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O ii.

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DU OS
POCHE

Dictionnaire de
l'urbanisme
et de
l'aménagement
Dictionnaire de l’urbanisme
et de l’aménagement
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE
Pierre Merlin
et Françoise Choay
Dictionnaire de l’urbanisme
et de l’aménagement
COORDINATION GÉNÉRALE:
Pierre Merlin

QUADRIGE / PU F
Françoise Choay a supervisé les articles
concernant les domaines suivants :
Architecture —Art —Espaces publics —Ethnographie —Formes urbaines —
Histoire — Hygiène - Patrimoine - Sociologie urbaine - Théorie —
Urbanisme.
Pierre Merlin a supervisé les articles
concernant les domaines suivants :
Activités - Administration - Aménagement du territoire - Banlieue -
Cartographie - Centre - Communications électroniques - Construction -
Démographie - Droit de l’urbanisme - Économie - Enquêtes ~ Environne­
ment- Equipements publics - Espace - Espaces verts, Paysage ~ Finances
publiques et locales - Géographie physique - Logement - Modèles mathé­
matiques - Plans d’urbanisme ~ Pollutions - Problèmesfonciers - Pros­
pective -Quartier - Région - Tissu urbain - Tourisme - Transports - Ville
- Villes nouvelles —Voirie et réseaux divers.
Ils remercient Madeleine Jullien qui leur a suggéré l’élaboration de ce
dictionnaire.

isbn 978-2-13-058066-9
Dépôt légal - l re édition : 1988, mars
l re édition «Quadrige » : 2005, avril
3e édition mise à jour : 2010, octobre
Presses Universitaires de France, 1988
Grands dictionnaires
6, avenue Reille, 75014 Paris
PLAN DE L’OUVRAGE

Présentation des auteurs VII


Avant-Propos XI
Introduction XV
Sigles courants dans la pratique
professionnelle de l’urbanisme
et de l’aménagement en France XXI
Corpus 1 à 845
Des mêmes auteurs 847
Présentation des auteurs

Michel A m io t Directeur de recherche honoraire au CNRS M. A.


Sabine B arles Professeur à l’Institut français d’urbanisme (Université de S. B.
Paris VTII-Vincennes à Saint-Denis)
et à l’Institut universitaire de France
Gaston BEAUDET Professeur émérite à l’Université de Paris I-Panthéon- p R
Sorbonne (J)
Jacqueline BEAUJEU- Professeur émérite à l’Université de Paris I-Panthéon- J. B.-G.
G arnier Sorbonne (f)
Jean-Marie Billa Maître assistant à l’École d’architecture de Bordeaux J-M. B.
M ichel B itard Agrégé à l’Université d’Évry-Va] d’Essonne M. B.
M artine B o it eu x Professeur à l’École des hautes études en sciences sociales M. Bo.
(EHESS)
Nancy B ouc h é Inspectrice générale honoraire de l’Équipement N. B.
Jean B o u in o t Professeur à l’Institut d’urbanisme et d’aménagement de J. B.
la Sorbonne (Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne)
(t)
Christine C astelain - Chargée de recherches au CNRS C. C.-M.
M eü NIER
Georges C azes Professeur émérite à l’université de Paris I-Panthéon- G. C.
Sorbonne
Pierre C hemielier Ancien président du Centre scientifique et technique du P. Ch.
bâtiment
Françoise C hoay Professeur émérite à l’Institut français d’urbanisme (Uni- F. C.
versité de Paris VUI-Vincennes à Saint-Denis) et Professor
at large, Université of Comell
Victor C h o m en to vsk i Président honoraire du Bureau régional d’études écono- V. C.
miques et financières (BREEF)
Paul C laval Professeur émérite à l’Université de Paris IV-Paris-Sorbonne P. C.
Jean-Louis C o h e n Professeur à l’Institut français d’urbanisme (Université J.-L. C.
de Paris VUI-Vincennes à Saint-Denis)
et à YInstitute of Fine Arts, New York Université
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT VIII

Joseph COMBY Consultant, ancien secrétaire général de l’Association J .c .


d’études foncières (adef)
Anne-Glaire D avy Chargée d’études à l’Institut d’Urbanisme et d’Aména­ A.-C. Da.
gement - Ile-de-France (iau-If)
André-Clément ÜECOUFLÉ Ancien directeur du Laboratoire de prospective appliquée A.-C. D.
Pierre-Henri DERYCKE Professeur émérite à l’Université de Paris X-Nanterre P.-H. D.
Jean-Toussaint D esanti Professeur émérite à l’Université de Paris I-Panthéon- J -T. D.
Sorbonne (jj
Marc D esportes Ingénieur en chef des ponts et chaussées M. D.
Christian D evillers Architecte urbaniste, ancien professeur à l’École natio­ C. D.
nale des ponts et chaussées (enpc)
François D ubet Professeur à l’Université de Bordeaux II-Victor-Segalen F. D.
et Directeur d’études à l’École des hautes études en
sciences sociales (EHESS)
Bernard D uhem Secrétaire général du Programme de recherche et de B. D.
développement pour l’innovation et la technologie dans
les transports (PREDITT)
Hervé D upont Ingénieur en chef des ponts et chaussées et architecte, H. D.
Directeur général de l’établissement public Plaine-de-
France
Gabriel D upuy Professeur à 1Institut d’urbanisme et d’aménagement de G. D.
la Sorbonne (Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne)
et à l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC)
François D urand-Dastes Professeur émérite à l’Université de Paris VH-Denis-Diderot F. D.-D.
Nicolas D uru Architecte N. D.
Jean-Pierre G audin Directeur de recherche au CNRS J.-P. G.
Philippe G enestier Urbaniste de l’État, chercheur au CNRS P. G.
Pier-Giorgio GEROSA Professeur à l’Université de Strasbourg P.-G. G.
Antoine G ivaudan Ancien directeur-adjoint de la direction de l’urbanisme et A. G.
des paysages au ministère de l’Équipement
Michel G ras Directeur de recherche au CNRS, M. G.
Directeur de l’École française de Rome
André G uilerme Professeur au Conservatoire national des arts et métiers A. Gu.
(CNAM)
Daniel Imbault Ancien directeur du Conseil en architecture, urbanisme D. I.
et aménagement (CAUE) de la Marne
Maurice Imbert Ancien chargé de recherche au CNRS M. I.
Patrizia INGALUNA Professeur à l’Université d’Artois P. I.
Hélène JoiNET Chargée d’études à l’Institut d’urbanisme et d’aménage- H. J.
ment-Ile-de-France (iau-If)
Salvator J uan Professeur à l’Université de Caen-Basse-Normandie S. J.
PRÉSENTATION DES AUTEURS
; IX

! Jean-François L ac ro niq u e Professeur des Universités, ancien président de l’Institut J,F . L.


de radioprotection et de sûreté nucléaire
Didier L apeyronnie Professeur à l’Université de Paris IV-Paris-Sorbonne D. L.
Bertrand L em oine Directeur de recherche au CNRS B. L.
i Éric LENGEREAU Architecte-urbaniste E. L.
' Albert LÉVY Chargé de recherche au CNRS A. L.
‘ Thierry L ulle Architecte-urbaniste Th. L.
Bernard MARCHAND Professeur émérite à l’Institut français d’urbanisme B. M.
(Université de Paris VTII-Vincennes à Saint-Denis)
Jean-Claude MARTINON Maître de conférences à l’Université de Paris VIII- J.-C. M.
Vincennes à Saint-Denis (jj
André M assot Ancien chargé d’études à l’Institut d’urbanisme et A. M.
d’aménagement-Île-de-France (IAU-IF)
i| | Bernard MATALON Professeur émérite à l’Université de Paris VUI-Vincennes B. Mat.
à Saint-Denis
| Alexandre MÉLISSINOS Urbaniste, ancien professeur au Centre d’études supé­ A. Mé.
rieures d’histoire et de conservation des monuments
anciens (Chaillot)
Pirrre MERLIN Professeur émérite et président de l’Institut d’urbanisme P. M.
et d’aménagement de la Sorbonne (Université de Paris I-
Panthéon-Sorbonne), ancien professeur à l’Ecole natio­
îi' nale des ponts et chaussées (ENPC)
t

j Michel M icheau Professeur à l’Institut d’études politiques de Paris M. M.


[ i Robin MlDDLETON Professor, University of Columbia R. M.
‘ji Pierre M ontal Critique d’art d’architecture P. Mo.
Benjamin MOUTON Inspecteur général des monuments et des sites, B. Mo.
Professeur au Centre d’études supérieures d’histoire et de
T conservation des monuments anciens (Chaillot)
; Jean-Pierre MURET Ancien professeur associé à l’Institut d’aménagement J.-P. M.
régional d’Aix-en-Provence (Aix-Marseille III-Paul-
Cézanne)
; Patrice N oisette Architecte-urbaniste, responsable pédagogique à l’ESSEC P. N.
!: JohnOsTLUND Designer, ancien Associate Professor, University ofComell J. O.
Christian F. OTTO Professor, University of Comell C.-F. O.
j Michel P anoff Directeur de recherche au CNRS M. P.
Professeur à l’Université de Paris-Est et directeur de la T. P.
Thierry PAQUOT revue Urbanisme
Jean-Bernard PERRIN Ancien président de l’Agence de l’arbre J.-B. P.
Michel P errin Directeur de recherche au CNRS M. Pe
Marcel PESLEUX Directeur de l’Institut supérieur d’architecture de La Cambre M. Pes.
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT X

Yves P raTS Professeur à l’Institut français d’urbanisme (Université Y. P.


de Paris VUI-Vincennes à Saint-Denis) (f)
Philippe PRESCHEZ Inspecteur général honoraire de l’architecture et du Ph. P.
patrimoine
Vincent R enard Ancien directeur du laboratoire d’économie de l’École V. R.
polytechnique
Marcel RONCAYOLO Directeur honoraire de l’Institut d’urbanisme de Paris M. R.
(Université de Paris XII Paris-Val-de-Marne)
Bernard ROULEAU Ancien maître de conférence à l’Université de Paris I- B. R.
Panthéon-Sorbonne
Joseph R ykwert PaulPhilippe CretEmeritusProfessor, University ofPennsylvania J. R.
Vincent Sainte-Marie Ingénieur-urbaniste V. S.-M. G.
Gauthier
Marion SÉGAUD Professeur à l’Université du Littoral M. Sé.
Max Stern Fondateur du Bureau d’études et de réalisations
urbaines (f) M. S.
Marie-Caroline T héry Chargée de mission à la Délégation interministérielle à M.-C. T.
l’aménagement et à la compétitivité des territoires (diact)
Alain T ouraine Directeur d’études honoraire à l’École des hautes études A. T.
en sciences sociales (ehess)
Robert T r ÉVISIOL Professeur à la faculté d’architecture de l’Université libre R. T.
de Bruxelles
Danilo U dovickx-Selb Assaciate Professor, Universify of Texas D. U.-S.
Val K. WARKE Associate Professor, Universify of Comett V. K. W.
Caroline W eill-G iÈS Ancien chef de service à l’Inserm C. W.-G.
Michel W ieviorka Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences M. W.
sociales, directeur du Centre d’analyse et d’intervention
sociologiques (CADIS)
A V A N T-PR O PO S

Pourquoi et pour qui un dictionnaire de l’urbanisme? Jfest-ce point là une gageure si


l’on songe au statut incertain de cette discipline? Car s ’agit-il vraiment d ’une discipline?
L ’urbanisme n ’est-ïlpas à la fo is théorie etpratique, solidaire du projet de société dans son
institution imaginaire comme dans ses institutions réelles, tributaire de savoirs multiples,
scientifiques ou non, de savoir-faire, traditionnels ou novateurs, de coutumes et d ’habi­
tudes ? Éclaté donc, dans ses démarches, entre ses acteurs, dans son enseignement etjusque
dans sa terminologie. Car s’il possède et ne cesse d’enrichir un idiome, juridique et
opérationnel, dont, à peineform és, les syntagmes sont aussitôt transformés en sigles, pour
le reste, il utilise une poignée de néobgsmesforgés au f i l du dernier siècle et de vieux mots
courants, uniment appelés à véhiculer des idéologies, des représentations enracinées dans la
longue durée ou des concepts prospectifs.
C ’est cette hétérogénéité que le présent D ictionnaire de l’urbanisme et de l’amé­
nagement a tenté d ’assumer, au service d ’une vision globale de l’urbanisme. Vision
globale qui, dès lors, s ’adresse à la fo is aux spécialistes ou aux praticiens souvent
trop engagés dans leurs domaines propres pour pouvoir les situer dans l ensemble du
paysage et qui y trouveront à la fo is une information professionnelle et sa mise en
perspective; aux étudiants trop souvent perturbés p a r des enseignements dont ils ne
perçoivent p a s la logique de leur diversité; enfin à un public profane, m ais curieux
de son époque, dont l’urbanisme lu i confirmera les problématiques.
Toutefois, vision globale ne signifie pas pour autant vision unifiante, vision rassurante.
On se situe ici à contre-courant des grands dictionnaires d ’architecture qui, depuis l’époque
des Lumières etjusqu’au début de ce siècle, ont remplacé les traités et mis l’art d édifier en
système. D propos n’est plus celui de Quatremère de Quinçy, encore mains l’entreprise
historique de Viollet-le-Duc. On a assumé les temps du savoirfragrm té. E t, à l’entreprise
d ’un individu, a succédé la mise en œuvre de collaborations multiples, parfois confie-^
tuelles. M a is il ne s ’agitpas pour autant de chaos. A u système unificateur, on a substitué
des réseaux de cohérences. Ce sont ces réseaux sémantiques qui donnent sa structure au
Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement.
DICTIONNAIRE DE L’URBANISME ET DE L’AMÉNAGEMENT

Trois objectifs principaux ont motivé k choix des termes retenus. D ’abord embrasser un
champ aussi large que possible: par exempté, l’ouvrir généreusement sur l’archikcture et

r-, , i - r i ------------ u u c c u u g z iu U td L O U C œ iS d O T lt I I
Ja it un usage permanent. Ensuite, livrer une information positive, directement utilisabk
dans k doubk maniement des notions et desprocédures. À cet égard, on a souvent côtoyé les
deux tom es kxicologwues iusau’ici adoptées /„ ■ ■ S. ,
, “ . .. . ^ lu uyinuam .s km avéré une tactie
délicate et la tentation positiviste n ’a pas toujours p u être évitée. Le troisième objectifenfin
est de nature cntiqm . L ’urbanisme, on l’a dit, est solidaire du projet social. E n tant que
1 est; Par excel< ffe>un véhirnk d ’idéologks et de mystifications. I l importé donc, dès
qu on s y engage d etre vigilant, tant en ce qui concerne k poids des savoirs invoqués qu’en
ce qui concerne la nature des valeurs occultées. C ’est bien pourquoi de nombreux articles
sontonentes. Les uns sontguidéspar une démarche épistémologique, tandis que k s autres
illustrent l engagement sans lequel il n ’estpoint d ’urbanisme.
Le dictiorninirp. np c W hnc ■ ...

jr , ** . . . ~ w, lsvuuuo/ cc jc/w auuEt a une notion, a une


démarché ou d une institution. Les mtefférences et k s conflits de la longue durée avec ks
transfm nations et k s pratiques de l’espace, induites d ’abord par la révolution culturelk
du X V e sieck, puis par ta révolution in d u striel du X IX e siècle, ont exigé cette m ue en
perspective plus souvent qu’on ne l’avait prévu. On entend pour autant ne sacrifier ni à
t fiistoneisme, m a la nostalgiepostmodeme.
D Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, avec sa doubk visée pratique et
rrfkxw e est, croyons-nous, k premier du genre. Ses imperfections sont ta conséquence
naturelle de cette priorité. M u s ne prétendrons pas qu’il signale ta fin d ’une époque
dogmatique de l urbanisme et marque k seuil d ’urn phase critique, annoncée aujour ui
par l emergence de nouveaux enjeux dans k cadre de ce qui sera, peut-être, ta société
posturbaine. Nous reconnaissons en revanche avoir tenté de l’accorder aux sensibilités du
savoir actuel, a ses curiosités m ultipks et à ses aspirations contradictoires.
F. C hoa y

Note importante
Les articles qui reposent largement sur des faits, des données statistiques ou des
textes juridiques peuvent être mis à jour de façon apparem m ent objective, encore
que les auteurs aient considéré comme indispensable d ’exprimer leur point de vue
sur les évolutions quantitatives, les modifications juridiques, leur opportunité et leur
degre d application. Il n’en va pas de même pour les articles qui font appel à
histoire des idees et aux disciplines improprement dites « sciences humaines »
a v a n t -p r o p o s

En vingt ans, la pensée évolue : non seulement l’étendue de mes connaissances


s’est accrue, mais mon approche réflexive et théorique a changé. Non revus depuis
la première édition du Dictionnaire, ce n’est pas une simple mise a jour, mais une
réécriture intégrale, qu’auraient exigée la majorité de mes articles et une partie de
ceux de nos collaborateurs, dont j ’assumais la responsabilité.
Face à cette situation, les différents auteurs ont, en fonction de la complexité liee a
chaque article, adopté cinq partis différents : .
— mise à jour, quand celle-ci était praticable avec un minimum de modifications ;
— cosignataire avec un nouveau collaborateur ;
— conservation des articles tek quels ; . , ,.
— simple conservation de l’entrée et de ses renvois (avec nouveaux renvois éventuels) et
suppression du texte de l’article ; .
— rédaction d’un article totalement nouveau (remplaçant ou non un article supprime).
La conservation du texte originel en l’état n’a néanmoins pas exclu, le cas échéant,
quelques interventions formelles :
— correction d’erreurs ;
— correction de coquilles ou de fautes de français ,
— suppressions minimales dans le texte de 1 article.
Pour connaître mes positions actuelles sur les problèmes de l’aménagement du
territoire et de l’usage du patrimoine bâti dans le cadre de la mondialisation, je renvoie
le lecteur à mes deux derniers ouvrages, Pour une anthropologie de l espace (Paris, Le Seuil,
2006) et Le patrimoine en questions (Paris, Le Seuil, 2009).
IN T R O D U C T IO N

Faut-il un dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement? Ces deux champs peuvent-ils


être considérés comme des démarches autonomes du savoir? Peut-on en traiter comme on lefa it
de la géographie ou de l’économie, voire comme de la psychanalyse ?
Sans prétendre apporter une réponse définitive à ces interrogations, on peut s’interroger sur
le sens des termes eux-mêmes et sur leurs origines, avant d’en préciser le contenu. A cettefin ,
c’est bien le moins, on recourra largement aux grands dictionnaires : Littré, Larousse du
XXe siècle, Le R obert, etc.
L ’am énagem ent d’abord, ce terme étant sans doute moins chargé d’idéologie et de conflits
hérités du passé. L ’aménagement, selon les dictionnaires, c’est l’action de «disposer avec ordre»
(Larousse/ À la réflexion, cette définition, qui peut paraître bien sommaire, est intéressante
par ce qu’elle dit, par ce qu’elle dit presque, par ce qu’elle sous-entend, comme par ce qu’elle
omet. Ce qu’elle dit, c’est qu’il s’agit d’un acte volontaire, qui vise à créer une situation
ordonnée, et à ce titre jugée préférable à une autre. Ce qu’elle dit presque, c’est que
l’aménagement est une discipline de l’espace, ou des espaces, car on peut «disposer avec ordre»
à l’échelle du territoire, voire de la planète, comme à celle de la plus petite unité physique (un
local, voire moins). Ce qu’elle sous-entend, c’est que cette action s’exerce dans le temps : la
disposition ordonnée dépend de ce qui a été disposé auparavant et elle marquera l’espace pour
l’avenir. L ’aménagement est donc inséparable de l’histoire, du patrimoine comme de la
prospective. L ’aménageur ne peut être inculte, il doit être imaginatf. Ce que cette définition
omet enfin, c’est ce qu’il s’agit de disposer et, de ce fa it, elle laisse ouvert le champ de
l'aménagement : tout ce qui influe sur l’organisation de l’espace, sur les activités des hommes
dans cet espace, bref sur leur mode de vie. C’est le sms de la définition du R obert :
« Organisation globale de l’espace, destinée à satisfaire les besoins des populations intéressées m
mettant m place les équipements nécessaires et m valorisant les ressources naturelles. »
L ’aménagement est m fiâ t m concept récent. Même si la pratique a pu être séculaire (Pays-
Bas par exemple), le terme n’est guère apparu en France qu’après la première guerre mondiale
(avec les plans d’aménagemmt, d’embellissement et d’extension prescrits par la loi de 1919).
Le terme d’urbanisme est à peine plus ancien et on s’accorde à en signaler la première apparition
DICTIONNAIRE DE L ’URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT XVI

en 1910 dans k Bulletin de la Société neuchâteloise de géographie sous la


signature de Pierre Cierge t, qui la définit comme « l’étude systématique des méthodes
permettant d’adapter l’habitat, et plus particulièrement l’habitat urbain, aux besoins des
hommes ». En fa it, k terme est plus ancien et était employé au XVllf sièck comme «science de
l urbanité» (Coyer et Mercier,), le mot « urbanité» a lui-même changé de sens : ce n’estpas
seulement k «poliksse des anciens Romains» (Littré,), mais aussi k «gouvernement d’une
viUe», sens employé à k fin du Moyen Âge. M ais ce sens du mot « urbanisme » sembk lui
aussi s être perdu, puisque k Littré (1863-1873) ne comporte pas ce terme, mais définit les
« urbanistes» comme «les religieuses de Sainte-Ckire, qui peuvent posséder des fonds, ainsi
dites parce que k pape Urbain V III leur a donné k règk». Le G ran d Larousse de la
langue française (1875)y ajoute «kspartisans du pape Urbain V I lors du grand schisme
d’Occident».
Si k mot «urbanisme» s’ékitperdu au XDf sièck, l’Espagnol Ildefonsa Cerda avaü traité
de k urbanizaciôn (Teoria general de la urbanizaciôn, Barcekne, 1867), dans un
doubk sens qu’on traduirait aujourd’hui, l’un par «urbanisation» (l’évolution et k croissance
de k ville), mais l’autre par « urbanisme» (l’action volonkire sur k vilk).
Le G rand Larousse du XXe siècle définit l’urbanisme, quant à lui, comme « l’art
d’aménager et d’organiser ks agglomérations urbaines» et « l’art de disposer dans l’espace
urbain ou rural ks ékblissements humains au sens k plus large (habitations, beaux de travail,
lieux de kisirs, réseaux de circuktwn et d’échanges), de k lk sorte que ks fonctions et ks
rektwns ente ks hommes s’exercent de k façon k plus commode, kp lu s économique et k plus
harmonieuse». Enfin, il mentionne « l’ensembk des règlesjuridiques quipermettent aux pouvoirs
publks de contrôler l’utilisation du sol en milieu urbain», définition qui sembk plutôt concerner
k droit de l’urbanisme que celui-ci dans sa btalité.
On retiendra la définition suivank de/urbanism e ; champ d’action, pkridisdplinairepar
essence, qui vise à créer dans k temps une disposition ordonnée de l’espace en recherchant harmonie
et efficacité, c’est-à-dire à concilier commodité et économie. Dans k même esprit, on retiendra
comme définition de l’am énagem ent : ensembk d’actions concertées visant à disposer avec
ordre dans l espace ks habitants, ks activités, ks équipements et ks moyens de communication.
L urbanisme est-il une «science» (Robert,), un « ensembk de techniques» (R obert encore),
un «art» (Larousse,) ou plus modestement « l’ensembk des mesures techniques, administratives,
économiques et sociales qui doiventpermettre un dévebppement harmonieux, rationnel et humain
des agglomérations» (Nouveau Larousse universel, 1969) ? Une science? c’est-à-dire «un
ensembk organisé de connaissances rektives à certaines catégories defa its ou de phénomènes»
(Larousse,). M ais une telk organisation suppose concepts propres et constructions théoriques à
partir de ces concepts. Pour l’urbanisme et l’aménagement, ks premiers se distinguent mal de ceux
des sciences autonomes, exacks ou mm, qui constituent k connaissance desfaits urbains. Quant
aux secondes, elks se sont dévebppées, depuis Cerda, ont été appliquées parfois à des espaces
concrets, mais ont rarement emporté l’adhésion générale. L ’urbamsme n’est donc pas une science
et a encore un long chemin, peut-être sans issue, à parcourir avant depouvoirprétendre à ce sktut.
INTRODUCTION

Les théoriciens de l’urbanisme ont pourtant prétendu donner à celui-ci un statut scientifique.
Déjà Cerda, en 1867 : «L brbanizaciôn réunit toutes les conditions nécessaires pour occuper
un lieu distinctparmi les sciences qui enseignent à l’homme 1e chemin de son perfectionnement...
C’est une véritabk science.» Il justifie cette affirmation par k nécessaire transformation d e k
vilk en fonction des muktions techniques liées à k révolution industriel, à k révolution
des transports, et bientôt à celk des communications. Il oppose k repos et k mouvement, ks
bâtiments et k voirie, k logement et k circuktion, une vilk sktique et une vilk dynamique.
Pour lui, k science urbanistique est constituée par un ensembk de propositions scientifiques
déduites de l’analyse de rurbanisation, d’où on doit pouvoir déduire des lois. Il introduit
k colleck de l’information sur k vilk et cherche à en analyser ks structures en recourant à
l’histoire et à 1a biologie.
La plupart des théoriciens qui lui ont succédé, à l’exception de Carmllo Sitte (Der Stâdte-
Bau, Vienne, 1889), revendiquent un discours scientifique. M ais celui-ci n’a pas progressé
depuis Cerda, voire a régressé. Chez Le Corbusier qui s’en reckme a chaque instant, cetk
revendication devient incanktdre : « Une doctrine architecturale s’esquisse déjà, internationale,
fondée sur k science et k technique... ks preuves de laboratoire existent. » E t il n hésite pas
à parler d’un p k n «jusk, vrai et exact» pour sa Ville radieuse (1935). Cet esprit faux
poussait k terrorisme jusqu’à déclarer : «La culture est un état d esprit orthogonal»
(Urbanism e, Paris, 1923). Pour lui, k scientificité de l’urbanisme se réduisait à une
géométrie qui ne connaissait que l’angk droit.
L ’urbanisme et l’aménagement, une technique? Une technique est « l’ensembk des procédés
d’un art, d’unefabrication» (Littré,). Le Larousse y ajouk «ks méthodes». T a-t-il donc des
méthodes propres à l’urbanisme? Sans douk, puisqu’on ks enseigrie. E t pourtant, que de
controverses et de désaccords à ce sujet! Pour prendre un seul exempk, celui de k pkm fcation
des transports urbains, où précisément l’effort méihodologjque a été particulièrement important,
jusqu’aux années 1960, on recourait à des approches quelque peu archaïques d’estimation
sommaire des charges et des recettes des exploitants ; dans ks années 1960, est apparu un corps
de modèks qu’on a parfois baftisê depuis « méthode classique» et qu’on a krgement utilisé pour
prévoir ks réseaux - aux Etats-Unis, en France et ailleurs -planifiés dans k période de
réinvestissement urbain qui s’est achevée avec k crise de l’etieigie. M ais, peu après, des
chercheurs, qui n’avaient pas participé à k mise au point de cetk méthode classique,
entreprenaient de k critiquer, sans être capabks de lui substituer une méthode alternative qui
soit opérationnelle.
Akrrs, l’urbanisme et l’aménagement seraient-ils un art? C’est-à-dire une « manière défaire
une chose selon ks règles, expression d’un idéal de beauté dans ks sciences humaines»
(Laroussej. M ais ks seuks règks - mouvantes - qui régissent l’urbanisme sont ks règles
juridiques, aspect partiel de l’urbanisme, on l’a dit. Quant à l’idéal de beauté, il est rarement
atteint, et nepeut constituer, on l’a vu, qu’un objectifparmi d’autres. La vilk que nousfréquentons
chaquejour nous renvoie comme dans un miroir l’urbanisme de nos prédécesseurs, voire k notre.
comment oserions-nous prétendre, à quelques exceptions près, qu’il s’agisse d un art?
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT
XVIII

Si l’urbanisme ne peut prétendre ni être une science, ni être une technique, ni ère un art, n’est-
ce pas.une praxis, c est-à-dire une action (meme si ce terme a souvent été détourné de son sens,
par les auteurs marxistes en particulier). L ’urbanisme comme l’aménagement sont interventions
volontaires, donc praxis. M ais ils sont aussi une pratique, c’est-à-dire exercice d’application,
d exécution, manière défaire, usage, confrontation aux réalités, hésitation, d’où naît l’expérience
plus que la connaissance. La praxis de l’urbanisme et de l’aménagement est plurielle : c’est
celle de l élu, celle du responsable administratif, celle du constructeur ou celle de l’ingénieur qui
aménage moyens de transport d réseaux souterrains. La pratique aussi est multiple: c’est celle
du juriste qui réglemente, celk du géomètre qui divise les terrains, celle du planificateur qui
élabore un projet, celle de l’architecte qui conçoit un bâtiment...
C est cette multiplicité de la praxis et de la pratique de l’urbanisme et de l’aménagement qui
explique les prétentions qui rivalisent autour de leur exercice professionnel. Les architectes, les
premiers, ont accaparé, au moins en France, la praxis. Cette position defa it est reconnue par
le R obert qui définit l’urbaniste comme « architecte, technicien spécialisé dans les réalisations
de l urbanisme». Par la suite, lorsque l’urbanisme et l’aménagement apparurent peu à peu
comme enjeux de pouvoir, ils suscitèrent des convoitises. En France, le corps des ponts et
chaussées qui, à la Libération, lors de la création du ministère de la Reconstruction et de
l Urbanisme, f était vu proposer de prendre en charge ce domaine et qui l’avait refusé, a eu une
seconde chance: en 1966, lorsque les ministères de la Construction et des Travaux publics
fusionnèrent, pourformer celui de l’Équipement. Le corps des ponts et chaussées en devint le
principal corps d ingénieurs et chercha a occuper systématiquement les postes de responsabilité
créés dans ce domaine au sein de l’administration. C’est une autre forme de pouvoir que
tentèrent, peu après, d’accaparer les géographes : celui de la formation des urbanistes et des
aménageurs. On vit alors se multiplier les diplômes intitulés d’«urbanisme» et d’«aménage-
mént», dont le contenu correspondait à une géographie humaine (et mêmepas physique, malgré
l importance de la compréhension du cadre naturel pour l’aménageur) le plus souvent très
traditionnelle.
M ais ces querelles ontperdu de leur acuité avec k reflux récent de l’intérêtpour l’urbanisme et
l aménagement eux-mêmes. Reflux auquel ne sont pas étrangères les nombreuses erreurs
commises en leur m m au cours des dernières décennies.
Parmi ces erreurs, il en est de plusieurs types :■
~ j Les erreurs de prévision, inhérentes à la pratique modélisatnce développée à l’époque des
certitudes et de la croissance supposée indéfinie : elles conduisent à des désaveux cinglants par ks
faits.^ Si ce type d’erreurs est k plus aisé à identifier avec k temps, ce n’est pas k plus lourd de
conséquences, car une prévision inexacte peut toujours être rectifiée.
— Les erreurs de raisonnement sont plus graves, car elles conduisent à des choix erronés :
reprenons lexempk de la planification des transports urbains, où l’automobik est en
concurrence avec ks transports en commun pour l’espace commepour ks crédits d’investissement.
Raisonnant sans distinguer la demande en heure de pointe et en heure creuse, on a déduit de
l utilisation croissante de l automobile qu’ilfallait construire en priorité des autorouks urbaines,
INTRODUCTION

ùhrs qu’en heure de pointe, celle-là seule où se posent ks problèmes de capacik des réseaux, ks
transports en commun sont cinq à dix fois plus économes en espace et en investissements.
:( ,— Les erreurs dejugement, enfin, sont lesplus délkates à éviter, car la place de la subjectivité,
; et souvent de l’idéologej est grande. Qu’on pense au plan de reconstruction à Soint-Diépar Le
: Corbusier - huit grands bâtiments et un centre civique - que l’auteur qualifiait de «scientifique».
' Pour éviter, ou Imiter, de'telles erreurs, l’urbanisme doit être ancré à la fois dans k passé,
dans k présent et dans l’avenir.
Le poids du passé, l’expérience nous l’apprend chaquejour. Deux auteurs ont particulière-
frient contribué à k mettre en évidence: Cerda, d’abord (Teoria general de la urbaniza-
feiôn, 1867), qui considère que l’histoire est la discipline qui permet de mettre en situation la
science urbaine : nifin en soi, ni supplément de savoir, elk est k chemin obligé sans lequel on ne
petit comprendre la signification et k problème des villes. M ais cette histoire est discontinue,
évolue au rythme et au gré des mutations de la technique, et par exempk des techniques é la
locomotion. Chez Camilk Sük (Der Stâdte-Bau, 1889), la mobilisation de l’histoire prend
surtout la forme d’une analyse morphologique de l’art urbain. E lk permet seuk de donner un
sms, et surtout unfondement objectif, aux principes d’organisation des ensembles urbains qu il
, étudié: cela k conduit à définir ks concepts d’idée artistique de base d’un projet et de type à
paysage urbain. Françoise Choay, à partir des apports de ces auteurs et d autres ty compris
Contemporains, k l Christopher Alexander), observe que « l’histoire a été, avec la biologe, l’une
des deux disciplines qui ont régné, de façon plus ou moins superficklk et/ouform elk sur k
cours véridictoire des théories de l’urbanisme» (La règle et le m odèle, Paris, 1980). En
fient, on préférera, avec elk, parler de « dimension historique plus que d’histoire» pour qualifier
cette intervention nécessaire et souvent dérisoire de la temporalité.
] Le futur, c’est un cadre de vk appek à servir pendant plusieurs décennies, voire plusieurs
: générations. L ’apport de la prospective est dès lors décisif. M ais il ne fa u t pas confondre
■ prospective etjùtiirologie. Cetk dernière est une pseudo-discipline scientifique (toute science du
' jùtiir est par essence illusoire). La prospective ou «art de la conjecture», selon Bertrand de
Journel, s’appuie sur une connaissance de l’histoire qui insuffle une grande prudence à l’égard
de l’innovation et du changement à tout prix. E lk «hérite sans cesse entre k probabk, k
plausibk et k vraisemblabk. E lk est fascinée par l’incertitude. Elle fa it du futur, quelk
considère comme inconnaissabk par nature, usage apparemment paradoxal [■ ■ ■ ]» (A.-
C. Découplé). «E lk part de l’exploration de l’avenir, non pas un avenir déduit, mais une
| pluralité d’avenirs imaginés» (Pierre Massé, Le plan ou l’anti-hasard, Paris, 1965).
M ais l’urbanisme et l’aménagement sont également ancrés dans k présent. Il n’y a pas
a d’intervention efficace sur l’espace si elk n’est insérée dans l’état de la société, ce qui n interdit
: pas que k débat d’idées cherche àfaire évoluer cet état. De même que ks règles de droit d’une
société ne peuvent que traduire ses valeurs dominantes, l’urbanisme et l’aménagement sont
condamnés s’ils n’accompagnent pas, quitk à ks entraîner, ks valeurs et ks goûts de la société.
Cet enracinement dam k présentjustifie l’importance de l’analyse, couvrant un large champ sur
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT XX

kplan thématique comme sur le plan spatial, préalable à toute proposition, à toute décision. Ce
sont les auteurs angb-saxons, Patrick Geddes fCities in évolution^ London, 1915), et ses
disciples, qui. ont mis au point, après Cerda, la méthode des surveys. Ces analyses ne doivent
pas apparaître comme une simple contrainte formelle et déboucher sur des propositions
incohérentes avec leurs résultats, selon une pratique très fréquente, en particulier chez bs
archikctes. L ’analyse doit aboutir au contraire à un diagnostic précis. Pour répondre à celui-ci,
pluswurs solutions doivent être échafaudées et soumises aux méthodes de préparation de la
décision.
Passé, présent et avenir ne sont pas trois étapes séparées. La longue durée, chère à l’école
historique des Annales, est particulièrement pertinente dans l’analyse urbaine. Qu’on songe à.la
permanence des structures parcellaires, souvent héritées du milieu rural, ou de celle du réseau
maire. E t qu’on pense aux conséquences des ruptures qui ont été introduites dans la morphobge
de nombreux quartiers anciens (Metz, Moscou, etc.). Pourtant, le tem ps de l’urbaniste et de
l aménageur est lui aussi pluriel. À la longue durée des historiens et du paysage urbain se
superpose h durée des cycles économiques et démographiques. La longueur de ces gelés est du
même ordre de durée que celb du g ck qui conduit de l’analyse d’une étape é l’urbanisation
au diagnostic, à k préparation et à k prise de décision. Aussi, souvent, l’arsenal disponible
des instrumentsjuridiques,financiers, etc., s’est-il trouvé décalé par rapport aux problèmes du
moment, parce qu’hérité de l’ékpeprécédente: ainsi du plan Prost pour k région parisienne,
publié en 1934,' mais approuvé en 1941, conçu pour éviter les lotissements de l’entre-deiuï-
guerres et qui présida a k construction des grands ensembles de l’après-guerre. Pour garder une
valeur' au-dek de tels gelés, les dispositifs adoptés doivent avoir été passés au filtre de k
réflexion prospective.
L ’urbanisme et l’aménagement sont avant tout des disciplines de l’espace. On pense avoir
montré qu elles sont tout autant des disciplines de k durée, du temps. Les articles qu’on trouvera
dans k Dictionnaire de l’urbanism e et de l’am énagem ent feront donc une krge place
à l espace mais aussi au temps, au temps historique comme au temps prospectif.
P. M erlin.
Sigles courants
dans la pratique professionnelle de l’urbanisme
et de l’aménagement en France
Certains de ces sigles, marqués d’un astérisque*, correspondent à
des organismes ou des procédures qui ne sont plus en vigueur, mais
dont le rôle a été important et qui sont encore parfois utilisés

A Zone réservée aux activités agricoles et biologiques dans le plan local d’urbanisme
ABF Architecte des Bâtiments de France
ACNUSA Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires
ADEME Agence de défense de l’environnement et de maîtrise de l’énergie
AEV Agence des espaces verts (d’île-de-France)
AFITF Agence pour le financement des infrastructures de transport en France
AFME* Agence française pour la maîtrise de l’énergie
AFNOR Agence française de normalisation
AFR Aide à finalité régionale
AFTRP Agence foncière et technique de la région parisienne
AFU Association foncière urbaine
aghtm* Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux
AL Allocation logement
ALF Allocation logement familiale
ALS Allocation logement sociale
ANAH* Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat
ANAH Agence nationale de l’habitat
ANDRA Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
ANPEEC Association nationale pour la participation des employeurs à l’effort de construction
ANRED* Agence nationale pour la récupération et l’élimination des déchets
ANRU Agence nationale pour la rénovation urbaine
ANVAR* (ou OSEO-ANVAR) Agence nationale de valorisation de la recherche
I AP* Accord préalable
APA Aide aux personnes âgées
APERAU Association pour la promotion de la recherche et de l’enseignement en amenagement
et urbanisme
! APL Aide personnalisée au logement
, APTR Association professionnelle des transporteurs routiers (de 1 Ile-de-France)
1 AFUCT Association des professionnels de l’urbanisme des collectivités territoriales
i APUR Atelier parisien d’urbanisme
j ARIM Association régionale pour la restauration immobilière
AU* Zone d’urbanisation future dans le plan local d’urbanisme
i BD Bibliothèque départementale
BDU Banque de données urbaines
BM Bibliothèque municipale
BNF Bibliothèque nationale de France
BU Bibliothèque universitaire
g; ca Communauté d’agglomération
1 CAECL* Caisse d’aide à l’équipement des collectivités locales
i CAN Communauté d’agglomération nouvelle
CAS Centre d’analyse stratégique
1 CAUE Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME E T DE L'AMÉNAGEMENT XXII

CBD Central Business District


CC Carte communale
CC Communauté de communes
I1 CC Contribution complémentaire
CCI Chambre de commerce et d’industrie
1 CDAC Commission départementale de l’aménagement commercial
CDC Caisse des dépôts et consignations
CDEC* Commission départementale de l’équipement commercial
CDU Centre de documentation de Furbanisme
: CDU Commission départementale d’urbanisme
C3D* Caisse des Dépôts —Développement
CEL Compte d’épargne logement
CEMAGREF Centre national du machinisme agricole, du génie rural et des eaux et forêts
CEPREMAP Centre d’études prospectives d’économie mathématique appliquée à la planification
CERTU Centre d’études des réseaux, des transports et de l’urbanisme
CES Coefficient d’emprise au sol
CES* Conseil économique et social
CET Contribution économique territoriale
CESE Conseil économique, social et environnemental
CETE Centre d’études techniques de l’équipement
CETUR* Centre d’études des transports urbains
| CFC Cloro-fluoro-carbure
CFE Cotisation foncière des entreprises
CFDU Conseil français des urbanistes
CFF Crédit foncier de France
CFPC* Centre de formation des personnels communaux
CGP* Commissariat général du plan
CHR Centre hospitalier régional
CHU Centre hospitalier urbain
CIACT Comité interministériel d’aménagement et de compétitivité des territoires
CIADT* Comité interministériel d’aménagement durable du territoire
j, CIALA Comité interministériel des aides à la localisation des activités
CIAM* Congrès internationaux d’architecture moderne
! CIAT* Comité interministériel d’aménagement du territoire
i, CIL Comité interprofessionnel du logement
CIQV* Comité interministériel de la qualité de la vie
! CITEP* Comité pour l’implantation territoriale des emplois publics
CIV Comité interministériel des villes
CLA Contribution locale d’activité
CLAU Commission locale d’aménagement et d’urbanisme
CLF* Crédit local de France
CNCE Caisse nationale des caisses d’épargne !
CNFPT Centre national de la fonction publique territoriale i
CNP Caisse nationale de prévoyance
COFACE Compagnie française d’assurance commerce extérieur
COS Coefficient d’occupation des sols
COSEC Complexe sportif évolutif ouvert
1 CPER* Contrat de plan État-région
: CPER Contrat de projet État-région
CPHLM* Caisse nationale de prêts aux organismes d’habitation à loyer modéré
CREDOC Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie
CRIDEL Centre de rencontres et d’initiatives pour le développement local
CRITT Centre régional d’innovation et de transfert technologiques
SIGLES COURANTS

CSP* Catégorie socioprofessionnelle


CSTB Centre scientifique et technique du bâtiment
CU Code de Turbanisme
eu Communauté urbaine
Commission d’urbanisme commercial
CUC*
eues Contrat urbain de cohésion sociale
eus* Coefficient d’utilisation du sol
cv* Communauté de ville
cv* Contrat de ville
Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises
CVAE
DAFU* Direction de l’aménagement foncier et de Turbanisme
DALO Loi instituant le droit au logement opposable
DATAR* Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale . .
DATAR Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale
DAU* Direction de l’aménagement et de Turbanisme
DAU* Direction de l’architecture et de Turbanisme
DC* Direction de la construction
DCTP* Dotation de compensation des allègements de base de la taxe professionnelle
DDA* Direction départementale de l’agriculture
DDE* Direction départementale de l’équipement
DDEA Direction départementale de l’équipement et de l’agriculture
DDR Dotation de développement rural
DGALN Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature
DGCL Direction générale des collectivités locales
DGD* Dotation globale de décentralisation
DGE Dotation globale d’équipement
DGF Dotation globale de fonctionnement
DGFIP Direction générale des finances publiques
DGI* Direction générale des impôts
DGUHC* Direction générale de Turbanisme, de l’habitat et de la construction
DHC* Direction de l’habitat et de la construction
DHUP Direction de l’habitat, de Turbanisme et des paysages
DIACT* Délégation interministérielle à la compétitivité et à l’aménagement des territoires
DIREN* Direction régionale de l’environnement
DIV Délégation interministérielle à la ville
DP Domaine public
DPM Domaine public maritime
DPU Droit de préemption urbain
DQV* Délégation à la qualité de la vie
DRAC Direction régionale des affaires culturelles
DRE* Direction régionale de l’équipement
DREAL Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement
DRIRE* Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement
DSQ* Développement social des quartiers
DSR Dotation de solidarité rurale
DSU* Développement social urbain
DSU Dotation de solidarité urbaine
DTA Directive territoriale d’aménagement
DUP Déclaration d’utilité publique
DUP* Direction de Turbanisme et des paysages
ENL Loi d’engagement national pour le logement
ENPC École nationale des ponts et chaussées
ENSBA* École nationale des beaux-arts
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME E T DE L'AMÉNAGEMENT
XXIV

ENTPE École nationale des travaux publics de l’État


EPA Établissement public d’aménagement
EPAD Établissement public d’aménagement de la zone de La Défense
EPARECA Etablissement public d’aménagement et de restructuration des espaces commerciaux
et artisanaux
EPAVN Établissement public d’aménagement de ville nouvelle
EPCI Établissement public de coopération intercommunale
EPCS Etablissement public de coopération scientifique
EPIC Etablissement public industriel et commercial
ESH Entreprise sociale pour l’habitat
FAD Fonds d’aide à la décentralisation
FAL* Fonds d’action locale
FAR* Fonds d’aménagement rural
FAU* Fonds d’aménagement urbain
FCTVA Fonds de compensation de la taxe à la valeur ajoutée
FDES Fonds de développement économique et social
FEADER Fonds européen agricole de développement rural
FECL* Fonds d’équipement des collectivités locales
FEDER Fonds européen pour le développement régional
FEOGA Fonds européen d’orientation et de garantie agricoles
FGAS Fonds de garantie de l’accession sociale
FIAM* Fonds d’intervention pour l’autodéveloppement de la montagne
FIANE* Fonds d intervention et d’action pour la nature et l’environnement
FIAT* Fonds d’intervention pour l’aménagement du territoire
FIDAR* Fonds d intervention pour le développement et l’aménagement rural
FIM* Fonds industriel de modernisation
FIQV* Fonds interministériel pour la qualité de la vie
FIV Fonds interministériel d’intervention pour la ville
FNADT Fonds national d’aménagement et de développement du territoire
FNAFU* Fonds national pour l’aménagement foncier et l’urbanisme
FNAH* Fonds national pour l’amélioration de l’habitat
FNAL Fonds national des aides au logement
FNAT* Fonds national pour l’aménagement du territoire
FNPTP Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle
FRILE Fonds régionalisé d’aide aux initiatives locales pour l’emploi
FRU Fonds d intervention pour le renouvellement urbain
FSE Fonds social européen
FSGT* Fonds spécial des grands travaux
FSIR* Fonds spécial d’investissement routier
FSL Fonds de solidarité pour le logement
FSRIF Fonds de solidarité de la région Île-de-France
FSU* Fonds social urbain
GAM* Groupe d’action municipale
GCGOU Groupe central des grandes opérations d’urbanisme
GCVN* Groupe central des villes nouvelles
GECUS* Groupe d’études et de coordination de l’urbanisme souterrain
GEP* Groupe d’étude et de programmation
GES Gaz à effet de serre
GESPER Groupe d’étude et de suivi des contrats État-région
GFA Groupement foncier agricole
GIEC Groupe d’experts international sur l’évolution du climat
GOVM* Groupe opérationnel des villes moyennes
GPU* Grand projet urbain
SIGLES COURANTS

GPV* Grand projet de ville


GRLGarantie universelle des risques locatifs
GREF Génie rural, eaux et forêts
HBM* habitation bon marché
HLM Habitation à loyer modéré
HVS* Habitat et vie sociale
IAU-IDF Institut d’aménagement et d’urbanisme-Ile-de-France
IAURIF* Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France
IAURP* Institut d’urbanisme et d’aménagement de la région parisienne
Impôts forfaitaires de réseau
IFR
Institut français d’urbanisme (université de Paris 8)
IFU
IGF*Impôt sur les grandes fortunes
Immeuble de grande hauteur
IGH
Institut géographique national
IGN
ILM* Immeuble à loyer modéré
ILN*Immeuble à loyer normal
INED Institut national d’études démographiques
INRETS Institut national d’études sur les transports et leur securité
INSEE Institut national de la statistique et des études économiques
Impôt sur le revenu des personnes physiques
IRPP
Institut de recherche sur les transports
IRT
IUAS Institut d’urbanisme et d’aménagement de la Sorbonne (Université de Pans 1)
Impôt sur les sociétés
IS
Impôt de solidarité sur la fortune
ISF
ISMH Inventaire supplémentaire des monuments historiques
Institut d’urbanisme de Paris (Université de Paris-Est)
IUP
IUUP* Institut d’urbanisme de l’université de Paris
LOFLoi d’orientation foncière (30 décembre 1967)
LOLF Loi d’organisation de la loi de finances
LOPOFA* Logement populaire et familial
LOV Loi d’orientation sur la ville (13 juillet 1991)
LPN* Logement de première nécessité
MARNU* Modalités d’application du règlement national d ’urbanisme . . . .
Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable, de la Mer en charge
MEEDDM
des technologies vertes et des négociations sur le climat
MH Monument historique
MIN Marché d’intérêt national
MJC Maison des jeunes et de la culture
MOLLE Loi de mobilisation pour le logement et la lutte contre l’exclusion
MOUS Maîtrise d’œuvre urbaine et sociale
MRU* Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme ,
N Zone à protéger en raison de la qualité des paysages et des sites dans le plan local
d’urbanisme
NA* Zone d’urbanisation future dans les plans d’occupation des sols
NAF Nomenclature d’activités française
NB* Zone d’équipement partiel dans le plan d’occupation des sols
NC* Zone naturelle à protéger dans le plan d’occupation des sols
ND* Zone de protection contre les risques de nuisances et de sauvegarde des sites et des
paysages dans le plan d’occupation des sols
OGRI* Opération groupée de restauration immobilière
OIN Opération d’intérêt national
ONF Office national des forêts
OPAC* Office public d’aménagement et de construction
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT
XXVI

OPAH Opération programmée d’amélioration de l’habitat


OPH Office public de l’habitat
OPHLM* Office public d’habitations à loyer modéré
OPQU Office professionnel de qualification des urbanistes
OREAM* Organisme d’étude et d’aménagement d’aire métropolitaine
ORU* Opération de renouvellement urbain
ORU Opération de rénovation urbaine
PACT Association pour la protection, l’amélioration, la conservation et la transfoimation de l’habitat
PACT Programme d’aménagement concerté du territoire
PADD Projet d’aménagement et de développement durable
PADOG* Plan d’aménagement et d’organisation générale (de la région parisienne)
PAE Programme d’aménagement d’ensemble
PAF Programme d’action foncière
PAH Prime à l’amélioration de l’habitat
PALULOS Prime à l’amélioration des logements à usage locatif et d’occupation sociale
PAP* Prêt à l’accession à la propriété
PAR* Plan d’aménagement rural
PARP* Projet d’aménagement de la région parisienne (dit plan Prost)
PAS Prêt d’accession sociale
PAT Prime à l’aménagement du territoire
PAZ* Plan d’aménagement de zone
PC Permis de construire
PC Prêt conventionné
PCL* Prêt conventionné locatif
PCS Profession et catégorie socioprofessionnelle
PDALPD Plan départemental d’action pour le logement des personnes défavorisées
PDU Plan de déplacements urbains
PDUI* Plan d’urbanisme intercommunal
PEB Plan d’exposition au bruit
PEEC Participation des employeurs à l’effort de construction (dite 1 % logement)
PEL Plan d’épargne logement
PER* Plan d’exposition aux risques naturels prévisibles
PGS Plan de gêne sonore
PIC* Prêt immobilier conventionné
PIG Projet d’intérêt général
PLAI Prêt locatif aidé d’intégration
PLA-I* Prêt locatif aidé d’insertion
PLA-LM* Prêt locatif aidé à loyer modéré
PLA-TS* Prêt locatif aidé très social
PLD Plafond légal de densité
PLH Programme local de l’habitat
PLI Prêt locatif intermédiaire
PLR* Programme à loyer réduit
PLS Prêt locatif social
PLU Plan local d’urbanisme
PLUS Prêt locatif d’usage social
PME Petites et moyennes entreprises
PME* Plan de modernisation et d’équipement
PN Parc national
PNB Produit national brut
PNR Parc naturel régional
PNRU Programme national de rénovation urbaine
PNUD Programme des Nations-Unies pour le développement
SIGLES COURANTS

PNUE Programme des Nations-Unies pour l’environnement


POPS Plan d’occupation du patrimoine social
POS* Plan d’occupation des sols
PPR Plan de prévention des risques naturels prévisibles
PPU Prêt de projet urbain
PRCE Prime régionale à la création d’entreprises
PRE Prime régional à l’emploi
PRES Pôle de recherche et d’enseignement supérieur
PRI Périmètre de restauration immobilière
PRI* Programme de rénovation de l’habitat insalubre
PRI* Programme de restauration immobilière
PRU Prêt pour le renouvellement urbain
PSLA Prêt social de location-accession
PSMV Plan de sauvegarde et de mise en valeur
PSR Prélèvement sur recettes
PSR* Programme social de relogement
PSS* Programme social spécial
PTZ Prêt à taux zéro
PUC* Plan d’urbanisme communal
PUD* Plan d’urbanisme de détail
PUD* Plan d’urbanisme directeur
PVR Participation pour voirie et réseaux
RATP Régie autonome des transports parisiens
RER Réseau express régional
RFF Réseau ferré de France
RGP* Recensement général de la population
RGU Règles générales d’urbanisme
RHI* Rénovation de l’habitat insalubre
RMI Revenu minimal d’insertion
RN Réserve naturelle
RNU Règlement national d’urbanisme
RSA Revenu de solidarité active
SAFER Société d’aménagement foncier et d’établissement rural
SAN Syndicat d’agglomération nouvelle
SAU Surface agricole utile
SAUM* Schéma d’aptitude et d’utilisation de la mer
SAR Schéma d’aménagement régional
SCA* Syndicat communautaire d’aménagement
SCET* Société centrale pour l’équipement du territoire
SCIC* Société centrale immobilière de la Caisse des dépôts et consignations
SCOT (ou SCoT) Schéma de cohérence territoriale
SCPI Société civile de placement immobilier
SD* Schéma directeur
SDAU* Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme
SDAURP* Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Pans
SDAURIF* Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France
SDEC Schéma directeur de l’espace communautaire
SDRIF Schéma directeur de la région Île-de-France
SEM Société d’économie mixte
SESAME* Système d’études pour un schéma d’aménagement de la France
SETRA Service d’études techniques des routes et autoroutes
SFU Société française des urbanistes
SHOB Surface hors œuvre bmte
DICTIONNAIRE DE L'URBANISME ET DE L'AMÉNAGEMENT
XXVIII

SHON Surface hors œuvre nette


SI Syndicat intercommunal
SICOMI Société immobilière pour le commerce et l’industrie
SIDER Société d’investissement pour le développement rural
SIEP* Syndicat intercommunal d’études et de programmation
SIG Système d’information géographique
s ii * Société immobilière d’investissement
SIVOM Syndicat intercommunal à vocation multiple
SIVU Syndicat intercommunal à vocation unique
SMVM Schéma de mise en valeur de la mer
SNADT* Schéma national d’aménagement et de développement du territoire
SNCF Société nationale des chemins de fer français
SNI Société nationale immobilière (de la Caisse des dépôts et consignations)
SPL Système productif local ’
SRADT Schéma régional d’aménagement et de développement du territoire
SRAE Service régional de l’aménagement des eaux
SRU Solidarité et renouvellement urbain (loi du 13 décembre 2000)
STP* Syndicat des transports parisiens
STIF Syndicat des transports de l’île-de-France
STU* Service technique de l’urbanisme
TADB* Taxe additionnelle de droit au bail
TANS* Taxe d atténuation des nuisances sonores
TFPB Taxe foncière sur la propriété bâtie
TFPNB Taxe foncière sur la propriété non bâtie
TGAP Taxe générale d’activités polluantes
TGV Train à grande vitesse
TH Taxe d’habitation
TLE Taxe locale d’équipement
TP*
Taxe professionnelle
TPU* Taxe professionnelle unique
TPZ* Taxe professionnelle de zone
TVA Taxe à la valeur ajoutée
TVR Tramway sur voie routière
U Zone urbaine dans le plan d’occupation des sols et dans le plan local d’urbanisme
UESL Union d économie sociale pour le logement
UNFOHLM* Union nationale des fédérations d’organismes d’habitations à loyer modéré
UNIL Union nationale interprofessionnelle du logement
uoc* Service Urbanisme opérationnel et construction
UPA Unité pédagogique d’architecture
USH Union sociale pour l’habitat
U 2000* Programme « Universités pour l’an 2000 »
U3M* Programme «Universités du troisième millénaire»
VAL Véhicule automatique léger
VDPLD* Versement pour dépassement du plafond légal de densité
WF Village Vacances Famille
VMC Ventilation mécanique contrôlée
VRD Voirie et réseaux divers
VRTS* Versement représentatif de la taxe sur les salaires
VT Versement transport
ZAC Zone d’aménagement concerté
ZAD Zone d’aménagement différé
ZAI Zone d’activités industrielles
ZE Zone d’entreprise
SIGLES COURANTS

ZEP Zone d’environnement protégé


ZFU Zone franche urbaine
ZI Zone industrielle
ZIF Zone d’intervention foncière
ZNIEFF Zone naturelle d’intérêt écologique, faunique et floristique
ZPPAU* Zone de protection du patrimoine architectural et urbain
ZPPAUP Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager
ZRR Zone de revitalisation rurale
ZRU Zone de redynamisation urbaine
ZUP* Zone à urbaniser par priorité
ZUS Zone urbaine sensible
ABORDS

Employé au pluriel : « Ce qui entoure un


monument, une localité, une place de guerre »
(Littré). Dans la pratique du patrimoine, ce
terme en est venu à désigner les immeubles
bâtis ou non formant le cadre d’un monument
historique. Il est d’un usage récent, le monu­
ment ayant commencé par être défini comme
une entité autonome, indépendante de son
contexte bâti ou naturel (dans une acception
synonymique, le droit de l’urbanisme réserve
le vieux mot de « prospects » à l’entourage des
édifices nouveaux).
Un décret du 20 juin 1807 est venu protéger
« les abords du palais du Luxembourg » et
la circulaire du ministre de l’Intérieur du
19 février 1841 (confirmée par celle du 22 avril
1852) demandait aux préfets de « débarrasser
les édifices remarquables de constructions
modernes qui en obstruent les abords ».
Quelques précurseurs ont, dès les années
1850, souligné le rôle joué par l’« entou­
rage» des monuments. En France, on citera
en particulier Montalivet et Viollet-le-Duc
dans ses Entretiens sur l ’architecture (« Sep­
tième entretien», 1867). Mais il revient à
l’architeete-urbaniste viennois Camillo Sitte
d’avoir, le premier, abordé la question de
façon systématique en dénonçant « la maladie
moderne de dégagement » (Der Stàdtebau,
Vienne, 1889) et en analysant la relation
esthétique qui lie indissociablement le monu­
ment à son cadre urbain.
Le souci de « la conservation des perspec­
tives monumentales» à l ’occasion de l ’ins­
truction du permis de bâtir apparaît dans
l’article 118 de la loi du 11 juillet 1911 et ces
termes mêmes subsistent, sous cette forme,

jilliiHi:
dans la disposition héritée de ce texte, l’article
RI 11-21 du Code de l’urbanisme applicable
aujourd’hui, sur l’ensemble du territoire (hors
les zones particulières que sont les secteurs
sauvegardés dotés d ’un plan approuvé et les
zones de protection du patrimoine architectu­
ral, urbain et paysager), aux constructions
soumises à permis de construire, permis
d’aménager ou déclaration préalable au titre
du Code de l’urbanisme.
La loi du 31 décembre 1913, qui a fixé la
charte des monuments historiques en France,
traite explicitement des abords dans son
article premier. Mais il s’agit, en réalité, d’une
conception réductrice, exclusivement centrée
sur le seul monument qu’il s’agit d ’« isoler,
dégager ou assainir et embellir ».
En fait, c ’est à la première conférence
internationale sur la conservation des monu­
ments, tenue à Athènes en 1931, qu’il appar­
tint de poser le problème des abords dans son
ampleur théorique et pratique, au titre du
quatrième point de son ordre du jour concer­
nant «Entourage des monuments, protection
des abords, établissement de servitudes esthé­
tiques et archéologiques». Deux contribu­
tions pionnières étaient apportées, en
particulier, par l’architecte belge V. Horta et
le professeur italien Giorgio Nicodemi. Le
premier tentait d’énoncer un ensemble de lois
visuelles (quantifiées) et de principes d’har­
monisation pour un traitement contemporain
et non muséographique de F «entourage»
des monuments historiques. Nicodemi souli­
gnait la diversité typologique des « paysages
urbains dans lesquels s’inscrivent les monu­
m ents». Il concluait: «Les problèmes de
l'ambiance (produite par les abords) sont du
domaine de l ’urbanisme... Il ne s ’agit pas de
ABORDS 2

mettre les monuments hors de la vie, ce serait — crée un régime particulier de «péri­
les vouer à une mort prochaine, il fa u t savoir mètre de protection adapté au monument his­
les comprendre et leur donner toujours une torique » et de « périmètre de protection
place vivante dans la ville vivante. » modifié », dans les deux cas sur proposition
La protection des abords n ’était pas acquise de l’architecte des bâtiments de France.
pour autant. À la même époque, l’urbanisme Le périmètre de protection « adapté»
des ciam préconisait, au nom du progrès et de résulte d’un arrêté du préfet de département,
l’hygiène, la conservation sélective de monu­ après avis de la commission régionale du
ments isolés et la destruction des tissus anciens patrimoine et des sites. Il est lié à l’instruction
environnants (Charte d ’Athènes, 1933 ; Plan de propositions nouvelles de protection
Voisin de Le Corbusier, 1922-1930). d’immeubles au titre des monuments histo­
riques et intervient après enquête publique.
Les abords des monuments historiques Il est particulièrement approprié lorsque la
ne font l’objet d ’une protection juridique définition d’un tracé est aisée ou que l’on n ’a
s ’appliquant d ’emblée depuis la loi du besoin que d ’un périmètre réduit (bâtiments
25 février 1943. Cette loi crée la notion juri­ industriels, édicules ruraux...) ou très spéci­
dique de champ de visibilité des monuments fique (cônes de vue, perspectives...). La pro­
historiques en y instituant, pour les travaux position se fait en extension ou réduction du
réalisés sur les immeubles situés dans ce périmètre de droit commun. L’extension doit
champ de visibilité, une obligation d’autorisa­ intervenir en accord avec la commune ou les
tion spéciale comportant la consultation de communes intéressées.
l’architecte départemental des monuments Le périmètre de protection « modifié » est
historiques, prédécesseur de l’architecte des établi par arrêté du préfet de département
bâtiments de France. Les travaux prépara­ après accord de la ou des communes intéres­
toires de cette loi de 1943 invoquaient les sées et enquête publique de façon à désigner
dispositions précitées de l’article 118 de la loi des ensembles d’immeubles bâtis ou non qui
de 1911 sur la conservation des sites et des participent de l’environnement du monument
perspectives monumentales : d’où la parenté pour en préserver le caractère ou contribuer à
du mode de contrôle du juge administratif, en améliorer la qualité. Lorsque la nature du
dans la mouvance du célèbre arrêt Gomel monument ou de son environnement ne justi­
du 4 avril 1914 du Conseil d’État, quand il fie pas un périmètre de 500 mètres, la réduc­
statue pour contrôler respectivement l’atteinte tion tend à mieux répartir territorialement la
à la protection des abords ou le respect de mission de contrôle de l’architecte des bâti­
l’article RI 11-21 du Code de l’urbanisme. ments de France. À l’inverse, une proposition
Depuis la loi de 1943, le champ de visibilité d ’augmentation du périmètre est justifiée
d’un monument historique est défini par une quand il s’agit de très grands monuments ou
double condition de distance et de visibilité. de monuments inscrits sur la liste du patri­
Aujourd’hui, l’article L621-30-1 du Code du moine mondial de l’Unesco, dont la percep­
patrimoine: tion à très grande échelle doit être préservée.
— confirme qu’est situé dans le champ de L’avis de la commission régionale du patri­
visibilité d’un immeuble classé, inscrit ou moine et des sites est ici facultatif, mais il est
soumis à instance de classement tout autre recommandé quand il y a des difficultés parti­
immeuble, nu ou bâti, visible de l’immeuble culières ou quand il est prévisible que la ou
protégé en tant que monument historique (cri­ les communes concernées ne donneront pas
tère de «visibilité directe») ou visible en leur accord. Lorsque la modification est réali­
même temps que lui (critère de « covisibilité » sée à l’occasion de l’élaboration, de la modifi­
ou «visibilité simultanée») et situé dans un cation ou de la révision d ’un plan local
périmètre de 500 mètres ; d ’urbanisme ou d ’une carte communale,
— se réfère implicitement à la jurispru­ l’enquête publique est à l’initiative du maire
dence administrative relative à la condition ou du président de l ’établissem ent public
de distance, selon laquelle « l’expression intercommunal compétent et est menée
“périmètre de 500 mètres” doit s’entendre de concomitamment ; l’approbation de la carte
la distance de 500 m entre l’immeuble classé ou du plan emporte la modification du péri­
ou inscrit et la construction projetée» ; mètre. A défaut d ’accord des communes
ABORDS
3

concernées, la modification ne peut intervenir qualités propres, ses dimensions, l’étendue


que par décret en Conseil d’État après avis de de sa mesure de classement ou d’inscription,
la commission nationale des monuments his­ l’impression qu’il procure, l’appel à protec­
toriques. tion qui en émane, le caractère général de ses
Sans préjudice du récent pouvoir de pro­ alentours, la pratique de l’administration dans
position pour les périmètres de protection son mode antérieur de contrôle; de l’autre
adaptés ou modifiés, la place, donnée aux côté, les travaux projetés, leur nature, leur
architectes de bâtiments de France dans la importance relative, leur proximité effective,
protection des abords ses monuments histo­ leur caractère habituel ou exceptionnel, leurs
riques est restée déterminante. C’est à eux propres alentours, leur soumission principale
qu’incombe en première ligne le contrôle ou subsidiaire à la protection résultant d’un
auquel sont soumis les projets affectant des champ de visibilité, leur soumission ou non à
immeubles nus ou bâtis dans le champ de un régime d’autorisation d’urbanisme et à des
visibilité d’un édifice classé ou inscrit (ou lois de protection autres que la loi de 1913.
dans le champ de visibilité d’un parc ou jar­ Les édifices classés ou inscrits sont si divers,
din classé ou inscrit ne comportant pas d’édi­ les travaux projetés aux alentours si variés
fice classé ou inscrit, s’il a été l’objet d’un que le champ de protection du monument
périmètre de protection adapté ou modifié), relève beaucoup plus de l’influx qu’il propage
que ces projets consistent en construction de sa vertu propre que de critères de distance
nouvelle, démolition, déboisement, transfor­ ou de visibilité. La vision est celle de l’obser­
mation ou modification de nature à affecter vateur, faite de connaissance et de sensibilité,
l’aspect desdits immeubles. L’appréciation le champ est celui où s’exercent des rapports,
du «lien de visibilité» relève de la compé­ des tensions, des forces diverses liés à la qua­
tence de l’architecte des bâtiments de France lité et à l’importance respectives de ce qui est
sous le contrôle du juge administratif. protégé et de ce qui est projeté.
Les permis de démolir, de construire À l’encadrement du pouvoir d’appréciation
ou d ’am énager et les décisions de non- concourent les règles d’urbanisme opposables
opposition à déclaration préalable délivrés aux tiers (et s’imposant donc de toute façon
au titre du Code de l’urbanisme ne peuvent aux auteurs d ’avis), le recours alternatif
valoir autorisation au titre du Code du ou cumulatif à l ’article R lll-2 1 (ou, pour
patrimoine qu’avec l’accord de l’architecte des démolitions, au deuxième alinéa de
des bâtiments de France ou du ministre. Les l’article L421-6 du Code de l’urbanisme), le
autres travaux projetés font l’objet d ’une rôle régulateur du juge administratif et l’exis­
autorisation spéciale délivrée par le préfet tence enfin d’une voie spécifique de recours.
de département sur avis simple de l’archi­ Il existe en effet une procédure de recours
tecte des bâtiments de France (ou sur accord devant le préfet de région contre la décision
exprès du ministre). prise par l’architecte des bâtiments de France
Si ce pouvoir d’appréciation est grand, il à l’occasion de l’instruction d’une autorisa­
est cependant fortement encadré. tion d’urbanisme ou d ’une déclaration préa­
La finalité est « la protection des abords » lable. Les délais d'instruction sont majorés en
et les discussions éventuelles sur la distance conséquence. Le préfet de région dispose
ou la visibilité ne doivent pas faire oublier le d’un délai de trois mois et statue après consul­
véritable enjeu. Il ne suffisait pas de définir tation de la section de la commission régio­
en 1943 une condition géométrique et optique nale du patrimoine et des sites. En cas de
de protection automatique des abords (ou de silence du préfet de région, le recours est
s’en affranchir dans la période récente grâce à réputé rejeté (articles R424-1 et R423-68 du
un périmètre de protection «m odifié» ou Code de l’urbanisme).
«adapté»). L’essentiel est ailleurs. C ’est Depuis la création des zones de protection
l’enjeu de protection patrimonial qui est du patrimoine architectural, urbain et paysa­
déterminant. Il vient hiérarchiser les préoccu­ ger (zppaup), les effets des périmètres de pro­
pations et modifier l’importance relative des tection des monuments historiques cessent
éléments pris en considération. Les termes à dans ces zones. Et, vingt ans après, la loi
retenir sont, d’un côté, le monument, avec sa urbanisme et habitat du 2 juillet 2003 a prévu
nature particulière en tant qu’édifice, ses que la servitude de protection des abords
ABORDS 4

cesse de jouer dans un secteur sauvegardé — destruction: la détermination des des­


dont le plan a été approuvé (article L313-2-1 tructions à entreprendre est d’autant plus
du Code de l’urbanisme). Enfin, si subsiste à délicate que la qualité des abords d’un monu­
ce jour un cumul éventuel avec la servitude ment n’est pas nécessairement fonction de
de protection des sites, il n ’y a plus, depuis l’époque ou de la qualité de leur architec­
les réformes de 2005-2007, de superposition ture;
du régime propre au champ de visibilité des — construction de remplacement, reconsti­
monuments historiques lorsque les projets à tution ou complément : la difficulté consiste à
instruire relèvent au premier chef du régime établir une relation harmonieuse des éléments
des immeubles classés au titre des monu­ constitutifs des abords (parcellaire, volume,
ments historiques, des immeubles inscrits ou matériaux avec leurs couleurs et textures plus
des immeubles «adossés» aux immeubles importants que le style des édifices) entre eux
classés (article L621-31 du Code du patri­ et avec le monument.
moine, article 52 du décret n° 2007-487 du En ce qui concerne ce troisième point*
30 mars 2007, article R425-1 du Code de diverses attitudes ont prédominé en France
l’urbanisme). depuis la création de la législation des
abords. De 1943 à 1964, une attitude muséo­
Dans la mesure où il fait simultanément graphique a adopté soit la conservation en
appel à des connaissances et un savoir objec­ l’état et la restauration, soit la reconstitution
tifs et à des jugements de valeur et de goût à l’identique ; ju sq u ’en 1974, une attitude
reposant sur la sensibilité individuelle de ceux moderniste a visé, au contraire, l’introduc­
à qui il incombe, le traitement des abords pose tion, aux abords des monuments historiques,
des problèmes complexes. d ’une architecture résolument contempo­
Pour partie, c’est un des aspects de la pro­ raine, dont la qualité intrinsèque prévalait
blématique générale du patrimoine, divisée sur son harmonisation avec le monument et
entre les impératifs contradictoires de conser­ son cadre historiques ; depuis cette date, pré­
vation muséographique, d ’une part, et de vaut une attitude éclectique qui, au gré des
mise en valeur dans un cadre socio­ différents cas, ne récuse aucun type de solu­
économique contemporain, d ’autre part : ainsi tion.
les abords d’un monument historique peuvent Il apparaît, en effet, que chaque cas appelle
être considérés comme un écrin figé et intou­ une solution particulière et que des études
chable ou comme un environnement évolutif typologiques s ’avéreront sans doute mieux
vivant, et leur traitement peut engendrer des propres à guider l ’action qu’une doctrine
conflits entre les architectes des monuments monolithique. Il faut, en outre, signaler que
historiques et des bâtiments de France, les les notions d ’ensemble historique et de site
représentants des collectivités locales et les urbain tendent à englober celle d’abords et à
habitants. Les intérêts économiques et s’y substituer.
sociaux exprimés dans les plans locaux Au plan national, les affaires difficiles ont
d ’urbanisme et poussant au remplacement ou relevé de la Commission supérieure des
à l’utilisation des abords ne sont pas, le plus monuments historiques jusqu’en 1964, puis
souvent, conformes aux exigences de leur de la 2e section de cette commission supé­
conservation. Davantage, la perception rieure, dite section des abords. Le décret
qu’ont les habitants d’un monument et de ses n° 2007-612 du 25 avril 2007 confie désor­
abords ne coïncide pas nécessairement avec la mais à la troisième section de la Commission
perception scientifique ou érudite de techni­ nationale des monuments historiques la com­
ciens venus de l’extérieur. Au plan esthétique, pétence relative aux «périmètres de protec­
on distinguera schématiquement trois cas tion des immeubles classés ou inscrits et
illustrant la problématique spécifique des travaux sur les immeubles situés dans ces
abords : périmètres ». Cette section comprend treize
— constructions additionnelles dans un représentants de l’État, deux titulaires d ’un
environnement intact : du point de vue de la mandat électif, dix personnalités qualifiées et
covisibilité, les principales difficultés sont un contingent, ne pouvant dépasser quinze,
soulevées par l’aménagement de la voirie, le de personnalités qualifiées choisies comme
mobilier urbain, la publicité visuelle ; experts et siégeant lorsque sont examinés des
9 ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ

dossiers qui relèvent de leur domaine de com­ indicateur principal de la qualité de service
pétence. offert par un réseau.
F. C. et Ph. P.
La desserte d’un lieu est liée à la proximité
des points d’arrêt des transports publics, à
.9 Architecte des bâtiments de France ; Architecture d'accompa- leur fréquence, à leur temps de trajet, aux
nem ent; M onument historique; Patrimoine; Paysage;
econstitution; Restauration; Site; Zone de protection du
destinations qu’ils permettent d’atteindre. On
patrimoine architectural, urbain et paysager (zppaup ). parle de desserte cadencée pour un service
assuré à intervalles réguliers (par exemple
toutes les heures).
ACCESSIBILITÉ P. M.

Possibilité d’accès à un lieu ou à partir d’un -> Mobilité ; Modèle de distribution géographique des déplace­
m ents; Planification des transports.
lieu. L’accessibilité caractérise le niveau de
desserte et influe fortement sur le niveau des
valeurs foncières. On peut mesurer l’accessi­
bilité à partir d’un point (lieu de résidence) de ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ
plusieurs façons :
— par « tout ou rien » : ce lieu est acces­ Acquisition d ’un logement en recourant à
sible ou ne l’est pas ; par exemple en fonction l’emprunt. Les accédants à la propriété sont
de la distance à la plus proche station des les propriétaires qui n ’ont pas achevé de
transports en commun ; rembourser les emprunts contractés lors de
— par des courbes isochrones (reliant les l’achat.
points vers lesquels le temps de trajet est le Cette expression est employée surtout pour
même par un moyen de transport donné ou par la résidence principale. Le développement du
le plus rapide) ; on peut ainsi définir des durées crédit immobilier a été encouragé par la
d’accès moyennes aux différentes destinations volonté politique de répondre à une demande
dans la ville (aux emplois par exemple) ou une largement répandue, mais aussi de détourner
durée d’accès au centre ; des luttes sociales les nouveaux propriétaires
— par une moyenne des coûts généralisés en favorisant l’accession à la propriété. Celle-
de déplacements aux différentes destinations ci est progressivement devenue, depuis la fin
(emplois par exemple) ; de la seconde guerre mondiale, un fait social
— en fonction de l’offre de transport et du de masse. La propriété occupante est désor­
système d’activités : mais majoritaire parmi les ménages français,
avec 15,0 millions de ménages propriétaires
sur 26,3 millions selon l’enquête nationale
j logement en 2006 (57,2%), dont 5,1 millions
où stf.est l’accessibilité de i; d’accédants.
sont les opportunités (emplois par L’accession à la propriété a surtout
a exemple) attirant les déplacements concerné les logements neufs ju sq u ’aux
1 des différentes destinations) ; années 1980, mais cette proportion s’est inver­
est la fonction de résistance à la dis- sée avec le ralentissement de la construction.
d ) tance du modèle gravitaire (fonc- En 2006, les trois quarts des accédants récents
tion puissance ou exponentielle). (moins de 4 ans) avaient acquis un logement
dans le parc ancien. L’acquisition de maisons
Cette dernière formulation est la plus satis­ individuelles reste dominante (77 % des accé­
faisante. On peut pondérer les accessibilités dants en 2006 pour 23 % d’acquéreurs d’ap­
pour différents types d’opportunités (emplois, partements), mais l’achat d’appartements se
lieux d’achats, lieux dé loisirs...). développe à travers les programmes neufs des
Le concept d’accessibilité est fondamental, promoteurs et la mise en copropriété d ’im­
en particulier dans les pays en développement meubles anciens. Les logements acquis sont
où de nombreux quartiers périphériques ne confortables ou remis aux normes par leurs
sont pas desservis. Un indicateur d’accessibi­ acquéreurs (la quasi-totalité ont une baignoire
lité devrait, dans les études de transport, y ou une douche et des w.-c. intérieurs) et sont
remplacer les gains de coût généralisé comme plus grands (109 m?) que la moyenne (91 m2).
ACCIDENTS DE LA CIRCULATION

L’accession à la propriété a donc considéra­ plus risquées (tel le modèle anglais par
blement contribué à l’amélioration des condi­ exemple).
tions de logement.
La mise en place d ’aides publiques à
Les accédants à la propriété sensiblement l’accession alimente plusieurs polémiques de
plus nombreux chez les cadres et les profes­ manière récurrente :
sions intellectuelles supérieures (25 % en — Quelle définition faut-il donner à l’ac­
2006) et chez les professions intermédiaires cession sociale ?
(27 %). Ils appartiennent cependant à toutes ■
— Faut-il aider des ménages à faibles res­
les catégories sociales (19% parmi les sources à devenir propriétaires, en particulier
ouvriers et 14% parmi les employés). La dans le neuf, en leur faisant courir un risque
banalisation de l’accession à la propriété a en d ’insolvabilité lorsque leur situation finan­
effet été encouragée par la mise en place de cière ou familiale évoluera, et au prix d’un
longue date de dispositifs publics visant à sou­ accroissement massif des aides à la personne
tenir la solvabilisation des ménages à revenus (apl notamment) ?
modestes et à leur donner les moyens de faire — Faut-il aider les classes moyennes
face aux évolutions du coût du logement. primo-accédantes, au risque d ’alimenter la
Depuis 1995, le dispositif central de soutien à hausse des prix ou au contraire laisser s’opé­
l’accession dite « sociale » en France est lé rer un ajustement progressif des prix faute de
prêt à taux zéro (ptz). Réservé aux ménages demande Solvable ?
devenant pour la première fois propriétaire de — Comment éviter les effets d ’aubaine des
leur résidence principale, il est distribué Sous aides à l’accession, mobilisées par de jeunes
conditions de ressources et de composition ménages n’entrant que temporairement dans
familiale. Prêt complémentaire, souvent asso­ les plafonds de ressources et souvent aidés
cié à un prêt bancaire du secteur libre, l’effica­ par d’importants prêts familiaux ?
cité sociale de ce dispositif reste cependant Dans un contexte de contraintes budgé­
très sensible à la conjoncture immobilière et taires, quelle part faut-il donner dans l’utilisa­
aux conditions générales de crédit faites aux tion des deniers publics à l’aide à l’accession à
ménages. la propriété ? La propriété peut-elle être pro­
Les aides à l’accession peuvent également gressivement généralisée à la totalité des
prendre la forme de déductions fiscales des ménages, au risque de voir s’atrophier les sec­
intérêts d ’emprunts, de dispositifs de paie­ teurs locatifs public et privé, dont les occu­
ment différé du foncier ou de systèmes de pants ne seraient plus que ceux qui n ’auraient
sécurisation des accédants en cas d’accident pu profiter de l’accession, alors que l’évolu­
de la vie (assurances, fonds de garantie, aides tion des structures familiales (divortialité,
personnelles au logement...). De plus en plus familles monoparentales ou recomposées, per­
de collectivités locales, en particulier dans les sonnes seules, etc.) et des exigences du
zones de marché tendu, mettent en place leurs marché de l’emploi alimentent une demande
propres dispositifs de soutien à l’accession à constante pour l’offre de logements locatifs,
destination de leurs habitants (prêts à faible parc d ’accueil irremplaçable de la mobilité
taux d’intérêt, politiques de maîtrise des prix des ménages.
d ’opération par des réduction de charges fon­
A.-C. Da. et A. M.
cières...). Elles y sont encouragées par une
disposition de la loi « Engagement national Aide à la pierre; Copropriété; Crédit im m obilier; Famille;
pour le logement » de 2006 qui prévoit que la Logement; Parc de logements.

mise en place d ’une aide locale déclenche


l’accès à un ptz majoré pour les habitants de
la collectivité distributrice. ACCIDENTS DE LA CIRCULATION -► Sécurité
L’accession à la propriété est ainsi, en (des transports)
France, très sécurisée et enregistre un très
faible taux de sinistres (faillite des rembour­
sements), mais au prix d’un accès plus sélec­ ACCOMPAGNEMENT (ÉQUIPEMENTS D')
tif à la propriété que dans des pays ayant -* Équipements collectifs ; Local collectif
des politiques de crédit plus ouvertes mais résidentiel
7 ACIER

ACCORD PRÉALABLE -* Certificat L’organisation de l’espace bâti et l’urba­


d'urbanisme ; Permis de construire nisme sont fréquemment soumis à des change­
ments autoritaires ou à des modifications qui
s’avèrent être d’importants facteurs d’accultu­
ACCULTURATION ration. À ce propos, C. Lévi-Strauss (Anthro­
pologie structurale, Paris, 1958) a évoqué les
Introduit à la fin du siècle dernier par les conséquences des contraintes imposées autre­
anthropologues anglo-saxons, ce mot désigne fois par les missionnaires sur l’habitat des
ulors les phénomènes qui résultent de contacts Bororo, population indienne du Brésil répartie
directs et prolongés entre deux cultures diffé­ en villages dont l’organisation spatiale reflé­
rentes et sont caractérisés par la modification tait la structure sociale. Des auteurs ont
ou la transformation de l’un ou des deux montré également comment, aujourd’hui,
types culturels en présence. L’acculturation l’imposition d’une habitation de type nouveau
s’affirmait donc comme un aspect particulier (individuelle et non plus collective, de ciment
du processus de diffusion, selon lequel un fait et de tôle au lieu de terre battue et de palmes,
culturel (une institution, une invention tech­ etc.) pouvait conduire une société à l’effondre­
nique, etc.) caractéristique d’une société don­ ment de ses valeurs traditionnelles. Cet effon­
née pénètre dans une autre qui l’emprunte et drement peut être tout aussi radical lorsque
l’adopte. Mais si tout processus d’accultura­ la disposition même des agglomérations tra­
tion implique la diffusion, la réciproque n’est ditionnelles est remise en cause, comme l’a
pas vraie : il peut y avoir diffusion sans analysé P. Bourdieu dans le cas de villages
acculturation. algériens. Beaucoup d’exemples convergent
Aujourd’hui, le mot acculturation a généra­ pour montrer que le modèle occidental d ’habi­
lement pris un sens plus restrictif. Il désigne tat collectif ou d ’agglomération a occasionné
les effets du contact culturel de deux sociétés maints bouleversements sociaux en s’impo­
de puissance inégale, la société dominante, sant dans le monde entier au détriment des
plus nombreuse ou technologiquement mieux modèles locaux.
équipée - généralement de type industriel - M. P. et M. Pe.
s’imposant directement ou indirectement à la
culture dominée. _> Anthropologie sociale et culturelle; Nativism e; Relativisme
culturel.
Roger Bastide (Anthropologie appliquée,
Paris, 1971 ) a distingué trois modes d’accultu­
ration en fonction du rôle plus ou moins actif
de la société dominante : l’acculturation for­ ACIER
cée, l’acculturation planifiée et l’acculturation
libre. On parle aussi de « degré d’accultura­ Matériau très employé dans la construction
tion » pour en définir l’ampleur. Enfin, pou­ sous des formes diverses : profilés laminés à
vant être considérée comme l’un des aspects chaud pour poutres et poteaux de charpente,
ou le résultat du processus d ’acculturation, tôles laminées à chaud ou à froid, profilés
l’« assimilation » désigne l’adoption et la creux pour poteaux, profilés formés à
fusion en un tout cohérent, gardant les carac­ chaud pour la fabrication de menuiseries, pro­
téristiques essentielles de la culture tradition­ filés formés à froid pour la menuiserie et la
nelle, d ’éléments em pruntés à une autre charpente légère et pour la tôle nervurée utili­
culture. C ’est cette permanence qui la dis­ sée en revêtement de mur ou toiture. L’acier
tingue de l ’anomie (état de «pathologie est aussi utilisé sous forme de tiges comme
sociale » se traduisant par un désintérêt pour armature du béton.
les valeurs de la société et une rupture de la La construction métallique a suivi l’essor de
solidarité, dus soit aux contraintes intolérables la révolution industrielle. Elle s’est déployée
qu’exercent les institutions sur les individus, d’abord en Grande-Bretagne dès le tout début
soit à des phénomènes de déstructuration ou à du XIXe siècle, en France et aux États-Unis
des crises sociales passagères) et du syncré­ après 1815, puis en Allemagne. Elle s’est inté­
tisme culturel (synthèse de deux cultures ou ressée aux ouvrages d’art avant de s’appliquer
de deux éléments culturels différents qui à l’architecture : ponts suspendus - à hauban
subissent ainsi une réinterprétation). (système inventé par l’architecte Poyet), en
ACQUISITION FONCIÈRE 8

chaîne de fer, en fil de fer (système inventé en du boulonnage, avec l’emploi de boulons dits
Angleterre, amélioré aux Etats-Unis puis en « à haute résistance » à serrage contrôlé ; du
France, grâce à Plagniol et Seguin entre 1825 calcul de résistance des structures, notamment
et 1850) - , ponts en briques armées (système au feu ; de la conception de nouvelles formes
inventé par Brunei au London bridge en d’ossatures, telles que la structure tridimen­
1833), écluses, etc. L’architecture métallique sionnelle, nappe constituée de barres d ’acier
devint monumentale grâce à Labrouste qui qui permet de franchir de grandes portées en
utilisa le fer comme système de charpente et toiture.
de piliers (bibliothèque Sainte-Geneviève en A. Gu.
1850, Bibliothèque nationale en 1854). Car la
résistance de l’acier permet de grandes por­ -> Béton.
tées, des assemblages précis, des délais d’exé­
cution brefs. Il offre une certaine sécurité car,
avant rupture, il est capable de subir d’impor­ ACQUISITION FONCIÈRE
tantes déformations et, utilisé comme struc­
ture ou comme revêtement, favorise la Achat de terrains. L’acquisition peut être
légèreté de l’architecture. En France, l’âge effectuée de gré à gré au terme d’une négocia­
d ’or de la construction métallique se situe tion (à l’amiable), par une procédure contrai­
entre 1830 et 1914. Il s’estompe durant la pre­ gnante vis-à-vis du propriétaire (expropriation),
mière guerre mondiale, par suite de l’occupa­ par mise en vente publique (adjudication), ou
tion des régions sidérurgiques, au profit du encore par utilisation d’un droit de préemption.
béton armé, mais ce matériau n ’en continue L’acquisition foncière peut être effectuée
pas moins d ’être très utilisé aujourd’hui par un agent privé (particulier, entreprise) ou
encore aux États-Unis et au Japon où la sou­ public (Etat, collectivité locale). Elle peut
plesse du métal garantit des risques sismiques. avoir pour objet la construction, l’aménage­
L’acier perd sa résistance mécanique lors­ ment d ’équipements ou la constitution de
qu’il est soumis au feu (sa résistance critique réserves foncières. Le terrain peut être nu ou
avoisine 500 °C) et il se corrode (rouille). comporter des bâtiments qui devront être
D ’importants progrès ont été faits pour remé­ démolis, transformés ou réhabilités. Il peut
dier à ces deux inconvénients. La protection être viabilisé ou nécessiter des travaux d’infra­
contre le feu peut s’effectuer par enrobage des structure avant de devenir constructible.
éléments en acier dans des matériaux tels Une acquisition foncière donne en général
qu’amiante (dont on a par la suite identifié les lieu à un paiement de la valeur des biens
inconvénients en matière de santé), plâtre, acquis. Mais elle peut être réglée par un
béton de vermiculite, par réalisation de cais­ échange et en particulier par un paiement, au
sons protecteurs en plaques de plâtre, de ver­ terme de l’opération projetée sous forme de
miculite ou d’amiante, par projection d ’une terrains constructibles (opération d’aménage­
peinture spéciale qui gonfle sous l’action du ment) ou de locaux (opération de construction).
feu et forme écran, par remplissage d’eau, par Une acquisition est dite amiable lorsqu’elle
remplissage de béton. La protection contre la résulte d’une négociation entre le propriétaire
corrosion peut être assurée soit par la compo­ du bien et l’acheteur, quel que soit le statut
sition de l’acier lui-même (acier inoxydable, juridique de celui-ci. L’acquisition amiable
acier patinable formant à sa surface sous s’oppose à l’expropriation qui est une procé­
l’action des intempéries une couche autopro­ dure administrative et judiciaire par laquelle
tectrice), soit par application d’une protection une collectivité publique utilise le pouvoir de
de surface (peinture dont il existe aujourd’hui contrainte qui lui a été conféré (déclaration
une très grande variété appropriée à des d ’utilité publique) pour obtenir la propriété
emplois divers..., galvanisation, film plas­ d’un bien dont son propriétaire ne souhaitait
tique, émaillage). Il reste que le patrimoine pas nécessairement se dessaisir. L’adjudica­
métallique de la fin du XIXe siècle se dégrade à tion est la mise en vente publique, volontaire
vive allure, faute d’entretien et de protection. ou forcée d’un bien (par exemple d ’un bien
De grands progrès ont été également constituant le gage d’un emprunt non rem­
accomplis dans les domaines : de la soudure, boursé ou à la suite d ’une dette). Elle s’effec­
qui permet une grande diversité de formes ; tue donc au prix du marché.
9 ACTION FONCIÈRE
[
En pratique, ces trois formes de transaction concentraient à l’époque archaïque les fonctions
ne sont pas sans rapport, en particulier les défensive, religieuse, politique et mémoriale
deux premières. Il est courant, dans une opé­ (premières fondations, temple de la divinité pro­
ration d’aménagement, de voir entamer une tectrice). «Un site idéal combinait l’acropole et
procédure d’expropriation (déclaration d’uti­ la mer, la forteresse et le port qu’enfermait une
lité publique et ordonnance d ’expropriation), même enceinte » (Roland Martin), comme ce
tandis que sont menées simultanément des fut le cas à Argos, Samos, Cnide. La valeur
négociations à l’amiable avec le propriétaire symbolique dont fut investie l’Acropole
du bien : le propriétaire sait qu’il devra céder d’Athènes a longtemps conduit les historiens
son bien et préfère souvent négocier le prix et à attribuer un rôle faussement prépondérant à
la date de la transaction ; la collectivité béné­ cet élément qui n ’agit pas sur la configuration
ficiaire du droit d ’expropriation peut ainsi de la ville proprement dite, établie à ses pieds.
gagner du temps (et parfois de l’argent), et À partir du Ve siècle, l’agora « arrache peu à peu
également contribuer à Créer un climat local ses fonctions politiques et religieuses (à l’Acro­
moins défavorable à l’opération qu’elle pro­ pole) » (cf. R. Martin, L ’urbanisme dans la
jette. Les deux procédures (expropriation et Grèce antique, Paris, 1956).
négociation amiable) sont intimement mêlées Dans le langage courant, ce terme en est
et le plus souvent la transaction a lieu à venu à désigner, par analogie, un secteur
l’amiable au terme d ’une négociation qui a urbain élevé, particulièrement chargé de
pris pour base le prix estimé par le service valeurs mémoriales et/ou esthétiques.
des Domaines, éventuellement modifié par le F. C.
juge foncier (par référence aux prix de ter­
rains similaires). L’inconvénient de cette pro­ Agora.
cédure est cependant de s’écarter des prix du
marché si l’accord s’effectue trop tôt (avant
l’estimation par le service des Domaines). ACTION FONCIÈRE
L’adjudication est la règle pour la cession
de terrains aménagés par un organisme aména­ Ensemble de dispositions prises par un
geur comme pour les ventes des biens des per­ agent privé ou public pour acquérir ou contrô­
sonnes morales publiques (même entre elles). ler le sol.
Cette procédure a pour objet d ’éviter des Les particuliers et les entreprises peuvent
ententes qui conduiraient à des transactions à développer une action foncière, mais on
des prix artificiels par rapport au marché. emploie surtout cette expression pour les opé­
Un cas particulier est celui de l’utilisation rations des collectivités publiques. L’action
par une collectivité publique du droit de pré­ foncière des collectivités publiques peut avoir
emption qui lui a été accordé dans certaines pour objet d ’acquérir des terrains, soit en vue
zones, en se substituant à l’acheteur dans une de leur utilisation immédiate, soit en vue de la
transaction projetée. L’usage du droit de pré­ constitution de réserves foncières, mais aussi
emption peut avoir pour objet l’acquisition de surveiller ou d ’agir sur les prix fonciers.
d’un bien que la collectivité souhaitait acqué­ Elle comporte également la cession de terrains
rir, mais surtout d ’éviter des transactions à des pour réaliser des opérations de construction,
prix excessifs qui amorceraient un mouve­ d ’aménagement ou d’équipement prévus dans
ment de hausse dans un secteur où la collecti­ les plans d’urbanisme ou les programmes des
vité a des projets proches ou lointains. collectivités publiques.
M. S. Une action foncière exige la réunion de plu­
sieurs conditions :
-> Action foncière; Expropriation; Maîtrise foncière; Préemp­ — une possibilité d’acquérir, en utilisant
tion ; Réserves foncières.
un pouvoir de contrainte, les terrains déclarés
d ’utilité publique: c’est l’expropriation qui
suppose garanties et indemnisation du pro­
ACROPOLE priétaire ;
— une possibilité d ’intervenir sur le marché
Du grec acropolis (ville haute), ce terme dési­ foncier, soit pour acquérir des terrains dispo­
gnait la partie élevée d’une cité grecque où se nibles sans qu’on eh ait décidé l’utilisation

) j.
ACTIVITÉ DE BASE 10

(achats d ’opportunité), soit pour éviter une groupes d’activités, en fonction du stade où se
utilisation contraire à la politique d’urbanisme, situe l’intervention humaine :
soit enfin pour éviter une hausse spéculative — les activités primaires correspondent à
des prix: c’est le droit de préemption qui la production de matières brutes : tel est le cas
suppose un mécanisme de fixation du prix à de l’agriculture (y compris élevage et exploi­
un niveau juste mais non spéculatif ; tation forestière), de la pêche, des mines et
— des ressources financières : pour les carrières ;
grandes opérations d’urbanisme, celles-ci — les activités secondaires (ou indus­
peuvent venir de ressources budgétaires pour trielles) qui correspondent à la transformation
les terrains destinés à demeurer propriété des matières brutes et à la production de
publique ou de prêts pour les terrains destinés produits finis : artisanat, industrie de transfor­
à la cession après aménagement. mation, bâtiment et travaux publics ;
— les activités tertiaires qui correspondent
L’action foncière des collectivités publi­ à la production de services: commerce (de
ques s’exerce soit directement, soit à travers gros et de détail), transports, administration et
les organismes aménageurs (établissements services publics, services privés aux entre­
publics ou sociétés d ’économie mixte) prises et aux particuliers, etc.
agissant pour leur compte. Les opérations
d’importance nationale ou régionale sont plus En France, I’insee a établi et utilisé suc­
volontiers confiées en France à des établisse­ cessivement plusieurs nomenclatures. La
ments publics fonciers (tels que l’Agence nomenclature des activités économiques a été
foncière et technique de la région parisienne remplacée en 1973 par une nomenclature d’ac­
créée en 1962 qui a acheté notamment les tivités (naf, 1973) comportant 16 branches,
premiers terrains destinés à la réalisation des 19 secteurs d ’activités, 99 classes et
villes nouvelles) qui combinent les préroga­ 650 groupes d’activités. En 1993, I’insee l’a
tives et les moyens de l’État et des collectivi­ remplacée par une nomenclature d ’activités
tés territoriales et peuvent être dotés d ’une françaises (naf 93) et une nomenclature de
ressource régulière d’origine fiscale. Lorsque produits française (cpf 93) établies dans un
les opérations ont un caractère local, la cadre européen harmonisé. Ces deux nomen­
société d’économie mixte ou la collectivité clatures sont articulées entre elles. Ces nomen­
territoriale (départementale, communale, clatures ont été révisées en 2003, puis en 2008.
intercommunale...) dispose de la majorité et La NAF 2008 comprend 21 secteurs, 88 divi­
assume donc la responsabilité financière : sions, 272 groupes, 615 classes (avec
cette formule allie la souplesse de fonctionne­ 732 sous-classes). Les classes sont codifiées
ment du secteur privé aux possibilités par trois chiffres et une lettre.
d’action (accès aux financements privilégiés, Les 21 secteurs d’activités de la naf 2008,
délégation du droit de préemption ou auxquels correspondent autant de secteurs de
d ’expropriation) liées aux prérogatives du produits, sont les suivants :
secteur public. A Agriculture, sylviculture et pêche
P. M. et M. S. B Industries extractives
C Industries manufacturières
-* Acquisition foncière; Établissement public foncier; Expro­ D Production et distribution de gaz,
priation; Maîtrise foncière; Réserves foncières; Société
d'économie mixte.
d’électricité, de vapeur et d ’air condi­
tionné
E Production et distribution d’eau, assai­
ACTIVITÉ DE BASE -> Activité induite nissement, gestion des déchets et
dépollution
F Construction
ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE G Commerce, réparation d’automobiles et
de motocycles
Domaine de participation des personnes H Transports et entreposage
actives à la production et à l’échange de biens I Hébergement et restauration
et de services. K Activités financières et d’assurances
On distingue, après Colin Clark, trois grands L Activités immobilières
■M ACTIVITÉ INDUITE

M Activités spécialisées, scientifiques et plus qu’à l’activité économique ou même indi­


techniques viduelle), contiennent cette information ;
N Activités des services administratifs et — le niveau géographique d’influence d ’une
de soutien activité: nationale (administration centrale),
O Administrations publiques régionale, ville ou agglomération, commune
P Enseignement de banlieue ou quartier, voire groupe de loge­
Q Santé humaine et action sociale ments ou, à l’inverse, échelle internationale.
R Arts, spectacles et activités de récréation P. M.
S Autres activités de service
T Activités des ménages en tant qu’em­ -> Activité induite; Agriculture; Artisanat; Bureaux;
Com m erce; Industrie.
ployeurs, activités indifférenciées des
ménages en tant que producteurs
U Activités extra-territoriales.
Cette nomenclature peut concerner l’acti­ ACTIVITÉ INDUITE
vité des entreprises ou des groupes d ’entre­
prises comme celle des établissements. On Activité dont l’existence est liée à une autre
peut définir dans chaque cas uné activité prin­ activité ou aux besoins de la population rési­
cipale, des activités secondaires et des activi­ dente.
tés auxiliaires. Les économistes (Sombart, Hoyt, etc.) ont
Les classifications par activité écono­ distingué les activités fondamentales (ou de
mique doivent être clairement distinguées de base, ou motrices) des activités induites (par
celles qui concernent les activités profession­ les précédentes, directement ou non) et parlé
nelles (catégories socioprofessionnelles de multiplicateur d ’emploi (à affecter aux
par exemple). Les premières concernent l’acti­ emplois des activités fondamentales pour
vité collective de l’entreprise (ou de l’établis­ tenir compte des activités induites qu’elles
sement), les secondes l’activité individuelle entraînént). Les urbanistes ont défini le
(des personnes). Il n ’y a pas - il s’en faut de concept d’activités résidentielles (ou induites
beaucoup - recouvrement entre ces deux par la population résidente) comme celles
concepts: ainsi, l’industrie fait appel à beau­ dont l’installation d ’une population suscite,
coup de cadres et d ’employés (plus du tiers de au plan local, la création : commerces quoti­
ses effectifs en France, 70% à Paris) et diens, artisanat, services publics (école,
comporte un dixième environ de chefs d’entre­ poste...) et privés, etc. On a pu déterminer
prises et d’artisans, tandis que les activités ter­ (Merlin, Renberg, Boutilié, L’emploi résiden­
tiaires utilisent largement des ouvriers (au tiel en région parisienne, Cahiers de I ’iaurp,
moins un emploi tertiaire sur six, un sur quatre vol. 10, 1968) qu’à l’échelle d’une commune
en Île-de-France). À ce sujet, il convient d’évi­ de la banlieue de Paris on pouvait compter un
ter absolument les expressions équivoques et emploi résidentiel pour 8 habitants. Mais ce
incorrectes telles que « le tertiaire du taux est trop souvent utilisé de façon méca­
secondaire » pour désigner les « cols blancs » nique par les urbanistes. Il convient de ne pas
(cadres et employés) du secteur industriel. perdre de vue que, dans un cas précis, il
dépendra du statut social et économique de la
Les nomenclatures d ’activités écono­ population, de la qualité des services locaux
miques, comme celles d ’activités indivi­ existant dans le voisinage, de l’ancienneté du
duelles, correspondent chacune à un objectif. quartier (il est plus faible dans un quartier très
Les urbanistes et les aménageurs en ont récent) et surtout de l’échelle géographique à
d’autres, auxquels les nomenclatures usuelles laquelle l’analyse est menée : un emploi rési­
répondent mal, en particulier : dentiel à l’échelle d’une ville ne l’est pas à
— le type de locaux où s’exerce l’activité : celle d’un quartier ou d’un groupe de loge­
bureaux, ateliers, laboratoires, etc., ou son ments. Il faut donc distinguer des aires succes­
caractère itinérant (ouvriers du bâtiment, cer­ sives d’influence des activités et établir une
tains employés des transports, etc.): seules véritable hiérarchie spatiale des emplois pour
quelques sources statistiques, par exemple chaque grand secteur (Vignaux, Merlin,
celles qui concernent les accidents du travail Lebel, Hiérarchie spatiale des activités en ban­
(parce que le risque en est lié à ce type de locaux, lieue de Paris, in Cahiers de Viaurp, vol. 22,
ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE 12

1971). À l'échelle communale, l’emploi rési­ Depuis 1983, l’Institut national de la statis­
dentiel correspond, environ par tiers, à des tique et des études économiques a introduit,
activités secondaires (artisanat notamment), à par refonte complète des nomenclatures précé­
des services publics ou privés et à des com­ dentes, une nouvelle nomenclature des « pro­
merces et des professions libérales. fessions et catégories socioprofessionnelles »
P. M.
(pcs) qui remplace celle des catégories socio­
professionnelles, celle des emplois et le code
Activité économique ; Activité professionnelle. des métiers. Elle a été révisée en 2003 (pcs,
2003). Cette nouvelle nomenclature comporte
486 rubriques de profession, regroupées en
ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE 42 catégories socioprofessionnelles (CS,
dont 32 pour les actifs et 10 pour les inactifs)
Position d ’une personne qui occupe un ou en 24 niveaux, puis en 8 grands groupes
emploi, c’est-à-dire exerce une profession, que socioprofessionnels (6 pour les actifs et 2 pour
ce soit à titre salarié ou comme indépendant. les inactifs). Ces 8 groupes (et les 24 niveaux)
Les statistiques concernant l’activité profes­ sont:
sionnelle (taux d’activité notamment) incluent 1 Agriculteurs exploitants
les personnes à la recherche d’un emploi (chô­ 2 Artisans, commerçants; chefs d’entre­
meurs). L’ensemble des personnes actives (en prise (de 10 salariés et plus)
activité) constitue la population active. 3 Cadres supérieurs (entreprises ; fonction
Les activités font l’objet de plusieurs types publique; professions intellectuelles
de classification supérieures ; professions libérales)
— selon le secteur économique (voir à 4 Professions intermédiaires (de la fonc­
« Activité économique ») ; tion publique ; des entreprises ; techni­
— selon le statut qui traduit la situation ciens, maîtrise)
d’une personne dans sa profession. Le code 5 Employés (fonction publique ; entre­
Insee distingue les indépendants (clergé, indé­ prises; commerce; services aux parti­
pendants sans salariés, employeurs, aides culiers)
familiaux), les apprentis, les travailleurs à 6 Ouvriers (qualifiés ; non qualifiés ; agri­
domicile, les salariés d’établissements privés, coles)
les salariés des services publics et les salariés 7 Retraités (agriculteurs exploitants ; arti­
de l’État et des collectivités locales ; sans, commerçants, chefs d’entreprise ;
— selon les métiers et activités individuelles : cadres et professions intermédiaires;
nomenclature Insee de 1954 à 1 200 rubriques ; employés et ouvriers)
code des métiers de 1968 à 327 rubriques, enfin 8 Autres personnes sans activité profes­
nomenclature des emplois (294 rubriques) de sionnelle (chômeurs n ’ayant jamais
l’Insee et des affaires sociales ; travaillé ; militaires du contingent ;
— selon la profession exercée par la per­ étudiants et élèves de plus de quinze
sonne et sa place dans la société. Jusqu’en ans; autres inactifs) (les chômeurs
1983, on utilisait en France une classification ayant travaillé sont classés en fonction
en catégories socioprofessionnelles (csp), éta­ de leur dernière activité)
blie en 1962, qui distinguait notamment : P. M.
0 Agriculteurs exploitants
1 Salariés agricoles -* Emploi ; Population active ; Ta u x d'activité.

2 Patrons de l’industrie et du commerce


(industriels, commerçants, artisans)
3 Cadres supérieurs et professions libérales ACTIVITÉ RÉSIDENTIELLE — Activité induite
4 Cadres moyens
5 Employés
6 Ouvriers (manœuvres, ouvriers spécia­ ACTUALISATION
lisés, ouvriers qualifiés, contremaîtres)
7 Personnel de service Procédure par laquelle une valeur écono­
8 Armée, police, clergé, artistes mique future, par exemple une somme
9 Inactifs d’argent ou la valeur nominale d’un capital à
Î3 ADMINISTRATION DE MISSION

percevoir dans plusieurs armées, est ramenée à ADJUDICATION —» Acquisition foncière


son équivalent présent, Cette opération, bien
connue en mathématiques financières et dans
la pratique des actuaires, revêt une importance ADMINISTRATEUR DE BIENS -+ Agent
particulière dans le calcul économique pour le immobilier. Marchand de biens
choix des projets d’investissement. Elle néces­
site d’introduire un facteur d’actualisation ou
taux d ’actualisation a, lequel exprime le taux ADMINISTRATION —►Activité économique ;
de préférence intertemporelle du sujet écono­ Bâtiments administratifs
mique (ou, si l’on veut, l’intensité de sa préfé­
rence pour les valeurs présentes relativement
aux valeurs futures). Soit V, la valeur future ADMINISTRATION DE MISSION
d’un capital à percevoir dans t années, a le
taux d’actualisation et V0 l’équivalent présent Apparue après la seconde guerre mondiale,
de V„ on a la relation : T administration «de mission» est fondée sur
la poursuite d’une tâche déterminée avec des
moyens réduits (fonctionnaires détachés et
V — ÜL- agents contractuels en nombre restreint,
0 M ' grande mobilité géographique, dotations bud­
gétaires spécifiques et interministérielles).
On remarquera que le taux d’actualisation S’opposant à l’administration «de gestion»
joue un rôle symétrique à celui du taux d ’inté­ traditionnelle, l’action des organismes rele­
rêt. vant de ce principe consistera à concevoir un
La formule (1) se complique lorsqu’il s ’agit projet de façon synthétique et par-delà les
d’estimer l’équivalent présent d’une somme cloisonnements administratifs, à donner
de valeurs futures différentes perçues succes­ l’impulsion nécessaire à son lancement, et à
sivement dans 1, 2, ..., n années. On a dans en contrôler le déroulement.
ce cas : Les premiers organismes s ’inspirant de
cette conception furent le Commissariat géné­
ral du plan et le Commissariat à l’énergie ato­
V0 = — - i - + ---- 2— + ... + ----- = ÿ . ' mique, puis la Délégation à l’aménagement du
(l + a) (l + o) (l + a j 1 ,=1(l + a )< territoire et l ’action régionale. À partir de
1963, cette formule a été poursuivie avec une
série de missions interministérielles, cette fois
La formule (2) est très utile dans le choix largement déconcentrées, leur siège ne se
des projets d’investissements pluriannuels. situant plus nécessairement dans la capitale,
Le niveau du taux d’actualisation n ’est pas pour la mise en valeur d ’espaces régionaux
sans influencer le choix du meilleur projet. particuliers: aménagement du littoral
On peut aussi calculer le taux d ’actualisation Languedoc-Roussillon en 1963, de la côte
qui annule le bilan actualisé. Ce taux d ’actua­ Aquitaine en 1967, de l’espace naturel médi­
lisation de référence est appelé taux de rende­ terranéen en 1972.
ment interne d’un projet. L’administration de mission a été ensuite
Les calculs d’actualisation sont classiques utilisée pour la mise en valeur des ressources
dans l’analyse coûts-avantages. En urba­ naturelles (problèmes de l’eau en 1969) ou
nisme, ils s’appliquent notamment au choix encore pour la solution de problèmes politi­
des infrastructures de transport, à la rénova­ quement délicats de coordination inter­
tion urbaine et à toutes les opérations d’amé­ communale : mission d ’aménagement de
nagement échelonnées dans le temps. l’étang de Berre, créée pour la mise en
P.-H. D. œuvre de l’industrialisation de Fos-sur-Mer
(afin de coordonner l’action des communes
- » Coûts-avantages {analyse); Intérêt; Investissement. qui avaient refusé de faire partie de l’établis­
sement public d’aménagement des rives de
l’étang de Berre - décidé dans le cadre de la
ADDUCTION D'EAU'—» Eau législation de 1970 sur les villes nouvelles - ,
ADVOCACY PLANNING 14

une mission interministérielle pour l’aména­ F intérieur de ses limites, des entrepôts et des
gement de Fos et de l’étang de Berre lui a activités diverses, qui y trouvent une adresse
succédé en 1973). jugée prestigieuse, une facilité d ’accès aux
Un exemple caractéristique de cette vols privés ou commerciaux et des services
démarche a été la création, en 1972 de la communs : l’aéroport y trouve une ressource
mission interministérielle pour le parc de financière qui peut être très importante pour
Sofia-Antipolis. En fait, le projet et le début certains grands aéroports, notamment Roissy-
de réalisation avaient été dus à une initiative Charles de Gaulle (Roissy-CDG).
privée, sous forme d’association, avec le sou­ On appelle héliport un aéroport réservé au
tien du conseil général des Alpes-Maritimes, trafic des hélicoptères : ce terme est employé
dès 1969 et la mission est venue apporter la pour des installations importantes (Issy-les-
reconnaissance de l’État. Premier technopole Moulineaux, aéroport de Paris). On parle
français, et sans doute le plus ambitieux, d’aire d’atterrissage pour de simples espaces
Sofia-Antipolis a accueilli, sur 2 636 ha, réservés à la pose et à l’envol des hélicoptères.
quelque 1 400 entreprises, près de 30 000 L’aérogare (ou les aérogares dans les très
emplois et 7 000 habitants. grands aéroports) est constituée des installa­
La réalisation des villes nouvelles a égale­ tions réservées aux passagers et, en partie, aux
ment donné lieu à la création de missions visiteurs ; comptoirs d’information et de vente
d’études et d’aménagement qui ont précédé des compagnies, salles d’attente, commerces
l’institution d’établissements publics d’amé­ et services, cafés et restaurants, etc.), ainsi
nagement. Les premières, qui ont eu une que de celles utilisées par les compagnies
existence de quelques années, comme les aériennes. Les aérogares sont d ’autant plus
seconds, qui ont correspondu à la durée de la importantes que le trafic est plus intense : elles
réalisation (entre quinze et quarante ans), peuvent représenter, dans les grands aéroports
sont par essence temporaires. internationaux, jusqu’aux trois quarts du coût
Y. P. d’investissement. Certaines aérogares (Paris-
Invalides) peuvent être situées en centre-ville :
- » Aménagement du territoire; Établissement public d'aména­ les usagers peuvent y accomplir une partie des
gement de ville nouvelle. formalités avant envol (enregistrement) et être
transportés à l’aéroport en autocar ou par un
ADVOCACY PLANNING -+ Luttes urbaines; moyen de transports en commun (métro). On
Participation utilise de moins en moins cette formule en
raison de la tendance majoritaire à rejoindre
les aéroports en automobile ou en taxi et de la
desserte fréquente des plus importants d’entre
AÉRODROME —> Aéroport; Bruit; Pollution; eux par une ligne ferrée (métro à Londres-
Pollution atmosphérique ; Prescriptions Heathrow, rer à Roissy-CDG depuis 1981,
d'aménagement et d'urbanisme ; Transport métro léger « Orlyval » à Orly).
aérien
La surface occupée par un aéroport est très
variable selon son importance. Elle dépend du
AÉROPORT trafic prévu lors de sa construction (ou de son
extension), de l’importance des installations
L’aérodrome est un terrain aménagé pour le techniques et des activités présentes sur le
décollage et l’atterrissage des avions, qui ne site, enfin des choix d ’aménagement, eux-
comporte généralement que des installations mêmes liés à la localisation (les aéroports éloi­
très sommaires destinées aux usagers (passa­ gnés des centres-villes sont généralement plus
gers, pilotes et autres personnels techniques, étendus). La piste (ou les pistes) est de lon­
visiteurs), voire aucune. Il comporte des gueur variable : de 600 mètres pour un petit
pistes, des voies de circulation des avions, des aérodrome (classe E) à plus de 2 100 mètres
hangars et une tour de contrôle du mouve­ (et en général 3 000 mètres, voire 3 500) pour
ment des avions. Un aéroport est au contraire un aéroport de classe A selon la classification
doté d’installations, parfois importantes, des­ de l’Organisation de l’aviation civile interna­
tinées à ces usagers. Il peut même recevoir, à tionale (oaci). La surface réservée à l’aéroport

|||||||| L p !H M |ia ||,!|t|l|!l!> ........... MWW IfflW 'IW I1'


15 AÉROPORT

peut atteindre 10 000 ha pour un grand aéro­ ce qui entraîne des coûts de voirie, ou à défaut
port international (Djeddah) ou l’approcher des encombrements et crée une pollution
(Dallas-Fort Worth : 7 720 ha). L’aéroport de accrue. D’autre part, si les collectivités locales
Roissy-CDG occupe plus de 3 000 ha, celui sont a priori favorables à une implantation qui
d’Orly, 1 500 ha, l’héliport d ’Issy-les- leur apportera prestige, activités et emplois et
Moulineaux, aux limites de la ville de Paris, ressources financières, les habitants voisins
6 ha. Un aérodrome n ’utilise que quelques s’opposent presque systématiquement au pro­
hectares. jet. En outre, n ’importe quel site ne peut pas
La localisation de l’aéroport (ou des aéro­ recevoir un aéroport : le terrain doit être plat
ports) est très importante pour l’aménagement (d’où la difficulté dans des sites accidentés), la
d’une agglomération. Il faut trouver un équi­ météorologie favorable (faible fréquence des
libre entre la facilité d’accès pour les usagers brouillards en particulier), la population et les
d’une part, la disponibilité et le coût des ter­ activités existantes réduites et, bien sûr, la
rains et la limitation des nuisances (bruit et clientèle pas trop éloignée.
pollution atmosphérique surtout) pour les
habitants (souvent ju sq u ’à une distance La lutte contre les nuisances est devenue
importante dans l’axe des pistes et sous les un impératif pour les aéroports. L’opinion
couloirs de vol) d ’autre part. L’expérience publique, et en particulier les pressions des
montre que des aéroports trop proches, outre riverains et des population situées dans la
les nuisances qu’ils occasionnent, rencontrent zone de bruit, mais aussi les pouvoirs
des difficultés d’extension et conduisent sou­ publics, les y poussent et ils mettent de plus
vent à construire un nouvel aéroport plus éloi­ en plus un point d ’honneur à souligner les
gné. Ainsi, Paris a connu successivement Le efforts entrepris et les résultats obtenus. Une
Bourget (aujourd’hui réservé au trafic partie de la réduction de ces nuisances
d’affaires, mis dont on peut se demander si, le dépend des constructeurs d’aéronefs (avions
maintien en activité est justifié), Orly et moins bruyants et moins polluants) et des
Roissy-CDG et un quatrième aéroport, à une compagnies aériennes (renouvellement de
centaine de kilomètres de Paris, est envisagé leur flotte, consignes aux pilotes). Les aéro­
depuis deux décennies sans qu’aucune déci­ ports y contribuent par des choix d’aménage­
sion n ’ait été prise. A l’inverse, un aéroport ment (orientation des pistes) et de gestion
trop éloigné augmente les temps d’accès, ce (horaires de fonctionnement et en particulier
qui peut dissuader les usagers, surtout si un interdiction souhaitable des vols de nuit). Le
aéroport plus proche est maintenu en activité. bruit est en effet incontestablement la nui­
Ainsi, à Montréal, le vaste aéroport de Mirabel sance qui suscité le plus de réclamations,
(7 200 ha), à 40 km du centre, destiné initiale­ voire de plaintes. En France, la loi du
ment aux vols long et moyen courrier a-t-il été 11 juillet 1985 relative à l’urbanisme au voi­
boudé par les usagers, puis par les compagnies sinage des aérodromes prévoit l’élaboration
aériennes et le trafic (sauf les vols nolisés) est d ’un plan d ’exposition au bruit (peb ) qui
revenu à l’ancien aéroport de Dorval (moins comporte un zonage : seuls les équipements
de 20 km du centre). Aussi, certaines villes nécessaires à l’activité aérienne peuvent être
retardent-elles au maximum l’ouverture construits dans la zone A (indice psophique
d ’un nouvel aéroport (Tokyo, Hong-Kong, supérieur à 96) ; les logements nécessaires
Athènes, Los Angeles, etc.). La solution est aux activités peuvent être autorisés dans la
souvent recherchée à travers une localisation zone B (indice entre 89 et 96) et les maisons
relativement éloignée, mais desservie à la fois individuelles non groupées dans la zone C
par une autoroute et par une ligne de transport (indice psophique entre 78 et 89). En
ferrée : les sites envisagés pour un quatrième revanche les locaux d ’activités sont autorisés
aéroport parisien sont tous situés le long de dans ces zones de bruit. Ces dispositions ont
lignes du TGV, sur lesquelles une station spé­ été renforcées par le décret du 27 mars 1997
ciale pourrait être ouverte (c’est déjà le cas qui prévoit :
pour Roissy-CDG depuis 1994). Mais même — des règles pour limiter la croissance du
cette solution se heurte à plusieurs difficultés. trafic dans les aéroports ;
D’une part, la majorité des usagers conserve — une charte de la qualité de l’environne­
l’habitude de venir en automobile ou en taxi, ment sonore des aérodromes (adoptée en 1998) ;
AÉROTRAIN 16

— la création d’une Autorité de contrôle des AFFICHAGE DES ACTES ADMINISTRATIFS


nuisances sonores aéroportuaires (I’acnusa , -> Permis de construire ; Tiers (droit des)
mise en place en 2000), chargée de contrôler
ces nuisances au voisinage des six plus grands
aéroports; ÂGE -> Population
— l’élaboration d’un plan de gêne sonore
(pgs) pour l’aéroport de Roissy-CDG (approuvé
en 1998, et révisé par la suite) a doublé la AGENCE D'AGGLOMÉRATION -+ Agence
surface et la population qui peut prétendre à d'urbanisme
des aides à l’insonorisation (37 000 habitants
selon le PGS de 1998) et la taxe d’atténuation
des nuisances sonores, qui finance ces aides a AGENCE DÉPARTEMENTALE -> Agence
été doublée (puis intégrée en 1999 dans la taxe d'urbanisme
générale d’activités polluantes).

Les aéroports peuvent être des centres AGENCE D'URBANISME


d’emplois importants. On estime, en 2010, le
nombre d’emplois, dans les limites de l’aéro­ Structure d’études urbaines « mixte », asso­
port, à 90 000 à Roissy-CDG et à 26 000 à ciant l’État et les collectivités locales, et pou­
Orly. Une partie est constituée par les vant opérer à l’échelle de l’agglomération ou
emplois nécessaires au fonctionnement de du département. À l’échelle de l’aggloméra­
celui-ci (administration de l’aéroport, person­ tion, l’agence d ’urbanisme est apparue en
nel des compagnies aériennes, des com ­ 1963 à Rouen, puis en 1965 au Havre, sous
merces et des services de l’aérogare, etc.). la forme de sociétés civiles constituées entre
Mais une large partie correspond à des entre­ des bureaux d’études semi-publics et privés,
prises qui auraient pu s’installer ailleurs, mais mais contrôlées par un conseil de surveillance
ont choisi les zones proposées par l’aéroport. nommé par le préfet, composé d’élus, de
Les aéroports encouragent ces implantations : représentants de l’État et de personnalités. En
Aéroports d ’île-de-France a ainsi aménagé 1966 a été créée à Lille une agence dépour­
les zones d ’activités d ’Orlytech et de vue de personnalité morale, puis en 1967 à
Roissytech, aisément remplies. Ils peuvent Strasbourg une association de droit local.
même aménager des bureaux spéciaux, dans Ultérieurement, toute une série d ’agences
l’aérogare, pour les hommes d’affaires qui, (regroupées dans la Fédération nationale des
ne voulant pas quitter l’aéroport pour gagner agences d’urbanisme) ont été créées dans les
du temps, y organisent leurs réunions de tra­ grandes villes françaises, principalement
vail. De nombreuses entreprises apprécient comme organes d’études, mais aussi comme
également d’avoir, dans les limites de l’aéro­ structures de concertation avec l’État.
port, des entrepôts sous douane pour éviter La loi d ’orientation foncière avait prévu
de payer des droits de douane pour des mar­ en 1967 de créer des établissements publics
chandises en transit international. Il faut en d’études et de recherches, mais elle n’a été
outre mentionner les nombreuses entreprises suivie d ’aucun décret d ’application. Les
qui se localisent à proximité des aéroports. agences mixtes d’agglomération créées sous
On peut citer le cas de Roissy-CDG, avec en le régime des associations-loi de 1901 ont
particulier Garonor, le parc d’exposition de adopté des structures fidèlement alignées sur
Villepinte, les usines Citroën, etc. ou, à une celles qui étaient prévues par le législateur
échelle plus modeste celui du technopole dit de la lof. Trente-deux avaient été créées au
Agropole à côté de l’aéroport d’Avignon- 1er janvier 1993. La loi Voynet du 25 juin
Caumont. 1999 a confirmé leur rôle.
P. M. Outre l’État et les communes (ou leurs
groupements), les agences d ’urbanisme
Bruit ; Pollution ; Pollution atmosphérique ; Transport aérien. peuvent associer le département, la région,
voire les Chambres de commerce et d’indus­
trie ou un établissement public concerné par
AÉROTRAIN -> Chemin de fer l’aménagement. Elles sont financées par les
17 AGENCE FONCIÈRE E T TECHNIQUE DE LA RÉGION PARISIENNE

communes (ou leurs groupements), mais eaux, est un cadre qui se prête bien à l’aména­
éventuellement aussi par les régions ou les gement et à la planification.
départements, et peuvent recevoir des subven­ En France, les agences financières de bassin
tions de l’État. Elles se sont regroupées au ont été créées par la loi relative au régime et à
sein d ’une fédération nationale des agences la répartition des eaux et à la lutte contre leur
d’urbanisme. pollution. Elles ont été rebaptisées agences de
Leurs objets sont variés. Mais, dans tous les l’eau par la loi sur l’eau de 1992 et leur prin­
cas, elles constituent une structure d’études et cipe a été généralisé à l’échelle européenne
de conseil auprès des collectivités territoriales, par la directive cadre 2000/60 établissant un
distincte des services engagés dans les tâches cadre pour une politique communautaire dans
opérationnelles. Elles jouent également le rôle le domaine de l’eau. Ce sont des établisse­
de lieu de concertation pour les collectivités ments publics qui ont pour but « d ’assurer
territoriales. Elles disposent d’une équipe plu­ l’équilibre des besoins et des ressources en
ridisciplinaire de spécialistes, ce qui leur per­ eau, d’atteindre les objectifs de qualité définis
met d’entreprendre des études prospectives, par les règlements (...) d ’améliorer et
d’assurer le suivi d’observatoires de données d’accroître les ressources et d’assurer la pro­
(emploi, logement, etc.), d’élaborer des docu­ tection contre les inondations » (décret du
ments d ’urbanisme, de préparer des contrats 14 septembre 1966).
de ville ou d’agglomération, de participer à la Ces agences sont chargées :
définition du projet urbain et à la promotion — de procéder aux études nécessaires, et
de l’agglomération. de faire des plans pluriannuels d’utilisation de
A l’échelle départementale, des agences l’eau ;
mixtes ont également été créées (les premières — de coordonner l’activité des différents
en Côte-d’Or et en Savoie, ainsi que dans les ministères et des collectivités locales ;
quatre départements d’outre-mer) et fonction­ — de participer aux travaux nécessaires.
naient de la même façon que les agences La mise en place des agences est un moyen
mixtes d’agglomération. de mettre en œuvre le principe selon lequel
Ces organes « mixtes » doivent être dis­ les responsables d’une nuisance, ici essentiel­
tingués des « agences » créées par les collecti­ lement la pollution des eaux, doivent prendre
vités locales. Dans la crainte de voir se en charge la réparation des dommages (prin­
perpétuer la dépendance des communes cipe «pollueur-payeur»). Les agences sont
dépourvues de moyens humains propres pour donc autorisées à prélever des redevances
la conduite de leur politique urbaine, il a été auprès des gros consommateurs ou de ceux
prévu que celles qui ne souhaiteraient pas faire qui « contribuent à la détérioration de la qua­
appel comme par le passé aux services exté­ lité des eaux » ou qui modifient leur régime.
rieurs de l’État « en tant que de besoin » pour­ L’agriculture échappe néanmoins largement à
ront s’associer avec le département au sein ces redevances.
d’une « agence départementale » leur appor­ Les agences de l’eau sont au nombre
tant une assistance technique et juridique. de six : Rhin-Meuse ; Artois-Picardie ; Seine-
P. M. et Y. P. Normandie; Loire-Bretagne; Adour-Garonne;
Rhône-Méditerranée-Corse. Le comité de bas­
•*» Groupement de com m unes ; Projet urbain. sin, qui réunit des représentants des collectivités
et des usagers de l’eau, définit la politique des
agences. Celles-ci élaborent le schéma général
AGENCE DE L'EAU d’aménagement et de gestion des eaux (sdage),
créé par la loi de 1992.
L’augmentation de la population et celle
S. B. et F. D.-D.
des consommations d’eau pour tous les usages
ont rendu nécessaire la planification de l’utili­ Bassin hydrographique; Eau.
sation des ressources en eau, dans tous les
pays industriels, notamment dans les régions à
forte densité de population. Le bassin hydro­ AGENCE FONCIÈRE ET TECHNIQUE DE LA
graphique, dans lequel fonctionne un système RÉGION PARISIENNE - » Établissement public
solidaire d ’échanges et de circulation des d'aménagement (epa) ; Maîtrise foncière

■ri
AGENCE NATIONALE DE L'HABITAT 18

AGENCE NATIONALE DE L'HABITAT (ANAH) décence ou d ’accessibilité, les communes


engageant des travaux d’office de sortie de
L’Agence nationale de l’habitat, précé­ péril ou d ’insalubrité, les propriétaires ou
demment dénommée Agence nationale pour gérants d’hôtels meublés, les organismes hlm
l’amélioration de l’habitat, est un établisse­ dans le cadre de plans de sauvegarde de
ment public institué en 1971, dont la mission copropriétés dégradées. Les travaux (d’un
est de «promouvoir le développement et la montant minimum de 1 500 €) doivent être
qualité^ du parc de logements privés exis­ réalisés par des professionnels du bâtiment.
tants. À cet effet, elle encourage et facilite Les subventions sont réservées aux travaux
[...] l’exécution de travaux d’amélioration et améliorant la sécurité, le confort, l’isolation
d’adaptation d’immeubles d’habitation. Elle acoustique, la performance énergétique, la
peut mener des actions d’assistance, d’étude salubrité, l’équipement, l’accessibilité et
ou de communication ayant pour objet l’adaptation aux personnes âgées et handica­
d’améliorer la connaissance du parc privé pées. Les travaux de simple entretien et les
existant». Elle contribue ainsi à la réalisation travaux lourds assimilables à de la construc­
d’observatoires sur l’habitat. tion neuve sont exclus. Une occupation à titre
L’anah est issue du Fonds national pour de résidence principale pendant six ans par le
l ’amélioration de l’habitat ( fnah) créé en propriétaire ou une location pendant neuf ans
1945 pour subventionner les travaux dans les est exigée. Un plafond de ressources des pro­
logements des propriétaires bailleurs soumis à priétaires occupants est fixé (par exemple en
l’article 3 de la loi de 1948, Les ressources de 2008 en Île-de-France, 33 330 € pour un
l’établissement étaient issues de la perception ménage de 4 personnes).
d ’une taxe additionnelle au droit au bail Les financements dépendent de la localisa­
(tadb), due par les propriétaires bailleurs, au tion et du contexte de l’opération. Pour le
taux de 2,5 % du montant des loyers pour tout propriétaire bailleur, le taux maximum de
le parc locatif privé ayant plus de quinze ans subvention varie de 15% à 50%, voire 70%,
d ’âge, à la suite de l’extension du parc éligible selon qu’il applique un loyer libre, un loyer
à I’anah effectuée en 1992, En 2002, cette conventionné (ouvrant droit à I’apl) social ou
taxe a été supprimée et remplacée par une très social; sans oublier les primes ou majo­
dotation du budget de l’État : jusqu’en 2008, rations pour la remise sur le marché de loge­
la loi de finances fixait chaque année la capa­ ments vacants, les économies d ’énergie, la
cité de paiement de I’anah, ces ressources sortie d’insalubrité et de péril, l’adaptation au
budgétaires étant complétées par une part du handicap, le saturnisme. De même, pour le
produit de la taxe sur les logements vacants. propriétaire occupant, le taux de subvention
Depuis, le financement du « 1 % logement » a varie de 20 % dans le cas général à 50 % pour
remplacé celui de l’État. les opah ciblées et l’insalubrité et 70 % en cas
de saturnisme ou handicap.
Grâce à un budget d’intervention annuel de En 2008, la subvention moyenne pour un
plus de 500 millions d ’€, I’anah contribue logement à loyer maîtrisé est d’environ
chaque année à l’amélioration d ’environ 12 000 € (7 000 € en 2006). Au titre de la lutte
130 000 logements privés de plus de quinze contre l’habitat indigne, elle est de 21 200 €
ans (condition non exigée pour les travaux pour un bailleur et de 8 700 € pour un proprié­
d ’accessibilité ou d ’adaptation), deux tiers taire occupant. Pour les propriétaires occu­
environ des aides étant octroyés à des proprié­ pants modestes, la subvention moyenne est de
taires bailleurs et un tiers à des propriétaires 2 466 €. En 2008, I’anah a attribué près de
occupants disposant de faibles ressources. 526 millions d’€ de subventions aux proprié­
Peuvent bénéficier du dispositif les proprié­ taires permettant d’engager un volume global
taires qui occupent leur logement, les proprié­ de travaux estimé à 2 milliards d ’€, corres­
taires qui louent ou souhaitent louer (en pondant à F amélioration de 112 500 loge­
réalisant ou non des travaux), les syndicats de ments : 53 500 occupés par leur propriétaire,
copropriété pour des travaux sur les parties 35 500 locatifs et 23 500 au travers des aides
communes. Peuvent également bénéficier des accordées aux syndicats de copropriétés en
aides de I’anah à titre exceptionnel : les loca­ difficulté. Parmi ces logements, 8 000 loge­
taires envisageant une mise aux nonnes de ments locatifs sont conventionnés sans tra­
19 A G E N T IMMOBILIER

vaux, 26 000 logements ont bénéficié d’une programme d’intérêt général, etc.), les autres
aide en contrepartie de loyers maîtrisés, dont interventions relevant du « secteur difïiis ».
15 000 loyers conventionnés sociaux ou très De par ses dispositifs financiers incitatifs,
sociaux, 10 400 ont été subventionnés au titre I’anah est devenue une institution contribuant
de la lutte contre l’habitat indigne (23 % des fortement à la réhabilitation du parc privé
subventions) et 25 500 logements, presque ancien et, plus largement, au maintien d ’un
exclusivement de propriétaires occupants, ont secteur locatif privé et à la revitalisation des
été aidés pour la réalisation de travaux quartiers anciens, grâce aux opah.
d’adaptation et de maintien à domicile. Mais la loi de mobilisation pour le logement
L’opportunité d ’apporter la subvention est et la lutte contre l’exclusion de mars 2009 a
décidée par le délégué de l’agence dans le introduit d ’importantes modifications pour
département ou par le président de la collecti­ I’anah : le 1 % logement (dont les représentants
vité (département ou établissement public de entrent au conseil d’administration de l’agence)
coopération intercommunale) exerçant la délé­ devient la principale source de financement ;
gation de compétence pour la gestion des ses compétences sont étendues à l’amélioration
aides à la pierre, le cas échéant après avis de la des structures d’hébergement et aux opérations
commission locale d’amélioration de l’habitat de résorption de l’habitat insalubre (rhi) rele­
(clah), composée de représentants des pro­ vant précédemment de l’État (I’anah pourra
priétaires, des locataires et de personnes quali­ participer à la démolition de constructions trop
fiées. En 2008, environ la moitié des crédits de vétustes pour être rénovées); les préfets
I’anah sont distribués dans le cadre des délé­ deviennent les délégués de l’agence ; des fonds
gations de compétence. L’octroi des aides locaux de l’habitat privé peuvent être créés.
dépend des caractéristiques du projet (sociales,
H. J.
techniques, financières et environnementales),
des enjeux locaux, des budgets disponibles et - » Amélioration de l'habitat ancien; Démunis {logement des);
des orientations générales de I’anah . Insalubrité; Opération programm ée d'amélioration de l'habi­
tat (opah); Participation des employeurs à l'effort de
construction ; Réhabilitation.
Depuis 1971, I’anah a constamment adapté
ses mécanismes d ’aides aux situations nou­
velles et aux priorités nationales (lutte contre AGENCE NATIONALE POUR LA RÉNOVATION
la vacance, l’habitat indigne, la précarité éner­ URBAINE (ANRU) —> Financement
gétique ; production de loyers maîtrisés, entre­ du renouvellement urbain ; Grand ensemble ;
tien du patrimoine architectural...). On Programme national de rénovation urbaine ;
observe actuellement une progression des Renouvellement urbain ; Rénovation urbaine
actions dans l’habitat indigne et les coproprié­
tés dégradées, alors que les efforts en faveur
des propriétaires occupants modestes sta­ AGENT IMMOBILIER
gnent, compte tenu de la grande sélectivité
des aides et de la difficulté pour ces ménages Intermédiaire qui met en présence les par­
de boucler le plan de financement des travaux. tenaires d’une transaction (vente ou location)
Pour la période 2010-2012, le caractère portant sur un bien immobilier.
social des priorités de I’anah a été réaffirmé : L’agent immobilier ne doit être confondu :
développer l’offre de logements à loyer maî­ — ni avec l’administrateur de biens qui
trisé dans les zones de marché tendu ; amélio­ assure la gestion (location, entretien) de
rer les logements des propriétaires occupants biens pour le compte des propriétaires ;
impécunieux ; lutter contre l’habitat indigne — ni avec le promoteur-constructeur qui
et très dégradé ; traiter les copropriétés en dif­ édifie des immeubles en vue de les céder ;
ficulté ; adapter les logements au vieillisse­ — ni avec le marchand de biens qui achète
ment et au handicap ; lutter contre la précarité des biens immobiliers pour son compte, dans
énergétique. En outre, I’anah privilégie (en l’intention de les revendre, avec ou sans trans­
2008, deux tiers des subventions et la quasi­ formation.
totalité des aides aux syndicats de coproprié­
tés) les opérations programmées avec les col­ En France, la profession d’agent immobilier
lectivités locales (plus de 750 en 2008 : opah, est régie par la loi Hoguet du 2 janvier 1970.
AGGLOMÉRATION 20

Cotte loi a encadré cette profession en soumet­ phologiques généraux : elles étaient articulées
tant son exercice à la détention d ’une carte autour d ’un centre, prolongé par des fau­
rofessionnelle, délivrée par la préfecture, bourgs, une banlieue urbanisée, maraîchère,
our y prétendre, l’agent immobilier doit de loisir et de villégiature avant qu’on n ’arrive
avoir reçu une formation juridique ou avoir à la campagne proprement dite.
plusieurs années d’expérience professionnelle Aujourd’hui, la complexité est plus grande :
et présenter certaines garanties financières l’Insee distingue les villes «lorsqu’il s’agit
afin d’assurer la sécurité des dépôts qu’il est d ’une seule commune, dont la population
amené à recevoir. Il doit avoir reçu du pro­ agglomérée compte au moins 2 000 habi­
priétaire du bien un mandat précis. En cas tants », et les agglomérations urbaines, com­
de vente, il est généralement rémunéré par posées « d e deux ou plusieurs communes,
le vendeur ; en cas de location, depuis la c’est-à-dire d’une ville-centre et de sa ban­
loi Quilliot du 22 juin 1982, à parts égales par lieue (exceptionnellement, de plusieurs villes-
le locataire et le propriétaire (auparavant, le centres) ».
locataire supportait seul cette charge). La La définition de la population agglomérée
rémunération ne peut lui être versée que si s’est faite à la fois plus souple et plus
la transaction est conclue. Le mandat peut complète : « On doit considérer comme agglo­
être exclusif (seul l’agent bénéficiaire peut mérée la population rassemblée dans des mai­
conclure la transaction pendant sa durée) ou sons contiguës ou réunies entre elles par des
simple. parcs, jardins, vergers, chantiers, ateliers et
La profession est très artisanale et hétéro­ autres enclos de ce genre, même si les habita­
gène : l’action de chaque cabinet est le plus tions ou enclos sont séparés l’un de l’autre par
souvent locale (une ville, un quartier). C’est une me, une route, une rivière, un canal, une
aussi un secteur d’activité très dépendant des promenade, une voie de chemin de fer ou des
cycles immobiliers et le nombre d ’agents remparts. »
connaît de fortes variations au gré des L’apparition, dans la nomenclature
périodes de valorisation et de dépression des urbaine, du terme d’agglomération traduit les
prix immobiliers et des volumes de transac­ transformations profondes qui sont liées à
tions. Son image de marque n ’est pas très l’urbanisation généralisée, au développement
favorable, les actions douteuses de quelques- des transports modernes et à l’apparition de
uns (en particulier ceux qui exercent en même centres commerciaux ou de centres direction­
temps des activités de marchands de biens ou nels à la périphérie des cités les plus impor­
de marchands de listes) se répercutant sur tantes. Le terme convient bien pour saisir une
l’ensemble de la profession. De plus, les ven­ réalité où les formes sont moins clairement
deurs et les acquéreurs peuvent, de plus en ordonnées que par le passé : il traduit la géné­
plus facilement, entrer en contact sans inter­ ralisation d ’espaces suburbains, souvent très
médiaire en recourant à la presse spécialisée et monotones, et où il est difficile de lire dans
surtout à la multitude des sites Internet. La les paysages une organisation claire : seule
Fédération nationale des agents immobiliers l’analyse des flux et des espaces d ’activité en
(fnaim ) déploie de grands efforts pour amélio­ fait comprendre la vie.
rer l’image de marque et, avec elle, l’efficacité Les agglomérations ont reçu un statut à tra­
de la profession. vers la loi Voynet du 25 ju in 1999 qui a
prévu que les établissements publics de
A.-C. Da. et A. M.
coopération communale des agglomérations
Location ; Marchand de biens. de plus de 50 000 habitants comportant au
moins une villè-centre de plus de 15 000 habi­
tants établissent un projet d’agglomération
AGGLOMÉRATION qui détermine les orientations de l’agglomé­
ration et les mesures nécessaires en matière
Ensemble constitué par une ville et ses ban­ de développement économique et de cohé­
lieues. sion sociale, d’aménagement et d’urbanisme,
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les villes de transport et de logement, de politique de la
occidentales différaient par leur taille, mais ville, de politique de l’environnement et de
toutes présentaient les mêmes caractères mor­ gestion des ressources. Dans le même temps,
21 AGORA

la loi Chevènement du 12 juillet 1999 encou­ monies religieuses de la cité, puis, théâtre de
rageait la création d ’établissements publics la vie politique, enfin investie par la vie éco­
de coopération intercommunale, notamment nomique, sa morphologie reflète l’histoire de
pour les agglomérations en créant, à côté des la polis et de ses institutions. Son type archi­
communautés de communes et des commu­ tectural est mis au point au IVe siècle avant
nautés urbaines, des communautés d’agglo­ J.-C. où elle constitue « un groupe permanent
mération réservées à celles qui atteignent les du plan urbain alors que l’acropole a souvent
seuils de population ci-dessus. Il s’est consti­ disparu » (Martin).
tué 171 communautés d ’agglomération (sur Bordée sur plusieurs côtés par des édifices
187 agglomérations, les 16 autres ayant le administratifs (salle de conseil, siège des tri­
statut de communautés urbaines). bunaux, archives...), elle peut regrouper aussi
Enfin, dans lé cadre de la quatrième généra­ bien des édifices religieux (autels, temples,
tion de contrats de plan (2000-2006), les tombeaux), dont il faut rappeler qu’ils étaient
agglomérations ayant constitué une telle répartis de façon diffuse dans toute la cité, que
communauté ont pu signer un contrat d’agglo­ des édifices culturels (bibliothèques, stoas) et
mération avec l’État et la région: environ même commerciaux (boutiques). Toutefois
108 contrats ont été signés (sur 187 possibles). des agoras (marchandes, spécialisées) étaient
Si, sur le plan de l’aménagement du terri­ souvent réservées à ces activités dont beau­
toire et des structures intercommunales, on coup de cités, suivant Platon et Aristote (Poli­
continue à utiliser le terme d’agglomération, tique, 133la), estimaient qu’elles ne devaient
sur le plan statistique, l’Insee lui a substitué pas souiller l’agora « libre ».
en 1997 les notions de pôle urbain et d’aire Les agoras classiques, créées empirique­
urbaine. Le pôle urbain (361 en 1997) ment au fil du temps, amalgament portiques et
est constitué de la ville-centre et de sa cou­ édifices sans en faire la véritable entité archi­
ronne urbaine (communes de banlieue). Les tecturale qui est réalisée dans les créations
pôles urbains représentaient environ 60 % de ioniennes de l’époque hellénistique, lorsque
la population française en 2006 (37 millions) l’agora, prévue à l’avance, est insérée dans le
et 3 100 communes. L’aire urbaine est plan orthogonal dont elle occupe au moins
l’ensemble du pôle urbain et de la couronne une dizaine de modules (16 à Priène, par
périurbaine (communes où 40 % de la popula­ exemple).
tion active travaille dans le pôle urbain au La qualité esthétique de l’espace de l’agora
nombre de 10 808 qui accueillent 17% de la a été soulignée dès le xixe siècle, notamment
population). par Viollet-le-Duc (Entretiens sur l'architec­
P. C. et P. M. ture, 1863, «Septième entretien») et surtout
par C. Sitte (Der Stâdtebau, 1889, en particu­
-> Aire d'influence d'une ville ; Banlieue; Contrat d'aggloméra­
tion; Ville.
lier dans l’Introduction) qui en fait une sorte
d’archétype esthétique de la place urbaine et
de l’espace public. Pour ce dernier, la qualité
de l’agora tient à son échelle, à sa compacité
AGGLOMÉRATION NOUVELLE et à la clôture visuelle réalisée autour de la
-* Communauté d'agglomération nouvelle ; place proprement dite, à ses irrégularités, à
Contrat de ville ; Groupement de communes ; son asymétrie et à la disposition latérale de
Syndicat d'agglomération nouvelle ; Ville ses ornements. Viollet-le-Duc comme Sitte
nouvelle opposent les caractères spatiaux de l’agora à
ceux des places et espaces publics du
xixe siècle, hors d ’échelle, réguliers, symé­
AGORA triques, à ornementation centrale, et dont tous
deux imputent le manque de grâce et la mono­
Terme grec désignant la place publique qui tonie au fait qu’ils ont été conçus « sur la
constitue le cœur de la cité grecque et « sym­ planche à dessin ».
bolise l’indépendance et l’autonomie de la Par une ironie du sort, agora est passé dans
communauté politique » (R. Martin, L'urba­ le langage de l’urbanisme pour désigner, au
nisme de la Grèce antique, Paris, 1956). sein des nouveaux ensembles ou des villes
D’abord lieu saint où se déroulent les céré­ nouvelles (cf. agora d ’Évry) des espaces
AGRÉMENT 22

vides, surdimensionnés, auxquels on veut prê­ industries (moins de 100 emplois) et suppri­
ter une valeur symbolique monumentale et mée dans les villes nouvelles, ainsi que pour
qui, dépourvus de fonctions religieuse ou poli­ les «bureaux en blanc». Elle a également
tique, mais ouvertes à la fonction commerciale été supprimée dans 23 cantons extérieurs à
et assortis d’une vague connotation démocra­ l’agglomération de Paris (dont 18 en Seine-
tique, ont précisément été conçus de façon et-Mame). L’agrément est également sup­
arbitraire sur la planche à dessin. primé lorsqu’il s’agit de reconstructions ou
de réhabilitations de bureaux sans augmenta­
F. C.
tion de surface.
_► Acropole ; Espace public ; Forum ; Vilie nouvelle. Depuis 1990 (décret du 3 janvier 1990)
cependant, l’agrément a été à nouveau exigé
pour les opérations de bureaux en blanc de
AGRÉMENT plus de 2 000 m2 dans la zone I de redevance
(Paris centre et ouest et 24 communes des
Autorisation administrative de créer ou Hauts-de-Seine). Le gouvernement a fixé,
d ’étendre des locaux d ’activités en région pour cette zone, le principe de n ’accorder
parisienne (y compris les cinq cantons du sud l’agrément que si 2 m2 dé logement sont
du département de l’Oise). Selon la procédure construits en même temps que 1 m2 de bureau.
mise en place en 1955, l’entreprise qui pré­ Cette mesure a été généralisée en 1994, les
voyait une construction de plus de 500 m2 rapports logement/bureau étant variables
(1 000 m2 de bureaux, 1 500 d’usines, 5 000 selon les secteurs. L’agrément est alors délivré
d’entrepôts après 1972 ; 2 000 m2 de bureaux par le préfet au vu des conventions passées
et 3 000 d’industrie et 5 000 d’entrepôts après entre l’État et la commune. En revanche,
1985 ; 1 000 m2 de bureaux ou d’industrie et l’agrément que doivent, pour leur part, sollici­
3 000 m2 d’entrepôts depuis 1995) soumettait ter les utilisateurs de ces bureaux en blanc a
une demande d’agrément au Comité de décen­ été suspendu en 1993 jusqu’en 1998, afin de
tralisation. En pratique, la plupart des entre­ contribuer à la résorption du stock de bureaux
prises d ’importance moyenne, parallèlement accumulé avant la crise immobilière du début
au dépôt de leur demande, négociaient avec de la décennie. Enfin, le comité de décentrali­
l’administration ( d a t a r et préfecture de la sation a été élargi à des élus.
région parisienne). L’agrément pouvait être Un décret du 9 mai 1995 a en outre rétabli
accordé « en blanc» pour des locaux à l’agrément pour les opérations de plus de
construire, mais l’entreprise qui occuperait 200 m2 réalisées par un service de l’État et
ces locaux devait alors présenter une demande abaissé les seuils, pour les bureaux et les
d’agrément. Le Comité de décentralisation, locaux à usage technique, d’enseignement et
placé auprès du ministre chargé de l’aménage­ industriel à 1 000 m2 et pour les entrepôts à
ment du territoire et composé de trois élus, de 3 000 m2. En sont dispensés les programmes
trois personnalités compétentes et de sept lancés dans des communes s’engageant par
représentants de l’État était (depuis le décret convention à construire des surfaces de loge­
du 24 octobre 1967) compétent pour les ment équivalentes o u supérieures (la décision
implantations d ’activités du secteur privé, à est alors du ressort du préfet) et les opérations
titre d ’avis au ministre de l’Équipement, et localisées dans les zones franches urbaines.
avait pouvoir de décision pour le secteur Le décret du 26 avril 2000 a définitivement
public (avec possibilité d’appel des ministres supprimé l’agrément pour les utilisateurs de
concernés auprès du Premier ministre). locaux. Il a en outre limité la compétence du
Le refus d’agrément avait initialement pour Cçunité de décentralisation aux emplois de
objet de favoriser la décentralisation des acti­ l’État ou soumis à son autorité (avec dispense
vités dont l’implantation en région parisienne en dessous de 200 m2 et pour les services
ne semblait pas s’imposer. déconcentrés de l’État à compétence départe­
Depuis 1967, cette procédure a été aussi mentale ou dont les activités ne s’exercent pas
employée pour favoriser le desserrement, au au-delà du département). Pour les entreprises
sein de la région parisienne, en particulier en du secteur privé, l’agrément est désormais
ville nouvelle. En 1982, puis en 1985, elle a accordé par le préfet de la région Ile-de-
été assouplie pour les petites et moyennes France (qui peut consulter le Comité de décen­
23 AGRICULTURE

tralisation). Le seuil est fixé à 1 000 m2 pour AGRICULTURE


les locaux à usage technique, scientifique ou
éducatif et pour les bureaux, et à 5 000 m2 L’agriculture comprend les cultures de
pour les locaux industriels et les entrepôts. Il végétaux et l’élevage des animaux.
n'est pas exigé en ville nouvelle et dans les Son importance et ses productions croissent
communes ayant passé une convention « 2 m2 avec la population du globe, l’élévation du
pour 1 m2 ». niveau de vie qui incite à consommer plus et
Le décret du 14 janvier 2002 a remplacé le mieux, l’évolution des techniques qui per­
Comité de décentralisation et la Mission des mettent d’atteindre de meilleurs rendements
délocalisations publiques, créée en 1991 sans augmenter la surface cultivable. L’essor
(devenue en 1998 Mission pour l’implantation du commerce maritime au xixe siècle et son
territoriale des emplois publics) par un Comité coût modeste a mondialisé la consommation
pour l’implantation territoriale des emplois des produits agricoles.
publics ( citep ) placé auprès des ministres
chargés de la réforme de l’État et de l’aména­ Le problème de l’alimentation n’est cepen­
gement du territoire. Le citep comporte 12 dant qu’imparfaitement résolu dans les pays
membres, dont le président nommé par le Pre­ en développement (Afrique et de larges par­
mier ministre, les représentants des ministères ties de l’Asie et de l’Amérique du Sud) qui
chargés de la réforme de l’État, de l’aménage­ ont connu une longue période de croissance
ment du territoire, de l’urbanisme, du budget, démographique rapide et où les progrès tech­
de l’intérieur et du secrétariat général du gou­ nologiques ont été plus lents. L’agriculture
vernement ainsi que trois élus des conseils traditionnelle de subsistance, sans échanges à
régionaux et deux personnalités choisies pour grande distance, y reste prédominante. En
leur compétence. Il n ’est compétent que pour 2003, l’Asie (hors Moyen-Orient et ex-URSS)
les opérations menées par des services de réunissait 76 % des paysans du monde (plus
l’État ou par des personnes publiques ou pri­ d ’un milliard), seuîement 14% des terres
vées soumises à son contrôle, dont l’activité cultivables et 30 % des terres cultivées (ces
ne s’exerce pas dans le secteur concurrentiel proportions étaient de 15%, 26% et 13%
ou dans des activités concurrentielles dont pour l’Afrique subsaharienne, ce qui traduit
l’activité s’exerce au-delà de l’île-de-France. une agriculture beaucoup plus intensive en
En cas de refus de leur demande, les ministres Asie). Les pays développés de I’ocde, qui ne
peuvent faire appel auprès du Premier réunissaient que 2 % (22 millions) des pay­
ministre. Les autres cas (activités du secteur sans, disposaient de 23 % des terres culti­
concurrentiel ou non soumises au contrôle de vables et de 27 % des terres cultivées.
l’État ou s’exerçant exclusivement en Île-de- L’agriculture de plantation, initiée par les
France) demeurent de la responsabilité du pré­ colonisateurs, et aujourd’hui les achats de
fet de région qui peut consulter le citep. terre par des pays émergents qui en manquent,
Au fur et à mesure de ces dispositions suc­ réduisent encore la surface consacrée à ces
cessives, la procédure d ’agrément, conçue cultures vivrières. La fao (Food and Alimen­
comme un outil de décentralisation vers la tation Organization) estime qu’il y a actuelle­
province des activités surtout privées est deve­ ment plus de 900 millions de personnes en
nue avec les textes de 1975 et la crise du sous-nutrition (moins de 2 700 calories par
pétrole, un outil de desserrement des activités jour pour un adulte) et que la malnutrition (ali­
au sein de la région Île-de-France, puis le mentation quantitativement suffisante, mais
moyen de définir et de suivre la politique de déséquilibrée, insuffisante notamment en pro­
délocalisation des emplois publics, amorcée à téines animales et de vitamines) concerne jus­
partir de 1991. qu’à 2 milliards de personnes, et ceci sans
L’agrément avait été étendu à la région mentionner les famines, dues à une rupture
lyonnaise de 1966 à 1970. momentanée de la chaîne alimentaire (pour
cause d’accident climatique ou de situation de
P. M. guerre). Il subsiste donc encore dans ces pays
des maladies de la faim (kwashiorkor, troubles
-» Aménagement du territoire; Bureaux; Décentralisation (des
activités); Desserrement; Industrie; Localisation des activi­ de la vision, maladies de peau, rachitisme,
tés. etc.).
Éina à i'ii— rtmoil 24

bâti des campagnes. Le mouvement s’est


Dans les pays développés, l’agriculture a inversé depuis une quarantaine d ’années.
subi, depuis la révolution industrielle, une Outre la consommation d’espace aux limites
évolution qui s’est accélérée depuis deux des agglomérations urbaines (périurbanisa­
générations. L’introduction, puis la banalisa­ tion : environ 3,7 millions de personnes en
tion des engins agricoles, de l’utilisation des quarante ans), on a assisté à l’installation en
engrais, de la spécialisation des productions milieu rural de ménages menant un mode de
ont permis, tout en abandonnant l’exploita­ vie urbain (rurbanisation : environ 1,6 million
tion des terres marginales où les rendements de personnes).
étaient faibles pour un effort accm (notam­ L’agriculture a également des effets impor­
ment en montagne), une augmentation spec­ tants sur l’environnement. Elle le protège,
taculaire des rendements, la diminution tout en le transformant (abattage des haies et
rapide de la population agricole et néanmoins suppression de chemins ruraux par exemple).
une augmentation sensible de la production. Mais elle est a l’origine de nombreuses pollu­
Ainsi, en France, il n ’y a plus, en 2007, que tions des eaux et dés sols. Les effets négatifs
436 000 exploitants agricoles professionnels, de l’agriculture sur l’environnement se sont
194 000 aides familiaux (dont 120 000 accms avec la généralisation de l’utilisation
conjoints d’exploitants) et 140 000 salariés (voire de l’abus) des engrais chimiques et
agricoles non familiaux permanents. La avec les élevages intensifs (porcs en particu­
superficie moyenne des exploitations a aug­ lier). Enfin, le recours banalisé à l’irrigation
menté en conséquence (75 ha contre 28 en et à l’arrosage massif entraîne une consom­
1990) malgré la diminution (15% depuis mation d’eau (souvent 80 % de la consomma­
1950) de la surface agricole utilisée ( sau). tion totale) qui conduit à des insuffisances de
La population active agricole est ainsi passée cette ressource dans de nombreux pays, voire
de 7,5 millions (36%) en 1954 à 770 000 à des conflits pour la répartition des eaux flu­
(moins de 3 %) en 2007. Encore, le tiers des viales (par exemple, au Proche-Orient, pour
exploitants ont-ils une activité secondaire. le Tigre et pour le Jourdain). Elle est égale­
L’agriculture ne représente plus que 2 % du ment la source d’émissions de gaz à effet de
pib (plus de 4% en 1980). Les exploitations serre : en France, 15 % des émissions de gaz
étant plus vastes, le revenu par exploitation a carbonique (engins agricoles surtout) et la
doublé entre 1980 et 2010 (en baisse cepen­ moitié des émissions de méthane (dues
dant depuis 2008). notamment à la rumination des animaux et à
leurs déjections) proviennent de l’agriculture.
Cette mutation profonde de l’agriculture P. M.
n ’est pas sans conséquence sur l’aménage­
ment. En France, la diminution de la sau -¥ Activité économ ique; Aménagement rural; Effet de serre;
Pollution des eaux continentales; Pollution des sols; Société
(5 millions d’ha depuis 1950), mais aussi du d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer).
territoire agricole non cultivé (2,3 millions
d ’ha), malgré les mises en friches volon­
taires dans le cadre de la politique agricole AIDE À LA PERSONNE
commune européenne, â été compensée par un
reboisement (4,3 millions d’ha) et par l’utilisa­ Aide financière accordée à un ménage, liée
tion non agricole des sols (3 millions d’ha). aux caractéristiques et au coût du logement
Depuis 1960, les sociétés d’aménagement qu’il loue ou à la propriété duquel il accède,
foncier et d’établissement rural (Safer) aident à ses charges de famille et à ses ressources.
au remembrement des terres agricoles et font En France, l’aide à la personne a d’abord
obstacle à l’achat de terres agricoles par des été destinée aux familles : ce fut l’allocation
non-agriculteurs. Longtemps (jusque vers logement, créée en 1948, désormais appelée
1970), la diminution de la population agri­ allocation familiale de logement. Elle est des­
cole, accompagnée du déclin de la population tinée aux ménages percevant une des presta­
rurale non agricole, s ’est traduite par une tions versées par les caisses d ’allocation
migration vers les villes (exode rural : 12 mil­ familiale, ainsi qu’aux ménages ayant un
lions de personnes en France de 1800 à 1970) enfant à charge, aux jeunes ménages sans
et par l’abandon d ’une partie du patrimoine enfant (pendant cinq ans), aux ménages ayant
« AIDE À LA PERSONNE

à leur charge un ascendant âgé et démuni ou locatives (chauffage inclus) fixé selon la taille
une personne infirme. Le ménage doit être du ménage ;
locataire ou rembourser un emprunt pour Lç est le loyer restant à la charge de l’allo­
l’acquisition du logement qu’il occupe. Celui- cataire, fonction de ses ressources et de la
ci doit remplir des conditions de salubrité taille du ménage ;
(eau, w.-c. et chauffage) et avoir une surface Pp est la participation personnelle du
minimale (25 m2 pour un ménage, plus 9 m2 ménage à la dépense de logement ;
par personne supplémentaire). K est le coefficient de prise en charge, fonc­
En 1971-1972, a été créée l’allocation tion des ressources et de la taille du ménage.
sociale de logement destinée aux personnes U aide personnalisée au logement (apl) a
âgées ou handicapées et aux jeunes travailleurs été instituée par la loi du 4 janvier 1977 et
(moins de 25 ans) vivant dans un logement avait vocation à se substituer à l’allocation
indépendant d’une ou deux pièces pour une per­ logement. Le conventionnement des bailleurs
sonne seule (plus une pièce par personne), de devait permettre cette mutation, mais il ne
9 m2 au moins et 40 m2 au plus (pour une per­ s’est réalisé que lentement. L’apl pouvait, à
sonne seule). L’allocation logement, au départ l’origine, bénéficier à tout ménage occupant
destinée essentiellement aux familles à revenus un logement en accession à la propriété
modestes, a été ainsi étendue aux ménages sans financé par un prêt aidé à l’accession à la pro­
enfant et à des catégories toutes différentes priété (pap) ou par un prêt conventionné (pc )
(personnes âgées et jeunes travailleurs). Dans ou, depuis 1994, prêt d ’accession sociale
tous les cas, elle ne concerne que des ménages à (pas) ; ou un logement (ou logement-foyer) en
revenus modestes ou moyens. location financé par les anciennes aides hlm ,
La dernière étape d’extension, l ’allocation par un prêt locatif aidé (pla ), y compris un
de logement sociale, a été effectuée, entre prêt locatif d’intégration ou construit ou amé­
1991 et 1993, à la suite de la loi Besson du lioré (quel que soit le mode de financement) si
31 mai 1990 sur le droit au logement: c’est le bailleur a passé convention avec l’État. Le
ce qu’on a appelé le «bouclage» de l’alloca­ bénéfice de I’apl a été étendu par la suite aux
tion logement, parce qu’elle a été étendue logements en accession acquis à l’aide d ’un
aux catégories, et notamment aux étudiants, prêt à l’accession sociale (pas) en 1994 et aux
qui ne bénéficiaient pas d’une autre aide à la logements locatifs financés par un prêt locatif
personne. Dans le cas des étudiants, cette social (pls) en 1996 ou un prêt locatif à usage
mesure a été très critiquée parce qu’elle ne social (plus) en 1999.
prend en compte que les ressources person­ Depuis le 1erjanvier 2001, lesformules per­
nelles de l’étudiant - dans la mesure où il les mettant le calcul de l 'apl sont les mêmes que
déclare - et pas celles de ses parents même celles de VAL, en accession comme en loca­
s’il a plus de vingt ans. Elle s’est avérée coû­ tion, En revanche, une formule particulière est
teuse pour le budget de l’État et peu sociale, employée pour les logements-foyers :
puisqu’elle a profité aux étudiants n ’habitant apl = K (E - E0) ;
pas chez leurs parents, rarement les plus où:
démunis. En outre, elle a contribué à un ren­ K : coefficient de prise en charge, fonction
chérissement des loyers des petits logements des ressources et de la taille du ménage ;
dans les villes universitaires en suscitant une E : équivalent de loyer et de charges loca­
demande nouvelle et en solvabilisant les étu­ tives plafonné ;
diants. E0 : équivalence de loyer et de charges loca­
Depuis le 1er janvier 2001, les formules tives minimale, fonction des ressources et de
permettant le calcul de l ’A L sont distinctes : la taille du ménage.
AL = L + C - Pp en location ; Le coût de l ’âpl s ’est vite révélé très lourd.
AL = K (L + C - L0) en accession à la pro­ C ’est pourquoi on a créé en 1988 une apl2
priété et pour les logements-foyers ; beaucoup moins généreuse pour les logements
où: conventionnés à partir de 1988 (avec ou sans
L est le loyer ou la mensualité d’emprunt travaux dans le secteur social, après travaux
plafonné à un loyer ou une mensualité de réfé­ dans le secteur privé) et une apl3 du niveau de
rence ; l’AL pour les ménages sans enfant, de 25 à
C est le montant forfaitaire des charges 65 ans, locataires dans le parc antérieur à
26
AIDE A LA PERSONNE

1977. Mais en 1997, I’apl a été réimifiée (sauf avec les autres personnes du ménage) des
pour les logements-foyers). La loi du 5 mars aides à la personne (chiffre en légère diminu­
2007 sur le droit au logement opposable a tion depuis 1998), dont 2,25 millions environ
prévu que les barèmes des aides à la personne pour F apl, près de 1,2 million pour I’alf et
soient indexés sur l’indice de référence des de millions pour I’als , plus 550 000 loca­
loyers. Le barème en vigueur conduit, par taires de foyers (apl ou al). Ces bénéficiaires
exemple, à partir du 1er juillet 2009, pour un étaient des locataires (plus de 80% ), des
couple avec deux enfants en zone II (agglomé­ accédants à la propriété (près de 10%, mais
rations de plus de 100 000 habitants, hors un quart pour F apl, un cinquième en alf et
agglomération parisienne, et quelques autres 3% seulement en als ) et des résidents de
secteurs), acquittant un loyer mensuel de foyers (près de 10 % également).
400 € et ayant un revenu fiscal annuel de Le coût de ces aides a été de 14,241 mil­
11 300 € en 2008, à recevoir une aide de liards d’€ en 2007, 14,839 milliards d ’€ en
307,62 € par mois. 2008 et dépassera 15 milliards d ’€ en 2009.
L’apl suppose que le bailleur ait conclu Il se répartit entre I’apl (6,4 milliards, soit
avec l’État une convention type, d’une durée 42,5 % prévu en 2009), F alf (4,0 milliards,
de neuf ans renouvelable, prévoyant un loyer soit 26,5% ) et F als (4,7 milliards, soit
maximal (celui des logements pla) et une par­ 31%). Pour les bénéficiaires, ces aides sont
ticipation financière au Fonds national de importantes, puisqu’elles réduisent leur taux
l ’habitation qui verse F apl (sauf pour les d’effort (charges comprises) de 54% à 25%
logements financés sans aide de l’État). Le (moins de 17% dans le secteur public et
Fonds national de l’habitation, géré par la 35 % dans le secteur privé). La hausse des
Caisse des dépôts et consignations, a des res­ loyers a conduit à ce que 70 % des locataires
sources qui proviennent essentiellement de qui en bénéficient paient un loyer qui
l’État et des régimes de prestations familiales. dépasse le plafond du barème. Parmi ces
Ces conditions ont été mal reçues : les proprié­ bénéficiaires, il y avait, en 2007, 682 000
taires de logements non aidés n’avaient guère étudiants ( 12 % des bénéficiaires), recevant
de raison d ’accepter un conventionnement 1,2 milliard d’€ (8,5 % du total). L’alf est
limitant, surtout dans les grandes villes, le payée par la Caisse nationale d ’allocations
loyer à un niveau très inférieur aux loyers familiales, F apl et F als par le Fonds natio­
libres ; les propriétaires des logements réhabi­ nal d’aide au logement (fnal) lui-même ali­
lités avec l’aide de l’Agence nationale pour menté pour l’essentiel par l’État (près de
l’amélioration de l’habitat ont préféré bénéfi­ 45 %), les régimes sociaux (33 %, venant en
cier des aides non majorées pour éviter le quasi-totalité de la Caisse nationale des allo­
conventionnement, condition obligatoire cations familiales) et les cotisations des
d ’obtention des aides majorées. Quant aux employeurs (21%). Le coût pour l’État est
organismes d ’HLM, ils ont protesté contre la d’environ 65 % pour F als et de 43 % pour
participation au Fonds national de l’habitation F apl, soit quelque 5,8 milliards d’€ en 2009
qui a été supprimée en 1981. Ils ont craint (36,7% du total en 2006, en diminution
également, non sans raison, que la réforme de depuis 2004). Les 35% restants du coût de
1977 ne conduise l’État à se désengager de F als et les 57% de celui de F apl, plus la
l ’aide à la pierre et ne cherche à favoriser totalité de F als , soit 9,3 milliards au total
l’accession à la propriété au détriment du (61,5% ), provient des cotisations des
développement et de l’entretien du parc social employeurs (13,2% en 2006) et des régimes
locatif. Aussi ont-ils «boudé» le convention­ sociaux (50,1% ). L’Union sociale pour
nement et ne s’y sont-ils ralliés, peu à peu, l’habitat ajoute à ces sommes (encore que
qu’à partir de 1982. Depuis 1988, le conven­ leur affectation au secteur du logement soit
tionnement a été progressivement généralisé à discutable et qu’elles aient à la fois le carac­
l’ensemble du parc hlm antérieur à 1977 pour tère d’aide à la personne et d’aide à la pierre)
permettre aux locataires de bénéficier d ’une 1,1 milliard (en 2009) consacrés à la préven­
aide à la personne. tion de l’exclusion et aux aides aux per­
sonnes les plus vulnérables.
On comptait, en 2007, près de 6 millions Il faut également mentionner les aides fis­
de bénéficiaires (13 millions de personnes cales. Certaines ont le caractère d’aides à la
9 AIDE A LA PERSONNE

personne car leur montant dépende des reve­ du plan de relance, 1,520 milliard supplé­
nus du ménage : tel est le cas, des déductions mentaire (loi de finances rectificative pour
iour grosses réparations et améliorations
Î HOO millions prévus par la loi de finances
2009) pour le soutien à la construction et à
l’accession sociale (210 millions), l’héberge­
pour 2009), de l’exonération des intérêts ment d’urgence (217 millions), la lutte contre
dans le cadre de l’épargne logement (700 mil­ l’habitat indigne (133 millions), l’accéléra­
lions), du crédit d ’impôts sur le revenu tion de la rénovation urbaine (200 millions)
Correspondant aux intérêts d ’emprunt et la prime de solidarité active (760 millions).
(1,170 milliard en 2009, mais cette somme Au total, les aides au logement repré­
devrait croître très vite et pourrait quadrupler sentent, aides fiscales et plan de relance
d'ici 2013, ce qui a conduit le gouvernement compris, plus de 21 milliards d’€ pour l’État.
en 2010 à la limiter en la fusionnant avec Par ailleurs, le 1% logement répartit, notam­
des aides à la pierre, le ptz et le PASS-foncier) ment sous forme de prêts, environ 4 milliards,
et de diverses autres exonérations (130 mil­ tandis que les régimes sociaux et les
lions) ainsi que des exonérations d ’impôts employeurs versent plus de 9 milliards pour
locaux pris en charge par l’État (20 mil­ les aides personnelles, On peut donc estimer
lions), soit 2,8 milliards environ au total à plus de 34 milliards d ’€ les aides de la
(qui devraient dépasser 6 milliards en 2013). collectivité au logement (y compris rénova­
D’autres ont le caractère d’aides à la pierre : tion urbaine, prévention de l’exclusion et
TVA à 5,5 % sur les travaux de grosses répara­ développement durable). L’ensemble de ces
tions et d’amélioration (5,4 milliards), sur la aides au logement se répartit en trois parties
construction et la réhabilitation de logements d ’importance comparable entre le secteur
sociaux (1,1 milliard) et sur les terrains à locatif social (un peu plus de 5 millions de
bâtir (110 millions), exonération d ’impôt sur logements), le secteur locatif privé (près de
les sociétés pour les organismes de logement 7 millions) et les propriétaires et accédants à
social (650 millions), crédits d’impôts corres­ la propriété (près de 16 millions).
pondants au prêt à taux zéro (0,7 milliard),
soit au total 8 milliards environ. Il en va de L’aide à la personne est plus récente que
même de certaines exonérations dites auxi­ l’aide à la pierre, instituée dès 1908 (loi Ribot)
liaires, telles les dépenses d ’équipement de et même dès 1894 par l’intermédiaire des
résidences principales dans les économies caisses d ’épargne (de façon facultative et à
d ’énergie et le développement durable petite échelle, il est vrai). É’extension progres­
(1,5 milliard) et des déductions pour les sive de l’allocation logement et surtout la
investissements locatifs dans les dom -tom création de I’apl, pièce maîtresse de la loi de
(250 millions). Si l’on prend en compte ces 1977, visant à accorder plus d’importance à
derniers postes, le total des aides fiscales au l ’aide à la personne et moins à l’aide à la
logement (construction et amélioration) se pierre, allant ainsi dans le sens du rapport
monte à près de 10 milliards. Enfin, certaines Barre (Étude d ’une réforme du financement
dépenses, notamment les aides à l’investisse­ du logement, 1976) et, dans une certaine
ment locatif (560 millions), ont à la fois le mesure, du rapport Lion (Union des hlm ,
caractère d’aides à la personne (puisqu’elles 1975), en ont fait un élément au moins aussi
permettent à ceux-ci de réduire leur impôt sur important que cette dernière.
le revenu) et d’aides à la pierre (puisqu’elles La discussion sur les avantages respectifs
permettent la construction de logements loca­ de l ’aide à la pierre et de l ’aide à la personne
tifs, certes rarement sociaux, même si les peut se résumer ainsi :
loyers imposés sont un peu inférieurs à ceux — L’aide à la personne, par nature, est
du marché). Au total, les aides fiscales au mieux adaptée aux besoins des ménages et à
logement s’élèvent à plus de 13 milliards d’€. leurs ressources ; cependant, si elle est trop
Dans le même temps, 600 millions sont large - et c’est parfois le cas de I’apl actuel­
consacrés aux aides à la construction locative lement - elle déresponsabilise l’occupant du
sociale proprement dite. On peut par ailleurs logement (surtout quand elle est versée direc­
citer les 770 millions consacrés à la politique tement au bailleur ou à l’organisme de prêt
de la ville (loi de finances initiale pour 2009), comme c’est le plus souvent le cas pour F apl ,
auxquels sont venus s’ajouter, dans le cadre mais non pour l’AL).
28
AIDE À LA PIERRE

— L’aide à la pierre a l’avantage de rendre aussi constituer une forme d ’aide à la per­
l’État, plus que les fluctuations de la sonne si elles sont fonction des ressources et
demande, maître du rythme de construction des charges du ménage).
et de permettre la constitution d’un patri­ L’aide à la pierre, introduite, à un niveau
moine locatif social, même si celui-ci n ’est très modeste il est vrai, dès avant la première
pas toujours occupé par les ménages les plus guerre mondiale pour les habitations bon
modestes (d’autant que les ressources et la marché (hbm ), a pris de l’ampleur après la
situation de famille évoluent après l’attribu­ seconde guerre mondiale avec les prêts hlm (à
tion et que le surloyer hlm que doivent payer partir de 1950), remplacés à partir de 1978 par
les locataires dont les ressources ont dépassé la loi du 4 janvier 1977 par les pla (location)
le plafond est modeste et n’est pas toujours et les pap (accession à la propriété), puis res­
perçu). À long terme, il s’agit cependant là pectivement par les plus (2000) et par les ptz
d’un moyen efficace de répondre aux besoins (1995). L’aide à la personne, quant à elle, ne
des plus démunis. fut créée, avec l’allocation logement familiale,
Un équilibre entre les deux régimes d’aide qu’en 1948: encore était-ce une prestation
est souhaitable. La réforme de 1977 a sans familiale; ce n ’est qu’avec la loi de 1977,
doute rompu cet équilibre en faveur de l’aide créant l’aide personnalisée au logement, que
à la personne. Plusieurs réformes ont été suc­ l’État réorienta ses aides vers l’aide à la per­
cessivement envisagées par les gouverne­ sonne, conformément aux orientations du rap­
ments successifs entre 1982 et 1987. Aucune port Barre (1976).
réforme d’ensemble n ’a été effectuée. Seuls la Les prêts à taux privilégiés sont obtenus en
création en 1988 de I’apl 2, qui a entraîné une mobilisant des ressources financières bon
extension du champ de I’apl mais à un niveau marché, en particulier, par la « transforma­
réduit, puis le « bouclage » des aides par la loi tion » par la Caisse des dépôts et consigna­
Besson du 30 mai 1990, enfin l’unification de tions, en prêts à long terme, des dépôts des
I’apl en 1997 sont intervenus, mais toutes ces caisses d ’épargne et des chèques postaux
mesures ont encore accru le coût des aides à la (depuis 1965, les banques sont invitées à pro­
personne. Les rapports à ce sujet se sont mul­ céder de même pour accorder des prêts immo­
tipliés sans qu’une solution moins coûteuse biliers à long terme).
ait été dégagée ou en tout cas retenue par les L’aide à la pierre a pour avantages princi­
gouvernements successifs. paux:
La solution pourrait être une « aide à la — de permettre la constitution, à long
pierre personnalisée » qui serait accordée aux terme, d’un important patrimoine social,
organismes constructeurs (dans le secteur notamment locatif ;
locatif) et aux ménages (en accession à la pro­ — de permettre à l’Etat d’être maître, plu­
priété) en fonction des ressources et de la tôt que les fluctuations de la conjoncture et de
taille du (des) ménage(s) à loger et révisable la demande, de la politique et du volume de
périodiquement lorsque ces caractéristiques construction ;
évolueraient. — de pouvoir répondre aux besoins des
plus démunis.
P. M.
On lui a reproché (et ce fut l’origine de la
- » Accession à la propriété ; Aide à ta pierre ; Location. réforme de 1977) :
— l ’injustice tant lors des attributions (dont
les collectivités locales, qui contrôlent les
AIDE À LA PIERRE offices publics d ’HLM, font souvent un moyen
d ’action politique) que quant aux catégories de
Aide financière à la construction de loge­ bénéficiaires (dont les ressources sont très
ments destinés à la location ou à l’accession à variables, les ménages pouvant conserver la
la propriété, visant à réduire le niveau du loyer «rente de situation» d ’un logement aidé,
ou des annuités de remboursement afin de sol- même si leurs ressources et leurs charges de
vabiliser certaines catégories de population. famille, ayant évolué, ne le justifient plus) ;
L’aide à la pierre peut prendre la forme de — sa complexité, l’État ayant multiplié,
subventions, de prêts à taux privilégiés, de dans le domaine locatif, les sous-catégories
déductions fiscales (ces dernières peuvent de logements aidés au cours des années (à
29
AIDE À LA PIERRE

vrai dire, il ne s’agit pas là d’un défaut de sans but lucratif. Ils étaient financés par la
l’aide à la pierre, mais d’une critique de son Caisse des dépôts et consignations avec boni­
emploi). fications par l’État. Ces prêts, d’une durée de
L’aide à la pierre avait pris, avant la réforme vingt-cinq ans, avaient des taux un peu infé­
de 1977, les formes suivantes : rieurs aux prêts spéciaux du Crédit foncier.
— Primes à la construction : Subvention — Les prêts immobiliers conventionnés
au mètre carré construit, payée pendant dix (pic), créés en 1971, étaient des prêts destinés
ou vingt ans à l’acquéreur, pouvant accompa­ à l’accession à la propriété sans condition de
gner un prêt aidé (jusqu’en 1971, elles pou­ ressources pour des logements bénéficiant de
vaient né pas accompagner un prêt aidé, mais primes (ce qui supposait le respect de cer­
cette mesure revenait à aider indûment beau­ taines normes et des prix plafonds). Consentis
coup de ménages aisés). par les établissements bancaires, pouvant cou­
— Prêts à faible taux d ’intérêt aux orga­ vrir 80 % du prix plafond, ils avaient des taux
nismes hlm pour la constructiqn locative : jus­ d’intérêt progressifs et supérieurs au taux du
qu’en 1966, des crédits d ’État couvraient marché, mais ne bénéficiaient pas d’une aide
85 %, du coût sous forme de prêts à quarante- de l’État.
cinq ans à 1 % d’intérêt, avec différé d’amor­ La réforme de 1977, dite réforme Barre car
tissement (avec un prêt complémentaire de la décidée par le gouvernement Barre suite à un
Caisse des dépôts et consignations (cdc) cou­ rapport du Pr Barre publié en 1975, a simplifié
vrant 10 % du coût). Mais le système était très le régime des aides à la pierre en limitant à
dépendant du volume de l’aide budgétaire. En deux les catégories de prêts aidés par l’État
1966, a été instituée la Caisse des prêts aux ouvrant droit à l’aide personnalisée au loge­
organismes d ’HLM, gérée par la Caisse des ment (apl) créée par la même réforme : les
dépôts et consignations (cdc). Celle-ci, avec prêts locatifs aidés (pla) et les prêts aidés à
les fonds qu’elle se procurait (caisses 1’a.ccession à la propriété (pap). Mais, par la
d ’épargne et comptes postaux essentielle­ suite, de nouvelles catégories de prêts ont été
ment), consentait des prêts aux organismes créées pour mieux les adapter à la diversité
d ’HLM dont le taux pouvait être limité grâce a des situations, notamment dans le domaine de
un apport budgétaire de l’État, dans les limites la constmction locative. Puis les pap ont été
d’un volume fixé chaque année par l’État lors remplacés par les prêts à taux zéro (ptz) en
de la préparation du budget. Le prêt couvrait 1995 et les pla par les prêts locatifs d’usage
95 %, du prix de revient maximum pour les social (plus) en 2000. Au total, les méca­
hlm et les programmes très aidés (plr , psr , nismes de prêt mis en place à partir de 1978
etc.). Les prêts de la Caisse des hlm étaient à ou par la suite sont les suivants :
quarante ans pour les hlm , avec trois ans de
différé d’amortissement et trois ans de remise
totale d ’intérêt, à des taux très faibles (3,6% 1. Dans le domaine de la location
en 1975 par exemple).
— Prêts spéciaux du Crédit foncier qui — Les prêts locatifs aidés (pla), destinés
finançaient sur trente ans (à des taux de l’ordre à la construction de logements locatifs
de 6 à 9 %, grâce à une transformation des (acquisitions foncières et construction ou
primes de l’Etat en bonifications d ’intérêt) la amélioration-réhabilitation), étaient attribués
construction destinée à des classes moyennes par la Caisse des prêts aux organismes d ’HLM
(des plafonds de ressources étaient fixés) en (depuis 1986, la Caisse de prêts aux orga­
location pour 55 %, du coût total ; en acces­ nismes d ’HLM est supprimée et la Caisse des
sion à la propriété sur vingt ans pour 70 % dépôts et consignations les distribuait directe­
du coût. ment) à ces organismes et aux sociétés d ’éco­
— Les prêts hypothécaires des sociétés de nomie mixte de construction, de rénovation
crédit immobilier (créés dès 1908 conformé­ urbaine ou de restauration immobilière; par
ment à la loi Ribot) ou prêts à l’accession à le Crédit foncier de France dans les autres
la propriété hlm étaient destinés à des per­ cas. C’est à ces organismes que l’État versait
sonnes physiques (avec un plafond de res­ son aide éventuelle qui a longtemps (avant
sources : celui du secteur locatif hlm , majoré 1996) pris la forme de subventions ou de
de 40 %) ou à des organismes de construction bonifications d’intérêt. Leur durée était de
aidiAla h im i 30

Ut a i t | M nte-deux ans pour les prêts cdc , plus la moitié des surfaces annexes: caves,
S 8 Vingt-cinq ans au maximum (trente ans
pour les prêts à taux révisable) pour les prêts
balcons et loggias) en zone I bis ; de 33,40 F
en zone I ; de 29,25 F en zone II ; de 27,15 F
CFF, Les prêts cdc comportaient une période en zone III. Il était prévu que les construc­
de préfinancement jusqu’à dix-huit mois teurs participeraient au financement de
(deux ans pour les pla très sociaux) ; les prêts I’apl, mais cette disposition a été supprimée
CFF un différé d’amortissement de deux ans. en 1981. La loi de finances pour 1999 prér
Le taux était, en 1999-2000, de 3,55%, révi­ voyait le financement de 50 000 pla , mais les
sable en fonction du taux de rémunération du dernières années un dixième environ des
livret A des caisses d’épargne pour les prêts logements pla budgétés n’ont pas été effecti­
cdc et de 6,5 % pour les prêts CFF. Les annui­ vement financés et un autre, dixième n ’a pas
tés pouvaient être progressives (de 0,5% été mis en chantier.
maximum en 1999 pour les prêts cdc et de — Les prêts locatifs intermédiaires (pli)
1,5 % pour les prêts cff). Le pla -cdc était ont été créés en 1987 pour répondre aux
complété par une subvention qui a longtemps besoins de catégories à revenus intermédiaires
correspondu à 12,7% du prix de l’opération entre les plafonds pla et ceux qui permettent
plafonnée à 90 % du prix de référence : cette de louer un logement à loyer libre dans les
subvention, plus modeste, a été ensuite limi­ grandes agglomérations! (région parisienne
tée à des cas particuliers (5 % en acquisition- surtout). Les locataires n’ont pas droit à I’apl,
amélioration, 9,5% ou 12% en Corse). Pour mais éventuellement à l’allocation-logement
les pla -cff, la subvention prenait la forme (AL). Les pli avaient été précédés, à partir de
d’une bonification d’intérêt, qui a été rempla­ 1983, d’une expérimentation par combinaison
cée en 1988 par une subvention de l ’Etat, de dispositifs existants (prêts conventionnés,
puis en 1996 par la réduction du taux de tva. 1 % logement, etc.). Les pli sont également
Après le 1er octobre 1996, cette aide de l’Etat accordés par la cdc aux organismes hlm et
prenait la forme du bénéfice de la tva au taux sem et, aux ménages, par les établissements de
de 5,5 %, tant pour les pla -cdc que pour les crédit choisis après adjudication. Il n ’y a pas
pla - cff. En outre, afin d’éviter que les loge­ de prix de revient maximum, mais le prêt est
ments locatifs sociaux ne se concentrent dans en principe limité à 70% d’un prix plafond.
les zones défavorisées, des subventions pou­ Leur durée peut atteindre trente ans, y compris
vaient être apportées aux collectivités locales un possible différé d’amortissement de deux
qui cédaient un terrain à un organisme d ’HLM ans. Leur taux est indexé sur celui du livret A,
ou à une sem : ces subventions couvraient de soit 2,7 % à 3 % fin 2009. Les plafonds de
30 à 50 % du dépassement de la charge fon­ loyers varient selon la zone géographique, de
cière de référence. Les logements construits 7,22 € à 17,32 € (Paris et communes limi­
devaient respecter des normes d’habitabilité, trophes) par m2 en 2009-2010. Le plafond de
de qualité et de confort. Les occupants ne ressources est celui des plus multiplié par un
devaient pas dépasser un plafond de res­ coefficient qui varie de 1,4 à 1,8 selon la zone
sources indexé sur le smic et dépendait de la géographique et le nombre de personnes du
localisation du logement et de la dimension ménage (de 51 441 6 à 84 449 € pour un
du ménage. Ces plafonds correspondaient en couple avec deux enfants selon la zone géo­
1999 au cas de près de 60% des ménages. graphique).
Les loyers sont fixés par une convention pas­ — Les prêts locatifs aidés très sociaux
sée entre l’organisme constructeur et l’Etat, (pla-ts), construits par les organismes hlm ,
pour une durée au moins égale à celle du les sem et les organismes agréés, avaient à
prêt: c’est le conventionnement qui ouvre le l’inverse pour objet de répondre aux besoins
droit à I’apl pour les locataires. Il y avait un de ménages à revenus très modestes. Ces pla
plafond de loyer (la dde peut cependant auto­ d’insertion (pla -i) o u pla à loyer minoré (pla-
riser une marge supplémentaire jusqu’à 12% lm ) avaient les mêmes caractéristiques que les
en fonction de la localisation ou de critères de pla ordinaires, mais ils bénéficiaient d’une
qualité, voire 18% pour les immeubles avec subvention de l’État (dans le neuf, 8 % pour
ascenseur): en 1999-2000, celui-ci était de les pla-lm et 20 % pour les pla-i , davantage
35,50 F par mètre carré de surface utile dans quelques cas particuliers) et pouvaient
(c’est-à-dire la surface habitable du logement bénéficier d’une subvention complémentaire
n AIDE À LA PIERRE

de la région et recourir plus largement au 1 % (6,5 %) était désormais dissuasif (en priorité
logement. Les plafonds de ressources étaient dans les zones où le marché du logement est
fixés à 60 % de ceux des pla . Les plafonds de tendu). Le pls a un taux indexé sur celui du
loyers étaient égaux à 80 % de ceux des pla . livret A. Sa durée est de 30 maximum. Il peut
De 1987 à 1999,30 000 pla -ts ont été budgé­ couvrir au plus la totalité du prix de revient
tés chaque année, mais depuis leur création (moins les subventions) le coût de la
seulement la moitié environ des pla-ts budgé­ construction. Il ouvre droit à la tva à 5,5 %, à
tés ont été effectivement financés. Le montant l’exonération de la taxe foncière pendant 25
moyen de la subvention d ’État était de (ou 30) ans et peut ouvrir le droit à I’apl
65 000 F environ, soit un coût effectif de (sous conditions de ressources). Le plafond
l’ordre de 780 millions pour 12 000 logements de ressources est égal à 1,3 fois celui des plus,
financés. Un peu plus de la moitié de ces soit par exemple, en 2009-2010, 47 772 € à
pla-ts étaient en acquisition-amélioration et 66 299 € pour un couple avec deux enfants
non en construction neuve. selon la zone. Le plafond de loyer varie, selon
Seuls les pla-i , rebaptisés prêt locatif aidé la zone, de 7,31 € à 12,38 € par m2 soit pour
d’intégration (plai), délivrés par la cdc , ont le ménage précédent. L’organisme construc­
été conservés à partir de 2000. Ils peuvent teur s’engage à louer à ce loyer (éventuelle­
couvrir la totalité du prix de revient, déduction ment avec des majorations par dérogation)
faite des subventions et bénéficient de la tva à pendant une durée au moins égale à celle du
5.5 % et d’une réduction de 25 à 30 % sur la prêt et comprise entre quinze et trente ans. Le
taxe foncière. Le plafond de ressources est de nombre de pls prévus au budget a crû rapide­
55 % de celui des plus (20 323 € à 28 051 € en ment : 4 000 en 2000,22 000 en 2004, 32 000
2009-2010 pour un couple avec deux enfants (plus 10 000 de la Foncière Logement et
selon la zone géographique) et celui des loyers 30 000 construits par des investisseurs privés
de 89 % (4,32 € à 5,65 € par m2 selon la zone et vendus à des organismes de logement
pour le même ménage). Leur durée est de 40 social) en 2009. En 2008, 33 258 pls ont été
(voire 50 ans selon la charge foncière). Leur financés (plus 5 089 logements de la Foncière
taux est indexé sur celui du livret A : il était Logement).
(du 1er août 2009 au 31 janvier 2010) de — Les prêts locatifs à usage social ( plus)
1.05 % (pour un taux du livret A de 1,25 %) ont été créés par décret du 14 septembre 1999.
avec possibilité d ’échéances progressives Ils ont pris effet le 1er mai 2000 et ont rem­
(jusqu’à 0,5 % par an). En 2009, le finance­ placé à la fois les pla et les pla-lm . Ils sont
ment a été prévu pour 27 500 logements. Le consentis aux organismes constructeurs à la
nombre de logements réalisés financés par un condition de louer au moins 30% de leurs
plai, qui dépassait à peine 5 000 au début de la logements à des ménages rentrant dans le
décennie, a fortement augmenté au cours des cadre des pla -ts (ressources inférieures à
dernières années (13 000 en 2007, 17 000 en 60% des plafonds pla ). À l’inverse, ils
2008 et plus de 20 000 prévus en 2009). peuvent accueillir 10% de locataires dont les
— Les prêts conventionnés locatifs ( pcl ) ressources n ’excèdent pas 120% de ces pla­
ont également été mis en place. Il s’agissait de fonds, ce qui les rend susceptibles d ’accueillir
permettre la construction de logements loca­ 80 % environ des ménages. L’objectif pour­
tifs à loyer intermédiaire entre ceux des pla et suivi est d’encourager la mixité sociale. Leur
:eux des p l i : 1,5 fois le loyer pla en neuf et taux est révisable et indexé sur celui du livret
1,3 fois dans l’existant. Le taux de référence A : il était, en 2009-2010, de 1,85 % (pour un
était le taux de référence du cff plus une taux du livret A de 1,25 %) avec mensualités
marge maximale de 1,75% à plus de vingt pouvant être progressives (de 0,5 % par an au
ms, soit 6,25 % en 2000 (en fait, le taux était maximum). Le plafond de ressources est
îégocié en fonction des taux du marché). Il indexé sur l’indice de référence des loyers : il
l ’y avait pas de plafond de ressources des variait, en 2009-2010, selon la zone géogra­
ocataires. Ils pouvaient ouvrir droit à I’apl phique, pour un couple avec deux enfants (ou
;elon le montant de celles-ci. une personne seule avec deux personnes à
— Les prêts locatifs sociaux (pls) ont été charge) de 36 748 € à 50 999 € de revenu
nis en place depuis le 1er octobre 1996 pour imposable 2008 (soit un revenu mensuel réel
emplacer de fait le pla - cff , dont le taux de 3 450€ à 4 800 € environ en 2010) selon la
AIDE A LA PIERRE 32

zone géographique. Les plafonds de loyers les opérations groupées, un montant variable
avaient été fixés à 90 % de ceux des pla et pour les opérations isolées. Leur durée était
sont révisés chaque année, soit par exemple, de quinze, dix-huit ou vingt ans. Ils compor­
our le ménage précédent, au 2e semestre taient un différé d ’amortissement de deux ans
009, de 4,86 € à 6,34 € par m2 selon la zone et leur coût était inférieur au coût auquel les
géographique. organismes prêteurs se procurent l’argent, ce
Les subventions - qui n ’existaient plus qui nécessitait une aide budgétaire de l’Etat
pour les pla que dans des cas particuliers - sous forme de bonification d ’intérêts. Leur
ont été rétablies au taux de 5 % (ou augmen­ taux était de 6,95 % à vingt ans en 1995 avec
tées de 5% quand elles existaient, soit 10% des annuités constantes (les prêts à taux fixes
par exemple en acquisition-amélioration) et la et annuités progressives, que le taux désor­
tva a été maintenue au taux réduit de 5,5 %. mais faible de l’inflation ne justifiait plus,
La durée des prêts, distribués uniquement par avaient été supprimés en 1991). Les bénéfi­
la cdc , est de trente-cinq ans, la partie de ces ciaires ne devaient pas dépasser un plafond de
prêts qui couvre le foncier pouvant être pro­ ressources, indexé sur le smic. Ce plafond
longée de quinze ans ainsi que l’exonération n’était pas très différent de celui des pla (ce
de taxe foncière pendant 25 (ou 30) ans. En qui était discutable, car cela incitait des ména­
2008, 62 000 plus avaient été budgétés, mais ges modestes à s’endetter pour accéder à la
seulement 49 000 réalisés (plus 12 000 par propriété et pouvait créer des situations diffi­
I’anru) et, pour 2009, le financement prévu ciles lorsque leur situation familiale ou finan­
permettait 65 500 plus (hors anru). cière évoluait). Ces plafonds de ressources
— Les subventions pour surcharge fo n ­ étaient, jusqu’au 30 septembre 1995, pour un
cière peuvent s’ajouter (mais ce n ’est pas couple avec deux enfants, selon que le
automatique) aux plus et aux plai (ou excep­ conjoint travaillait ou non : 186 186 F et
tionnellement à des opérations pls ou pli en 150 157 F en Île-de-France ; 148 497 F et
Ile-de-France) en cas de dépassement de la 119 778 F dans les agglomérations de plus de
valeur foncière de référence^ qui varie, selon 100 000 habitants, le sud du département de
la zone géographique, de 100 € à 200 € par m2 l’Oise, les îles et les villes nouvelles de pro­
en habitat collectif neuf (130 € à 290 € en vince (zone II) ; 136 109 F et 109 786 F dans
individuel neuf) à 1 000 € à 1 300 € en le reste de la France (zone III). Des prix pla­
acquisition-amélioration (collectif ou indivi­ fonds devaient être respectés. Des normes
duel). Le taux de subvention varie de 30 à minimales d’habitabilité (surface) et de qua­
50 % du surcoût dans la limite d’un plafond lité étaient fixées en fonction de la composi­
(2 fois la valeur foncière de référence dans le tion du ménage. Les plafonds de prêts étaient,
neuf et 40% de celle-ci en acquisition- depuis juillet 1993, pour un couple avec deux
amélioration). En 2008, un peu plus de enfants, qui devait occuper au moins 73 m2,
200 millions ont été accordés à ce titre. de 599 249 F et 717 598 F en Île-de-France,
de 502 010 F et 596 980 F en zone II, de 431
152 F et 512 707 F en zone III, selon qu’il
2. D a n s le d o m a in e d e l ’a c ce ssio n à la p r o ­ s’agissait de construction en secteur diffus ou
p r ié té en secteur groupé.
— Les p r ê t s à ta u x z é r o , institués par
— Les p r ê ts a id é s à l'a c c e ss io n à la p r o ­ décret du 29 septembre 1995, ont remplacé
p r ié té (pap), supprimés en 1995, étaient des­ de 1995 à 2005 les pap et les avantages fis­
tinés à l’accession à la propriété en résidence caux qui y étaient attachés. C’est en feit une
principale (acquisition foncière et construc­ avance (puisque sans intérêt) destinée aux
tion ou acquisition-amélioration) pour des primo-accédants à titre de résidence princi­
ménages de revenus moyens. Ces prêts étaient pale, dans le neuf ou dans l’ancien compor­
accordés par le Crédit foncier de France aux tant au moins 35 % de travaux. Elle est
personnes physiques, aux sem ou aux sociétés décontingentée et accordée par les établisse­
anonymes de crédit immobilier, et par la ments de crédit ayant passé une convention
Caisse des dépôts et consignations aux orga­ avec l’État: ceux-ci reçoivent de l’État une
nismes d ’HLM. Les prêts pouvaient atteindre subvention égale aux intérêts non perçus.
90% du prix, frais de notaire compris, pour Elle est limitée à 20% du coût global avec
33 AIDE A LA PIERRE

un coût plafond qui dépend de la taille du ans : ce mécanisme présente pour l’État le
ménage et de la localisation. Elle est égale­ double avantage d’en étaler la charge et de
ment plafonnée à un tiers des sommes donner à celle-ci la forme d ’une perte de
empruntées : elle est donc complétée par un recettes au lieu d’une dépense budgétaire. La
prêt au taux du marché. En pratique, elle principale nouveauté est que le nouveau prêt
représentait 16% en moyenne du finance­ peut être accordé pour l’achat d’un logement
ment d ’une opération qui se montait à ancien, sans condition de travaux, à condition
100 000 € en moyenne. Le ptz a été utilisé que le logement corresponde à des normes
dans 89 % des cas pour l’achat d’une maison minimales de confort et de surface (ou que
individuelle et pour un logement neuf dans des travaux permettent de les atteindre) ou en
87% des cas. Le coût pour l’État était de cas de location-accession. On estime qu’en
1,065 milliard d’€ (loi de finances pour 2009 auront été distribués 77 600 nouveaux
2004), soit 9 000 € en moyenne par prêt. La ptz pour l’achat de logements neufs et
durée de remboursement (donc la subvention 111 500 pour l’achat de logements anciens
correspondant à l’absence d’intérêt) variait (plus 44 300 en acquisition-amélioration),
selon le revenu du ménage : en 2004, de soit 255 000 au total. Leur montant moyen a
6 ans pour un revenu fiscal 2002 supérieur à atteint, en 2008, 20 000 € (contre 15 000 €
28 416 € (environ 3 500 € par mois) à environ pour l’ancien ptz).
19 ans (dont 15 ans correspondent à un dif­ La durée du prêt (période de différé plus
féré d’amortissement permettant de rembour­ période de remboursement) varie selon le
ser les autres prêts) pour un revenu inférieur revenu du ménage de 9 à 26 pour un logement
à 1 500 € par mois. Le ptz pouvait ouvrir le neuf (12 à 30 en zus et en zfu ou en cas d’aide
droit à I’apl si le prêt complémentaire y don­ de la collectivité locale) et de 6 à 22 pour un
nait droit (PC ou PAS, ce qui était le cas dans logement ancien. Les plafonds de ressources
un peu plus de la moitié des cas). Le plafond sont par exemple, pour un couple avec deux
de ressources dépendait de la taille du enfants, en 2010, 56 875 € de revenu fiscal
ménage, mais cette avance était accessible à 2008 (soit environ 5 450 € de revenu réel en
des revenus moyens (en 2003, pour un 2008) en Île-de-France, sur la Côte d’Azur et
ménage de quatre personnes, jusqu’à dans le Genevois fiançais et 40 488 € (3 850 €
34 728 € de revenu fiscal 2001, soit 4 270 € par mois) dans les autres régions (plus
par mois, en Île-de-France et 31 572 €, soit 12 500 € ou 15 000 € en cas de majoration).
3 880 € par mois, ailleurs) : près de 90 % des Le plafond du prêt est doublement
ménages y avaient accès (63 % pour les pap limité, d’une part à 20 % (logement ancien) ou
en 1995 lorsqu’ils ont été remplacés par les 30 % (logement neuf) du coût global (30 % ou
ptz). De fait, la moitié des bénéficiaires 40 % en zus ou zfu ) et d’autre part à 50 %
avaient un revenu fiscal inférieur à 12 638 € (logement ancien) ou 100% (logement neuf)
(soit un revenu mensuel inférieur à 1 550 € du total des autres prêts d ’une durée supé­
environ): les ouvriers (32%), les employés rieure à 2 ans. Il dépend de la zone géogra­
(28 %) et les professions intermédiaires phique et de la taille du ménage : par exemple,
(21 %) étaient les plus nombreux à recourir à pour un couple avec deux enfants, en 2009, à
ce type de financement. Près des deux tiers 27 500 € dans le neuf et à 24 750 € dans
(63% ) des emprunteurs avaient moins de l ’agglomération parisienne, sur la Côte
35 ans. Le nombre moyen annuel de prêts à d’Azur et dans le Genevois fiançais. Le coût
taux zéro (ptz) a été de 112 000 en moyenne budgétaire des prêts consentis en 2005 devait
(avec une tendance à la diminution), soit atteindre 1,2 milliard d’€ en 2009 et être étalé
environ 1 100 000 fin 2004. Mais le nombre jusqu’à cette date, et ainsi de suite pour les
de mises en chantier effectives a été plus prêts des années postérieures. La subvention
faible : 90 000 environ en moyenne. Le coût et le crédit d ’impôt représentaient en
budgétaire du ptz a été de 550 millions d’€ moyenne, en 2007, 6 3706 (pour un montant
en 2004. moyen du prêt de 18 120 € dans le neuf et de
— Le n o u v e a u p r ê t à ta u x zé r o , mis en 14 550 € dans l’ancien). Le coût budgétaire
place le 1er février 2005, remplace la subven­ des prêts consentis en 2008 devait atteindre
tion aux établissements bancaires par un cré­ 1,2 milliard d’€ en 2009 et a été, grâce au
dit d ’impôt sur leurs bénéfices, étalé sur cinq nouveau dispositif, étalé jusqu’à cette date.
AIDE A LA PIERRE 34

Dans le cadre du plan de relance, le nouveau total de l’opération. Le montant moyen était
ptz a été doublé en 2009 et au premier de 97 090 € en 2006. Leur taux est inférieur de
semestre 2010, et majoré de 50 % au second 0,6 % à ceux des prêts conventionnés, soit
semestre 2010. 6,00% en 2009-2010 pour un prêt à plus de
— Les p r ê t s c o n v e n tio n n é s (pc) ont rem­ vingt ans. Leur nombre a dépassé 70 000 en
placé, également en 1977, les pic. Ils ont eu 2002, mais n ’a plus été que de 40 000 en 2008
plus de succès que ces derniers, parce que, (52 % des prêts conventionnés). En fait, cette
s ’ils sont consentis sans conditions de res­ mesure avait pour objet, face à la diminution
sources, ils peuvent, sous de telles conditions, du nombre de pap, d’offrir, en ne mobilisant
ouvrir droit à T apl. Comme ceux-ci, ils sont les ressources de l’État que pour une garantie
consentis par des organismes bancaires, sans d ’emprunt, mais pas pour une bonification
conditions de ressources mais sans aide de d ’intérêts, une offre alternative d ’accession
l’État. Cependant, des conventions entre le sociale à la propriété. Leur nombre a rapide­
Crédit foncier de France et les établissements ment augmenté (plus de 78 000 en 1996),
prêteurs précisent leurs caractéristiques et les mais a diminué depuis (37 500 en 2Q02) en
bénéficiaires privilégiés (couches moyennes raison de la baisse des taux d’intérêt qui n ’a
pouvant bénéficier de I’apl). Ils sont destinés pas été suivie pour les pc et les pas.
à la résidence principale en construction, mais — Le p rê t social de location-accession
aussi en acquisition-amélioration, voire à des (psla ), créé en 2004, est également un prêt
travaux d ’amélioration (agrandissement ou conventionné qui est dédié à la location-
adaptation pour les personnes handicapées). accession. Il ouvre droit à la tva à 5,5 % et à
Ils peuvent couvrir jusqu’à 100 % du prix, une exonération de la taxe foncière des pro­
taxes et frais d’achat compris et ont une durée priétés bâties pendant quinze ans. L’opérateur
de cinq à trente ans. Leur taux, supérieur à doit être agréé et signer une convention avec
celui des anciens pap, est en principe inférieur l’État. Le ménage verse, pendant la phase
à celui du marché (ce n ’est plus vrai depuis la locative, une redevance (le loyer plus une part
forte baisse de ces derniers) : il est égal à un d ’acquisition), puis, pendant la phase d ’acces­
taux de référence plus une marge, mais, dans sion (après la levée de l’option d’achat), un
les faits, négocié en fonction des taux du remboursement du prêt, pour lequel il peut en
marché (soit au maximum 6,60 % en 2009- outre bénéficier d’un nouveau prêt à 0%. Le
2010 pour un prêt à plus de vingt ans). Les prêt, accordé par un établissement de crédit
normes d’habitabilité, de qualité et de confort habilité, a une durée maximale de trente ans,
sont celles des anciens pap. Le montant moyen dépend du taux du marché (2,3 % à 2,65 % en
de ces prêts a été de 103 380 € en 2006. Après 2009) et peut atteindre 100% du coût de
un maximum en 2003 (115 000), leur nombre l’opération. En phase locative, le plafond de
décline (76 400 en 2008). loyer varie, en 2009-2010, selon la zone géo­
— Les p r ê ts d ’a c c e ssio n so c ia le (pas) sont graphique, de 7,29 6 à 10,69 € par m2. Il y a en
venus compléter ce dispositif à partir de 1994 : outre un plafond de prix du logement : en
l’Etat accorde sa garantie, par l’intermédiaire 2009-2010, il variait, selon la zone, de 2 100 €
d’un Fonds de garantie de l’accession sociale à 4 100 € par m2. Le plafond de ressources
à la propriété, à des prêts conventionnés attri­ dépend de la zone géographique et de la taille
bués par des établissements bancaires aux du ménage: il était, en 2009-2010, le même
ménages de ressources moyennes. Ces prêts que celui des pas. Le psla n ’a pas suscité un
ouvrent droit à I’apl sous réserve de res­ très grand intérêt : il n ’en a été distribué que
sources (plus de la moitié des cas). Les pla­ 2 558 en 2008.
fonds de ressources dépendent de la zone — Le PASS-foncier, institué en 2007, est un
géographique et de la taille du ménage : par dispositif d’acquisition par dissociation entre
exemple, en 2008, pour un couple avec deux le foncier et la construction, donc limité aux
enfants, ils étaient de 39 118 € dans l’agglo­ logements neufs. Le prêt principal permet le
mération parisienne, sur la Côte d ’Azur et remboursement de la construction et le pass-
dans le Genevois français et de 31 199 € foncier, financé par le 1 % logement, celui
ailleurs (montants portés, pour 2009 dans le du terrain après le remboursement du prêt
cadre du plan de relance, à 56 875 € et principal (maximum : vingt-cinq ans). Il ne
40 489 €). Ils peuvent atteindre le montant concerne que les primo-accédants en rési­
AIDE À LA PIERRE
«I

dente principale et doit être associé à une opah, aux logements de plus de quinze ans ne
tilde à la construction accordée par une col­ disposant pas du confort de base (w.-c. inté­
lectivité locale (au moins 3 000 à 5 000 € rieur, salle de bains, chauffage central) ou pré­
ttelon la zone et la taille du ménage). Les sentant un danger pour la santé ou la sécurité
plafonds de ressources et les plafonds de prix des occupants et aux logements des proprié­
sont les mêmes que pour le psla. Il ouvre taires à faibles ressources, mais les travaux
droit à la TVA à 5,5 %. Le taux, en 2010, est peuvent inclure d ’autres améliorations. Le
de 1,25 % ou de 2,5 % selon que le bénéfi­ propriétaire doit s’engager à habiter le loge­
ciaire est ou non salarié du secteur assujetti ment en tant que résidence principale pendant
au « 1 % logement». Son montant ne peut six ans. Ses ressources ne doivent pas dépas­
dépasser 30% du coût de l ’opération et ser un plafond, qui est par exemple, pour un
comporte un plafond qui dépend de la zone couple avec deux enfants, de 33 330 € en Ile-
géographique (de 30 000 € à 50 0006). Le de-France et de 23 040 € ailleurs (ces plafonds
projet «M a maison à 15 € par jour» (mai­ sont majorés dans les opah et dans les secteurs
sons de 85 m2 minimum respectant des sauvegardés et réduits pour les propriétaires
normes thermiques sur un terrain d’au moins très sociaux). Le double plafond de la subven­
250 m2), lancé en 2008, repose sur le pass- tion est normalement de 13 000 € et 35%
foncier et s’adresse aux ménages de trois per­ pour les propriétaires à faibles ressources
sonnes et plus dont le revenu se situe entre (30 000 € et 35% pour les propriétaires à
1 500 et 2 000 € par mois, mais ce fut un faibles ressources, voire 50 % pour les loge­
échec (environ 800 maisons vendues). La ments insalubres). En 2008 », 53 700 ont reçu
«maison à 15 € par jour» l’a remplacé, mais une subvention moyenne de 2 670 €, soit un
on semble devoir être très éloigné de l’objec­ total de 145 millions d’€, dont 87 pour les
tif fixé (10 000 maisons en 2009). Des cri­ logements dont le propriétaire est impécu­
tères techniques minimaux doivent être nieux et 37 pour permettre le maintien à domi­
respectés. L’objectif est de 30 000 logements cile de personnes âgées. Il faut y ajouter
en 2010, mais 5 000 au mieux sont attendus 34,2 millions d’€ accordés pour 17 575 loge­
en 2009. Les différents mécanismes de ments situés dans des copropriétés dégradées
garantie de prêts assurés par le 1 % logement (1 950 € par logement).
concernent en 2008 environ 1 million de — Les su b v e n tio n s e t les p r ê ts d e I ’a n a h
ménages pour un montant de 1,6 milliard sont accordés aux propriétaires bailleurs, en
d’€. diffus ou dans le cadre des opérations pro­
Dans le cadre des économies budgétaires, il grammées d ’amélioration de l ’habitat en
a été envisagé de fusionner, à partir de 2011, contrepartie d ’un engagement de location
le nouveau prêt à taux zéro, le PASS-foncier et pendant neuf ans si les travaux ont dépassé
la déductibilité des emprunts pour l’achat 1 500 €, six ans dans le cas contraire, pour
d’une résidence principale. des travaux de sécurité, de salubrité, d’équi­
Il existe également des aides à la pierre pour pement, d’économie d’énergie ou d’isolation
l’amélioration de l’habitat existant, notam­ acoustique dans des logements décents de
ment: plus de quinze ans. Le taux maximal de sub­
— Les primes à l ’amélioration de l ’habitat vention varie selon le lieu de l’opération et le
(pah) et les anciennes subventions à la résorp­ type de location : il est par exemple en Ile-de-
tion de l’habitat insalubre étaient accordées France de 50 % en opah , de 70 % pour les
aux propriétaires occupants de ressources programmes sociaux destinés aux personnes
modestes. La pah était une subvention de très défavorisées, de 15 % pour les logements
20 % au maximum du coût des travaux avec à loyers libres et de 40% pour ceux à loyers
un plafond (sécurité, salubrité, équipement, intermédiaires. Il y ,a un plafond de res­
économie d’énergie) de 70 000 F (le taux et le sources (33 330 € en Île-de-France) et un pla­
plafond peuvent être accrus dans certains cas) fond de loyer (celui des pli, des plus et des
qui concerne des logements de plus de plai selon le cas). En 2008, 26 000 proprié­
vingt ans. À partir de 2002, les pah ont été taires ont reçu 310 millions d’€ (12 000€ en
remplacées par des subventions de l’Agence moyenne).
nationale de l’habitat (anah). Elles sont réser­ — Les p r im e s à l ’a m é lio r a tio n d e s lo g e ­
vées, sauf pour les logements situés dans une m en ts à u sa g e lo c a t i f e t d ’o ccu p a tio n s o c ia le
AIDE À LA PIERRE
36

(palulos) sont accordées aux bailleurs sociaux domaines d ’amélioration (isolation de la toi­
pour les aider à améliorer leur parc (logements ture, isolation des murs extérieurs, remplace­
de plus de quinze ans) : mise aux normes ment des fenêtres, adoption d ’un nouveau
d ’habitabilité, économies d’énergie, écono­ système de chauffage ou d ’eau chaude plus
mies de charges, renforcement de la sécurité, performant ou faisant appel à une énergie
amélioration de la vie quotidienne, etc. Les renouvelable) avec des critères de perfor­
plafonds de ressources et de loyers sont les mance. Le montant maximal du prêt est
mêmes que pour les plus . La convention de 10000€ (assainissement collectif), de
ouvre droit à I’apl pour le locataire et à la tva 20 000 € en cas de bouquet de deux travaux
à 5,5 % pour les travaux. La subvention d’État et de 30 000€ en cas d ’amélioration de la
( 10 % à 25 % ou exceptionnellement 40 % des performance énergétique globale ou d’un
travaux dans la limite de 13 000 €, ou 20 000 € bouquet de trois travaux au moins Sa durée
si la surface habitable augmente de plus de est de trois à dix (voire quinze) ans. L’éco-
10 %) est complétée par un prêt de la cdc au prêt à taux zéro est cumulable avec d’autres
taux des plus (1,85% début 2010 pour un taux aides (prêt à taux zéro, aides de I’anah , o u
du livret A de 1,25 %) d ’une durée de quinze à des collectivités territoriales, etc.).
vingt-cinq ans. En 2008,97 700 palulos (hors — Le c r é d it d ’im p ô t d é v e lo p p e m e n t
petits travaux) ont été utilisées pour un mon­ d u ra b le permet de déduire du revenu, jusqu’au
tant de 67 millions d ’€, ce qui traduit une dimi­ 31 décembre 2012, entre 25 % et 50 % de cer­
nution sensible, pour une subvention moyenne tains travaux d’amélioration de la performance
de 1 664 € et 532 € respectivement. Depuis le énergétique respectant des normes techniques,
1er mars 2009, la dotation budgétaire à la palu­ dans la limite de 16 000 € pour un couple.
los a été remplacée par une contribution du
1 % logement, ce qui constitue un désengage­ Les effets de la réforme de 1977 n ’ont pas
ment de l’État. La cdc accorde des prêts à taux toujours été ceux qui étaient escomptés :
bonifié des plus (PAMbo, de vingt-cinq ans au — S u r le p la n d e l ’a id e à la p e rso n n e , la
maximum) pour des travaux éligibles à la réticence, au moins dans un premier temps,
palulos et, aux mêmes conditions, des prêts à des bailleurs à « conventionner » leur parc
l’amélioration (pam) pour des travaux éligibles locatif a réduit la portée de I’apl . Celle-ci
(mais non subventionnés) ou non à la palulos. s’est cependant révélée d’un coût difficile à
L’aide budgétaire et le prêt couvrent en supporter, bien que certaines catégories res­
moyenne le quart du coût de l’opération. Par tent exclues de toute aide à la personne ;
ailleurs, I’anru accorde également des primes — S u r le p la n d e l'a id e à la p ie r r e :
pour petits travaux d’un montant moyen, de • Le coût moindre pour l’État des pap
2 260 € pour 24 000 logements en 2007 et puis des ptz que celui des pla a conduit,
48 000 en 2008. pour stimuler la construction, à privilégier
— L’éco-prêt à taux zéro a été créé à partir les pap, au moins dans un premier temps :
de 2009 à la suite du Grenelle-Environ- 166 000 pap et 67 000 pla en 1978 (première
nement. Son objet est d’améliorer le rende­ année d’application de la réforme). Il en est
ment énergétique des résidences principales résulté un ralentissement de la construction
et de diminuer leur consommation d’énergie locative qui a conduit à inverser peu à peu
et leurs émissions de gaz à effet de serre. Il cette répartition: 100 000 pap et 65 000 pla
est accordé sans conditions de ressources aux en 1987, 50 000 et 80 000 respectivement en
propriétaires bailleurs ou occupants de loge­ 1995. Les logements locatifs intermédiaires
ments construits avant 1990. Le propriétaire étaient au nombre de moins de 10 000 par an
(personne physique) doit : soit améliorer la en moyenne. La tendance a été à nouveau
performance énergétique globale dans une inversée à partir de 1996 avec la création du
proportion fixée (moins de 150 kWh par m2 ptz qui a connu un succès certain : en 1999,
par an si celle-ci était supérieure à 180 et 110 000 ptz et 80 000 pla (y compris les
moins de 80 si elle était inférieure à 150) pla - ts) prévus au budget, en fait sensible­
pour les logements achevés entre 1948 ment moins ; en 2002, 87 000 prêts ptz et
et 1989; soit effectuer un «bouquet de tra­ 38 000 prêts locatifs ont été mis en chantier,
vaux» pour les logements achevés avant le mais en 2007, année très favorable sur le
1er janvier 1990 couvrant au moins deux plan de la construction (435 000 logements
AIRE DE JE U X
.37

inis en chantier), ces chiffres sont remontés à peut être estimée à près de 11 milliards d ’€,
environ 238 000 ptz et 110 000 logements soit le tiers du total des aides. Encore
locatifs sociaux (plus, plai, pls, y compris convient-il de souligner que la plus grosse
anru et Foncière logement), avant de dimi­ part de ces aides concerne les propriétaires et
nuer à nouveau en 2008 et surtout en 2009 les accédants à la propriété et que seulement
en raison de la crise économique. De 2006 à 2,5 milliards d’€ environ sont des aides (y
2008, les logements locatifs sociaux ne compris aides fiscales) à la location (sociale et
représentent plus qu’à peine un sixième des du secteur libre), soit moins du dixième seule­
logements construits. ment du total des aides au logement.
• Le jeu combiné de I’apl et des loyers
(plus, pla et anciens hlm) conduit à ce que les En fait, le dilemme aide à la pierre-aide à la
ménages les plus modestes résident surtout personne pourrait être dépassé si l’on les rem­
dans les logements sociaux aux loyers les plus plaçait par une « aide à la pierre personnali­
élevés (qui sont conventionnés et sont solva- sée». Il s’agirait d’une aide à la pierre qui
bilisés par I’apl), tandis que les logements serait fonction des ressources et de la taille du
habités par des ménages à revenus moins ménage (et de la localisation du logement) qui
modestes ne sont pas conventionnés et sup­ serait réajustée, par exemple annuellement, en
portent des loyers hlm anciens et plus faibles. fonction de l’évolution de la situation finan­
• Les plafonds de ressources plus élevés cière et familiale du ménage. Pour les orga­
pour les pla (et les plus) que pour les pap (et nismes bailleurs, les aides seraient accordées
les ptz) conduisaient des ménages à revenus en fonction d’un profil annoncé des locataires
moyens à se loger en location, avec un coût attendus et réajusté périodiquement selon leur
budgétaire plus élevé pour l’Etat. profil réel. Un tel mécanisme aurait en outre
• Le coût budgétaire de l’aide à la pierre l’intérêt de résoudre la contradiction fonda­
(environ 600 millions d’€ en 2009 pour le mentale des organismes bailleurs, dont on
logement locatif social, plus 700 millions de attend à la fois qu’ils logent les plus démunis
crédits d’impôt aux établissements de crédit (souvent mauvais payeurs faute de ressources
pour l’accession aidée à la propriété) _est suffisantes) et qu’ils équilibrent leurs
devenu très inférieur à celui de l’aide à la comptes : les aides reçues seraient en effet
personne (5,8 milliards d’€). La situation d’autant plus importantes que le profil de leurs
était inverse avant la réforme Barre : en occupants serait plus social.
1978, année de sa mise en application, le P.M.
montant des aides à la pierre était de 11 mil­
-> Accession à la propriété ; Aide à la personne ; Crédit im m obi­
liards de F et celui des aides à la personne de lier; Habitation à loyer modéré ( h l m ) ; Normes d'habitabilité
2 milliards de F seulement. Si l’on totalise les et de confort; Opération programmée d'amélioration de
aides publiques au logement (y compris les l'habitat ( o p a h ).

contributions autres que celles de l’Etat, en


particulier celles des régimes sociaux et des
employeurs aux aides à la personne, ainsi que AIDE PERSONNALISÉE AU LOGEMENT
les déductions et exonérations fiscales), l’aide -> Aide à la personne
directe à la pierre (pour la construction) repré­
sente environ 2 milliards d’€ (auxquels
s’ajoutent les 400 millions d’aides des col­ AIR -> Atmosphère; Climat; Pollution
lectivités territoriales, communes surtout) atmosphérique
d’aides budgétaires sur un total de quelque
34 milliards d’€. Certes, on pourrait y ajouter
les aides fiscales qui ont un caractère d’aide à AIRE DE CHALANDISE Commerce ;
l’investissement : outre les aides à l’investis­ Magasin ; Urbanisme commercial
sement locatif (près de 600 millions d’€),
celles-ci se montent à plus de 10 milliards
d’€, mais elles sont pour l’essentiel destinées AIRE DE JEUX
à l’amélioration du parc existant et non à la
création de logements locatifs sociaux sup­ Le square parisien, introduit par Flaussmann
plémentaires. Ainsi élargie, l’aide à la pierre à l’imitation des squares de Londres, a été
AIRE D'INFLUENCE D'UNE VILLE 38

conçu comme un lieu de délassement et de partent vers deux ou plusieurs centres en pro­
récréation offert « à toutes les familles, à tous les portion variable.
enfants ». Ces espaces verdoyants forent ainsi Au second type, appartiennent les travaux
équipés de « kiosques à bonbons », ainsi que de qui utilisent deux indicateurs particuliers - les
balançoires et de manèges (tel celui de Garnier déplacements de personnes et les flux aux­
au Luxembourg) placés sous concession, au quels ils donnent lieu, d’une part, et les rela­
même titre que les promenades à poney. tions téléphoniques de l’autre - pour apprécier
Dans les années 1920, des espaces forent le poids de chaque centre dans la vie de
encloisonnés au sein des parcs et jardins pour l’espace qui les sépare. Les données relatives
offrir des aires de jeux spécifiquement aména­ aux comptages routiers sont abondantes, et le
gées de bacs à sable et de toboggans, selon le recensement fournit de bons renseignements
principe avancé par Nicolas Forestier (Grandes pour les relations domicile-travail. La prise en
villes et systèmes de parcs, Paris, 1913). compte des flux téléphoniques est devenue
Les aménagements contemporains ont privi­ presque impossible depuis l’automatisation
légié la notion de développement moteur des centraux.
de l’enfant. Ils sont installés sur des sols souples Pour mesurer la domination exercée par une
limitant les risques de blessure en cas de chute ville dans d’autres domaines, il convient d’uti­
et sont encadrés par une législation contrai­ liser d’autres sources. Le problème est aisé
gnante imposant d’indiquer « la tranche d’âges pour l’administration, puisque chaque ville se
à laquelle chaque équipement est destiné » et trouve à la tête de circonscriptions parfaitement
« de comporter les mentions d’avertissement définies. Pour la domination économique, on
relatives aux risques liés à son utilisation ». procède par enquête : le cadastre conduit à
v. s.-M. G. dresser des cartes des rayons fonciers urbains ;
l’analyse des rapports entre filiales, établisse­
-> Jardin public; Mobilier urbain. ments et maisons mères et sièges sociaux per­
met de mesurer le pouvoir de commandement :
il échappe d’habitude à la configuration simple
AIRE D'INFLUENCE D'UNE VILLE en aires d’influence continue que l’on observe
dans d ’autres domaines. La domination
Une partie de l’activité des villes est liée s’exerce sur des points, et ceux-ci sont souvent
aux services qu’elles rendent ou à la domina­ fort lointains sans que cela constitue apparem­
tion qu’elles exercent sur l’espace qui les ment une gêne très grave.
entoure. L’étude des aires d’influence devient La définition et l ’importance de l ’aire
une pièce essentielle de la géographie urbaine d ’influence des villes, a été, au début des
et des études en vue de l’aménagement. C’est années 1960, au cœur du choix des agglomé­
dans le courant des années 1930 que les idées rations chargées de jouer le rôle de métropoles
se précisèrent en ce domaine. Walter d’équilibre par rapport à la région parisienne
Christaller donna une impulsion considérable et aux grandes agglomérations des pays voi­
à ce thème de recherche et proposa un cadre sins. Plusieurs recherches ont été menées à
théorique d’interprétation, la théorie des lieux cette fin, notamment l’étude du ressort
centraux. d’influence des villes à partir des échanges
La délimitation des aires d’influence repose ferroviaires, des communications télépho­
normalement sur l’exploitation de données niques, du recrutement des universités. On a
empiriques. Celles-ci peuvent être analytiques aussi mesuré le pouvoir de commandement
ou synthétiques. des villes comme le nombre d’emplois situés
Au premier type, se rattachent les enquêtes à l’extérieur mais dépendant de sièges sociaux
qui permettent de déterminer ainsi des aires de situés dans la ville considérée. Enfin, on a
chalandise, d’influence bancaire, etc. Généra­ cherché à établir un classement des grandes
lement, les limites mises en évidence ne coïn­ villes à partir des critères précédents et
cident pas ; des seuils apparaissent cependant, d’autres relatifs aux services et équipements
comme le suppose la théorie des lieux cen­ rares qui y étaient ou non représentés.
traux. Les enquêtes les plus fines font appa­ L’insee prenait en compte, jusqu’en 1962,
raître, aux limites des aires d ’influence, des un découpage entre communes rurales
zones d ’indécision relative, d ’où les gens et urbaines. Étaient considérées comme
19 AIRE MÉTROPOLITAINE

urbaines, les commîmes de plus de 2 OOOhabi­ AIRE MÉTROPOLITAINE


tants et celles et celles en continuité du bâti
(on retient le critère d’une proximité de moins Région urbaine constituée autour d’une ou
de 200 mètres entre les bâtiments les plus plusieurs villes qui ont un rôle de métropole
proches) constituant ensemble une Unité régionale, c’est-à-dire qui dominent et orga­
urbaine de plus de 2 000 habitants. Les autres nisent un espace régional.
communes étaient considérées comme rurales. L’expression, traduite de l’américain (où il
Compte tenu de l’extension des aggloméra­ s’agit surtout d’unités statistiques correspon­
tions, I’insee avait défini en 1961 la notion de dant à de vastes agglomérations), a été intro­
zones de peuplement industriel et urbain duite en France en 1966 lors de la création
(zpiu) qui avait pour objet de mieux cerner des o rea m (Organisation d’étude d ’aire
l’ensemble des territoires sous la dépendance métropolitaine). Celles-ci étaient des orga­
d’une ou de plusieurs villes. Elles contenaient nismes publics déconcentrés placés sous
alors 9 083 communes (24 % du territoire). l’autorité du préfet de région et du directeur
L’appartenance d’une commune rurale à une régional de l’Équipement. Elles ont eu pour
zpiu dépendait de la part de la population premier objet d’élaborer des schémas régio­
active travaillant dans l’agriculture, de naux d ’aménagement et d ’urbanisme qui
l’importance des migrations alternantes (per­ devaient servir de cadre aux études d ’urba­
sonnes travaillant en dehors de leur commune nisme plus détaillées (schémas directeurs
de résidence) et du taux d ’accroissement d ’aménagement et d ’urbanisme, villes nou­
démographique. Mais l’importance de l’exode velles dans certains cas), puis de mener les
urbain et la banalisation de l’automobile faci­ études concernant l ’aire métropolitaine et
litant les migrations alternantes en milieu rural d’assurer le suivi de l’application du schéma
ont conduit à une extension très rapide des directeur régional.
zpiu définies selon ces critères : en 1990, il y Créées entre 1966 et 1972, les o rea m ont
en avait 603 renfermaient 28 500 communes été réorganisées en 1973-1974, dotées d’un
(78 %). Aussi, en 1997, le découpage a-t-il été comité de direction, présidé par le préfet de
modifié (et le nouveau découpage appliqué à région et d’un directeur (fonctionnaire) ani­
partir du recensement de 1999). mant les études menées par des contrac­
L’insee distingue désormais : tuels. En 1983, elles ont été supprimées,
— les pôles urbains (361 en 1997) consti­ mais leur personnel a servi de base à la
tués des villes-centres et de leurs couronnes constitution des services d ’étude d’aména­
urbaines, c’est-à-dire de leurs banlieues: gement mis à la disposition des commis­
60 % de la population en 2006 ; saires de région.
— les communes périurbaines où au moins Si les premières oream (1966) correspon­
40 % de la population travaille dans un pôle daient bien à la définition d’une aire métro­
urbain : le pôle urbain et les communes péri­ politaine (basse Seine ; Marseille-Aix ;
urbaines constitue une aire urbaine ; Nord ; Nantes-Saint-Nazaire ; Nancy-Metz-
— les communes multipolarisées où au Thionville ; Lyon-Saint-Étienne) et, pour la
moins 40 % de la population active travaille plupart, aux métropoles d’équilibre définies
dans plusieurs pôles urbains ; une ou plusieurs en 1963 et si elles ont établi des schémas
aires urbaines et les communes multipolarisées directeurs régionaux qui ont été approuvés en
contiguës constituent un espace urbain multi- 1970, les suivantes (Picardie, 1967 ; Loire
polarisé, tandis que couronnes périurbaines et moyenne, 1968; Bordeaux-Aquitaine, 1970;
communes multipolarisées constituent le péri­ Alsace, 1972) concernaient déjà des régions.
urbain : 22 % de la population en 2006 ;
— l’espace à dominante rurale, lui-même Le Comité Balladur, dans son rapport pour
constitué de pôles ruraux et des autres com­ la réforme des collectivités territoriales a pro­
munes: en 2006, il ne comprend plus que posé de créer à partir de 2014, outre le Grand
59 % du territoire et 18 % de la population. Paris, onze métropoles (Lyon, Marseille, Lille,
Toulouse, Nice, Bordeaux, Nantes, Rouen,
P. C. et P. M. Toulon, Rennes et Strasbourg). D ’autres inter­
communalités pourraient par la suite deman­
Agglom ération; Armature urbaine; Banlieue; Métropole
d'équilibre ; Périurbanisation ; Rurbanisation ; Ville. der ce statut. Ces métropoles seraient des
A JU STEM EN T D’UN MODÈLE 40

collectivités locales à caractère particulier ALLOCATION LOGEMENT — Aide


exerçant certaines compétences des com­ à la personne
munes, mais aussi les compétences sociales
des départements. Les élus métropolitains
seraient élus lors du même scrutin et sur la ALTERMONDIALISATION —> Mondialisation
même liste que les conseillers des villes la
constituant. Il est prévu de légiférer sur cette
réforme, dont le contenu est encore indéter­ AMBIANCE URBAINE —> Abords ; Animation
miné.
P. M.
AMÉLIORATION DE L'HABITAT ANCIEN
- » Aménagement du territoire; Métropole d'équilibre; Métropole
régionale ; Schéma régional d'aménagement et d'urbanisme.
Ensemble des travaux visant à améliorer la
qualité et le confort des logements anciens,
dans le cadre du logement, de l’immeuble ou
AJU STEM EN T D'UN MODÈLE -> Modèle d ’un ensemble plus large. Le critère le plus
(mathématique) souvent utilisé, bien que très imparfait, est
celui de l’installation des principaux équipe­
ments de confort (w.-c., salle d’eau, chauffage
ALIGNEMENT central) : ce critère concerne le logement seul
et ne tient pas compte de l’état de l’immeuble.
L’alignement est la limite séparative d’une On parlera plutôt de réhabilitation pour des
voie publique et des propriétés riveraines, quelle opérations concernant également le gros
que soit la régularité de son tracé. Cette limite œuvre des immeubles. La mise aux normes de
vaut verticalement, à l’aplomb d’elle-même. Les confort du parc ancien selon ce critère est
prescriptions d’alignement sont les dispositions proche d ’être achevée (1,3% du parc sans
les plus anciennes de l’urbanisme réglementaire. confort sanitaire) et de nouveaux critères de
Elles visaient à l’origine à dégager la me des confort sont désormais pris en compte dans
constructions d’auvents, encorbellements ou les politiques publiques d ’amélioration de
étalages nuisibles à la sécurité (incendies notam­ l’habitat, tels que l’accessibilité des logements
ment), à la salubrité ou à l’aspect esthétique. et des immeubles existants aux personnes
Elles déterminent la forme de nos mes, avec les âgées et handicapées ou la performance éner­
règles de prospects et d’emprises (eu: R 111- gétique des logements. La première loi qui fait
18). L’alignement est fixé par le plan local suite au Grenelle-Environnement fixe comme
d’urbanisme (plu ou auparavant par le pos) ou, objectif une réduction des consommations
si la commune ne dispose pas d’un tel plan, par énergétiques de 38 % en 2020 dans le parc des
un acte unilatéral de l’autorité administrative bâtiments existants.
compétente pour la voie considérée (maire pour Depuis 1999, l’application du taux réduit
une voie communale). En l’absence de plu ou de la TVA aux travaux d’amélioration sur les
de pos, toute commune appartenant à une agglo­ logements achevés depuis plus de deux ans a
mération de plus de 2 000 habitants se doit de considérablement stimulé le volume de tra­
promulguer un plan d ’alignement. Une vaux dans les logements. L’Agence nationale
constmction à l’alignement peut être exigée de l’habitat (anah ) qui a pour mission l’amé­
(façade en bordure immédiate de voie). Le règle­ lioration du parc de logements privés exis­
ment d’urbanisme peut également imposer des tants contribue chaque année à l’amélioration
servitudes de reculement (constmction en retrait d’environ 130 000 logements privés de plus
de l’alignement) ou des servitudes de visibilité de 15 ans.
(aux abords d’un carrefour, par exemple). Les principaux acteurs de l’amélioration
P. N. des logements sont :
— Les propriétaires bailleurs privés, à
-> Planification urbaine en France (historique) ; Prospect. l ’occasion de changements de locataires le
plus souvent. En s’engageant à louer pendant
neuf ans le logement qu’ils rénovent, les pro­
ALIMENTATION -> Agriculture priétaires bailleurs peuvent bénéficier de sub­
41 AM ÉNAGEM ENT

ventions de I’anah (35 500 logements aidés focalise désormais sur l’isolation thermique,
individuellement en 2008). Les taux de sub­ l’efficacité énergétique des équipements de
vention varient selon la zone géographique chauffage et de production d’eau chaude
(ils peuvent être plus élevés à Paris et en ban­ sanitaire, voire l’acquisition d’équipements
lieue que dans les autres régions) et selon le de production d ’énergie renouvelable. Les
contexte de l’opération (15% pour les loge­ incitations visant à favoriser ces travaux
ments à loyers libres, mais ils sont plus élevés prennent la forme de crédits d’impôts, de
si le logement doit être loué avec un loyer fixé prêts («éco-prêt» à taux zéro), de déduction
par une convention signée avec l’Etat, en cas dans le calcul de la taxe foncière sur les pro­
de sortie d’insalubrité ou de péril, d’accessibi­ priétés bâties, etc. Outre ce «verdissement»
lité et d’adaptation au handicap, de travaux de l’amélioration de l’habitat, on constate
liés au saturnisme. : que les interventions sur l’habitat existant
— Les propriétaires occupants modestes s’inscrivent fortement, depuis la loi d’orien­
(63 400 logements en 2002) peuvent bénéfi­ tation pour la ville du 13 juillet 1991, dans le
cier de la prime à l’amélioration de l’habitat cadre plus large de la politique de la ville.
(pah), désormais distribuée par I’anah depuis Cela vaut pour les opah , comme pour les
le 1er janvier 2002. Ceux qui acquièrent pour réhabilitations engagées dans les quartiers en
améliorer peuvent bénéficier d ’un prêt aidé rénovation urbaine qui impliquent des arbi­
par l’État (prêt à taux zéro) ou non aidé mais à trages entre réhabilitation et démolition-
taux préférentiel (prêt conventionné), dans reconstruction. La loi du 1er août 2003
certaines limites de coût et d’importance des d’orientation et de programmation pour la
travaux : c’est l’acquisition-amélioration. En ville et la rénovation urbaine a prévu la réha­
2008, l’acquisition de logements anciens avec bilitation de 400 000 logements entre 2004
travaux représente 20% des opérations finan­ et 2013 (objectif très ambitieux par rapport
cées avec un nouveau prêt à taux zéro. ; auquel on constate, en 2009, un certain
Les marchands de biens nettement retard). De même, le programme national de
moins présents dans ce champ d’activité que requalification des quartiers anciens dégradés
par le passé, améliorent (sans aide de l ’État) (pnrqad), instauré par la loi de mobilisation
des logements qu’ils ont achetés avant de les pour le logement et la lutte contre l’exclusion
revendre, mais parfois ces améliorations ne du 25 mars 2009, affiche un objectif de
sont que superficielles. 60 000 logements privés à réhabiliter de
— Les organismes d ’m.M, dans le cadre de 2009 à 2016: il vise essentiellement le bâti
leur stratégie d ’intervention sur leur parc, d’avant 1949 et des quartiers comptant une
améliorent leurs logements avec notamment part élevée d’habitat indigne et de logements
l’aide des primes à l’amélioration des loge­ vacants.
ments à usage locatif et à occupation sociale H. J. et A. M.
(palulos) et des prêts dé la Caisse des dépôts
et consignations. 47 800 palulos ont été - » Agence nationale de l'habitat ( a n a h ) ; Aide à la pierre ; Dému­
nis (logement des) ; Financement du renouvellement urbain ;
accordées en 2007 (hors anru ). La hausse des Insalubrité; Opération programmée d'amélioration de l'habi­
loyers liée aux opérations de réhabilitation est tat ( o p a h ),- : é a c t - a r i m ; Programme national de rénovation
urbaine ; Réhabilitation ; Rénovation urbaine.
en grande partie prise en charge par I’apl. La
loi relative à la mise en œuvre du Grenelle-
Environnement prévoit d’ici 2020 le traite­
ment des 800 000 logements sociaux dont la am énagem ent
consommation est supérieure à 230 kWh/m2/
an pour atteindre une valeur inférieure à 150. Ensemble d’actions concertées visant à dis­
poser avec ordre les habitants, les activités, les
L’amélioration de l’habitat, qui reste avant constructions, les équipements et les moyens
tout le fait des propriétaires, particuliers ou de communication sur l’étendue d ’un terri­
personnes morales, a donc progressivement toire.
évolué. Le nombre de logements hors L’aménagement est une action volontaire,
normes diminuant, elle concerne moins sou­ impulsée par les pouvoirs publics (gouverne­
vent l’installation des éléments de confort ment ou élus selon l’échelle du territoire
que la modernisation du logement. Elle se concerné) qui suppose une planification spa­
AM ÉNAGEM ENT CONCERTÉ 42

tiale et une mobilisation des acteurs (popula­ — géographie prospective et délibérée des
tion, entreprises, élus locaux, administrations). établissements humains (Pierre Randet, direc­
L’aménagement peut se concevoir à des teur de l’aménagement du territoire) ;
échelles très diverses : du territoire d’un pays — remodèlement de la structure et de la
(aménagement du territoire), jusqu’à une ville figure de la France (Charles de Gaulle,
ou un quartier (aménagement urbain ou urba­ 14 avril 1961).
nisme), voire d’un local (aménagement d’un Toutes ces définitions insistent sur le carac­
appartement, de bureaux, d’une usine), mais, tère volontaire de l’aménagement du territoire ;
dans ce dernier cas, dans une acception plus mais aussi sur sa dimension prospective : il
limitée (disposition des objets et utilisation de serait dangereux de séparer la planification
l’espace disponible). dans l’espace d ’une planification dans le
L’aménagement est par essence global. Il temps qui serait strictement économique.
en est ainsi lorsqu’on parle d’aménagement Le concept d ’aménagement du territoire est
du territoire, de grands aménagements régio­ apparu à la fin de la deuxième guerre mon­
naux, d’aménagement urbain. Cependant, on diale. Mais l’idée et surtout le fait étaient plus
peut employer ce terme, accompagné d’un anciens. Des États, des communautés natio­
adjectif, pour une action plus spécialisée : nales ont pratiqué l’aménagement du terri­
aménagement agricole, industriel, touristique, toire, par exemple Rome construisant son
etc. Il peut aussi s’appliquer à un milieu déter­ réseau routier à travers ses possessions, ou les
miné - aménagement de la montagne, du lit­ pionniers nord-américains se déplaçant vers
toral, de l’espace rural - ou à un secteur - l’ouest. L’idée actuelle a commencé à prendre
aménagement routier, portuaire, etc. corps dans les années 1930 :
P. M. — en Union soviétique, après le rejet par
Staline des thèses des « désurbanistes », dans
-+ Aménagement du territoire; Aménagement régional; A m é ­ la recherche d’un équilibre entre les fractions
nagement rural.
européennes (où était concentrée l’industrie)
et asiatique (où se trouvait l’essentiel des
ressources naturelles) ;
AMÉNAGEMENT CONCERTÉ -> Zone — en Italie, pour réduire les disparités
d'aménagement concerté (zac) entre le nord du pays et le Mezzogiorno ;
— en Grande-Bretagne, pour faire face aux
premières difficultés des régions d ’ancienne
AMÉNAGEMENT DU TEMPS industrialisation.
—> Budget-temps On retrouve, à travers ces trois cas, les
principales motivations des politiques d’amé­
nagement du territoire : développement (et
AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE stratégie), réduction des disparités régionales,
reconversion de régions dont les sources de
L’aménagement du territoire est l’action et richesse sont en déclin.
la pratique (plutôt que la science, la technique
ou l’art) de disposer avec ordre, à travers En France, le terme apparut à la fin de la
l’espace d’un pays et dans une vision pros­ guerre (en Grande-Bretagne, le titre de Town
pective, les hommes et leurs activités, les and Country planning fut donné à un minis­
équipements et les moyens de communication tère en 1943) et l’idée fut popularisée par le
qu’ils peuvent utiliser, en prenant en compte livre-slogan de J.-F. Gravier (Paris et le
les contraintes naturelles, humaines et écono­ désert français, 1947). C’est la dimension
miques, voire stratégiques. « disparités régionales », et plus précisément
À la définition précédente, qui s’inspire de une volonté de réduire la croissance de
textes du ministre Claudius-Petit, d’Olivier l’agglomération parisienne, qui a longtemps
Guichard et de Jérôme Monod, les deux pre­ présidé en France aux politiques officielles
miers délégués du gouvernement français à d ’aménagement du territoire. En février 1950,
l’aménagement du territoire et à l’action régio­ Eugène Claudius-Petit, ministre de la Recons­
nale, on peut en ajouter d ’autres, parmi les­ truction et de l’Urbanisme, proposa «un plan
quelles certaines sont très brèves : national d ’aménagement du territoire», fit
43 AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE

créer le Fonds national d’aménagement du tique d’implantation des industries, avant de


territoire (loi du 1er juin 1950) et une direction découvrir, après 1960, l’importance d’une poli­
du même nom, tandis quê. deux rapports de tique de localisation des activités tertiaires) ;
son ministère (décembre 1950 et juillet 1952) — planification et priorités dans le dévelop­
tentaient de définir les objectifs et les moyens pement des réseaux d’infrastructure (autoroutes,
de la politique proposée. Le gouvernement chemins de fer, ports, voies aériennes, téléphone)
Mendès-France en 1954-1955 créa les comi­ et, de plus en plus, des infrastructures immaté­
tés d’expansion économique et mit au point la rielles (télécommunications, informatique, etc.) ;
procédure d ’agrément préalable aux construc­ — implantation des grands équipements sus­
tions (et extensions) de locaux industriels en ceptibles d’avoir un effet d’entraînement écono­
région parisienne, s mique (universités, centres de recherche, etc.) ;
Enfin, en 1963, fut créée la Délégation à ■aménagement des régions touristiques,
l’aménagement du territoire et à l’action et en particulier pour les plus convoitées et les
régionale, alors rattachée au Premier ministre plus fragiles d’entre elles (montagne et litto­
(puis à divers ministères). La datar a notam­ ral), définition d’une politique associant le
ment poursuivi la politique de décentralisa­ développement économique local, l’exploita­
tion industrielle, puis tertiaire, établi les tion des ressources touristiques et la protec­
schémas directeurs des grands équipements tion de l’espace.
(infrastructures, universités, recherche, etc.), D ’un pays à l’autre, tel ou tel de ces objets
tenté (sans y parvenir); d ’élaborer un schéma est prioritaire :
général d’aménagement de la France (baptisé • En Grande-Bretagne, la reconversion des
sesame). Elle a également promu les métro­ anciennes régions minières et d ’industrie
poles d’équilibre, puis les villes moyennes et lourde (development areas) et l’aménagement
enfin les pays. Dans les années 1990, elle a d ’une agglomération londonienne dont
donné la priorité aux réseaux de ville, à la l’expansion était bloquée par une green belt
reconversion des anciennes régions indus­ (ceinture verte) ont été les priorités qui cèdent
trielles en crise et au développement des tech­ depuis les années 1980 devant une politique
nopoles. de reconcentration sur les villes anciennes (y
De 2006 à 2009, la datar a été transformée compris Londres).
en Délégation interministérielle à l’aménage­ • En Italie, l’objectif, jamais atteint, est
ment et à la compétitivité des territoires celui d ’un meilleur équilibre économique
(diact). Il y avait là plus qu’un changement entre le nord industrialisé et le Mezzogiomo
d’appellation : une orientation nouvelle qui (sud) rural et insuffisamment développé.
veut prendre en compte la mondialisation de • Les Pays-Bas, qui ont, depuis des siècles,
l’économie et placer sur un même plan une politique de lutte contre la mer (inonda­
l’aménagement et la recherche de la compéti­ tions) et de conquête de terrains (polders),
tivité, alors que la datar avait toujours privi­ ont défini une politique de pôles de crois­
légié le premier. On est revenu (décret du sance dans les régions peu urbanisées et
14 décembre 2009) au sigle datar avec un d’aménagement de la grande conurbation de
intitulé légèrement modifié (Délégation inter­ l’ouest dite Randstad (ville en anneau) visant
ministérielle à l’aménagement du territoire et à en préserver le « cœur vert » et à respecter
à l’attractivité régionale). l’individualité, physique et fonctionnelle, des
villes qui la composent ; depuis le milieu des
Le champ d ’application des politiques années 1980 (4e plan d’aménagement du ter­
d’aménagement du territoire peut être assez ritoire) cependant, ces politiques cèdent le
divers : pas à la politique des «villes compactes»
— définition, évolution de l’armature qui tend à enrayer le déclin des grandes
urbaine et éventuellement renforcement, villes.
voire création, d’un niveau manquant dans la • En Union soviétique, la politique de
hiérarchie urbaine ; rééquilibrage entre l’Europe et l ’Asie (Sibérie,
— aménagement, développement et pro­ républiques d’Asie centrale) a conduit à déve­
tection des zones rurales ; lopper de grands combinats industriels dans
— développement et localisation des activi­ l’Oural et en Sibérie, à construire de vastes
tés (dans tous les pays, on a privilégié la poli­ infrastructures est-ouest, et à édifier plus de
AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE 44

mille villes nouvelles (abritant plus du quart l’aménagement des massifs montagneux, des
de la population urbaine). services d’études (1983), placés à la disposition
• La Hongrie a développé une politique des commissaires de région, des antennes dans
(décentralisation à partir de Budapest) très les régions en conversion. Elle dispose aussi de
semblable à la politique française à l’échelle bureaux à l’étranger pour attirer en France des
(un cinquième de la France) de ce pays. investissements.
• Les Etats-Unis eux-mêmes, pourtant idéo­ — Des outils administratifs décentralisés,
logiquement hostiles à toute intervention à l’échelle des régions (cf. régionalisation)
excessive de l’État fédéral, ont créé dès et des autres collectivités territoriales: on
l’entre-deux-guerres la Tennessee Valley appelle décentralisation administrative le
Authority, puis ont guidé l’implantation vers transfert du pouvoir de décision de l’État vers
l’ouest d ’activités industrielles stratégiques les collectivités territoriales (pour la France :
(armement, aéronautique). région, département et commune).
• Le Brésil, en créant Brasilia comme nou­ — Des organismes publics chargés de la
velle capitale, poursuivait un objectif poli­ mise en œuvre à l’échelle locale (sociétés
tique, mais aussi une volonté d’aménagement d ’économie mixte, établissements publics,
de type «front pionnier» en direction du etc.), régionale (sociétés de développement
centre du pays. régional) ou nationale : en France, la Société
Dans la plupart des pays en développement centrale pour l’équipement du territoire
cependant, bien que les disparités régionales (scet), filiale de la Caisse des dépôts et consi­
soient encore plus importantes (en faveur de gnations, a longtemps tenu ce rôle.
la capitale qui croît à un rythme excessif, sou­ — Des moyens financiers : tel était le rôle
vent plus de 5 % par an), l’aménagement du du Fonds national pour l ’aménagement du
territoire apparaît à beaucoup comme un luxe territoire (fnat ), remplacé en 1963 par le
qui passe après les préoccupations de déve­ Fonds d’intervention pour l’aménagement du
loppement économique. territoire, lui-même fusionné en 1995 avec
d ’autres fonds interministériels relatifs à
Les moyens d’une politique d ’aménage­ l’aménagement du territoire dans le Fonds
ment du territoire sont divers : national d’aménagement et de développement
— Un outil administratif central - ministère, du territoire (fnadt). Sous ses dénominations
service ou, comme en France, structure légère successives, ce fonds n ’est pas affecté et vient
(longtemps moins de 100 personnes à la datar, financer partiellement des actions significa­
en 2008,180 personnes à la diact) ayant voca­ tives pour l’aménagement du territoire. Il a
tion à un rôle de coordination interministérielle, ainsi un effet multiplicateur important per­
impulsée par des Comités interministériels mettant de débloquer ou d’orienter des déci­
d’aménagement du territoire. La loi d’orienta­ sions dont le montage financier est difficile.
tion du 4 février 1995 pour l’aménagement et Le fnadt a disposé, en 1995, année de sa
le développement du territoire a institué un création, de 1,391 milliard de F de crédits de
conseil national de l’aménagement et du déve­ paiement et de 2 milliards d’autorisations de
loppement du territoire (présidé par le Premier programme (sensiblement autant qu’en 1994
ministre et dont le secrétaire est le délégué à l’ensemble des fonds interministériels qu’il a
l’aménagement du territoire), composé pour regroupés). Mais chaque aimée ces crédits ne
moitié au moins de parlementaires et d’élus sont pas entièrement utilisés. En 2008, le
locaux, ainsi que de représentants des activités fnadt a disposé de 221,6 millions d ’€, dont
économiques, sociales, familiales, culturelles 125 à travers les contrats de projet État-
et associatives et de personnalités qualifiées. région. La dotation affectée à l’action régio­
On a ainsi reconstitué l’équivalent de la nale au sein du fonds de développement éco­
Commission nationale d ’aménagement du nomique et social (fdes) permet de consentir,
territoire des années 1960 et 1970. La datar a notamment aux entreprises qui s’implantent
en outre mis en place des commissaires à dans les régions à développer ou en reconver­
l’industrialisation de plusieurs régions (Nord- sion, des subventions ou des prêts à des taux
Pas-de-Calais, Lorraine, Ouest-Atlantique, avantageux. L’État peut encore intervenir
Languedoc-Roussillon, Loire, Normandie, financièrement, soit à travers la régionalisa­
Ardennes et la Réunion) et des commissariats à tion de son propre budget, notamment dans le
m AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE

cadre des contrats de plan, soit à travers les — L’orientation des grands programmes
grands organismes nationaux de crédit, tels le d’infrastructure en fonction des priorités de
Crédit agricole et surtout la Caisse des dépôts l’aménagement du territoire: ainsi des plans
et consignations (en particulier à travers ses routiers spéciaux pour la Bretagne et lé Massif
liliales et les sociétés d’économie mixte aux­ central, des aides financières (par le fiat puis
quelles elle participe). par ses successeurs) aux liaisons aériennes
— Des moyens réglementaires concernant transversales, etc. Des schémas directeurs des
l’implantation des activités, voire des popula­ grandes infrastructures (routes, aéronautique,
tions (urss, Chine) : une autorisation particu­ voies navigables, ports...), voire d’autres équi­
lière (agrément en France) peut être exigée pements (carte universitaire) peuvent intégrer
des entreprises souhaitant s’implanter dans les les préoccupations de l’aménagement du terri­
régions développées (région parisienne en toire.
France). Cette procédure peut permettre — L’élaboration de plans d’aménagement
d’orienter l’entreprise vers une décentralisa­ du territoire à l ’échelle nationale et (ou)
tion, totale ou partielle, vers une région à régionale. Les Pays-Bas, conformément à une
développer (Ouest, Sud-Ouest, Massif cen­ loi de 1962, ont établi cinq plans successifs
tral) ou en reconversion (Nord, Lorraine, d’aménagement du territoire en 1962, 1966,
etc.). Ce mécanisme réglementaire peut être 1976, 1988 et 2001, complétés par des rap­
complété par des incitations financières aux ports intermédiaires (officiellement simples
entreprises se décentralisant : primes de déve­ révisions des plans précédents, mais qui
loppement industriel ou d’adaptation indus­ annonçaient le plus souvent les nouvelles
trielle, créées en 1964 et devenues, en 1972, orientations du plan suivant, encore en prépa­
primes de développement régional (subven­ ration). C’est cette démarche qui avait été
tion d’une partie de l’investissement) ; indem­ reprise par la France à travers la loi d’orienta­
nité de décentralisation (partie des frais de tion pour l’aménagement et le développement
déménagement) ; prime de localisation des du territoire (loi Pasqua du 4 février 1995)
activités tertiaires ou de recherche et aide spé­ qui prescrivait T élaboration, dans un délai
ciale rurale (en fonction du nombre d’emplois d’un an, d’un « schéma national d’aménage­
créés), etc. Toutes ces aides ont été rempla­ ment et de développement du territoire » et
cées, en 1982, par une aide unique, la prime celle de schémas régionaux de même nature.
d’aménagement du territoire, liée au nombre Mais seul un avant-projet, extrêmement
d’emplois créés, attribuée par le Comité inter­ vague, a été présenté en avril 1997. Seuls
ministériel des aides à la localisation des acti­ neufs schémas régionaux ( sradt ) étaient
vités (ciala) doté en 1984 de 1 milliard de F, approuvés au 1er janvier 2006 (plus le schéma
mais seulement de 300 millions de F d’autori­ directeur régional de l’île-de-France qui en
sations de programme en 1987. À l’inverse, tient lieu), dix autres étaient en cours d’élabo­
une redevance peut être imposée aux entre­ ration, très lente pour plusieurs d’entre eux
prises ayant obtenu l’agrément pour s’implan­ (plus le schéma d ’aménagement de la Corse
ter dans les régions développées. Créée en qui en tiendra lieu), et l’Alsace se refusait à
1960, elle ne subsiste plus, depuis la fin de en établir un. La loi Pasqua prévoyait égale­
1982, que pour les bureaux et les locaux de ment des « schémas sectoriels » (infrastruc­
recherche. tures de transport, enseignement supérieur et
— Des mécanismes fiscaux, qui peuvent recherche, culture, santé, télécommunica­
être adaptés en fonction des objectifs d’amé­ tions), mais aucun d ’entre eux n ’était arrivé
nagement du territoire : possibilité d’exonéra­ au stade de l’approbation. La loi Voynet du
tion temporaire de la taxe professionnelle, 25 juin 1999 les a remplacés par des «sché­
amortissement plus rapide des investisse­ mas de services collectifs», plus nombreux
ments, etc. (ils concernent également l’énergie, les
— La réalisation de grands aménagements espaces naturels et le sport). Ces huit schémas
régionaux (canal de Provence, aménagement ont été approuvés par décret du 18 avril 2002
du littoral Languedoc-Roussillon, de la côte et publiés. Le retard par rapport à la date pré­
Aquitaine et de la Corse, zone industrialo- vue par la loi (fin 1999) est moins grave que
portuaire de Fos, parc d’activités de Valbonne- le caractère souvent incomplet ou imprécis
Sophia-Antipolis, villes nouvelles, etc.). des choix effectués. Ainsi, le schéma de ser­
AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE 46

vices collectifs de l’enseignement supérieur les plus touchées par la crise économique
et de la recherche, au lieu de tracer une pers­ (régions et pôles de conversion) ;
pective à vingt ans comme le prescrivait la — la création de technopoles (comme
loi, se limite à reprendre les projets du pro­ Valbonne, mais aussi en région parisienne:
gramme « Universités IIIe millénaire », dont cité Descartes à Mame-la-Vallée) ; et, de façon
l’horizon est 2010, et n ’était même précis que générale, le rôle moteur des activités de
pour les projets inscrits dans les contrats de recherche et la politique de leur localisation ;
plan en cours (2000-2006). Enfin, la loi — le dialogue État-régions dans le contexte
Pasqua a introduit la possibilité de « direc­ créé par la décentralisation administrative,
tives territoriales d’aménagement » (dta) éta­ notamment à travers les contrats de plan entre
blies sous l’autorité de l’État, pour guider l’État et les régions.
l’urbanisation de certaines régions (le schéma Ces priorités ont elles-mêmes été relayées
directeur régional en tient lieu pour l’île-de- par d’autres. En France, la datar n ’a cessé en
Erance). Sept dta ont été prescrites : Alpes- effet de mettre en avant de nouveaux
Maritimes, Alpes du Nord, estuaire de la concepts, qui n ’ont pas toujours fait la preuve
Seine, estuaire de la Loire, aire métropolitaine de leur pertinence, quitte à mettre en sommeil
marseillaise, aire urbaine lyonnaise et bassins ceux qui étaient prédominants dans la période
miniers nord-lorrains. Mais leur élaboration a antérieure. Ainsi, la reconversion industrielle
été très longue : la première (celle des Alpes- est-elle pratiquement abandonnée et n ’est
Maritimes) n ’a été approuvée qu’en 2003, et plus abordée que sous l’angle des politiques
celle des Alpes du Nord ne l’est toujours pas dites de la ville. Parmi ces notions nouvelles,
en 2009 (les autres l’ont été en 2006 et 2007). les réseaux urbains, idée-force des années
1990, n ’ont guère produit de résultats
L’aménagement du territoire ne peut cepen­ concrets. La notion d’agglomération constitue
dant se limiter à une série de moyens adminis­ une priorité plus récente: soutenue par les
tratifs, financiers, fiscaux, etc., pour infléchir nouveaux contrats d ’agglomération mis en
la localisation des activités et des grands équi­ place dans la quatrième génération des
pements. Il est, par essence, action à long contrats de plan (2000-2006), elle semble
terme et ne peut se concevoir sans une dimen­ mieux correspondre à une réalité perceptible
sion prospective. Tel a été le rôle, en France, sur le terrain. Depuis 2005, la priorité est
du sesame - système d ’études pour un schéma accordée aux pôles de compétitivité.
d ’aménagement - lancé par la datar en 1968 La d iact s ’est vu fixer d’autres priorités.
et qui recherchait les nouveautés technolo­ Celles-ci doivent prendre en compte dans le
giques (transports, informatique, télécommu­ quadruple contexte de l’Union européenne,
nications, cultures sans sol...) les plus de la décentralisation administrative, du déve­
susceptibles d ’influer sur l ’organisation du loppement durable et de la globalisation de
territoire ; les possibilités offertes par l’ana­ l’économie mondiale. Elle a d’ailleurs tenu à
lyse de systèmes pour éclairer les décisions redéfinir les objectifs politiques de l’aména­
publiques ; les possibilités d ’évolution de gement du territoire en France :
l ’occupation du territoire national, essai — prospective territoriale ;
de prospective géographique, utilisant la — créations d’aménagements ex nihilo
méthode des scénarios contrastés. Depuis la (villes nouvelles, aménagements touristiques) ;
crise de l’énergie, cette réflexion prospective — réparation des territoires en crise ;
a tenu une place bien moindre. — protection environnementale ;
L’aménagement du territoire doit pourtant — compensation (en faveur des territoires
renouveler ses principes en se nourrissant de défavorisés).
ces réflexions prospectives, sans tomber, La nouvelle datar s’est vu fixer, par le
comme le fait trop souvent la datar, dans des décret du 14 décembre 2009, les mêmes mis­
concepts - et des politiques - guidés par une sions plus une mission de réflexion prospec­
mode et trop vite délaissés ensuite. Au cours tive et stratégique sur les métropoles.
des années 1980, les priorités, très différentes Mais c’est de plus en plus l’Union euro­
de la «décongestion du monstre parisien» péenne, qui consacre d ’importants moyens à
demandée par J.-F. Gravier en 1947, ont été : l’aménagement du territoire, bien que celui-ci
— la reconversion des régions et des villes ne soit pas officiellement partie de ses compé-

liiiiRRiiMiiuiiihiiiiiiiiiiiij'iiuiiiihiii
AM ÉNAGEM ENT RÉGIONAL
«7

lences (même si le traité de Rome évoque la nelles, pour une relance de la politique fran­
nécessité de «réduction de l’écart entre les çaise d’aménagement du territoire, n ’a guère
différentes régions et le retard des moins été mise en œuvre. La loi Voynet de 1999,
favorisées»), qui choisit les principaux axes qui la corrigeait, prévoyait des dispositifs
d'une politique qui a été définie par le schéma moins globaux (suppression du schéma
de développement de l’espace communau­ national, qui n ’avait jam ais été établi) et
taire (sdec), adopté en 1999. À vrai dire, plus réorientait la politique dans une vision plus
que le sdec qui n ’a pas de caractère officiel environnementale et plus régionale (mais
(puisque l’aménagement du territoire n ’est seuls quelques schémas régionaux ont été
pas une attribution communautaire), ce sont adoptés). Le relais pris de facto par l’Union
les importants crédits consacrés à des objec­ européenne ne constitue pas la garantie
tifs concernant directement l’aménagement d ’une nouvelle politique et encore moins
du territoire, qui confèrent à l’Union euro­ d’un nouvel intérêt pour l’aménagement du
péenne des moyens considérablement plus territoire. Le sdec , pour pouvoir être accepté
importants que ceux de la politique nationale. par tous, a dû se limiter à des considérations
11 s’est agi, pendant la période 2000-2006, du très générales. Quant aux crédits européens,
nouvel objectif 1 (régions à faible revenu par ils sont sollicités par les collectivités locales,
habitant), qui ne concerne pour la France que mais ne traduisent aucune politique globale.
les départements d’outre-mer (et la Corse et Ils viennent appuyer des initiatives locales
le Hainaut, qui en bénéficiaient jusqu’en très dispersées. Le contexte de libéralisme et
1999, au titre des mesures transitoires) et du de mondialisation, qui a dominé la période
nouvel objectif 2 (reconversion économique récente, s’est avéré très défavorable à la prise
et sociale), qui concernait le tiers de la France en compte d ’impératifs spatiaux qui néces­
(en termes de population), ainsi que de cer­ sitent souvent des arbitrages par rapport aux
tains programmes d’initiative communautaire objectifs purement économiques.
(coopération transfrontalière, développement p. M.
rural, zones urbaines, égalité des chances sur
Administration de m ission; Am énagem ent; Aménagement
le marché du travail). Au total, la France rural; Armature urbaine; Contrat de projet État-région;
devait recevoir de l’Union européenne Conversion; Décentralisation administrative; Décentralisa­
11,11 milliard d’€ à ces différents titres entre tion (des activités); Développement local; Directives (ou
prescriptions) d'aménagem ent du territoire,; Directive terri­
2000 et 2006 (à comparer à moins de 2 mil­ toriale d'aménagement ( d t a ) ; Disparités régionales (ou dés­
liards d ’€ de crédits budgétaires nationaux équilibre régional); Grands aménagements régionaux;
Localisations des activités; Planification spatiale; Prime
pour la même période). d'aménagement du territoire; Prospective; Redevance; Scé­
Pour la période en cours (2007-2013), les nario; Schéma national d'aménagement et de développe­
ment du territoire; Union européenne et aménagement du
priorités européennes sont la convergence des territoire.
formes de croissance et d ’emploi dans les
pays et régions défavorisées, la compétitivité
régionale et l’emploi dans les autres régions et AMÉNAGEMENT RÉGIONAL
la coopération territoriale (transfrontalière,
transnationale, interrégionale). Le montant Les actions d’aménagement qui concernent
total à dépenser pendant cette période s’élève les ensembles régionaux sont l’œuvre de
à 307,26 milliards d’€. La part de la France l’administration centrale ou des collectivités
sera de 12,688 milliards (en baisse relative en territoriales. La part de l’administration cen­
raison des conséquences de l’élargissement trale ou des services publics demeure pré­
aux pays d’Europe centrale et orientale). Elle pondérante : les grands axes ferroviaires ou
se répartit entre les trois objectifs précédents routiers et autoroutiers, les voies navigables,
en 2 838 millions pour les dom (objectif 1), les aéroports de niveau national ou interna­
9 100 millions (objectif 2), y compris les tional dépendent de décisions prises à l’éche­
sommes attribuées à titre de transition pour la lon national, de même que la création de
Corse et le Hainaut qui ne bénéficient plus de parcs nationaux.
l’objectif 1) et 749 millions (objectif 3). Les lois du 7 janvier et du 18 juillet 1983
sur la répartition des compétences ne réservent
La loi Pasqua de 1995, qui ouvrait des à la région que des secteurs limités, les lycées
perspectives ambitieuses, bien que tradition­ ou les parcs naturels régionaux par exemple.
AM ÉNAGEM ENT RURAL
48

La loi Libertés et responsabilités locales du notamment quant aux grandes infrastructures


13 août 2004, qu’a fait voter (malgré une de transport, aux grands équipements, à la
opposition politique venant de tous les hori­ préservation des espaces naturels, des sites et
zons) le gouvernement Raffarin, n’a pas bou­ des paysages. Les schémas directeurs inter­
leversé cette situation. Elle a prévu que la communaux, lorsqu’ils existent, et les plans
région exerce la coordination des actions éco­ d ’occupation des sols doivent être compa­
nomiques des collectivités territoriales. À tibles avec ces directives. Il s ’agit là d ’un
cette fin, elle peut adopter un schéma de déve­ dispositif qui a pour objet de limiter les
loppement économique, établi après consulta­ excès commis, en matière d ’urbanisme, par
tion des autres collectivités et des chambres les collectivités locales depuis la décentrali­
consulaires. Elle organise les consultations sation (1983). Sept d t a ont été prescrites
avec les collectivités locales en cas d ’altéra­ pour les Alpes-Maritimes, les Alpes du Nord,
tion de l’équilibre économique dans tout ou l’estuaire de la Seine, l’estuaire de la Loire,
partie de la région. Elle peut accorder des l’aire métropolitaine marseillaise, l’aire
aides. Elle mènera également la concertation urbaine lyonnaise et les bassins miniers nord-
avec l’Etat et les collectivités locales dans le lorrains. Elles ont été longues à élaborer. Six
domaine des investissements routiers. Cette d ’entre elles ont été approuvées en 2003
même loi prévoit de nouveaux transferts de (Alpes-Maritimes) pour la première, entre
compétence au bénéfice des collectivités terri­ 2005 et 2007 pour les autres. Seule celle des
toriales, notamment dans les domaines du tou­ Alpes du Nord ne l’est pas encore en 2010.
risme, du réseau routier, des aérodromes, des La même loi Pasqua a prévu également
cours d ’eau et, canaux, des transports, du l’élaboration par les régions de schémas
logement, etc. régionaux d ’aménagement du territoire (sauf
Les politiques que développent les régions en Ile-de-France, où le schéma directeur
en matière d’aménagement sont axées sur les régional en tient lieu, ainsi qu’en Corse et
transports (renforcement d’axes routiers prio­ dans les d o m , o ù la schéma d’aménagement
ritaires, liaisons ferroviaires régionales), la régional joue aussi ce rôle). Leur élaboration
formation, la recherche (au niveau universi­ a été très lente, ce qui traduit un enthou­
taire en particulier) ou la conservation de siasme très relatif des régions. En 2009,
l’environnement. Elles impliquent la collabo­ seuls neufs schémas régionaux (Aquitaine,
ration de la région, des départements et de Basse-Normandie, Auvergne, Languedoc-
l’Etat. La procédure des contrats de plan État- Roussillon, Bourgogne, Champagne-
régions institutionnalise ces collaborations. Ardennes, Nord-Pas-de-Calais, Provence-
Une bonne part de l’aménagement régional Alpes-Côte d’Azur, plus l’île-de-France où le
a été confiée, enfin, à des sociétés d’économie schéma directeur régional en tient lieu) ont
mixte : Société du Bas-Rhône-Languedoc par été approuvés, dix étaient encore en (très
exemple. La politique de la montagne et la lente) élaboration et l’Alsace y avait renoncé.
création des stations de ski intégrées, comme
celle des stations nouvelles sur le littoral P. C.
méditerranéen, sont passées par l’intervention Am énagem ent; Aménagem ent du territoire; Décentralisa­
directe de l’État, sans guère de consultation tion administrative; Directive territoriale d'aménagement
( d t a ) ; Grands aménagements régionaux; Région.
locale ou régionale.
Sur le plan de l’encadrement des politiques
d ’urbanisme des collectivités locales, la loi AMÉNAGEMENT RURAL
Pasqua pour l’aménagement et le développe­
ment du territoire de 1995 a prévu la possibi­ Ensemble des actions localisées visant à
lité pour l’État d’établir, en association avec réaliser une utilisation optimale de l’espace
les collectivités territoriales concernées, des rural.
directives territoriales d’aménagement ( d t a ) ; L’aménagement rural est un aspect de
qui « fixent, sur certaines parties du territoire, l’aménagement du territoire qui est apparu en
les orientations fondamentales de l’État en France en 1960. Il vise à :
matière d ’aménagement et d’équilibre entre — accroître la productivité agricole : tel fut
les perspectives de développement, de pro­ l’objet des sociétés de mise en valeur (compa­
tection et de mise en valeur des territoires », gnies du canal de Provence, du Bas-Rhône-
«a AM ÉNAGEM ENT RURAL

Languedoc, de l’Aquitaine, des coteaux de général) et les moyens à mettre en œuvre ;


Gascogne; sociétés de mise en valeur de la non opposables aux tiers, ils ont joué un rôle
Corse, de l’Auvergne et du Limousin) ; comparable (mais non identique) à celui des
— développer des activités non agricoles schémas directeurs d’aménagement et d’urba­
(industrielles en particulier) en milieu rural nisme en milieu urbain.
pour éviter que le déclin de la population La dimension d’aménagement du territoire
active agricole ne continue à nourrir l’exode et celle de l’aménagement local se sont ren­
rural ; en 1976 a été instituée à cette fin l’aide contrées, à partir de 1976, à travers les contrats
spéciale rurale (prime par emploi créé dans de pays qui permettent une aide de l’Etat (fiat,
certains secteurs) qui a été fondue en 1982 puis fidar) pour subventionner de petites opé­
dans la prime d’aménagement du territoire ; rations concernant l’animation économique,
— créer un niveau d’équipement collectif l’amélioration de l’habitat, les services et
qui rende attractif le mode de vie au milieu équipements collectifs, le patrimoine culturel,
rural ; etc. Cette procédure est décentralisée depuis
— développer le tourisme en milieu rural 1983.
sans nuire au cadre naturel. Le relais a été pris, après la décentralisa­
Cette politique a été précisée en 1967 sous tion, par la charte intercommunale. C ’était un
le titre de rénovation rurale qui vise surtout les document sans valeur juridique qui suppose
trois derniers objectifs (le premier avait été l’accord unanime des communes concernées.
auparavant privilégié) en cherchant à assurer Son rôle était donc plus pédagogique que nor­
la conversion de régions jusque-là essentielle­ matif. Son articulation avec le schéma direc­
ment agricoles (Bretagne, M assif central, teur et les plans d’occupation des sols n ’était
etc.), en utilisant financièrement le fonds même plus prévue depuis la loi du 13 juillet
national de rénovation rurale, devenu en 1979 1991. Au total, plus de 300 chartes, concer­
le fonds d’intervention pour le développement nant plus de 7 000 personnes et quelque
et l’aménagement rural, par regroupement 5,5 millions d’habitants, ont été établies.
avec le fonds d’aménagement rural du minis­ La loi d’orientation pour l’aménagement et
tère de l’Agriculture. En 1994, le fid a r , le développement du territoire (loi Pasqua du
décentralisé dans le cadre des contrats de plan 4 février 1995) a relancé la notion de pays.
État-régions, était doté de 354 millions de F de Elle prévoit que la commission départemen­
crédits de paiement. À partir de 1995, il a été tale de la coopération intercommunale peut
intégré dans le nouveau fnadt (Fonds natio­ constater qu’un territoire qui présente une
nal d’aménagement et de développement du cohésion géographique, culturelle, écono­
territoire). mique ou sociale constitue un pays. La liste
Elle a aussi pris une dimension foncière des pays et leur périmètre est ensuite publiée.
importante, à travers le remembrement agri­ Le pays doit exprimer la communauté d’inté­
cole qui vise, par achats et échanges, à une rêts économiques et sociaux et éventuellement
meilleure répartition des parcelles constituant des solidarités réciproques entre la ville et
les exploitations, la réalisation d’infrastruc­ l’espace rural. Les collectivités territoriales et
tures (drainage), la mise en valeur de terres leurs groupements définissent un projet
incultes récupérables, le reboisement, l’encou­ commun de développement. L’État doit coor­
ragement aux groupements volontaires des donner, dans le cadre du pays, son action de
exploitants. Les Sociétés d’aménagement fon­ développement local et urbain avec celle des
cier et d’établissement rural (safer), créées en collectivités territoriales et en tient compte
1960, qui peuvent acquérir des terres à pour l’organisation de ses services. Bien que
l’amiable ou par voie de préemption, en vue le pays ne constitue en aucun cas une collecti­
de les aménager, de les regrouper et de les vité territoriale, certains ont estimé inoppor­
rétrocéder à des exploitants, ont joué un rôle tune sa mise en exergue par la loi. La loi
très important (plus de 100 000 ha acquis et Voynet du 25 juin 1999 a précisé le mode de
rétrocédés par an). définition des pays (à l’initiative du préfet ou
Localement, les plans d ’aménagement sur proposition des communes après avis de la
rural, institués en 1970, déterminaient les commission départementale de coopération
orientations de l’aménagement d’un secteur intercommunale) et prévu l’élaboration d’une
rural (quelques dizaines de communes en charte de pays qui doit être adoptée par les
AM ÉNAGEM ENT RURAL 5Q

communes concernées et leurs groupements. zones rurales proches des villes, atteintes par
Cette charte exprime un projet de développe­ la rurbanisation, les campagnes les plus fra­
ment durable du pays et prend en compte les giles (on parle le «rural profond») qui
dynamiques locales porteuses de développe­ nécessitent un effort de solidarité et ce que la
ment, notamment dans le domaine du tou­ datar appelle des «nouvelles campagnes»
risme. Un contrat peut être passé, dans le où « des dynamiques émergentes doivent être
cadre des contrats de plan État-région, entre appuyées », le gouvernement a décidé de
l’Eta.t et le syndicat mixte ou l’établissement relancer la politique d’aménagement rural à
public de coopération intercommunale consti­ travers la loi de développement des terri­
tué entre les communes : c’est là une incitation toires ruraux du 23 janvier 2005. Celle-ci
pour les communes du pays à l’intercommu­ comporte quatre axes principaux : l’encoura­
nalité formelle. Au 1er janvier 2008, 345 pays gement à l’emploi, la relance du logement,
avaient été constitués (26 autres étaient en l’amélioration des services publics et l’équi­
cours de constitution), certains à cheval sur libre entre les différents usages de l’espace
plusieurs départements, ce qui ne va pas sans rural. Elle prévoit la création de sociétés
créer des complications dans les relations d ’investissement pour le développement
entre les collectivités territoriales concernées, rural ( sider ).
par exemple en Languedoc-Roussillon, où la Surtout, la loi de 2005 a apporté une amé­
région a suscité la création de nombreux pays lioration sensible du mécanisme des z r r . Les
interdépartementaux pour réduire l’influence communes qui peuvent être concernées ont
des départements. Les 345 pays officiellement été mieux précisées. Les objectifs poursuivis
créés couvrent 81 % du territoire métropoli­ par l’État et les collectivités territoriales ont
tain et contiennent 43 % de la population. Au été mieux définis. Le découpage des zr r a été
1er janvier 2007,288 contrats de pays (plus de revu pour la période 2006-2009. Les aides
80 % des pays) avaient été signés. (exonérations fiscales, de charges sociales et
La loi du 4 février 1995 a par ailleurs créé de taxes foncières) pour les entreprises ont été
les zones de revitalisation rurale (zrr). Ce accrues. Le département peut passer avec
sont des territoires ruraux en difficulté (écono­ l’État une convention de revitalisation qui
mie fragile, faible densité de population sou­ peut s’inscrire dans les contrats État-région.
vent en diminution), qui correspondent à ce L’installation d’entreprises artisanales, com­
qu’on appelle souvent le «rural profond», où merciales, de service ou coopératives est
l’État s’engage à soutenir le développement encouragée, notamment par des sociétés
économique. Mais ce dispositif n’a, pendant d’investissement pour le développement rural
dix ans, pas très bien fonctionné. Revu en dans des domaines très divers (immobilier
2005, il fait désormais l’objet de création de d’entreprise, rénovation de bâtiments, équipe­
nouvelles zones tous les deux ans (2005, ments, etc.). Enfin, dans le domaine de l’agri­
2007, 2009), puis tous les cinq ans. En 2004, culture, la transmission des exploitations est
il existait 1 700 zrr, concernant 11 674 com­ facilitée, des groupements d’exploitation agri­
munes et couvrant 40 % du territoire métropo­ cole en commun peuvent être créés, les condi­
litain. tions du travail saisonnier sont améliorées et
une protection d ’appellations d’origine des
Un élément nouveau est apparu à partir des produits agricoles est rendue possible. La
années 1970 : le solde migratoire entre villes même loi prévoit des outils de gestion fon­
et campagnes est redevenu positif. Ceci est dû, cière et de rénovation du patrimoine rural
d ’une part à l’urbanisation périphérique (péri­ bâti, notamment des dispositifs favorisant le
urbanisation) et à l’urbanisation rampante de remembrement des terres (appelé « aménage­
l’espace rural qui conduit à une imbrication ment foncier rural) et la possibilité, pour le
des espaces ruraux et des zones urbanisées département, de :
périphériques (rurbanisation). On a pu parler à — délimiter des périmètres d’intervention
ce sujet d ’exode urbain, qui aurait en quelque foncière ;
sorte succédé à l’exode rural ou plutôt l’aurait — établir, pour ces espaces, avec les com­
dépassé en effectifs concernés (sans que ce munes, un programme d’aménagement et de
dernier soit complètement interrompu). gestion ;
Constatant les écarts croissants entre les — acquérir, dans ces périmètres, des terrains.
AM ÉNAGEM ENT TOURISTIQUE
»1

En 2006, ont été créés les «pôles d’excel­ des exploitations, à l’installation de jeunes
lence rurale », choisis après appel à projets agriculteurs et à la gestion des forêts.
(investissements matériels, hors voirie et Malgré ces hésitations et cette multiplica­
réseaux). L’État apporte une aide, qui peut tion des procédures successives, la politique
atteindre 30 %. Les aides totales représentent française d’aménagement rural a eu au moins
1,2 milliard d ’€, soit 3,15 millions en pour résultats une stabilisation de la popula­
moyenne par pôle, dont 232 millions venant tion rurale dès les années 1970, voire une
de l’État. Une première vague de 378 pôles a légère croissance depuis (largement due, il est
été labellisée en 2006-2007. Deux tiers des vrai, à l’exode urbain), des succès dans la
territoires retenus sont situés dans des ZRR et localisation des emplois créés (pour moitié
40 % dans des massifs montagneux. Ce sont dans les zones prioritaires) et une modernisa­
des établissements publics de coopération tion rapide de l’économie agricole. Mais de
intercommunale (la moitié d ’entre eux), des nouvelles zones fragiles apparaissent, en par­
pays (le quart), mais aussi des départements, ticulier en montagne : la politique actuelle
des parcs naturels régionaux, etc. Ils d ’aménagement rural doit donc continuer à
concernent la promotion des richesses natu­ faire jouer, dans le contexte nouveau de la
relles, culturelles et touristiques, la valorisa­ décentralisation administrative, les méca­
tion des bio-ressources, le développement nismes de solidarité nationale.
d’offre de services et l’accueil de nouvelles P. M.
populations, les productions industrielles, arti­
sanales et de services. La diact estime qu’ils -► Agriculture; Aménagem ent du territoire; Charte inter­
communale ; Contrat de pays ; Exode rural ; Pays ; Périurbani­
ont permis la création ou le maintien (notion sation ; Plan d'aménagement rural ; Sociétés d'aménagement
ambiguë) de 40 000 emplois. Dans ce dernier foncier et d'établissement rural ( ) ; Rurbanisation.
saper

domaine, une des actions les plus significa­


tives a été la création de « relais de services
publics », qui peuvent être aidés par l’État, qui AMÉNAGEMENT TOURISTIQUE
sont implantés par exemple en mairie ou au
bureau de La Poste. Ce sont des guichets Le tourisme nécessite des hébergements
d’accueil polyvalents chargés d’accueillir, spécifiques (hôtels, villages de vacances, ter­
d’orienter et de conseiller les usagers dans rains de camping-caravanage, etc.) et des
leurs relations avec les administrations et les équipements (plages aménagées, ports de plai­
organismes publics. sance, piscines, patinoires, remontées méca­
Enfin, en décembre 2008, a été lancé le niques, refuges de montagne, etc.) qui sont en
«Réseau rural français» dans le cadre du rupture avec les sites, naturels ou construits,
«réseau européen de développement rural» où ils s’implantent. La nécessité d’un aména­
de l’Union européenne». Il s’agit d’établir gement rigoureux est d ’autant plus nécessaire
un inventaire et une analyse des bonnes pra­ que les sites les plus convoités par les héber­
tiques rurales, d’organiser les échanges de gements et les équipements touristiques sont
savoir-faire, de programmer des formations, souvent ceux qui sont les plus rares - notam­
d’apporter une àssistance technique pour la ment sur le littoral - et les plus fragiles (litto­
coopération internationale. Pour la période de ral, montagne, abords des lacs et des rivières,
planification 2007-2013, un budget de 30 mil­ etc.). L’objet de l’aménagement touristique est
liards d’€ (dont 20 venant du feader euro­ notamment de résoudre au mieux la contradic­
péen) a été dégagé à cet effet. Également tion entre d’une part le souci des populations
dans le cadre de la politique européenne, le locales d’exploiter leurs atouts naturels sus­
programme de développement rural hexago­ ceptibles d’attirer des touristes, celui des pou­
nal et les programmes de développement voirs publics de voir l’ensemble des citoyens
rural régionaux pour la Corse et pour les dom bénéficier de vacances et d’autre part la néces­
s’inscrivent dans la période de programma­ sité de protéger les espaces les plus fragiles et
tion européenne 2006-2013. Ils ont reçu, en de ne pas gâcher, par une absence d’aménage­
2007, 781 millions d’€ du feader destinés à ment, la qualité de sites qui ne demeureraient
des aides aux agriculteurs de montagne et de plus attractifs.
zones défavorisées, au soutien aux mesures L’architecture touristique, et en particulier
agro-environnementales, à la modernisation hôtelière, est souvent originale, mais son
AMÉNAGEUR 52

insertion duns les sites touristiques est parfois œuvre de leurs dispositions a été inégale. Les
délicate. Longtemps, on a laissé se produire schémas de mise en valeur de la mer ont été
un développement spontané, les stations tou­ très longs à élaborer (trois seulement, sur 11
ristiques se développant le plus souvent à par­ qui avaient été prescrits ont été approuvés).
tir de localités existantes, sans toujours en Les schémas de massifs n’ont jamais été éta­
respecter les traditions (forme et groupement blis. Mais la règle de l’inconstructibilité à
des constructions, matériaux, couleurs). Lors­ moins de 100 m du rivage hors des localités
qu’il y eut une intervention volontaire, celle- et la procédure des unités touristiques nou­
ci eut le plus souvent pour objet de développer velles en montagne ont permis de limiter le
le tourisme, pour les besoins de l’économie « mitage » de ces espaces très convoités et fra­
locale mais aussi pour attirer des devises. Ces giles. Parallèlement, les achats de terrain par
politiques d ’aménagement ont été rarement le Conservatoire de l’espace littoral et des
respectueuses de l’environnement. Elles ont espaces lacustres, créé en 1975, ont assuré la
surtout cherché à rationaliser les investisse­ protection définitive de plus de 1 000 km de
ments, les pouvoirs publics apportant un sou­ littoral. Ces mesures ont souvent fait l’objet
tien concret aux investisseurs (aménagement de critiques des élus, qui ont multiplié les ten­
foncier, infrastructures, équipements touris­ tatives pour en réduire la portée, notamment
tiques tels que ports de plaisance ou remon­ celle de la loi « Littoral » afin de faciliter les
tées mécaniques notamment), et à tirer le aménagements touristiques.
meilleur parti, en termes de nombre de lits, P. M.
donc de visiteurs et de devises, des sites à
aménager. En France, deux exemples sont -> Hébergeménts touristiques; Littoral; Montagne; Tourisme.
caractéristiques de cette politique. Sur le litto­
ral, la mission interministérielle pour l’aména­
gement de la côte du Languedoc-Roussillon, AMÉNAGEUR
créée en 1963 pour vingt ans, a aménagé des
stations comportant des immeubles collectifs Personne ou organisme qualifié dans les
en bordure immédiate des plages et des ports études d ’aménagement et dans l’application
de plaisance. En montagne, le plan Neige qui des plans, programmes et projets résultant de
a conduit à construire en haute montagne dans ces études.
les années 1960, au-dessus des zones habitées, L’aménageur (ou l’organisme aménageur)
des stations dites intégrées, fonctionnelles peut intervenir à des échelles très variées : de
(souvent constituées d ’un bâtiment unique celle du territoire à celle du quartier, voire du
avec rue intérieure abritant appartements de local.
taille réduite, commerces, etc., et offrant un Comme celle de l’urbaniste, l ’action de
accès, skis aux pieds, au domaine skiable), l’aménageur est une intervention volontaire
mais complètement artificielles. Dans les sur l’organisation de l’espace, qui vise à une
deux cas, une architecture moderniste s’est situation ordonnée, jugée préférable à une
imposée, qui est vite apparue datée. autre. Cette action s’inscrit dans le temps : la
Au milieu des années 1970, lorsque les disposition ordonnée dépend de ce qui a été
préoccupations environnementales ont disposé auparavant, comme elle marque
commencé à se faire jour, les pouvoirs publics l ’espace pour l ’avenir. Elle est par essence
sont intervenus pour limiter les excès de telles globale - encore qu’on puisse concevoir des
politiques. C’est ainsi que furent d’abord éla­ aménageurs spécialisés dans un domaine :
borées les deux directives «M ontagne» industrie, tourisme, etc, - et concerne donc
(22 novembre 1977) et «Littoral» (25 août tout ce qui influe sur P organisation de
1979), approuvées par décret. Ces directives, l’espace, sur les activités des hommes dans cet
dans le contexte nouveau de la décentralisa­ espace, bref sur leur mode de vie^
tion, furent renforcées à travers les lois L’aménageur est donc un spécialiste de
«M ontagne» (9 janvier 1985) et «Littoral» l’espace, mais aussi du temps. Il doit en
(3 janvier 1986) qui cherchent à équilibrer les permanence intégrer les dimensions géogra­
dispositions favorables au développement phique, historique et prospective. La profes­
touristique et économique et les dispositifs de sion est récente : ce n ’est qu’au cours de la
protection de l’environnement. La mise en dernière génération, après la mise en place, en
a n a l y s e d é m o g r a p h iq u e
P

Le repérage des événements démographiques


France et dans quelques autres pays, d’une (naissances, décès, etc.) s’effectue en fonction
politique d’aménagement du territoire, qu on
de la date d et de l’âge a. On utilise le diagramme
a commencé à parler d ’aménageur. Peu de de Lexis où les dates sont réparties en abscisse et
réelles formations autonomes existent, la plu­ les âges en ordonnée : un individu se déplace, au
part de celles qui revendiquent ce nom étant cours de sa vie sur une oblique parallèle a la
trop étroitement subordonnées à une disci­ première bissectrice (ligne de vie). L’analyse
pline dominante (en France, la géographie le démographique privilégie diverses approches :
plus souvent, l’économie parfois). La profes­ __une approche transversale (ou du
sion d’aménageur, plus encore que celle moment), où on étudie les événements surve­
d’urbaniste, n’a pas encore clairement affirme nus au cours d’une période dormée (un an par
son identité et son autonomie. exemple : bande verticale du diagramme) ;
P. M. — une approche longitudinale (par géné­
ration), où on étudie les événements survenus a
-♦ Am énagem ent; Urbaniste.
une génération ou cohorte (bande oblique).
Une bande verticale correspond à une annee
calendaire, une bande horizontale à une classe
ANALYSE COÛTS-AVANTAGES
d’âge, une bande oblique à une génération (ou
_+ Coûts-avantages (analyse)
cohorte). , „ . ,,
L’importance relative des faits démogra­
phiques est mesurée en les rapportant à l’effec-
ANALYSE DE CONTENU -► Enquête tif de la population, sous forme d’indices. On
distingue, parmi ces indices, les quotients et
les taux. Par exemple pour la mortalité :
ANALYSE DÉMOGRAPHIQUE __le quotient de mortalité de la génération g a
l’âge a est le rapport du nombre de décèsde cette
Technique formée par les méthodes d’ana­ génération, entre les âges a et a + 1, à l’effectif de
lyse des statistiques relatives aux états et cette génération ayant atteint l’âge a : il prend en
aux mouvements de population (R. Pressât, compte des décès intervenus sur deux années
L 'a n a ly se d ém o g ra p h iq u e , Paris, PUF, 1964 ;
calendaires consécutives et suppose un double
L. Henry, D é m o g ra p h ie : a n a ly se e t m odèles, classement des événements (décès) par âge a et
Paris, Larousse, 1972 ; G. Calot, L a m esu re
d e s tau x en d é m o g ra p h ie, Paris, PUF, 1984).
par génération g;

Taux d e m o rta lité d e la g é n é ra tio n g


Taux d e m o r ta lité à l 'â g e a d e l ’a n n é e d, à l'â g e a
d e l ’a n n é e d
td ^ «
ANALYSE DES DONNÉES 54

— la méthode de la population type, qui


consiste à appliquer à une population de
structure (par âge et par sexe) de référence,
les taux par âge d’une autre population ;
— la méthode des taux types qui consiste à
appliquer les taux par âge d’une population
de référence à la structure (par âge et sexe)
d’une autre population.
Ces deux dernières méthodes ont pour objet
de distinguer l ’influence de la structure et
celle du comportement démographique de la
population étudiée.
P. M.
- » Démographie; Fécondité; Mortalité; Natalité; Projections
démographiques.

Q u o tie n t d e la m o rta lité d e la g é n é ra tio n g


à l ’â g e a

ANALYSE DES DONNÉES

Méthodes mathématiques de traitement des


données numériques utilisant notamment des
— le taux de mortalité de la génération g et méthodes d’analyse matricielle.
de l’année d à l’âge a est le rapport des décès Les données spatiales se présentent en effet
de la génération g au cours de l’année d à souvent sous forme de tableaux croisant les
l’effectif moyen de cette génération au cours divisions géographiques (villes, quartiers,
de l’année d : il prend en compte des décès régions) avec des variables localisées.
concernant deux classes d’âge différentes L’analyse en composantes principales est
(a - 1 révolus et a révolus) ; une transformation mathématique qui trans­
— le taux de mortalité à l’âge a de l’année forme les variables observées en autant de
d est le rapport du nombre de décès des composantes principales, fonctions linéaires
individus d’âge a révolu pendant l’année d à des précédentes (et inversement), qui sont
l’effectif moyen de la population d’âge a indépendantes (non corrélées) entre elles.
révolu au cours de l’année d. L’analyse factorielle cherche à exprimer
Le quotient et le taux de génération corres­ linéairement les variables en fonction d ’un
pondent à une analyse longitudinale (par nombre réduit de facteurs, indépendants entre
génération), le taux par classe d ’âge à une eux, de telle façon que ces facteurs expliquent
analyse transversale. la majeure partie de la variance.
Les taux par génération sont les plus utiles De telles analyses, qui sont très lourdes,
car les plus rigoureux, parce que rapportant mais facilitées aujourd’hui par les programmes
les événements à une seule génération, mais sur ordinateurs, supposent un choix pertinent
ils supposent le double classement : ce sont les des variables (qui peut être guidé par une
plus employés en France. Les taux par classe mesure des corrélations entre elles) qui doivent
d’âge ne nécessitent pas ce double classement être mesurables ou au moins ordonnables et
et sont pour cela employés dans de nombreux bien représenter les thèmes qu’elles sont sup­
pays. Les quotients sont surtout utilisés pour posées représenter, et du poids accordé à cha­
établir des tables. cune d ’entre èlles. Dans la pratique, ces
On utilise aussi en démographie : conditions sont loin d’être toujours réalisées.
— la méthode de la génération fictive qui Enfin, l’interprétation des facteurs est délicate.
aurait, à chaque âge, les caractéristiques Ceux qui expliquent la majeure partie de la
observées au cours d’une année d : on obtient variance conduisent en général à des résultats
ainsi des indices caractéristiques de la situa­ triviaux. Les suivants, les seuls qui soient inté­
tion démographique du moment (analyse ressants, sont souvent difficiles à caractériser.
transversale) ; Pour ces raisons, les résultats obtenus par ces
ANTHROPOLOGIE
SB

méthodes apportent peu par apport à des tion des habitants aux projets de transforma­
méthodes plus simples. tion urbaine.
P. M. J.-M. B et P. Mo.

-* Modèle (mathématique). -> Centre; Centre historique.

ANALYSE DE SYSTÈME — Système ANNUITÉ DE REMBOURSEMENT — Aide


à la pierre ; Emprunts des collectivités locales

ANIMATION
ANOMAL - » Commerce
Action d ’animer, de donner la vie. Ce
terme sert couramment à désigner l’intensité
de la vie sociale et de ses manifestations ANTENNE COMMUNAUTAIRE
extérieures dans une agglomération. L’anima­ —> Télécommunications
tion d’une ville, d’un quartier, d’une me, a
pour facteurs la nature et le nombre de leurs
fonctions ainsi que les modes de circulation ANTHROPOLOGIE
qui y sont pratiqués, éléments qui peuvent y
entraîner de considérables variantes nycthé­ Étymologiquement, science de l’homme. Le
mérales. terme fut d’abord employé, dès le xvne siècle,
L’animation caractéristique des centres et par la théologie, pour désigner l’action de parler
des espaces commerciaux (mes marchandes, humainement de choses divines (Lalande). A la
places d’églises et de marchés, etc.) des villes fin du XVIIIe siècle, Kant consacre son emploi en
préindustrielles de l’Occident et des villes philosophie et divise l’anthropologie en théo­
traditionnelles en général (voir, par exemple, rique (connaissance de l’homme en général et
les villes orientales) a pu être considérée, de ses facultés), pragmatique et morale (1798).
notamment par les urbanistes de l’ère indus­ À partir du dernier quart du XIXe siècle, le mot
trielle, comme le signe même de l’urbanité. désigne l’étude de l’homme en tant qu’être
Haussmann déjà implantait les théâtres de la appartenant au monde de la nature, la zoo­
place du Châtelet afin d’animer ce quartier logie de l’espèce humaine. Cette acception est
désert la nuit. Mais depuis, aussi bien l’évo­ aujourd’hui spécifiée par l’adjectif physique,
lution des sociétés occidentales que la nature l’anthropologie en général regroupant, avec
de l’urbanisation nouvelle ont particulière­ l’anthropologie physique, un ensemble de disci­
ment focalisé l’attention des urbanistes sur plines (archéologie, préhistoire, mais aussi
les équipements susceptibles d’augmenter ou linguistique, folklore, ethnologie...) qui étudient
même de créer l’animation : m es piéton­ l’homme en tant que sujet, appartenant au
nières, centres commerciaux, complexes monde de la culture. L’expression anthropologie
culturels, etc. culturelle empruntée au vocabulaire anglo-
Depuis la seconde guerre mondiale, en saxon s’est également imposée en français.
particulier en France, animation a également C. Lévi-Strauss a magistralement montré
pris le sens de stimulation des activités et des l’indissociabilité de l’anthropologie physique et
relations sociales, dans les grands ensembles de l’anthropologie culturelle. Autrement dit, la
monofonctionnels et dans les villes nou­ double et simultanée appartenance d’homo
velles. sapiens sapiens au monde de la vie et au monde
L’expérimentation de « nouvelles citoyen­ de la culture (cf. Race et histoire, 1952 et Race
netés» a alors étendu le champ d ’inter­ et culture, 1971, ainsi que F. Choay, «Claude
vention des travailleurs sociaux avec Lévi-Strauss et l’aménagement des territoires »,
l’émergence de la profession d ’animateur, in Urbanisme, n° 56, mars-avril 2009).
initiée au décryptage du fait urbain. A
F. C.
l’issue des trente glorieuses, l’animation
s’est orientée sur les missions de médiation _» Anthropologie de l'espace; Anthropologie sociale et cultu­
attachées à la mise en œuvre de la participa­ relle; Ethnologie.
ANTHROPOLOGIE DE L'ESPACE

ANTHROPOLOGIE DE L'ESPACE l’indépendance et qu’il ne fut plus question


pour elle d ’être utilisée par les administra­
Dès leurs débuts, la sociologie et l’ethnolo­ teurs ou les missionnaires, mais de contribuer
gie ont eu le souci de repérer les corrélations par ses informations à la coopération des
pouvant exister entre structure sociale et amé­ pays riches avec le tiers monde. Sous le nom
nagement de l’espace, utilisés par une com­ « d ’anthropologie en coopération», voire
munauté humaine. Les divers établissements « d ’anthropologie pvd (pays en voie de déve­
humains, qu’ils soient villages permanents ou loppement)», elle bénéficie désormais d’une
campements, inscrivent au sol les coupures bonne image et de financements plutôt géné­
entre familles, entre clans, entre chefs et rotu­ reux, non seulement de la part des grandes
riers, entre prêtres et simples fidèles. Ce sont organisations internationales, mais aussi des
de tels indices qu’utilisent d ’ailleurs les institutions françaises de recherche fonda­
archéologues lorsqu’une fouille les met en mentale au titre des programmes d ’urgence
présence de traces d’habitat et qu’il est de pre­ ou des programmes mobilisateurs.
mière importance de faire des hypothèses sur Les recherches en cours dans le cadre de
le caractère différencié ou non, hiérarchisé ou cette coopération portent principalement sur
non, du groupe qui vivait sur le site découvert. la santé publique et la prévention des épidé­
En outre, un bon nombre de civilisations, dont mies, la famine et les déséquilibres alimen­
la chinoise est la plus connue, aménageaient taires, l’utilisation des énergies renouvelables
l’espace humanisé conformément à leurs prin­ et l’amélioration de l’habitat traditionnel. Ce
cipales croyances religieuses et cosmogo­ dernier programme vise à combiner rationali­
niques, traçant les avenues, plaçant les palais sation moderne et techniques peu coûteuses.
et les temples, marquant les points cardinaux, Tous ces objectifs de mieux-être ou même
etc., de manière telle que le paysage ainsi de sauvetage pur et simple de populations
construit exprime un symbolisme raffiné et rendues vulnérables par l’impact de la colo­
que les allées et venues des hommes y aient nisation ou du développement exigent un
valeur de gestes rituels. L’anthropologue qui immense effort collectif de la part des inté­
étudie attentivement l ’espace d ’un groupe ressés. Il est donc clair que des spécialistes
humain peut donc y lire non seulement son des rapports sociaux locaux et des diverses
organisation sociale mais aussi bon nombre de contraintes culturelles peuvent jouer un rôle
ses représentations. irremplaçable en élucidant les conditions à
En s’éloignant des sites d ’habitat, on dis­ satisfaire pour que les hommes d ’Afrique ou
tingue classiquement entre le «terroir» qui d’Océanie mettent en oeuvre les idées des pla­
désigne l’espace humanisé d ’agriculteurs nificateurs. Ne pas être un citoyen du pays
sédentaires, et le « territoire », espace que par­ concerné, n ’y avoir aucun intérêt financier ou
courent assez régulièrement des groupes de politique : autant d ’atouts probables pour
chasseurs-cueilleurs ou de pasteurs nomades. l’anthropologue qui pourra, en toute indépen­
Enfin, on peut concevoir l ’espace de dance, donner un avis sur la voie à suivre ou
manière principalement sociologique en déli­ relever les erreurs commises. Dans le domaine
mitant l’aire que couvrent toutes les relations de l’habitat et de l’architecture, en particulier,
sociales qui existent au sein d ’une commu­ l’intervention d’anthropologues a déjà exercé
nauté déterminée (ethnie, groupe linguis­ un effet non négligeable, que ce soit à Niamey
tique, etc.) : on parle alors d ’espace social. ou à Dakar, à Port-Moresby ou au Vanuatu.
Un cas particulier de cette acception est
constitué par la notion d ’isolat dont la défini- M. P. et M. Pe.
tion la plus simple est : zone d ’intermariage à - » Anthropologie; Espace; Proxémie.
l’intérieur de laquelle un individu peut trou­
ver un conjoint. Cette notion est couramment
utilisée par les démographes, mais les ethno­ ANTHROPOLOGIE SOCIALE ET CULTURELLE
logues s’en servent également.
Longtemps considérée avec condescen­ L’anthropologie sociale tendrait à faire une
dance, sinon avec suspicion, l ’anthropologie étude comparative des divers niveaux de la
appliquée a vu sa réputation s’améliorer vie sociale (politique, économie, parenté, etc.)
quand les divers pays coloniaux ont accédé à observés dans différentes sociétés. Son but
APPARTEMENT

Norait d’établir des lois générales de la vie en APPARTEMENT


nooiété, valables aussi bien dans les sociétés
primitives que dans les nôtres. Logement inclus dans un immeuble qui en
En revanche, l’anthropologie culturelle comporte plusieurs. Un appartement est géné­
lierait concernée plus particulièrement par les ralement situé sur un seul niveau (encore que
problèmes de relativisme culturel (recherche le goût pour les appartements répartis sur plu­
lies éléments d’originalité dans chaque sieurs niveaux se répande) et on n ’y accède
culture), par l’étude des rapports entre les dif­ pas (sauf exception) directement à partir de la
férents niveaux d’une société donnée et par la voirie mais en traversant des espaces collec­
transmission de la culture. Très populaire chez tifs (cages d’escalier, paliers, couloirs).
les anthropologues américains, depuis les tra­ On parle improprement de logement collec­
vaux des « culturalistes » tels que R. Benedict, tif ou d’habitat collectif: en fait, tout habitat
A. Kardiner, M. J. Herskovits, R. Linton, est collectif et tout logement est individuel,
M. Mead, ce terme a été introduit plus récem­ sauf cas de cohabitation de plusieurs ménages
ment en France où, avec celui d’anthropologie dans un même logement (situation devenue
sociale, il était contenu dans le mot « ethnolo­ très rare en France).
gie» (cf. C. Lévi-Strauss, Anthropologie L’appartement s’oppose à la maison indivi­
structurale, Paris, 1958, chap. 1). duelle. La distinction n ’est pas toujours évi­
De fait, la frontière entre anthropologie dente, surtout dans les constructions récentes
sociale et anthropologie culturelle est assez (habitat dit intermédiaire) et parfois dans les
floue, puisqu’elle résulte plus de l’ordre dans petites villes (habitat continu bas). Cette dis­
lequel est menée l’analyse que dans le champ tinction est cependant importante au plan
couvert. Leurs domaines interfèrent sans juridique (règles d’urbanisme) et quant aux
cesse, si bien que, pour esquiver la difficulté, modes de financement.
on parle fréquemment d ’« anthropologie Au plan statistique, on comptait, en France
sociale et culturelle». Mais on les oppose métropolitaine en 2006,11 313 000 logements
aussi, notamment en Angleterre où certains collectifs (plus 1 million de logements vacants
théoriciens reprochent à l’anthropologie et 1,2 million de résidences secondaires), dont
culturelle d ’avoir une vision statique des 10 120 000 appartements (le reste étant consti­
sociétés, d ’hypostasier les modèles et les tué par les logements dans des foyers ou autres
œuvres, et de négliger tout ce qui n ’est pas structures d ’hébergement collectif). Leur
codifiable. Au contraire, l ’anthropologie nombre augmente lentement, mais leur part
sociale saisirait la société dans ses actes et son Hans le parc de logements a diminué en longue
fonctionnement. période (48% en 1982, 44% en 2006) à la
En ce qui concerne l’habitat et l’urba- fois en raison de la construction de maisons
nisme, l’anthropologie sociale s’occuperait individuelles et de la disparition d ’apparte­
davantage de trouver des lois régissant les ments par démolition, transformation, fusion,
modes d’habitat et leur évolution dans toutes vacance, etc. L’appartement est presque
les sociétés du monde. L’anthropologie cultu­ exclusivement urbain, alors que la maison
relle s’attacherait à souligner les traits spéci­ individuelle est urbaine ou rurale. L’apparte­
fiques d’un habitat dans une société donnée, ment est, en moyenne, plus petit (2,9 pièces et
considéré comme un fait social compréhen­ 66 m2) que la maison individuelle (4,8 pièces
sible seulement en relation avec d’autres et 111 m2). Il n ’est occupé que par 2,0 per­
caractéristiques religieuses, symboliques, sonnes en moyenne (2,5 dans les maisons
écologiques, économiques, etc., et de cette individuelles). Toujours en moyenne, il est
plus récent et plus confortable. Il est plus rare­
société.
ment occupé par son propriétaire (27 %) que
M. P. etM. Pe.
la maison individuelle (81 %).
Anthropologie; Ethnocentrisme ; Ethnolinguistique; Sociolo­
L’appartement s’oppose aussi à la maison
gie urbaine (historique). individuelle sur le plan de l’idéologie et du
mode de vie. On a pu parler d ’idéologie
pavillonnaire (en France pendant la première
APLANISSEMENT (OU ARASEMENT) moitié du xxe siècle) encouragée par certains
-► Terrassement
groupes politiques (en raison de son associa-
APPROBATION
58

tion avec l’accession à la propriété). Récem­ commune(s) ou de l ’établissement public


ment, l’accession à la propriété de la maison compétent lorsque la procédure d’élaboration
individuelle représentait le modèle sociolo­ est décentralisée.
gique dominant (vie de famille, rapport sup­ Elle est prononcée par un acte administra­
posé avec la nature, distanciation par rapport à tif d’une autorité de l’État (arrêté préfectoral,
la ville). Il semble cependant régresser, en liai­ décret, décret en Conseil d ’État) dans le cas
son avec la baisse de la natalité et de la nuptia­ contraire.
lité et avec les incertitudes économiques: les
petits ménages et les personnes isolées, de A. G.
plus en plus nombreuses, s’installent surtout ^ an local d'urbanisme (p l u ) ; Schéma de cohérence territo­
en appartement. L’appartement a toujours été riale (SCOT).

en revanche, faute d’alternative il est vrai, le


modèle quasi exclusif d’habitat en URSS et en
Europe de l’est. Mais, il est de moins en moins APPROPRIATION
accepté dans les pays d’Europe du nord et ne
l’a jamais été dans les pays anglo-saxons. Action consistant à prendre possession d ’un
Du point de vue de l’urbanisme, l’apparte­ objet physique ou mental.
ment consomme peu d’espace, et permet une Au sens juridique, l’appropriation peut être
concentration dans les zones desservies par les légale ou illégale. L’appropriation illégale
transports en commun. Permettant des densi­ d’une terre ou d’un logement est une pratique
tés élevées, il rend moins coûteuse la réalisa­ courante comme alternative et solution partielle
tion des infrastructures et favorise un bon ou immédiate à la crise du logement et à la
niveau d’équipement. Mais l’appartement ne pauvreté. Elle peut être aussi bien tolérée que
peut constituer un modèle d’habitat privilégié réprimée, entreprise de façon individuelle ou
que s’il est associé à la qualité du paysage collective, avec le soutien d’organismes sociaux
urbain, ce qui n ’était pas le cas dans les ou d’organisations politiques ou religieuses. En
constructions de masse (grands ensembles) de Amérique latine, la prise de terrain, dénommée
la génération précédente. Face aux nouveaux tofna peut préluder au développement d’une
enjeux environnementaux, l’habitat dense et nouvelle zone de logements ou de taudis.
collectif permet une contiguïté qui modère les Dans le monde animal, les ethnologues
besoins de chauffage et améliore la perfor­ désignent sous le terme d ’appropriation du
mance énergétique du bâti, réduit le coût des territoire les conduites de marquage par les­
réseaux (voirie, eau, assainissement, énergie) quelles les individus de certaines espèces
et la minéralisation du sol. délimitent un espace auquel ils sont plus pro­
A. M. et P. M. prement attachés.
Par analogie, l’expression «appropriation
-> Logem ent; Parc de logements; Résidence principale.
de l’espace» désigne les conduites qui
assurent aux humains un maniement affectif et
symbolique de leur environnement spatial.
APPROBATION Couramment employée par anthropologues,
psychologues, sociologues et urbanistes, elle
L’approbation est le terme usuellement recouvre une notion complexe, encore mal élu­
employé dans le langage juridique pour définir cidée et dont le contenu diffère d’un auteur à
le terme définitif de la procédure d’élaboration l’autre. Le médecin autrichien A. Mitscherlich
d’un document d’urbanisme - schéma directeur, a été l’un des premiers à attirer l’attention sur
schéma de secteur, schéma de cohérence territo­ l ’importance sociale de l’appropriation de
riale, plan d’occupation des sols, plan local l’espace et le rôle qu’elle joue dans la construc­
d’urbanisme, plan d’aménagement de zone des tion et l’équilibre de la personnalité indivi­
zones d’aménagement concerté, plan de sauve­ duelle {Die Unwirtlichkeit unserer Stâdte,
garde et de mise en valeur, carte communale, Frankfurt am Main, 1965 ; trad. franç. Psycha­
schéma de mise en valeur de la mer - ou de sa nalyse et urbanisme, 1970).
procédure de révision, ou de modification.
L’approbation est décidée par délibéra­ . . . . . . C. M. et F. C.
tion de l’organe délibérant de la (ou des) - » Proxémie; Squatter.
ARCHÉOLOGIE
69

AQUEDUC -* Eau la fin de l’Empire par des arcs naissant des


chapiteaux d’une série de colonnes. Avec ce
système, repris sous diverses formes dans
ARASEMENT - » Aplanissement l ’architecture romane et gothique, l’arcade
devient un type urbain mesuré et codifié dans
certaines opérations urbaines de grande
ARBRE -*■ Espace boisé classé ; Espace vert ; échelle (Bologne, du xm e au XVe siècle). A la
Forêt; Jardin public; Plantation Renaissance, l’arcade connaît un renouveau et
une expansion sans précédent. L’arcade de
l’Hospice des Innocents de Brunelleschi à
ARCADE Florence, bordant la place de la Santissima
Annunziata, joua un rôle prépondérant dans
Succession d’arcs portés par des piliers ou l’établissement d ’une nouvelle typologie
des colonnes, bordant le plus souvent une rue urbaine (place San Carlo de C. Castellamonte,
ou une place (la place Saint-Marc à Venise, piazza Susina de F. Juvarra à Turin). Malgré
Vigevano) ou bien s’ouvrant sur une cour un certain déclin à l’époque baroque, l’arcade
intérieure ou une galerie (le cloître de Saint- resta, jusqu’à la fin du xixe siècle, un élément
Ambroise à Milan, les cours de mosquées, le important de la morphologie urbaine (rue de
Goum de Moscou). Le terme s’applique Rivoli de Percier et Fontaine).
aussi bien aux pieds droits et à l’archivolte Exclue par les promoteurs du mouvement
comprenant l’ouverture qu’à l’ouverture elle- moderne, l’arcade garda néanmoins une
même. Dans son acception populaire, et par place privilégiée auprès des « classicistes
extension, le terme recouvre même le cas de modernes» des années 1930, tels Piacentini
galeries dont l’ouverture est composée de (piazza Vittoria à Brescia, via Roma à Turin),
portiques droits sans arcs. Muzio ou Sironi (Palazzo del Arte à Milan)
Selon les formes qu’affectent les arcs d’un qui en donnèrent une réinteiprétation souvent
tel ensemble, la fonction qui lui est attribuée inspirée par la peinture «métaphysique» du
ou l’ornementation dont il est doté, les arcades mouvement Novecento (De Chirico, Cara).
prennent des qualifications différentes. Ainsi Toujours en Italie, et à la même époque,
une arcade est dite aveugle lorsque son enca­ l’arcade joua un rôle important dans la
drement forme une saillie sur un mur plein ou conception des villes nouvelles comme
lorsque, remplie d’une maçonnerie, elle ne Aprilia ou Pontinia, près de Rome.
fait qu’effleurer le mur ainsi formé. L’arcade Plus récemment, dans la foulée des diverses
peut jouer un rôle purement décoratif, par tendances de l’architecture «postmoderne»,
exemple, sur la façade ou dans la nef des l’arcade semble avoir retrouvé la place qui fut
églises gothiques. Les arcades décoratives de sienne tout au long de l’histoire de l’architec­
petite dimension sont généralement désignées ture et de l’urbanisme. L’arcade devient un
par le terme arcature. atout promotionnel (cf. les Arcades du Lac de
Presque inexistante dans les édifices de R. Bofill, à rapprocher par ailleurs de certains
l’Égypte, de l’Asie et de la Grèce ancienne, projets soviétiques des années 1930 comme
l’arcade devint un élément essentiel de celui de A. Fomin, pour le concours du
l’architecture romaine vers la fin de la Répu­ Narkomtjazprom, 1934).
blique. Depuis lors, elle n’a cessé de jouer un D. U.
rôle majeur dans la construction et la décora­
tion des édifices, aussi bien durant le Moyen _» Façadisme ; Postmoderne ; Renaissance.

