé était toujours présent, la v|f|
consciences éclairées parviennent à suggérer mondaine plus réduite. La montagne, presque
que les performances architecturales et exclusivement en Suisse et autour du Moiaj^
urbaines de la tour devraient être d’abord éco Blanc, devint une destination recherchée à p u t
nomiques et sociales avant d’être médiatiques tir de la toute fin du xvme (première ascensiç^
et techniques. du Mont-Blanc en 1786). C’est à cette époqU:
' ’ E. L. que la ville est moins vantée dans la littéH;
ture: d’espace de liberté et de civilisation, e)}p
- » Barre ; Grand Paris ; Im meuble de, grande hauteur. devenait aussi lieu de perdition. Au contrai^
la nature était magnifiée (Rousseau) et, tout aty
la recherchant là où elle était sauvage, on,jp
TOURISME recréa chez soi de façon artificielle (les jardjfl^
anglais, les maisons de campagne qui s’inçji^j
Pratique du voyage d’agrément. L’origine raient des villas romaines). Ces séjours hofj)
du terme (au début du xixe siècle) est la pra du domicile prirent le nom de villégiature. ■,t||
tique du « grand tour » (vers Rome en particu Au xixe siècle, les touristes se multiplièrent
lier, vers les villes italiennes et françaises en mais la plupart demeuraient des rentier^!!;
général; puis vers des destinations variées) par naquît alors la « classe de loisirs » (Th. Veblfln
les jeunes aristocrates anglais dès la fin en fut le premier analyste en 1899). Les guideft
du xvne et surtout au,xvme siècle. Cette ori de voyage devinrent nombreux, colportant;!^
gine n’est pas seulement anecdotique. Elle stéréotypes du «pittoresque». Les stations
souligne le caractère éljtiste, éducatif, voire touristiques apparurent : près des sources thçty
initiatique, du tourisme è ses origines. Divers males, en bord de mer, puis en m ontagne
voyageurs peuvent être considérés comme des Elles étaient consacrées par les grands person
devanciers, en particulier Montaigne qui, lors nages qui y séjournaient, puis se dévelpipn
de son voyage de 1580-1581, associa mission paient grâce à la clientèle des rentiers*
diplomatique (à Rome), santé (aux eaux de majorité étrangers à cette époque (y compqa
Plombières et de Bade), religion, curiosité : Américains). Elles étaient aménagées à l’ëoM;
les romantiques ont vu en lui le « premier tou des lieux habités ou les débordaient vita,
riste». On peut aussi citer Charles Estienne condition nécessaire pour créer la vie arti&
qui imprima en 1552 Le guide des chemins de cielle attendue. Celle-ci était saisonnière.^
France, premier guide touristique. chaque type de station avait sa saison de précfyt
Les voyages étaient alors longs, parfois lection : il était de bon ton de passer l’hiver stçt
dangereux, toujours pénibles sur de mau la côte d’Azur et l ’été en haute montagq^
vaises routes et dans des auberges exécrables. Mais la vogue des bains de mer et, plus tardivp
Ces conditions s ’améliorèrent par la suite, en (début x x e siècle), celle du ski transformèrent
France avec le réseau des routes royales, ces saisonnalités sans les réduire. Au tournai^
avec les premiers hôtels (dont la clientèle fut du siècle, le tourisme s’internationalisa encore:
d’abord anglaise) et la publication de cartes davantage. Les palaces, les paquebots* lêp;
(carte de Cassini en France à la fin du xvm e). trains de luxe furent les phares d ’un touristnfl,
Les antiquités romaines - mais on méprisait encore limité aux classes aisées. . j(l
l ’art médiéval - furent le premier centre
d’intérêt, mais pas le seul: les grandes villes Il y a un contraste évident entre, d ’une paif|i
en particulier attiraient les voyageurs. les origines aristocratiques puis élitistes dj):
Une forme particulière de tourisme, contem tourisme, son caractère sélectif par P argent
poraine du grand tour, fut le séjour dans une encore au début du x x e siècle et, d’autre par),-
ville d’eaux : l ’archétype en fut Bath, planifiée la masse des personnes qui s ’y adonnent
par Wood père et fils au milieu du xvne. La actuellement, et les possibilités relativement
station balnéaire suivit à la fin du x v m e bon marché qui sont offertes par P industrie
(Brightonj, elle aussi associée à l ’idée de thé touristique à la fin du siècle. La modification
rapie et à la vie mondaine. L’hiver, les per profonde est née du droit aux vacances, qt
sonnes aisées, toujours anglaises en premier, plus précisément des congés payés. Il serait
n i TOURISME D'AFFAIRES
cependant erroné de voir dans la loi de 1936 développés, les formes de tourisme et les lieux
sur les congés payés en France le début d’une d’hébergement se sont diversifiés (résidences
ère nouvelle pour le tourisme. Elle fut surtout secondaires, locations, camping, caravanage,
une conquête symbolique, mais l’évolution a tourisme itinérant, etc.). L’avion enfin, par la
été beaucoup plus progressive. D ’une part, pratique de tarifs de fait différenciés selon le
les congés payés sont apparus à des dates m otif du voyage, a rendu accessibles aux
variées selon les pays (en Europe). En France classes moyennes des destinations lointaines
même, de nombreux salariés disposaient de et a accéléré la mondialisation du tourisme.
congés payés avant la loi de 1936. D ’autre Les valeurs dominantes du tourisme évo
part, la généralisation du départ en vacances luent. Le souci initiatique, voire éducatif, a été
n ’a pas suivi immédiatement la loi, puisque en recul devant le désir de repos, de récréation,
ce n’est que dans les aimées 1970 qu’elles ont à une époque où l’on redécouvrait le corps et
concerné la moitié des Français (1 sur 5 seule les vertus de la lumière (cf. l ’architecture).
ment en 1950) et, qu’en 2010 encore, plus du C’est ce qui a fait le succès des vacances de
tiers d ’entre eux ne partent pas en vacances plage (sea, sand and sun..., voire s ex est
(quatre nuits au moins selon I’insee). devenu le slogan dominant des profession
D e la fin du x ix e à la deuxième guerre nels). C’est à une nouvelle mutation, encore
mondiale, médecins, œuvres et mouvements largement minoritaire, qu’on assiste actuelle
divers ont encouragé le départ en vacances, ment avec le retour des valeurs liées à la nature
dans un souci de santé physique (les bienfaits (l’environnement) qui conduisent au tourisme
du « changement d ’air ») et morale (stimuler de découverte et avec l’extènsion du tourisme
les valeurs de la découverte, de la nature, de culturel. Dans le même temps, de nouvelles
loisirs enrichissants pour la personnalité). formes de tourisme, moins directement liées
Les enfants furent la cible privilégiée de ce aux loisirs et aux vacances, se sont dévelop
mouvement avec les colonies de vacances (la pées : tourisme d ’affaires, tourisme urbain,
première fut organisée en 1875 par un pas etc.
teur de Zurich). Le bénévolat, la générosité Le développement et la massification du
des donateurs, le souci d’éducation (et par tourisme posent de nouvelles questions :
fois d ’endoctrinement) ont été au centre de — Qui peut profiter des vacances pour
ces co lon ies, mais aussi d ’autres m ouve faire du tourisme?
ments qui concernent les jeunes : scoutisme — Quels sont les enjeux économiques, les
et auberges de jeunesse (Marc Sangnier, créations d’activités et d’emplois, les trans
1925). Le tourisme social apparut également ferts financiers et de devises liés au tourisme?
dans l ’entre-deux-guerres et se développa — Quels sont les hébergements et les équi
après celle-ci - maisons familiales, villages pements utilisés par ou construits spéciale
de vacances, centres de vacances des grandes ment pour les touristes?
entreprises - autour des mêmes valeurs et — Quelles sont les conséquences spatiales
des m êm es risques : un tourisme à deux (aménagements spécifiques) et environne
vitesses selon les revenus et le mélange de mentales du tourisme?
soucis culturels et idéologiques. — Quels problèmes spécifiques liés à des
Les m oyens de transport ont beaucoup formes particulières de tourisme: tourisme
influé sur les formes de tourisme. À l’époque social, tourisme d’affaires, tourisme urbain, etc. ?
du cheval et du roulage (la diligence), il ne P. M.
pouvait concerner qu’une minorité d ’auda
cieux privilégiés. Le train a changé les échelles -> V o ir: Aménagement touristique; Économie du tourism e;
Hébergements touristiques; Loisirs; Ta u x de départ en
temporelle et spatiale, mais n’a servi que tardi vacances ; Tourism e social ; Tourism e urbain.
vem ent les vacances populaires (billets de
congés payés en 1936). Avant lui, la bicyclette
avait permis la découverte, le dimanche, des TOURISME D'AFFAIRES
environs des villes (cf. la création à cette fin
du Touring Club de France en 1890). L’auto Parallèlement aux voyages d’agrément s’est
mobile a donné beaucoup plus d’autonomie à développé le tourisme d’affaires. L’expression
ses propriétaires : parallèlement à sa banalisa est antinomique, mais consacrée par l’usage.
tion depuis les années 1950 dans les pays Les administrations et les services statistiques
TOURISME SOCIAL
%
trouvent également commode de mêler cette d’inspiration paternaliste, existaient dès la fjbjt
forme de voyage aux voyages d ’agrément. du xixe siècle et s’étaient multipliées entre 1(|B;
Certes, la dimension ludique n ’en est pas deux guerres mondiales en France comtpf
toujours absente, soit que quelques activités dans les autres pays d’Europe. Ces initiatiyjqip
touristiques viennent compléter un voyage pro concernaient en priorité les enfants : ainsi sofljt
fessionnel, soit que l’agrément tienne une place nées les colonies de vacances (la première J
aussi importante que l’activité professionnelle : Zurich, créée en 1875 par un pasteur). jj|$S
tel est le cas de nombreux congrès, expositions, débuts du tourisme social sont marqués parqp
colloques, conférences, séminaires, etc. souci sanitaire (les bienfaits du « changement
Le tourisme d ’affaires est essentiellement d’air») et par une volonté d’action éducatiyp
urbain. Il utilise largement l ’avion comme qui, qu’elle émane de clercs ou de laïcs, n ’ë a
mode de transport. Il fait appel à des héberge pas exempte parfois de prosélytisme,
ments confortables (hôtellerie haut de gamme grands clubs sportifs (les clubs alpins), lep
surtout). Il nécessite des équipements spéci associations d’encadrement des jeunes (Young
fiques : palais des expositions, palais des Men ’s Christian Association), les mouvep
congrès, salles de conférences équipées pour ments de scoutisme, les auberges de jeunesse^
la traduction simultanée, télécommunications les grandes entreprises et les syndicats partici
performantes, etc. Ces équipements sont amé pèrent de ce mouvement. ;j|,
nagés en soi (palais des expositions et palais Les villages de vacances constituent jp
des congrès, souvent construits par les mode d ’hébergement le plus caractéristiqqp
chambres d’industrie et de commerce en liai du tourisme social, encore que celui-ci n ’en sut
son avec les collectivités territoriales) ou pas l’exclusive (cf. les villages de vacances dp
incorporés à des grands hôtels, parfois à clubs à but lucratif). Les villages à objectif
d’autres équipements (universités). social sont apparus en 1951 (Foyers Lep
Compte tenu de la forte capacité de dépense Lagrange). Ils bénéficient de subventions
de ce type de touristes, les villes se livrent une lorsque les organismes gestionnaires sont
véritable concurrence pour les attirer. Si les reconnus d ’utilité publique. Ceux-ci sont dep
voyages d ’affaires proprement dits sont mutuelles, des syndicats, des comités d ’entre-;
liés au potentiel économique local, et d ’abord prises, des associations et ligues diverses.
à la présence d ’emplois de haut niveau, l’or Il s’agit en fait d ’une nébuleuse d ’organisa
ganisation des expositions, salons, congrès et tions d ’importance variable, parfois regrou
autres réunions est hautement compétitive. pées en fédérations. Ainsi, 56 organisations
Les atouts des villes sont d’abord leur image, (et 470 organismes régionaux) sont regrou
leur potentiel touristique et de loisirs, mais pées au sein de l’Union nationale des associa
aussi leur climat, leur équipement hôtelier et tions de tourisme de plein air (unat). Elles
en matière de lieux de congrès et de réunion. gèrent 1 555 centres qui offrent 225 250 lits et
Paris occupe nettement la première place assurent 38 millions de journées de vacances
mondiale des villes de congrès depuis trente (4% du total des nuitées) à 5 m illions dp
ans (plus de 3 % du marché mondial). personnes (les plus démunies - 1 milliotl
P.M. environ - reçoivent une aide financière);
Ces centres se répartissent en 859 villages
-* Économie du tourism e; Hébergements touristiques; T o u de vacances, 276 centres de vacances
risme ; Tourism e urbain.
pour enfants (ex-colonies de vacances),
251 auberges et centres d’accueil de jeunes,
134 refuges et chalets de montagne!,
TOURISME SOCIAL 100 centres sportifs et 205 autres lieux
d’hébergement dont les terrains de camping);
Secteur de l’activité touristique organisé Ils sont situés en montagne (25% ), ep
sans but lucratif et destiné à des populations à moyenne montagne (15% ), sur le littoral
ressources modestes. (27% ), à la campagne (26% ) ou en villes
On en situe souvent, à tort, le point de (7 %). Ils appartiennent à une collectivité terri
départ en France à la loi de 1936 sur les toriale (52 %), à une structure associative et
congés payés. En fait, de nombreuses œuvres sociale (38 %) ou à un autre organisme non
privées, des mouvem ents divers, souvent lucratif (10 %). Elles emploient 15 500 salariés
779 TOURISME URBAIN
été les premières à l’adopter et ont construit Nancy ont retenu cette solution, qui a cepan*
chacune un réseau de plusieurs lignes qu’elles dant rencontré de nombreuses difficultés teÇ0*
continuent à étendre. Dans les trois cas, le niques. Toulon et Metz l’adopteront peut-êtjfâ,
tramway a connu un succès certain, tant sur le D ’autres villes -- Annecy, Dunkerque,
plan du trafic assuré que des conséquences sur Maubeuge, etc. - ont préféré l’autobus eii A
le tissu urbain : réaménagement des voies propre, qui offre une capacité plus fai$|k
(mobilier urbain, pavage du sol, etc.) le long mais implique des coûts d ’investisseipïïp
du tracé, création d ’axes piétonniers, réduc environ trois fois moins élevés et évite iqf|!
tion du stationnement. La plupart des villes correspondances autobus-tramway : c ’estfjp
moyennes ont étudié, et souvent adopté, la mode bien adapté aux agglom érations .m
réalisation d ’un réseau de tramway. Lille, 100 000 à 200 000 habitants.
dotée par ailleurs d ’un métro automatique Certaines agglomérations envisagent égajta*
(val), a rénové celui qui relie, la métropole à ment de faire circuler des tramways en pstttt
Roubaix et Tourcoing. Saint-Étienne a égale sur des sites propres à ces derniers et en pajjtjf
ment mis en site propre son ancienne ligne et sur des voies du réseau ferroviaire (soluti<»
en a créé une seconde en 2006. Marseille a dite «tram -train»): tel a été le choix 4 e
réalisé de nouvelles lignes. Rouen s’est doté Sarreguemines (en liaison avec Sarrebrückj),
d’un tramway, en souterrain dans le centre, de Strasbourg, de Mulhouse et de Nantes, qjifji
baptisé « Metrobus ». Par la suite, d’autres ont ainsi prolongé leur réseau de tramway, et
villes se sont dotées d’une ou plusieurs lignes qui est envisagé dans plusieurs autres villes,! ,|
de tramway : Le Mans, Montpellier, M ul Bien que le gouvernement ait d é c id é ^
house, Nice, Orléans, Valenciennes, ainsi que 2003 de réduire considérablement sa partiiçjr
la région Île-de-France. Dans cette dernière, pation à ces projets de réseaux de transport
la première ligne de tramway a relié Saint- urbains en site propre, on peut envisager
Denis à Bobigny en 1992 et a été prolongée à qu’en 2015 six agglomérations soient dotéjjs
N oisy-le-Sec avant de l ’être vers Asnières- d ’un métro, une vingtaine au moins d’qp
Gennevilliers et vers Fontenay-sous-Bois ; tramway sur rails, plusieurs d ’un tramwajy
une ligne de rocade sur les boulevards des sur pneumatiques et plusieurs autres d’ùp
maréchaux est en construction (en service «tram-train». ,i|
entre le pont de Garigliano et la porte d ’Ivry KM.
depuis 2006 et en cours de prolongement de • ’ 1.
celle-ci à la porte de la Chapelle pour une mise A utobus; Capacité (d'un moyen de transport); Chemin
fer ; Coût d'investissement des transports ; Métro ; Moyen «
en service en 2012); de nombreuses autres transport. ^|r
lignes ont été ouvertes récemment ou sont
en construction ou en projet. D es réseaux
de tramway classique sont en construction ou TRANCHÉE FILTRANTE -* Réseau
en projet à Angers, Brest, Le Havre, Reims,
Toulouse et Tours.
Le tramway sur rails métalliques est, depuis TRANSFERT DE COS - » Coefficient
quelques années, concurrencé par le tramway d'occupation des sols, cos
sur pneumatiques, à traction électrique (avec
possibilité de traction diesel hors des lignes
équipées), guidé par un rail unique encastré TRANSFORMATION DE LOCAUX
dans la chaussée. C’est en quelque sorte un —►Permis de construire
mode de transport intermédiaire entre l’auto
bus et le tramway, moins coûteux que ce der
nier (on avance une économie de 40 %, qui TRANSIT -* Circulation
reste cependant à vérifier après réalisation
effective), et capable de franchir des pentes
importantes (jusqu’à 7 %). Il est donc bien TRANSPORT AÉRIEN
adapté aux agglomérations de 200 000 à
400 000 habitants. Le modèle le plus avancé Transport réalisé à travers les airs. Certains
est le transport sur voie réservée du construc futurologues ont longtemps espéré que l’héli
teur Bombardier. Caen, Clermont-Ferrand et coptère, voire l ’avion à décollage vertical,
783 TRANSPORT FLUVIAL
pourrait jouer un rôle d écisif en milieu zones habitées. Le trafic aérien Crée en effet
urbain, en offrant la troisième dimension à de fortes nuisances : pollution de l’air et sur
l’espace de circulation. Cet espoir a été déçu, tout bruit (la zone de bruit intense de Paris-
l ’hélicoptère étant extrêmement coûteux Roissy ou de Lyon-Satolas couvre environ
(environ dix fois plus que l ’automobile), 8 000 ha, presque la surface de la ville de
bruyant et polluant, encombrant (distances de Paris).
sécurité), peu sûr et peu fiable (météorologie). P. M.
Il est encore parfois utilisé pour des liaisons
(coûteuses) entre ville-aéroport ou pour des -+ Aéroport; Bruit; Coût social; M oyen de transport; N uisance;
Pollution ; Pollution atmosphérique.
besoins où l ’urgence prime toute considéra
tion de coût (déplacement d’hommes d’État,
secours en mer et en haute montagne, ét, sur
tout, usages militaires). TRANSPORT COLLECTIF Autobus;
Le transport aérien laisse cependant une Chemin de fer ; Métro ; Moyen de transport ;
trace dans la ville à travers les aérodromes Train; Tramway
- simples terrains aménagés pour le décol
lage et l’atterrissage des avions - et les aéro
ports - qui comportent, en outre, des TRANSPORT DE MARCHANDISES -> Moyen
installations utilisées pour le fonctionnement de transport ; Transport fluvial
des lignes aériennes et l’accueil des passa
gers aériens. Leur surface peut varier de
quelques dizaines d ’hectares pour un petit TRANSPORT EN COMMUN -► Autobus;
aérodrome à 10 000 ha pour un grand aéro Capacité (d'un moyen de transport) ;
port international. Chemin de fer ; Dépense d'énergie
On appelle aérogare les installations réser des transports ; Coût d'investissement
vées aux passagers et aux visiteurs, soit dans des transports ; Métro ; Moyen de transport ;
un aéroport (ex. : Orly-ouest), soit en ville au Tramway
terminus de la liaison desservant l ’aéroport
(ex. Invalides).
On compte 0,1 ha de terrain et 15 m2 de TRANSPORT FLUVIAL
plancher pour une unité de trafic aérien
(1 000 passagers ou 100 t de ffet/an). Transport réalisé par voie d’eau. Il concerne
Les aéroports sont d’importants centres surtout les marchandises (certains ports flu
d’emplois : 1 à 2 emplois par unité de trafic viaux, tels Paris ou Strasbourg, traitent un
selon la définition précédente. En 2010, volume de marchandises comparable à celui
Roissy-Charles-de-Gaulle accueille environ des grands ports de trier). La voie d ’eau a
90 000 emplois, Orly 26 000 et Le Bourget cependant joué un rôle pour le transport des
3 800 (plus de^ 130 000 pour l’ensemble des personnes, d’une part pour leur traversée, par
aéroports de l ’île-de-France). L’accès du per les bacs (bateaux larges et plats), avant la
sonnel, des passagers et des visiteurs pose construction des ponts en nombre suffisant ;
des problèmes particuliers de liaison ville- d ’autre part comme voie de circulation de
aéroport, qui sont assurés par automobile et bateaux (du xvne Siècle à 1918, à Paris). Ce
taxi, par autobus ou par train. Le trafic mode de transport urbain a aujourd’hui dis
engendré par un aéroport international rend paru dans la plupart des villes, sauf celles où
presque nécessaire une desserte par autoroute un important ensemble de canaux constitue un
ou par voie ferrée. Niais, vu le coût de ces véritable réseau (Venise). Ailleurs, ils jouent
investissements lourds, ils doivent également surtout un rôle touristique (Paris, Amster
desservir des quartiers de banlieue, pour par dam). Le naviplane (ou aéroglisseur), bateau
ticiper au trafic de pointe et (ou) assurer une sur coussin d ’air, n ’a pas trouvé en ville
liaison interurbaine. l’usage attendu par ses promoteurs, en raison
La localisation des aéroports doit assurer des perturbations qu’il entraîne (bruit, dégra
un compromis entre les contraintes tech dation des rives).
niques (terrain plat, météorologie favorable), On compte en France 300 000 km de
la rapidité de la desserte et l’éloignement des fleuves, rivières, ruisseaux (dont près de
TRANSPORT INDIVIDUEL w
actif ont tendance à avoir vis-à-vis du travail cules contenant au m oins dix véhicules,
une attitude différente de celle des générations garages c o llectifs de caravanes. En ce
précédentes. Le travail n’est plus au centre de domaine encore, la décentralisation conduit
leur existence et certains s ’accommodent à dissocier les personnes publiques compé
d’alterner des périodes de travail intense, de tentes pour délivrer l ’autorisation adminis
travail à temps partiel, voire de chômage. trative : État, com m une ou établissem ent
P.M. public de coopération intercommunale. Mais
c ’est un décret en Conseil d ’État qui déter
- » Em ploi; Entreprise; Industrie; Population active. mine les types d ’installations et de travaux
soumis à autorisation préalable, ses formes,
conditions et délais.