Âge et à la Renaissance que dans les Temps


modernes.
Les arcades furent d’abord utilisées par les ARCHÉOLOGIE
Romains dans la construction d’aqueducs, de
ponts, de portiques et de parois de très grandes L’archéologie est la science du passé exa­
dimensions : la paroi du Colisée représente miné à travers ses vestiges matériels. Long­
une application hardie de cette forme architec­ temps considérée comme une «discipline
turale. L’arcade à pilastres, connue sous le auxiliaire» de l’histoire, elle a acquis une
nom d’« arcade romaine » fût remplacée vers autonomie épistémologique, à partir du
ARCHÉOLOGIE INDUSTRIELLE
60

xixe siècle, par le dépassement de la phase des les autorisations. Nul ne peut effectuer des
«antiquaires». Il n ’en reste pas moins que recherches archéologiques (dites vulgaire­
son objectif est de concourir à une meilleure ment «fouilles») s’il n ’est pas autorisé par
connaissance de l’histoire de l’homme, de ses l’Etat, propriétaire du sous-sol. Il existe des
interventions sur la nature et de ses réalisa­ services de l ’État (services régionaux de
tions matérielles. La restauration des struc­ l’archéologie sous tutelle du ministère de la
tures et des objets, et leur mise en valeur font Culture et de la Communication), des services
partie de la démarche archéologique. départementaux ou communaux.
L’archéologie est née depuis que l’homme a L’archéologie peut être « programmée » ou
pris conscience qu’il y avait des vestiges «préventive» selon les conditions dans les­
témoins d ’une phase antérieure de l’activité quelles elle intervient sur le territoire.
humaine. Le mot est attesté en français depuis
la fin du xvie siècle. (A. Schnapp, La conquête M. G.
du passé, Paris, 1993 ; Ph. Jockey, L'archéolo­ Archéologie industrielle; Archéologie préventive; Patri­
gie, Paris, 1999; J.-P. Démoulé et AL., Guide m oine; Ruine..

et méthodes de l ’archéologie, Paris, 2002).


Les archéologues s’attachent d’abord à la pros­
pection, ensuite à l’étude de la stratigraphie et ARCHÉOLOGIE INDUSTRIELLE
donc des conditions de l’enfouissement,
On peut distinguer, selon la chronologie, Connaissance des espaces (sites, bâtiments
une archéologie préhistorique, une archéolo­ et le cas échéant leur équipement, machines
gie protohistorique, une archéologie classique en particulier), liés directement (ateliers,
(Grèce et Rome dans la conception tradition­ manufactures, fabriques, usines...) ou indirec­
nelle), une archéologie médiévale. L’archéo­ tement (logement des ouvriers ou édifices
logie industrielle est celle qui s’attache à la mettant en œuvre les produits de l’industrie
lecture des vestiges techniques et industriels tels ponts, gares, marchés, docks, etc.) aux
postérieurs à la Renaissance et en particulier nouveaux modes de production de l’ère dite
à la révolution industrielle. Il y aussi une industrielle. À la différence de l’archéologie
archéologie définie en fonction des aires de classique, l’archéologie industrielle est née
recherche (Égypte, Asie, Amériques, etc.). d ’une volonté de sauvegarde à laquelle elle est
L’archéologie urbaine a pour objet l’étude demeurée fidèle.
des stratifications et de l’évolution du bâti, C’est, en effet, la destruction de certains
fondamentale pour la connaissance de l’his­ témoins irremplaçables de la révolution indus­
toire urbaine. L’archéologie sous-marine tra­ trielle, entreprise sous la pression de la moder­
vaille sous les mers et les océans (recherche nisation des équipements et appareils de
d ’épaves notamment); l ’archéologie sub­ productions qui, au cours des années 1950,
aquatique sous les eaux des lacs, des fleuves alerta pour la première fois l ’opinion en
et des rivières. L’archéologie environnemen­ Grande-Bretagne et suscita en même temps
tale, en plein développement, s’appuie sur de que l’invention du terme industrial archeo-
nombreuses approches. Les méthodes phy­ logy, la création d ’associations de défense
siques et chimiques sont convoquées pour pour sauver les strates, alors méprisées, d’une
analyser les matériaux (archéométrie). époque clé de l ’histoire occidentale. Dès
L’archéologie est parfois dite monumentale 1965, YAncient monuments board décidait de
si elle s’attache à l’étude des monuments. Il protéger le patrimoine industriel au même titre
n ’y a toutefois qu’une démarche archéolo­ que les monuments et sites archéologiques tra­
gique qui s’attache aussi bien aux élévations ditionnels et lançait un inventaire des monu­
qu’aux vestiges enfouis. Les architectes et les ments industriels confié au Centre d ’histoire
archéologues ont légitimement deux regards de la technique de l’université de Bath.
sur les vestiges et cette complémentarité est Depuis lors, le champ du patrimoine indus­
une source d’enrichissement. triel n ’a cessé de s’élargir pour des raisons qui
La convention de I’unesco , signée à Malte tiennent à l’évolution des sensibilités histo­
en 1992, mais non encore ratifiée par tous les rique et esthétique, autant que pour des rai­
pays, protège les vestiges. En France, la loi de sons économiques liées à la crise mondiale. Il
1941 (dite loi Carcopino) réglemente encore englobe maintenant, en amont, des réalisa-
ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE
«1

lions de l’ère préindustrielle, au rôle précur­ industrielle et la Franche-Comté pour celui


seur, telles en France les manufactures ou les de l’ère préindustrielle. Depuis le décret du
forges royales. En aval, il s’étend jusqu’à 24 juillet 1985, le «classem ent parmi les
l'époque contemporaine, en posant les mêmes monuments historiques (au titre de la loi de
problèmes de date limite que le patrimoine 1913) des immeubles, objets et immeubles
architectural. par destination faisant du patrimoine indus­
Les méthodes de recherche de l’archéologie triel, scientifique et technique » relève d’une
industrielle sont beaucoup moins complexes section spéciale (quatrième section) de la
que celles de l ’archéologie classique: Commission supérieure des monuments his­
l’archéologie industrielle ne demande généra­ toriques.
lement pas de fouilles et dispose d’archives F. C.
abondantes. Ses méthodes de sauvegarde res­
-> Conservation intégrée; Patrimoine; Préservation; Réanima­
sortissent à la conservation intégrée et aux tion ; Réhabilitation.
techniques de réhabilitation.
Le patrimoine industriel offre, en raison de
son échelle, des possibilités de mise en valeur
qui sollicitent l’imagination et sont encore ARCHÉOLOGIE PRÉVENTIVE
loin d ’avoir été suffisamment exploitées.
Signalons, pour le moment, une diversité L’archéologie préventive est une démarche
d’usages allant de : qui présente toutes les caractéristiques scienti­
— la simple modernisation et réutilisation : fiques de l’archéologie, mais qui s’inscrit dans
• d’usines (réutilisation par d’autres indus­ un contexte d’urgence. En cela elle s’oppose à
tries chimiques, électriques, etc., des filatures l’archéologie « programmée », laquelle opère
normandes) ; seulement pour des raisons scientifiques et
• d’habitat ouvrier (réhabilitation des sans contrainte de calendrier. L’archéologie
corons du nord de la France) ; préventive s’est substituée à l’archéologie dite
• de halles métalliques du xixe siècle (La « de sauvetage », laquelle se contentait de
Villette, marchés de Paris, Rennes, etc.) ; limiter les dégâts et de récupérer ce qui pou­
— la reconversion à des fins : vait l’être pendant ou après l’intervention des
• muséographique et didactique (Eco-musée aménageurs publics ou privés. L’archéologie
du Creusot, Unité pédagogique d’architecture préventive, au contraire, inscrit son action
de Rouen) ; dans une certaine programmation en pré­
• de loisir (canaux) ; voyant à l’avance des interventions sur le ter­
• d’habitat social (usines et ateliers, notam­ ritoire (travaux d’infrastructure, opérations
ment à Paris, rue de l’Ourq) ; immobilières) et en travaillant selon un calen­
• esthétiques (canal intégré dans les projets drier précis, avant l’intervention des aména­
du nouveau parc de La Villette)... geurs et grâce à leur financement.
Après la Grande-Bretagne, l’ensemble des La France s’est dotée, en 2001 puis en 2003,
pays industrialisés se sont préoccupés de pro­ aux termes d’un riche débat parlementaire,
téger leur patrimoine industriel. VInternatio­ d’une loi réglementant l’archéologie préven­
nal committee fo r the conservation o f the tive. L’État dispose d’un opérateur, l’Institut
industrial héritage a été créé à l ’issue du de recherches archéologiques préventives
IIIe Colloque international sur le patrimoine (inrap), établissement public qui n’est pas en
industriel. position de monopole : d ’autees opérateurs
La destruction des halles de Baltard en publics (services archéologiques des collecti­
1973 témoigne du retard de la France en vités territoriales) ou privés peuvent travailler
matière d’archéologie industrielle. La créa­ s’ils ont reçu un agrément du ministère chargé
tion de l’Éco-musée du Creusot en 1974 a de la Culture. L’inrap, toutefois, doit effectuer
cependant contribué à une sensibilisation qui toutes les interventions nécessaires qui n ’ont
devait aboutir en 1979 au Ier Colloque sur le pas été prises en charge par d’autres.
patrimoine industriel. Depuis, la réhabilita­ En France aujourd’hui, la très grande majo­
tion du patrimoine industriel a eu pour champ rité des données scientifiques en archéologie
principal la région du Nord-Pas-de-Calais et recueillies le sont par l’archéologie préventive.
la Normandie pour le patrimoine de l ’ère Les grandes opérations conduites ces der-
ARCHIGRAM
62

nières années en France ont concerné notam­ l’équipe de Richard Rogers (ancien étudiant
ment les tracés des infrastructures (lignes de de Peter Cook) et de Renzo Piano.
tgv, par I’inrap). Autour du bassin méditerra­
néen, des opérations d ’envergure conduites F. C.et J. R.
avec l’unesco ont permis de sauver au moins Architecture éphém ère; Moderne.
partiellement le patrimoine des vallées du Nil
et de l’Euphrate : ce sont elles qui ont assuré
une certaine transition entre l’archéologie de ARCHITECTE
sauvetage et l’archéologie préventive.
M. G. Du latin architectus, lui-même dérivé du
grec apyneicTcov (du préfixe indiquant la supé­
-+ Archéologie; Patrimoine; Ruine.
riorité hiérarchique et de Tsyrrov le charpen­
tier), le chef des charpentiers. Selon Hatzfeld
(Dictionnaire de la langue française), l’archi­
ARCHIGRAM
tecte est « celui qui dresse les plans d ’un édi­
fice et en dirige la construction». Cette
Groupe d’architectes d’avant-garde, fondé définition témoigne de l’évolution de la notion
en 1961 en Grande-Bretagne, autour de portée par ce terme, tardivement introduit
P. Cook et qui affirmait ses positions dans la dans les sociétés occidentales.
revue du même nom : Dans l’Antiquité, le statut du « ch e f des
— rompant avec tout esthétisme ; ouvriers » est incertain. De nombreuses ins­
— se réclamant d ’une nouvelle modernité, criptions montrent que, dans l’Égypte des pre­
définie au plan du savoir, par la théorie de mières dynasties, il était directement lié au
l’information, la cybernétique, l’informa­ milieu sacerdotal, honoré pour son savoir
tique; au plan technique, par les «technolo­ mathématique et astrologique. L’image de
gies douces », les techniques de climatisation l’architecte que donne la littérature grecque
et de contrôle de l’environnement ; au plan (Platon, Aristote, Lucien...) est ambivalente. Il
social, par la mobilité et la précarité ; est à la fois utilisé comme paradigme de l’arti­
— vouant de ce fait la construction à l’éphé­ san qui informe la matière, et associé à la
mère (structures gonflables ou ultra-légères, science la plus prestigieuse, des mathéma­
composées à l’aide d’éléments produits par tiques. À l’époque classique, son rôle et son
l’industrie et branchées sur des réseaux d’infra­ prestige personnel sont effacés par ceux des
structures permanentes) et substituant à la rigi­ hommes politiques qui font appel à lui. Il en
dité des modèles d ’urbanisation conçus par les est de même à Rome où le cas d’Apollodore
CIAM, des configurations en perpétuels mou­ de Damas, architecte de Trajan, constitue une
vance et devenir (cf. P. Cook, Plug in City, exception : le Panthéon est lié au nom de
London, 1964 ; Instant City, London, 1969). l’empereur Hadrien; on ignore celui de son
Ce groupe éphémère, à l’activité essentiel­ architecte. Le panégyrique de l ’architecte,
lement éditoriale, marque un moment de tran­ composé par Vitruve dans le De architectura
sition. Il demeure lié au mouvement moderne, (dédié à Auguste), est un plaidoyerpro domo,
mais s’apparente au postmodemisme, en par­ pour l’obtention d ’un statut «libéral» admis
ticulier par son utilisation nouvelle des par quelques rares auteurs, tels Pline et
médias. La revue Archigram réduit la part du Cicéron. A la faveur d ’une formation intellec­
texte au minimum pour utiliser les photomon­ tuelle spécialisée, ce statut paraît admis à la fin
tages, le dessin, sous forme de graphiques et de l’Empire romain, et notamment à Byzance,
de plans, mais aussi de bandes dessinées. jusque vers le VIIe siècle.
Durant les années 1970 et 1080, les idées, Le terme disparaît au Moyen Âge. Les
diffusées avec ferveur par différents membres édifices romans et gothiques montrent cepen­
du groupe enseignant à YArchitectural Asso­ dant, à l’évidence, que la fonction de direc­
ciation et à la London University, firent leur teur de la construction demeure. Celui qui
chemin dans le monde des étudiants en archi­ l’assume, et dont les connaissances mathé­
tecture. Elles s’imposèrent en particulier dans matiques et stéréotomiques apparaissent dans
la conception du Centre Pompidou, ouvert en des documents comme les Carnets de Villard
1976, et dont le concours avait été gagné par de Honnecourt ou des dessins d ’exécution,
ARCHITECTE
63

tels ceux conservés au Musée de l’Œuvre de qui exerce l’art de l’architecture; artiste qui
la cathédrale de Strasbourg, est alors appelé trace le plan d’un édifice, en dirige l’exécution,
magister fabricae (maître d’œuvre, expres­ en assure la défense ». Cette définition (curieu­
sion demeurée en usage) ou encore magister sement conservée jusqu’à l’édition de 1924 de
artificium (maître en chef des artisans). Cette ce Dictionnaire) reflète avec précision la voca­
terminologie révèle la relation étroite entrete­ tion de l’architecte, théoricien-concepteur,
nue par le maître (maçon ou charpentier) constructeur, et artiste, telle que la définissait
avec la pratique et le chantier d’une part, Alberti et que l’âge classique l’a adoptée.
avec le système corporatif de l’autre. Elle Longtemps s’est maintenue une double tra­
sous-entend également le rôle joué par les dition d’architectes-humanistes, tel Claude
clercs qui commanditent les œuvres. Perrault qui était également un médecin et
Architectus et architector réapparaissent, anatomiste célèbre, et d’architectes qui, en
incidemment, au XIIIe siècle, comme syno­ dépit de leur qualité « libérale » et de leurs
nymes de magister. Mais le terme ne retrouve ouvrages théoriques, conservaient un contact
réellement son usage qu’au XVe siècle, en Ita­ étroit avec la pratique manuelle du chantier,
lie, dans le cadre d’une réorganisation et d’une comme en avaient donné l’exemple Filarète,
réévaluation des savoirs et des pratiques, sous Serlio, du Cerceau.
l’influence de l’humanisme. L’architecte est Toutefois, en particulier sous l ’influence
alors investi d’un nouveau statut intellectuel et des Académies, la dimension esthétique tend
social, défini pour la première fois dans le De peu à peu à l’emporter sur les autres, en parti­
re aedificatoria d’Alberti : « Ce n’est pas un culier en France. Dès le xviii6 siècle, les
ordinaire charpentier que j ’appelle architecte « Ingénieurs du Roy », puis les ingénieurs des
mais... celui qui est l’égal des hommes les plus ponts et chaussées, enfin les ingénieurs poly­
éminents dans les autres disciplines [et qui] au techniciens, s’avèrent des concurrents dans le
moyen d’une méthode sûre et parfaite, domaine du génie et de l’aménagement. La
s’assigne à la fois de concevoir par l’esprit et perte du contact avec la réalité quotidienne et
le raisonnement et de réaliser par la construc­ avec les problèmes de construction est intuiti­
tion» (Prologue). Trois traits spécifient désor­ vement saisie dans une charge de A. de
mais la figure de l ’architecte: il devient le Musset : « L’architecte, qui a dans son pupitre
grand ordonnateur du cadre bâti dans son des milliers de plans admirables, ne peut sou­
ensemble, sa tâche n’étant pas limitée à l’édifi­ lever de terre le premier pavé de son édifice
cation de bâtiments individuels ; sa discipline quand il vient se mettre à l’ouvrage avec son
est fondée en théorie ; la finalité de sa pratique dos voûté et ses idées obstinées. »
est esthétique. Il est promu théoricien et artiste. Mais le problème prend une acuité drama­
Dans les autres pays d’Europe, le titre d’archi­ tique avec la révolution industrielle. D ’une
tecte est introduit avec un décalage d’un siècle. part, celle-ci donne naissance à de nouvelles
Il marque l’apparition plus tardive de la Renais­ techniques de construction (métal, verre,
sance et il est lié à l’introduction de la nouvelle béton), maîtrisées par les ingénieurs, et por­
architecture, venue d’Italie. En France, le terme teuses d’un nouveau vocabulaire formel. Un
d’architecte ou architecteur est réservé, dans la grand débat s’instaure, dont les périodiques de
première partie du xvie siècle, aux artistes ita­ l’époque (cf. la Revue générale de l ’architec­
liens (Fra Giocondo, Domenico da Cortona, ture) se font le support, entre les architectes et
S. Serlio) appelés par les souverains. Chambiges, les ingénieurs, accusés par les premiers d’uti­
qui dirige les travaux de Chambord, demeure un liser des matériaux vils et de manquer à la
magister fabricae. Philibert de Lorme (1568) vocation esthétique de l’art d’édifier. L’institu­
s’enorgueillit le premier de ce titre qui l’oppose tion du diplôme d’architecte, en 1867, a pour
aux artisans, entrepreneurs et ouvriers. Son finalité la défense des intérêts professionnels
homologue anglais est J. Shute (The first and des architectes, face aux menaces représentées
chief grounds o f architecture, 1563, qui fait par les corps d’ingénieurs. Les définitions de
l’éloge de V« architecte (sic) or mayster o f buil­ Dauzat traduisent la banalisation et l’appau­
dings ») : ni l’un ni l’autre ne sont d’ailleurs issus vrissement qui en ont résulté. D’autre part, la
de la tradition des maîtres maçons. révolution industrielle entraîne également un
Au XVIIe siècle, le Dictionnaire de l’Acadé­ bouleversement des activités humaines et de
mie française définit l’architecte comme « celui leur cadre spatial, qui appelle de nouvelles
ARCHITECTE DES BÂTIMENTS DE FRANCE 64

approches et l ’avènement de l’urbanisme et exerçant leurs fonctions dans un service


comme discipline autonome (Cerda, 1867). chargé de l’architecture et du patrimoine à
Le mouvement moderne a tenté de redonner l’échelon départemental.
à l’architecte le rôle de grand ordonnateur de Depuis le 31 décembre 2007, les abf ne
l’espace bâti. Sous la double influence des peuvent plus exercer aucune mission de
mouvements d’avant-garde et de la tradition conception ou de maîtrisé d’œuvre à titre libé­
de pensée utopique, les architectes du mouve­ ral. Cette disposition, le besoin de redéfinir les
ment moderne ont, d’une part, tenté de faire missions particulières sur les immeubles classés
table rase des traditions et de leur approche et le souci de maintenir chez les bénéficiaires
esthétique, et d ’adapter les nouvelles tech­ du titre une précieuse expérience, ont conduit le
niques de construction à l’expression architec­ décret du 22 juin 2009 à confier à I’abf territo­
turale de la société industrielle et machiniste. rialement compétent «la maîtrise d’œuvre des
D ’autre part, ils ont identifié leur rôle à celui travaux de réparation des immeubles classés
de l’urbaniste et cherché à définir le cadre glo­ appartenant à l’État ou remis en dotation à ses
bal d ’une société nouvelle. Ils assumaient établissements publics ou mis à leur disposi­
ainsi une vocation démiurgique (Le Corbusier tion », étant ménagée toutefois, pour les établis­
se veut le « guide », le « chef », le « berger » du sements publics, une éventuelle maîtrise
troupeau), en réalité politique et sociale, radi­ d’œuvre alternative d’un architecte urbaniste
calement nouvelle pour l’architecte. Celui-ci de l’État de la spécialité «patrimoine» affecté
en effet, de l’Antiquité jusqu’à la fin de l’âge à l'établissement public et étant prévue
classique, avait toujours entretenu avec son aussi, pour les immeubles classés affectés à
commanditaire, individuel ou collectif, le dia­ d’autres ministères que celui de la Culture, une
logue indissociable de sa fonction d’édifica­ maîtrise d ’œuvre éventuelle d’un architecte
teur, autrement dit de traducteur en termes fonctionnaire titulaire du diplôme de spécialisa­
spatiaux d’une demande sociétale. tion et d’approfondissement en architecture,
Depuis les années 1960, le processus de mention «architecture et patrimoine ». C ’est
mondialisation, sous l’impact de la révolu­ tout architecte titulaire de ce dernier diplôme
tion électro-télématique, a progressivement ou d’un diplôme reconnu équivalent qui se voit
fait émerger la figure de l’architecte «artiste confier « la maîtrise d ’œuvre des travaux de
médiatique ». réparation dés immeubles classés n’appartenant
F. C. pas à l’État», mais, sur demande du proprié­
taire (ou de l’affectataire domanial) et sur déci­
-> Architecte-urbaniste; Architecture; Artiste; Art urbain;
Congrès internationaux d'architecture moderne ( c i a m ).
sion du préfet de région, I’abf peut être choisi
en cas de péril pour le monument ou de danger
imminent pour les personnes ou de carence éta­
blie de l’offre privée ou publique.
ARCHITECTE DES BÂTIMENTS DE FRANCE Le même décret de 2009 prévoit que le
conservateur d ’immeubles protégés apparte­
Héritier de « l’architecte ordinaire des monu­ nant à l’État, affectés au ministre de la Culture
ments historiques» (instruction du 30 mars et figurant sur une liste nationale arrêtée par ce
1897, puis décret du 12 avril 1907), lequel ministre est choisi par le préfet de région
devient ensuite «architecte des monuments his­ parmi les abf dans le service chargé de l’archi­
toriques » (193 5), subsidiairement successeur de tecture et du patrimoine à l’échelon départe­
l’architecte ordinaire des bâtiments civils et mental et dispose que le conservateur est
palais nationaux (institué en 1908), l’architecte notamment chargé du suivi de la réalisation
des bâtiments de France (abf) prend ce nom en des travaux « d’entretien et de réparation ordi­
1946. Depuis 1993, le corps des architectes des naire » de ces immeubles.
bâtiments de France/ a été fusionné avec celui Aux compétences ci-dessus de I’abf
des urbanistes de l’État et aujourd’hui « archi­ s’ajoutent toutes celles pour lesquelles il dis­
tecte des bâtiments de France» est (décret du pose de pouvoirs propres. Il s’agit :
2 juin 2004), le titre conféré par le ministre de la — de la délimitation de périmètres de pro­
Culture à des « architectes et urbanistes de tection de monuments historiques ;
l’Etat», détenant un diplôme, titre ou certificat — de l ’assistance pour l’étude d ’une zppaup ;
qui ouvre l’accès au titre d’architecte en France, — de la surveillance générale d’un secteur
j, «6 ARCHITECTE EN CHEF DES MONUMENTS HISTORIQUES

sauvegardé en vue de préserver son caractère public et collectif en faveur de monuments et


historique ou esthétique dès l’acte qui le crée d’objets anciens. La monarchie de Juillet a
et de la vigilance quant à la cohérence du officialisé l’objectif en créant successivement
projet de plan avec cet objectif ; le poste d’inspecteur général des monuments
— de l’accord sur les travaux de restaura­ historiques en 1830 et la Commission des
tion immobilière projetés en secteur sauve­ monuments historiques en 1837. Très vite, il
gardé ou en zppaup avec, s’il y a lieu, apparut qu’il n ’était plus suffisant de recenser
délivrance d ’une attestation fiscale sur la res­ les monuments et qu’il fallait en assurer la
tauration complète de l’immeuble concerné ; conservation. Dès 1840, les premières opéra­
— de l’avis sur les dérogations à l’interdic­ tions furent lancées, mais confiées à des archi­
tion de la pratique isolée du camping ou de la tectes non préparés. Les déceptions furent
création de terrains de camping dans des nombreuses, principalement dues à l’absence
espaces protégés ; de connaissances solides concernant l’histoire
— de contrôle par des avis ou des accords de l’architecture française. Mérimée écrivait en
des travaux en site inscrit, en site classé 1840: «Il n’y a que deux ou trois architectes
(lorsque le préfet de département est compé­ en qui l’on peut avoir confiance en France.»
tent pour donner une autorisation), en péri­ Choisis au départ par la commission, ils se
mètre de protection de monument historique, recrutèrent ensuite par cooptation au sein des
en secteur sauvegardé, en zppaup (dans ce agences de Viollet-le-Duc et Boeswillwald.
dernier cas, avis simple et non plus avis Réclamé en vain par Viollet-le-Duc, le pre­
conforme depuis la loi du 3 août 2009) ; mier cours d’architecture médiévale fut créé
— de contrôle lors du récolement obliga­ en 1887 au Musée des monuments français du
toire prévu à l’article R462-7 du Code de Trocadéro et confié à Anatole de Baudot. Le
l’urbanisme ; premier concours de recrutement des archi­
— d’intervention dans la procédure de tectes en chef des monuments historiques a eu
péril des immeubles menaçant mine ou dans lieu en 1893 ; près d’une vingtaine de
la procédure des immeubles insalubres ; concours suivirent ensuites destinés à vérifier
— d’avis conformes ou simples sur les les compétences en matière de culture histo­
autorisations d’installation d’enseignes rele­ rique et architecturale, d’expertise quant aux
vant des articles L581à L581-45 du Code de savoir-faire anciens et aux pathologies de la
l’environnement. construction, et enfin de maîtrise des modes et
L’avenir dira si la loi portant engagement techniques d’intervention.
national pour l’environnement ajoutera encore Recrutés sur concours d’Etat, et au terme
des compétences particulières, par exemple lors­ d ’une période probatoire de 18 mois, les archi­
qu’il s’agit de définir des périmètres, autres que tectes en chef sont nommés dans une circons­
les espaces protégés habituels, où ne seraient cription territoriale par un arrêté ministériel.
pas admis les systèmes solaires thermiques ou Ce sont des fonctionnaires à exercice libéral.
photovoltaïques ou autres dispositifs de produc­ Jusqu’à la réforme de 2009, et héritant
tion d’énergie renouvelable, ou l’utilisation en d’une longue et patiente organisation du ser­
façade du bois ou tout autre matériau renouve­ vice des monuments historiques (devenu,
lable permettant d’éviter des émissions de gaz à depuis l’arrêté du 17 novembre 2009, la sous-
effet de serre, ou encore la pose de toitures végé- direction des monuments historiques et des
talisées ou retenant les eaux pluviales. espaces protégés), leurs missions au sein de
leur circonscription étaient :
Ph. P.
— de surveillance du «parc monumental»
-> A b o rd s; Architecte en chef des m onuments historiques; et d’avis et sur les travaux menés par les
Classement; Secteur sauvegardé; Sous-direction des m onu­
ments historiques et des espaces protégés ; Sites.
propriétaires de monuments classés ;
— de maîtrise d’œuvre sur des monuments
classés, lorsque l’État (ministère de la Culture)
ARCHITECTE EN CHEF apportait une aide financière ou assurait la maî­
DES MONUMENTS HISTORIQUES trise d’ouvrage des travaux : ces missions ont
été récemment élargies à l’ensemble des monu­
En France, c’est la Révolution qui a intro­ ments classés de l’Etat ne relevant pas du minis­
duit, de façon explicite, la notion d ’intérêt tère de la Culture.
ARCHITECTE-URBANISTE Ç6

L’obligation de service découlant de cette ARCHITECTE-URBANISTE


responsabilité territoriale assurait la conserva­
tion de tous les monuments classés dès lors Architecte : « celui qui dessine les plans
que celle-ci était menacée, sans distinction de des édifices, en dresse les devis et en dirige la
taille, de budget, d’accessibilité. La nomina­ construction suivant les règles de l’art de
tion des agents sur une durée de cinq à dix ans bâtir » (Larousse du XXe siècle). Cette défini­
permettait aux architectes d ’acquérir la tion éclaire la spécificité de l’intervention de
connaissance des particularismes locaux (his­ l’architecte en urbanisme.
toire, typologies locales, matériaux et mises en — il maîtrise l’art de bâtir les édifices ;
œuvre...) que la précision et la pertinence des — il procède par l’élaboration d ’un plan
interventions et des travaux appellent. L’objec­ dessiné, destiné à guider l’exécution.
tif de conservation de l’ensemble du parc était Cet art adapté aux édifices a vite été
assuré en liaison avec les Architectes des bâti­ étendu à la réalisation des villes ou quartiers
ments de France ( a b f ) chargés de l’entretien. de villes, en faisant l ’hypothèse que les
méthodes sont les mêmes. Gropius :
Aujourd’hui, la tendance est à la libre « L ’approche de n ’importe quelle sorte de
concurrence. Les architectes en chef n ’y dessin - une chaise, un immeuble, une ville
échappent pas : la responsabilité territoriale dis­ entière ou un plan régional - est fondamen­
paraît pour les missions de maîtrise d’œuvre. talement semblable. »
Après avoir répondu à l’obligation d’ouverture De nos jours, on peut distinguer dans
du concours de recrutement aux architectes de l’intervention de l’architecte en urbanisme
l’Union européenne, l’État a limité l’obligation trois types d ’approche : l’urbanisme de pro­
d’intervention des architectes en chef aux seuls jet ; l’urbanisme de négociation ; le conseil et
monuments dont il garde la propriété. Pour les le contrôle.
autres monuments, la maîtrise d’œuvre est élar­
gie (sous certaines conditions) aux architectes L’urbanisme de projet est historiquement le
titulaires d’expérience en matière de travaux plus ancien. Il consiste à considérer la ville ou
sur le patrimoine. L’obligation de concours le quartier comme un ensemble d ’édifices à
n ’est donc plus requise. Il s’agira alors de construire selon les mêmes méthodes qu’un
démontrer si la « régulation naturelle » du édifice unique. Les aspects formels et fonc­
marché et de la concurrence entre architectes, tionnels dominent sur les aspects politiques,
remplaçant la territorialité, pourra répondre juridiques ou sociaux. La durée de la réalisa­
aussi bien aux objectifs de conservation, en tion n ’est pas prise en compte : le projet est
termes de pertinence, de connaissance, d ’effi­ l’image finale de la réalisation « achevée ». La
cacité et de compétence. forme urbaine est totalement maîtrisée par le
Cette ouverture s’étend également à la maî­ dessin. La typologie des immeubles et des édi­
trise d ’ouvrage que l’État restitue aux pro­ fices publies est prédéfinie, en rapport avec la
priétaires, responsabilité lourde, compte tenu pratique courante du moment.
de la complexité de l’exercice, exigeant des La réalisation du projet suppose l’existence
connaissances spécifiques et se doublant pour d’un maître d ’ouvrage unique, possédant la
les monuments historiques, de précautions maîtrise foncière et les moyens d’investir. Ce
particulières. fut le cas pour la plupart des villes coloniales
Cette réforme va transformer de façon radicale dans la période où l ’armée administrait les
un exercice fondé sur plus d’un siècle d’expé­ villes, et pour quelques extensions de villes
rience. Elle engagera de nouvelles responsa­ métropolitaines (Strasbourg, 1870; Chicago,
bilités professionnelles, et risque de changer pro­ 1909-1930). L’absence de maîtrise d ’ouvrage
fondément les conditions de conservation de fut en revanche la cause de l’échec de la plu­
plus de 18 0 0 0 monuments classés, de la plus part des plans d ’extension des années 1930.
petite chapelle isolée aux plus prestigieux et Dans l’après-guerre, cette méthode fut
complexes chefs-d’œuvre de l’architecture. appliquée pour la reconstruction, puis dans
les zup , sous l’autorité d ’un architecte de
J.-M. B. plan-masse (architecte en chef). De nos jours,
-> M onument historique; Restauration; Sous-direction des la pratique du projet urbain, exprimée notam­
m onuments historiques et des espaces protégés. ment à travers les actions de la mission « Ban­
•7 ARCHITECTE-URBANISTE

lieues 89», relève de la même approche. d’œuvre de certains bâtiments publics et


L’intervention architecturale est totale : projet espaces publics ;
totalement défini, forme urbaine totalement — architectes voyers : contrôle du respect
maîtrisée. des règles d’urbanisme, notamment celles
d’hygiène et de prospect ;
Dans l’approche de l’urbanisme de négo­ — architectes des bâtiments de France
ciation, le projet sur la ville n ’est pas conçu (abf) : contrôle des permis de construire aux
comme une image finale et définie, qu’il faut abords des monuments et sites classés ;
bâtir au même titre qu’un bâtiment, mais — architectes en chef des monuments his­
comme un ensemble d ’objectifs (y compris toriques : élaboration et contrôle des plans de
formels), que l’on atteint en maîtrisant le pro­ sauvegarde ;
cessus de formation de la ville à travers des — urbanistes de l’État : corps d ’architectes
procédures juridiques et financières et des rap­ et d ’ingénieurs de l’équipement (fusionné en
ports de pouvoir. La notion de négociation 1993 avec celui des abf), exerçant des fonc­
avec les différents acteurs de la ville (poli­ tions administratives pour le compte de
tiques, financiers, promoteurs, ingénieurs, l’État ;
habitants) est à la base de ces méthodes. — architectes conseils des dde : avis sur
L’architecte apporte un savoir autonome sur les permis de construire ;
la ville, constitué de sa connaissance de la — architectes conseils des caue : conseil et
typologie des immeubles, de sa maîtrise de la assistance aux pétitionnaires de perm is de
forme urbaine et du dessin. Il utilise le plus construire (tendant à s’élargir à un conseil
souvent des outils réglementaires (plan local aux commîmes).
d’urbanisme, qui a succédé au plan d’occupa­ Cette énumération fait apparaître que, en
tion des sols, plans d’aménagement de zone, dehors des services d’architecture des villes,
plans de sauvegarde et de mise en valeur). Le les missions de contrôle et de conseil exercées
plu (et, plus encore, auparavant le pos) est par les architectes se sont d ’abord dévelop­
surtout adapté à la maîtrise des densités et des pées à l’occasion de la protection des sites
surfaces urbanisables, les deux autres types de historiques, la notion clef étant celle d’intégra­
plans étant plus adaptés à la maîtrise de la tion, c’est-à-dire la recherche du mimétisme
forme urbaine. Mais l’architecte peut égale­ avec l’environnement préexistant (rythmes,
ment agir pour le compte d’un aménageur couleurs, épannelage...). Les autres types de
public (commune, société d’économie mixte, conseils s’appuient sur des notions moins
établissement public d’aménagement), ce qui définies, et sont encore à la recherche d ’une
le place en position de négociation directe méthode et d’une position institutionnelle.
avec les constructeurs. Dans ce dernier type Longtemps, la pratique de l’urbanisme de
d’intervention, il s’appuie sur les techniques projet, ainsi que l’exercice libéral de la profes­
de la maîtrise d ’œuvre urbaine qui ont été sion, furent les concepts dominants dans les
développées notamment au sein des établisse­ rapports de la profession avec l’urbanisme.
ments publics de villes nouvelles. La maîtrise L’élargissement vers les autres formes de pra­
d’ouvrage urbaine s’affirme comme une disci­ tique de l’urbanisme, ainsi que l’exercice au
pline distincte de l’architecture et s’appuie sur sein de la fonction publique forent longtemps,
des notions de composition urbaine comme et restent parfois encore aujourd’hui, consi­
les axes visuels, les réseaux de circulation, dérés comme marginaux par les institutions
l’épannelage, la continuité bâtie, la hiérarchie professionnelles. De ce fait, l’enseignement de
et la composition des espaces publics... l’urbanisme n ’est pas considéré comme une
discipline autonome dans les écoles d’architec­
Depuis le xvm e siècle, des architectes ture françaises, à l’inverse de ce qui se passe à
exercent, pour le compte de collectivités l’étranger. L’Ordre des architectes se préoc­
publiques, des missions de contrôle et de cupe du rôle des architectes dans la fonction
conseil, soit comme fonctionnaires, soit comme publique, comme garants de la qualité architec­
prestataires de service exerçant à titre libéral. turale et de la qualité de l’urbanisme quotidien.
Citons parmi les nombreux modes d’exercice : H. D.
— architectes des villes : maîtrise d’ouvrage
des bâtiments publics, entretien, maîtrise -> Architecte; Urbaniste.
ARCHITECTURE 68

ARCHITECTURE sens, elle continue d ’apporter son témoi­


gnage sur les sociétés et les cultures dispa­
Du latin architectura, dérivé du grec rues. Tant par ses formes propres (qui
apxixEKiovia, la pratique de l’architecte. constituent des systèmes morphologiques,
Après la Renaissance, ce mot en est venu à mis en évidence dès Quatremère de Quincy,
désigner le style et les caractères d’un édifice puis magistralement par Viollet-le-Duc dans
ou des édifices d’une culture ou d’une période son Dictionnaire et surtout dans les Entre­
données (architecture grecque, gothique), et tiens sur l ’architecture) que par les éléments
finalement, par extension, ces édifices en tant décoratifs ou iconographiques (cf. E. Mâle
que porteurs de qualités stylistiques ou et ses Etudes sur les origines de l ’iconogra­
constructives. phie du Moyen Âge) qu’elle intègre, l’archi­
C’est seulement à la Renaissance que cette tecture présente une synthèse si forte
pratique, subsumée au Moyen Âge sous le des valeurs que son style donne à percevoir
terme général d’armatura, fut considérée et que ses dénom inations propres servent
définie comme une discipline libérale. Selon souvent à qualifier les autres arts comme
Alberti (De re aediflcatoria, 1485), elle doit à certaines pratiques ou attitudes contempo­
la fois obéir aux nécessités de la construction, raines: roman, gothique, baroque... sont
répondre aux demandes de la commodité et, désormais appliqués à la peinture, comme à
finalité suprême, être, par sa beauté, source de la littérature et aux mentalités. La recherche
plaisir esthétique. d ’homologies entre l ’architecture et la
Cette triple vocation qui fait que l’archi­ vision du monde de sociétés données a fait
tecture est le seul parmi les beaux-arts à l’objet de travaux importants, d ’abord chez
posséder également une destination utili­ les théoriciens de l’art allemands (en parti­
taire et traduite avec précision dans la défi­ culier K. Fiedler et A. Riegl), ensuite de la
nition du D ictionnaire de l’Académie part des anthropologues, pour aboutir à la
française: «A rt de construire, de disposer synthèse de C. Lévi-Strauss, entre 1952 et
et d’omer les édifices. » Toutefois, pour de 1971.
nombreux architectes théoriciens, la beauté On peut, à juste titre, considérer avec
doit être obtenue intrinsèquement, par les Victor Hugo (cf. Notre-Dame de Paris, chap.
seuls moyens architectoniques, sans faire «Ceci tuera cela», éd. de 1832) que l’inven­
appel à l’ornement. L’idée de la solidarité tion de l’imprimerie a représenté pour l’archi­
de l’ornement et du style architectural est tecture traditionnelle un danger mortel, dans
d’ailleurs une découverte relativement tar­ la mesure où le livre tend à se substituer à la
dive (cf. Dictionnaires de Quatremère de mémoire vivante.
Quincy et de Viollet-le-Duc). Les hum a­ Au XXe siècle, exploitant cette démarche,
nistes d ’abord, puis les académies, ont lon­ Marshall Mc Luhan (cf. The Gutenberg
guem ent débattu de la primauté de Galaxy, 1962), a transféré, à l’échelle plané­
l’architecture parmi les arts. Depuis Alberti, taire, l’impact mémoriel de l’imprimerie aux
cette supériorité a été un topos des traités médias de « T ère électronique », dont il fait
d’architecture. l’apologie inconditionnelle. Dans le monde
Appliqué à des réalisations matérielles, anglo-saxon, il est à l’origine du terme « glo­
le terme d’architecture désigne globalement balisation » (cf. « The global village », in The
les constructions qui, depuis les temps medium is the massage, 1967).
archaïques (cf. S. Giedion, The eternal
F. C.
présent, New York, 1962, trad. franç.
Bruxelles, 1975), ont, par la médiation des Anthropologie ; Architecte ; A rt ; Monument ; Style.
relations et des pouvoirs, et grâce à leur
résistance aux affronts du temps, joué un
rôle essentiel, comme supports de la ARCHITECTURE D'ACCOMPAGNEMENT
mémoire et des valeurs symboliques consti­
tuant l ’identité culturelle des sociétés. Se dit des productions de l’architecture
L’architecture a pu être considérée comme contemporaine destinées à prendre place aux
la forme non verbale, la plus puissante, abords d’un monument historique ou dans le
d ’expression des valeurs collectives. En ce périmètre d ’un ensemble ancien. L’architec-
se ARCHITECTURE ÉPHÉMÈRE

lure d ’accompagnement peut remplacer des La priorité accordée au renouvellement


édifices anciens détruits, volontairement ou de la ville sur elle-même, énoncé par la loi
non, ou bien constituer un ajout. Selon qu’on SRU du 13 décembre 2000, a stimulé la
choisit une option plus ou moins passéiste ou recherche par les concepteurs de nouveaux
moderniste, quatre types de solutions sont gisements d’habitations compensant l’obli­
envisageables qui se fondent respectivement gation de mitoyenneté et l’absence de jar­
sur : la reconstitution, le pastiche, le contraste dins par une insertion dans les centres
ou la neutralité. historiques.
F. C. J.-M. B.

►A b ord s; Ensemble historique ou traditionnel. -* Architecture vernaculaire; M oderne; Palais; Maison indivi­
duelle. . ,

ARCHITECTURE DOMESTIQUE
ARCHITECTURE ÉPHÉMÈRE
Architecture relative à l’habitation fami­
liale. Expression paradoxale si l’on songe que
Toutes les sociétés ont élaboré des types l’architecture est un art de la durée, sa créa­
spécifiques d’habitation sur le mode vernacu­ tion récente est liée à la mise au point de
laire, des « maisons sans architectes » qui ont techniques nouvelles (structures tendues,
fait référence pour la génération de mai 1968. structures gonflables) permettant la construc­
Historiquement, T architecture savante n’a pas tion facile et rapide de bâtiments temporaires.
négligé ce domaine: Vitruve lui consacre un Elle sert aujourd’hui à désigner indistincte­
livre entier, Alberti traite du modèle urbain du ment des constructions de toutes époques,
palais patricien, Palladio décline la villa sur la qui n ’étaient pas destinées à durer, et dont
terre ferme, etc. certaines relèvent de l’architecture par leur
Avec la période industrielle, s’ouvre la souci esthétique, d ’autres de la simple
question du logement ouvrier qui s’accomplit, construction. N ’engageant pas l ’avenir,
après la seconde guerre mondiale, dans l’architecture éphémère se prête à l’expéri­
l’objectif du «logem ent pour tous». S’en­ mentation et c’est à ce titre qu’elle a sa place
chaînent ainsi les cités de pavillons répétitifs dans l’histoire des villes et de l’architecture
accompagnant les lieux de travail, les rési­ et qu’elle peut encore concerner architectes et
dences collectives h bm suppléant l’habitat aménageurs.
précaire, les grands ensembles de logements Dans la culture occidentale, l’architecture
hlm , plus tard formalisés en zones à urbaniser éphémère a essentiellement répondu à deux
par priorité ( zu p ) pour prendre le relais des demandes, bien différentes, concernant d’une
villes existantes. part la simulation de projets architecturaux,
La standardisation de la cellule unifami­ de l’autre la réalisation de décors pour des
liale, signe d’égalité sociale, conduit à l’indus­ fêtes urbaines. La simulation de projets archi­
trialisation de la construction dans les années tecturaux en grandeur nature est née en Italie
1960, avec comme débouché possible la pro­ avec l’art urbain : à l’aide de matériaux peu
duction à la chaîne de l’habitation. coûteux et précaires (bois, plâtre), elle permet
Avec la fin des trente glorieuses, s’impose de s’assurer de l’effet d ’un édifice projeté
en retournement la maison individuelle distri­ dans la composition ou le paysage urbains.
buée en lotissements dévoreurs d’espace. Parmi les plus célèbres simulations réalisées
L’illustration de l’ascension sociale tend alors en France, on peut citer : l’arc de triomphe de
à supplanter l’enracinement de l’histoire fami­ Le Brun à la gloire de Louis XIV, place du
liale dans la signification du logis. L’habita­ Trône (1670), celui de Baltard en l’honneur
tion devient alors objet de mutation potentielle de Napoléon III (1862), ou encore l’éléphant
dont la valeur, y compris intra-familiale, est de la place de la Bastille (Alavoine, 1809).
déterminée par le marché immobilier. Dans le L’arc de triomphe de l’Étoile fut, lui aussi,
même temps, l’héritage du logement collectif simulé avant d’être construit. Les différentes
est massivement dévolu aux couches sociales techniques de simulation optique, parfois très
« captives ». sophistiquées, qu’on utilise aujourd’hui, ne
ARCHITECTURE FONCTIONNELLE 70

laissent pas d’être très inférieures à la simula­ constructives misant sur la vitesse et la faci­
tion in situ, en grandeur réelle. On peut citer lité des opérations de montage et démon­
de nombreux projets de constructions, en par­ tage : structures tendues de Frei Otto
ticulier aux abords de monuments histo­ (Montréal, 1967), gonflables de Fuji (Osaka,
riques, dont la simulation à l’échelle aurait 1970). Malgré les prises de position de
évité des surprises fâcheuses (cf. à Paris aux groupes comme Archigram (Grande-
abords des hôpitaux Saint-Louis ou du Val- Bretagne) ou Utopie (France), l’architecture
de-Grâce). On ne peut que souhaiter la réha­ éphémère et les nouvelles techniques mises à
bilitation de cette pratique. son service continuent d’être dédaignées par
Les fêtes de la Renaissance ont été l’occa­ les aménageurs à qui elles permettraient
sion, d’abord en Italie, de grandes composi­ pourtant, grâce à des solutions provisoires,
tions éphémères, associant perspectives une meilleure gestion des espaces urbani­
peintes et constructions légères et inspirées sables.
par les recherches de la peinture et de la scé­
B. L. et P. Mo.
nographie théâtrale. Plaquées sur le tissu
urbain existant, ces architectures temporaires - » Archigram ; A rt urbain ; Fête ; Moderne.
préfigurent et préparent les transformations et
inventions de l’art urbain. La même démarche
se retrouve lors des fêtes révolutionnaires ARCHITECTURE FONCTIONNELLE
dont le décor architectural (pyramides, obé­
lisques, temples, etc.), puisé aux sources de Architecture dont les articulations for­
l’Antiquité romaine, annonce la ville néo­ melles sont censées être directement fondées
classique. sur des exigences programmatiques. L’action
À partir de la deuxième moitié du pour une architecture visant à une meilleure
xix® siècle, le relais de la fête est pris par les «convenance», conçue principalement
expositions nationales et internationales qui comme l’adaptation aux mœurs changeantes,
rassemblent de grandes masses humaines pour s’est engagée à la fin du xvme siècle, non
des durées limitées. Leur champ d’expérimen­ seulement dans le cadre de la réforme de
tation profite à la construction et à l’architec­ l’ornement prônée par des théoriciens comme
ture plus qu’à l’urbanisme. Ainsi, entre 1850 C. Lodoli ou l’abbé Laugier, mais aussi au
et 1900, au fil des expositions, des ingénieurs travers des injonctions de J. N. L. Durand
écrivirent l’histoire de la construction métal­ invitant ingénieurs et architectes à privilégier
lique dans des bâtiments qui rivalisèrent le sens de l’économie et de la simplicité
d’audace et inspirèrent l’éthique et l’esthétique d’usage.
du mouvement moderne : conformément Le rôle joué par la zoologie et la botanique
à leur vocation, et en dépit de leur qualité, dans la science du xixe siècle déboucha sur
la plupart disparurent (structures suspendues la formulation de préceptes organicistes
de l’exposition de Paris, 1867, galerie des qui s’appliquent à la fois à la structure (ossa­
machines de l’exposition de Paris, 1889, par ture) des bâtiments, comme chez Viollet-le-
exemple). Quelques rares exceptions survé­ Duc, mais aussi au découpage même des
curent, tel le Crystal Palace (Londres, 1851, constructions : l’idée d ’un ornement inspiré
remonté à Sydenham, détruit par un incendie par le règne végétal a conditionné l’Art nou­
en 1935) ou la tour Eiffel (construite pour une veau en France, pendant qu’aux États-Unis
durée de vingt ans). Greenough affirmait, dès 1852, que « le
Après la première guerre mondiale, les monde de Dieu a une formule distincte pour
expositions internationales ont offert à chaque fonction », appelant la célèbre sen­
l’architecture du mouvement moderne tence de Louis Sullivan : « La forme suit tou­
l’occasion de véritables manifestes (pavillon jours la fonction : telle est la loi » (1896).
de l’Esprit Nouveau de Le Corbusier, Paris, C ’est en Allemagne que l’idée d’une
1925 ; pavillon allemand de Mies van der Zweckbau, ou architecture fonctionnelle
Rohe, Barcelone, 1928 ; pavillon finlandais (A. Behne, 1923) prit racine dans le milieu du
de Aalto, Paris, 1937). Les dernières exposi­ Deutscher Werkbund, fondé en 1907, à l’inter­
tions, reflétant la crise de l ’architecture, section de la culture artistique et de la poli­
étaient surtout le champ d ’expériences tique de la grande industrie. Cette idée, qui ne
H ARCHITECTURE INDUSTRIELLE

reposait plus désormais sur l’analogie orga­ décomposition horizontale ou verticale des
nique, mais sur l’idéalisation de la machine, volumes les constituant. Elle débouche aussi
est développée par W. Gropius (1883-1969), bien sur une production médiocre, comme
qu’inspirait fortement la connaissance distante celle de la plupart des équipements collectifs
de l ’Amérique. Dans les bâtiments du industrialisés, que sur de nouveaux horizons
Bauhaus de Dessau (1925-1926) ou dans ses quand, par exemple chez Louis I. Kahn, elle
projets d’édifices publics, les unités du pro­ est soutenue à la fois par une critique fondée
gramme étaient découpées en blocs mono­ sur l’approche de l’École des beaux-arts et
fonctionnels et venaient constituer autant par la rigueur constructive.
d’entités architecturales distinctes, assemblées — La seconde tendance vise le dépasse­
les unes avec les autres. ment de la notion même de fonction isolée ;
Au travers de la diffusion de la doctrine du à cette fin, elle préconise des édifices sup­
.identifie management de W. Taylor (1908), posés instantanément adaptables ou, à tout le
née dans les usines et qui investit la sphère de moins, neutres par rapport à l’usage, qu’ils
l’habitation et de l’architecture publique, la soient réglés par un principe d’unité presque
tyrannie de l’organigramme s’instaura. La classique (la Nationale Galerie de Berlin, par
forme architecturale était censée découler, par Mies van der Rohe, 1969) ou par l’ostentation
une suite d’opérations logiques, à la précision des systèmes technologiques devant autoriser,
quasi mathématique, des découpages internes mais en théorie seulement, un usage indéfini­
d’un usage rationnalisé abstraitement ou de ment variable, comme dans le Centre
l’économie de parcours dont toute flânerie Georges-Pompidou de R. Piano et R. Rogers
improductive est bannie. (1977).
Le second directeur du Bauhaus, Hannes J.-L. C.
Meyer (1889-1954), fut l’un des plus actifs
défenseurs d’une architecture fonctionnelle -> Bauhaus; Congrès internationaux d'architecture moderne
( c i a m ) ; Moderne ; Progressisme ; Rationalisme.
qui gardait cependant pour lui une valeur de
critique sociale et qu’il opposait à la composi­
tion de la tradition: «Toute chose en ce
monde est le produit de la formule : fonction x ARCHITECTURE INDUSTRIELLE
économie» (1928). C ’est, parallèlement, à
Francfort, que cette architecture trouva son Architecture dont relèvent les bâtiments
application la plus conséquente dans la poli­ utilisés par les activités de transformation des
tique menée entre 1925 et 1930 par l’archi­ biens naturels. Elle englobe donc aussi bien
tecte de la ville, Ernst May. Mais tous les les moulins à eau, les forges, les tanneries, les
architectes tenants de la fonctionnalité ne sau­ fours à chaux que les grandes manufactures
raient être rangés sous le drapeau du N eues de l ’ère préindustrielle. Toutefois, c’est au
Bauen allemand: polémiquant en 1929 avec début du XIXe siècle qu’ont émergé Tusine et
les partisans d ’une architecture fondée sur la les espaces spécifiques propres à l’industrie,
seule Sachlichkeit (objectivité), Le Corbusier au sens moderne de ce terme.
réfuta les thèses des Allemands, en affirmant L’architecture industrielle, au sens le plus
que l’«utile n’est pas le beau», puis en orga­ général, se distingue d’abord par son autono­
nisant l’opposition à leurs thèses dans les mie à l’intérieur des espaces urbains et territo­
CIAM. riaux, puis par sa capacité de renouvellement,
Au lendemain de la seconde guerre mon­ qui conduit en général à la juxtaposition
diale, la victoire de l’architecture fonction­ de bâtiments d’époques et de styles divers,
nelle sembla d ’autant plus complète qu’elle au gré des besoins des entreprises. Les
investit désormais la quasi-totalité des conti­ ensembles construits qui présentent une archi­
nents et se manifesta par l’éclosion d ’écoles tecture homogène, en général monumentale,
nationales, originales (et lyriques), au Brésil sont exceptionnels mais de grand intérêt. En
ou au japon. Deux types de démarches se France, les grandes manufactures de l’Ancien
dégagent au sein d’un mouvement de plus en Régime en offrent les plus beaux exemples
plus diffus. (Corderie de Rochefort, 1666-1670; manu­
— La première tendance porte à la disso­ facture de drap «L e Dijonval», Sedan, 1755 ;
ciation des éléments des bâtiments et à la Cristallerie du Creusot, 1785, ou encore les
ARCHITECTURE NÉO-CLASSIQUE 72

Salines de Chaux, réalisées à la même époque lieux divers de leur culte, en passant par la
sur les plans de C. N. Ledoux). demeure des morts et les monastères. Sa
Cette tradition monumentale a subsisté au nomenclature varie selon les cultures et les
xixe siècle, par exemple dans des ensembles époques. Ainsi, à la Renaissance, Alberti pou­
comme le Grand Homu en Belgique (1845), vait classer, parmi les édifices sacrés (opposés
le familistère de Guise de Jean-Baptiste Godin aux édifices profanes), les hôpitaux tenus à
(1858), la fonderie de canons de Bourges l’époque par des prêtres.
(1865-1875), ou encore dans les «châteaux» Les recherches de l’archéologie contempo­
industriels de styles gothique, roman ou raine ont montré que la relation des hommes
renaissant, édifiés à la fin du XIXe siècle, entre avec le sacré est à l’origine non seulement de
autres, par les filateurs (usine Motte-Bossut, l’architecture monumentale (S. Giedion, The
1883, dans la région lilloise) ou encore par birth o f architecture, New York, 1964, trad.
les brasseurs (brasseries de Milwaukee aux franç. 1966, Bruxelles), mais des premières
États-Unis). « villes » que nous ont léguées les sociétés
Parce qu’elle n ’était pas grevée de archaïques (P. Wheatly, The pivot o f the four
contraintes stylistiques et esthétiques, et quarters, Èdimburgh, 1971). K am ak ou
devait viser à l ’efficacité et à l’économie, Cnossos par exemple, étaient des centres reli­
l’architecture industrielle a exploité et expéri­ gieux, dont les édifices sacrés, à l’encontre
menté les matériaux nouveaux (fer, acier, des quartiers précaires où se rassemblaient les
béton...) et joué un rôle considérable dans la ouvriers qui les bâtirent, étaient destinés à
genèse du mouvement moderne et l’histoire l’éternité.
des formes architecturales. En France, des édi­ Pour vaincre la mort et les affronts du
fices de prestige comme le Centre Pompidou temps, l’architecture religieuse met en oeuvre
ou encore la cathédrale de Royan dérivent, en des matériaux nobles et imputrescibles
droite ligne, l’un de l’architecture industrielle (Égypte, Grèce, Inde) ou encore des maté­
des halles métalliques, l’autre des structures riaux organiques, rituellement remplacés à
industrielles en voûtes minces expérimentées l’identique (Japon). Il est impossible d’évo­
par B. Lafaille entre les années 1930-1950. quer ici la richesse des typologies (temples,
On redécouvre aujourd’hui les qualités de églises, pagodes, mosquées) et des symbo­
l’architecture industrielle, non seulement en liques déployées par les grands styles archi­
tant que patrimoine technique, mais aussi tecturaux qui ont permis aux diverses cultures
pour ce qu’elle apporte aux paysages urbains. d’exprimer leur rapport avec le sacré, et que
La récente réhabilitation de nombreux bâti­ l’architecture profane a ensuite empmntées à
ments industriels et leur conversion à de nou­ l’architecture religieuse (cf. le Dictionnaire
veaux usages (filatures Leblan à Lille ou Blin de Viollet-le-Duc pour l’architecture civile
& Blin à Elbeuf) sont là pour en témoigner. gothique). On n ’évoquera pas davantage
B. L. l’interaction des architectures et des styles
religieux dans l’histoire (par exemple l’inter­
-* Industrie; Usine. prétation de l’église byzantine dans l’islam et
le rôle de modèle joué par la « grande église »
de sainte Sophie). On notera enfin, pour
ARCHITECTURE NÉO-CLASSIQUE mémoire, qu’à partir de la Renaissance,
-* Classique l’architecture religieuse du passé a servi de
modèle, pour des programmes profanes
(bourses ou musées à l’image des temples
ARCHITECTURE ORGANIQUE Organique grecs et romains, bibliothèques et salles de
cours à l’image des églises gothiques dans les
universités britanniques et les campus améri­
ARCHITECTURE RELIGIEUSE cains).
Les rapports (dimensionnement, localisa­
Architecture liée au sacré et à la pratique tion, environnement) des édifices ou des
d’une religion. Elle peut comprendre des édi­ complexes religieux avec la ville et son tissu,
fices répondant à une multiplicité de destina­ varient selon les cultures, dénotant cependant
tions : de la simple demeure des dieux aux toujours l’opposition entre architecture
73 ARCHITECTURE RELIGIEUSE

majeure et mineure, par l’exploitation des ralisation de la technique baroque de mise en


catégories spatiales haut/bas (acropole dans la relation des éléments singuliers entre eux.
cité grecque), centre/périphérie (temples du Signé de laïcisation de la société, l’édifice reli­
forum romain, ou églises médiévales), entrée/ gieux entre désormais en concurrence avec
sortie des villes (églises, monastères), ainsi divers équipements civils (théâtres, hôpitaux,
que par -l’exploitation des catégories cardi­ gares, etc.) dans la structuration morpholo­
nales nord/sud (Chine, par exemple), est/ gique du nouveau tissu urbain (l’urbanisme
ouest (Occident chrétien) ou encore l’opposi­ haussmannien en est le meilleur témoin).
tion entre lieux hiérophaniques et lieux ordi­ Depuis le début du XXe siècle, l’architecture
naires. religieuse (église, chapelles, couvents) a fait
l’objet de nombreuses tentatives de renouvel­
On pourrait ainsi esquisser l’histoire de la lement formel, en particulier par l’utilisation
ville occidentale et de sa forme à travers celle des matériaux et techniques nouveaux (cf. par
de la relation qui lie les édifices religieux au ex. : l’église du Raincy par A. Perret, 1927,
tissu urbain. puis la mise en œuvre des structures suspen­
Durant la période médiévale, l’édifice reli­ dues et des voiles minces de béton avec les
gieux, généralement intégré dans le tissu églises de Candela au Mexique, la chapelle de
urbain, s’en distingue comme forme forte E. Saarinen au m it , l’église de Royan par
émergente ; une petite place irrégulière, le par­ B. Laffaille).
vis, en dégage l’accès. En raison de la confi­ En France, depuis la deuxième guerre,
guration des voies d’approche, la cathédrale l’architecture religieuse, ses formes et son
ou l’église ne peuvent être appréhendées implantation reflètent à la fois la problématique
visuellement qu’à proximité (occultation de de l’Église catholique en quête d’un nouveau
l’édifice). Elle entre parfois en rivalité avec un visage et la problématique sociale soulevée par
édifice civil (halle, palais communal) donnant les nouveaux modes d ’urbanisation. La période
sur la place du marché. L’édifice religieux qui s’étend jusqu’à la fin des années 1960 est
n’en exerce pas moins un double effet sur la marquée par la recherche de formes atypiques
structure urbaine ; effet d’attraction (toutes les susceptibles de focaliser l’attention. Il s’agit,
voies convergent vers lui) et effet d’envelop­ d’une part, de s ’aligner sur la modernité,
pement. En outre, les édifices religieux jouent comme en témoignent la politique du
un rôle important dans la création urbaine père Couturier et ses commandes prestigieuses
(pôle inducteur) et dans l’extension de villes (cf. Le Corbusier : chapelle de Ronchamp et
existantes. couvent de La Tourette). D’autre part, il faut
Au cours de la période classique, l’édifice affirmer par la vue la présence d’une commu­
religieux voit son parvis s’élargir en une place nauté spirituelle dans des quartiers nouveaux
urbaine, à configuration plus régulière, dont habités par des populations déshéritées ou
les voies débouchent sur les milieux des côtés. déracinées. Dans les « zones à urbaniser par
Il est perçu à distance grâce à des perspectives priorité », l’église, matérialisée par un objet
ouvertes en direction de sa façade principale insolite, apporte le supplément d’âme absent.
(focalisation de l’édifice). L’édifice religieux, En revanche, la mise en scène urbaine n’est pas
comme élément singulier, contrôle partielle­ recherchée.
ment le tissu urbain, à travers les percées que À la suite du concile Vatican II, puis des
sa mise en visibilité impose (voir l’église de événements de mai 1968, l’Église cherche à se
S. Annunziata à Florence, par exemple). fondre dans la société civile. Les édifices
La période baroque systématise ce procédé. deviennent des centres cultuels, munis de
Une mise en relation globale des édifices reli­ toutes les commodités pratiques pour l’exer­
gieux les uns avec les autres crée ainsi une cice de multiples activités. Ils se fondent dans
sorte de superstructure monumentale à d ’autres édifices civils (immeubles d ’habita­
l’échelle de la ville, contrôlant l’ensemble du tion, centres socioculturels...). Parfois même,
tissu urbain (Rome de Sixte-Quint). on utilise des locaux banalisés (locaux collec­
La période néo-classique impose l’idée tifs résidentiels, maisons de quartiers), des­
d’insularisation du monument religieux tinés à d’autres activités. La fonction sacrée
(Quatremère de Quincy), son installation fré­ passe au deuxième plan, ainsi que la spécifi­
quente au milieu de la place, ainsi que la géné­ cité de l’église dans la cité.
ARCHITECTURE VERNACULAIRE \74

Depuis les années 1980, l’église retrouve par le milieu et fortement soumis à l’inertie de
la valeur du symbole : symbole du sacré et la tradition. De ce point de vue, l ’étude de
d’une communauté différente et minoritaire. l’architecture vernaculaire est un outil précieux
L’architecture des édifices et leur emplace­ pour la connaissance de l’histoire des sociétés.
ment traduisent cette évolution. Plus, on s’aperçoit aujourd’hui que cette étude
H. D. et A. L. offre des perspectives d’avenir, en révélant aux
architectes de demain des modalités subtiles de
-> A rt urbain ; Composition urbaine ; Culte (lieu de). relations entre l’homme et sa maison, la société
et le milieu.
M. P. et M. Pe.
ARCHITECTURE VERNACULAIRE
-> Acculturation ; Anthropologie de l'espace ; Médina.
L’adjectif vernaculaire, du latin vernaculus,
né dans la maison (à propos d’un esclave),
puis indigène, fait partie du lexique de la lin­ ARCHIVES -* Histoire ; Longue durée
guistique où il désigne ce qui appartient à la
langue du pays. Il peut même être employé
substantivement. L’anglais a appliqué vema- ARMATURE URBAINE
cular aux arts (locaux) et en particulier à
l’architecture caractéristiques de certains pays Ensemble des villes hiérarchisées et de
ou régions. Cet usage s’est plus récemment leurs aires d ’influence qui assurent dans un
introduit en français, où vernaculaire est sou­ territoire donné les fonctions qui nécessitent
vent confondu avec populaire. un minimum de population desservie.
L’architecture des sociétés traditionnelles, La notion d’armature urbaine est très direc­
dite parfois «architecture vernaculaire», tement liée à deux autres :
frappe par le nombre relativement restreint — celle de réseau urbain, qui est l’inscrip­
des types et des techniques mis en jeu, dû au tion géographique de l’armature urbaine et qui
fait qu’elle est fortement soumise aux se caractérise par les relations, exprimées par
contraintes naturelles (matériaux disponibles, des flux de personnes, de marchandises, de
climat, topographie, etc.) (Amos Rapoport, communications immatérielles et de capitaux,
Pour une anthropologie de la maison, Paris, entre les villes qui sont des pôles pour leur aire
1972). Cependant, ces divers types architec­ d’influence, que ces relations soient de type
turaux s’expriment en d’innombrables varié­ hiérarchique (cas le plus fréquent) ou de spé­
tés qui reflètent d ’autres facteurs culturels cialisation mutuelle (ex. : les villes de la
essentiels (l’organisation sociale, la religion Randstad Holland, Metz et Nancy en Lorraine,
et le symbolisme, etc.), ou dépendent des etc.), ou plus souvent d ’un type intermédiaire ;
conditions mêmes de l’habitat (maison collec­ — celle de hiérarchie urbaine, qui implique
tive ou individuelle, habitat groupé ou dis­ une structuration en différents niveaux et des
persé, soumis à des principes hiérarchiques, rapports de dominance entre les villes voi­
égalitaires, religieux ou politiques...). La mai­ sines de différents niveaux.
son esquimau, l ’habitat dogon et la ville Les études de réseaux urbains ont été initiées
mozabite sont des exemples connus, démon­ dans les années 1930 en Allemagne par les
trant les relations étroites entre l’architecture travaux théoriques de A. Lôsch {Die rdumliche
vernaculaire et les contraintes naturelles et Ordnung der Wîrtschaft, 1940) et les études
culturelles. géographiques appliquées de W. Christaller
Comme l’a souligné A. Leroi-Gourhan {Die zentralen Orte in Süddeutschland, 1933),
(Milieu et technique, Paris, 1945), les différents tandis qu’aux États-Unis, W. J. Reilly mo­
types architecturaux ne correspondent pas tou­ délisait sous forme gravitaire l’attraction des
jours aux coupures anthropologiques, mais on villes {The law o f retail gravitation, 1931) et
constate fréquemment un parallélisme entre que plus tard, en France, F. Perroux et J.-
coupures linguistiques et politiques et types R. Boudeville précisaient les concepts de
d’habitat. Cet auteur a rapproché, d’autre part, région polarisée et d’innovation entraînante.
les modes d’évolution de l’habitat et du vête­ Les études d’armature urbaine régionale se
ment, tous les deux très lents, car conditionnés sont multipliées en France, dans l’équipe de
n ART

P. George, autour de 1960 (Y. Babonnaux sur Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nice,
la Loire moyenne, R. Dugrand sur le bas Bordeaux, Nantes, Rouen, Rennes, Toulon et
Languedoc, B. Kayser sur la Côte d ’Azur, Strasbourg.
M. Rochefort sur l’Alsace) et ont défini des
notions qui ont été reprises au niveau national P. M.
(Hautreux-Lecourt-Rochefort, Le niveau
-* Aire d'influence d'une ville ; Aire métropolitaine; Am énage­
supérieur de l ’armature urbaine, 1963). Ces ment du territoire; Métropole d'équilibre; Métropole régio­
études définissent divers critères hiérar­ nale; Réseau de villes; V ille; Ville moyenne.

chiques (salariés dépendant des sièges sociaux


situés dans la ville ; nombre de grossistes, de
commerces rares ; agences mères des banques ARRÊTÉ DE BIOTOPE — Parc naturel
nationales ; professions rares ; services admi­
nistratifs, enseignement supérieur, équipe­
ment médical, culturel et sportif, etc.) et des ARRÊTÉ DE CESSIBILITÉ -+ Expropriation
indicateurs d’aire d’influence (communica­
tions téléphoniques, mouvements des voya­
geurs en train, migrations résidentielles, etc.). ARRÊTÉ DE PÉRIL —►Permis de démolir ;
On a pu ainsi définir en France des métro­ Police administrative
poles régionales, parmi lesquelles huit métro­
poles d’équilibre ont été choisies pour faire,
ensemble, contrepoids à l’attraction pari­ ARRONDISSEMENT -► Statut de la ville
sienne ; des centres locaux, etc. La politique et de la région de Paris
d’aménagement du territoire a d’abord privi­
légié les métropoles d’équilibre, à partir de
1963, puis les villes moyennes, dix ans plus ART
tard.
L’approche des problèmes d’aménagement Du latin ars (équivalent du grec xayyr\),
du territoire en termes d’armature urbaine a habileté manuelle, métier, profession et, par
connu, pour la datak , une reprise, au début extension, l’ensemble des disciplines et acti­
des années 1990, avec la notion de réseau de vités humaines, par opposition au travail de la
villes qui a été proposée notamment pour nature. C’est seulement depuis la deuxième
structurer la couronne du Bassin parisien. moitié du XVIIIe siècle qu’art, entendu absolu­
L’argumentation tient, d’une part, dans la pos­ ment (l’art), a pris le sens de l’ensemble des
sibilité de plusieurs villes moyennes d ’at­ beaux-arts et en est venu à désigner la faculté
teindre ensemble un poids démographique et humaine spécifique qui relève de l’esthétique,
économique auquel elles ne peuvent prétendre et son champ de création.
séparément et de pouvoir ainsi rivaliser avec L’Antiquité ne possédait pas de mot parti­
les métropoles ; d’autre part, dans la complé­ culier pour désigner les activités esthétiques.
mentarité possible des fonctions urbaines Ars s’appliquait aussi bien au travail du philo­
entre les villes constituant un réseau. Mais il sophe qu’à celui du médecin, du savetier ou
ne semble pas que cette volonté administrative du peintre. À des fins pédagogiques, les écoles
ait beaucoup de prise sur la réalité : le plus de philosophie post-aristotéliciennes propo­
souvent, les réseaux ainsi annoncés associent sèrent diverses classifications des disciplines
des villes davantage rivales que complémen­ les plus nobles ou arts dits libéraux (parce que
taires (Tours et Orléans en Loire moyenne ou pratiqués par les hommes libres). Varron et
Rouen, Le Havre et Caen en Normandie par Vitruve y incluent l ’architecture, Pline et
exemple) et dont le désir de s ’associer est Galien la peinture. Mais ces pratiques en sont
essentiellement de surface. Les moyens mis habituellement exclues. Martianus Capella
en œuvre au service de cette politique sont propose une classification de sept arts libéraux
d’ailleurs très limités. comprenant grammaire, rhétorique et dialec­
Le rapport (mars 2009) de la commission tique d ’une part, arithmétique, géométrie,
sur la réforme des collectivités territoriales astronomie et musique de l ’autre. Cette classi­
(dite comité Balladur) a proposé de donner un fication, dont hérita le Moyen Âge, fut utilisée
statut de métropole, qui reste à préciser, à dans les écoles jusqu’au XIIe siècle sous la
ART 76

double dénomination de trivium et quadri­ arts, «m erveilleux savoir qu’on ne peut


vium (cf. E. de Bruyne, Etudes d ’esthétique enseigner», qui relèvent de la fantaisie.
médiévale, Genève, reprint 1975). Mais il inclut encore l’optique et la méca­
Au xme siècle, les universités promeuvent nique parmi les beaux-arts, alors que l’abbé
la médecine, la théologie et la jurisprudence Batteux, dans un ouvrage séminal (Les
parmi les arts libéraux auxquels sont opposés beaux-arts réduits à un même principe, Paris,
(à la suite de Hugues de Saint-Victor, 1746) trouve leur unité dans leur commune
XIIe siècle) sept arts mécaniques (manuels), finalité, le plaisir. D ’Alembert, enfin, codifie
enseignés dans les guildes. Parmi ces sept la place de l’art dans le système du savoir
arts, Varmatura comprend les métiers de la (« Discours préliminaire » de l'Encyclopédie,
construction ainsi que certains domaines de la 1751) et porte les beaux-arts ou arts majeurs
peinture et de la sculpture. au nombre, encore actuellement admis, de
Il faut attendre la Renaissance pour que les cinq : architecture, peinture, sculpture, poésie
humanistes et artistes italiens du Quattrocento et musique.
confèrent à ce qu’on appelle aujourd’hui les Une fois achevé le travail, entamé à la
arts plastiques (architecture, peinture, sculp­ Renaissance, de délimitation et d ’autonomi­
ture), un caractère sui generis et une dignité sation du champ de l’art, ce sont les Alle­
propre qui leur fassent mériter la qualification mands qui poursuivent la réflexion sur cette
de libéraux. Alberti, en particulier, crée une activité, avec la création de deux disciplines,
terminologie originale pour exposer une pre­ l’histoire de l’art et la philosophie de l’art.
mière réflexion sur l’art et sa nature, long­ L’acte de naissance de l’histoire de l’art cri­
temps inégalée (De pictura, 1436, première tique est signé par Winckelmann (Geschichte
version imprimée, 1540 ; De re aedijicatoria, der Kunst des Altertums, 1767). Celui-ci
première version imprimée 1485, trad. ffanç. n ’est encore concerné que par l’Antiquité,
et édition critique sous le titre L ’art d ’édifier, mais l’investissement des autres cultures et
Paris, Le Seuil, 2004). Néanmoins, le terme des autres époques se poursuit au long du
« art » continue à désigner tout à la fois ce xixe siècle où les premières chaires d’histoire
qu’on appelle aujourd’hui arts, sciences, tech­ de l’art sont créées en Allemagne.
niques et métiers. Avec ses Vite (1550 et 1568, La philosophie de l’art, ou esthétique, n’est
trad. éd. critique ffanç. Paris, 1981-1984), qui concernée ni par les conditions historiques du
représentent la première tentative systéma­ développement de l’art ni par la recherche de
tique d’histoire de l’art, G. Vasari apporte de canons normatifs (ce qui serait le propos
nouveaux concepts critiques (maniera par d ’une science de l ’art et a fait l ’objet de
exemple) et présente, pour la première fois, recherches en psychologie expérimentale),
l’architecture, la peinture et la sculpture mais par l’investigation de la nature de l’art,
comme une totalité, sous la désignation d’art; tant du point de vue du sujet qui le perçoit ou
del disegno. Mais la poésie et la musique ne qui le produit que du point de vue des objets
sont toujours pas rattachés aux autres arts. qui provoquent le plaisir esthétique. Elle a été
Tandis qu’en Italie P. Lomazzo (1590) et préparée par les recherches des philosophes
P. Bellori (1672) poursuivent la réflexion anglais, Hutcheson, Hume et surtout Burke
sur les arti del disegno (cf. E. Panofski, (introduction du concept de sublime). Cepen­
Idea, Leipzig, 1924, trad. ffanç., Paris, 1982), dant, le terme même d’esthétique a été créé
le pas décisif qui conduit à l’idée d ’un par A. G. Baumgarten (Aesthetica, 1750-
« système des beaux-arts » participant d ’une 1768), sur la racine du grec aiç0 r|mç (sensa­
seule et même nature est élaboré en France, tion, sentiment) pour désigner le mode affec­
dans le contexte du cartésianisme et de la tif de la connaissance du donné particulier
«querelle des Anciens et des M odernes» qu’est l’art. Le premier, Baumgarten, conçoit
(cf. P. O. Kristeller, « The modem System of une théorie générale des arts comme disci­
the arts », in Renaissance thought and the pline philosophique et ouvre la voie à la Cri­
arts, Princeton, 1965). Dans son Parallèle tique du jugem ent (Kritik der Urteilskraft,
des anciens et des modernes (1688-1696), 1790) par laquelle Kant achève son système
Charles Perrault distingue d ’une part les de philosophie critique. À la raison pure
sciences, qui relèvent de la vérité, progressent (objet de la théorie du vrai par la critique phi­
et sont enseignables, d ’autre part les beaux- losophique) et à la raison pratique (objet de la
H A R T DES JARDINS

théorie du bien par l’éthique), il ajoute une ART DES JARDINS


Iroisième faculté fondamentale de l’esprit, le
jugement (objet de la théorie du beau par L’art des jardins, semblable en cela à
l'esthétique) : l’art échappe à la raison, il a sa l’architecture, la sculpture, la musique ou la
sphère propre déterminée par les conditions peinture, cherche à transmettre un message,
subjectives, mais universelles, de la faculté de en reconstruisant le réel et en faisant large­
juger. Bien que limitée dans son projet et ment appel aux mythes et aux symboles. Mais
conditionnée par son époque (cf. la place l’historiographie de l’art des jardins n ’a pas
uccordée au concept du beau), la Critique du assez contribué à faire apparaître cette simili­
jugement demeure la référence de base de tude de la démarche.
tous les développements ultérieurs de l’esthé­ L’originalité de l’art des jardins réside dans le
tique en tant que discipline théorique, depuis fait qu’il emprunte à la nature une partie de ses
Hegel (Voriesungen über die Àesthetik, 1836, composantes pour exprimer, à travers un espace
trad. ffanç. Esthétique, Paris, 1944), jusqu’à repensé, ce que les civilisations ont considéré
K.. Fiedler (Über die Beurteilung von Werken comme l’essentiel de leurs aspirations. Le mes­
der bildenden Kunst, Munich, 1876), sage transmis est symbolique et souvent ésoté­
A. Riegl, B. Croce, E. Cassirer, E. Husserl, rique. L’usage des techniques complexes, sous
M. Merleau-Ponty... les formes les plus variées, est fréquent.
Certes, depuis Kant, la philosophie de l’art a Depuis trois millénaires et demi, au fil des
progressé, en particulier grâce à l’apport du civilisations, l’art des jardins a exprimé, à tra­
romantisme allemand (cf. le rôle de Novalis et vers une nature réinventée, quatre grandes pré­
Hôlderlin, leur impact sur Schelling et occupations constantes et comparables à des
Schopenhauer). Mais, si elle a élargi son champ archétypes jungiens : les jardins d’évasion et
(esthétique du laid), reformulé ou éliminé de rêve ; les jardins de prière et de méditation ;
nombre de questions traditionnelles comme ceux qui évoquent le paradis céleste ; et les
celle de l’imitation de la nature (cf. P. Junod, jardins qui traduisent les valeurs fondamen­
Transparence et opacité, Genève, 1976), créé tales d ’une organisation sociale, se référant
de nouveaux concepts heuristiques (cf. le elles-mêmes à un ordre universel. Ces quatre
Kunstwollen de Riegl), mis à contribution dans types se retrouvent partout où l’art des jardins
ses méthodes, l’apport de disciplines nouvelles s’est manifesté de façon significative : en
(linguistique, psychanalyse), son problème cen­ Égypte, en Chine, au Japon, au Moyen-Orient,
tral, entrevu par Alberti et formulé par Kant, en Italie, en France, en Angleterre, etc. C ’est
demeure ouvert : celui de l’appréhension par le dans les jardins chinois, près de mille ans
langage verbal d’œuvres et d’activités dont la avant notre ère, et bien qu’ils soient postérieurs
spécificité est précisément d’échapper aux prises aux jardins égyptiens, qui ont à peine évolué
du concept. Sur l’esthétique de l’architecture, pendant plus de deux mille cinq cents ans, que
outre les chapitres que lui consacre Hegel, on les règles de composition et les techniques
citera en particulier, K. Fiedler, Bemerkungen d’expression propres à l’art des jardins ont été
über Wesen und Geschichte der Baukunst pour la première fois minutieusement expo­
(Munich, 1878). sées. Il s’agit d ’exprimer une pensée plus
Avec l’art des jardins, compté parmi les moraliste que métaphysique. Le jardin est
beaux-arts dans certaines classifications des conçu comme fonction de libération vis-à-vis
xviie et xvm e siècles, l ’architecture, seule des contraintes extérieures et des horizons
parmi les arts majeurs, à posséder une double continus de l’homme. Il joue un double rôle :
finalité, utilitaire et esthétique. Cette double élément de rupture et représentation réduite du
vocation assumée par les praticiens depuis le cosmos, dont la contemplation conduit à la
Quattrocento, n’a depuis cessé de poser des réflexion puis à la sagesse suprême.
problèmes complexes et différents au fil de Les jardins japonais, héritiers des jardins
l’histoire. chinois, conservèrent quelques-uns de leurs
principes fondamentaux de conception et de
F. C. composition, mais en utilisant des formes
marquées par un dépouillement extrême.
Architecture; A rtisan; Artiste; A rt urbain; Baroque; Beaux-
arts; Classique; Composition urbaine; M oderne; Musée;
Leurs auteurs, tourmentés par la quête de la
Peinture; Pittoresque; Postmoderne; Renaissance. beauté absolue, conçurent des œuvres qui ont
A R T DES JARDINS 78

été, avant tout, le support d ’une méditation française cherchent à surprendre, à détourner
religieuse, des lieux de sérénité permettant le visiteur de ses préoccupations habituelles,
d ’accéder à une réalité métaphysique située pour le rendre plus réceptif aux messages
au-delà du rêve. qu’on veut lui transmettre. Ils ont apporté une
Plus près de notre époque, les Arabes, se rigueur de pensée et une étude extrêmement
faisant les épigones des Perses, dont aucun jar­ poussée des rapports qui lient entre eux les
din n ’a été conservé, mais dont le souvenir éléments de la composition.
reste présent par la place qu’ils occupent dans Les romantiques furent à l’origine, surtout
la religion de Zoroastre, évoquent, comme en Angleterre, de sources d’inspiration fonda­
leurs devanciers, un paradis à venir. Les mentalement opposées à celles de Le Nôtre.
jardins arabes (par exemple ceux, remarquable­ Le rationalisme, qui tient les passions pour
ment conservés, de Grenade), lieux ombragés, dangereuses, est dévalorisé au profit des pas­
luxuriants et odoriférants, parcourus de sources sions et des sentiments qui viennent de la
limpides, sont l’image de la vie étemelle où les nature, elle-même régie par Dieu. Le jardin
êtres profiteront de tous les plaisirs des sens. devient représentation de la nature, image
Créateur d’ambiance, le jardin arabe devient d’un monde idyllique et lieu de plaisir sen­
un cadre somptueux pour les activités de suel. Sa composition devait favoriser une
l’homme. Plus qu’ailleurs, il est aussi le com­ rêverie mélancolique. Une société pastorale
plément ou le prolongement de la demeure, idyllique pourrait naître de la bonté propre à
avec laquelle il est étroitement composé. la nature humaine. Les grands jardiniers
Avec un objectif différent, les jardins ita­ anglais, s’inspirant parfois des jardins chinois,
liens et surtout fiançais ont poussé très loin les ont les premiers exprimé une vision du monde
recherches pour que l’habitation, tête de la bien différente du classicisme français. Une
composition, et le jardin, élément de nature, certaine politesse, c’est-à-dire l’absence de
forment un tout. Sur des terrains en pente, les grandeur, la délicatesse de forme, étaient
Italiens de la Renaissance se servirent des considérées comme les moyens les plus sûrs
techniques et des procédés arabes. Mais, rom­ d’accéder à la beauté. L’idée de l’infini, qui
pant avec le caractère et une sensualité trop ne peut être mesuré, était suggérée par l’utili­
précise, ils s’inspirèrent du retour aux valeurs sation de lignes courbes. Si la science de leur
et à l’esthétique de l’Antiquité. Le jardin composition est restée assez sommaire, du
entrepris, près de Florence, par Laurent de moins a-t-elle permis de répondre aux préoc­
Médicis, est en terrasses : chacune correspon­ cupations des paysagistes confrontés à la réa­
dait à une forme de pensée, la dernière étant lisation des premiers grands jardins publics.
celle des vertus. Commencé mais jam ais Avec les «espaces verts», l’art des jardins
achevé, il devait symboliser les efforts vers n’a plus de message culturel à transmettre et
une spiritualisation apportant plus de savoir et cherche à satisfaire des aspirations collectives,
de beauté et, par là, atteignant l’universalité. parfois difficiles à interpréter. La composition,
D ’autres jardins, inspirés des mêmes prin­ au sens architectural ou musical du terme, ne
cipes, subsistent aujourd’hui, toujours com­ fait plus que rarement sentir ses effets dans les
posés à partir de l’habitation, d’un axe central jardins contemporains, mais l’invention et le
coupé d’axes secondaires, offrant une série de soin apportés à la réalisation des détails sont
perspectives fermées où la vue s’arrête sur un restés enrichissants à travers une grande pro­
élément de décor important. fusion de formes conçues dans une totale
Les jardins fiançais, illustrés par André Le liberté. Les Anglo-Saxons, sans doute en rai­
Nôtre, qui avait derrière lui une tradition son d’un sens de la nature traditionnellement
familiale d ’adaptation de jardins italiens, affirmé dans leur culture, sont restés les plus
reprennent les procédés des jardins italiens de novateurs dans la création des grands parcs
la Renaissance. La géométrie du jardin fran­ publics comme des petits jardins privés.
çais du xviie traduit l’esprit cartésien et le rôle Mais on n ’a guère vu se développer un art
de constructeur de la part d ’esprits tournés des jardins adapté au jardin individuel, si ce
vers la géométrie et l’utilisant pour aménager n’est, vers 1930, la tentative d’appliquer les
l’espace. Jardins de l’intelligence, où la sensi­ principes des peintres cubistes (asymétrie et
bilité s’exerce surtout dans la pureté des géométrie, par exemple dans le jardin de la
formes et des proportions, les jardins à la villa de Noailles à Hyères, par Mallet-
' 79 ARTISANAT

iStevens). Les essais les plus remarquables, enfin la primauté accordée à la machine
autour de maisons individuelles, de la part de dans la société industrielle, ont contribué à
propriétaires imaginatifs, accordant une place rendre de plus en plus précaires l’existence
considérable à la symbolique, sous différentes et le statut de l ’artisan, remplacé par le
formes, dont la statuaire, sont malheureuse­ manœuvre et l ’ouvrier spécialisé (et non
ment restés isolés et n ’ont pas trouvé d’écho plus qualifié).
chez les architectes-paysagistes. Aujourd’hui la mise sous tutelle des cir­
J.-B. P. cuits de production par les marchés financiers
a généralisé dans les sociétés développées la
-+ Espace vert; Jardin public; Parc. consommation du «prêt à jeter» au détriment
de la commande du « bel ouvrage ». Pourtant,
la singularité de l’artisanat, articulant capital
ARTÈRE - » Débit d'une voie; Voirie et travail, devrait être mobilisée par les urba­
nistes et les aménageurs puisque «le terri­
toire est une œuvre d’art» (cf. A. Magnaghi,
ARTISAN Le projet local, 2000).
J.-M. B. et F. C.
Originellement, celui qui exerce un métier
manuel. La catégorie des artisans a inclus les -* Architecte; A rt; Artisanat; Artiste; Traité d'architecture.
peintres, les sculpteurs, les graveurs... jusqu’à
la Renaissance, où ils ont commencé à
conquérir un statut libéral et à prendre la qua­ ARTISANAT
lification d’artistes.
Dans la terminologie actuelle, l’artiste est Ensemble des activités de fabrication et de
concerné par les beaux-arts et l’artisan par les commercialisation exercées par des tra­
arts appliqués. En principe, le premier se vou­ vailleurs manuels, seuls ou avec l’aide des
drait créateur, inspiré par des fins purement membres de leur famille ou d ’un nombre
esthétiques, alors que le second travaille dans réduit de compagnons (à l’origine) ou (aujour­
le cadre d ’une tradition et à des fins pratiques. d’hui) de salariés : en France, on a fixé à 10 le
Mais, au fil de l’histoire, les frontières entre nombre maximum d’ouvriers d’une entreprise
leurs qualifications respectives sont parfois artisanale. On compte, en 2008,706 000 entre­
difficiles à déterminer. prises artisanales à titre principal et 180 0 0 0 à
L’architecte, après avoir acquis un statut titre secondaire (respectivement près de 26 %
libéral, est longtemps demeuré capable d’œu­ et plus de 6 % du total). Elles offrent un
vrer de ses mains, initié aux pratiques de l’arti­ nombre voisin d’emplois non salariés et envi­
san (charpentier, tailleur de pierres), et ron 1 750 000 emplois salariés à temps plein
travaillant en collaboration étroite avec lui. On et 1 0 0 0 0 0 emplois à temps partiel ou
en a le témoignage dans le Traité d ’architec­ d’apprentis. Sa valeur ajoutée est le double de
ture de Filarète (entre 1451 et 1465) et dans les celle de l’agriculture, de la sylviculture et de la
Libri de Serlio qui participe délibérément des pêche réunies. L’artisanat est prépondérant en
deux approches et considère les maîtres et nombre d’entreprises dans le bâtiment, l’ali­
compagnons de chantier comme des interlocu­ mentation, les réparations, etc. Il représente
teurs à part entière, au même titre que le client. près de 40 % des emplois dans le bâtiment,
Traditionnellement, l’artisan acquiert son plus du quart dans les réparations, les trans­
métier auprès d’un maître dans le sein d ’une ports et de nombreux services.
guilde ou d’une corporation. Son apprentis­ Le lieu de travail de l’artisan est l’atelier.
sage repose sur la transm ission orale et Par ses petites dimensions, le besoin de
manuelle de procédés de fabrication et sur contact avec la clientèle, l’atelier d ’artisan
une mise en situation lui permettant de s’insère facilement dans la ville. Forme de
dégager un « tour de main ». La suppression production antérieure à la révolution indus­
des corporations par la Révolution française, trielle, se distinguant des manufactures par
la substitution progressive d ’un enseigne­ la dimension réduite des ateliers, l’artisanat
ment livresque à la formation traditionnelle, existait tant dans les villages que dans les
la survalorisation du travail intellectuel, villes où il se regroupait souvent en quartiers
ARTISTE 80

spécialisés (villes médiévales, et aujourd’hui ARTISTE


encore villes musulmanes). L’artisanat est en
régression dans les villages en raison de la Qui exerce un des beaux-arts.
chute de la population rurale et de la Le concept d’artiste est une création de la
commercialisation de produits industriels; Renaissance italienne, solidaire de l’autono­
mais aussi dans le centre des villes en raison misation du champ et du concept d ’art (au
de l’élévation des valeurs foncières et des sens actuel) et de l’attribution à ceux qui pra­
loyers, et du vieillissement des artisans : leur tiquent la peinture, la sculpture et l’architec­
départ a souvent lieu à l’occasion d’une opé­ ture, d ’une dignité et d ’un statut « libéral »
ration de rénovation et même le choix d’une nouveaux. L’artiste se distingue alors de l’arti­
réhabilitation ne permet pas toujours leur san par la noblesse de sa tâche et son pouvoir
maintien (exemple: le Marais depuis 1970). de création (génie) qui le font comparer à un
À cet artisanat traditionnel, en voie de dispa­ dieu.
rition, qui ne subsiste plus que pour des Dans le cadre de l’humanisme du XVe siècle,
fabrications (ou réparations) d ’objets de qui voit élaborer la première littérature d’art
grande qualité, se superpose aujourd’hui (cf. J. voit Schlosser, Die Kunstliteratur,
l’artisanat de sous-traitance pour l’industrie, Vienne, 1924, trad. franç, Paris, 1984), deux
l’artisanat d’entretien et de réparation de noms sont particulièrement associés à cette
produits industriels (automobile, appareils transformation. L’architecte-orfèvre-sculpteur
électroménagers, etc.) et l’artisanat du bâti­ L. Ghiberti livre dans ses Commentaires (aux
ment (construction et entretien). L’artisanat alentours de 1450), la première autobiogra­
résiste mieux au processus de concentration, phie d’artiste connue décrivant non pas « des
voire se développe, dans les secteurs se prê­ événements extérieurs, mais la vie intérieure
tant mal à celle-ci (bâtiment, vêtements, de l’œuvre» (Schlosser, op. cit.). L’huma-
etc.). niste-architecte L. B. Alberti définit les com­
L’artisanat est un élément important d ’ani­ pétences de l’architecte et lui confère un
mation d’un village ou d ’un quartier par sa nouveau statut intellectuel et social, en l’éga­
double fonction de production et de commer­ lant « aux plus grands maîtres des autres disci­
cialisation. Au plan général, l’artisanat est un plines », et en l’opposant aux artisans « dont la
moyen de formation professionnelle, de pro­ main n ’est qu’un outil » {De Re Aedijicatoria,
motion sociale d’anciens ouvriers, un stimu­ Prologue).
lant pour la qualité des fabrications et un Le statut professionnel de l’artiste ne devait
moyen de sauvegarde des spécificités régio­ cependant être réglé, en Italie, qu’avec la créa­
nales. À tous ces titres, il est important de tion, en 1563, de l’Academia del disegno:
créer les conditions de son maintien, voire de fondée à l’instigation de Vasari, sur le modèle
son développement. des académies littéraires, cette institution
A u plan économ ique, l ’artisanat est, consacre la rupture de l’artiste avec les guildes
comme l’entreprise coopérative, une forme dans les ateliers desquelles il continuait d’être
de production où le producteur apporte formé, et inaugure un enseignement plus spé­
capital (modeste) et travail. Le statut de culatif et savant, mais qui ne concerne pas la
l’artisan (« travailleur manuel qualifié assu­ pratique artistique elle-même, jugée inensei-
rant lui-même la direction de son entreprise gnable. La nouvelle condition d’artiste a été
et prenant personnellement et habituelle­ plus longue à établir dans les autres pays euro­
ment part à l’exécution du travail » selon le péens (cf. le témoignage laissé par A. Dürer
décret du 1er mars 1962) est fixé par le dans son Journal de voyage aux Pays-Bas,
Code de l ’artisanat et notam m ent la loi 1520, éd. Bruxelles, 1970). En France, par
d ’orientation du commerce et de l’artisanat exemple, l’Académie royale de peinture et de
(loi Royer, décem bre 1973). D epuis le sculpture est créée par Mazarin en 1648, sur le
décret du 1er juin 1983, l’unité est la per­ modèle de l’Académie de Saint-Luc. Le terme
sonne physique (l’artisan) et non plus «artiste» entre en 1662 dans le Dictionnaire
l’entreprise. de l’Académie française (fondée, elle aussi
d’après un modèle italien, en 1635), et l’Aca­
P. M.
démie d’architecture voit le jour en 1671. Ce
-> Artisan ; Industrie. retard explique que la France n’ait pas eu son
81 A R T URBAIN

Vasari (qui dans ses Vite a transmis toute Haussmann l’esthétique joue un rôle
l’information disponible à son époque sur les secondaire, le préfet cherche néanmoins à
peintres, architectes et sculpteurs italiens créer de belles perspectives (Mémoires) et
depuis Cimabue) et qu’on ignore à peu près fait appel à des artistes (architectes comme
tout des architectes, peintres et sculpteurs Davioud, par exemple) pour réaliser ses pro­
français des X I V e , X V e et xvie siècles jets fonctionnels. Par ailleurs, l’architecte
(cf. J. Thuillier, Les débuts de l’histoire de Camillo Sitte, représentant du courant cultu­
l’art en France et Vasari, in II Vasari storio- raliste, voudrait faire retrouver à l’urbanishie
graflco e artisto, Florence, 1974). la dimension perdue de l ’art. Seul l’urba­
Le statut d ’artiste de l’architecte est claire­ nisme progressiste élimine l’artiste au nom
ment défini par A lberti et résulte de sa du fonctionnalisme.
conception des trois niveaux (nécessité, com­ Mais cette proposition devient un sophisme
modité, plaisir esthétique) de la démarche quand « l’urbaniste n ’est pas autre chose
architecturale. Pour l ’architecte, appliquer qu’un architecte » (Le Corbusier), comme ce
correctement les règles de la construction et fût le cas pour la plupart des membres des
répondre à la demande du client sont des c i a m , et comme il l’est demeuré dans certains

conditions nécessaires, mais non suffisantes pays, tels l’Italie et la France, jusqu’à la fin
de sa pratique : c ’est seulement en faisant des années 1960. En France, l’attitude de
œuvre de beauté qu’il mérite son nom, car la l’artiste est occultée, mais elle demeure
beauté est la finalité de l’architecture. De d’autant plus prononcée que les architectes ne
plus, la compétence de l’architecte s’étendant sont formés ni à l’université, ni dans les écoles
à l’organisation du cadre bâti dans son entier, d ’ingénieurs, mais dans une École des beaux-
celle-ci appelle égalem ent un traitement arts qui n’ose plus dire son nom et qui en fait
esthétique. C ’est bien selon cette conception des « artistes » marginaux.
que l ’intervention des architectes de la
F. C.
Renaissance et des époques baroque et
classique sur la ville est composée comme —►A rt ; Artisan ; Art urbain ; Beaux-arts ; Composition urbaine.
une œuvre d ’art et a pu recevoir la dénomina­
tion d ’art urbain: des « artistes» comme
Bramante, M ichel-Ange, Scamozzi, Le ART URBAIN
Bernin, Fischer von Erlach, Mansart,
Gabriel, ont ainsi signé des paysages urbains Cette expression, consacrée par H. Lavedan
à juste titre célèbres. L’importance de l’archi­ (Histoire de l ’urbanisme, t. 2, Paris, 1959),
tecte en tant q u ’artiste se traduit dans la désigne l’édification ou l’aménagement de
notion de « plan d ’embellissement ». l’espace des villes, tels qu’ils furent théorisés
Toutefois, peu à peu, l’équilibre des trois à partir du Quattrocento, puis progressive­
registres de l’architecture, exigé par Alberti, ment mis en pratique durant la Renaissance,
s’est trouvé rompu en faveur de l’art qui l’âge classique et la période néoclassique.
monopolisait l’attention des architectes, au Relevant de l’architecte-artiste, l’art urbain
détriment dp la construction et de la diffère des procédures et aménagements
commodité. À la fin du xvme siècle, les ini­ médiévaux par son caractère théorique et glo­
tiateurs des grandes transformations structu­ balisant, ainsi que par sa finalité esthétique.
rales de l’urbanisation sont les ingénieurs et La prépondérance qu’il accorde à la dimen­
les hommes de science (cf. B. Fortier et al., sion esthétique le différencie également de
La politique de l ’espace parisien, Paris, l’urbanisme dont, en outre, il n ’a pas la pré­
1975). tention scientifique.
L’avènement de F ère industrielle met un L’art urbain a introduit dans les villes
terme brutal aux recherches de l’art urbain. occidentales la proportion, la régularité, la
L’urbaniste tel qu’il est défini par Cerda, et symétrie, la perspective, en les appliquant
dans la mesure où il se veut le praticien aux voies, places, édifices, au traitement de
d’une discipline scientifique, ne se préoccupe leurs rapports et de leurs éléments de liaison
plus de la dimension esthétique de l’environ­ (arcades, colonnades, portes monumentales,
nement urbain. Cette affirmation doit cepen­ arcs, jardins, obélisques, fontaines, statues,
dant être nuancée. Si dans l’œuvre de etc.). On lui doit la notion de composition
ASILE 82

urbaine, dérivée de la peinture. L’art urbain collecte, le traitement et la restitution au


fut pratiqué en Italie, avec une antériorité milieu naturel des eaux jugées insalubres ou
d’un siècle sur le reste de l’Europe. Dès la gênantes. Il concerne essentiellement les eaux
seconde moitié du Quattrocento, il inter­ usées et pluviales, rejetées d’abord dans les
vient, surtout de façon fragmentaire, pour rivières par un système de canalisations (qui
régulariser, restructurer et embellir le tissu reprend souvent l’ancien réseau hydrogra­
m édiéval (projets et réalisations de phique médiéval, recouvert pour assainir l’air
Nicolas V et Alberti qui, à Rome, dans les de la ville), puis traitées avant rejet. Le drai­
années 1450, cherchent également à retrou­ nage est l’opération d’assainissement des ter­
ver le visage de la cité antique, projets et rains saturés d ’eau, à l ’aide de fossés, de
réalisations de Federico de Montefeltre et galeries, de caniveaux ou de puits perdus des­
Francesco di Giorgio M artini à Urbino), tinés à l’écoulement des eaux.
mais aussi dans la création d ’entités En ce qui concerne les eaux usées, l’assai­
urbaines autonomes^ comme les extensions nissement est collectif (arrêté du 22 juin 2007
de Ferrare (1491). À la fin du xvie siècle, relatif à la collecte, au transport et au traite­
dans la Rome de Sixte Quint, l’ampleur des ment des eaux usées) ou individuel (arrêté du
opérations menées depuis Bram ante, 7 septembre 2009 fixant les prescriptions tech­
Raphaël et Michel-Ange est sans comparai­ niques applicables aux installations d’assai­
son avec la modestie des premières expé­ nissement non collectif). Le choix relève de la
riences tentées pendant la première décennie commune, responsable de ce service public,
du XVIIe siècle dans le Paris de Henri IV qui délimite les zones d’assainissement collec­
(place des Vosges, place Dauphine). tif et individuel (article L.2224-10 du Code
En fait, il a fallu attendre la fin du xvie siècle général des collectivités territoriales). Le rac­
pour que l ’art urbain se répande à travers cordement des eaux usées industrielles fait
l’Europe, subissant l’attrait du modèle italien, l’objet d’une autorisation : celles-ci doivent en
plus théâtral (cf. les mises en scène de Bemini, effet être compatibles avec les installations
Pietro da Cortona et Borromini dans la Rome publiques.
d’Alexandre VII), et du modèle français ulté­ Vassainissement individuel ou autonome est
rieur, plus pictural et géométrique, marqué par possible lorsque la densité de construction est
l’art des jardins (Versailles). Les réalisations faible et le contexte hydrogéologique adéquat :
de l’art urbain témoignent d’une grande diver­ pente et perméabilité faibles, éloignement du
sité quant à leur nature et à leur échelle, allant toit de la nappe souterraine. Une fois prétraitée
d’opérations d ’embellissement structurel ou dans la fosse septique, l’eau usée est évacuée
fragmentaire (symbolisées en France par la par épandage souterrain, traitée par infiltration
réalisation des places royales, « cours » et ou pompée et traitée dans un tertre, puis éva­
perspectives) aux extensions extra muros de cuée dans le milieu superficiel. D’autres tech­
villes médiévales (Bath, Nancy, Berlin) ou à niques existent, telles les toilettes sèches.
des créations ex nihilo, le plus souvent liées à Id assainissement collectif a d’abord pris la
des résidences princières (Charleville, forme d ’un système unitaire («tout-à-
Richelieu (1633), Aranjuez, Mannheim l’égout ») recueillant eaux usées et pluviales
(1699), Karlsruhe, Saint-Pétersbourg (1763)). dans un même conduit. Le système séparatif,
F. C. composé de deux réseaux distincts, l’un pour
les eaux usées amenées en station d ’épuration,
A rt; Baroque; Composition urbaine; Espace public; Jardin l’autre pour les eaux pluviales conduites au
public; Proportion; Renaissance; Urbanisme.
milieu naturel, s’est imposé à partir des années
1950. Les branchements erronés (eaux usées
rejetées sans traitement et eaux pluviales
ASILE -► Hôpital venant surcharger la station d’épuration) ont
parfois conduit à adopter le système pseudo­
séparatif: un réseau pour les eaux usées et
ASSAINISSEMENT pluviales des parcelles privées conduites en
station d’épuration, un autre pour les eaux plu­
U assainissement - néologisme des pre­ viales du domaine public. L’écoulement est
miers temps de l’hygiénisme - a pour objet la libre (gravitaire), sauf exception.
83 ASSISTANCE ARCHITECTURALE

L’unité de compte des eaux usées est règle pas la question des résidus. En outre, les
I 'équivalent habitant (EH) : pollution émise nuisances et pollutions causées par les stations
chaque jour par un habitant, soit une d ’épuration conduisent de plus en plus sou­
demande biologique en oxygène à 5 jours vent à couvrir les installations et à traiter leurs
(DBO5, quantité d’oxygène consommée par la émissions atmosphériques.
dégradation de la matière organique présente La dépense nationale de gestion des eaux
dans l’eau en cinq jours) de 60 g. Leur traite­ usées est passée de 8,3 à 12,1 milliards d’€
ment est encadré par la directive européenne entre 1996 et 2006, ce qui s’explique non
du 21 mai 1991 qui impose le traitement seulement par la mise en oeuvre de la directive
secondaire pour les agglomérations de plus de 1991, mais aussi par le retard précédemment
de 15 000 EH, un traitement plus rigoureux accumulé. La filière montre ainsi ses limites :
(tertiaire) pour celles de plus de 10 000 EH efficacité relative du traitement, sous-produits
situées en zones sensibles à l’eutrophisation, aux débouchés incertains, coûts croissants.
et un traitement secondaire pu approprié pour L’assainissement écologique constitue une
les autres agglomérations. À chaque type de alternative. Il vise à mieux intégrer les eaux
traitement est associé un objectif en termes de usées dans les cycles biogéochimiques en
qualité absolue des eaux traitées et ou de ren­ récupérant efficacement les nutriments
dement d’épuration. - azote, phosphore, potasse, autant d’engrais
Les stations d ’épuration (17 500 en France potentiels - contenus dans les eaux usées. Il
fin 2008) prennent la forme d ’usines ou de est d ’autant plus difficile à mettre en oeuvre
lagunes. Le lagunage utilise les propriétés que les collectivités sont déjà équipées de
naturelles du milieu aquatique pour dégrader réseaux d’assainissement. Il est très promet­
les matières organiques. Déjà utilisé au teur pour celles qui n’en sont pas équipées, en
XIIIe siècle dans les villes européennes qui lui particulier dans les pays émergents ou en
réservaient l’ancien fossé d ’eau stagnante développement.
creusé vers le IIIe siècle pour défendre la cité, S. B.
il a disparu au XIXe avec l’enterrement des
fossés, puis est réapparu aux États-Unis vers Eau ; Cycle de l'eau ; Pollution des eaux continentales.
1920. Il est employé en milieu rural et périur­
bain, là où le terrain est bon marché (il néces­
site 10 à 20 m 2/EH). ASSISTANCE ARCHITECTURALE
V usine d ’épuration Vise à reproduire le
fonctionnement naturel de l’écosystème aqua­ Action destinée à favoriser la qualité archi­
tique dans un temps et un espace limités, en tecturale des projets de construction faisant
quatre phases : l’objet d’une demande d ’autorisation adminis­
— prétraitement : dégrillage, dessablage, trative de bâtir. La notion de conseil architec­
déshuilage ; tural est apparue après la seconde guerre
— traitement primaire, par décantation, mondiale avec la création de postes d ’archi­
visant les matières en suspension ; tectes conseils de la reconstruction (arrêté du
— traitement secondaire (biologique), qui 19 juin 1946). Un corps d ’architectes conseils,
élimine la plus grande partie des matières mis à la disposition des directeurs départe­
organiques ; mentaux de l’équipement pour intervenir sur
— traitement tertiaire, en particulier déphos­ des projets d’importance, est créé par arrêté
phatation et dénitrification. du 24 juin 1950. Ces architectes n’ont pas de
Les sous-produits (boues d ’épuration), contact direct avec le public et donnent leur
d’autant plus abondants que le traitement est avis aux services instructeurs du permis de
efficace, ne cessent de croître depuis une ving­ construire. À partir de 1960, le conseil archi­
taine d ’années. L’épandage agricole (régle­ tectural concerne l ’ensemble des permis
menté par le décret du 8 décembre 1997) de construire. La notion d’assistance architec­
constitue leur débouché naturel, mais est turale apparaît avec la mise en place progres­
compromis par les polluants dont les boues sive des architectes consultants dans les
sont chargées : elles doivent être traitées, ce directions départementales de l’équipement.
qui augmente le coût d’épuration. La produc­ Ces « hommes de l’art » sont mis gratuitement
tion alternative de biogaz par fermentation ne par l’État à la disposition du public pour tenter
ASSOCIATION 84

de pallier la carence esthétique dont témoigne culier contact direct avec les demandeurs) ;
une part importante des demandes de permis sensibilisation du public (artisans, administra­
de construire. Les architectes consultants tions, maîtres d ’ouvrages, enfants, etc.) à
doivent intervenir sur les projets de construc­ l’architecture et à l’urbanisme par des moyens
tion avant le dépôt officiel du dossier de per­ multiples expositions, réactualisation de maté»
mis. Dans cette tâche, ils sont confrontés à riaux et de techniques anciennes, stages de
trois types de difficultés. formation, etc.
Tout d’abord, il est impossible à l’architecte Ces actions nouvelles ne pourront agir sur
consultant d’assister chaque demandeur d’une la qualité de la production bâtie qu’à long
autorisation de bâtir (jusqu’en 1977, chaque terme. On peut toutefois s’interroger sur la
département disposait en moyenne d’environ signification sociale - de l’assistance architec­
cinq architectes, à raison d’une journée men­ turale. En effet, l’amélioration de la qualité
suelle de permanence chacun). Pratiquement architecturale contemporaine devrait reposer
coupé du public, son rôle se borne à donner sur des actions de type culturel plus que sur
un avis sur dossier, après réception adminis­ une assistance à la mise en forme des projets
trative du projet de construction. de construction. Car peut-on réellement assis­
Ensuite, il devient ainsi un rouage adminis­ ter la création architecturale, autrement dit
tratif supplémentaire dont l’avis n’est, de sur­ l’expression dessinée du projet architectural ?
croît, pas obligatoire. D. I.
Enfin, pour des raisons déontologiques,
l’architecte consultant n’est pas autorisé à réali­ -> Architecte; Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'envi­
ronnement ( c a u e ) ; Permis de construire.
ser les dessins contenus dans le dossier du per­
mis de construire. Sa mission est limitée au
conseil verbal, soutenu par quelques croquis
dont le demandeur ne pourra utiliser que l’esprit. ASSOCIATION
De fait, le législateur a considéré l ’aide
architecturale comme une réponse verbale ou Groupement volontaire d’individus qui,
écrite à des questions posées. Il a oublié la sur la base d ’un quasi-contrat, mettent en
maîtrise d’œuvre et la nécessité de réaliser des commun des ressources et créent une organi­
dessins. La qualité architecturale implique la sation destinée soit à défendre ou à promou­
réalisation de l’ensemble du projet dessiné et voir des intérêts spécifiques, soit à exercer
ne peut se limiter à un conseil verbal ou une influence dans la vie sociale.
vaguement dessiné. Le mouvement associatif est la consé­
La loi du 3 janvier 1977 créant les Conseils quence des transformations économiques et
d’architecture, d’urbanisme et de l’environne­ sociales provoquées par l’industrialisation.
ment (caue) a été élaborée pour résoudre ces L’éclatement de la communauté, la désagréga­
difficultés et répondre à l’obligation nouvelle tion partielle des groupes primaires, l’appro­
du recours à l’architecte pour toute construc­ fondissement de la division sociale du travail,
tion supérieure à 170 m 2 hors œuvre net. la dilution des cadres traditionnels de la socia­
Désormais, les architectes consultants sont bilité nourrissent son expansion. L’existence
détachés de l’administration et intégrés dans d’associations suppose néanmoins le maintien
les caue créés dans la plupart des départe­ de relations sociales minimales. Tocqueville
ments sous forme d’association type 1901, considérait les associations comme un élé­
présidés par un conseiller général, dirigés le ment constitutif de la démocratie. Durkheim
plus souvent par un architecte, financés par voyait dans les associations professionnelles
des subventions de l’État et du conseil général un vecteur d ’intégration sociale et le fonde­
départemental. Ce financement a permis le ment d’un nouvel ordre moral, participant à la
recrutement d’un nombre important d ’archi­ cohésion sociale.
tectes conseillers entre 1978 et 1982 dans tous Après les lois de 1865 et 1884 autorisant
les départements. respectivement les associations syndicales et
Disposant désormais de moyens beaucoup les syndicats professionnels, c ’est la loi du
plus importants, l’action des caue prend deux 10 juillet 1901 qui reconnaît et codifie la
grandes directions : poursuite de l’assistance liberté d ’association, étendue désormais à
architecturale sur de nouvelles bases (en parti­ l’ensemble de l’espace social.
«6 ASSOCIATION AGRÉÉE

Les associations, avec les mutuelles et les préfet ou par les ministres chargés de l’envi­
coopératives, sont considérées comme une ronnement et de l’urbanisme, selon le niveau
composante de l ’économ ie sociale qui, auquel elles exercent ces activités (art. 40 de
occupant l’espace situé entre l’économie de la loi du 10 juillet 1976, articles 8 et 44-1 de
marché et le secteur public, constituerait un la loi du 31 décembre 1976 et décret du
mode de gestion alternatif et un contre- 7 juillet 1977). Cet agrément permet à l’asso­
pouvoir s’insinuant dans les interstices du ciation d’exercer en justice les droits reconnus
contrôle social et de l ’intervention de à la partie civile en ce qui concerne les infrac­
l'État. tions aux règles d ’urbanisme et de protection
Les associations sont de nature très variée de la nature.
(sportives, religieuses, politiques, éducatives,
M. B.
de défense professionnelle, de quartier, cultu­
relles, etc.). La diversification du mouvement - » Association agréée; Comité (ou conseil) de quartier; Luttes
urbaines; Participation.
associatif s’accompagne d’une évolution vers
l’unifonctionnalité. En revanche, on note
chez les adhérents une tendance au poly-
associationnisme. ASSOCIATION AGRÉÉE
Longtemps, et à l’inverse des sociétés
anglo-saxonnes, la France a été caractérisée Association (régie par la loi de 1901) ayant
par la faiblesse relative du fait associatif. C’est fait l’objet d’un agrément qui lui confère cer­
pourquoi son renouveau, dans les années taines prérogatives prévues par l’article 40 de
1970, a été analysé, soit comme un approfon­ la loi du 10 juillet 1976 relative à la protec­
dissement de la démocratie participative, soit tion de la nature et par la loi du 31 décembre
comme un indicateur du changement social. 1962 relative à l’urbanisme. Cet agrément
Ce renouveau est alimenté et soutenu par peut être accordé, au titre du Code rural, à
l’extension et la dispersion des couches des associations ayant pour objet la protec­
moyennes, salariées et diplômées, notam­ tion de la nature et de l’environnement ; à des
ment dans le secteur tertiaire. La valorisation associations d’usagers qui peuvent avoir des
du cadre de vie, du quotidien, de la participa­ objets très divers ; à des associations de pro­
tion, des groupes secondaires et de localité tection et d’amélioration du cadre de vie et de
comme lieu de sociabilité et d ’élaboration l’environnement.
d’un consensus, sont les traits dominants de La procédure d ’agrément est réglementée
la « culture associative ». par un décret du 7 juillet 1977, modifié par un
Dans le domaine urbain, le fait associatif décret du 29 mars 1985, complété par un
concerne principalement la prise en charge arrêté et une circulaire du même jour. Pour
des problèmes de l’habitat, la création et la être agréée, une association doit avoir plus de
gestion des équipements collectifs, la défense trois ans d ’existence, être active et présenter
de l’environnement et de la qualité de la vie. certaines garanties de régularité de fonction­
Lorsqu’elle est porteuse d’innovation cultu­ nement et de représentativité. L’agrément est
relle et que le projet social l’emporte sur la accordé par l’État, représenté, selon qu’elle a
fonction de sociabilité, l’association est un une portée locale, départementale, régionale
moyen d’action collective et d ’expression des ou nationale, par le préfet, par le préfet de
luttes urbaines. Intermédiaires situés entre région ou par les ministres chargés de l’urba­
l’État et la société civile, les associations sont nisme et de l’environnement. L’autorité admi­
des composantes du système politique et nistrative a un large pouvoir d’appréciation,
jouent un rôle dans la mobilisation et la trans­ soumis au contrôle des juges administratifs,
formation des valeurs culturelles. Elles parti­ pour accorder ou non l’agrément.
cipent également à la formation du personnel L’agrément a des effets différents selon
politique et constituent, pour certains de leurs celui (ou ceux) des trois motifs en vertu
militants, un vecteur de la mobilité sociale. duquel il a été accordé. Les associations
Sur le plan juridique, les associations exer­ agréées sont appelées à participer à l’action
çant leurs activités statutaires dans le domaine des organismes publics (organes consultatifs
de la protection de la nature et de l’environne­ notamment) ayant pour objet la protection de
ment peuvent demander à être agréées par le la nature et de l’environnement. Les associa­
ASSOCIATION DE COMMUNES 86

tions locales d’usagers bénéficient de droits bénéficient d’un droit de délaissement, c’est-
particuliers lors de l’élaboration des docu­ à-dire qu’ils peuvent mettre en demeure
ments d ’urbanisme. Elles peuvent enfin se l’association d ’acquérir leur bien à un prix
porter partie civile à l’occasion d’infractions fixé par le juge de l’expropriation.
au regard du droit ded'urbanisme et de l’envi­ En pratique, les afu sont particulièrement
ronnement ou d ’actions qui causent un préju­ présentes dans le domaine du remembrement
dice à un intérêt collectif qu’elles ont pour de petites parcelles, souvent inconstructibles,
charge de défendre. Le champ de ces possibi­ aux fins d’urbanisation et ce sans passer par
lités varie selon le type d’agrémént reçu. un organisme aménageur, ni par le dessaisisse­
ment de leurs terrains : c’est F afu qui est amé­
Y. P. et P. M.
nageur. L’afu est également utilisée comme
Code de l'urbanism e; Environnement. organisme gestionnaire, notamment d ’équipe­
ments publics.
La portée de ces afu est demeurée limitée,
ASSOCIATION DE COMMUNES -> Agence sans doute en raison de la complexité des
d'urbanisme ; Groupement des communes mécanismes juridiques de mise en œuvre et
des nombreux contentieux qui ont eu lieu,
s’agissant de dispositifs combinant le droit
ASSOCIATION FONCIÈRE URBAINE (AFU) privé et les prérogatives de droit public. On
peut le regretter, car il s’agit là d’une procé­
Forme particulière d ’association syndi­ dure permettant aux propriétaires de participer
cale de propriétaires dont le mode de fonc­ eux-mêmes à l’action d’aménagement. Cer­
tionnement et les missions sont réglés par le taines opérations importantes ont, cependant,
Code de l’urbanisme. Les propriétaires de été montées par des afu , par exemple l’amé­
différentes parcelles ou biens immobiliers nagement de la place d’Italie à Paris, non sans
peuvent se constituer en associations fon­ susciter d’assez fortes réactions, les opposants
cières, depuis la loi du 31 décembre 1967 à cette opération lourde de rénovation urbaine
(art. L 322-1 et L 352-11 du Code de l’urba­ ayant estimé qu’il s’agissait là d’une opération
nisme) pour engager des opérations d’amé­ d’intérêt privé ayant bénéficié de prérogatives
nagement, valoriser leurs terrains ou leurs de droit public.
immeubles, exécuter des travaux, mais aussi D’autres afu ont connu un vif succès, dû à
élaborer des projets d ’urbanisme, gérer des un privilège fiscal important : les afu consti­
opérations ou des équipements, et le cas tuées pour procéder à des opérations de restau­
échéant revendre des terrains aménagés. La ration immobilière, par association libre de
loi distingue, en effet, quatre types d ’opéra­ propriétaires se partageant des immeubles his­
tions pouvant être engagées par les a f u : le toriques à restaurer et étant maîtres d’ouvrage
remembrement des parcelles et la réalisation des travaux sur les parties privatives et sur les
des travaux d ’équipem ent et d ’am énage­ parties communes. Ces afu, souvent montées
ment nécessaires ; le groupement de par­ par des marchands de biens ou par des offi­
celles pour vente, bail ou utilisation par un cines aux statuts divers, ont parfois donné lieu
tiers; la construction, l’entretien et la ges­ à des abus, qui ont pu contribuer à leur mau­
tion d’ouvrages d ’intérêt collectif ; et, enfin, vaise réputation. Mais si les conditions tech­
la conservation, la restauration et la mise en niques, sociales et architecturales de leurs
valeur des secteurs sauvegardés, ainsi que la interventions, soumises à autorisation préfec­
restauration immobilière. torale, sont clairement posées, les travaux ainsi
Sur le plan juridique, trois catégories d ’AFU entrepris dans les secteurs historiques contri­
peuvent être constituées : libres, lorsqu’il y a buent incontestablement à leur revalorisation. 1
accord unanime des propriétaires pour réali­ n . b:
ser une opération, autorisées ou constituées
d’office par le préfet, en cas contraire. Remembrement; Restauration immobilière.

Dans ces deux derniers cas, les afu ont le


caractère d’un établissement public, les coti­
sations sont obligatoires et les propriétaires ASSURANCES -> Garanties et assurances
non parties prenantes à l’opération envisagée du bâtiment
87 ATMOSPHÈRE

ATELIER —> Artisanat ; Usine L’introduction de vapeur d ’eau et de gaz


carbonique dans l’atmosphère résulte pour
une très large part de processus naturels. Il
ATMOSPHÈRE n ’en va pas de même pour d ’autres gaz,
comme le méthane (CH4) ou l’anhydride sul­
Enveloppe gazeuse du globe terrestre, au fureux (S02), l’oxyde de carbone (CO), dont
voisinage duquel elle est retenue par la force la teneur résulte surtout des actions humaines ;
de gravité. comme ils peuvent avoir des effets domma­
L’atmosphère contient l’oxygène, gaz indis­ geables, leur présence dans l’atmosphère est
pensable à la vie. Elle est en interaction souvent considérée comme une « pollution ».
constante avec la surface du globe et a des L’atmosphère est aussi capable de prendre
échanges avec les surfaces de la lithosphère, de en charge et de garder en suspension des parti­
l’hydrosphère et de la biosphère. Ces interac­ cules. Certaines résultent de l’action de pro­
tions peuvent être modifiées par l’action cessus naturels : gouttes d’eau et cristaux de
humaine, et ont de toute façon une grande glace à la suite de condensations, mais aussi
importance pour la vie humaine. De plus, les poussières, pollens, arrachés par le vent à la
mouvements de l’atmosphère opèrent des redis­ surface terrestre. D ’autres particules sont
tributions de matière et de propriétés (notam­ introduites par les techniques humaines : rejets
ment la température) à la surface du globe. d ’usines comme les cimenteries, et surtout
L’atmosphère est composée essentiellement produits des combustions incomplètes.
d ’air sec, qui est un mélange de gaz, environ Si la composition d’ensemble de l’atmo­
78 % d’azote, 21 % d’oxygène et 1 % de gaz sphère varie peu, mis à part le cas du gaz car­
rares (argon, néon, hélium, krypton, xénon, bonique, sa composition locale peut subir des
hydrogène). fluctuations significatives pour l’environne­
A l’air sec, viennent se mêler des gaz en ment humain. Elles dépendent de l’état de la
quantités variables, dont le rôle est très impor­ surface terrestre, mais aussi des mouvements
tant. La vapeur d’eau ne dépasse pratiquement de l’atmosphère.
jamais 3 % environ de la masse atmosphérique.
L’air est capable de prendre en charge une Les mouvements atmosphériques ont une
quantité de vapeur d’eau qui dépend de la tem­ grande importance pour l ’explication de la
pérature. Si, pour une température donnée, la répartition des climats à la surface du globe :
quantité maximale est atteinte, l ’air est dit la circulation de l’air est un facteur important
saturé. Si de l’air saturé voit sa température de la répartition des températures, avec les
baisser, l’eau passe à l’état liquide et forme des transports d’énergie thermique des basses vers
gouttelettes qui peuvent rester en suspension les hautes latitudes, des océans vers les conti­
(nuages et brouillards) ou se réunir pour donner nents en hiver, des continents vers les océans
des particules assez lourdes pour être entraînées en été. C’est aussi la circulation qui redistri­
par la gravité, ce qui produit des précipitations. bue sur le globe les masses d’eau évaporées à
Le gaz carbonique peut constituer autour de partir des océans et des mers.
0,033 % de la masse atmosphérique. Il est fixé Les mouvements atmosphériques peuvent
par la végétation (assimilation chlorophyl­ opérer soit des concentrations, soit des dis­
lienne), mais restitué à l’atmosphère par la persions de gaz et de particules, et notam­
respiration des êtres vivants et par les combus­ ment de polluants. Ceux-ci peuvent atteindre
tions. Des quantités importantes de carbone des concentrations importantes près des
ont été fixées par les processus biologiques au sources d’émission quand l’air est immobile
cours des temps géologiques et sont en cours ou peu mobile ; des transports importants de
de restitution à l’atmosphère sous forme de polluants peuvent aussi être opérés le long
gaz carbonique depuis qu’a commencé l’utili­ de certains axes vers d ’autres régions (ainsi,
sation massive des combustibles fossiles, une bonne partie de la pollution liée aux
charbons et produits pétroliers, si bien que la industries de l’Europe occidentale est
teneur en gaz carbonique tend à augmenter «exportée» vers la Scandinavie; les parti­
sensiblement. Cette augmentation pourrait à cules radioactives résultant des explosions
terme modifier les échanges énergétiques atomiques sont retombées dans des zones
dans l’atmosphère. bien précises).
A TTE N TE (D’UN M OYEN DE TRANSPORT) 88

Il est commode de distinguer le cas des limitées. Ces « inversions de température »


mouvements verticaux et celui des mouve­ inhibent complètement les mouvements verti­
ments horizontaux, bien qu’ils soient en fait caux et freinent donc la dispersion des fumées
liés les uns aux autres. et des gaz, notamment des polluants.
Les mouvements horizontaux ont un ordre Le problème de Y environnement atmosphé­
de grandeur important (m/s ou km/h). Ils sont rique se pose en définitive à trois échelles dif­
dus aux différences de pression atmosphé­ férentes.
rique, elles-mêmes engendrées par un sys­ — À l’échelle du globe tout entier, l’aug­
tème d’échanges énergétiques complexes, et mentation de la teneur en gaz carbonique et
ils sont modifiés par la rotation terrestre. Ils en certains autre gaz (notamment la vapeur
subissent aussi des influences locales, comme d’eau, le méthane, les oxydes d’azote et les
les effets de brise sur les littoraux des mers et chlorofluorocarbures) pose des problèmes
des grands lacs et dans les montagnes, ou graves. En effet, l’atmosphère laisse passer
comme les effets de canalisation par les reliefs les radiations d’ondes courtes en provenance
naturels ou par les constructions. du soleil, tandis qu’elle retient et absorbe les
Les mouvements verticaux ont des ordres radiations d’ondes longues émises par la sur­
de grandeur très inférieurs (cm/h) mais n ’en face («effet de serre» atmosphérique). Or,
sont pas moins très importants. Les ascen­ l’importance de cet effet dépend largement
dances provoquent en effet les condensations, de la composition de l’atmosphère, notam­
et donc les précipitations, et elles assurent la ment de sa teneur en gaz carbonique. Des
dispersion des polluants. Les mouvements en changements très importants de cette dernière
sens contraire, de « subsidence », peuvent être pourraient transformer assez sensiblement les
favorables à des concentrations de gaz et de caractères thermiques de la terre.
particules près du sol. — À l’échelle de grandes régions, il existe
Ces mouvements sont d’abord dus aux des transports de polluants vers des zones de
grands mécanismes fonctionnant à l’échelle confluence de vents, qui sont particulièrement
du globe. Ils tendent à produire une partition menacées. D ’autre part, les régions souvent
de l’atmosphère en zones de hautes pressions recouvertes par des anticyclones, pendant
(anticyclones), où la subsidence domine, et toute l’année ou une ou deux saisons, sont
zones de basses pressions, où les ascendances aussi très sensibles à la pollution, en raison de
sont généralement importantes. Mais les mou­ la subsidence et de la faiblesse des vents.
vements verticaux sont également liés à la — À l’échelle locale, les sites favorables
répartition, selon la verticale, des tempéra­ aux inversions thermiques, c’est-à-dire ceux
tures. D’une manière générale, l’atmosphère où de l’air froid peut s’accumuler près de la
est échauffée à partir de la surface terrestre, ce surface, par exemple dans des dépressions ou
qui explique que sa température baisse de bas des vallées, présentent des dangers de pollu­
en haut. Mais, selon les influences subies par tion très marqués.
l’atmosphère, et selon ses déplacements, le F. D.-D.
taux de diminution des températures (le « gra­
dient thermique vertical») peut varier de -► Climat ; Climax ; Effet de serre ; Pollution atmosphérique.

façon notable. Si ce gradient est fort, toute


particule d’air légèrement soulevée, bien que
se refroidissant par effet de détente, se trouve ATTENTE (D'UN MOYEN DE TRANSPORT)
être plus chaude, donc moins dense, que l’air —> Coefficient de pénibilité;
environnant, et elle poursuit son ascension. Confort (d'un moyen de transport) ;
L’atmosphère est alors dite «instable». Par Fréquence (d'un moyen de transport) ;
contre, si le .gradient thermique vertical est Modèle de choix modal
faible, toute particule accélérée vers le haut se
trouve être plus froide que l’air environnant,
et elle tend à revenir vers sa position de AUTHENTICITÉ
départ. L’atmosphère est alors stable. Une sta­
bilité particulièrement nette apparaît dans le L’Europe occidentale a reçu de la culture
cas où la température augmente en altitude, ce gréco-romaine la notion d’authentique pour
qui n ’arrive jamais que sur des épaisseurs désigner, dans le double champ du droit et de
89 AUTHENTICITÉ

la religion, tout écrit (ou parole) émanant de L’authenticité ainsi entendue est devenue
qui fait autorité. Essentiellement référentielle, synonyme d ’originel et de véridique. Sur
la notion d ’authenticité concerne la lettre cette base, I’unesco distingue quatre modes
d’un écrit (ou les mots d ’un énoncé), dont d ’authenticité concernant respectivement les
elle garantit la valeur normative. Elle ne matériaux, l’exécution, la conception et la
s’applique ni à une signification, ni à un objet situation des biens concernés. Mais ces cri­
matériel, mais concerne une qualité intempo­ tères ne résistent pas à l’analyse épistémolo­
relle ayant pouvoir fondateur. Elle est ainsi gique. Ils reposent sur des postulats absurdes
attachée à l’institutionnalisation des sociétés selon lesquels il serait possible, dans notre
humaines. Pour démasquer la falsification, monde temporel, d ’attribuer à des artefacts
dès le haut Moyen Âge, des signes matériels matériels une fixité de sens ou d’état physique
d’authenticité ont été élaborés sous forme de ou encore une valeur de vérité propre aux
signatures, sceaux et bulles apposés sur les seuls énoncés.
documents concernés. Ainsi, en ce qui concerne la conception
À la Renaissance, un premier glissement de d’une œuvre, les travaux de la linguistique et
sens transfère une autorité référentielle à la de l’historiographie contemporains ont assez
raison critique. Les signes matériels convenus montré qu’elle est impossible à saisir objecti­
d’authenticité sont doublés par des critères vement, que son sens est en permanent deve­
rationnels, de nature grammaticale, syn­ nir, qu’on ne peut, contrairement à ce que
taxique, lexicographique. Ceux-ci seront bien­ pensait Vitet, « se dépouiller de toute idée
tôt appliqués à des documents dont il s’agit actuelle et oublier le temps où l’on vit pour se
seulement de certifier l’origine historique, faire contemporain du monument qu’on res­
et non plus de légitimer la valeur fondatrice taure ». Les trois autres critères supposent la
par référence à une autorité transcendante. permanence d ’une identité matérielle, mor­
Philologie, diplomatique et’historiographie phologique et situationnelle. Mais comment
annexent ainsi le concept d’authenticité qui fixer l’état d’un objet qui, à la différence du
continue de concerner la lettre d’objets tex­ texte, et de par sa matérialité, ne cesse de
tuels, mais perd son intemporalité et devient changer à partir du moment où il vient d’être
synonyme d’originel. façonné dans le temps et devient autre dès
Un deuxième glissement de sens est l’instant, purement imaginaire, de son achève­
entraîné par l’application de la notion à des ment en un « état idéal » ? La difficulté (allant
objets non textuels auxquels antiquaires, jusqu’à l’absurde) de l’entreprise varie selon
archéologues et historiens d’art confèrent le la vulnérabilité des arts et des objets
statut de documents historiques. L’autorité concernés. La sculpture, surtout lorsqu’elle
intangible de la lettre est transférée à un arte­ est en pierre dure et soustraite aux intempé­
fact matériel, dont l’authentification confronte ries, résiste mieux au temps que la peinture : le
à un cercle logique : il faut avoir connu l’état tombeau des Médicis à Florence ou les
originel pour le reconnaître. Le double pro­ Esclaves de Michel-Ange au Louvre pour­
grès des méthodes physiques de datation et de raient avoir conservé un état « originel » quasi
l’analyse morphologique permet néanmoins immuable, à travers les siècles, mais les
une utilisation, essentiellement généalogique fresques du même artiste de la chapelle Sixtine
et discriminative, du concept d ’authenticité ont été si maltraitées par les années, et surtout
dans ces disciplines. par le rabotage subi lors de leurs récentes res­
À partir de la deuxième moitié du taurations, qu’elles ne sont sans doute plus
xixe siècle, le concept d ’authenticité a été qu’une manière de faux ou de mémento.
progressivement, annexé par la pratique patri­ Quant à l’architecture, destinée à l’usage,
moniale devenue discipline à part entière. ses édifices sont voués, par essence, à l’imper-
Son importance a été consacrée en 1972 par manence. D ’une part, leurs matériaux et leurs
la Convention du patrimoine mondial de formes sont usés et lésés par le temps, les
I’unesco, qui fait de l’authenticité des biens intempéries, la pollution et l’usage. D ’autre
culturels et naturels la condition de validation part, ils sont en permanence réparés, adaptés,
des autres critères (valeurs historique, artis­ transformés au gré des styles et des demandes.
tique, ethnographique, etc.) pour leur inscrip­ L’authenticité des matériaux ne se résume-
tion sur la liste du patrimoine mondial. t-elle pas alors le plus souvent dans la confor­
AUTOBUS 90

mité abstraite à un genre originel ? Quant à depuis l’occupation anglaise et en recompo­


l’authenticité des formes, sa définition a été sant un ensemble « à la française » qui ne se
débattue dès le xixe siècle : consiste-t-elle dans fonde sur aucun document d’époque, parcel­
un état originel, arbitrairement privilégié et laire ou architectural : la place est pourtant ins­
éventuellement imaginaire, comme le sou­ crite sur la liste du patrimoine mondial.
tinrent en Grande-Bretagne Gilbert Scott et en Il est donc souhaitable que les disciplines
France Viollet-le-Duc, qui furent ainsi patrimoniales abandonnent la rhétorique de
conduits à éliminer des édifices gothiques l ’authenticité au profit d ’un ensemble de
qu’ils restauraient des éléments architecturaux concepts opératoires. Toutefois, maniée avec
postérieurs et même antérieurs à leur date de précaution, la notion d’authenticité pourrait,
référence ? Ou bien, au contraire, comme le dans une acception proche de son sens origi­
suggérait à la fin du siècle Camillo Boito, nel, qui concerne l’institutionnalisation de la
l’authenticité d’un édifice consiste-t-elle dans société, être appliquée aux usages des tissus et
la somme actuelle de toutes les transformations édifices patrimoniaux et permettre de dénon­
qu’il a subies ? Les deux positions sont encore cer leur exploitation commerciale et média­
défendues aujourd’hui, malgré les avertisse­ tique.
ments de l’article 11 de la charte de Venise : on F. C.
continue au nom de l’authenticité tout à la fois
à réinventer édifices et tissus médiévaux et à Conservation; Monum ent historique; Patrimoine; Reconsti­
tution; Restauration.
conserver des restaurations périmées.
Les apories de l’authenticité se manifestent
avec encore plus d’évidence dans le cas des
ensembles urbains qui (à l’exception des villes AUTOBUS
construites de toute pièce comme Richelieu)
se constituent par stratification continue ainsi Grand véhicule automobile (plus de 10 pas­
que dans le cas des jardins et des paysages sagers) de transport en commun urbain.
dont les matériaux vivants ne cessent d’évo­ L’autobus à moteur à explosion (actuellement
luer : leur authenticité ne peut être attestée que Diesel) a succédé au début du siècle aux
par des plans et des dessins nécessairement omnibus tirés par des chevaux, eux-mêmes
abstraits et localisés dans le temps. apparus en 1828 à Paris (après une première
Ces difficultés expliquent que la notion expérience, en 1662, tentée par Pascal: les
d’authenticité ne fasse l’objet d’aucun consen­ carrosses à cinq sols) qui ont constitué les
sus scientifique et reçoive, selon les pays et premiers réseaux de transports en commun
les individus, une multiplicité d ’acceptions urbains.
floues et contradictoires, permettant toutes les L’autobus (généralement 50 à 100 places)
manipulations et allant jusqu’à se confondre est lé moyen de transport en commun urbain
avec son contraire, l’inauthenticité, qui ne sert le plus répandu. Il assure la totalité de ce
même plus à prévenir les faux avérés. C ’est au service dans les villes petites (50 000 à
nom de l’authenticité qu’en Italie on a blanchi 2 0 0 0 0 0 habitants) et de nombreuses villes
les façades du Palazzo Te à Mantoue, tandis moyennes (2 0 0 0 0 0 à 1 million, voire plus).
qu’à Milan une injection de produits chi­ C’est un moyen de complément (du tramway,
miques adéquats permettait de fixer durable­ du métro et du chemin de fer) dans les grandes
ment la façade du Palazzo délia Ragione dans et très grandes agglomérations. Il offre une
son état actuel de décrépitude. Le fait que grande souplesse d’utilisation (tracé des lignes
l’architecte en chef de la petite ville médiévale aisé à modifier, stations tous les 400 m en
de Provins en ait doté les remparts de mâchi­ moyenne) puisqu’il circule sur la voirie
coulis qu’ils ne possédèrent jamais et altéré le banale, utilise peu d’espace (8 à 30 fois moins
vénérable tympan de l’église Saint-Ayoul que l’automobile), consomme peu d’énergie,
pour le rendre plus aimable n ’a pas empêché mais est peu rapide (vitesse commerciale de
ces ensembles d’être classés parmi le patri­ 10 km/h à Paris, 14 km/h en banlieue, 15 km/h
moine historique français. Au Canada, la en moyenne dans les villes de province), plu­
place Royale, emblème du vieux Québec, a tôt irrégulier et a une faible capacité (900 voya­
été réalisée après la seconde guerre mondiale geurs à l’heure pour un autobus de 75 places
en détruisant tous les édifices construits toutes les cinq minutes).
91 AUTOGESTION

Pour accroître sa capacité et sa vitesse, on a, d ’image) ont été expérimentés depuis 1997
depuis trente ans, recours à des autobus arti­ sur le tracé du tramway Trans Val-de-Marne.
culés ou à étages (comme à Londres), à des Un tel mode de transport semble bien adapté
voies ou couloirs réservés (avec séparation au cas des villes moyennes pour lesquels
matérialisée pour q u ’ils soient efficaces), l’investissement dans un réseau de tramway
voire à des sites propres partiels (villes nou­ serait difficile à supporter: on estime en effet
velles de Runcom et d ’Évry, Le Mans, son coût inférieur de 40% (infrastructure et
Montpellier, etc.). On construit désormais de véhicules) à celui du tramway : cet écart reste
véritables réseaux de sites propres pour auto­ cependant à vérifier.
bus dans des agglomérations moyennes (géné­
ralement de 1 0 0 0 0 0 à 2 0 0 0 0 0 habitants) P. M.
auxquelles cette solution offre une capacité -* Capacité (d'un m oyen de transport); Consommation
(intermédiaire entre celle d ’une ligne clas­ d'espace par (es transports; M oyen de transport; Séparation
des trafics; Tram w ay.
sique d’autobus et celle d’un tramway) adap­
tée à la demande, une bonne régularité et une
vitesse accrue, un coût d’investissement plu­ AUTOCHTONE
sieurs fois moins élevé que celui d’un tram­
way. Une ligne d’autobus en site propre peut Étymologiquement, celui qui est issu de la
d’ailleurs être transformée ultérieurement, si terre même : l’indigène (originaire du pays où il
la demande le justifie, en ligne de tramway. vit) n ’est nécessairement ni aborigène (présent
Pour offrir une disponibilité proche de celle dans le pays, dès les origines), ni autochtone.
de l’automobile, on a développé la demande Rares dans le monde sont les sociétés à
par téléphone (busphone), mais cet usage est proprement parler autochtones, c’est-à-dire
très coûteux. «issues du sol même où elles habitent».
Le trolleybus est un véhicule semblable à L’Amérique donne un bon exemple des innom­
l’autobus, pour l’usager, alimenté par du cou­ brables mouvements de populations qui ont
rant électrique prélevé sur des câbles aériens précédé la répartition actuelle des sociétés
par un trolley. Non polluant, il est moins souple indiennes, dites « autochtones », qui, dans leurs
car il nécessite l’équipement en câbles aériens. mythes, font néanmoins référence à une préten­
L’autocar assure un service comparable due autochtonie, situant sur leur territoire les
pour des liaisons en grande banlieue ou en trous d’émergence des clans ou les lieux d’ori­
zone rurale, dans les secteurs non desservis gine des ancêtres. L’autochtonie est donc sou­
par le chemin de fer, avec des fréquences vent un préjugé ou une idéologie qui prétend
beaucoup plus faibles que l’autobus. Il est justifier le droit ou défendre l’authenticité
aussi utilisé pour le ramassage scolaire (zones d’une culture par le seul fait qu’elle ne se soit
rurales) et celui de grandes entreprises. jamais déplacée, donnant ainsi d’elle l’image
Sur le plan technique, mais aussi de implicite de la stagnation et niant indirectement
l’exploitation, la tendance récente est à la son histoire. Chargée d’ambiguïté, cette notion
mise au point de véhicules intermédiaires peut donc aussi bien refléter le mépris du domi­
entre l’autobus et le tramway, sous forme de nant, étranger à la société (« autochtone » étant
véhicules à pneumatiques guidés : tel est le alors synonyme de «sauvage» ou de «primi­
cas du tramway sur voie réservée ( tv r tif»), que l’utopie politique du «leader indi­
de Bombardier) mis au point d ’abord pour la gène » qui refuse l’irréversibilité des faits et
ville de Caen. Il s’agit d ’un véhicule sur pneu­ prône le retour à une «identité ethnique
matiques, de la dimension d ’une rame de authentique », signifiée entre autres par l’enra­
tramway, alimenté électriquement (mais qui cinement dans le territoire.
peut recourir à une alimentation diesel en
dehors des voies équipées), qui circule sur M. P. et M. Pe.
une voie routière (de préférence en site
propre) avec un guidage par un rail en creux AUTODÉVELOPPEMENT —> Développement
dans la chaussée, capable de gravir des pentes local
fortes (jusqu’à 7% ). Trois systèmes de ce
type ( t v r , Translohr et Civis de Renault-
Matra, ce dernier à guidage par traitement AUTOGESTION —> Participation
AUTOMQBILB 92

AUTOMOBILE combustible n ’a pu être mise au point et les


accumulateurs sont très lourds et n ’offrent
Véhicule à moteur circulant sur la voirie qu’une faible autonomie ; le moteur électrique
banale. On distingue, dans le parc automobile, peut cependant être utilisé pour des véhicules
les véhicules automobiles proprement dits, utilitaires (bennes à ordures, voitures postales,
destinés au transport des personnes, les véhi­ véhicules internes à une entreprise, etc.) ; des
cules utilitaires destinés aux transports de constructeurs essaient, avec l’aide des pou­
marchandises, eux-mêmes classés en camions voirs publics, de promouvoir une automobile
(ou poids lourds, supérieurs à 3,5 t de charge à autonomie limitée avec des accumulateurs
utile), camionnettes, fourgonnettes, et les au plomb ( 1 0 0 km environ) en implantant des
véhicules mixtes ou breaks à hayon arrière bornes de recharge sur la voie publique et
relevable et banquette amovible. surtout des véhicules à autonomie plus élevée
L’automobile est un moyen de transport qui (250 à 300 km) utilisant des batteries lithium»-
offre à son usager une grande disponibilité, ion, sans exclure pour un futur sans doute
l’intimité et un confort appréciés. Mais sa éloigné, l’éventuelle mise au point de la pile
sécurité est beaucoup plus faible que celle des combustible.
transports en commun, elle consomme dix à Avec le réchauffement climatique, dont la
vingt fois plus d’espace et trois à quatre fois cause est l’émission croissante de gaz à effet
plus d’énergie, a une faible capacité qui oblige de serre, et en particulier de gaz carbonique et
à des investissements coûteux et crée d’impor­ de méthane, l’adaptation de l’automobile à
tantes nuisances (bruit et pollution de l’air), une énergie non fossile, en pratique à l’électri­
génératrices de coûts sociaux. Longtemps, les cité, est devenue le problème principal.
urbanistes ont rêvé d ’« adapter la ville à D ’autres types d’accumulateurs que ceux au
l’automobile ». Ses inconvénients, et surtout plomb (nickel-cadmium, nickel-métal hydrure,
sa forte consommation d’espace, ont conduit nickel-ion et surtout lithium-ion), ayant des
récemment à chercher à adapter l’automobile performances (autonomie, poids, temps de
à la ville, sans grand succès à ce jour, en agis­ réaction) supérieures, sont expérimentés. On a
sant dans cinq voies : aussi mis au point et commercialisé depuis
— réduire ses dimensions, en concevant un quelques années des véhiculés hybrides pou­
véhicule urbain (pour deux passagers) ; faute vant fonctionner aussi bien à l ’électricité qu’à
de mesures d’incitation très fortes, aucun l’essence, ce qui diminue la consommation
constructeur automobile important n ’a de cette dernière, mais augmente son coût. En
accepté d’en construire en série ; tout état de cause, à long terme, l’épuisement
— augmenter son utilisation dans la jour­ progressif du pétrole rendra très coûteuse
née, en réduisant sa durée de stationnement l’utilisation du véhicule à essence et le recours
par banalisation (conduite par des personnes au véhicule électrique s’imposera, même si
différentes, par un système de location) : les ses performances sont moins satisfaisantes
rares expériences (Montpellier, Amsterdam) pour l’usager,
ont échoué, notamment parce qu’elles étaient On a longtemps pensé que la véritable inno­
à trop petite échelle ; vation serait l’autoguidage (vitesse et direc­
— augmenter son taux d’occupation en tion) automatique, techniquement possible,
groupant les usagers (covoiturage) ; mais coûteux car il faut équiper le véhicule et
— réduire sa consommation de carburant, la chaussée. On a même étudié, aux États-
tant pour économiser celui-ci et réduire le Unis, la possibilité de regrouper, sur les itiné­
coût d’utilisation du véhicule que pour limiter raires radiaux, des automobiles « bi-modes »
les pollutions et les émissions de gaz à effet en trains, pour accroître la capacité de l’infra­
de serre : des progrès importants ont déjà été structure. Mais les précautions de sécurité
faits par les constructeurs (réduction d’un réduisaient beaucoup le gain de capacité des
tiers environ de la consommation à puissance infrastructures attendu de ces innovations :
égale), mais T augmentation de la puissance aussi, les recherches dans cette voie semblent
des véhicules a annihilé ces progrès ; abandonnées.
— supprimer ses nuisances (bruit et pollu­
tion) et ses émissions de gaz à effet de serre par Le taux d ’occupation d’une automobile est
recours au moteur électrique, mais la pile à le nombre moyen de passagers qu’elle trans­
•3 AUTONOM IE FINANCIÈRE E T FISCALE DES COLLECTIVITÉS

porte : ce taux est faible (1,30 en région pari­ diminue depuis quelques années et était, en
sienne et 1,25 dans les villes de province en 2008, inférieur à 12 750 km.
heure de pointe), ce qui aggrave les faibles
P. M.
rapports capacité-espace consommé et
capacité-investissements. -► Bruit; Capacité (d'un m oyen de transport); Consommation
Le taux de motorisation est le rapport d'espace par les transports; Coût de fonctionnement des
transports; Coût d'investissement des transports; Dépense
du nombre de véhicules automobiles à la d'énergie des transports; Nuisance; Pollution atmosphé­
population (ou au nombre de ménages). Il rique ; Sécurité (des transports) ; Séparation des trafics ; Véhi­
cule électrique.
comprend les véhicules de tourisme appar­
tenant à des entreprises ou des admini­
strations. Ce taux de motorisation est égal à AUTONOMIE FINANCIÈRE ET FISCALE
deux automobiles pour trois habitants aux DES COLLECTIVITÉS
États-Unis. Il atteint, en France en 2010,
53% de la population totale et 1,3 par En l’espace d’une vingtaine d’années, à par­
ménage (voitures particulières et commer­ tir de 1982, parallèlement au développement
ciales). Il est un peu plus faible dans les très de la décentralisation, les ressources des col­
grandes agglomérations, en raison des diffi­ lectivités locales ont été modifiées avec des
cultés de circulation et de stationnement. exonérations fiscales et des modalités de trans­
Dans celles-ci, le taux de motorisation aug­ ferts en provenance de l’État sans cesse
mente avec le revenu du ménage, avec sa remises en cause. Cette évolution exprimait la
taille, avec le statut socioprofessionnel (lié contradiction d ’un pouvoir central désirant
au revenu), et surtout avec l’éloignement du transmettre des compétences au niveau des res­
domicile à partir du centre. ponsables locaux, mais n ’assurant pas de façon
Le taux de motorisation ne renseigne pas pérenne le coût des transferts et au contraire
sur la proportion des ménages disposant d’au imposant un système mouvant et imprévisible.
moins un véhicule automobile (particulier ou C ’est dans ce contexte que les parlemen­
commercial) : celle-ci est appelée taux d’équi­ taires ont décidé d’inscrire dans la Constitu­
pement des ménages. En 2010, il dépasse tion l ’autonomie financière et fiscale des
83 % en France. Ce taux augmente plus lente­ collectivités locales. Elle est conçue comme
ment que le taux de motorisation et restera une déclinaison du principe de libre adminis­
toujours sensiblement inférieur à 1. Il y a tration des collectivités dans le domaine bud­
encore plus d’un ménage français sur six non gétaire et fiscal. Employée dès les premiers
équipé en automobile (trois sur dix en Île-de- débats sur la décentralisation, elle n’a été juri­
France et plus de la moitié à Paris) et même à diquement définie que par la loi organique du
Los Angeîes, l’agglomération du monde où la 29 juillet 2004, après avoir été introduite dans
motorisation et l’usage de l’automobile sont la Constitution par la révision du 28 mars
les plus élevés, près de 15%. Si la dernière 2003. Ainsi l’article 72.2 de la Constitution
génération a été celle de la banalisation de prévoit : « Les collectivités territoriales bénéfi­
l’automobile, elle n ’a pas été celle de sa géné­ cient de ressources dont elles peuvent disposer
ralisation, qui ne se produira jamais : il restera librement dans les conditions fixées par la loi.
toujours une minorité de personnes totale­ Elles peuvent recevoir tout ou partie du pro­
ment dépendantes (les spécialistes disent duit des impositions de toutes natures. La loi
« captives ») des transports en commun pour peut les autoriser-à en fixer l’assiette et le taux
leurs déplacements. C ’est même la majorité dans les limites qu’elle détermine. Les recettes
de la population (personnes handicapées ou fiscales et les autres ressources propres des
très âgées, conjoints de personnes équipées, collectivités territoriales représentent, pour
enfants), même dans les pays les plus moto­ chaque catégorie de collectivités, une part
risés, qui ne dispose pas en permanence d’une déterminante de l’ensemble de leurs res­
automobile. sources. La loi organique fixe les conditions
L’âge moyen des automobiles est, en dans lesquelles cette règle est mise en œuvre.
France, de plus de six ans (ce qui corres­ Tout transfert de compétences entre l’État et
pond à une durée moyenne d’utilisation de les collectivités territoriales s’accompagne de
douze ans). Le parcours moyen par automo­ l’attribution de ressources équivalentes à celles
bile, qui était estimé en 2000 à 14 400 km, qui étaient consacrées à leur exercice. Toute
AUTORISATION DE DÉMOLIR 94

création ou extension de compétences ayant AUTORISATION DE LOTIR -* Lotissement


pour conséquence d ’augmenter les dépenses
des collectivités territoriales est accompagnée
de ressources déterminées par la loi. La loi AUTORISATION DE VOIRIE -+ Viabiliser
prévoit des dispositifs de péréquation destinés
à favoriser l ’égalité entre les collectivités terri­
toriales. » AUTOROUTE
De longues discussions ont eu lieu quant à
savoir ce qu’était «une part déterminante (...) Route à chaussées séparées, à accès limité à
des ressources» et ce qu’était l’autonomie. La quelques points d ’échanges avec la voirie
loi organique du 29 juillet 2004, pour simpli­ ordinaire, sans aucun croisement à niveau
fier, a retenu le principe que les dernières pro­ d’autre voie, destinée à la circulation rapide et
portions de ressources propres observées par sûre des automobiles et motocyclettes, et per­
catégorie de collectivités serviraient de réfé­ mettant des débits élevés (1 600 à 2 0 0 0 auto­
rence sans juger de la pertinence du caractère mobiles particulières par piste), régies en
déterminant ou pas de ces proportions. Quant à France par la loi du 18 avril 1955. On dis­
l’autonomie, deux écoles sont apparues : la pre­ tingue les autoroutes de dégagement des
mière considérait que la libre disposition des agglomérations et les autoroutes de liaison.
ressources, quelle qu’en soit la nature, suffi­ La première autoroute fut construite près de
sait ; la seconde que seule la liberté de fixer New York en 1914. L’Allemagne et l’Italie en
l’assiette et le taux des ressources était repré­ construisirent beaucoup (3 000 et 1 000 km
sentative d’une réelle autonomie, ce qui limitait environ) dans les années 1930. En France, la
le pouvoir d’exonération de l’État. C’est cette première fut l’autoroute de l’Ouest jusqu’à
solution qui a été retenue dans la loi organique. Orgeval en 1941. La loi du 2 août 2004 a fixé
De plus, elle fixe un plancher en deçà duquel le le réseau d ’autoroutes de 11 0 0 0 km, dont
degré d’autonomie financière des collectivités 800 km en Île-de-France. 8 000 km étaient
(mesuré par le rapport ressources propres sur concédés à des sociétés privées. Les auto­
les ressources totales) ne peut descendre. Ainsi routes non concédées, et donc exemptes de
la part des ressources propres ne peut-elle être péage, étaient les autoroutes urbaines (ou Secr
inférieure au niveau atteint en 2003 : 60,8 % tions d’autoroutes traversant les aggloméra­
pour les communes et epci, 58,6 % pour les tions urbaines) et les voies (1 150 km) assurant
départements et 41,7 % pour les régions. la continuité du réseau autoroutier (essentielle­
Enfin, l’article 72.2 de la Constitution ment en Bretagne). Le réseau français est le
impose à l’État d’organiser les transferts de second du monde en longueur (après celui des
compétences en assurant les ressources néces­ États-Unis), ayant récemment dépassé celui de
saires pour les exercer. Cet article inscrit éga­ l’Allemagne. On peut se demander s’il n ’est
lement dans la constitution le principe de pas devenu excessif, puisque certaines voies
péréquation entre collectivités locales. On sont peu utilisées et qu’il paraît désormais
observe une relative stabilité des ratios mal­ inopportun, en développant encore ce réseau,
gré les réformes fiscales successives et les d’encourager l’utilisation de l’automobile et
transferts de compétences. La suppression de donc d’augmenter les émissions de polluants
la taxe professionnelle et la nouvelle réparti­ et de gaz à effet de serre.
tion des ressources fiscales entre collectivités Les autoroutes peuvent être construites par les
qu’elle induit modifiera peut-être les ratios services publics (elles sont alors financées par
planchers à prendre en compte. l’État, avec, en zone urbaine, une participation
V. c. de 15 à 45 %, des collectivités locales, y compris
les régions) ou par des entreprises privées
-> Budget com m unal; Budget départemental et régional; concessionnaires qui remboursent les emprunts
Concours financiers de l'État aux collectivités locales ; Contri­
bution économique territoriale; Décentralisation administra­
contractés par la perception de péages.
tive; Fiscalité directe locale; Taxe professionnelle. Le gouvernement a décidé en 2005 de
vendre sa part (majoritaire) des trois princi­
pales sociétés d’autoroutes. Cette vente a rap­
AUTORISATION DE DÉMOLIR -► Permis porté à l’État 15 milliards d’€. Mais elle a fait
de démolir l’objet de nombreuses critiques, y compris de
96 A X E DE DÉVELOPPEMENT

la part de la Cour des comptes, les autoroutes lequel on arrive à un lieu ou à une destination,
existantes étant largement amorties et les puis par extension l’allée d’arbres menant à
excédents d ’exploitation attendus pouvant un château et enfin une large voie urbaine
rapporter plusieurs fois le prix de cette ces­ bordée d’arbres. Dans cette acception, l’ave­
sion. nue issue de l ’art des parcs et jardins
L’emprise d’une autoroute est de 24,31 ou (cf. Laugier, Patte) est une création de l’âge
40 m selon qu’elle comporte 2,3 ou 4 pistes classique (Versailles, par exemple) qui
par sens ; la zone non aedificandi de protec­ accueille la circulation des carrosses, les défi­
tion doit avoir au moins 100 m de large, ce lés militaires, les fêtes urbaines et se trouve
qui, comparé à la capacité de 2 000 à connotée par l’apparat.
2 500 voyageurs par piste, représente une Cette tradition de prestige a été poursuivie
forte consommation d’espace. Ces emprises par l’urbanisme du XIXe siècle. Elle est illustrée
doivent être réservées longtemps à l’avance en France par le Paris de Haussmann qui créa
sur les plans d’urbanisme. des « systèmes » d’avenues, autour de places et
Les échangeurs sont les dispositifs de rac­ de ronds-points et fit des avenues de l’Impéra­
cordement avec la voirie ordinaire ou avec trice (aujourd’hui avenue Foch) et des
une autre autoroute. Un échangeur complet Champs-Elysées des modèles, copiés dans le
(en forme de trèfle à quatre feuilles si on veut monde entier. Sur le continent américain, les
éviter tout cisaillement des flux de véhicules) avenues, par opposition aux mes sont simple­
occupe environ 10 ha et a un coût équivalent à ment les voies majeures d’une forme de lotisse­
celui de 2 km d ’autoroute (deux à trois fois ment régulier et orthogonal. La ville de New
moins pour un échangeur plus simple). Le York comporte des avenues parallèles, orien­
coût et l’espace utilisé, mais aussi la fluidité et tées nord-sud et coupées par un système de mes
la sécurité de la circulation, limitent le nombre perpendiculaires numérotées du sud au nord.
d’échangeurs sur une autoroute urbaine : le
F. C.
maximum est d’un par kilomètre (boulevard
périphérique de Paris). - f Boulevard ; Espace public ; Plantation ; Promenade ; Rue.
Le coût d’une autoroute en zone mrale est,
en 2010, d’environ 6 millions d ’€ par kilo­
mètre pour 2 pistes par sens (8 millions pour AVION -> Aéroport; Moyen de transport;
3 pistes), mais il faut ajouter le coût des échan­ Transport aérien
geurs et des ouvrages d’art (30 000 € environ
le mètre en viaduc, plus encore en tunnel). Les
exigences environnementales ont contribué à AVIRON -> Plan d'eau
augmenter sensiblement ces coûts.
P. M.
AXE DE DÉVELOPPEMENT
-> Capacité (d'un moyen de transport); Coût d'investissement
des transports ; Débit d'une voie ; Route ; Voirie.
La croissance des villes s’accomplit
rarement à un rythme égal dans toutes les
directions : le développement s’établit préfé­
AVALANCHE -> Montagne (aménagement rentiellement sur certains axes, ou sur un axe.
de la) ; Risque naturel Cela tient à l’hétérogénéité de l’espace urbain.
L’accessibilité au centre est meilleure le long
des artères les mieux équipées, ce que traduit
AVENIR —> Futurologie ; Prévision ; la forme radio-concentrique de la plupart des
Prospective agglomérations modernes.
La préférence pour les axes de développe­
ment est surtout marquée là où les transports
AVENUE en commun jouent un rôle essentiel : l’auto­
mobile permet la diffusion de la construction
Terme formé sur le participe passé du jusqu’assez loin des grandes voies et une
verbe avenir (du latin adveniré), il désigne urbanisation en taches, au besoin disconti­
d’abord, au propre et au figuré, le chemin par nues. Les axes semi-lourds (tramways en site
A X E DE DÉVELOPPEMENT 96

propre) ou lourds (chemin de fer) provoquent en avant dans divers plans d’urbanisme, et en
la prolifération des grandes opérations particulier dans le schéma directeur d’aména­
d ’urbanisation à proximité des gares et des gement et d’urbanisme de la région de Paris
arrêts. C’est en s’inspirant de cette logique (1965).
que Le Corbusier prévoyait, pour sa cité P. C.
industrielle, une structure linéaire. Le principe
d’axes préférentiels d’urbanisation a été mis ->• Banlieue.
BAC -*■ Transport fluvial Il ne faudrait pas cependant sous-estimer
l’importance des limites administratives : le
cas de Paris illustre bien leur rôle. Les fau­
BAIE VITRÉE -* Verre bourgs annexés en 1860 ont été progressive­
ment construits au long de la fin du siècle.
L’effet conjugué des règlements de construc­
BAIL À CONSTRUCTION, tion de Paris, de l’effort d ’équipement entre­
BAIL EMPHYTÉOTIQUE — Location des sols pris par Haussmann et poursuivi par la
IIIe République, de l’influence du métro après
1900, a conduit à transformer ces quartiers
BAINS —*■Hydrothérapie; Piscine;Plan d'eau qu’on a appelés la «petite banlieue» en un
tissu urbain homogène qui est partie inté­
grante de la ville et qui s’oppose très nette­
BANLIEUE ment à la banlieue développée hors des limites
de 1860.
Territoire urbanisé qui entoure une ville. Car, au-delà des découpages administratifs,
L’origine du terme provient de la juxtaposition ce qui caractérise la banlieue est sa dépen­
des termes ban (proclamation officielle d’un dance de la ville. Dépendance historique tout
ordre, d ’une interdiction) et lieue: c’était le d ’abord, les municipalités de banlieue ayant
territoire d ’une lieue autour d’une ville sur accueilli des activités et des logements qui
lequel s’étendait le ban (en latin médiéval ban- débordaient de la ville, n ’y trouvaient pas
leuca). La banlieue a donc avant tout une défi­ suffisamment d’espace ou recherchaient des
nition administrative: elle est constituée de terrains moins coûteux. Dépendance fonc­
communes autonomes mais qui se sont urbani­ tionnelle ensuite : l ’urbanisation des com­
sées sous l’influence d’une ville centre. Mais munes de banlieue ne crée pas spontanément
cette définition administrative correspond par­ un milieu urbain com plet : la gamme des
fois mal à la réalité : une ville peut avoir étendu équipements, des services y est incomplète,
son territoire et annexé tout ou partie de ses parfois inexistante. De même, les activités,
banlieues. Tel fut le cas de Paris en 1860, dans les communes qui en ont accueilli, sont
d’Amsterdam ou de Stockholm, à plusieurs très peu diversifiées, ce qui oblige une large
reprises. Si le territoire de la ville est vaste, ou fraction des habitants à aller travailler ailleurs
a été largement étendu, la totalité; Ou presque, (migrations alternantes), le plus souvent dans
du territoire urbanisé peut y êtrei contenue (ce la ville elle-même, parfois dans d’autres com­
fut longtemps le cas de Stockholm) : peut-on munes de banlieue.
dire que de telles villes n’ont pas de banlieue ?
À l ’inverse, le découpage administratif peut La banlieue est un fa it récent, contempo­
être complexe et l’appartenance à la principale rain ou postérieur à la révolution industrielle.
commune ou à une autre ne revêtir aucune Certes, les villes, préindustrielles connais­
signification : il en est ainsi à Los Angeles, saient des excroissances : pour des raisons
BANLIEUE 98

administratives ou fonctionnelles, des activi­ guerre et la reprise de la croissance urbaine


tés, des habitants venus de la campagne se ayant créé une grave pénurie, les familles à
sont installés dans les faubourgs. Mais ceux- revenus modestes n ’eurent d ’autre ressource
ci étaient ponctuels, localisés près des portes que d’acheter à des intermédiaires - les lotis-
de la ville, de l’accès à un pont, ou régulière­ seurs - des parcelles de terrain pour construire
ment espacés sur les grandes routes. La ban­ des pavillons sommaires. Les lotisseurs ache­
lieue, à travers les diverses formes qu’elle a taient des terrains agricoles dans les com­
prises successivement, représente une occu­ munes rurales autour des villes et, le plus
pation systématique, presque continue, de souvent sans réaliser les infrastructures néces­
l’espace. saires, les divisaient en lots pour les revendre
La première étape de formation de la ban­ à des particuliers. Les communes concernées
lieue a été la banlieue industrielle. Celle-ci étaient incapables de faire face au coût des
occupe généralement deux types de localisa­ équipements nécessaires. Les «m al lotis»
tion qu’on retrouve l’un et l’autre dans le cas devinrent vite un problème politique et une
de Paris. D ’une part, des localisations tout loi spéciale (loi Sarraut) fut votée en 1928
autour de la ville, formant une couronne pour prévoir la réalisation des viabilités des
d’usines et d’habitat ouvrier: cette première lotissements existants. Les pavillons de cette
forme résulte d ’un besoin d ’espace bon époque occupaient de vastes superficies et les
marché et constitue un véritable débordement zones de lotissements de l’entre-deux-guerres
de la ville. D ’autre part, des implantations constituent une seconde couronne de ban­
fonctionnelles, guidées par les besoins des lieue, beaucoup plus étendue et souvent très
industries, en particulier sur les étendues éloignée du centre (jusqu’à 30 km dans la val­
planes proches des voies ferrées et des voies lée de l’Orge par exemple), à faible densité,
d ’eau (rivières navigables et canaux). Ainsi, dépendant des chemins de fer (et de la
autour de Paris, s’est constituée à la fin du bicyclette pour les trajets terminaux). Les
xixe siècle et avant la première guerre mon­ pouvoirs publics lancèrent en 1928 (loi
diale, une couronne quasi continue d’usines Loucheur) le premier vaste programme de
et de logements populaires (sauf près des logements locatifs sociaux (Habitations bon
bois de Boulogne et de Vincennes), qui a marché) qui ne fut que partiellement réalisé
conservé ce tissu urbain caractéristique (en région de Paris, sur la zone non aedifl-
jusqu’aux grandes opérations de rénovation candi des anciennes fortifications et dans une
des années 1960. Cette couronne est complé­ quinzaine de cités-jardins du département de
tée par deux axes principaux d’industrialisa­ la Seine, à l’initiative de Sellier: La Butte-
tion, le long de la vallée de la Seine, à Rouge à Châtenay-Malabry, Le Plessis-
l’amont et à l’aval de Paris, les méandres du Robinson, Suresnes, Drancy-La Muette, etc.).
fleuve et la topographie très plane favorisant Ces opérations sont beaucoup plus satisfai­
l ’émergence au nord-ouest de la capitale santes que les lotissements, mais ces derniers
d’un milieu industriel dense et dynamique. constituent la forme dominante de l’urbanisa­
Cette première étape correspond à des dates tion au cours de cette période (250 000 « mal
différentes selon les cas, en fonction de la lotis » en région parisienne pour moins de
précocité du développement industriel : 100 000 h b m ) . Dans d ’autres pays que la
milieu du xixe siècle à Londres, fin du siècle France, l’urbanisation de la banlieue a pu
à Paris, mais seulement après la deuxième prendre des formes moins désordonnées,
guerre mondiale à Beyrouth par exemple. grâce à une intervention plus précoce et plus
La deuxième étape de formation de la ban­ importante des collectivités publiques, mais
lieue correspond le plus souvent à l’extension dans tous les cas se sont constitués de vastes
des quartiers d ’habitat. Les formes en dif­ quartiers d’habitat des classes moyennes, lar­
fèrent selon les traditions, les modes de finan­ gement dépourvus des activités et des équipe­
cement du logement, la disponibilité ments nécessaires à une vie urbaine complète.
d ’espace. Dans le cas de la France, et tout La fin de la deuxième guerre mondiale, la
particulièrement de Paris, le blocage des reprise de la natalité et du mouvement de la
loyers décidé lors de la première guerre mon­ population vers les villes devaient créer, en
diale a découragé les investisseurs tradition­ France en particulier, une nouvelle crise du
nels de construire des immeubles locatifs. La logement. Les pouvoirs publics y firent face
99 BANLIEUE

par plusieurs mesures. D ’une part, la loi de et qui ont pu s’implanter d’autant plus loin du
1948 rendit la liberté des loyers aux logements centre que la banalisation de l’usage de l’auto­
construits après cette date (les loyers de loge­ mobile permettait de s’affranchir de la proxi­
ments anciens, existants à cette date, restant mité des stations des transports en commun.
contrôlés, mais devant peu à peu être libérés, À cette époque, les banlieues des villes
ce qui se produisit dans les petites villes, mais anglo-saxonnes s’opposent à celles des pays
guère dans les plus grandes et dans l’agglomé­ de tradition latine. Dans les premières, les
ration de Paris). D ’autre part, l’État encoura­ classes aisées préfèrent habiter dans les quar­
gea la constitution d ’un vaste réseau de tiers les plus récents, donc les plus périphé­
sociétés de construction de logements locatifs riques. Dans les secondes, le centre reste
aidés (Habitations à loyer modéré) liées aux valorisé. Les grands ensembles ont d ’abord
collectivités locales, aux entreprises publiques accueilli des familles (avec enfants) à revenus
ou de statut privé (offices publics et sociétés moyens mais, peu à peu, ceux-ci se sont
de h l m ) . Surtout, il intervint massivement orientés vers un logement en accession à la
dans le financement de la construction loca­ propriété et beaucoup de grands ensembles
tive par des prêts à taux très avantageux pour n’ont plus été habités que par les ménages les
la construction des h l m , par des subventions plus pauvres et par les immigrés, créant de
(primes) et par une participation obligatoire graves problèmes sociaux.
des constructeurs à la construction (alors fixée Une nouvelle étape de développement des
à 1 % des salaires). Ces mesures permirent la banlieues a été, en France, atteinte à partir des
reprise de la construction locative (aidée et années 1970. E)’une part, les villes nouvelles
non aidée). Les organismes constructeurs ont tenté autour de Paris et de quelques
mobilisèrent systématiquement les terrains grandes villes (Lyon, Marseille, Lille, Rouen)
laissés vacants à l’époque des lotissements et d’offrir un modèle urbain aussi complet que
y édifièrent des «grands ensembles » d’appar­ possible (emplois, équipements, centre
tements (de 500 à plusieurs milliers) à forte urbain). D ’autre part, le goût majoritaire pour
densité. Si ces grands ensembles contribuèrent la maison individuelle en accession à la pro­
à réduire la crise du logement, ils étaient priété, favorisé par une réorientation des aides
dépourvus des équipements d ’accompagne­ de l’État, a conduit à des formes de dévelop­
ment et des activités qui auraient donné à leurs pement de maisons neuves autour des villages
habitants une chance de travailler sur place. dans un rayon qui atteint 50 km au moins
Après le décret du 31 décembre 1958, les autour de Paris : on a parlé de périurbanisa­
zones à urbaniser par priorité ( z u p ) tentèrent tion, voire de rurbanisation, pour qualifier
de guider les constructeurs vers des zones cette urbanisation de l’espace rural.
aménagées pour y concentrer l’effort de créa­ La périurbanisation correspond à une urba­
tion d ’activités et d ’équipements publics. nisation périphérique, autour des aggloméra­
Dans tous les cas, grands ensembles, z u p , mais tions urbaines. Dans les définitions et
aussi « résidences » privées (Parly II au nord délimitations spatiales de F i n s e e , c ’est le
de Versailles) représentent une nouvelle forme mouvement des pôles urbains (villes centres
de banlieue : plus dense mais, de ce fait, occu­ et leurs couronnes urbaines, c’est-à-dire les
pant moins d’espace et souvent située plus banlieues successives) vers les communes
près du centre que les lotissements qui les classées périurbaines par F i n s e e . Elle corres­
avaient précédés. pond à un désir de nombreux ménages (sur­
Si en France, durant toute cette période tout avec enfants) de disposer (et si possible
(années 1950 et 1960), la construction des de devenir propriétaire) d’une maison indivi­
maisons individuelles a été limitée (surtout duelle avec jardin et garage. Mais aussi à
dans la banlieue des grandes villes), dans les l’impossibilité, pour les ménages à revenus
pays anglo-saxons, elle a été la forme domi­ moyens ou modestes, de se loger en ville
nante, voire exclusive, du développement (voire en banlieue) en raison des prix fonciers
urbain. Parfois sous forme organisée (les New et immobiliers. On peut estimer le flux de
Towns britanniques), le plus souvent sans pla­ périurbanisation à environ 90 000 personnes
nification (les Residential Suburbs d ’Amé­ par an au cours des quarante dernières années.
rique du Nord), se sont ainsi constituées de Elle n ’a pu prendre une telle ampleur qu’à la
vastes zones d ’habitat individuel prédominant faveur des aides de l’État à l’accession à la
BANLIEUE

propriété et aux aides personnelles au loge­ en commun : il n ’est pas rare que les pouvoirs
ment. Elle en représente pas toujours une éco­ publics réagissent brutalement en évacuant
nomie réelle pour ces ménages concernés qui subitement tout un quartier avant de le raser :
dépensent souvent en frais supplémentaires de c ’est le «déguerpissem ent». Mais, faute
transport (deuxième automobile, etc.) autant, d’aménagement de terrains acquis par les pou­
voire plus, qu’ils n ’ont économisé sur le coût voirs publics, le processus se répète le plus
du logement. La périurbanisation est forte­ souvent non loin de là.
ment consommatrice d ’espace : on estime Ces processus successifs de formation de là
qu’elle utilise environ 25 000 ha par an (dont banlieue conduisent à affirmer qu'il n ’y a pas
la moitié pour l’habitat au sens strict). Elle une banlieue mais des banlieues. Sans pré­
double environ l’utilisation de l’automobile, tendre établir une typologie de celles-ci, on
et donc les émissions de gaz à effet de serre. peut indiquer : «
La rurbanisation est l’implantation de cita­ — Les banlieues industrielles, datant sur­
dins à la campagne. Elle répond au même tout de la période d ’industrialisation du
désir de propriété d’une maison individuelle xixe siècle (sauf dans les pays neufs). Mais,
et d ’un environnement jugé plus sain que parmi elles, il convient de distinguer des sec­
celui des agglomérations urbaines et repose teurs où l’industrie est l ’utilisation quasi
sur les mêmes mécanismes de financement du exclusive de l’espace et d’autres où l’indus­
logement. Sur le plan statistique, elle corres­ trie est étroitement mêlée à l’habitat ouvrier.
pond au mouvement des habitants des zones Encore ces quartiers ont-ils souvent évolué au
urbaines vers l’espace à dominante rurale. On cours de la dernière génération avec le desser­
a pu l’estimer à 40 000 personnes par an en rement de nombreuses industries vers la
moyenne depuis quarante ans. Sa consomma­ grande banlieue et la rénovation des quartiers
tion d ’espace est comparable à celle causée jugés insalubres. Les banlieues industrielles
par la périurbanisation (en moyenne traditionnelles recherchaient les terrains plats,
25 000 hectares par an, dont la moitié pour desservis par chemin de fer et si possible par
l ’habitat au sens strict). Elle a les mêmes voie d’eau. Les nouvelles zones industrielles,
inconvénients en matière d ’emploi de l’auto­ spontanées ou aménagées, recherchent sur­
mobile et de ses conséquences. À la diffé­ tout un bon accès routier, un milieu écono­
rence de la périurbanisation, elle implique un mique actif, la proximité d’une main-d’œuvre
caractère de discontinuité spatiale, de rupture qualifiée.
avec les formes traditionnelles de banlieue. — Les banlieues résidentielles, en général
Elle évoque plus une forme d’organisation de plus récentes. Mais parmi elles, il convient de
l’espace que le mécanisme de répartition des distinguer:
habitants entre milieu urbain et espace rural. • selon le type de construction dominant :
immeubles collectifs, créant un tissu urbain
La description précédente des étapes suc­ dense, quartiers de maisons individuelles,
cessives de formation de la banlieue concerne parfois quartiers mixtes, soit du fait d’une
surtout les pays industrialisés, et en particulier planification volontaire (banlieues d’Amster­
la France. Mais on retrouve très généralement dam), soit par densification progressive d’un
des banlieues successives dans la plupart des ancien quartier d’habitat individuel (moyenne
agglomérations. Ainsi, dans les pays qui ont banlieue parisienne) ;
été colonisés, il est fréquent que la ville colo­ • selon les classes sociales les plus repré­
niale se soit juxtaposée à la ville ancienne (à sentées : quartiers populaires, quartiers aisés
Alger, à l’est de la ville turque, la Casbah). (improprement qualifiés de résidentiels),
Des banlieues coloniales et des banlieues quartiers intermédiaires ou à population plus
réservées à la population autochtone se sont diversifiée ;
également côtoyées, sans se mêler. Les der­ • selon le mode d’intégration dans l’agglo­
nières sont souvent le produit d’une occupa­ mération : desserte par les réseaux de trans­
tion spontanée de terrains non achetés par port, diversité des équipements, présence de
leurs occupants, ce qui conduit à un déficit lieux d’emplois à proximité, accès commode
grave en équipements (viabilité et équipe­ à un centre de commerces et de services, etc. ;
ments de superstructure) et à une absence de • selon la distance au centre: on parle de
desserte par le réseau routier et les transports banlieue proche, moyenne ou grande, sans
BANLIEUE
Î01

que ces distinctions soient précisées de façon tères de localisation qui ne font plus guère de
rigoureuse. On peut cependant définir, à partir différence entre les activités secondaires et
des types d’habitat, de l’époque de première tertiaires. Les grands équipements enfin
construction et d’indicateurs statistiques (telle recherchent espace et accès aisé en automo­
la proportion des personnes actives travaillant bile (centres commerciaux, foires-expositions,
dans la ville-centre), des couronnes successives. etc.). Les universités ont eu également ten­
dance, à partir des années 1960, à accepter des
Les relations entre les banlieues et leurs localisations en campus périphériques dont on
« villes mères » sont caractérisées par la ségré­ mesure aujourd’hui les inconvénients.
gation et le desserrement, • Ces rapports spatiaux entre banlieues et
• La ségrégation est économique, sociale et villes sont cependant à nuancer selon les tradi­
démographique. La ségrégation économique tions urbaines. On peut distinguer, dans les
résulte de la séparation des fonctions dans pays développés, trois modèles dominants :
l’espace et oppose le centre et les banlieues, — le modèle américain, résultante d ’une
mais aussi parfois les banlieues entre elles longue tradition anti-urbaine : le centre est
Nelon un schéma cardinal (longtemps, l’ouest abandonné aux bureaux (sièges sociaux,
et l’est à Paris). La ségrégation sociale, très administrations) le jour, aux minorités écono­
poussée dans les agglomérations américaines, miques, sociales et ethniques la nuit, tandis
plus discrète en Europe, traduit les différences que les classes aisées résident dans des Sub-
liées aux activités représentées, les écarts de urbs périphériques, eux-mêmes hiérarchisés
revenus et parfois les héritages et les traditions de façon stricte selon le revenu (qui corres­
des différents quartiers. Elle oppose également pond étroitement au coût des maisons) ;
souvent centre et périphérie, mais pas toujours — le modèle nord-européen, où une tradi­
selon le même modèle. Comme la ségrégation tion urbaine ancienne et fortement ancrée se
économique, elle évolue dans le temps. La concilie avec une recherche exacerbée, sous
ségrégation démographique, bien que moins des climats plutôt sévères, du contact avec la
souvent mise en valeur, est parfois la plus nature : l’habitat individuel est préféré, ce qui
tranchée, au moins dans les villes européennes. conduit les classes aisées et moyennes, et
En France en particulier, les mécanismes de avec elles de nombreuses activités, à quitter le
financement du logement accentuent la ten­ centre des villes, qui tentent, depuis une ving­
dance des jeunes ménages à résider en périphé­ taine d’années, de lutter contre cette tendance
rie des agglomérations (pour respecter les prix (politique dite de la ville compacte) ;
plafonds des logements aidés et pour disposer — le modèle méditerranéen, où la ville a
d’une maison avec jardin), tandis que les toujours été au cœur des civilisations et des
jeunes célibataires et les personnes âgées faits de société, reste beaucoup plus concen­
recherchent les équipements du centre des trée et où la tradition a voulu que les classes
villes. aisées résident au centre et rejettent en ban­
• Le desserrement est le mécanisme qui lieue les classes pauvres : même si ce schéma
conduit les activités, par manque d’espace au doit être nuancé, il oppose encore le modèle
centre des agglomérations ou pour suivre la méditerranéen aux deux autres.
population et l’extension urbaine, à se dépla­
cer vers la périphérie. Ce mouvement a Le terme de banlieue est aujourd’hui sou­
d’abord concerné l’industrie: spontané, il a vent associé aux difficultés rencontrées dans
souvent (en région parisienne depuis 1970 certains quartiers, en France essentiellement
environ) été encouragé par les pouvoirs publics dans certains des grands ensembles et des z u p
(utilisation de la procédure d’agrément, en des trente glorieuses. Il convient en fait de
faveur des villes nouvelles notamment). Le distinguer les problèmès généraux des ban­
desserrement des activités tertiaires a été beau­ lieues de ces difficultés particulières. Parmi
coup plus difficile à organiser, mais certaines les premières, on doit relever le sous-
entreprises modernes ou des centres de équipement, la desserte insuffisante, l’absence
recherche n ’hésitent pas à créer leur propre d ’unité du tissu urbain et d’identité sociale.
espace hors des centres urbains. Les parcs • Le sous-équipement des banlieues a
d’activités, parcs technologiques, voire parcs résulté des conditions de leur création et en
scientifiques, répondent à ces nouveaux cri­ tout cas de leur dépendance par nature de la
BANLIEUE
«Ht

ville mère. Ce sous-équipement a été presque situations fréquentes d’échec scolaire, frac*
absolu dans les banlieues des villes fran­ tion importante de population étrangère
çaises, d ’une part à l’époque des lotissements ou « d ’apparence étrangère». Enfin, elles
défectueux (l’entre-deux-guerres) et d’autre peuvent être purement subjectives : la littérafli
part à celle des grands ensembles (trente ture d ’abord, la presse surtout ensuite, Wjj
glorieuses). Un important effort des pouvoirs cinéma et la télévision enfin ont contribué;
publics, entre 1960 et 1975 surtout, a permis par une sorte d ’amalgame, à créer une image)
de le réduire considérablement. Mais n ’est-il négative de la banlieue en général, de cer- '
pas en train de se créer à nouveau dans les tains types de quartier en particulier. ».
secteurs touchés par la périurbanisation et par Les mécanismes d ’exclusion ne sont pas '
la rurbanisation ? sans conséquences. Ils favorisent la dégradai:
• Les ménages résidant en banlieue des tion du cadre bâti : par manque d ’entretien*
villes françaises, plus pauvres en moyenne, par négligence, mais surtout par vandalisme:
ont longtemps été moins motorisés que la La violence, qui est surtout le fait des jeunes, '
moyenne. C’est aujourd’hui l’inverse, mais est également une réaction à un sentiment
cet équipement en automobiles traduit une d ’exclusion. Il faut d’ailleurs signaler que les
desserte souvent médiocre, surtout dans les violences urbaines ne sont pas nouvelles;
banlieues périphériques, par les transports en Mais la violence urbaine actuelle concerne
commun, alors même que l’éloignement des des personnes de plus en plus jeunes. Dans
lieux de travail, des écoles, des commerces, les cas extrêmes, elle peut déboucher sur
des équipements et des services oblige leurs de véritables émeutes urbaines (par exemple
habitants à se déplacer davantage. La dépen­ celles de l’été 1981 dans les banlieues de
dance du centre-ville a été remplacée par une Lyon, de Marseille, d ’Avignon, etc.). La
dépendance à l’égard de l’automobile. consommation et surtout le commerce de la
• Le tissu urbain des banlieues, fruit de la drogue constituent un refuge pour certains
juxtaposition des étapes successives de crois­ exclus, et d ’abord parmi les jeunes. Elle ren­
sance urbaine, manque d ’unité', les quartiers force la violence. Violence et trafic de drogue
construits aux différentes époques, selon des créent un sentiment d’insécurité, présent non
modèles différents, sont souvent étroitement seulement chez les commerçants, chez les
imbriqués dans l’espace. C’est une des raisons personnes âgées ou isolées, mais aussi parmi
pour lesquelles les habitants des banlieues ont le de nombreux jeunes, suspectés par la police et
plus souvent de la peine à s’identifier clairement par les autorités et regardés avec méfiance par
à un espace, et en particulier à une commune, et les bandes organisées. Ce sentiment d’insécu­
le font essentiellement à travers le quartier. rité favorise les réactions de racisme, voire de
racisme à rebours. Certes, ceux-ci ne sont pas
Ces handicaps des banlieues peuvent, dans nés avec les cités de banlieue en difficulté;
certains cas, engendrer un véritable sentiment mais l’ambiance qui s’y établit les favorise. :
d'exclusion. Il serait certes abusif d ’assimi­ Les pouvoirs publics hésitent dans leurs réac-
ler, comme on le fait trop souvent, banlieue fions entre compréhension et autorité. La loi
et exclusion. Mais celle-ci est fréquente dans d ’orientation contre l ’exclusion, votée en ;
certains quartiers de banlieue stigmatisés, et 1998, s’efforçait de prendre ce problème à
en particulier dans un certain nombre de partir de ses causes : en favorisant l’accès des
grands ensembles et de z u p . Les causes de jeunes à l’emploi, en assurant celui de tous
l’exclusion sont multiples. Elles tiennent aux soins médicaux, en améliorant les possi­
d ’abord au cadre bâti : moins au logement bilités de logement des plus défavorisés.
lui-même, qui répond aux normes de confort
sanitaire et le plus souvent de dimension, De nombreuses tentatives d ’amélioration
qu’aux mécanismes d ’attribution de ces loge­ des banlieues en difficulté ont déjà été entre­
ments (concentration de familles en difficulté prises, Pour s’en tenir au cas des banlieues des
dans les mêmes quartiers) et qu’aux formes villes françaises, on notera que celles-ci ont
urbaines (opposition avec les autres quar­ cherché à porter sur l’amélioration du cadre
tiers, d ’une autre époque et d ’une morpho­ physique comme sur la réhabilitation socio­
logie différente). Elles sont surtout socioéco­ économique des quartiers, puis ont eu ten­
nomiques: proportion élevée de chômeurs, dance à associer les deux voies dans une
BANLIEUE
»8

K ) litique globale qu’on qualifie improprement lification urbaine à l’échelle locale concernant
le «politique de la ville» alors qu’il s’agit les quartiers les plus dégradés et les conditions
d’une politique des quartiers de banlieue. de vie de leurs habitants, mais qui doivent favo­
Les actions sur le cadre bâti ont été entre- riser leur insertion dans l’agglomération où ils
Iprises dès les années 1970 avec les opérations sont situés. 53 grands projets de ville et 59 opé­
« Habitat et vie sociale» ( h v s ) . Expérimentées rations de renouvellement urbain, opérations
dès 1972 et généralisées en 1977, celles-ci moins lourdes, ont été retenus. Les G P U sont
associaient contractuellement l’État, les collec­ devenus des g p v puis des o r u sur la base d’une
tivités locales et les organismes de logement nouvelle convention impliquant souvent un
social pour réhabiliter les logements, aménager élargissement du périmètre. Comme pour les
des espaces collectifs, tout en essayant de déve­ grands projets urbains, le maître d’ouvrage était
lopper une vie sociale harmonieuse. Cette pro­ variable : groupement d’intérêt public (c’est la
cédure, où l’État jouait un rôle prépondérant et formule la plus souvent retenue), ville, structure
qui était très centralisée, a été critiquée peut- intercommunale, etc. Les crédits mis à la dispo­
être de façon excessive. Bien que, dans les sition de ce nouveau programme se sont élevés
années 1980, l’accent ait été placé sur les à 2,1 milliards d’€ de subventions plus 1,5 mil­

aspects sociaux et économiques, on a recouru à liard d’€ de prêts de la Caisse des dépôts et
des démolitions d’immeubles très dégradés et consignations. Les actions prévues sont
stigmatisés (Les Minguettes à Vénissieux en diverses : intervention sur le bâti (démolitions,
banlieue lyonnaise et ailleurs) après les émeutes réhabilitations, reconstructions), restructuration
de 1981. À l’inverse, dans d’autres cas, des des espaces publics, traitement paysager,
constructions supplémentaires ont été réalisées, désenclavement du site. Mais elles concernent
dans des ensembles peu denses, pour y implan­ aussi les fonctions économiques du quartier
ter des activités ou des populations susceptibles (implantation d’activités, restructuration de
d’en améliorer l’image (Orly par exemple). Les centres commerciaux, création d’équipements
opérations «Banlieues 89» visaient à «rendre majeurs). On peut encore rattacher à ces actions
les banlieusards fiers de leurs banlieues»: sur le cadre physique les améliorations de des­
quelque 400 projets ont été aidés dans ce cadre serte et les réalisations d’équipements, voire
par le Fonds social urbain ( f s u ) pour 226 mil­ l’aménagement de centres de quartier (Les
lions de F entre 1983 et 1989, mais ces aména­ Francs Moisins à Saint-Denis, Orly, Dreux);
gements ont le plus souvent été superficiels. Enfin, les démolitions d’immeubles, qui n’ont
Une nouvelle vague d’actions centrées sur le jamais été interrompues, sont devenues un des
cadre physique a été entreprise en 1994 avec aspects majeurs de l’action sur le cadre bâti
les grands projets urbains ( g p u ) . Celle-ci a été avec la circulaire d ’octobre 1998 (utilisation
concentrée sur 13 sites particulièrement diffi­ des prêts p l a ) , les conventions de 2 0 0 1 pour
ciles. Le montage administratif a été adapté à l’utilisation du 1 % logement et surtout à partir
chaque cas. Les crédits ont été importants : plus de la loi du 1er août 2003 : le ministre Borloo en
de 10 milliards de F au cours du XIe plan a alors annoncé 30 000 par an, objectif qui n’a
(1994-1999) et un engagement de l’État pas été atteint.
d’apporter son aide pendant quinze ans. Les La réhabilitation socioéconomique, si T on
travaux concernent les infrastructures (désen­ excepte quelques expériences autogestion­
clavement routier, par exemple à Grigny ou naires dans les années 1970 (les actions des
dans les quartiers nord de Marseille, desserte g a m , les expérimentations de Mons-en-
des Minguettes, etc.), la réorganisation de quar­ Barœul, de l’Alma-Gare à Roubaix, du Petit
tiers entiers (Le Val d’Argent à Argenteuil, le Séminaire à Marseille), prit la forme du déve­
Val Fourré à Mantes), des aménagements fon­ loppement social des quartiers ( d s q ) selon les
ciers (friches industrielles de la plaine Saint- recommandations (1983) de la commission
Denis, Roubaix-Tourcoing, etc.). Ces grands Dubedout. Celui-ci préconisait des interven­
projets sont devenus les grands projets de ville tions prioritaires en faveur des groupes les
( g p v ) pour la période de planification 2 0 0 0 - plus fragiles (principe de discrimination posi­
2006 (mais devenues opérations de rénovation tive) dans les quartiers en difficulté (148 quar­
urbaine ( o r u ) à la suite de la loi du 1er août tiers d s q furent retenus), mais aussi par action
2003 lançant le programme national de rénova­ sur le plan de l’éducation (rapport Schwartz)
tion urbaine. Il s’agit de projets lourds de requa­ et par la lutte contre la délinquance (rapport
BANLIEUE
TO4

Bonnemaison). À partir de 1989, les opéra­ démarche du schéma de cohérence territoriale


tions d s q ont cédé le pas aux opérations ( s c o t ) et celle de l’agglomération inter­
de développement social urbain ( d s u ) , qui communale. Le contrat devait identifier des
concernèrent plus de 500 quartiers, mais sur­ programmes peu nombreux ayant un sens par­
tout qui élargissaient le problème à l’échelle ticulier à l’échelle de F agglomération dans
des villes entières. Dans le même temps, fut une perspective à long terme (quinze ans) et
créé en 1990 un ministère de la Ville, englo­ les traduire en opérations programmées sur
bant la Délégation interministérielle à la ville, la période du contrat. Il devait intégrer des
créée en 1984. Il n’est pas certain que cet élar­ préoccupations de développement écono­
gissement ait été bénéfique. Il a entraîné une mique, de solidarité (résorption des disparités
dilution de la politique des quartiers en diffi­ spatiales), de développement durable. Les
culté dans une politique de la ville moins financements provenaient de l’État et de là
lisible. La loi d ’orientation pour la ville du structure intercommunale, mais aussi de la
13 juillet 1991 a certes mentionné le «droit à région et du département. Cette procédure,
la ville», mais les dispositifs complexes mise en place, après deux contrats expérimen­
qu’elle mettait en place en faveur du logement taux (Bordeaux et Le Creusot-Montceau-les-
social dans les localités qui en avaient peu ou Mines) en 2001, pouvait notamment concer­
pas ont été difficiles d’application et vidés de ner les agglomérations inscrites dans les aires
leur contenu par la loi du 21 janvier 1995, urbaines de 50 000 habitants : 108 contrats
avant d’être reprises sous une forme un peu (sur 185 possibles) ont été signés.
différente par la loi Solidarité et renouvelle­ A partir de 1996, les orientations ont égale­
ment urbains du 13 décembre 2 0 0 0 . ment été corrigées avec le pacte de relance
Ces échecs relatifs ont conduit par la suite à pour la ville. Son objectif principal était la
envisager des politiques globales associant les création d’emplois. Â cette fin, une hiérarchie
actions sur le cadre physique et les interven­ des zones d ’intervention a été établie : zones
tions de type socioéconomique. Tout d ’abord, urbaines sensibles (zus, au nombre de 731,
les contrats de villes, expérimentés au Xe plan au départ, 751 en 2009 où se trouve au moins
sont devenus la base de la politique de la ville un grand ensemble ou un quartier dégradé,
au XIe plan (1994-1999). Il s’agit d’un enga­ souffrant d ’un déséquilibre habitat-emploi,
gement, pour la durée du plan, entre l’État et où peuvent notamment être créés des
une ou plusieurs collectivités territoriales sur « emplois de ville ») ; zones de redynamisa­
un programme de développement social tion urbaine ( z r u , au nombre de 350)s
urbain à l’échelle d’une commune ou d’une confrontées à des difficultés particulières du
agglomération, qui s’intégre dans le contrat de fait de leur localisation, où les entreprises
plan Etat-région. Les 214 contrats (plus une peuvent bénéficier de différentes exonéra­
convention avec la ville de Paris) ont concerné tions fiscales ; dans les cas extrêmes, zones
750 communes et 1 300 quartiers. Ces franches urbaines ( z f u , au nombre de 4 4 ini­
contrats, parfois difficilement négociés, se tialement, de 100 actuellement, dont 7 dans
sont révélés très divers. On y a constaté, glo­ les d o m ) où ces exonérations sont plus impor­
balement, une plus grande sensibilité que dans tantes et où on espérait créer ou maintenir
les projets d s q aux problèmes de société plusieurs dizaines de milliers d ’emplois. Le
(drogue, insécurité, problèmes de santé et bilan des z f u a été initialement controversé
d’éducation). Les crédits mis enjeu ont repré­ parce que les emplois annoncés n ’ont pas tou­
senté 23 milliards de F en 1998. Cette procé­ jours été réalisés, qu’il s ’agissait souvent
dure a laissé de fait une place prépondérante d ’emplois transférés plus que de véritables
aux collectivités locales, dans le choix des créations (effet d ’aubaine pour les entre­
actions, sinon dans les apports financiers. Il prises) et que le coût de ces opérations a été
n ’est pas certain que la politique de la ville y élevé (20 000 € par emploi). Mais il est néan­
ait gagné en cohérence. Au cours de la période moins indéniablement positif: au 1 er janvier
suivante de contrats de plan (2000-2006) ont 2007, 45 000 nouveaux établissements et
été créés les contrats d’agglomération, à une 125 000 emplois créés, un quart de ces
échelle jugée plus pertinente que celle de la emplois occupés par des habitants de la zone.
ville. La procédure contractuelle se plaçait Aussi le mécanisme des z f u a été prolongé
dans une perspective de cohérence entre la dans le temps jusqu’en 2014 (au moins) et la
BAROQUE
%0S

sortie du régime de z f u a été aménagée. En des chances conduit à l’exclusion et à la


outre, le gouvernement a décidé une seconde ségrégation - même s’il serait excessif de par­
vague de z f u à partir de 2004. ler de ghetto - , à la montée de l’insécurité et
Le ministre de la Ville, Jean-Louis Borloo du racisme. Les actions sur le cadre physique
(devenu en 2004, ministre de l’Emploi, du comme sur le contexte socioéconomique ne
Travail et de la Cohésion sociale), a mis en sont certes pas inutiles, mais ne résoudront
place en place l’Agence nationale de la réno­ pas des problèmes qui traduisent une perte de
vation urbaine ( a n r u ) qui doit coordonner un consensus au sein de la société contempo­
plan d’urgence en faveur des banlieues (le raine. Seul un nouveau consensus, sur la base
programme national de rénovation urbaine), de valeurs qui seront peut-être différentes de
et notamment de 163 quartiers prioritaires celles qui avaient assuré la cohésion de la
(chiffre porté par la suite à 189 et complété par société française depuis la fin du xixe siècle,
342 quartiers « supplémentaires »). Ce plan et en particulier pendant les trente glorieuses,
prévoyait notamment, en cinq ans (2004- est susceptible d ’apporter une réponse au
2008) la démolition de 2 0 0 0 0 0 logements, la « mal des banlieues ». Il faut aussi se souvenir
rénovation de 2 0 0 0 0 0 autres et la construc­ que la banlieue a toujours posé des problèmes,
tion de 2 0 0 0 0 0 logements neufs, objectifs voire «fait peur», qu’il s’agisse des fau­
peu conciliables avec les crédits disponibles bourgs de l’Ancien Régime (dépotoir des
pour la construction sociale et avec les résul­ villes de l’époque), de la banlieue industrielle
tats des années récentes. Au 1er juin 2009, («classes laborieuses, classes dangereuses»,
365 projets ont été approuvés par I ’ a n r u et selon l’expression de Louis Chevalier), des
328 conventions signées (38,7 milliards d’€ mal lotis de l’entre-deux-guerres et peut-être
de travaux engagés ou programmés dans les demain des déçus des villages périurbains.
cinq prochaines années), qui correspondent à P. M .
130 000 démolitions de logements, 123 000
_> Agglom ération; Aire d'influence d'une ville; Contrat de ville;
constructions et 298 000 réhabilitations, ainsi Desserrement; Développement social des quartiers ( dsq );
qu’à la « résidentialisation » de nombreux Exclusion; Faubourg; Grand ensem ble; Grand projet urbain
quartiers, à la réalisation d’équipements ( ) ; Grand projet de ville (
gpu ) ; Lotissement; Pacte de
gpv
relance pour la ville; Périurbanisation; Programme national
publics (réhabilités ou construits) et à l’amé­ de rénovation urbaine; Rénovation urbaine; Rurbanisation;
nagement d’espaces publics, de promenade et Ségrégation ; Ville ; Ville nouvelle ; Zone à urbaniser par prio­
rité ( ) ; Zone d'aménagement concerté (
zup ) ; Zone franche
zac
de jeu. Il n ’est pas du tout assuré que ces urbaine ( ). zfu

objectifs, bien que plus réalistes que ceux du


plan initial, soient atteints. Depuis l’annonce
du programme national de rénovation urbaine BANQUE DE DONNÉES URBAINES
en 2003, 454 800 logements ont été démolis, —> Informatique et urbanisme
17 990 construits, 78 780 réhabilités et 48 490
résidentialisés. L ’ a n r u fait cependant état
d’une montée en puissance du programme et BAROQUE
souligne que, fin 2008, 74 % des investisse­
ments prévus avant 2013 ont été programmés L’adjectif baroque présente une première
(et même 77 % des subventions de I ’ a n r u ) . acception générale et habituellement néga­
Les résultats obtenus depuis trente ans par tive ; mais il est également utilisé pour quali­
ces politiques des quartiers de banlieue en dif­ fier une époque stylistique et un principe
ficulté (rebaptisées politique de la ville) esthétique évolutif. Ces trois acceptions sont
peuvent paraître modestes. Il convient de ne souvent confondues; toutefois, la plus cou­
pas oublier qu’elles ont sans doute évité une rante aujourd’hui est celle qui renvoie à une
détérioration bien plus grave de la situation de période stylistique, définie de façon formelle,
cette frange qui est loin de représenter chronologique et iconographique.
l ’ensemble des banlieues. Il faut surtout — Dans son sens général, baroque, dérivé
prendre conscience du fait que les solutions de l ’espagnol berrueco et du portugais
ne peuvent sans doute pas être trouvées à barraco servant à caractériser les perles irré­
l’échelle de ces seuls quartiers de banlieue, ni gulières, a commencé à être employé méta­
même de « la ville », mais à travers les choix phoriquement pour qualifier le bizarre et le
qui impliquent la société globale. L’inégalité ridicule, puis, par extension l’excessif et le
MMXJt 106

décadent. Dans les Essais de Montaigne, deuxième moitié du xvie siècle à la fin dü
baroque dénote l’inhabituel, le bizarre, et ce xvm e siècle. À la fin des années 1960{
qui est médiocrement exécuté ; chez Mazzi, il G. Bazin continuait à défendre cette périodisa-’
qualifie les entreprises malhonnêtes et men­ tion ; selon lui, entre 1580 et 1780, le baroque
songères et Saint-Simon, dans ses Mémoires, avait présenté sept tendances stylistiques i
en fait le synonyme d ’irrégulier, d’imparfait, gothique, maniérisme, classicisme, réalisme!,'
de bizarre. Milizia (suivi par Quatremère de baroque, rococo et néo-classicisme. L’idée
Quincy) a introduit le terme en architecture, d ’un style maniériste avait émergé au cours
au sens de « il superlativo del bizzaro ». Il des années 1920 et les historiens d ’art ten­
l’illustre dans son Dizionario par l’oeuvre daient alors à repousser le début du baroque
« délirante » de Borromini. au xvne siècle. Cette entité était ailleurs diffé­
— Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, renciée en sous-catégories chronologiques.
baroque a commencé à être employé comme M. Hauttmann (1921), qui évitait intention-!
terme de style, plutôt qu’avec un sens déprécia­ nellement le terme de baroque, n ’en distint
tif, par J. Burckhardt, W. Lübke, J. Falke et guait pas moins trois niveaux, d ’éclosion
C. Gurlitt, entre autres ; à partir des années (Frühstufe, 1580-1650), d’apogée {Hochstufej
1880, il a renvoyé à des significations for­ 1650-1720) et tardif (Spàtstufe, 1720-1780) *
melles, chronologiques et iconographiques pré­ H. Rose (1922) situait le baroque tardif
cises. entre 1660 et 1760. Au cours des années
Dans son texte séminal de 1888, Renaissance 1960, le terme de « rococo », initialement uti­
und Barok, comme dans son plus tardif lisé par Kimball (1943), pour caractériser un
Kunstgeschichtliche Grundbegriffe (Munich, type particulier de décoration intérieure, fut
1915, trad. franç. Principes fondamentaux de appliqué à l’architecture elle-même, en parti­
l'histoire de l'art, Paris, 1952), H. Wôlfflin dif­ culier par B. Rupprecht (1959), puis par
férencie Renaissance et baroque à l’aide de R Minquet (1966) : « Le rococo vise une unité
concepts formels, opposés par couples : linéaire synthétique, désignée, mais non manifestée.
et pictural, plans et profondeur, forme fermée et L’enveloppé devient allusive. » Il souligne
forme ouverte, multiplicité et unité, clarté et « la suavité rococo (...) ses valeurs d’intimité.
obscurité. A la suite de Wôlfflin, les historiens Le rococo est irréductible au baroque ». À la
d’art ont poursuivi l’investigation des proprié­ fin des années 1970, la classification chrono­
tés formelles du baroque, apportant des maté­ logique du baroque est établie de la façon sui­
riaux significatifs dans le cadre de la recherche vante: premier baroque, 1600-1625 ; apogée,
sur les xviie et xvme siècles. Avec les années 1625-1675 ; baroque tardif, 1675-1715 ; style
1970, une synthèse de ces travaux devenait pos­ de transition, 1715-1730 ; rococo, 1730-1760.
sible, et permettait de caractériser l’architecture Ces distinctions chronologiques diffèrent
baroque en tant que démarche rhétorique, met­ selon la spécificité des paysages culturels,
tant en œuvre «une grande échelle, des formes ainsi que l’ont montré les analyses de
irrégulières et complexes, le mouvement dans H. Sedlmayr pour l ’Autriche (1930), de
les lignes, la masse et l’espace, une fusion des Landolt pour la Suisse (1948), et de Sander
arts de la peinture et de la sculpture avec l’archi­ pour le Vorarlbeg (1950).
tecture, un maniement audacieux de l’illusion­ Du point de vue iconographique, le baroque
nisme et des jeux de lumière, une dramatisation est associé à l’idéologie de la contre-Réforme
de l'espace architectural, la richesse des maté­ (cf. en particulier W. Weisbach, 1921 et
riaux » (A. Blunt). E. Mâle, 1932). Plus précisément, il a été mis
Le vaste champ chronologique du baroque, en relation avec l’effort de renouvellement de
qui englobait initialement les xvie, xvne et l’art tenté par les jésuites (cf. R. Wittkower et
xvme siècles s’est trouvé réduit à mesure qu’é­ I. Jaffé, Baroque art, the jesuit contribution,
taient précisés les concepts stylistiques de New York, 1972.
«maniérisme» et «rococo». En outre, raffi­ — En 1901, dans Kirchlichen Baukunst
nement de la définition formelle du baroque des Abendlandes, G. Dehio définissait le
suscitait des sous-catégories chronologiques. baroque comme la phase terminale de tout
Dès 1880, Falke avait défini le baroque style architectural. Auparavant, A. Riegl,
comme le style de l’art postérieur à la dans ses conférences sur la « Kunstgeschichte
Renaissance et s ’étendant ainsi de la des Barokzeitalters» («Histoire de l’art de
BASE DE PLEIN AIR E T DE LOISIRS

l'âge baroque »), avait fait du baroque le prin­ urbaine. Enfin, même si le terme lui-même
cipe spirituel d’une époque, position reprise n ’a jamais été adopté par Le Corbusier, les
CP 1916 par W. Stammler dans son Zeitalter recherches menées par celui-ci sur la morpho­
dts Barock. Dès 1911, Worringer avait asso­ logie urbaine, au cours des mêmes années,
cié baroque et nationalisme et fait du baroque ont, de toute évidence, contribué, elles aussi,
un art allemand dérivé des principes esthé­ à la formation de ce type d’immeubles (les
tiques du gothique tardif. immeubles « à redant » pour Une cité contem­
poraine ou ceux du Plan Voisin, 1925).
C. F. O. Introduite systématiquement dans les sché­
Art urbain; Escalier; Fontaine; Histoire; Style. mas directeurs de presque toutes les banlieues
des villes européennes, la barre a marqué la
périphérie des villes, souvent au détriment de
BARRE
la qualité du paysage et des sites (Hauts du
lièvre, visible de Nancy). À partir des années
Dans le cadre de l’urbanisme moderne, 1970, en France notamment, la barre a connu
fondé sur les principes énoncés par les c i a m un net recul, solidaire de celui des grands
(Congrès internationaux d ’architecture ensembles dont elle était un élément clé. Plus
moderne), ce terme technique est devenu critiquées que les « to u rs» , les barres se
d’un usage courant, depuis les années 1950, prêtent, toutefois, plus facilement, à des trans­
pour désigner les immeubles à plusieurs éta­ formations tendant à leur réhabilitation au sein
ges des «grands ensembles», qui épousent de grands ensembles existants. Dans le cadre
la forme d’un parallélépipède allongé. Les de la commande d’État, en France, le cahier
barres dépassent rarement 12 étages, alors des charges de ces opérations comprend des
que leur longueur et le tracé de leur déploie­ programmes fonctionnels (dédensification),
ment varient considérablement selon le rôle techniques (surisolation), et formels. La Cité
qui leur est attribué dans la définition des du Lièvre d’or à Dreux est un ensemble, parmi
espaces verts ou libres qu’elles contribuent à tant d’autres, où les barres ont subi une trans­
former au sein du schéma régulateur. formation de forme et de structure.
Longtemps à l ’état expérimental (le D. U.
Bergpolder de W. Van Tijen à Rotterdam,
Congrès internationaux d'architecture moderne (c ia m ) ;
1934), la barre fut largement adoptée dans les Grand ensemble; M oderne; Tour.
années qui suivirent la deuxième guerre mon­
diale, surtout pour les logements subven­
tionnés. Conçue comme instrument important
de la réforme structurelle de la ville, la barre BARRIÈRE D'OCTROI -*■ Faubourg
fut d’abord étudiée par Walter Gropius et
Marcel Breuer. Le mur continu des îlots à cour
intérieure, formant la me traditionnelle, était BASE DE PLEIN AIR ET DE LOISIRS
éliminé pour faire place à des blocs détachés,
de 8 à 12 étages, disposés de façon orthogonale Les bases de plein air et de loisirs, définies
par rapport à l’axe de la voie de circulation. par le secrétariat à la Jeunesse et aux Sports
L’origine de la barre doit donc être cher­ (circulaire du 20 janvier 1964), sont des
chée dans les efforts de la culture rationaliste ensembles «réunissant dans un site naturel,
pour créer des types de logement suscep­ proche de la population à desservir, les élé­
tibles d’offrir des conditions d’habitation à ments nécessaires à favoriser la pratique des
grande échelle, égales ou meilleures pour sports et des activités de plein air et l’anima­
tous, et pour conserver à la ville une haute tion culturelle, ainsi que la détente et l’oxygé­
densité résidentielle, tout en éliminant les nation».
cours d’îlots insalubres, remplacées par des La formulation peut apparaître quelque peu
grands espaces verts. désuète, mais les bases de loisirs connurent
Les projets pour le concours du Bauwelt de vite un grand succès. D ’abord réalisées par les
1924 (M. Breuer) et de Spandau-Hàselhost de villes nouvelles, elles font maintenant figure
1929 (W. Gropius) comptent parmi les pre­ d’équipement indispensable de toute grande
miers exemples de cette nouvelle typologie agglomération.
BASSIN D'EMPLOI
108

Il s'agit de petits complexes d’équipements villes, grandes et moyennes, s’y trouvaient, de


de loisirs et d ’équipements sportifs légers nombreux milieux ruraux en étaient exclus ; à
situés dans des sites naturels attractifs, voire l’origine, elles se voulaient être des modes de
dans des sites naturels reconstitués (anciennes représentation des bassins de main-d’œuvre
carrières ou gravières). utiles aux implantations d ’entreprises, alors
Chaque base de loisir a sa physionomie que les bassins d ’emploi mettent plutôt
propre qui dépend de sa localisation et de sa l’accent sur les comportements de déplace­
taille (entre 20 et 20 000 ha). De Ce point de ment des salariés. Leur extension rapide a
vue, on peut distinguer : conduit I ’ i n s e e , en 1997, à la nouvelle notion
— les « bases urbaines », situées à moins de de pôle urbain (la ville centre et sa couronne
10 km des agglomérations importantes qui, en urbaine) et de communes périurbaines ou
dehors des fins de semaine, peuvent être fré­ multipolarisées.
quentées en demi-journées par les scolaires ; Les bassins d ’emploi sont devenus, pour
— les «bases périurbaines» (entre 10 et partie d’entre eux, des cadres d’animation du
60 km des agglomérations importantes) qui développement économique local, de mobili­
ne sont essentiellement fréquentées que pen­ sation des élus locaux, des chefs d ’entreprises,
dant les fins de semaine ; des institutions de formation ou de promotion
— les «bases de nature» où la fonction de économique, ainsi que de présentation des
complexe d’équipements s’efface au profit de multiples politiques publiques d ’emploi. Il
la qualité du site et souvent des possibilités existe ainsi 80 comités de bassin d ’emploi b i­
d ’observation de la faune. partites (élus-employeurs-syndicalistes), ainsi
Dans le même esprit, des «bases littorales que 50 structures associées regroupées dans
de loisirs et de nature» ont été préconisées, une association, le Comité de liaison des
depuis 1974, par le secrétariat d’Etat au Tou­ comités de bassin d ’emploi, qui agit comme
risme, dans les zones littorales. un centre national de ressources.
J .-P . M . et j . - b . P. Les bassins d ’emploi n ’ont jamais été des
unités d ’aménagement du territoire perti­
-> Parc; Stade et terrain de sport.
nentes, mais simplement un cadre de présen­
tation statistique des données liées à l’activité
ou au chômage.
BASSIN D'EMPLOI Les bassins de vie envisagés lors du débat
national sur l’aménagement du territoire
Territoire défini par regroupement de com­ (1994) pourraient être des nouvelles unités de
munes proches ayant entre elles des fortes gestion administratives regroupant ou non les
relations économiques ou liées par des migra­ bassins d’emploi. C ’est un peu cette idée qui a
tions alternantes domicile-travail importantes. été reprise dans la loi Voynet de juillet 1999,
L ’ i n s e e a opéré un découpage complet de la
qui privilégie les pays et les agglomérations,
carte administrative de la France en 348 zones et dans les contrats de plan de la période 2 0 0 0 -
d ’emploi (devenues 361 au recensement de 2006 qui comportent des contrats de pays et
1999) à l’aide de méthodes de classification des contrats d’agglomération.
hiérarchique appliquées aux migrations alter­
nantes mesurées lors des recensements M. M.

généraux de la population. Les services - » Aire d'influence d'une ville ; Emploi ; Travail.
déconcentrés de l’État et les élus locaux sont
ensuite partis de ce zonage, après l’avoir dis­
cuté et corrigé, pour définir localement des BASSIN D'INFILTRATION, BASSIN
bassins d’emploi reflétant au mieux la réalité DE RETENUE —> Cycle de l'eau
du marché du travail.
La zone de peuplement industriel et urbain
( z p i u ) a été une autre manière d’approcher les BASSIN HYDROGRAPHIQUE
réalités du marché du travail utilisant à la fois
d’autres critères et d ’autres méthodes de car­ Ensemble des topographies amenant leurs
tographie. Les z p i u ne recouvraient pas la tota­ eaux et convergeant vers le même axe fluvia-
lité du territoire français, puisque, si toutes les tile. Dans le bassin d’un fleuve s’emboîtent, à
BÂTIMENTS ADMINISTRATIFS
m

In manière de sous-ensembles hiérarchisés, les tifs » ou « cités administratives » (la seconde


bassins de ses affluents et sous-affluents (on évoquant une implantation de plus grande
appelle confluent le point de jonction de deux taille que la première) des différents services
cours d’eau ou glaciers, le moins important des adm inistratifs existants dans une ville présente
deux est appelé affluent). Des lignes de partage deux avantages : pour les usagers, il réduit le
des eaux séparent les différents bassins. nombre de déplacements (fréquence des «ren­
Le terme est assez peu utilisé par la géogra­ vois» d’un service à un autre) et, pour les
phie moderne. Il a été, en effet, employé de administrations, il permet la mise en commun
manière excessive et erronée aux xvm e et de certains locaux (salles de conférences,
xixc siècles: des chaînes montagneuses centre d’accueil, restaurant...), tout en facilitant
devaient nécessairement séparer les différents les contacts informels entré les services dépen­
bassins hydrographiques et ceux-ci consti­ dant d ’administrations différentes. Encore
tuaient systématiquement les cadres de toute faut-il que ces regroupements ne se traduisent
description géographique. pas par une localisation excentrique (cas fré­
Géographes et hydrologues utilisent de pré­ quent de cités administratives sur les terrains
férence actuellement le terme de «bassin- d’anciennes casernes...). On remarquera, par
versant », dont la signification est voisine. Les ailleurs, qu’il n ’arrive pratiquement jamais
petits bassins-versants retiennent de plus en qu’on puisse localiser en un même lieu les ser­
plus l’attention des spécialistes des milieux vices de l’État et ceux de la ville, alors que
physiques qui, à l’aide de mesures méticu­ cette contiguïté serait utile à maints égards.
leuses, mènent des études « intégrées » portant Mais le problème le plus souvent posé à
sur les processus d’érosion, les sols, le climat, l’aménageur est celui de l’équipement mini­
la végétation, l’écoulement fluvial et leurs mal des quartiers périphériques ainsi que des
interrelations. régions rurales. La présence d’un bureau de
poste (environ 17 000 bureaux en France) est
G. B. ainsi particulièrement sensible. Or si, avec un
Agence de l'eau.
bureau de poste pour 12 000 habitants, Paris
en possède presque deux par kilomètre carré,
certains départements ruraux avec un bureau
BASSIN-VERSANT — Bassin pour 1 500 habitants en ont moins d’un pour
hydrographique ; Cycle de l'eau 60 km2. La loi de régulation des activités pos­
tales de 2005 prévoit la réduction du nombre
des bureaux de poste en zone rurale, le ser­
BATEAU -> Transport fluvial vice postal pouvant être assuré par des com­
merces, des mairies, etc., tout en assurant que
90 % de la population de chaque département
BÂTIMENT -> Construction soit située à moins de 5 km d’un des 14 000
« points postaux » prévus.
L’attention se porte maintenant sur
BÂTIMENTS ADMINISTRATIFS l’implantation locale des forces de sécurité,
d’autant qu’on a constaté une forte corrélation
Bâtiments qui abritent les services des col­ entre la criminalité et le degré d’urbanisation
lectivités locales et de l’État, ils sont moins (en France du simple au double entre les com­
importants par l’espace qu’ils occupent dans munes rurales et l’agglomération parisienne ;
la ville (au total, l’équivalent de moins de aux États-Unis, du simple au quadruple). Le
1 m2 de plancher par habitant, toutes adminis­ commissariat de police (ou l’hôtel de police)
trations confondues) que par les symboles qui est unique dans les petites villes, mais devient
s’y attachent. un équipement de quartier (1 0 0 0 0 logements
L’hôtel de ville, le palais de justice, la pré­ environ) dans les grandes villes. La gendar­
fecture, etc., sont souvent des monuments merie est implantée au niveau d’un ou de plu­
publics bien plus que des bâtiments adminis­ sieurs cantons en milieu rural.
tratifs fonctionnels : les services administratifs J. C.
proprement dits peuvent être logés ailleurs.
Le regroupement en « centres administra­ Bureaux; Équipements collectifs.
BÂTIMENTS RELIGIEUX
110

BÂTIMENTS RELIGIEUX —> Architecture Architecture fonctionnelle; Congrès internationaux d'archi*


religieuse; Culte (lieu de) tecture moderne ( c i a m ) ; Charte d'A thènes; Design;
Moderne ; Progressisme. '

BAUHAUS BAZAR —> Marché ; Place marchande

Ecole consacrée aux arts appliqués, fondée


à Weimar en 1919, par W. Gropius, afin de BEAUX-ARTS
promouvoir la synthèse des arts et de l’indus­
trie. L’enseignement, mené dans des ateliers, Expression tardive dont le sens s’est fixé
reposait sur des idées et des méthodes qui seulement au xvm e siècle (C. Batteux, Les
avaient été largement diffusées et expérimen­ beaux-arts réduits à un même principe, 1746);
tées, depuis le début du siècle, en Allemagne, elle désigne les arts qui, par opposition aux
dans le cadre du Deutsches Werkbund, et en arts mécaniques et aux arts décoratifs, n ’ont
particulier à Weimar même, à la Kunstge- pas une destination pratique, mais dont on
werbeschule, dirigée de 1910 à 1914 par le estime en revanche qu’ils sont inspirés par des
grand créateur belge H. van de Velde, archi­ finalités morales et spirituelles. En règle géné­
tecte et pionnier du design. rale, ils embrassent la poésie, la littérature, la
La renommée du Bauhaus reposait à la fois musique, la danse, la peinture et la sculpture;
sur ses objectifs sociaux (production de qualité l’architecture et parfois l’art des jardins. La
pour le plus grand nombre) et sur la valeur hiérarchie des beaux-arts a changé selon les
exceptionnelle des artistes qui y enseignaient époques et les auteurs. La musique et la poésie
(W. Kandinsky, P. Klee, J. Itten, L. Feininger, ont été alternativement placées au rang le plus
etc.). A partir de 1927, l’architecture et l’urba­ élevé (Hegel, Croce) dans la mesure où, parmi
nisme n ’ont représenté qu’un secteur minori­ les arts, elles étaient les moins dépendantes du
taire de l’enseignement qui couvrait la monde visible et de ses contingences. Cepen­
production de tous les objets de la vie et du dant, en dépit de son caractère pratique,
décor quotidiens. l’architecture a pu, elle aussi, se voir attribuer
Dans la période initiale de Weimar (1919- la première place parce que représentant le
1925), et après l ’installation de l ’école à seul art capable d ’intégrer tous les autres
Dessau (1925), Gropius poussa à une refor­ (cf. la tradition des « éloges de l’architecture »
mulation du langage architectural dans la dans les traités d ’architecture depuis le De re
perspective de la préfabrication. aedificaloria d’Alberti).
H. Meyer, qui lui succéda à Dessau (1928- Dans un sens particulier, alors transposé
1930), orienta l’enseignement vers un fonction­ sous sa forme française dans les langues étran­
nalisme plus strict. Il invita, en 1929, L. Hil- gères, l’expression beaux-arts en est venue à
berseimer (1887-1967), connu par son projet qualifier les attitudes d’esprit et les formes
de « Hochhausstadt » (1925), à lancer le pre­ d’art spécifiques issues de l’enseignement de
mier véritable enseignement sur l’urbanisme et l’Ecole des beaux-arts de Paris. Cette École
la Siedlungswesen, dans lequel celui-ci déve­ fut officiellement fondée sous ce nom en
loppe ses positions radicales visant à l’abandon décembre 1816. Mais elle tire ses origines des
de la forme urbaine existante, pour de vastes académies des siècles classiques et on peut
compositions modulaires et répétitives. faire coïncider sa véritable création avec celle
Hilberseimer vit son enseignement conso­ de l’Académie royale de peinture et de sculp­
lidé sous la direction de L. Mies van der Rohe, ture le 27 janvier 1648. L’expression beaux-
dernier directeur de l’école avant sa fermeture arts est d ?ailleurs souvent considérée comme
par les nazis (1933). Mies l’invita, à la fin des synonyme d’académique.
années 1930, à le rejoindre à VIllinois Institute Les trois domaines principaux d ’enseigne­
o f Technology àe Chicago. C’est là que les ment à l’École des beaux-arts étaient la pein­
théories élaborées à Dessau trouvèrent en défi­ ture, la sculpture et l’architecture. Dans les
nitive leur aboutissement, dans l’ouvrage The trois cas, la pédagogie était fondée sur l’imita­
New City, publié en 1944. tion de modèles anciens dont la valeur tenait à
ce qu’eux-mêmes s’appuyaient sur des précé­
J.-L. C. dents classiques. Ce principe explique l’uni-
BESOINS
111

formité et la continuité remarquables des pro­ force motrice naturelle à partir de laquelle
ductions de l ’École. Il faut cependant s’expliquent la recherche du lien social, mais
reconnaître que des écarts notoires par rapport aussi l’agressivité et la guerre. D ’un autre
aux normes reconnues furent parfois admis et côté, le besoin serait, d’entrée de jeu, un pro­
par la suite intégrés dans la tradition. En duit social dont la genèse, dans nos sociétés,
témoignent les expériences précoces d ’une devrait beaucoup à la division du travail.
utilisation structurale du fer, clairement expri­ Dans cette dernière perspective, certains
mée, qui conduisait à une transformation pro­ sociologues, tel Halbwachs, ont insisté sur
fonde tant de la notion de stabilité que des les différences de besoins qui caractérisent
rapports entre charge et éléments porteurs. Le diverses couches sociales. Cette idée a animé
stéréotype n ’était pas toujours la forme accep­ bien des discours marxistes affirmant l’exis­
table. Néanmoins, le maintien d ’un ensemble tence de besoins spécifiques à la classe
spécifique de critères formels contribuait à ouvrière, et qui en exprimeraient la situation
inhiber l’innovation à force de répétition et ou la place dans les rapports de production.
devait s’avérer stérilisant. L’approche bipolaire des besoins est aujour­
Au cours du XIXe siècle, l’enseignement d ’hui complètement battue en brèche.
architectural de l’École des beaux-arts fut Certains, refusant l’idée même d’une contra­
déjà rejeté avec mépris, parce que totalement diction entre besoins naturels e t besoins
dénué de bases pratiques, par Viollet-le-Duc sociaux, ont cherché à dresser des listes ou des
et ses disciples. Au XXe siècle, il devenait pyramides (Maslow) suggérant un continuum
synonyme de médiocrité et de conformisme. allant du plus «naturel» au plus «culturel».
Les travaux de l’école étaient l’expression de D’autres, s’appuyant sur des travaux d’anthro­
formules établies et, à ce titre, méprisés par pologie, notent que la notion de besoin pri­
l’ensemble des artistes d ’avant-garde. Les maire tend à s’effacer tant le seuil à partir
mouvements « modernes » furent tous des duquel les besoins vitaux ne sont plus satis­
réactions contre cette institution et sa produc­ faits apparaît difficile à déterminer. Symétri­
tion. _ quement, l’idée d’une production sociale des
L’École des beaux-arts connut d’importants besoins s’est trouvée considérablement ren­
bouleversements en 1968, année où l’archi­ forcée du fait qu’avec la consommation de
tecture lui fut retirée pour être organisée selon masse, la demande, et donc les besoins, sont
un système nouveau. Certains aspects de son largement programmés et manipulés par des
enseignement ont subsisté après la réorganisa­ acteurs économiques dont les pratiques - mer-
tion d’institutions nouvelles, malgré les chan­ catique, publicité - ont été d’ailleurs fort criti­
gements survenus dans la formation initiale et quées dans les années 1960.
surtout dans la référence au classicisme. L’image d’un champ indéfini des besoins a
rendu caduque l’opposition traditionnelle
R. M. entre besoins acquis et besoins innés et permis
A rt; Composition urbaine; Écoles d’architecture; M oderne; d’ouvrir de nouvelles voies de recherche en
Peinture. considérant comme innée la capacité d’acqué­
rir de nouveaux besoins. Cette transformation
est largement tributaire de l’importance nou­
BESOINS velle accordée à la notion de désir, qui tend à
être substituée à celle de besoins : l’homme
Dès l’époque des Lumières, la notion de n ’est-il pas être de désir, jamais satisfait,
besoins s’est construite autour de l’antinomie déchiré par des conflits aussi bien psychiques
entre nature et culture. L’image de besoins que sociaux et que le discours des besoins
primaires, fondamentaux ou élémentaires, vient recouvrir d ’une rationalité factice ?
sexuels, alimentaires ou autres est dès lors La déconstruction de la notion de besoins
opposée à celle de besoins socialement déter­ s’est accélérée dans les années 1970. Jean
minés, éventuellement condamnés comme Baudrillard (La genèse idéologique des
faux et artificiels. Depuis, la problématique besoins) a montré qu’elle recouvre souvent
des besoins n’a cessé de se développer autour des rapports sociaux ou politiques qu’elle per­
de ces deux pôles. D ’un côté, le besoin serait met de ne pas désigner comme tels. Elle
à l’origine de l’histoire et de la vie sociale, constitue de fait une fausse évidence et appar-
BÉTON
112

tient au discours de l’acteur. Acteur technocra­ canaux, aqueducs). La découverte des ciments
tique, tel l’architecte-urbaniste pour qui, selon (Smeathon, 1745; Treussart, 1823) et des
la doctrine de Le Corbusier et des c i a m chaux hydrauliques (John, Vicat, 1815) artifi­
(Congrès internationaux d ’architecture ciels permet entre 1800 et 1830 de décupler sa
moderne), les quatre fonctions - habiter, tra­ résistance à la compression. Durant cette
vailler, se recréer, circuler - recouvrent la tota­ période, son usage se répand en Europe et en
lité des besoins humains dont l’analyse Amérique du Nord.
exhaustive définit la tâche du bâtisseur; tel le Vers 1850, on associe le fer - dont la résis­
planificateur qui prétend connaître les tance à la traction est bonne - au béton pour
« besoins» auxquels correspond, en fait, la confection de barques (Lambot) et de plan­
l’offre qu’il est en mesure d ’apporter : mètres chers (François Coignet). Mais la méfiance
carrés de crèche, d’école, de logement, etc., à des ingénieurs français envers ce matériau
prévoir pour les habitants d ’un quartier en composite bloque son emploi dans les travaux
construction, quantité d’électricité à mettre à publics jusqu’à la fin du siècle alors que son
la disposition de la Nation définie par des usage se répand en Autriche, en Allemagne et
«besoins» qui ne sont autres que les projets en Grande-Bretagne. Une impulsion nouvelle
de décideurs nucléaires, etc. Ou encore, acteur est donnée à ce procédé entre 1880 et 1890
contestataire qui invoque les « besoins » en par les constructeurs Hennebique et Edmond
crèche, école, etc., du quartier où il mène une Coignet, d’abord dans le bâtiment, puis dans
lutte d ’habitant. De façon plus générale, la les ponts : le béton armé (d’acier), moins coû­
référence aux «besoins» hante tout autant le teux que le fer, s’y substitue dans la construc­
discours du libéralisme que celui de l’éta­ tion dès la première guerre mondiale. Celle-ci
tisme, elle alimente aussi bien l’appel à l’indi­ joue un rôle essentiel dans la diffusion du
vidu sur lequel repose la pensée utilitariste matériau.
que celui à la collectivité qui anime des pen­ La tension des armatures avant le coulage et
sées d ’inspiration marxiste. Elle fonde la prise (cristallisation) du béton est mise à
l’image d ’une libération, réponse à des exi­ profit par Freyssinet autour de 1930 pour la
gences dont la satisfaction doit apporter le fabrication de poteaux électriques et de tuyaux
progrès, tout comme elle vient au secours de distribution d ’eau. Ce procédé introduit
d ’une critique de l ’ordre qui voit dans la après la prise une précontrainte qui agit en
reconnaissance de certains « besoins » un ins­ sens opposé à la contrainte exercée par les
trument de contrôle social ou d ’intégration. charges permanentes et par les charges
Bien trop générale, la notion de « besoins » est d exploitation : le béton précontraint par fils
idéologique. Elle constitue une fausse catégo­ adhérents réduit de fait la consommation
rie explicative.
d ’acier et de béton, donnant aux ouvrages une
M . W. plus grande légèreté. Cette technique s’est lar­
gement développée en Europe après la
-> Architecture fonctionnelle; Classe Sociale; Programmation
des équipements collectifs ; Program m e; Sociologie urbaine. seconde guerre mondiale, mais reste peu
employée aux Etats-Unis, où domine la
construction métallique. Le béton précontraint
BÉTON
par post-tension (câbles) permet une plus
grande souplesse de la technique en appli­
quant les efforts de précontrainte phase par
Matériau constitué d ’un mélange de ciment phase.
ou de chaux, de sable, de gravillons ou agré­ Le béton peut être fabriqué sur le chantier
gats et d’eau. Connu dès l’Antiquité, et nota­ mais, de plus en plus, pour des raisons écono­
blement employé à l ’époque romaine dans les miques, on le transporte sous forme plastique
fondations et le remplissage des murs des dans des camions spéciaux (toupies) depuis
grands édifices (Thermes de Lutèce, pont du une centrale dont l ’implantation et les pro­
Gard, le béton sert à consolider l’extrados des duits sont agréés par l’État : les bétons prêts à
voûtes et des coupoles médiévales. Il est l ’emploi répondent ainsi aux besoins spéci­
devenu, à la fin du xvme siècle le matériau fiques de chaque chantier.
composite du service des ponts et chaussées Les techniques de mise en œuvre par cof­
pour édifier les ouvrages hydrauliques (quais, frage (coffrage-outil, coffrage perdu, cof­
BIBLIOTHÈQUE
113

frage glissant) et coulage in situ, l’emploi de dates de 642 000 m 2 à 1 360 000 m2 et envi­
colorants, devraient valoriser, à l’exemple du ron 3 millions de m 2 ; leurs collections de
Japon, le caractère esthétique des parements 42 millions de volumes à 75 millions et à
et des façades en béton trop souvent habillés 143 m illions (dont 13 à la bnf , 24 dans les bd
de l’uniforme de la grisaille. et 105 dans les bm ). Mais la fréquentation des
Le béton est utilisé en couche de roulement bibliothèques demeure faible en France:
pour les chaussées, les pistes d ’aéroport, en 5 ,3 millions de personnes sont inscrites en
support pour porter le pavé et, sur le trottoir, b m ; 20% de la population de plus de 15 ans

l’asphalte ; il est le matériau le plus ordinaire­ fréquente une bibliothèque (hors obligations
ment consommé dans le monde pour la scolaires ou universitaires) et 16% y est ins­
construction : la consommation francilienne crit (à comparer à 30 % aux Pays-Bas, 60 %
est de l’ordre d’un mètre cube par habitant et en Grande-Bretagne et 70 % au Danemark). Il
faut y ajouter les 157 bibliothèques universi­
par an.
taires ( bu ) qui offrent 125 000 places de lec­
A. Gu. ture, possèdent ensemble 39 millions de
Composite.
volumes (ce qui est très faible par apport aux
autres pays développés) et ont 1,3 million
d’inscrits.
BIBLIOTHÈQUE
Les normes, oubliées depuis longtemps,
recommandent pour une ville de 2 0 0 0 0 habi­
Centre de conservation, de consultation et tants, une bibliothèque de 1 500 m2, disposant
de prêt des livres et autres documents de 70 000 documents, en acquérant 7 000 par
imprimés, voire manuscrits, ou utilisant an et offrant 275 places assises environ; et,
d’autres supports. Les bibliothèques publi­ pour une ville de 100 0 0 0 habitants, une biblio­
ques ont pour objet de faciliter la lecture par thèque centrale et 4 à 10 bibliothèques annexes
consultation sur place ou prêt à domicile, (de quartier) totalisant environ 7 000 m2,
gratuitement ou à un prix modique. 300 000 documents et 30 000 acquisitions
Les responsabilités et les sources de finan­ annuelles et offrant 1 500 places en tout.
cement diffèrent selon le statut des biblio­ Les bibliothèques universitaires ont, pour
thèques : bibliothèques centrales de prêt, les deux tiers de leurs surfaces, été construites
bibliothèques municipales, bibliothèques uni­ après 1945. Mais ce patrimoine est insuffisant
versitaires, grandes bibliothèques de consul­ (alors que la norme officielle était de 1,5 m
tation (et en premier lieu la Bibliothèque par étudiant, la moyenne, dans les universités,
nationale de France), sans compter les biblio­ est tombée à 0,5 en 1995). En outre, il a été
thèques privées (entreprises, etc.). conçu avec un stockage en magasin : alors que
Un important effort de développement des la tendance actuelle est à l’accès libre, un
bibliothèques de lecture publique a été entre­ quart seulement des fonds le permet. Les
pris par le ministère de la Culture dans les bibliothèques universitaires ont des fonds trop
années 1970 et surtout 1980. Auparavant, les modestes par rapport aux besoins et à leurs
trois quarts des locaux occupés par des homologues étrangères. Seules quatre biblio­
bibliothèques municipales n ’avaient pas été thèques universitaires (plus celle de l’Institut
construits à cette fin : anciennes mairies, cha­ de France) dépassent le million de volumes
pelles, casernes, maisons bourgeoises, etc. Le (les bibliothèques Sainte-Geneviève, de la
nombre de bibliothèques a beaucoup aug­ Sorbonne, de M édecine à Paris, la biblio­
menté depuis: 929 en 1980, 1968 en 1993, thèque nationale et universitaire de
4 390 en 2007, dont 4 285 bibliothèques Strasbourg) et 25, pour la plupart dans les
municipales ( bm ) et 97 bibliothèques départe­ villes universitaires anciennes, celui de
mentales ( bd ). 4 ont un statut particulier : la 250 0 0 0 , déjà très insuffisant par rapport aux
Bibliothèque nationale de France ( bn f ), la pratiques internationales. Le rapport Miquel a
Bibliothèque publique d’information (bpi du alerté en 1989 sur cette situation. Mais la prio­
Centre Georges-Pompidou), la Cité des rité affichée à la construction de bibliothèques,
sciences et de l’industrie et la bibliothèque par un effort analogue à celui qui avait été
pour enfants de « La joie de vivre » (Clamart). mené pour les bibliothèques municipales au
Leur surface totale est passée aux mêmes cours de la période précédente, ne s’est pas
BICYCLETTE
118

concrétisée. La bibliothèque de l’Université de bibliothèques universitaires en Île-de-


de Paris VIII à Saint-Denis (15 000 m2), France.
ouverte en 1998, a été la seule grande réalisa­
tion du plan «Universités 2000». D ’autres P. M.
grands projets ont vu le jour dans le cadre du Programmation des équipements collectifs ; Université. *!
plan «U niversité troisième m illénairè»
(Toulouse notamment), encore que rares
soient les universités qui accordent la priorité BICYCLETTE —» Deux roues (véhicules à);
à cet équipement. Moyen de transport
La réalisation la plus spectaculaire de la
période récente est évidemment la construc­
tion de la «Très grande bibliothèque» qui a BIDONVILLE
fusionné en 1994 avec l’ancienne Biblio­
thèque nationale pour constituer la Biblio­ Ensemble d ’habitations précaires et sans
thèque nationale de France. Décidée dans le hygiène, généralement faites de matériaux de
cadre de la seconde vague de grands travaux, récupération, dans lesquelles vivent des popu­
par le président Mitterrand, elle a été confiée, lations exclues ou mal intégrées dans la
après concours d’architecture, à l’architecte société nationale. Des termes similaires très
Dominique Perrault. Le programme initial, divers sont employés selon les pays (favellas
qui ne prévoyait que le transfert des fonds brésiliennes, barriadas péruviennes, shanty
d ’imprimés et de périodiques de la Biblio­ towns des Etats-Unis, etc.). Le mot français
thèque nationale postérieurs à la seconde de bidonville a été utilisé, avant la deuxième
guerre mondiale, a été modifié pour inclure la guerre mondiale, pour évoquer les habitations
totalité de ces fonds (11 millions de volumes), en planches, en tôle et en bidons de pétrole,
ce qui a obligé à reconsidérer la conception improvisées par des paysans marocains venus
du bâtiment. Les documents sont stockés pour chercher du travail à Casablanca.
partie dans les quatre tours (en forme de Le bidonville résulte d’une occupation de
« livres ouverts »), pour lesquelles il a fallu fait, illégale, du sol dans les secteurs des péri­
doubler les parois de verre par des volets en mètres urbains ou suburbains considérés
bois pour protéger les livres de la lumière, et comme inutilisables ou dangereux (fortes
pour le reste en sous-sol. Un étage (« haut de pentes, sols ravinés, zones inondables et de
jardin ») a été consacré à une bibliothèque de décharges, anciennes carrières, lagunes et lit­
lecture publique (400 000 ouvrages en libre toraux et, d’une façon générale, zones laissées
accès, 1 550 places) et l’étage inférieur, autour vacantes par leurs propriétaires ou par les
du jardin intérieur, à la bibliothèque réservée municipalités). Elles sont alors occupées, sans
aux chercheurs confirmés (accès à tout le qu’aucune viabilisation ne soit assurée, par
fond, dont 500 000 volumes en libre accès, des populations fréquemment sans emploi et
2 034 places). Le concours d ’architecture a sans ressources ou venues de l’extérieur, sou­
été jugé en 1989. Les terrains (7,5 ha) ont été vent de régions rurales, et attirées par l’espoir
cédés par la s n c f à la ville de Paris qui les a d’un travail en ville. Les nouveaux arrivants
donnés à l’État. Les travaux ont commencé en construisent (parfois en une nuit, afin de
1992. Leur coût a été de 5,5 milliards de F rendre impossible la démolition par les autori­
pour 290 000 m 2 (locaux techniques tés) de façon désordonnée et selon la place
compris). Il s’y est ajouté le coût des équipe­ encore disponible avec les matériaux de récu­
ments, soit 2 milliards. Le bâtiment a été inau­ pération les plus divers, des baraques ou
guré officiellement au printemps 1995 et mis cabanes dans lesquelles vivent des familles
en service à l’automne 1997 pour l’étage entières souvent très nombreuses, et dont les
supérieur et en 1998 pour l’étage inférieur. La pluies transforment les chemins d ’accès en
bibliothèque de recherche a sensiblement lacs de boue ou en fondrières. Les favellas de
amélioré les conditions de travail des cher­ Rio de Janeiro sont constituées de pavillons,
cheurs, qui avaient été très réservés au départ. souvent sur pilotis, avec des toits de tuiles, et
La bibliothèque de lecture publique est ceux des villes d ’Afrique noire utilisent sur­
presque uniquement fréquentée par des étu­ tout la paille.
diants, palliant ainsi partiellement la carence Les populations des bidonvilles, le plus
BLOC
115

souvent insolvables, sont dans l’impossibilité société occidentale, remettant implicitement


d’accéder aux immeubles locatifs en dur, et en question nos conceptions du travail, de la
même aux constructions populaires rudimen­ liberté et de la consommation. Cette interpré­
taires créées parfois par les pouvoirs publics tation a soulevé de vives polémiques.
pour les reloger à titre transitoire. Beaucoup Les bidonvilles font rarement l’objet de sta­
vivent d ’activités parasitaires, telles que la tistiques précises. En France, où ceux-ci ont
récupération quotidienne de certains objets, surtout existé pendant les trente glorieuses,
métaux, vieux papiers, sur les lieux de époque où l’on fit appel à de nombreux tra­
décharge où les enfants s’organisent en bandes vailleurs immigrés et où la crise du logement
(par exemple, dans les faubourgs du Caire), de de l’après-guerre n’était pas encore résorbée, il
menus services, de revente au détail de ciga­ en subsistait encore dans les années 1980 mal­
rettes, gomme à mâcher et friandises diverses, gré les mesures de résorption. Un recensement
de la prostitution aussi... Des intermédiaires de la préfecture de la Seine en décomptait
les encadrent et leur procurent à la ville des 119, abritant 4 096 familles et 46 827 per­
petits emplois temporaires, qui peuvent deve­ sonnes ( 11,5 personnes en moyenne par
nir permanents. Ainsi, lentement, certains, famille), mais cette estimation était certaine­
parmi les plus actifs, arrivent à sortir du bidon­ ment inférieure à la réalité. Avec les bidon­
ville et deviennent capables d’accéder à des villes des agglomérations de province, ce
logements locatifs. Mais beaucoup restent sont sans doute près de 2 0 0 0 0 0 personnes
irrémédiablement fixés dans ce monde de qui étaient concernées.
l’extrême pauvreté, qui constitue d’ailleurs La lutte contre les bidonvilles s’est effectuée
une société à part, avec ses règles, sa solidarité en France à travers les législations relatives à
et sa culture. Ainsi, la samba est-elle née dans la résorption de l’habitat insalubre. La loi de
lesfavellas du Brésil. 1964 ne fut guère appliquée. En revanche, la
Oscar Lewis fut l’un des premiers à mener loi Vivien du 10 juillet 1970, a concerné essen­
des enquêtes approfondies en partageant la tiellement les bidonvilles et la lutte contre les
vie de familles logées dans les bidonvilles de marchands de sommeil. Elle permet au préfet
Mexico ou les ghettos portoricains des Etats- de déclarer l’interdiction d’habiter pour des
Unis, ce qui l’a amené à introduire la notion raisons sanitaires et l’expropriation des ter­
de « culture de pauvreté », qualifiant ainsi des rains par une procédure accélérée, voire expé­
formes culturelles spécifiques (ou «sous- ditive. C’est dans le cadre de cette loi que les
cultures ») apparaissant dans les zones pouvoirs publics ont, à la demande des com­
urbaines des sociétés industrielles et élaborées munes, supprimé la majorité des bidonvilles
par les groupes les plus déshérités de la popu­ - et d’autres quartiers très insalubres, comme
lation. Les ethnologues et les sociologues les les courées du nord - , pour la plupart ayant
plus engagés dans l’action militante aux États- 1975. Mais cette résorption des bidonvilles
Unis ont violemment contesté qu’il puisse n ’a pas résolu le problème du logement de
exister une culture de pauvreté ailleurs que leurs habitants. Ceux-ci ont émigré vers des
dans l ’imagination d’« intellectuels bour­ hôtels meublés, dans des foyers, chez des
geois » désireux d’éviter la révolution et par amis, aggravant le surpeuplement de leurs
conséquent enclins à croire que la pauvreté logements..., ou vers d’autres bidonvilles.
sécrète ses propres valeurs qui finissent par la M. P„ M. Pe. et B. R.
perpétuer.
-> Banlieue; Insalubrité {logement, habitat); Rénovation
En revanche, peu de personnes ont réfléchi urbaine; Squatter.
sur le type d’architecture que cette marginalité
urbaine créait. Parmi les observations les plus
originales, citons celle de I. Illich qui, décri­
vant les quartiers de ranchitos les mieux orga­ BIEN-ÊTRE -* Besoins
nisés de Caracas, affirmait que, dotés des
éléments essentiels du confort moderne acquis
avec le minimum de travail possible et utili­ BIOTOPE -► Écosystème
sant au mieux les matériaux à leur disposition
pour construire leurs maisons, les habitants de
ces quartiers lançaient un véritable défi à la BLOC -* Béton
BOIS/ESPACE BOISÉ)
116

BOIS (ESPACE BOISÉ) —> Arbre ; Espace vert ; forte, puis la promenade ou la large voie de
Forât circulation plantée d’arbres qui, sur rem pla­
cement de ses anciens murs ou fortifications,
fait le tour d’une ville.
BOIS (MATÉRIAU) Dans cette acception, la seule en usage
aujourd’hui, les premiers boulevards datent de
La maniabilité, la légèreté, la souplesse, la l’âge classique (cf. à Paris les «grands boule­
coupe à volonté ont fait du bois le matériau vards » créés sous Louis XIV). Au xixe siècle,
le plus usité dans la construction. En Europe la démolition systématique des anciens rem­
de l’ouest, jusqu’en 1840-1850, le chaipen- parts des villes a permis, à travers l’Europe, la
tier était le grand rival de l’architecte et de création généralisée de boulevards.
l’ingénieur ; en témoigne la terminologie des A Paris, Haussmann a achevé l’œuvre enta­
sciences et des techniques du bâti héritée de mée sous l’Ancien Régime. M ais il a fallu
l’art de la charpenterie (résistance des maté­ attendre la démolition de l’enceinte de Thiers
riaux, construction métallique...). Le bois a (1920) pour que Paris soit entouré d ’une
ainsi longtemps façonné l’architecture deuxième ceinture de boulevards, dits exté­
urbaine jusqu’à coiffer la ville ; la faible por­ rieurs ou des maréchaux.
tée de ses poutres (comparée à celle du fer) a Dans les pays germaniques, les boulevards
même modulé le parcellaire. Mais la crainte prennent souvent le nom de Ring. L’un des
des incendies, la spécialisation de sa main- plus célèbres et des plus larges est celui de
d’œuvre, sa rareté ont amené peu à peu à lui Vienne, dont les plans d ’aménagement,
substituer des matériaux ignifuges et moins confiés par François-Joseph à O. Wagner, sus­
coûteux (brique, terre, béton, acier). citèrent un vaste débat théorique et sont à
Depuis une quarantaine d ’années, le bois l’origine de l’œuvre de Camillo, Sitte.
connaît un regain d ’attention. De nouvelles Par abus de langage, depuis le dernier tiers
techniques ont augmenté sa résistance méca­ du xixe siècle, boulevard est devenu syno­
nique - donc sa portée - et sa résistance au nyme d ’avenue, comme en témoigne la rela­
feu. Largement utilisé aux États-Unis, en u r s s tion, par Haussmann, du tracé de «deux
et en Asie (Japon) pour la construction indivi­ boulevards de quarante mètres de largeur, par­
duelle ou semi-collective, il reste dans les tant du pont de l’Alma : savoir : l’un nommé
villes françaises, malgré la promotion soute­ depuis lors avenue de l ’Alma... l’autre
nue par l’État, un matériau cantonné au nommé avenue de l’Empereur (maintenant du
second œuvre, à l’exception toutefois de Trocadéro)... » (Mémoires, t. 8 , p. 7 7 ).
quelques équipements publics (piscines,
salles polyvalentes, halles): les éléments F. C.
lamellés collés qui correspondent à la recons­ -> A ve n ue ; Espace public; Plantation; Promenade; Rue.
titution d ’éléments de grande section et de
grande longueur à partir d’éléments courts et
de faible épaisseur collés entre eux sous BOURG
presse sont utilisés pour des charpentes de
grande portée. Le terme, d ’origine germanique, est « cou­
A. Gu. ramment utilisé pour désigner les différents
aspects topographiques de l’élan urbain (des
X I e et X I I e siècles) » (Jacques Le Goff). Il
BOTANIQUE (JARDIN) -► Parc s’applique à une agglomération qui s’inscrit
aux marges de la cité, en situation périurbaine
ou dans la campagne. Les bourgs sont forti­
BOULEVARD fiés (c’est le sens germanique primitif) et
abritent souvent une population d ’artisans ou
De l’allemand Bollwerk, ouvrage de de marchands : ils constituent le noyau de la
défense, fortification ( X V e siècle), ce terme bourgeoisie (le terme devient courant au
signifie d’abord le terre-plein d’un rempart, X I I I e siècle).
le terrain occupé par un bastion ou une cour­ Aujourd’hui, le sens du terme s’est beau­
tine. Par extension, il désigne ensuite la place coup restreint. Il désigne d’abord, à la limite
BRUIT
11 7

inférieure de la hiérarchie, de gros villages pendant le sommeil). Cette gêne due au brait
présentant certains caractères urbains ; ils sont est d’abord psychologique (perturbation indé­
le siège de marchés ou de foires, et abritent sirable), puis fonctionnelle (le brait interfère
des services élémentaires. avec les activités exercées : travail, parole,
Dans l’ouest de la France, on désigne par sommeil...), enfin physiologique (il a des
bourg le centre des communes, par opposition effets sur la santé : fatigue, troubles d ’audi­
aux écarts et aux « villages » (au vrai, des tion, voire augmentation des maladies ner­
hameaux) qui les composent. Le bourg abrite veuses et même cardio-vasculaires et gastro­
l’école, la mairie et l’église, mais n ’est pas intestinales).
nécessairement plus important que d ’autres Les principales catégories de brait en milieu
fractions de la commune. urbain sont :
— les bruits de voisinage : radiotélévision,
P. C.
disques et instruments de musique, cris, appa­
-* Cité; Armature urbaine; Ville. reils ménagers, etc.
— les bruits industriels ;
— le brait des chantiers de construction et
BOUTIQUE —> Commerce ; Magasin de travaux publics ;
— les bruits causés par les moyens de
transport : chemins de fer, véhicules automo­
BRANCHEMENT -> Réseau biles et à deux roues, avions. En ce qui
concerne la circulation des automobiles, le
brait provient du moteur - il est prédominant
BRIQUE -> Terre à vitesse faible ou moyenne, donc dans les
quartiers d’habitat - et du roulement du véhi­
cule sur la chaussée (ou sur les rails pour les
BRUIT transports ferrés) qui est le plus important à
vitesse élevée, donc dans les secteurs proches
Ensemble de sons sans harmonie, qu’on d’une voie rapide. On estime que la circula­
souhaiterait ne pas entendre. Le bruit est tion des automobiles (et des véhicules moto­
mesuré par l’intensité du son, ce qui laisse de risés à deux roues) est la principale cause du
côté la part de subjectivité qui existe dans la brait en milieu urbain (jusqu’à 80 %).
définition précédente. Le décibel, unité
usuelle, est proportionnel au logarithme de la L’importance de la lutte contre le bruit
pression acoustique : une multiplication de dépend du contexte culturel : ce n’est qu’en
celle-ci par 10 correspond à un bel (1 0 déci­ 1954 que le préfet Dubois fit interdire les
bels), une multiplication par 2 à environ avertisseurs sonores dans Paris (cet exemple
3 décibels. Mais la sensation de brait est aussi fut imité dans de nombreuses villes de pays
qualitative : elle varie selon les cadres d’habi­ développés, mais pas dans celles des pays en
tat, les cultures, et selon la nature et la source développement où la gêne due au brait n ’est
des bruits : la société occidentale contempo­ pas ressentie comme une agression primor­
raine est particulièrement sensible au bruit. diale). Cette lutte contre le bruit prend plu­
Les mesures de lutte contre le brait sont donc sieurs formes :
également dépendantes de ce contexte. Des — La voie réglementaire. La législation
mesures spécifiques permettent de prendre en sur les troubles de voisinage est abondante
compte la composition du brait. mais difficile à faire appliquer. Le bruit des
Le brait est considéré comme la plus impor­ engins de chantier, des véhicules à moteur,
tante des nuisances en milieu urbain. Il est cité des avions, etc., peut être réglementé, encore
en priorité dans toutes les enquêtes sur les que la réduction de ces émissions de bruit soit
gênes ressenties. Cette impression croît donc coûteuse. Des zones de silence dans les forêts
avec la taille de l’agglomération et est plus ont été instituées depuis 1970.
élevée dans les quartiers d ’habitat collectif, -— Les règles d’urbanisme : zone non aedifi-
surtout lorsqu’ils sont récents, que dans les candi au bord des voies où le brait dépasse
secteurs de pavillons. 89 décibels, près des aéroports (et même
La gêne apparaît à partir de 60 décibels (50 84 décibels pour les opérations groupées
BRUIT
118

d ’habitat); établissements industriels classés nécessaires aux activités admises dans les sec­
dont la localisation est strictement réglementée. teurs déjà urbanisés en zones B et C ; des
— L’insonorisation des bâtiments (ce qui logements nécessaires à l’activité aéronau­
produit un gain de 10 à 15 décibels), double tique dans les trois zones. De même, seuls les
virage, etc. équipements nécessaires à l’activité aéronau­
— L’isolation phonique des sources de pro­ tique ou indispensables aux populations exis­
duction de bmit et des infrastructures les plus tantes sont autorisés. En revanche, les locaux
bruyantes par des levées de terre au bord des d’activités (bureaux, commerces, industrie)
autoroutes (ou leur construction en déblai), des sont admis dans les zones de bmit. Toutes les
murs antibruits (environ 1 0 0 0 €/mètre constructions autorisées dans ces zones de
linéaire : gain d’environ 10 décibels), voire la bmit doivent faire l’objet des mesures d ’isola­
couverture des voies construites en tranchée, tion acoustique prévues par les textes régle­
ou simplement des écrans végétaux (gain de mentaires.
5 décibels). En 1997, lorsque fut autorisée la construc­
tion de deux nouvelles pistes à Roissy-
En France, les dispositions juridiques les Charles de Gaulle, a été décidée l’élaboration
plus précises concernent la lutte contre le bruit de plans de gêne sonore ( pg s ), qui ont été
à proximité des infrastructures (aérodromes et établis en 1998 (révisé en 2004 pour Roissy-
routes à grande circulation notamment). En Cdg ainsi que pour Orly). La limite de la
outre, en matière d’activités, s’applique la zone C du peb a alors été abaissée, pour
législation sur les installations classées et, en Roissy-CDG, de 84 à 78, ce qui a doublé la
matière de construction, le règlement général surface concernée et accm le nombre de loge­
de la construction.. ments éligibles à une indemnisation (de 7 697
La loi du 11 juillet 1985 relative à l’urba- à 13 511 ). Le montant de la taxe d ’atténuation
nisme au voisinage des aérodromes, qui a le des nuisances sonores ( tans), instituée à par­
caractère de loi d ’aménagement et d ’urba­ tir de 1993, a été doublé en 1998, mais cette
nisme, a remplacé la directive d ’aménage­ taxe a été intégrée en 1999 dans une taxe plus
ment national du 22 septembre 1977. La loi générale d’activités polluantes (tg a p ). Elle a
s’applique autour des aérodromes civils et été augmentée en 2007 pour Orly. En tout état
militaires de catégorie A, B et C (les aéro­ de cause, les sommes disponibles (en 2008,
dromes sont classés, selon leur trafic, en cinq 30 millions d ’€ pour Roissy-CDG, et 18 pour
catégories, de A à E). Des zones de bmit sont Orly) demeurent insuffisantes pour répondre
définies à partir d ’un indice psophique déter­ aux demandes d ’indemnisation. En 2008,
miné à partir du niveau sonore (en décibels) Aéroports de Paris a établi un diagnostic pour
maximal perçu lors du passage des avions. La 4.300 logements ; 4.385 logements ont reçu
zone A correspond à un indice supérieur à 96, un avis favorable à l’insonorisation pour un
la zone B à un indice entre 89 et 96, la zone C montant de 41 millions d’€. Par ailleurs, les
à un indice supérieur à une limite choisie procédures d’atterrissage seront modifiées en
entre 78 et 84 (éventuellement, par suite 2009 (Orly) et 2011 (Roissy-CDG), réduisant
d’une disposition de modulation régionale de de moitié les nuisances liées à cette procé­
ces dispositions, entre 75 et 8 6 ). Les plans dure. Par ailleurs, les mouvements d ’avions
d’exposition au bmit ( peb ) délimitent sur le entre minuit et 5 heures (pour lesquels la
terrain les zones de bmit pour chaque aéro­ tgap est augmentée) sont plafonnés (les asso­
drome à l’échelle du 1/25 000. Ce document, ciations de riverains demandent leur interdic­
obligatoire, est établi par l’État et approuvé tion totale) : ils ont diminué d ’un quart de
par le préfet après enquête publique. La prin­ 2001 à 2009.
cipale disposition qui en résulte est l’interdic­ La loi du 31 décembre 1992 relative à la
tion de construire des habitations dans ces lutte contre le bruit - précisée par les décrets
zones de bruit, sauf à titre exceptionnel, des et l’arrêté du 9 janvier 1995 - est venue com­
maisons individuelles non groupées dans les pléter les dispositions antérieures, notamment
secteurs déjà urbanisés en zone C, si cela pour les infrastructures terrestres. La loi du
n ’entraîne qu’une faible augmentation de la 10 juillet 1976 sur la protection de la nature
population exposée au bmit ; des logements prévoyait déjà une place particulière accordée
de fonction ou des immeubles d ’habitation au bmit dans les études d’impact. Une circu­
BUDGET COMMUNAL
119

laire de mars 1978, renforcée par une autre de l’environnement les a durcies en dehors des
mars 1983, fixait à 65 décibels le bruit d’une espaces urbanisés des communes : les
voie nouvelle ou transformée à 2 m en avant constructions sont désormais interdites dans
de la façade des habitations. L’arrêté du une bande de 1 0 0 m de part et d’autre de
6 octobre 1978 imposait un recensement des l’axe des autoroutes et des routes expresses
voies bruyantes, ce qui permet de prescrire (75 m pour les autres routes classées à grande
des mesures d’isolement (30 à 45 décibels en circulation). Seules échappent à cette interdic­
façade) pour les bâtiments à construire. Une tion les constructions liées aux infrastructures
politique de résorption des «points noirs» le routières elles-mêmes, les services publics
long des voies routières et ferroviaires a été qui doivent en être à proximité, les réseaux
entreprise à partir de 1983, mais ne concerne publics et les bâtiments d ’exploitation agri­
pas les voies situées en milieu urbain. cole. Cependant, les p o s peuvent prévoir des
La loi de 1992 prévoit la possibilité de dérogations justifiées.
prescriptions ou d ’un régime d’autorisation
subordonnée à une étude d’impact pour les Le bruit est une nuisance à laquelle peut
activités bmyantes. Le préfet, après consulta­ être attaché un coût social. On peut tenter
tion des communes, délimite des secteurs d’estimer sommairement celui-ci :
affectés par le bruit au voisinage des infra­ — par la méthode du coût d’évitement:
structures de transport, fixe les prescriptions coût des transformations de la source de
pour réduire le bruit (isolation acoustique) et bmit (par exemple, le moteur d’une automo­
les niveaux de bruit à prendre en compte pour bile) pour réduire l’émission à un niveau
la construction de bâtiments. Ces éléments acceptable ;
sont portés dans les p o s et les p l u . Le recen­ — par la méthode du coût d’interposition
sement et le classement des infrastructures entre la source de bmit et l’usager insonorisa­
concernent notamment les routes parcourues tion des bâtiments, écrans et couverture des
par plus de 5 000 véhicules par jour, les voies voies, etc. ;
ferrées parcourues par plus de 50 trains, les — par la méthode du coût de réparation :
transports en commun en site propre parcou­ estimation des dépenses de santé engendrées
rus par plus de 100 trains ou autobus par jour. par les troubles causés par le bmit ;
Des dispositions sont prises pour limiter — par la méthode de la dépréciation du
l’augmentation du bruit occasionnée par parc immobilier dans les secteurs bmyants
l’ouverture ou la transformation des infra­ (estimée à 4% pour 10 décibels supplémen­
structures de transport terrestre. Une taxe, taires).
destinée à couvrir les dépenses de réduction Ces différentes approches conduisent, par
du bruit pour les riverains des aéroports, exemple en ce qui concerne le bmit causé par
payée par les exploitants d’aéronefs, est insti­ les véhicules automobiles, à une estimation
tuée et affectée à l’Agence de l’environne­ de 0,03 € par véhicule-kilomètre en milieu
ment et de la maîtrise de l’énergie ( a d e m e ) urbain.
qui en répartit le produit en fonction de plans P. M .
de gêne sonore établis pour chaque aéroport.
Un arrêté fixe les seuils de bruit et les exi­ _> Aéroport; A utom obile; Coût social; Installations classées;
Moyen de transport; N uisance; Pollution atmosphérique;
gences techniques applicables aux établisse­ Prescriptions d'aménagem ent et d'urbanisme; Transport
ments d’enseignement (44 décibels dans les aérien ; Trouble de voisinage.

salles de cours et les bibliothèques et 52 dans


les salles de travaux pratiques).
Les servitudes non aedificandi de part et BUDGET COMMUNAL
d’autre des voies publiques, destinées à la
fois à la protection visuelle des usagers et à la Document financier prévisionnel, approuvé
protection des riverains contre le bruit, étaient par un vote du conseil municipal, qui prévoit
de 50 m pour les autoroutes (35 m pour les les recettes et autorise les dépenses d ’un
constructions non destinées à l’habitation) et exercice. Le processus budgétaire communal
de 35 m et 25 m respectivement le long des s’effectue à l’aide de deux documents : le
grands itinéraires. La loi du 2 février 1995 budget primitif et le budget supplémentaire.
relative au renforcement de la protection de Chaque budget est lui-même divisé en deux
BUDGET COMMUNAL
120

sections : la section de fonctionnement pour une obligation européenne; les comptes


les opérations relatives à l’exploitation cou­ doivent rattacher les dépenses et les recettes
rante et régulière des services municipaux et aux exercices auxquels ils correspondent ;
la section d’investissement pour les opéra­ enfin les communes doivent dorénavant
tions qui ont pour effet de modifier le patri­ amortir le matériel et les équipements renom
moine communal. velables et constituer une dotation aux provi­
Le budget primitif doit être voté avant le sions pour risques. Par ailleurs, afin de bien
31 mars de l’année. Cette date tardive séparer le financement par le contribuable et
s ’explique par le fait que les communes par l’usager, des budgets annexes sont obliga­
attendent de connaître le niveau de leurs toires pour les services à caractère industriel
recettes fiscales et des transferts de l ’État et commercial comme les services de l’eau,
(essentiellement, la dotation globale de de l’assainissement, des transports. Chaque
fonctionnement) qui représentent ensemble type de service suit une instruction comptable
environ 75 % des recettes totales de fonction­ particulière très proche de la comptabilité des
nement. Or, ces recettes ne sont communi­ entreprises.
quées aux communes qu’au début mars dans La réforme comptable, qui a fait l’objet
les meilleures années. Quelques collectivités, d’une longue expérimentation (1994.1997),
à partir d’analyses prévisionnelles, votent leur a été l’occasion d ’une réflexion de fond sur
budget à la fin de l’année précédente, comme la signification de la comptabilité publique
l’Etat. locale. Une intense activité de formation a
Le budget supplémentaire ajuste les prévi­ touché l’ensemble du monde local.
sions du budget prim itif et peut comporter À l’origine, la réforme comptable devait
d’éventuelles opérations nouvelles. Mais son arbitrer entre les souhaits de transparence
rôle est surtout important en tant que docu­ financière des acteurs extérieurs, et notam­
ment de liaison entre exercices. Il indique ment des banquiers, et la volonté des élus
quels sont les résultats définitifs de l’exercice locaux de limiter le coût fiscal de la réforme.
passé, qui sont reportés sur l’exercice en En effet, une partie des élus craignaient, par
cours. En matière d’investissement, il compta­ exemple, que la dotation aux amortissements
bilise les «restes à réaliser», c’est-à-dire les devenue obligatoire ne grève le budget de
financements restant à effectuer soit parce que fonctionnement en les obligeant à accroître le
la réalisation de certains investissements est à produit fiscal. Effet de la réforme ou pas, le
cheval sur les deux exercices, soit parce que résultat est là : la situation financière des
d’autres investissements n ’ont pas fait l’objet communes s’est considérablement améliorée.
de commencement d ’exécution. Le budget Dans les premières années du xxie siècle, les
supplémentaire est un document essentiel communes se sont même globalement désen­
pour connaître la politique d’investissement dettées.
de la commune. Les ressources propres des communes sont
Selon le règlement général de la comptabi­ essentiellement fiscales et parafiscales et sont
lité publique, les comptabilités des collectivi­ inscrites au budget de fonctionnement.
tés locales doivent s ’inspirer du plan L’épargne dégagée chaque année est en prio­
comptable général ( p c g ) de 1982, rénové en rité destinée au remboursement du capital des
1999. Toutefois, en raison de l’hétérogénéité emprunts antérieurs. L’épargne disponible est
des collectivités, tant par leur taille que par destinée à l’autofinancement, ce qui permet de
leurs missions, et de la spécificité du secteur financer en partie le budget d ’investissement
public, des adaptations ont été rendues néces­ (en moyenne guère plus de 15%). En dehors
saires. de l’épargne affectée au budget d’investisse­
C ’est ainsi que le budget des communes ment, les autres ressources d ’investissement
suit depuis 1997 une nouvelle nomenclature sont les subventions (de l’État ou d ’autres col­
comptable dénommée M l4. Les principales lectivités comme le département et la région),
innovations sont au nombre de trois: la les participations des constructeurs (participa­
nomenclature fonctionnelle devient faculta­ tions directes et t l e ) , les divers transferts de
tive et la classification des comptes se rap­ l’État ( d g e , f c t v a ) et surtout les emprunts.
proche du plan comptable général des L’amenuisement des subventions en monnaie
entreprises ( p c g , 1982), ce qui était d ’ailleurs constante au fil des ans, les difficultés
BUDGET DE L'ÉTAT E T URBANISME
121

d’obtention de participation des constructeurs lites de la commune avec lesquels elle


en zone urbaine, où le terrain est coûteux et entretient des relations financières. Il s’agit par
les bilans d’opération délicats à équilibrer, ont exemple d ’associations largement dépen­
expliqué le recours massif à l’emprunt jus­ dantes des subventions communales ou de
qu’en 1995 : de 40 à 60% des dépenses com­ sociétés d’économie mixte dont elle détient
munales d’équipement étaient financées par une part prépondérante du capital. Seule une
ce moyen. Depuis 1996, le double mouvement vision «consolidée» des comptes de la
d’accroissement des capacités d’autofinance­ commune et des satellites permet de porter une
ment lié à l’aggravation de la pression fiscale appréciation sur la situation financière globale.
et la faiblesse des programmes d’investisse­ Des tentatives de consolidation ont été menées
ments a entraîné un net recul de l’emprunt depuis qu’en 1990 ont été illustrés, avec la
dans le financement des investissements ville d ’Angoulême, les dangers d’une poli­
communaux. Mais l’emprunt reste un moyen tique aventureuse des finances communales,
incontournable de financement des équipe­ mais elles restent difficiles à mettre en œuvre,
ments locaux. même après la généralisation de la M14. En
Depuis les lois de décentralisation, les bud­ tout cas, la nécessité d ’une grande transpa­
gets communaux sont exécutoires dès leur rence financière devient une évidence, là où
adoption par le conseil municipal. Ils font autrefois régnait l’opacité ou l’approximation.
néanmoins l’objet d’un contrôle de légalité V. C .
exercé par le représentant de l’État qui peut
Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget
saisir la Chambre régionale des comptes. La -*
départemental et budget régional; Com m u n e; Dotation glo­
commune ne peut cependant être déférée bale de décentralisation; Dotation globale d'équipem ent;
Dotation globale de fonctionnement; Emprunts des collecti­
devant celle-ci qu’au titre des quatre points vités locales ; Fiscalité directe locale ; Fonds de compensation
suivants: budget prim itif non adopté au de la t v a ( f c t v a ) ; Participations (des constructeurs).
31 mars ; budget ne présentant pas un équi­
libre réel des ressources et des dépenses ;
insuffisance ou absence d’inscription de BUDGET DE L'ÉTAT ET URBANISME
dépenses obligatoires (remboursement de la
dette, fiais de personnel, etc.) ; déficit constaté Diverses lignes de crédit du budget de l’État
au compte administratif supérieur à 5 % des dépendant de plusieurs ministères concourent
recettes de fonctionnement (communes de au financement de l’urbanisme, à la construc­
plus de 2 0 0 0 0 habitants) ou à 10 % (moins de tion de logements et de façon générale, à l’envi­
20 0 0 0 habitants). ronnement. Le périmètre de chaque activité
Il faut reconnaître que le système du contrôle diffère à chaque changement de gouvernement.
des chambres régionales des comptes n’assure Depuis la nouvelle présentation du budget de
pas une sécurité complète quant à la sincérité l’État dans le cadre de la loi organique relative
des budgets. D’abord, les chambres régionales aux lois de finance ( l o l f ) , appliquée pour la
des comptes disposent de peu de personnel et première fois en 2006, le budget est articulé
ne peuvent contrôler en moyenne les com­ autour de 33 missions qui se décomposent en
munes que tous les quatre ans, ce qui leur per­ 133 programmes et 600 actions.
met rarement d ’intervenir à temps pour Quatre missions concernent l’aménagement
empêcher des sinistres financiers. Une large et l’urbanisme : écologie, développement et
réorganisation des chambres régionales des aménagement durable ; ville et logement ;
comptes est prévue à partir de 2 0 1 0 sous politique des territoires ; relations avec les
l’égide de la Cour des comptes avec un regrou­ collectivités territoriales. Les trois premières
pement en une dizaine de pôles. L’objectif correspondent aux ministères correspondants,
affirmé est de passer d’un contrôle punitif tandis que la quatrième concerne surtout des
(« épingler» les gestions locales) à un contrôle transferts de l’Etat vers les collectivités.
positif menant à une amélioration de la gestion. En 2010, pour un budget de l ’Etat de
Par ailleurs, le budget communal ne 380 milliards d’€ de dépenses, le budget de la
concerne que le centre de l’activité munici­ mission « Écologie, développement et aména­
pale. À la périphérie se développent, selon la gement durable » s’élève à 10,1 milliards d’€,
taille de la collectivité, des organismes spécia­ dont 4,3 pour les infrastructures et services de
lisés qu’elle contrôle plus ou moins : les satel­ transports, et 189 millions pour l’urbanisme et
BUDGET DÉPARTEMENTAL E T BUDGET RÉGIONAL

les paysages. Le budget de la mission « Ville — le champ de l’amortissement obligat


et logement » s’élève à 7,8 milliards, dont 5,3 toire, qui ne comprend pas les. réseaux et
pour l’aide à l’accès au logement, 600 millions installations de voirie (amortissement facultal
pour 1 amélioration de l’offre de logement et tif), ni les terrains et aménagements de teri
708 millions pour la politique de la ville pro­ rains, ni les collections et œuvres d ’art; ff»
prement dite.
■ les subventions d’équipement versées)
De son côté, les concours de l’État aux col­ qui sont directement imputées en section
lectivités locales, pour 2 0 1 0 , représentent d’investissement et non en section de fonction*
57,3 milliards d’€, dont 6 % correspondent à nement comme c’est le cas pour les communes;
des compensions d ’exonérations fiscales. L élaboration de la nouvelle nomenclature
Mais en réalité l’ensemble des compensations M71 applicable aux régions a été laborieuse;
fiscales est de l’ordre de 25 % car la dotation Elle avait été interrompue en raison de l'oppo­
globale de fonctionnement ( d g f ) intègre sition des régions au traitement comptable et
depuis 2004 la compensation de la part assise budgétaire des subventions d’équipement qui
sur les salaires de la taxe professionnelle, pro­ auraient dû être traitées en dépenses de fonc­
gressivement supprimée depuis 1999, pour un tionnement dans la logique du p c g 1982. Ces
montant d ’environ 10 milliards d’€. Plus de subventions sont désormais considérées
50 % des transferts de l’État ne correspondent comme des dépenses d ’investissement, ce qui
qu’à des ressources autrefois fiscales. Les permet de les financer éventuellement par
dégrèvements fiscaux nombreux et coûteux emprunt. La M71, qui s’inspire des nomencla-
(environ 15 milliards en 2008) ne sont pas tures M l4 et M52, a été expérimentée dès
comptabilises dans les concours aux collecti­ 2005 par une majorité de régions. La générali­
vités locales car ils correspondent à des poli­ sation totale est effective en 2 0 1 0 .
tiques nationales de plafonnement dont n’ont Au-delà des aspects comptables, les budgets
pas à pâtir les collectivités. En 2010, avec départementaux et régionaux suivent exacte­
41 milliards d’€, la D G F est de loin le transfert ment les mêmes règles de vote et de contrôle
le plus important, Le fonds de compensation que les budgets communaux. En particulier, la
de la t v ( f c t v a ) représente 6,2 milliards d ’€, fiscalité reste la variable clé pour équilibrer le
soit 75% des transferts en faveur des investis­ budget, comme pour les communes. Les com­
sements. Les subventions spécifiques et la pétences principales des deux collectivités se
dotation globale d’équipement ( d g e ) ne repré­ reflètent dans la structure de leurs dépenses :
sentent plus que moins d’un milliard d’€. — la majeure partie des budgets départe­
V. C . mentaux concerne l’aide sociale, les routes et
les collèges ;
-> Autonom ie financière des collectivités; Budget co m m un a l;
Budget départemental et budget régional ; Concours finan­ — les régions ont une action très forte en
ciers de I Etat aux collectivités locales; Dotation globale de termes de formation professionnelle, de fonc­
fonctionnement; État; Fonds de compensation de la t v a
tionnement des lycées, d’action économique
et de financement des transports ferroviaires.
La région et le département jouent en outre
un rôle important de répartition financière et
BUDGET DÉPARTEMENTAL
de subvention vers les communes et les grou­
ET BUDGET RÉGIONAL pements de communes, relayant un pouvoir
que l’Etat a délaissé.
Comme les communes, les départements
et les régions connaissent une rénovation de V. C .
leur cadre comptable afin de respecter le Autonomie financière et fiscale des collectivités ■ Budget
plan comptable général ( p c g ) de 1982 qui communal ; Département.
résulte d’une directive européenne. Le nou­
veau plan comptable des départements suit
1 instruction dite M52. Il a été généralisé à BUDGET-TEMPS
partir de 2004. Les règles de la nomenclature
M52 sont quasi identiques à celles de la M14 Décomposition quantifiée de l’utilisation
qui concerne les communes. Les principales du temps d un individu au cours d’une unité
différences concernent : de temps (en général, une journée).
BUREAUX
«3

Les études de budget-temps, reposant sur — soit en annexe à une autre activité (ate­
des enquêtes (par questionnaire reconstituant lier, usine, magasin, équipement public, etc.) ;
l'utilisation de la journée ou par carnet où les — soit dans des immeubles spécialement
intéressés notent leurs activités) ont été déve­ conçus à cette fin, dits immeubles de bureaux,
loppées dans les années 1960, avec des de construction en général assez récente.
comparaisons internationales (Szalai et al., Les bâtiments de bureaux modernes se dis­
The use o f time, Mouton, 1972). L’objectif tinguent de plus en plus de locaux banalisés.
était de mettre en relation l’utilisation du Le développement, puis la banalisation, des
temps et celle de l ’espace (F. S. Chapin, méthodes informatiques, des télécommunica­
« Activity Systems and urban structure, a wor- tions, de la télétransmission de données, exige
king scheme», in Planners, 1968, n° 1) afin des équipements spécifiques qui supposent un
d’en tirer des leçons tant en ce qui concerne câblage préalable. On parle de bureaux intelli­
l’aménagement de l’espace que ce qu’on a pu gents. Il est préférable que ces équipements
appeler en France vers 1975 l’aménagement aient été conçus dès la construction. Dans le
cas contraire, leur installation suppose une
du temps. réhabilitation lourde et coûteuse. C’est ce qui
La méthode a été prolongée, dans les années
1970, par l ’étude des schémas d’activités et explique que, lors de l’éclatement de la « bulle
les diagrammes espaces-temps d’Hâgerstrand immobilière», au début des années 1990, les
retraçant les activités d’un individu ou des bureaux de conception ancienne se soient
membres d’un ménage : les études de trans­ trouvés dévalorisés et soient souvent restés
port urbain, notamment en Grande-Bretagne longtemps sans utilisation, voire le soient
(équipe d’Oxford) en font un outil privilégié encore ou aient été transformés en logements.
d’analyse de la demande, sans avoir pu en tirer Les bureaux, et en particulier les immeubles
cependant des modèles opérationnels pour la de bureaux, ont tendance à s’installer au centre
prévision et la planification. des villes, pour des raisons d’efficacité (faci­
lité des relations avec les autres entreprises,
P. M. les autres établissements de la même entre­
prise, les interlocuteurs dans l’administration,
-> Mobilité.
la recherche, etc.), mais surtout de prestige,
même si cela entraîne pour elles des loyers
BUREAU DE POSTE -♦ Bâtiments
souvent deux à trois fois plus élevés qu’à la
périphérie (jusqu’à dix fois dans les secteurs
administratifs
de la City de Londres proches de la Bank of
England). Face à la concentration excessive
de ce centre traditionnel des affaires, des
BUREAUX
centres secondaires ou directionnels (ex. :
Locaux où sont effectuées des tâches admi­ Milan) ont pu se constituer, soit destinés à des
nistratives et de gestion, dans le cadre de bureaux de prestige, sièges sociaux de grandes
l’administration publique ou locale, des orga­ entreprises (La Défense à Paris), soit au
nismes financiers et des assurances, des ser­ contraire à des services de routine de grandes
vices aux particuliers et aux entreprises, des entreprises ou à des petites entreprises, ce qui
sièges sociaux et autres services non directe­ nécessite une très bonne liaison avec le centre
ment productifs des entreprises industrielles et des affaires (Croydon à Londres). On a pu
évoquer ainsi la création de bipôles d’affaires
commerciales.
Le terme de bureau désignait initialement permettant aux grandes entreprises de bénéfi­
le meuble destiné au travail d’écritures, puis cier à la fois d’une adresse de prestige dans le
a été étendu à la pièce où s’exerce ce travail, centre pour leur siège social, et de services de
enfin à l’ensemble de pièces ou à l ’im­ routine dans des locaux à loyer modeste en
meuble dévolus à cet usage, Les bureaux périphérie : outre le cas de la City et de
Croydon à Londres, on a envisagé à Paris une
sont localisés :
— soit dans des locaux qui n’ont pas ete telle organisation entre La Défense et le centre
destinés initialement à cet usage, le plus sou­ de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise ; entre
vent logements transformés en bureaux, Montparnasse et Saint-Quentin-en-Yvelines ;
notamment dans le centre des villes ; entre la gare de Lyon, Evry et Mame-la-
SURBAUX 124

Vallée, Avec lu banalisation des fonctions de On a longtemps admis une norme de 20 m 2


bureaux et révolution des locaux industriels, de plancher hors œuvre par emploi de bureau,
qui y ressemblent souvent de plus en plus, la services communs compris. Ce chiffre n ’était
localisation centrale est devenue de moins en que rarement atteint il y a une générations
moins une règle pour les bureaux. On compte Actuellement, sans qu’on parle de norme dé
de plus en plus de bureaux dans des zones ce type, la surface moyenne varie beaucoup
d’activités spécialisées appelées technopoles selon la localisation des bureaux et selon lés
ou parc d’affaires, voire isolés en périphérie activités exercées. Cette surface est plus faible
d ’agglomération (exemple: le siège social, dans le centré des grandes agglomérations
baptisé «Challenger» de l’entreprise Francis (Paris surtout), où les locaux sont chers, mais
Bouygues) ou même en milieu rural. atteint souvent 30 m 2 dans des zones nou­
La localisation des bureaux, longtemps velles (technopoles, parcs d’activités) situés le
négligée par rapport à celle des industries, est plus souvent eh périphérie des aggloméra­
apparue primordiale vers 1960 et, dans plu­ tions.
sieurs grands pays d’Europe de l’ouest, des L’investissement dans les bureaux est
procédures spéciales ont été mises en place presque toujours plus rémunérateur (rende­
pour freiner l’implantation ou l’extension des ment locatif, perspectives de plus-value à
bureaux au centre de la capitale. Tel fut le rôle moyen terme) que dans les immeubles dë
de Y Office Permit en région de Londres (à logement. C’est ce qui explique le développe*
partir de 280 m2, depuis 1964) et de l’agré­ ment de l’immobilier de bureau. On estime à
ment en région de Paris (500 m2 depuis 1967, plus de 120 millions de m2 le parc de bureaux
1 000 m 2 après 1972, 2 000 m 2 après 1985 et en France, dont près de 50 millions (moins de
à nouveau 1 000 m 2 depuis 1995). Ces procé­ 30 en 1985) en Ile-de-France. Mais, en période
dures, mises en place pour favoriser la décen­ de crise économique, l’offre peut largement
tralisation en province, furent par la suite dépasser la demande et entraîner une chute des
utilisées pour encourager le desserrement à la prix et l’apparition d’un stock de bureaux non
périphérie de la région parisienne, en priorité loués. On a évalué, vers 1995, à 5 millions de
dans les villes nouvelles. Mais les bureaux se m2, soit environ cinq années moyennes de
sont révélés beaucoup plus difficiles à diriger construction, le stock de bureaux vides en
que les industries, d ’autant que l’administra­ région parisienne (sur un total alors estimé à
tion de l’État et les entreprises nationales ne 40 millions de m 2 hors œuvre nets) à la suite
prêchaient pas d’exemple. Ainsi, les villes de la crise immobilière du début des années
nouvelles britanniques, comme leurs homo­ 1990. Ce stock varie beaucoup avec la
logues françaises par la suite, n ’ont guère conjoncture économique : on l’estimait
attiré de bureaux au début de leur croissance encore, à la fin de la période de reprise écono­
et l’État, dans les deux cas, a dû recourir à des mique, en 2001, à 2 millions de m 2 et à 3 mil­
mesures incitatives (suppression de l’agré­ lions en 2007. Il est pour l’essentiel composé
ment dans les villes nouvelles d ’île-de- de bureaux de conception ancienne, difficiles
France) et à l ’implantation de bureaux à relouer. C’est ce qui a justifié le lancement
d’administrations ou d ’organismes publics. d’un programme de transformation de bureaux
Vers 1980, les cinq Villes nouvelles d ’île-de- en logements, notamment à Paris. La crise
France en accueillaient à peine 1 million de économique mondiale le fait croître à nouveau
mètres carrés (environ 50 000 emplois). Le depuis la fin de 2008 et on peut craindre qu’il
mouvement s’est ensuite accéléré : plus de rejoigne bientôt le maximum de 1995.
4 millions de mètres carrés en 2010 (plus de Les immeubles de bureaux n ’abritent
2 0 0 0 0 0 emplois), soit près du dixième du qu’une partie de la population active du sec­
total régional. teur tertiaire, mais ils en sont le symbole.
La concentration excessive des bureaux, si Les immeubles de grande hauteur (gratte-
elle facilite les relations d ’affaires, allonge les ciel) construits dans les villes américaines,
migrations alternantes, rend plus coûteuses puis en Europe, marquent visuellement le
les solutions en matière de transports, prive centre des affaires ou «hyper-centre» (Cen­
d’animation en soirée et en fin de semaine les tral Business District) de la ville (Downtown
quartiers centraux où le niveau atteint par les et Midtown à Manhattan, la City à Londres),
loyers chasse les habitants. même s’ils sont parfois un peu décentrés (La
busphone

125

„are de Lyon). Ces réalisations, dans les


Défense à Paris, la tour Pirelli à Milan). Ils années 1960 et 1970, ont suffi a d e »
nécessitent des mesures de sécurité spéciale l’harmonie d ’un tissu urbain, finement
et créent un mode d’utilisation particulier (au modelé sur le relief, où les horizontales
conditionné, vastes pièces separees par des dominaient le paysage.
d e m i - c l o i s o n s , etc.). A Paris, les réglementa­ p. M .
tions quant à la hauteur ma^imale des
immeubles n ’ont été assouplies qu excep
tionnellement, par dérogatm nslqui se so n t
avérées malheureuses) au centre (Halle aux
Vins, immeuble Morland de la préfecture de
rs; s s — ' ï «*— ‘
Paris) mais beaucoup plus largement en
périphérie du centre (La Défe“ : Fr™ de BUSPHONE -> Autobus
Seine, Maine-Montparnasse, Italie, Bercy
CÂBLAGE -> Télécommunications; que l’histoire urbaine et que les études d’urba­
Télématique nisme. En effet, la morphologie urbaine est
fonction de la division parcellaire, dont seul
le cadastre, lorsqu’il existe, permet de
CADASTRE connaître l’état avec précision et de suivre
l’évolution.
Le cadastre est l’ensemble des documents Le cadastre existe depuis le début du
qui fournissent l ’information sur l’« état xixe siècle en France, depuis le xvme en Ita­
civil» des terrains et des immeubles (repé­ lie. Le cadastre, décidé par Napoléon a été
rage des parcelles, identité du propriétaire) établi entre 1807 et 1850. Il comportait des
afin d’en établir les bases de taxation. En planches à des échelles variables, mais pour
France, le service du cadastre de la direction la plupart à 1:1 000, 1:2 000 ou 1:2 500. Ce
générale des finances publiques est chargé cadastre, excellent pour l’époque, a souffert
d’établir et de suivre ces documents. À partir d’une insuffisance de mise à jour. Une loi de
de trois fichiers (propriété non bâtie, pro­ 1930 a prescrit l’élaboration d’un nouveau
priété bâtie, propriétaires), sont établies les cadastre, partiellement réalisé par mises à
matrices cadastrales disponibles dans les jour des planches du cadastre napoléonien,
bureaux du cadastre et dans les mairies. Ces partiellement nouveau. Son élaboration n ’a
matrices constituent le matériau de base été achevée qu’en 1981 (2003 pour l’Alsace
pour établir l’assiette de deux impôts locaux, et la Moselle). Son informatisation, décidée
les taxes foncières sur les propriétés bâties en 1989, a été achevée fin 2004. Le cadastre
et sur les propriétés non bâties. Depuis actuel est constitué de quelque 600 000 blocs
2008, il est consultable sous forme informa­ de 1 km de côté. Il peut être consulté sur
tisée. Internet. Les anciens plans terriers permettent
Si le cadastre a essentiellement un but fis­ de remonter plus loin dans le temps.
cal, la nécessité d’élargir ses missions se fait Tous les pays, même développés (Grande-
sentir dans de nombreux pays. Cet élargisse­ Bretagne), ne possèdent pas de cadastre.
ment, rendu possible par l ’informatisation P. M. et V. R.
des fichiers, devrait permettre d’en faire un
outil utile pour la gestion de l’urbanisme, -* Carte; Parcellaire; Plan; Publicité foncière; Système d'infor­
mation géographique (sic).
l’économie des services publics, l’aménage­
ment rural, etc. On voit ainsi se multiplier des
congrès de spécialistes sur le thème de la
modernisation et de l’élargissement des fina­ CAHIER DES CHARGES -> Lotissement
lités du cadastre.
Par ailleurs, le cadastre constitue une cou­
verture cartographique (sans le relief, il est CAISSE D'AIDE À L'ÉÛUIPEMENT
vrai) de l’ensemble du territoire, à très grande ET DES COLLECTIVITÉS LOCALES (CAECL)
échelle. Il peut servir la cartographie, autant —> Dexia-Crédit local
CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS 128

CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS vue progressivement confier la gestion de


(CDC) nouveaux organismes, dont la Caisse d’équi­
pement des collectivités locales (caecl) et la
Créée en 1816 pour la gestion des dépôts Caisse des prêts aux organismes hlm (cphlm ).
et consignations volontaires, la Caisse des Dans les années 1980, des avantages fis­
dépôts et consignations ( cdc ) n ’a cessé caux particuliers et l’attrait de rémunérations
depuis de développer ses activités et est deve­ importantes ont modifié les comportements
nue un acteur de premier plan dans le secteur financiers des Français. Ceci s’est traduit par
de l’aménagement et de l’urbanisme. La scis­ une relative désaffection des ménages pour
sion avec le Crédit local de France (clf) en l’épargne liquide au profit des placements à
1993 a par ailleurs limité son rôle de banquier long terme (marché boursier), puis des place­
traditionnel des collectivités locales. La crise ments à court terme considérés comme plus
financière de 2008 va modifier et renforcer à rémunérateurs et néanmoins non risqués
nouveau son rôle vers le monde local. ( sicav de trésorerie). Il en est résulté une sta­
Par la loi du 31 mars 1837, la cdc se voit gnation du flux de ressources nouvelles pour
confier la gestion du fonds des caisses la cdc , soumise en outre à une plus grande
d’épargne. Elle assure ensuite l’organisation concurrence du secteur bancaire dans le
des caisses de retraite et de prévoyance domaine de l’épargne liquide, les banques
(1850), la gestion de l’assurance accidents du pouvant ouvrir par exemple des comptes pour
travail et de l’assurance décès (1868). La créa­ le développement industriel (codevi) avec les
tion de la Caisse nationale d ’épargne en 1881, mêmes avantages fiscaux. Cet environnement
couvrant grâce au réseau postal tout le terri­ peu favorable, renforcé par la crise du marché
toire national, accroît de fait les ressources de immobilier, explique le mouvement de moder­
la Caisse des dépôts qui cherche alors essen­ nisation engagé par la cdc dans les années
tiellement la rentabilité de ses placements sans 1980, puis de transformation structurelle.
se préoccuper particulièrement de leur intérêt Pendant les années 1980, l’épargne consti­
économique et politique. tuée sur le livret A, sur laquelle étaient
À partir de l ’entre-deux-guerres, la cdc adossés les prêts au logement social et aux
commence une politique active de finance­ collectivités, n ’a cessé de régresser, les retraits
ment du logement social et des collectivités l’emportant sur les dépôts. L’État a décidé de
locales. Cette politique prend une nouvelle réserver cette ressource en diminution au
dimension après la fin de la seconde guerre financement du seul logement social, les col­
mondiale avec le développement des prêts au lectivités devant trouver sur le marché les
secteur hlm et aux collectivités locales, ces financements qui leur sont nécessaires. Ce
dernières bénéficiant jusqu’à 40 % de ses pla­ processus était déjà partiellement amorcé avec
cements à long terme. Afin d ’accompagner la création de la caecl dont l’objectif était de
son effort financier, la cdc crée diverses lever des ressources complémentaires sur le
filiales spécialisées techniquement par thème marché pour les collectivités locales. Il a
d’action : la Société centrale immobilière de la abouti en 1987 avec la transformation de la
Caisse des dépôts (scie) en 1954 pour la caecl en une société anonyme : le Crédit
construction de logements sociaux ; la Société local de France (clf). La privatisation du clf
centrale pour l’équipement du territoire ( scet) en 1993 et sa sortie du groupe cdc a quasi­
en 1955 pour l’assistance aux collectivités ment éliminé la fonction de prêteur direct de
locales et au réseau des sociétés d ’économie la cdc aux collectivités locales. Mais la cdc
mixte. La création de nouvelles filiales s’est reste encore très présente auprès des collecti­
développée dans les années 1960, notamment vités tant par l ’intermédiaire des sociétés
dans le secteur du tourisme avec les Villages- d ’économie mixtes, les filiales techniques,
Vacances-Famille (vvf), l’informatique, puis que par le maintien d’activités de financement
le secteur autoroutier ou la politique de la ville. par le biais d’émissions obligataires. Il existe
Tout en développant ses activités, le rôle de encore quelques prêts directs généralistes,
la cdc s’est amplifié pendant cette période, mais ils concernent surtout la rénovation et la
tant dans la collecte de l’épargne et l’organisa­ restructuration urbaine (ppu et pru ).
tion du marché hypothécaire que sur les Il avait été prévu qu’après le départ du clf,
marchés financiers et monétaires. Elle s’est devenu Dexia, il reviendrait au réseau des
129 CAISSES D'ÉPARGNE

caisses d’épargne de demeurer la banque de d’€ avec icade qui a succédé à la scie pour la
détail des collectivités territoriales. En 2004, promotion immobilière) et la sni (529 millions
le partenariat entre la cdc et le groupe d’€ en tant que bailleur social) ; l’exploitation
«Caisse d ’épargne» s’est concrétisé par de servipes publics de transport (2,2 milliards
l’apport à la Caisse nationale des caisses d’€ avec transdev) ; l’exploitation du domaine
d’épargne (cnce) de la banque d’investisse­ skiable de la Compagnie des Alpes, qui gère
ment et de gestion d’actifs de la cdc , appelée aussi des parcs de loisirs (575 millions) ; l’ingé­
ixis. Mais au cours du temps, les liens se nierie des infrastructures (groupe egis : 505 mil­
sont distendus à cause d’une stratégie agres­ lions). L’activité d ’hébergement de tourisme
sive des caisses d’épargne puis de l’intégra­ est représentée par belambra (autrefois vw ).
tion d’ixis dans Natexis, filiale des banques La cdc conserve encore un rôle financier
populaires. Les difficultés de Natexis, consé­ exceptionnel dans ses métiers traditionnels :
cutives à la crise financière de 2008, se sont activités de marchés de capitaux, de gestion de
étendues aux maisons mères qui ont dû fonds et de banque de dépôts (professions juri­
fusionner dans une nouvelle entité : la pbce diques et institutionnelles), gestion sous man­
(Banque populaire-Caisses d ’épargne). La dat des caisses de retraite publique (cnracl et
cdc n ’est plus actionnaire de référence de ce ircantec) et des établissements publics auto­
nouvel ensemble. Au contraire, elle reste l’un routiers, assurance vie avec la Caisse nationale
des plus importants actionnaires de Dexia de prévoyance, dont la cdc détient encore
avec près de 9 % des actions en 2009. 30 % du capital. La cdc intervient aussi dans
Les fonds d’épargne ont été recentrés sur la, couverture des besoins de trésorerie de
le logement social et sur la restructuration l’État et, le cas échéant, auprès d’autres orga­
urbaine. Malgré des évolutions contrastées, nismes comme la Sécurité sociale.
selon les périodes, des apports aux livrets A, La cdc est un acteur important du monde
la cdc a pu continuer son action en faveur local et financier avec un effectif de 65 000 per­
du secteur urbain. Un niveau attractif du sonnes, dont 30 000 à l’international :
livret A en 2008 et la relance du logement — elle est actionnaire de quelque 500 socié­
ont permis d’accroître le niveau des prêts tés d’économie mixte locales (Sem), d’aména­
jusqu’à 10,6 milliards d’€. Ils comprennent gement, d’exploitation et d’immobilier ;
les prêts vers le logement qui ont atteint — elle gère un portefeuille de participation
7,4 milliards d’€, auxquels on peut ajouter dans la holding cdc Entreprises, qui s’élève à
une action vigoureuse dans la rénovation 2,5 milliards d’€, dont 2,1 milliards pour
urbaine (près de 1 milliard d’€). En outre, compte propre.
pour pallier la crise de liquidités du marché — cdc Entreprises finance directement
bancaire et particulièrement de Dexia, la cdc 50 PME et plus de 2 500 autres par l’intermé­
a également accordé 1 milliard d’€ de prêts diaire des 195 véhicules d’investissement
aux collectivités locales, démontrant ainsi qu’elle soutient.
qu’elle reste un puissant agent financier dans Même après plus de trente ans de transfor­
le secteur public au risque de dégrader son mations, l’avenir de la cdc , dont la puissance
propre résultat : pour la première fois la cdc est pourtant intacte, reste encore incertain.
a été en perte de 1,5 milliard en 2008. Les projets de réforme continuent à affecter
Les filiales spécialisées, de leur côté, n’ont cette institution incontournable dans le monde
pas résisté à l’usure du temps et à l’évolution public et privé.
de leur marché. Au milieu des années 1980, V. C.
elles ont été regroupées dans une société « hol­
ding», Caisse des Dépôts-Développement -+ Aide a la pierre; Caisses d'épargne; Dexia-Crédit local;
Emprunts des collectivités locales ; Habitation à loyer modéré
(c 3d) détenue à 100 % par la cdc. Une rationa­ (hlm); Pacte de relance pour la ville; Rénovation urbaine;
lisation des métiers a entraîné une réorganisa­ Société d'économie mixte.

tion, voire la suppression, de certaines filiales.


Par la suite l’entité c 3d a été remplacée par une
relation capitalistique directe de la cdc dans les CAISSES D'ÉPARGNE
principales filiales. En 2008, les activités sont
centrées autour de quatre métiers principaux : Établissements financiers dont la mission
l’immobilier et l’aménagement (1,6 milliard est de favoriser l’épargne populaire. La pre­
CAISSES D'ÉPARGNE 130

mière caisse d ’épargne, celle de Paris, fut obligation permettant de renforcer la politique
créée en 1818. Mais il fallut attendre la loi du d ’utilisation de cette ressource peu onéreuse
20 juillet 1885 pour qu’un véritable statut des (le taux de rémunération du livret A est de
caisses d’épargne soit défini : autonomie, ins­ 1,75 % depuis le 1er août 2010). La stagnation
titution d’une fortune personnelle pour chaque de la collecte de l’épargne populaire, au début
caisse ; constitution d’un fonds de réserve et des années 1980, a modifié les deux emplois
de garantie. En 1881, était créée la Caisse traditionnels des caisses. Depuis, la ressource
nationale d’épargne, placée sous la responsa­ privilégiée du livret A est entièrement consa­
bilité du secrétaire d’État aux Postes et Télé­ crée au financement du logement social par le
communications qui, en transformant chaque biais des prêts gérés par la cdc. Le financement
bureau de poste en point de collecte, accrois­ des investissements des collectivités locales
sait les ressources déposées. La loi du n ’est plus «privilégié» et repose sur les res­
1er juillet 1983, puis celle du 10 juillet 1991, sources disponibles sur le marché financier.
ont réformé le statut et l’organisation des Les caisses d ’épargne disposent de nom­
caisses d ’épargne, qui sont alors structurées breux atouts vis-à-vis des collectivités locales
en réseau. Enfin, la loi du 17 juin 1999, en (liens anciens avec les prêts Minjoz, implan­
transformant les caisses d ’épargne en banques tation locale, présence d ’élus au conseil
coopératives, a permis d ’effectuer toutes les d’orientation des caisses, etc.). Elles ont des
opérations de banque, y compris celles réali­ ressources diversifiées et des fonds propres
sées avec les sociétés cotées en Bourse. parfois importants, ce qui leur permet d’inter­
Jusqu’en 1983, la faible rémunération de venir de façon très significative auprès des
l’épargne populaire (livret A) a permis d’accor­ collectivités. En 2008, le groupe des caisses
der aux collectivités des prêts avantageux par d’épargne affirme leur consentir tous les ans,
rapport aux conditions du marché, prêts dits à entre 7 et 9 milliards d’€ de prêts nouveaux,
taux privilégiés. Il en était de même pour le ce qui représenterait un peu plus du tiers de
logement, puisque la condition d’une ressource leurs besoins de financement. En outre, elles
financière peu coûteuse est une nécessité pour financent également d ’autres segments du
le financement du logement social. secteur local : hôpitaux et surtout logement
Afin d’organiser une certaine péréquation social (ophlm ).
de cette ressource de financement avanta­ Le réseau des caisses d’épargne a fait l’objet
geuse, les caisses d’épargne étaient tenues de d ’une modernisation et d’une réorganisation
verser à la Caisse des dépôts et consignations entraînant le regroupement de caisses autre­
les sommes qu’elles recevaient de leurs dépo­ fois autonomes. En 2003, on comptait encore
sants. Mais avec la loi du 24 juin 1950, à 31 caisses autonomes, mais elles ne sont plus
l’intérieur d ’un plafond fixé annuellement que 17 en 2008. Leur politique est harmonisée
pour chaque caisse d’épargne (dit contingent par la Caisse nationale des caisses d’épargne
Minjoz), des prêts directs aux collectivités (cnce), organisme central qu’elles détiennent
pouvaient être octroyés. à 100 %. Le lien avec la cdc est donc définiti­
Les produits financiers proposés par les vement tranché (en 2003, celle-ci détenait
caisses d ’épargne se sont donc peu à peu encore 35% de la cnce ). Le groupe des
diversifiés: compte chèques (1978), livret caisses d ’épargne comprend également dans
d’épargne populaire (1982), compte pour le son périmètre le Crédit foncier de France et la
développement industriel ou codevi (1983), banque Palatine (destinée aux pme). Il dispose
épargne-logement et plan d ’épargne en de larges participations dans le secteur des
actions (pea ). A ujourd’hui, les caisses assurances (notamment la Caisse nationale de
d ’épargne proposent une gamme assez prévoyance) et dans l ’immobilier (Nexity),
complète de produits financiers et de crédits ainsi que la banque d’affaires Natixis qui
aux particuliers et sont sorties de leur rôle comprend également l’organisme clé d’assu­
d’origine en accordant également des crédits rance-crédit, la coface.
aux PME. Le livret A ne concourt en 2008 que En 2006, le groupe des caisses d’épargne et
pour environ 13 % des dépôts et 10% du pro­ celui des banques populaires ont annoncé un
duit net bancaire. projet de rapprochement de leurs banques
La centralisation (partielle) des dépôts du d’investissement respectives : m s, issue de la
livret A est toujours effectuée à la cdc, cette cdc , et Natexis. Les difficultés de Natexis,
131 CAMPUS UNIVERSITAIRE

largement tournée vers les activités de marché en terrains fédéraux hors des villes et amorcé
et fragilisée par la crise financière de 2008, se l’extension de l’université de masse : ce sont
sont étendues aux maisons mères affectées les Land-grarit Universities. La planification
par de considérables moins-values. Leur des campus fut illustrée par F. L. Olmsted
fusion a été entreprise en 2009. (une vingtaine de projets, dont un pour
En une génération, les caisses d’épargne, Berkeley) et par les architectes formés aux
destinées initialement à collecter l’épargne Beaux-Arts de Paris. L’idée dominante était
populaire, sont passées d’un statut purement que l’université, implantée en campus, faisait
coopératif, dominé ou associé au secteur la ville. De fait, l’environnement de nombreux
public, à celui de banque à part entière, devant campus a évolué : implantés en périphérie
s’accommoder, pour le meilleur ou pour le urbaine, ils ont été rejoints et absorbés par
pire, des risques du marché. Encore peu déve­ l’urbanisation (Berkeley par exemple). Les
loppées sur le plan international et vers les campus américains ont toujours été planifiés.
grandes entreprises, elles restent des acteurs Les établissements privés sont responsables
importants du secteur local. de cette planification et de leurs constructions
V. C.
et sont dotés de services internes à cette fin.
Pour les établissements publics, la situation
-> Caisse des dépôts et consignations ; Emprunts des collectivi­ varie selon les États, d ’une forte centralisation
tés locales. à une autonomie proche de celle des établisse­
ments privés. Les capitaux privés (donations,
contrats) tiennent une place essentielle dans le
CAMPAGE, CAMPING ■-> Hébergements financement pour les universités privées, mais
touristiques peuvent également constituer un complément
appréciable pour les plus connues des univer­
sités publiques (campus de l’Université de
CAMPUS UNIVERSITAIRE Californie par exemple).
Le campus s’est transposé en Europe, pour
Vaste terrain sur lequel sont construits les l ’essentiel dans les années 1960, lors de
bâtiments d’une université. l’explosion des effectifs universitaires qui a
L’origine du terme est le mot latin campus, rendu inévitable une expansion spatiale hors
qui signifie « champ », « vaste étendue de ter­ des bâtiments traditionnels du centre-ville. En
rain». Le terme a d’abord été employé aux Grande-Bretagne, le rapport Robbins (1963) a
États-Unis (Princeton, Chapel Hill, etc.), dès recommandé la création d’une nouvelle géné­
la fin du XVIIIe siècle, à la naissance de l’uni­ ration d’universités, implantées dans (ou plu­
versité de masse, beaucoup plus précoce tôt à proximité) de villes réduites. Les
qu’en Europe. Le modèle du campus a vite Greenfield Universities (Lancaster, Stirling,
remplacé celui, jusqu’alors dominant outre- etc.) se sont implantées sur des campus de
Atlantique, du collège britannique qui avait quelques centaines d’hectares à quelques kilo­
inspiré par exemple Harvard. Les États-Unis mètres des villes. Cette tendance se retrouve
n ’ont alors plus souhaité des collèges colo­ un peu partout en Europe (Université auto­
niaux, dont plusieurs sont devenus les univer­ nome de Madrid, campus De Uithof de l’Uni­
sités qui ont constitué la célèbre Ivy League. versité d’Utrecht, Université de Stockholm,
Un débat eut lieu entre les partisans d’une installée dans les anciens terrains de chasse
localisation intra-urbaine et ceux qui préfé­ royaux de Frescati, etc.). Elle avait connu des
raient une localisation périphérique. La réalisations précurseures, telle la Ciudad
seconde option, retenue non sans débat, Universitaria de Madrid, entreprise entre les
conduisit à la construction de résidences uni­ deux guerres.
versitaires (dormitories) sur les campus. La En France, la solution du campus fut adoptée
tradition anti-urbaine américaine a trouvé dans les années 1960, non sans débat, sous la
dans cette solution un moyen d’apporter les pression de l’urgence. Les partisans de cette
effets bénéfiques du contact avec la nature et solution arguaient des besoins d’espace des
d’éviter les effets pervers prêtés à la promis­ laboratoires scientifiques, de la croissance des
cuité et à la débauche des villes. Le Morrill effectifs, du prix des terrains et de la possibilité
Act (1862) a permis la dotation des universités de constituer des réserves foncières et de
CANAL 132

regrouper les bâtiments, les résidences étu­ ment (Grenoble à nouveau). Mais rares ont
diantes et de réaliser des équipements sociaux été les universités jeunes à avoir fait résolu­
et sportifs, de la bonne accessibilité en automo­ ment, comme celle d ’Avignon, le choix
bile, de la qualité d’un environnement naturel. d ’implantations dans le centre ancien, pour
Les adversaires des campus objectaient la pos­ l’essentiel dans des bâtiments historiques
sibilité de réutiliser en centre-ville de nom­ réaménagés (l’hôpital Sainte-Marthe en parti­
breux bâtiments anciens, les meilleures culier). La tendance dominante est en effet
conditions de travail des étudiants près des demeurée, en dépit du discours devenu domi­
bibliothèques, la qualité de l’environnement du nant, aux implantations en campus périphé­
centre urbain, l’accessibilité en transports en rique.
commun, l’influence de l’université sur la cité. La mise en œuvre du programme «Univer­
Il convient cependant de nuancer : certains sités 2000» s ’est prolongée, à un rythme
campus sont conçus proches du centre (Caen). moins rapide, pendant le XIe plan (fin des
Quelques rares universités ont préféré des années 1990). Le gouvernement Jospin a
implantations - dispersées au besoin - en lancé, à la fin de la dernière décennie, un nou­
centre-ville (Avignon, Compiègne). Quelques veau plan de constructions universitaires, le
campus sont par ailleurs des îlots isolés dans programme «Université du troisième millé­
le centre des villes (Jussieu) ou en banlieue naire (u3m) ». Celui-ci, en cours de réalisation
(Nanterre). Certains campus ont été conçus au cours de la période de planification 2000-
pour être intégrés à des quartiers d’habitation 2006 a retenu trois priorités qui avaient été
(Orléans-La Source, Toulouse-Le Mirail, négligées dans le plan précédent : la sécurité
Villetaneuse), mais cette intégration a, au des bâtiments (avec notamment le désamian­
mieux, été une juxtaposition. Rares sont les tage du campus de Paris-Jussieu), les biblio­
cas où la ville s’est construite autour du cam­ thèques et l’amélioration de la situation dans
pus : on peut citer le cas de la ville nouvelle de la région Île-de-France (Paris en particulier) :
Lille-Est autour des campus d’Annappes et de cette région, où le manque et la vétusté des
Fiers et surtout la ville de Louvain-la-Neuve, bâtiments universitaires est la plus criante,
construite pour accueillir la grande université avait en effet été désavantagée par le refus des
francophone, contrainte de quitter Leuven. collectivités territoriales (la région et la ville
Mais la plupart des campus « à la française » de Paris) de participer financièrement au pro­
sont restés des réalisations périurbaines iso­ gramme. Les changements de majorité régio­
lées, mal desservies, dont l’architecture rap­ nale et municipale ont permis de supprimer ce
pelle celle des grands ensembles dont ils sont handicap. Parmi les principaux projets du
contemporains et qui ont les mêmes racines plan u3m, on mentionnera la réinstallation de
idéologiques (les théories du mouvement l’Université de Paris VII à Tolbiac.
moderne et la charte d’Athènes). L’opération «Cam pus», lancée en 2001,
À la fin des années 1980 s’est posé avec doit concerner dix « campus d ’excellence »,
acuité le problème de la réhabilitation des sélectionnés parmi 46 candidats. Il s’agit de
bâtiments universitaires et du réaménage­ groupes d ’universités (39 au total, plus
ment des campus des années 1960. Cette 37 grandes écoles), parfois retenus pour un
question a été abordée à grande échelle à seul campus. En tout cas, le terme campus
travers le plan « Universités 2000 » lancé en n’est plus tabou.
1990. Celui-ci a concerné la construction de
P. M.
nouveaux locaux, mais aussi la modernisa­
tion et la réhabilitation de locaux existants, -> Carte universitaire; Université; Urbanisme universitaire.
souvent dégradés. La solution des campus
n ’a pas été rejetée d ’emblée pour les nou­
velles implantations, mais elle a été de plus CANAL - » Transport fluvial
en plus critiquée. Plusieurs campus existants
ont été complètement remodelés (Grenoble-
Saint-Martin-d’Hères ou Orléans-La Source CANIVEAU — Réseau
par exemple), notamment par la construction
de bâtiments supplémentaires. Leur desserte
a souvent été améliorée, réduisant leur isole­ CANTON —►Conseil régional
133 CAPITALE

CAPACITÉ (d'un moyen de transport) de métro régional offre une capacité cinq à dix
fois plus élevée qu’une autoroute pour un coût
Volume de trafic qu’un moyen de transport comparable et une consommation d’espace
peut acheminer. On peut la mesurer notam­ plus faible ; il en est de même entre une ligne
ment par le nombre de voyageurs maximal de tramway et une voie routière express ;
transportés dans chaque sens pendant une — la possibilité, parmi les moyens de trans­
heure (capacité en heure de pointe). A titre port en commun, de choisir celui qui correspond
indicatif, on peut citer les ordres de grandeur à l’ordre de grandeur de la capacité nécessaire :
suivants pour les transports urbains : le coût de l’infrastructure et des véhicules étant
• une piste d’autoroute offre une capacité presque proportionnel à la capacité offerte, tout
de 1 600 à 2 000 automobiles, soit 2 000 à surinvestissement est très coûteux.
2 500 voyageurs environ, compte tenu du P. M.
taux d’occupation des véhicules : un camion
équivaut à deux automobiles (on dit deux -4 A utobus; A utom obile; Coût d'investissement des trans­
ports; Débit d'une v o ie ; Heure de pointe; M étro; Moyen de
unités voitures particulières), un autobus ou transport; Tram w ay.
autocar à deux ou trois automobiles (uvp) à
l’heure ; pour une voie ordinaire urbaine, il
faut réduire ce chiffre en le multipliant par la CAPITAL —►Entreprise; Industrie
proportion de « temps de vert » (temps où les
feux de signalisation sont au vert) et éventuel­
lement le corriger en baisse en fonction des CAPITALE
conditions locales de circulation ;
• une ligne d’autobus peut atteindre une Ville qui occupe le premier rang dans un
capacité maximale de 2 000 à 2 500 voyageurs État, dans une province. Le terme, attesté
à l’heure (pour un autobus toutes les deux dès 1509, s’applique de préférence aux cités
minutes), mais qui s’exprime le plus souvent qui ont la prééminence dans le domaine poli­
en centaines de voyageurs à l’heure ; tique et administratif, mais on parle également
• une ligne de tramway a une capacité maxi­ de capitale économique, financière, bancaire,
male de 10 000 voyageurs à l’heure (une rame industrielle, etc.
de 330 voyageurs toutes les deux minutes), La capitale d ’un État est souvent la ville qui
mais qui s’exprime en général en milliers de se classe première par la population. La loi
voyageurs ; rang-taille montre qu’il existe généralement
• une ligne de métro urbain offre une capa­ une liaison statistique entre le rang n d ’une
cité variant de 10 000 voyageurs (25 rames à agglomération et sa population P„. Si P, est la
l’heure de 400 voyageurs environ : type Lyon population de la ville principale, on a en effet :
ou Marseille) à 30 000 voyageurs (40 rames
de 750 voyageurs environ: type Paris) à
l’heure ;
• une ligne de métro régional peut atteindre L’expérience montre que la formule rend
une capacité de 60 000 voyageurs à l’heure généralement bien compte de ce qui se passe
(30 rames de 2 000 voyageurs : ligne A du aux niveaux inférieurs de la hiérarchie ; aux
rer de Paris), voire plus (métro de Moscou : niveaux supérieurs, il en va autrement. Cer­
70 000). tains pays se caractérisent par le poids consi­
Ces ordres de grandeur font apparaître : dérable de leur capitale : la ville primatiale du
— la capacité beaucoup plus élevée des géographe américain Mark Jefferson. On en
infrastructures réservées aux transports en trouve des exemples dans les pays déve­
commun (métro, tramway...) que de celles de loppés, ainsi en Grande-Bretagne, en France,
la voirie banale, essentiellement utilisée par en Autriche, en Hongrie ou au Danemark. Le
les automobiles ; cas est plus fréquent encore dans les pays en
— la nécessité, de façon plus générale de voie de développement, les plus petits sur­
confronter ces capacités maximales à la tout.
consommation d’espace correspondante et au Les fonctions et l’organisation des capitales
coût des infrastructures nécessaires: sur ce européennes ont été influencées, à partir de la
plan, il apparaît que, par exemple, une ligne Renaissance, par Florence et Rome, puis par
CAPTAGE DES EAUX 134

Paris : presque partout, la centralisation des CARREFOUR


décisions politiques est allée de pair avec la
mise en scène monumentale du pouvoir, de Lieu où se croisent plusieurs voies. Les car­
l’Église, des arts et de la science. Dans les refours réduisent la capacité des voies, sauf
pays depuis longtemps unifiés, la dominance s’ils sont aménagés à niveaux séparés.
de la capitale est alors bien marquée, car elle Dans un carrefour simple, l’aménagement
centralise à la fois les décisions politiques, les (îlots directionnels, ronds-points) augmente
choix économiques et la direction des affaires. le débit des voies et améliore la sécurité.
C’est la situation de Londres ou de Paris. Là L’installation de feux de signalisation sur
où la création de l’État ou sa modernisation une route à deux pistes est souhaitable à par­
ont tardé, la vie économique est parfois orga­ tir d’un débit total de 700 véhicules/heure
nisée à partir d’un autre centre : Milan en Ita­ environ. La capacité ne peut dépasser
lie, à un moindre degré Barcelone en Espagne. 1 500 automobiles particulières par file et par
Dans les pays de tradition calviniste - Pays- «heure de feu vert». Les feux peuvent être
Bas, Suisse ou États-Unis - , l’habitude s’est commandés par les piétons ou donner une
prise de dissocier le centre de la vie politique, priorité automatique aux autobus ou tram­
installé dans une ville longtemps assez terne, ways. L’efficacité peut être accrue par coor­
et les fonctions économiques, artistiques et dination entre les feux des axes importants
intellectuelles. Cette solution, retenue en 1790 (voire sur un réseau). L’équipement d ’un car­
pour Washington, convient par ailleurs aux refour en feux tricolores coûte de 15 000 à
pays fédéraux, si bien qu’elle a été reprise à 60 000 €.
Ottawa, Canberra, Pretoria et Brasilia. La tra­ Les carrefours à niveaux séparés peuvent
dition unificatrice prussienne avait fait de doubler ou tripler le débit des carrefours,
Berlin une capitale semblable à Paris ou à mais ils sont coûteux et consomment de
Vienne. La division du pays après 1945 et la l’espace : en milieu urbain, la meilleure solu­
solution fédérale ont expliqué le choix de tion est de placer la voie principale en tran­
Bonn. La réunification redonne le rôle de capi­ chée sous les carrefours, avec des bretelles
tale à Berlin, mais avec maintien d’une cer­ d’accès parallèles.
taine division des compétences au profit de
P. M.
Bonn.
Avec les politiques de bien-être qui ont - » Séparation des trafics ; Voie.
alourdi le poids de l’État dans les pays
d ’économie libérale, le rôle des capitales
s’accroît: Rome et Madrid ont rattrapé leur CARRIÈRE —> Mines et carrières
retard sur Milan ou Barcelone et les capi­
tales fédérales sont devenues de très grandes
villes (Washington), même lorsqu’elles sont CARTE
récentes (Brasilia).
P. C. La carte est une représentation géométrique
plane, simplifiée et conventionnelle, d’une
- a Statut de la ville et de la région de Paris. partie de la surface terrestre, dans un rapport
de similitude appelé échelle. Chaque terme de
cette définition, inspirée de celle établie par le
CAPTAGE DES EAUX -> Eau Comité fiançais de cartographie, a son impor­
tance :
— Géométrique, la carte doit permettre à son
CARACTÈRE URBAIN — Urbanité utilisateur d ’effectuer des mesures, ce qui sup­
pose une précision des localisations aussi grande
que possible. Ceci suppose un repérage précis à
CARAVANAGE —> Hébergements touristiques la surface de la terre, qui est l’objet du canevas
géodésique (canevas de points dont la position
relative est déterminée avec une précision de
CARDO -► Decumanus 10 à 20 cm en France) et du canevas de nivelle­
ment (précision comparable) et la recherche de
135 CARTE COMMUNALE

la précision graphique la plus grande : la préci­ d’une photographie aérienne n’est qu’approxi­
sion du dessin atteint 0,1 mm pour un opérateur mative, sauf si l’axe de la photo est absolument
entraîné, mais, du fait de l’accumulation des vertical et si le terrain est rigoureusement plat
erreurs, on estime la précision graphique à et horizontal.
1/4 mm environ. Cette recherche de précision P. M.
date du début du XIXe siècle.
— Plane : le support de la carte est plan, -> Cartographie; Plan;Topographie.

alors que la terre n’est pas une surface plane,


ni même développable (c’est-à-dire qui
puisse, par découpage, être appliquée sur un CARTE COMMUNALE
plan). Il y aura donc nécessairement des
déformations. L’objet d’un système de pro­ Dans les communes non couvertes par
jection est d’établir une correspondance entre un plan d’occupation des sols s’appliquent
les coordonnées géographiques (longitude et les règles générales d’urbanisme communé­
latitude) d’un point sur la terre et les coordon­ ment appelées règlement national d ’urba­
nées rectangulaires du plan (carte), qui rende nisme (rnu).
ces déformations, sinon minimales, du moins La carte communale était initialement un
les moins gênantes possibles par l’utilisateur. document, officiellement dénommé « modali­
Ces déformations sont d ’autant plus sensibles tés d ’application du règlement national
que la carte est à plus petite échelle. d ’urbanisme », qui avait pour objet de réduire
— Simplifiée : la carte ne permet pas de la portée de l’absence de plan local (pos ou
représenter tous les détails figurant sur le ter­ autre). Il s’agissait d ’un document d ’urba­
rain. La simplification sera d’autant plus pous­ nisme sommaire qui précisait les règles
sée que l’échelle est plus petite. Elle sera locales d’application du rnu .
sélective selon l’objet de la carte, et schéma­ De nombreuses cartes communales (6 500
tique, utilisant différentes méthodes de généra­ environ) avaient été établies, avec les encou­
lisation des détails (sélection, schématisation ragements des services de l’équipement, avant
du tracé, regroupement, recours aux symboles les lois de décentralisation, sans aucun statut
et signes conventionnels). juridique (comme l ’a souligné le Conseil
— Conventionnelle : alors qu’une photogra­ d’État), mais avec une valeur d’orientation.
phie par exemple fournit une image objective La loi de décentralisation du 7 janvier 1983
(tout ce qui est vu est représenté), la carte utilise leur a donné, sous l’appellation de marnu ,
des conventions diverses (emploi de signes et de une existence temporaire (deux ans). Cette
symboles, écritures, couleurs, etc.) pour repré­ durée a été portée par la loi du 17 juillet 1986
senter une partie seulement des faits visibles (et à quatre ans. La prescription préalable d ’un
invisibles), sélectionnés et généralisés en fonc­ pos est alors devenue facultative. Le renouvel­
tion de l’objectif propre à chaque document. lement de la carte communale au terme des
— Dans un rapport de similitude appelé quatre ans est également devenu possible.
échelle : en fait, la similitude ne peut exister La carte communale (ou marnu) était éta­
que dans la mesure où les déformations dues au blie par la commune, le plus souvent avec
système de projection sont négligeables, donc l’aide des services de l’équipement. L’initia­
sur les cartes qui ne sont pas à trop petite échelle. tive appartenait à la commune. Le représen­
L’échelle d’une carte (ou d’un plan) est le tant de l’État (le préfet) pouvait la suggérer à
rapport de similitude des figures du terrain à celle-ci. Il était souhaitable, mais pas néces­
celle de la carte. Elle s’exprime numériquement saire, de faire intervenir, comme dans le pos,
(par une fraction, ex. 1/25 000) ou graphique­ d’autres personnes publiques. Il n ’y avait pas
ment. On doit choisir l’échelle la plus petite d’enquête publique. La carte communale était
(donc la plus économique) compatible avec la approuvée conjointement par le conseil muni­
précision nécessaire. Sur les cartes à petite cipal et par un arrêté préfectoral. Elle devenait
échelle, le système de projection entraîne des alors opposable aux tiers. Aucune procédure
déformations non négligeables qui se tra­ de publicité n ’était imposée, mais elle était le
duisent par une variation de l’échelle sur l’éten­ plus souvent affichée en mairie.
due de la carte (sensible au-dessous de La loi était muette sur son contenu. Elle
1/200 000 seulement). De même, l’échelle comportait généralement un rapport précisant
CARTE MÉDICALE 136

les objectifs et les choix d’aménagement de la permet aussi à la commune d’acheter des ter­
commune, un guide d ’application dans la rains en recourant au droit de préemption en
commune des règles du règlement national vue de la réalisation d’un projet d ’équipement
d’urbanisme et une carte sommaire de zonage ou d’aménagement.
fixant la destination des sols et délimitant les Bien q u ’aucune statistique ne soit plus
zones constructibles (elle pouvait les étendre, tenue par le ministère de l’Équipement, on
mais non les restreindre). Elle ne comportait estime qu’il y avait au moins 3 000 communes
pas de règlement, d’emplacements réservés, de rurales dotées de marnu (couvrant près de
zones spécialisées sauf pour les zones d’acti­ 10 % du territoire et concernant près de 3 % de
vités. la population). Depuis la loi SRU, les cartes
La carte communale était en fait un docu­ communales se sont développées rapidement.
ment d ’urbanisme simplifié, tant dans son Au 1er janvier 2009, il y a 4 226 cartes com­
contenu que par la procédure de son élabora­ munales approuvées (dont 222 en cours de
tion. La question a longtemps été controver­ révision et 148 en cours de remplacement par
sée. Elle a été tranchée par le Conseil d ’État un plu) et 2 623 en cours d’élaboration, pour
qui lui a reconnu tardivement ce caractère de l’essentiel dans des communes de moins de
document d ’urbanisme opposable aux tiers 1 000 habitants, correspondant à une popula­
(arrêt du 22 juillet 1992) et par une circulaire tion de quelque 2,6 millions d’habitants et à
du 7 juillet 1997 qui a officialisé ce statut. Son une surface de 114 000 km2. Il ne restait que
principal effet était, depuis la loi du 7 janvier 11 045 commîmes (30 % environ, correspon­
1983, de suspendre la règle de la constructibi­ dant à environ 2,4 millions d ’habitants et
lité limitée qui s’applique aux communes non 145 000 km2) qui devraient rester sous le
dotées de pos. régime du règlement national d ’urbanisme
lorsque l’élaboration en cours des plu et des
La loi Solidarité et renouvellement urbains cartes communales sera achevée.
du 13 décembre 2000 (modifiée par la loi P. M.
Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003),
reconnaît ce statut de document d’urbanisme Code de l'urbanism e; Constructibilité limitée; Documents
d'urbanism e; Plan d'occupation des sols.
à la carte communale et, comme pour les
autres documents d ’urbanisme, en élargit
l’objet à la préservation des équilibres, de la
diversité des fonctions urbaines, de la mixité CARTE MÉDICALE Carte sanitaire;
sociale et de l’économie de l’espace. La carte Dispensaire ; Hôpital ; Programmation
communale (qui peut concerner plusieurs des équipements collectifs
communes) est désormais soumise à enquête
publique. Elle est approuvée par le conseil
municipal et par le préfet (l’avis de ce dernier CARTE POSTALE - » Photographie
est réputé favorable deux mois après la trans­ (au sol, aérienne, de satellite)
mission de la carte communale). Elle est
concernée par la commission départementale
de conciliation. Elle est tenue à la disposition CARTE SANITAIRE
du public. Elle doit être compatible avec les
orientations du schéma de cohérence territo­ La carte sanitaire est l’inventaire de tous les
riale (qui remplace le schéma directeur) ou, en établissements publics ou privés susceptibles
son absence, avec les directives territoriales de donner des soins. Son principe a été établi
d’aménagement. L’existence d ’une carte par la loi du 31 décembre 1970 (loi hospita­
communale approuvée entraîne la suppression lière), qui commande au ministre de la Santé,
de la règle de constructibilité limitée, l’appli­ assisté d ’une commission nationale et de
cation du règlement national d’urbanisme et commissions régionales, d’étudier les besoins
le transfert au maire de la responsabilité de des populations par secteur et par région. La
délivrer les permis de construire et les autori­ loi du 28 août 1998 avait précisé qu’elle
sations de lotir si le conseil municipal le « fixait les moyens nécessaires aux besoins de
décide, ce qui constitue une étape supplémen­ la population au moyen d’indices de besoins »
taire dans la voie de la décentralisation. Elle et que le schéma d’organisation sanitaire indi­
137 CARTE SCOLAIRE

quait la localisation la plus souhaitable. On comportait aucune programmation d ’équipe­


passait donc d ’un simple inventaire à un docu­ ments localisés. La loi «Hôpital, patients,
ment de programmation quantitative et spa­ santé et territoires, de modernisation du sys­
tiale. Mais l’ordonnance du 4 septembre 2003 tème de santé » du 22 juillet 2009 a eu pour
a supprimé la carte sanitaire et a fait des sché­ objectifs principaux de réorganiser les hôpi­
mas régionaux d’organisation sanitaire (dont taux, notamment sur le plan de la gouver­
la troisième génération correspond à la période nance, et de rapprocher le secteur hospitalier
2006-2010), l’outil unique de planification. public des établissements privés (cliniques) et
La carte sanitaire servait de base aux tra­ de la médecine de ville. Ces deux aspects ont
vaux de planification et de programmation été vivement contestés par les personnels hos­
des établissements du service public, mais pitaliers. Au-delà de la loi, la question la plus
elle était aussi opposable au secteur privé, qui débattue est celle de la suppression des hôpi­
doit notamment obtenir des autorisations pour taux de proximité, qui assurent un nombre
toute installation de soins pouvant bénéficier d ’actes jugé insuffisant et qui ne peuvent
de remboursements par la Sécurité sociale. bénéficier des meilleurs spécialistes et des
La carte sanitaire était révisée périodique­ meilleurs équipements. Tout projet de ferme­
ment, notamment lors de chaque plan quin­ ture est vivement combattu par les élus locaux
quennal. Elle intéressait les équipements et par la population concernée.
«lourds», c ’est-à-dire onéreux, comme les J.-F.L. etP.M .
appareils de diagnostic et de traitement
(scanographes, reins artificiels, etc.) et les lits Aménagement du territoire ; Dispensaire ; Hôpital.
d’hospitalisation. Elle ignorait cependant
l’ensemble des besoins extra-hospitaliers.
Dans l’ensemble, cet inventaire a permis CARTE SCOLAIRE
de montrer que la France disposait d’un équi­
pement sanitaire suffisant, voire excéden­ Dans chaque circonscription académique,
taire : dans plusieurs régions (notamment la est réalisée sous le nom de « carte scolaire »,
région parisienne), une politique volontariste une programmation pluriannuelle des équipe­
de réduction des capacités d ’accueil a accom­ ments scolaires à réaliser, fondée sur les pro­
pagné l’effort de modernisation. jections démographiques (modification des
Dans le cadre de la mise en œuvre de la loi structures par âge) et sur les tendances de
Voynet de 1999 sur l’aménagement durable l’urbanisation. Cette programmation est dési­
du territoire, un schéma de services collectifs gnée sous le nom de « carte scolaire ».
sanitaires a été élaboré, approuvé par décret le Les conflits qui apparaissent autour de la
18 avril 2002 et publié. Sur la base d’un diag­ notion de carte scolaire portent non pas sur la
nostic approfondi, il fixe les objectifs de nécessité d’une telle programmation, mais sur
l’État dans une perspective à vingt ans en deux questions connexes :
prenant en compte le vieillissement de la -— la première est celle de la subordination
population, le développement de pathologies ou non des ouvertures de classe dans les
nouvelles et le progrès technique. Il prône une établissements privés au respect de cette
évolution des métiers, des pratiques profes­ carte scolaire ;
sionnelles et de l’organisation des soins vers — la seconde porte sur le caractère impé­
un exercice professionnel plus organisé et ratif ou non des zones de recrutement affec­
plus collectif en privilégiant la prévention et tées à chaque établissement pour l’inscription
le développement de réseaux de santé. En fait, des élèves, une certaine souplesse ayant été
ce document se limite à définir une politique introduite depuis 1987.
nationale de santé, qui reste à mettre en Une école primaire, hormis le cas de nom­
œuvre. Sur le plan spatial, il indiquait seule­ breuses écoles à classe unique qui subsistent
ment les thèmes prioritaires retenus dans les encore, dessert de façon normale une popula­
schémas régionaux d’organisation sanitaire tion d’au moins un millier d’habitants ; quant à
(qui tiennent compte des choix des régions) un collège, il suppose une population à desser­
pour la période 1999-2004, plus brève même vir trois fois plus importante. Or, les trois quarts
que la période de planification nationale et des 36 682 communes ont moins de 1 000 habi­
européenne en cours (2000-2006). Il ne tants. Le transport quotidien des enfants d ’âge
CARTE UNIVERSITAIRE 138

scolaire est donc essentiel à la vie de nom­ 80% d’une classe d’âge au niveau du bacca­
breuses zones rurales: plus de 2 millions lauréat. Cet effort s’est concrétisé à travers le
d’élèves utilisent les services de ramassage sco­ programme « Universités 2000 », lancé en
laire mis en place par les collectivités locales. 1990 par L. Jospin pour les cinq années sui­
Le coût en est très élevé : plus de 600 millions vantes. Le montant d’investissements prévus
d’€. L’État en assure plus de la moitié. (32 milliards de F, provenant par moitié de
J. C. et P. M. l’État et des collectivités territoriales) n ’a pas
été atteint dans le délai fixé (22 milliards, dont
-> Collège et lycée; École; Programmation des équipements 9 de l’État selon la datar) en raison de délais,
collectifs.
au reste prévisibles dans un programme de
cette ampleur. Mais ce retard a été comblé au
cours du XIe plan (1996-2000) et un total de
CARTE UNIVERSITAIRE 40 milliards a été investi (provenant pour moi­
tié de l’État et des collectivités territoriales).
Document visant à planifier les implanta­ Cet effort de constmctions universitaires a
tions universitaires en fonction des besoins de même été relancé par le plan « Universités du
la population et des objectifs d’aménagement troisième millénaire (u 3 m )». Celui-ci a sur­
du territoire. tout concerné les universités d’Ile-de-France,
En France, la notion de carte universitaire dont les locaux étaient les plus notoirement
est appame dans les années 1960, lors de la insuffisants et vétustes, mais qui avaient été
construction massive de bâtiments universi­ largement oubliées par le plan précédent faute
taires pour faire face à la croissance très de participations substantielles des collectivi­
rapide des effectifs étudiants et de la création tés territoriales. Celles-ci ont modifié leur
de nouvelles universités. En fait, la politique attitude lors du plan u 3 m . Ce programme a
officielle était de créer (1958-1959) dans les également visé en priorité à assurer la mise en
villes moyennes des collèges scientifiques, conformité des bâtiments. L’État avait prévu
littéraires ou juridiques, essentiellement de de consacrer à ce programme, pendant la
premier cycle, rattachés aux universités des période 2000-2006, 26 milliards de F (dont 6
villes voisines, plutôt que de créer de nou­ pour la sécurité des bâtiments, notamment la
velles universités. En fait, après la loi Faure rénovation et le désamiantage du campus de
du 12 novembre 1968, ces collèges deman­ Jussieu), auxquels devaient s’ajouter 24 mil­
dèrent, et obtinrent, de se regrouper pour for­ liards de participation des collectivités territo­
mer de nouvelles universités. La notion de riales (des régions pour l’essentiel) et des
carte universitaire, déconsidérée par cette fonds européens. En fait, les contrats de plan
évolution contraire à ce qui avait été planifié, 2000-2006 ont prévu 6,4 milliards d’€, dont
tomba en déshérence avec l’arrêt quasi total 2,19 venant de l’État et ce programme n’était
des constructions au début des années 1970 exécuté qu’à 78 % au terme de la période (et
et ju sq u ’au début des années 1990. Cela 87,6% fin 2008). Les contrats de projets
n ’empêcha pas la création, le plus souvent à 2007-2013 prévoient une participation de
l’initiative des collectivités locales, dans les l’État de 2,262 milliards d’€ (dont 255 pour
années 1980, de nombreuses antennes univer­ le logement étudiant et les restaurants univer­
sitaires dans des villes non universitaires, sitaires et 139 pour les équipements scienti­
pour certaines de façon « sauvage », c’est-à- fiques des laboratoires universitaires).
dire sans accord préalable du ministère de Si le plan « Universités 2000 » a surtout
tutelle des universités. additionné les projets des universités et
La notion de planification universitaire est des collectivités territoriales, le souci de plani­
réapparue et un nouvel effort de construction fication spatiale est réapparu avec la loi du
de locaux universitaires a été entrepris dans 4 février 1995 d ’orientation pour l’aménage­
les années 1990, après deux décennies d’inter­ ment et le développement du territoire. Celle-
ruption quasi complète des programmes. Les ci prescrivait l’élaboration, dans un délai de
causes en ont été la reprise de la croissance dix-huit mois, d’un schéma sectoriel national
rapide des effectifs étudiants (jusque vers de l’enseignement supérieur (un autre devait
1995) et la volonté affichée par plusieurs gou­ concerner la recherche), synthèse de schémas
vernements successifs depuis 1985 de porter régionaux (déjà décidés par un comité intermi­
139 CARTOGRAPHIE

nistériel d ’aménagement du territoire du que le nom la masse des bacheliers qui y est
20 septembre 1994). Ces schémas devaient peu préparée ? Ne vaudrait-il pas mieux créer
être établis par concertation entre l’État, les à cette fin des collèges universitaires de proxi­
collectivités territoriales, les établissements mité, offrant pour les meilleurs la possibilité
d’enseignement supérieur et les acteurs écono­ de poursuivre ensuite leurs études dans de
miques et sociaux de la région. Mais les véritables universités ?
esquisses des schémas régionaux étaient très P. M.
hétérogènes et leur synthèse sous forme de
schéma national s’est révélée une tâche impos­ Campus universitaire; Université; Urbanisme universitaire;
Cartes mentales; Mobilité.
sible. La loi Voynet du 25 juin 1999 a repris
cet objectif en rebaptisant le document
« schéma de services collectifs de l’enseigne­
ment supérieur et de la recherche ». Adopté CARTOGRAPHIE
par décret le 18 avril 2002, celui-ci se limite en
fait à des indications générales et à la reprise La cartographie est l’ensemble des études
du programme u 3 m pour la durée des contrats et des opérations scientifiques, artistiques et
de plan alors en cours (2000-2006), ce qui ne techniques, intervenant à partir des résultats
répond pas à l’objectif ambitieux de la loi de d’observations directes ou de l’exploitation
tracer une perspective à long terme (vingt ans). d’une documentation, en vue de l’élaboration
Le plus récent programme d’investissement et de l’établissement de cartes, plans et autres
immobilier pour l’enseignement supérieur et modes d’expression, ainsi que de leur utilisa­
la recherche est l’opération « Campus », lan­ tion. Cette définition, établie par l’Associa­
cée en 2008 et financée par la vente par l’État tion cartographique internationale, souligne
de 3% des actions d ’EDF (3,7 milliards d ’€ les trois dimensions fondamentales de la car­
pour 5 milliards annoncés initialement). Dix tographie :
«campus d’excellence», réunissant au total — la cartographie est scientifique dans ses
39 universités et 37 grandes écoles et plus de fondements (l’étude de la forme de la terre,
la moitié de l’effectif étudiant, pour la plupart etc.), comme dans ses méthodes (observation
dans les grandes villes universitaires de pro­ des faits, analyse et exploitation de données
vince, ont été sélectionnés parmi 46 candidats. numériques et autres), utilisant des méthodes
Les réalisations devraient débuter en 2010. scientifiques anciennes (géodésie, astrono­
Enfin, dans le cadre du « grand emprunt » de mie, etc.) et récentes (informatique, télédétec­
2010, 16 milliards d’€ doivent être affectés à tion, etc.) ;
l’enseignement supérieur et à la recherche. Il — la cartographie est artistique dans sa
est probable que la plus grande partie de ces conception: pour transmettre des informa­
moyens exceptionnels sera attribuée à ces tions sélectionnées, la carte utilise des modes
campus d’excellence. de représentation (signes, symboles, couleurs,
La constitution en cours depuis 2009 (après etc.) dont la combinaison concourt à l’effica­
la fusion des universités de Strasbourg) des cité, l’esthétique étant à la fois une fin en soi,
pôles de recherche et d ’enseignement supé­ mais aussi un moyen pour faciliter la trans­
rieur ( près) ne modifie pas la répartition spa­ mission du message ;
tiale des lieux d’enseignement. — la cartographie est technique par les
Plusieurs grands enjeux restent ouverts : procédés qu’elle emploie : les levés photo­
l’État sera-t-il capable d ’imposer un coup grammétriques, l’exploitation des photogra­
d’arrêt à la création d’antennes des universités phies (au sol, aériennes ou de satellites), les
dans des villes moyennes, ce à quoi n ’avait mesures sur le terrain, le dessin (rédaction de
pas réussi le plan « Universités 2000 » et que la carte) et l’impression, notamment.
ne recherchait pas la loi de 1995 (qui au La cartographie remonte à l ’Antiquité,
contraire encourageait la dissémination des notamment aux savants grecs. Elle fut main­
équipements universitaires dans ces villes tenue, à travers le Moyen Âge, par les Arabes
moyennes sans passé universitaire) ? Au-delà et transmise aux navigateurs. C ’est du XVIe
subsiste le problème de fond : est-il souhai­ au xvme siècle que la forme de la terre (le
table d’accueillir dans des établissements qui géoïde, dont une approximation est l’ellip­
n’ont, chaque jour davantage, d’universitaires soïde) fut reconnue et les bases de la géodé­
CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE 140

sie posées, les premières couvertures systé­ CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE


matiques établies : en France, la carte de ->■ Activité professionnelle
Cassini (1748-1817), d ’une grande qualité
artistique mais d’une précision géométrique
imparfaite. À partir du début du X I X e siècle, CEINTURE VERTE (green belt) -> Cité-jardin ;
la précision devient l’objectif principal qu’on New town
retrouve en France dans la carte de l’état-
major au 1/80 000, établie de 1818 à 1880, et
ses dérivées, puis dans les cartes de l’Institut CENTRAL B U SIN ESS D ISTRICT -> Bureaux;
géographique national (créé en 1940). Centre ; Centre des affaires
La cartographie topographique est établie
par des services publics, qui doivent au préa­
lable établir des réseaux précis de points géo- CENTRALE NUCLÉAIRE -* Énergie
désiques et de nivellement : elle est destinée et environnement ; Nuisance
à des usages très variés. Elle sert aussi de
point de départ à une cartographie thématique,
très diverse par ses objectifs, comme par ses CENTRALITÉ
échelles, élaborée tant par des services publics
(ou privés) que par des cartographes indivi­ La centralité qualifie l’action d’un élément
duels : la cartographie thématique représente, central sur sa périphérie. Elle a été définie
sur un fond topographique, simplifié ou non, comme une notion hiérarchisée de desserte et
des faits localisables et les liens qui les d ’attraction par W. E. Christaller en 1933.
unissent, en utilisant des conventions diverses. Elle dépend du pouvoir d’attraction ou de dif­
Parmi les thèmes les plus répandus, citons les fusion de cet élément qui repose à la fois sur
cartes de la végétation, les cartes géologiques, l’efficacité du pôle central et sur son accessi­
les cartes d’utilisation du sol, etc. bilité. L’élément peut être un centre urbain,
L’urbanisme et l’aménagement utilisent lar­ un équipement polarisant plus spécialisé
gement tant les cartes topographiques que (centre commercial, culturel, financier, admi­
diverses cartes thématiques, en particulier nistratif...). L’accessibilité est une condition
celles décrivant l’utilisation du sol. Les plans majeure. L’attraction peut être évaluée grâce
d ’urbanisme prennent souvent la forme de à divers critères. Pour mesurer l’intensité et
cartes décrivant une utilisation du sol souhai­ les limites de la centralité, différents indices
tée ou fixant d’autres objectifs, tels que les ont été proposés. La première approche de
densités. Christaller (1933) reposait sur l’équipement
La cartographie est désormais de plus en en postes téléphoniques :
plus automatisée : au stade de la saisie des
données (mise en mémoire d ’informations
statistiques ou autres, localisées par leurs
coordonnées, lecture de photographies C= indice de centralité ;
aériennes par photonumériseurs) ; de leur t = nombre de téléphones dans une ville ;
traitement (ordinateur scientifique ou de ges­ p = population de la ville ;
tion) ; de leur représentation, fugitive (sur T= nombre de téléphones dans toute la
écran cathodique) ou permanente (impri­ région ;
mantes qui peuvent opérer à la demande P = population dans toute la région.
pour établir des cartes uniques ou repro­
duites). La cartographie automatique est liée Développant ses observations dans de
au développement des banques de données multiples domaines, Christaller formula la théo­
qui trouvent une application privilégiée en rie des places centrales hiérarchisées, qui
milieu urbain (ex. : Banque de données comprend neuf classes, suivant leur population
urbaines de Paris et sa banlieue, mise en et les caractéristiques de leurs équipements
place dès 1970). (services administratifs, écoles, santé, trans­
ports, activités économiques...), du bourg de
P. M.
1 000 habitants aux grandes capitales nationales.
Carte ; Échelle ; Photographie ; Plan ; Topographie. Les aires desservies, donc dépendantes,
141 CENTRE

croissent parallèlement. L’ensemble repose sur ment le long de grands axes de communica­
une hiérarchie hexagonale emboîtée. tion, en dehors ou même à la périphérie du tissu
Il s’agit, bien sûr, d ’une disposition théo­ urbain dense et coupés d’une manière rigide de
rique. Lôsch (1939) mit en relation interdé­ l’expansion diffuse qui caractérisait jusqu’ici
pendante trois variables : le prix du produit, le les activités urbaines.
prix du transport, la densité de la population.
J. B.-G.
Il aboutit lui aussi à une figure hexagonale de
répartition. Les seules régions dans lesquelles -* Centre; Pôle de développement.
ce schéma puisse paraître valable sont les
grandes plaines rurales, comme l’a bien souli­
gné Brian J. J. L. Berry (Geography o f market CENTRE
centers and their retail distribution, 1967).
On peut considérer que la loi de Reilly, Parmi les définitions du centre données par le
tenant compte des possibilités de relations dictionnaire Robert, trois sont à prendre en
entre deux villes déterminées, se place dans considération à propos de l’urbanisme et de la
les mêmes perspectives. Reposant sur la géographie: «le milieu d’un espace quel­
conclusion de recherches empiriques sur les conque ; le point central doué de propriétés
zones d’attraction commerciale des villes des actives dynamiques ; le point de convergence ou
États-Unis, elle suppose une analogie avec le de rayonnement où diverses activités sont
modèle de la gravitation universelle. Ces concentrées ». La complexité du terme explique
modèles d ’évaluation peuvent s’appliquer son succès dans la terminologie des études
quand il s’agit d’un réseau urbain, mais éga­ urbaines ; elle met aussi en évidence la difficulté
lement à l ’intérieur d ’une ville ou d ’une de le définir en tant que concept utilisable d’une
agglomération, en considérant les centres de manière courante et pratique. Dans une première
desserte de différents niveaux. approche, fondée sur l’expérience et les descrip­
La centralité peut être unique (aggloméra­ tions monographiques, on peut distinguer trois
tion) ou multiple (polycentralité d’une conur­ grands types de centres : le centre historique, le
bation ou au sein d’une région urbaine). Elle centre topologique et le centre des affaires. Il
varie en fonction des changements tech­ faut y ajouter une connotation spatiale : le centre
niques, économiques ou politiques. Elle peut n’est pas un point, mais un lieu dont l’étendue et
se développer ou varier spontanément, mais l’importance relative varient suivant certaines
aussi être dirigée par une politique volontaire conditions. Les caractéristiques du centre
d’aménagement du territoire. C ’est ainsi que peuvent être visuelles, structurelles et/ou fonc­
François Perroux a proposé de considérer les tionnelles. Elles sont variables dans le temps et
places centrales comme des pôles de dévelop­ suivant l’évolution économique, technique et
pement. La théorie a donc servi, sans beau­ les conditions politiques. Elles s’opposent en
coup de succès, de base de référence pour général à celles de la périphérie.
l’implantation de certains équipements et la Dans la littérature géographique, le terme
localisation des investissements, surtout dans de centre peut s’appliquer à une partie privilé­
les pays en cours de développement, depuis giée de la ville, que l’on qualifie souvent de
les années 1980. La plupart de ces pays « cité » (la City de Londres), mais il peut
conservent cependant une ville dominante englober une partie plus étendue et plus
(dite primatiale), presque toujours la capitale complexe (à Londres toujours, la City et West
ou l’ancienne capitale (Bangkok en Thaï­ End, voire l’ancien County o f London). Dans
lande, Dakar au Sénégal, Abidjan en Côte- une agglomération, on qualifie de centre la
d’Ivoire, etc.), où se concentrent, autour du ville principale, comme dans un ensemble de
pouvoir politique et de l’administration, les villes formant un réseau urbain, régional ou
fonctions économiques, culturelles, etc. national. Dans le même type de classification,
On peut se poser la question de ce que devien­ le centre peut aussi caractériser le rôle d’un
dra la notion de centralité devant la poussée fié­ pôle urbain à l’intérieur d’une zone rurale ou
vreuse des grandes agglomérations, notamment la relative importance d’un bourg par rapport
dans les pays en cours de développement, et la aux villages qui l’entourent (village-centre).
conception de centres commerciaux intégrés ou Le centre bénéficie de tous les attributs, rela­
de zones d’activités regroupées, situés générale­ tifs à ces différentes échelles, de la centralité.
CENTRE ADMINISTRATIF 142

La puissance du centre peut être appré­ des différentes parties de la ville par le
ciée comparativement de différentes maniè­ sociologue E. Burgess (Urban Areas, 1929).
res : par le nombre absolu de sa population Il est alors évoqué comme « le foyer de la
totale (ce qui est m anifestem ent insuf­ vie commerciale, sociale et civique» de la
fisant), par le rapport entre cette population ville. R. E. Murphy en a décrit les caracté­
totale et le nombre de personnes employées ristiques distinctives : la centralité en termes
dans le commerce de détail et les services d ’accessibilité au m oins; la plus grande
(Sven Godlund), par le niveau d ’équipe­ concentration de bâtiments élevés ; l’inten­
ment en nombre et/ou en variété et/ou en sité du trafic des véhicules et des piétons ;
sophistification : étude sur les équipements les valeurs élevées du sol et des impôts
commerciaux de détail par de nombreux payés ; la concentration des affaires de toute
spécialistes (Géographie du commerce, la région urbaine et le mélange de tous les
J. Beaujeu-Gamier et A. Delobez, 1977), groupes ethniques et de toutes les classes
par l’existence et l’importance des com ­ sociales. J. Beaujeu-Gamier (Atlas de Paris
merces et des activités rares (J. Hautreux et de la région parisienne, 1967) a mis
et M. Rochefort, La fonction sociale de l’accent sur les fonctions : « C ’est la zone où
l ’armature urbaine française, 1964). la proportion d ’achats faits dans les com­
C’est aussi en rapport avec les théories des merces non quotidiens est la plus forte, celle
places centrales qu’a été conçue la politique où dominent les transactions verbales et
des pôles restructurateurs et des villes nou­ financières par rapport au transfert des mar­
velles en banlieue destinés à fournir aux chandises ; celle où se déploient toutes les
populations des équipements susceptibles de ressources du tertiaire le plus raffiné quant
créer des centres secondaires dans un magma aux services personnels ; celle, enfin, où la
plus ou moins informe. superposition des activités est telle qu’elle
J. B.-G. finit par envahir l’espace urbain. »
Le c b d est le résultat d’une transformation
-* Centralité; Centre des affaires; Centre historique; Centre progressive du Downtown d’où sont expul­
urbain ; Centre urbain nouveau.
sées, par le jeu de la concentration et du
prix du sol, la résidence, les activités indus­
trielles et certaines formes de commerce. Son
CENTRE ADMINISTRATIF -> Bâtiments contenu et ses limites varient avec le temps.
administratifs Dans les pays neufs, spécialement anglo-
saxons, ils se caractérisent visuellement par le
rassemblement de gratte-ciel au cœur du tissu
CENTRE ANCIEN -> Centre historique urbain, donnant à la ville une Skyline très
typique. Les premières études systématiques
ont été faites empiriquement par R. Murphy
CENTRE COMMERCIAL RÉGIONAL et J. E. Vance (Delimiting the cbd, 1954). Ces
—> Magasin ; Urbanisme commercial recherches concernaient neuf villes moyennes
des États-Unis et ont permis d’élaborer deux
indices caractéristiques : le Central Business
CENTRE D'ANALYSE STRATÉGIQUE Height Index, c’est-à-dire le nombre d ’étages
—>■Planification ; Planification économique d’activités caractéristiques par rapport à la
surface de base ; le Central Business Intensity
Index qui est le pourcentage de l’espace total
CENTRE DE PROTECTION MÉDICALE utilisé aux différents étages par les activités
ET INFANTILE —> Dispensaire caractéristiques du c b d divisé par la surface
totale de l’ensemble des étages du bloc.
William Olsson (A propos de Stockholm,
CENTRE DES AFFAIRES 1940), pour sa part, a utilisé comme indica­
teur le loyer total payé par les boutiques de
Le centre des affaires (en américain, Cen­ commerces, de restauration et de loisirs d’un
tral Business District : c b d ) apparaît dans la immeuble, divisé par la longueur de la
littérature urbaine au cours d’une description façade.
143 CENTRE HISTORIQUE

Si les limites sont variables (Ward, 1966, A centre administratif, commercial et histo­
propos de Boston) et délicates à tracer, le rique et nouveau centre avec les universités
contenu du centre des affaires ne l’est pas et les banques), le dédoublement de celui de
moins. On distingue plusieurs zones : le Sâo Paulo, de Tokyo, la multiplicité, tou­
noyau où se trouvent généralement des sièges jours plus au nord, des centres de Bogota.
sociaux de grandes entreprises, quelques Les plus grandes entreprises occupent sou­
grands magasins, des restaurants et un vent tout un gratte-ciel avec leurs bureaux
commerce très spécialisé : c’est Yhypercentre et les mouvements verticaux remplacent les
au sein duquel on trouve le lieu où le prix du échanges horizontaux.
sol est le plus élevé. Autour de cet espace La construction de nouveaux centres
privilégié, on découvre progressivement, en (centres directionnels) hors du centre histo­
s’éloignant des services, des activités finan­ rique favorise cette solution pratique. Elle
cières, quelques grands hôtels, etc. Au encourage également l’implantation de nou­
contraire, les grands magasins de meubles, velles formes d’activités ou celle de socié­
les expositions de voitures automobiles, tés rivales qui trouvent certain intérêt à
éventuellement quelques supermarchés cette proximité. Ces centres directionnels
n’apparaissent que sur les franges, voire, de peuvent être destinés soit à accueillir des
plus en plus, en périphérie des aggloméra­ activités de routine en un lieu bien relié à
tions. L’ensemble s’accompagne de parcs de l’hypercentre (Croydon au sud de Londres),
stationnement souterrains ou en hauteur, soit les mêmes activités d ’affaires que
indispensables à une fréquentation nom­ l’hypercentre (La Défense à Paris). Dans les
breuse et permanente de cette partie de deux cas, ils ont pour objet de déconges­
l’espace urbain. Dans l’ensemble, ce sont les tionner ce dernier.
activités qui ont le moins besoin d’espace et J. B.-G.
le plus fort rendement financier par rapport
au sol occupé qui se maintiennent ou qui se - » Bureaux ; Centre ; Commerce.
développent dans la position la plus centrale.
Au contraire, l’administration et certains
équipements (hôpitaux, universités, etc.) tra­ CENTRE DIRECTIONNEL - » Centre
ditionnellement implantés au centre, sont des affaires ; Centres secondaires
repoussés vers la périphérie.
Dans les grandes villes en croissance, on
assiste à un processus de développement CENTRE HISTORIQUE
par ondes : les activités centrales se dif­
fusent périphériquement le long des grandes Noyau d ’une ville ancienne à caractère
voies d’accès, tandis que le noyau central évolutif. Cette notion récente, solidaire du
accentue sa transformation par l’accumula­ développement des études d’art et d’histoire,
tion d’activités de plus en plus spécialisées également mise en évidence par les guides
et raffinées qui se multiplient dans l’hyper- touristiques, est ambiguë et d’un maniement
centre. Le centre des affaires de Paris se délicat. Elle peut en effet recouvrir des réali­
déplace de manière continue de l’est vers tés très diverses selon l’usage qu’on en fait,
l’ouest : il évacue progressivem ent les selon qu’il s’agit ou non d ’une entité légale et
arrondissements du centre pour se dévelop­ administrative, selon les caractères et l’his­
per à partir des premier, deuxième, neu­ toire des villes particulières concernées. Dans
vième et dixième arrondissements vers le certains cas, le centre historique d ’une ville
huitième, le nord du seizième et le sud du peut être réduit à quelques monuments sym­
dix-septième, avant de « sa u ter» (par un boliques ; dans d ’autres, il peut coïncider
processus très fréquent dans ce genre avec la quasi-totalité de la ville. La délimita­
d’occupation) jusqu’à La Défense, qui est tion spatiale du centre historique est aisée
devenue le second grand centre des affaires dans le cas de petites villes ayant peu évolué
(grandes sociétés, banques, commerces, ou dont le développement moderne est péri­
etc.). On peut en rapprocher la dissociation phérique, dans le cas de villes encloses dans
des deux centres de Manhattan (Downtown des murs ou des sites naturels, ou de villes
puis M idtown), celle de M exico (ancien construites d’une pièce. Cette délimitation est
CENTRE SECONDAIRE 144

au contraire difficile dans le cas de grandes (Proudfoot, City retail structure, 1937). Dans
villes appartenant à des périodes historiques les grandes villes comme Chicago, Londres,
multiples, dont les restes sont fragmentés, et Paris, on a décrit toute une série de centres en
où les quartiers du XIXe siècle peuvent être dessous du centre urbain principal : centres
légitimement considérés comme historiques. régionaux, sous-régionaux, de quartiers, de
Les centres historiques sont souvent voisinage...
reconnaissables par la structure de leur voirie Le centre de quartier doit normalement
et de leur parcellaire qui posent à l’urba- être suffisant pour répondre aux besoins
nisme actuel des problèmes de circulation et courants de la population d ’une partie de
d’hygiène. Ils sont au centre même des pro­ l’agglomération. On y trouve des services
blématiques du patrimoine architectural et publics et privés, des magasins. Le centre
urbain et de la conservation intégrée. de voisinage est beaucoup plus réduit: il
F. C.
comprend juste le minimum de commerces
alimentaires et de facilités pour les achats
Centre; Conservation intégrée; Patrimoine; Rue; Secteur quotidiens. Dans les villes anciennes,
sauvegardé; Séparation des trafics.
l ’ajustem ent se fait spontaném ent ou à
l’occasion d ’une opération de rénovation
urbaine; dans les nouvelles urbanisations,
CENTRE SECONDAIRE l’em placem ent et la nature des activités
sont définis par des normes d ’urbanisme en
Dans le tissu urbain des villes d’une cer­ fonction du nombre de personnes, du
taine importance et, en particulier dans les niveau de vie, des distances, des moyens
grandes métropoles, le centre urbain majeur d’accès.
est assisté par des centres secondaires qui Ces centres secondaires peuvent être plani­
peuvent être de deux types : des centres- fiés. Tel a été le cas des centres directionnels
relais situés au-delà du centre urbain princi­ ayant pour objet de décongestionner le centre,
pal et desservant des quartiers excentrés ou qui accueillent des commerces et surtout
bien des centres complémentaires fonction­ des immeubles de bureaux (soit des sièges
nant pour les activités plus usuelles aux sociaux comme à Paris-La Défense, soit
limites de ce même centre urbain. La struc­ des bureaux de routine, comme à Londres-
ture et la situation de ces centres sont ana­ Croydon), voire également des logements
logues quel que soit le type. Ils renferment (Rome-EUR). C ’est également le cas des
des activités plus communes que le centre centres de grandes opérations d’urbanisme,
principal, moins nombreuses et moins attrac­ comme les villes nouvelles (Grande-Bretagne,
tives, touchant une clientèle moins exigeante Pays-Bas, Suède, France, etc.) : ces centres
et moins abondante. Certaines peuvent être secondaires cherchent alors à être aussi
généralistes (administrations, grandes sur­ plurifonctionnels que possible (commerces,
faces commerciales, tels les hypermarchés), bureaux, équipements culturels et de loisirs;
ou spécialisées (meubles, électroménager, résidences, etc.) sans prétendre accueillir des
vêtements, bricolage, jardinerie, sport, etc.). activités de prestige.
Ces équipements créent une centralité L’apparition de très grandes aggloméra­
secondaire, ou bien ils en bénéficient si elle tions, voire de régions urbaines (Londres,
existait déjà auparavant. L’apparition des Île-de-France, Randstad Holland, etc.) a
gares de chemin de fer, au cours du rendu nécessaire une organisation polycen-
xixe siècle, a déterminé, même dans de petites trique de l’espace. Dans la période récente,
villes, la formation de tels centres annexes. les villes-centres ont souhaité attirer à nou­
Ce sont aujourd’hui les grands axes routiers veau des activités (bureaux, commerces,
(voire autoroutiers, à l’instar des États-Unis) équipements) qui les avaient quittées pour
qui attirent ces activités, créant souvent une rechercher des localisations plus acces­
urbanisation désordonnée aux entrées des sibles en automobile et des prix fonciers et
villes. immobiliers moins élevés. Èlles ont déve­
Mais la définition de centres secondaires loppé (Londres, Amsterdam, Rotterdam,
est délicate. On a même proposé une hiérar­ Stockholm, etc.) le concept de la ville
chie avec une classification à cinq niveaux compacte. Celle-ci doit réduire la consom-

P (Mi
145 CENTRE URBAIN

mation d ’espace par l ’urbanisation et les ailleurs, les auberges de jeunesse), pro­
besoins de déplacem ents en autom obile longé par André Philip à la fin de la guerre
(donc la consom m ation d ’énergie et les avec les maisons des jeunes et de la culture
émissions de polluants et de gaz à effet ( m jc ), réorienté par André Malraux dans
de serre). Cette notion de ville compacte les années 1960 avec les maisons de la
dépasse la seule ville-centre. Les objectifs culture. Les maisons des jeunes et de la
précédents devraient conduire à adopter des culture étaient traditionnellem ent regrou­
formes plus denses d ’urbanisation, desser­ pées au sein d ’une fédération, divisée
vies par des centres secondaires et par des aujourd’hui, du fait de scissions, en trois
transports en commun, tant entre le centre associations distinctes.
principal et ces centres secondaires qu’entre
P. M.
ces derniers et les quartiers d ’habitat et
d ’activités. Cette organisation polycen- Local collectif résidentiel; Programmation des équipements
collectifs; Salle de spectacle.
trique planifiée suppose une hiérarchisation
des centres et une priorité au développe­
ment du réseau de transports en commun,
dont les nœuds seront le foyer des centres CENTRE URBAIN
secondaires et seront valorisés par des den­
sités plus élevées à leur voisinage. L’expression centre urbain recouvre une
J. B-G. et P. M. réalité complexe, composite et variable. Il est
différent suivant la taille de la ville, son ori­
-* Centre; Centre des affaires; Centre urbain nouveau; Entrée
de ville; Ville compacte.
gine et le site prim itif qui lui était lié, les
vicissitudes de son développement et la diver­
sité de ses fonctions. On ne peut donc pas
donner une description simple et rigoureuse
CENTRE SOCIOCULTUREL du contenu du concept. En général, le centre
urbain (ou cœur de ville) est la partie fonda­
Équipement polyvalent destiné à l’anima­ mentale de l’organisation urbaine : celle qui
tion culturelle, à l’action sanitaire, à l’aide en assure la vie et l’activité. C’est le siège du
sociale, etc. Il s’agit le plus souvent d’un local pouvoir organisateur, public et privé, spon­
qui permet d’aménager, avec la participation tané ou réglementé, qui assure le développe­
de la population du voisinage, un ensemble ment urbain et régit les rapports avec la
de services et de réalisations collectives. On périphérie urbaine et rurale : par exemple,
peut y trouver des équipements divers, tels l’administration municipale, les relais du pou­
que salle de spectacles, club de jeunes, club voir extérieur (préfecture, poste, banque,
du troisième âge, etc. Il comprend en général etc.). C’est aussi le lieu de la prédominance
une grande salle polyvalente. La superficie de intellectuelle par l’université, les spectacles et
plancher varie, le plus souvent, entre 100 et les moyens de diffusion.
1 000 m2. La dénomination est variable Dans les petites villes, le centre urbain est
(centre socioculturel, maison de quartier, mai­ réduit et multifonctionnel : toutes les activités
son pour tous, etc.). nécessaires sont représentées en un espace
Les maisons des jeunes sont des locaux mis relativement central, généralement un carre­
à la disposition des jeunes de 14 à 25 ans, four de circulation (Roanne, Saint-Germain-
comportant une grande salle qui peut servir des-Fossés) ; il en est de même dans les cités
pour les spectacles (ouverts aux adultes), une monofonctionnelles (villes minières). Dans
bibliothèque, des ateliers, des salles de les villes plus importantes, le centre urbain se
réunion. Êlles ont une surface de plancher diversifie en fonction des exigences d’espace
variant de 100 à 1 500 m2 (le plus souvent 300 ou d’accessibilité selon des étapes successives
à 600). On en compte environ 3 000 en et la complexification de la croissance
France, gérées par les collectivités locales ou urbaine : ainsi, dans les villes moyennes, qui
des associations. se sont organisées primitivement autour de
Le mouvement des maisons de jeunes leur château et de leur cathédrale (Pau, Le
fut lancé en 1936 par Léo Lagrange, qui Mans, Laon, Newcastle...), puis sont descen­
lança les m aisons pour tous (et, par dues dans les vallées plus accessibles, où s’est
CENTRE URBAIN NOUVEAU 146

installé un nouveau centre devenu, mainte­ historique des villes anciennes est protégé et
nant, le principal. A. Smailes (Urban Survey, on y trouve des souvenirs du passé comme
1964) a bien mis en lumière les influences qui dans la place des Trois cultures à Mexico, ou
ont créé la structure des villes anglaises telles dans les quartiers anciens des villes euro­
qu’elles existent actuellement. péennes (Rome, Paris, etc.). Quand les villes
Mais c’est dans les grandes villes et dans sont relativement récentes, la présence du
les métropoles que le centre urbain prend centre ne fait pas l’objet des mêmes préoccu­
toute son originalité. Il recouvre alors tout un pations. Par exemple, dans la majorité des
espace urbain différencié, associant des quar­ cités des États-Unis qui ont connu une crois­
tiers spécialisés : au premier chef, le centre sance explosive depuis un peu plus d ’un
des affaires comprenant lui-même plusieurs siècle, les centres ont été abandonnés aux plus
activités et, à proximité, ou même parfois, le pauvres et bien souvent aux minorités eth­
recouvrant en partie, le centre historique, le niques. Il a fallu des explosions sociales,
centre administratif (ambassades, ministères, comme celles de Los Angeles, pour provoquer
municipalités), le centre culturel... Toutes les une réaction des pouvoirs publics et une
activités sont étroitement entremêlées et elles reconquête des quartiers les plus déshérités.
ont en commun le fait d’attirer et de desservir Au centre défavorisé/périphérie plus aisée, se
l’ensemble de la population de l’aggloméra­ développant progressivement vers l’extérieur,
tion considérée. succède le centre rénové (vers lequel revien­
Le centre urbain doit être à même de rem­ nent des habitants et en particulier de jeunes
plir son rôle de « moteur » de la périphérie célibataires, les Swinging Singles : c ’est la
proche (banlieues et, plus lointaines, zones Gentrification) et la périphérie immédiate en
d’influence). Il doit donc être à la fois très voie de vieillissement/périphérie extérieure
bien desservi en transports internes et en rela­ en essor (Chicago, Philadelphie, Pittsburgh).
tions externes avec les espaces voisins et, On peut suivre l’inscription de ces cycles en
dans les grandes métropoles, avec le domaine auréoles successives, particulièrement dans le
international. Il en résulte la nécessité de dis­ paysage des grandes villes nord-américaines.
poser de certaines infrastructures et de certains Lorsque le centre a une valeur historique, la
moyens donnant naissance à des emplois tou­ remise en état du patrimoine immobilier coûte
jours plus sophistiqués et à des migrations fort cher, et ne peut - sauf exception - être
quotidiennes sans cesse plus nombreuses, confiée à des particuliers, si ce n ’est à des
puisque des espaces consacrés à la résidence mécènes. Beaucoup de bâtiments deviennent
reculent devant la montée des bureaux et des donc publics (musées, galeries d’art, biblio­
commerces. Cette évolution normale peut être thèques) : tel est le cas d’une grande partie du
freinée par une politique volontaire d ’aména­ quartier du Marais à Paris, du vieux centre de
gement et de décentralisation, mais aussi par Québec, du Carré français de New Orléans,
l’avènement de nouvelles techniques (infor­ très appréciés des touristes.
matique, télématique, internet). Le centre J. B.-G.
urbain doit être maintenu à la tête du progrès
sous peine de connaître des difficultés -> Centralité; C entre; Centre des affaires; Centre historique;
Centre urbain nouveau.
majeures. De toute manière, quand il a atteint
un certain niveau de concentration, des
centres secondaires se constituent, spontané­
ment ou par le biais de la planification volon­ CENTRE URBAIN NOUVEAU
taire.
À mesure que la ville grandit et se trans­ Ensemble d ’activités, d’équipements et de
forme, le centre en subit les conséquences. Il services, regroupés et disposés de façon pla­
peut se transformer et s’adapter, mais il est nifiée soit dans un secteur d’urbanisation nou­
rare qu’il le fasse au même rythme, surtout s’il velle, soit dans un quartier existant.
s’agit d’un centre ayant une valeur historique, Dans la version initiale (1965) du schéma
qui se traduit par le style de l’architecture, directeur d’aménagement et d’urbanisme de
l’existence de monuments appréciés, la réfé­ la région de Paris, c’est ce concept de centre
rence à une période particulièrement significa­ urbain nouveau qui était mis en avant comme
tive de l’évolution passée. Ainsi, le centre le moyen de résoudre les problèmes posés par
w CHANGEMENT SOCIAL

le sous-équipement des banlieues et par la financières de réalisation d’une opération de


congestion du centre parisien. En banlieue construction déterminée, dont le programme
existante, ils devaient restructurer le tissu a été précisé (destination des bâtiments,
urbain. Dans les zones d ’extension, ils emprise au sol, volume de construction, etc.).
devaient être les noyaux des villes nouvelles, Il a alors le caractère d ’un véritable accord
desservant celles-ci, mais aussi les secteurs de préalable et sa validité peut être portée à dix-
banlieue voisine : la ville nouvelle n ’était huit mois. La garantie d ’obtention ultérieure
définie que comme l’ensemble des quartiers de l’autorisation n ’est toutefois pas absolue.
d’habitat, des zones d’activités, des espaces et Elle ne s’applique pas si le certificat est irré­
équipements situés dans l’aire d ’influence gulier, par exemple parce qu’il contient des
d’un centre urbain nouveau. indications erronées, en cas de servitudes
Par la suite, le concept de ville nouvelle publiques ou parce que le certificat comporte
est devenu prépondérant, surtout parce qu’il des réserves. Le certificat d ’urbanisme peut
correspondait à une structure administrative être prorogé une fois pour un an si les règles
ad hoc. L’absence d’une telle structure admi­ d’urbanisme n’ont pas évolué.
nistrative explique en partie que les centres La nature de cette procédure, destinée à
restructurateurs de banlieue soient restés fournir aux administrés une information récla­
incomplets (Vélizy-Villacoublay, Choisy-le- mée tant par les propriétaires d’un terrain que
Roi), sauf peut-être ceux qui ont reçu une par les acquéreurs (et les notaires) lors d’une
préfecture (Créteil, Bobigny, La Défense). aliénation, demeure assez ambiguë. Le certifi­
P. M. cat d’urbanisme tient à la fois de l’« accord
préalable», institué de 1961 à 1970, et de la
> Centre secondaire; Centre urbain; Schéma régional d'am é­
nagement et d'urbanisme ; Ville nouvelle.
« note de renseignement » découlant de la pra­
tique des administrations territoriales de l’État
(officialisée et uniformisée par une circulaire
en 1950). Créé par une loi du 16 juillet 1971,
CERTIFICAT D'URBANISME le certificat d’urbanisme demeure, comme la
note de renseignement, une procédure à carac­
Le certificat d’urbanisme garantit celui qui tère purement informatif ; mais, comme autre­
l’a obtenu que pendant la durée de sa validité fois l’accord préalable, il a pour effet de lier
aucune disposition d ’urbanisme, autre que temporairement l’administration.
celles en vigueur, ne pourra être opposée à
P. M. et Y. P.
une demande d ’autorisation de construire,
même si les règles d’urbanisme sont modi­ Permis de construire; Tiers (droit des).
fiées ou qu’un nouveau plan est adopté. En
particulier, l’acheteur éventuel est ainsi pro­
tégé car la délivrance du certificat est obliga­ CESSION GRATUITE DE TERRAINS — Charge
toire lors de toute vente. foncière
Il est délivré à toute personne intéressée à
connaître la constructibilité d’un terrain, par
le maire lorsque la commune est dotée d’un CHAÎNE DE DÉPLACEMENTS -> Mobilité
l’LU ou d’un pos approuvé, par les services de
l’État dans le cas contraire, dans un délai de
deux mois. Il prend en compte les dispositions CHANGEMENT CLIMATIQUE -* Atmosphère;
d’urbanisme en vigueur, les servitudes admi­ Effet de serre; Énergie et environnement
nistratives existantes, l’état des équipements
publics existants ou prévus.
Il existe en fait deux types de certificats CHANGEMENT SOCIAL
d’urbanisme. Le certificat de type A ou certi­
ficat simplifié se limite à certifier la construc­ Passage d ’un type de société à un autre.
tibilité ou la non-constructibilité du terrain : Cette notion, au contour flou, se trouve néan­
son délai de validité est alors d’un an. Le moins, avec la notion complémentaire d’ordre
certificat de type B ou certificat détaillé pré­ social, aux origines de la tradition sociolo­
cise les conditions juridiques, techniques ou gique. La révolution politique de 1789 d ’une
CHANTIER 148

part, et la révolution industrielle de l’autre, gés des actions individuelles et à la sociologie


sont les deux grandes expériences historiques des mouvements sociaux susceptibles de faire
à propos desquelles les sociologues français surgir de nouveaux enjeux et de nouvelles
ont essayé de construire des théories du pratiques sociales. De nombreux sociologues
changement social. Les théories classiques essayant de déceler, derrière la crise qui enva­
conçoivent généralement le changement hit les sociétés industrielles, des mutations en
comme l’effet d ’une évolution cohérente puissance qui ne seraient plus inscrites dans
(positive ou négative). Cette évolution est le les lois et les structures du présent.
chemin qui mène des sociétés traditionnelles Parallèlement, sont peu à peu délaissées
ou «prim itives», que l ’Europe achève de les conceptions naturalistes qui rendent
détruire et de transformer, vers les sociétés compte des transformations de l’espace par
modernes incarnées par cette même Europe la contrainte de sites et des ressources natu­
industrielle et postrévolutionnaire. La sociolo­ relles ou identifient le développement urbain
gie du changement a décrit le passage de la à la croissance d ’un organism e vivant.
« communauté » à la « société », de la pensée L’espace édifié n ’est plus considéré comme
magique à la pensée scientifique, du pouvoir le reflet de l’évolution sociale : il apparaît
patrimonial à la démocratie politique, du construit par les décisions politiques, écono­
monde paysan à la société industrielle. Cette miques et culturelles. Cessant d ’être perçu
longue évolution a été le plus souvent expli­ comme une contrainte externe, ainsi que le
quée par l’action d’un facteur exogène, exté­ postulaient les théories anciennes du chan­
rieur à la société. Les sociologues ont gement, il devient une ressource et un
longuement débattu quant à la nature écono­ enjeu.
mique, démographique, culturelle ou « spiri­ F. D.
tuelle » de cette cause.
Aujourd’hui, cette vision moniste est large­ Classe sociale; Société; Sociologie urbaine.

ment rejetée. Les voies qui mènent de la tra­


dition à la modernité apparaissent multiples.
Le développement économique n ’a pas été CHANTIER
nécessairement associé à l’ouverture poli­
tique et culturelle, l’industrialisation a pu être Endroit où sont disposés les matériaux de
conduite par une bourgeoisie libérale, par un construction et où on les travaille, et, par
État autoritaire, comme par une avant-garde extension, édifices en construction et surtout
totalitaire. Parmi les causes du changement lieu où une construction est en cours. L’orga­
social, ni les richesses naturelles, ni la démo­ nisation de grands chantiers (villes nouvelles
graphie, ni le développement technologique, d ’Arabie, barrages canadiens, etc.) fait
ni une culture moderne ne semblent pouvoir l’objet d’une scmpuleuse planification de la
être invoquées. La notion traditionnelle de part du maître d’ouvrage. Ces grands chan­
résistance au changement est devenue sus­ tiers prennent parfois l’allure de villes éphé­
pecte car elle est aussi action rationnelle et mères.
opposition au pouvoir. Les grandes théories L’origine du terme est lointaine : le chantier
généralisantes sont peu à peu abandonnées est une pièce de bois sur laquelle on couche
au bénéfice d’études plus précises sur des les tonneaux dans un cellier ou dans une cave
séquences de changement dont on ne cherche (Littré). Le terme a ensuite été employé pour
plus à extraire des lois générales d ’autant diverses pièces servant de support (Robert),
plus difficiles à soutenir que l’Europe capita­ puis pour un entassement de matériaux.
liste ne peut plus être considérée comme le Les méthodes de constructions modernes
cœur d’un changement qui se diffuserait par font de plus en plus appel à la fabrication en
la séduction et la colonisation. usine (préfabrication). L’industrialisation (uti­
La sociologie, française en particulier, a lisation des machines) peut s ’effectuer en
délaissé la recherche des causes externes du usine ou sur le chantier.
changement pour celle de facteurs internes Les accidents de chantier représentent la
qui engendreraient les mutations de la société. part la plus importante des accidents du tra­
Ceux-ci ressortissent à la sociologie de la vail. Dans les années 1990, on compte en
décision, à l’étude des effets induits et agré­ moyenne 300 tués par an sur les chantiers
149 CHARTE D'ATHÈNES

de bâtiment et des travaux publics, malgré charge foncière, et en particulier le montant


d’importants efforts de prévention. La coti­ des participations exigées, représente une part
sation pour les accidents du travail est parti­ excessive pour pouvoir équilibrer l’opération.
culièrement élevée dans cette branche (5,5 % Ce type de situation donne lieu soit à l’aban­
des salaires en moyenne). don pur et simple de l’opération, soit à la rené­
P. M. gociation du foncier.
-» Construction ; Corps d'état; Industrialisation (du bâtiment).
V. R.
Prix fonciers.

CHARGE FONCIÈRE
CHARTE D'AMÉNAGEMENT
On désigne par « charge foncière » la part
du coût d’une construction qui est imputable Par extension de l’expérience des chartes
au terrain et à son aménagement. intercommunales, le nom de charte a été
La charge foncière comprend les éléments donné à des études de développement et
suivants : d’aménagement, présentant un caractère éco­
— prix du terrain et frais d’acquisition nomique autant que physique, élaboré par des
(frais de notaire, droits de mutation) ; collectivités territoriales en dehors de tout
— dépenses d’aménagement du terrain cadre juridique et dont la portée n ’est que
(démolitions éventuelles, voirie et réseaux pédagogique et (ou) politique.
divers) ; ^On citera à cet égard la charte régionale de
— taxes et participations liées à l’opération l’île-de-France, établie en 1991 à la demande
de construction (taxe locale d’équipement du président du conseil régional dans le cadre
ou, dans le cas d’une zone d’aménagement de la mission de la région en matière d’inter­
concerté, montant de la participation mise à la vention en faveur du développement écono­
charge du constructeur) ; mique, social et culturel et de l’aménagement
— diverses participations, dont les unes sont de son territoire que lui reconnaît la loi sur la
obligatoires sous certaines conditions (verse­ répartition des compétences de 1983. En fait, il
ment éventuel pour dépassement du plafond s’agissait aussi d’éléments de contre-propo­
légal de densité, participation en cas de non- sitions face à la révision, sous la responsabilité
réalisation d’aires de stationnement, taxe dépar­ de l’État, du schéma directeur régional.
tementale d’espace naturel sensible) et d’autres L’expression «charte d’aménagement» est
facultatives (cessions gratuites de terrain, dans employée pour des documents variés, en
la limite de 10% du terrain d’assiette de la général sans portée juridique, mais qui tra­
construction, pour la création ou l’élargisse­ duisent des orientations d ’aménagement.
ment de voies publiques; inversement, les Cependant, une charte d’aménagement et de
propriétaires d’espaces boisés inconstructibles développement durable constitue (comme le
peuvent obtenir l’autorisation de construire sur diagnostic territorial et le document cartogra­
10 % du terrain, moyennant la cession gratuite phique qui la traduit) un des documents
du reste de celui-ci). constitutifs du schéma régional d’aménage­
Si la part de la charge foncière s’est stabili­ ment et de développement durable du terri­
sée ou a même légèrement décru à certaines toire prévu par les lois Pasqua de 1995 et
époques, cette évolution est souvent compen­ Voynet de 1999. Sa portée est de dix ans.
sée par les participations, de légalité parfois
P. M.
douteuse, versées par le constructeur à la col­
lectivité (Grande-Bretagne, France) et la crois­ -> Charte intercommunale; Schéma régional d'aménagement
sance des frais financiers et des coûts de et d'urbanisme.

commercialisation.
Le retournement des marchés immobiliers,
qui s’est produit depuis la fin de l’année 2007 CHARTE D'ATHÈNES
dans de nombreux pays, provoque une cer­
taine paralysie de nombreuses opérations Nom donné à la charte d’urbanisme qui
immobilières, dans lesquelles le montant de la résume la doctrine des Congrès intematio-
CHARTE D'ATHÈNES 150

naux d’architecture moderne (ciam) et qui est humaines. La critique, concernant essentiel­
constituée par les conclusions du IVe congrès lement l’absence d ’hygiène, le désordre et
des ciam sur « La ville fonctionnelle », tenu à l ’inefficacité, est formulée sur le mode du
Athènes en 1933 (et non à Moscou en 1932, constat scientifique (sous le titre Observa­
comme il avait été prévu avant le retourne­ tions), tandis que les propositions sont pré­
ment de la politique architecturale et urbanis­ sentées de façon impérative (« il faut », « on
tique du gouvernement soviétique). doit »), sur le mode inconditionnel (sous le
La rédaction, collective et anonyme, de titre « il fa u t exiger »), comme si elles étaient
ces conclusions fut publiée en 1935 dans effectivement les conclusions nécessaires de
la revue hollandaise Opbouw (n° 11-12). À l’observation scientifique.
quelques simplifications et différences près Au classement des quatre fonctions corres­
(cf. A. Gutton, Conversations sur l ’architec­ pond leur dissociation dans l’espace (zoning).
ture, t. VI, Paris, 1962, qui publie les deux Dans l’économie des quatre chapitres, on
versions au regard l’une de l’autre), c’est ce observe, notamment :
texte que Le Corbusier a republié sous le — la place prépondérante accordée à
titre de Charte d ’Athènes, mais en l’assortis­ l’habitation (avec le privilège, propre à Le
sant d’un commentaire personnel (imprimé Corbusier, de l’habitat en hauteur) ;
dans un caractère différent), rédigé dans le — le fait que la circulation est traitée
style à l’emporte-pièce qui a fait le succès comme une fonction à part entière ;
de tous ses écrits. Une première édition, ano­ — la pauvreté du chapitre consacré aux loi­
nyme, parut pendant l’occupation allemande, sirs qui se résument dans la culture physique et
en 1942; une seconde (bientôt reprise en le sport, et donc, pour l’urbaniste, dans l’amé­
livre de poche), en 1957, sous le nom de nagement d’espaces verts, en priorité au pied
Le Corbusier. C’est désormais cette version des habitations («Les heures libres hebdoma­
et son commentaire qui sont considérés daires doivent se dérouler dans des lieux favo­
comme la charte d ’Athènes. De son côté, rablement préparés, parcs, forêts, terrains de
J. L. Sert avait publié sa version et son sport, stades, plages, etc. », art. 38).
propre commentaire du document de 1933, Un bref cinquième chapitre est consacré au
sous le titre Can our cities survive (Harvard, « Patrimoine historique des villes ». Deux ans
1944). après la Ire Conférence internationale sur la
Véritable manifeste de l’urbanisme pro­ conservation des monuments, également
gressiste, la charte présente la structure en tenue à Athènes, le patrimoine y apparaît
miroir, caractéristique des textes utopiques et comme un mal nécessaire. Son article 69 (« La
des « théories de l’urbanisme ». destruction de taudis à l’entour des monu­
En effet, c’est une « critique modélisante » ments historiques fournira l’occasion de créer
qui, d ’une part, condamne sans appel la ville des surfaces vertes ») a servi d ’alibi, pendant
contemporaine, incarnation du désordre et les années 1950 et 1960, aux architectes pro­
du mal («Le chaos est entré dans les villes... gressistes comme aux autorités administra­
(lieux de) maladie, déchéance, révolte. Le tives, pour la destruction d ’un patrimoine
mal est universel », op. cit., « Généralités », historique d’une valeur considérable.
art. 8) et, d ’autre part, expose et propose la Le caractère primaire de son contenu, pré­
ville modèle, en ordre, de l’urbanisme pro­ senté sous le masque de vérités scientifiques,
gressiste, dont les traits s’opposent, point par sa brièveté et ses formules percutantes ont fait
point, à ceux de la ville contemporaine. de la charte d’Athènes l’instrument de propa­
Entre une introduction (« Généralités ») et gande le plus efficace pour l’idéologie des
une conclusion (« Points de doctrine ») véhé­ ciam . Ce texte a exercé et exerce encore,
mentes, qui exaltent la modernité et pré­ notamment dans certains pays en voie de
sentent la situation urbaine du moment sous développement, un impact unique en son
un jour dramatique, critiques et propositions genre, imprimant sa marque sur l’aménage­
sont réparties entre quatre chapitres, respecti­ ment de l’espace dans le monde entier. En
vem ent consacrés aux quatre « fonctions France, devenue le bréviaire de plusieurs
quotidiennes: habiter, travailler, se recréer générations de praticiens, d ’hommes poli­
(récupération) et circuler», sous lesquelles tiques (R. Dautry, Claudius-Petit) et d’admi­
est subsumé l ’ensemble des activités nistrateurs, la charte d’Athènes a déterminé
151 CHAUFFAGE

une partie des grandes options d’aménagement gence des établissements régionaux, la poli­
et d’urbanisme pendant près de vingt ans. tique d’aménagement rural et son financement
(” est seulement à partir des années 1960, et se sont, de fait, décentralisés, indépendamment
hors des milieux professionnels, que son dog­ du soutien financier traditionnel des conseils
matisme a commencé à être mis en question. généraux aux petites communes rurales.
F. C. Les études et la charte intercommunale qui
se substituent au plan d’aménagement rural
> Architecture fonctionnelle; Congrès internationaux d'archi­
tecture moderne (ciam) ; Moderne ; Progressisme ; Urbanisme.
ont essentiellement pour but de mobiliser les
forces latentes et de fixer des objectifs que
les communes essaieront d ’atteindre avec des
aides financières extérieures de la région ou
CHARTE INTERCOMMUNALE du département, sinon de l’État si celui-ci ne
se désengage pas complètement. Ces objec­
Document d’orientation concerné à la fois tifs peuvent concerner le développement éco­
par le développement économique et social et nomique, social, culturel et les conditions
la prévision des équipements en zone rurale. d’organisation et de fonctionnement des équi­
11 y a toujours eu un courant de pensée pements et des services publics.
porté à considérer les documents d’urbanisme La charte intercommunale de développe­
comme trop contraignants pour les collectivi- ment et d’aménagement est un document éta­
lés locales et les citoyens. Leur contenu bli, avec l’aide des, services de l’État et en
comme leur finalité impliquent qu’ils aient ce concertation avec l’État, les collectivités terri­
caractère. Pour canaliser, orienter, maîtriser le toriales et les organismes professionnels, éco­
développement urbain, des mesures impéra­ nomiques et sociaux, par un ensemble de
tives sont nécessaires. Toutefois, en milieu communes entre lesquelles existent des liens
rural, souvent en voie de dépopulation, le pro­ de solidarité. Elle suppose un accord unanime
blème est inverse et il s’agit moins de conte­ des communes concernées. Le préfet - ou le
nir un quelconque développement urbain préfet de région si elles concernent des com­
tout en évitant le mitage résultant d ’une munes de plusieurs départements - se limite à
urbanisation dispersée éventuelle, mais géné­ prendre acte du périmètre retenu et à publier
ralement coûteuse et regrettable - que de les décisions concordantes d’approbation des
redonner espérance à des communautés communes. Elle n ’a aucune valeur juridique
humaines déprimées, de maintenir sur leur contraignante. Depuis la loi du 13 juillet 1991,
territoire un minimum d ’équipements, d ’y son articulation avec les POS et avec les sché­
réintroduire quelques investissements, d ’y mas directeurs n ’est même plus prévue. Seuls
favoriser des solidarités élémentaires que de les périmètres sensibles doivent encore être
petites communes pauvres ne peuvent assu­ compatibles avec la charte intercommunale.
mer qu’ensemble. Son rôle est donc plus pédagogique que nor­
La charte intercommunale est le plus récent matif.
outil de la politique d’aménagement rural de
l’État, commencée voici cinquante ans avec les A. G. et P. M.
secteurs pilotes d’aménagement mral, au début -> Aménagement rural; Contrat de pays; Décentralisation
des années 1960, poursuivie par les plans administrative ; Plan d'aménagem ent rural.

d’aménagement rural à partir de 1970, relayée


par les contrats de pays vers 1975-1976.
À chaque phase, il s’est agi de mener des CHAUFFAGE
études socioéconomiques, payées par l’État,
conduites par son administration, et plus parti­ Les techniques de chauffage par le sol
culièrement par les services de l’agriculture, étaient connues des Romains (habitat à hypo-
associant les communes auxquelles il était plus cause). L’architecture des cheminées prit
ou moins instamment conseillé de se grouper son essor à la Renaissance. Dès la fin du
en syndicat ou en association et de subordon­ X V I I I e siècle, le chauffage des bâtiments fut
ner l’octroi de subvention aux équipements à au centre des préoccupations urbaines: les
un minimum de vue d ’ensemble à moyen cheminées laissaient alors échapper 95 % de
lerme. À partir des années 1975, avec l’émer­ la chaleur. Pour économiser l’énergie, on
CHEF-LIEU 152

créa de nouveaux systèmes de chaudières et des limites de consommation maximale en


de poêles (charbon, coke), intérieurs ou exté­ fonction de la zone climatique (en kWh pri-
rieurs aux habitations, individuels ou collec­ maire/m2/an). La tendance va par ailleurs à la
tifs : conduites d ’eau chaude pour serres réalisation de bâtiments basse consommation
et temples en Grande-Bretagne (1791), (moins de 50 kWh/m2/an), voire à énergie
conduites d’air chaud (1793), conduites de positive.
vapeur d’eau pour les manufactures (1795). Le chauffage urbain ou réseau de chaleur
En milieu urbain, entre 1800 et 1840, on éva­ dessert en France pour un tiers le secteur ter­
luait les économies de combustible pour le tiaire (et dans une moindre mesure industriel)
chauffage à 60 %. Le bois (en déclin), le et pour deux tiers le secteur résidentiel, soit
charbon et en particulier le coke (en progres­ environ 1,2 million de logements (5% de
sion) sont restés les principaux modes de ceux-ci, contre 75 % en Suède) pour 400 à
chauffage au xixe siècle. Le pétrole s’y est 500 réseaux. Un réseau de chaleur est
ajouté au XXe siècle (fioul). Le confort ther­ composé d’une unité centrale de production
mique est demeuré très faible jusqu’à la thermique (charbon, fuel, bois, ordures ména­
deuxième moitié du xxe siècle : à peine 10 % gères, géothermie, solaire à concentration),
des logements étaient équipés du chauffage d’un ensemble de canalisations fortement iso­
central (permettant de chauffer toutes les lées transportant les calories sous forme d’eau
pièces) en 1954, 35% en 1968. En 1970, le chaude ou de vapeur et de sous-stations de
pétrole représentait 53 % de la consommation distribution aux usagers. Les bâtiments à éner­
énergétique finale dans le secteur résidentiel- gie positive, la mutualisation énergétique et la
tertiaire, le charbon et ses dérivés 17%, le valorisation des gisements énergétiques les
gaz 7% , l’électricité 7% . Après la crise plus divers amènent à multiplier les réseaux
pétrolière de 1973, les parts du gaz et surtout de chaleur locaux.
de l’électricité ont augmenté considérable­ S. B. et A. Gu.
ment : respectivement 34% et 35 % de l’éner­
gie finale du secteur en 2007. Le chauffage Déchets; Énergie et environnem ent; Pollution atmosphé­
rique.
central équipe aujourd’hui plus de 90% des
logements. Par ailleurs, les performances
thermiques n’ont cessé d’augmenter, en parti­
culier dans les bâtiments neufs. En France, la CHEF-LIEU Déconcentration
consommation s’est réduite grâce aux actions
de l’Agence pour les économies d’énergie
(1973-1982), puis de l’Agence française pour CHEMIN
la maîtrise de l’énergie (afm e : 1982-1999),
enfin de l’Agence de l’environnement et de Voie, généralement de largeur réduite et
la maîtrise de l ’énergie (adem e , depuis sommairement aménagée, reliant des lieux,
1999). L’augmentation simultanée du nombre habités ou non, selon un itinéraire précis,
et de la surface des logements et la lenteur du repéré et mémorisé par la population qui
renouvellement du parc font qu’en France la l’emprunte. Cet itinéraire est rarement le plus
consommation énergétique du secteur rési­ court possible : il tient compte du parcellaire,
dentiel et tertiaire est passée, malgré les éco­ des propriétés, voire des traditions religieuses
nomies initiales qui ont suivi les crises et des superstitions marquant certains lieux.
pétrolières de 1973-1974 et de 1979-1980, de Les chemins constituent à la fois un réseau
56 millions de tonnes équivalent-pétrole servant aux transports et à la communication,
(tep) en 1973 à 71 millions de tep en 2007 mais aussi des passages marquant les fron­
(+ 27% ), soit 43% de la consommation tières et les seuils entre deux communautés
totale d’énergie finale. Le changement clima­ s’appropriant économiquement et symboli­
tique a poussé, depuis le début des années quement les espaces qu’elles gèrent. Malgré
2000, à la mise en œuvre d’une réglementa­ leur apparente fragilité (en milieu rural, les
tion axée sur la réduction des consommations exploitants ont souvent tendance à les incor­
énergétiques et des émissions de gaz à effet porer à l’espace cultivé), les chemins sont les
de serre: réglementation thermique (rt 2005, traces les plus profondes, laissées par les infra­
la rt 2012 est en préparation). Elle introduit structures, des dispositifs de circulation des
153 CHEMIN DE FER

hommes dans les sociétés traditionnelles. souvent l’infrastructure construite pour les liai­
Le tracé actuel des routes rurales, mais aussi sons interurbaines.
des voies urbaines, reprend souvent le tracé Le chemin de fer de banlieue assure une
des anciens chemins ruraux. L’ancien réseau capacité élevée (1 700 places par train de
des chemins était très diversifié : des chemins 8 voitures dans la banlieue de Paris, jusqu’à
royaux larges et entretenus par les services du 15 trains, soit 25 000 voyageurs, à l’heure),
roi, aux chemins de traverse ou de paroisse les occupe peu d’espace (il utilise le plus souvent
reliant et aux chemins finerots marquant les des voies existantes), est régulier et sûr. Il a
limites entre les communautés. Ce n ’est qu’à exercé une influence déterminante sur le
partir de la loi du 21 mars 1836 qu’un réseau développement des banlieues des grandes
de chemins vicinaux, propriété des com­ villes (Paris, Lyon, etc.), favorisant une urba­
munes, a été systématiquement aménagé dans nisation dense autour des gares. Il assure sur­
les campagnes françaises. Ces chemins vici­ tout un trafic d ’heure de pointe, sur des
naux se distinguent des chemins ruraux, géné­ parcours assez longs, entre la périphérie et le
ralement en terre. centre (18 km en moyenne en région de
Dans les zones d’urbanisation nouvelle, les Paris). Sa faible utilisation en heure creuse,
cheminements sont rarement correctement jointe à l’obligation de service public d’ampli­
prévus, ce qui donne lieu, à côté des chemins tude de dix-huit heures des horaires quoti­
aménagés et revêtus, à des passages sponta­ diens, conduit à un important déséquilibre
nés à travers les pelouses et les espaces libres. financier de son emploi, mais cette situation
Dans les zones urbaines et les parcs et jardins, inéluctable reste moins coûteuse (subvention
on distingue : du déficit) pour la collectivité qu’un surinves­
— le sentier (0,70 m de large) en terre battue ; tissement dans le réseau routier qui ne serait
— l’allée (environ 2 m de large), sablée, utile que pendant les heures de pointe.
cimentée ou dallée ; Le chemin de fer s’est perpétuellement
— l’allée carrossable, bitumée, accessible amélioré au cours de son histoire. Depuis
aux véhicules de service. une génération, l’accent a été placé sur la
Dans les zones rurales et de montagne, des recherche de la haute vitesse. Le système de
chemins de grande randonnée, balisés de l’aérotrain (guidage et sustentation sur cous­
façon discrète, ont été définis et décrits (topo­ sin d ’air), d ’inspiration française (Bertin,
guides) pour permettre aux randonneurs un reprenant un principe découvert dès 1880 par
parcours agréable sans créer de gêne pour Louis Girard), ne s’est pas imposé faute d’un
l’agriculture et les habitants. système fiable d ’alimentation électrique à
J.-C. M. et P. M. grande vitesse en l’absence de contact entre
le sol et le train et par impossibilité d’aména­
* Route ; Voie ; Voirie. ger des aiguillages, donc de développer des
réseaux complets et pas seulement des lignes
isolées. Le système, étudié par les ingénieurs
CHEMIN DE FER allemands et japonais, du train à sustentation
magnétique présente les mêmes handicaps.
Voie équipée de rails en acier sur lesquels L’Allemagne avait décidé la construction
circulent des véhicules à roues métalliques d’une ligne nouvelle Hambourg-Berlin utili­
reliés entre eux et tramés par une locomotive sant cette technologie, mais l’a abandonnée.
ou motrice (train). Mais c ’est indiscutablement le train à
Initialement développés en France à partir grande vitesse (tgv), conçu par les ingénieurs
de 1832 (Lyon-Saint-Etienne), pour les liai­ de la sncf, qui a obtenu les résultats les plus
sons interurbaines, les chemins de fer ont convaincants. En France, la première ligne
reçu, à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, (Sud-Est entre Paris et Lyon) a été ouverte
deux types d’utilisation urbaine : en deux tronçons (1981 et 1983), puis prolon­
— les chemins de fer métropolitains (métro) gée vers Valence (1994), et ensuite jusqu’à
à usage exclusivement urbain ; Marseille et Nîmes (tgv Méditerranée en
— les chemins de fer de banlieue, lignes 2001) et le sera ju sq u ’à Nice (tgv Côte
assurant la desserte fréquente de stations d ’Azur) et la frontière italienne d’une part,
implantées en banlieue, en utilisant le plus vers la frontière espagnole d’autre part. La
CHEMIN (CHEMINEMENT) PIÉTONNIER 154

ligne Atlantique a été mise en service en 1989 comme le cdg Express en projet. En revanche,
(vers Le Mans) et 1990 (vers Tours) et sera les orientations actuelles vont vers des rames
prolongée vers Rennes (tgv Bretagne-Pays de à forte capacité (rames à deux étages avec
Loire prévu en 2014) et vers Bordeaux capacité de remplissage rapide), vers la
(2016), puis vers Toulouse, la frontière espa­ conduite automatique des rames, qui permet
gnole ( tgv Sud Europe Atlantique) et en outre de réduire l’intervalle entre rames et
Limoges. La ligne Nord a desservi Lille donc d’accroître la capacité (rer parisien) et
(1993), a été prolongée jusqu’à Londres (par le confort et la sécurité des voyageurs.
le tunnel sous la Manche) et Bruxelles. La Le chemin de fer est actuellement beaucoup
ligne Est a été ouverte jusqu’en Lorraine en moins performant pour le transport de mar­
2007 et sera prolongée jusqu’à Strasbourg chandises. Pourtant, il a joué un rôle essentiel
(avant 2015). D ’autres projets concernent la à la fin du XIXe et au début du xxesiècle, reim
liaison de Paris et de Lyon vers Dijon, plaçant peu à peu le roulage (véhicules rou­
Besançon et Mulhouse, Paris-Rouen-Le tiers hippomobiles). Mais, après la première
Havre et surtout la liaison Lyon-Turin (par un guerre mondiale, il a subi la concurrence
tunnel sous les Alpes). Le schéma national des croissante du camionnage. Aujourd’hui, en
infrastructures de transport de 2010 prévoit, France, sa part de marché pour les marchan­
pour 2020, de porter le réseau de lignes TGV à dises est réduite à 14 % malgré des tarifs plu­
2 300 km pour un coût de 65 milliards d’€. sieurs fois meilleur marché. Cette désaffection
Le tgv a été adopté ou est en voie de est due à la rigidité du trafic ferroviaire, mal­
l’être, par de nombreux pays et d’abord par gré le recours à des transports routiers termi­
l’Espagne (la première ligne, entre Madrid et naux et l’aménagement d’axes majeurs de fret
Séville, a été ouverte en 1992) et la Corée du ferroviaire, qui s’oppose à la souplesse du
Sud (ligne Séoul-Fusan). transport routier (transport porte à porte,
Comme ses concurrents moins performants horaires libres, charges variables). La sncf a à
(le Shinkansen japonais, qui a été le premier nouveau l’ambition d’améliorer son offre
train à grande vitesse, l’Inter-City Express pour reconquérir des parts de marché, mais
allemand, etc.), le tgv recourt à la technologie n’y a jusqu’ici pas réussi.
ferroviaire classique (roue en métal sur rail en P.M.
métal, dite « fer sur fer»), les voies ayant des
rayons de courbure importants pour ne pas - » Grands aménagements régionaux; Heure de pointe; Métro;
Moyen de transport; Tram w ay.
limiter la vitesse. On évite au maximum les
fortes pentes, pour limiter la puissance néces­
saire, quitte à multiplier les ouvrages d’art. La
principale supériorité de la technique « fer sur CHEMIN (CHEMINEMENT) PIÉTONNIER
fer» est de permettre des aiguillages, ce qui —> Piéton
n’était possible ni avec l’aérotrain, ni avec le
train à sustentation magnétique. Les rames
sont en outre compatibles avec les réseaux CHOIX MODAL (ou choix du mode
ferrés traditionnels. Ces deux propriétés per­ de transport) —> Coût généralisé
mettent qu’autour de quelques voies nouvelles de déplacement ; Modèle de choix modal ;
permettant la très grande vitesse, se soit déve­ Planification des transports; Valeur du temps
loppé tout un réseau de lignes utilisant ces (lors des déplacements)
voies et prolongeant leur parcours sur des
voies ordinaires. C’est ainsi tout un nouveau
réseau qui se superpose au réseau ferré tradi­ CHÔMAGE -> Activité économique ; Emploi ;
tionnel. Population active; Taux d'activité
En milieu urbain et suburbain, l’adoption
de technologies nouvelles permettant de
hautes vitesses semble peu probable en raison CIALA —> Aménagement du territoire
des faibles interstations qui ne permettraient
pas d ’améliorer sensiblement la vitesse
commerciale, sauf dans des cas très particu­ CIAM -> Congrès internationaux
liers, telles les liaisons directes d’aéroports d'architecture moderne
155 CINÉMA ET VILLE

CIMETIÈRE ments réservés à l’inhumation de personnes


de même confession religieuse.
Lieu, généralement clos, où l’on enterre les
morts (étymologiquement : lieu de repos). 3. C. et P. M.
Chaque pays entretient une conception du -> Parc.
cimetière qui lui est propre et il est frappant
de voir que les cimetières diffèrent souvent
davantage d’un pays à l’autre que les autres CINÉMA ET VILLE
types d’aménagements.
La conception française des cimetières très Dès la mise au point de cette technique de
denses, d’aspect minéral, rejetés en dehors des visualisation (1895), les cinéastes (des frères
zones d ’habitation, résulte d’anciens textes Lumière à G. Méliès) ont filmé des vues de
(décret du 23 prairial an II, modifié par la loi villes existantes ou construites en studio, avec
du 26 octobre 1943) pris pour des motifs des actions qui s’y déroulent. Depuis, cette
d’ordre et d’hygiène à une époque où l’ali­ présence de la ville n’a cessé de se développer,
mentation en eau se faisait par des puits : tout se renouvelant avec les esthétiques cinémato­
nouveau cimetière doit être implanté à au graphiques et les transformations urbaines.
mois 35 m (équivalent d ’une centaine de Architectes et urbanistes ont entretenu avec
«pieds») des habitations existantes. Par ces images animées différents types de rela­
ailleurs, toute nouvelle habitation est interdite tions. Dans la mouvance des avant-gardes des
à moins de 100 m des nouveaux cimetières. années 1920, certains y voient l’occasion de
Sous l’influence anglo-saxonne, on valoriser leur vocabulaire formel et les idées
observe, depuis une trentaine d’années, une qu’ils défendent. Ils conçoivent des décors en
tendance à concevoir des cimetières plus verts studio (H. Poelzig pour Le Golem, 1920, et
et plus spacieux qui supposent des surfaces R. Mallet-Stevens pour L'inhumaine, 1923)
quatre à cinq fois plus importantes. La surface ou font utiliser leurs propres réalisations archi­
nécessaire est égale à la taille d ’un emplace­ tecturales pour exalter le nouveau mode de vie
ment (4 m2 avec les circulations), multipliée qu’elles doivent entraîner (Le Corbusier avec
par le nombre annuel d’enterrements et par la L ’architecture d ’aujourd'hui, 1929, tourné
durée moyenne de rotation, elle-même très dans les villas Savoye et Church ; R. Mallet-
variable localement en fonction des traditions, Stevens avec Mystères du château de dés,
mais aussi des contraintes géologiques. 1928, tourné dans la villa Noailles). À la fin
L’incinération se développe rapidement, des années 1960, lorsque commence la cri­
mais reste minoritaire en France. En 2006, le tique de l’urbanisme progressiste, les moyens
quart des obsèques (128 000) y a pris cette audiovisuels sont utilisés pour permettre une
forme, alors que son taux dépasse largement large sensibilisation aux questions de l’amé­
90 % au Japon et les trois quarts en Grande nagement urbain et de l’environnement.
Bretagne par exemple. Le coût des conces­ D ’une façon générale, le cinéma a large­
sions et des tombes conduit cependant de plus ment et profondément alimenté l’imaginaire
en plus de personnes à y recourir (il n’y avait urbain : l’écriture filmique, traitement d’une
eu que 2 400 crémations en 1974 et 43 200 en matière spatio-temporelle par montage de
1992). Il y a en 2009, environ 140 crémato­ plans à échelle variable, se prête particulière­
riums en France et leur nombre augmente ment bien à la représentation des caractères
rapidement (il n ’y en avait que 52 en 1992). acquis par la grande ville au cours du siècle.
La création et l’entretien des cimetières Elle livre ses commentaires sur la ville dans
figurent au nombre des dépenses obliga­ deux types de films : ceux dont le propos
toires des communes (L. 221.2 du Code des explicite est de tracer un portrait de la ville et
communes). Ils doivent théoriquement être ceux qui le font indirectement. Les premiers
organisés « sans distinction de culte ou de tendraient vers une objectivation de l’espace
croyance» (L. 131.6), mais une circulaire urbain et les seconds vers un jugement (positif
91.30 du 14 février 1991 recommande pour­ ou négatif) de valeur.
tant aux maires qui ont des demandes éma­ Le portrait de ville au cinéma est apparu
nant de musulmans de constituer des « carrés avec les « symphonies de villes », des années
confessionnels», c ’est-à-dire des emplace­ 1920, qui montraient la « vie» d’une grande
CIRCULAIRE 156

ville durant vingt-quatre heures (Rien que les tion de quartiers anciens, multiplication des
heures de A. Cavalcanti, 1926; Berlin, sym­ centres commerciaux péri-urbains, « disney-
phonie d ’une grande ville de W. Ruttmann, landisation» des lotissements), qui affectent
1927 ; L ’homme à la caméra de D. Vertov, l’espace urbain et la périphérie des villes aussi
1929). Ces fdms, qui se sont ensuite multi­ bien que les modes de vie, ont inspiré nombre
pliés, finissent par représenter plus l’essence de cinéastes qui donnent à voir la vidéo­
des grandes villes que leurs particularités. Les surveillance {The End o f Violence de Wim
écoles documentaristes anglaise et américaine Wenders, 1997), la circulation autoroutière
des années 1930 ont adopté une démarche {Collateral de M. Mann, 2004), la télé-réalité
sociologique pour se pencher sur des ques­ urbaine {The Truman show de Peter Weir,
tions précises, comme celle du logement des 1998), les enclaves résidentielles fermées {La
classes défavorisées. Zona de Rodrigo Plà, 2007), etc.
À partir des années 1960, une critique plus Avec la généralisation du numérique et
saisissante, amorcée par quelques néo­ surtout le montage assisté par ordinateur, les
réalistes italiens et développée par la nouvelle manipulations visuelles se démultiplient et
vague française et M. A. Antonioni, a donné offrent aux réalisateurs les conditions de
à voir l’état du tissu urbain au gré des déam­ s’autonomiser par rapport aux lieux du tour­
bulations d’anti-héros, ou encore directement nage, à la luminosité, au climat. Quant à la
mis en scène les rapports de force et les stra­ vidéo, elle banalise la prise de vue, sans
tégies qui s’instaurent autour d’opérations pour autant faire de tout propriétaire d’un
d ’aménagement urbain {Main basse sur la appareil cellulaire un cinéaste. Le cinéma,
ville de F. Rosi, 1963 ; Berlin-Chamissoplatz né avec la métropole, va-t-il connaître le
de R. Thome, 1980). Une véritable «décons­ même sort ? La ville s’éparpille en un urbain
truction» de la ville s’est ainsi déployée sur diffus, rompt avec la continuité physique.
les écrans, opposant finalement à l’espace Le cinéma est concurrencé par l’h jp er vidéo
urbain disloqué l’unité structurale des réseaux qui facilite le morcellement des images et
de communications (W. Wenders). leur répétition infinie, la discontinuité du
Le second type de fdms comporte une fonc­ récit filmographique et la temporalité propre
tion narrative déterminante. Il est fortement à un auteur. Ni l’un, ni l’autre ne se porte
lié aux genres établis (policier, comédie musi­ bien.
cale, science-fiction). Les décors sont fré­ T. L. et T. P.
quemment construits en studio. La plupart
d ’entre eux donnent de la ville une image - » M oderne; Post-urbain; Résidience protégée; Salle de spec­
tacle ; Science-fiction.
négative, implacable (cinémas allemand des
années 1930, américain des années 1940-
1950, du tiers monde).
La ville peut aussi être représentée comme CIRCULAIRE -> Géométrie;
un milieu convivial, humain et chaleureux Radioconcentrisme
(un certain cinéma français des années 1930,
comédies musicales américaines). Parfois
la construction narrative, le récit, prend CIRCULATION
appui sur une opposition entre la ville et un
« ailleurs » dans l’espace et/ou le temps. Le Mouvement des véhicules sur la voirie (par
rapport ville/campagne est ainsi abordé extension, s’applique aussi au mouvement
dans l’entre-deux-guerres de manière mani­ des piétons ou à celui des trains sur un réseau
chéenne (ville mauvaise, bonne campagne, ferré). Le terme de trafic (anglais : traffic)
dans L ’aurore de Y. W. Mumau, 1927), ou n ’est pas tout à fait synonyme : il désigne le
plus ambivalente (Le troupeau de Z. Okten, volume de la circulation.
1979). On peut également opposer deux états En France, environ le quart des 350 mil­
du tissu urbain : passé/futur {Métropolis de liards de kilomètres parcourus par des auto­
F. Lang, 1927) ou traditionnel/modeme {Mon mobiles de tourisme se déroule dans des
oncle de J. Tati, 1958). agglomérations de plus de 5 000 habitants;
Depuis les années 1970, les profondes Les poids lourds en représentent près de 20 %
mutations (mobilité généralisée, muséifïca- (mais seulement 5 % en heure de pointe).
157 CITÉ-JARDIN

On distingue la circulation interne à une chose. Le grand incendie de 1666 ne modi­


agglomération, d ’échange entre aggloméra­ fie pas les localisations. Au fur et à mesure
tions et de transit à travers une agglomération. que l’Angleterre s’industrialise et que son
La première, qui est spécifiquement urbaine, Êmpire s’étend, les fonctions commerciales,
représente environ 60 % du trafic dans une financières et d ’entrepôt éliminent toutes les
petite ville et ju sq u ’à 95 % dans une très autres. La City n ’a plus d ’habitants perma­
grande agglomération. nents : elle se remplit et se vide au rythme
La circulation est cause de nuisances impor­ des heures de bureau. C ’est le cœur de la vie
tantes (bruit, pollution de l’air, accidents, cou­ des affaires.
pure du tissu urbain, dégradation du paysage). Hermann Schmid propose en 1909 de par­
P. M. ler de « City » pour ce type de quartier et de
fonction.
Autom obile; Voirie.

Dans les pays de langue anglaise, l’habi­
tude s’est imposée, à partir de 1954, d’insis­
ter sur le rôle du central business district
CITÉ ( c b d ), qui est l ’équivalent de notre cité.
C’est à ce moment que Raymond E. Murphy
«Ville importante considérée spécialement et James E. Vance Jr ont proposé des
sous son aspect de personne morale » méthodes de délimitation qui ont permis de
(Robert), voilà le sens dominant, auquel s’en multiplier les études comparatives (les cri­
ajoute un autre : « Se dit parfois de la partie tères retenus conviennent malheureusement
la plus ancienne d ’une ville » (ibid.). mal aux villes d’Europe continentale ou du
Le terme vient du latin, où civitas «dési­ tiers monde).
gnait d ’abord la réunion de citoyens en tant
qu’elle forme le corps de l’État, qu’il se P. C.
compose d’une seule ville et de son territoire, -> Centre ; Centre des affaires ; Centre historique ; Urbanité.
ou de plusieurs » (de Dainville).
L’Eglise s’étant moulée dans le cadre admi­
nistratif mis en place sous Dioclétien, la cité CITÉ ADMINISTRATIVE -► Bâtiments
finit par désigner une ville épiscopale, un évê­ administratifs
ché. De là, on est passé insensiblement au
sens de ville importante : les deux_ acceptions
coexistent en français du Moyen Âge à la fin CITÉ DE TRANSIT —» Bidonville ; Rénovation
du xvme siècle. urbaine
Le terme de cité désigne également une par­
tie de l’espace urbain. Au Moyen Âge, les
villes épiscopales ont souvent été doublées CITÉ-JARDIN
d’un établissement marchand : ainsi est née
l’opposition de la cité, le quartier à fonctions Ville de dimension limitée, construite dans
religieuses, et du bourg, où se traitent les un cadre rural et qui vise à offrir une alterna­
affaires et où battent les métiers ; on la voit à tive aux grandes villes et aux banlieues indus­
Troyes, à Narbonne, à Toulouse ou à Reims ; trielles.
ailleurs, on parle de la cité et du château, Le mouvement en faveur des cités-jardins
comme à Limoges. est né avec la publication à Londres, par un
Dans certaines villes, c’est le cœur ancien petit journaliste socialiste et utopiste,
tout entier qui est qualifié de cité. Le cas n’est Ebenezer Howard, du livre To-morrow, a pea-
cependant pas général. ceful path to real reform (Demain, un chemin
À Londres, les affaires sont demeurées pacifique vers une véritable réforme) en 1898.
dans le vieux noyau de la City o f London : En 1902, ce livre fut réédité sous le titre
l’apparition d ’une ville royale, Westminster, Garden-cities o f To-morrow et traduit en fian­
à 3 km à l’ouest, le développement, le long çais. Entre-temps, en 1899, Howard fonda
du Strand, de quartiers intermédiaires la Garden-city Association. Il entreprit en
tournés vers l’administration, la justice et 1903 la création d ’une première cité-jardin,
plus tard la presse, n ’ont rien changé à la Letchworth, à 70 km au nord de Londres, avec
CITÉ-JARDIN 158

l ’aide de deux urbanistes reconnus, Barry de terrains, Alphonse Pallu, après 1858, sur
Parker et Raymond Unwin. 400 ha proches de la gare du Pecq, avec gra­
Avant Howard, des petites cités-jardins tuité pendant quatre ans sur le chemin de fer.
modèles avaient été construites par des indus­ Les idées d’Howard y furent d’abord popur
triels paternalistes, en Angleterre et en Alle­ larisées, mais aussi transformées, par Georges
magne notamment. Benoît-Lévy, à travers son livre Cités-jardins
La cité-jardin préconisée par Howard, qui (1904), et la Société des cités-jardins (créée en
en faisait une description précise mais peu 1903). L’idée fut adaptée par un élu socialiste,
réaliste (il n ’était en rien urbaniste lui-même), Henri Sellier, qui estimait qu’il ne convenait
est imprégnée d’une réaction malthusienne pas de construire des villes complètes, auto­
(30 000 habitants, plus 2 000 agriculteurs suffisantes et indépendantes selon le modèle
dans la ceinture verte) et ruraliste (la ceinture anglais, mais plutôt « des ensembles de loge­
verte qui entoure la cité-jardin a pour but de ments propres à assurer la décongestion de
produire l’alimentation des citadins et d’éviter Paris et de sa banlieue (...) présentant le maxi­
toute conurbation) à la ville industrielle et à mum de confort matériel et de conditions
sa banlieue. Elle se veut autarcique, assurant d’hygiène». Sous son impulsion, l’Office des
la diversité des tranches d’âge, des groupes habitations bon marché (hbm) du département
sociaux et des activités de production, afin de la Seine construisit, dans les années 1930,
d ’atteindre un équilibre et d’être autosuffi­ quinze cités-jardins représentant quelque
sante, sur le plan alimentaire comme sur celui 20 000 logements, dont les plus importantes
des produits industriels. sont celles du Plessis-Robinson, de Châtenay-
Les deux cités-jardins construites à l’initia­ Malabry (la Butte Rouge), de Suresnes, de
tive d ’Howard au nord de Londres, Stains, de Drancy, du Pré-Saint-Gervais. Mais
Letchworth à partir de 1903 et Welwyn (dont peu à peu, sous l’influence des idées des
le plan, très réussi, est dû à l’urbaniste Louis Congrès internationaux d ’architecture
de Soissons) à partir de 1919, sont en fait liées moderne ( ciam ), et surtout des contraintes
au développement de la région de Londres, à financières et du manque d’espace, les cités-
laquelle elles sont reliées par chemin de fer jardins françaises firent une large place à des
(plus tard également par autoroute). Elles logements collectifs, voire à des tours.
constituent, comme certains Garden Suburbs, Dans d’autres pays également, l’influence
tel Hampstead, construit par Unwin, de remar­ d’Howard et du mouvement des cités-jardins
quables exemples d ’aménagement alliant fut importante: aux États-Unis, fut lancée la
habitat ouvrier et bourgeois, à base de mai­ cité de Radbum (New Jersey) par la City
sons individuelles, avec un centre urbain actif Housing Corporation créée dès 1924 par
et monumental de proportions, des équipe­ Clarence Stein, sur le modèle de la Garden-
ments publics largement conçus et des zones city association, puis, en 1935, le programme
d’activités, situées à proximité du centre, flo­ des Greenbelt Cities, avec aide du gouverne­
rissantes. Elles servirent de référence aux New ment fédéral, à la fois pour fournir du travail à
Towns réalisées à partir de 1946. des chômeurs, réaliser des logements sociaux
L’esprit de l’œuvre d’Howard s’est surtout et expérimenter les principes des cités-jardins.
transmis à travers l’influence exercée par la Ces villes, en général limitées à un quartier
Garden City Association qui a imprégné le d’habitation, ont servi d’ancêtres aux New
milieu des urbanistes britanniques pendant la Communities des années 1960 et 1970.
première moitié du siècle et a trouvé son Quant au concept de ceinture verte (Green
aboutissement avec les propositions de New Belt), il fut repris à l’échelle du Grand Lon­
Towns du plan Abercrombie du Grand Lon­ dres, en 1938, par le Green BeltAct, puis dans
dres (1944), puis leur réalisation (à partir de le plan Abercrombie (1944) : une vaste cou­
1946). Elle est alors devenue la Town and ronne, entre 20 et 32 km du centre, est préser­
Country Planning Association qui a continué vée de rurbanisation. Ce principe inspira de
à exercer une influence sensible. nombreux plans d ’urbanisme de grandes
En France, comme dans d ’autres pays, métropoles par la suite.
avaient déjà été réalisées des « cités-jardins P.M.
avant la lettre ». La plus caractéristique est
sans doute Le Vésinet, bâtie par un marchand -> N ew to w n ; Ville nouvelle.
tt>9 CITÉ LINÉAIRE

CITÉ LINÉAIRE Il ne put appliquer son modèle qu’à l’échelle


d’un faubourg de Madrid (1894). Cette « Ciu­
Expression créée en 1882 (dans un article dad lineal de Madrid» (cf. G. Collins, Journal
d'W Progreso de Madrid) par l’Espagnol o f the Society ofArchitectural Historians, n° 2,
A. Soria y Mata, pour désigner un modèle 1959) devait être longue de 80 km et large de
linéaire d ’urbanisme progressiste, q u ’il 450 m. Bordée de bandes boisées de 100 m de
(levait continuer d ’élaborer dans de nom­ large, son axe médian était occupé par une ligne
breux articles puis, à partir de 1896, dans la de tramway et une route de 40 m de large, divi­
revue Ciudad lineal, et qui fit, ultérieure­ sée en sept bandes, classant les circulations et
ment, l’objet de multiples interprétations par coupée par des rues transversales. Soria réalisa
le courant progressiste, en particulier par les seulement 5,2 km de son projet.
ilésurbanistes soviétiques et par Le Corbusier Le modèle de Soria n ’en connut pas moins
(ef. G. C. Collins, Linear planning through- une diffusion considérable grâce, en particu­
out the world, Journal o f the Society o f lier, à l’action de deux collaborateurs de la
Architectural Historians, n° 3, 1959). revue La Ciudad lineal, H. Gonzales dal
Philosophe, militant social, spécialiste des Castillo (à qui l’on doit un projet linéaire de
transports, Soria critique à la fois la société grande envergure pour Bruxelles, 1919) et
inégalitaire et la ville (malsaine, désordonnée, surtout G. Benoît-Lévy, le militant du mou­
impropre à la circulation) de son époque. Le vement des cités-jardins françaises qui
modèle par lequel il propose de pallier ces fonda, dans les années 1920, une Association
défauts, après expropriation et répartition internationale pour la planification linéaire.
équitable du sol, répond avant tout aux exi­ Toutefois, l’idée d ’un établissement linéaire
gences de la circulation (« La forme d’une semble avoir surgi ailleurs, de façon indé­
ville est ou doit être une forme dérivée des pendante (cf. la Road town de l’Américain
nécessités de la locomotion ») et de l’hygiène E. Chambless, 1910) et il est difficile de faire
(rôle de «poum on» joué par la verdure) : il la part de l’influence directe de Soria dont on
permet de « ruraliser la ville et d’urbaniser la sait, par exemple, que ses idées étaient bien
campagne», selon une formule qui anticipe connues dans I’urss des années 1920 (le
celle de E. Howard. schéma de Soria est publié en 1930 dans le
La Cité linéaire de Soria se présente livre d’El Lissitzsky, La Russie de 1930).
comme «une rue indéfiniment extensible» La version la plus radicale et la plus élabo­
de 500 m de large, dont l’axe longitudinal rée de ville linéaire fut conçue avec diverses
regroupe les voies de transports (chemins de variantes, en Union soviétique, pendant les
1er, tramway, route), les réseaux de circula- années 1920. Pour les désurbanistes sovié­
lion d’eau, de gaz, d’électricité, de téléphone, tiques, ce modèle apparaît comme l’instrument
les services municipaux de base, des parcs et spatial théorique, susceptible de contribuer à
des pièces d’eau. De part et d ’autre de cette promouvoir les objectifs sociaux, politiques et
épine dorsale, des îlots orthogonaux associent industriels de la Révolution, et à transformer la
un habitat individuel (maisons standardisées société. Les projets d’Okhitovich, Guinzburg,
occupant seulement un cinquième de leur jar­ Leonidov (Plan de Magnitogorsk, 1929),
din, identiques pour toutes les classes) aux classent avec rigueur les bandes de colonisa­
édifices publics, commerciaux, industriels et tion (logement et services sociaux et culturels
aux espaces de loisirs. communs aux ouvriers et aux agriculteurs,
Fondée sur une apologie inconditionnelle de séparés des bandes de production industrielle
la ligne droite et de l’orthogonisme, la Cité par des espaces verts, sur une longueur de
linéaire de Soria préserve l’intégrité de la cam­ 36 km pour Magnitogorsk par exemple) et
pagne, se prêtant à la croissance, tout en conta­ assurent la « suppression de la différence entre
minant le moins possible l ’environnement: la ville et la campagne», ainsi que l’organisa­
« Une rue unique de 500 m de large, aussi tion rationnelle de la production, selon l’image
longue qu’il sera nécessaire, voilà la cité de de la chaîne de montage, transposée de l’usine
l'avenir, dont les extrémités pourraient être à l’échelle du territoire. Le concept d’établis­
( îidix et Saint-Pétersbourg. » Pour la première sement linéaire de production industrielle est
Ibis, Soria pose le problème de l’établissement élaboré en détail par N. A. Milioutine, ancien
humain à l’échelle régionale et même mondiale. commissaire du peuple aux finances, qui
CITOYEN 160

devint en 1929 directeur du Comité pour CIVILITÉ


l’étude des villes nouvelles. Il établit, entre
autres, le plan d’une unité de fabrication de Le terme de civilité est indissociable de
tracteurs à Stalingrad : les bandes de résidence celui de « civilisation » ; il décrit un processus,
(pourvues des cellules minimales d’habitation, à l’origine piloté par la cour, généralement
dont Le Corbusier s’est inspiré) sont équidis­ admis comme un progrès. Il s’agit de compor­
tantes des unités de production industrielle et tements et de savoir-faire codés qui révèlent
des établissements agricoles qui, de part et une certaine conception de l’existence sociale.
d’autre, en sont séparées par des bandes de Dans le contexte français des années 1990, il
verdure traversées par les autoroutes. La voie est souvent associé à « urbanité ». Ensemble,
ferroviaire est reportée derrière les usines. ils constituent des valeurs fondamentales aux­
Les projets des désurbanistes demeurèrent quelles tendent les sociétés urbaines par régula­
sur le papier (à l’exception d’un petit secteur tions et ajustements progressifs. Si l’urbanité
de Magnitogorsk) et ceux de Milioutine qualifie à la fois le citadin moderne et son
connurent seulement un début de réalisation : espace, la civilité relève d’un code de conduites
l’orientation idéologique de la planification qui préside au face-à-face. Leurs qualités
soviétique changea, et la ville linéaire fut respectives (maintien, politesse, ordre) résulte­
condamnée l’année suivant la publication du raient d’une coproduction des acteurs et d’un
livre dans lequel Milioutine exposait sa théo­ lent processus de « civilisation des mœurs ».
rie (Sotsgorod, the problem o f building socia- La littérature du xixe siècle est riche de descrip­
list cities, Moscou, Leningrad, 1930, trad. tions de ces nouveaux dispositifs spatiaux
américaine avec notes et commentaires par (mails, passages, boulevards), destinés à facili­
G. R. Collins et W. Allix, Cambridge, Mass., ter la mise en scène et le développement de ces
et Londres, 1974). valeurs partagées.
De son côté, Le Corbusier s’est approprié le On entend alors par civilité une manière de
concept de cité linéaire dans ses projets pour gérer le lien social qui s’appuie sur le respect
Rio (1929) et Alger (Plan Obus, 1930), et sur­ d’autrui et qui, ainsi, autorise la coexistence
tout dans sa théorie des Trois établissements des différences sociales, ethniques, généra­
humains (Paris, 1945) qui associe, à l’unité tionnelles, etc.
d’exploitation agricole, la ville radioconcen- E. Goffman (La mise en scène de la vie quo­
trique des échanges et la « cité linéaire indus­ tidienne) a proposé la métaphore du théâtre
trielle » qui relie ces villes. A son habitude, il pour décrire les interactions qui produisent
ne mentionne ni ses sources ni sa dette à civilité et incivilité : les acteurs sociaux se
l’égard des désurbanistes, qu’il a critiqués déploient sur la scène urbaine ; les masques
avec violence dans La ville radieuse (1933). (attitudes) qu’ils revêtent leur permettent de
Le concept et le modèle de la ville linéaire garder leur intégrité sans révéler leur « moi »
ont suscité un nouvel intérêt au cours des intime ; ils seraient la condition pour établir
années 1960 où ils ont à nouveau inspiré de une relation sociale en gardant l’autre (ennemi
nombreux projets et réalisations, souvent à potentiel) à distance. Avancer masqué serait la
base de mégastructure. On citera, parmi condition de la civilité et le masque, son
d’autres, le plan de Kenzo Tange pour la baie essence même ; la civilité ne serait donc pos­
de Tokyo (1960), celui de G. Candilis pour sible que par le respect des distances et tout à
Touloüse-Le Mirail, les plans du projet de l’opposé du moi fùsionnel.
ville nouvelle de South Hampshire en Grande- L’irruption de ces deux termes dans le
Bretagne, le plan non réalisé de Van den vocabulaire des sciences de la ville corres­
Broek et Bakema pour le projet de Pampus pond à une conjoncture précise ; elle participe
près d’Amsterdam (1965). d’une mise en question de l ’esthétique
P. Mo.
urbaine issue du mouvement moderne. Elle
coïncide avec l’émergence des problèmes des
-> Linéarité ; Moderne ; Progressisme ; Urbanisme, banlieues, avec le constat que les maux
sociaux d’aujourd’hui sont avant tout urbains.
La crise économique du milieu des années
CITOYEN -► Association ; Comité (ou conseil) 1970 se répercute sur TÉtat-providence qui,
de quartier ; Participation pour la première fois, se met à penser de
101 CLASSE SOCIALE

manière réflexive les espaces produits par les conceptions religieuse et juridique de la
l'urbanisme moderne. Civilité et urbanité sont société, les classes sociales sont définies à la
alors invoquées comme des qualités inhé­ fois par leur place dans la structure écono­
rentes à la cité, perdues de vue, qu’il s’agit de mique et par celle qu’elles occupent dans le
retrouver en réhabilitant physiquement, socia­ développement historique, qu’il soit identifié
lement et moralement quartiers et ensembles, à la raison, à la modernisation ou aux forces
petits et grands ; elles participent de la poli­ productives. Les classes sociales sont alors
tique de la ville qui tend à réduire le social à conçues comme des « personnages centraux »
l'urbain. de l’histoire.
Cette émergence conjoncturelle trouve La pensée marxiste est centrée sur ce
cependant écho dans l’histoire des villes qui, thème. Elle définit les classes par leur rôle
de tout temps, ont été les lieux des luttes dans la production et leur place dans l’infra­
incessantes des édiles pour constituer, faire structure économique. La société industrielle
reconnaître et faire respecter cet ensemble de est alors divisée en deux grandes classes anta­
règles spatiales et sociales qui fondent les gonistes : la bourgeoisie et le prolétariat. Mais
attributs de la cité. ces classes, définies économiquement, le sont
Leur apparition coïncide également avec aussi politiquement par leur lutte et leur
taie rupture épistémologique dans les sciences action historique. Pour exister en tant que
sociales et en sociologie en particulier; classe, le prolétariat doit entrer en lutte contre
l'abandon des modèles explicatifs dominants la bourgeoisie. Mais si, par exemple, les petits
depuis la guerre (marxisme et structuralisme) paysans français partagent les conditions éco­
a eu pour conséquence un hyperempirisme nomiques du prolétariat, ils ne constituent pas
qui va de pair avec le développement de la une classe pour autant car ils n ’ont aucune
microsociologie. L’explosion dans les années unité politique. Les classes sociales sont défi­
1980, en France, des approches phénoméno­ nies « en soi » par leur place dans les rapports
logiques, anthropologiques, interactionnistes de production, mais aussi « pour soi » par leur
indique que l’accent est mis désormais sur conscience politique et leur lutte. La pensée
l’individu comme acteur principal de la scène marxiste des classes sociales s’est dévelop­
sociale. L’analyse des comportements urbains pée, mais aussi déchirée, autour de ces deux
(civils et incivils) et des interactions des interprétations. Pour les uns, la société indus­
citadins dans les espaces publics et privés trielle et le changement doivent être compris
constitue une véritable ethnographie de la comme le produit d’une évolution résultant
communication, nouveau champ d ’investiga­ des contradictions objectives du capitalisme.
tion au croisement des disciplines de la socio­ Pour d’autres, c’est au contraire la lutte des
logie, de la psychologie et de F aménagement. classes qui est centrale, et par conséquent la
M. Se. conscience de classe et l’action politique. La
fusion de ces deux orientations était initiale­
+ Urbanité. ment possible grâce à une référence au sens
de l’histoire : économiquement inscrites dans
le mouvement de l’histoire, les classes
CLASSE SOCIALE sociales devaient du même coup prendre
conscience de leurs intérêts, c’est-à-dire du
La notion de classe sociale, comme toute la rôle que l’histoire leur assigne. Mais au fur et
terminologie qui lui est liée, apparaît à la fin à mesure que les sociétés industrielles se sont
du xvme siècle en Angleterre avec l’industria­ développées et que se sont affirmés d’autres
lisation et l’urbanisation. Elle est alors utilisée groupes sociaux, cette référence a perdu de sa
pour penser le changement survenu dans validité. Ainsi, les classes moyennes, notam­
l’organisation sociale et rompt avec l’image ment, interviennent à un niveau proprement
d’une continuité hiérarchique faite d’ordres, politique sans s’inscrire dans une des catégo­
d’états ou de corps. Depuis, la notion de classe ries fondamentales. Leur omniprésence sur la
sociale a été l’objet de multiples tentatives de scène sociale et politique a suscité de mul­
définition et les débats qu’elle a suscités tiples débats, en particulier au sein de la
occupent une place centrale dans la réflexion sociologie urbaine d ’inspiration marxiste.
sur les sociétés industrielles. Rompant avec Lorsqu’elle perd sa signification historique,
CLASSEMENT 162

la notion de classe est le plus souvent utilisée «classes d’antan». Les classes sociales sont
pour rendre compte de la correspondance moins repérables en tant que groupés
entre la place dans la hiérarchie économique concrets. La notion de classe sert alors à ana­
et les conduites sociales et culturelles. lyser les sources des changements dans les
Maurice Halbwachs (La classe ouvrière et les sociétés industrielles. Pour Dahrendorf
niveaux de vie, Paris, 1913) définit les classes (Classes et conflits de classes dans la société
sociales par leur plus ou moins haut degré de industrielle, 1972), la notion de classe
participation à la vie sociale. Les classes se sociale doit être remplacée par celle de rap­
caractérisent par leurs professions et leur ports de classe ou de conflits de classes1.
consommation, donc leur niveau de vie. La Selon A. Touraine (Production de la société,
notion de classe ressortit alors à une théorie Paris, 1974), les conduites sociales ne
structurale de l’ordre social qui insiste sur les peuvent s’expliquer par une situation de
marques de distinction essentiellement cultu­ classe, mais doivent être comprises par
relles, par lesquelles les individus manifestent l’opposition des classes et leur action antago­
leur appartenance de classe (P. Bourdieu, nique pour le contrôle des orientations cu it»
Condition de classe et position de classe, relies d’un système social.
Archives européennes de sociologie, 1966). D.L.
Mais cette conception de classes sociales
prend fréquemment une forme purement - » Besoins; Changement social; Luttes urbaines; Sociologie
urbaine (historique).
empirique permettant de décrire des faits hété­
rogènes sans s’interroger sur leur liaison. Les
classes sont définies comme des «groupes
clos de dignité inégale » (E. Mounier) dont la CLASSEMENT
meilleure identification reste la nomenclature
de I’insee servant de base aux enquêtes statis­ Les trois mécanismes juridiques fondateurs
tiques et aux études sur les inégalités. De du droit du patrimoine sont le classement,
manière identique, la notion de classe est aussi l’instance de classement et l’inscription. 1
utilisée pour décrire des « cultures de classe » Depuis la circulaire du 10 août 1837, le clas­
entendues comme des modes de vie, des tradi­ sement est la nomenclature de référence pour
tions, des systèmes de valeurs, des idées et des les monuments historiques et, depuis 1841, il
institutions, formés à partir d ’expériences soumet les travaux à autorisation; depuis
communes (E. P. Thompson, The making o f 1889, l’instance de classement soumet tempo­
the English working class, Londres, 1963 ; rairement les modifications à autorisation et,
R. Hoggart, The uses o f literacy, Londres, depuis la loi de 1913, modifiée en 1927, l’insu
1957, trad. franç. La culture du pauvre, 1970). cription soumet les modifications à préavis, à
La sociologie fonctionnaliste finit alors par déclaration préalable. Pour les sites, le classe­
remplacer la notion de classe par celle, plus ment est né en 1906, l’instance de classement
limitée mais plus pertinente, de couche sociale et l’inscription en 1930. Pour les réserves natu­
ou de strate sociale ou bien encore par le relles, le classement et l’instance de classement
concept de statut social, débarrassés de toute datent de 1957, mais il n’y a pas d’inscription."
référence métasociale (S. Ossowski, La struc­ Le classement parmi les monuments histo­
ture de classe dans la conscience sociale, riques ou parmi les sites est subordonné au
Paris, 1971). consentement du propriétaire, sauf classement
Mais, encore une fois, la croissance des d’office par décret en Conseil d ’État (depuis
classes moyennes a conduit à s’interroger sur 2007, ce décret en Conseil d’État n ’est plus
les liaisons entre des comportements sociaux de mise lorsque l’État est propriétaire). L’insi-
et culturels et la place occupée dans la hiérar­ tance de classement ou l’inscription peuvent
chie économique. La corrélation entre le vote intervenir sans consentement du propriétaire^
ou un style de vie et l’appartenance à une la première s’il faut agir dans l’urgence pour
catégorie socioprofessionnelle paraît aujour­ parer à un risque ou une menace, la seconde -
d’hui moins évidente, comme si les fron­ parce qu’elle est en principe une mesure de
tières culturelles entre les classes tendaient à protection plus légère. Iî
s’atténuer. L’hétérogénéité sociale augmente Au 31 décembre 2006, on comptait
et des clivages nouveaux font éclater les 42 310 immeubles protégés au titre des m on»
163 CLASSEMENT

inents historiques (14 282 classés et 28 290 ins­ — le classement est soumis par le préfet de
crits) : région à la commission régionale du patri­
— dont 49 % appartenant à des propriétaires moine et des sites (après tri éventuel par sa
privés, 44 % à des communes (notamment des délégation permanente) et le ministre saisit
églises construites avant 1905), 4 % à l’État et pour avis la l re section de la commission
3 % non ventilé ; nationale des monuments historiques et statue
— dont 34 % correspondant à des habita­ par arrêté ministériel si le propriétaire a donné
tions, 31 % à des édifices religieux, 6% à de son accord ; le déclassement est prononcé par
l’architecture militaire, 6 % à des jardins, 5 % décret en Conseil d’État dans tous les cas ;
A de l’architecture funéraire et commémora­ — l ’instance de classement est notifiée au
tive, 5 % à du génie civil, 4 % à de l’architec­ propriétaire par le ministre par lettre recom­
ture agricole, etc. ; mandée avec accusé de réception : elle produit
— dont 5 % ayant pour époque d’origine tous les effets du classement pendant un an ;
la préhistoire et l’Antiquité, 33 % le Moyen — l ’inscription est prononcée, sauf dans
Âge, 46% les XVIe- x v m e siècles, 16% les quelques cas particuliers, par arrêté du préfet
xixe-xxe siècles. de région, après avis de la commission régio­
Le critère du classement parmi les monu­ nale du patrimoine et des sites réunie en
ments historiques est large puisqu’il s’agit, formation plénière ; la radiation de l’inscrip­
depuis 1913, des immeubles dont la conserva­ tion est désormais explicitement prévue : elle
tion présente, au point de Vue de l’histoire ou de est prononcée par arrêté selon la même pro­
l’art, un intérêt public (article L621-1 du Code cédure que l’inscription.
du patrimoine). Les critères de l’inscription ont La compétence de la commission régionale
été élargis en 1941, 1943 et 1961. À l’origine, du patrimoine et des sites pour examiner
en 1913, ne pouvaient être inscrits que des édi­ l ’ensemble des mesures de classement et
fices ou parties d’édifices présentant un intérêt d ’inscription d’immeubles a été confirmée,
urchéologique suffisant pour en rendre dési­ mais lorsque l’inscription ou le classement a
rable la préservation. En 1941, il y a eu exten­ été pris par le ministre, seule la consultation
sion au cas des monuments mégalithiques, de la Commission nationale des monuments
stations préhistoriques, terrains qui renferment historiques est obligatoire, encore que la sai­
des champs de fouilles pouvant intéresser la sine de la commission régionale reste pos­
préhistoire, l’histoire, l’art ou l’archéologie sible.
(article L621-26) et, en 1943, au cas de tout Le régime A’autorisation des travaux
immeuble nu ou bâti situé dans le champ de résulte principalement du décret du 30 mars
visibilité d ’un immeuble classé ou inscrit 2007 pour les monuments classés et du Code
(article L621-25). Enfin, en 1961 a été substi­ de l’urbanisme pour les monuments inscrits.
tuée à la rédaction précitée de 1913 se référant Ne sont pas soumis à autorisation les « tra­
uux édifices et à l’intérêt archéologique une vaux et réparations d ’entretien» des monu­
rédaction plus large se référant aux immeubles ments classés ou les « travaux d’entretien ou
ou parties d’immeubles, et non pas seulement de réparations ordinaires» des monuments
uux édifices ou parties d’édifices, et à un intérêt inscrits. Pour le reste, on a des situations
« d’histoire ou d’art », et non pas seulement un inversées :
intérêt « archéologique » (article L621-25). — pour les monuments classés, une autori­
Les immeubles sont pris au sens juridique sation du préfet de région au titre du Code du
du mot immeubles par nature : ce qui explique patrimoine (sauf évocation par le ministre) et
que peuvent être ainsi protégés des parcs et un accord de l’autorité compétente pour sta­
jardins, le sol de domaines ruraux ou de places tuer sur les permis ou décisions d’urbanisme ;
urbaines, des terrains ayant un intérêt archéo­ — pour les monuments inscrits, une auto­
logique, etc. Classée parmi les monuments risation ou décision de non-opposition au titre
historiques en 1989, la Vallée des Merveilles du Code de l’urbanisme et l’accord du préfet
dans le parc du Mercantour est le plus grand de région.
monument classé de France puisqu’il s’étend Dans le cas des monuments classés, l’auto­
sur plus de 3 000 hectares. risation du préfet de région ne dispense pas de
La procédure de protection pour les monu­ recueillir des autorités compétentes les autori­
ments historiques est la suivante : sations ou accords requis en vertu d ’autres
CLASSIQUE 164

législations que le Code de l’urbanisme (éta­ Le déclassement d’un site est prononcé par
blissements recevant du public, sécurité, décret en Conseil d’État.
accessibilité aux personnes handicapées). Ph, P,
Dans le cas des monuments inscrits, le deman­
deur du permis de construire verra s’appliquer Inscription ; Inventaire général du patrimoine culturel ; Monù»
ment historique; Patrimoine; Protection de la nature; Soup*
le caractère unificateur de ce permis. direction des m onuments historiques et des espaces prO*
Parmi les travaux soumis à autorisation tégés; Sites.
dans les immeubles classés, avec un délai de
délivrance tacite de six mois, il faut signaler
notamment ceux qui ont pour objet ou pour CLASSIQUE
effet de mettre hors d’eau, consolider, aména­
ger, restaurer, mettre aux normes, mettre en Du latin classions (citoyen romain apparte»
valeur, dégager ou assainir, ainsi que les tra­ nant à la classe qui payait le plus d’impôts,
vaux de couverture provisoire ou d’étaiement opposé à proletarius, qui appartient à la classe
(sauf en cas de péril immédiat) ou de ravale­ la plus basse), ce qualificatif fut appliqué
ment, les travaux sur les parties intérieures pour la première fois par Aulu Gelîe (vers
classées, en particulier la modification des 200 de notre ère, Noctes atticae, xix, 18, xv)
volumes ou des distributions horizontales ou aux écrivains dont la grammaire et la syntaxe
verticales, la modification, la restauration, la étaient correctes, par opposition aux proleta-
restitution ou la création d’éléments de rii dont la prose était incorrecte et négligée.
second œuvre ou de décors, sols, menuiseries, Dès l’Antiquité tardive, ce terme en vint à
peintures murales, badigeons, vitraux ou signifier, par extension, «digne d’être imité».
sculptures, etc. Quant au régime des Remplacé, dans cette acception, par canoni-
immeubles inscrits, la division de principe est cus, au Moyen Âge, il fut remis en usage,
entre travaux soumis à permis de construire, parallèlement à canonique, dans l’Italie du
de démolir, d’aménager ou déclaration préa­ X V I e siècle où il devint bientôt synonyme
lable au sens du Code de l’urbanisme, auquel d’antique (l’humanisme se proposant l’imita­
il faut renvoyer, et travaux qui relèvent d’un tion de l’Antiquité). Depuis lors, il a toujours,
préavis de quatre mois au service départemen­ d ’une façon ou d’une autre, conservé cette
tal de l’architecture et du patrimoine (et qui connotation. En outre, il a pris, également au
portent notamment sur les ouvrages d ’infra­ xvie siècle, l’acception supplémentaire (liée à
structure). la notion de classe scolaire, cette fois) de « ce
Quant à la procédure de protection des qui peut être enseigné en classe ».
sites, l’inscription intervient à l’initiative de la L’adjectif classique et son dérivé classi­
formation dite « des sites et paysages » de la cisme ont connu une fortune particulière dans
commission départementale de la nature, des le domaine de l’esthétique où, au fil du temps,
paysages et des sites, après avis du conseil ils ont été définis de façon polémique, par
municipal, notification individuelle ou éven­ rapport à des concepts véhiculant des valeurs
tuelle mesure générale de publicité. Elle est opposées (par exemple romantique, ou, plus
prononcée par arrêté du ministre chargé des précisément pour l ’architecture, gothique,
sites (en Corse, par délibération de rassem ­ baroque, et même néo-classique).
blée de Corse après avis du représentant de Le terme classique a d’abord été utilisé dans
l’État). Le classement parmi les sites est pro­ la théorie littéraire, au X V I I e siècle. Il signifie
noncé par arrêté ministériel ou décret en alors « ce qui obéit aux règles anciennes,
Conseil d’État, après avis de la formation des formulées par Aristote et Cicéron, dans leurs
sites et paysages de la commission départe­ ouvrages de poétique et de rhétorique », par
mentale (et le cas échéant, en zone de mon­ opposition au «précieux» (affecté, capri­
tagne, consultation du comité de massif) et cieux), associé au cénacle de l’hôtel de
enquête publique pour recueillir les observa­ Rambouillet.
tions de toute personne intéressée et des pro­ Cette grande explosion néo-aristotélicienne,
priétaires (au cas où le projet affecte des incarnée en France par Boileau, appelait une
propriétaires autres que certaines personnes réaction, au nom d’un indéfinissable «je ne
publiques et après avis de la commission sais quoi » : ce fut la « querelle des Anciens et
supérieure des sites, perspectives et paysages). des Modernes » qui allait impliquer l’architec-
(« b CLASSIQUE

turc dans la polémique et qui consacre l’usage tique seuls les édifices de Rome fussent
tlu terme classique dans cet art (bien qu’en connus des architectes et praticiens de l’art
1777 le Dictionnaire de l ’Académie continue urbain. Rome était donc le grand modèle et la
de lui accorder un emploi exclusivement litté­ connaissance de son espace fut transmise aux
raire). artistes et aux architectes du monde entier par
En fait, dès avant la « querelle », Fréart de la médiation d ’innombrables gravures. Les
( iiambray utilisait le terme classique comme peintures de Raphaël, puis de Poussin, contri­
synonyme d’antique à propos des cinq ordres buèrent également à façonner la ville clas­
d'architecture. Vers le milieu du siècle, une sique à l’image de la cité antique. C’est bien
certaine « modernité architecturale », illustrée cette image que les travaux du pape Sixte
pur les innovations du baroque italien (en par- Quint (1585-1590) ont intégrée dans le tissu
liculier l ’œuvre de Borromini), offrait un de la ville, grâce à la conjonction de solides
objectif de choix aux attaques des « anciens ». réformes fiscales, de constructions nouvelles
Les deux frères Perrault comptaient parmi les (palais du Quirinal, achèvement de la coupole
protagonistes les plus illustres de la querelle, de Saint-Pierre), et de l’utilisation de frag­
en littérature (contre Racine et Boileau), et en ments antiques (en particulier des obélisques),
urchitecture où leur position a souvent été mal disposés de façon à donner une assise supplé­
interprétée par les historiens modernes. Parce mentaire et à mieux mettre en valeur des pers­
que Claude avait été officiellement chargé par pectives urbaines qui devaient faire de la
Colbert de la traduction de Vitruve et que son Rome sacrée un modèle politique pour le reste
projet pour le Louvre, énergiquement défendu de l’Europe.
par son frère Charles, l’avait emporté sur celui La France fut la première à suivre cet
du Bemin, on les considère comme tenants exemple, d’abord avec la construction specta­
des modèles classiques, alors qu’ils étaient les culaire des quais de la Seine, face au Louvre,
chefs de file des Modernes. puis avec la démolition des anciens murs,
L’ambiguïté de leur attitude est une consé­ remplacés par des boulevards à partir de
quence de la révolution épistémologique opé­ 1670. Une partie de ces opérations coïncidait
rée par le cartésianisme, et notamment de son avec les travaux menés par André Le Nôtre,
rejet de toute autorité. En dépit de toutes d’abord aux Tuileries puis, simultanément,
leurs critiques portées contre l’adoration de aux Champs-Élysées et à Versailles. La notion
l’Antiquité, les frères Perrault réhabilitaient de « ville ouverte » et le schéma de la patte
l’autorité dans le domaine des arts visuels, en d'oie, perfectionné par Le Nôtre, constituent
les excluant du royaume du savoir, pour les les deux traits essentiels d’une ville classique
installer dans celui de l’imagination, faculté dont la colonnade de Perrault pour le Louvre
qui, selon leur conception quelque peu jansé­ fournit la mise en scène.
niste, était la plus corrompue et la plus arbi­ L’exemple des travaux de Louis XIV fut,
traire de la nature humaine. Le pouvoir de à son tour, bientôt suivi en Grande-Bretagne,
l’exemple devenait essentiel pour tempérer en Espagne, en Allemagne et finalement en
des tendances « naturelles » vicieuses. La Russie, avec la construction de Saint-
querelle sur la nature de l’autorité devait se Pétersbourg.
poursuivre jusqu’à la Révolution française, Lorsque, à partir de la deuxième moitié du
qui eut pour effet paradoxal de créer, parmi XVIIe siècle, les voyages vers l’Orient
d’autres styles historiques, un «style clas­ devinrent plus faciles, la conception d ’un
sique » qu’on appelle le néo-classicisme. passé classique unifié s’effondra sous le poids
Quant au classicisme, le passé auquel il se de documents archéologiques montrant les
conforme est une totalité unifiée qu’on pour­ différences qui séparent la Grèce, Rome,
rait définir comme l’architecture des sept mer­ l ’Égypte, la Mésopotamie. Une nouvelle
veilles du mçmde. Elle incluait en effet les anthropologie faisait apparaître la cohérence
pyramides d’Égypte, les jardins suspendus de interne du paysage, du climat et de la menta­
Babylone, parfois le temple de Jérusalem, et lité dans la formation de Yethos et de l’art
ses règles, qui avaient été énoncées par d ’un peuple, de son style : du même coup
Vitruve, pouvaient être vérifiées par l’analyse apparaît la valeur purement relative de tout
des vestiges demeurés dans les pays « clas­ précédent historique.
siques », l’Italie et la Grèce, bien qu’en pra­ On pouvait opposer un caractère roman-

■ m ilia ! '
CLIMAT 168

tique et national (parfois gothique) à un classi­ époque. Parmi les plus connues de ces rési­
cisme atemporel, de valeur universelle. Il en dences, on peut citer, aux États-Unis, Célébra­
résulta une floraison de nouvelles règles qui tion, commandité par la société Disney â
n ’ont plus grand rapport avec l’archéologie, Orlando en Floride, et, dans le même État,
mais sont dictées par l’anthropologie : Laugier Seaside, dont l’homogénéité « classique » fut
prend parti pour les supports ponctuels et pour soulignée par Peter Weir dans son film The
la colonne contre les supports linéaires et le Truman Show ( 1998).
mur porteur, et, en matière de tracés urbains, il En histoire de l’art, H. Wôfflin a tenté de
défend la patte d ’oie contre la grille orthogo­ faire retrouver au concept d’art classique son
nale. À la fin du xvme siècle, le néorationa­ ancienne valeur « exemplaire », proposant à
lisme pragmatique de l’École polytechnique cet effet la Rome du xvie siècle comme le
promouvait une nouvelle méthode qui appli­ sommet des accomplissements humains. Mais
quait au dessin des plans d’architecture et des cette tentative devait recevoir un coup mortel
plans urbains les axes du graphe cartésien. lorsqu’un élève de Wôfflin, S. Giedion, pro­
En effet, l’usage de la grille dans le dessin posa en 1922 le concept de «classicism e
d ’architecture avait longtemps été limité à romantique ».
l’étude des détails (première apparition dans
J. R.
la grande édition de Vitruve, Côme, 1521), à
l’élaboration des façades (Serlio, 1541) et, - » A rt urbain; Baroque; Histoire; Peinture.
en dépit des travaux de Philibert de L’Orme,
ne s’était pas généralisé pour l’établissement
des plans avant la deuxième moitié du CLIMAT
xvme siècle (B. Vittone). Il fallut attendre 1800
pour que Durand en fasse l’instrument essen­ La meilleure définition du climat est pro­
tiel pour l’établissement de toutes les catégo­ bablement celle donnée par Max Sorre en
ries de plan. 1943: «... ambiance atmosphérique consti­
Toutefois, c ’est sans doute leur nouveau tuée par la série des états de l’atmosphère au-
rapport à l’histoire qui caractérise la démarche dessus d ’un lieu dans leur succession habi­
des promoteurs de l’art urbain néo-classique. tuelle ». Ces manifestations de « l’ambiance
Tandis que les classiques avaient l’ambition atm osphérique» sont principalem ent les
d ’égaler un passé idéal unifié, les néo­ températures et les précipitations ; mais il
classiques se proposent d ’imiter des données s’agit aussi de la pression atmosphérique, dé
historiques spécifiques et d’utiliser un style l’humidité de l’air, des vents (force et direc­
historique parmi d’autres. tion), de la nébulosité (et son contraire,
Au début du xxe siècle, après l’échec de l’insolation), des «précipitations occultes»
l’A rt nouveau, un certain nombre d ’archi­ (rosées, brouillards). Le recueil des données
tectes, en Allemagne et en France (P. Behrens dépend évidemment de la densité des postes
et Auguste Perret sont les plus importants) d ’observation météorologique et leur fiabi­
tentèrent de rétablir une discipline « clas­ lité, pour établir des moyennes, de l’ancien­
sique» dans les arts visuels, afin de com­ neté de ces observations systématiques
battre les excès de l’innovation. La même qui, selon les cas, va de plus d ’un siècle à
tendance se manifesta après la première quelques années seulement.
guerre mondiale en littérature, peinture et Il ne faut pas confondre ce concept avec
musique (P. Valéry, Picasso, Stravinski), mais celui de temps dont la définition scientifique
n ’eut qu’un effet marginal sur l’architecture est claire : il s’agit, pour un lieu donné, de
et l’urbanisme. l’état momentané des conditions atmosphé­
Cette désignation a été adoptée dans les riques. La météorologie, qui ressortit à la géo­
pays anglo-saxons par les architectes et les physique, décrit ces états, les analyse, en
urbanistes liés au mouvement « New Urba- recherche les causes et, de plus en plus sûre­
nism ». Ceux-ci se spécialisèrent dans la ment, en prévoit l’évolution pour des périodes
construction de «gated communities » très allant d’un jour à quelques semaines.
denses, composées de maisons reproduisant L’étude scientifique du climat (la climato­
des modèles empruntés aux xvm e et logie) suit une double voie :
XIXe siècles et discrètement adaptés à notre — une voie analytique ou séparative,
187 CLÔTURE

visant à établir des moyennes annuelles et qui permettront de le limiter et d ’en réduire
mensuelles des diverses manifestations les effets néfastes pour l’homme et pour son
atmosphériques et, à partir de ces contrats, environnement.
de différencier des «types de climats» cor­ G. B.
respondant à des combinaisons multiples des
divers facteurs ; - » Atm osphère; C lim ax; Conditions naturelles; Effet de serre;
Microclimat urbain; Protection de la nature.
— une voie synoptique, qui vise à étudier
le comportement et les variations de l’atmo­
sphère dans toute son épaisseur, à expliquer
l’enchaînement des types de temps et, finale­ CUMAX
ment, à replacer moyennes et « types de cli­
mats » dans une perspective dynamique, d’où État d’équilibre stable entre, d’une part, les
un rapprochement très sensible avec les pré­ données climatiques et, d’autre part, la végé­
occupations des météorologues. tation (phytoclimax) ou le sol (pédoclimax).
Depuis un peu plus d ’une génération, Cet état se caractérise par un renouvellement
l’étude du temps et du climat ne dépend plus constant de la végétation dans sa forme primi­
seulement des stations météorologiques et des tive ou par une évolution de même sens de la
ballons-sondes. De plus en plus, elle se fonde dynamique pédogénétique. Phytoclimax et
sur l’observation des photographies et d’enre­ pédoclimax peuvent se «croiser» pour qu’à
gistrements satellitaires, d’où d’impression­ partir des mêmes données climatiques, sans
nants progrès récents. intervention humaine, l ’organisation et la
Dans une acception plus restreinte, le terme répartition des groupements végétaux et des
de climat s’applique également à la définition types de sols soient extrêmement différentes,
des conditions atmosphériques moyennes compte tenu de la nature variée des roches
d’une région ou d’une zone. On parle ainsi de (chimie, porosité, minéralogie), des processus
« climat méditerranéen » ou de « climat tropi­ de l’érosion, du drainage, et de bien d’autres
cal humide ». Ces types de climat ont d’abord facteurs.
été définis par des moyennes ; de plus en plus, L’intervention de l’homme rompt l’équi­
ils sont caractérisés par leurs mécanismes libre climacique. Lorsque cette intervention
atmosphériques et les « écarts à la moyenne » est régulièrement répétée, on passe alors au
sont pris en considération. On se rapproche paraclimax, état d ’équilibre plus ou moins
ainsi des conditions réelles, sans toutefois précaire entre les données climatiques et les
perdre de vue les dissemblances fondamen­ formes de perturbation dues à l’homme (ex. :
tales des types de climat. dans les régions méditerranéennes, les gar­
De manière encore plus restreinte, le climat rigues basses à chêne-kermès substituées à la
peut être défini dans un site précis équipé forêt de chêne-vert par l’usage régulier du brû­
d’une station d ’observation (microclimat), lis). Une large part des formations végétales
dans une petite région (mésoclimat) ou dans est paraclimacique.
une succession de stations d’exposition diffé­ Si l’intervention humaine cesse, un nouvel
rente (topoclimat). Les données essentielles état d’équilibre s ’établit, le proclimax, qui
portent alors sur la stratification des tempéra­ n ’est pas nécessairement semblable au climax
tures et leur variabilité, sur les précipitations initial.
occultes, sur les vents... On se rapproche là du G. B.
vécu et du concret, en milieu mral comme en
milieu urbain ; la climatologie est désormais -> Clim at; Conditions naturelles.

directement utile aux projets d’aménagement.


Les climatologues, en liaison avec les spé­
cialistes d ’autres disciplines (glaciologues, CLINIQUE —> Carte sanitaire; Hôpital
océanographes, géophysiciens, etc., et même
historiens), étudient, depuis une vingtaine
d’années, le réchauffement climatique, attri­ CLÔTURE
bué à l’augmentation de l’effet de serre, tant
pour comprendre les mécanismes qui La clôture est une barrière, construite ou
l’engendrent que pour poser les conditions végétale, qui délimite une parcelle vis-à-vis
CLUB DE JEUNES 168

d ’une propriété mitoyenne ou de l ’espace giques et d’attentions esthétiques (matériaux,


public, lorsque leur séparation n ’est pas assu­ formes, fresques décoratives...). La palissade
rée par un bâtiment. se fait parfois tableau éphémère à l’échelle de
La clôture est une composante familière du la ville.
paysage urbain français, mais elle n ’est pas un L’importance de la clôture dans le paysage
invariant anthropologique. Il suffit pour le per­ urbain est maintenant bien reconnue. Son édi­
cevoir de se représenter les étendues ouvertes fication est soumise à une autorisation admi­
de maisons individuelles en périphérie des nistrative dans les communes dotées d’un plu
villes américaines ou les nombreux parcs non ou d’un pos , et dans les périmètres sensibles
enclos des villes allemandes. et les zones protégées (Code de l’urbanisme,
En divisant des territoires colonisés en lots L 441). Les urbanistes tentent de varier les
géométriques délimités souvent par des formes de séparation entre les différents
murets de pierre, les Romains ont probable­ usages de l’espace, tandis que les paysagistes
ment inventé simultanément en Gaule la par­ dénoncent les clôtures qui unifient les hau­
celle et la clôture. Au xme siècle, la plantation teurs et suppriment les échappées visuelles.
de haies permanentes caractérisa les exploita­ Auparavant symbole de la liberté du proprié­
tions paysannes isolées. La clôture rompit en taire, la clôture est de plus en plus regardée
effet avec les pratiques collectives villa­ comme un des outils de l’aménagement
geoises (vaine pâture surtout) ; elle ne fut de urbain, parmi l’ensemble des limites sépara­
ce fait légalement autorisée qu’à partir du tives possibles.
xviiie siècle. L’exploitation individuelle fami­ La clôture a pris récemment une nouvelle
liale effaça les solidarités collectives. dimension, d ’abord aux États-Unis, puis dans
Ces traits de l’histoire rurale de la clôture d’autres pays (Colombie par exemple), et de
se retrouvent dans son histoire urbaine. Elle façon plus récente en Europe, avec l’appari­
se développe en effet surtout avec la coloni­ tion des résidences protégées, gardées et
sation des zones périurbaines par la maison closes (Gated Communities), qui ont pour
unifamiliale. La clôture pavillonnaire désigne objet d’offrir un cadre d’habitat sécurisé et de
la propriété du sol et correspond à une peuplement homogène à des catégories aisées
défense spatialisée et visuelle de l’intimité de la population.
(être à l’écart de, ne pas être vu). Mais elle
P. N.
est aussi chargée de fonctions démonstra­
trices : sa forme et ses matériaux sont une Maison individuelle; Parcellaire; Résidence protégée; Tissu
urbain.
image que l’occupant donne de lui-même.
Soigneusement « décorative », la clôture
exprime souvent un « art populaire » quoti­
dien. Par sa diversité, elle renvoie à des pra­ CLUB DE JEUNES —►Centre socioculturel ;
tiques et à des représentations culturelles. Local collectif résidentiel
Il faut citer également les murs d ’enceinte
des domaines religieux, militaires, hospita­
liers, industriels, etc., ou les grilles plus aérées CODE DE L'URBANISME
des parcs et jardins. Expressions d’une protec­
tion rigoureuse de la propriété ou de la com­ Étape décisive dans le progrès du droit, la
munauté, délimitations de l’espace public codification est la compilation méthodique
circulatoire, ils parlent aussi des relations des textes.
entre le végétal et le minéral dont la clôture Deux décrets d ’application du 8 novembre
sert les combinaisons ou les oppositions, rap­ 1973, en application d’une loi du 30 juin 1972,
pelant ainsi que, dans la ville française, on ont établi respectivement la partie législative et
tend à enclore les espaces verts. la partie réglementaire du Code de l’urbanisme
La clôture urbaine, c’est aussi la palissade, (eu) qui, à la différence du Code de 1945, ne
qui protège un chantier ou qui délimite un comporte plus de dispositions relatives à la
espace en « friche ». Longtemps réalisées sans construction. Un décret ultérieur du 3 janvier
réflexion particulière, vite chargées d ’affiches 1977 a établi une troisième partie regroupant
disparates et de graffitis, les palissades sont les arrêtés à caractère réglementaire. Un même
aujourd’hui l’objet d ’innovations technolo­ sujet est donc traité dans chacune des trois par-
189 CODE DE L'URBANISME

lies sous un article caractérisé par un numéro à figurent dans les plu , pos , paz, etc., c’est-à-
Irais chiffres. Le permis de construire, par dire que le rnu ne s’applique qu’à défaut de
exemple, figure l’article L 421, R 421, A 421, document local. Il convient donc d ’ajouter
mais comportera de multiples alinéas : ainsi, si aux dispositions contenues dans un pos , un
l’on recherche des textes relatifs aux formules plu , une carte communale ou un document en
de demande, on devra consulter les articles tenant lieu, les règles générales figurant à
R 421-43, A 421-1 et A 412-1. Aussi, un index l’article R 111-1 qui sont d’ailleurs dites pour
alphabétique est-il nécessaire (celui du Code cette raison d’« ordre public ».
commenté et annoté par F. Bouyssou et Même si les règles générales jouent un rôle
J. Hugot comporte 175 rubriques principales, subsidiaire, leur contenu est très vaste : elles
et la rubrique « Permis de construire », 42 réfé­ sont énumérées, et regroupées, aux articles
rences!). R 111-1 à R 111-26 du Code de l’urbanisme,
On se reportera à la présentation du Code en trois catégories, qui concernent respective­
pratique de l'urbanisme (J. de Lanversin, ment :
1984). Cette édition, qui ne comporte ni com­ — la localisation et la desserte des construc­
mentaires ni références jurisprudentielles, tions ;
présente l’intérêt de juxtaposer sur une même — l’implantation et le volume de ces
page les trois parties du Code présentées habi­ constmctions ;
tuellement de manière fractionnée et succes­ — l’aspect de ces constmctions.
sive (en raison même de la distinction des Une étude détaillée du Code de l ’urba­
pouvoirs législatif et réglementaire introduite nisme fait apparaître les inévitables diffi­
dans les codifications officielles par la Consti­ cultés rencontrées par la mise en œuvre des
tution de 1958). Outre la présentation règles générales d’urbanisme. Il revient au
« synoptique » des 630 articles de la partie contrôle juridictionnel de trancher en cas de
législative (L) et des 620 de la partie contentieux et de faire ainsi émerger une
réglementaire (R), ainsi que des arrêtés pris jurisprudence. Ces difficultés ont pu, dans
en application de ces derniers, l’édition une certaine mesure, être prévenues par l’éla­
comporte des formulaires, les directives et cir­ boration de « modalités d ’application du
culaires d’application, et des extraits des six règlement national d ’urbanisme» ( marnu )
principaux autres codes concernés par l’urba­ ou cartes communales dans les communes
nisme: Code civil, Code des communes, non dotées de pos . Les cartes communales
Code forestier, Code général des impôts, étaient des documents d ’urbanisme som­
Code rural, Code de la santé publique. maires, dont l’objet est de préciser les prin­
Le législateur ayant laissé au gouvernement cipes d ’application au plan local du
le soin d ’édicter «les règles générales en règlement national d ’urbanisme. C ’est un
matière d’utilisation du sol », en dehors de la document d ’urbanisme, reconnu comme tel
production agricole (art. L 111-1 du eu), une depuis la loi SRU du 13 décembre 2000,
réglementation applicable à l’ensemble du ter­ adapté au cas des petites communes rurales,
ritoire avait été édictée par un décret du 29 août simplifié dans son contenu comme dans sa
1955, puis un décret du 30 novembre 1961. procédure. Il est opposable aux tiers.
L’appellation de règlement national d ’urba­ Au 1er janvier 2009, il reste 1 045 com­
nisme est encore utilisée parfois pour désigner munes (2,4 millions d’habitants au recense­
ce corps de règles, bien que le Code de l’urba­ ment de 1999 et 145 000 km2) non couvertes
nisme les ait intégrées sous le nom de « règles par un plu ou par une carte communale,
générales d’urbanisme » (rgu). La planifica­ approuvée ou en cours d’élaboration, et qui
tion urbaine a réduit leur champ d’application devraient donc rester soumises au r n u .
à travers les règles locales fixées par les pud , En outre, 2 623 communes (0,8 million
puis surtout par les pos, enfin par les plu et les d ’habitants et 50 000 km2) ayant une carte
cartes communales. Ces règles locales communale en cours d ’élaboration et
l’emportaient autrefois sur celles du rnu, qui 1 936 communes (1,3 million d’habitants et
ne jouaient qu’un rôle subsidiaire en cas de 64 000 km2) ayant un plu en cours d’élabora­
silence du pos, puis des plu. tion devraient en sortir. Leur adoption
La loi du 31 décembre 1976 fait prévaloir entraîne le transfert au maire de la responsabi­
sur les règles du rnu l’ensemble de celles qui lité des autorisations d’utilisation du sol.
CODE FORESTIER 170

Quant à l’intervention des juges adminis­ velles zones U (urbaines) et a u (urbanisation


tratifs, elle s’est longtemps limitée à sanc­ future) du p l u . Cette limite maximum n’est
tionner les cas d ’«erreur m anifeste»: en cependant pas uniforme car une même zone
matière de permis de construire notamment, peut comporter des coefficients d’occupation
le juge se contentait de vérifier si l’adminis­ des sols différents selon la nature ou la desti­
tration avait respecté le règlement national nation des constructions. Chaque zone peut en
d ’urbanisme dans les communes non pour­ outre être divisée en secteurs affectés de coef­
vues de p o s ou de m a r n u ou la lettre de ces ficients spécifiques.
documents lorsqu’ils existaient. Cependant, L’effet économique certain de ce coefficient
depuis le début des années 1990, parallèle­ permet aux autorités compétentes de peser
ment à la multiplication des recours conten­ lourdement sur les valeurs foncières. Ainsi un
tieux, et à la suite d’un rapport du Conseil coefficient de 0,4 permettra de construire
d’État en 1992 (rapport Labetoulle, L ’urba­ 200 m2 de plancher sur un terrain de 500 m2.
nisme : pour un droit plus efficace), les tri­ Cependant, cette indication est insuffisante
bunaux administratifs et le Conseil d ’État pour caractériser à elle seule un type de terrain
n ’ont plus hésité à se faire juges de l’oppor­ urbain. Ainsi sur une parcelle de 1 ha, un cos
tunité des décisions soumises à leur juge­ de 0,5 permettra de réaliser une tour de dix
ment. étages, dont l’emprise au sol sera de 500 m2,
P. M. et Y. P. au milieu d ’un jardin de 9 500 m2, avec un
parc automobile souterrain ; ou au contraire un
Carte com m unale; Droit de l'urbanisme. petit lotissement d ’habitations individuelles
mitoyennes. Selon qu’il est choisi à peu près
équivalent ou nettement supérieur à la densité
CODE FORESTIER -> Forêt des constructions existantes, le choix du cos a
donc un effet indirect (stabilisateur dans le
premier cas et incitatif dans le second cas) sur
COEFFICIENT D'EMPRISE AU SOL le sol ou la mutation de la morphologie
—> Coefficient d'occupation des sols urbaine d’un secteur. En zone d ’urbanisation
nouvelle (en général à la périphérie d ’une
agglomération), le cos tient compte de la
COEFFICIENT DE PÉNIBILITÉ capacité des équipements collectifs existants
-* Confort (d’un moyen de transport) ; ou programmés.
Correspondance ; Coût généralisé Le coefficient d ’utilisation des sols (eus)
de déplacement; Fréquence (d'un moyen était le mode de définition des possibilités
de transport) ; Marche à pied ; Surcharge maximum de construction en vigueur avant le
(d'un véhicule) système des coefficients d’occupation des sols
instauré par la loi d ’orientation foncière de
1967. Le coefficient d’utilisation du sol figu­
COEFFICIENT D'OCCUPATION DES SOLS (COS) rant dans la réglementation des plans d’urba­
nisme, depuis 1958, était assez complexe
Le coefficient d’occupation des sols (cos) puisqu’il prévoyait trois modes de définition
est la règle d’urbanisme qui définit la densité des surfaces constructibles :
de construction autorisée à l’intérieur d’une — par le rapport du volume du bâtiment à
même « zone » d ’un plan d ’occupation des la surface de la parcelle constructible (coeffi­
sols ou d ’un plan local d ’urbanisme. Il cient d’utilisation des sols) ;
exprime la surface de plancher hors œuvre — par le rapport entre la surface occupée
susceptible d’être construite par mètre carré de par la construction et la surface de la parcelle
terrain (la surface des bâtiments existants vien­ (coefficient d’emprise du sol) ;
dra toujours en déduction des possibilités de — par le rapport de la surface de plancher à
construire). La loi S R U du 13 décembre 2000 a la surface de la parcelle (coefficient d’occu­
prévu que le calcul du cos ne prend en compte pation des sols).
ni les espaces boisés classés, ni les terrains Dans des conditions fixées par le règlement
cédés gratuitement, ni les emplacements réser­ du plan d’occupation des sols, le coefficient
vés. Il ne peut s’appliquer que dans les nou­ d’occupation des sols pouvait être dépassé
171 COLLECTIVITÉS LOCALES (ET TERRITORIALES)

cette disposition a été supprimée dans les doit être prévu par le règlement du pos , inter­
plans locaux d’urbanisme (plu ) - , en raison venir à l’intérieur d ’une zone hom ogène de
soit de prescriptions d’architecture ou d’urba­ celui-ci (donc de cos uniforme), s ’effectuer
nisme, soit de l’existence de projets visant à avec l ’accord des propriétaires concernés et
renforcer la capacité des équipements collec- dans le cadre des règlements en vigueur.
lits. Le constructeur devait verser une taxe Toutes les dispositions précédentes rela­
pour surdensité égale à la valeur de la surface tives à la stratégie des cos, séduisantes, mais
supplémentaire de terrain qui aurait été néces­ complexes, ont été en fait peu utilisées, ce
saire pour la construction envisagée. Cette qu’on ne peut que regretter car elles pouvaient
taxe était perçue par la commune ou l’établis­ constituer des moyens efficaces d’une poli­
sement public ayant compétence en matière tique urbaine. Le dispositif des cos, qui était
d’urbanisme. La taxe pour surdensité ne doit au cœur des pos, sans être cependant obliga­
pas être confondue avec le versement pour toire depuis la décentralisation (1983), joue
dépassement du plafond légal de densité. un rôle moins important dans les plu : il est
Le dépassement pouvait également être réa­ significatif que l’article 4, relatif aux plu , de
lisé avec l’accord de l’administration dans la loi sru du 13 décembre 2000 n’évoque la
d’autres cas: par exemple, un horticulteur fixation de cos qu’au 13e et dernier rang des
pouvait céder des droits à construire, inutiles moyens disponibles (et facultatifs) pour fixer
pour lui, au propriétaire d ’une parcelle qui les règles d’utilisation des sols.
bénéficiait d’un espace non construit à proxi­ P. M. et Y. P.
mité de son bâtiment.
Le dispositif des coefficients des sols peut Densité; Plafond légal de densité <pld); Plan d'occupation
des sols {pos); Plan local d'urbanisme (plu ); Surface de
être utilisé dans les plu (et, auparavant, dans plancher.
les pos ) pour mettre en œuvre une véritable
politique d’incitation, en fonction des objec­
tifs de la planification urbaine. On parle ainsi : COEFFICIENT D'UTILISATION DES SOLS
— de cos d ’accompagnement qui repro­ —►Coefficient d'occupation des sols
duit la densité existante ;
— de cos d ’incitation qui, par un niveau
élevé, crée une incitation à la construction ou CŒUR DE VILLE —> Centre ; Centre historique;
à la densification ; Centre urbain
— de cos de dissuasion qui, très bas,
décourage la construction et permet le main­
tien d’une zone dans un état proche de l’état COFFRAGE -> Béton
naturel : il permet ainsi la protection ou la
constitution de réserves foncières (où on
pourra réévaluer le cos ultérieurement) ; COLLAGE -> Composition urbaine ;
— de cos alternatifs différents pour une Morphologie (urbaine) ; Typologie
même zone, selon l’utilisation du terrain :
c’est donc une incitation à un type particulier
d’utilisation qui bénéficie d’un cos plus élevé. COLLECTIF (LOGEMENT) -► Appartement
Le transfert de cos est une procédure qui
peut intervenir en cas de dépassement du cos :
la taxe de surdensité n ’est pas due si les pro­ COLLECTIVITÉS LOCALES
priétaires des parcelles voisines acceptent de (ET TERRITORIALES)
réduire d’autant leur capacité de construction
(avec servitude d’inconstructibilité). Il peut La Constitution (art. 72) énumère les col­
intervenir dans les cas prévus pour le dépasse­ lectivités territoriales : communes, départe­
ment de cos, mais aussi pour la protection du ments, territoires d’outre-mer, et dispose que
paysage de certaines zones (report de cos) : le « toute autre collectivité territoriale est créée
pos prévoit alors le transfert des cos de cette par la loi».
zone vers une autre où on souhaite regrouper C ’est ainsi que la loi du 2 mars 1982
la construction, afin d’éviter le « mitage » de reconnaît cette qualité aux régions (celle de
l’espace. Le transfert du cos, dans tous les cas, 1972 les constituant en établissements

É.i.iiLLyiiikLidiLLbLLiiLLiiiiiiiLyÉiiLü.ti.iit.t
COLLECTIVITÉS LOCALES (ET TERRITORIALES) 172

publics), mais subordonne leur transformation possibilité de cumul de mandats différents, et


à l’élection des conseils régionaux. donc des indemnités correspondantes, est
Il est remarquable par ailleurs de constater appréciée par les élus, ainsi que le montant
que ni le gouvernement ni le Parlement n ’ont des retraites que cela permet. Il a pourtant
souhaité remettre en cause le découpage des été souvent envisagé d ’interdire le cumul
collectivités, en particulier par la réduction du d’un mandat parlementaire avec une fonction
nombre des communes, régulièrement récla­ importante d ’exécutif local (président de
mée par les administrations d’État ou par la conseil régional ou de conseil général ou
réduction de celui des régions, conçues initia­ maire d ’une ville importante, par exemple
lement comme de simples « circonscriptions au-delà de 50 000 habitants). Une telle
d’action administrative » pour la planification réforme serait plus facilement acceptée si, au
régionale, souvent peu homogènes, et nulle­ lieu de recevoir une indemnité (fixée en
ment adaptées aux politiques régionales, en fonction de la population de la commune),
particulier de la Communauté économique les maires recevaient un véritable salaire (ce
européenne. que la constitution interdit actuellement) qui
Le même article 72 de la Constitution dis­ leur ouvrirait des droits de retraite analogues
posant que les collectivités territoriales à ceux des autres salariés. Il est pourtant
« s’administrent librement par des conseils clair qu’une telle réforme, permettant d’avoir
élus », la loi du 2 mars 1982 consacre (ce que des élus à temps plein dans une seule fonc­
faisait déjà la Constitution de 1946) le prin­ tion, renforcerait leur relation avec les
cipe de l’élection par chaque conseil de son citoyens et permettrait une meilleure person­
organe exécutif. nalisation de la fonction. Dans le même
Les lois de décentralisation ont prévu esprit, il a plusieurs fois été proposé que le
qu’aucune collectivité territoriale ne pouvait responsable de l’exécutif, au lieu d’être élu
exercer une tutelle sur une autre, même de par son conseil (municipal, général ou régio­
niveau inférieur Elles ont précisé les compé­ nal) soit la tête de liste qui remporte la majo­
tences de chacune. Ainsi, en matière d’éduca­ rité des sièges.
tion, les communes ont la responsabilité des Ce sont des propositions de nature diffé­
écoles, les départements des collèges, les rente qui ont été présentées, le 5 mars 2009,
régions des lycées et l’État des universités. par le comité pour la réforme des collectivités
Nombreux sont ceux qui dénoncent le nombre locales (dit comité Balladur, du nom de son
excessif de niveaux de collectivités et estiment président) mis en place en 2008. Les vingt
que la région devrait supplanter le départe­ réformes proposées concernent, outre des
ment (qui serait alors supprimé) ou inverse­ aspects fiscaux, quelques thèmes majeurs :
ment, sans que la question ait jam ais été — rapprochement des conseils généraux et
portée devant le Parlement. des conseils régionaux, en faisant élire leurs
Le nombre de mandats successifs dans une conseillers lors du même scrutin ; fusion de
même fonction (parlementaire, élu local ou ces conseils dans les d o m ; modification du
exécutif d’une collectivité) n ’est pas limité, mode de scrutin pour l’Assemblée de Corse
pas plus que le nombre de mandats différents afin de permettre une majorité stable ;
qu’un même élu peut exercer: nombreux — incitation aux regroupements volon­
sont par exemple les parlementaires qui sont taires de régions (une quinzaine a paru un
également maires (c’est la cas de la majorité chiffre raisonnable) et de départements ;
des aires des grandes villes) ou présidents de — achèvement de la carte de l’intercommu­
conseils généraux ou régionaux. Cette situa­ nalité ; élections de leurs organes délibérants
tion est régulièrement dénoncée de tous par le même scrutin que celui des conseils
bords, mais aucune réforme n’a été adoptée. municipaux (comme pour les conseils géné­
Les parlementaires, directement concernés, raux et les conseils régionaux) ; possibilité de
n ’y sont majoritairement pas favorables à la se transformer en communes nouvelles ; ratio­
fois parce qu’ils ne veulent pas de cette auto­ nalisation de la carte des syndicats de com­
limitation et pour des raisons matérielles. La munes en supprimant ceux qui correspondent
limitation à deux ou trois mandats successifs à une intercommunalité ;
de parlementaire a été plusieurs fois propo­ — création d’une collectivité à statut particu­
sée, mais jamais débattue au Parlement. La lier du Grand Paris (Paris et sa petite couronne)
173 COLLÈGE ET LYCÉE

cl de métropoles dans les grandes aggloméra­ L’unification des modes de désignation


tions (en principe 11 dès 2014) ayant certaines des classes et des établissements de l’ensei­
compétences des communes plus les compé­ gnement secondaire prévaut depuis la
tences sociales des départements ; «réform e H aby» de 1975. Le « collège»
— compétence générale accordée aux s’est alors substitué aux anciens c e s , cet ,
communes et à elles seules, ce qui renforce­ CEG (collège d ’enseignement secondaire,
rait leur rôle ; d’enseignement technique, d’enseignement
— clarification des compétences entre les général) et aux premiers cycles de certains
différentes collectivités territoriales et entre lycées, pour offrir un tronc commun de for­
celles-ci et l’État; suppression des services mation à quatre classes d’âges, en principe
déconcentrés de l’État en double emploi avec de 11 ans à 15 ans, soit de la sixième à la
ceux correspondant a une compétence d’une troisième. La taille habituelle d’un collège
collectivité. est de 600 à 900 élèves avec une surface de
Un texte législatif (lois de réforme des terrain de 1,2 ha ou 1,8 ha. Cependant, dans
collectivités territoriales) a été préparé en les secteurs géographiques à faible densité
2009 et sera voté à l’automne 2010. Il ne de peuplement, on admet la réalisation de
reprend que partiellement les propositions collèges plus petits (240 élèves). On compte,
du comité Balladur. Les conseillers territo­ en 2007-2008, 7 025 collèges (dont un peu
riaux siégeront à la fois au conseil général plus du quart sont privés). Ils accueillent
de leur département et au conseil régional. 3,2 millions d ’élèves (455 élèves en
Cette disposition s ’accom pagnera d ’une moyenne). La dépense moyenne par élève
diminution du nombre d ’élus (de 40 % envi­ est de 7 930 €.
ron), ce qui indispose fortement ces der­ Le « lycée » (officiellement lycée d ’ensei­
niers. Les conseillers territoriaux seront élus gnement général et technologique, le legt )
au suffrage universel par un scrutin unino­ accueille ensuite pendant trois ans, en prin­
minal à deux tours. La réforme de la gou­ cipe de 15 à 18 ans, de la seconde à la
vernance du Grand Paris, qui était loin de terminale, les jeunes qui poursuivent un
faire l’unanimité, a été reportée à une date cycle long, tandis que les le p (lycées
ultérieure. L’ensemble de ces mesures pren­ d ’enseignement professionnel) offrent un
dra effet en 2014, date à laquelle coïncide­ cycle court de deux ans, l’âge de la fin de
ront exceptionnellement les élections des l’enseignement obligatoire étant par ailleurs
conseillers municipaux (et communautaires) fixé à 16 ans depuis 1959. La taille des
et territoriaux. lycées n ’a jamais été normalisée comme a
P. M. et Y. P.
pu l’être celle des collèges. Elle est généra­
lement comprise entre 1 000 et 1 500 élèves
C om m u n e; Conseil régional; Décentralisation administra­ avec des surfaces de terrain de l’ordre de 2
tive ; Département ; Emprunts des collectivités locales ; Fisca­
lité directe locale; Groupement de com m unes; Région;
à 3 ha (davantage pour les lycées industriels
Territoire. ainsi que pour les lycées abritant un inter­
nat). On compte, en 2007-2008, 2 626 lycées
et 1 687 lycées d ’enseignement profession­
COLLÈGE ET LYCÉE nel. Parmi ces établissements, trois sur cinq
sont publics et deux sur cinq privés. On
L’enseignements du second degré (dit peut y ajouter quelque 200 lycées privés
secondaire) est donné dans les collèges (pre­ n ’offrant que des enseignements post­
mier cycle et dans les lycées (second cycle). baccalauréat : classes préparatoires aux
Les établissements sont publics ou privés, grandes écoles ( c pg e ) et surtout sections de
mais la majorité des établissements privés a techniciens supérieurs ( s t s ). Les lycées
passé un contrat avec l’État (établissements accueillent 2,2 millions d’élèves (hors cpge
dits sous contrat) : sous réserve de respecter et sts ), dont un peu moins du tiers dans les
un certain nombre de conditions, notam­ lycées professionnels, soit un peu plus de
ment pédagogiques, ils peuvent recevoir des 500 élèves en moyenne par établissement
aides publiques et, en particulier, la rémuné­ (respectivement 560 et 430 environ). La
ration de leurs enseignants est assurée par dépense moyenne est de 10 240 € par élève
l’État. en lycée général et technologique et de
COLONNADE m

10 740 € en lycée professionnel. La taille syndicats et de nombreuses collectivités ter­


moyenne des classes est de 27,5 en legt et ritoriales.
de 19,3 en let .
J. C.etP.M .
L’ensemble de l’enseignement secondaire
(collèges et lycées) public emploie, en 2008- - » Carte scolaire.
2009, 394 000 enseignants, dont un peu
plus de 50 000 professeurs agrégés et de
250 000 professeurs certifiés. L’enseigne­ COLONNADE —» Arcade ; Façadisme
ment secondaire privé en emploie 95 500.
La moyenne est d’un peu moins de 11 élèves
par enseignant. Il y a en outre 113 000 non- COMITÉ DE DÉCENTRALISATION
enseignants (personnels administratifs, tech­ —►Agrément; Décentralisation (des activités)
niques et de services) et 61 000 assistants
d’éducation.
En milieu urbain dense, le collège est COMITÉ (OU CONSEIL) DE QUARTIER
typiquement un équipement de quartier, et —> Association ; Démocratie locale ;
sa localisation doit être choisie pour per­ Participation
mettre une fréquentation piétonnière. Mais
ni les collèges situés en milieu urbain peu
dense, ni les lycées, quel que soit le tissu COMMERCE
urbain, ne peuvent être situés à distance
piétonnière pour la majeure partie des élèves Activité économique d’achat et de vente de
qu’ils reçoivent. La qualité de la desserte par biens ou de services. Le commerçant est « celui
les transports en commun devient alors l’un qui exerce des actes de commerce et en fait sa
des éléments les plus importants à prendre profession habituelle » (Code du commerce). Il
en compte dans le choix de la localisation de doit être inscrit au registre du commerce : son
l’établissement. régime social et fiscal en découle.
Même si l’usage polyvalent des équipe­ Le commerce recouvre en fait plusieurs
ments reste malheureusement exceptionnel en activités ;
France, il est à noter que la commune dispose • collecte et ramassage des produits, condi­
d’un droit d’utilisation de tous les locaux sco­ tionnement et expédition ;
laires implantés sur son territoire, même ceux • approvisionnement des détaillants (com­
qui, comme les collèges, dépendent du dépar­ merce de gros) ;
tement ou d ’une autre collectivité publique, • distribution à la clientèle (commerce de
pour y organiser des activités culturelles, détail).
sportives sociales ou socio-éducatif (loi du On peut rapprocher du commerce, pour
22 juillet 1983, art. 25). constituer les activités commerciales au sens
Les lois de décentralisation du 7 janvier et large, des activités moins liées à la distribution :
du 22 juillet 1983 ont transféré les compé­ • transports;
tences (hors personnel) des collèges au • activités commerciales de services dans
département et celle des lycées à la région le secteur de l’hôtellerie, des cafés-restaurants
(les écoles étant du ressort de la commune et et dans celui de l’automobile ;
les établissements d ’enseignement supérieur • services marchands rendus aux particu­
demeurant de celui de l ’Etat). Ce transfert liers et aux entreprises.
s’est effectué sans difficultés majeures. Les Le secteur du commerce comporte, en
lycées, en particulier, ont bénéficié, notam­ France en 2007, environ 600 000 entreprises
ment sur le plan des locaux, d’une attention (22% du total), qui comprennent quelque
plus grande que lorsqu’ils dépendaient de 800 000 établissements et font travailler
l’Etat. La loi Libertés et responsabilités 3 575 000 personnes (14% du total), dont
locales du 13 août 2004, qui prévoit une 3 050 000 salariés.
extension de la décentralisation, a transféré Le secteur des transports représente environ
aux collectivités territoriales la gestion des 90 000 entreprises et 1 150 000 emplois, dont
personnels non enseignants, mais cette 1 080 000 salariés. Celui des services mar­
proposition a suscité une vive hostilité des chands (services aux entreprises, services aux
Î 76 COMMISSION DÉPARTEMENTALE D'URBANISME

particuliers, activités immobilières) regroupe COMMISSIONS DE CONCILIATION


I 030 000 entreprises, qui emploient environ —» Commission départementale d'urbanisme
5 560 000 emplois, dont 4 630 000 salariés.
Au total, les activités commerciales au sens
lurge représentent donc plus de 1,7 million COMMISSION DÉPARTEMENTALE
d’entreprises (63 % du total) et 10,3 millions D'URBANISME
d’emplois (40 % du total).
Du point de vue de l ’occupation de Commission exclusivement consultative,
l’espace, deux critères sont importants : dont l’intervention est requise par certains
• celui du type de locaux (et de leur textes, au même titre que d’autres commis­
consommation d’espace) où s’exercent les sions départementales. Le Code de l’urba­
activités commerciales : entrepôts, boutiques nisme en précise les modalités de constitution
du commerce de détail, magasins plus impor­ et les affaires sur lesquelles elles sont appe­
tants de divers types, centres commerciaux, lées à donner leur avis. Pour la commission
marchés, etc. ; départementale d’urbanisme (éventuellement
• celui de l’aire de chalandise, c’est-à-dire constituée, à titre temporaire, en commission
de la zone d’influence d’un point de distribu­ interdépartementale), l’énumération de ces
tion de ventes et de services. On distingue affaires par le Code de l’urbanisme est très
souvent, à cette fin, des produits (biens ou longue et l’initiative de sa saisine incombe au
services) de trois types : préfet, commissaire de la République (ou au
• quotidien (exemple : alimentation banale, directeur départemental de l’équipement qui
journaux, etc.) qu’on doit trouver dans le rayon la lui demande).
de marche à pied de son logement, Son rôle essentiel est lié aux dérogations
• occasionnels (exemple: vêtements, assu­ susceptibles d’être accordées aux règles géné­
rances, etc.) qu’on trouve à l’échelle d’une rales d’urbanisme. Créée par la loi du 24 juin
petite ville ou d’un quartier, 1943, elle avait, à l’époque, comme rôle de
• anomaux ou exceptionnels (exemple: donner obligatoirement son avis sur les projets
antiquités, haute couture, etc.) qu’on ne d’aménagement des communes. La conférence
trouve que dans le centre des grandes agglo­ permanente du permis de construire a été insti­
mérations). tuée en 1965 et son avis tient lieu de celui de la
Cette distinction n ’est pas absolue et une commission départementale d’urbanisme pour
activité ne peut être rangée de façon simple les dérogations mineures aux règles d’urba­
dans l’une ou l’autre catégorie : le commerce nisme. Dans la pratique administrative, le rôle
alimentaire est quotidien pour les boutiques de cette dernière, à composition strictement
de quartiers, occasionnel pour les grandes sur­ administrative, prit le pas sur celui de la
faces, anomal pour les produits de grand luxe. commission départementale d’urbanisme et
Cette classification, cependant utile pour ana­ fut, dans les départements, fort important quant
lyser et prévoir l’armature commerciale d’un à la doctrine ou au contrôle des dérogations. Ce
quartier ou d’une ville, est à rapprocher du rôle a été d’autant plus sensible que l’avis de
concept d’emploi résidentiel ou induit par la cette commission a tenu lieu de celui de tous
population. services, autorités ou organismes consultés à
P. M.
l’occasion d’un permis de construire, sauf en
matière de sites ou de monuments historiques.
- » Activité économique; Entrée de ville; Entrepôt; Magasin; Ces commissions, dont le rôle est lié à la
Marché; Place m archande; Urbanisme commercial.
délivrance des permis de construire, dans les
conditions prévues au Code de l’urbanisme,
doivent être distinguées de celles qui ne sont
COMMISSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE compétentes qu’en application de législations
—> Conseil régional ; Déconcentration ; particulières, telles que la commission départe­
Département mentale de l’aménagement commercial ou la
commission départementale des sites. La pre­
mière a un rôle précisé par la loi de modernisa­
COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN tion de l’économie du 4 août 2008, limité à la
-> Planification ; Planification économique délivrance d ’autorisation de création ou
COMMISSION DÉPARTEMENTALE DE CONCILIATION 176

d’extension de magasins de commerce de détail teurs d’aménagement et d’urbanisme (dont le


de grande surface. La seconde est compétente nombre avait été arrêté en 1977 à 407 et n’a
dans les cas prévus par la loi de 1930 relative à pas été augmenté lorsque leur réalisation a été
la protection des sites, perspectives et paysages. confiée aux communes «représentant une
Commission départementale d’urbanisme et communauté d ’intérêts économiques et
conférence permanente de permis de construire sociaux »). Cette commission comprenait des
disparurent en 1983 : la loi portant décentrali­ représentants des communes, des services de
sation des compétences en matière d ’urba­ l’Etat et des organismes économiques et pro­
nisme créa les commissions de conciliation, fessionnels intéressés, notamment des
organismes départementaux, à représentation chambres consulaires, et, depuis le décret du
majoritaire d’élus, compétents en matière de 12 octobre 1998, des représentants du départe­
conflits portant sur tout document d’urbanisme ment et de la région. Elle pouvait recueillir
opposable aux tiers élaboré par les communes. l’avis de toute personne qualifiée, organisme
Les commissions de conciliation n’ont pas un ou association ayant compétence en la
rôle d’arbitre et leur utilité est réduite à favori­ matière.
ser un débat public. Plus de vingt ans après L’institution était une survivance de l’« éla­
leur institution, on ne peut que constater le rôle boration conjointe » du sdau, mise en place
très marginal de ces nouvelles commissions, par la loi d’orientation foncière de 1967. Les
voulues par le législateur comme mécanisme conflits soulevés à leur propos avaient consi­
régulateur de la décentralisation parmi dérablement ralenti leur élaboration. En
d ’autres, aussi peu usités. Souvent saisies à octobre 1984, 187 seulement, couvrant 5
l’initiative de personnes publiques, telles que 461 communes, soit à peine plus de la moitié
les organismes consulaires, les commissions des communes concernées (10 389), avaient
de conciliation ont, du fait même de leur été approuvés. Depuis la décentralisation,
composition, très généralement soutenu systé­ 23 nouveaux schémas directeurs ont été
matiquement le point de vue de la commune approuvés et 35 des anciens ont été révisés
et, par la suite, n ’ont plus été sollicitées. (sur 135 mis en révision), ce qui souligne
N. B. et Y. P. a posteriori l’efficacité nettement supérieure
de la procédure antérieure à la décentralisation.
-»• Code de l'urbanisme. Aussi la commission locale n ’était-elle
plus, depuis la loi du 7 janvier 1983, qu’une
institution intervenant dans une procédure
COMMISSION DÉPARTEMENTALE
exceptionnelle, puisque l’initiative de l’élabo­
DE CONCILIATION, COMMISSION
ration des schémas directeurs appartient aux
DÉPARTEMENTALE DE LA PROTECTION
communes qui en confient la tâche à un éta­
CIVILE —►Commission départementale
blissement public de coopération intercommu­
d'urbanisme
nale. C ’est seulement si cette procédure
normale n ’aboutissait pas que le préfet,
commissaire de la République, pouvait,
COMMISSION DES MONUMENTS deux ans après avoir demandé l’élaboration
HISTORIQUES —> Abords ; Classement ; ou la révision du schéma, imposer l’ancienne
Monument historique procédure et constituer par voie d ’arrêté une
commission locale d’aménagement et d’urba­
nisme. L’examen attentif de la procédure
COMMISSION D'URBANISME COMMERCIAL montre toutefois le déséquilibre marqué de
—> Commission départementale d'urbanisme ; « l’élaboration conjointe» au profit de l’État.
Urbanisme commercial Cette incitation à la coopération intercommu­
nale n ’a guère réussi. La loi SRU du
13 décembre 2000 a supprimé cette procédure
COMMISSION LOCALE D'AMÉNAGEMENT pour les nouveaux schémas de cohérence ter­
ET D'URBANISME ritoriale.
Y. P.
Organisme chargé, jusqu’à la loi du 7 jan­
vier 1983, de l’élaboration des schémas direc­ -> Schéma directeur.
177 COMMUNE

COMMUNAUTÉ D'AGGLOMÉRATION largement l’ancien terrain (ou finage) d ’un vil­


. Groupement de communes lage. La dimension des communes, pour cette
raison, est plus importante dans les zones
d’habitat dispersé que dans celles d ’habitat
COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION aggloméré. Elle est aussi inversement propor­
NOUVELLE —> Groupement de communes ; tionnelle à la fertilité des sols.
Syndicat d'agglomération nouvelle; Ville Le cadre territorial traditionnel explique le
nouvelle nombre très élevé des communes françaises,
qui constitue, depuis les années 1950, un obs­
tacle persistant à la rationalisation et à la
COMMUNAUTÉ DE COMMUNES modernisation de l’administration publique
Groupement de communes au niveau local : dans les campagnes, parce
que leur dépeuplement prive les communes
des ressources nécessaires ; mais aussi dans
COMMUNAUTÉ DE VILLES -► Groupement les villes, où le fractionnement des territoires
de communes urbanisés en un nombre élevé de communes,
jalouses de leurs prérogatives et de leur auto­
nomie, rend difficiles la création et la gestion
COMMUNAUTÉ URBAINE -> Groupement des équipements collectifs nécessaires.
de communes Environ 32 000 communes sur les 36 682
existant en 2004 (36 568 sans les dom )
comptent moins de 2 000 habitants et
COMMUNE regroupent le quart de la population française ;
2% , comptent plus de 10 000 habitants mais
Collectivité territoriale dont l’étendue sert à totalisent la moitié de celle-ci.
la fois d’assise à une circonscription de l’Etat Dans sa forme actuelle, l’administration
et à une collectivité locale. Mais l’État y pos­ communale répond pour l’essentiel à la loi
sède peu de services propres et utilise ceux de du 5 avril 1884, devenue Code des com­
la collectivité. munes, qui consacre définitivement le prin­
L’origine du terme est le mot communia en cipe de l’élection de conseil municipal et du
bas latin. Celui-ci désignait l’expansion insti­ maire (encore nommé dans les villes
tutionnelle d’un groupe administrant des inté­ avant 1882). La réforme entreprise depuis
rêts collectifs. Au Moyen Âge, il s’agissait de 1982 a concerné davantage les départements
l’association des bourgeois d’une même loca­ et les régions que les communes, mais elle
lité, d’abord pour gérer des biens communaux prolonge le mouvement d ’autonomisation
(Suisse alémanique). Par la suite, des aspira­ qui a caractérisé celles-ci durant les vingt
tions politiques se sont cristallisées dans l’ins­ années antérieures, en particulier en encoura­
titution communale (Italie), les bourgeois geant la coopération intercommunale. Parmi
d’une localité obtenant le droit de se gouver­ les transferts de compétence au bénéfice de
ner eux-mêmes. La commune est ainsi le la commune figurent cependant les écoles
point de départ du gouvernement local dans primaires, l’élaboration des documents
les systèmes démocratiques, devenant parfois d ’urbanisme (qui était depuis la lof du
le cadre de mouvements de protestation liber­ 30 décembre 1967, conjointe avec les ser­
taire (Angleterre aux XIe et XIIe siècles). Les vices de l’État) et la délivrance des autorisa­
revendications égalitaristes s’élèveront plus tions d’utilisation des sols lorsqu’il existe un
tard dans le cadre communal contre les oligar­ document d ’urbanisme approuvé (plan
chies bourgeoises, Dans des cas extrêmes, d’occupation des sols ou, depuis la loi SRU
comme la première (1789-1795) et la seconde du 13 décembre 2000, plan local d ’urba­
(18 mars au 27 mai 1871) communes de Paris, nisme ou carte communale).
l’institution a pu jouer un rôle révolutionnaire.
Le découpage communal est le reflet des L’assemblée élue de la commune s’est vu
anciennes communautés, lorsque, comme en reconnaître dès la loi de 1884 un rôle prédo­
France, il a été peu retouché aux xixe et minant dans la gestion de la collectivité : le
XXe siècles. Dans ce cas, la commune recouvre conseil municipal « règle par ses délibérations
COMMUNE 178

les affaires de la commune». Élu tous les en la matière et ne sont pas publiques. Les déli­
six ans au suffrage universel direct (1995, bérations du conseil, acquises à la majorité
2001 et, exceptionnellement, 2008), il a vu sa simple, ont le plus souvent le caractère de déci­
composition et son mode de scmtin modifiés sions exécutoires, soumises au contrôle de léga­
par la loi du 19 novembre 1982. Le nombre lité (le préfet dispose désormais d’un délai de
des conseillers municipaux varie selon la taille deux mois pour déférer au tribunal administratif
des communes de 9 (communes de moins de une délibération qu’il estime illégale et peut
100 habitants) à 69 (300 000 habitants et assortir ce recours d’une demande de sursis à
plus). Dans les très grandes villes, il atteint 73 exécution). Les délibérations financières - vote
(Lyon), 101 (Marseille) et 163 (Conseil de du budget, fixation du taux des taxes, émission
Paris), mais ces dernières disposent par d ’un emprunt - comme celles relatives aux
ailleurs d ’une organisation particulière en emplois communaux, à l’organisation des ser­
arrondissements. vices, à la gestion des biens communaux, etc.,
Le mode de scrutin a des implications sont des décisions exécutoires. D ’autres délibé­
politiques importantes. La majorité gaulliste rations, en revanche, prennent la forme de
avait adopté en 1964 le scmtin de liste majo­ simples vœux ou d’avis.
ritaire à deux tours, interdisant la modifica­
tion des listes entre les deux tours dans les Le maire est chargé d’exécuter les délibéra­
villes de plus de 30 000 habitants, ce qui tions du conseil municipal. Mais l’évolution
incitait aux regroupements dès le premier de la pratique l’a conduit à occuper dans l’ins­
tour, assurait une majorité stable, et favorisait titution communale une place prédominante,
la bipolarisation. Le système adopté par la pour deux raisons principalement :
101 du 19 novembre 1982 pour les communes — d’abord le mode de scrutin (scrutin de
de moins de 3 500 habitants est le scrutin liste au-dessus de 2 500 habitants) fait qu’il
majoritaire (les candidats devant se regrouper est élu par les conseillers municipaux en tant
en listes complètes au-dessus de 2 500 habi­ que le chef de la liste victorieuse : les élec­
tants), qui convient aux petites communes où teurs tiennent compte, dans le choix de la liste
les facteurs personnels l’emportent le plus pour laquelle ils votent, de la personnalité qui
souvent sur les stratégies partisanes. Dans les la conduit ;
communes de 3 500 habitants et plus, un — ensuite son autorité s’est considérable­
mode de scmtin original combine les avan­ ment accrue à la faveur de l’extension de
tages du scmtin majoritaire (majorité stable) l’administration communale, dont il est sou­
et de la représentation proportionnelle vent le seul au sein du conseil municipal à avoir
(regroupements politiques clairs lors des can­ une vue d’ensemble, les autres conseillers
didatures) : les conseillers sont élus au scmtin n’ayant guère le temps de prendre connais­
de liste à deux tours, les listes déposées sance des dossiers.
devant comporter autant de candidats que de Les adjoints, élus, comme lui, par le conseil
sièges à pourvoir. Dans ces communes, la parmi ses membres (leur nombre est fixé de 1
moitié des sièges est attribuée à la liste arri­ à 20, mais ne peut jamais dépasser 30 % de
vée en tête au second tour (système dit de la l’effectif du conseil), ne disposent d ’aucun
prime majoritaire), l’autre moitié étant répar­ pouvoir propre, à l’exception de ceux qui leur
tie à la proportionnelle entre toutes les listes sont délégués par le maire. Lorsque ce dernier
présentes au second tour. retire à un adjoint sa délégation (situation
La distinction entre sessions ordinaires et assez fréquente, consacrée par la loi du
extraordinaires ayant été supprimée en 1970, le 19 novembre 1982 qui lui permet de transfé­
conseil municipal se réunit légalement au moins rer la délégation ainsi retirée à un conseiller
une fois par trimestre, mais le maire peut le municipal), il se trouve privé de tout pouvoir,
convoquer chaque fois qu’il le juge utile : c’est même s’il ne peut être mis fin à ses fonctions.
donc lui, dans la pratique, qui établit la périodi­ Le maire n ’est pas «responsable» devant
cité des réunions. Les séances sont publiques et le conseil, qui ne peut mettre fin à ses fonc­
peuvent être préparées par un travail en tions. Devant une crise durable, la seule solu­
commissions. Ces commissions, permanentes tion consistera donc soit dans sa démission,
dans les grandes communes, sont présidées par soit dans la dissolution du conseil par décret
le maire ou par l’adjoint ayant reçu délégation en conseil des ministres.
1/!l COMMUNE

I ,es attributions du maire en tant que repré- innovaient fortement dans le système local
M-nlant de l’État dans la commune concernent français. Les communautés de villes (pour les
l'élat civil (notamment la célébration des agglomérations de plus de 20 000 habitants) et
mariages) et la police judiciaire. Dans cette les communautés de communes doivent obli­
double compétence, il agit sous le contrôle de gatoirement exercer les deux compétences de
l'autorité judiciaire. l’aménagement de l’espace et du développe­
Pour l’exercice de ses attributions en ment économique ; elles ont dû opter pour une
matière d’urbanisme, de publicité des lois et troisième compétence au moins, choisie parmi
règlements, d’établissement des listes électo­ la protection de l’environnement, la politique
rales et des listes de recensement en vue du du logement, la voirie et les transports urbains,
service national, il agit sous l’autorité hiérar­ la construction et la gestion d ’équipements
chique du préfet. publics. La mise en œuvre de ces nouvelles
Le maire est aussi et surtout l’autorité exé­ structures s’est révélée difficile et la formule
cutive dans la commune. Ses attributions sont de la communauté de villes a paradoxalement
classées en trois catégories : contribué à une forte relance de l’ancienne
— il prépare et exécute les délibérations du institution des districts qui en a représenté la
conseil, agissant sous son contrôle notam­ formule alternative et concurrente. Ceux-ci
ment en matière budgétaire : il est ordonna­ sont passés de 214 en 1992 à 324 en 1995,
teur des dépenses de la commune ; mais leur nombre a diminué par la suite et ils
— il peut se voir déléguer par le conseil ont été supprimés par la loi de 1999. Si la
certaines compétences énumérées par la loi communauté de villes avait eu peu de succès
(conclusion de contrats, fixation de tarifs par (5 en tout se sont constituées et aucune ne
exemple), mais ces délégations sont toujours concernait une agglomération importante) et a
révocables ; été supprimée par la loi de 1999, la commu­
— il dispose enfin de pouvoirs propres, nauté de communes a connu un succès cer­
pour l’exercice desquels il n ’a ni à être auto­ tain: 2 293 avaient été constituées au
risé par le conseil ni à lui rendre compte. Ce 1erjanvier 2009, regroupant 30 244 communes
sont d’une part la direction des services muni­ et plus de 26 millions d ’habitants. La loi
cipaux et la gestion de leur personnel ; d’autre Chevènement du 12 juillet 1999 a en effet
part, la police administrative. cherché à encourager ces regroupements de
Certains maires exercent ces pouvoirs soli­ communes, tout en limitant, dans un souci de
tairement, avec l’aide du seul secrétaire géné­ simplification, le nombre de formules pos­
ral ou de leur cabinet, d’autres délèguent sibles. Il ne subsiste que la communauté
largement à leurs adjoints leurs compétences. urbaine, la communauté de communes et la
La «municipalité» peut être entendue, soit nouvelle formule de la communauté d’agglo­
au sens large, comme l’ensemble de per­ mération, les districts et les communautés de
sonnes qui administrent une commune villes étant appelés à disparaître. 1 671 commu­
(Robert), c’est-à-dire le maire, les adjoints et nautés d’agglomération s’étaient constituées
les conseillers municipaux, soit, au sens étroit au 1er janvier 2009, regroupant 3 003 com­
du droit administratif, comme la réunion du munes et 21,4 millions d’habitants. On peut
maire et des adjoints. Étant peu rigoureux ajouter les 16 communautés urbaines (regrou­
dans son usage, ce substantif est peu utilisé, pant 409 communes et 7,4 millions d ’habi­
l’adjectif «m unicipal» étant au contraire tants) et les 5 syndicats d ’agglomération
d’usage courant. nouvelle subsistant dans les villes nouvelles
La « municipalité » (au sens étroit), peut se (regroupant 29 communes et 300 000 habi­
voir attribuer une indemnité, mais celle-ci ne tants).
représente pas un véritable traitement. Dans Le transfert aux communes de f élaboration
les villes où la fonction du maire et des prin­ des documents d’urbanisme a obligé l’État à
cipaux adjoints correspond à une occupation mettre en œuvre la procédure prévoyant l’ins­
à plein temps, les maires sont donc incités à cription, dans un schéma directeur (devenu
rechercher un mandat national. schéma de cohérence territoriale) ou dans un
plan d’occupation des sols (devenu plan local
Les nouvelles structures de coopération d’urbanisme), d’un projet d’intérêt général : le
mises en place par la loi du 6 février 1992 projet de construction d’un centre de confé­
COMPENSATION CARBONE ■m
rences internationales a ainsi fait l’objet d’un tés territoriales ont été élaborés dès 2009,
contentieux entre la ville de Paris et l’Etat. Leur discussion parlementaire doit conduire'!
un vote à l’automne 2010 (d ’autres lois
Le rapport du comité pour la réforme des doivent suivre) qui entrera en vigueur lors des
collectivités locales (dit comité Balladur) a élections locales de 2014. Les élus dans lèfc
proposé des modifications importantes qui structures communautaires seront élus lors du
avaient clairement pour objet de faire de la même scrutin. Seules les dispositions relatives
commune (ou de la métropole ou de la au Grand Paris et à la Corse seraient reportées
commune nouvelle créée par transformation à une date ultérieure. ;i
d’une structure intercommunale) l’échelon de
P. M. etY.i»;
base de la démocratie locale et de l’organisa­ lu
tion locale en lui conférant une compétence - > Autonomie financière et fiscale des collectivités ; Budgiü
com m unal; Collectivités locales et territoriales; Compensa*
générale. Au contraire, les départements et les tions de la fiscalité locale ; Emprunts des collectivités localssj
régions n’auraient que des compétences spé­ Fiscalité directe des établissements de coopération irttëfc
com m unale; Fiscalité directe locale; Groupement de coiTh
cialisées. Le même rapport propose en outre, munes. ' 1
notamment :
— de créer, dès 2014 (date des prochaines
élections municipales), onze métropoles COMPENSATION CARBONE Effet de serre;
(d’autres pourraient être créées par la suite) Énergie et environnement ; T axe carbone : >I
ayant certaines compétences des communes,
plus les compétences sociales du départe­
ment; COMPENSATIONS DE LA FISCALITÉ LOCALE i
— d’achever, avant 2014, la carte des
intercommunalités (notamment en Île-de- Près de deux siècles après sa création, la
France et en Corse, régions où elles sont le fiscalité directe locale a été entièrement réno­
moins développées) ; vée entre 1970 et 1976. Mais, à peine mise en
— de rationaliser, également avant 2014, la place, elle fut critiquée et amendée, chaque
carte des syndicats de communes, ceux qui année apportant ses réformes allant toujours
correspondent territorialement à un groupe­ dans le sens d ’un allègement des charges
ment de communes étant absorbés par celui-ci ; pesant sur les contribuables et d ’une compen­
— de créer une collectivité locale du Grand sation par le budget général de l’État. Peü à
Paris qui réunirait les départements de Paris et peu, il est revenu au contribuable national de
de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine- remplacer le contribuable local, et depuis que
Saint-Denis et Val-de-Marne) ; le budget de l’État est largement déficitaire,
-— d ’élire les organes délibérants des éta­ c’est la dette publique qui a pris le relais des
blissements publics de coopération inter­ contribuables nationaux. De multiples raisons
communale à fiscalité propre en même temps expliquent cette dérive et, parmi celles-ci, la
et sur les mêmes listes que les conseillers trop grande lenteur du regroupement commué
municipaux (et donc au suffrage universel nal, mais aussi une aggravation de la fiscalité
direct) ; locale. La connaissance du fait qu’une large
— de permettre aux intercommunalités de partie de la charge fiscale est supportée par
se transformer en communes nouvelles en î’État a sûrement incité certaines collectivités
redéployant, en leur faveur, les aides à l’inté­ à augmenter la pression fiscale.
gration des communes ; Quoi qu’il en soit, les compensations de la
— de clarifier la répartition des compé­ fiscalité locale ont pris une place considérable.
tences entre l’État et les collectivités locales ; En 2008, l’ensemble de la prise en charge de
— de compenser intégralement la suppres­ la fiscalité locale par le budget de l’État repré­
sion prévue de la taxe professionnelle par un sente 19,1 milîiards d ’€. Cette somme
autre mode de taxation de l’activité écono­ comprend 3,4 milliards de compensation
mique, fondée notamment sur les valeurs venant se substituer aux exonérations et
locatives et sur la valeur ajoutée des entre­ s’ajoutent au produit de la fiscalité proprement
prises (ce qui a été voté dès décembre 2009 dite. Elle comprend 15,7 milliards de dégrève­
pour entrer en application le 1er janvier 2010. ments qui s’imputent sur la fiscalité votée
Les projets de îoi de réforme des collectivi­ (65,7 milliards d ’€ en 2008). Au total, le
,!#1 COMPENSATIONS DE LA FISCALITÉ LOCALE

potentiel fiscal comprend le produit voté et les ments et de la région Corse a été supprimée
compensations, soit 69,1 milliards : la prise en depuis 1995. Quant aux bases de taxe profes­
Charge par l’État est donc de 27 %. sionnelle imposées au profit des communes et
À ces montants, on peut ajouter plus de de leurs groupements, elles faisaient l’objet
10 milliards de compensation de la part d’un abattement de 25 %.
lalaires de la taxe professionnelle supprimée Les exonérations générales de taxe profes­
•n 1999 et intégrée dans la DGF. On atteint sionnelle avaient pour objectif l’allègement
«lois 30 milliards, soit 11 % des dépenses de des charges des entreprises et la recherche
l'État. La suppression de la taxe profession­ d’une dynamique des investissements et de
nelle à partir de 2010 modifie cette situation, l’emploi. Les exonérations les plus anciennes
puisque l ’essentiel des compensations et faisaient l’objet d’une compensation appelée
dégrèvements concernent cette taxe. La dotation de compensation des allègements de
charge pour l’État n ’en est cependant pas base de la taxe professionnelle (dctp ). Elle
dllégée dans un premier temps, mais la fuite était constituée d’un ensemble de compensa­
«n avant sera arrêtée. En tout cas, en 2008, tions qui étaient notifiées chaque année aux
26% de la taxe d’habitation, 7% des taxes collectivités locales. Elles résultaient d ’une
foncières et 43 % de la taxe professionnelle série de mesures législatives depuis 1983 qui
(57% avec la part salaires) sont payés par ont entraîné une perte de recettes de taxe pro­
l'État qui est devenu (et de loin) le premier fessionnelle pour les collectivités locales et
contribuable local. On peut réellement parler dont la principale est celle de 1987 qui
(J'une nationalisation de la fiscalité locale. compensait l’abattement général de 16% des
Alors que les dégrèvements correspondent bases de taxe professionnelle. Il existait aussi
é des conditions liées aux contribuables (cri- une compensation de la réduction pour créa­
lère de revenu pour la taxe d’habitation ou de tion d ’activité (ancienne réduction pour
valeur ajoutée pour les entreprises), les exoné­ embauche ou investissement).
rations reposent généralement sur des objec- La dctp (hors réduction pour création
lifs de nature incitative soit d’aménagement d ’activité) constitue la variable d’ajustement
du territoire, soit de nature économique. Il des concours financiers de l’État aux collecti­
existe une exception : les compensations des vités, de telle sorte que les autres dotations
dégrèvements de taxe d’habitation et de taxe peuvent évoluer en fonction de leurs indices
foncière sur les propriétés bâties bénéficiant de référence prévus par la loi. Il en a résulté
aux personnes non imposables à l’impôt sur une baisse continue de cette dotation qui ne
le revenu (sauf les bénéficiaires du RMi) qui représente plus que 50 % des pertes initiales.
ont été transformées en exonérations en 1992 Les communes qui remplissaient les condi­
11 un moment où la doctrine de l’État dans ce tions d’éligibilité à la dotation de solidarité
domaine n’était pas encore affirmée. urbaine (dsu) ont connu des pertes moindres.
Concernant les objectifs d’aménagement du L’exonération de taxe professionnelle la
territoire, il s’agit par exemple des exonéra­ plus importante concernait les salaires, anté­
tions temporaires de taxe professionnelle dans rieurement partie constitutive de la base. Cette
les zones de revitalisation rurale ou dans les partie de la base a été progressivement suppri­
zones de redynamisation urbaine, dont cer­ mée entre 1999 et 2003. A compter de 2004 et
taines ont le statut de zones franches urbaines. conformément aux dispositions prévues par la
Dans ces dernières, les entreprises bénéficient loi de finances pour 2004, le montant de la
également d’une exonération de foncier bâti. compensation versée par l’État en contrepartie
Toutes ces exonérations sont assez limitatives de cette suppression a été intégrée à la dotation
dans leur mise en application avec de nom­ globale de fonctionnement ( dgf ) et évolue
breuses conditions portant sur la définition comme cette dernière.
des zones et des bénéficiaires. Entrent égale­ La loi de finances pour 2010, qui définit les
ment dans les objectifs d’aménagement du ter­ modalités de la suppression de la taxe profes­
ritoire les mesures d’exonération spécifiques à sionnelle et son remplacement par divers
la Corse, considérée par ailleurs dans sa tota­ impôts, prévoit une neutralité totale des effets
lité comme une zone franche. Ces mesures de la réforme pour les collectivités en 2010 et
concernent essentiellement la taxe profession­ 2011. Ceci explique que les dotations de
nelle, dont la part perçue au profit des départe­ compensation de la TP perdureront en tant que
COMPLEXE SPORTIF

dotations d’État alors même que la taxe aura pour une commande particulière : c ’est H
disparu. Il est probable qu’elles seront inté­ composant à la demande (on parle aussi!!®
grées à des dotations plus générales à partir de composants à façon). On peut réaliser la stnfl I
2012. ture et même les façades d’un bâtiment aVI I
Les exonérations de taxe foncière sur les des composants provenant d ’un même fais
propriétés bâties avaient à l’origine l’objectif cant ou d ’un groupe de fabricants : ces comjjj I
de favoriser la construction en général. Elles sants constituent un système constructif où G) I
sont dorénavant uniquement centrées sur le analogie, un mécano. Il s’est développé pu
logement social. sieurs systèmes constructifs de 1975 à 1.9$
La taxe foncière sur les propriétés non en matière de logements, et antérieurement «B
bâties fait également l’objet d’exonération des matière d’écoles. S’il est possible de réalkH
parts départementale et régionale, mais limi­ un bâtiment en utilisant des composants;»!
tée aux seules terres agricoles. provenance diverse, on dit que les composait}!
Une autre catégorie de compensation ne sont compatibles et que l’on pratique l’in^ùM
concerne ni les exonérations, ni les dégrève­ trialisation ouverte. Pour cela, il est nécessaiii
ments : il s’agit des sinistres économiques. que les plans du projet et les composants te ll
Auparavant, la compensation des sinistres pectent des règles de compatibilité dimensiotÉ
économiques relevait du Fonds national de nelle (pour mettre en place des composahts|g
péréquation de la taxe professionnelle (fnptp). d ’assemblage (pour lier l’un à l’autre déuSj
Mais celui-ci ayant été supprimé en 2004, les composants voisins sans avoir à les modifiai
compensations sont versées directement à par­ sur le chantier), fonctionnelle (pour remplfj
tir du budget de l’État. Les communes et les convenablement et avec une durabilité açcepij
établissements publics de coopération inter­ table les fonctions assignées à l’ouvrage). £ ■
communale bénéficient d ’une attribution France, l’Association construction et compdl’
égale à 90 % de la perte de produit enregistrée sants a établi des règles de compatibilité1
la première année, à 75 % la deuxième année, dimensionnelle, qui s’appuient sur le principe!
à 50 % la troisième année. Là encore, des pro­ d’une modulation des plans de 30 cm en 1
cédures similaires sont prévues dans le cadre 30 cm à l’horizontale et de 10 cm en 10 cm â '
des nouvelles impositions professionnelles. la verticale. , Kl)
V. c. Sous le vocable «produits industriels polit
la productivité » ( p i p ) , le ministère chargé de M '
Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget construction encourage depuis 1980 la fabri-
com m unal; Budget départemental et budget régional;
Concours financiers de l'État aux collectivités locales; Fisca­ cation et l’emploi de composants compatible!!
lité directe locale; Taxe d'habitation; Taxe foncière sur les Des groupes de fabricants proposent aux
propriétés bâties; Taxe foncière sur les propriétés non
bâties;Taxe professionnelle. architectes et aux entrepreneurs des catalogue!
de composants avec modes d’emploi (appelé!
logiciels). Des composants de grandes dimen­
COMPLEXE SPORTIF — Salle de sport sions, comportant une forte valeur ajoutée ejl
usine, sont parfois appelés sous-ensem blei
(blocs sanitaires, de cuisines, etc.) et n ’ofll
COMPOSANT plus qu’à être raccordés aux divers réseaux dfl
fluides. iïl
Produit fabriqué comme unité distincte, La construction fait par ailleurs appel à dèi
destiné à remplir une fonction ou un nombre matériaux amorphes qui n ’ont subi aucun!
limité de fonctions spécifiques dans le bâti­ mise en forme au moment de leur livraison
ment. Par exemple un panneau de façade, une sur le chantier : ciment, gravier, plâtre, pail
baignoire, une gaine technique. Un composant exemple. Mais elle fait aussi appel à des maté­
est, en principe, incorporé dans la construction riaux qui ont déjà subi une mise en forme, ait
sans avoir à subir de retouches sur le chantier. moins partielle, en usine : profilés ou tubes}
Un composant peut être présenté en catalogue dont la section est déterminée, mais la lon­
(composant de catalogue). On parle parfois de gueur imprécisée ; plaques dont l’épaisseui
composant banalisé lorsqu’il ne se rapporte est déterminée, mais les autres dimension!
pas à un projet de construction bien défini. Un imprécisées ; petits blocs susceptibles d’être
composant peut aussi être conçu et fabriqué coupés sur le chantier, tels que brique ou bloo
COMPOSITION URBAINE

béton. Un travail, parfois important, reste fabrication du composite par mélange des
ure à faire sur le chantier pour parvenir à la fibres au matériau constituant la matrice, ce
C ne définitive de la matière. Ces matériaux
Itint des semi-produits. Ils peuvent avoir des
mélange étant fait le plus souvent aujourd’hui
par projection simultanée des deux matériaux
■Kttplois variés dans la construction, contraire­ sur un support donnant la forme voulue dans
ment aux composants. des conditions encore artisanales, mais que
P. Ch.
l’utilisation de robots de projection commence
à bouleverser.
I f l Industrialisation du bâtiment.
P. Ch.
- » Béton.

Co m p o s it e

i Matériau qui associe un matériau principal COMPOSITION URBAINE


)pelé matrice à des fibres de petites dimen-
3 ens, réparties de façon homogène dans la
matrice et qui renforcent la résistance méca­
Expression entrée en usage au xixe siècle
pour désigner la figuration tridimensionnelle
nique de celle-ci. d ’une ville entière, ou d’une partie de ville,
Cette association, grâce à la complémenta­ conçue et dessinée de façon suffisamment pré­
rité des caractéristiques des deux constituants, cise pour permettre la constmction et corres­
ermet de réaliser des produits de construc- pondant à une implantation sur un site réel ou
S on de faible épaisseur, de formes très
diverses et ayant une bonne résistance méca­
décrit comme tel, compte tenu de ses accidents
et particularités. La composition urbaine, qui
nique : grands éléments de couverture, coques fut souvent proposée avec la ferveur d ’une
de grandes portées, bardages de façade, cana­ mission apostolique, doit être distinguée de
lisations, potelets et poutrelles. De nouveaux plusieurs autres formes : le fragment urbain,
lisages apparaissent : mobilier urbain, pan­ illustré par le XXIIe district de O. Wagner
neaux de façade ou éléments «architecto­ (Vienne, 1912), ou encore par les visions futu­
niques », fosses septiques, balcons : la liste ristes de Sant’Elia dans sa Città nuova ; le
reste largement ouverte. Le composite le plus plan d ’extension urbaine, comme celui de
ancien et le plus connu était l’amiante-ciment J. Stubben pour Cologne (1890) ; le projet de
dont la matrice est du ciment et dont la fibre restructuration d ’une métropole existante
est en amiante (aujourd’hui interdite). (projet de B. Môhring du concours pour
Les composites se sont beaucoup déve­ Berlin, 1910); le projet local intégré dans un
loppés et diversifiés au cours des dix dernières plan régional, tel qu’il a été préconisé par le
années. La matrice peut être minérale, généra­ conseil municipal de Frankfurt, à partir des
lement en ciment, mais elle peut être aussi années 1890; l’utopie, comme, par exemple,
synthétique (polymérique), par exemple en la Dissolution des villes (1920) de Bmno Taut,
polyester. Les fibres sont encore plus diversi­ ou de plus récentes propositions de « colonies
fiées : fibre de verre, fibre d’acier, fibre de spatiales». La composition urbaine est née
fonte, fibre de carbone, fibres synthétiques dans le contexte de la révolution industrielle ;
(polypropylène, polyamide par exemple). elle se présente comme une réaction à ses
Parmi les composites les plus connus en effets dont l’accumulation a fini par doter le
dehors de l’amiante-ciment, citons le ciment- fait urbain de ce caractère d ’«étrangeté»
verre, le ciment-acier, le polyester armé de (Cl. Lévi-Strauss) qui en a fait un objet nou­
fibres de verre très largement utilisé pour veau et différent, susceptible d’être soumis à
fabriquer les coques de bateaux. l’analyse critique.
Les recherches sur les composites visent Dans son Stadtebau (Vienne, 1889,
d’abord à améliorer leurs performances et sur­ trad. franç. L ’art de bâtir les villes, Paris,
tout leur bonne tenue dans le temps (durabi­ 1979), C. Sitte soulignait l ’importance du
lité), cette dernière dépendant principalement Bebauungsplan, cette représentation tridimen­
de la bonne compatibilité physico-chimique sionnelle d ’un projet urbain, tenant compte
entre la matrice et la fibre. Les recherches d’un terrain particulier, qu’il opposait au plan
visent aussi à améliorer les conditions de traditionnel à deux dimensions. Pour Sitte,
COMPOSITION URBAINE 184

l’architecture et la nature, les pleins et les composition de W. Burley Griffin (1912)/


vides, étaient des éléments urbains également pour la nouvelle capitale de Canberra, contiâ
nécessaires et qui, associés en une composi­ nua à se faire profondément sentir aux États-
tion unitaire et continue, faisaient de la ville Unis jusqu’à la fin des années 1930, en doiM
une œuvre d’art totale. La démarche de Sitte nant lieu à des compositions urbaines qui
eut un impact immédiat et considérable en consistaient, comme pour Chicago, dans' la
Allemagne, mais elle ne fut néanmoins appli­ complète transformation de villes existantes;
quée qu’à la conception d’unités de voisinage L’ouvrage de W. Hegemann et E. Peets, The
et d’extensions urbaines, plus qu’à la compo­ American Vitruvius : an architect’s handboak
sition de villes véritables. o f civic art (New York, 1922) était précisé­
En France, à partir de la fin du xixe siècle, ment destiné à ceux qui poursuivaient les
les prix de Rome d’architecture se tournèrent idéaux de la « City beautiful ». ,1
toujours davantage vers une approche qui leur À la même époque, les propositions d’Ebe­
faisait traiter des villes entières à la manière nezer Howard pour la garden city sont elles
de créations architecturales singulières et res­ aussi, quoique marginalement, liées à la
tituer ainsi les villes de l’Antiquité, comme le démarche de la composition urbaine ; son
montre, par exemple, la reconstitution hypo­ diagramme fut en effet traduit dans des pro-1
thétique de Selinonte par J. Hulot (1904- jets détaillés d ’ensemble, comme ceux de,
1906). Le projet de T. Garnier pour Une cité Letchworth par B. Parker et R. Unwin.
industrielle, commencé en 1899-1901, dérive Entre les deux guerres, l’attention des archi­
de cette tradition. Sa cité est implantée dans le tectes du mouvement moderne se tourna vers
site d ’une vallée appartenant à une région pré­ les problèmes de logement et d ’expansion
cise : elle comporte des zones réservées res­ urbaine, sans guère s’intéresser au domaine dêj
pectivement à l’industrie, au logement, aux la composition urbaine. Le plan Voisin de Le
établissements scolaires, à l’administration, Corbusier doit sa célébrité à son impact visuel
aux établissements hospitaliers, aux sports, en tant que représentation tridimensionnelle^
etc., et prévoit également l’aménagement de Il constitue une exception dans un contexte
zones vertes. La précision des dessins des édi­ dominé par les plans de lotissements et cités
fices en béton accentue la puissance d’expres­ dortoirs comme ceux de B. Taut pour Berlin-
sion de ce nouveau traitement. Certains des Britz, de E. May pour Rômerstadt ou de
projets ultérieurs de H. Prost ou de L. Jaussely Berlage pour les quartiers sud d ’Amsterdam.
ressortissent à la même démarche. Les préoccupations des CIAM se concentraient
Aux États-Unis, D. Bumham élabora, en sur les problèmes d’existence minimum et de
1908, une figuration complète de transforma­ logement collectif, en hauteur ; le congrès de
tion de Chicago, dans une vaste composition, 1930 sur « la ville fonctionnelle» s’occupait
qui se développait dans un rayon de 6o miles de questions administratives plus que dé
depuis le centre de la ville, et qui était couron­ formes, et dans la mesure où les problèmes dé
née par un gigantesque centre civique. Issu conception formelle étaient évoqués, c’était
d’une recherche sur le mode de fonctionne­ en liaison avec la présentation par Lq
ment de la ville, le projet incluait un double Corbusier de la « Ville radieuse ». En Union
système de circulations et d ’espaces verts, soviétique, jusqu’aux années 1930, des tentai
comprenant les rives du lac, et prévoyait la tives furent poursuivies pour associer de véri­
croissance de la ville. Les dessins en perspec­ tables compositions urbaines à l ’idéologië
tive du projet, exécutés par l’architecte fran­ révolutionnaire (cf. les projets de Varenzov
çais J. Guérin, contribuaient à donner à pour Vkutein, 1928, des frères Vesnine pour
l’entreprise une atmosphère parisienne. La la ville nouvelle de Kuznetsk, 1929, et eii
vision monumentale de Bumham, destinée à 1930 ceux de Leonidov pour Magnitogorsk et
« enflammer les cœurs », fut un catalyseur de la brigade OSA pour Avtostroi).
décisif pour le mouvement américain de la Durant cette période, il faut signaler l’ano­
« City beautiful » qui était, par ailleurs, animé malie représentée, au début des années 1930,
par la conviction que l’amélioration visuelle par la Broadacre city de F. L. Wright, qui
de la ville pouvait contribuer au bien-être montre des édifices dispersés de façon très
social. L’influence de ce mouvement, qui lâche, d’un bout à l’autre du paysage. Par
avait atteint la lointaine Australie avec la ailleurs, dans le cadre de l’exposition univer-
♦ •B CONCOURS FINANCIERS DE L'ÉTAT A U X COLLECTIVITÉS LOCALES

-> A rt urbain ; Beaux arts ; Culturalisme ; Géométrie ; Moderne ;


«elle de New York (1939), deux architectes pré- Morphologie (urbaine).
lentaient les figurations impressionnantes de
villes composées d’édifices géants et d’auto­
routes à plusieurs niveaux, la «Democraciiy»
de H. Dreyfus, et l’« Intersection o f thefuture », COMPOSTAGE Déchets
de N. B. Geddes.
Les images de la « City » de Wright eurent
line diffusion considérable et les compositions CONCESSION DES SOLS -* Location des sols
urbaines de l’exposition de 1939 furent admi­
rées par des milliers de visiteurs. Mais, après
lu seconde guerre mondiale, l’attrait exercé par CONCOURS D'ARCHITECTURE -♦ Architecte
lu représentation tridimensionnelle complète
des villes commença à faiblir. Les composi­
tions urbaines produites au cours des dernières CONCOURS FINANCIERS DE L'ÉTAT
décennies étaient, avant tout, destinées à être AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
réalisées. Les plus modestes s’adressaient à un
public bourgeois, telles les villes nouvelles Les concours financiers de l’État aux col­
anglaises (Milton Keynes, par exemple), ou lectivités locales inscrits en loi de finances
encore les opérations analogues (cf. Reston), s’élèvent à près de 55,1 milliards d’€ en 2008,
montées aux États-Unis par des entreprises 56,2 en 2009, soit plus de 20 % du budget de
privées. D’autres, au contraire, étaient entre­ l’État. Ils représentent près d’un tiers des res­
prises à une échelle spectaculaire, à des fins de sources des collectivités locales.
propagande nationale. Les deux exemples les La répartition des transferts de l’État vers
plus importants en sont fournis par Brasilia et les collectivités a été affectée par la lolf qui
Chandigarh. La première située au centre du identifie quatre ensembles dans les « concours
pays, loin des agglomérations populeuses du de l’État» (57,05 milliards d’€ dans le projet
littoral, et, pour cette raison, composée en de loi de finances,2010) : les prélèvements sur
plan, pour donner l’image du fuselage et des les recettes de l’État (46,6 milliards d’€), les
ailes d’un avion, exploite les clichés de l’archi­ crédits budgétaires du budget général (4,1 mil­
tecture moderne avec des édifices inutilement liards d’€) relevant de la mission «Relations
dispersés dans de vastes étendues libres. La avec les collectivités territoriales», la dgd
seconde, bien que son plan ait été dessiné avec « Formation professionnelle » inscrite au sein
sensibilité par Albert Mayer, n’en dérive pas de la mission « Travail et emploi » et les rem­
moins de l’échiquier qui a servi la colonisation boursements effectués au titre du Fonds de
et le capitalisme industriel. La réalisation en a compensation de la TVA (fctva) d’un montant
été confiée à J. Drew et M. Frey, tandis que Le de 6,2 milliards d’€.
Corbusier concevait les édifices monumen­ Les prélèvements sur recettes (psr ) sont
taux du secteur administratif. Aujourd’hui, la des prélèvements directement opérés sur les
réputation de Chandigarh est fondée sur ces recettes du budget général de l’État. Ils sont
monuments, plutôt que sur sa composition versés à des organismes tiers (collectivités ter­
urbaine. Dans le monde de l’après-guerre, le ritoriales, Union européenne), mais ne sont
rêve et l’imagination ont cessé d’inspirer la pas inscrits dans la partie dépenses du budget.
composition urbaine qui a ainsi perdu son Ils constituent ainsi une triple exception : aux
ancienne autorité. principes budgétaires d’unité et d’universalité
L’expression « composition urbaine » est (car ils affectent directement des recettes à
parfois employée aujourd’hui pour définir la des dépenses), au principe d’interdiction de
démarche née, à la Renaissance, avec l’art création de nouvelles dépenses (car les parle­
urbain. Il s’agit alors pour le critique moderne, mentaires disposent d’une certaine latitude
de souligner le souci esthétique des archi­ pour modifier le montant et la répartition de
tectes dans leur organisation du paysage ces prélèvements) et aux principes comp­
urbain, mais l’expression n ’a pas été utilisée à tables d’ordonnancement et de paiement (car
l’époque. ces prélèvements ne constituant pas des
dépenses budgétaires, les sommes en cause
C. F. O. étant soumises à un circuit très simplifié de
CONDITIONS NATURELLES 136

mise à disposition de leurs bénéficiaires). de manœuvre future. La politique de l’État est


Enfin, concernant des tiers, ils ne font pas donc d’abord de tenter de modifier les critères
l’objet d’une évaluation quant à l’utilisation initiaux d’évolution de la masse des transferts
des fonds. et ensuite seulement d ’en accroître l’effica­
Les psr comprennent les dotations de fonc­ cité.
tionnement dont les plus importantes sont la - Dans la perspective d’un contrôle global de
dotation globale de fonctionnement (dgf) qui l’évolution, différentes lois sont venues suc­
représente 41 milliards, soit 90% des psr , et cessivement freiner l’indexation de la DGF,
des compensations d’exonérations. restreindre le champ d’application du fctva et
La mission « relation avec les collectivités » limiter les compensations fiscales. Mais, avec
regroupe surtout les principales dotations des masses en croissance très limitées, le
d’investissement avec les dotations d’équipe­ second objectif - améliorer l ’efficacité des
ment scolaire pour les régions (dres) et les transferts, par exemple par une plus grande
départements (ddec), la dotation générale de péréquation - est très difficile à atteindre.
décentralisation (hors formation profession­ Les collectivités territoriales sont conscientes
nelle) et la dotation de développement rural. des difficultés de l’État et leurs représentants
Les dotations afférentes au financement des parlementaires admettent volontiers la remise
transferts de compétence sont dorénavant en cause de certains avantages acquis, mais ils
assez limitées (3,6 milliards d’€ environ pour souhaitent plus de clarté et de prévisibilité dans
2010), mais elles s’élevaient encore à 8,6 mil­ les règles du jeu. Dans cet esprit, un premier
liards en 2003. La majeure partie de la dota­ « pacte de stabilité financière » avait été mis en
tion générale de décentralisation a été fondue place en 1994, suivi d’un «pacte de croissance
dans la dgf en 2004. Ces sommes ne prennent et de solidarité » lancé pour la période 1998-
pas en compte la fiscalité transférée en 2001. Quelles que soient leurs imperfections,
1983 (vignette automobile et droits de muta­ ces pactes permettaient à l’État et aux collecti­
tion), mais de toute façon certaines taxes vités de confronter leurs difficultés financières
(vignette) ont été supprimées et remplacées à l’intérieur d ’un cadre commun. Dans un
par des dotations de l’Etat. Parmi les dotations contexte de restriction encore plus fort du bud­
liées aux transferts, on notera la dotation pour get de l’État, leur raison d’être a dispara et le
la formation professionnelle continue et dernier pacte s’est intitulé «pacte de solidarité»
l’apprentissage (1,7 milliards d’€) et les dota­ tout court.
tions d ’équipement scolaire pour les régions
(dres ) et les départements (ddec ) pour un V. C.
montant d’un peu plus d ’un milliard d’€. -> Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget
Par ailleurs, l’aide financière de l’État se com m unal; Budget de l'État et urbanisme; Budget départe­
mental et budget régional; Dotation générale de décentrali­
manifeste également à travers le fonds natio­ sation (dgd); Dotation globale d'équipement (dge ); Dotation
nal pour les adductions d’eau et les avances globale de fonctionnement (dgf); Fiscalité directe locale;
Fonds de compensation de la tva (fctva ).
du Trésor sur les impositions directes.
Confronté à un déficit persistant de ses
finances publiques, lié à son endettement et à CONDITIONS NATURELLES
la crise économique et de l’emploi, l’État est à
la recherche de solutions pour maîtriser ses Ensemble des données d ’ordre physique
dépenses. On comprend qu’il cherche notam­ caractérisant un site ou une région. Ces don­
ment à contrôler les transferts aux collectivités nées concernent la topographie, la nature des
qui représentent 20 % de son budget. Or, les roches, le climat, l’érosion, la couverture
transferts, initialement définis individuelle­ végétale, les sols, la dynamique de l’eau.
ment par leur raison d ’être (suppression de la Trop souvent, dans les ouvrages géogra­
taxe locale pour le vrts devenu la dgf, exoné­ phiques et dans les études d ’aménagement,
rations fiscales pour les compensations, trans­ ces données sont présentées successivement
ferts de compétences pour la dgd, suppression selon un plan stéréotypé. En réalité, si l’ana­
des subventions spécifiques d ’équipement lyse de ces données est indispensable, il
pour la dge, etc.), ont chacun des règles d’évo­ convient de concevoir clairement qu’elles
lution qui s’imposent inexorablement à lui sont largement interdépendantes. Par
(sauf réforme législative) et érodent sa marge exemple, la dynamique de l’eau dépend à la
1H7 CONFLIT SOCIAL

lois du climat, de la porosité des roches, du ceptibles de se modifier «naturellement»,


couvert végétal des processus de l’érosion et mais aussi à la suite des interventions
du système de pentes. On tend donc actuelle­ humaines. Interventions dont la nature et
ment vers une étude intégrée des conditions l’efficacité varient d’ailleurs en fonction des
naturelles, débouchant sur la définition de technologies et des idéologies, dans le
« géosystèmes » susceptibles d ’être modé­ temps et dans l’espace. On est donc loin ici
lisés. D’où la multiplication des mesures et le de l’habituelle apposition «conditions natu-
recours, de plus en plus fréquent, aux relles/conditions humaines », peut-être sur la
méthodes de la statistique et de l’informa­ voie d ’une géographie véritablement glo­
tique. bale.
Par ailleurs, les conditions naturelles d’une G. B.
légion donnée peuvent se modifier dans le
temps, principalement les données clima­ - » Climat ; Climax ; Cycle de l'eau ; Relief.

tiques, ce qui entraîne des conséquences pour


la végétation, la morphogenèse, les sols et la
circulation de l’eau. Ces variations se mani­ CONDUITE D'OPÉRATION
festent aussi bien à l’échelle de la durée géolo­ —►Maître de l'ouvrage
gique (ex. : les périodes froides quaternaires)
qu’à l’échelle du temps historique (ex. : le
petit âge glaciaire) ou même de la vie humaine CONFÉRENCE D'ATHÈNES — Abords;
(ex. : le récent assèchement des régions sahé­ Conservation intégrée ; Ensemble historique
liennes et sud-méditerranéennes). ou traditionnel ; Restauration
Ces conditions peuvent être largement
modifiées par les activités humaines. L’inter­
vention de l’homme la plus importante et la CONFÉRENCE PERMANENTE DE PERMIS
plus ancienne s ’exerce sur la végétation DE CONSTRUIRE - » Commission
(brûlis, défrichements, plantations parfois), départementale d'urbanisme ;
mais elle prend aussi bien d ’autres formes Permis de construire
(excavations de toutes sortes, terrassements,
extensions de constructions et imperméabili­
sation des sols, barrages sur les cours d’eau, CONFLIT SOCIAL
pollutions chimiques et biologiques, etc.).
Ces interventions entraînent un réajustement Ce terme désigne une notion centrale de la
plus ou moins grave et rapide des autres sociologie, mais trop souvent une sociologie
constituants interdépendants du milieu phy­ des conflits qui insisterait sur les antago­
sique; par exemple, accélération de l ’éro­ nismes propres à chaque société et une socio­
sion et dégradation des sols en cas de logie de l’ordre qui ne verrait dans les
défrichement, remontée des nappes phréa­ sociétés qu’intégration et consensus. En fait
tiques et hydromorphie des sols en cas cette opposition est erronée et toute approche
d’irrigation, multiplication des crues en cas des conflits sociaux est en même temps une
d’urbanisation massive, par imperméabilisa­ approche de l’intégration sociale. L’utilisation
tion de larges surfaces, modification du cli­ de la notion de conflit se place toujours dans
mat local. une théorie de la structure sociale.
Au total, la notion de «conditions natu­ Ainsi, en s ’inspirant des travaux de
relles» paraît aujourd’hui dépassée. Elle a G. Simmel, le sociologue américain, L. Coser
été successivement et contradictoirement (The functions o f social conflicts, 1956,
utilisée pour en faire la clé d’une géogra­ London, trad. franç. Les fonctions du conflit
phie pesamment déterministe, puis pour social, 1982, Paris) décrit les conflits sociaux
bâtir la toile de fond sans réelle importance dans leur aspect fonctionnel : inhérents à tout
des activités humaines et de leur distribu­ système social, ils en accroissent l’intégration.
tion. En fait, il existe des facteurs physiques C ’est lorsqu’ils sont étouffés et ne peuvent
inégalement contraignants quant aux carac­ s’exprimer qu’ils menacent l’ordre social.
tères et aux activités des sociétés humaines. Mais c’est surtout la sociologie des organi­
Ces facteurs physiques sont eux-mêmes sus­ sations qui a développé et théorisé la notion
CONFLUENT
188

de conflit. Dans toute organisation sociale il CONFLUENT -* Bassin hydrographique; Site;


existe des antagonismes. Mais les intérêts Situation
opposés ne mènent pas nécessairement au
conflit. Celui-ci résulte de la plus ou moins
grande capacité de l’organisation à prendre CONFORT (D'UN MOYEN DE TRANSPORT)
en compte et à traiter ces tensions. Le conflit
naît en cas de rupture de communication au Bien-être matériel procuré par l’utilisation
sein de l’organisation ou lorsqu’une décision d’un moyen de transport. En fait, on subit sur­
ne peut pas être prise par les procédures habi­ tout divers types d ’inconfort :
tuelles. Le conflit conduit à une modification • l’attente est liée à la fréquence d’un
des règles de l’organisation ou à la formation moyen de transport ;
de nouveaux canaux de communication. Il • les correspondances entre moyens de
est donc un facteur essentiel de changement transport ;
social. Dans cette perspective, l’analyse des • la pénibilité liée aux conditions de
conflits cherche à distinguer leur intensité voyage (debout ou assis en particulier), à la
(leur importance véritable pour l’organisa­ surcharge éventuelle des véhicules et à leur
tion) de leur violence (moyens d ’expression aménagement intérieur (confort physique) ;
employés). Le changement sera d’autant plus • les trajets terminaux à pied entre l’origine
important que l’intensité et non la violence (et la destination) du déplacement et les points
des conflits augmente. d’arrêt (ou de stationnement) du moyen de
Lorsqu’elle est généralisée, la notion de transport ;
conflit s’est associée à une représentation de • l’irrégularité (dans la fréquence ou la
la société comme pur changement. Les socié­ durée du trajet) ;
tés modernes sont le théâtre de multiples • la recherche d ’un emplacement de sta­
conflits sociaux, éclatés et dispersés, sans lien tionnement (temps perdu et incertitude).
entre eux. Ils manifestent un accroissement Parmi ces sources d’inconfort, les travaux
de la complexité sociale, accompagnant menés dans les années 1960 ont mis en évi­
un affaiblissement des processus de régula­ dence l’importance de l’attente des modes de
tion traditionnels. Les sociétés fortement transport et, de façon plus générale, des cor­
conflictuelles sont des sociétés modernes et respondances. On appelle ainsi la communi­
développées par opposition aux sociétés tradi­ cation d’un voyageur d ’un mode de transport
tionnelles, industrielles ou préindustrielles qui (collectif ou individuel) à un autre, voire
ne connaissent, comparativement, que peu de d’une ligne à une autre (le terme de rupture de
conflits sociaux. charge, souvent employé par les spécialistes,
La conception qui lie conflits et change­ est à proscrire, puisque c ’est le mode de trans­
ments ou modernisation a été critiquée. On port qui subit celle-ci et non l’usager).
lui oppose une vision des conflits sociaux L’inconfort d’une correspondance est d’autant
définis comme des antagonismes synchro­ plus ressenti par l’usager que la distance à par­
niques qui opposent des acteurs sociaux courir à pied est plus élevée, qu’elle comporte
appartenant au même système social des dénivelées et que la fréquence est plus
(M. Crozier et G. Friedberg, L ’acteur et le sys­ faible (donc l’attente prévisible plus élevée).
tème, Paris, 1977). Dans cette perspective, les Le confort peut cependant revêtir, pour cer­
conflits sociaux, s’ils sont divers, ne sont pas tains modes de transport, des dimensions
sans une unité également créée par le conflit positives, par exemple :
social central à chaque système social, oppo­ — la disponibilité qui, pour les moyens de
sant la classe dominée à la classe dominante. transport individuels, supprime ou réduit
Les conflits sociaux n ’apparaissent alors pas l’attente, les correspondances et les trajets
forcément comme des facteurs de changement terminaux ;
puisqu’ils supposent la définition d ’enjeux — la fiabilité : les transports en commun en
communs aux adversaires, ainsi que leur site propre ont une régularité et une sécurité
appartenance à un même ensemble social. qui sont source de satisfaction pour l’usager ;
D. L. — le confort esthétique : agrément du véhi­
cule, des stations, du paysage parcouru, etc.
Changement social ; Luttes urbaines ; Sociologie urbaine. Longtemps, le confort n ’a pas été pris en
189 CONGRÈS INTERNATIONAUX D'ARCHITECTURE MODERNE

compte dans la planification des transports CONGESTION


urbains. Ce n’est qu’en 1963-1964 en région de
Paris que la valeur des inconforts subis par les Accumulation de véhicules sur une voie,
usagers a pu être estimée, par analyse objective dépassant la capacité de celle-ci, qui entraîne
de leurs comportements effectifs, et a été incor­ une très faible vitesse et une diminution du
porée au coût généralisé du déplacement (cette débit. On parle de congestion d’une voie, d’un
prise en compte du confort s’est généralisée, en ensemble de voies, d ’un réseau, d’un quartier
France, puis à l’étranger, au début des années (souvent le centre-ville).
1970). Ce progrès méthodologique a permis de Les inconvénients de la circulation causés
faire, de l’amélioration du confort, un des par la congestion ou par une interruption
objectifs de la planification des transports. subite du flux de véhicules par un événement
Dans le calcul du coût généralisé d ’un fortuit (accident, usage de la chaussée à une
déplacement, on applique à chaque séquence fin non prévue) sont parfois baptisés, en lan­
(trajet par un mode de transport, attente, cor­ gage parlé, d’« embouteillages ».
respondance, trajet terminal à pied, recherche La congestion a un coût social, celui de la
d’une place de stationnement) un coefficient surconsommation de carburant et surtout des
dit coefficient de pénibilité qui prend en pertes de temps qu’elle occasionne. On
compte l’inconfort (la pénibilité) de cette appelle coût marginal de congestion les coûts
séquence. Les coefficients de pénibilité, éva­ causés par une automobile supplémentaire de
lués pour la première fois en région de Paris la voirie à l’ensemble des autres usagers. On
(études Barbier-Merlin, 1963), ont été déter­ l’exprime par la formule ;
minés par analyse des comportements effec­
tifs des usagers lors de leurs déplacements
(migrations alternantes surtout) lorsqu’ils sont
en situation de choix entre plusieurs modes de où /, est la valeur du temps ;
transport (le coefficient 1 correspond à un tra­ a sont les autres coûts (carburants,
jet par un mode mécanisé dans des conditions usure du véhicule) ;
normales de charge du véhicule et de confort V0 la vitesse pour une circulation fluide
pour un usager assis). Ainsi, le temps consacré (40 à 50 km/h) ;
à une correspondance correspond à un coeffi­ V la vitesse de la circulation.
cient de pénibilité de l’ordre de 2 ; la surcharge
d’un véhicule peut entraîner un coefficient de En zone urbaine, ce coût social marginal de
pénibilité de 1,2 à 1,4, etc. D ’autres détermi­ congestion pouvait atteindre 10 F par
nations des coefficients de pénibilité ont été véhicule-kilomètre (en 1996). Mais ces élé­
effectuées par la suite dans diverses villes. ments ne sont pas à additionner avec le coût
Mais on peut regretter qu’en France, on se généralisé des usagers qui subissent la conges­
contente presque toujours de réutiliser les tion, puisque ce dernier les contient déjà. Le
coefficients établis en 1963, alors que les coût de congestion causé par les transports en
conditions de déplacements ont sensiblement commun est cinq à dix fois plus faible.
évolué (ou au contraire de n ’en utiliser aucun, P. M.
ce qui revient à ne pas tenir compte des condi­
tions de confort du déplacement). Coût social ; Débit d'une voie.

P. M.
Coût généralisé de déplacement; Fréquence (d'un m oyen de CONGRÈS -> Tourisme d'affaires
transport) ; Marche à pied ; Moyen de transport.

CONGRÈS INTERNATIONAUX
CONFORT (DES LOGEMENTS) -► Normes D'ARCHITECTURE MODERNE (CIAM)
d'habitabilité et de confort ; Parc de logements
Les Congrès internationaux d’architecture
moderne ( c i a m ) furent fondés en juin 1928
CONGÉS PAYÉS -> Loisirs; Tourisme; à La Sarraz (Suisse), dans le prolongement
Tourisme social des polémiques provoquées par la Weissen-
CONSEIL D'ARCHITECTURE, D'URBANISME ET DE L'ENVIRONNEMENT 190

hofsiedlung (Stuttgart, 1927) et l’échec du redécouverte de la rue, l’habitat du tiers


projet de Le Corbusier pour le Palais des monde et la réintroduction de paradigmes
N ations à Genève, pour protester contre organicistes dans l’urbanisme. Ces thèmes ont
l’attitude de « la grande masse des profes­ été mis en œuvre dans plusieurs nouveaux
seurs en architecture, attachés à des ensei­ quartiers des années 1960 et 1970, comme, en
gnements désormais sans efficacité et à des France, celui de Toulouse-Le Mirail.
habitudes de penser ou de juger (...) fré­
quemment en opposition avec les buts même J.-L. C.
qu’ils ont mission d’atteindre ». -> Architecture fonctionnelle ; Charte d'Athènes ; Moderne ; Pro­
Les ciam réunirent autour de V. Bourgeois gressisme; Urbanisme.

(président, auquel succède en 1930 C. Van


Eesteren, alors directeur du service d’urba­
nisme d’Amsterdam), S. Giedion (historien CONSEIL D'ARCHITECTURE, D'URBANISME
d’art, secrétaire général), la plupart des prota­ ET DE L'ENVIRONNEMENT (CAUE)
gonistes qui ont animé le mouvement
moderne, non seulement en Europe (W. Gro- L’insertion de la ville dans le milieu envi­
pius, L. Mies Van der Rohe, Le Corbusier, ronnant a constitué l’une des grandes
J. L. Sert, G. Rietvelt...), mais aux États-Unis inflexions de la politique publique de l’urba-
(R. Neutra, Wiener), au Brésil (L. Costa), au nisme à la fin des années 1970, au même titre
Japon (Maekawa, Sakakura). que la protection des sites et des paysages. Ces
Par leurs débats et leur production, les deux notions n ’ont d’abord pénétré dans le
Congrès internationaux d’architecture moderne droit qu’à travers l’objectif de la protection
ont joué un rôle fondamental dans la formula­ esthétique de l ’espace, puis à travers celles,
tion et dans la crise de l’urbanisme fonctionna­ beaucoup plus ambitieuses, du «patrimoine»
liste. et du « milieu naturel » dans son ensemble,
D’emblée, l’action des ciam investit l’urba­ qui, selon le Conseil de l’Europe, «toujours
nisme, lors du congrès de Bruxelles (1930) sur façonné par les facteurs socioéconomiques,
le « lotissement rationnel » et, surtout, lors de devient paysage sous le regard de l’homme,
celui d’Athènes (1933), consacré à la «ville lui-même modelé par les facteurs sociocultu­
fonctionnelle » : à partir de l’analyse, compara­ rels » (Commission interministérielle des
tive d’un ensemble de villes européennes, un comptes du patrimoine, 1979).
cadre de projet universel est proposé pour Ce sont les implications urbaines de cette
l’urbanisme, censé organiser quatre fonctions nouvelle conception qui ont déterminé le
majeures (« habitation, délassement, travail, cir­ regroupement des services de l’urbanisme, de
culation »). Ce découpage de l’espace urbain est l’environnement et de l’architecture au sein
précisé dans les conclusions du congrès (texte d ’un même ministère, le ministère de l’Envi­
collectif anonyme), reprises et interprétées par ronnement et du Cadre de vie, créé en avril
Le Corbusier dans la Charte d ’Athènes (1943). 1978. Ce regroupement fonctionnel n ’a pas
Les destructions de la seconde guerre mon­ toujours été respecté par la suite. Toutefois,
diale semblaient offrir le champ libre recherché depuis 2007, le ministère d’État de l’Écolo­
par les ciam, qui poursuivirent encore pendant gie, de l’Énergie, du Développement durable,
plusieurs années la chimère d’une méthodolo­ de la Mer, en charge des technologies vertes
gie universelle, notamment par l’adoption de la et des négociations sur le climat, qui regroupe
« grille ciam ». Mais, très vite, la nécessité de ces deux secteurs (et beaucoup d ’autres) a
retrouver une certaine complexité urbaine mit placé les préoccupations qualitatives (envi­
en crise cette doctrine : la question du « cœur» ronnement) au premier plan, avant celles
de la ville fut discutée au congrès d’Hoddes- concernant l’équipement et les transports.
don (1951) et, dès le congrès d ’Aix-en- La qualité du « cadre de vie » a donc appelé
Provence (1953), la sécession des plus jeunes le développement d’une politique spécifique
(G. Candilis, A. Van Eyck, A. et P. Smithson, en faveur de la qualité architecturale. La loi du
etc.) ouvrit une crise qui ne s’acheva qu’avec 3 janvier 1977 a posé le principe que « la créa­
le congrès de la dissolution à Otterlo (1959). tion architecturale, la qualité des construc­
_Les thèmes introduits par les dissidents tions, leur insertion harmonieuse dans le
réunis dans le groupe Team X, concernent la milieu environnant, le respect des paysages
191 CONSEIL RÉGIONAL

naturels ou urbains, ainsi que du patrimoine, CONSEIL DE QUARTIER -> Comité


sont d’intérêt public ». Ses dispositions essen­ (ou conseil) de quartier
tielles sont l’obligation de recourir à un archi­
tecte (ou «agréé en architecture») ou du
moins de consulter les conseils d’architecture, CONSEIL DE RIVAGE -> Conservatoire
urbanisme et environnement (caue), sauf pour de l'espace littoral
les maisons individuelles de moins de 170 m2
de SHON. Le titre II de la loi définit l’organisa­
tion et le rôle de ces organismes, qui, sous la CONSEIL GÉNÉRAL -> Département
forme d’associations, sont investis d’une triple
mission de conseil, d’information et de forma­
tion. Leur intervention est gratuite et ils ne se CONSEIL MUNICIPAL -> Commune
substituent en aucun cas aux maîtres d’œuvre.
Cette institution avait été précédée par des
expériences de mise en place d’architectes- CONSEIL RÉGIONAL
conseils auprès des directions départemen­
tales de la construction dès 1950 (devenus Assemblée (élue au suffrage universel
conseillers techniques des DDE ultérieure­ direct) délibérante de la région devenue col­
ment) et d ’architectes consultants depuis lectivité territoriale par la loi du 2 mars 1982.
1960, nommés et rémunérés par les DDE. Les À l’origine, le conseil régional a été, avec le
deux catégories ont été largement associées à préfet de région et le comité économique et
la mise en place des caue . social, l’un des trois organes institués par la
Depuis la loi du 29 décembre 1981, les caue loi du 5 juillet 1972 créant les établissements
sont dépourvus de compétences obligatoires. publics régionaux (epr ), assez largement en
Sur les 100 départements, 90 (dont les 4 des retrait sur le projet rejeté lors du référendum
départements d’outre-mer) avaient, en 2009, un de 1969 qui aurait créé une collectivité locale,
caue . Tous les caue sont regroupés au sein alors qu’elle n ’a créé qu’un établissement
d’une fédération nationale des caue . Leur public territorial. La loi de 1972 avait donné à
directeur est nommé par le président du conseil l’assemblée des élus une composition assez
d’administration qui est un élu local, dans la complexe :
pratique un conseiller général. Leur mission de — parlementaires, députés et sénateurs,
conseil aux collectivités prédomine aujourd’hui élus dans la région (50 %) ;
sur celle de conseil architectural aux particu­ — conseillers généraux désignés par
liers. Leur financement par la taxe départemen­ chaque conseil général proportionnellement à
tale facultative instituée par délibération du la population des départements (dont la moi­
conseil général, qui en fixe le taux, confirme tié maires des communes non représentées)
aujourd’hui le rôle joué par les départements. (30% );
Outre sa mission de conseil auprès des col­ — conseillers représentant les communes
lectivités locales et des particuliers, les caue chefs-lieux de départements, les communau­
exercent de plus en plus une mission de veille tés urbaines, et les communes de plus de
dans les domaines qui contribuent à l’amélio­ 30 000 habitants, désignés par les conseils de
ration de la qualité de la vie, recense et diffuse ces collectivités (20 %).
des exemples de réalisations intéressantes. La loi du 2 mars 1982 prévoyait l’élection
Plusieurs observatoires ont été créés à cette du conseil régional au suffrage universel
fin par un caue (Nord, Haute-Savoie) ou une direct (art. 59), sans plus de précisions. La loi
union régionale (Île-de-France, Picardie) : ces du 10 juillet 1985 dispose que les conseillers
outils de connaissance ont un rôle de conser­ régionaux sont élus à la représentation propor­
vation des données, de diffusion de l’informa­ tionnelle avec répartition des restes à la plus
tion, de sensibilisation et de valorisation de la forte moyenne, au scrutin de liste établie par
qualité architecturale. département. Cette modalité assure - dans les
intentions des réformateurs du moins - la pré­
P. M. et Y. P. pondérance du département comme échelon
territorial d’organisation des partis, et donc à
- » Architecture; Assistance architecturale; Environnem ent;
Patrimoine.
terme aussi peut-être comme référence pour la

m
CONSERVATION ia

répartition par les conseils régionaux des cré­ D ’une part, il désigne certaines instances
dits figurant au budget des anciens e p r o u administratives chargées de la conservation et
transférés par le législateur en fonction des de la protection du patrimoine, dans un sens
nouvelles compétences attribuées à la collecti­ global.
vité territoriale. Les premières élections régio­ D ’autre part, le terme «conservation»
nales au suffrage universel ont eu lieu le désigne l’utilisation des techniques et pro-
16 mars 1986, couplées avec les élections cédés matériels, servant à maintenir les édi?
législatives. Elles ont eu lieu à nouveau en fices dans leur intégrité. Les progrès de 18
1992, 1998, 2004 et 2010. Mais le scrutin pro­ science moderne ont été largement exploités à
portionnel n’a souvent pas permis de dégager cet effet (voir, en France, le laboratoire installé
de majorité stable. Le législateur a dû instituer au château de Champs-sur-Mame par le ser­
un mécanisme permettant l’approbation du vice des monuments historiques.)
budget si une majorité ne se dégageait pas Enfin, dans une perspective théorique ou
pour offrir une solution alternative. Ce méca­ doctrinale, la notion de conservation sous-
nisme étant peu satisfaisant et ne réglant pas le tend les pratiques patrimoniales dans leur
problème de l’absence de majorité claire, la ensemble. Son maniement ne va cependant
loi du 11 avril 2003 a prévu (sauf en Corse) pas sans difficulté. En effet, un édifice et
une « prime » d’un quart des sièges à la liste a fortiori un ensemble bâti ou une ville ne
arrivée en tête au second tour : ce dispositif a cessent de se transformer dans la durée sous
été appliqué aux élections régionales en 2004 l’effet du vieillissement de leurs structures et
et 2010 et semble donner satisfaction car il de leurs matériaux, des modifications (sup­
assure à la fois une majorité stable et une pressions et adjonctions) qui leur sont impo­
représentation d’au moins une des listes mino­ sées, du changement de leurs usages. Des
ritaires. cathédrales comme celles de Chartres ou de
On remarquera que, tout en conservant au Tolède, marquées par tous les siècles qui ont
conseil régional un rôle privilégié en matière suivi leur consécration, sont le symbole écla­
de planification, la loi de 1982 autorise les tant d ’une conservation qui est en réalité
e p r à avoir des activités de gestion au même continuation. L’histoire n ’offfe pas d ’exemple
titre que les départements et les communes. de conservation statique des édifices. Celle-ci
La composition du conseil régional sera est un postulat inhérent à la notion de monu­
modifiée à l’issue de la réforme des collectivi­ ment et de patrimoine historiques.
tés territoriales (loi qui doit être votée à Mais, à la différence des objets mobiliers,
l’automne 2010 pour une mise en œuvre en les immeubles ne peuvent, selon une expres­
2014), à la suite de la proposition du comité sion de Viollet-le-Duc, « être mis sous
Balladur (contestée par de nombreux élus). Il cloche », aller au musée. Tout au plus peut-on
sera constitué de conseillers territoriaux (sié­ tenter de les soustraire en permanence aux
geant également au conseil général de leur plus sévères atteintes de la vie dans le temps
département). L’objectif avancé est de rappro­ par une restauration vigilante et en leur confé­
cher la région et le département, mais aussi de rant non seulement le statut, mais la fonction
réduire (de 40 % environ) le nombre d’élus, ce de monument historique.
que de nombreux élus actuels contestent. Le Vouloir, en revanche, une conservation qui
mode de scrutin sera un scmtin uninominal à laisse monuments et villes «dans l’état où ils
deux tours. nous ont été transmis », en se gardant de toute
Y. P. et P. M. intervention, ainsi que le souhaitait William!
Morris, est tout aussi utopique et aboutit en
-*■ Collectivités locales et territoriales; Contrat de plan ; Établis­
sement public régional; Planification régionale; Région;
définitive à leur ruine.
Régionalisation. La notion de conservation n ’a donc, dans le
champ du patrimoine, qu’une valeur relative
tant du point de vue sémantique que du point (
CONSERVATION de vue opérationnel. Son utilisation concrète
se situe entre les deux pôles, également morti­
Action de maintenir intact ou dans le même fères, de la ruine et de la mise hors circuit, de
état. En matière de patrimoine, ce terme est type muséal. Elle doit composer avec les dia­
utilisé dans deux acceptions différentes. lectiques complexes de l’intervention et de la
193 CONSERVATOIRE DE L'ESPACE LITTORAL ET DES RIVAGES LACUSTRES

non-intervention, de l’entretien et de la restau­ dies conduisant à de nouvelles pratiques :


ration, de l’usage et de la désaffectation. modernisation et réhabilitation, réanimation
des immeubles anciens par de nouveaux
F. C. et J. H.
usages, d ’une p art; intégration dans une
> Authenticité; Conservation intégrée; Démolition; Inventaire; double perspective fonctionnelle et esthétique
Monument historique; Patrimoine; Restauration; Sous-
direction des monuments historiques et des espaces protégés.
des tracés de voirie (de la rue à l’autoroute) et
de grands équipements (centrales thermiques
ou gazières, châteaux d’eau) hors d’échelle,
CONSERVATION INTÉGRÉE recherche d ’architecture et de mobilier
d’accompagnement, d’autre part.
La conservation intégrée consiste à traiter En France, la conservation intégrée est
(conserver, restaurer, réhabiliter) les construc­ illustrée par l’application de la loi sur les sec­
tions et ensembles anciens pour les rendre utili­ teurs sauvegardés, qui ressortissait initiale­
sables pour la société moderne et à les intégrer ment à la tutelle des deux ministères des
dans les plans d’aménagement urbains et ruraux, Affaires culturelles et de l’Équipement, mais
de l’échelon de l’îlot à celui du territoire. qui se trouve aujourd’hui placée sous la seule
L’idée de l’intégration du patrimoine ancien autorité du ministre chargé de l’urbanisme.
dans la vie, et par Conséquent dans la planifi­ Depuis 1969, le Conseil de l’Europe s’est
cation contemporaine, s’est fait jour à l’occa­ attaché à promouvoir ce concept dont les prin­
sion de la prise en compte, dans le patrimoine cipes sont définis dans la charte européenne
architectural, des ensembles historiques, qui du patrimoine architectural de 1975 et réaf­
posaient des problèmes nécessairement plus firmés dans la convention pour la sauvegarde
complexes que les monuments isolés et pou­ du patrimoine architectural de l’Europe signé
vaient difficilement donner heu à une conser­ à Grenade (1985).
vation muséographique. F. C.
Dans le cadre de la conférence d’Athènes
sur la conservation des monuments historiques - » Ensemble historique ou traditionnel; Patrimoine; Réanima­
tion ; Réhabilitation ; Secteur sauvegardé ; Zone de protection
(1931), G. Nicodemi a été l’un des premiers à du patrimoine architectural et urbain (zppau ).
formuler les objectifs de la conservation inté­
grée (« Il ne s’agit pas de mettre les monu­
ments hors de la vie (...) il faut savoir les CONSERVATOIRE DE L'ESPACE LITTORAL
comprendre et leur donner toujours une place ET DES RIVAGES LACUSTRES
vivante dans la ville vivante ») que l’Italie, en
particulier à l’instigation de G. Giovannoni, a Le « Conservatoire de l’espace littoral et des
été le premier pays européen à prévoir dans la rivages lacustres » a été créé en 1975. C’est un
législation du patrimoine (loi de 1939, puis loi établissement public de l ’État à caractère
de 1942, complétée par la loi du 6 août 1967). administratif. Sa création s’insère dans le
Aujourd’hui où, en contrecoup des rénova­ cadre d’une politique de conservation de
tions brutales des années 1950-1960 et à la l’écosystème littoral. Il s ’agit d’éviter sa trans­
faveur de la crise économique, la valeur formation complète par les constructions et les
culturelle et économique du patrimoine archi­ aménagements divers, telle qu’elle était prévi­
tectural ancien ou traditionnel s’est imposée sible d ’après les tendances observées. Le
contre des a priori financiers, techniques et Conservatoire a donc pour objet de « mener
esthétiques, la conservation intégrée est deve­ une politique foncière de sauvegarde de
nue, en Europe, une dimension essentielle de l’espace littoral, de respect des sites naturels,
l’urbanisme. Associant étroitement conserva­ et de l’équilibre écologique». Il a aussi une
teurs et aménageurs, avec la participation mission de proposition, d’incitation et de
croissante des collectivités locales et des conseil auprès des collectivités publiques, en
associations d’habitants, la conservation inté­ particulier pour éviter la constmction en bord
grée demande des moyens juridiques, admi­ de mer. Sa compétence s’étend à toutes les
nistratifs, financiers et techniques spécifiques. communes littorales (y compris en bordure
Les impératifs, souvent contradictoires, de la des lacs et étangs de plus de 1 000 ha). Cette
conservation et de l’aménagement appellent compétence a été étendue par la loi du 4 février
des études multidimensionnelles approfon­ 1995 aux communes riveraines des estuaires
CONSOMMATION D'ESPACE PAR LES TRANSPORTS
m
et des deltas, en aval de la limite de salure des taxe départementale des espaces naturels serin
eaux. Elle peut l’être, depuis la loi du 8 janvier sibles, d’une taxe sur les passagers maritimes
1993, aux secteurs géographiques limitrophes, à destination d ’espaces protégés et de dons,
constituant avec les communes littorales une de legs et de dations. Il a acquis (outre-mer
imité écologique et paysagère (cette disposi­ compris), au 1er août 2009, 125 000 hectares
tion a été appliquée pour la Camargue gar­ (dont 104 000 en métropole, y compris les
doise, la Crau et la plaine des Maures). 13 000 ha de l’étang de Vacarès), protège
Le Conservatoire du littoral (dénomination quelque 600 sites et environ 1 330 km de
abrégée généralement utilisée) peut acquérir rivage (dont 1 050 en métropole), soit plus de
des terrains à l’amiable ou par expropriation, 10,4% du littoral maritime et lacustre, outrer
par don ou par legs. Il peut exercer un droit de mer compris. Il a pour ambition de protéger,
préemption dans les zad créées à cet effet ou, en 2050, 240 000 ha en métropole (plus de
par délégation du département ou substitution 20 % du littoral) et 75 000 outre-mer.
à celui-ci, dans les zones de préemption des Il existe en outre sept conseils de rivage
espaces sensibles. Les terrains acquis ne (Méditerranée, Corse, Atlantique, Manche et
peuvent être aliénés que dans des conditions mer du Nord, rivages français d ’Amérique,
exceptionnelles, après autorisation du Conseil rivages français de l’océan Indien, lacs), com­
d’Etat. Le Conservatoire du littoral ne peut se posés d’élus régionaux et départementaux,
livrer à des opérations de promotion immobi­ qui ont pour mission d’élaborer les orienta­
lière sur ces terrains. Il peut les aménager pour tions de la politique d’acquisitions.
permettre leur fréquentation par le public ou
les maintenir inaccessibles pour des raisons F. D.-D. et P. M
impératives de protection des milieux fragiles. -> Littoral ; Mer ; Maîtrise financière ; Réserves foncières.
La gestion en est généralement confiée par
convention aux collectivités locales et prise en
charge par le département avec le produit de la CONSOMMATION D'ESPACE
taxe des espaces naturels sensibles. La loi sur PAR LES TRANSPORTS
la démocratie de proximité du 27 février 2002
a donné une base légale au partenariat entre le Espace au sol nécessaire pour la circulation
Conservatoire du littoral et les collectivités et le stationnement d ’un véhicule de trans­
locales. Le succès indéniable du Conservatoire ports. Celui-ci varie beaucoup selon les
du littoral est en effet largement dû aux excel­ villes et selon les moyens de transport. La
lentes relations qu’il a su établir avec ces der­ voirie (trottoirs compris) et le stationnement
nières. Dans sa politique d ’acquisitions, la occupent environ 20% de l’espace dans le
priorité est donnée aux sites menacés par des centre de Paris, Londres ou Tokyo, mais 69 %
projets de construction ou par une fréquenta­ dans celui de Los Angeles. Les transports
tion désordonnée et destructrice et aux sites ferrés consomment peu d ’espace, surtout
remarquables qu’on souhaite voir ouvrir au s’ils sont souterrains (métro). L’automobile
public. Dans la mesure du possible, ces acqui­ consomme huit fois plus d’espace par voya­
sitions sont effectuées à l’amiable : l’expro­ geur (mesuré en mètres carrés x heure), à
priation n’est utilisée qu’en dernier recours. La l’arrêt comme en mouvement, qu’un autobus.
même loi permet à l’État d ’instituer, à l’initia­ Son utilisation dans le centre des villes, pour
tive du Conservatoire du littoral, de nouveaux les migrations alternantes (donc en utilisant
périmètres à l’intérieur desquels le Conserva­ un espace au centre pour stationner pendant
toire se voit doté d ’un droit de préemption neuf heures environ) consomme même
propre, et non plus par délégation ou par sub­ 20 fois plus d’espace que celle de l’autobus.
stitution au département dans l’hypothèse où Ces éléments justifient la priorité aux trans­
ce dernier n ’exerce pas ce droit. ports en commun, sur le plan de l’utilisation
Les ressources du conservatoire du littoral du sol, surtout là où (dans le centre et sur les
proviennent de l ’État (33 millions d ’€ en axes radiaux) et quand (en heure de pointe)
2007, environ 400 millions de 1975 à 2007, l’espace est rare, donc cher et convoité par
dont 80% environ consacrés aux acquisi­ d ’autres usagers. Ils expliquent aussi les
tions), de l’Union européenne, des collectivi­ efforts, à ce jour peu fructueux, pour réduire
tés locales, éventuellement du produit de la la consommation d’espace par l’automobile,
195 CONSTRUCTIBILITÉ LIMITÉE

soit en réduisant sa dimension (véhicule floue), à diverses conditions et notamment celle


urbain), soit en limitant sa durée de stationne­ de ne pas porter atteinte à l’environnement.
ment (banalisation), soit en multipliant le En fait, ce texte laisse une large marge
nombre de passagers sur les trajets radiaux en d’interprétation aux services départementaux
heure de pointe : « covoiturage » (car pool). de l’équipement (qui instruisent les dossiers
d’autorisations d ’utilisation du sol dans les
P. M.
communes non dotées d ’un plan), ce qui a
►Autom obile; Capacité (d'un moyen de transport); Moyen de donné lieu à un important contentieux admi­
transport ; Transport aérien. nistratif. Dans les faits, les juges administra­
tifs se sont limités à sanctionner les « erreurs
m anifestes». En outre, le principe de la
CONSTRUCTIBILITÉ -> Coefficient constructibilité limitée ne s’applique pas aux
d'occupation des sols ; Dérogation communes dont le pos a été annulé pendant
d'urbanisme ; Permis de construire ; Plan l’élaboration du nouveau p o s .
d'occupation des sols (pos) ; Terrain à bâtir Surtout, la même loi du 19 août 1986 a
pérennisé - officiellement pour quatre ans
renouvelables - les cartes communales ou
CONSTRUCTIBILITÉ LIMITÉE modalités d’application du règlement national
d’urbanisme (m a r n u ), qui constituaient des
Principe fondamental du droit de l’urba­ documents sommaires d ’urbanisme établis
nisme français, introduit par la loi du 7 janvier conjointement avec l’État (en pratique avec la
1983 sur la décentralisation, qui interdit, dde ) et approuvés par le préfet et le conseil
dans le but de lutter contre le mitage des municipal. La loi relative à la solidarité et au
espaces ruraux, toute construction hors des renouvellement urbains du 13 décembre 2000
parties actuellement urbanisées dans les com­ a retenu que les cartes communales, définiti­
munes non couvertes par un plu , une carte vement considérées comme des documents
communale ou un pos (ou un autre document d ’urbanisme, soumis à enquête publique,
d’urbanisme opposable aux tiers). Outre ouvrent au maire la responsabilité des autori­
l’objectif affiché, cette disposition avait pour sations d’utilisation du sol. Cette loi ne fait
objet d’inciter les communes à établir de tels plus référence au règlement national d ’urba­
plans. Cette disposition a été efficace, puis­ nisme. Les communes dotées d ’une carte
qu’on estime qu’en 2009, plus de 14 000 pos communale sortent donc du champ de la
ou plu sont approuvés ou en cours d’élabora­ constructibilité limitée.
tion et plus de 4 000 POS en cours de révision La notion de parties actuellement urbani­
(couvrant 90 % de la population et 70 % du sées de la commune prête à interprétation et
territoire métropolitain, contre 6 500 pos en donc à contentieux. Elle est saisie à travers la
1983 couvrant un quart du territoire). notion d’agglomération des constructions, ce
Le principe de la constructibilité limitée a qui suppose la contiguïté d’autres parcelles
été atténué par la loi du 19 août 1986 qui pré­ bâties. On considère qu’un hameau est déjà
voit plusieurs exceptions concernant : urbanisé et qu’il y a hameau à partir d ’une
— l’adaptation, l’extension ou la réfection dizaine de maisons en contiguïté, parfois
de constructions existantes (sauf les mines) ; moins. Mais il subsiste une large marge à
— les installations classées (parce que dan­ l’interprétation, tranchée par une jurispru­
gereuses, bruyantes ou insalubres) qui doivent dence encore incomplètement établie : une
être à l’écart des habitations ; route ou une rivière interrompent-elles la
— les bâtiments liés à des équipements contiguïté? Le réaménagement d ’anciens
collectifs, à l’exploitation agricole (y compris bâtiments agricoles à des fins non agricoles
le domicile des agriculteurs), à la mise en hors de la zone urbanisée est-il possible ? Jus­
valeur des ressources naturelles ou à la réali­ qu’où peut-on évoquer l’intérêt public d’une
sation d’opérations d’intérêt national ; construction pour la commune ?
— les bâtiments faisant l’objet d’un avis spé­ La règle de la constructibilité limitée était
cialement motivé par le conseil municipal pour sans doute une mesure indispensable au
des raisons d’intérêt public (notiçm sur laquelle moment de la décentralisation pour éviter des
la jurisprudence du Conseil d’Etat est plutôt abus préjudiciables à l ’environnement en
CONSTRUCTION i«t

milieu rural. Mais les dispositions adoptées CONSULTATION —►Enquête; Enquête


dès 1986 en ont fâcheusement réduit la portée. publique ; Participation i
P. M.
CONTRAT D'AGGLOMÉRATION
- » Carte com m unale; Code de l'urbanism e; Plan local d'urba­
nisme (plu ); Plan d'occupation des sols (pos).
C’est au cours des contrats de plan (2000-
2006) qu’ont été créés les contrats d’agglomé­
ration. Certes, au cours de la période précé­
CONSTRUCTION
dente, celle du XIe plan, les contrats de ville
pouvaient concerner des structures intercom­
Le terme a plusieurs significations : munales et ce cas de figure avait la faveur dé
— action de construire (établir ensemble) ; l’État, car elle permettait d’aborder les pro­
— par extension, les édifices que l’on blèmes urbains à une échelle plus pertinente'
construit ; que celle de la commune. Mais cela ne concer­
— la manière dont un bâtiment est construit. nait qu’une minorité des contrats de ville.
Les termes de bâtiment et d’édifice ne sont Pour la période 2000-2006, la priorité a été
pas exactement synonymes du deuxième clairement donnée aux contrats d ’aggloméra-
sens ci-dessus. Un bâtiment désigne toute tion en cherchant à ce que leur périmètre soit
construction qui sert d ’abri aux hommes, aux cohérent (il doit y avoir un établissement
animaux ou aux objets. Le terme a été aussi public de coopération intercommunale à taxe
utilisé dans le passé dans le premier sens professionnelle unique existant ou en cours dé
ci-dessus (action de bâtir). Il est encore lar­ constitution) et qu’il y ait un véritable projet
gement employé pour désigner le secteur d’agglomération.
d ’activité économique correspondant à la Ces contrats ont été mis en place avec un
construction (bâtiment et travaux publics certain retard. C’est en fait à la suite des ren­
dans les nomenclatures françaises d ’activi­ contres nationales des agglomérations du
tés) : il s’agit là des activités liées à l’action 22 juin 2000 que l’idée s’est concrétisée.
de bâtir (Littré). Deux contrats expérimentaux avaient été
Le terme d'édifice est généralement réservé signés en décembre 2000 avec les commu­
aux bâtiments importants, voire aux palais et nautés urbaines du Creusot-Montceau-les-
aux temples (Littré) et par extension employé Mines (qui intègre le Grand projet de ville) et
pour « les choses faites, arrangées et combi­ de Bordeaux pour des montants de 179 et de
nées avec art » (Littré). 1 184 millions d’€ respectivement.
Un immeuble est une maison, et plus par­ Paradoxalement, la circulaire relative aux
ticulièrement un grand bâtiment urbain de contrats d’agglomération n’a été signée que le
plusieurs étages utilisé à des fins d ’habita­ 6 juin 2001. Le projet d’agglomération est éla­
tion, d’activités, etc. L’origine du terme vient boré sous la responsabilité des collectivités
de la notion de biens immeubles (qui ne locales, mais le préfet doit préciser la position
peuvent être déplacés) par opposition aux de l’État pour le développement économique
biens meubles. On parle de biens immeubles et social de l’agglomération. La cohérence du
par nature (les constructions) ou par destina­ périmètre est importante : le préfet indique
tion (attachés à un immeuble par nature). celui qui est le plus pertinent, en ne prenant pas
De ce dernier point de vue, les règles de seulement en compte les périmètres institution­
l’art fixent les principes de la construction tra­ nels, mais aussi des critères spatiaux, écono­
ditionnelle, transmises par l’expérience mais miques, sociaux et financiers (c’est l’aire
parfois contenues dans des textes écrits : ainsi urbaine, au sens de I’insee , qui doit servir de
en France des documents techniques unifiés, référence). La procédure contractuelle doit se
cahiers de prescriptions techniques auxquelles placer dans une perspective de cohérence entre
il est commode de se référer. la démarche du schéma de cohérence territo­
P. M. riale ( scot ) et celle de l’agglomération inter­
communale. Le contrat doit identifier des
-* Chantier; Corps d'état; Garanties et assurances du bâti­ programmes peu nombreux ayant un sens par­
m en t; industrialisation du bâtim ent ticulier à l’échelle de l’agglomération dans une
'm CONTRAT D'AMÉNAGEMENT DE VILLE MOYENNE

perspective à long terme (quinze ans) et les tra- touristiques. En fait, cette modification termi­
tlti ire en opérations programmées sur la période nologique masque un moindre intérêt de l’État
lin contrat. Il doit intégrer des préoccupations pour la politique des agglomérations.
de développement économique, de solidarité, P. M.
lie résorption des disparités spatiales, de déve­
loppement durable. Les financements pro­ Agglomération ; Banlieue ; Contrat de projet État-région ;
Contrat de site; Contrat de ville ; Groupement de comm unes.
viennent de l’État et de la structure
Intercommunale, mais aussi de la région et du
département. Ils peuvent mobiliser les crédits
(lu volet territorial et territorialiser sur l’agglo­ CONTRAT D'AMÉNAGEMENT
mération ceux du volet régional du contrat de DE VILLE MOYENNE
plan État-région, ainsi que ceux des fonds
structurels européens et éventuellement des Convention entre l’État et une ville moyenne
crédits de l’État non inclus dans les contrats de (20 000 à 100 000 habitants) en vue de la réali­
plan. Le contrat d ’agglomération doit faire sation d’un programme d’équipement d’une
l’objet d’un suivi et d’une évaluation perma­ durée de trois ans.
nents selon des modalités précisées dans le L’objectif était d ’inciter les collectivités
contrat. locales à mettre au point des programmes
Cette procédure concerne les 140 agglomé­ d ’équipements plutôt que des réalisations
rations inscrites dans les aires urbaines de plus ponctuelles et à entreprendre des aménage­
de 50 000 habitants. Certaines agglomérations ments qui auraient difficilement trouvé une
ont eu recours à un conseil de développement autre forme d’aide de l’État.
ou à d’autres formes de débat public pour éla­ La collectivité locale présentait ses proposi­
borer leur projet d’agglomération (Dunkerque, tions dans un prédossier qui était soumis au
Lyon, Lille, Seine-Eure, Strasbourg, etc.). groupe interministériel des villes moyennes
D’autres en ont débattu certaines options avec mis en place en 1973. Le dossier définitif, pré­
les structures intercommunales voisines (par paré avec l’aide du groupe opérationnel des
exemple Marseille-Aix-Etang de Berre à pro­ villes moyennes, était à nouveau soumis au
pos des transports collectifs) ou ont cherché à groupe interministériel et approuvé par le
établir un projet métropolitain commun Comité interministériel d’aménagement du
(Nantes et Saint-Nazaire). Parfois aussi, sont territoire. Une subvention du CIAT ou du minis­
élaborés conjointement un projet d’agglomé­ tère chargé de l’Urbanisme (6 millions de F en
ration et une charte de pays (Brest, Morlaix, moyenne) pouvait compléter les subventions
Rennes, Vannes). habituelles. Ces contrats, portant sur des tra­
Les signatures sont donc intervenues, hor­ vaux de quelques dizaines de millions de
mis les deux contrats expérimentaux, à partir francs sur trois ans, concernaient des aména­
de 2001 et la date limite, qui n ’a pas toujours gements spatiaux (voies piétonnières, espaces
été respectée, a été fixée à fin 2004. Au total, verts ; stationnement, mobilier urbain) ou des
108 contrats (sur 185 agglomérations) ont été équipements, notamment culturels. 73 contrats
signés (mais plus de la moitié seulement de villes moyennes ont été signés entre 1973
après mai 2004). et 1979.
Pour la période 2007-2013, les contrats À partir de 1977, le dossier «ville
d’agglomération prennent la forme de conven­ moyenne » est devenu le plan de référence qui
tions territoriales associant l’État, la région, le indique les projets d’aménagements prévus à
département et l’agglomération concernée en moyen terme (cinq ans environ). Malgré son
application du volet régional du contrat de pro­ appellation de plan, ce document n ’est qu’une
jet État-région. Leur signature suppose une étape dans la préparation du contrat d’aména­
évaluation du contrat de la période précédente. gement de ville moyenne et n ’est pas un docu­
Les objectifs sont à nouveau très généraux : ment d’urbanisme, encore moins opposable
développement de l’attractivité et de la compé­ aux tiers. Son établissement était subven­
titivité de l’agglomération, actions centrées sur tionné par le fonds d ’aménagement urbain
sa vocation économique et son développement jusqu’à sa disparition en 1983.
durable, sur l’économie résidentielle (services Cette procédure est tombée en déshérence
à la personne), les potentialités culturelles et après la réforme de la centralisation (1982-
CONTRAT DE PAYS JW -

1983). Toutefois, en 2007, la d ia ct a lancé 1999 a prévu que les communes d ’un pay!
(avec des crédits très modestes) une procédure élaborent une charte de pays, document
expérimentale concernant 20 villes moyennes d’orientation du développement durable pren
témoins dans les domaines de l’enseignement nant en compte les dynamiques locales. Le!
supérieur, des transports et de la mobilité, de communes du pays, après s’être regroupée!
la santé et du renouvellement urbain des en établissement public de coopération intçrvt
centres-villes. Il s’agit surtout d’assurer une communale, en groupement d’intérêt écono­
meilleure coordination entre ces villes et les mique de développement local ou en syndicat
ministères concernés. mixte, peuvent conclure un contrat de pay!
P. M. dans le cadre des contrats de plan Etat8
région. Un contrat de ville peut être conclu
- » Aménagement du territoire ; Plan de référence ; Ville moyenne. dans le cadre d ’un contrat de pays. Lé!
contrats étant lents à être mis au point, le
c ia d t du 13 décembre 2 0 0 2 a prévu un
CONTRAT DE PAYS assouplissement des démarches. Au totaJj
288 contrats de pays (sur 358 pays) ont étfi
Convention entre l’État (et, depuis 1983, la signés. La moitié d ’entre eux engagent, avec
région) et les collectivités locales d’un pays en l’Ëtat, la région et le département, plus d’un
vue d ’actions d ’aménagement et d’incitation. tiers la région seule, 3 le seul département et
Ils s’inscrivent dans le cadre de la politique enfin 41 n ’engagent que l’État. Il faut y ajou-i
d ’aide aux milieux ruraux fragiles en cher­ ter 45 contrats de parc naturel régional (autant
chant à y développer les activités et à y créer que de pn r ). :(
un cadre favorable pour ces activités et pour Pour la période 2007-2013, la procédure a
les habitants. été reconduite, les contrats de pays (ou dé
Une première procédure de contrats de pays parc naturel régional) prenant la forme de
a été introduite en 1976 qui s’inspirait des conventions en application du volet territorial
contrats de villes moyennes. L’aide de l’État du contrat de projet État-région. Ils sont signés
prenait la forme d ’une subvention des fonds entre l’État, la région, le département et le
d’intervention pour l’aménagement du terri­ pays (ou le pnr ) après évaluation du contrat
toire, puis du fonds d ’intervention pour le de la période précédente. Mais l’avenir même
développement et l’aménagement rural (géné­ des pays a été remis en question par le comité
ralement 10 ou 20 % du projet) pour des mon­ Balladur pour la réforme des collectivités tei>
tants de Tordre de 1 million de F. ritoriales, puisqu’il propose de ne plus en
Les projets subventionnés, qui pouvaient créer de nouveau. Plus encore que pour les
recevoir par ailleurs les subventions habi­ agglomérations, le remplacement des contrats
tuelles, concernaient le plus souvent l’anima­ par de simples conventions traduit un désinté­
tion économique (zones d’activités, tourisme, rêt de l’État.
etc.), l’amélioration de l’habitat, l’organisation
P. Mv
des services et équipements collectifs, la pré­ '1
servation et la valorisation du patrimoine - » Aménagement du territoire; Aménagement rural; Contrat
culturel. d'agglomération ; Contrat de projet État-région ; Pays. f

Depuis 1976, l’État a accepté près de


500 contrats concernant près de 10 000 com­
munes et 6 millions d ’habitants. Après 1983, CONTRAT DE PLAN ÉTAT-RÉGION -♦ Contrat
les dossiers sont étudiés au niveau régional, la de projet État-région
politique de la région étant intégrée aux
contrats de plan État-région.
Une nouvelle génération de contrats de CONTRAT DE PROJET ÉTAT-RÉGION
pays s’est située dans le cadre de la quatrième
génération de contrats de plan (2000-2006). La loi Rocard du 29 juillet 1982 sur la plani­
La loi Pasqua du 4 février 1995 avait officia­ fication, qui a eu pour objet de concilier
lisé le pays comme territoire présentant une décentralisation administrative et planification
cohésion géographique, culturelle, écono­ économique, a prévu la négociation et la
mique ou sociale. La loi Voynet du 25 juin signature (par le préfet de région et le pré-
«lu CONTRAT DE PROJET ÉTAT-RÉGION

«nient du conseil régional) de contrats entre Île-de-France à 2 100 F en Corse) et la part de


!’filât et chaque région, appelés contrat de l’État (de 37% pour l’île-de-France et 45 %
plan État-région. À partir de 2007, ces contrats pour l’Alsace à 65% pour l’Auvergne, la
ont été rebaptisés contrats de projet État- Bretagne et le Languedoc-Roussillon et 67 %
légion pour mieux souligner qu’ils doivent pour Midi-Pyrénées) varient selon le degré de
limluire un projet régional (et peut-être aussi développement de la région.
our gommer leur dimension de planification) La troisième génération de contrats de plan
une époque où le Commissariat général du a concerné la période 1994-1998 (encore en
plan avait été supprimé. décalage d’un an par rapport à un XIe Plan -
Ce sont en effet les régions qui ont été pri­ 1993-1997 - dont le projet n’a, pour la pre­
vilégiées par la loi comme collectivités char­ mière fois, pas été débattu par le Parlement).
gées d’élaborer leur propre plan, couvrant la L’État a apporté 88 milliards de F (contrats de
même période que le plan national. Mais cette villes et financements publics associés
nouvelle compétence suppose une recherche compris), les régions 71 milliards et PUnion
île compatibilité entre l’exécution du plan européenne, nouveau partenaire, 44 milliards,
national et des plans régionaux, que vise à les autres collectivités territoriales et les orga­
satisfaire la procédure contractuelle, d ’une nismes consulaires 23 milliards (pour un total
part, le rôle important conservé par le préfet de 220 milliards de F, plus 16,6 milliards pour
de région dans la répartition des crédits l’outre-mer). En fait, la réalisation de ces troi­
d’équipement du budget de l’État, d ’autre sièmes contrats de plan a été étalée sur six ans
part, en attendant la globalisation des subven­ (1994-1999) sans que leur volume soit rééva­
tions d’équipement au bénéfice des collectivi­ lué. Les domaines prioritaires ont été les infra­
tés locales. Les contrats de plan ou de projet structures de transport (36 %), l’enseignement
contiennent des engagements fermes de et la recherche, en particulier dans le cadre du
dépenses publiques de la part des deux parte­ plan «Universités 2000» (18%), l’emploi et
naires et précisent les conditions de leur éven­ l’économie (14%), mais également la poli­
tuelle dénonciation. tique des villes (13% ), le développement
La première génération de contrats de plan a rural et l’environnement (12 %), les actions en
concerné la période 1984-1988. L’État a faveur de la cohésion sociale (6 %).
apporté 42 milliards et les régions 28 milliards La quatrième génération de contrats de plan
sur un total de 70 milliards de F (plus 3 mil­ a couvert une période de sept ans (2000-
liards pour l’outre-mer). Il s’y ajoutait des 2006), la planification française s’étant alignée
actions interrégionales, concernant notamment sur les périodes retenues par l’Union euro­
les trois régions du sud-ouest, l’aménagement péenne. On a, à cette occasion, cherché à intro­
intégré de la Loire et la politique de la mon­ duire la notion de contractualisation par
tagne. Les dépenses ont surtout concerné les objectif, ce qui suppose une réflexion straté­
transports (27 milliards), les politiques écono­ gique, une logique de projet, la mise en évi­
miques (12 milliards), les actions sanitaires et dence de son intérêt général et éventuellement
sociales (8 milliards), la formation (7 milliards), sa dimension européenne. La loi d’orientation
l’aménagement spatial, les équipements spor­ pour l’aménagement et le développement du
tifs et culturels, le tourisme et la recherche. territoire du 4 février 1995 prévoyait qu’ils
La seconde génération de contrats de plan a tinssent compte du schéma national et des
concerné la période 1989-1993 (avec un an de schémas régionaux d ’aménagement et de
décalage par rapport au Xe Plan : 1988-1992). développement du territoire. Mais le premier
La participation de l’État s’est élevée à 55 mil­ n ’a jamais été établi et la loi Voynet de juillet
liards, celle des régions à 46 milliards (total : 1999 l’a supprimé. Les seconds n ’ont pas
101 milliards de F, plus 5 milliards pour encore été tous établis (9 étaient approuvés au
l’outre-mer). Les principaux champs d’action 1erjanvier 2006, lorsque fut entreprise l’élabo­
ont été les infrastructures (23 milliards de ration de la génération suivante de contrats) et
l’État), le programme pact (12 milliards), la l’élaboration de certains est même abandon­
formation et la recherche (9 milliards), née. Mais la loi Voynet prévoit que les contrats
l’emploi et le développement économique de plan contribuent à la mise en œuvre de ces
(8 milliards). Comme lors des autres contrats schémas régionaux et que les orientations de
de plan, le volume par habitant (de 800 F en ces derniers soient coordonnées avec la poli­
CONTRA T DE PROJET ÉTA T-RÉGION 200

tique de cohésion économique et sociale de ronnement). Ce second volet a constitué le


l’Union européenne. Ces quatrièmes contrats cadre des engagements de l’État et de la région
de plan ont été négociés en 1999. Le montant pour les contrats d ’agglomération et de pays,
total de ces quatrièmes contrats de plan s’élève ces deux entités spatiales étant désormais
à 35,6 milliards d ’€. L’État a apporté appelées à jouer un rôle majeur dans la structu­
17,510 milliards d’€ - hors territoires d’outre­ ration du territoire. Le volet interrégional
mer, grands programmes et programmes inter­ concernait les opérations qui dépassaient le
régionaux (829 millions pour ces derniers) - et cadre d ’une région. L’exécution de ces
les régions 17,753 milliards. Il s’y est ajouté contrats de plan a pris du retard (moins toute­
les contributions de l’Union européenne (envi­ fois que la consommation des crédits de
ron 9 milliards d’€), d’autres collectivités terri­ l’Union européenne) : on n’avait pas atteint,
toriales (départements, communes et leurs fin 2003, la moitié du montant total. Un bilan
groupements : plus de 9 milliards) et d’autres à mi-parcours avait été prévu en 2003 et les
partenaires (organismes consulaires, etc.). Un contrats de plan devaient pouvoir être révisés
avenant «m arée noire et intempéries» pour la période 2004-2006. En fait, ces
(610 millions d’€) a été ajouté par le ciadt du révisions - les avenants ont été signés fin 2003
18 mai 2000 à la suite des tempêtes de pour sept régions (Alsace, Auvergne, Basse-
décembre 1999. La répartition entre les Normandie, Bourgogne, Haute-Normandie,
régions de la contribution de l’État tente de Pays de la Loire, Picardie), en 2004 pour les
corriger les inégalités entre les régions des autres (qui ont attendu les élections régionales)
contrats précédents : l’île-de-France, Rhône- - ont été minimes, impliquant seulement
Alpes, Provence-Alpes-Côte d ’Azur, Aqui­ quelques transferts d’une ligne à une autre, à
taine, Centre et Pays de la Loire ont une dota­ enveloppe constante sauf pour quelques rares
tion en hausse, les autres régions voient la leur programmes (maîtrise des pollutions d’origine
stagner, voire diminuer. Par habitant, ce sont animale, téléphonie mobile, prévention des
cependant la Corse (6 371 F), puis le Limousin marées noires et des inondations, Internet à
(3 286 F), qui sont demeurées les régions les haut débit). Le retard d’exécution n ’a pas été
mieux dotées, l’île-de-France (1 386 F) et les résorbé, essentiellement du fait de l’État qui, à
pays de la Loire (1 486 F) les moins bien pour­ la date prévue d’achèvement des contrats (fin
vues. La participation de l’État a été, en valeur 2006), n ’avait dépensé que 81 % des sommes
relative, plus élevée dans les régions les plus prévues, ce qui a soulevé de nombreuses pro­
pauvres (63 % en Limousin, 40 % seulement testations des conseils régionaux.
en Île-de-France). Ces contrats représentaient, Outre les contrats de plan entre l’État et
selon les régions, 15 à 20 % du budget d’inves­ les régions, ont été signés pour cette période
tissements civils de l’État et 25 à 30 % de ce 2000-2006: 108 contrats d ’agglomération,
mêmé budget des régions. Parmi les orienta­ 247 contrats de ville, 30 contrats de site,
tions nouvelles, on soulignera les encourage­ 288 contrats de pays (sur 358 pays) et
ments aux modes de transport alternatifs au 45 contrats de parc naturel régional (autant
transport routier (personnes et marchandises). que de pn r ).
De même, la notion de développement durable Une réforme des contrats de plan a été
a été au cœur des nouveaux contrats. Les introduite lors du c ia t du 6 mars 2006 en vue
contrats de plan de cette nouvelle génération de la génération suivante de contrats (2007-
comportaient trois volets : régional, territorial 2013). Elle vise à renforcer à nouveau la
et interrégional. Le volet régional concernait dimension stratégique de ces contrats : leur
les projets qui concouraient au développement contenu doit être plus sélectif; les engage­
de l’espace régional dans son ensemble (équi­ ments pris devront être mieux respectés, ce
pements structurants, telles les infrastructures qui suppose une amélioration de leur gestion ;
de transport ou les établissements universi­ l’État sera présent dans une contractualisatiop
taires, par exemple). Le volet territorial infrarégionale, mais le volet territorial est
concernait ceux qui concourent au développe­ maintenu. Un ajustement annuel des program­
ment local et à une meilleure utilisation du mations sera effectué avec réexamen systéma­
territoire (investissements de proximité, opé­ tique des projets non engagés dans les délais
rations d’animation destinées à favoriser la prévus. Ces contrats, désormais appelés
création d’activités, prise en compte de l’envi­ contrats de projet, doivent s’intégrer dans le

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101 CONTRAT DE SITE

nuire de la stratégie européenne dite de C O N T R A T D E S IT E


Lisbonne (adoptée au Conseil européen de
mois 2000). Conformément à cette dernière, Les contrats de site constituent une procé­
les objectifs prioritaires affichés pour la cin­ dure contractuelle particulière lancée par le
quième génération de contrats État-région ciadt du 26 mai 2003. Il s’agit de créer des
(2007-2013)sont: emplois rapidement dans des bassins d’emploi
- la compétitivité et l’attractivité des ter­ qui ont fait l’objet de plans sociaux qui
ritoires; affectent gravement l ’emploi. Le c ia d t a
•- la dimension environnementale du déve­ décidé de mettre en place 12 contrats de site en
loppement durable : vue de créer 7 000 à 8 000 emplois avant 2006.
- la cohésion sociale et territoriale. Quatre sites étaient prioritaires : Lens (ferme­
Le montant des financements prévus pour ture de Metaleurop : 44 millions d’€ pour créer
ces 26 nouveaux contrats de projets (dont 1 000 emplois); Longwy (Daewoo: 17 mil­
20 comportent un volet territorial) et les lions), Romorantin (Matra : 26 millions) ;
10 contrats interrégionaux de massifs et de Angers ( a ct Manufacturing : 26 millions).
Meuves est de 36,7 milliards d’€. La participa­ Parallèlement, l’entreprise d’armement GIAT
tion de l’État doit être de 12,7 milliards (soit industries s’est engagée à revitaliser les bassins
sensiblement moins que pour la génération d ’emploi où elle supprimait des emplois:
précédente), celle du Fonds européen de déve­ Bourges, Tulle, Vichy-Cusset, Roanne, Saint-
loppement régional (fed er ) de 7,1 milliards Étienne-Saint-Chamond et Tarbes. On a prévu
<T€ (5,1 pour la métropole et 2,1 pour l’outre­ 127 millions pour ces six sites, espérant créer
mer). Il s’y ajoutera 400 millions accordés au 5 000 emplois. Enfin, deux derniers contrats
syndicat des transports de l ’Ile-de-France concernent les Vosges et l’Aube (textiles et
(stif) et 115 millions du Fonds national pour habillement), pour 70 et 32 millions respecti­
l’emploi. Pour leur part, les régions doivent vement. Au total, 342 millions d’€ ont donc
apporter 15,3 milliards et les autres collectivi­ été prévus pour ces 12 contrats, mais 65 mil­
tés territoriales 1,1 milliard. La part de l’État lions seulement étaient des crédits d’État nou­
se répartira entre les transports collectifs veaux, la différence provenant de crédits
(3,28 milliards), l’enseignement supérieur et existants (nationaux ou européens) et de GIAT
la recherche (2,90 milliards), l’écologie et le industries (45 millions) affectés à ces contrats
développement durable (2,18 milliards, l’agri­ de site.
culture (1,2 milliard) et divers autres La démarche implique l’existence d ’un
domaines (pour 3,14 milliards). Dix contrats chef de projet et d’un comité de site partena­
interrégionaux concernent les cinq massifs rial pour assurer le pilotage du projet. Un
montagneux (Alpes, Pyrénées, Massif central, diagnostic et une stratégie territoriale sont éla­
Jura, Vosges), les grands fleuves et leurs bas­ borés. Un cadre contractuel est constitué pour
sins (Loire, Rhône, Meuse, Seine, Garonne et détailler les opérations à court terme et définir
Lot). Comme pour les périodes précédentes, les programmes structurants à moyen et long
l’engagement de l’État est, par habitant, plus termes.
important dans les régions les plus pauvres Cette politique a été poursuivie au fur et à
( dom , Corse, Limousin, Auvergne, etc.) et mesure de l’entrée en crise de nouveaux
plus faible dans les plus riches (Île-de-France, bassins d’emploi. En 2008, on comptait
Alsace, Pays de la Loire). Un groupe d’étude 39 contrats de site. Ils concernent 15 des
et de suivi des contrats de plan État-région 22 régions de la métropole. Ces contrats,
(gesper ) est chargé de suivre l’exécution de d ’une durée limitée (3 ou 4 ans, éventuelle­
ces contrats. Il doit y avoir non seulement une ment prolongeable) ont pour objet de per­
révision à mi-parcours (en 2010) comme lors mettre de réagir à la rapidité et à l’ampleur
de la quatrième génération de contrats, mais des sinistres économiques géographiquement
en plus un réexamen annuel des programmes. concentrés. L’implication des départements et
des régions est inégale, les contenus
Y. P. et P. M. variables, les financements également selon
la nature et l’ampleur des sinistres. Selon un
-» Contrat d'agglomération; Contrat de pays; Contrat de site; rapport de l’Inspection des finances d ’oc­
Contrat de ville; Conseil régional; Planification; Planification
économique ; Union européenne et aménagement du territoire. tobre 2006, les résultats sont très mal connus,
CONTRAT DE STATION 208

mais semblent être très inégaux selon les ment par la d a t a r et par la D rv et 48 « convenu
sites. tions de sortie de d s q » pour des quartiers d s q
P. M. dans des villes non retenues pour un contrat
de ville ou un p a c t . .j
-> Contrat de projet État-région; Contrat d'agglomération; Une nouvelle génération de contrats de ville
Conversion ou reconversion.
a été conclue pour la période 2000-2006, qui
ont été élaborés en 1999. Leurs orientations
ont impliqué un retour vers une action priori?
CONTRAT DE STATION —> Station touristique taire en faveur des quartiers dégradés, mais
aussi une prise en compte des problèmes et
des programmes à l’échelle des aggloméra­
CONTRAT DE VILLE tions. Il s’y est ajouté, conformément à la loi
Voynet de 1999, des contrats d’agglomération
Contrat entre l’État et une ou plusieurs col­ (qui doivent obligatoirement correspondre à
lectivités locales mis en place lors du XIe plan une structure intercommunale, existante ou à
(1994-1998, en fait prolongé en 1999), où ils créer et comporter un volet foncier), des
sont devenus le cadre de base de la politique contrats de pays et des contrats avec les parcs
de la ville. Ces contrats portent sur un pro­ naturels régionaux. On a signé, pour cette
gramme pluriannuel de développement social période, 247 contrats, souvent très tard (il n’y
urbain à l’échelle d’une commune (ou d ’une en avait que quelques dizaines à mi-2004). i
agglomération). L’objectif, en passant de Les signataires sont en fait très divers)
l’échelle du quartier ( d s q ), selon une évolu­ villes isolées, communes de banlieue ou struc-t
tion déjà amorcée en 1989 avec les opérations tures intercommunales. Cette dernière solu­
de développement social urbain ( d s u ), à celle tion semble la meilleure, puisqu’il s’agit
de la ville, voire de l’agglomération, est de d’aborder les problèmes urbains de façon glo-t
reposer les problèmes des quartiers en diffi­ baie, et on peut regretter qu’elle n ’ait pas été
culté en termes de lutte contre l’exclusion et systématiquement recherchée lors de l’élabo­
de réintégration physique et sociale de ces ration des contrats de plan de la période précé­
quartiers dans la ville. Le contrat de ville défi­ dente. Elle ne correspond pourtant qu’à moins
nit une stratégie commune, synthèse entre le de la moitié des contrats. Les contrats de ville,
projet de ville des élus et les préoccupations et là où il y a un contrat d’agglomération (ou uft
les projets de l’État. Il constitue le cadre contrat de pays), s’intégrent à celui-ci. Outre
unique de définition et de mise en œuvre de la l’État et les collectivités locales, il peut y avoir
politique de lutte contre l’exclusion sociale des tiers signataires : région, département,
dans la ville ou l’agglomération. Il prolonge Fonds d’action sociale, Caisse des dépôts et
notamment les contrats d s q et les conventions consignations, organisme h l m , etc.
de quartier, ainsi que les démarches contrac­ La procédure est également adoptée de
tuelles concernant l’habitat : plan départemen­ façon empirique. Une déclaration d’intention
tal d’action pour le logement des personnes fixe les objectifs, le périmètre et les actions
défavorisées ( p d a l p ), protocole d’occupation prioritaires. Après un diagnostic, une phase
du patrimoine social ( p o p s ) et programme d ’études, d ’expertises et d ’évaluation des
local de l’habitat ( p l h ). coûts permet l’élaboration du programme
Les 13 premiers contrats de ville avaient été d’actions et la signature du contrat. Le contrat
expérimentés au Xe plan. La procédure a été en cours d’exécution est soumis à évaluation
généralisée au XIe. Les contrats de plan sont permanente et peut être réorienté si nécessaire.
couplés avec les contrats de plan État-région, La multiplicité des parties prenantes a souvent
mais souvent négociés en marge de ceux-ci. conduit à des difficultés dans la définition du
Au total, 214 contrats (plus une convention programme et dans la mise en œuvre. Le
avec la ville de Paris) ont été signés par l’État. contrat est suivi par un comité de pilotage qui
Ils ont concerné environ 750 communes et comprend le préfet, les représentants des col­
1 300 quartiers. Il s ’y est ajouté 26 pro­ lectivités locales et éventuellement les repré­
grammes d’aménagement concerté du terri­ sentants de la région et du département. Le
toire ( p a c t ), concernant des villes moyennes, chef de projet, choisi par la collectivité signa­
des vallées et des bassins, suivis conjointe­ taire, travaille en liaison avec le représentant
/»3 CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE TERRITORIALE

do l’État. Il est aidé d’une équipe de maîtrise culté. Ils peuvent concerner un ou plusieurs
d’œuvre économique et sociale (mous) qui est territoires en difficulté. Les critères sont
en liaison étroite avec cette collectivité locale notamment le revenu médian (inférieur d’au
signataire. moins moitié à celui de l’unité urbaine) et la
Les contrats de ville ont engagé des crédits taille du quartier. Les préfets établissent un
importants en faveur de la politique de la classement des communes selon la nécessité
ville. Ceux-ci proviennent de l’État surtout, d’une intervention massive et coordonnée. Les
mais aussi de la Caisse des dépôts et consi­ préfets de région établissent alors la liste des
gnations et des collectivités territoriales (sur­ bénéficiaires. Le contrat comporte un projet
tout des communes et de leurs groupements urbain de cohésion sociale, des programmes
et des régions), de fonds européens, etc. d’actions pluriannuelles précisant ce projet sur
L’ensemble de ces crédits a représenté environ des champs et des quartiers prioritaires avec
1,5 milliard d ’€ par an pendant la période des objectifs précis, les modalités de mise en
2000-2006. œuvre, d’évaluation, de suivi et d’évolution.
Si cette nouvelle phase de la politique de la Cinq objectifs prioritaires leur ont été fixés :
ville a théoriquement permis une approche — l’accès à l’emploi et le développement
plus globale, on doit cependant constater économique ;
qu’elle s’est traduite dans les faits par une pré­ — l’amélioration de l’habitat et du cadre
dominance des collectivités locales, tant dans de vie ;
la définition des programmes d’actions que — la réussite dans l’éducation et l’égalité
dans la mise en œuvre (à travers la mous en des chances ;
particulier et un contrôle étroit du chef de pro­ — la citoyenneté et la prévention de la
jet). On peut même constater que la concerta­ délinquance ;
tion avec les habitants et les associations, — l’accès à la santé.
voire avec les milieux professionnels, a plutôt Quelque 1 900 quartiers ont été proposés et
régressé par rapport aux opérations dsq et classés par les préfets. 440 contrats, retenus
dsu . Les études préalables et le diagnostic par les préfets de région, ont été signés au
manquent souvent d’originalité et d’adapta­ 3 mai 2007. Un budget de 400 millions d’€ a
tion à chaque cas. On a pu dire que les contrats été affecté en 2007 à ces contrats, en plus des
de ville marquaient une normalisation de la 454 millions dont dispose l’Agence nationale
politique en faveur des quartiers en difficulté pour la cohésion sociale et l’égalité des
dans le cadre d’une politique de la ville étroi­ chances et des 500 millions (sur 5 milliards
tement contrôlée par les élus locaux. programmés pour cinq ans) de l’Agence natio­
À partir de l’actuelle période de planifica­ nale pour la rénovation urbaine ( anru ) ;
tion (2007-2013), les contrats de ville sont P. M.
remplacés par des contrats urbains de cohésion
sociale (eues). Décidés au ciadt du 9 mars -► Agglom ération; Banlieue; Contrat d'agglomération; Contrat
de projet État-région; Développement social des quartiers
2006, ceux-ci s’inscrivent dans le cadre du (dsq ); Exclusion ; Grand ensem ble; Ville.
plan de rénovation urbaine prévu par la loi du
1er août 2003 pour la ville et la rénovation
urbaine et du plan de cohésion sociale prévu CONTRAT URBAIN DE COHÉSION SOCIALE
par la loi du 18 janvier 2005, auquel ont été —►Contrat de ville
affectés 12,8 milliards d ’€ pour cinq ans
(2005-2009). Leur durée n ’est plus que de
trois ans (au lieu de six), mais ils sont CONTRE-URBANISATION -► Centre urbain;
reconductibles après évaluation. La program­ Péri-urbanisation ; Rurbanisation ; Ville
mation est pluriannuelle (elle était annuelle compacte
pour les contrats de ville). Ces contrats sont
communaux ou intercommunaux. Ils sont
négociés entre l’État et la commune ou la CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE
structure intercommunale, en partenariat avec TERRITORIALE (CET)
les autres collectivités territoriales et les orga­
nismes de logement social sur la base du projet Nouvel impôt qui se substitue à la taxe pro­
de cohésion sociale dans les quartiers en diffi­ fessionnelle (tp) au 1er janvier 2010 pour tous
CONTRIBUTION FONCIÈRE DES ENTREPRISES 204

les anciens assujettis. Il est constitué de deux L’ensemble des deux cotisations va entraî­
parties : la cotisation foncière des entreprises ner pour les collectivités, par rapport à la TP,
( cfe ), assise sur le la valeur locative utilisée une perte de recettes de 5 à 6 milliards d’€.
pour le foncier bâti, et la cotisation sur la Elle devrait être compensée par des impôts
valeur ajoutée des entreprises (cvae). nouveaux, par les impôts forfaitaires de
Les exonérations et allègements existant réseau, et par une compensation de l’État
auparavant sont conservées ( zfu , zu s , etc.), versée par trois fonds de garantie indivi­
et notamment un plafonnement à la valeur duelle pour chaque catégorie de collectivités
ajoutée de 3 % (pour la somme de la cfe et (communes et epc i , départements, régions)
de la cvae acquittées par l’entreprise) au lieu constitués à cet effet. En principe, aucune
de 3,5 % pour la tp. De fait, la cfe est ce qui collectivité ne doit être perdante. Cependant,
subsiste de la taxe professionnelle, qui avait les nouvelles recettes auront des dynamiques
déjà perdu sa part «salaires» de 1999 à différentes : la cotisation foncière évoluera
2004, et qui voit disparaître sa part « valeurs en fonction des revalorisations des valeurs
des équipements productifs» qui pénalisait locatives, la cotisation à la valeur ajoutée
effectivement les entreprises industrielles. augmentera peu ou prou comme le pib , la
L’assiette de la cfe est donc constituée de la compensation risque d ’être stable, voire
somme des valeurs locatives des locaux uti­ déclinante. Ainsi, pour chaque collectivité
lisés par les entreprises, les locaux industriels l’avenir dépend de sa proportion de recettes
évalués selon la méthode comptable bénéfi­ «stagnantes», ce qui ne manque pas de les
ciant d’un abattement de 30%. La cfe est inquiéter, comme l’ont montré les vifs débats
également constituée de façon plus marginale qui ont accompagné en 2009 le vote de cette
d’une part des recettes des professions libé­ réforme.
rales et des contribuables non soumis aux V. c.
bénéfices commerciaux. Une cotisation mini­
male pour les plus petits contribuables a été -> Autonomie financière et fiscale des collectivités locales;
Compensation de la fiscalité locale; Établissements publics
fixée à 250 €. de coopération intercommunale à fiscalité propre; Fiscalité
Seuls les epci et les communes sont attribu­ directe locale; impôts forfaitaires de réseau; Taxe profes­
sionnelle unique (tpu ) ; Taxe professionnelle.
taires de la cfe qui devient une sorte de taxe
d ’occupation professionnelle parallèle à la
taxe d ’habitation pour les particuliers. Le CONTRIBUTION FONCIÈRE
taux de référence de la cfe est constitué de la DES ENTREPRISES — Contribution
somme des taux antérieurs de la taxe profes­ économique territoriale
sionnelle: taux communal et/ou de I’e p c i ,
taux départemental et taux régional.
La cvae acte enfin la prise en compte de
l’assiette «valeur ajoutée», annoncée, sans CONTRIBUTION MOBILIÈRE — Taxe
être mise en œuvre, depuis 1981. Les entre­ d'habitation
prises de moins de 152 500 € de chiffre
d’affaires ne sont pas taxées et les autres le
sont au taux uniforme de 1,5 % (un système de CONTRÔLE DE L'URBANISME Code
dégrèvement partiel est prévu pour les entre­ de l'urbanisme; Dérogation d'urbanisme
prises dont le chiffre d’affaires est inférieur à
2 millions d’€). Le produit de cette cotisation,
estimé pour 2010 à 15,4 milliards d ’€, est CONTRÔLE SOCIAL
réparti entre les collectivités selon la clé sui­
vante : 26.5% pour les communes et e p c i , Ce terme peut être défini comme « l’ensemble
48,5 % pour les départements, 25 % pour les des sanctions positives et négatives auxquelles
régions. La répartition de la cvae est ensuite une société recourt pour assurer la conformité
effectuée sur la base des valeurs ajoutées des des conduites aux modèles établis » (Maurice
territoires. Il est probable qu’un système de Cusson, Le contrôle social du crime, Paris,
péréquation, envisagé lors de la préparation de 1983). Toute vie collective nécessite un certain
la loi, sera mis en place pour les départements contrôle social, garant de l’ordre et de la justice.
et les régions. Pour Durkheim, le contrôle social est une
«Mi CONVENTIONNEMENT DES LOGEMENTS

pression morale née de la conscience collec­ désordre qui explique le despotisme. Le marché
tive. Dans cette optique, les sociétés tradition­ libre sert alors de médiation entre le désir et
nelles sont définies par un contrôle social l’ordre. Le contrôle social est ici le résultat
spontané qui tient à la faible différenciation d’un compromis avantageux entre les intérêts
des individus et à la petite taille des groupes individuels des membres d’une collectivité.
sociaux. Dans les sociétés modernes, l’auto­ D. L.
nomie des individus est plus importante et le
contrôle social naît de la collaboration entre -* Délinquance.
les individus et les groupes ainsi que d ’un
consensus sur les valeurs. Le contrôle social
permet d’intégrer l’individu à la société en le CONTRÔLEUR TECHNIQUE -> Garanties
soumettant aux exigences d ’un ordre sans et assurances du bâtiment
lequel il n ’aurait d’autonomie et ne pourrait
être civilisé.
Le contrôle social peut être perçu comme CONURBATION
une limite et une condition de l’autonomie
individuelle, imposées au moyen de la Le terme, forgé par Patrick Geddes en 1915,
culpabilité et de la répression et créant un s’applique aux régions urbanisées que la révo­
« malaise ». Pourtant l’affaiblissement de la lution industrielle a multipliées en Angleterre
pression morale et la disparition de la culpabi­ et en Ecosse.
lité ne signifient pas forcément la disparition Une conurbation naît de la coalescence
de toute forme de contrôle social, mais un d ’aires urbanisées : les cités vivent, dans
fonctionnement de ce dernier plus écono­ chaque ensemble, de marchés nationaux ou
mique et plus positif, empêchant toute réelle internationaux plus que d’aires d’influence
déviance. Le contrôle social impose des proches : elles se sont agglomérées à cause de
besoins et mobilise les individus. La liberté, l’abondance de certaines ressources (charbon
l’absence de contrainte morale, deviennent pour la plupart, mais aussi minerai de fer ou
alors « un instrument de domination puis­ force hydraulique dans des cas moins specta­
sant» (H. Marcuse, One-dimensional man, culaires) et par diffusion, de proche en proche,
Boston, 1964; trad. franç. L ’homme unidi­ de formules industrielles qui avaient réussi.
mensionnel, 1968). L’individu est totalement La conurbation est constituée par une prolifé­
aliéné, réduit à n ’être qu’un pur objet de stig­ ration d’espaces bâtis très peu hiérarchisés et
mates ou de manipulations, ne pouvant échap­ sans aucun plan d’ensemble.
per à une société où tout est signe de Le terme de conurbation a été employé
domination. dans d’autres pays. Il s’applique parfaitement
Dans cette perspective, l’espace et l’archi­ aux ensembles industriels nés dans les pays
tecture ont été perçus comme le lieu d’inscrip­ noirs de France, de Belgique ou d’Allemagne
tion de l’ordre social. Ainsi Michel Foucault au XIXe siècle, ainsi qu’à certaines régions du
voit dans la forme du panoptique l’inscription nord-est des États-Unis. Ailleurs, il ne
spatiale et le signe d ’un mode particulier s’impose pas : il vaut mieux parler de région
d’organisation du pouvoir et de l’ordre social. urbanisée, de ville régionale, selon les cas.
L’architecture et l’espace urbain permettent un D ’ailleurs, les actions de remodelage menées
contrôle étroit des conduites déviantes et leur dans les vieux pays industriels ont toutes pour
normalisation. À partir du xvme siècle, la ges­ but de donner aux conurbations, au sens strict,
tion de l’espace deviendrait un des véhicules la même structure que celle des grandes villes
privilégiés de la mise en place d ’un ordre de étalées, issues de la révolution des transports.
plus en plus absolu (Michel Foucault, Sur­ P. C.
veiller et punir, naissance de la prison, Paris,
1975). -> Agglom ération; Aire métropolitaine; Mégalopole; Région;
Ville.
Une autre conception fait naître le contrôle
social de la confrontation des intérêts indivi­
duels. L’assouvissement des passions se réali­
sant dans le monde de l’économie, il constitue CONVENTIONNEMENT DES LOGEMENTS
un frein au pouvoir absolu car il résorbe le —» Aide à la personne
CONVERSION OU RECONVERSION m

CONVERSION OU RECONVERSION réhabilitation de friches industrielles, aména-


gements de voirie). Elles ont été financées
Transformation pour une région, pour une notamment par le fiat, le fsgt et la PAT
entreprise ou pour un salarié, de ses activités (3,1 milliards de F au total de 1984 à 1986,
pour s’adapter à l’évolution économique et plus les prêts au logement).
sociale. Les investissements des entreprises étaient
L’expression, d’abord employée pour les également aidés par des crédits budgétaires
entreprises confrontées aux impératifs de la (fonds propres des entreprises nationalisées)
situation du marché, a été étendue aux régions et par des crédits du fim (entreprises privées ;
d’industrialisation ancienne dont les produc­ 3 milliards de F en 1984), mais ce fonds a
tions dominantes (charbon, sidérurgie, textile, été supprimé en 1987. Pour la sidérurgie, les
etc.) étaient concurrencées par celles de nou­ bassins miniers et les chantiers navals, des
veaux sites ou pays industriels. sociétés de conversion industrielle ont été
Le problème s’est posé très tôt (avant créées par les grands groupes industriels
la seconde guerre mondiale) en Grande- (Usinor, Sacilor, Charbonnages de France,
Bretagne, pays dont l’industrialisation est la Normed, etc.). Leur objet est de rechercher
plus ancienne, et a dominé la politique d’amé­ et d’aider des entreprises susceptibles de
nagement du territoire de ce pays (avec la s’implanter dans les régions de conversion et
décentralisation de l’agglomération londo­ de participer financièrement (en capital, mais
nienne) pendant quarante ans. surtout par des prêts) à leurs projets.
En France, on a parlé officiellement pour la Enfin des dispositifs étaient mis en place
première fois en 1967 de zones de conversion pour assouplir et accélérer les procédures
à propos des zones minières (Nord, Lorraine, d’aides publiques, déconcentrées pour beau­
bassins du Massif central). Des commissaires coup et gérées par un Comité régional des
à la conversion et à la réindustrialisation de aides créé dans les neuf régions comprenant
ces zones ont été institués, chargés de déve­ au moins un pôle de conversion.
lopper et de promouvoir les mesures d’adap­ Les commissariats à l’industrialisation et à
tation et de redéveloppement appropriées. la reconversion industrielle ont également,
Avec la crise économique, le problème pour une dizaine de régions (qui ne sont pas
s’est étendu notamment à la sidérurgie, à des régions au sens administratif, mais au
l’industrie textile et aux chantiers navals. Cela sens géographique), un rôle de prospection et
a conduit le gouvernement à définir, en 1984, d ’accompagnement des investisseurs et
14 pôles de conversion (auquel s’est ajouté d’appui économique aux entreprises. Leur
Fos-sur-Mer) : mission déborde le cadre des pôles de conver­
— les bassins sidérurgiques lorrains (nord sion et ce seul objet. Les préfets, assistés de
et sud) ; trois chargés de mission (emploi, formation et
— le Nord (Calais-Dunkerque ; le bassin affaires économiques), étaient chargés de
minier valenciennois ; la vallée de la Sambre) coordonner les actions de l’État et de susciter
et la vallée de la Meuse (Ardennes) ; les initiatives locales. En Lorraine, un préfet
— des ports méditerranéens : La Seyne, La délégué, chargé du redéploiement industriel,
Ciotat (chantiers navals) et Fos (complexe avait été nommé de 1983 à 1988.
sidérurgique) ; Ces mesures étaient complétées par des
— les bassins miniers du Massif central allégements fiscaux pour les entreprises en
(Decazeville ; Albi-Carmaux ; Le Creusot- difficulté, pour les créations d ’entreprises
Montceau-les-Mines-Chalon-sur-Saône) et (exonération pendant trois ans de la taxe pro­
des bassins d’emploi en difficulté de ce mas­ fessionnelle, allégement de l’impôt sur les
sif (Roanne ; Montluçon ; Saint-Étienne) ; bénéfices, etc.) et en faveur des fonds de pla­
— Caen (centre métallurgique). cement industriels dans les pôles de conver­
Le programme de redéveloppement adopté sion. En 1987 et pour cinq ans, trois zones
comportait des mesures d ’ordre social et d’entreprises avaient été créées à Dunkerque,
d’ordre industriel, des aides aux entreprises et La Seyne-sur-mer et à Aubagne-La Ciotat.
des actions de formation, de recherche et de Les entreprises s ’y installant bénéficiaierit
transfert de technologie, ainsi que des actions pendant dix ans de l’exonération de l’impôt
d ’aménagement (amélioration de l’habitat, sur les sociétés.
• toi CONVERSION OU RECONVERSION

I.’ensemble de ces dispositifs a permis beaucoup plus étendues que les seuls pôles de
d'obtenir quelques résultats positifs. Le taux conversion qui y sont au demeurant inclus.
de chômage a légèrement diminué, puis aug­ Au titre de l’ancien objectif européen n° 2
menté à nouveau (plus de 14 % en 1995) dans (reconversion des régions, y compris les bas­
les pôles de conversion, mais restait supérieur sins d’emploi et les agglomérations urbaines
mi laux national (12,5%). Il est clair que la gravement affectés par le déclin industriel), la
reconversion des régions industrielles en dif­ France a reçu près de 8 milliards de F (1,2 mil­
ficulté est une tâche de longue haleine, ryth­ liard d ’€) pour la période 1989-1993 et de
mée par la formation des hommes : c’est donc 25 milliards de F (3,8 milliards d’€) pour celle
l'a flaire d ’au moins une génération. Les de 1994-1999. Elle a pu en disposer, au titre
mesures financières ou fiscales, indispen­ du nouvel objectif 2 (reconversion écono­
sables certes, ne peuvent que servir de relais à mique et sociale), qui a regroupé les anciens
la mise en place des vraies solutions à long objectifs 2 et 5B (promotion du développe­
terme, dans le domaine de la gestion des res­ ment des zones rurales), malgré la réduction
sources humaines notamment. des zones éligibles, 6,26 milliards d’€ pour la
Dans une seconde étape, au-delà des grands période 2000-2006. Dans la période 2007-
secteurs traditionnels d ’activités, dont les 2013, aucun des trois objectifs européens rete­
crises successives avaient frappé, voire margi­ nus ne concerne spécifiquement la reconver­
nalisé, les territoires mono-industriels, princi­ sion, mais, au titre du second objectif
palement l’arc nord-est, d’autres secteurs et (compétitivité régionale et emploi dans les
d'autres espaces économiques, plus diversi­ régions autres que défavorisées (ces dernières,
fiés, ont été confrontés à des situations de pour la France, correspondent aux seuls dom ),
mutation, affectant de façon diffuse et pérenne la France doit recevoir 9,1 milliards d’€, dont
le tissu industriel et tertiaire des pm e -pm i , une partie sera affectée aux secteurs en
jusque dans les espaces ruraux. Ainsi, la reconversion économique.
reconversion touche ou peut toucher désor­ Les mesures financières ou fiscales restent
mais tous les secteurs d ’activités et par là indispensables, mais ne font que participer
même chacune des composantes du territoire. à un ensemble de mesures intégrant l’éco­
I ,e zonage de l’objectif 2 (zones en mutation nomique, le social et l’aménagement. La
industrielle) de l ’Union européenne en est reconversion sous-entend la préservation du
l'illustration. potentiel humain et technologique, la restau­
Faute de bilan plus précis, il semble que le ration de l’attractivité des espaces et la
laux de chômage (environ 14 % en 1995) ait à sauvegarde de leur qualité, la reconstitution
nouveau augmenté dans les pôles de conver­ des réseaux économiques et leur ouverture
sion (comme au plan national il est vrai). aux échanges, la recherche et la promotion
Ieffort de l’État à travers le fiat a été réduit à d’activités nouvelles, le traitement des dys­
70 millions de F par an environ au début des fonctionnements urbains liés à la déprise
années 1990 et ceux du nouveau fnadt à économique et la réintroduction dans la
13,9 millions d ’€ pour 2002 comme pour compétitivité des bassins d’emplois les plus
1999. En élargissant à juste titre le problème touchés.
de la conversion, ne s’est-on pas désintéressé Au-delà de la mise en œuvre de politiques
peu à peu des pôles définis en 1984 ? publiques volontaristes en la matière,
La mutation économique tend à s’inscrire l’ensemble des moyens nécessite, pour être
dans la continuité et laisse présager une action efficace, un véritable partenariat impliquant
permanente. En conséquence, elle nécessite les entreprises, notamment les plus grandes,
de plus en plus un traitement global, par sub­ et les collectivités territoriales, ainsi qu’une
stitution d’une logique de projet à la logique concertation étroite avec les partenaires
sectorielle qui a longtemps prévalu. Le redé­ sociaux. Les contrats de plan (désormais de
veloppement durable des territoires en diffi­ projet) État-régions et les contrats État-
culté passe par un traitement intégré et entreprises peuvent en être le support privi­
pluridisciplinaire. légié, de même que les pays, les systèmes
Depuis une décennie, les fonds européens productifs locaux et les plates-formes d ’ini­
sont devenus sensiblement plus importants tiatives locales. C’est dans cet esprit qu’ont
que les crédits nationaux, mais pour des zones été décidés, en 2003, 12 contrats de site
COORDINATION DE TRAVAUX, DE VRD m
concernant quatre sites abandonnés par une priété, qui fixent les organes de fonctionne"
entreprise importante (Noyelles-Godault près ment interne ; le syndicat, qui regroupe le»
de Lens, Longwy, Romorantin et Angers), copropriétaires ; et le syndic qui gère le syndic
quatre autres d ’où se retire giat Industries cat et pourvoit à l’entretien des parties corn»
(avec sa participation financière) et deux munes. L’objet de la loi était à la fois de
départements touchés par le déclin de donner un statut à une forme de commercial!*
l’industrie textile et de l’habillement (Vosges sation des logements qui n ’en avait pas, et de
et Aube). Les difficultés d ’autres bassins relancer le marché immobilier après la grande
d’emploi ont conduit à étendre cette procé­ crise économique. Après la guerre et la loi de
dure. En 2008, on comptait 29 contrats de 1948, qui maintient des loyers réglementés (et
site. Ces contrats, d’une durée limitée (3 ou très bas) pour les logements existants, beau*
4 ans, éventuellement prolongeâmes) ont coup d ’immeubles anciens ont été mis en
pour objet de permettre de réagir à la rapi­ vente en copropriété aux locataires en place
dité et à l’ampleur des sinistres économiques ou, en cas de refus de ceux-ci, à des investis*
géographiquement concentrés. Les résultats seurs. Dans le même temps, de nombreux
semblent inégaux selon les sites. immeubles ont été construits et vendus par
Il faut également mentionner les zones appartements (copropriété verticale). Par la
franches urbaines (zfu ). Cette procédure, qui suite, les mêmes dispositions ont pu être utili*
implique pour les entreprises des exonéra­ sées pour des ensembles de maisons indivi*
tions de charges fiscales et sociales, a été lan­ duelles (copropriété horizontale). Le nombre
cée en 1997. Il y a, en 2008, 100 zfu , dont 7 et la part des copropriétés augmentent ainsi
dans les d o m . Même si celles-ci s’inscrivent constamment depuis la fin de la seconde
surtout dans la politique dite de la ville, et en guerre mondiale. Il y avait 7,5 millions de
fait des quartiers en difficultés, elle contri­ logements en copropriété (hors h lm ) eh
buent à la reconversion économique des terri­ France en 2006. 76% des résidences princi­
toires concernés, à une échelle il est vrai plus pales en immeuble locatif privé relevaient de
réduite que le bassin d’emploi. ce statut en 2006.
P. M. et M.-C. T. La loi du 10 juillet 1965 (corrigée par la loi
du 31 décembre 1985 et par la loi SRU du
Aménagement du territoire ; Contrat de site ; Friches urbaines 13 décembre 2000) a refondu les règles de la
et industrielles; Industrialisation; Pôle de développem ent;
Zone d’entreprise; Zone franche urbaine (zfu ). copropriété. Elle distingue les constructeurs et
les copropriétaires qui peuvent agir par l’inter­
médiaire du syndicat qu’ils constituent. Elle
COORDINATION DE TRAVAUX, DE VRD assouplit les mécanismes de décision au sein
-> Réseaux du syndicat. Celles-ci sont prises en assemblée
générale des copropriétaires, chacun ayant un
droit de vote proportionnel à ses parts. Mais
COPROPRIÉTÉ alors que les décisions de gestion simple et
d ’entretien (y compris un ravalement) sont
Dispositif juridique qui permet de diviser prises à la majorité simple des copropriétaires
un bien immobilier en parties communes présents ou représentés, celles qui concernent
(murs extérieurs et porteurs, toitures, sol, les travaux d ’amélioration nécessitent soit la
escaliers, ascenseurs, couloirs, etc.) et parties majorité absolue (économies d’énergie) ou les
privatives (logements, caves, etc.). Ces der­ deux tiers des voix et la majorité numérique
nières (ou lots) appartiennent en propre à leur des membres (autres améliorations). Cette
propriétaire, alors que les parties communes double majorité est nécessaire pour l’acquisi­
appartiennent à l’ensemble des copropriétaires tion ou l’aliénation de parties communes, ou
de façon indivise, en proportion de leur part pour modifier le règlement de copropriété.
dans la copropriété (généralement évaluée en Enfin, l’unanimité est exigée pour modifier
millièmes ou dix millièmes du total). les parts entre les copropriétaires.
Développée au départ en dehors de toute Système de décision complexe, ce régime
législation (mais peu répandue de ce fait), la génère de nombreuses difficultés de fonction­
copropriété a été définie par la loi du 28 juin nement liées :
1938. Celle-ci a institué les règles de copro­ — à l’interprétation des textes, et en parti-
KHI CORON

l’iilier de la distinction entre travaux d’entre- plan de sauvegarde. Mis en place sous l’auto­
llcn et d’amélioration ; rité du préfet, il doit permettre une prise en
à l’absentéisme aux assemblées géné­ charge globale des difficultés de la copro­
pi les, en particulier dans les grandes copro­ priété et conduire à la fois à la réalisation
priétés ; des travaux de conservation du bâti, au réta­
- aux retards ou refus de paiement de cer­ blissement du fonctionnement des instances
tains copropriétaires ; de la copropriété et à son assainissement
- au désintérêt de certains propriétaires financier. Freiné par la complexité des situa­
builleurs pour l’entretien de lieux qu’ils n’oc­ tions - qui relèvent à la fois du domaine
cupent pas et dont ils souhaitent tirer le meil­ financier, juridique, social et technique - la
leur rendement locatif. mise en place des plans de sauvegarde
La copropriété, si elle a favorisé l'amélio­ appelle au développement de compétences
ration du confort des logements occupés par d’ingénierie sociale et immobilière nouvelles
leurs propriétaires, a cependant des effets per­ dans les services et les collectivités locales
vers dans certains cas. La mise en copropriété concernées.
et la vente par lots d’un immeuble, souvent À côté des plans de sauvegarde, les copro­
acquis par un marchand de biens, rendent priétés peuvent également être traitées dans
parfois impossible la mise aux normes de le cadre d ’une OPAH-Copropriété (instituée
l'immeuble, notamment lorsque les acqué­ par une circulaire de juillet 1994). Ce cadre
reurs n ’ont pas les mêmes possibilités de doit permettre la coordination d ’une action
lînancement. Pour cette raison, il a été interdit publique préventive et curative sur les copro­
de mettre en copropriété les immeubles de priétés fragiles et d ’intervenir plus tôt, aux
la catégorie IV (très inconfortables) définie prém ices du processus de précarisation.
par la loi de 1948 et les immeubles déclarés De p lus en plus, le v olet traitem ent des
insalubres. Cette règle devrait être générali­ copropriétés est intégré à une OPAH-Renou-
sée, la mise en copropriété n ’étant possible vellem ent urbain plus large. D epuis le
qu’après mise aux normes et des aides 1er janvier 2008, les aides de I’anah à desti­
accrues étant accordées aux propriétaires n ation des copropriétés se sont étoffées
bailleurs d’immeubles entiers souhaitant les (aides au financement de l’ingénierie et des
moderniser. études préopérationnelles, révision des pla­
fonds de dépense subventionnable, aide aux
L’actualité récente a mis en avant le cas syndicats de copropriétaires...).
des copropriétés dégradées, autant dans Depuis le début des années 2000, de nom­
l’habitat ancien que dans des ensembles plus breuses mesures coercitives complémentaires
récents (Clichy-Montfermeil, Grigny II, etc.). ont été mises en place pour faciliter le traite­
Les acteurs publics estimaient en 2002 à plus ment de ces situations complexes : rôle des
de 350 000 le nombre de logements apparte­ bailleurs et syndics sociaux renforcé, création
nant à une copropriété en difficulté. Des tra­ d’un « état de carence » reconnu par un juge
vaux de repérage engagés en 2009 devraient qui permet la substitution d ’un propriétaire
cependant conduire à une révision à la hausse privé irrémédiablement défaillant par un pro­
de cette estimation. Les situations de dégra­ priétaire public, obligation pour les pro­
dations, de loyers impayés ou de conflits y grammes locaux de l’habitat (plh) d’inclure
sont particulièrement délicates à résoudre, un repérage des situations d’habitat indigne et
puisque les logements appartiennent à des des copropriétés dégradées.
propriétaires privés (qui, en majorité, les A.-C. Da. et A. M.
louent), ce qui nécessite des interventions
adaptées, menées par exemple par les pact- - » Accession à la propriété; Marchand de biens; pact -amm ;
Opération programmée d'amélioration de l'habitat (opah );
arim, voire à des acquisitions progressives Parc de logements.
par des collectivités locales ou par les opéra­
teurs dépendant d ’elles. Depuis les lois du
14 novembre 1996 dite «pacte de relance CORON
pour la ville» et «solidarité et renouvelle­
ment urbains» du 13 décembre 2000, l’outil Type d’habitat ouvrier formé au xixe et au
central de traitement des copropriétés est le début du XXe siècle au voisinage des centres
CORPS D'ÉTAT ÏW

d’extraction minière, notamment dans le bas­ spécialement dans la construction neuve, A


sin minier franco-belge. Il se caractérise par une remise en cause de la notion de corps
de longs alignements de maisons indivi­ d’état du fait d’une redistribution des tâches
duelles en brique, au confort sommaire, d ’un de chantier, conséquence de l’emploi de plu»
rez-de-chaussée et un étage, toutes identiques en plus répandu de composants et des diffi­
et contiguës, précédées de jardinets entourés cultés de direction de chantier. On désigne
de barrières basses (mais les maisons consti­ par séquence un regroupement de tâches A
tuant certains corons donnent directement exécuter sur le chantier de façon qu’elle»
sur la rue, qu’elles bordent des deux côtés : constituent un tout cohérent pour lequel une
un jardin ou une courette s’ouvre alors au équipe puisse s’engager à respecter un délai ;
revers de la maison). Ces alignements de les séquences se succèdent sans se chevau­
maisons de mineurs, souvent habitées aussi cher, ce qui facilite la coordination du chan­
par des ouvriers retraités, ont été construits tier, responsabilise les équipes, réduit le»
par les entreprises industrielles locales et temps morts. On distingue par exemple :
constituent parfois des ensembles urbains séquence 1 : le clos et couvert ; séquence 2 les
très étendus au pied des crassiers, et un pay­ cloisonnements, doublages intérieurs, pla­
sage très caractéristique, en général assez fonds, canalisations ; séquence 3 les revête­
triste. Récemment, des opérations de réhabi­ ments, appareillages et finitions. Cette
litation, parfois remarquables, ont été entre­ démarche dite séquentielle se substitue à la
prises. Il n ’est cependant pas possible de les démarche traditionnelle qui distribue les
généraliser, l’exiguïté de ces logements et tâches par corps d’état. Elle tend à se déve­
leur mode de groupement ne correspondant lopper, notamment chez les constructeurs de
guère à la demande contemporaine. maisons individuelles. L’emploi de compo­
B. R.
sants multifonctionnels y incite.
P. Ch.
-*■ Archéologie industrielle; Habitat ouvrier; Mines et carrières;
Réhabilitation.
Chantier.