TRAVAUX PUBLICS - » Construction ; Réseau ; Y. P.
Voirie et réseaux divers ( v r d )
-* Code de l'urbanism e; Mines et carrières; Urbanisme souter
rain.
TRÉFONDS
récemment que certaines villes ont procédé à réhabilitation d’immeubles anciens, ces detV
l ’élargissement de leurs trottoirs au détriment nières années. 1ffi i
lilfl
de la chaussée, de façon à limiter le trafic
automobile et à favoriser les usages non cir
culatoires de la rue. - » Police administrative.
il . h
est », alors que « le type est un objet d’après du type, mais n’est pas incompatible avec la
lequel chacun peut concevoir des ouvrages permanence ou la persistance, sur une longue
qui ne se ressembleraient pas entre eux » période, d’éléments du type. Deux raisons
(Quatremère de Quincy, op. cit., art. « Type »). peuvent expliquer cette durée. La première
La réduction au schéma typologique repose tient à la relative stabilité des modèles cultu
sur une raison commune qui revêt des formes rels et de certaines structures plus profondes
bien différentes selon les auteurs : raison origi de la spatialité.
naire de la chose (Quatremère), structure sous- Viollet-le-Duc observait déjà que «dans
jacente et convention (Argan, Colquhoun, l’art de l’architecture, la maison est certaine
Raymond), rapport dialectique des édifices à ment ce qui caractérise le mieux les mœurs,
l’ensemble urbain (Aymonino), mode opéra les goûts, les usages d ’une population ; son
toire du projet (Rossi), voire principe ontolo ordonnance, comme sa distribution ne se
gique (A. Vidler, The third typology, in modifient qu’à la longue » {Dictionnaire rai
Opposition 7, N ew York, 1977). sonné de l ’architecture, art. «M aison», Paris,
L’établissement d’une liaison entre les 1854-1859). La deuxième est que le type n ’est
notions de généralité et de pertinence implique pas le simple produit, mais aussi un élément
la définition de critères et du système de réfé constitutif d’une culture : « Lorsqu’un groupe
rence qui fonde cette pertinence. Chaque défi est inséré dans une partie de l’espace, il la
nition du type renvoie donc à un champ transforme à son image, mais en même temps
disciplinaire (sociologie, architecture, histoire il se plie et s’adapte à des choses matérielles
de l’art, géographie) et à une théorie (du pro qui résistent, il s’enferme dans le cadre qu’il a
jet, de la culture, de la production de l ’espace, construit. L’image du milieu extérieur et des
etc.), ce qui explique l’évolution et la diversité rapports stables qu’il entretient avec lui passe
de cette notion au cours de l’histoire. Ainsi, on au premier plan de l’idée qu’il se fait de lui-
trouve parfois un écart plus grand entre deux même » (M. Halbwachs, La mémoire collec
définitions du type qu’entre celles du type et tive, Paris, 1950). En tant que convention, le
de notions voisines, telles que le genre type peut faire l’objet d’une contestation qui
d’Alberti ou de J.-F. Blondel, ou le caractère manifestera, par exemple, le changement du
de Boullée. Par exemple, les « types idéaux » statut social du commanditaire, ou encore les
des villes selon Max Weber, qui utilisé des positions critiques de l’architecte. La notion
critères socioéconom iques, s ’opposent-aux de type est donc utile aussi bien à l’histoire
types purement form els et transsociétaux architecturale de la société (C. Devillers et
d’Aldo Rossi, ou encore l’idée selon laquelle B. Huet, Le Creusot, 1981) qu’à la critique
la notion de type n ’est pertinente que si elle architecturale (A. Colquhoun, Essays in archi
rend compte d’une structure de correspon tectural criticism, Cambridge, Mass., 1981 ;
dance entre une forme spatiale et les valeurs trad. franç., Paris, 1985).
pratiques et symboliques que lui attribue le On peut tenter un bref historique de la
groupe social auquel elle est destinée. genèse de la notion de typologie. D ès la
Dans cette dernière définition, le type n ’est Renaissance, Alberti propose un classement
pas considéré comme une simple catégorie de des édifices en rapport avec celui des groupes
classement, mais comme une forme de la pro sociaux : « Si l ’on veut classer d’une façon
duction de l’espace. Il représente l’ensemble adéquate les divers genres d’édifices et les
des conventions qui, dans une société donnée, diverses parties à l’intérieur de chaque genre,
constituent l’« idée de maison » (par exemple), la méthode d’une telle enquête impose, dans
c ’est-à-dire la partie implicite de la commande tous les cas, de mettre en lumière complète
de l ’usager au constructeur. H. Raymond ment quelles différences existent entre les
nomme «commutation» le rapport qui s’éta hommes ; car les édifices sont faits pour eux
blit à travers le type, entre l ’espace de l’habi et changent avec les fonctions qu’y d éve
tant et la pratique spécialisée du constructeur loppent leurs besoins » {De re aedificatoria,
(H. Raymond, L ’architecture, les aventures 1. IV, chap. I, d ’après la trad. italienne
spatiales de la raison, Paris, 1984). Le type, d’Orlandi, Milan, 1966). Certains traités ulté
reproductible comm e un tout, articule par rieurs {Sesto libro de Serlio) comportent une
convention les différents facteurs qui le déter enquête sur les types d’habitation existants
minent et dont la transformation entraîne celle et proposent, à l’usage des maîtres d ’œuvre,
TYPOLOGIE
rité qualifiée peut être décisoire dans certains 5B ; fonds social européen ( f s e ) pour les objec
cas où l’unanimité était requise. Un président tifs 1, 2, 3, 4 et 5B ; fonds européen d’orienta
de l’Union est institué pour deux ans et demi. tion et de garantie agricole ( f e o g a ) pour les
L’«A cte unique européen» de 1986 com objectifs 1, 5A et 5B. Ses actions ont été
porte un titre VII qui consacre un nouveau menées en liaison étroite avec les États
champ d’action des communautés, l ’« envi membres et les collectivités territoriales com
ronnement» (art. 2 4 ); et c ’est dans ce pétentes désignées par celui-ci. Les États
domaine que se situent les politiques commu membres élaborent et présentent à la Commis
nautaires d’aménagement urbain. D ’une part sion européenne des plans de développement
à travers certaines réglementations concernant régionaux. La réponse de la Commission s’ins
la qualité de l ’environnement urbain (direc crit dans des cadres communautaires d’appui,
tives sur l’incinération des déchets munici établis en liaison avec les États membres, qui
paux et sur le traitement des eaux usées) ; fixent les axes prioritaires retenus, les formes
d’autre part à travers les activités entreprises d’intervention, le plan de financement, les pro
dans le cadre des «fon d s structurels euro cédures de mise en œuvre, y compris le suivi et
péens»: le Fonds social européen (fse), créé l ’évaluation.
en 1960, et le Fonds européen de développe Pour la période 1989-1993, 60 milliards
ment régional (feder), créé en 1975. d’écus, soit près de 400 milliards de F, ont été
Les défauts des politiques communautaires mis en place dans le cadre de ces politiques.
d’aide au développement régional, que les La France a reçu près de 6 milliards de F au
deux principes d’additivité (les financements titre de l’objectif 1 (seuls les départements
ne doivent pas se substituer à l’effort national) d ’outre-mer et la Corse y étaient éligibles),
et de subsidiarité (les autorités locales restent plus de 8 milliards au titre de l’objectif 2 et
maîtres d ’œuvre des programmes) ne suf 6,3 milliards au titre de l’objectif 5B, soit plus
fisent pas dans la pratique à éviter, imposent de 20 milliards au total pour ces trois objectifs
une évaluation permanente et rigoureuse. Un (plus 4,5 milliards au titre des « initiatives
décret du 6 août 1993 institue en France une communautaires», c ’est-à-dire les projets
commission interministérielle de coordination hors enveloppe négociée avec les États).
des contrôles sur les actions financées par les Pour la période 1994-1999, 930 milliards
fonds structurels européens. de F (un tiers de son budget) ont été consacrés
La cee, puis l ’Union européenne, ont à ces six objectifs (plus 380 milliards pour les
concentré leur action structurelle autour de programmes d’initiative communautaire et le
six objectifs : fonds de cohésion). Pour la France, trois
— n° 1 : développement et ajustement struc arrondissements du Nord-Pas-de-Calais sont
turel des régions en retard de développement ; devenus éligibles à l ’objectif 1. La France
— n° 2 : reconversion des régions, y compris aura reçu pour les trois objectifs liés à l ’amé
les bassins d’emploi et les communautés nagement du territoire respectivement 15, 25
urbaines gravement affectées par le déclin et 15 milliards de F (plus 8 milliards au titre
industriel; des initiatives communautaires, soit 63 mil
— n° 3 : lutte contre le chômage de longue liards en tout en six ans, le double par an de la
durée (plus de vingt-cinq ans au chômage depuis période précédente). Les financements euro
plus d’un an) ; péens sont devenus plus importants pour
— n° 4 : insertion professionnelle des jeunes l ’aménagement du territoire de la France que
de moins de 25 ans ; les financements de l’État.
— n° 5 A : adaptation des structures agri Pour la période suivante (2000-2006), un
coles ; schéma de développement de l’espace commu
— n° 5 B : promotion du développement nautaire ( s d e c ) a été approuvé par les États
des zones rurales. membres en mai 1999. Bien qu’il n ’ait pas de
Parmi ces objectifs, trois (1 ,2 et 5B) concer valeur contraignante, puisque l’aménagement
naient directement l ’aménagement du terri du territoire demeure une responsabilité natio
toire. L’Union européenne disposait de nale et non communautaire, ce schéma tra
plusieurs fonds communautaires pour atteindre duit l ’ambition commune de parvenir à un
ces objectifs : fonds européen de développe ensemble géographique cohérent sur les plans
ment régional (feder) pour les objectifs 1 ,2 et économique, social et écologique.
791 UNION EUROPÉENNE E T AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE
Un montant total de 307,6 millions d’€ est nouveaux suédois ou néerlandais qui sont
affecté à ces trois objectifs de façon très plus peuplés). ,>j
inégale (respectivement 251,3; 48,8 et 7,5 mil Un niveau intermédiaire est parfois consti
lions), ce qui reflète bien l ’urgence à rappro tué par le regroupement de plusieurs unités
cher les peco des pays d’Europe occidentale et de voisinage avec un centre regroupant des
septentrionale. C’est pourquoi la France rece équipements plus nombreux (boutiques plus
vra un peu moins que pendant la période pré diversifiées, bibliothèque ou centre culturel,
cédente : 12,688 millions (2,838 pour les DOM équipements sportifs, etc.) : c ’est le cas des
au titre de l’objectif n° 1 ; 9,1 milliards pour la rayons (40 000 habitants en ville nouvelle,
France métropolitaine au titre de l ’objectif plus dans les grandes villes anciennes) sovié
n° 2 et 749 millions au titre de l’objectif n° 3). tiques, des quartiers d’Harlow (ville nouvelle
Parmi ces sommes, 7,1 milliards (dont 2 pour au nord de Londres), des urbanisations nou
les dom) viendront du feder. Par ailleurs, le velles néerlandaises (environ 100 000 habi
programme Leader est poursuivi, financé par tants à l’ouest, au sud, au nord et au sud-est
le Fonds européen agricole et de développe d’Amsterdam, par exemple).
ment rural (feader). Cette organisation hiérarchisée et systér
Y. P. et P. M. matique de l ’espace a été critiquée par
Christopher Alexander (« A city is not a tree »,
-> Aménagement du territoire; Contrat de projet État-région. in Architectural design, février 1966, p. 55-66)
qui observe que cette structure urbaine «etl
arbre» s’oppose à celle des villes anciennes
UNITÉ DE VOISINAGE « en semi-treillis» (concepts empruntés à ja
théorie des graphes) et limite les possibilités
Quartier d’habitation conçu avec ses équi de relations sociales et de contacts.
pements d’usage quotidien (école primaire,
P. M.
commerce, etc.).
Le concept d’unité de voisinage (neigh- -> N e w to w n ; Ville nouvelle.
bourhood unit) a été développé aux États-
U nis par la R égional plan association de
New York (plan régional de 1929) et a été UNITÉ DE VOITURE PARTICULIÈRE (UVP)
appliqué presque systématiquement dans les -> Automobile; Capacité (d'un moyen
villes nouvelles britanniques (new towns). de transport)
L’unité de voisinage comprend de 2 000 à
4 000 logements, un petit centre commercial
(une dizaine de boutiques d’usage courant), UNION SOCIALE POUR L'HABITAT
une école primaire et une école maternelle, -> Habitation à loyer modéré ( h l m )
un centre communautaire, une église, un pub.
Conçue à l ’échelle du piéton, même si elle
est à faible densité (habitat individuel), elle UNIVERSITÉ
est séparée de ses voisines par les voies prin
cipales et des coupures vertes. Établissement d’enseignement supérieur qui
Le principe de l ’unité de voisinage se constitue une communauté d’enseignants, de
retrouve, avec quelques différences, dans les chercheurs et d’étudiants et qui offre des pro
quartiers nouveaux suédois (un peu plus grammes diversifiés. On appelle également uni
importants, mais toujours à l’échelle du pié versité d’une part l’ensemble des enseignants
ton, avec prédominance de l’habitat collectif) (et chercheurs) d’un établissement universitaire
ou néerlandais, dans les villages des new (voire de l’ensemble des établissements univer
communities américaines, dans les quartiers sitaires), d’autre part l’ensemble des sites et des
ou voisinages des villes nouvelles hon bâtiments qu’il occupe.
groises, dans les microrayons de l’urbanisme Étymologiquement, l’université est la com
soviétique. C’est en général l’aire d’influence munauté (universitas) des maîtres et des élè
de l’école primaire et des commerces quoti ves. Après les écoles athéniennes constituées
diens qui définit l’échelle de l’unité de voisi autour d’un maître - l’académie de Platon, le
nage (il y en a plusieurs dans les quartiers lycée d’Aristote, le jardin d’Épicure - et les
793 UNIVERSITÉ
bibliothèques romaines - celle d’Alexandrie moyennes qui n’étaient pas le siège d’une des
notamment - , puis les monastères du haut 16 anciennes académ ies. En revanche, la
Moyen Âge, l ’université est apparue au bas Grande-Bretagne par exem ple a maintenu,
M oyen A ge. Les premières universités après la génération des civic universities du
(Bologne, Paris, Oxford, etc.) furent des tenta xixe siècle dans les grandes villes, une tradition
tives pour regrouper les lieux de savoir et de d’universités dans des petites villes (greenfield
formation indépendamment des évêques, mais universities du plan Robbins, 1963).
sous l ’autorité, lointaine, du pape. Elles furent Aux États-Unis, s ’est développée très tôt
dotées de statuts ou d’une charte. L’université la tradition du campus. C ’est dès la fin du
médiévale déclina du XIVe au xvnie siècle, au xvme siècle qu’on a commencé à concevoir
moins en France. des universités hors des v illes (Princeton,
La Convention les supprima en 1793 et Chapel Hill). Cette notion a été transposée en
mit en place un autre système de formation, Europe après la deuxièm e guerre mondiale
directement axé sur les besoins de l’État, les lorsque les universités ont dû faire face à une
grandes écoles (Polytechnique en 1794). croissance rapide que les bâtiments tradition
Napoléon recréa des écoles de médecine et nels en centre-ville (deux hôtels particuliers
de pharmacie et de droit, puis des facultés en face à la cathédrale à Aix-en-Provence par
lettres et en sciences. Le Second Empire ins exemple) ne pouvaient accueillir. Les dépar
titua les 16 académies, mais, sauf dans les tements scientifiques furent souvent les pre
disciplines liées à une profession précise, les miers à quitter le centre pour un campus
effectifs étaient très modestes. Les universités périphérique, parfois su ivis par les autres
furent officiellement recréées sous l’impul disciplines. En France, les années 1960 ont
sion de Louis Liard en 1896. été marquées par un important effort de
La division en facultés fut maintenue jus construction au cours duquel les idées inspi
qu’à la loi Faure du 12 novembre 1968 qui rées du mouvement moderne ont conduit à
divisa les nouvelles universités en unités des ensembles universitaires périphériques,
d’enseignement et de recherche, qui se sont dont l’architecture rappelle celle des grands
souvent baptisées elles-mêmes... facultés. La ensembles de la même époque.
loi Faure cherchait à tirer les conséquences de La période récente est marquée par une
l’explosion des effectifs survenue depuis la remise en cause de l’opportunité de cette exur
seconde guerre mondiale et du mécontente banisation de l’université. Mais, si le discours
ment des étudiants exprimé en mai 1968. La évoque la réconciliation de la ville et de l’uni
loi Savary du 26 janvier 1984 a modifié ce versité, les réalisations ne marquent pas une
régime et, sous prétexte de renforcer l’autono rupture nette avec la période précédente. Il en a
mie des universités, mis en place un système été ainsi en France pour le plan « Universités
de gouvernance très lourd. La loi Péeresse du 2000 » au début des années 1990 ; en revanche,
11 août 2007, a sim plifié ce dispositif et le plan « Université du IIIe millénaire » (u 3m) a
accordé une large autonomie financière aux accordé la priorité à des universités urbaines
universités, dont on peut prévoir qu’elle chaque fois que des terrains peuvent être dispo
accroîtra la concurrence entre elles. nibles. Dans la plupart des pays, les créations
nouvelles s’effectuent en campus. Tout au plus,
Les universités sont le plus souvent implan certaines universités définissent-elles une stra
tées dans des villes d’une certaine importance, tégie spatiale à l’échelle de la ville, voire de
mais ce n’est pas une règle absolue. Les écoles l’agglomération. Ainsi l’université d’Uppsala,
athéniennes étaient déjà hors du centre des la plus ancienne de Suède, se développe-t-elle
villes. Certaines universités médiévales ont sur une rive de la rivière Fyrish, le long d’un
choisi de s ’implanter dans de petites villes axe majeur de la ville, du centre (départements
(Oxford, Cambridge, Louvain, etc.). Les littéraires et juridiques) vers la banlieue sud
facultés napoléoniennes étaient au contraire (départements scientifiques). Celle d’Utrecht
implantées dans les villes principales et cette cherche à regrouper ses facultés littéraires et
tradition s ’est maintenue en France avec la juridiques dans le centre ancien et développe
création, dans les années 1960, de nouveaux un campus périphérique, bien relié au centre
collèges littéraires, scientifiques ou juridiques, par les transports en commun, pour les activités
bientôt regroupés en universités dans des villes scientifiques et l ’hôpital universitaire.
UNIVERSITÉ m
travail la détermination d’un fond sur lequel croissante dans les villes (autrefois) et dans
une figure doit émerger, et qui renforce et les agglomérations urbaines (aujourd’hui). :i!H
qualifie cette figure dans le temps même où L’histoire de l’urbanisation commence avee
celle-ci lui apporte une cohérence supplémen la naissance des villes : vers 6000 avant J.-C.
taire. Les éléments figuratifs qui se détachent à Jéricho ou à Çatal Hüyük, les premiers
sur le fond, autrement dit sur le bâti consis exemples connus, vers 3500 en Égypte ouen
tant de la ville, sont des espaces ouverts, M ésopotamie, durant le IIIe millénaire au
conséquents et choisis avec soin. En ce sens, Proche-Orient et aux Indes ; la diffusion se
le contrepoint de Yurban design consiste fait de là vers la Méditerranée orientale
dans des édifices compacts, autocentrés et (IIe millénaire) et occidentale (Ier millénaire^
réalisés indépendamment de toute idée de L’Europe du nord n’est gagnée qu’entre 500
collectivité. Cette conception de la ville est et 1000 après J.-C. D ’autres foyers de diffu
attribuée au mouvement moderne des années sion apparaissent en Chine (au IIe millénaire
1920 et à des projets comme le plan Voisin avant J.-C.), dans l’Amérique précolombienne
de Le Corbusier (1925) et les dessins d ’Hil- (au Ier millénaire) et en Afrique noire, dans le
berseimer pour la Friedrichstrasse (1927), qui pays Yoruba (vers l’an 1000 après J.-C.). . i,
proposent l ’effacement de la ville tradition La première urbanisation est demeurée
nelle au moyen d’un solide continu, perforé limitée : la faible productivité de l’agriculture
de vides occasionnels. En opposition à cette limitait le nombre de ceux qu’elle pouvait
ville moderne des années 1920, Yurban nourrir sans qu’ils participent au travail de k
design, célèbre la res publica des mes, places, terre : leur proportion était souvent très faiblè,
axes, perspectives, cheminement et mobilier 1 ou 2 % (elle n ’était que de 5 % dans un payS
urbain (grilles de Hyde Park Comer à Lon aussi évolué que les États-Unis de la fin du
dres, Chevaux de Marly à Paris, porte de xixe siècle). Dans les zones de vieille civilisai-
Brandebourg à Berlin). tion urbaine, monde méditerranéen ou Chine,
Les deux pôles de Yurban design peuvent la proportion restait généralement voisiné
être figurés par les positions respectives de de 10% et n ’excédait jamais 20% . Comfne
J. Bamett et de C. Rowe. Bamett considère les transports étaient difficiles et onéreux, les
Yurban design d’un point de vue empirique : villes ne pouvaient guère compter pour, lés
le contrôle du zonage, des plans d ’options nourrir que sur les campagnes proches, ce qui
locales, des rénovations urbaines aboutit à la limitait leur taille. Seules les régions marii
réalisation de projets mettant à contribution times et les ports échappaient à ces limitas-
représentants du gouvernement, promoteurs, fions : ainsi, la Hollande de l ’âge classiquè
et intérêts locaux. Au contraire, Rowe adopte comptait entre 40 et 50 % de citadins. - i
à l ’égard de Yurban design une approche A partir du xvme siècle, la révolution agri
intellectuelle, dans le contexte de l’atelier ou cole libère des bras, la révolution industrielle
de la bibliothèque et met en œuvre des leur donne un emploi, puis la révolution de®
concepts, des représentations, des attitudes et transports élargit les aires d’où les cités firent
des sensibilités empruntés au plus large leur ravitaillement et celles où elles écoulent
registre historique. les produits de leurs fabrications, i
C.-F. O. L’urbanisation se fait rapide dans les pays
qui accèdent au développement : la populâi-
A rt urbain; Composition urbaine; Design; Espace public; tion des villes dépasse partout 50 % à la fin du
Lisibilité; Morphologie (urbaine); Postmoderne; Urbanisme.
xixe siècle, et atteint 75 % pour l’Angleterre.