CORPS D'ÉTAT CORRÉLATION —> Analyse des données

On désigne par corps d’état ou corps de


métier une spécialité de la construction, par CORRESPONDANCE (ENTRE MOYENS
exemple la maçonnerie, la plomberie, la cou­ DE TRANSPORT) -► Confort (d'un moyen
verture, la plâtrerie, la menuiserie. Cette spé­ de transport) ; Coût généralisé
cialité se réfère à un savoir-faire technique de déplacement ; Fréquence (d'un moyen
traditionnel et correspond, le plus souvent, à de transport) ; Rabattement
la capacité de mettre en forme et en œuvre
un matériau ou un semi-produit : le bois, le
plâtre, le zinc, la pierre, etc. Elle suppose COTISATION SUR LA VALEUR AJOUTÉE
une intervention assez poussée sur le chan­ DES ENTREPRISES -> Contribution
tier. économique territoriale
Le partage du travail d’un chantier en corps
d’état est classique et conforme à la tradition,
de même qu’est assez traditionnelle la fron­ COULOIR HAUTE TENSION — Électricité
tière entre deux corps d’état. Ce partage exige
une bonne coordination car un corps d ’état
est amené à intervenir à plusieurs reprises sur COULOIR RÉSERVÉ — Autobus
le chantier avant et après certains autres corps
d’état.
Un corps d’état a son syndicat national qui COUPURE VERTE — Espace vert
veille à la défense de ses intérêts et à la for­
mation des jeunes.
On assiste depuis quelques décennies, tout COUR COMMUNE -, Servitude
rn COÛT DE FONCTIONNEMENT DES TRANSPORTS

COURBE D'AFFECTATION — Modèle de choix large, est la discipline qui étudie les eaux
modal marines, lacustres et fluviales : répartition des
eaux, cartes des fonds et courants marins, des
côtes, des lacs et cours d ’eau et de leurs
COURONNE -> Banlieue rivages.
G. B.
COURS D'EAU - » Bassin hydrographique.

I)rain concentrant dans un chenal l’écoule­


ment des eaux courantes. L’existence d ’un CO ÛT DE FONCTIONNEMENT
cours d’eau suppose qu’au moins temporai­ DES TRANSPORTS
rement se dégage un bilan positif entre le
volume des précipitations et la somme des Dépenses nécessaires pour mettre en œuvre
pertes en eau (évaporation, évapotranspira- un véhicule disponible sur une infrastructure
lion, infiltration vers les nappes captives). existante. Il faut distinguer :
S’ils répondent tous à la même définition, — Le coût pour l’usager ou dépense moné­
les cours d’eau sont cependant très différents taire : prix du billet (ou de l’abonnement) pour
les uns des autres. D ’abord par leur taille et les transports en commun ; dépenses supplé­
par leur abondance : depuis le petit m d’une mentaires (marginales) pour l’emploi d ’un
région de plaine, long de quelques centaines véhicule dont il dispose en tout état de cause
de mètres et d ’un débit de quelques litres/ (en fait, l’automobiliste sous-estime le plus
seconde jusqu’à des fleuves immenses souvent le coût marginal et le réduit parfois au
comme l’Amazone (bassin de 6 150 000 km2 coût du carburant qui n ’en représente que la
el débit approchant 200 000 m3/s). Mais aussi moitié environ).
par leur mode d’alimentation : par ruisselle­ — Le coût pour l’entreprise de transport
ment, par sources ou alimentation mixte. Ils en commun : les frais de personnel en repré­
diffèrent aussi par le rythme de l’écoulement : sentent en général environ les deux tiers.
certains sont pérennes, d’autres temporaires — Le coût pour la collectivité, qui corres­
el leurs régimes (variations saisonnières pond à la part du coût de fonctionnement non
moyennes du débit), très variés, dépendent en payée par l’usager, à savoir :
particulier des conditions climatiques. Ils dif­ • dans les transports en commun, le coût des
fèrent également par la fréquence et l’impor- réductions tarifaires (souvent remboursées à
lance de leurs crises (crues et étiages). Enfin, l’exploitant par l’État ou par une collectivité
la plupart sont exoréiques et débouchent dans publique) et les subventions (couvrant un défi­
les océans et les mers ouvertes ; d ’autres, cit d ’exploitation) de l’État (en région de Paris
endoréiques, aboutissant à des dépressions seulement, ce qui est très discutable) et des
intracontinentales (ex. : la Volga qui se jette collectivités territoriales et les prélèvements
dans la mer Caspienne). parafiscaux (versement transport payé en
Les cours d’eau organisent et contrôlent la France par les entreprises de 10 salariés et
morphogenèse de la plus grande partie des plus du secteur privé) : ces éléments corres­
reliefs continentaux, constituant les niveaux pondent à environ 60 % du coût de fonctionne­
de base hiérarchisés de l’évolution des ver­ ment en Île-de-France et en moyenne à la
sants et l’agent d ’exportation des débris moitié de celui-ci dans les autres aggloméra­
rocheux. Ils constituent la partie la plus tions (sans même prendre en compte le rem­
vivante et la plus changeante de paysages boursement partiel par les employeurs du coût
extrêmement variés : depuis le torrent alpestre de la carte orange de leurs salariés), soit envi­
jusqu’aux innombrables méandres de la plaine ron 0,14 € par voyageur-kilomètre en Île-de-
alluviale (Mississippi) en passant par l’oued France (0,28 € pour les autobus de la ratp ) et
au lit caillouteux, le plus souvent à sec, mais 0,15 € dans les autres agglomérations ;
parfois parcouru de crues dévastatrices... • pour la circulation, les services assurés par
On appelle hydrologie l’étude des eaux, de la collectivité: entretien du réseau de voirie
leurs caractéristiques, de leur distribution et surtout, mais aussi police de la circulation et
de leurs flux. L’hydrographie, de façon plus du stationnement, éclairage public, feux de
COÛT D'INVESTISSEMENT DES TRANSPORTS 212

signalisation, etc. ; à ces coûts directs (0,08 € ceux du rer (30 millions d’€ et 10 000 voya­
par voyageur-kilomètre en Ile-de-France), geurs par heure, capacité en fait nulle part
supportés par la collectivité, il faudrait ajouter utilisée), ceux d ’une voie d ’autobus en site
les coûts indirects (part des accidents corpo­ propre à au moins dix fois moins. Dans une
rels restant à la charge du système de santé agglomération moyenne (500 000 à 1 million
publique) et les coûts non monétaires ou d’habitants), ces rapports restent semblables,
sociaux (brait et pollution de l’air en particu­ l’autoroute à deux voies par sens ayant seule­
lier), qui au total représentent environ 0,06 € ment un coût comparable à celui du métro
par voyageur-kilomètre en Île-de-France. (type Lyon, Marseille ou Lille) pour une
P. M.
capacité au moins deux fois plus faible.
Il faut ajouter le coût du matériel roulant :
Moyen de transport; Tarification (des transports). environ 10 millions d ’€ pour une rame de
rer (8 voitures), 5 millions pour une rame de
métro du type parisien (5 voitures), 2,5 mil­
C O Û T D'INVESTISSEMENT lions pour une rame de val, 2 millions pour
DES TRANSPORTS une rame simple de tramway, 1 million pour
un autobus guidé sur pneus, 0,3 million pour
Dépense en capital nécessaire à la mise en un autobus classique. Le coût de construction
service d ’un moyen de transport, qui se d’une autoroute est très variable selon l’envi­
décompose en coût des infrastructures (voies, ronnement : en France, de 5 millions d’€,
tunnels, etc.), des superstructures (stations, voire moins, en zone rurale, à 15 millions
bâtiments divers...) et en matériel roulant d’€ en moyenne en zone urbaine (en périphé­
(véhicules). Le coût des infrastructures et rie des agglomérations) et ju sq u ’à 100 à
superstructures doit être réparti entre plu­ 200 millions d’€ en souterrain.
sieurs moyens de transport lorsque ceux-ci Les investissements entraînés par la circula­
circulent en site banal (automobile, autobus, tion automobile sont donc beaucoup plus éle­
cycles, par exemple) : dans ce dernier cas, la vés par voyageur transporté que ceux en
majeure part doit être affectée à la circulation faveur des transports en commun : les investis­
automobile. sements routiers ne sont donc justifiés que
Le coût des investissements doit être pour faire face au volume de trafic des heures
comparé à la capacité maximale, donc en creuses ou sur les axes où la capacité des trans­
heure de pointe, et non au trafic total ache­ ports en commun ne peut être utilisée (dépla­
miné, comme il est souvent pratiqué (car cements tangentiels de banlieue à banlieue).
c’est le seul trafic de pointe qui conditionne Les investissements dans les transports en
la capacité des réseaux de transport et commun en site propre ou réservé sont
conduit à des investissements). Dans une très presque proportionnels à la capacité offerte ;
grande métropole (région de Paris par il convient donc d’éviter toute surcapacité,
exemple), le coût d ’une autoroute à 2 x donc tout surinvestissement.
3 pistes et celui d’une ligne de r er sont, à P. M.
égale distance du centre, presque identiques
- de quelque 10 à 15 millions d’€ en grande - » Autom obile; Capacité (d'un moyen de transport); Heure de
pointe; Infrastructures; Moyen de transport; Planification
banlieue à plus de 200 millions d’€ en souter­ des transports; Politique de stationnement; Route.
rain dans la partie centrale - , mais le rer
offre une capacité de 60 000 voyageurs par
heure et par sens, plus de 8 fois supérieure à COÛT GÉNÉRALISÉ DE DÉPLACEMENT
celle de l’autoroute (3 pistes x 1 800 automo­
biles x 1,3 passager par véhicule en moyenne Coût total d ’un déplacement, par un
en heure de pointe = 7 000 personnes). Le moyen de transport donné, pour l’usager,
coût, mais aussi la capacité, d ’un métro incorporant la dépense monétaire, le temps
urbain (du type de celui de Paris) sont envi­ de trajet et les inconforts subis. Sa détermina­
ron deux fois plus faibles que ceux du RER tion suppose établies des équivalences entre
(plus de 100 millions d’€ en souterrain et argent, temps et confort. Le coût généralisé
30 000 voyageurs par heure), ceux du tram­ peut s’exprimer en temps ou en argent (ou
way s’établissent à peine au cinquième de toute autre unité).
213 COÛTS-AVANTAGES (ANALYSE)

Sa formulation mathématique est : coûts monétaires et non monétaires supportés


par celui-ci.
k P. M.
où C est la dépense monétaire ; - » Bruit; Congestion; Coûts de l'urbanisation; Nuisance; Pollu­
X est le prix du temps ; tion; Rentabilité d'une infrastructure de transport; Sécurité
des transports.
t est le temps total (porte à porte) du
déplacement ;
p* est le prix du k? élément de confort ; COÛTS-AVANTAGES (ANALYSE)
ck est le nombre d’unités du t 'élément
de confort. Procédure par laquelle l’ensemble des
coûts, présents et futurs, d’un ou de plusieurs
Le coût généralisé intervient dans trois projets (par exemple des investissements rou­
phases de la planification des transports : tiers ou des projets d ’aménagement) est
— dans les modèles de distribution géo­ confronté avec l’ensemble des avantages qui
graphique, c’est le meilleur indicateur de en découlent pendant toute la durée de vie des
distance dy entre deux quartiers i etj ; projets. Ces avantages ou « bénéfices » (on dit
— dans le choix modal, la différence des aussi analyse coûts-bénéfices) peuvent être
coûts généralisés entre deux moyens de trans­ directs ou indirects, monétaires ou non moné­
port pour une liaison entre deux quartiers i taires, appropriés ou non appropriés. Ils
et j, sert à établir les courbes d’affectation peuvent consister en économies réalisées (par
entre moyens de transport ; exemple économies de carburant ou abaisse­
— dans l’évaluation des infrastructures ment du coût marginal de congestion) ou en
projetées, les gains de coût généralisé permet­ véritables avantages additionnels (création
tant de calculer un taux de rentabilité généra­ d ’activités nouvelles dans une zone indus­
lisée. trielle financée par une municipalité). Généra­
P. M. lement, on ne retient qu’une évaluation
monétaire des coûts et des avantages en calcu­
Confort (d'un m oyen de transport); Modèle de choix m odal;
Rentabilité d'une infrastructure de transport; Valeur du
lant le bilan actualisé ou le surplus actualisé :
temps (lors des déplacements).

C, -I
CO ÛT SOCIAL (! + « )'

Coût non monétaire, supporté par la collec­ où S = surplus actualisé ;


tivité. Les nuisances ont un coût social. On a A, = mesure monétaire des avan­
pu estimer, par exemple, le coût social du tages durant l’année t ;
bruit et de la pollution atmosphérique causés C, = mesure monétaire des coûts
par la circulation automobile. durant l’année t;
On emploie parfois l’expression de «coût n = durée de vie du projet ;
social » pour l’ensemble des coûts monétaires a = taux d’actualisation ;
et non monétaires supportés par la collecti­ I = investissements de l’année ini­
vité. Dans ce sens, le coût social de la circula­ tiale.
tion automobile comportera le coût de la
police, de l’entretien du réseau de voirie, des S’il faut choisir entre plusieurs projets, dif­
accidents non supportés par les assurances, férents critères peuvent être retenus :
des effets sur la santé, les matériaux et la — s’il s’agit de projets concurrents, retenir
végétation causés par les nuisances (bruit et celui présentant le bilan actualisé le plus élevé ;
pollution de l’air), voire les coûts de conges­ — s’il s’agit de projets partiellement com­
tion. plémentaires, retenir tous ceux qui présentent
On peut enfin définir le coût social généra­ un bilan actualisé positif ; on peut montrer que,
lisé comme la somme des coûts monétaires et sous certaines conditions, il revient alors au
non monétaires pour la collectivité et du coût même de retenir tous les projets pour lesquels
généralisé pour l’usager, qui incorpore les le taux de rendement interne (celui qui annule
COÛTS DE L'URBANISATION 214

le bilan actualisé) est supérieur au taux d’actua­ l’urbanisation sont les mieux connus, l’urba­
lisation. nisation développe toute une série de coûts,
L’analyse coûts-avantages (cost-benefit non directement évaluables en monnaie, dus à
analysis) a été largement utilisée dans la plani­ la concentration urbaine excessive : conges­
fication économique et dans les choix d’urba­ tion du trafic, nuisances et pollutions de l’air
nisme. Mais on lui reproche généralement de et de l’eau, maladies mentales liées à l’écolo­
ne considérer que les coûts et les avantages gie urbaine, atteintes de toute nature à l’envi­
évaluables en monnaie et de négliger par là ronnement et au cadre de vie, etc. Ces coûts
même certains éléments qualitatifs au moins sociaux sont parfois sous-estimés dans le cal­
aussi importants comme, par exemple, les cul économique.
pertes ou gains de confort, les nuisances et Coûts publics et coûts privés. — Les
atteintes à l’environnement, la dégradation charges de l’urbanisation qui incombent à la
des biens et des paysages naturels, etc. À cette collectivité sont aisément connaissables à par­
critique très forte, des améliorations méthodo­ tir des budgets (prévisions) et des comptés
logiques permettent d ’échapper en partie. administratifs (réalisations) des communes
D ’une part, des progrès importants ont urbaines et de leurs groupements. Les docu­
conduit à élargir le calcul économique à cer­ ments budgétaires et comptables permettent
tains éléments qualitatifs (méthodes d’estima­ une ventilation immédiate de ces dépenses
tion de la valeur du temps de transport, de la selon qu’elles concernent le fonctionnement
valeur récréative des forêts, des espaces verts ou l’équipement. Il est plus intéressant, mais
et des paysages naturels, de la valeur des aussi plus difficile, d ’analyser la part des
blessés et des morts par accidents de la route), dépenses ordinaires de fonctionnement (entre­
etc. D ’autre part, différentes méthodes d’ana­ tien, réparations, frais de personnel, etc.)
lyse multicritères permettent de traiter à la fois induite par les dépenses d ’investissement
des éléments monétaires et non monétaires. antérieurement réalisées. Les coefficients de
Lorsque ces deux types d’éléments coexistent, charges récurrentes induites sont plus ou
on préfère parler d ’analyse coût-efficacité moins élevés selon la nature, la divisibilité, la
(cost-efficiency analysis). Reste toutefois le fiabilité et la durabilité des équipements.
difficile problème du choix d’un système de À côté des coûts publics, l ’urbanisation
pondération entre les éléments monétaires et impose également des coûts supportés par les
non monétaires. agents privés : prix fonciers et immobiliers
P.-H. D.
plus élevés dans les grandes villes que dans
les petites, coûts généralisés de déplacement
-*■ Actualisation ; Investissement. plus importants, etc.
Coûts d ’infrastructure et coûts de super­
structure. — Les équipements d ’infrastruc­
COÛTS DE L'URBANISATION ture (par exemple les dépenses de voirie-
réseaux divers) sont directement liés à l’urba­
L’expression «coût de l’urbanisation» a nisation alors que les équipements de super­
une coloration micro-économique et renvoie structure (par exemple une bibliothèque, une
à l’estimation des avantages qui, face aux université, un musée) apparaissent plutôt liés
coûts, devraient permettre de dresser un bilan au développement économique général et au
complet de l ’urbanisation. Le terme de niveau socioculturel atteint. Les premiers
« dépenses » correspond le plus souvent aux devraient précéder ou, au pire, accompagner
dépenses de fonctionnement et d’équipement l’urbanisation.
inscrites dans les budgets publics. Le vocable Coût d ’adaptation, coût de croissance, coût
«charges», le plus neutre assurément, est de développement. — Le coût d ’adaptation
principalement utilisé dans l’analyse des accroît la qualité du service rendu par l’équi­
agents du financement de l’urbanisation. pement sans en augmenter la quantité (par
C ’est l’expression «coût de l’urbanisation» exemple passage de la collecte ouverte à la
qui a prévalu. Elle appelle plusieurs distinc­ collecte hermétique des ordures ménagères
tions : sans augmentation du nombre des tournées).
Coûts monétaires et coûts non monétaires. Le coût de croissance accroît la quantité à qua­
— Même si les coûts monétaires directs de lité inchangée (accroissement du nombre des
216 CRÉDIT CARBONE

tournées sans modification du système de col­ reçoivent les enfants de 3 à 6 ans et que les
lecte). Le coût de développement combine «haltes-garderies» accueillent de façon plus
amélioration en qualité et accroissement en occasionnelle les moins de 6 ans. Un peu
quantité. plus de la moitié des enfants de 0 à 6 ans ont
L’analyse des coûts de l ’urbanisation a une mère qui travaille. La garde des enfants
connu une phase active à la fin de la décen­ d’âge préscolaire était traditionnellement, et
nie 1960. Une première démarche s’est ins­ demeure toujours pour partie, l’affaire des
pirée de la micro-économie et de l’analyse grands-parents ou des voisins. Cependant, les
coûts-avantages, alors très en vogue, sans modes de vie contemporains ont développé
pour autant parvenir à guider les choix le besoin d ’équipements spécifiques et de
municipaux de manière efficace. On s’est personnels spécialement affectés à cette
ensuite tourné, avec plus de succès, vers tâche.
une analyse financière et com ptable des En 2007, parmi les quelque 2,4 millions
charges de l’urbanisation qui a contribué à d ’enfants de moins de trois ans, la grande
décrypter les financements en cascade entre majorité (63 %) était gardée par leurs parents.
maîtres d’ouvrage initiaux et payeurs finals. Les autres recouraient à une crèche ou à une
Le reflux de la vague de péri-urbanisation halte-garderie (à peine 10 %), dont 0,5 % dans
et la fin de la période d’équipement massif une crèche parentale et 0,5 % dans une crèche
des agglomérations urbaines ont finalement d ’entreprise, 18% étaient gardés chez une
débouché sur une approche patrimoniale du assistante maternelle (nourrice), 2 % par une
renouvellement du capital public urbain, nourrice à domicile, 4 % par leurs grands-
qu’il s’agisse du parc de logements sociaux, parents, 2 % à l’école et 1 % par une autre per­
des bâtiments administratifs, des construc­ sonne.
tions scolaires que le secteur public local a La localisation d ’une crèche doit viser à
désormais en charge, ou de la réhabilitation réduire autant que possible le temps de dépla­
ou du désenclavement de certains quartiers. cement des enfants: elle est donc à recher­
Cette approche patrim oniale a coïncidé cher à proximité des moyens de transport qui
avec l ’essor de l’intercom m unalité qui desservent un quartier résidentiel. Une halte-
assure désormais une fraction notable des garderie peut être plus facilement implantée à
dépenses d ’équipement urbain et suburbain. proximité d ’un centre adm inistratif ou
Il reste que les recherches sur les effets commercial.
redistributifs des dépenses d ’urbanisation et Une crèche de 60 places occupe environ
l’identification de leurs « v ra is» bénéfi­ 900 m2 de plancher hors œuvre (15 m2 par
ciaires sont demeurées trop rares, et souvent place), tandis qu’une halte-garderie est une
inconclusives, en France comme à l’étran­ implantation beaucoup plus modeste (environ
ger. 6 m2 hors œuvre par place). Dans l’un et
P.-H. D. l’autre cas, il faut disposer, à défaut d’un jar­
din réservé à cet usage, d’une vaste terrasse.
-* Investissement. Il existe, presque partout en France, un net
déficit entre le nombre des demandes d ’ins­
cription d ’enfants dans les crèches et le
COÛTS NON MONÉTAIRES ^ Coûts nombre de places disponibles. Ce déficit tient
de l'urbanisation ; Coût social moins au coût d ’investissement que repré­
sente la réalisation d’une nouvelle crèche qu’à
leur coût de fonctionnement par suite des
COUVERTURE —> Étanchéité ; Gros œuvre importantes charges de personnel qu’elles
impliquent. Le coût de fonctionnement annuel
représente, en effet, entre le tiers et la moitié
CRÈCHE du coût de l’investissement initial.
J. C.
Les «crèches» proprement dites sont des
établissements assurant la garde régulière des
enfants de moins de 3 ans pendant la jour­ CRÉDIT CARBONE - » Effet de serre ; Énergie
née; tandis que les «jardins d ’enfants» et environnement ; Taxe carbone
CRÉDIT FONCIER DE FRANCE 216

CRÉDIT FONCIER DE FRANCE utilisations obligatoires. À partir de 1975, un


—►Aide à la pierre ; Caisses d'épargne ; Crédit neuvième de la collecte a été affecté au loge­
immobilier ment des travailleurs immigrés. Puis, à partir de
1978, à la suite de la réforme du financement du
logement, une part croissante a été affectée au
CRÉDIT IMMOBILIER Fonds national des aides au logement (fnal )
qui finance l’allocation logement sociale (als ).
Financement de la construction ou de Depuis 1992, les collecteurs du 1 % ne dis­
l’acquisition de biens immobiliers, et notam­ posent que de 0,45 % de la masse salariale des
ment de logements, par des prêts. entreprises assujetties (dont 0,05 % pour le
Les sources de financement principales du logement des travailleurs immigrés) et 0,55 %
logement sont en France : sont versés au fnal . En outre, le 1 % a participé
— Les prêts aidés par l’État ont pris succes­ au financement du prêt à taux zéro ( ptz ) :
sivement la forme, dans le secteur de la loca­ d’abord en 1995 (1 milliard de F), puis en 1997
tion, des prêts aux organismes d ’habitations et 1998 (14 milliards), enfin une nouvelle
bon marché (hbm, à partir de 1894) puis des convention signée avec l’État a entraîné une
prêts aux organism es d ’habitations à loyer nouvelle participation, dégressive (6,4 milliards
modéré (hlm, de 1949 à 1977), de prêts loca­ de F en 1999, 5,0 en 2000, 3,4 en 2001, 1,8 en
tifs aidés (pla de 1978 à 1999) et enfin de 2002) et sa disparition à partir de 2003. En 1988
prêts locatifs à usage social (plus, à partir de a été créée une Agence nationale pour la partici­
2000). Dans le domaine de l’accession à la pation des employeurs à l’effort de construction
propriété, elles ont concerné les HBM-acces- (anpeec ) qui associe les partenaires sociaux à la
sion, puis les HLM-accession et ont pris la gestion des fonds collectés. La loi de mobilisa­
forme des prêts aidés à l’accession à la pro­ tion pour le logement et la lutte contre l’exclu­
priété (pap, de 1978 à 1995), puis des prêts à sion du 25 mars 2009 a engagé une réforme du
taux zéro (ptz , depuis 1995 et nouveau ptz 1 % logement, afin de réorienter ses ressources
depuis le 1er février 2005). Ces prêts m obi­ vers les actions prioritaires de la politique du
lisent notam ment l ’épargne collectée par la logement et d’en réduire les coûts de gestion.
Caisse des dépôts et consignations (dépôts aux Les emplois de la peec ne sont désormais plus
chèques postaux et dans les caisses d ’épargne, fixés par convention, mais dans un cadre légis­
dépôts des organismes de retraite et de pré­ latif et réglementaire. La mission de 1’anpeec
voyance, dépôts divers et consignations) et les est recentrée sur le contrôle des acteurs du 1 %
aides de l ’État (subventions, bonifications tandis que la gestion et la mise en œuvre des
d ’intérêt et aides fiscales). ressources du 1 % est confiée à l’Union d’éco­
— Les prêts conventionnés consentis par nomie sociale du logement, créée en 1996.
les établissements bancaires, pour l’accession Les ressources à long terme disponibles en
à la propriété essentiellement, qui ne sont pas 2006 ont été de 3,596 milliards d ’€, dont
aidés par l’État mais ouvrent droit à I’apl . 1,410 milliard de collecte de 2005, 2,181 de
C’est aujourd’hui leur seul avantage car ils ne retour sur prêts à long terme et 5 millions de
sont plus très concurrentiels depuis la forte participation volontaire. Les financements à
baisse des taux d’intérêt du marché. long terme ont concerné notamment :
— La participation des employeurs à l’effort — des prêts à des personnes physiques
de construction (peep), instituée en 1953, était (1,770 milliard) : près de 860 000 aides distri­
initialement fixée à 1 % de la masse salariale buées (montant moyen : 2 100 €), pour près de
des entreprises privées non agricoles de 10 sala­ la moitié à des propriétaires pour effectuer des
riés et plus. Elle est réunie par les organismes travaux (6 400 € en moyenne), pour 19 % à des
collecteurs, les 126 comités interprofessionnels accédants à la propriété (8 400 € en moyenne)
du logement (cil ) et les 31 chambres de et pour 31 % à des locataires et des salariés en
commerce et d’industrie (dont le nombre va être mobilité professionnels (800 € en moyenne,
fortement réduit en 2010 après une politique de pour le dépôt de garantie le plus souvent) ; la
fusion des collecteurs encouragée par les pou­ part des nouveaux emplois du 1 % continue de
voirs publics). L’utilisation des fonds collectés progresser, tandis que l’activité des prêts à
a été souvent critiquée car jugée insuffisamment l’accession traditionnels diminue (339 millions
sociale, ce qui a conduit l’Etat à lui fixer des d’€ en 2006 contre 800 millions en 2000) ;
fl/ CRÉMATORIUM

des financements de personnes morales, des pel de plus de 12 ans en 2006, ont réduit
organismes hlm essentiellement (659 mil­ l’attrait de ces formes d’épargne qui restent
lions, dont 469 de prêts), ces volumes sont néanmoins très populaires, puisqu’il y avait, en
liés aux évolutions de la construction de loge­ 2006,12,1 millions de pel et 9,8 millions de cel
ments sociaux, après une augmentation sen­ ouverts. Le montant total des dépôts est de
sible entre 2000 et 2004, elle est de nouveau 230 milliards d’€. L’encours des prêts est de
en baisse entre 2005 et 2007 ; 11 milliards, ce qui laisse 219 milliards dispo­
— la contribution du 1 % au financement nibles, qui sont affectés par les banques à des
île la politique de renouvellement urbain, qui emplois qui ne concernent pas nécessairement
est devenue une orientation majeure de l’uti­ la construction.
lisation des ressources du 1 % à travers le Les prêts particuliers — prêts aux fonc­
linancement de l’Association foncière loge­ tionnaires, prêts des caisses d’épargne, prêts
ment (726 millions en 2006) et de I’anru aux familles des caisses d’allocation familiale,
(279 millions en 2006). L’a fl construit des etc. — sont en général de prêts complémen­
logements, destinés en priorité aux salariés taires.
des entreprises assujetties au 1 %, dans des Les prêts bancaires ordinaires (en général
quartiers faisant l’objet de démolitions et dans avec inscription hypothécaire), au taux du
îles territoires où l’offre de logements locatifs marché, sont surtout destinés à court terme aux
est insuffisante. Ces financements montent en promoteurs immobiliers qui construisent pour
puissance avec la progression de la mise en vendre, et à long terme, aux acquéreurs de loge­
œuvre des projets de renouvellement urbain ment aisés, qui ne peuvent bénéficier des formes
qu’ils accompagnent. de financement aidées ou privilégiées (les prêts
L’épargne logement consiste pour les particu­ sont généralement plafonnés à 80% de l’inves­
liers à déposer leur épargne (avec intérêt) auprès tissement). La baisse des taux d’intérêt a contri­
d’une caisse d’épargne, d’une banque ou d’un bué à la forte hausse des prix entre 1998 et 2008,
établissement de crédit conventionné, produi­ en permettant aux ménages de s’endetter sur de
sant ainsi des intérêts (plan d’épargne), puis à plus longues durées à moindre coût et a accentué
obtenir un prêt (au taux, faible, des intérêts la domination du secteur bancaire libre dans le
versés pendant la phase d’épargne, plus les frais financement de l’accession à la propriété.
de gestion) dont le montant est fonction des inté­ Les prêts notariés, généralement de courte
rêts acquis pendant la phase d’épargne et la durée, avec inscription hypothécaire le plus
durée du prêt. Il existe des comptes d’épargne souvent, sont des opérations entre particuliers.
logement (cel ) et des plans d’épargne logement On notera :
(pel). Le pel comporte un engagement régulier — que les mécanismes de crédit immobi­
d’épargne (au moins 540 € par an) pendant au lier ont joué un rôle fondamental, tant pour la
moins quatre ans ; en contrepartie, les taux de construction locative sociale que pour rendre
rémunération de l’épargne (2,5 % depuis le possible l’accession à la propriété (90 % des
1er août 2003) et le montant maximal des prêts ménages accédants y ont recours) ;
(92 000 € à 4,20 % depuis le 1er août 2003) sont — que l’inflation a incité des ménages à
plus avantageux. Le cel ne comporte qu’une acquérir un logement plutôt qu’à le louer : le
durée minimale d’épargne de dix-huit mois, les plus souvent, avant la fin des rembourse­
intérêts versés sont les deux tiers de ceux du ments, l’annuité payée (intérêts et rembourse­
livret A depuis le 1er juillet 2004, le montant ment) est devenue inférieure à un loyer.
maximal du prêt de 23 000 € (au taux avanta­ A.-C. Da. et P. M.
geux de 3 %). Dans les deux cas, la durée du
prêt est de deux à quinze ans. Ces prêts sont Aide à la pierre; Participation des employeurs à l'effort de
construction; Rénovation urbaine.
aidés par l’État sous la forme d’une prime égale
à une fraction des intérêts acquis (la moitié pour
le cel , deux septièmes pour le pel), mais plafon­ CRÉDIT LOCAL DE FRANCE (CLF)
née (1 144 € pour le cel , 1 525 € plus 10 % par -> Dexia-Crédit local
personne à charge pour le pel ). La baisse géné­
rale des taux d’intérêt et la diminution des inté­
rêts versés pendant la phase d’épargne, ainsi que
la nouvelle imposition du revenu des intérêts CRÉMATORIUM Cimetière
CROISSANCE-DÉCROISSANCE 218

CROISSANCE-DÉCROISSANCE l’action du milieu culturel sur l’individu»


(Robert).
Les expressions « croissance » et « décrois­ Depuis son utilisation par F. Choay
sance » sont couramment utilisées, mais sou­ (L ’urbanisme: utopies et réalités, Paris,
vent avec imprécision et parfois à contresens. 1965), ce terme sert à désigner l’un des deux
La présentation simple qui suit recense la courants opposés (l’autre étant le progres­
plupart des situations usuelles. Soient les sisme), selon lesquels on peut classer les doc­
variations dans le temps d’une grandeur éco­ trines et les réalisations du pré-urbanisme et
nomique quelconque Y dont la valeur pour de l’urbanisme. Par culturalisme, on entend
l’année t est Y, on a : mettre en évidence la nature culturelle des
— croissance nulle ou stagnation : valeurs qui sous-tendent ce courant (on en a
donné une définition au mot pré-urbanisme).
y0 = y1 = y2 =••• = y • Comme le pré-urbanisme culturaliste,
l’urbanisme culturaliste est minoritaire par
— croissance irrégulière : rapport au courant progressiste, et il ne compte
pas davantage de représentants en France et
Y0 < Y1 < Y2 ---------------------
< . . . < Yt >: dans les pays latins. Moins nostalgique que le
pré-urbanisme culturaliste, l’urbanisme cultu­
— croissance linéaire : raliste est dominé par les deux figures, bien
différentes, de C. Sitte et de Ebenezer Floward.
Y , = Y 0(l + a t ) ; Der Stâdiebau nach seinen künstlerischen
Gründsàtzen (Vienne, 1889, trad. ffanç. sous le
— croissance exponentielle : titre L ’art de bâtir les villes, Genève, 1902)
de l’architecte viennois Camillo Sitte est un
Y t = Y 0e">; ouvrage dont la complexité et l’intérêt ont été
occultés dès les années 1920 par suite des
— croissance logistique ou autofreinée : attaques et accusations de passéisme dont il a
fait l’objet de la part des progressistes, en parti­
culier S. Giedion et Le Corbusier. En fait, Sitte
accepte pleinement son époque et apprécie les
où a est le taux de croissance. progrès apportés par les ingénieurs à l’urba­
nisme régularisateur incarné par Haussmann. Il
Alors que la croissance économique a, jus­ ne cherche pas à proposer un modèle de société
qu'à maintenant, toujours été considérée ou de vie. Comme l’indique le titre de son
comme bénéfique, certains écologistes ont ouvrage (textuellement : « L’urbanisme selon
avancé récemment l’idée qu'une décroissance ses principes artistiques»), il s’intéresse à la
qui permettrait d ’économiser les ressources seule dimension esthétique de la ville, dont il
naturelles serait indispensable. La plupart des déplore que son époque l’ait perdue au profit
économistes rejettent cette approche et (ou) de ce que Alberti désignait comme ses deux
préfèrent évoquer une « autre croissance » autres dimensions fondamentales, la nécessité
plus économe de ces ressources naturelles. (de la science appliquée) et la commodité. À la
P.-H. D. et P. M. manière des utopistes, Sitte utilise une structure
en miroir pour opposer la pauvreté esthétique
-> Économie. des espaces urbains du XIXe siècle à la richesse
des espaces urbains préindustriels. L’analyse
de ces derniers lui permet de dégager des
CULTE (LIEU DE) Lieu de culte structures constantes qui prennent valeur de
modèles formels, mais dont Sitte reconnaît
lui-même qu’ils sont, à l’ère industrielle, privés
CULTURALISME de leur richesse sémantique originelle. Leur
qualité esthétique est obtenue par le jeu de la
«Néologisme d ’origine anglaise, créé au compacité du bâti, de la différenciation de ses
m ilieu du x x e siècle pour désigner une éléments, de la clôture et de l’asymétrie des
doctrine sociologique qui fait apparaître espaces. Ces modèles sont proposés seulement
?it> CYCLE DE L'EAU

itour des secteurs urbains limités, afin de rappe­ - le modèle de la cité comme entité archéty­
ler l’importance culturelle de la beauté et du pale et le statut de l’esthétique urbaine - sont
plaisir esthétique, et de leur donner à nouveau au cœur des problématiques actuelles de
une présence minimale, et peut-être inductrice l’aménagement et de l’urbanisme.
île formes historiques nouvelles. F. C.
À l’opposé de l ’architecte esthète autri­
chien, E. Howard, le père des cités-jardins (7b- - » Art urbain; Cité-jardin; Lisibilité; Postmoderne; Posturbain;
Pré-urbanisme; Urban design; Urbanisme.
morrow, 1898), est un socialiste militant dont
le modèle spatial, très élaboré, la Garden City,
renvoie à un projet complet de société dont il
n’élude aucune des dimensions politique, CYCLE DE L'EAU
sociale et économique et auquel il intègre
même certaines valeurs progressistes (rôle de Le cycle de l’eau est le parcours hypothé­
la technique). En revanche, l’esthétique ne tique d’une petite quantité d’eau partant d ’un
représente pas pour Howard une valeur clé. état initial, passant par différentes phases et
Avant que le courant progressiste n’impose états intermédiaires et revenant à son état
à l’urbanisme son hégémonie, le courant premier. Jusqu’à la fin du xvme siècle, l’opi­
culturaliste a produit de nombreuses réalisa­ nion publique occidentale était partagée entre
tions, en premier lieu dans les pays germa­ deux conceptions du cycle de l’eau: l’un
niques où le livre de Sitte a, dès sa parution, aérien, l’autre souterrain (les eaux superfi­
eu un retentissement pratique considérable, cielles s’évaporent, forment les nuages ; la
aussi bien dans les extensions de villes que pluie pénètre dans le sol, gonfle les nappes
dans la conception de cités ouvrières. En souterraines qui forment les sources).
second lieu, l’urbanisme culturaliste a eu La réalité est plus complexe et l’essentiel de
pour champ d’expérience la Grande-Bretagne l’eau douce vient des précipitations (880 mm/
où le schéma de Howard a, d’emblée, été an ou 486 milliards de m3 en moyenne en
associé à l’esthétique de Sitte avec la réalisa­ France). A l’échelle nationale, environ 65 %
tion des premières cités-jardins (cf. les inten­ des précipitations s ’évaporent, 15% ruis­
tions explicites de R. Unwin à Letchworth, sellent et 20 % s’infiltrent. À mesure qu’on
1903). Ce courant a continué ensuite d’inspi­ s’approche de la ville, la part du ruissellement
rer les trois générations de «nouvelles augmente et peut dépasser 90 % dans certains
villes » anglaises issues du New Towns Act de secteurs. Plus l’imperméabilisation des sols
1946. Le modèle de Howard est également à est importante, plus la pollution hydrique est
l’origine de quelques réalisations aux Etats- grande, plus son élimination est coûteuse,
Unis (Radbum de Cl. Stein et H. Wright, plus les inondations sont fortes.
1928, et les Greenbelt Cities construites pen­ La surface drainée par un cours d’eau et ses
dant le New Deal). Le culturalisme a parfois affluents au point topographique le plus bas,
tempéré l’inspiration progressiste des urba­ appelé exutoire, définit le bassin versant. À
nistes Scandinaves et hollandais (W. Dudock cette limite géographique de l’écoulement des
à Hilversum). On en trouve aussi quelques précipitations s’adjoint une limite hydrolo­
exemples dans les anciens pays coloniaux gique qui dépend de la nature du sous-sol et du
(cf. le quartier des Habous à Casablanca). pendage des couches géologiques. À la suite
Depuis la fin des années 1970, l’urbanisme d ’une averse, le cours d ’eau va enfler, son
culturaliste a retrouvé faveur et actualité, débit passer par un maximum, puis diminuer
comme en témoignent nouvelles traductions pour revenir approximativement à l’état initial.
et études (nouvelle trad. franç. du Stâdtebau, L’hydrogramme (courbe donnant le débit en
Paris, 1980, Camillo Sitte et l ’urbanisme fonction du temps) représente la «réponse»
moderne, Bruxelles, 1981, parD . Wieczorek; du bassin versant à la précipitation.
en anglais, réédition et mise à jour en un Pour les commodités du calcul du dimen­
volume de la traduction critique et de l’étude sionnement des réseaux d ’évacuation d ’eau
de G. et Ch. Collins, New York, 1986). pluviale, on a divisé la France en trois zones,
L’approche culturaliste est aujourd’hui valori­ affectées chacune de coefficients dépendant
sée ou même revendiquée par le postmoder­ de leurs caractéristiques climatiques, et on a
nisme. En fait, les fondements du culturalisme adopté en 1949 la formule dite de Caquot {Ins­
CYCLE DE L'IMMOBILIER 220

tructions générales pour l ’assainissement des CYCLE DE L'IMMOBILIER


agglomérations, circulaire interministérielle
du 10 juin 1976; Instructions techniques..., Comme les autres secteurs d’activité écono­
circulaire 77-284). Les développements mique, l’immobilier (production et vente de
récents de l’hydrologie urbaine suppléent les logements et autres locaux) connaît une alter­
défauts de cette formule trop simpliste. nance de périodes d’expansion et de réces­
A la différence des eaux usées, il n ’y a pas sion, au moins à titre partiel et localisé.
obligation de raccordement des eaux pluviales Toutefois, le cycle immobilier se présente
à un réseau public (art. 640 et 641 du Code de façon assez originale pour toute une série
civil). Les communes délimitent cependant de raisons :
les zones dans lesquelles l’imperméabilisation — Dans le secteur aidé, il n ’y a pas
et le ruissellement doivent être maîtrisés et de cycle à proprement parler. Les aides de
celles dans lesquelles la collecte, le stockage l’État nourrissent l’activité et fixent les prix ;
et éventuellement le traitement des eaux plu­ les hlm sont produits à leur prix plafond.
viales sont nécessaires (article L2224-10 du La production résulte assez directement
Code général des collectivités territoriales). de l’ampleur des aides à la pierre (les aides à
Ils relèvent alors d’un service public adminis­ la personne ont un effet indirect) et du bon
tratif. En outre, les projets d’urbanisation font vouloir des collectivités locales. Le maxi­
l’objet d’une autorisation lorsqu’ils sont supé­ mum de constructions a été atteint en 1974
rieurs à 20 ha ou d ’une déclaration (de 1 à (550 000 logements), précédé d ’une montée
20 ha) en raison de leur incidence sur les écou­ en régime et suivi d’une redescente. Ceci ne
lements pluviaux (art. 214-1 à 214-6 du Code concerne évidemment pas l ’immobilier
de l’environnement). d’entreprise, non aidé par l’État.
Les principes de gestion des eaux pluviales — L’«autoproduction» est très importante
ont beaucoup évolué ces dernières années pour (ménage se faisant construire un pavillon ;
plusieurs raisons : nécessité de prise en compte entreprise édifiant ses bureaux) : s’il y a un
d ’aléas plus graves que l’habituelle pluie cycle, il est lié à des circonstances générales,
décennale, inadaptation de la solution du « tout mais ne se traduit pas par des phases d’expan­
tuyau », constat de la pollution croissante des sion et de récession d’un effectif de ventes et
eaux pluviales, volonté de réintégrer l’eau à la de production en conséquence.
ville comme composante du cadre de vie — En immobilier, le marché de l’occasion
(humain, animal, végétal) et moyen de lutte est numériquement dominant, ce qui est
contre l’îlot de chaleur urbain. Il s’agit aujour­ presque inconnu dans les autres secteurs éco­
d’hui de limiter l’imperméabilisation des sols nomiques (sauf peut-être l’automobile) ; le
et de ralentir les écoulements pour étaler dans cycle est donc celui de la transaction plus que
le temps l’arrivée des eaux dans les exutoires de la production et là encore cela renvoie à des
artificiels (canaux, égouts) ou naturels questions d’économie générale, de taux d’inté­
(rivières), de favoriser la gestion amont, à rêt, de perspectives personnelles (préférence
l’échelle de la parcelle, de l’îlot ou du quartier pour l’accession, mais crainte du chômage).
et de réaliser des équipements associant la fonc­ — Le terrain est un ingrédient du prix du
tion hydraulique à d’autres fonctions urbaines. logement et celui-ci est un ingrédient des
La désimperméabilisation des sols est obte­ niveaux de loyers. Par ailleurs, ces derniers
nue par l’utilisation de chaussées poreuses, de reflètent le pouvoir d ’achat des nouveaux
tranchées filtrantes ou de noues. La plupart de locataires et une indexation assez rigide des
ces solutions sont associées au stockage des loyers des anciens locataires.
eaux dans des bassins en eau ou, plus souvent, — La proportion de ménages, propriétaires
secs, pouvant prendre la forme de jardins, de de leur logement, qui peuvent le revendre
squares, de places publiques, de terrains de pour en acheter un autre, ayant augmenté,
sport, etc. On parle alors de techniques alter­ peut produire, en cas de hausse, un méca­
natives ou compensatoires (au ruissellement). nisme accélérateur.
De ce fait, le cycle est extrêmement ample
S. B. et A. Gu. sur le marché des terrains (les prix peuvent
Bassin hydrographique; Pollution des eaux continentales;
évoluer du simple au double dans les deux
Eau. sens en une année, comme cela s ’est vu à
221 CYCLE DE L'IMMOBILIER

Paris), plus mesuré sur celui du logement neuf bas successivement en 1967,1975,1983,1991
ou d’occasion, et presque indécelable sur les et 1998. Les derniers cycles (hausse de 1984 à
loyers (sauf la partie la plus spéculative). 1991, baisse de 1991 à 1997) ont été particu­
Concernant le logement du secteur privé, lièrement amples et atypiques, quoique portés
on observe un véritable cycle (hausses et par des processus différents. Dans le cycle de
baisses des prix et de la production), particu­ 1984 à 1998, il y a eu constitution puis explo­
lièrement marqué dans les zones tendues : sion, d ’une véritable « bulle » spéculative, sui­
Paris, Côte d’Azur, etc. Le reste du territoire vie d ’une chute des prix en francs courants, ce
enregistre nettement moins de soubresauts. qui était sans précédent. Cette crise s’est tra­
L’ampleur du cycle dans l’immobilier neuf duite par un volume d ’invendus également
est fonction de l’inertie du produit : un sans précédent, notamment dans les loge­
immeuble est «fabriqué» en quatre ans et ments de luxe et les bureaux, en particulier en
constitue un objet particulièrement lourd et Île-de-France.
peu divisible. Il est très difficile de ralentir Cette ampleur exceptionnelle s’expliquait
ou d ’accélérer la production comme dans entre autres par :
d’autres secteurs (le vêtement par exemple) • les ravages du chômage sur le pouvoir
où le processus de production est éparpillé d’achat et les perspectives des particuliers et
entre une multitude de produits élémentaires des entreprises ;
dont la fabrication peut être accélérée, ralen­ • le maintien de taux d’intérêt réels élevés
tie, interrompue, reprise. malgré la baisse de l’inflation ;
Le cycle immobilier présente enfin une • des anticipations (1988-1990), qui parais­
forte originalité en ce sens que les prix et les sent a posteriori tout à fait infondées, de la part
quantités varient dans le même sens. Dans les de professionnels de l’immobilier ;
autres secteurs, des baisses de prix accom­ • une complaisance extrême du système
pagnent l’accroissement de la production (du bancaire (triplement des crédits promoteurs
moins sur le long terme), des hausses de prix et marchands de biens entre 1988 et 1990),
restreignent le marché. A court terme, l’effet chacun espérant dénouer les affaires avant
de braderie ou de « solde » résulte d’une sur­ retournement de conjoncture...
production temporaire dont la résorption revi­ Cette crise a été grave car elle s’est accom­
gore les prix. Donc prix et quantités varient à pagnée d ’une incapacité totale des emprun­
l’inverse. Ceci n ’est pas inconnu dans l’immo­ teurs à supporter les agios, et a engendré donc
bilier, mais l’effet contraire domine, résultant des pertes pour le système bancaire qui ont
de l’inertie du processus de production et des retenti sur l’ensemble du système de crédit et
anticipations des intervenants : des prix en de l’économie.
hausse peuvent faire affluer les acquéreurs Elle a été grave aussi en termes d’urbanisme
(car les prix seront encore plus élevés plus dans la mesure où les aménageurs (dont
tard), des prix en baisse peuvent les détourner I’epad et les établissements publics d’aména­
(car ils pourraient baisser encore...). Il en gement des villes nouvelles) se financent et
résulte, du moins en France dans les années financent indirectement du logement social
1990, une régulation autant par les quantités (en partie du moins) par la vente de charges
que par les prix : en phase dépressive, les ven­ foncières qui, vers 1988-1989, étaient alignées
deurs, s’ils le peuvent, se retirent du marché sur une anticipation optimiste du marché.
en attendant des jours meilleurs. Ce comporte­ Faire dépendre l’aménagement urbain du
ment est permis aux offreurs du marché de cycle de l’immobilier se révèle dangereux.
l’occasion, mais évidemment pas aux offreurs Certains analystes, constatant la durée et
d’immeubles neufs qui, en phase négative, l’ampleur de la baisse, ont mis en doute la per­
doivent consentir des baisses de prix ou sup­ sistance d’un modèle cyclique et ont craint que
porter des agios bancaires accrus. le marché demeure durablement en situation
Si l’on tente d’analyser comment se pré­ de léthargie due notamment à la disparition de
sente le cycle immobilier en France sur une l’inflation. Cette hypothèse a été infirmée par
certaine durée, on trouve, sensiblement, de la la reprise de la hausse (des volumes de vente,
fin des années 1960 à la fin des années 1990 puis des prix) en 1997 pour les bureaux et en
une périodicité de huit ans : le marché (pro­ 1998 pour les logements. Cette hausse, d ’une
duction et ventes du secteur privé) est au plus ampleur sans précédent, s’est poursuivie jus­
CYCLOMOTEUR 222

qu’en 2008 et les prix ont doublé, dépassant Le retournement du cycle initié en 1998
largement, en monnaie constante, les valeurs était annoncé depuis longtemps, la progres­
de 1990. Elle est cependant d’une toute autre sion du coût du logement n ’étant plus,
nature que celle enregistrée au cours du pré­ depuis plusieurs années, en rapport avec les
cédent cycle. Beaucoup moins spéculative, revenus des ménages. Il est cependant beau­
elle concerne l’ensemble des régions et non coup plus lent que celui du cycle précédent.
plus les seuls marchés hyper valorisés, tel que Les facteurs de pression de la demande sont
ce fut le cas dans les années 1980. Elle est en en effet inchangés, tandis que les taux d’inté­
grande partie le fruit d’un déséquilibre entre rêt demeurent bas et que l’action publique
l’offre de logements disponible et la demande s’est voulue très réactive dans le soutien
solvable exprimée, produit par : apporté au secteur du bâtiment en période
— une forte croissance de la demande de de crise économique (nouvelles mesures de
logement liée à la fois à une démographie relances de l’investissement locatif, aides
dynamique et à la baisse continue de la taille renforcées à l’accession dès 2008, etc.). Aty­
des ménages (développement de la décohabi­ pique par son ampleur et sa durée, il est dif­
tation, vieillissement de la population, etc.) ; ficile d ’anticiper l’évolution du cycle en
— une conjoncture financière favorable au cours et la poursuite ou non de la baisse des
développement du crédit, avec un fort niveau prix et des volumes de transactions. L’évolu­
de liquidités bancaires disponibles et des taux tion de ces dernières années appelle l’atten­
d’intérêt bas qui ont permis un allongement tion sur la mauvaise qualité de la prévision
des prêts et la diminution de l’apport person­ en immobilier et sur l’imprudence de s’en
nel nécessaire pour acquérir (au moins au remettre de façon croissante à un secteur
début du cycle avant la flambée des valeurs privé qui est, par nature, peu accueillant à la
immobilières) ; prospective régionale et à l’organisation de
— une production neuve insuffisante pour la production.
répondre à la demande depuis la fin de la crise A.-C. Da. et A. M.
précédente, le cycle de valorisation de la fin
des années 1990 et des années 2000 ne s’étant -> Aide à la pierre; Bureaux; Marché foncier; Spéculation.
pas traduit assez rapidement par une augmen­
tation de la construction, en particulier en Ile-
de-France. CYCLOMOTEUR Deux roues (véhicules à)
DALLE connut une grande vogue dans les années
1960, en Europe et aux Etats-Unis. Depuis,
Tablette de pierre, peu épaisse, servant à elle a fait l’objet de critiques nombreuses, sur­
revêtir le sol de certains édifices ou pièces tout à cause de son coût élevé. Aujourd’hui, il
ainsi que les voies réservées aux piétons ; par n ’est pas rare que, pour restructurer un quar­
extension, aujourd’hui, le sol artificiel sur­ tier, on démolisse totalement (par exemple à
élevé et destiné aux piétons dans certaines réa- Sartrouville) ou partiellement (par exemple au
lisations de Turbanisme (villes nouvelles, Val d ’Argent à Argenteuil) la dalle construite
nouveaux quartiers), après la deuxième guerre une génération plus tôt.
mondiale. La séparation de la dalle en tant que volume
L’idée remonte à Léonard de Vinci qui, n ’a toutefois connu de véritable vogue
dans ses Carnets, l’illustre par une série de qu’après la seconde guerre mondiale. Deux
croquis superbes et indique que cette voie types de dalles peuvent alors être distingués :
surélevée « sera exclusivement réservée à celles qui sont au fondement du projet de ville
l’usage des gentilshommes (genteli omini) et et de son fonctionnement (comme à La
qu’aucun charroi ni véhicule ne devra y circu­ Défense ou à Louvain-la-Neuve) et celles qui
ler». sont venues s’inscrire dans un contexte urbain
Cette conception fut reprise au xxe siècle, existant (Mériadek à Bordeaux ou le quartier
par E. Hénard (Rapport sur l ’avenir des Beaugrenelle à Paris). La réussite ou l’échec
grandes villes, 1910), pour qui les problèmes de ces ensembles s’est jouée sur la qualité des
posés par la ville contemporaine viennent « de interfaces entre les niveaux de sol dédiés aux
cette vieille idée que le sol de la rue doit être modes de déplacement motorisés et celui
établi au niveau du sol naturel prim itif (alors dédié aux piétons.
que) les trottoirs et la chaussée doivent être Posant les bâtiments sur une surface hors
artificiellement établis à une hauteur suffi­ sol, l’urbanisme de dalle a soulevé des pro­
sante pour laisser, en dessous, un espace blèmes juridiques spécifiques liés au rapport
capable de contenir tous les organes des ser­ de la propriété et du sol et rendu nécessaire le
vices de voirie ». recours à la notion de propriété en volume.
Si le trottoir a proposé une première solu­ Ces dalles sont par ailleurs des objets tech­
tion à la séparation des flux qui fut établie niques complexes qui ont engendré des frais
techniquement et juridiquement à partir de la de construction et de maintenance très élevés.
seconde moitié du xixe siècle, la vision de Enfin, ces mégastructures bâties se sont révé­
Hénard devait demeurer à l’état de projet. Elle lées peu évolutives et, dans des chantiers de
fut reprise et développée par certains protago­ rénovation, il apparaît que leur déconstruction
nistes du mouvement moderne, en particulier est la solution la plus pertinente en termes
L. Hilberseimer et Le Corbusier (qui inversait urbains et économiques.
les fonctions de la dalle et réservait le sol au
P. Mo. et V. S.-M. G.
piéton), mais largement appliquée seulement
après la seconde guerre mondiale. La dalle - » Béton ; Espace public ; Place ; Voie.
DATAR 224

D A TA R —» Aménagement du territoire mis à la disposition du commissaire enquê­


teur.
D É B A T PUBLIC P.M.
-+ Enquête publique.
Procédure instituée par la loi du 2 février
1995 qui a pour objet une consultation de
l ’opinion publique lors de l’élaboration de DÉBIT DE POINTE D'EAU POTABLE -► Eau
grands projets publics ou privés d’aménage­
ment. Cette procédure ne doit pas être confon­
due avec l’enquête publique, procédure plus DÉBIT D 'U N E VOIE —> Autoroute ; Capacité
formelle, qui intervient plus en aval, avant la (d'un moyen de transport) ; Voie
décision administrative, sur la base d’un pro­
jet détaillé. La nouvelle procédure concerne
aussi bien les grandes opérations publiques DÉCENTRALISATION ADM INISTRATIVE
d ’aménagement d ’intérêt national (ligne à très
haute tension dans la vallée du Verdon) que La décentralisation est l’action qui vise à
les grandes infrastructures (projet de double­ diminuer la concentration des activités, des
ment de l’autoroute A31 en Lorraine) ou des pouvoirs et des compétences dans un lieu cem
opérations privées ou parapubliques (exten­ tral physique (la région capitale le plus sou­
sion du port du Havre) à partir du moment vent) et (ou) un centre de pouvoir (l’État). On
où elles constituent un fort enjeu socio­ parle de décentralisation administrative pour
économique ou qu’elles ont un impact signifi­ un transfert de pouvoir, de compétences et de
catif sur l ’environnement. Ce n ’est pas une moyens financiers du centre vers les organes
procédure obligatoire. Elle est décidée par la subordonnés d’une collectivité et en particu­
Commission nationale du débat public qui lier de l’État vers les collectivités territoriales.
peut être saisie par le maître d’ouvrage, par Elle s’oppose à la déconcentration qui confie
une collectivité territoriale, par une associa­ ce pouvoir à des agents de l’État installés sur
tion agréée, etc. place, par exemple aux préfets ou aux maires
La commission nationale du débat public (qui est élu par ^population, mais également
est composée de 18 membres - cinq hauts représentant de l’État dans sa commune).
magistrats plus le président, conseiller d’État, La décentralisation administrative, entre­
six élus, deux représentants d’associations de prise par les lois de 1982 à 1984, n ’est cepen­
protection de l’environnement, deux représen­ dant pas, en France, à cette date, totalement
tants des usagers et deux personnalités quali­ nouvelle. La réforme, entreprise à l’initiative
fiées - nommés pour cinq ans par le Premier du ministre de l’Intérieur et de la Décentrali­
ministre. sation, G. Defferre, tire les leçons des nom­
Le débat public est organisé sur la base breuses tentatives qui se sont échelonnées au
d’un dossier établi par le maître d ’ouvrage. cours de la Ve République, sans porter atteinte
Ce dossier doit préciser les objectifs du aux deux grandes législations de 1871 sur le
projet, ses caractéristiques, ses enjeux écono­ département et de 1884 sur la commune,
miques, sociaux et environnementaux. Une adaptées à une population à dominante rurale.
commission particulière, présidée par un L’expérience de la planification nationale,
membre de la commission nationale, est ins­ jointe à un certain volontarisme économique
tituée pour organiser le débat public pour des pouvoirs publics, inspirait, dans les
chaque projet. Elle peut demander des infor­ années 1960, la recherche d’une transforma­
mations complémentaires au maître d ’ou­ tion de l’administration territoriale. En 1964,
vrage ou demander à la commission la déconcentration permit de renforcer le rôle
nationale une expertise complémentaire. La d’animation de la vie économique dans les
durée de ses travaux est limitée à quatre départements. L’articulation des processus de
mois (six mois en cas d ’expertise complé­ la planification nationale, régionale et urbaine
mentaire). C ’est le président de la commis­ (dans les grandes agglomérations) fut égale­
sion nationale qui tire le bilan du débat ment poursuivie, sans guère mobiliser les
public et adresse un compte rendu qui est « forces vives » locales, appelées à siéger avec
DÉCENTRALISATION ADMINISTRATIVE

îles élus locaux dans des commissions consul­ rieur et de la Décentralisation, en dissociant
tatives de développement économique régio­ les différentes matières de la réforme par des
nal mises en place également en 1964. lois successives qui furent adoptées par le Par­
La réforme régionale que poursuivait à lement, au cours des premières années de la
cette date une politique de modernisation éco­ législature, a amorcé un processus que l’on
nomique et d ’équipement impulsée par le peut désormais considérer comme irréver­
( 'oinmissariat du plan ne déboucha pas sur sible. La loi du 2 mars 1982 sur la transforma­
une transformation profonde de la vie admi­ tion des contrôles et de l’autorité exécutive,
nistrative. Enfin, la dispersion des communes les lois du 7 janvier et du 22 juillet 1983 sur la
françaises (au nombre de 36 682), et l’obstacle répartition des compétences, la loi du 26 jan­
qu’elle constitue à tout effort de rationalisa­ vier 1984 sur la fonction publique territoriale,
tion en milieu urbain comme en milieu rural, constituent quatre piliers fondamentaux,
tic put être surmontée, en dépit de nombreuses quelles que soient les lenteurs et les atténua­
tentatives pour promouvoir des formes de tions appelées à marquer l’achèvement de la
regroupements, volontaires ou forcés. De réforme.
toute façon, les réformes réalisées (ou tentées) Les lois de décentralisation du 7 janvier et
n’étaient pas véritablement décentralisatrices du 22 juillet 1983 ont érigé la région au rang
car elles s’appuyaient sur le renforcement des de collectivité territoriale, créant en France
représentants de l’État, préfets et chefs des quatre niveaux d’administration (État, région,
services extérieurs. Celle de 1969, qui propo­ département et commune). Les lois de décen­
sait la transformation de la région en collecti­ tralisation ont en outre posé le principe
vité locale, s’étant heurtée à une opposition qu’aucune collectivité territoriale n ’exerçait
quasi unanime de la classe politique, céda la de contrôle sur une autre, même de niveau
place, après l’échec du référendum, au statut inférieur. Elles ont prévu que l’État transfére­
de compromis de l’établissement public régio­ rait à la collectivité concernée, avec chaque
nal (1972). compétence, les moyens dont il disposait
Une logique plus purement administrative pour l’exercer : ce principe n ’a pas été sans
se substitua désormais au volontarisme écono­ soulever de multiples difficultés d’applica­
mique des années 1960, à la faveur de la tion.
«crise de société» de mai 1968, et du renver­ Ces mêmes lois ont précisé les compétences
sement de la conjoncture économique de 1973. transférées. Parmi celles-ci, on soulignera les
La décentralisation sera à nouveau au cœur des transferts suivants :
débats sur la réforme administrative, à l’occa­ — dans le domaine de l’aménagement, le
sion du rapport « Vivre ensemble » présenté plan de la région est confié aux régions, les
par O. Guichard à la demande du président de programmes d’aide à l’équipement rural au
la République, dont un élément, le regroupe­ département, les chartes intercommunales aux
ment sous la forme de « communautés de com­ communes ;
munes », souleva l’hostilité des élus. — dans le domaine de l’urbanisme, l’éla­
Un projet de loi déposé en 1978 par le boration des documents d’urbanisme - sché­
gouvernement «pour le développement des mas directeurs et plans d ’occupation des sols
responsabilités des collectivités locales», (pos) notamment - deviennent de la compé­
moins ambitieux que le rapport Guichard, tence des communes, ainsi que les autori­
proposant essentiellement des contrôles allé­ sations d’occupation du sol si la commune
gés et des redistributions de compétence est dotée d’un pos approuvé depuis plus de
(mais refusant toujours une «administration six mois, l’État conservant la responsabilité
à quatre niveaux», impliquant la consécra­ de fixer les règles générales d’urbanisme, des
tion de la région comme collectivité territo­ prescriptions nationales ou particulières (y
riale), n ’aboutit pas davantage, en raison, compris les schémas de mise en valeur de la
peut-on penser, des succès politiques des par­ mer) et les autorisations d’occupation du sol
tis d ’oppositions aux élections municipales si la commune n ’a pas de pos approuvé depuis
de 1977 et cantonales de 1976 et 1979. plus de six mois et dans certains cas particu­
liers (opérations d’intérêt national, etc.) ;
Déterminé à adopter une stratégie parle­ — dans le domaine du logement, les com­
mentaire rapide, le nouveau ministre de l’Inté­ munes établissent le programme local de
DÉCENTRALISATION ADMINISTRATIVE m

l’habitat, mais c’est l’État qui répartit les tralisation. Celui-ci serait compromis par
aides au logement ; l’imbrication des compétences prévues par là
— en matière de transports, les communes loi du 7 janvier 1983 et par les financements
établissent le plan de déplacements urbains de croisés que les lois de décentralisation avaient
l’agglomération et gèrent les services de voulu éliminer. En second lieu, l’évaluation
transport en commun, le département et la de la décentralisation en termes de respect du
région établissent les plans (départementaux droit a fait apparaître de nombreuses entorses
et régionaux respectivement) de transports et à la légalité. Si certains en imputent la respon­
gèrent les services réguliers non urbains de sabilité au système de contrôle par les préfets,
transport d’intérêt départemental ou régional les élus locaux sont par contre nombreux à
(l’Etat conservant la responsabilité du réseau dénoncer le contrôle excessif exercé sur leur
national de chemins de fer et des services de gestion financière par les nouvelles chambres
transport d’intérêt national) ; régionales des comptes.
— pour l’environnement, l’État conserve Dans le domaine de l’urbanisme, où elle a
la responsabilité des zones de protection du été systématique (élaboration des documents
patrimoine architectural, urbain et paysager d ’urbanisme et délivrance du permis de
sur proposition d’une collectivité territoriale, construire par les communes dotées d’un pos
le département étant chargé des itinéraires de ou, à partir du vote de la loi Solidarité et
promenade et de randonnée ; renouvellement urbains du 13 décembre
— les établissements scolaires sont répartis 2000, d’un plu ou d’une carte communale), la
entre l’Etat (enseignement supérieur), la région décentralisation a souvent conduit à des abus :
(lycées), le département (collèges) et la com­ déshérence de fait des schémas directeurs,
mune (écoles élémentaires et maternelles) ; révisions et surtout modifications incessantes
— les départements reçoivent en outre des POS, zac permettant de tourner les plans
diverses responsabilités, notamment celle des d’urbanisme, etc.), l’administration préfecto­
bibliothèques centrales de prêt, celle de l’aide rale et les juges administratifs ont, pendant
sociale à l’enfance, de la protection sanitaire une dizaine d’années, réagi seulement en cas
familiale, etc. d ’« erreur manifeste ». Depuis le rapport de
La loi du 6 février 1992, dix ans après le 1992 du Conseil d’État {L’urbanisme: pour
vote de celle du 2 mars 1982, a eu pour but de un droit plus efficace) cependant, les juges
corriger certaines évolutions «perverses». administratifs sont beaucoup plus vigilants et
Cette loi d’orientation relative à l’administra­ tranchent sur l’opportunité même des déci­
tion de la République visait à la fois à poser le sions contestées.
principe de la déconcentration, à améliorer le La décentralisation enfin, si elle a favorisé
fonctionnement de la démocratie locale, à per­ l’émergence d ’un mode d’autodéveloppement
fectionner le contrôle a posteriori des actes des régions et des pays, n ’a que peu profité
des collectivités locales, à renforcer enfin la aux petites communes qui n’avaient guère les
collaboration entre celles-ci. Le renforcement moyens d’exercer leurs nouvelles responsabi­
du contrôle des collectivités locales consti­ lités et ont été victimes de l’affaiblissement
tuait par ailleurs le dernier volet de la loi du des services extérieurs de l’État.
29 janvier 1993, dite «loi Sapin», relative à
la prévention de la corruption et à la transpa­ Le gouvernement Raffarin a fait d ’une nou­
rence de la vie économique et des procédures velle étape de la décentralisation administra­
publiques. tive une de ses priorités. Le projet de loi relatif
Plusieurs éléments de la décentralisation aux libertés et responsabilités locales, après le
(71 lois et 748 décrets avaient déjà été publiés vote en première lecture, avait reçu de nom­
en 1992) ont fait l’objet de controverses, mais breuses critiques de tous les horizons poli­
son caractère irréversible a été unanimement tiques : le gouvernement avait annoncé qu’il
souligné. Les transferts de pouvoir et la réor­ serait sensiblement revu avant la seconde lec­
ganisation des services qui en ont résulté ture, mais cet engagement n’a pas été tenu et la
exigent néanmoins certains nouveaux méca­ loi « Libertés et responsabilités locales » du
nismes de régulation par l’État. En effet, le 13 août 2004, qui vient après la loi du 17 mars
bilan est plus contrasté en ce qui concerne, en 2003 sur l’organisation décentralisée de la
premier lieu, le caractère achevé de la décen­ République, a été très controversée dès sa
DÉCENTRALISATION ADMINISTRATIVE
127

parution. En tout état de cause, les dispositions — les aérodromes, les aéroports et les ports
prévues ne bouleversent pas la situation dans (autres que d’intérêt national ou internatio­
le domaine de l’urbanisme et de l'aménage­ nal), les cours d ’eau, canaux et voies d’eau
ment du territoire. Le gouvernement a même sont transférés aux collectivités territoriales ;
réduit, au vu des résultats des élections régio­ — les transports : les transports non urbains
nales, le rôle des régions qui devaient avoir la de personnes ferrés ou guidés sont transférés
responsabilité du développement économique aux départements; la région Ile-de-France
et n’assureront que la coordination des actions devient majoritaire au syndicat des transports
économiques des collectivités territoriales. La d’île-de-France ( stif), dont son président
région doit adopter, après consultation des assurera la présidence ; le stif établira le plan
collectivités territoriales et des chambres de déplacements urbains de la région ;
consulaires, son schéma de développement — les relations avec la Communauté euro­
économique. En cas d’atteinte à l’équilibre péenne: l’État peut, à titre expérimental,
économique dans tout ou partie de la région, confier aux régions qui le demandent (ou à
elle assure la concertation avec les collectivités défaut à d’autres collectivités) la fonction
intéressées. Le conseil régional définit et d’autorité de gestion et de paiement dans le
décide de l’aide aux entreprises qui revêtent la cadre du programme 2000-2006 de la poli­
forme de prestations de services, de subven­ tique de cohésion économique et sociale de la
tions, de bonifications d’intérêt, de prêts à taux Communauté européenne ;
nul ou réduit. À titre expérimental et pour une — l’aide sociale : la politique d’aide sociale
durée de cinq ans, l’Etat peut confier à la (revenu minimum d’insertion, devenu en
région le soin d’élaborer le schéma régional de 2009 revenu social d’adaptation, fonds d’aide
développement économique : la région, une aux personnes en difficulté, aides aux per­
fois ce schéma adopté, devient compétente, sonnes âgées) est confiée au département ;
par délégation de l’État, pour attribuer les — le logement : les aides publiques au loge­
aides que celui-ci met en œuvre au profit des ment peuvent être déléguées par convention
entreprises. Cette compétence nouvelle de la aux collectivités territoriales (epci qui ont
région devrait avoir des incidences sur l’amé­ adopté un plan d’amélioration de l’habitat,
nagement régional et local. Mais, au vu de département dans les autres cas); le préfet
l’utilisation faite par les régions de leur com­ peut déléguer au maire par convention tout ou
pétence en matière d’aménagement régional, il partie des réservations dont il bénéficie : cette
n’est pas certain qu’elles en tirent parti pour dernière disposition est très discutable car,
favoriser un développement spatial équilibré même si le préfet peut reprendre cette attribu­
et harmonieux. tion si l’usage qui en est fait va à l’encontre de
Par ailleurs, la loi Libertés et responsabilités la politique de mixité sociale, elle risque de
locales prévoit divers transferts de compé­ rendre encore plus difficile l’attribution d’un
tence au bénéfice des collectivités territo­ logement social aux familles en difficulté ;
riales. Celles-ci concernent notamment : — l’éducation : le transfert de la gestion et
— le tourisme : les communes ou les éta­ du paiement des personnels techniciens,
blissements publics de coopération inter­ ouvriers et de services aux collectivités terri­
communale compétents peuvent créer des toriales: cette disposition a été vivement
offices du tourisme ; contestée, même si les personnels concernés
— la politique d’apprentissage et de for­ ont pu opter entre le statut de fonctionnaire
mation professionnelle des jeunes et des d’État (ils sont alors détachés auprès de la
adultes est confiée à la région ; collectivité territoriale en charge de l’établis­
— le réseau routier : les routes nationales sement où ils exercent) et celui de fonction­
ayant un intérêt départemental (c’est-à-dire naire territorial.
sauf les grands itinéraires nationaux) sont Ces transferts de compétences s’effectuent,
transférés au domaine public départemental ; comme lors de la décentralisation de 1983,
les collectivités territoriales pourront instituer avec compensation par l’État des charges cor­
des péages sur la voirie dont elles ont la respondantes. Le gouvernement a insisté sur le
charge et bénéficieront des attributions du fait que cette compensation financière serait
Fonds de compensation de la TVA pour leurs intégrale, concomitante (aux transferts de com­
investissements de voirie ; pétence), contrôlée (par une commission ad
DÉCENTRALISATION DES ACTIVITÉS 228

hoc du comité des finances locales et conforme mines et la sidérurgie dans le Nord-Pas-de-
à l’objectif d’autonomie financière des col­ Calais et en Lorraine par exemple).
lectivités territoriales). Mais, outre que les La décentralisation d’activités peut prendre
collectivités territoriales redoutent que la plusieurs formes :
compensation ne soit pas complète, elles — transfert de l’ensemble de l’entreprise (y
craignent qu’une partie seulement soit com­ compris son siège social) : ce cas est assez rare ;
pensée par transfert de ressources fiscales et le — transfert d’un établissement de l’entre­
complément par augmentation des dotations de prise, notamment pourpermettre son extension ;
l ’Etat vers les collectivités concernées. Le — création d’un nouvel établissement pour
risque est qu’elles doivent augmenter leur fis­ faire face à la croissance de l’entreprise ou au
calité (parce que les ressources transférées regroupement d ’activités disséminées dans
seront insuffisantes) et que néanmoins une par­ plusieurs établissements : c’est le cas le plus
tie croissante de leurs ressources ne provienne fréquent.
de transferts de l’État sur lesquels elles La politique de décentralisation est très liée
n’auront, à la différence de leurs recettes fis­ à la politique d ’aménagement du territoire
cales, aucun moyen d’action. De fait, la plupart et, aux débuts de celle-ci, elle en a été, en
des conseils régionaux et de nombreux conseils France, l’aspect dominant, voire le seul. Par la
généraux, ont sensiblement accm leur fiscalité suite, cependant, le ralentissement écono­
après les élections régionales de 2004 et géné­ mique freinant la décentralisation, l’accent a
rales de 2005 en le justifiant par une compen­ été mis sur la mise en valeur des potentialités
sation insuffisante des transferts de compé­ des régions : ainsi, la décentralisation n ’appa­
tences. raît-elle que comme un moyen parmi d ’autres
P. M. et Y. P. pour réduire les disparités régionales.
Pour mettre en œuvre une politique de
Autonomie financière et fiscale des collectivités; Décen­
tralisation {des activités); Déconcentration; Département;
décentralisation, on peut recourir à divers
Dotation globale d'équipem ent; Dotation globale de décen­ moyens, ressortissant de la réglementation,
tralisation; Dotation globale de fonctionnement; État; Projet
d'intérêt général; Région.
des finances ou de l’aménagement :
— Sur le plan réglementaire, une autorisa­
tion spéciale peut être exigée, indépendam­
ment du permis de construire, pour toute
D ÉCEN TR ALISATIO N DES ACTIVITÉS création ou extension d’activités. La Grande-
Bretagne a ainsi créé en région de Londres en
La décentralisation des activités est le pro­ 1947 (puis dans les Midlands) un Industrial
cessus, spontané ou planifié, de délocalisation Development Certificate pour les industries et
de tout ou partie de certaines activités (ou de en 1964 un Office Permit pour les bureaux en
leurs extensions prévues) d’une zone centrale région de Londres. La France a institué l’agré­
vers des zones moins centrales. Lorsqu’elle ment pour toute construction ou extension
est planifiée, elle prend la forme de mesures (industrie depuis 1955, bureaux et recherche
réglementaires, financières et fiscales visant à depuis 1967). Le seuil, initialement fixé pour
encourager les entreprises à s’installer hors de les usines à 500 m2 par opération a été relevé à
la région centrale, et éventuellement de préfé­ 1 500 m2 en 1972, puis à 3 000 m2 en 1985,
rence dans certaines régions prioritaires. La réduit à 1 000 m2 en 1995, et est depuis 2000 de
région centrale est le plus souvent la capitale 5 000 m2 pour l’industrie (usines et entrepôts)
(ce fut le cas pour Londres, Paris, Moscou et et de 1 000 m2 pour les bureaux et la recherche.
Budapest notamment), parfois une conurba­ — Sur le plan financier, on peut instituer
tion dominante (la Randstad Holland) ou un des taxes supplémentaires à acquitter lors de la
bassin d ’emploi congestionné (la Ruhr en création de nouvelles activités dans les régions
Allemagne, la Silésie en Pologne). Les zones où la concentration est jugée trop forte et des
prioritaires peuvent être celles qui sont peu primes en faveur des entreprises qui s’im­
développées (et en particulier peu industriali­ plantent dans les régions prioritaires. Le sys­
sées), celles qui souffrent d ’un déficit tème a été mis en place dès 1945 en Grande-
d ’emplois, en particulier les régions sujettes à Bretagne, au détriment de la région de Londres
une reconversion à la suite du départ ou du et au bénéfice des Development Districts dont
déclin d’activités longtemps dominantes (les le contour a été modifié depuis à plusieurs
m DÉCENTRALISATION DES ACTIVITÉS

reprises. En France, de 1960 à 1982, ont existé négociation préalable avec les responsables
îles redevances payées par les entreprises de la politique de décentralisation avant de
s'implantant en région parisienne. Depuis déposer officiellement leur dossier. Depuis la
1960 également, existent des primes en faveur crise du pétrole (milieu des années 1970), la
des régions prioritaires (primes d’aménage­ procédure d’agrément est beaucoup moins
ment du territoire depuis 1982). Ces mesures sévère et surtout utilisée pour orienter Ales
peuvent être complétées par des incitations activités vers les secteurs prioritaires de l’Ile-
fiscales (dégrèvement des impôts locaux, de-France (villes nouvelles en particulier).
notamment de la taxe professionnelle, règles
plus favorables d’amortissement des investis­ La décentralisation,peut également concer­
sements, réduction du droit de mutation...) ou ner les activités de l’État ou placées sous son
par des prêts à taux préférentiel en utilisant les contrôle. En France, depuis le décret du
moyens du fiat (Fonds d’intervention de 24 octobre 1967, le Comité de décentralisation
l’aménagement du territoire) et du fad (Fonds - remplacé depuis le décret du 14 janvier 2002
d’aide à la décentralisation) jusqu’en 1994 et, par le Comité pour l’implantation territoriale
depuis 1995, du fnadt (Fonds national d’amé­ des emplois publics ( citep), lui-même sup­
nagement et de développement du territoire) primé par le décret du 12 novembre 2007 -,
qui remplace le fiat, le fidar, les crédits de avait pouvoir de décision pour les activités du
restructuration des zones minières (girzom) et secteur public (avec cependant possibilité
d’implantations des activités hors de la région d’appel du ministre de tutelle auprès du Pre­
Île-de-France (fad). Sa création a entraîné en mier ministre). La décentralisation des activi­
outre la disparition d’autres fonds interminis­ tés dépendant de l’État a été mise en avant à
tériels liés à la politique d’aménagement du plusieurs reprises, mais limitée par la résis­
territoire, notamment le fiam (Fonds d ’inter­ tance des personnels concernés : elle s’est sou­
vention pour l’autodéveloppement en mon­ vent traduite par des implantations dans la
tagne) et le frile. Il a été doté, à sa création, circonscription électorale du ministre de tutelle
en 1995, de 1,391 milliard de F de crédits de ou d’un élu bien placé. Cette politique a été
paiement et de 2 milliards d’autorisations de spectaculairement relancée par Édith Cresson
programmes. En 2004, ces chiffres s’élevaient en 1991 sous le terme de délocalisation: le
respectivement à 183 et 277 millions. En transfert en province de plus de 10 000 emplois
2003, 258 millions ont été effectivement (y compris des stagiaires) a ainsi été décidé
engagés, mais une faible partie concernait la dans son principe (approximativement pour
décentralisation des activités. moitié entre les emplois de l’État proprement
— Sur le plan de l’aménagement, par des dit et ceux des organismes publics qu’il
mesures d’incitation destinées à attirer les contrôle). Cette politique a été confirmée par
entreprises dans les régions à développer: les gouvernements suivants. L’objectif a
réalisation prioritaire d’équipements publics même été porté en 1993 à 30 000 emplois
(scolaires et universitaires notamment), amé­ avant la fin du siècle. Les principes du volonta­
lioration des liaisons (autoroutes, liaisons riat, du maintien des missions des services
aériennes, etc.), effort de formation profes­ publics et d’indemnités aux personnes concer­
sionnelle, tentative de regroupement des nées ont été retenus. Bien que cette politique
entreprises en centres locaux ou régionaux, ait été confirmée par les gouvernements sui­
etc. Une telle politique a été, par exemple, vants, elle a dû faire face à l’opposition des
mise en œuvre, sans procédure réglementaire personnels et ne se réalise qu’à un rythme
ni taxes particulières, pour assurer la décen­ plus lent que prévu. Ces mesures devaient
tralisation, à partir de la Randstad (conurba­ s’accompagner de desserrements spectacu­
tion de l’ouest du pays), vers l’est et le nord laires, notamment ceux de la datar et du
des Pays-Bas dans les années 1950 à 1975. Commissariat au Plan en Seine-Saint-Denis :
En pratique, les grandes entreprises négo­ ces derniers au moins ne se sont pas concréti­
ciaient le plus souvent avec leur ministère de sées. Ces objectifs avaient généralement été
tutelle et la datar un programme d’implan­ accueillis avec scepticisme. De fait, en 1993,
tations à moyen terme appelé contrat de un rapport officiel se montrait pessimiste : la
décentralisation. Les entreprises moyennes mise en œuvre de cette politique par l’adminis­
entreprenaient également le plus souvent une tration elle-même était lourde de risques de
DÉCHETS 230

blocages et de retards ; la distance géogra­ décentralisation, puis les programmes de délo­


phique pouvait nuire à la proximité organisa­ calisation des services de l’Etat ou soumis à
tionnelle des administrations ; les effets son contrôle. La Délégation interministérielle
structurants des délocalisations sembleraient à l’aménagement et à la compétitivité des terri­
réduits ; ces délocalisations seraient coûteuses. toires (diact) a succédé, de 2006 à 2009, à la
Pourtant, quelques délocalisations significa­ datar, mais il est clair que la décentralisation
tives ont été décidées dès 1991 (4 700 emplois des activités n ’est plus une priorité, pas plus
venant du cnrs, du service technique de la que pour la nouvelle datar (Délégation inter­
navigation aérienne, de la seita et surtout, sur ministérielle à l’aménagement du territoire et à
le plan symbolique, transfert de I’ena à l’attractivité régionale).
Strasbourg) ; 7 000 délocalisations d’emplois
ont été décidées en 1992. Au total, le dernier P. M.
bilan, établi au 30 juin 2001, recensait plus de -> Aménagement du territoire; Bureaux; Décentralisation
24 500 emplois délocalisés depuis 1991 ou en administrative; Desserrement; Industrie; Localisationdes
activités; Prime d'aménagement du territoire; Redevance.
cours de délocalisation. Ce chiffre est à compa­
rer aux 23 000 emplois environ décentralisés
de 1960 à 1990. Les transferts officiellement DÉCHETS
décidés totalisaient environ 36 000 emplois.
L’objectif initial a donc été atteint, avec On emploie souvent, sans distinction pré­
quelques années de retard, puis dépassé. cise, trois termes qui ne sont pas exactement
La relance de la politique de décentralisa­ synonymes :
tion des activités, freinée après la crise de — les déchets sont les résidus de matière,
l’énergie, concerne également les activités du récupérables ou non, laissés à la suite d’une
secteur privé. Le fad avait concerné une opération de fabrication ou de consommation ;
dizaine de projets par an pour 300 emplois en — les résidus sont les restes de substances
moyenne jusqu’en 1992. Depuis 1992, il en à la suite de l’intervention de divers agents,
concerne une soixantaine par an, représentant lors d’une fabrication ou d’une transforma­
plus de 3 000 emplois. L’objectif a été tion, naturelle ou non ;
rehaussé par le comité interministériel d’amé­ — les ordures sont des déchets présentant
nagement du territoire à 5 000 en 1993 et à un caractère repoussant (latin : horridus ;
6 500 en 1994. Ces chiffres demeurent cepen­ vieux français : ord).
dant modestes par rapport à ceux de la période Pour éviter le caractère péjoratif de cette
antérieure à la crise pétrolière (450 000 emplois expression, et le caractère limité de la seconde,
de 1955 à 1973, soit environ 24 000 par an en il semble préférable, comme le font les textes
moyenne). Il ne semble pas que ces objectifs, officiels, d’utiliser l’expression de déchets.
pourtant modestes, aient été atteints. En 1998, Les déchets comprennent :
il n’y a eu que 9 opérations privées de déloca­ — Les déchets ménagers (ordures ména­
lisation (une centaine d ’emplois au total) gères) dont la composition varie dans le
aidées par le fnadt. Aucun objectif ni aucun temps, mais qui comportent des matières com­
bilan n’a été publié depuis. En fait, face aux bustibles, des matières inertes et des matières
problèmes de chômage, y compris en Île-de- putrescibles. Les premières augmentent et
France, la politique de décentralisation des représentent près de la moitié du total. Les
activités a été à nouveau oubliée. volumes de déchets sont mal connus et font
La Délégation à l’aménagement du territoire l’objet d’évaluations (les chiffres publiés par
et à l’action régionale (datar) a été, en France, I’ademe sont eux-mêmes souvent différents).
le maître d’œuvre de la politique de décentrali­ On distingue les déchets ménagers au sens
sation des activités, comprise comme un volet strict, c’est-à-dire hors déchets collectés par
essentiel (mais non le seul, bien qu’il ait été les collectivités, mais provenant d’autres
longtemps prépondérant) de l’aménagement sources que les ménages, et au sens large com­
du territoire. Elle a notamment géré le fiat et prenant toutes les sources. Les déchets ména­
le fad et gère, depuis 1995, le fnadt. Elle a gers représentent des tonnages considérables
joué un rôle souvent décisif au sein du Comité dans les pays développés. Leur production se
de décentralisation (puis du citep) et négocié situe autour de 500 kg par habitant et par an
avec les grandes entreprises les contrats de dans la plupart des pays développés (517 kg en
m DÉCHETS

moyenne en 2006 dans l’Union européenne, La collecte quotidienne est la plus fré­
536 kg en France), mais au double aux États- quente dans les grandes villes, mais, même en
I luis. Elle a beaucoup augmenté (175 kg en France, une minorité de la population ne
France en 1960), mais cette croissance semble bénéficie que d ’une collecte hebdomadaire
interrompue à la faveur des préoccupations ou d’une fréquence de deux ou trois fois par
environnementales. Leur poids est plus impor­ semaine. On estime l’investissement pour une
tant dans les grandes villes. Leur volume (envi­ benne a près 150000 € et les besoins à une
ron 81 par jour et par habitant à Paris) augmente benne pour 6 000 habitants. Une desserte
plus vite que leur poids car les emballages, de sélective est souvent assurée pour le verre et
plus en plus importants (près de 60 % à Paris), pour les papiers et emballages.
sont plus légers que les matières putrescibles et Des méthodes automatiques ont été expéri­
surtout que les matières mortes (cendres). Au mentées. Elles utilisent :
total, ces déchets dits ménagers représentent — le mode hydraulique (par les éviers munis
.14 millions de tonnes (en 2006). d’un broyeur). Ce procédé, utilisé dans les
— Les déchets encombrants : appareils années 1930 dans certains ensembles de loge­
ménagers et autres hors d’usage, automobiles ments de la région parisienne, a été abandonné ;
hors service, etc., représentent 2 millions de — le mode pneumatique (les vide-ordures
tonnes par an en France. On estime que 1,3 mil­ sont reliés par des conduites à une centrale
lion de véhicules hors d’usage sont aban­ de stockage) : apparu en Suède, il est utilisé à
donnés chaque année. Grenoble-Échirolles et dans quelques villes
— Les déchets industriels sont les plus nouvelles (Tsukuba, au Japon), mais il est coû­
importants : en France en 2006, 350 millions teux en investissement, s’il est économique en
de tonnes de déchets dits inertes (matériaux de fonctionnement).
construction, déchets des mines et carrières) et Le ramassage des déchets encombrants
86 millions de tonnes de déchets provenant de suppose un service spécial, périodique ou à
l’industrie de transformation, dont 10 millions la demande. Certaines villes (Paris) déposent
de tonnes de déchets considérés comme dan­ des bennes a cet effet en certains lieux. Mais,
gereux, voire toxiques. Les volumes les plus le plus souvent, ces dépôts ont lieu dans des
importants proviennent de l’industrie du bois, décharges. Celles-ci peuvent être :
de celle des papiers, cartons et imprimerie et de — sauvages : dépôts non autorisés, souvent
la métallurgie. en bord de voie ou en forêt ;
— Les boues d’épuration dans les usines — brutes : entassements de déchets dans
de traitement des eaux (15 millions de mètres un lieu prévu à cet effet ;
cubes par an) représentent 750000 t de — contrôlées : dépôts, souvent après
matière sèche. broyage ou compactage, recouverts chaque
— Les déchets de l’agriculture et de la jour de terre ou d’un autre matériau inerte
sylviculture (374 millions de tonnes en 2006). pour un coût de 10 à 20 €/t.
— Les déchets nucléaires enfin posent des Les décharges doivent être situées à l’écart
problèmes particuliers de traitement et de des habitations. Les décharges contrôlées sont
protection. souvent destinées à une urbanisation ulté­
rieure et constituent un moyen de remblaie­
Les problèmes soulevés par les déchets sont ment, en particulier de terrains destinés à
ceux de leur collecte et de leur traitement. devenir des espaces verts ou des terrains de
Si, en France, la collecte, au moins hebdo­ sport. On estime qu’il faut prévoir 5 à 10 ha
madaire, des déchets ménagers est obligatoire de décharge contrôlée pour 100 000 habitants.
dans les communes de plus de 500 habitants Les déchets chimiques très toxiques et les
et est assurée pour la quasi-totalité de la popu­ déchets radioactifs sont enfermés dans des
lation, il n’en va pas de même dans beaucoup conteneurs étanches et enfouis profondément
de pays, non développés en particulier. La col­ dans le sol ou immergés dans des fosses marines.
lecte traditionnelle est manuelle et s’effectue Leur toxicité pouvant durer très longtemps,
dans des bennes broyeuses. Les améliorations la sécurité de ces procédés n’est pas absolue.
visent à augmenter l’hygiène (sacs perdus et Le traitement des déchets, outre le compac­
clos, conteneurs ajustables aux bennes per­ tage dans des décharges contrôlées, fait appel
mettant un versement automatique, etc.). au compostage et à l’incinération. Le compos­
DÉCHETS 232

tage est un traitement par broyage et fermenta­ est peu efficace. La loi du 15 juillet 1975
tion des déchets urbains (ordures ménagères, oblige les producteurs à justifier des modes
boues d’épuration) qui permet de produire un d’élimination de leurs déchets. Elle a institué
engrais fertilisant, appelé compost. Environ une Agence nationale pour la récupération et
15 % (5 millions de tonnes) des ordures ména­ l’enlèvement des déchets (anred), fusionnée
gères sont traitées ainsi en France : le prix de à partir de 1991 au sein de l ’Agence de
revient (environ 20 € la tonne) est supérieur l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
au prix de vente du compost. (ademe). Il existe environ 300 centres de sto­
L’incinération est encore un peu plus coû­ ckage (de moins en moins nombreux pour
teuse. La combustion des déchets permet de des raisons environnementales, mais de plus
récupérer l’énergie produite (courant électrique, en plus importants), 280 centres de tri,
chauffage urbain). En France, la production cor­ 110 usines de récupération, 95 centres de
respondante s’est élevée en 2004 à 3,8 milliards compostage ou de méthanisation et encore
de kWh d ’électricité (permettant d ’éclairer 20 incinérateurs sans récupération d ’énergie.
quelque 800 000 logements) et à 10,85 milliards Quel que soit le procédé utilisé, la collecte
de kWh sous forme de chaleur (permettant de et le traitement des déchets sont coûteux. En
chauffer environ 600 000 logements), ce qui incluant le coût de la précollecte (effectuée
représente près de 2 millions de tonnes équi­ dans les immeubles), le coût de la collecte est
valent pétrole (environ 1 % de la consommation très élevé et peut dépasser 100 € la tonne. Le
française). Les résidus (environ 10% en traitement coûte environ 30 € par tonne, mais
volume et 25 % en poids) doivent être stockés les produits ou l’énergie produits peuvent être
dans une décharge contrôlée. Si ce procédé per­ vendus. Le coût résiduel de la collecte et du
met des économies d’énergie, il est polluant traitement (100 € en moyenne) est couvert, en
(fumées). Les usines d’incinération sont surtout France, par la taxe d’enlèvement des ordures
utilisées en milieu urbain (il faut desservir plu­ ménagères (dont l’assiette est le revenu pris
sieurs dizaines de milliers d’habitants) : en en compte pour l’imposition du foncier bâti),
France, 35 % des ordures ménagères sont inci­ dont les communes peuvent remplacer le pro­
nérées pour produire de l’énergie (électricité ou duit par une redevance d’enlèvement (loi du
chaleur) et guère plus de 1 % sans production 30 novembre 1974), dont l ’assiette est le
d’énergie. En France, plus de 15% (environ volume des déchets. Dans le premier cas, les
6 millions de tonnes) sont recyclées. Ce recy­ usagers autres que les ménages paient une
clage implique un tri sélectif des déchets, ce qui redevance spéciale. La seconde formule cor­
suppose des conteneurs séparés pour le verre et respond mieux au service rendu, mais la pre­
pour les papiers et les emballages, voire, dans mière est sans doute socialement plus juste.
l’idéal, pour les piles sèches, certains métaux, Le coût total de la gestion des déchets dépas­
etc. Pour les déchets ménagers, la part du tri sait, en 2004, 11 milliards d’€ (1,6 milliard
sélectif augmente rapidement : 38 % en 2000, d’investissements et 9,5 milliards de dépenses
47 % en 2006, plus de la moitié actuellement. de fonctionnement). Il était financé à 59 % par
C’est également le rôle des déchèteries (il y en a les ménages et les collectivités. La taxe et la
environ 4 000 en France) couvrant les deux redevance d ’enlèvement des ordures ména­
tiers des communes et les quatre cinquièmes de gères.
la population. Elles reçoivent les déchets non Si la collecte des déchets est liée à des pro­
ménagers (surtout les déblais et gravats, les blèmes d’hygiène, leur traitement peut donner
déchets verts et les encombrants), en valorisent lieu à des problèmes à long terme (déchets
environ la moitié (proportion en rapide crois­ nucléaires ou toxiques) ou à large échelle :
sance) et placent l’autre moitié dans des centres certains déchets sont, en effet, transportés sur
de stockage. Il ne reste donc plus que moins du de longues distances, franchissant les fron­
tiers des déchets ménagers à être stockés dans tières. Les rejets en mer (boues rouges du trai­
des décharges et cette proportion diminue rapi­ tement de la bauxite) peuvent polluer les côtes
dement (50 % en 1995,43 % en 2000). à de grandes distances : la Côte d ’Azur par les
boues rouges italiennes, la côte d’Aquitaine
La collecte et le traitement des déchets par les déchets espagnols, les eaux du Rhin
sont réglementés. Le Code pénal punit les par les sels des potasses alsaciennes, etc.
décharges sauvages, mais cette disposition Les pouvoirs publics se soucient de plus en
Ï3 3 DÉCONCENTRATION

plus de limiter le volume des déchets et de D ÉC O N C EN TR A TIO N


développer les modes de traitement préfé­
rables sur le plan environnemental (recyclage Le processus de la déconcentration, amorcé
cl compostage notamment). La loi du sous l’Empire, consiste pour le gouvernement
13 juillet 1992 a imposé l’établissement de à déléguer un pouvoir de décision à des auto­
plans départementaux et de plans régionaux rités administratives implantées localement.
des déchets qui doivent présenter une pers­ Ce transfert s’effectue normalement par un
pective à cinq ou dix ans des actions de décret. Mais l’autorité déconcentrée demeure
modernisation de la gestion des déchets, avec une autorité étatique, soumise au pouvoir hié­
pour objectifs leur recyclage et leur valorisa­ rarchique du pouvoir central.
tion. Plusieurs décrets, en 2005, sont venus On appelle chef-lieu le centre administratif
préciser les conditions de collecte et de traite­ d ’une circonscription territoriale. Depuis le
ment de certains types de déchets (déchets début du XIXe siècle, chaque administration
ménagers, équipements électriques et électro­ centrale ayant eu tendance à instituer pour ses
niques, déchets d ’imprimés, etc.). Les solu­ besoins propres de nouvelles circonscriptions
tions consistent à mettre l’élimination des spéciales, un certain désordre en résultait,
déchets à la charge du producteur du bien en auquel les réformes des années 1960 ont tenté
échange d’un léger supplément de prix. En de porter remède.
2004, a été adopté un plan national de préven­ Les circonscriptions administratives géné­
tion des déchets, mais celui-ci paraît bien rales de l’État, qui sont au nombre de cinq
timide, comportant davantage d ’objectifs - région, département, arrondissement, can­
généraux et de recommandations que de ton et communes - n ’ont plus aujourd’hui la
mesures précises. Enfin, le projet de loi sur même importance. Si celle de la région, très
les déchets, prévu à la suite du Grenelle Envi­ récente, va croissant, celles de l’arrondisse­
ronnement, fixe comme objectif une diminu­ ment et du canton sont devenues mineures, et
tion, avant 2012, de 15 % du volume placé en le nombre de services administratifs auxquels
centres de stockage. L’opinion y est pourtant ils servent de cadre est réduit.
préparée comme le montrent la stabilisation Il y a superposition des circonscriptions
du volume des déchets depuis quelques administratives de l’État délimitant la compé­
années et l’acceptation assez bonne du tri tence territoriale des autorités déconcen­
sélectif. trées et des collectivités territoriales issues de
F. D.-D. et P. M.
la décentralisation (région, département,
commune). Jusqu’en 1982, il y avait généra­
Assainissement; Chauffage; Propreté; Taxe d'enlèvement lement cumul des deux fonctions de décision
des ordures ménagères. sur les affaires concernant soit la collectivité
territoriale, soit l’État, dans la circonscription
considérée (théorie du «dédoublement fonc­
DÉCLARATION D 'IN TE N TIO N D'ALIÉNER tionnel ») : dans le département, par exemple,
- » Préemption le préfet, représentant du gouvernement, était
aussi l’exécutif du conseil général et donc,
dans les faits, représentait à la fois l’État et
DÉCLARATION D 'U TILITÉ PUBLIQUE la collectivité départementale.
-> Expropriation La loi du 2 mars 1982 a procédé à une
séparation complète des autorités représentant
l’État et de celles représentant les collectivités
DÉCLARATION PRÉALABLE DE TR A V A U X territoriales, au moins pour le département et
—> Permis de construire la région. Au niveau communal, le « dédou­
blement fonctionnel » joue toujours, le maire
exerçant certaines compétences au nom de
DÉC LASSEM EN T —» Classement l’État, tout en étant l’exécutif de la collectivité
temtoriale. Les institutions administratives de
l’État sont donc déconcentrées à travers deux
DÉC O H AB ITATIO N -> Taux d'occupation séries d’institutions :
des logements — L’institution préfectorale, héritière loin-
DÉCROISSANCE 234

taine de celle de l’intendant de l’Ancien DÉLAISSEM EN T (DROIT DE)


Régime, créée en l’an VIII par Bonaparte.
L’institution préfectorale se retrouve, depuis Le droit de délaissement est le droit donné
1982, au niveau du département (préfet), de à un propriétaire foncier, dans certains péri­
l’arrondissement (sous-préfet) et, depuis 1964, mètres et sous certaines conditions, de mettre
de la région (préfet de région qui est préfet du en demeure une collectivité publique d’acqué­
département chef-lieu de la région). L’autorité rir ce terrain. La possibilité de « délaisser» est
des préfets - en particulier de département - en général ouverte aux propriétaires dont les
s’exerce sur l’ensemble des services extérieurs terrains sont soumis à des réglementations ou
de l’État installés dans leur circonscription. à des servitudes qui restreignent sévèrement
— Les services extérieurs des ministères, pour le propriétaire la libre disposition de son
en tout cas pour les ministères « lourds », ce bien. Ce droit s’applique, par exemple, en
qui est à l’évidence le cas du ministère de France, dans les zones d’aménagement dif­
l’équipement et de l’urbanisme (et souvent féré : le propriétaire peut, un an après la créa­
chargé en outre du logement, de l’aménage­ tion de la zone, demander au bénéficiaire du
ment du territoire, du tourisme et/ou des trans­ droit de préemption d’acquérir son terrain. En
ports), disposent de représentants à tous les cas de refus de ce dernier, le terrain cesse
échelons territoriaux : région (directeur régio­ d’être soumis au droit de préemption.
nal), département (directeur départemental), et Le droit de délaissement est également
même parfois arrondissement (chef de sub­ ouvert, dès publication d’un plan d’occupa­
division administrative, mais dans certains tion des sols ou d’un plan local d ’urbanisme,
départements seulement). La loi du 2 mars au propriétaire d ’un terrain dont l’emplace­
1982 et la loi du 7 janvier 1983 prévoient le ment est « réservé » pour un ouvrage public,
transfert au département des services de l’État une voie publique, une installation d ’intérêt
correspondant à ses compétences. Dans général ou un espace vert. Il est également
l’attente d’un tel transfert, ou lorsque celui-ci ouvert dans les associations foncières urbaines
est impossible, le préfet les met à disposition non volontaires.
«en tant que de besoin» du président du
conseil général. Pour les directions départe­ v. R.
mentales de l’équipement (comme d ’ailleurs -> Emplacements réservés aux équipements publics; Préemp­
tion.
pour celles de l’agriculture ou de l’action sani­
taire et sociale), la différenciation des activités
relevant de l’État et du département a en effet
soulevé de nombreuses résistances et des dif­ D ÉLÉGATIO N À L'A M ÉN A G E M EN T
ficultés réelles liées à la complexité des tâches. DU TERRITOIRE E T À L'ACTIO N RÉGIONALE
Y. P. (DATAR) —> Aménagement du territoire

- » Décentralisation administrative; Département; État.

DÉLÉGATIO N À L'A M ÉN A G E M EN T
E T À LA CO M PÉTITIV ITÉ DES TERRITOIRES
DÉCROISSANCE —►Croissance (DIACT) — Aménagement du territoire

D ÉGR AD ATIO N DE L'EN VIR O N N EM EN T DÉLÉGATIO N À LA Q UALITÉ DE LA VIE


—> Environnement E T A U DÉVELO PPEM ENT SOCIAL URBAIN

Créée en 1978, dans le cadre du ministère


D ÉGR AD ATIO N DE L'H A B ITA T de l’Environnement et placée sous la direction
■-> Délinquance; Insalubrité (habitat, d’un délégué nommé par décret, la Délégation
logement) ; Obsolescence ; Rénovation à la qualité de la vie et au développement
urbaine urbain avait pour mission « d’étudier, de pro­
poser et, le cas échéant, de mettre en œuvre
les mesures concourant à la qualité de la vie ».
D ÉGUERP ISSEM ENT —►Banlieue ; Bidonville Elle devait :
235 DÉLINQUANCE

— protéger les milieux et les cadres de vie ; déracinement. Cette perspective a conduit à
— aménager les rythmes de vie ; souligner les rôles des facteurs urbains et
— améliorer les loisirs et la vie associative. spatiaux dans l’étiologie de la délinquance:
La délégation était chargée essentiellement la ligne d’implantation, l’environnement et
d’actions de coordination. Mais elle était plus l’habitat, particulièrement les rapports de voi­
précisément responsable des études d’impact, sinage, se révèlent générateurs de tensions et
dont elle définissait les contenus et dont elle de délinquance. Mais il s’agit plus de fac­
pouvait examiner certaines. Elle gérait le teurs d ’accélération que de causes de la
Fonds interministériel pour la qualité de la délinquance.
vie (fiqv) et préparait les décisions du Comité Un deuxième courant théorique privilégie
interministériel pour la qualité de la vie les thèmes de la tension et de la frustration.
(CIQV). En répartissant inégalement les biens, la
F. D.-D.
société développe chez les acteurs défavorisés
des tensions qui ne peuvent être réduites que
-+ Environnement. par des moyens illégitimes. Les sujets se
tournent alors vers des stratégies délinquantes
afin de satisfaire des aspirations conformistes.
DÉLÉGATION INTERMINISTÉRIELLE En troisième lieu, on note que la délin­
À LA VILLE (DIV) -* Banlieue; quance est apprise dans un milieu spécifique.
Contrat d'agglomération ; Contrat de ville; Certains sociologues insistent sur la formation
Grand ensemble ; Grand projet de ville (gpv ) ; de sous-cultures délinquantes et sur les moda­
Grand projet urbain (gpu ) ; Pacte de relance lités de l’apprentissage de la délinquance.
pour la ville ; Rénovation urbaine ; Celle-ci procéderait de choix normatifs spéci­
Zone franche urbaine (zfu ) fiques dans une sous-culture de classe ou
dans une sous-culture de délinquance organi­
sée, de « milieu ».
DÉLINQUANCE La quatrième orientation, celle qui domine
en France aujourd’hui, essaie d’expliquer la
La sociologie de la délinquance s’est délinquance en termes d’étiquetage. Dans la
construite contre les interprétations du mesure où il apparaît que la délinquance
« crime » en termes de faute morale et de per­ connue est très largement inférieure à la délin­
sonnalité criminelle. Durkheim explique que quance réelle et où la population délinquante
la délinquance est un phénomène « normal », est très largement recrutée dans les groupes
non en raison des motivations de l’acteur, défavorisés, marginalisés et stigmatisés, il est
mais parce que le châtiment qui lui est loisible de considérer que la délinquance est
appliqué relève d ’états «norm aux» de la construite par divers agents et par des acteurs
conscience collective. Le contrôle social pré­ qui ont la capacité d’étiqueter les délinquants,
cède une délinquance nécessaire à son expres­ de les désigner comme tels et de leur attribuer
sion puisqu’elle permet d’affirmer la cohésion une identité délinquante.
de la société. Mais cette affirmation, par son Ces quatre explications, qui relèvent de tra­
abstraction même, ne peut suffire à expliquer ditions sociologiques assez différentes, sont
la formation de la délinquance. Quatre types aujourd’hui mises à contribution pour expli­
d’explication dominent actuellement les théo­ quer le développement de la petite et moyenne
ries de la délinquance. délinquance, révélé par des statistiques poli­
La première associe délinquance et désor­ cières toujours discutables. En effet, ces expli­
ganisation sociale. La délinquance procéde­ cations doivent être associées pour rendre
rait d ’une faible intériorisation des normes compte d’un phénomène qui n ’a pas nécessai­
légitimes par les acteurs en situation de crise rement d ’unité dans la mesure où la délin­
sociale au cours de laquelle ils échapperaient quance procède de logiques diverses au niveau
aux formes traditionnelles du contrôle social. des acteurs délinquants, comme à celui des
L’excès de délinquance serait lié à des appareils qui les étiquettent et les répriment.
formes pathogènes de changement social, F. D.
intervenant en particulier au cours des pro­
cessus d’immigration, d’urbanisation et de -> Contrôle social ; Insécurité.
DÉLOCALISATION DES ACTIVITÉS m

DÉLO CALISATIO N DES ACTIVITÉS La délocalisation des activités est perçue


comme une perte de substance économique
L’expression de délocalisation des activités, par les pays développés et fait l’objet
qui traduit le départ d’une activité pour une d ’actions de défense, notamment de la part
autre localisation, proche ou lointaine, est, des syndicats. En fait, les pouvoirs publics
depuis la mondialisation des années 2000, sont largement désarmés face à des décisions
essentiellement utilisé pour caractériser le qui relèvent des entreprises, en particulier
départ d’activités, industrielles ou tertiaires, lorsqu’il s ’agit d ’entreprises étrangères ou
vers des pays émergents ou en développement multinationales. En 2009, en France, le
dans l’objectif de réduire les frais de main- gouvernement, avant d ’apporter une aide
d ’œuvre (y compris les charges sociales) et les financière aux deux grands constructeurs
impôts. On la présentera ici dans ce sens res­ automobiles, placés en difficulté par la crise
treint en laissant de côté notamment la décen­ économique, a exigé qu’ils s’engagent à ne
tralisation (de la région capitale vers des plus procéder à des délocalisations. Les pou­
régions moins pourvues d’activités) et le des­ voirs publics pourraient cependant intervenir
serrement (du centre vers la périphérie d’une dans le cas des entreprises ayant bénéficié
agglomération). d ’aides publiques, notamment de la prime
La délocalisation a d’abord concerné les d’aménagement du territoire, en exigeant lé
activités industrielles. Celles-ci se sont orien­ remboursement de ces aides en cas de ferme­
tées vers des pays émergents (notamment les ture d’un établissement, voire de réduction
« dragons » asiatiques : Corée du Sud, Hong- d’emplois par rapport à l’effectif annoncé lors
Kong, Singapour, Taiwan), où ils trouvaient de l’obtention de ces aides. Il est cependant
une main-d’œuvre qualifiée, puis vers des significatif que la Délégation interministér
pays en développement (Chine, Vietnam, ri elle à l’aménagement et à la compétitivité
Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Égypte, pays des territoires (diact, ex-DATAR) traite fort
du Maghreb, etc.), souvent pour des fabrica­ peu de ce problème : ce thème ne figure pas
tions plus courantes (vêtements par exemple), parmi ceux qu’elle affiche pour son action
puis pour des productions de masse (automo­ internationale. En revanche, elle est chargée
bile, électronique, etc.). Enfin, la délocalisation d ’encourager les investissements d ’entre­
des activités a également concerné les activités prises étrangères en France et d ’assurer la
tertiaires, soit pour des activités de routine (les mise en place et le suivi des pôles de compéti­
centres d’appel publicitaires en français au tivité qui ont pour objet de renforcer, dans des
Maroc par exemple), soit pour des services secteurs précis, la liaison entre la recherche et
nécessitant une main-d’œuvre spécialisée que les entreprises et ainsi de renforcer la compé­
ces pays avaient formée (informatique en titivité économique de la France.
Inde). Ce sont surtout les grands groupes qui
délocalisent leur production. Certains (Alcatel) P. M.
avaient même théorisé « l ’entreprise sans Industrialisation ; Industrie ; Localisation des activités ; M on­
usine », les productions étant délocalisées ou dialisation ; Pôle de compétitivité.

sous-traitées. Les entreprises moins impor­


tantes recourent davantage à la sous-traitance.
A côté des avantages recherchés sur le plan DEM ANDE DE DÉPLACEM ENTS
des coûts de production, les entreprises délo­ —►Déplacement ; Modèle de transport ;
calisant tout ou partie de leur production Mobilité ; Planification des transports
espèrent toucher un nouveau marché. Mais la
délocalisation n ’a pas que des avantages pour
les entreprises. La qualité des produits laisse DEM ANDE LA TE N TE — Mobilité
parfois à désirer, ce qui nuit à l’image de
l’entreprise et donc à ses ventes. Les diffé­
rences culturelles nécessitent parfois des DÉM OCRATIE LOCALE
adaptations difficiles. On a ainsi vu des entre­
prises freiner leur politique de délocalisation La démocratie locale vise à rendre aux
(Peugeot-Citroën), voire rapatrier les établis­ citoyens, par des pratiques telles que la parti­
sements délocalisés. cipation ou la concertation, une partie du
/.U
DÉMOGRAPHIE

pouvoir qu’ils ont délégué en élisant des voire de préparer une reconquête munici­
représentants dans le cadre de la démocratie pale ;
représentative. Schématiquement, il est pos­ — la structure même des conseils de quar­
sible de décrire le développement des ins- tier pousse les habitants à ne s’intéresser qu’à
lunces et procédures participatives comme la des problèmes spécifiquement locaux et à
rencontre de deux mouvements, l’un ascen­ oublier le principe d’intérêt général.
dant et l’autre descendant, reliant le pouvoir V. S.-M. G.
local et la société :
— le mouvement ascendant s’inscrit forte­ -+ Association; Participation, concertation.

ment dans le cadre d’associations de la loi de


1901 (associations de commerçants, de quar­
tiers, de locataires, etc.): il prend forme à DÉMOGRAPHIE
partir des années 1970 sur une base principa­
lement territoriale ; Science ayant pour objet l’étude des popu­
— le mouvement descendant est principa­ lations humaines, traitant de leur dimension,
lement porté par les élus locaux suscitant des de leur structure, de leur évolution et de leurs
instances participatives (conseil consultatif de caractères généraux, envisagés principale­
quartier, conseil d’enfants, conseil de jeunes, ment d’un point de vue quantitatif (Diction­
conseil des étrangers, etc.) et des procédures naire démographique des Nations Unies).
de consultation (enquêtes publiques par La démographie traite à la fois des états et
exemple). des mouvements,, de la population, c ’est-à-
La référence à la démocratie locale, depuis dire (A. Sauvy, Éléments de démographie,
longtemps présente dans les pratiques ita­ Paris, 1974) :
liennes de l’aménagement du territoire, — d’une part, du niveau et de la structure
apparaît pour la première fois en France (par âge, sexe, état matrimonial, etc.) d’une
dans la loi d’orientation du 6 février 1992. population ;
Cependant, son acception est encore res­ — d’autre part, des événements qui consti­
treinte : elle désigne le droit de la population tuent le mouvement naturel (naissances, décès,
à l’information et à la consultation, ce qui mariages, etc.) ou géographique (migrations)
reprend sous un nouveau vocable les innova­ de ces populations ;
tions des années précédentes : rapport — enfin, des rapports entre la structure de
Guichard de 1976, obligation de concerta­ la population et les événements qui la
tion en matière d’aménagement (loi 18 juillet concernent.
1985), obligation d ’information sur la ges­ On peut distinguer divers aspects de la
tion budgétaire et référendum consultatif (loi démographie :
de 1992). La participation n ’est pas abordée — la démographie descriptive qui utilise
par les lois de décentralisation de 1982. La des données statistiques provenant de diverses
loi sur la « démocratie de proximité », adop­ sources (recensements, état civil, fichiers de
tée en février 2002, fait obligation aux villes population, etc.) ;
de plus de 80 000 habitants de créer de telles — l’analyse démographique qui traite des
instances participatives dans les quartiers. méthodes d’analyse de ces données, néces­
La pratique de la démocratie locale connaît saires pour formuler des conclusions rigou­
des limites : reuses ;
— le renforcement du principe représentatif — la démographie mathématique (parfois
par le principe participatif n’est possible que si appelée démographie pure ou théorique) qui
la participation aux procédures implique un traite, de façon abstraite, de l’évolution de
nombre important de citoyens : or, le taux de populations théoriques ;
participation est généralement faible et cer­ — les théories démographiques qui com­
taines catégories de populations sont surrepré­ prennent les doctrines de population (elles-
sentées ; mêmes liées aux théories économiques et char­
— les maires hésitent à ouvrir des ins­ gées d’idéologie) et les politiques de popula­
tances participatives aux habitants car c’est tion.
un moyen pour l’opposition ou pour certains On doit encore mentionner quelques
groupes militants de faire valoir leur discours, branches de la démographie qui ont connu, en
DÉMOGRAPHIE MATHÉMATIQUE (OU THÉORIQUE) 28»

France en particulier - les chercheurs français, recherché. De même, les concepts de soust
derrière Alfred Sauvy (Théorie générale de la peuplement ou de surpeuplement n’ont de sen»
population, Paris, 1952) et l’Institut national que par rapport aux ressources disponibles,
d ’études démographiques (ined), sont depuis donc pour un certain degré de développement,
longtemps à la pointe des progrès de cette dis­ et que par rapport à une définition de l’opti*
cipline - , des développements importants au mum de peuplement, donc à un objectif précis,
cours de la période récente : Le sous-peuplement absolu est atteint lorsque
— la démographie historique concerne les la population est inférieure à la population
populations passées et tente, à partir des minimale Pm et le surpeuplement absolu si ell#
sources disponibles (registres paroissiaux est supérieure à la population maximale PM,
notamment), de définir des méthodes adap­ ces deux limites dépendant du degré de déve-
tées d’analyse démographique et d’établir les loppement. Si P,„ n ’est pas atteint, la popula­
rapports entre les faits historiques et l’évolu­ tion (isolat) s’éteint. Si PM est dépassée, la
tion des populations ; surmortalité rétablit l’équilibre à ce niveau.
— la démographie biologique étudie les
aspects biologiques des faits démographiques P. M,
(biométrie de la fécondité et de la mortalité, -> Démographie; Population.
écologie générale et humaine, épidémiologie,
etc.) ;
— la génétique des populations. DÉM OLITION
P. M.
Action de démolir, c’est-à-dire de rompre
Analyse dém ographique; Démographie mathématique (ou
théorique).
la liaison d ’un édifice ou d ’une masse
construite (Littré). La démolition fait partie
des pratiques de toutes les cultures et de
toutes les sociétés : elle est l’autre face, indis­
DÉMOGRAPHIE M A TH É M A TIQ U E sociable, de la construction. À travers l’his­
(O U THÉOR IQ UE) toire, les sociétés ont démoli dans la guerre
leurs monuments et bâtiments réciproques,
La démographie mathématique (ou théo­ attestant par cette violence la violence homo­
rique, ou pure) cherche à établir les rapports logue et fondatrice de la construction. Mais
entre le niveau d’une population (en général) elles ont aussi détruit leurs propres édifices,
et celui des ressources. On définit ainsi notam­ tantôt pour des raisons rituelles (voir au
ment (Alfred Sauvy, Théorie générale de la Japon le démantèlement rituel des temples
population, t. I : Economie et croissance, Shinto, tous les vingt ans), tantôt pour des
1952): raisons tenant à l’idéologie, à la vétusté, à
— la population maximale PM qui corres­ l ’inutilité, au dysfonctionnement ou, en
pond au point d’équilibre avec les ressources termes positifs, à une volonté de modernisa­
naturelles, celui où la mortalité égale la natalité ; tion. Ainsi ont été délibérément éliminés au
— l’optimum économique de population PD fil du temps édifices et tissus mineurs, mais
qui correspond au niveau de vie maximum ; aussi édifices majeurs et monuments pré­
— l’optimum de puissance P„ qui permet cieux : à titre d ’exemple, en Europe, la plupart
de dégager le surplus maximal au-delà du des villes ont jeté bas les murailles qui étaient
minimum vital ; partie intégrante de leur identité, des rois ont
— la population minimale Pm, nécessaire démoli les palais prestigieux de leurs ancêtres
pour assurer le minimum vital ; (voir le Louvre et Philippe Auguste), deux
— la population correspondant à l’enri­ papes, Jules II et Léon X, ont fait abattre
chissement maximal Pe (maximum de la pro­ Saint-Pierre de Rome, le plus ancien monu­
duction marginale). ment de la Chrétienté.
On montre que : L’invention du monument historique est
Pm< P, < P0 < Pp < PM- venue mettre un frein à cette pratique ances­
Le concept d’optimum de population néces­ trale de la démolition, en particulier au nom
site donc d’être précisé : cet optimum a plu­ des valeurs d ’art et d ’histoire portées par les
sieurs niveaux possibles selon l’objectif édifices du passé. En Europe, une législation
DÉMUNIS (LOGEMENT DES)

spécifique a assuré la protection des monu­ valeur pour l’art et pour l’histoire, c’est donc
ments, puis celle des édifices situés dans des en raison de sa valeur anthropologique géné­
Hiles et des ensembles architecturaux et rique et pour sauver la mémoire d’un savoir-
urbains. Aujourd’hui, en France, la législa­ édifier et d’un savoir-habiter et pour habiter
tion propre aux monuments historiques, à avec urbanité qu’il convient à présent de ne
leurs abords, aux sites et aux zppaup se pas démolir ce qui reste de notre patrimoine
combine avec les dispositions du Code de historique architectural et urbain. À titre indi­
l'urbanisme relatives aux secteurs sauve­ catif, en France, la surface urbanisée des
gardés, aux immeubles et secteurs soumis villes, antérieure à la Révolution de 1789,
tm 7° de l’article L123-1 et au permis de représente à peine plus de 3 % du parc bâti.
démolir, régi notamment par les articles Par ailleurs, le développement des nou­
1.421-3, L426-1 (2e alinéa) et R421-26 à velles techniques de construction a conduit
K421-29. certains pays comme les États-Unis à impo­
Concrètement, dans la plupart des pays, ser, dans le cas de mégastructures urbaines,
l’interdiction de démolir n’est cependant pas l’obligation de déposer un plan de démolition
respectée avec rigueur. En France, la consulta­ en même temps qu’un plan de construction
tion de l’Inventaire général informatisé permet pour l ’obtention du permis de construire.
tic constater pour les deux dernières décennies Cette législation signe l’évolution du bâti vers
tic nombreuses démolitions d’édifices intéres­ un statut d ’objet technique, connoté par sa
sants, appartenant à des communes et à des sophistication et sa courte durée de vie.
particuliers. L’expérience montre qu’à l’appui F. C.
tics démolitions patrimoniales effectives, ou
souhaitées, les responsables ne manquent pas -> Classement; Lisibilité Monum ent historique; Patrimoine;
Permis de dém olir; Secteur sauvegardé; Service des m onu­
il’invoquer la caution de l’histoire et de la tra­ ments historiques.
dition. Mais c’est là ignorer que la démolition
traditionnelle était conditionnée par un savoir-
rcfaire et un savoir-continuer qui tendent à dis­ DÉM UNIS (LO G EM E N T DES)
paraître. Le développement d’une civilisation
technicienne, accéléré depuis les années 1960, La montée du chômage, de la précarité de
n’a pas seulement promu de nouvelles l ’emploi et de la désunion familiale se
méthodes de construction, mais de nouveaux conjuguent avec la disparition progressive des
moyens de mémorisation, de communication logements marginaux (chambres de bonnes,
et télécommunication, de simulation, de trans­ garnis, article 3 de la loi de 1948) pour engen­
ports rapides qui ont modifié ensemble et soli­ drer en nombre croissant de situations de mau­
dairement notre environnement, nos rapports vaises conditions ou d’absence d’habitat pour
avec l’espace et le temps, nos mentalités. les populations les plus fragiles.
De la sorte, sont aujourd’hui en vole d’effa­ À partir de diverses enquêtes de l’Insee et
cement les savoir-faire traditionnels propres en particulier de l’enquête nationale logement
aux métiers du bâtiment et à la réalisation des de 2006, on peut estimer le nombre de per­
petites échelles d ’urbanisation, porteuses sonnes concernées par le «mal logement»,
d’urbanité. Plus encore qu’en raison de sa comme suit :

MAUVAISES CONDITIONS DE LOGEMENT En nombre de personnes concernées


Logements ordinaires inconfortables, 1 325 000
de mauvaise qualité
Logement en surpeuplement accentué 797 000

PERSONNES SANS DOMICILE PERSONNEL


Sans abri 86 000 personnes (enquête insee 2001)
Habitations mobiles 120000
DÉMUNIS (LOGEMENT DES)
m

Foyers d’hébergement (chrs) 38 000


Personnes hébergées chez des tiers 115 000
Habitations de fortune 41000
Nombre total de personnes concernées 2 522 000 personnes

Face à cette situation, accentuée par un l’outil financier du pdalpd, destiné à accorder
engorgement croissant de la chaîne du loge­ des aides financières aux ménages, d ’une part,
ment, et notamment par la chute de la mobi­ et à mettre en place des mesures d ’accompa­
lité dans le parc social, une politique en gnement social liées au logement des per­
faveur du logement des plus démunis s’est sonnes en difficulté, d’autre part. Depuis la
mise en place à partir de la fin des années loi de décentralisation de 2004, c’est un fonds
1980. La loi Besson de mai 1991, «visant à départemental unique pouvant traiter dans le
mettre en œuvre le droit au logement », puis même temps les dettes de loyers et les impayés
la loi contre les exclusions de 1998 ont de fourniture d ’eau, d’énergie ou de téléphone.
constitué un premier socle législatif et un Les fsl aident, selon les années et les esti­
dispositif opérationnel destinés à soutenir le mations, de 60000 à 75 000 ménages à se
maintien et l’accès au logement des ménages maintenir dans leur logement, beaucoup plus
les plus défavorisés. Ces lois ont instauré si l’on y ajoute les ménages aidés pour régler
plusieurs outils et mesures qui sont encore leurs dépenses d’énergie.
au cœur de la politique en faveur du loge­ — Les pla très sociaux (plats), particuliè­
ment des démunis et ont été renforcés au fil rement bien financés afin d’abaisser le loyer
des années. d’équilibre et de faciliter l’admission des
— Le plan départemental d’action pour « démunis » dans les hlm . Le mode de finance­
le logement des personnes défavorisées ment de ces logements destinés aux ménages
(pdalpd), élaboré conjointement par l’État et modestes (disposant de ressources inférieures
par le conseil général. Il reste depuis sa créa­ à 60 % du plafond d’accès au pla) a pris une
tion le pilier de cette politique. Près de vingt appellation et un profil financier variable selon
ans après la loi Besson, la quasi-totalité des les années : pla -i (d’insertion) en 1995, pla-lm
départements sont ainsi dotés d ’un pdalpd (à loyer minoré) en 1998, puis, à partir de 2000,
actif ou en cours de révision. La loi portant prêts locatifs aidés d’intégration (plai) et obli­
engagement national pour le logement de 2006 gation de loger 30 % de ménages démunis dans
a renforcé son rôle en complétant la définition le logement social ordinaire avec le plus, (prêt
de son contenu et en étendant les compétences locatif d’usage social). Près de 240 000 loge­
de son instance de pilotage. La loi lui fixe ments de ce type ont ainsi été produits entre
comme contenu obligatoire: la coordination 1991 et 2007.
des dispositifs d’attributions de logement et la — Divers dispositifs contractuels avec les
définition de publics prioritaires, la prévention bailleurs privés (bail à réhabilitation, pro­
des expulsions locatives et la lutte contre grammes sociaux thématiques) ont été
l’habitat indigne. Le pdalpd doit également institués. Le rôle de I’anah dans la produc­
procéder à l’analyse des besoins de certaines tion de logements à loyers modérés est resté
catégories de population : personnes dépour­ longtemps assez modeste, mais il connaît
vues de logement, menacées d’expulsion, un nouveau développement depuis le début
hébergées ou logées temporairement en situa­ des années 2000. Plus de 16000 logements
tion d ’habitat indigne ou précaire, en situation sociaux ou très sociaux ont ainsi été conven­
de surpeuplement manifeste dans leur loge­ tionnés en 2007, dont une grande part dans le
ment, ou confrontées à un cumul de difficultés. cadre d’opérations programmées (pst, opah).
Le plan doit également définir les moyens de — Enfin, la loi Besson de 1990 prévoyait
développer l’offre de logements et préciser les un schéma départemental pour l’héberge­
contours de la contribution du Fonds de soli­ ment des gens du voyage et l’obligation
darité logement. d’aménager des aires de stationnement de
— Le Fonds de solidarité logement (fsl) est caravanes à leur intention dans les communes
DÉNOMINATION DES VOIES
341

île plus de 5 000 habitants. Une loi du 5 juillet travers la loi dalo du 5 mars 2007, qui ins­
2000 relative à l’accueil des gens du voyage taure un droit «au logement et à l’héberge­
vint ensuite reprendre et compléter les obli­ ment opposable» et substitue à l’obligation
gations des collectivités en la matière. Ces de moyens faite aux collectivités publiques,
obligations ont ensuite été régulièrement une obligation de résultat. Le droit à un loge­
étoffées et des subventions d ’Etat ont été ment décent et indépendant est alors garanti
mises en place pour inciter au développement par l’État à toute personne qui, résidant sur le
de ces aires d’accueil. En 2007, la quasi­ territoire français de façon régulière et stable,
totalité des départements avaient approuvé n ’est pas en mesure d ’y accéder par ses
un tel schéma (20 500 places financées entre propres moyens ou de s’y maintenir. Des
2000 et 2008, soit 62 % des prescriptions des commissions de médiation sont instituées
schémas). devant lesquelles peut être présenté un
Au cours de ces vingt dernières années, la recours amiable. En cas de non-proposition
constitution d’un volet social de la politique de logement ou de relogement, un recours
du logement en faveur des personnes dému­ contentieux devant le tribunal administratif
nies a par ailleurs conduit au développement devient ensuite possible dans des conditions
du secteur de l’hébergement d’urgence et de fixées par la loi. L’application d ’un droit
l’accompagnement social au logement. opposable au logement reste suspendue aux
Depuis l’introduction par la loi de 1998 d ’un moyens de sa mise en œuvre. L’ensemble des
principe de « veille sociale », celui-ci est de associations mobilisées soulignent déjà leur
plus en plus complet : samu sociaux, ouver­ insuffisance et le caractère encore incanta­
ture de places d’urgence et d ’hébergement toire de cette loi. Le chemin semble encore
temporaire, services d ’accueil et d ’orien­ long avant la mise en œuvre effective de ce
tation des personnes en difficultés (numéro droit.
du 115), maraudes, accueils de jour, ouver­ A.-C. Da.
ture de pensions de familles pour les ména­
Aide à la personne; Aide à la pierre; Exclusion; Foyer;
ges ne pouvant intégrer un logement Habitationà ( );
loyer m odéré hlm Logement décent; Loge­
ordinaire, etc. Ce volet social vient encore ment opposable; Meublé (ou garni).
d’être renforcé par la loi pour la mobilisation
pour le logement et la lutte contre l’exclu­
sion du 25 mars 2009 qui prévoit l’intégra­ D ÉN O M IN ATIO N DES VOIES
tion au pdalpd d’un plan départemental de
l’accueil, de l’hébergement et de l’urgence. Il paraît si naturel de donner un nom aux
Les capacités financées par l’État sont esti­ rues que l’on a de la peine à imaginer que
mées à 98 000 places en 2009 (dont d’autres systèmes de baptême de l’espace sont
90 600 places permanentes à l ’année) et possibles : au Japon, ce sont les quartiers, les
devraient être augmentées dans le cadre du unités de voisinage qui portent un,nom, et non
plan de cohésion sociale. Malgré la crois­ les mes que l’on y trouve. Aux Etats-Unis et
sance de cette offre spécifique, les structures dans d’autres pays neufs, on a souvent préféré
existantes restent cependant engorgées, faute la numérotation des voies à l’emploi de noms.
de fluidité entre les filières d ’hébergement Donner un nom à une me, c’est créer un
temporaires et le logement ordinaire. univers verbal où exprimer l’information sur
L’arsenal juridique et opérationnel de la les localisations. Partout en Occident, l’habi­
politique en faveur du logement des démunis tude de nommer les mes est ancienne, mais le
s’est ainsi étoffé progressivement. Mais la procédé n’est normalement efficace que pour
permanence des situations de grande précarité ceux qui sont familiers avec le quartier et
et d’exclusion du logement ont mis en évi­ connaissent par ouï-dire toutes les artères. Il a
dence la très grande difficulté à faire respecter fallu le XVIIIe siècle (1728 à Paris) pour que
le droit au logement. Diverses associations, des écriteaux soient apposés partout. Désor­
tel le mouvement des «Enfants de Don mais, l’espace urbain est équipé d’une grille
Quichotte », mais aussi le Haut comité pour de repérage que tous les gens qui savent lire
le logement des personnes défavorisées, se peuvent utiliser. Mais cette grille n’est pas car­
sont mobilisées pour que ce droit devienne tésienne.
opposable. Ces revendications ont abouti à Dans les pays neufs, où les plans sont
DENSIFICATION 242

souvent géométriques, la rationalisation des définir une densité nette à l’échelle d’un quartier
représentations de l’espace est favorisée par ou d’une ville, en additionnant les seules sur­
le système de numérotation. Si l’on choisit faces réservées à l’habitat, à l’exclusion des
un point d’origine au centre de la ville, et si équipements, de la voirie, des espaces verts et
les axes coïncident (exactement ou à peu des activités notamment.
près) avec les points cardinaux, on sait dans — La densité brute, au contraire, prend en
quel cadran se trouve un lieu. compte la surface utilisée par les équipements
P. C. publics (écoles, locaux collectifs divers, etc.),
la voirie et les espaces verts, aménagés pour les
-> Lisibilité; Numérotation des rues; Voirie.
besoins de la population habitant les logements
construits dans l’espace considéré. Cette défi­
nition est difficile à appliquer de façon rigou­
DENSIFICATION —» Densité de logements ; reuse, les équipements et la voirie, par exemple,
Rénovation urbaine n’étant pas toujours faciles à affecter. Plus
l’espace sur lequel on calcule cette densité est
vaste, plus la liste des équipements à prendre
DENSITÉ en compte sera longue. 11 n’y a donc pas une
densité brute unique, mais des densités brutes à
Rapport entre un indicateur statistique différentes échelles (opération de construction,
(population, logements, emploi, etc.) et une quartier de ville, etc.). La méconnaissance de
surface. On mesure en particulier la densité de cette remarque simple conduit souvent à des
population d ’un îlot, d ’un quartier, d ’une conclusions dénuées de tout fondement et rend
ville, d ’un pays, etc., par le nombre d’indivi­ toute comparaison impossible.
dus par unité de surface. L’urbanisme utilise La densité brute peut devenir, à l’échelle
aussi beaucoup la notion de densité de d’une ville ou d’une agglomération, la densité
construction. Celle-ci peut être mesurée en urbaine, incluant alors les infrastructures pri­
mètres carrés construits: c ’est la notion de maires et les grands équipements. La difficulté
coefficient d’occupation des sols qui joue un est de définir le périmètre de la zone prise en
rôle important dans l’urbanisme réglemen­ compte.
taire, et en particulier en France dans les plans Les variations de densité peuvent être très
d’occupation des sols et dans les plans locaux importantes, selon la localisation (en général
d ’urbanisme. On peut aussi la mesurer en baissant rapidement du centre vers la péri­
nombre de logements par unité de surface phérie), la desserte par les transports, les
(1 ha, en général, en milieu urbain). conditions dans lesquelles s’est opérée
Mais si le choix de l’indicateur est clair, celui l’urbanisation initiale et les transformations
de la surface à prendre en compte l’est beau­ ultérieures éventuelles : ces variations de den­
coup moins et rend très délicate l’utilisation du sités expriment clairement la structure d’un
concept (et des évaluations) de densité. Ainsi, espace urbain, avec ses nœuds et ses axes,
même dans un tissu urbain homogène (grand ses mouvements et ses rythmes. Mais l’évo­
ensemble, zone pavillonnaire, par exemple), la lution des densités est lente : l’adaptation des
densité prendra des valeurs très différentes constructions aux valeurs foncières, que les
selon qu’on la mesure à l’échelle de la parcelle, densités traduisent indirectement, s’effectue à
de l’îlot, du quartier, etc. La terminologie en l’échelle des générations.
usage manque d ’ailleurs d ’unité, traduisant Quelques auteurs ont tenté de définir une
cette confusion fréquente dans l ’usage du théorie de la densité. Celle-ci est, en particu­
terme. Avec prudence, on peut cependant dis­ lier, au cœur de l’analyse de Le Corbusier,
tinguer, à propos des densités résidentielles : pour lequel «plus la densité d ’une ville est
— La densité nette se mesure à l’échelle de la grande, plus faibles sont les distances à par­
parcelle ou de l’îlot, si celui-ci est homogène. courir. Conséquence : augmenter la densité
C’est la seule dont la définition soit rigoureuse. du centre des villes, siège des affaires». La
C ’est celle que la réglementation définit comme conciliation de densités élevées et de « l’aug­
coefficient d’occupation des sols (rapport de la mentation considérable des surfaces plan­
surface hors œuvre nette à la surface du terrain). tées » incite à construire en hauteur, ce qui le
On peut tenter, mais l’exercice n’est pas aisé, de conduit à ses propositions de « cité-jardin ver­
DENSITÉ DE LOGEMENTS
243

ticale» (Urbanisme, 1925), qu’il développe DENSITÉ DE C IRCULATIO N -> Débit


dans La ville radieuse (1935). d'une voie
En fait, le rapport entre les densités et les
formes urbaines est loin d ’être direct. Par
exemple, un cos de 0,5 peut aussi bien corres­ DENSITÉ DE LO G EM E N TS
pondre à des immeubles de dix étages espacés
(modèle de Le Corbusier, qu’on trouve dans Rapport du nombre de logements à la sur­
de nombreux grands ensembles), à des petits face de terrain occupée. Le concept de den­
collectifs séparés par des pelouses ou à des sité est, malgré cette définition simple, d’un
individuels en bande avec un jardinet mini­ maniement délicat pour plusieurs raisons :
mal. — sauf à l’échelle d’un ensemble de loge­
La recherche de densités optimales relève ments homogène, il ne constitue qu’une
largement de l’idéologie. Cependant, on a moyenne ;
pu mettre en évidence une liaison inverse — le plus souvent, la surface occupée ne
entre la consommation d’énergie et les émis­ comporte pas que des logements, mais des
sions de polluants et de gaz à effet de serre, espaces destinés à la voirie, au stationnement,
d’une part, et la densité, d’autre part. Ceci a aux espaces communs, et même d’autres bâti­
conduit de nombreux urbanistes, dont le ments (équipements, locaux d’activités, etc.).
point de vue a été adopté par certaines Aussi doit-on distinguer :
grandes villes (Amsterdam, Rotterdam, • la densité nette à l’échelle de la parcelle,
Stockholm) et plus récemment par la région inverse de la superficie moyenne de cette
Île-de-France, à recommander d ’éviter des dernière ;
densités trop faibles : c’est le principe de la • la densité nette à l’échelle de l’îlot, qui ne
ville compacte. comprend pas la voirie : elle est égale à la
Les démographes et les géographes uti­ précédente si les parcelles de l’îlot ont une
lisent surtout la densité de population qui est occupation homogène ;
le rapport du nombre d’habitants à la surface • la densité résidentielle qui se mesure à
où ils résident. Cette notion pose des pro­ l’échelle d’un groupe de logements ou d’une
blèmes analogues à ceux relevés pour la den­ opération de construction (lotissement par
sité construite (ou la densité de logements) : exemple) : la surface prise en compte comprend
en particulier, elle n ’a de sens que si l’on pré­ les voiries internes (dites tertiaires), les espaces
cise l’échelle (quartier, ville, agglomération, publics (espaces verts, stationnement, terrains
région, pays). La densité de population ne de jeu, etc.) liés à ce groupe de logements ;
tient pas compte des activités exercées dans • la densité résidentielle bmte, qui se mesure
l’espace où elle est mesurée. On peut définir à la même échelle, mais en intégrant à la surface
également une densité d’emplois (ou de sur­ prise en compte l’emprise des équipements col­
face d ’activités). Une notion peu utilisée, lectifs liés à ce groupe de logements ;
mais très pertinente, est la densité humaine, • on définit de même une densité brute à
rapport de la somme du nombre d’habitants et l’échelle :
du nombre d’emplois à la surface considérée. - du quartier (y compris voiries secondaires
C’est sans doute cette notion qui correspond et équipements desservant un quartier : écoles,
le mieux à la densité perçue (non pas visuelle­ terrains de sport, églises, voirie secondaire) ;
ment, mais socialement) à l’échelle d’un quar­ - de la ville ou de l’agglomération (y com­
tier. pris l’ensemble des équipements urbains, des
zones d’activités, la voirie primaire, etc.) ;
P.M.
- voire de l’agglomération, mais il n’est pas
-> Coefficient d'occupation des sols; Densité de logements; aisé de définir les limites, et donc la surface, de
Ilot ; Proxémie ; Tissu urbain ; Ville compacte. celle-ci.
En fait, les définitions précédentes, si elles
sont consacrées par l’usage, sont imprécises et
DENSITÉ DE C O N S TR U C TIO N -> Coefficient peu rigoureuses. Elles mélangent deux notions :
d'occupation des sois ; Densité ; Densité - celle de densité nette (sans équipements)
de logements ; Plafond légal de densité (pld ) ; ou brute (avec équipements) ;
Ville compacte - celle de l’échelle géographique à
DENSITÉ D'EMPLOIS
m

laquelle la densité est mesurée : outre que ces services extérieurs des différents ministères.
échelles (îlot, groupe de logements, quartier, Il demeure l’échelon privilégié de Tadminis-
ville) ne sont pas toujours aisés à préciser, le (ration locale. Certains services peuvent être
niveau d’équipement peut être très variable et installés à un niveau infradépartemental (sub­
influer sur la densité calculée, et il n ’est pas divisions) ou supradépartemental (direction
toujours aisé d ’affecter les équipements à une régionale).
échelle ou une autre. En 1964, les préfets ont reçu de nouveaux
Pour toutes ces raisons, toute utilisation de pouvoirs de contrôle et de coordination des
densité exige des définitions précises et, sur­ «services extérieurs» de l’État au sein du
tout, toute comparaison de densité nécessite département. Cette réforme n ’avait cepen­
qu’on vérifie que les définitions retenues sont dant pas empêché ceux-ci —et en particulier
identiques. s’agissant des échelons à vocation technique,
La densité parcellaire ou d’îlot est celle qui comme les directions départementales dé
est retenue par la législation de l’urbanisme, l’équipement en fournissaient l’exemple - dq
mais une même densité autorisée n ’a pas le conserver des relations privilégiées avec leur
même sens selon qu’on se situe en tissu urbain ministère d ’une part, avec leur clientèle habi­
déjà urbanisé, donc viabilisé et équipé, ou en tuelle d’autre part.
terrain vierge. La densité résidentielle est donc Le décret de 1982 qui définit les pouvoirs
plus significative pour l’urbaniste. des préfets (rebaptisés alors commissaires de
Les densités de logements (et donc d’habi­ la République, mais cette appellation a vite
tants), quelle que soit la définition, décroissent été abandonnée) « précise explicitement la
du centre (sauf souvent au centre lui-même « direction » des services extérieurs, alors que
occupé par des activités) vers la périphérie celui de 1964 mentionnait la «coordination»
selon une loi approximativement log-normale par le préfet. Toute une série de mesures sont
(Colin Clark). Cependant, la concentration des prévues en matière juridique et financière par
activités et les valeurs foncières élevées au le texte de 1982 pour garantir l’effectivité de
centre ont, dans de nombreuses villes (nord- ce pouvoir de direction. La loi du 2 mars 1982
américaines, puis européennes et autres), pose le principe d ’une séparation complète
conduit à un départ de nombreux résidents des autorités de l’État et de celles des collecti­
vers la banlieue (où ils peuvent disposer de vités territoriales dans le département et la
plus de surface), creusant ainsi, dans la courbe région.
des densités selon la distance au centre, un Assemblée délibérante du département,
cratère central (densités plus faibles qu’aux collectivité territoriale, le conseil général
franges de ce centre). Cette situation a conduit conserve pour l’essentiel la forme de la loi de
certaines villes européennes à élargir et à déve­ 1871. En particulier, le mode de scrutin n ’a
lopper la notion de ville compacte. Les densi­ pas varié : c’est le scrutin uninominal majori­
tés sont en général plus élevées dans les villes taire à deux tours dans le cadre du canton. Les
latines (Europe du sud, Amérique latine) et conseillers généraux sont élus pour six ans et
orientales que dans les villes anglo-saxonnes. renouvelables par moitié dans les trois ans.
P. M. Ces modalités datent d ’une période où, la
population étant en majorité rurale, le canton
-> Coefficient d'occupation des sols ; Densité ; Ville compacte.
assurait une représentation sociologiquement
et démographiquement satisfaisante du dépar­
tement (le nom d ’« élections cantonales » a
D EN SITÉ D'EMPLOIS —►Industrie ; Zone survécu aux bouleversements liés à l’urbani­
industrielle sation). Les écarts très importants de popula­
tion, liés à l’urbanisation, entre les cantons
(allant souvent de 1 à 10 dans un même dépar­
D ÉP AR TEM EN T tement) ont conduit depuis 1973 les autorités
de l’État à créer des cantons nouveaux (318
Cadre territorial hérité de la Révolution en 1973, 41 en 1976, 165 en 1982, etc.) et,
(1790), le département constitue, outre une très exceptionnellement, à en fusionner cer­
collectivité territoriale, le siège de l’institu­ tains. Certains cantons urbains étant aujour­
tion préfectorale et d ’un grand nombre de d ’hui découpés à l’intérieur des grandes
DÉPARTEMENT
Mb

communes urbaines, le rôle du canton, qui se Les services du département, désormais


limite aujourd’hui à être une circonscription distincts des services extérieurs de l’État dans
électorale, s’en est trouvé profondément cette même circonscription, résultent en majo­
transformé. rité des transferts de compétences au bénéfice
La relation particulière établie dans la du président. Dès 1982, ont été en effet rat­
I;rance mrale entre le préfet et ses « notables », tachés à celui-ci une partie des services de la
taisant du conseiller général le représentant préfecture nécessaires à l’exercice de ses nou­
des maires de son canton, assurait la stabilité velles compétences. Une convention a été éta­
des élus et la facilité des arbitrages dans la blie dans chaque département (à partir d’une
répartition des dépenses du budget départe­ convention type) et signée par le président du
mental (souvent adopté à l’unanimité). Mais, conseil général et le préfet, déterminant avec
en milieu urbain, ce sont davantage les élus précision les services et les agents transférés.
communaux que les conseillers généraux qui Le transfert des services extérieurs de
sont sollicités par les administrés et ils ont, l’État, pour les parties y effectuant des tâches
au demeurant, accès parfois aux services qui sont de la compétence du département, a
extérieurs de l’État sans avoir recours à la été plus délicat à effectuer, s’agissant en par­
médiation des premiers. La transformation ticulier de la direction départementale de
socioprofessionnelle, démographique et poli­ l’équipement; lorsque ceux-ci ne sont pas
tique des conseillers généraux, dans les années transférés, les services extérieurs de l’Etat
1970, a modifié leur relation avec le représen­ sont mis à la disposition du président du
tant de l’État et constitué un facteur non négli­ conseil général « en tant que de besoin », sur
geable du transfert de la fonction exécutive. la base de conventions. Les problèmes de
Le président du conseil général est élu par le coordination de ces services ont été assurés
conseil général tous les trois ans (après chaque conjointement par le président du conseil
renouvellement par moitié du conseil). Depuis général et par le préfet. Un directeur général
1982, le président, devenu l’organe exécutif des services (appelé aussi secrétaire général)
du conseil général, est doté de pouvoirs impor­ (souvent un haut fonctionnaire de l’État ayant
tants. Il prépare et exécute les délibérations ; en grade de sous-préfet) assure la direction du
particulier, il prépare le budget et est ordonna­ nouvel ensemble adm inistratif désormais
teur des dépenses. Mais il est, en outre, « seul important.
chargé de l’administration » départementale, Les services extérieurs des ministères à
recrute le personnel sur les emplois créés par le caractère technique ont le plus souvent établi
conseil et en assure la gestion. Il est respon­ au niveau du département leur principal éche­
sable de la conservation du domaine et de la lon de direction. C’est le cas de la direction
circulation sur la voirie départementale. Toute­ départementale de l’équipement (dde ), qui
fois, à la différence du maire, il n ’exerce pas de s’occupe de l’urbanisme, du logement, de la
fonctions en tant que représentant de l’Etat. voirie et des travaux publics en particulier. Il
Étant devenu l’institution centrale du dépar­ faut remarquer que si, comme l’ensemble des
tement, le président du conseil général a donc services extérieurs de l’État, le personnel des
dû organiser son travail et déléguer ses res­ dde agissait aussi bien pour le compte de
ponsabilités à ses collaborateurs naturels : l’État que des départements ou des com­
bureau, cabinet, services. De façon assez prag­ munes dépourvus de services suffisamment
matique, variable selon la personnalité des étoffés (à l’exception des grandes villes), les
présidents ou la taille des départements, s’est lois du 2 mars 1982 et du 7 janvier 1983 ont
mise en place une véritable superstructure prévu le transfert au département des services
politico-administrative départementale. correspondant à ses nouvelles compétences.
Le bureau comporte le président, plusieurs En attendant qu’il soit réalisé, le préfet les a
vice-présidents, élus après chaque renouvelle­ mis à disposition des départements (et des
ment du conseil. Prenant la suite de l’ancienne communes) « en tant que de besoin ». Les
commission départementale qui surveillait le communes, qui ont reçu l’essentiel des com­
préfet dans sa fonction exécutive, il constitue pétences en matière d ’urbanisme, peuvent
actuellement l’amorce d’un exécutif collégial créer des établissements publics de coopéra­
assistant le président dans sa nouvelle fonc­ tion intercommunale. On peut regretter (pour
tion transférée. l’autonomie communale) que nombre d’entre
DÉPASSEMENT DE COS
m

elles continuent d ’avoir recours aux services construction » (uoc), sont chargés de l’examen
gratuits des directions départementales. Le des opérations d’urbanisme et de l’instruction
transfert au département d ’une partie des des demandes d ’utilisation des sols dans les
directions départementales de l’équipement a communes dépourvues de document d ’urba­
été assez difficile à régler, en raison de nisme ( pos, puis plu ou carte communale) et,
l’imbrication étroite des fonctions. Le plus dans celles qui en sont pourvues, lorsque le
gros poste de dépenses du budget d’équipe­ maire le leur demande, ce qui est fréquent pour
ment du département est constitué par la voi­ les communes rurales en particulier.
rie départementale, mais les mêmes services, L’institution des régions comme collectivi­
les mêmes matériels servent à la construction tés territoriales lors de la réforme de la décen­
et à l’entretien de la voirie nationale, départe­ tralisation administrative a créé un échelon
mentale et souvent communale. Selon l’arbi­ supplémentaire. Nombreux sont ceux qui
trage rendu par le Premier ministre, une partie estiment qu’il y en a un de trop et que les
assez réduite des services des DDE ont été départements (ou les régions) devraient être
transférés, mais des subdivisions territoriales supprimés. Le comité Balladur n’a pas retenu
de l’équipement et les matériels de travaux une telle option. Mais il a proposé de favoriser
restent services d’État, ne pouvant donc être les regroupements volontaires de départe­
que mis à disposition « en tant que de besoin » ments. Il a surtout avancé l’idée que, pour
des collectivités territoriales sur la base de favoriser la coordination entre ces deux éche­
conventions. lons, les conseillers généraux et les conseillers
Dans le cadre de la révision générale des régionaux soient élus en même temps. Cette
politiques publiques, la fusion des directions proposition a été incluse sous une forme un
départementales de l’équipement et de l’agri­ peu différente, dans le projet de loi sur la
culture (et, dans les 21 départements littoraux, réforme administrative. Des conseillers territo­
des affaires maritimes) a été décidée. Les nou­ riaux (élus au scrutin uninominal à deux tours)
velles directions départementales des terri­ siégeront à la fois au conseil général de leur
toires (ddt) o u des territoires et de la mer département et au conseil régional. Cette loi,
( ddtm) se sont mises progressivement en qui réduirait de 40 % environ le nombre d’élus
place : après les 8 qui ont été créées à titre (qui, pour cette raison, sont nombreux à y être
expérimental au 1er janvier 2007, 47 ont été hostiles), devrait s’appliquer à partir de 2014.
instituées au 1er janvier 2009 et les autres au
1er janvier 2010. Par ailleurs, le comité pour la P. M. et Y. P.
réforme des collectivités locales (dit comité -* Budget départemental et budget régional; Collectivités
Balladur) a proposé, afin de faire cesser les locales et territoriales; Déconcentration; Em prunts des col­
lectivités locales; Fiscalité directe locale.
doubles emploi, plus de vingt-cinq ans après
les lois de décentralisation, de clarifier la répar­
tition des compétences entre les collectivités DÉPASSEM EN T DE COS -> Coefficient
locales et l’État et de supprimer les services d'occupation des sols
déconcentrés de l’État qui entrent dans le
champ de compétence des collectivités locales.
Les dde (désormais ddt) regroupent plu­ D ÉPASSEM ENT DE PLD —> Plafond légal
sieurs services. Parmi ceux-ci, le service des de densité
études (longtemps appelé « groupe d’études et
de program m ation»: gep) est notamment
chargé des études urbaines et, avant la décen­ DÉPENSE D'ÉNERGIE DES TR A N SP O R TS
tralisation, de l’élaboration des plans d ’urba­ —> Autom obile; Énergie et environnement;
nisme locaux (en fait, souvent sous-traités à Métro ; Moyen de transport ;
des bureaux d’études extérieurs) aux côtés des Plan de déplacements urbains
élus locaux (élaboration dite conjointe de 1967
à 1982) : il ne conserve ce rôle que lorsque les
communes sont défaillantes pour établir un DÉPLACEM ENT
document prescrit par le préfet au nom de
l’État. Les services du droit des sols, longtemps Mouvement d ’une personne d ’une origine
appelés « de l’urbanisme opérationnel et de la à une destination. On appelle trajet le par-
DÉPLACEMENT
247

cours effectué avec un moyen de transport péennes (25% aux États-Unis), mais 60%
donné. Un déplacement peut donc nécessiter des déplacements aux heures de pointe ;
un seul ou plusieurs trajets. On distingue — les déplacements scolaires (entre le
généralement les déplacements recourant à un domicile et le lieu d’études): 10 à 15% des
ou plusieurs moyens de transport mécanisé déplacements, mais 25 % des déplacements à
(automobile, véhicule à deux roues, transport pied ;
en commun) et les déplacements effectués — les déplacements pour achats: 10 à
intégralement à pied. Le recensement de ces 15% du total;
derniers lors des enquêtes sur la mobilité est — les déplacements pour affaires person­
délicat en raison de l’imprécision sur la nature nelles: 5 à 10% ;
des déplacements à prendre en compte et de — les déplacements à titre professionnel
leur oubli plus fréquent par les personnes (déplacements d’affaires, livraisons, etc.): 10
interrogées. à 15 % de la mobilité ;
Les déplacements peuvent être répartis — les déplacements de loisirs (spectacles,
selon différents critères : visites, promenades, sports, activités sociales,
• Géographiques, par secteur (quartier) etc.) : 10 à 15 % également ;
d’origine et de destination: ce sont les — les déplacements d’accompagnement
matrices (tableaux) origine-destination. On (des enfants en particulier): environ 10% de
peut les regrouper en : la mobilité.
— déplacements radiaux entre la périphé­ • Horaire du déplacement: à l’exception
rie (banlieue) d’une agglomération et le des migrations alternantes et des déplacements
centre (et vice versa), les plus sensibles aux scolaires, on constate une dissymétrie entre le
pointes horaires ; matin et l’après-midi (deux tiers des déplace­
— déplacements centraux, dont l’origine et ments d’achats, d’affaires personnelles et 80 %
la destination sont situées dans la zone cen­ des déplacements de loisirs ont lieu après
trale de l’agglomération, les plus concentrés 13 heures). La distinction principale est entre
dans l’espace, mais pas dans le temps ; les déplacements aux heures de pointe et les
— déplacements tangentiels, dont l’origine déplacements aux heures creuses : bien qu’as­
et la destination sont extérieures à la zone sez bien étalés dans le temps, les déplacements
centrale et qui ne la franchissent pas (dans le personnels ont souvent un flux maximum à la
cas contraire, le déplacement se décompose pointe du soir (vers 18 heures en France) et,
en deux déplacements radiaux) ; ces déplace­ renforçant celle-ci, nécessitent des investisse­
ments très diffus dans l’espace sont en majo­ ments pour assurer une capacité suffisante des
rité des déplacements à courte distance, mais réseaux de transport ; la pointe des déplace­
ceux d’entre eux qui sont à plus longue dis­ ments scolaires renforce surtout la pointe du
tance sont très difficiles à assurer par les matin (vers 8 heures).
transports en commun à cause précisément • Moyen de transport utilisé : l’automobile
de leur grande variété d’origines et de desti­ est de plus en plus utilisée au fur et à mesure
nations ; des progrès de la motorisation, mais les trans­
— déplacements interurbains qui sortent ports en commun assurent encore 30 % des
de (ou entrent dans) l’agglomération, dont déplacements en Île-de-France (66% pour
les pointes sont hebdomadaires et saison­ l’automobile seule et 4 % pour les véhicules à
nières au moins autant qu’horaires. deux roues) et 15 % environ dans les villes de
On définit les lignes de désir correspondant province (75 % pour l’automobile et 10 % pour
aux flux origine-destination. les véhicules à deux roues). Ils assurent surtout
• Motif du déplacement. En fait, il n’est pas la majorité (60 % en Île-de-France et même
toujours aisé de fixer un motif unique à un près de 75 % en heure de pointe) des déplace­
déplacement et on devrait parler de motif à ments centraux et radiaux (85% pour les
l’origine et de motif à la destination. On dis­ migrations alternantes Paris-banlieue à la
tingue habituellement : pointe du soir). Ce sont donc eux qui per­
— les déplacements entre le domicile et le mettent de faire face, grâce à leur forte capacité
lieu de travail ou migrations alternantes: et à leur faible consommation d’espace, aux
environ un tiers des déplacements utilisant déplacements les plus concentrés dans le temps
un moyen de transport dans les villes euro­ et dans l’espace.
DÉROGATION D'URBANISME 248

• Durée du déplacement: très liée à la ment. Mais le législateur de 1983 a opté pour
dimension des agglomérations, elle atteint en une généralisation des pos ; faute de procéder
moyenne une demi-heure (pour un peu plus de à leur élaboration, les communes se sont donc
7 km à vol d’oiseau) en Ile-de-France, mais vu imposer une inconstructibilité (il est vrai
seulement un quart d ’heure (pour 3 km en limitée). La loi sru du 13 décembre 2000, en
moyenne) dans les villes de province. même temps qu’elle substituait le plan local
P. M. d’urbanisme (plu) au pos, a reconnu à la carte
communale le caractère de document d’urba­
Migrations alternantes; Mobilité; Moyen de transport; Plan
de déplacements urbains.
nisme dont l’approbation mettait alors fin à la
règle de l’inconstructibilité.
Il convient de distinguer, en matière de déro­
gations, les régimes applicables aux plans
D ÉRO G ATION D'URBANISM E d ’urbanisme d ’une part et ceux applicables
aux règles générales d’urbanisme d’autre part.
La grande diversité des situations concrètes Le droit de l’urbanisme antérieur à la loi du
particulières a toujours rendu délicate l’appli­ 31 décembre 1976 admettait les dérogations
cation de règles générales, édictées pour aux plans d’occupation des sols, que le législa­
l’ensemble du territoire (règlement national teur s’est efforcé de supprimer en leur substi­
d ’urbanisme) ou pour l ’ensemble des par­ tuant trois mécanismes : la modification du
celles incluses dans les zones d ’un plan plan, par la création d’une procédure simplifiée
d ’occupation des sols. permettant de lui apporter des ajustements qui
Mais, à la fin de la période d ’urbanisation ne portent pas atteinte à son « économie géné­
intense qu’a connue la France, des abus cer­ rale » ; la déclaration d ’utilité publique,
tains ont attiré l’attention de l ’opinion comportant la modification ; et enfin les adap­
publique, au début des années 1970 en parti­ tations mineures, dont le juge contrôle rigou­
culier, sur un droit devenu largement « déro­ reusement les conditions qu’énumèrent les
gatoire », notamment à l’occasion de la mise textes : adaptation rendue nécessaire par « la
en œuvre des zones d’aménagement concerté, nature du sol, la configuration des parcelles, ou
dont le régime juridique dispensait largement, le caractère des constructions avoisinantes ».
à l’origine, les promoteurs privés du respect En ce qui concerne par contre les règles
des règles d’urbanisme, tandis que l’adminis­ générales d ’urbanisme (localisation et des­
tration leur accordait parfois elle-même des serte, implantation et volume, aspect des
facilités excessives. constructions), les dérogations sont encore
Le juge administratif, soucieux que le pou­ largement pratiquées et le juge administratif
voir discrétionnaire de l ’administration ne n’exerce qu’un contrôle restreint sur la déci­
dégénère pas en arbitraire, a, le premier, sion d’octroi du permis de construire.
réagi en déterminant des conditions d’octroi
plus strictes que les textes législatifs et régle­ Y. P.
mentaires ne l’imposaient. Le législateur a Code de l'urbanisme.
contribué à réduire le champ du pouvoir dis­
crétionnaire en instituant, par la loi du
31 décembre 1976, une distinction entre les DESCRIPTIF —> Marché des travaux
dérogations et les «adaptations mineures»
des plans d’urbanisme.
L’administration elle-même a été moins DÉSÉQUILIBRE RÉGIONAL -> Disparités
heureuse dans la poursuite des « cartes com­ régionales
munales», documents simplifiés dépourvus
de force obligatoire, mais fournissant aux
autorités qui ne disposaient pas d ’un plan DESIGN
d’occupation des sols (pos) des indications
assez précises et cohérentes sur la façon dont Terme anglais ayant la double forme nomi­
seraient appliquées des règles générales dans nale (a design) et verbale (to design) et déri­
le périmètre communal ; 5 000 communes vant à la fois du vieux français « desseign »
environ disposaient en 1983 d’un tel docu­ (dessein) et du latin designare (dessiner).
249
DESIGN

Cette association de deux ternes toujours nombre, offrent à l’industrie des modèles de
dissociés en français lui confère une grande qualité : le premier, l’art nouveau, propose ses
complexité sémantique (huit acceptions pour motifs floraux (cf. les premières créations de
la seule forme nominale dans l'Oxford H. Van de Velde) ; en Grande-Bretagne, les
Dictionary), en lui permettant de signifier Écossais Mackintosch et Mackmurdo créent
aussi bien dessein et dessin, que diverses une série de meubles, en partie inspirés par le
formes de synthèses des deux termes, intradui­ Moyen Âge, réédités aujourd’h u i; en
sibles en français autrement que par des péri­ Autriche, Hoffmann et K. Moser fondent les
phrases. Wienerwerkstâte (1903).
En anglais, le terme design est très employé, Mais c’est dans le sillage du mouvement
sous ces deux formes, avec une connotation moderne que V industrial design prend son
esthétique, dans la théorie et la pratique de ampleur, en particulier dans le cadre du
l’ensemble des arts plastiques. Pour les aména­ Bauhaus où il est théorisé et enseigné. L’esthé­
geurs et les architectes, il signifie parfois tisme du mouvement moderne est récusé au
esquisse préliminaire, conception ou plan nom d’une éthique et d’une politique : seule
d’exécution, mais il prend le plus souvent est prise en compte la destination des objets.
l’acception générale (applicable en peinture ou Leur conception se résume en une fonction
en sculpture) de l’adéquation d’une idée ou dont leur forme doit être l’expression ration­
conception abstraite avec une forme esthétique nelle. Le beau coïncide avec le pratique et le
concrète de réalisations bi- ou tridimension­ vrai, échappant ainsi à l’historicité des styles.
nelles. Ainsi, le design d’un édifice peut être Les prototypes établis dans cette optique
défini par la mise en relation, esthétiquement couvrent le champ entier de la vie quotidienne,
qualifiable et pédagogiquement transmissible, des objets et des instruments les plus tradition­
d’un projet et des moyens de sa réalisation. En nels (couverts, vaisselle, sièges) ju sq u ’aux
tant que tels, le design (nom), comme l’action plus nouveaux objets techniques (locomotive,
qui le produit (verbe), postulent une concep­ automobile, radio), et sont étudiés en fonction
tion unitaire des arts plastiques, l’identité du des techniques industrielles de production. Si
procès de création dans les champs respectifs les membres du Bauhaus (Gropius, Mies Van
de la peinture, de la sculpture, des arts der Rohe, Breuer) ont créé des prototypes
appliqués, de l’architecture et de l’aménage­ célèbres, d’autres architectes ont également
ment. Cette identité est bien exprimée par donné l’exemple, Le Corbusier avec la colla­
l’institution anglo-saxonne des schools o f boration de Charlotte Perriand, Aalto dont les
design. L’allemand Gestaltung et l’italien pro- sièges et les vases ne peuvent, pas plus que ses
jettazione sont très proches de l’anglais design. maisons, être dessinés en plans.
Le nom composé industrial design désigne Après la deuxième guerre mondiale,
la création de prototypes d’objets variés, indus- l'industrial design connaît une nouvelle
trialisables, relevant d’un souci esthétique ou vague. D’une part, la tradition du Bauhaus se
du moins d’un souci de qualité. Il est né, dans poursuit aux États-Unis où Moholy-Nagy,
les sociétés industrielles, d’une réaction contre chassé d’Allemagne, a ouvert un Institute o f
la laideur des premiers objets d’usage courant design à Chicago.
produits en série par l’industrie. D’autre part, en Europe, l’Italie prend la tête
Il a, paradoxalement, pour origine le mou­ du mouvement avec les triennales de Milan
vement nostalgique déserte andcrafts (1862) qui deviennent une tribune internationale et la
fondé par W. Morris, dans la même perspec­ politique de promotion du design menée par
tive qui lui faisait opter pour le culturalisme en de grandes firmes industrielles comme
matière d’urbanisme. En effet, en dépit d’une Olivetti. Mais chaque pays imprime son iden­
critique décapante de la production indus­ tité à sa production. V industrial design italien
trielle contemporaine, Morris demeure pas­ est caractérisé par sa sophistication et son goût
séiste et refuse les méthodes de l’industrie au du baroque ; les pays Scandinaves accusent
profit d’un artisanat rénové. Cependant, son une certaine rusticité, en même temps qu’ils
analyse formelle des qualités esthétiques des sont influencés par la tradition japonaise ;
objets traditionnels ouvre la voie à d’autres l’Allemagne, où T. Maldonado a créé à Ulm la
créateurs qui, dans une perspective esthétique Hochschulefur Gestaltung (1954), reste fidèle
et éthique de production pour le plus grand au rationalisme.
DÉSINDUSTRIALISATION 2»

La France, malgré le travail continué par vastes et moins coûteux sans être contrainte à
quelques précurseurs comme Ch. Perriand et une décentralisation totale ou partielle.
J. Prouvé qui applique Vindustrial design Les facteurs traditionnels d ’implantation
aux composants architecturaux, a été touchée industrielle perdant de leur importance, les
tardivement par l’éthique de cette production. entreprises sont souvent prêtes à un desserre­
Elle n ’a découvert que récemment le mot ment mais craignaient souvent, en région
design que le français n ’emploie ni en urba­ parisienne, que la procédure d ’agrément ne
nisme, ni en architecture, mais seulement les accule à une décentralisation en province
comme abréviation dIndustrial design, en qu’elles redoutaient : c’était là un effet per­
l’utilisant pour tout ce qui est produit en vers d’une réglementation qui visait à accélé­
série et peut présenter une valeur plastique, rer la mobilité des entreprises et qui les
et pour qualifier les objets produits plutôt conduisait parfois à une stabilité défensive
que pour désigner leur processus de produc­ dans des locaux vétustes sur un site incom­
tion. mode.
Il ne faut pas confondre avec Vindustrial Pour favoriser le desserrement des activités
design, le styling, lancé par les Américains en région parisienne, en particulier en faveur
dans le contexte du New Deal, à dessein des villes nouvelles, grâce au décret du
essentiellement économique, destiné à stimu­ 24 octobre 1967, on a utilisé le pouvoir régu­
ler la consommation en faisant participer les lateur des procédures mises en place dès 1955
objets à un cycle de mode. R. Loewy fut un pour la décentralisation : agrément plus facile­
des plus célèbres stylistes des États-Unis, ment obtenu, puis supprimé, si on s’implante
qui exerça une grande influence en Europe. en ville nouvelle, redevance réduite. On a
Les frontières entre le design et le stylisme aussi utilisé la méthode des bureaux et des
sont cependant parfois difficiles à détermi­ usines «en blanc», c’est-à-dire dont on auto­
ner. rise la construction sans connaître le futur
P. Mo. occupant.
Les firmes concernées par le desserrement
-+ Bauhaus ; Moderne ; Progressisme ; Urban design.
sont souvent des entreprises modernes, tra­
vaillant dans des secteurs d’activités en expan­
sion : construction électrique, électronique,
DÉSIN D USTRIALISATION —> Délocalisation informatique, industrie des matières plas­
des activités ; Industrialisation tiques, etc.
Le desserrement permet à l’entreprise de
conserver le contact avec le milieu d’activités
DESSERREM ENT régional, de maintenir des liens étroits entre
les établissements de l’entreprise. Il s’agit
Mouvement des activités du centre d ’une donc, non pas d ’une réduction du rôle des
agglomération ou d’une conurbation indus­ grands centres d’activités comme le recherche
trielle vers la périphérie de celle-ci. Le des­ la décentralisation, mais d ’une extension spa­
serrement est donc un mouvement à courte tiale de ceux-ci. Outre les grandes métropoles
distance (quelques dizaines de kilomètres au (Paris, Londres, Milan), des conurbations,
maximum), qui s’oppose à la décentralisation liées initialement à un bassin minier, ont mis
des activités d’une région vers une autre. Le en œuvre une telle stratégie, soit spontané­
desserrement - des industries, des bureaux, ment (Ruhr vers la vallée du Rhin), soit de
des commerces, des services, etc. - a plu­ façon planifiée (Silésie).
sieurs finalités : On a parfois parlé, à tort, de desserrement
• réduire la densité d’activités, et partant la pour le mouvement d’activités de l’agglomé­
congestion et les nuisances qu’elles suscitent, ration parisienne vers la ceinture du Bassin
au centre de l’agglomération ; parisien. S’agissant de mouvements qui
• rapprocher les lieux d’emploi des quar­ obligent à un changement de personne, ou à
tiers d’habitat et, en particulier, créer des acti­ son déménagement, il s’agit de décentralisa­
vités à proximité des extensions urbaines tion. Mais il est certain que, lorsqu’elles sont
récentes ; contraintes à la décentralisation, les entre­
• pour l’entreprise, disposer de terrains plus prises cherchent à aller le moins loin possible :
251
DEUX ROUES (VÉHICULES À)

c’est ainsi qu’entre 1955 et 1971, la couronne projet, celui qui en manifeste les premières
du Bassin parisien (moins de 200 km de Paris) intentions et en permettra la réalisation.
a accueilli les deux tiers des emplois décentra­ Si les progrès du dessin assisté par ordina­
lisés de l’agglomération parisienne. teur (dao) présentent un intérêt majeur pour
le dessin technique (rigueur du détail et faci­
P. M. lité de modification d’un document), le dessin
-> Agrém ent; Aménagement du territoire; Banlieue; Bureaux; poétique au contraire ne saurait se passer du
Décentralisation (des activités); Entrée de ville; Industrie; dessin manuel. Ce dernier mobilise le regard,
Localisation des activités; Redevance.
la mémoire et l’esprit, tout autant que l’agilité
de la main. La concentration qu’il requiert
DESSERREM ENT DES M ÉN A G ES -> Taux engage une relation au temps et une expé­
d'occupation des logements rience à l’espace plus lentes donc plus denses.
Il permet de mieux discerner le contingent de
l ’essentiel. Tout en développant l’acuité
DESSERTE —> Accessibilité visuelle que ne saurait remplacer un reportage
photographique, il facilite l’analyse et la com­
préhension du site, du paysage et de l’archi­
DESSIN tecture qui l’environne.
Cette acuité visuelle permet aussi, lors de
En matière d’urbanisme et d’aménagement, la phase de production des dessins techniques
le dessin permet, comme en architecture, de ou assistés par ordinateur, de contrôler leur
représenter son objet soit de façon rationnelle qualité et leur pertinence. En outre, par l’iden­
et technique, soit de façon poétique (au sens tité de son auteur, le dessin manuel enrichit
de l’étymologie grecque de ce terme), en fai­ toute publication numérique (pao : publica­
sant appel à l’esthétique et à l’imaginaire. tion assistée par ordinateur). Et il n’est pas
Le dessin technique : rare que le dessin manuel et le dao soient
— décrit et définit aussi de manière plus source de métissage comme le permet de loin
étendue le territoire qui entretient une interac­ le remplacement de la souris par la tablette
tion avec les zones habitées : tracés de route, graphique et son stylet. Malgré tout, le déve­
reliefs, découpage foncier et agricole, carte loppement du dao dénature trop souvent les
géographique ; rendus d’urbanisme et leurs contenus par les
— assure la mise en œuvre d’un projet effets hyperréalistes kitsch et trompeurs stan­
urbanistique à différentes échelles, depuis la dardisés par les logiciels informatiques.
projection d’un tracé urbain, le découpage Le dessin d’urbanisme, parce qu’il modé­
parcellaire en vue d’un lotissement, la défini­ lise l’espace dans la durée, ne saurait évoluer
tion du gabarit et la hiérarchie de voies, au rythme du design et des modes trop rapide­
l’emplacement d’ouvrages d’art, d’équipe­ ment dépassées. Aucun urbaniste ne saurait
ments et de réseaux techniques en tout genre oublier que, au-delà de l’outil de représenta­
tels que l’assainissement, la distribution d’eau tion, le dessin est avant tout un moyen de
et d’énergie ; connaissance du lieu et du patrimoine. C ’est
— permet, par sa rationalité et son objecti­ ce à quoi tend le dessin à la main par son
vité, de contrôler l’état ou les transformations implication dans l’espace physique et l’appré­
du paysage : il complète la partie écrite d’un hension d’un temps à échelle humaine néces­
règlement d’urbanisme. Il se réduit alors à des saire à l’édification des villes et du paysage.
codes graphiques objectifs : cartes, schémas, N. D.
symboles, etc.
Au sens étymologique du grec (notera, Beaux-arts; Cartographie; Documents d'urbanisme.

fabriquer, créer, et noincnç, action de faire,


création), le dessin poétique (ou mieux, poié-
tiqué), est propre au concepteur. Depuis la DEUX ROUES (VÉHICULES À)
Renaissance jusqu’aujourd’hui, il a, en archi­
tecture et en aménagement, joué un rôle Cycles sans moteur (bicyclettes) ou à
méthodologique fondamental dans le proces­ moteur non immatriculés (cyclomoteurs) ou
sus de conception. Il livre le premier état du immatriculés (motocyclettes).
D EV ELO PM EN T CO R PO R ATIO N
2S2

Moyen de transport d’agrément (jeu, puis tain malgré un vandalisme important (à Paris,
moyen de promenade à la fin du xixe siècle), 16 000 vélos remplacés et 8 000 volés en
la bicyclette est devenue, au début du deux ans sur un total de 20 600 mis en ser­
X X I e siècle, le moyen de transport privilégié vice au départ). Les politiques «écolo­
des ouvriers. Le cyclomoteur lui a succédé giques» tendent à encourager l’usage de la
après 1950. La bicyclette est redevenue un bicyclette, par exemple en lui donnant
moyen de promenade, de sport et un jouet accès aux pistes réservées aux autobus (et
d’enfant. La motocyclette connaît également aux taxis), voire en l’autorisant à circuler en
un renouveau très vif chez les jeunes. sens interdit sur les voies à vitesse réduite
Les véhicules à deux roues assurent une (« zones 30 »).
part importante des déplacements utilisant un
moyen de transport : moins de 5 % en région P. M.
parisienne, mais jusqu’à 50 % dans les petites - » Moyen de transport; Séparation des trafics.
villes de 50 000 habitants et moins. Dans cer­
tains pays (Danemark, Pays-Bas), c’est même
le principal moyen de transport urbain (bicy­ DEVELOPMENT CORPORA TION
clette surtout). —> Établissement public d'aménagement
En France, le parc est estimé à 20 millions de ville nouvelle ; New Town
de véhicules de tous types (près de 3 millions
en Ile-de-France). Si le parc de motocyclettes
est assez bien connu en raison de l’obligation DÉVELOPPEM ENT DURABLE
d ’immatriculations (environ 1,4 million, en
rapide progression), celui des cyclomoteurs La notion de développement durable (sus-
l’est moins (un peu plus de 1 million, en baisse tainable development) a été introduite en
rapide). Le parc de bicyclettes est encore plus 1987 par le rapport dit Brundtland (Our
mal connu : on l’estime à 20 millions (hors Common Future) de la commission mondiale
celles qui servent de jouet), mais beaucoup sur l’environnement et le développement. Il
d’entre elles ne sont pratiquement pas utili­ s’agit d’harmoniser le développement écono­
sées. mique et social avec la préservation de la
L’aménagement de sites propres (pistes biosphère, d’assurer les besoins de la popula­
cyclables) de 2 m de large (pour permettre les tion actuelle sans compromettre l’existence
dépassements) ou de sites réservés (bandes des générations futures. Cette préoccupation
cyclables non séparées de la chaussée) est la est née du constat des effets du développe­
meilleure façon d ’encourager l’emploi de la ment économique sur les grands équilibres de
bicyclette, qui est peu coûteuse, ne consomme la planète («trou» dans la couche d’ozone,
pas d ’énergie et donc n ’émet ni polluants ni risque d’accentuation de l’effet de serre et de
gaz à effet de serre. Le réseau de pistes réchauffement de la terre, etc.).
cyclables s’étend assez vite : en Île-de-France, On parle donc de développement durable
on en compte 2 200 km (300 km seulement il pour décrire des modes de développement
y a vingt ans). La bicyclette est cependant rela­ économique qui ménageraient mieux les
tivement consommatrice d’espace (moins que grands équilibres naturels, notamment en
l ’automobile, mais beaucoup plus que la réduisant la consommation d’énergies fossiles
marche à pied ou les transports en commun) et et donc l’émission dans l’atmosphère de gaz
pose souvent des problèmes d’indiscipline de carbonique, principal gaz à effet de serre. Le
ses usagers. développement durable suppose la recherche
Certaines villes, pour en faciliter l’emploi, de sources d ’énergie renouvelables et non
ont mis des bicyclettes, spécialement conçues polluantes et la réduction des pollutions et des
pour cet usage, en libre service (par abonne­ risques liés aux autres formes d’énergie. De
ment en général). Après des tentatives façon générale, le développement durable
anciennes, qui n ’ont pu être poursuivies (à suppose une durée de vie plus importante des
Amsterdam notamment autour de 1970, à La machines dans l ’industrie, des véhicules,
Rochelle à partir de 1974), cette idée a été appareils ménagers et autres produits de
reprise à Rennes (1998), à Lyon (2005), puis l’industrie, la recherche systématique des éco­
à Paris (Vélib en 2007) avec un succès cer­ nomies d’énergie, le maintien des grands mas­
253
DÉVELOPPEMENT LOCAL

sifs forestiers, une attention aux sources de tique et ont proposé, sans être suivis, un sys­
pollution de l’air, des eaux continentales, des tème complexe où les pays riches auraient
mers et des sols, mais aussi un souci d’utilisa­ pu acheter aux pays pauvres des «droits
tion rationnelle de l’espace. Il rejoint par là d’émission» de C 0 2. La France avait envi­
les questions relatives à l’accroissement des sagé récemment l’institution d’une écotaxe
ressources alimentaires mondiales et à leur (taxe sur les combustibles fossiles affectée à
répartition, elles-mêmes liées aux rythmes de des mesures de limitation des émissions de
croissance démographique et au développe­ gaz à effet de serre), mais la loi correspon­
ment économique des pays encore peu ou non dante a été censurée par le Conseil constitu­
développés. tionnel.
S’il semble illusoire d’espérer que le pro­ En fait, la notion de développement durable
grès des télécommunications réduira la suppose une transformation profonde des
demande de mobilité, on peut essayer de favo­ mentalités. Les considérations écologiques
riser l’utilisation de modes de transport plus devraient prendre autant de place que les
économiques en énergie (et surtout en pétrole) approches économiques classiques. Les pro­
que le transport automobile. Des économies blèmes devraient être traités à toutes les
d’énergie et un respect plus grand de la nature échelles, mais avec un souci permanent des
peuvent en outre être attendus de formes grands équilibres écologiques mondiaux.
d’habitat plus compactes, avec une densité Bref, il suppose le développement d’une véri­
supérieure à celle des banlieues résidentielles table « écologie politique ».
récentes, mais surtout avec un tissu urbain et P. M.
des formes des bâtiments plus régulières (le
Écologie; Écologie territoriale; Éco-quartier; Effet de serre;
tissu haussmannien au centre des villes ou les Énergie et environnem ent; Pollution; Pollution atmosphé­
maisons de ville dans les quartiers intermé­ rique ; Protection de la nature ; Ville compacte.
diaires sont de bons exemples de formes éco­
nomes en énergie et peu consommatrices
d’espace): ces préoccupations rejoignent DÉVELOPPEM ENT INDUSTRIEL
celles des partisans de la « ville compacte », —> Industrialisation
soucieux d’un meilleur équilibre entre la ville
et ses périphéries.
Alertés par l’opinion publique mondiale, DÉVELOPPEM ENT LOCAL
les responsables politiques ont multiplié les
réunions internationales pour rechercher un Processus de diffusion, à l’échelon local,
accord sur les voies du développement des effets de la croissance, des innovations et
durable, et en particulier sur les moyens de des acquis culturels, accompagné d’une trans­
lutte contre la destruction de la couche formation, à partir des potentialités locales,
d’ozone et l’accentuation de l’effet de serre. des structures économiques, sociales et cultu­
Après la réunion de Montréal (1987), les relles (on parle parfois aussi d’autodéveloppe­
conférences de Rio de Janeiro (1992), de ment).
Kyoto (1997) et Buenos Aires (1998) ont Le développement local suppose une volonté
tenté de dégager un terrain d’entente entre collective de mobiliser les ressources locales,
les pays développés et ceux qui sont moins qu’elles soient naturelles, humaines, écono­
avancés, mais qui ne veulent pas renoncer à miques ou culturelles, pour créer des activités
leur développement parce qu’on leur inter­ et construire, sur un territoire homogène, un
dirait les voies (large recours aux énergies projet de développement global. Les projets
fossiles notamment) qui ont assuré le déve­ doivent donc être portés par les acteurs locaux,
loppement de ceux qui sont le plus avancés. notamment les élus : le rôle de l’État ne peut
Après les déclarations de bonnes intentions être que d’accompagnement de ces projets. ^
de Rio (engagement de réduction des émis­ La définition précédente peut paraître
sions de C 0 2), il a été plus difficile de conci­ complexe, mais elle semble nécessaire pour
lier des intérêts divergents. Si les pays de un concept largement utilisé dans les années
l’Union européenne ont accepté une limita­ 1980 avec des significations imprécises (il en
tion de leurs émissions de C 0 2, les Etats- a été de même depuis une trentaine d ’années
Unis se sont longtemps opposés à cette poli­ du terme de développement).
DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL
m

Le développement local est devenu en tion et l’étude des projets locaux et pour la
France, dans le contexte de la décentralisation réalisation d’actions de développement ; ses
administrative, une des priorités de la poli­ crédits ont diminué par la suite et il a été
tique d’aménagement du territoire, qui passe supprimé et intégré, à partir de 1995, dans le
par:
nouveau fnadt (Fonds national d ’aménage­
la mise en place d’outils d’information ment et de développement du territoire).
et de formation à l’échelle du bassin d ’emploi Les premières actions ont notamment porté
ou du pays ;
sur le développement de services de proxi­
— l’encouragement aux formes de coopéra­ mité, la simplification des procédures d’aide
tion intercommunale (cf. chartes intercommu­ aux petites entreprises, la mise en place de
nales de développement et d’aménagement : crédits d ’impôts à leur profit, etc. On peut
loi du 7 janvier 1983) ;
cependant craindre que cette institutionnalisa­
— l’action des organismes parapublics, des tion du développement local lui fasse perdre le
associations, etc. ;
caractère d’initiative et de volonté locales qui
— la prise en compte du développement en constituent la raison d’être.
local dans les plans des régions et les contrats La création, effective en 1998 (son prin­
de plan Etat-région ; cipe avait été voté dans le cadre de la loi
— le développement des formes moder­ Pasqua du 4 février 1995), du Fonds national
nes de communication (télécommunication, de développement des entreprises (fnde )
réseaux câblés, etc.) ; allait également dans le sens d ’une réinstitu­
— une politique locale de l’habitat et la tionnalisation du développement local. Ce
participation des collectivités territoriales au fonds a pour vocation de favoriser la créa­
développement économique local (loi du tion, le maintien et la croissance des petites
18 juillet 1985, qui prévoit la concertation entreprises. Doté initialement de 200 millions
entre les autorités municipales et les habitants de F (30,5 millions d ’€), il est volontaire­
et les associations locales avant les délibéra­ ment destiné aux petites et très petites entre­
tions sur les projets d ’urbanisme). prises. Il intervient sous forme de prêts
Un esprit similaire a sous-tendu la prépara­ d’honneur, de garanties de prêts bancaires et
tion de la loi « Montagne » du 9 janvier 1985 d’aides à la participation de sociétés de capi­
qui a placé au premier plan la notion d’auto­ tal risque. En fait, le fnde n ’a pas d ’exis­
développement et créé un Fonds d’interven­ tence véritable : il n ’est pas identifié en tant
tion pour l’autodéveloppement en montagne que tel dans les documents budgétaires et
(fiam), fondu en 1995 dans le fnadt. mène diverses actions d’aides aux entreprises
La politique de développement local a été à l’aide de ressources de différents minis­
relancée en 1988. Des structures ont alors été tères, de la Caisse des dépôts et consigna­
mises en place :
tions et de la banque des petites et moyennes
— le Centre de rencontres et d’initiatives entreprises.
pour le développement local (cridel), asso­
ciation constituée par des administrations et P. M.
des entreprises privées, a pour objet de pro­ -* Aménagement du territoire.
mouvoir le développement local ;
— le groupe interministériel pour le déve­
loppement économique local coordonne les DÉVELOPPEM ENT RÉGIONAL
actions de l’État et peut décider de subven­ —> Aménagement du territoire;
tions à des démarches contractuelles de déve­ Aménagement régional ; Développement
loppement local, notamment dans le cadre des local; Disparités régionales; Planification
contrats de plan ; régionale; Politique régionale
— un interlocuteur unique pour le compte
de l’Etat est désigné par le préfet du départe­
ment pour harmoniser les procédures et le DÉVELOPPEM ENT SOCIAL DES Q UARTIERS
calendrier des interventions ; (DSQ)
— le Fonds régionalisé d’aide aux initia­
tives locales pour l’emploi (frile) a été doté On appelle « développement social des
en 1988 de 250 millions de F pour la concep­ quartiers » un programme d’intervention ori­
DÉVELOPPEMENT SOCIAL DES QUARTIERS
255

ginal, mis en place entre 1982 et 1993 entre cupa, plus précisément, des problèmes de la
l’État, diverses collectivités publiques et de jeunesse et proposa de nouvelles approches
multiples partenaires sociaux et tendant à pour favoriser l’insertion sociale et profes­
renouveler les modes d’intervention dans les sionnelle des jeunes, qui aboutirent à la créa­
quartiers présentant des dysfonctionnements tion de missions locales et d’une délégation
sociaux et urbains, grâce à des démarches spéciale.
novatrices par rapport aux modes traditionnels Les démarches de ces trois personnalités
de l’aménagement ou de la réhabilitation. eurent en commun de mettre en cause les
Le constat d ’un mal-vivre dans certaines modes traditionnels de l’action publique,
zones urbaines, et notamment dans les grands notamment de l’action sociale, que ce soit
ensembles, n ’est pas nouveau et il a donné ceux de l’État, ceux des collectivités locales
lieu au programme «habitat et vie sociale» ou ceux des services sociaux, en constatant
institué en 1972-1973 et formalisé en 1977. leur échec, et de proposer des modes d’action
Les opérations menées dans ce cadre n’ont pas issus d’initiatives de la «base», en marge
empêché la dérive sociale et urbaine de cer­ des procédures linéaires et sectorielles des
tains quartiers de banlieue, dérive liée à bien administrations traditionnelles. Surtout, tous
d’autres facteurs que l’état du bâtiment ou la trois constatèrent l’inadéquation des réponses
forme de l’urbanisme. La notion de « dévelop­ apportées par chacune aux problèmes sou­
pement social » fait une référence implicite levés et proposèrent des modes d’organisa­
aux expériences d’autodéveloppement dans tion et d’action au-delà des seuls services
les pays du tiers monde. Elle se présente aussi administratifs : de là naquirent des commis­
comme une approche nouvelle de l ’action sions où se retrouvèrent administrateurs,
sociale via le développement local, mouve­ élus, acteurs sociaux, habitants, organismes
ment qui relève de la même philosophie. Est gestionnaires, personnalités, appelés à appré­
privilégiée l’initiative des groupements de hender, ensemble, les problèmes qu’aucun
base, collectivités locales, groupes d ’habi­ seul n ’avait pu résoudre et n’était en mesure
tants, et ceci s’oppose aux modes traditionnels de le faire. Il s’agissait d’une sorte de «col­
de l’action publique, de type « vertical ». lectif» de partenaires - le partenariat, comme
Ces démarches de développement social la globalité, est un des maîtres mots de cette
des quartiers ont présenté une grande impor­ nouvelle politique - susceptible de mieux
tance politique et idéologique dans les tenta­ comprendre, de mieux agir et de mobiliser
tives de traiter la crise urbaine dans les années les différents réseaux locaux représentés. Ces
commissions nationales eurent, à l’origine,
1980-1990.
Le développement social des quartiers s’est un autre rôle que le classique conseil aux
mis en place entre 1981 et 1982 à partir décideurs : elles eurent bien une mission
d’une analyse de la persistance d’une crise d’élaboration de stratégie et de participation
des banlieues (violences aux Minguettes à à la décision. Enfin, elles s’installèrent aussi
Vénissieux) malgré les programmes de réha­ à un moment où la décentralisation rendait
bilitation de l’habitat social. Les réflexions les collectivités locales pleinement respon­
alors engagées témoignent de pensées exté­ sables de leur politique et où l’État n ’était
rieures aux modes d’approche de l’Etat qui plus le premier acteur politique.
fut, jusqu’alors, le seul initiateur et régulateur À partir de ces analyses, trois nouvelles
des interventions. En 1981, Hubert Dude- orientations furent définies : agir sur les causes
bout, maire de Grenoble, fut chargé d une de la dégradation des quartiers autant que sur
mission de réflexion qui aboutit au rapport la dégradation elle-même (ce qui met en cause
fondateur de cette nouvelle politique le chômage, l ’échec scolaire, la pauvreté,
(«Ensemble, refaire la ville») en même etc.) ; faire des habitants des acteurs du chan­
temps qu’était créée la Commission nationale gement ; rendre les collectivités locales res­
du développement social des quartiers. Paral­ ponsables des opérations. L’accent fut mis sur
lèlement, Gilbert Bonnemaison, entouré de la nécessité de travailler sur tous les aspects
trente maires, jetait les bases d’une politique intéressant la vie d’un quartier, sans se limiter
de prévention de la délinquance, organisée au bâti ou à l’urbanisme, et de s’engager dans
autour d’un conseil national et de conseils la durée, d’associer à la définition des actions
départementaux. Enfin, B. Schwartz se préoc­ et à leur mise en œuvre tous les partenaires, de
DÉVELOPPEMENT SOCIAL DES QUARTIERS 256

faire un effort d’adaptation des normes et des plus difficiles, succéda une politique ambi­
règlements. tieuse au risque de dilution entre différentes
Un bilan, assorti de propositions, a été pré­ échelles, ambitions et moyens mobilisables.
senté par le Commissariat du plan et fait clai­ Les travaux d’évaluation menés, en particulier
rement apparaître les actions menées par par le Conseil national des villes, qui a suc­
grandes masses dans les différents quartiers. cédé aux commissions créées en 1982, ont
Les 148 quartiers inscrits en dsq n ’ont pas montré les limites de l’extension territoriale et
fait l’objet de politiques également actives et politique du développement social urbain et
on peut estimer à une centaine ceux qui le l’extrême difficulté méthodologique de l’éla­
furent réellement (et dont la situation le justi­ boration de contrats de ville pertinents.
fiait aussi). Le dsq a concerné, pendant cette La crise économique et l’augmentation sen­
période, 1,5 million d’habitants, logeant dans sible du chômage des jeunes, comme de celui
quelque 350 000 logements (dont la moitié des parents, contribuent à l’aggravation de la
devaient être réhabilités). Pour certaines situation des quartiers les plus difficiles des
villes, cette procédure a pu intéresser jusqu’à agglomérations urbaines, même si toute la
40 ou 60 % de leur population. En région Ile- pauvreté n ’y est pas rassemblée, comme on le
de-France, 28 quartiers furent concernés. Le croit souvent, à tort. Certes, on peut légitime­
bilan effectué par le Commissariat du plan en ment se demander si la démarche dsq a une
1988 est incontestablement positif, tant en prise, autre que marginale, sur des quartiers
termes de réalisations par rapport aux objec­ confrontés à de telles tensions, mais on peut
tifs (en matière de réhabilitation des loge­ aussi douter que son quasi-abandon dans les
ments, par exemple) qu’en termes qualitatifs. politiques de la ville qui lui ont succédé soit
Il soulignait une forte implication des parte­ bénéfique pour des populations qui avaient pu
naires locaux, de vraies innovations dans de en retirer le sentiment d ’une réelle citoyen­
multiples domaines, une lente transformation neté, et notamment pour les jeunes issus de
des services traditionnels, une nouvelle com­ l’immigration.
préhension des problèmes sociaux dans leur Le « plan Banlieues » ou « pacte de relance
dimension territoriale. On ne pouvait, pour pour la ville », lancé par le gouvernement en
autant, en conclure, sauf dans quelques situa­ janvier 1996, a tenté d ’apporter une réponse à
tions locales, que la tendance à l’aggravation ces questions. Il prévoit la création de zones
des situations de tension et d’exclusion dans franches urbaines (44, puis une seconde vague
les cités réputées «difficiles» ait été inter­ de 41 créées en 2004, 100 au total en 2010)
rompue, mais elle a souvent été fortement dans des quartiers en difficulté pour y attirer
ralentie. Enfin, les résultats obtenus sont émi­ des activités, la création en cinq ans de
nemment fragiles et tout désengagement des 100 000 emplois dans des services locaux
collectivités publiques, entraînant la limita­ pour cinq ans (payés en moyenne à 55 % par
tion des financements, pouvait mettre en péril l’Etat). Il a proposé également des mesures
l’action engagée dans les quartiers les plus dans les domaines de la police, de la justice,
difficiles alors que la longue durée est évi­ de l’éducation, du logement, du commerce et
demment nécessaire. pour encourager les activités des associations
locales.
En 1989, suite à ces éléments d’évaluation, Initialement contesté, le succès des zones
on élargit la réflexion urbaine à d’autres situa­ franches urbaines (zfu), dont l’achèvement a
tions dans un souci préventif et moins exclu­ été étalé dans le temps, a conduit le gouverne­
sivement curatif, qui aboutit à une politique ment à lancer une seconde vague de 41 zfu
dite de développement social urbain, qui a pour la période 2004-2008, dans le cadre de la
concerné quelque 400 quartiers, 13 agglomé­ 101 Borloo d’orientation et de programmation
rations pilotes objets de « contrats de ville » et pour la ville, notamment par des actions por­
les zones urbaines en reconversion. Les dis­ tant sur le bâti et la restructuration des quar­
positifs propres à la prévention de la délin­ tiers d’habitat social : c ’est la nouvelle notion
quance y furent partiellement intégrés. À une de « rénovation urbaine ». Cette loi a pour
politique expérimentale, qui concentrait les objet de relancer la politique de la ville et
moyens non seulement financiers mais aussi d’accélérer la rénovation urbaine. Elle prévoit
intellectuels et humains sur les situations les une offre nouvelle, pendant la période 2004-
Kl DEXIA-CRÉDIT LOCAL

2008, de 200000 logements locatifs sociaux à la Caisse d’aide à l’équipement des collecti­
(par remise sur le marché ou construction vités locales (caecl), le Crédit local de France
dans les zones urbaines sensibles ou à proxi­ devenait le principal organisme financier du
mité), la réhabilitation de 200 000 autres loge­ secteur local. Dexia-Crédit local le reste jus­
ments locatifs sociaux et la démolition de qu’à aujourd’hui avec environ 40 % de parts de
200 000 logements. Ce programme devait être marché dans un contexte de pleine concurrence
lînancé par des crédits budgétaires (2,5 mil­ du fait de la banalisation du crédit au secteur
liards d’€ en cinq ans, plusieurs fois aug­ public local engagée par l’État en 1986.
mentés par la suite) et par des prêts de la D ’abord filiale de la Caisse des dépôts et
Caisse des dépôts et consignations. Une consignations (cdc ), le clf avait connu de
Agence nationale pour la rénovation urbaine profondes modifications statutaires. Société
(anru) a été créée en 2004, comme guichet anonyme publique (25,5 % État et 25 % cdc),
unique regroupant divers crédits d ’origine il est entré en bourse en 1991, avant de faire
publique ou parapublique, pour la mise en l’objet d ’une privatisation en 1993. En
œuvre de cet ambitieux programme, dont on octobre 1996, le clf et le Crédit communal de
peut se demander s’il n’est pas quelque peu Belgique, puis la Banque d’investissement du
irréaliste au vu des résultats des années précé­ Luxembourg, ont créé à parité le groupe ban­
dentes. Le financement de celui-ci a été inté­ caire européen Dexia. Le Crédit communal de
gralement imputé sur le « 1 % logement » Belgique, banque commerciale aux nombreux
depuis 2009, en application de la loi du guichets, était détenu par les communes
5 mars 2009, appelé à se substituer aux précé­ belges à qui il fournissait des financements.
dents crédits budgétaires. On peut se deman­ Dexia s’est développé de façon très dyna­
der si ce programme n ’est pas quelque peu mique tant en Europe que dans le reste du
irréaliste au vu des résultats des années précé­ monde jusqu’à la crise financière de 2008.
dentes, sachant, de plus, que le financement Auparavant, le groupe détenait environ 15 %
prévu sur le « 1 % logement» ne couvre pas du marché européen du financement local.
tous les engagements pris. Obligé de se défaire de récentes acquisitions,
Par ailleurs, ce programme répond à cette notamment en Europe centrale, sa position
vieille idée que la démolition des grands s’est fortement détériorée.
ensembles et des quartiers dits sensibles et Si depuis 1993 le clf ne fait plus partie du
une action sur le bâti pourraient résoudre la groupe cdc, la Caisse des dépôts et consigna­
crise des banlieues. Dix ans de dispositifs tions reste le plus gros actionnaire de Dexia
divers, nouveaux contrats de ville ou contrats fin 2008 (17,6% du capital) devant les com­
urbains de cohésion sociale, plus ou moins munes belges (14,3% ). Les États belge et
bien financés, n ’ont pas empêché de nouvelles français détiennent chacun directement 5,7%
crises, parfois très dures, dans les banlieues, du capital.
comme en 2005. Partenaire financier de tous les acteurs
locaux (communes, départements, régions,
N. B.
chambres de commerce et d’industrie, sociétés
-> Banlieue ; Contrat de ville ; Exclusion ; Financement du renou­ concessionnaires de service public, hôpitaux,
vellement urbain; Fonds d'aménagement urbain fau ( ); etc.) qui concourent par leurs investissements
Grand ensem ble; Pacte de relance pour la ville; Programme
national de rénovation urbaine; Projet de quartier; Rénova­ au développement local, Dexia se finance sur
{
tion urbaine ; Zone franche urbaine zfu ). les marchés domestiques et internationaux. Il
n’a cependant collecté en propre que 3,1 mil­
liards d ’€ en 2008, car c ’est au niveau du
DÉVELOPPEM ENT SO CIAL URBAIN groupe que s’opèrent les émissions les plus
Développement social des quartiers importantes (au total 22,2 milliards).
Le montant des prêts versés par Dexia-Crédit
local vers le secteur public local français est de
DEXIA-CRÉDIT LOCAL l’ordre de 12 milliards d’€ en 2008. L’encours
des prêts en France, environ 76 milliards d’€,
Dexia-Crédit local, héritier du Crédit local ne représente que 34% des encours totaux
de France ( clf ), est la filiale française du mondiaux de la banque en 2008.
groupe international Dexia. Succédant en 1987 Groupe européen, Dexia a eu une activité
DIFFÉRÉ D'AMORTISSEMENT 258

très développée dans le monde. Elle avait, par nierie financière, se sont trouvées prises à
exemple, pris le contrôle de la société fsa aux contre-pied avec le retournement du marché en
Etats-Unis, une des premières compagnies de 2008. Ces emprunts sont alors devenus
rehaussement de crédit, dont le rôle est essen­ « toxiques » à leur yeux. Même si l’expression
tiel sur le marché des obligations municipales est très exagérée, le monde bancaire, et notam­
américaines. Malheureusement, cette société ment Dexia, s’est engagé à respecter une charte
d’assurance « monoline » (à un seul produit), de bonne conduite et à ne plus proposer de
qui s’est développée aux Etats-Unis pour ras­ produits que les collectivités ne sauraient gérer.
surer les marchés financiers sur les émissions Les bouleversements que connaîtront les
obligataires faites par les collectivités locales, a collectivités à partir de 2010 (suppression de
acheté des créances titrisées dans l’immobilier, la taxe professionnelle, réforme des institu­
faisant d’énormes pertes et entraînant Dexia tions, contrôle de la dépense) vont entraîner
dans son sillage. Le résultat opérationnel de un remodelage du contexte financier qui
Dexia s’est soldé par la première perte de son auront des conséquences certaines pour les
histoire (3,5 milliards) alors que son bénéfice banques spécialisées comme Dexia.
était encore de 1 milliard l’année précédente.
V. C.
Le poids de Dexia dans le financement des
collectivités locales en avait fait un interlocu­ - » Caisse des dépôts et consignations ; Emprunts des collectivi­
tés locales.
teur dominant, reprenant le rôle tenu aupara­
vant par la CDC. Sa position envers une
collectivité influençait notablement les déci­
sions des autres prêteurs. Dexia était néan­ DIFFÉRÉ D 'A M O R TISSEM E N T -> Emprunts
moins soumis à diverses formes de concurrence des collectivités locales
avec les prêteurs traditionnels des collectivités
(Caisses d’épargne notamment), de nouveaux
prêteurs étrangers (européens ou asiatiques) et DIRECTION DÉPAR TEM ENTALE
le développement de formes de financement DE L'ÉQ UIPEM ENT —> Département
dites « désintermédiées », encore peu usitées en
France (appel direct au marché par des émis­
sions obligataires des collectivités). Il n’y a eu DIRECTIVES D 'A M É N A G E M E N T
qu’une vingtaine d’émissions obligataires de DU TERRITOIRE
collectivités locales en vingt ans.
En 2009, très affaiblie, avec un avenir indé­ Orientations concernant un aspect particu­
terminé, notamment parce que la Belgique et la lier de la politique d’aménagement du terri­
France ont des objectifs différents la concer­ toire fixées par le gouvernement (directives
nant, Dexia n’a plus le rôle moteur antérieur. nationales), une ou plusieurs régions (pres­
Mais, comme les caisses d’épargne, l’autre criptions régionales ou interrégionales).
grand acteur du financement des collectivités, Les directives nationales, qui sont approu­
est dans une situation analogue, le marché est vées par décret ; ont une valeur réglementaire
aujourd’hui éclaté entre plusieurs institutions impérative bien que leur rédaction permette
de poids équivalent. En 2009, le projet de lan­ de s’affranchir du cadre contraignant d ’un
cement d’une agence de financement des col­ texte réglementaire. Cette procédure a notam­
lectivités locales, qui émettraient directement ment été appliquée à propos :
sur le marché, une caecl recréée, est encore — de l’urbanisme commercial (1969) ;
venu perturber le contexte. Bien que certains — des zones de bruit des aéroports (1973) ;
observateurs pensent que le financement des — de la protection de la montagne (1977) ;
collectivités locales va revenir à une forme — de la protection du littoral (1979).
« administrée » comme au temps de la CDC, Cette forme de directives posait néanmoins
cette hypothèse est peu vraisemblable. On ne un problème juridique : leur caractère oppo­
reviendra pas sur certains acquis de la décen­ sable aux tiers pouvait se heurter à l’impréci­
tralisation comme la liberté d’emprunter aux sion de leur rédaction, voire à la nécessité
meilleures conditions. Ceci n ’est pas sans d’interprétation de certaines dispositions, ce
risque puisque des collectivités, qui ont su pro­ qui pouvait conduire à des dérogations. C’est
fiter de conditions avantageuses grâce à l’ingé­ une des raisons qui ont conduit à refondre,
259 DIRECTIVE TERRITORIALE D'AMÉNAGEMENT

après la réforme de la décentralisation, les d’équilibre entre les perspectives de dévelop­


trois dernières de ces directives dans des lois pement, de protection et de mise en valeur des
d’aménagement et d ’urbanisme publiées en territoires. Elles fixent notamment les objectifs
1985 et 1986. Elles sont devenues disposi­ de l’État en matière d’infrastructures de trans­
tions particulières aux zones de montagne port et de grands équipements, ainsi que de
et du littoral depuis la loi SRU du 13 décem­ préservation des espaces naturels, des sites et
bre 2000. des paysages. Elles peuvent préciser, pour ces
P. M. territoires, les modalités d’application des lois
d’aménagement et d’urbanisme. Elles devaient
-> Aménagement du territoire; Bruit; Littoral; M e r; Montagne prendre en compte les orientations du schéma
(aménagement de la ); Prescriptions d'aménagem ent et
d'urbanism e; Schéma régional d'aménagem ent et d'urba­
national d’aménagement et de développement
nisme. du territoire qui n ’a jamais été établi.
Ces directives sont élaborées sous la res­
ponsabilité de l’État et à son initiative, en
DIRECTIVE TERRITORIALE D 'A M É N A G E M E N T association avec les régions, les départements,
(DTA) les comités de massif et les principales com­
munes (chefs-lieux d ’arrondissement, villes
Devant la quasi-déshérence dans laquelle de plus de 20 000 habitants et groupements de
est tombée la procédure du schéma directeur, communes compétents en matière d ’aménage­
faute de volonté des communes de se regrou­ ment de l’espace). Elles sont approuvées par
per pour s’en doter et de volonté des préfets décret en Conseil d’État.
d’user du droit de prescription, voire de sub­ Les schémas de cohérence territoriale (aupa­
stitution, que leur accordaient les textes sur la ravant, les schémas directeurs) et les schémas
décentralisation, un rapport du Conseil d ’État de secteurs, mais aussi les plans locaux d’urba­
Pour un urbanisme plus efficace a suggéré nisme (auparavant les plans d’occupation des
en 1992 de créer une procédure de directives sols), les cartes communales, les plans d’amé­
territoriales d’aménagement élaborées par nagement de zone et les plans de sauvegarde et
l’État. Le projet de loi établi en ce sens fut de mise en valeur (par l’intermédiaire du
abandonné par le gouvernement issu des élec­ schéma de cohérence territoriale ou auparavant
tions législatives de 1993. Mais une disposi­ du schéma directeur s’il en existe un, directe­
tion d ’inspiration semblable et de même ment dans le cas contraire), doivent être com­
dénomination a été reprise dans le cadre de la patibles avec les dta . Élles ne sont pas
loi d ’orientation pour l’aménagement et le directement opposables aux demandes d’auto­
développement du territoire du 4 février 1995 risation d’occupation des sols, sauf pour leurs
(loi dite Pasqua). Ce dispositif n ’a guère été dispositions qui précisent les modalités d’appli­
modifié par la loi Voynet du 25 juin 1999 : cation des lois d’aménagement et d’urbanisme
celle-ci a seulement ouvert la possibilité pour (devenues dispositions particulières aux zones
une région de demander l’élaboration d’une de montagne et du littoral depuis la loi sru du
dta et prévu la mise à disposition du public 13 décembre 2000). L’information des collecti­
pendant deux mois des dta avant leur appro­ vités territoriales est systématique et une
bation. La loi sru du 13 décembre 2000 n ’a concertation pragmatique est recherchée. Mais
pas modifié les dispositions relatives aux il revient au comité interministériel d’aménage­
dta ; elle a seulement précisé que celles-ci ment du territoire (devenu le comité interminis­
devaient, comme tous les documents d’urba­ tériel d’aménagement et de compétitivité des
nisme, assurer l’équilibre entre le développe­ territoires) de les arrêter avant approbation par
ment urbain et rural et la préservation des décret en Conseil d ’État.
espaces, la diversité des fonctions urbaines et Sept dta au total ont été prescrites : celle
la mixité sociale dans l’habitat et une utilisa­ concernant les Alpes-Maritimes en novembre
tion économe et équilibrée des espaces natu­ 1995 ; celles des Alpes du Nord, de l’estuaire
rels, urbains, périurbains et ruraux. de la Seine, de l’estuaire de la Loire et de
La loi prévoit que de telles directives l’aire métropolitaine marseillaise en février
peuvent fixer, sur certaines parties du terri­ 1996; celle de l ’aire urbaine lyonnaise en
toire, les orientations fondamentales de l’Etat octobre 1997 ; enfin, celle des bassins miniers
en matière d ’aménagement du territoire et nord-lorrains en 1999. Pour chacune, un rap­
DISPARITÉS RÉGIONALES IOU DÉSÉQUILIBRE RÉGIONAL) 260

port d ’études préalable a été établi, puis la DISPARITÉS RÉGIONALES


directive a été élaborée sous la responsabilité (O U DÉSÉQUILIBRE RÉGIONAL)
du préfet de région avec la participation des
services de l’équipement et de l’environne­ Inégalités, reflétées par des variables éco­
ment (dre et diren , fusionnées à partir de nomiques ou sociales, dans la répartition entre
2009 en dreal) avec un comité de pilotage. les régions, voire au sein des régions, des
La première dta à être approuvée a été celle revenus, des activités, des équipements et des
des Alpes-Maritimes (décret du 2 décembre potentialités de développement.
2003). Cinq autres l’ont été entre 2005 et Dans de nombreux pays, c’est le constat
2007 : bassins miniers (2 août 2005), estuaire de telles disparités qui a conduit à définir
de la Seine (10 juillet 2006); estuaire de la puis à mettre en œuvre une politique d’amé­
Loire (1er juillet 2006); aire métropolitaine nagement du territoire (France, Italie, URSS,
lyonnaise (9 janvier 2007); Bouches-du- Hongrie, Brésil, etc.) visant à tendre vers un
Rhône (10 mai 2007). Seule celle des Alpes équilibre régional.
du Nord est encore en cours d’élaboration en En France, le constat des disparités régio­
2009 : face à la lenteur de son élaboration et nales porta tout d’abord sur l’opposition Paris-
aux réticences qu’elle suscitait, le ciadt a province (J.-F. Gravier, Paris et le désertfran­
demandé le en 2003 l’élaboration d’un Livre çais, 1947) et conduisit à la politique de décen­
blanc, qui a été approuvé par le ciact le tralisation industrielle. Dans un second temps,
3 juin 2007 et un projet a été rendu public le les disparités entre la France du nord et celle
25 juin 2009, mais il suscité des oppositions du sud, puis, de façon plus pertinente entre le
(notamment des maires de stations de mon­ nord-est et le sud-ouest, furent analysées et
tagne). En outre, le schéma directeur d ’amé­ conduisirent, tout en poursuivant la décentrali­
nagement et d’urbanisme de la région Île-de- sation (qui portait dès lors surtout sur l’expan­
France ( sdrif, approuvé en 1994, mais un sion décentralisée des entreprises parisiennes),
nouveau projet a été approuvé par le conseil à promouvoir le développement régional de
régional en 2007, mais pas par l’État), les l’ouest, du sud-ouest et du Massif central par
schémas d’aménagement régional de la Corse des aides financières aux implantations d’acti­
(non établi), ceux des régions d ’outre-mer vités et une politique active d ’équipements
(approuvés entre 1996 et 2006) et les schémas publics. Cette politique connut un certain suc­
de mise en valeur de la mer ( smvm) ont les cès, mais c’est la crise économique, affectant
mêmes effets que les dta, surtout les anciennes régions industrielles du
La dta (la loi Grenelle-Environnement 2 nord et de l’est, qui a souligné a contrario le
du 12 juillet 2010 la renomme «directive développement de l’ouest et du sud-ouest.
territoriale d’aménagement et de développe­ Actuellement, les principales disparités,
ment durable ») semble constituer un outil comme dans les pays d’industrialisation
original de planification, assurant la lisibilité ancienne (Grande-Bretagne, Belgique) sont
de la politique de l’État et offrant une sécu­ entre les régions d’industrie ancienne ou plus
rité juridique aux collectivités territoriales. récente. Entre 1975 et 1982, la carte de l’évo­
Il reste à savoir quel sera leur degré de lution de l’emploi industriel est presque exac­
contrainte pour imposer à celles-ci la prise en tement le négatif de ce qu’elle était un quart de
compte de l’intérêt général, notamment sur le siècle plus tôt ; la plus forte croissance étant
plan de la protection et éviter la poursuite des celle de la moitié sud-ouest. Il est intéressant
dévoiements constatés depuis la décentra­ d’ajouter qu’elle est le fait de petites entre­
lisation de l’urbanisme en 1983. Il convien­ prises, plus nombreuses dans la moitié sud-
dra également de suivre la façon dont le ouest, alors que les grandes entreprises sont
contrôle préfectoral des documents d’urba­ plus touchées par la crise.
nisme et le contrôle des juges administratifs Pour remédier à ces disparités régionales,
en assureront le respect. les pouvoirs publics sont conduits à définir des
P. M. zones de développement où des moyens d’in­
citation (primes, équipements) sont concen­
Aménagement du territoire; Aménagement régional; trés: c’est la politique des Development
Prescriptions d'aménagement et d'urbanisme; Schéma
directeur; Schéma national d'aménagement et de dévelop­ Districts définis dès 1945 en Grande-Bretagne,
pement du territoire. des zones de développement et d ’adaptations
DOCTRINE DE POPULATION
m1

industriels instituées en France par la datar en de quartier relativement importants (800 à


1964, etc. Cette politique concerne désormais 1 200 m2 de plancher), destinés essentielle­
surtout les régions et les pôles de conversion ment à l’action médicale préventive. Ils sont
industrielle, ainsi que les régions de l’ouest et organisés en plusieurs services : centres de
du sud-ouest (Massif central surtout), qui ont consultation pré ou postnatale, centre de
peu bénéficié de l’évolution des deux dernières consultation infantile, section antivénérienne,
décennies. Les commissariats à l'industrialisa­ section d’hygiène mentale, centre de dépistage
tion ont pour rôle de faciliter l’éclosion des du cancer, médecine du travail, etc. Ils peuvent
projets industriels, d’origine locale ou non, et correspondre à la desserte d’une population de
de prévenir les difficultés qu’ils peuvent ren­ l’ordre de 20 000 à 30 000 habitants.
contrer. Il en est de même des missions mises à À une échelle plus modeste existent des
la disposition des commissaires de région dans «centres de protection maternelle et infan­
les régions de conversion. tile» (ou pmi) qui jouent un rôle de petits
Par ailleurs, les lois sur la décentralisation dispensaires spécialisés dans la médecine pré­
administrative ont donné aux régions certains ventive de l’enfance et de la maternité (100 à
droits en matière de politique économique : 300 m2 de plancher). De tels équipements
aide aux entreprises en difficulté, prime régio­ résidentiels peuvent utilement être couplés
nale à la création d’entreprises et à la création avec une crèche, un centre social, etc.
d’emplois (cette dernière ne peut cependant Une fonction similaire à celle de ces centres
être cumulée avec la prime d’aménagement peut parfois être tenue par des cabinets médi­
du territoire), prêts ou avances à des condi­ caux de groupe, créés à l’initiative de plu­
tions avantageuses, intervention sur les bâti­ sieurs médecins qui, tout en fonctionnant sur
ments, cessions foncières avantageuses, mise un mode libéral, assurent pratiquement les
en place de services publics, etc. La loi du mêmes services.
13 août 2004 relative aux libertés et responsa­ J. C.
bilités locales vise à renforcer ce rôle de la
région en la chargeant de la coordination des •-» Carte sanitaire; Hôpital.

aides économiques apportées par les collecti­


vités locales aux entreprises et peut lui per­
mettre d’adopter, à titre expérimental, après DISPOSITIONS PARTICULIÈRES A U X ZO N ES
consultation des autres collectivités territo­ DE M O N TA G N E E T DU LITTO RAL -► Littoral ;
riales et des chambres consulaires, un schéma Montagne
de développement économique.
Il n ’en reste pas moins qu’en période de
crise économique les instruments classiques DISTRIBUTION DE L'EA U - » Eau
de l’aménagement du territoire paraissent
moins efficaces. En effet, la politique risque
de se replier sur des actions à court terme DISTRICT -> Groupement de com m unes;
(défense de l’emploi, indépendamment des Statut de la ville et de la région de Paris
facteurs économiques), de devenir défensive
(face aux grandes priorités économiques).
DISTRICT INDUSTRIEL -> Localisation des
P. M. activités ; Pôle de compétitivité ; Technopole ;
Aménagement du territoire; Aménagement régional; Zone industrielle
Conversion ou reconversion; Décentralisation administra­
tive; Planification régionale.

DOCTRINE DE PO PULATION
DISPENSAIRE
Une doctrine de population est l’ensemble
Établissement de prévention, de diagnostic des vues développées par une école de pen­
et de soins, sans hébergement. Les dispen­ sée au sujet du volume et de l’évolution sou­
saires proprement dits, ou « dispensaires haitables d’une population.
polyvalents d’hygiène sociale » selon la termi­ Sous l’Antiquité et au Moyen Age, le point
nologie administrative, sont des équipements de vue religieux, moral et politique était
DOCUMENTS D'URBANISME 262

dominant. De la Renaissance à la fin du vellement urbains (sru) du 13 décembre 2000


xvme siècle, le point de vue économique et - qui ont remplacé les schémas directeurs
scientifique l’emporta : on reliait le volume d ’aménagement et d ’urbanisme (sdau) créés
de la population à celui des subsistances. La par la loi d’orientation foncière (lof) du
période moderne est apparue avec l’ouvrage 30 décembre 1967, devenus schémas direc­
de Malthus (Essai sur le principe de la popu­ teurs (scpi) dans le cadre de la loi de décen­
lation..., 1798). Malthus craint que la pro­ tralisation du 7 janvier 1983 - qui concernent
gression géométrique de la population ne généralement un ensemble de communes. Ils
dépasse la progression arithmétique des sub­ peuvent être complétés et précisés par des
sistances. Il prône donc la limitation de la schémas de secteur, sur tout ou partie du
procréation par contrainte morale (mariage territoire couvert par le schéma directeur.
tardif, continence), à l’exclusion des obstacles Il existe également, depuis la loi du 7 janvier
destructifs (guerres, épidémies, famines) ou 1983, des schémas de mise en valeur de la
de la contrainte vicieuse (contraception). Les mer, qui ont la même nature et la même
doctrines de population, dès lors, opposèrent fonction que les schémas directeurs, pour
les malthusiens (les classes dirigeantes en l’espace maritime, sans avoir les mêmes
Europe, de nombreux économistes comme effets.
Ricardo, Stuart Mill, Say, et le biologiste • Les plans locaux d ’urbanisme (plu),
Darwin) aux populationnistes (l’église catho­ créés par la loi sru, qui ont remplacé les
lique, les socialistes idéalistes et les socia­ plans d’occupation des sols (pos) créés par la
listes scientifiques). lof : établis généralement pour une com­
Une politique de population est la définition mune, ils peuvent également l’être pour un
des objectifs et des moyens correspondants, ensemble de communes ou une partie de
visant l’application d ’une doctrine à une commune.
population donnée (le plus souvent au niveau • Les cartes communales, auxquelles la loi
d’un État). En France, la réaction population­ sru a définitivement reconnu ce caractère:
niste, qui commença à la veille de la seconde document d’urbanisme simplifié, qui concerne
guerre mondiale pour se poursuivre pendant et surtout les petites communes rurales.
après celle-ci, avait été précédée d’un mouve­ • Les plans d ’aménagement de zone (paz) :
ment d ’opinion qui remonte à la fin du documents d ’urbanisme (dont la nature et la
xixe siècle. Après la reprise de la fécondité, à fonction sont analogues à celles des pos et des
la fin de la guerre et après celle-ci, le souci de plu qui leur ont succédé) qui étaient établis,
la non-reproduction de la population s’es­ avant la loi sru, dans les opérations d’urba­
tompa, mais réapparut avec la chute de la nisme dénommées «zones d’aménagement
fécondité, à partir de 1965 et surtout 1970. La concerté ».
fécondité française a crû récemment à nou­ • Les plans de sauvegarde et de mise en
veau (2,00 enfants par femme). De nombreux valeur (psmv) : documents d’urbanisme (dont
pays en développement pratiquent au la nature et la fonction sont également ana­
contraire des politiques limitatives, parfois logues à celles des pos et des plu qui leur ont
très contraignantes (Chine). succédé) qui sont établis pour les parties
P. M. historiques des villes, riches d’un patrimoine
ancien, dénommées secteurs sauvegardés.
- » Démographie. Les documents d’urbanisme ont une longue
histoire en France. Ils virent le jour en 1919
(loi Comudet), au niveau communal (projet
D O C U M E N TS D'URBANISM E d’aménagement, d’embellissement et d ’exten­
sion des villes) ; on eut conscience de la néces­
Expression, sans valeur juridique, qui sité d’un document intercommunal pour les
désigne les instruments de la planification agglomérations, en 1932, dans la région pari­
urbaine, en particulier les différents « plans » sienne, et on étendit cette possibilité en 1935 à
d ’urbanisme. Il en existe actuellement cinq toute la France : ce furent les plans régionaux
types : d ’urbanisme. La loi du 15 juin 1943 en
• Les schémas de cohérence territoriale conserva les concepts. Elle en simplifia les
( scot), institués par la loi Solidarité et renou­ procédures, tout en les «centralisant» en

mm f
Æ3 DOCUMENTS D'URBANISME

confiant la responsabilité de leur élaboration à niveaux supérieurs de l’État (ministres ou


l’État. Les décrets de 1958 modifièrent les gouvernement) que certains sdau de grandes
dénominations : les notions de plan directeur agglomérations ou les cas conflictuels. L’édi­
d’urbanisme, de plan d’urbanisme communal, fice juridique mis en place en 1967 était
de plan d’urbanisme de détail remplacèrent les donc à la fois simple, cohérent et équilibré,
projets d ’aménagement ou les plans régio­ en garantissant les intérêts de chacun, mais
naux ; les procédures subirent également une en permettant aussi de surmonter la paralysie
évolution. Une constante demeurait cependant que ces intérêts peuvent provoquer. Cette
gênante à l’application : la superposition de démarche commune devait s’organiser dans
dispositions juridiques issues de documents des commissions formées d’élus et de fonc­
établis à plusieurs niveaux géographiques tionnaires, dont la composition et le fonction­
agglomérations, communes, quartiers - nement étaient aussi peu que possible
génératrice de contradictions, faute d’une arti­ formalisés. Si l’État, par des décisions du
culation soigneuse, à peu près impossible à préfet, marquait chaque étape essentielle de
réaliser. Un autre inconvénient tenait au carac­ l’élaboration, la commune, par les délibéra­
tère inévitablement précis de tout document à tions de son conseil municipal, exprimait son
effets juridiques opposables à tous - aux tiers, adhésion, assortie ou non de réserves, ou son
ainsi que disent les textes juridiques - alors opposition à laquelle l’État pouvait passer
que se faisait jour la nécessité d ’avoir un outre, ce qui arriva très rarement, mais per­
document dont les dispositions graphiques mit cependant de trancher clairement
devaient comporter et s’accommoder d ’une quelques conflits caractérisés, à la satisfac­
certaine approximation, afin de laisser la pos­ tion de tous.
sibilité d’une flexibilité et d’un affinement au En 1983, la décentralisation des procédures
fur et à mesure que l’urbanisme et rurbanisa­ d’élaboration a inversé les rôles. L’État n ’était
tion étaient appelés à se traduire sur le terrain plus obligatoirement associé à l’élaboration
en projets. des documents (sdau, rebaptisé schéma direc­
Ces préoccupations conduisirent à imaginer teur, et pos), tout en conservant des préroga­
deux documents : l’un d’orientation, exclusi­ tives d ’intervention ou de contrôle sur le
vement opposable aux collectivités publiques, contenu. Les volontés parallèles de participa­
dans leurs décisions d’aménagement et tion du public, d’association des autres collec­
d’équipement: c ’était le schéma directeur tivités territoriales sans tutelle, de prise en
d’aménagement et d’urbanisme ( sdau). Ce compte de certains intérêts supérieurs, condui­
schéma étant dépourvu de règlement, ses sirent à un régime juridique dont on constate
caractéristiques juridiques tenaient essentiel­ qu’il s’est révélé moins efficace et bien plus
lement dans son document graphique qui complexe.
localise des contraintes ou des perspectives. La loi sru du 13 décembre 2000 n ’a pas
L’autre, applicable à tous les usagers du sol modifié ce processus décentralisé, même si
(opposable aux tiers), précis et juridique, afin un rapport du Conseil d’État (L ’urbanisme:
de fournir une réponse aussi objective que pour un droit plus efficace, 1992) en avait
possible à leurs questions : le plan d’occupa- souligné les conséquences néfastes. Elle a
lion des sols (pos). La réforme législative du remplacé les schémas directeurs par des sché­
30 décembre 1967 mettait ainsi un terme à mas de cohérence territoriale ( scot) et les
bien des complications et des contradictions plans d ’occupation des sols par des plans
engendrées par la superposition des règle­ locaux d’urbanisme ( plu) et a consacré le
ments. caractère de document d’urbanisme de la
L’élaboration des documents, conjointe par carte communale avec comme objectif que
l’État et les communes, ménageait à la fois les nouveaux documents d’urbanisme soient
l’initiative des services locaux de l’Etat et moins centrés sur les seules questions d’utili­
celle de la collectivité locale. Par rapport aux sation du sol et prennent davantage en compte
régimes antérieurs, l’approbation des docu­ les questions de logement, de déplacements,
ments d’urbanisme, après 1967, a été systé­ de développement économique, d’environne­
matiquement déconcentrée sur les préfets de ment, etc.
département (pour les pos) et de région (pour
les schémas directeurs). Ne remontaient aux A. G.
DOCUMENTS TECHNIQUES UNIFIÉS 2m

-> Approbation; Carte com m unale; Planification urbaine en


France (historique) ; Opposabilité aux tiers ; Plan local d'urba­ terme d ’une procédure de déclassement. La
nisme ( plu ) ; Plan d'occupation des sols ( pos ) ; Publication; partie du domaine public affectée à l’usage
Schéma directeur; Schéma de cohérence territoriale (s c o t ) ;
Secteur sauvegardé ; Zone d'aménagement concerté (za c ).
direct du public doit respecter les principes
d’égalité entre les usagers, de liberté d’usage
et de gratuité. Cette dernière condition a été
très malmenée jusqu’à la légalisation, par une
D O C U M E N TS TEC H N IQ U E S UNIFIÉS loi de 1979, des ouvrages à péage.
-> Construction ; Marché de travaux D ’autre part, les utilisations privatives du
domaine public ont pris une extension impor­
tante, soit sous forme de « permissions de
DOM AINE PUBLIC voirie» (kiosques à journaux, stations-
service, etc.), soit de «permis de stationne­
Les collectivités, comme tous les particuliers, ment » (abris-bus, terrasses de café, etc.), qui
possèdent des biens, mobiliers et immobiliers. sont accordées, selon les cas, par arrêté muni­
Le « domaine privé » de l’État et des collectivi­ cipal ou préfectoral.
tés publiques est soumis au régime juridique et La concession est, en revanche, un acte
au régime contentieux du droit privé (Code contractuel, conclu pour une période détermi­
civil, compétence du juge judiciaire). née, et dont la cessation avant terme peut
En revanche, les biens des collectivités et ouvrir droit à indemnité pour le concession­
des établissements publics qui sont mis à la naire (concession de voirie, concession
disposition du public-usager ou qui sont d’endigage).
affectés à un service public constituent le L’utilisation privative du domaine public a
« domaine public ». Le domaine public est été étendue, avec la possibilité de création de
soumis au régime du droit administratif et le droits réels, par la loi du 25 juillet 1994.
contentieux relève des juridictions administra­ Dans le cadre de ces conventions, qui ne
tives. peuvent être conclues pour une période supé­
Vaste et divers, le domaine public com­ rieure à soixante-dix ans, les droits, ouvrages
prend en premier lieu des éléments « natu­ ou constructions correspondants peuvent être
rels » : le domaine public maritime (rivages de transmis ou cédés à une personne agréée par
la mer et « dépendances », lais et relais de la l’autorité compétente. À l’issue du contrat,
mer), le domaine fluvial (cours d’eau « flot­ les ouvrages et constructions deviennent la
tables ou navigables ») et certains lacs. La propriété de l’État. Visant principalement le
question de la domanialité publique de développement d ’activités économiques par
l’espace aérien suscite, depuis assez long­ des entreprises privées dans les zones por­
temps, une controverse juridique qui n ’a pas tuaires, cette loi n ’a reçu ju sq u ’à présent
(encore) de portée pratique substantielle. qu’une application limitée.
Font également partie du domaine public Le domaine public de l’État français couvre
des terrains « artificialisés » et des immeubles. environ 22 000 km2, soit 4 % de la surface du
C ’est ainsi que sont associés au domaine territoire national. Mais 81 % de cette superfi­
public maritime les ports, digues, jetées... cie concernent des espaces naturels (forêts
Enfin le domaine public terrestre comprend domaniales, plages, étangs, reboisements,
des éléments aussi divers que les routes et friches) ou agricoles, 9 % des terrains mili­
autoroutes, les gares et voies ferrées, les taires, et seulement 2 % des terrains en cours
cimetières, promenades publiques et édifices d ’urbanisation.
cultuels, les terrains militaires, aérodromes,
V. R.
palais de justice, etc.
Un régime juridique protecteur garantit la -4 Littoral ; Maîtrise foncière; M e r; Propriété.
conservation du domaine public : au terme de
l’article L 52 du Code du domaine de l’État,
« les biens du domaine public sont inalié­ DOM AINE PUBLIC M ARITIME — Domaine
nables et imprescriptibles » (leur occupant ne public ; Littoral ; Mer
peut en devenir propriétaire par « prescription
acquisitive »). La vente d’un bien faisant par­
tie du domaine public n ’est possible qu’au DO M AINES —> Domaine public ; Expropriation
MB DOTATION GÉNÉRALE DE DÉCENTRALISATION

D O TATIO N D 'A M ÉN A G E M E N T droits de mutation, qui ont été cédés à l’ori­


DU TERRITOIRE -► Dotation globale gine par l’État pour le financement de l’aide
de fonctionnement sociale, sont très influencés par la conjoncture
immobilière. Les élus locaux sont partagés
entre le désir de voir leurs compétences
D O TATIO N DE C O M P EN S ATIO N s’accroître et la crainte de se voir imposer des
DES A LLÉG EM EN TS DES BASES systèmes de compensations incohérents
DE TA X E PROFESSIONNELLE -► Fonds comme la dgd.
de compensation de la taxe professionnelle ; À l’origine, pour chaque collectivité, des
Taxe professionnelle révisions sont opérées chaque année en fonc­
tion des transferts nouveaux prévus par la loi
ou des droits d’option des personnels entre le
D O TATIO N DE SOLIDARITÉ URBAINE service de l’État et celui du conseil général.
. Dotation globale de fonctionnement Ainsi, à partir de 1993, la dgd départementale
a tenu compte de la partition des directions
départementales de l’équipement lorsqu’elle a
D O TATIO N DE SOLIDARITÉ RURALE été opérée.
* Dotation globale de fonctionnement En 2004, le montant de la dgd s’est élevé à
2,8 milliards d ’€ contre 7,8 en 2003 car une
partie de la dotation a été fondue dans la dgf.
D O TATIO N GÉNÉRALE En effet, 95 % des crédits de la dgd 2003 ont
DE DÉCEN TR ALISATIO N (DGD) ainsi été intégrés dans la dotation forfaitaire
des départements et des régions pour 2004.
Compensation versée aux collectivités Cette opération participe à la création d ’une
locales en contrepartie des transferts de compé­ dgf pour les régions. Les 5 % de crédits restant
tences de l’État opérés lors des lois de décen­ permettent de procéder à des ajustements rési­
tralisation. Pour les communes, les nouvelles duels ou des régularisations ponctuelles. En
compétences ont concerné à l’origine l’urba­ 2009, la dgd ne s’est élevée qu’à 1,5 milliard
nisme réglementaire ; pour les départements, il d’€ hors dgd formation professionnelle.
s’agissait de l’aide sociale, des transports sco­ Pourtant de nombreux transferts ont encore
laires, des collèges ; et pour les régions, des eu lieu à la suite de la deuxième phase (2004)
lycées et de la formation professionnelle. de la décentralisation : techniciens, ouvriers et
De nouvelles ressources fiscales ayant été de services (tos) des collèges et des lycées,
attribuées à certaines collectivités (la vignette infrastructures ferroviaires, certains monu­
automobile, dispame depuis, et une partie des ments historiques, etc. Une partie du coût des
droits de mutation par exemple au départe­ transferts a été couvert par des recettes fiscales
ment), la dgd ne couvrait pour sa première et notamment en partie par la taxe intérieure
année d’application que le solde entre le coût sur les produits pétroliers (tipp) et par la taxe
des nouvelles compétences et le produit des sur les contrats d’assurances.
nouvelles recettes transférées. Une fois calculée La compensation financière doit être inté­
sur la base des comptes de 1983, avec d’éven­ grale et correspondre aux ressources que l’État
tuelles rectifications en 1984, la dgd devait évo­ consacrait à l’exercice des compétences transfé­
luer en principe au même rythme annuel que la rées. L’évaluation est effectuée par la Commis­
dotation globale de fonctionnement (DGF). sion consultative sur l’évaluation des charges
Le système de la dgd repose sur une dicho­ (ccec) sur la base des trois années précédant le
tomie parfaite entre les dépenses publiques et transfert. Elle évalue l’évolution des transferts
les ressources qui sont censées les financer. de compétences, les modalités de leur compen­
D’une part, les dépenses, par exemple les sation ainsi que l’évolution des recettes fiscales.
dépenses d’aide sociale, progressent en fonc­ La dgd progresse annuellement comme la
tion des coûts, des besoins ou de la législation. dgf et son indexation, «gelée» en 2009, a
D’autre part, les ressources suivent une évolu­ repris pour 2010.
tion qui n ’a aucun rapport : par exemple la Les charges résultant de transferts de com­
dgd évolue comme la DGF, c’est à dire comme pétences intervenus dans le secteur de la for­
le produit intérieur brut. De leur côté, les mation professionnelle sont compensées par
DOTATION GLOBALE D'ÉQUIPEMENT 2sa

une dotation particulière : la dotation de rectes induites par les subventions accordées
décentralisation relative à la formation profes­ aux communes et groupements de com­
sionnelle, gérée par le ministère chargé de munes. La dge des départements est majorée
l’emploi et de la formation professionnelle. Le pour les départements aux ressources fiscales
montant de l’accroissement de cette dotation, faibles.
résultant de son indexation sur le taux d’évo­ Modifié plusieurs fois, le système de la dge
lution de la DGF, est réparti entre les régions communale (484 millions d’é en 2009), a été
selon des critères spécifiques, dans un objectif relativement simplifié et recentré sur les
de péréquation. petites communes. Dorénavant, ne sont plus
En outre, la loi de finances pour 2005 a éligibles à la dge que les communes de moins
prévu de remplacer progressivement, de 2005 de 2 000 habitants (7 500 dans les dom) sans
à 2007, une part de cette dotation « forma­ conditions, et les communes de 2 001 à
tion» par le produit de la contribution au 20 000 habitants (7 501 à 35 000 dans les
développement de l’apprentissage (taxe addi­ dom) sous conditions de ressources, ainsi que
tionnelle à la taxe d ’apprentissage). Ce dispo­ les groupements de communes de 20 000 habi­
sitif vise à substituer une ressource de nature tants au plus (35 000 dans les dom).
fiscale à une dotation versée par l’État afin de La dge est attribuée sous forme d’aide indi­
renforcer l’autonomie financière des régions. vidualisée dans le cadre d’enveloppes départe­
Depuis 2007, cette contribution est de 0,18 % mentales. Les dossiers de dge sont instruits par
de la masse salariale. Elle a atteint en 2009 un les services du préfet et la subvention est déci­
montant de 655 millions d ’€, répartis entre les dée après avis d’une commission d ’élus. Cette
régions, qui s’ajoutent aux 1,7 milliard de la commission est également chargée de définir
dgd formation professionnelle. les catégories d ’investissement prioritaires.
V. C. La dge procure peu de ressources aux col­
lectivités : un peu moins d’un milliard pour
Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget des dépenses d ’équipement évaluées à près de
com m unal; Budget de l'État et urbanisme; Concours finan­
ciers de l'État aux collectivités locales; Décentralisation 40 milliards. Elle ne vient en fait que complé­
administrative. ter le fonds de compensation de la TVA
( fctva), beaucoup plus conséquent. En
revanche, elle est fondamentale pour les
D O TA TIO N G LOBALE D'ÉQ UIPEM ENT (DGE) petites communes.
V. C.
Transfert de l ’État aux communes, aux
départements et à leurs groupements, destiné à -> Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget
com m unal; Budget de l'État et urbanisme; Concours finan­
leur permettre d’assurer une partie du finance­ ciers de l'État aux collectivités locales; Décentralisation
ment des investissements. Sont également éli­ administrative.
gibles les services d’incendie et de secours et
les centres de la fonction publique territoriale
(centres de gestion et cnfpt). La dge résulte D O TA TIO N GLO BALE DE FO N C TIO N N EM E N T
de la globalisation de la majorité des subven­ (DGF)
tions spécifiques d ’investissement autrefois
gérées par chaque ministère de tutelle. Insti­ A l’origine (en 1979), il s’agissait du trans­
tuée par la loi de 1982 relative aux libertés des fert d’une fraction de la tva perçue par l’État
communes, des départements et des régions, au profit des collectivités territoriales. Depuis,
elle a été mise en place progressivement de sa définition en tant que fraction des res­
1983 à 1986, puis plusieurs fois modifiée. sources fiscales de l’État a été abandonnée et
La dge atteint 708 millions d’€ en 2009. Ce son évolution est définie par référence à
montant évolue chaque année comme la forma­ l’évolution du produit intérieur brut. La DGF
tion brute de capital fixe des administrations est perçue par les communes, les groupe­
publiques (+ 3,7% en 2004), mais elle a été ments de communes à fiscalité propre (syndi­
bloquée, comme d’autres dotations, en 2009. cats d’agglomération nouvelle, communautés
La dge des départements (224 millions d’€ urbaines ou d ’agglomération et communautés
en 2009) est fonction des dépenses directes de communes), les départements et, depuis
d’investissement ainsi que des dépenses indi­ 2004, les régions. La DGF s’élève en 2010 à
ÏI1/ DOTATION GLOBALE DE FONCTIONNEMENT

•II milliards d’€ et représente 13 % du budget male était importante, au profit des communes
île l’État. les plus concernées par les problèmes sociaux.
I ,e principe d’un transfert d’une partie des En 1993, la dgf a été encore réformée et
produits fiscaux collectés au niveau national instaure à partir de 1994 une nouvelle réparti­
vers le niveau local, pratique courante dans de tion qui s’organise autour de deux parts prin­
nombreux pays, s’explique par la rigidité et cipales :
pur l’étroitesse de la fiscalité locale par rap­ • une dotation forfaitaire (13,6 milliards
port aux besoins financiers des collectivités d’€ en 2004 pour les seules communes et
territoriales. La DGF représente environ 30 % groupements), consolidant les dotations per­
des ressources propres de ces collectivités, çues antérieurement par les communes (tronc
lille a succédé au versement représentatif de commun et dotations particulières sauf dsu) ;
la taxe sur les salaires (vrts) qui compensait • une dotation d’aménagement du territoire
lui-même les pertes de recettes liées à la sup­ (6,9 milliards d’€ en 2004), elle-même répar­
pression en 1967 de la taxe locale (taxe sur le tie en trois parts : une dgf des groupements
chiffre d’affaires supprimée par la mise en (5,5 milliards), la dsu (635 millions) et une
place de la tva). dotation de solidarité mrale (dsr pour
La répartition de la DGF entre les collectivi­ 420 millions), répartie entre les bourgs-
tés est guidée par deux principes : assurer, centres et les communes de plus de 3 500 habi­
d’une part, des ressources suffisantes aux col­ tants.
lectivités démunies ou aux besoins impor­ En 2005, la dgf a été réformée une nouvelle
tants, par exemple du fait de rurbanisation, et fois. Elle comprend dorénavant pour les com­
tenir compte, d’autre part, même si cela n ’est munes une dotation forfaitaire rénovée et des
pas toujours apparent, du niveau de recettes dotations particulières de solidarité urbaine
que procurait antérieurement la taxe locale. (dsu) et rurale (dsr). La dotation forfaitaire
Sous diverses dénominations - attribution de est elle-même composée de trois éléments :
garantie pour le vrts, dotation forfaitaire pour une dotation de base, calculée en fonction du
la DGF - les collectivités perçoivent encore logarithme de la population (concrètement
environ 30 % de leur DGF au prorata de ce entre 60 et 120 € par habitant en 2005) ; une
qu’elles percevaient en ancienne taxe locale. dotation superficielle à raison de 3 € à l’hec­
La réforme de 1985 de la DGF a tenté de tare ; une dotation de garantie qui vient com­
modifier de façon significative le poids du pléter la première si elle se révèle inférieure à
passé en remplaçant progressivement les l’ancienne dotation forfaitaire de la commune.
critères antérieurs par des critères plus repré­ À ces trois dotations s’est ajoutée une dotation
sentatifs des besoins des communes : la de compensation de la part salaire de la taxe
population, l’insuffisance de ressource fis­ professionnelle, complément supprimé en
cale, et surtout des facteurs objectifs de 2004. Cette compensation fiscale rend encore
dépenses communales (longueur de la voirie plus opaque un système de transfert réputé
communale, nombre d ’élèves et de loge­ particulièrement complexe.
ments sociaux). Divers concours particuliers La réforme de 1993 avait été rendue néces­
venaient s’ajouter au «tronc commun» de la saire par la stagnation relative de la masse à
dgf au bénéfice des communes centres répartir, alors que dans le même temps le
d’agglomération, des communes touristiques nombre d ’ayants droit augmentait (avec
ou thermales. Mais, en instituant une garantie notamment les nouvelles intercommunalités).
de progression pour toute les communes, le La dynamique de l’évolution de la dgf s’est
système n ’a pu à la fois opérer une péréqua­ ralentie : elle était encore de + 9% entre 1989
tion efficace et une garantie, notamment du et 1998 ; elle n’a augmenté plus que de 1,5 %
fait du ralentissement de l’inflation. à 2, 5% dans les années récentes.
C’est à partir de ce constat, mais aussi de la Les études réalisées par le Commissariat du
montée des problèmes sociaux dans les ban­ plan au début des années 2000 avaient montré
lieues, qu’a été créée en 1991 la dotation de que la dgf avait été un facteur essentiel de
solidarité urbaine (dsu). La dsu, dans sa pre­ résorption des inégalités de ressources des
mière forme, opérait un prélèvement sur les communes, même si l ’aspect péréquateur
communes supposées être les plus riches et n ’était pas visible : en cristallisant les effets
dont la part de la garantie de progression mini­ de péréquation du vrts, de la DGF initiale et
DRAINAGE 2m

de celle de 1985, la DGF avait réduit 30 % des comme conséquence de la loi sur l’administra­
écarts de ressources entre communes en vingt tion territoriale de la République du 6 février
ans, ce qui est considérable. Mais la globali­ 1992, destinée à favoriser le regroupement
sation de tous ces effets dans une seule dota­ communal et surtout la loi « Chevènement »
tion forfaitaire indifférenciée en 1994 a incité du 12 juillet 1999. Au 1er janvier 2008,
à oublier quel était le contenu de la dotation 2 583 nouveaux groupements à fiscalité
et à croire que seules les dotations de solida­ propre (communautés d’agglomération et de
rité étaient péréquatrices. La réforme de 2005 communes) avaient été créés. Cet engouement
apparaît comme le résultat d’une recherche de pour l’intercommunalité s’explique en partie
transparence dans un système de répartition par le recherche d ’un gain net de ressources
très bloqué. Elle apparaît aussi comme une représenté par la DGF des groupements ou
tentative de recherche de plus grande égalité dotation d ’intercommunalité (en moyenne
entre collectivités, renforçant la position des 35 € par habitant dans les communautés
communes rurales au détriment des com­ d ’agglomération en 2000, 45 € en 2009),
munes urbaines. Dans les premières années Comme un habitant rapporte de la dgf à sa
de la dgf, les dotations forfaitaires par habi­ commune d’une part, et à son intercommuna­
tant étaient dans un rapport de 1 à 3,5 entre lité d’autre part, une nouvelle réforme est en
les petites et les grandes communes, elles ne train de se dessiner: la DGF territoriale. Il
sont plus que dans un rapport de 1 à 2, gom­ s’agirait de transférer le total des dgf commu­
mant les besoins différenciés en fonction de nales à l’intercommunalité qui la répartirait et
la taille des communes. assurerait la péréquation à l’intérieur de son
Les enjeux se sont alors déplacés vers les périmètre. Le principe a été évoqué lors des
dotations de solidarité, et notamment vers la débats préliminaires à la réforme des institu­
dsu , car 75 % des communes de plus de tions territoriales en cours.
10 000 habitants perçoivent la dotation contre Les départements et les régions bénéficient
moins de 50 % auparavant. L’éligibilité à la également d ’une dgf beaucoup plus stable,
dsu résulte des critères principaux suivants : c’est-à-dire ayant connu moins de réformes.
la pauvreté fiscale de la commune et des habi­ Leur caractère péréquateur est très affirmé.
tants, le nombre de logements sociaux ou de Leur dgf a également intégré la majeure par­
bénéficiaires de I’apl, la pression fiscale. tie de la dotation générale de décentralisation
La réforme de 1993 a été rendue néces­ les concernant.
saire par la stagnation relative de la masse à V. C.
répartir, alors que dans le même temps le
nombre d’ayants droit augmentait. La DGF - » Autonomie financière et fiscale des collectivités; Budget
com m unal; Budget de l'État et urbanisme; Budget départe­
totale, indexée jusqu’en 1990 sur les recettes mental et budget régional ; Concours financiers de l'État aux
de TVA perçues par l’État, évolue en fonction collectivités locales; Fiscalité directe locale.
de l’inflation et de deux tiers de l’évolution
du pib en volume. La dynamique de l’évolu­
tion de la DGF s’est ralentie : elle était encore DRAINAGE —» Cycle de l'eau
de + 9% entre 1989 et 1998; elle n ’aug­
mente plus que de 1,5% à 2,5% dans les
années récentes. DROIT DE CO NSTRUIR E - » Coefficient
La dgf reste le transfert de l’État qui forme d'occupation des sots ; Permis de construire ;
l’enjeu essentiel des rivalités entre collectivi­ Plafond légal de densité
tés. La DGF est étudiée chaque année par les
groupes de pression que représentent les
associations d’élus à caractère sectoriel (tou­ DROIT DE L'URBANISM E
risme, montagne, littoral, communes rurales,
grandes villes, groupements, etc.) qui tentent Branche du droit administratif qui a, durant
de l’infléchir à leur profit. ces vingt dernières années en France, pris une
Le développement de la coopération inter­ grande importance, sans pour autant acquérir
communale a largement changé la donne de la son autonomie scientifique, car il fait appel à
répartition de la DGF. Le nombre de collectivi­ des grandes disciplines comme le droit civil
tés nouvelles éligibles à la DGF s ’est accru ou le droit pénal, mais aussi à des disciplines
MB DROIT DE L'URBANISME

plus récentes comme le droit fiscal, le droit de tissements d ’infrastructure lourde et dès
lu construction ou le droit de l’environnement. grandes zones opérationnelles, qui a caracté­
Empirique en raison des besoins, pas tou- risé les trente glorieuses, et d’urbanisation
|ours prévus, auxquels il doit faire face, il est accélérée du territoire français. Elle a créé
missi largement expérimental et son évolution deux instruments qui s’efforcent, avec des
technique est commandée par les transforma- résultats décevants, de promouvoir un urba­
lions des politiques urbaines autant que par nisme local d ’une part, et plus qualitatif
celle des modes de vie, que celles-ci inflé­ d’autre part : les zones d’intervention foncière
chissent. Mais le droit contemporain ne part (zif) en matière foncière, le plafond légal de
pas du néant. Le Premier et le Second Empires densité (pld) en matière fiscale.
ont laissé l’un la première législation relative Le droit de l’urbanisme est enfin un droit
aux établissements dangereux, incommodes codifié (Code de l ’urbanisme). Technique­
ou insalubres, l’autre le permis de bâtir, mais ment, le droit de l’urbanisme est sans cesse
c’est la IIIe République qui a donné son essor devenu plus complexe, faisant de plus en plus
au droit de l’urbanisme, après les destructions appel aux actes réglementaires pour l’applica­
causées par la première guerre mondiale (lois tion de lois « d ’orientation» ou des «lois-
de 1919 et 1924 inaugurant la planification cadres », ouvrant seulement de grands pro­
locale), qui ont été complétées par les décrets- blèmes généraux au débat parlementaire.
lois de 1935. Le gouvernement de Vichy, L’administration, sous le contrôle, il est vrai,
généralisant le permis de construire, posa en du juge administratif, a, chaque année, élargi
outre le principe de la non-indemnisation des son pouvoir (on peut le constater par l’impor­
servitudes d’urbanisme, par la loi du 15 juin tance des parties réglementaires du Code de
1943. Les ordonnances et décrets de 1958, la l ’urbanisme). Mais ce sont plus encore les
loi d’orientation foncière de 1967, les lois de textes internes à l’administration - instruc­
1975 et 1976 ont complété un édifice qui a été tions, directives, circulaires - qui ont fondé la
remanié par les lois de 1982 et 1983 sur la pratique, elle-même hétérogène, des services
décentralisation, par la loi du 18 juillet 1985 extérieurs du ministère chargé de l’urbanisme.
et enfin par la loi Solidarité et renouvellement Matériellement, le droit de l’urbanisme,
urbains du 13 décembre 2000 (simplifiée par initialement voué à l’aménagement de la cité,
la loi Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003). s ’est étendu, à la faveur de l’urbanisation
La loi du 31 décembre 1967 (loi d’orienta­ accélérée de la France, au droit de l’exten­
tion foncière) a constitué véritablement la sion urbaine (la ville et le « périurbain »),
« charte de l’urbanisme fiançais », qui inspira puis à l’ensemble de l’espace, bâti ou non
les politiques publiques, conduites principa­ bâti, rural ou naturel, l’ensemble du territoire
lement par l’État, à la fin d ’une période étant désormais soumis à la planification que
d’intense urbanisation et de prospérité budgé­ le législateur de 1983 appelle toujours
taire. Elle s’efforçait, d’une part d’encadrer le «urbaine». C ’est, selon Cristini (Droit de
dynamisme des agglomérations urbaines en l ’urbanisme, 1985) «un “droit dévalorisé”...
distinguant la destination à long terme des par la dégradation des sources et l’altération
sols, fixée par les schémas directeurs d’amé­ des rapports hiérarchiques entre les différentes
nagement et d’urbanisme (sdau) et les règle­ règles du droit ; un “droit éclaté” par les diffé­
ments d’utilisation des sols opposables aux rents moyens dont dispose l’administration
tiers à moyen terme par les plans d’occupa­ pour individualiser l’application des règles et
tion des sols ( pos). D ’autre part, elle a établi par la juxtaposition des régimes différents
le nouveau régime des zones d’aménagement dans l’espace et dans le temps ».
concerté (zac ), qui permet d ’ouvrir l’urba­ La décentralisation administrative, entre­
nisme opérationnel aux aménagements privés prise par les lois de 1982-1983 et complétée
dans des conditions à la fois attractives et par la suite par de nombreux textes législatifs
garantissant la réalisation des équipements et réglementaires, a été souvent critiquée,
collectifs nécessaires aux nouveaux habitants. mais est reconnue presque unanimement
La loi du 31 décembre 1975 «portant comme irréversible. Elle a cependant fait
réforme de l’urbanisme et de la politique fon­ apparaître de nombreux dysfonctionnements,
cière » a marqué une réelle réserve devant les par rapport à l’intérêt général et parfois par
efforts mal maîtrisés dé la politique des inves­ rapport au respect du droit. Un rapport du
DROIT DE PRÉEMPTION URBAIN 270

Conseil d’État de 1992, intitulé L'urbanisme : en valeur des paysages, charte des parcs natu­
pour un droit plus efficace, soulignait ceux-ci rels régionaux), de l’organisation des trans­
et présentait de nombreuses propositions. ports et des économies d’énergie (loi du
Leur adoption aurait permis au droit de l’urba­ 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation
nisme français de retrouver un peu de réflec­ rationnelle de l’énergie : plans de déplace­
tivité et de l’efficacité qu’il avait avant la ments urbains). Ces dispositions devraient
décentralisation. L’une d’elles a cependant été renforcer la portée des documents d ’urba­
retenue dans la loi d’orientation pour l’aména­ nisme. La loi Solidarité et renouvellement
gement et le développement du territoire du urbains du 13 décembre 2000, simplifiée par
4 février 1995 : l’élaboration par l’État de la loi Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003, a
directives territoriales d ’aménagement. été largement guidée par ce souci de cohé­
Sept dta ont été prescrites en 1995 (Alpes- rence entre l ’urbanisme et les domaines
Maritimes), 1996 (Alpes du Nord, estuaire de connexes : les documents d’urbanisme doivent
la Seine, estuaire de la Loire, aire métropoli­ concourir aux équilibres entre développement
taine marseillaise), 1997 (aire urbaine lyon­ urbain, préservation des espaces agricoles et
naise) et 1999 (bassins miniers nord-lorrains). protection des espaces naturels et des pay­
Elles ont été approuvées entre 2003 et 2007 sages dans l’esprit du développement durable ;
(seule celle des Alpes du Nord ne l’est pas à la mixité urbaine et sociale dans l’habitat ; à
encore). Il restera à savoir comment elles une utilisation économe de l’espace urbain et
seront appliquées. de l’espace naturel; à la maîtrise de la mobilité
Au cours de la période récente, le droit de et à la limitation de la circulation automobile;
l’urbanisme a intégré de nombreuses préoccu­ à la préservation de la qualité de l’air, de l’eau
pations qu’on peut qualifier de connexes. Les des milieux, des sites et des paysages, etc. On
plans d’urbanisme, et en particulier les plans peut craindre cependant que ces intentions se
d’occupation des sols et encore plus les plans traduisent difficilement dans les faits.
locaux d’urbanisme, doivent tenir compte de P. M. et Y. P
préoccupations relatives à la politique de la
ville et du logement (loi d’orientation sur la -> Code de l'urbanisme ; Expropriation ; Planification urbaine en
France (historique); Préemption.
ville du 13 juillet 1991 : programme local de
l’habitat), de la protection de l’environnement
et des paysages (loi du 8 janvier 1993 sur la
protection et la mise en valeur des paysages DROIT DE PRÉEMPTION URBAIN
créant les directives de protection et de mise —> Préemption
E

EAU périurbaines où les parcelles privées sont


dotées de jardins, voire de piscines, et dans le
L’eau constitue une ressource abondante temps d’une saison à l’autre et selon l’heure.
mais menacée. En France, on estime la quan- L’objectif adopté en France étant de satisfaire
lité disponible à 170 milliards de m3 en année toute la demande en tout temps, le dimen­
moyenne (2 800 m3/hab/an) et les prélève­ sionnement des réseaux se fait sur la base de
ments à 33 milliards de m3 (540 m3/hab/an), la consommation en heure de pointe et non
dont environ 80 % d’eaux superficielles. Les sur celle des consommations moyennes.
centrales thermiques classiques et nucléaires
en utilisent 55 % (refroidissement), les collec­ Depuis l’Antiquité, la distribution de l’eau
tivités 19% (eau potable), l’irrigation 14% et relève de deux modes : ponctuel (puits, fon­
l’industrie 12 %. Une grande partie de cette taine) ou réticulaire (aqueduc, conduites sou­
eau est restituée à son bassin, souvent sous terraines). Les réseaux d ’eau comprennent
une forme altérée : la consommation nette ne aujourd’hui le captage, l’adduction, le traite­
représente qu’environ 5 milliards de m3. Le ment, le stockage et la distribution de l’eau.
refroidissement constitue l’usage le plus déve­ Les captages sont protégés contre les
loppé depuis les années 1960 (il plafonne risques de pollution par une législation renfor­
depuis), tandis que les usages industriels dimi­ cée (Code de la santé publique, art. L 1321-
nuent depuis les années 1970. Eau potable et 2). On distingue autour du point de prélève­
irrigation semblent en voie de régression. Si ment trois périmètres de protection : immé­
les quantités font rarement défaut, la qualité diate (terrain acquis par la collectivité, clôturé
de la ressource reste très dégradée malgré les et réservé à la production d’eau), rapprochée
lois sur l’eau successives. (toute activité ou installation de nature à nuire
La fourniture d’eau potable, compétence à la qualité des eaux y est interdite ou régle­
des communes, repose sur l’exploitation de mentée) et éloignée.
30 000 captages et de 15 300 stations de Vadduction mène l’eau du point de captage
traitement et représente 18,5 millions de m3/ au lieu de traitement ou au réservoir de distri­
jour (300 1/hab/j). Elle est fournie pour un bution. La technique de l’aqueduc s’est déve­
tiers par les eaux de surface et pour deux loppée d’abord à l’époque romaine, en Italie
tiers par les eaux souterraines. Environ la puis en Gaule, où elle se maintint tout au long
moitié est destinée à l’alimentation domes­ du Moyen Âge. Type d’adduction gravitaire à
tique, le reste aux établissements publics, plan d’eau libre, l’aqueduc fait l’objet d’une
industries (dont le raccordement est soumis à protection sanitaire particulière. L’adduction
autorisation et qui préfèrent généralement par refoulement est née à la Renaissance
assurer leur propre approvisionnement), com­ grâce à l’utilisation des pompes qui en sont
merces, bureaux, lavage des rues, arrosage l’organe essentiel. La conduite forcée s’est
des jardins. La consommation domestique est développée à l’ère industrielle à mesure que
très variable dans l’espace du nord au sud de les matériaux qui constituaient la conduite
la France et des centres denses aux zones (fonte, acier, béton armé, béton précontraint,
EAU 272

plastique) résistaient mieux aux fortes pres­ étant distantes de 200 mètres. Le réseau doit
sions. assurer des pressions ni trop faibles (dysfonc­
Avant d’être acheminée au réservoir de dis­ tionnements des appareils raccordés), ni trop
tribution, l’eau doit être rendue potable. Les élevées (risques de vibrations, voire d’éclate­
normes de potabilité sont définies à l’échelle ment des conduites). Le réseau se classe selon
internationale par l’Organisation mondiale de deux types : réseau ramifié, arborescent ou en
la santé, en Europe par la directive 98/83/CE antenne, qui a l’avantage d’être économique
du 3 novembre 1998, en France par le décret mais de n ’alimenter les abonnés que par un
n°2007-49 du 11 janvier 2007 relatif à'la sécu­ seul chemin ; réseau maillé qui rend possible
rité sanitaire des eaux destinées à la consom­ par un simple jeu de robinets-vannes l’alimen­
mation humaine. Ces normes visent avant tout tation en retour. L’entretien des réseaux est
à préserver la santé publique (absence de souvent insuffisant, et les fuites de l’ordre de
germes pathogènes et de substances toxiques 30 %, avec une grande variabilité d’un réseau
ou cancérigènes), mais aussi à fournir une eau à l’autre.
compatible avec les réseaux de distribution (ni
abrasion, ni dépôts) et jugée agréable (en Le prix de l ’eau (facturé au consomma-
France, ceci est souvent assimilé à « inodore, teur) n’a cessé d’augmenter depuis une ving­
incolore et sans saveur»). Elles prennent en taine d’années. Il atteint 3 €/m3 en moyenne
compte des paramètres physico-chimiques et en 2008, avec de fortes disparités. Ce prix
bactériologiques et concernent aussi bien la comprend la fourniture de l’eau potable, la
ressource - toute eau ne peut pas être potabili- collecte et le traitement des eaux usées, la
sée - que l’eau à la sortie de l’usine de traite­ redevance des agences de bassin (application
ment et, depuis peu, au robinet, compte tenu du principe pollueur-payeur), ainsi que
des risques de contamination en réseau. Après diverses autres taxes et redevances. Son aug­
floculation et décantation, les eaux de surface mentation est en partie due à celle du coût
font l’objet d ’une filtration (utilisée dès la de potabilisation (ressource plus dégradée,
seconde moitié du xyme siècle), puis d ’une normes plus exigeantes) et au rattrapage
désinfection (chloration et/ou ozonation). Le (inachevé) du retard de l’assainissement.
traitement des eaux souterraines se limite sou­ Afin de limiter la pression sur la ressource,
vent à une chloration de sécurité. d ’une part, et l’augmentation des coûts,
Le réservoir est un ouvrage enterré, sémi- d’autre part, plusieurs solutions sont envisa­
enterré ou aérien, destiné à stocker l’eau gées ou mises en œuvre. La plupart reposent
potable avant sa distribution, à constituer une sur le constat selon lequel beaucoup des
réserve en cas de travaux ou de pollution acci­ usages ne nécessitent pas une eau potable. Il
dentelle à l’amont et à répondrè à la demande serait alors possible d ’utiliser deux réseaux,
de pointe comme à la demande réglementaire dont un d’eau non potable pour l’arrosage des
en cas d’incendie. Si l’on veut minimiser les jardins et le nettoyage des mes par exemple ;
pertes de charge dans les conduites (cette un tel double réseau existe à Paris, mais serait
expression désigne le frottement de l’eau très coûteux à créer ex nihilo. Une autre possi­
contre les parois), il doit être situé au bary- bilité consiste à utiliser les eaux pluviales pour
centre du réseau ; sa position élevée permet la certains usages, voire les eaux grises (issues de
distribution gravitaire de l’eau. S’il faut éco­ la maison, à l’exception de celles des toilettes),
nomiser l’espace, le réservoir sera soit enterré, ce qui revient à utiliser l’eau en série (l’eau
soit implanté hors agglomération, soit semi- usée d ’un usage devient la ressource d ’un
enterré dans un parc et agrémenté de fontaines autre) au lieu de l’utiliser en parallèle. Ces
comme le fit Darcy à Dijon en 1840. solutions sont souvent mises en œuvre dans
Le réseau de distribution est constitué par les quartiers durables ou les bâtiments à haute
l’ensemble des conduites qui relient un ou plu­ qualité environnementale. Indépendamment
sieurs réservoirs aux usagers et qui traversent, de la prudence qu’elles nécessitent en termes
pour permettre leur accès et leur entretien, de santé publique, elles engendrent deux pro­
l ’espace public. Le dimensionnement des blèmes au moins. Les réseaux et usines de trai­
canalisations prend en compte les demandes tement existants peuvent connaître des
de pointe ainsi que les contraintes d’incendie dysfonctionnements du fait de leur surdimen­
(60 m3/h pendant deux heures), les bouches sionnement. La production d’eau potable est
273 ÉCHELLE

un puissant levier de protection de la res­ en retenant une personne sur N (le rapport 1/N
source, en particulier face à la contamination est le taux de sondage). Le tirage au sort lui-
agricole ; si l’enjeu qu’elle représente diminue, même fait appel à des tables de nombres au
les conséquences pourraient être dramatiques hasard, qui sont publiées. Dans ces condi­
pour les milieux aquatiques. tions, il est possible d’appliquer les techniques
S. B. d ’inférence statistique et d’estimer, à partir de
la mesure de certains paramètres dans l’échan­
-* Agence financière de l'eau; Cycle de l'eau; Pollution des tillon, leur valeur probable (et les limites
eaux continentales. d ’erreur) dans la population, ou de vérifier des
hypothèses relatives à la population. Si cette
Condition de représentativité n ’est pas (ou
E A U X PLUVIALES -> Assainissement ; Cycle mal) remplie, on dit que l’enquête est biaisée.
de l'eau ; Fontaine ; Pollution des eaux Mais on dispose rarement d’une telle liste
continentales exhaustive ; soit elle n ’existe pas, soit elle
n ’est pas accessible, soit elle est ancienne. On
utilise alors d’autres procédures, comme par
E AUX USÉES —►Assainissement ; Pollution exemple tirer au sort des adresses et, s’il s’agit
des eaux continentales d’une enquête, interroger une des personnes
qui y demeurent.
Line méthode très employée, critiquable sur
ÉCHANGEUR -> Autoroute ; Carrefour le plan théorique, mais qui, en pratique, donne
des bons résultats, est la méthode dès quota,
qui consiste à reproduire volontairement dans
ÉCHANTILLON l’échantillon certaines caractéristiques de la
population : on cherchera, par exemple, à
Lorsqu’on cherche à étudier un ensemble avoir la même proportion de personnes de dif­
d’unités, une population (des personnes, des férents âges ou de différentes catégories socio­
ménages, dont on veut connaître les comporte­ professionnelles que dans la population.
ments ou les opinions, des produits dont on Pour les études d’urbanisme et d’aménage­
veut contrôler la qualité, etc.), il n ’est pas ment, on recourt parfois à un sondage aréo-
nécessaire d’examiner toutes les unités concer­ laire : sur un document graphique (carte, photo
nées : on peut se contenter d ’en prendre un aérienne), on établit un quadrillage numéroté et
échantillon plus restreint. Si Celui-ci a été on tire, au hasard, certaines des cases de celui-
constitué conformément à la règle, difficile à ci ; On enquête alors toutes les unités (ménages,
assurer, du hasard, les conclusions qu’on pourra logements, etc.) contenues dans ces cases.
en tirer pourront être généralisées à l’ensemble La précision de la mesure dépend évidem­
de la population, aux erreurs statistiques près. ment de la taille de l’échantillon. Mais l’erreur
C’est en particulier le cas pour les enquêtes ne décroît que selon la racine carrée du nombre
qu’on effectue pratiquement toujours sur un d ’observations. Ainsi, lorsqu’on double la
échantillon de petite taille par rapport à la taille d’un échantillon, l’erreur probable sur
population. Mais pour que l’inférence de l’un une proportion ou sur une moyenne n ’est divi­
à l’autre soit possible, il faut que l’échantillon sée que par ^2 = 1,414. Il est donc inutile de
présente certaines propriétés que l’on résume chercher à tout prix à disposer d’un échantillon
par le terme de représentativité. important, sauf si on veut procéder à des ana­
Au sens strict, employé en statistique lyses fines qui exigent qu’on prenne en consi­
mathématique, un échantillon est représentatif dération des sous-populations très restreintes.
s’il a été obtenu selon des règles précises qui B. Mat.
font que tout membre de la population a la
même probabilité d ’être choisi pour faire par­ -> Enquête.
tie de l'échantillon. La manière, en principe la
plus simple, de réaliser cette condition est de
disposer d’une liste complète et numérotée de ÉCHELLE -> Carte ; Cartographie ;
tous les membres de la population visée (la Photographie (au sol, aérienne, de satellite) ;
base de sondage) et d’y faire un tirage au sort, Plan
ÉCHIQUIER 7 j|lj

ÉCHIQUIER —» Orthogonisme confond les couleurs mais exacerbe. leè


contrastes, celles à vapeur de mercure donnent
une teinte blanche bleutée, celles à vapeur de
ÉCLAIRAGE PUBLIC sodium sous haute pression une teinte blanchi
dorée, les tubes fluorescents offrent divers^}
Distribution de la lumière artificielle dans teintes. Le flux lumineux peut être réfléchi,
les lieux publics, l’éclairage public assure la réfracté, diffus, étroit. La position des lampa­
sécurité des personnes et des biens durant daires est censée ne nuire, le jour, ni à la circu­
l’obscurité, prolonge les activités diurnes et lation des piétons, ni à l’esthétique urbaine.
participe à l’embellissement de la ville : il L’exploitation des réseaux d’éclairage publie
anime la nuit, il met en valeur la richesse du est assurée par la ville qui en a aussi la respon­
tissu urbain, des formes urbaines, des monu­ sabilité juridique. Le marché français djt
ments, des plans d’eau, des espaces verts, ce l’éclairage public est de l’ordre de 200 mil­
que la lumière du j our ne peut toujours réaliser. lions d’€ en 2009. a
Sous l’Ancien Régime, l’éclairage (à l’huile) A. Gu,
des mes était à la charge des riverains. Mais,
peu à peu, des compagnies privées ont multi­ -» Électricité; Mobilier urbain.
plié les réseaux d’éclairage au gaz (7 258 réver­
bères à Londres en 1829, 210 à Dijon en
1844), concurrencées après 1879 par l’éclai­ ÉCLECTISM E —> Moderne ; Pastiche ;
rage électrique (appliqué pour la première fois Postmoderne ; Urban design
à l’illumination de Paris). L’éclairage public
tiré de l’énergie solaire devrait se développer.
La technique d’éclairage des monuments ÉCOLE I
(urbains ou non) a été mise au point entre les
deux guerres en France, d’où elle s’est répan­ L’enseignement du premier degré (pri­
due dans le monde entier. L’exposition univer­ maire) est assuré dans les écoles matemellès
selle de New York (1939) devait être le (préélémentaires qui accueillent pendant trois
summum de la lumière électrique. Depuis la ans les enfants de 3 à 6 ans) et dans les écoles
seconde guerre mondiale, elle s’est encore primaires (enseignement élémentaire destiné
affinée à la faveur des spectacles « son et en principe aux enfants de 6 à 11 ans). Les
lumière » et l’éclairage de la tour Eiffel témoi­ écoles sont publiques ou privées, mais la plu­
gne de sa vitalité. En revanche, l’éclairage des part des établissements privés ont passé un
voies urbaines est conçu en termes de sécurité contrat avec l’État qui leur permet, sous
routière (la circulation nocturne demeure deux réserve de répondre à certains critères (péda­
à trois fois plus dangereuse que la circulation gogiques notamment) de bénéficier d ’aides
diurne) et l’alignement des lampadaires se fait publiques et en particulier de la rémunération
au mépris du piéton, dont il contribue à réduire des enseignants par l’État
le confort visuel. L’étude de l’éclairage pour L’école primaire est l’équipement collectif
les piétons reste encore, malgré la promotion résidentiel par excellence et le choix du lieù
des « plans lumière », mal intégrée à celle des de son implantation est important par l’effet
aménagements urbains. Elle ne prend en qu’il exerce sur les déplacements quotidiens
compte ni la sociabilité, ni l’esthétique et fort qui animent un quartier. En milieu rural, on
peu l’environnement : l’éclairage nocturne a observe toujours que l’existence d’une école
des effets négatifs sur la faune et la flore est un facteur essentiel au maintien d’une vie
urbaine. Cette pollution lumineuse consomme locale minimale dans une commune. Depuis
de l’énergie et devrait être maîtrisée. 1975, le seuil de suppression d ’une école à
L’appareil d’éclairage ordinaire se compose classe unique a été fixé à douze élèves.
d’un mât résistant aux intempéries, fixé sur un L’école primaire accueille cinq classes
massif en béton, d’un appareillage électrique d’âge (qui suivent une année dite prépara­
comprenant un ou deux ballasts, d’un ou deux toire, deux années de cycle élémentaire et
condensateurs, d’un amorceur, de fusibles de deux années de cycle moyen). En milieu
protection, d’une lampe. Les lampes à vapeur urbain, la taille habituelle d ’un groupe sco­
de sodium donnent une teinte orangée qui laire est de douze classes primaires, auxr
*76 ÉCOLES D'ARCHITECTURE

quelles peuvent être annexées quatre classes La commune est propriétaire des locaux des
maternelles. L’implantation d’un tel équipe­ écoles publiques. C’est elle qui a l’obligation
ment nécessite un terrain de 5 à 6 000 m2 et d ’en assurer la construction et l’entretien.
correspond à un ensemble d’environ 600 loge­ Mais elle n ’est pas tenue de construire des
ments. Mais le nombre d’enfants par loge­ écoles maternelles. Lorsque les enfants d ’une
ment varie couramment du simple au double commune fréquentent l’école d ’une autre
lorsqu’on passe d ’un quartier à un autre. De commune, la première doit rembourser à la
même, pour un quartier donné, il peut évoluer seconde sa part des charges. L’organisation
considérablement en une dizaine d’années, la d ’une cantine scolaire reste facultative, mais
population ayant tendance à vieillir en même existe dans presque toutes les villes, souvent
temps que les logements : les nouveaux quar­ gérée par un établissement public communal,
tiers d’habitation connaissent généralement ou par une entreprise privée (contrat de forfait
une forte densité d ’enfants par logement, puis ou concession).
le nombre d’enfants scolarisables tend à dimi­ À noter que la plupart des pays pauvres
nuer après quelques années. C’est pour faire pratiquent l’école en double mi-temps pour
face à cette évolution que l’on a souvent diviser'par deux une partie des coûts de
ajouté, de façon transitoire, aux groupes sco­ l’enseignement.
laires que l’on implantait dans ces quartiers, J. C. et P. M.
des classes démontables.
L’école maternelle (enseignement présco­ Carte scolaire ; Crèche.
laire) peut être autonome ou rattachée à une
école primaire : le groupe de base comprend
quatre classes et nécessite un terrain de ÉCOLE DE CHICAGO —►Écologie urbaine;
2000 m2. Sociologie urbaine
On compte, en 2007-2008, 55 329 écoles
(parmi lesquelles un peu moins du tiers sont
des écoles maternelles), dont le dixième envi­ ÉCOLE DES B E A U X -A R TS -> Beaux-Arts
ron sont privées, pour la plupart confession­
nelles (surtout dans les régions de tradition
catholique, comme la Bretagne et la Vendée). Il ÉCOLES D'ARCH ITECTURE
faut y ajouter 80 écoles régionales d’en­
seignement adapté (destinées notamment À la différence de la plupart des formations
aux enfants handicapés). Elles totalisent architecturales existant aujourd’hui dans le
275 000 classes, mais il existe encore, en milieu monde, les vingt écoles nationales supérieures
rural, malgré la banalisation du ramassage sco­ d’architecture françaises ne relèvent pas de
laire, près de 5 000 écoles à classe unique. L’en­ l’université, mais du ministère de la Culture et
semble de ces écoles accueille 6 650 000 élèves de la Communication. Elles ont le statut d’éta­
(parmi lesquels environ 14 % dans les écoles blissements publics administratifs. Au nombre
privées), dont 2 550 000 dans les écoles mater­ de six dans la région Île-de-France et de qua­
nelles (presque toutes publiques) et 4 100000 torze dans les autres régions françaises, leur
dans les écoles primaires et les écoles d’ensei­ fonction première est d’offrir un enseignement
gnement adapté. En 2008-2009, on comptait de l’architecture de qualité aux étudiants (envi­
322 000 enseignants dans les écoles publiques ron 1 700) qui y préparent chaque année le
et 46 000 dans les écoles privées, soit un ensei­ diplôme. A ces vingt écoles d’architecture, il
gnant pour 19,3 élèves (une des moyennes les convient d’associer l’École spéciale d’architec­
plus élevées d’Europe). La taille moyenne des ture (établissement privé) et l’ex-ENSAis (École
classes, qui a fortement diminué, était, en 2006, nationale supérieure des arts et industries de
de 26 enfants dans les classes maternelles et de Strasbourg) devenue insa (Institut national des
22,5 dans les classes des écoles primaires), soit sciences appliquées) qui délivrent également
24,2 pour l’ensemble (il était de plus de 30 en un diplôme d’architecte reconnu par l’État.
1960 et supérieur à 28 encore en 1990). La Les écoles nationales supérieures d’archi­
dépense moyenne est de 5 350 € par élève tecture françaises existent seulement depuis
(4 970 dans les écoles maternelles et 5 440 dans quarante années. Elles sont nées de façon
les écoles élémentaires). spontanée et désordonnée, sous la dénomma-
ÉCOLOGIE 270

tion d ’« unités pédagogiques d ’architec­ ÉCOLOGIE


tures », dans le sillage des événements de mai
1968 et du décret de décembre 1968 suppri­ Étymologiquement, science de l’habitat.
mant la section architecture de l’École natio­ En fait, sur le plan scientifique, l’écologie est
nale supérieure des Beaux-Arts ( ensba). Le la discipline qui place les écosystèmes au
système académique du prix de Rome a alors centre de ses réflexions. Elle se préoccupe
aussi été supprimé. La profession des archi­ donc des interactions entre les êtres vivants, et
tectes ne contrôle plus la formation des archi­ entre ceux-ci et leur environnement abiotique
tectes. Sous l’autorité d ’André Malraux, le et se focalise particulièrement sur le rôle des
ministère d’État chargé des affaires culturelles groupes humains. L’écologie a montré que
a mis en œuvre cette réforme définitive que toute intervention humaine entraîne une série
l’on doit avant tout aux acteurs les plus d’interactions et de rétroactions dans le cadre
motivés de cette prestigieuse institution deve­ du fonctionnement de systèmes solidaires, et
nue obsolète. Un nouvel enseignement de peut donc avoir des conséquences lointaines,
l’architecture, décentralisé, libéré du joug des parfois difficiles à prévoir. Ên d’autres termes,
patrons d ’agence (architectes des bâtiments la connaissance des écosystèmes permet de
civils et palais nationaux ou architectes prévoir les conséquences les moins immé­
conseils du ministère de la Construction en diates de toute action, notamment humaine.
charge des zup sur l’ensemble du territoire D’où la double définition possible du terme
français), est ainsi né. « écologiste ».
Les unités pédagogiques d’architecture ont — Dans un sens précis et restreint, c’est un
acquis leur statut d’établissement public au spécialiste des écosystèmes, préoccupé des
cours des années 1980. Leurs enseignants ont répercussions multiples de toute modification
été progressivement titularisés durant les isolée sur l’ensemble d’un environnement
années 1990. Des projets plus ambitieux leur biologique et abiotique.
ont valu, à partir des années 2000, des condi­ — Dans un sens plus large, c’est une per­
tions de travail plus attractives, propres à sonne ou un mouvement qui attire l’attention
garantir des pratiques pédagogiques dignes sur les modifications possibles du milieu par
d’une formation de haut niveau. Mais il leur les actions humaines, notamment par la mise
reste, entre autres, à obtenir le statut d ’ensei­ en œuvre des techniques modernes, de plus en
gnant-chercheur pour que la recherche scien­ plus puissantes. Il se préoccupe particulière­
tifique puisse se développer dans les écoles ment des dégradations possibles du milieu, à la
d’architecture au même titre que dans tout éta­ suite d’une série de réactions en chaîne déclen­
blissement d’enseignement supérieur. Avec le chées par une première modification d ’un élé­
passage en 2005 dans le système lmd ment de celui-ci. Il apparaît donc facilement
(licence-master-doctorat), les écoles natio­ comme un défenseur de l’environnement.
nales supérieures d’architecture françaises ont
F. D.-D.
franchi une étape importante de leur intégra­
tion dans l’espace européen de l’enseigne­ - » Écologie urbaine; Écologie territoriale; Écosystème; Envi­
ronnement; Habitat.
ment supérieur et de la recherche.
Les écoles d’architecture françaises ne par­
viennent néanmoins pas à assurer l’implica­
tion simultanée et efficace des sciences pour ÉCOLOGIE TERRITORIALE
l’ingénieur (spi) et des sciences de l’homme et
de la société (shs). Au sein de cette formation La manifestation la plus concrète des interac­
plurielle, la fracture historique qui sépare les tions entre sociétés et biosphère prend la forme
enseignants du projet d’architecture (les archi­ d’échanges d’énergie et de matières qui sont à
tectes praticiens) et les enseignants des autres l’origine de l’essentiel des problèmes environ­
disciplines n ’est toujours pas résorbée. La nementaux aujourd’hui identifiés, de l’échelle
récente création du doctorat en architecture planétaire (changement climatique, épuisement
pourrait ouvrir des perspectives dans ce sens. de certaines ressources, perte de biodiversité,
E. L. etc.) à l’échelle locale (eutrophisation des
milieux aquatiques, pollution atmosphérique
- » Beaux-Arts; Projet urbain. urbaine, etc.). L’un des enjeux du développe-
:n ÊCONOMÉTRIE

niait durable réside dans la limitation de ces ment à la ville. Mais, à partir de la fin des
échangés (diminution de la pression sur les res­ années 1960, dans le climat des luttes en
sources, réduction des rejets et émissions de faveur de l’environnement, le concept d’éco­
loule nature) d’une part, dans le recours aux logie est revenu à ses origines, la biologie ani­
ressources renouvelables d’autre part. male et végétale. Il a été utilisé pour étudier
b’écologie territoriale se fonde ainsi sur les relations entre les espèces vivantes et
l’analyse des consommations d’énergie et de l’homme, tout autant que les relations entre
matières d’un territoire donné et de leur circu­ l’homme, en tant qu’espèce vivante, et son
lation au sein de celui-ci qu’elle emprunte à la propre milieu, naturel et surtout artificiel.
théorie des écosystèmes. La description du Il en résulte que l’application du concept
métabolisme territorial (terme employé par d’écologie à l’environnement urbain présente
analogie avec le fonctionnement d’un orga­ actuellement, comme tout transfert d ’un
nisme) permet de mieux comprendre les inter­ domaine à l’autre du savoir, un caractère ana­
actions entre ce territoire et son milieu naturel, logique. Ce caractère a l’avantage de stimuler
voire des milieux éloignés (en lien avec les l’imagination et la recherche. Il a l’inconvé­
importations et exportations économiques), ce nient de risquer, en l’absence d’un contrôle
qui passe par la détermination de bilans de rigoureux des conditions de validité de l’usage
matières, à’analyses des flux de matières et du concept, de tomber dans la pure et simple
il’énergie, à ’empreintes environnementales. équivoque. La sensibilité militante se substi­
L’écologie territoriale y associe l’analyse des tue alors à la réflexion scientifique et l’action
acteurs, institutions, politiques, techniques qui manque de bases rigoureuses. Il importe donc
sont à l’origine de ces flux, c’est-à-dire de la de n ’appliquer qu’avec prudence le concept et
dimension sociale du métabolisme, au côté des les méthodes de l’écologie au milieu urbain et
celle des processus naturels qui le guident. Elle d’en vérifier avec un soin particulier les condi­
permet d’identifier des cibles pour la dématé­ tions et les limites de validité.
rialisation (consommation moindre de B. D.
matières), la décarbonisation (consommation
moindre de carbone), le «dewatering » -> Écologie; Sociologie urbaine (historique).

(consommation moindre d’eau). Ceci se traduit


par exemple par la mutualisation énergétique,
la mise en place de symbioses industrielles, ou ÉCOLOGISTE -► Écologie
plus généralement par le développement
d’usages des ressources en série (les déchets
d’une activité devenant la matière première ÉCONOM ÉTRIE
d’une autre) en lieu et place de leur utilisation
classique en parallèle (chaque activité puisant L’économétrie effectue une synthèse for­
ses propres ressources et engendrant des malisée entre l’observation des faits écono­
déchets sans usage ultérieur). miques, leur mise en ordre par la statistique
S. B. descriptive et le calcul des probabilités et leur
intégration dans les schémas explicatifs des
►Développement durable; Écologie; Énergie et environne­ différentes théories économiques. Née aux
m ent; Environnement.
États-Unis des travaux de la Cowles Commis­
sion en 1932, elle réalise une conjugaison har­
monieuse entre l’économie mathématique, la
ÉCOLOGIE URBAINE statistique et la théorie économique. L’écono­
métrie positive se propose de dégager des cor­
Les applications récentes du concept et de rélations systématiques entre les grandeurs
certaines techniques de l’écologie au milieu économiques significatives et de relier ces
urbain ne sont qu’indirectement la suite de interactions dans des schémas d’interdépen­
l’ensemble de développements des sciences dance prenant le plus souvent la forme de
humaines qu’on est convenu de rattacher à modèles explicatifs.
l’école de Chicago. Ces développements por­ Dans le domaine urbain, l’économétrie
taient principalement sur l’habitat urbain et s’est illustrée dans les années 1960 aux États-
s’appliquaient donc directement et légitime­ Unis par des tentatives ambitieuses d’analyser
ÉCONOMIE 2m

les processus de développement des grandes nomiques plus ou moins intemporelles cl


agglomérations au moyen de modèles expli­ générales telles que :
catifs généraux articulant la localisation des — la loi de Gresham (auteur mercantiliste
activités, des ménages et des grands équipe­ du XVIe siècle): «L a mauvaise monnaie
ments structurants aux valeurs foncières et chasse ta bonne » : lorsque deux instruments
aux décisions des pouvoirs publics. Ce fut monétaires coexistent dans une économie, la
généralement un échec, malgré d’importants monnaie la plus prisée disparaît progressive­
moyens financiers mis en œuvre. Durant les ment de la circulation : elle devient monnaie
dernières décennies, l’économétrie s’est beau­ de réserve ;
coup développée, étendant son champ — la relation de Philipps (économiste bri­
d’action aux domaines qualitatifs (santé, édu­ tannique, 1958): il existe une relation statis­
cation, environnement, aspects politiques de tique inverse entre taux de chômage et taux
la vie économique) ainsi qu’aux corrélations à de variation des salaires ou rythme d’accrois­
travers l’espace (économétrie spatiale, inau­ sement des prix : la progression du chômage
gurée au début de la décennie 1970). dans une économie aurait donc pour effet de
P.-H. D. freiner l’inflation par un ralentissement des
coûts salariaux.
•-» Modèle (mathématique). A l’heure actuelle, coexistent quatre grands
corps de théories économiques, correspondant
à trois grandes écoles de pensée : les clas­
ÉCONOM IE siques (1775-1850), prolongés par l’école
néo-classique (1870-1920), la théorie de Marx
Le terme d’économie se rencontre pour la (seconde moitié du xixe siècle) et celle de
première fois sous la plume de Xénophon, Keynes (première moitié du XXe siècle).
puis sous celle d’Aristote, pour désigner l’art a / Les classiques. On distingue parmi eux
de gérer le patrimoine domestique (oiko- une école anglaise, pessimiste (Adam Smith,
nomos). Cette conception, étroitement mer­ David Ricardo, Robert Malthus) et une école
cantile, n’a cessé de s’élargir depuis : l’écono­ française, optimiste (Jean-Baptiste Say). A
mie est devenue science des richesses (Adam l’école classique, on doit l’élaboration des
Smith, 1776), des échanges (début du xixe), concepts de base : valeur, prix, travail, produc­
de la valeur et des prix (milieu du xix°), tion, échanges, marché, concurrence et leur
science des choix entre biens rares à usages agencement dans une explication des faits
alternatifs (xx°). Les méthodes de l’analyse économiques, à la fois dans la courte et dans
économique sont variées et ont été tour à tour la longue période.
déductives et inductives, analytiques et syn­ b / L ’école néo-classique marque, par rap­
thétiques, quantitatives et qualitatives. La port aux classiques, à la fois un approfondis­
seule ligne de clivage importante est celle qui sement et un rétrécissement. D ’une part,
oppose les tenants de la micro-économie et les l’étude de l’équilibre à court terme est enri­
partisans de la macro-économie. Selon l’ana­ chie et approfondie par le recours systéma­
lyse micro-économique, seuls comptent les tique au raisonnement à la marge (l’école néo­
comportements individuels ; les comporte­ classique est aussi appelée école marginaliste)
ments globaux résultent de l’addition, de et par l’emploi des mathématiques (Léon
l’agrégation des comportements individuels ; Walras). Mais si les néo-classiques ont ainsi
il y a simple changement d ’échelle des faits et fait faire des progrès décisifs à ce qu’il est
non altération de leur nature même. Selon convenu d’appeler le calcul économique, ils
l’analyse macro-économique au contraire, ont en revanche rétréci leur horizon, en éva­
prendre en considération l’ensemble des cuant de leur analyse tous les facteurs d’évo­
comportements en modifie la matière et les lution à long terme.
effets : c’est ce que démontre Keynes. c / Marx (1818-1883) est, sur bien des
Si les approches et méthodes d’analyse sont points, l’héritier des classiques avec lesquels
diverses et complémentaires, les économistes il entre cependant en conflit. Empruntant à
de toutes les époques ont recherché dans les Ricardo le concept de valeur-travail et l’élar­
faits économiques l’apparition de régularités, gissant, il démontre comment l’exploitation et
de récurrences et même de véritables lois éco­ la misère ouvrières vont se transformer au
ÉCONOMIE

!" Mi'lïee des capitalistes en plus-values géné- questions : Que produire ? Comment pro­
iiiilices de profits. Mais ce profit est précaire duire? Pour qui produire? La production
• i menacé. D’une part, il y a une tendance à s’obtient en combinant de manière efficiente
l'civilisation des taux de profit entre les diffé- des facteurs productifs : terre, travail (qualifié
irnlos branches d ’activité. D ’autre part, il ou non), capital (c’est-à-dire machines, équi­
i s islc une baisse tendancielle des taux de pro- pements, moyens de financement).
lil dans l’économie dans son ensemble. Les — La répartition des richesses produites
• uses économiques sont donc inévitables et suit la production: la rémunération des fac­
•■.uni renforcées par l’action révolutionnaire de teurs de production - terre, travail et capital -
la classe prolétaire. constitue simultanément le revenu des agents
I ,e courant néo-marxiste a été assez vivace économiques : salaires et traitements des tra­
en l'rance dans les années 1970, en particu­ vailleurs, loyers et fermages des propriétaires
lier dans l’analyse des rentes foncières et de fonciers, intérêts et dividendes des prêteurs de
la division sociale de l’espace en milieu capitaux, profits des entrepreneurs.
urbain, ainsi que dans la théorie de l’inter­ — La dépense des revenus produits et répar­
vention publique (capitalisme monopoliste ti s constitue la troisième grande fonction
d’État). économique. Il s’agira d ’expliquer la consom­
d / Keynes et la révolution keynésienne. mation et l’épargne des ménages ainsi que les
Keynes (1883-1946) est en rupture complète dépenses d’équipement des entreprises. Ces
avec ses maîtres néo-classiques. 11 rejette dépenses de biens de consommation et d ’équi­
l'existence de prétendus mécanismes naturels pement rachètent en quelque sorte la pro­
qui rétabliraient automatiquement le plein- duction et le circuit économique est alors
emploi. Bien au contraire, il peut exister des entièrement bouclé.
équilibres durables de sous-emploi. Il suffit Ces trois grandes fonctions : production,
que la demande effective globale soit insuffi­ répartition, dépense n ’épuisent pas la totalité
sante par rapport à l’offre globale. Il ne faut des faits économiques. D ’autres domaines
plus raisonner sur les comportements indivi­ d ’analyse demeurent. Citons les principaux :
duels mais sur les macroquantités. C’est l’iner- — La monnaie et l’inflation : quel est le
iic à la hausse de la consommation, jointe à un rôle de la monnaie et des instruments moné­
déclin relatif des occasions d ’investir dans les taires sur le niveau de l’activité économique ?
systèmes économiques ayant atteint leur matu­ Comment est financée la production ? À quel
rité qui, ensemble, sont responsables du profil rythme évolue le niveau général des prix ?
bas de l’économie. Si les agents économiques — Les relations économiques internatio­
privés (ménages, entreprises) sont incapables nales : quels sont les déterminants du com­
d’assurer la reprise, il revient à l’État, par une merce international? Y a-t-il une division
politique délibérée de dépenses publiques sou­ internationale du travail et une spécialisation
tenues, au besoin par la pratique du déficit internationale entre les pays ? Quels sont les
budgétaire et de faibles taux d’intérêt, d’assu­ effets d’un déséquilibre des échanges exté­
rer la relance de l’économie. La macro­ rieurs d’un pays sur sa situation économique
économie et la thérapeutique keynésiennes interne? Quels mécanismes expliquent la
ont guidé avec succès la conduite des poli­ conversion des monnaies les unes dans les
tiques économiques dans les pays occidentaux autres (ce qu’on appelle le change) ?, etc.
jusqu’à la fin des années 1960, mais elles se — La dynamique économique : comment
heurtent à de graves mécomptes en économie rendre compte des variations dans le niveau de
ouverte. Aujourd’hui, les économistes sont à l’activité économique. Existe-t-il des limites à
la recherche de nouvelles théories qui seraient la croissance économique ? Comment corriger
à même de comprendre, d ’interpréter et de les inégalités de développement? Comment
juguler la crise. obtenir une croissance forte sans inflation et
sans chômage importants ?
Les principaux domaines de l'analyse éco­ — La politique économique et le rôle de
nomique : l’État: ces questions ont été renouvelées par
— La production est la première des la problématique keynésienne. On peut se
grandes fonctions que doit expliquer la science demander jusqu’où doit s’étendre la sphère
économique, en apportant des réponses aux d’action de l’État et, corrélativement, à quel
ÉCONOMIE DU TOURISME 280

montant doivent être plafonnés les prélève­ Chine (55 millions), l’Italie (44 millions), la
ments obligatoires? De façon plus générale, Grande-Bretagne (31 millions), l’Allemagne
quel rôle remplissent la fiscalité, la politique (24 millions), etc. Mais, en termes de recettes,
monétaire et d’encadrement du crédit, la poli­ sur un total de plus de 955 milliards de $ cil
tique budgétaire et les dépenses publiques, 2007, pour le seul tourisme international, les
etc. Ces questions relèvent de l’économie États-Unis (97 milliards) devancent l’Espagne
financière et de l’économie publique. (58 milliards), la France (54 milliards), l’Italie
À côté de ces questions très transversales, (43 milliards), la Chine (42 milliards), la
il faut évoquer encore des domaines plus res­ Grande-Bretagne, l’Allemagne, etc. Ces très
treints, la science économique ayant eu ten­ grandes inégalités entre les pays d’accueil se
dance à se compartimenter. On peut citer, reflètent dans (ou reflètent) les capacités
par exemple, l’économie industrielle et la d’accueil : le nombre de lits d’hôtels (et assi­
gestion des entreprises, l’économie du tra­ milés) dépasse 30 millions, dont plus de 40 %
vail, l’économie sociale, l’économie de la en Europe, 35 % dans les Amériques (États-
santé, l’économie de l’éducation, l’économie Unis surtout), 20 % en Asie-Pacifique et seule­
de la recherche-développement, l’économie ment 5% pour l’Afrique et le Moyen-Orient.
de l’environnement, etc. 11 faut cependant nuancer ces résultats : si les
P.-H. D. pays européens apparaissent parmi les pre­
mières destinations, leurs visiteurs sont en
-a Économétrie; Économie du tourism e; Économie spatiale; majorité issus des autres pays européens (87 %
Économie urbaine.
dans le cas de la France en 2007).
La croissance des indicateurs quantitatifs
du tourisme a été très rapide. Le chiffre de
ÉCONOM IE DU TO UR ISM E 100 millions de touristes internationaux n ’a
été atteint qu’en 1964 et les recettes ne repré­
On s’accorde à penser que le tourisme a sentaient alors que moins de 10 milliards de $,
connu trois âges successifs.1 élitiste jusqu’à ce qui correspond à des taux moyens de crois­
1945, groupiste et conformiste pendant les sance entre 1964 et 2001 respectivement de
« trente glorieuses », exigeant et narcissique 5,5 % et de plus de 10 % par an.
depuis la crise pétrolière. Si cette approche On estime la consommation touristique
comporte une part de simplification (les intérieure (F'rançais et étrangers), en 2007, en
comportements de chaque « âge » ont perduré hôtels, cafés et restaurants, autres héberge­
après le passage à l’âge suivant), elle souligne ments, alimentation, transport, loisirs touris­
la place prise par le tourisme dans l’économie tiques, organisation de voyages, etc., à
mondiale : occasion de recettes d ’appoint, puis 117,6 milliards d’€ (dont environ 40 % par les
industrie de masse, elle est entrée dans une étrangers, hors transport), soit environ 7 % du
étape de concurrence accrue qui explique le PIB. On pourrait y ajouter les 31,5 milliards
développement de la mercatique touristique. dépensés par les 114 millions d ’excursion­
Le nombre d’arrivées de touristes interna­ nistes pour des déplacements de la journée.
tionaux a atteint, en 2007, 903 millions, soit Cette consommation touristique intérieure
14% de la population du globe (certains tou­ (hors excursionnistes) se ventile entre les
ristes pouvant être comptabilisés pour plu­ hébergements marchands (16 milliards), les
sieurs arrivées). 54% d’entre eux ont encore hébergements non marchands (10 milliards
l’Europe pour destination : celle-ci en retire correspondant aux loyers qu’auraient dû payer
51 % des recettes, transport exclu. Pour les en hébergement marchand les personnes
Amériques, ces parts de marché sont respecti­ séjournant en résidence secondaire ou chez
vement de 16 % et 20 % ; pour l’Asie de l’Est des parents ou amis), 13 milliards pour les
et le Pacifique, de 20 % et 22 % ; l’Afrique et cafés et restaurants, 10 milliards pour les
le Moyen-Orient ne comptent que pour 10% achats alimentaires, 24 milliards pour les
des touristes internationaux et 7 % des recettes. transports (y compris en automobile), 14 mil­
La France est le premier pays touristique en liards pour les achats et autres prestations,
termes d ’arrivées de touristes étrangers 6 milliards pour les services de loisirs, 11 mil­
(82 millions en 2007), devançant l’Espagne liards pour les forfaits et voyages organisés et
(59 millions) et les États-Unis (56 millions), la 14 milliards pour les autres dépenses.
: SI ÉCONOMIE SPATIALE

l.a place de l’industrie touristique dans les plus capitalistiques. Selon I’unedic , les
l'économie est cependant délicate à mesurer. emplois dans le tourisme en France peuvent
( )n ne peut en effet la mesurer à travers la être estimés à 820 000 au 1er janvier 2007.
nomenclature Insee des activités. La branche Mais cette estimation soulève de nombreuses
liolels-cafés-restaurants ne peut lui être totale­ questions méthodologiques : choix des
ment attribuée et, à l’inverse, le tourisme branches prises en compte (dont les hôtels-
dépassé cette seule branche. Celle-ci repré­ cafés-restaurants) ou au contraire exclues
sente environ 359 000 entreprises et un chiffre (transports, services de loisirs, etc.), limitation
d’affaires de 98 milliards d’ê. aux activités directement liées au tourisme,
Le tourisme est considéré comme particu­ caractère saisonnier de nombreux emplois (un
liérement important par les pays d’accueil en tiers dans l’hôtellerie et la restauration),
mison de son rôle dans la balance des paie­ importance des emplois à temps partiel, etc.
ments. Pour la France, en 2007, les recettes D ’autres études ajoutent les emplois indirects
provenant des touristes étrangers se sont éle­ liés au tourisme (dans les transports, le bâti­
vées à 39,6 milliards d ’€, tandis que les ment, l’alimentation par exemple) et des
dépenses des Français à l’étranger ont repré­ emplois induits (consommations des per­
senté 26,8 milliards, ce qui a dégagé un sonnes vivant du tourisme). Sans compter les
solde positif de 12,8 milliards. Cet excédent emplois induits (ce qui serait très discutable),
esi, par exemple supérieur à celui de l’indus- on estime ainsi le poids du tourisme en France
ine automobile (0,9 milliard en 2007, mais à plus de 1,4 million d’emplois, voire davan­
H,8 milliards en 2005) et près du double de tage, soit 5,5 % de l’emploi national.
celui de l’agroalimentaire (7,2 milliards). Il Si difficile que soit l’appréhension du poids
n’a cessé de croître jusqu’en 2000 (où il a économique du tourisme, celui-ci est impor­
nlleint 15 milliards), après une stagnation tant pour les pays traditionnellement touris­
autour de 10 milliards dans les années 1990, tiques (Europe occidentale surtout), comme
puis a eu tendance à décliner à partir de pour les pays qui ont souhaité tirer profit de
2001. Les recettes proviennent essentielle­ leurs avantages naturels (climat surtout) et
ment des pays développés (92 %). culturels. Mais le tourisme est une activité qui
Les dépenses en capital dans le tourisme n ’est pas exempte d ’inconvénients. Les
sont importantes. En France, elles repré­ emplois créés sont souvent saisonniers ou (et)
sentent (sans les investissements dans les à temps partiel et de faible niveau. Les capi­
activités liées, tels les transports) près de taux nécessaires sont importants. Lorsqu’ils
10 milliards d ’€ par an qui se répartissent sont étrangers, le pouvoir de décision et les
entre les hébergements (la moitié environ), revenus le sont aussi. C’est en outre une acti­
l’autre moitié correspondant aux investisse­ vité fragile, soumise aux accidents clima­
ments dans les restaurants et débits de bois­ tiques et politiques. Enfin, elle peut avoir des
son (20 % environ), dans les autres conséquences néfastes pour l’environnement,
hébergements commerciaux et associatifs, voire entraîner une perte d ’identité culturelle
dans les équipements touristiques et surtout pour les populations des pays d’accueil. Dans
dans la construction et le gros entretien des les pays en développement en particulier, il
résidences secondaires (plus ou moins de n ’est pas du tout certain que ces caractéris­
20% selon les années), la restauration et les tiques en fassent un investissement prioritaire
débits de boisson (près du quart), les équipe­ comme beaucoup de dirigeants l’ont cru.
ments ( 15 %). Ils sont effectués par les ména­ P. M.
ges (60%), les entreprises (un tiers) et les
acteurs publics (un peu plus de 5 %). --»• Aménagement touristique ; Hébergements touristiques ; T o u ­
risme.
Contrairement à une opinion largement
répandue, le tourisme est une activité qui
nécessite des investissements importants
notamment pour réaliser les hébergements - ÉCONOM IE SPATIALE
par rapport aux recettes qu’il engendre et aux
emplois qu’il crée. On peut avancer le chiffre Branche de la science économique qui ana­
de 300 000 € au moins par emploi équivalent lyse les rapports entre les faits économiques
plein temps, ce qui en fait une des activités et l’espace.
ÉCONOMIE URBAINE

En fait, l’espace a toujours été largement Si l’analyse économique des villes est h
négligé par les économistes, ce qui explique ancienne et remonte aux économistes précli
en partie la difficulté, pour les aménageurs et siques William Petty (vers 1670) et Richî
les urbanistes, à utiliser (et parfois à maîtriser) Cantillon (vers 1725), l’économie de la
les concepts des économistes. L’économie est beaucoup plus récente et date
spatiale a été d’inspiration allemande dès ses xxe siècle. Elle est née au confluent de
débuts au XIXe siècle avec von Thünen (théo­ sieurs courants : la théorie de la localisa
rie de l’économie agricole, de 1826 à 1863), des activités industrielles, développée;
Launhardt (1882) et Weber (théorie des locali­ Weber (1909) et Lôsch (1940) ; l’école hirçl
sations industrielles, 1909) et Lôsch (théorie rique allemande (théorie dite de la base écql
des régions économiques, 1940). Elle a été mique) ; les travaux des économistes du îi
relayée, depuis la deuxième guerre mondiale, qui ont étudié les prix fonciers. t.i*
par la régional science, fondée à l’University L’essor définitif de l’économie urbaineida
of Pennsylvania par Isard. cependant des années 1960 lorsque deux éd
P.M .
nomistes américains, Wingo et Alonso, pi
appliqué l ’appareil d ’analyse néoclassiq)
-> Économ ie; Facteurs de localisation des activités; Science aux problèmes de localisation des ménages,i
régionale.
des activités sur l’aire urbaine. Aujourd’Ht
les principaux domaines d’investigation (
l’économie urbaine sont les suivants : l'tt
ÉCONOM IE URBAINE — Les réseaux urbains et l'aimaUty
urbaine, qui semble quelque peu délais^
La ville n ’est certes pas réductible à un pur aujourd’hui.
système économique mais les aspects écono­ — Les valeurs foncières en site urbain,■)(
miques des problèmes urbains sont suffisam­ coexistent deux corps d’explication conci)
ment importants pour justifier l’existence rents: l’analyse néo-classique et l analyi
d ’une économie urbaine qui s’est développée néo-marxiste. Ces deux théories apparaisSéffl
aux côtés de la géographie et de la sociologie également insatisfaisantes. L’analyse u&
urbaines. L’économiste se sent concerné par classique parvient certes à un ensemble! q
l’analyse des décisions qui concourent à amé­ résultats très complets et très précis, m aisi
nager progressivement les biens rares et les partir d’hypothèses très éloignées des réalifl
services Urbains en vue d’atteindre les finali­ urbaines (ville circulaire concentrant tous *
tés de l’homme dans la cité. Plus simplement, emplois au centre, ville linéaire, etc.). L’
on dira que l’économie urbaine est l’étude de lyse néo-marxiste part d’hypothèses beaui
la ville en tant qu’organisation économique, plus réalistes, mais ne parvient presque j
avec deux champs d ’analyse complémen­ à des conclusions opératoires, en raison;j
taires : l’extrême difficulté qu’il y a, dans la théi
— Y économie des villes, c’est-à-dire l’étude marxiste, à passer des valeurs aux prix ifj
du réseau qu’elles forment dans l’espace natio­ production.
nal, l’analyse de leurs interrelations, de leurs i— Les transports urbains : notamment, (
zones d’influence réciproque, de leur pouvoir choix du mode de transport par l’usager ets
de commandement, de l’armature qu’en- choix des investissements d’infrastructure1"
semble elles constituent et qui confère à un la collectivité à partir de la notion de ci
pays ou une région sa trame territoriale ; généralisé de déplacement, l’analyse du trs.
— Yéconomie de la ville, conçue comme par origine-destination au moyen de modèle)!
une entité spatiale et un système d’organisa­ la tarification des transports collectifs, etc.i.j
tion, largement ouvert sur l’extérieur, qui — Le logement urbain et l ’éconàm'
ordonne la localisation de ses agents (ména­ immobilière : conditions de la produçtiontjj
ges, entreprises, pouvoirs publics) et affecte cadre bâti, financement du logement et p e i
son territoire à des usages du sol concurrents : tique d’aide à l’accession, modèles de loci
le logement, les activités économiques, les sation résidentielle et des services conne:
équipements d’infrastructure, etc., en fonction au logement, etc. j
d’impératifs divers, notamment d’ordre éco­ — Les équipements collectifs urbains ét |
nomique. conditions de leur financement par l’État et
ÉCONOMIES EXTERNES

jKlIleclivités territoriales, ce qui renvoie à — Les économies externes d ’échelle, qui


nKamen des finances publiques locales et à tiennent à l’organisation extérieure à l’entre­
l'étude des politiques d’équipement et d’endet- prise et proviennent le plus souvent des infra­
pmcnt des villes. structures collectives mises en place par l’État
P —- La gestion des ressources naturelles et les collectivités territoriales (un bon réseau
dans l’espace urbain: qualité de l’eau, de de transport et de télécommunications, une
P»lr, conservation et extension des espaces meilleure éducation et une formation profes­
Parts, élimination des déchets, des nuisances sionnelle plus adaptée, une prise en charge de
t des atteintes à l’environnement et au cadre
S • vie. Ces questions renvoient à des disci­
plines connexes comme l’économie de la
la recherche fondamentale et appliquée, etc.).
On peut aussi considérer que les très grandes
entreprises et les organismes professionnels
lanlé, de l’environnement ainsi qu’à la théo- prennent en charge les coûts de la recherche-
fia des ressources épuisables. développement et de 1’information et procurent
j| — Un dernier domaine encore peu exploré, par là même des économies d’échelle aux
Rialgré quelques travaux récents d'universi­ unités de production de plus faible dimension.
taires français, est celui de l’élaboration de P.-H. D.
comptabilités urbaines selon les conventions
des comptes économiques nationaux ou régio­ -» Économies externes.
naux. Pourtant, les relations d’assez nombreux
modèles macro-économiques présupposent
Une analyse dichotomique urbain/non urbain ÉCONO M IES EXTER NES
du comportement des agents économiques.
Au total, depuis 1960, l’économie urbaine On dit aussi effets externes ou extemalités.
ait devenue une discipline adulte qui, si elle Les économies externes apparaissent au béné­
pose encore un certain nombre de problèmes fice d ’agents économiques producteurs ou
listés sans solution, a déjà à son actif un consommateurs lorsque ces agents bénéfi­
ensemble de résultats prometteurs. cient de l’activité d’autres agents de façon
P.-H. D. gratuite. Empruntons un exemple d’écono­
mies externes en production à l’économiste
#♦ Éoonomie; Modèle (mathématique); Prix fonciers; Rente britannique Alfred Marshall (1890).
foncière.
Supposons un apiculteur qui installe ses
ruches à proximité immédiate des vergers
d ’un arboriculteur; les abeilles viennent
CCONOMIES D'ÉCHELLE féconder les fleurs : la récolte des fruits sera
plus abondante. En même temps, la récolte
La production d’une entreprise varie géné­ du miel sera augmentée par le pollen des
ralement avec la dimension de cette dernière. arbres fruitiers. Il y a bénéfice réciproque au
C’est le problème des rendements dimension­ profit des deux producteurs. Il s ’agit là
nels ou, pour reprendre l’expression d’Alfred d’effets externes croisés. La situation est par­
Marshall, économiste de l’école de Cambridge fois moins favorable : si une usine émet des
(fin xtxe siècle), des économies d’échelle. On fumées et pollue tout l’environnement, il y a
distingue : dés économies externes ou effets externes
— Les économies internes d ’échelle, qui négatifs au détriment des habitants du voisi­
tiennent au mode d’organisation interne de nage. En revanche, le producteur, lui, est
l’entreprise: organisation rationnelle des avantagé car en polluant sans retenue il
tâches, informatisation des travaux à caractère échappe à de coûteux investissements de
répétitif, approvisionnement et traitement par dépollution (dépoussiérage, capte-suie, etc.).
grandes quantités, etc. Ces différents facteurs Les spécialistes de l’économie de l’environ­
ont un impact favorable sur la productivité nement ont imaginé l’existence d’un marché
jusqu’à un seuil donné (qu’il est d’ailleurs implicite des droits à polluer, pour tenter
difficile de mesurer avec précision). Au-delà, d’analyser ces situations et trouver des solu­
commencent les gaspillages, dus à la bureau­ tions autres que l’indemnisation des victimes
cratie, à l’encombrement, à la congestion, etc. (principe pollueur-payeur) ou la réglementa­
(déséconomies d’échelle). tion des activités insalubres ou dangereuses.
ÉCO-QUARTIER 284

En milieu urbain ou périurbain, l’occupa­ — bilan énergétique, notamment en recou­


tion dense de l’espace ainsi que les effets de rant aux énergies renouvelables et en rédui­
proximité et de voisinage sont souvent cause sant la consommation d’énergie à travers la
de nombreuses extemalités négatives entre conception de l’urbanisme et des construc­
consommateurs (voisins bruyants), entre pro­ tions et l’adoption de comportements ver­
ducteurs (par ex. : une cimenterie déverse tueux ;
dans l’atmosphère de la poussière de ciment — construction écologique (éco-concep-
qui rend impossibles les cultures maraîchères tion, éco-matériaux, bâtiments neutres en éner­
dans un certain rayon) et surtout entre pro­ gie, voire à énergie positive) ;
ducteurs et consommateurs. A l’inverse, on — gestion des eaux (systèmes alternatifs de
peut également noter que la concentration gestion des eaux pluviales et recyclage des
urbaine renforce les complémentarités entre eaux usées) ;
activités, raccourcit les distances, abaisse les — traitement des déchets (collecte, tri sélec­
coûts de transport et, par là même, crée tif, recyclage et compostage) ;
d’importants effets externes positifs. Certains — prise en compte des risques naturels et
auteurs voient même dans la ville, le milieu technologiques et prévention des nuisances ;
par excellence où émergent les extemalités — préservation des paysages et de la bio­
positives et où se développent des effets posi­ diversité ;
tifs d’agglomération, en raison notamment de — réduction des distances, développement
la fréquence des économies d’échelle. des transports collectifs, facilitation des
P.-H. D. « modes doux » (marche, bicyclette) ;
— offre de logements permettant une
- » Économies d'échelle. grande mixité sociale ;
— réalisation d’équipements favorisant la
vie sociale et collective ;
ÉCO-QUARTIER — participation de tous les acteurs, et
d’abord des habitants, aux décisions concer­
Les préoccupations relatives à l’environne­ nant la vie du quartier ;
ment, et en particulier au réchauffement cli­ — offre de commerces, d’emplois, d’infra­
matique, ont conduit à rechercher les formes structures accessibles à tous et à proximité.
urbaines et architecturales les plus suscep­ Le mouvement des éco-quartiers a débuté
tibles d’y apporter une réponse. La notion de en Allemagne avec le quartier Vauban à
ville compacte a d’abord émergé, dans un Freiburg-im-Breisgau, entrepris dès 1994 (la
premier temps pour économiser l’espace et première maison « passive » a été achevée en
revitaliser les centres des grandes villes (Lon­ 1999), qui compte 5 000 habitants (2 000
dres, Amsterdam, etc.), puis pour réduire les logements) sur 38 ha à 2,5 km au sud du
dépenses d’énergie et les émissions de gaz à centre-ville. Il repose sur de petits immeubles
effet de serre (ges). Plus récemment est appa­ de forme cubique avec des façades en bois,
rue le concept des éco-quartiers (ou quartiers des escaliers extérieurs et des toitures végéta-
durables). lisées. L’énergie est fournie par la combustion
Un éco-quartier est un quartier urbain qui de plaquettes de bois pour le chauffage, des
s’inscrit dans une perspective de développe­ éoliennes et des panneaux photovoltaïques
ment durable. L’objectif est de réduire son (les émissions de C 0 2 ont été réduites de moi­
impact sur l’environnement, tout en favori­ tié). Les eaux pluviales, filtrées à travers du
sant le développement économique ainsi que sable, servent à l ’arrosage des jardins. Les
la qualité de vie, la mixité et l’intégration garages et emplacements de stationnement
sociales. Il doit donc répondre à la fois aux sont éliminés au profit des transports en
trois objectifs du développement durable, tels commun, de la bicyclette (proposée en loca­
que définis en 1987 par le rapport Brundtland tion dès l’origine) et de la marche. Des équipe­
(Our common future) : social, économique et ments publics nombreux, des espaces publics
environnemental. et semi-publics variés et une association, le
De façon plus précise, les éco-quartiers Forum Vauban, favorisent la vie sociale. La
cherchent à adopter des solutions innovantes ville, qui est par ailleurs très ambitieuse dans
et efficaces en matière de : sa politique environnementale (et en particu­
ZB5 ÉCOSYSTÈME

lier énergétique) a lancé la réalisation d ’un sant les uns sur les autres et formant donc une
second éco-quartier, Riesefeld. totalité solidaire.
Plusieurs villes européennes ont développé De cette étymologie, on peut tirer deux
des éco-quartiers au cours de la décennie définitions, d’ailleurs non exclusives Tune de
écoulée: Malmô (B001), Hanovre (Krons- l’autre :
berg), Copenhague (Vesterbro), Stockholm — l’écosystème est un système dont un
(Hammerby), etc., et surtout Bedzed (Bed- élément au moins est l’habitat d ’une espèce
dington Zéro Energy fossil) à Londres. Ce ou d’un groupe d’êtres vivants ;
quartier de 1,7 ha comporte 82 logements, — l’écosystème est un système qui inclut
2 500 m2 de commerces et de bureaux et des de la matière vivante.
équipements publics. La dépense d’énergie de Ces définitions, en raison de la place
chauffage a été réduite de 90 %, la consomma­ qu’elles font à la notion de système, ont au
tion énergétique totale de 70 %, le volume des moins les trois implications suivantes :
déchets de 75%. Récemment, le gouverne­ — un écosystème doit obligatoirement
ment britannique a lancé la réalisation de dix décrire des cycles de la matière vivante, notam­
Ecotowns de 10 000 à 20 000 habitants. ment des molécules de carbone ;
En France, de nombreuses villes ont entre­ — un écosystème décrit des chaînes ali­
pris de construire un éco-quartier. On peut mentaires ;
citer Grenoble (quartier De Bonne), Lille — dans tout écosystème, il existe des effets
(L’Union, ancienne zone industrielle), Douai de rétroaction.
(zac Raquet), Paris (zac Rungis), Clermont- Il peut être intéressant de donner deux défi­
Ferrand (zac Trémonteix), Narbonne (quartier nitions complémentaires. Une biocénose est un
du Théâtre), Strasbourg (zac Danube) et bien ensemble d’êtres vivants dont la vie se condi­
d’autres. Il reste à savoir si ces villes feront, tionne réciproquement, et qui sont placés dans
comme à Vauban ou à Bedzed, des choix éco­ des relations identiques par rapport aux élé­
logiques dans tous les domaines et assureront ments non vivants (« abiotiques ») du milieu
la mixité sociale ou si la dénomination d’éco- avec lequel ils sont en relation. Un biotope est
quartier ne sera qu’un élément publicitaire. Le le milieu d’implantation d’une biocénose. Tout
gouvernement a lancé, en octobre 2008, un écosystème est donc l’association d’une biocé­
plan d’actions qui comporte un concours des nose et d’un biotope et implique leurs inter­
éco-quartiers (160 projets ont été présentés), actions. On distingue l’écosystème généralisé
un projet d ’éco-cités (12 ont été retenues qui comporte un grand nombre d’espèces dif­
parmi 19 présentées) et un appel d’offres pour férentes, animales et végétales, chacune
les transports collectifs. n ’étant représentée que par une faible quantité
La notion d’éco-quartier peut être élargie à d ’individus (ex. : la forêt tropicale humide) ; et
l’échelle de la ville (Freiburg peut être consi­ l’écosystème spécialisé comprenant un très
dérée comme pionnière), voire d’une région petit nombre d’espèces différentes (ex. : la
urbaine : telle est l’ambition annoncée pour steppe).
l’île-de-France en 2004 (Pierre Merlin, L ’ëco- L’écosystème est un modèle qui permet de
région d ’Ile-de-France, une utopie réaliste, concevoir les rapports d’interaction internes
Paris, 2007). aux milieux biologiques et abiotiques et les
P. M. relations entre ces deux domaines. Il met
l’accent sur la solidarité entre les parties d’un
» Développement durable; Énergie et environnem ent; Ville tout et de ces parties avec le tout.
compacte.
On peut reconnaître l’existence d ’écosys­
tèmes à toutes les échelles, depuis l’échelle
locale jusqu’à celle de l’ensemble du globe.
ÉCOSYSTÈM E A tous les niveaux, se manifestent interac­
tions et solidarités, liens entre le non-vivant et
Terme forgé en 1868 par E. Haeckel à pro­ le vivant, transformation de matière et d ’éner­
pos des rapports des plantes et de leur envi­ gie.
ronnement, à partir de oikos, mot grec qui La notion est donc essentielle pour mettre
signifie « demeure », « endroit où l’on habite » en évidence le fait que toute action sur un élé­
et de système, ensemble d’éléments interagis­ ment d ’un système peut avoir des répercus­
ÉCOULEMENT DES EAUX 285

sions très complexes sur son fonctionnement, la vie possible sur celle-ci. L’action des socié­
et donc des conséquences importantes que tés humaines semble capable de modifier son
l’on ne peut prévoir qu’en pensant en termes ampleur et de provoquer des changements
d’écosystèmes. considérables dans la répartition des climats
F. D.-D. et des conditions de vie sur la terre. 11 existe
cependant bien des incertitudes en ce qui
-> C lim ax; Écologie; Environnem ent; Habitat. concerne ces derniers points.
L’ensemble terre/atmosphère reçoit du
soleil de l’énergie sous forme de radiations
ÉC O U LEM EN T DES E A U X -► Cycle de l'eau d’ondes courtes (ultraviolet et visible). Une
partie de ces radiations est réfléchie par les
nuages ou la surface terrestre ; une autre partie
ÉC R ÊTEM EN T (essentiellement l’ultraviolet) est absorbée
dans les hauts niveaux de l’atmosphère; une
Suppression d’un volume bâti en suréléva­ partie enfin atteint les océans et les conti­
tion ou en surcroît d’un édifice. nents, dont elle provoque réchauffem ent.
En tant que prescription réglementaire L,'enveloppe atmosphérique elle-même, en
applicable par les dispositions régissant les dehors de ses plus hauts niveaux, n’absorbe
monuments historiques, les plans de sauve­ pas ces radiations courtes et en reçoit donc
garde et de mise en valeur, les zones de pro­ peu d’énergie thermique.
tection du patrimoine architectural, urbain et Le globe ainsi échauffé émet à son tour des
paysager, les pos et les plu, l’écrêtement vise radiations, mais dans une gamme d ’ondes
à restituer le volume de l’édifice soit dans ses plus longues que celles reçues du soleil, celle
dimensions d’origine, soit dans des propor­ de l’infrarouge. Pour une part, ces rayons tra­
tions satisfaisantes pour la composition archi­ versent directement l’atmosphère et l’énergie
tecturale ou urbaine. qu’ils transportent se perd dans l’espace inter­
Cette prescription, d’une application régle­ sidéral. Pour une part plus importante, ils
mentaire difficile, étant donné les consé­ sont absorbés par des gaz atmosphériques,
quences techniques, économiques et d’usage, qu’ils échauffent. L’atmosphère ainsi échauf­
est rarement utilisée. Pour le patrimoine archi­ fée émet à son tour des radiations infrarouges,
tectural et urbain, hormis cas exceptionnel, à la fois vers le haut, en direction de l’espace,
cette disposition correspond à récuser la stra­ et vers le bas, en direction de la surface ter­
tification historique des édifices et, à ce titre, restre, qui récupère ainsi une partie de l’éner­
doit être maniée avec attention. gie qu’elle a émise, ce qui provoque de
A. Mé. nouvelles émissions d’infrarouge, et ainsi de
suite.
■-> pos ; Secteurs sauvegardés; zppaup. Ainsi, l’atmosphère est en gros transparente
aux radiations d ’ondes courtes venues du
soleil, mais les radiations d ’ondes longues
ÉDIFICE —> Bâtiments administratifs; émises par le globe sont en quelque sorte
Construction « piégées » par l’atmosphère et elles effectuent
comme un va-et-vient entre la terre et son
enveloppe gazeuse. Pour la totalité du globe et
ÉDIFICES M E N A Ç A N T RUINE -> Permis en année moyenne, l’ensemble terre/atmo­
de démolir ; Police administrative sphère renvoie vers l’espace autant d’énergie
qu’il en reçoit du soleil et garde approximati­
vement la même température moyenne au
EFFET DE SERRE cours du temps. Mais le processus qu’on vient
de décrire fait que cette température, de l’ordre
Expression qui désigne une série de proces­ de 15°, est plus élevée que celle de - 18° que
sus qui ont lieu dans l’atmosphère et qui déter­ l’on observerait si l’atmosphère était transpa­
minent la température de celle-ci. L’effet de rente à l’infrarouge.
serre existe du fait même de la présence d’une Cette différence de 33°, qui rend la vie pos­
enveloppe gazeuse autour de la terre : il rend sible sur la terre dans ses formes actuelles, est
287 EFFET DE SERRE

due à un mécanisme de « piégeage » qui évo­ tation de l’effet de serre provoque un réchauf­
que ce qui se passe dans une serre, dont la fement de la température moyenne de
vitre est transparente aux ondes courtes, mais l’atmosphère. Mais l’incertitude règne en ce
opaque aux ondes longues. Telle est l’origine qui concerne son ampleur (on avance des esti­
de l’expression « effet de serre ». mations comprises entre 1 et 3 °C pour un
L’atmosphère est un mélange de gaz aux doublement de la teneur en gaz carbonique
propriétés différentes, dont les proportions depuis 1990, ce qui, au rythme de croissance
peuvent varier au cours du temps, en fonction actuel, serait atteint dès 2 050) et ses consé­
de processus naturels, mais aussi d’actions quences éventuelles. En effet, de petites varia­
humaines. tions de l’équilibre énergétique peuvent
L’air sec, qui constitue l’essentiel de la déclencher des boucles de rétroaction posi­
masse atmosphérique, est traversé par une tive, capables d’amplifier des décalages, au
grande partie des infrarouges, et contribue départ limités, et que ces boucles positives
donc assez peu à l’effet de serre. Il en va tout peuvent à leur tour donner naissance à des
autrement pour des gaz dont la proportion est boucles négatives, capables de provoquer des
variable, capables d’absorber les radiations, autorégulations et de limiter les effets cumula­
et que l’on nomme pour cette raison les « gaz tifs des boucles précédentes. Les prévisions
à effet de serre». Ceux-ci sont variés selon pour la fin du xxie siècle (toujours par rapport
leur masse et selon leur origine. La vapeur à 1990) du groupe international d’experts sur
d’eau est caractérisée à la fois par sa masse l’évolution du climat (giec) varient de 1 à
relative considérable et par le rôle des pro­ 6,4 °C selon les modèles utilisés, mais surtout
cessus naturels dans les changements de ses selon que les émissions de gaz à effet de serre
proportions. Le gaz carbonique (C 0 2), le (ges) continueront à croître au rythme actuel
méthane, les oxydes d ’azote sont moins ou au contraire que des mesures seraient
abondants, mais peuvent néanmoins jouer un prises immédiatement pour les stabiliser, puis
rôle important. Leur masse relative varie à la les réduire. Dans tous les cas, le réchauffe­
fois en fonction de processus naturels et ment se poursuivra pendant des siècles en rai­
d’interventions humaines. Ainsi la proportion son de la durée de vie élevée de certains ges.
de gaz carbonique présente dans l’air est Mais les modèles de prévision, malgré le
réglée par des échanges complexes entre degré de sophistication qu’ils atteignent,
l’atmosphère, les végétaux qui le fixent par l’importance des moyens informatiques uti­
l’assimilation chlorophyllienne et le resti­ lisés, la richesse des informations disponibles,
tuent dans la respiration, les océans où il se ont du mal à prédire l’effet de ces processus
dissout. Mais les sociétés humaines ont eu complexes. Ainsi, par exemple, on peut ima­
recours massivement, depuis la révolution giner qu’un réchauffement relativement léger
industrielle, aux combustibles fossiles. L’uti­ des hautes latitudes pourrait entraîner une
lisation du charbon, du pétrole et du gaz a fusion partielle des inlandsis et une réduction
restitué à l’atmosphère des masses énormes des banquises, qui à son tour renforcerait le
de carbone fixées parfois depuis des cen­ réchauffement par suite de la disparition de
taines de millions d’années ; si bien que la surfaces blanches qui réfléchissent une part
proportion de gaz carbonique a indiscutable­ importante de la radiation d’onde courte. Par
ment augmenté de façon significative depuis exemple encore, l’augmentation de l’évapora­
un siècle, et que le rythme de cette augmen­ tion, par suite de celle de la température, aurait
tation s’accélère. Une dernière catégorie de deux effets parfaitement contradictoires :
gaz à effet de serre doit sa présence unique­ d’une part, un renforcement du réchauffement
ment aux actions humaines ; c’est le cas par à cause de l’augmentation de la teneur en
exemple des chlorofluorocarbures (cfc), dont vapeur d’eau - qui est elle-même un gaz à
l’intervention dans les mécanismes de forma­ effet de serre - , et d ’autre part, une plus
tion et de destruction de l’ozone dans la grande extension des nuages, donc des sur­
haute atmosphère fait parfois oublier qu’ils faces réfléchissantes. Il est très difficile de
jouent aussi un rôle dans les niveaux où se savoir lequel de ces effets serait prépondérant.
fait l’absorption des infrarouges. L’interaction des boucles se complique
Il est désormais admis par la quasi-totalité encore si l’on fait intervenir la circulation
de la communauté scientifique que l’augmen­ dans les océans, la modification des couver-
EFFET DE SERRE 288

tures végétales, et encore bien d’autres effets Plusieurs conférences internationales


capables de créer des interférences complexes. (Buenos Aires, 1997, et Bali, 2004) ont suivi
La complexité des processus est encore plus les résultats du protocole de Kyoto et cherché
forte si l’on cesse de raisonner à l’échelle glo­ à préparer une étape ultérieure qui devrait
bale et si l’on cherche à évaluer les transfor­ également concerner les pays émergents et
mations envisageables dans les différentes les pays peu développés. Les résultats sont
régions du monde. Le réchauffement sera dif­ mitigés: l’Europe n ’avait atteint, en 2005
férent selon les parties du globe, et en particu­ (lorsqu’il a été ratifié par la Russie, ce qui a
lier selon les latitudes. Mais beaucoup permis d’atteindre le seuil exigé de 55 % des
d ’autres facteurs régionaux, voire locaux, émissions), que 2 % de réduction en moyenne
interviendront. Ainsi, l’affaiblissement de la (contre 8 % selon le protocole de Kyoto).
dérive nord-atlantique (G ulf Stream), qui Certains pays avaient dépassé leurs objectifs
résultera de la fonte des glaces de la calotte pour 2012 (Royaume-Uni, France, Suède,
arctique, pourrait paradoxalement entraîner Finlande), mais la majorité ne les avaient pas
un refroidissement en Europe occidentale. atteints, parfois de beaucoup (Espagne, Italie,
Une autre préoccupation intervenue plus tôt Portugal, etc.). Les États-Unis (+ 16%), le
(dès 1974) que celle de l’effet de serre, a été la Canada, l’Australie, le Japon avaient même
diminution, près des pôles entre 25 et 30 km augmenté sensiblement leurs émissions.
d’altitude, de la couche d’ozone, par suite de Seuls les pays de l’ex-uRSS, auquel aucun
l’action des chlorofluorocarbures (cfc) utilisés objectif n’avait été fixé à Kyoto, avaient sen­
notamment dans l’industrie frigorifique. Or, siblement réduit leurs émissions à la faveur
cette couche d’ozone renvoie une partie des de la modernisation de leur industrie.
rayons ultra-violets du rayonnement solaire. La préparation de l’après-2012 a fait l’objet
La conférence de Montréal (1987) a abouti à de nombreux échanges et de plusieurs confé­
un traité interdisant l’utilisation des cfc dans rences préparatoires. Une conférence, annon­
les systèmes de réfrigération et dans les aéro­ cée comme décisive, a eu lieu à Copenhague
sols afin de les éliminer avant 2050, date qui a en décembre 2009. Aucun accord concret n’y
été avancée lors d’une seconde conférence de a été trouvé, même si les États-Unis, après le
Montréal en 2007 qui a constaté la reconstitu­ changement de président, sont prêts à s’enga­
tion partielle de la couche d’ozone. ger (modestement: en réduisant leurs émis­
sions de 19% par rapport à 2009, soit 4%
La lutte contre les émissions de ges s’est seulement par rapport à 1990) dans l’effort
avérée autrement difficile à organiser. Un mondial. Les pays émergents et peu déve­
consensus international est indispensable, loppés ne veulent pas que la lutte contre le
faute duquel quelques grands pays développés réchauffement climatique obère leurs possibi­
(États-Unis par exemple), émergents (notam­ lités de développement économique et font
ment la Chine) ou en développement (comme observer que l’essentiel du réchauffement
l’Inde ou l’Afrique du Sud), pourraient à eux constaté est dû aux émissions des pays déve­
seuls annihiler les efforts des États plus ver­ loppés. Cette argumentation est légitime,
tueux. La conférence de Kyoto ( 1997) a abouti mais le succès suppose que ces pays, eux
à un protocole selon lequel les pays développés aussi, limitent leurs émissions par rapport à
réduiraient, à l’horizon 2012, leurs émissions leur croissance prévisible. Cette limitation
de 5,2% par rapport à celles de 1990, cet passe d’abord par des économies d’énergie,
objectif moyen étant décliné par pays. Mais les notamment dans le domaine du transport rou­
États-Unis notamment ont refusé, en 2001, de tier (où elle sera de toute façon imposée par la
ratifier cet accord, en diminuant beaucoup la pénurie de pétrole), de l’industrie (par moder­
portée malgré son entrée en vigueur en 2005. nisation des procédés industriels et par la
Plusieurs mesures ont été prises : mise au point de la captation et de l’enfouis­
— la mise en place de «permis d’émis­ sement du carbone émis) et des ménages (par
sion » (de C 0 2) entre les pays qui ont atteint des changements de comportement et grâce à
leur quota et ceux qui le dépassent ; des bâtiments à énergie positive). Elle sup­
— l’attribution de droits d’émission aux pose en outre une réduction de l’utilisation
entreprises et l’organisation d’un échange de des énergies fossiles, émettrices de ges , ce
ces droits entre elles. qui sera obligatoire pour le pétrole (en voie
9 ÉLECTRICITÉ

d'épuisement), puis pour le gaz, mais devra inégalité devant les charges publiques) ont
être volontaire pour le charbon (dont les conduit le Conseil constitutionnel à en annuler
réserves peuvent couvrir plusieurs siècles), ce la création. Le gouvernement a aussitôt
qui suppose un développement sans pré­ annoncé le dépôt d’un nouveau projet prenant
cédent de l’électricité nucléaire et des éner­ en compte ces observations.
gies dites renouvelables (éolien, solaire, etc.). F. D.-D. et P. M.
Pour atteindre ces objectifs sans compro­
mettre la volonté légitime de développement Atmosphère; Clim at; Développement durable; Énergie et
environnem ent; Pollution; Pollution atmosphérique; Protec­
des pays moins ou peu industrialisés, une tion de la nature; Risque naturel; Taxe carbone; Véhicule
aide financière massive devra leur être appor­ électrique.
tée : le seul point positif de la conférence de
Copenhague a été l ’engagement des pays
développés d’apporter 30 milliards de $ pour EFFLUENTS —> Assainissement; Cycle
la période 2012-2012 et 100 milliards jusqu’à de l'eau
2020 (mais le financement n ’en est pas du
tout assuré). L’Union européenne, pour sa
part, a proposé de réduire ses émissions de ÉGLISE —> Architecture religieuse; Lieu
20 % en 2020 (voire 30 % comme annoncé à de culte
la conférence de Copenhague de 2009) et de
60%, voire davantage, en 2050. La France
s’était fixé comme objectifs 20% (qu’elle É G O U TS —> Assainissement
était prête à rehausser en cas d ’accord à
Copenhague) pour 2020 et 75 % en 2050. En
fait, les experts estiment nécessaire, pour que ÉLABO R ATION DES D O C U M E N TS
le réchauffement par rapport à la période pré­ D'URBANISM E -* Plan d'occupation des sols
industrielle ne dépasse pas 2 °C, une réduc­ (pos) ; Schéma directeur
tion des émissions de ges de 50 % à l’échelle
mondiale, soit 80 % pour les pays déve­
loppés. ÉLECTRICITÉ
Des dispositifs ont cependant été mis au
point ; à l’échelle nationale ou internationale L’électricité est l’énergie la plus pratique et
(dans le cadre du protocole de Kyoto) pour la plus utilisée en milieu urbain. Elle est
réduire les émissions de ges, et en particulier renouvelable (hydraulique, éolienne, photo­
de C 0 2 : voltaïque, marémotrice) ou thermique
— la « compensation carbone » permet la (houille, gaz, nucléaire). L’électrification a
réalisation de projets de réduction des émis­ touché d’abord les grandes villes, à la fin du
sions ailleurs que là où elles sont produites ; xixe siècle, puis s ’est étendue aux villes
— le « crédit carbone » est un droit négo­ moyennes, entre les deux guerres. Elle est
ciable d’émission de C 0 2 accordé aux Etats considérée en France comme un service
ou aux entreprises dans le cadre de la mise en public, concédé en 1946 à Electricité de
œuvre du protocole de Kyoto ; France ( edf) et privatisé en partie en 2000.
— la « taxe carbone » qui doit être acquittée On distingue le réseau électrique entretenu et
par les producteurs de C 0 2 et a pour finalité développé par Réseau électrique de France
d’inciter à des économies d’énergie fossiles et (ref ), établissement public, du transport du
d’orienter les consommateurs vers des produits courant réalisé par des entreprises concession­
pas (ou moins) producteurs de C 0 2 : prévue en naires, dont edf et GDF.
France par la loi de finances pour 2010, Dès le début d ’un projet, le responsable
au taux initial de 17 € par tonne, elle devait doit prendre contact avec le centre de distribu­
concerner surtout les transports privés (donc ni tion ref pour connaître les possibilités d’ali­
les transports aériens ni les transports routiers mentation en énergie - valeur résiduelle de
de voyageurs) et le chauffage (non électrique), puissance, état des câbles, modèle de struc­
mais très peu l’industrie (concernée pour 7 % ture du réseau, etc. - et lui fournir les rensei­
seulement de ses émissions). Ces conditions gnements nécessaires à l’établissement d ’un
(exclusions trop nombreuses et injustifiées et avant-projet détaillé - estimation des puis­
EMBELLISSEMENT 290

sances, confort souhaité, etc. - , base de la s’appliquait à la réalisation d ’un tableau en


convention de raccordement électrique de perspective composé d’un édifice monumen­
l’opération. tal et d’une voie triomphale. Cependant, c’est
Les besoins nécessaires en électricité au cours du xvm e siècle que l ’expression
dépendent surtout de la présence ou de l’ab­ «em bellissement des villes» prit le plus
sence de chauffage électrique. d’ampleur et qu’elle fut le plus fréquemment
Le réseau électrique est posé selon trois utilisée. Elle proliféra alors dans les propos de
modes : tous les hommes soucieux du bien public.
— aérien, sur poteau ou sur façade : les Ainsi Voltaire et l’abbé Laugier, tout autant
câbles sont réalisés en conducteurs isolés que les architectes Jacques-François Blondel
préassemblés en torsade et posés ou tendus et Pierre Patte, usèrent du terme. En fait,
sur la façade ; l’embellissement était une notion syncrétique,
— en pleine terre dans une tranchée indivi­ peut-être la préfiguration de l’actuel terme
duelle de 0,9 m de profondeur sur un fond de d’urbanisme, par laquelle on dénommait un
sable de 0,1 m (sous chaussée, le réseau est ensemble encore indistinct de règles et de
placé dans un fourreau), dans une tranchée techniques, de conceptions et de réalisations,
commune à d’autres réseaux à condition que ayant pour but d ’améliorer l’organisation tout
ceux-ci soient installés à plus de 0,2 m ; en autant que l ’apparence des villes. Devant
bordure de caniveau technique ; allier la magnificence et l’utilité, l’agrément
— en galerie technique. et la commodité, le projet d’embellissement
L’emplacement du poste moyenne tension portait aussi bien sur la circulation et la salu­
(3 à 33 kV) et la mise en place du réseau brité que sur l’ordonnancement des façades et
basse tension (220 ou 380 V) sont soumis aux l’instauration d ’un monument représentatif de
normes et règles appliquées pour assurer la l’autorité du prince. Plus, l’embellissement
sécurité des usagers. De gros efforts sont four­ était conçu à la fois comme le moyen de
nis pour réduire la consommation électrique l ’amélioration fonctionnelle des cités et
qui croît de 4 à 5 % par an en Europe. comme l’instrument de la rectification des
Les couloirs haute tension (supérieure à mœurs, et donc de l’édification morale de la
225 kV) doivent figurer dans les pos et les plu population. Concrètement, l’embellissement
et sont réputés non aedificandi. Leur largeur n ’exerça ses fonctions symboliques et pra­
varie avec le nombre de lignes, la tension et le tiques que de façon limitée par le dégagement
type de pylône : 90 m pour une triple ligne de d’un petit nombre de places royales dans de
225 kV, 130 m pour une triple ligne 400 kV et grandes villes françaises et européennes,
160 m pour une triple ligne 730 kV. Les c’est-à-dire soit au travers de quelques per­
pylônes dont l’emprise fait l’objet d ’une cées dans un tissu encore presque entièrement
acquisition foncière par r d f sont placés tous médiéval, soit par la réalisation d ’un boule­
les 350 à 600 m et à tout angle d’inflexion du vard et d’une extension au-delà des fortifica­
tracé. Leur hauteur peut varier de 40 à 100 m. tions. Il faut remarquer que la multiplicité de
Le transport de ces hautes énergies provoque sens, d’objectifs et de moyens que recouvrait
au voisinage des couloirs des ondes parasites. le vocable embellissement a alimenté nombre
Si rdf a fait quelque effort pour atténuer de malentendus selon que l’utilisateur de ce
l’agressivité de ses lignes, il reste que ces cou­ terme était porteur de préoccupations fonc­
loirs continuent à grever le paysage et l’envi­ tionnelles et civiques ou qu’il visait un but
ronnement. esthétique et un dessein courtisan.
A. Gu. Au xixe siècle, avec la montée de la rationa­
lité instrumentale, de la spécialisation discipli­
-> Éclairage public; Réseaux. naire et du développement des techniques
d’aménagement urbain et territorial - en fait
avec l’effacement de la figure du philosophe
EM BELLISSEM ENT au profit des compétences plus circonscrites
de l’ingénieur, du médecin, de l’architecte et
La notion d ’embellissement est apparue de l’administrateur - le terme tomba en désué­
dès le xvie siècle pour désigner une préoccu­ tude. Le baron Haussmann, par exemple, l’uti­
pation esthétique concernant la ville. Elle lise fort peu dans ses mémoires et rabat sa

pp
m EMPLOI

signification sur le seul domaine de l’esthé­ tion de la totalité de son terrain si l’emplace­
tique. ment réservé ne le couvre que partiellement
Au xxc siècle, le terme d ’embellissement mais rend la partie non couverte inutilisable
lit de fugitifs retours dans la terminologie (droit de délaissement).
urbanistique ; notamment, dans le titre de la Les collectivités publiques sont, de leur
fameuse loi de 1919, dite Cornudet, sur les côté, incitées par ce mécanisme à procéder à
plans d’aménagement, d ’embellissement et des réservations foncières utiles, adaptées, et
d’extension des villes, et ceci bien que son qu’elles pourront réaliser sans se soumettre à
rédacteur ait eu essentiellement en tête des des charges excessives dans l’avenir. La
problèmes d ’hygiène, de circulation et notion de « fonction collective » assignée
d’ouverture de nouveaux territoires à l’urba­ aux équipements d’intérêt général exclut, par
nisation. Plus généralement, au début du exemple, des opérations de construction
siècle et durant l’entre-deux-guerres, la d ’habitations - même à caractère social -
notion d’embellissement fut certes employée, qui pourraient engager les budgets des col­
mais comme un simple synonyme des expres­ lectivités, sans une réflexion préalable et
sions art urbain et esthétique urbaine. Elle approfondie sur leur localisation et sur leur
désignait l’objectif poursuivi par la composi­ programmation financière à moyen terme.
tion « Beaux-Arts » qui procédait principale­ La collectivité dispose, depuis la loi 86-13
ment par de grands tracés viaires articulés à du 6 janvier 1986, d’un an après mise en
un dispositif monumental hiérarchisé. Pour demeure du propriétaire d’acquérir le terrain,
les architectes adeptes de ce courant de pen­ pour procéder à l’acquisition, ce qui est notoi­
sée, il s’agissait alors de sauvegarder l’impé­ rement insuffisant et certainement néfaste à la
ratif de la beauté aux côtés de ceux de futilité prévision et à la réalisation des équipements
et de l’économie. En fait, de notion englo­ (art. 123-9 et 123-32 du Code de l ’urba­
bante au siècle des Lumières, l’embellisse­ nisme).
ment se réduit un siècle et demi plus tard à la A. G. et Y. P.
question des apparences visuelles, devenant
elle-même une dimension de plus en plus -> Délaissement (droit d e ); Plan d'occupation des sols (pos) ;
Plan local d'urbanisme (plu); Réserves foncières.
subsidiaire dans le processus d’urbanisation
massive.
P. G.
EMPLOI
- > Art urbain ; Baroque; Composition urbaine; Image de la ville;
Place royale; Planification urbaine en France (historique); Occupation rémunérée ou, de façon plus
Projet urbain.
précise, charge de travail ou fonction attribuée
à une personne pendant son temps de travail,
EM PLACEM EN TS RÉSERVÉS qui traduit son insertion dans le processus de
A U X ÉQUIPEM EN TS PUBLICS production de biens et de services.
Un emploi est à plein temps s’il offre une
L’un des objectifs du document d ’urba­ charge de travail, et la rémunération corres­
nisme étant de localiser des équipements pondante, qui utilise complètement la force de
publics futurs, afin d’en prévoir et de ménager travail d’un individu, en respectant les règles
l’espace nécessaire à leur réalisation, les docu­ (sur les horaires de travail en particulier)
ments opposables aux tiers peuvent comporter fixées par les pouvoirs publics. Il est à temps
des emplacements réservés aux équipements partiel dans le cas contraire. Il y a cumul
publics ainsi qu’aux installations d’intérêt d ’emplois par un individu s’il occupe plus
général. d’un emploi à plein temps.
Le propriétaire des terrains concernés par 11 y a plein emploi dans un pays, une
un emplacement réservé ne peut donc en région ou une agglomération, lorsque la tota­
changer l’occupation du sol. Toutefois, il peut lité de la population active a la possibilité de
mettre en demeure la collectivité publique, au trouver un emploi. Dans le cas contraire, une
bénéfice de laquelle l’emplacement a été partie de cette population active est en situa­
réservé, d’acquérir les terrains couverts par tion de chômage. Il y a sous-emploi lorsque,
l’emplacement, voire de demander l’acquisi­ soit une partie de la population active n’est
EMPLOI 292

pas employée (chômage), soit lorsqu’elle est • Les sources liées à la sécurité sociale sont
occupée à des activités à faible productivité souvent précises et rapidement disponibles :
(situation fréquente dans les pays en voie de Caisse régionale des assurances maladie et
développement), soit encore lorsqu’elle n’est (avec la ventilation des emplois par type de
pas employée régulièrement tout au long de locaux) Caisse régionale des accidents du tra­
l’année (par exemple dans les régions où vail ; groupement des assedic ( unedic), qui ne
l’économie repose sur une activité saison­ concerne que les entreprises du secteur privé.
nière, agriculture ou tourisme). Au plan indi­ • Les enquêtes du ministère des Affaires
viduel, le sous-emploi est la situation d’une sociales.
personne dont la force de travail et les com­ • Les déclarations fiscales des entreprises
pétences ne sont pas pleinement utilisées par (secteurs de l’économie non marchande et
l’économie. non financière seulement).
Les informations statistiques sur les • Le dépouillement par I’insee des déclara­
emplois sont, le plus souvent, beaucoup tions annuelles de salariés (das) par les entre­
moins précises que celles qui concernent la prises est très précis, mais ne concerne que les
population. Elles émanent de sources diverses, salariés du secteur privé, des collectivités
inégalement accessibles. L’expérience montre locales et des services de l’État à caractère
que la meilleure méthode consiste à confronter industriel et commercial (hôpitaux, La Poste,
ces différentes sources sur plusieurs années et etc.).
à les utiliser conjointement : • Les enquêtes périodiques par sondage de
• Les recensements de population: mais I’insee sur l’emploi ont pour objet d’actuali­
les dépouillements concernant le lieu de tra­ ser (tous les ans en principe) les données des
vail sont peu détaillés, notamment du fait de recensements, mais excluent les entreprises
la pratique (de I’insee en France, notamment) artisanales et, selon les années, certaines acti­
de ne dépouiller exhaustivement qu’une frac­ vités.
tion (1/5 pour le recensement de 1975 et 1/4 Une des difficultés pour les aménageurs et
pour ceux de 1982, 1990 et 1999) des bulle­ les urbanistes provient du fait que les tableaux
tins individuels, sauf commande du dépouil­ établis à partir de ces diverses sources statis­
lement exhaustif par les collectivités terri­ tiques :
toriales. En outre, ces dépouillements étaient — sont rarement ventilés de façon fine, sur
lents : les données des recensements sur l’em­ le plan géographique, avec les croisements
ploi ont été ainsi disponibles en 1978 pour le nécessaires avec les types d’emplois (activi­
recensement de 1975, en 1985 pour celui de tés économiques, catégories socioprofession­
1982, en 1993 pour celui de 1990 et en 2002 nelles, etc.);
pour celui de 1999. Bien que la rapidité — ne fournissent pratiquement jamais d’in­
d ’obtention des résultats ait été une des rai­ dications sur le type de locaux où l’emploi est
sons avancées pour adopter le « recensement exercé (sauf certaines statistiques des caisses
rénové », mis en oeuvre pour la première fois d’accidents du travail, mais celles-ci sont très
entre 2004 et 2008, et dont les résultats ont peu accessibles).
été publiés comme ceux du recensement de Or, ces deux informations sont nécessaires
2006, ces délais ne semblent pas devoir être pour décrire (et donc prévoir) la traduction
raccourcis. En outre, les analyses localisées dans l’espace et dans le tissu urbain de ces
deviennent plus incertaines du fait du déca­ emplois.
lage dans le temps de la collecte des informa­ À l’échelle internationale, des statistiques
tions et parce que celles-ci ne sont établies sont établies par l’Union européenne ( ue),
que par sondage pour les localités de plus de l’Organisation de coopération et de dévelop­
10 000 habitants. Cette source fournit donc pement économique (ocde ), par le Bureau
presque toujours des données anciennes et international du travail (bit) de Genève (qui
pas toujours détaillées. publie un annuaire et un bulletin des statis­
• Le fichier des établissements industriels et tiques du travail) et par l’Organisation des
commerciaux de I’insee ne concerne qu’une Nations Unies (onu) (annuaire et publications
partie, la plus importante certes, des emplois. annuels).
La fiabilité des chiffres d’emplois est plus On compte en France en 2005, 24 841 000
grande pour l’industrie. emplois dont 814 000 dans l’agriculture,
293 EMPRUNTS DES COLLECTIVITÉS LOCALES

3 988 000 dans l’industrie, 1 592 000 dans la À partir de 1978, les départements et les
construction et 18 448 000 dans le secteur ter- communes de plus de 10 000 habitants se sont
liaire. Parmi ces emplois, 22 648 000 sont des vu proposer par la Caisse des dépôts et consi­
emplois de salariés et 2 199 000 des emplois gnations une procédure dite de globalisation.
non salariés. Les collectivités négociaient en une seule fois
l’ensemble de leurs besoins d’emprunt pour
P. M.
l ’année sur la base d ’un programme de
> Activité économ ique; Activité professionnelle; Bassin dépenses prévisionnelles. Les communes non
d'em ploi; M ain-d'œ uvre; Migrations alternantes; Salarié;
Travail.
« globalisées » déposaient des demandes de
prêts spécifiques pour chaque équipement. La
procédure de globalisation a d’abord été géné­
EMPLOI DE VILLE —> Pacte de relance ralisée aux communes de plus de 5 000 habi­
pour la ville tants, puis a disparu avec la banalisation du
système des prêts.
Il en subsiste le principe d’une évaluation
EMPREINTE ÉCOLOG IQ UE -> Environnement par les collectivités de leur besoin global
annuel de financement et de la recherche des
prêts correspondants. La notion de finance­
EMPRISE (LARGEUR D') — Autoroute; Route ment spécialisé par nature d’équipement est
abandonnée, sauf pour quelques investisse­
ments exceptionnels (ponts, métro) ou pour
EM PR UN TS DES CO LLECTIVITÉS LOCALES bénéficier de prêts spécifiques, par exemple
ceux de la Banque européenne d’investisse­
Ressource d’investissement des collectivi­ ment. Les prêts étant appelés à financer globa­
tés locales qui permet de financer environ lement des équipements de nature différente,
40 % des dépenses d’équipement. Le recours à la durée des prêts dépend peu de la nature des
l’emprunt n’est plus soumis à aucune restric­ investissements réalisés. En fait, ce sont les
tion depuis 1999. conditions du marché des capitaux (durée de
Les nouvelles responsabilités issues des lois remboursement de la ressource généralement
de décentralisation, ainsi que la libéralisation obligataire) qui induisent la durée des prêts et
financière, ont expliqué un recours accru à non les besoins des collectivités. Le raccour­
l’emprunt de 1985 à 1995. Dans cette période, cissement de la durée des prêts observé au
la hausse a surtout été importante pour les cours des années 1980, rarement au-delà de
départements et les régions confrontés au pro­ quinze ans, a rendu plus difficile le finance­
blème du financement des collèges et des ment des opérations longues (urbanisations
lycées. Le flux annuel d’emprunts nouveaux a nouvelles, grandes infrastructures de trans­
atteint, en 1994,98 milliards de F ( 15 milliards port, etc.). La durée est en voie de se rallonger
d’€). On a assisté au contraire à un désendette­ et il n ’est plus rare de voir proposer des prêts à
ment net dans les dernières années du siècle vingt ou trente ans.
passé, puis l’endettement a repris. En 2009, le Les conditions des frais financiers se sont
montant du flux net d ’emprunt (après rem­ également transformées. Auparavant, l’essen­
boursement des emprunts antérieurs) est éva­ tiel de la dette des collectivités était constituée
lué à 20 milliards d’€. de financements à taux fixe, solution qui ras­
Dexia-Crédit local est le principal prêteur surait les élus d’autant que ces taux, proposés
des collectivités locales (près de 38 % des parts par la Caisse des dépôts et consignations,
de marché), mais il est suivi par les Caisses étaient «privilégiés», c’est-à-dire en dessous
d’épargne (40%). Selon les situations locales du prix du marché. Aux taux fixes se sont
et les disponibilités, les collectivités recourent ajoutés des prêts à taux variables ou révisables
également au Crédit agricole (13 %), au Crédit en fonction des fluctuations des taux moyens
foncier de France et au Crédit mutuel. Ces pratiqués sur le marché financier, souvent
organismes constituent ce que les spécialistes inférieurs aux taux fixes. Moins onéreux, les
appellent l’oligopole des prêteurs aux collecti­ prêts à taux variables sont exposés au risque
vités locales. L’ensemble des autres prêteurs de la remontée des taux. Dans tous les cas, il
ne concourent que pour 5 % des prêts. s’agit de gérer un risque.
ENCOMBREMENT 294

Avec une période longue d’inflation modé­ notation, celles-ci ne notant que le risque de
rée et des taux d’intérêts fonction du marché, non-remboursement des émissions obliga­
les collectivités ont été confrontées pour la taires). Les prêteurs ont également réclamé
première fois à partir de 1983 à des frais une meilleure transparence financière, les
financiers positifs en francs constants. Or, comptes des collectivités ne reflétant pas tou­
leurs ressources (dotations de l’État, impôts, jours leurs véritables engagements ni les
tarifs publics, etc.) étaient largement indexées risques pris avec leurs organismes satellites.
sur l’inflation. Les collectivités ont donc pro­ La transformation du cadre comptable des
gressivement cherché à réduire le coût de communes avec une nouvelle nomenclature à
leur dette. Ceci explique le développement partir de 1997 (instruction M l4) n ’est certai­
de diverses méthodes de gestion active de la nement pas étrangère aux soucis des ban­
dette, jusque-là réservées aux entreprises, quiers.
destinées à rechercher les conditions opti­ Mais l’analyse de risque a eu d ’autres
males soit en matière de taux (recherche des conséquences. En mettant en lumière la plus
taux les plus bas en faisant jouer la concur­ ou moins grande aptitude des collectivités à
rence nationale ou internationale), soit en rembourser leurs emprunts, elle a incité les
matière de risques (en répartissant de façon banquiers à aligner les conditions de prêt à la
harmonieuse leurs encours entre taux fixes perception du risque, abaissant les conditions
et taux variables). Les collectivités ont de pour les collectivités plus sûres (et souvent
plus en plus recours aux produits financiers les plus riches) et les augmentant dans le cas
dérivés, produits de couverture des risques contraire.
tels que les plafonds de taux (caps). Elles En vingt-cinq ans (1984-2009), le marché
n ’hésitent plus à recourir à l’émission obli­ des emprunts a connu une transformation
gataire directe sur le marché et à subir radicale, du point de vue tant des prêteurs que
l’épreuve de la notation par des organismes des emprunteurs. Au produit financier quasi
spécialisés. unique, l’emprunt à taux fixe et à rembourse­
De leur côté, les prêteurs ont modifié leur ment par annuité constante, aux conditions
stratégie vis-à-vis des collectivités. Tenues identiques pour toutes les collectivités, se
pour de « bons » risques par les banquiers, sont progressivement substitués des produits
surtout par comparaison avec les entreprises financiers de plus en plus différenciés, tant en
(une commune ne peut pas faire faillite, dit le matière de taux, de durée que de rembourse­
dicton), les collectivités présentaient de nom­ ment. Face à des prêteurs de mieux en mieux
breux avantages pour les banquiers : faible outillés, les collectivités ont parfois su profi­
coût de la préparation des contrats ; effet favo­ ter d’occasions financières ou réussi à impo­
rable sur les ratios de structure des fonds ser des rapports de force équilibrés. Mais
propres des banques. cette situation, réservée à quelques centaines
Avec le ratio « Cooke » les prêts aux collec­ de grandes collectivités, n’est pas bénéfique
tivités n’étaient pris qu’à hauteur de 20 % de pour les collectivités financièrement déjà fra­
leur montant en besoin de fonds propres. giles ou pour l’immense majorité des petites
Avec le nouveau ratio «M ac Donough» il communes qui n’ont pas les moyens humains
revient à chaque banque d’évaluer le risque de d’opérer une gestion active et efficace de la
tout emprunteur quelle que soit sa nature. Le dette. Même les grandes collectivités ont dû
ratio peut alors être supérieur à 20 % si la col­ parfois faire face aux conséquences d ’em­
lectivité est mal « notée ». Des sinistres signi­ prunts très sophistiqués, indexés sur des cri­
ficatifs sont d’ailleurs apparus au début des tères qui ont subi le contrecoup de la crise
années 1990 (ville d’Angoulême, stations de financière de 2008, produits financiers appe­
sport d ’hiver, notamment), démontrant que si lés emprunts toxiques.
une commune ne fait pas faillite, rien (et sur­
V. C.
tout pas l’État) n ’empêche qu’elle soit dans
l’incapacité de rembourser sa dette. Les orga­ - » Budget comm unal ; Caisse des dépôts et consignations (cdc) ;
Dexia-Crédit local ; Caisses d'épargne.
nismes financiers ont donc mis en place des
systèmes d’analyse de risque des collectivités,
avec des méthodes de notation interne (à ne
pas confondre avec celles des agences de EN C O M BR EM EN T —* Congestion ; Coût social
795 ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT

ÉNERGIE E T E N VIR O N N EM EN T tation systématique, là où l’espace n ’est pas


utilisé, peut contribuer à économiser des éner­
La production d ’énergie est sans doute gies fossiles. Mais il faut éviter les effets sur la
l’activité humaine qui pose le plus de pro­ fertilité des sols, en particulier ceux de la
blèmes pour la protection de l’environnement déforestation (cas des pays du Sahel africain).
en raison : Il convient donc de recourir à une gestion
• de sa croissance très rapide : multiplica­ rationnelle de la végétation et à l’emploi de
tion par 18 entre 1900 et 2006, avec en particu- gaz de fermentation des déjections animales.
lierun doublement entre I960 et 1973, avant la La production d’agricarburants (développée
crise de l’énergie, puis une croissance plus notamment au Brésil et aux États-Unis), à
modérée depuis celle-ci (nouveau doublement partir d’espèces végétales cultivées à cet effet
en trente ans ou croissance de 115 % entre 1973 ne résout que partiellement les problèmes de
et 2006); pollution et d’effet de serre et est gravement
• de la part des sources d’énergie fossiles : la concurrente des cultures alimentaires.
consommation mondiale d’énergie primaire, — L'énergie des eaux courantes et marines
exprimée en tonnes équivalent pétrole (tep) se (marées, houle, courants marins) utilisée sous
répartit entre le charbon (plus de 25%), le forme mécanique (moulins, norias), mais sur­
pétrole (35%), le gaz naturel (21%), tous tout transformée en électricité (centrales
émetteurs de polluants et de gaz à effet de hydrauliques, barrages). Ceux-ci et les lacs de
serre (ges) , ainsi que le bois (10%), à la retenue des eaux modifient les paysages et le
différence de l’électricité hydraulique (2%), régime des fleuves, le plus souvent en régula­
des énergies renouvelables (0,5 %) et surtout risant ce dernier, mais parfois aussi en retenant
du nucléaire (un peu plus de 6 %) ; les sédiments fins qui fertilisent le sol. D ’autres
• de la concentration de la production (31 % conflits d’usage des fleuves et des mers
du pétrole au Moyen-Orient, près de 40 % du peuvent apparaître : énergie, navigation, loisirs
charbon en Chine, 28 % du gaz dans l’ex-URSS, aquatiques, irrigation, etc.
90 % du nucléaire dans les pays développés) et, — \Jénergie solaire utilisée directement
mais avec une répartition très différente, de la (captage sous forme de chaleur, éventuelle­
consommation : 38 % du charbon en Chine, ment transformée en électricité : photopiles)
24% du pétrole aux États-Unis (23% en ou indirectement (vents occasionnés par les
Europe, Russie comprise et 6% au Japon), différences thermiques créant des différences
25 % du gaz aux États-Unis (20% en Europe de pression atmosphérique : moulins, éolien­
et 22 % dans l’ex-URSS). nes). Ces formes d’énergies, renouvelables,
11 faut, en effet, distinguer selon les sources parfois aussi appelées à tort énergies nouvelles,
d’énergie: restent à ce jour marginales. Leur emploi à
— Les combustibles fossiles (charbon, gaz, grande échelle nécessitera de vastes installa­
pétrole) représentent actuellement près de tions créant de graves problèmes d’encombre­
90% des sources primaires d’énergie (hors ment et d’esthétique.
bois). Constitués par photosynthèse à partir de — L’énergie nucléaire est la seule qui soit
l’énergie solaire au cours des temps géolo­ sans lien avec l’activité solaire. Les réacteurs
giques, ils sont utilisés par combustion qui sont surtout utilisés pour la production d’élec­
provoque la pollution de l’air (oxydes de car­ tricité. Ils posent des problèmes de refroidisse­
bone, anhydride sulfureux, oxydes d’azote, ment encore plus aigus (70 à 80 % en plus) que
hydrates de carbone, fumées diverses) et des les centrales thermiques. Les pollutions régu­
eaux ainsi que l’accroissement de l’effet de lières sont faibles, mais l’accident, même très
serre (gaz carbonique, méthane, oxydes peu probable, peut occasionner des pollutions
d’azote). Les centrales thermiques qui trans­ radioactives massives. La sélection des sites
forment l’énergie des combustibles fossiles en (éviter les risques sismiques), les normes de
énergie cinétique, puis électrique, ont des construction et de sécurité font l’objet de régle­
besoins considérables de refroidissement, qui mentations précises qui se sont parfois avér­
créent des pollutions thermiques des eaux. ées insuffisantes (accident de la centrale de
— Les combustibles renouvelables (bio­ Tchernobyl, en URSS en 1986). Le problème
masse) ne représentant qu’une faible part des déchets radioactifs est très difficile, la
( 10 %) de la production d’énergie. Leur exploi­ radioactivité persistant pendant de très longues
ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT 2M

périodes : il n ’est pas certain que les solutions entrent en combinaisons complexes danà
adoptées pour leur stockage soient sans danger l’atmosphère et produisent des gaz irritants,
à long terme. voire dangereux ;
La consommation française d ’énergie se • le chauffage à l’aide de combustible!
répartit entre plusieurs secteurs : fossiles entraîne des pollutions de l’air, dis­
— l’agriculture : 1 % ; persées mais importantes en milieu urbain.
— l’industrie : 19 %, dont 2 % pour la sidé­ La crise de l’énergie a entraîné, dans les
rurgie et 5,5 % pour les utilisations comme grands pays consommateurs, et en particulief
matière première ; dans ceux qui étaient le plus dépendants éner­
— le secteur des résidences et des activités gétiquement, vis-à-vis du pétrole notamment;
non industrielles ni agricoles (dit « résidentiel- une politique d ’économies. En France par
tertiaire ») : 26 % ; exemple, on a d’abord réduit les gaspillages:!
— les transports : 19 %, dont pus de 15 % 12 millions de tonnes équivalent-pétrole (tep)
pour le transport routier, 2,5 % pour le trans­ économisées dès 1974-1975. Puis on a réalisé
port aérien, plus de 1 % pour le transport des économies de comportement (réduction
maritime et seulement 0,5% pour les trans­ du chauffage par exemple) : 6 millions de tep
ports ferrés ; économisées à la fin des années 1970. Enfin)
— la production d’énergie secondaire (cen­ on est passé aux économies d’investissemènf
trales électriques utilisant des énergies fos­ (procédés moins coûteux en énergie) : 18 mil­
siles) : plus de 35%. lions de tep économisées dans les années
Parmi ces sources de consommation d’éner­ 1980. Mais, depuis le contre-choc pétrolier
gie, on soulignera la consommation très de 1985, ces efforts se sont relâchés. L'a
inégale selon les moyens de transport. Pour consommation finale d’énergie a encore aug­
effectuer cette comparaison, on mesure le menté de plus de 50% depuis 1973 (le pib
nombre de « grammes équivalent pétrole » croissant de 370 % pendant la même période);
(gep) par kilomètre parcouru et par personne en fait essentiellement depuis 1985. Ce relâ­
(ou par tonne) transportée. La consommation chement concerne avant tout le secteur deâ
des transports en commun (de l’ordre de 15 à transports, et pour l’essentiel le transport rou­
20 gep) est au moins trois fois plus faible que tier: la diminution de la consommation des
celle de l’automobile (60 gep en milieu véhicules a été plus que compensée par là
urbain). Cet écart est une des justifications croissance de la puissance moyenne (et donc
(pas la seule) de la priorité aux transports en de la vitesse), par l’augmentation du parc et
commun, même si la dépense d ’énergie ne du kilométrage parcouru.
représente que 5 % environ du coût de fonc­ Cependant, la loi sur l’air et l’utilisation
tionnement des transports en commun et 15 à rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996,
plus de 50 % de celle de l’automobile. a prévu, dans les agglomérations de plus de
100 000 habitants, l’élaboration d’un plan de
Au-delà des conséquences des transports déplacements urbains, qui a notamment pour
sur l’environnement déjà mentionnées à pro­ objet de limiter la consommation d ’énergie et
pos des différentes sources d’énergie, il faut la pollution atmosphérique qui résulte de la
citer : consommation d ’énergie pétrolière, donc de
• le transport de l’énergie électrique, limiter la circulation automobile. L’efficacité
qu’elle soit d’origine hydraulique, thermique, de ces plans n ’est pas apparue clairement :
nucléaire ou autre, pose des problèmes esthé­ seules les villes s’étant dotées d ’un réseau de
tiques (fils et pylônes), l’enfouissement des transport en site propre (tramway pour de
lignes étant très onéreux ; nombreuses villes moyennes) ont réussi, au
• le raffinage des produits pétroliers néces­ mieux, à stabiliser la part de marché des trans­
site des installations de grandes dimensions, ports en commun.
polluantes pour l’atmosphère et pour les eaux ; Cette politique d’économie d’énergie a été
• le transport des produits pétroliers, par accompagnée, dans certains pays, et en parti­
oléoduc et surtout par camions et navires, est culier en France, par une politique de
cause de nombreux accidents et pollutions ; recherche de l ’indépendance énergétique.
• la combustion de produits pétroliers par Dans le cas français, la priorité a été accordée
les véhicules de transport dégage des gaz qui au développement de l’électricité d ’origine
297 ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT

nucléaire. La puissance installée est passée de énergies fossiles, agité dans les années 1970
2 millions de kilowatts à 63 millions (18 % de (rapport Halte à la croissance! de 1971) s’est
la puissance installée mondiale). L’électricité éloigné. Quoi qu’affirment certains écolo­
nucléaire couvre actuellement plus de 80% gistes, on sait qu’on dispose vraisemblable­
de la consommation d’électricité et 40% de ment, au rythme actuel de consommation et
la consommation totale d ’énergie. Le taux aux conditions économiques actuelles, de
d’indépendance énergétique de la France est pétrole pour une quarantaine d’années, de gaz
passé de 23 % lors de la crise du pétrole à naturel pour environ un siècle, de charbon
50% en 2006. Une nouvelle amélioration pour deux siècles.
repose sur une problématique limitation du Cependant, les problèmes posés par l’ac­
rôle du transport routier qui représente à lui centuation de l’effet de serre ont conduit les
seul près du cinquième de la consommation gouvernements à rechercher une limitation de
nationale d’énergie et 60 % de la consomma­ la consommation d’énergies fossiles, produc­
tion pétrolière. L’énergie nucléaire a l’avan­ trices de gaz carbonique (conférences de Rio
tage de ne pas produire de polluants ni de gaz en 1992, de Kyoto en 1997 et de Buenos
à effet de serre. Mais elle pose de graves pro­ Aires en 1998). Le protocole de Kyoto, qui
blèmes de sécurité: sécurité des centrales n ’est entré en vigueur qu’en 2005, a prévu
(celles construites en France sont considérées une réduction moyenne, entre 1990 et 2012,
comme les plus sûres du monde), transport ou de 5,2 % (8% pour FUnion européenne, 0%
traitement des combustibles irradiés, enfouis­ pour la France) des émissions de gaz carbo­
sement des déchets nucléaires, démantèle­ nique par les pays développés, mais beaucoup
ment des centrales obsolètes, etc. Ces risques, de pays sont loin d’avoir respecté l’objectif
même de probabilité infime, sont d ’autant fixé. On redoute en effet, le gaz carbonique
plus graves qu’ils concernent les générations étant le principal gaz à effet de serre, que sa
futures. teneur dans l’atmosphère, déjà fortement
Au plan mondial, la Conférence mondiale accrue depuis le début du siècle, et surtout au
de l’énergie prévoyait, en 1983, que la cours des deux dernières générations, n ’aug­
consommation d’énergie passerait de 8 mil­ mente et que l’accentuation de l’effet de serre
liards de tep à, selon les scénarios, 13 à 17 en que cela annonce n ’entraîne un réchauffement
2020. En fait, cette consommation est long­ de l’atmosphère terrestre qui, selon les hypo­
temps restée presque stable autour de 8 mil­ thèses, pourrait atteindre de 1 à 6 °C à la fin
liards de tep, largement il est vrai en raison de du siècle avec toutes ses conséquences (élé­
l’effondrement, dans les années 1990, de la vation du niveau des mers par fonte des gla­
consommation des pays de l’ex-URSS. Cepen­ ciers, désertification accélérée de certaines
dant, une nouvelle phase de croissance (de régions, etc.). Cette politique de limitation de
près de 50% ) a marqué la fin des années la consommation des énergies fossiles a aussi
1990 et les années 2000. Le dilemme actuel pour objet de réduire la pollution atmosphé­
concerne les pays en développement: leur rique. On conçoit qu’elle soit contestée par
croissance nécessitera une augmentation de les pays non développés qui ne veulent pas se
leur consommation d’énergie ; les économies voir interdire les moyens, en termes énergé­
dans les pays développés ne compenseront tiques, de leur développement : la croissance
probablement celle-ci que partiellement. Il actuelle de la Chine, par exemple, recourt
n’est guère réaliste d’imaginer d’importantes essentiellement au charbon comme source
économies d’énergie dans les pays en déve­ d’énergie. Si les pays européens ont compris
loppement, sauf à leur apporter une aide ce problème et pris des engagements - qui
importante en termes de transferts de techno­ restent à tenir - d’économies, les États-Unis
logie et de capitaux: rien, dans le passé se sont montrés beaucoup plus réticents,
récent, n ’annonce une telle évolution. Sur la voire hostiles, mais leur attitude s’est quelque
base d’une stabilisation de la consommation peu modifiée en 2009 après l ’élection de
des pays développés et du doublement de B. Obama.
celle des pays en développement, on peut La conférence de Copenhague (décembre
imaginer une consommation mondiale de 2009) devait fixer de nouveaux objectifs, qui
l’ordre d’environ 17 milliards de tep en 2020. devaient concerner cette fois tous les pays,
Le spectre de l’épuisement des ressources en pour « l’après-Kyoto» (après 2012), ce qui
ENLÈVEMENT DES ORDURES MÉNAGÈRES 298

supposait notamment, pour parvenir à un déposer un nouveau projet tenant compte de


consensus, d’apporter aux pays émergents ou ces objections.
peu développés une aide importante capable
F. D.-D. et P. M.
de vaincre leurs réticences. En fait, cette
conférence, très confuse, a apporté peu de Chauffage ; Déchets ; Développement durable ; Écologie terri­
toriale; Éco-quartier; Effet de serre; Électricité; Environne­
résultats concrets. Certes, un accord a été ment; G a z; M oyen de transport; Nuisance; Plan de
trouvé pour fixer à 2 °C l’augmentation de déplacements urbains; Pollution atmosphérique; Taxe car­
bone ; Véhicule électrique ; Ville compacte.
température moyenne de la terre à ne pas
dépasser en 2050 par rapport à 1990. Mais
aucun objectif chiffré de réduction des émis­
sions de ges n ’a été fixé, ni à l’échelle glo­ E N LÈVEM EN T DES ORDURES M ÉNAGÈRES
bale, ni par grande région (par exemple —►Déchets et ordures ménagères ; Taxe
l’Union européenne, les États-Unis ou la d'enlèvement des ordures ménagères
Chine), encore moins par pays, ni pour 2020
ni à plus longue échéance (2050). Le proto­
cole de Kyoto n’a même pas fait l’objet d’un EN Q UÊTE
prolongement au-delà de 2012. Les pays
développés se sont engagés à accorder aux Mode d ’investigation sociologique, psy­
pays moins développés (notamment africains chosociologique, économique, politologique,
et les petits pays insulaires, les plus menacés qui procède par interrogation, en vue de la
par le relèvement du niveau des mers) 30 mil­ connaissance d ’une population (et non de
liards de $ en trois ans (2010-2012) et le celle d’une personne déterminée).
chiffre de 100 milliards par an a été évoqué En général, on interroge des individus,
pour la période 2013-2020 (alors que certains mais dans certains cas, l’enquête peut porter
écologistes estiment qu’il faudrait 100 mil­ sur des ménages, des entreprises, des com­
liards par an), sans qu’aucune précision ne munes, des logements, etc. On interroge alors
soit apportée sur l’origine de ces sommes ni une personne qui est supposée disposer des
sur le contrôle de leur utilisation (refusé par la informations nécessaires ou on consulte des
Chine, l’Inde et de nombreux pays « du documents.
Sud»), Une simple déclaration (donc sans On distingue les différentes formes d ’en­
caractère contraignant), acceptée par une quête selon la rigidité de la programmation,
vingtaine de pays, a clôturé la conférence. On des questions et des réponses. Un cas extrême
espère que des progrès seront effectués avant est constitué par Yentretien non directif où
la nouvelle conférence qui doit se tenir fin l’on pose une seule question (ou bien on pro­
2010 à Mexico. pose un thème) à la personne interrogée, puis
Une telle réduction de la consommation on la laisse répondre comme elle l’entend, les
d’énergie suppose de nouveaux progrès, mais interventions de l’enquêteur, aussi neutres
surtout un changement de mode de vie. Une que possibles, se bornant à l’encourager à
organisation plus « compacte » des villes poursuivre et à développer. À l’opposé, se
contribuerait à réduire les besoins en chauf­ situe le questionnaire ferm é : le texte et
fage, mais surtout l’utilisation de l’automo­ l’ordre des questions y sont strictement pré­
bile. Or, une telle évolution irait en sens vus à l’avance, et la personne interrogée ne
inverse des tendances spontanées actuelles. peut que choisir sa réponse dans une liste
Cependant, la «taxe carbone», qui devait qu’on lui propose.
frapper certaines des utilisations à partir de Entre ces deux extrêmes, on distingue en
2010, pouvait constituer une incitation à éco­ général les questionnaires ouverts, où la for­
nomiser l’énergie ou à utiliser des énergies mulation et l’ordre des questions sont fixés,
non productrices de ges. Mais les nombreuses mais où la personne interrogée peut répondre
exclusions (notamment celle des industries les comme elle le désire ; et les entretiens struc­
plus polluantes), ont conduit le Conseil consti­ turés (ou semi-directifs) pour lesquels
tutionnel à annuler cette disposition, la jugeant l’enquêteur dispose d’une liste de thèmes à
inefficace et contraire au principe d ’égalité aborder, qu’il introduira en fonction de l’évo­
devant les charges publiques. Le gouverne­ lution de l’échange, qui se rapproche alors
ment a aussitôt annoncé son intention de d’une conversation.
299 ENQUÊTE

La stricte programmation du comportement de données factuelles, il faut au moins, évi­


de l’enquêteur est nécessaire pour que tous demment, qu’elle les connaisse, qu’elle s’en
les sujets se trouvent dans la même situation, souvienne (mais on sait que la mémoire choi­
et que, par conséquent, leurs réponses soient sit et transforme) et, s’il s’agit d’informations
comparables et puissent être dénombrées en quantitatives, qu’elle ait la possibilité de les
vue d’une analyse statistique. estimer correctement. Lorsqu’il s’agit de don­
Les questionnaires fermés sont particuliè­ nées subjectives (opinions, attitudes, repré­
rement adaptés au recueil d ’informations sentations, etc.), il faut s’assurer au préalable
quantitatives (combien de Parisiens sont-ils que celles-ci «existent» bien chez chacun,
propriétaires de leur logement?) et à la mise qu’on ne demande pas, par exemple, d’expri­
en évidence de relations statistiques (la pro­ mer une opinion à propos d’un objet auquel le
portion de propriétaires diffère-t-elle selon la sujet n’a jamais pensé, ou pas dans les termes
catégorie sociale?). L’analyse statistique peut qui lui sont proposés. De plus, la personne
d’ailleurs aller beaucoup plus loin que ces interrogée peut, consciemment ou non, modi­
questions simples, et il est possible de mettre fier sa réponse pour donner une bonne image
en évidence des structures de réponses ou des de soi, pour ne pas choquer l’enquêteur, pour
causalités complexes. mieux satisfaire ce qu’il pense être les attentes
Les entretiens non directifs se prêtent en de celui-ci, pour éviter de donner prise à un
général mal à une analyse quantitative : jugement, etc.
chaque sujet ayant la possibilité de développer Lorsqu’on veut utiliser l’enquête pour
son discours comme il l’entend, le matériau mesurer des grandeurs précises (par exemple
recueilli auprès de chacun est très différent. des dépenses, des emplois du temps, des
On recourt alors à des méthodes d'analyse de déplacements, l’utilisation d’un équipement,
contenu qui, par des moyens divers, visent à etc.), pour éviter les problèmes liés à la
tirer de chaque entretien (en général enregistré mémoire et aux évaluations subjectives, on
au magnétophone, puis retranscrit mot à mot) utilise de plus en plus souvent une technique
l’essentiel de ce qui est pertinent pour l’objec­ lourde et contraignante, mais qui s’est révélée
tif poursuivi. Cette forme d ’enquête est sur­ donner de bons résultats, le « carnet de bord ».
tout adaptée à la phase exploratoire d ’une Au lieu d’interroger directement sur les quan­
recherche, au moment où on ne connaît encore tités qui font l’objet de l’enquête, on demande
ni la diversité des attitudes et des comporte­ aux personnes interrogées de noter les rensei­
ments que l’on veut étudier, ni le vocabulaire gnements voulus : achats avec leurs montants,
utilisé par les différentes catégories de per­ activités avec leurs heures de début et de fin,
sonnes concernées. Mais elle peut aussi déplacements avec leurs durées, leurs
constituer une fin en soi, en particulier lors­ horaires, les trajets parcourus et le mode de
qu’on souhaite saisir des représentations qu’il transport utilisé, etc. On évite ainsi une bonne
est difficile de faire entrer sans les déformer partie des déformations dues à la mémoire,
dans le cadre rigide d’un questionnaire, ou mais cela demande un effort soutenu de la
lorsqu’on veut recueillir des informations part des sujets, qui peuvent se lasser, surtout
complexes et personnelles, comme un récit de si la période d ’observation est longue (une
vie. semaine en général, parfois plusieurs).
Sauf cas très particuliers, l’enquête fait Pour diminuer le coût et la durée de
appel au langage, à la fois à celui (strictement l’enquête, on la réalise souvent par correspon­
programmé) de l’enquêteur et à celui de dance ou par téléphone, mais ces méthodes
l’enquêté. Aussi bien lors de la préparation de entraînent des biais. Dans le premier cas, le
l’enquête que lors de l’interprétation des résul­ questionnaire est expédié par la poste aux per­
tats, il faudra tenir compte de son imprécision, sonnes choisies, en leur demandant de le rem­
de son ambiguïté, de sa variabilité. Mais en plir et de le renvoyer. C’est commode, mais il
plus, il ne faut pas oublier que l’on ne recueille faut pour cela disposer d’une liste d’adresses,
pas directement l’information recherchée (sur et la proportion de personnes qui ne retournent
des comportements, par exemple), mais seule­ pas le questionnaire est nettement supérieure
ment ce que la personne interrogée peut et aux taux de refus à un enquêteur présent. De
veut en dire dans la situation très particulière plus, certaines personnes de niveau culturel
qu’est la situation d’enquête. Lorsqu’il s’agit bas peuvent se sentir mal à l’aise devant l’écrit.
ENQUÊTE PUBLIQUE 3 00

L’enquête par téléphone ne touche que ceux siers soumis à l’enquête sont habituellement
qui ont le téléphone et dont le numéro est déposés en mairie. Les observations sont
accessible ; d’autre part, il est plus difficile de consignées dans un registre. Le commissaire
retenir l’attention au téléphone qu’en face à enquêteur établit un rapport et donne un avis
face : ce type d’enquête doit être réservé aux public.
questionnaires courts. La décision, prise après l’enquête, n’a pas
Il est rare que l’on cherche à interroger tous nécessairement à tenir compte des avis
les membres de la population cernée : c’est exprimés lors de la consultation. Cette latitude,
coûteux et inutile. On se contente d’en étudier qui est la garantie qu’une décision peut être
un échantillon (méthode des sondages) et on prise, n ’est souvent pas comprise des personnes
généralise ensuite par inférence statistique. consultées qui ont souvent tendance à considé­
B. Mat. rer que l’opposition d’un ou plusieurs intérêts
privés doit toujours pouvoir faire échec à une
Échantillon; Modèle (mathématique).
décision d’intérêt public. Toutefois, l’évolution
récente de la législation des enquêtes publiques
consacre une pareille opinion.
E N Q U Ê TE PUBLIQUE
A. G.
Phase au cours de laquelle un projet de -> Débat public; Documents d'urbanisme; Planification urbaine
décision administrative est soumis aux obser­ en France (historique); Plan d'occupation des sols ( pos ) ; Plan
local d'urbanisme ( plu ) ; Schéma de cohérence territoriale
vations du public, dans le but d ’assurer (SCOT).
l’information des personnes concernées, de
garantir les droits des propriétaires et de favo­
riser la concertation. ENSEM BLE HISTO RIQ UE O U TR A D ITIO N N EL
Dans le domaine de l’urbanisme et de
l’aménagement, sont concernés : Groupement, resté cohérent et significatif,
— les documents d’urbanisme opposables de constructions anciennes en milieu urbain
aux tiers (pos, paz, psmv), auxquels s’ajoutent, ou mral.
depuis la loi Solidarité et renouvellement Ce concept ne doit pas être confondu avec
urbains du 13 décembre 2000, les plans locaux celui de « centre historique ». Le centre histo­
d’urbanisme (plu) et les schémas de cohérence rique, spécifiquement urbain, est constitué par
territoriale (scot) ainsi que les cartes commu­ le noyau historique d ’une ville ayant connu,
nales ; et/ou connaissant encore, un développement
— certains projets de constructions, de lotis­ périphérique ultérieur, depuis l’ère industrielle
sements, de campages ou de caravanages, selon (par exemple, par suite de la destruction de
qu’il y a un document d’urbanisme opposable murailles). Un centre historique peut, soit
aux tiers ou non et selon leur importance ; effectivement constituer un ensemble, soit
— les projets d’équipements publics d’in- comprendre seulement quelques édifices
ffastmcture ou de travaux, notamment quand ponctuels ou des fragments de tissu histo­
ils impliquent des expropriations ; rique, déstructurés par une voirie moderne et/
— les créations de parcs nationaux, etc. ou noyés dans un tissu récent.
L’enquête ne peut avoir une durée infé­ Le concept d ’ensemble historique s’est
rieure à un mois ni excéder deux mois. Elle imposé à partir du moment où le monument
doit donner lieu à des publicités préalables historique a cessé d ’être dissocié de son
dans la presse, qui permettent d ’avertir le contexte et où tissu mineur et architecture ver­
public qu’elle va avoir lieu, mais peuvent naculaire ont été considérés comme biens
entretenir des malentendus puisque aucun patrimoniaux. La notion d ’ensemble histo­
dossier n ’est encore mis à la disposition du rique s’est avérée solidaire de celle de conser­
public. vation intégrée. D ’un maniement très souple,
Elle est généralement supervisée, dans son elle échappe aux contraintes des définitions
déroulement, par un commissaire enquêteur administratives et s’applique à des entités spa­
(plus rarement par une commission d’enquête, tiales très diverses allant de Tîlot, du secteur
pour les projets importants), désigné par le ou du quartier urbain jusqu’à la ville ou au
président du tribunal administratif. Les dos­ village entier.
ENTRÉE DE VILLE
:soi

Dans la littérature consacrée à la conser­ ENSOLEILLEM ENT Hydrothérapie;


vation du patrimoine, le concept d’ensemble Orientation (ou exposition) d'un bâtiment
apparaît en 1931 dans l’ordre du jour et les
conclusions de la Conférence d’Athènes sur
la conservation des monuments historiques. ENTRÉE DE VILLE
Soulignant la nécessité de dépasser le cadre
du simple monument et même de ses La banalisation de la motorisation des
abords, G. Nicodemi préconise «en chaque ménages a rendu peu accessibles aux utilisa­
ville, en chaque lieu habité où il est encore teurs de ce mode de transport de nombreuses
possible de le faire (de) délimiter l’étendue activités traditionnellement implantées en
d’une certaine partie qui devrait être conser­ centre-ville. Celles-ci ont réagi en cherchant
vée, autant qu’il est possible sans modifica­ une localisation moins centrale, aisément
tion ». accessible en automobile, où les prix fonciers
La loi italienne a été la première à inclure sensiblement plus faibles leur permettraient de
les ensembles historiques dans les mesures de faire une plus-value en vendant leurs anciens
protection du patrimoine (loi du 29 juin 1939 locaux et surtout de disposer de locaux plus
sur les ensembles urbains historiques). En vastes et plus facilement extensibles et enfin
France, leur protection légale date de la loi du d ’offrir un vaste parc de stationnement en
4 août 1962 dite loi Malraux sur les secteurs plein air susceptible d’attirer cette clientèle
sauvegardés. Toutefois, antérieurement à cette motorisée. Ce desserrement a concerné
date, villages anciens et cœurs de ville pou­ d’abord les activités industrielles et les entre­
vaient être protégés au titre des sites. Cette pôts, puis les bureaux et le commerces, voire
procédure continue d’ailleurs d’être appliquée les services et certains équipements. Les
dans le cas des cœurs de villes qu’on ne veut usines, les entrepôts, les centres de recherche
ou ne peut couvrir par un plan de sauvegarde et certains bureaux se sont implantés dans
et de mise en valeur de la loi de 1962. Tel fut divers types de zones d ’activités, bien desser­
le sens, par exemple, de la politique dite des vies sur le plan routier pour faciliter les trans­
« cent villes » lancée par Michel Guy, secré­ ports de marchandises et l’accès de leur main-
taire d ’État à la Culture, en 1972. Dans le d’œuvre et de leur clientèle. Les commerces
même esprit, la loi du 7 janvier 1983 a institué ont accordé une priorité absolue à la desserte
les zones de protection du patrimoine archi­ routière. Celle-ci facilite l’accès des clients et
tectural et urbain, créées au niveau régional. permet une action publicitaire (panneaux
Les ensembles historiques ou traditionnels d’orientation le long des routes).
sont, aujourd’hui, au premier plan des préoc­ Le mouvement est d ’abord apparu aux
cupations des instances supranationales États-Unis, où la motorisation des ménages a
concernées qui cherchent à en généraliser et été plus précoce qu’en Europe et où les abords
en homogénéiser la législation. Depuis la d ’autoroutes ont eu la préférence (centre
Recommandation 365 du Conseil de l’Europe commercial de Northland à Detroit dès les
sur la Défense et mise en valeur des sites et années 1950). En Europe, outre des centres
ensembles historiques, les confrontations commerciaux (et parfois des centres secon­
n’ont cessé de se multiplier à ce sujet. On se daires) localisés eux aussi près des autoroutes
reportera tout particulièrement à la Charte (Parly 2 au nord de Versailles, puis les centres
européenne du patrim oine architectural des villes nouvelles, etc.), de nombreux com­
(1975) et à la Recommandation de Nairobi merces (hypermarchés et grandes surfaces spé­
(1976) formulée sous l’égide de l’Unesco. cialisées notamment) se sont implantés le long
des principales voies d’accès aux villes, suffi­
F. C.
samment loin du centre pour pouvoir disposer
Ab ord s; Conservation intégrée; Patrimoine; Réanimation; d’assez d’espace, mais assez près pour ne pas
Réhabilitation; Secteur sauvegardé; Zone de protection du dissuader la clientèle.
patrimoine architectural, urbain et paysager.
Ces grandes surfaces commerciales, sou­
vent accompagnées de magasins plus petits
ENSEM BLE URBAIN -♦ Groupement (qui profitent de la clientèle des premiers et
de communes ; Syndicat communautaire inversement), voire de services divers, consti­
d'aménagement ; Ville nouvelle tuent de véritables zones commerciales, spon­
ENTREPÔT 302

tanées ou (mal) planifiées. Elles se caracté­ biens, en combinant comme facteurs de pro­
risent par la médiocrité et le manque d’unité duction des matières (brutes ou semi-
de l’architecture, l’ampleur de la voirie interne ouvrées), du capital et du travail, est une entre­
et surtout des parcs de stationnement, le prise industrielle. Le responsable d ’une entre­
recours à des matériaux bon marché, à des prise est l’entrepreneur. Sa caractéristique est
formes banales (les « boîtes à chaussures ») et de risquer son capital monétaire dans une
à des couleurs criardes. La publicité est omni­ entreprise (J. Marchai) : cette expression, qui
présente, en particulier le long de la voie rou­ ne s’applique pleinement qu’aux entreprises
tière d ’accès. Le désordre de ces zones est où les capitaux sont fournis par une seule per­
pourtant la première image que les visiteurs sonne, est surtout employée dans le bâtiment
ont de la ville autour desquelles elles sont et les travaux publics.
situées. Enfin, ces zones commerciales faciles Une entreprise peut adopter des statuts juri­
d ’accès en automobile drainent une large diques divers : sociétés de personnes, sociétés
clientèle au détriment des commerces du de capitaux (anonymes ou à responsabilité
centre-ville ou de ceux des quartiers d’habitat. limitée), entreprises individuelles, entreprises
A Avignon par exemple, quatre centre coopératives, etc.
commerciaux (Avignon-nord sur la r n 7 , vers En pratique, les prises de participation
Lyon, Cap-Sud et Avignon-sud vers Marseille, financières, les associations, les groupements
La Courtine le long de la rocade et près de la d’intérêt économique, etc., conduisent à la
gare tgv) se partagent la clientèle pour les constitution de groupes économiques plus
achats occasionnels (lesquels réduisent sou­ larges - le degré de liaison entre les entre­
vent au strict minimum les achats dits quoti­ prises d ’un groupe étant très variable - et
diens effectués dans les magasins de quartier). nécessitent, pour être appréhendés, un exa­
L’urbanisme éprouve les plus grandes diffi­ men détaillé de la répartition du capital, de la
cultés à organiser ou à réguler ces zones. Le distribution des pouvoirs entre les dirigeants,
poids des mécanismes fonciers est difficile à des échanges de biens et de services entre les
contrecarrer. Les municipalités (villes-centres entreprises concernées.
ou communes de banlieue) où s’implantent Par ailleurs, les entreprises travaillant dam
ces zones d’activités sont souvent très conci­ un même secteur d’activité sont fréquemment
liantes vis-à-vis d’activités qui leur apportent regroupées en syndicats professionnels ou en
des ressources fiscales (et créent des emplois, associations dont certaines peuvent être très
même si ceux-ci sont de niveau modeste). puissantes (ex. Union des industries métallur­
Les commissions d’urbanisme commercial giques et minières).
(dites de l’aménagement commercial depuis L’entreprise est une unité juridique. Elle
2008) peuvent contribuer à contrôler ces créa­ peut disposer de bâtiments et de lieux de pro­
tions de surfaces commerciales, mais elles le duction, dénommés établissements, à des
font surtout sous l’angle économique, cher­ adresses différentes. Le siège social est le
chant à réguler la concurrence avec les com­ lieu où fonctionnent ses services adminis­
merces traditionnels, et leurs décisions sont tratifs et où, le plus souvent, travaillent ses
souvent discutables (elles ne sont pas à l’abri dirigeants : c ’est l ’adresse officielle de
des pressions sur leurs membres). l’entreprise qui définit, par exemple, le lieu
P. M. où elle acquittera les impôts et taxes dont elle
est redevable.
-> C om m erce; Desserrement; Urbanisme commercial. L’importance économique d’un pays, d’une
région, d’une agglomération est la somme de
l’importance des entreprises qui s’y trouvent.
EN TR EP Ô T —►Aéroport ; Commerce ; On a ainsi défini le concept de pouvoir de
Magasin ; Port commandement d’une ville comme le nombre
de salariés travaillant hors de cette ville pour
des entreprises dont la ville considérée abrite
ENTREPRISE le siège social. Cette importance économique
des entreprises peut être mesurée par divers
Unité économique de production de biens indicateurs : nombre d’emplois, production,
ou de services. Une entreprise qui produit des valeur ajoutée, chiffre d’affaires, volume des
11)3 ENVELOPPE

capitaux, etc. Sa capacité de développement Dans le secteur du bâtiment et des travaux


est liée à des indicateurs économiques plus publics, on appelle entreprise pilote une entre­
complexes - bénéfices (après impôts), inves­ prise qui contracte avec le maître d’ouvrage à
tissements, marge brute d ’autofinancement, la fois en son nom propre et au nom d’un grou­
de. - et ne peut être déterminée qu’après une pement d ’entreprises liées par convention.
dude détaillée du bilan (tableau établissant Elle assure la coordination du chantier et
l'ensemble du passif et de l’actif de l’entre­ assure la responsabilité de sa bonne fin (délais,
prise) et du compte de profits et pertes des qualité des travaux...).
dernières années. On compte en France, en 2005, selon le
Une entreprise peut être privée ou publique répertoire des entreprises de l’insee,
si ses capitaux sont détenus par les pouvoirs 2,618 millions d ’entreprises. Parmi elles, la
publics. Mais une entreprise privée peut aussi majorité (1,53 million) n ’ont aucun salarié et
être contrôlée par les pouvoirs publics si 900 000 moins de 10. 11 y a 173 000 PME
ceux-ci possèdent, directement ou indirecte­ (entre 10 et 199 salariés), 6 000 entreprises
ment, la majorité du pouvoir de décision, ce importantes (200 à 1 999 salariés) et seule­
qui, par le jeu des prises de participation, peut ment 335 très grosses entreprises (à partir de
correspondre à une fraction minoritaire du 2 000 salariés). Par branche d’activité, ces
capital. On parle de nationalisation (totale ou entreprises sont réparties de la façon sui­
partielle) lorsque la propriété d’une entreprise vante :
est transférée, en tout ou en partie, à la collec­ — 250 000 entreprises industrielles ;
tivité, avec ou sans indemnisation des anciens — 354000 entreprises de construction;
propriétaires. La nationalisation a pour objet — 644 000 entreprises commerciales ;
de permettre aux pouvoirs publics de mieux — 89 000 entreprises de transport ;
contrôler l’économie nationale en dirigeant — 83 000 entreprises dans les activités
les investissements d’entreprises importantes immobilières ;
susceptibles d’avoir un effet d’entraînement — 445 000 entreprises de services aux
sur l’ensemble de l’activité économique. En entreprises ;
France, trois vagues principales de nationali­ — 753 000 dans les autres services (servi­
sations ont eu lieu en 1936-1937 (gouverne­ ces aux particuliers, éducation, santé, action
ment de Front populaire), en 1944-1947 sociale), ce qui représente plus des trois quarts
(Libération) et en 1981-1982 (gouvernement dans le secteur tertiaire. Ce sont les entreprises
d’union de la gauche). Le secteur nationalisé de services marchands qui se développent le
représentait, en 1984, la quasi-totalité du sec­ plus vite.
teur bancaire, des assurances, de l’énergie, P. M.
des transports ferroviaires et aériens et une
part non négligeable de l’industrie. La loi de - » Établissement; Sous-traitance.

1986 sur les dénationalisations a permis de


restituer au secteur privé des entreprises natio­
nalisées, tant en 1981-1982 qu’à la Libéra­ ENTREPRISE GÉNÉRALE, ENTREPRISE
tion. Les privatisations ont repris à partir du PILOTE —* Marché de travaux
retour de la droite en 1993. Elles se sont pour­
suivies après 1995, mais aussi après 1997
(retour de la gauche au pouvoir) et depuis ENTREPRISE SOCIALE DE L'H A BITA T
2002, l’État conservant cependant la majorité -> Habitation à loyer modéré ( h l m )
(provisoirement ?) dans des entreprises jugées
stratégiques ou symboliques (Matra-
Aérospatiale, Air France, Renault, etc.). Elles ENTRETIEN -► Enquête
concernent aussi bien les grands groupes ban­
caires (Banque nationale de Paris, Crédit
lyonnais) et d’assurances (Union des assu­ ENTR ETIEN DE LA VOIRIE Coût
rances de Paris) que les services (France de fonctionnement des transports
Télécom, Air France) et les groupes indus­
triels (Péchiney, Rhône-Poulenc, Renault,
Elf-Aquitaine, Matra-Aérospatiale, etc.). ENVELOPPE Gros œuvre
ENVIRONNEMENT 304

E N VIR O N N EM EN T des conditions sanitaires qui ont permis


l’allongement de la vie humaine). D ’autres
Ensemble des éléments physiques, chi­ sont négatifs, et donc dommageables : dégra­
miques, biologiques et sociaux qui caracté­ dations de l’environnement (pollutions, trans­
risent un espace et influencent la vie d ’un formations du climax, constructions en
groupe humain. rupture avec le paysage, etc.).
Le terme existait en vieux français Divers indicateurs ont été proposés pour
(xvie siècle): «action d ’environner, c ’est-à- mesurer, mieux que ne le fait le pnb , la qualité
dire de mettre autour (environner une ville de de vie d’une population. L’indicateur de déve­
foires) » (Littré). Il a ensuite disparu en fran­ loppement humain de I’onu prend en compte,
çais (il ne figure pas dans l’édition de 1930 du en plus du niveau de vie, le niveau sanitaire et
Grand Larousse du XXe siècle par exemple). le niveau d’éducation d’une population. Mais
La réapparition récente du mot en français (il ce nouvel indicateur, ainsi que d ’autres de
y a quarante ans environ) est un anglicisme même nature, ne tient pas compte des effets
qui tend à remplacer de plus en plus le terme de l’action humaine sur l’environnement. Le
de milieu dont il est presque synonyme. Le « pib vert » ajoute au pib la valeur du travail
mot anglais signifie «conditions influençant domestique (y compris les biens et services
la vie, le développement ou la croissance des autoproduits) et en déduit la valeur des dom­
êtres vivants ». mages causés à l’environnement. Les écolo­
La première utilisation officielle du terme gistes préfèrent utiliser la notion d ’empreinte
en France date de la création d ’un ministère écologique, apparue au début des années
de l’Environnement dans le gouvernement 1990 et de plus en plus souvent évoquée.
Chaban-Delmas en 1971. Cette préoccupation C’est la dépendance d’un individu (ou d’un
a précédé de peu la fin de la période de groupe) à l’égard de la terre. Elle mesure la
construction massive de logements (directive surface (en ha) nécessaire pour assurer les
Guichard condamnant les grands ensembles besoins compte tenu du mode de vie adopté.
en 1973). Le souci de l’environnement dans Celle-ci est la somme des surfaces nécessaires
la population, et par voie de conséquence, sa pour les produits du sol consommés (agri­
place dans les débats politiques, n’ont cessé culture, élevage, pêche), des espaces bâtis ou
de croître depuis. La première crise de l’éner­ aménagés et des espaces nécessaires pour
gie (1973-1974), en particulier, a suscité la absorber le C 0 2 émis (forêts) et éliminer les
multiplication des « écologistes » et a marqué déchets. On a calculé que l’empreinte écolo­
la fin des trente glorieuses (1944-1974) de gique, qui est en moyenne de 2,8 ha par indi­
développement économique rapide et de prio­ vidu à l’échelle du globe, est de 9,4 ha pour
rité au quantitatif : on a alors développé le un Américain, de 5,6 ha, pour un Français, de
slogan « small is beautiful». Des partis poli­ 2 ha pour un Chinois, de 0,8 ha pour un
tiques (notamment « les Verts » en France) se Indien. Elle ne cesse d’augmenter: elle repré­
sont constitués autour de la nécessité de sentait en 1960, 70 % de la surface bioproduc­
défendre l’environnement. Les partis poli­ tive de la terre, mais 140% en 2010, soit un
tiques traditionnels ont dû les suivre, avec un doublement. En d ’autres termes, depuis le
enthousiasme inégal, sur ce terrain, afin de début des annéesl980, l’humanité empreinte
tenter de capter les voix des citoyens « écolo­ à la nature plus de ressources renouvelables
gistes ». que celle-ci ne peut en produire. La planète
L’environnement est un système, c ’est-à- offrait, en 1970, 2,9 ha par habitant et n’en
dire un ensemble cohérent d’éléments qui offre plus que 1,7 en 2010. Elle n ’en offrira
agissent et réagissent les uns sur les autres. que 1,3 vers 2050.
Tout environnement définissable comme une La notion d ’environnement est en rapport
entité est « ouvert » : il reçoit des impulsions avec celles d’écosystème et d’écologie. Elle a,
externes et peut en transmettre à son tour. dans le langage courant, une acception plus
Un groupe humain agit sur son environne­ large, moins technique, et est surtout appli­
ment et chacune de ses actions entraîne des quée aux groupes humains : c’est l’ensemble
effets en chaîne, parfois amplifiés par des des écosystèmes des sociétés humaines.
rétroactions positives. Ces effets peuvent être À partir des années 1990, les craintes rela­
positifs (par exemple l’amélioration massive tives au réchauffement climatique, dû à l’aug-
105 ÉPIDÉMIOLOGIE

mcntation de l’effet de serre, ont placé les une approche des problèmes de santé qui,
préoccupations environnementales au premier complémentaire de celle de la clinique et de la
plan des débats publics. Après les élections recherche biologique fondamentale, s’attache
présidentielles de 2007, le président Sarkozy, à faire apparaître les aspects collectifs de la
comme il s’y était engagé, a créé un grand maladie.
ministère d’Etat (intitulé, en 2009, ministère Développée au xixe siècle à partir des mala­
de l’Écologie, de l’Énergie, du Développe­ dies à caractère épidémique marqué (maladies
ment durable et de la Mer, en charge des infectieuses telles que le choléra, le scor­
Technologies vertes et des Négociations sur but...), l’épidémiologie a progressivement
le climat) et a réuni, en décembre 2007, le élargi son champ au cours du xxe siècle, pour
« Grenelle Environnement » qui a retenu le s’intéresser à l’ensemble des maladies, trans­
principe de mesures en faveur de l’environne­ missibles ou non ; aujourd’hui, l’épidémiolo­
ment en cours de traduction législative. Une gie étudie l’ensemble des faits de santé et des
première loi, dite Grenelle-Environnement 1, états intermédiaires entre l’état de santé et
du 3 août 2009, a posé les principes généraux l’état de maladie (épidémiologie des handi­
issus de ce débat. Une seconde loi portant caps...) ; plus récemment encore, l’épidémio­
engagement national pour l’environnement, logie « d ’intervention» étendit le concept à
du 12 juillet 2010, précise les mesures adop- l’ensemble des situations par lesquelles
lées. Certaines mesures ont été entreprises, l’homme tente d’intervenir sur la maladie, par
notamment l’institution de la « taxe carbone », la prévention ou par le soin ; l’épidémiologie
qui a pour objet de renchérir l’utilisation des devient ainsi, outre la science explicative des
énergies fossiles, devait être mise en vigueur phénomènes de santé dans les groupes
le 1er janvier 2010. Cependant, le Conseil humains, l’outil approprié de l’évaluation des
constitutionnel, en a annulé, le 29 décembre actions et des politiques de santé.
2009, l’institution, la jugeant inefficace (en 11 est donc désormais fréquent de rappro­
raison des nombreuses exclusions, notam­ cher, voire de confondre, l’épidémiologie et la
ment celle des industries les plus polluantes) politique de santé, ou santé publique. Idéale­
et créant des inégalités face aux charges ment sans doute, ces deux termes ne devraient
publiques. Un nouveau projet de loi doit être recouvrir que les étapes d ’une démarche
déposé par le gouvernement. unique, allant itérativement de la connais­
sance à l’action. La réalité est très différente.
F. D.-D. et P. M.
En effet, l’épidémiologie est une science et,
, Bruit; Déchets; Développement durable; Écologie; Écologie en tant que telle, elle vise principalement à
territoriale; Écosystème; Efffet de serre; Énergie et environ-
nement ; Nuisance ; Pollution ; Pollution atmosphérique ; Pol­
l’amélioration de la connaissance, même si
lution des eaux continentales; Pollution des m ers; Pollution elle poursuit l’ambition légitime de contribuer
des sols; Protection de la nature; Taxe carbone. à éclairer des choix ; la santé publique est un
domaine d’action administrative qui peut
s’appuyer sur l’épidémiologie, mais aussi par­
ÉPANDAGE -> Déchets fois la trahir, et qui, surtout, ne s’y réduit pas.
11 importe de montrer les liens délicats qui
existent entre les deux domaines, et la manière
ÉPANELAGE —►Composition urbaine; dont l’un et l’autre interfèrent avec d ’autres
Morphologie (urbaine! ; Urban design disciplines et contribuent à modifier le pay­
sage social.

ÉPARGNE LO G EM E N T —►Crédit immobilier L’épidémiologie moderne comporte essen­


tiellement deux axes complémentaires : l’épi­
démiologie descriptive et l’épidémiologie
ÉPIDÉMIOLOGIE analytique.
L’épidémiologie descriptive a pour objet
L’épidémiologie, dont la définition la plus propre de mettre en œuvre certains outils de
fréquente est « l’étude de la répartition et de la mesure (taux de mortalité, de morbidité, espé­
fréquence des maladies dans les populations rance de vie, etc.) permettant de connaître
humaines et de leurs déterminants », recouvre l’état de santé d’une population donnée. Elle

il
ÉPIDÉMIOLOGIE 306

permet donc de constater des situations et des spatial des individus : le caractère urbain ou
différences (comme, par exemple, la diffé­ rural d ’une zone géographique donnée, la
rence de taux de suicide, ou de fréquence densité de l’habitat ou de la population, le
d’apparition d’allergies, entre zones rurales et type, la taille du logement, son degré d’équi­
urbaines) ; elle autorise ainsi des comparai­ pement ou de confort, la qualité de l’air,
sons et, parce qu’elle permet de soulever des l’existence d ’industries polluantes, l’organi­
hypothèses, ouvre la voie à l’épidémiologie sation de la gestion des déchets, etc., sont
analytique. autant de variables, parmi d ’autres, dont
L’épidémiologie analytique vise à recher­ l’épidémiologiste peut étudier le lien avec un
cher les causes des faits observés. Toutefois, problème de santé donné.
pour la plupart des manifestations patholo­
giques, les facteurs étiologiques sont nom­ Toutefois, le passage de l’épidémiologie à
breux et étroitement imbriqués ; la causalité la santé publique n ’est ni automatique ni
est exceptionnellement directe, et presque tou­ direct, pour trois ordres de raisons au moins.
jours de type probabiliste. Le chercheur • En premier lieu, la mise en évidence d’un
s’attache donc, en réalité, à mettre en évidence lien entre telle variable d’environnement et un
et à étudier les relations qui existent entre des problème de santé débouche naturellement
faits pathologiques et différents facteurs, dits sur la définition d ’actions qui ne relèvent plus
« facteurs de risque », dont on souhaite savoir du scientifique mais du pouvoir législatif ou
s’ils ont un rôle étiologique. L’impossibilité, réglementaire : élaboration de normes, de
pour des raisons éthiques évidentes, comme cahiers des charges rigoureux dont les
pour des raisons pratiques, de recourir à de contraintes se mêlent à celles, multiples,
véritables études expérimentales sur des venant d’autres horizons (impératifs indus­
groupes humains montre la difficulté de l’épi­ triels, financiers ou esthétiques notamment).
démiologie analytique ; les méthodes utilisées Ce passage ne se fait pas sans de nombreux
sont principalement des études d’observation compromis. Ceux-ci expriment un choix
(études de cohortes, études de cas témoins) social, implicite ou explicite, pour un certain
qui permettent de comparer les risques de rapport entre des coûts consentis et des avan­
maladie dans des groupes, en présence et en tages attendus. Ce marchandage est illustré,
l’absence du facteur étudié. parfaitement, par l’adoption de seuils, néces­
Ce sont ainsi de multiples enquêtes épidé­ sairement arbitraires, fixant un niveau de
miologiques qui ont permis d’établir, de façon risque acceptable pour tel ou tel danger (pollu­
quasi certaine, le rôle de la consommation de tion chimique, radioactivité...), là où l’épidé­
tabac dans la survenue des cancers broncho­ miologiste observe un continuum.
pulmonaires et de démontrer l’effet cancéri­ • En second lieu, on doit souligner que le
gène de certains toxiques chimiques d’usage politique est, bien souvent, amené à agir sans
courant comme le chlorure de vinyle ou attendre que la preuve d’un lien de causalité
l’amiante. entre un phénomène morbide et un facteur
La mise en évidence de risques clairement d’environnement soit scientifiquement parfai­
identifiés permet la définition d ’actions de tement établie ; un tel lien est d’ailleurs, on l’a
protection de l’individu : c’est le propre de la vu, presque toujours très difficile à établir.
santé publique ; si certaines de ces actions Si cette attitude ne satisfait pas le scienti­
sont d ’ordre strictement sanitaire (campagnes fique, elle doit suffire au responsable de santé
d ’information antitabac, anticonsommation publique, qui peut fonder une intervention
alcoolique, définition d ’un dispositif préventif incontestablement efficace sur la description
tel celui de la protection maternelle et infan­ d ’un risque spécifique, voire d ’une simple
tile, etc.), d ’autres relèvent d ’un tout autre nuisance, même si l’analyse de la cause n’est
ordre et intéressent au premier chef l’urbaniste pas achevée.
et l’aménageur. C’est ainsi que la réglementation des abat­
En effet, les épidémiologistes n ’ont pas toirs, à la fin du xvme siècle, fut détenninée
manqué de prendre en compte, à côté des par le souci de mettre fin à des odeurs nauséa­
facteurs directs de maladie (facteurs phy­ bondes, que l’on associait alors de façon toute
siques, cliniques, biologiques), des facteurs subjective à la notion de «fièvre putride».
liés à l’environnement social, économique ou Cette décision, fondée sur une attitude scien-
307 ÉPIDÉMIOLOGIE

lifïque erronée, n’en fut pas moins heureuse dans les couches urbaines les plus défavori­
du strict point de vue de l’hygiène publique. sées; l’intervention scientifique des épidé­
De même, à l’heure actuelle, les immi­ miologistes a su provoquer de remarquables
grants constituent, dans la société française, actions d’hygiène publique : les autorités
un groupe particulièrement et notoirement municipales se sont attachées successivement
fragile du point de vue sanitaire. Les épidé­ à garantir l’eau potable, à assurer l’hygiène
miologistes ont montré que, dans ce groupe des villes par la collecte des ordures ména­
particulier, les risques de maladies (en parti­ gères et la circulation appropriée des eaux
culier de tuberculose, de prématurité, d’acci­ usées ; elles ont entrepris la destraction des
dents) sont bien supérieurs à la moyenne taudis et de toute forme d’habitat insalubre ;
nationale, sans que la ou les causes certaines mais, avec l’amélioration générale du niveau
de ces différences soient parfaitement établies de vie et de l’hygiène, c’est indéniablement la
(on ne sait, par exemple, si l’excès de la mise au point des premiers vaccins, puis la
tuberculose chez les immigrants est le fait de découverte des antibiotiques et les premières
leurs conditions de vie en France ou s’il transfusions sanguines, qui ont permis la
résulte d’une pathologie « importée » de leur spectaculaire régression, dans les pays occi­
pays d’origine). Différents types de mesures dentaux, des grandes maladies infectieuses,
peuvent cependant d’ores et déjà être prises. telles que la tuberculose, la diphtérie, la polio­
Parmi celles-ci, certaines concernent évidem­ myélite.
ment la surveillance sanitaire, mais aussi les À l’heure actuelle, il apparaît que nos socié­
conditions de vie, de logement, de travail, de tés paient un large tribut à d’autres maladies,
ces populations particulières, et contribue­ celles que l’on dit de civilisation : affections
raient sans conteste à l’amélioration de leur cardiovasculaires, cancers, dépressions, acci­
état de santé. dents de la route, accidents domestiques;
• Enfin, on doit considérer que, si l’épidé­ l’épidémiologie permet de penser que des
miologie représente pour les autorités sani­ changements dans les comportements indivi­
taires un guide précieux, elle ne constitue pas duels, c’est-à-dire le choix d’une hygiène de
la source unique, ni sans doute la source prin­ vie différente (moindre consommation de
cipale, des progrès accomplis par notre société tabac et d ’alcool, responsabilité accrue devant
en ce qui concerne l’état de santé de la popula­ le risque) permettraient, conjugués avec une
tion. réglementation favorisant le respect de l’envi­
L’évolution du tableau des maladies infec­ ronnement (contrôle de la qualité de l’air, du
tieuses depuis le xixc siècle illustre bien le rôle niveau de bruit acceptable, évaluation et
relatif des différentes disciplines - épidémiolo­ réglementation des polluants chimiques), de
gie, biologie, clinique - dans l’accomplisse­ réduire le poids de ces agressions. Mais des
ment d’un progrès décisif en santé publique. progrès décisifs peuvent être réalisés dans la
Dès le xviiie siècle, des précurseurs de prévention ou le traitement de ces maladies,
l’épidémiologie (Boisguilbert, Deparcieux, par la recherche biologique fondamentale ou
puis surtout Villermé avec YEnquête sur les par des avancées cliniques. Il est indispen­
problèmes de santé des ouvriers du textile du sable que de telles recherches soient poursui­
nord et de l ’est de la France, Quetelet en vies.
Belgique, Stanway en Angleterre, Goldberger De même, dans l’épidémie de sida, apparue
aux États-Unis) ont mis l’accent sur l’étude en 1982 dans les pays occidentaux, c’est
des relations entre les atteintes à la santé et la l’épidémiologiste qui, ayant défini un sys­
pauvreté ou la dureté de la condition ouvrière. tème d’alerte adéquat, en suivant le dévelop­
Dès la fin du xixe siècle, l’épidémiologie a pement de la maladie dans le temps et dans
su mettre en évidence de façon précise, l’espace, en décrivant les groupes humains
notamment par la tenue systématique de concernés et la transformation de ces groupes,
registres de décès, l’intrication de facteurs a permis de caractériser la maladie comme
tels que la pauvreté, l’éducation insuffisante, maladie sexuellement transmissible, et de
l’insalubrité des logements et des lieux de tra­ proposer à la société, par l’intermédiaire du
vail, la pénibilité des tâches, la surpopulation législateur, des moyens propres à en contrôler
au foyer, etc., en tant que causes de la surve­ la transmission. En l’occurrence, ces mesures
nue préférentielle de maladies infectieuses relèvent à la fois de l’hygiène individuelle et
ÉPISTÉMOLOGIE
m

de l’hygiène publique et prennent toute leur cartésienne » (cf. Règles pour la direction dû
importance en l’attente de la découverte d ’un l ’esprit), d ’« épistémologie kantienne » (cfi
vaccin ou d ’un traitement approprié (que Premiers principes métaphysiques de '■la
l’épidémiologiste pourra d ’ailleurs contribuer science de la nature), etc. Chaque fois, ug
à définir en apportant sa compétence particu­ corps de savoirs constitués, ou en voie dfl
lière à l’évaluation de tel ou tel traitement). l’être, a été interrogé sur son statut, ses procé)
dures et son fondement. Bien des formes
Ainsi, si l’épidémiologie est une des tech­ d ’interrogation sont cependant possibles et
niques essentielles de la santé publique, elle toutes n ’ont pas la même source. Certaines aol
ne suffit pas, à elle seule, à la définir ; à trouvé leur forme au-delà et au-dessus de toul
l’inverse d ’ailleurs, l’épidémiologie peut savoir constitué, bien qu’elles aient concerné
s’orienter vers des préoccupations d ’un tout ces savoirs. Exemple : la question qui a touw
autre ordre que la santé publique et renvoyer à menté longtemps l’« onto-théologie » : le mot
des secteurs de la recherche fondamentale, «science» convient-il d ’une manière uni­
comme la génétique par exemple ou F immu­ voque à Dieu et à l’Homme? Ou encore, la
nologie. question critique héritée de Kant : comment
L’ensemble de règles que constituent la ramener les savoirs aux sources d ’une subjec­
santé et l’hygiène publique, que l’épidémiolo­ tivité constitutive et législative ? Dans ces
gie contribue largement à élaborer, témoigne deux cas, la question ne se pose que pour qüi
cependant, tout autant que l’effort consenti dispose déjà de son point de départ : l’écart de
pour favoriser la recherche épidémiologique, l’Homme à Dieu dans le premier; l’exigence
biologique et médicale, de l’importance que la jugée irrécusable, de la spontanéité et de
société attache à la santé de ses membres. l’unité d’un « sujet de savoir» dans le second
Pour l’aménageur, l’urbaniste, l’architecte, («Je pense», doit pouvoir accompagner
le promoteur immobilier, pour le simple par­ toutes mes représentations). D ’autres interro­
ticulier, l’ensemble des règlements d’hygiène gations, plus nombreuses et plus quotidiennes;
publique, et particulièrement les règlements sont nées de l’intérieur des savoirs en devenir;
d’hygiène municipaux et les règlements sani­ et semblent y avoir été exigées, dessinées en
taires départementaux issus de la loi de 1902, creux comme autant de manques. Exigences
constituent sans doute une contrainte qui d ’interprétation : que désignent au juste les
interfère avec des préoccupations directes termes théoriques en usage dans la physique
qu’ils peuvent avoir tendance à préférer; dite «des particules»? Exigences de
mais bien d’autres règles viennent violer, au méthode : comment définir, avec une préci­
nom de la protection de la collectivité, des sion souhaitée maximale, les procédures
libertés individuelles. Il s ’agit d’un des mul­ d ’administration de la preuve ? Exigences
tiples aspects du compromis qu’une société d ’anticipation : comment discerner, à l’inté­
doit réaliser, et sans cesse reconsidérer, entre rieur d ’une discipline scientifique, les
la liberté de l’individu et la sécurité qu’elle a concepts productifs capables de s’investir
promis de lui garantir. ailleurs et de bouleverser, au moins locale­
C. w.-G. ment, les formes déjà reçues de la rationalité?
Exigences de fondation : comment asseoir une
-+ Hygiène; Insalubrité (habitat, logem ent); M igrations; Morta­
lité; Pollution.
théorie sur la base de ses principes ? (cf. les
essais plus ou moins réussis d ’axiomatisa­
tion).
Il est possible de donner au mot « épistémo­
ÉPISTÉM OLOGIE logie » un sens à ce point libéral qu’il convien­
drait aussi bien au Théétète de Platon, à
En un sens littéral, « épistémologie » F Analytique transcendantale d ’E. Kant, à
désigne tout discours à prétention théorique TIntroduction à la médecine expérimentale de
prenant la science pour objet. Or, la tradition Claude Bernard, aux Fondements de la géo­
philosophique n ’a jamais été avare de discours métrie de D. Hilbert, à la Logique de la décou­
de cette nature. On parle donc à bon droit verte scientifique de K. Popper. Or, un nom
d’« épistémologie platonicienne » (cf. le dia­ qui désigne trop ne désigne plus rien. Il nous
logue intitùlé Théétète), d ’« épistémologie faut donc restreindre le droit d’user de ce nom
to e ÉPISTÉMOLOGIE

(« épistémologie ») en prenant garde cepen­ des problèmes, exigeant des formulations (un
dant à ne pas formuler d ’interdictions trop langage) ou des concepts non encore dispo­
draconiennes. Pour y parvenir, la méthode, nibles.
sinon la meilleure, du moins la plus inoffen­ Nous découvririons de plus que nos
sive, pourrait se formuler comme suit. « cartes » régionales ne sont pas homogènes et
Au départ, considérons comme acquise une que des expressions dont l’usage nous paraît
hypothèse minimale : dans notre monde de devoir convenir à toute science (ex. : « énoncé
culture, certaines régions, que nous nommons vrai», «problèm e soluble», «m éthode de
« sciences », se laissent distinguer par expé­ résolution », « théorie », « preuve ») n ’ont ni le
rience. Nous avons appris dès l’école à les même sens, ni la même portée en tous les
désigner et à les nommer. Et une bonne partie points de notre « atlas » partiel. Nous ne tarde­
de notre éducation a consisté, bien qu’à des rions pas ainsi à nous persuader à la longue
degrés divers, à acquérir quelque accointance qu’il nous faudrait sans cesse remanier, com­
avec elles. Convenons d ’abord (et c’est le pléter cet « atlas » toujours en voie de fabrica­
moins que nous puissions faire) de traiter ces tion. Il nous faudrait même en effacer certaines
«régions culturelles» comme des données cartes devenues muettes. Tant et si bien que
observables, à la façon dont le seraient, par l’«épistémologie» dont nous espérions pou­
exemple, les rues d’une ville, avec les réseaux voir nous contenter (constitution et lecture
d’indications qu’elles manifestent et qu’il d’un «atlas» des savoirs disponibles) finirait
convient d’apprendre à déchiffrer. Nous pour­ par en exiger une autre, puisque notre lecture
rions tenter de dresser plusieurs cartes régio­ ne nous laisserait jamais en repos, et que notre
nales pour commencer et, plus tard, une sorte « atlas » serait plus inquiétant que rassurant.
d’atlas, dans l’espoir d’obtenir une représenta­ Le mieux ne serait-il pas alors de chercher,
tion de ces régions, de déterminer les fron­ au cœur de ces « observables » que nous nom­
tières qui les séparent et les chemins capables mons « sciences »,: des germes d’inquiétude ?
de conduire de l’une à l’autre. Nous ne tarde­ Ne serait-ce pas là le premier pas propre à
rions pas à découvrir que pour accéder à cer­ nous mettre sur la voie de « problèmes » que
taines d’entre elles (par exemple la physique nous pourrions, de plein droit, désigner du
de l’atome), il faut nécessairement en traverser nom d’« épistémologiques » ?
d’autres (dans ce cas la théorie mathématique
des espaces dits « de Hilbert »). En continuant Trois espèces de problèmes, en effet, sur­
de la sorte, nous pourrions espérer (à condi­ gissent de la pratique scientifique :
tion de travailler avec les praticiens de ce • Les uns sont formulables dans le langage
genre de voyage) acquérir une vue, à la fois scientifique de la science où ils prennent nais­
globale et précise, des domaines entre lesquels sance; Ils sont désignés et circonscrits comme
se distribue la « scientificité » contemporaine. autant de «manques», moyennant l’usage
Nommer une telle démarche « épistémolo­ d’expressions appartenant au langage de cette
gie » est affaire de convention. Et, de fait, son science et dont la précision est vérifiable par la
but serait de parvenir à articuler un enchaîne­ communauté scientifique. Souvent, de telles
ment de discours (l’« atlas », précisément) formulations se présentent comme un pro­
dont les sciences seraient l’objet... gramme explicite de recherches.
Admettons cependant (ce qui d’ailleurs est Exemple fameux : la désignation par David
le cas) que nous disposions, sinon d’un atlas, Hilbert, au congrès de 1900, de la liste des
du moins d’une collection de « cartes » régio­ problèmes mathématiques ouverts et dont
nales, et que chacune soit construite confor­ certains sont aujourd’hui encore en chantier.
mément à 's a fonction: permettre de s’y Il arrive aussi que la solution de tels pro­
reconnaître dans le paysage. Elles nous four­ blèmes exige une extension du champ des
niraient les indications minimales nécessaires objets accessibles dans la théorie souhaitée,
pour avoir accès aux divers savoirs consti­ le remaniement du langage et son enrichisse­
tuant telle ou telle discipline. Nous appren­ ment, parfois une «révolution» conceptuelle,
drions à ainsi distinguer dans cette discipline souvent la création d’instruments méthodolo­
des régions différentes : les unes bien assurées giques ou de moyens d ’investigation nou­
(apparemment du moins) et le plus longtemps veaux. Mais si profondes ou radicales que
codifiées - d’autres en chantier, ouvertes sur soient ces transformations, leurs procédures
ÉPISTÉMOLOGIE 310

et leurs résultats doivent pouvoir être commu­ homogène à celle qui assure aux propositions
niqués dans une langue homogène, dont on de la science leur précision et leur communi­
puisse toujours vérifier la bonne constitution cabilité.
des expressions qui la composent et mesurer • Troisième espèce de problèmes : ceux qui,
le degré d ’adéquation des énoncés qu’elle surgissant de l’intérieur d’une science détermi­
permet. Problèmes internes, donc, qui ne sont née, trouvent leur formulation du fait que cette
posés que dans les termes permettant de les science est plongée dans un autre univers de
reconnaître solubles, même si la solution est discours et dans d ’autres formations de sens
encore loin d’être à portée de main. que les siens, non autorisés par ses strictes
• Deuxième espèce de problèmes : ceux qui, procédures d’énonciation et de désignation. Il
naissant localement d’une région de manque, arrive pourtant qu’un homme de science soit
semblent exiger, pour pouvoir être formulés inévitablement conduit à faire usage de ces
dans une langue homogène à celle de la théorie formations dont il n ’a pas immédiatement le
qui les manifeste, une refonte des principes de contrôle. Par exemple, un mathématicien
base de la théorie, qui paraît comme réduite à pourra s’interroger sur le sens qu’il donne au
l’état de chantier. Les acteurs du savoir se mot « existence », lorsqu’il démontre un théo­
trouvent alors dans une situation de paradoxe, rème dit « d’existence ». Il pourra feindre de
ne pouvant ni renoncer aux normes de la ratio­ s’abstenir de toute question et se dire, par
nalité, ni les laisser en l’état. Leur inquiétude exemple, « l ’existence d’une intégrale géné­
concerne ici le corps même de la doctrine, sa rale pour tel système d’équations différen­
rectitude, sa productivité conceptuelle, son tielles n’a d’autre sens que celui que lui
avenir visible. Que faire? Aborder de front confèrent les conditions “d ’existence” énon­
ces problèmes fondamentaux ou les ajourner, cées dans le théorème. “Exister” dans ce sens
s’en remettre pour les résoudre au déroule­ veut dire “satisfaire à des conditions” et rien de
ment, toujours exigeant, du travail quotidien plus ». Mais il aura dès lors répondu, sans autre
qui engendre son lot de « problèmes » précisé­ examen, à la question: «Q u’est-ce qu'exis­
ment posés ? Cette hésitation a été, en général, ter?» pour une intégrale générale. Et qu’il ait
résolue par les exigences internes de chemi­ dit : « ce n’est rien de plus que cela », suppose
nement de la science elle-même, qui tend vers qu’il a fait un choix dans le champ sémantique
sa figure d’équilibre. De l’intérieur de leur usuel où il est fait usage du mot « existence ». Il
science, et sans renoncer le moins du monde à arrivera au même mathématicien de se dire :
la rigueur de leurs procédures, les acteurs ont « Il doit exister une classe de fonctions telles
su élaborer les méthodes, les concepts et les que... ». Il peut le dire sans remords et se
langages propres à produire une telle figure contenter de définir l’une de ces fonctions.
d’équilibre, à en dégager la structure et à Mais, en ce sens aussi, il a fait son choix dans
l’exprimer en un corps d’énoncés communi­ le champ sémantique où il est fait usage des
cables. mots « exister », « classe », « fonction ». Il pose
C’est en ce sens qu’on a pu dire (en abusant par principe qu’existe la fonction qu’il sait
légèrement du sens de l’expression) que les définir. De toute façon, l’usage de la langue
mathématiques produisent aujourd’hui leur mathématique, qu’il sait contrôler, traverse et
propre « épistémologie ». Elles le font dans un crible la langue naturelle dans laquelle elle se
langage homogène, sinon au leur propre, du trouve plongée au point d’avoir à s’expliquer
moins à celui qui procure à leurs énoncés leur avec elle. 11 en va de même, dans un autre
précision maximale et la vérification de leur champ, des physiciens. Tous, par exemple,
adéquation. Ce langage est celui que les logi­ sont d’accord sur la validité et l’usage des
ciens de l’âge moderne ont construit à la suite formalismes de la mécanique quantique. Ils
de G. Frege et B. Russell. La physique et la divergent sur l’interprétation des termes thé-
biologie elles-mêmes tendent vers cet idéal miques (sur leur référence). Ces divergences
d’exactitude, que l’usage d’un langage entiè­ tiennent sans doute à ce que les formalismes de
rement explicite permettrait d’atteindre. C’est la mécanique ne produisent aucune procédure
pourquoi nous appellerons « réductibles » les de contrôle sur l’usage des expressions telles
problèmes de cohérence, de fondement, et que « objet », « réel », « particule », importées
d’adéquation, dans la mesure où ils peuvent se dans la langue «scientifique», à partir des
traduire en une langue en droit transparente, expressions de la langue naturelle dans
ÉQUIPEMENTS COLLECTIFS

laquelle la première est plongée. Si bien qu’une même qu’il est nécessaire de se poser la
phrase telle que: «Le méson n est un objet question de la référence des termes théo­
nvl », est sémantiquement mal formée. Or, s’il riques de la mécanique quantique, de même
rsi impossible d’éviter ces expressions mal il est nécessaire de s’interroger, le plus rigou­
Ibrmées, il faut bien poser les problèmes reusement possible, sur le sens que prennent
i|u'appelle leur usage. C’est un exemple des expressions telles que espace, communi­
lypique de problème que nous appellerons cation, extension, ouverture, environnement
» épistémologique ». lorsqu’il s’agit de la vie urbaine.
On ne peut espérer aborder avec quelque J.-T. D.
chance de succès de tels problèmes, en « résor­
bant» les divergences d ’interprétation ou de Urbanisme.

représentations auxquelles ils donnent lieu à


partir d’une «philosophie» préconstituée,
quelles que soient sa source ou sa tradition. ÉPURATION —►Assainissement; Eau;
11 y faut une analyse minutieuse des pré- Pollution des eaux continentales
suppositions propres à une science et des
manières (non homogènes) dont elle est plon­
gée dans les univers de discours dont elle fait ÉQUILIBRE RÉGIONAL -> Disparités
usage sans en produire cependant le contrôle. régionales
Convenons de nommer « épistémologie » la
mise en œuvre d’une analyse de cette nature.
Quant à savoir si cette épistémologie peut ÉQUIPEM ENTS COLLECTIFS
conduire à une « théorie de la science », la
question reste ouverte. On désigne comme «équipements collec­
tifs » ou parfois comme « équipements » tout
On se demandera, à juste titre, en quoi ce court, l’ensemble des installations, des
qui précède peut concerner l’urbanisme, et si réseaux, des bâtiments qui permettent d ’assu­
l’expression « épistémologie de l’urbanisme » rer à la population résidente et aux entreprises
comporte un sens raisonnable. Peut-être les services collectifs dont ils ont besoin. On
convient-il ici de reprendre notre métaphore distingue en particulier :
de l’atlas. Si l’urbanisme peut s’apprendre et — les équipements d’infrastructure : réseaux
s’enseigner, il constitue proprement, sinon et aménagements au sol ou en sous-sol (voirie et
une «science» dans le sens rigoureux du stationnement, transports et communications ;
terme, du moins une «discipline». Comme eau et canalisations ; énergie ; espaces collectifs
toute discipline, il occupe une région de aménagés) ;
notre atlas, au sein duquel il constitue un — les équipements de superstructure : bâti­
corps de formations discursives spécifiques, ments à usage collectif (administratifs, édu­
plongées dans un champ de rationalité où catifs, sanitaires, commerciaux, culturels,
vivent et se déploient d’autres formes de dis­ sportifs, etc.).
cours scientifiques, avec leurs problèmes, L’implantation d’un équipement ne consti­
leurs concepts et leurs procédures. Penser le tue jamais une fin en soi. La fin, c’est le ser­
phénomène urbain n ’est donc pas possible vice collectif que l’on veut assurer. Pour
sans un effort propre à permettre de dégager assurer ce service, il peut se trouver que
et d’expliciter les réseaux de relations qui l’implantation d ’un équipement ne soit que
dessinent la place de « l ’urbanism e» dans l’une des options possibles. Ainsi, la garde
son environnement culturel et «épisté­ des enfants d’âge préscolaire peut être organi­
mique». L’objet problématique «ville» se sée soit au domicile de certaines assistantes
trouve au lieu de fonction de démarches familiales agréées, soit dans des crèches
rationnelles qui n ’ont ni la même portée, ni la constmites à cet effet.
même origine, ni le même âge. Mesurer leur Un équipement « collectif » n’est pas forcé­
écart, chercher leur cohérence, déterminer ment «public». Le fait qu’une école, un
leurs points de divergence et de convergence, réseau téléphonique, une salle de spectacle,
c’est là un problème que l’on peut, sans un terrain de sport ou un parc de stationne­
remords, nommer « épistémologique ». Et de ment soit privé, ne lui enlève pas son caractère
ÉQUIPEMENTS CULTURELS 312

d’équipement collectif, même si la qualité et aux besoins courants des habitants (équipe­
la nature du service rendu sont différentes. ments qualifiés de résidentiels).
On distingue aussi les équipements en L’élaboration des programmes d ’équipe­
fonction du niveau de la desserte qu’ils ments, dite programmation, est à la fois tem­
assurent. Ainsi, on parlera d ’infrastructures porelle (fixation des échéanciers), financière
primaires, secondaires ou tertiaires selon et spatiale (implantation). Dans les années
qu’elles intéressent l’ensemble de la ville (et 1960, les retards pris par la réalisation des
de la communication entre les quartiers), équipements sur la construction des loge­
qu’elles desservent l’ensemble d ’un quar­ ments ont conduit à définir des normes
tier ou qu’elles restent intentes à une opéra­ d’équipements à réaliser, qu’on a réunies dans
tion immobilière donnée. À chacune de ces des grilles d ’équipements. Ces «grilles» de
catégories d’infrastructures correspond une normes d’équipement ne sont plus en vigueur,
répartition différente des financements entre mais on s’y réfère parfois encore.
la collectivité locale et le promoteur-
constructeur. J. C. et P. M.
Les lois de décentralisation des 7 janvier et Dotation générale de décentralisation (dgd) ; Dotation globale
22 juillet 1983 ont transféré aux collectivités d'équipement (D G E ); Dotation globale de fonctionnement
(dof); Intégration des équipements; Local collectif résiden­
territoriales - régions, départements et com­ tiel; Programmation des équipements collectifs; Subven­
munes - certaines compétences, et donc la res­ tions d'équipement.

ponsabilité des équipements correspondants


(par exemple, les lycées aux régions, les col­
lèges aux départements et les écoles aux com­ ÉQUIPEM ENTS C U LTUR ELS -> Centre
munes). Ces collectivités doivent les financer socioculturel ; Salle de spectacle
et assurer leur fonctionnement. Elles bénéfi­
cient à cette fin, outre leurs autres ressources,
de la dotation globale de fonctionnement, de ÉQUIPEM ENTS SANITAIRES - » Carte
la dotation générale de décentralisation, et sanitaire; Dispensaire; Hôpital
pour celles qui remplissent certaines condi­
tions de population et de potentiel fiscal, de la
dotation globale d’équipement, que leur verse ÉQUIPEM ENTS SCOLAIRES —> Carte scolaire;
l’État. Collège et lycée ; École
De la même façon, on a longtemps réparti
les équipements de superstructures en fonc­
tion de leur aire de desserte ou de l’échelon ÉQUIPEM ENTS SPORTIFS -> Équipements
de leur implantation (équipements de voisi­ collectifs ; Piscine ; Salie de sport ; Stade
nage, équipements de quartier, équipements et terrain de sport
d’agglomération, équipements d’intérêt régio­
nal).
Selon la fréquence de leur utilisation, on ÉQUIPEM ENTS TEC H N IQ UES
parle pour un équipement, et en particulier
pour les commerces, de leur caractère quoti­ Les équipements techniques d ’un bâtiment
dien, occasionnel, ou anomal. Ces quatre cri­ sont les installations qui contribuent au trans­
tères - niveau de desserte, aire de desserte, port et à la distribution des fluides néces­
fréquence d’utilisation, caractère structurant saires à l’activité (air, eau, eau usée, gaz,
ou résidentiel - sont voisins, sans se recouvrir électricité, vide, air comprimé, etc.), au trans­
exactement. port des personnes et des objets (ascenseurs,
Du point de vue urbanistique, il est utile de monte-charges), aux échanges d ’informations
faire la part entre les équipements structurants (téléphone, transports pneumatiques), à la
qui exercent un rôle moteur, soit attractif sécurité (alarme et extinction en cas d’incen­
(centre commercial, salles de spectacles), soit die, alarme en cas de vol, etc.).
répulsif (prison, cimetière) sur leur environ­ Ces équipements comportent des éléments
nement, et ceux qui ne font qu’accompagner diffus (canalisations et fils) et des éléments
une opération (on parle alors « d ’équipements bien localisés, appelés souvent appareils
d ’accompagnement») ou qui correspondent (chaudière, lavabo, radiateur, etc.). Les élé-
ua ESCALIER

11imts diffus sont incorporés dans les murs et orthogonal impose la transformation des voies
les planchers, ce qui est plus économique et étroites en escaliers quand elles escaladent la
esthétique, ou parfois nettement distincts de pente du site. La mégastructure urbaine de
eeux-ci, ce qui facilite l’entretien, les répara- l’époque minoenne, telle qu’on la voit à
lions et les modifications. Lorsqu’ils ne sont Cnossos, présente un grand escalier qui monte
pas incorporés, ils sont souvent regroupés de la cour principale où avaient lieu les céré­
dans des gaines. Certains équipements loca­ monies, tandis qu’au sanctuaire de Lindos et à
lisés sont regroupés entre eux pour constituer l’asklépion de Cos, de vastes escaliers relient
<le véritables sous-ensembles fabriqués en les terrasses des différents niveaux. Dans la
usine et assemblés sur le chantier (ex. : sous- ville médiévale, des escaliers irréguliers étaient
cnsembles salle d ’eau, sous-ensemble cui­ utilisés de façon empirique pour maîtriser les
sine). Le bâtiment tend à être de plus en plus dénivellations du site comme, par exemple, à
équipé afin de satisfaire des besoins nouveaux Prague, l’escalier qui conduit au Château.
ou de mieux satisfaire des besoins anciens. Dans les projets urbains de la Renaissance,
des escaliers larges et réguliers étaient traités
P. Ch.
comme les éléments d’un spectacle, ainsi
> Eau ; Électricité; Gaz; Réseau; Télécommunications. qu’on le voit dans l’École d ’Athènes de
Raphaël, où l’escalier et la voie qui lui fait
suite constituent la scène d’une action drama­
ÉQUIPEM ENTS TO U R IS TIQ U ES tique. Les escaliers peuvent aussi être le lieu
-> Aménagement touristique du théâtre urbain spontané, comme l’escalier
extérieur de Saint-François à Quito. Les esca­
liers servent également à mettre en valeur des
ÉROSION -> Aplanissement; Relief espaces urbains particulièrement importants.
Michel-Ange a construit un large escalier en
forme de rampe pour accéder au Campidoglio,
ERREUR -► Modèle (mathématique) ; grandiose salle urbaine destinée à servir de
Prévision ; Risque décor à de complexes cérémonies civiles. Des
escaliers composés avec art offraient un cadre
imposant, et souvent d’une élaboration icono­
ESCALIER graphique poussée, pour une église : tels les
escaliers de De Sanctis, montant à la Trinité
Série ou volée de marches connectant un des Monts à Rome, ou encore ceux des Sta­
niveau à un autre. Les escaliers permettent de tions de la Croix menant à la chapelle de
faire la jonction entre les différents niveaux Neumann à Würzburg.
d’un ensemble urbain ; ils sont utilisés comme Des escaliers inclus dans des édifices et des
voies piétonnières ou comme passages ; ils ensembles architecturaux pour des raisons
sont inclus dans des édifices ou dans des iconographiques permettaient, en outre,
ensembles architecturaux afin de prolonger l’intégration de ces architectures dans
verticalement des axes urbains. Les escaliers l’ensemble d’un cadre urbain plus vaste. Tel
urbains sont généralement construits en maté­ est le cas, particulièrement spectaculaire, de
riaux durables, pierre ou brique, et plus la Ziggourat, en Mésopotamie, ou dans le
récemment béton. La pente d’un escalier (rela­ monde Maya, à Warka ou à Ur comme à
tion entre marche et contre-marche), comme Chichén Itza et à Tenochtitlan. De même, les
l’angle de ses marches et le caractère de sa escaliers-rampes du temple d’Hatchepsout
rampe déterminent la façon dont l’escalier est sont le prolongement d’un axe qui traverse le
perçu par ses usagers. Les escaliers sont droits Nil depuis Kamak. Les escaliers de Rinaldi,
ou curvilignes, très rarement circulaires ; ils entourant l’abside de Sainte-Marie Majeure,
sont coupés par des paliers. créent une véritable scène urbaine entre la
Dans l’Antiquité, les escaliers étaient utilisés place et l’église. Les escaliers du capitale de
à des fins pratiques et cérémonielles. À Éphèse, Washington lient cet édifice aux avenues les
la voie de marbre se transforme en escalier plus importantes de la ville. Des villas,
lorsqu’elle s’incurve pour s’élever au-dessus comme celles de Poggio à Caiano et de
de la plaine ; à Priène, la régularité du plan Chiswick, se servent d’escaliers pour intégrer

I
ESPACE
314

édifices et vastes perspectives dans le paysage relations de proximité qu’il établit avec ses
environnant. Les escaliers continuent à être semblables. La proxémie de Hall annexe les
utilisés dans les ensembles urbains contempo­ concepts de territoire, de distances critiques,
rains (cf. le centre civique de Vancouver). de stress. Elle s’oppose aux prétentions scien­
Dans l’art des jardins, les escaliers consti­ tistes et universalistes des théories de l’aména­
tuent souvent des éléments fondamentaux, gement de l’espace développées par le courant
tirant parti des courbes de niveau du terrain. progressiste (de Fourier à Le Corbusier).
Bramante a utilisé au Belvédère du Vatican un Pour leur part, certains psychanalystes ont
double escalier qui lui permet de se plier à la montré le rôle important de la spatialisation
forte pente du site et de créer un contrepoint à dans le développement psychique (A. Mits-
l’imposante niche du sommet. Hildebrand a cherlich, Psychanalyse et urbanisme, 1970).
relié les deux Belvédères de Vienne au moyen Si l’espace est presque ignoré par certaines
d’un ensemble d ’escaliers et de rampes. Dans disciplines qui concourent pourtant largement
certains de ses jardins les plus importants, Le à l’aménagement et à l’urbanisme, il constitue
Nôtre a utilisé à la fois des rampes droites et la raison d’être d’un certain nombre d’autres
des rampes curvilignes comme variation de disciplines :
l’escalier, permettant d’ajuster au mieux le jar­ • l’astronomie et l’astrophysique qui étu­
din aux dénivellations du terrain. dient la constitution, la position et les mouve­
C. F. O. ments des corps dans l’espace céleste (i 'espace
infini) ;
A rt des jardins; A rt urbain; Baroque; Espace public; Théâtre.
• les études spatiales qui se consacrent aux
objets expédiés par l’homme au-delà de l’at­
mosphère ;
ESPACE • les sciences de la terre, et en particulier :
- la géodésie : étude de la forme de la terre
Etendue indéfinie qui contient et entoure tous et mesure de ses dimensions ;
les objets (Larousse). Dans cette définition, le - la géologie : étude de la composition, de
terme important est sans doute « indéfini ». la structure de l’évolution de la terre et des
Celui-ci peut d’ailleurs s’entendre dans son matériaux qui la composent ;
acception mathématique (« qu’on ne peut limi­ - la géomorphologie: étude scientifique
ter», qui est synonyme d ’infini) ou dans son des formes de la surface terrestre ;
acception banale (« qu’on ne peut définir »). 7 la géographie qui s’intéresse aux relations
Ce terme est devenu récemment d ’un qui caractérisent la vie des groupes humains
emploi généralisé, souvent excessif et dénué dans leur cadre spatial ;
de rigueur (Matoré). Kant avait montré que • l’aménagement et l’urbanisme qui trai­
l’espace était une forme a priori de la per­ tent de l’intervention volontaire et organisée
ception des humains et avait développé la phi­ de l’homme pour «disposer avec ordre»
losophie critique impliquée par cette (aménager) hommes, activités et équipements
affirmation. Pourtant, l’espace est resté quasi sur une portion de la surface terrestre, et pour
absent de certains champs d ’investigation assurer une évolution et un développement
scientifique, les préoccupations spatiales des villes à la fois harmonieux et efficace ;
apparaissant marginales, voire inexistantes, • l’architecture, c’est-à-dire la conception,
pour la plupart des économistes, des psycho­ la réalisation et la décoration des édifices ;
logues et même des sociologues. Il a, par • les arts plastiques, telles la peinture et la
contre, donné lieu à des approches spéci­ sculpture où l’espace - à travers la perspec­
fiques, par exemple à travers le concept de tive en particulier - tient un grand rôle.
proxémie humaine (Edward T. Hall, The hid-
den dimension, 1966, trad. ffanç., La dimen­ On s ’intéressera ici essentiellement à
sion cachée, Paris, 1971), qui analyse, en se l’aménagement et à l’urbanisme, et donc aux
nourrissant de constatations empruntées à échelles allant, du groupe de constructions au
l’éthologie animale et à l’anthropologie de territoire national.
l ’espace, la façon dont l’homme utilise A ces échelles, l’espace apparaît comme un
l’espace, et en particulier la nature, et les bien rare dont il importe d’organiser ration­
modalités, différentes selon les cultures, des nellement la consommation.
ESPACE
MIS

La rareté de l’espace peut se faire sentir à définir et à réglementer les densités, expri­
l’échelle de tout un territoire. Tel est le cas des mées en nombre de personnes, puis en surface
Pays-Bas qui, depuis le xnc siècle, ont récu­ de plancher construit, par unité de surface.
péré de l’espace sur la mer (poldérisation), ou Des densités maximales sont fixées par les
des plaines et vallées de Java, de Chine, etc. documents d’urbanisme, tandis qu’on recourt
I ,a pénurie d’espace est la plus aiguë en milieu souvent à des normes pour déterminer, et
urbain où elle conduit à des mécanismes spé­ réserver dans ces documents, les surfaces
cifiques de formation du prix du sol (rente nécessaires aux différentes fonctions, et en
foncière qui intègre une « rente de rareté »). particulier aux équipements publics.
L’occupation de l’espace urbain s’organise L’espace aménagé, que ce soit à l’échelle de
selon les prix du sol que les différentes activi­ la ville ou à celle de la région ou du territoire,
tés sont prêtes à payer. n ’est pas seulement un espace homogène et
L’aménageur doit en priorité s’inquiéter de isotrope. Les activités humaines s’y disposent
la disponibilité des sols sur le plan juridique, selon des règles complexes que les écono­
c’est-à-dire quant à leur propriété; sur le mistes spatiaux ont tenté de définir, qu’il
plan de leur utilisation actuelle et des possi­ s’agisse des cultures (Johann Heinrich von
bilités de la modifier. Dans les pays où le Thünen, Der isolierte Stadt in Beziehung a uf
régime le plus répandu est la propriété privée Landwirtschaft und Nationalôkonomie, 1826-
du sol, l’urbanisme s’est constamment heurté 1850-1863) ou des industries (Alfred Weber,
à l’accusation de porter atteinte au droit de Über den Standort der Industrien, 1909). Les
propriété (garanti, rappelons-le, par la Décla­ villes et autres établissements humains se dis­
ration des droits de l’homme et du citoyen) posent en réseaux (August Lôsch, Die raurn-
et il a fallu près de deux siècles en France liche Ordnungder Wirtschaft, 1940). Mais ces
(la première loi sur l’expropriation date de ordonnancements et ces réseaux suivent une
1810) pour définir les modalités d’interven­ géométrie perturbée :
tion de l’État ou des collectivités locales • par les conditions géographiques (Walter
dans l’intérêt général. Le droit distingue : Christaller, Die zentralen Orte in Süddeut-
• le sol, propriété privée sous réserve des schland, 1933);
mécanismes permettant l’intervention collec­ • par les facteurs historiques, susceptibles
tive ; de créer une anisotropie (front pionnier en
• le sous-sol, dont les produits sont pro­ Amérique du Nord, par exemple) ;
priété collective (mines) ; • par les voies de communication.
• le sur-sol ou droit de construire au-dessus L’espace aménagé est en effet un espace de
du sol, soumis aux règles d’urbanisme. La relations économiques (transports de mar­
tendance moderne est de séparer la propriété chandises) et humaines (migrations à diverses
du sol et celle du sur-sol : tel est le sens en échelles dans le temps). Ainsi l’espace appa­
France des coefficients d’occupation du sol et raît à la fois polarisé (François Perroux) et
du plafond légal de densité, mais ce dernier structuré par les voies et supports de commu­
exemple montre les difficultés, théoriques et nication (Richard L. Meier, A communication
pratiques, qui s’opposent à cette évolution. theory o f urban growth, 1962).
Le droit de l’urbanisme ne fixe pas seule­ L’homme se déplace dans l’espace :
ment les règles de l ’intervention publique — à l’échelle quotidienne : migrations,
(l’urbanisme d ’intervention). 11 réglemente dites alternantes, domicile-travail (ou école)
aussi l’utilisation du sol et la construction, et autres déplacements de proximité (achats,
assure le contrôle de ces réglementations et loisirs, etc.) ;
définit le rôle respectif des acteurs de l’amé­ — à l’échelle hebdomadaire et annuelle :
nagement urbain et ses moyens financiers vacances, tourisme ;
spécifiques. Cette mission réglementaire vise — à l’échelle d’une étape dans le cycle de
à assurer, dans l’intérêt général, un certain vie, voire de la vie entière: migrations de
ordre dans la disposition des établissements résidence, voire migrations internationales,
humains dans l’espace, y compris pour ména­ volontaires, ou forcées.
ger des zones naturelles, à des fins agricoles Les techniques de transport, comme l’aug­
ou paysagères. mentation du temps disponible et des revenus
La consommation de l’espace a conduit à ont, au moins dans les pays développés, consi­
dérablement accru ces différentes mobilités, tenance à un groupe social. Les premiers tra­
au point de complètement bouleverser le rap­ vaux de Paul-Henry Chombart de Lauwe ont
port de l’homme à l’espace. Les techniques de été prolongés, aux Etats-Unis notamment, par
télécommunication permettent, en outre, de la méthode des cartes mentales qui consiste à
mettre les individus en relation sans déplace­ faire dessiner par un individu le plan de
ment, mais ne peuvent toutefois prétendre à l’agglomération où il vit : l’espace qu’il est
remplacer celui-ci (au contraire, tout indique capable de restituer ainsi est d ’autant plus
que le progrès des communications à distance vaste que son niveau socioéconomique ést
multiplie les occasions de contacts interper­ plus élevé, et prend la forme d’une ellipse
sonnels). dont son lieu de résidence et son lieu de travail
L’espace ne peut être appréhendé indépen­ seraient les foyers. Les études sur la mobilité
damment du temps. La mobilité l’illustre quotidienne ont largement montré l’influence
bien : la fréquence dans le temps d’un dépla­ de ces deux pôles de la vie quotidienne et de
cement n ’est pas indépendante de sa longueur l’itinéraire habituellement suivi pour les relier;
dans l’espace. L’homme gère un budget- dans le choix des lieux d’achats et de loisirs. <
temps comme il gère un budget-argent et, Cette perception de l’espace est, à une
dans les lieux dont il dispose, individuelle­ échelle plus locale, guidée par la morphologie
ment ou en groupe, un budget-espace. La rela­ urbaine et par les points de repère offerts au
tion entre espace et temps est d’ailleurs une citadin. Kevin Lynch (The image o fth e city,
des voies les plus fécondes d’explication de la Cambridge, Mass., 1960) a, le premier, mis en
mobilité quotidienne (diagrammes espace- évidence les concepts (lisibilité, imageabilité,
temps de Thor Hâgerstrand). identité) et les éléments (itinéraires, nœuds,
Mais le temps intervient dans l’Utilisation repères spatiaux, quartiers, etc.) de cette ana­
de l’espace à une tout autre échelle : celle du lyse de l ’image de la ville, exerçant une
temps historique. L’histoire s ’est toujours influence considérable et suscitant des travaux
écrite dans l’espace, souvent dans les villes, a de qualité variable.
légué les bâtiments où elle se déroulait, bref, En fait, chaque citadin ne peut se situer
s’est inscrite dans la pierre. La typologie des librement dans la ville. Les mécanismes de
bâtiments, mais aussi les structures moins ségrégation (ethnique, économique, sociale,
évidentes de la morphologie urbaine (réseau démographique) de jure ou plus souvent de
viaire, parcellaire, rapports entre espace facto, limitent à la fois les espaces où un indi­
construit et non construit) sont fortement pré­ vidu peut résider, mais aussi ceux qu’il peut
gnantes et perdurent souvent, même en cas fréquenter, au moins régulièrement. Il est
de reconstructions successives, par exemple dommage que les études sur les cartes men­
dans l’Amsterdam des canaux ou le Paris des tales n’aient pas poussé plus loin leurs investi­
Halles, étudié par l’équipe d’André Chastel gations dans cette voie.
et Françoise Boudon (Système de l ’architec­ Au total, il se crée une symbolique de
ture urbaine : le quartier des Halles à Paris, l’espace. Certains espaces, à diverses époques,
1977). ont pu paraître maléfiques (la montagne jus­
Ainsi, la ville doit gérer son espace, mais qu’au xixe siècle), d’autres ont été considérés
aussi son passé, ce qui conduit à la question comme sacrés (les bois dans l’Antiquité). À
de la préservation, non seulement des bâti­ l’échelle urbaine, cette symbolique est guidée
ments isolés (monuments), mais aussi de par une perception fugitive des caractères
leurs abords, de quartiers entiers, de sites d ’un lieu, porteur à la fois de signes histo­
remarquables, bref à la notion de patrimoine. riques, sociaux et économiques : un hôtel par­
Elle doit aussi gérer son futur et la planifica­ ticulier, par exemple, évoque à la fois
tion implique la protection d ’espaces qui, par l’époque où il a été construit, la classe sociale
leurs qualités naturelles ou acquises, doivent à laquelle il était destiné (l’aristocratie) et celle
être protégés contre des interventions qui en qui l’occupe aujourd’hui (une bourgeoisie
détruiraient le caractère. quelque peu nostalgique), les valeurs fon­
L’homme, enfin, module l’espace, mais se cières et mobilières élevées.
situe dans l’espace, parfois avec maladresse. Appropriation de l ’espace, lecture de
Les études des sociologues ont montré que l’espace, symbolique de l’espace sont au
l’espace social était limité et reflétait l’appar­ nombre des composantes de ce qu’on a pu
ESPACE PUBLIC
317

appeler caractère d’un lieu, d’un site et, dans après avis de la commission départementale
le cas de la ville ou d’un quartier, caractère des sites, perspectives et paysages.
urbain ou urbanité. Les espaces boisés classés figurent sur les
documents graphiques des documents d’urba­
P.M.
nisme opposables aux tiers. Ils constituent
-> Am énagem ent; Densité; Mobilité; Proxémie; Rente fon­ une servitude d’urbanisme. Ils peuvent égale­
cière;Télécom m unications; Urbanisme. ment être définis par le préfet dans le cadre
des espaces naturels sensibles.
Un espace boisé classé ne peut recevoir
ESPACE BOISÉ CLASSÉ d ’occupation du sol, en particulier de
construction, que si elle est compatible avec
Les espaces boisés, comme le précise une le boisement (le classement se superpose en
circulaire du 8 février 1967, remplissent une effet au zonage du pos ou du plu, mais ne se
triple fonction écologique, sociale et urbaine. substitue pas à lui). Les demandes de défri­
Ils sont régis par le Code forestier en ce qui chement sont irrecevables. Les coupes sont
concerne les coupes et défrichements. Celui- soumises à autorisation. Le stationnement des
ci détermine un statut particulier de protection caravanes est interdit.
des forêts domaniales et des forêts soumises Un espace boisé classé ne peut être déclassé
au régime forestier, surveillées et gérées par que par une révision du plu (auparavant du
l’Office national des forêts. Il permet de clas­ pos ), si le classement n ’est pas obligatoire,
ser comme forêts de protection celles dont la mais pas par la procédure plus légère de la
conservation est nécessaire au maintien des modification : ce déclassement ne peut être
terres en montagne et sur les pentes, à la lutte anticipé en cours de procédure. Le déclasse­
contre les avalanches et l’érosion. ment pour cause d’utilité publique suppose
Le Code de l’urbanisme fixe par ailleurs une enquête publique ayant porté à la fois sur
un principe d’équilibre entre l’aménagement l ’utilité publique de l’opération et sur le
et la protection ; les schémas directeurs défi­ déclassement qui en résulterait. Par exception,
nissent les espaces forestiers, boisés ou peut être ouverte, sous certaines conditions, la
libres à maintenir ou à créer et organise un possibilité de déclasser au maximum un
régime de protection spécifique des espaces dixième d’un espace boisé classé et d’y auto­
boisés classés par un pos , un plu ou par un riser la construction par les propriétaires qui
document d’urbanisme opposable aux tiers. cèdent gratuitement à l’État ou à une collecti­
Ce régime peut également être appliqué vité territoriale cet espace boisé classé.
dans les communes situées dans des espaces P.M.
naturels sensibles. Enfin, la loi littoral a créé
Espace vert; Forêt; Plan d'occupation des sols; Plan local
un régime semblable pour les espaces, sites d'urbanisme (plu).
ou paysages remarquables ou caractéris­
tiques du patrimoine naturel et culturel du
littoral.
Les dispositions relatives aux espaces ESPACE O U V E R T -+ Espace vert
boisés classés concernent les forêts - forêts
domaniales et forêts soumises, bois et forêts
des particuliers - , les espaces boisés urbains ESPACE PUBLIC
- publics et privés, y compris des espaces sus­
ceptibles d’être replantés et des alignements D ’usage assez récent en urbanisme, la
plantés - , les espaces boisés du littoral, qu’ils notion d’espace public n’y fait cependant pas
soient existants ou à créer. Le classement par toujours l’objet d’une définition rigoureuse.
les documents d ’urbanisme est obligatoire On peut considérer l’espace public comme la
pour les forêts domaniales ou soumises, pour partie du domaine public non bâti, affectée à
les massifs forestiers dans lesquels le ministre des usages publics. L’espace public est donc
de l’Agriculture a refusé, après avis du formé par une propriété et par une affectation
Conseil d’État, des autorisations de défriche­ d’usage.
ment et pour les espaces boisés les plus signi­ Sous l’Ancien Régime, les biens de la Cou­
ficatifs du littoral. Le classement intervient ronne étaient indistincts, mais certains juristes
ESPACE PUBLIC 318

accordaient déjà un caractère spécifique aux que des espaces verts (parcs, jardins publics,
lieux destinés à l’usage du public. Cette dis­ squares, cimetières, etc.) ou des espaces
tinction ne fut cependant formalisée ni lorsque plantés (mails, cours, etc.).
la Révolution transféra à la Nation le domaine Par extension, de nombreux urbanistes
royal, ni, plus tard, par le Code civil. Elle fut considèrent également au titre de l’espace
établie peu à peu, à partir du milieu du public des lieux bâtis de droit privé : gares,
xixe siècle, tant par la loi que par la jurispru­ centres commerciaux, voire les moyens de
dence. A ujourd’hui, l ’espace public n ’est transport en commun ou les équipements col­
guère présent, en tant qqe tel, dans l’urba­ lectifs. On ne les suivra pas ici.
nisme réglementaire. Si sa physionomie est Entre l’espace public et l’espace privé pro­
modelée par les règlements urbains, depuis prement dits, l’architecture et l’urbanisme dis­
les plus anciens (alignements, prospects, par tinguent en outre, souvent, des espaces
exemple), seuls les espaces verts et la voirie « intermédiaires », surtout en matière d’habi­
font l’objet de dispositions générales spéci­ tat. Ainsi on qualifie par exemple d’espace
fiques dans le Code de l’urbanisme. «privatif» un espace réservé à l’usage d ’un
Mais la notion d’espace public en urba­ particulier, sans lui appartenir ; d’espace « col­
nisme ne relève pas seulement de ces aspects lectif» ou d’espace « semi-public », un espace
juridiques. Il faut aussi la mettre en relation réservé à un usage de voisinage. Dans les
avec l’émergence, à partir du xvnie siècle, années 1970, l’Etat français a encouragé une
dans la société européenne occidentale, de la politique expérimentale d’habitat social col­
notion d ’espace privé, organisée autour du lectif, focalisée sur les «espaces intermé­
modèle institutionnel de la famille restreinte. diaires », à inscrire entre le logement et
A la clôture du logement sur l’intimité fami­ l’espace public proprement dit (cf. le quartier
liale et à l’organisation interne spécialisée de de l’Arlequin, à Grenoble, ou encore l’en­
cet espace domestique, répond en effet une semble « SAP 74 » de Poitiers). Mais ces types
spécialisation des espaces extérieurs comme de lieux ne correspondent en général pas à des
« espaces publics », lieux de l’anonymat ou notions juridiques spécifiques.
des rencontres informelles. Le travail et une La réflexion sur la ville et les théories de
large part de la vie quotidienne comme de la l’urbanisme du xixe siècle se sont peu préoc­
vie civique se retirent de la rue. Les processus cupées du concept d’espace public, qu’elles
de spécialisation fonctionnelle et formelle des ont abordé de façon semblablement contin­
espaces extérieurs, engagés à la Renaissance, gente et partielle, selon qu’elles privilégiaient
se renforcent. Au xixe siècle, cet espace public les fonctions circulatoires (Haussmann,
devient l’espace de la circulation et des pro­ Cerda) ou l’organisation communautaire de la
menades marchandes ou hygiéniques que vie quotidienne (utopies de type fouriériste).
nous connaissons encore aujourd’hui. L’urbanisme culturaliste apporte, en
Ainsi la constitution d’un « espace public » revanche, une contribution plus substantielle
accompagne paradoxalement la régression à l’élaboration de la notion d ’espace public.
d’une participation directe quotidienne à la D ’abord avec les analyses morphologiques de
vie civique urbaine. L’habitat et les lieux de Camillo Sitte (Der Stadtebau, 1889), mais
travail - étrangers l’un à l’autre - dessinent surtout avec les théoriciens anglo-saxons de
en creux les lieux d ’activités banalisées, le la «cité-jardin» qui placent les espaces
domaine de « l’homme de la rue », de « l’usa­ communs au centre de leur problématique,
ger». Il faut encore rapprocher la spécificité sous les deux formes du parc et de la place.
de l’espace public de la laïcisation de la E. Howard commence la description de sa
société, et donc de la quasi-disparition d ’un ville-jardin par l’édification, au croisement
domaine concret et symbolique du sacré, des six grands boulevards radiaux, du « centre
l ’espace sacré (cf. J. Habermas, L ’espace public » (Tomorrow : a peacefulpath to social
public, trad. franç., 1982). reform, Londres, 1898). R. Unwin groupe les
En tant que composé d ’espaces ouverts, ou maisons autour d ’un espace communautaire.
extérieurs, l’espace public s’oppose, au sein Il prône également la constitution d ’un centre
du domaine public, aux édifices publics. Mais nettement marqué, regroupant des édifices
il comporte aussi bien des espaces minéraux publics : « On aura là de véritables nœuds de
(rues, places, boulevards, passages couverts) composition dans le projet de la ville » (Town
319 ESPACE VERT

planning in practice, Londres, 1909). De de surface (tramway et autobus en site propre),


telles démarches reposent surtout sur l’exa­ l’insertion des bicyclettes dans le trafic moto­
men de la relation entre l’individu et la com­ risé (voie réservée ou confondues avec celle
munauté, saisie à l’échelle du voisinage. des autobus ou emprise sur les trottoirs,
De son côté, l’urbanisme progressiste, codi­ comme par exemple à Strasbourg) ou l’acces­
fié par la Charte d’Athènes (1933), rejette la sibilité des espaces publics aux personnes à
complexité spatiale de la ville traditionnelle, mobilité réduite (sur fauteuil, malvoyantes ou
ne laisse pas de place à une distinction selon malentendantes). Le vocabulaire haussman-
les modes ou les degrés de socialisation des nien, et plus largement celui du génie urbain
espaces urbains. L’opposition radicale de la du xixe siècle, s’est donc enrichi de refuges,
« surface bâtie » et de la « surface libre » com­ de séparateurs et d ’avancées ou d ’abaisse­
posée « d’équipements collectifs » de plein air ments de trottoir permettant à chacun de trou­
(parc, forêts, terrains de sport, stades) établit ver sa place dans l’espace public, souvent au
cette dernière hors de toute échelle conviviale. prix d’une esthétique appauvrie.
À partir des années 1960, les échecs de Enfin, plus récemment, les espaces publics
l’urbanisme du mouvement moderne, joints ont fait l’objet de nouvelles modalités d ’amé­
aux analyses d ’un courant critique et de la nagement au titre des aménagements durables
sociologie urbaine, depuis lés travaux améri­ et dans le cadre des éco-quartiers. L’éclairage
cains de J. Jacobs, H. Gans, D. Riesman, public, le recueil et le filtrage des eaux de ruis­
R. Gutman, R Goodman ju sq u ’à ceux de sellement, les réseaux de collecte des déchets
H. Coing (Rénovation urbaine et changement ou les plantations font alors l’objet de traite­
social, Paris, 1967), attirent systématiquement ments particuliers signalant l’attention portée
la réflexion sur le rôle des espaces publics à la qualité environnementale.
dans la vie citadine. Quelles que soient les solutions adoptées et
Si pour J. Jacobs, « espace public et espace les efforts tentés pour rétablir une polyfonc-
privé ne doivent nullement se fondre l’un tionnalité des espaces publics, il n’en demeure
dans l’autre, comme c’est le cas dans les réali­ pas moins que la notion même d’espace public
sations et ensembles suburbains » (The death - en admettant qu’elle ait encore un sens -
and life o f great American cities, 1961), demande, comme la notion corrélative de pra­
Ch. Alexander privilégie, au contraire, dans sa tique sociale collective, à être repensée dans le
conception participative, une grande sophisti­ contexte historique actuel des sociétés occi­
cation de l ’aménagement et des statuts dentales et appelle, de la part des urbanistes,
d’usage des espaces extérieurs, respective­ une grande circonspection.
ment articulés aux lieux bâtis qui les jouxtent P. N. et V. S.-M. G.
ou qu’ils relient (The Oregon experiment,
1975). Cette approche, évolutive, n ’a rien -+ Forum; Histoire; Place; Post-moderne; Post-urbain; Rue;
Urban design.
perdu de son actualité.
Largement passés dans 1’urbanisme opéra­
tionnel depuis une quinzaine d ’années, les
débats modernes sur les formes et les signifi­ ESPACE VER T
cations de l’espace public dans l’aménage­
ment urbain sont encore largement dépendants Locution évocatrice mais imprécise, dont il
de références le plus souvent mal maîtrisées à semble que l’inventeur en France fut, aux
l’histoire et à la morphologie des espaces, qui environs de 1925, J. C. N. Forestier, conser­
semblent aujourd’hui correspondre à cette vateur des parcs et jardins de Paris.
notion et qui font l ’objet de transpositions Premiers espaces verts du genre, les « parcs
réductrices, purement formelles. et jardins » ont toujours été présents dans la
Les espaces publics du XIXe siècle ont par ville depuis la plus haute antiquité mais, bien
ailleurs été largement revus dans leur fonc­ que souvent ouverts au public, ils ne consti­
tionnement afin d ’intégrer des usages nou­ tuaient pas des jardins publics, au sens
veaux et des projets politiques. Le profil en contemporain du terme.
travers de façade à façade a connu des évolu­ À l’époque médiévale, la ville était encore
tions notables permettant en particulier l’inté­ largement pénétrée par la campagne ; elle ne
gration de transports en commun structurants s ’en libéra d ’ailleurs tout à fait qu’au
ESPACE VERT
320

XIXe siècle. Les jardins ménagés dans ses végétaux des espaces minéraux avec planta­
zones bâties les plus denses étaient de petite tions d’arbres, on utilise aujourd’hui, parfois,
taille et revêtaient un caractère souvent utili­ l’expression «espace planté» pour nommer
taire. les seconds. La notion de «parcs et jardins
Les jardins de cette époque sont réguliers. publics » isole, quant à elle, ce qui relève du
Composés sur une trame de carrés, ils n’accu­ domaine public, hors la voirie plantée.
saient que rarement un axe principal. Les fon­ En 1854, le baron Haussmann créa le ser­
taines étaient présentes et les labyrinthes très vice des promenades et plantations de la ville
fréquents. A Paris, les jardins de l’hôtel Saint- de Paris, dont Alphand, « ingénieur en chef
Paul, exécutés au xixe siècle sous Charles V, des embellissements de Paris», devint le
étaient connus de toute l’Europe. La ménagerie, directeur. L’espace vert n ’était plus œuvre
qui est à l’origine du nom de la « me des Lions d’un architecte ni d’un artiste paysager, mais
Saint-Paul», et l’importante treille (me d ’un gestionnaire de service public. Ouverts à
Beautreillis) en étaient deux éléments notables. tous, les « espaces verdoyants » devaient être
Le grand jardin, composé symétriquement disposés dans la capitale de manière à ce que
autour d’un axe central, largement dominant, chacun puisse également s’y rendre. Parcs
mais fermé à son extrémité, apparaît au périurbains et jardins intra-urbains (jardins
xvie siècle, en Italie. Il devait inspirer Le publics, parcs, squares), promenades, places
Nôtre, au xvne siècle, qui cherchait cepen­ et voies plantées, furent ainsi localisés précisé­
dant rapidement à l’ouvrir vers l ’infini ment dans un souci de complémentarité,
(cf. Versailles et l’avenue des Champs- d ’équilibre et d ’homogénéité. En une ving­
Elysées, tracée en prolongement des jardins taine d’années, plus de 1 800 ha d ’espaces
des Tuileries ju sq u ’à l ’Étoile et Saint- verts ont été ainsi créés.
Germain-en-Laye). L’aménagement de ces lieux s’accompagna
Les jardins commencèrent à s’affirmer de la conception et de la mise en place d’un
comme des lieux de vie sociale. Versailles mobilier urbain original, chargé d ’affirmer la
était accessible à chacun, en permanence, et logique publique et l’identité de l’aménagement
l’aristocratie en vint à ouvrir au public, à cer­ végétal qui ponctue et irrigue alors la ville.
taines occasions, les jardins de ses hôtels par­ Au lendemain de la première guerre mon­
ticuliers. Quelques-uns d ’entre eux, comme diale, le débat sur les fortifications de Paris
celui du Palais-Royal, devinrent les bases (libérées de leur servitude militaire, puis
essentielles de la vie civique, des centres acquises par la Ville) donna lieu aux projets de
d ’échange entre la noblesse moderniste et les création d’une « ceinture verte » autour de la
élites bourgeoises. capitale, propre à modifier considérablement
À la fin du xvme siècle, les thèmes rous- son image. De grandes déclarations en petites
seauistes et l’influence des «parcs paysagers » concessions, la ceinture verte a été déchique­
anglais marquèrent, à leur tour, les arrange­ tée à la suite de construction de logements
ments des jardins. sociaux et de grands équipements, pour la plus
Mais c’est sous le Second Empire que ces grande part, jusqu’à ce que la réalisation du
derniers acquirent les formes et les modes boulevard périphérique scelle définitivement
d ’usage qui caractérisent « le jardin public » son sort. Le thème de la ceinture verte ne
encore si présent dans nos villes. C ’est en effet cessa, depuis, de réapparaître chaque fois
une politique globale de définition et d’amé­ qu’un grand projet d ’infrastructure affectait
nagement des espaces verts que le baron telle ou telle «couronne» de l’agglomération
Haussmann mit en place. Pour des motifs parisienne.
d’hygiène, le préfet de Paris attachait, comme Outre les réalisations haussmanniennes,
Napoléon III lui-même, une grande impor­ deux pôles théoriques ont marqué la question
tance aux «promenades et plantations». Le des espaces verts depuis la fin du xixe siècle
premier, il les désigna d’un terme global, celui et jusqu’à une époque récente. Leurs principes
« d’espaces verdoyants ». Il définit une typo­ connurent, d’ailleurs, de nombreuses applica­
logie des espaces à créer ou à aménager selon tions, au moins partielles.
des modalités précises, correspondant aux Le premier pôle est celui de la «cité-
unités urbaines desservies par chacun d’eux. jardin » et des variations de ce thème. La végé­
Afin de distinguer les espaces strictement tation y est intégrée à toutes les composantes
ESPACE V ER T
321

île la ville. Elle est, en fait., un élément struc­ verts urbains et de proximité (25 m2 avec les
turant de premier ordre par l’articulation des espaces dits «de fin de semaine»). En 1974,
jardins privés ou communautaires, des voies un recensement général des espaces verts fut
fortement plantées et des parcs centraux. ordonné par le ministre de l’Environnement,
Le second pôle, postérieur, est celui du avec mise à jour permanente.
« mouvement moderne ». Une fois posés les L’urbanisme réglementaire s’est attaché à
immeubles ou gratte-ciel et les grandes voies encourager la réalisation d ’espaces verts.
de circulation, l’espace vert, c’est tout le Ainsi, une circulaire de 1973 sur les zones
reste. Véritable manifeste, la cité ouvrière de d’aménagement concerté obligea-t-elle à amé­
Siemensstadt à Berlin (1929), dessinée par nager 10% au moins de la superficie de
W. Gropius, ne connaît ainsi, hors du loge­ chaque zone en espaces verts d’au minimum
ment, que la coursive de chaque étage et le 1 500 m2. De manière plus large, le Code de
parc au-dehors. l’urbanisme ouvre la possibilité de subordon­
ner l’attribution d’un permis de construire à la
En 1960, à l’occasion de l’élaboration du réalisation d’espaces verts (R 111-7). Une loi
Plan d’aménagement et d’organisation géné­ de 1976 (eu: L 142-2) instaure une «taxe
rale de la région parisienne, un contenu, rela­ départementale d ’espaces verts», sur le
tivement précis, est donné à la notion modèle de la «taxe locale d’équipement»,
d’espaces verts. Elle recouvrait la volonté de destinée au financement de toute intervention
mettre en valeur, d’aménager et de développer départementale en matière d’espaces verts ou
les espaces de nature, présents à l’intérieur et de conservation du littoral. L’Etat peut, en
à l’extérieur des grandes agglomérations et outre, accorder des subventions pour tout type
dont la nécessité s’impose, d’une part pour d’espace vert accessible au public.
répondre aux multiples besoins des citadins, Dans le développement des grands ensem­
et d’autre part pour assurer la structure du bles, la question de l’enfant a été placée au
paysage d’un monde rural, menacé par le centre des problématiques sur les espaces
développement anarchique de l’urbanisation. verts. Selon les tranches d’âges et les des­
L’intérêt de cette démarche a été de faire sertes, on multiplia les définitions de lieux et
prendre en compte une politique globale et de de leurs aménagements, conçus comme des
l’inscrire dans les documents d’urbanisme au équipements normalisés, de l’aire de jeux au
même titre que les autres grands équipements. terrain pour l’aventure.
De cette politique régionale sont nées une Se fondant sur les concepts d’écologie et de
série de mesures réglementaires telles que : qualité du cadre de vie, une politique plus
protection des espaces boisés spécialement déterminée de valorisation de la nature fut
protégés, établissement de zones non aedifl- ensuite impulsée. Elle se manifesta cependant
candi applicables aux espaces verts, prévision plus dans l’aménagement des villes nouvelles
obligatoire, au moment de la construction ou dans celui de vastes espaces verts
d’immeubles d’habitation, des espaces verts « d ’agglomération» périphérique, tels que les
nécessaires, recherche des normes traduisant espaces boisés ou les bases de loisirs, qu’au
des objectifs de grandeur souhaitables mais sein même de la ville traditionnelle.
jamais appliquées à l’époque, etc. C’est une autre opportunité qui conduisit,
L’imprécision de la notion des espaces depuis ces dernières années, à poser la ques­
verts qui, de toute façon, ne tient pas compte tion d’une définition contemporaine du rôle et
des limites administratives, rend difficiles les de l’aménagement des espaces verts publics
comparaisons internationales : Paris, Londres, au sein de la ville : la libération de grandes
New York, Tokyo, disposent d’environ 10 m2 emprises foncières publiques (friches indus­
d’espaces verts par habitant, moins que trielles, casernes ou grands équipements
Bruxelles (28 m2) ou que les grandes villes reportés en périphérie, etc.). Le concours
allemandes qui durent être reconstruites après international pour l’aménagement du parc de
la seconde guerre mondiale (Dortmund: La Villette à Paris, sur 35 ha, a été à ce titre un
123 m2). À la même époque, période de nor­ événement.
malisation quantitative des équipements
publics, en France, des circulaires ministé­ À l’heure actuelle, les espaces verts propre­
rielles fixèrent un objectif de 10 m2 d’espaces ment dits peuvent prendre des formes difïe-
ESPACE VERT
322

rentes et occuper des superficies et des empla­ titre que les autres, en oubliant que la plupart
cements variables selon les besoins auxquels d’entre eux apportaient une réponse unique à
ils répondent, leur aire d’influence et la diver­ une question unique. L’évacuation des eaux,
sité du milieu urbain avoisinant. Divers types les circulations, les aires de stationnement,
de classement sont possibles selon : par exemple, peuvent être réglées par le cal­
— la localisation (urbaine, suburbaine, cul parce que les besoins exprimés sont uni­
rurale) ; voques et que, seuls, se posent des problèmes
— leur degré d’aménagement ; techniques complexes.
— leur statut de propriété (public, privé, En raisonnant par analogie, on a considéré
privé ouvert au public) ; que les espaces verts devraient répondre avant
— le type d’utilisateurs ; tout aux besoins d’exercice physique des cita­
— la fréquentation (quotidienne, hebdoma­ dins, et même d ’une seule catégorie priori­
daire, occasionnelle, etc.). taire : celle des jeunes enfants. L’exemple le
On distingue, aux différents niveaux : plus frappant est celui des grands ensembles
— de l’unité d’habitation : les jardins où les espaces verts, qui occupent des délaissés
privés et jardins d’immeubles (aires de jeux, de terrain, sont conçus comme étant un com­
aires de repos et pelouses) ; plément du logement et constituent même un
— de l’unité du voisinage : les squares, alibi à la mauvaise conception d ’un habitat
places et jardins publics, terrains pour l’aven­ ignorant lui-même la multiplicité des besoins
ture, plaines de jeux, terrains de sports sco­ et des aspirations de ceux qui les occupent.
laires, parcs de voisinage) ; L’échec de ce type d ’espaces verts, pure­
— du quartier : parcs de quartier, prome­ ment et étroitement fonctionnels, est si évident
nades, terrains de sport ; que les utilisateurs les abandonnent car la
— de la ville : parcs urbains, parcs d’attrac­ prise en compte des seuls besoins élémen­
tions, jardin botanique, jardin zoologique, taires a conduit à une uniformité affligeante. Il
équipements sportifs polyvalents ; faut imaginer alors une autre attitude qui,
— de la zone périurbaine : bases de plein s’efforçant d ’aller au-delà des besoins de type
air et de loisir, forêts-promenades, terrains de matériel, mais sans les négliger pour autant,
campage, parcs d’attractions ; tiendrait compte d ’aspirations conscientes ou
On appelle coupure verte, les zones de inconscientes, plus profondes et plus subtiles,
discontinuité qui doivent séparer les agglo­ qui feraient entrer en ligne de compte la sym­
mérations et empêcher leur croissance désor­ bolique, l’imaginaire et la sensibilité esthé­
donnée. Soumises aux fortes pressions de tique, et qui aboutirait à un polymorphisme
l’urbanisation, elles nécessitent une protec­ des espaces verts.
tion particulière et des aménagements spéci­ Comme pour toute œuvre d ’art, il s’établit
fiques. Trop vastes pour que l’agriculture y donc entre l’espace vert réalisé et celui pour
disparaisse, elles doivent être protégées des lequel il a été imaginé, un langage par-delà
pressions foncières spéculatives et des les langues différentes. En fait, en plus de la
troubles causés à l’agriculture par les prome­ satisfaction des besoins très élémentaires, il
neurs venus de la ville. semble que les utilisateurs attendent des jar­
On appelle trame verte le réseau hiérarchisé dins et des espaces verts qu’ils comportent
d’espaces naturels plantés, reliés entre eux par aussi la part de l’esprit et de l’imaginaire.
des cheminements bordés d’arbres pour les C’est en cela qu’existe « l’art des jardins ».
piétons et les cyclistes. L’espace vert, de quelque type que ce soit,
Quant aux espaces verts, ils remplissent se présente aussi comme la contrepartie idéa­
plusieurs fonctions : lisée des conditions de vie en milieu urbain :
— production (agriculture, forêt) ; — à la contrainte de la ville succède la
— préservation des ressources naturelles liberté dont on jouit dans les espaces verts ;
(flore, faune) et humaines; — l’étroitesse des espaces fermés (apparte­
— ouverture au public pour le repos, la ment, me) est compensée par la grandeur des
détente, l’oxygénation, les loisirs. espaces ouverts que sont les espaces verts ;
Durant les cinquante dernières années, les — l’ombre, parfois inquiétante des mes de
espaces verts publics urbains ont été consi­ la ville, trouve une contrepartie dans la
dérés comme un équipement urbain au même lumière qui inonde les espaces naturels ;
323
ÉTABLISSEMENT HUMAIN

— enfin, la dimension quelque peu artifi­ soit encore d ’une volonté de limiter la taille
cielle, bien que sécurisante, du milieu urbain, des établissements, ou enfin d’une adaptation
parce qu’il est en majeure partie minéral, au territoire qui constitue l’aire de recrute­
disparaît dans les espaces verts au profit d’un ment et de clientèle de l’entreprise (dans le
milieu végétal auquel l’homme a été habitué commerce en particulier), et bien entendu
durant la quasi-totalité de son histoire. souvent de plusieurs de ces raisons conjointe­
L’espace vert apporte, en outre, une réponse ment.
aisée à la dualité calme-sécurité/risque, que Si l’entreprise est l’unité juridique et finan­
recherche l’homme dans son développement, cière de production, l’établissement est donc
en offrant une oasis de calme et de sécurité au l’unité spatiale et fonctionnelle, caractérisée
milieu des dangers de la ville, et en permet­ par son adresse, son (ou ses) activité(s),
tant, par le jeu et l’exercice, le risque sans l’entreprise dont elle dépend. Si l’établisse­
danger. Par ailleurs, le couple associativité/ ment comporte une activité permanente, cette
rencontre et individualité/isolement, est facile­ dernière est placée sous la responsabilité d’un
ment évoqué par les lieux de rencontre et les directeur ou d’un gérant qui exerce celle-ci par
possibilités d’isolement qu’offrent les espaces délégation des responsables de l’entreprise et
verts. selon leurs instructions.
On compte, en France, en 2005, 3,04 mil­
J.-B. P.
lions d’établissements. La majorité (1,75 mil­
> Bois; Forêt; Jardin public; Parc; Parc naturel; Paysage; lion) n ’a aucun salarié. 1 050 000 en ont
Plantation ; Promenade. moins de 10, 224 000 entre 10 et 199, un peu
plus de 7 000 entre 200 et 2000 salariés et
seulement 118 qui ont plus de 2000 salariés.
ESPÉRANCE DE VIE -> Mortalité La répartition de ces établissements par
branche d’activité est la suivante :
— 300 000 dans l’industrie ;
ESPLANADE -> Place — 370 000 dans la construction ;
— 800 000 dans le commerce ;
— 115 000 dans les transports ;
ÉTA B LISSEM EN T — 95 000 dans les activités immobilières ;
— 540 000 dans les services aux entre­
Lieu où s’exerce une activité économique prises ;
de production ou d’échange de biens ou de — 820 000 dans les autres services (aux
services. L’établissement est caractérisé par particuliers, santé, éducation et action sociale).
son unité géographique (terrain, bâtiments, P. M.
installations...) mais n ’a ni la personnalité
juridique ni l’autonomie financière qui appar­ - > Entreprise; Établissement classé.
tiennent à l’entreprise. Une entreprise peut
comporter un seul établissement (entreprise et
établissement sont alors confondus en un É TA B LIS S E M E N T CLA SSÉ — Installations
même lieu) ou plusieurs établissements, dont classées
un seul abrite le siège social de l’entreprise.
Dans certains cas, l’établissement peut ne pas
correspondre à une activité permanente É TA B LIS S E M E N T H UM AIN
(exemple : dépôt) ou être délicat à cerner
(exemple : entreprise de transport). La multi­ Toute installation qui marque la stabilisa­
plicité des établissements d’une même entre­ tion provisoire ou définitive des hommes et
prise peut résulter soit d’une extension des s’inscrit dans le paysage par des tentes, des
activités de celle-ci, soit d ’une absorption caravanes, des cabanes, des huttes, des mai­
d’autres entreprises, soit d ’une division du sons et par leurs dépendances.
travail fonctionnelle (exemple : siège social, Ce sens, ignoré par les dictionnaires, a été
usines, laboratoires, etc.), soit de spécialisa­ introduit par Vidal de La Blache qui
tion (production de biens différents, ne faisant consacre un chapitre des Principes de géo­
pas appel aux mêmes techniques et matériels), graphie humaine (1922) aux «établissements
ÉTABLISSEMENT PUBLIC 324

hum ains». Le terme est l ’équivalent de mis aux règles du droit administratif, pour ce
l’anglais human settlement, largement utilisé qui concerne leur organisation et leur fonc­
par les organisations internationales. tionnement. Les modalités du contrôle de
Les établissements humains sont de toutes tutelle auquel ils sont soumis varient beau­
dimensions : de la maison isolée aux plus coup et laissent parfois à l’établissement une
grandes villes, la gamme est continue. Il est très large autonomie (Caisse des dépôts et
commode d ’opposer l’habitat dispersé et consignations).
l’habitat groupé et, au sein de celui-ci, d’intro­ La création d ’établissements publics
duire une coupure entre les villages et les locaux, par une ou plusieurs commîmes agis­
villes. Mais quel critère choisir? La popula­ sant conjointement, permet de donner à une
tion agglomérée (2 000 habitants en France) activité spéciale une plus grande autonomie
ou un ensemble de traits dans lesquels le de gestion, d’y associer divers organismes
nombre des habitants est modulé en fonction dont les représentants seront appelés à siéger
de leurs activités ou des caractères du bâti ? dans leur conseil d ’administration. Ces éta­
À la limite du village et de la ville, se situe blissements sont placés sous le contrôle de la
le bourg ; on trouve ensuite toute une hiérar­ collectivité qui les crée ainsi que sous celui
chie de petites villes, villes moyennes, de l’État. La formule a été notamment utili­
grandes villes (qui sont souvent des métro­ sée pour des Offices publics d’habitations à
poles régionales), capitales. L’image est com­ loyers modérés (ophlm) ainsi que pour des
pliquée par l’étalement des établissements bureaux d’aide sociale. Comme pour les éta­
humains, de plus en plus marqué dans le blissements publics créés par l’État, la for­
monde contemporain, ce qui a conduit à intro­ mule permet aux collectivités territoriales de
duire les notions de concentration, d ’agglo­ tirer parti des différents attributs attachés à la
mération, de zone de peuplement industriel et reconnaissance de la personnalité morale :
urbain, de conurbation et, a une autre échelle, possibilité de posséder un patrimoine et de
de mégalopole. passer des conventions ; autonomie budgé­
P. C. taire; constitution d ’organes de gestion spé­
cifiques.
-*■ Bourg; Habitat; Ville. La gestion des établissements publics
administratifs étant assurée par un organe
délibérant (conseil) et par un organe exécutif
ÉTA B LIS S EM EN T PUBLIC (président ou directeur), c’est généralement la
composition de l’organe délibérant qui rensei­
«Notion aux frontières imprécises», selon gne le plus clairement sur la pensée qui a
la formule utilisée par le Conseil d’État dans présidé à sa création. Les textes créant un éta­
un rapport de 1971 sur la réforme des éta­ blissement public ne précisant parfois pas
blissements publics. On désigne par cette clairement la catégorie à laquelle il appartient,
expression un organisme menant une activité ce sont les juridictions saisies qui établiront,
d’intérêt public, au niveau national ou local, le cas échéant, les critères, relatifs à la nature
doté d’une personnalité, d’un patrimoine et des activités et aux règles de fonctionnement.
d’un budget propres.
Pour les établissements publics nationaux, Y. P.
créés par l’État, comme pour les établisse­ -> Établissement public d'aménagement; Établissement public
ments locaux, créés par les collectivités terri­ d'aménagement de ville nouvelle; Établissement public fon­
cier; Établissement public régional; Groupement de com­
toriales, les conditions de leur création sont munes; Urbanisme opérationnel.
nécessairement fixées par le législateur, en
vertu de l’article 84 de la Constitution. On
distingue des établissements publics indus­ É TA B LISSEM EN T PUBLIC D 'A M É N A G E M E N T
triels et commerciaux et des établissements (EPA)
publics administratifs. Les premiers ont une
gestion qui est largement soumise au droit Forme particulière d ’établissement public
privé : comptabilité commerciale, personnel d ’État à caractère industriel et commercial
relevant en principe du régime des salariés de dont l’objet social, l’organisation statutaire et
droit privé. Les seconds sont entièrement sou­ les modalités de fonctionnement sont régis par
tra. ÉTABLISSEMENT PUBLIC D'AMÉNAGEMENT

le ( 'ode de l’urbanisme. Ils sont compétents 16) et des opérations d ’urbanisme en secteur
pour réaliser pour leur compte ou, pour celui déjà urbanisé (La Défense, Euroméditerranée,
tic l’État, d ’une collectivité locale ou d ’un Saint-Étienne) ou non (les villes nouvelles).
mitre établissement public, ou pour faire réali- Une première génération d’EPA a été créée
Ncr toutes interventions foncières et opérations pour lutter contre la spéculation foncière en
d'aménagement prévues par ce Code. Ces région parisienne (aftrp) et pour l’aménage­
organismes sont créés par un décret en Conseil ment de la zone de La Défense (1958), puis
d'fitat, qui précise leur objet, leur zone de pour celui des villes nouvelles (1969 à 1973).
compétence territoriale, la composition du Par la suite, pendant plus de deux décennies,
conseil d’administration, le mode de représen- cette structure a été ressentie par les collectivi­
Intion des collectivités locales concernées, la tés locales comme une intrusion abusive de
désignation du personnel de direction et les l’État et seul un nouvel epa a été créé : I’epa-
pouvoirs de chacun. Ils bénéficient de préro­ France (pour l’aménagement du parc
gatives exorbitantes de droit commun pour Eurodisneyland) en 1987. Au milieu des
remplir ces missions, notamment des droits années 1990, certains élus ont pensé que
d’expropriation et de préemption. Ils sont sou­ l’autorité et les moyens de l’État pouvaient
mis à la comptabilité publique, ainsi qu’au faciliter la réalisation d’opérations complexes
contrôle économique et financier de la Cour d’aménagement. Les epa, outre ceux des bas­
des comptes. Ces établissements bénéficient sins fluviaux, se sont multipliés depuis:
de fonds selon les conditions de leur création Euroméditerranée (quartiers dégradés du
(dotation propre pour l’Agence foncière et centre de Marseille près du port) en 1995, epa
technique de la région parisienne, aftrp, qui du Mantois-Seine aval (grands ensembles en
est un établissement public foncier menant des difficulté et, depuis 2007, l’ensemble de l’aval
opérations d’aménagement) et eurent recours de la Seine de Poissy à Bonnières), epa du site
aux prêts du fnafu jusqu’à la disparition de de Jussieu (désamiantage et restructuration) en
celui-ci en 1994. Aujourd’hui, tous ces éta­ 1997, epareca en 1998, epa Seine-Arche (pro­
blissements fonctionnent avec leurs res­ longement à l’ouest de La Défense) en 2000
sources propres (recettes de leurs opérations (en cours de fusion avec celui de La Défense),
d’aménagement) et, en Île-de-France, peuvent epa de la plaine de France (communes défavo­
faire appel au Fonds d ’aménagement de la risées et friches industrielles au nord de Paris)
région Ile-de-France. en 2002. Une troisième vague d’EPA a été créée
Son caractère industriel et commercial récemment: I’epa d’aménagement universi­
donne à l’établissement public d’aménage­ taire en 2006, epa Orly-Rungis-Seine amont et
ment (epa) la souplesse nécessaire de fonc­ epa de Saint-Étienne en 2007, epa de la Plaine
tionnement sur le plan opérationnel. Son du Var (Éco-Valllée) en 2008 et un epa, très
caractère paritaire - élus, État - ne doit cepen­ controversé, est en voie de création pour le
dant pas faire illusion: c’est un instrument pôle scientifique et technologique de Saclay.
créé (et éventuellement dissout) par l’État, à En outre, certains epa ont été transformés, soit
son initiative, pour réaliser un projet voulu par que leur mission initiale soit achevée, soit
l’État qui en assure, en outre, le contrôle (sur qu’elle ait été élargie ou modifiée : I’epareb
le plan administratif, par les préfets, sur le (ville nouvelle des rives de l’étang de Berre)
plan des projets dans un cadre interministériel, est devenu I’epad Ouest-Provence en 2002,
sur le plan de la gestion financière par les I’epida (ville nouvelle de l’Isle d’Abeau) est
règles de la comptabilité publique) ; les collec­ devenu epa Nord-Isère (epani) en 2009. Enfin,
tivités locales sont seulement consultées avant certains epa ont mis leurs équipes à la disposi­
sa création. tion d’un autre epa : tel a été le cas de celui de
Certains epa ont une vocation régionale, la ville nouvelle de Marne-la- Vallée auprès de
telle F aftrp (1962), voire nationale sur un l’EPA-France (depuis 1987) et de I’epa de la
thème précis, tel I’epareca, établissement ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines
public d ’aménagement et de restructuration (avant sa disparition en 2004) auprès de l’EPA
des espaces commerciaux et artisanaux (1998) Mantois Seine-aval (à partir de 1996).
ou I’epa d’aménagement universitaire (2006). Les opérations menées par les établisse­
La plupart concernent un type d’aménagement ments publics d’aménagement, y compris les
particulier, tels les bassins fluviaux (il y en a villes nouvelles, sont coordonnées, depuis
ÉTABLISSEMENT PUBLIC D'AMÉNAGEMENT DE VILLE NOUVELLE 328

1999, par le groupe central des grandes opé­ phase préalable à la décision finale de
rations d’urbanisme qui a succédé au groupe construire la ville nouvelle, elle-même mar­
central des villes nouvelles. quée par la création de I’epa. Cette procédure
N. B. transitoire avait été décidée par une directive
du Premier ministre du 4 avril 1966. Les mis,
-* Établissement public; Établissement public d'aménagement sions d ’études et d ’aménagement se sont
de ville nouvelle; Établissement public foncier; Groupe cen­
tral des grandes opérations d'urbanisme. assez vite installées sur le site même des villes
nouvelles et une de leurs tâches a été d’obtenir
des élus locaux un degré minimal de consen­
ÉTA B LIS S EM EN T PUBLIC D 'A M É N A G E M E N T sus, qui était loin d ’être acquis au départ;
DE VILLE N O UVELLE autour du projet de ville nouvelle. Ces mis­
sions ont été créées entre 1966 (Évry et
Organisme aménageur chargé de l’aména­ Cergy-Pontoise) et 1969 (Mame-la-Vallée,
gement d’une ville nouvelle. Melun-Sénart, rives de l’étang de Berre) :
Créé par décret en Conseil d ’État, après cette phase transitoire a donc duré de un à
consultation des collectivités locales - entre quatre ans.
avril 1969 (Lille-Est, Cergy-Pontoise et Évry) Les missions de l ’établissement public
et octobre 1973 (Melun-Sénart) - , il est admi­ d ’aménagement d ’une ville nouvelle
nistré par un conseil comportant pour moitié s’appliquent dans un périmètre d ’intervention
des élus locaux (élus par leurs pairs) et pour défini par le décret de création. Elles sont
moitié de représentants de l ’État. Cette multiples :
composition type a été modifiée par la suite, — planification : préparation des sdau, des
en application de la loi Rocard du 13 juillet pos et des PAZ qui sont proposés à l’État et
1983, la moitié des sièges restant attribués aux collectivités locales ;
aux collectivités locales, le président étant un — réalisation de réserves foncières (expro­
élu. Les services sont sous la responsabilité priations, préemption, achats amiables) ;
d’un directeur général, nommé par le gouver­ — aménagement des sites (voirie primaire,
nement, et comportent une centaine de per­ assainissement) ;
sonnes, les urbanistes ayant cédé peu à peu le — conception et exécution, en tant que
pas aux spécialistes opérationnels (ingénieurs, maître d’ouvrage délégué, des équipements
financiers, commerciaux). qui seront gérés par la collectivité locale (ou
Le mécanisme de I ’epa a été préféré pour l’organisme qui les regroupe, le syndicat
les villes nouvelles à celui de la société d’éco­ d ’agglomération nouvelle) ;
nomie mixte parce que celle-ci suppose une — aménagement des terrains à construire
initiative de la collectivité locale et qu’elle qui sont vendus (ou loués à long terme aux
l’oblige à courir le risque financier de l’opéra­ promoteurs de logements, aux industriels, aux
tion (garantie des emprunts notamment). La collectivités publiques, etc.), en utilisant les
formule de I ’epa permet l ’association, pour procédures de zai, de zac, etc. ;
une longue durée, de l’État - initiateur et pro­ — coordination entre les administrations,
priétaire des terrains et qui a financé les pre­ les collectivités locales et les acteurs privés,
mières opérations - et des collectivités locales sur le plan du financement, de l’échéancier de
dont les attributions (équipements publics, réalisation des équipements publics, des loge­
impôts locaux) sont maintenues. ments et de la création des emplois (program­
Dans une étape intermédiaire, les établisse­ mation), sur le plan technique ;
ments publics d’aménagement des villes nou­ — extension, dans certains cas, de son rôle
velles ont été préfigurés par des missions d’aménageur à celui de promoteur (centres
d’études et d’aménagement. Pour chaque ville commerciaux de voisinage, artisanat, centres
nouvelle, il s’agissait d’une équipe pluridisci­ de services, voire bâtiments de zones d’acti­
plinaire chargée, sous la responsabilité de son vités), à l’exception des logements et des
directeur (qui, dans les faits, est devenu le centres commerciaux régionaux.
directeur de l’établissement public à sa créa­ Ces missions sont cependant limitées par
tion), de la coordination des études et des les moyens financiers accordés par l ’Etat
acquisitions foncières et de préparer les pre­ (équipements), la nécessité de l ’équilibre
mières opérations d ’aménagement pendant la financier des opérations et la volonté des élus
327 ÉTABLISSEMENT PUBLIC FONCIER

île prendre en main les décisions fondamen­ Vaudreuil, dont l’échec était patent, avaient
tales concernant les villes nouvelles. été dissous respectivement fin 1983 et fin
Les budgets des établissements publics ont 1987. Une seconde vague de dissolutions
été importants: vers 1980, pour les 9 villes d’epavn a eu lieu récemment : Évry à la fin
nouvelles, ils totalisaient environ 2 milliards 2000, les Rives de l’étang de Berre fin 2001,
de F, dont moitié d ’activités pour compte Cergy-Pontoise et Saint-Quentin-en-Yvelines
propre (fonctionnement, études, acquisition et fin 2002, celui de L’Isle d’Abeau fin 2008. Il
aménagement de terrains, financées par la ces­ ne subsiste plus que les epa de Sénart (ancien­
sion des terrains aménagés) et moitié d’activi­ nement Melun-Sénart), de Mame-la-Vallée
tés pour le compte de l ’É tat (réserves (et l’EPAFrance pour Éurodisneyland). Pour
foncières, voirie primaire) et des collectivités Marne-la-Vallée, la fermeture se fera sans
locales (infrastructure primaire, équipement doute en plusieurs étapes, les secteurs 1 et 2
de superstructure, etc.). En 2000, ils ne totali­ étant achevés, mais les secteurs 3 (Bussy-
saient plus que moins de 2 milliards pour les Saint-Georges) et 4 (Eurodisneyland) étant
sept villes nouvelles encore en cours de réali­ encore en plein développement. Les com­
sation, dont 0,6 milliard pour compte de tiers : munes concernées peuvent maintenir le SAN
cette dernière part diminue car les syndicats (tel est le cas à Berre) ou non. Elles peuvent
d’agglomération nouvelle mandatent moins aussi constituer une communauté d’agglomé­
systématiquement les établissements publics ration, formule ouverte par la loi de 1999, qui
d’aménagement pour réaliser des équipements représente une intercommunalité moins forte
et que le volume de ceux-ci a tendance à que le SAN : c’est ce qui a été choisi à Évry, à
décroître. Cergy-Pontoise, à Saint-Quentin-en-Yvelines
Au plan national, la politique des villes et à L’Isle d’Abeau.
nouvelles a été coordonnée par un Groupe P. M.
central des villes nouvelles, créé par la même
loi de 1970 sur les villes nouvelles. Celui-ci a -» Établissement public; Établissement public d'aménagement
( epa ) ; Groupe central des villes nouvelles; Syndicat d'agglo­
joué notamment un rôle important dans la mération nouvelle; Syndicat communautaire d'aménage­
répartition entre les villes nouvelles des aides ment; Ville nouvelle.
de l’État et dans la recherche de l’équilibre
financier des opérations qui y sont menées. Il
a été supprimé en 1999 et son secrétariat géné­ É TA B LISSE M E N T PUBLIC DE CO OPÉRATION
ral fondu au sein de celui des grandes opéra­ IN TER C O M M UN ALE - » Com m une; Fiscalité
tions d’urbanisme. directe des établissements de coopération
La réalisation de la plupart des villes nou­ intercommunale ; Groupement de communes
velles françaises étant très avancée, la dissolu­
tion des établissements publics d ’aména­
gement des villes nouvelles est devenue iné­ ÉTA B LISSE M E N T PUBLIC FONCIER
luctable. Pour faire bon usage de l’expertise
accumulée dans ces epavn, d’autres missions Forme particulière d’établissement public à
d’aménagement ont pu être confiées : c’est ce caractère industriel et commercial dont la voca­
qui s’est produit avec la très discutable opéra­ tion première, voire exclusive, est la réalisation
tion Eurodisneyland (création d’un nouvel epa d’opérations foncières (acquisitions amiables,
baptisé abusivement EPA-France, mais utilisant par préemption ou par expropriation et travaux
le personnel de l ’EPA-Marne), puis avec la indispensables de requalification) pour le
création de I’epa du Mantois-Val de Seine qui compte des collectivités publiques concernées.
a recouru au personnel de I’epa de Saint- On distingue des établissements publics d’État
Quentin-en-Yvelines. Mais ces extensions de et des établissements publics locaux.
compétences sont demeurées limitées. Les premiers établissements publics fon­
C’est plutôt les modalités du retour au droit ciers d’État ont été l’Agence foncière et tech­
commun des villes nouvelles qui ont mobilisé nique de la région parisienne en 1962, celui
l’intérêt des pouvoirs publics. Déjà, les epa de la Basse-Seine en 1967 (devenu de
de Lille-Est (devenue Villeneuve-d’Ascq), Normandie en 2004), et celui de la métropole
considérée comme achevée par les élus de la lorraine en 1973 (devenu de Lorraine en
communauté urbaine de Lille, et du 2001). Il faut également mentionner le
ÉTABLISSEMENT PUBLIC RÉGIONAL m

Conservatoire de l’espace littoral et des nouvelles formes d’organisation des agglomé­


rivages lacustres (créé en 1975) qui a le statut rations urbaines en cours de discussion au
d’établissement public de l’État à caractère Parlement.
administratif. Une deuxième vague, plus
N. B. et P. M.
nombreuse d ’établissements publics fonciers
d ’État a été créée dans les deux dernières Établissement public ; Maîtrise foncière ; Réserves foncières.
décennies : ceux du Nord-Pas-de-Calais
(1990), de Guyane (1996), de l’Ouest-Rhône-
Alpes (1998), de_ Provence-Alpes-Côte ÉTA B LISSEM EN T PUBLIC RÉGIONAL
d’Azur (2001), de l’Île-de-France (2006, qui —►Conseil régional ; Décentralisation
ne couvre que cinq départements), des Hauts- administrative ; Établissement public ; Région
de-Seine, des Yvelines et du Val-d’Oise
(2006), de Vendée (2007), du Languedoc-
Roussillon et de Poitou-Charentes (2008) et É TA LE M E N T DES VA C AN C ES -> Économie
de Bretagne (2009). Créés par décret en du tourisme
Conseil d’État selon les formes des EPA, ces
établissements disposent d ’un budget ali­
menté notamment par une taxe spéciale ÉTANCHÉITÉ
d’équipement, additionnelle aux taxes locales.
Ces établissements publics ne sont L’étanchéité à l’air ou à l’eau joue un rôle
qu’exceptionnellement autorisés à faire des important dans un bâtiment et de nombreux
opérations d ’aménagement (tel est notamment produits contribuent à l ’assurer (mastics,
le cas de I’aftrp). joints spéciaux, etc.), pour réduire la déperdi­
Les établissements publics fonciers locaux tion de chaleur ou les fuites. L’étanchéité
sont issus de la loi d’orientation pour la ville désigne aussi, de façon plus spécifique, la par­
de 1991. Leur mission est également d’effec­ tie d’une toiture-terrasse qui évite la pénétra­
tuer des opérations foncières et immobilières tion de l’eau de pluie.
à moyen et long termes, indépendantes de L’étanchéité des bâtiments à l’eau accroît
l’aménagement. Ces organismes sont créés l’imperméabilisation du sol et augmente ainsi
par le préfet à la demande d ’une majorité de le débit pluvial dans les canalisations d’assai­
communes intéressées. Ils perçoivent une nissement. Plusieurs techniques sont actuelle­
taxe spéciale d ’équipement qui leur permet ment mises au point pour stocker une partie de
d ’assurer cette mission de portage foncier. l’eau pluviale au niveau des toitures ou des
Leur création a d ’abord été lente : Puy-de- terrasses. L’effet esthétique est indéniable,
Dôme (1992, par transformation d’un syndi­ ainsi que la dépollution aérienne (adhérence
cat créé à cette fin dès 1976), Argenteuil- des poussières).
Bezons (1994) et Guyane (1996). Elle s’est
A. Gu.
accélérée dans la dernière décennie : Réunion
et agglomération grenobloise (2002), Côte- -> Enveloppe.
d ’Or et Haute-Savoie (2003), Savoie, Pays
basque, Landes et Ain (2005), Grand
Toulouse et Perpignan-Méditerranée (2006), É TA T
Doubs et Bas-Rhin (2007). Il semble que les
difficultés du marché foncier et immobilier Il existe beaucoup de définitions possibles
n ’aient pas poussé les collectivités à s’enga­ de l’État, personne morale de droit public,
ger dans cette voie et que le nécessaire regrou­ dont il convient de situer la place et le rôle
pement de celles-ci pour constituer un outil dans l’activité administrative. Du point de vue
commun, avec une fiscalité locale propre, ait de l’urbanisme, ce rôle varie considérable­
achoppé sur des problèmes de représentation ment selon les pays.
et de concertation intercommunale. La ques­ En France, s’agissant, par exemple, de savoir
tion foncière étant toujours d ’actualité, la au nom de qui est délivrée une autorisation
réflexion porte aujourd’hui sur les modalités d’utilisation du sol ou qui est propriétaire d’un
de création et de fonctionnement de ces éta­ bâtiment public, l’État apparaît comme une
blissements, ainsi que sur leur adaptation aux personne morale de droit public, au même titre
329 ÉTAT

qu’un département ou qu’une commune. Il La fonction principale du Premier ministre


possède, en tant que tel, un patrimoine, des (et du secrétariat général du gouvernement)
moyens financiers propres (le budget, voté par est d ’assurer la coordination entre les minis­
le Parlement) et des autorités qui peuvent tères dont la tendance - en particulier pour
l'engager juridiquement: le Premier ministre, les ministères «lourds» qui s’appuient sur
et chaque ministère pour ce qui concerne ses des corps de fonctionnaires et sont soucieux
nltributions, ainsi que tous ceux dont ils d ’entretenir de bons rapports avec leurs
reçoivent délégation. Les ministères eux- «clientèles» - est à s’isoler. Il existe en
mêmes n’ayant pas la personnalité morale, les outre, pour assurer la coordination indis­
attestasses par leurs agents sont pris au nom pensable à la conduite des activités de l’État,
de l’État. Les ministères à structure administra­ des conseils et des comités interministériels
tive légère sont relativement faciles à créer, (parfois permanents comme le Comité inter­
supprimer, transformer en secrétariats d’État ; ministériel d’aménagement et de dévelop­
inversement, les ministères à structure lourde pement des territoires (de 2005 à 2009,
(en particulier à cause d’une déconcentration d’aménagement et de compétitivité des terri­
poussée qui multiplie leurs « services exté­ toires), et des réunions interministérielles,
rieurs ») présentent une certaine stabilité et réunissant hauts fonctionnaires et membres
changent parfois de nom sans pour autant chan­ des cabinets.
ger de domaines de compétence. En 1966, le La déconcentration, amorcée dès l’Empire
ministère de la Construction et le ministère des et renforcée, notamment en 1964 par l’institu­
Travaux publics avaient été réunis dans un tion de la région, puis en 1982-1983 (lois du
grand ministère de l’Équipement. Depuis, un 2 mars 1982 et du 7 janvier 1983), par la
ministère est chargé de l’équipement (y séparation des autorités représentant l’État et
compris de l’urbanisme) et, selon la composi­ les collectivités territoriales et la décentralisa­
tion des gouvernements, y ajoute certains des tion administrative (lois de 1982 à 1984), qui
domaines suivants, éventuellement confiés à a organisé le transfert d’attributions (ainsi que
un ministre délégué ou à un secrétaire d’État : de personnel et des ressources correspon­
transports, logement, aménagement du terri­ dantes de l’État aux collectivités territoriales),
toire, tourisme, voire architecture, écologie, ont toutes deux pour objet de réduire la cen­
développement durable, énergie et environne­ tralisation étatique, mais par des voies diffé­
ment. Ên 2010, ce secteur est rattaché au minis­ rentes (les compétences sont exercées par
tère de l ’Écologie, de l’Énergie, du l ’État dans la déconcentration ; elles sont
Développement durable, de la Mer, dont le transférées aux collectivités territoriales dans
ministre d’État est en outre chargé des techno­ la décentralisation).
logies vertes et des négociations sur le climat. La politique de délocalisation des services
11 dispose de quatre secrétaires d’État, dont un de l ’Etat, relancée par le gouvernement
chargé des transports et un chargé du logement. Cresson en 1991, et reprise par les gouverne­
L’organigramme de tout ministère français ments suivants, impliquant le transfert en pro­
comporte un certain nombre de directions vince de certains services centraux, n’est pas
(ou directions générales) qui correspondent nouvelle, mais le nouveau dispositif vise
soit à la gestion interne du ministère, soit à désormais à revitaliser des zones touchées par
des secteurs spécifiques d’attribution : c’est de fortes pertes d’emplois : l’objectif fixé était
le cas, en 2010, de la direction de l’habitat, de 30 000 emplois publics à transférer hors de
de l’urbanisme et des paysages (qui la capitale en l’an 2000. Ces objectifs avaient
regroupe les anciennes directions de la généralement été accueillis avec scepticisme.
construction et de l’urbanisme et des pay­ Pourtant, le bilan, établi au 30 juin 2001,
sages), rattachée à la direction générale de recensait près de 36 000 emplois délocalisés
l’aménagement, du logement et de la nature. ou en cours de délocalisation depuis 1991. Les
Les directions sont généralement divisées en transferts décidés officiellement totalisaient
sous-directions (elles-mêmes parfois regrou­ environ 25 000 emplois.
pées en «services»), puis en «bureaux». La
Y. P.
détermination des différentes directions
s’effectue par décret, sur proposition du -> Budget de l'État et urbanisme ; Collectivités locales et territo­
ministre concerné. riales; Décentralisation administrative; Déconcentration.
ÉTAT CIVIL 330

É T A T CIVIL traditionnel a été fréquemment la cible de cri­


tiques, souvent à tort et au nom de simple^
Caractéristiques des individus : nom et pré­ préjugés. Mais l’introduction forcée, par ses
nom, date et lieu de naissance, de mariage et détracteurs, de la tôle, du ciment et des
éventuellement de divorce, nombre d’enfants. matières plastiques s ’est parfois révélée si
On appelle aussi état civil le système désastreuse, à long terme, que de nombreux
d’enregistrement des déclarations concernant mouvements et écoles d’architecture tentent
les événements démographiques : naissances, de trouver des solutions syncrétiques.
mariages et divorces, décès. Les statistiques
M. P. et M. Pei
de l’état civil sont les données chiffrées éta­
blies à partir de cet enregistrement. Les évé­ -> Relativisme culturel. >
nements sont enregistrés au lieu où ils se
produisent mais, depuis 1950 environ, ils sont
« domiciliés », c’est-à-dire que les statistiques ETHNOGRAPHIE
les rapportent au lieu de domicile habituel de
l’intéressé (des parents pour les naissances). La recherche anthropologique moderne
En France, l’état civil date de 1792, mais, exige de ses praticiens qu’ils accomplissent
sous l’Ancien Régime, les registres parois­ successivement les deux tâches complémen­
siaux remplissaient cette fonction depuis 1599 taires de la collecte des matériaux et de leur
pour les catholiques. analyse. La première relève de l’ethnographie
Combinées aux indications du recensement et consiste à observer et décrire les faits
précédent et à l’estimation des flux migra­ sociaux ainsi que les règles et représentations
toires, les données de l’état civil permettent qui les accompagnent. De la qualité des obser­
d’établir des estimations de population entre vations effectuées sur le terrain dépend, évi­
deux recensements. demment, la théorisation ultérieure, qui
Dans les pays où n ’existe pas d’état civil, orientera à son tour de nouvelles observations.
on a recours à des sondages (c’est le cas de C ’est pourquoi l’enquête ethnographique
nombreux pays en développement) à titre de recourt systématiquement à l’observation par­
substitut. ticipante (immersion prolongée dans le groupe
P. M. à étudier, étroites relations personnelles avec
les sujets observés, maîtrise de la langue par­
-* Population. lée par eux, intégration à la vie quotidienne en
partageant les joies et les peines et en coopé­
rant aux travaux et aux fêtes, etc.). Pour être
ETH N O CEN TR ISM E menée à bien dans ces conditions, la recherche
ethnographique suppose à la fois que soit
Attitude des membres d ’une société qui choisie une communauté homogène et de
consiste à juger une culture étrangère selon petites dimensions, et que s’y fasse admettre
leurs propres normes, ramenant tous les faits un seul chercheur ou, à la rigueur, deux ou
sociaux à ceux qu’ils connaissent, ou estimant trois individus.
que leur culture est préférable à toute autre. L’ethnographe s’intéresse aux données qua­
Universel, l’ethnocentrisme revêt dans cer­ litatives plus qu’aux données statistiques, et à
taines sociétés - en particulier la société occi­ la totalité sociale plutôt qu’à l’étude spéciali­
dentale - un aspect activiste qui, fondé sée d’un de ses champs (parenté, politique,
seulement sur une supériorité technique, religion, technologie, par exemple). Classi­
s’exerce au détriment des autres peuples, jus­ quement, les résultats de son enquête com­
qu’à atteindre la forme exacerbée du racisme. mencent par être exposés sous forme de
La plupart des sciences sociales et monographie. S’impliquant aussi profondé­
humaines sont empreintes d’ethnocentrisme, ment que possible dans le groupe et la culture
l’ethnologie elle-même échappant difficile­ qu’il a choisi de décrire, l’ethnographe vit une
ment à cette attitude. Mais l’ethnocentrisme expérience émotionnelle et affective qui peut
est particulièrement manifeste dans les formes être comparée à celle de la relation psychana­
appliquées de ces disciplines. Par exemple, lytique. Naguère limitée aux sociétés exo­
dans les projets de développement, l’habitat tiques, l ’ethnographie se tourne de plus en

"HtlHiliiHitifritfHH"”
331 ETHNOLOGIE RURALE

plus vers les groupes minoritaires ou les com­ Témoins en sont les systèmes de classifica­
munautés relativement closes à l’intérieur des tion des éléments naturels ou des couleurs,
sociétés industrielles. les nomenclatures de parenté, etc. Ainsi les
Esquimaux (cf. Whorf) disposent d’une mul­
M. P. et M. Pe.
tiplicité de termes pour désigner divers états
> Ethnologie rurale; Ethnologie urbaine. de la neige que notre langue ne distingue pas.
La langue révèle d’autre part la position sym­
bolique de certains éléments culturels. Un
ETH N O LIN G U IS TIQ U E exemple, devenu classique, concerne l’habi­
tat, considéré, dans un grand nombre de
L’ethnolinguistique s’est constituée en sociétés, comme une image du corps, d’où le
domaine quasi autonome pour poursuivre ou nom donné à chaque partie de la maison et
affiner les descriptions formelles des langues parfois même la fonction qui lui est attribuée.
« exotiques » ou locales (phonologie, morpho­ Sans pour autant subsumer ses recherches
logie, syntaxe...) et pour approfondir l’étude sous le terme d ’ethnolinguistique, E. Ben-
des relations entre langue et société. veniste, dans son Vocabulaire des institutions
W. von Humboldt (textes échelonnés européennes, Paris, 1969, a accumulé une
entre 1811 et 1835, récente trad. franç. Intro­ information remarquable, notamment sur
duction à l ’œuvre sur le Kavi et autres essais), l’espace, sa perception et sa pratique dans les
puis E. Sapir et L. B. W horf (Language, sociétés dérivées du noyau indo-européen
thought and reality, Cambridge, Mass., 1956, (Grèce et Rome, en particulier) : les chapitres
trad. franç. Paris, 1969) voulurent démontrer consacrés à «Cité et communauté» ou à la
que toute langue exprime, de par sa structure maison (« Les quatre cercles de l’appartenance
même, une vision et une analyse du monde sociale») permettent, à travers la longue
propres à la société qui la parle. Bref, une durée, d’éclairer d ’un jour nouveau les pra­
langue créerait et refléterait une « mentalité » ; tiques actuelles.
elle prédéterminerait la culture. Cette théorie a M. P. et M. Pe.
donné lieu à de très riches travaux, mais elle
bute cependant sur certains faits : les langues -► Anthropologie de l'espace; Anthropologie sociale et cultu­
relle.
peuvent changer et la vision du monde rester
la même et inversement : ainsi dans notre
société, quatre siècles après Copernic et
Galilée, on dit toujours que le «soleil se ETH NO LO GIE RURALE
couche ».
A. Meillet initia à la même époque des tra­ Étude des communautés rurales et pay­
vaux sur les relations entre les faits sociaux et sannes incluses dans les sociétés de type
les faits linguistiques, entre les variations de la industriel suivant les méthodes de recherche
structure sociale et celles de la structure lin­ propres à l’ethnographie et à l’ethnologie.
guistique. Il y a en effet des rapports entre Issue de l’ethnologie « exotique », T’ethno­
lexique et société et entre phonologie et logie rurale a voulu marquer une rupture avec
société. Des mots empruntés, certains pho­ les études de folklore. Van Gennep (1873-
nèmes témoignent de l’histoire du groupe et 1957) peut être considéré comme l’un des arti­
de ses contacts avec d’autres langues. Il en est sans de cette séparation, soutenue par les tra­
de même des relations entre morphologie et vaux des grands anthropologues français tels
société ou syntaxe et société. Certains auteurs que Mauss, Durkheim et Lévi-Strauss qui ont
ont tenté de mettre en corrélation un système suscité des études systématiques de l’organi­
religieux et une structure linguistique, d’autres sation sociale et des représentations collec­
se sont demandé si la complexité croissante tives de tous les types possibles de sociétés.
des structures syntaxiques traduisait l’émer­ L’ethnologie rurale a privilégié les recher­
gence d ’une société et d ’une pensée plus ches sur les systèmes de parenté (dits com­
complexes. plexes, par opposition aux systèmes « élé­
À un niveau plus pragmatique, il est clair mentaires», courants dans les sociétés exo­
que différents environnements physiques ou tiques) et sur les systèmes de tenure foncière,
culturels suscitent des variations sémantiques. qui sont étroitement liés par le biais de la
ETHNOLOGIE URBAINE
332

transmission du patrimoine à travers les dère que cette microsociété est un échantillon
«liens de sang». L’étude des systèmes juri­ représentatif de microsociétés du même type.
diques coutumiers, intimement dépendants Cependant, l’ethnologie urbaine rencontre
des deux précédents, a montré que les sociétés des difficultés spécifiques. L’accès au terrain,
rurales européennes se répartissent entre deux apparemment immédiat, s’avère plus délicat
grands types juridiques : les systèmes « égali­ qu’en milieu exotique ou rural, en raison
taires » dans lesquels les biens sont partagés même des « barrières invisibles » qui cloi­
équitablement entre les descendants d ’une sonnent les sociétés industrialisées et séparent
même génération (communautés taisibles du les groupes de manière souvent conflictuelle.
Massif central) et les systèmes « inégalitaires » D’autre part, la microsociété dans laquelle tra­
pour lesquels il y a un seul héritier par généra­ vaille l’ethnologue urbain ne constitue ni un
tion (sociétés patriarcales du bassin méditerra­ groupe autonome, ni une « réduction » de la
néen). société globale. Chaque sujet se trouve à
Ces différents systèmes se reflètent, plus ou l’intersection de plusieurs microsociétés plus
moins directement, dans la forme de l’habitat ou moins dépendantes (groupe de travail,
et le plan de l’habitation (Wylie, 1957). groupe de résidence, groupe de loisir, etc.).
Mais l’ethnologie rurale ne se cantonne pas L’interprétation d ’observations faites dans
à ces seuls domaines. On lui doit de nom­ l’une d ’elles nécessite fréquemment l’étude
breuses études concernant la vengeance, la des autres et des manières dont celles-ci s’arti­
violence et la sorcellerie dans les sociétés pay­ culent. Cette méthode permet de déceler des
sannes. D ’autre part, les travaux de C. Lévi- processus cachés mais essentiels, tels que la
Strauss sur les mythologies ont inspiré des dénégation, les représentations illusoires, les
études sur les représentations implicites liées conflits larvés, etc.
à certaines activités traditionnelles et suscité
un regard nouveau sur les traditions orales. M. P. et M. Pe.

M. P. et M. Pe. Anthropologie de l'espace; Ethnographie; Sociologie


urbaine (historique}.
-* Anthropologie de l'espace; Ethnographie.

ÉTOILE -> Radio-concentrisme


ETH N O LO GIE URBAINE

Branche nouvelle de l’ethnologie, se consa­ ÉTUD E DE DÉFINITION


crant à l’étude des faits sociaux urbains dans
les sociétés industrielles, qui s’est inspirée à La procédure dite des « marchés de défini­
ses débuts des travaux menés dans certaines tion» offre une solution pour les cas où la
capitales des pays sous-développés, en parti­ procédure plus classique de concours d’archi­
culier en Afrique, pour comprendre les réac­ tecture et d’ingénieurs, qui limite le dialogue
tions des populations « tribales » émigrées en entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d ’œuvre
ville, ainsi que des recherches faites par des à un strict respect du programme, ne répond
sociologues américains depuis le début du pas à la complexité de l’opération projetée.
siècle, dans les métropoles américaines. Cette procédure, définie par le Code des
L’ethnologie urbaine remet en cause le prin­ marchés publics (articles 108 et 314), doit
cipe de la distance et de l’altérité entre obser­ rester réservée à des cas très particuliers,
vateur et observé, prôné par l’ethnologie notamment l’aménagement urbain, la réhabi­
traditionnelle, mais elle a pourtant avec elle de litation, la reconversion ou encore dans le
nombreux points communs. L’ethnologue de cas d’un projet sans programme. Dans ce
la ville s’immerge longtemps dans le groupe cadre, il est possible de choisir un maître
qu’il étudie, selon les principes de l’observa­ d’œuvre à la suite de plusieurs marchés de
tion participante. Il s’attache à un espace définition simultanés portant sur un même
« microsocial » suffisamment limité pour qu’il objet. Le maître d ’ouvrage, à l’issue de la
puisse l’appréhender seul (quartier, cage consultation de plusieurs équipes, peut déci­
d’escalier d’un grand ensemble, section d’une der, dans le cadre d’une «commission com­
entreprise ou d ’une usine, club, etc.). Il consi­ posée comme un ju ry » , de retenir l’une
333 EXCLUSION

d'entre elles pour lui confier une mission de — une présentation des raisons pour les­
maîtrise d’œuvre. quelles le projet a été retenu ;
L’étude de définition offre la possibilité de — une liste des mesures envisagées pour
réaliser un travail simultané sur le programme supprimer ou réduire les conséquences des
et sur sa formalisation urbaine ou architectu­ travaux sur l’environnement.
rale tout en assurant un dialogue soutenu La responsabilité de l ’étude d ’impact
entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre et revient au maître d ’ouvrage du projet. Il peut
en offrant la possibilité, très en amont, d’une la faire exécuter par ses services techniques ou
appropriation collective du projet. la confier à un organisme spécialisé ou à un
La procédure fait appel à des compétences bureau d’études. Toutefois, dans certains cas
pluridisciplinaires comportant au moins une (défrichements par exemple), elle doit être
composante programmation et une compo­ menée par une personne publique. Elle est
sante maîtrise d ’œuvre. Elle demande un contrôlée par le service compétent pour ins­
encadrement important de la part de la maî­ truire le dossier, ce qui signifie que ce n’est
trise d’ouvrage : gestion des phases de travail qu’à titre exceptionnel (travaux importants,
partagées et individuelles, mise en place d’un notamment d’infrastructure) que les services
cahier des charges et souvent recadrage du de l’environnement sont sollicités pour effec­
projet à l’issue de la première phase de diag­ tuer ce contrôle. Ges deux dispositions - exé­
nostic. Dans le cadre de l’élaboration d’un cution sous la responsabilité du maître
projet urbain, cette procédure, juridiquement d’ouvrage et contrôle par un service technique
bien encadrée, remplace le «concours non concerné par la protection de l’environne­
d’idées», procédure aux contours juridiques ment - réduisent beaucoup la portée réelle de
imprécis. cette procédure. Il reste cependant que, l’étude
d ’impact étant rendue publique et figurant,
V. S.-M. G.
lorsqu’il en est mené une, dans le dossier
> Maître d'œuvre; Maître d'ouvrage. d’enquête publique, elle contribue à l’infor­
mation du public.
F. D.-D. et P. M.
ÉTUDE D'IM PACT
Environnement; Protection de la nature.
Étude préalable à la réalisation d’aménage­
ments ou d’ouvrages qui, par l’importance de
leurs dimensions ou leurs incidences sur le EUROPE -> Union européenne
milieu naturel, peuvent porter atteinte à ce et aménagement du territoire
dernier, et comportant une évaluation de leurs
conséquences sur l’environnement. Elle a un
rôle d’aide à la conception du projet, d’infor­ ÉV A C U A TIO N DES E A U X PLUVIALES
mation du public et d’aide à la prise de déci­ -> Assainissement; Cycle de l'eau
sion par les pouvoirs publics.
Une étude d’impact est exigée par la loi du
10 juillet 1976 sur la protection de la nature ÉVICTION -> Expulsion
pour « les travaux entrepris par les collectivi­
tés publiques ou qui nécessitent une autorisa­
tion», d’un coût supérieur à 6 millions de F, EXCLUSION
voire en dessous de ce seuil pour certains tra­
vaux (lignes haute tension, barrages hydrau­ Mécanisme par lequel certaines personnes
liques, mines, installations classées, etc.). ou certains groupes se trouvent - ou se consi­
Le décret du 12 octobre 1977 prévoit dèrent - exclus de la vie sociale, économique,
qu’une étude d’impact comporte : culturelle, politique de la communauté dans
— une analyse de l’état initial du site, laquelle ils vivent. Il s’oppose largement au
permettant d’identifier les types de milieux concept d’intégration.
qui peuvent être affectés ; L’expression a largement été employée au
— une analyse de la situation initiale et des cours de la période récente à propos des
effets prévisibles du projet ; immigrés et, de façon plus large, à propos
EXCLUSION m

des populations vivant dans des quartiers L’échec scolaire est une autre cause d ’exclu-
confrontés à de nombreux problèmes, notam­ sion, d’autant qu’il constitue un des facteurs
ment certains grands ensembles des trente décisifs du chômage ultérieur. La proportion
glorieuses. Mais l’assimilation de la notion de personnes étrangères - ou plutôt d’appa­
d’exclusion à la banlieue, ou même aux quar­ rence étrangère, si délicate que cette notioll
tiers de banlieue en difficulté, constitue un soit à manier - constitue un autre facteur, lui
amalgame abusif. Ces quartiers n ’ont pas aussi à la fois cause et conséquence : d’une
l’apanage de l’exclusion et tous leurs habi­ part, les quartiers où la population d ’appa­
tants ne sont pas en situation d ’exclusion. rence étrangère est nombreuse sont stigm?*
L’exclusion est d’ailleurs un mécanisme qui a tisés par l’opinion et par leurs propres
existé à toutes les époques sous des formes et habitants, étrangers compris ; d’autre part, lès
en des lieux divers. étrangers sont en moyenne beaucoup plus mal
Les causes de l’exclusion sont multiples. logés (et regroupés dans les logements prér
Certaines tiennent au cadre bâti. Le loge­ caires des centres des villes et dans les cités
ment n ’est pas toujours en cause : dans les collectives les moins attractives), plus souvent
quartiers les plus concernés, il répond aux chômeurs, moins bien placés par rapport aux
normes officielles de confort sanitaire et de mécanismes d’intégration par le système sco­
dimensions. Cependant, le logement est cause laire, etc.
d’exclusion pour ceux qui n ’en ont pas : en A ces causes physiques et à ces causes
France, on a recensé 86 000 « sans domicile socioéconomiques de l’exclusion, il faut ajou­
fixe» lors d ’une enquête de 2001, qui ter des causes subjectives : la littérature, et sur­
s’ajoutent aux ménages habitant des construc­ tout la presse, voire le cinéma, contribuent à
tions provisoires, des habitations de fortune, créer une image négative de la banlieue et en
des habitations mobiles, des cités d’urgence, particulier des quartiers des trente glorieuses,
des meublés, des chambres d’hôtel. Parmi les et donc par amalgame à l’exclusion de leurs
conséquences de cette situation, on constate la habitants.
multiplication des squats collectifs : on estime
qu’il y a environ 2 00 logements squattés en Les conséquences de l’exclusion concer­
Ile-de-France, essentiellement dans les quar­ nent elles-mêmes le cadre physique et le
tiers les moins favorisés des villes, abritant contexte socioéconomique. La dégradation du
environ 8 000 personnes, dont une majorité de bâti, la négligence vis-à-vis des espaces
familles immigrées. L’exclusion tient aussi, en publics, résultent d ’un processus cumulatif
particulier dans les grands ensembles, à un qui peut souvent conduire au vandalisme.
regroupement de familles pauvres, de situa­ Malgré les efforts des organismes bailleurs et
tions de chômage, d’échec scolaire, etc. Les des pouvoirs publics, les moyens financiers ne
mécanismes de financement du logement permettent pas toujours un entretien et des
social - qui ont fait quitter ces ensembles aux réparations suffisamment rapides pour enrayer
familles en ascension sociale pouvant accéder cette spirale. La violence obéit également à
à la propriété d’une maison en zone périur­ des mécanismes cumulatifs. Elle est surtout le
baine - et les modes d’attribution des loge­ fait de jeunes - de plus en plus jeunes - qui
ments locatifs sociaux ont largement contribué ressentent davantage les situations d ’exclu­
à ces regroupements. Les formes urbaines de sion et n ’y voient pas d’issue. Même si la vio­
ces ensembles, qui s’opposent physiquement lence en milieu urbain n ’est pas nouvelle, elle
au tissu des quartiers d ’autres époques, leur prend parfois la forme de véritables émeutes
monotonie - même si les pavillons de l’entre- urbaines dont le sentiment d’exclusion est la
deux-guerres ou les maisons des «nouveaux cause et dont des incidents ressentis comme
villages » en souffrent tout autant - ont aussi des injustices constituent l’occasion. La vio­
contribué à cet effet de stigmatisation de cer­ lence est également liée au trafic de drogue,
tains quartiers et donc de leurs habitants. qui est le refuge de beaucoup d’exclus, notam­
Les causes socioéconomiques se cumulent ment parmi les jeunes.
le plus souvent avec les causes physiques. La Dégradations, violence, trafic de drogue
plus importante est le chômage, mais celui-ci entraînent l’insécurité et alimentent les réac­
est à la fois, comme la plupart des autres cri­ tions de racisme. La peur et l’angoisse sont
tères, cause et conséquence de l’exclusion. présentes chez les commerçants, chez les per­
335 EXODE RURAL

sonnes âgées ou isolées, chez beaucoup de EXODE RURAL


jeunes eux-mêmes. Quant au racisme, qui sus­
cite souvent un racisme à rebours, s’il n ’est On a appelé exode rural le mouvement mas­
pas propre aux quartiers en difficulté, il repré­ sif de population qui, au XIXe siècle et pendant
sente une réaction de personnes défavorisées les deux premiers tiers du xxe siècle dans les
promptes à voir dans la présence de nombreux pays développés (plus tardivement dans les
étrangers - ou de personnes d ’apparence pays en développement), a conduit une large
étrangère - la cause des difficultés rencontrées fraction de la population rurale à migrer vers
dans leur quartier, dans leur vie quotidienne, les villes.
et d ’abord de l’image défavorable de leur La cause principale de l’exode rural est éco­
quartier. nomique. Les migrations temporaires de pay­
sans, qui sont très anciennes, puis les
Les problèmes d’exclusion, en particulier migrations définitives à partir de la révolution
dans certaines cités des années 1950 à 1970, industrielle, ont d ’abord été dictées par la
sont devenus politiques. Au-delà des nom­ misère dans les campagnes. Au xixe siècle, la
breux dispositifs successifs mis en place pour chute de la mortalité a rompu l’équilibre
améliorer le cadre physique et éviter la dégra­ démographique en longue période : c ’est le
dation du contexte économique et social, il a début de la révolution démographique. Dans
pam nécessaire de prendre des mesures spéci­ les villes, des activités, industrielles, puis de
fiques pour lutter contre l’exclusion. Cette services, se sont créés et ont offert des emplois
démarche a l’avantage de tourner le dos à à la population supplémentaire. Mais à la
l’amalgame trop fréquent entre exclusion et campagne, il n ’était plus possible de partager
cités en difficulté. De nombreuses mesures plus largement les maigres ressources de
passées s’inspirent de cette démarche, notam­ l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat.
ment la création en 1988 du revenu minimum L’introduction de méthodes agricoles plus
d’insertion. Après l’échec d’un premier projet efficaces a diminué les besoins en main-
de loi du gouvernement précédent, le gouver­ d ’œuvre. Ce furent les plus misérables qui
nement Jospin a fait adopter la loi d’orientation partirent les premiers : les ouvriers agricoles
contre l’exclusion du 29 juillet 1998. Les prin­ (qu’on appelait « domestiques », ce qui souli­
cipaux volets de cette politique concernaient : gne leur degré de dépendance, qui couchaient
— la traduction dans les faits du droit à le plus souvent à l’étable). Dans une seconde
l’emploi, avec un programme de 33,5 milliards étape, les agriculteurs pauvres partirent à leur
de F supplémentaires (dont 26,5 venant de tour, puis les commerçants et artisans, dont la
l’État), avec notamment des mesures d’accom­ clientèle avait diminué et qui étaient concur­
pagnement vers l’emploi des jeunes qui en sont rencés par les activités de la ville voisine. Les
le plus éloignés et la réservation d’au moins exploitants restants, qui ont pu s’agrandir,
20% des emplois jeunes aux habitants des résistèrent plus longtemps, mais la dureté du
quartiers en difficulté ; travail et l’inconfort incitèrent à leur tour cer­
— la garantie de l’accès aux soins pour tains d’entre eux au départ. On a également
tous : la couverture sociale universelle a été beaucoup évoqué la révolution des transports
adoptée en 1999 ; comme cause de l ’exode rural, mais il ne
— le renforcement des dispositifs relatifs au s’agissait pas d’une condition nécessaire à
droit au logement - qui avaient déjà été le thème l’exode rural. La révolution des transports, la
de la loi du 31 mai 1990 - en accentuant la place création de gares de voyageurs dans les petites
des plans départementaux d’action pour le loge­ villes ont certes facilité la migration : elles
ment des plus défavorisés, en pratiquant la pré­ n ’en ont pas été la cause. En revanche, le
vention des expulsions par un suivi en amont des transport maritime des produits agricoles a
locataires les plus endettés, en mobilisant mieux contribué à abaisser encore le revenu des agri­
le parc de logements vacants, etc. culteurs. On peut avancer enfin comme cause
générale de l’exode mral un goût de l’indé­
P. M. pendance et un attrait du mode de vie urbain,
surtout pour les jeunes, et en particulier pour
Banlieue; Contrat de ville; Démunis (logement des); Déve­ les jeunes filles (très attirées par les emplois
loppement social des quartiers; Grand ensemble; Intégra­
tion; Pacte de relance pour la ville; Ségrégation. de « bonne à tout faire » en ville, malgré les
EXODE RURAL 334

sujétions liées à cette activité). Le départ de sible. C ’est à l’entrée dans la vie active et
nombreuses jeunes filles contraignit les familiale qu’on ressent le plus l’envie de chan­
hommes à choisir entre l’exode et le célibat. ger, et d’abord de condition, ce qui nécessite
La concentration dans les villes des établisse­ souvent un changement de cadre. Ce sont
ments scolaires, hospitaliers, des commerces d ’ailleurs les migrants les plus jeunes qui
non quotidiens, des équipements culturels, changent le plus de profession, alors que c ’est
rendait celles-ci attractives, tandis que le rare au-delà de 35 ans.
retard de l’équipement des campagnes en Le rang dans la fratrie et la dimension de la
routes revêtues, en réseaux d’eau et d ’électri­ famille semblent avoir eu peu d ’importance;
cité faisait ressortir la difficulté de la vie à la En revanche, le statut matrimonial jouait un
campagne. rôle important, les célibataires étant beaucoup
La décision individuelle de quitter la ferme, plus mobiles que les personnes mariées.
le village, peut être favorisée par les circons­ Les différences selon le sexe, moins
tances: la conscription, puis le service mili­ connues ont été importantes, surtout au
taire, les guerres, les épidémies dans certaines xixe siècle. L’effet cumulé de ce différentiel a
régions, les propositions de rachat de terres entraîné un déséquilibre significatif des sexes,
pour les reboiser par l ’administration des surtout dans les communes petites ou isolées
eaux et forêts, l’offre de concessions de terres (jusqu’à 2 femmes pour 3 hommes).
en Algérie, l’entraînement par des parents ou Puisque l’exode rural résulte d ’une compa­
amis déjà partis, en visite au village, etc. raison entre le niveau de vie à la campagne et
celui espéré en ville, le départ concerne en
En France, les régions qui ont le plus contri­ priorité des plus pauvres. Parmi les agri­
bué à l’exode rural ont été l’ouest (Bretagne, culteurs, les plus petites exploitations ont
Mayenne, Vendée), le Nord-Pas-de-Calais, la logiquement été quittées les premières.
Lorraine, le Jura, le Massif central, les Hautes- La mobilité sociale est liée à la mobilité
Alpes, les Pyrénées-Orientales et les Landes. économique professionnelle. Si de nombreux
Contrairement à une idée largement répan­ agriculteurs continuèrent à exercer cette pro­
due, l’exode rural a rarement pris la forme de fession, beaucoup, après leur départ, tra­
longs déplacements de la campagne vers les vaillèrent dans l’industrie, le commerce et les
grandes villes, et en particulier vers Paris. Le services. Les emplois occupés étaient presque
plus souvent, les déplacements étaient à courte toujours, au moins au début, des emplois
distance. On partait dans le département vers subalternes, la qualification des partants étant
une ville proche, en général petite, et pas sou­ faible ou nulle.
vent vers le chef-lieu. Des migrations succes­ L’existence d’une sélection selon les capa­
sives, parfois sur plusieurs générations, vers cités intellectuelles ou le niveau d’études, sou­
des villes plus importantes, ont conduit à un vent avancée, semble avoir existé sans être
vaste brassage de population. systématique. Les ruraux qui ont suivi des
Ces caractéristiques spatiales des migra­ études secondaires ont été plus nombreux à
tions intérieures s’expliquent également à la partir. Mais ces études n ’ont pas toujours pré­
lumière des filières qui se sont établies, à la cédé le départ. Il serait en tout cas excessif
fois géographiques et professionnelles. On d ’imputer à l’exode rural un quelconque
peut citer les exemples bien connus des fonc­ « appauvrissement du capital intellectuel héré­
tionnaires corses, des cafetiers-charbonniers ditaire » des campagnes.
du Massif central (les « bougnats ») ou celle,
disparue, des colporteurs de Maurienne. Ces Le vieillissement des populations rurales a
filières ont créé des courants réguliers, parfois été important, et surtout durable, voire de plus
d’autant plus perceptibles que les originaires en plus prononcé, au moins jusqu’au début du
d’une même région se regroupaient volontiers XXe siècle. En 1962, il y avait encore, dans
dans le même quartier d’une ville (à Paris, les l’ensemble de la population rurale française
Bretons autour de la gare Montparnasse, les près d’un quart de plus de personnes de 65 ans
Nordistes autour de celle du Nord, etc.). et plus que dans la population urbaine. Ce
vieillissement a été particulièrement marqué
La prédominance des jeunes dans l’exode chez les hommes agriculteurs : le renouvelle­
rural est indéniable et aisément compréhen­ ment des chefs d ’exploitation n ’y était plus
sa7 EXODE RURAL

assuré (ce qui a permis la concentration ulté­ dans les petites villes. Le travail dans les usines
rieure des exploitations). De façon générale, ce urbaines de certains agriculteurs a en revanche,
vieillissement a eu des conséquences psycho­ dans certaines régions (Alsace-Lorraine, Midi,
logiques défavorables sur la population restée Alpes du Nord), accru le niveau de vie des
sur place. Au contraire, dans les villes, la travailleurs pratiquant une double activité. Le
population rajeunie a eu une natalité plus éle­ tourisme rural enfin s’est développé, mais son
vée et une mortalité plus faible, ce qui a favo­ apport ne peut être qu’un appoint.
risé le dynamisme des attitudes collectives. L’exode rural, en diminuant la population
Le déséquilibre des sexes chez les jeunes bénéficiaire, a rendu moins rentables les équi­
adultes a entraîné, dans les campagnes, un pements publics et privés. Or, ceux-ci sont
célibat masculin forcé (20 % à 40 ans dans le souvent plus coûteux à la campagne, en tout
sud-est du Massif central) qui a également eu cas dans les zones de montagne. Il en est
des conséquences sur la natalité. La réduction résulté à la fois un retard d’équipement des
de la population parmi laquelle trouver un campagnes et une charge plus lourde pour la
conjoint (isolat) a fait croître les taux de collectivité nationale. Le désenclavement des
consanguinité et ralenti la baisse de la morta­ villages, puis des écarts, l’électrification, les
lité infantile et de la mortinatalité et augmenté réseaux d’eau et d’assainissement ne sont par­
la proportion d’enfants handicapés. venus que lentement dans les campagnes
Aussi, le taux de reproduction de la popu­ (souvent seulement après la seconde guerre
lation rurale, qui était, au XIXe siècle, plus mondiale dans les lieux isolés).
élevé que celui de la population urbaine Il y a eu une modification de la composi­
(avec des variations régionales), est devenu tion sociale de la population rurale. Les
plus faible entre les deux guerres mondiales. ouvriers agricoles ont presque disparu, sauf
On a ainsi pu estimer que, sur les plateaux dans quelques régions de grande culture ou
de Haute-Provence, entre 1853 et I960, les de façon saisonnière. Les commerces, même
effets secondaires de l’exode rural (vieillisse­ quotidiens, n ’existent plus que dans les gros
ment et déséquilibre des sexes) expliquaient villages et les bourgs. Les professions libé­
la baisse de population pour la même quan­ rales (médecins, notaires, etc.) se sont faites
tité que l’exode rural lui-même, la part due à rares. Mais l’effet le plus important est sans
la baisse de fécondité se limitant à moins de conteste la démoralisation et la perte de
15% de la chute totale. Il y a donc eu un dynamisme de la population rurale. Ceci
effet multiplicateur de l’exode rural, qui a pu s’est traduit aussi par une «urbanisation» du
aller jusqu’à un dépeuplement quasi complet mode de vie rural. Non seulement on y a
de certaines zones rurales isolées. En Haute- adopté les appareils ménagers, la télévision,
Provence, l’effet global de l’exode rural a été l ’automobile (le taux de motorisation est
le double du nombre des partants. supérieur à celui des villes). Mais la majorité
des achats, des services, des loisirs s’effec­
L’exode rural, en réduisant la pression tuent en ville.
démographique a amélioré le niveau de vie des L’habitat rural a été en partie déserté. Les
ruraux restés sur place. Mais ceci ne vaut que agriculteurs reprenant les terres ont souvent
pour les agriculteurs qui ont pu en profiter laissé les bâtiments de ferme à l’abandon. De
pour étendre leur exploitation. Ceux qui ne nombreux bâtiments, voire des hameaux ou
l’ont pas pu et les salariés agricoles n ’en ont même des villages entiers, sont tombés en
pas bénéficié. Quant aux commerçants et arti­ ruines. Certes, certains migrants ont conservé
sans, ils ont perdu une part de leur clientèle et cette propriété pour y revenir lors de leur
se sont souvent marginalisés ou ont cessé leur retraite. Des citadins ont acquis des résidences
activité. L’agriculture s ’est certes adaptée secondaires ou de retraite. Mais beaucoup de
- modernisation des méthodes de culture, ces ex-citadins, comme des jeunes ménages
abandon (en faveur du reboisement ou de locaux, préfèrent une maison neuve ou
friches) des terres les moins productives - , récente.
mais avec un certain retard par rapport à
l’exode de la population. L’implantation P. M.
d’usines à la campagne a donné peu de résul­ -> Aménagement rural ; Migrations; Vieillissement d'une popu­
tats, sinon de fixer une partie de la population lation.
EXODE URBAIN 338

EXODE URBAIN —> Périurbanisation ; le cas où elle assure « le développement d’un


Rurbanisation ensemble industriel qui joue un rôle important
dans l’intérêt régional ».
En France, la procédure d ’expropriation est
EXPANDING TOW N — N ew Town très généralement divisée en deux phases. La
phase administrative, réservée aux opérations
préparatoires à l’expropriation proprement
EXPOSITION ->■ Architecture éphémère dite, a pour objet d’identifier les parcelles et
leurs propriétaires et, au terme d ’une enquête
préalable, permet à l’administration la déclara­
EXPOSITION D 'U N B Â TIM E N T -> Orientation tion d ’utilité publique de l’opération ( dijp).
(et exposition) d'un bâtiment L’arrêté de cessibilité a pour but de délimiter
avec précision les parcelles à exproprier, leurs
propriétaires et ayants droit. L’enquête, dite
EXPROPRIATION parcellaire, qui le précède, permet de procéder
contradictoirement à leur détermination, et
L’expropriation est une procédure adminis­ c ’est le préfet qui prend l’arrêté au nom de
trative et judiciaire par laquelle l’administra­ l’État. Cet arrêté est susceptible d’être attaqué
tion utilise son pouvoir de contrainte pour par voie de recours pour excès de pouvoir,
obtenir la propriété d’un bien, en règle géné­ dont la décision juridictionnelle concluant à
rale foncier ou immobilier, en vue de la réali­ l’annulation remettrait en cause la déclaration
sation d’un objet d’intérêt général. Dans la d’utilité publique.
panoplie des moyens de l’action foncière La phase judiciaire, qui débute par Vordon­
publique, l’expropriation est le moyen le nance d ’expropriation prononcée par le juge;
plus puissant. On la retrouve, sous des a ensuite pour objet de mener à bien le trans­
formes variées, dans la plupart des pays du fert de propriété et de déterminer le montant
monde, où elle permet aux collectivités des indemnités qui seront versées aux expro­
publiques de réaliser certains équipements et priés. En règle générale, la plus grande partie
infrastructures d’intérêt général (chemins de des transactions se fait à l’amiable, au prix
fer, routes et autoroutes, aéroports, écoles, proposé par le juge. Lorsque le propriétaire
hôpitaux, etc.). est en désaccord sur le prix qui lui est proposé,
En France, la Révolution de 1789 avait il a la possibilité d’aller devant la chambre
posé le principe, dans la Déclaration des droits d’expropriation pour obtenir satisfaction. Le
de l’homme, que « la propriété étant un droit propriétaire peut demander la rétrocession du
inviolable et sacré, nul ne peut en être privé si terrain si l’opération projetée n’a pas été réali­
ce n ’est quand la nécessité publique, légale­ sée dans un certain délai. Il peut exiger une
ment constatée, l’exige évidemment, et sous expropriation en totalité si la partie non expro­
la condition d ’une juste et préalable indem­ priée s’avère inutilisable.
nité ». Dans de nombreux pays, la réglementation
Au cours du XIXe siècle et plus encore du de l’urbanisme, lorsqu’elle est particulière­
XXe siècle, l’expropriation a vu son champ ment sévère (par exemple une interdiction
s’accroître considérablement dans tous les définitive de construire dans une zone en
pays développés (moins cependant aux États- cours d ’urbanisation), peut être assimilée à
Unis qu’en Europe), tant du point de vue des une expropriation et ouvrir droit à indemnité
objectifs poursuivis (par exemple, acquisition (taking aux États-Unis, expropriation maté­
de terrains pour l’urbanisation) que des béné­ rielle en Suisse).
ficiaires (collectivités territoriales, établisse­ On peut enfin remarquer que, au moins
ments publics, organismes construisant des dans un certain nombre de pays d ’Europe de
logements sociaux). l’Ouest, après une période progressive
La notion d 'utilité publique, dont la d ’extension du champ des opérations qui
reconnaissance par l’administration rend pos­ pouvaient ouvrir droit à l’expropriation, ce
sible le recours à l’expropriation, s’est elle- champ tend maintenant à se réduire dans la
même considérablement élargie, ju sq u ’à pratique, revenant de plus en plus à ses objets
englober des intérêts privés, par exemple dans traditionnels que sont par exemple les bâti­
339 EXPULSION

ments publics ou les grands équipements conditions de taille et de loyer, mais pas
linéaires : autoroutes, voies ferrées, etc. nécessairement de proximité de l’ancien loge­
V. R. ment : ce processus a conduit à de nombreux
départs du centre vers les grands ensembles de
► Action foncière; Acquisition foncière; Maîtrise foncière; Pro­ la périphérie et accéléré la transformation
priété.
sociale des quartiers centraux (à Paris en parti­
culier). Certains organismes, et surtout des
marchands de biens ou des promoteurs,
EXPULSION exercent parfois des pressions illicites sur des
locataires mal informés, pour obtenir leur
Décision de justice visant à faire partir d ’un éviction au moindre coût. Les transformations
logement, contre leur gré, ses occupants qui du tissu urbain par le jeu de ces mécanismes
n’ont pas (squatters) ou n’ont plus (bail non d ’éviction sont moins spectaculaires, mais
renouvelé ; non-respect du bail, en particulier beaucoup plus importantes, que celles qui
par défaut de paiement du loyer) de titre à résultent des expulsions dont une petite mino­
l’occuper. rité prend la forme extrême du recours à la
En France, la procédure d’expulsion suppose force publique.
une ordonnance d’expulsion délivrée par le tri­ Depuis la loi de lutte contre les exclusions
bunal d’instance, qui est signifiée au locataire de juillet 1998, une politique de prévention
par huissier et exécutée, si nécessaire, avec le des expulsions s’est mise en place et étoffée
concours de la force publique. Des délais progressivement, notamment avec la loi por­
peuvent être accordés par le tribunal au loca­ tant engagement national pour le logement
taire. Aucune expulsion ne peut être exécutée de 2006 et la loi pour le droit au logement
en hiver (1er décembre au 15 mars). Si la police opposable de mars 2007 : mise en œuvre de
refuse d’apporter son concours à l’exécution, chartes départementales pour la prévention
l’Etat doit verser des indemnités au propriétaire. des expulsions, création d ’un protocole
L’expulsion peut, ou non, être accompagnée du d ’urgence pour les locataires de bonne foi
relogement du locataire, par le propriétaire ou qui s’engagent à reprendre le paiement de
par une collectivité publique (29,6 millions d ’€ leur loyer (circulaire de mai 2004), volet
dépensés à cette fin en 2007). obligatoire dans les plans départementaux
Il ne faut pas confondre expulsion et évic­ d ’action pour le logement des personnes
tion d’un logement. L’éviction a une portée défavorisées ( p d a l p d ), reconnaissance des
plus large et vise tous les processus qui locataires de bonne foi menacés d’expulsion
conduisent les habitants d’un logement, d ’un parmi les publics prioritaires du droit au
immeuble ou d’un quartier à le quitter. C’est logement, etc. La nécessité de prévenir les
le cas de la rénovation urbaine, de la réhabili­ expulsions est en effet ravivée ces dernières
tation d ’un immeuble, de la reprise d ’un années par les problématiques d’engorgement
appartement par son propriétaire (pour lui- du parc social comme des structures d’héber­
même, pour ses enfants ou pour le vendre). gement d’urgence et d ’accueil des sans-abri.
Dans certains cas (par exemple, la rénovation
urbaine depuis 1970), la loi impose le reloge­ A. M. et P. M.
ment ou une indemnisation si le locataire la -> Démunis (logement des); Mobilité résidentielle; Péril (arrêté
préfère. Le relogement doit respecter des de); Rénovation urbaine.
F

FABRIQUE -> Usine ainsi que les façades d ’édifices comme la


bibliothèque d’Éphèse).
Dans l’Italie médiévale, les arcades
FAÇADE —►Enveloppe; Façadisme; aveugles primitives des frontons d ’églises se
Ravalement sont transformées progressivement en véri­
tables galeries disposées sur le mur portant de
la façade (cf. G. T. Rivoira, L ’architettura
FAÇADISME lombarda, Milan, 1910). Ainsi le front du
dôme de Pise, dont la riche arcature forme
Ce terme désigne un principe de composi­ une sorte de paravent, déployé sur la surface
tion architecturale qui attribue à la façade un de la véritable « façade » de l’église, offre un
rôle autonome par rapport à l’édifice qu’elle exemple accompli du façadisme italien.
enveloppe. La façade est dans ce cas libre­ La colonnade-paravent disparaît à la
ment appliquée sur le front du bâtiment, sans Renaissance. Le façadisme s’exprime alors
rapport avec le système structural ou fonction­ par des compositions idéalisées de propor­
nel de celui-ci (école de San Rocco à Venise ; tions abstraites ou par le plaquage, sur les édi­
palais Ruccelai d’Alberti à Florence). Le faça­ fices gothiques, de façades satisfaisant le
disme peut dénoter une tendance à établir une nouveau goût. La colonnade apparaît enfin,
hiérarchie marquée entre les diverses façades sous une forme nouvelle, dans l’architecture
d’un édifice de façon à faire ressortir le carac­ baroque, avec ses colonnes, ses entablements
tère cérémonial ou représentatif de la façade et ses frontons décoratifs appliqués sur la
principale au détriment des autres (palais structure organique des édifices (Santa Maria
Madame de Juvara à Turin). Dans ce cas, in Campitelli de C. Rainaldi à Rome).
l’édifice est perçu dans sa fonction bidimen­ Le façadisme italien, marqué par la disso­
sionnelle de « mur » décoratif d ’un « salon » ciation de l’extérieur - ce «masque embelli»
urbain, voire de dernier plan d’une enfilade (Quatremère de Quincy) - et de l’intérieur de
panoramique. l’édifice, continuera à se manifester dans de
Cette qualité scénographique de l’architec­ nombreuses œuvres des rationalistes italiens
ture est encore exploitée de nos jours par des années 1930 (bureaux et appartements à
divers courants du « postmodemisme ». La Milan par Figgini et Pollini) et ne perdra rien
négation de tout lien entre le plan et la façade de son attrait pour certains architectes italiens
et la volonté de réduire l’édifice aux deux de l’après-guerre (immeubles locatifs à Milan
dimensions d ’un seul mur, sont des choix de Giancarlo de Carlo ; Banque populaire de
architecturaux caractéristiques de l’Italie Vérone de Carlo Scarpa, 1974-1981).
depuis l’Antiquité où l’exploitation d ’élé­ Le terme façadisme est, enfin, employé
ments structuraux à des fins décoratives a fini pour désigner une pratique récente concernant
par transformer ceux-ci en une deuxième autant l’urbanisme que l’architecture : la
façade indépendante de la première (scaenae construction d ’édifices nouveaux derrière des
frons des thermes et des arcs de triomphe, bâtiments anciens éventrés et réduits à leur
FACTEURS DE LOCALISATION DES ACTIVITÉS 345

seule façade, sous prétexte de préservation des régions économiques et une théorie des
historique. Parfois confondu avec les efforts échanges.
d’intégration de monuments historiques à des L’entreprise qui dispose d’une localisation
constmctions nouvelles (la Bourse de Rome meilleure que ses concurrentes bénéficie
construite sur le site du temple d’Hadrien), ou d’une rente de localisation. Mais la localisa­
encore avec le « recyclage » d’édifices dont la tion optimale pour une activité peut évoluer,
valeur architecturale justifie leur préservation, par exemple avec les réseaux de transport.
le façadisme fait aujourd’hui l’objet de contro­ Aujourd’hui, des facteurs plus qualitatifs,
verses passionnées (cf. le gratte-ciel à l’empla­ tels que la proximité d ’autres activités, de
cement du Coty Building à New York sur la services, de sous-traitants, bref d ’un véri­
5e Avenue), surtout là où la spéculation fon­ table m ilieu d ’affaires, et le prestige de
cière met en cause la préservation authentique l’adresse deviennent des facteurs de locali­
du patrimoine urbain. sation prépondérants pour les entreprises,
D. U. non seulement dans le secteur tertiaire, mais
aussi dans l’industrie, pour le siège social,
Arcade; Peinture; Postmoderne. les laboratoires et centres de recherche, et
même les unités de production. Ainsi
s’explique le développement de Grenoble
FACTEUR S DE LO CALISATION ou de la grande banlieue sud-ouest de Paris;
DES ACTIVITÉS Les économies externes, que retirent les
entreprises de la présence d’autres activités
Éléments qui contribuent au choix d’une qui leur sont utiles, sont aussi un facteur
implantation dans l’espace par une activité. important de localisation, que favorise la
La géographie industrielle traditionnelle concentration des activités, malgré les charges
distinguait : qui en découlent (loyers et souvent salaires
— les matières premières et l’énergie qui plus élevés). La politique de décentralisation
attirent les industries en consommant en vise à inverser ce processus. Elle peut
grandes quantités (ex. : sidérurgie sur les bas­ s’appuyer notamment sur les déséconomies
sins miniers de fer ou, dans une moindre externes que cause un excès de concentration
mesure, de charbon) ; (congestion de la circulation, pertes de temps
— par extension, les lieux d’importation de dans les transports, fatigue des salariés, loyers
ces matières premières jouant un rôle analogue et salaires élevés).
(ex. : raffineries de pétrole dans les ports) ; P. M.
— la main-d’œuvre et, en particulier, la
main-d’œuvre qualifiée, surtout pour les , Économies externes; Économie spatiale.
industries de main-d’œuvre ;
— le marché de consommation : ces deux
derniers facteurs expliquent l’implantation de FAIM -> Agriculture
nombreuses industries dans des aggloméra­
tions éloignées des ressources en matières
premières (ex. : Paris). FAMILLE
La théorie de la localisation des industries
en fonction de ces facteurs a été formalisée La fam ille est un ensemble de personnes
par l’économiste allemand Weber en 1909 liées par l’union (consacrée institutionnelle­
(Über den Standort der Industrien) qui défi­ ment par le mariage ou libre) et par le proces­
nit le triangle de localisation et recherche le sus de reproduction : elle comporte le couple,
point optimal d’implantation : c’est celui où les enfants et les ascendants. La famille éten­
la somme des coûts de la main-d’œuvre et due comporte la parentèle, même indirecte, et
des transports (matières premières, énergie, peut, dans certaines populations, s’étendre à
produits fabriqués) est minimale. Cette la tribu. Au contraire, on appelle noyau fami­
théorie sera complétée et élargie dans la lial (ou famille nucléaire) la famille réduite au
suite par d ’autres auteurs, notamment par couple et à ses enfants : c’est l’unité pertinente
Lôsch (Die râum liche Ordnung der pour les études démographiques.
Wïrtschaft, 1940) qui y a ajouté une théorie Lorsque plusieurs noyaux familiaux, et
MS FAMILLE

a fortiori des personnes sans lien familial père et la mère, rompu par la mobilité accrue
direct, résident dans un même logement et le lien à l’espace et au groupe restreint. Le loge­
constituent donc un même ménage, on parle ment a contribué à accélérer cette mutation :
de cohabitation. Un des objectifs de la poli- le logement des jeunes se rendant en ville
tique du logement est d ’élargir l’offre pour était exigu et précaire. Dans le logement des
supprimer les cohabitations non volontaires. familles ouvrières - et dans le logement urbain
Mais il est clair que la famille est une insti­ en général - , l’espace est mesuré au minimum
tution dont la composition, le rôle et l’idéolo­ nécessaire pour permettre sa reproduction.
gie varient grandement selon les civilisations Mais cet espace du logement est d’autant plus
et les époques, comme nous l’enseigne l’his­ valorisé qu’il est limité et coûteux. Il s’établit
toire de notre propre société, entre le XIIIe et le alors une correspondance de fait entre le loge­
XXe siècle, par exemple. Les structures de la ment et la famille nucléaire. Les autorités
fumille ont en effet accompagné celles de la contribuent à cette évolution par les méca­
société et dépendu de l’influence de la reli­ nismes de programmation et d’attribution des
gion. En France, on rencontrait traditionnelle­ logements. La correspondance entre un
ment de nombreux ménages multiples ménage et un logement est alors établie,
(plusieurs générations ou plusieurs noyaux comme celle entre le nombre de pièces et la
familiaux cohabitant sous le même toit) dans structure et la dimension du ménage.
le sud et le centre du pays, davantage de La famille, qui a donc évolué au cours des
familles mononucléaires dans le nord. Ces dif­ siècles, n ’est cependant pas figée dans le
férences étaient notamment liées aux tradi- modèle de la famille nucléaire (couple marié
lions en matière de transmission de la et ses enfants). Les causes des évolutions
propriété (héritages, indivision). Les commu­ actuelles de la famille doivent être recher­
nautés familiales ont même été une forme chées dans les relations entre les individus et
dominante de la famille - et de la propriété, entre les sexes. Au cours des deux siècles
essentiellement rurale - dans les civilisations écoulés, on a assisté à l’affaiblissement de la
slaves de l’Europe centrale et danubienne (la lignée par rapport au noyau biologique, de la
zadrouga des slaves du sud notamment). La gens par rapport à la domus. La nouvelle évo­
communauté familiale est encore très répan­ lution en cours résulte du transfert d’impor­
due dans les pays islamiques, en Afrique tance des liens du sang vers les liens de
intertropicale et en Amérique latine, essentiel­ l’amour. Le mariage bourgeois était long­
lement en milieu rural. temps demeuré un mariage arrangé, gouverné
En France, la famille de type patriarcal, hié­ par les intérêts et par les convenances plus
rarchisée, était la norme. La famille remplissait, que par l’attirance réciproque. Aujourd’hui, la
sous la responsabilité de l’ancêtre, une triple formation des couples (parfois homosexuels)
fonction économique - unité de production, selon l’inclination, la libération partielle de la
surtout en milieu rural - , sociale - cadre de vie femme des tâches éducatives - grâce à l’école
de l’individu, auquel elle apporte sécurité publique - , puis ménagères - grâce à l’équi­
et éducation, à laquelle il doit solidarité - et pement ménager - , la disparition des tabous
morale : gardienne des traditions familiales sexuels ont conduit à privilégier l ’intimité
et religieuses. La Révolution a cherché à valori­ entre deux individus. La famille nucléaire
ser l’individu et a introduit le divorce, mais la s’en trouve fragilisée. Le mariage n ’apparaît
bourgeoisie a cherché à maintenir l’ordre plus comme une institution fondamentale du
ancien, la pérennité des valeurs morales et la groupe, mais seulement comme un moyen,
transmission des terres selon le droit d’aînesse. facultatif, de confortation du couple. Les
Cependant, les bourgeois libéraux, créateurs du enfants assurent moins un besoin de repro­
système capitaliste, valorisèrent l’individua­ duction ou de création de richesse que de ren­
lisme et le partage des biens, que l ’enfant forcement du couple. Tout en restant
unique résout. L’enfant n’apparut plus comme majoritaire, la famille nucléaire n ’est plus la
une richesse, mais comme un risque de disper­ règle. La multiplication des couples non
sion des capitaux. La révolution industrielle et mariés, celle des divorces et des séparations,
les mutations qui l’ont accompagnée ont rendu la reconstitution de nouveaux couples par des
caduques les fonctions traditionnelles de la personnes séparées (familles recomposées), la
famille, estompé la différence des rôles entre le multiplication des procréations hors mariage
FAUBOURG 344

et des familles monoparentales sont les prin­ lisation. Les faubourgs pouvaient atteindre
cipales manifestations de cette évolution. une extension importante et s ’organiser en
L’affranchissement à l’égard de la norme communautés autonomes (avec église et vie
familiale ne se traduit pas pour autant par un sociale propre) pendant les périodes de paix,
relâchement des liens interindividuels. Au Mais les faubourgs étaient mal acceptés par le
contraire, la fragilité des couples s’accom­ pouvoir de la ville et par le pouvoir politique
pagne d’un besoin accru de solidarités nou­ qui cherchaient à en interdire le développe­
velles ou plus intenses : entre générations, ment. Ainsi, à Paris, on ne compte pas moins
entre parents séparés, entre frères et sœurs, de 17 édits royaux successifs entre 1549 et
entre amis. 1781, interdisant la construction hors des
En termes de besoins de logements, il en murs. Mais ces interdictions restaient le plus
résulte une diminution de la taille moyenne souvent formelles ou furent vite oubliées,
des ménages - accélérée par ailleurs par la Ceci conduisit, périodiquement, la ville à
baisse de la fécondité - , donc une augmenta­ étendre ses limites, voire à construire de nou­
tion du nombre de logements nécessaires et veaux murs de fortification pour englober les
l’apparition, face au modèle dominant de la faubourgs. C ’est ainsi qu’à Paris, outre
maison familiale individuelle en accession à d’anciens faubourgs dont la localisation appa­
la propriété en périphérie des aggloméra­ raît aujourd’hui très centrale (Saint-Honoré,
tions, d’un contre-modèle de l’appartement Saint-Antoine, Saint-Denis, Saint-Martin,
en location dans le centre des villes. Celui-ci Saint-Germain, etc.), les faubourgs du XVIIIe
est en effet mieux adapté à des situations et du début du xixe siècle ont été incorporés à
familiales qui évoluent sans cesse au cours la ville en 1860.
du cycle de vie, aux besoins de proximité et D ’autres faubourgs se sont implantés le long
de solidarité qu’éprouvent les jeunes qui ont des principaux axes de communication qui
quitté le domicile familial, les couples encore rayonnent autour de la ville, en fonction des
précaires, les parents divorcés, les familles besoins des voyageurs. Les plus proches de
monoparentales et même les personnes âgées ces anciennes communautés ont été absorbées
dont l’importance relative augmente avee le par les vagues successives de la banlieue, mais
recul de la mortalité. La politique du loge­ s’en distinguent encore dans le tissu urbain par
ment et la politique d’urbanisme se doivent leur caractère linéaire, leurs maisons groupées,
d’être neutres par rapport aux choix indivi­ l’importance des commerces, etc.
duels en matière familiale. Elles doivent se Des faubourgs se sont encore développés;
montrer également accueillantes vis-à-vis du à la fin du xixe siècle, près des gares dans les
modèle, encore largement majoritaire, et du villes, nombreuses, qui ont refusé que le che­
contre-modèle émergent. min de fer pénètre leur centre (Les Aubrays
P. M. à Orléans, Saint-Pierré-des-Corps à Tours,
etc.) : un axe privilégié, peu à peu urbanisé,
-* Logement; Ménage. les relie alors au centre de la ville.
Dans tous les cas, le faubourg s’oppose à la
banlieue. Alors que cette dernière occupe
FAU BO U RG l’espace de façon continue, par un déborde­
ment de la ville, le faubourg avait un carac­
Excroissance ponctuelle d’une ville (de fors tère ponctuel, étroitement localisé. Il était
- hors - et bourg : hors les murs). dominé par ses propres activités - artisanat,
Initialement, le faubourg résultait de commerce, agriculture suburbaine, auberges
l’implantation, hors des limites (en général et anciens relais de poste - alors que, dans la
hors des murs) de la ville, d’activités qui n ’y banlieue, le rapport entre les activités et
étaient pas acceptées ou qui, plus souvent, y l’habitat est rarement direct.
trouvaient une localisation avantageuse.
P. M.
L’existence de douanes intérieures (l’octroi),
perçues aux portes de la ville (les barrières de -» Banlieue; Ville.
C. N. Ledoux dont les pavillons subsistent à
Denfert-Rochereau, place du Trône, sur le
canal Saint-Martin), favorisait ce type de loca­ FAVELLA —►Bidonville
446 FÊTE

FÉCONDITÉ pays, un déficit de naissances et un vieillisse­


ment de la population. Les pays non déve­
Fait démographique lié à la procréation loppés ont connu plus tard (deuxième moitié
des enfants, considérée du point de vue de la du XXe siècle) une révolution démographique
femme ou parfois du couple. analogue, mais plus tardive et plus rapide.
Le taux global de la fécondité générale est le Dans la période qui a suivi la chute de la mor­
rapport du nombre annuel de naissances à talité, mais avant celle de la fécondité, la
I' effectif féminin en âge de procréer (en général croissance démographique a été très rapide
de 15 à 49 ans inclus). On peut aussi définir : (souvent plus de 3 % par an). La période
— des taux de fécondité par âge ou par actuelle est, depuis une génération, celle de la
groupe d’âge (quinquennal en général) ; baisse de la fécondité (déjà achevée dans cer­
— des taux de fécondité légitime, en rap­ tains pays), ce qui ralentit (depuis le début des
portant les naissances légitimes à la popu­ années 1980) le rythme de croissance de la
lation féminine mariée (de 15 à 49 ans pour population mondiale.
le taux global) - on peut aussi les calculer par La France a connu une évolution de
âge ou selon l’âge de la femme au mariage - sa fécondité quelque peu différente de celle
et des taux de fécondité illégitime (global ou des autres pays européens. La chute de la
par âge), en rapportant les naissances illégi­ fécondité y a été plus précoce et plus pro­
times à la population féminine non mariée. fonde que dans la plupart d ’entre eux, au
Les taux de fécondité ont pour objet de point qu’entre les deux guerres mondiales,
mesurer la fécondité d’une population, indé­ elle n ’assurait plus le renouvellement de la
pendamment de sa structure par sexe et âge. population (qui nécessite environ 2,1 nais­
On peut les combiner pour former un indica­ sances par femme). La vigoureuse reprise de
teur synthétique : le taux brut de reproduction. l’après-guerre (en fait, dès 1943) a duré plus
Celui-ci est le nombre moyen de filles par de deux décennies, mais s’est estompée pro­
femme qui aurait, à chaque âge, les taux de gressivement à partir de 1965. Le nombre de
fécondité générale du moment, en l’absence naissances par femme, qui avait approché 3,0
de mortalité. à la fin des années 1940, est tombé à 1,94 en
Plus encore que pour la natalité, les études 1980 et même à 1,65 en 1993, mais a connu
fines de fécondité s’effectuent en fonction de une remontée (2,00 en 2008) qui place la
la durée du mariage et de l’âge au mariage, du France au premier rang des pays européens.
rang de la naissance et de l’intervalle (dit P. M.
intergénésique) qui sépare deux naissances
successives. On définit en particulier des pro­ -> Analyse démographique; Natalité; Projections démogra­
phiques; Vieillissement d'une population.
babilités d’agrandissement des familles et un
nombre moyen d’enfants par mariage, comme
indices du moment.
L’analyse de la fécondité peut être menée à FENÊTRE - » Verre
partir de taux du moment (analyse transversale)
ou pour une génération (analyse longitudinale).
La fécondité, traditionnellement élevée, de FÊTE
la plupart des populations humaines dépassait
légèrement la mortalité en période ordinaire. Le terme d ’abord connoté par le sacré, a
L’excédent de population qui en résultait était acquis, tant dans son usage courant et dans
en grande partie annihilé lors des guerres, des celui des disciplines qui ont étudié la fête, une
famines, des accidents climatiques graves. La « extrême fluidité de sens » (F. A. Isambert,
révolution démographique a bouleversé cet Encyclopaedia universalis). Durkheim souli­
équilibre précaire. Les populations des pays gnait la mixité de la fête en tant que fait social.
développés d’abord, lors (voire un peu avant) Manifestation collective, le plus souvent
de la révolution industrielle, ont réduit joyeuse, civile ou religieuse, pour célébrer
d’abord leur mortalité grâce aux progrès de la une personne ou un objet, la fête s’adresse
médecine, puis leur fécondité par des mesures aux cinq sens, libère les émotions et produit
volontaires. Il en est résulté un nouvel équi­ du sens. La fête est un espace-temps en rup­
libre, voire récemment, dans de nombreux ture avec le quotidien, le travail. Elle se
FÊTE m

déploie dans un espace et suscite la création loppés à l’époque de la Renaissance et du


de lieux dont l’aménagement laisse des traces Baroque, ont contribué à la naissance de l’art
après la fin de l’événement : démolitions de urbain classique (Les fêtes de la Renaissance :
constructions et ouverture de nouveaux études réunies et présentées par J. Jacquot,
espaces de circulation pour les cortèges et Paris, cnrs, 1956); les fêtes privées qui ont
pour les jeux, constructions d’architectures joué un rôle important de stimulant pour l’archi­
éphémères pour décorer et qualifier le lieu tecture intérieure d’apparat et l’architecture des
festif. La fête intègre les actes rituels, étudiés jardins : en France, à l’époque classique, les
tout d’abord par les anthropologues qui diffé­ châteaux de Vaux et de Versailles illustrent ce
rencient diverses pratiques rituelles : « rites rôle fécondant des fêtes.
saisonniers», «rites de passage», «rites Dans les sociétés modernes occidentalisées,
d ’initiation», etc.) comme un «fait social le carnaval est resté vivant dans quelques cas
total» qui, dans les sociétés traditionnelles, (en Europe, Bâle ou Binche, par exemple))
associe selon des modalités variées, un certain tandis qu’ailleurs il a pu être récréé, en partie
nombre de traits : périodicité réglée, mise en (Rio de Janeiro), ou totalement (Venise), paî
scène et «exploration im plicite» (incons­ le tourisme (P. G. d’Ayala et M. Boiteux, Car­
ciente) des rapports ambigus qu’un homme navals et mascarades, Paris, 1988). Les traces
d’une société donnée entretient avec son uni­ de la fête traditionnelle sont demeurées plus
vers social et un univers symbolique, trans­ vivaces en milieu rural. D’une façon générale,
gression des interdits, réduction de la distance elle tend cependant à disparaître et ne survit
sociale entre les groupes, effacement tempo­ que ponctuellement, à l’occasion de célébra­
raire de conflits d ’intérêts, consommation tions nationales, par exemple, sous la forme
ostentatoire de richesses (A. van Gennep, Les de bals populaires (14 juillet) ou encore dés
rites de passage, Paris, 1909; M. Hubert et manifestations du 1er mai. Toutefois ces fêtes
M. Mauss, Mélanges d ’histoire des religions, ne sont pas exemptes d’une instrumentation
Paris, 1929). plus ou moins marquée (D. Tartakowsky, Les
Dans les sociétés où « sacré et profane » usages politiques des fêtes aux xdC-xxL siècle,
sont clairement séparés, les «fêtes reli­ Paris, 1994). Dans les années 1980, on a pu
gieuses » peuvent témoigner d’efforts expli­ assister à une large reprise des fêtes tradition­
cites pour représenter une conception nelles, carnavalesques et religieuses et à un
particulière d’un monde sacré et pour établir engouement de l’étude anthropologique de
une «com m unication» avec lui (C. Lévi- terrain et des recherches historiques sur le
Strauss, L'homme nu, Paris, 1971). sujet (Gramsci, Bakhtine, Baroja, Duvignaud,
Dans les sociétés occidentales préindus­ Le Roy Ladurie, Gaignebet, Fabre).
trielles, la fête populaire prenait essentiellement Il ne faut confondre avec la fête ni les célé­
la forme du carnaval et des manifestations brations désignées ainsi au sein de la famille;
périodiques de même type, qui n’appellent ni surtout les processus de consommation (de
pas d’espace spécifique, mais tendent à investir la fête des mères à la célébration de Halloween
les espaces publics extérieurs (rues, places). dans les pays européens), programmés de
D’autres formes, désignées par le nom de fête, façon identique dans le monde entier, par la
présentent seulement certains des traits préci­ publicité commerciale, qui simulent la tradi­
tés : il s’agit alors soit de fêtes rituelles reli­ tionnelle consommation. Cette dimension
gieuses, dont la liturgie se déroule dans l’espace économique des manifestations contempo­
du lieu du culte ou dans l’espace processionnel raines, qui récupèrent la valeur symbolique et
de la ville, soit des fêtes liées aux pouvoirs poli­ communicative du qualificatif « fête », a ainsi
tique, social, économique. Telles, par exemple, contribué à laïciser et à adultérer les anciennes
au temps du développement des fêtes de cour, fêtes religieuses comme celle de Noël, qui
les fêtes publiques accompagnant l’entrée des devient l’occasion d’illuminations et de déco­
monarques ou de grands personnages dans les rations urbaines invitant à la consommation.
villes ou la célébration de grands événements, En revanche, quelques-uns des caractères
manifestations visant à légitimer des personnes, originels de la fête apparaissent dans certaines
des régimes ou des Etats (M. Ozouf, La fête grandes manifestations collectives, spéci­
révolutionnaire, Paris, 1988), et dont la mise en fiques de la société industrielle, tels les festi­
scène et les décors éphémères, largement déve­ vals de jazz qui peuvent réunir des centaines
-147 FINANCEMENT DU RENOUVELLEMENT URBAIN

de milliers de spectateurs et engendrent une tiers qui connaissent des difficultés similaires.
architecture et un aménagement éphémères et C’est donc un changement important dans la
en partie spontanés (Woodstock, île de Wight) mise en œuvre des moyens de l’État qui va
ou rave parties qui illustrent la dimension de dans le sens d ’une simplification et d ’une
la fête comme espace de subversion et d’une meilleure lisibilité de l’action publique. Elle
possible transgression de la norme sociale, dispose de financements de l’État, du secteur
politique, culturelle. des h l m , de la Caisse des dépôts et consigna­
F. C. et M. Bo. tions ( c d c ). Au total, l’effort en 2004 pour
financer le programme national de rénovation
► Anthropologie; Architecture; Art urbain; Baroque; Espace urbaine s’élève à 1,050 milliards d’€.
public; Renaissance.
De son côté, la c d c a poursuivi les actions
engagées dans le cadre de son programme
de renouvellement urbain. Ce programme,
FEUX DE S IG N ALISA TIO N -> Carrefour; Débit issu d’une convention signée avec l’État en
d'une voie octobre 1998 et actualisée en juin 2000, a
pour objet de favoriser des investissements
de renouvellement urbain, notamment à tra­
FIBRE O PTIQUE -> Télématique vers des prêts pour le renouvellement urbain
( p r u ) à taux privilégié lié à celui du livret A,
des prêts de projet urbain ( pp u ) et un fonds
FICHIER DE PO PULATION -♦ Population d ’investissement pour le renouvellement
urbain ( f r u ).
L’enveloppe des prêts pour le renouvelle­
FICHIER DES É TA B LISSEM EN TS ment urbain ( p r u ) sert au financement des
INDUSTRIELS E T CO M M ER C IAU X - Em ploi; actions prévues sur les sites nécessitant un
Établissement remaniement profond des quartiers et des
espaces, prioritairement dans les grands pro­
jets de ville ( g p v ) et dans les opérations de
FIN AN CEM EN T DE LA C O N S TR U C TIO N renouvellement urbain ( o r u ). Le p r u a pour
-* Aide à la pierre ; Crédit immobilier ; vocation de favoriser la diversification de
Habitation à loyer modéré ( h l m ) l’habitat par des opérations de restructuration,
de démolition et de reconstruction de loge­
ments (29% des émissions en 2002) et de
FIN ANCEM ENT réhabilitation (17% des émissions en 2002).
DU R EN O U VELLEM EN T URBAIN Il finance aussi les interventions sur le parc
privé, en particulier dans les copropriétés
Le programme national de rénovation dégradées. Il peut financer également
urbaine a pour objectif d’améliorer les condi­ l’ensemble des investissements inscrits dans
tions de vie des habitants des quartiers priori­ les projets de rénovation urbaine: investisse­
taires de la politique de la ville grâce à l’effort ments à caractère public (écoles, équipements
porté dans le domaine du logement, de l’habi­ sportifs et culturels, espaces verts).
tat et de l’environnement urbain. Il s’agit de Le prêt projet urbain ( ppu ) se concentre sur
réhabiliter, de construire ou de démolir des les investissements hors logement, qu’ils soient
centaines de milliers de logements. de caractère public ou privé, à partir du moment
L’un des moyens destinés à mettre en où ils font partie du projet local de requalifica­
œuvre le programme est l’Agence nationale tion urbaine et sociale. Les ppu peuvent financer
pour la rénovation urbaine ( a n r u ), établisse­ des investissements à vocation économique,
ment public à caractère industriel et commer­ des travaux d’aménagement, d’infrastructure
cial, créée en 2004 en conformité avec la loi ou d ’amélioration de la circulation dans les
du 1er août 2003. Cet organisme a en charge quartiers, l’implantation ou la requalification
le financement par des subventions aux d ’équipements de proximité, la création ou
maîtres d’ouvrage des opérations de rénova­ l’amélioration d’établissements d’enseignement
tion urbaine dans les zones urbaines sensibles primaire ou secondaire, de centres culturels ou
(zus) et, à titre exceptionnel, dans les quar­ sportifs, des acquisitions foncières et des opéra­
FISCALITÉ

tions de partage foncier. Son taux n ’était pas par rapport au revenu et au patrimoine im n fl
très attractif puisqu’il se situait à 4,2 %, pour la bilier, a un poids trop faible pour exercer dS|
période 2002-2004. C’est pourquoi la consom­ effets appréciables, contrairement aux Étfttfi
mation de ces prêts est en baisse. Unis où la property tax a parfois suscité ( f l
V. C. mouvements de révolte des c o n trib u a b le
C’est surtout la taxe professionnelle qui a-,fl
-» Amélioration de l'habitat ancien; Pacte de relance pour la accusée d’effets pervers, à la fois entre c o f l
ville; Renouvellement urbain; Rénovation urbaine.
munes riches et pauvres et entre taille et natun
d’activité des entreprises imposables, celles i|
fort contenu en travail étant relativement pénw
FISCALITÉ lisées. La taxe professionnelle a été remplàûél
au 1er janvier 2010 par la contribution éconflp
Synonyme de prélèvement obligatoire, la mique territoriale, composée de deux élément!
fiscalité est généralement définie de manière assis respectivement sur la valeur foncière :É !
large par les auteurs modernes comme sur la valeur ajoutée des entreprises.
« l’ensemble des prélèvements pécuniaires Quant à la fiscalité spécifique sur les plus» ‘
obligatoires à titre définitif, sans contrepartie values foncières et immobilières et sur les 1
directe ou immédiate, requis des agents éco­ opérations de construction et d’aménagemeMj
nomiques par les administrations publiques ». elle n’exerce ni effet incitatif majeur, ni effet
Cette définition inclut donc, à côté des impôts dissuasif pénalisant, à l’exception peut-être
proprement dits, la parafiscalité et surtout les de la redevance pour dépassement du plafond
cotisations sociales, au motif que, dans la plu­ légal de densité. 1
part des pays, ces dernières sont plus proches P.-H.D, -
d’un véritable impôt que d’un système d’assu­
rances volontaires. Contribution économique territoriale (CET) ; Fiscalité direotü
locale; Imposition des plus-values immobilières; impôt sur
• Il existe diverses classifications : les grandes fortunes; Plafond légal de densité; Taxe d'haw» ;
— Impôts directs (émis par voie de rôle, tation ; Taxe foncière sur les propriétés bâties ; Taxe foncière
sur les propriétés non bâties ; Taxe professionnelle.
généralement assez progressifs par rapport
aux revenus et aux patrimoines) et impôts
indirects (frappant l’activité ou la dépense à
des taux proportionnels). FISCALITÉ DIRECTE DES ÉTA B LISSE M E N TS 1
— Impôts sur le revenn/impôts sur le capi- PUBLICS DE CO OPÉRATION
ta//impôts sur la dépense. IN TER C O M M UN ALE (EPCI)
— Impôts levés par les gouvernements
centraux/impôts régionaux et locaux. Sur ce Pendant un siècle, la coopération inter-i
dernier point, les pays à structure fédérale ont communale s ’est effectuée par le biais de
un système de partage des recettes fiscales syndicats de communes financés par des par­
entre les trois niveaux de gouvernement : Etat ticipations des communes membres. Les
fédéral, États fédérés, autorités locales. Les communautés urbaines créées en 1966 ont
pays plus centralisés abandonnent aux éche­ inauguré l’ère des regroupements commua
lons locaux une fiscalité souvent archaïque et naux à fiscalité propre. Actuellement, après
peu productive, complétée par un système plusieurs modifications législatives, les grou­
plus ou moins complexe de subventions. pements de communes à fiscalité propre
• Principaux effets de la fiscalité locale en comprennent les trois sortes de communautés
milieu urbain : (urbaines, d’agglomération et de communes)
En France, les impôts locaux étaient, jus­ et les syndicats d’agglomération nouvelle.
qu’à une date récente, pour 85 % environ, des Du point de vue fiscal, on distingue les
impôts directs de trois sortes : la taxe foncière établissements publics de coopération inter­
sur les propriétés bâties et non bâties (peu communale (epci) à fiscalité superposée et les
importante et en régression), la taxe d ’habita­ syndicats à fiscalité spécialisée.
tion (qui se maintient) et la taxe profession­ Avec la fiscalité superposée, I’epci disposé
nelle, qui progresse sensiblement et représente des quatre taxes directes locales sur l’ensemble
plus de la moitié des impôts locaux directs. La de son territoire. Il vote les taux dans des condi­
taxe d’habitation, assez fortement régressive tions identiques aux communes et ces taux uni-
üi FISCALITÉ DIRECTE LOCALE

fermes pour chaque taxe vont s’ajouter aux communes aux ressources domaniales impor­
(|UX de chaque commune, généralement diffé- tantes, le vote d’un produit fiscal communal
fants. 11en résulte une inégalité de situation des est général. Le système du vote des taux, qui
fontribuables selon la commune où ils habitent. était similaire à toutes les collectivités ju s­
Cotte inégalité peut éventuellement se justifier qu’en 2009, sera plus différencié à partir de
par des niveaux de service différents selon les 2010 à la suite de la suppression de la taxe
quartiers de l’agglomération. La fiscalité super- professionnelle.
flOHée était la plus répandue. Elle ne concerne La fiscalité directe locale est composée de
plus que la moitié des communautés de com­ quatre taxes qui frappent les occupants de
munes, c’est-à-dire les zones plutôt rurales, et locaux d’habitation (taxe d ’habitation), les
Poux communautés urbaines. propriétaires fonciers de propriétés bâties
La fiscalité spécialisée concerne la taxe pro­ (taxe foncière sur les propriétés bâties) ou non
fessionnelle unique (tpu), I’epci monopolisant bâties (taxe foncière sur les propriétés non
Il faculté de taxer les entreprises, les com­ bâties) et les activités professionnelles non
munes membres ne conservant que le produit agricoles ou minières (taxe professionnelle
des trois autres taxes, dites taxes ménages. La ou, depuis 2010, contribution économique
TPU est obligatoire pour les communautés territoriale). Ces quatre taxes avaient succédé
d'agglomération et les syndicats d ’aggloméra- en 1974 et 1976 aux quatre «vieilles» (contri­
llon nouvelle ( san) ; elle est optionnelle pour bution mobilière, contribution foncière des
les communautés de communes et les commu­ propriétés bâties, non bâties et patente) insti­
nautés urbaines. Malgré la spécialisation, ces tuées lors de la Révolution. Elles ont fait
KPCi peuvent également lever des impôts addi­ l’objet de m ultiples aménagements ou
tionnels sur les taxes ménages. Les san ne réformes, destinés à remédier aux injustices et
l'ont jamais fait, mais quelques communautés disparités apparues après deux siècles d’erre­
d'agglomération ont pris cette décision. Au ments.
moment du passage des fiscalités tradition­ En 2010, la taxe professionnelle a été sup­
nelles à la tpu , une évaluation des transferts primée et remplacée par la contribution éco­
est opérée et les communes qui présentent un nomique territoriale, composée d ’une taxe
manque à gagner reçoivent une attribution de d’occupation professionnelle appelée cotisa­
compensation qui n ’est pas indexée dans le tion foncière des entreprises (fce ), dont
temps. l’assiette est la même que la taxe foncière sauf
Dans le cas de la fiscalité superposée, I’epci pour les bâtiments industriels qui bénéficient
peut décider qu’une zone particulière sera d’une décote de 30 %, et une cotisation sur la
soumise à une tpu, appelée taxe profession­ valeur ajoutée des entreprises (cvae) assise
nelle de zone (tpz). Cette solution est souvent sur la valeur ajoutée des établissements.
utilisée lorsque une communauté de com­ L’assiette de chacune des deux taxes fon­
munes réalise une zone d’activités et souhaite cières et de la taxe d ’habitation est évaluée
que le produit de la taxe professionnelle qui par les services du cadastre à partir de
en résultera reste en totalité au niveau du valeurs locatives annuelles, la taxe profes­
groupement et ne soit pas partagé avec la ou sionnelle ou, depuis 2010, la contribution
les communes concernées. économique territoriale ou cet faisant l’objet
V. C. de déclarations des contribuables. Depuis
1981, les taux sont votés chaque année par
►Fiscalité directe locale; Groupement de communes; Taxe les collectivités avec les principales limites
professionnelle; Taxe professionnelle unique (tp u ). suivantes: les taux des taxes foncières et
d’habitation ne peuvent excéder deux fois et
demie les taux moyens nationaux des taxes
FISCALITÉ DIRECTE LOCALE considérées (ou les taux moyens départemen­
taux lorsqu’ils sont supérieurs pour des rai­
Ensemble des impôts levés par les com­ sons historiques à la moyenne nationale) ;
munes, les groupements de communes à fisca­ l’impôt professionnel (tp et, depuis 2010,
lité propre, les départements et les régions, sur cet ) ne peut excéder deux fois le taux moyen
les contribuables situés sur leur territoire res­ national et elle ne peut progresser plus vite
pectif. Hormis quelques centaines de petites que la taxe d’habitation ou que la progrès-
FISCALITÉ DIRECTE LOCALE 350

sion moyenne des taxes foncières et d’habita­ les collectivités locales. Peu à peu, l’État a
tion. limité ses concours qui pèsent lourdement
dans son budget. Par le jeu complexe des exo­
Les critiques sur le système actuel de la nérations et des dégrèvements, la fiscalité
fiscalité directe sont nombreuses et peuvent votée par les municipalités ne correspond plus
être regroupées autour de quatre thèmes : le à ce que paie le contribuable local.
vieillissement et l’inadaptation de l’assiette Les critiques concernant la taxe d ’habita­
des taxes, l’inégalité des situations, la super­ tion portent surtout sur l’absence de prise en
position de la pression fiscale de plusieurs compte des capacités contributives des contri­
catégories de collectivités sur la même buables, c’est-à-dire du revenu, dans la base
assiette, la prise enrcharge croissante de la d’imposition. Toutefois, des mesures d’exo­
fiscalité locale par l’État. nérations totales ou partielles, basées sur la
La révision périodique des valeurs loca­ faiblesse des revenus, ont été mises en place à
tives, assiette de la taxe d’habitation et des partir de 1992 et surtout en 2000 : 25 % de la
taxes foncières, avait été prévue par la loi en charge de l ’impôt a été transféré à l’État.
1974, mais la seule tentative de révision, dite Contrairement à ce qui est souvent énoncé, la
en valeur 1990, a été refusée par les élus. taxe d’habitation n ’est plus un impôt univer­
Depuis 1981, les valeurs locatives évaluées sel pour tous les habitants. Elle devient très
en 1970 ont été simplement actualisées concentrée sur les revenus moyens et élevés.
chaque année à partir de coefficients forfai­ À partir de 1994, c’est la taxe foncière sur les
taires annuels s’appliquant à l’ensemble des propriétés non bâties qui a connu de nou­
locaux, maintenant la structure et la hiérarchie veaux allégements pour les parts perçues par
d’imposition d’origine. Les valeurs actuelles les départements et par les régions afin d’aider
ne tiennent pas compte de l’amélioration du les agriculteurs en difficulté.
confort dans les locaux anciens et pénalisent L’inégalité en matière de fiscalité locale est
les locaux plus récents, notamment le parc de devenue la règle : elle s’illustre par des écarts
logement social. Si la révision des valeurs importants des taux des quatre taxes, mais
foncières est sans conteste nécessaire, elle aussi par de très fortes différences de richesse
inquiète les responsables locaux qui craignent entre collectivités. Mais cette inégalité repré­
des transferts de fiscalité entre catégories de sente également la contrepartie de la liberté
redevables. Mais l’assiette fiscale est aussi communale du vote des taux, liberté à laquelle
l’un des éléments de comparaison des collec­ les élus sont très attachés. Diverses solutions
tivités locales entre elles et la révision des ont été mises en place pour atténuer les situa­
valeurs locatives aurait des conséquences tions extrêmes : plafonnement des taux, écrê­
indirectes fortes sur la répartition des trans­ tement de la taxe professionnelle pour les
ferts de l ’État. Certaines collectivités très communes les plus riches, prise en compte du
aidées aujourd’hui, parce qu’elles sont consi­ potentiel fiscal dans les transferts de l’État.
dérées comme « pauvres », peuvent demain La concentration des activités dans un petit
être classées « riches » et par conséquent rece­ nombre de communes et même de départe­
voir moins de concours de l’État. La suppres­ ments entraîne des disparités considérables de
sion de la taxe professionnelle va de toute richesse fiscale. L’écart, dans un rapport de 1 à
façon complètement remettre en cause le statu 25, des taux de la taxe professionnelle fausse
quo et une réforme des valeurs locatives tant le jeu de la concurrence entre les entreprises et
professionnelles que d ’habitation est inévi­ peut les gêner à l’exportation.
table à court terme, avant 2015. C’est dans les périphéries des aggloméra­
En prenant en charge près de 50 % de son tions que les situations les plus inégales sont
montant, l’État a progressivement vidé de sa préoccupantes : certaines communes bénéfi­
signification la fiscalité locale. En l’absence cient de concentration d’activités et donc de
de décision sur une réforme sérieuse de la fis­ produits élevés, hier de TP et demain de cet,
calité locale, se sont multipliées des exonéra­ tandis que leurs voisines ne peuvent que
tions et des dégrèvements venant corriger à la recourir à la fiscalité sur leurs habitants. Plu­
marge les errements du système. A l’origine, sieurs solutions de péréquation sont envisa­
ces allégements, qui bénéficient aux contri­ geables et ont été utilisées : péréquations
buables, étaient totalement compensés pour verticales (l’État redistribue aux communes
Mil FISCALITÉ DIRECTE LOCALE

les moins dotées), péréquations horizontales un contribuable alimente en moyenne pour


(de collectivités à collectivités). 70 % la commune où il réside, pour 30 % le
La DGF a vocation à opérer une péréquation département (la région, autrefois également
verticale : elle y a réussi de façon assez effi­ bénéficiaire de cette recette, ne l’est plus
cace puisque des études réalisées en 2001 et depuis 2000). Si la commune appartient à un
2004 ont montré qu’elle réduisait de 30 % les groupement à fiscalité propre, s’ajoute une
inégalités de pouvoir d’achat des communes contribution de groupement. Les collectivi­
(ressources pondérées par les charges). Parmi tés, dont le poids relatif de la fiscalité est
les péréquations horizontales, il faut retenir le moindre, hésitent peu à utiliser le levier fis­
fonds de solidarité de la région Île-de-France cal. Pour échapper à cette superposition, cer­
(i srif), créé par la loi du 13 mai 1991, qui tains prônent la recherche de spécialisation
opère une ponction directe sur la fiscalité des de la fiscalité locale : chaque niveau de col­
communes de la région les mieux pourvues et lectivité aurait ses impôts locaux, sans par­
distribue ces fonds aux communes les moins tage. La tpu a représenté l’exemple de la
dotées fiscalement et comprenant de nom­ spécialisation: au groupement intercommu­
breux logements sociaux sur leur territoire. Le nal était attribué la tp, les communes
i srif, comme les fonds des départements de la membres de I’epci ne conservant que les
taxe professionnelle (fdtp) opérant une répar­ taxes provenant des ménages (taxes d’habita­
tition des produits des établissements excep­ tion et taxes foncières).
tionnels, devront être redéfinis à la suite de la
suppression de la TP. La loi a prévu leur rem­ Alors même que la tpu avait montré les
placement par des systèmes au moins équiva­ limites et les risques d ’une spécialisation
lents. totale, la loi supprimant la tp modifie, à partir
Une autre voie vers une réduction des de 2011, la répartition de tous les impôts
inégalités de la fiscalité locale est représentée locaux entre toutes les collectivités. Le bloc
par la création ou le renforcement d’une fisca­ communal (communes et epci) va conserver
lité d’agglomération, notamment les lois de ce qui reste de la tp (la cotisation sur les
1992 (sur l’administration territoriale de la valeurs locatives des locaux professionnels),
République) et surtout de 1999 (sur l’inter­ 26,5% de la nouvelle cotisation sur la valeur
communalité) qui définissent un cadre nou­ ajoutée des entreprises (cvae), la totalité de
veau pour la coopération intercommunale. taxe d ’habitation (au détriment du départe­
Cette loi privilégie les formes de péréquation ment) et une part de nouvelles taxes appelées
des ressources, en provenance de la taxe pro­ impôts forfaitaire de réseau (ifr) qui frappera
fessionnelle avec la mise en commun totale du les entreprises fortement bénéficiaires de la
produit de cette taxe à l’échelle du groupe­ nouvelle loi (usines nucléaires, centrales élec­
ment : la taxe professionnelle unique (tpu). triques, éoliennes, radios, système ferro­
Une autre solution consiste à instituer, dans viaire). Des anciennes taxes, le département
les zones d’activités développées par la struc­ ne gardera que la taxe foncière. Il recevra une
ture de coopération, un taux unique de TP (tp part des ifr et 48,5 % de la cotisation sur la
de zone), le produit de la taxe revenant au valeur ajoutée, tandis que la région en recevra
groupement. Le succès de la loi de 1999 est 25 %. Il en résulte deux constats : une spécia­
exceptionnel: au début 2009, 34 166 com­ lisation s’impose par catégorie de collectivité,
munes ont été regroupées dans des établisse­ et les epci, qui vont récupérer des taxes
ments publics de coopération intercommunale ménages comme la th, ne seront plus spécia­
( epci) dont 16 970 concernant 44 millions lisés.
d’habitants ont opté pour la tpu. Une des modifications les plus importantes
Au fur et à mesure que se sont dévelop­ de la réforme de 2010, avec une cotisation
pées les compétences de chaque catégorie de sur la valeur ajoutée dont le taux est défini
collectivités, il est apparu plus clairement au niveau national est la moindre importance
que la superposition de fiscalités d’origines du vote des taux pour les départements qui
différentes sur la même assiette était une ne concerneront plus que la taxe foncière et
cause de confusion dont profitent certaines sa disparition pour les régions. Celles-ci
collectivités au détriment d’autres. Ainsi, la considèrent qu’il y a atteinte à l’autonomie
taxe d’habitation effectivement acquittée par fiscale et financière prévue par la constitu-
FISCALITÉ IMMOBILIÈRE 362

tion. Ce point sera débattu au cours des pro­ précises, la flexibilité servant alors de masque
chaines années. En tout cas, le comportement à un désengagement des pouvoirs publics.
de gestion des départements et des régions Telle a été, par exemple, l’évolution des
sera fortement modifié: perdant l’élasticité documents successifs, au cours des années
considérable que leur procurait le vote des 1960 et 1970 qui, dans le sud-est de l’Angle­
taux, elles devront revoir leurs modalités terre (grande région de Londres), ont fait
d’équilibre budgétaire annuel. suite au Greater London plan de Patrick
V. c. Abercrombie (1944). La même critique peut
être formulée à l’égard du schéma directeur
- » Autonom ie financière et fiscale des collectivités; Budget régional de TÎle-de-France (sdrif), tel qu’il a
com m unal; Budget départemental et budget régional;
C om m u n e; Concours financiers de l'État aux collectivités été adopté par décret en Conseil d ’État le
locales; Contribution économique territoriale Département; 26 avril 1994. Le projet approuvé en 2007
( );
Dotation globale de fonctionnement dgf Fiscalité directe
des établissements publics de coopération intercommunale; par le Conseil régional (mais pas par l’État)
Groupement de com m unes; Taxe d'habitation; Taxe fon­ tente d’y remédier.
cière sur les propriétés bâties; Taxe foncière sur les proprié­
tés non bâties; Taxe professionnelle. En fait, la conciliation de la prise en
compte, dans la planification urbaine, des
incertitudes de l ’environnement et d ’une
FISCALITÉ IMMOBILIÈRE nécessaire volonté d’intervention suppose une
—> Budget communal ; Participations véritable réflexion prospective dont tiennent
(des constructeurs) ; Programme lieu, trop souvent, de simples projections ou,
d'aménagement d'ensemble ; Taxe locale au contraire, des scénarios futurologiques.
d'équipement ( t l e ) ; t v a immobilière
P. M.
- » Documents d'urbanism e; Planification urbaine en France
(historique); Schéma régional d'aménagement et d'urba­
FLEXIBILITÉ (DE L'URBANISM E) nisme.