Depuis un demi-siècle, le desserrement de*
villes conduit à un renversement apparent d*
URBANISATION la tendance dans les pays les plus avancés,
mais le mouvement d’urbanisation se pouf-
Le terme « urbanisation » a deux sens dis suit: il a simplement pris d’autres formes; il
tincts. Parfois, mais c ’est rare en français, se marque plus par des transformations socio
mais plus fréquent pour son homologue espa logiques que par la concentration de l ’habita®,
gnol par exemple, l ’action d ’urbaniser, de comme le prouve le rôle croissant des zones
créer des villes ou d’étendre l’espace urbain. suburbaines démesurément étalées et des
Plus fréquemment, il s ’agit de la concentration zones urbaines.
797 URBANISME
Le mouvement d’urbanisation s’est ralenti, fois dans l’histoire, Cerdâ entendait donner un
parfois inversé dans les pays industrialisés au statut scientifique à la création et à l’aménage
cours des années 1970 : c ’est le mouvement ment des villes, conçus comme ressortissant à
de contre-urbanisation. À l’inverse, les années une discipline autonome, à part entière. Le
1980 ont été marquées par le renforcement des terme urbanizaciôn désignait à la fois ce
fonctions et par la croissance de la population qu’en français nous appelons aujourd’hui
des très grands centres : on parle de métropoli- processus d ’urbanisation et les lois dont
sation. Ces évolutions traduisent l’impact, sur Cerdâ pensait qu’elles le sous-tendent (« Le
la dynamique de l’urbanisation, des nouvelles fait dont on attribue généralement l’origine et
conditions de transport et de communication. le développement au hasard, obéit cependant
Dans les pays du tiers monde, l’évolution à des principes immuables, à des règles
s ’est accélérée depuis 1950. De 1800 au fixes », Teoria, p. 32). La tâche de l’urbaniste
milieu du xxe siècle, la proportion de citadins (urbanizador) consistait précisément à décou
dans ces pays n’était passée que de 8,3 % à vrir ces lois dont le fonctionnement spontané
15 %. Le taux d’urbanisation atteignait, en était jusqu’alors demeuré caché, à les intégrer
1980,28,4 % (calculs de Paul Bairoch) ; selon dans une théorie générale et à les appliquer
lui, il devait atteindre 41 % en l ’an 2000 et délibérément à la conception et à l ’organisa
57 % en 2025. En fait, on l’estime à 50 % envi tion de l ’espace bâti, en échappant ainsi à
ron en 2010 (sous réserve de la définition des l ’inertie des contingences historiques qui
populations urbaines qui peut être très variable avaient toujours entravé et retardé le libre
selon les pays et les auteurs) et on prévoit déploiement de Y urbanizaciôn et de ses lois.
65 % en 2050. Cette évolution diffère de celle Le terme créé par Cerdâ devait être finale
qu’ont connue les pays industrialisés par sa ment réservé au processus (planifié ou non)
brutalité et par la part beaucoup plus considé d’investissement de l’espace par des construc
rable qu’y tiennent les grandes villes : celles tions et des réseaux d’équipements, tandis que,
de plus de 1 m illion d ’habitants comptent dans l’ensemble des langues d’origine latine,
pour 35 % du total. la nouvelle discipline était désignée par un
P. C.
dérivé plus simple du latin urbs : urbanismo en
espagnol, urbanismo et urbanistica en italien,
-> Banlieue; Urbanism e; Ville. en français urbanisme, qui fut introduit entre
1910 et 1914 dans le milieu des praticiens qui
gravitaient autour de E. Hénard et du Musée
URBANISME social. Cependant, urbanism n’a pas acquis
droit de cité dans les pays anglo-saxons où,
Selon les différents dictionnaires du introduit depuis peu, son sens varie selon les
XXe siècle, l ’urbanisme est alternativement auteurs et recouvre, de façon floue, diverses
défini comme science, art et/ou technique de notions liées à la ville, comme par exemple le
l ’organisation spatiale des établissements paysage. Il peut parfois, aux Etats-Unis, être
humains. L’incertitude de ces définitions utilisé dans l’acception française, mais il doit
appelle une approche historique de la notion. alors le plus souvent être explicité par un
Du latin urbs, la ville, ce terme récent a été ensemble de locutions dont aucune ne recouvre
formé sur le modèle du néologisme espagnol complètement le terme fiançais, auquel corres
urbanizaciôn, créé en 1867 par l’ingénieur- pond, en revanche, l’allemand Stàdtebau.
architecte espagnol Ildefonso Cerdâ dans sa À peine créé, «Urbanisme» était adopté
Teoria general de l'urbanizaciôn (trad. et par les praticiens et passait dans le langage
adaptation franç., Paris, 1979) pour désigner commun. Peu à peu, ce terme en est venu à
une discipline nouvelle, la science de l’organi désigner des notions et des objets très divers,
sation spatiale des villes : « le vais initier le qui débordent largement et parfois contre
lecteur à l’étude d’une matière complètement disent (cf. infra) l ’acception originelle de
neuve, intacte et vierge. Comme tout y était Cerdâ, selon laquelle l’urbanisme serait une
nouveau, il m ’a fallu chercher et inventer des discipline autonome, née dans la deuxième
mots nouveaux, pour exprimer des idées nou moitié du xixe siècle, et ayant pour vocation
velles dont l’explication ne se trouvait dans l ’aménagement scientifique de l ’espace
aucun lexique. » En effet, pour la première urbain.
URBANISME 788
Ces abus de langage rendent souvent diffi Pourtant, les deux projets sont bien diffé
cile, aujourd’hui, de comprendre la nouveauté rents dans la mesure où ils s’inscrivent dans
de la démarche de l ’ingénieur espagnol, la des mentalités et des contextes différents;
coupure qu’elle introduit dans l ’histoire de Alberti appartient aux temps prégai iléens et
l ’organisation de l ’espace bâti et que souli préindustriels, où la science moderne n ’èst
gnait la création d’un néologisme pour la dési pas encore constituée et où le mode de pro
gner. Pour pouvoir en prendre la mesure, il duction industriel n ’a pas transformé lés
convient d’évoquer schématiquement les pro sociétés urbaines et leur espace. Pour Alberti;
cès de création et d’aménagement spatiaux, l ’édification, en tant que discipline, comporté:
traditionnels dans les sociétés urbaines. trois niveaux destinés respectivement à satis
Il apparaît tout d’abord (cf. F. Choay, La faire la nécessité, la commodité et le plaisir.
règle et le modèle, Paris, 1980) qu’avant la La nécessité englobe les lois du monde naturel
Renaissance on ne trouve aucune société où et les règles de la construction, qui ressor
la production de l’espace bâti relève d’une tissent, en fait, à ce que nous appelonstto
discipline réflexive autonome. Tantôt l’orga science et la technique. Mais l’édification h é
nisation de l ’espace urbain (en plan et en prend forme qu’au niveau de la commodité,
élévation) résulte directement du fonctionne on dirait aujourd’hui la programmation h
ment de certaines pratiques sociales, en parti celle-ci appelle alors un dialogue entre l’archî-;
culier religieuse et juridique, dont la tecte et celui ou ceux pour qui il édifie, c’est
permanence historique a pour effet de consti une activité duelle. L’urbanisme cerdien nç
tuer des types, reproduits au fil du temps reconnaît pas ce caractère « dialogique » qui
(villes de l’Islam et de l ’Occident médiéval, introduit la contingence dans l ’édification. Au
par exemple). Tantôt elle est prescrite par des contraire, il est «m onologique». Il postule
textes d’origine sacrée, qui en font l’expres que ses lois sont scientifiques et qu’à l’instar
sion d ’une cosm ologie (Chine ancienne). de toutes celles des sciences de la nature, elles:
Tantôt encore, des types urbains, constitués sont dotées d’une valeur universelle de vérité:
de façon empirique, sont délibérément repro et ne peuvent être mises en question. Quant au
duits au cours d’un procès d’essaimage ou plaisir (esthétique) que procure la beauté, il
de colonisation (Grèce, Rome). Enfin, dans constitue pour Alberti la finalité même de
toutes les cultures, il arrive que des plans l’édification. C’est cette visée esthétique des
originaux soient conçus à des fins précises, créations et aménagements urbains de la
par la volonté du prince (Bagdad). Renaissance et des périodes baroque, clas
La première révolution par rapport à ces sique et néo-classique que souligne l’expiés»
pratiques a lieu dans l’Italie du X V e siècle. Elle sion d ’«art urbain» sous laquelle on a
est conceptualisée dans le De re aedificatoria, coutume de les subsumer. Chez l ’ensemble
le traité d’architecture offert en 1452 au pape des théoriciens de l’urbanisme, à l’exception;
Nicolas V par Léon-Baptiste Alberti et publié de Camillo Sitte, cette volonté d’« embellisse*
après la mort de ce dernier, en 1485, Pour ment» est secondaire, quand elle n ’est pas
Alberti, l ’art d ’édifier est effectivement une simplement absente.
discipline, théorique et appliquée, autonome. Enfin, différence sans doute la plus signifi
Une fois en possession de ses règles et de ses cative, alors que l’édification ou l’art urbain
principes, l’architecte devient le grand ordon théorisé par Alberti met en œuvre des règles et
nateur de l’espace des humains. Il a pour tâche des principes génératifs permettant la produc
de structurer et d ’édifïér leur cadre de vie, tion d’espaces indéfiniment différents au gré
depuis le paysage rural, les grandes routes et de temps et de demandes différents, l’urba
les ports jusqu’à la ville, ses jardins, ses plans nisme théorisé par Cerdâ et ses successeurs;
et ses bâtiments. Dans tous ces cas, il s’agit de vise, sous l’influence de la pensée utopiste;
concevoir et de lier de façon rationnelle et l ’établissement de modèles spatiaux, dotés
cohérente les éléments d’une totalité : la mai d’une valeur universelle de vérité et, ainsi, sta
son est une petite ville et la ville une grande tiquement appelés à une indéfinie reproduc
maison. À première vue, il semblerait que le tion.
projet énoncé par Alberti anticipe de quatre La révolution accomplie par Cerdâ n ’est pas
siècles celui de Cerdâ : même autonomie et contingente. Elle ne survient pas ex nihilo.
même champ d ’application de la discipline. D ’une part, elle est indissociable de la révolu
799 URBANISME
tion industrielle, perçue à la fois dans ses effets plines, en particulier de la biologie et de l’his
immédiats sur le milieu urbain et comme muta toire, auxquelles il emprunte paradigmes et
tion historique. D ’autre part, elle résulte d’une données, animé par la foi positiviste, il pos
démarche mentale qu’informent à la fois la tra tule une science universelle de l’aménage
dition utopiste et le positivisme du XIXe siècle. ment. Davantage, tout à l ’opposé du préfet
Le projet cerdien d’élaboration d’une science qui adhère au plus près à son temps, Cerdâ
de l’aménagement de l’espace humain est né veut le devancer. A cette fin, il s’appuie sur la
de sa volonté de fonder en vérité son interven conception, propre à l’utopie, de la conver
tion de praticien à Barcelone (plan d’extension sion et du conditionnement des sociétés par
de la ville). La spécificité de sa démarche peut l’espace. Dans le droit fil de la « médicalisa
être saisie en la confrontant à celle, contempo tion » (cf. M. Foucault) qui, au xvm e siècle,
raine, de Haussmann dont les « grands tra avait commencé à appliquer à des problèmes
vau x» (1853-1869) suscitaient d ’ailleurs concrets, mais sectoriels (hôpitaux, institu
l’admiration de l’ingénieur espagnol. tions panoptiques), la modélisation critique de
Le préfet de Napoléon III est parfois consi Thomas More, Cerdâ projette cette démarche
déré, à tort, comme le créateur de l ’urba sur l’établissement humain dans sa totalité.
nisme. Le Corbusier en fait le précurseur du La Teoria associe ainsi un ensem ble de
mouvement moderne (La ville radieuse, traits empmntés aux formes textuelles hétéro
Paris, 1933) et loue son «urbanisme chirurgi gènes de l’utopie, du discours scientifique et
cal ». Haussmann a effectivement fait subir même du traité d’architecture. Elle constitue
une mutation à l ’espace parisien, afin de la première occurrence d ’un genre textuel
l ’adapter aux exigences de T ère industrielle, spécifique qu’on peut nommer «théorie
donnant à la vie l’aspect que nous lui connais d ’urbanisme » (cf. F. Choay, La règle et le
sons aujourd’hui. Il a taillé dans le v if du modèle, Paris, 1980) et qui, jusqu’aux années
tissu ancien, beaucoup détruit. Mais il a fait 1960, a été illustrée par une lignée ininterrom
exécuter le premier plan global de Paris avec pue de théoriciens, généralement praticiens et
courbes de niveau. Le premier, il a traité la plus précisément architectes. La précédence
ville comme une totalité, la concevant comme de Cerdâ doit, sans doute, être rattachée à
un ensemble de systèmes interconnectés : sys l ’expérience précoce de l ’Espagne dans le
tèmes des voies de circulation, des espaces domaine de la création urbaine, depuis la
verts, des adductions d’eau et des égouts. « reconquête » m édiévale des territoires
Cette œuvre novatrice a servi d ’exemple en occupés par les Arabes, jusqu’à la conquête
France où l ’ensemble du réseau urbain a, de l’Amérique. Cependant, pour des raisons
durant le Second Empire, été marqué par diverses (dont l’absence de traduction, due à
l’« haussmannisation » ; mais son influence ses dimensions excessives), la Teoria a été
s’est aussi étendue à travers l ’Europe (Vienne, ignorée de la plupart des autres auteurs : leurs
Budapest, Rome) et jusqu’aux États-Unis théories sont issues, indépendamment, du
(Chicago). même contexte, puis, au fil des années, elles
Haussmann a livré dans ses Mémoires ont été confortées par les progrès du machi
(1890-1893) les méthodes et les principes qui nisme et de l ’industrialisation et intégrées
ont guidé sa démarche, toujours globale mais dans une tradition textuelle. A insi depuis
empirique. Il décrit et justifie des options Sitte (Der Stâdtebau nach seinem künstleri-
prises avec le concours d ’une multiplicité schen Grundsâtzen, Vienne, 1889), Soria y
d’intervenants et dictées par un ensemble de Mata (La Ciudad lineal, Madrid, 1894), Ebe
conditions spécifiques, propres à la ville de nezer Howard (To-morrow, Londres, 1898)
Paris au moment où il écrit. Il n ’envisage pas jusqu’à Tony Garnier (Une cité industrielle,
la création de nouvelles entités urbaines, Paris, 1917), Le Corbusier (La ville radieuse,
mais se propose seulement la «régularisa Paris, 1933), F. L. Wright (The living city,
tion » de Paris. Bref, il ne fait pas œuvre de N ew York, 1958), Alexander (The timeless
théoricien. Il ne généralise pas ses solutions way o f building, Cambridge, 1978), P. Soleri
et ne cherche pas davantage à les cautionner (Archology, Cambridge, Mass., 1969), tous
par la science : tel est précisément le pas fran fondent identiquement leurs propositions
chi par Cerdâ. d ’organisation spatiale de la ville sur des
Témoin des progrès de nouvelles disci « théories » à prétention scientifique, qui pré
URBANISME
sentent, avec des modulations originales, la tive plus globale, en Europe, A. Mitscherlich
même structure textuelle que la Teoria. Si montrait les problématiques sociétales soûlai-
celle-ci demeure inégalée dans son élabora vées par les nouveaux types d ’urbanisation
tion, elle est aussi celle qui fait à la science la ( Vers une société sans père, Paris, 1969). *;
part la plus belle, tandis que le Stâdtebau de En 1964, l’architecte urbaniste Ch. Alexanr
Sitte se rapproche le plus des traités d’archi der, dans ses Notes on the synthesis o f forni
tecture et que les ouvrages de Le Corbusier, (trad. ffanç., Paris, 1971), était le premier ^
tel La ville radieuse, sont les plus marqués faire porter sa critique non plus sur les réali
par l’utopie. sations, mais sur les méthodes de conception
Ces théories de l’urbanisme ont été aussitôt de l’urbanisme, auxquelles il reprochait de nia
mises en pratique par leurs auteurs et les dis pas prendre en compte la com plexité des
ciples de ceux-ci (cf. Cerdâ à Barcelone, Soria multiples facteurs impliqués dans le procès
à Madrid, Sitte dans les extensions de villes d’urbanisation. Mais sa démarche aboutissait
allemandes, Garnier à Lyon). Avec le mouve seulement à préconiser un fonctionnalisme
ment moderne et ses théoriciens progressistes, plus complexe, qui ne mettait en cause ni le
elles ont fait autorité auprès des instances statut scientifique de l ’urbanisme, ni §Qtt
décisionnelles, administratives et politiques caractère de discipline synthétique et globaler
(cf. en France, le rôle joué par Le Corbusier et ment dominable. ,i
la Charte d ’Athènes pour des ministres Ce questionnement a été entrepris à partir
comme J. Giraudoux, R. Dautry, E. Claudius- des années 1965, seulement hors du milieu
Petit) et ont conquis, après la deuxième guerre professionnel, par des philosophes et des
mondiale, un champ d’application planétaire. sociologues. L’urbanisme est alors abordé
Il a précisément fallu attendre les années selon deux optiques, souvent appelées à intefr
1960, qui permettaient la mise en perspective férer : d’une part du point de vue de sa valeur
des applications et réalisations de l’urhanisme en tant que savoir et de sa position dans le
à une échelle conséquente, pour que soient champ des disciplines constituées; d ’autre
mis en question le statut scientifique de l’urba part du point de vue de ses déterminations
nisme et sa qualité de discipline autonome et sociohistoriques.
utilitaire. La première direction peut être illustrée par
Les critiques ont d’abord porté sur les résul les travaux de F. Choay. Dans L'urbanisme
tats concrets de l’application des théories de utopies et réalités (Paris, 1965), celle-ci mon*
l ’urbanisme progressiste, dominant depuis trait que l’ensemble des « théories de l ’urba*
l ’avènement du mouvement moderne. Les nism e» sont sous-tendues par des choix
voix les plus éloquentes vinrent d’abord des idéologiques, non reconnus de leurs auteurs»
États-Unis. L. Mumford était l’initiateur d’une Elles peuvent ainsi être classées en deux
critique esthétique des rénovations urbaines et groupes selon qu’elles sont orientées par ufl.»
des nouveaux ensembles, mais surtout d ’une idéologie du progrès, privilégiant les valeurs
critique sociale, bientôt développée par d’hygiène et d ’efficacité ainsi que la technique
J. Jacobs (The life and death of great American (urbanisme progressiste), ou par une idéologie
cities, New York, 1961), Ch. Abrams (Man’s privilégiant les valeurs culturelles tradition*
struggle for shelter in an urbanizing world, nelles (urbanisme culturaliste). De plus, ins-
Cambridge, Mass., 1964), puis en Europe. Les pirés par la pensée utopiste, les modèles des
analyses dénonçaient essentiellement l’inhu urbanistes constituent des solutions totali
manité du nouvel environnement, devenu taires et simplificatrices, qui ne prennent en
impropre aux relations sociales par son géo compte ni la durée, ni la richesse du monde
métrisme élémentaire, sa standardisation, sa symbolique.
monotonie, sa pauvreté symbolique. Ces analyses faisaient apparaître que la
Elles démystifiaient aussi l ’hygiénism e conception et l ’organisation de l ’e sp a c e ,
régnant; en s ’appuyant sur des statistiques habité, à quelque échelle que ce soit, imposent
(taux de criminalité, taux de morbidité), des choix de valeurs, elles-m êm es dépen
J. Jacobs montrait que l ’hygiène physique dantes de contextes culturels et de conditions
était largement tributaire de l’hygiène mentale, politiques et économiques complexes, et le
essentielle pour la vie des sociétés et menacée fait que ces choix axiologiques et normatifs
par les nouveaux espaces. Dans une perspec ne sont pas du ressort de la science et ne
801 URBANISME
peuvent être définis en termes d’énoncés véri relativité des valeurs diverses qui les inspirent.
diques. Il faut toutefois reconnaître que certaines disci
La deuxième direction peut être illustrée par plines scientifiques peuvent contribuer à la
les travaux de la critique marxiste qui, dans le prise de décision optionnelle par l’information
sillage ouvert par H. Lefebvre (Le droit à la qu’elles apportent. On peut ainsi citer la biolo
ville, Paris, 1968), se sont attachés à dénoncer gie et l’hygiène qui, avec l’histoire, étaient déjà
les déterminations politiques, économiques et mentionnées par Cerdâ. Depuis, d’autres
sociales non seulement des options urbanis savoirs se sont développés, qui ont pu, ou pour
tiques, mais de l’urbanisme même dans l’affir raient, être mis à contribution : l’anthropologie
mation de son savoir. Ils ont rappelé la culturelle, dont les enseignements ont été large
dimension inéluctablement politique de la ment utilisés, notamment pour les pays en
ville, le rôle de l ’espace dans l’« institution développement (cf. J. Turner, Freedom to
imaginaire de la société » (C. Castoriadis). büild, Cambridge, Mass., 1972); l’archéologie
De part et d’autre, un effort dé démystifica urbaine, en cours de création ; la théorie des
tion était entrepris qui critiquait la notion de systèmes (I. Prigogine et E. Stengers, La nou
besoin pour lui substituer celle de désir, et qui velle alliance, Paris, 1979). Quant à l’éthologie
mettait l’accent sur la dimension dialogique humaine, elle a essentiellement révélé l’impor
de l’espace urbain (cf. J. Baudrillard, Pour tance des différences culturelles dans la percep
une critique de l'économie politique du signe, tion et le maniement de l’espace : l’homme, ce
Paris, 1969). Le premier aussi, H. Lefebvre « spécialiste de la non-spécificité » (K.. Lorenz),
rappelait l’importance de la dimension esthé module sa demande relative à l’espace en fonc
tique par l’«illusion urbanistique» (La révo tion des mondes symboliques élaborés par
lution urbaine, Paris, 1970). les différentes sociétés. Les « densités urbaines
À peine entamée l’évaluation du statut épis vraies», les normes universelles de surfaces
témique de l’urbanisme, des tentatives étaient et d’éclairement pour l ’habitat, encore invo
menées pour en rétablir l ’autorité en tenant quées par Le Corbusier, paraissent dénuées de
compte des principaux chefs de critique, et fondement.
sans que soit perçue la nature de l ’argumenta On peut, au contraire, s ’inquiéter devant le
tion qui récuse la possibilité pour l’urbanisme processus actuel de l’homogénéisation plané
d’être effectivement, et autrement qu’à travers taire de l ’espace habité, conformément aux
des affirmations gratuites ( « l’urbanisme est normes et aux modèles élaborés par les socié
une science à trois dimensions (...) sa doctrine tés occidentales développées. Il semble, en
est fondée sur la science et la technique », dit effet, entraîner une dédifférenciation tout
Le Corbusier), une discipline unitaire et scien opposée à la différenciation qui, depuis les
tifique. C ’est ainsi que, durant les trois der origines, a caractérisé le développement des
nières décennies du x x e siècle, un certain sociétés humaines (H. Atlan).
nombre de praticiens ont cherché les fonde Aujourd’hui, au mépris du sens originel
ments d’une nouvelle autorité disciplinaire du défini plus haut, on tend à inclure sous le
côté de la linguistique et de la sém iologie terme d’urbanisme tous les types d’interven
(cf. Ch. Norberg-Schultz) ou encore de l’ana tion organisée sur l’espace bâti ou bâtissable,
lyse parcellaire (travaux de l’école italienne). quels que soient leur échelle (du territoire à la
Si le projet d’une discipline autonome, ayant demeure individuelle), leurs acteurs (déci
pour vocation de gérer et produire l’espace bâti deurs publics ou privés, praticiens, adminis
de façon scientifique, apparaît aujourd’hui trateurs), la nature du savoir dont elles
comme un leurre, c ’est non seulement parce relèvent (théorique ou appliqué, scientifique
que la production de cet espace est condition ou juridique), quelle que soit l’époque où elles
née par des options de valeurs, mais aussi parce se situent. Cette confusion a été entretenue, en
qu’elle met à contribution des pratiques et des particulier, par la terminologie administrative.
acteurs - individuels et collectifs - multiples. En attendant que la liste s ’allonge, nous
Seules les techniques mises au service des possédons aujourd’hui, en France, des ser
options de l’urbanisme relèvent d’une science vices communaux d ’urbanisme, des agences
appliquée, d’ailleurs en permanent devenir, d ’urbanisme, dont les compétences hétéro
alors que ces choix, issus ou non de « théories gènes et souvent cumulatives s’étendent des
d’urbanisme», présentent nécessairement la grandes options d’aménagement du territoire
URBANISME COMMERCIAL
boutiques que pour les autres utilisations), ou 40 000 habitants). La loi Raffarin du 5 juillet
au contraire dissuader, voire interdire celle- 1996 a abaissé le seuil de 1 000 à 300 m2 dans
ç i; le scot, anciennement le schéma direc le but de favoriser le commerce local de
teur, qui doit prévoir l’implantation éven détail. La loi du 4 août 2008 a porté à nouveau
tuelle de concentrations commerciales, et, en ce seuil à 1 000 m2 (mais le maire d ’une
particulier, de centres commerciaux périphé commune de moins de 20 000 habitants peut
riques. saisir la cdac pour s’opposer à une surface de
— La procédure des zac , souvent adoptée moins de 1 000 m2). En outre, la procédure
pour les centres commerciaux périphériques. d ’autorisation préalable ne concerne plus les
— Les commissions d’urbanisme commer distributeurs de carburants annexés à un
cial, créées à titre consultatif en 1969 et qui ont magasin, les hôtels, les pharmacies, les com
reçu un pouvoir décisionnel de la loi Royer du merces de véhicules et les ensem bles
27 décembre 1973 (modifiée par la loi Doubin commerciaux des gares et aéroports (jusqu’à
du 31 décembre 1990). Elles ont été réformées 2 500 m2). Enfin, la nouvelle loi réduit de
par la loi Sapin relative à la prévention de la moitié les délais de saisine (de deux mois à un
corruption et à la transparence de la vie éco seul) et de décision (de quatre mois, mais en
nomique et des procédures publiques adoptée pratique souvent beaucoup plus, à deux
le 19 décembre 1992. Il y avait une commis mois). Les critères de la décision doivent être,
sion départementale d’urbanisme commercial selon la loi de 1973, « la concurrence claire et
(cduc) et une commission nationale qui émet, loyale, la satisfaction des besoins des
en cas de recours, un avis auprès du ministre consommateurs (...); l ’expansion de toutes
chargé du commerce qui prend alors la décision. les formes d ’entreprises indépendantes (...),
Les commissions de la loi Royer étaient compo en évitant qu’une concurrence désordonnée
sées de neuf élus, neuf représentants des profes des formes nouvelles de distribution ne pro
sions du commerce et de deux représentants des voque l’écrasement de la petite entreprise et le
associations de consommateurs. La commission gaspillage des équipements commerciaux ;
départementale de l’équipement commercial l ’adaptation aux exigences de l’aménagement
(cdec), qui l’a remplacée après la loi Sapin est du territoire et du développement ordonné des
présidée par le préfet et comprend quatre élus, agglomérations » (la loi SRU du 13 décembre
dont le maire de la commune concernée, le 2000 y a ajouté des critères de desserte par les
président de la chambre de commerce et infrastructures de transport). Ces critères jus
d’industrie, celui de la chambre des métiers et tifiaient la com position des com m issions
un représentant des associations de consomma d ’urbanisme commercial prévues par la loi
teurs. La commission nationale de l’équipement Royer. Mais ce système avait été dévoyé par
commercial, qui statue en cas de recours, est des pratiques de corruption inacceptables. La
composée de quatre hauts fonctionnaires èt de com position restreinte des cdec , puis la
trois personnalités désignées pour leur compé composition variable des cdac , ont pour objet
tence en matière de distribution, de consomma de prévenir ce risque. Une commission natio
tion et d’aménagement du territoire, tous nale, comme dans les dispositifs précédents,
nommés pour trois ans. Enfin, la loi de moderni examine les recours contre les décisions des
sation de l’économie du 4 août 2008, a remplacé cd a c . Les objectifs annoncés de la loi de
ces commissions par des commissions de l’amé 2008 étaient d’encourager le commerce et de
nagement commercial. La composition de la faire baisser les prix. On peut craindre que,
cdac est fixée par arrêté préfectoral pour chaque ramenant à un équilibre beaucoup plus favo
demande. rable aux grandes surfaces, elle n ’entraîne
Les commissions de l’équipement commer leur extension rapide, au détriment du
cial - comme, avant elles, les commissions de commerce de détail : elle va en tout cas dans
l ’urbanisme comm ercial - étaient com pé une voie inverse à celle de la loi Raffarin.
tentes pour la création ou l ’extension (de plus Bien que l ’autorisation accordée par les
de 200 m2 de surface de vente) d’une surface commissions d’aménagement commercial ne
commerciale dépassant (ou devant atteindre soit pas un document d ’urbanisme et qu’il
en cas d’extension) 2 000 m2 hors œuvre ou n ’appartienne pas aux commissions d ’aména
1 000 m2 de surface de vente (seuils majo gement commercial de vérifier la conformité
rés de m oitié dans les villes de plus de des projets aux règles d ’urbanisme, l’autorisa
URBANISME OPÉRATIONNEL 80*.
tion doit accompagner la demande de permis de 200 000 habitants (jusqu’à trente minute*;
de construire et est périmée si celui-ci n ’a pas de trajet).
été obtenu dans un délai de deux ans. Enfin,
la loi d’orientation sur la ville du 13 juillet
1991 permet au pos (et, depuis la loi sru de Com merce ; Entrée de ville ; Magasin. .i
2000, au plu) de limiter les zones où peuvent
s ’implanter les commerces soumis à cette
autorisation. Il y a donc un lien entre les pro URBANISME OPÉRATIONNEL
cédures improprement appelées d’urbanisme
commercial et les procédures d’urbanisme Ensemble d ’actions, conduites ou contrô
proprement dites. lées par les pouvoirs publics, qui peuvent
En fait, la procédure des com m issions avoir pour objet la fourniture de terrains,
d ’urbanisme commercial, et parfois aussi celle équipés (aménagement), la construction dé
des documents d’urbanisme, ne répond pas bâtiments ou le traitement de bâtiments exisW
d ’abord à un souci d ’urbanisme mais, plus tants (rénovation, restauration, réhabilitation)};
souvent, à la recherche d’un équilibre entre le Les types d’opérations sont variés. Certains:
commerce traditionnel, les grandes sociétés n’ont plus qu’un intérêt historique (grands;
commerciales et les consommateurs (les prix ensembles, zones à urbaniser par priorité));
pratiqués par les grandes surfaces étant en d’autres sont en voie de disparition (résorp
général inférieurs à ceux des petites bou tion de l ’habitation insalubre). Les méca
tiques). Il est clair que le législateur hésite, nismes actuellement les plus utilisés ett;
depuis quarante ans, quant à la priorité à France sont la zone d’aménagement concerté;
accorder au commerce de détail (lois Royer et (zac) et le lotissement.
Raffarin) ou aux grandes surfaces (loi de En fait, les objectifs poursuivis sont aussi
2008). Une nouvelle loi est à l’étude en 2009 divers que les modes de réalisation. Les opé
qui bouleverserait profondément les règles de rations d’urbanisme peuvent comporter des
l ’urbanisme commercial. Selon un rapport acquisitions foncières, la réalisation d’équipé-
parlementaire établi en 2009 à la demande du ments dits « d ’infrastructure» (voirie pal
Premier ministre, on supprimerait l’autorisa exemple) ou de « superstructure » (stade), des
tion préalable : l ’implantation serait libre à constructions (ex. : zac , lotissements), des
condition de respecter des règles établies par restaurations d’habitations existantes (restau
une commission tripartite (élus, acteurs éco ration immobilière, dans les secteurs sauve
nomiques, architectes et urbanistes). La maire gardés ou non), ou même des politiques
ne pourrait s’y opposer que si les besoins sont conduites hors du Code de l ’urbanisme)
satisfaits dans une commune voisine. comme la « résorption de l’habitat insalubre »
Les grandes surfaces commerciales sont (1970) ou le « développement social des quar
très consommatrices d’espace, en particulier tiers» (1982).
en périphérie urbaine où elles sont conçues Quant aux maîtres d ’ouvrage de l ’urba
pour l’accès en automobile : le cos est généra nisme opérationnel, ils peuvent être des col
lement de 0,15 à 0,20 (sauf stationnement à lectivités publiques - État ou collectivités
étages ou en sous-sol, ce qui n ’est pratiqué, territoriales - mais aussi des organismes qui
pour des raisons de coût, qu’en centre-ville). ont reçu délégation de leur part : sociétés
On adopte généralement des normes de 15 à d ’économ ie mixte, établissements publics
20 places de stationnement pour 100 m2 de industriels commerciaux, office public d ’HLMf
surface de vente et on estime qu’en super établissement public agréé tel que syndicats
pointe, la durée de rotation est d’un peu plus de communes ou ports autonomes, et même
d ’une heure, ce qui nécessite une piste d’auto dans certains cas, des organismes privés. Cette
route pour 20 000 m2 de surface de vente situation est de plus en plus fréquente, non
(gros hypermarché ou petit centre régional). seulement avec la possibilité pour les collecti
L’aire de chalandise d ’un supermarché vités publiques de déléguer leurs attributions à
correspond approximativement à 10 000 habi des organismes privés, des sociétés anonymes
tants, celle d’un hypermarché à 50 000 habi d ’HLM en particulier, mais surtout avec la
tants ou plus (vingt minutes en automobile), place prise par les lotissements et les zac « pri
celle d ’un centre commercial régional à plus vées », c ’est-à-dire confiées par convention à
805 URBANISME SOUTERRAIN
un aménageur privé (ou public). On peut affir sous-sol pour désengorger la voirie, soit en
mer que la majorité des opérations d ’urba multipliant lès chemins de fer destinés
nisme sont actuellement le fait d’aménageurs au transport collectif, soit en disposant
privés. des tunnels routiers dont la rentabilité sera
P. M. et Y. P. assurée par un péage. Les services techniques
publics ont été chargés de ces projets gran
-> Lotissement ; Maître d'ouvrage ; Zone à urbaniser par priorité dioses, éminemment politiques, qui d éfi
(zup ) ; Zone d'aménagement concerté (z a c ).
nissent en quelque sorte une nouvelle
architecture spatiale dont les ém ergences
doivent contribuer à requalifier l ’esthétique
URBANISME SOUTERRAIN urbaine. Si ces projets se sont concrétisés
lorsqu’ils concernent les transports ferrés - et
Depuis plus d’un demi-siècle, architectes et continuent à se multiplier, en particulier dans
urbanistes imaginent des portions de villes les pays émergents tels que la Chine - , beau
souterraines : en France, dès les années 1930, coup de projets de voirie urbaine souterraine
le « Groupe d’études du centre urbain souter ont été abandonnés pour des raisons de finan
rain» ( gecus ), devenu, en 1938, «Groupe cement, de sécurité, ou de contradiction entre
d ’études et de coordination de l ’urbanisme volonté de maîtriser la mobilité motorisée et
souterrain», animé par Édouard Utudjian, mit offre accrue représentée par ces infrastruc
en œuvre cinq congrès internationaux : Paris tures, parfois qualifiées d’« aspirateurs à voi
(1937), Rotterdam (1948), Bruxelles (1959), tures». La rentabilité de celles qui ont été
Varsovie (1965), Madrid (1969). Des mul m ises en service a été lente (tunnel Prado-
tiples projets élaborés, seul celui de l ’aména Carénage à Marseille par exemple).
gement du ventre de Paris (Les Halles) s ’est Le nouvel urbanisme souterrain subodore
concrétisé, sous une forme réduite. Mais passé la décongestion des centres. Il libère la sur
1970, la guerre froide étant oubliée, l ’étale face et prévient le foisonnement des réseaux
ment des villes étant facilité par la croissance en les disposant dans des galeries techniques.
de la motorisation, l’urbanisme souterrain est Il permet le stockage des formes usuelles de
tombé en désuétude. Au cours des années l’énergie : gaz liquéfié, pétrole, air comprimé,
1980 et à mesure de l’envolée du coût du fon centrales nucléaires. Il donne la santé à la
cier, un engouement se manifeste dans les v ille en enterrant les nuisances du trafic
bureaux d’études des grands groupes du bâti - bruits, gaz d’échappement, stationnement -
ment et des travaux publics et dans les ser et en offrant un mode de vie commercial tota
vices techniques des très grandes villes. Les lement à l ’abri des intempéries : en somme, il
projets foisonnent alors au Canada, en Austra devrait permettre de modifier, voire de diver
lie, aux États-Unis, au Japon surtout car la sifier, les modalités d’utilisation de la surface.
terre y est rare et convulsive. L’Europe suit à Dans la plupart des pays et selon le droit
la fin des années 1980, mais l’enthousiasme foncier ancestral, le sous-sol appartient au
est quelque peu retombé après l’explosion de propriétaire dé la surface et c ’est pour cette
la bulle foncière. raison que les premiers réseaux ont été posés
Le « troisième sous-sol » possède une excel sous l’espace public. Mais la complexité de
lente rentabilité locative à long terme i tou la législation souterraine traduit le chaos
jours sommairement aménagé, les frais juridique : la superposition des propriétés
d’entretien y sont quasiment nuis. La demande privées, des concessions et des usages accroît
en caves reste soutenue, notamment pour le les contentieux. Les concessionnaires de
stockage des produits encombrants - matériel, réseaux tentent de gérer cet anachronisme
emballage—et l’archivage qui réduisent la sur urbain en inventoriant leur patrimoine enfoui.
face utile des bureaux. Le garage des véhi Les maires prennent des arrêtés de coordina
cules légers est l’autre domaine locatif où la tion afin de rationaliser les interventions
demande est importante. techniques. À dire vrai, il serait nécessaire
Dans le cadre des fortes concentrations d’adopter une politique urbaine de concerta
urbaines, la croissance continue des déplace tion entre secteurs public, privé et parapublic,
ments qui congestionnent la cité conduisit les entre consommateurs et producteurs, pour
édiles à adopter une politique d’occupation du planifier l’espace non plus en surface mais
URBANISME UNIVERSITAIRE 80#
en épaisseur et, en France, pour le moins, Une telle situation est cependant rare et ne
d’inscrire le sous-sol dans le Code de l’urba se rencontre nulle part en France. Le long
nisme et ne pas l’oublier dans les documents déclin des universités (jusqu’à la fin du
d’urbanisme où il n ’apparaît généralement X I X e siècle), la crainte que le milieu universi
qu’au titre des risques qu’il est susceptible taire a inspirée après les événements de 1968
d’engendrer (cavités, mouvements de terrain, ont conduit à un certain divorce entre l’Uni
etc.). versité et la ville. Cependant, vers le milieu
Si l ’on admet que le politique a de multiples des années 1980, avec l’arrivée d ’une nou
raisons d’investir sous terre, que l’environne velle génération de responsables politiques,
ment « de surface » peut y trouver une plus- les collectivités territoriales ont redécouvert
value, il reste cependant à calculer les surcoûts l ’importance, pour leur population comme
généralisés de la construction souterraine. Au pour leurs activités économiques, de la pré
plan financier, le montant des travaux neufs sence des universités. Tandis que les grandes
est supérieur de 50 % par rapport à la surface, villes renouaient avec leurs universités
compte tenu des contraintes particulières au - même la ville de Paris a accepté en 1994 de
m ilieu; l ’occupation de l ’espace souterrain participer à la rénovation de bâtiments... dont
consomme en moyenne 30% d ’énergie en elle avait oublié qu’elle était propriétaire - , les
plus (électricité, chauffage, évacuation d’air). villes moyennes - et parfois petites - non unfc
En outre, les catastrophes paraissent plus versitairès ont alors eu pour objectif d’obtenir
meurtrières, les réparations plus délicates, la la création d’antennes universitaires, espérant
rénovation impossible. que celles-ci se transformeraient tôt ou tard ëii
S. B. et A. Gu. universités à part entière. Elles ont souvent
financé elles-mêmes les constructions et cer
-* Infrastructures; Réseaux; Stationnement; Tréfonds; Voirie tains frais de fonctionnement. En 1991, les
et réseaux divers (vrd ).
collectivités territoriales ont accepté de finan
cer la moitié du programme de constructions
universitaires « Universités 2000 » (20 mil»
URBANISME UNIVERSITAIRE liards de F sur 40 au cours des X?
et XIe plans). Même si cette situation favo
Ensemble des mesures qui visent à assurer rable s’est prolongée au cours du XIe plan et
l’intégration de l’université dans la ville. La s’est répétée, y compris cette fois en Ile-de-
notion d’urbanisme universitaire est récente, France, pour le programme « Universités du
bien que la pratique en ait été ancienne. IIIe m illénaire», if n ’est pas assuré qu’elle
Dans les villes moyennes qui abritaient durera. Les relations entre les municipalités et
une ancienne université, celle-ci constituait les universités qui ont « fait la ville » sont par»
par ses bâtiments, par les logements des étu fois difficiles dans de nombreux pays, voire
diants, des enseignants et des personnels, franchement hostiles (il y en a de nombreux
par leur impact économ ique, un élém ent cas aux États-Unis, par exemple à Berkeley) :
déterminant de la vie et de l ’organisation l ’Université est une activité qui ne rapporte
spatiale de la ville. Ainsi à Cambridge, où pas d’impôts locaux, qui fait souvent monter
les collèges les plus anciens sont regroupés les prix immobiliers et les loyers, tandis que
entre la «rue des C o llè g e s» et la rivière les étudiants perturbent parfois la vie locale.
Cam. Aujourd’hui encore, l ’Université est le Sur le plan de l’implantation des bâtiments
principal propriétaire foncier, le premier universitaires, la ville dispose du pouvoir
employeur et développe une stratégie spa d’urbanisme. Certes, en France, l ’État peut
tiale qui la conduit à se maintenir au cœur de imposer une procédure de projet d ’intérêt
la ville et à se développer vers l’ouest. Les général, ce qui n ’est pas toujours possible
parcs scientifiques développés par l’Univer dans d ’autres pays, notamment lorsque les
sité ou par certains de ces collèges offrent universités sont privées. Mais dans tous les
plus de 25 000 emplois. Bref, la ville, par cas, l’Université doit négocier ses projets de
ailleurs chef-lieu de comté, vit en symbiose développement. Après les constructions, sou
avec l’Université, même si, dans le passé, vent monumentales (Strasbourg, à l ’époque
les rapports entre l ’U niversité et la v ille sous régime allemand, Lyon, etc.), du
n ’ont pas toujours été excellents. xixe siècle, l ’habitude s’est prise de considé
807 URBANISME UNIVERSITAIRE
rer les bâtiments universitaires comme des de rares exceptions près (Avignon ou le quar
équipements de seconde importance. Cette tier Saint-Leu à Amiens, par exemple), d ’avoir
tendance a culminé avec les constructions réussi l’intégration des constructions universi
médiocres dans les campus des années 1960. taires dans la ville.