Propriété des documents d’urbanisme qui


caractérise leur aptitude à se plier aux circons­ FLEXIBILITÉ (D 'U N BÂTIM EN T)
tances.
La tradition des documents d’urbanisme, La flexibilité d’un bâtiment ou d ’une partie
depuis les plans d ’embellissement de de bâtiment désigne son aptitude à subir une
l’Ancien Régime, voulait qu’ils donnent une modification des dispositions de plan après le
image unique, précise et figée d ’un état à premier achèvement.
atteindre, à un horizon fini ou indéfini. Les Cette flexibilité est rendue possible par la
voies et moyens pour atteindre cet état final, mobilité des cloisons et des raccordements
comme les étapes intermédiaires, étaient aux divers réseaux de fluides (électricité, eau,
négligés le plus souvent. L’expérience a gaz, téléphone, etc.). Pour être réelle, elle
appris que les conditions de l’environnement suppose qu’après modification les travaux de
économique, démographique, social et poli­ reprise soient limités.
tique étaient susceptibles, en se modifiant, de L’intérêt de la flexibilité est de permettre
bouleverser les conclusions des analyses qui l’adaptation du bâtiment à l ’évolution des
ont conduit aux conclusions retenues dans un besoins et, éventuellement, le remplacement
plan. Il est alors apparu nécessaire d’intro­ d’équipements devenus obsolètes par des
duire dans les plans à long terme la possibilité équipements mieux adaptés. Elle implique
de tenir compte de ces modifications de une nette distinction entre la structure et
l ’environnement. Dans certains cas, on a l’enveloppe d’une part, les cloisons, équipe­
appliqué le principe du plan mobile ou régu­ ments et finitions d’autre part, ces ouvrages
lièrement remis en chantier et révisé. Ainsi le étant de préférence du type mobilier.
plan régional de Stockholm a-t-il connu cinq
P. Ch.
versions successives depuis la première (de
1958). - » Gros œ uvre.
Le souci d ’introduire la flexibilité dans les
plans d ’urbanisme a cependant souvent
conduit à des documents sans propositions FLUIDES —►Eau ; Électricité ; Gaz ; Réseau
163 FONDS D'AMÉNAGEMENT URBAIN

FLUX DE DÉPLACEM EN TS — Déplacement; mal, activité propre, naturelle). C’est seule­


Modèle de distribution géographique ment au xixe siècle que la notion de fonction
a acquis un sens spécialisé, d ’abord en
mathématiques, puis en biologie (Claude
FOIRE -> Marché ; Place marchande Bernard), d’où il est passé dans les sciences
sociales (déjà chez Spencer et Durkheim). Le
terme fonctionnalisme a initialement servi à
FOLKLORE qualifier l ’école d ’anthropologie sociale
anglo-saxonne (Malinowski, Radcliffe-
Sous le terme de folklore, créé par l’Anglais Brown). Il a ensuite été adopté par le mouve­
W. J. Thomson, en 1846, on désigne l’étude ment moderne dans le domaine de l’architec­
des usages, de la culture matérielle (architec- ture et de l’urbanisme. Fonctionnalisme était
lure, art, artisanat), de la littérature orale un terme polémique destiné à marquer
(récits, chants) et des traditions (coutumes et l ’opposition des pionniers du mouvement
l'êtes, rites, jeux, etc.) populaires des sociétés moderne à l’anachronisme et à l’inadaptation
à écriture. Aujourd’hui, les folkloristes se par­ des conventions formelles de l’architecture
tagent entre trois influences dominantes : celle officielle et leur volonté de répondre aux
de l’humanisme, menant principalement à des besoins spécifiques de la nouvelle société de
études sur le mode de création et de transmis­ masse.
sion de la littérature orale, celle de la psycha­ Les ciam et, en particulier, Le Corbusier, se
nalyse et celle de l’anthropologie. sont approprié le terme fonctionnalisme, dont
Les études de folklore se distinguent de ils ont fait un usage réducteur et mécaniste,
celles de l ’anthropologie rurale par les dans une analytique simpliste des besoins
méthodes employées - le folkloriste attache humains. Ils résumaient les activités humaines
généralement plus d’importance à la collecte, en quatre fonctions (travailler, habiter, circu­
au classement et à l’étude comparée des faits ler, se recréer) devant chacune recevoir un
culturels qu’à leur interprétation - , mais sur­ traitement rationnel spécifique, en architec­
tout par la perspective adoptée. Le folkloriste ture comme en urbanisme.
est souvent tourné vers le passé et la recherche La critique, justifiée, de cette doctrine, a
de survivances, tandis que l’ethnologue tra­ conduit à une dépréciation malheureuse du
vaille sur la société vivante, dans son fonction­ terme qui peut être entendu dans une accep­
nement actuel. Pour cette raison, le folklore tion plus large et plus complexe, inspirée des
est souvent associé à la muséologie. sciences de la nature et de la biologie, illustrée
Le sens populaire du mot, désignant la aussi bien par l’œuvre de l’architecte améri­
reconstitution ou l’imitation des véritables tra­ cain Sullivan, inventeur de la formule form
ditions populaires, reflète peut-être cette atti­ follow s function, que par l’organicisme de
tude. Les manifestations dites folkloriques l’urbaniste Patrick Geddes.
tendent en effet à reconstituer le passé dans F. C.
un présent où il a peu de sens. De ce point de
vue, la récupération par le folklore des « cou­ - f ciam ; Progressisme.
tumes populaires » est souvent la marque d’un
affaiblissement ou de la disparition de la
société traditionnelle dont elles sont censées FONDS D 'A M É N A G E M E N T URBAIN (FAU)
émaner.
Dispositif interministériel, dont l’objet était
M. P. et M. Pe.
l’aménagement des centres et des quartiers
urbains existants, créé le 24 août 1976. Le fau
FON CTIO N URBAINE -> Ville fonctionna jusqu’en 1984.
Le fau est issu des critiques menées contre
les politiques de rénovation urbaine, les pro­
FON CTIO N N ALISM E cédures autoritaires inefficaces et de l’expé­
rience précédente des «contrats de villes
Néologisme créé au xxe siècle à partir du moyennes ». Son objectif était de rassembler
terme fonction (du latin functio, exercice nor­ dans une cohérence d’ensemble toutes les pro­
FONDS DE COMMERCE m

cédures juridiques existantes intéressant les locales sur leurs dépenses d ’investissement
quartiers anciens et, surtout, d’initier de nou­ (acquisitions et travaux). Les bénéficiaire»
veaux modes d’intervention, de type incitatif sont les communes, les départements et tel
et à caractère contractuel, appuyés sur un fort régions, leurs groupements et leurs régies, les
appareil d’études préalables. Il instaura une services départementaux d ’incendie et d»
complémentarité entre les actions foncières, secours, les bureaux d ’aide sociale et le»
les travaux d’embellissement urbain et la créa­ caisses des écoles, ainsi que les centres de la
tion des mécanismes incitatifs d’aides à l’amé­ fonction publique territoriale. Le fctva a suc*
lioration des logements anciens. Firent partie cédé au Fonds d ’équipement des collectivités
constitutive du fau les opérations program­ locales (fecl), première tentative de système
mées d’amélioration de l’habitat (opah) qui y de répartition d ’une subvention globalisée.
trouvèrent toute leur logique d’aménagement. Le fctva est calculé sur la base dés
Le fonctionnement du fau mit l’accent sur dépenses d’investissement réalisées la pénuli
l’initiative des collectivités locales et sur le tième année selon le taux de TVA en vigueur
rôle d’un groupe administratif départemental cette année-là, sauf en ce qui concerne le»
auprès du préfet instruisant les dossiers. Un communautés d’agglomération et les commu­
comité directeur interministériel statuait sur nautés de commîmes (les dépenses d ’investis­
les dossiers transmis, simultanément sous tous sement prises en compte dans ces cas sont
les aspects. celles de l’exercice en cours). :
Les opérations d’aménagement et de réha­ Avec un taux d’entrée de la tva de 19,6%
bilitation des grands ensembles dites « Habitat en 2009, le taux de retour (taux de sortie)
et vie sociale», entreprises dès 1973, furent aurait dû s’établir à 16,387%. Mais depuis le
formellement intégrées au fau en 1980 et ins­ 1er janvier 1997, le taux est diminué de
truites par les mêmes instances départemen­ 0,905 % pour tenir compte de la part de TVA
tales et nationales. versée par la France au budget européen. Fina­
Le bilan du fau est incontestablement posi­ lement, avec un taux de « retour » de 15,482 %
tif: la revitalisation et la mise en valeur des des dépenses engagées, le fctva apparaît
centres et des quartiers existants sont issues comme le principal transfert de l’Etat en
de ces mécanismes dans lesquels se sont for­ matière d ’investissement local (6,2 milliards
tement impliquées les collectivités locales. d’€ en 2010). Comme son versement est auto­
La disparition du fau est liée à la décentra­ matique et ne s’appuie que sur les dépenses
lisation de l’urbanisme en 1983 et a souvent effectuées, le fctva favorise les collectivités
été regrettée. Ne restent de compétence d ’État qui ont les moyens financiers d’investir.
que les actions relevant de la solidarité natio­ Il est clair que les collectivités ont voulu
nale et c’est dans cet esprit qu’a été créé, en bénéficier, comme les entreprises, d’un achat
1985, le Comité interministériel des villes «hors taxes» de leurs dépenses d ’équipe­
(civ), compétent pour coordonner les procé­ ment, bien qu’économiquement ce principe
dures subsistantes et des démarches nouvelles ne soit pas fondé, puisque les collectivités,
comme le développement social des quartiers. comme l’État ou les particuliers, sont pour la
N. B. majeure partie de leurs activités des consom­
mateurs finals. D ’autre part, l’État s’est privé
-* Développement social des quartiers ; Opération programmée d’un puissant moyen d’infléchissement de la
d'amélioration de l'habitat (opah ).
politique d’investissement des collectivités. Il
n ’est d’ailleurs pas sûr qu’il souhaite recou­
vrer une marge d ’action dans ce domaine,
FON D S DE COM M ERCE — Com m erce; mais c’est la forte progression de ce transfert
Magasin et son poids dans son budget qui l’inquiète. Il
en a progressivement limité l’évolution en
restreignant par la loi ou par décret son champ
FONDS DE C O M P EN SATIO N d ’application qui est aujourd’hui stabilisé.
DE LA T V A (FCTVA)
V. C.
Créé en 1976, le fctva est destiné à rem­
-*■ Budget co m m un a l; Budget de l'État et urbanism e; Budget
bourser la tva payée par les collectivités départemental et budget régional.
FONDS DE PÉRÉQUATION FINANCIÈRE ENTRE COLLECTIVITÉS LOCALES

FONDS DE D ÉVELO PPEM EN T ÉC ONO M IQUE fessionnelle par habitant (deux fois 1 545 €
| T SOCIAL (FDES) -> Aménagement par habitant, soit 3 090 €, pour 2004). Le cal­
du territoire cul était opéré établissement par établissement
et non par entreprise et l’écrêtement concernait
les cas réellement exceptionnels : centrales
FONDS DE PÉR ÉQ U A TIO N FINANCIÈRE nucléaires, usines automobiles, raffineries de
IN TR E CO LLEC TIVITÉS LOCALES pétrole. Le nombre d ’établissements écrêtés
était donc très peu élevé.
[•acteur essentiel de discrimination de res­ La répartition du fonds était effectuée
sources entre collectivités, la taxe profession­ entre les communes selon qu’elles étaient
nelle (tp) a fait l’objet de nombreuses «concernées», c ’est-à-dire situées dans le
tentatives de péréquation. Il n ’existait plus en bassin d’emploi de l’établissement écrêté, ou
2004 qu’un seul fonds de péréquation au «défavorisées», c ’est-à-dire pauvres. Une
niveau départemental, les autres venant d’être commune pouvait évidemment être concer­
fondus soit dans la dotation globale de fonc­ née et défavorisée. Le mode de répartition
tionnement, soit dans le budget général de était décidé par le conseil général selon des
l'État. On peut considérer que ces disparitions critères qui lui étaient propres, mais à l’inté­
sont des constats d’échec ou au contraire que rieur de seuils édictés par la loi. Sauf dans
les fonds de péréquation avaient rempli leur une dizaine de départements, les effets
mission et ne pouvaient plus évoluer. péréquateurs du fonds étaient assez faibles,
Au niveau national, on distinguait le Fonds mais les conseils généraux étaient très
national de péréquation de la taxe profession­ attachés à leur rôle dans ce domaine.
nelle (fnptp), créé en 1982, plutôt centré sur Avant 1992, les établissements de coopéra­
la compensation des pertes de base de tp, et le tion intercommunale à fiscalité propre échap­
Fonds national de péréquation (fnp), créé en paient à l’écrêtement, ce qui avait favorisé la
1997, qui opérait une péréquation entre com­ création de groupements dont c’était le seul
munes. La complexité du système de péréqua­ objectif. Depuis la modification législative et
tion, un des fonds (le fnptp) venant alimenter le développement de l’intercommunalité, la
le second (le fnp) et sa faible efficacité - envi­ situation est devenue très complexe. Pour sim­
ron 700 millions d’€ répartis sur un produit de plifier, on peut considérer que l’écrêtement ne
14 milliards de taxe professionnelle commu­ portera que sur 30 à 50 % de l’écrêtement de
nale - expliquent sa disparition en tant que droit commun, les epci arrivant à échapper
telle. L’État a repris la fonction de garantie des partiellement à la mesure de péréquation.
pertes qu’assurait le fnptp. Elle est destinée Au niveau régional, il n’existe qu’un seul
aux communes et aux groupements à fiscalité fonds, le Fonds de solidarité des communes
propre dont la perte de produit de tp est supé­ de la région d’île-de-France (fsrif) qui opère
rieure à 1 680 € en 2003 ou à 10 % du produit une péréquation horizontale sur la base de la
de la tp. Ils perçoivent une compensation richesse fiscale totale et non seulement profes­
dégressive pendant trois ans : respectivement sionnelle. Créé en 1991 en même temps que la
90 %, 75 % et 50 % du montant de la perte. Ce dotation de solidarité urbaine (dsu) qu’il ren­
dispositif a été repris dans le cadre de la force, le fsrif opère un prélèvement sur les
contribution économique territoriale qui suc­ communes les plus riches et notamment sur la
cède à la taxe professionnelle. ville de Paris, vers les communes qui
Le fonds départemental de péréquation de la concentrent surtout les logements sociaux.
taxe professionnelle est alimenté par l’écrête­ La réforme de la tp maintient les avantages
ment opéré sur la taxe professionnelle des éta­ acquis antérieurement à 2010 aussi bien pour
blissements exceptionnels. Les départements les fdtp que pour le fsrif. Ils ne doivent être
peuvent abonder le fonds sur leurs ressources révisés qu’à partir de 2015 dans le cadre
propres, mais cette possibilité est rarement uti­ d’une réflexion d’ensemble sur la péréquation
lisée. Était considéré comme « exceptionnel », fiscale entre collectivités.
tout établissement dont la base de taxe profes­ V. c.
sionnelle rapportée à la population de la
commune était supérieure à deux fois la Budget com m unal; Budget départemental et budget régio­
moyenne nationale du ratio de base taxe pro­ nal ; Taxe professionnelle.
FONDS D'ÉQUIPEMENT DES COLLECTIVITÉS LOCALES a t

FON D S D 'ÉQ UIPEM ENT DES CO LLECTIVITÉS logées dans des édifices particuliers, qttl
LOCALES - » Fonds d e compensation d e la t v a étaient souvent réalisés sur le thème de la Stôà
ou d ’autres bâtiments publics, et étaieitt
implantées en bordure d’espaces libres ou de
FONDS D 'IN TER VENTIO N mes. Ainsi à Athènes, un édifice en L, flanqué
POUR L'A M É N A G E M E N T DE LA M O N TA G N E d’une double colonnade (425-400 av. J.-CA
(FIAM) —> Montagne (aménagement de la) marquait l’intersection de deux mes et Langui
sud-ouest de l’Agora. À Rome, la fontaine
était également un élément primordial de
FON D S INTERM INISTÉRIEL l’aménagement urbain. Pline en dénombre 500,
D 'A M É N A G E M E N T D U TERRITOIRE (FIAT) Elles figuraient une tête d’animal ou un porteur
—* Aménagement du territoire d’urne par laquelle l’eau s’écoule. Au Moyen
Age, ornée d ’un décor parfois somptueux en
clocher ou en tabernacle, qui marque symbole
FON D S INTERMINISTÉRIEL quement sa valeur et en fait un point de repère)
POUR L'A M ÉN A G E M EN T la fontaine resta généralement un équipement
E T LE DÉVELOPPEM ENT D U TERRITOIRE utilitaire, dans lequel l’eau n’est présente qué
(FN AD T) -> Aménagement du territoire pour être employée. Le type de la fontaine à
vasque se rencontrait à la même époque danè
les pays islamiques où il anime les jardin»
FONDS N A TIO N A L POUR L'AM ÉLIORATION (Alhambra de Grenade) ou dans les lavabos
DE L'H A B ITA T (FNAF) —►Agence nationale des cloîtres chrétiens. Ce type, dans lequel le
pour l'amélioration de l'habitat ( a n a h ) ; jeu de l’eau introduit un agrément esthétique)
Amélioration de l'habitat urbain était parfois utilisé comme fontaine publique
en Italie (fontaine Gatteschi à Viterbe). !
Toutefois, c’est à partir de la Renaissance
FONDS N A TIO N A L POUR L'A M ÉN A G E M EN T que la fontaine devient véritablement un objet
FONCIER E T L'URBANISM E (FNAFU) esthétique et, en tant que telle, partie inté­
-* Action foncière ; Maîtrise foncière grante de l’art urbain. Cette évolution
commence à Rome sous l’impulsion des
papes Nicolas V et Sixte Quint. Dans cette
FON D S SPÉCIAL D 'IN V ESTISSE M EN T ville, D. Fontana (après ses restauration et
ROUTIER -> Route agrandissement de l’antique réseau des aque­
ducs) construisit sur le Janicule la fontaine
Pauline (1612) et dota Rome d’un ensemble
FON TAIN E de fontaines qui s’inséraient dans son vaste
projet d ’embellissement urbain. Il inventa
About d’une canalisation assurant l’alimen­ également le type formel du pan coupé et amé­
tation en eau, aménagé par les moyens de nage ainsi le carrefour des Quattro Fontane,
l’architecture ou de la sculpture. « La fontaine en y installant en vis-à-vis quatre fontaines
est plus vieille encore que la colonne, aussi adossées, figurant des fleuves et des vertus.
vieille que la ville elle-même, puisqu’elle cor­ Un peu plus tard, le Bernin composa un
respond à un besoin élémentaire de l’homme » ensemble très divers de fontaines qui cessaient
(P. Lavedan). L’alimentation des logements en d’être seulement des architectures ou des bas-
eau courante ne s’étant développée que depuis reliefs pour devenir sculptures indépendantes,
un siècle, la fontaine a été une condition lui permettant de traiter la Rome du xvne siècle
essentielle de l’existence humaine. Comme la comme une architecture intérieure.
source, dont elle est le prolongement artificiel, Le Bernin et ses contemporains transpo­
elle présente initialement un caractère sacré, sèrent en ville les jeux d’eau construits en Ita­
magique ou religieux et, à ce titre, est dotée lie depuis un siècle pour l ’agrément des
d’attributs allégoriques ou de décors, évo­ jardins (Villa d ’Este, 1549; Villa Lan te,
quant ou conférant ce caractère. Elle contribue 1566). Mais leur décor urbain élimina toute
à articuler et à animer l’espace urbain. végétation : le seul élément naturel est l’eau,
Dans l’Antiquité, les fontaines étaient utilisée comme matériau privilégié, en nappes,
M t' FORÊT

en cascades, et en jets différenciés (fontaine privée de tout caractère utilitaire, la fontaine est
(les fleuves, PiazzaNavona, 1647-1652). récemment redevenue un élément au moyen
face à Rome, Paris conserva longtemps, duquel aménageurs et architectes cherchent à
gomme toutes les villes des régions de plaine, animer et à embellir les espaces publics des
le principe de la fontaine sèche. Un des villes nouvelles ou des espaces rénovés en ville
exemples les plus remarquables en est la fon- ancienne. De nombreux sculpteurs (Bury,
iame des Innocents aménagée en 1547 par Penalba, Tinguely parmi d’autres, en France)
l'ilgct et Lescot : une tribune d’angle où l’eau ont été mis à contribution à cet effet, avec un
eMévoquée par les longues figures en relief bonheur variable, selon les programmes et les
lies nymphes aux amphores, alors que l’on localités. Parallèlement, des expériences aussi
Ignore encore aujourd’hui comment le liquide intempestives que malheureuses ont été tentées
éluit puisé. Au XVIIe siècle, la maîtrise de en tissu ancien à Paris où de nouvelles fon­
l'cuu par les fontainiers permit la création des taines, mal implantées, constituent tantôt un
« théâtres d’eau» des jardins à la française du danger pour la circulation des piétons (Saint-
XVIIe siècle, dont l’influence pénétra la ville. Germain-des-Prés, rue Beaubourg), tantôt un
lin Europe centrale, jusqu’à l’apparition obstacle pour la perception du paysage urbain
des compositions baroques, les fontaines (place de l’Hôtel-de-Ville), ou encore intro­
étuient les seuls éléments relevant spécifique­ duisent une altération incongrue dans un
ment de l’art urbain. Dans les pays d’élevage, espace historique (Palais-Royal).
comme l’Alsace ou la Suisse, se développa le M. Pes. et C.-F. O.
type de la fontaine à colonne surmontée
d’une statue du saint auquel la fontaine était - » Art urbain; Eau; Espace public; Place; Renaissance.

dédiée ou d ’une évocation allégorique.


Ailleurs, jusqu’à l’ère industrielle, subsista la
double conception de la fontaine sèche et du FORCE DE TR A V A IL — Travail
jeu d’eau. Ces deux systèmes atteignirent
leur développement ultime au XVIIIe siècle,
l’un à Paris (fontaine des Quatre-Saisons, rue FORÊT
de Grenelle, de Turgot et Bouchardon),
l'autre à Rome (fontaine de Trevi, de Salvi). Formation végétale spontanée ou aménagée,
L’ère industrielle, qui introduisit l’utilisa­ caractérisée par la prédominance des arbres et
tion des machines à vapeur pour élever l’eau, le faible éclairement du sol. Par extension, une
marqua le dépérissement progressif des fon­ vaste étendue (plusieurs centaines d’hectares)
taines. Pugin (Contrasts, Londres, 1840) criti­ plantée d’arbres en formation serrée.
qua avec véhémence les fontaines de son La forêt couvre des territoires de plusieurs
époque auxquelles il opposait celles du centaines d’hectares sur lesquels les arbres ont
Quattrocento. Ses regrets seront stériles. Le poussé spontanément ou ont été plantés par
XIXe siècle n ’apporte aucune création for­ l’homme. Biologiquement, la forêt se présente
melle. Le principe de la fontaine à pan coupé comme une sorte d’organisme où se trouvent
est repris, à grande échelle, à Paris par Hauss- associées les actions du climat, du sol, du
mann (fontaine Médicis). Son exemple fut sous-sol, des végétaux, des animaux et même
suivi par Cerda dans l’extension de Barcelone. de l’homme. L’équilibre délicat de ses compo­
Les références religieuses et mythologiques sants est rompu si l’un d ’entre eux prend une
du décor disparurent au profit de dédicaces à place trop importante.
des personnages historiques, ou de thèmes Elle constitue ainsi un champ d’observation
exotiques ou coloniaux, généralement traités remarquable pour l’écologie scientifique et
dans un style académique. pour la forme symbiotique des rapports entre
Au XXe siècle, certains progrès techniques les êtres vivants sur terre.
(éclairage électrique, possibilité de jets d’eau Aux forêts proprement dites, il convient
de plus grande envergure, contrôle cyberné­ d’ajouter les bois, ensemble d’arbres plus res­
tique) ont, en revanche, donné un regain de treints, souvent situés en Europe en périphé­
vitalité aux fontaines, en particulier à l’occa­ rie des espaces communaux, parfois restes
sion de manifestations temporaires de masse, d’anciennes forêts largement défrichées. Ces
comme les expositions universelles. Désormais bois communaux ont servi - et servent encore
FORÊT
m

parfois - à produire du bois de feu (affouage) forêt, satisfait en priorité les besoins d’une fri»
et à nourrir les animaux domestiques. quentation de voisinage. Les équipements qui
La localisation des forêts dans le monde s’y trouvent (aires de jeux, allées, pelouses,
tient à la possibilité pour les arbres de trouver équipements sportifs, abris sanitaires) corres*
d’importantes quantités d ’eau, provenant du pondent à une fréquentation intense d’enfanl»,
sous-sol ou des précipitations atmosphériques. de mères de famille, etc., qui peuvent goûter
La France pratique, depuis le xixe siècle, aux joies de l’ambiance forestière en toute
une politique de reboisement, en particulier en sécurité (le parc forestier est généralement clô»
montagne (politique de défense et restauration turé). La fréquentation de pointe peut varier de
des terrains en montagne), notamment sur les 100 à 400 personnes l’hectare. Exceptionnel
espaces délaissés par l’agriculture à la suite de lement, et pour les zones les plus densément
l’exode rural, puis du gel de terres dans le aménagées (plages, pelouses pour la détente^
cadre de la politique agricole commune de le bain de soleil), les densités peuvent atteindre
l’Union européenne. La forêt française couvre, 500 ou 1 000 personnes à l’hectare, voit*
en 2010, plus de 15,5 millions d’ha, soit 28 % 2 000 dans les secteurs les plus fréquentés. Eh
du territoire national, presque le double de sa raison de cette utilisation intense, le pare fores»
surface minimale atteinte à la fin du tier est un équipement lourd et coûteux : son
xvme siècle (8 millions d’ha). Cette superficie entretien et sa surveillance incombent entière)
représente autant que les surfaces de cultures ment à la collectivité bénéficiaire, pour
et plus de la moitié de la surface agricole utile laquelle il constitue une lourde charge. :
(un peu moins de 30 millions d’ha). La surface La forêt-promenade doit pouvoir accueillir
reboisée est chaque année, depuis un siècle et simultanément de 10 à 100 personnes à l’hec»
demi, double de la surface défrichée. tare, selon les endroits. Les parties de forêt
Les forêts contribuent à mettre en valeur les destinées à la fréquentation la plus dense sont
terres pauvres, régularisent le climat et le très bien desservies par des routes aménagées
régime des eaux. Elles assurent également une et par des parcs de stationnement. Sentiers;
production d’oxygène importante et peuvent, pelouses, sous-sol sont régulièrement net)
dans certains cas, constituer de véritables toyés. Aires de détente et équipements légers
filtres contre la pollution chimique, celle des sont caractéristiques de ces zones de forêt, ti
poussières et des bruits. La forêt normale garde son aspect naturel
Le rôle économique de la forêt est consi­ et l’accueil du public est limité. La densité
dérable car les métiers du bois occupent de fréquentation instantanée reste inférieure à
600 000 personnes, représentant un chiffre dix personnes à l’hectare.
d’affaires qui est égal à 3,6 % de la produc­ On tend actuellement à fixer massivement les
tion intérieure brute, soit l’équivalent de la visiteurs en périphérie des massifs forestiers par
fabrication d’automobiles et de matériels de des aménagements importants (parcs forestiers;
transports terrestres. musées de plein air, parcs de stationnement;
La forêt constitue également un élément jeux, etc.), auxquels peuvent s’adjoindre, dans
essentiel de l’aménagement du territoire, en la mesure où les crédits le permettent, des équi­
raison des relations antagonistes ou complé­ pements de découverte active du milieu fores­
mentaires qu’elle entretient avec d ’autres tier (salle de conférence, sentiers d’initiation à
modes d ’occupation du sol: antagonistes, la nature, musée de la forêt, centre d’informa­
parce que le sol affecté à la forêt est exclusif tion, etc.). De plus, des zones de réserve inté­
de toute autre utilisation ; complémentaires, grale et des zones de silence sont prévues.
en raison de son rôle économique, de la sauve­ Les aménagements obéissent aux mêmés
garde des équilibres biologiques et de l’har­ impératifs que ceux qui régissent les bases de
monie des paysages qu’elle assure, et de la plein air et de loisirs et les grands parcs subur­
part importante que la forêt prend dans les loi­ bains : simplicité et rusticité des équipements
sirs des populations urbaines. (bancs, tables de pique-nique, etc.) et souci,
dès l’investissement, des problèmes de ges­
L’ouverture des forêts au public a conduit tion et d ’entretien.
à préconiser trois types d’aménagement : parc
forestier, forêt-promenade et forêt normale. Le rôle grandissant de la forêt dans la vie
Le parc forestier, installé en bordure de publique a justifié l ’intervention de l ’État
FORME URBAINE
ms

dans les domaines de la réglementation et de quables sur le littoral à condition qu’ils aient
la gestion. Le Code forestier qui a succédé, en une réelle qualité de boisement.
1866, à divers édits royaux, impose une régle­ En sus de ces tâches de production de bois
mentation à l ’État, aux départements, aux et de gestion du patrimoine, I’onf contribue à
communes et aux particuliers. la production du milieu naturel, en partici­
D’autre part, des mesures du Code de pant, notamment, aux réalisations et à la ges­
l’urbanisme visant le classement des bois, tion des parcs nationaux et des parcs naturels
forêts et parcs en espaces boisés protégés, la régionaux, à la restauration des terrains en
taxe départementale d’espaces verts, l’ouver­ montagne et à la fixation des dunes littorales.
ture des forêts privées au public, la possibilité Il prend en compte, dans ses actions, les don­
de construire sur un dixième de la superficie nées écologiques et paysagères. Il assure aussi
d’une forêt, à charge pour le propriétaire la réalisation d’aménagements légers destinés
d’abandonner les 90 % restants à la commune à l’accueil du public dans les forêts, en met­
(CU : L. 135), sont venues compléter le Code tant l’accent sur la préservation du calme dans
forestier dans les domaines qu’il ne lui était certaines zones et, en contrepartie, en assurant
as possible d’aborder. Il régit les espaces la création de petites aires de stationnement,
oisés classés pour les coupes et les défriche­ de pique-nique et de cheminements, etc.
ments dans les forêts qui sont soumises au J.-P. M. et J.-B. P.
régime forestier. Il détermine un statut parti­
culier de protection des forêts domaniales et B ois; Espace boisé classé; Espace vert; Parc; Parc naturel.

des forêts soumises au régime forestier, sur­


veillées et gérées par l’Office national des
forêts (onf) qui a remplacé, en 1964 la sécu­ FOR M ATION DES UR BANISTES Urbaniste
laire administration des eaux et forêts. Ce sont
4 634 000 ha de forêts (30 % du total) qui sont
soumis à ce régime : 1 773 000 appartiennent FOR M ATION D U PUBLIC - » Advocacy
à l’État, 2 730 000 ha aux communes ou à des planning; Association ; Sensibilisation
établissements publics de coopération inter­ de l'opinion
communale, 100 000 seulement aux départe­
ments et aux régions... et 31 000 ha sont des
forêts privées. Le code forestier permet de FORME URBAINE
classer comme forêts de protection celles dont
la conservation est nécessaire au maintien des Les notions de forme urbaine et d’architec­
terres en montagne et sur les pentes en vue de ture urbaine, qui semblent être des préoccu­
la lutte contre l’érosion et contre les ava­ pations contemporaines, sont loin d’être des
lanches, ainsi que les bois et forêts situés à la idées totalement nouvelles. P. Lavedan isolait
périphérie des agglomérations, voire celles et précisait cette problématique dès son pre­
dont le maintien s’impose pour des raisons mier ouvrage (Introduction à une histoire de
écologiques ou pour le bien-être des popula­ l ’architecture urbaine, 1926), en la situant
tions. d ’emblée dans le champ de l’histoire de l’art :
D’autre part, le Code de l’urbanisme fixe «L a ville n ’est pas seulement un ensemble
un principe d’équilibre entre l’aménagement d ’édifices publics ou privés, ceux-ci sont
et la protection. Les schémas de cohérence reliés par des espaces libres : mes, places, jar­
territoriale (avant eux, les schémas directeurs) dins publics. La répartition et l’aménagement
définissent les espaces forestiers, boisés ou de ces espaces libres, tel est l’objet de ce
libres à maintenir ou à créer et organisent un qu’on appelle l’art urbain. Qu’un plan de
régime spécifique de protection des espaces ville soit une œuvre d’art susceptible d ’être
boisés classés par un plan local d’urbanisme étudiée au même titre qu’une église, un châ­
(plu, auparavant par un plan d’occupation des teau, une maison ; qu’on puisse distinguer
sols, pos) ou un autre document le rempla­ des types de plans de ville, c’est peut-être
çant. Ce régime peut également s’appliquer une idée récente, mais qui nous paraît assez
dans les espaces boisés des espaces naturels pleine de sève et de vie pour inspirer et justi­
sensibles De même le plu ( o u le pos) peut fier un nouveau chapitre de l’histoire géné­
classer des espaces, sites ou paysages remar­ rale de l’art; l ’histoire de l’architecture
FORME URBAINE

urbaine. » C’est à cette histoire qu’il consa­ hidden dimension, 1966). A. Bailly insisté
crera son Histoire de l ’urbanisme (1926- également sur la relativité des formes- s p i
1941-1952) qui reste l’introduction la plus tiales qui sont liées au vécu et à l’imagé
complète à la question. Les travaux anglo- mentale des individus et tente d’élaborer u n i
saxons de A. E. J. Morris (History o f urban microgéographie {Géographie de la p e r ç a i
form, 1972), E. N. Bacon {Design o f cities, don, 1981). 4
1967), S. E. Rasmussen (Town and buildings À cette approche géographique, il faut ajoük
1969), etc., se rangent dans cette perspective. ter les travaux de l’école sociologique fraiil
On trouve encore dans la pratique urbanis­ çaise, notamment ceux de Maurice Halbwaohl
tique des premiers urbanistes, comme {Morphologie sociale, 1938, en particulier)* '4
I. Cerda, J. Stubben, C. Sitte, R. Unwin, et Des recherches concernant l ’analyse dU
de ceux de la sfu (Société française des tissu urbain se sont développées ces demièrël
urbanistes), une préoccupation certaine pour décennies parallèlement aux discours q u ilé
la forme urbaine, et cela parallèlement au sont élevés contre la dissolution et la destiné)
développement des ciam (Congrès internatio­ tion de la ville, sa perte d’identité et d’unité
naux d ’architecture moderne) et de leurs formelle, pour défendre une politique de saut
nouveaux objectifs (concentration sur le vegarde des centres historiques, en réaction
logement rationnel, attitude négative vis-à- contre les principes des ciam, conduisant à la
vis de la ville existante) qui conduisirent les dissociation entre ville et architecture efià
urbanistes progressistes à se désintéresser de l’absence de dimension spatiale dans loi
la question de la forme urbaine. Cet intérêt outils d’urbanisme actuels. Ce travail a sinb
pour la forme urbaine persista également tout été l’œuvre d ’architectes théoriciens;
dmis certaines grandes expériences d ’urba­ venus principalement, dans un premier temps;
nisme municipal: la ceinture hbm de Paris d’Italie. ' ■J
(1914-1937), les cités-jardins du département Ce sont les œuvres de S. Muratori {Studio
de la Seine (1920-1940), les « H o fe» de per un ’ opérante storia urbana di Venezia,
Vienne (1920-1934), le plan Berlage pour 1959 ; Studiper un ’ opérante storia urbana di
Amsterdam (1912-1934), Villeurbanne- Roma, 1963; L ’edilizia storia venezidnat
centre (1924-1934), etc. 1960) qui inaugurèrent cette approche nou­
En raison de la vocation spatiale de leur velle dont il tire trois conclusions : le type ne
discipline, les géographes ont été amenés à peut se définir en dehors de son application
aborder la forme urbaine, mais sans toujours concrète, le tissu urbain; le tissu urbain ne
clairement l’expliciter. Le livre de P. Claval peut être saisi en dehors de son cadre,
{La logique des villes, 1981) propose une l’ensemble de la structure urbaine ; la structure
synthèse assez complète des approches de la urbaine ne se conçoit que dans sa dimension
géographie urbaine, de ses objectifs et de ses historique, car sa réalité se fonde dans le
référents : temps par une succession de réactions et
• L’approche du paysage urbain par ses com­ d ’évolution à partir de l’état antécédent.
posantes emprunte beaucoup aux travaux des C. Aymonino {Lo studio dei fenomeni urbani,
historiens de la ville et de l’urbanisme. Il s’agit La città di Padova, 1970; Le città capitalt
ici de définir la ville par son aspect extérieur, del XIX, 1975) et son équipe s’appuyèrent sur
ses bâtiments, ses monuments, son site. cet acquis pour définir et systématiser les
• La géographie des représentations intro­ concepts de forme urbaine, de type, de crois*
duit la variable comportementale des groupes sance, etc. De ce travail se dégage le concept
et des individus. A travers le concept de central du rapport entre morphologie urbaine
« territorialité », C. Raffestin {Paysage et ter­ et typologie du bâti, à savoir « le rapport dial
ritorialité, 1977) montre que le même pay­ lectique (et non causal) entre typologie des
sage, le même quartier peuvent être sujets à édifices et forme urbaine». De son côté;
une multiplicité de rapports, symétriques et A. Rossi, reprenant en partie les travaux fran­
dissymétriques, entre individus ou groupes ; çais de R Lavedan et M. Poète, mit l’accent
selon lui, l’espace ne dit rien en soi, la forme sur l’existence d’une architecture de la ville;
spatiale doit être retranscrite en termes de en partant d’une définition de la ville comme
rapports sociaux. Il développe là une thèse dépôt de l’histoire, sur le lien entre monu­
proche de la proxémie de E. T. Hall {The ments et mémoire collective, entre ville et
FORUM
Ü1

architecture. De son travail ressort également différents, et d ’une manière plus générale,
l'idée d’une autonomie de la forme urbaine, selon qu’il désigne un objet de connaissance,
(il tant que structure par rapport à la fonction la forme urbaine (morphologie-objet), ou les
(1 à la distribution. Les études de Caniggia, moyens qui rendent possible sa connaissance
disciple et héritier de Muratori, sur l’histoire (une théorie morphologique d’analyse). En
urbaine ont également permis de démontrer outre, on peut également considérer la forme
l'importance des éléments permanents et des urbaine soit comme un ensemble pris anté­
persistances dans la croissance et la transfor­ rieurement à son analyse, un objet de connais­
mation de la ville, dans la détermination de sa sance à construire, soit comme un ensemble
forme physique, la morphologie urbaine se soumis à l’analyse comme objet construit (à
réalisant selon lui par un processus d’expan­ travers une typologie urbaine par exemple).
sion et d ’agrégation de types élémentaires La seconde difficulté tient au fait que si cer­
simples. taines villes se présentent avec une configura­
En France, les études se développèrent tion simple, facilement identifiable (les cités
liussi, avec O. Zunz sur le quartier du Gros- anciennes circonscrites dans leurs murailles,
Caillou (Pour une histoire des form es certains bourgs et villages, etc.), la ville indus­
urbaines, 1970); A. Chastel, F. Boudon et al. trielle moderne géante (cf. J. Gottmann,
sur le quartier des Halles (Système de l ’archi­ Mégalopolis, 1961) devient «infinie parce
tecture urbaine, 1977), qui mettent l’accent sur qu’indéfinie» (C. Aymonino). La vieille
le rapport entre parcellaire et forme urbaine ; dichotomie intérieur vs extérieur (bourg us-
P. Micheloni, A. Borie et P. Pinon (Formes faubourg) est alors remplacée par l’opposition
urbaines et sites de méandres, 1982) qui centre vs périphérie qui se complique dans le
cernent la relation entre site et forme urbaine, cas des agglomérations polarisantes (Paris,
en soulignant l’importance du territoire Londres, Moscou, etc.) ou polynucléaires
physique; et enfin B. Rouleau sur les quar­ (Randstad aux Pays-Bas, Rhein-Rhur Gebiet
tiers périphériques de Paris, du XIIe au en RFA). La forme de la ville est toujours la
XXe arrondissements actuels ( Villages et fa u ­ forme d’une époque de la ville : elle se pré­
bourgs de l ’ancien Paris, 1985), qui place au sente à la fois avec une épaisseur historique,
centre de son analyse la permanence des struc­ résultat de son évolution sur place, et avec une
tures parcellaires. D ’autres auteurs s’inspi­ étendue géographique, conséquence de son
rèrent de l’acquis italien, comme Ch. Devillers expansion dans l’espace, juxtaposant ainsi des
(Typologie de l ’habitat et morphologie fragments urbains hétérogènes donnant lieu,
urbaine, 1974) ou J. Castex, P. Panerai et aujourd’hui, à des ensembles hétéroclites sur
P. Céleste (Lecture d ’une ville, Versailles, le plan formel, dont la morphologie est diffici­
1979). lement saisissable et lisible. La prise en
Parmi les travaux anglo-saxons, moins compte de cette difficulté a conduit un certain
connus, on peut citer l’article de G. Baird sur nombre de chercheurs (Aymonino, Rossi,
le parcellaire de Toronto («Vacant Lottery», etc.) à parler de « villes par parties », consti­
1978), ceux de B. Hillier (Space syntax: a tuées d’aires morphologiquement et typologi­
different urban perspective, 1983), qui tente quement plus ou moins homogènes, et
de mettre en place une méthodologie d’ana­ temporellement limitées.
lyse originale et rigoureuse, afin de déterminer A. L.
les règles de formation des schémas urbains.
-> Composition urbaine; Morphologie (urbaine); Parcellaire.
Pour lui, l’objectif central est la forme phy­
sique et spatiale de la ville et non le processus
socioéconomique qui a permis sa production :
la forme urbaine est un champ de savoir auto­ FORTIFICATIONS -► Boulevard ; Esplanade
nome.
On retiendra de cette longue (mais schéma­
tique) présentation le caractère polysémique FORUM
de la notion de forme urbaine et l’aspect pluri­
disciplinaire de son étude. C’est là une de ses Vaste place dallée, entourée de portiques,
premières difficultés. En effet, le terme de qui constitue, à la jonction du cardo et
morphologie urbaine s’emploie dans des sens du decumanus, le centre vital des villes
FOUILLES 382

romaines ; lieu privilégié de rencontre, il ras­ Les foyers pour jeunes travailleurs ou tra­
semble progressivement les fonctions juri­ vailleurs migrants comportent généralement
dique, religieuse, politique, culturelle et des chambres (de préférence individuelles),
commerciale. parfois des studios, et des équipements com­
On peut distinguer deux types de forum muns (hall, cuisine et salle à manger, salle de
(cf. J. B. Ward-Perkins, Cities o f ancient Greece réunion, avec bar, cafétéria, petites salles de
and Italy, New York, 1974). Le plus ancien, le loisirs, locaux administratifs).
forum ouvert (forum républicain de Rome, Dans les foyers pour personnes âgées, les
fomm d’Ostie, de Pompei), a été créé spontané­ chambres sont de véritables petits logements
ment par l’agglutination, autour du carrefour et peuvent comporter une salle d’eau et une
primitif, d’édifices liés par des portiques. A cuisine, voire une deuxième pièce (pour les
l’opposé, le forum fermé, comparable à l’agora couples) : on parle dans ce cas de foyers-
hellénistique, qui ne laissa pas de l’inspirer résidences. Les logements d’un foyer peuvent
(cf. R. Martin, « Agora » et « fomm », Mélanges être regroupés dans un même immeuble
de l ’École française de Rome, «Antiquité», ou sous forme de petits pavillons en rangées.
1971), est un ensemble autonome, conçu Ils peuvent aussi être répartis dans une opéra­
comme un tout qui, de César à Trajan, prend tion de logements familiaux sociaux (foyer
aussi valeur de monument à la gloire de l’empe­ « soleil »), tout en disposant d’un centre de ser­
reur. vices communs, ce qui assure une meilleure
Le Forum impérial comporte nécessaire­ intégration pour les occupants. Il est en effet
ment basilique, sanctuaire et portique, mais important que ceux-ci ne soient pas isolés, ce
peut être complété, en particulier par des qui implique aussi une localisation favorable
bibliothèques et des boutiques. De Rome, où dans la ville, avec une bonne desserte par les
le plus prestigieux est celui de Trajan, son transports en commun, à proximité d’équipe­
modèle est transmis et incorporé dans toutes ments culturels et sportifs.
les créations urbaines de la province et de Les foyers ne doivent pas être trop grands :
l’Empire, telles Timgad, Leptis Magna, etc. des maxima ont été fixés à 80 résidents par
(cf. P. Gros). foyer pour personnes âgées, 150 places pour
Le forum républicain de Rome, comme les foyers de jeunes travailleurs (mais un
ceux d ’Ostie et de Pompéi ont été analysés par effectif de Tordre de 100 semble préférable),
Viollet-le-Duc et Sitte, de la même façon que 300 pour des foyers de travailleurs migrants
l’agora grecque dont ils présentent une partie et 150 pour les foyers d ’étudiants. La
des qualités. Comme agora, et tout aussi abu­ construction de foyers pour personnes âgées,
sivement, forum est passé dans la langue des travailleurs immigrés, etc., peut faire l’objet
urbanistes pour qui il est devenu synonyme de de subventions et de prêts. Les logements-
lieu de rencontre publique, quels que soient foyers peuvent faire appel au mode de finan­
l’usage et les caractéristiques formelles de cement des logements sociaux. Le fonction­
celui-ci (cf forum des Halles à Paris). nement des foyers peut aussi bénéficier de
F. C. subventions (caisses de retraite, caisses
d’allocations familiales, etc.). Face aux pro­
-> Agora ; Espace public. blèmes croissants du logement des personnes
à faibles ressources, un effort accru de réhabi­
litation des foyers a été entrepris, puis on a
FOUILLES —> Archéologie ; Archéologie lancé, à partir de 1995, une nouvelle caté­
préventive ; Ruine gorie de logements-foyers, les résidences
sociales.
La surface hors œuvre d’un foyer varie de
FOYER 30 m2 à plus de 40 (logements-foyers) par
place, équipements communs compris.
Local servant d’habitation collective à cer­ Les foyers sont en majorité gérés par des
taines catégories de personnes, en particulier organismes de logement social (oph et esh).
des personnes isolées dans la ville, telles Tel est le cas des deux tiers des 170 000 places
que personnes âgées, jeunes travailleurs, tra­ de logements-foyers pour personnes âgées
vailleurs immigrés, étudiants, etc. offertes dans 3 000 résidences. Les oph
FRICHES URBAINES ET INDUSTRIELLES

offrent 197 500 places (équivalent à FRICHES URBAINES E T INDUSTRIELLES


107 000 logements) et les esh 213 000 places
(équivalent à 115 000 logements). Les autres Terrains laissés à l ’abandon en milieu
sont gérés soit par des collectivités locales, urbain. On distingue :
soit par une autre structure, le plus générale­ — les friches de la périphérie urbaine:
terrains non encore construits, mais qui ne
ment publique.
sont plus cultivés en attendant une utilisation
P.M. de type urbain ;
— les friches urbaines dans le tissu urbain
. Logement; Maison de retraite; Norm es d'habitabilité et de
bâti: parcelles antérieurement bâties, mais
confort.
dont les bâtiments ont été démolis. Les ter­
rains sont provisoirement inutilisés, soit pour
des raisons spéculatives, soit dans 1 attente
FRÉQUENCE (d'un moyen de transport) d’un regroupement de plusieurs parcelles
pour une nouvelle construction, soit pendant
La fréquence d’un moyen de transport en la phase de montage administratif et financier
commun est le nombre de véhicules (ou de du projet de construction. Les terrains peu­
rames) s’arrêtant dans une station en une vent aussi recevoir une utilisation provisoire :
heure. On doit distinguer la fréquence des dans les centres-villes d’Amérique du Nord,
heures de pointe, qui conditionne la capacité leur utilisation comme parcs de stationnement
maximale du moyen de transport, et la fré­ est habituelle.
quence en heure creuse qui, avec la première, Il arrive que des quartiers entiers se
caractérise le niveau de service offert. dégradent et deviennent des friches : tel a été
L’attente est liée à la fréquence. En le cas des anciens quartiers d’usine et d’habi­
l’absence d ’irrégularité et de surcharge, tat ouvrier formant une couronne autour du
l’attente moyenne est égale au demi-intervalle centre de Detroit.
entre les véhicules (ou les rames) pour une Parmi les friches urbaines, une importance
fréquence élevée (à partir de 4 par heure) ; elle toute particulière doit être accordée aux
lui est inférieure pour les faibles fréquences, friches industrielles : terrains abandonnés par
les usagers se présentant alors pour un service des industries, soit qu’elles se soient relocali­
précis. L’irrégularité, fréquente pour les trans­ sées, soit qu’elles aient cessé leurs activités.
ports en site banal (autobus, trolleybus notam­ Cette expression est couramment étendue à
ment) ou la surcharge (véhicules complets) des terrains encore occupés par des bâti­
accroissent la durée moyenne d’attente. ments industriels (usines, entrepôts, etc.) non
Les usagers, dans leur comportement, valo­ démolis mais inutilisés. On estime, en région
risent le temps d’attente à deux ou trois fois le parisienne, à plus de 1 000 ha les terrains
demi-intervalle. Ce coefficient de pénibilité industriels vacants ou en voie de déshérence
élevé de l’attente est dû en partie à l’inconfort (y compris carrières et terrains d’entreprises
lié à cette attente, en partie aussi à son carac­ publiques sous-utilisés). Leur ampleur est
tère irrégulier et aux désagréments qui en encore plus grande à Londres.
résultent (une longue attente imprévue Si, au moins en Europe, les friches indus­
entraîne un retard à la destination, par exemple trielles de la zone centrale des agglomérations
au travail, ou peut faire manquer une corres­ trouvent le plus souvent assez vite une nou­
pondance). Lorsque la capacité offerte est velle utilisation (construction de logements,
insuffisante, l’attente entraîne la formation de parfois d’équipements publics, éventuelle­
files d’attente, péniblement ressenties : cette ment de bureaux), il n’en est généralement
situation était fréquente à Paris jusque dans les pas de même des friches industrielles de ban­
années 1970 (« queues » derrière les portillons lieue : le départ des industries a entraîné une
des stations de métro, numéros d’ordre aux dégradation du taux d’emploi et les munici­
arrêts des autobus). palités cherchent à recréer des activités. Mais
P.M. les industries (et autres activités) créatrices
d’emplois sont peu attirées par des sites asso­
Capacité (d’un moyen de transport) ; Coefficient de pénibilité ; ciés à l’image d ’industries vétustes et d ’un
Confort (d'un moyen de transport) ; Coût généralisé de dépla­
paysage urbain dégradé, à moins d’opérations
cement.
FUMÉES 3M

de vaste envergure visant à changer cette Bruay, Saint-Étienne, Albi-Carmaux - , tandis


image (Docklands à Londres). Généralement, que la situation reste très difficile dans
la seule solution réaliste est un changement d ’autres - Lens-Hénin-Beaumont, Valent
d ’utilisation du sol, dont les responsables ciennes, la vallée de la Sambre, Briey, La
locaux se refusent souvent à accepter la pers­ Creusot-Montceau-les-Mines, Montluçoni
pective. Decazeville - , alors que les secteurs de
Un recensement des friches industrielles les Dunkerque, Douai, la vallée de la Meuse,
a évaluées, en France, en 1991, à 20 000 ha, Thionville, Roanne sont dans une situation
dont 10 000 dans le Nord-Pas-de-Calais, intermédiaire.
2 300 en Lorraine, 1 000 en Île-de-France, La région Nord-Pas-de-Calais, la plus tou­
etc. Une politique de traitement de ces friches chée, avait réhabilité 3 500 ha en dix ans (plus
a alors été définie. Cette politique repose sur du tiers des friches initialement recensées),
quelques principes : mais 2 500 ha de nouvelles friches se sont
— il faut se garder de l’illusion d’un réem­ ajoutées aux anciennes. Bien qu’aucun bilan
ploi industriel systématique : les sites (minori­ n’ait été établi, il est probable que ces chiffres
taires) qui garderont une vocation économique ont environ doublé pendant la dernière décen­
doivent pouvoir accueillir des emplois diversi­ nie. Au cours du contrat de plan de 1994-
fiés; 1999, l’État y a consacré plus de 500 millions
— la priorité est de requalifier ces sites de F et la région près de 400 millions. Les
pour leur permettre de faire face à la concur­ crédits affectés à la résorption des friches
rence des autres espaces aménagés : la ques­ industrielles au cours de la période de planifi­
tion centrale est celle, après une éventuelle cation 2000-2006 n ’ont pas été chiffrés, pas
dépollution des sols, de la requalification plus que des prévisions ou des engagements
paysagère, qu’elle conduise à une réutilisa­ pour l’actuelle période 2007-2013.
tion à des fins agricoles, à une mise en réserve P. M.
foncière ou à une mise sur le marché des
terrains d’activités ou autres. -*■ Banlieue; Conversion ou reconversion; Ville compacte;
Zone d'entreprise.
Le coût de la réhabilitation des friches
industrielles peut être évalué à 100 000 € par
hectare en moyenne. On peut estimer à
100 millions d’é environ les sommes qui y FUM ÉES - » Pollution atmosphérique
sont, depuis que cette politique a été mise en
œuvre, annuellement consacrées par les com­
munes (la moitié environ), l’État (un tiers), FUSION DE C O M M U N E S -► Groupement
l’Union européenne et d ’autres acteurs. Il est de communes
en tout cas significatif qu’aucun bilan de la
résorption des friches industrielles n’ait été
établi depuis près de vingt ans. 4 000 ha FUTUR O LO G IE
avaient été réhabilités fin 1989 et on espérait
atteindre un rythme annuel de 1 600 ha, ce Pseudodiscipline «scientifique» (dans la
qui aurait supposé une augmentation des cré­ simple mesure où elle postule pour légitimer
dits qui ne s’est pas produite, d’autant que le sa propre existence, celle d’une « science du
préretraitement absorbe plus des deux tiers futur», par définition illusoire); appliquée
des crédits disponibles. On a pu espérer qu’à aux problèmes d ’urbanisme et d ’aménage­
ce rythme, les friches existantes en 1985 ment de l’espace, elle n ’a pas manqué de
seraient résorbées vers 2010. Mais de nou­ produire un certain nombre de spéculations
velles friches ne cessent d ’apparaître. Elles entièrement gratuites (bien que très cher
sont cependant réparties de façon plus dif­ payées) dont on donnera deux exemples :
fuse et sont souvent plus urbaines. L’estima­ — celui de 1’œcuménopolis, c’est-à-dire de
tion de 20 000 ha demeure de ce fait l’occupation effective par l’homme de l’en­
d’actualité. semble des espaces habitables, telle qu’elle a
On constate qu’une dynamique a été créée été naguère évoquée par l’urbaniste grec
dans certaines zones - Aubagne-Toulon, Fos, Constantin Doxiadis pour fonder son projet
Caen-Bayeux, Chalon-sur-Saône, Béthune- de « Cité du futur», lui-même articulé sur une
FUTUROLOGIE
*6

pseudoscience de sa propre invention (l’ékis- réelle», telle qu’elle se trouve évoquée dans
certains travaux du sociologue Henri Lefebvre.
tique) ; ,,
celui de la perspective, assez comparable A.-C. D.
il la précédente, de « l’urbanisation complète de
In société (...), aujourd’hui virtuelle, demain - » Prévision.
M i P ? ! ! H ! ! ) I Ü H i H!
G

GABARIT -+ Prospect de l’équipement. Elle cesse au bout de


deux ans.
— La garantie décennale concerne les dom­
GAINE TEC H N IQ U E -► Eau ; Électricité ; Gaz ; mages aux ouvrages de fondation, d’ossature,
Ventilation mécanique contrôlée d’enveloppe et tous ceux qui sont susceptibles
de rendre le bâtiment impropre à sa destination,
qui n’étaient pas apparents le jour de la réception
GALERIE -> Musée ; Réseau ou dont on ait pu raisonnablement penser que
les suites ne seraient pas graves. Cette garantie
engage tous les participants à la construction :
GALERIE TEC H N IQ U E VISITABLE -> Réseau architecte, ingénieur, entrepreneur, fabricants de
composants, contrôleur technique.
Le point de départ de toutes les garanties
GARAGE —>■Politique de stationnement ; est la réception des travaux. Elle est obliga­
Stationnement toire et peut être exigée par l’entrepreneur.
Les assurances sont au nombre de deux et
sont l’une et l’autre obligatoires :
GARANTIES E T A S SU R AN C ES — L ’assurance de responsabilité décen­
OU B Â TIM EN T nale couvre la responsabilité décennale ; elle
doit être souscrite par tous les participants à la
Le système des garanties et responsabilités construction avant l’ouverture du chantier.
en matière de bâtiment a été fondamentale­ — L ’assurance de dommage sert à assurer
ment modifié par une loi du 4 janvier 1978. le financement rapide des travaux de reprise
Pendant l’exécution des travaux et jusqu’à la découlant de la responsabilité décennale, sans
réception de ceux-ci, l’entrepreneur est respon­ attendre que le partage des responsabilités
sable de la bonne exécution de son marché. soit établi ; elle est souscrite avant l’ouverture
À partir de la réception des travaux, trois du chantier, par le maître d’ouvrage ou son
sortes de garanties courent au bénéfice du mandataire ou par le promoteur.
client : Le recours à un contrôleur technique est
— La garantie du parfait achèvement obligatoire pour certaines catégories de
concerne tous les désordres précisés sur le bâtiment; pour les autres, les compagnies
procès-verbal de réception ou apparus dans d ’assurances peuvent y inciter par le biais
l’année qui suit la réception. Cette garantie est d ’une réduction corrélative de la prim e
fournie par l’entrepreneur. Elle cesse au bout d ’assurance dommage. Le rôle du contrô­
d’un an. leur technique, qui est choisi par le maître
— La garantie contractuelle de bon fonc­ d ’ouvrage, est de faire œuvre de préven­
tionnement concerne le bon fonctionnement tion ; il doit faire une seconde lecture des
des éléments d’équipement. Cette garantie documents établis par le concepteur du pro­
est fournie par l’entrepreneur et le fabricant jet et superviser l’autocontrôle des entrepre­
G A R D EN -C ITY 368

neurs et des fabricants. Il ne se substitue G ÉNÉRATIO N —►Analyse démographique


pas aux autres participants à l ’acte de
construire.
G ÉNÉRATIO N DES DÉPLACEM ENTS
P. Ch.
-* Déplacement ; Planification des transports
-* Construction.

GÉNIE URBAIN
GARDEN-CITY -* Cité-jardin
Expression apparue en 1905 au sein de
l’Association générale des hygiénistes et tech­
GARDERIE — Crèche niciens municipaux (aghtm) et reprise en
1984 par le ministère de l’Urbanisme, du
Logement et des Transports pour désigner
GARE —►Chemin de fer; Rabattement l’« art de concevoir, de réaliser et de gérer les
réseaux techniques urbains ». Approche uni­
taire et globale de la voirie, des réseaux divers
GARNI -> Meublé (vrd) et des transports, le génie urbain
cherche à améliorer la productivité et l’effica­
cité des aménagements et services urbains en
G AZ associant des pans de l’analyse urbaine
jusque-là séparés : choix techniques, structure
Forme d’énergie concurrente de l’électricité. spatiale, intercommunalité, etc. Il exige une
Les premiers réseaux de gaz ont servi d’abord formation urbanistique de haut niveau afin de
à l’éclairage public, au milieu du XIXe siècle, coordonner le développement durable de
puis, en France, avec les découvertes des gise­ l’agglomération dont il a la gestion matérielle.
ments de Lacq (1951) et du Sahara (1955), la A. Gu.
«gazéification» s’est étendue aux arts ména­
-> Réseau; Te chnique; Voirie et réseaux divers (vrd).
gers, se substituant peu à peu au système ponc­
tuel et astreignant de la bouteille de gaz.
Aujourd’hui, le gaz naturel est transporté par
des gazoducs et des navires gaziers. GÉODÉSIE -> Carte ; Cartographie ;
Topographie
Le réseau de conduites appartient au proprié­
taire du sol, à la commune quand elles passent
sous la voie publique, qui concède la distribu­
GÉOGRAPHIE
tion à un concessionnaire par un cahier des
charges. Le maire doit donner une permission
de voirie qui peut être attribuée à titre global. Étymologiquement, dessin de la terre. En
La pose des canalisations se fait le plus sou­ fait, le sens a profondément évolué. Long­
vent en pleine terre (mais, au Japon, dans des temps, la géographie a été l’étude (mathéma­
caniveaux techniques). La tranchée doit être tique) des formes et des dimensions de la
profonde de 0,70 m. Une protection catho­ terre, aujourd’hui appelée géodésie (terme
dique est nécessaire pour isoler la conduite qui a lui-même pris un sens élargi). Mais
des courants électriques souterrains de très dès Strabon (Ier siècle avant et après J.-C.), la
faible ampleur, dits « vagabonds ». Le plomb géographie s’attache à dégager les traits
est interdit depuis plus de cinquante ans, mais essentiels du cadre physique dans lequel
le sous-sol urbain reste encombré de tuyaux s ’inscrivent les comportements humains.
datant des années 1820-1950: Paris est ainsi Aujourd’hui, la géographie doit être considé­
la première mine française de plomb métal­ rée comme une science humaine dont l’objet
lique. est de « déceler, et dans la mesure du possible
d’évaluer, la nature et l’intensité des rapports
A. Gu. et relations qui caractérisent et conditionnent
la vie des groupes humains [...], définis dans
-* Réseau. des cadres spatiaux de dimensions hiérarchi-
369
GÉOMÉTRIE

sées...» (P. George, Dictionnaire de la géo­ (de l’air, des eaux courantes, des sols, des
graphie, 1970). Elle est donc concernée par mers).
les données relatives au milieu naturel (géo­ La géographie humaine est également sus­
graphie physique) et par celles qui décrivent ceptible d ’apports importants à l’aménage­
les effets (actuels et passés) de la présence des ment et à l’urbanisme dans des domaines tels
hommes et de leur action sur le milieu (géo­ que l’étude de la population et de sa réparti­
graphie humaine). Sa spécificité réside dans tion, celle des activités, de l’analyse des lieux
la recherche des interrelations spatiales, à dif­ habités (espaces ruraux et urbains). Mais il
férentes échelles, de ces deux séries de don­ importe que l’apport de la géographie se dis­
nées. tingue clairement de celle des autres sciences
Les géographes ont souvent eu tendance à humaines et sociales qui abordent ces thèmes,
considérer, en France notamment, l’aménage­ souvent avec des outils et des méthodes plus
ment (et en particulier l’aménagement urbain, fins : la démographie, l’économie, la sociolo­
voire l’urbanisme) comme un prolongement gie et l’anthropologie notamment.
naturel de leur discipline. Il s’agit en fait de La géographie a enfin un rôle important à
champs d’action pluridisciplinaires par nature jouer pour appréhender la dimension spatiale,
qui ne sauraient être l’apanage d ’une seule fondamentale pour l’aménageur, de certains
discipline quelle qu’elle soit. Mais la géogra­ grands problèmes contemporains. On citera
phie, discipline de l ’espace à différentes en particulier, sans que la liste prétende à
échelles, est concernée au premier chef. l’exhaustivité, le développement et le sous-
Encore convient-il de préciser les apports développement, le risque d’épuisement des
originaux possibles de la géographie. Contrai­ ressources naturelles et en particulier des
rement à une opinion très répandue chez les sources d’énergie fossile, les ressources ali­
géographes eux-mêmes, ces apports origi­ mentaires et la faim dans le monde, les pollu­
naux ressortissent peut-être au moins autant tions, l’effet de serre.
au domaine de la géographie physique qu’à P. M.
celui de la géographie humaine. L’étude des
contraintes imposées par le milieu - qu’il Clim at; C lim ax; Conditions naturelles; Relief; Risque natu­
rel; Topographie.
s’agisse de la lithosphère, de l’atmosphère, de
l’hydrosphère, de la biosphère - est en effet
indispensable pour comprendre l’implanta­
tion et le groupement des hommes, mais aussi GÉOLOGIE -> Géotechnique
pour planifier celui-ci et éviter des erreurs
majeures. La connaissance de la résistance
des roches à la construction, des ressources GÉOM ÉTRIE
en eau par exemple sont indispensables à
l’aménageur. Un domaine important est celui Du grec yeropsTpra (mesure de la terre),
de l’étude des risques naturels, dans les diffé­ « d’où primitivement arpentage, sens primitif
rents domaines précédemment cités, trop sou­ qui subsiste, à côté du sens moderne, à toutes
vent négligés par les aménageurs : ainsi des les époques de la littérature grecque. Chez
risques volcaniques et séismiques, des possi­ les modernes, la géométrie est la science de
bilités d ’inondations, de cyclones ou de l’espace» (Lalande). En tant que telle, elle
typhons, la fréquence des avalanches, etc. présente trois acceptions essentielles :
Tout aussi essentielle est l’étude des consé­ — « science des rapports de forme et de
quences de l’action de l’homme, et en parti­ position qui peuvent exister entre choses per­
culier de ses aménagements de l’espace sur çues ; étude des propriétés des figures en tant
le milieu naturel. Les négliger serait faire que ces propriétés se déduisent formellement
courir des risques, parfois à long terme mais de leurs définitions » (Lalande) ;
bien réels, à la fois au milieu lui-même et — « science de toutes les espèces possibles
aux hommes qui l’occupent. On peut citer d’espace » (Kant) ;
les terrassements, la création de reliefs artifi­ — « science des ensembles ordonnés à plu­
ciels, la rectification des rivages et des cours sieurs dimensions » (Russel).
d’eau, l’accélération de l’érosion par défores­ Seule la première acception concerne
tation et, bien sûr, les différentes pollutions l’architecture et l’urbanisme dont l’usage de
GÉOMORPHOLOGIE

la géométrie a évolué avec le développement physique est souvent rattachée ; métrique, à par­
de cette discipline, selon le rôle et la place tir du xvme siècle (cf. E. Neufert, 1965, trad,
qu’elle occupait dans la configuration du franç. La coordination dimensionnelle, Paris,
savoir, et les significations qu’elle véhiculait 1967).
à travers le temps (cf. A. Dahan-Dalmedico, — Comme instrument de composition, elle
J. Peiffer, Une histoire des mathématiques, agit pour régulariser et conformer les figures
routes et dédales, 1986). urbaines, tant au niveau local que global de
Ainsi, pour Pythagore, Platon, Aristote, il la ville, et dans la configuration des îlots, à
existe une correspondance entre le monde, la travers deux grands types de tracés géomé­
nature et les mathématiques qui représentent triques, orthogonal et radioconcentrique.
sur terre l’absolu divin. Cette métaphysique La variété des tracés de plans d ’urbanisme
n’a cessé, jusqu’au xvme siècle, d’imprégner peut être schématiquement ramenée à l’oppo­
la géométrie dans son application à la théorie sition entre plan régulier et plan irrégulier,
de l’art (cf. J. von Schlosser, D ie Kunst représentée par deux écoles antagonistes de
Literatur, Vienne, 1924, trad. franç. La littéra­ composition urbaine, classique et pittoresque
ture artistique, Paris, 1984 ; E. Panofsky, Idea, (cf. R. Unwin, Town-planning in practice,
Berlin, 1924, trad. franç. Paris, 1983) et à tra­ 1906). Nous excluons ici le tracé spontané.
vers la pratique des peintres, maîtres-maçons, — Comme instrument de représentation gra­
charpentiers et architectes (G. Jouven, phique : l’introduction du géométral (plan, élé­
L ’architecture cachée, Paris, 1979). vation) et surtout l’invention de la perspective
L’avènement de l’esprit rationaliste, la laï­ (Brunelleschi, Alberti) ont transformé l’espace
cisation progressive de la société, puis l’essor pictural, architectural et urbain (Panofsky, La
du romantisme et l’écroulement du vieux sys­ perspective comme forme symbolique, Berlin,
tème métrologique duodécimal, ont contribué 1927, trad. franç., Paris, 1975). L’évolution de
à supplanter et éliminer cette géométrie d’ini­ la discipline, avec la géométrie projective de
tiés qui se manifestait, entre autres, à travers G. Desargues (1591-1662) et la géométrie des­
deux grands t>qtes de tracés harmoniques : le criptive de G. Monge (1646-1718), puis leur
tracé arithmétique modulaire (théorie de la synthèse par Poncelet (1788-1867), ont ouvert
proportion) et le tracé géométrique dyna­ la voie à de nouvelles possibilités de représenta­
mique (rectangle d ’or et autres rectangles tions : l’axonométrie, l’isométrie, la perspective
dynamiques). Ceux-ci font place aux tracés cavalière et militaire (née pour des raisons stra­
physiques/statiques, et aux trames simples, tégiques au xvme siècle), qui ont à leur tour
rationnelles, que J. N. L. Durand inaugure influencé la conception de nouvelles formes
dans ses Leçons d ’architecture (1802). Le urbaines et architecturales.
Corbusier tentera, en vain, de les ressusciter
avec ses « tracés régulateurs » (1924) puis son A. L.
Modulor (1950). -* A rt urbain; M o du lo r; Nombre d 'o r; Orthogonism e; Radio-
Les rapports de la géométrie avec l’esthé­ concentrique.

tique et la composition constituent un vaste


champ de recherche, encore insuffisamment
exploré, malgré les travaux de J. Hambidge GÉOM ORPHOLOGIE -> Relief
(1924), M. C. Ghyka (1927), G. Kepes (1966).
D ’une manière générale, la géométrie inter­
vient dans la conception architecturale et G ÉO S Y STÈM E —> Climax ; Conditions
urbaine de trois manières différentes : comme naturelles
instrument de mesure, comme instrument de
composition et comme instrument de repré­
sentation. G ÉO TEC H N IQ UE
— Comme instrument de mesure, elle agit
pour dimensionner l’espace à travers deux La géotechnique est l’application technique
grands systèmes de mesure: non métrique des recherches de la géologie. Cette dernière,
(pied, pouce, pas, coudée, etc.), encore en usage étymologiquement explication de la terre, est
dans de nombreux pays, en Asie, par exemple, et devenue de fait l’étude de la structure et de
auquel une symbolique mystique et/ou méta­ l’évolution de l’écorce terrestre.
«1
GOLF (TERRAIN DE)

I ,es études géotechniques concernent niques et slaves laissèrent plus de liberté aux
notamment les mines, l’emprise des infra- juifs dans leur vie urbaine.
llmctures de transport (ports et aéroports en Au cours de l’histoire, en particulier à par­
particulier, voies de communication). Elles tir de la législation napoléonienne, beaucoup
lotit fondamentales pour le choix des sites de ghettos ont été détruits et ont disparu des
d'équipements pouvant comporter des risques villes de l’Europe occidentale. On en retrouve
(centrales nucléaires par exemple). Elles per­ les éléments à Venise, à Florence comme à
mettent également de déterminer les terrains Amsterdam. En France, ils ne se trouvent que
lusceptibles de faire l’objet de constructions dans les anciens états des papes (Carpentras).
on au contraire présentant des risques La persistance des ghettos, jusqu’aux grandes
(Néismes, éruptions volcaniques, éboulements, persécutions raciales nazies, a été plus accen­
glissements de terrains, etc.) trop importants, tuée dans l’Europe orientale. Aujourd’hui, le
filles peuvent aussi concerner les conditions terme (encore ignoré par Littré) a pris dans la
de drainage des terrains, d’approvisionnement langue commune un sens général pour dési­
on eau. Elles conduisent souvent à déterminer gner toute ségrégation ethnique ou simple­
les travaux spécifiques nécessaires pour ment sociale, ayant un support territorial.
rendre constructible un terrain en réduisant les Mais il faut souligner que ces nouveaux
risques objectifs qu’elles ont mis en évidence. ghettos ont assez souvent un caractère transi­
Il s’agit d ’études souvent coûteuses, mais toire car leurs populations les abandonnent au
indispensables avant tout projet d’aménage­ bout d’un certain temps (cf. le ghetto italien
ment d’une certaine envergure. Elles ont leur de New York, Brooklyn, où les Américains
place dans l’élaboration des plans de préven­ d ’origine italienne constituent aujourd’hui
tion des risques naturels prévisibles (ppr). une minorité). Dans son livre The Ghetto,
L. Wirth a bien montré comment le quartier
G. B. et P. M.
juif de Chicago avait joué un double rôle de
> Risque naturel. ségrégation et d’assimilation progressive.
P. Mo.

GÉOTHERM IE -* Chauffage ; Énergie -* Acculturation; Luttes urbaines; Quartier; Ségrégation.

et environnement

G ÎTE RURAL -* Hébergements touristiques


G H ETTO

Mot italien, dérivé de l ’hébreu (g h e t: G LO BALISA TIO N —►Mondialisation


divorce, séparation) pour désigner les anciens
quartiers juifs des villes italiennes lorsqu’au
xvie siècle leurs portes furent obligatoirement G O LF (TERRAIN DE)
fermées la nuit et que les communautés juives
furent tenues d’y résider. À la fois équipement de loisir et équipe­
Pendant le Moyen Âge, les juifs vivaient, ment sportif, un terrain de golf garde, par
dans les villes européennes, assimilés aux ailleurs, un caractère d ’espace vert, le plus
autres habitants. La France et l’Angleterre les souvent privé, et il peut utilement faire office
expulsèrent au XIIIe siècle. L’Espagne, dès le d’espace tampon à la périphérie d’une zone
XVe siècle (première juderia, en 1412), puis résidentielle.
l’Italie (premier ghetto à Venise, 1516), les En France, le nombre de joueurs de golf
confinèrent dans des enceintes clairement (10 000 licenciés en 2009 et quelque
délimitées dont les accès étaient fermés pen­ 650 000 pratiquants) a quadmplé en vingt ans,
dant la nuit. La vie dans ces espaces réduits, bien qu’il s’agisse encore d’un sport de conno­
très souvent insalubres, contribua puissam­ tation assez élitiste (à l’inverse de ce que l’on
ment à conserver l’intégrité de la communauté observe dans certains pays comme l’Angle­
juive, en lui faisant parfois prendre du retard terre et les États-Unis), d ’un coût élevé (la
sur l’évolution de la vie et de la ville environ­ cotisation annuelle à un club est couramment
nante. À la même époque, les pays germa­ de l’ordre de 1 000 €). On comptait 798 par­
GRAND ENSEMBLE m

cours de golf homologués en 2010, pour la jusqu’à plusieurs dizaines. Ils peuvent être
plupart privés. constitués de blocs continus très allongés,
Pour l’urbaniste, l’implantation d ’un ter­ selon le principe du «chem in de grue»
rain de golf présente des caractères assez spé­ (immeubles rideaux ou barres) ou de tours,
cifiques. C’est un équipement de très grande mais sont souvent disposés en équerre, en
dimension (30 à 60 ha), qui exerce un impact quinconce, en étoile, etc., de façon à ménager
important dans l’organisation de l’espace, entre eux des prospects suffisants. Ils peuvent
avec un flux de fréquentation qui, proportion­ accueillir une population globale de 1 000 à
nellement, reste très faible. plusieurs dizaines de milliers d’habitants. Les
Par ailleurs, on a vu se multiplier au cours espaces intercalaires sont aménagés en aires
des années 1980 les projets d ’implantation de de stationnement, en espaces verts ou en ter­
« golf-immobiliers » dans des zones naturelles rains de sport. L’expression «grand ensem­
soumises à une forte pression touristique ou ble » est de moins en moins employée : lô
urbaine. Il s’est souvent agi d’un moyen de vocabulaire adm inistratif préfère parler de
contourner des mesures de défense de l’envi­ «quartiers en difficulté» ou de «zones
ronnement, le golf, équipement de loisir vert, urbaines sensibles », les habitants de « cités ».
étant dans un premier temps mieux accepté Toutes ces expressions sont impropres!
qu’un projet immobilier, le second n ’étant puisque les difficultés rencontrées dans beau­
alors présenté que comme l’accompagnement coup de ces ensembles (mais pas tous)
du premier, alors même que toute la marge de résultent précisément du fait qu’ils ne sont
l’opérateur se réalise sur lui, le golf pouvant devenus ni des quartiers ni des cités au sens
parfois être réalisé à perte. Les études de plein de ces termes.
marchés indiquent que des maisons « sur un En fait, il s ’agissait de programmes
golf» peuvent se vendre 15 % à 20% plus d’urgence, dans le cadre d’une politique offi­
cher qu’ailleurs, bien que moins d’un tiers des cielle de construction visant à réduire la
acheteurs pratiquent le golf. grande crise du logement apparue après la
J. C. guerre. Ces premiers grands ensembles ont
été réalisés en dehors de toute doctrine offi­
Espace vert.
-*
cielle, de tout texte réglementaire, lè terme
même employé pour les désigner traduisant
ce vide conceptuel et juridique. Les premiers
G RAN D ENSEM BLE grands ensembles, dans les années 1950,
implantés en marge des secteurs d ’habitat
Groupe d ’immeubles locatifs comportant ancien, ont été accompagnés d’une infrastruc­
un nombre élevé de logements. ture de voirie et d ’équipements souterrains
Le terme « grand ensemble » est apparu dès qui ont permis de doter les logements de tous
1935, dans un article de Maurice Rotival dans les éléments du confort moderne (hormis
la revue L ’Architecture d ’aujourd 'hui, comme l ’ascenseur dans les immeubles de quatre
un des éléments structurants de l’urbanisme niveaux et moins). C ’est seulement après
moderne, en rupture avec la tradition urbaine, 1960 que les nouveaux ensembles, dans le
axée sur l’hygiène, l’espace et le soleil. Cet cadre des zones à urbaniser par priorité (zup),
article présentait une théorie, empreinte de ont commencé à être dotés aussi d ’équipe­
moralisme social, de l’implantation des cités à ments collectifs commerciaux, sociaux ou
bon marché, aux fonctions et à l’organisation culturels. Pour briser la monotonie ou l’uni­
spatiale clairement définis, et de leurs prin­ formité, on a même aménagé parfois des
cipes de construction à partir de la réalisation centres commerciaux, inclus dans des
d’ensembles de hbm entre les deux guerres. constructions basses à échelle plus humaine
A partir des années 1950, ce terme s’est ou imitant de vieux villages. Dans les plus
répandu pour désigner des groupes de grandes récents, il s’est constitué des galeries mar­
dimensions d ’immeubles locatifs, implantés chandes couvertes et des secteurs commer­
dans des zones d’aménagement ou périmètres ciaux qui forment des pôles d ’attraction
d ’expansion urbaine spécialement délimités. nouveaux, en concurrence avec ceux des
Ces immeubles ont toujours un minimum de quartiers anciens limitrophes. Mais le grand
trois niveaux au-dessus du rez-de-chaussée et ensemble, celui des quartiers urbains rénovés
S/3
GRAND ENSEMBLE

comme celui des banlieues éloignées en sec- « Habitat et vie sociale » (hvs) qui visait, à
leur semi-rural, tend toujours à constituer un titre expérimental d’abord (dès 1972), puis
monde à part. Et l’éloignement, l’uniformité, dans le cadre d’un groupe interministériel (à
les dimensions démesurées et le caractère partir de 1977), avec l’aide du Fonds d’amé­
impersonnel du cadre de vie ont été souvent nagement urbain (fau), à réparer les loge­
mal ressentis par ses habitants, soumis à un ments et les immeubles et à améliorer les
complexe d’isolement pénible (baptisé « sar- espaces publics, mais aussi, quoi qu’on en ait
eellite» dans les années 1960, du nom de Sar­ dit, à susciter la participation des habitants
celles), et souvent dénoncés comme les pour faciliter leur intégration dans le milieu
principales causes d’une délinquance juvénile urbain. Par la suite, dans les années 1980, les
particulièrement élevée. La population initiale actions sur le cadre physique furent quelque
était en général très jeune, constituée en majo­ peu délaissées. On recoumt cependant, après
rité de jeunes ménages mais, même si elle les émeutes urbaines de l’été 1981, à des
tend à vieillir sur place, les nouveaux arri­ démolitions d’immeubles, dont on attendait
vants restent toujours parmi les plus jeunes. un choc psychologique. Parfois au contraire,
on profita de la faible densité de certains
Si la population initiale des grands ensembles pour les remodeler par des
ensembles correspondait à la moyenne natio­ constructions nouvelles (à Orly par exemple).
nale sur le plan des revenus, au point que cer­ Les actions sur le cadre physique ont repris
tains ont cru y voir un creuset uniformisateur avec le programme «Banlieues 89» qui a
de la société française moderne, leur évolution permis, avec des moyens financiers limités
a été très inégale. Certains grands ensembles, (226 millions de F de 1983 à 1989), de mener
généralement bien reliés aux équipements et quelque 400 opérations d’amélioration, en
au milieu urbain, n’ont pas rencontré de pro­ fait modestes et le plus souvent sans grande
blèmes majeurs. Mais beaucoup ont dû faire portée.
face à une paupérisation, voire une marginali­ Enfin, en 1994, parallèlement à la poli­
sation, de leur population. Les plus aisés des tique des contrats de ville, furent sélectionnés
locataires, ceux qui bénéficiaient d’une pro­ 13 «grands projets urbains» (gpu) concer­
motion sociale, cherchaient à les quitter, sou­ nant de vastes quartiers, voire des communes
vent pour un logement en accession à la entières, où les difficultés étaient graves et
propriété. Peu à peu, de nombreux grands persistantes: 9 en région parisienne, 2 dans
ensembles sont devenus, la crise économique celle de Lyon, les quartiers nord de Marseille
accélérant l’évolution, de véritables ghettos et Roubaix-Tourcoing. Cette politique, qui
défavorisés : familles dites lourdes, immigrés, dépasse les grands ensembles, les concerne
chômeurs, etc. La dégradation - aggravée par cependant au premier chef. Les opérations,
le vandalisme - des bâtiments a accm le senti­ qui devaient durer jusqu’à quinze ans, sont
ment du rejet. de grande envergure, contrairement aux
programmes hvs ou à Banlieues 89 : infra­
À partir de ce constat, que les pouvoirs structures routières (désenclavement autorou­
publics ont commencé à dresser au début des tier) ou ferroviaire (desserte par le métro),
annéesi 1970, ceux-ci ont recherché des solu­ réorganisation de quartiers entiers par créa­
tions. À cette fin, ils ont alterné les actions sur tion d’un centre ou réduction d’une dalle,
le cadre physique (bâti, environnement) et les aménagements de friches industrielles ou de
dispositifs socioéconomiques, avec une ten­ zones d’activités, etc. Les montants mis en
dance, non continue cependant, à faire passer jeu ont été considérables : 10 milliards de F
la priorité des premiers vers les seconds. Au au total (500 à 1 200 millions par gpu) au
cours de cette génération d’actions curatives, cours du XIe plan (1994-1999).
faute d ’avoir pris à temps les mesures préven­ Ces grands projets sont devenus les grands
tives, les interventions sont passées du niveau projets de ville (gpv) pendant la période de
local (le grand ensemble, voire une fraction de planification 2000-2006. Le mécanisme a été
celui-ci) au niveau global (la commune, la élargi à des projets lourds de requalification
ville, voire l’agglomération) et même national. urbaine à l’échelle locale concernant les quar­
Les actions sur le cadre bâti ont commencé tiers les plus dégradés et les conditions de vie
dans les années 1970 avec le programme de leurs habitants, mais qui doivent favoriser
GRAND ENSEMBLE 374

leur insertion dans l’agglomération où ils sont plaçait en exergue le concept d’autodévelop­
situés : ce sont les 53 grands projets de ville pement. La politique de développement social
(gpv) et les 59 opérations de renouvellement des quartiers (dsq) qui en a résulté a concerné
urbain (oru, opérations moins lourdes). Les 148 quartiers (1,5 million d ’habitants) et
gpu sont devenus des gpv sur la base d ’une 350 000 logements avec des financements de
nouvelle convention impliquant souvent un l’État, des collectivités territoriales et de parte­
élargissement du périmètre. Comme pour les naires divers. Le bilan qui en a été dressé était
grands projets urbains, le maître d’ouvrage est clairement positif. Pourtant, en 1989, dans le
variable : groupement d’intérêt public (c’est la cadre du Xe plan, on a remplacé ce dispositif
formule la plus souvent retenue), ville, struc­ par celui du développement social urbain
ture intercommunale, etc. Il était prévu 2,1 mil­ (dsu) qui élargissait l’action à l’échelle de la
liards d ’€ de subventions plus 1,5 milliard d’€ ville, à un nombre plus élevé de quartiers (500
de prêts de la Caisse des dépôts et consigna­ en tout, dont certains en centre-ville). Il n ’est
tions pour ce nouveau programme. Les inter­ pas certain que cet élargissement ait été béné­
ventions prévues concernaient la dimension fique: le dispositif dsu s’est traduit par une
physique (démolitions, réhabilitations, recons­ dilution des actions en faveur des quartiers en
tructions, restructuration des espaces publics, grave difficulté dans une politique dite de la
traitement paysager, désenclavement du site) ville (le ministère de la Ville a été créé en
et la dimension économique (implantation décembre 1990) plus diffuse et s’est traduit
d’activités, restructuration de centres commer­ par un retrait des acteurs locaux (associations,
ciaux, création d ’équipements majeurs). représentants des habitants des quartiers) au
Quant aux démolitions d ’immeubles, qui profit des élus. La notion d’autodéveloppe­
n ’avaient jamais été interrompues, elles sont ment a disparu avec les traces d ’idéologie
devenues un des aspects majeurs de l’action autogestionnaire des dsq.
sur le cadre bâti à partir de 1998 et surtout de Dans les années 1990, on a prétendu pas­
2002 : le ministre Borloo en a annoncé 30 000 ser à une politique globale de la ville. En
par an, mais il est peu probable que ce rythme fait, une logique économique et des méca­
soit respecté. On peut d’ailleurs s’interroger nismes administratifs plus traditionnels l’ont
sur l’opportunité d’opérations qui aggravent emporté. Ce fut d ’abord la généralisation, au
la stigmatisation des quartiers concernés. XIe plan, des contrats de ville (13 avaient été
La réhabilitation socioéconomique a reçu la expérimentés au Xe plan) : 214 contrats (plus
priorité à partir des années 1980, sans que les une convention avec la ville de Paris) ont été
programmes portant sur le cadre physique signés avec des communes ou des structures
soient pour autant abandonnés comme on l’a intercommunales. En fait, la difficile négo­
vu. Des actions expérimentales en ce sens ciation du programme d’actions entre l’Etat
avaient déjà été entreprises par les groupes et les collectivités locales et la mise en
d’action municipale (gam) ou à titre ponctuel œuvre, de fait sous le contrôle de ces der­
(Mons-en-Barœul, l’Alma-Gare à Roubaix, le nières, ont encore conduit à élargir les objec­
Petit Séminaire à Marseille). Le rapport tifs et la nature des actions entreprises. Les
« Ensemble, refaire la ville >>(1982-1983) pro­ crédits ont cependant été importants (23 mil­
posé par la commission présidée par Hubert liards de F pour 1998). Au XIIe plan (2000-
Dubedout, maire de Grenoble et ancien ani­ 2006), les contrats d’agglomération, à une
mateur des gam, a prôné une action globale en échelle (les 140 agglomérations inscrites
direction des habitants les plus fragiles, en dans les aires urbaines de 50 000 habitants)
particulier les étrangers et les groupes margi­ jugée plus pertinente que celle de la ville,
nalisés (chômeurs, familles «lourdes », sont venus compléter les contrats de ville. Ils
femmes isolées, etc.), bref de lutter contre comportent des programmes peu nombreux
l’exclusion, de rejeter le spectre de la ville à mais significatifs à l’échelle de l’aggloméra­
deux vitesses, de démocratiser la gestion de la tion dans une perspective à long terme
ville, de rééquilibrer socialement la popula­ (quinze ans). Cette procédure avait d ’abord
tion de ces quartiers, d’insérer les jeunes dans été expérimentée à Bordeaux et au Creusot-
la ville et dans la société, de prévenir l’insécu­ Montceau-les-Mines), puis mise en place en
rité, de relier le développement social au déve­ 2001: 108 contrats d’agglomération (sur 185
loppement économique local. Le rapport agglomérations) ont été signés. Pour la
H/5
GRAND ENSEMBLE

période 2007-2013, ces contrats ne sont plus cédent, au moins par l’ampleur des crédits
que des conventions territoriales signées dans prévus, pour la transformation de ces quar­
le cadre de contrats de projet État-région. tiers : en 2009, 531 zus ont été sélectionnés en
Le pacte de relance pour la ville, à la suite deux phases. Une Agence nationale pour la
de la loi du 14 novembre 1996, a créé les rénovation urbaine (anru) a été créée pour
«emplois de ville» pour les jeunes de 18 à coordonner ce programme en regroupant les
moins de 26 ans, destinés à « favoriser l'inser­ financements publics (État, collectivités terri­
tion des jeunes résidant dans les grands toriales, Caisse des dépôts et consignations) et
ensembles et les quartiers d ’habitat dégra­ privés organismes bailleurs des logements
dés», mais leur application fut modeste sociaux, 1 % logement, etc.). Le programme
(12 000 emplois créés en 1996-1997). Le fixé par la loi de 2003 était excessivement
pacte de relance pour la ville créait en outre ambitieux, puisqu’il prévoyait, en cinq ans
une hiérarchie de zones en difficulté, où l’on (2004-2008) la démolition de 200 000 loge­
espérait créer des emplois, essentiellement ments, la reconstruction de 200 000 unités et
grâce à des incitations fiscales elles-mêmes la réhabilitation de 200 000 autres, ainsi que
graduées : 731 zones urbaines sensibles (zus), la « résidentialisation » de nombreux quar­
au sein desquelles 350 quartiers ont été érigés tiers, des réalisations (par réhabilitation ou par
en zones de redynamisation urbaine (zru) et construction) d ’équipements publics et des
44 ont reçu pour cinq ans (1997-2001) le sta­ aménagements d’espaces publics et de loisirs.
tut de zones franches urbaines (zfu). Ces der­ Les ambitions ont été modérées par la suite :
nières, d’abord contestées parce que les les programmes de I’anru, au 1er juin 2009,
emplois étaient souvent transférés plus que visent, avant 2013, à démolir 130 000 loge­
créés et que leur coût était élevé, sont appa­ ments, en construire 124 000 et en réhabiliter
rues comme un succès sur le plan local 298 000. La loi de 2003 prévoyait 2,5 mil­
(10 000 entreprises nouvelles implantées, liards d’€ venant de l’État pour la période
45 000 emplois créés, un quart de ces emplois 2004-2008. Plusieurs lois successives (18 jan­
occupés par des habitants de la zone). Elles vier 2005, 13 juillet 2006 et 5 mars 2007) ont
ont été prolongées et une nouvelle vague de porté ce montant à 6 milliards pour la période
41 zfu a été décidée pour la période 2004- s’étendant jusqu’à fin 2013 (plus 350 millions
2008. Il y en a, au total, 100 en 2010. accordés en décembre 2008 dans la cadre du
Le gouvernement Jospin, sans supprimer plan de relance économique). Ils seront
les mécanismes existants, a mis l’accent sur abondés par des crédits venant des autres par­
la création d’emplois au plan national avec la tenaires, et en particulier des organismes
création des emplois jeunes qui généralisent bailleurs. L’anru avance un total de 42 mil­
et améliorent le dispositif des emplois de liards, dont 38,7 seraient engagés à mi-2009.
ville en lui donnant une autre dimension Il reste à réussir à mener toutes ces opérations,
(350 000 emplois à créer par le secteur probablement dans un délai plus long, le
public et associatif avant la fin 2000). En démarrage du programme ayant été assez lent
fait, seuls les emplois du secteur public et (I’anru elle-même prévoit un achèvement
associatif ont été créés, mais le gouverne­ du programme fin 2015). Fin 2008, seuls
ment Raffarin a refusé leur pérennisation. 45 800 logements avaient été démolis, 17 990
Une partie seulement de ces emplois concer­ reconstruits, 78 780 réhabilités et 48 490 rési-
nait les grands ensembles en difficulté, dentialisés.
même si l’on y a créé en priorité des emplois Le risque des politiques suivies depuis
jeunes d’assistance aux enseignants, d ’ani­ 1989, et surtout depuis 1994, était, au nom de
mation sportive, sociale ou culturelle, la globalisation des problèmes des grands
d’accueil et d’assistance (dans les transports ensembles, de voir se diluer les politiques en
publics par exemple), de promotion des nou­ faveur de ces quartiers en difficulté dans des
velles technologies (cybercafés ou sites mul­ politiques globales qui contribueront peu à
timédias). réduire leurs handicaps. Si un point de vue
La loi pour la ville et la rénovation urbaine global était nécessaire, on peut regretter que
(dite loi Borloo) du 1er août 2003 a mis en les politiques centrées sur le quartier se soient
place le Programme national de rénovation souvent insérées dans une politique de la ville
urbaine, qui constitue un effort sans pré­ qui apparaît trop souvent comme une coquille
GRAND MAGASIN, GRANDE SURFACE 376

vide, où les élus locaux sont devenus les l’État. Elle est devenue elle-même départe­
acteurs majeurs - tout en laissant l’État et des ment par la loi du 10 juillet 1964.
institutions nationales comme la Caisse des Outre ce problème politique, la capitale
dépôts et consignations apporter l’essentiel prend souvent une extension spatiale qui la
des financements - au détriment de la partici­ fait se développer hors de son territoire. On
pation des habitants. Le programme national peut étendre celui-ci (création du Greater
de rénovation urbaine a le mérite de replacer London en 1965, au reste largement débordé
l’action à l’échelle des ensembles en diffi­ par la périurbanisation) ou chercher à coor­
culté. On peut lui reprocher de mettre presque donner les différentes collectivités locales.*
exclusivement l’accent sur les problèmes du Dans le cas de Paris, cette coordination a
cadre physique sans pouvoir répondre aux dif­ d’abord été assurée par le préfet du départe-
ficultés économiques et sociales des habitants. ment de la Seine (et le préfet de police pour ce
P. M. qui le concerne). Mais avec l’extension de la
banlieue à la fin du xixe siècle, et surtout
- » Banlieue; Barre; Contrat d'agglomération; Contrat de ville ;
Développement social des quartiers (dsq) ; Exclusion ; Fonds
après la première guerre mondiale, l’agglomé­
d'aménagement urbain; Grand projet de ville (gpv); Grand ration a débordé sur les territoires des départe­
projet urbain (gpu ); Pacte de relance pour la ville; Pro­
gram m e national de rénovation urbaine; Renouvellement
ments voisins de Seine-et-Oise et de Seine-et-
urbain; Zone à urbaniser par priorité (zup) ; Zone franche Mame. Pourtant, les structures administra­
urbaine (zfu ).
tives n ’ont commencé à être modifiées
qu’avec l’avènement de la Ve République. Le
District de la région de Paris, établissement
G RAN D M AG ASIN , GRANDE SURFACE public regroupant les départements de Seine,
Magasin ; Urbanisme commercial Seine-et-Oise et Seine-et-Mame, a été créé
par la loi du 2 août 1961. Mais son délégué
général (Paul Delouvrier) n ’avait qu’un rôle
GRAND PARIS de coordination entre les départements et vis-
à-vis des ministères. Il a pourtant su donner à
La capitale pose, dans de nombreux pays, la région une impulsion nouvelle avec l’élabo­
des problèmes particuliers quant à son statut ration du schéma directeur d’aménagement et
et à son administration. Dans les pays fédé­ d ’urbanisme de la région de Paris (sdaurp,
raux, il n ’est pas rare qu’elle soit indépendante 1965) et avec le lancement notamment du
de toute autre entité territoriale (Washington Réseau express régional (rer) et des villes
aux États-Unis, Canberra en Australie). Dans nouvelles proposées par le sdaurp. La loi de
d’autres pays, on choisit de bâtir une nouvelle 1964 a réorganisé la région parisienne en huit
capitale, soit pour arbitrer entre plusieurs départements : le département de la Seine
villes ou régions rivales (Brasilia au Brésil, (légèrement étendu à l’est) a été divisé en
Ottawa au Canada, Canberra encore), soit quatre départements (Paris, Hauts-de-Seine,
pour des raisons politiques (éviter les villes Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne, ces trois
trop remuantes: Islamabad au Pakistan, derniers constituant la petite couronne de
Brasilia encore), d’équilibre ethnique (Ibadan Paris) et celui de Seine-et-Oise (légèrement
au Nigeria) ou stratégiques (Islamabad amputé à l’est) en trois départements
encore), voire pour servir le prestige d’un diri­ (Yvelines, Essonne et Val-d’Oise), constituant
geant (Yamoussoukro en Côte-d’Ivoire). avec la Seine-et-Mame, demeurée inchangée,
Dans les pays très centralisés, la capitale est la grande couronne. C ’est cette loi de 1964
le plus souvent la ville principale de la pro­ qui a conféré au délégué général au district le
vince ou de l’État autour duquel s’est réalisée titre de préfet de région et la loi du 6 mai 1976
l’unité nationale (Berlin, Paris). Mais cette qui a créé la région d’île-de-France avec le
capitale est surveillée de près par les autorités même statut (à quelques exceptions près) que
nationales et a souvent un statut particulier. les autres régions (qui avaient été instituées en
Ainsi, Paris n ’eut un maire qu’en 1789, en 1972), le préfet de région devenant également
1848 et, de façon plus durable, depuis 1977 et préfet de Paris. Enfin, la loi du 31 décembre
n ’a eu un conseil municipal qu’en 1834. De 1975 a rapproché le statut de la ville de Paris
1800 à 1977, elle a été administrée par le pré­ (dont le territoire constitue en même temps un
fet du département de la Seine au nom de département, le conseil municipal étant égale-
GRAND PARIS
377

inent conseil général) de celui des autres com­ trois départements de la petite couronne).
munes avec un maire (également président du Ses compétences auraient été celles du
conseil général). Celui-ci a été élu pour la pre­ département augmentées de celles des inter­
mière fois en 1977. communalités les plus importantes, les com­
munes demeurant des collectivités locales.
Le problème de la gestion de l’aggloméra­ Les conseillers du Grand Paris auraient été
tion parisienne, qui réunit la plus grande part élus en même temps que les conseillers
de la région Île-de-France, a été reposé dans régionaux au scrutin de liste, à la propor­
les années 2000. Plusieurs élus parisiens et tionnelle à deux tours avec prime majori­
divers spécialistes ont alors avancé l’idée de taire, les premiers élus étant conseillers
créer un Grand Paris. Ni le statut (on parlait de régionaux et du Grand Paris et les élus sui­
département ou plus modestement de commu­ vants seulement conseillers du Grand Paris.
nauté urbaine), ni les limites (certains évo­ Par ailleurs, le président Sarkozy avait
quaient la petite couronne, d’autres une chargé dix équipes d ’architectes (et non
agglomération plus étendue) n ’étaient claire­ d’urbanistes) de faire des propositions d’amé­
ment définis. Les inégalités, notamment de res­ nagement du Grand Paris. Leurs projets, sou­
sources fiscales, entre Paris et les communes vent intéressants, manquent cependant
de la première couronne et la nécessité de coor­ d ’études de base : il s’est en fait agi d ’un
donner les politiques d’aménagement (loge­ concours d ’idées. Christian Blanc n ’a
ment et transports en particulier) ont conduit la d’ailleurs pas cherché à travailler en concerta­
nouvelle municipalité de gauche à nouer des tion avec elles. Tandis que certains (Jean Nou­
contacts avec les communes proches, puis à vel) dénonçaient ses méthodes, les neuf autres
proposer la création d’une structure de concer­ équipes ont constitué, autour de Christian de
tation, le syndicat Paris Métropole (devenu Portzamparc, un « Groupement international
syndicat mixte d’études en 2009), qui réunit en pour le Grand Paris » sans obtenir pour autant
une conférence métropolitaine les collectivités un véritable dialogue.
territoriales (87 au 1er mai 2009, en majorité de Sur le plan de la gouvernance :
gauche, mais certaines également de droite) — il paraît difficile tant de créer, même dans
sur une base d’adhésion volontaire. Le syndi­ le seul cas du Grand Paris, un nouvel échelon
cat a vocation à concerner l’ensemble de administratif (chacun s’accorde à penser qu’il
l’agglomération (il comprend déjà les villes y en a déjà trop en France) : une éventuelle
nouvelles). Les Hauts-de-Seine ont décidé, en réforme de la gouvernance du Grand Paris a été
2010, d’y adhérer. repoussée à une date ultérieure ;
En 2007, le président de la République — dans cette hypothèse, se poserait le pro­
Nicolas Sarkozy a créé un secrétariat d’Etat blème du partage de compétences avec la
au développement de la région capitale. Cette région qui subsisterait en tout état de cause ;
nomination a été effectuée dans un contexte — de plus, il paraît pour le moins peu judi­
de conflit entre l’État et la région, le gouver­ cieux de recréer, à peu de choses près, l’ancien
nement ayant refusé d’approuver le projet de département de la Seine, créé en 1790 et sup­
nouveau schéma directeur de la région Île-de- primé en 1966 (par la loi de 1964) ;
France (sdrif) adopté par le conseil régional — enfin, un département du Grand Paris
en février 2007. Le secrétaire d’État (Christian recréerait une barrière fâcheuse entre son ter­
Blanc) a préparé ses propositions sans concer­ ritoire et la grande couronne, analogue à celle
tation avec la région et les premières options qui existe actuellement entre Paris et la ban­
évoquées (métro souterrain de rocade à 20 km lieue.
du centre parisien, développement privilégié Sur le plan de l’aménagement :
du plateau de Saclay autour des établisse­ — on peut mettre en sérieux doute la perti­
ments scientifiques qui y sont déjà installés) nence d’un métro souterrain de rocade de
ne correspondaient pas aux projets du sdrif. 130 km, surtout à cette distance du centre
Dans le même temps, le comité pour la (20 km en moyenne) : il serait très coûteux
réforme des collectivités territoriales (dit (estimé à environ 22 milliards d’€) et interdi­
comité Balladur proposait (5 mars 2009) de rait tout autre projet d’envergure de transport
créer une collectivité locale à statut particu­ dans la région pendant plusieurs décennies ;
lier, dénommée « Grand Paris » (Paris et les enfin, sa clientèle limitée (les déplacements
GRAND PROJET DE VILLE
378

de rocade, s’ils sont nombreux, nécessite­ spatiale) pour la renforcer et réduire les inéga­
raient presque toujours au moins deux corres­ lités et non les accroître. Ce ne sont pas des
pondances, ce qui serait très dissuasif) ; idées d ’architectes, si brillantes soient-elles,
— le choix d’un pôle privilégié de déve­ ni un projet établi sans étude sérieuse par un
loppement économique (le plateau de Saclay) organe ministériel, mais une étude d ’urba­
ne ferait, comme l’opération de La Défense nisme régional (comme le projet de sdrif de
un demi-siècle plus tôt, qu’accentuer le dés­ 2007, éventuellement amendé pour prendre
équilibre de la région (entre la moitié sud- en compte certaines des objections de l’État)
ouest, prospère, et la moitié nord-est, en voie qui le permettra. Le Grand Paris a eu, à deux
de paupérisation, voire de marginalisation). reprises dans son histoire (sous le Second
Le gouvernement a cependant créé, le Empire avec Georges Haussmann et sous la
30 mars 2009, une opération d’intérêt national présidence du général De Gaulle avec Paul
(oin) pour ce projet et fait adopter la loi du Delouvrier) une telle politique. Il convient, un
3 juin 2010 qui reprend le projet de métro demi-siècle après le second (et un siècle et
automatique souterrain de 130 km (le « Grand demi après le premier) de redonner un tel
Huit»), Dépossédant le conseil régional et le souffle à l’aménagement du Grand Paris et
Syndicat des transports de l’île-de-France de non de recourir à des astuces de gouvernance
leurs attributions, cette loi crée également une et à des idées ponctuelles d’aménagement.
Société du Grand Paris (où l’État est majori­
taire), chargée de réaliser cette rocade de P. M.
métro avec une quarantaine de stations, de -> Capitale; Schéma régional d'aménagement et d'urbanism e;
diriger (éventuellement par contrat en liaison Statut de la ville et de la région de Paris ; Ville nouvelle.

avec les collectivités locales) l’aménagement


des terrains autour de ces stations en espérant
récupérer les plus-values induites par le métro GRAND P R O JET DE VILLE (GPV)
et de développer neuf pôles économiques (le
plateau de Saclay et La Défense, mais aussi Le Comité interministériel des villes du
Achères, Plaine-commune autour de Saint- 14 décembre 1999 a décidé, pour la période
Denis, Le Bourget, Roissy-CDG-Villepinte, de planification 2000-2006, un programme de
Noisy-cité Descartes, Orly et Évry). La renouvellement urbain concernant les quar­
construction de la rocade de métro devrait tiers les plus dégradés et les conditions de vie
débuter fm 2013 (après qu’un décret en de leurs habitants. Comme pour le programme
Conseil d’Etat eut arrêté le tracé et l’emplace­ des grands projets urbains (gpu) qui l’avait
ment des stations défini) et être achevé vers précédé, il s’agit de projets lourds de requali-
2025. Le financement serait apporté par l’État fîcation urbaine à l’échelle locale, mais qui
(4 milliards d ’€) et pour le reste par un doivent favoriser leur insertion dans l’agglo­
emprunt sur une période de quarante ans). mération où ils sont situés.
Conscient de ces difficultés, le gouvernement Dans ce cadre, 50 grands projets de ville (en
a dû accepter que le projet du « Grand Huit » et fait, 51 gpv effectifs plus 2 dans les dom) et
celui de la rocade « Arc Express », plus proche 70 opérations de renouvellement urbain
de Paris et trois fois moins chère, prônée par le (oru), opérations moins lourdes que les gpv,
conseil régional, soient tous deux soumis au ont été retenus. Les gpu sont devenus des gpv
débat public, en principe dès l’automne 2010. sur la base d’une nouvelle convention impli­
La constitution de la Société du Grand quant souvent un élargissement du périmètre.
Paris et le projet de métro souterrain de rocade Ces projets ont été négociés et financés en
ont soulevé de multiples objections de la part dehors des contrats de plan et sont venus
de nombreux élus et de la quasi-totalité des s’intégrer au projet qui sous-tendait le contrat
spécialistes. On peut, en tout état de cause, de ville. Certains concernaient des sites qui
s’interroger sur le trafic de ce métro comme avaient fait l’objet d’un grand projet urbain au
sur les possibilités de réunir le financement cours de la période 1994-1999.
nécessaire et sur les délais de réalisation. Comme pour les grands projets urbains, le
En fait, le développement de la région sup­ maître d ’ouvrage était variable : groupement
pose une véritable stratégie d’ensemble (éco­ d’intérêt public (c’est la formule la plus souvent
nomique, sociale, environnementale et surtout retenue), ville, structure intercommunale, etc.
GRAND PROJET URBAIN
379

Les crédits mis à la disposition de ce nou­ Bois, Clichy-Montfermeil, Grigny, le Man-


veau programme se sont élevés à 2,104 mil­ tois), deux en région lyonnaise (Vaulx-en-
liards d’€ de subventions (1,190 de l’Etat, Velin et Les Minguettes à Vénissieux), les
0,457 du fonds de renouvellement urbain quartiers nord de Marseille et l’ensemble de
créé par la Caisse des dépôts et consignations Roubaix et de Tourcoing. Un treizième GPU a
et autant du 1 % logement), auxquels se sont été créé à Meaux, puis un quatorzième à
ajoutés 1,5 milliard d ’€ de prêts de la CDC, ce Chanteloup-les-Vignes.
qui représente environ 30 millions de sub­ Si une mission nationale des grands pro­
vention ou de prêt par opération, soit sensi­ jets urbains (gpu) a été créée, les montages
blement moins que pour les grands projets opérationnels des différents projets sont
urbains de la période précédente. variables. Le maître d’ouvrage peut être un
Chaque site devait définir son projet urbain. établissement public d ’aménagement (le
Le périmètre devait être cohérent avec la pro­ Mantois/Val de Seine), une société d’écono­
blématique retenue. Dans la plupart des cas, mie mixte nationale (Clichy-Montfermeil),
le projet est global, ne se limitant pas à la un syndicat mixte (Gennevilliers), un grou­
réhabilitation du patrimoine. La plupart com­ pement d’intérêt public (Argenteuil, Aulnay-
portent un aspect de conception urbaine, sous-Bois). Dans certains cas, la volonté des
visant à améliorer la qualité urbaine. Les collectivités locales d’assurer le pilotage des
interventions prévues sont multiples dans opérations, bien qu’elles ne participent que
chaque projet, mais comportent toujours une de façon minoritaire à leur financement, a
intervention sur le bâti (démolitions, réhabili­ conduit à un pilotage informel (quartiers
tations, reconstructions), le plus souvent une nord de Marseille).
restructuration des espaces publics, un traite­ Les travaux programmés sont importants et
ment paysager ou des interventions sur le concernaient :
maillage ou le désenclavement du site. Enfin, — les infrastructures (désenclavement
ils concernent les fonctions économiques du routier à Grigny ou dans les quartiers nord
quartier (implantation d’activités, restructura­ de Marseille, desserte par le métro des
tion de centres commerciaux, création d’équi­ Minguettes, etc.) ;
pements majeurs). — la réorganisation de quartiers entiers :
La loi d’orientation et de programmation réduction de la dalle et démolition d’immeubles
pour la ville et la rénovation urbaine du à Argenteuil (Le Val d’Argent) ou à Vaulx-en-
1er août 2003 a transformé les grands projets Velin, création d’un centre commercial au Val
de ville en opérations de rénovation urbaine, Fourré (à Mantes), réalisation d’un nouveau
automatiquement pour ceux situés en zone centre à La Grande Borne (à Grigny), démolition
urbaine sensible, par dérogation et sur de tours à Clichy-Montfermeil ;
demande pour les autres. — aménagements fonciers pour traiter des
friches industrielles (Roubaix-Tourcoing) ou
P. M.
créer des zones d’activités (Buchelay dans le
-> Banlieue; Contrat de ville; Développement social des quar­ Mantois), créer des espaces verts, etc.
tiers (dsq) ; Grand projet urbain (gpu); Pacte de relance pour Ces travaux lourds n ’excluaient pas des tra­
la ville.
vaux plus légers (démolition d’immeubles,
construction dans des espaces sous-occupés,
GRAND P R O JET URBAIN (GPU) réalisation d’équipements. Un volet socio­
économique était prévu parallèlement dans le
Mécanisme mis en place, en 1994, dans le cadre du contrat de ville.
cadre de la redéfinition de la politique de la Les crédits mis enjeu ont été à la mesure de
ville, parallèlement aux contrats de ville, pour ces travaux, dont certains dépassent la durée
faire face à des difficultés de grande ampleur du XIe plan : plus de 10 milliards au total, soit
dans des quartiers d’une certaine dimension, de 500 à 800 millions pour la plupart des gpu
voire dans des communes entières faisant (1,2 milliard à Argenteuil). L’Etat s’est
déjà l’objet d’un contrat de ville. Douze sites engagé à apporter son aide pendant
ont été sélectionnés, dont huit en région pari­ quinze ans. Des participations financières pro­
sienne (Plaine Saint-Denis, Gennevilliers, viennent également du Fonds d’aménagement
Épinay-sur-Seine, Argenteuil, Aulnay-sous- de la région Île-de-France, du conseil régio­
GRANDS AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
m , |

nal, des collectivités locales et d’organismes région dans le cadre de la décentralisation) a


publics divers (offices de hlm, Société cen­ des aspects plus divers ; tourisme, mais aussi
trale pour l’équipement du territoire, aftrp, agriculture, industrie (Ajaccio, Bastia, Portd.
etc.) et même d’investisseurs privés. Vecchio), hydroélectricité, aménagement
Le programme des gpu a été prolongé et urbain (Ajaccio, Bastia), création de 1’univer-.
élargi au cours de la période du XIIe plan sité de Corte, etc. j
(2000-2006) à travers celui des grands projets — de même, le plan du grand Sud-Ouest
de ville (gpv). Les gpu ont été transformés en est un plan global de développement. .| >
grand projet de ville (gpv) pour cette période, Si pour les grands aménagements fluviaux;
éventuellement après extension de leur péri­ la formule de la société d’économie mixtd
mètre (élargissement à d ’autres quartiers ou paraît la mieux adaptée (canal de Provence;
d’autres communes). bas Rhône-Languedoc), dans d ’autres
P. M. cas (aménagement de la côte Languedoc-!
Roussillon, technopole de Sofia-Antipolis patf
Banlieue; Contrat de ville; Développement social des quar­
( ) ( )
tiers dsq ; Grand projet de ville gpv ; Pacte de relance pour
exemple, une mission interministérielle a été
la ville. créée, ce qui souligne le rôle initiateur et
financier joué par l’Etat.
Certaines opérations d ’aménagement plus
G RAN D S A M É N A G E M E N TS RÉG ION AUX localisées ont des conséquences importantes
au plan régional. Ainsi :
Programme d ’envergure visant à une — de l’aménagement industrialo-portuaire i
restructuration en profondeur d ’un espace du golfe de Fos ; i
régional par des actions concernant à la fois — de la réalisation des villes nouvelles ;
les infrastructures, les modes de production et — du parc d ’activités de Sophia-Antipolis
la répartition des hommes et des activités, ou à Valbonne.
seulement certains de ces aspects. À l’inverse, les grands programmes natio­
Les grands aménagements régionaux ont naux d’infrastructures, bien que sectoriels,
été une des premières formes de l’aménage­ contribuent à remodeler l’espace. C ’est la rai-t
ment du territoire, avant même que le terme ne son de la grande importance que leur a accor­
soit employé : ainsi des vallées du Tennessee dée la datar, au moins jusqu’en 1975 :
(Etats-Unis) ou du Rhône. Le plus souvent, — modernisation et extension des grands
une institution spécifique, à caractère opéra­ sites portuaires ;
tionnel, est créée (Tennessee Valley Autho- — schéma directeur des voies navigables
rity). (1970);
Dans le cas français, on peut citer : — schéma directeur routier de 1971, qui
— les grands aménagements fluviaux : corrige celui de 1960, notamment en prévoyant
Rhône (Compagnie nationale du Rhône, créée des liaisons transversales ne passant pas par la !
en 1932) ; canal de Provence (société du même région parisienne (il s’y ajoutait le plan routier
nom, 1957, qui a étendu son activité du bassin breton et celui du Massif central) ;
de la Durance à l’ensemble de la haute et de — schéma directeur de l’équipement aéro­
la basse Provence) ; bas Rhône-Languedoc nautique (1972), qui privilégiait aussi les liai­
(compagnie nationale créée en 1955). Dans sons transversales (dont l’exploitation peut
ces trois cas, il s’agit de travaux visant à amé­ être aidée par le fiat) ;
liorer la navigation fluviale, à irriguer des — schéma directeur des télécommunica­
terres agricoles, à assurer l’alimentation en tions (1971);
eau de ;zones urbaines et (cas du Rhône) la — les liaisons ferroviaires à grande vitesse
réalisation de barrages hydroélectriques ; (tgv) Paris-Lyon (mise en service 1982-
— les opérations d’aménagement touris­ 1983), Atlantique (1989-1990), puis Nord
tique, en particulier les stations de sports (1993 et 1994 jusqu’à Londres) et Est 2007.
d’hiver du plan Neige (1961 -1975) et l’aména­
gement de côtes jusque-là peu mises en valeur : Une seconde génération de schémas natio­
littoral Languedoc-Roussillon (de 1963 à naux d’infrastructure a été entreprise à la fin
1982) ; côte d’Aquitaine (de 1967 à 1988) ; des années 1980 et dans les années 1990. Le
— l’aménagement de la Corse (transféré à la schéma directeur routier a été révisé à plu-
GRANDS AMÉNAGEMENTS RÉGIONAUX
381

sieurs reprises, notamment en 1984, 1988 et ments sanitaires et aux équipements culturels
1992 (l’accent est désormais placé sur les liai­ y ont ajouté les seuls projets du XIIe plan
sons transversales est-ouest et nord-sud) : on a (2000-2006), ce qui constitue un horizon très
alors prévu un réseau de 10 000 km vers 2007 réduit par rapport à celui prévu par la loi
(il y en a 11 000, y compris les voies express Voynet (vingt ans). Seuls les schémas des
sans péage, en 2009). Après les réalisations transports, de l’énergie, et de façon très som­
des tgv Paris-Lyon (mis en service en deux maire celui de l’information et de la commu­
étapes en 1982-1983), Atlantique (1989- nication, présentent une véritable prospective
1990), un schéma directeur des liaisons ferro­ et des programmes à l’horizon 2020.
viaires à grande vitesse a été approuvé en La lutte contre l’émission de gaz à effet de
1991. Depuis, ont été ouvertes les liaisons serre (cf. Grenelle Environnement) et l’ouver­
Paris-Lille (1993), Paris-Londres par le tunnel ture du réseau ferroviaire à la concurrence
sous la Manche (1994, puis une ligne nou­ (en 2003 pour le fret et en 2009 pour les
velle construite par l’Angleterre en 2007), le voyageurs) ont conduit à accélérer la réalisa­
contournement est de Paris et celui de Lyon et tion de lignes ferrées à grande vitesse. Un
le prolongement de la ligne Paris-Lyon à nouveau schéma national des infrastructures
Valence (1994), puis à Marseille et Nîmes de transport a été rendu public le 12 juillet
(TGV Méditerranée en 2001), le TGV Est jus­ 2010. En ce qui concerne le réseau TGV, celui-
qu’à la station lorraine entre Metz et Nancy ci serait doublé vers 2020 et assurerait la conti­
(2007). Le tgv Est a été décidé en 1998. nuité des liaisons vers l’Allemagne, l’Italie et
L’ouverture a eu lieu en 2007 jusqu’à la sta­ l’Espagne, ainsi que la desserte de toutes les
tion lorraine (entre Metz et Nancy) avant un grandes villes françaises (seules Brest, Nantes,
prolongement ultérieur jusqu’à Strasbourg. Grenoble et Clermont-Ferrand ne seraient
La loi d’orientation pour l’aménagement atteintes qu’indirectement). Il prévoit notam­
et le développement du territoire du 4 février ment l’ouverture en 2011 des tronçons (en
1995 (loi Pasqua) prescrit l’élaboration, dans cours de travaux) Perpigan-Figueras et Dijon-
un délai de dix-huit mois (donc pour 1996), Mulhouse. En outre, de nouvelles liaisons tgv,
de schémas pour : portant le réseau de voies rapides à 2 300 km,
— l’enseignement supérieur et la recherche ; devraient être réalisées (avant 2020 sous
— les équipements culturels ; réserve d’un accord entre l’État, les collectivi­
— l’organisation sanitaire ; tés territoriales et les autres acteurs pour leur
— les ports ; financement et d’une décision sur le choix du
— les aéroports ; tracé) : prolongement du tgv Est à Strasbourg
— la desserte terrestre des ports ; (avant 2015), du tgv Méditerranée à Nice
— les réseaux terrestres (routes, chemin de (ligne Provence-Côte d’Azur) et de Nîmes à
fer, voies navigables, plates-formes logistiques) ; Perpignan, du TGVAtlantique à Rennes (prévu
— les télécommunications. en 2014) et à Bordeaux (2016), puis à
Ces schémas sectoriels n’ont jamais été éta­ Toulouse, à Limoges (à partir de Poitiers) et à
blis. La loi Voynet du 25 juin 1999 les a rem­ la frontière espagnole, achèvement des lignes
placés par des schémas de services collectifs. Paris-Mulhouse et Rhin-Rhône (se rejoignant
Elle en a ajouté trois supplémentaires concer­ à l’est de Dijon), liaison Lyon-Turin, ligne
nant respectivement l’énergie, les espaces Paris-Normandie, contournement sud de Paris,
naturels et ruraux et le sport. Ces schémas de voire ligne Paris-Amiens-Calais pour raccour­
services collectifs ont été approuvés ensemble cir le trajet vers Londres. Le coût de ces lignes
par décret du 18 avril 2002 et publiés peu est de l’ordre de 20 millions d’€ par kilomètre,
après. Ils sont au nombre de huit, les deux mais certaines lignes nécessitant des ouvrages
schémas concernant les transports (voyageurs d’art importants, telles que Lyon-Turin (le tun­
et marchandises) ayant été regroupés en un nel sous les Alpes coûtera près de 150 millions
seul. Plusieurs de ces documents sont plutôt par kilomètre) ou Provence-Côte d ’Azur
décevants. Ceux qui concernent le sport d’une peuvent être sensiblement plus coûteuses : le
part et les espaces naturels et ruraux se sont coût total de ce plan est de ce fait estimé à
limités à un diagnostic et à des orientations 65 milliards d’€. Pour le transport de marchan­
générales. Les schémas relatifs à l’enseigne­ dises, on prévoit de renforcer l’« autoroute fer­
ment supérieur et à la recherche, aux équipe­ roviaire » Perpignan-Bettembourg et de mettre
GRATTE-CIEL
38a

au gabarit européen la ligne Paris-Hendaye à celle d ’autres techniques plus fines. On parle
et le contournement de Lyon. Le transport d’entreprise de gros œuvre pour désigner une
fluvial (liaisons Seine-Nord et Seine-Moselle) entreprise de maçonnerie et/ou béton armé.
recevrait 15 milliards d’€ et les équipements Le gros œuvre est souvent opposé au second
portuaires (Dunkerque, Le Havre, Nantes) œuvre qui regroupe l’ensemble des ouvrages tels
2,7 milliards. La réalisation du métro souter­ que cloisons, revêtements intérieurs, équipe­
rain de grande rocade en Île-de-France ments de chauffage et de plomberie, installations
représenterait un autre type de grand amé­ électriques, menuiseries, peintures, etc., et réa­
nagement régional, évalué à 22 milliards d’€. lisé par divers corps de métiers ou corps d’état.
Les autres projets de transport urbain (tram­ La structure d ’un bâtiment est l’ensemble
way, autobus à haut niveau de service, métros des ouvrages dont le rôle est de transmettre
automatiques) devraient recevoir 53 milliards aux fondations, donc au sol, les sollicitations
d’€ d’ici 2030. Les réseaux des transports en dues au poids du bâtiment, aux charges
site propre passeraient de 329 km à 1 800 km d’occupation, aux actions exercées sur le bâti­
en 2025. ment par divers agents tels que le vent, la
Les évolutions technologiques et sociales neige, les secousses sismiques, etc. La struc­
déplacent les enjeux. Les infrastructures ture assure l’équilibre ou la stabilité du bâti­
immatérielles (circuits financiers, services ment. Elle comprend des ouvrages verticaux
informatiques, milieu de recherche et poten­ (murs, poteaux), des ouvrages horizontaux
tiel de formation, etc.) apparaissent comme (planchers) et des ouvrages de liaison tels que
des facteurs déterminants de l’environnement les volées d ’escaliers.
économique. Les futures politiques d’aména­ Les murs qui ne sont pas à la périphérie du
gement du territoire auront à se préoccuper, bâtiment sont souvent appelés murs de refend.
plus que des infrastructures, d ’améliorer ou de Les dispositions prises pour résister aux actions
créer cet environnement. Tel est notamment exercées par les forces horizontales telles que
l’objet du schéma de services collectifs relatif le vent s’appellent le contreventement : celui-ci
à l’information et à la communication. est souvent constitué par les murs de refend,
P. M. les cages d’escalier et les gaines d’ascenseur,
combinés avec les planchers.
Aménagement du territoire; Aménagement régional; A m é ­
nagement rural; Aménagement touristique; Chemin de fer;
Lorsque la structure comprend des poteaux,
Infrastructure ; Schéma national d'aménagement et de déve­ des poutres et des planchers on parle souvent
loppement du territoire.
d’ossature, par opposition à structure à murs
porteurs lorsque les transmissions verticales se
font par des murs. Les murs périphériques
G R A TTE-C IEL -> Immeuble de grande hauteur (façade et pignon) peuvent faire partie de la
structure, mais peuvent aussi être distincts s’ils
ne contribuent pas à transmettre les charges et
G R EN ELLE-EN VIR ON NEM ENT - Effet jouent seulement le rôle de paroi d’enveloppe.
de serre; Énergie et environnement; Il existe des règles détaillées pour le calcul des
Environnement; Taxe carbone structures en béton, en acier ou mixtes.
Une attention toute particulière doit être
accordée aux assemblages qui relient les diffé­
GRILLE D 'ÉQ UIPEM ENTS Carte sanitaire; rents éléments de la structure : ils doivent être
Carte scolaire; Équipements collectifs ; en mesure d ’assurer la transmission des
Programmation des équipements collectifs efforts. Il faut également tenir compte de la
déformabilité d ’une structure. Dans un bâti­
ment, la structure peut être visible et constituer
GROS Œ UVRE un élément de l’architecture. On parle alors de
structure apparente. Elle peut au contraire être
On désigne par gros œuvre les fondations, dissimulée, en tout ou partie, par l’enveloppe
la structure et parfois aussi l ’enveloppe du (façade, par exemple) et par les aménagements
bâtiment. Cette notion est généralement asso­ intérieurs (plafonds et cloisons, par exemple).
ciée à la maçonnerie et au béton dont la préci­ L’enveloppe est l’organe dont la fonction est
sion de mise en œuvre est grossière, comparée de séparer l’intérieur d’un bâtiment de l’exté­

i i
GROUPE CENTRAL DES VILLES NOUVELLES
383

rieur et de le protéger contre les sollicitations au groupe central des villes nouvelles et orga­
de divers agents : la pluie, le vent, la chaleur, le nisé sur le modèle de celui-ci. Il est rattaché au
froid, la neige, le bruit, la lumière solaire, la Premier ministre, mais inséré au sein du minis­
pénétration de personnes ou d’animaux. Elle tère chargé de l’équipement. Il est présidé par un
permet aussi les relations nécessaires avec le président nommé par lui et dirigé par un secré­
milieu extérieur : éclairement, vue, ventilation, taire général qui met en œuvre ses orientations.
captage éventuel de rayonnement solaire. Son champ d’action est celui des établisse­
L’enveloppe remplit donc de très nombreuses ments publics d’aménagement, y compris ceux
fonctions. Elle est constituée de la façade, des des villes nouvelles non achevées. Outre celles-
pignons et de la toiture et peut participer pour ci, cela inclut l’opération de La Défense (et son
partie à la structure (façade porteuse). Il existe prolongement vers l’ouest conduit par I’epa
des façades lourdes, en maçonnerie ou en Seine-Arche, créé en 2000), les territoires en
béton, et des façades légères, généralement redéveloppement, pour lesquels des epa ont été
constituées de panneaux sandwiches à pare­ créés plus tardivement : Euroméditerranée à
ments de bois, de métal ou de matériau plas­ Marseille (1995), Mantois-Seine aval (1996),
tique. Les façades légères sont de deux types : Plaine de France (2002), Saint-Étienne (2007),
— mur rideau, si elle passe devant les Orly-Rungis-Seine-amont (2007) et plaine du
poteaux et planchers de la structure et est Var (2008). Il assure aussi le suivi de l’Agence
accrochée à eux ; foncière et technique de la région parisienne
— à éléments de remplissage, si elle est (aftrp), créée dès 1962. De façon plus précise,
constituée de panneaux reposant sur les plan­ le groupe central :
chers avec deux variantes, selon qu’ils passent — propose les principes de réalisation et de
ou non devant les poteaux ou les murs. financement des grandes opérations d’urba­
Les pignons sont généralement lourds, en nisme ;
maçonnerie ou en béton. La toiture peut être — définit les conditions d’attribution des
de deux types : toiture terrasse, à pente nulle aides spécifiques à leur financement et leur
ou faible, constituée d’un support en béton ou répartition entre les collectivités locales
en métal sur lequel sont placés un matériau concernées ;
étanche à l’eau, un isolant thermique et une — est consulté sur les politiques contrac­
protection de surface ; ou toiture en pente tuelles, notamment les contrats de plan ;
comportant une charpente et une couverture. — émet un avis sur la transformation des
Les mesures prises pour économiser l’éner­ statuts ou la suppression des organismes
gie et réduire les besoins de chauffage ont fait d’aménagement qui réalisent ces opérations ;
jouer à l’enveloppe un rôle fondamental, puis­ — assure la tutelle des établissements publics
qu’un des premiers objectifs poursuivis a été d’aménagement, notamment sur le plan finan­
d’améliorer son isolation thermique (les tech­ cier;
niques les plus performantes sont celles qui — coordonne les relations avec les collec­
consistent à placer l’isolant vers l’extérieur). tivités locales ou leurs groupements.
Pour désigner l’enveloppe on parle parfois P.M.
du «clos et couvert», dont l ’achèvement
_> Établissement public d'aménagement (epa ) ; Groupe central
marque toujours une étape importante d’un des villes nouvelles.
chantier, car il permet de travailler à l’abri,
hors des intempéries.
P. Ch.
GROUPE C EN TR AL DES VILLES N O UVELLES
Construction.
Organe qui a assuré la coordination, au
niveau national, de la politique des villes
GROUPE C EN TR AL DES GRANDES nouvelles et de leur financement. Il a été
OPÉRATIONS D 'URBANISM E remplacé, en 1999, par le Groupe central des
grandes opérations d’urbanisme, qui couvre
Organe de coordination, au niveau national, aussi les opérations de restructuration urbaine
des grandes opérations d’urbanisme qui a été assurées par un établissement public d’aména­
institué par décret du 26 juillet 1999, succédant gement.
GROUPE D'ÉTUDES ET DE PROGRAMMATION m

Créé en 1970 à la suite de la loi Boscher G R O U P EM EN T DE C O M M U N E S


du 10 juillet 1970, le Groupe central des
villes nouvelles était rattaché au Prem ier Le morcellement des communes françaises
m inistre et rassem blait les représentants (36 782, départements et territoires d’outre-mer
des ministères concernés par la réalisation compris, au 1er janvier 2010) constitue un obs­
des villes nouvelles et les préfets des régions tacle à l’exercice, par celles-ci, de leurs compé­
et départements où celles-ci sont situées. tences, notamment en matière d’urbanisme et
Il avait été précédé, depuis 1966, par un d’aménagement. La cellule communale fran­
Groupe de travail interministériel des villes çaise, qui n ’a pratiquement pas été modifiée
nouvelles. Il a absorbé, en 1998 le Bureau depuis la Révolution, demeure le reflet d’un
des opérations d ’intérêt national et des villes pays à dominante rurale : elle a une étendue
nouvelles du ministère de l’Équipement. Son (et une population) en moyenne beaucoup
rôle, défini par le Comité interministériel plus faible que dans les autres pays européens.
pour l’aménagement du territoire du 26 mai Un peu plus de 1 800 (1 sur 20) dépassent
1970, a été: 5 000 habitants, mais plus des trois quarts (77 %
— de veiller au respect de la cohérence des au recensement de 1990) en ont moins de 1 000
programmes de financement sur crédits publics et un dixième ( 11 % en 1990) moins de 100.
(échéancier de réalisation en particulier) ; Face à cette situation, de nombreuses tenta­
— de répartir les aides financières de l’État ; tives ont été entreprises pour favoriser la fusion
— de donner un avis sur les perspectives de communes. La dernière en date, la loi
d’équilibre financier des opérations en ville Marcellin du 16 juillet 1971, a prévu l’élabora­
nouvelle et de proposer les mesures néces­ tion, dans chaque département, d’un projet de
saires pour l’atteindre ; plan de fusion et de regroupement, par une
— de faire toute proposition concernant la commission d’élus locaux. Le plan définitif était
politique des villes nouvelles (plans quin­ élaboré par l’administration et soumis à la
quennaux, préparation et mise en œuvre des consultation des communes intéressées. La loi
lois sur les villes nouvelles, etc.). prévoyait la création de nouvelles communes (et
Le secrétaire général préparait les travaux non l’absorption d’une commune par une autre)
du Groupe central et mettait en œuvre ses et la possibilité de maintenir une « commune
orientations. Le secrétariat général du Groupe associée », en fait simple circonscription sans
central des villes nouvelles était, en fait, la personnalité morale, mais dotée d’une mairie-
plaque tournante de la réalisation des villes annexe et d’un maire-adjoint, sur le territoire des
nouvelles grâce à une équipe légère et pluri­ anciennes communes (à l’exception du nouveau
disciplinaire (30 personnes), une organisation chef-lieu). L’application de cette loi a été lente et
souple et de nombreux contacts avec les ser­ hésitante en raison de l’opposition de nombreux
vices administratifs, les cabinets ministériels élus et des échéances électorales successives.
et les organismes des villes nouvelles dont il Son bilan est mince: entre 1979 et 1985,
assurait la coordination. 820 fusions de communes (plus la création de
P. M. 312 syndicats à vocation multiple et de 47 dis­
tricts); depuis 1975, quelques dizaines de sup­
Établissement public d'aménagement de ville nouvelle; pressions de ces fusions. Devant cet échec, les
Groupe central des grandes opérations d'urbanisme; Syndi­
cat communautaire d'aménagement; Syndicat d'aggloméra­ pouvoirs publics ont encouragé diverses formes
tion nouvelle; Ville nouvelle.
de regroupement en unités de l’ordre de
5 000 habitants constituant, selon le rapport
GROUPE D 'ÉTU D ES Guichard ( 1976), le préalable à une décentralisa­
E T DE P R OG R AM M ATIO N —» Département tion de certaines compétences de l’État, assorti
d’un accroissement des ressources communales.
Mais la très forte résistance des élus a empêché
toute solution d’ensemble.
GROUPE DE PRESSION —> Association; Cette impuissance des communes n ’a pas
Luttes urbaines conduit à mener, sous la responsabilité du
gouvernement, une politique autoritaire de
fusion ou de refonte des communes, comme
GROUPE SCOLAIRE - » École cela a été pratiqué dans les pays voisins, et
'.IHB
GROUPEMENT DE COMMUNES

en particulier à deux reprises en Grande- vité précise tout en sauvegardant l’égalité et


Mrctagne. Les gouvernements successifs ont l’autonomie maximale des communes. Il a
préféré s’engager dans la voie de regroupe­ permis, par exemple, d ’organiser en milieu
ment de communes par association volon­ rural des services devenus financièrement
taire dans diverses structures de compétences inassumables par des communes isolées (tels
variables : association, groupement d’urba­ le « ramassage » scolaire ou la protection des
nisme, syndicats intercommunaux de divers massifs forestiers). Mais il supposait une
types, district, communauté urbaine, puis dimension comparable et des intérêts
communauté de villes et de communes, etc. communs simples : deux conditions que
l’urbanisation a rendu très vite impossibles à
Vassociation de droit privé (loi de 1901) satisfaire, en particulier dans les aggloméra­
constitue la structure la plus légère, par exemple tions. Le syndicat intercommunal peut être
pour mener des études ou pour la gestion d’un soit à vocation unique (une compétence spé­
service public (ni industriel ni commercial). cialisée), soit à vocation multiple (sivom), soit
Bile peut constituer une étape de regroupement mixte (associant des communes à d ’autres
avant une forme plus lourde. L’association organismes publics, par exemple le départe­
mixte comprend, outre des communes, d’autres ment).
personnes publiques (y compris l’Etat) ou pri­ La création d’un syndicat intercommunal
vées : tel est le statut des agences d’urbanisme, suppose :
en particulier des agences d’agglomération. — soit une délibération concordante des
Le périmètre d ’agglomération est une communes concernées (car le plus fréquent) ;
notion qui intervient dans des domaines divers — soit, à l’initiative d’une ou de plusieurs
(Code de la route, évaluation des terrains à communes, après avis conforme du conseil
bâtir en matière d’expropriation, etc.). Il n ’est général, l’accord des deux tiers des communes
défini par une procédure précise qu’en matière représentant la moitié de la population, ou de la
d’agglomération nouvelle, quelle qu’en soit la moitié des communes représentant les deux
formule d’association des communes retenue. tiers de la population (y compris nécessaire­
Si ce périmètre est compris à l’intérieur d’une ment les communes dont la population dépasse
communauté urbaine, celle-ci peut prendre en le quart de la population totale).
charge l’aménagement de la ville nouvelle : ce Le syndicat intercommunal est administré
fut le cas pour Lille-Est. par un comité constitué d ’un nombre égal
Le groupement d ’urbanisme pouvait (deux en général) de délégués par commune.
regrouper plusieurs communes en vue de l’éla­ Ce comité perçoit les taxes correspondant aux
boration d’un plan d’occupation des sols : sa services rendus aux usagers ou les contributions
constitution se faisait, avant les lois de décen­ des communes. Il existe, en 2009,15 207 syndi­
tralisation, par arrêté préfectoral, après avis des cats intercommunaux, chiffre en diminution (il
maires des communes concernées. Le groupe­ y en avait 18 504 en 1999) en raison du succès
ment d’urbanisme était une structure de coopé­ remporté par les communautés de communes.
ration très faible et limitée qui ne constitue pas Parmi ceux-ci, on comptait 10 677 srvu (14 885
une personne morale. Depuis la loi du 7 janvier en 1999), 1 467 sivom (2 165 en 1999) et
1983 (dite de répartition des compétences), 3 063 syndicats mixtes (1 454 en 1999).
sa constitution n ’est plus obligatoire. En Le syndicat communautaire d ’aménage­
revanche, pour l’élaboration (ou la révision) ment (mis en place pour les villes nouvelles
d’un schéma directeur, la forme normale de par la loi Boscher du 10 juillet 1970) et le
regroupement des communes concernées était syndicat d’agglomération nouvelle (san) qui
un syndicat intercommunal d’études et de pro­ lui a fait suite (loi Rocard du 13 juillet 1983)
grammation (siep) qui avait un statut d’établis­ sont des syndicats intercommunaux à voca­
sement public intercommunal dont la durée est tion multiple, obligatoirement investis de
limitée à cinq ans (sauf reconstitution). toutes les compétences d ’une communauté
Le syndicat intercommunal, établissement urbaine. Il y a eu neuf SAN, dont deux pour
public, créé à l’initiative des communes, est la chacune des villes nouvelles de Mame-la-
forme la plus courante de regroupement Vallée et de Melun-Sénart, regroupant 51 com­
communal, surtout en milieu rural. Il permet, munes, dont la population totale atteint
depuis la loi de 1884, de poursuivre une acti­ aujourd’hui 800 000 habitants environ. La loi
GROUPEMENT DE COMMUNES m

Rocard a prévu que, lorsque la ville nouvelle taires des communes concernées. Celles de
sera achevée, le san se transformerait en com­ Marseille et de Nantes ont fait suite à la loi
munauté urbaine, sauf si les communes du 12 juillet 1999, celles de Toulouse et de
concernées décident de fusionner. De fait, les Nice en 2008. Les communes sont représen­
SAN d ’Evry, de Cergy-Pontoise, de Saint- tées au conseil de communauté au prorata de
Quentin-en-Yvelines et de l’Isle d’Abeau se leur population (comme pour le district). Ce
sont transformés en communautés d’agglomé­ conseil dispose d’un pouvoir fiscal propre,
ration à la dissolution des établissements La communauté urbaine a des compétences
publics d ’aménagement de ces villes nou­ propres, celles des communes, dans les
velles ; seul celui des Rives de l’Étang de domaines de l’urbanisme, de la politique fon­
Betre a été maintenu en tant que SAN. Il sub­ cière (en particulier création de zones d’habi­
siste donc, en 2009, cinq SAN regroupant tations ou d ’activités, de zac , etc.), du
34 communes et 319 000 habitants. logement, des transports, de la voire et du
Le district (district urbain, créé par l’ordon­ stationnement, de l’eau, de l’assainissement
nance du 5 janvier 1959, devenu district selon et des abattoirs. D ’autres compétences
la loi du 31 décembre 1978) était également peuvent être transférées par délibération du
un établissement public de groupement inter­ conseil de la communauté : les équipements,
communal, qui concernait surtout le milieu les espaces verts, l’éclairage public, etc. La
urbain. Mais il pouvait être créé à la demande communauté urbaine est la forme la plus
des communes concernées (à la même double poussée de coopération intercommunale,
majorité que le syndicat) ou imposé, après adaptée au cas des agglomérations urbaines
avis du conseil général, par l’administration : d’une certaine taille et morcelées sur le plan
dans les deux cas, la décision prenait la forme communal. Les 16 communautés urbaines
d’un arrêté préfectoral. Il était administré par existantes regroupent 409 communes, dont la
un conseil comprenant des délégués élus par population est de 7,4 millions d’habitants.
les conseils des communes membres, en U ensemble urbain était un organisme sou­
nombre fixé selon la population de chacune mis au régime juridique, administratif, finan­
(alors qu’il y a égalité de représentation des cier et fiscal des communes, qui pouvait être
communes dans le comité du syndicat). Son créé en ville nouvelle lorsque les communes
objectif était de satisfaire aux besoins concernées souhaitaient une séparation
communs des commîmes concernées : il exer­ complète entre l’agglomération nouvelle et la
çait de plein droit les attributions des com­ partie de leur territoire non concernée par
munes en matière de logement, de lutte contre celle-ci. Le conseil provisoire, composé
l’incendie et dans les domaines précisés par notamment de conseillers généraux, cédait la
l’arrêté de création (urbanisme en particulier). place progressivement, au fur et à mesure de
Le district avait obligatoirement une fiscalité l’arrivée des habitants de l’agglomération
propre. Il existait, au 1erjanvier 1998,310 dis­ nouvelle, aux élus de ceux-ci. Le budget était
tricts, réunissant 3 502 communes et une étroitement contrôlé par l’administration.
population de 10 millions d ’habitants environ. L’ensemble urbain était donc une commune
Il a disparu après la loi du 12 juillet 1999. avec un statut transitoire : seules les com­
La communauté urbaine est une forme de munes de la ville nouvelle du Vaudreuil ont
regroupement instituée par la loi du préféré cette formule, jusqu’en 1981, à celles
31 décembre 1966 pour les agglomérations du syndicat communautaire d ’aménagement
grandes ou moyennes (plus de 50 000 habi­ ou de la communauté urbaine, dans l’applica­
tants). Elle est créée par décision des com­ tion de la loi du 10 juillet 1970. L’ensemble
munes ou par décision de l’État. Il y en a 16 urbain du Vaudreuil est devenu la commune
seulement. Celles de Bordeaux, Lille, Lyon de Val-de-Reuil.
et Strasbourg, grandes agglomérations, ont
été imposées par la loi. Celles de Brest, Toutes les formes précédentes de coopéra­
Cherbourg, Dunkerque, Le Creusot- tion intercommunale sont anciennes, créées
Montceau-les-Mines et Le Mans, de création avant la décentralisation en tout cas. Celle-ci
ancienne, et celles de Nancy, d’Arras et du n’a, contrairement à ce qui avait été espéré par
Grand Alençon, de création plus récente ses promoteurs, ni accéléré les fusions de
(1996-1997), résultent de décisions volon­ communes ni multiplié les formes de groupe­
SH7 GROUPEMENT DE COMMUNES

ment. Le gouvernement a tenté d’en tirer les nord et dans l’ouest, mais il y en a très peu
conséquences en proposant, dans le cadre de en Île-de-France.
lu loi du 6 février 1992, deux nouvelles for­ La communauté de villes avait pour objet
mules de coopération : la communauté de le développement concerté des aggloméra­
villes et la communauté de communes. Une tions de plus de 20 000 habitants. Elle avait
commission départementale de coopération des compétences définies selon les mêmes
intercommunale, présidée par le préfet et com­ principes que la communauté de communes,
posée d’élus, a été mise en place dans chaque mais avec précision. Dans le domaine de
département. Elle a établi un « schéma dépar­ l’urbanisme, il s’agissait du schéma directeur
temental de coopération intercommunale» (et des schémas de secteur), des chartes inter­
proposant des créations de communautés de communales, des programmes locaux de
villes ou de communes qui doivent ensuite l’habitat et des zac. La fiscalité propre était
Être acceptées par les communes selon la règle obligatoire : les communautés de villes
de la double majorité. Les communes ont pu, votaient et percevaient la taxe professionnelle
dans un délai de six mois, formuler leurs sur la totalité du territoire des communes
propres propositions qui s’imposent alors à la associées. À l’inverse de la communauté de
commission. communes, la communauté de villes a ren­
La communauté de communes est un éta­ contré très peu de succès. Seules cinq se sont
blissement public destiné à l’élaboration d’un constituées : autour d ’Aubagne (Garlaban),
projet commun de développement et d’amé­ de Cambrai, de Flers-de-l’Orne, de La
nagement de l’espace en milieu rural. Elle est Rochelle et dans la banlieue sud-est de
automatiquement compétente pour l’aména­ Toulouse (Sicoval). Elles regroupaient
gement de l’espace et pour les actions de 87 communes et environ 350 000 habitants.
développement économique. Elle choisit des Cette forme de regroupement a été supprimée
compétences supplémentaires, dont une au par la loi du 12 juillet 1999. On peut cepen­
moins parmi quatre énoncées par la loi : envi­ dant regretter le faible succès des communau­
ronnement, politique du logement et du cadre tés de villes, puisqu’il s’agissait là d ’une
de vie, voirie, équipements culturels, sportifs forme de coopération très poussée, y compris
et scolaires. Mais la loi laisse à la commu­ sur le plan financier et fiscal, qui n ’est pas
nauté de communes le soin de préciser les sans rappeler celle (le san) qui fonctionne
compétences transférées dans chacun des avec succès depuis plus de vingt ans dans les
domaines choisis. La communauté de com­ villes nouvelles. Avec la mise en œuvre de
munes est dotée d’une fiscalité propre. Elle ces nouvelles formules de coopération,
peut aussi instituer une taxe professionnelle l’intercommunalité a franchi un pas impor­
de zone à taux unique dans les zones d’acti­ tant, surtout en milieu rural.
vités qu’elle gère ou mettre en commun la
taxe professionnelle à taux unique pour tout La loi Chevènement du 12 juillet 1999
leur territoire. La formule a connu un succès constitue la tentative la plus récente pour ren­
certain. Au 1er janvier 2010, 2 409 commu­ forcer l’intercommunalité. Elle tend d’abord à
nautés de communes ont été mises en place. simplifier les possibilités en réduisant à trois
Elles regroupent plus de 30 000 communes et les structures à fiscalité propre : la commu­
27 millions d ’habitants. Elles exercent en nauté urbaine (agglomérations de plus de
moyenne 7,7 compétences (8,2 pour les dis­ 50 000 habitants avec taxe professionnelle
tricts), soit nettement plus que le minimum unique et possibilité d’un prélèvement addi­
prévu par la loi (trois). Bien que cette for­ tionnel sur les ménages) et la communauté de
mule ait été conçue pour les communes communes (sans seuil démographique, avec
rurales, des villes importantes (Marseille, taxe professionnelle unique ou fiscalité addi­
Grenoble, Clermont-Ferrand), qui ne faisaient tionnelle concernant ou non la taxe profession­
pas partie d’une communauté urbaine, ont nelle), qui sont maintenues, et la communauté
choisi de faire partie d’une communauté de d’agglomération, formule nouvelle.
communes : à la suite de la loi du 12 juillet Une communauté d ’agglomération doit
1999, Marseille est devenue communauté compter au moins 50 000 habitants avec une
urbaine. Les communautés de communes ville-centre de plus de 15 000 habitants (ou le
sont cependant surtout nombreuses dans le chef-lieu du département). Comme la commu­
GROUPEMENT DE COMMUNES 388

nauté urbaine, elle est soumise à la taxe pro­ Elles regroupent quelque 3 150 communes et
fessionnelle unique avec possibilité d’un pré­ plus de 22 millions d’habitants (plus du tiers
lèvement additionnel sur les ménages. Le de la population française).
préfet peut proposer des périmètres cohérents Après la loi de 1992, celle de 1999 a permis
et être à l’origine de regroupements, mais une nouvelle progression importante des grou­
ceux-ci ne peuvent se faire qu’avec l’accord pements de communes à fiscalité propre. Au
des conseils municipaux selon la règle de la 1er janvier 2010, on en comptait 2 611, réunis­
double majorité. L’élection de leur conseil au sant 34 773 communes (95 %) et plus de
suffrage universel n ’a pas été retenue. Les 60 millions d’habitants (89 % de la populatiott
compétences des communautés d’aggloméra­ française), dont 1 224 à taxe professionnelle
tion sont de plein droit celles des communes unique (16 336 communes et 42,4 millions
en matière de développement économique, d’habitants, soit 66 % de la population). Parmi
d’aménagement de l’espace communautaire, les 8,4 millions d’habitants (3 047 communes)
d’urbanisme et de transports (schéma direc­ non concernés par un epci à fiscalité propre, la
teur, zac , transports urbains), d ’équilibre plus grande part était située en Île-de-France
social de l’habitat (programme local de l’habi­ (5,7 millions dans 394 communes, dont la
tat, politique du logement) et de politique de ville de Paris).
la ville. Elle doit y ajouter trois compétences La loi sur les libertés et responsabilités
au moins parmi les cinq suivantes : voirie et locales du 13 août 2004 facilite la constitua
stationnement à l’échelle de la communauté, tion et assouplit le fonctionnement des grou­
eau, assainissement, lutte contre les pollu­ pements de communes sans le bouleverser*
tions, équipements culturels et sportifs Elle prévoit en outre la possibilité de trans­
d ’intérêt communautaire. Pour inciter les fert de certaines compétences des départe­
communes à constituer des communautés ments ou des régions aux epci qui en font la
d ’agglomérations, il a été prévu que, pour demande.
celles qui auront été créées au plus tard en
2004, la dotation globale de fonctionnement Jusqu’ici la barrière de l’égoïsme commu­
comporte une dotation d ’intercommunalité de nal n’a guère été renversée en milieu urbain :
250 F par habitant, ce qui est plus du double les communes restent jalouses de leurs préro­
de ce qu’elle était (120 F) pour les communau­ gatives et les plus riches, surtout en matière de
tés de villes (cette somme était de 500 F dans taxe professionnelle, ne veulent pas partager
les communautés urbaines et de 175 F dans leurs privilèges. Le principe de cette taxe était
les communautés de communes à taxe profes­ absurde : en effet, outre qu’elle pénalisait les
sionnelle unique) : cette disposition, valable entreprises qui investissaient, les communes
de 2000 à 2004, a coûté 500 millions de F par les plus riches, souvent parce qu’elles ont plus
an. Le district et la communauté de villes ont d ’activités sur leur territoire et perçoivent
donc disparu et se sont transformées, avant donc plus de taxe professionnelle, peuvent en
la fin de 2001, dans la majorité des cas en abaisser le taux et devenir ainsi encore plus
communautés d’agglomérations, ou en com­ attractives. Au contraire, les communes les
munautés de communes. Les syndicats plus pauvres doivent, pour se procurer des
d’agglomération nouvelle des villes nouvelles ressources, pratiquer des taux élevés qui
peuvent se transformer en communautés découragent les entreprises. Il faudra bien en
d’agglomération. Les syndicats de communes venir soit à une réforme imposant des regrou­
couvrant le même périmètre qu’une commu­ pements avec fiscalité propre, soit à une
nauté d’agglomération ou inclus dans celui-ci réforme de la taxe professionnelle pour en
sont supprimés au profit de celle-ci. On espé­ faire une taxe d ’agglomération ou de bassin
rait que l’incitation financière et le relatif d’emploi. Celle-ci pourrait être en partie redis­
consensus qui s’est établi lors de la discussion tribuée en fonction des besoins et des res­
de la loi assurerait un certain succès à la com­ sources des communes et, pour le reste,
munauté d’agglomération. De fait, 181 com­ utilisée pour des équipements d’intérêt supra-
munautés d ’agglomération (c’est-à-dire communal. Le remplacement de la taxe pro­
presque toutes les agglomérations remplissant fessionnelle par divers impôts nouveaux, et
les critères) ont été comptabilisées par le notamment par la contribution économique
ministère de l’Intérieur au 1er janvier 2010. territoriale (CE, qui est composée d’une coti­
389 GROUPEMENT FONCIER AGRICOLE

sation foncière des entreprises (cfe, destinée intégrées dès 2009 à un des projets de loi
en totalité au «bloc communal» : communes constituant la réforme des collectivités territo­
cl aux epci) et d’une cotisation sur la valeur riales, dont la discussion parlementaire devait
ujoutée des entreprises (cvae, dont 26,5 % aboutir à un vote à l’automne 2010 (la suppres­
reviendra au bloc communal), a été voté en sion de la taxe professionnelle étant entrée en
décembre 2009 et est entré en application dès vigueur dès le début 2010). Cette loi devrait
le début de 2010. Il ne résout que partielle­ entrer en vigueur définitivement en 2014, date
ment ces problèmes, en tout cas pas celui des des prochaines élections locales. La création
inégalités territoriales. des métropoles se ferait par transformation
d’EPCi à fiscalité propre ou ex nihilo. Celle-ci
Le comité pour la réforme des collectivités serait un groupement de communes d’au moins
locales (dit comité Balladur, a proposé le 450 000 habitants constitué avec l’accord des
5 mai 2009, plusieurs réformes qui concernent conseils municipaux. En outre, une structure
l’intercommunalité : plus souple, le pôle métropolitain, pourrait
— achever avant 2014 (date des prochaines regrouper, avec les accords du epci récemment
élections municipales) la carte de l’inter­ validé, 450 000 habitants (dont au moins un de
communalité, notamment en Île-de-France et plus de 200 000 habitants). Seule la création
en Corse, où les structures intercommunales ne d ’une institution du Grand Paris nécessitera
couvrent qu’une minorité de communes ; une réflexion plus longue en raison des nom­
— rationaliser, avant 2014, la carte des syn­ breux désaccords qu’elle suscite. La générali­
dicats de communes, notamment par absorp­ sation de l’intercommunalité serait réalisée par
tion par les groupements de communes de ceux concertation entre les collectivités territoriales,
qui couvrent le même territoire ; qui établiraient un schéma départemental de
— ne plus créer de pays ; coopération intercommunale. Le préfet dispo­
— instaurer l’élection des organes délibé­ serait, pendant les années 2012 et 2013, de pou­
rants des établissements publics de coopération voirs temporaires pour régler le cas des
intercommunale à fiscalité propre au suffrage communes non intégrées à une structure inter­
universel direct en même temps, sur les mêmes communale. Ainsi, la carte de l’intercommuna­
listes et donc avec le même mode de scrutin lité serait achevée avant le 1erjanvier 2014.
(proportionnelle à deux tours avec prime majo­ P. M. et Y. P.
ritaire) que les conseils municipaux ;
— créer, dès 2014, onze métropoles (et -* Commune; Contribution économique territoriale; Ensemble
urbain ; Établissements publics de coopération intercommu­
d’autres éventuellement ensuite sur la base nale à fiscalité propre; Fiscalité directe des établissements
du volontariat, ayant certaines compétences publics de coopération intercommunale; Fiscalité directe
locale; Syndicat communautaire d'aménagement; Syndicat
des communes et les compétences sociales du d'agglomération nouvelle ; Taxe professionnelle unique îtpu).
département (les conseillers métropolitains
étant élus sur les mêmes listes que les conseil­
lers municipaux) ; G R O U P EM EN T D'URBANISM E
— créer un Grand Paris, collectivité locale -> Groupement de com m unes; Plan
à statut particulier réunissant Paris et les d'occupation des sols ( p o s ) ; Schéma directeur
départements de la petite couronne ;
— permettre aux intercommunalités de se
transformer en communes nouvelles en redé­ G R O U P EM EN T FONCIER AGRICOLE
ployant, en leur faveur, les aides à l’intégra­
tion des communes ; Un groupement foncier agricole (gfa) est
— réduire les effectifs des exécutifs inter­ une société civile immobilière, constituée
communaux ; exclusivement de personnes physiques, qui a
— compenser intégralement la suppression pour objet de donner à bail des terres agricoles.
de la taxe professionnelle par un autre mode Créé en France par une loi de 1962, étendu
de taxation de l’activité économique reposant en 1970, le gfa est une forme de propriété socié­
notamment sur les valeurs foncières et la taire de la terre agricole dont l’objectif premier
valeur ajoutée de l’entreprise. est de surmonter l’obstacle majeur de l’accès au
Ces propositions, quelque peu modifiées foncier pour un jeune agriculteur, en évitant
après une brève phase de concertation, ont été l’investissement initial souvent trop lourd.
GYMNASE 390

On peut en distinguer différents types : — le gfa exploitant, enfin, a été rendu


— le gfa familial, ou successoral, constitué possible par une loi autorisant le gfa à exploi­
entre membres d’une même famille, a pour ter ses terres en faire-valoir direct. Il n ’y a
objet premier de permettre à un fils de plus alors de fermier, mais un ou plusieurs
reprendre l’exploitation de son père en évitant gérants d’une entreprise agricole.
les deux inconvénients que sont le morcelle­
ment de l’exploitation ou le rachat sous forme V. R,
de soultes versées aux cohéritiers ; -> Location des sols; Société d'aménagement foncier et d'éta­
— le gfa investisseur, dont l’objectif est plus blissement rural (Safer).
large, consiste à regrouper des personnes phy­
siques pour investir dans un ensemble de terres
agricoles qui seront alors mises en fermage ; G YM N A SE —» Salle de sport
H

HA B ITA N T le travail des sociologues qui s’intéressent à


l’espace domestique.
Originellement « celui qui habite, qui fait S. J.
sa demeure fixe en un lieu». Ce vieux mot
français a ultérieurement été utilisé pour dési­ -> Habitat; Quartier.
gner, de façon poétique, les animaux qui
peuplent un milieu. Cette acception a été rete­
nue aujourd’hui par le vocabulaire écolo­ H A B ITA T
gique, sans connotation poétique.
En ce qui concerne les sociétés humaines, Cadre et conditions de vie d’une population
l’importance prise par l ’espace dans la en général, et en particulier mode de groupe­
réflexion contemporaine a conduit à enrichir ment des établissements humains. En milieu
considérablement cette définition. urbain, part d ’un tissu bâti spécialement
En s’appuyant sur une analyse philologique affecté au logement des habitants, et qui
facilitée par la richesse terminologique de la constitue en général la fonction principale des
langue allemande, le philosophe allemand villes, associée ou non avec d’autres fonctions.
M. Heidegger a fait de l’habiter («Bauen, La fonction de résidence revêt des formes
wohnen, denken», 1951) une activité extérieures, une structure interne et des modes
constructive et constitutive de l’être humain. d ’occupation du sol extrêmement variés selon
Même si la dimension philosophique de son les régions, les villes, les quartiers.
approche n ’a pas été assimilée, c ’est à lui Dans les pays latins du Bassin méditerra­
qu’on doit la distinction désormais admise néen, l’habitat constitue dans les villes
entre habiter et se loger. anciennes des alignements ininterrompus de
Par ailleurs, le philosophe français bâtiments élevés bordant des voies étroites.
G. Bachelard a montré dans de fines analyses Au revers, les maisons s’ouvrent sur des
phénoménologiques (Lapoétique de l ’espace, cours intérieures et des jardins dont le calme
Paris, 1957) que l’on peut habiter l’univers, contraste avec le bruit des mes. D’une façon
mais que l’imagination habitante travaille générale, ce type d’habitat en bordure de me
avant tout sur les notions de protection et de a été dominant dans toutes les villes d ’Europe
sécurité. occidentale et a prévalu aussi dans le dévelop­
Depuis la fin des années 1960, les travaux pement de l’urbanisation au XIXe siècle (type
de Heidegger et de Bachelard ont suscité des haussmannien) et au début du XXe.
émules et ont contribué dans l’ensemble des Avec la création de grands ensembles
sociétés occidentales à une prise de conscience d’habitations, en France et ailleurs, on a vu ce
de l’importance de la relation à l’espace bâti système éclater, la cour intérieure s’ouvrir et
et, en particulier, celui de la demeure. Ces tra­ s’éclairer davantage. Mais, à partir des années
vaux sont aujourd’hui cités dans les ouvrages 1950, les urbanistes et les promoteurs ont
théoriques des architectes et des urbanistes. Ils commencé à détacher l’habitat de la me, voire
ont également eu une incidence importante sur à l’entourer d ’espaces de verdure de tous
HABITAT COLLECTIF 392

côtés. La construction est restée généralement HABITAT COLLECTIF —> Appartement ;


élevée, avec un nombre de plus en plus grand Habitat
de niveaux, qui a atteint son paroxysme avec
la multiplication de tours d’habitation dans
les secteurs d’aménagement et de rénovation, HABITAT ET VIE SOCIALE - Banlieue ;
entre 1960 et 1975. Simultanément, la régle­ Développement social des quartiers (dsq)
mentation en matière de prospects a dû évo­
luer, surtout depuis les années 1960, pour
assurer à l’habitat nouveau des conditions HABITAT INDIVIDUEL — Habitat ; Maison
d’éclairement et d’ensoleillement suffisantes. individuelle
Mais dans les pays anglo-saxons, l’habitat
a pris des formes totalement différentes dès la
fin du xix° siècle, avec la formation de larges HABITAT OUVRIER
secteurs d’habitat individuel, maisons d ’un
ou deux niveaux seulement, séparées par des La notion d ’habitat ouvrier ne recouvre
espaces gazonnés ouverts. En France, si ce pas un phénomène unique et homogène. Elle
type d ’habitat s’est aussi largement répandu peut, en outre, prendre des significations par­
(villas et hameaux à Paris, lotissements de ticulières selon l’approche ethnographique ou
banlieues), il reste toujours cloisonné par des sociologique à laquelle on se réfère.
grilles, des barrières, des clôtures. L’habitat ouvrier peut être considéré sim­
L’évolution de l’habitat s’inscrit aussi dans plement comme l’ensemble des lieux dans
l’aspect extérieur de la construction. Les lesquels les populations ouvrières se trouvent
modes et styles d’architecture successifs per­ logées, de manière privilégiée ou exclusive.
mettent une datation assez précise de la En ces lieux se développent des pratiques
construction. Mais c’est à travers sa structure de consommation, de relation sociale, etc.,
interne, c’est-à-dire l’agencement de l’habi­ dont plusieurs apparaissent, par leur forme
tation et ses éléments de confort, que l’habi­ ou leur signification, comme caractéristiques
tat a surtout évolué depuis la fin du des groupes ouvriers. Mais certains ont voulu
X I X e siècle: développement de l’électricité, définir l’habitat ouvrier comme un ensemble
du chauffage central, des salles d ’eau et homogène de formes spatiales et de pratiques
salles de bains, des ascenseurs (qui ont resti­ sociales propres à la classe ouvrière, relevant
tué une certaine égalité des différents étages d’une culture spécifique. L’habitat ouvrier se
d ’un immeuble), et plus récemment, de confond alors avec l’idée d’un mode ouvrier
l ’équipement ménager, de plus en plus d’habiter.
poussé, des cuisines. Ces équipements sont L’histoire de l’habitat ouvrier commence
apparus peu à peu, depuis quelques décen­ avec la proto-industrialisation. Au xvme siècle,
nies, comme indispensables, et ont nécessité des bâtiments réservés au logement des
l’adaptation de l’habitat ancien qui en était employés accompagnèrent parfois les ateliers
totalement dépourvu. situés en milieu rural. Cette situation restait
À ces formes d ’habitat en dur, s’opposent cependant proche de celle des grosses fermes.
aussi celles, encore très répandues à travers le De grandes manufactures se dotèrent égale­
monde, de l’habitat précaire et léger, en ment de logements, formant des ensembles
paille, de larges secteurs d’Afrique noire, et architecturaux parfois remarquables (Salines
de l’habitat des populations très pauvres, royales d’Arc-et-Senans). Dans les aggloméra­
spontanément formé en marge de nombreuses tions où l’industrialisation a été précoce, les
grandes villes dans les pays en voie de déve­ concentrations ouvrières donnèrent lieu à des
loppement (bidonvilles). Ainsi, la morpholo­ usages particuliers de l’espace (courées du
gie et l’évolution de l’habitat reflètent très Nord, traboules à Lyon...).
largement celles des mentalités, des moyens Au xixe siècle, le développement de la
d’existence et des modes de vie. grande usine et l’afflux de populations vers
les centres urbains induisirent de nouvelles
B. R. formes d’habitat. Au cœur des villes, la bour­
-* Etablissement hum ain; Grand ensem ble; Habitant; Loge­ geoisie réagit à l’accumulation ouvrière en
m ent; Parc de logements ; Tissu urbain. définissant ses propres espaces. Les ouvriers
393 HABITAT OUVRIER

furent alors refoulés dans un habitat ancien vocation sociale (Saint-Simon). Napoléon III,
souvent insalubre, soumis aux fluctuations très influencé par le saint-simonisme, fit ainsi
des loyers et de leurs revenus. Aux franges réaliser l’immeuble collectif de la «cité
de la ville, ont crû lesfaubourgs ouvriers, aux­ Rochechouart » à Paris.
quels firent suite les banlieues «pavillon­ Parallèlement, se développèrent des actions
naires» lors de la multiplication des coopératives, destinées à faire des ouvriers
lotissements après la seconde guerre mon­ eux-mêmes les responsables de leur logement.
diale. Les mines et les usines éloignées des Des coopératives ouvrières furent créées,
villes suscitèrent, ou prirent directement en comme sociétés de constmction ou pour aider
charge, la réalisation de logements : corons et à l’autoconstruction. Une partie de ces mou­
cités ouvrières marquèrent bientôt des régions vements devait être intégrée à la tradition du
entières. logement social, tandis que l’autoconstruction
Le milieu du xixc siècle vit ainsi naître et se (qui oppose l’habitat construit par les ouvriers
développer, d ’une part, une tendance à la et celui construit pour les ouvriers) se mainte­
ségrégation des groupes sociaux dans l’espace nait jusqu’à nos jours sous des formes margi­
urbain ; d’autre part, des actions spécifiques et nales, dont la plus connue est le mouvement
massives destinées à assurer le logement des des « castors ».
populations ouvrières. Ce double mouvement La fin du xixe siècle et le début du xxe
a ouvert l’histoire de l’habitat ouvrier. furent marqués par un âpre débat entre les
Les actions de logement des ouvriers qui se partisans d’une prise en charge publique du
firent jour dès le second quart du xixe siècle «logement social» (intervention de l’État ou
sont à l’origine du phénomène du «logement des municipalités) et ceux qui entendaient le
social». Ce dernier a été ensuite orienté vers laisser à Faction privée. La victoire des pre­
l’ensemble des populations salariées, et non miers ouvrit la voie aux « politiques du loge­
plus seulement vers les ouvriers. Il est né de la ment social», fondées principalement sur
conjonction de deux types de préoccupations. Laide financière à la construction (« aide à la
Les premiers émanaient des propriétaires de pierre ») et sur un réseau d’organismes spécia­
mines ou d’industries, désireux de loger leur lisés de construction et de gestion : les hbm
main-d’œuvre à proximité de l’usine, dans des (habitations à bon marché), devenus ensuite
conditions décentes, bien contrôlées sociale­ hlm (habitations à loyer modéré).
ment et économiquement. Les premières Longtemps lieu de focalisation des théories
«cités ouvrières» combinaient dans ce but architecturales et urbanistiques, particulière­
une série de dispositifs : d’une part, une orga­ ment en France où la « commande publique »
nisation spatiale quasi militaire (maisonnettes concentre les débats des concepteurs, et grand
alignées au long de voies rectilignes débou­ distributeur de crédits de constmction, le loge­
chant sur l’usine, l’église ou la maison du ment social est indissociable de Fhistoire de
directeur), associée aux premiers « équipe­ l’urbanisme. Nourri par un échange interna­
m ents» (bains, lieu de culte, etc.), d’autre tional d’idées et d ’expériences, il a largement
part, un contrôle de fait de la consommation contribué, et contribue encore, à façonner
(logement et coopérative d’achat appartenant notre paysage urbain et les pratiques sociales.
à l’usine, rendant l’ouvrier totalement dépen­ Cité ouvrière (formes très élaborées en
dant de son salaire) et l’intervention de tra­ Allemagne, Siedlungen), cité-jardin née en
vailleurs sociaux (visiteuses à domicile, etc.). Grande-Bretagne (garden city) et adoptée par
En France, la cité réalisée par Étienne Dollfuss la Belgique, grand ensemble (particulièrement
à Mulhouse en fut un des premiers exemples. systématisé en France, par la reconstruction
Le second courant fut animé, notamment, d ’après la seconde guerre mondiale), furent
par les médecins hygiénistes dénonçant les les grands paradigmes d’une histoire mainte­
conditions de vie dans les taudis, ou par les nant tournée vers des réalisations de moindre
philanthropes désireux d ’améliorer la condi­ ampleur, mais plus diversifiées (habitat indivi­
tion matérielle et morale des miséreux. Il pui­ duel, petits immeubles collectifs, « maisons de
sait également aux racines de l’utopie (cf. le ville », « habitat intermédiaire », etc.).
Phalanstère de Fourier et son application dans Devenu synonyme de production de masse
le cadre du Familistère de J.-B. Godin), ainsi d ’une faible qualité, telle que l’illustre la
que dans des conceptions économiques à France des années 1950, le logement social
HABITAT TROGLODYTIQUE 394

cependant, tout au long de son histoire, a joué sante, qui voit dans le logement des classes
un rôle innovateur du point de vue de la tech­ pauvres un moyen de les détourner des luttes
nique de construction comme de l’architecture révolutionnaires (Paul Leroy-Beaulieu) ; la
et donné lieu à certaines réalisations remar­ tendance du catholicisme social ; et surtout
quables. celle du protestantisme. Le mouvement fondé
Mais, en fondant une politique « sociale » par F. Le Play (La réforme sociale, 1864), a
du logement sur des procédures de localisa­ été à l’origine de la création en 1889 de la
tion, de financement et de conception spéci­ Société française des h b m (animée par Jules
fiques, les politiques du logement social Siegfried et Georges Picot) qui privilégiait la
furent, et sont encore, un facteur puissant de maison individuelle et la propriété de celle-ci.
la ségrégation sociale de l’espace. L’objectif politique « entraver la propagation
P. N. des idées socialistes dans la classe ouvrière »
était clairement avoué et ses conséquences
-* C oro n ; Habitat; Maison individuelle. spatiales tirées : « Les plans seront conçus
dans la pensée d’éviter toute occasion de se
rencontrer entre locataires » (résolution du
HABITAT TROGLODYTIQUE - » Architecture Congrès international des h b m , Paris, 1889).
vernaculaire L’aspect populationniste doit aussi être souli­
gné : « Il est indispensable d’aider les familles
nombreuses, d ’autant plus qu’en les soute­
HABITATION À LOYER MODÉRÉ (HLM) nant, on en accroîtra le nombre, et de prendre
soin de leur précieuse progéniture. » À cette
Logements à loyer modéré, qui constituent époque, l’aide de l’Etat n ’intervenait pas,
la principale forme de logement social en n ’était même pas sollicitée : la charité devait
France, construits avec l’aide de l’État et de être le moteur financier. Le logement était
diverses collectivités, et notamment de prêts à sommairement équipé et le loyer devait per­
taux inférieur à ceux du marché, dont les mettre des bénéfices (ce fut parfois le cas).
caractéristiques ont évolué (prêts h l m , prêts L’aide de l’État fut cependant utilisée de
locatifs aidés à partir de 1978, prêts locatifs à façon indirecte à partir de la loi Siegfried
usage social à partir de 1999, etc.). Les loge­ (1894) qui rendit possible (mais non obliga­
ments construits en h l m ont trois caractéris­ toire) une aide aux sociétés de h b m par le canal
tiques communes : des caisses d’épargne. Pourtant, en douze ans
— ils sont destinés à des ménages, consi­ (1894-1906), les quelque 100 sociétés de h b m
dérés comme socialement intéressants, qui constituées n’auront construit qu’un peu plus
doivent justifier (à l’entrée et, en principe, par de 3 000 logements (trois quarts de maisons
la suite) de conditions d’occupation et de res­ individuelles, en majorité vendues). La loi
sources maximales ; Strauss (1906) rendit obligatoires les « comités
— ils respectent des normes de surface, de de patronage des h b m et de la prévoyance
prix de revient et d’équipement ; sociale » et réglementa la qualité des construc­
— les loyers, ou les annuités de rembour­ tions, mais les subventions reçues par ces
sement, sont limités. comités furent symboliques (sauf dans la Seine
Les logements h l m peuvent être des mai­ où le département et la ville de Paris vendirent
sons individuelles ou des appartements, sont aux sociétés de h b m des terrains à prix préfé­
en location mais parfois en accession à la pro­ rentiel). Le financement des caisses d ’épargne
priété. fut très limité. Avant la première guerre mon­
La dénomination de h l m s’est substituée en diale, malgré la loi Ribot, étendant les possibi­
1950 à celle de h b m (habitations bon marché), lités d’aide de l’État, 20 000 logements h b m
utilisée depuis les origines du logement social seulement ont été construits. Les loyers des
(1889). Le mouvement des h b m , né à la fin du premières h b m étaient inférieurs de près de
xixe siècle, est inspiré par le courant hygié­ moitié à ceux du marché.
niste (loi de 1850 sur l’assainissement des L’intervention directe de l’État dans le
logements insalubres) et paternaliste de la financement du logement a été rendue pos­
bourgeoisie moderniste du Second Empire. Il sible par la loi Bonnevay (23 décembre 1912)
réunit une tendance conservatrice et morali­ dont les effets ne se firent sentir qu’après la
395 HABITATIÇN À LOYER MODÉRÉ

guerre : elle créa les offices publics de hbm. disposent du droit d ’expropriation. Ils ont été
Mais ceux-ci n ’empêchèrent pas que le blo­ transformés en o p a c et, depuis le 1er février
cage des loyers détourne les capitaux de la 2007, en offices publics de l’habitat ( o p h ) ;
construction locative et que les candidats au — Les offices publics d’aménagement et
logement se tournent en priorité vers les lotis- de construction ( o p a c ) , institués par la loi du
seurs qui achetaient des terrains agricoles et 16 juillet 1971 pour remplacer les o p h l m
les recédaient sans effectuer les travaux de concessionnaires d ’opérations d’urbanisme,
viabilisation, bafouant les lois de 1919 et devenus des offices publics de l’habitat ( o p h )
1924 sur les plans d’aménagement, d’embel­ le 1er février 2007, sont des établissements
lissement et d’extension des communes. La publics à caractère industriel et commercial,
loi Loucheur (1928) a bien prévu le finance­ soumis à un régime mixte entre le droit privé
ment en cinq ans de 280 000 logements et le et le droit public, ce qui leur confère une
bureau des hbm de la Seine, animé par Henri grande souplesse, en raison de l’allègement
Sellier, réalisa des immeubles collectifs sur la de la tutelle. On compte, en 2009, 276 o p h
zone non aedificandi des anciennes fortifica­ (dont 1 interdépartemental, 91 départemen­
tions, ainsi que 15 cités-jardins en banlieue: taux, 32 intercommunaux, dont 25 liés à un
à Châtenay-Malabry (la Butte-Rouge), Le e p c i , et 152 communaux).

Plessis-Robinson, Suresnes, Stains, Drancy, — Les sociétés de h l m (501) sont des


etc. Au total, ce sont environ, 300 000 loge­ sociétés commerciales, soumises au contrôle
ments hbm (dont un tiers par les offices des tribunaux commerciaux, mais dont les
publics) qui ont été construits entre les deux possibilités de bénéfices sont limitées. Ces
guerres : en région parisienne, on estime que sociétés, devenues entreprises sociales de
forent construits près de 100 000 hbm loca­ l’habitat ( e s h ) depuis 2007, doivent respecter
tifs, 60 000 pavillons aidés (dans le cadre de des statuts types qui comportent des disposi­
la loi Loucheur) en accession à la propriété et tions exorbitantes du droit commun. Parmi
près de 200 000 pavillons non aidés. elles, il faut distinguer :
La crise du logement créée par la seconde • les sociétés anonymes (à capital fixe)
guerre mondiale conduisit à une intervention appelées entreprises sociales pour l’habitat
massive de l’État: la loi de 1948 rendit la ( e s h ) (281 en 2009);
liberté des loyers (qui sera encadrée par la loi • les sociétés coopératives (à capital variable)
Quilliot de 1982 et les lois postérieures: (164 en 2009);
Méhaignerie de 1985 et Mermaz-Malandrin • 56 sociétés de crédit immobilier.
de 1989) aux logements construits à partir de — Les fondations de h l m , établissements
1949, afin d ’attirer les capitaux vers la d’utilité publique, soumises à la réglementa­
construction locative. Les organismes de hlm tion des sociétés anonymes de h l m .
(qui ont succédé aux hbm) se multiplièrent. Le Les offices publics et les sociétés ano­
financement de l’État devint massif : 95 % du nymes ont construit et gèrent la plus grande
prix plafond couverts par l’État et la Caisse part du patrimoine des organismes de h l m .
des dépôts et consignations sous forme de Tous ces organismes, regroupés en fédéra­
prêts à quarante-cinq ans à 1 %, avec différé tions, se sont dotés dès 1925 d’une structure
d’amortissement de trois ans pour les opéra­ commune de réflexion et de concertation,
tions locatives. En 1966, la création de la l’Union nationale des fédérations d ’orga­
Caisse nationale de prêts aux hlm pemiit de nismes de h l m ( u n f o h l m ) , rebaptisée Union
réunir les financements de l’État et de la cdc sociale pour l’habitat ( u s h ) . Par ailleurs, la loi
en un prêt unique. a institué des comités départementaux de h l m
et un Conseil supérieur des h l m .
Les organismes de hlm sont au nombre de Les offices publics et les sociétés anonymes
800 environ : de h l m (puis de l’habitat) peuvent entre­
— Les offices publics de hlm (ophlm), éta­ prendre notamment :
blissements publics à caractère administratif, — la construction et la gestion de loge­
émanant des collectivités locales (commune, ments locatifs, collectifs et individuels, et les
département) ou de leurs groupements : sou­ équipements d’accompagnement ;
mis aux règles de la comptabilité publique et — l’acquisition-amélioration de logements
au contrôle des tribunaux administratifs, ils anciens ;
HABITATION A LOYER MODÉRÉ 398

— la construction de logements (répondant — les pri (programme de résorption de


aux normes hlm) en accession à la propriété. l’habitat insalubre) : circulaires de 1970 ;
Sur le plan de l’urbanisme, les offices publics — les logements « prêt à construire » : cir­
de l’habitat et les entreprises sociales de l’habi­ culaire de 1970 ;
tat peuvent aménager des zac et, sous certaines — les logements-foyers : arrêtés de 1960 et
conditions, se voir confier des opérations de après ;
rénovation ou de réhabilitation. Les oph — les pla (prêts locatifs aidés), créés par la
peuvent réaliser toute opération d’urbanisme. loi du 4 janvier 1977 et le décret du 27 juillet
Les sociétés de crédit immobilier ont pour 1977;
objet l’octroi de prêts hypothécaires indivi­ — les pli (prêts locatifs intermédiaires)
duels et, depuis 1971, peuvent construire (ou créés en 1987, dont le caractère de logement
faire construire) des logements destinés à social peut être discuté ;
l’accession à la propriété. — les pla-ts (prêts locatifs aidés très
Les sociétés coopératives avaient pour objet sociaux) qui comprennent les pla- i (prêts
initial la construction, au bénéfice de leurs locatifs aidés d’insertion) et les pla- lm (prêts
associés, de logements en accession à la pro­ locatifs sociaux à loyer minoré), créés par la
priété. Depuis 1971, les sociétés coopératives loi du 30 mai 1990);
de production ont une vocation très voisine de — les pcl (prêts conventionnés locatifs) ;
celle des sociétés de crédit immobilier et res­ — les pls (prêts locatifs sociaux), mis en
tent orientées vers l’accession à la propriété. place le 1er octobre 1996;
Les autres sociétés coopératives (location — les plus (prêts locatifs à usage social) :
attribution ou location coopérative) ont été décret du 14 septembre 1999.
soumises à des dispositions transitoires et — les plai (prêts locatifs aidés d’intégra­
n ’ont plus d’activité de construction. Enfin, tion, appelés pla- i en 2000).
les fondations de hlm, peu nombreuses, gèrent • En accession à la propriété :
des patrimoines constitués avant la création — les HBM-accession, avant la deuxième
des offices de hbm. guerre mondiale ;
— les HLM-accession, construits après la
Les logements qualifiés de hlm sont en deuxième guerre mondiale jusqu’à fin 1977,
fait de plusieurs types selon les normes et le y compris diverses expériences (concours
régime de financement sous lesquels ils ont de la maison individuelle, dit Chalandon, de
été construits : 1969-1970; modèles-innovation de 1972­
• En location : 1974, etc.);
— les hbmo (habitations à bon marché — les pap (prêts aidés à l’accession à la
ordinaires) ; propriété), créés par la loi du 4 janvier 1977 ;
— les hbma (HBMaméliorés) : loi Loucheur — les ptz (prêts à taux zéro), institués par
de 1928; décret du 29 septembre 1995, remplacés
— les ilm (immeubles à loyer moyen) : loi depuis le 1er février 2005 par les nouveaux
Loucheur et arrêtés de 1957 et 1970 ; prêts à taux zéro ;
— les hlm ordinaires (hlmo) ayant suc­ — les pas (prêts d’accession sociale), créés
cédé aux hbm; en 1994.
— les iln (immeubles à loyer normal) : Depuis la réforme du financement du loge­
arrêté de 1961 ; ment (loi du 3 janvier 1977), qui a visé à don­
— les len (logements économiques nor­ ner une priorité à l’aide à la personne (aide
malisés) : arrêté de 1952 ; personnalisée au logement, dite apl) sur l’aide
— les lpn (logements de première néces­ à la pierre, les nouvelles catégories de loge­
sité) : arrêté de 1954 ; ments aidés par l’État sont devenus :
— les lopofa (logements populaires et — les pla (prêts locatifs aidés : décret du
familiaux) : arrêté de 1955 ; 27 juillet 1977) destinés aux ménages à reve­
— les psr (programme social de reloge­ nus modestes ou moyens (l’objectif est d’évi­
ment) : arrêté de 1961 ; ter une excessive ségrégation économique)
— les plr (programme à loyer réduit) ; pouvant bénéficier de I’apl. Il s’y est ajouté
— les pss (programme social spécial) : loi les prêts locatifs intermédiaires (pli), puis les
de 1964; prêts locatifs très sociaux (pla-ts) respective-
!'!/ HABITATION À LOYER MODÉRÉ

ment pour les catégories à revenus plus élevés relance pour la ville en 1996, programme
ou très modestes ; les pla et les pla-ts ont été national de rénovation urbaine en 2003),
K-mplacés par les prêts locatifs à usage social aggravés du fait que les prêts aidés à l’acces­
( n u s , créés en 1999-2000 et par les prêts sion à la propriété ( pap), puis prêts à taux
locatifs sociaux ( pls, créés en 1996), les pu zéro ( ptz), ont permis aux classes à revenus
cl les pla- i (prêts locatifs sociaux d’intégra- moyens de quitter les hlm locatifs, laissant
iion, sous-catégorie des pl-ts) étant mainte­ dans les hlm une majorité de familles
nus ; pauvres et une proportion élevée d’immigrés.
— les pap (prêts aidés à l’accession à la
propriété : décret du 27 juillet 1977) destinés Un sujet récurrent de débat est la capacité
a des ménages à revenus modestes ou moyens du parc hlm à faire face aux besoins des caté­
(mais les plafonds de revenus sont plus gories les plus défavorisées. En fait, la popula­
faibles que pour les pla); depuis le tion des hlm est devenue, au cours de la
1“ octobre 1995, les pap sont remplacés par dernière génération, beaucoup plus populaire
les prêts à taux zéro puis, depuis le 1er février qu’auparavant : plus des deux tiers des ména­
2005, par les nouveaux prêts à taux zéro ; il ges logés en hlm ont des revenus inférieurs à
s’y ajoute depuis 1994 les pas (prêts d’acces­ la moyenne contre un tiers dans les années
sion sociale), où l’aide de l’État se limite à 1960 ; alors que le revenu moyen des loca­
une garantie d’emprunt. taires hlm était supérieur à celui de l’ensemble
Au total, on compte, d’après le recense­ des ménages jusque vers 1975, il est actuelle­
ment de 2006, 4,2 millions de logements ment voisin des deux tiers de celui-ci. La moi­
locatifs sociaux ( hlm ou autres, non com­ tié des ménages bénéficient d’une aide au
prises les filiales de la cdc), soit 42 % du logement ( apl dans presque tous les cas
parc locatif et près de 16 % du parc total de puisque 95 % du parc est conventionné). 60 %
résidences principales, presque tous (plus de ont un revenu inférieur à 60% du plafond.
95%) construits après 1948 en communes Malgré cette évolution, la proportion d’occu­
urbaines (97% ), surtout des appartements pants du parc hlm dont les revenus sont deve­
(85 %). Ce parc se partage presque par moitié nus supérieurs aux plafonds exigés à l’entrée
entre les oph (2 115 000 logements, plus de augmente et dépasse 30 % (et même 40 % en
197 500 places de foyer correspondant à région parisienne), largement parce que les
107 000 logements) et les f.sh (1 850 000 loge­ plafonds de ressources n ’ont pas suivi l’évolu­
ments plus 213 000 places de foyer équiva­ tion du coût de la vie. Ceci pose cependant la
lant à 115 000 logements), les sociétés question des surloyers, que les organismes de
coopératives ne gérant que 20 500 logements hlm ont la possibilité d’appliquer à ces ména­
et 1 800 logements-foyers. Le taux de rota­ ges dont les ressources dépassent les plafonds,
tion des locataires est de l’ordre de 10% et mais que la plupart sont réticents à mettre en
celui des vacances de 3,5% (4,0% dans le œuvre.
parc des oph et de 2,9 % dans celui des f.sh). La possibilité de vendre les logements
Dans les attributions de logements, les relo­ sociaux locatifs à leurs occupants a été abor­
cations l’emportent largement sur les loca­ dée en France de façon beaucoup plus timide
tions de nouveaux logements (93 % dans les que dans certains autres pays, et en particulier
oph et 80% dans les f.sh), ce qui traduit la que dans la Grande-Bretagne des années 1980.
diminution des constructions. Les loyers, La première loi sur ce thème remonte à 1965,
dans les oph, sont en moyenne de 35 € par an mais le volume des ventes est resté modeste en
par m2 de surface corrigée. Ils sont dotés de raison des difficultés réglementaires et d’une
tout le confort (w.-c. intérieur, baignoire ou réticence certaine des organismes de hlm. La
douche, chauffage central). Leur taille loi Méhaignenie du 23 décembre 1986 a
moyenne est de 3,3 pièces (71 m2). Mais le cherché à les faciliter, mais en maintenant
caractère majeur de ce parc est son vieillisse­ l’initiative de vente entre les mains des orga­
ment qui crée des problèmes d ’équilibre nismes hlm. Depuis la loi du 21 juillet 1994,
social, traités par diverses procédures depuis qui a fait suite à un protocole d’accord avec
1975 (Habitat et vie sociale, puis Développe­ l’Union nationale des organismes de hlm, les
ment social des quartiers en 1984, Dévelop­ contraintes ont été assouplies. En particulier,
pement social urbain en 1989, pacte de l’acquéreur, qui peut être un proche parent de
HABITATION BON MARCHÉ

l’occupant, n’est plus tenu d ’occuper le loge­ logements locatifs sociaux doivent atteindre
ment à titre de résidence principale. Les orga­ ce taux dans un délai de vingt ans et payer
nismes ne sont plus tenus de rembourser le une contribution de solidarité pour les loge*
prêt aidé par anticipation, ni de consentir un ments manquants, dont sont déduits leutrç
prêt aux acquéreurs. Les ressources tirées des investissements destinés à atteindre ce seuil]
ventes doivent être réinvesties dans de nou­ Ce dispositif est applicable aux communes
velles opérations. Le nombre de ventes à des de plus de 3 500 habitants (1 500 en île-dàf
particuliers (en général le locataire) demeure France) situées dans une agglomération (uti
modeste : environ 4 000 par an (4 600 en epci depuis la loi de 2007 sur le droit oppo­
2008, dont 1 900 par les oph et 2 700 par les sable au logement) de plus de 50 000 habitant
Esh). Qn est loin de l’objectif de 30 000 qui a comprenant une commune de plus de i.
été fixé et porté à 40 000 en 2007. Par ailleurs, 15 000 habitants. Sera-ce suffisant? Sul
les démolitions de logements locatifs sociaux, 730 communes concernées, près de la moitié
pour cause de dégradation et d’obsolescence, (330 entre 2005 et 2007, ont préféré payer la
a crû : 14 700 logements (dont 10 300 des oph contribution de solidarité, il est vrai peu disî
et 4 400 des esh en 2008, rythme encore très suasive (150 € par an par logement social
inférieur à celui prévu par le programme natio­ manquant) plutôt que de mettre en chantier
nal de rénovation urbaine de 2003 (200 000, des logements sociaux, même si la définition
objectif réduit par la suite à 123 000, avant de ces derniers a été élargie aux logements à
2013). loyer conventionné, aux foyers, etc.
La part des logements sociaux, et notam­
ment des logements locatifs sociaux, tend à P. M:
diminuer dans le parc français de logements -> Aide à la pierre; Grand ensem ble; Logem ent; Loi d'oriem»4
tion pour la ville. '
du fait de ces ventes, mais surtout du ralen­
' . ■■■!
tissement de la construction de ce type de
logements : celle-ci atteignait, au milieu des HABITATION BON MARCHÉ (HBM)
années 1990, 70 000 en moyenne, consé­ - » Habitation à loyer modéré (hlm) ■
quence de la réforme du financement du
logement mise en place en 1978, mais s’est
établie autour de la moitié de ce chiffre après
1999 et est remontée à environ 100 000 de HALLE —> Marché; Place marchande
2006 à 2008. De ce fait, leur part dans le
parc locatif diminue depuis une trentaine
d ’années. Les réticences des collectivités HALTE OE SPORTS -> Salle de sports
locales, accrues depuis la décentralisation qui
leur a confié la responsabilité des autorisa­
tions de construire, sont la cause principale HALTE-GARDERIE -> Crèche
de cette baisse de la construction locative
sociale. Les maires des commîmes qui ont un
parc social important, confrontés aux pro­ HÉBERGEMENTS TOURISTIQUES
blèmes économiques et sociaux que posent
certains de leurs occupants, sont réticents à Le tourisme fait appel à des hébergements
l’augmenter. Quant à ceux des villes qui en qui soit sont construits spécialement à cette fin
ont peu, ils sont, avec l’appui de leur électo­ (hôtels, villages de vacances), soit utilisent
rat, très hostiles à la construction sociale. La des bâtiments construits comme résidences
loi d ’orientation pour la ville du 13 juillet principales (devenus résidences secondaires
1991 avait institué un mécanisme pour inciter ou hébergeant des vacanciers), soit construites
vivement ces dernières à y recourir (à défaut, comme résidences secondaires. On estime en
elles devaient payer une participation à la 2008 à 18,5 millions le nombre de lits touris­
diversité de l’habitat), mais la loi du 21 jan­ tiques offerts en France. Cette estimation
vier 1995 l’a vidée de sa substance. Cepen­ inclut les hôtels homologués (sur la base de
dant, la loi sru du 13 décembre 2000 a 2 personnes par chambre), les villages de
institué à nouveau un mécanisme de ce type : vacances, les auberges de jeunesse, les gîtes
les communes qui ont moins de 20% de (sur la base de 4 personnes par gîte), les
Ne HÉBERGEMENTS TOURISTIQUES

Chambres d’hôte, les résidences de tourisme, 8 000 terrains de camping et de caravanage


los meublés touristiques, les résidences classés) offrent 922 000 emplacements (soit
aeeondaires (5 personnes par logement) et les l’équivalent de 2 766 000 lits et 15% de la
terrains de camping et de caravanage classés capacité totale d ’hébergement), dont une
(3 lits par emplacement), mais pas les colonies petite minorité dans les aires naturelles d e
de vacances. Cet effectif n’augmente que len­ camping ou en camping à la ferme. Ils
tement (moins de 10 % en une génération). assurent 98 millions de nuitée, dont 35 mil­
Il y a 17 700 hôtels homologués, offrant lions à des étrangers et 63 millions à des Fran­
I 230 000 lits, soit 6,7 % de la capacité totale çais (soit 6,3 % du total), sans compter les
d’accueil, La tendance est à une élévation du nuitées dans des espaces non hom ologués
niveau de confort, au développement des hôtels (camping sauvage) : la part totale du camping-
(d’abord les grands hôtels, puis les établisse­ caravanage serait de 8 % des nuitées des Fran­
ments moyens, enfin les plus modestes) gérés çais. La durée moyenne sur un emplacement
par des chaînes (qui peuvent être des regroupe­ est de 5,6 nuits (mais de 7,7 sur ceux qui
ments d’hôteliers partageant certains services) offrent un hébergement léger : chalet, bunga­
et à la distinction de la fonction hôtelière de low, mobil-home). Ce type d’hébergement est
celle de restauration. La fréquentation de ces évidemment marqué par une forte saisonnalité
hôtels s’est élevée, en 2007, à 199 millions de et par une forte concentration géographique
nuitées (167 par lit, soit un taux moyen d’utili­ (62 % des emplacements et 71 % dès nuitées
sation de 46 %), dont 72 millions pour des dans six régions : dans l’ordre des capacités,
étrangers et 127 millions pour les Français, Languedoc-Roussillon, Aquitaine, Provence-
dont 115,5 millions pour les séjours person­ A lpes-Côte d ’Azur, Bretagne, Pays de la
nels, soit 11,6% (pensions de famille com­ Loire, Rhône-Alpes).
prises) du nombre total de leurs nuitées de Les résidences privées et locatives sont
vacances et de courts séjours. Là concentration également mal connues statistiquement. Les
géographique de ces hôtels est forte : l’île-de- 169 000 meublés touristiques (dont 68 000
France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et seulement labellisés) offrent 752 000 lits (4 %
Rhône-Alpes abritent 38% des hôtels, 47% de la capacité totale) et les 38 000 chambres
des lits (24,5 % pour la seule Île-de-France) et d ’hôte en proposent 76 000 (0,4% ). Ils
54 % de la fréquentation (34 % pour la seule assurent respectivement 8,7% et 3,5% des
Île-de-France). La durée moyenne des séjours nuitées de vacances et de courts séjours des
n’est que de 1,84 nuitée en moyenne. On peut Français. Ils sont encore plus concentrés géo­
ajouter aux hôtels les 1 600 résidences de tou­ graphiquement en Rhône-Alpes (24,7 %),
risme qui offrent 560 000 lits (3 % de la capa­ Provence-Alpes-Côte d’Azur (12,5%), Aqui­
cité d’hébergement) et assurent 24 millions de taine (10,1% ), M idi-Pyrénées (7,9% ),
nuitées (2,4 % de celles des Français). Ces rési­ Bretagne (7,7 %), Languedoc-Roussillon
dences sont encore plus concentrées en Rhône- (6,9%), etc.
Alpes (31 %) et en Provence-Alpes-Côte Mais l’essentiel est constitué par les rési­
d’Azur (24%). dences particulières. Les services du tourisme
Les hébergements à caractère social sont évaluent avec une précision illusoire les rési­
notamment les quelque 900 villages de dences secondaires à 2 568 000, ce qui repré­
vacances (offrant 245 000 lits), les maisons sente plus de 12,8 millions de lits (sur la base
familiales de vacances (non recensées), les citée de 5 par résidence), soit près de 70 % de
centres de vacances pour enfants (colonies de la capacité totale d’hébergements. Elles sont
vacances, en nombre également inconnu), les plus nombreuses dans les régions les plus tou­
191 auberges de jeunesse (13 400 lits). Ils ont ristiques : surtout Provence-Alpes-Côte d’Azur
assuré environ 71 millions de nuitées, presque (15,3%), Rhône-Alpes (12,6%), Languedoc-
exclusivement à des Français (7 % du total). Les Roussillon (10,7% ), puis Ile-de-France,
villages de vacances se trouvent surtout dans le Bretagne, Pays de la Loire, Aquitaine, Midi-
sud du pays : Provence-Alpes-Côte d’Azur Pyrénées, etc. Elles accueillent seulement
(15,2% ), Aquitaine (14,2% ), Rhône-Alpes 147 millions de nuitées de leurs propriétaires
(13,6% ), Languedoc-Roussillon ( 11,4 %), (15 % du total). En fait, la plus grande part des
Corse (6,9 %) et Midi-Pyrénées (6,6 %). vacances des Français (près de 440 millions de
Les hébergements de plein air (environ nuitées, soit 44 % du total) se déroule chez des
HÉLICOPTÈRE 400

parents (35 ,8%) ou des amis (8,2%), dans qu’ils consomment, une capacité beaucoup
leur résidence principale ou secondaire. plus élevée. C ’est à eux que revient, surtout
Au total, les hébergements touristiques dans les très grandes villes et sur les axes
français sont caractérisés par la prépondérance radiaux et dans le centre, le rôle d ’acheminer
des résidences secondaires en termes de lits l’essentiel des migrations alternantes si on
(69,4 %) et des hébergements non marchands veut éviter un surinvestissement, très coûteux
en termes de nuitées (résidences secondaires, en capitaux et en espace, dans le réseau rou­
parents et amis : 59 % des nuitées des Fran­ tier. En simplifiant, on peut affirmer que la
çais, 71 % avec les locations). Ils sont aussi capacité des réseaux de transport en commun
caractérisés, mais ce n ’est pas propre au parc doit être ajustée à la demande de pointe et
français, par la saisonnalité : 46 nuitées de celle du réseau routier à la demande des heures
Français à peine par lit (en fait à peine une creuses. Ceci permet une répartition du coût
cinquantaine car certaines ont lieu hors des élevé d’investissement dans ce dernier réseau
lits recensés par les services du tourisme) et sur une longue période de la journée mais, ù
27 nuitées d’étrangers. l’inverse, place les transports en commun
P. M. dans une situation d’exploitation très difficile,
puisque leur capacité n ’est utilisée à plein que
-> Aménagement touristique; Économie du tourism e; T o u ­ pendant les heures de pointe.
risme.
P. M.
Capacité (d'un moyen de transport}; Coût d'investissement
des transports ; Déplacement; Migrations alternantes.
HÉLICOPTÈRE —►Transport aérien

HÉLIPORT —> Aéroport HIÉRARCHIE DES VOIES Voirie

HEURE DE POINTE HIÉRARCHIE URBAINE —> Armature urbaine;


Ville
Heure de la journée où le nombre de dépla­
cements est le plus élevé. On parle d’heure de
pointe pour la mobilité globale (vers 18 heures HISTOIRE > Architecture ; Art ;
en France) ou pour chaque motif, d’heure de Épistémologie ; Modernisme ; Patrimoine ;
pointe pour un moyen de transport (ou une Urbanisme
ligne) particulier. On distingue souvent une
heure de pointe du matin et une heure de
pointe du soir. On parle aussi de période de HÔPITAL
pointe pour la période plus étalée (7 à 9 heures
le matin, 17 à 19 heures le soir) où ont lieu la Etablissement qui dispense des soins médi­
majorité (les deux tiers environ) des migra­ caux et chirurgicaux et peut héberger les
tions alternantes ; au contraire de superpointe malades si leur état le rend souhaitable.
pour la période très courte (un quart d’heure) La tendance générale actuelle à la moderni­
la plus chargée. sation des établissements de soins, à la réduc­
Il est capital de souligner que c ’est la tion du nombre des lits et au regroupement
demande aux heures de pointe qui condi­ des établissements afin de les doter de tous les
tionne la capacité que les réseaux de transport équipements nécessaires, ce qui peut supposer
doivent offrir. C ’est donc cette demande de la réalisation de nouvelles constructions,
pointe que le planificateur cherche à détermi­ d ’autant que la surface par lit a doublé en une
ner et la capacité (débit maximum en heure génération, et à la diminution des durées de
de pointe) des infrastructures de transport qui séjours hospitaliers, notamment en dévelop­
caractérisera leur efficacité : le débit journa­ pant des techniques moins invasives en chirur­
lier n’a, de ce point de vue, pas d’intérêt. gie et en recourant à des accompagnements en
Les transports en commun offrent, par rap­ hospitalisation à domicile (personnes âgées,
port à leur coût d’investissement et à l’espace handicapés divers). Dans certains domaines
•Kil HÔTEL INDUSTRIEL

(psychiatrie), la modernisation des méthodes L’insertion d ’un équipement hospitalier


thérapeutiques peut même conduire à aban­ doit faire l’objet d ’une étude d ’impact en
donner, en dehors des périodes de crise, le termes de transports et de services urbains
iccours à l’hospitalisation. (déchets, livraison, logement). Les centres
On compte ( dom compris), en 2006, hospitaliers peuvent accueillir plusieurs cen­
X77 établissements hospitaliers, dont taines de lits. A raison de trois emplois et d’un
I 006 publics (31 centres hospitaliers régio­ à deux visiteurs par lit par jour, de 250 consul­
naux - chr - ou urbains - chu - , 520 centres tations et de 120 urgences par lit et par an, ils
hospitaliers généraux, 91 centres psychia­ constituent un point de très forte activité et
triques, 346 hôpitaux locaux et 18 autres éta­ d’importante circulation.
blissements), 565 établissements privés non Compte tenu du coût unitaire des gros équi­
lucratifs participant au service public hospita­ pements dont ils disposent et de la spécialisa­
lier, 239 autres établissements privés à but tion croissante des soins, les établissements
non lucratif et 1 067 établissements à but publics sont toujours de grande dimension :
lucratif (les cliniques privées). parfois plusieurs milliers de lits dans les c h u
La consommation de services hospitaliers (centre hospitalier universitaire, où la fonction
s’est élevée, en 2007, à 72,7 milliards d’€, de formation des futurs médecins s’ajoute à
dont 56,4 dans le secteur public et 16,3 celle de soin des malades), et généralement
(22,4 %) dans le secteur privé. plus de 250 ou 300 lits dans les centres hospi­
En France, la capacité totale d ’accueil taliers ordinaires, avec pour exception les
s’élève, au 1er janvier 2007, à 448 505 lits et hôpitaux locaux qui, dans les régions à faible
53 136 places d ’hospitalisation partielle. densité de peuplement, peuvent n ’avoir
Parmi cet effectif de lits, 291 483 ressortissent qu’une centaine de lits afin de ne pas étendre
au secteur public, 50 791 aux établissements outre mesure les aires de desserte.
privés non lucratifs participant au service Les cliniques privées, qui disposent ordi­
public hospitalier et 106 231 aux autres éta­ nairement de beaucoup moins de gros équi­
blissements privés (autres établissements à pements, ont des tailles minimales beaucoup
but non lucratif et cliniques à but lucratif). La plus basses (25 lits en chirurgie ou en obsté­
répartition de l’ensemble des lits est de 68 602 trique, 30 lits en médecine).
pour les hospitalisations de longue durée, J. C„ V. S.-M. G. et P. M.
227 677 pour les hospitalisations de courte
durée, 94 442 lits pour soins de suite ou de -> Carte sanitaire; Maison de retraite.
réadaptation et 57 784 lits en établissements
psychiatriques.
Dans le domaine proprement hospitalier, le HORS ŒUVRE (SURFACE) -> Surface
nombre de lits pour les soins aigus est de 3,6 de plancher
par millier d’habitants en 2007 (3,8 dans les
pays de l’OCDE). La surface moyenne par lit
varie selon la nature de l’établissement: la HOSPICE —> Foyer ; Hôpital ; Maison de
moyenne s’établit à 120 m2 de surface dans retraite
œuvre par lit dans un chu, à 100 m2 dans un
ch à 90 m2 dans un établissement privé.
La consommation de surface au sol est fonc­ HÔTEL DE VILLE Bâtiments administratifs
tion du contexte urbain. Dans Paris intra-muros,
la consommation est en moyenne de 50 m2 de
terrain par lit (sans places de stationnement spé­ HÔTEL INDUSTRIEL
cifique). Dans le reste de F Île-de-France, la
norme est de 100 m2 pour un fonctionnement L’industrie exige une certaine surface. Or,
autonome optimal (deux places de stationne­ dans les villes, le sol est rare et donc cher, et
ment par lit). En l’absence de tout mode de toutes les activités industrielles et artisanales
transport en commun le desservant, le station­ ne peuvent pas faire face à ces coûts. En
nement impose un étalement encore supérieur outre, elles sont fréquemment bruyantes et
(150 m2 pour prendre en compte deux places polluantes et mal supportées par la population
supplémentaires de stationnement par lit). résidente voisine. Elles sont donc refoulées à
HÔTELLERIE 402

la périphérie urbaine, et même en dehors de tions therm ales» possédant des caractéris­
la ville, et bon nombre d’entre elles sont ainsi tiques variées et réparties sur tout le territoire.
contraintes à la disparition. Les traitements hydrothérapiques sont
Pour lutter contre cette fâcheuse tendance remboursés par l’assurance maladie, lorsqu’ils
qui aboutit à l’élimination du secteur produc­ représentent des indications médicales
tif, certaines villes construisent des bâtiments reconnues. Les propriétés thérapeutiques des
spécialement conçus pour accueillir ce type eaux thermales sont dues en partie aux sels
d ’activités. La ville de Paris en a construit minéraux qu’elles contiennent, à la chaleur
plusieurs dizaines. Leur hauteur est en naturelle d’origine tellurique, et à un environ­
moyenne de cinq étages avec, si besoin est, nement médicalisé (consultations, massages,
des sols renforcés pour supporter le poids des rééducation, etc.).
machines éventuelles. On compte environ un L’enseignement de l’hydrothérapie fait par­
emploi pour 100 m2. Seules des petites entre­ tie normalement du cursus des études médi­
prises peuvent adopter cette solution ; quand cales, mais il tend à être délaissé, tandis que
elles grandissent, il leur faut trouver une autre le caractère touristique des stations d ’hydro­
localisation. thérapie est, au contraire, exploité de plus en
Certaines de ces constructions appliquent un plus intensément : ainsi, Vichy est devenu un
régime spécial destiné à favoriser la naissance important centre de congrès et de loisirs, avec
et le développement de nouvelles entreprises. l’installation du Club Méditerranée, tandis
Elles constituent alors ce que l’on appelle une que plusieurs stations pyrénéennes ont formé
«pépinière industrielle». Sélectionnés au une «chaîne du soleil» grâce à l’animation
départ, assistés au point de vue technique du célèbre chef cuisinier Michel Guérard.
financier et commercial, les bénéficiaires ne J.-F. L.
peuvent rester plus de vingt-trois mois et sont
ensuite invités à voler de leurs propres ailes. Tourisme.
Ces procédés montrent l’intérêt que les orga­
nismes publics attachent à la conservation de
l’industrie dans le tissu urbain. HYGIÈNE PUBLIQUE
J. B.-G.
Ensemble des règles collectives destinées à
Industrie; Localisation des activités; Parc d'activités; Pépi­ préserver la santé (grec hygieinon, « santé »).
nière d'entreprises ; Zone industrielle.
Pendant longtemps le pouvoir religieux a
assuré la tutelle de l’hygiène. Mais peu à peu,
et notamment en Occident, les conseils donnés
HÔTELLERIE —> Hébergements touristiques par les médecins attachés aux princes ont pris
le pas sur les pratiques sacrées. Les œuvres
d ’Hippocrate ont joué un rôle fondamental
HYDROCARBURE —> Énergie et dans la diffusion de l’hygiène individuelle.
environnement; Pollution atmosphérique; Copiées et transmises à l’époque romaine qui
Pollution des mers en appliqua les préceptes à l’espace public
(aqueducs, thermes, égouts), elles furent écou­
tées dans les sociétés médiévales islamique et
HYDROGRAPHIE, HYDROLOGIE -► Bassin chrétienne (implantation des hôpitaux,
hydrographique; Cours d'eau ; Mer constmction des hammans et des étuves, aéra­
tion des bâtiments), mais mal appliquées à la
Renaissance et sous l’Ancien Régime.
HYDROTHÉRAPIE L’hygiène, que Jean-Jacques Rousseau assi­
milait plus à une vertu qu’à une science, prend
Usage de sources thermales dans le traite­ toute sa puissance dès la seconde moitié du
ment des maladies, la rééducation et la conva­ xvme siècle lorsque les philosophes et les
lescence. scientifiques se fédérèrent pour lutter contre le
La France est l’un des pays où l’hydrothé­ méphitisme, émanations mortelles, voire
rapie est particulièrement développée, grâce à contagieuses, venant des eaux stagnantes, des
un exceptionnel réseau de plus de 400 « sta­ dépôts viaires, de la putréfaction des corps. La
'103 HYGIÉNISME

création de l’Académie de médecine à Paris mouvement hygiéniste permirent la création


encouragea la rédaction des «topographies de l’Office international d ’hygiène publique
médicales» qui mettaient en évidence le rôle puis, plus tard, l’Organisation d’hygiène de
londamental joué par l’environnement urbain la Société des Nations et, en 1948, l’Organi­
dans le développement des épidémies, tandis sation mondiale de la santé (OMS) qui a pour
que la Révolution créait en 1794 trois chaires but d’« amener tous les peuples au niveau de
d’hygiène dans les facultés de médecine santé le plus élevé possible ».
(Paris, Montpellier, Strasbourg) et instituait, En France, des décrets en Conseil d’État,
un peu plus tard, un Conseil de salubrité pour pris après consultation du Conseil supérieur
le département de la Seine (mesure générali­ d ’hygiène publique, fixent les règles générales
sée au début du Second Empire par la création d ’hygiène et toutes autres mesures propres
des conseils d ’hygiène départementaux et à préserver la santé de l’homme (décret
des commissions municipales d ’hygiène n° R 531001 du 5 octobre 1953 relatif au
publique) placé sous l’égide du préfet de Code de la santé publique).
police dont la fonction, héritée de l’Ancien Depuis un siècle, les efforts déployés par
Régime, avait à charge la salubrité de la capi­ les états industrialisés, notamment dans les
tale. Dès 1804, Napoléon demandait à l’Insti­ domaines de l’éducation, de la médecine pré­
tut « si les manufactures qui exhalent une ventive et du génie sanitaire, ont eu raison des
odeur désagréable peuvent être nuisibles à la nombreuses maladies infectieuses dont le
santé», pour établir un projet de loi sur les milieu urbain est un véritable bouillon de
enquêtes commodo incommodo (décrets du culture (tuberculose, fièvres paludéennes et
15 octobre 1810 et 14 janvier 1815), tandis typhoïde, choléra, diphtérie, syphilis, grippe,
que la loi du 16 décembre 1807 relative aux etc.), mais ils restent précaires face aux muta­
dessèchements des marais, aux travaux de tions biologiques des vecteurs, dont la forme
navigation et des routes, régissait (jusqu’en la plus impalpable est le virus du SIDA, et
1890) les grands travaux de salubrité. face aux maladies non contagieuses engen­
Les épidémies de choléra de 1832 et 1847 drées par la pollution et l’activité citadine, et
devaient sensibiliser l’opinion publique à insuffisants aux portes même des pays déve­
l’hygiène sociale et à son corollaire, l’hygié­ loppés : dans les villes du tiers monde, l’équi­
nisme. En Grande-Bretagne, la Poor Law pement sanitaire et hospitalier est parfois
Commission, instituée en 1834, y amenait la inexistant, l’eau potable et l’assainissement
création d’un ministère de la Santé publique réservés aux nantis, la vaccination coûteuse et
en 1848. En France, cette même année, le impopulaire malgré les aides internationales
Conseil supérieur de santé devenait Comité gouvernementales (UNICEF, OMS) ou non.
consultatif d ’hygiène publique puis Conseil
supérieur d’hygiène publique de France, qui A. Gu.
devait épauler la lutte contre les logements -> Architecture fonctionnelle; Épidémiologie; Hygiénism e;
insalubres (loi du 22 avril 1850) et soutenir Insalubrité; Progressisme; Propreté.

plus tard le mouvement des habitations bon


marché, voire étayer la notion de « confort ».
Les recherches de Pasteur, Koch et HYGIÉNISME
Bernard mirent en évidence le rôle des vec­
teurs (microbes) et du milieu infectieux et les A la fin du xix‘: siècle, les préoccupations
moyens d’y remédier (vaccination, assainis­ liées à l’hygiène s’élargirent et se systémati­
sement des villes, purification de l’eau sèrent. En France, l’Alliance d’hygiène sociale,
domestique, inspection des aliments, etc.), créée après l’Exposition universelle de 1889,
grâce à la physiologie, la bactériologie et la se donna ainsi pour objectif de « lutter contre
parasitologie. La loi du 30 novembre 1892 tous les fléaux sociaux » : la bataille contre
rendait obligatoire la déclaration des mala­ l’alcoolisme rejoignait, ce faisant, les actions
dies contagieuses par le médecin, tandis que de prévention contre les épidémies dans le
la première convention sanitaire internatio­ champ des préoccupations de l’hygiène. Par
nale engageait la responsabilité des États face ailleurs, le détail accru des prescriptions en
aux mesures de protection contre les épidé­ matière de police des constructions, puis la pre­
mies. Cette convention et la puissance du mière législation de l’urbanisme, associaient
HYPERCENTRE 404

très étroitement à la gestion de l’ensemble du et orchestré par le «mouvement internatio­


milieu urbain des réflexions sur l’hygiène col­ nal» en architecture, qui célébra le rôle pri­
lective visant, en particulier, l’assainissement, mordial de la circulation de l’air et de
les espaces libres et l’agencement des «bâti­ l’ensoleillement dans la conception de l’habi­
ments sociaux». C ’est en ce sens qu’on peut tation. Néanmoins, cette approche apparais­
parler a posteriori du développement d ’un sait très généralement partagée dans l’entre-
« hygiénisme » caractérisable par certains élé­ deux-guerres, y compris par les tenants d’un
ments de doctrine ou par le souci de généralisa­ urbanisme culturaliste, dès qu’il n ’est plus
tion de quelques principes à de multiples question des noyaux historiques anciens.
aspects de la vie quotidienne. L’empreinte concrète de l’état d’esprit hygié­
Mais au tournant du siècle, on parlait moins niste a été particulièrement profonde après la
d ’hygiénisme que d ’hygiénistes (cf. la créa­ seconde guerre mondiale en France, dans
tion en 1905 de l’Association générale des l’urbanisme des grands ensembles, et dans la
hygiénistes et techniciens municipaux), signe majorité des pays de l’Est; alors même que
d’un relatif flottement conceptuel, mais indice les pays qui, comme l’Allemagne, avaient été
surtout qu’il s ’agit moins d ’un nouveau initiateurs de bien des principes d’assainisse­
champ théorique que d’un lieu de la pratique ment urbain et de salubrisme à l’échelle des
où s’affrontent différentes familles de profes­ quartiers collectifs nouveaux, avant le milieu
sionnels. La prééminence ancienne des méde­ du siècle, mettaient moins solennellement en
cins fut, en effet, concurrencée par le rôle avant le principe ternaire : air, nature, lumière.
nouveau des architectes et des ingénieurs dans J.-P. G.
l’aménagement urbain. La loi sanitaire de
1902 et les premières aides aux habitations Hygiène publique; Progressisme.
bon marché, avant la loi d ’urbanisme de 1919,
offrirent la perspective de marchés de travaux
en matière d’adduction, d’assainissement et HYPERCENTRE - » Centre des affaires
de « construction hygiénique ». Les préoccu­
pations proprement médicales étaient donc
recoupées par les arguments « sanitaires » des HYPERMARCHÉ -► Magasin ; Urbanisme
constructeurs d’équipements et par les propo­ commercial
sitions « salubristes » des architectes les plus
imprégnés des théories néo-hippocratiques.
Ce dernier point de vue fut largement repris HYPOTHÈQUE -> Crédit immobilier
I

ÎLE-DE-FRANCE —►Grand Paris, statut l’égalité sociale (les axes étant orientés nord-
de la ville et de la région de Paris ; est/sud-ouest et nord-ouest/sud-est pour égali­
Schéma régional d'aménagement ser l ’ensoleillement) et d’optimiser les rela­
et d'urbanisme tions entre deux points de la ville, en évitant
le caractère centralisateur des plans radio-
concentriques.
ÎLOT L’îlot est lui-m êm e divisé en parcelles,
unités de propriété de tailles variables mais
C’est la plus petite unité de l’espace urbain, de formes le plus souvent quadrangulaires, et
entièrement délimitée par des voies (souvent dont les limites sont normalement perpendi­
appelée «pâté de maisons» dans le français culaires aux limites de l’îlot, en bordure de
courant, block dans les pays anglo-saxons et voie, sauf dans le cas des villes anciennes, où
germaniques, cuadras d ’Amérique du Sud, le réseau viaire, et par conséquent les limites
etc.)- Dans les villes de formation ancienne et d ’îlots, ont pu être modifiés au cours des
continue, la forme et la dimension des îlots temps sans entraîner de modifications des
qui les constituent sont très variables, mais limites parcellaires à l’intérieur des îlots. Ces
dans les villes à plan régulier (bastides du limites servent elles-m êm es de cadre très
Moyen Age, agglomérations et métropoles à contraignant aux différents élém ents de
développement rapide de l’époque moderne), l ’occupation du sol de l ’îlot : bâtiments,
des îlots, délimités dans la grille uniforme du cours, jardins. Un îlot sera dit à tissu dense
réseau des voies, se succèdent de façon régu­ ou serré, si les bâtiments, compris dans ses
lière et présentent des formes le plus souvent différentes parcelles, sont jointifs et consti­
rectangulaires, comme dans les villes nord et tuent des agglomérats continus, placés en
sud-américaines à plan géométrique. général en bordure de l’îlot, le long des voies.
Au plan théorique, la première réflexion Un îlot peut, au contraire, présenter un tissu
sur le rôle de l ’îlot et sur la division de lâche lorsque les bâtiments, disposés sans
l ’espace urbain est due à Cerda qui, dans son continuité et dans des orientations diverses
projet de plan d’extension de Barcelone dans les différentes parcelles, y occupent des
(1859) puis dans sa Teoria general de la surfaces moindres que les espaces interca­
urbanizaciôn (1867), en fait le domaine de la laires non bâtis. L’occupation du sol d’un îlot
résidence, relié au monde extérieur, à la peut donc revêtir des aspects très variés :
nature et à la société par les voies. Dans le espaces verts, tissus denses, tours d’habita­
plan de Barcelone, ce «systèm e» prend la tions ou de bureaux entourées de bâtiments
forme d’un quadrillage avec des îlots carrés à bas ou d’espaces verts, monument ou bâti­
pans légèrement coupés, le centre de l ’îlot ment public isolé, etc. Chacun de ces types
étant planté. Cerda voyait, dans ce quadrillage reflète les modes d’occupation du sol urbain
systématique, non un moyen de faciliter les à un moment donné ou une certaine étape de
lotissements, comme cela fut dans les villes son évolution. Plus un îlot est étendu, moins
américaines, mais le seul capable de permettre sa structure interne risque d’être homogène.
Il o t in s a l u b r e 406

Cependant, l’îlot est de plus en plus consi­ par le thème de l’image de la ville selon une
déré comme une unité statistique. A Paris, les perspective comportementaliste qui tentait de
données des recensements concernant la discerner des agencements spatiaux et des
population et le bâti sont publiées depuis 1946 figures architecturales emblématiques suscep­
sur la base de l’îlot : il représente une entité tibles d’être perçus, reconnus et utilisés par les
géographique très précise et permet la consti­ citadins dans la pratique quotidienne de leur
tution de banques de données pour les études environnement.
et opérations d’urbanisme et d’aménagement Puis, durant les années 1980, l’expression
(telle la banque de données urbaines, gérée « image de la ville » ou du quartier s’est large­
par l’Atelier parisien d’urbanisme). ment répandue. Actuellement, elle désigne
B. R.
des connotations attribuées soit à la réputation
d’un quartier ou au prestige d’une ville, soit à
- » Densité; Parcellaire;Tissu urbain. la notoriété d’un architecte ou à la renommée
d ’un équipement ou d ’une manifestation
culturelle. Ainsi entendu, le terme d ’image
ÎLOT INSALUBRE ■■> Hygiène publique; occupe une place centrale dans l’argumenta­
Insalubrité ; Réhabilitation ; Rénovation tion des opérations d’urbanisme, au point que
urbaine l ’amélioration de l ’image du lieu apparaît
comme un des objectifs privilégiés de chaque
« projet urbain ».
IMAGE DE LA VILLE La faveur dont jouit ce terme peut être
expliquée par un infléchissement des pra­
Des années 1970 aux années 1980, deux tiques politiques dû au développement des
acceptions de l’expression image de la ville se classes moyennes et à la décentralisation, ce
sont succédé. qui entraîne la montée d’une démocratie fon­
Dans un premier temps, la géographie et la dée sur la communication et les sondages
sociologie urbaines ont analysé les images d’opinion. D’autre part, le ralentissement de
mentales par lesquelles les réalités matérielles la croissance économique et urbaine induit la
sont appréhendées et appropriées par les cita­ concurrence entre les villes. En conséquence,
dins. Ce type d ’approche a tenté de définir les édiles conçoivent les territoires comme des
les figures spatiales qui composent l’image marchandises, qui paraissent alors justiciables
globale d’une agglomération, ainsi que les de techniques de commercialisation. En outre,
connotations qui alimentent l’identité attri­ l’engouement pour la sémiotique introduisit
buée à un lieu. L’image de la ville apposée dans l’esprit des aménageurs la conviction
sur des dispositifs bâtis les dote d’une valeur qu’il est possible et nécessaire d’agir sur la vie
symbolique et pratique. sociale au moyen de la dimension plastique
Les auteurs qui analysaient la ville en de des dispositifs spatiaux. Ceux-ci, par leur visi­
tels termes se détournaient des interrogations bilité et leur lisibilité, sont censés être produc­
alors dominantes sur les déterminations struc­ teurs d’affects chez leurs spectateurs, et donc
turelles de la production de l’espace. Ils d’effets psychologiques et de comportements
orientèrent leurs recherches vers la question sociaux. Ainsi se trouve théoriquement justi­
de la ville en tant qu’espace vécu et perçu. Se fiée la réintroduction d ’une problématique
situant dans la ligne des travaux de la psycho­ formaliste dans l’urbanisme et dans l’architec­
logie de la forme et de la sémiotique, ces ture.
travaux valorisaient les modalités de subjecti- Cependant, l’hypothèse sur laquelle reposent
vation des individus et des groupes face au ces stratégies symboliques reste fragile, car
réel. De ce fait, des micro-objets d ’étude l’actuel foisonnement des signes et des images
furent privilégiés, auxquels il fut appliqué des entraîne leur indétermination sémantique et
analyses en termes de valeurs et de représen­ incite leurs récepteurs à une relative indiffé­
tations sociales. Ces approches ont participé rence. Or, si les formes n’ont pas de significa­
d’un mode de pensée subjectiviste qui réhabi­ tions claires et univoques, la recherche de
lite les formes sensibles. production du lien social par la manipulation
Pour sa part, l’urbanisme fut affecté, notam­ d’emblèmes ou de symboles paraît assez illu­
ment au travers de l’œuvre de Kevin Lynch, soire. L’image de la ville peut-elle alors être un
407 IMPOSITION DES PLUS-VALUES IMMOBILIÈRES

des objets centraux de l’action urbanistique, taie de protection civile (et, si l’immeuble
comme c’est le cas aujourd’hui? dépasse 100 m, d ’une commission technique
P. G. interministérielle).
Le contrôle est de la compétence de la
-> Décentralisation; Mercatique urbaine; Projet de quartier; commission consultative départementale de
Projet urbain; Monument.
protection civile qui peut effectuer des visites
sur place pendant la construction. Sur son
avis, le maire peut demander au constructeur
IMMEUBLE —> Construction ; Immeuble de procéder à des vérifications des éléments
de grande hauteur de construction. Le propriétaire est tenu de
maintenir les installations en conformité avec
les dispositions réglementaires, d ’organiser
IMMEUBLE DE BUREAUX -► Bureaux un service de sécurité, de faire procéder à des
exercices périodiques d’évacuation. En cas de
non-conformité aux dispositions prévues par
IMMEUBLE DE GRANDE HAUTEUR le permis de construire ou en cas d ’urgence, le
maire peut faire procéder à la fermeture provi­
Corps de bâtiment dont le plancher bas du soire.
dernier niveau est situé à plus de 28 m (50 m Par ailleurs, pour des raisons d’urbanisme,
pour les immeubles d ’habitation) du sol le la circulaire du 16 mars 1977 vise à réduire la
plus haut utilisable par les engins des services construction des tours (en particulier d ’habi­
publics de secours et de lutte contre l’incendie tation).
(décrets du 15 novembre 1967 et du 15 juin
P. M.
1976).
Cette définition réglementaire ne recouvre B u re au x;C o n struction ;To ur.
pas exactement l’acception usuelle de tour
ou de gratte-ciel. Ce dernier terme, traduit
de l’américain, désigne les immeubles de IMPOSITION DES PLUS-VALUES
très grande hauteur apparus aux États-Unis IMMOBILIÈRES
dans les années 1880 (immeuble de la Home
Insurance à Chicago par William Le Baron Les plus-values immobilières sont consta­
Jenney en 1885, reposant sur le principe des tées à l’occasion des mutations d’immeubles
piliers verticaux en maçonnerie). bâtis ou non bâtis (ventes, expropriations,
Les immeubles de grande hauteur posent successions, etc.). La plus-value est obtenue
des problèmes particuliers de sécurité et font, par différence entre le prix de cession et le
pour cette raison, l’objet d’une réglementation prix d’acquisition. Des déductions sont opé­
particulière. Celle-ci concerne en France : rées au titre des intérêts des emprunts
— l’implantation : moins de 3 km d’un contractés, des travaux d ’amélioration et de
centre principal de secours et de lutte contre réparation et de l’érosion monétaire. Lorsque
l’incendie; la détention du bien a excédé deux ans, une
— l’occupation : pas d’établissements classés réduction proportionnelle à la durée est appli­
et une occupation limitée à une personne par quée. On obtient ainsi la plus-value nette réa­
10 m2 hors œuvre en moyenne ; lisée. L’abattement pour durée de détention
— la qualité des matériaux (résistance au est de 10% pour chaque année de détention
feu) et la division en compartiments isolés au-delà de la cinquième année pour les
entre eux ; immeubles et les parts de sociétés à prépondé­
— les possibilités d’évacuation (dégage­ rance immobilière.
ments horizontaux et verticaux) ; Diverses situations d ’exonération sont pré­
— l’autonomie de l’immeuble (électricité, vues : les immeubles qui constituent l’habita­
alarme, réserve d’eau, etc.). tion principale du cédant ; les immeubles pour
Le permis de construire, qui permet de lesquels une déclaration d’utilité publique a
vérifier le respect de cette réglementation, été prononcée en vue d ’une expropriation;
n ’est délivré qu’après enquête publique et les immeubles échangés dans le cadre d’opé­
consultation de la commission départemen- rations de remembrement ou assimilées ; les
IMPÔT DE SOLIDARITÉ SUR LA FORTUNE 40è:
rijf
• . ii!
immeubles dont le prix de cession est infé­ (2009) sont imposables à I’isf. Le patnmoini:!:
rieur ou égal à 15 000 € ; les immeubles déte­ comprend tous les biens, droits et valeurt)
nus depuis plus de quinze ans (en raison du taxables à l ’exclusion des biens professions '
cumul des abattements de 10 %). nels (notamment les actions des gérants mino»
Depuis 2004 la déclaration et le paiement de ritaires de sarl), les biens mraux donnés j);,1
l ’impôt est effectué par le notaire lors de la bail à long terme, les objets d’antiquité Q8
publicité foncière. Ainsi, il acquitte, lors d’une d ’art, les droits de la propriété littéraire etj
même formalité, les droits d’enregistrement dus artistique, les rentes viagères et les bois qt ;
par l’acquéreur et l’impôt sur le revenu afférent forêts (aux trois quarts de leur valeur), que,cfli ’
à la plus-value immobilière dû par le vendeur. biens soient situés en France ou à l’étranger..tiv:'
Le contribuable qui cède un immeuble est Les biens sont évalués à leur valeur vénak j;
imposable à l ’impôt sur. le revenu afférent à appréciée au 1er janvier de l’année d’impostri
la plus-value au taux proportionnel de 16% tion. Ils font l ’objet d’une déclaration.,dj|:j
et non plus comme auparavant au taux margi­ contribuable sous peine de sanction. Le tarif
nal de l’impôt sur le revenu, qui pouvait être de I’isf est progressif. En 2009, il s'établit à j
largement supérieur. Mais les plus-values 0,55% du patrimoine pour la transjséîi
sont également assujetties aux prélèvements comprise entre 0,79 et 1,28 m illion d’€ flÜ;
sociaux (csg et crûs) de 12,1 % en 2010, soit atteint 1,8 % au-dessus de 15 millions d’€. (|■jj
un taux global de 28,1%. Pour 2009, le produit de I’isf a été d’envi*,
La législation de l ’im position des plus- ron 5 milliards d ’€, l ’impôt sur le reveoi§j|
values est dont plutôt bienveillante envers les rapportant 59,2 milliards d’€ à l ’État. ;i !1
propriétaires d’un patrimoine restreint et fami­ L’exclusion des biens professionnels et dM ’j
lial par le jeu des exonérations et abattements. objets d’art a pu modifier le comportement'
Le nouveau régime d’imposition s’applique des personnes concernées par l ’impôt sur lft :
aux plus-values réalisées par les particuliers, fortune (igf puis isf) et qui avaient probable- I
mais ne s’applique pas, en principe, aux pro­ ment une part importante de leur patrimoine ; '■
fits tirés d’une activité professionnelle impo­ dans l’immobilier. Une partie d ’entre elles 8 0
sables au titre des bénéfices industriels et certainement cédé une fraction de son pacp, j
commerciaux, bénéfices agricoles et bénéfices immobilier pour le remplacer par des valeurs 1
non commerciaux. Ainsi, les profits réalisés moins apparentes ou exonérées. Cependant,
par les marchands de biens et lotisseurs ayant les cycles de l’immobilier ont plus d’impadt 1
cette qualité, ainsi que les profits de construc­ que I’isf. Le nouveau cycle haussier des prit;’ '
tion réalisés à titre habituel, ne sont pas de l’immobilier depuis 2000 n ’est en rien
concernés par l ’imposition des plus-values freiné par les conséquences sur I’isf. Cet
immobilières des particuliers. impôt apparaît finalement, pour la majorité :
des contribuables qui ont des patrimoines ;
'' V. c.
inférieurs à 2 millions d’€, comme un impôt
-> Spéculation. supplémentaire sur l ’immobilier. Pour les
vraies grandes fortunes, la tentation de la
délocalisation est grande et réelle. C ’eât
IMPÔT DE SOLIDARITÉ SUR LA FORTUNE d’ailleurs pour freiner ces départs de fortuneSi
(ISF) à l ’étranger qu’a été institué un «bouclief
fiscal» qui limite, depuis 2008, les impôt!
Impôt annuel sur le capital possédé par les payés par un contribuable. Il s’agit d’un droit
particuliers, créé par la loi du 23 .décembre à restitution des impôts directs qui excèdent
1988. Il remplace l’impôt sur les grandes for­ 50% du total représenté par I’isf, I’irpp, l f
tunes (igf), créé en 1982 et appliqué de 1982 à CSG et la crds. Le bouclier fiscal a été jugé
1986. Le dispositif qui a institué I’igf, puis conforme aux dispositions constitutionnelles
I’isf, comprend des mesures tendant d’une part par le C onseil constitutionnel, mais reste
à combattre l’évasion fiscale et d’autre part à controversé quant à son utilité et à sa justifif
permettre une meilleure connaissance par cation.
l’administration de la fortune des particuliers. L’avenir de I’isf est incertain. Son image
Toutes les personnes domiciliées en France est socialement forte, mais sa rentabilité est
détenant un patrimoine d’au moins 790 000 € faible, trop centrée sur l ’immobilier, et ses
409 IMPÔTS FORFAITAIRES DE RÉSEAU

conséquences économiques restent néfastes. qui ont marqué aux États-Unis la détermina­
D’autres solutions d’imposition du patrimoine tion de l’assiette de l’impôt foncier comme de
dont encore à l ’étude. son pourcentage (amendement 13 réduisant à
V.C. 25 % le taux de l’impôt foncier en Californie),
en renvoyant une part du financement des
-4 Fiscalité. réseaux de transport (BART dans la zone de
San Francisco) à l ’échelon fédéral, marquent
l’actualité de cette question.
IMPÔT SUR LES GRANDES FORTUNES L’impôt foncier peut aussi être conçu
Impôt de solidarité sur la fortune comme un moyen au service d’une politique
d’urbanisme et d’une politique foncière :
— un taux élevé sur les terrains construc­
IMPÔT FONCIER tibles encourage les propriétaires à ne pas les
retenir trop longtemps ;
Impôt annuel sur les terrains bâtis et non — la fixation de la valeur de l’assiette peut
bâtis. être un moyen pour la collectivité de récupé­
L’impôt foncier constitue une des res­ rer les plus-values occasionnées par la
sources des collectivités locales, directement réalisation d’équipements publics et par celles
erçue par elles auprès du propriétaire des nées de l’autorisation de construire. :
iens fonciers et immobiliers, au même titre, L’expérience montre que le maniement de
en France, que la taxe d’habitation (pour les cet outil est délicat et peut conduire à des
logements) et que la taxe professionnelle effets pervers, comme la répercussion des
(pour les activités), perçues auprès des occu­ taxes sur les prix des terrains. Ces effets se
pants des bâtiments. manifestent essentiellement dans une situa­
L’assiette de l’impôt foncier (parfois appelé tion économique de rareté et beaucoup moins
taxe foncière) peut être : en période de stagnation ou de crise.
— soit estimée par des experts ou par les L’impôt foncier, de nature annuelle, peut,
services de la collectivité locale en fonction mieux que des impôts perçus une seule fois à
de la valeur vénale ou de la valeur locative du l ’occasion d ’une mutation (décès, vente,
bien ; construction), permettre à la collectivité de
— soit déclarée par le propriétaire qui en programmer sur plusieurs années ses dépenses
estime la valeur et peut se voir opposer celle- d ’investissement (y compris le service de ses
ci en cas d ’expropriation ou de préemption : emprunts) et de fonctionnement.
dans ce cas, la collectivité locale dispose en
général d’une possibilité d’appel pour éviter M. S.
les sous-déclarations. Fiscalité directe locale; Maîtrise foncière; Taxe foncière sur
Le taux de l’impôt foncier est voté par les les propriétés bâties; Taxe foncière sur les propriétés non
bâties.
collectivités locales lors du vote de leur budget
et peut varier selon la nature du bien taxé (par
exemple, exemption partielle ou totale, défini­ IMPÔTS FORFAITAIRES DE RÉSEAU
tive ou temporaire, en faveur du logement
social ou d’activités productrices d’emploi). Ce sont de nouveaux impôts créés à l’occa­
Un impôt foncier perçu par la commune sion de la suppression de la taxe profession­
peut faire l’objet de taxes complémentaires nelle (tp) et de la m ise en place de la
visant à couvrir les frais de fonctionnement contribution économique territoriale ( cet).
d’équipements supracommunaux (jusqu’au En effet, celle-ci représentant un pouvoir fis­
niveau régional). Dans ce cas, la définition de cal inférieur d’un tiers par apport à la tp, le
l’aire de perception de ces taxes addition­ manque à gagner pour les collectivités devait
nelles, qui revient à définir les bénéficiaires de être comblé. Comme des entreprises grandes
l’équipement considéré, peut être délicate contributrices de la tp et non (ou peu) sou­
(réseaux de transport en commun par mises à la concurrence internationale allaient
exemple). Ces taxes sont d ’autant mieux être très favorisées par la nouvelle cet (edf,
acceptées que le lien paraît plus étroit entre sncf, etc.), les impôts forfaitaires de réseau
l’impôt et son affectation. Les grands débats (ifr) ont été institués pour récupérer, à partir
INCENDIE (LUTTE CONTRE L'I 418

de 2010, une partie de l’avantage fiscal dont gagner de chaque catégorie de collectivités!
vont bénéficier ces entreprises. Les attributions sont les suivantes :
Les ifr concernent : — au bloc communes-intercommunalités ;
— les installations terrestres de production 50% de l’éolien, 50% des entreprises de
d’électricité utilisant l ’énergie mécanique du production d’électricité nucléaire, 50% des
vent (éoliennes) ou utilisant l’énergie méca­ entreprises de production d’électricité photo*
nique hydraulique des courants situées dans voltaïque, la totalité des entreprises de réseaux
les eaux intérieures ou dans la mer territoriale relatives aux transformateurs électriques, 66 %
(usines marémotrices) : le montant de l ’impo­ des stations radioélectriques et la totalité d#
sition forfaitaire est fixé à 2,913 € par kW de taxes sur les surfaces commerciales (tascom),
puissance installée ; ainsi que la taxe additionnelle à la taxe sur les
— les installations de production d’électri­ installations de stockage nucléaire ;
cité d’origine nucléaire ou thermique à flamme — aux départements : 50 % des taxes ptOf
(au même taux) ; venant de l ’éolien, 50 % de celles des entre­
— les centrales de production d’énergie prises de production d’électricité nucléaire,
électrique d’origine photo voltaïque ou hydrau­ 33 % de celles des stations radioélectriques ;
lique (barrages) : au même taux ; — aux régions : la totalité des ifr prove­
— les transformateurs électriques : le mon­ nant du matériel roulant et des répartiteurs.
tant de l’imposition est fixé en fonction de la V.C.
tension selon un barème fonction de la ten­
sion en amont ; -> Contribution économique territoriale ; Réseaux ; Taxe profea*
sionnelle.
— les stations radioélectriques ; le montant
de l’imposition forfaitaire est fixé à 1 530 €
par station radioélectrique ;
— le matériel roulant utilisé sur le réseau INCENDIE (lutte contre I') - Eau
ferré national pour des opérations de transport
de voyageurs : le montant de l’imposition for­
faitaire est établi pour chaque matériel roulant INCINÉRATION DES DÉCHETS Déchets i
en fonction de sa nature et de son utilisation
selon un barème (par exemple, 35 000 €, pour
une motrice TGV, 23 000 € pour une automo­ INCONFORT —> Confort (d'un moyen
trice) ; il est ensuite réparti entre les régions en de transport) ; Coût généralisé •
fonction de l’utilisation de sillons-kilomètres de déplacement ; Modèle de choix modal ;
réservés par région (un sillon-kilomètre corres­ .b
pond au trajet réservé sur une ligne ferroviaire
à un horaire donné auprès de l’établissement INDEMNITÉ D'EXPROPRIATION :
public Réseau ferré de France par une entre­ -> Expropriation
prise de transport ferroviaire) ;
— les répartiteurs principaux de la boucle
locale cuivre : le montant de l’imposition de INDICES ;
chaque répartiteur principal est fonction du
nombre de lignes. On dit aussi nombres-indices. Soit une
En outre, a été également instituée une taxe grandeur économique quelconque G, prenant
additionnelle aux installations nucléaires de différentes valeurs G, G], ..., G„ au cours du
stockage. Le montant de cette taxe addition­ temps. On appelle indice de la grandeur G au
nelle est déterminé, selon chaque catégorie temps t le rapport :
d ’installation destinée au stockage définitif
de substances radioactives, par application I</o = p r X 100.
d’un coefficient multiplicateur appliqué à une Go
somme forfaitaire. Un tel indice est un indice simple, par
Les ifr ont été répartis en tenant compte des opposition aux indices composites qui font
compétences des collectivités (par exemple intervenir plusieurs grandeurs différentes,
celles liées au matériel roulant aux régions) et par exemple les prix de différents articles
afin de compenser au mieux les manques à dans l’indice des prix des fruits et légumes.
«11 INDUSTRIALISATION

Il se pose alors un problème de choix de la région, soit dans un secteur d’activité. Dans
moyenne et du systèm e de pondération. les pays développés, l ’industrialisation date
Chaque article peut avoir un poids compa­ de la (première) révolution industrielle
rable, c ’est-à-dire une égale importance: la (xixe siècle) ; elle est beaucoup plus tardive, et
moyenne est dite simple. Elle est pondérée n ’est souvent encore qu’un objectif, dans les
lorsque tout ou partie des articles se voit pays en voie de développement ; à l ’inverse,
attribuer un coefficient de pondération parti­ certains progrès techniques (électronique,
culier. Il existe quatre types de moyennes. informatique, automatisation de la production,
La moyenne arithmétique est la plus usuelle, robotique, etc.) ont bouleversé les conditions
mais n ’offie pas les propriétés les plus com­ de production dans de nombreux secteurs au
modes. A insi la m oyenne des indices ne cours du dernier quart de siècle, ce qui a
conduit pas au même résultat que l’indice de conduit à parler de seconde (certains parlent
la moyenne. Il existe aussi une moyenne de la troisième) révolution industrielle, encore
géométrique (qui est réversible et permet en cours.
aisément de changer de base), ainsi qu’une L’importance de l’industrie pour l’écono­
moyenne quadratique et une moyenne har­ mie est plus large que sa part dans l’emploi
monique, plus rarement utilisées. ou la valeur de la production, parce qu’elle
Le choix des pondérations pose d’autres induit d’autres activités (sous-traitance, ser­
problèmes. Soit à construire un indice des vices aux entreprises), attire la population qui
prix. La pondération peut se faire à partir des induit elle-même d ’autres activités (dites rési­
quantités de l ’époque actuelle (indice de dentielles). C’est ce qui explique la priorité
Paasche, qui déforme peu les évolutions accordée par les villes et les régions au déve­
récentes) ou de l ’époque de base (indice de loppement des industries.
Laspeyres, qui déforme peu les évolutions Les pays d’industrialisation ancienne ont à
anciennes). On retient plus rarement les quan­ faire face aux problèmes de restructuration
tités d’une époque intermédiaire. Une bonne de branches industrielles entières (en France :
solution consiste à prendre la moyenne géo­ sidérurgie, chantiers navals, textile, etc.),
métrique de ces deux indices (indice de voire à mettre en œuvre la reconversion ou
Fisher). Comme on le voit, la technique de réindustrialisation de régions touchées par la
confection d’un indice n ’est pas entièrement crise de leurs industries dominantes (Nord,
neutre par rapport aux résultats qu’il permet Lorraine, bassins miniers du sud du M assif
de mesurer. Central, etc.). C’est le rôle de la Délégation
P.-H. D. interministérielle à l ’aménagement du terri­
toire et à l ’attractivité régionale (datar) sur
le plan géographique et de l’Institut de déve­
INDIVIDUEL (LOGEMENT) -+ Maison loppement industriel (idi) créé en 1970, sur
Individuelle celui des entreprises : celui-ci concentre son
activité sur les entreprises moyennes et les
secteurs de pointe, assure des prêts aux entre­
INDUCTION —> Activité induite prises en difficulté ou y prend des partici­
pations (en principe temporaires), voire
favorise les restructurations et les fusions
INDUSTRIAL DEVELOPMENT CERTIFICA TE d ’entreprises.
-> Agrément ; Décentralisation (des activités) ; Le coût de la main-d’œuvre est devenu un
Industrie facteur de localisation de plus en plus décisif
des productions industrielles et même de cer­
tains services. D e nombreuses industries de
INDUSTRIALISATION main-d’œuvre, comme le textile et l ’habille­
ment, se sont ainsi délocalisées dans des pays
Processus de structuration (d’une économie à bas salaires. Dans une seconde étape, des
et d’une société) par l ’emploi croissant de industries exigeant une main-d’œuvre quali­
machines, d’énergie et de technologie. On fiée (électronique, appareils ménagers, maté­
parle de désindustrialisation pour la dispari­ riel informatique, etc.) se sont délocalisées
tion d ’activités industrielles, soit dans une dans des pays ayant su former une main-
INDUSTRIALISATION DU BÂTIMENT 41*

d’œuvre adaptée, notamment les « dragons du logements. Lorsqu’il est possible de conce­
sud-est asiatique (la Corée du Sud, Taiwan, voir et de réaliser un projet de bâtiment en
Hong-Kong, Singapour, puis la Thaïlande, les utilisant des composants provenant de fabri­
Philippines, la Malaisie, l ’Indonésie, etc.). La cants différents, indépendants les uns des
Chine accueille aujourd’hui des unités de pro­ autres, on dit qu’on pratique l’industrialisa­
duction de plus en plus variées. Cette vague tion ouverte ou que Ton est en système
de délocalisations atteint désormais les ser­ ouvert. Ceci suppose que les projets et les
vices : centres d’appel téléphonique (au composants respectent certaines règles de
Maroc par exemple pour ceux qui répondent compatibilité. <
en français), traitement informatique en Inde, On appelle parfois industrialisation fermée
etc. Les anciens pays industrialisés conservent la production de composants non compatibles
encore le plus souvent le contrôle financier et entre eux et telle que Ton ne puisse réaliser
capitalistique et le pouvoir de commandement un bâtiment qu’avec des composants provet
sur ces activités délocalisées, mais sur ce plan nant d’un même fabricant. j
également une évolution se fait jour, d’autant Industrialisation ne veut pas dire fabrication
que les pays d’accueil négocient souvent des en série : on peut avoir, en effet, une fabrica­
transferts de technologie à l ’occasion des tion industrialisée de produits différents les
transferts d’activités de production ou de ser­ uns des autres ; ce qui est essentiel, c ’est que
vices. l ’outil de fabrication soit le même et que son
réglage, pour passer d’un produit au suivant*
p. M.
se fasse industriellement, c’est-à-dire avec peu
- » Délocalisation des activités; Industrie; Localisation des acti­ de temps de main-d’œuvre. L’automation, ou
vités. automatisation, ou réglage automatique des
machines, favorise de ce point de vue la fabri­
cation industrielle de produits différents et
INDUSTRIALISATION DU BÂTIMENT ouvre de très intéressantes perspectives dans
le bâtiment car elle permet de concilier indus­
Processus qui vise, par une innovation trialisation et diversité architecturale. Il existe
technique, à remplacer le travail de l’homme déjà des fabrications automatisées pour des
par la machine, soit pour réduire les coûts ou composants simples.
les délais, soit pour fabriquer des produits p. en:
nouveaux. La machine peut fonctionner dans
une usine, mais elle peut aussi fonctionner -► Chantier; Composant.

sur le chantier : coffrages perfectionnés pour


le coulage du béton sur le site, etc. La forme
d’industrialisation qui a été la plus poussée INDUSTRIE '
dans le bâtiment est celle qui a reporté des . .-’t
tâches en usine pour y fabriquer des produits Ensemble des activités collectives de pro­
plus ou moins élaborés, transportés ensuite duction de biens à partir de matières brutes, à
sur le chantier pour y être mis en œuvre par l ’aide de travail et de capital : ce sont celles
l ’entrepreneur. L’usine peut être celle de qui correspondent au secteur secondaire, y
l ’entrepreneur, travaillant ainsi pour ses compris l’industrie du bâtiment et des travaux
propres chantiers : c ’est ce qu’on appelle la publics. Bien qu’on parle parfois d ’industries
préfabrication. Mais l ’usine peut être celle extractives (par opposition aux industries de
d’un fabricant qui vend ses produits à divers transformation), les activités minières font
entrepreneurs, ce qui implique une démarche partie du secteur primaire (production de
commerciale. Si ces produits sont assez éla­ matières premières ou brutes) et ne ressor­
borés, on les appelle composants. L’usine tissent pas à l ’industrie. De même, l’artisanat
peut être mobile ou installée provisoirement à se distingue de l ’industrie en ce qu’il ne
proximité du chantier, si la taille et la durée concerne que des activités individuelles ou
de celui-ci le justifient : usine foraine, très uti­ familiales. Ces distinctions ne sont toutefois
lisée dans les années 1960 et 1970 pour pas toujours nettes.
l’emploi de procédés de préfabrication dans On peut distinguer dans l’ensemble des
les grands programmes de construction de activités industrielles :
413 INDUSTRIE

— selon la taille des entreprises (effectifs, avancés : en France, l ’impératif industriel,


chiffre d’affaires) et leur degré de concentra­ proclamé dès 1969 (Stoléru), n ’est devenu
tion : grande, moyenne et petite industrie ; une priorité gouvernementale qu’à partir de
— selon le caractère pondéreux des pro­ 1983.
duits traités et livrés : industrie lourde, semi- Les industries peuvent s ’implanter dans le
lourde et légère ; ce critère est parfois tissu urbain ou rural (diffus) ou dans des
confondu à tort avec le précédent ; zones d ’activités industrielles. Selon leur
— selon la finalité des productions : indus­ taille, le permis de construire de locaux indus­
tries de biens de production ou de biens de triels est accordé par le maire (jusqu’à
consommation ; 1 000 m2) ou par le préfet. Aucune norme
— selon la place dans le processus de précise et valable de densité d’emplois indus­
transformation des produits industries de triels n ’existe, mais seulement des ordres de
base (ex. : sidérurgie, chimie lourde, etc.) qui grandeur : 50 à 200 emplois à l’hectare le plus
produisent des produits semi-finis (semi- souvent et de 20 à 50 m2 de plancher hors
ouvrés) et industries de produits finis ; œuvre par emploi, selon la nature des activi­
— selon le niveau technologique : indus­ tés.
tries traditionnelles et industries de pointe, L’implantation des locaux industriels doit,
très liées au progrès technique ; en outre, tenir compte des considérations
— selon le type de fabrication : cf. nomen­ d ’environnement. Les usines sont souvent
clature des activités ; génératrices de nuisances : bruit, pollution de
— selon le degré de contrainte quant à l’air, des eaux et du sol, déchets industriels,
l’implantation géographique industries liées etc. C ’est, en particulier, afin de réduire les
aux ressources naturelles (ex. : industries qui nuisances pour la population qu’on regroupe
ne peuvent se développer favorablement que souvent les activités industrielles dans des
sur un bassin minier), industries libres, peu zones industrielles. Les installations dange­
dépendantes des coûts de transports (ex. : reuses, incom modes ou insalubres sont
électronique, textiles artificiels) et industries même classées et doivent satisfaire à une
induites par une autre industrie dont elles réglementation particulière quant à leur
doivent être proches pour des raisons tech­ implantation et aux dispositifs de prévention
niques ou commerciales (ex. : activités de des nuisances.
sous-traitance). Les localisations industrielles peuvent être
Toutes ces distinctions ne sont en rien abso­ soumises, pour des raisons d’aménagement
lues et ont tendance, avec le temps, à s’estom­ du territoire, à une procédure d’accord préa­
per. lable. Tel a été, en France, le rôle de l ’agré­
L’importance de l ’industrie est souvent ment, institué en 1955 pour diminuer le poids
considérée comme un des meilleurs indices de l ’agglomération parisienne et attirer des
de la puissance économique d ’un pays ou industries en province. À partir de 1967, il a
d’une région (cf. l ’expression «pays indus­ surtout été utilisé pour orienter, à l’intérieur
triels» souvent opposée à «pays sous- de la région Ile-de-France, les activités vers
développés»). Pourtant, paradoxalement, on les secteurs prioritaires, en particulier vers les
constate que, dans les pays (ou les régions) les villes nouvelles. Sauf pour les services de
plus développés, l’importance de l ’industrie l’Etat ou soumis à son contrôle, il est, depuis
tend à diminuer en raison des gains de pro­ 2000, délivré par le préfet de région Île-de-
ductivité, mais aussi en vertu d’une division France, ce qui le confine à ce rôle intrarégio­
géographique, voire internationale, du travail. nal.
En France, l’industrie (énergie et bâtiment et Les industries sont en outre, depuis une
génie civil compris) représentait encore génération au moins, soumise à un processus
35,4% des em plois en 1960 et 30,1 % en de délocalisation vers les pays à bas coût de
1990, mais seulement 16,0% en 2005 ; 41 % m ain-d’œuvre. Cette évolution a d ’abord
de la production intérieure brute en 1960 et concerné des industries nécessitant une
31 % en 1990 et à peine plus de 15 % actuelle­ main-d’œuvre nombreuse et peu qualifiée
ment. Cette baisse d’importance de l’emploi (textile, habillement), puis des industries de
et de l ’activité industrielle n ’est pas sans main-d’œuvre plus qualifiée (électronique,
inquiéter les responsables des pays les plus construction automobile, appareils ménagers,
INFLATION 414

etc.), enfin des services (gestion informa­ mat inflationniste pour majorer leurs prix ou
tique, centres d’appel téléphonique). leurs marges. '■
Les m oyens classiques de lutte contti#
P. M.
l’inflation sont la hausse des taux d’intérêt, le
Activité économ ique; A grém ent; Architecture industrielle; freinage des dépenses improductives, la limi­
Décentralisation (des activités); Délocalisation des activités; tation des déficits publics, l ’encadrement dü
Desserrement ; District industriel ; Hôtel industriel ; Industria­
lisation; Installations classées; Nuisance; Parc d'activités; crédit et la surveillance des rythmes de pro­
Prime d'aménagement du territoire; Redevance; Te chno­ gression de la masse monétaire. Davantage
pole ; Technopole ; Zone industrielle.
que la mise en œuvre d’un instrument unique,
la maîtrise de l’inflation suppose un dosage
INFLATION habile de moyens d’intervention complémen­
taires. Au demeurant, une action trop vigou­
L’inflation est un processus protéiforme reuse de lutte contre l’inflation peut entraîner
qui ne se ramène pas seulement à son aspect des effets néfastes par ralentissement de l’acti­
le plus connu, la hausse du niveau général vité économique et relance du chômage.
des prix. On peut la définir comme « l’excès La concentration urbaine permet d ’offrir
des flux de demande de biens par rapport aux aux consommateurs un assortiment plus
possibilités de l ’offre, excès provoquant un complet de biens et services, disponibles à des
mouvement auto-entretenu et irréversible de coûts de transport et de commercialisation
hausse des prix ainsi qu’un épuisement pro­ moins élevés, ce qui devrait exercer une pres­
gressif des ressources en devises étrangères » sion à la baisse des prix de vente au détail. En
(Émile James). L’inflation se caractérise donc sens inverse, l’importance des patrimoines et
à la fois par une insuffisance de l’offre par des revenus urbains, la masse du pouvoir
rapport à la demande, une hausse des prix qui d’achat disponible, les effets d’imitation des
se généralise progressivement et une perte de niveaux de consommation de la classe aisée
substance de la monnaie nationale, qui épuise font probablement plus qu’annuler cet effet
les réserves d ’or et de devises du pays et dépressif. Aux États-Unis, l’indice du coût de
menace son indépendance. la vie apparaît 10 % plus élevé dans les villes
L’inflation peut se caractériser par son millionnaires que dans les petites villes de
intensité croissante (situation de tensions 50 000 habitants. Il en va de même en France.
inflationnistes, inflation rampante, inflation La sensibilité des prix à la taille des villes est
déclarée, hyperinflation), par l ’étendue du surtout marquée dans le domaine des coûts de
contrôle des pouvoirs publics (inflation transport et des services. Elle est moindre ou
ouverte ou contenue), par ses causes structu­ nulle et, quelquefois, négative, dans le cas des
relles plus ou moins permanentes ou conjonc­ produits manufacturés.
turelles, donc transitoires. P.-H. D.
L’explication de l’inflation a longtemps été
strictement monétaire. On incriminait l ’émis­ - » Intérêt.

sion excessive de moyens monétaires : billets,


crédits bancaires. C’était prendre l ’effet pour
la cause. En réalité, une situation inflation­ INFORMATION
niste peut provenir de causes multiples : insuf­
fisance passagère de l’offre (mauvaise récolte Aujourd’hui, dans la « société de communi­
ou sécheresse dans un pays agricole peu déve­ cation » contemporaine, les échanges d’infor­
loppé), excès de dépenses publiques impro­ mation connaissent un développement sans
ductives (guerre, armement ; le déficit public précédent, à la faveur de nouvelles technolo­
n’est pas en soi facteur d’inflation mais peut gies. L’information succède ainsi à l’énergie,
aggraver une situation de tensions inflation­ facteur principal du développement au cours
nistes), consommation excessive, investisse­ du xixe siècle.
ments supérieurs aux fonds d ’épargne La notion d ’information comprise comme
disponibles à long terme, renchérissement du ensemble de données, d’instructions, voire de
coût des matières premières étrangères (infla­ programmes, s ’est développée avec l ’infor­
tion importée) ou encore attitude de certains matique et la théorie de l’information, née des
groupes sociaux qui entendent profiter du cli­ travaux sur la transmission de l ’information
415 INFORMA TIQUE ET URBANISME

dans les systèmes physiques dans les aimées d ’œuvre, voire proximité géographique.
1950. Pour cette dernière, l ’information est L’effet à mettre au compte de ces technologies
définie comme l ’identification d ’un ou de serait plutôt appréciable en termes de change­
plusieurs événements parmi un ensemble ment d ’échelle et de brouillage des territoires.
d’événements possibles. L’information est D ’un point de vue sociologique, les nou­
d’autant plus riche qu’elle réduit l’indétermi­ velles technologies de communication ont
nation. U originalité d’un message d’une lon­ permis une pluralisation des réseaux d’infor­
gueur donnée est le maximum d’information mation. La ville apparaît non pas comme une
qu’il peut contenir; la redondance mesure la sorte d ’agora informationnelle reproduisant
répétition ou encore le manque par rapport à l ’ancienne place villageoise, mais comme le
l’originalité; les bruits sont les phénomènes lieu d’une multiplication de sous-cultures.
qui provoquent une perte d’information. Une
M . D.
équivalence a été établie entre l ’entropie,
quantité qui «m esure» l ’état de dégradation - » Informatique et urbanism e; Systèm e; Télém atique; Urba­
de l ’énergie d ’un système et l ’information nité.

nécessaire à décrire ce système : à la dégrada­


tion de l’énergie de tout système isolé
(deuxième loi de la thermodynamique), cor­ INFORMATION DU PUBLIC — Participation;
respond un accroissement du désordre ou Sensibilisation de l'opinion
encore une perte d ’information. La théorie de
l’information présente une approche pure­
ment quantitative, puisque la notion d’identi­ INFORMATIQUE ET URBANISME
tication d’un événement par un code n ’aborde
pas la question du sens ou de la compréhen­ L’introduction de l’informatique, depuis le
sion d’un message en général. Cette théorie, milieu des années 1950, dans la gestion des
qui correspond à l ’approche cybernétique, est villes françaises n ’a pas seulement accéléré
reprise aujourd’hui par l’analyse des systèmes les tâches administratives, mais les a transfor­
complexes ou systémique. mées, et surtout a commencé à altérer profon­
La ville est traditionnellement considérée dément les rôles et les responsabilités.
comme un lieu d’échanges au cours desquels
se nouent les liens sociaux et se forme un • L ’informatique dans les grandes villes :
esprit d’émulation et de créativité. Malgré son Les villes les plus grandes se sont équipées
caractère quantitatif, la théorie de l’informa­ les premières, I ’ a p u r (Atelier parisien d’urba­
tion a été utilisée pour comprendre ces échan­ nisme) jouant un rôle exemplaire, mettant au
ges avec l’espoir d’accroître leur contenu et point, vers 1970, la première banque de don­
donc d’éliminer leur redondance, facteur nées urbaines ( b d u ) pour la région parisienne
d’inflation (R. Meier). (en association avec l ’Institut d’aménagement
Aujourd’hui, les nouvelles technologies de et d ’urbanisme de la région parisienne et
communication, en particulier Internet et les I ’ i n s e e ) . Jusqu’au début des années 1980,
uppareils photographiques reliés au réseau l ’informatisation a progressé vers le bas de
téléphonique ou à Internet, abolissent les diffi­ la pyramide urbaine, assez lentement : cet
cultés de transmission et autorisent de nou­ équipement atteignait à peu près le niveau
velles organisations de gestion et de des villes de 200 000 habitants (Nantes,
production (organisation en flux tendus par Montpellier, Grenoble, etc.).
exemple). Les principes d ’agglomération et Ces systèmes assurent la gestion urbaine
de proximité géographique sur lesquels repose (manipulation des grands fichiers; fichier
la maximisation des échanges dans la ville tra­ électoral, santé publique, paie, gestion du per­
ditionnelle semblent donc remis en cause. sonnel, etc.). Certaines municipalités ont
Cependant, d’un point de vue économique, si essayé, depuis une dizaine d’années, de
ces technologies permettent bien de nouvelles constituer des banques de données urbaines,
organisations spatiales, il semble que l’organi­ décrivant la population, le bâti, le sol, les acti­
sation de la production reste déterminée en vités, l ’équipement urbain, l ’histoire à
partie par des facteurs classiques : présence l ’échelle des îlots, parfois de la parcelle. Il a
d’infrastructures de transport, coût de la main- fallu, pour cela, informatiser le cadastre,
INFORMATIQUE ET URBANISME

l’enrichir des données fournies par les recen­ matiques ne sont plus des spécialistes : il leur
sements et par les archives urbaines, prévoir faut des équipements faciles à entretenir St
des sorties graphiques (cartes thématiques d ’un fonctionnement clair et aisé. i,
— Les logiciels, sans lesquels ces machinai
pre­
dessinées automatiquement).
C’est une tâche immense qui n’a été menée restent inutiles, sont encore rares. Les
à bien que dans quelques grandes villes : miers, écrits par et pour les services technique!
Lille, Marseille, où le cadastre informatisé de l’équipement, qui se sont informatisés tail
fournit des résultats exemplaires. Il reste que tôt, ne sont plus adaptés au matériel moderne,
le coût de telles expériences est très élevé : il ni aux besoins des collectivités locales. I#
a fallu plus de dix ans pour saisir les données plupart des micro-ordinateurs ne s e rv it
à Marseille, et l’effort régulier de mise à jour encore qu’à la gestion financière et à la mani­
est également considérable. pulation des fichiers (gestion de la paie, du
On peut estimer approximativement que le personnel, du fichier électoral). Les communes
coût de la création d’une b d u dans une grande ont souvent trop de matériel et trop peu dp
ville est formé de la façon suivante : logiciels. h,
— 5 % de frais d’études préliminaires ; Les programmes spécialisés dans les tâchai
— 15% pour l’achat du matériel et des d’urbanisme (gestion des permis de construire*
logiciels; des ordures ménagères, du parc automobile, de
— 80 % pour la saisie, la vérification et la la santé publique, etc.) sont encore peu nom­
correction des informations. breux (cf. le catalogue détaillé tenu à jour par le
Le développement de méthodes modernes cxp ). Y
(scanner) permet de diminuer ces coûts. Il Une seconde génération de logiciels pour
restera à assurer la mise à jour régulière de la micro-ordinateurs est indispensable afin
b d u , tâche immense et délicate. d’ouvrir aux autorités locales le champ
immense de l’aide à la décision (simulation
• La révolution de la micro-informatique : des effets d ’une décision, d ’une politique,
La progression de l’informatisation vers le recherche de solutions optimales, comparai­
bas de la pyramide urbaine est compliquée son de stratégies différentes). r
après 1980 par l ’arrivée sur le marché des — L ’informatisation des communes de
micro-ordinateurs, aussi puissants que cer­ taille moyenne pose des problèmes nouveaux ;
taines machines importantes de la décennie • le choix du matériel ;
précédente et d ’autant moins coûteux que • celui des logiciels ;
leurs prix sont en baisse continue et rapide. • la réorganisation parfois profonde du ser­
En conséquence, les communes petites et vice informatisé ; Y
moyennes (de 2 000 à 20 000 habitants) • la réorganisation des relations entre les
s’informatisent, ce qui provoque des change­ différents services de la ville.
ments considérables : Le second point et surtout le premier acca­
— La forme particulière de la pyramide parent trop souvent l’attention des autorités
urbaine française (97% des communes ont locales, alors que ce sont les deux derniers qui
moins de 5 000 habitants) explique l ’élargis­ posent les questions les plus délicates et les
sement immense et soudain du marché de plus intéressantes. L’informatisation risqüe
l ’informatique municipale. Les grands fabri­ d’être un demi-échec si elle ne coïncide pas
cants (IBM, Bull, etc.) y perdent une partie de avec une réorganisation du travail et une redis­
leur influence : le grand renom de i b m , acquis tribution des tâches.
principalement en formant des informaticiens Sa principale justification est de facilitei
professionnels, joue désormais un rôle plus considérablement la collaboration entre des
faible. Des fabricants français (Leanord, Add- services distincts partageant, par exemple, les
X, Normerel, Logabax) et des sociétés de mêmes bases de données. Il est malheureuse­
service, petites mais implantées localement, ment trop fréquent que les services munici­
commencent à fournir ce marché en expan­ paux refusent de collaborer plus étroitement
sion. Cependant, leur répartition sur le terri­ entre eux et s’équipent séparément en s’igno­
toire est encore irrégulière et la qualité de rant. C ’est que la réorganisation entraî­
leurs services inégale. née par l ’informatique est douloureuse : elle
— Les utilisateurs de ces systèmes infor­ bouleverse les habitudes, change l’organi-
;.»17 INSALUBRITÉ

gminme, attaque les privilèges. En imposant est une très ancienne préoccupation de la
une standardisation des procédures et des puissance publique, un élément traditionnel
données, elle rend certaines personnes moins de la «police» et une loi du 13 avril 1851 a
Indispensables et certains rôles moins néces­ défini la notion d ’îlot insalubre à démolir
saires. sous responsabilité des maires. L’état phy­
B. M. sique du logem ent était considéré en lui-
même comme mortifère et porteur de mala­
» Système d'information géographique (sic) ; Télématique. dies (« le s murs qui tuent») à la suite des
ravages du choléra au début du XIXe siècle,
puis sous la forte influence de l ’école pasto­
INFRASTRUCTURES rienne. Malgré des contestations - c ’est la
misère qui fait mourir et non les maisons -
Ensemble des installations réalisées au sol cette idée demeura très vivace. Suite à l ’échec
ou en souterrain permettant l’exercice des de la loi de 1851, restée lettre morte, le traite­
activités humaines à travers l’espace. Elles ment de l’habitat insalubre a été réorganisé
comportent notamment : par la loi de santé publique de 1902 qui a
— les infrastructures de transport : voirie et institué un dispositif cohérent, pour l’essen­
stationnement; chemins de fer et métros; tiel encore en vigueur : édiction par le maire
rivières, canaux et ports ; aéroports, etc. ; d ’un règlement sanitaire municipal, institu­
— les aménagements hydrauliques, éner­ tion d’une autorisation de bâtir devant être
gétiques, de communication ; conforme à ce règlement, arrêtés d’insalubrité
— les réseaux divers (eau, assainissement, prescrivant les travaux à réaliser par les pro­
électricité, gaz, téléphone) ; priétaires, exécution d ’office, à leur charge,
— les espaces collectifs aménagés (parcs, desdits travaux en cas de défaillance, hypo­
jardins, cimetières, terrains de sport). thèque légale sur le bien pour garantir la
On distingue : créance publique.
• les infrastructures primaires, qui ont un L’hygiénisme constitua le fondement d’une
rôle pour toute une ville ou une région ; politique systématique de démolition, celle-ci
• les infrastructures secondaires, qui concer­ étant considérée comme le seul moyen d’éra­
nent un quartier ou une opération ; diquer le mal. Ce mouvement de pensée
• les infrastructures tertiaires, qui concer­ imprégna tout l ’urbanisme moderne de
nent un groupe de logements, un équipement, l ’entre-deux-guerres et de l’après-guerre en
une entreprise d ’activités, etc. France, comme le mouvement hlm, encore
La répartition des financements entre l’État, aujourd’hui. C’est dans cet esprit que furent
les collectivités locales et les constmcteurs mises en place les opérations dites de rénova­
dépend de cette classification. tion urbaine, organisées par les décrets de
P. M. 1958: opérations lourdes de démolition-
reconstruction entraînant déplacement des
-* Coût d'investissement des transports; équipements collec­ habitants et destruction du patrimoine urbain.
tifs; Moyen de transport; Stationnement; Voirie; Voirie et
réseaux divers ( vro ). En effet, les caractéristiques architecturales et
urbaines de la v ille traditionnelle, non
conformes par définition aux préceptes de la
INGÉNIERIE —►Maître d'œuvre modernité, ont justifié cette politique urbaine,
sous couvert de santé publique.
Une loi du 10 juillet 1970, dite « lo i
INONDATION —> Étanchéité; Risque naturel Vivien », institua les procédures de résorption
de l ’habitat insalubre (rhi): ses objectifs
concernent essentiellement la résorption des
INSALUBRITÉ bidonvilles (déjà engagée par une loi de 1964,
jugée inefficace) et la lutte contre les « mar­
État d’un logement, d’un ensemble de loge­ chands de sommeil ». Cette loi a essentielle­
ments (îlot, habitat) ou d’un quartier qui est ment institué un mécanisme dérogatoire du
malsain et donc nuisible pour la santé. droit commun de l ’expropriation pour accélé­
La lutte contre la dégradation de l’habitat rer la démolition des îlots déclarés irrémédia-
INSALUBRITÉ «•If

blement insalubres sur le fondement du Code de risques sanitaires et technologiques. Léfl


de la santé publique. propriétaires, les titulaires de droits immobi»
Au regard des objectifs principaux de la loi, liers sur les locaux et les occupants où
quelle politique fut menée? S ’il n’existe plus l ’exploitant (le syndicat de copropriété sal
guère de bidonvilles aujourd’hui en France seules les parties communes d ’un immeuble
métropolitaine (mais les bidonvilles restent sont concernées), sont avisés de la procédure
nombreux dans les départements d ’outre­ et invités à produire leurs observations. Si le
mer), il n ’en est pas de même des marchands la commission départementale compétente e$
de sommeil ni des hôtels meublés insalubres. matière d ’environnement, de risques sanin
La grille d’insalubrité, établie en 1970, n ’a taires et technologiques conclut à l ’impossibirç
jamais été révisée et les critères établis appa­ lité de remédier à l ’insalubrité, lé préfet
raissent subjectifs et inadaptés : aujourd’hui, prononce l’interdiction définitive d’habiter et
on sait tout réhabiliter ou restaurer - il suffit d ’utiliser les lieux (éventuellement avec u^
d’y mettre le prix - , la démolition n’étant nul­ délai qui ne peut dépasser un an) et prescrit le$
lement une nécessité technique. La prime mesures appropriées pour rendre les locatif
financière donnée à la démolition, la plus inutilisables au fur et à mesure de leur évacuait
grande facilité d’exproprier, les difficultés tion. Il peut ordonner la démolition. Si au
de la réhabilitation lourde ont autorisé de contraire, il est conclu à la possibilité de remés*
nombreuses démolitions que l’on considère dier à l ’insalubrité, le préfet prescrit léâ
souvent, aujourd’hui, comme injustifiées. mesures appropriées et les délais d’exécution ;
L’occupation de tels quartiers par des popula­ il peut prononcer l ’interdiction temporaire
tions très démunies, parfois marginales, a d’habiter et d ’utiliser les lieux. La personne
aussi souvent été le vrai motif de la démolition tenue d’exécuter ces mesures peut se libère»
et l’est parfois encore. Enfin, sur le plan urba­ de cette obligation en concluant un bail à réha-,
nistique, les démolitions d’îlots entiers ont bilitation ou un bail emphytéotique ou une
contribué à déstructurer le tissu urbain, les vente en viager, dont le bénéficiaire se substi­
démolitions étant décidées indépendamment tuera à lui. L’arrêté d’insalubrité est notifié par
d’un projet précis de réaménagement ou de le préfet aux personnes qui avaient été avisées
reconstruction. de la procédure, au maire, au président der
Aujourd’hui, la résorption de l ’habitat I’epci compétent en matière de logement et
insalubre est davantage utilisée comme un d’urbanisme, au procureur de la République etr
outil sélectif de traitement, immeuble par aux organismes payeurs des aides au loger
immeuble, dans une approche d’ensemble ment et publié à la conservation des hypothè-,
des quartiers anciens où de multiples inter­ ques.
ventions sont nécessaires (curetage, recons­ Suite à la notification, ou à l’affichage, d é }
truction, restauration et réhabilitation) et dans l’arrêté, le paiement des loyers n ’est plus dû'
le respect de la morphologie urbaine. Cepen­ par les occupants jusqu’à la mainlevée dç
dant, ces opérations sont, elles-mêmes, deve­ l’arrêté d ’insalubrité qui constate la réalisa- !
nues exceptionnelles comme si toute tion des travaux et leur conformité aux presr,(
insalubrité avait disparu et l’intervention dans criptions édictées; parallèlement, le bail est.
les quartiers vétustes s’est réduite aux seules suspendu jusqu’à l ’achèvement des travaux -,
opah à caractère incitatif. et sa durée prolongée d ’autant. Le proprié- ;
A cette fin, la loi Solidarité et renouvelle­ taire est tenu d ’assurer le relogement où-
ment urbains du 13 décembre 2000 a consacré l ’hébergement des occupants et de contribuer
une section à l’insalubrité et à l ’état de péril. au coût correspondant (trois mois du nouveau (
Ses dispositions ont été complétées par les loyer) lorsque les locaux sont frappés d’intérim
ordonnances du 15 décembre 2005 et du diction temporaire ou définitive d’habitation
11 janvier 2007. Lorsqu’un immeuble, un ou d’occupation ou qu’ils sont temporaire­
groupe d’immeubles, un îlot ou un groupe ment inhabitables par les travaux nécessaires
d’îlots constitue un danger pour la santé des pour remédier à l’insalubrité. Si les mesures ,
occupants ou des voisins, le préfet, saisi d’un prescrites, hormis la démolition, n ’ont pas été
rapport motivé concluant à l ’insalubrité, exécutés dans le délai imparti, le maire (ou à
demande l’avis de la commission départemen­ défaut le préfet), après mise en demeure res­
tale compétente en matière d’environnement, tée infructueuse pendant un mois, procède
: 419 INSÉCURITÉ

d’office à la réalisation des travaux prescrits, discuter, mais ne pouvait, en droit strict, impo­
aux frais du propriétaire. L’inscription d’un ser une décision qu’en classant l ’immeuble
privilège immobilier spécial, institué par objet de litige.
l’ordonnance du 11 janvier 2007 garantit L’application pratique de ces principes a
cette créance, ainsi que les éventuels frais de été renforcée par le système des autorisations
relogement ou d’hébergement des occupants. propres du Code de l’urbanisme, en particu­
Suite à l ’adoption de la loi Solidarité et lier par le régime du permis de construire et
renouvellement urbains du 13 décembre 2000, celui du permis de démolir, précisés par la loi
une politique publique de lutte contre l’habitat du 6 janvier 1986.
indigne a été lancée et des moyens financiers Le régime de l ’inscription permet donc une
mis en place, notamment par I’anah , afin protection juridique satisfaisante des monu­
d’aider les propriétaires. Cette politique est ments concernés, mais cette protection n ’est
axée sur la réalisation de travaux, la démoli­ cependant pas analogue à celle du classement,
tion devenant exceptionnelle. car la maîtrise d ’œuvre des travaux d’entretien
On estime aujourd’hui le parc de logements ou de restauration n ’est pas effectuée dans les
indignes, c ’est-à-dire insalubres ou dangereux mêmes conditions, et les contrôles concernant
et dont le traitement relève des pouvoirs de la nature et la qualité des travaux sont bien
police administrative exercés par les préfets moindres.
(insalubrité) et les maires (police générale Depuis 1984, l ’inscription au titre des
fondée sur le règlement sanitaire départemen­ monuments historiques est déconcentrée au
tal, police spéciale des bâtiments menaçant niveau des préfets de région : l’instruction est
mine, police spéciale de la sécurité des hôtels faite par les drac et les dossiers soumis à
meublés) à quelque 600 000, également répar­ une commission régionale du patrimoine his­
tis entre des propriétaires occupants et des torique, archéologique et ethnologique (core-
bailleurs comme entre le milieu urbain et le phae) avant signature de l’arrêté d’inscription
milieu rural. par le préfet.
Par ailleurs, divers textes confirment l’obli­ Cette déconcentration de l ’inscription a
gation de joindre à toute promesse de vente entraîné un accroissement sensible des monu­
ou d’achat et à tout contrat de vente un état ments inscrits et une grande hétérogénéité de
mentionnant la présence éventuelle de maté­ ce patrimoine, selon les sensibilités locales et
riaux contenant de l ’amiante ou, pour les faute de principes de doctrine nationale.
immeubles construits avant 1949, du plomb Il existe aussi une inscription au titre des
et, dans les zones contaminées, des termites. sites, en application de l’article 4 de la loi du
N. B.
2 mai 1930, dont le régime juridique est le
même que celui de l ’inscription au titre des
■+ Agence nationale de l'habitat (anah); Bidonville; Démunis monuments historiques.
(logement des); Hygiène publique; Logement décent; Opé­
ration programmée de l'habitat (o pa h ) ; Réhabilitation ; Réno­ F. C. et N. B.
vation urbaine.
Classement; inventaire général du patrimoine culturel.