Un système trop rigide et insuffisamment Le plan u 3 m a prévu 5 0 milliards de F
généreux de normes de surface et de coût est (7 ,6 milliards d’€ ) dont 4 2 ,5 dans le cadre des
en partie responsable de la médiocrité de la contrats de plan État-région 2 0 0 0 -2 0 0 6 (1 8 ,2
plupart des constructions universitaires. Il venant de l’État et 2 4 ,3 des collectivités terri
était important de rompre avec ces pratiques : toriales, aux quels s ’ajoutent 3 ,2 milliards
les constructions de la décennie 1990 (pro pour le désamiantage et la rénovation du cam
gramme « Universités 2000 » et ses prolonge pus de Jussieu, 2 ,7 milliards pour la mise en
ments) constituent le plus important sécurité des bâtiments existants, 1 milliard
programme de bâtiments civils de la fin du pour la rénovation du Muséum d ’histoire
x x e siècle. Ceux du programme « Universités naturelle et 0,6 milliard pour le musée des arts
du IIIe millénaire » ( u 3 m ) jouent le même rôle premiers, quai Branly. Les crédits des contrats
au début du x x ie siècle. D e fait, peut-être de plan se répartissent entre les locaux
parce que l’État n’est pas le seul à financer la d’enseignement (1 6 milliards), les locaux de
plupart de ces projets, le carcan des normes recherche (15 milliards), les bibliothèques
s ’est quelque peu desserré. Mais il serait (4 milliards) et la vie étudiante (6 milliards).
excessif d’y voir, comme on pouvait le sou La principale réalisation, outre la rénovation
haiter, les monuments de l ’architecture du campus de Jussieu, a été la création des
contemporaine. nouveaux locaux de l ’université de Paris-
Au-delà de l’architecture, la redécouverte Diderot (Paris VH) à Tolbiac (2 0 0 0 0 0 m2) : la
de l’université par les villes, par les élus doit rénovation des Grands M oulins, opération
çonduire à une politique plus ambitieuse que phare, a été inaugurée en février 2 0 0 7 . Ce plan
celle des « campus à la française » des minées a concerné, pour un tiers environ des crédits,
1960, pâle réplique de leurs homologues amé la région parisienne, qui avait été largement
ricains. Des possibilités existent de récupérer ignorée par le plan Universités 2 0 0 0 (en raison
des bâtiments - industriels en particulier - , du refus de participation du conseil régional,
parfois en centre-ville, pour les réhabiliter alors que la majorité élue en 1998 a adopté
en vue d’un usage universitaire (la manufac l ’attitude inverse). L’effort est poursuivi en
ture des tabacs à Lyon, comme, dès 1956, 2 0 0 7 -2 0 1 3 , notamment à travers les contrats
celle de Barcelone, magnifique bâtiment du de projet État-région, orienté notamment vers
xvme siècle proche de la cathédrale). Des bâti la mise en sécurité ou la réhabilitation des
ments séparés, mais immergés dans le tissu bâtiments existants, les équipements des labo
urbain peuvent constituer un quartier universi ratoires scientifiques et la vie étudiante (loge
taire. Parallèlement, il faut recomposer les ments et restaurants). Les choix d’opérations
campus des années 1960, les réinsérer dans le ont été effectués en prenant en compte la créa
tissu urbain. Sans doute, certaines implanta tion des pôles de compétitivité et celle des
tions consommatrices d’espace - scientifiques pôles de recherche et d’enseignement supé
notamment - conduiront-elles à une nouvelle rieur (PRES).
génération de campus qu’on espère seulement Une troisième programme de constructions
mieux intégrés à la ville. L’université réussie universitaires a été lancé en 2008 : l’opération
sera celle où les habitants pénétreront, traver « Campus ». Dix « campus d’excellence » ont
seront les emprises universitaires, utiliseront été sélectionnés parmi 46 candidats. Ils
les équipements de l ’université, bref où l ’on réunissent 39 universités et 37 écoles et abritent
ne percevra plus les limites de l’enceinte uni la majorité des enseignants universitaires et des
versitaire. L’objectif doit être de faire pénétrer étudiants. Les crédits annoncés sont de 5 mil
l’université dans la ville et la ville dans l’uni liards d’€ (mais seulement 3,7 milliards, prove
versité. Les plans «U niversités 2 0 0 0 » et nant de la vente par l’État d’actions d’EDF, ont
« u 3 m » ont marqué sur ce plan un certain été dégagés en 2009). La sélection des campus
recul du campus, pourtant présenté officielle retenus s ’est effectuée en 2008. Les bénéfi
ment en 1990, lors de son lancement, comme ciaires du plan sont souvent des regroupements
la solution la plus efficace. Mais on est loin, à d ’établissements (près), mais parfois seule
URBANISTE 80Ü
ment pour une implantation en campus. Au se disputent la prééminence. Face à ces affront
1er avril 2010, 17 près ont été constitués. En tements professionnels, des solidarités se des
fait, ce troisième plan de constructions concer sinèrent pour tenter d’imposer une conception!
nera surtout les grandes villes universitaires de commune de l ’urbanisme, et des centres de
province comme Universités 2000 a surtout formation se créèrent: l ’École des hautes
concerné les universités de villes moyennes et études urbaines, en 1919, à l ’initiative du
u3 m les universités parisiennes. conseil général de la Seine, devenue en 1924
P. M. l ’Institut d’urbanisme de l’université de Paris,
qui associe les soucis d’analyse urbaine et lës
-► Campus universitaire; Carte universitaire; Université. préoccupations professionnelles.
Dans un premier temps, entre les deux
guerres mondiales, la profession d’urbaniste,
URBANISTE animée par l’Union urbaniste, a eu pour terrain
principal l’élaboration des plans communaux
Spécialiste de l’urbanisme, c ’est-à-dire de d’aménagement, d’embellissement et d’exten
la pratique de l’aménagement des villes. Pro sion prescrits par les lois de 1919 et 1924.
fession autonome ou spécialisation profes Cependant, les géomètres, les ingénieurs
sionnelle, cette alternative fait l ’objet d ’un voyers, etc., des services municipaux y partici
débat reflétant la multiplicité des activités pèrent largement dans les localités les moins
comprises sous le terme d ’urbanisme et la importantes. Autour de Paris, le bureau d’urba
diversité des auteurs qui ont tenté de définir nisme du département de la Seine joua un rôle
l ’urbanisme comme un champ spécifique. pilote, comme, dans les villes importantes,
Les caractéristiques du rôle de l’urbaniste l’Union urbaniste et les membres de la sfu .
varient d’un pays à l’autre, selon les systèmes Déjà Cependant, se dessinait un partage dès
de formation, eux-mêmes hérités d’une pra marchés entre les architectes (les plans) et
tique qui s’est forgée tout au long de ce siècle. les ingénieurs (les réseaux). Deux revues spé
En France, les premières préoccupations cialisées {La Vie urbaine, depuis 1919, et
concernant ce qui devait être appelé « urba Urbanisme, à partir de 1932), de nombreux
nisme » furent très diverses : dans la seconde échanges internationaux (expositions, congrès,
moitié du xixe siècle, des médecins hygié etc.) faisaient écho au développement des
nistes, des ingénieurs ou techniciens, etc., méthodes d’analyse urbaine.
inquiets des conditions sanitaires et d’habitat À l’étranger comme en France, mais dans
en ville, nourrirent la réflexion théorique et la des termes qui diffèrent selon les pays, les
connaissance professionnelle. Ils se retrou corps professionnels spécialisés et les disci
vèrent plus tard dans le cadre de la section plines du savoir se sont partagé le champ de
d’hygiène urbaine et rurale (créée en 1908) l ’urbanisme.
du Musée social, à orientation philanthro • Les ingénieurs n ’ont pas toujours reconnu
pique, ou au sein de l’Association générale l’importance de la nouvelle profession. En
des hygiénistes et techniciens municipaux France, s’ils ont été nombreux, au début du
(aghtm ) ( 1905), plus professionnelle. siècle, au sein de I’aghtm , ils ont largement
Le terme d ’urbaniste est apparu vers cette cédé la place, entre les deux guerres, aux
époque, en même temps que celui d ’urba architectes-urbanistes de la sfu . A la Libéra
nisme. Il est d ’abord utilisé plutôt comme tion, le corps des ponts et chaussées refusa de
adjectif, accolé à architecte (ou ingénieur). La prendre en main la reconstruction de l ’équipe
Société française des architectes-urbanistes a ment du pays. Mais, vingt ans plus tard, lors de
été créée en 1912 (elle devint Société française la fusion des ministères de là Construction (ex-
des urbanistes - sfu - à partir de 1919). Reconstruction et Urbanisme) et des Travaux
Comme l’indique sa dénomination initiale, publics, ils ont revendiqué le rôle de corps
cette première association professionnelle pilote du nouveau ministère de l’Équipement
spécifique est dominée par les architectes, et accaparé longtemps les principaux postes de
parmi lesquels quelques « prix de Rome ». responsabilité officielle.
L’homogénéité professionnelle n’était pas • Les architectes ont, un peu partout, consi
acquise pour autant. L’urbanisme met en jeu déré l’urbanisme comme une simple extension
des compétences et des savoirs multiples qui de leur domaine professionnel, qui s’est réali
809 URBANISTE
sée tout naturellement dans les pays latins France, c ’est l’expérience de l’université de
(Italie, en particulier), où la composante cultu Vincennes qui a rendu populaire cette option
relle de rurbanisme a prédominé, et dans les dans les années 1970. Elle a conduit, là où elle
pays de l’Est (Union soviétique, Pologne, domine, à une rupture entre les professions
Hongrie, etc.) et même de l ’Europe germa d’architecte et d’urbaniste (Grande-Bretagne),
nique, où les architectes recevaient une solide partiellement comblée par la formation de spé
formation scientifique. En France, les archi cialistes de Yurban design (États-Unis).
tectes ont eu la même prétention et, à travers la — Celle des formations de spécialisation, au
sfu entre les deux guerres, puis de façon plus niveau postdiplôme (3e cycle ancien). Cette
diffuse, ont réussi à assurer leur prééminence option est dominante en France : Institut d’urba
dans la pratique professionnelle privée. nisme de Paris à Créteil, Institut d’urbanisme de
• Le secteur de la recherche et de la forma l’académie de Paris à Saint-Denis ex-Vincennes,
tion a été plus négligé. Si, dans beaucoup de devenu Institut français d’urbanisme à Champs-
pays, les architectes y tiennent une large place sur-Mame, cycles de l’Institut d’études poli
(Italie, Grande-Bretagne en particulier), en tiques et de l’Ecole nationale des ponts et chaus
France ce fut longtemps le domaine privilégié sées, plusieurs formations créées dans d’autres
des historiens (Lavedan) et surtout des géo villes. Il s’agit alors d’assurer une formation
graphes qui, depuis une génération, ont tenté complémentaire, pluridisciplinaire, en urba
de l’annexer complètement. Les disciplines nisme, à des architectes, ingénieurs, géographes,
qui ne placent pas l ’espace au centre de leur etc. La réforme dite lmd (licence, master, docto
démarche ont toujours négligé l’urbanisme rat) a conduit ces formations à s’intégrer au
(économie) ou ont été marginalisées (histoire). moule des masters (certains établissements
Les juristes, quant à eux, ont toujours consi offrent en outre une licence ou, plus souvent,
déré le droit de l’urbanisme comme une une spécialisation en troisième année de licence).
branche immature de leur discipline. — On doit enfin rejeter les prétentions de
• Les spécialistes des recherches quantifiée certaines disciplines (architecture, géogra
et formalisée (recherche opérationnelle) ont phie, en France) à former des urbanistes ou
pris une place dominante, dans les années des aménageurs hors d’un réel cadre pluridis
1960, aux États-Unis, puis en Europe, mais ciplinaire.
leur rôle s’est réduit lorsque les limites des C’est pour se distinguer de ces formations
modèles mathématiques sont apparues. non pluridisciplinaires que six institutions
• Les sociologues et les politologues ont (devenues 17 en 1999) se sont regroupées en
alors fait une irruption massive (fin des années 1984 au sein de l’Association pour la promo
1960) dans le champ de la recherche urbaine, tion de l ’enseignement et de la recherche
pour le déserter presque aussi brutalement, alors en aménagement et en urbanisme (aperau).
même que les pratiques professionnelles nou La charte de I’aperau implique la pluri
velles (advocay planning, procédures décentra disciplinarité (des programmes, du corps ensei
lisées) rendraient plus utile leur intervention. gnant, du recrutement étudiant), une formation
De ce tableau, il ressort que l’urbanisme tant concrète et opérationnelle que théorique et
n’a pas encore trouvé son équilibre et ne peut critique, la réalisation d ’études réelles en
prétendre à une autonomie scientifique. Il équipe (atelier) et d’un mémoire individuel
n’est pas surprenant que, d’un pays à l’autre, lourd. Ces conditions impliquent une forma
d’un secteur professionnel à l ’autre, ce soient tion, même en spécialisation, qui dure plus
les rapports de force qui régissent le partage d’une année. Les adhésions à I’aperau sont
des rôles. soumises à évaluation préalable des formations
Le débat le plus important à l’heure actuelle pour vérifier leur compatibilité avec cette
est celui de l ’autonomie de l’urbanisme. C’est charte. L’aperau est devenue en 1997 une
encore dans les systèmes de formation qu’il association internationale francophone.
se reflète. Deux options s’opposent : Un autre problème de la profession d ’urba
— Celle des formations autonomes, sur niste est celui de l ’échelle spatiale de son
l ’ensemble du cursus des études supérieures, exercice : ,
qui est adoptée par les grandes universités • échelle de la région, voire de l’État ou
américaines (Pennsylvania, Berkeley, mit, d’espaces internationaux, aménagement régio
etc.) et certaines universités britanniques. En nal, aménagement du territoire ;
URBANITÉ 8Wj
Dans l ’ouvrage paru en 1516, qui lui définira schématiquement par quatre traits
emprunte son titre, Utopia désigne l’île loin (pour une analyse approfondie, cf. F. Choay,
taine (fictive) où réside une société exemplaire La règle et le modèle, Paris, 1980) :
(bonne). À la faveur d’un récit qui associe inti Au plan formel :
mement le réel et l’imaginaire, More s’y livre à • l’utopie est un récit à structure feuilletée,
une critique réaliste et impitoyable de l’Angle écrit en première personne et dans lequel sont
terre contemporaine, à laquelle il oppose, point introduites, au présent de l’indicatif, deux
par point, la société modèle des Utopiens, ses descriptions concernant respectivement une
mœurs, ses institutions, telles que le voyageur société historique critiquée et une société
Raphaël Hythloday les découvrit en même idéale imaginaire; cette structure textuelle,
temps que les édifices et espaces modèles très particulière, peut être qualifiée de para-
conçus par le héros-fondateur Utopus pour en mythique.
contrôler le fonctionnement et en assurer la — Au plan du contenu :
permanence. L’île d’Utopie compte 54 villes • la société idéale est, point par point,
identiques : « Qui en connaît une les connaît engendrée par la critique de la société histo
toutes.» Cette standardisation permet donc à rique;
Raphaël de ne décrire que la seule capitale, • cette société idéale est réalisée et mainte
Amaurote, avec sa grille d’éléments standar nue en place par la médiation d’un espace
disés (maison, marché, temple, me), organisés modèle, instrument de conversion thérapeu
selon un plan type, dans un espace homogène. tique et de reproduction ;
L ’Utopia, immédiatement rééditée et bien • la société modèle et son espace bâti pos
tôt traduite du latin, connut une fortune excep sèdent une valeur absolue de vérité et, une fois
tionnelle, D ’une part, le nom propre d’Utopie instaurés, échappent à l’emprise du temps.
(déjà emprunté par Rabelais dans Pantagruel) L’ensem ble de ces traits fait de l ’utopie
était, dès la fin du xvie siècle, converti en nom une création spécifique de l ’Occident, sans
commun, synonyme de plan de gouvernement équivalent dans aucune culture antérieure.
imaginaire idéal, puis de projet chimérique. Au cours des siècles, le paradigme moréen
De nos jours, ce terme, très utilisé, est à la fois s ’est perpétué, sou s sa forme canonique
imprécis et polysémique. Des auteurs comme (D oni, Mondi celesti,.., 1552; Stiblin, D e
E. Bloch et K. Mannheim s’en sont servis en Eudemonensium republica, 1555; Andreae,
lui donnant des définitions précisés, mais fort Reipublicae Christianopolitanae descriptio,
éloignées du sens moréen. Ainsi, Mannheim 16 1 9 ; Cam panella, Civitas soli, 1623 ;
oppose l’utopie à l’idéologie et caractérise les Cabet, Voyages... en Icarie, 1840; Morris,
idées utopiques comme « situationnellement Newsfrom Nowhere, 1891 ; Wells, A modem
transcendantes (et ayant) d’une façon quel Utopia, 1905), aussi bien que sous des
conque un effet de transformation sur l’ordre formes plus ou moins directement dérivées
historico-social existant » (Idéologie und Uto (Bacon, Nova Atlantis, 1627 ; Cyrano de
pie, 1929). Bergerac, Histoire comique des Etats... de la
D ’autre part, le genre littéraire créé par lune et du soleil, 1657 ; Fénelon, Les aven
More fut, lui aussi, adopté par la société euro tures de Télémaque, 1699 ; G odw in, The
péenne dès le x v ie siècle, et il est demeuré man in the moon, 1648 ; Morelly, Le code de
vivant jusqu’à nos jours où il a suscité une la nature, 1755 ; Ow en;^n address..., 1816;
vaste littérature critique, émanant de disci Fourier, Le nouveau monde industriel et
plines diverses : philosophie (R. Ruyer), litté sociétaire, 1829 ; Huxley, Brave new world,
rature, histoire, urbanisme, etc. 1923).
L’apport critique le plus considérable Certains auteurs ont pu, à juste titre, souli
demeure toutefois celui de la pensée sociopo gner le statut purement livresque de l’utopie
litique à laquelle Marx avait ouvert la voie et moréenne. En ce sens, Marx a, le premier,
qui a été plus récemment illustré par les cou dénoncé l ’irréalisme des « so cia listes uto
rants néo-marxistes (J. Gabel, H. Marcuse, pistes» dont il reconnaît la valeur de la cri
J, Habermas). tique, mais non le projet de société.
On réservera ici le terme utopie à ce genre Il convient cependant de noter que les pou
littéraire original dont il s’agira de montrer voirs et la valeur conférés par More à l’espace
la relation qui le lie à l ’urbanisme, et qu’on bâti sont sans précédent (y compris dans les
UTOPIE 812!
dialogues de Platon sur l’État idéal, République, tiellement appliqué à la construction de pri
Lois, Critias, dont More s ’est inspiré et dans sons et d ’établissements pénitentiaires
lesquels néanmoins, l ’espace, réalité déchue, ne (cf. Instruction et programme pour maisons
joue pratiquement aucun rôle). Le modèle spa d ’arrêt, ministère de l’Intérieur, Paris, 1841),
tial de More s’offrait à la société occidentale alors que Bentham avait lui-même élaboré des:
comme un instrument imaginaire si parfaite versions panoptiques d ’école, de crèche,
ment accordé à ses recherches et à ses aspira d ’orphelinat, de manufacture. À l ’échelle
tions nouvelles, nées au Quattrocento, que d’une organisation sociale plus complexe, les
celle-ci allait lui donner accès au réel et, pro salines d’Arc-et-Senans de Ledoux participent
gressivement, faire de la modélisation critique du même esprit : la maison du directeur, avec
l’un des deux modes de production a priori de son oculus symbolique, surveille et contribue
l’espace bâti. C’est à ce titre que l’utopie inté à perpétuer Tordre et la bonne marche d’une
resse l’urbanisme et que le livre de More peut entreprise dont les diverses fonctions sont ana
se voir reconnaître la même valeur instauratrice lysées et symétriquement réparties, selon une
que le De re aediflcatoria d’Alberti. Si la procé demi-ellipse, dans autant de bâtiments spéci
dure de la règle générative, instaurée par un fiques.
architecte, se donne pour finalité spécifique et Mais il fallut attendre le début du
exclusive l’édification du monde bâti, la modé x ix e siècle pour que, dans un deuxièm e
lisation spatiale, instaurée par un penseur social temps, la modélisation critique soit appliquée
dans le cadre spécifique d’une réflexion sur la de façon globale et non plus fragmentaire*
société et ses valeurs, n ’en finit pas moins par lorsque certains socialistes utopistes (Owen,
être appropriée par les praticiens. À l’ouverture Fourier, Cabet, etc.), de tendance progrès^
et à la flexibilité de la démarche trattatiste, elle siste, ont conçu des utopies qu’ils entendaient
oppose alors son totalitarisme et sa rigidité. réaliser et dont les espaces modèles, néces
Les premières applications concrètes de la saires pour «métamorphoser subitement le
modélisation critique de l’espace apparaissent nom de social» (Fourier, Théorie de l ’harmo
à la fin du xvme siècle. Elles sont induites par nie universelle, 1808) sont élaborés avec une
la médicalisation de la société européenne, précision suffisante pour en permettre la
bien décrite par M. Foucault (Surveiller et construction effective. Ainsi le Phalanstère de
punir, 1975), mais aussi par le besoin d ’un Fourier qui inspirera Le Corbusier : unité de
ordre à valeur transcendante qui vienne vie pour la cellule sociale de base de
compenser la perte du sacré. La modélisation 1 800 habitants, isolée dans la verdure, ramas
critique prend alors des formes sectorielles et sée en hauteur sur plusieurs niveaux, dépour
fragmentaires. Elle inspire des projets hospita vue de rues et dont les espaces séparés et
liers comm e ceux de Tenon, qui résultent classés selon leur destination (travail, repos,
d ’une critique des établissements sanitaires de loisirs) communiquent entre eux par des gale
l ’époque et mettent en œuvre un dispositif ries vitrées ou souterraines. Q uelles que
spatial normalisé et normatif. Le terme de soient leur sophistication et parfois leur
«machine à guérir», utilisé par Tenon pour séduction, ces établissements utopiques n’en
définir son hôpital modèle, au plan « parfait », demeurent pas moins des instruments de
traduit le rôle thérapeutique et contraignant contrainte, destinés à mettre leurs habitants
qu’il fait jouer à l ’espace. La même visée en condition.
orthopédique est à l’œuvre dans le panoptisme Certains de ces modèles ont effectivement
de Bentham. Celui-ci se proposait, en effet, été construits. Mais les uns, porteurs d’un pro
d ’appliquer à «tou s les établissements où, jet social complet, ont connu seulement des
dans les limites d’un espace qui n ’est pas trop formes expérimentales que leur nombre limité
étendu, il faut maintenir sous surveillance un et leur échelle réduite privaient d’efficacité,
certain nombre de personnes » (Panopticum, ainsi qu’en témoignent les nombreuses « colo
1787), un dispositif (plan) standard suscep nies icariennes» établies aux États-Unis et
tible de variantes et offrant, comme son nom dérivés de l ’Icarie de Cabet. Tandis que les
l’indique, une parfaite transparence à celui qui autres, moins ambitieux, étaient, sous l’impul
en dirige le fonctionnement. Très favorable sion de patrons progressistes, mis, avec un
ment accueilli par l ’opinion éclairée de succès divers, au service d’établissements
l’époque, le dispositif panoptique a été essen industriels transformés en communautés
813 UTOPIE
pétrole (49 millions de tonnes en 2006, dont l’automobile, mais cette source d’énergie fut
46 pour la circulation routière, soit plus de vite abandonnée. Dans les années 1960, puis
55 % du total). À l’échelle mondiale, les trans après les crises du pétrole des années 1970,
ports représentent près de 80 % des usages du les recherches sur le véhicule électrique
pétrole et les seuls transports routiers les trois furent relancées, en particulier en France
quarts environ. C’est donc le premier secteur pour des raisons d ’indépendance énergé
où des économies sont nécessaires. tique. Des véhicules électriques ont été mis
Des progrès ont déjà été réalisés par les au point pour quelques usages particuliers :
constructeurs de véhicules, notamment en amé véhicules utilisés à l’intérieur d’un établisse
liorant les moteurs et l ’aérodynamisme des ment ou d’un équipement (terrains de golf)
véhicules. Après la première crise du pétrole ou pour un service régulier avec parcours
(1973-1974), la consommation convention limité (bennes à ordures, voitures postales,
nelle moyenne pour 100 km a baissé de 21 % voire autobus). Ces véhicules utilisent des
(de 8,5 à 6,7 litres entre 1975 et 1985, date du accumulateurs au plomb qui peuvent être
contre-choc pétrolier), puis de 3 % entre 1985 rechargés la nuit et ils ne souffrent pas de
et 1995 et encore de 12 % entre 1995 et 2006 (à l’autonomie limitée (100 km maximum) per
5,7 litres), soit un tiers de réduction en tout. mise par ceux-ci ni de leur poids qui limite
Mais, dans le même temps, l’augmentation du les performances (accélérations).
nombre de véhicules et de la puissance des Pour permettre la banalisation du véhicule
moteurs (à puissance fiscale inchangée), et électrique, les difficultés à résoudre sont :
donc celle de la vitesse de circulation, ont lar — l’adaptation des moteurs à l’électricité ;
gement compensé ces progrès. Il faut y ajouter — la fourniture d’énergie électrique à un
la croissance du kilométrage parcouru par véhi prix compétitif ;
cule (en baisse cependant depuis quelques — la compétitivité de ce type de véhicule
années). La consommation a donc crû avec le par rapport au véhicule traditionnel à essence ;
nombre de véhicules. Cette croissance est — la disponibilité de cette énergie en des
désormais surtout rapide dans les pays émer points suffisamment nombreux de distribution ;
gents et le sera bientôt dans les pays encore peu — les performances du véhicule en termes de
développés. Les constructeurs poursuivent vitesse, d’accélérations, de maniabilité, etc., ce
cette politique de diminution de la consomma qui pose la question du poids des équipements
tion. Des véhicules expérimentaux, dont la mécaniques et du dispositif de stockage (et
consommation serait réduite à 3 litres/100 km éventuellement de production) de l ’électricité ;
sont à l ’étude. Si le rythme de réduction de la — l’autonomie du véhicule (longueur des
période revenait à celui de 1975-1985 (2 % par parcours possibles avant réapprovisionnement).
an), on pourrait espérer atteindre, pour les véhi Les deux premières sont aujourd’hui réso
cules neufs mis en circulation, 4 litres en 2025 lues. Les moteurs électriques sont parfaite
et 3 en 2040. Des efforts du même ordre sont ment adaptés aux véhicules automobiles.
poursuivis pour les véhicules utilitaires qui L’énergie électrique est moins coûteuse que
représentent 45 % de la consommation des l’essence traditionnelle : les premiers utilisa
véhicules routiers en France. teurs de ces véhicules (ou, dans une moindre
Mais ces économ ies, qui peuvent être mesure, des véhicules hybrides essence-
amplifiées par une utilisation plus large des électricité) réalisent des économies substan
transports en commun et des modes de tielles quant à F énergie consommée.
transport « d o u x » (marche, bicyclette), ne La troisième condition n ’est pas actuelle
peuvent que réduire la consommation de ment remplie : les véhicules électriques ou
pétrole. La substitution d ’autres énergies fos hybrides sont plus coûteux que les véhicules
siles (gaz ou charbon liquéfié) ne règle pas traditionnels. Plusieurs raisons à cela :
le problème des pollutions ni des émissions • les équipements nécessaires sont eux-
de gaz à effet de serre. Seul un véhicule mêmes plus coûteux, notamment pour les
utilisant une source d ’énergie non fossile véhicules hybrides qui doivent pouvoir fonc
pourra résoudre le problème. tionner à l’électricité comme à l’essence ;
• la fabrication ne concerne que des séries
Le véhicule électrique est un projet ancien. limitées, ce qui ne permet pas d ’économies
Il y eut de tels véhicules dès les débuts de d’échelle lors de la fabrication.
817 VÉHICULE ÉLECTRIQUE
les chapelles rayonnantes des églises salaires versés «déplafonné» depuis 1993.
gothiques, les grandes serres que dessinent Le vt est périodiquement remis en cause
les architectes de la fin du x ix e siècle, les comme la plupart des charges pesant sur la
immeubles de grande hauteur contemporains, masse salariale des entreprises, bien que son
réfractant de ses teintes l ’environnement poids relatif soit faible. Il a l’avantage pour
urbain. Enfin, au rez-de-chaussée, en vitrine, tant de faire peser le financement des infra
elle est miroir des chalands. Depuis la crise structures de transports en commun non pas
pétrolière, les mouvements d’architecture sur les seules entreprises, mais également sur
accordent un regain d’attention à la baie vitrée les administrations publiques. Un finance
et plus généralement au verre. ment par l ’impôt local reviendrait à faire
peser la charge sur l ’ensemble des contri
P. Ch.
buables (habitants et professionnels), mais en
excluant les administrations.
VERSEMENT TRANSPORT (VT) V. C.
Impôt assis sur la masse salariale des socié - » Coût de fonctionnement des transports; Tarification (des
transports).
tés publiques et privées de plus de 9 salariés et
destiné à concourir au financement du trans
port urbain de voyageurs. Le montant total du
versement transport représentait 5,6 milliards VERSEMENT POUR DÉPASSEMENT
d’€ en 2007, dont plus de la moitié en Île-de- DU PLAFOND LÉGAL DE DENSITÉ -> Plafond
France. Le vt représente environ la moitié des légal de densité
ressources des transports collectifs urbains.
Créé initialement en 1971 en région Île-de-
France, puis étendu en plusieurs étapes, le vt VERSEMENT REPRÉSENTATIF DE LA TAXE
ne peut être institué que dans les communes et SUR LES SALAIRES -> Dotation globale
communautés de plus de 10 000 habitants. de fonctionnement
Son institution doit faire l’objet d’une délibé
ration du conseil municipal ou de l ’organe
compétent de l’établissement public de coopé VIABILISATION
ration intercommunale. Son taux, qui ne peut
excéder 0,55 % des salaires sur les territoires Action de rendre une voie carrossable ou en
de moins de 100 000 habitants et 1 % au-delà, état de viabilité (1818, du latin viabilis, «où
peut cependant atteindre 1,75 % dans le cas de l’on peut passer»), La viabilité suppose les
la réalisation d ’une nouvelle infrastructure réseaux divers achevés et la couche de roule
subventionnée par l ’État. Ces taux peuvent ment posée sur la chaussée afin de desservir la
être majorés de 0,05 % dans le cadre des com zone à urbaniser ou en voie d’urbanisation.
munautés urbaines, communautés d’agglomé Les choix technico-économiques pour viabili
ration et de communes ou de syndicats mixtes ser une opération d’urbanisme doivent se fon
auxquels les communes auront adhéré. En der non seulement sur le coût de premier
région Île-de-France, le taux du vt varie de investissem ent mais aussi sur la gestion,
1,4 % pour la grande couronne à 1,7 % pour la l’exploitation et l ’entretien futurs des infra
Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, et structures. À densité égale, les coûts de la voi
2,6 % pour Paris et les Hauts-de-Seine. Son rie et des réseaux divers (vrd) peuvent subir
produit est intégralement versé au syndicat des une augmentation de 50 % en fonction du plan
transports d’île-de-France. Le vt, perçu par masse et de 30 % en fonction du type d ’entre
les urssaf, peut être remboursé aux entre tien. Le dossier d’avant-projet technique des
prises qui logeraient leurs employés sur leurs vrd doit être joint à la demande d’autorisation
îieux de travail ou effectueraient elles-mêmes de bâtir ou au dossier de réalisation de ZAC.
le transport collectif de leurs salariés à titre Les recommandations et obligations pour les
gratuit. travaux de terrassements nécessaires à la via
Auparavant, le vt était perçu sur le mon bilisation sont éditées dans le fascicule 2 du
tant du salaire sous plafond de la sécurité Cahier des clauses techniques générales
sociale. Il est calculé sur l ’ensemble des (cctg) du ministère chargé de F équipement.
VIE URBAINE 82®
dons religieuses, l ’organisation de cultes teurs ou des artisans ; la foule des vagabonds
communs à toute une communauté, ont joué et des marginaux crée, au-dessous de la société
un rôle décisif. La possibilité de structurer policée qui domine, un demi-monde fluctuant
une force militaire et de l ’appuyer sur des et souvent inquiétant. La ville du tiers monde
fortifications a assis la domination des cités offre, mille fois exagérés, ces traits de la ville
sur le pays alentour et leur a permis souvent traditionnelle, mais elle présente aussi certains
d ’extraire de la paysannerie les vivres et les des caractères de la ville des pays industria
revenus dont elles avaient besoin sans offrir lisés : une classe moyenne largement domi
en échange autre chose que la sécurité et nante où se mêlent em ployés et ouvriers,
une administration plus ou moins efficace. des marginaux moins nombreux, des élites
Lorsque les villes disposent ainsi, du fait de qui tirent leur puissance et leur richesse du
leur assise militaire et de leur domination contrôle des grandes bureaucraties qui
politique ou administrative, de ressources donnent aux cités l ’essentiel de leurs activités.
suffisantes, elles apparaissent comme des Ces sociétés urbaines se conçoivent sur des
centres de consommation : les avantages que modes très variés : malgré les divisions sociales
les propriétaires fonciers et l’aristocratie mili qui les traversent, elles constituent souvent des
taire trouvent à résider en ville tiennent à la communautés vivantes, unies aux campagnes
multiplicité des choix qui s’offrent à eux et voisines, comme dans la cité grecque, ou oppo
qui leur permettent de vivre avec ostentation. sées à elles, comme dans le monde médiéval.
La ville traditionnelle n ’est généralement Le sens collectif y existe au niveau du quartier
pas limitée à ces fonctions de luxe et de repré comme à celui de la communauté d’ensemble.
sentation. Elle est peuplée de prêtres, de sol La ville constitue souvent une entité politique
dats, de juges, de commis des administrations ; autonome, une cité-Étaf Mais d’autres civilisa
elle comporte un artisanat qui fournit la clien tions historiques ont connu d’autres figures
tèle. Le luxe et le souci de paraître ont été - celle du centre administratif dépendant en
maintes fois dénoncés par les moralistes - mais Chine, ou celle de l’organisme pluri-ethnique et
ils sont le terreau d’où sortent les modes et les pluriconfessionnel dans l’Orient islamique. Les
innovations : la ville engendre un art de vivre, villes du monde industriel, surtout les plus
une politesse, une urbanité qui séduisent toutes grandes, sont trop diverses pour que leurs
les couches de la société ; de là viennent le membres aient un sens aigu des solidarités qui
goût des produits nouveaux et les idées qui les intéressent ; elles tendent à devenir pluri
rendent aisée leur fabrication. ethniques dans beaucoup de pays ; même si
Mais à la ville de résidence, celle que l’on elles connaissent une vie politique très active,
trouve depuis l ’Antiquité au cœur des régions elles ne sont plus que des rouages dans un
rurales, s’oppose la cité marchande, celle qui espace politique et économique plus vastè.
tire ses ressources des liens qu’elle noue avec L’organisation des interactions im pose à
les régions proches ou les pays lointains. Elle l’espace urbain une certaine logique : celle de
abrite des marchés, des foires, des bourses. l ’opposition de secteurs centraux, où se
Ses marchands font travailler les métiers déroule l’essentiel des interactions, et de quar
indispensables à la production des articles tiers périphériques voués à la résidence. Mais
dont ils font le négoce : les villes marchandes la variété est extrême. Tant que la cité est
sont manufacturières, à moins qu’elles ne enserrée de murs, ses dimensions sont si
commandent les artisans répartis dans la cam faibles que Ton n ’est jamais loin du centre, ce
pagne alentour. A vec la révolution indus qui limite les oppositions au sein de l’espace
trielle et l’accroissement des échanges, le rôle urbain. Dans la ville traditionnelle, toutes les
producteur de la ville s ’accroît, comme celui couches sociales sont souvent mêlées, ou bien
de relais des échanges commerciaux. se rassemblent au cœur de l’espace urbain ;
La variété des fonctions urbaines se traduit avec l ’industrialisation et la croissance des
par la multiplicité des visages sociaux que l’on villes, les contrastes sociaux s ’accentuent
y rencontre : le prince ou ses représentants y généralement, mais les élites ne s ’installent
ont volontiers leur séjour, et attirent autour pas toujours dans les mêmes secteurs, au
d ’eux l ’aristocratie militaire ou les riches pro centre encore dans beaucoup de villes euro
priétaires fonciers. Les titulaires d’office sont péennes ou latino-américaines, en périphérie
nombreux, comme le petit peuple des servi plutôt dans les sociétés anglo-saxonnes.
VILLE COMPACTE 82*
Avec l ’étalement de la ville que les trans enrayer les effets négatifs du desserrement de
ports modernes facilitent, et avec la congestion la population et des activités au cours de la
dont l’automobile frappe les vieux centres, les génération précédente. •
formes évoluent : on passe de la ville grossiè La politique d’urbanisme de nombreuses
rement circulaire à la ville radioconcentrique, grandes agglomérations européennes pré-;
avec ses banlieues, puis à la ville éclatée et voyait un mouvement volontaire de desserre-'
pulvérisée, où centres commerciaux et centres ment d’une partie de la population et sur-
directionnels s’installent volontiers à proxi tout des activités vers la périphérie, dans le
mité des aéroports ou aux croisées d ’auto cadre de v illes nouvelles (Londres puis;*
routes. La ville historique, débarrassée de ses vingt ans plus tard, Paris), de quartiers nou
fonctions les moins nobles, retrouve son rôle veaux (Stockholm , les grandes villes ded
dans la conception ou dans les loisirs. Pays-Bas). Cette politique a d’abord été défis
La ville ne s ’installe pas au hasard : elle est nie, dans le cadre d’une politique d’aménage
sensible à la topographie locale, au site. Elle ment du territoire visant à déconcentrer les
tient compte également de la situation par rap grandes agglomérations, à Londres (Gréa ter
port aux grands ensembles physiques, aux London Plan, 1944), où l ’on proposait dé
passages et aux gués de fleuves, aux cols, aux réduire la population de l’agglomération de 9
contacts de pays aux aptitudes contrastées. à 8 m illions d ’habitants en desserrant des
Les géographes ont depuis longtemps souli industries et 1 million d’habitants dans des
gné la pertinence de ces éléments, mais à trop New Towns à créer et dans des Expanding
insister sur les caractères de la morphologie Towns à développer. Elle a été reprise à
de la région, ils en oubliaient que c ’est dans Stockholm (plan de 1952) et ailleurs. Dans de
l’espace social de relation d’un groupe qui nombreuses autres villes, notamment en Amé
fonctionne et vit à des échelles variées qu’il rique du Nord, ce desserrement s ’est produits
convient de situer la ville. On n ’apprécie son de façon spontanée, sous l’effet de la tendance
rôle qu’en saisissant ses rapports avec d’autres des ménages aisés à résider en périphérie des
centres : ceux avec lesquels elle dispute son agglomérations et de celle des activités à
aire d ’influence, ceux qu’elle domine, ou rechercher une bonne accessibilité routière.
ceux dont elle reçoit direction ou impulsions. C’est ce mouvement spontané, plus que les1
L’appréhension de l ’espace social dans lequel politiques volontaires de desserrement de la
la ville s’inscrit s ’effectue par l ’analyse du population et des activités urbaines, qu’on a -
réseau urbain, ou de l’armature urbaine, dont qualifié, à partir des années 1970, de contre^
elle fait partie. urbanisation (Brian J. L. Berry, Urbanization
Longtemps, l’espace des sociétés globales and Counterurbanization, 1976). Les causes*
est demeuré marqué par la fracture majeure en étaient la recherche de davantage d’espace;;
qui séparait les villes des campagnes, les cita de l’accessibilité en automobile et l’espoir de i
dins, les bourgeois en particulier, et les pay déséconomies externes permises par une loca
sans. Avec les moyens de communication et lisation en un site moins coûteux et plus
de transport modernes, cette dualité a vécu. commode. ;
La part de la population qui vit dans l’espace En tout cas, les conséquences de ce desser-
mral a fortement diminué. Le réseau urbain rement, qu’il ait été planifié ou spontané, ont J
s’analyse de plus en plus comme celui des été jugées excessives et dangereuses pour leur
relations au sein d’un univers citadin éclaté en équilibre socioéconomique par certaines villeS’
noyaux multiples. centrales, qui s ’étaient trouvées désertées par
P. C. les couches les plus aisées et les plus dyna
miques de leur population et par de nom
Agglom ération; Aire d'influence d'une ville; Armature breuses activités, et de ce fait privées des
urbaine; Banlieue; Centre; Contrat de ville; Mégalopole ;
Réseau urbain; Site; Situation; Urbanisation. ressources fiscales correspondantes. Elles ont
alors tenté de développer, sur leur territoire
communal, des quartiers d ’habitation et de
VILLE COMPACTE nouvelles zones d’activités. Ce territoire étant
souvent intégralement occupé, elles ont dû, à
Politique menée, à partir des années 1980, cette fin, récupérer des friches urbaines, indus
par certaines grandes villes européennes pour trielles ou portuaires, voire créer de nouveaux
825 VILLE COMPACTE
terrains à bâtir par utilisation de terrains veaux autour des stations de métro, sur des
jusque-là protégés ou remblaiement sur la mer terrains acquis par la ville de longue date,
ou sur des plans d’eau. C ’est ce qu’on a appelé au far et à mesure de la progression du métro,
la politique de la ville compacte. en construit désormais dans des localisations
Un exemple est celui de Londres. Le Grand semicentrales sur des terrains réutilisés :
Londres avait dépassé les objectifs du plan de emprises ferroviaires (Sôdrastation), sites por
1944, puisque sa population était tombée au tuaires (Hamnuakten), anciens aérodromes
voisinage de 6,5 millions. L’aménagement le civ il (Bromma) ou militaire (Skarpnâck),
plus spectaculaire a été la récupération des usines à gaz (Ropsten), etc.
anciens docks du port de Londres, qui n ’a Au cours de la dernière décennie, s ’est
plus son importance séculaire et dont les acti développé, dans le même esprit mais à
vités ont migré vers l’aval. Ce fut l’objet de l’échelle locale, le concept d’éco-quartier sur
l’opération menée, après un échec initial des le modèle du quartier Vauban construit en
collectivités locales concernées, par la London Allemagne à Freiburg-im-Breisgau.
Docklands Development Corporation, inspi Les villes françaises - et de façon générale
rée des New Town Development Corpora d ’Europe latine - ont été moins affectées par
tions, mais faisant largement appel aux le desserrement de leur population et de leurs
capitaux privés, à partir de 1981. L’opération activités que celles de la moitié nord de
fut un succès certain sur le plan de la récupé l’Europe, puis de la région Île-de-France (pro
ration des friches et de la construction de jet de schéma directeur régional adopté en
bureaux, grâce à la mise en place d’une zone 2007). La politique de la ville compacte y est,
d ’entreprise dans l’Isle ofDogs, à la construc- de ce fait, moins affichée que dans ces der
| tion d ’un métro léger (puis d ’une ligne de nières, mais elle est de plus en plus explicite
métro lourd) et à la création d’un aérodrome dans l ’attitude des municipalités des villes
sur les quais des Royal Docks. La crise immo- centres, et d’abord dans celle de la ville de
j bilière du début des années 1990 l ’a touchée Paris.