INSCRIPTION
INSÉCURITÉ
Procédure créée en 1927, instituant et pro­
tégeant une catégorie de monuments non cou­ Insécurité : absence de sécurité physique ou
verts par la loi de 1913. psychique.
Il s’agissait à l’origine d’une simple mesure L’insécurité occupe une place importante
de précaution, à effets limités dans le temps, dans la société contemporaine où ce terme,
prise par l’administration qui peut inscrire un qui renvoie a priori à des connotations psy­
édifice sans consultation du propriétaire. chologiques, revêt un contenu idéologique
Nécessairement informé après coup, celui-ci qui le limite surtout à la notion d’insécurité
était seulement tenu de faire connaître ses urbaine.
intentions quatre mois avant de passer à l’exé­ L’insécurité routière, en termes d’accidents
cution de ses travaux de transformation. de la circulation automobile, ou encore l’insé­
L’administration avait toute latitude pour en curité issue de catastrophes naturelles,
INSPECTEUR DES MONUMENTS HISTORIQUES 4*tL

passent en second plan dans l’appréhension INSTALLATIONS CLASSÉES üf


de l ’insécurité contemporaine. Il en est de , Jti
même pour l ’insécurité qui relève de l’usage Etablissement, industriel ou autre, donc
des armes atomiques (malgré le mouvement l’activité entraîne un danger ou des nuisancëi
de la paix et l ’appel au désarmement), de pour le voisinage. q:
l’évolution de la technologie avancée, des Leur réglementation est très ancienne. Utl'
accidents du travail, des risques de maladies décret de 1810 réglementait déjà « les manu*!
génétiques. factures et ateliers insalubres, incommodes!
Le thème de l ’insécurité économique ne dangereux». La loi du 19 décembre 1917'*-
constitue pas, malgré son importance, un sujet réparti en trois classes les établissements dan)1
de préoccupation aussi prégnant que celui de gereux, incommodes ou insalubres. Ceux-ci
l’insécurité urbaine. font dès lors l ’objet de procédures spécifiques!
Il existe des versions quantifiées de l’insé­ quant à leur localisation et à leur fonctionna
curité urbaine, à travers les statistiques qui ment. La loi du 19 juillet 1976 (modifiée à1
rendent compte du nombre d’agressions, du plusieurs reprises depuis) et les décrets du-
nombre de personnes agressées, des agres­ 21 mai et du 21 septembre 1977 ont refondu*
seurs, des types d ’agressions, des lieux les règles qui leur sont applicables. Ces de»i
d ’agressions, de la nature, du sexe, de l’âge niers textes mentionnent des « installation^;,
des victimes, etc. Ces travaux se heurtent aux classées pour la protection de l ’environné)*
difficultés de définition et de catégorisation ment», ce qui signifie qu’il ne s ’agit plus di>
des faits étudiés propres à toute étude statis­ la seule protection du voisinage (sécurité)1
tique. L’autre versant de l ’insécurité urbaine santé et commodité des habitants), mais de
est constitué par l’approche subjective du phé­ l ’ensemble de l ’environnement, y compris1
nomène, à travers le sentiment d ’insécurité l'agriculture. La nomenclature des installa»
qui est parfois totalement dissocié de la réalité tions classées est arrêtée par décret pris eri
(rôle de la rumeur). L’importance accordée à Conseil d’État après avis du Conseil supérieur
l’insécurité exprime la dimension symbolique des installations classées. La directive euro» ■
et culturelle d’une notion qui constitue un péenne du 24 juin 1982 (m odifiée par 1^
support privilégié pour l ’expression de l ’émo­ suite), dite « Seveso », impose en outre à cer­
tion, des affects, des angoisses, de l’imagina­ taines installations classées des contraintes
tion, etc. visant à prévenir les risques d ’accidents
Cette fonction de support s ’est trouvée majeurs. La loi du 22 juillet 1987 relie cette
favorisée par la période de crise, liée au pas­ réglementation à celle de l’urbanisme. >
sage vers l’ère postindustrielle. Dans ce cli­ Les installations classées sont désormais
mat, certains lieux (à certaines heures) sont réparties en deux catégories. Celles qui né
devenus, dans la plupart des pays déve­ présentent que des risques limités (classe D de
loppés, des sym boles d ’insécurité : métro, la nomenclature) sont soumises à une simple
parcs urbains, grands ensembles, quartiers de déclaration à la préfecture (et à l’obligation de
bureaux. Les années 1970 ont, en effet, vu le respecter les dispositions réglementaires en
thème de l’insécurité se développer dans les matière d’hygiène publique). Les installations
médias (journaux, radio, télévision, etc.), à qui présentent de graves dangers ou inconvé­
travers les faits divers, les discours politiques, nients pour l’environnement (classes A, B et
les mentalités. La notion d ’insécurité peut C) doivent obtenir du préfet une autorisation
être manipulée de manière politique avec préalable. Le dossier doit comporter une
l’appel à l’augmentation de la répression, du étude d ’impact et, depuis la loi de 1987, une
contrôle policier et avec la désignation de étude de dangers. L’autorisation est accordée
catégories sociales dangereuses. après étude d ’impact. Les collectivités locales
C. M.
concernées, puis le Conseil départemental
d ’hygiène sont obligatoirement consultés.
-* Contrôle social; Délinquance. L’autorisation précise les mesures spécifiques
à prendre.
Les plans locaux d ’urbanisme (auparavant
INSPECTEUR DES MONUMENTS les plans d’occupation des sols) peuvent défi­
HISTORIQUES - » Monument historique nir les zones où sont autorisées ou interdites
«1 INTÉGRATION DES ÉQUIPEMENTS

leu installations classées. L’inspection des ins­ l’intégration systémique. La première expres­
tallations classées a un droit de contrôle per­ sion désigne les relations entre les acteurs
manent. sociaux et les systèmes de socialisation des
Une taxe unique, perçue sur les installa­ individus, mettant l’accent sur les fonctions
tions classées, et une redevance annuelle, qui normatives. La seconde expression désigne
ne concerne que celles qui font courir un les relations entre les parties du système social
risque particulier, contribuent au financement et ses capacités de régulation, mettant l’accent
de ce dispositif. sur des fonctions d’adaptation.
1 P. M. D. L.

*♦ Établissement; Industrie; Nuisance; Pollution atmosphé­ - » Exclusion; Ségrégation.


rique ; Pollution des eaux continentales ; Pollution des sols.

INTÉGRATION (D'UN BÂTIMENT)


INSTALLATIONS INDUSTRIELLES —> Éclectisme ; Pastiche
Archéologie industrielle ; Architecture
Industrielle; Industrie; Usine
INTÉGRATION DES ÉQUIPEMENTS

INTÉGRATION Démarche consistant à regrouper, dans un


même bâtiment ou ensemble de bâtiments,
Le terme d ’intégration est employé dans différents équipements collectifs habituelle­
deux sens différents. Il désigne « l’établisse­ ment conçus de façon isolée.
ment d’une interdépendance plus étroite entre Cette démarche s’oppose à la conception
les parties d’un être vivant ou les membres traditionnelle des équipements collectifs, et en
d’une société», mais il s’emploie aussi dans particulier à celle des normes et grilles d’équi­
le sens de « l’incorporation d’un élément nou­ pements. Il est, en effet, habituel que chaque
veau à un système psychologique antérieure­ équipement soit conçu, financé et réalisé par
ment constitué » (A. Lalande). le service qui en a la charge.
Le problème de l ’intégration sociale se L’intégration des équipements est une
trouve au centre de la pensée sociale de la fin démarche distincte, mais qui ressortit au
du x ix e siècle. Alors que les sociétés se même esprit, que :
modernisent et se complexifient, que leurs — la polyvalence des équipements qui
organes se spécialisent, quels sont les élé­ peuvent être conçus afin de pouvoir servir à
ments susceptibles de maintenir leur intégra­ plusieurs activités ; ainsi la salle polyvalente de
tion? Les réflexions de Durkheim sur le Dronten (dans les polders néerlandais), souvent
socialisme et l ’éducation s’enracinent dans évoquée, peut abriter le marché hebdomadaire,
ces questions. un banquet, un spectacle sportif, un bal, etc. ; ou
De nos jours, le sociologue américain être utilisés à d’autres fins que leur destination
Talcott Parsons s’est intéressé aux deux faces première (concerts dans une église) ;
de l ’intégration, en analysant les problèmes — la banalisation des équipements qui
posés par l’allongement de l’adolescence et consiste à faire utiliser ceux-ci, successivement,
les difficultés de l ’intégration des individus par des publics différents : ainsi des équipements
dans la société adulte, ainsi qu’en soulignant sportifs associés aux établissements scolaires,
l’importance de la fonction d’intégration que voire des salles de cours elles-mêmes (formation
doit remplir tout systèm e d ’action afin de continue, conférences, réunions d’associations),
maintenir une organisation et une coordination des bibliothèques universitaires ouvertes à la
suffisantes de ses parties. Dans une société, le population de la ville, etc.
système social est le sous-système intégrateur En France, l’intégration, la polyvalence et
de l ’action en général. Au sein du système la banalisation des équipements, ou même la
social, ce sont le droit et l’appareil judiciaire conception d’équipements disposant de ser­
qui remplissent les fonctions d’intégration. v ices généraux comm uns ont longtemps
Dans cette perspective, la sociologie établit donné lieu à plus de projets que de réalisa­
une distinction entre l ’intégration sociale et tions, car elles mettaient en cause T autonomie
INTÉRÊT
m,

budgétaire, décisionnelle et fonctionnelle de l ’emprunteur, etc. L’intérêt peut se calcule*


chaque administration, ainsi que la spécialisa­ année par année (cas le plus fréquent) ou en
tion et les statuts des personnels. continu, ce qui revient au même si le tau»
La réalisation de maisons de quartier poly- d’intérêt est faible, car alors : :,
fonctionnelles, regroupant en un même lieu, A ( l + r ) ( ~ A e rt, si
avec des services communs, plusieurs équipe­ avec A capital, r taux d’intérêt et t nombre
ments, était restée exceptionnelle. En France d ’années. La formule dite des annuités
l’une des premières réalisations de ce type a constantes permet de rembourser simultanés
été le centre éducatif et culturel d ’Yerres ment l’intérêt et une fraction du capital. On
(1969) qui groupe, sur le même terrain, un distingue aussi le taux d’intérêt nominal et le
ces de 1 200 élèves, un centre sportif, une taux d’intérêt réel, ou taux nominal déflaté
bibliothèque-discothèque, une maison de par l’indice du niveau général des prix. Seul
jeunes, une salle de spectacle, une piscine un intérêt réel positif correspond à une véri­
couverte et un centre social avec un foyer table rémunération de l’épargne prêtée.
pour personnes âgées et une halte-garderie. Il y a eu évolution des conceptions relatives
Dans les pays voisins, on peut citer ment à la place et au rôle de l ’intérêt dans
l’exemple de la ville de Hanovre qui a pro­ l’économie, depuis l’époque de la prohibition
grammé 14 «m aisons du temps libre» (une pure et simple de l ’intérêt (interdiction de
par quartier), possédant chacune une salle de l’usure dans la doctrine canoniste) jusqu’à la
spectacle, une bibliothèque, une maison de législation progressive par la récompense dé
jeunes, un centre sportif couvert, un club pour l’abstinence du prêteur et par la productivité
personnes âgées et diverses salles de réunion. des capitaux empruntés (théories classiques),
Cependant, la décentralisation du pouvoir par la dépréciation du futur (Boëhm-Bawerk),
décisionnel et des moyens budgétaires auprès par le coût de la renonciation à la liquidité
des collectivités locales a complètement bou­ (Keynes) et par les théories dualistes des
leversé les données du problème en France. fonds prétables des auteurs modernes. Aujour­
Dès lors qu’une commune devient simultané­ d’hui, l’intérêt est bien une catégorie de l’éco­
ment maître d ’ouvrage des divers équipe­ nomie fondamentale et il joue le rôle d ’un
ments qui se réalisent chez elle, elle acquiert régulateur sur les marchés des capitaux.
toute liberté de définition de programmes L’économie urbaine, dans la mesure où les
intégrés et, de fait, on assiste à un profond collectivités territoriales recourent largement
renouvellement de la conception des équipe­ à l ’emprunt pour financer les équipements
ments collectifs. publics et plus encore la construction, est lar­
J. C. et P. M. gement dépendante du niveau des taux d ’inté­
rêt. Les aides financières publiques prennent
-* Équipements collectifs; Programmation des équipements souvent la forme de prêts à taux préférentiels
(collectifs).
ou de bonifications d’intérêt (prise en charge
d ’une partie des intérêts pour réduire la
charge annuelle de remboursement). C’est, en
INTÉRÊT particulier, pour répondre aux besoins des
investisseurs dans le domaine du logement,
L’intérêt est un supplément perçu par le prê­ qu’après les prêts remboursables par annuités
teur au-delà de la valeur du capital remboursé constantes, on a conçu les prêts à annuités
par l ’emprunteur à l ’échéance du prêt. En progressives (si leur progression correspond à
bref, l’intérêt est le loyer de l’argent. On peut l’inflation, l’effet de celle-ci est annulé), puis
le considérer aussi comme le paiement des les prêts à taux révisable (en fonction de
services rendus à la production par l’apport l ’évolution générale des taux d’intérêt, elle-
d’un capital, ce qui explique que certains éco­ même liée à celle de l ’inflation). Dans le
nomistes aient parfois abusivement assimilé domaine des équipements publics, on a sou­
loyer de l’argent et productivité du capital. vent recours à des mécanismes de différé
Les modalités techniques de l’intérêt sont d ’amortissement : les intérêts ne sont payés
variables : au taux de base ou intérêt pur qu’après un délai correspondant à la mise en
s ’ajoute une prime de risque, qui augmente service de l’équipement et donc à la percep­
avec la durée du prêt, la personnalité de tion de loyers, de taxes ou de redevances : les
423 INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE CULTUREL

intérêts de cette période peuvent être reportés Toutefois, les nécessités pratiques de la
sur la période suivante (il s ’agit alors d’un conservation conduisirent rapidement à une
simple mécanisme de financement) ou pris en dissociation entre l’inventaire pragmatique,
charge par une collectivité publique (il s’agit prioritaire, dressé sous forme de liste par la
alors d’une aide publique). Commission des monuments historiques et
l ’inventaire purement archéologique et scien­
: i; P.-H. D. et P. M.
tifique. Celui-ci commença d ’être élaboré,
Actualisation;Investissement. sans concertation ni systématisme, à la fois
par les sociétés d ’archéologie qui publièrent
quelques remarquables « statistiques monu­
INVENTAIRE GÉNÉRAL mentales» régionales et par le Comité des
DU PATRIMOINE CULTUREL travaux historiques auquel on doit le Réper­
toire archéologique des départements (1861­
Les réformes récentes du régime des monu­ 1888). De son côté, le ministère de l’Educa­
ments historiques, en partie pour éviter tout tion nationale faisait entreprendre l’Inventaire
risque de confusion de l ’Inventaire général général des richesses d ’art de la France
dont il sera question ici avec des mesures de (1874-1913), demeuré sans suite.
protection juridique, ne se réfèrent plus à des Après avoir joué un rôle pionnier, la France
immeubles inscrits à l’inventaire supplémen­ avait pris un retard considérable par rapport à
taire des monuments historiques ou à des d ’autres pays européens (Italie, Allemagne,
objets mobiliers inscrits à l’inventaire supplé­ Grande-Bretagne) en matière d ’inventaire
mentaire à la liste des objets mobiliers classés, monumental scientifique.
mais à des immeubles inscrits (tout court) ou André Malraux, alors ministre de la
à des objets mobiliers -inscrits (tout court) au Culture, mit en chantier en 1964 et sous
titre des monuments historiques. Subsiste l ’autorité scientifique de l ’historien de l’art
cependant une «inscription à l’inventaire» André Chastel, / Inventaire général des monu­
des sites. ments et richesses artistiques de la France,
Si des recueils de monuments (dotés d’un qui s’attache à tous les trésors de notre patri­
prestige politique ou religieux) étaient apparus moine depuis les monuments jusqu’aux
en Europe dès le XVIIe siècle sous la plume objets. Quarante années d’expériences et de
d’«antiquaires», tels les Français Félibien savoir-faire ont permis à l ’Inventaire général
(1681) ou Montfaucon (1724-1733), le terme de renseigner plus de 180 000 édifices et
d’inventaire est appliqué pour la première 210 000 objets dans près de 40 000 communes.
fois, avec sa double finalité, aux monuments Chaque opération d ’inventaire procède par
historiques, dans le cadre de la Révolution aire d ’étude, fraction du territoire qui est
française. Le décret du 4 septembre 1792 spé­ explorée systématiquement, soit en s ’atta­
cifie quatre catégories d ’objets expropriés chant à toutes les composantes du patrimoine
dont il réclame l ’« inventaire raisonné » en (opération topographique), soit à une seule
vue de leur conservation et, deux ans plus tard d’entre elles (opération thématique, telle que
(15 mars 1794), le Comité d ’instruction le patrimoine industriel, balnéaire, hospitalier
publique de la Convention publie son Instruc­ ou militaire, l’orfèvrerie, le vitrail, etc.).
tions sur la manière d ’inventorier et de La loi du 13 août 2004, dite des libertés
conserver, notamment les monuments de et responsabilités locales, donne, en son
l’architecture. Ces deux textes sont animés article 95, un fondement légal, sous le nom
d’une volonté d’exhaustivité et d’objectivité récent d Inventaire général du patrimoine
scientifique due à leur rédacteur, le naturaliste culturel, à cette entreprise documentaire
Vicq d’Azyr. Les progrès de l ’histoire de l ’art sans effets ni contraintes juridiques. Elle
ont ensuite permis au Comité des arts et confie la conduite des opérations, de la pro­
monuments, créé par Guizot (1837), d’étendre grammation jusqu’à la valorisation, aux
les ambitions de l ’inventaire qui se proposait conseils régionaux, sous le contrôle scienti­
désormais de couvrir «tous les monuments fique et technique de l’État. Conformément
d’art en France, dans tous les genres», et aux prérogatives de libre administration des
d’affiner ses méthodes ( Cahiers d'instruc­ collectivités territoriales, les régions ont toute
tions de 1846). latitude dans leurs choix d’opportunité. Elles
INVESTISSEMENT "424

peuvent confier « aux collectivités territoriales Pour l ’élaboration des documents d’urbal
ou aux groupements de collectivités qui en nisme, les données que collectent lé»
font la demande la conduite, dans leur ressort, enquêtes d’inventaire se greffent sur les sys»
des opérations ». La mise à disposition de ser­ tèmes d’information géographique ( sig) de
vices de l’État est devenue transfert définitif tout acteur concerné. La connaissance ainsi
et, avec divers rattachements selon les organi­ disponible constitue pour l’aménagement dtl
grammes, les services chargés de l’inventaire territoire un outil d ’aide à la décision. Suf
au sein des régions sont placés sous l’autorité l’ensemble des secteurs du patrimoine, le»
d ’un agent qualifié. résultats des enquêtes de l’Inventaire général!
Le contrôle scientifique et technique de lieu de compréhension de l’histoire des ville»
l’État a pour objet « de garantir, sur l’ensemble et des régions, permettent d’élaborer des polit
du territoire, la qualité scientifique et tech­ tiques raisonnées de gestion, de protection s i
nique des opérations d’inventaire et à en assu­ de mise en valeur. Ils facilitent la définition et
rer la cohérence, la pérennité, l’interopérabilité l ’administration des espaces protégés, tels
et l’accessibilité» (décret du 20 juillet 2005). que les zones de protection du patrimoine
Il définit les normes qui «portent sur les architectural, urbain et paysager (zppaup), les
méthodes de conduite des opérations, les voca­ secteurs sauvegardés ou les immeubles et sedt
bulaires, les schémas et les formats de don­ teurs soumis au 7° de l ’article L123-1 dq
n ées» . L’État contribue à la diffusion des Code de l’urbanisme. La reconnaissance défi
résultats des opérations auxquels il donne un points forts du patrimoine local peut débout
accès et une visibilité nationale par l’intermé­ cher sur une diversification de l’offre touris­
diaire de bases de données en ligne (Mérimée tique, contribuer à construire et à diffuser une
pour l’architecture et les aménagements de image régionale originale ou fournir matière à
l ’espace, Palissy pour les objets et le mobilier, une animation culturelle du territoire. fi
Mémoire, catalogue d’images, etc.), complé­ Les programmes de recherche auxquels
tées par YAtlas de l ’architecture et du patri­ l’Inventaire participe, souvent en partenariat
moine qui donne à voir, sous forme de cartes et avec les universités et les écoles d ’architec­
de plans, où se trouvent les œuvres et dans ture, nourrissent en connaissances fondamen­
quel contexte elles se situent. L’État peut, par tales de nombreuses disciplines universitaire»
ailleurs, réaliser des opérations d’inventaire au (histoire, histoire de l’art, etc.). Sans préjudice
plan national : bilan sur le patrimoine indus­ du développement considérable de la dématé­
triel, scientifique et technique, lancement rialisation de la documentation et de la misé
d’opérations sur le patrimoine littoral ou sur en ligne, les résultats dès études d ’inventaire
les réseaux de circulation tels que canaux, voie sont régulièrement diffusés par diverse»
ferrée, routes, etc. revues scientifiques et certaines enquête»
Dans cette nouvelle configuration, le d’envergure permettent la publication
Conseil national de l ’Inventaire général du d’ouvrages de synthèse qui font référence.
patrimoine culturel, dont les membres repré­
F. C. et Ph. Pi
sentent à parts égales l’État, les collectivités
et le milieu de la recherche, est amené à jouer -* Classement ; Inscription ; M onument historique ; Patrimoine.
un rôle important par les avis qu’il formule et
les évaluations auxquelles il procède, notam­
ment à partir des rapports annuels régionaux, INVESTISSEMENT
sur la qualité scientifique des opérations et
des résultats que l’on peut en attendre. Acte par lequel un agent économ ique,
Quant aux obligations qu’a l ’État de por­ généralement une entreprise, consacre tout ou
ter à la connaissance des communes ou de partie de ses surplus (ou des surplus d ’un
leurs groupements les informations néces­ autre agent) à l’acquisition ou à la fabrication
saires à l’exercice de leurs compétences dans de moyens de production supplémentaires :
le domaine de l’urbanisme, la loi du 13 août machines, équipements, outillages, etc.
2004 précise que le préfet fournit notamment L’investissement suppose donc l ’affectation
les études techniques dont dispose l ’État d’une épargne disponible à la production de
« en matière d ’inventaire général du patri­ nouveaux moyens techniques de production,
moine culturel ». c ’est-à-dire à de nouveaux biens capitaux.
425 ITINÉRAIRE (CHOIX D')

Une fraction de l ’investissement total (ou loppées dans les domaines des investissements
hrut) correspond au remplacement des urbains et des grands équipements d ’amé­
machines usagées ou obsolètes : c’est l’inves­ nagement. Depuis Keynes, on distingue l ’effet
tissement de remplacement qui se substitue, créateur et l’effet multiplicateur de l’investisse­
en quelque sorte, au capital amorti. Si l’inves­ ment. L’effet créateur d’un investissement se
tissement total ou brut est supérieur à cet mesure par la masse des biens et services qu’il
amortissement, il apparaît un investissement permet de produire, de vendre. On est conduit
net (un désinvestissement net si l’investisse­ à en comparer la rentabilité à celle d ’autres
ment bmt est inférieur à la valeur du capital projets d’investissement. L’effet multiplicateur
amorti). Seul l’investissement net contribue à de l’investissement est macro-économique et il
l’accumulation du capital. Les comptables est lié mécaniquement à la propagation des
nationaux préfèrent parler de «form ation flux de dépenses qu’il occasionne à travers
brute de capital fix e » (FBCF) plutôt que tout le système économique. Keynes a beau­
d’investissement brut, mais il s ’agit bien du coup insisté sur cet effet multiplicateur comme
même concept. , facteur de relance lorsque les économies sont
Le financement des investissements se fait en situation de sous-emploi généralisé. À long
soit sur les ressources propres de l ’agent terme, c ’est évidemment l’effet créateur de
(autofinancement), soit à partir des surplus richesses qu’il convient de privilégier. Les
d’un autre agent (emprunt). théoriciens du développement ont d ’ailleurs
Les investissements ne sont évidemment montré qu’un taux d’investissement minimum
réalisés que s ’ils sont jugés rentables par était nécessaire pour assurer le décollage des
l’agent qui les décide, par exemple l ’entre­ économies sous-développées. D e nos jours,
prise. L’estimation de cette rentabilité, a priori, et sous tous les régimes, l’investissement pro­
est l’un des points difficiles de l’analyse éco­ ductif demeure l’une des clés de la croissance
nomique. Les bénéfices futurs escomptés et économique.
actualisés sont comparés au coût d’acquisition P.-H. D.
des emprunts (ou au coût d ’opportunité des
fonds propres en cas d ’autofinancement). - , Coût de l'urbanisation; Coûts-avantages (analyse); Écono­
m ie ; Intérêt.
Cette opération, déjà aléatoire dans le cas des
investissements productifs du secteur mar­
chand, est encore plus délicate s ’agissant de la
rentabilité sociale d’investissements collectifs ISOLANTS (MATÉRIAUX) - » Chauffage;
comme une autoroute, un hôpital, une univer­ Énergie
sité, un opéra, des installations militaires, etc.
Or, l’aménagement urbain et, dans une large
mesure, la production immobilière entrent ISOLATION PHONIQUE -► Bruit
directement ou indirectement (logements
aidés) dans ce cadre collectif. C’est la raison
pour laquelle les méthodes coûts-avantages, ITINÉRAIRE (CHOIX D') -> Modèle
coûts-efficacité, etc., ont été largement déve­ de transport ; Valeur du temps
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JARDIN D'ENFANTS - » Crèche parla suite, l ’urbanisation a tendu à chasser les


jardins, malgré les lois du 31 octobre 1941,
7 mai 1946 et du 26 juillet 1952, qui pré­
JARDIN FAMILIAL voyaient des subventions aux organismes de
jardins familiaux, des prêts hlm pour l ’acquisi­
Parcelle de terre, cultivée personnellement tion des terrains et une exemption d’impôt fon­
par celui qui en dispose, pour les besoins de cier. Pire, les jardins ont eu mauvaise presse :
sa famille, à l’exclusion de toute commercia­ on leur a reproché leur aspect inesthétique.
lisation des produits. a Les jardins familiaux et, en particulier les
S’il existait dès le Moyen Âge, son dévelop­ jardins ouvriers, sont menacés par un double
pement remonte à la période d’industrialisa­ danger : la disparition et la normalisation ; une
tion du xixe siècle, d’abord en Angleterre (les loi de 1976 permet aux associations de jardins
« champs des pauvres » institués en 1819, des­ expropriés d’obtenir la mise à disposition de
tinés aux indigents), puis en Allemagne et terrains équivalents, mais les nouveaux jar­
enfin en France. Ce sont des organisations cha­ dins sont fournis avec des abris et des clôtures
ritables qui prirent ces initiatives. Parfois, il déjà édifiés qui enlèvent au jardinier les deux
s’agissait aussi d ’installations sauvages (tels éléments par lesquels il exprimait une occupa­
ces jardins institués sur la zone non aedificandi tion personnalisée.
des fortifications, que Haussmann expulsa). On a souvent reproché aux jardins familiaux
Vers 1890, la Ligue du coin de terre et du d ’être inesthétiques, de donner une image
foyer, animée par l’abbé Lemire, développa désordonnée des abords des villes. Mais la
les jardins désormais appelés jardins ouvriers vague écologiste les a remis à la mode. Aujour­
par le Dr Lancry qui lança le mouvement du d’hui, ces jardins sont gérés par une associa­
« terrianisme ». Ce mouvement s ’inscrit dans tion, souvent liée à une municipalité, ou par un
la logique du réformisme bourgeois qui organisme d’HLM, mais il subsiste des jardins
cherche à constituer une société de petits pro­ « sauvages », sans Organisme de gestion. On
priétaires, exalte les valeurs terriennes et en évaluait, il y a deux décennies, le nombre à
rurales et condamne le monde urbain, artifi­ 20 000 (dont la moitié de «jardins sauvages »)
ciel, malsain, porteur d’illusions et de vices. en Île-de-France. La demande, qui émanait
Les jardins sont des parcelles de 100 à 300 m2 essentiellement de ménages modestes, rare­
mises gratuitement (ou contre un loyer ment propriétaires de leur logement, et qui est
modeste) à la disposition des familles par des reçue par les organismes de gestion, est encore
associations diverses. La personnalisation de importante et les candidats doivent souvent
l’utilisation de cet espace est marquée par de attendre plusieurs années. Il est en effet diffi­
nombreux détails. Le nombre de jardins n ’a cile de trouver des terrains proches des villes
cessé de croître depuis la fin du xixe siècle jus­ qui soient vacants et ne soient pas convoités
qu’à la deuxième guerre mondiale où on par les constructeurs ou conservés par leurs
comptait en France environ 250 000 jardins propriétaires dans un but spéculatif. Ces jar­
ouvriers et 700 000 jardins industriels. Mais, dins sont souvent précaires, les propriétaires
JARDIN OUVRIER 4»

pouvant les reprendre pour les vendre comme JARDIN OUVRIER —►Jardin familial
terrains constructibles ou les pouvoirs publics
les exproprier pour cause d’utilité publique (tel
a été le cas lors de la construction du boulevard JARDIN PRIVÉ —> Art du jardin ; Jardin
périphérique de Paris entre 1957 et 1973). familial ; Paysage
Pourtant, ces jardins constituent un outil de
gestion de l ’espace préférable aux friches
urbaines ou agricoles. Ils peuvent même JARDIN PUBLIC
constituer un moyen efficace de réhabilitation
de friches ou de « délaissés » urbains (zones En son sens strict, le jardin public est un
enserrées par des infrastructures et de ce fait espace vert urbain, enclos, à dominante végé­
inconstructibles) sous réserve que les nuisances tale, protégé des circulations générales, libre
(bruit, fumées, gaz d’échappement) ne consti­ d’accès, conçu comme un équipement public
tuent pas une contre-indication. Ils jouent en et géré comme tel. Il doit, de ce point de vue,
outre un rôle social que les initiateurs du mou­ être considéré comme une invention de l’urba­
vement avaient bien perçu. Ils permettent enfin nisme du Second Empire. ‘î
une meilleure compréhension des problèmes Le parc est également un espace vert public,
du paysage et de l ’agriculture. Il revient aux essentiellem ent planté, mais de grandes
collectivités locales d’aménager ces terrains et dimensions, jusqu’à une période très récente,
de les rendre ainsi à une activité économique et l ’aménagement des parcs se référait à deux
sociale. On peut aussi imaginer des jardins traditions : celle de la composition dessinée
familiaux sur des exploitations agricoles : les rigoureuse, qui triomphe en France à l ’époque
agriculteurs mettraient alors des petites par­ de Louis XIV, avec le m odèle du parc de
celles à la disposition des citadins et leur appor­ Versailles ; celle, d’origine anglo-saxonne et
teraient une aide (matériel, travail, conseils). surtout anglaise, de la reconstitution savante
La seule incitation est l ’exonération de d’une nature « authentique » ne laissant pas
la taxe foncière sur les terrains non bâtis apparaître le travail de l’homme.
dans les commîmes de plus de 5 000 habitants. Le square, dans son acception française, est
Cependant, certains conseils généraux un jardin public formé au centre d ’une place
apportent une aide à la création de jardins bordée de façades, contourné par les circula­
(subvention ou réalisation directe de jardins). tions. Il ne doit pas être confondu avec le
En Ile-de-France, l ’Agence des espaces verts square londonien, espace libre au centre d’un
(aev ) apporte également des subventions à îlot quadrangulaire, réservé à l’usage des rive­
des associations ou à des collectivités territo­ rains, à l ’origine espace minéral servant de
riales qui achètent des terrains à cette fin ou cour, qui fut ensuite souvent planté.
qui aménagent des jardins : depuis son institu­ Le terrain de jeux est un espace public de
tion en 1982, elle a permis la création de proximité de petite dimension destiné exclusi­
quelque 30 000 jardins. Outre le maintien des vement aux jeux des enfants. La réalisation
jardins existants, certains, mal gérés, prennent de cet équipement peut être exigée lors de la
une allure de bidonvilles et ont besoin d’une délivrance d ’un permis de construire ou d ’une
véritable réhabilitation. Une action pédago­ autorisation de lotir, voire être inscrite dans
gique doit être menée auprès des utilisateurs les documents d ’urbanisme (pos et plu).
pour qu’ils contribuent à l ’amélioration du Les terrains pour l ’aventure sont apparus
paysage. Les accès piétonniers, pour les dans les années 1970. Inspirés de multiples
exploitants et pour les visiteurs, nécessitent expériences anglo-saxonnes, ils ont pris en
d’être améliorés et entretenus. France une vocation sociale affirmée. Ce sont
Si, il y a quelques décennies, les jardins des espaces de 1 000 à 6 000 m2 où les jeunes
familiaux paraissaient n ’être plus qu’une sur­ adolescents peuvent librement développer des
vivance, ce n ’est donc plus du tout le cas activités inform elles, éventuellem ent avec
aujourd’hui, ceci en liaison avec la montée l’encadrement non directif d’un adulte spécia­
des valeurs écologistes. lisé. Il est doté d ’équipements sommaires
P. M. (petit local, bloc sanitaire) et clos de manière
à préserver l’isolement des jeunes qui le fré­
-¥ Banlieue. quentent. Il vise à développer l ’autonomie et
429 JUGE FONCIER

Ih sociabilité des enfants, notamment dans les sible à tous en toute égalité, et dont chacun
quartiers de logements collectifs. Mais cet iso­ peut cependant avoir son usage personnel, est
lement même peut conduire à des dérives, ce un lieu policé, mais d’une manière qui lui est
qui a limité, après une phase initiale de grand propre : le « gardien de la paix » n’a pas laissé
succès, leur multiplication. la même image dans la littérature selon qu’il
est saisi dans la rue ou dans le square.
Si la notion de jardin public prend son sens Le jardin public devint en même temps un
contemporain au XIXe siècle, l’usage public de élém ent de la réorganisation de l ’espace
certains jardins est cependant antérieur. urbain. Haussmann et le « service des prome­
C’est au XVIIe siècle que les jardins s’affran­ nades et plantations de la ville de Paris », au
chirent des habitations et firent l ’objet d’amé­ nom de l’hygiène et de l ’aération de la capi­
nagements très dessinés. D es propriétés tale, mais aussi d’une vision ordonnée de la
particulières commencèrent à être ouvertes au vie collective (le jardin est un « salon à ciel
public : jardins religieux, aristocratiques ou ouvert», mais un salon gardé), définirent
royaux. Ainsi en est-il, par exemple à Paris, trois niveaux d’équipement pour Paris :
du jardin des Tuileries, du Luxembourg ou du • les grands parcs suburbains (bois de
jardin du Chapitre de Notre-Dame (réservé Boulogne et de Vincennes : 850 et 900 ha) ;
aux hommes). « Le premier jardin véritable­ • les parcs urbains, de 10 à 15 ha (parc
ment créé pour le public fut le Jardin des Monceau, parc des Buttes-Chaumont, parc
Plantes, alors appelé Jardin Royal des Plantes Montsouris, qui complètent les grands jardins
médicinales », créé au milieu du XVIIe siècle et cimetières) ;
(P. Lavedan). • les squares, de 1 500 à 20 000 m2 (il en
Ouvert en 1640, le jardin du Palais-Royal existe actuellement plus d’une centaine).
appartenait au domaine du duc d ’Orléans, L’aménagement de ce «systèm e vert»
donc inaccessible à la police royale, contrôlé donna lieu à la création d’un mobilier urbain
par les propres gardes du duc. Ce dernier y fit original, encore présent : grilles, bordures de
construire une galerie marchande ; des hôtels, massifs et de pelouses, panneaux de signalisa­
clubs, cafés et boutiques s ’y créèrent ; des tion, kiosques, édicules, bancs, lampadaires,
spectacles y étaient donnés. Les élites aristo­ etc. Il ponctue l’espace vert de produits manu­
cratiques et bourgeoises s’y rencontraient, les facturés, dans lesquels la fonte et le fer jouent
idées nouvelles y circulaient librement, la le premier rôle.
presse s ’y développait. Les jardins prirent Diffusé dans toutes les grandes villes de
ainsi une importance de plus en plus grande France, ce modèle domina jusqu’à la seconde
dans la vie citadine au XVIIIe siècle, d’autant guerre mondiale, et perdure encore aujour­
qu’ils portaient une sensibilité nouvelle à la d’hui. Les constructions de quartiers périphé­
nature, sauvage et providentielle à la fois, riques (grands ensembles ou lotissements) et
pure en tout cas. L’influence de la conception de villes nouvelles ont donné lieu à de nou­
anglaise du landscape —vision idéalisée d’une velles formes d’espaces verts. Mais le concept
campagne paisible, offerte dans le prolonge­ de jardin public ou de parc en tissu urbain
ment de la perspective d’un parc - se fit sentir. continu n ’a, en fait, guère changé.
Le «parcpaysager» s’opposait à la tradition J.-B. P. et V. S.-M. G.
du parc « à la française » et de ses ordonnan­
cements architecturaux hérités de l ’époque -* Aire de jeux; Espace vert; Parc; Paysage.

classique.
Ce sont des usages bien différents que
développa le xixe siècle, notamment sous le JE U - » Fête ; Loisirs touristiques
Second Empire. Le jardin devint le lieu de la
promenade bourgeoise, celui surtout où les
nourrices promenaient les enfants. L’équipe­ JEU X (THÉORIE DES) -* Simulation
ment de l ’espace changea: marionnettes,
manèges et jeux d’enfants, kiosques à bon­
bons. Le jardin «public», c ’est-à-dire acces­ JU G E FONCIER -> Expropriation
l
LAGUNAGE - » Assainissement croissance (1 000 lieux de culte ouverts au
cours des trente dernières années, soit un
tiers au total). Les juifs sont à peine 1 % de
LIEU DE CULTE la population. 28% se déclarent athées. On
compte quelque 200 synagogues. Il y a envi­
Le paysage urbain et rural est marqué par ron 150 temples bouddhiques. La majorité
les lieux de culte qui constituent souvent un de la population ne pratique aucune religion,
signal visuel (clocher des églises, minaret des mais 28 % seulement se déclarent athées.
mosquées). En France, chaque village, chaque L’islam est devenu, du fait de l ’immigra­
quartier a son église et parfois d’autres lieux tion, la seconde religion par le nombre de per­
de culte (temple protestant, mosquée ou salle sonnes qui s’en réclament et par le nombre de
de prière musulmane, synagogue juive, temple pratiquants réguliers. Le nombre de musul­
bouddhique). , mans est mal connu et fait l ’objet de polé­
Depuis la loi de 1905 (séparation de l’Église miques récurrentes. L’insee avance le chiffre
et de l ’État), les églises paroissiales et les de 4 m illions, dont un tiers seraient prati­
biens dont elles disposaient ont été dévolus quants. D ’autres sources avancent des chiffres
aux communes, qui ont la responsabilité de de 5 ou 6 millions, voire davantage (dans ce
leur entretien, mais les laissent à disposition dernier cas au moins dans un hut polémique).
des fidèles et des ministres du culte, qui ne Les mosquées étaient traditionnellement peu
peuvent les aliéner. L’Église catholique est nombreuses (150 en 1976), et cette carence
très majoritaire en France (les deux tiers de la était comblée par des salles de prière, dont
population, mais 42 % seulement se déclarent certaines d’usage intermittent. Ces lieux de
catholiques et il n ’y a que 9% qui ont une culte musulmans ont rapidement progressé en
pratique religieuse régulière). Elle dispose de nombre (900 en 1985, 1 550 en 2001, 2 150
45 000 édifices, mais seuls quelques milliers en 2008). Mais la construction de mosquées
font encore l’objet d’un service régulier. Elle ou même la présence de salles de prière sou­
doit cependant construire des églises dans les lève une forte opposition d ’une partie de la
nouveaux quartiers et financer leur construc­ population : selon un sondage (qui date de
tion et leur entretien. Ces constructions, peu 1989 il est vrai), 38 % des Français se décla­
nombreuses, sont paradoxalement souvent raient explicitement opposés à la construction
peu fréquentées. La construction la plus de mosquées. La construction de la grande
importante de la période récente a sans doute mosquée de Lyon, financée aux deux tiers par
été celle de la cathédrale d’Évry, dans la ville l ’Arabie Saoudite et inaugurée en 1994, a sus­
nouvelle, ouverte au culte en 1995. cité de nombreux débats. Les collectivités
Les protestants représentent moins de 3 % locales et les pouvoirs publics sont néanmoins
de la population. Les diverses Églises pro­ conscients de l ’urgence d’ouvrir aux musul­
testantes disposent de 3 000 temples, mais mans des lieux de culte décents. Mais deux
les constructions neuves concernent presque difficultés se présentent. D ’une part, il ne
exclusivement l’Église évangélique en forte paraît pas souhaitable qu’une part importante
LINÉARITÉ 432

du financement vienne de pays étrangers, qui n ’est lisible que d’avion ou du haut d’un édi­
peuvent vouloir en tirer une influence reli­ fice élevé. En revanche, le piéton et l’automo­
gieuse et politique. D ’autre part, la loi de sépa­ biliste ne le perçoivent que par fragments, de
ration de l ’Église et de l ’État interdit tout façon diachronique. Davantage, si les lois de
financement public : certaines municipalités la « bonne forme » peuvent être considérées
sont obligées de recourir à des artifices pour comme régissant un niveau de base de la per­
mettre des terrains à disposition tout en res­ ception de l’espace bâti, en revanche, la pure
pectant la lettre de la loi (que certains ont pro­ forme en soi, pastichée par les praticiens qui
posé de modifier, hypothèse qui soulève elle- cherchent à déterminer les constantes for­
même une polémique). melles d’une morphologie urbaine universelle
P. M. (B. Hillier), n ’est pas plus isolable dans le cas
de l’espace urbain que dans celui de l’écriture.
- » Architecture religieuse. Car, en second lieu, l’espace bâti, bien qu’il
ne soit en aucune façon l’équivalent d’un texte
écrit, n ’en demeure pas moins, comme tout
LINÉARITÉ —> Cité linéaire artefact humain (y compris la forme de l’écri­
ture), porteur de signification. Il est en perma­
nence offert à l’interprétation de ceux qui s’y
LISIBILITÉ meuvent.
Cette interprétation est fonction d’un autre
Qualité de ce qui est lisible. Ce terme a type de lisibilité, relative et non plus univer­
été transposé dans le champ des études selle, programmée par des spécificités cultu­
urbaines pour désigner les conditions for­ relles et individuelles. Les codes sociaux qui
melles facilitant l’appréhension visuelle d ’un conditionnent ainsi la lisibilité de l’espace bâti
ensemble bâti plus ou moins vaste. Cette sont multiples. Le linguiste anthropologue
notion a été élaborée dans le contexte de américain, B. Whorf (Language, thought and
l ’urbanisation intensive des années 1950- reality, 1956, Cambridge, Mass., trad. franç.
1960, selon une double perspective critique 1969, Paris) a, le premier, montré le rôle du
et normative qui dénonçait l ’« illisibilité » découpage linguistique dans la perception de
des réalisations urbaines de l’ère industrielle l’espace et la spécificité lexicale qui caracté­
jusqu’au deuxième après-guerre et cherchait rise, à cet égard, les langues des différentes
à établir des règles formelles pour l’édifica­ cultures. La lisibilité renvoie également, entre
tion des nouveaux programmes. La lisibilité autres, au mode de découpage du sol, à la
était ainsi posée comme une des valeurs clés typologie et au style des édifices. La richesse
de l’environnement bâti. de l’interprétation est directement fonction de
Mais la transposition métaphorique de celle des codes sociaux entrant en jeu et
l ’écrit au bâti ne va pas sans difficulté. Au qu’elle suppose donc connus. A insi, par
sens strict, elle n ’est pas pertinente puisque le exemple, les villes de l’Islam sont apparues
tissu urbain n’est pas l ’objet d’une double labyrinthiques et illisibles aux premiers voya­
articulation et ne peut donc être assimilé à un geurs occidentaux : ceux-ci ignoraient les
discours. Toutefois, dans une acception plus codes qui régissent leur espace et dont la
large, la métaphore de la lisibilité n ’est pas connaissance, acquise par la pratique sociale,
sans intérêt heuristique. les rend immédiatement déchiffrables par
Tout d’abord, elle pourrait être recevable à leurs habitants. Pour ces derniers, la lisibilité
condition de limiter les termes comparés au est la condition de l ’appropriation de leur
pur graphisme de l’écriture (indépendant de espace. De même, une approche anthropolo­
sa valeur sém iotique) et à un pur design gique a permis de montrer que des groupes
urbain, autrement dit à la perception de sociaux appartenant à des sociétés non occi­
formes qui, les unes et les autres, relèvent des dentalisées ne parviennent pas, une fois trans­
lois universelles de la Gestaltpsychologie. On plantés dans des espaces aux formes
observera toutefois que la perception de la géométriques simples, à y découvrir une lisi­
forme urbaine dépend essentiellem ent du bilité qui leur permette de se les approprier
point de vue adopté : la forme d’un plan tracé (cf. P. Bourdieu et A. Sayad). Un autre
et clairement lisible sur la planche à dessin exemple peut être fourni par le travail des
433 LITTORAL

archéologues et des historiens qui, grâce à l ’environnement bâti. D ’autre part, dans la
Taccumulation progressive d’informations sur mesure où la charge sémantique d’un espace
les pratiques sociales des sociétés antiques, est fonction de ses références à des codes
permet de redonner une lisibilité au chaos de sociaux, établis et connus aussi bien du prati­
leurs villes en ruines. cien que de ceux pour qui il œuvre, il est clair
On voit ainsi que la lisibilité présente une que, dans le contexte actuel de changement
hiérarchie de sens et de niveaux concernant la social et d ’acculturation généralisée, l’urba­
simple orientation dans la ville, l’appropria­ niste est démuni: soit du fait de l ’absence
tion de l’espace urbain ou encore sa connais­ d’une tradition spatiale de référence, soit par
sance conceptuelle. Ces trois niveaux sont ignorance des références propres à une culture
solidaires dans les sociétés traditionnelles où, minoritaire donnée.
toutefois, la connaissance des codes sociaux, F. C.
qui sous-tend l’appropriation, n’est pas néces­
sairement conceptualisée et peut demeurer -> Appropriation ; Forme urbaine; Morphologie (urbaine);
Sém iologie; Typologie.
implicite. Ces niveaux tendent, en revanche, à
être dissociés dans les sociétés industrialisées.
Dans sa pratique, l’urbaniste est concerné
par la lisibilité dans la mesure essentielle où LITTORAL
elle conditionne l’orientation et son appropria­
tion de l’espace urbain. L’orientation, dans les Le littoral est un espace linéaire (environ
agglomérations des pays développés aussi 7 000 km de longueur en France métropoli­
bien que des pays en voie de développement, taine), particulièrement sensible, offrant à
tend aujourd’hui à être traitée, de façon stan­ l’aménagement des conditions difficiles :
dardisée, par la signalétique urbaine. Celle-ci — les littoraux attirent des populations
constitue un système adjuvant sui generis, importantes, dans et hors des villes (en France,
dans lequel l’écrit joue un rôle important. Cer­ la densité moyenne des communes littorales
tains travaux ont tenté d’opérer une synthèse est plus du triple de la densité moyenne du
entre orientation et appropriation de l’espace. pays) ;
Dans son ouvrage pionnier, The Image o f the — les littoraux attirent des activités qui ont
city (Cambridge, Mass., 1960), K. Lynch assi­ des besoins souvent contradictoires : ports
milait la perception des formes urbaines à une (pêche, plaisance, commerce), baignade,
image, évitant ainsi la métaphore de la lisibi­ aquaculture, etc. ;
lité, à laquelle il substituait la notion d’« ima- — les littoraux sont exposés aux destruc­
geabilité ». Ce travail novateur devait exercer tions de la mer. Les eaux qui les baignent sont
un rôle stimulant tant au plan théorique qu’au particulièrement polluées. D ’autre part, la pol­
plan pratique. Il définissait, en particulier, des lution marine est, pour une large part, issue des
types de repères urbains (allant du monument littoraux ; leur surveillance est un moyen privi­
au marteau de porte) autour desquels l ’image légié de lutter contre la pollution.
se structure, mais il n ’évitait pas la confusion A insi, les régions littorales constituent
entre bonne forme et forme codée et, axé sur des écosystèmes spécialement sensibles. Il
la recherche de constantes objectives, ne fai­ n ’est donc pas étonnant que les pouvoirs
sait pas la part suffisante à la notion de relati­ publics exercent des droits de surveillance
vité culturelle. rigoureux sur ces espaces, et ce sur une cer­
Solidaires de recherches en cours dans taine profondeur.
d’autres domaines (psychologie, anthropologie En France, de la mer vers la terre, on ren­
culturelle, histoire de l ’art), les travaux sur la contre successivement :
lisibilité de l’environnement bâti sont aujour­ — Le domaine public maritime, « le sol et
d’hui encore peu avancés et n’apportent aux le sous-sol de la mer territoriale », ainsi que
urbanistes que des enseignements limités. les lais de mer (« terrains que la mer laisse à
D ’une part, il semble bien qu’au-delà des lois découvert en se retirant»). Il couvre ainsi
fondamentales de la psychologie de la forme, tous les espaces «jusqu’au point où les plus
l’articulation spatiale des différences anthropo­ hautes mers peuvent atteindre en l’absence de
logiques et sociales est, comme Sitte l’obser­ perturbation météorologique exceptionnelle ».
vait déjà, un facteur important de lisibilité de L’usage du domaine public maritime est très
LITTORAL
434

réglementé, en ce qui concerne notamment vier 1983 et du 3 janvier 1986 et au décret du


les installations de ports, les endiguements, 5 décembre 1986, des schémas de mise en
assèchements, extractions, rejets et dépôts. valeur de la mer ( smvm), élaborés sous l ’auto­
Afin de protéger les plages contre la pollu­ rité du préfet et approuvés par décret en
tion, les déversements, écoulem ents, jets, Conseil d ’État ; ils déterminent l’affectation
dépôts directs ou indirects susceptibles de les des espaces terrestres et maritimes, men­
altérer sont interdits. tionnent les projets d’équipement et d ’aména­
— Une réserve publique, d ’une largeur gement de la mer et précisent les mesures de
d ’environ 20 m à partir des limites de la protection du milieu marin. :
marée haute, où des servitudes pèsent sur les
terrains privés. Surtout, il a paru nécessaire de définir des
— Une bande de l ’ordre de 3 m en bor­ règles générales de protection du littoral. Dans
dure de mer, où il existe des servitudes de un premier temps, la directive d’aménagement
passage (« sentier du douanier»), national relative à la protection et à l’aména­
— Une bande de l’ordre de 100 m de large, gement du littoral, approuvée par décret
où, hors des agglomérations existantes, la loi (25 août 1979), prévoyait l’inconstructibilité
prescrit la limitation stricte des constructions, dans une bande de 100 m le long des rivages
en particulier dans le cadre des pos et des plu et de 300 m autour des lacs et posait le prin­
qui leur ont succédé. cipe d ’une urbanisation en profondeur (vers
— Une bande de l’ordre de 2 000 m de l ’intérieur). Dans le contexte de la décentrali­
large, où les mêmes directives proscrivent la sation, il est apparu nécessaire de renforcer la
construction de routes de transit. valeur juridique de ces dispositions de protec­
La nécessité de protéger le littoral face aux tion, de les rédiger à cette fin de façon plus
convoitises contradictoires du développement précise et de les accompagner de mesures de
touristique et des activités économiques, elles- caractère économique en faveur des activités
mêmes souvent concurrentes (agriculture et éle­ liées à la mer. Tel a été l’objet de la loi du
vage, pêche et cultures marines, ports et chan­ 3 janvier 1986 relative à l’aménagement, la
tiers navals, etc.), a conduit les pouvoirs publics protection et la mise en valeur du littoral, dont
à prendre diverses mesures de protection. le chapitre relatif à la protection et à l’aména­
D ’une part, un instrument foncier a été gement du littoral a le statut de loi d’aménage­
mis en place par la loi du 10 juillet 1975 : le ment et d’urbanisme (devenue « dispositions
Conservatoire de l ’espace littoral et des particulières aux zones du littoral » depuis la
espaces lacustres. En trente-quatre ans, ce der­ loi sru du 13 décembre 2000). Elle s ’impose
nier a acquis (en métropole et outre-mer) donc aux documents d’urbanisme et aux auto­
125 000 ha (dont 104 000 en métropole) sur risations d’occupation du sol. Elle s ’applique
quelque 600 sites, qui représentent environ aux communes littorales (y compris autour
1 330 km de rivage (dont 1 050 en métropole), des plans d’eau intérieurs de plus de 1 000 ha
soit plus de 10 % des rivages maritimes et et le long des estuaires et des deltas) et aux
lacustres (outre-mer compris). communes volontaires qui participent aux
D ’autre part, des documents spécifiques équilibres économiques et écologiques litto­
d’aménagement ont été élaborés : raux. La loi prévoyait que des prescriptions
— au début des années 1970, des schémas particulières régionales ou interrégionales
d’aménagement du littoral, sans portée juri­ fussent établies et approuvées par décret en
dique précise ; Conseil d’Etat, mais cette disposition est res­
— puis, à partir de 1972, des schémas tée lettre morte.
d’aptitude et d’utilisation de la mer ( saum), La loi du 3 janvier 1986 prévoit notamment :
couvrant les eaux territoriales (12 milles nau­ — l’extension de l’urbanisation en conti­
tiques): ces documents techniques (rade de nuité avec les agglomérations et villages exis­
Brest, golfe du Morbihan, bassin d ’Arca- tants ou en hameaux nouveaux et le maintien
chon, rade d’Hyères, etc.), décidés en Comité des coupures vertes: cette règle peut être
interministériel d’aménagement du territoire, modulée par un schéma directeur ou un
n’avaient cependant pas plus de valeur juri­ smvm ou précisée par un pos o u par un plu ;
dique que les précédents ; — l’interdiction des constructions et des
— enfin, conformément aux lois du 7 jan­ installations, sauf pour les activités et services
LITTORAL
435

publics exigeant la proximité immédiate de cinq ans) ou purement et simplement aban­


l’eau, dans une bande de 100 m à partir du donnés. Ceux de la Réunion, de la Martinique,
rivage ; de la Guadeloupe et de la Guyane sont incor­
— la protection des espaces terrestres et porés aux schémas d’aménagement régionaux,
marins, sites et paysages remarquables ou respectivement approuvés en 1995,1998,2001
caractéristiques du patrimoine naturel et cultu­ et 2002. Le schéma d’aménagement régional de
rel, du littoral : ceci concerne notamment les la Corse, qui doit également intégrer le smvm et
plages et les dunes, les forêts et zones boisées doit être établi par l ’État d’après la loi de
proches du rivage, les îlots inhabités, les par­ décentralisation, est également au point mort
ties naturelles des estuaires, rias, abers et caps, depuis longtemps. La protection du littoral n’a
les plans d’eau et les zones humides, les pas été davantage assurée par les schémas direc­
milieux abritant des concentrations d’espèces teurs, procédure tombée en quasi-déshérence
animales ou végétales, les récifs coralliens et depuis la décentralisation et guère plus par leurs
les lagons, etc.; seuls des aménagements successeurs, les schémas de cohérence territo­
légers y sont autorisés et les travaux y sont riale (les scot), créés par la loi du 13 décembre
soumis à enquête publiqùe ; 2000. Comme ailleurs, la pratique de modifica­
— le classement par les pos (puis par les tion incessante des plans d’occupation des sols
plu) des parcs et espaces boisés les plus (puis des plans locaux d’urbanisme), aggravée
caractéristiques ; par un contrôle insuffisant par les préfets du
— l’interdiction de construire des routes de respect de la loi «Littoral», traduit plus
transit à moins de 2 000 m du rivage, sauf un recul qu’une avancée dans la politique de
nécessité liée à la configuration des lieux ; préservation du littoral, à l’exception notable de
— l’interdiction des terrains de camping et l’action du Conservatoire de l’espace littoral et
de caravanage dans la bande de 100 m ; des rivages lacustres.
— la confirmation et la précision de la servi­ Le bilan de 1999 faisait cependant appa­
tude de passage des piétons de 3 m de large raître quelques éléments positifs :
(sentier du douanier), qui peut être adaptée au — de nombreux pos ont été mis en confor­
plan local, et l’établissement d’une servitude mité avec la loi (mais, alors que les pos doivent
transversale sur les voies et chemins privés (par être remplacés par les plu, cette tâche n ’est pas
décision administrative après enquête publique) achevée) ;
pour permettre l’accès des piétons au sentier du — la construction s’est ralentie dans les
douanier à partir de la voirie existante. communes littorales (mais cela semble sur­
tout dû à une conjoncture économique défa­
Près de vingt-cinq ans après la loi « Littoral », vorable jusqu’en 1997) ;
on peut cependant constater que son application — une approche raisonnable de la qualité
a été modeste. Il est significatif que ce ne soit des eaux et du traitement des eaux usées
qu’en 1999 que l’administration en ait publié semble se faire jour ;
un premier bilan (et le second en 2007), alors — l’action des magistrats administratifs et
que la loi prévoyait un bilan annuel. Aucune les recours des associations ont conduit à une
prescription particulière régionale n’est venue application plus rigoureuse de la loi ;
préciser les dispositions générales de la loi en — quelques atteintes anciennes au domaine
matière de protection. Aucun schéma interré­ public maritime ont été régularisées ;
gional du littoral (prévus par la loi du 4 février mais aussi des points négatifs (en plus des
1995 sur l’aménagement et le développement retards dans l’élaboration des plans prévus) :
du territoire) n’a été entrepris. Les directives — la poursuite de la construction de rési­
territoriales d’aménagement concernant le litto­ dences secondaires dans l’espace touristique
ral n’ont été publiées que tardivement : en 2003 du littoral ;
(Alpes-Maritimes, 2006 (estuaire de la Seine et — la poursuite du recul des terres agricoles
estuaire de la Loire) et 2007 (aire métropoli­ sur le littoral : elles ne représentaient plus, en
taine marseillaise). 11 s m v m avaient été pres­ 1999, que 45 % de la surface des communes
crits, mais seuls ceux de l ’étang de Thau, du littorales, plus 25 % de forêts et 6 % d’étangs,
bassin d’Arcachon, du golfe du Morbihan et du contre 18% d’espace minéralisé (construc­
Tregor-Goëlo ont été approuvés, les autres étant tions et voirie) et 6 % de friches.
toujours en cours d’élaboration (depuis vingt- Le bilan de 2007, réalisé par la diact en
LIVRE BLANC 438;

collaboration avec le Conseil national du lit­ l ’aménagement dans les années 1960, i)
toral, a souligné la forte activité résidentielle exprime bien la volonté de mettre en lumièrè
(530 000 habitants supplémentaires en vingt les priorités de l ’action d ’aménagement -et
ans), économique et touristique, qui s ’est net­ donc d’éclairer la portée et les conséquences
tement accélérée depuis la loi de 1986. Mais de choix qui s ’inscriront dans les documents
le rapport estime que les principes qui ont d ’urbanisme. Historiquement, en France, la
présidé à l’élaboration de celle-ci demeurent pratique très libre des livres blancs est apparue
d’actualité. Selon une enquête de 1986, 94 % avec l ’élaboration des schémas directeurs
des personnes sondées approuvent la loi et d’aménagement des aires métropolitaines (ou
57 % estiment qu’elle a amélioré la situation. grandes agglomérations d ’influence région
Le rapport préconise par ailleurs de lutter nales) puis des sdau . Elle renouvelait sensi­
davantage contre les pollutions diffuses blement les techniques antérieures des
d’origine terrestre, notamment en mettant en rapports établis par l’administration sur l ’amé­
conformité les rejets en mer et de mener une nagement régional (programmes régionaux
approche d ’ensem ble du littoral incluant établis entre 1959 et 1962, en application dé
l ’arrière-pays. la loi du 7 août 1957) ou des études d ’urba­
Dans ces conditions, on ne peut qu’être nisme réalisées par les techniciens de l’amé­
inquiet des assauts répétés, de la part de cer­ nagement urbain. ;
tains élus, visant à «assouplir» la loi « Litto-i Ces documents, par leur caractère mono­
ral». Le gouvernement l ’avait envisagé pour graphique et descriptif, par leur contenu
la Corse, mais ce risque a été provisoirement essentiellement géographique, par leurs proV
écarté. En revanche, un décret paru le positions délibérément orientées vers
30 mars 2004 permet l’installation d’aména­ l ’action et l ’investissement (liste d ’opéra­
gements légers dans les espaces naturels ainsi tions pour les premiers, programme d’urba­
que l’extension limitée des bâtiments et ins­ nisation pour les seconds) faisaient en
tallations nécessaires à l ’exercice d ’activités quelque sorte partie d ’un processus très
économiques. La m ission parlementaire a directif, conduit par l’État et soutenu, sans
également proposé, en 2005, divers assouplis­ contradiction, par les forces locales, plus
sements visant à faciliter la construction dans soucieuses, avec raison, d ’obtenir l’interven­
des espaces protégés par la loi. Les autorités tion locale de l ’État que de discuter ou de
prônent la concertation, mais celle-ci risque mettre en cause les finalités qu’il pouvait
de conduire à une application a minima de la assigner à ses décisions d’aménagement ou
loi de 1986. d ’investissement et les modalités qu’elles
F. D.-D. et P. M. pouvaient prendre.
L’apparition des «livres blancs» dans les
Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres; années 1960 correspondait, sous l ’influence
Directives d'aménagement du territoire; Domaine public;
M e r; Pollution des m ers; Prescriptions d'aménagement et de la datar, a un tournant important dans
d'urbanisme.
la manière de regarder l ’espace français,
son évolution et d ’essayer de l’influencer,
en vue de freiner la centralisation écono­
LIVRE BLANC mique, financière, culturelle, de créer des
pôles régionaux (les métropoles d ’équilibre)
Le terme de « livre blanc » est directement et de combattre le «désert français». Dans
inspiré de l’anglais. Originellement, le White cette optique nouvelle, le livre blanc, établi
Paper est la publication des réflexions et des pour un espace provincial donné, centré
orientations d ’une personne ou d’un groupe, autour de ses plus grandes v ille s ( l ’aire
sur un problème particulièrement sensible, métropolitaine), était d’abord un acte d’in­
dont l ’élucidation est nécessaire à la collecti­ terrogation fondé sur une analyse objective,
vité et dont les conclusions contribuent à voire provocatrice, des réalités, porteur de
orienter et à éclairer l’action de l’exécutif et propositions libérées, autant que faire se
du législatif. Il fait donc le point d ’un pro­ peut, du conform ism e ambiant, local ou
blème dont la solution intéresse l ’ensemble de ministériel.
la collectivité concernée. Par la suite, la technique du livre blanc fut
Apparu en France et dans le vocabulaire de étendue à l ’élaboration des sdau. La publica-
437 LOCALISATION DES ACTIVITÉS

tion du livre blanc consacrait le premier résul­ animation qui semblent poser le plus de diffi­
tat des études. Ces livres blancs, toutefois, cultés. Aujourd’hui, toutes les réalisations de
sont généralement redevenus des exercices ce type dépendent des seules communes et la
classiques de géographie et de prévision, tant tendance actuelle semble être à la reconver­
il est difficile, sans la dénaturer, de systémati­ sion d’anciens bâtiments plutôt qu’à la réali­
ser localement une démarche essentiellement sation de nouvelles constructions, chaque fois
pertinente pour les enjeux majeurs, de portée que cela est possible.
nationale. J. C.
A. G. et M. S.
Équipements publics.

-+ Documents d'urbanisme ; Schéma directeur.

LOCALISATION DES ACTIVITÉS


LOCAL COLLECTIF RÉSIDENTIEL
Cette expression désigne à la fois :
Local d’usage collectif destiné à favoriser — Le processus spontané par lequel les acti­
la vie sociale dans les groupes d’habitation vités choisissent une implantation à l ’échelle
importants. internationale, interrégionale et locale. Aux
Dans le contexte de pénurie de logements facteurs classiques de localisation définis par
des années 1950 et 1960, les créations de nou­ A. Weber (Über den Standort der Industrien,
veaux ensembles d’habitations ont souvent été 1909) (lieu d’origine des matières premières et
conçues comme de simples juxtapositions de centre de consommation formant un polygone,
logements, sans autres espaces collectifs que dans lequel on choisit le point optimal en
les espaces de desserte, ni autres équipements tenant compte des coûts de transport) et à ceux
résidentiels que les écoles, rendant ainsi diffi­ de la géographie industrielle traditionnelle
cile toute vie de voisinage. (l’énergie, les matières premières, l ’eau, le
C’est pour lutter contre cet isolement des chemin de fer), se sont substitués d’abord les
résidents que l ’administration a imaginé concentrations de main-d’œuvre (les villes) et
d’imposer la réalisation de locaux collectifs de les marchés de consommation, puis de nou­
voisinage dans tous les programmes immobi­ velles contraintes de transport (la route, voire
liers importants, particulièrement dans les pro­ l ’aéroport) et enfin, même pour les activités de
grammes sociaux. production, le prestige de l’adresse et la qualité
Ainsi, depuis 1976, tout nouvel ensemblé de l’environnement.
de plus de 200 logements hlm et tout pro­ — Les actions volontaires des pouvoirs
gramme de « zone d’aménagement concerté » publics pour corriger les facteurs spontanés
doit inclure la construction de «locaux col­ précédents. Celles-ci peuvent viser, en parti­
lectifs résidentiels» pour une surface de culier, à assurer la décentralisation des activi­
plancher d’au moins 0,75 m2 par logement tés d’une agglomération trop développée ; ou
(d’où parfois la dénomination de «mètres le développement industriel d’une région
carrés sociaux » que l’on donne à ces réalisa­ jusque-là agricole ; ou encore la reconversion
tions). d’une zone dont les activités dominantes
Ce sont de petits locaux (25 à 200 m2), sont en déclin ou, à l’échelle d’une région
essentiellement polyvalents, ordinairement urbaine, le desserrement vers l’extérieur de
situés au rez-de-chaussée d ’un immeuble celle-ci (Londres, Paris, Silésie).
d’habitation et normalement gérés par des Plusieurs pays - France, Grande-Bretagne,
associations. Ils offrent des lieux de réunion etc. - ont m is au point des mécanismes
ou d’activités de loisir, des ateliers de brico­ d ’autorisation particulière (agrément en
lage, etc. Ils peuvent être utilisés pour des per­ France) pour une implantation (ou une exten­
manences sociales. sion) d’activités dans les régions à déconcen­
Dans un esprit voisin, des «clu b s de trer. D es taxes particulières (redevance en
jeunes», de petite dimension (150-180 m2) et France) peuvent être imposées aux activités
de conception rustique, ont été construits en qui sont néanmoins autorisées à s’y installer.
grand nombre dans les années 1970 avec Plus souvent, on a recours à des aides finan­
l’aide de l’État, mais c ’est leur gestion et leur cières (subventions, primes, allégements fis-
LOCATION
438

eaux, prêts à taux privilégié) en faveur des Les logem ents locatifs représentaient
entreprises qui s’implantent dans les régions F essentiel du parc de logements dans les pays
prioritaires. Dans le cas des grandes entre­ socialistes. Cela a aussi été le cas dans les
prises, l ’État négocie de véritables contrats pays occidentaux pendant longtemps mais
globaux concernant l’ensemble des implan­ l’accession à la propriété, souvent encouragée
tations à moyen terme du groupe concerné. par les pouvoirs publics (prêts aidés, exonéra­
Des négociations assez semblables doivent tions fiscales), se développe rapidement. En
être menées avec les entreprises du secteur France, les locataires représentent un peu
public; l ’exemple de l ’ex-üRss montre moins de 40 % des ménages (pour la résidence
d’ailleurs que même la possession par l’État principale) auxquels on ajoute parfois les 4 %
de tous les moyens de production n ’assure de ménages habitant un logement qui ne leur
pas une répartition optimale des « forces pro­ appartient pas, sans être locataires (ménages
ductives ». logés par l ’employeur ou par leur famille ou
Mais aujourd’hui, la priorité n ’est plus, habitant à l’hôtel).
dans les pays développés, à la recherche d ’une Les locataires ont des revenus plus
répartition équilibrée ou volontaire des activi­ modestes de plus d’un tiers que les proprié­
tés à travers le territoire - encore que ce souci taires et accédants (respectivement 1 900 et
subsiste à l’intérieur des agglomérations - , 3 000 € par mois selon l’enquête nationale sur
mais à l’attraction, et plus souvent au main­ le logement de 2006), habitent des logements
tien, des activités. La délocalisation vers les plus petits (3,0 pièces et 67 m2 contre 4,7
pays à bas coût de main-d’œuvre des indus­ pièces et 109 m2 en moyenne pour les proprié­
tries de main-d’œuvre (textile, habillement), taires) et des appartements (dans 76 % des cas,
puis d’industries de haute qualification (élec­ alors que la proportion est presque inverse
tronique), enfin de services (gestion informa­ chez les propriétaires et accédants).
tique) prive les pays développés d ’une part Il semble qu’il y ait, de plus en plus, deux
significative des activités qui s’y étaient initia­ modèles dominants de rapport au logement :
lement développées. celui des familles, accédant à la propriété, le
P. M. plus souvent d ’une maison individuelle en
périphérie des villes ; et celui des ménages
-> A grém ent; Aménagement du territoire; Décentralisation sans enfants, locataires en majorité, recher­
(des activités); Délocalisation des activités; Desserrement;
District industriel; Économie spatiale; Industrialisation; Parc chant en général un appartement dans les
d'activités; Pôle de compétitivité; Redevance; Science régio­
nale ; Technopôle ; technopole ; Zone industrielle.
centres urbains. La baisse de la nuptialité et de
la fécondité entretient le second modèle, au
moins dans les pays latins, malgré la faveur
dont jouissent la propriété et la maison indivi­
LOCATION duelle. Mais, bien entendu, ces deux modèles
ne sont pas exclusifs d’autres situations.
Contrat par lequel le bailleur met à la dispo­ Le secteur locatif du logement est lui-même
sition du locataire un local pour une certaine souvent pluriel. On rencontre en France :
durée, dans certaines conditions, moyennant — Un secteur à loyers au niveau du marché
un certain prix (le loyer). (encore que les augmentations en soient régle­
La location n’obéit pas à la même législa­ mentées depuis la loi Quilliot de 1982, atté­
tion en immobilier d ’entreprise (décret de nuée par la loi Méhaignerie du 23 décembre
1953) et en habitation. Dans ce cas, il faut 1986 et remplacée par la loi Mermaz-
distinguer la location sociale ( h l m ) et le sec­ Malandain du 6 juillet 1989), qui correspond
teur privé. Ce dernier a connu des systèmes aux logements construits après 1948 (et à ceux
plus ou moins encadrés (loi de 1948) et des construits avant cette date, qui sont sortis
variantes et modifications dans le secteur depuis de la réglementation fixée par la loi du
libre: lois Quilliot (1982), Méhaignerie 1er septembre 1948).
(1986), Mermaz-Malandain (1989). — Un secteur locatif privé à loyers régle­
Du ménage, la location exige généralement mentés, composé d’une offre très disparate en
un effort financier moindre (mais perpétuel) termes de produits (neufs ou anciens) comme
que l ’accession (effort intense mais limité de niveaux de loyers (de très social à proche
dans le temps). du marché): logements encore soumis au
LOCATION
439

régime loi de 1948 ; logements loués en contre­ forme d’un contrat d’assurance proposé au
partie d’aides fiscales (dispositifs «Périssol», bailleur, qui couvre les risques d’impayés de
«Robien», «Borloo populaire», «Scellier») loyers et prévoit des mesures d ’accompa­
ou d’aides à la réhabilitation (conventionne­ gnement et de recouvrement adaptées en cas
ment anah, très social, social ou intermédiaire) : de sinistre. Le risque est garanti par le « 1 %
dans ces derniers dispositifs les propriétaires logem ent» pour les locataires salariés ou
s’engagent pour une durée donnée (6 ou 9 ans) assimilés et par l ’État pour les autres bénéfi­
à pratiquer des loyers dont les plafonds sont ciaires.
fixés par décret, selon un zonage géographique Les différents secteurs locatifs observés en
visant à tenir compte des réalités du marché France n ’existent pas dans tous les pays. Cette
locatif des grandes agglomérations. pluralité du secteur locatif est source de ten­
— Un secteur du logement locatif social, le sions et de fortes disparités. Ainsi en France,
plus souvent construit avec aide financière de dans les grandes villes (Paris surtout), le rap­
l’État (secteur dit hlm). port entre les loyers de logements compa­
Après la loi de 1989 s’est dégagé, pour le rables mais de secteurs locatifs différents
secteur privé, un consensus pour ne plus dépasse souvent 1 à 5, sans que ce soient les
modifier la réglementation des rapports loca­ seuls ménages les moins aisés qui bénéficient
tifs, un accord relatif ayant été trouvé en des logements à loyers réglementés. En outre,
faveur d’un encadrement mesuré des loyers le faible niveau de ces derniers nuit à leur
(système des références de voisinage, en fait entretien par leurs propriétaires. _
assez souple, voire franchement négligé), Les problèmes de location sont donc plutôt
assorti d’une certaine durée garantie au loca­ économiques que juridiques :
taire (un bail expiré est obligatoirement • hausse des loyers du secteur privé perpé­
renouvelé sauf trois possibilités ouvertes au tuellement en avance sur l’inflation générale
bailleur : reprise pour vente, reprise pour habi­ dans les zones tendues ;
tation personnelle, manquement du locataire à • pénurie structurelle à Paris et donc cherté
ses obligations). des loyers, au moins pour les nouveaux venus ;
La forte hausse des loyers dans les années • stagnation ou fonte du locatif privé et,
2000 et les difficultés croissantes des ména­ en tout cas, recul certain de sa fraction
ges à accéder à un logement ont cependant meilleur marché (disparition progressive du
conduit à plusieurs modifications des rap­ « parc social de fait ») ;
ports locatifs à la fin des années 2000. La • appauvrissement relatif des locataires en
loi de mars 2007 instituant le droit au loge­ général (aspirés vers l’accession à la pro­
ment opposable, suivie de celle de février priété) et des locataires hlm en particulier ;
2008 en faveur du pouvoir d’achat et de la • baisse de la mobilité des locataires hlm
loi de mobilisation pour le logement et la (qui ont droit au maintien dans les lieux) et
lutte contre les exclusions ont successive­ donc difficulté d’accueillir des candidats en
ment renforcé les protections des locataires : nombre croissant, non acceptables en acces­
instauration d’un indice de révision des sion et dans le locatif privé cher, et souvent
loyers moins inflationniste (lié à l ’évolution marqués par la crise économique et le chô­
des prix et non des coûts de construction), mage : dans ce cas, la location hlm se complète
réduction du montant du dépôt de garantie à d’une sorte d’« accompagnement social » qui
un mois, instauration d’un tiers payant pour n’était pas a priori dans la fonction de bailleur.
l ’allocation logement, mention obligatoire La stagnation ou la diminution du secteur
de la surface du logement dans le bail, etc. locatif sont préoccupantes parce que la loca­
Ces protections supplémentaires sont en par­ tion reste indispensable, en particulier pour
tie justifiées par l ’instauration d’une garantie faire face à la mobilité résidentielle et fournir
universelle des risques locatifs (grl), visant un habitat aux jeunes et aux ménages en muta­
à sécuriser les revenus des propriétaires- tion géographique ou professionnelle.
bailleurs et la relation locative. Elle vise à Dans les pays en développement, le secteur
permettre aux propriétaires de louer sans locatif, même aidé, conduit à des loyers inac­
risque à un plus vaste panel de locataires et cessibles à la majorité. Celle-ci habite en pro­
de favoriser ainsi le développem ent de priété (souvent par autoconstruction sur des
l ’investissem ent locatif. La grl prend la terrains utilisés illégalement) des logements
LOCATION DES SOLS
446

sommaires, tandis que les locataires appar­ — Le bail à construction, introduit en


tiennent aux classes moyennes. France par la loi du 16 décembre 1964, est
A.-C. Da. et A. M. une convention par laquelle le propriétaire
d’un terrain le loue, pour une durée comprise
-► Habitation à loyer modéré (h l m I ; Logement; Parc de loge­
ments.
entre dix-huit et soixante-dix ans, moyennant
l’engagement par le preneur d’y édifier des
constructions et de les conserver en bon état,
et le paiement d’un loyer. Mise en place à une
LOCATION DES SOLS période de forte tension sur le marché du
logement, cette technique avait pour but pre­
Un terrain, comme tout autre bien écono­ mier de faciliter le lancement d’opérations en
mique, peut faire l’objet d ’un contrat de loca­ incitant les propriétaires à consentir le bail
tion entre le propriétaire-bailleur et le locataire plutôt que de stériliser leurs terrains, tout en
ou preneur. Pour les terres agricoles, ce type fournissant au preneur des facilités particu­
de contrat entre propriétaire et utilisateur- lières pour la bonne réalisation du programme
exploitant agricole est très répandu, sous des de construction ; comme dans le bail emphy­
formes juridiques variables. En France, par téotique, les constructions, sauf convention
exemple, la moitié environ de la superficie contraire, deviennent, au terme du bail, la
agricole utile ( sau), soit 14,5 millions d’hec­ propriété du bailleur.
tares, est donnée en location, soit sous la — La concession immobilière (loi d ’orien­
forme du fermage (paiement d’un loyer), soit tation foncière du 30 décembre 1967), ana­
sous la forme, en déclin, du métayage (paie­ logue dans son principe, offre un cadre plus
ment en nature). On observe dans de nom­ rigide : les stipulations de la concession sont
breux pays un accroissement des garanties d ’ordre public. Cette technique a été surtout
données au fermier, lui assurant une certaine destinée aux activités commerciales.
stabilité dans l ’exploitation des terres. Cet A la fois pour des raisons techniques (pro­
accroissement des garanties du fermier en blème de fin de bail) et pour des raisons
place a conduit à un certain développement d ’ordre psychosociologique et culturelles
des contrats précaires, souvent purement ver­ (réticences devant la distinction entre pro­
baux. Sous le nom de « vente d’herbe », de tels priété d’une construction et propriété du sol
contrats permettent au propriétaire de louer support), aucune de ces deux techniques n ’a
son terrain sans être soumis aux contraintes et connu une grande extension en France.
aux rigidités liées au statut du fermage. A l’inverse, on peut observer la généralisa­
Pour les terrains urbains ou périurbains, ce tion de ces formules de location des sols
type de contrat de location a un objet différent, urbains, par exem ple aux Pays-Bas ou en
puisqu’il consiste à louer le terrain à un Suède, où la constitution d’importantes réser­
constructeur qui, au terme de l ’opération de ves foncières par les municipalités, dès le
construction, transférera le bail avec la propriété début du XXe siècle, les a conduites, pour des
du logement. Ces formules de concession des raisons à la fois financières, sociales et urba­
sols peuvent poursuivre différents objectifs : lut­ nistiques, à généraliser les formules de
ter contre la rétention foncière en créant une concession des sols plutôt que la revente en
incitation vers cette forme de placement pour le pleine propriété. De même, dans un contexte
propriétaire foncier, réduire le coût d’acquisition différent, marqué par l’existence de grands
du logement en évitant la mise de fonds initiale propriétaires privés (landlords), la pratique
correspondant au coût du foncier, permettre à très répandue des baux emphytéotiques (le
des collectivités publiques de rester propriétaires plus souvent de quatre-vingt-dix-neuf ans) a
de terrains tout en concédant leur utilisation. conduit en Grande-Bretagne (et à Londres
Les techniques de location de terrains en particulier) à dissocier les îlots de propriété
urbains ont connu un développement variable (vastes) et les parcelles constructibles
suivant les pays. En France, outre le bail (réduites) : la spécificité de l ’urbanisme des
emphytéotique (dix-huit à quatre-vingt-dix- grandes villes (quartiers géorgiens et victo­
neuf ans) qui reste peu utilisé, deux tech­ riens en particulier) résulte du large usage de
niques particulières ont été introduites depuis ce dispositif. Cette pratique du leasehold tend
1960, avec un succès très limité : toutefois à se réduire depuis la fin du siècle
LOGEMENT
441

dernier, limitant son impact sur la nature des — les habitations mobiles.
formes urbaines. Le logement est une unité fonctionnelle où
l’organisation de l’espace répond aux normes
V. r !
culturelles de la société et de l’époque. Mais
> Action foncière; Rente foncière. la dimension, la forme, l’organisation interne,
le niveau d’équipement du logement sont éga­
lement liés à la structure et au niveau écono­
LOCATIONS TOURISTIQUES mique et social.
... Hébergements touristiques ; Résidence Un logement se caractérise par son type
secondaire (maison individuelle, appartement dans un
immeuble), par ses dim ensions (surface,
nombre de pièces), par son âge (date de
LOGEMENT constmction ou date de réaménagement), par
ses éléments de confort (eau courante, salle
Local ou ensemble de locaux formant un d ’eau, w.-c., chauffage, etc.), par son taux
tout, destiné à l ’habitation, et où habitent d’occupation. On distingue aussi le mode de
ensemble plusieurs personnes, qu’elles aient groupement des logements, leur densité, leur
ou non des liens de parenté entre elles, qui statut d’occupation (propriété des occupants,
constituent un ménage. Dans les définitions location, disposition gratuite, etc.) et leur
de I’insee, il y a correspondance entre un mode de financement.
logement et un ménage. Les membres d’un Le logement actuel est le produit d’une évo­
ménage qui partagent un logement y ont le lution qui a commencé avec l’abri qui proté­
plus souvent des activités communes à l’occa­ geait les populations primitives contre les
sion des repas, des loisirs, etc. intempéries et contre les agressions de la
Le logement peut être unifamilial s’il abrite faune ou de groupes rivaux.
uniquement les membres d’une même famille Le logement urbain est issu du logement
constituée par le couple et ses enfants (noyau rural. Ce dernier se présentait généralement
familial) et éventuellem ent par des ascen­ sous forme d ’une maison avec ses dépen­
dants. Il peut aussi être occupé par plusieurs dances, abritant la fam ille, mais aussi les
noyaux familiaux, liés ou non par des liens de travailleurs attachés à l’exploitation. Le loge­
parenté, ou par plusieurs personnes isolées : ment rural traditionnel s ’adaptait au paysage,
on parle alors de cohabitation. utilisait des matériaux et des techniques
Le concept de logement est plus précis que locales. Le logement urbain est regroupé, soit
celui d’habitation qui est une unité physique, horizontalement sous forme de succession de
identifiée à la maison, rurale ou urbaine, avec maisons contiguës, qui peuvent atteindre des
ses dépendances, et qui peut comprendre plu­ densités élevées (villes médiévales, médinas
sieurs logements (ayant des accès et des équi­ des villes arabes, etc.), soit verticalement,
pements, tels que la cuisine ou la salle d’eau, dans des immeubles regroupant plusieurs
distincts), sans qu’il s’agisse toujours, pour logements et éventuellement d’autres activi­
autant, d’un immeuble collectif. tés (magasins, bureaux, etc.). Le logement
On distingue dans les statistiques : urbain traditionnel dépendait encore des
— les résidences principales, les résidences matériaux locaux (ainsi du rôle de la pierre
secondaires et les logements vacants ; calcaire à Paris ; de celui du bois à Moscou ou
— les logements collectifs correspondant de la brique à Londres). M ais avec les
à des ménages collectifs (communautés reli­ méthodes industrielles de construction, cette
gieuses, hospices de vieillesse, personnel logé dépendance s ’est largement estom pée, le
sur place dans les hôpitaux, les établissements logement urbain ayant tendance à s ’interna­
d’enseignement ou les hôtels, etc.) ; tionaliser, à se banaliser et même à s’imposer
— les logements collectifs correspondant en milieu rural. À l ’inverse, des formes de
à la population comptée à part (non comprise logement rappelant le cadre rural (maison
dans la population municipale): casernes, individuelle isolée) se développent à la péri­
prisons, internats des établissements d’ensei­ phérie des villes (banlieues américaines et
gnement, hôpitaux psychiatriques, chantiers autres), mais aussi urbanisation des abords
temporaires, etc. ; des villages dans les zones proches des agglo­
LOGEMENT-FOYER 442

mérations : ce processus a été baptisé «rurba­ 13 décembre 2000. Le décret du 30 janvier


nisation ». 2002 définit les caractéristiques qu’un loge*
L’organisation interne du logement traduit ment destiné à être loué doit respecter pour
les normes culturelles dominantes, mais est pouvoir être qualifié de décent. Tout locataire
aussi le fruit d’une évolution historique. On d ’un logement loué vide ou meublé peut exi­
distingue les espaces collectifs (salle de séjour) ger de son bailleur le respect de cette décence,
et les espaces privatifs (chambres à coucher), notamment devant le juge d’instance. Inscrite
les pièces sèches des pièces humides (cuisine, dans la loi de 1989 relative aux rapports loca­
salle d’eau), mais l ’organisation de l’espace du tifs ainsi qu’au Code civil, la condition de
logement occidental ne correspond pas néces­ décence d’un logement est d’ordre public et il
sairement au mode de vie d’autres sociétés. ne peut y être dérogé. Le conseil constitution­
L'insuffisance de logements conduit parfois nel a, à deux reprises, affirmé que la possibi­
à l ’utilisation, à des fins de logem ent, de lité pour toute personne de disposer d ’un
locaux non destinés à cet usage et ne remplis­ logement décent était un objectif de valeur
sant pas les conditions d ’habitabilité : constitutionnelle et que l’obligation de mise
constructions sommaires, véhicules hâtive­ en conformité du logement loué répondait à
ment aménagés, etc. On parle alors de loge­ cet objectif.
ments de fortune. L’effectif de ceux-ci, la La décence est définie par trois axes et, en
fréquence de la cohabitation et le taux moyen cela, elle se distingue des différentes normes
d’occupation des logements sont les indica­ d ’habitabilité préexistantes auxquelles elle
teurs les plus fréquents de la situation du loge­ s ’est substituée ; une surface ou un volume
ment dans un quartier, une ville ou un pays. habitables minimaux, l’absence de désordres
La politique du logement est l ’ensemble des pouvant porter atteinte à la santé ou à la sécu­
mesures prises et des moyens mis en oeuvre rité des occupants et l ’existence d ’équipe­
par les pouvoirs publics pour adapter l’offre ments minimaux de confort. Parallèlement, le
de logement aux besoins. Elle comporte des Code de la sécurité sociale a précisé que la
mesures réglementaires (normes d ’habitabi­ décence d ’un logement était une condition de
lité, de confort), des recherches techniques et versement des aides personnelles au loge­
économiques, la mise au point de mécanismes ment.
de financement et de dispositions fiscales La contestation de la décence d ’un loge­
visant à encourager et à orienter la construc­ ment a donné lieu à une abondante jurispru­
tion de logements. dence qui a permis de bien cerner les contours
P. M. de cette notion et son champ d ’application.
Cependant, la notion de décence est complexe
Appartement ; Maison individuelle ; Ménage ; Normes d'habi­
tabilité et de confort; Parc de logements; Résidence princi­
et donne souvent lieu à des commentaires qui
pale. tendent à séparer en catégories étanches les
notions de logement décent et d’habitat indi­
gne, lesquelles visent les conditions d ’habita­
LOGEMENT-FOYER —» Foyer ; Maison tion exposant leurs occupants à des risques
de retraite pour leur santé ou leur sécurité et dont, en
conséquence, le traitement relève des pou­
voirs de police administrative exercés en ces
LOGEMENT SOCIAL —> Aide à la pierre ; matières par les maires et les préfets. Or, si
Habitat ouvrier; Habitation à loyer modéré seul un locataire ou un organisme versant des
(hlm) aides personnelles au logement peut contester
la décence d’un logement et que seul le juge
judiciaire est compétent en la matière, il n’en
LOGEMENT DÉCENT demeure pas m oins que si la non-décence
d’un logement tient à l’exposition des occu­
Le principe pour toute personne de disposer pants à des risques ou dangers, l ’autorité
d’un logement décent a été posé par la loi du administrative est alors concurremment com­
31 mai 1990 dite loi Besson. Son contenu et pétente pour édicter toute mesure de police
ses sanctions juridiques ont été définis par la administrative nécessaire. Il résulte logique­
loi Solidarité et renouvellement urbains du ment de cela que tout logement situé dans un
LOGEMENT OPPOSABLE
443

immeuble insalubre ou menaçant ruine nè nistratif en référé. Celui-ci peut condamner


peut être considéré comme décent. l ’État à reloger le requérant, sous astreinte, le
montant de celle-ci alimentant le fonds régio­
N. B. nal d’aménagement urbain destiné à favoriser
-► Insalubrité; Logement opposable; Norm es d'habitabilité et la construction de logements sociaux.
de confort. Ce droit a été ouvert, dès 2008, aux catégo­
ries prioritaires de demandeurs que sont les
personnes privées de logem ent, m enacées
LOGEMENT OPPOSABLE d’expulsion sans relogement, hébergées tem­
porairement, logées dans les locaux impropres
La notion de « logement opposable » est à l’habitation, ou présentant un caractère insa­
entrée dans le débat public à l’initiative des lubre ou dangereux, ainsi que les ménages
associations œuvrant dans les domaines du avec enfants mineurs et les personnes
logement, de la pauvreté et de l ’exclusion handicapées ou ayant à charge une personne
sociale. Elle entend répondre, en particulier, handicapée et logés dans des logements mani­
au défi des « sans-dom icile fixe » et des festement suroccupés ou non décents. Le
expulsions liées à l’explosion des loyers et à droit de recours devant le tribunal administra­
la crise du logement. Elle est largement inspi­ tif leur a été ouvert le 1er décembre 2008. La
rée de l’expérience britannique, notamment loi de mobilisation pour le logem ent du
en Écosse. La loi sur le droit au logement 25 mars 2009 a prévu qu’un quart des loge­
opposable (dalo) du 5 mars 2007 a été prépa­ ments réservés par les collecteurs du 1 %
rée - rapidement - dans un contexte de forte logement devaient bénéficier à des ménages
tension politique et sociale. Ce droit constitue prioritaires au titre de la loi dalo. À compter
le prolongement du droit à un logem ent du 1er janvier 2012, les mécanismes du droit
décent et indépendant institué par la loi du au logement opposable seront étendus à toutes
31 mai 1990 (dite loi Besson). Ce droit, quali­ les autres personnes éligibles au logement
fié d’opposable, marque une nouvelle étape social qui n ’ont pas reçu de réponse à leur
Hans révolution des droits à caractère social demande de logement après un « délai anor­
en ce qu’il est sanctionné par une obligation malement long».
de résultat et que les personnes peuvent s’en Un comité de suivi a été créé par la loi. Il
prévaloir devant les tribunaux. produit des rapports réguliers permettant
Le principe du droit au logement oppo­ d’avoir des données précises quant aux condi­
sable consiste à ouvrir un recours amiable et, tions d’application de la loi. Fin 2009, plus de
le cas échéant, contentieux aux personnes 120 000 recours avaient été déposés depuis
ayant effectué une demande de logem ent l’ouverture de la procédure (on en attendait
social et en remplissant les conditions, qui 600 000) concernant une demande de loge­
n’ont reçu aucune proposition, soit au terme ment pour 110 000 d’entre eux et pour près de
d’un délai «anormalement long», soit sans 10 000 une demande d’hébergement. La géo­
délai lorsqu’elles relèvent des catégories prio­ graphie des dossiers reflète bien les situations
ritaires définies par la loi. Le cas échéant, un du marché du logement: l’île-de-France en
hébergement doit leur être proposé. représente 63 % (mais seulement 37 % des
Ce droit est un droit à un logement locatif logements attribués), dont près du tiers à
social et n’est opposable qu’à l’État. Celui-ci Paris ; 10 départements ont enregistré plus de
assume donc seul la charge de l’obligation de 50 dossiers par m ois (Bouches-du-Rhône,
logem ent ou de relogement lorsque la Nord, Loire-Atlantique, Rhône, Var, Haute-
comm ission départementale de médiation, Garonne, Hérault, Alpes-Maritimes, Isère et
organe indépendant dont les décisions Gironde), 58 départements en ont enregistré
s’imposent au préfet, a désigné les personnes une moyenne inférieure à 10 par mois. Les
auxquelles un logement doit être attribué en commissions ont jugé irrecevables 70 % des
urgence. La personne dont la demande de demandes. 12 500 ménages ont été logés ou
logement ou d ’hébergement a été reconnue hébergés. Près de 3 000 recours contentieux
comme prioritaire par cette commission, et qui ont été déposés et le juge a donné satisfaction
n’a pas reçu d’offre adéquate de logement ou au requérant dans plus des trois quarts des cas.
d’hébergement, pourra saisir le tribunal admi­ Les astreintes accordées par les juges sont
LOGEMENT VACANT
44 $

faibles (en moyenne 3 € par jour), ce qui peut plus souvent qu’ils ne sont pas là où ils
dissuader les demandeurs et diminuer la pres­ pourraient trouver un occupant. De plus, les
sion exercée sur l’État. logements vacants sont en majorité anciens,
Le comité de suivi estime que l’accessibilité souvent petits et mal équipés et il s ’agit pour
du droit au logement reste un objectif qui n ’est plus de la moitié d’appartements.
que partiellement atteint, du fait d’un déficit Après examen des statistiques disponibles,
persistant d ’information et d ’assistance aux on peut classer la vacance en trois ou quatre
demandeurs. Indépendamment du bilan quan­ catégories, com binées selon des dosages
titatif de la loi, de l’appréciation que l ’on peut divers : , ,|
porter sur ses ambitions (le droit français au — Vacance de rotation : un logement est
logement opposable est infiniment plus ouvert simplement vide entre deux habitants. C ’est
qu’en Écosse, par exemple) et des problèmes pour cette raison que le taux de vacance des
posés par le risque accru de concentration de studios est quatre fois celui des cinq pièces:;
populations démunies ou fragiles dans des la succession des occupants y est plus rapide
quartiers d’habitat social déjà paupérisés, on et les phases d ’inoccupation plus fréquentes.
peut cependant espérer que ce nouveau droit La vacance est donc une conséquence de la
sera un accélérateur de l ’action publique, à la mobilité résidentielle, en particulier dans les
fois pour construire des logements sociaux (la appartements du secteur locatif privé.
contestation de l ’obligation pour les villes — Vacance de dévalorisation : ceci affecte,
d ’avoir 20 % de logements sociaux est close) par exemple, les régions en déclin écono­
et des places d ’hébergement ou pour lutter mique, le rural profond non revendiqué par
contre l ’habitat insalubre ou dangereux. les résidences secondaires, certains ensembles
N. B. hlm stigmatisés, certains quartiers vétustes
des villes moyennes : dans ce cas, la vacance
-* Expulsion ; Insalubrité ; Logement décent.
est durable par insuffisance de la demandé
s’adressant au patrimoine de logement.
—- Vacance de transformation : entre deux
LOGEMENT VACANT états, un logement reste vide. Ceci peut cor­
respondre à des travaux (temps nécessaire
Logement qui n ’est occupé ni à titre princi­ pour installer le confort), à des changements
pal (en permanence par un ménage), ni à titre de statut (une famille laisse vide après le
secondaire (de façon intermittente par un départ d’un locataire car elle va loger un de
ménage disposant, par ailleurs d ’une rési­ ses membres), à des successions (le logement
dence principale). Un logement vacant est du défunt attend la décision des héritiers), à
donc un logement vide, au moins temporaire­ des opérations commerciales ou urbaines
ment. Le nombre de logements vacants, qui (marchands de biens et aménageurs laissant
augmentait lentement depuis le recensement vide avant de démolir ou de réhabiliter, pro­
de 1968 a baissé entre les deux derniers recen­ moteurs « portant » des invendus).
sements. Il est estimé, en 2006, à 1 950 000 Faut-il invoquer en outre une vacance de
selon le recensement et à 1 850 000 selon rétention, qui concernerait les logements déli­
l ’enquête nationale sur le logement. bérément laissés vides. Ceci est discutable. Ce
Beaucoup d’idées fausses circulent sur les n ’est jamais l’intérêt d ’un propriétaire de lais­
logements vacants, attisées par l ’aspect cho­ ser un logement ne rien produire. Mais il est
quant de maintenir des logements inoccupés, vrai que les propriétaires personnes physiques,
quand les m al-logés ou les sans-logis se les marchands de biens ou les aménageurs
comptent par milliers. Une de ces idées serait laissent parfois durablement un logement sans
qu’il y aurait une vacance permanente d ’un occupant. Plusieurs raisons à cela ;
parc de logements s’éternisant dans leur inoc­ • la longueur des opérations d’urbanisme,
cupation. En réalité, la vacance est le plus même dans une conjoncture prospère ;
souvent un état transitoire affectant tour à tour • la protection accordée aux locataires par
les diverses fractions du parc. Tout logement les lois successives et la fréquente non-
a été, est ou sera vacant. exécution des décisions d’expulsion : certains
En outre, quand les logements sont, de propriétaires feraient rentrer des locataires
façon réelle, durablement vacants, c ’est le pour quelques mois ou une année (en atten-
445
LOI D'ORIENTATION POUR LA VILLE

dant démolition ou réhabilitation) s’ils étaient LOGICIEL —> Information et urbanisme


sûrs de pouvoir les faire sortir ;
• la fiscalité: pour certains propriétaires
personnes physiques, la vacance ne coûte pas LOI D'AMÉNAGEMENT ET D'URBANISME
grand-chose dans la mesure où le revenu loca­ -> Bruit ; Littoral ; Mer ; Montagne ;
tif éventuel (effet de tranche marginale) aurait Prescriptions d'aménagement et d'urbanisme
été frappé à un taux d’imposition élevé ;
• l’effet du cycle conjoncturel de l’immo­
bilier: vers 1996 par exemple, de nombreux LOI D'ORIENTATION FONCIÈRE -* Droit
logements ou immeubles entiers étaient de l'urbanisme ; Plan d'occupation des sols
« gelés » chez les marchands de biens ou les (pos) ; Schéma directeur
banquiers dans l’attente d’un redémarrage des
affaires.
• Il y a donc une vacance d’attente, mais il LOI D'ORIENTATION POUR LA VILLE (LOV)
ne faut pas en exagérer la portée.
Mener une véritable politique des loge­ Loi promulguée le 13 juillet 1991 et dont les
ments vacants est très difficile : 90 % des loge­ objectifs généraux sont précisés dans le titre I :
ments vacants appartiennent à des personnes mettre en œuvre le droit à la ville par les actions
physiques dont la gestion n ’est pas nécessaire­ des collectivités territoriales et leurs groupe­
ment orientée vers le profit immédiat (projets ments, l ’État et les établissements publics
de vente ultérieure, souci de logement fami­ propres à assurer à tous les habitants des villes
lial) et ces propriétaires sont souvent réfrac­ des conditions de vie et d’habitat favorisant la
taires à tout système contraignant (comme le cohésion sociale et de nature à éviter ou à faire
bail à réhabilitation prévu par la loi Besson). disparaître la ségrégation spatiale. Cette loi
En outre, il n’existe pas de liste de logements doit permettre d’insérer chaque quartier dans la
vacants et les autorités, malgré la pression de ville et d’assurer dans chaque agglomération la
certains groupes militants, répugnent, sauf coexistence des diverses catégories sociales.
exception, à recourir à la réquisition pour ne La loi organise une meilleure prise en compte
pas décourager l’investissement locatif privé. des problèmes de l’habitat dans les documents
En 1999, une taxe a été instituée sur les loge­ d’urbanisme et les opérations d’aménagement,
ments vacants tels que les services fiscaux l’accent étant mis sur les aspects sociaux et
peuvent les connaître, c ’est-à-dire déclarés urbains du logement, de façon à limiter le
tels par leurs propriétaires, notamment pour développement d’agglomérations urbaines à
éviter de payer la taxe d’habitation. Mais cette fortes ségrégations sociales. Enfin, la préoccu­
taxe ne concerne que les grands sites urbains pation foncière marque fortement cette loi, éla­
et les logem ents dont le propriétaire n ’a borée au plus fort de la flambée des prix
pas engagé d’effort pour les vendre ou pour fonciers et immobiliers en 1990.
les louer. La loi résulte de réflexions menées par des
Les logements vacants ne constituent donc experts sur les problèmes fonciers, ceux des
pas une sorte de «gisem ent» qui serait réel­ quartiers anciens ou ceux des grands ensembles,
lement vaste et d’exploitation aisée et, s’il mais aussi d’une proposition de loi émanant de
est nécessaire de mener une politique de M. Malandain. Cette dernière pose deux prin­
logement pour les plus démunis, il ne suffit cipes qui sous-tendent toute la loi. Le premier
pas, si l ’on peut le formuler ainsi, de vouloir est celui de la nécessaire prise en compte réci­
installer les personnes sans logement dans proque des problèmes d’habitat dans l’urba­
les logements sans personnes. Mieux vau­ nisme, et d’urbanisme dans les politiques du
drait comprendre comment se comportent les logement, mettant ainsi en cause la séparation
bailleurs et trouver les incitations (fiscalité, des législations et des financements, facteur de
aide aux travaux, rapports locatifs) les ame­ dysfonctionnements locaux, accentués par les
nant à remettre plus rapidement en service conséquences de la répartition des compétences
un logement temporairement vide. issue des lois de décentralisation de 1983. Le
second est celui selon lequel la production de
A. M.
logements sociaux devrait être prise en compte
-> Démunis (logement des) ; Logement ; Mobilité résidentielle. en tant que telle dans les opérations d’aménage-
LOI D'ORIENTATION POUR LA VILLE 44®

ment, au même titre que les équipements les grandes agglomérations urbaines, des
publics, et être financée dans les mêmes condi­ obligations de résultat sont im posées aux
tions. Cette proposition novatrice, qui fit l ’objet communes sous peine de contribution obliga­
de nombreux commentaires, financiers ou idéo­ toire. ;
logiques, avait un double objectif, celui de per­ En second lieu, est créé un mécanisme origi­
mettre une offre diversifiée de logements nal, parafiscal, pour favoriser la réalisation de
sociaux dans tout aménagement et de rompre logements locatifs sociaux dans toute opéra*
ainsi avec les logiques du « zonage », et celui de tion de construction : la participation à la diver­
contourner la question du financement de la sité de l ’habitat, à la charge du constructeur;
charge foncière du logement social. participation financière ou en nature, le méca­
La même philosophie inspira la réflexion nisme étant d’encourager cette dernière forme.»
relative aux quartiers anciens : éviter les effets Deux autres titres de la loi traitent respecti­
ségrégationnistes de l’excessive revalorisa­ vement du maintien de l’habitat, et notam­
tion immobilière liée aux opérations de réha­ ment de l’habitat à vocation sociale, dans les
bilitation dans les centres-villes, et conserver quartiers anciens et de l ’évolution des grands
à ces quartiers la relative mixité de la popula­ ensembles avec la création d’outils juridiques
tion et des activités, qui en font une sorte de et financiers spécifiques (programmes de réfé­
« m o d èle» de ville. Elle inspira aussi la rence, règlements de p o s adaptés, fiscalités
réflexion relative à la nécessaire évolution spécifiques).
des grands ensembles vers plus de mixité des Un autre titre traite de la politique fon­
populations et des activités. cière, stricto sensu, et, à cette fin, crée un
On voit apparaître deux pôles autour des­ nouvel outil - l’établissement public foncier -
quels s ’articule la loi: d ’un côté, le souci et modifie le régime des droits de préemption
d’assurer la mixité de l ’habitat dans les diffé­ dans différents cas de figure.
rents types de quartiers d’une agglomération ; Votée sans opposition au Parlement, on a
de l ’autre, celui de trouver de nouvelles pu estimer que cette loi ambitieuse, trop peut-
réponses à la lancinante question foncière, être, était mort-née, les délais d’application de
d’autant plus à l ’ordre du jour que 1990 a ses mesures les plus novatrices ou les plus
connu des pics de prix fonciers et immobiliers. contraignantes ayant été repoussés jusqu’à
Enfin, apparaît aussi le souci de l ’État leur abandon, dès 1993. Les obligations des
d’éviter que la décentralisation de l’urbanisme communes en matière de logement social,
et de l ’aménagement au bénéfice des com ­ emblèmes de cette «m ixité» sociale qui fut
munes ne s ’effectue au détriment de toute l ’axe politique de la loi, furent en même
solidarité nationale entre communes riches et temps allégées. La loi Carrez du 21 janvier
communes pauvres, entraînant ou confortant 1995 relative à la diversité de l’habitat a sup­
les ségrégations spatiales et rendant impos­ primé le mécanisme de la participation à la
sible toute politique du logement, et en parti­ diversité de l ’habitat. Seuls ont subsisté
culier du logement social. La loi a donc posé quelques grands principes généraux et
des principes généraux d ’urbanisme et de quelques outils, tels que le programme local
solidarité en matière de politique locale de de l ’habitat ( p l h ) o u les établissements
l’habitat, opposables à toutes les communes, publics fonciers, qui ne connurent, cependant,
et créé des mécanismes coercitifs pour cer­ pas les développements attendus. Sur tous ces
taines d’entre elles. points et, en particulier sur l’obligation pour
En premier lieu, le titre intitulé « D e les communes des agglomérations urbaines
l ’équilibre de l ’habitat dans la ville et les d ’offrir au moins 20% de logements sociaux,
quartiers » a pour objectif d’engager les col­ la loi Solidarité et renouvellement urbains du
lectivités locales à définir de véritables poli­ 13 décembre 2000 reprend les dispositions de
tiques locales de l ’habitat. Les moyens utiles la l o v en tentant de les rendre plus efficaces :
sont en premier lieu l’obligation de prendre celles-ci n ’ont pas été modifiées par la loi
expressément en compte les besoins d’habi­ Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003.
tat dans les différents documents d ’urba­
nisme, grâce notamment à l ’élaboration de N. B.
programmes locaux de l ’habitat ( p l h ) avec
Grand ensem ble; hlm ; Programme local de l'habitat; Réha­
une procédure et des objectifs précisés. Dans bilitation; Ville.
447
LOISIRS

LOI SOLIDARITÉ ET RENOUVELLEMENT loisirs dits domestiques), dans des équipe­


URBAINS (SRU) - » Carte communale; Droit ments couverts ou de plein air prévus (salles de
de l'urbanisme; Plan local d'urbanisme (plu); spectacles, terrains de sport par exemple) ou
Schéma de cohérence territoriale préservés (espaces verts) à cet effet. Ces limi­
tations ne reposent sur aucune base théorique.
La progression du temps libre est récente ;
LOISIRS au cours des deux derniers siècles. Elle a porté
successivement (avec des recouvrements) sur
Activités menées pendant le temps dont on la durée de travail quotidien, sur les vacances,
dispose librement. sur l’élargissement du repos hebdomadaire et
Cette définition, simple en apparence, pose sur la durée de la vie active. Son utilisation
de nombreuses questions. D ’une part, si en n ’allait pas de soi : Le Play prévoyait que le
première approximation, le temps libre temps libéré serait avant tout consacré à des
s’oppose au temps de travail, il n ’en constitue activités spirituelles et sociales ; les revendica­
pas le complément : de nombreuses activités tions ouvrières mettaient l ’accent sur la
non professionnelles s ’imposent physio­ récupération de la force de travail ; et le mou­
logiquement ou socialement : sommeil, repas, vement paternaliste a tenté de guider l’utilisa­
hygiène, activités domestiques, achats cou­ tion du temps libre vers des activités jugées
rants, déplacements obligés, soins aux saines et socialement peu dangereuses (les jar­
proches, etc. Le temps libre a cependant ten­ dins ouvriers, la promenade à bicyclette, etc.).
dance à augmenter avec la réduction de la En fait, une large partie de l’accroissement du
durée de travail, comme le montrent les (trop temps de loisirs a été consacrée, à la faveur du
rares) enquêtes sur les budgets-temps. Le développement des modes de transport, à des
temps libre des Français dépasse désormais le loisirs extérieurs.
temps consacré aux activités professionnelles. Les pratiques de loisirs ont des consé­
Son importance quantitative et les enjeux quences importantes sur l ’organisation de
(sociaux, économ iques, culturels, idéolo­ l ’espace. D ’une part, elles ont été à l ’origine
giques, voire politiques) liés à son utilisation de la multiplication des équipements de super­
avaient justifié en 1981 la création éphémère structure de caractère culturel (théâtres, mai­
d’un ministère du Temps libre. sons de la culture), ludiques (restaurants) ou
Les loisirs ne représentent qu’une utilisa­ les deux à la fois (cinémas, m aisons de
tion parmi d ’autres du temps libre. Ils ne jeunes). De même, le développement des loi­
peuvent non plus être réduits aux activités de sirs sportifs est à l ’origine des besoins et de
récréation. Le sociologue Joffre Dumazedier a l ’effort d ’équipement - particulièrement
montré que le loisir impliquait libre choix, rapide en France entre 1960 et 1975 - des
désintéressement, plaisir et individualisation. salles de sport (gymnases et autres), des ter­
Le libre choix n’exclut pas des déterminismes rains de sport, des patinoires, des piscines,
sociaux ou autres ; le désintéressement ne etc. Enfin, les loisirs ont largement pris la
s’oppose pas à la recherche d’un enrichisse­ forme de loisirs de plein air - à différentes
ment personnel ; le plaisir à un effort éventuel échelles tem porelles et spatiales - et ont
(sport, certaines activités culturelles ou contribué à rendre la population plus sensible
sociales) ; l ’individualisation à des activités à la préservation des espaces naturels et aux
menées collectivement. préoccupations environnementales, apparues
On peut distinguer parmi les loisirs selon les dans l ’opinion autour de 1970.
échelles temporelle et spatiale de leur déroule­ Enfin, l ’augmentation du temps libre et le
ment. On réserve parfois le terme de loisirs à souci de développer les loisirs a conduit à
des activités de durée limitée (quelques l ’essor du tourisme, c ’est-à-dire d ’activités
minutes, quelques heures ou au maximum de loisirs ou comportant une telle dimension
quelques journées), par opposition à des (congrès par exemple) exercées en dehors du
périodes d’interruption de la vie profession­ cadre de résidence habituel. Pratique d’une
nelle (vacances, retraite). On réserve aussi par­ minorité aisée et instruite, le tourisme s’est
fois l ’expression de loisirs à des activités peu à peu, mais dans l ’ensem ble tardive­
menées dans le cadre de vie habituel (le loge­ ment, banalisé - en France, les congés payés
ment et les espaces qui en dépendent pour les légaux ont eu en 1936 une immense valeur
LONGUE DURÉE 448

sym bolique, mais ce n ’est que dans les vent négligé ou détruit ces structures de longuë
années 1970 que la moitié des Français sont durée et minimisé leur importance comme sup­
partis en vacances - pour devenir une pra­ ports de traditions et de pratiques sociales.
tique de masse dans les pays développés. Les
lieux, les modes d ’hébergement, lesactivités F. C.
exercées (y compris le repos conçu comme - » Decum anus; Histoire; Morphologie (urbaine); Parcellaire.
refus de toute activité) répondent à un sys­
tème de valeurs où l ’individu peut exprimer
ses préférences (repos, rupture avec la rou­ LOT
tine professionnelle et fam iliale, dépayse­
ment, distraction, mais aussi présence de Le lot est une portion de terrain, le plus sou­
parents ou d ’amis), mais celles-ci sont large­ vent de forme géométrique (carré, rectangle où
ment conditionnées par une offre en partie autre) qui, associée à d’autres, égaux ou équi­
contrôlée par des intérêts économiques et par valents, permet de former un lotissement. Il a
des modes créées par les classes aisées, voire vocation à être attribué à une personne phy­
par des propagandes éducatives et politiques. sique ou morale, de droit privé ou public : c ’est
P. M. donc une unité sociale de répartition des
espaces, un élément de la morphologie urbaine.
-> Activités touristiques; Budget-tem ps; Tourisme. Il se distingue de la parcelle, unité cadastrale
qui peut avoir des formes extrêmement variées.
L’origine du lot remonte à l ’Égypte
LONGUE DURÉE ancienne: les crues du N il, en apportant
chaque année un nouveau limon qui effaçait
Cette expression doit sa fortune à F. Braudel les limites de propriété, donnaient aux arpen­
(«Histoire et sciences sociales, la longue teurs et aux géomètres la possibilité de redéfi­
durée», Annales ESC, n° 4, 1958) qui, dans la nir des lots. En Occident, c ’est la colonisation
«dialectique de la durée telle qu’elle se grecque qui, à la fin du vme siècle avant J.-C.,
dégage... de l’observation répétée de l’histo­ conduisit à la distribution de lots réguliers aux
rien », distingue des « temps multiples et contra­ émigrés grecs, afin de mettre en place un tissu
dictoires » et souligne « la valeur exceptionnelle urbain : le lot urbain était alors ce qui était
du temps long ». La longue durée lui sert ainsi à nécessaire à l ’installation d ’une famille
caractériser certaines structures (sociales, men­ (Voikos : deux adultes et les enfents) dans un
tales, économiques, etc.) qui, masquées par le espace de 120 m2 environ; composé de une à
temps court de l’histoire événementielle, n’en trois pièces ouvrant sur une cour avec un puits
constituent pas moins « les éléments stables (Mégara Hyblaea, près de Syracuse) : ce sont
d ’une infinité de générations » dont ils per­ des files de lots de ce type qui ont permis vers
mettent d’éclairer les comportements. le milieu du VIIe siècle avant J.-C. l’apparition
Cette notion, devenue indispensable aux his­ d’îlots urbains, l’îlot étant la future unité limi­
toriens, est particulièrement pertinente en tée par des espaces de circulation (mes), qui est
matière d’aménagement de l’espace, ainsi que donc le résultat d’un processus de fusion des
l ’indiquait Braudel lui-même, signalant « la lots primitifs. C ’est le chef du groupe (oikistès)
durable implantation des villes, la persistance qui procédait à la répartition. La plus ancienne
des routes et des trafics, la fixité surprenante du attestation du mot grec signifiant lot (oikope-
cadre géographique des civilisations». don) se trouve sur une inscription d’Himère
G. Roupnel (Histoire de la campagne fran­ (Sicile) du début du VIe siècle avant J.-C.
çaise, Paris, 1932) a pu faire remonter au Néo­
lithique nombre de nos chemins ruraux ; plus M. G.
tardives, les grandes routes de l’Empire romain -* îlot; Lotissement; Parcellairé; Tissu urbain.
ont déterminé les axes de la circulation euro­
péenne, et le tracé viaire des villes romaines
reste souvent lisible aujourd’hui dans celles LOTISSEMENT
qui leur ont succédé. De même, le parcellaire
médiéval est demeuré présent dans nombre de Division d ’une propriété en vue de l’im­
villes européennes. Les urbanistes ont trop sou­ plantation de bâtiments, ayant pour objet, sur
449 LOTISSEMENT

une période de moins de dix ans, de porter à désireuses d’acquérir ou d’exproprier des lots
plus de deux le nombre des parcelles invendus ou mal équipés. Ces dispositions
constructibles. Cependant, les opérations qui législatives ne dégagent pas les lotisseurs de
ressortissent à une autre procédure (afu auto­ leurs responsabilités. Le souci du législateur
risée, zac, restauration immobilière, résorp­ était donc principalement de garantir les ache­
tion de l ’habitat insalubre, etc.) sont exclues teurs éventuels. La loi du 15 juin 1943 a pris
du champ du lotissement. désormais en compte les aspects urbanistiques
Le législateur a voulu réglementer les d’un aménagement purement privé à l’origine ;
divisions de propriétés entre les deux guerres et le décret du 26 juillet 1977 (modifié par
mondiales, en raison du développement anar­ celui du 14 mars 1986) a consacré définitive­
chique de la construction périurbaine. Consti­ ment le caractère opérationnel du lotissement
tuant de véritables « opérations d’urbanisme », et son intégration dans l ’aménagement de
les lotissements ont contribué, en particulier, à l’ensemble du territoire communal.
l’extension des «banlieues pavillonnaires». Si cette évolution des fonctions attribuées
Mais la surdensification et le sous-équipement aux lotissements a été ainsi marquée par une
de certains lotissements avaient abouti à de intervention, progressive mais continue, des
nombreux «lotissements défectueux» et les pouvoirs publics dans leur régime juridique,
deux lois du 14 mars 1919 (qui ne fut pas la faveur des propriétaires et des acquéreurs a
appliquée) et du 19 juillet 1924 mettaient fin à été, elle, assez fluctuante. Très nombreux
la liberté de lotir, imposant au lotisseur la créa­ entre les deux guerres, les lotissements se
tion d ’équipements collectifs avant de sont raréfiés au lendemain de la seconde
commercialiser les lots. Mais la loi de 1919 guerre mondiale. Ils ont connu un regain
n’était pas rétroactive et ne comportait aucune d’intérêt très sensible à l’occasion du déve­
sanction; la loi de 1904, plus efficace, fut loppement de l ’habitat individuel et de la
cependant souvent tournée par les lotisseurs résidence secondaire. En 1981, plus de
qui se retiraient de l ’association syndicale, 10 000 autorisations ont été délivrées, repré­
après avoir vendu les lots, et sans avoir réalisé sentant 115 000 logements. La loi de 1983,
les équipements prévus. La loi Sarraut du adaptant au nouveau contexte de la décentra­
15 mars 1928 a dû prévoir le financement lisation les règles concernant l ’autorisation,
a posteriori de ces équipements dans les lotis­ ne modifia pas les règles de fond de leurs
sements défectueux, pour 50 % par subven­ régimes. En 2000, ces nombres étaient sensi­
tions de l’État et pour 50 % par les associations blement plus faibles, bien que les services du
de « mal lotis », qui pouvaient emprunter sur ministère de l’Équipement soient dans l ’inca­
dix ans auprès d’une Caisse départementale pacité de le chiffrer, ou même de l ’estimer.
des lotissements défectueux. Différents textes,
regroupés dans l’article L 317-1 à 15 du Code L’arrêté de lotissement a un triple objet :
de l’urbanisme, témoignent de la nécessité de autoriser la division du terrain, sous réserve de
« l ’amélioration de certains lotissem ents» certains travaux, en vue de la vente ; approuver
(intitulé du chapitre VIII du titre consacré aux des documents et leur conférer un caractère
opérations d ’urbanisme dans le livre III réglementaire; édicter des dispositions à
«Aménagement foncier»). caractère réglementaire. La procédure est
Ces dispositions n’ont plus qu’un intérêt his­ proche de celle du permis de construire. Elle
torique puisque, depuis une loi du 31 décembre est de la responsabilité du maire si la commune
1973, il ne peut plus être créé d’associations a un pos ou un plu approuvé depuis plus de
syndicales à cette fin. Outre les règles particu­ six mois, du préfet dans le cas contraire. Le
lières de fonctionnement de ces associations, délai d’instruction est, sauf cas particulier, de
ces articles contiennent surtout des disposi­ trois mois.
tions financières : subventions de l ’État (leur Le dossier de la demande d’autorisation de
montant s’élevait jusqu’à 1974 à 92 millions lotir comprend :
de F pour un millier d’opérations), prêts de — une note de présentation de l’opération,
caisses départementales, autres participations. précisant les mesures prévues pour assurer
Ces subventions, depuis la loi du 31 décembre son insertion dans l’environnement ;
1976 portant réforme de l ’urbanisme, pou­ — un plan de situation du terrain, un plan
vaient être accordées par l’État aux communes de l’état actuel de celui-ci et de ses abords et
LOTISSEMENT 458 :

un plan précisant la composition d’ensemble de lotir. Les documents du lotissement, et


du projet, faisant apparaître les parcelles pré­ notamment le cahier des charges, peuvent être
vues pour des équipements ou des usages modifiés: ,
collectifs, le plan et le programme de travaux — à la demande d’une double majorité (trois
de ceux-ci et,des indications sur leur gestion quarts des colotis possédant les deux tiers de la
future, les plantations à conserver ou à créer surface ou l’inverse) si cette modification est
(en revanche, la division en lots n’est pas compatible avec les règles d’urbanisme ;
obligatoirement indiquée, car elle peut être — de plein droit par l’administration pour
modifiée en cours d’opération) ; être mis en concordance avec le pos o u le plu
— une étude d’impact pour les lotisse­ approuvé depuis ou pour tenir compte d’une
ments de plus de 3 000 n r de surface hors opération déclarée d’utilité publique.
œuvre nette situés dans une commune non
couverte par un pqs ou un plu ; L’analyse approfondie du régime du lotisse­
— le règlement de lotissement, s’il existe ment fait apparaître des emprunts tant à celui
(il a alors valeur de règle d’urbanisme de des zones d ’aménagement concerté, puisque
nature administrative), ce qui est facultatif c’est une opération d’urbanisme, qu’à celui du
depuis le décret de 1977 ; permis de construire, puisque, soumis aux
— facultativement, le cahier des charges, règles générales d’urbanisme en l ’absence
document juridique à caractère contractuel. d ’un document local, il doit impérativement
L’autorisation de lotir, prise dans les respecter le pos ou le plu, s’il en existe un.
mêmes conditions que le permis de construire, Aujourd’hui, le lotissement constitue, avec la
précise la composition de l ’opération et la sur­ zone d’aménagement concerté (zac), un grand
face hors œuvre nette maximale constructible. instrument « de droit commun » de l’urbanisme
Elle peut comporter des prescriptions quant opérationnel. La dimension du périmètre amé­
au nombre de lots et à la division en lots. nagé ne les différencie pas nécessairement (le
Elle peut comporter le règlement du lotisse­ lotissement était traditionnellement plus res­
ment, un programme de travaux à exécuter, treint, mais cette distinction s’estompe avec la
la délimitation des emplacements réservés pratique récente des «mini-ZAC»), mais plutôt
à des équipements publics, les participa­ le type d ’habitat (en majorité individuel en
tions demandées au lotisseur pour la réalisa­ lotissement, collectif en zac). Si des lotisse­
tion d ’équipements publics. Son refus doit ments communaux peuvent être créés, l’initia­
être motivé. Un sursis à statuer motivé, de tive des lotissements demeure principalement
deux ans maximum, est possible. privée, alors que celle des zac est nécessaire­
La réalisation du lotissem ent comporte ment (au moins formellement) publique. On
l ’exécution des travaux de viabilisation des relèvera enfin que le problème de la maîtrise
terrains et d’aménagement (espaces verts, foncière préalable à l’aménagement différencie
etc.) et des équipements prévus, puis la aussi les deux régimes : dans le lotissement, le
commercialisation des lots. Depuis le décret lotisseur est propriétaire, alors que, dans la
de 1977, celle-ci peut être entreprise, sous cer­ zac, l’organisme aménageur devra le plus sou­
taines conditions, avant l’achèvement des tra­ vent acquérir les terrains par voie de préemp­
vaux, ceci afin de ne pas alourdir les charges tion. Pour un lotissement communal, ceux-ci
financières des lotisseurs. D es délais sont pourront éventuellement l ’être par voie
impartis. Un contrôle est assuré et des certifi­ d’expropriation.
cats de réalisation des travaux et d’achève­ Au total, la procédure de lotissement a
ment complet sont délivrés par l’autorité qui a connu un grand succès, inégal selon les
délivré l’autorisation (le maire ou le préfet). époques. Les deux grandes périodes de lotisse­
Le co s s ’applique à l’ensemble du lotisse­ ments ont été l ’entre-deux-guerres et depuis
ment et non à chaque lot (depuis la loi du les années 1980 : la réforme de financement du
22 juillet 1987). Les équipements sont la pro­ logement, intervenue en 1978, a en effet favo­
priété indivise des acquéreurs de lot s’ils sont risé l’accession à la propriété de maisons indi­
moins de cinq, d’une association syndicale des viduelles bon marché, donc sur des terrains
colotis dans le cas contraire. Le règlement peut peu chers, le plus souvent en périphérie
être incorporé au pos ou au plu après la vente urbaine. Les lotissements ont représenté près
du dernier lot ou cinq ans après l’autorisation de la moitié des constructions de maisons indi­
461 LYCÉE

viduelles. Cette procédure a reflué depuis la fin de rénovation de Paris suscitaient la création
des années 1980 avec le recul de la construc­ de nombreuses associations de la défense des
tion, un moindre engouement pour l’habitat locataires. Entre 1968 et 1973, l’approfondis­
individuel et l’apparition des « mini-ZAC ». sement de la crise du logement a suscité, en
France, comme dans d’autres pays, de nom­
P. M. et Y. P.
breux mouvements à caractère revendicatif
►Banlieue; Lot; Parcellaire; Permis de construire; Zone dont la formation a fait l’objet d’analyses par
d'aménagement concerté ( z a c ). des sociologues urbains (M. Castells, Luttes
urbaines, Paris, 1973).
Dans les pays dépendants, les luttes des
LOTISSEMENT DÉFECTUEUX — Banlieue; « sans-logis » ont également pris une exten­
Lotissement ; Permis de construire ; sion considérable, en particulier en Amérique
Urbanisme opérationnel latine, par exemple au Chili, dans les années
1960 et 1970. Toutefois, les revendications
concernant la vie quotidienne des squatters
LOYER -> Location (pobladores), organisés en junta de vecinos,
ne visaient pas seulement l ’amélioration de
l ’habitat, mais celle de la santé, de l ’éduca­
LUTTE ANTIBRUIT — Bruit tion, de l’alimentation, ainsi que la lutte contre
l’alcoolisme, la délinquance et la prostitution.
Aujourd’hui, les luttes urbaines semblent
LUTTE ANTIPOLLUTION -* Pollution avoir perdu de leur importance dans les pays
atmosphérique ; Pollution des eaux développés où les revendications tendent à se
continentales; Pollution des mers focaliser sur les problèmes écologiques et ren­
voient aux significations et aux incidences du
développement économique sur l’environne­
LUTTE CONTRE LES RISQUES NATURELS ment (luttes antinucléaires, par exemple). On
-> Risque naturel constate également une évolution de l ’action
sociale qui perd sa dimension collective anté­
rieure. Si, pour certains, cette transformation
LUTTES URBAINES des luttes est interprétée comme une démobili­
sation et un renforcement de l ’individualisme,
Expression désignant les conflits qui, dans pour d’autres (A. Touraine), on assiste à une
le cadre de l’industrialisation des sociétés et évolution de la nature et du sens de l ’action
du développement urbain, opposent les inté­ vers une dimension plus culturelle, avec le
rêts des classes dominantes à ceux des usa­ passage de la société industrielle à la société
gers, du point de vue global du « droit à la postindustrielle. Ces changements témoignent
ville » décrit par H. Lefebvre. Ces conflits de l’émergence de nouvelles formes de mobi­
peuvent être très divers et toucher à tous les lisation tournant autour de la défense de l ’indi­
aspects de la vie quotidienne : logement, trans­ vidu comme sujet, acteur de son action.
ports, environnement, vie sociale et écono­ C. M.
mique avec ses incidences sur l ’espace.
Dans les pays développés, c ’est surtout -> Conflit social.

autour du problème du logement que se sont


manifestées les revendications. En France,
dès le début des années 1960, les opérations LYCÉE -+ Collège et lycée
U*.
M

MAGASIN totalisant 7 millions de m2 de surface de


vente, soit une moyenne de 1 280 m2).
Initialement, lieu de rangement et de • L’hypermarché, plus important (2 500 à
conservation de marchandises (ex. : magasin 10 000 m2, voire plus, de surface vente), offrant
à blé). Le plus souvent, le magasin désigne le une gamme de produits plus diversifiés, à prix
lieu de vente de produits à la clientèle. On faibles, en libre service, en général situé à la
compte, en France en 2007,407 000 points de périphérie des agglomérations, entouré de vastes
vente dont 82 % de moins de 120 m2 de sur­ espaces de stationnement, correspondant à des
face de vente, 11 % de 120 à 400 m2 et 7 % de besoins hebdomadaires ou occasionnels (ils
plus de 400 m2.On peut distinguer : sont, en 2007, 1 459, totalisant 8 275 000 m2,
• L’échoppe : petite construction en planches, soit près de 5 700 m2 en moyenne : 190 d’entre
adossée contre un mur, en voie de disparition en eux dépassent 10000 m2).
ville, mais qui subsiste dans les marchés. • Le magasin populaire (1 000 à 5 000 m2
• La boutique : lieu d’étalage et de vente de de surface de vente) est de conception plus
petite dimension, généralement au rez-de- ancienne: généralement situé au centre des
chaussée d ’un immeuble (avec réserves à Villes, offrant, à prix modéré, des produits
l’arrière ou en sous-sol), tenu par un proprié­ alimentaires et non alimentaires (vêtements,
taire ou un gérant, seul ou avec l’aide des papeterie, etc.) à rotation rapide: on en
membres de sa famille ou d’un nombre réduit compte, en 2007, 272, offrant une surface
de salariés ; elle correspond à la quasi-totalité moyenne de vente de 1 830 m2 (soit environ
des magasins de moins de 120 m2 et à 500 000 m2 au total).
quelques-uns de ceux de 120 à 400 m2, soit • Le grand magasin (2 500 à plusieurs
350 000 points de vente environ, totalisant dizaines de milliers de mètres carrés de
près de 20 millions de m2 de surface de vente. vente) proposant une gamme très diversifiée
Par opposition à ces formes traditionnelles de produits dans des rayons spécialisés (l’ali­
de magasins, on appelle «grandes surfaces» : mentaire y est peu représenté) : initialement
• La supérette, magasin de 120 à 400 m2 localisés (dès le xixe siècle) au centre des
de surface de vente, en libre service, destiné grandes villes, ils ont, depuis quarante ans,
aux besoins quotidiens (alimentaire essentiel­ ouvert des succursales (grands magasins
lement) d’une clientèle de voisinage : elle «juniors») dans les centres commerciaux
constitue la majorité dès 45 000 magasins de périphériques régionaux ; ils répondent à des
cette catégorie de taille, soit près de 10 mil­ besoins occasionnels. Il y en a, en 2007, 100
lions de m2 de surface de vente (220 m2 en offrant une surface moyenne de 7 550 m2 (soit
moyenne); 755 000 m2 au total). .
• Le supermarché: magasin d’une surface • Le centre commercial régional (plusieurs
de vente de 400 à 2 500 m2, en libre service, dizaines de milliers de m2) - implanté en
vendant encore surtout des produits alimen­ périphérie des grandes agglomérations, en un
taires, qui a une aire d’influence plus large lieu bien desservi (près d’un accès autorou­
(on en dénombre, en France en 2007, 5 478, tier), et si possible très fréquenté, mais offrant
MAGASIN POPULAIRE

de vastes espaces de stationnement - rassem­ MAGASIN POPULAIRE -► Magasin


blant dans une construction unique, autour
d’une véritable voirie intérieure, succursales
de grands magasins (en général aux extrémi­ MAIL —►Espace public ; Paysage
tés pour attirer la clientèle vers les autres
points de vente) ou de magasins populaires,
hypermarchés, nombreuses boutiques : il cor­ MAIN-D'ŒUVRE -► Population active; Travail i
respond à des besoins occasionnels.
• Les grandes surfaces spécialisées, dont la
surface de vente peut être élevée, présentant des MAIRE -* Commune
produits d’un seul type, offerts par une ou plu­
sieurs entreprises : meubles, électroménager,
textile, parfumerie et parapharmacie, bricolage, MAISON DE LA CULTURE
jardinerie, sport, culture et loisirs, jouets, voire Salle de spectacle
antiquités (Louvre des antiquaires).
On appelle : . ■i
— surface de vente la partie d’un magasin MAISON DE QUARTIER -► Centre
accessible au public ; socioculturel; Intégration des équipements
— surface commerciale, l’ensemble des sur­
faces du magasin : surface de vente, stockage,
bureaux, services divers. Elle représente envi­ MAISON DE RETRAITE
ron 2 fois la surface de vente (moins de 1,5 fois
pour un supermarché ou une boutique tradition­ Les maisons de retraite sont des lieux
nelle ; 2,5 fois pour un grand magasin). d ’hébergement collectif de personnes âgées
On considère généralement qu’il convient qui assurent une prise en charge globale de la
de prévoir une surface totale de 1 m2 de personne. Ce n ’est qu’une des formes d’héber­
commerce par habitant (dont 0,5 à 0,6 m2 de gement des personnes âgées : les autres formés
surface de vente) à l’échelle d ’une aggloméra­ importantes sont, outre les résidences princi­
tion, mais la ventilation à l’échelle du quartier pales ordinaires, les services de soins de
et du voisinage (dans un rayon de marche de longue durée des établissements de santé et les
500 m) ne peut être codifiée car elle dépend logements-foyers. Au recensement de 1999,
beaucoup de l’ancienneté et de la structure du 16,2% de la population avait plus de 65 ans
tissu urbain et de l’organisation des transports. (dont 8,4 % plus de 75 ans et 2,2 % plus de
On appelle encore : 85 ans). Environ 7 millions de personnes, dont
— fonds de commerce, les biens incorpo­ beaucoup de personnes âgées, vivaient seules.
rels liés à l’exercice d’une activité commer­ Plus de 95 % des personnes de 75-79 ans rési­
ciale (en principe, à l’exclusion de la valeur daient à leur domicile, plus de 90 % des 80?
des locaux); 84 ans, plus de 80 % des 85-89 ans et encoré
— négoce, un commerce important, de 64 % des plus de 90 ans. ;
gros ou de détail. Certaines de ces personnes âgées peuvent
Par ailleurs, les entrepôts sont des locaux bénéficier (sous condition de revenu) de l’aide
où sont stockées provisoirement des marchan­ aux personnes âgées ( a p a ) : leur nombre croît
dises. Ils sont souvent implantés près des com­ rapidement et approche, en 2009, 1,2 million
merces de gros, dans des zones d ’activités de personnes (dont plus de 60 % vivant à leur
industrielles ou dans les ports ou aéroports. domicile, les autres dans un établissement. Dé
Les entrepôts sous douane, destinés à des mar­ même, quelque 460 000 personnes bénéficient
chandises en transit international, sont fré­ d ’une aide ménagère (financée le plus souvent
quents dans les ports et aéroports, voire dans par une caisse de retraite, dans un cas sur vingt
des usines travaillant pour l’exportation avec par l’aide sociale). Le coût total des aides aux
des marchandises importées, évitant d’acquit­ personnes âgées représentait, en 2008, pour le
ter des droits de douane. budget de l’État, environ 11,5 milliards d’€
P. M .
(1,4 pour l ’hospitalisation de longue durée,
4,8 pour les maisons de retraite, 4,7 pour I ’ a p a
- » Com m erce; Urbanisme commercial. et 0,6 pour l’aide ménagère).
455 MAISON INDIVIDUELLE

Les divers établissements d ’hébergement On constate cependant un ralentissement


pour personnes âgées offraient, au 1er janvier de l ’augmentation du nombre de places,
2004 un total de 677 500 places (700 000 alors que le nombre de personnes âgées aug­
environ en 2010), ce qui correspondait à un mente rapidement. Par ailleurs, la médicali­
lit pour 13,9 personnes de plus de 65 ans ou sation progresse dans les établissements
pour 7,2 personnes de plus de 75 ans). publics (maisons de retraite et logements-
Les hôpitaux de longue durée (ce qu’on foyers).
appelait autrefois les hospices) accueillent les Ces hébergements font appel à un personnel
personnes ayant perdu leur autonomie et dont important, et pas seulement dans les établisse­
l’état nécessite une aide constante en matière ments de santé : on compte 40 emplois envi­
de soins et pour les gestes de la vie quoti­ ron (équivalents temps plein) pour 100 lits
dienne ainsi qu’une surveillance médicale dans les maisons de retraite et 15 environ dans
constante. 866 hôpitaux publics (520 centrés les logements-foyers.
hospitaliers et 346 hôpitaux locaux) offrent P. M.
environ 68 000 lits et quelque 125 établisse­
ments privés en proposent 7 000 environ, soit - » Foyer ; Hôpital ; Vieillissement d'une population.

un total de 75 000 lits, dont 94 % sont occupés


par des personnes de plus de 65 ans.
Les maisons de retraite accueillent des per­ MAISON DES JEUNES. MAISON DES JEUNES
sonnes âgées dans un cadre qui leur convient ET DE LA CULTURE -♦ Centre socioculturel
et les entourent de personnel compétent pour
s’occuper des gestes quotidiens qui sont par­
fois plus difficiles, voire impossibles, à exé­ MAISON INDIVIDUELLE
cuter seul. Ges personnes peuvent être déjà
en perte d’autonomie ou encore autonomes. Construction destinée à l’habitation et occu­
Les premières sont accueillies dans des mai­ pée par un seul ménage.
sons qui doivent être médicalisées pour pou­ En France, et de façon générale dans les
voir être conventionnées. On compte au total pays latins, la maison individuelle n ’est plus,
quelque 6 500 maisons de retraite, dont envi­ depuis la grande vague d’urbanisation qui a
ron 2 700 publiques, plus de 2 000 privées à accompagné la révolution industrielle, le
but non lucratif et environ 1 600 privées à but mode d’habitat dominant en milieu urbain : si
lucratif. Ces maisons de retraite offraient, au les 15 252 000 maisons utilisées comme rési­
1er janvier 2007, 451 000 lits (respectivement dences principales en 2006 représentent 57 %
235 000,135 000 et 80 000 envirôn). du parc de celles-ci, elles ne constituent que
Les logements-foyers (chambres ou studios 23 % de celui de l’agglomération parisienne
indépendants disposant de locaux collectifs (28 % dans la région Ile-de-France) et à peine
ont été en majorité construits au cours des 40% de celui des autres agglomérations de
cinquante dernières armées avec des finance­ plus de 100 000 habitants. Après avoir repré­
ments destinés au logem ent locatif Social. senté les deux tiers de la construction au début
Leurs occupants paient un loyer et peuvent des années 1980, elles n ’en constituaient plus
y mener une vie plus autonome qu’en mai­ qu’à peine la moitié au début des armées 1990,
son de retraite. On recense plus de 3 000 foyers mais sont redevenues nettement majoritaires
pour personnes âgées offrant environ au cours des dernières années (près des deux
170 000 places. Les deux tiers de ces foyers tiers actuellement).
ressortissent au secteur public, un peu plus du Elles sont occupées très majoritairement
quart au secteur privé à but non lucratif. par des propriétaires ou des accédants à la
Il faut encore mentionner : propriété : près de quatre nouveaux accédants
— 71 000 personnes faisant l’objet de sur cinq achètent actuellement une maison
soins à domicile ; individuelle. Ceci traduit un goût certain
— les résidences avec services, en général pour ce mode d’habitat, facilité par les prêts
coûteuses, destinées à des personnes valides, aidés à l’accession à la propriété et les prêts
autonomes, seules ou en couple, qui pro­ conventionnés, puis par les prêts à taux zéro.
posent une situation intermédiaire entre le Il faut cependant interpréter avec la plus
logement personnel et la maison de retraite. grande prudence les enquêtes qui évaluent
MAISON SOLAIRE 48*!.,

une proportion de ménages préférant ce MAITRE D'ŒUVRE ,,


mode d ’habitat : les questions posées
négligent, en effet, le prix et la localisation Le maître d ’œuvre est la personne physique :
du logement. ou morale à qui le maître de l’ouvrage confie le i
Le parc de maisons individuelles est sou­ soin d’établir le projet et d’en contrôler l’ex écu j,■
vent ancien (m aisons rurales, mais aussi tion. C’est un professionnel de la construction,:
pavillons de l ’entre-deux-guerres) et peu architecte, ingénieur-conseil, bureau d’études,
confortable : ceci ne vaut évidemment pas cabinet d ’ingénierie. Il est rémunéré par lg ,
pour les constructions récentes. Les maisons maître de l’ouvrage en fonction de la missiorj
individuelles sont, en moyenne, plus vastes qui lui est confiée. Plus précisément, son rôle 1
(4,8 pièces et 111 m2 en 2006) que les appar­ consiste à s ’assurer que le programme esj ■
tements (2,9 pièces et 66 m2). viable et réalisable eu égard au terrain et à sop
C ’est un habitat qui concerne toutes les environnement ; à concevoir le projet et à eçt,
établir les pièces écrites et dessinées en respeéj ( |
catégories sociales (52 % des cadres et profes­
tant la réglementation, les règles de l ’art, le pro- ■
sions intellectuelles, 54% des professions
gramme et le coût d’objectif fixé par le maître
intermédiaires, 56% des ouvriers), mais sur­ de l’ouvrage ; à introduire les demandes d'auto­
tout les employés (66 %) et qui comporte plus risation administrative (permis de construire
de familles avec enfants (2,5 personnes en par exemple) ; à préparer le dossier de consulta­
moyenne contre 2,0). La maison individuelle tion des entreprises ; à participer à la négocia- :
est le plus souvent (dans quatre cas sur cinq) tion avec les entreprises et à la mise au point du
occupée par son propriétaire (dans un cas sur marché ; à s’assurer que les travaux sont exé­
quatre pour les appartements). cutés conformément aux clauses du marché ; à
La construction récente des maisons indivi­ proposer les versements d’acomptes aux entre­
duelles est le fait de promoteurs-constructeurs prises ; à assister le maître de l’ouvrage lors des ■i
(les « nouveaux villages ») pour 9 % (en forte opérations de réception des travaux. i
baisse), de commandes individuelles pour 6 % Il peut y avoir un maître d’œuvre unique ou m
(en très forte baisse) et surtout d’entrepreneurs plusieurs maîtres d ’œuvre se répartissant la
(85 %, en hausse sensible), ce qui comporte tâche selon leurs spécialités respectives; ce ,
beaucoup de modèles répétitifs et industrialisés deuxième cas se présente lorsque intervient un i
livrés directement par les constructeurs (38 %). bureau d ’étude, pour les aspects techniques, i
Sur le plan de l’urbanisme, la maison indi­ ou des ingénieurs-conseils, pour les ouvrages
viduelle, qui occupe beaucoup d’espace (cinq ou équipements techniques (chauffage, élec­
à dix fois plus qu’un appartement en tricité par exemple) ; mais le bureau d ’étude
moyenne), pose de nombreux problèmes mal ou les ingénieurs-conseils peuvent aussi inter­
maîtrisés. Elle coûte plus cher à la collectivité venir comme sous-traitants d’un maître d’œu­
en infrastructure (voirie, v r d ) , favorise vre unique, seul interlocuteur du maître de
l’usage de l’automobile (car elle est rarement l ’ouvrage. L’habitude, en France, est que dans
située à proximité des transports en commun), ce cas ce soit l’architecte qui joue ce rôle.
Le terme A’ingénierie recouvre l’ensemble
consomme plus d’énergie de chauffage. Il est,
des professions faisant usage des connais­
en outre, plus difficile d ’assurer à ce mode
sances de l ’ingénieur: bureau d ’étude,
d’habitat un niveau satisfaisant d ’équipe­
ingénieur-conseil mono ou pluridisciplinaire,
ments publics (scolaires, sanitaires, etc.). Sur­ techniciens de l’économie de la construction
tout, la tendance récente à la construction ou métreurs vérificateurs, géomètres-experts
dans l’espace rural («m itage») ou en conti­ (pour une part de leur activité). Lorsque la
nuité des villages anciens (« rurbanisation ») mission ne comporte pas le suivi des travaux,
entraîne une dégradation des paysages ruraux. on parle de mission dé conception.
A. M. et P. M. Un décret du 28 février 1973 a précisé les
modes de désignation et de rémunération de
-> Logem ent; Parc de logem ents; Résidence principale; Rési­ l ’ingénierie et de l’architecte ainsi que les
dence secondaire; Rurbanisation.
missions qui peuvent leur être confiées.
P. Ch.
MAISON SOLAIRE -► Énergie
-> Architecte ; Étude de définition ; Maître d'ouvrage ; Marché de
et environnement travaux.
«7 MAÎTRISE FONCIÈRE

MAITRE D'OUVRAGE fin d’outils présentant souplesse et autonomie


de gestion a donné naissance à des solutions
Le maître de l ’ouvrage d’une opération de très variées. Dans des pays où les collectivités
construction est le client. C ’est la personne locales ont été regroupées et disposent de
physique ou morale qui décide de réaliser moyens techniques et financiers importants
l’opération, qui en fixe le programme, qui dis­ (Suède et Pays-Bas par exemple), les com ­
pose du terrain, qui réunit le financement, qui munes elles-mêmes jouent le rôle d ’opérateur
paie, qui fixe le calendrier, qui choisit les pro­ foncier et conduisent à une municipalisation
fessionnels chargés de la réalisation (le des sols plus ou moins étendue. Une fois équi­
concepteur du projet, le ou les entrepreneurs, pés, les terrains acquis par les collectivités
le contrôleur technique et parfois même les locales peuvent être revendus en pleine pro­
fabricants de produits), qui signe les marchés priété à des constructeurs ou donnés à bail.
et contrats d’étude et de travaux. Il a une fonc­ En France, les acquisitions foncières des
tion essentielle ; il ne fait pas, mais il fait faire. collectivités locales ont été financées à partir
Il n’est pas nécessairement un technicien de la de 1958 par des avances du fonds national
construction, mais il doit connaître les rôles et d ’aménagement foncier et d ’urbanisme
responsabilités des spécialistes auxquels il fait ( f n a f u ) et par les sociétés d’économie mixte
appel et il doit veiller à ce que chacun joue son ( s e m ) , en général contrôlées par une collecti­
rôle. Il arbitre les conflits éventuels. On dis­ vité locale (commune ou département), aux-
tingue parfois deux principales missions dans quellès la Caisse des dépôts et consignations
la maîtrise d’ouvrage : la direction d’investis­ apportait les financem ents et sa filiale, la
sement et la conduite d’opération. La direction Société centrale d ’équipement du territoire,
d’investissement concerne la responsabilité les moyens techniques.
financière et de programmation ; elle ne peut L’idée de contractualiser les relations entre
pas être déléguée, ce qui n ’exclut pas le recours l ’État et les collectivités locales a conduit à
aux conseils de spécialistes, par exemple pour élaborer à partir de 1975 des conventions plu­
l’établissement du programme. La conduite riannuelles, les «programmes d’action fon­
d’opération est plus technique : elle concerne cière » incluant un financement incitatif sous
les phases d’étude et d’exécution du projet ; forme d’une subvention d’État de 30 % du
elle implique des relations directes et régu­ montant des acquisitions. Une trentaine de
lières avec les professionnels choisis et l’arbi­ ces programmes ont été mis en œuvre, concer­
trage des conflits éventuels ; elle implique de nant 26 agglomérations et 8 départements.
contrôler que les intervenants accomplissent Mais la loi du 2 mars 1982 prévoyant la dis­
bien leur mission, la détermination des droits à parition des subventions de l’État aux collec­
paiement, la réception des travaux à leur achè­ tivités locales a mis un terme à cette politique
vement. La conduite d ’opération peut être contractuelle, les som mes correspondantes
déléguée par contrat à une entité juridiquement étant maintenant fondues dans la dotation glo­
distincte du directeur d’investissement: on bale d’équipement.
parle alors de maîtrise d’ouvrage déléguée. Pour des opérations d’aménagement straté­
La crise économique des années 1970-80 giques au niveau national, l'État a m is en
a mis en évidence le rôle fondamental que place différents établissements publics agis­
prend le maître d’ouvrage dans les périodes sant en son nom :
de récession. — l’Agence foncière et technique de la
' P. Ch.
région parisienne ( a f t r p ) , créée en 1962, qui
a reçu pour mission d’assurer par ses interven­
Étude dè définition; Maître d 'œ u v re ; Marché de travaux; tions la mise en œuvre du schéma directeur
Programme de construction.
d ’aménagement et d ’urbanisffié de la région
parisienne, et plus particulièrement les acqui­
sitions foncières pour la réalisation des cinq
MAÎTRISE FONCIÈRE villes nouvelles ; '
— les missions d’aménagement du
La double préoccupation d’assurer une cer­ Languedoc-Roussillon et de la côte Aquitaine
taine maîtrise des collectivités publiques sur le pour maîtriser les opérations de développe­
développement urbain et de disposer à cette ment touristique sur ces zones littorales.
MANUFACTURE

D ’autres établissements publics d ’État ont Il ne doit pas être confondu avec : >; tjlj
ensuite été créés, financés par une fiscalité • l’agent immobilier qui met en contact des '
ad hoc, la « taxe spéciale d’équipement », dont acquéreurs et des vendeurs ou des bailleurs et >
le plafond est voté chaque année par le Parle­ des locataires ; •> j;l
ment. Successivement ont ainsi été créés l’Éta­ • l’administrateur de biens (gérant ou sym L |
blissement public de la Basse-Seine ( e p b s ) en die) qui a reçu un mandat de gestion d’un . ■
1967, celui de la Métropole lorraine ( e p m l ) en propriétaire bailleur ou occupant ; < jj !
1973, du Nord-Pas-de-Calais en 1990, de • le promoteur immobilier qui construit et ; '
l ’Ouest-Rhône-Alpes en 1998, de la région vend des immeubles neufs, encore que la ,
Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2001, etc. distinction avec la réhabilitation lourde soit jj
D ’autre part a été introduite, en cohérence parfois complexe, ce qui rapproche les deux Iji
avec la décentralisation, par la loi d’orientation professions. il
pour la ville de 1991, modifiée sur ce point par Le marchand de biens a un statut essen tiel jJ
la loi Solidarité et renouvellement urbains de lement fiscal: l’opération d’achat et reventq j
2000, un cadre incitatif pour développer des est considérée comme une unité financière et I
établissements publics locaux. Le principe est le professionnel est taxé (selon une tva spét i j
alors qu’ils engagent dès l ’acquisition des cifique) sur la marge brute réalisée. Il est )
conventions de rachat avec les collectivités donc, à l’achat, exempté des droits d’enregis- !
locales concernées. Après un développement trement. . 1J
laborieux, la création s’en est accélérée depuis La profession est de nature commerciale et
quelques années, en concomitance avec le d’accès relativement ouvert, le marchand de ;
développement de la bulle immobilière. Mais biens travaillant à ses risques et profits avec ]jj
un certain nombre de ces e p f locaux restent ses fonds propres et des soutiens bancaires. ,s jj
dans une certaine mesure des coquilles vides. La marge, essence même de l ’achat- .
Les acquisitions foncières publiques revente, implique des transformations et des . j
peuvent également avoir pour objet de proté­ circonstances favorables. >j
ger de l’urbanisation des espaces naturels qu’il Trois transformations se pratiquent entre ;j
importe de conserver à l’état naturel. De telles achat et revente : jj
interventions peuvent être le fait d'organismes — technique : installation du confort sani- ij
de droit privé (fondations américaines, Natio­ taire dans des logements anciens encore sous- j
nal Tmst en Grande-Bretagne) ou d’établis­ équipés, création d’ascenseurs, digicodes et |
sements publics comme, en France, le autres équipements communs, rattrapage
Conservatoire de l ’espace littoral et des d’entretien (ravalement, toiture, etc.) ; d
rivages lacustres, créé en 1975 pour mener -— juridique : achat en bloc d’un immeuble, .!
une politique foncière de sauvegarde du litto­ création d’une copropriété et revente par lots ; 'j
ral : financé sur dotation budgétaire, le Conser­ — locative : congé et éviction des locataires . ;j
vatoire a acquis, au 1er août 2009,125 000 ha souvent très anciens (avec indemnité), afin de j
(dont 104 000 en métropole) représentant récupérer et revendre des logements vides. j
1 330 km de rivage (dont 1 050 en métropole). Diverses circonstances jouent en faveur du 1j
’ V. R. marchand de biens : ;
■— le droit locatif: qui n’a ni prévu ni |t|
-> Acquisition foncière; Action foncière; Conservatoire de organisé l ’interruption anticipée des baux et
l'espace littoral et des rivages lacustres; Établissement
public foncier; Expropriation; Préemption; Réserves fon­ défend mal les occupants contre les évictions
cières. abusives ;
— le goût de la propriété : le professionnel
achète du locatif pour revendre en accession,
MANUFACTURE -* Usine le plus souvent à des propriétaires occupants ;
— l ’inflation immobilière: acheter pour
revendre est d ’autant plus facile que les prix
MARCHAND DE BIENS montent pendant la même période : à Paris,
entre 1986 et 1990, les logements se valori­
Le marchand de biens est un professionnel saient de 25 % par an ; les professionnels ont
de l’immobilier qui acquiert un bien existant afflué, avec le soutien complaisant du sys­
en vue de le revendre avec bénéfice. tème bancaire.
469 MARCHÉ

Plus généralement, les marchands de biens marchands de biens. Toutefois, l ’activité en


encourent de fréquentes critiques relatives : habitat ancien se réduit (les normes de confort
• aux locataires des immeubles acquis sanitaire étant en voie de généralisation) et
occupés : menaces, intimidations, chantiers abu­ l ’activité en habitat récent (logements anté­
sifs pour obtenir leur départ par tous les moyens ; rieurs à 1980 vendus par les bailleurs institu­
• aux acquéreurs : réalisations de travaux tionnels) tend à la supplanter, certains
bâclés et superficiels ; marchands de biens se spécialisant dans la
• à la conjoncture immobilière dans les vente par appartements (dite « à la découpe »).
zones spéculatives, les professionnels utili­ Leur activité est en recul et leurs opportunités
sant (et contribuant à produire) des phases de se réduisent. Ils sont ainsi peu intervenus dans
hausse des prix exacerbées, inévitablement la phase de hausse des prix de 1998-2008
suivies de baisses brutales ou de longues contrairement à ce que l’on avait constaté à la
stagnations; fin des années 1980.
• au logement en général : participation au A, M.
recul du secteur locatif privé et en particulier de
celui qui loge les ménages à bas revenu, créa­ -> Copropriété; Cycle de l'immobilier.
tion de copropriétés souvent ingérablès, dans
des immeubles non conformes aux normes.
Bien entendu, tous les marchands de biens MARCHÉ
n’encourent pas les mêmes reproches et leur
intervention est parfois bienvenùe : ils sont Lieu public, couvert ou en plein air (ou en
des acquéreurs naturels dans le cas de familles partie les deux), où on fait commerce de mar­
(à la suite d’une succession) ou d’investis­ chandises. Les marchés, forme traditionnelle
seurs institutionnels voulant récupérer rapide­ de lieu de vente, sont encore la forme prépon­
ment la valeur d’un immeuble. dérante de lieu d’échanges dans les pays en
Mais la situation a été jugée suffisamment voie de développement (bazars). En Europe,
critiquable pour faire envisager une réforme. le marché était le centre de la vie commer­
Un groupe de travail réuni en 1991 par le ciale des villes. Il subsiste encore parfois une
ministère du Logement avait préconisé : halle (ex. : Arpajon) et la place où se tient,
• un professionnalisme accru (dont une une ou plusieurs fois par semaine, le marché :
meilleure couverture de la responsabilité civile des commerçants tenant un magasin par
par les assurances) ; ailleurs, mais aussi parfois des producteurs,
• une protection plus efficace des loca­ viennent y vendre. Les produits alimentaires
taires des immeubles acquis occupés ; y sont les plus représentés mais aussi, surtout
• une surveillance des mises en copropriété ; en zone rurale, des produits industriels (vête­
• une information précise des acquéreurs ments). Il peut aussi exister des marchés spé­
de logements revendus après travaux ; cialisés, par exemple le «marché aux puces»
• l’interdiction de l’achat-revente de simples (antiquités et brocante) à Saint-Ouen près de
promesses de vente. Paris. ■ _ ■
Seule cette dernière mesure est passée dans La foire était, au M oyen  ge, un grand
la législation. Pour le reste, la réforme n’est marché public, tenu à une période fixe de
pas encore entamée, cependant que plusieurs l’année, offrant des produits divers mais, en
grandes sociétés de marchands de biens se premier lieu, ceux produits ou importés dans
sont trouvées, dans les années 1990, en situa­ la région. Les foires sont aujourd’hui de
tion critique, le retournement conjoncturel du grandes expositions commerciales spéciali­
logement et du bureau en Ile-de-France sées périodiques (ex. : foire du livre de
(1991) rendant im possible la revente aux Frankfurt am Main). On dit aussi salons (ex. :
tarifs qui tiendraient compte du prix d’achat, salon de l’automobile). Le terme de foire est
de travaux, des agios et de la marge. Les aussi donné à des fêtes populaires, offrant des
embarras de la profession ont donc retenti bru­ jeu x et attractions variés (ex. : foire du
talement sur le secteur bancaire obligé de pro­ Trône).
visionner des pertes très importantes. Une P. M.
reprise de l’inflation immobilière a vu (depuis
1998) une nouvelle éclosion des vocations de - » C om m erce; Place marchande.
MARCHE À PIED

MARCHE À PIED à réaliser et donnent des directives spéci-;


fiques pour l’exécution des travaux ; ,-j j|
La marche à pied est utilisée pour les trajets — les plans d’exécution des ouvrages, qui:!
terminaux ou, seule, pour des trajets courts, complètent et illustrent les précédentes spécial !
mais parfois comme substitut à un moyen de fications. je j
transport mécanisé. La distance moyenne que Pour les marchés passés au nom de l’État, Ictjjl
les citadins acceptent de parcourir à pied est Code des marchés publics impose un cahier de$i j:
de 0,5 km dans une ville moyenne (villes de clauses administratives générales (ccag) et unjli
provinces en France, villes américaines), de cahier des clauses techniques générales (ccrojCj
1 km dans une métropole (Paris, New York), ainsi que des modèles de cahier des clause» jj
mais elle atteint souvent 2 à 3 km dans les administratives particulières (ccap) et de cahisi
villes des pays en développement, en raison des clauses techniques particulières (cctp). De»
des insuffisances des réseaux de transport en instructions du ministre de l’Intérieur recoin*- }
commun (de nombreux quartiers périphé­ mandent l’emploi de ces documents aux colleo- !
riques ne sont pas desservis) et du coût de ce tivités locales et aux établissements publics qui j
transport qui exclut les catégories les plus en dépendent (hôpitaux, par exemple). |
pauvres (non salariés). Pour les contrats privés, il existe une norme j. !
Les déplacements à pied sont rarement à laquelle il est possible de se référer pour la,
recensés lors des enquêtes de m obilité et, rédaction d’un marché de travaux. Un marché j:
lorsqu’ils le sont, de nombreux petits déplace­ peut être confié à une seule entreprise prenant \\
ments sont omis. Peu grave dans les pays en charge l ’ensem ble des travaux et sous-,J
développés, cette omission l’est dans les villes traitant à d ’autres entreprises les travaux' ;
des pays en développement où la mobilité à qu’elle ne réalise pas elle-même. Elle agit j s
pied représente souvent plus de la moitié des alors en entreprise générale. Elle paie ses j
déplacements urbains. sous-traitants et les remplace ou se substitue à;|{
La marche à pied, parfois agréable, est le eux en cas de défaillance. Le maître d’ouvrage j
plus souvent ressentie comme pénible : les ou le maître d’œuvre peuvent exiger d’agréer, f
coefficients de pénibilité mesurés pour les tra­ les sous-traitants. i
jets terminaux à pied sont en général voisins Un marché peut être passé avec des entre­
de 2 (Paris: 1,75). prises groupées sous l’autorité d’un manda- .
P. M. taire commun; elles sont en général payées !'
directement par le maître d ’ouvrage après
-> Confort (d'un moyen de transport) ; Coût généralisé de dépla­ avis du mandataire et ont ainsi plus d’autono- .
cem ent; Piéton.
mie qu’un simple sous-traitant. Il est vive­
ment conseillé que le groupement, avec
indication de tous ses membres, soit constitué
MARCHÉ DE TRAVAUX au moment de l’appel de propositions et non
après sélection des entreprises.
Le marché définit les clauses administra­ Des marchés séparés peuvent enfin être
tives et les clauses techniques du contrat passés avec chacun des entrepreneurs interve­
passé par le maître de l ’ouvrage et le ou les nant, l ’un d ’entre eux pouvant être chargé
entrepreneurs pour l ’exécution d’une cons­ d’une mission de coordination ; une telle mis­
truction. Les clauses administratives et sion est souvent confiée à l’entreprise chargée
techniques sont de deux types : des clauses de réaliser la structure.
générales applicables à une famille de tra­ Un marché peut être conclu à prix global
vaux, et résultant généralement de décrets ou et forfaitaire, simplement révisable en fonc­
d’arrêtés, pour ce qui concerne les marchés tion de la hausse des prix en cours de chan­
publics, et des clauses particulières à l’opéra­ tier. Il peut encore être conclu sur la base
tion à réaliser, établies principalement par le d’un bordereau de prix contractuels auxquels
maître d’œuvre. on applique les quantités d’ouvrage effecti­
S ’agissant des clauses techniques particu­ vement réalisées. Il peut aussi être conclu
lières on distingue en général : sur la base d’un bordereau général de prix,
— les spécifications techniques détaillées appelé souvent série de prix, prix sur les­
ou devis descriptif, qui décrivent les ouvrages quels l’entrepreneur a consenti un rabais où
4*1 MARGINALITÉ

une majoration, auxquels on applique les On doit distinguer plusieurs sous-marchés


quantités effectivement réalisées. bien distincts :
Il est commode, pour rédiger un marché de — Le marché de la terre agricole : secteur
travaux, de se référer aux documents tech­ généralement le mieux connu du marché
niques unifiés ( d t u ) qui sont soit des cahiers foncier. On peut lui appliquer des raisonne­
de prescriptions techniques, soit des règles ments économiques relativement clairs dans
de calcul des ouvrages (résistance méca­ la mesure où le prix de la terre agricole
nique, résistance au feu, performances ther­ dépend directement des prix à la production
miques, etc.). L’État a imposé le respect de des produits que cette terre permet de cultiver.
nombreux d t u dans les marchés de travaux A la différence des terrains urbains, on peut
passés en son nom. Les assureurs incitent déterminer assez objectivement la «valeur
fortement au respect des d t u . agronomique » d ’un terrain.
P. Ch. — Le marché des terrains urbains: ce
marché, limité aux zones déjà urbanisées, est
•4 Maître de l'ouvrage. typiquement un marché de « droits », la valeur
d?un terrain étant déterminée par ce qu’il est
possible d’y implanter. On achète plus un
MARCHÉ FONCIER « droit de construire » qu’un terrain.
— Le marché des terrains urbanisables :
On peut définir un marché comme la zone secteur où les règles du marché sont les plus
géographique ou l ’ensemble des personnes complexes et les plus variables. Ce cas inter­
qui sont en relation pour vendre ou acheter un médiaire entre la terre agricole et le terrain
produit, dans des conditions telles que les urbanisé confronte des propriétaires de terres
transactions se fassent au même moment et au agricoles ou de friches, d’une part, et des
même prix. Les marchés fonciers présentent candidats à la construction, lotisseurs, promo­
des spécificités très marquées qui interdisent teurs, collectivités publiques ou particuliers,
de tenir à leur endroit, sans précaution, les rai­ d’autre part. C ’est le lieu privilégié de la
sonnements et conclusions relatifs à l’écono­ spéculation foncière, et le mode de réglemen­
mie démarché: tation foncière dans ces zones joue un rôle
— En premier lieu, le bien « sol » n’est pas déterminant dans le fonctionnement de ce
homogène, et aucun terrain n ’est strictement sous-marché et le niveau des prix.
substituable à un autre, conférant ainsi un En France, toutes les zones d’urbanisation
élément de monopole à la propriété foncière. future des pos et des plu des communes de
— Le marché foncier est souvent un marché plus de 10 000 habitants peuvent désormais
de « droits » plus qu’un marché de biens ordi­ être soumises au droit de préemption urbain,
naires. Sur ce marché s’échangent par exemple qui permet aux communes qui le souhaitent de
des parcelles avec des droits de construire ou jouer un rôle important sur ce marché.
des terrains soumis à réserve pour équipement On trouve dans de nombreux pays des
public et, plus généralement, des terrains sou­ réglementations particulières qui évitent la
mis à un ensemble de réglementations et de conversion prématurée de terres agricoles en
servitudes qui jouent un rôle décisif dans la terrains urbanisables dans les zones périur­
fixation du prix. On peut d’ailleurs négocier baines, résultat auquel conduirait le libre fonc­
des servitudes sur un terrain sans pour autant tionnement du marché foncier.
l’acheter (servitudes de droit privé en France, V. R.
easements aux États-Unis).
—- Certains acteurs disposent sur ce marché - » Action foncière; Charge foncière; Maîtrise foncière; Préemp­
tion ; Prix fonciers ; Spéculation.
de prérogatives qui biaisent le fonctionnement
du marché. C’est, par exemple, le cas des
collectivités locales qui disposent du droit de
préemption (droit de préemption urbain, zones MARGINALITÉ
d’aménagement différé, périmètre sensible,
etc.) ou, en France, des s a f e r qui disposent du D ésigne la situation d ’individus ou de
droit de préemption sur le marché foncier agri­ groupes sociaux placés hors de la société, hors
cole. de l’emploi et de l ’organisation urbaine, dont
MARINA 4 6 | i|

la participation à la vie sociale et politique est Composite; Plastiques (matériaux);Terre; : J


faible. Verre > tl
Ce terme a surtout été utilisé pour décrire la
situation d’une grande partie de la population
des sociétés dépendantes, restée en dehors du MATERNELLE (ÉCOLE) -> Crèche; École
développement économique. Dans ces socié­
tés, l ’acculturation a provoqué le déracine­
ment d’importantes masses rurales, entraînant MATRICE CADASTRALE — Cadastre ; Plan ■
une urbanisation rapide et incontrôlée. Ces
populations, sans emploi et sans liens avec la
population urbaine développée, cantonnées MÉDINA . '| ;jl
dans la pauvreté et enfermées dans les bidon­
villes, ont été décrites comme des populations De l ’arabe al-Madîna, la ville, ce terme a jjj
en situation de marginalité. été adopté par les sociétés occidentales pour
Dans les sociétés développées; la marginalité désigner les v illes arabes anciennes et la
désigne les individus ou les groupes sociaux spécificité de leur structure spatiale. Celle-ci '
qui se placent volontairement ou involontaire­ apparut longtemps indéchiffrable et labyrin- 1
ment en dehors de l’ordre social. La marginalité thique aux voyageurs étrangers (de Tavemier
est une forme de déviance que le sociologue au x v iie siècle jusqu’à Nerval, à l ’époque
B. Goffman définit par le relus, par l’individu romantique, et même P. Morand de nos jours).
lui-même, d’accepter la « place sociale qui lui La médina est récemment devenue un objet 1m
est allouée », et par des conduites « irrégulières de fascination pour nombre d’architectes et .;
ou rebelles à l’égard des institutions les plus d ’urbanistes occidentaux qui, déçus par le J.i.
fondamentales : famille, hiérarchie des âges, simplisme et la transparence des plans (et réa­
division stéréotypée des rôles entre les sexes, lisations) de l’urbanisme progressiste, virent j
emploi légitime à temps plein, identité person­ en elle un sym bole de l ’«urbain» dont ils j
nelle et unique et ratifiée par l ’État, barrières de tentent d’imiter la compacité du tissu (cf. le !i|
classe, ségrégation des races ». Sur le plan poli­ complexe « Habitat » à Montréal). ; 1!
tique, beaucoup d’auteurs voient dans la margi­ D ’après Serge Santelli (Tracés, formations et il
nalité une masse de manœuvre pour les déformations, Paris, 1990), la médina illustre la !
groupes extrémistes, fascistes, communistes ou notion de permanence de la forme urbaine liée /
terroristes, à cause du manque de « conscience à un développement par substitutions typolo- !
politique » des marginaux. giques respectant l ’armature initiale. Elle est
Le terme de marginalité reste une notion assimilable à une ville orientée plutôt qu’homo­
fortement idéologique, comme l’ont souligné gène, structurée par les parcours reliant les ,
M. Castells pour l’« urbanisation dépendante » portes de l’enceinte fortifiée (lieux de conver- ;i
et A. Touraine pour les sociétés développées. gence du populaire, du quotidien, du contact
D. L. extérieur) et la mosquée centrale (centre de gra­
vité des activités les plus nobles). Les rues mar­
Acculturation; Insécurité. chandes spécialisées (sûqs) enveloppent les '
édifices publics, repérables par leurs seules
entrées, ainsi que les îlots résidentiels, dessers
MARINA -* Aménagement touristique; vis par une arborescence d’impasses.
Littoral ; Mer Or, la ville arabe traditionnelle résulte d’un
rapport ville-campagne qui n’existe plus dans
les sociétés occidentales. Elle demeure la
MARKETING URBAIN -> Mercatique urbaine projection spatiale d ’une structure sociale
« adaptée à la fois à une culture qui cloisonne
les groupes et à une loi islamique qui trans­
MASSIF - » Montagne (aménagement de la) cende les cloisonnements et ne cesse de répé­
ter son idéal unitaire» (A. Boudhiba et
L. D. Chevallier, La ville arabe dans l ’Islam,
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION -> Acier; Tunis, 1982). La référence doit donc être
Béton ; Bois (matériau) ; Composant; relativisée.
463 MÉGALOPOLE

Aujourd'hui, la médina se trouve à la fois tants répartis entre cinq agglomérations mil­
revendiquée et valorisée comme symbole lionnaires et des villes m oyennes en par­
d’une spécificité culturelle, et menacée de tie soudées par un tissu suburbanisé ou rurba-
l’intérieur, sous l’impact d’un double proces­ nisé. _
sus. D ’une part, progressivement désertée par La mégalopole du nord-est des États-Unis
ses anciennes couches urbaines au profit de doit beaucoup aux caractères originaux de
périphéries aménagées à l’occidentale, elle est l’histoire de la colonisation américaine, et à
envahie et dégradée par l’afflux de nouvelles l’optimisme constructif de ceux qui ont forgé
populations rurales (cf. la spectaculaire dégra­ le destin du pays. Mais l ’organisation de
dation du vieux Caire). D ’autre part, sous cou­ l’espace que l’on y observe n ’est pas spéci­
vert de modernisation et d’assainissement, les fique de cette seule région. À partir du moment
programmes d’Etat (par exemple dans les pays où l’urbanisation cesse d’être liée à la seule
du Golfe) et la spéculation détruisent, éventrent desserte des campagnes et où elle dépend de
et dénaturent d’anciennes médinas (cf. le cas plus en plus des marchés que les villes se
de Damas). Depuis 1993 cependant, la médina créent entre elles, les réseaux urbains perdent
d’Alep bénéficie d’un projet de réhabilitation la belle géométrie analysée par les modèles de
soutenu avec détermination par les autorités Lôsch ou de Christaller. Les villes industrielles
syriennes et par le gouvernement allemand. s’agglutinent là où les conditions de localisa­
Au-delà de la seule restauration du patrimoine, tion sont optimales et donnent naissance à des
l’initiative vise à régénérer la cité sur les plans conurbations, cependant que les cités qui
social et économique, en impliquant les com­ vivent du commerce, de la banque ou des
munautés locales, pour garantir la transforma­ industries de transformation s ’organisent le
tion de l’héritage culturel en milieu vivant. long de corridors de circulation : on évite ainsi
Si, en Algérie, les médinas ont été souvent la prolifération indéfinie des grandes villes et
altérées ou désagrégées par la colonisation, la pollution qu’elle engendre, sans multiplier
au Maroc, elles ont été protégées par la poli­ les distances et les charges d’investissement.
tique de Lyautey qui avait instauré une sépa­ L’Amérique du Nord offre d ’autres
ration rigoureuse entre la ville arabe ancienne exemples de mégalopoles : de Pittsburgh à
et la nouvelle ville coloniale, fondée sur des Chicago, au sud des Grands L acs; de
normes occidentales. Windsor-Detroit à Québec, au Canada ; de
J.-M. B. et F. C. San Francisco à San Diego, en Californie. La
même organisation de l’espace se signale au
-► Acculturation; Centre historique; Conservation; Lisibilité; Japon, de Hiroshima à Tokyo, en passant par
Urbanité.
Osaka-Kobe, Kyoto et Nagoya. En Europe
occidentale, les faits sont peut-être plus
com plexes, mais la formation de corridors
MÉGALOPOLE urbains se lit à deux échelles : celle, réduite,
de la Randstad en Hollande ou du M oyen
« Megalopolis » fut le nom donné à la cité- Pays suisse ; et celle des grandes concentra­
État qui naquit du synœcisme des petites tri­ tions urbaines d’un grand pays : de la Ruhr à
bus du nord-ouest du Péloponnèse soumises à Stuttgart en passant par le fossé rhénan, en
Sparte, lorsque celle-ci subit des revers au Allemagne ou, pour l’Angleterre, de Londres
cours de la guerre qui l’opposa à Athènes au à Manchester et Liverpool, en passant par
Ve siècle (av. J.-C.). Les fondateurs avaient Birmingham. En France, la coupure entre Ile-
mis tous leurs espoirs dans la construction de-France et zones urbaines en développe­
qu’ils lançaient : ils pensaient forger le cadre ment des vallées de la Saône et du Rhône est
d’une vie sociale nouvelle. trop grande pour que l ’on puisse vraiment par­
Jean Gottmann a repris le terme, dans ler d ’une mégalopole Paris-Lyon-Marseille,
l’ouvrage qu’il a consacré en 1961 à la façade quoique le TGV tende à rapprocher en un
urbanisée du nord-est des États-Unis, pour même corridor de circulation rapide tous les
attirer l’attention sur l ’originalité du corridor centres de cet ensemble.
de grandes villes qui s’allonge de Boston à P. C.
Baltimore et à Washington : 650 km de long,
moins de 100 000 krm, 45 millions d’habi­ -► Conurbation; Urbanisation ; Ville.
MÉNAGE m i

MÉNAGE (ports, pêche, tourisme, aquaculture, etc.). Les;


lacs et leurs rivages posent des problèmes:
Ensemble des personnes résidant habituel­ similaires. !i(
lement dans un même logement, qu’elles aient Le conflit entre les objectifs de développe!
ou non des liens de parenté entre elles. Le ment économique et touristique et ceux dei
ménage correspond donc au logement, mais protection y sont particulièrement aigus et!
est aussi une unité élémentaire de la vie éco­ nécessitent une politique d’aménagement spé-j
nomique. cifique. C’est ce qui a conduit en France : :i
La taille moyenne des ménages est un élé­ — à préparer, après des schémas d’aménagef
ment important pour l’urbaniste, notamment ment du littoral sans valeur juridique, des schâi
pour la détermination des besoins (nombre et mas d’aptitude et d’utilisation de la mer ( saum );
dim ensions) en logem ents, Cette taille qui couvrent les eaux territoriales ( 12 miles nau;
moyenne des ménages est liée à la fécondité, tiques) et la frange littorale: plusieurs s a u m .
mais aussi à la mortalité de la population, (rade de Brest, golfe du Morbihan, Perthuis
aux courants migratoires et à la situation du d’Antioche, rade de Hyêres, bassin d’Arcachon;
marché du logement. Elle est généralement etc.) avaient été établis depuis 1972; le sauM
plus faible dans les villes, d’autant plus était un peu le prolongement en mer du sdau : il
qu’elles sont plus grandes : de 2,6 dans les n ’était pas opposable aux tiers, mais fixait les
communes rurales à 2,3 pour les aggloméra­ orientations de l ’aménagement du littoral, en
tions de plus de 100 000 habitants, 2,4 dans recherchant la compatibilité des usages ter*;
la banlieue parisienne et 1,8 à Paris. L’amé­ restres et marins ; i
lioration des conditions de logement et la — à créer un conservatoire de l’espace
baisse de la fécondité ont entraîné une baisse littoral et des rivages lacustres (loi du 10 juillet
de cette taille moyenne au cours de la der­ 1975), qui mène une politique foncière
nière génération: 3,10 en France en 1962; de sauvegarde de l ’espace littoral (environ
3,06 en 1968; 2,88 en 1975; 2,70 en 1982; 125 000 ha acquis en 2009 en métropole et
2,57 en 1990; 2,40; en 1999; environ 2,3 en outre-mer), et des conseils de rivage. (Médù
2010. Les célibataires, les ménages sans terranée, Corse, Atlantique, Manche et mer
enfants, les personnes âgées, mais aussi les du Nord, lacs) pour déterminer les orientât
fam illes monoparentales et les personnes fions de la politique d’aménagement ; ï
divorcées, surtout sans enfants, sont plus — à établir une directive d’aménagement
nombreux à résider dans les quartiers cen­ national relative à la protection et à 1’aménage*
traux des agglomérations. Au contraire, les ment du littoral, approuvée par décret (25 août
familles avec enfants sont souvent plus nom­ 1979), et donc opposable aux tiers ; la directive
breuses, à la fois pour des raisons finan­ prévoit notamment l’inconstructibilité dans
cières, et pour disposer d ’une maison avec une bande de 100 m de long des rivages et de
un jardin familial, à se loger à la périphérie. 300 m autour des lacs, et pose le principe d’ufi
Ces mécanismes expliquent les écarts précé­ aménagement orienté vers l’intérieur ;
dents quant à la taille moyenne des ménages — à instituer un ministère spécifique de la
et, de façon générale, se traduisent par une Mer (1981) réintégré par la suite par un
véritable ségrégation démographique. ministère plus large. ;
P. M. La loi du 7 janvier 1983 a remplacé les
s a u m par des schémas de mise en valeur de la

Fam ille; Logement; Projections démographiques. mer ( s m v m ) . On peut regretter qu’elle n ’ait
pas institué un document unique, ayant valeur
de schéma directeur, pour la frange terrestre
MER du littoral et de s a u m pour le domaine public
maritime. Le s m v m , dont le régime juridique a
La mer et le littoral (au sens strict, frange été précisé par la loi du 3 janvier 1986 et par
comprise entre les plus hautes et les plus le décret du 5 décembre 1986, peut être établi
basses eaux de la mer ; au sens large et usuel, pour une zone côtière « constituant une unité
zone linéaire de contact entre la mer et le géographique et maritime et présentant des
continent) sont des espaces particulièrement intérêts liés, concurrents ou complémentaires^
fragiles qui attirent des activités spécifiques au regard de la protection de l’exploitation et
*U MERCATIQUE URBAINE

de l’aménagement du littoral». Il doit déter­ basses et les plus hautes eaux), les terrains
miner l’affectation des espaces terrestres et endigués ou remblayés sur la mer. Il fait
maritimes, mentionner les projets d’équipe­ l’objet de dispositions spécifiques, pour cer­
ment et d ’aménagement de la mer (ports, taines anciennes :
marinas, etc.) et préciser les mesures de pro­ — chemin du douanier : servitude de pas­
tection des milieux marins. Le smvm est éla­ sage de 3 m en faveur des piétons (la loi du
boré sous l’autorité du préfet et soumis à un 31 décembre 1976 a confirmé cette disposi­
groupe de travail composé d’élus et de repré­ tion très ancienne, mais inégalement appli­
sentants des intérêts locaux. Il est approuvé quée) ;
par décret en Conseil d ’État. Il est opposable — réserve publique sur une profondeur de
aux documents d ’urbanisme. 11 smvm ont été 20 m (terrains clos) ou 50 m (terrains non
entrepris (ainsi que cinq schémas d’aménage­ clos) à partir de la limite du dpm ;
ment régional pour la Corse et les quatre — concessions de plage pouvant être
départements d’outre-mer, qui tiennent lieu de accordées sur le dpm pour l’aménagement et
smvm). Mais, en 2010, quatre smvm seule­ l ’exploitation d’une plage, en général pour
ment ont été approuvés - ceux de l’étang de quinze ans (plages naturelles) ou trente ans
Thau (1995), du bassin d’Arcachon (2004), (plages artificielles) ;
du golfe du Morbihan (2006) et du Tregor- — concessions de port de plaisance ana­
Goëlo (2007) - , ainsi que les schémas d’amé­ logues, mais les travaux d’aménagement
nagement régional de la Réunion (1995), de devant être compatibles avec les documents
la Martinique (1998), de la Guadeloupe d’urbanisme;
(2001) et de la Guyane (2002). Il est très pro­ — concessions d ’endigage sur le dpm ,
bable que beaucoup des 7 autres smvm (et le mais, depuis 1973, ces terrains endigués
schéma d’aménagement régional de la Corse) appartiennent toujours au dpm et ne peuvent
ne voient jamais le jour. C ’est regrettable car être utilisés que pour des équipements ou
le smvm semblait constituer un outil adapté services d’intérêt général ou, exceptionnelle­
pour concilier les intérêts concurrents des ment, des hébergements collectifs (hôtels, vil­
activités économ iques (pêche, conchyli- lages de vacances).
culture et mytiliculture, ports, industrie, agri­ P. M.
culture), ceux de l’aménagement touristique
et le souci de protéger le littoral. -> Aménagement touristique; Conservatoire de t'espace littoral
et des rivages lacustres; Directives d'aménagement du terri­
C’est ce même souci de conciliation d’inté­ toire; Littoral; Pollution des m ers; Prescriptions d'am énage­
rêts contradictoires qui a conduit le gouverne­ m ent et d'urbanisme.
ment à remplacer la directive de 1979 par une
loi d’aménagement et d’urbanisme relative à
l’aménagement, la protection et la mise en MERCATIQUE URBAINE
valeur du littoral (devenue depuis la loi sru du
13 décembre 2000, dispositions particulières Depuis le début des années 1960, le terme
aux zones du littoral). La loi du 3 janvier 1986 de marketing s ’est im posé dans toutes les
obéit également au souci de conférer un carac­ langues du monde, le terme francisé de mer-
tère juridique plus précis aux dispositions de catique n’ayant guère réussi à s’imposer. Quel
protection et à celui d’accompagner les dispo­ que soit le domaine d’application, public ou
sitions contraignantes de protection par des privé, l’un et l’autre désignent, d’une part une
mesures positives vis-à-vis des activités liées démarche ayant vocation à fixer un futur
à la mer. Malheureusement, dix ans après la voulu, à savoir le marketing stratégique,
publication de cette loi, son application n ’a d ’autre part un ensemble de techniques spéci­
conduit qu’à des résultats modestes. L’action fiques regroupées sous le vocable de marke­
de l ’État, pendant cette période, a surtout ting opérationnel. Ce dernier pourrait être
concerné les mesures en faveur des activités défini comme la promotion des relations
économiques liées à l ’utilisation de la mer d ’une entité avec tous ses partenaires : clients
(ports, pêche, cultures marines, tourisme). lato sensu, fournisseurs, personnel, marketing
Le domaine public m aritime (dpm ) est interne, etc.
constitué par les eaux territoriales, la frange Le marketing urbain a pris son essor à partir
littorale au sens strict (limite entre les plus de la première crise pétrolière (1973) et non,
MERCATIQUE URBAINE 48» ;

contrairement à une idée reçue, sous l’impul­ Ce dernier affiche un futur voulu, c’est-à-dii»
sion des premières lois de décentralisation de une ambition socioéconomique à long lerme)
1982 et 1983. Les secousses de la crise ont en partagée par la majorité des acteurs urbains st
effet sensibilisé les villes au fait qu’elles distinctive des villes rivales par rapport aux»,
étaient en concurrence pour attirer des entre­ quelles elle se situe. Par exemple Barcelone; uns
prises et pour lutter contre le chômage. Ulté­ des cités pionnières en la matière (1990), s’était'
rieurement, la construction du marché unique donné comme ambition centrale de devenir U
européen et l’accélération de la mondialisation capitale d’une «macro-région» débordant le§
ont œuvré dans le même sens. Mais le slogan frontières de la Catalogne, tout en s’appuyant ■
consécutif « vendre la ville » à des entreprises sur une culture marquée fortement par ses ■
pour créer des emplois donne une vision sim­ racines méditerranéennes. Autre exemple, celui
pliste et réductrice du marketing appliqué
la
de Lisbonne, qui a profité de l’ouverture interna»
dans la sphère publique de l’économie. tionale du Portugal pour s’affirmer comme «
Tour d’abord le marketing d ’une ville, capitale atlantique» de l’Europe» : la ville s’est
comparé à celui d’une entreprise, se singula­ alors engagée, pour crédibiliser cet objectif*
rise par la multiplicité de ses cibles et de ses dans l’organisation d’une série d’événements de
objectifs : attirer de nouvelles entreprises, portée internationale, en particulier la demièrè
certes, mais aussi retenir celles qui sont déjà exposition universelle du XXe siècle.
implantées et encore créer un climat de Le plan stratégique d’une ville reçoit son
confiance avec les investisseurs, donner aux ancrage territorial dans un projet urbain, vision
habitants un sentiment de fierté, celui de rési­ volontariste de sa forme et de son paysage et
der dans la ville considérée, séduire des cadres cohérente avec l’ambition centrale dont l ’éla­
hautement qualifiés pour peser sur leurs choix boration l ’a précédé. C’est ainsi que ce qu’on a
résidentiels en sa faveur, etc. pu appeler la nouvelle génération de schémas
En outre, le marketing urbain comporte des directeurs (désormais remplacés par des sché­
risques de dérive particuliers. En premier mas de cohérence territoriale) sont des docu1
lieu, émerge fréquemment le risque de confu­ ments comportant en ouverture une analyse et
sion entre le marketing des politiques une orientation stratégiques, dont sont déduits
urbaines et celui des hommes politiques trop les principes d’organisation de l’espace urbain.
tentés d ’orienter la communication urbaine Par exemple, le schéma directeur d ’Orléans
pour soutenir leur réélection. Deuxièmement, (1994) débute par une réflexion sur la place
il ne faut pas négliger l ’éventuel décalage concurrentielle de la ville et justifie en consé­
entre l’objectif d’une action marketing et sa quence une vocation distinctive (« la techno­
perception par la population : ainsi, l’exposi­ pole nature »), puis un parti d’aménagement.
tion universelle tenue en l’an 2000 à Hanovre La démarche de projet, constitutive du
comme moyen de redynamisation de la ville marketing stratégique, a fait l ’objet, il y à
aux yeux de ses élus a rencontré l’opposition une dizaine d’années, d’une promotion juri­
de la moitié de sa population, convaincue que dique. La loi Chevènement du 12 juillet 1999
cet événement provoquerait des hausses de assigne aux principales structures intercom*
prix et des atteintes à l’environnement. Troi­ munales l’élaboration « d’un projet commun
sièmement, le marketing urbain peut engen­ de développement et d’aménagement». La
drer des effets pervers dans l ’usage des loi Voynet du 25 juin 1999 prévoit pour un
services publics : en bref les habitants les plus pays la formulation d’une charte qui exprime
riches sont souvent les mieux formés et, grâce aussi un projet commun et propose pour cer­
à leur niveau d’éducation élevé, ils sont plus taines aires urbaines un projet d ’agglomé­
habiles à capter l’information des campagnes ration correspondant à un véritable plan stra­
publicitaires sur l’offre de services locaux. Ils tégique. Enfin, la loi sru du 13 décembre
sont dès lors les premiers à fréquenter les 2000 institue T’exposé d’un projet d’aména­
équipements sociaux créés initialement en gement et de développement durable (padd)
faveur des habitants les plus défavorisés. pour tout schéma de cohérence territoriale et
Le marketing stratégique d’une ville poursuit pour tout plan local d’urbanisme.
comme objectif principal l’élaboration d’un pro­ Le capital image d’une ville que le marke­
jet global de développement, encore appelé sui­ ting doit développer, voire réorienter, dans le
vant les pays plan stratégique ou projet de ville. sens de son projet global de développement
167 MÉTRO

6dt un patrimoine immatériel synthétisant les Premièrement, elles doivent apprendre à


réputations acquises auprès de ses différentes coordonner, sous l ’égide d ’un plan straté­
cibles de communication. gique, les différentes actions de marketing
conduites trop souvent séparément par leurs
Les éléments producteurs d’images sont propres services (service culturel, service des
0 priori de deux catégories : sports, service des déplacements, service du
— les éléments concrets donnant lieu à une logement, etc.) et par leurs partenaires que
approche visuelle : à cette catégorie appartient le sont le département et la région d ’apparte­
patrimoine bâti public ou privé, au sein duquel nance et les villes avec lesquelles elles ont
figurent des monuments à valeur symbolique ; noué des alliances.
les maires, qui en ont pris conscience, sont de Deuxièmement, elles doivent utiliser avec
plus en plus enclins à jouer sur la réalisation prudence les concepts forgés dans l ’univers
d’actes architecturaux médiatiques (exemple du de l ’entreprise. Faire de la segmentation,
musée Guggenheim à Bilbao marquant le renou­ c ’est-à-diré découper la clientèle de manière à
veau d’une ville happée par le déclin de ses individualiser les sous-ensembles au pouvoir
industries traditionnelles) ; d’achat le plus élevé, ne doit pas être rejeté
— les éléments abstraits correspondent aux sous prétexte dé s ’inféoder à une démarche
valeurs, aux traits de caractère et aux traditions visant le profit. Tout simplement, les villes
prêtés aux habitants de la ville (esprit festif, doivent également segmenter leur « clientèle
sens de l’accueil des nouveaux habitants, etc.) : d ’usagers», la technique restant la même,
l’ensemble forge la personnalité de la ville, mais l ’objectif s ’avérant diamétralement
composante du capital image difficile et coû­ opposé, à savoir cerner les sous-ensembles de
teuse à modifier si elle est en porte à faux avec la population les plus démunis et prioritaires
le projet global de développement. dans les politiques publiques locales.
Les véhicules ou médias des images sont
J. B.
tout d ’abord ceux qui sont m obilisés pour
toute campagne publicitaire, qu’elle soit pri­ -> Image de la ville ; Projet de quartier; Projet urbain.
vée ou publique. On citera les annonces dans
la presse, les spots télévisés, les affiches
murales. Mais il faut, pour une collectivité MÉTIER -* Activité professionnelle
locale, tout autant miser sur les médias qu’elle
peut créer elle-même, ce qui lui permet de
mieux orienter ses messages vers les seules MÈTRES CARRÉS SOCIAUX — Local collectif
cibles de communication visées. Les pla­ résidentiel
quettes de promotion économique en sont
l’exemple type, puisqu’il est possible de les
diffuser auprès des seules entreprises considé­ MÉTRO
rées comme un «cœ ur» de cible. Depuis la
fin du siècle passé, la mode est à la création Abréviation de chemin de fer métropolitain,
de sites sur l ’internet. Cet essor s ’inscrit c ’est-à-dire destiné à un usage exclusivement
dans un mouvement plus vaste appelé « e- urbain. Un « métropolitain » peut être souter­
management» et se Caractérise par un enri­ rain (en général dans la partie centrale des
chissement de la communication de et dans la grandes agglomérations), en tranchée, au sol
cité. Dans cet inventaire rapide des médias, on ou porté sur viaduc ou sur pylônes.
n’oubliera pas ceux sur lesquels les collectivi­ Les premiers métros furent ceux de Londres
tés locales ont peu de prise, mais qui n’en sont (1863) et de New York (1868). À Paris, où le
pas moins influents. Il s ’agit principalement premier projet remonte à 1855, une querelle
des guides touristiques, des ouvrages de géo­ entre l’État, favorable à une jonction entre les
graphie, des encyclopédies qui, tous, portent gares, et la ville, qui exigeait un réseau spéci­
des jugements de valeur sur les villes décrites. fique, ne fut tranchée qu’en 1895, en faveur
du réseau d’intérêt local : les premières lignes
Les villes font preuve d’un professionnalisme furent ouvertes en 1900 pour l’exposition uni­
croissant dans le recours au marketing. Il leur verselle et l’essentiel du réseau était construit
reste toutefois deux types de progrès à réaliser. dès 1913.
MÉTRO 468

Une nouvelle série de réseaux de métro, — une sécurité et une régularité très éle­
depuis un demi-siècle, a été entreprise en Amé­ vées;
rique du Nord (Toronto, Montréal, M exico, — l’absence presque complète de nuisances.
San Francisco, Washington, Atlanta, etc.), Son coût d’investissement élevé est justifié
dans des pays en développement (Sâo Paulo, par sa forte capacité : dans les pays en dévelop­
Hong-kong, Caracas, Alger, Lagos, etc.), et pement où cet investissement doit être payé en
dans des villes m oyennes en Europe devises, il n ’est pas toujours certain qu’un
(Stockholm, Rotterdam, Amsterdam, Rome, métro soit prioritaire par rapport à un équipe­
Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Rennes, etc.). ment lourd dans d’autres domaines. Dans les
On distingue parfois le métro urbain, des­ très grandes agglomérations, c’est, en revanche,
servant la seule zone centrale, avec des sta­ le seul moyen de faire face à la demande en
tions très rapprochées (500 m environ en heure de pointe, en évitant un surinvestissement
moyenne à Paris), et le métro régional, desser­ routier encore beaucoup plus coûteux.
vant surtout la banlieue, avec des stations plus
éloignées (1 km, parfois plus). Dans le cas de Les techniques du métro se sont améliorées
Paris, le réseau express régional ( r e r ) réuti­ au fil des temps, sans qu’il y ait jamais eu de
lise largement, en banlieue, le tracé de lignes mutation brutale. Les évolutions récentes
ferrées existantes et les relie à travers le centre concernent :
en souterrain, avec quelques stations de cor­ — la réalisation de métros à très forte capa­
respondance avec le métro urbain. cité (autour de 60 000 voyageurs par heure et
Mais la plupart des réseaux de métro allient par sens) desservant l’ensemble d’une agglo­
les deux conceptions : avec des arrêts plus rap­ mération (centre et banlieues) : cela était déjà le
prochés dans le centre qu’en banlieue (Londres, cas du métro de Moscou, entrepris entre les
Moscou, Tokyo, Stockholm, San Francisco...). deux guerres mondiales, puis de celui de
Récemment, est apparu le concept de pré­ Hong-kong ; le réseau express régional ( r e r )
métro (ou semi-métro). À Bmxelles, il s’agit de la région de Paris a la particularité de s ’aj ou-
d’une ligne de tramway totalement séparée de ter à un métro urbain ancien, avec lequel il offre
la voirie, et pour cela en grande partie souter­ de très bonnes correspondances ;
raine : on peut, lorsque le trafic l ’exige, lui — la réduction des intervalles entre les
substituer des rames de métro. Cette concep­ rames, ce qui permet d’accroître la capacité :
tion permet une réalisation progressive, évi­ on atteint 80 secondes sur certaines lignes du
tant tout surinvestissement et correspond bien métro parisien ;
au besoin des villes moyennes (autour de — l’automatisation de la conduite, réalisée
1 million d’habitants), de même que le métro entre autres sur les métros légers v a l , le métro
léger (véhicule automatique : v a l ) de Lille, de de Lyon - système Magaly - et sur le r e r
Toulouse et de Rennes. parisien - système s a c e m - , voire de l’ensemble
du fonctionnement ( v a l , ligne 14, dite Météor,
Les avantages essentiels du métro sont : du métro parisien, ouverte en 1998) ;
— la capacité élevée : le métro parisien — l ’amélioration du confort : sur ce dernier
peut assurer jusqu’à 38 rames de 800 voya­ plan, il convient de rappeler l’importance
geurs à l’heure (30 000 passagers) ; le métro pour les usagers de la réduction du nombre
de Moscou, 63 000 (45 rames de 1 400 passa­ et de la simplification des correspondances
gers) ; le r e r , 60 000 (30 rames de 2 000 voya­ dont la ligne A du r e r (malheureusement,
geurs), etc. Dans les villes moyennes, on se c’est beaucoup moins vrai pour les autres
contente d’une capacité plus faible (8 000, lignes, pourtant postérieures) représente une
soit 20 rames de 383 places à Lyon) ; remarquable illustration (elle a permis de
— la faible consommation d’espace : en diminuer de près d’une correspondance en
souterrain dans les zones très denses, il n’uti­ moyenne le parcours de ses usagers par rap­
lise que quelques mètres carrés (accès) au port à leur trajet antérieur).
sol ; là où il est construit au sol, son emprise
P. M.
est de 12 m de large par voie double ;
— la faible consommation d’énergie
—> Capacité (d'un m oyen de transport) ; Confort (d'un moyen de
(comparable à celle des autres transports en transport); Coût d'investissement des transports; Moyen de
commun) ; transport; Tram w ay.
469 MÉTROPOLE RÉGIONALE

MÉTROPOLE D'ÉQUILIBRE du X X e siècle : aux fonctions politiques et reli­


gieuses des vieilles capitales de province se
Ville (ou agglomération) importante sus­ sont en effet ajoutées peu à peu de nouvelles
ceptible de constituer un pôle de développe­ vocations. Une métropole régionale est un car­
ment capable d ’attirer des activités et les refour de communication, un nœud routier et
habitants, échappant ainsi à l’attraction d’une ferroviaire vers lequel tous les courants
région urbaine dominante, le plus souvent la convergent aisément. Ses commerces sont
capitale. C’est donc une métropole régionale à assez diversifiés pour offrir à l’ensemble de la
laquelle est fixé un rôle particulier dans le clientèle régionale les articles rares ou de luxe
cadre d’une politique d’aménagement du terri­ qu’on ne peut distribuer sans disposer d ’une
toire. En fait, cette expression a surtout été aire de chalandise étendue. Les grossistes et
utilisée en France. Après diverses études sur le les chaînes succursalistes de la grande ville
rayonnement des grandes villes françaises, et ravitaillent tous les détaillants de la zone
des essais de classement hiérarchiques qui ont dominée. La métropole régionale tire sa pros­
abouti à définir « le niveau supérieur de périté des services les plus divers qu’elle offre
l ’armature urbaine française» (Hautreux, aux particuliers (spécialistes dans le domaine
Rochefort, Lecourt, 1963), la d a t a r a retenu, de la santé, centres hospitaliers de haut niveau,
en 1963, huit métropoles chargées, dans la écoles, universités, etc.) ou aux entreprises
mesure du possible, de faire équilibre à (banques, conseils juridiques, ingénierie,
la région de Paris : Lyon-Saint-Étienne- publicité, sociétés de gestion, etc.). Ses fonc­
Grenoble; M arseille-Aix ; Lille-Roubaix- tions administratives se diversifient à la
Tourcoing ; Bordeaux ; Toulouse ; Strasbourg ; mesure même des interventions de l ’État-
Nancy-Metz ; Nantes-Saint-Nazaire. providence. La métropole régionale est ensuite
La d a t a r a favorisé l’amélioration de leurs un centre de vie culturelle : les journaux
liaisons (notamment transversales), le déve­ qu’elle édite font l’opinion dans la région ; la
loppement de leurs activités (en particulier des publicité qu’ils insèrent assure la cohérence du
sièges sociaux). La plupart (sauf Toulouse) marché local et régional pour bon nombre de
ont été dotées d’une o r e a m et d’un schéma produits. Les théâtres, les cinémas, un opéra,
directeur régional couvrant l’aire métropoli­ des festivals contribuent à cette fonction
taine. essentielle, dont témoignent également la qua­
La politique des métropoles d’équilibre a lité des recherches universitaires et celle des
cependant été peu à peu mise en veilleuse, centres privés dépendant des entreprises.
au cours des années 1970, avec la priorité Pour des raisons historiques, toutes les
accordée aux villes m oyennes, puis aux métropoles régionales ne présentent pas la
pays. Si les métropoles d’équilibre, depuis gamme complète des fonctions qu’on vient
quarante ans, croissent plus vite que la région d’évoquer. L’épanouissement des fonctions de
parisienne, leur développement est plus lent direction et d ’im pulsion a été facilitée, au
que celui des villes moyennes. xixe siècle, par le rôle des banques régionales ;
P. M. elles drainaient l’épargne régionale et facili­
taient son investissement sur place : l’indus­
-> Aire d'influence d'une ville; Aire métropolitaine; Am énage­ trialisation en est souvent résultée. Mais tous
ment du territoire ; Arm ature urbaine ; Métropole régionale.
les pays n’ont pas laissé s’opérer de la même
manière l’évolution des fonctions bancaires.
Là où l ’État a très tôt contrôlé les marchés
MÉTROPOLE RÉGIONALE monétaire et financier, comme en France, la
croissance des métropoles régionales a été bri­
V ille maîtresse ou capitale d ’un espace dée : seules quelques-unes, comme Lyon,
régional. Le sens grec originel, celui de ville ainsi que l ’a montré naguère Labasse {Les
mère, ne s ’est jamais tout à fait perdu: dési­ capitaux et la région, 1955), ont profité de la
gner une cité comme une métropole, c ’est phase de libéralisme. C’est dire que la plupart
rappeler en même temps qu’elle domine et des métropoles régionales sont demeurées
organise un espace alentour. incomplètes et de taille moyenne, à la diffé­
L’image de la métropole régionale s’est pré­ rence de ce qui se passait en Allemagne, par
cisée dans le courant du xixe siècle et au début exemple.
MÉTROPOLISA TION 470

On a essayé, en France, de réanimer la pro­ majorité : deux tiers des communes et la moi­
vince en promouvant les métropoles régio­ tié de la population ou l’inverse).
nales pour les aligner sur les grandes villes On désigne par métropolisation la tendance,
qui ont tiré pleinement profit des possibilités observée partout dans le monde au cours des
du XIXe siècle. La politique des métropoles années 1980, au renforcement des niveaux
d ’équilibre, lancée en 1964, s ’est révélée supérieurs du réseau urbain. Cette transforma­
assez décevante. Les centres qui se sont tion se traduit souvent par le retour à la crois­
montrés les plus dynamiques depuis cette date sance démographique des grandes villes dans
sont des villes généralement plus petites que les pays industrialisés ; elle est liée à l’attrac­
celles qui avaient été retenues. tion qu’elles exercent vis-à-vis des sièges
Le ciadt du 18 décembre 2003 a arrêté un sociaux d ’entreprises, des services qui leur
cadre d’action pour conforter les métropoles sont nécessaires, et des activités financières.
françaises par rapport à leurs hom ologues La métropolisation s’est souvent accompa­
européennes. Cette action concerne les dimen­ gnée d’une flambée spéculative.
sions économiques (quartiers d ’affaires, Depuis 1990, les prix atteints par l’immobi­
accueil de sièges sociaux, de congrès), admi­ lier et les nouvelles conditions de la concur­
nistratives (implantation d’emplois publics), rence internationale conduisent les entreprises
éducative et de recherche, culturelle et artis­ à ne garder dans les très grands centres que
tique. En fait, il ne s’est guère s’agi que d’un leurs fonctions de décision et de contacts. La
effet d’annonce : aucun moyen nouveau n ’a métropolisation s’en trouve ralentie, mais elle
été annoncé et la notion même de métropole a se poursuit au plan fonctionnel.
été laissée dans le vague (la datar a évoqué P. C. et P. M.
les agglomérations de plus de 100 000 habi­
tants, ce qui correspond à une acception Aire métropolitaine; Aménagement du territoire; Armature
urbaine; Métropole d'équilibre.
contestable d’une métropole).
Si elle est adoptée, la proposition présentée
le 5 mars 2009 par le comité pour la réforme
des collectivités locales (dit comité Balladur) MÉTROPOLISATION -> Capitale; Métropole
de création de métropoles ayant certaines régionale ; Urbanisation
compétences des communes et les compé­
tences sociales des départements, aurait des
conséquences beaucoup plus importantes. Le MEUBLÉ (OU GARNI)
comité Balladur propose de donner ce statut,
dès 2014, à onze métropoles (Lyon, Lille, Un logement est considéré comme meublé
Marseille, Bordeaux, Toulouse, N ice, lorsqu’il est garni en nombre suffisant de
Strasbourg, Nantes, Rouen, Rennes et Toulon) meubles et d ’ustensiles pour permettre la vie
et éventuellement, par la suite à d’autres, sur courante. L’expression «garni», synonyme,
la base du volontariat. On retrouve le choix plus utilisée au x ix e siècle, a pris un sens
des anciennes métropoles d ’équilibre (à péjoratif, mais la location meublée recouvre
l’exception de la métropole lorraine et avec des réalités différentes. La définition du loge­
l’addition de Nice, Rouen, Rennes et Toulon). ment « m eu b lé» dans les enquêtes statis­
Les conseillers métropolitains seraient élus tiques associe en effet les logements loués
sur les mêmes listes que les conseillers des meublés dispersés dans le parc de logements
villes la constituant. Cette proposition a été ordinaires et les chambres d’hôtels meublés
intégrée au projet de loi de réforme des collec­ non classés tourisme. Selon I’enl 2006, plus
tivités territoriales qui doit être voté à de 430 000 résidences principales seraient
l ’automne 2010. Il s ’agira de métropoles des logements loués ou sous-loués meublés,
réunissant des communes d’un seul tenant dont 22 000 en hôtel ou garni.
regroupant plus de 450 000 habitants. Elles La location meublée n’est pas soumise au
auront pour rôle de définir un projet d’aména­ même régime locatif que les locaux d’habita­
gement et de développement économique, tion loué nus. Les locations meublées ne sont
environnemental, éducatif et culturel et seront pas spécifiquement réglementées et relèvent
formées par un (ou plusieurs) epci à fiscalité du Code civil. Toutefois, depuis la loi de cohé­
propre ou par création nouvelle (à la double sion sociale de 2005, toute location meublée
471 MICROCLIMAT URBAIN

d’une résidence principale est soumise à une s’agit là d’un des seuls modes d’habitat dispo­
réglementation minimale (rédaction d ’un bail nible, surtout dans les grandes villes, pour
d’un an, conditions de renouvellement tacite des catégories de population marginalisées
et encadrement du congé). En revanche, le (immigrés, personnes en rupture sociale et
dépôt de garantie, les charges, les obligations familiale notamment), dont elles favorisent
du propriétaire et du locataire, les documents l’insertion. Ce rôle social est de plus en plus
annexes, ne sont pas réglementés. Par ailleurs, reconnu et de nouvelles réponses publiques
le régime fiscal de la location meublée est éga­ commencent à y être apportées. Un nouveau
lement spécifique, les loyers perçus par le statut des occupants de ces hôtels a été institué
bailleur relevant non pas du régime des reve­ par la loi de cohésion sociale de 2005 et ren­
nus fonciers mais de celui des bénéfices indus­ forcé par la loi de mobilisation pour le loge­
triels et commerciaux. Les maisons meublées ment et la lutte contre les exclusions de 2009
ou pensions de famille ont en revanche un afin de mieux protéger leurs droits en tant que
statut juridique différent et peuvent offrir les locataires (meilleures garanties de maintien
repas en plus du logement. dans les lieux ou de relogement), tandis que se
mettent en place des politiques de réhabilita­
Les hôtels meublés (« hôtels de préfecture » tion et de préservation de cette offre atypique.
ou « garnis ») offrent une certaine souplesse Certaines collectivités locales (en premier lieu
d’accès et ont un rôle ancien dans le logement la Ville de Paris, où l’on recensait 650 hôtels de
des catégories populaires urbaines. Les loca­ cette catégorie en 2007) tentent ainsi de freiner
tions s ’effectuent le plus souvent au mois le mouvement de leur disparition (autant de
(à la semaine en Grande-Bretagne), dans un fermetures, autant d’afflux sur les listes de
contexte non touristique (en ville surtout). Les demandes h l m ) , par une politique d’acquisition
occupants sont en majorité des célibataires, et d’amélioration de ces établissements. Cer­
sédentaires, appartenant à des couches sociales tains sont également transformés en résidence
à revenus modestes, voire isolées ou margina­ sociale ou en centre d’hébergement d’urgence.
lisées (immigrés, chômeurs), souvent jeunes. Dans le même sens la loi Engagement natio­
Les hôtels meublés, classés en nombreuses nal pour le logement de 2006 a défini un nou­
catégories selon leur niveau d ’équipement, veau statut de « résidence hôtelière à vocation
sont le plus souvent vétustes, sous-équipés et sociale » donnant accès à des aides fiscales à
mal entretenus et exigent des loyers hors de l’investissement privé et visant à favoriser à la
proportion avec le service rendu. Ils com ­ fois la réhabilitation des établissements et le
portent souvent un café-restaurant, ce qui développement d’une nouvelle offre de ce type.
favorise la convivialité pour les occupants et
A.-C. Da. et A. M.
la rentabilité pour les exploitants.
L’effectif des hôtels meublés tend à dimi­ -> Démunis (logement des) ; Location ; Logement.
nuer. Certains sont améliorés et se font classer
hôtel de tourisme. Beaucoup ont disparu dans
le cadre d’opérations de rénovation urbaine, MICROCLIMAT URBAIN
de résorption de l’habitat insalubre ou de réha­
bilitation. Au cours des années récentes, la Les villes font subir au climat des régions
disparition des hôtels meublés s’est accélérée, qui les entourent des modifications sensibles ;
l ’envolée des valeurs immobilières rendant elles insèrent un climat local urbain ou un
encore plus rentable la récupération du bâti microclimat urbain dans le climat régional.
(pour réhabilitation) ou du sol (pour recons­ Certaines des modifications sont avanta­
truction) des hôtels meublés, le plus souvent geuses, d ’autres peuvent être considérées
bien situés dans les quartiers traditionnels. De comme des nuisances.
plus, le renforcement des règles de police — Les villes modifient les conditions du
(notamment au titre de la sécurité incendie, bilan radiatif. L’état de l’atmosphère, notam­
après les épisodes dramatiques connus à Paris ment sa température, dépend du bilan des
en 2007) accélère la disparition d’une partie échanges entre les radiations d’ondes courtes
de cette offre. reçues du soleil et des radiations d ’ondes
Cette disparition progressive des hôtels longues émises par la surface terrestre. Dans
meublés n’a pas que des avantages. Car il les villes :
MICROCLIMAT URBAIN m

• les bâtiments et les surfaces planes revê­ — Les mécanismes décrits ci-dessus intrafo
tues s’échauffent assez fortement à la récep­ fèrent (cf. schéma), pour donner quelquès
tion de la radiation solaire ; caractéristiques propres au microclimat
• les radiations d’ondes longues émises par urbain. :i
les surfaces ont des trajets complexes ; elles :— L’existence d ’un « îlo t de chaletii
sont renvoyées de surface en surface, si bien urbain » est une constante. Il est dû à la fois Ô
que, dans l’ensemble, elles sont en quelque l’augmentation du bilan radiatif des villes p#Br,
sorte « prisonnières » de la ville, ce qui réduit rapport à leur environnement et au chauffas! t
les pertes radiatives de celle-ci ; des immeubles en hiver. Dans les régions et
• l’atmosphère des villes étant en géné­ les périodes froides, il peut être considéré
ral polluée, les poussières en suspension comme un avantage, mais il apparaît aussi1
réduisent la quantité de radiation entrante, dans les régions et les périodes chaudes Où ii
mais aussi celle de radiation sortante: ce constitue une nuisance. Une différence de
dernier effet tend à prédominer sur le premier, quelques degrés peut suffire à faire franchi*
si bien que, dans les villes, « l ’effet de serre» un «seuil de confort». La diminution de 1a
est augmenté. vitesse du vent peut aggraver les inconvé­
■*— Les villes modifient les conditions de la nients de l’îlot de chaleur. .
circulation de l ’air. Les espaces urbanisés — L’augmentation des jours de brouillard
constituent des surfaces de forte rugosité. est due à la pollution et à la réduction de la
C elle-ci réduit, globalement, la vitesse du vitesse du vent. Elle se manifeste sur les péri*
vent. Mais, localement, il peut se produire des phéries des grandes agglomérations. Dans le
effets de canalisation, avec tourbillons et vents centre, en effet, l’îlot de chaleur tend à atté-t
forts près des immeubles élevés ou entre les nuer l ’importance des brouillards. Celle-ci
immeubles barres. peut être considérée comme une nuisance. t

Schéma. - M écanismes des modifications du climat par la ville

Particules
en suspension

Rugosité
de la surface

— L’augmentation des précipitations est T a b l e a u . - V il l e s e t c l im a t s 4


due à l’îlot de chaleur, à la rugosité de la
surface et aux particules en suspension, Ordres de grandeur des différences entre
tous éléments qui favorisent les condensa­ villes et m ilieux ruraux environnants pour
tions. Dans les villes des régions tempérées, quelques variables climatiques (valeurs pour
cette augmentation des pluies est sans la ville moins valeur en milieu rural).
grande importance pour les conditions de la r a d i a t i o n r e ç u e : moyenne annuelle : - 1 5 %

vie. dont ultra-violet :


— La canalisation des vents a des effets - hiver : - 30 %
localisés mais marqués. La sensation de froid - été : - 5 % ■
dépend très fortement de la vitesse du vent ; t e m p é r a t u r e s : moyenne annuelle : + 0,7 %

celle-ci peut rendre très inconfortables les - maxima d’hiver : + 1,5 % ?


espaces proches des grandes tours, surtout en - saison sans gelées : + 2 à 3 semaines
hiver. VITESSE DU VENT'. - 20 % à - 30 % :
473 MIGRATIONS

humidité relative : moyenne annuelle : - 6% — migrations quotidiennes ou alternantes


- été : - 8 % pour les déplacements quotidiens entre le lieu
- hiver : - 2 % de résidence d’une personne et son lieu de
FRÉQUENCE DES BROUILLARDS : travail
- hiver: + 100% et selon leur ampleur géographique :
- été : + 30 % — migrations transcontinentales, tels les
précipitations : flux des pays européens vers l’Amérique
- hauteurs totales : + 5 à + 10 % (du Nord, mais aussi du Sud) et certaines
- nombre de joins : + 10 % colonies (dites de peuplement: Afrique du
- nombre de jours de neige : - 10 % Sud, Australie, Nouvelle-Zélande) : ces flux,
massifs à la fin du x ix e siècle et au début du
L’ordre de grandeur des m odifications x x e siècle, sont aujourd’hui beaucoup plus
apportées par la ville (cf. tableau) peut paraître réduits, les pays d ’accueil cherchant à limiter
assez faible, mais il peut entraîner des modifi­ l’immigration et à choisir des immigrants
cations sensibles des conditions de confort, qualifiés ;
puisque celles-ci changent très rapidement à — migrations internationales, liées à des
roximité de certains seuils. Il est donc sou- raisons économiques (ex. : travailleurs des pays
aitable que les urbanistes et les architectes du pourtour méditerranéen vers certains pays
tiennent compte des microclimats. européens, comme la France et l’Allemagne
F. D.-D. de l’Ouest) ou politiques, raciales ou religieuses
(réfugiés : Moyen-Orient, Amérique latine,
Atmosphère; C lim at; Pollution atmosphérique. Indochine, etc.) ; en cas de retour d’immigrés
au pays d’origine, pour des raisons politiques,
notamment après l’indépendance de pays colo­
MICRO-INFORMATIQUE - » Informatique nisés, on parle de rapatriés ;
et urbanisme — migrations intérieures, internes à un
pays, liées en particulier au développement éco­
nomique (industrialisation, centres d’emplois
MIGRATIONS urbains), mais aussi, de plus en plus, à la
recherche d’un cadre de vie agréable, notam­
Mouvements des individus se déplaçant ment à l’âge de la retraite.
d’un lieu d’origine (ou de départ) vers un lieu Parmi les grands flux de migrations inter-
de destination (ou d ’arrivée). Les personnes nationalesj on peut relever au cours des der­
qui se déplacent ainsi sont les migrants. On niers siècles :
parle d’émigration (et d’émigrants) pour la — Le trafic des esclaves, effectué à partir de
sortie d ’un territoire (pays le plus souvent, l ’Afrique intertropicale sur la côte ouest (par
mais aussi région, agglomération ou les Européens à destination des Amériques)
commune) et d’immigration (et d ’immigrants) et sur la côte est (par les Arabes et les Indiens) :
pour l ’entrée dans un territoire. Le solde il a duré du milieu du XVe au milieu du
migratoire est, pour une unité territoriale et XIXe siècle (bien que la traite des Noirs ait été
une période donnée, la différence (positive ou officiellement abolie en 1807) et a concerné 20
négative) entre le flux d ’immigration et le à 30 millions de personnes qui, malgré les
flux d’émigration : on parle aussi d’immigra­ nombreux décès en cours de voyage, sont à
tion nette ou d ’émigration nette selon le sens l ’origine des 100 millions de noirs d’Amé­
de ce solde. rique du Nord, du Centre et du Sud (sans
On distingue parmi les migrations, selon compter les noirs de l’Inde et des pays arabes).
leur durée : — les grandes migrations des Européens
— migrations définitives (ou permanentes) vers les pays neufs (États-Unis, Canada, Brésil,
lorsqu’il y a changement du lieu de résidence ; Argentine, Afrique du Sud, Australie, etc.),
— migrations temporaires, lorsqu’il n ’y a liées à la chute de la mortalité qui a entraîné
pas changement du lieu de résidence : migra­ une hausse de population rapide en Europe et à
tions saisonnières de certains ouvriers agri­ l’appel de population dans les colonies de peu­
coles, turbulence des populations nomades, plements : ce mouvement a concerné, du début
déplacements de vacances, etc. ; du xixe siècle à la seconde guerre mondiale
MIGRATIONS 474

environ 60 millions de personnes (dont la moitié dique (population du nord de la France en


vers les États-Unis) ; 1940 fuyant les troupes allemandes) ou
— les migrations volontaires contempo­ continue.
raines, liées à des besoins de main-d’œuvre des
pays européens développés, notamment pen­ Les sources d ’information concernant les
dant les trente glorieuses (1945-1974), qui migrations sont le plus souvent imprécises,
ont fait appel à des populations venant d’Europe surtout dans les pays qui, comme la France,
du sud, puis du Maghreb et du Moyen-Orient, n ’ont pas institué de fichier de la population.
enfin des anciennes colonies africaines et des Certaines sources (listes électorales, sécurité
possessions maintenues (Antilles, etc.) pour sociale) ne concernent qu’une partie de la
occuper des emplois non qualifiés, puis ont population et ne sont pas toujours à jour des
encouragé le regroupement familial: ralenti changements de résidence. Les recensements
depuis la crise de l’énergie, ce mouvement de population permettent diverses comparai­
touche aujourd’hui de nouveaux pays (certains sons :
pays arabes, les «dragons» du sud-est asia­ — celle du lieu de résidence et du lieu de
tique, etc.) ; naissance, ce qui indique des migrations sub­
— les transferts de population, qui ont tou­ sistantes (il peut y avoir eu plusieurs migra­
jours accompagné ou suivi certaines guerres, tions successives) pour les seuls survivants
ont pris une ampleur particulière depuis la (on ne peut donc pas reconstituer les flux) ;
seconde guerre mondiale: immigration des — celle du lieu de résidence actuel au lieu
Juifs en Israël et départ des Palestiniens ; trans­ de résidence à une date antérieure (le précédent
fert de 12 millions d’Allemands de Pologne et recensement par exemple), ce qui indique des
d’ailleurs, puis exil d’Allemands de l ’Est vers flux migratoires «apparents» ou résultants
l’ouest; départ des colonisateurs des pays car ils peuvent aussi être la résultante de migra­
ayant accédé à l’Indépendance (colonies japo­ tions successives pendant cette période, ne
naises et Indonésie en 1945, Indes en 1947, concernent pas les personnes décédées (ou
Algérie en 1962, etc.) ; partition des Indes entre ayant émigré à l ’étranger) ni les enfants nés
l’Inde et le Pakistan (17 millions de personnes depuis le recensement précédent.
transférées) ; plus récemment, conflits du Ces deux approches minorent donc les
Nigeria, de la corne est de l’Afrique, d’Indo­ flux migratoires.
chine, d’Afghanistan, d’Afrique centrale, de Les migrations internationales peuvent être
l’ex-Yougoslavie, etc. : au total, ce sont au estimées à partir d’autorisations d ’émigration
moins 80 millions de personnes qui ont été ou d’immigration (carte de séjour, en France),
concernées, plus qu’aucun des autres grands lorsqu’elles existent, ou à partir de statistiques
flux cités ci-dessus. établies aux frontières. Toutes ces sources
Parmi les migrations intérieures, l’exode sont très imparfaites, le plus souvent très
rural est le mouvement migratoire des zones incomplètes.
rurales vers les zones urbaines, indépendam­ La connaissance de la structure de la popu­
ment de l’activité du migrant. Il a été intense lation migrante (sexe, âge, état matrimonial,
dans les pays européens, pendant un siècle composition socioprofessionnelle) est impor­
environ (1840-1940), mais s ’est ralenti tante pour comprendre les faits migratoires
depuis, voire inversé (rurbanisation). Il reste et pour les projections. Les migrations ont
important dans les pays en développement, des effets souvent importants sur le mouve­
orienté surtout vers les capitales, souvent ment naturel d ’une population : les im mi­
sans villes moyennes jouant le rôle de relais, grants étant souvent jeunes, une immigration
comme cela avait été le cas en Europe. Il ne nette augmente souvent la fécondité, et donc
faut pas confondre, comme on le fait sou­ l ’accroissement naturel, et produit les effets
vent, l’exode rural avec l’exode agricole qui inverses dans la zone de départ. Pour une col­
correspond à l ’abandon de la profession lectivité territoriale, les effets des m ouve­
agricole. Le terme exode est plus générale­ ments migratoires sont très importants quant
ment employé pour désigner les départs aux besoins en logements, aux équipements, à
massifs de population, chassée par une cause la fiscalité locale, etc.
extérieure (guerre, famine, cataclysme natu­ Si les sources concernant les migrations
rel ou politique, etc.) qui peut être épiso­ étaient aussi détaillées et aussi crédibles que
475 MIGRATIONS ALTERNANTES

celles qui concernent la natalité et la mortalité, tions alternantes subsisterait, car cela ne sup­
on pourrait leur appliquer les méthodes de primerait pas leurs autres causes :
l’analyse démographique (quotients de migra­ • la spécialisation croissante des emplois ;
tion, analyse longitudinale et transversale, • la non-transparence du marché de l ’emploi ;
etc.). Mais ce n’est pratiquement jamais le • la mobilité résidentielle et professionnelle ;
cas, surtout à l’échelle des régions, des villes • la présence, dans de nombreux ménages,
ou des communes. de plusieurs personnes actives.
De façon générale, les migrations sont sélec­ Les activités étant plus nombreuses au
tives: selon le sexe (l’exode rural en France centre, les migrations alternantes concernent
a concerné les femmes avant les hommes ; surtout les habitants de la banlieue, en parti­
l’inverse s’observe en Afrique), selon l’âge, culier des quartiers récents. Les cadres et
l’état matrimonial (célibataires surtout), la pro­ employés de bureau effectuent souvent de
fession et le niveau d’instmction. longues migrations radiales, les ouvriers des
P. M. migrations à plus faible distance et plus dis­
persées dans l’espace urbain. Les non-salariés
- a Exode rural ; Migrations alternantes ; Population ; Projections travaillent plus souvent à leur domicile ou
dém ographiques; Recensement; Vieillissement d'une popu­
lation. près de celui-ci. Les hommes, les adultes
jeunes, les salariés font également des dépla­
cements plus longs que la moyenne.
MIGRATIONS ALTERNANTES En région parisienne, la durée moyenne de
(PENDULAIRES OU QUOTIDIENNES) chaque déplacement domicile-travail (pour
ceux qui en effectuent un) atteint 38 mn (36
Déplacements quotidiens entre le domicile à l ’aller, 40 au retour) pour près de 10 km
et le lieu de travail (auxquels on peut assimiler en moyenne. Ces valeurs dépassent à peine
les déplacements scolaires quotidiens). Les 15 mn et 3 km dans les villes de province (soit
migrations alternantes au sens strict repré­ une différence quotidienne de trois quarts
sentent un quart de la mobilité d’un jour de d ’heure). Aussi, pour une personne active,
semaine aux États-Unis, un tiers environ dans dans une très grande agglomération, le temps
les pays européens développés, la moitié dans de trajet domicile-travail approche (surtout
des pays moins développés. pour les femmes qui effectuent plus de tâches
La principale caractéristique des migrations ménagères) le temps de loisir résiduel.
alternantes est leur concentration dans le temps, Le recours aux transports en commun est
aux heures de pointe, la majorité des horaires beaucoup plus important pour les migrations
de travail étant semblables dans une agglomé­ alternantes que pour les autres déplacements :
ration. Les migrations alternantes représentent 41 % (transport mixte - automobile + trans­
ainsi la majorité de la demande de déplace­ ports en commun - compris) en région pari­
ments en heure de pointe : la moitié (70 % avec sienne (55 % pour l ’automobile et 3 % pour
les déplacements scolaires) à la pointe du soir ; les véhicules à deux roues) contre 27 % pour
les deux tiers (90 % avec les déplacements sco­ les déplacements pour d’autres motifs (69 %
laires) à la pointe du matin. Comme les réseaux en automobile). Cet écart est lié à leur concen­
de transport doivent être dimensionnés en fonc­ tration aux heures de pointe et sur les axes
tion de cette demande de pointe, la connais­ radiaux vers et dans le centre. En outre, le
sance précise des migrations alternantes est souci d’économie est plus important lors des
fondamentale pour le planificateur. C’est ce qui migrations alternantes en raison de leur carac­
explique que l’essentiel des travaux sur la tère répétitif. L’utilisation des transports en
mobilité les ait longtemps concernées, sans jus­ commun est même encore plus importante
tifier le désintérêt manifesté pour les autres pour les migrations alternantes aux heures de
motifs de déplacements. pointe : 50 % en région parisienne. Elle est
Les migrations alternantes sont dues, avant maximale pour ces migrations alternantes en
tout, à la répartition géographique différente heure de pointe sur les axes radiaux (85 %) et
des résidences et des activités : un des objec­ dans Paris (81 %). Ainsi, un véritable partage
tifs de l ’aménagement urbain vise à rappro­ des rôles s’établit-il entre l’automobile et les
cher ces deux répartitions. Mais, même s ’il transports en commun selon le motif du dépla­
était pleinement atteint, la majorité des migra­ cement, l ’horaire et le type de trajet. Une
MILIEU

conclusion superficielle, à laquelle beaucoup classées mais, même pour ces dernières, unft
d’analystes se limitent, selon laquelle l’usage autorisation administrative, délivrée pour ufl0
de l ’automobile est largement majoritaire, durée déterminée, est nécessaire (loi du 2 janl
même pour les migrations alternantes, passe­ vier 1970) et une étude d ’impact doit êtt|;
rait à côté de l ’essentiel. Cette conclusion effectuée (loi du 19 juillet 1976).
essentielle est que, pour les déplacements les Les mines et carrières peuvent poser déni.;
plus répétitifs, les plus concentrés dans le problèmes d ’urbanisme, soit par l ’espai®#j
temps et dans l’espace que sont les migrations qu’elles utilisent, soit par les nuisances
alternantes à destination du centre à l’heure de qu’elles occasionnent (bruit, poussières # 1
pointe, les transports en commun sont de loin pollutions, transports lourds, détérioration du
prédominants et peuvent seuls faire face à paysage, etc.), soit par les difficultés d(,
cette demande massive. C’est une des justifi­ construction qu’elles entraînent (carrièreil.
cations de la priorité qui doit leur être accor­ souterraines). Les plans d ’urbanisme n i
dée dans les investissements. Cela montre en doivent pas omettre les servitudes correspon­
outre que, contrairement à une opinion large­ dantes. L’ouverture de carrière peut, notam­
ment répandue, les investissements dans les ment, être refusée dans les sites classés (ou
transports en commun doivent en priorité en cours de procédure) et aux abords des
concerner les axes radiaux et non les rocades, monuments historiques ; lorsqu’elle implique
pour lesquelles l ’essentiel de la demande se le défrichement d ’espaces boisés (une auto­
porte - et se portera toujours - vers l ’automo­ risation de défricher est alors nécessaire).)
bile (le contrat de plan État-Île de France pour dans un périmètre de protection des eaiWl
2000-2006 et le contrat de projet 2007-2013, A l’inverse, les plans d’urbanisme, et notam­
cédant à une mode discutable, ont effectué ment le p o s ou le p l u , peuvent interdire
cependant un choix inverse). l’urbanisation d ’une zone pour permettre son
L’automobile est cependant le moyen de exploitation future en carrière. si
transport le plus utilisé pour les liaisons inter­ L’aménageur doit aussi assurer la réhabit
urbaines et en milieu rural, quel que soit le litation des anciennes carrières par apport
motif de déplacement. Elle est également pré­ de matériaux pour les combler, couverture
pondérante dans les agglomérations petites et de terre végétale puis aménagem ent: le i
moyennes et, dans les grandes aggloméra­ anciennes carrières se prêtent souvent bien ü)
tions, pour les migrations alternantes tangen- l’installation de bases de loisirs et de plein
tielles (de banlieue à banlieue : 85 % environ air. D es problèm es de réhabilitation se
en région parisienne). posent aussi pour les déchets miniers (ter­
P. M. rils) qui forment de véritables collines artifi­
cielles et pour le carreau (terrain clos
Déplacement; Em ploi; Heure de pointe; Modèle de trans­ englobant l’orifice du puits et les installa*
p ort; Population active.
tions) des usines qui ne sont plus exploit
tées. . ■■. ;
Les mines ont, en outre, souvent créé mà
MILIEU - » Environnement paysage urbain spécifique : carreau de la mine)
terrils, aires de stockage, voies de transport dés
minéraux, et même habitat, spécifique. On
MINES ET CARRIÈRES appelle corons les groupes d’habitations, exi­
guës et sans confort, construites pour héberger
Installations à ciel ouvert ou en sous-sol les mineurs (Nord-Pas-de-Calais en particu­
destinées à l’extraction de substances miné­ lier). Leur réhabilitation, si elle est possible, ou
rales : au sens ordinaire, on distingue les pro­ leur démolition doit être envisagée. Les mines
duits métalliques ou fossiles (m ines) des plus récentes ont pu donner lieu à la construc­
minéraux destinés à la construction (car­ tion de cités minières s’inspirant, peu ou prou,
rières). Le régime des mines, qui établit un des principes des cités-jardins. ,
droit préférentiel au profit de l’État, s’applique
aux matières d’intérêt national ; le terme de p. M.
carrières, dans cette acception juridique, est - » Activité économ ique; C oro n; Friches urbaines et indus-
réservé aux exploitations de matières non trielles;Tréfonds.
«7 MOBILIER URBAIN

MINISTÈRE État de diverses hauteurs, grilles d’arbres modu­


lables, arceaux de fonte pour ourler les
pelouses). Ce mobilier, dessiné par l ’archi­
MINITEL -► Télématique tecte Davioud et réalisé en série par les fon­
deurs de l ’est de la France, est caractérisé
par ses matériaux (métal, bois, brique et
MINORITÉS -> Ghetto ; Ségrégation zinc), la qualité de sa conception, son unité de
style. L’homogénéité de sa distribution et la
rationalité de son implantation étaient assu­
MISE À JOUR rées grâce à la collaboration des ingénieurs
O'UN DOCUMENT D'URBANISME des différents services (voirie, éclairage, plan­
-* Plan d'occupation des sols (ros) ; Plan local tations, etc.). Il ne joue pas seulement un rôle
d'urbanisme (plu) pratique, mais contribue à l ’urbanité et à
l’esthétique de la ville. D ’une part, grâce à la
légèreté de ses formes étrangères au vocabu­
MISSION -+ Administration de mission laire classique, il contrepointe, de façon
ludique, la masse minérale des immeubles
tout en dialoguant avec certains des éléments
MISSION D'ÉTUDES E T D'AMÉNAGEMENT des décors de façade, les balcons en particu­
DE VILLE NOUVELLE - Établissement public lier. D ’autre part, il confère à la ville une
d'aménagement de ville nouvelle ; Ville unité et une urbanité nouvelles par un double
nouvelle jeu de ponctuation régulière et modulée et de
sertissage des espaces libres ou verts. Entre le
départ d ’Haussmann et la seconde guerre
MITAGE —> Rurbanisation mondiale, le m obilier haussmannien fut
complété par des candélabres, des grilles de
jardin et les entrées de métro de Guimard,
MOBILIER URBAIN dont la grâce mise sur les mêmes effets de
contraste.
Expression utilisée par analogie pour dési­ L’ensemble de ce mobilier urbain, dont
gner les objets légers et déplaçantes, mais certains éléments sont encore copiés, sur le
non mobiles qui, dans les agglomérations, mode « rétro » ou selon une approche esthé­
complètent l’ensemble des immeubles et de tique renouvelée, n ’est ni protégé au titre des
la voirie pour la commodité et le confort monuments historiques, à l’exception notable
extérieur des habitants. L’utilisation de ce des stations de Guimard, dont les moules ori­
terme, datée des années 1950, est postérieure ginaux ont été perdus.
à l’apparition de ces objets dans l ’espace Cette négligence tient au développement
public urbain. d’une nouvelle génération de mobilier urbain,
Le premier développem ent du mobilier solidaire de la création de nouveaux maté­
urbain coïncide avec celui des techniques de riaux (plastiques pour les petits objets en par­
nettoyage et d’éclairage et avec l’apparition ticulier), de nouveaux modes de déplacement
des trottoirs qui ont fait de la ville occidentale et de télécommunication (signalisation rou­
un lieu de promenade pour le piéton. La tière, abris d’autobus, vélocipèdes), de nou­
seconde moitié du xixe siècle voit l’apogée de veaux besoins sociaux (jeux d’enfants pour
ce développement dont le Paris de Hauss- les jardins publics, adaptation des trottoirs
mann offre, sans doute, la plus remarquable aux personnes à mobilité réduite) et de nou­
illustration avec la gamme d’objets, produits veaux modes de production transférés de
par les services de la ville de Paris et allant l’aménagement du territoire et des routes vers
de petits édifices (kiosques, abris, colonnes les espaces urbains (acier plié pour les candé­
Morris, urinoirs, éventaires) à une variété labres comme pour les rambardes d ’auto­
de panneaux d ’affichage, bancs, corbeilles à route). La production commerciale, en grande
déchets, appareils d’éclairage de la voie série, par des firmes privées, de ce mobilier
publique et aux éléments de sertissage des conforte notamment trois tendances : perte de
espaces verts ou vides (clôtures en métal la recherche formelle et de l’unité de style
MOBILITÉ 478

des différents éléments du mobilier ; banalisa­ en excluant les déplacem ents effectu és à
tion de ces objets qui se retrouvent iden­ pied en totalité) un jour de sem aine par
tiques, non seulement d ’un pays et d ’une ménage ou par personne (ou par personne de
ville à l ’autre, mais dans les villages et les 6 ans et plus). La mobilité est liée à la taille
campagnes ; distribution purement quantita­ de la ville (le maximum s’observe dans les
tive des objets mobiliers, traités comme v illes m oyennes). Elle s ’est longtem ps
unités singulières et non plus composants accme presque linéairement avec le niveau
d’un ensemble complémentaire et intégrateur de vie (mesuré par le revenu R) et le niveau
de l ’espace urbain qu’ils contribuent désor­ de motorisation m (lui-même lié au revenu),
mais à désintégrer. Autrement dit, le rôle jusqu’à ce qu’on atteigne un niveau de satm
convivial et esthétique de ce type d’équipe­ ration, voire une légère diminution (récente)
ment tend à s ’effacer. Ils sont en revanche dans certains cas. D ’autres facteurs inter­
devenus le support d ’une autre fonction viennent : âge, sexe, position dans le
publicitaire. ménage, exercice d’une activité profession­
Paris offre aujourd’hui, à cet égard, un nelle, desserte par transports en commun,
exemple caricatural où la circulation des pié­ organisation de la ville, etc.
tons est entravée par des objets hors d’échelle La mobilité est établie par enquêtes par
(kiosques à journaux, urinoirs, poubelles) et sondage, effectuées à domicile auprès de tous
des panneaux publicitaires prétexte à plans de les membres d ’un même ménage ou par la
quartiers surnuméraires. D es opérations et méthode du carnet (où l’enquêté note ses
des concours de réaménagement d’espaces déplacements). Les résultats de ces enquêtes
publics ont également amplifié le fractionne­ fournissent une approximation de la demande
ment du systèm e des espaces parisiens en de déplacements. Mais cette estimation est par
créant des espaces à forte spécificité d ’aména­ défaut, car elle ne comprend pas la demande
gement, mais sans liaison avec le reste des non réalisée, qu’on appelle demande latente;
mobiliers urbains. en raison de l’insuffisance de l’offre de trans­
Le mobilier urbain, autrefois porteur de port (desserte insuffisante en transports en
convivialité, conserve cependant un rôle commun, non-disposition d’un véhicule indi­
potentiel que les urbanistes devront repenser viduel) ou du revenu des intéressés (pour
et réélaborer en diversifiant les modes de pro­ payer la dépense monétaire liée au déplace­
duction, en différenciant les mobiliers urbain ment).
et rural et en travaillant à une répartition ratio­ Les études sur la mobilité ont mis l’accent
nalisée et maîtrisée du mobilier dans l’espace sur:
urbain. — le budget-temps de transport, dont Zahavi
D es solutions devraient également être estime qu’il est presque constant (résultat
recherchées pour intégrer dans des réseaux contesté par d ’autres auteurs) ;
d’infrastructures (éventuellement souterrains), — les chaînes de déplacements (un dépla­
et d ’équipements plutôt que dans des objets cement n ’est pas décidé indépendamment
encombrants et offensants pour la vue, la col­ de ceux qui le suivent ou le précèdent), qui
lecte des déchets et les équipements sanitaires ont conduit à étudier les programmes d’acti­
qui, par définition, ne contribuent pas à l ’urba­ vités dans un espace-temps à trois dimensions
nité. (Hàgerstrand) ;
— les cartes mentales, représentations
F. C. et V. S.-M. G.
subjectives de l ’espace urbain par un habitant
-> Éclairage public; Espace public; Trottoir; Viabiliser. à partir des lieux qu’il a l’habitude de fré­
quenter ;
— l’accessibilité qui, surtout dans les
MOBILITÉ pays en développement, n ’est pas assurée
pour tous, soit par carence des réseaux de
La mobilité est la propension d’une popu­ transport en commun, soit par insuffisance
lation à se déplacer. En ce qui concerne la du revenu.
mobilité à l ’intérieur d ’une agglomération, P. M.
on mesure le plus souvent la mobilité par le
nombre moyen de déplacements (en général - » Déplacement;Accessibilité.
479 MODALITÉS D'APPLICATION DU RÈGLEMENT NATIONAL D’URBANISME

MOBILITÉ RÉSIDENTIELLE MOBILITÉ SOCIALE

Changement de logement par un ménage. Ce terme désigne « l ’intensité des échan­


Elle a pour objet de modifier la localisation ges intergénérationnels entre deux groupes
(quartier, ville), le statut (location, accession à professionnels» (R. Boudon). La sociologie
la propriété), le type (appartement, maison de la mobilité sociale cherche à définir les
individuelle) ou la taille du logement, ou sou­ «probabilités d’accès aux différents niveaux
vent plusieurs de ces caractéristiques à la fois. socioprofessionnels en fonction des origines
Le taux de mobilité résidentielle peut être sociales ».
mesuré par la proportion des résidences prin­ La pensée sociale a longtemps opposé les
cipales qui ont changé d’occupant au cours de sociétés traditionnelles, où la hiérarchie est
l’année. rigide et la m obilité faible, aux sociétés
La mobilité résidentielle est difficile à modernes caractérisées par une forte mobi­
mesurer avec précision (délicat suivi des mou­ lité sociale. Dans cette perspective, le démar­
vements, insuffisance de la mesure des chan­ rage économique devait s’accompagner d ’un
gements de logement entre deux enquêtes, accroissement de la mobilité sociale, favo­
interférence avec les créations et les dispari­ risé par l ’urbanisation et l ’expansion qui
tions de ménages, etc.). Elle est relativement brisent les structures rigides des sociétés tra­
faible en France (11 % en 2006). Elle est très ditionnelles. Sur le plan social, la mobilité
variable selon les caractéristiques du ménage devait augmenter avec le passage du statut
et les conditions de logement. Elle est beau­ social assigné (reçu dès la naissance) au sta­
coup plus élevée chez les célibataires et tut acquis, lié à la compétence des individus.
chez les jeunes ménages. Elle est également Dans les sociétés modernes, la prédomi­
plus importante chez les locataires du secteur nance du statut acquis semblait affaiblir
locatif privé (27 % par an environ) que chez l ’importance de l ’origine sociale dans la
les locataires h l m (10% en moyenne, avec mobilité sociale. Sur un plan politique, une
d’importants écarts selon la qualité et la loca­ forte mobilité sociale devait permettre une
lisation des immeubles et des opérations) et intense circulation des élites et donc la régé­
surtout que parmi les propriétaires occu­ nération de la démocratie et le changement
pants (4,5 %). Après avoir longtemps aug­ social.
menté, elle a baissé entre 2002 et 2006, en La sociologie a, en grande partie, détruit
particulier dans le parc locatif social dont cette conception en montrant qu’il n ’y a pas
l’occupation devient ancienne et où de nom­ de lien entre niveau de développement écono­
breux ménages restent captifs, faute de reve­ mique et mobilité sociale. Elle tend à rejeter
nus suffisants pour franchir la marche de cette notion pour lui préférer celle d’inégalité
l ’accession devenue trop haute. Dans les des chances. Cette dernière est associée à un
zones de marché tendues, le parc social ensemble de travaux théoriques centrés sur le
connaît ainsi un engorgement marqué: la rôle de l’école (cf. R. Boudon , L ’inégalité des
mobilité n ’est que de 8 % dans le parc h l m chances).
francilien, à peine 4 % dans celui de Paris. Le La sociologie de la mobilité sociale s ’oppose
développement de l ’accession à la propriété à la sociologie de la reproduction pour qui la
ainsi que le ralentissement de la construction mobilité intergénérationnelle des individus
réduisent également la mobilité résidentielle n ’influence pas la structure de classe et peut
enregistrée dans l’ensemble du parc. même contribuer à son maintien par la crédibi­
À l’inverse, la décohabitation et la réduc­ lité qu’elle donne à l’idéologie de la réussite
tion de la taille moyenne des ménages (baisse individuelle.
de la nuptialité et de la fécondité, accroisse­
D. L.
ment des divorces) entraînent une demande
accrue de la part de petits ménages qui se Classe sociale; Sociologie urbaine.
tournent surtout vers le secteur locatif en
immeubles collectifs.
A.-C. et A. M. MODALITÉS D'APPLICATION DU RÈGLEMENT
NATIONAL D'URBANISME (MARNU) -> Carte
Logement. communale
MODE DE TRANSPORT 480

MODE DE TRANSPORT Modèle de choix Ainsi, un m odèle mathématique apparaît


modal ; Moyen de transport comme la formalisation mathématique d ’un
système.
On peut proposer plusieurs classifications
MODE DE VIE —►Besoins ; Classe sociale ; des modèles mathématiques. On retiendra,
Habitant; Société; Sociologie urbaine tout d ’abord, la distinction entre modèles
explicatifs et modèles descriptifs. Un modèle
explicatif formalise une explication du sys­
MODÈLE tème décrit. 11 se présente sous la forme de
relations mathématiques qui s ’enchaînent par
Ce terme peut servir à désigner l’instrument un processus logique, chaque relation forma­
d’une méthode de conception et de produc­ lisant une relation hypothétique entre des
tion de l ’espace bâti, qui dérive de la variables (caractéristiques des éléments du
démarche utopiste. Le modèle consiste alors système). Au contraire, un modèle descriptif
dans un plan standard élaboré a priori pour se limite à établir des relations empiriques,
promouvoir un ensem ble de conditions établies par analyse statistique (et calcul sur
sociales et matérielles tenues pour universel­ ordinateurs), sans qu’on cherche à préciser la
lement valables : c ’est un objet définitif et, par structure logique de ces relations. Seuls les
définition reproductible, quel que soit le modèles explicatifs peuvent être valablement
contexte physique et social de son applica­ utilisés en prévision, la stabilité des relations
tion. La procédure économique et efficace, statistiques des modèles descriptifs n ’étant en
mais réductrice et contraignante, du modèle rien assurée. Parmi les modèles explicatifs, on
s ’est imposée dans l ’urbanisation planifiée peut distinguer les modèles prédictifs (la pré­
de l’ère industrielle. On peut lui opposer un vision résultera de l’introduction de valeurs
procès de conception et de production de futures des variables et du choix raisonné des
l’espace bâti plus complexe, d’un maniement valeurs futures des paramètres du modèle) et
plus difficile, fondé sur des systèmes de règles les modèles de planification (qui sont
qui permettent, au contraire, de répondre construits afin d ’évaluer les conséquences de
par des solutions originales à la diversité diverses alternatives pour le futur).
des contextes physiques et socioculturels On peut encore distinguer :
(F. Choay, La règle et le modèle, Paris, 1980). — les modèles déterministes (qui fournissent
F. C .
un seul état) et les modèles probabilistes ou
stochastiques (qui fournissent une distribution
Progressisme; Utopie. de probabilités des états possibles) ;
— les modèles analytiques (relations mathé­
matiques formalisées) et les modèles de simu­
MODÈLE (MATHÉMATIQUE) lation (des effets de divers événements pos­
sibles) ;
Un modèle est un système complet, plus — les modèles dynamiques ou statiques,
ou moins simplifié par rapport à la réalité. selon que le temps intervient ou non dans
Cette définition de l ’économiste néerlandais leur structure même ;
Tinbergen peut s ’appliquer à un modèle gra­ — les modèles agrégés (où on considère des
phique ou matérialisé, ou au contraire à un groupes pour lesquels on retient des valeurs
modèle conceptuel ou mathématique. Ackoff moyennes des variables) ou désagrégés (où on
introduit la notion d ’idéal en parlant de considère les individus) ;
« représentation idéalisée de la réalité afin de — les modèles analogiques (constmits par
faire apparaître certaines de ses propriétés ». analogie avec un autre système, tel le modèle
La construction de modèles se rattache à gravitaire de distribution des déplacements
l ’analyse de systèmes. qui repose sur une analogie avec les lois de
Un modèle mathématique est un modèle la gravitation universelle et du magnétisme),
exprimé sous forme de relations mathéma­ homomorphiques (qui décrivent une appro­
tiques entre des variables. Celles-ci peuvent ximation du système) et isomorphiques (qui
être considérées comme les caractéristiques simulent les interactions qui régissent les
des éléments qui constituent un système. courses et les effets du processus décrit) :
481 MODÈLE DE CHOIX MODAL

seuls ces derniers sont des modèles réelle­ On a tenté, dans les années 1960, aux
ment explicatifs. États-Unis et parfois en France, de construire
L’ajustement (éviter l’anglicisme « calibra­ des modèles simulant le développem ent
tion ») d’un modèle consiste à déterminer les urbain (cf. P. Merlin, «M odèles d ’urbani­
valeurs numériques des coefficients et para­ sation», Cahiers de I ’iaurp, vol. 11, 1968).
mètres du modèle qui permettent la meilleure Ces modèles étaient soit globaux, soit par­
adéquation possible entre les résultats calculés tiels (concernant par exemple la localisation
par le modèle et les résultats empiriquement des ménages, ou celle des commerces). Les
observés Les coefficients sont les éléments modèles explicatifs, dont le plus connu est
numériques qui sont attachés aux variables celui de Herbert et Stevens qui analyse le
d’un modèle descriptif : ils n ’ont pas de signifi­ choix de localisation des ménages, se sont
cation propre et seul leur signe (positif ou révélés difficiles à utiliser opérationnellement
négatif) en a une. Les paramètres sont les élé­ pour des prévisions. Des modèles descriptifs
ments qui fixent les lois traduites par les rela­ (Lowry, aux États-Unis ; Merlin et Lebel en
tions d’un modèle explicatif ou analogique. Ils France) ont pu être utilisés opérationnelle­
ont une signification propre et, avant toute ment, mais souffrent des insuffisances géné­
application en prévision, on doit s’interroger rales des modèles descriptifs.
sur leur évolution possible, en faisant appel à la P.M.
réflexion prospective. Par exemple, l’exposant
d’un modèle gravitaire est un paramètre qui tra­ - » Modèle de transport; Prévision; Recherche opérationnelle;
Système.
duit la résistance des usagers à se déplacer.
Les écarts entre les valeurs observées et
les valeurs calculées par le modèle sont les
« erreurs » du modèle. On peut considérer MODÈLE DE CHOIX MODAL
que, dans une application en prévision, les
erreurs seront supérieures à celles observées Modèle qui décrit le choix d’un mode de
lors de l’ajustement du modèle à partir d’une transport par l’usager. La plupart des modèles
situation observée. Des méthodes classiques ne comparent que deux modes de transport à
(calcul d’erreurs, analyse de variance) per­ la fois. On procède alors par répartitions suc­
mettent d ’apprécier la qualité de l ’ajuste­ cessives :
ment. Mais cette qualité ne peut se limiter — entre la marche à pied et l’emploi d’un
aux résultats de tels calculs : on peut toujours moyen de transport ;
obtenir un bon ajustement d ’un modèle en — entre l’emploi d’un moyen individuel et
multipliant les coefficients (ou paramètres), d’un moyen de transport en commun ;
mais ce gain de précision est illusoire car ces — parmi ces derniers, entre les différents
coefficients supplémentaires ont peu de moyens concurrents le cas échéant.
chances d’être stables dans le temps, et les Les modèles les plus utilisés reposent sur
erreurs risquent d ’être très élevées lors de le concept d ’arbitrage par l ’usager entre la
l ’application d’un tel modèle en prévision. dépense monétaire, le temps de trajet (et sou­
Aussi, les modèles explicatifs, comportant vent le confort). Leur mise au point suppose
un petit nombre de paramètres clairement la détermination d ’équivalences entre ces
identifiés, sont les plus utiles à l’analyse d’un dimensions différentes : les coefficients de
système, comme pour la prévision et la plani­ pénibilité permettent de corriger le temps en
fication. fonction de l’inconfort lié à chaque séquence
Les modèles mathématiques ont de nom­ du déplacement (trajet terminal à pied,
breuses applications en urbanisme et en amé­ attente, correspondance, trajet dans un véhi­
nagement de l ’espace. On citera notamment cule surchargé). L’arbitrage entre le temps et
leurs applications dans le domaine écono­ la dépense monétaire nécessite la détermina­
mique (échanges interindustries, multiplica­ tion empirique d’une valeur du temps (sub­
teurs d’emplois, etc.), dans celui de la mobilité jective), à partir de l ’analyse objective du
et des transports (distribution géographique comportement ejfectif des usagers, connu par
des déplacements, choix du mode de trans­ les enquêtes de mobilité.
port, etc.), dans l'étude des réseaux urbains, Les principaux modèles, dont s’inspirent
en économie spatiale. les modèles actuellement utilisés, ont été mis
MODÈLE DE DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES DÉPLACEMENTS m
au point au début des années 1960. Ils pré­ une analogie entre la mobilité et la gravitatioft
sentent sous forme mathématique (Warner, universelle. Deux formulations mathéma*
États-Unis) ou sous forme graphique (Barbier- tiques sont employées :
Merlin, France et Beesley, Grande-Bretagne) — puissance: il
une courbe d’affectation permettant d’affecter
les usagers à l’un ou l ’autre des deux moyens
de transport en fonction de la comparaison du
temps de trajet et des dépenses monétaires — exponentielle: sq
pour chacun d’eux. L’étude française, qui pre­ 9'
nait en outre en compte le confort, établit la t} = a'g, x aj x e *' dt u*
courbe d’affectation en fonction de la diffé­
rence, pour les deux m oyens de transport gt : génération du quartier i (par ex. :
concurrents, du coût généralisé du déplace­ population active) ;
ment considéré (lequel incorpore dépense aj : attraction du quartier j (par ex. t:
monétaire, temps de trajet et confort). emplois); f
Comme les autres modèles de transport, les dÿ : indicateur d’éloignement (distance',1
modèles de choix modal reposent sur des prin­ coût généralisé) entre i etj ; .
cipes établis au début des années 1960. Les a ou a' : paramètre de mise à l’échelle ;
améliorations apportées par la suite ont plutôt P ou P' : paramètre de sensibilité de la mobk
été des complications qui, recourant à davan­ lité à la distance.
tage de variables, donc de coefficients ou de
paramètres à ajuster, ont nui à leur valeur pré­ • Les modèles des opportunités formalisent,
dictive. . un comportement des usagers qui, pour choisir
La principale critique apportée aux modèles leur destination, explorent l’espace de proche*
de choix modal souligne que, seule une mino­ en proche, selon les distances (ou coûts géné­
rité des usagers est en situation de choix véri­ ralisés de déplacement) croissantes.
table : les autres, soit ne disposent pas d’une On peut présenter, pour ces modèles, des­
automobile (on les appelle « les captifs » des remarques analogues à celles présentées à
transports en commun), soit sont, au contraire, propos de l’ensemble des modèles de trans­
décidés à utiliser leur automobile dans tous port quant à leur origine et à leurs améliora­
les cas. tions ultérieures quelque peu illusoires. On
L’affectation aux itinéraires concurrents observera cependant que les modèles de pré­
repose sur des modèles de conception similaire. vision ex nihilo des flux (tels le modèle gravi-
P.M. taire ou le modèle des opportunités) étaient
bien adaptés au cas de prévisions à long
-* Coefficient de pénibilité ; Confort (d'un moyen de transport) ; terme dans des agglomérations en évolution
Coût généralisé de déplacement; Modèle de transport;
Moyen de transport ; Valeur du temps (lors des déplacements). rapide et où l ’on prévoyait de nouveaux
réseaux de transport, ce qui explique qu’ils
aient été préférés dans les années 1960-1970
MODÈLE DE DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE où ces conditions étaient remplies dans les
DES DÉPLACEMENTS pays développés. Au contraire, les modèles
de facteur de croissance, repartant des flux
Modèle qui permet de déterminer les flux % existants, sont plus adaptés à des prévisions à
entre chaque origine i et chaque distinction j moyen terme dans des agglomérations qui
sous forme de matrice (tableau). On distingue : évolueront peu et où on se limitera à complé­
• Les modèles de facteur de croissance, qui ter et à améliorer les réseaux existants: ces
corrigent les flux actuels par des facteurs modèles, abandonnés dans les années 1960,
prenant en compte la croissance prévue, dans méritent d ’être remis au goût du jour, au
chaque quartier, de la population résidente et moins dans le contexte actuel des villes des
des activités; ces modèles donnent de bons pays développés.
résultats à moyen terme, si aucun bouleverse­
ment de la structure de l’agglomération ni du P. M.
réseau de transports n ’est prévu.
-* Coût généralisé de déplacement; Déplacement; Modèle de
• Les modèles gravitaires qui reposent sur transport.
483 MODERNE

MODÈLE DE TRANSPORT Les modèles de transport ont été développés


à l’époque où les grandes villes américaines
Système complet, plus ou moins simplifié ont entrepris des comprehensive studies pour
par rapport à la réalité, décrivant des compor­ justifier les autoroutes urbaines construites
tements liés à la mobilité, le plus souvent sous avec un financement du gouvernement fédé­
forme mathématique. ral, puis où les métropoles européennes (Lon­
Ajuster (terme à préférer à l ’anglicisme dres, Paris, A thènes) ont entrepris elles-
«calibrer» un modèle) consiste à déterminer mêmes des études globales de transport. Les
les valeurs des paramètres du modèle, qui per­ modèles de base construits à cette époque ont
mettent de minimiser le taux d’erreur, c’est-à- été améliorés, mais cette amélioration est le
dire les écarts entre les données observées et les plus souvent illusoire : elle repose sur la prise
données calculées par le modèle. Le meilleur en compte de variables plus diverses, donc de
ajustement n’est pas nécessairement une fin en paramètres plus nombreux, ce qui nuit à la
soi s’il nécessite une excessive complication du stabilité dans le temps et donc à la valeur pré­
modèle, la multiplication de paramètres dont la dictive de ces modèles.
signification est obscure et qu’on ne saura fixer P. M.
par réflexion prospective : le gain apparent
de précision serait alors perdu lors de l’applica­ Modèle de choix m odal; Modèle de distribution géogra­
phique des déplacements ; Mobilité.
tion du modèle en prévision. Il est de bonne
méthode de mesurer (tester) la variabilité des
résultats du modèle (sensibilité du modèle) à
une variation des paramètres. MODÈLE GRAVITAIRE Modèle
La méthode « classique » de planification de distribution géographique
des transports, mise au point aux États-Unis des déplacements
autour de 1960 et après, adoptée et adaptée en
Europe dans les années 1960, suppose des
choix successifs de l’usager, qui se traduisent MODERNE
par autant de modèles dits séquentiels :
— décision d’effectuer ou non un déplace­ Du bas latin modernus, récent, ce) adjectif,
ment: modèle de génération des déplace­ appliqué à un mouvement architectural du
ments ; x x e siècle le «m ouvem ent m oderne», est
— choix de la destination : modèle de dis­ cependant loin d ’avoir seulement un sens
tribution géographique des déplacements ; relatif qui le ferait utiliser par chaque époque,
— choix de l’horaire : modèle de fixation pour se distingüer des âges précédents.
des coefficients de pointe ; Introduit dans le langage des humanistes ita­
— ‘ choix du mode de transport : modèle de liens, il a d’abord été utilisé à des fins de pério­
choix modal; disation, Dès le XVe siècle, il sert à opposer à
— choix de l’itinéraire : modèle de choix l ’Antiquité les temps qui l’ont suivie. C’est
d’itinéraire. dans ce sens que s’est développée aux xvne et
La méthode classique a été très critiquée à xvme siècles la « querelle des Anciens et des
la fin des années 1960 et au cours des années Modernes ». De même, à la suite de Pétrarque,
1970. On lui reproche le caractère arbitraire de les historiens d’art ont fait commencer l ’archi­
sa structure séquentielle, le rôle conservateur tecture moderne avec le M oyen  ge, en
de modèles ajustés sur la situation actuelle (ou l’opposant à l’architecture de l’Antiquité ; tou­
passée) et leur conception initiale aux États- tefois, les manuels d’histoire font commencer
Unis pour planifier les autoroutes urbaines : les Temps modernes après lè M oyen  ge,
on T a même qualifiée d’outil «au service de avec la découverte de l’Âmérique (1492).
l’automobile». Sans être totalement injusti­ Le « mouvement moderne », en architecture,
fiés, ces reproches sont excessifs car ils visent est en revanche lié à une notion historique
plus une application mécanique de la méthode beaucoup plus récente, celle de modernité
classique que celle-ci en elle-même. Surtout, (néologisme proposé par Théophile Gautier en
ses critiques n ’ont jamais pu élaborer de 1867, diffusé par Baudelaire). N ée dans un
méthodologie globale qui puisse constituer contexte que définissent la création de l ’État
une alternative à la méthode classique. moderne et la révolution industrielle, où l’évo­
MODERNE m
lution de sciences et des techniques, comme monde n ’est néanmoins ni ancienne, ni uni­
celle des modes et des rapports de production verselle». Il résulte, avec l ’avant-garde,
« introduisent dans la vie sociale une dimen­ d ’une « découverte exclusivement moderne,
sion de changement permanent, de déstructura­ accomplie au moment où l’art commence à se
tion des mœurs et de la culture traditionnelle », contempler lui-même d’un point de vue histo­
la modernité est définie par J. Baudrillard rique » (Bontempelli). La nouveauté de cetfë
(Encyclopaedia Universalis) comme «une modernité ne réside pas tant dans le contenu des
structure historique et polémique de change­ œuvres que dans l’attitude des artistes vis-à-vis
ment et de crise », « pratique sociale et mode de la tâche esthétique que leur impose leur
de vie articulé sur le changement, l’innovation, époque (cf. H. Rosenberg, The tradition o f the
mais aussi sur l ’inquiétude, l ’instabilité, la new, New York, 1959, trad. franç., 1962).
mobilisation continuelle, la subjectivité mou­ En second lieu, le « il faut être absolument
vante, la tension, la crise et comme représenta­ moderne » de Rimbaud (1871) a pour corrélât
tion idéale ou mythologie ». le refus du passé, des héritages historiques et
Dans les arts, la modernité commence d’être des traditions, au profit d’une immanence de
assumée sensiblement à partir du romantisme la création, dans un présent qui ne vaut que
allemand. Cependant, sa revendication expli­ par « les potentialités du futur » (Maiakowski).
cite est liée au concept d ’avant-garde, né en Mais ce présent historique est associé à dés
France dans le climat de la Commune de valeurs diverses et, au gré des différents mou­
1870, où il associe politique et littérature. Il vements, contradictoires : le jeu, l’humour, la
sera bientôt réservé aux seules activités artis­ déraison, mais aussi bien la science au nom de
tiques, parmi lesquelles la littérature et la pein­ laquelle poètes (Apollinaire) et musiciens
ture jouent un rôle pionnier, suivies par la (Schoenberg) prônent l ’« expérimentation »,
musique et, avec un net décalage, par l’archi­ la technique, symbolisée par la machine et la
tecture qu’on traitera ici séparément. vitesse : « une auto vrombissante est plus belle
Après les précurseurs, Gautier (L ’art que la Victoire de Samothrace » (Marinetti),
moderne) et surtout Baudelaire, après l’époque Une telle affirmation éclaire encore un autre
héroïque de Mallarmé, Rimbaud, Cézanne, trait : la subversivité des avant-gardes, leur
cette modernité protéiforme voit se succéder, négativité qui peut s’identifier avec un antihu­
entre autres, le postimpressionnisme, l’expres­ manisme (Rimbaud : « Maintenant, je sais que
sionnisme, le cubisme, le futurisme, le l ’art est une sottise ») et même s ’achever en
dadaïsme, le surréalisme, le constructivisme... nihilisme (Maiakowski: « J ’écrirai “nihil” sur
plus tard l ’abstraction lyrique, Vaction pain- tout ce qui aura été fait auparavant »). Polé­
ting et, pour ne citer que quelques noms, des mique, la modernité refuse de se figer dans
personnalités aussi contrastées que Seurat et des écoles. Elle est incarnée par des cénacles;
Klimt, Picasso et Schwitters, Dubuffet et des groupes, courants et mouvements qui
Pollock, Debussy et Schoenberg, Joyce et combattent, dans des revues plus ou moins
Kafka, Apollinaire et Beckett. éphémères, à coup de programmes, proclama­
On peut cependant tenter de définir schémati­ tions, manifestes (futurisme italien : Marinetti,
quement quelques traits communs à l’ensemble 1909; Dada, 1918; surréalisme, A. Breton,
de ces avant-gardes (cf. R. Poggioli, Teoria Paris, 1924,1930).
d ell’arte d ’avanguardia, Milan, 1962, et Enfin, les avant-gardes ont dû affronter, de
Ph. Junod, Transparence et opacité, Lausanne, façon parfois cruelle, la contradiction qui
1976). On notera d’abord, et essentiellement, oppose leur volonté d’innover radicalement
une nouvelle relation au temps, fondée sur un par un art élitique, à leur désir également
sentiment spécifique de l ’historicité, qui « moderne » d’être en accord avec la nouvelle
s’achève en mythe du nouveau. Il faut « des­ société de masse. Politiquement, elles se sont
cendre au fond de l ’inconnu pour trouver du trouvées aux prises avec des problèmes d’une
nouveau », écrit Baudelaire auquel Seurat fait grande complexité. On se contentera d ’indi­
écho en 1888 : «Plus nous serons, moins nous quer, avec Poggioli, que « l ’art d’avant-garde
aurons d’originalité... Je ne peignais ainsi que est, par nature, incapable de survivre, non
pour trouver du nouveau. » Comme le remarque seulement à la persécution, mais à la protec­
Berenson, « l’appétit de la nouveauté qui nous tion ou au patronage d ’un État totalitaire »
semble la chose la plus naturelle et banale du (l’art moderne, d ’avant-garde, a été combattu
MODERNE
485

et traqué, aussi bien dans l’Allemagne nazie une œuvre (période des prairie-houses) qui,
que dans la Russie soviétique, à partir des publiée en 1910 à Berlin, deviendra un ferment
années 1930). , pour l ’avant-garde européenne (particulière­
Depuis la seconde guerre mondiale, les ment Van’t Hoff, Mies Van der Rohe et Aalto)
courants de l’art moderne se multiplient tan­ et consacre la place de l’architecte américain
dis que, sous la pression des changements dans la modernité.
sociétaux, des médias et d’un marché de Dans les années qui suivent, le mouvement
l’art en expansion, ils voient leur public se propage à travers l’Europe, dans le sillage
s’élargir, leur reconnaissance s ’accélérer, de courants artistiques, en particulier pictu­
leur durée de vie se réduire, tendant ainsi à raux (cf. S. Giedion) tels que : l’expression­
changer de nature et à relever des phéno­ nisme allemand qui marque les œuvres de
mènes de mode. E. M endelsohn (tour Einstein à Potsdam,
En architecture, la modernité a été assumée 1921) et de H. Poelzig (théâtre de Berlin,
tardivement. Sans doute parce que les réalisa­ 1919); le néo-plasticism e hollandais et la
tions de cet art sont résistantes au change­ revue De Stijl qui influence les Néerlandais
ment, faites pour durer, mais aussi à cause de Rietveld, Van Doesburg et Van Eesteren, mais
leur destination utilitaire qui y limite les choix aussi L. Mies Van der Rohe ; le cubisme auquel
arbitraires et le champ de l ’innovation, les s’alimentent les rationalistes dont, à partir des
jeux de l’humour, de la subversion et la puis­ années 1920, Le Corbusier, également très
sance de la négativité. De ce fait, la notion est marqué par le futurisme italien ; le constructi­
plus ambiguë et difficile à cerner que dans les visme, le suprématisme (K. Malevich) et le
autres arts. Critiques et historiens de l’archi­ futurisme russes dont est issue l’architecture
tecture en témoignent, qui ne s ’accordent ni soviétique d ’avant-garde des années 1920
sur sa généalogie (cf. rôles respectivement (A. Vesnine, K. C. Melnikov, etc.).
accordés au mouvement anglais des Arts and Le concours international pour le siège du
crafts, par N. Pevsner, Pioneers o f modem Chicago Tribune (1922), quoique gagné par
design, Londres, 1936, et au modem style ou des Américains (Howells et Hood), suscite de
art nouveau par B. Zevi, Storia dell’architet- la part des protagonistes du mouvem ent
tura modema, Turin, 1955), sur son contenu moderne européen une série de projets qui
et sur son interprétation (accent mis sur le introduisent ce mouvement aux Etats-Unis.
rationalisme par S. Giedion, Space, time, Celui-ci y sera pleinement reconnu et diffusé à
architecture, Cambridge, Mass., 1941, sur le la suite de l'émigration (1938) de Gropius et
mouvement organique par Zevi). M ies Van der Rohe qui avaient fui l ’A lle­
L’«architecture moderne», en tant qu’avant- magne nazie. Le premier y deviendra le direc­
garde militante et consciente de soi, n’est pas teur de l’école d’architecture de Harvard où il
issue du modem style qui, malgré son nom, formera une nouvelle génération d ’archi­
revendique une affiliation aux styles du passé. tectes, le second, installé à Chicago, créera
Elle naît à Vienne, à l’articulation du xixe et du une série de chefs-d’œuvre (Illinois Institute
x xe siècle. C’est là que, dans le cadre de la o f Technology, entre autres), immédiatement
Sécession (mouvement artistique, créé en 1897 imités et convertis en types.
et dominé par la figure du peintre G. Klimt) et
dans la mouvance de l ’enseignement de Dans la mesure où l’architecture moderne
O. Wagner (cf. Moderne Architektur, 1896, est issue d’un « mouvement » aux ramifica­
trad. franç. 1984), A. Loos publie ses premiers tions multiples, elle ne peut être définie que
manifestes (dès 1897), avant de construire sa très schématiquement, par les modulations et
maison-manifeste (villa Steiner, 1910), que variations qu’elle apporte aux traits communs,
J. M. Olbrich construit le Palais de la Sécession caractéristiques des autres avant-gardes. On
en 1898, et que J. Hoffman édifie le sanatorium retiendra en particulier :
de Pukersdorf (1903) avant de commencer, — Sa volonté d ’innovation radicale qui
deux ans plus tard, le projet du palais Stoclet de s’exprime :
Bruxelles. Parallèlement, et sans lien avec une • Par une rupture explicite avec les styles et
avant-garde artistique qui n’existe pas encore traditions du passé qui, au xixe siècle, avaient
dans son pays, F. L. Wright réalise aux Etats- lourdement pesé sur le néo-classicisme et
Unis, pendant la première décennie du siècle, l’éclectisme.
MODERNE 4*6

• Par l ’utilisation systématique, à partir des G : Zeitschriftfu r elementare Gestaltung (Mies


années 1920, des matériaux nouveaux (béton, Van der Rohe, H. Richter, El Lissitzky, Berlin,
acier) et de leurs nouvelles possibilités struc­ 1923); AC (revue du groupe OCA, Moscou,
turales qui permettent la conquête de la hau­ 1926). , ;
teur et la création d’un nouveau vocabulaire — Son refus de l'école qui est, en France;
(toits-terrasses, murs, rideaux, pilotis, pans de symbolisé par les attaques contre l ’École dës
verre, toits autoportants) et d’un espace inté­ beaux-arts. D ’une façon générale, le mouvez
rieur libéré des anciens cloisonnements. ment moderne se propage par ondes, autour
• Par son rapport avec l’industrie : impor­ de groupes et de personnalités. L’exception à
tance accordée aux notions de prototype et de la règle est offerte par le Bauhaus, institution
standard (cf. E. May, A. Klein), recherches de polymorphe où l’architecture ne tient qu’une
préfabrication partielle ou totale (cf. le projet place limitée, seulement à partir de 1928, et
de maison Domino de Le Corbusier et, plus dont les recherches actuelles font apparaître
tard, l ’œuvre de J. Prouvé), utilisation d’élé­ les ambivalences et les problèmes soulevés
ments produits par l’industrie (Mies Van der par l'enseignement qui y était donné. «
Rohe). — La façon, originale par rapport aux autres
• Par son idéal de pureté que traduit sa répu­ avant-gardes, dont s’y joue le conflit entre éli­
diation de l’ornement et du décor. L’architecture tisme et volonté de servir la société de masse.
moderne se veut exclusivement productrice de Dans divers pays d’Europe, sous la pression de
volumes et de formes qui n ’en offrent pas moins théoriciens marxistes (Hannes Meyer, Ernst
une grande diversité: formes géométriques May, B. Taut, etc.) et dans le cadre de poli*
(Qropius, Meyer), organiques (Wright, Aalto), tiques socialistes, le logement social et ses
expressionnistes (Mendelsohn, Poelzig, Le équipements ont été une source importante
Corbusier dans la seconde partie de son œuvre), d’inspiration et d’innovation, du point de vue
qui tantôt sont dématérialisées par la transpa­ typologique autant que formel. En témoignent
rence des parois (Mies Van der Rohe), tantôt les Siedlungen (lotissements) pour ouvriers,
affirmées par leur opacité, que celle-ci soit réalisés en collaboration avec les municipali­
exaltée par une blancheur ascétique (Mallet- tés, en Allemagne (Berlin-Britz, 1926-1927 ;
Stevens), ou soulignée au contraire par le jeu de Frankfurt-Rômerstadt, 1926-1928 ; Stuttgart,
la couleur (B. Taut), Le même idéal conduit 1927) et en Autriche (Vienne, cité ouvrière
souvent à l’utilisation de matériaux bruts, à la Karl Marx, 1931), à la suite de concours
proscription des revêtements, éventuellement à locaux ou internationaux. Le soin apporté à la
l’élimination des meubles, incorporés dans lé conception de certains de ces logements mini­
bâtiment-objet. maux (orientation, matériaux, agencement
• Par l’appropriation de nouveaux para­ des espaces, éclairage, rangement) en a fait
digmes, symboles du monde nouveau, tel, à de véritables prototypes de l ’habitat au
la suite des futuristes, celui de la machine x x e siècle. Parallèlement, en Union soviétique,
(cf. « la machine à habiter » de Le Corbusier), les architectes de l’avant-garde ont élaboré des
dont R. Banham ( Theory and design in the types et des formes qui devaient, à T échelle
first machine âge, Londres, 1960) a montré globale, contribuer à «changer la v ie » en
qu’il n’était généralement pas fonctionnel, créant «un cadre de vie pour l’homme nou­
mais utilisé à la manière d’une citation, de veau» (cf. A. Kopp, Ville et révolution, Paris,
façon symbolique. 1967). Parmi ces « nouveaux condensateurs
— Son goût de la subversion qui s’exprime sociaux», il faut citer les clubs ouvriers
dans une série de libelles et de manifestes dont, (cf. ceux de M elnikov), mais surtout les
parmi les plus célèbres, Ornement et crime plans de cellules d’habitation mises au point
(Loos, 1908), Manifesta dell’architettura futu- par le Stroikom et les Maisons-Communes
rista (Milan, Sant’Elia, 1914), «Maquette de (DomKomouna), dont le prototype, élaboré
la tour pour la IIP Internationale » (Moscou, par A. Ôll et M. Guinzbourg, ne laissera
Tatline, 1920), ainsi que dans des revues géné­ pas d’inspirer l ’« unité d ’habitation » de Le
ralement éphémères comme Das Andere Corbusier.
(Loos, 1903), ABC (Bâle, 1924), L'Esprit nou­ On trouve, en France, un écho des expé­
veau, au titre inspiré par un article d’Apolli­ riences germaniques dans les réalisations, à la
naire (Le Corbusier et Ozenfant, Paris, 1919), périphérie de Paris, des architectes Lods et
487 MODERNE

Lurçat pour des municipalités communistes. des désurbanistes étaient prématurés et furent,
Quant aux réalisations sociales de Le avec l ’ensemble de l ’architecture d ’avant-
Corbusier (lotissement de Pessac, 1925, puis garde soviétique, condamnés par le stali­
unités d ’habitation inspirées par celle de nisme.
Marseille, 1947-1952), elles ne remportèrent Dans un tout autre contexte économique,
pas l ’adhésion des couches sociales aux­ social et politique, Furbanisme des ciam, tel
quelles elles étaient destinées ; elles illustrent que le définit le manifeste de la Charte
la difficulté d ’inventer a priori un mode de d ’Athènes (1933), et que l ’ont interprété
vie et le caractère provocant et élitique que L. Hilberseimer, Le Corbusier, J. L. Sert,
prend souvent, contre son intention explicite, rompt lui aussi avec la rue, les gabarits tradi­
la création de l ’avant-garde architecturale. En tionnels, et accorde une prééminence nouvelle
fait, jusqu’à la seconde guerre mondiale, la à la circulation automobile et au classement
majeure partie de l’architecture moderne (hors des activités.
URSS) fut produite pour des clients privilé­ Le mouvement moderne connaît son apo­
giés (cf. les « villas » construites par Loos gée avant la deuxièm e guerre mondiale.
(1925-1931), Hoffmann, Mies, Le Corbusier, L’après-guerre voit encore des créations
M allet-Stevens, Aalto, Wright, etc.) qui, architecturales brillantes chez les vétérans
quelles que soient leurs origines (poètes et - Seagram Building de Mies Van der Rohe à
artistes d’avant-garde, bourgeois éclairés ou, N ew York, chapelle de Ronchamp de Le
dans le cas de Wright, parvenus sociaux) Corbusier, musée Guggenheim de Wright,
demeurent une minorité. etc. - et chez les représentants d’une nouvelle
L’importance qu’ils accordaient aux chan­ génération, illustrée aux États-Unis par Louis
gements sociétaux a conduit les architectes du Kahn (Salk Institute de La Roja). L’architec­
mouvement moderne à vouloir élargir leur ture moderne tend néanmoins à se figer dans
champ d’intervention et à concevoir, synchro­ un modernisme à deux visages : fonctionna­
niquement, un urbanisme qui rompe avec la lisme froid, symbolisé par le verre et l ’acier,
ville du passé. « Bientôt les rues des villes res­ illustré par les réalisations américaines de
plendiront comme de grands murs blancs. La Gropius, de ses élèves, des épigones de Mies
cité du x x e siècle sera éblouissante et nue, Van der Rohe, et qui se propage rapidement
comme Sion, la ville sainte, la Capitale du en Europe et dans le monde entier; forma­
ciel» (Loos, 1908). Le Corbusier qui n ’a de lisme, symbolisé par le béton, ressassant la
cesse de dénoncer les méfaits de la ville tradi­ typologie et le vocabulaire plastique créés par
tionnelle, réclame « place nette » et « table Le Corbusier et quelques autres, et qui se
rase ». La vision la plus radicale naît en Union répandra aux États-Unis à partir des années
soviétique de la collusion entre l’avant-garde 1960. C’est peut-être à cet académisme d’un
architecturale et les programmes officiels nouveau genre que conviendrait le mieux
(« chacun connaît les inconvénients des villes l’expression malheureuse de style internatio­
actuelles... La solution de ce problème ne nal créée par Hitchcock et Johnson en 1932
peut venir que d ’une conception créatrice (The international style. Architecture since
nouvelle», 1918, cité par A. Kopp): c ’est le 1922) pour désigner les réalisations diverses
« désurbanisme » proposé par Okhitovich et hétérogènes du mouvement moderne, à une
(1921-1930), tel que M. Guinzbourg et époque où celui-ci menait une recherche et un
M. Bartch l ’illustrèrent avec leur projet de combat qui ne s’étaient pas encore figés dans
« ville verte » pour Moscou. Pour lutter contre un style. Quant à l ’urbanisme des ciam, il
l’urbanisation « petite bourgeoise », il est pro­ finit par exprimer le conformisme d’un nou­
posé de simultanément désurbaniser, décen­ veau mode d’urbanisation qui se répand à
traliser et mobiliser : un habitat industrialisé l’échelle planétaire.
léger, assorti des équipements nécessaires est Ce nivellement et cette vulgarisation des
implanté dans la verdure et suit, de façon apports du mouvement moderne appelaient
linéaire, les réseaux de distribution de l’éner­ un renouvellement qui, après la dissolution
gie, régulièrement répartis sur l’ensemble du officielle - et symbolique - des ciam (1959),
territoire. Très proches de la conception anti- fut d ’abord tenté de l’intérieur par certains
cipatrice de « la ville linéaire » (Soria y Mata, groupes émanés des ciam, tel Team 10, dont
La ciudad lineal, Madrid, 1882), les projets le « brutalisme » n ’était qu’un expédient.
MODERNISME

La vraie relève du mouvement moderne solaire), Le Corbusier tenta d’établir une sérié
fut prise au cours des années 1960 par d ’unités de mesure se déduisant les unes
quelques groupuscules (Archigram en des autres par application du nombre d ’or et,
Grande-Bretagne, Metabolism au Japon, Uto­ en 1946, proposa d ’unifier celles-ci avec le
pie en France) dont les recherches tentaient système anglo-saxon. Il tenta d’appliquer cé
d’intégrer les acquisitions scientifiques et système à ses propres réalisations, en particut
techniques et les transformations sociétales lier à l’unité d ’habitation de Marseille. Mais
issues de la guerre et de concevoir un cadre ses espoirs furent déçus : outre les insuffi­
spatial en harmonie avec cette nouvelle sances théoriques évidentes de sa construction
modernité. Le groupe anglais Archigram joue intellectuelle, il rallia peu de ses collègues 4
alors un rôle de charnière. D ’une part, il pour­ l ’emploi du modulor qui se heurta en outré
suit et radicalise l ’approche du mouvement aux normes introduites par l’Association Iran*
moderne. D ’autre part, il annonce, notamment çaise de normalisation (A fnor ) qui introdui­
par son utilisation des médias, le mouvement sait à cette époque des mesures standard dans
postmodeme. le bâtiment, déterminées selon des critères
F. C. techniques et industriels, tout différents de
ceux de Le Corbusier pour qui le modulor
-> A rchig ra m ; Architecture fonctionnelle; Beaux-Arts; Charte devait être l ’instrument de la recherche de
d'Athènes; Congrès internationaux d'architecture moderne
( c i a m ) ; M odernism e; Postmoderne; Progressisme. l’harmonie des formes, indissociable des théo­
ries fonctionnelles de l ’architecture et de
l ’urbanisme qu’il développait par ailleurs.
MODERNISME -> Moderne
D. I.
-> Géométrie; Nom bre d'or.
MODIFICATION D'UN DOCUMENT
D'URBANISME —> Plan d'occupation
des sols (pos) ; Plan local d'urbanisme (plu) MONDIALISATION

On a qualifié de mondialisation (ou de glo­


MODULE —.M odulor; Symétrie balisation) le processus selon lequel les
échanges commerciaux, financiers, mais aussi
culturels s ’effectuent désormais à l’échelle de
MODULOR la planète. C ’est le développement d’Internet
qui a conduit à ce constat.
Instrument de mesure, proposé par Le En fait, la mondialisation s ’exerçait déjà
Corbusier pendant la seconde guerre mon­ bien auparavant. La première mondialisation
diale, établi à partir d’un module et du nombre remonte à la fin du Moyen Âge avec les grandes
d’or (1,62 environ), en vue de proportionner découvertes qui ont permis de connaître
harmonieusement les projets d’architecture et l’ensemble des cinq continents. On a pu parler à
d ’urbanisme, la production d ’objets indus­ nouveau de mondialisation lors de la révolution
triels, ménagers, mobiliers, etc. industrielle et de la révolution des transports
Le Coibusier considérait le système métrique, qui l ’a accompagnée : les navires transatlan­
instauré en France à la fin du xvm e siècle, tiques ont permis tant des voyages d’affaires ou
comme un « outil dangereux », coupé de la réa­ personnels que le transport de produits, et
lité constructive, qui conduisait à disloquer d’abord alimentaires, d’un continent à un autre.
l’architecture. Il souhaitait renouer avec la tradi­ Les conséquences ont été importantes. Sur le
tion d’un système de mesure modulaire et avait plan politique, cette seconde mondialisation a
reconnu, dans l’analyse de nombreux édifices, permis une nouvelle étape de la colonisation,
l’importance des mesures régionales (pouce, facilité les migrations internationales (vers les
pied, toise, etc.) et le rôle joué par le nombre États-Unis et les autres colonies de peuplement,
d’or dans l’esthétique des façades. puis vers les pays « neufs »), rendu possible des
Reliant le nombre d ’or à quelques mesures mouvements de troupes à longue distance
simples opérées sur le corps humain (rapport (notamment lors des deux guerres mondiales).
entre la hauteur du corps et celle du plexus Sur le plan économique, elle a conduit les cam-
MONTAGNE
489

pagnes européennes, où se pratiquait une poly­ gauche, appellent de leurs vœux une altermon­
culture vivrière, à se spécialiser pour éviter dialisation. Celle-ci serait une mondialisation
la concurrence des produits importés de pays - personne ne veut ni ne peut faire abstraction
ou de régions où les rendements étaient plus des possibilités techniques nouvelles - qui ne
élevés. De même, les échanges de produits s’effectuerait pas uniquement selon des critères
industriels à travers le monde ont créé une financiers, mais aussi sur le plan social et
concurrence entre pays producteurs et une spé­ culturel, qui s’accompagnerait d’une prise en
cialisation en fonction des matières premières compte prioritaire des objectifs écologiques et
disponibles, des attentes des consommateurs et d’une aide considérablement plus importante
des qualifications des ouvriers. Le développe­ aux pays en développement. La crise écono­
ment de l’aviation, et en particulier l’apparition mique de 2008-2009 a semé le doute sur les
des avions à réaction, a rendu banal un déplace­ bienfaits du capitalisme mondialisé et renforcé
ment, pour affaires ou pour les loisirs. la position des altermondialistes. Pointant, on
La troisième mondialisation a commencé à peut craindre que les réformes introduites, sous
être ressentie lorsque des entreprises, surtout la pression des gouvernements des pays riches
les grandes entreprises multinationales, ont et du Fonds monétaire international, n ’aient
choisi de délocaliser leur production (de pas conduit à une remise en cause en profon­
biens, puis de services) dans des pays à faible deur.
coût de main-d’œuvre (salaires et charges P. M.
sociales). Le capital des entreprises est devenu
de plus en plus international, comme leurs -> Délocalisation des activités.

lieux de production. Les entreprises multina­


tionales ont connu un essor sans précédent,
marqué par la généralisation de la sous-trai­ MONNAIE -> Économie ; Inflation
tance. .
Le développem ent d ’Internet n ’a fait
qu’accélérer un processus qui existait aupara­ MONTAGNE
vant. La véritable révolution réside dans le
passage à l’instantanéité dans les affaires. Une La montagne est l’un des milieux fragiles
entreprise peut travailler « en flux tendus », dont l’aménagement doit concilier des objec­
c ’est-à-dire éviter de constituer des stocks et tifs contradictoires :
produire à la demande. Les règlements finan­ — développement économique et social
ciers, immédiats, ont favorisé diverses formes fondé sur des activités permanentes et ren­
de spéculation, tant sur les monnaies que sur tables ;
les valeurs boursières et sur les matières pre­ — mise en valeur du potentiel touristique ;
mières. On a pu parler de nouvelle étape du — protection des espaces.
capitalisme, le capitalisme financier mondia­ Certains pays (Suisse, Autriche) ont adopté
lisé succédant au capitalisme industriel ou à de longue date une politique globale qui a
ce que les marxistes appelaient le capitalisme permis de concilier ces objectifs avec bon­
monopolistique d’Etat. heur et de maintenir une importante popula­
Ces tendances, que d’aucuns considèrent tion permanente. Dans d’autres pays, comme
comme des dérives - place de sociétés multina­ la France, l ’exode rural et le vieillissement
tionales se comportant comme des Etats, délo­ de la population n ’ont pas été enrayés à
calisations entraînant des pertes d ’emplois, temps.
éloignement des salariés par rapport au pouvoir Cependant, la loi sur la restauration des ter­
de décision et à des dirigeants jugés très (trop) rains en montagne, votée à la fin du xixe siècle,
bien rémunérés, recherche à tout prix de renta­ a permis de constituer une forêt de protection
bilités élevées - ont conduit à une défiance, contre l’érosion et les avalanches. Au plan éco­
dans de nombreux milieux, vis-à-vis de la nomique, les seules mesures spécifiques résul­
mondialisation. Certains m ilieux regrettent taient de la loi de 1972 sur la mise en valeur
l’affaiblissement du sentiment national. Sur un pastorale en montagne et du décret du 20 février
plan très différent, divers mouvements, le plus 1974 créant l’indemnité spéciale montagne,
souvent sous forme associative (Attac par aide par tête de bétail, qui traduisait la
exemple), voire des partis politiques d’extrême reconnaissance d’un handicap de l’agriculture
MONTAGNE 49$: j

de montagne et l’intérêt de la collectivité à son locale, en mobilisant toutes les ressources


maintien, tandis que des commissaires à l’amé­ (autodéveloppement), ce qui suppose des
nagement étaient créés pour chaque m assif moyens accordés par la collectivité au titre
(Alpes du Nord, Alpes du Sud; Pyrénées, de la solidarité nationale ; >
Massif central, Jura et Vosges). — concilier aménagement (y compris tou*
Mais c ’est surtout l’objectif de protection ristique) et protection dans le cadre d’utl
qui a ensuite prédominé à travers la directive mécanisme décentralisé qui responsabilise
nationale sur la protection et l’aménagement les élus, au lieu de les contraindre.
de la montagne (22 novembre 1977) approu­ La loi reconnaît la spécificité des massifs
vée par décret. Celle-ci prévoyait notamment montagneux et crée un Conseil national pour
une procédure spécifique pour l’autorisation le développement, l’aménagement et la pro­
d’unités touristiques nouvelles (utn) et une tection de la montagne et, dans chaque massif,
interdiction de construire sur les espaces jugés un comité consultatif (élus, organisations pro­
les plus fragiles. Elle fut ressentie par beau­ fessionnelles, associations), présidé par le pré­
coup de montagnards comme une limitation fet chargé de la coordination dans le massif,
imposée à leurs possibilités de développe­ avec un rôle de coordination, de proposition
ment, sans comporter de contrepartie. Dans le (plan de massif) et d’avis sur les investisse'*
même temps, des schémas de m assif furent ments publics, les crédits spécifiques et les
étudiés, tandis que des commissaires de mas­ projets de stations touristiques.
sif étaient mis en place pour coordonner la Au plan financier, les communes de mon­
politique d’aménagement de chaque massif. tagne bénéficient d ’un calcul particulier des
En 1981, les députés des zones de mon­ dotations globales de fonctionnement et
tagne ont fait créer une commission d’enquête d’équipement (pour tenir compte, en particu­
parlementaire sur l ’agriculture dans les zones lier, des frais liés au déneigement et à l’entre­
de montagne. Le rapport Besson, issu de celle- tien de la voirie). Un Fonds d ’intervention
ci (avril 1982), présentait 100 propositions pour l’autodéveloppement en montagne (fiam :
dont la première était l’élaboration d ’une loi 49,5 millions de F en 1987) a été créé, utilisé
sur la montagne, couvrant à la fois les aspects sur proposition des comités de massif.
de protection et d’aménagement, mais aussi le Les textes de 1982-1985 comportent diverses
développement économique des régions de mesures propres à faciliter l ’installation des
montagne. Le projet de loi (ainsi que le projet jeunes agriculteurs, les conditions des activités
parallèle concernant le littoral) fut préparé en pastorales, la valorisation de la forêt, l’exercice
1982 par le groupe interministériel présidé par de la pluriactivité, la protection contre les
P. Merlin pour les aspects de protection et risques naturels, le contrôle, par les collectivités
d ’aménagement, par la datar pour ceux locales, des remontées mécaniques.
du développement économique, en liaison Sur le plan de l ’aménagement et de la pro­
avec les nombreux services administratifs tection, la loi « Montagne » refond les disposi­
concernés. Une large consultation des élus et tions de la directive de 1977 dans le contexte
des institutions économiques et sociales fut nouveau de la décentralisation : les terrains
menée en 1983 par L. Besson. Le projet de loi, agricoles, les espaces fragiles de haute mon­
définitivement mis au point et approuvé en tagne sont protégés. Mais le développement
Conseil des ministres le 4 avril 1984, fut dis­ est possible dans le cadre des prescriptions
cuté au Parlement et la loi publiée le 9 janvier particulières à chaque massif, approuvées par
1985. Depuis la loi sru du 13 décembre 2000, décret en Conseil d’État, qui peuvent adapter
cette loi est devenue « dispositions particu­ au contexte local les règles générales de pro­
lières aux zones de montagne ». tection. La création de stations touristiques
La loi « Montagne », qui a été accompagnée nouvelles est soumise à l’avis du comité de
de différentes mesures, notamment sur le plan massif et nécessite un pos opposable aux tiers.
économique, prises en comité interministériel En l’absence de sdau approuvé, la décision
d’aménagement du territoire (20 décembre est prise, après avis du comité de massif, p a­
1982, 27 juillet et 22 décembre 1983), repose le préfet chargé de la coordination dans le
sur quelques principes ; massif.
— assurer la maîtrise, par les montagnards Comme la loi «L ittoral», la loi «M on ­
eux-mêmes, d’un développement d’initiative tagne» a été appliquée a minima. Aucune
481
MONTAGNE

prescription particulière de massif n’a été éla­ cette politique. En revanche, le rapport est plus
borée dix ans après la publication de la loi. nuancé sur d’autres plans. La population mon­
De même, les comités de massif n ’ont établi tagnarde est en croissance lente, même si le
aucune recommandation particulière comme M assif central, les Pyrénées centrales et la
ils pouvaient le faire. Si le problème de la Corse intérieure perdent encore des habitants.
création de stations nouvelles (utn) a perdu Le nombre d ’entreprises agricoles décroît
de son acuité, c ’est plus en raison de la crise au même rythme que dans le reste du pays et
et du fléchissement de la demande en sports on constate un rajeunissement des chefs
d’hiver qu’en raison des dispositions de la loi, d’exploitation, bien que les revenus agricoles
beaucoup moins rigides que celles qui la pré­ demeurent inferieurs de 30 % à la moyenne
cédaient. Le bilan des cinq premières années nationale.
d’application de la loi, tiré par le Conseil Enfin, un rapport d ’information parle­
national de la montagne le 25 janvier 1990, mentaire a examiné, en 2003, les modifica­
faisait cependant apparaître l’effort de solida­ tions juridiques envisageables. Outre des
rité consenti : aménagements visant à faciliter l ’applica­
— 2 milliards de F par an de dotations tion de la loi de 1985, il préconisait le ren­
particulières aux départements défavorisés, forcem ent des m assifs et de n ou velles
dont 1,2 milliard par an d’indemnités com­ mesures en faveur du développement éco­
pensatoires aux agriculteurs de montagne nom ique des zones de m ontagne. Ces
(90 000); recommandations ont été en partie reprises
— plus de 350 millions par an de majora­ dans la loi du 23 février 2005 sur le déve­
tions d’autres aides (installation des jeunes, loppement des territoires ruraux et dans le
modernisation des exploitations, aides à la décret du 22 décembre 2006 relatif à l’urba­
mécanisation, etc.) ; nisme en montagne. En particulier, l ’élabo­
— 300 millions par an, soit les trois quarts ration, par le com ité de m assif, d ’un
des crédits du fidar (Fonds interministériel schém a régional d ’aménagement et de
pour le développement et l ’aménagement développement du m assif est devenu obli­
rural), consacrés au développement écono­ gatoire. Mais en sens inverse, la procédure
mique des zones de montagne ; utn a été déconcentrée, pour les petites
— 37,4 millions par an répartis par les opérations, à l ’échelle du département.
comités de massif au titre du fiam ; Le d isp o sitif de déconcentration-
— diverses autres aides : traitement spéci­ décentralisation des procédures d ’aménage­
fique en matière de quotas laitiers, aménage­ ment, notamment en matières d ’unités tou­
ment de routes forestières, construction ristiques nouvelles, a mal fonctionné, faute
d’autoroutes. de prescriptions particulières de m assif ou de
Mais on observera que ces aides concernent schémas directeurs. D e façon générale, le
pour l’essentiel la seule agriculture et qu’une Conseil national de la montagne et les com i­
part dérisoire (les crédits du fiam, soit moins tés de m assif n ’ont pas pris la place impor­
de 3 % du total) était répartie sur proposition tante que leur réservait la loi. La directive
des comités de massif. Le fiam a d’ailleurs été territoriale d ’am énagem ent des A lp es du
intégré, à partir de 1995, au nouveau fnapt Nord (la seule des sept dta prescrites qui
(Fonds national d’aménagement et de dévelop­ concerne au premier ch ef la montagne), déci­
pement du territoire). Si aucun bilan de l’appli­ dée en 1996, n ’est toujours pas publiée en
cation de la loi « Montagne » n’a été effectué 2010. Sa mise au point se heurte à l’opposi­
depuis 1990, une évaluation de la politique tion de nombreux élus qui ont obtenu d ’en
de la montagne a été établie dans le cadre réduire la portée, notamment quant à la limi­
du Commissariat général du plan en 1999. Ce tation de l ’urbanisation dans les stations
bilan souligne la réduction des crédits apportés existantes et au caractère exceptionnel des
par l’État à la politique de la montagne (hors liaisons par remontées mécaniques entre les
l ’indemnité spéciale montagne dont le coût domaines skiables.
s ’élevait à 1,6 milliard de F), du fait de La loi « Montagne » a eu des effets positifs
l ’absence d ’individualisation des crédits sur l’environnement (30 % de la zone de mon­
«m ontagne» dans le fnadt depuis 1995 et tagne est protégée). La crise de la construc­
d’un désengagement de la datar vis-à-vis de tion, plus que la politique des stations
MONUMENT 492

nouvelles, a réduit le « mitage » des vallées et destination, peut convenir et s’appliquer à tous
des versants. Il conviendrait en revanche de les genres de bâtiments. C’est ainsi qu’on a vu,
relancer la politique des massifs, en associant dans certains temps, de simples particuliers
mieux l’État et les collectivités territoriales, faire de leurs maisons des monuments publics,
notamment dans le cadre de l’élaboration des et qui sont encore réputés tels, par la grandeur
schémas de massif. et la richesse qui y furent déployées » (Diction­
P. M. naire de l ’architecturej.
En fait, depuis la création de la profession
-* Aménagement du territoire ; Aménagement rural ; A m énage­ d’architecte à la Renaissance et à mesure que
ment touristique; Directives d'aménagement du territoire;
Prescriptions d'aménagement et d'urbanisme ; Protection de se confirmait son statut, la deuxième accep­
la nature. tion s’est progressivement imposée et monu­
ment en est venu à désigner de préférence un
édifice, caractérisé par sa masse, la dignité de
M ONUM ENT sa fonction, sa magnificence ou sa qualité
architecturale, indépendamment des souvenirs
Du latin monumentum (dérivé de monere : dont il puisse être porteur. Dans cette accep­
avertir, rappeler à la mémoire); étymologi­ tion, le monument, contrepoint du tissu urbain
quement et originellement, tout artefact, de mineur, a joué un rôle sémantique et esthé­
quelque nature, forme ou dimensions que ce tique essentiel dans l’organisation concertée
soit, poteau-totem ou cathédrale, inscription des villes occidentales, de la Renaissance à la
dans le marbre ou peinture sur le bois, expli­ fin du xixe siècle. Parallèlement, le sens initial
citement construit par un groupe humain de mémorial a dû être spécifié par l’accole-
quelle qu’en soit l ’importance (famille ou ment de l’adjectif « commémoratif ».
nation, clan ou cité) afin de se remémorer et Aujourd’hui, dans les sociétés développées,
de commémorer les individus et les événe­ les monuments commémoratifs, outre ceux
ments, les rites et les croyances qui fondent qui ornent les cimetières, sont le plus souvent
conjointement leur généalogie et leur iden­ destinés à rappeler des événements tragiques
tité. Le monument sollicite et mobilise par sa dont le souvenir, bien qu’archivé par les
présence physique une mémoire vivante cor­ médias, veut être, en permanence, directement
porelle, organique. Il existe chez tous les rappelé à la conscience collective : guerres
peuples et pourrait s’apparenter à un univer­ (du monument aux morts des places de vil­
sel culturel. Référence vivante à une origine, lages aux mémoriaux de l ’Argonne), géno­
à un fondement, il ressortit à la catégorie de cides et massacres (si, à Paris, un monument
l’authenticité ; il fait partie des dispositifs qui aux déportés a été élevé à la pointe de l’île de
ancrent les humains dans leur condition de la Cité, les anciens camps de concentration
vivants dotés de parole. Il est partie inté­ allemands ont également été transformés en
grante d’une anthropologie fondamentale. monuments commémoratifs).
Cependant le rôle du monument, entendu en Quant au terme monument, sans qualifica­
son sens originel, a progressivement perdu son tif, bien qu’il soit à l ’heure actuelle au centre
importance dans les sociétés occidentales, tan­ du débat architectural, faisant l ’objet d’une
dis que le mot lui-même acquérait d ’autres littérature abondante et nostalgique, il semble
significations. Les lexiques l’attestent dès 1689 avoir perdu tout sens dans le contexte urbain
avec le Dictionnaire de Furetière. Cette évolu­ actuel où :
tion sémantique est confirmée un siècle plus • un gigantisme absolu et non plus relatif,
tard par Quatremère de Quincy. Celui-ci note, excluant la différence qui faisait exister le
avec sa pertinence habituelle, qu’appliqué « aux monument (même en pleine haussmannisa-
ouvrages de l’architecture», ce mot «désigne tion), est consacré par :
un édifice, soit construit pour servir à éterniser - une idéologie de l ’exploit technique, liée
le souvenir des choses mémorables, soit conçu, à la transformation et à l’industrialisation des
élevé ou disposé, de manière à devenir un agent matériaux et méthodes de construction ;
d’embellissement et de magnificence dans les - un urbanisme qui a rompu avec l’échelle
villes ». Il poursuit en indiquant que « sous ce des gabarits et parcellaires traditionnels ;
second rapport, l’idée de monument, plus rela­ • l’architecture ne cherche plus à exprimer
tive à l’effet de l’édifice qu’à son objet ou à sa esthétiquement une hiérarchisation des fonc­
493 MONUMENT HISTORIQUE

tions urbaines qu’elle ignore, et réserve le « le s immeubles ou parties d ’immeubles


même traitement formel à toutes les catégories privés qui (...) présentent un intérêt d’histoire
de bâtiments, de la bibliothèque ou du musée à ou d’art suffisant pour en rendre désirable la
la caisse de Sécurité sociale, au centre commer­ préservation» (art. 2), « les objets mobiliers,
cial ou même à l’habitation collective (voir la soit meubles proprement dits, soit immeubles
Cité radieuse de Le Corbusier ou tel ensemble par destination, dont la conservation présente
de Mame-la-Vallée) ; au point de vue de l ’histoire, de l ’art, de la
• corrélativement, toute construction semble science ou de la technique un intérêt public »
devenir célébration explicite d’une architecture (art. 14).
contemporaine qui, saturée d’historicisme, tend Cette imprécision des textes, comm e la
à substituer narcissiquement le concept d’œuvre complexité du concept lui-même, justifient
à celui de monument ; un bref historique qui contribuera à expliciter
• par abus de langage et contagion de la signification du terme monument histo­
l’expression monument historique, la pratique rique. Des deux catégories distinguées par la
du patrimoine a créé l’expression monument loi, on ne considérera ici que celle des biens
naturel pour désigner des entités naturelles immeubles, qui intéresse seule l’urbanisme.
(gorges, rochers, formations géologiques Toute société qui possède une histoire et
diverses) définies et protégées par la loi du produit des œuvres d ’art ne dispose pour
2 mai 1930. autant ni des notions d ’histoire et d ’art, ni
a fortiori de celle de monument historique. En
F. C.
effet, l’histoire et l’art doivent être constitués
-* Architecte ; Monum ent historique ; M onument naturel. en champs de savoir spécifiques et autonomes
pour que l ’intérêt et la valeur d ’un édifice
puissent résider dans le rapport que celui-ci
MONUMENT COMMÉMORATIF Monument entretient avec ces champs et qu’il soit corré­
lativement protégé et conservé à ce titre. Tra­
ditionnellement, toutes les sociétés ont détruit
M ONUM ENT HISTORIQUE les œuvres du passé qui, à des titres divers,
leur semblaient obsolètes ou inutiles.
Artefact présentant une valeur pour l’his­ On distinguera schématiquement quatre
toire, pour l ’histoire de l ’art et pour l’art au phases dans l ’élaboration de la notion de
nom desquels il doit faire l’objet d’une protec­ monument historique par la société occiden­
tion, indissociable de son statut. A la diffé­ tale :
rence du monument « mémorial » qui exerce 1/ La première phase, initiatrice, débute
une fonction psychosociale primaire de remé­ dans l’Italie du XVe siècle sous l’influence du
moration, le monument historique est donc milieu élitique des humanistes et artistes qui
défini, secondairement, par rapport à un gravitent autour des princes-mécènes, et se
champ gnoséologique et esthétique. poursuit, dans l’Europe entière, jusque vers la
L’expression de monument historique est la fin du xvie siècle :
reconnaissance lexicographique tardive (la • L’histoire et l ’art dont les témoins archi­
première occurrence en français se trouve tecturaux requièrent alors l’intérêt sont exclu­
dans A. M. M illin, Antiquités nationales sivement ceux de l’Antiquité. Rome est le
(1790)) d’une notion d’origine spécifique­ lieu par excellence de ces monuments alors
ment européenne, dont la complexité actuelle désignés sous le nom générique à’Antiquités ;
reflète une longue évolution. La législation leur valeur est avant tout littéraire et on a pu
française qui lui est consacrée (loi du comparer leur rôle à celui de «m ém entos»
31 décembre 1913 sur les monuments histo­ (Krautheimer).
riques et ses modifications subséquentes) n ’en • La protection dont les édifices, plus ou
donne aucune définition formelle. Elle moins intacts, laissés par, l ’Antiquité sont
indique seulement que sont susceptibles l’objet, est très relative : humanistes et
d’être classés ou inscrits au titre de monu­ artistes (de Poggio et Alberti à Raphaël)
ments historiques « les immeubles dont la pleurent sur les dégradations de la Rome
conservation présente du point de vue de l’his­ antique, les papes publient des bulles en
toire ou de l’art un intérêt public» (art. 1er), faveur de sa préservation (Martin V en 1425,
MONUMENT HISTORIQUE 49#:

Eugène IV en 1436, Pie II en 1462, etc.), et vu cette institution se généraliser à travers


poursuivent néanmoins l’exploitation de la l’Europe. Après les musées du Vatican, des
Ville et de ses environs comme carrière de Offices, le British Muséum, le Muséum dés
marbres et mine de colonnes et chapiteaux à Arts (Louvre) ouvre à Paris en 1793.
utiliser pour la construction des nouveaux 3 / La troisième phase, des années 1820­
édifices. Quant aux bâtiments du Moyen 1830 aux années 1950-1960, marque la consé­
Age, appartenant à une époque méprisée, ils cration du monument historique. Il est désor­
ne font l’objet d’aucune protection. mais doté d’un nom, d’un statut juridique et
2/ La seconde phase, qui dure jusque vers d ’une discipline ayant pour vocation sa
le quart du xixe siècle, est marquée par l ’acti­ conservation et sa restauration :
vité des érudits qu’on nomme «antiquaires». • L’institutionnalisation du monument his­
Dans le contexte de l’avènement de la science torique est d ’abord une conséquence de la
occidentale, ils affirment le primat du témoi­ révolution industrielle : les bouleversements
gnage de la vision sur celui de la tradition que celle-ci impose à l’environnement tradi­
orale; les antiquités sont dès lors étudiées tionnel, la rupture qu’elle introduit dans la
pour leurs caractères propres et pour l’infor­ continuité des savoir-faire, donnent soudain
mation qu’elles livrent sur les sociétés du une valeur irremplaçable aux créations dü
passé : passé préindustriel. D ’autres facteurs doivetit
• Les antiquaires élargissent le champ des être néanmoins pris en compte : la sensibilité
antiquités classiques à celui des «antiquités romantique, son rapport avecja temporalité et
nationales », témoins de l’histoire propre des son attirance pour le Moyen Âge ; le dévelop­
différents pays européens où, à commencer pement des études historiques ; les premières
par la Grande-Bretagne, au xvne siècle, se percées de l’histoire de l’art (en France,
créent des sociétés d’archéologie locale. Arcisse de Caumont) et l’émergence d’une
• L’intérêt pour la valeur historique des religion de l ’art. ;
monuments continue de l’emporter sur leur • Les monuments historiques se voient
valeur esthétique. explicitement reconnaître trois valeurs clés:
• Le travail des antiquaires aboutit à la didactique (en tant que support de la connais­
constitution d’un immense corpus, reproduit sance historique), artistique (en tant qu’objets
par une iconographie de plus en plus abondante de jouissance esthétique), nationaliste (en tant
et précise à mesure qu’on avance dans le temps que supports du sentiment national). Leur
(L’A ntiquité expliquée de Montfaucon (1722) champ intègre virtuellement toutes les cultures
ne comporte pas moins de 30 000 figures). et a pour seule limite chronologique la révolu­
• Une conservation sur le papier par tion industrielle.
l’image et le texte descriptif suffit néanmoins • Le développement des législations euro­
aux antiquaires. Les antiquités classiques ou péennes est inauguré en 1830 par la création en
nationales ne font l’objet d’aucune protection France du premier inspecteur des monuments
ou conservation, institutionnalisées ou systé­ historiques. Ces législations diffèrent notam­
matiques. À cette règle générale, il faut signa­ ment selon qu’elles sont plus (France) ou moins
ler deux exceptions : (Grande-Bretagne) centralisées, plus (Grande-
- un début de protection des églises gothiques Bretagne) ou moins (Italie, France) respec­
en Angleterre, due, dès le xvme siècle, à l’initia­ tueuses de la propriété privée. La législation
tive privée de sociétés d’antiquaires ; autrichienne est la seule qui, grâce à A. Riegl,
- la mise au point, par le Comité d’instruc­ ait reçu une élaboration théorique.
tion publique de la Révolution française et ses • Au lendemain de la seconde guerre mon­
commissions spécialisées, d’un ensemble de diale, la notion de monument historique
mesures juridiques, fondées sur des concepts demeurait strictement européenne : le premier
spécifiques (patrimoine national, inventaire, congrès international sur la conservation des
classement), destinés à protéger et conserver monuments historiques, tenu à Athènes en
physiquement les biens nationalisés : ces dis­ 1931, ne comportait que des ressortissants de
positions cesseront d’être appliquées avec la pays européens.
fin de la Convention. 4 / La phase actuelle peut être qualifiée
• Le terme de «m u sée» s ’impose durant d ’inflationniste dans la mesure où le monu­
les dernières décennies du xvnie siècle, qui a ment historique y subit une triple inflation :
MORPHOLOGIE
495

• Typologique: antérieurement limité aux des monuments, 1903), que, reposant sur
monuments antiques, aux grands édifices reli­ des valeurs contradictoires (telles intégrité et
gieux et civils de l’architecture savante, le usure par le temps), ils ne peuvent faire l’objet
champ du monument historique s’ouvre à tous d’aucune axiomatisation ;
les types et catégories de bâtiments. Ces — de son coût financier ;
annexions contribuent à faire remplacer la notion — de son coût social : en particulier de
de monument historique par celle, plus large et l’obstacle qu’il peut constituer au développe­
mieux maniable, de patrimoine qui échappe ment et à l’innovation, notamment par la
cependant, en France, aux dispositions juri­ muséification ; a
diques concernant les monuments historiques. — des ambiguïtés et des dérapages entraî­
• Chronologique : la barrière de la révolu­ nés par l’industrie culturelle qui tend à trans­
tion industrielle est maintenant franchie au pro­ former le monument historique en objet de
fit du xixe siècle, encore méprisé au début des consommation.
années 1960 et même du xxe siècle. En France, • F. C.
les œuvres de Le Corbusier, Perret, Mallet-
A rt; Classement; Histoire; Inventaire général du patrimoine
Stevens sont classées et la loi a dû restreindre culturel; M onument naturel; Musée; Patrimoine; Restaura­
la protection au titre des monuments histo­ tion ; Service des monum ents historiques.
riques aux immeubles dont les architectes ne
sont plus en vie.
• Spatiale : au cours des cinquante dernières MONUMENT NATUREL Monument
années, la notion de monument historique, à
travers celle de patrimoine, a été adoptée dans
le monde entier, notamment à l’incitation MORBIDITÉ - » Hygiène publique; Mortalité
d’organismes internationaux comme l’Unesco
et l’Icomos. En 1964, trois pays non européens
(Tunisie, Mexique, Pérou) signaient la Charte MORPHOLOGIE
de Venise. Aujourd’hui, près de 120 pays appar­
tenant aux cinq continents ont signé la Conven­ Étude de la forme urbaine.
tion du patrimoine mondial. Le concept de morphologie apparut d’abord
N i l’importance idéologique prise par les chez les géographes allemands et fiançais, entre
monuments historiques, ni la législation qui les deux guerres. Mais alors que rares étaient
les protège, ni la publicité qui en diffuse les géographes à continuer à s’y intéresser
l ’image et les fait reconnaître, n ’assurent (M. R. G. Conzen, Alnwick, Northumberland :
pleinement leur sauvegarde dans une société a study in town planning analysis, 1960; et
où ils demeurent aujourd’hui menacés, non J. W. R. Whitehand, The urban landscape : his-
seulement par les pollutions et nuisances, torical development, Londres, 1981), le concept
mais bien par le processus d’urbanisation lui- fut repris par les historiens (P. Lavedan, et plus
même et la façon différente dont il est res­ récemment A. Chastel, F. Boudon et al., Sys­
senti par les divers types de populations. tème de l ’architecture urbaine : le quartier des
Ces difficultés tiennent à ce que, loin de Halles à Paris, Paris, 1977), W. G. Hoskins,
correspondre à un objectif donné, les notions etc., et surtout par les architectes italiens à partir
solidaires de monuments historiques et de de 1959. Parmi ces derniers, Vittorio Gregotti
protection sont indissociables d’un ensemble distingue deux courants :
fluctuant de facteurs historiques et culturels.. — une approche comme complément, et
On peut schématiquement énoncer la pro­ en opposition à la notion de typologie, déve­
blématique actuelle du monument historique loppée par les écoles de Rome et de Venise,
autour : de S. Muratori (Studi per una opérante studia
— de son statut, dont la légitimité peut être urbana di Venezia, Roma, 1959) à A. Rossi
contestée dans certaines cultures et certains (L'architettura délia città, Padova, 1956, trad.
milieux sociaux pour lesquels la notion de franç. L ’architecture de la ville, Paris, 1981) ;
monument historique n ’est pas signifiante ; — une approche, venue des géographes, qui
— des critères de sa préservation, dont on applique à la connaissance architecturale, les
oublie généralement, malgré les analyses concepts de site et de situation, et qui s’est déve­
magistrales de Aloïs Riegel (Le culte moderne loppée à Milan, puis à Venise, de G. Samona
MORPHOLOGIE
m
CL’urbanistica e l ’awenire délia città negli stati tion, marquent généralement le surgissement
europei, Bari, 1959) à V. Gregotti (Il territorio de problématiques nouvelles que leur étudà
dell’architettura, Milano, 1966, trad. franç. Le contribue à élucider. Cette altération des signfy
territoire de l ’architecture, Paris, 1982). fications originelles est caractéristique du
D ’Italie, le mouvement morphologiste a débat architectural actuel. Elle traduit un
gagné les autres pays européens et les États- manque certain de rigueur. i»
Unis, au point de devenir une mode. Parmi les Dès lors, la portée méthodologique de
facteurs de l’émergence de l’approche morpho­ l’approche morphologique est tout aussi incer­
logique, on peut citer une réaction contre les taine que le discours sur la forme urbaine est
abus du mouvement moderne (à la suite en par­ flou. Aucun spécialiste de la morphologie n’est
ticulier des Congrès internationaux d ’archi­ capable d ’exprimer clairement ses apports au
tecture moderne, c i a m ) qui exigeait une trans­ plan de la méthode. Seuls quelques auteurs
formation complète de la ville traditionnelle, peuvent y prétendre : l’équipe de A. Chastel ou
délaissant les études sur la forme urbaine, G. Baird, dans leurs analyses du rôle du parcel­
confirmant la rupture entre la ville et le passé. laire sur la longue durée ; Bill Hillier qui, à
On peut aussi noter un désir de réduire la cou­ travers sa «syntaxe spatiale», adopte une
pure, opérée notamment en Grande-Bretagne démarche partielle, mais rigoureuse, pour défi­
et aux États-Unis, par suite de filières de for­ nir les règles qui président à la formation des
mations distinctes, entre l ’architecture et espaces urbains, mais qui néglige la technolo­
l’urbanisme. Ce souci rejoint celui de la réin­ gie et le style, autres éléments essentiels, avec
troduction de la dimension spatiale dans les l’espace, de l ’architecture urbaine.
études urbaines : le courant marxiste refusait Cette absence de contenu méthodologique
toute autonomie à l’objet urbain comme espace explique sans doute que la m orphologie
et prétendait que la recherche de quelque forme urbaine n ’ait pris, ni dans la pédagogie de
que ce fiât était une entreprise idéologique. l ’architecture et de l ’urbanisme, ni dans les
Derrière la généralité de la référence, durant démarches institutionnelles, une place à la
les deux dernières décennies, aux principes et mesure du discours qu’elle a inspiré (sauf aux
au vocabulaire de l ’approche morphologique, États-Unis, à travers Yurban design).
les concepts utilisés ne sont pas toujours Si tous les spécialistes qui se réclament dé
clairs. Les principaux spécialistes sont rare­ la morphologie urbaine s’accordent pour don­
ment d ’accord sur le sens qu’ils attachent à ner un poids important à la dimension histo­
des termes comme structure urbaine, forme rique, ils ne font que reprendre, souligne
urbaine, etc,, ou même morphologie. Pour F. Choay (F. Choay et R Merlin, À propos de
C. Aymonino (La città di Padova, Roma, la morphologie urbaine, Paris, 1986), la
1970), c’est « l’étude (la description et la clas­ démarche fonctionnelle des traités d’architec­
sification) des causes qui contribuent à la for­ ture, en substituant l’histoire de la ville à celle
mation et à la modification de la structure de l’architecture comme fondement épistémo­
physique de la v ille » , alors que d ’autres logique aux règles de l ’esthétique. Mais les
auteurs sont plus restrictifs. On retiendra, avec morphologues appellent de leurs vœux une
B. Hillier et al. («Space syntax: a different histoire finalisée, destinée aux seuls archi­
urban perspective », The Architects Journal, tectes (les travaux de Benevolo comme de
1983), trois conditions : Tafuri sont caractéristiques à cet égard), consi­
• l’objet central de réflexion théorique est dérant la ville comme une unité en soi, mini­
la forme physique et spatiale de la ville ; misant les différences à travers le temps et
• il doit y avoir une discipline analytique, et l ’espace, érigeant en types formels absolus,
si possible scientifique, de la forme urbaine ; porteurs d ’une vérité esthétique, des villes
• la morphologie urbaine suppose la réunifi­ types (la ville du xvme siècle pour Krier) ou
cation de l’architecture et de l’urbanisme en une des éléments types (la ville, la place), niant
discipline unique où l’architecture retrouverait l’irréversibilité de l’histoire. Or l’objet urbain
sa dimension analytique et l’urbanisme son n ’est pas abstrait, universel, idéal typique,
intérêt pour la dimension physique et spatiale. mais concret, localisé et spécifique.
Cette divergence des définitions n’est pas
neutre : l ’apparition de termes nouveaux, celle À partir des années 1990, la réorientation
de termes anciens sous une nouvelle accep­ vers le projet des principaux exposants archi­
<•7 MORPHOLOGIE

tecturaux, l’éclipse de la pensée planificatrice, tion des systèmes conceptuels et théoriques de


l'attrait des nouveaux programmes édilitaires la morphologie urbaine et on constate un recul
et la montée de l’architecture de vedettes ont des approches trop idéologiques. La morpho­
conduit les recherches sur la morphologie logie est en passe de se libérer de la confusion
urbaine dans d’autres directions. En 1997, un entre théories cognitives et théories norma­
groupe pluridisciplinaire de chercheurs a tives et d’assumer son rôle de dimension onto­
fondé l ’International Seminar on Urban logique de la ville et non plus de prescription
Form (isüf) qui réunit des représentants des à imiter les formes du passé ou d’explication
principales écoles de pensée et de disciplines liée à la philosophie de l’histoire. Ainsi, la
diverses. L’isuf, qui publie la revue Urban morphologie urbaine, quoique hétérogène, a
Morphology a pris au sérieux et poursuivi les dépassé le stade de la tendance de mode pour
critiques sur la faiblesse des fondements épis­ diffuser la conscience que les études et les
témologiques de la morphologie et développé actions sur la ville ne peuvent pas oublier la
les recherches sur la forme urbaine. dimension de la forme, tant de l’artefact que
Les principaux travaux ont porté sur l’essor des figures immatérielles.
d’une histoire urbaine centrée sur les formes Les comparaisons entre les systèmes théo­
(M. Darin, Introduction à l ’histoire morpholo­ riques ont également avancé. Les premiers
gique des villes, Nantes, 1993), la formation résultats ont permis de découvrir des parallé­
de la théorisation sur les formes urbaines à lismes entre les ceintures-franges et les antipo­
partir des Lumières (P.-G. Gerosa, Éléments larités urbaines, des relations entre les cycles
pour une histoire des théories sur la ville économiques (ou de couverture des parcelles)
comme artefact et form e spatiale, Strasbourg, et les grandes fluctuations de l’histoire, ainsi
1993), l’inventaire terminologique ayant trait que de clarifier les conflits entre les fonde­
à la forme urbaine (B. Gauthiez, Espace ments philosophiques propres aux systèmes
urbain. Vocabulaire et morphologie, Paris, théoriques. Il reste à approfondir l’intégration
2003). L’isuf a entrepris l ’élaboration d ’un des diverses conceptions ontologiques de la
glossaire plurilinguistique des termes. Une forme urbaine, notamment l ’insertion des
approche essentiellement géographique a été types architecturaux dans la conceptualisation
proposée par R. Allain {Morphologie urbaine. de la forme urbaine, car c ’est surtout sur la
Géographie, aménagement et architecture de prise en considération des espaces à l’intérieur
la ville, Paris, 2004). Les chercheurs de I’isuf des bâtiments en tant que constitutifs de la
ont travaillé sur l ’approfondissement épisté­ forme urbaine que naissent les conflits d’inter­
mologique des systèmes théoriques princi­ prétation.
paux et sur leurs développements. D ’autres
travaux ont essayé la comparaison entre les En conclusion, la morphologie urbaine doit
différentes approches par rapport à des ques­ être considérée non comme une discipline,
tions spécifiques comme l ’analogie orga­ mais comme un champ d’étude et de connais­
nique, les fondements philosophiques ou sance, dans lequel sont présents plusieurs sys­
l’histoire. tèmes conceptuels et théoriques s ’appuyant
Ces armées ont vu aussi l’apparition de nou­ sur des bases philosophiques diverses. C ’est
velles recherches empiriques: travaux de une étape du chemin vers une connaissance
M. Roncayolo sur Marseille et ceux de P. Hofer, plus pertinente de l’urbain et, plus fondamen­
recherches de l’école de Conzen et Whitehand talement, de la spatialité humaine, mais aussi
et de celle de Muratori, etc. une simplification, une réduction à une des
L’utilisation des sig a permis d’analyser les dimensions épistémico-ontologiques constitu­
paysages suburbains récents, la maîtrise quan­ tives, celle de la forme.
titative primant sur l ’analyse de formes en soi Parmi les développements possibles de la
répétitives. Enfin, l’application des concepts morphologie urbaine, on peut citer l’ontologie
et des théories morphologiques au projet et à de la forme et, au-delà de forme elle-même, la
la gestion des paysages urbains a été explorée reconnaissance que la forme (visible), en
en essayant de l ’appuyer sur des relations dépit de son autonomie, est la manifestation
entre les différents systèmes théoriques. d ’autres domaines de l’être et d’autres entités
Malgré ce caractère fragmentaire, les deux (non visibles, d’ordre existentiel, sociétal et
dernières décennies ont apporté une clarifica­ idéel) et ne peut pas épuiser la théorisation sur
MORTALITÉ

la ville. Par ailleurs, un retour sur la morpho­ pays en développement à population jeune ot
logie elle-même, dans le sens de l’approfon­ état sanitaire nettement amélioré (Amériqua
dissement des logiques internes de la forme du Sud, A sie de l’est et du sud-est). Les taux
urbaine considérée dans son autonomie, est intermédiaires (10 à 20 %o) correspondént à
nécessaire. La tâche épistémologique de la une phase de transition ou à des pays ayaqt
morphologie urbaine pourrait ainsi être celle subi un fort vieillissement (l’Allemagne pat
de rendre saisissables les entités invisibles et exemple). 4
de contribuer à la compréhension de la spatia­ Le taux brut de mortalité dépend de la struc?
lité humaine dans ses caractères d’unité et de tare de la population. Aussi est-il préférable
totalité. d ’utiliser des taux de mortalité par âge (afi
Malgré les réserves théoriques qu’on a évo­ groupe d’âge). On peut utiliser des taux du
quées, les études de morphologie urbaine, fon­ moment (analyse transversale), des taux fia?
dées sur une analyse de l ’évolution du tissu génération ou des quotients (analyse longita?
urbain et du rôle de chacune de ses caractéris­ dinale). ?!
tiques (site, réseau viaire, trame parcellaire, Pour avoir une vue synthétique du niveau
espace libre et espace bâti), peuvent être fort de la mortalité du moment d’une population;
utiles pour comprendre, et donc pour savoir et effectuer des comparaisons, on peut utiliser
comment aborder, les problèmes des quartiers la méthode de la population type (population
anciens, qu’il s’agisse de la préservation du de référence, à laquelle on applique les taux
patrimoine ou de son évolution, voire de son de mortalité par âge de la population obser-j
remplacement. Aldo Rossi, le plus souvent vée). Pour mettre en évidence l’influence dè,
cité des fondateurs du courant morphologiste, la structure d’une population sur la mortalité;
concluait lui-même : « L’étude de la ville est on peut appliquer des taux types à la structure
un aspect important de la formation et de la de la population étudiée (méthode des taux
pratique d’un architecte, mais, le plus souvent, types). Dans les deux cas, on obtient un taux
cela ne peut constituer un but en soi (...). Pen­ brut comparatif de mortalité.
ser que les études typo-morphologiques On étudie la mortalité selon les cara­
puissent être le véhicule principal de l ’archi­ ctéristiques du décédé (catégorie socio*
tecture risquerait d’être une autre façon de professionnelle, revenu, groupe ethnique;
rétrécir la liberté d’expérience du jeune archi­ etc.), selon les circonstances du décès et
tecte (...). » Il faut éviter de créer « sans cesse surtout selon ses causes (maladie par type;
de nouveaux mythes, comme l’a fait le fonc­ accident).
tionnalisme ou comm e l ’analyse typo­ Un intérêt particulier est attaché à la morta­
morphologique court le risque de le faire ». lité infantile (décès d’enfants avant un an),
P.-G. G. et P. M. considérée comm e un bon indicateur du
niveau sanitaire d ’une population. Le taux de
-* Composition urbaine; Histoire; Longue durée; Parcellaire; mortalité infantile (improprement dénommé
S ite ;Typ o lo g ie ; Urban design; Voirie.
car c ’est en fait un quotient de mortalité) est le
rapport du nombre de décès avant un an au
nombre de naissances (effectif initial de la
MORTALITÉ génération). Il est cependant mal connu dans
les pays où l’enregistrement des décès (et des
Phénomène démographique lié aux décès. naissances) est imparfait, souvent ceux-là
On définit le taux brut de mortalité d’une mêmes où la mortalité infantile est élevée.
population comme le rapport du nombre Même dans les pays développés, la non-prise
annuel de décès à son effectif moyen au cours en compte des faux mort-nés minore le taux
de l ’année. de mortalité infantile, sauf correction. Les
Les taux bruts de mortalité élevés (plus de taux varient de moins de 10 %o (3,6 %o en
20 %„) concernent encore de nombreux pays France en 2008) dans les pays les plus avancés
en voie de développement (Afrique intertropi­ (Europe du Nord, Japon) à plus de 100 %>
cale et quelques pays asiatiques). Les taux dans de nombreux pays peu développés. Il
faibles (inférieurs à 10 %o) sont ceux de atteignait plus de 250 %o dans les époques
presque tous les pays développés (France : anciennes : en outre, la mortalité de 1 à 20 ans
8,6 %o en 2008), mais aussi de beaucoup de y était à nouveau égale à ce taux, alors qu’elle
r 499 MORTALITÉ

est aujourd’hui très faible. Les démographes tions de mortalité de la table (de génération
distinguent, dans la mortalité infantile, les ou du moment). Elle dépasse 70 ans pour la
décès endogènes (dus à des causes antérieures moyenne des deux sexes dans les pays déve­
il la naissance ou liées à l ’accouchement) et loppés et, ou de façon plus générale, dans les
les décès exogènes (dus à des causes posté­ pays où la mortalité infantile est la plus faible.
rieures à la naissance). D e même, ils dis­ En France, l’espérance de vie à la naissance
tinguent dans la mortinatalité les vrais mort- atteint, en 2009, 84,5 ans pour les femmes (ce
nés (qui n ’ont pas manifesté de signe de vie) qui est le meilleur résultat mondial), mais
et les faux mort-nés (qui ont manifesté de tels seulement 77,8 ans pour les hommes (l’écart
signes avant de mourir). Le taux de mortinata­ entre les hommes et les femmes est un des
lité est le rapport des mort-nés (vrais et faux) plus élevés du monde et largement attribué à
aux naissances. l’alcool). Elle reste inférieure à 50 ans dans les
Les tables de mortalité résument la morta­ pays les moins développés, généralement
lité d’une génération (tables de génération) ou ceux à mortalité infantile élevée, proche ou
celle du moment (tables du moment). Elles se supérieure à 100 %o (Afrique intertropicale,
présentent sous la forme de tableaux indi­ Afghanistan, etc.). Dans les sociétés
quant, pour 10 000 naissances (S0) par anciennes, l ’espérance de vie à la naissance
exemple, le nombre m„ de décès et celui Sé­ était inférieure à 30 ans (France de l’Ancien
ries survivants à chaque âge x, le quotient de Régime), voire à peine supérieure à 20 ans
mortalité correspondant qx. Les différentes (Inde vers 1900). Les progrès rapides de cette
grandeurs sont liées entre elles par les rela­ espérance de v ie sont liés à la disparition
tions : presque totale des causes exogènes de décès
Sx = S 0~ m 0- m l - (accidents, maladies infectieuses).