! de plein fouet avec la faillite retentissante du Le principe de la ville compacte est aujour
principal promoteur de la zone d’entreprise, d’hui largement admis par les aménageurs et
puis l ’opération s’est à nouveau fortement les urbanistes et souvent par les politiques
développée dans les années 2000. parce que la ville compacte présente des avan
La même politique est suivie dans les prin tages indéniables en matière environnemen
cipales villes néerlandaises, à l’initiative des tale. Elle limite d ’abord la consommation
municipalités d’Amsterdam et de Rotterdam, d’espace. Elle réduit les distances à parcourir,
qui ont convaincu le gouvernement de modi et donc la m obilité mécanisée (mais en
fier, en deux étapes (révision du troisième plan revanche favorise la mobilité à pied), et faci
d’aménagement du territoire en 1983-1985, lite l’organisation des transports collectifs ou
puis quatrième plan en 1988-1990), sa poli l’usage de la bicyclette pour satisfaire celle-ci.
tique visant à réduire le poids de la conurba Elle réduit ainsi la consommation d ’énergie
tion de l’ouest du pays, la Randstad Holland, par les transports et donc le bruit et les pollu
et à développer des pôles de croissance pour tions ainsi que l ’émission de gaz à effet de
accueillir la population desserrée des grandes serre. Les constructions denses sont égale
villes. La ville d’Amsterdam, par exemple, a ment moins consommatrices en énergie tant
entrepris de construire des logements dans la lors de leur construction que pour le chauffage
zone maraîchère de Sloten, située au sud- (ou la réfrigération). Bref, la ville compacte va
ouest de la ville, jusque-là protégée, et dans dans le sens du développement durable. On
les friches portuaires puis de remblayer une objecte souvent au projet de ville compacte, le
partie du lac Ijssel (Fancien Zuyderzee) poury souhait, réel et légitime, de la majorité des
construire 20 000 logem ents. De même, ménages (ou, en tout cas, des familles avec
Rotterdam a densifié son centre-ville en y enfants) de disposer d ’une maison indivi
construisant 1 million de mètres carrés de duelle avec jardin privatif. Mais on a pu mon
bureaux supplémentaires et 5 000 logements. trer (V. Fouchier, 1992) qu’il n ’y a pas
D ’autres villes européennes pratiquent une correspondance biunivoque entre fortes densi
politique semblable. Stockholm, qui avait tés et hauteur des bâtiments. D es maisons
construit systématiquement des quartiers nou individuelles, mitoyennes et alignées le long
VILLE DE PARIS •âf;
d’une rue avec jardin à l ’arrière, peuvent apparaître une tranche de villes moyenne».
atteindre des densités de 40 logements à l’hec Au xvne siècle, Lubin et Sanson proposaient
tare ou un co s de 0,5, proche de celui de nom ainsi d’ordonner les établissements humains
breux ensembles collectifs. Par ailleurs, les en six « grandeurs de place » : grandes villes»
avantages de la ville compacte en matière villes moyennes, petites villes, bourgs, vil
d’économie d’énergie (et donc de réduction lages, châteaux ou hameaux. >
des pollutions et des émissions de ges), pour L’idée de ville moyenne est par nature tout» ;
être optimisés, supposent une plurieentralité relative et très élusive. Pour certains, il s’agit
avec hiérarchie des centres, une organisation des villes de 20 à 50 000 habitants, pour
en arbre (entre le centre principal et les centres d’autres, de 20 à 100 000 ; on voit quelquefois
secondaires et entre ceux-ci et les quartiers choisir la tranche de 200 à 500 000 habitants,)
périphériques) des réseaux de transport en notamment chez les auteurs américains. y ;
commun et des densités élevées autour de Le succès de l’idée de ville moyenne vient
leurs points d’arrêt. de ce qu’on la considère souvent comme
P.M. représentant une espèce d ’optimum dan$
le continuum urbain. Mais les ménages y
-> Contre-urbanisation; Développement durable; Éco-quartier; trouveraient tout ce qui est nécessaire à leur
Friches urbaines ; Ville.
épanouissement. Les déséconomies, les pollun I
tions, l’insécurité seraient bien moindres qqé i ■
dans les grandes villes et les équipements coli I
VILLE DE PARIS -> Grand Paris; lectifs pèseraient moins lourd sur chacun. B j
Statut de la ville et de la région de Paris s’est donc produit, dans les travaux de langue j
française, un télescopage entre l’idée de ville
moyenne et l ’idée de dimension optimale, j
VILLE HISTORIQUE Celui-ci n ’existe pas en anglais, où la notion i
de ville moyenne manque ; la hiérarchie des
La Charte internationale pour la sauvegarde termes passe en effet par village, little town,.
des villes historiques, adoptée le 6 décembre large town, city (et l’idée d’un optimum de
1986 par I’icomos (Conseil international des dimensions est plus rarement exprimée), quoi- i
monuments et des sites), estime que « toutes les qu’on la trouve chez des économistes, comme
villes du monde sont les expressions maté Richardson, ou des urbanistes, comme Kevin 1
rielles de la diversité des sociétés à travers l’his Lynch. Elle présidait également au choix, par [ t
toire et sont, de ce fait, toutes historiques ». Elle Ebenezer Howard, de villes de 30 000 âmes .
considère comme plus spécifiquement histo dans son schéma de cités-jardins. • I I;
riques, du point de vue de leur conservation et Les services chargés de la planification et •
de leur protection, « les villes grandes ou petites de la politique urbaines ont en France, dans
(...) qui, outre leur qualité de document histo les années 1970, tendu à privilégier la dimen- | '
rique, expriment les valeurs propres aux civili sion 20 000 à 100 000 habitants. j ;
sations urbaines traditionnelles». En effet, Pour sauvegarder le caractère humain des ; ;
poursuit la Charte, « celles-ci sont menacées de villes moyennes, des mesures ont été prises
dégradation, de déstructuration, voire de des dans le même temps pour éviter la proliféra
truction, sous l’effet d’un mode d’urbanisation tion d ’ensembles disproportionnés. À partir 'i
né à l’ère industrielle et qui atteint aujourd’hui de 1973, des contrats de ville moyenne ont été
universellement toutes les sociétés ». passés pour une durée de trois ans entre les
F. C. communes et l ’État. Le but est de favoriser la
qualité de la vie dans les centres concernés.
Centre historique; Ensemble historique ou traditionnel; Cette procédure est tombée en déshérence au
Patrimoine.
début des années 1980 avec la réforme de la
décentralisation.
Les travaux récents de géographie sociale
VILLE MOYENNE ont souligné que les villes moyennes atti
raient ou fixaient de préférence les catégories
Les villes sont ordonnées en réseaux hié modestes de la population, et comportaient
rarchisés : dans toutes les typologies, on voit une part assez faible de classes supérieures.
827 VILLE NOUVELLE
dépendance, sur le plan des emplois, à l’égard banlieues planifiées de l’après-guerre deü
de la ville mère. Dans le cas des villes nou villes néerlandaises, suédoises et de certaines
velles françaises, l’équilibre habitat-emploi a villes allemandes. Cette solution suppose des
été recherché, mais sans imposer de lien collectivités locales fortes par l ’étendue de
obligé entre le logement et le travail dans la leur territoire, leur tradition de politique folfe
ville nouvelle (comme ce fut le cas à l’origine cière, d’urbanisme et de logement social. i
des New Towns). — À l’État: cela a été le cas en Grande-i
Dans toutes les villes nouvelles, le centre Bretagne, en France et dans les pays d’Europe
urbain joue un rôle essentiel et vise à la pluri- de l’est (ex-URSS y compris) ainsi que pour
fonctionnalité : centre commercial, services les nouvelles capitales. Dans les pays d’Europe
et administration (Évry et Cergy-Pontoise occidentale, cette solution permet de dispos
abritent même une préfecture), bureaux, loi ser des moyens nécessaires au lancement de
sirs, etc., mais le plus souvent la fonction l’opération, mais pose rapidement le problème
commerciale est dominante (Grande- de l’association des collectivités locales qui'
Bretagne, Pays-Bas, Suède). Les liaisons sont seulement consultées et représentées dans
sont apparues déterminantes pour le succès l’organisme chargé de la réalisation : Develop
des villes nouvelles et même celles qui se ment Corporation (Grande-Bretagne) ou éta-
voulaient indépendantes de la ville mère (les blissement public d’aménagement (France).
New Towns britanniques) ont dû améliorer la Les collectivités locales doivent être remodelées
desserte ferroviaire et routière (une autoroute pour créer l’unicité à l’échelle de la ville nou
et une voie ferrée apparaissent aujourd’hui velle (solution britannique, adoptée en France au
indispensables). D ès que la ville nouvelle Vaudreuil et à Lille-est) ou associées dans une
dépasse une certaine taille, des transports structure intercommunale (syndicat d’agglomé
intérieurs sont nécessaires. Dans certaines ration nouvelle de la plupart des villes nouvelles
villes nouvelles, l’urbanisme et les transports françaises). En ex-Union soviétique, ç’est le
ont été conçus de façon cohérente. Autour de ministère de tutelle de l’activité dominante de la
Stockholm, les quartiers nouveaux ont été ville qui a pris en charge la réalisation et financé
construits, en « grains 'de chapelet », autour celle-ci. :
des stations successives (distante d’un kilo
mètre) des lignes de métro, construites en Le financement des villes nouvelles ne fait
même temps, qui les relie au centre, tous les pas toujours appel à des mécanismes spéci4
logements étant dans le rayon de marche à fiques. Aux États-Unis, ce financement eSt
pied de cette station. Ce principe a inspiré, à privé, comme l’initiative des villes nouvelles}
une échelle plus grande, l ’aménagement de le gouvernement fédéral a pu cependant accor4
Mame-la-Vallée autour du rer. Lille-Est a der des aides financières (subventions, prêts à
été au départ de la conception du métro (le taux préférentiels, garanties d’emprunt, différé
val) de Lille. Au contraire, Milton-Keynes d’amortissement) si le projet répondait à cer
(grande ville nouvelle décidée en 1967 à mi- tains objectifs sociaux et urbanistiques (lois de
chemin entre Londres et Birmingham) et Le 1968 et 1970). Dans les pays d ’Europe du
Vaudreuil (20 km de Rouen) ont été conçues nord (Suède, Finlande), les villes nouvelles
autour d’une grille routière régulière. n’ont bénéficié d’aucune aide financière partis
culière. r
L’initiative d’une ville nouvelle peut revenir : La France et surtout la Grande-Bretagne ont
— À une entreprise privée : tel fut le cas des mis au point des mesures spécifiques. Le New
New Communities américaines, entreprises dans Towns Act de 1946 a prévu un financement
les années I960 et 1970 (il y avait cependant des villes nouvelles britanniques par prêts dû
eu, auparavant, des garden cities d’initiative Trésor (selon un budget annuel pour chaque
publique) ; ce fat aussi le cas, avec un objectif ville nouvelle, approuvé par le gouvernement)):
très différent (social et non lucratif), de la Fon à taux d’intérêt préférentiel, de longue durée
dation pour le logement (Asuntosââtiô) qui a (soixante ans) et avec différé d ’amortisse
entrepris de construire Tapiola, puis Kivenlahti ment : ce mécanisme très avantageux a permis
en Finlande. des loyers modestes (surtout jusque vers 1965,
—- À une collectivité locale : c ’est le cas car les taux d ’intérêt étaient faibles) et a
des nouveaux quartiers qui constituent les entraîné, au bout de vingt ans environ, des
829 VOIE
bénéfices au bilan des Development Corpora sion for the New Towns nationale. Par la suite,
tions. En France, un financement aussi simple le gouvernement Thatcher a décidé de vendre
et avantageux n ’a pas été retenu, mais les les biens immobiliers qui avaient été la pro
villes nouvelles ont bénéficié de plusieurs priété des Development Corporations, en prio
avantages : dotation en capital (en fait, les ter rité à leurs occupants, sinon aux collectivités
rains achetés par l’État), prévue par la loi du locales ou à des investisseurs. En France, les
10 juillet 1970; taux maximal de subvention établissements publics d ’aménagement sont
pour les équipements publics, et individualisa supprimés lorsque l’achèvement est proche.
tion des crédits d’équipement pour les villes Les communes peuvent devenir une commune
nouvelles ; dotation globale de fonctionnement unique (ce fut le cas pour Villeneuve-d’Ascq
calculée de façon à anticiper la croissance ex-Lille-Est et pour Val-de-Reuil ex-Le
démographique ; différé d’amortissement des Vaudreuil), rester associées dans le cadre du
emprunts de quatre ans ; subventions de fonc syndicat d’agglomération nouvelle (solution
tionnement pour certains équipements (trans retenue sur les Rives de l’Étang de Berre), ou
ports en commun, agora d’Évry) ; dotations constituer une communauté d’agglomération
complémentaires d’équilibre aux syndicats (solution retenue à Évry, Cergy-Pontoise,
communautaires d’aménagement (puis aux Saint-Quentin-en-Yvelines et l’Isle d’Abeau).
syndicats d’agglomération nouvelle). Mais ces P. M.
mécanismes, divers et complexes, sans être
négligeables, ont manqué de la clarté et de la -> Centre urbain nouveau; Cité-jardin; Établissement public
d'aménagement de ville nouvelle; Groupe central des villes
transparence qu’aurait supposé une ferme poli nouvelles ; N e w t o w n ; Opération d'intérêt national ; Syndicat
tique de l’État en faveur des villes nouvelles communautaire d'am énagem ent; Syndicat d'agglomération
nouvelle-
comme en Grande-Bretagne.
Si les villes nouvelles ont souvent été, dans
leur pays - ex-URSS, Grande-Bretagne, Pays-
Bas, Suède, Finlande, France - , des labora VILLE PRIMATIALE Capitale; Centralité
toires en matière d’urbanisme, offrant un
milieu de vie plus satisfaisant que les ban
lieues ordinaires, elles n ’ont pas toujours VILLE SATELLITE Ville nouvelle
constitué, sur le plan architectural (à l ’excep
tion de quelques réalisations isolées comme
Tapiola en Finlande), le foyer d’innovation VIOLENCE -* Délinquance ; Insécurité
attendu. Souvent, et en particulier dans les
villes nouvelles françaises, c ’est l ’échelle
intermédiaire, celle de la composition urbaine, VITESSE -> Moyen de transport
qui a été négligée. Le critère de leur réussite
ou de leur échec sera sans doute la façon dont
elles vieilliront: c ’est ce critère qui permet VITRAGE Verre
d’apprécier les cités-jardins d’Howard et qui
condamne de nombreux grands ensembles,
mais aussi déjà certains quartiers des villes VOIE
nouvelles françaises (Le Vaudreuil, Les
Tarterêts à Évry, etc.). Espace aménagé pour se déplacer en ville
Lorsque les objectifs quantitatifs fixés sont (voie urbaine), entre les localités ou en milieu
atteints ou en voie de l’être (ou, au contraire, rural (routes). La plupart des routes et des
lorsqu’il apparaît qu’ils ne le seront jamais, voies urbaines, qui reprennent souvent le
comme ce fût le cas au Vaudreuil), la ville ne tracé des routes et chemins tracés depuis des
peut plus être considérée comme ville nou siècles, sont, dans les pays développés, revê
velle. Il est donc logique de faire cesser le tues de macadam (pierre concassée, sable et
régime d’exception, sur les plans institutionnel goudron agglomérés et comprimés), depuis le
et financier, qui a été mis en place pour faciliter xixe siècle. Il n ’en est pas du tout de même
sa réalisation. En Grande-Bretagne, une loi de dans les pays en développement où les voies
1959 a prévu que les New Towns en voie non revêtues, souvent irrégulières, sont très
d’achèvement seraient gérées par une Commis sensibles aux conditions météorologiques.
VOIE ARTÉRIELLE
Dans la première moitié du xixe siècle, la de feu vert (4 000 dans les deux sens pour.unè
ville de Paris a fait fusionner le « service du voie à trois pistes ; . <Vi
pavé » et le « service des eaux et égouts » -— voie de desserte locale : 250 uvp/piste/
pour créer le «service de la voie publique». heure; • '«
Cette création répond au souci de faciliter la Le débit maximal est atteint pour des
réalisation d’un objet complexe associant le vitesses de 45 à 50 km/h (la distance de frets
sol (chaussée et trottoir) et le sous-sol (égouts nage est alors de 33 m contre 120 m à 100 km/
et réseaux divers). Progressivement transférés h). Si la densité de circulation est trop élevée;
de la sphère privée à la sphère publique il y a réduction simultanée de la vitesse et du
(éclairage, nettoyage, aménagement des trot débit (congestion). Les pentes, des pistes toop
toirs), les éléments constitutifs des voies pari étroites, une forte proportion de véhicules
siennes ont été réunis en un unique objet lents réduisent le débit. - . 'Mb
technique afin de constituer un nouvel outil La mesure des débits est effectuée réguliè*
pour l ’aménagement urbain, dont se sont ins rement sur les principales voies d’une agglo-i
pirées ensuite de nombreuses autres villes. mération, mais aussi sur toutes les voies
Une voie permet de circuler dans les deux franchissant des « cordons » (périmètres c w
sens mais parfois, surtout en ville, pour tarant l’agglomération à différentes distances
accroître le débit du réseau de voirie, dans un du centre) ou des lignes écrans (coupure topos
sens unique. graphique, telle que rivière ou voie ferrée), ne
Selon la largeur de la voie, un ou plusieurs comportant qu’un nombre limité de points d e
véhicules peuvent circuler de front : on parle franchissement et jouant un rôle de goulet
alors de pistes (3 m de largeur en ville, 3,5 m d’étranglement de la circulation. <i
sur route ou autoroute), qui peuvent être maté P. M. et V. S-M. 'G.'
rialisées par des traits de peinture. Si le sta
tionnement est autorisé en bordure de la voie, -> Autoroute; Rue; Route; Viabilisation; Voirie. - 1
il occupe une bande de 2 m de large. La voie i
peut en outre comporter des trottoirs (1,5 m il
est un minimum souhaitable), éventuellement VOIE ARTÉRIELLE -> Voirie; Débit d'une voiei
plantés d’arbres (5 m de largeur minimale), -M
4 000 zac lancées depuis la loi de 1967. La d’assurer l ’intégration du projet d’urbanisme
procédure, freinée par les mesures de morali de la zac dans le plan local d’urbanisme (plu)
sation de 1973-1976, a été à nouveau très utili dès le début de l’opération afin d’éviter que ne
sée à la fin des années 1980 avec la pratique se constitue une enclave dans le territoire
des «mini-ZAC». Mais beaucoup des zac de communal: les règles d’urbanisme dans les
cette période se sont trouvées en difficulté zac seront désormais définies par le plu (ou
financière en raison de prévisions trop opti par le pos si celui-ci est encore en vigueur) et
mistes établies avant l’éclatement de la « bulle la zac doit être compatible avec les orien
immobilière» en 1991. Le sort de ces zac en tations du schéma de cohérence territo
difficulté a dépendu de négociations entre les riale (scot) ou du schéma directeur, et bien sûr
acteurs concernés qui ont pu conduire à une avec la directive territoriale d’aménagement,
réduction des ambitions en matière d’équipe le schéma de mise en valeur de la mer, les
ments (ce qui a nécessité une modification dispositions particulières aux zones de mon
ou une révision du paz) ou à la suppres tagne et du littoral, s’ils existent. La zac s’ins
sion d’équipements prévus hors de la zac (pra crit donc dans le projet d’aménagement et de
tique interdite depuis par les lois de 1993 et développement durable (padd). Une concerta
1994), à la modification du règlement de zac tion préalable, dont les conditions sont fixées
(par exemple pour changer l ’affectation de par le conseil municipal, est organisée. Le dos
locaux ou pour densifier davantage), voire à sier comporte une étude d’impact précisant les
l ’acceptation, dans les zac publiques, d ’un conséquences du projet sur l’environnement.
déficit en fin d’opération et, dans les zac pri Le périmètre, le programme des constructions
vées, à la mise enjeu de la garantie d’emprunt et des équipements et le bilan financier prévi
consentie par la collectivité publique. Mais, sionnel de la zac sont approuvés par le conseil
dans tous les cas, les frais financiers se sont municipal (ou l ’organe délibérant de I’epci).
trouvés accrus et les solutions, lorsqu’elles ont Le plu peut, si nécessaire, être m odifié ou
été trouvées, ont été d’autant plus difficiles révisé en même temps que la zac est décidée.
que le marché ne s’est rétabli que lentement. Demeurent de la responsabilité de l’État, donc
Qualitativement, la procédure des zac a sont créées par le préfet, après avis de T ins
donné lieu, surtout à ses débuts, à des abus tance délibérative locale, les zac situées dans
auxquels le législateur a dû réagir. M ême le périmètre d’une opération d’intérêt national
après ces améliorations, introduites dès les ou dont l ’initiative revient à l ’Etat, aux
années 1970, la zac apparaissait comme une régions, aux départements ou à leurs établisse
procédure très spécifique, dans la mesure où ments publics. L’aménagement et l ’équipe
le plus souvent le paz se substituait au pos. Il y ment de la zac sont conduits soit directement
avait là une source permanente d’abus, surtout (en régie) par la personne publique qui a pris
dans le cas, majoritaire, de zac « privées ». l ’initiative de sa création, soit confiés par
Comme pour les pos, on était arrivé à une convention d’aménagement à un établisse
situation paradoxale. De même que les pos ment public y ayant vocation, à une société
étaient de plus en plus souvent restrictifs, mais d’économie mixte ou à une personne publique
modifiés fréquemment pour permettre les opé ou privée. Un cahier des charges, approuvé
rations d’aménagement qui se présentaient, ce par l’autorité qui a créé la zac (maire ou pré
furent souvent les aménageurs privés qui sol sident de I’epci ou préfet), réglemente les ces
licitaient les communes de créer une zac et de sions ou concessions d’usage des terrains : il
la leur céder par convention, la dérogation au précise la surface hors œuvre nette dont la
pos se faisant dans le cadre du paz. Il y avait là construction est autorisée et peut fixer des
un effet pervers que la décentralisation, prescriptions techniques, urbanistiques et
! l’absence fréquente de schéma directeur et le architecturales. Ce cahier des charges devient
| faible contrôle exercé par les préfets ont caduc à la date de la suppression de la zac,
encore accentué. Bref, l’urbanisme concerté sauf s ’il a été signé avant le 1er avril 2001. Il
1 est souvent un urbanisme négocié, voire une n ’y a plus de paz dans les zac postérieures à
I forme légale d’urbanisme de dérogation. cette date, mais ceux qui avaient été approuvés
| La loi Solidarité et renouvellement urbains auparavant sont soumis au régime juridique
du 13 décembre 2000 a sensiblement modifié des plu. Les projets de paz arrêtés avant cette
le régime des zac . L’objectif poursuivi est date demeurent soumis à la législation anté
1
ZONE DE REVITALISATION RURALE 838
rieure, mais ils sont intégrés aux plu dès des Docklands en cours de reconversion, Le
l’approbation de ceux-ci. Il est possible, lors coût de ces mesures a été évalué en moyenne à
de l’intégration du paz au plu, de modifier les 250 000 F par création nette d’emploi. >;
règles applicables dans la zac, en particulier En France, trois zones seulement ont été
pour les simplifier. Avant leur intégration au créées en 1987 pour cinq ans (ce programme
plu, les paz existants peuvent être modifiés, a donc été clos en 1992). Toutes trois sont
révisés (éventuellement selon la procédure situées dans des pôles de conversions à
simplifiée) ou mis en compatibilité selon les Toulon-La Seyne (257 ha sur quatre sites);
règles des plu. Dans ce nouveau cadre, la limi à Dunkerque (300 ha sur quatre sites) et à
tation de la possibilité de créer une zac aux Aubagne-La Ciotat (202 ha sur trois sites),:
zones urbaines et d ’urbanisation future des L’exonération d’impôts sur les sociétés y a été:
pos est devenue sans objet, de même que la accordée pendant dix ans. Les collectivités
possibilité de créer une zac par décision du locales pouvaient en outre dispenser de la taxe
préfet dans les communes non dotées de pos. professionnelle. L’entreprise devait créer au
Par ailleurs, la loi sru précise les conditions moins 10 emplois (et au plus 200) en trois ans.
de participation au financement, dans un cadre Cet avantage ne concernait que l ’industrie
contractuel, des constructeurs qui n ’ont pas (à l ’exception de certaines branches et des
acheté leur terrain à l’aménageur, ainsi que les entrepôts) et le tertiaire industriel. i
relations financières entre la commune et Les résultats ont été inégaux. Au total)
l’aménageur. 137 entreprises se sont installées, plus dé
4 000 emplois avaient été créés en 1992, au
P. M. et Y. P.
moment de l’achèvement du programme, dont
-♦ Lotissement; Participations; Plan d'occupation des sols 39 % créés par des entreprises étrangères, et on
( pos ) ; Plan local d'urbanisme ( plu ) ; Taxe locale d'équipe-
ment ; Urbanisme opérationnel ; Zone à urbaniser par priorité
prévoyait que le nombre d’emplois serait porté
(ZUP). à plus de 6 500. Mais on ne peut vraiment parler
de réussite qu’à Dunkerque, où la zone d’entre*-
prises a surtout attiré des entreprises extérieures
ZONE DE REVITALISATION RURALE (ZRR) à la région ou étrangères. En revanche, il s’âgit
- » Aménagement rural plutôt d’un échec de fait à Aubagne-La Ciotat,
où sont surtout venues des petites et moyennes
entreprises locales qui se seraient implantées en
ZONE D'AMÉNAGEMENT DIFFÉRÉ tout état de cause dans la région marseillaise. La
—> Préemption situation est intermédiaire à Toulon-La Seyne. :
Un nouveau dispositif, les zones d ’investisi-
sement privilégié, a en quelque sorte pris le
ZONE D'ENTREPRISE relais des zones d’entreprises en France. On
en a créé dans le bassin minier du Nord-Pas-
Zone d’activités, créée dans un secteur géo de-Calais et en Sambre-Avesnois. La zone
graphique prioritaire, en général en reconver couverte était plus étendue, mais les avantages
sion, où des avantages, notamment fiscaux, fiscaux étaient plus réduits. n
sont accordés aux entreprises. Le principe des zones d’entreprise a été
D es formules de zones d ’entreprises repris dans les zones franches urbaines (zfu:)
existent dans divers pays. En Grande- lancées dans le cadre du plan de relance pour la
Bretagne par exemple, une politique de zones ville: 44 zfu ont été créées pour la période
d’entreprises a été engagée en 1981 avec pour 1997-2001 (prolongées par la suite jusqu’en
objectif de réduire les contraintes imposées 2007), puis, devant leur succès et la persistance;
aux investisseurs privés (et, pour le gouverne des problèmes d’emploi dans certains quartiers;
ment conservateur, de reprendre l ’initiative en difficulté, 41 autres l’ont été pour la période
aux collectivités locales souvent travaillistes). 2002-2008. Au total, en 2009,100 zfu (dont?
Les avantages accordés comportaient dans les dom) ont été créées. Elles accueillaient,-
l’exemption pendant dix ans de l ’impôt fon au 1er janvier 2007, environ 45 000 établisse
cier local et un allégement de l’impôt sur les ments et plus de 125 000 emplois salariés.
sociétés. Une zone d’entreprise a par exemple
été créée à YIsle o f Dogs, au cœur de la zone P. M.
839 ZONE DE PROTECTION D U PATRIMOINE ARCHITECTURAL, URBAIN E T PAYSAGER
ou de fonder une identité à la ville et de consti objectif d’y créer 1 500 à 2 000 emplois et
tuer un moteur de développement local. La fis d ’en maintenir 25 000. Ces zfu sont des
calité nouvelle de la restauration immobilière, zones de redynamisation urbaine (zru), donc
couplée avec l ’existence d ’une zppaup, a des quartiers en difficulté de plus de
donné un nouvel impact économique aux 10 000 habitants présentant des handicaps
zppaup dans les villes, là où une politique économiques et sociaux particulièrement
parallèle de revalorisation s’avère nécessaire. lourds. Ils sont situés dans de grandes agglo
Aucune zppaup concernant un patrimoine mérations - certaines correspondent à des
paysager en tant que tel n’a encore été créée et grands projets urbains (gpu) lancés en 1994 -
quelques réflexions préalables s’imposent qui ou dans des villes moyennes. Les entreprises
touchent notamment à la conception même de y bénéficient de mesures étendues d’exonéra
l ’analyse paysagère, à la spécificité des élé tions fiscales (impôt sur les bénéfices dans la
ments à protéger et donc aux prescriptions limite de 400 000 F (61 000 €) par an, taxe
applicables (le droit français ne permet pas la professionnelle jusqu’à 3 millions de F par an
protection du parcellaire, ce qui est regret (457 645 € en 2007) pour les entreprises
table). créant des emplois, charges sociales patro
La création d’une zppaup demande une impli nales en cas d’embauche pour au moins 20%
cation réelle des architectes des bâtiments de dans la zfu, taxe foncière sur les propriétés
France, des études préalables de qualité, ainsi bâties, charges sociales personnelles pour les
que la volonté des élus de participer à l’élabora commerçants et artisans, etc.). Ces avantages
tion d’une règle du jeu sur leur territoire. ont dû être négociés avec l’Union européenne,
N. B. qui y voyait un risque de distorsion de conçurt
rence et qui en a fait limiter le bénéfice aux
-> A b o rd s; Ensemble historique ou traditionnel; Patrimoine; petites et m oyennes entreprises (jusqu’à
Paysage; Site.
50 emplois créés).
Dans un premier temps, le bilan des zfu a
ZONE DE REDYNAMISATION URBAINE (ZRU) été très controversé. Ses adversaires faisaient
-> Pacte de relance pour la ville; Zone franche observer que les emplois annoncés n ’étaient
urbaine pas toujours réalisés, qu’il s ’agissait souvent
d ’emplois transférés plus que de véritables
créations (effet d ’aubaine pour les entrer
prises) et que le coût de ces opérations
ZONE D'INTERVENTION FONCIÈRE était élevé (20 000 € par emploi). Ces crif
- » Préemption tiques ne sont pas sans fondement, mais le
bilan demeure néanmoins positif. Selon un
rapport du C onseil économique, social et
ZONE FRANCHE URBAINE (ZFU) environnemental (cese) de 2009, il se serait
créé 45 000 établissements et 126 722 emplois
Les zones franches urbaines sont des zones salariés (dont 74 723 bénéficient de l ’exoné
d’entreprise créées en milieu urbain, dans des ration de charges sociales). La majorité de ces
quartiers (le plus souvent des grands ensembles établissem ents correspondent à des très
des années 1950-1960 ou des zup des années petites entreprises et sont focalisées sur cer
1960-1970) présentant des difficultés multiples tains métiers (construction, commerce). Un
sur le plan économique et social (manque quart de ces emplois sont occupés par des
d’emplois, chômage élevé, insécurité, etc.). En habitants de la zfu . Le taux de chômage, à
moyenne, le taux de chômage est plus du double évolué dans les zfu au m êm e rythme
dans les zfu que dans l’ensemble des agglomé qu’ailleurs. L’embauche de salariés y est
rations où elles sont situées ; en revanche, le importante (+ 17% entre 2007 et 2006).
revenu moyen par unité de consommation y est L’échec scolaire serait en réduction (71 % de
presque deux fois plus faible. réussite au brevet des collèges en 2007), mais
Dans le cadre du pacte de relance pour la la délinquance demeure importante.
ville, le gouvernement a institué, pour Sur la base de ces résultats et à la demande
cinq ans (1997-2001), 44 zones franches des collectivités locales concernées, le méca
urbaines (dont 6 dans les dom-tom) avec pour nisme des zfu a été prolongé dans le temps
841 ZONE INDUSTRIELLE
— parc d’activités, pour une vaste zone du smog par mélange avec les fumées indus
industrielle à faible densité ; trielles) et pas de vents dominants dirigeant
— zone industrielle verticale, pour un vaste les fumées vers les zones d’habitat (en France,
bâtiment industriel de plusieurs niveaux, il vaut mieux implanter une zone industrielle
vendu ou loué à des entreprises différentes à l’est de la ville).
(ex. Mozinor à Montreuil-sous-Bois). L’aménagement d’une zone industrielle
L’aménagement d ’une zone industrielle peut se faire dans le cadre d’une zac ou d’un
comporte : lotissement. Il doit s’inscrire dans le cadre dés
— la viabilisation secondaire des terrains : plans d’urbanisme (schéma directeur ou scDT
eau (5 m3 par heure et par hectare), assainisse et pos ou plu en France). La création d’une
ment, électricité (100 à 150 kW par hectare), zone industrielle est décidée par le préfet de
éventuellement gaz et branchement ferroviaire ; région. Le maître d’ouvrage peut être :
— la création d’équipements collectifs pour • une collectivité publique (commune, syn*
les entreprises, tels que restaurant interentre dicat intercommunal, etc.) ; -
prises, bureau de poste, agence bancaire, ser • un organisme d’aménagement (epà, sem) ;
vice de gardiennage et de sécurité, centre • un organisme à vocation commerciale
m édico-social, etc.: la réalisation d ’un tel et industrielle (port autonome, chambre de
centre d’équipements n ’est possible que dans commerce et d ’industrie) ;
les zones où sont prévus plusieurs milliers • une société privée.
d’emplois. Le coût d’aménagement d’une zone indus
La division en lots étant rarement connue à trielle est de l’ordre de 100 000 €, voire davan
l ’avance par l’aménageur, il assure, en traçant tage, par hectare plus le prix du terrain nu, ce
la voirie, une division soit en modules regrou- qui conduit à une commercialisation sur dés
pables pour une même entreprise, soit en bases rarement inférieures à 10 € par mètre
blocs qui seront ensuite divisés en lots selon la carré en ville moyenne, de l ’ordre de 20 à 40 €
demande des industriels. Cette voirie occupe dans une grande ville, 50 à 100 € en région
environ 20 % de la surface de la zone et doit parisienne. Des aides financières ont pu, selon
avoir 16 m (voies principales) ou 11 m (voies les époques, êtrè apportées par la Caisse des
secondaires) de large. dépôts et consignations (via ses fïlialesf ou
Le cahier des charges fixe les obligations divers fonds interministériels (fnafu, fiat et
respectives de l’aménageur et des entreprises ses successeurs, etc.). Les collectivités locales
industrielles. La densité d’emplois est très peuvent financer le déficit du bilan de l’amé
variable : en général, entre 50 et 100 par hec nageur.
tare en zone suburbaine, 100 à 200 en zone P. M.
urbaine, mais certaines zones peuvent
comporter moins de 20 emplois par hectare Hôtel industriel; Industrie; Lotissement; Maître d'ouvragé;
Parc d'activités; Technopôle; technopole; Zone d'aménag^*
(entrepôts par exemple). La dimension d’une ment concerté (zac).
zone industrielle aménagée est également très
variable et se chiffre généralement en
dizaines, parfois en centaines, d ’hectares, ZONE NATURELLE D'INTÉRÊT ÉCOLOGIQUE,
mais certaines zones artisanales peuvent occu FAUNISTIQUE ET FLORISTIQUE (ZNIEFF)
per seulement 1 ou 2 ha, alors que des parcs -> Parc naturel
industriels à vocation régionale peuvent en
utiliser plusieurs milliers (zones portuaires).
L’implantation des zones industrielles doit ZONE PÉRIPHÉRIQUE DU PARC -► Parc
être assez proche des zones d ’habitat (pour naturel
réduire les migrations alternantes), mais
suffisamment éloignée pour qu’elles n ’en
subissent pas les nuisances. Le terrain doit ZONE PIÉTONNIÈRE Piéton; Rue
être assez plat (pente entre 0,8 % et 4 %), un
accès routier, et éventuellement ferroviaire,
aisé doit être prévu ainsi que des possibilités ZONE RÉSIDENTIELLE
d’assainissement. Il convient aussi de veiller
au microclimat : peu de brumes (qui forment Zone réservée à l ’habitat.
843 ZOOLOGIQUE (JARDIN)
La zone résidentielle, dans une ville ou une tions : celles-ci peuvent être cossues (on
commune de banlieue, s ’oppose à la zone réserve parfois improprement à ce type
d’activités, et en particulier à la zone indus de quartier le nom de banlieue résidentielle,
trielle, au quartier commercial ou de bureaux, par exemple aux États-Unis) ou modestes
mais aussi aux zones mixtes (habitat-activités), (les lotissements de l’entre-deux-guerres en
aux secteurs de grands équipements, etc. France);
C’est une notion qui peut concerner à la fois ■— quartiers composés d’immeubles collec
l’utilisation actuelle (ou passée) du sol, ou la tifs, disposés au sol de façon discontinue,
destination future de celui-ci, par exemple s ’affranchissant le plus souvent d’un rapport
dans le cadre d’un plan de zonage. direct à la me : grands ensembles collectifs de
Une zone résidentielle comporte donc des l ’après-guerre et autres opérations qui leur ont
logements et seulement les activités néces fait suite.
saires à la vie quotidienne de la population qui
y réside : commerces quotidiens, écoles, ser P. M.
vices administratifs et privés courants (poste, -*■ Tissu urbain;Zonage.
médecin, etc.).
Les formes de l’habitat et du tissu urbain
qui en résultent peuvent varier : ZONE URBAINE SENSIBLE (ZUS) -> Contrat
— quartier urbanisé de façon continue sous de ville; Grand ensemble ; Pacte de relance
forme d’immeubles divisés en appartements, pour la ville; Programme national de
le plus souvent dans le centre des villes ou les rénovation urbaine; Zone franche urbaine
anciens faubourgs ;
— quartiers de maisons individuelles,
en général à la périphérie des aggloméra ZOOLOGIQUE (JARDIN) -> Parc
i(i
► Françoise Choay
I L e C o rb u sie r, N e w Y o rk, B razille r, 1960. L a règle et le m odèle, Paris, Le Seuil, 1980.
i M a r c T obey, Paris, Hazan, 1962. L a F ra n ce u rb a in e, ouvr. c o lle c tif sous la dir. de G . D u by,
L 'u r b a n i s m e : u to p ie s et réa lités, Paris, Le Seuil, 1965. Paris, Le Seuil (vol. IV , 1983 ; vol. V , 1985).
I P la n n in g in th e x i x t h ce n tu ry , N e w Y o rk , B razille r, 1969. L ’allégorie d u p a tr im o in e , Paris, Le Seuil, 1991.
i M e a n in g in A rc h ite c tu re , Londres-N ew Y o rk , ed. b y B a ird In tr o d u c tio n à B aron Haussmann, M é m o ir e s , Paris, Le Seuil,
I & Jencks, 1970 ; adaptation française in L e sen s d e la 2000 .
I ville, Paris, Le Seuil, 1971. trad uctio n présentée et
L ’a r t d ’éd ifier p a r L e o n B a t t is t a A lb e r ti,
I T e n d a n c e s p r in c ip a le s d e la recherche d a m les sciences so ciales annotée (avec Pierre Caye), Paris, Le Seuil, 2004.
(section sur l ’architecture et l ’urbanisme), Paris, P o u r u n e a n th r o p o lo g e d e l ’espace, Paris, Le Seuil, 2006.
U n esco-M outon, 1978. L e p a tr im o in e en q u estio n s , Paris, Le Seuil, 2009.
► Pierre Merlin
Paris, PUF, 1964.
L a to p o g ra p h ie , P ro p o sitio n s p o u r l ’Ile -d e -F ra n c e , Saint-Denis, PUV, 1990.
V o l. 4-5, 8, 9, 11, 15, 19, 20, 38 et 44 des C a h ie rs d e l ’iA U R P G éographie, économ ie et p la n ific a tio n d es transports, Paris, PUF, 1991.
(1966 à 1977). N e w T o w n s in P ersp ective (avec M . Sudarskis e t a l ) , D e n
L e s tr a n s p o r ts p a r is ie n s , Paris, Masson, 1967. Haag, i n t a - a t v n , 1991.
P a r is , le p r o b lè m e d es tra n sp o rts, Paris, L a D o cum entation L ’u rb a n ism e , Paris, PUF, 1991.
française, 1968. L e s v illes nouvelles en F ra n ce , Paris, PUF, 1991.
L a d é p o p u la tio n d e s p l a t e a u x d e h a u te P rovence, Paris, La D o c u L e s tra n sp o rts u r b a in s, Paris, PUF, 1992.
m entatio n française, 1969. G é ographie des tra n sp o rts, Paris, PUF, 1992.
L e s villes no u velles, Paris, PUF, 1969. L e s tra n sp o rts en F ra n ce , Paris, L a D ocum e nta tion française,
L ’exo d e r u r a l, C a hier de I’i n e d , n ° 59, Paris, PUF, 1971. 1994.
V ivre à P a r is en 1 9 8 0 , Paris, H achette, 1971. L a croissance u rb a in e, Paris, PUF, 1994.
M é th o d e s q u a n tita tiv e s e t esp a ce u r b a in , Paris, Masson, 1973. P o u r la q u a lité d e l ’u n ive rsité f r a n ç a is e (avec L. Schwartz e t a l ) ,
V in cen n es o u le d é sir d ’a p p re n d re (éd.), Paris, M ore au, 1979. Paris, PUF, 1994.
I G u id e d e s r a id s à s k i s (2 vol.), Paris, Denoël, 1980. L e s techniques d e l ’u rb a n ism e , Paris, PUF, 1995.
| L ’université assassinée : Vincennes 1 9 6 8 - 1 9 8 0 , Paris, Ramsay, 1980. L ’u r b a n is m e u n iversita ire à l ’étranger e t en F ra n ce , Paris, Presses
, L e s tr a n s p o r ts à P a r is e t en Î le - d e -F ra n c e , Paris, L a D ocum enta- de l’ENPC, 1995.
I tio n française, 1982. É n erg ie , en viro n n em en t et u r b a n is m e d u r a b le (avec J.-P. Traisnel),
L ’a m é n a g e m e n t d e la région p a r is ie n n e et les v illes nouvelles, Paris, Paris, p u f , 1996.
! L a D o cum e nta tion française, 1982. L e s tra n sp o rts en région p a r is ie n n e , Paris, L a D o cum e nta tion
P o u r u n e v é rita b le p r io r ité a u lo g em ent s o c ia l à P a r is , Paris, La française, 1997.
D o cum e nta tion française, 1983. G é o g a p h ie h u m a in e , Paris, p u f , 1997.
A m é n a g e r la F ra n c e d e s va ca n ces (2 vol. avec R. Spizzichino), L e s b a n lieu es des v illes fr a n ç a is e s , Paris, La D o cum e nta tion
| Paris, L a D o cum e nta tion française, 1983. française, 1998.
L a p l a n ific a tio n d es tr a n s p o r ts u r b a in s , en je u x e t m éth o d es, Paris, L e s ban lieu es, Paris, PUF, 1999.
I Masson, 1984. L e tra n sp o rt aérien, Paris, L a D o cum e nta tion française, 2000.
I B ib lio g r a p h ie s u r la p l a n ific a tio n d e s tra n sp o rts u r b a in s, Paris, PUV L ’h o n n e u r et la g lo ire, Paris, P hénix Éd., 2000.
I etlRT, 1984. T o u r is m e et am é n a g em e n t to u ristiq u e, Paris, La D o cum e nta tion
I L e s p o litiq u e s d e tr a n s p o r t u r b a in , Paris, L a D ocum e nta tion française, 2001.
française, 1985. L ’a m é n a g em e n t d u territoire, Paris, PUF, 2002.
I G éopolitique d e l ’Ile-d e-F ra n c e (avec J.-C . Boyer et J.-F. Deneux), L e tr a n s p o r t aérien : s itu a tio n e t p ersp e ctives, Paris, PUF, 2002.
, in G éopolitique des régions fr a n ç a is e s (Y. Lacoste, éd.), Paris, L ’Île -d e -F ra n c e , h ier, a u jo u r d ’h u i, d e m a in , Paris, L a D o cum e n
i Fayard, 1986. ta tio n française, 2003.
I G é o g ra p kie d e l ’a m é n a g em e n t, Paris, PUF, 1988. L e to u rism e en F ra n ce , Paris, Ellipses, 2006.
I T r a n s fo r m a tio n s d e la f a m i l l e e t h a b ita t (avec C . Bonvalet et a l ) , L ’é c o -ré g o n d ’île -d e -F r a n c e , Paris, L a D o cum e nta tion fra n
: C a hier d e I’ ïn e d , n ° 120, Paris, PUF, 1988. çaise, 2007.
| B ib lio g r a p h ie s u r les tr a n s fo r m a tio n s d e la f a m i l l e e t l ’h a b ita t L ’a m é n a g em e n t d u territoire en F ra n ce , Paris, L a D o cum e nta tion
I (avec C . Bonvalet e t a i ) , Paris, L a D ocum e nta tion fra n française, 2007.
çaise, 1988. E n e rg ie e t en vironnem ent, Paris, L a D o cum e nta tion française,
M o r p h o lo g ie u r b a in e e t p a r c e lla ir e (P. M e rlin e t a l ) , Paris, PUV, 2008.
1988. L ’exode u rb a in , Paris, L a D o cum e nta tion française, 2009.
B ib lio g r a p h ie s u r les villes n o u ve lle s en F ra n c e e t à l ’étranger, Saint- L e s g o n d s ensem bles : d e la C h a rte d ’A th è n e s a u x q u a rtie rs sen sib les,
Denis, puv, 1989. Paris, L a D o cum e nta tion française (à paraître en novem
L a f a m i l l e éclate, le lo g em en t s ’a d a p te, Paris, Syros-Alternatives, bre 2010).
1990.
Cet ouvrage a été mis en pages
par IGS-CP
Imprimé en France
Sous la direction de
Pierre Merlin - Françoise Choay
9 782130 580669
Sous la direction de
Pierre Merlin
Françoise Choay
Dictionnaire de
l'urbanisme
e t de
l'aménagement
Quadrige
I) I C ( )S
p o cm :
puf