L’espérance de vie à l’âge x se déduit de la


table de mortalité :

On attache une importance particulière à


l’espérance de vie à la naissance e0 :
1 S. + S2 + ...
e „ = - + — ---------- - ------------
° 2 S0
C elle-ci constitue un indicateur synthé­
tique de la mortalité, tenant compte de la
mortalité aux différents âges, mais (contraire­
ment au taux brut de mortalité) indépendant
de la structure de la population.
On peut établir des tables de mortalité de
génération ou du moment. Les premières ont Q uotient p ersp ectif d em o rta lité a = —j-
une signification plus rigoureuse, mais elles
ne peuvent être établies qu’une fois cette
génération disparue, soit un siècle environ Pour l ’établissement de projections de
après les naissances. Aussi utilise-t-on sur­ population, on utilise des quotients perspectifs
tout les tables du moment, qui recourent à la de mortalité : rapport entre le nombre de décès
méthode de la génération fictive (on applique à la date d dans la génération g et le nombre
en effet les quotients du moment à chaque de survivants au début de l’année d. Ces quo­
âge à une population fictive de S0 nouveau- tients ne nécessitent qu’un classement simple
nés). des décès par génération.
U espérance de vie à la naissance repré­ Les tables perspectives de mortalité peuvent
sente la durée de vie moyenne dans les condi­ être des tables du moment, mais seules des
MOSQUÉE 500

tables de génération ont une signification, ce flux migratoires influent sur le mouvement
qui suppose une prévision de baisse des quo­ naturel (et inversement). Le taux d’accroisse­
tients par âge. Les compagnies d’assurances, ment naturel est un taux du moment, qui
principales utilisatrices, préfèrent cependant dépend de la structure de la population. Pour
utiliser des tables du moment, qui ignorent la s’affranchir de celle-ci, on a défini le concept
baisse prévisible de la mortalité. et les taux de reproduction.
P. M. P. M.
- » Analyse dém ographique; Projections dém ographiques; -+ Migrations; Mortalité; Natalité; Reproduction.
Vieillissement d'une population.

MOYEN DE TRANSPORT
MOSQUÉE —> Lieu de culte
Mode de locomotion permettant de dépla­
cer les personnes ou les marchandises. On
MOTIF DE DÉPLACEMENT —> Déplacement ; peut distinguer :
Migrations alternantes • Les moyens de transport de personnes
(ex. : autobus, métro, automobile), les moyens
de transport de marchandises (ex. : camion),
MOTOCYCLETTE —* Bruit; Deux roues ceux qui peuvent servir à l’un ou à l ’autre selon
(véhicules à) ; Nuisance ; Pollution leur aménagement (ex. : train, avion, bateau,
téléphérique) ou à l’un et à l ’autre simultané­
ment (ex. : cargo mixte).
MOTORISATION —> Automobile ; Mobilité • Les moyens de transport à grande distance
(internationaux, voire intercontinentaux et
intérieurs) et les moyens de transport urbains
MOUVEMENTS MIGRATOIRES — Migrations (intérieurs à une ville, une agglomération ou
une région urbaine). Parfois, les mêmes infra­
structures (routes, voies ferrées), voire les
MOUVEMENT NATUREL mêmes véhicules (automobiles), peuvent assu­
(D'UNE POPULATION) rer ces deux types de transport.
• Parmi les moyens de transport de per­
Evolution d’une population par le jeu des sonnes, les moyens de transports collectifs
naissances et des décès. ou transports en commun, dont le service est
On appelle accroissement (ou déficit) natu­ offert au public ou, au moins, aux membres
rel la différence, au cours d’une période, entre d ’une collectivité (ex. : train, métro, autocar),
l’effectif des naissances et celui des décès. Le et les moyens de transport individuel, propriété
taux d’accroissement annuel est le rapport de d’une personne, physique ou morale, qui se
l ’accroissement naturel à l’effectif moyen de réserve le choix des utilisateurs (ex. : automo­
la population au cours de la période : il est bile, bicyclette). Le rôle respectif des moyens
donc égal à la différence entre le taux brut de de transport individuels et collectifs est une des
natalité et le taux brut de mortalité au cours questions centrales de toute tentative de définir
de cette période. une politique de transport, qu’il s ’agisse des
Bien que les seuls événements pris en transports intérieurs ou des transports urbains.
compte soient les naissances et les décès, la Pour ces derniers, les avantages des transports
formation et la rupture des couples influent individuels sont le confort (confort du véhi­
sur la natalité, donc sur le mouvement natu­ cule, disponibilité permanente, accès direct à
rel. la destination choisie, intimité permise par le
La croissance (ou la décroissance) d ’une choix des compagnons de voyage éventuels) et
population est la somme de l ’accroissement la vitesse (qui reste, pour presque toutes les
naturel et du solde des migrations. liaisons urbaines, supérieure à celle des trans­
Le mouvement naturel concerne, en prin­ ports collectifs). Ceux des transports collectifs
cipe, une population fermée (sans migra­ ou en commun sont l ’économie des investisse­
tions) : en pratique, ce n ’est pas le cas et les ments, la faible consommation d’espace, la
501 MUSÉE

réduction des nuisances (bruit et pollution de métro, qui est lui-mêm e un chemin de fer
l’air surtout), la sécurité élevée. adapté à l’usage «métropolitain». Le chemin
• Les moyens de transport en site propre, de fer a été initialement conçu pour des liai­
qui utilisent une infrastructure spécifique sons de ville à ville et on n’a songé à un trafic
(ex. : chemin de fer, métro) ; en site banal, qui de banlieue qu’à la fin du XIXe siècle. L’auto­
partagent une infrastructure avec d’autres mobile a été aussi conçue pour des déplace­
moyens de transport (ex. : automobile, auto­ ments à grande distance. La bicyclette était, à
bus, bicyclette, etc., sur la voirie urbaine) ; en sa naissance, un jouet, puis est devenue, à la
site réservé (portion d’une infrastructure réser­ fin du xixe siècle, un moyen de promenade
vée à un moyen particulier ; ex. : lignes de pour les classes aisées (rôle du Touring club de
tramway dans l’axe d’une voie routière, voie France). Ce fait est important, car il explique
réservée aux autobus sur la voirie urbaine). que les différents moyens de transport soient
Les principales caractéristiques d’un moyen mal adaptés à un usage urbain. Toute politique
de transport sont les suivantes : de transport urbain doit faire intervenir les dif­
— la vitesse (distance parcourue en une férents moyens de transport de façon privilé­
unité de temps, généralement une heure) : giée là, où et quand ils sont le mieux adaptés
cette notion est en fait complexe car il convient (capacité et coût notamment).
de distinguer la vitesse maximale (technique­ P. M.
ment possible et administrativement autori­
sée) ; la vitesse commerciale (vitesse moyenne - » Autobus ; Automobile ; Bruit ; Capacité (d'un moyen de trans­
port); Chemin de fer; Confort (d'un moyen de transport);
entre un point de départ et un point d’arrivée, Consommation d'espace par les transports; Coût de fonc­
compte tenu des temps d’arrêt, des accéléra­ tionnement des transports ; Coût d'investissement des trans­
ports; Deux roues (véhicules à ); M étro; Modèle de choix
tions et des décélérations) ; la vitesse effective m odal; Plan de déplacements urbains; Planification des
pour l’usager (vitesse moyenne de son origine transports; Pollution atmosphérique; Sécurité des trans­
ports ; Tra m w ay ; Véhicule électrique.
à sa destination, compte tenu des trajets termi­
naux à pied, des temps éventuels de correspon­
dance et d’attente) ;
— la capacité (nombre maximum de per­ MULTIPLICATEUR D'INVESTISSEMENT
sonnes ou charge maximale transportée par —> Investissement
un véhicule ou, pour une infrastructure de
transport, nombre maximum de personnes ou
charge maximale qu’elle peut acheminer dans MULTIPLICATEUR D'EMPLOIS
chaque sens pendant une heure) ; —> Activité induite
— la sécurité (pour l’usager et pour les tiers) ;
— le confort, qui revêt de nombreux
aspects : attente (liée à la fréquence), corres­ MUNICIPALISATION DES SOLS
pondances, régularité (respect des horaires -► Maîtrise foncière
prévus), surcharge des véhicules, trajets ter­
minaux à pied, difficulté de stationnement,
intimité, etc. ; MUNICIPALITÉ -> Commune
— le coût (en investissements pour l ’infra­
structure et les véhicules et en fonctionne­
ment pour les usagers et pour la collectivité) ; MUR -> Gros œuvre
— les nuisances (bruit et pollution de l ’air
surtout) qui engendrent des coûts sociaux et
les émissions de gaz à effet de serre ; MUR ANTIBRUIT -> Bruit
— la consommation d’espace (par les
infrastructures elles-mêmes et, indirectement,
par les formes d’occupation de l’espace dont MUSÉE
les différents modes de transport favorisent le
développement). Originellement, dans l’Antiquité, temple des
11 est intéressant de constater qu’aucun muses. Par extension, et jusqu’au xvme siècle,
moyen de transport n ’a été conçu pour un édifice ou appartements consacrés à la pour­
usage spécifiquement urbain, si ce n ’est le suite du savoir ou des arts. Le terme prend son
MUSÉE 502

acception actuelle à la fin du xvm e siècle l’ouverture des premiers grands musées d’art
(cf. Dictionnaire de Quatremère de Quincy). Il européens : musée Pio Clementino au Vatican
sanctionne alors l ’institutionnalisation et (1763), British Muséum (1759), Louvre, déjà
l’ouverture au public des collections d’art et/ou projeté sous Louis XV, ouvert symbolique­
de sciences naturelles, en désignant le lieu où ment en 1793 comme Muséum des arts,
celles-ci sont conservées et exposées. réouvert en 1797 comme Musée central des
On peut distinguer trois phases dans l’his­ arts. L’administration napoléonienne, héritière
toire du musée. des idées de la Révolution sur la répartition
1/ À partir du Quattrocento, une phase prépa­ territoriale des m usées, les diffuse dans
ratoire, qui prend ses origines en Italie, avec la l’Europe entière, en créant elle-même (Brera;
collection privée dont les objets sont collec­ Prado, Mauritzhuis) ou en inspirant la création
tionnés pour leur valeur d ’histoire et d ’art. de nouveaux musées. Le musée d ’art ne
Reflet d’une mentalité nouvelle, cette pratique fit son entrée aux États-Unis qu’en 1870
est solidaire à la fois des travaux des humanistes (Metropolitan Muséum de N ew York et
sur l’histoire gréco-romaine et de leur autono­ Muséum o f Fine arts de Boston).
misation du champ de l’art. D'emblée, ces col­ 3/ La dernière phase, entamée au x x e siècle,
lections ont un double contenu : objets antiques peut être qualifiée à’inflationniste. D ’une part,
(sculptures, mosaïques, médailles, etc.) et les objets de la muséologie se multiplient jus­
œuvres d’artistes contemporains, les objets qu’à l’absurde, incluant la production de tous
médiévaux étant exclus. Les papes et les princes les arts de faire traditionnels ou industriels.
italiens (Médicis, Gonzague, Este) sont, avec Aux m usées d ’arts appliqués, de folklore,
quelques artistes (Mantegna, Ghiberti), les pre­ d’ethnographie, de plein air apparus à la fin du
miers collectionneurs, au sens moderne. Les XIXe siècle, succèdent les musées de sciences,
souverains européens leur emboîtent le pas à mais aussi des transports, de la batellerie, des
partir du XVIe siècle, suivis aux XVIIe et postes, du jouet, du vin, du fromage, du sel,
xvme siècles par antiquaires et amateurs, nobles de la paille, etc. D ’autre part, le musée envahit
et bourgeois. Ces collections ne sont pas, ou des aires culturelles nouvelles, comme le
exceptionnellement, ouvertes au public : celles Japon où il prolifère particulièrement, et
rassemblées au Capitole en 1471 par Sixte IV même le continent africain. « D ’institution
sont visibles une fois par an ; à partir de la fin qu’il était au x ix e siècle, le musée devient au
du XVIe siècle, certaines collections royales ou x x e une mentalité. » Cette inflation coïncide
princières sont accessibles plus régulièrement, avec une vocation nouvelle. Le musée n ’a
tels les cabinets de Louis XIV. Parallèlement, la plus seulement pour tâche de conserver et res­
Wunderkammer médiévale (cabinet de curio­ taurer des collections, de les exposer au public
sité) subsistera jusqu’au XVIIIe siècle. L’Ashmo- et de les utiliser pour la recherche. Devenu
lean muséum, première collection à être ouverte centre culturel, il accueille, à titre temporaire,
en permanence dès 1583 (aux étudiants conférences et spectacles divers (théâtre,
d’Oxford), est, en fait, un cabinet de curiosités cinéma, concerts), mais surtout il comprend
rassemblant objets ethnographiques et marbres désormais bibliothèques, photothèques,
antiques. services pédagogiques, restaurants et comp­
2/ À partir de l’époque des Lumières, une toirs de vente de plus en plus développés qui,
phase d ’institutionnalisation. Les productions outre livres et reproductions graphiques, en
de la nature et des arts, désormais distinguées, viennent à proposer les souvenirs et objets les
seront présentées dans des locaux différents. plus hétérogènes et parfois incongrus.
La majorité des grandes collections royales ou
princières sont nationalisées, alimentant les Cette histoire des musées se traduit dans
nationalismes, et régulièrement ouvertes au l ’espace architectural et urbanistique. La col­
public à des fins d ’abord pédagogiques et lection privée, est rassemblée dans le palais ou
accessoirement de délectation esthétique. À l’hôtel de son possesseur, ou encore dans la
quelques anticipations italiennes près (créa­ villa spécialement conçue à cet effet (cf. villas
tion du musée du Capitole par Clément XI, de Mantegna à Mantoue, Madama, Giulia,
legs et ouverture des Offices et du palais Pitti Borghèse, Albani, etc. à Rome).
par Anna Maria Ludovica de Médicis), c ’est Outre le studiolo (cabinet) cher aux princes
la seconde moitié du x v m e siècle qui voit italiens, deux organes spécifiques servent à
503 MUSÉE

l’exposition des œuvres, d’une part le jardin trouvés accordés à l’architecture du mouve­
aménagé pour les sculptures (Cortile du Bel­ ment moderne (musée Krôller-Muller). Dès
védère par Bramante pour Jules II), d’autre lors, le musée n ’a plus cessé de solliciter
part la galerie. Celle-ci est, à l’origine, une l’architecture d’avant-garde, jusqu’à parfois
création française du xvie siècle, dont le plus sacrifier la fonctionnalité à l ’originalité des
célèbre exemple fut exécuté à Fontainebleau espaces intérieurs (musée Guggenheim de
pour François Ier. Mais, dès la deuxième F. L. Wright). L’acier et le béton ont été uti­
moitié du xvie siècle, elle connaît un déve­ lisés de façon tantôt monumentale (musée
loppement spectaculaire en Italie (galeries national de M exico, musée d ’ethnologie à
des O ffices de Vasari et Buontalenti à Osaka), tantôt misérabiliste (musée de Yale
Florence (1559) pour François Ier de Toscane, par L. Kahn).
au palais de Mantoue et à Sabionnetta pour À mesure que se transformait leur rôle cultu­
Vincent Ier de Gonzague, du Vatican, 1580­ rel, les musées sont devenus des machines de
1583, du Palais Pitti, 1556-1563). Parmi les plus en plus complexes, tant du point de vue
plus célèbres galeries des palais européens de leurs exigences techniques (éclairage,
construits ensuite, on peut citer, notamment, conditionnement hygrométrique et calorifique,
la grande galerie du Louvre, projetée d’abord flexibilité des espaces d’exposition) que de
par Catherine de M édicis, réalisée par l ’articulation spatiale des différentes fonc­
Ducerceau et Métézeau (com m encée en tions: les anciens musées s ’agrandissent
1595) et décorée par Lebrun, la galerie du (Washington, N ew York, Londres, Berlin,
palais Pamphili construite par Borromini et Paris), les nouveaux tendent au gigantisme
décorée par Pietro da Cortone (1645-1650), (Centre Pompidou).
les galeries des palais de l ’Ermitage à Saint- Jusqu’au x x e siècle, les m usées étaient
Pétersbourg. essentiellem ent implantés dans les centres
Dès que le musée devient une institution, urbains et sur les emplacements les plus pres­
porteuse d’un programme nouveau, il suscite tigieux (Musée des beaux-arts de Vienne, de
une nouvelle typologie architecturale, dont Bruxelles, de Berlin, National Gallery de
une première forme est élaborée au cours du Londres). L’inflation muséale a posé le pro­
xixe siècle dans l’esprit du néoclassicisme et blème des m usées en termes urbanistiques
illustrée par les plus grands noms de l’archi­ nouveaux. D ’une part, cet équipement a cessé
tecture, tels Schinckel à Berlin, von Klenze à d ’être exclusivem ent concentré en m ilieu
Munich et Saint-Pétersbourg, Semper à urbain. Dans les zones naturelles ou rurales, il
Vienne. Tandis que les anciens palais (Louvre, exerce un double rôle social et économique,
Vatican, etc.) sont réaménagés, en tenant stimulant la vie locale, suscitant l’afflux de
compte notamment d’exigences d’éclairage, touristes dans des secteurs déshérités, contri­
les nouvelles structures d’accueil empruntent buant à renforcer les réseaux touristiques
parfois l ’apparence des palais renaissants, existants dans les régions plus favorisées.
plus généralement celui du temple antique Les musées d’arts et traditions populaires ont
(Altes Muséum de Berlin, Glyptothèque de vu leurs techniques d ’exposition servir de
Munich, British Muséum et National Gallery modèle pour la plupart des métiers et pra­
à Londres, Metropolitan Muséum de N ew tiques traditionnels. En milieu urbain, le déve­
York) : le musée est effectivement un temple, loppement des réseaux de transports rapides
élevé pour la plus grande gloire nationale, afin et les exigences du stationnement ont conduit
de célébrer le culte de l’art et du savoir. Au à un décentrement des nouveaux musées (La
symbolisme extérieur répond intérieurement Villette à Paris). Par ailleurs, la politique
la pompe d’un grand hall d ’entrée d’où un du patrimoine a encouragé la réutilisation
escalier monumental conduit à l ’étage. La d’anciens édifices comme musées. L’Italie,
décoration est chargée, la couleur de rigueur avec en particulier F. Albini et C. Scarpa, a
(rouge pompéien pour les salles archéolo­ acquis la précellence dans ce domaine qui
giques, depuis Visconti), l ’accrochage des exige à la fois beaucoup de discernement dans
peintures « en tapisserie ». le choix des édifices (échelle, fragilité) et de
Dans une seconde phase, les impératifs de tact dans leur adaptation à leur vocation nou­
la m uséologie moderne (sobriété du cadre velle. Parmi les plus belles réussites de ces
mis au service exclusif de l ’œuvre) se sont architectes, citons les musées des Palazzo
MUSÉE 5 (tt

Bianco et Palazzo Rosso à Gênes, du Palazzo interrogations liées aux processus sociaux qu’il
Abatelli à Palerme, de Capo-di M onte à a enclenchés : commercialisation et consom*
Naples. En France, deux réalisations illustrent mation de la culture (on ajustement comparé le
les difficultés de la réutilisation du patrimoine Centre Pompidou à un supermarché culturel);
historique. Le Musée du XIXe siècle a été ins­ instauration d ’un rapport nouveau avec le
tallé dans l ’ancienne gare d ’Orsay, qui occupe passé et ses créations, dédifférenciation des
un site névralgique ; mais son espace inté­ sociétés par la standardisation des contenus
rieur, qui se serait bien prêté à un musée de la comme des contenants du musée. L’urbanisme
technique, a été transformé en décor holly­ doit nécessairement tenir compte de cette pro­
w oodien sous prétexte de faire valoir des blématique dans la sélection des thèmes et
œuvres d’art dont, en réalité, la contemplation équipements ainsi que dans le choix des lieux
a été ainsi rendue impossible. d’implantation des nouveaux musées. •
Désormais promu au rang d ’équipement
majeur, le musée soulève, dans l’ensemble des F. C;
pays développés et en développement, des A rt; Palais; Patrimoine. -I
N

NAPPE PHRÉATIQUE -> Eau manifesté de signe de vie (dits vrais mort-
nés), mais aussi ceux qui sont nés vivants et
sont morts avant la déclaration de la naissance
NATALITÉ (dits faux mort-nés).
La natalité peut être étudiée en particulier
Phénomène démographique lié aux nais­ selon :
sances. • la durée du mariage ;
On définit le taux brut de natalité d’une • le rang de naissance ;
population com m e le rapport du nombre • l’intervalle séparant une naissance de la
annuel de naissances à son effectif moyen au précédente, et les combinaisons de ces critères.
cours de l ’année. Les taux bruts de natalité La prévention ou la régulation des nais­
peuvent atteindre 40 % o dans les populations sances (on parle improprement de contrôle
où aucune limitation volontaire n’intervient des naissances) fait appel soit au retard du
(situation de nombreux pays en développe­ mariage (Chine), à la continence, totale ou
ment, notamment en Afrique intertropicale périodique, soit à la contraception (pratiques
et en Afghanistan). Ils sont inférieurs à diverses empêchant la fécondation lors des
15 %o (France 12,1 %» en 2008) dans les rapports sexuels), soit à l’avortement (destruc­
pays développés et dans quelques pays en tion de l ’embryon après fécondation).
développem ent (ex. : Cuba, Singapour), P.M.
voire à 10 %o (Allemagne 8 % o , Japon 9 %o)
où sont pratiqués le contrôle et la régulation _» Analyse dém ographique; Fécondité; Mouvem ent naturel
(d'une population).
des naissances par les couples. D es taux
intermédiaires se trouvent dans des pays
(Chine et, depuis peu, Inde, Amérique latine,
notamment) correspondant à une situation NATIVISME
de transition vers des taux faibles par réduc­
tion progressive de la fécondité, décidée par Ce mot (popularisé par l’anthropologue amé­
les couples (ex. : Argentine 18 % o ) ou par les ricain R. Linton) désigne les mouvements créés
autorités (ex. : Chine 14 %o) ou les deux par les membres d’une société traversant une
(Indes 22 % o ) . crise grave et recherchant une vie meilleure par
Le taux brut de natalité dépend de la struc­ un «retour aux sources», ce qui les amène à
ture de la population, ce qui nécessite, pour éliminer de leur culture les personnes, les objets
des études rigoureuses, d’utiliser des taux de et les coutumes d’origine étrangère.
fécondité qui rapportent le nombre des nais­ Les mouvements nativistes étudiés par les
sances à l’effectif des femmes en âge de pro­ ethnologues résultent presque toujours de
créer. contacts violents ou de rapports contraignants
Les naissances sont enregistrées à l ’état entre la société occidentale et les sociétés tra­
civil, dans les pays qui en disposent. Les ditionnelles asservies. Ils sont souvent carac­
enfants mort-nés sont ceux qui n ’ont pas térisés par l ’apparition de prophètes, bientôt
NATURE 50»

suivis par des disciples, à la recherche d ’un ment des New Towns et le cadre administratif et
nouveau code de conduite et d ’un monde financier qui était voté par le Parlement. ,.
meilleur. On parle alors de mouvements mes­ La conception, la réalisation (acquisition et
sianiques. L’histoire de l ’Europe est riche de aménagement des terrains, et, en grande par?
tels mouvements, généralement liés à des tie, construction) et la gestion immobilière
périodes de famine et de grandes inégalités sont assurées par un organisme public, la
sociales. Development Corporation, dont les respom
On peut voir une forme particulière et atté­ sables sont nommés par le gouvernement. Le
nuée de nativisme dans certains mouvements financement est assuré par des prêts du Trésor;
régionalistes actuels, lorsqu’ils revendiquent de longue durée (soixante ans), à taux d’inté?
le retour à des traits culturels spécifiques rêt réduit, avec différé d’amortissement. >;
qui auraient été bousculés par la société Les New Towns sont très inspirées des idées
dominante. Quoi qu’il en soit, cette position a de Howard : situées hors de l ’agglomération,
ravivé la conscience des particularismes leur taille est limitée, leur densité est faible,'
locaux. Elle exerce parfois des effets notables l’habitat individuel y prédomine (80 à 90 %
sur l’habitat : la maison traditionnelle réhabili­ des logements), l’équilibre habitat-emploi esl
tée devient l’emblème même du régionalisme assuré. Elles sont divisées en unités de voisi­
(cf. E. Morin, Commune en France : la méta­ nage. Ce mode de financement a permis des
morphose de Plodémet, Paris, 1967). loyers très faibles, mais aussi de construire
M. P. et M. Pe. pour les louer des locaux d’activités avec un
bénéfice qui a financé les équipements d ’infra­
- » Acculturation; Relativisme culturel.
structure. Les Development Corporations ont
également souvent réalisé, pour le compte des
collectivités locales, les équipements de super?
NATURE —» Écologie ; Écosystème ; structure. D es regroupements de communes
Environnement ont permis de créer l ’unité politique (les muni­
cipalités actuelles sont même plus vastes que
les New Towns). Quatorze New Towns (dont
NAUTISME -* Plan d'eau huit autour de Londres) furent décidées avant
1950 (d’autres le furent par la suite). Les béné­
fices (liés au mode de financement très avanta­
NETTOIEMENT DES VOIES, NETTOYAGE geux) reviennent au Trésor. .
URBAIN —» Viabiliser Le gouvernement Thatcher s’est cependant
inspiré des New Towns Development Corpo-i
rations pour mener de grandes opérations
N E W C O M M U N IT Y — Cité-jardin ; Ville de restructuration urbaine dans des friches
nouvelle industrielles ou portuaires (dont celle des
anciens docks du port de Londres) sous
l’égide d’une Urban Development Corpora­
NEW TO W N tion (11 ont été créées entre 1981 et 1989),
associant à des capitaux publics la plus forte
Ville nouvelle britannique, réalisée dans le proportion possible de capitaux privés.
cadre du New Town Act de 1946. Lorsqu’elles ont été considérées comme
Les New Towns sont issues du mouvement achevées, les New Towns ont été gérées par la
de pensée des cités-jardins, lancé par Howard New Towns commission (loi de 1959). Les der­
et animé par la Garden City Association. En nières Development Corporations ont été sup­
1944, le Greater London plan, établi par Patrick primées en 1992 (Milton Keynes), sauf en
Abercrombie, proposait de décongestionner Ecosse, où elles ont été conservées, en raison
Londres et sa banlieue en desserrant des indus­ de leur efficacité pour attirer des activités, jus­
tries et la population correspondante au-delà qu’en 1995 à 1999. Le gouvernement Thatcher
d’une ceinture verte (Greenbelt), dans des New a fait mettre en vente systématiquement par
Towns et des Expanding Towns situées à 40 km la commission nationale, puis par English
ou plus du centre de Londres. La commission Partnership qui lui a succédé, les biens immo­
Reith fixait, en 1946, les principes d’aménage­ biliers (logements et locaux d’activités) des
NOMBRE D'OR
*07

anciennes Development Corporations. Les de diplômés, etc., c ’est-à-dire d ’éléments


logements et les locaux d’activités ont été tenant à la fois au mode de vie et au niveau de
proposés à leurs occupants et, en cas de refus vie.
d’acheter, respectivement aux Housing À l’intérieur d’un même pays, les compa­
Authorities locales et à des investisseurs. raisons se font le plus souvent entre revenus
Les New Towns, réalisées en conformité moyens des ménages classés par catégories
étroite avec les principes initiaux, mais dont socioprofessionnelles ( c sp ). Là aussi, des
les premières ont dépassé la population pré­ biais peuvent fausser les comparaisons : le
vue (souvent 50 000 habitants seulement), nombre moyen de personnes par ménage
ont servi de référence aux projets de villes varie d’une csp à l’autre ; le niveau et le mode
nouvelles dans de nombreux pays (dont la de vie d’un célibataire et d’un couple marié,
France), même si ceux-ci n ’en ont pas retenu avec un ou plusieurs enfants en bas âge, ne
toutes les caractéristiques. sont pas directement comparables. De même,
Les Expanding Towns, également propo­ les types de consommation de biens, de ser­
sées par le Greater London Plan de 1944, ont vices et de loisirs varient selon les classes
été entreprises à partir du vote du Town Deve­ sociales. Enfin, les revenus monétaires des
lopment Act en 1952. Elles constituaient une agents ne tiennent évidemment pas compte de
alternative aux New Towns, avec le même l ’usage différencié des services publics gra­
objectif de desserrer la population et les acti­ tuits, notamment dans les villes.
vités de Londres et des grandes métropoles. P.-H. D.
Elles nécessitaient un accord entre la grande
ville et une petite ville d’accueil. La réalisa­ -* Produit national.

tion des opérations pouvait être menée par la


métropole de départ ou par la ville d’accueil.
Des aides financières ont été apportées par NIVELLEMENT — Carte; Relief;Topographie
l’État et par la métropole de départ. Cette for­
mule a eu beaucoup moins de succès que les
New Towns. NOMBRE D'OR
' ; ! P.M.
En mathématiques, le nombre d’or est un
•+ Cité-Jardin; Ville nouvelle. nombre irrationnel dont la valeur exacte est de

1/2 | l + V ij soit 1,618, nombre correspondant


NIVEAU DE VIE
au rapport proportionnel de deux parties asy­
La comparaison des niveaux de vie peut se métriques d’une droite, telle que la plus grande
faire entre pays ou entre habitants d’un même section divisée par la plus petite soit égale à
pays. Entre pays, l ’indicateur le plus fréquent la somme des deux divisée par la plus grande
est le revenu national net disponible par habi­
tant. Cet agrégat de la comptabilité nationale | a I b I h- = —a
i------------------------------- 1-------------— 1
= 1,618. La sec-
comporte des biais : évaluation inégale de la
valeur des biens-et services par le système des tion d’or est le point de division de la droite qui
prix propre à chaque nation, importance de établit l’égalité du rapport précédent. En esthé­
l’autoproduction et de l ’autoconsommation, tique, notamment architecturale, le nombre d’or
surtout dans les pays en développement, enfin exprime un rapport proportionnel particulier,
distribution très inégale des revenus au sein d’où l’utilisation fréquente des expressions;
d’un même pays. C ’est ainsi que le fort rapport d’or, divine proportion. Au-delà de la
revenu par tête des Émirats arabes unis dissi­ connaissance mathématique du nombre d’or à
mule de grandes disparités. On adjoint géné­ l’aide d’une formule rigoureuse, probablement
ralement au revenu m oyen par tête des réservée aux seuls mathématiciens jusqu’à une
indicateurs plus qualitatifs, tenant compte de époque récente, il faut considérer principale­
l ’état sanitaire et culturel des populations: ment la dimension géométrique du rapport d’or
nombre de médecins, de lits d’hôpital, de et son rôle dans la mise en proportion des édi­
journaux pour 1 000 habitants, pourcentage fices et des compositions picturales.
NOMENCLATURE DES ACTIVITÉS

Les propriétés mathématiques du nombre Les propriétés plastiques remarquables qoij


d’or, la présence fréquente, voire permanente, s’attachent au nombre d’or ont fait croire qtuii
du rapport d’or dans les figures géométriques son seul emploi conduisait à la beauté dq
contenues dans le tracé régulateur des édifices l’œuvre. Après la Renaissance, le nombre d’ôfe
de l ’architecture monumentale, des construc­ n’a plus été qu’une recette d’atelier. La parfaitSB.
tions plus modestes et des œuvres picturales, connaissance du nombre d’or et de son manie* j
sa présence également fréquente dans la ment dans la mise en proportion des édificeè '
nature (M. C. Ghyka, Esthétique des propor­ ne suffisent pas à produire la beauté des formel ;
tions dans la nature et dans les arts, 1927, et et des compositions. Sans parler du talent du ,
Le nombre d ’or, Paris, 1931), la qualité plas­ maître d’œuvre, il faut aussi considérer, dans ;
tique qui semble émaner de la « divine propor­ l ’analyse esthétique des œuvres bâties, le* J
tion», ont fait du nombre d ’or, au cours de caractéristiques de la division modulaire, dond |
l ’histoire, un nombre quelque peu mystérieux du module lui-même, et de l’expérience prart j
auquel peuvent s ’attacher des significations tique. Le nombre d’or est, avant tout, un outil j
symboliques, ésotériques, voire occultes. pratique de division spatiale. , .<!
L’utilisation pratique du nombre d’or ren­
voie à trois sources principales. La première
concerne les recherches, de caractère théo­ *+ Com position; Géom étrie; M odulor; O rd re ; Proportion;
rique, qui sont associées aux trois noms de Renaissance. ,

Pythagore, Euclide et Platon. Parmi les


ouvrages consacrés à ces recherches et ayant
exercé, en Occident, une influence détermi­ NOMENCLATURE DES ACTIVITÉS — Activité j
nante sur les principes qui guident la composi­ économique * il
tion des œuvres bâties ou peintes, il faut citer
notamment : au Moyen Âge, le Liber Abaci de
Fibonacci ; à la Renaissance, le De divina pro- NORME -> Modèle ; Modulor
portione de Lucas Pacioli et le chapitre du De
re aedificatoria d ’Alberti sur les consonances
musicales et leur rapport avec les composi­ NORMES D'ÉQUIPEMENT —►Programmation
tions architecturales. des équipements collectifs
En second lieu, parallèlement aux écrits où
le nombre d’or prend une place essentielle,
la composition architecturale utilise un cer­ NORMES D'HABITABILITÉ ET DE CONFORT
tain nombre de figures géométriques simples,
réalisées à l’aide du compas, notamment le Prescriptions imposées à certaines catégo­
pentagone et le décagone, deux figures où le ries de logement, qui peuvent en particulier
rapport de la plupart des éléments entre eux conditionner l ’accès à certains régimes d ’aide
est égal au nombre d ’or. financière.
Enfin, jusqu’à l ’apparition du système Outre les règles générales précisées par le
métrique, à la fin du xvme siècle, l’utilisation règlement national de construction (décret
d’un module étalon pour édifier toutes œuvres du 14 juin 1969), les logements aidés par
bâties est une nécessité pratique. Elle déter­ l ’État doivent respecter certaines normes de
mine le dimensionnement du construit (le surface, d’occupation et d’équipement et res­
module est le demi-diamètre d ’une colonne pecter des prix plafonds. Ainsi en France,
classique pour l ’architecture savante ; pour les logements sociaux locatifs pla (prêt loca­
l’architecture populaire, l ’unité de mesure - le tif aidé) et les logements bénéficiant des
pied - et ses dérivés, la toise et le pouce, prêts aidés à l’accession à la propriété (pap)
servent de module). Les caractéristiques de ce devaient respecter (outre évidemment des
module et la façon dont il est reporté déter­ plafonds de ressources fixés par arrêté) :
minent l ’esthétique de l ’œuvre. La m ise en — une surface habitable minimale : 30 m2
proportion se réalise presque spontanément. pour un studio (type I bis), 46 pour 2 pièces,
L’utilisation fréquente du rapport 5/3 conduit 60 pour 3 pièces, 73 pour 4 pièces, 88 pour
à adopter le rapport d ’or, quelle que soit la 5 pièces, 99 pour 6 pièces, 107 pour 7 pièces
valeur du module de base. et 7 m2 supplémentaires par pièce au-delà ;
NORMES D'HABITABILITÉ ET DE CONFORT

— un niveau de qualité apprécié par la sont cependant plus élevées que celles des
méthode dite « d’appréciation de la consistance foyers d’accueil construits jusqu’en 1975 (7,
utile », mise au point par le Centre scientifique 12 et 17 m2 selon le nombre d’occupants).
et technique du bâtiment (6 000 points pour un Récemment, les pouvoirs publics ont
appartement) ; précisé les caractéristiques minimales d’un
— des conditions d’occupation maximale logement décent. La loi Urbanisme et habi­
qui, après avoir été longtemps d’une personne tat du 2 juillet 2003 a interdit la division
au plus par pièce (norme qui est toujours d ’immeubles en vue de créer des locaux
utilisée par l’Insee), sont plus complexes : un d’habitation de moins de 14 m2 et de 33 m3
« studette » (type I) pour une personne seule ; de superficie et de volum e habitables ou
un studio (type I bis) pour deux personnes non pourvus d ’alimentation en eau et en
seules, sauf un jeune ménage ; un deux pièces électricité, d’évacuation des eaux usées ou
pour un jeune ménage sans ou avec une per­ qui n ’ont pas fait l ’objet d’un diagnostic
sonne à charge ou pour trois personnes ou pour amiante et risques de saturnisme. La loi sru
une personne seule et une personne à charge ; du 13 décembre 2000 et son décret d’applica­
un quatre pièces pour quatre personnes ou une tion du 30 janvier 2002 ont précisé la notion
personne seule avec deux personnes à charge ; de logem ent décent introduite par la loi
puis une pièce supplémentaire par personne Malandain-Mermaz de 1989 : est interdite la
supplémentaire. mise en location des logements considérés de
Des normes un peu moins strictes s’appli­ moins de 9 m2 de surface habitable et de
quent aux logements anciens acquis et amé­ moins de 2,20 m de hauteur sous plafond (soit
liorés (ex.: 41 m2 pour 2 pièces), qui doivent 20 m3 de volume) ne présentant pas un gros
respecter, en outre, des normes d’habitabilité : œuvre en bon état et les normes minimales de
étanchéité, bon état d’entretien du gros œuvre ; confort sanitaire (eau froide et chaude, cuisine
conformité des canalisations aux règlements ou coin cuisine), ce qui, en pratique, concerne
sanitaires; surface moyenne des pièces princi­ surtout des anciennes « chambres de bonne ».
pales au moins égale à 9 m2 ; ouvertures des L’habitabilité d’un logement s’exprime aussi
pièces à l’air libre; ventilation ; équipement en fonction de son occupation. Une méthode
d’une cuisine ou d’un coin-cuisine ; équipe­ très simple consiste à comparer le nombre
ment sanitaire (w.-c. intérieur avec cuvette à de pièces principales et le nombre de personnes
l’anglaise et chasse d’eau; salle d’eau avec bai­ qui occupent le logem ent: en France, la
gnoire ou douche et lavabo avec eau chaude et moyenne était, lors de l’enquête nationale sur
froide) ; alimentation électrique ; chauffage. le logement de 2002, de 4,2 pièces pour 2,3 per­
Les foyers pour personnes âgées doivent sonnes (à comparer à 2,7 pièces pour 3,1 per­
répondre également à des normes d ’équipe­ sonnes au lendemain de la deuxième guerre
ment et de surface minimale : 20 m2 pour une mondiale). L’insee définit le peuplement d’un
chambre (qui doit comporter w.-c., baignoire logement en comparant son nombre de pièces à
ou douche, lavabo et volume de rangement), une norme qui dépend de la composition du
30 m2 pour un studio (qui doit comporter en ménage. Celle qui est utilisée depuis 1968 est
outre une cuisine et un dégagement), 46 m2 d’une pièce de séjour plus une chambre pour
pour un deux pièces. Pour les personnes han­ chaque personne de référence, une pour chaque
dicapées, la chambre peut n ’avoir que 16 m2 personne non célibataire extérieure à la famille,
(sans w.-c. et baignoire ou douche). une par célibataire d’au moins 19 ans, une pour
Les logem ents-foyers obéissent à des deux enfants s’ils sont de même sexe ou de
normes plus faibles: chambres de 12 m2 sexes différents et ont moins de 7 ans, une pour
(avec lavabo, w.-c., baignoire ou douche et chaque enfant dans le cas contraire, une pour
volum e de rangement) pour les foyers de l ’ensemble des domestiques et des salariés
jeunes travailleurs ; de 9 (avec lavabo et ran­ logés. Le logem ent est en surpeuplement
gement) à 12, 16 ou 21 m2, selon qu’elles modéré s’il manque une pièce par rapport
sont occupées par une, deux ou trois per­ à cette norme, en surpeuplement accentué s’il
sonnes (avec l’équipement complet) pour les en manque 2 ou plus ; au contraire, en sous-
travailleurs migrants. Les normes des studios peuplement modéré, prononcé ou très accen­
et des appartements sont les mêmes que pour tué si le nombre de pièces est supérieur à la
les logements aidés hors foyers. Ces normes norme respectivement de 1, 2 ou 3 et plus.
NORMES D'HYGIÈNE

Le surpeuplement concerne, en 2008, 7,2 % par la construction d’un bâtiment mal intégré
des logements (dont 0,6% de surpeuplement à son voisinage, coupure d ’un quartier ou
accentué), le peuplement normal un logement d ’une commune par une infrastructure de
sur cinq environ et le sous-peuplement près des transport, troubles de voisinage, etc.
trois quarts d’entre eux (dont la moitié en sous- La notion de nuisance est donc très large et
peuplement prononcé ou très accentué). n ’a pas de contenu juridique, bien que l ’étude
P. M. d’impact, introduite par la loi du 10 juillet
1976, tente d ’évaluer les conséquences néga­
-> Aide à la Pierre; Logem ent; Logement décent; Parc de loge­
ments. tives prévisibles d’un projet. Par ailleurs, on
tend à attacher à la notion de nuisance celle
de son coût social, qu’on tente d ’évaluer (par
exemple pour le bruit ou pour la pollution
NORMES D'HYGIÈNE —> Hygiène publique atmosphérique).
F. D.-D. et P. M.
NOUVELLE CAPITALE - Ville nouvelle -> Autom obile; Bruit; Coût social; Déchets; Étude d'im pact;
Installations classées; Microclimat urbain; M oyen de transr
port ; Pollution ; Pollution atmosphérique ; Pollution des eaux
continentales; Pollution des m ers; Pollution des sols;Tràns-i
NOYAU - t Centre des affaires port aérien. 1

NUCLÉAIRE (ÉNERGIE) - Énergie NUMÉROTATION DES RUES


et environnement
L’entreprise de rationalisation des représen­
tations urbaines commence avec l ’attribution
NUISANCE
de noms, ou de numéros, aux rues. Lorsque
l ’apposition de ces indications est devenue
Facteur qui produit un effet négatif pour la courante, elle se poursuivit, au xvm e siècle,
santé ou le bien-être de l’homme. Un emploi par la numérotation des maisons. C elle-ci
plus restreint réserve le terme aux inconvé­ commença à Paris en 1779, sous l ’impulsion
nients dus à l’action de l’homme lui-même. d ’un particulier. L’administration, qui n ’était
Les principales nuisances sont causées par pas à l’origine de la mesure, en comprit vite
les pollutions : pollution de l ’air, des eaux, des l ’intérêt : elle transforma l’espace urbain en un
mers et des sols. Les nuisances prennent des espace carroyé où chaque individu peut être
formes diverses : odeurs désagréables, modifi­ clairement localisé.
cations clu climat par les aménagements ou par Dans les villes à plan géométrique, l’habi­
les activités (microclimats urbains), dégrada­ tude a été prise, vers la fin du xixe siècle, de
tions du patrimoine architectural par l ’air pol­ substituer à la numérotation par maison un
lué, altérations des produits alimentaires par repérage en fonction de la distance à un point
suite de la dégradation des cultures du fait de d’origine : celui où l ’on passe des secteurs est
l ’air, de l’eau ou des sols pollués, etc. ou nord aux secteurs ouest ou sud des artères.
Mais les nuisances ne sont pas limitées Un certain nombre de municipalités utilisent
aux effets des pollutions. Elles concernent ces types de numérotation en France, dans les
toutes les atteintes aux biens, à la santé et au quartiers récents le plus souvent.
confort, y compris celles qui sont causées par
une action extérieure autre qu’une pollution : P. C.
bruit, trépidations, nuisance esthétique causée -* Dénomination des voies; Voirie.
O

OBSERVATION FONCIÈRE ET IMMOBILIÈRE statistique complète. De son côté, la chambre


des notaires parisiens s’est organisée depuis
À l ’inverse de ce qui se pratique dans les quinze ans pour centraliser à son propre
pays d’Europe du nord et d’Amérique du Nord, compte les copies des actes de mutation à des
l’observation des marchés fonciers et immobi­ fins statistiques. Les données concernant le
liers est, en France, rendue difficile du fait de la marché des logements parisiens et de la pre­
confidentialité des actes de mutation et des mière couronne sont ainsi publiées chaque tri­
copies qui en sont envoyées par les notaires à mestre. Un projet existe pour étendre ce
l’administration des finances. Il est théorique­ programme à l ’ensemble du territoire.
ment possible de se faire délivrer (en quelques D ’autres chiffres sont publiés par certains
semaines) une copie (payante) d’un acte de organismes bancaires et professionnels, mais
mutation par le service des hypothèques en il ne s’agit que de données « à dire d’experts »,
donnant les références cadastrales du bien, mais difficiles à comparer et à interpréter.
il n’est pas possible de se faire communiquer la J. C.
liste des biens ayant muté au cours d’une
Action foncière; Maîtrise foncière; Parc de logem ents; Pré­
période donnée. Une étude de nature statistique emption ; Société d'aménagement foncier et d'établissement
est donc impraticable sur cette base. Il est rural ( s a f e r ).
même très difficile d’obtenir de cette façon des
prix de référence en cas de conflit avec l’admi­
nistration (expropriation, redressement fiscal). OBSOLESCENCE
Un fichier des extraits d’actes de mutation
classés par commune, par année, et par nature Notion utilisée pour qualifier les biens
de biens, est conservé au service des domaines, d’équipement ou de consommation durables
mais son accès est réservé depuis une loi du qui deviennent périmés. Elle appartient au
18 juillet 1985 aux agents des administrations vocabulaire économique ou technologique
ayant à en connaître. Certaines administrations (principalement dans un contexte de planifica­
locales ont ainsi pu créer des « observatoires » tion ou de modernisation) et s’inscrit dans une
qui exploitent statistiquement le fichier des problématique de l’efficacité ou de l ’efficience.
extraits d’actes détenu par les domaines. Mais le vieillissement n ’est pas toujours absolu
De leur côté, les communes pallient parfois et matériel (physique) ; il est - il tend à devenir
cette carence d’informations en créant sur leur de plus en plus - surtout relatif, c ’est-à-dire
territoire un « droit de préemption urbain » à comparé aux biens-équipements ayant un
seule fin de recevoir les « déclarations d’inten­ meilleur rendement ou jugés de meilleure qua­
tion d’aliéner» que doivent alors remplir les lité. La notion d ’obsolescence tend donc à
notaires des vendeurs deux mois avant la vente. devenir inséparable de celle d’innovation :
Seul le marché des terres agricoles est l’apparition de technologies nouvelles, de nou­
parfaitement connu, grâce aux Safer qui dis­ velles formes d ’organisation du travail, de
posent d’un droit de préemption sur les terres moyens d’accroître la productivité accélère le
agricoles et publient chaque année une étude processus d’obsolescence indépendamment de
OFFICE FONCIER 512

l’usure réelle des biens-équipements en ques­ OPÉRATION D'INTÉRÊT NATIONAL


tion (tendance à l’éphémérisation). L’obsoles­
cence présente généralement une dimension Opération, décidée dans le cadre de la poli­
économique, liée à des exigences de reproduc­ tique nationale d’aménagement du territoire,
tion du capital ou liée à une volonté de légiti­ menée par l ’Etat, qui bénéficie d ’un régime
mer des équipements innovateurs jugés dérogatoire au droit commun.
préférables dans un contexte de changement Cette disposition, exceptionnelle a, dans un
social. Elle peut avoir pour contrepartie l’appel premier temps, été limitée à l’aménagement
social aux valeurs du passé. de la zone de La Défense, aux agglomérations
L’obsolescence n ’est pas toujours engen­ nouvelles (villes nouvelles), aux domaines
drée par la nécessité économique et peut avoir industrialo-portuaires d’Antifer (Le Havre),
une fonction d’écran à l ’action sociale. Elle du Verdon (Bordeaux), de Dunkerque et de
ne doit pas être uniquement considérée Fos-sur-Mer, toutes opérations déjà anciennes
sous l’aspect du renouvellement, mais aussi et largement antérieures à la décentralisation.
comme action des élites, partie prenante à Une seconde génération d’opérations d’intérêt
l’aménagement, et peut alors présenter une national ( o i n ) a concerné le projet Euro­
fonction sociale de reproduction d ’un mode méditerranée à Marseille, le prolongement de
de domination ou d’assise pour de nouvelles La Défense à l’ouest (Seine-Arche). Celle des
forces sociales (voir par exemple « l’obsoles­ aéroports de Paris a été créé le 20 juillet 2005.
cence » prématurée des centrales électriques à En novembre 2005, le gouvernement en a créé
charbon dans le contexte de généralisation de trois nouvelles en Île-de-France (Orly-Rungis-
l’électronucléaire, alors que beaucoup d’entre Seine-Amont, Seine-Aval et plateau de
elles ne sont pas encore amorties). Saclay). Les deux premières (ainsi que celle de
S. J. Saint-Etienne) ont été créées par décret du
10 mai 2007, puis celle de la plaine du Var
(Evo-Vallée) à l’ouest de Nice. Celle du pla­
OFFICE FONCIER —» Société d'aménagement teau de Saclay, destinée à développer le pôle
foncier et d'établissement rural (safer) technologique et scientifique, la plus contro­
versée, a été créée par décret du 30 mars 2009.
Le statut d ’opération d ’intérêt national
OFFICE NATIONAL DES FORÊTS -> Forêt entraîne des exceptions aux règles d ’urba­
nisme. Ainsi, la règle de constructibilité limi­
tée, dans les communes dépourvues de p o s et
OFFICE PUBLIC D'AMÉNAGEMENT de p l u , ne peut leur être opposée. Les opéra­
ET DE CONSTRUCTION, OFFICE PUBLIC tions prévues à l ’intérieur des périmètres
DE HLM -> Établissement public; Habitations d ’agglomération nouvelle ont le caractère
à loyer modéré (hlm) de projets d’intérêt général. Ils doivent être
pris en compte à ce titre dans les documents
d ’urbanisme. Cette disposition peut égale­
OFFICE PUBLIC DE L'HABITAT -♦ Habitation ment être appliquée aux autres opérations
à loyer modéré (hlm) d ’intérêt national sans qu’une disposition
législative le précise. Dans le périmètre des
opérations d’intérêt national, la délivrance du
OFFRE DE TRANSPORT —►Infrastructures ; permis de construire, par le préfet ou
Modèle de transport ; Moyen de transport ; par le maire (ou, dans les agglomérations
Planification des transports nouvelles, par le président du syndicat
d ’agglomération nouvelle), demeure de la
responsabilité de l ’État, même en présence
OPÉRATEUR FONCIER —> Action foncière ; d’un p o s ou d’un p l u approuvé. C’est le pré­
Maîtrise foncière ; Réserves foncières fet qui prend en considération les opérations
d’aménagement et qui crée les z a c .

OPÉRATION DE RENOUVELLEMENT URBAIN P. M.


-> Grand projet de ville (gpv) - a Projet d'intérêt général ; Ville nouvelle.
513 OPÉRATION PROGRAMMÉE D'AMÉLIORATION DE L'HABITAT

OPÉRATION D'URBANISME -> Urbanisme locale de « suivi animation » qui joue un rôle
opérationnel essentiel : elle informe le public bénéficiaire
sur l’opération en cours, apporte des conseils
techniques par le biais de diagnostics sur l ’état
OPÉRATION GROUPÉE DE RESTAURATION des logements et des parties communes des
IMMOBILIÈRE -> Restauration immobilière immeubles, réalise des simulations financières
pour inciter les propriétaires à effectuer les
travaux, assure l ’assistance administrative
OPÉRATION PROGRAMMÉE pour les demandes de subventions. Ces opéra­
D'AMÉLIORATION DE L'HABITAT (OPAH) teurs sont des associations (fédération des
p a c t - a r i m , réseau Habitat et Développement),

Opération s’inscrivant initialement dans le des bureaux d’études privés, des collectivités
nouveau dispositif du Fonds d’aménagement en régie, des entreprises publiques locales
urbain ( f a u ) , mis en place en 1977 (et sup­ (E P L ).
primée en 1984) et répondant à la volonté de Les sont issues du rapport n o r a -
o p a h

revitalisation des centres et quartiers urbains e v e n osur l ’habitat ancien de 1976, lequel
existants, grâce à des mécanismes d’incita­ mit en avant, dans le cadre d’une réforme du
tion, conjuguant aide à l ’amélioration de financement du logement, l’importance éco­
l’habitat privé ancien, création de logements nomique, urbaine et sociale du parc de loge­
sociaux, amélioration des services locaux, ments anciens. L’objectif des o p a h est, grâce
embellissement du cadre architectural, amé­ à des dispositifs essentiellement incitatifs,
nagement des espaces publics, des actions accompagnés d’un effort important des col­
foncières et sociales. Le f a u avait été mis en lectivités publiques, de créer les conditions
œuvre dans un cadre contractuel associant la d’une revalorisation économique des quar­
collectivité locale cçncemée (commune, e p c i tiers anciens, susceptible d’entraîner le réin­
ou département), l’État et l ’Agence nationale vestissement privé. L’intérêt et l’originalité
pour l’amélioration de l’habitat ( a n a h ) . de la démarche d ’oPAH était de ne pas consti­
Les o p a h sont actuellement définies par tuer une nouvelle procédure administrative et
l’article L 303-1 du Code de la construction juridique : son objectif est de déclencher chez
et de l ’habitat ( c c h ) ; les circulaires du les propriétaires privés une dynamique de
7 juillet 1994 et du 8 novembre 2002 consti­ réinvestissement. L ’ o p a h exclut a priori les
tuent les textes de référence. Elles doivent transferts de propriété : il s’agit de convaincre
s’articuler avec le plan local d ’urbanisme les propriétaires (occupants ou bailleurs) de
( p l u ) , le programme local de l’habitat ( p l h ) réaliser des travaux de mise aux normes de
et le plan départemental pour le logement des confort. Elle vise à maintenir les populations
personnes défavorisées ( d p l p d ) . L’accent est fragiles « personnes âgées handicapées »,
nettement mis sur la réhabilitation des loge­ ménages à faibles revenus, immigrés). Elle
ments, notamment privés, grâce aux méca­ encourage le conventionnement des lo g e­
nismes incitatifs offerts aux propriétaires. ments locatifs (ce conventionnement ouvre le
L ’ o p a h est un cadre contractuel de program­ droit, pour les propriétaires, à des subventions
mation, signé pour trois ans, précisant les majorées de I ’ a n a h et, pour les locataires, à
différentes aides financières devant être l’aide personnalisée au logement). La produc­
apportées par chacun des partenaires au projet tion de logements à loyers maîtrisés est un
dans un quartier délimité de façon assez objectif prioritaire de l ’ a n a h . Elle poursuit
étroite (on estime que, au-delà de 1 500 loge­ également des objectifs d’urbanisme - lutter
ments, soit 150 à 200 à traiter par an, l’opéra­ contre la déshérence des quartiers centraux
tion perd de son efficacité) après un diagnostic anciens, améliorer les services urbains, main­
préalable. La convention d ’oPAH décline un tenir le caractère du tissu urbain - , ce qui
programme d’actions avec des objectifs quan­ implique une intervention de la collectivité
titatifs et qualitatifs (sur l ’amélioration du (création de rues piétonnières, relance de
quartier notamment). Elle précise les aides commerces, etc.). Ce mécanisme s’est substi­
financières devant être apportées par chacun tué aux opérations groupées de restauration
des partenaires. La mise en œuvre du pro­ immobilière issues de la loi Malraux de 1962,
gramme ainsi défini est assurée par une équipe dont l’échec était patent.
OPÉRATION PROGRAMMÉE D'AMÉLIORATION DE L'HABITAT 5t4

Les objectifs assignés aux opah ne sont exemple un programme de restauration immo­
cependant pas exempts d’une certaine ambi­ bilière), mais doit reposer avant tout sur l’inci­
guïté, qui explique les dérives de certaines tation et la conviction des propriétaires.
d’entre elles. Elles sont, en effet, appelées à
favoriser deux enjeux structurellement contra­ La durée de I’opah était de trois ans, excep­
dictoires, d’une part, la revalorisation de tionnellement renouvelée, et est actuellement
l ’immobilier, grâce à de fortes incitations à la de trois à cinq ans sans possibilité de renou­
réhabilitation d’initiative privée, soutenue par vellement. Il y a, début 2009, 732 opah en
des investissements publics dans le quartier et, cours. Il y a eu, à partir de 2005, une forte
d’autre part, le maintien de la vocation sociale accélération du volume de logements traités ;
du quartier, où les populations modestes, 57 172 en 2008 (I’anah a aidé en outre
âgées, et d’origine immigrée sont générale­ 46 383 logem ents hors opah). La dépense
ment majoritaires. L’objectif social des opah, moyenne par logement a été 5 670 € en opah
qui justifie une intervention publique détermi­ (4 000 € dans le diffus). Les trois cinquièmes
nante et le financement de multiples outils à des logements subventionnés sont habités par
objectif social, a été rappelé à plusieurs leur propriétaire et les deux cinquièmes en
reprises par la puissance publique. De fait, on location. Le taux de subvention est normale­
a souvent reproché aux opah d’avoir entraîné ment de 20 % des travaux subventionnables,
de fortes mutations de population dans les mais peut atteindre, dans certains cas et sous
quartiers anciens, généralisant les évolutions certaines conditions, 35 %, voire 50% (sortie
observées dans les grandes villes et les régions d ’insalubrité). Ces subventions peuvent être
prospères, même si les effets de la revalorisa­ abondées par les collectivités locales. Les sub­
tion sont très inégaux selon les régions ou les ventions dans les opah ont représenté 803 mil­
villes et s’ils se font encore attendre dans cer­ lions d ’€ et les subventions de I’anah
taines d’entre elles. 324 millions, soit 43 % en moyenne (186 mil­
Les opah ont évolué du fait de la décentrali­ lions sur un total de 529 millions, soit 35 %
sation qui a amené à en redéfinir les objectifs. hors opah) : les opah représentent donc 61 %
Jusqu’en 1983, le dispositif connut un v if suc­ des subventions de I’anah . En 2009-2010,
cès, à la fois parce qu’il correspondait mani­ 50 millions d’€ issus du fonds exceptionnel
festement aux besoins locaux et parce qu’il octroyé à I’anah par le plan de relance de
était inséré dans un dispositif global à entrées l ’économie vont être consacrés à accélérer
multiples. À partir de 1983, de nombreuses 100 opah, pour l’essentiel en zones de renou­
opah se réduisirent de fait à des préoccupa­ vellement urbain.
tions de revalorisation de l ’habitat privé, Par ailleurs, les propriétaires occupants
beaucoup de commîmes se désengageant des peuvent, sous réserve d ’un plafond de res­
actions foncières sociales ou architecturales à sources, recevoir la prime d’amélioration de
la suite de la disparition du fau. Cette évolu­ l ’habitat (pah), dont le taux est majoré en
tion fut aggravée par la baisse des aides de opah (25 % avec un plafond de 21 250 € si les
I’anah et par la disparition des mécanismes ressources sont inférieures au plafond des pap,
correcteurs au plan social, notamment l ’obli­ voire 35 % et 29 750 € si elles sont inférieures
gation de conventionnement des logements. à 60 % de ce plafond) : 50 millions d ’€ de pah
Ceci amena l’État à clarifier le régime juri­ ont été accordés en 2008 dans les opah.
dique des opah et à leur donner un contenu La majorité des opah engagées l’a été dans
minimum dans le cadre de la loi d’orientation les villes petites ou moyennes et en milieu
pour la ville (1991): ce sont des actions rural, et cette relative ruralisation s’accentue.
d ’aménagement, dont les objectifs généraux Ceci semblerait montrer que I’opah a permis
sont précisés et auxquels doivent répondre les de traiter les situations immobilières les plus
conventions locales, et ce sont, dans ce cadre, faciles, laissant de côté les îlots ou les quar­
des outils vivants de politique de la ville. tiers où l’état du bâti, de la propriété et de
L’opah doit être cohérente avec le programme l ’occupation sociale, nécessiterait des méca­
local de l ’habitat (plh) et avec le plan départe­ nismes d’intervention d’une autre nature.
mental pour le logement des personnes défa­ Ceci étant, et malgré les critiques portées
vorisées (pdlpd) et peut s ’accompagner aux aspects sociaux et architecturaux des
d’actions contraignantes localisées (par opah, ainsi qu’à leur moindre adaptation aux
615 OPÉRATION PROGRAMMÉE D'AMÉLIORATION DE L'HABITAT

problèmes urbains d’aujourd’hui, on constate d ’œuvre urbaine et sociale (mous), plan de


que ce dispositif a abouti effectivement à une sauvegarde des copropriétés (44).
revitalisation des centres historiques et à une Mise en place par la circulaire du 7 juillet
stabilisation globale de la population rési­ 1994, I’opah «copropriété» a pour objectif
dente. Le lent déclin de ces centres et quartiers de réaliser, en lien avec le syndicat de copro­
anciens semble avoir été interrompu (sauf priétaires, les travaux indispensables trop
dans les régions en récession économique) longtemps ajournés, mais aussi d’œuvrer au
sans que l ’on puisse, pour autant, parler uni­ traitement des im payés, à la maîtrise des
formément de « reconquête des centres ». charges, voire à la clarification des statuts des
espaces extérieurs, avec parfois l’acquisition
Cependant, si le bilan quantitatif des opah et le portage de lots.
est tenu avec précision par I’anah, il n’y a pas L’opah de renouvellement urbain (opah ru),
eu de bilan social, urbain et architectural. issue de la circulaire du 8 novembre 2002,
Depuis 1977, les opah ont évolué, en premier s’applique aux territoires confrontés à des dys­
lieu avec la décentralisation qui a amené à en fonctionnements urbains et sociaux aigus (insa­
redéfinir les objectifs. Jusqu’en 1983, ce dis­ lubrité de l ’habitat, vétusté des immeubles,
positif a fait écho aux besoins locaux et a friches urbaines, morphologie urbaine contrai­
connu un v if succès. Mais on a vu qu’à partir gnante), dont le traitement nécessite des inter­
de 1983, de nombreuses opah se sont limitées ventions foncières, immobilières, des outils
à des préoccupations de revalorisation de coercitifs de droit public; des bâtiments trop
l’habitat privé, beaucoup de communes se vétustes pour être rénovés peuvent être démo­
désengageant des actions foncières et sociales lis. Les collectivités locales recourent de plus
suite à la disparition du fau. Cette évolution a en plus à ce dispositif qui représente, en 2008,
été aggravée par la baisse des aides de I’anah 11% des aides attribuées par I’anah et contri­
et la disparition de mécanismes correcteurs au bue de manière significative à la lutte contre
plan social (obligation de conventionnement l’habitat indigne (un quart des logements aidés
des logements). , pour sortie d’indignité relèvent d’une oph ru).
Ceci a conduit l ’État à clarifier le régime L’opah de revitalisation rurale (opah rn),
juridique des opah et à leur donner un contenu instaurée en 2002, intéresse les territoires
minimum dans le cadre de la loi d’orientation ruraux en voie de dévitalisation et paupérisa­
pour la ville (1991). L’opah « classique», dite tion et s’inscrit dans un projet de développe­
aussi « de droit commun », présente en effet ment local.
des limites face aux situations urbaines, immo­
bilières et sociales les plus difficiles (logement Les « opah» contribuent depuis plus de
des personnes démunies, expulsées de fait de trente ans à la réhabilitation des quartiers
quartiers anciens revalorisés ou entassées dans urbains anciens et des bourgs ruraux, partici­
des îlots insalubres, copropriétés dégradées), pant par là même à leur revitalisation. Si le
lesquelles ne peuvent relever de la seule initia­ bilan urbain, social, architectural des opah
tive privée et de mesures uniquement incita­ n’est pas chose aisée, le bilan quantitatif est
tives. C’est pour répondre à de telles situations effectué par I’anah. On recensait 15 opah de
que la procédure d’oPAH s’est diversifiée avec droit commun en 1977, 186 en 1987, 197 en
l’instauration successive des opah « coproprié­ 1997 et 219 en 2008. Plus de 5 000 opah ont
tés dégradées » (77 en 2008), « revitalisation été engagées depuis 1977 et environ 150 nou­
rurale » (96) et « renouvellement urbain » (85) velles opah sont lancées chaque année depuis
qui bénéficient d’aides financières majorées et 2000, représentant en moyenne près de
dont le nombre total (258) dépasse désormais 15 000 logements subventionnés tous les ans.
celui des opah «classiques» (219). En outre, En plus de trente ans, l’« outil opah » a
au vu des difficultés cumulées par certains ter­ évolué avec des aides destinées aux travaux
ritoires, des dispositifs autres viennent renfor­ d’intérêt architectural, à la résorption de la
cer, compléter, voire prolonger les actions de vacance, au traitement de l’habitat indigne,
I’opah : opérations de résorption de l ’habitat au rétablissement des copropriétés fragiles, à
insalubre, périmètres de restauration immobi­ l’amélioration énergétique des logements et
lière, programmes d’intérêt général (115), pro­ à la lutte contre la précarité énergétique.
grammes sociaux thématiques (46), maîtrise L’objectif premier demeure l ’amélioration de
OPINION 516

l’habitat dans des quartiers d’habitat privé et OPTIMUM DE POPULATION — Démographie


la logique incitative (quelque peu remaniée mathématique (ou théorique)
avec la nouvelle génération des opah ru)
reste la « marque de fabrique » des opah.
ORDONNANCE D'EXPROPRIATION
N. B., A. M. et P. M.
-* Expropriation
- » Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat ( a n a h ) ; Aide
à la pierre; Amélioration de l'habitat ancien; Copropriété;
Fonds d'aménagement urbain ( f a u ) ; Insalubrité (habitat ; loge­
ment) ; p a c t - a r i m ; Propriétaire bailleur ; Réhabilitation ; Renou­ ORDRE
vellement urbain ; Restauration immobilière.

Du latin ordo, généralement, arrangement


stable en fonction de la classe ou du genre,
OPINION -♦ Enquête ; Participation ; dans les domaines physique (thermodyna­
Sensibilisation de l'opinion mique, cristallographie) et social. Ordre
s’oppose à désordre.
L’ordre est un concept clef de l ’urbanisme
OPPOSABILITÉ AUX TIERS progressiste qui se donne pour but de lutter
contre le « désordre » des villes et de l’urbani­
L’opposabilité juridique est une caractéris­ sation régnant dans la société industrielle, et
tique d’un document d’urbanisme, qui a un de le remplacer par un ordre accordé à la
sens précis : un document juridique est modernité. Cet ordre peut être défini schéma­
«opposable aux tiers» lorsque ses disposi­ tiquement par le classement des fonctions
tions s’imposent à toute personne, publique dans l ’espace (zonage) et par l ’organisation
ou privée, morale ou physique, qui envisage géométrique, immédiatement perceptible de
de réaliser une opération de nature à modifier l ’espace urbanisé : selon Le Corbusier, « la
l’occupation du sol (construction, démolition, culture est un état d’esprit orthogonal », « la
lotissement, installation de caravanes, exploi­ géométrie est la base, elle conduit à un ordre
tation d’une carrière, coupe d ’arbres, etc.). mathématique» ( Urbanisme, Paris, 1923).
Tel est actuellement en France le cas du plan Cette conception simpliste de l’ordre peut être
d’occupation des sols (pos), du plan d’aména­ l’objet d’une double critique : tout d’abord, la
gement de zone (paz), du plan de sauvegarde notion de désordre (cf. le motif du « chaos »
et de mise en valeur (psmv). urbain chez Le Corbusier) ne fait l ’objet
Un document d ’urbanisme peut donc être d’aucune critique épistémologique, ses réfé­
« opposable aux tiers » ou « non opposable aux rents ne sont pas précisés. De plus, la notion
tiers ». Dans ce dernier cas, ses dispositions ne d ’ordre, telle que la proposent les progres­
s ’imposent qu’aux autorités publiques qui pro­ sistes, ignore la complexité de l’organisation
cèdent ou participent à son établissement : des sociétés humaines (cf. H. Atlan, Le cristal
État, collectivités territoriales (région, départe­ et la fumée, Paris, 1982), et projette un monde
ment, commune) et établissements publics. figé et contraignant (« chacun bien aligné en
Le contenu des documents d ’urbanisme ordre et hiérarchie occupe sa place », Maniè­
opposables aux tiers doit être compatible avec res de penser l ’urbanisme, p. 11, Paris, 1946).
celui du schéma directeur, lorsqu’il en existe
un préalablement à leur établissement. Ainsi, Dans le domaine particulier de la construc­
les dispositions du schéma directeur doivent tion, le terme ordre a été réduit à désigner la
être respectées par la commune qui établit son relation de la colonne avec l’architrave qu’elle
plan d’occupation des sols. supporte, relation héritée des Grecs par les
Les documents d’urbanisme ne sont oppo­ Romains, et dont Vitruve a laissé une descrip­
sables aux tiers qu’après avoir fait l’objet, une tion très détaillée (De architectura, livres III et
fois établis, de mesures de publicité destinées IV). Chaque ordre est caractérisé par l’organi­
à faire connaître leur existence au public. sation mathématique de parties (colonne com­
posée de base, fiât, chapiteau et architrave avec
A. G. épistyle ; frise, comiche), fondée sur un module
- » Documents d'urbanisme ; Planification urbaine en France (his­ commun (généralement le rayon du fut dans sa
torique) ; Plan d'occupation des sols ( p o s ) ; Schéma directeur. partie inférieure) et des ornements spécifiques,
B17 ORGANIQUE

dérivés d’une tradition légendaire. Vitruve dis­ nouvelle acception à partir de la création du
tingue quatre ordres : étrusque appelé toscan ; concept de biologie (Trevirianus, 1802), rapi­
dorique et ionique (dénommés d’après les prin­ dement adopté par Lamarck. Les roman­
cipaux dialectes grecs et respectivement liés tiques néo-kantiens, notamment Schelling,
aux genres masculin et féminin) et enfin le cherchent à localiser le principe vital de toute
corinthien (d’après la ville de Corinthe). chose dans le concept d’organisme vivant
L’architecte bolonais Serlio (1475-1553) a qu’ils appliquent même aux minéraux. Mais
ajouté un cinquième ordre, composite, créé à il faut attendre 1837, et la synthèse de l’urée
partir de diverses sources antiques, romaines par Wôhler, pour que soit élaboré le concept
pour la plupart. Ces cinq ordres sont devenus scientifique de chimie organique.
les ordres « canoniques » ou standard, en L’application du qualificatif organique à
dépit des différentes tentatives des xvne et l ’architecture est imputable au franciscain
xvme siècles pour ajouter de nouveaux ordres vénitien Carlo Lodoli qui, bien que n ’ayant
nationaux (français, anglais, bavarois, améri­ publié aucun ouvrage, exerça une influence
cain) ou liés à d’autres systèmes esthétiques considérable par son enseignement. Lodoli se
(chinois, indien, gothique). servait du terme organique pour décrire le
mobilier particulièrement conçu pour être en
F. C. et J. R.
contact étroit avec les organes humains (dos,
-> Arcade; M oderne; Progressisme; Proportion; Symétrie. bras et fondement, dans le cas des sièges).
L’idée d’organicité est reprise dans le traité
d ’architecture de son disciple Milizia, mais
ORDRE SOCIAL —►Contrôle social ; Société quelque peu éclipsée par la liaison nécessaire
que celui-ci postule entre forme et fonction.
Ces conceptions furent à leur tour adoptées
ORDURES MÉNAGÈRES - » Déchets; Taxe par le sculpteur et théoricien américain
d'enlèvement des ordures ménagères Horatio Greenough, lors de son séjour en Ita­
lie, pendant les années 1830. C ’est lui qui
résuma ces idées complexes dans la formule
ORGANISATION D'ÉTUDE D'AIRE lapidaire « la forme suit la fonction» (form
MÉTROPOLITAINE (OREAM) -> Aire follows function), qui devait être intégrée dans
métropolitaine la théorie architecturale par l’intermédiaire de
son admirateur Louis Sullivan.
Cependant, Sullivan subissait aussi
ORGANIQUE l’influence de l ’architecte allemand L. Eidlitz
qui apportait aux États-Unis la tradition du
Très utilisé par les architectes et les urba­ romantisme néo-kantien en même temps qu’une
nistes de la fin du xixe siècle et du début du idée plus scientifique de la notion d’organisme.
XXe, ce terme est particulièrement associé aux Selon Eidlitz, une œuvre d’art ne doit jamais
œuvres de F. L. Wright et de E. Mendelsohn. imiter des objets naturels, mais être une idée
Originellement, il qualifiait l’organisation réalisée qui se développe à la manière d’un être
intentionnelle des parties au sein d’une totalité. naturel. On n’est pas loin de l’adage sullivanien
Aristote intitule son principal traité de logique selon lequel l’ornement doit se développer sur la
Organon, l ’instrument qui permet la claire structure de l’édifice « à la manière d’une fleur
articulation de toute construction mentale, et il sur la plante» (Kindergarten chats, 1901-1902,
définit la main humaine comme Vorganon pro éd. 1947, p. 189). Sullivan applique cette
organoun, l’instrument qui tient lieu de nom­ conception génétique, non seulement à l’orne­
breux instruments. Dérivant d ’ergon, travail, ment, mais à l’ensemble de l’édifice. Son dis­
le sens du substantif organon est en effet très ciple F. L. Wright intègre dans cette conception
proche de celui de mechana (instrument). organique jusqu’aux dispositifs de chauffage et
Vitruve établit une distinction entre les de ventilation.
organa, instruments mus par la seule force de À la suite de Sullivan, Wright condamne
l’homme, et les machines, mues par des agents pour leurs excès « biomorphiques » les orne­
non humains, comme l’eau et le vent. ments végétaux de l’Art nouveau. Cependant,
Le terme organique devait trouver une au-delà de ce projet d’un nouveau vocabulaire
ORGANISME AMÉNAGEUR 518

ornemental, fondé sur des exemples naturels faits du soleil (cf. lutte contre la tuberculose).
et indépendants de tout précédent historique, Le mouvement fonctionnaliste, rompant par
qui fut abandonné aux environs de 1905, ailleurs avec le tracé traditionnel des voies et
d’autres éléments plus essentiels de la pensée des îlots, a mis en avant la recherche de l ’enso­
romantique devaient survivre et aider des leillement maximal (Le Corbusier) et conduit à
architectes aussi différents que E. Mendelsohn des formes privilégiant l’exposition au sud
et H. Hâring à formuler une théorie et une (dans l ’hémisphère nord) des pièces princi­
critique de l’architecture qu’ils prétendaient à pales ou une double exposition est-ouest.
la fois organique et fonctionnaliste. La recherche de l’ensoleillement a fait son
Depuis 1945, le terme organique est lié à entrée dans les textes réglementaires avec un
certaines tendances de l ’architecture qui se décret du 29 août 1955, qui prévoit que, dans
sont opposées au rationalisme du mouvement tout ensemble de 15 logements ou plus, la
moderne. Elles ont trouvé un partisan moitié au moins des pièces d ’habitation de
convaincu en la personne de l’Italien B. Zevi chaque logement doit être exposée au soleil
qui s ’en est fait l ’historiographe (Storia au moins deux heures par jour, pendant deux
dell’archittelura moderna). Pour lui, l ’usage cents jours par an. Mais ce texte est difficile à
des matériaux « naturels » et le rôle accordé à appliquer, faute de règles précises.
l ’asymétrie dans l ’œuvre de F. L. Wright L’orientation des bâtiments par rapport au
indiquent la voie à suivre pour échapper aux soleil avait préoccupé beaucoup plus tôt les
stéréotypes rigides des années 1930 et au habitants de pays froids (qui le recherchaient)
«fonctionnalism e» positiviste des années ou de pays chauds (qui l’évitaient) : ainsi les
1940 et 1950. Néanmoins, l’œuvre de l ’archi­ ksour sahariens et, de façon générale, l’habi­
tecte finlandais A. Aalto, qui a toujours refusé tat du Maghreb évitent les ouvertures expo­
d’adopter une quelconque position théorique sées au soleil.
en la matière, est sans doute celle qui a exercé Un autre aspect de l ’orientation des bâti­
l’influence la plus puissante dans ce sens. ments est la recherche d’une majorité d’ouver­
J. R. tures vers l’extérieur ou vers l’intérieur (cours,
patios). La première est la plus fréquente en
-*■ Architecture fonctionnelle ; Culturalisme ; Moderne ; Style. milieu touristique présentant des vues particu­
lières (mer, montagne), et a été longtemps pré­
férée en ville (les logements sur rue étant
ORGANISME AMÉNAGEUR — Établissement valorisés par rapport aux logements sur cour).
public ; Société d'économie mixte Dans les pays et régions méditerranéens, une
orientation vers un espace intérieur est souvent
préférée : dans une partie de l ’Islam, l’ouver-
ORGANISME DE HLM —> Habitation à loyer turë vers l’extérieur est condamnée pour des
modéré (hlm) raisons culturelles (morales). Le souci de calme
et de sécurité tend à généraliser cette attitude.
P. M.
ORIENTATION (OU EXPOSITION)
D'UN BÂTIMENT -> Construction.

Direction à laquelle font face les ouvertures.


L’ensoleillement est la qualité de l ’exposition ORTHOGONISME
au soleil. On peut la mesurer de diverses
façons, par la durée d ’ensoleillem ent des Principe de tracé urbain utilisant la configu­
façades ou, de façon plus complexe, en tenant ration orthogonale dans la composition
compte de l’orientation du soleil. urbaine, opposé au radio-concentrisme à l ’inté­
Longtemps, l’orientation d’un bâtiment ne rieur de la catégorie générale des tracés géomé­
fut pas considérée comme importante et le triques urbains. Dans le tracé orthogonal,
tissu urbain des villes antérieures au début du toutes les voies sont parallèles ou perpendicu­
X X e siècle privilégie rarement une direction par laires entre elles. On parle également de qua­
rapport aux autres. Le mouvement hygiéniste drillage, de trame ou de grille réticulaire. En
du X I X e siècle a cependant popularisé les bien­ reprenant les précisions de Lavedan ( Géogra­
519 OSSATURE D'UN BÂTIMENT

phie des villes, 1939), on pourrait distinguer le tique (P. Levêque et P. Vidal-Naquet,
tracé en échiquier, ou damier, où les îlots sont Clisthène VAthénien, Paris, 1964). Chez les
des carrés, et le tracé orthogonal, en général, où Romains, son usage est lié à des pratiques
les îlots rectangulaires peuvent avoir des côtés religieuses d’origine étrusque et à la facilité
de dimensions variables. d’orientation qu’il permet (cf. C. Lachmann,
Le premier tracé orthogonal connu à ce jour Gromatici veteres, 1848-1852, rééd. 1960).
semble remonter à plus de trois m ille ans Il est évident que la croyance en la sacralité
avant Jésus-Christ : ce serait celui de la cité et en l ’efficacité d ’une direction (nord/sud
ouvrière égyptienne de Kahum. On le trouve pour le plan de Pékin) s ’accommode mieux
dans les cités grecques, où il est mis en place d’un tel système de tracé. Quant aux considé­
dans le fameux plan de Milet par Hippodamos rations d’ordre pratique, ce sont surtout la faci­
(Ve siècle), qui lui donna son nom : plan « hip- lité et la rapidité de réalisation du quadrillage
podamique », ou quadrillage milésien. On le des îlots, puis du lotissement et de la construc­
retrouve également dans les villes fondées par tion, ainsi que la circulation et le repérage
Alexandre et ses successeurs (Alexandrie), aisés (par numérotation) qui l’emporteront. Ce
dans les colonies et villes romaines, au Moyen sont elles qui feront du système orthogonal
Âge dans les bastides du sud-ouest de la France l ’instrument privilégié de tous les impéria­
(Montpazier), en Italie centrale, en Espagne, lismes et de toutes les colonisations (J. Reps,
dans les fondations germaniques (Cracovie, The making ofurban America, 1965).
Posen, Breslau). Au xixe siècle, c ’est celui de Cependant, outre la monotonie, les princi­
villes russes (Odessa), grecques (Corinthe, paux défauts de ce système consistent dans
Volo, Thèbes, Sparte). Hors d’Europe, le tracé les difficultés de choix d’une génératrice ou
orthogonal caractérise la plupart des villes du lieu central, en l ’absence d ’un support
coloniales, depuis les créations espagnoles du idéologico-religieux, dans les difficultés
XVIe siècle en Amérique du Sud, ou françaises, d ’adaptation au terrain, à son relief, et dans
du xvme siècle (La Nouvelle-Orléans), jusqu’à l’allongement des communications. Ce der­
la grande colonisation du x ix e siècle en nier point a conduit les urbanistes à y intro­
Afrique (Orléansville, Djibouti), en A sie duire les diagonales (Barcelone) pour
(Saigon), en Océanie (Nouméa) ; c ’est encore raccourcir les distances, notamment au centre,
celui des grandes villes américaines (Chicago, ou pour mettre directement en relation cer­
Sait Lake City, San Francisco), etc. La persis­ tains pôles majeurs de la ville. En revanche,
tance et la diffùsion de ce tracé, dans le temps les diagonales du plan de Washington
et l’espace, ne doivent pas dissimuler les signi­ (L’Enfant, 1792) sont directement issues de
fications diverses dont il a pu être chargé dans l ’art des jardins (cf. Laugier).
l’histoire, surtout à son origine. Elles sont de A. L.
double nature : mythique et idéologique, mais
aussi pratique. -> Cité linéaire ; Géométrie ; Moderne ; Radioconcentrisme.

Dans la cité grecque, l ’adoption d ’un tel


parti est le fruit d’une spéculation à la fois
mathématique, cosmologique, éthique et poli­ OSSATURE D'UN BÂTIMENT — Gros œuvre
P

PACT-ARIM l ’habitat, la réhabilitation, le maintien sur


place des habitants modestes, la restauration
Associations de la loi de 1901, constituées immobilière, toutes actions s’opposant à la
depuis la dernière guerre et dont la vocation politique publique de « rénovation urbaine »,
est d’aider à la réhabilitation des logements alors mode administratif de traitement des
privés habités par des populations modestes. quartiers anciens.
Leur vocation est clairement sociale et elle Le mouvement pact est aujourd’hui structuré
l ’est restée, alors même que leurs missions dans toute la France, dom y compris, autour des
se sont développées dans les années associations départementales, véritables opéra­
récentes. Ce sont des organismes profession­ teurs locaux, fédérées en associations régio­
nels, interlocuteurs reconnus des pouvoirs nales et regroupées en une fédération nationale.
publics, implantés aujourd’hui dans chaque Le mouvent pact représente aujourd’hui
département, dont le rôle est particulièrement 145 associations et organismes adhérents à la
important dans toute forme de lutte contre la Fédération des pact et 2 400 bénévoles. Il
pauvreté dans l’habitat. emploie également quelque 2 400 salariés. Il a
Le mouvement pact (protection, amélio­ un chiffre d’affaires de 13 8 millions d’€.
ration, conservation et transformation de Les associations départementales exercent
l ’habitat) est né pendant et juste après la traditionnellement deux grands types d’acti­
guerre dans la région lyonnaise et dans le vité : le conseil aux particuliers pour l’amélio­
Nord, avec une vocation de lutte contre les ration de l’habitat, le conseil aux collectivités
taudis, et se Structura en 1951. A llié à l ’asso­ locales pour la réhabilitation des quartiers
ciation pour l ’hygiène publique et le progrès existants (leur rôle est significatif dans les
social et au Centre scientifique et technique opah, notamment) et la lutte contre l ’habitat
du bâtiment, le mouvement pact agit effica­ indigne. L’impact socioéconomique de l’action
cement pour promouvoir une politique natio­ des pact est important : ils interviennent notam­
nale de l’amélioration de l ’habitat (définition ment dans le cadre de 1 200 contrats avec
de normes minimales d’habilité et incitation des collectivités et ont produit, en 2009,
à la modification des relations entre bailleurs 77 000 logements améliorés (dont 34 000, pour
et locataires). Le mouvement pact, en rela­ personnes âgées ou handicapées).
tion avec des collectivités locales, a créé les Les pact-arim ont une place particulière
premières associations régionales pour la dans le système institutionnel français : orga­
restauration im m obilière (arim)_ en 1969, nismes politiquement, administrativement et
destinées à être partenaires de l ’État et des financièrement indépendants, de petite taille,
villes pour mettre en place les premières ayant conservé, malgré leur professionnalisa­
opérations groupées de restauration immobi­ tion, l ’esprit militant, ils sont souvent, à la
lière dans l ’esprit de la loi de 1962. Toute marge des institutions traditionnelles du loge­
l’action de ce mouvement associatif et pro­ ment social, les vrais acteurs de la vocation
fessionnel, à vocation sociale, fut, depuis sociale du logement, malgré la fragilité de leur
l ’origine, orientée vers l ’amélioration de statut et de leur assise financière. La générali-
PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE 522

sation des appels d’offre et la mise en concur­ tive (tuc) des années 1980, puis les contrats
rence des missions traditionnelles des pact, emploi-solidarité (ces) créés en 1989, enfin
telles que la conduite des opah et les missions les emplois de services des particuliers
diverses d’ingénierie publique, ont fait émer­ (1993), le dispositif des emplois de ville visait
ger d’autres opérateurs et ont fragilisé le mou­ à créer de véritables emplois (les tuc et les
vement pact, au risque que les missions très ces étaient à mi-temps et de durée limitée),
sociales liées au logement, à l’amélioration de avec une formation, gage d ’une chance
l’habitat et à la lutte contre l’habitat indigne ne d ’accéder ensuite à un emploi stable. Il
soient sacrifiées au principe du moins disant. s ’agit d ’em plois, en général peu qualifiés
N. B. (niveaux IV à VI, ce qui correspond à une
formation primaire ou secondaire), pour des
-> Amélioration de l'habitat; Insalubrité; Logement décent; jeunes de 18 à moins de 26 ans résidant dans
Opération programmée d'amélioration de l'habitat ( o p a h ) ;
Réhabilitation. des quartiers d ’habitat dégradé. La durée de
travail hebdomadaire varie de vingt à trente
heures par semaine, rémunérées le plus sou­
PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE vent au smic, avec une subvention dégressive
de l’État pendant cinq ans (en général de 75 %
Ensemble de mesures prises, notamment à 35 % du salaire et des charges sociales) et
dans le cadre de la loi du 14 novembre 1996 un complément éventuel de subvention de la
qui y est consacrée, qui ont pour objet de don­ part de la région ou du département. Les
ner, dans la politique de la ville, la priorité à employeurs sont des collectivités locales, des
l’action économique. entreprises de service public (organismes hlm
La loi relative à la mise en œuvre du pacte notamment), des établissements publics, des
de relance pour la ville comprend bien les associations, etc. Les tâches demandées sont
deux volets habituels des dispositifs concer­ variées : assistance de gardiennage, nettoyage*
nant les quartiers en difficulté : des mesures entretien de bâtiments ou d’espaces extérieurs,
concernant l’aménagement urbain et l’habitat encadrement d ’activités sociales, culturelles
et des mécanismes devant favoriser la créa­ ou sportives, accompagnement dans les trans­
tion (ou le maintien) d ’activités dans ces ports publics, soutien et accompagnement
quartiers. D es dispositifs, adoptés dans le scolaire, etc. Ce dispositif a l’avantage d’assu­
cadre de diverses lois votées au cours de rer des services de proximité dans les quartiers
l ’année 1996, visent en effet à rendre ces eux-mêmes en difficulté.
quartiers plus attractifs et à y attirer des popu­ Le gouvernement espérait créer 25 000
lations de revenus moyens. Mais, dans la loi emplois « v ille » par an à partir de 1997. Il
du 14 novembre 1996, l’accent est clairement semble que le bilan ait été beaucoup plus
placé sur l’emploi. Le diagnostic sous-jacent modeste: de l ’ordre de 12 000 en 1996 et
est en effet que le chômage est un obstacle 1997. Les emplois de ville ont en outre eu un
dirimant à toute volonté de recréer, dans ces coût élevé pour la collectivité. C’est ce qui a
quartiers, un sentiment de communauté. poussé le gouvernement Jospin à créer en
Le protocole du pacte de relance pour la 1997 les « emplois jeunes ». L’objectif était
ville prévoit, outre des m oyens financiers de créer en cinq ans 700 000 emplois (pour
venant de l ’Etat et des collectivités locales, moitié dans le secteur public et associatif et
des participations de la Caisse des dépôts et pour moitié dans le secteur privé), rémunérés
consignations, du Crédit local de France, des (charges sociales comprises) à 80 % par
créations d’emplois « ville » (Union des hlm, l’État. Il s’agit en quelque sorte d’une amélio­
sociétés de transport urbain, chambres de ration et d’un élargissement des emplois de
commerce et d’industrie, divers ministères y ville : les emplois jeunes ne concernent pas en
compris le ministère des Armées dans le cadre effet les seuls quartiers en difficulté. Mais ces
du service national), des sociétés d’assurance emplois, qui devaient correspondre à « des
(mesures en faveur des commerçants de ces besoins émergents non satisfaits » et présen­
quartiers), etc. ter « un caractère d’utilité sociale, notamment
Les emplois «ville» constituaient l’élément dans les domaines des activités sportives,
central de ce volet du pacte de relance pour la culturelles, éducatives, d ’environnement et
ville. Venant après les travaux d’utilité collec­ de proximité » ne devaient donc pas rempla-
523 PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE

cer les emplois existants. S ’il semble que le de F de bases de la taxe pour les créations et
rythme très élevé prévu pour la création des de 500 000 F pour les entreprises existantes ;
emplois jeunes ait été respecté dans le secteur taxe sur les bénéfices dégressive pendant
public et associatif (assistance aux en sei­ cinq ans ; droits d ’enregistrement pour les
gnants dans l ’éducation, activités d’accueil et fonds de commerce ; régime d’amortissement
d’assistance dans les collectivités locales, des locaux construits avant 1999 par quart sur
promotion des nouvelles technologies, etc.), quatre ans ; cotisations sociales pendant un an
le secteur privé a très peu recouru à ce dis­ jusqu’à 50 salariés et 1,5 smic; éventuelle­
positif. La question demeure ouverte de ment taxe foncière sur les propriétés bâties et
savoir combien, au terme des cinq ans, de taxe départementale de publicité foncière,
ces emplois jeunes se sont transformés en etc.).
emplois permanents. Les zones franches urbaines (zfu) sont des
zru de plus de 10 000 habitants, au nombre
À côté des emplois « ville », le pacte de de 44 initialement (dont 6 outre-mer), présen­
relance pour la ville prévoyait des aides fis­ tant des handicaps économiques et sociaux
cales spécifiques pour la création d’emplois particulièrement lourds. Certaines zfu corres­
dans les quartiers en difficulté. À cette fin, pondent aux grands projets urbains (Grigny,
une hiérarchisation de ces secteurs a été opé­ Clichy-Montfermeil, Mantes-la-Jolie, Meaux,
rée selon la gravité des problèmes d’emploi, Roubaix-Tourcoing, Vaulx-en-Velin, quartiers
en fonction de laquelle les aides sont modu­ nord de Marseille). D ’autres sont situées dans
lées. d’autres grandes agglomérations, mais parfois
Les zones urbaines sensibles (zus), en fait dans des villes moyennes (Dreux, Bourges,
créées par la loi du 4 février 1995 sur l ’amé­ Saint-Dizier, etc.), voire petites (Chenôve).
nagement et le développement du territoire, Elles ont été créées, après une négociation
au nombre de 700 en métropole et de 31 dans avec les autorités européennes (qui pouvait
les dom (il y en a 751 en 2009), sont caracté­ craindre des distorsions de concurrence), pour
risées par la présence d’un grand ensemble cinq ans (1997-2001). Les aides fiscales - exo­
ou d’un quartier dégradé et par un déséqui­ nération de l’impôt sur les bénéfices pendant
libre accentué entre population et emploi. cinq ans jusqu’à 400 000 F ; de la taxe profes­
Les emplois « v ille » peuvent y être créés. sionnelle jusqu’à 3 millions de F et de la taxe
Les entreprises nouvelles y sont exonérées foncière sur les propriétés bâties en cas de
d’impôts sur les bénéfices. D ’autres aides création ou d’extension et pour les entreprises
sont accordées : régime avantageux d’amor­ travaillant sur le marché local ; des charges
tissement des constructions, droits d’enregis­ sociales patronales sous les mêmes conditions
trement réduits, aides majorées aux chômeurs et celle d ’embaucher au moins pour 20%
créateurs d’entreprises, éventuelle exonéra­ dans la zfu ; des charges personnelles pour les
tion de taxe professionnelle. En outre, des commerçants et artisans, etc., - y sont renfor­
mesures spécifiques visent à y diversifier cées par rapport au régime des ZRU. Mais, à la
l ’habitat et le peuplement et à améliorer demande de l ’Union européenne, ces mesures
l’environnement. ne s ’appliquent qu’aux petites entreprises
Les zones de redynam isation urbaine (jusqu’à 50 em plois créés) pour éviter les
(zru), également issues de la loi du 4 février effets d’aubaine. D ’autres zfu ont été créées
1995, au nombre de 350 (avec une population par la suite, notamment dans le cadre de la loi
totale de 3 millions d ’habitants), sont des du 1er août 2003 pour la ville et la rénovation
quartiers compris dans les zus et confrontés à urbaine. Celles de la période 1997-2001 ont
des difficultés particulières du fait de leur été prolongées. En 2010, il y en a 100 en tout
localisation, de leurs caractéristiques écono­ (dont 7 dans les dom), qui ont toutes été pro­
miques et sociales et situées dans des com­ rogées jusqu’à la fin de 2014.
munes pauvres (éligibles à la dotation de Les résultats de ces mesures ont fait l’objet
solidarité urbaine). Les entreprises y bénéfi­ d ’une polémique : tandis que l’Association
cient, outre des avantages prévus dans les des zones franches urbaines estimait, fin
zus, d’exonérations supplémentaires, sous 1997, que l’objectif de créer 1 500 à 2 000
certaines conditions, de taxes (taxe profes­ emplois par an pendant cinq ans et d’en main­
sionnelle pendant cinq ans jusqu’à 1 million tenir 25 000 serait dépassé, le rapport Sueur
PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE 524

(«Demain la ville») estimait ce bilan gonflé — soutien aux associations de créateurs


et les emplois annoncés davantage transférés d ’entreprises qui accordent des prêts d ’hon­
que nouveaux. Le bilan de la Délégation neur ; ,
interministérielle à la Ville, réalisé en 2002, — aides aux petites entreprises installées
estime que l’emploi était passé dans les zfu en zus attribuées par le Fonds de revita­
de 30 000 à 75 000 en cinq ans et le nombre lisation économique (fre), de l’ordre de 6 mil­
d ’établissements de 10 000 à près de 20 000, lions d’€ par an ;
sans chiffrer cependant la part des transferts et —. amélioration de l’accès à l’emploi par
des vraies créations. Un peu plus du quart des les équipes emploi-insertion, les programmes
emplois créés étaient occupés par des habi­ trace (trajet d’accès à l’emploi) destinés aux
tants des quartiers concernés. Le coût par jeunes, les plans locaux pour l’insertion et
emploi transféré a pu être estimé à près de l’emploi, etc. ,
20 000 €. En tout cas, ce bilan dépasse les
objectifs initiaux en termes d’emploi dans les La politique de la ville a souffert de la fai­
zfu, même si le dispositif a été coûteux et si blesse institutionnelle du ministère de la Ville
les transferts d’emplois semblent l’emporter et de la Délégation interministérielle à la ville.
sur les créations (effet d’aubaine). Le ministre Borloo avait émis en 2003 le vœu
Cette réussite a conduit en 2002 à prolon­ qu’il n’y ait plus, dans cinq ans, de ministère
ger et à étendre le dispositif des zfu : de la Ville : lors du remaniement ministériel de
— prolongement des exonérations en faveur mars 2004, cette dénomination a formellement
des entreprises installées pendant une nouvelle disparu, mais ses attributions ont été reprises
période de six ans ; par le ministère de l’Emploi, du Travail et de
— sortie, étalée sur trois ans, du régime de la Cohésion sociale (occupé par M. Borloo) et,
zfu (lesexonérations fiscales étant réduites de en 2007, un secrétariat d’Etat à la Politique de
façon dégressive à 60 %, 40 % et 20 %) ; la Ville a été recréé. Une Agence nationale de
—- étalement sur neuf ans de cette sortie la rénovation urbaine (anru) a été mise en
dégressive pour les petites entreprises (moins place en 2004. Elle devait mettre en œuvre un
de 5 salariés) ; programme national de rénovation urbaine,
— création de la seconde vague de 41 zfu correspondant à 20 à 30 milliards d’€ d’inves­
pour la période 2004-2008 (loi du 1CTaoût 2003). tissements en cinq ans. Le plan prévoyait
La réussite en termes d’emplois s’est confir­ notamment la démolition de 200 000 loge­
mée par la suite : selon un rapport du Conseil ments, la rénovation de 200 000 autres et la
économique, social et environnemental (cese) construction de 200 000 nouveaux logements
de 2009, il se serait créé 45 000 établissements pour remplacer les premiers. 163 quartiers
et 126 722 emplois salariés (dont 74 723 béné­ prioritaires ont été désignés. On pouvait être
ficient de l’exonération de charges sociales). réservé sur les chances d’atteindre ces objec­
Le taux de chômage a évolué dans les zfu au tifs quand on observe qu’environ 40 000 loge­
même rythme qu’ailleurs. ments locatifs sociaux ont été financés en
Les zfu bénéficient de 250 à 300 millions d’€ moyenne ces dernières années dans tout le
par an d’exonérations fiscales (dont les deux pays et que les démolitions n ’ont jamais atteint
tiers environ au titre de l’impôt sur les sociétés le rythme de 10 000 par an. De fait, les résul­
et un quart au titre de la taxe professionnelle). tats de ce programme ont été beaucoup plus
Elles ont en outre bénéficié de plus de 347 mil­ lents : en 2009, sont engagés ou programmés,
lions d’exonérations des charges sociales patro­ 130 000 démolitions, 124 000 constructions et
nales en 2008 (250 millions prévus en 2009). 297 000 réhabilitations. Le programme a été
Les politiques de restructuration du tissu éco­ prolongé jusqu’à fin 2013 et on peut s ’attendre
nomique et de renforcement de l’attractivité des à ce que de nombreuses opérations ne soient
quartiers comportent d’autres mesures : pas achevées à cette échéance (qui sera sans
— création et restructuration de centres doute prolongée à nouveau : le retard devrait
commerciaux par 1’Etablissement public natio­ atteindre au moins deux ans). Les crédits de
nal d’aménagement et de restructuration des l ’État (2,5 milliards d ’€ prévus par la loi
espaces commerciaux et artisanaux (epareca), Borloo) ont été considérablement accrus et
créé en 1996, qui a reçu une dotation de atteindraient plus de 6 milliards. On prévoit
130 millions de F; qu’ils engendreront 42 milliards de travaux.
525 PALAIS

Mais, fin 2008, les réalisations avaient pris du l ’organisme urbain. Depuis les civilisations
retard : seulement 45 800 logements ont été archaïques, le palais comporte une partie pri­
démolis, 17 990 construits, 78 780 réhabilités vée, agrémentée de jardins, abritant les appar­
et48 490«résidentialisés». tements du souverain et éventuellement
L’action sur la ville a jusqu’à présent souffert des logements pour sa cour, et une partie
également de la dispersion, entre de nombreux « publique », à vocation politique et souvent
ministères, des crédits consacrés par l’État à judiciaire. Dans l’Antiquité grecque, la struc­
cette politique et au développement social ture démocratique de la société à l’âge clas­
urbain, ce qui semble justifier la création de sique explique l’absence de palais, dont les
I’anru. Un document officiel évaluait ces cré­ rares exemples appartiennent aux périodes
dits dans la loi de finances pour 2003 à 4 mil­ archaïque et hellénistique. De même, le palais
liards d’€ de crédits d’État (y compris le coût n ’existait pas dans la Rome républicaine. Isolé
des mesures fiscales et la dotation de solidarité de l ’extérieur tantôt par un simple mur-
urbaine comprise dans la dotation globale de écran (Égypte, Islam), tantôt par une véritable
fonctionnement), auxquels s’ajoutent 220 mil­ fortification (M ésopotamie, M ycènes, Bas-
lions de fonds européens, 225 millions de la Empire, Moyen Âge), le palais est un orga­
Caisse des dépôts et consignations, 160 millions nisme complexe, une sorte de cité ou de cita­
d’autres financements publics et 1,1 milliard de delle autosuffisante. Contrairement au château
contribution des collectivités territoriales, soit (sauf dans le cas de la forteresse), la vocation
5,7 milliards au total, dont 385 millions seule­ essentiellement urbaine du palais se traduit le
ment sont des crédits spécifiques du ministère plus souvent par sa localisation à l’intérieur de
de la Ville. Une autre faiblesse de la politique la ville même (le palais d’Alexandrie se serait
de la ville est que, malgré son intitulé globali­ étendu sur la plus grande partie de la ville) et,
sant, elle opère à l’échelle de quartiers ou de en règle générale, par sa configuration très arti­
projets locaux. La création de I’anru, mais culée, D ’où la pertinence diachronique de la
aussi les progrès de l’intercommunalité, appa­ définition imagée proposée par B. Castiglione
raissent comme des conditions nécessaires pour le palais ducal d ’Urbino, à la fin du
mais non suffisantes d’une appréhension glo­ XVe siècle : « Ville en forme de palais ».
bale des problèmes des quartiers en difficulté. La relation spatiale entre palais et tissu
P. M. urbain, qui reflète le degré de perméabilité
du pouvoir à la vie sociale de la cité, peut
Banlieue; Contrat de ville ; Développement social des quar­ néanmoins varier sensiblement. Les palais de
tiers ( d s q ) ; Exclusion; Financement du renouvellement
urbain; Grand projet urbain ( g p u ) ; Grand ensem ble; Pro­ Babylone, érigés sur un imposant soubasse­
gram m e national de rénovation urbaine; Renouvellement ment en gradins et entourés de jardins, ou la
urbain; Rénovation urbaine; Zone d'entreprise; Zone
franche urbaine ( z f u ). Cité interdite de Pékin, accusent la césure
avec le tissu de la ville, tandis qu’à l ’autre
extrême les palais italiens, notamment à la
p a l a is Renaissance, sont presque toujours partie
intégrante d’une place publique, souvent édi­
Du latin Palatium (dérivé probablement de fiée en même temps.
l’étrusque faladu : ciel), l’une des trois hau­ La typologie du palais présente une
teurs du mont Palatin, à Rome, sur laquelle, constante : l ’alternance de pleins et de vides
depuis Auguste, furent érigées les demeures comme schéma d’implantation. Elle n ’en évo­
des empereurs, ce terme désigna par exten­ lue pas moins au fil d ’une histoire dont on
sion, d’abord la maison d’Auguste, puis celles indiquera quelques étapes essentielles.
de ses successeurs et enfin, plus généralement, Les palais de la Crète minoenne présentent
la résidence vaste et somptueuse d’un chef une première innovation notable, sous forme
d’État ou d’un personnage de marque. Se dit d ’un développement en hauteur, avec les dif­
également d ’un édifice imposant destiné à des férents étages reliés par de larges escaliers.
fonctions d’utilité publique. L’architecture romaine de l’époque impériale
La caractéristique essentielle du palais, tout introduit un ordonnancement global de
au long de son évolution, est son double lien, l’espace. Deux conceptions différentes se font
d’une part à l’exercice et à la représentation jour, opposant la résidence de plaisir (villa
du pouvoir, d’autre part à la complexité de Handriana, palais de Domitien), et, notam­
PALAIS DES SPORTS 528

ment dans les provinces de l’Empire, le palais tratifs au Louvre, Sénat au Luxembourg);
fortifié, qui emprunte son schéma distributif à D ’autre part, on entreprend à des fins sem­
l’architecture militaire du castrum (palais de blables (tribunaux, ministères, expositions,
Dioclétien à Split, palais de Trêves). Ces der­ congrès) la construction d ’éd ifices gran­
niers exemples livrent le modèle des palais dioses, organisés sur le même schéma distri­
royaux, puis impériaux, du Moyen Âge (palais butif. U ne autre dérivation, notamment
de Byzance, palais de Charlemagne, à Aix-la- en Italie et dans les pays germaniques, a été
Chapelle et Verberie). la reprise et l ’adaptation, par la nouvellé
La Renaissance introduit un changement bourgeoisie, de la typologie du palais pou®
d’échelle. À partir du XVe siècle, Tltalie est le magnifier ses immeubles de rapport. )
théâtre d’une véritable prolifération de palais Enfin, quelques réformateurs et utopistes
urbains (palazzi), nés d’une émulation entre ont conçu et tenté de promouvoir l’édifica-i
les familles les plus éminentes, pour orner tion de «p alais pour le peuple» (phalan­
leurs villes en étalant leur prestige personnel. stères, fam ilistères). Un exemple à très
Après sa mise au point à Florence, ce type grande échelle en est donné par les ensembles
nouveau connut son plein essor à Rome où, construits par la municipalité socialiste à
dans un deuxième stade (palais du Vatican), il Vienne, après la première guerre mondiale. ; ;
sera traité à une échelle grandiose, inspirée Alors que le xixe siècle emprunte à la tradi­
des vestiges de l’Antiquité classique. tion d’une typologie prestigieuse son monu-
En France, l ’impact de la Renaissance se mentalisme fastueux et s ’efforce d ’inscrire
manifeste d’abord dans l’architecture des châ­ l ’architecture de la nouvelle société dans la
teaux. Et c’est avec un siècle de décalage, au continuité (éclectique) du patrimoine histo­
regard de l ’Italie, qu’apparaissent l ’hôtel rique, son fonctionnalisme n’a pas empêché le
(équivalent du palazzo italien) et surtout le x x e siècle de continuer à construire des palais :
palais royal, illustré d’abord par le nouveau sièges d’institutions internationales, palais des
Louvre de R Lescot, puis le palais du sports, etc. Cependant, ce mouvement a sou­
Luxembourg de S. de Brosse, immédiatement vent détourné l’exigence de représentation au
imités. Mais c ’est avec la construction de profit de l’exploit technologique (le Palais des
Versailles que la typologie du palais entre dans Nations Unies à N ew York devient le « palais
sa phase culminante et que la France en livre le de verre »). En pensant ainsi asseoir un nou­
modèle achevé aux cours d’Europe continen­ veau langage architectural sur une base rigou­
tale du XVIIIe siècle, même si le registre stylis­ reusement objective, on en est arrivé soit à une
tique, dans les pays germaniques ou en Russie, spécialisation et à une différenciation des sché­
doit beaucoup aux formules du baroque ita­ mas d’implantation, soit à l’adoption d’ossa­
lien, tel qu’il se développe notamment dans tures librement aménageables, qui s ’inscrivent
une nouvelle vague de palais romains et dans à l’opposé de la configuration, à la fois articu­
les centres méridionaux de la péninsule. lée et homogène, du palais à travers l’histoire.
Plus ils s’éloignent de la ville, plus les nou­ R. T.
veaux palais royaux s’évertuent à réinventer
la cité, avec un raffinement et un faste souvent -> Classique; Composition urbaine; Patrimoine; Renaissance;
Utopie.
inconnus dans les capitales de l ’époque. Le
principe d’une composition additive est repris
des exemples de l’Antiquité, mais la volonté
d’ordonnancement est appliquée avec rigueur PALAIS DES SPORTS — Salle de sport
et s ’étend à une mise en forme de la nature
selon des tracés régulateurs qui vont livrer les
nouveaux modèles formels pour le réaména­ PANNEAU SANDWICH -> Composite
gement et les extensions des centres urbains.
Avec le déclin du pouvoir monarchique, le
palais se voit progressivement conférer de PANOPTISME —> Pré-urbanisme; Utopie
nouvelles vocations. D ’une part, d ’anciennes
demeures princières ou seigneuriales sont
affectées à des services d ’intérêt général (par PARA-HÔTELLERIE Hébergements
exemple, à Paris, musée et services adminis­ touristiques
527 PARC

PARC J.-J. Rousseau et par les peintres romantiques


de paysages et de ruines, entraînèrent des réa­
Enclos boisé d ’une certaine étendue, des­ lisations de style anglo-chinois (hameau du
tiné à la promenade et aux loisirs. Pendant Petit Trianon, Bagatelle, Ermenonville).
longtemps, les habitants des villes d’Europe Malgré ces premiers parcs résidentiels, on
ne ressentirent pas la nécessité de grands peut dire que l ’acte de naissance des parcs
espaces libres ou plantés pour la détente ou le urbains, tels que nous les connaissons, date
jeu. Les agglomérations étaient de taille rela­ de l’époque victorienne. La création de pay­
tivement modeste, et l’espace intra muros sages à dominante naturelle, dans la ville, pour
comportait nombre de jardins à caractère uti­ l ’agrément des citadins, fut en effet une idée
litaire (potagers, vergers, plantes médicinales anglaise datant de la première moitié du
et florales) ou d’agrément (parcs promenades XIXe siècle, née comme contrecoup au dévelop­
de châteaux ou de propriétés de fam illes pement urbain, lui-même lié à la révolution
aisées). industrielle. D es raisons à la fois « h y g ié ­
C’est en Italie que furent réalisés les pre­ nistes » et « romantiques » (retour à la nature)
miers parcs d’agrément. On y distingua très constituèrent les fondements idéologiques
vite différents « parcs-jardins » : jardins de de ces réalisations. La fonction d ’utilité
parade avec terrasses architeeturées ; jardins publique des grands jardins ou parcs devint, à
iconographiques peuplés de sculptures et de cette époque, dominante. La transformation et
statues à l’antique, accompagnés d’arbres et l’adaptation d’anciens parcs privés, la création,
d ’arbustes taillés ; jardins scénographiques sous l’influence de J. Paxton, de nouveaux
avec effets de perspectives, jeux ou miroirs parcs «ouverts à tou s» se généralisèrent
d’eau, cascades, point de vue sur la campagne (Regent’s Park, etc.).
environnante... Un peu plus tard, débutèrent en France, à
Leurs tracés réguliers s ’agrémentaient de Paris, sous la direction de Charles-Adolphe
fantaisie et s’adaptaient remarquablement aux Alphand, mandaté par le baron Haussmann,
conditions topographiques (jardin de la villa des travaux visant à constituer un ensemble
d’Este à Tivoli, de la villa Aldobrandini à de parcs, squares, bois et voies plantées.
Frascati, créé en 1598, etc.). Le charme, la D ’inspiration, à l ’origine, britannique, ces
variété et l ’ingéniosité de ces réalisations espaces devaient beaucoup au séjour de
eurent un très grand retentissement en Europe N apoléon III en Grande-Bretagne (parc
et particulièrement en France. Très vite ce Monceau, Buttes-Chaumont). Dans le même
caractère de « complément » ou de prolonge­ temps, aux États-Unis, s ’amorça un mouve­
ment de la résidence s ’estompa. Le «parc- ment qui donnera naissance à F organisation
jardin » devint l’écrin qui recevait le palais ou actuelle des espaces ouverts, de détente ou de
le château: des réalisations plus tardives, récréation, sous l ’influence du paysagiste
comme Vaux-le-Vicomte (1658), Saint-Cloud Frederik Law Olmsted (Central Park à New
(1660), Versailles (1661) attestent de ces York commencé en 1858).
inversions de rôle. Peu après apparut l ’idée du «systèm e
Aux jardins de « l ’intelligence classique » de p arcs»: dès 1882, à Boston, grâce à
succèdent les jardins romantiques, ceux de la F. L. Olmsted et Ch. Elliot, puis à Chicago.
sensibilité et du pittoresque, d ’abord en Dans cette cité, les espaces verts s ’étendent
Angleterre avec l ’apport des plantes exotiques vers l’extérieur à partir du centre de la ville, en
et l’influence des jardins chinois, témoignages suivant le bord des rivières et des lacs, pour
des explorations asiatiques de l ’époque. Ces s’épanouir dans les lieux les plus pittoresques :
réalisations, généralement rurales, du début grands parcs, jardins publics, zones de jeux ou
du xvine siècle donnèrent rapidement nais­ de sports, etc.
sance à un mouvement (landscape movement) En France, on prôna des «systèm es
qui conduisit, dès 1750, aux premiers parcs d ’espaces de loisirs». Le premier, Eugène
urbains ouverts au public à Bath. Ces parcs, Hénard proposa à Paris, dès 1903, un système
attenant à des ensembles résidentiels, prirent de pares et de jardins fondé sur une théorie
le nom des figures géométriques définissant de l ’accessibilité. D es parcs périphériques
leurs contours (circus, crescent). En France, nouveaux étaient prévus à l’emplacement des
l’anglomanie, le retour à la nature prôné par fortifications désaffectées : d ’autres parcs
PARC AUTOMOBILE 528

devaient «décongestionner» les différents (parc des Larris, 7 ha) ou à Mame-la-Vallée


quartiers de Paris. (parc du Rû Maubué, 14 ha).
À part les reconstitutions et rénovations Les parcs centraux sont en général de
d’anciens parcs, le x x e siècle a vu la réalisa­ grands espaces, à caractère végétal très
tion, après la première guerre mondiale, des marqué, où les installations spécifiques mobi­
premiers parcs urbains à espaces spécialisés, lisent moins de la moitié du terrain d’assiette.
où certaines activités de loisir font l’objet de Dans ces parcs, on peut trouver des équipez
réserves d’espaces et d’aménagements parti­ ments « lourds » tels que centre équestre, jar­
culiers. Cette tendance à la spécialisation de din d’aventure, jardin zoologique... :
l’espace dans les parcs urbains s’est dévelop­ Les parcs spécialisés ont été pour la plupart
pée considérablement après 1920. Aussi est- conçus à la fin du x ix e et au début du
il possible de dire, actuellement, que la majo­ XXe siècle. Il s’agit, en particulier, des parcs
rité des parcs urbains d ’une certaine dimen­ botaniques et des jardins et parcs zoologiques.
sion sont com posés d ’un certain nombre Leur fonction est scientifique (à Paris, le Jardin
d’espaces affectés à des activités différentes, des Plantes, qui date cependant du XVIIe siècle,
intégrés dans ün cadre naturel représentant est géré par le Muséum national d ’histoire
entre 60 et 90 % de la superficie du terrain naturelle), éducative et de loisir. Aux anciens
d’assiette. jardins urbains, où sont rassemblées les
Les idées récentes de « trames vertes » ou espèces végétales ou animales en enclos bien
de « coupures vertes » tendent à estomper les aménagés mais exigus, se sont ajoutés récem­
limites des parcs urbains, ceux-ci s’intégrant, ment des parcs implantés en milieu périurbain
sans séparation matérialisée, dans l ’ensemble (Thoiry, 1968, puis Saint-Vrain, en région
des espaces verts d’immeubles ou de quar­ parisienne). Dans les parcs d’attractions, la
tiers, des espaces agricoles, ou des réserves de fonction de loisirs l’emporte sur le cadre natu­
nature qui les prolongent. Cependant, un parc rel. Ils peuvent prendre, par leur thème, un rôle
urbain ne peut raisonnablement inclure tout de vitrine d ’une culture : l ’exemple le plus
l’espace non construit d ’une agglomération, caractéristique - et très controversé - est celui
tout comme, inversement, il ne peut être limité du parc Eurodisneyland à l ’extrémité est de
au terrain nécessaire à la pratique d’un seul Mame-la-Vallée (1992).
type d ’activités de loisir. On distingue parmi Le dernier en date des parcs français, celui
les parcs urbains, selon leur dimension, elle- de La Villette, sert de cadre à divers grands
même liée à leur aire d’influence : équipements dont la Cité des sciences et des
— les parcs de voisinage, dans un rayon de techniques.
5 mn de marche (quelques hectares) ; J.-P. M.
— les parcs de quartier (10 ha environ) ;
— les parcs centraux dans Un rayon de -► Espace vert; Jardin public; Parc de loisirs.
15 mn de marche (quelques dizaines d’hec­
tares) ;
— les parcs périurbains nécessitant l ’emploi PARC AUTOMOBILE — Automobile
d’un moyen de transport (plusieurs centaines
d’hectares).
Les parcs de quartier s ’organisent très sou­ PARC D'ACTIVITÉS
vent autour d’un plan d ’eau central ou d’un
massif boisé préexistant. Composés en majo­ Espace aménagé pour accueillir des activi­
rité d’espaces créés (pelouses, boisements, tés. Après les zones industrielles, on a sou­
aires de jeux), ils offrent un lieu de repos, de haité adapter les espaces aménagés à l’accueil
détente et de pratique d’activités récréatives. d’activités dépassant la seule fonction de pro­
Quelques équipements légers permettent duction et offrant aux établissements qui s ’y
des jeux tranquilles ou même certaines pra­ installent une gamme plus diversifiée d’équi­
tiques sportives. On peut également y trouver pements et de services.
diverses installations de loisir, telles que Les parcs d’activités ont des objets - et, de
théâtre de verdure, jardin botanique, bassin ce fait, des dénominations - variés. On parle
pour modèles réduits. Un exemple de ce type de parc d ’activités pour des parcs destinés à
de parc peut être trouvé à Cergy-Pontoise des entreprises diversifiées, de parcs indus­
529 PARC D'ACTIVITÉS

triels, de parcs artisanaux, de parcs d’affaires, d ’équipement (viabilisation) et d’attirer des


de parcs de bureaux, voire de parcs technolo­ activités. Par rapport à une localisation
giques ou scientifiques. Leur contenu réel ne urbaine, les parcs d’activités n’ont pas cepen­
correspond pas toujours à cette dénomination, dant que des avantages. Ils impliquent un
leurs promoteurs recourant souvent à une éloignem ent du centre et des possibilités
appellation gratifiante pour lés entreprises. d ’équipements, de services et de contacts que
Leur dimension peut varier de quelques celui-ci offre, et peuvent rendre plus malaisé
hectares à un millier, voire plus. Les aména­ le recrutement de personnel. Du point de vue
geurs sont soit des collectivités publiques ou de là collectivité, ils contribuent à accroître le
leurs groupements ou des organismes qui trafic automobile, d’autant qu’ils sont souvent
leur sont liés (par exemple une société d’éco­ mal desservis par les transports en commun.
nomie mixte), soit des organismes privés. De L’évolution des activités, et surtout de
plus en plus, les aménageurs deviennent celles qui sont en croissance, jointe au souci
également constructeurs (les locaux sont ven­ de plus en plus répandu de choisir une déno­
dus ou souvent loués) et investisseurs. Ils mination flatteuse, a pour conséquence qu’on
recourent à des experts pour aménager le n ’aménage plus guère de parcs industriels,
parc. Certains de ces parcs peuvent être liés à mais de plus en plus de parcs d’affaires, de
un centre de recherche ou à une université, parcs technologiques et de parcs scientifiques,
voire être réalisés par eux. Les parcs d’activi­ voire de technopoles. Leur localisation, tout
tés sont, comme les zones industrielles, le en demeurant le plus souvent en périphérie,
plus souvent localisés en périphérie des recherche encore plus une bonne desserte,
agglomérations, en un lieu bien desservi, en voire si possible la proximité d ’un point
particulier par la route, mais peuvent être d ’échanges prestigieux (aéroport, gare tgv),
implantés en ville, souvent sur des terrains et une localisation dans des quartiers ayant
réaménagés ou près de grandes infrastruc­ une bonne image résidentielle. L’architecture,
tures de transport (gare, port, voire aéroport), les matériaux, voire les couleurs, comme
éventuellement à l ’intérieur même du péri­ l ’aménagement paysager, peuvent être régle­
mètre dévolu à celles-ci (aéroport de Roissy- mentés et visent à accroître le prestige et
cdg par exemple). l ’attractivité du parc. L’espace doit apparaître
Les parcs d’activités sont devenus, depuis aéré (coefficients d ’emprise au sol de l’ordre
les années 1970, la forme majeure de lieu de 0,20, voire moins). Des équipements de
d ’implantation des activités. La distinction loisirs (plans d ’eau, tennis, etc.) peuvent y
entre l’industrie et les services n ’y est pas être prévus. Les services et équipements
toujours apparente à travers les locaux ou les communs peuvent se diversifier, encore que le
installations. Pour les entreprises, les parcs coût conduise parfois à les limiter, d ’autant
d ’activités offrent des terrains assez bon que les établissements qui s’y implantent sont
marché, avec des possibilités d ’extension souvent de petite taille et ne peuvent ni ne
ultérieure, une bonne accessibilité aux auto­ souhaitent intégrer de services qui ne corres­
mobiles et aux camions, des espaces de sta­ pondent pas à leur activité principale.
tionnement pour le personnel et les visiteurs, Il demeure que l’inflation des dénomina­
des services et des équipements (banque, tions des nouveaux espaces d ’activités ne
bureau de poste, restaurant interentreprises, saurait masquer une certaine banalisation de
etc.). Ils permettent également une implanta­ ceux-ci, des avantages qu’ils offrent et des
tion rapide (en quelques m ois) et souvent activités qu’ils accueillent. Chaque petite
des montages financiers qui permettent de ne ville, voire chaque bourg, veut avoir son parc
pas investir dans la construction ou l ’achat d ’activités, chaque ville moyenne son parc
de locaux : ceux-ci peuvent être loués à dès d ’affaires et (Ou) son technopole. Mais les
investisseurs, voire construits en fonction des activités à localiser demeurant les mêmes,
besoins de l ’entreprise qui s ’engage à les beaucoup de ces espaces ne se remplissent
louer pendant une certaine durée. Enfin, pas. Quant aux entreprises, si elles se voient
l ’implantation dans un tel site aménagé et offrir une large gamme de localités, elles ont
la proximité d’entreprises prestigieuses sont peu de choix réel quant au type de localisa­
valorisantes. Pour la collectivité, le parc tion dans un bassin d’emploi donné. Elles
d ’activités permet de concentrer l ’effort confient de plus en plus à des entreprises de
PARC DE DISSUASION 53|'î>

conseil spécialisées le soin de choisir leur tiques du ménage (âge et csp du chef, taille et
implantation. L’aménagement du territoire revenus, etc.), étudient l’occupation et appro­
n’y trouve pas non plus son compte car les fondissent le cas des emménagés récents.
entreprises ont tendance à se regrouper dans Le parc français comprenait, en 2009,
les localités et dans les parcs qui présentent le 32,5 millions de logements (28,7 avaient été
plus d ’atouts... ou qui ont su présenter la recensés en 1999), dont 27,4 m illions de
meilleure image. résidences principales, 3,2 millions de rési­
dences secondaires (dont 0,7 million de résit
P.M.
dences occasionnelles) et 1,9 m illion de
-+ Activité économique ; Hôtel industriel ; Industrie ; Localisation logements vacants.
des activités; Pépinière d'entreprises; Technopôle; techno­
pole; Zone industrielle.
Les principales variables de classification
des logements sont :
— L’âge : les statistiques françaises utilisent
PARC DE DISSUASION -> Politique généralement un découpage qui distingue, selon
de stationnement ; Rabattement; la date de l’achèvement de l’immeuble, des cou­
Stationnement pures liées aux guerres (1915 et parfois encore
1871) avant 1948 - date de la loi ayant eu pour
objet premier la relance de la construction prit
PARC DE LOGEMENTS vée locative - , puis aux recensements de la
population après cette date. En 2006, on compte
Ensemble des logem ents situés dans un un tiers (33 %) des résidences principales
cadre géographique (quartier, ville, pays, etc.) construites avant 1948 (dont 21 % antérieures à
et à une époque donnés. Le parc de logements 1915), un autre tiers (32 %) construites pendant
fait l’objet de statistiques dont l’origine prin­ les trente glorieuses (1948-1974) et le troisième
cipale est constituée par les recensements tiers (35 %) construites depuis la crise du pétrole
démographiques et les enquêtes par sondage (à partir de 1975). Les résidences secondaires
sur le logement. En France, les recensements sont en moyenne un peu plus anciennes et les
de la population comportaient traditionnelle­ logements vacants encore plus : près d’un tiers
ment un bordereau de maison (liste des loge­ des logements non-résidences principales sont
ments, nom de l’occupant et caractéristiques antérieurs à 1915.
de l’immeuble, y compris équipement et date — Le mode d’occupation : résidences prin­
de construction) et une feuille de logement cipales (occupées par un ménage la plus
(catégorie de logement, composition et équi­ grande partie de l’année : 84% des logements
pement, liste des personnes qui l ’habitent). en 2006), résidences secondaires et logements
Dans le recensement rénové, réalisé par occasionnels (occupés de façon intermittente
I’insee pour la première fois entre 2004 et par un m énage - ou par certains de sès
2008, c’est un répertoire des immeubles, mis membres - qui dispose par ailleurs d ’une rési­
en place à l’automne 2003, qui sert de base de dence principale : respectivement 9 % et 1 %
sondage dans les villes de plus de 10 000 habi­ des logem ents), logements vacants (non
tants, où 40 % seulement des logements ont occupés : 6 %). Les résidences secondaires se
été recensés en cinq tranches annuelles. Les rencontrent dans les régions touristiques (bord
enquêtes périodiques sur le logem ent per­ de mer, stations de sports d ’hiver, villes de
mettent une connaissance plus approfondie cure), en zone rurale (qu’elles soient héritées
des conditions des mécanismes de finance­ ou acquises, anciennes résidences principales
ment des logements et comportent souvent ou construites), mais aussi, de plus en plus, en
une étude détaillée des ménages récemment zone urbaine et, en particulier, dans le centre
emménagés. Ainsi, celles de 1978, de 1984, (pied-à-terre de personnes résidant ailleurs,
de 1988, de 1992, de 1996, de 2002 et de mais aussi fausses résidences secondaires de
2006 établissent des tableaux croisant des ménages déclarant ailleurs leur résidence prin­
caractéristiques du logem ent (catégorie, cipale pour des raisons fiscales, électorales,
nombre de pièces, âge, confort, statut d’occu­ etc.). Les logements vacants correspondent
pation, charge financière et secteur locatif, soit à un état transitoire (avant première occu­
propriété ou accession, type d’immeuble), pation ou entre deux occupations, pendant des
avec la taille de la commune, les caractéris­ travaux d ’aménagement, avant démolition,
S31 PARC DE LOGEMENTS

etc.), soit à une inadaptation aux besoins • l ’existence d’une salle de bains ou de
(logements trop nombreux en zone rurale ou douche (98,9% en 2006) ou l’absence de
dans des localités en déclin économique, loge­ salle d ’eau (1,1 %) ;
ments inconfortables ou insalubres, logements • l ’existence d’un chauffage central (94,3 %
promis à la démolition), soit à une volonté du en 2006), soit individuel soit collectif ou son
propriétaire. absence (5,7 %).
— Le statut : logements dont l’occupant — La taille des logements. On la mesure en
est propriétaire ou accédant à la propriété surface habitable ou en nombre de pièces. En
(c’est-à-dire n’ayant pas achevé de rembour­ France, la surface habitable est la surface de
ser l’emprunt contracté pour l ’acquisition) : plancher, murs et gaines techniques non com­
57,2% des résidences principales en 2006 prises. Elle représente environ les trois quarts
(50,7% en 1982); locataire ou sous-locataire de la surface hors œuvre. Dans les pays
(y compris locataires en meublé, fermiers et d’Europe de l’Est, on ne compte que la surface
métayers): 39,2% (41% en 1982); logé à des pièces principales. Le nombre de pièces
titre gratuit (par son employeur, un parent ou suppose aussi des conventions : en France, la
autre) : 3,6% (8,3 % en 1990), répartis à peu cuisine ne compte pas comme pièce princi­
près par moitié entre les logements mis à dis­ pale, sauf si elle dépasse 12 m2, ce qui est le
position par l’employeur et ceux qui le sont cas dans de nombreux logements ruraux où la
par des parents ou par un tiers. cuisine tient lieu de salle de séjour.
— Le type : maison individuelle, apparte­ La taille moyenne des logements a tendance
ment ou autre. Dans les pays latins, et en parti­ à augmenter (4,0 pièces en France en 2006
culier en France, la proportion d’appartements pour les résidences principales contre 3,7 en
est plus élevée que dans les pays nordiques et 1982, 3,1 en 1962 et 2,7 en 1946) en liaison
anglo-saxons : 43,3 % en 2006 des résidences avec l’élévation des revenus, malgré la crois­
principales en France, mais 72 % en Île-de- sance des coûts et la diminution de la taille
France et 61 % dans les autres agglomérations moyenne des ménages (2,30 en 2006 contre
de plus de 200 000 habitants. Elle diminue 2,70 en 1982, 3,10 en 1962 et 3,07 en 1946).
lentement depuis une génération environ. Cette évolution vers plus d ’espace de loge­
— Le confort (par ailleurs lié à l’âge du ment par personne (près de 1,8 pièce et de
logement), notion par nature imprécise et 40 m2 en 2006 contre 0,88 pièce et environ
évolutive. Les indicateurs retenus évoluent. 15 m2 en 1946) est cependant plus lente en
Ainsi, la proportion de résidences principales France - et dans les autres pays latins - que
équipées de î’eau courante et de l ’eau chaude dans les pays anglo-saxons ou nordiques (à
n ’est plus publiée : si la première dépasse Stockholm, le nombre moyen de pièces par
99% depuis le début des années 1980, la personne est passé, en un siècle, de 0,5 à 2
seconde n’atteignait que 88,2% au recense­ environ). La taille moyenne des pièces aug­
ment de 1982 (non recensé par la suite, mais mente également (plus de 23 m2 en 2006
proche de 99% actuellement). Un logement contre moins de 18 en 1946) et les normes
est considéré par I’insee comme «tout d’habitabilité visent à fixer des minima ; en
confort» s ’il dispose de l’eau courante, d’une revanche, les surfaces non utiles (entrées, cou­
cuisine, d’un w.-c. intérieur, d’une baignoire loirs, dégagements) ont tendance à être moins
ou douche et du chauffage central (94% en généreuses dans les logements récents (après
2006). Ces indicateurs sont adaptés à la situa­ 1948) que dans les logements anciens.
tion française et à l ’époque actuelle. D ’autres Un parc de logements évolue quantitative­
peuvent être utilisés ailleurs, tels l’existence ment du fait :
d’un système de conditionnement d ’air, le • de la construction neuve, connue par les
téléphone (74,4% en 1982 contre 15,2% statistiques de construction (pas toujours très
seulement en 1968, mais ce taux n’est plus précises, y compris dans des pays développés
recensé depuis, ce qui traduit la banalisation comme la France) ;
de cet équipement), etc. Les indicateurs • des démolitions, en principe connues par
actuellement utilisés en France sont : les permis de démolir;
• la présence de w.-c. intérieurs (98,9 % des • des changements d’utilisation (transforma­
résidences principales en 2006) ou extérieurs tions en bureaux, par exemple, et inversement) ;
( 1,1 %) au logement ; • des fusions ou divisions de logements ;
PARC DE LOISIRS 532

et qualitativement du fait des améliorations de de F, 750 000 à 1 million de visiteurs, 500 à


confort (sanitaires, chauffage, téléphone, 700 emplois directs) ; :
etc.). Ainsi pour la ville de Paris, vers 1980, — les parcs locaux (60-150 millions de F
on estimait les démolitions à 3 500 par an, les investis pour 300 000 à 500 000 visiteurs, 100
transformations à un chiffre équivalent et à 250 emplois directs) ;
les regroupements à 5 000 par an, soit — les aménagements plus légers de sites
12 000 disparitions pour 15 000 constructions de loisirs à destination récréative et/ou péda­
annuelles en 1976-1980 et guère plus de 5 000 gogique. .
dans les années 1980. Dans les années 1990, Le rapide développement des parcs
les chiffres de construction ont été nettement d ’attraction à thème (qui constituent la forme
inférieurs à ce dernier chiffre. La nouvelle la plus achevée de ce que l’on désigne généra­
municipalité a relancé la construction, notam­ lement sous le terme ambigu de parcs de loi­
ment de logements sociaux, y compris dans sirs) dans les pays industriels au cours des
les quartiers ouest de la capitale qui en sont dernières décennies s’inscrit dans un mouve­
dépourvus. Quant aux démolitions, transfor­ ment général de création d’équipements de
mations et regroupements, aucune statistique « techno-tourisme », fonctionnels et artificiels,
n ’est établie, mais les estimations sont très déconnectés de l ’espace local dans lequel ils
inférieures à celles des années 1970. s’installent et reliés surtout aux grands foyers
P. M. urbains, dont émane la demande, par un
faisceau d ’infrastructures à grand gabarit.
Appartement; Logem ent; Maison individuelle; Normes De ce fait, ces installations relèvent d ’un
d'habitabilité et de confort; Résidence principale; Résidence
secondaire.
modèle général d’aménagement dont change
seulement, selon les pays et les régions
d’implantation, la thématique commerciale :
PARC DE LOISIRS ici, les personnages des films américains ; là,
ceux des bandes dessinées ou des contes fran­
La difficulté première de la présentation çais... La France, pourtant dépositaire d’une
des parcs de loisirs réside dans la confusion riche tradition de parcs d’origine foraine... ou
qui continue à régner entre les concepts et les peut-être précisément à cause de cette situa­
définitions, dans ce domaine protéiforme où tion, n’a copié qu’avec trente ans de retard les
coexistent les pratiques de loisir et de tou­ exemples des États-Unis - et vingt ans après
risme, la visite et le séjour, à travers diverses ceux des pays européens voisins (Royaume-
catégories et dénominations : complexes de Uni, A llem agne, Benelux), en ouvrant en
loisirs, bases de plein air et de loisir, parcs 1987 ses deux premiers parcs d ’envergure
naturels ou résidentiels de loisir, parcs à internationale au nord de Paris et à Nice, tous
thème (technologiques, ludiques, sportifs, deux rapidement disparus.
zoologiques, paysagers, etc.), parcs d’attrac­ L’histoire récente de ces grands parcs
tion, complexes aquatiques, sans oublier les en France a été, en effet, très mouvementée,
« villages » et autres clubs de loisir, de stage, avec quelques échecs retentissants, des
de réunion, de remise en forme... reprises d ’installations en difficulté par des
La localisation et la délimitation qui entreprises étrangères expérimentées (firme
peuvent être établies en fonction de la desti­ belge Walibi principalement), longtemps des
nation spécifique de ces équipements doivent incertitudes sur l’avenir pour le plus impor­
être combinées avec celles fondées sur le cri­ tant (Disney-Paris) mais aussi quelques
tère classique d’envergure. En France, les succès plus encourageants (Futuroscope,
experts de la datar, dans leur rapport fonda­ Astérix). Les multiples projets de parcs
teur de 1986, ont ainsi proposé de distinguer : d ’attraction envisagés par les régions et les
— les parcs d’intérêt national (superficie de agglomérations les plus diverses dans la
120 à 150 ha, investissement de 600 à 800 mil­ période euphorique d ’après 1986-1987, sur
lions de F, chiffre d’affaires de 150-200 mil­ les thèmes les plus variés (m erveilles de
lions de F pour 1,5 à 2,5 millions de visiteurs, la nature, homm es illustres, conquête de
800 à 1 000 emplois directs) ; l’espace, civilisations anciennes ou disparues,
— les grands parcs régionaux (environ héros de romans et de bandes dessinées, pra­
100 ha, 300-500 millions de F, 7 à 100 millions tiques sportives, découvertes scientifiques,
533 PARC DE LOISIRS

etc.) ont été le plus souvent différés et l’inves­ tive et surtout traversée jusque-là par des flux
tissem ent prévu a été revu largement en de passage indifférents aux ressources
baisse; les collectivités publiques engagées locales.
dans de tels projets se sont lourdement endet­ Par comparaison, les difficultés longtemps
tées, pour une rentabilité tout à fait aléatoire. rencontrées après son ouverture en avril 1992
Les grands parcs d’attraction et de loisirs par le méga-parc D isneyland-Paris (ex.
constituent aujourd’hui d’importantes opéra­ Eurodisney), à M am e-la-Vallée, illustrent
tions d’urbanisme et d’aménagement du terri­ les problèmes d ’adéquation d ’un produit
toire, considérées souvent comme prioritaires commercial et d’un modèle d ’aménagement
et décisives pour les régions et les pays pro­ résolument nord-américains à une demande
moteurs en l ’absence d ’autre opportunité européenne et, tout particulièrement, fran­
économique. Par ailleurs, ils apparaissent çaise : « première véritable déconvenue finan­
comme l’un des principaux pivots sur les­ cière » (selon le président de la Walt Disney
quels s’appuient les politiques régionales et Company) d ’un groupe pilote dans le
locales de promotion d’une image attractive, domaine des loisirs dont les résultats globaux
pour les visiteurs touristiques évidemment, restent florissants (près de 10 milliards de F
mais aussi à destination des investisseurs de bénéfices en 1993). L’exceptionnelle
potentiels. ampleur de cette opération doit être souli­
Le cas du parc dit du Big Bang Schtroumpfs gnée : 2 000 ha de superficie contrôlés, 25 mil­
à Hagondange (Moselle) illustre remarquable­ liards de F investis en première phase,
ment les excès de cette argumentation : conçu 12 000 emplois créés lors de l’ouverture du
comme une opération de reconversion de ter­ premier parc à thème (« Le royaume
rains et de bâtiments industriels abandonnés, enchanté »), près de 6 000 chambres d’hôtel
il a largement bénéficié du soutien des firmes mises en service, avec un appui considérable
sidérurgiques, des banques et des collectivités des fonds publics (lignes et gares tgv et rer
régionales pour réunir un important investis­ en particulier, plus emprunts privilégiés et
sement de départ (720 millions de F), avant de aménagements fiscaux et même la modifica­
rencontrer très vite de graves difficultés qui tion de plusieurs lois). Les problèm es
ont entraîné la liquidation judiciaire et la cumulés de la baisse de fréquentation (moins
reprise par le groupe Walibi avec une révision de 9 millions de visiteurs en 1994, contre 11
drastique des ambitions premières (2 millions au cours de la première année) et des dépenses
de visiteurs projetés dans le programme de moyennes par visiteur, de l’exploitation hôte­
1988,410 000 réels en 1993). lière (taux d’occupation annuel de 55 à 60 %),
En revanche, le parc du Futuroscope, près de la lourde charge financière et des pertes
de Poitiers - qui cumule les thèmes ludiques, enregistrées, ont conduit l’entreprise à adop­
technologiques et pédagogiques et accueille ter un plan drastique de restructuration en
aussi des entreprises et des équipements ter­ 1994 (recapitalisation massive, réduction de
tiaires supérieurs de niveau national - a 20 % du personnel), à réviser sa politique
connu un indiscutable succès de fréquenta­ commerciale (réduction et modulation saison­
tion (2,5 millions de visiteurs en 1994 - dont nière des tarifs du parc, des hôtels et des
40% d’enfants - , soit le double du chiffre de restaurants) et à retarder le programme
1992 et dix fois plus qu’en 1987, année d ’extension prévu (deuxième parc d ’attrac­
d’ouverture, mais 1,4 million seulement en tion, bureaux et logements). Le second parc à
2006), à la hauteur de l’effort spectaculaire thème (« Les studios Disney ») n ’a été ainsi
de son principal promoteur, le département ouvert qu’en 2004, mais n ’a guère contribué à
de la Vienne (près de 1,5 milliard de F inves­ accroître le nombre de visiteurs (15,4 millions
tis en moins de dix ans); 1995 a été sa pre­ en 2008, meilleure année). En revanche,
mière année d’ouverture permanente, avec l’opération s ’est développée à travers l’ouver­
environ 800 emplois spécifiques fixes et un ture, en 2000, d ’un vaste centre commercial
chiffre d’affaires de l’ordre du demi-milliard régional (« Val d’Europe » : 100 000 m2), et le
de F. C’est l ’exemple, encore exceptionnel en lancement en 2001, autour d ’une seconde
France, de constitution d ’un nouveau pôle gare de rer, d ’un vaste programme de
touristique et hôtelier appuyé sur un parc à construction de bureaux (500 000 m2) en
thème, dans une région médiocrement attrac­ cours de réalisation.
PARC FORESTIER

Ces trois cas particuliers, brièvement ana­ d ’autres collectivités, et de divers droits,
lysés, reflètent assez bien la diversité de ce redevances et revenus. En France, un pare
type d’équipements et de leurs résultats. national peut comporter :
—~des zones de réserve intégrale, a but
G. C.
exclusivement scientifique : en pratique, cette
- » Base de plein air et de loisirs; Parc; Tourisme. possibilité a été utilisée une seule fois le 9 mai
1995 dans le vallon du Lauvitel (parc des
Ècrins) sur 689 ha ;
PARC FORESTIER — Forêt — le parc proprement dit, où les activités
exercées sont réglementées dans un but
de protection: interdiction ou autorisation
PARC NATIONAL - , Parc naturel exceptionnelle des voies de communication,
de la publicité, des activités industrielles, de
la chasse; limitation des activités com m et
PARC NATUREL ciales selon leur compatibilité avec le paroi
autorisation préalable de travaux forestiers, de
« Territoire relativement étendu, qui pré­ l’irrigation, de l’aménagement des chemins
sente un ou plusieurs écosystèmes, générale­ d’exploitation ; ;
ment peu ou pas transformés par l’exploitation — la zone périphérique (pré-parc), où des
et l’occupation humaine, où les espèces végé­ équipements sont réalisés pour permettre
tales et animales offrent Un intérêt spécial du l’accès aux ressources conservées dans le pare.
point de vue scientifique et récréatif, dans Les dispositions de la loi de 1960 ont été
lequel ont été prises des mesures pour y empê­ renforcées par la suite par l’interdiction de là
cher l’exploitation ou l’occupation et pour y puhlicité (1979), la stricte réglementation dé
faire respecter les entités écologiques, géo­ la circulation des véhicules terrestres (1991) et
morphologiques ou esthétiques ayant justifié par les dispositions de la loi montagne (1985).
sa création, à des fins récréatives, éducatives Les contraintes réglementaires liées à
ou culturelles » (Union internationale pour la l ’inclusion dans un parc national expliquent
conservation de la nature, 1969). les réticences fréquentes des habitants locaux,
On distingue, selon le niveau d’interven­ malgré les retombées économiques (tou­
tion, des parcs nationaux et des parcs régio­ risme) de la création du parc : il en résulte
naux. parfois l ’exclusion de zones intéressantes
Les premiers parcs naturels ont été créés (Mercantour), bien que les limitations dtt
dans les pays neufs anglophones (États-Unis, droit de propriété entraînées par la création
Canada, Australie et Afrique du Sud), pour du parc puissent être indemnisées comme ett
sauvegarder le milieu naturel là où il avait été matière d ’expropriation (les particuliers res­
encore peu modifié. Le premier parc national tent propriétaires de la majeure partie des ter­
a été celui de Yellowstone, dans les mon­ rains dans les parcs nationaux fiançais). i
tagnes Rocheuses, aux États-Unis (1872). La loi du 14 avril 2006 a modifié le statut
des parcs nationaux. L’objectif poursuivi
En France, les parcs nationaux ont été ins­ était de les faire mieux accepter par les popu­
titués par la loi du 22 juillet 1960 (et le décret lations et les collectivités locales. La zone
du 31 octobre 1961). La création d ’un parc centrale devient le « cœur de parc » (un parc
national suppose une enquête préalable peut en comporter plusieurs). La zone péri­
(notamment auprès des collectivités locales) phérique devient «aire d ’ad h ésion »: elle
puis l ’établissement d’un dossier soumis à réunit les communes extérieures au cœur de
enquête publique, à l’issue de laquelle peut parc ayant décidé d’adhérer à la charte de
être prise une décision par décret en Conseil celui-ci et où sont réalisés des équipements
d ’État. Le parc national est géré par un éta­ permettant l ’accès aux ressources conservées
blissement public, doté d ’un conseil d ’admi­ dans le parc : les activités n ’y sont pas limi­
nistration, com posé d ’élus locaux et de tées, mais les travaux autorisés doivent s ’ins­
membres nom m és, et d ’une com m ission crire dans le programme du parc, ne pas
scientifique. Les ressources proviennent des altérer son caractère et ne pas contrevenir à
subventions de l ’État et éventuellem ent sa mission. Un décret en Conseil d’État déli­
535 PARC NATUREL

mite le cœur de parc, fixe les règles de pro­ ont des objectifs beaucoup plus divers que les
tection le concemânt et crée l’établissement parcs nationaux : sauvegarde du patrimoine
public chargé de le gérer. La charte, révisée naturel et culturel ; loisirs et détente des habi­
au moins tous les douze ans, définit, pour tants des villes voisines ; mais aussi aménage­
l’aire d’adhésion, des orientations (et non des ment des espaces ruraux. Le second objectif
règles) de protection, de mise en valeur et de était même présenté comme le plus important
développement durable et équitable. En fait, dans le décret de 1967 et le troisième par
cette loi rapproche les nouvelles aires d’adhé­ celui de 1975. Le maintien sur place de la
sion des parcs naturels régionaux qui ont population, le développement des activités et
connu un succès certain. La loi ouvre en d ’équipements figuraient donc au premier
outre la possibilité de créer des parcs naturels plan des buts poursuivis. Cependant, le décret
marins et des parcs naturels urbains. de 1988 a replacé au premier rang des objec­
Il existe neuf parcs nationaux : Vanoise tifs «protéger le patrimoine naturel et cultu­
(1963), Port-Cros (1963), Pyrénées occiden­ rel, notamment par une gestion adaptée aux
tales (1967), Cévennes (1970), Écrins (1973), milieux naturels », avant celui de « contribuer
Mercantour (1979), Guadeloupe (1989), au développement économique et social de ce
Guyane (2007) et Réunion (2007). Il faut en territoire». La loi du 8 janvier 1993 sur la
outre mentionner le parc naturel marin protection et la mise en valeur des paysages
d’Iroise, créé en 2007, constitué des îles de prévoit qu’ils « concourent à la politique de
l’extrémité nord-ouest du Finistère et des protection de l’environnement, d ’aménage­
espaces marins compris entre celles-ci et la ment du territoire, de développement écono­
côte. Leur superficie est très variable : ceux de mique et social et d’éducation et de formation
France métropolitaine (0,64 % du territoire), à du public ». Enfin, le décret du 1er septembre
l’exception de celui de Port-Cros (700 ha), 1994 confirme la priorité à la fonction de pro­
ont un cœur de parc de 45 700 ha (Pyrénées tection des parcs régionaux et en donne pour
occidentales) à 91 800 ha (Écrins), mais avec la première fois une définition : « territoire à
une zone d’adhésion plusieurs fois plus éten­ l ’équilibre fragile et au patrimoine naturel et
due ; ceux créés dans les dom sont de dimen­ culturel riche et menacé, faisant l’objet d’un
sion très variable : 17 500 ha en Guadeloupe, projet de développement fondé sur la préser­
105 600 à la Réunion, 2 030 000 en Guyane ; vation et la valorisation du patrimoine. »
le parc marin d’Iroise comprend 3 550 ha de Ils peuvent être créés par décret à la
terres émergées. Un projet de parc national du demande des communes, des départements ou
haut Ariège a été abandonné en raison de des régions. L’agrément ainsi accordé est
l’hostilité qu’il soulevait de la part des habi­ valable douze ans (dix ans avant la loi du
tants. D ’autres parcs nationaux sont à l’étude : 14 avril 2006). Il est renouvelable, mais égale­
— le parc maritime de Corse (nord-ouest ment révocable en cas de non-respect de la
de l’île) concernerait la frange littorale charte, ce qui a été le cas, en 1996, du pnr du
(15 000 ha environ) et le territoire maritime Marais poitevin, qui demande sa réintégra­
(25 000 ha environ) ; tion. La charte constitutive, élaborée par la
— le parc des Hauts de la Réunion ; région, est soumise à la commission intermi­
— les parcs naturels marins de la Côte ver­ nistérielle des parcs régionaux et adoptée par
meille, des estuaires de la Somme, de l’Authie décret. Elle définit les limites du parc, les
et de la Canche et de Mayotte ; objectifs, le programme des équipements à
— le parc international (France, Italie, réaliser et des mesures à prendre, et précise le
Suisse) de l’Espace Mont-Blanc, qui serait fonctionnement de T organisme qui sera
créé par les collectivités territoriales (Savoie, chargé de réaliser le programme et de gérer le
Haute-Savoie, Val d’Aoste, Valais). parc (le plus souvent, établissement public de
coopération intercommunale). Le finance­
Les parcs naturels régionaux (pnr) sont ment est assuré par la région et les collectivités
régis par le décret du 1er mars 1967 et par le locales concernées, mais peut comporter des
décret du 24 octobre 1975, remplacé par celui subventions de l’État. Le programme d’équi­
du 25 avril 1988. Les lois de décentralisation, pements concerne notamment l’aménagement
puis celles du 8 janvier 1993 et du 2 février des accès, la restauration des constructions, la
1995, leur ont donné une base législative. Ils protection des paysages et la lutte contre les
PARC NATUREL 538

nuisances. La plupart des parcs naturels régio­ d ’opposition d ’un propriétaire au moins)
naux sont de dimension comparable à celle après enquête publique, à la demande d’une
des parcs nationaux (encore qu’ils ne com­ administration, d’une collectivité territoriale;
portent pas d’aire d’adhésion). Les parcs natu­ d’une association (avec indemnisation, en ca$
rels régionaux sont considérés comme des de limitation du ,droit de propriété), voire à
éléments de structuration des territoires au la demande des propriétaires. Le décret prêt
même titre que les agglomérations : pour la cise les interdictions particulières propres à
période de planification 2000-2006, des chaque réserve naturelle (par exemple, chasse»
contrats de parcs ont été introduits : tous les cueillette, restrictions d ’accès, bruit, cam­
pnr en ont signé un ; pour la période 2007­ pagne, activités commerciales, etc.). Il existe;
2013, ces contrats sont remplacés par des en 2008, 163 réserves naturelles qui couvrent
conventions s ’inscrivant dans le contrat de 558 000 ha en métropole (dont 480 000 ha tert
projet État-région. restres, soit 0,87% du territoire). Il convient
Il existe, en 2009, 46 parcs naturels régio­ d’y ajouter les 160 réserves de statut libre,
naux (dont 2 outre-mer, en Martinique et en dites régionales, dont 6 en Corse (en général
Guyane) qui englobent 3 707 communes créées avant la loi de 1957) et les réserves
rurales (dont 36 outre-mer) et représentent au biologiques de l’Office national des forêts qui
total près de 6 842 000 ha, soit 155 500 ha en sont soit domaniales (une centaine), soit dans
moyenne en métropole et 288 000 ha outre­ des forêts communales ou autres.
mer, soit près de 12,4% du territoire national
et 675 000 ha outre-mer. Ils abritent plus de Les périmètres sensibles étaient des parties
3 millions d’habitants au total. de territoires soumises à des règles particu­
lières de protection des espaces boisés et du
Les réserves naturelles, créées par la loi du paysage. Institués par la loi de finances de
1erjuillet 1957 (modifiée par la loi du 10 juillet 1961, ils s ’accompagnaient de la perception
1976), sont des parties du territoire d’une ou d’une t o e départementale d ’espaces verts sur
plusieurs communes, où des mesures spé­ les opérations de construction. La loi du
ciales de protection sont appliquées en vue de 17 juillet 1985 (complétée par le décret du
la conservation d’espèces animales ou végé­ 14 mars 1986) sur les principès d’aménager
tales ou de milieux naturels présentant un inté­ ment confirme la prééminence du département
rêt remarquable du point de vue scientifique pour promouvoir des politiques de protection
(en particulier d’espèces menacées de dispari­ et d’acquisitions d ’espaces naturels et sen­
tion). Ce n’est qu’en 1997 qu’une circulaire sibles et favoriser l ’accès au public. Tout
en a proposé une définition : « espace protégé département peut décider de créer une « taxe
par une réglementation spécifique et géré départem entale des espaces naturels sen ­
selon des critères écologiques (qui) contri­ sibles» (0,5 à 2%, le plus souvent 1 %, de la
buent à l’action de l ’État pour la préservation valeur des constructions, reconstructions OU
de là biodiversité. » La réserve a donc avant agrandissements). Cette taxe est prévue sur
tout un intérêt scientifique et non récréatif : l ’ensemble du territoire du département.
l ’accès du public y est limité ou réglementé. Lorsque la taxe est instituée, le département
Sa dimension peut être très variable : de moins peut créer des zones de préemption (après
de 1 ha (Toarcien : 0,6 ha) à une centaine de accord des communes disposant de pos ou de
milliers d’hectares (réserves des Nouragües et plu, et du représentant de l’État dans le cas
des Marais de Kaw en Guyane), voire contraire). Dans ces espaces (boisés ou sites de
2,27 millions d’ha pour la réserve des Terres qualité), le département peut acquérir au prix
australes françaises) ; la moyenne, en métro­ du marché tout terrain ou droit de jouissance de
pole, est de 1 500 ha environ, Les réserves terrains. Le département peut, dans les zones
naturelles sont gérées par une association (cas de préemption, édicter les mesures nécessaires
le plus fréquent), par Un établissement public à la protection des sites et paysages et prévoir,
(parc national, Office national des forêts, etc.) notamment, l’interdiction de construire. ;;
ou par une collectivité locale (département,
commune ou organisme en dépendant). Les arrêtés de biotope ont pour objet la pro­
Le classement en réserve naturelle résulte tection des habitats d’espèces protégées de là
d ’un décret (pris en Conseil d’État en cas faune et de la flore sauvages. Ils sont pris par
§37 PARCELLAIRE

le préfet après avis de la chambre d’agri­ celle sont en général rectilignes. La plupart des
culture et de la commission départementale parcelles ont une forme quadrangulaire, surtout
des sites (en pratique après une consultation en milieu urbain. Mais certains éléments du
plus large). Ils ne constituent pas une servi­ contour, épousant les formes du terrain ou le
tude d ’utilité publique dont l’inscription au tracé de voies rurales, sont courbes ou sinueux.
plan d ’occupation des sols est obligatoire, La forme de la parcelle varie du carré au rec­
mais sont en général intégrés dans les zones tangle étroit et allongé (formes en lanières),
naturelles de celui-ci. mais certaines parcelles sont circulaires ou tri­
angulaires (formes de lotissements).
Les zones naturelles d ’intérêt écologique, Dans tous les cas, l ’ensemble parcellaire
faunistique et floristique (znieff), créées en constitue un canevas continu, sans vides
1982 par le ministère de l ’Environnement, intercalaires. La forme de chaque parcelle est
identifient des secteurs d’intérêt particulier sur donc étroitement tributaire de celles des par­
le plan écologique. Bien que ce ne soit pas à celles qui l ’entourent. Toute parcelle a une
proprement parler une mesure de protection, forme et une dimension déterminées par les
elles doivent être prises en compte dans les causes et les conditions de sa formation,
documents d’urbanisme. l’ensemble dans lequel elle se forme s’inscri­
On peut citer d’autres inventaires de pro­ vant dans une structure rurale ou dans une
tection: structure d’urbanisation. La formation d ’un
— les zones importantes pour la conserva­ parcellaire d’urbanisation peut résulter, soit
tion des oiseaux (zico) ; de la partition d’une parcelle initiale en lots
— les zones de conservation spéciale ; réguliers, destinés ou non à porter un habitat
— l’inventaire de 1 706 sites (en mai 2007), individuel (lotissements), soit, au contraire,
couvrant 6,82 millions d’ha ( 12,4 % du territoire du regroupement de plusieurs parcelles voi­
métropolitain par le ministère de l’Environ­ sines en vue d ’y implanter, par exemple, de
nement en conformité avec la directive euro­ grands immeubles, voire de grands ensembles
péenne « Habitats » : ces sites doivent constituer d ’habitations. Toute urbanisation d’un secteur
le réseau écologique européen « Natura 2000 ». déterminé entraîne donc généralement une
Au total, près de 30 % du territoire national modification du parcellaire et de sa densité
est concerné par une des protections précé­ (nombre de parcelles par unité de surface).
dentes (non compris les zones de préemption Dans tous les cas, la formation et l’orientation
des périmètres sensibles et les znieff), dont des parcelles sont déterminées par la présence
1,7 % par une protection forte (cœur des parcs d ’une voie d’accès qui en constitue Tune des
nationaux, réserves naturelles et acquisitions limites. L’urbanisation est donc génératrice à
du Conservatoire du littoral, non compris les la fois de parcelles et de voies.
forêts soumises au régime forestier, qui repré­ La parcelle, portion de l’espace, est aussi
sentent 8 % du territoire métropolitain). une unité de propriété : le parcellaire repré­
P. M. sente donc l’ensemble du système d ’appro­
priation foncière d ’un espace. À ce titre, il est
* Écosystème ; Parc ; Paysage ; Réserves foncières ; Site. lié à la notion de cadastre.
Selon Hérodote, il existait en Égypte, à
l ’époque des pharaons, une sorte de cadastre
PARCELLAIRE délimitant les propriétés et permettant de
répondre aux contestations qui s ’élevaient à
Ensemble de la division du sol en parcelles la suite des débordements périodiques du
et sa représentation cartographique. Désigne Nil. En Grèce, sous la domination romaine,
généralement tout partage du sol et l’ensemble des plans parcellaires avaient été gravés sur
des lots qui le constituent, quelles que soient marbre ou sur bronze. En France, jusqu’à la
leurs dimensions ou leurs formes. En tant que fin du xvm e siècle, le parcellaire n ’a donné
portion de l’espace, la parcelle est définie par lieu que localement à des plans précis, et les
des limites précises, chaque limite étant plans terriers, qui constituaient une image
concrétisée par une ligne topographique visible exacte des propriétés seigneuriales, tant en
au sol et commune avec la parcelle voisine. milieu urbain que rural, et qui permettaient de
Les différentes parties du contour d’une par­ régler tous les litiges concernant les droits
PARCELLE 538

attachés à une seigneurie, montrent que ces cours d ’eau, glaciers, rochers, dunes, marét
propriétés étaient délimitées sur la base de la cages, etc.) ne sont pas divisées en parcelles. A
parcelle. À chaque parcelle étaient liés un nom la parcelle bâtie se rattachent la taxe d’habita­
de propriétaire, de locataire ou de tenancier, tion, la taxe professionnelle, la taxe foncière et
une indication précise de sa surface, sa conte­ la taxe d’enlèvement des ordures ménagères!
nance, son utilisation, sa classe ou son revenu. Chaque parcelle fait l’objet d’une fiche.
Toutes ces indications ont permis peu à peu Le parcellaire sert enfin de base à de nom?
l’établissement de véritables cadastres parcel­ breuses fonctions autres que fiscales. En tant
laires. À partir de 1791, des tentatives de levés que trame foncière, il forme le cadre obligé de
parcellaires ont été faites par commune, mais toute opération d’urbanisation et d’aménage­
c ’est seulement par la volonté de Napoléon ment en général : à ce titre, il apparaît comme
que ces levés ont commencé à être systéma­ l ’image la plus précise de l ’histoire d ’uh
tisés, par la loi du 15 septembre 1807 créant espace. La division d’un terrain en parcelles
un cadastre parcellaire de la France, « dernier (lotissement) en vue de la construction indivi­
degré de perfection auquel le cadastre peut duelle est une forme très répandue d’opération
atteindre » selon Gaudin, ministre des d’urbanisme : elle fait l ’objet d’une autorisa­
Finances d’alors. Ce plan parcellaire a été réa­ tion spécifique. Le parcellaire constitue aussi
lisé entre 1808 et 1850, et la France a été le un instrument privilégié pour l’établissement
premier pays à se doter d’un cadastre parcel­ des recensements nationaux, la constitution de
laire général. Des cadastres existaient cepen­ banques de données, l’établissement des p o s
dant dès le xvme siècle dans certaines régions et des p l u et, d’une façon générale, pour toutes
d’Italie : Milanais, etc. les opérations ayant pour but la connaissance,
La parcelle, unité de propriété, est donc l ’aménagement et la gestion de l ’espace â
aussi une unité cadastrale à caractère fiscal. grande échelle. *
En tant que portion du sol, elle fait l ’objet B. Ri
d’une évaluation distincte pour l’assiette de la
contribution foncière. La parcelle correspond, Cadastre; Clôture; Lot; Lotissement; M orphologie (urbaine);;
Tissu urbain; Voirie. ; j
en principe, à une portion de terrain d’un seul
tenant, située dans un même lieudit, présen­
tant une même affectation et appartenant à un
même propriétaire. Chaque parcelle reçoit un PARCELLE - » Lot; Lotissement; Parcellaire >j .

numéro dans la section à laquelle elle appar­


tient. En zone urbaine, on considère comme
formant une seule parcelle appelée « sol », PARENTÉ - » Espace; Ethnologie rurale;
toutes les parties, contiguës ou non, d ’une Maison
même propriété bâtie, couvertes de construc­
tions ou formant dépendances (cours, pas­
sages, jardins, etc.) des bâtiments. PARIS —►Grand Paris; Statut de la ville et de
Sont assimilés à des « sols » les terrains non la région
cultivés, affectés à un usage commercial ou de Paris
industriel (chantiers, entrepôts). Les bâtiments
imposables à la contribution foncière sont
désignés par les numéros des parcelles corres­ PARKING ->• Politique de stationnement ;
pondantes. Un sol est dit indivis lorsque sa Stationnement
propriété est indivise ou entièrement entre les
mains d’une seule personne. Il est dit frac­
tionné, lorsque sa propriété est divisée entre PAROISSE -* Quartier
plusieurs copropriétaires de l’immeuble. Ce
sol est considéré comme « bien non délimité ».
Toutes les parties du territoire national consi­ PARTI
dérées comme arides, improductives ou faisant
partie du domaine public et, de ce fait, non sou­ Détermination, par un architecte ou un
mises à la contribution foncière (mes, places, urbaniste, du choix d’une solution parmi plu­
fortifications et ouvrages militaires, rivages, sieurs qui s ’offrent à lui.
139 PARTICIPATION

Le choix d ’un parti traduit souvent plu­ pertinents : participation des citoyens à la ges­
sieurs des faiblesses méthodologiques de la tion spatiale des communes médiévales
démarche du planificateur de l’espace. D ’une (cf. l ’utilisation de l ’exemple florentin par
part, le parti est par définition unique et inter­ Ch. Alexander, The Oregon experiment,
dit toute m odification, toute évolution : il Berkeley, 1975, trad. franç. Une expérience
s’impose à celui qui le retient, comme à ses d ’urbanisme démocratique, Paris, 1976); ou
commanditaires et à la collectivité des usa­ encore implication des habitants dans la
gers. D ’autre part, le choix d’un parti apparaît construction (architecture vernaculaire) de leur
comme une attribution souveraine du planifi­ demeure, en milieu rural ou urbain, dans les
cateur. À ce titre, il est à peine besoin de justi­ sociétés préindustrielles ou traditionnelles.
fier ce choix. C ’est la raison du décalage, C ’est dans ce contexte qu’a émergé en
souvent manifeste, entre les analyses préa­ France la notion d’« ateliers publics d’architec­
lables et les solutions retenues. ture et d’urbanisme» fédérant habitants, élus
Les méfaits de ces choix brutaux ont été et techniciens. L’aspiration se heurte notam­
réduits par la multiplication des enquêtes préa­ ment aux distorsions de contenu entre exper­
lables, selon la méthode recommandée par tise technique, exercice d’un mandat électoral
Patrick Geddes, puis par l ’introduction de la et appartenance à un lieu de résidence.
notion de flexibilité et l ’emploi des méthodes Aujourd’hui, la complexité qui caractérise
scientifiques de préparation de la décision les structures politiques, socioéconomiques et
(analyse multicritères). techniques des sociétés modernes rend
P. M. impossible une implication immédiate de ce
type, sinon à une échelle limitée, locale ou
Documents d'urbanism e; Urbanisme. ponctuelle, sous la forme de groupes ou
d’associations plutôt que sous la forme indi­
viduelle.
PARTICIPATION D e fait, la notion de participation est
employée à la manière d’un concept régula­
Action consistant à prendre part. Ce terme teur. Son contenu reste flou, masquant des réa­
est surtout utilisé par la réflexion politique lités très diverses, allant d ’une assistance
pour différencier, selon les régimes, les camouflée à une lutte ouverte, issues d ’initia­
niveaux d’implication des citoyens dans la tives individuelles ou institutionnalisées.
décision politique. A insi, elle a pu désigner des expériences
En matière de gestion de l’environnement, conçues et encadrées par des praticiens occi­
la notion de participation a connu une vogue dentaux, tantôt dans des pays en voie de déve­
considérable depuis les années 1960 où elle loppement où il s’agissait de contribuer au
est apparue dans le double contexte des études logement des plus défavorisés, soit par la pro­
et des luttes urbaines, répondant à la critique motion de nouvelles méthodes et procédures
des modes de production de l’environnement plus ou moins dérivées de la tradition locale,
bâti ainsi que de leurs effets, tant dans les soit en contrôlant des processus d’urbanisa­
pays développés que dans ceux en voie de tion spontanée ; tantôt dans des pays déve­
développement. La participation des indivi­ loppés où il s ’agissait soit d ’aider l ’auto­
dus et/ou des groupes à la production-gestion affirmation de minorités, soit d’initier par une
de leur cadre de vie apparaissait comme une véritable pédagogie, à l’oceasion d’opérations
nouvelle panacée, à la fois instrument d’inté­ ponctuelles, de nouveaux modes de collabora­
gration psychosociale (notamment dans le cas tion des usagers avec architectes et techniciens
des minorités ethniques et des catégories du bâtiment (cf. les expériences d’Alexander
sociales défavorisées) et un outil économique aux États-Unis, celles de R. Piano ou de G. di
pouvant contribuer à résoudre le problème du Carlo, en Italie).
logement social (cf. J. F. C. Turner, Freedom Mais le terme de participation est aussi
to build, Londres-New York, 1972). appliqué à l ’action de groupes institutionna­
Ces théories dénoncent avec justesse une lisés, comme les associations diverses concer­
carence des sociétés modernes. Mais elles nées par le cadre de vie et le logement. À
calquent généralement leur concept de par­ l’échelle municipale, la participation a trouvé
ticipation sur des modèles historiques non un terrain privilégié dans les pays de tradition
PARTICIPATION À LA DIVERSITÉ DE L'HABITAT 540

décentralisée. Ainsi, certaines municipalités formes de dialogue et d’interaction entre le


italiennes, le plus souvent communistes, ont pouvoir et les usagers de l’environnement bâti;
lancé une série d’expériences que symbolise J.-M. B. et P. Mtf.
l ’exemple de Bologne (cf. Cervellati et al.,
La nouvelle culture urbaine, l ’expérience de -» A d v o c a c y p l a n n i n g ; Appropriation ; Association; Comité («P
conseil) de quartier ; Habitat ouvrier ; Logement social ; Luttes
Bologne, Paris, 1981). Par le canal de comités urbaines.
de quartier et d ’instances relayant certains
services du conseil municipal, des représen­
tants des habitants prennent directement part PARTICIPATION À LA DIVERSITÉ
aux décisions budgétaires et opérationnelles DE L'HABITAT Loi d'orientation
concernant la construction neuve et l’instau­ pour la ville ; Programme local de l'habitat t
ration de nouveaux équipements ainsi que la
gestion du patrimoine immobilier de la ville
(politique de logement et contrats avec les PARTICIPATION DES AMÉNAGEURS
propriétaires, choix de nouveaux usages pour ET DES CONSTRUCTEURS
les monuments, options concernant la moder­
nisation et l’entretien, etc.). Il est cependant Ressource d’investissement du budget des
facile de repérer les limites de ce type de par­ collectivités locales généralement versée par
ticipation, solidement encadrée et orientée par un aménageur ou un constructeur et destinée à
les partis politiques et les techniciens. financer les coûts publics d ’urbanisation;
Eh France (cf. déjà Plan-Construction, Par­ conséquences de l’opération engagée. Les par­
ticipation des habitants à la conception et à la ticipations remplacent la taxe locale d’équipe­
réalisation du cadre bâti, 1973), la décentrali­ ment (tle) lorsque l ’opération est située dans
sation a attiré l’attention de l’administration une zone d ’aménagement concertée (zac).
sur la participation, présentée comme un Elles font l ’objet de négociations entre l’amé­
contrepoids nécessaire de la planification. nageur et la collectivité, puis sont inscrites,,
Entre autres mesures, le «projet de quartier» dans le bilan financier de l’opération.
remplaça alors le « plan de référence » pour Les participations viennent grever la charge
mettre les habitants en situation de contribuer foncière de l’opération. Leur montant, outre
aux orientations d’aménagement d’un terri­ l’effet des négociations, est largement déterç
toire dit de proximité. Les associations qui ont miné par le prix acceptable pour le marché du
jusque-là incarné la participation ont gagné terrain viabilisé ou des constructions en aval
une audience régionale en spécialisant leur et par le prix du terrain nu en amont. Dans le
champ d’intervention : elles sont à ce titre cas d’une opération sur des terrains agricoles
intégrées aux organes consultatifs institution­ au prix faible, la participation de l’aménageur,
nels, telle la Commission régionale du patri­ pourra être importante ; son montant sera jus,-
moine et des sites. Au plan local, des tifié par l’ampleur des investissements publics
associations de tous ordres sont répertoriées à réaliser dans une zone non urbanisée. En
dans l’univers incertain de la « société civile » centre-ville, au contraire, où le terrain est
et sollicitées pour jouer le rôle d ’aiguillon cher, et les prix des constructions limités par
auprès des élus, comme c’est le cas dans les la demande solvable, notamment lorsqu’il
conseils de développement des pays. Cette s’agit de logements aidés aux prix plafonnés,
évolution n’a pas neutralisé les tentatives les participations seront restreintes. ..
d’instrumentalisation de la participation par Mais ces principes à caractère général ne
les couches sociales porteuses d ’un capital s ’appliquent pas forcément car la loi du
culturel. Soucieuses d ’éviter la sanction du marché est notablement influencée par dés
suffrage universel, elles tendent souvent à tra­ cycles de longue ou de moyenne durée. En
verser leurs propres aspirations sous le période de haute conjoncture - cas de la région
masque de l’« intérêt général ». d ’île-de-France avant 1991 et de 1999 à
Il convient donc de ne pas se leurrer quant 2008 - , les perspectives spéculatives des amêf
au sens et à la portée de la participation dans nageurs ont pu les inciter à inscrire dans leurs
les sociétés actuelles. Toutefois, cette notion bilans prévisionnels des participations impor»
devrait conserver un rôle normatif et pourrait tantes gagées sur des opérations de bureau
sans doute permettre d’inventer de nouvelles apparemment lucratives. Le retournement de
541 PARTICIPA TION DES EMPLOYEURS A L'EFFORT DE CONSTRUCTION

la conjoncture de 1991 à 1998 a rendu illu­ différents emplois de la peec, et les montants
soire les participations promises aux collecti­ correspondants, sont désormais fixés par
vités. Certaines d’entre elles, parties prenantes l ’État dans un cadre législatif et réglementaire
dans le capital des sociétés d’économie mixtes et non plus dans un cadre conventionnel (près
d’aménagement, ont même dû renflouer les de 30 conventions depuis 1996). L’Agence
finances des opérations. nationale pour la participation des employeurs
L’évolution de la jurisprudence a rendu à l ’effort de construction (anpeec), créée en
plus délicate l’utilisation des participations. 1987, voit sa mission recentrée sur l’évalua­
En particulier, il n’est plus possible de faire tion et le contrôle des acteurs du 1 % loge­
financer des équipements collectifs destinés à ment, tandis que l’union d ’économie sociale
l’ensemble de la population municipale par du logem ent (uesl), créée en 1996, est
des participations en provenance d’une zac réorientée vers la gestion des fonds, la mise en
particulière : les participations doivent impé­ œuvre des politiques nationales d’emploi des
rativement concerner des équipements inté­ ressources du 1 % et l’application de la loi de
ressant uniquement l’opération elle-même. 2009 instituant le droit au logement opposable
V. C. (en utilisant une partie des droits de réserva­
tion des collecteurs au bénéfice des salariés et
-* Chargé foncière; Programme d'aménagement d'ensem ble;
Taxe à la valeur ajoutée Im mobilière; Taxe locale d'équipe­
demandeurs d’emplois désignés comme prio­
ment. ritaires).
Le 1 % logement est recueilli par les comi­
tés interprofessionnels du logem ent ( cil)
PARTICIPATION DES EMPLOYEURS ou par des chambres de commerce et d ’indus­
À L'EFFORT DE CONSTRUCTION trie (cci). Les pouvoirs publics encouragent
les fusions entre ces collecteurs dans un
Également appelée « 1 % logem ent », et souci d’efficacité accrue. En 2010, le réseau
récemment rebaptisée «Action logement», la comprend 21 cil (102 cil et 14 cci en 2007,
participation des employeurs à l ’effort de 111 cil et 24 cci en 2003).
construction (peec), instituée en 1953, est une Les collecteurs redistribuent historique­
contribution obligatoire des entreprises pri­ ment les fonds de deux façons traditionnelles :
vées non agricoles de plus de 20 salariés à la — aide aux salariés accédant à la propriété :
solution des problèmes de logement de leurs le 1 % fournit des prêts complémentaires d ’un
salariés (jusqu’en 2005, le seuil d’assujettisse­ montant variant de 6 400 € à 17 600 € suivant
ment était fixé à 10 salariés). les régions (représentant environ 5 % du coût
À l’origine, la contribution était de 1 % de de l’opération), dont le taux d ’intérêt est avan­
la masse salariale de l’année antérieure. À la tageux (1,5%) : ces prêts à taux réduits sont
suite de baisses successives, elle s ’établit, réservés aux primo-accédants ou aux ménages
sans changement depuis 1991, à 0,45%, Les en situation de mutation professionnelle ;
•essources du 1 % sont supérieures à la col- ■
— financement aux bailleurs sociaux pour
ecte annuelle (1,6 milliard d ’€ en 2007) le montage financier d’opérations locatives
tuisqu’elles incluent aussi les retours de prêts sociales : en contrepartie du prêt du 1 % loge­
2,2 milliards pour les prêts à long terme). En ment, une partie des logements créés est réser­
1007, les ressources de la peec contribuent à vée aux salariés des entreprises, soit sous
lauteur de 8 % environ à l’effort national en forme d’un «droit unique» pour l’attribution
àveur du logement. d’un logement par le financeur, soit sous la
Le cadre législatif et réglementaire du 1 % forme d’un « droit de suite » pour les attribu­
ogement est fixé par les articles L.313-1 et tions successives d ’un logement pendant la
mivants et R.3313-1 et suivants du Code de la durée de son financement.
instruction et de l’habitation. La loi de mobi- Ces deux domaines d’intervention sont tou­
isation pour le logement et la lutte contre jours d ’actualité, mais l ’intervention du 1 %
'exclusion du 25 mars 2009 a engagé une logement s ’est progressivement diversifiée.
éforme du 1 % logement et de sa gouver- Dans l ’emploi des ressources du 1 % loge­
lance afin de réorienter ses ressources vers ment, les principaux champs d’intervention
es axes prioritaires de la politique du loge- sont les suivants :
nent et de réduire les coûts de gestion. Les — les aides à la personne, pour :
PARTICIPATION DES EMPLOYEURS A L’EFFORT DE CONSTRUCTION m.

• l’accession à la propriété : le prêt « 1 % » — les financements à destination des


traditionnel est complété par le dispositif bailleurs sociaux, prêts et subventions (« 1 %
« Pass foncier » créé en 2006 : ce prêt permet relance »), pour des logements locatifs sociaux
soit le «portage» de l’acquisition du foncier et intermédiaires ; i»
par le 1 % logement, soit la mise en place — le financement d’associations agréées
d’un différé d’amortissement afin de sécuriser par l ’État comme les agences d ’informations
l’accédant et d’alléger ses charges de rem­ sur le logement (adil) ;
boursement pendant une première période ; — la politique de la ville: des conventiohf
• le prêt «Sécuri-pass » qui sécurise les successives depuis 2001, puis la loi du 25 mark
accédants en difficulté par un allègement tem­ 2009 ont renforcé l’effort du 1% logement
poraire des mensualités ; en faveur du renouvellement urbain dans les
• le prêt social de location accession « psla » ; quartiers en difficulté : financement de l’Agence
• le 1 % a aussi participé par le passé au nationale pour la rénovation urbaine (anru)
financement du prêt à taux zéro ; pour la mise en œuvre de démolitions, cons­
• l’accès au logement locatif : les aides tructions et réhabilitations, et de l’Association
«Locapass» (avance et garantie) ouvertes foncière logement (afl), qui réalise des pro­
en 1998 aux jeunes locataires, sans lien grammes de logements locatifs (libres où
mécanique avec le versement de la peec, sociaux) dans un objectif de mixité sociale des
permettent de financer le dépôt de garantie quartiers;
demandé par le bailleur et d’assurêr à celui-ci — l’amélioration du parc privé : finance­
une garantie couvrant temporairement les ment de l’agence nationale de l’habitat
impayés de loyers : cette garantie est progres­ (anah) et du programme national de requali­
sivement remplacée depuis 2007 par le « Pass fication des quartiers anciens dégradés
grl » (garantie universelle des risques loca­ (pnrqad) ; interventions sur les copropriétés
tifs), visant la sécurisation des locataires ainsi dégradées hors anru.
que celle des bailleurs ; Si le 1 % logement reste fidèle à sa fonc­
• la mobilité professionnelle: subvention tion originelle - aider les salariés dans leur
« Mobili-pass » pour les salariés en mobilité parcours résidentiel et professionnel - , cette
professionnelle, que ce soit à l ’embauche ou action s ’est largement diversifiée. De nou­
pour une mobilité interne à l ’entreprise ; veaux objectifs ont été définis, notamment
Au sein de cette catégorie d’emploi, les dans le domaine de l’amélioration du parc
prêts d’accession traditionnels ont donc dimi­ privé et de la rénovation urbaine. La clientèle
nué en faveur de nouveaux emplois, pour par­ du 1 % logement s’est également élargie, par
tie mis en place sur le principe du droit ouvert exemple en direction des entreprises assu­
(tout demandeur qui remplit les conditions jetties indépendamment de leur taille et pour
peut bénéficier de l’aide): des publics plus diversifiés comm e les
— les aides aux populations connaissant jeunes, les étudiants boursiers (Loca-Pass
des difficultés particulières : en 1975, la peec grl). ■
a été invitée à s’intéresser aux foyers de tra­ Au cours des années récentes, on a aussi
vailleurs migrants et plus généralement au constaté un développement des subvention?
logement des démunis (à hauteur de un neu­ (près des deux tiers des aides) qui fait craindre
vième des sommes investies); en 1997, la à terme, si cette tendance se prolongeait, un
convention dite « 10% », reconduite dans une tarissement des fonds. Dans le même sens, on
nouvelle version de 2006 à 2013, a prévu que peur regretter une mobilisation de la p e e c
10 % des ressources (collecte et retour de prêts) vers des emplois qui s’éloignent de sa desti­
sont employées en faveur des populations nation première et une budgétisation des
connaissant des difficultés particulières fonds (financement de I’anàh et de I’anru
d’accès ou de maintien dans le logement, ce par le 1 % logement de 2009 à 2011).
qui comprend un plan pour les foyers de tra­
H. J.
vailleurs migrants et un second volet d’aides
en faveur des jeunes de moins de trente ans, des Accession à la propriété; Agence nationale de l'habitat
salariés en mobilité professionnelle, en reprise ( a n a h ) ; Agence nationale pour la rénovation urbaine ( a n r u ) ;
Aide à la personne; Aide à la pierre; Crédit imm obilier;
d’emploi, en recherche d’emploi et des salariés Habitation à loyer modéré ( h l m ) ; Mobilité résidentielle;
pauvres sortant de structures d’hébergement ; Renouvellement urbain; Rénovation urbaine.
543 PATRIMOINE

P A R V IS — soit d’ordre culturel (du tableau ou du


livre au paysage organisé par l’homme) ;
Jusqu’au xme siècle, le parvis de la cathé­ — soit d’ordre naturel (ressources, sites ou
drale était la seule « place publique » de la «monuments» naturels).
ville médiévale. Le fait que les abords des Il ne sera question ici que des biens inté­
grands édifices religieux aient été dégagés à ressant directement l’urbanisme.
partir de l ’époque classique ne doit pas faite
oublier que le parvis, devant le porche princi­ 1/ Parmi les biens culturels, une évolution,
pal, était de très petite taille, dominé par le constante depuis la fin du xixe siècle, a fait
jaillissement de la masse de l’édifice. attribuer une valeur historique, esthétique,
Cette dynamique spatiale, cette échelle de scientifique... universelle ou nationale,
place (qui n’était d’ailleurs pas volontaire), comparable à celle des monuments dits histo­
nous paraîtrait aujourd’hui curieuse, et proba­ riques, à une série d ’objets construits et
blement angoissante. Les réaménagements les d ’espaces qui se prêtent mal à la désignation
plus récents de ce type de lieu semblent cepen­ de monument et qu’on préfère subsumer sous
dant heureusement rechercher une relation la notion de patrimoine. On distingue ainsi, en
plus étroite de l ’édifice avec le bâti. C. Sitte particulier :
soulignait à la fin du xixe siècle combien le • ■•Lé patrimoine architectural qui, outre
dégagement abusif des places écrasait les bâti­ l’architecture populaire, comprend désormais
ments qu’il était censé mettre en valeur. Le l’architecture vernaculaire ainsi que l ’archi­
parvis est probablement une échelle à réinven­ tecture et les ensembles ruraux, d’abord
ter, encore faut-il que le bâtiment correspon­ reconnus et protégés par les paÿs Scandinaves
dant fasse l’objet d’une fréquentation sociale qui, dès les années 1920, créèrent à cet effet les
appropriée. premiers musées de plein air. En France, ce
P. N. patrimoine commence à être bien repéré et
connu grâce aux travaux de l’ethnographie
Espace public; Place. rurale. En revanche, et à l ’encontre du patri­
moine urbain, cet héritage rural demeure peu
valorisé et, sauf sous une forme muséogra­
PÂTÉ DE MAISONS -> Ilot phique, d’ailleurs peu développée, il est insuf­
fisamment protégé bien que les procédures
relatives aux abords et aux sites puissent le
PATENTE -> Taxe professionnelle concerner, et se trouve aujourd’hui menacé
d’adultération ou de disparition. En outre,
dans de nombreux pays européens, se fait jour
PATRIMOINE la volonté d’inclure dans le patrimoine l’archi­
tecture du x x e siècle. Mais la protection et la
Du latin patrimonium, « bien d’héritage qui conservation de celle-ci posent de difficiles
descend, suivant la loi, des pères et des mères problèmes quant aux critères de choix des
à leurs enfants » (Littré). Par extension, ce édifices retenus (intérêt typologique, tech­
terme en est venu à désigner les biens de nique, esthétique) et quant aux coûts de leur
l ’Eglise, les biens de la couronne puis, au restauration ou de leur réutilisation.
xvm e siècle, les biens de signification et • Le patrimoine urbain qui comprend les tis­
valeur nationales d ’une part, universelles de sus, prestigieux ou non, des villes et ensembles
l’autre (patrimoine scientifique, patrimoine traditionnels préindustriels et du XIXe siècle, et
végétal et zoologique, etc.). tend à englober de façon plus générale tous les
Aujourd’hui, sous la double poussée de tissus urbains fortement structurés. La notion de
rhistoricisme croissant et surtout de la prise patrimoine urbain a été proposée pour la pre­
de conscience des dangers et menaces mière fois par G. Giovannoni ( Vecchie città ed
engendrés par l ’industrialisation, l’urbanisa­ edilizia nuova, 1931). En France, sa reconnais­
tion et les nuisances qui en sont solidaires, ce sance tardive a été imposée avec difficulté par la
terme en est venu à désigner la totalité des loi Malraux sur les secteurs sauvegardés, qui fût,
biens hérités du passé (du plus lointain au plus au premier chef, une réaction contre les rénova­
proche). tions massives des centres urbains entreprises à
PATRIMOINE 54*

partir des aimées 1950, conformément à la doc­ Giovannoni avait aussi, le premier, mis
trine des c i a m ................................. l ’accent sur la valeur sociale du patrimoine
Schématiquement, la reconnaissance du urbain ancien. Depuis, ces idées ont été
patrimoine urbain a été préparée et réalisée reprises et appliquées en Italie, notamment par
au cours de trois étapes qui se sont déroulées la ville de Bologne. Elles ont reçu une consé­
successivement dans trois pays différents, la cration à l ’échelle internationale dans la
Grande-Bretagne, l ’Autriche et l ’Italie et Recommandation dite de Nairobi « concernant
qu’on peut lier aux trois noms symboliques la sauvegarde des ensembles historiques op
de Ruskin, Sitte et Giovannoni. traditionnels et leur rôle dans la vie contempo­
— Tout d’abord, dès les années 1840, raine », adoptée par la Conférence générale de
Ruskin découvre la valeur mémoriale de l’Unesco à Nairobi le 26 novembre 1976. .
l ’architecture domestique à laquelle il accorde À l ’heure actuelle, en France, les associât
le même prix qu’à l’architecture monumentale. fions de quartier qui militent pour la défense
C’est à ce titre qu’il est le premier à s’élever dé certains tissus du xixe et du x x e siècle
contre les destructions opérées, sous l’impact menacés de destruction par des z a c ont fait
de la révolution industrielle, dans les tissus découvrir la valeur sociale et conviviale de
traditionnels des villes européennes. Pour lui, ce patrimoine urbain «infra-ordinaire^
la conservation de ces tissus est exigée par la (G. Pérec). -,
piété due au travail des générations passées. Il , .

n’admet pas la transformation de la ville euro­ 2/ L’intégration de la nature (relief, faunes


péenne. couverture végétale dont sylvestre, eaux, etc.)
— Ensuite, Camillo Sitte (1889), sensible, au parmi les biens patrimoniaux ne s’est générai-
contraire, à la nécessaire mutation des espaces lisée qu’au x x e siècle où elle s ’est avérée un?
traditionnels, conçoit, le premier, la ville et les conséquence directe du développem ent pt
quartiers anciens comme des ensembles « histo­ s’est trouvée consécutivemept stimulée par
riques» dont l’usage est périmé et qui, pour la l’intérêt pour l’écologie. Les États-Unis qui, à
vie moderne, n’ont plus d’intérêt que pour l’art l’encontre des pays européens, ont, en matière
et le savoir. Son étude minutieuse des tissus patrimoniale, donné la précellence aux biens
anciens est essentiellement motivée par l ’espoir naturels sur les biens culturels en ont, les pre­
de découvrir des règles d’organisation esthé­ miers, élaboré des moyens de protection sp é­
tique de l’espace, transposables aux créations cifiques, sous la forme des parcs et réserves
de l’urbanisme contemporain. L’objectif propre naturelles. Ce sont là des « conservatoires », à
de Sitte n ’était pas la préservation des espaces bien des égards comparables à des musées de
traditionnels. Cependant, ses analyses sont à la nature.
l’origine d’une conservation muséale des villes La notion de patrimoine tend aujourd'hui*
historiques que traduit en partie la notion de non seulement à englober celle de monument
« ville d’art et d’histoire ». historique, mais à s’y substituer partiellement,
— Enfin, Giovannoni assimile, en les dépas­ dans la mesure où la conservation intégrée
sant, les deux démarches opposées de Ruskin et concurrence la conversation de type muséal, >
de Sitte. Dès 1913, dans un article qui anticipe
son livre majeur de 1931, il substitue au Les patrimoines culturel et naturel font
concept d’architecture domestique celui, plus l’objet d’une législation spécifique, évolutive,
général, d’architecture mineure, fait de la ville de même type que celle des monuments histo­
historique un monument en soi, irréductible à la riques. En matière de patrimoine culturel,
somme de ses parties, et surtout élabore une cette législation consacre la même inflation,
théorie qui réintroduit les tissus anciens dans donne lieu aux mêmes difficultés (critères de
la vie contemporaine en les intégrant dans les sélection, par exemple), soulève les mêmes
plans directeurs d’urbanisme et en les réservant questionnements. Pour ce qui est du patrif-
à des usages adaptés à leur morphologie moine naturel, elle doit, en revanche, répondre
spécifique. Giovannoni a également développé à d’autres problématiques, notamment scienti­
une méthode de curetage (diradamento) des fique, économique et politique (cf. les conflits
ensembles anciens et il est à l’origine de la loi entre les intérêts divergents de Técologie et du
italienne du 29 juin 1939 sur les ensembles tourisme local que soulève, par exemple, là
historiques. protection de la montagne ou du littoral).
645 PAYS

L’introduction du terme patrimoine dans palais de Dioclétien à Split, place et jardins


la législation française date de la création de la à Wurtzburg, châteaux et forts du Ghana, Le
direction du patrimoine en 1998. Elle est Caire islamique, Ouro Preto au Brésil, Leptis
aujourd’hui intégrée à la direction générale Magna en Libye, Moenjodaro au Pakistan,
des patrimoines. C elle-ci est notamment Cité sacrée de Anaradhapura à Ceylan ; en
concernée par les monuments nationaux, France, basilique de V ézelay, mont Saint-
l’archéologie préventive, l’Inventaire général Michel, cathédrale de Chartres, etc.
du patrimoine culturel, et les espaces protégés. F. C.
Quant aux biens naturels, leur protection est
assurée par le ministère chargé de l’environne­ -> A b o rd s; Archéologie industrielle; Authenticité; Conserva­
tio n ; Conservation intégrée; Culturalisme; Ensemble histo­
ment. Elle est organisée par la loi du 10 juillet rique ou traditionnel ; Inventaire général du patrimoine
1976 qui prévoit notamment le classement en culturel Monument historique; Monument naturel; Musée;
Parc naturel; Paysage; Secteur sauvegardé; S ite; Zone de
réserve naturelle des « parties du territoire protection du patrimoine architectural; urbain et paysager
d’une ou plusieurs communes » aux fins de : {ZPPAUP).

— préservation d’espèces animales ou


végétales en voie de disparition ;
— reconstitution de populations animale PAYS
ou végétale ou de leurs habitats ;
— conservation des jardins botaniques ; Le terme désigne, au sens le plus général,
— préservation de biotopes et de forma­ une étendue que signalent certains caractères :
tions géologiques, géomorphologiques ou c ’est en ce sens que l’on parle par exemple
spéléologiques remarquables ; des pays chauds. Dans un second sens, le mot
— préservation ou restitution d ’étapes sur s ’emploie pour désigner le territoire d ’une
les voies de migration de la faune sauvage. nation et ses habitants.
Au plan international, une convention, C’est un troisième sens, plus restreint, le
adoptée par la Conférence générale de plus proche des origines latines, qui intéresse
l ’U nesco à Paris le 16 novembre 1972, et surtout les aménageurs : le pays est alors une
entrée en vigueur en 1975, fournit un cadre étendue limitée et dont la personnalité est si
administratif et financier pour la protection du claire qu’il est généralement désigné par un
« patrimoine mondial culturel et naturel ». nom populaire. La Brie, la Beauce en consti­
Celui-ci est constitué, d’une part, par les tuent de bons exemples. On est en continuité
monuments, ensembles et sites (œuvres de avec le sens du mot romain pagus, circons­
l’homme ou œuvres conjuguées de l’homme cription administrative de base et échelon
et de la nature) ayant « une valeur universelle majeur des horizons de la vie locale.
exceptionnelle du point de vue de l’histoire, La curiosité pour les dénominations cou­
de l’art ou de la science » ; d’autre part, par les rantes de pays est née en France avec Giraud-
monuments naturels, formations géologiques, Soulavie, en 1782, et devint centrale dans
sites naturels ayant «une valeur universelle l ’épanouissement des recherches régionales à
exceptionnelle du point de vue esthétique ou la fin du x ix e siècle. La critique de Lucien
scientifique ». Gallois (Régions naturelles et noms de pays,
Le Comité du patrimoine mondial, composé 1908) rappela l ’im précision du terme et
de représentants des Etats parties à la conven­ conduit les géographes français à l ’utiliser
tion, établit une liste des biens du patrimoine avec plus de prudence. .
mondial (la première a été publiée en 1979) Le terme de pays a connu une fortune sin­
et une liste des biens du patrimoine mondial gulière auprès de l’administration, au cours
en péril. La «valeur universelle exception­ des années 1970 : alors que l ’attention des
n elle» est déterminée par deux séries dis­ aménageurs s ’était jusqu’alors tournée vers
tinctes de critères pour les biens culturels les grandes régions et les centres urbains
(six critères plus un critère d ’authenticité) et majeurs, il est apparu que le dynamisme
naturels (quatre critères plus des conditions devait être favorisé à des échelons plus
d’intégrité). Ces critères, dont le maniement réduits, celui de la ville moyenne et celui du
s ’avère délicat, demanderont à être précisés pays. Le pays semble être l ’unité territoriale la
et affinés. Parmi les biens figurant sur la liste plus pertinente pour la recherche de la qualité
du patrimoine mondial, citons par exemple : de la vie. La grande enquête financée par le
PAYS 546

Crédit agricole en 1978-1979 a permis de pro­ pas exclusivement les territoires ruraux. Plus
poser une division fine du territorial national de la moitié (204) comptent la majorité de
sur la base des déplacements locaux les plus leur population dans l ’espace à dominante
fréquents. urbaine (défini par I ’ i n s e e : pôles urbains,
La politique des contrats de pays, déve­ communes périurbaines ou multipolarisées).
loppés à partir du printemps 1975, se propo­ 79 d’entre eux, polarisés par un grand pôle
sait de restructurer des zones rurales en urbain, sont même presque exclusivem ent
difficulté. Quelque 500 contrats de pays, urbains. Seuls 164 pays ont une population
concernant près de 10 000 communes et 6 mil­ en majorité rurale. Les pays sont de fait des
lions d’habitants, ont été signés entre 1976 et espaces de coopération intercommunale : des
1983. Ils ont été décentralisés auprès des 337 pays ayant adopté un statut formel, plus
régions à partir de 1983. de la m oitié (177) ont formé un syndicat
Le pays est devenu une pièce maîtresse de mixte, 29 un établissement public de coopé­
la politique française d ’aménagement du terri­ ration intercommunale, 17 un groupement
toire avec la loi Pasqua du 4 février 1995 et la d’intérêt public et un tiers (114) une simple
loi Voynet du 25 juin 1999. La première défi­ association. La plupart des pays sorti
nit le pays comme un territoire présentant une concernés par un (172) ou plusieurs (58)
cohésion géographique, culturelle, écono­ schémas de cohérence territoriale ( s c o t ) . De
mique ou sociale. La seconde précise les même, 39 des 45 parcs naturels régionaux
modalités de constitution des pays et prévoit recoupent le périmètre d’au moins un pays.
l’élaboration par les communes ou leurs grou­ L’objectif de cette politique d ’aménage-!
pements, en association avec le département ment du territoire, qui repose sur les pays et
et la région, d’une charte de pays. La charte de sur les agglomérations comme interlocuteurs
pays exprime le projet de développement de l’État et des régions, est que des projets
durable du pays en prenant en compte les communs de développement soient conçus à
dynamiques locales, notamment en matière cette échelle : tel est le rôle des chartes de
touristique. Elle vise à renforcer les solidarités pays et des contrats de pays ou d ’aggloméra­
réciproques entre la ville et l’espace rural. Le tion. La loi s r u du 13 décembre 2000 a prévu
pays peut conclure un contrat de pays qui qu’une charte de pays puisse tenir lieu de
s’inscrit dans le cadre du contrat État-région et schéma de cohérence territoriale ( s c o t ) à la
peut lui-même servir de cadre à un contrat de double condition qu’elle en reprenne les dis­
ville. Au 1er janvier 2008, il y avait 371 pays positions et qu’elle ait été soumise à enquête
dont 345 reconnus officiellement. Ils concer­ publique. La constitution de pays avait été
naient 47 % de la population (74 000 habitants lente après la loi Pasqua. Les incitations
et 79 communes en moyenne) et 81 % de la financières de la loi Chevènement du 12 juil­
surface (1 183 km2 en moyenne) de la métro­ let 1999 (dotation d’intercommunalité) et la
pole. On peut y associer les 25 territoires mis possibilité de contrats de pays visent à favori­
en place dans la région Rhône-Alpes selon des ser l’intercommunalité, à encourager le par­
bases proches de celles des pays, ce qui tage de la taxe professionnelle et à définir
conduit à plus de 50 % de la population métro­ de tels projets communs. De fait, la constitu­
politaine (et 84 % de la surface). Le comité tion des pays a été fortement accélérée et sou­
pour la réforme des collectivités locales a pro­ vent suivie de la signature de contrats de
posé, en mars 2009, de ne plus créer de nou­ pays.
veau pays. Pourtant, l ’existence même des pays est
Les pays peuvent être très divers : remise en cause. Le comité pour la réformé
ensemble homogène dont les habitants ont le des collectivités locales (dite comité Balladur)
sentiment d’appartenance à une même com­ a en effet proposé de ne plus en créer de nou­
munauté, bassin de vie et d’emploi, groupe­ veau. Cette proposition a été retenue dans le
ment construit sur une base volontariste. Ils cadre de la réforme territoriale de 2010. Mais
sont constitués à l ’initiative du préfet ou des les pays existants ne seront pas supprimés et
communes concernées après avis de la pourront continuer à souscrire des contrats de
commission départementale de coopération pays. En fait, ces contrats de pays sont rem­
intercommunale. Contrairement à une opi­ placés, pour la période de planification 2007­
nion souvent admise, les pays ne concernent 2013, par de simples conventions territoriales
547 PAYSAGE

qui prennent place dans le cadre du volet terri­ Les «représentations» ont joué un rôle
torial du contrat de plan État-région. important dans l’histoire des jardins, puis des
espaces verts : jardins chinois, japonais, per­
P.C. etP. M.
sans, arabes. Mais les références occidentales
Aménagement du territoire; Aménagement rural ; Contrat de principales sont successivement les jardins
pays ; Contrat de plan État-région ; Région ; Schéma de cohé­ toscans (en terrasses successives, pour se rap­
rence territoriale ( s c o t ).
procher de la perfection), le jardin français
(décor d’une fête perpétuelle, au dessin géo­
PAYSAGE métrique) et le jardin anglais (où des chemins
tortueux débouchent sur des perspectives
Littéralement, étendue de pays qui se pré­ faussement naturelles).
sente à un observateur. Le terme est aussi La logique fonctionnelle a ensuite prévalu.
employé par certaines écoles géographiques La conception des parcs et jardins, pendant la
pour désigner le milieu naturel synthétique, première moitié du x x e siècle, et jusque dans
objet d’une géographie physique globale. les années 1970, suivait le principe du
L’école des peintres paysagistes a été à «zonage vert»: espaces verts, plans d ’eau,
l’origine du mouvement anglais du landscape plaines de jeu, etc. La tendance actuelle, avec
qui s’intéresse rapidement aux vastes espaces le déclin de l’influence du fonctionnalisme,
autour des grandes demeures. Le souci de ramène aux jardiniers paysagistes, aux jardins
mise en valeur paysagère conduit à privilé­ d’intérieur, aux pergolas et aux plantes grim­
gier la succession, le défdement des images pantes : l’ombre, le mystère, la complexité et
que perçoit le passant et qui servent d’unité l ’intimité sont les mots clés de cette nouvelle
de mesure et de guide pour la réflexion des approche où jardin de ville, mail, promenades,
paysagistes. L’idée de paysage renvoie donc sentier, etc., remplacent zones et espaces verts.
à la représentation par l’homme de ce qui Il en résulte une redécouverte des plantes et
l’entoure : représentation objective (comme une plus grande richesse de leur utilisation.
dans l ’analyse des paysagistes anglais des La notion de paysage n ’était traitée juridi­
xvme et xixe siècles), mais aussi subjective, quement que par quelques dispositions du
influencée par l’imaginaire collectif. règlement national d ’urbanisme et par un
On peut d’abord constater le rapport entre contrôle des divisions foncières dans des par­
le paysage (et sa représentation) et l’idée de ties de communes identifiées comme nécessi­
nature. Mais si l’on s ’accorde sur le fait que tant une protection particulière. La loi du
l ’homme, au début de son histoire, était 8 janvier 1993 est la première à aborder la
attaché à la nature, puis s’en écarta de plus en protection et la mise en valeur des paysages.
plus, deux tendances opposées se partagent Elle prévoit notamment que l ’État puisse
l ’histoire des philosophies. Pour les uns, prendre des directives de protection et de mise
l’homme heureux à l ’état naturel perd le bon­ en valeur des paysages sur des territoires
heur en s ’en éloignant : c ’est le mythe du remarquables par leur intérêt paysager, définis
«bon sauvage». Pour les autres, l ’homme en concertation avec les collectivités territo­
s’humanise en se libérant de la nature: c ’est riales. Ges directives, élaborées à l ’initiative
notamment le processus d ’humanisation de de l’État ou des collectivités territoriales, sont
Hegel. C ’est également l ’avis de Toynbee, approuvées par décret en Conseil d’État. Les
car « il y a culte de la nature quand la nature documents d’urbanisme doivent être compa­
domine l’homme ». Pour Bachelard, l ’image tibles avec elles et elles sont opposables aux
a une fonction active. Elle a un sens dans la tiers s’il n’en existe pas. Les commissions des
vie inconsciente, elle désigne sans doute des sites, dont la com position est m odifiée,
intérêts profonds. Mais aussi elle vit d’un deviennent des commissions des sites, pers­
besoin p ositif d ’imaginaire. Les traits pectives et paysages. La même loi prévoit que
objectifs du paysage sont insuffisants pour les documents d ’urbanisme opposables aux
expliquer le sentiment de la nature. Si ce sen­ tiers ( pos , paz , et, depuis 2000, plu et carte
timent est si durable dans certaines âmes, communale) doivent avoir, parmi leurs objec­
c ’est que, dans sa forme originelle, il est à tifs, la préservation de la qualité des paysages
l’origine de tous les sentiments : c ’est le sen­ et la maîtrise de leur évolution et prévoir les
timent filial. prescriptions de nature à assurer leur protec­
PÉAGE 348

tion. Les autorisations d’utilisation du sol, et l ’Autriche, par exemple. Dans les années
en particulier les permis de construire et les 1930, l’art de la fresque monumentale fait utt
déclarations de travaux, doivent comporter retour triomphal dans l ’œuvre des peintres
des documents graphiques ou photogra­ m exicains: D. A. Siquieros, D. Rivera et
phiques précisant l’insertion dans l’environ­ J. C. Orozco. Promouvant une nouvelle icono­
nement et l’impact visuel des bâtiments ainsi graphie «héroïque et populaire», ceux-ci
que le traitement de leurs accès et de leurs s’assignent une tâche politique et didactique!
abords. Enfin, il devient possible de classer et pour « apprendre au peuple son passé »j!
comme espaces verts des arbres isolés, des couvrent d’images inspirées du folklore latino-
haies ou des plantations d’alignement. américain et de l’art précolombien les grandes
La loi du 2 février 1995 relative au renfor­ surfaces intérieures des édifices publics, rare*
cement de la protection de l’environnement a ment leur espace extérieur. îi
en outre introduit des dispositions relatives Leur œuvre n ’a cependant pas laissé d’ins­
aux entrées de villes (réglementation de l’affi­ pirer les peintres qui, à partir des armées 1970,
chage, règles d’implantation des constructions investissent les murs (en particulier les murs
par rapport aux voies publiques à plus de pignons aveugles, particulièrement inesthé­
100 m des autoroutes et voies express et de tiques) de certaines grandes villes, créant un
75 m des autres routes à grande circulation) et genre et un vocable (mural en anglais ; « mur
à la préservation des espaces remarquables peint» en français) nouveaux. Le mouvement
(enfouissement des réseaux électriques et télé­ commence aux États-Unis (N ew York, San
phoniques dans les parcs nationaux, réserves Francisco, Los A ngeles), sous des formes
naturelles et sites classés). Elle a en outre ins­ diverses qu’on retrouvera ailleurs : composé
titué une obligation d’entretien par leurs pro­ fions abstraites, trompe-l’œil (parfois géomé­
priétaires des terrains non bâtis situés en zone triques, mais le plus souvent intégrant le
d’habitation ou à proximité d’une telle zone. paysage urbain), compositions figuratives
P. M. et J.-P. M. traitées dans le style de F hyperréalisme, I
caractère politique et contestataire.
-> Espace vers; Jardin public; Parc; Parc national; Patrimoine; Cette animation de la ville p arla peinture
Site; Zone de protection du patrimoine architectural; urbain
et paysager (zppaup). traduit un questionnement interne propre à cet
art, mais elle exprime aussi la double problé*
matique de l’architecture et de la ville contem­
P É A G E-* Autoroute; Tarification poraines et, par ce contenu discursif, constitue
(des transports) une innovation. !
On ne mentionnera que pour mémoire la
coloration des bâtiments. Cette pratique,
PEINTURE qu’on trouve appliquée de façon sophistiquée
dans l’Antiquité, par exemple pour les temples
L’un des beaux-arts qui, dans la culture de la Grèce classique, n ’a cessé, à travers les
occidentale, a apporté une contribution signi­ siècles, d ’être mise en œuvre par l’architecture
ficative, de façon directe, à l ’aménagement vernaculaire dans certaines régions, notam­
esthétique des villes et, de façon indirecte, à ment dans le bassin de la Méditerranée. Les
leur conception et à leur morphologie. tentatives pour colorer les façades contempo­
La peinture à la fresque a été utilisée directe­ raines sont en revanche rarement accordées
ment pbur l ’ornementation dès façades de aux conditions locales (lumière, matériaux,
monuments et de maisons, dès le XVe siècle, en pigments disponibles) et codifiées par la cou­
Italie et dans de nombreux pays d’Europe cen­ tume, comme dans la tradition vernaculaire.
trale. L’usage des motifs décoratifs abstraits De façon indirecte, depuis le Quattrocento,
n’excluait pas la représentation figurée et, en la peinture a contribué au modèlement de la
particulier, le trompe-l’œil à base d’éléments ville occidentale, à la fois formellement et par
architecturaux. Cette tradition est demeurée ses thèmes figurés. Ainsi, à la Renaissance,
vivante et les décors traditionnels sont elle apporte à l’art urbain la perspective et ses
constamment restaurés ou reproduits dans variations sur le thème de la ville idéale. À
nombre de villes et villages de l’Italie (Ligurie partir de l ’âge classique, et avec l ’appui du
et Gênes, en particulier), de la Suisse ou de dessin et de la gravure, elle popularise le
549 PÉRIL (ARRÊTÉ DEI

thème de la ruine et multiplie les informations La pépinière d ’entreprises prend la forme


sur l’architecture de l’Antiquité. Elle concourt juridique d ’une société qui fait payer ses
ainsi à la reconnaissance et à l ’intégration du prestations aux entreprises qui s’y installent.
patrimoine ancien dans les villes, ainsi qu’à la Elle est animée par un groupe de pilotage qui
diffusion de nouveaux types architecturaux et réunit les représentants des collectivités, des
de nouveaux modèles d’espaces paysagers. organismes consulaires, des entreprises et
L’architecture du mouvement moderne a des associations impliquées dans l’économie
été marquée par les mouvements picturaux locale. Elle sélectionne les projets (en fait, au
d’avant-garde (cubism e, néo-plasticism e, moins autant la personne qui le porte que le
suprématisme), lesquels ont pu favoriser un projet lui-même).
urbanisme tournant souvent le dos à l ’art Les pépinières d’entreprises sont un élé­
urbain. Le constructivisme, pour sa part, a ment de base d’un technopole, mais peuvent
influencé certains projets du désurbanisme être présents dans d’autres cadres.
soviétique. L’éclatement de la ville actuelle, sa P. M.
fragmentation, les collages urbains (cf. Rowe
et F. Koetler, Collage City, Cambridge, 1978) Hôtel industriel; Localisation des activités; Parc d'activités;
Technopôle, technopole.
sont certes néo-sémantisables grâce à la pein­
ture, mais ne sont généralement pas issus
d’une visée esthétique délibérée.
PERCEPTION -+ Composition urbaine ;
P. Mo. et R. T.
Lisibilité
-* A rt; Art urbain ; Composition urbaine; Façadisme; M oderne;
Perspective; Renaissance.

PÉREMPTION -> Permis de construire

PÉNÉTRANTE -> Voirie


PÉRÉQUATION - » Dotation globale
de fonctionnement; Fonds de péréquation
PÉPINIÈRE D'ENTREPRISES de la taxe professionnelle

Structure offrant des locaux et des services


communs à des entreprises nouvellement PÉRIL (ARRÊTÉ DE)
créées en vue de faciliter la phase initiale de
leur développement. Acte par lequel le maire, autorité de police
Les pépinières d’entreprises offrent, le plus municipale agissant au nom de la commune,
souvent dans un bâtiment partagé, des et, à Paris, le préfet de police peuvent pres­
bureaux ou des ateliers accompagnés de pres­ crire à un propriétaire d ’effectuer dans un
tations administratives (secrétariat, communi­ délai déterminé des travaux de réparation ou
cations, comptabilité, etc.) qui permettent à de démolition de tous bâtiments lorsqu’ils
l ’entreprise de concentrer ses efforts sur menacent mine et pourraient compromettre la
l’objet même de sa création. La pépinière peut sécurité publique. Avant de prendre l ’arrêté de
apporter une aide à l ’élaboration du plan de péril, le maire signale au propriétaire le danger
financement, au choix des technologies, à et lui demande ses intentions ; si celui-ci n ’a
l’obtention des financements et des aides pas répondu dans le délai d’un mois, le maire
publiques. On peut distinguer les hôtels poursuit la procédure.
d’entreprises, où les services communs sont Eh cas de péril imminent, le maire, après
réduits ; les structures d’accompagnement et avoir averti le propriétaire, provoque la nomi­
de parrainage qui y ajoutent une offre de nation par le tribunal administratif, statuant en
conseils et de formation dans divers domaines référé d’un homme de l ’art chargé, dans les
(finances, comptabilité, gestion, etc.); les vingt-quatre heures, d’examiner l’état des bâti­
centres d’appui technologique, qui offrent en ments. Si celui-ci constate le péril grave et
outre les m oyens nécessaires à la mise en imminent, le maire ordonne les mesures provi­
œuvre d’innovations en liaison avec l ’envi­ soires de sécurité, dont l ’évacuation de
ronnement universitaire et scientifique. l’immeuble et, en cas d’inaction du propriétaire
PÉRIMÈTRE D'AGGLOMÉRATION

sommé d’avoir fait les travaux dans les délais tout si l’autorité publique souhaite être ren»
impartis, peut les faire exécuter d'office aux boursée du montant des travaux comme la loi
fiais du propriétaire. Dans le cas du péril immi­ l’y autorise, les problèmes les plus fréquent*
nent, l’architecte des Bâtiments de France doit ment soulevés étant liés à la structure des pro»
être averti si l’immeuble est protégé au titre priétés ou à l ’impécuniosité des propriétaires.
d’une des législations relatives au patrimoine. La législation relative au péril était une légis­
Le régime juridique des bâtiments mena­ lation ancienne, mal adaptée aux problèmes
çant ruine est fixé par les articles L 511-1 et de sauvegarde des bâtiments (la démolition
suivants du Code de la construction et de peut constituer une prime à l’absence d’entre*
l ’habitation et est issu d ’une très ancienne tien et autorise la reconstruction de bâtiments
législation française, relative à la police des que l’on eût voulu conserver), ainsi qu’à la
immeubles bâtis, fondée sur la préservation protection des occupants (non propriétaires)
de la sécurité publique. Cette procédure, qui en milieu urbain.
remontait au Code rural de 1898, n ’avait La loi Solidarité et renouvellement urbains
jamais été modifiée et comportait plusieurs du 13 décembre 2000 a fixé toute une série de
dispositions devenues obsolètes, telle l’homo­ mesures pour améliorer l’efficacité des dispo*
logation de l’arrêté par le tribunal administra­ sitifs juridiques, pour mieux responsabiliser
tif pour que celui-ci devienne exécutoire. les propriétaires et pour assurer le relogement
Lorsque le bâtiment était à usage d’habitation, des occupants. La procédure du péril a été pro­
aucune protection des occupants n ’était pré­ fondément sim plifiée par l ’ordonnance du
vue, l’arrêté de péril constituant alors un motif 15 décembre 2005 qui a supprimé l’homolo­
d’expulsion, tant bien même la responsabilité gation de l’arrêté de péril par le tribunal admi­
de l ’état du bâtiment incombait au proprié­ nistratif pour le rendre exécutoire ou pour
taire. Pour toutes ces raisons, la procédure du permettre l’interdiction d’habiter. Dès lors que
péril a été profondément modifiée et simpli­ le maire constate que l’état d’un bâtiment pré­
fiée par l’ordonnance du 13 décembre 2005 et sente un danger pour la sécurité publique ou
son décret d’application, sachant qu’une pro­ pour celle de ses occupants, faute pour le pro­
tection des occupants, identique à celle des priétaire, appelé à présenter ses observations et
occupants des immeubles insalubres, avait été à remédier au danger, d’avoir pris les mesures
instituée par la loi « solidarité et renouvelle­ nécessaires, il notifie au propriétaire un arrêté
ment urbains» du 15 décembre 2000. En cas de péril, sans expertise contradictoire.
de défaillance des propriétaires, l ’exécution La législation relative aux bâtiments mena­
des travaux prescrits a été facilitée, d’une part, çant ruine ne doit pas être confondue avec
dans les copropriétés et, d’autre part, par la celle de l ’insalubrité, même si leurs consé­
création de nouvelles sûretés pour garantir la quences de droit sont identiques lorsque les
créance de la commune. Enfin, le rapproche­ locaux concernés sont affectés à l’habitatiom
ment entre les régimes juridiques des bâti­ Elle ne doit pas, non plus, être confondue avec
ments menaçant ruine, lorsqu’ils sont à usage les nouvelles dispositions relatives à la sécu­
d’habitation, et les immeubles insalubres a été rité des équipements communs des immeubles
complété par l’inclusion des premiers dans le collectifs d ’habitation instituées par la ldi
champ de l’expropriation en loi Vivien. du 1er août 2003 d’orientation et de progranï-
Le régime du péril concerne essentiellement mation pour la ville et la rénovation urbaine,
des bâtiments inhabités dans les zones rurales ; mises en œuvre par une procédure analogue,
dans les grandes villes et, notamment à Paris, mais dont les effets de droit vis-à-vis des occû-
des immeubles non entretenus, souvent en pants sont différents. s
copropriété et habités jouent un rôle social de
N. B.
fait et peuvent menacer ruine, avec tous les
dysfonctionnements que cela entraîne. Des -¥ Insalubrité; Police administrative. :
propriétaires de logements situés dans un bâti­
ment menaçant ruine bénéficient des mêmes
aides majorées de I ’ a n a h qu’en insalubrité PÉRIMÈTRE D'AGGLOMÉRATION
pour effectuer les travaux de réparation. -> Agglomération ; Groupement
Par ailleurs, la procédure des travaux de’communes ; Syndicat Communautaire
d’office est difficile à mettre en œuvre, sur­ d'aménagement
561 PÉRIURBANISATION

PÉRIMÈTRE D'URBANISATION NOUVELLE tion. Économique, parce que de nombreux


-> Ensemble urbain ; Syndicat communautaire ménages et de plus en plus d’entreprises pré­
d'aménagement ; Syndicat d'agglomération fèrent une localisation périphérique où les ter­
nouvelle rains sont meilleur marché. Les entreprises y
trouvent souvent des conditions de fonction­
nement, notamment en matière de transport
PÉRIMÈTRE SENSIBLE - » Maîtrise foncière; routier, plus favorables et l ’éloignement fré­
Parc naturel ; Préemption quent des transports en commun n ’est plus
considéré comme un obstacle dirimant pour la
m ain-d’œuvre depuis la banalisation de
PÉRIPHÉRIE -> Banlieue ; Rurbanisation l ’automobile. Pour les ménages, les conditions
de financement du logement, et notamment
des aides à l’accession à la propriété imposent
PÉRIURBANISATION dans les faits un prix limité, donc des terrains
bon marché, qu’on ne trouve pas en ville et de
La périurbanisation correspond à une urba­ moins en moins dans les banlieues anciennes.
nisation périphérique autour des aggloméra­ La motorisation (et souvent la bimotorisation)
tions urbaines. Encore pourrait-on aussi est indispensable en raison de l’éloignement
l’interpréter comme l’urbanisation autour des de beaucoup de services et d’équipements et
villes, ce qui caractériserait le développement de la desserte médiocre par les transports en
périphérique des villes, bref les étapes succes­ commun.
sives de la banlieue depuis la révolution La périurbanisation prend le plus souvent
industrielle, voire les faubourgs. Il s’agit d’un la forme d’un habitat individuel de maisons
néologism e régulièrement utilisé dès les séparées avec jardin et garage. Cette occupa­
années 1960, voire parfois avant, mais qui n’a tion de l’espace est, au moins au départ, dis­
trouvé place dans les dictionnaires que dans continue, au gré des documents d’urbanisme
les années 1980. On retiendra comme défini­ communaux et des disponibilités foncières
tion de la périurbanisation : le mouvement des (mise sur le marché des terrains). Elle prend
pôles urbains (villes-centres et leurs cou­ le plus souvent la forme de lotissements ou de
ronnes urbaines) vers les communes classées « nouveaux villages ». Le dispositif du lotisse­
périurbaines par I ’ i n s e e . C ’est en quelque ment, parfois celui de la zone d’aménagement
sorte l’étape la plus récente de la banlieue, concerté ( z a c ) , sont le plus souvent utilisés.
après les grands ensembles des trente glo­ On peut estimer, par analyse des flux migra­
rieuses, encore qu’il ait eu des mouvements toires entre catégories de communes, le flux
de périurbanisation bien plus tôt, notamment de périurbanisation à environ 90 000 personnes
avec les lotissements de l’entre-deux-guerres. par an au cours des quarante dernières années.
On la confond souvent à tort avec la rurbani­ La périurbanisation a de nombreuses consé­
sation qui est le mouvement des pôles urbains quences sur divers plans. Démographiques
vers les espaces à dominante rurale. La péri­ d ’abord ; ce sont essentiellement des jeunes
urbanisation et la rurbanisation affectent ménages avec enfants qui s ’installent dans ces
souvent les villes de façon simultanée. Mais, quartiers périphériques. Sociales ensuite : le
de façon générale, la première a précédé la style de vie est modifié par l’éloignement des
seconde. équipements et des services et par la nécessité
Nombreux sont ceux qui, quittant ainsi la de recourir sans cesse à l ’automobile. En
ville ou la banlieue pour la périphérie urbaine, revanche, l’attente des périurbains de vivre
le justifient par un désir d’accéder à une mai­ comme à la campagne et de bénéficier d’un
son individuelle avec jardin et de bénéficier environnement plus sain est largement une
d’un meilleur environnement (paysage rural, illusion. L’économie obtenue sur le coût du
moins de bruit et de pollution). Mais en réalité logem ent est souvent compensée par les
la périurbanisation correspond d’abord à une dépenses de transport (automobile) supplé­
nécessité physique et économique. Physique, mentaires. Pour l ’espace rural, dans un pays
parce que la croissance de la population et des relativement peu dense comme la France, la
activités urbaines oblige à rechercher des ter­ conséquence est m oins la consommation
rains aux limites extérieures de l’aggloméra­ d ’espace rural (on peut l’évaluer à 50 000 ha
PERMIS DE BÂTIR

par an, par moitié environ pour la périurbani­ l ’instrument principal le plus efficace et le
sation et la rurbanisation, dont la moitié pour mieux connu du public ; de sorte que, dès
l ’habitat) que le sentiment de recul de leur 1945, le législateur a tenté d’en faire l’autorir
mode de vie traditionnel, surtout dans l ’agri­ sation unique de toutes les utilisations des
culture. Pour les pouvoirs publics, la périurba­ sols. D ’une autorisation très limitée, le permis
nisation, surtout si elle est dispersée, entraîne de bâtir, délivrée par les maires en matière de
des coûts d’équipement public qui peuvent santé publique depuis 1902, le permis de
être lourds. construire fut transformé en 1919 en autorisé
La tendance récente, accélérée par la crise tion d’urbanisme dans les villes de plus de
de l’énergie et la crainte du réchauffement cli­ 10 000 habitants, et étendu par la loi du
matique, est de réduire la mobilité en automo­ 15 juin 1943 à l ’ensemble du territoire.
bile et donc, sinon d ’interrompre la Depuis la loi d ’orientation foncière du
périurbanisation, du moins de la rendre moins 30 décembre 1967, le permis de construire
consommatrice d’espace, donc plus dense, et n’a plus pour objet que le contrôle préalable
plus ordonnée (en fonction des réseaux de des règles d’utilisation du sol et n ’a donc plus
transport en commun notamment). C ’est le celui, conféré par la loi de 1943, de contrôle
principe de la ville compacte. Encore faut-il préalable des règles techniques de construc­
que cette volonté se traduise dans divers docu­ tion. Il y eut une tentative de restriction dû
ments, en particulier dans les plans d ’urba­ champ du permis de construire, et surtout
nisme, et que l’opinion soit prête, sans pour d ’extension des cas de permis tacite après
autant renoncer à son désir de maison indivi­ une simple déclaration (loi du 3 janvier
duelle avec garage, à accepter des formes de 1969), mais, dès la loi du 31 décembre 1976,
groupement plus denses, telles que les mai­ le législateur a repris la voie de la généralisai
sons de ville (maisons mitoyennes alignées le tion du permis de construire et a souhaité lui
long des rues avec petit jardin à l’arrière). conférer le caractère d’« autorisation de syn­
P.M. thèse ». Le régime d’autorisation a même été
étendu aux démolitions (permis de démolir)
- f Agglomération ; Banlieue ; Lotissement ; Rurbanisation ; Ville et aux clôtures (autorisation d’édifier des clô­
compacte.
tures). La loi du 6 janvier 1986 a cependant
créé le régime sim plifié de la déclaration
préalable de travaux en cas de projet de faible
PERMIS DE BÂTIR -> Planification urbaine ampleur. La réglementation actuelle du perr
en France (historique) ; Permis de construire mis de construire est, au terme de cette évolu­
tion, devenue extrêmement complexe, et a
donné naissance à un abondant contentieux
PERMIS DE CONSTRUIRE Une procédure dite « d ’accordpréalable»
au permis de construire avait été instituée dès
Autorisation administrative préalable 1954. Elle consistait à émettre un avis de prim
nécessaire avant une opération de construc­ cipe sur une demande de permis après étude
tion. Le droit de l’urbanisme s ’est développé simplifiée; mais l ’avis favorable notifié au
en France autour du mécanisme de l’autori­ pétitionnaire créait des droits à son profit et
sation administrative préalable, qui assure la ne pouvait être remis en cause lors de la déli­
sanction des règles d’urbanisme et la maîtrise vrance du permis, qui demeurait en tout état
des pouvoirs publics sur l ’utilisation des de cause nécessaire. Cette procédure a été
sols par les particuliers. C ’est, aujourd’hui, supprimée par un décret du 28 mai 1970.
l’ensemble des utilisations des sols, de la plus Par le sursis à statuer, l’administration peut
complexe (l’opération d’urbanisme) à la plus suspendre temporairement sa décision concer­
élémentaire (l’édification d ’une clôture) qui nant un projet qui risquerait de compromettre
se trouvent soumises à une telle autorisation le parti d ’aménagement envisagé, pendant
préalable. En particulier, le droit de construire l ’élaboration ou la révision d ’un document
« s ’exerce dans le respect des dispositions d’urbanisme. La décision est prise par arrêté
législatives et réglementaires relatives à l’uti­ préfectoral motivé et ses effets ne peuvent
lisation du so l» (art. L 112-1 du Code de excéder deux ans. Exceptionnellement, ce
l ’urbanisme). Le permis de construire est délai pourra être prorogé d’un an si les deux
553 PERMIS DE CONSTRUIRE

décisions successives résultent de motifs dif­ principe d’inconstructibilité de zones proté­


férents. Au terme de ce délai, l ’administration gées par un POS ou un plu pour leur vocation
ne peut plus se fonder sur un projet de POS, agricole ou leur valeur paysagère. Les cas
puis de plu, non encore rendu public. Ce pou­ limites se sont multipliés dans ce dernier
voir de surseoir à statuer avait été reconnu domaine contentieux : la transformation d’un
pour la première fois par un décret de 1935 grenier en habitation relève du permis de
sur l ’aménagement de la région parisienne. construire, mais non celle d’une pension de
Les mêmes « mesures de sauvegarde » ont été famille en appartements ; l’installation d’un
prévues pour les projets d’aménagement en capteur solaire et le changement de forme
1943, les plans d’urbanisme en 1958, les d’un toit nécessitent un permis de construire ;
plans d’occupation des sols en 1970, les plu la surélévation d ’un bâtiment, même non
en 2000. Les articles L 111-7 à L 111-11 du visible de la voie publique, exige un permis,
Code de l’urbanisme ont étendu le mécanisme mais aussi, en toute logique, la diminution de
à toute une série d’autorisations (loi du volume d’une construction ; enfin, la division
31 décembre 1976): lotissement, permis de d ’une salle de cinéma en deux salles réno­
construire, permis de démolir, édification de vées, les travaux de surélévation effectués sur
clôtures, stationnement de caravanes, coupes une péniche habitée, n ’ont pas été jugés sou­
et abattages d ’arbres, exploitation de car­ mis à autorisation préalable. On peut regretter
rières, installations classées pour la protection que le champ de l ’obligation du permis de
de l’environnement. Le sursis est donc large­ construire soit en pratique fixé par une juris­
ment possible dans un nombre élevé d’hypo­ prudence qui n ’est pas toujours cohérente :
thèses où le projet soumis à autorisation est cela ne peut que développer le contentieux et
« de nature à compromettre ou à rendre plus rendre cette procédure opaque pour les usa­
onéreuse l’exécution du plan». gers. La cour d’appel de Paris avait, dans un
L’obligation d ’obtenir une autorisation arrêt du 7 avril 1976, suggéré trois critères :
administrative (permis de construire) s ’étant dimensions du bâtiment, matériaux utilisés,
peu à peu généralisée à toutes les activités caractère permanent ou éphémère. La Cour
de construction, l’article L 421.1 du Code de de cassation a proposé à plusieurs reprises
l ’urbanisme exige le permis de construire (1988 et 1997) la fixité et la permanence de
«pour les travaux exécutés sur les construc­ l ’installation, mais aucun texte n ’est venu
tions existantes, lorsqu’ils ont pour effet officialiser de tels critères.
d’en changer la destination, de modifier leur La tendance à l ’extension du champ du
aspect extérieur ou leur volume ou de créer permis de construire n ’a pas toujours été
des niveaux supplémentaires». L’exigence continue. Ainsi, la loi du 6 janvier 1986 a
du permis de construire paraît donc désormais supprimé l’obligation du permis de construire
quasi universelle, même si la notion de et l’avait remplacée par celle d’une déclara­
« construction existante » reste très large mais tion de travaux pour certaines constructions.
non indéfinie. En effet, le Code de l ’urba­ Ce dispositif, qui s’apparente à un permis de
nisme (art. L 421-1) précisant qu’y est sou­ construire simplifié - avec cette importante
mise « toute construction à usage d’habitation différence que, s ’agissant d ’une déclaration
ou non, même ne comportant pas de fonda­ préalable, l’absence de réponse négative ou
tions », la jurisprudence du Conseil d ’État et conditionnelle est la norme - , s’applique aux
de la Cour de cassation a précisé de façon installations techniques nécessaires au fonc­
assez empirique, par accumulation des cas tionnement des services publics (y compris
d’espèces, les locaux qui y étaient soumis les classes démontables), aux travaux de
(échappent ainsi à l’obligation une baraque de ravalement, aux travaux de très faible impor­
chantier ou un cabanon démontable). tance sur des monuments classés (qui font
La Cour de cassation a jugé que la nature l’objet d’une surveillance à ce titre) et aux
des travaux incluait la reconstitution à l ’iden­ travaux de faible importance. Ce dernier cas
tique d’un bâtiment détruit par un incendie concerne les habitations légères de loisirs de
(Cass, crim., 26 mai 1981), ce qui ouvre un moins de 35 m2 dans le cadre de structures
large champ à l’autorisation préalable de res­ d’accueil collectif, les piscines non couvertes,
tauration de «ruines», qui est apparue, en les serres agricoles, les constructions sans
France, comme le seul moyen de tourner le changement de destination et sans création de
PERMIS DE CONSTRUIRE 554

surface de plancher nouvelle ou, si le terrain nombreux : outre les cas précédents, notam­
portait déjà un bâtiment, créant moins de ment pour les immeubles de grande hauteur,
20 m2 de surface de plancher. La déclaration les constructions de locaux d ’activités de
de travaux est, comme le dossier de permis plus de 1 000 m2, en secteur sauvegardé ou si
de construire, instruite par le maire de la l ’avis de l ’architecte des bâtiments de France
commune si celle-ci est dotée d’un document ou d’une commission spécialisée est requis,
d ’urbanisme approuvé ( pos , plu ou carte dans les zones de bruit au voisinage des aéro­
communale), par la direction départementale dromes, en cas d ’avis divergent entre le
de l ’équipement dans le cas contraire. Le maire et la DDE, en cas de sursis à statuer, etc.
délai d’instruction est d’un mois (deux mois La loi Solidarité et renouvellement urbains
lorsqu’une protection particulière des lieux du 13 décembre 2000 a étendu la responsabi­
intervient). lité du maire au nom de la commune si celle-
L’adoption de la loi « Paysage » du 8 jan­ ci est dotée d’une carte communale et si elle
vier 1993 oblige désormais les constructeurs le décide. La commune peut déléguer ses
à inclure dans la demande de permis de compétences à un établissement public de
constmire des vues précisant l’implantation coopération intercommunale. En cas de non
par rapport au terrain naturel et des photogra­ réponse dans les délais réglementaires (deux
phies permettant d ’apprécier l ’impact des mois dans le cas général, davantage en cas de
constructions sur l ’environnement. Cette dis­ dispositions particulières, par exemple en site
position vaut également en matière de décla­ protégé), le permis de construire peut être
ration de travaux, de permis de démolir, de considéré comme délivré tacitement, mais de
création de terrains de camping ou de carava­ nombreuses dispositions encadrent cette pos­
nage et, de façon générale, pour toutes les sibilité.
procédures relatives à l ’utilisation du sol. Le permis de construire délivré (ou la
Cette obligation est étroitement contrôlée par déclaration de travaux tacitement acceptée)
les tribunaux administratifs, y compris pour autorise la réalisation des travaux dans les
les bâtiments agricoles. limites du projet déposé, des prescriptions
éventuelles fixées par l’administration et du
La délivrance du permis de construire est respect du droit des tiers. Le permis de
de la responsabilité du maire au nom de la constmire est affiché en mairie pendant deux
commune si celle-ci est dotée d’un document mois et sur le terrain pendant toute la durée
d’urbanisme (pos, plu ou carte communale) des travaux. Le constructeur, pour faciliter le
approuvé depuis plus de six mois, le préfet contrôle de la conformité de ses travaux, doit
n ’exerçant qu’un contrôle de légalité adresser à la mairie successivement une décla­
a posteriori. Elle est de la responsabilité du ration d’ouverture de chantier puis une décla­
maire, mais au nom de l’État, après instruc­ ration d’achèvement de travaux. Lin certificat
tion par la dde (désormais ddea) qui recueille de conformité est alors délivré (ou refusé en
l ’avis du maire, et sous l ’autorité hiérar­ cas de non-respect du projet ou des prescrip­
chique du préfet (qui peut réformer ou annu­ tions). Des infractions - absence d’autorisa­
ler la décision du maire), dans les autres cas tion ou non conformité des travaux - peuvent
(pas de document d ’urbanisme approuvé être constatées en cours de constmction et
depuis six mois). Cependant, même s ’il y a peuvent entraîner l’interruption des travaux,
un document d’urbanisme approuvé depuis une amende ou une peine de prison, ou encore
plus de six mois, la décision demeure de la le rétablissement de l’état antérieur (démoli­
responsabilité du préfet dans des cas excep­ tion). L’autorisation que constitue le permis
tionnels (construction pour le compte de de constmire, comme les autres autorisations
l ’État, de la région, du département et de d ’utilisation du sol peut s ’éteindre par
leurs établissements publics ou concession­ péremption. Celle-ci intervient si la constmc­
naires, opérations d’intérêt national, ouvrages tion autorisée n ’est pas entreprise dans un
de production, de transport de distribution délai de deux ans ou si les travaux sont inter­
et de stockage d ’énergie ou de matières rompus pendant une année pleine au moins.
radioactives). Elle le demeure également, en La compétence de délivrer le permis de
l’absence de document approuvé depuis plus constmire est une compétence liée : le maire
de six m ois, dans des cas beaucoup plus ou le préfet n’ont pas de pouvoir d ’apprécia­
555 PERMIS DE DÉMOLIR

tion de l ’opportunité du projet, mais sont de 170 m2 de shon (ce qui concerne la majorité
tenus de vérifier sa conformité avec les règles des maisons individuelles) et pour les bâti­
en vigueur (pos, plu ou carte communale s’il ments agricoles de moins de 800 m2 de shon.
en existe) et doivent motiver un refus ou un P. M. et Y. P.
sursis à statuer. Le permis délivré peut être
conditionnel (par exemple lié à une participa­ Certificat d'urbanism e; Code de l'urbanism e; Permis de
dém olir ; Plan de masse ; Tiers (droit des).
tion aux équipements ou à une affectation pré­
cise des locaux) ; ou être assorti de réserve
(par exemple, construction de places de sta­
tionnement, conservation d’arbres, etc.) ; ou PERMIS DE DÉMOLIR
de prescriptions techniques ou esthétiques
(choix de matériaux, de couleurs, etc.). Un Autorisation administrative préalable néces­
permis de construire à titre précaire peut être saire à la démolition de certains bâtiments et
délivré, par exemple pour des constructions instruite dans les mêmes formes et conditions
légères et démontables dans des emplace­ que le permis de constmire et valant, comme
ments où ces constructions sont en principe lui, autorisation au titre des différentes législa­
interdites (emplacement réservé au pos ou au tions éventuellement applicables.
plu dans l’attente de l’acquisition des terrains Le champ de cette autorisation est précisé à
par le bénéficiaire de la réserve) ou pour des l ’article L.421-3 du Code de l ’urbanisme,
bâtiments industriels dans des zones affectées issu de l’ordonnance du 8 décembre 2005
au pos ou au plu à un autre usage. La loi SRU relative au permis de constmire et aux autori­
a prévu que les constructions non perma­ sations d’urbanisme. Un permis de démolir
nentes (par exemple, les installations démon­ est requis pour toutes les constructions situées
tées en fin de saison) reçoivent un permis dans des espaces soumis à une protection par­
pour une période de cinq ans et que les cara­ ticulière au titre du patrimoine ou des sites et
vanes fixes soient dispensées de permis il est alors soumis à l’accord de l’architecte
de constmire tant qu’elles ont conservé leurs des bâtiments de France. Le permis de démo­
éléments de mobilité. Le permis de constmire lir est également nécessaire lorsque le conseil
peut enfin être dérogatoire, lorsque le projet municipal l’a instauré sur tout ou partie du
respecte l ’esprit plus que la lettre des textes, territoire de la commune. Contrairement au
mais seulement pour des adaptations mineures permis de constmire, autorisation nécessaire
(léger dépassement de co s ou de hauteur, par pour toute construction d’une certaine impor­
exemple), mais cette exception est aujourd’hui tance ou pour les modifications apportées aux
devenue rare car très contrôlée par les constmctions existantes, le permis de démolir
ddea, puis par les tribunaux administratifs. Il est une autorisation de type exceptionnel dont
convient encore de signaler le permis groupé le champ d’application est donc restreint.
qui correspond à une construction de plusieurs Le fait de soumettre certaines démolitions à
bâtiments sur un même terrain par une seule autorisation est, lui-même, récent puisque le
personne avec division du terrain en propriété permis de démolir n ’a été introduit dans la
ou en jouissance, dans le cadre d ’une opéra­ législation de l’urbanisme que par une loi du
tion de promotion immobilière, ce qui produit 31 décembre 1976. En 1948 cependant, avait
les mêmes effets qu’un lotissement. été instituée une autorisation de démolir les
La construction est effectuée sous la respon­ logements existants, dont l’application n’avait
sabilité du propriétaire du terrain, qui a pas été satisfaisante. L’objectif, dans les
demandé et obtenu le permis de constmire (ou années 1970, était à la fois de mettre un frein
effectué la déclaration de travaux). L’autorisa­ aux démolitions abusives, alors qu’on encou­
tion est valable si les travaux sont entrepris rageait la réhabilitation de l’habitat existant,
dans un délai de deux ans et cesse en cas et d ’assurer une coordination avec le régime
d’interruption des travaux pendant plus d’un des protections instituées au titre du patri­
an. Elle peut être modifiée par une procédure moine ou des sites, grâce à un d ispositif
parallèle à celle de sa délivrance (permis modi­ d’autorisation unique.
ficatif). Le recours à un architecte pour la Il est encore trop tôt pour évaluer le nou­
demande de permis de constmire est obliga­ veau dispositif qui permet à une commune
toire sauf pour les locaux d’habitation de moins d ’instituer sur son territoire le permis de
PERSONNE ACTIVE 5 5 titt;|
î

démolir de façon à assurer la protection linéaire (ou artificielle) n’a pas été maîtriséè
d’immeubles, de quartiers ou d’éléments pay­ avant les expériences systématiques poursui1-
sagers identifiés comme présentant un intérêt vies au cours des années 1420 par l’architecte ■
justifiant leur conservation par le plan local Brunelleschi et, à sa suite, par les peintres ■
d’urbanisme. florentins de son entourage, en particulier
N. B. Masaccio (fresque de la Trinité, 1427). Le
dispositif mis au point par Brunelleschi lui
-► Architecte des Bâtiments de France ; Arrêté de péril ; Code de permit de représenter, de façon convaincante,
l'urbanism e; Permis de construire.
le baptistère de Florence depuis la cathédrale*
et la place de la Seigneurie depuis la façadé
de San Remolo. Choisissant de figurer à la
PERSONNE ACTIVE —> Population active fois les constructions et les espaces urbains,
en éliminant le ciel et tout personnage 1i
humain au profit d ’un monde créé par les 1'
PERSPECTIVE hommes, Brunelleschi marquait le caractère
artificiel de ce mode de représentation. ■ H
Du latin perspicere (voir clairement), ce Ces expériences ne furent cependant théo­
terme désigne aujourd’hui plus généralement risées et développées qu’avec le De pictura
un système de représentation géométrique d ’Alberti (1435), trad. franç. De la peinture,
de l’espace, né en Occident, élaboré d’abord J.-L. Schefer, 1992. Ce traité offrait pour la
par des artistes, puis par des mathématiciens première fois aux artistes un d isp o sitif j
qui l ’ont mis au service de la science dès le permettant de représenter, avec une appa- '■
XVIIe siècle (Desargues, B osse) et en ont rente précision scientifique, non seulement ■
exploité la conception pour aboutir à la des objets réels, mais aussi les visions d’un ■
constitution de la géométrie descriptive passé imaginaire ou de futurs possib les. ;
(Monge, 1798), puis à ses applications au des­ Il fut suivi, à la fin du Quattrocento, par le |!
sin industriel et au dessin assisté par ordina­ D e prospettiva pingendi de Piero délia S
teur (dao). Francesca. On comprend le rôle créateur j
La perspective linéaire est un système per­ que devait ainsi jouer dans l ’art urbain le
mettant de représenter un objet tridimension­ dispositif perspectif, simultanément utilisé ■
nel sur Une surface plane, de façon à en offrir par peintres, scénographes et architectes
une image comparable à celle qui apparaît à dans des compositions qui në cessèrent de ’ji
l’œil : un corps de dimensions connues appa­ s ’influencer réciproquement, souvent dans
raît comme une projection sur un plan l ’œuvre d ’un m êm e artiste polyvalent
(tableau ou plan de projection), à partir d’un (Brunelleschi, Francesco di Giorgio Martini, 1
point d’observation précis. Ce point de vue Raphaël...). lt
peut coïncider avec la position du spectateur Dans un ouvrage séminal (Die Perspektive
réel. L’intersection du rayon visuel principal als « sym bolische Forrn », Leipzig, 1927*, !?
(point principal) et du plan (perpendiculaire) trad. franç. Paris, 1967), E. Panofsky a
du tableau est le centre du cône ayant pour montré le statut épistémique relatif de lia
sommet l ’œ il de l ’observateur et dont les perspective artificielle : produit de la vision
génératrices passent par tous les points du du monde d ’une culture spécifique, à Un
corps donné. Toutes les lignes horizontales moment précis de son histoire, cette « forme
parallèles à l’intérieur de l ’objet représenté, symbolique » peut être opposée non seulè-
mais non parallèles sur le tableau, tendent ment à la représentation perspective de
vers le même point (point de fuite). L’illusion l’Antiquité, mais à l ’appréhension bidimen*
offerte par la perspective linéaire peut être sionnelle de l ’espace byzantin, ou encore
complétée par l’utilisation de la perspective aux perspectives isométriques de la peinture
atmosphérique qui articule les distances entre chinoise ou japonaise.
les objets par des changements de couleurs et Selon une même approche, les modalités de
de tons. l ’utilisation du point de fuite (unique ou mul­
En dépit de recherches optiques remontant tiple) peuvent être mises en rapport avec les
à Euclide et poursuivies durant le M oyen développements parallèles de la science et de
 ge (perspective naturelle), la perspective la sensibilité dans les sociétés occidentales, et
557 PHOTOGRAPHIE (AU SOL, AÉRIENNE, DE SATELLITE)

permettent de retracer l’évolution de la pers­ pour Chandigarh montrent assez la difficulté


pective comme mode dé représentation de la de l’entreprise.
ville et comme instrument de conception de J. O. et V. K. W.
sa composition et de son, architecture.
A insi, les perspectives à point de fuite A rt; Peinture.

unique ont dominé pendant la Renaissance


(scénographies de Serlio où le spectateur voit
directement les portes des tours de la ville PERSPECTIVES DE POPULATION
se profiler à l ’extrémité d ’une rue linéaire), Projections démographiques
tandis que l ’époque baroque a privilégié la
perspective à deux points de fuite (cf. les scé­
nographies de Bibiena où l ’intersection de PERTE DE CHARGE -> Eau
deux longues salles d’apparat semble se pour­
suivre indéfiniment). On peut opposer de la
même façon les scénographies urbaines res­ PHOTOGRAMMÉTRIE -> Cartographie;
pectivement com posées, par exem ple, par Photographie; Topographie
Bramante et par le Bemin, Palladio offrit une
approche intermédiaire.
Au xvme siècle, la faveur de la peinture de PHOTOGRAPHIE (au sol, aérienne, de satellite)
paysage et de la perspective aérienne retentit à
son tour sur la composition urbaine, lui confé­ L’image photographique est un outil impor­
rant un caractère pittoresque. À la même tant des études d ’aménagement et d ’urba­
époque, la vue à vol d ’oiseau (le spectateur est nisme:
situé dans l ’atmosphère au-dessus des édi­ — En tant que document de référence, les
fices), initiée par Léonard à la fin du XVe siècle photographies constituent une source importante
et telle que la pratique Ledoux, par exemple, pour reconstituer l’état passé des bâtiments, mais
permit une représentation globale, non frag­ aussi des espaces et de leur utilisation (une me,
mentaire, correspondant à une conception une place par exemple). Les cartes postales, en
abstraite et non plus au point de vue limité de particulier, sont d’une grande utilité.
l’habitant. Dès la fin du xvme siècle, onassista —, En tant qu’élément d’analyse, les photo­
également au développement de la vue pano­ graphies prises au sol ou les vues aériennes
ramique (spectateur situé au milieu d ’une obliques complètent utilement les sources admi­
peinture cylindrique permettant la multiplica­ nistratives, statistiques ou cartographiques.
tion des points de vue sur un seul horizon) : — Entantqu’infoimationde base, les photo­
dispositif utilisé par des architectes; tel graphies aériennes à axe vertical servent à l’éta­
Schinckel, pour étudier la conception d ’un blissement des cartes topographiques à moyenne
édifice dans le cadre d’un contexte urbain uni­ (1/50 000 par exemple) et à grande échelle
fié (au lieu d’être contraint de se représenter (1/10 000 à 1/25 000), voire de certains plans
ledit édifice à partir d’un lieu déterminé), La (carte au 1/5 0Q0 des zones urbaines en France).
piazza del Popolo à Rome, la place de Belle- Elles servent aussi, de source pour de nom­
Alliance à Berlin, ont été conçues fie façon breuses analyses, pouvant conduire à des cartes
panoramique, selon une multiplicité de points thématiques : géologie, végétation, utilisation du
de fuite. ■ sol, etc. ; voire à des études plus techniques
Dans la foulée des recherches des mathé­ (ex. capacité de la voirie, rotation sur les empla­
maticiens (géométrie non euclidienne, topo­ cements de stationnement, fréquentation d’un
logie) et des peintres (impressionnistes) de lieu publie ou d’un équipement, recherches
la deuxième moitié du xixe siècle, parallèle­ archéologiques) ou stratégiques. Les photogra­
ment à la m ise en question des anciennes phies prises de satellites artificiels rendent des
certitudes spatiales, la perspective linéaire services analogues pour les études aux petites
fut radicalement contestée par les peintres échelles. On parle de photo-identification pour
cubistes. L’urbanisme du mouvement le repérage des formes et des objets sur les
moderne a cherché, lui aussi, à créer des photographies aériennes; de photo-interpré­
espaces éclatés, non statiques et non illusion­ tation pour l’étude des faits observés et des faits
nistes. Les compositions de Le Corbusier non visibles, établis par déduction, en remontant
PIÉTON 558

des apparences à leur mise en relation synthé­ techniques d’accélérateurs de piétons (10 à
tique; de photogrammétrie pour les procédés 15 km/h). Le débit d’un passage pour piétons
permettant d’établir les cartes topographiques ne s’arrêtant pas peut atteindre 3 000 personnes
à partir des photographies aériennes ou de à l’heure et par mètre de largeur.
satellite; de télédétection pour la détection à
distance (gravimétrie, rayonnements électroma­ P. M.
gnétiques, sismographie, scintillométrie) qui -* Marche à pied ; Rue ; Séparation des trafics.
utilise des « images non photographiques », éta­
blies à partir d’avions et surtout de satellites
artificiels. PISCINE
P. M.
Bassin artificiel pour la natation.
-+ Carte; Cartographie; Échelle; Topographie. L’équipement en piscines publiques et pri­
vées est, pour l’essentiel, récent. Il y avait
moins de 500 piscines publiques en France
PIÉTON en 1960, mais leur nombre a beaucoup pro­
gressé, surtout dans les années 1970. Le
Personne qui marche à pied. Longtemps, secrétariat d ’État à la jeunesse et aux sports
aucun aménagement spécial n ’a été prévu. évalue à 6 141 en 2009 (en forte progression,
Les trottoirs, espaces latéraux le plus souvent surtout dans les années 1970 : environ 500 en
revêtus et légèrement surélevés, datent pour 1960 et 4.300 en 1997) le nombre de bassins
l’essentiel du xixe siècle. de natation ouverts au public (5 171 publiques
On a tendance aujourd’hui à les compléter et 970 privées), dont à peine la moitié sont
par d’autres aménagements : couverts (2 565 bassins publics et 367 bassins
— les feux tricolores, pour la traversée des privés), donc utilisables en toute saison.
voies ; On estime par ailleurs qu’il y aurait environ
— les passages piétonniers, matérialisation un million de piscines enterrées, en général
des espaces permettant de relier les deux trot­ de petites dimensions (10 m x 5 m étant le
toirs bordant une voie : ces passages ont été plus fréquent), plus 500 000 piscines
introduits dans les années 1920 afin de limiter hors sol, appartenant à des particuliers ou à
les incidents sur la chaussée en concentrant les des copropriétés : leur nombre a doublé en
traversées des voies par les piétons et en leur dix ans.
accordant une priorité dans des espaces claire­ Entre les piscines de plein air et les pis­
ment visibles par les conducteurs de véhicules ; cines couvertes existent les «p iscin es
— les rues piétonnières (éviter l’expression mixtes » qui juxtaposent un grand bassin de
«rues piétonnes»), qui peuvent former de plein air pour l’été et un petit bassin couvert
véritables zones piétonnières, dans le centre pour l’hiver, et les piscines «tous tem ps» ou
des villes, sont réservées aux piétons (et parfois « piscines transformables », dont la toiture est
aux transports en commun et aux livraisons à escamotable. Cette seconde solution est plus
certaines heures) : elles favorisent l’animation coûteuse que celle de la piscine mixte, mais
et l ’activité commerciale. Le premier grand elle se justifie lorsque l’espace disponible est
centre piétonnier fut le centre reconstruit de réduit. Citons enfin les « bassins d ’apprentis­
Rotterdam en 1953 ; sage mobiles », sorte de petites piscines trans­
— les cheminements (ou chemins) piéton­ portables, conçues dans les années 1960 pour
niers sont, au contraire, tracés le plus souvent initier à la natation les enfants des communes
dans les quartiers neufs et sont distincts de la dépourvues de piscines, qui ne sont pratique­
voirie automobile ; ment plus utilisées. Une ancienne circulaire
— les passages souterrains ou en passe­ interministérielle demandait de prévoir une
relles, pour traverser une voie à circulation piscine de plein air dans les localités de plus
importante, imposent des escaliers ; de 2 000 habitants (2 m2 par habitant) et une
— les trottoirs (3 km/h) et escaliers roulants piscine couverte à partir de 5 000 habitants
qui peuvent être aménagés sur la voirie, pour les (0,5 m2 par habitant).
correspondances entre moyens de transport, etc. Les piscines publiques couvertes sont des
On a mis au point, à titre expérimental, diverses équipements dont la fréquentation, de durée
559 PITTORESQUE

assez réduite (une heure), ne justifie pas de courbe, le géométrique au pittoresque, etc.
trop longs déplacements. Il n ’est donc pas Sans assimiler complètement le baroque,
rationnel de leur réserver des localisations expression esthétique d ’une époque particu­
trop excentriques. La surface de terrain à pré­ lière (V.-L. Tapié), au pittoresque, ils pré­
voir est de l ’ordre de dix fois la surface du sentent néanmoins des caractères communs.
bassin (par exem ple 3 000 m2 pour une C’est aussi dans l’histoire des jardins qu’il
piscine de quartier disposant d’un bassin de faut aller chercher l’usage du mot pittoresque.
25 x 12 m). Au xvm e siècle, en Angleterre (W. Temple,
La loi du 3 janvier 2003 a imposé aux pis­ W. Kent), apparut, sous l ’influence de l’art
cines, pour empêcher les noyades acciden­ chinois et d’une nouvelle idée de la nature, le
telles de jeunes enfants, l ’installation d ’un jardin pittoresque ou jardin paysager, opposé
d ispositif de sécurité (alarme sonore, bar­ au jardin géométrique classique français (le
rières, couverture ou volet) conforme à des « p eign é» et le «sauvage», selon l ’expres­
normes précises. La majorité des piscines pri­ sion de Voltaire). Son développem ent en
vées se sont mises en conformité avec cette France (Watelet) donna lieu à un style mixte,
loi, sans que ces accidents aient pour autant combinant éléments pittoresques et géom é­
diminué. triques, et qui marqua la composition urbaine.
Les rapports entre tracés de jardin et tracés
J. C. et P. M.
urbains n’ont d’ailleurs pas encore fait l’objet
-> Salle de sport ; Stade et terrain de sport. de recherches approfondies.
L’opposition du géométrique et du pitto­
resque se retrouve dans l’urbanisme. C. Sitte
PISTE (D’UNE VOIE ROUTIÈRE) -> Autoroute; (Der Stâdtehau, Vienne, 1889, trad. franç.
Capacité (d'un moyen de transport) ; Débit L'art de construire les villes, Paris, 1980),
d'une voie; Route; Voie en réaction contre ce qu’il appelle « le s
systèmes modernes géom étriques» de son
époque (« systèmes rectangulaire, rayonnant,
PISTE CYCLABLE —> Deux roues (véhicules à) ; triangulaire »), auxquels il ne reconnaissait
Séparation des trafics aucune valeur esthétique, introduisit l ’idée de
pittoresque et de tracé souple dans le traite­
ment de l’espace urbain. L’analyse formelle
PITTORESQUE minutieuse de nombreuses places antiques,
médiévales, renaissantes, lui permit de mettre
Terme dérivé de l ’italien pittoresco (qui en évidence, sous leur diversité stylistique, un
concerne la peinture) ; à partir de l’époque ensemble de règles constantes, qui en dictent
romantique il se dit « de ce qui résulte, en pein­ l’organisation irrégulière et non géométrique
ture, de l’opposition des lignes et du contraste et contribuent à leur qualité esthétique. Sans
bmsque de la lumière et des ombres » (Littré). chercher une reproduction nostalgique du
Pour H. Wôlfflin (Renaissance und Barock, passé, ce sont ces règles qu’il souhaite voir
Munich, 1888), « est pittoresque ce qui fait appliquer pour faire pièce à la monotonie de
tableau». Selon lui, le «style pittoresque» a l’urbanisme contemporain.
pour caractères le mouvement, la masse, Dès sa parution, le Stâdtebau exerça une
l ’ombre et la lumière, le flou, la difformité, influence considérable sur l ’urbanisme des
l’irrégulier et la dissymétrie (...) qui sont «la pays germaniques (R. Baumeister, C. Gurlitt,
marque essentielle de l’architecture baroque », J. Stubben...). Au début du siècle, Le
opposée à l ’architecture classique de la Corbusier fut un de ses adeptes les plus
Renaissance. Cependant, comme le remar­ convaincus (cf. P. Tumer, L ’éducation de Le
quera plus tard Wôlfflin lui-même (Principes Corbusier, Paris, 1987), avant d’être l ’un de
fondamentaux de l ’histoire de l ’art, 1915), ces ses plus féroces critiques, baptisant « chemin
caractères ne sont ni spécifiques, ni réductibles des ânes » le tracé souple.
à la période baroque, mais se présenteraient R. Unwin ( Town-planning in practice, Lon­
comme des constantes d’une évolution plus dres, 1909) adopte une attitude plus nuancée,
générale de la « vie des formes » (H. Focillon), en reconnaissant la valeur de chaque système
opposant le régulier à l’irrégulier, le droit au de tracé. On lui doit la mise au point des tech­
PLACE 560

niques de composition visuelle des garden lier, à la fin de ce siècle, se développer des
cities, fondées sur la recherche de l ’effet places qu’on a pu appeler «organiques»
visuel et l’étude soigneuse des cheminements, (F. Mancuso, « La piazza délia citta italiana »,
et caractérisées par l’attention qu’elles portent in La piazza e la citta, Institut italien de Paris,
à la hiérarchisation des espaces, au marquage 1985) parce qu’elles s ’avèrent un organe
des entrées et des limites, au jeu formel des urbain fondamental, présentant pour chaque
retraits, ruptures et transitions : en un mot, la ville une morphologie originale, adaptée à son
codification du tracé souple à effet pitto­ site, sa forme, et sa vocation. Cette place
resque. Ces techniques furent expérimentées médiévale est apparue essentiellement en Ita­
dans de nombreuses réalisations anglaises, lie, pays dans lequel l ’intensité de la vie
Letchworth (1903, Unwin et Parker), publique était favorisée par la densité de son
Hampstead (1909, Unwin), Welwyn (1909, urbanisation (étayée par une solide armature
Louis de Soissons), ainsi que dans les réalisa­ antique) et par la vitalité de ses structures
tions françaises, notamment les cités-jardins municipales. Dans le cas des fondations d’ori­
du département de la Seine (1912-1935), gine romaine, ces places sont établies sur
créées sous l’impulsion de H. Sellier (1883- l ’ancien forum (Bologne, Padoue, Vérone) ;
1943) ou dans les réalisations urbaines de dans les fondations nouvelles, elles occupent
H. Prost (1874-1959) au Maroc. une position centrale. Elles sont toujours asso­
Il faut toutefois rappeler que c ’est au ciées à au moins un édifice essentiel et presti­
V ésinet qu’une des premières tentatives gieux de la ville, attirant les rassemblements
d ’application du tracé souple a été réalisée populaires et les fêtes auxquels elles prêtent
pour une cité résidentielle par A. Pallu, en un cadre fonctionnel et symbolique : cathé­
1856. drale, église (Parme), ou palais communal
A. L. (Sienne, Florence). Souvent elles réunissent
palais communal et édifice religieux (Venise)
A rt urbain; Baroque; M oderne; Urbanisme. et peuvent cumuler une troisième fonction,
commerciale. Cependant les places mar­
chandes sont souvent autonomes, soit en posi­
PLACE tion centrale, pour le commerce local, soit en
position périphérique, près des portes et de
Du latin platea (place publique), lieu public l’accès aux grandes routes, pour le commerce
découvert constitué par l ’ensemble d ’un cyclique avec l ’extérieur. Les places centrales
espace vide et des bâtiments qui l’entourent. irrégulières, dont la forme est dictée par les
Son importance et son rôle varient selon les pratiques collectives locales, tém oignent
cultures et les époques, et selon l’intensité de d’une grande sophistication dans leur adapta­
la vie publique. Dans certaines cultures, la tion au site et à la morphologie urbaine ; elles
place urbaine n ’a pratiquement pas d ’ex is­ sont toujours placées tangentiellement aux
tence (Islam), dans d’autres, elle est exclusive­ voies de circulation, de façon à offrir un
ment liée à des pratiques religieuses (Mexique espace protégé et convivial, et visuellement
précolombien). On connaît, en revanche, le closes par des artifices divers, parmi lesquels
rôle polyvalent (politique, social, religieux, les ornements (fontaines, sculptures, loges),
économique) joué par cet organe urbain dans jamais en position centrale, jouent un rôle
les cités de l ’Antiquité grecque et romaine : important ; enfin, elles sont caractérisées par
agora et forum sont devenus des symboles de l ’échelle et la qualité de l’architecture des édi­
la vie urbaine et de l ’espace public. fices majeurs qui forment leur cadre. Certaines
Dans les pays occidentaux, l’histoire de la villes comportent un véritable systèm e de
place est scandée à la fois par celle de l ’urba­ places, communicantes ou voisines (Bergame,
nisation et par celle du pouvoir, non sans Modène, Ferrare).
accuser des décalages chronologiques et des Hors d’Italie, les places médiévales sont
différences morphologiques d ’un pays à rares : Paris ne compte qu’une seule place
l’autre. On peut, très schématiquement, la jusqu’au règne d’Henri IV. La vie publique
diviser en trois phases. se déroule dans la rue et l ’espace résiduel
La première couvre la période médiévale, mesquin du parvis des églises et cathédrales
du xie à la fin du XIVe siècle, et voit, en particu­ ne mérite pas le nom de place. Deux excep­
561 PLACE

tions sont toutefois à signaler : les places éta­ accueillent les sièges d’institutions ou d’admi­
blies sur le forum des anciennes fondations nistrations variées : parlement, hôtel des
romaines et, dans les bastides et dans des fermes, hôtel de ville, bourse de commerce,
villes nouvelles (cf. les villes Zâhringen en etc. Au fil du temps et des programmes, elles
Suisse), les places à arcades, qui occupent s’ouvrent, discrètement (place Vendôme, place
plusieurs modules au centre de leur grille des Victoires, à Paris) ou largement (Bordeaux,
orthogonale et réunissent généralement Paris: place Louis-XV, actuellement de la
l’église sur un côté et une halle marchande Concorde), entrant en composition avec
au centre (en France Montpazier, Villeréal, d’autres places (enfilade de la place Stanislas,
etc.)- Enfin, au XVe siècle, les villes mar­ sur la place de la Carrière et la place de l’Hémi­
chandes des Flandres et de la Hanse réalise­ cycle à Nancy). Elles utilisent la perspective
ront de vastes places, fermées, dominées par (parfois lointaine), à la manière de l’art des
leurs hôtels de ville, qui représentent une ver­ jardins. La place Royale a servi de modèles
sion tardive et simplifiée de la place médié­ aux cours européennes (de la péninsule Ibé­
vale. rique à la Scandinavie), pendant deux siècles
La seconde phase (de la Renaissance à F ère (cf. H. Lavedan, Histoire de l'urbanisme, t. II).
industrielle) voit créer sous l ’impulsion pre­ — La place résidentielle anglaise, créée au
mière de l ’Italie, la place esthétique dont la xvne siècle par l’architecte Inigo Jones qui
finalité, qui l’emporte sur toute valeur fonc­ s’inspirait de la place Royale de Paris. La
tionnelle, est essentiellement un embellisse­ formule résidentielle proposée par Henri IV
ment de la ville, lié à une image du pouvoir. ne devait jamais s’imposer en France. Elle
Cette place n’est plus l’œuvre collective des connut un succès immédiat en Angleterre
municipalités, mais la création des architectes, où, sous le nom de square, elle a donné
promoteurs de l’art urbain. Dès le XVe siècle, à naissance à un « urbanisme domestique » ori­
partir des recherches théoriques des traités ginal, d’un grand intérêt (cf. D. J. Osbom,
d’architecture sur les proportions et la pers­ Town-planning in London, the eighteenth and
pective, influencés aussi par les perspectives nineteenth centuries, Londres, 1964). Le
urbaines construites par les peintres et les scé­ centre du square est toujours occupé par un
nographes, les architectes italiens (Filarète, jardin, fermé d’une grille, dont seuls les rive­
Francesco di Giorgio) élaborent des types de rains ont la clé. Par abus de langage, le nom
places, désormais régulières, dont une géomé­ de square a ensuite été donné à des places
trie savante règle la forme et les proportions. résidentielles, sans jardin (Trafalgar Square) :
Jusqu’au xixe siècle, la place «program­ cette carence lexicographique de l’anglais se
mée » fait l’objet de créations de plus en plus traduit aujourd’hui par l’utilisation fréquente,
importantes, élaborées et nombreuses, dont la en particulier aux États-Unis, des termes
maîtrise esthétique sert à magnifier le pouvoir piazza et piazza pour désigner les places
politique plus qu’à accueillir des activités col­ urbaines récemment créées (United Nations
lectives. On signalera, parmi d’autres, trois Piazza à New York).
types particuliers de places programmées : Hors d’Europe, il faut citer la grande place
— La place théâtrale du baroque italien à l ’architecture baroque, qui, dans les pays
qui, pour mettre en scène des monuments hispano-américains, occupe le centre de la
urbains, s’ouvre de plus en plus largement grille coloniale et marque le pouvoir du pays
et établit une relation nouvelle avec les voies colonisateur et de sa religion.
de communication (Rome de Sixte Quint et La troisième phase, marquée par l’avène­
d’Alexandre VII). ment de l’ère industrielle, a vu à la fois dispa­
— La place royale française, dont le premier raître l’art urbain (créateur des places à valeur
exemple fut, à Paris, la place Royale (aujour­ esthétique) et s ’effacer la fonction d’espace
d ’hui des Vosges) d’Henri IV, régulière, ordon­ public et populaire des places organiques. La
nancée mais encore fermée à la manière vie publique s’est concentrée dans des bâti­
médiévale. Les places royales tirent leur nom ments fermés (marchés, salles de spectacle),
de la statue du roi qui occupait leur centre l’espace urbain a été envahi par les moyens de
(disposition ignorée par l ’Italie), avant que la transport. Les places nouvelles créées par
Révolution ne les détruise. Parfois résiden­ l ’urbanisme sont partie intégrante des sys­
tielles (place Royale, place Vendôme), elles tèmes de circulation (cf. à Paris la fonction
PLACE CENTRALE

d ’échangeur de la place de la République à Dans le paysage des villes européenne»!


laquelle accèdent quelque dix voies) ; elles ne qui se livrent entre elles une concurrencé1
sont plus au service du piéton, mais leur centre farouche, le projet urbain est devenu la fïguflé
peut être occupé par un monument (place de imposée de tout mandat local. Il incarne lëij
l’Étoile à Paris). Dans son analyse, demeurée ambitions politiques d ’une transformation
exemplaire, des places traditionnelles et de quotidienne exprimant le dynamisme d’uriéj
leurs qualités esthétiques, Carmillo Sitte mon­ ville. Comme espace de référence, la place est
trait qu’elles avaient, déjà en 1889, perdu leur alors souvent la pièce maîtresse de ce projet
sens et leur fonction originels. urbain. Elle est supposée résoudre les pro*
Aujourd’hui, la place traditionnelle a blêmes les plus complexes de la convivialité)*
conservé un rôle et une animation, dans cer­ de la sécurité et de la mobilité. Elle est censée
taines villes moyennes ou petites, et même répondre aux questions les plus délicates de la
dans les grandes villes en Espagne et en Italie. représentation symbolique, de l’esthétique et
Mais, d’une façon générale, après avoir été de la fonction identitaire, faisant simultané#
éliminée par l’urbanisme progressiste, et rem­ ment appel aux compétences des praticiens’
placée par divers supermarchés commerciaux les plus divers : ingénieurs, architectes, urba­
et centres culturels, elle est devenue le sym­ nistes, paysagistes, artistes, etc. Malheureuse­
bole nostalgique d’une qualité urbaine per­ ment, la surenchère et l ’emphase sont trop
due. D ’une part, les politiques du patrimoine souvent au rendez-vous de ces projets. '
tentent de préserver les places historiques et Dans le tissu comme dans l’espace urbain
de les rendre à leur vocation piétonnière, en et suburbain de la ville diffuse, l’importanee
les exposant aux dangers divers de la consom­ de la place ne se dément pas. Mais le mépris
mation touristique: D ’autre part, nombre de ses qualités spatiales (mesure, proportions;
d ’urbanistes et d’architectes s ’efforcent de fonctionnalité) l’a privée de son statut origii
réintroduire et de reproduire l’espace de la nel. Il convient donc de s’interroger sur son
place traditionnelle dans des agglomérations historicité et sur la signification de cet organè
nouvelles (cf. en France, Mame-la-Vallée ou urbain dans une société qui semble en avoir
Créteil, par exemple). Certains postmodemes perdu l’usage (cf. L. Quaroni, « Un avvenire
font même de la place un invariant culturel per la plazza », in La plazza e la città, op. cit.).
(cf. R. Krier, Stadtraum, Stuttgart, 1975;
F. C. et F.. L.
trad. franç. L ’espace de la ville, Bruxelles,
1980). -> A g o ra ; A rt urbain; Baroque; Culturalisme; Dalle; Espace
Au lendemain de la décentralisation des public; Esplanade; Marché; Place m archande; Postmo­
derne; Posturbaîn; Proportion; Renaissance; Rond-point;
pouvoirs sur l’aménagement de l’espace, en Rue; Urban design. j
1982-1983, les élus locaux de la France
urbaine ont rapidement pris conscience de
l ’importance de la place comme élém ent PLACE CENTRALE —» Aire d'influence
organique majeur de l ’espace public des d'une ville ; Armature urbaine ; Centre ; Ville
villes. Dans la plupart des agglomérations
françaises, il a donc été décidé d’organiser la
mutation progressive des places tradition­ PLACE D'ARMES —> Esplanade ; Rue
nelles, afin que celles-ci puissent exprimer
une modernité nécessairement tournée vers le
futur. L’équipement des espaces publics a PLACE MARCHANDE
très vite connu les encombrements du nou­
veau mobilier urbain. Plus que les rues, les «L es marchés et les foires désignent ces
avenues ou les boulevards, les places ont rassemblements familiers voués aux com ­
alors subi la surcharge d’objets ou de disposi­ merces et échanges de toute sorte, qui se
tifs incongrus, intégrant parfois des parcs de tiennent selon des calendriers variables, mais
stationnement souterrains, des œuvres d ’art en général périodiques, en des lieux connus
contemporain, etc. Dans tous les cas, cës de tous et souvent adaptés ou construits à
places ont fait l’objet d’une dépense publique cette fin. Ces rassemblements sont obser­
propre à endetter les collectivités territoriales vables dans une très grande partie des socié­
pour de longues années. tés qui peuplent les cinq continents. On les
#63 PLAFOND LÉGAL DE DENSITÉ

désigne, dans les sciences de l’homme, sous sifîer» les tissus urbains existants dans les
le terme de places marchandes ou encore de centres-villes. Dans la pratique, le mécanisme
marchés physiques, ou localisés, pour les dis­ s’est révélé assez ambigu pour ce qui est de sa
tinguer de l’autre emploi du terme, marché, portée juridique, et l ’instrument assez rigide
celui qu’en font surtout les économistes » pour ce qui est des objectifs urbanistiques. La
(1. Chiva, Universalia, Paris, 1985). ■ ' réforme qui fut opérée par la loi de finances
Au-delà de leur fonction économique, les pour 1983 visait à introduire un nouvel objec­
places marchandes jouent un grand rôle social : tif proprement économ ique : attribuer à la
ces lieux donnent, en effet, des, occasions dé commune,’ou le cas échéant à l’établissement
rencontres, d’alliances, de conflits et d’amuse­ public intercommunal, les trois quarts du pro­
ment; ils permettent la diffusion de l ’infor­ duit du versement résultant du dépassement du
mation. Souvent liées à des célébrations reli­ plafond légal de densité, le quart restant étant
gieuses, plus importantes mais de fréquence attribué au département, ces collectivités ayant
moindre que les marchés, les foires permettent, le libre choix de son affectation.
plusieurs fois dans l’année, des échanges entre La grande nouveauté introduite par le pld
des populations qui sinon resteraient séparées. dans le droit immobilier consistait à partager
Les places marchandes sont parfois des le droit de construire, jusque-là exclusivement
lieux essentiels de communication entre la « attaché à la propriété du sol » (art, L 112-1
campagne et la ville. Même le marché cou­ du eu ), entre le propriétaire et, au-delà du
vert des grandes villes, forme limite de place «plafond légal», la collectivité. Le construc­
marchande, offre un style et une ambiance teur, quel qu’il soit, qui désire franchir cette
uniques qui le distinguent des autres fomies limite, doit acheter ce droit de construire.
de commerces par une certaine liberté faisant Techniquement, le législateur avait retenu
évoquer les anciennes relations entre ville et pour la détermination de ce seuil une formule
campagne. Les places marchandes sont pré­ calquée sur la fixation des c o s : le pld est le
sentes partout dans le monde, dès qu’une rapport entre la surface de plancher hors
société doit aménager régulièrement des oeuvre nette d’une construction et la surface
échanges commerciaux importants avec des du terrain sur laquelle la construction est ou
groupes avec lesquels elle n’est pas constam­ doit être implantée. Quand les règles d’urba­
ment en contact (souks ou bazars de l ’Orient, nisme l’y autorisent, le propriétaire d’un ter­
mercados de l’Amérique latine). rain constructible peut donc construire avec
Comme l’a souligné Isaac Chiva, les places une densité supérieure au plafond légal de
marchandes ont engendré une architecture ori­ densité, sous la condition d ’acquitter une
ginale, qu'il s’agisse des halles en bois pré­ redevance égale à la valeur de la surface du
sentes dès la fin du Moyen Âge ou des halles terrain nu supplémentaire qui lui aurait été
mécaniques. «L a halle, comme la place du nécessaire (dite redevance pour dépassement
marché, a joué un rôle capital non seulement du pld). Le législateur de 1975 a fixé le pld à
dans la vie des agglomérations urbaines ou 1 (1,5 pour Paris). La loi de finances pour
rurales, mais aussi dans leur structuration et 1983 a permis de le relever dans la limite de
leur devenir» (D. Hervier, Halles et marchés, 2 (3 pour Paris). Plus d ’une vingtaine de
Monuments historiques, n° 131, Paris, 1984). communes ou groupements de communes
ont pris la décision de le relever et le Conseil
F. C.
de Paris l’a porté à 3, ce qui, dans la pratique,
—f Marché; Placé. . le fait disparaître, compte tenu des coeffi­
cients d’occupation des sols fixés. La mise en
œuvre de ces dispositions a donné lieu à de
PLAFOND LÉGAL DE DENSITÉ (PLD) multiples complications concernant le verse­
ment résultant du dépassement: le calcul des
Le Plafond légal de densité (pld) a été créé surfaces en cause (la surface de plancher
par la loi du 31 décembre 1975 portant réforme étant appréciée forfaitairement jusqu’à 1977,
de la politique foncière. Il constituait, dans puis faisant l ’objet d’un calcul réel depuis un
l’esprit de ses «inventeurs», un mécanisme décret du 7 juillet 1977) ; la valeur du terrain
fiscal moins contraignant que l ’impôt foncier « considéré comme nu et libre » ; les modali­
et un instrument souple permettant de « déden- tés de calcul.
PLAINE

La loi de 1975 visait à ralentir la densifica­ Quant à ses effets en matière foncière el urba­
tion du tissu urbain des centres-villes en aug­ nistique, ils sont assez difficiles à estimer.
mentant le coût des constructions qui y seraient La loi du 23 décembre 1986 posait le prin­
envisagées, la «charge foncière» constituant cipe de la suppression locale tacite du p l d , qui
un élément déterminant dans le bilan prévision­ cesserait de s ’appliquer à partir du 25 mars
nel des promoteurs. Pour cette raison, les per­ 1987 dans les communes qui n ’en avaient pàs
sonnes publiques n’en étaient pas exemptées, voté le maintien. Au 31 juillet 1987, il avait
ni les opérations d’intérêt général. Le champ été rétabli dans 2 065 communes concernant
d’application initialement fixé était d’ailleurs 25% de la population « (il n ’y a pas de
très étendu car le mécanisme pouvait jouer éga­ statistique plus récente). La loi Solidarité et
lement dans des parties fortement urbanisées renouvellement urbains du 13 décembre 200®
du territoire communal, dans des zones dotées permet la suppression du p l d - qui est de plein
par le p o s d’un cos élevé. , droit dans les communes ayant institué la par­
Depuis la loi de finances pour 1983, deux ticipation pour le financement des voies nou­
exceptions importantes ont été apportées au velles et des réseaux et s’il a été institué après
principe de l ’universalité du versem ent : le 31 décembre 1999 - et ne permet pas de
sont désormais exonérées les constructions l ’instituer là où il n ’existe pas.
publiques (de l ’État ou des collectivités
locales, mais aussi d ’établissements publics Y. P.
gérant des services publics) ; et les recons­ - » Coefficient d'occupation des sols; Densité.
tructions ou rénovations, par leurs proprié­
taires, de bâtiments préexistants dont la
surface de plancher ne serait pas augmentée. PLAINE -► Plateau ; Relief
Les modifications introduites par la loi de
finances pour 1983 et les relèvements du p l d
décidés par les villes, et en particulier celle de PLAINE DE JE U X - » Stade et terrain de sport
Paris, ont considérablement réduit la portée du
p l d . Mais, dès sa création, celui-ci souffrait

d’une contradiction fondamentale, puisqu’il PLAN li


visait simultanément deux objectifs - ralentir
la densification du tissu urbain et procurer des On distingue les plans des cartes par leur
ressources aux communes - que le mécanisme échelle: supérieure au 1/10 000, Les plans |j;
même rendait exclusifs l ’un de l’autre, puis­ cadastraux à échelle du 1/2 500 au 1/500 ont il!
qu’il n ’y avait ressource pour les communes pour objet premier d’indiquer les limites des Ü
que s ’il y avait densification. On comprend parcelles, c ’est-à-dire des îlots de propriété l(i
l’embarras dans lequel ont pu se trouver plon­ continus présentant une même utilisation* jij
gées certaines municipalités, désireuses tout à agricole ou urbaine, appartenant à un même
la fois de ne pas décourager les entreprises de propriétaire. Ils sont consultables dans les ;(j.
bâtiment et de travaux publics, de lutter contre mairies. Des documents précieux les accom- 7
la spéculation foncière et d’accroître leurs res­ pagnent : l’état de section et surtout la matrice ;!
sources (le texte de 1975 devait leur permettre, cadastrale qui indiquent, pour chaque par- ■'
en particulier, de financer les préemptions opé­ celle, l’utilisation du sol et le nom et l’adresse ;
rées dans le cadre des z i f également créées). du propriétaire. C ’est là une source impor- !
Les résultats financiers d ’un mécanisme très tante, bien que Souvent négligée, pour les '
complexe n’ont pas atteint le niveau escompté études d ’urbanisme et d ’aménagement. Le
par ses promoteurs pour les collectivités cadastre français a été établi au cours de la
locales qui devaient en bénéficier (communes première moitié du xixe siècle, révisé au début
et fonds de compensation de la t v a permettant du x x e siècle, puis à nouveau depuis la
une péréquation à l ’origine, puis communes seconde guerre mondiale. La rareté des mises
seules ou leur groupement pour 75 % et dépar­ à j our des plans constitue son principal défaut.
tement pour 25% , depuis 1983). Le méca­ Avant le x ix e siècle, des plans dits «ter-
nisme est demeuré marginal, et ne concernait tiers » accompagnaient les terriers qui rassem­
en 1981 que 1 %, des permis de construire blaient les informations concernant les droits
délivrés, et 6 %, des surfaces de plancher. d’une terre.
S65 PLAN D'EAU

Les plans urbains sont à des échelles subventions (contrats régionaux, contrats
variant de 1/5 000 (on distingue les bâtiments) ruraux, etc.).
au 1/500, voire au 1/200 (on distingue leur A. G.
forme précise). Ils sont de plus en plus infor­
matisés. -> Aménagement rural; C h a rte intercommunale.

On appelle photoplan un plan établi par


assemblage de photographies aériennes, après
correction des déformations dues à l’inclinai­ PLAN D'EAU
son de l ’axe de prise de vue sur la verticale
(redressement), mises à l ’échelle à partir de Surface d’eau destinée à l ’aménagement
points connus identifiables ou par triangula­ hydraulique, à l ’aménagement paysager d’un
tion photographique. site et (ou) aux loisirs (pêches, baignades,
P. M. nautisme).
Le contact de l’eau (mer, rivière, lac) a tou­
-* C ad a stre ;C a rte;C artographie;Échelle;Topographie. jours été un puissant facteur de localisation
des établissements humains que les seuls
motifs économiques ou topographiques (voies
PLAN D'AMÉNAGEMENT DE ZONE (PAZ) de circulation) ne suffisent pas à expliquer. Il
-> Zone d'aménagement concerté (zac) semble, tout au contraire, que l’affranchisse­
ment des contraintes stratégiques ou écono­
miques dans les choix de localisation ait
PLAN D'AMÉNAGEMENT RURAL encore renforcé l ’attrait de l’eau, de même
que le développement des loisirs.
Document d’orientation de l’aménagement La réalisation de plans d ’eau artificiels est
d’une zone rurale. devenue, au cours des dernières décennies,
Les plans d ’aménagement rural ont pris Tune des méthodes utilisées par les urbanistes
naissance dans la loi d’orientation foncière de pour valoriser un site urbain en modifiant son
1967. Ils répondaient au souci de l’adminis­ paysage. Citons, en France, la première entre­
tration de l’agriculture d’établir un document prise importante de ce type, la retenue de
symétrique, pour le milieu rural, de ceux dont Vichy (120 ha), imaginée dans le seul but de
l’administration de l’équipement avait princi­ relancer la fréquentation touristique de la
palement la charge (sdau , pos). Toutefois, les ville. De nombreux exemples actuels peuvent
par étaient dépourvus d’effets juridiques, tant être trouvés dans des villes nouvelles (de
vis-à-vis des collectivités publiques que des Brasilia à Cergy-Pontoise), et recherchés tout
personnes privées. au long de l ’histoire, de Kamak à Versailles
Ils ont pris fin avec la loi du 7 janvier en passant par le Taj Mahal.
1983, qui a abrogé la disposition de 1967 Indépendamment de sa fonction paysagère,
(art. L 121-1, dernier alinéa, du Code de un plan d ’eau peut avoir une fonction plus
l’urbanisme) et les a remplacés par les chartes utilitaire, soit pour la navigation, soit pour la
intercommunales (art, 29 et 30 de la loi du collecte et l ’écrêtage des pluies d’orage ou
7 janvier 1983). l’organisation de retenues pour l’irrigation ou
Plusieurs centaines de par ont été éta­ la production hydroélectrique. Il peut aussi
blis en quinze ans, notamment au cours de être utilisé à des fins de loisir. Mais toutes ces
la période 1970-1975. Leur contenu et leur utilisations ont pour caractéristique la plus
utilité ont été très variés sinon hétéroclites. fréquente d ’être incompatibles entre elles. Il
Quand leur élaboration a été bien menée, est impossible de pratiquer au même endroit,
ils ont néanm oins permis aux m ilieux la pêche et la planche à voile, la natation et le
ruraux et aux com m unes de m ieux ski nautique, l ’aviron et le dériveur. Le bon
connaître leurs propres capacités ou handi­ usage d’un plan d’eau pose donc de difficiles
caps, de définir des objectifs d ’aménage­ problèmes d’arbitrage,
ments ou d ’équipem ents. Vers 1976, les En ce qui concerne les loisirs :
autorités locales ont essayé, avec des suc­ — la baignade permet une utilisation inten­
cès inégaux, de raccrocher à leur existence sive au prix d’aménagements (plage, station­
les contrats de pays ou d ’autres formes de nement, balisage du plan d’eau) ;
PLAN DE CIRCULATION 5 6 *;j

— la pêche suppose une zone calme, sépa­ personnes qui se déplacent davantage que sur j
1
;I

rée des autres usages ; les moyens qu’ils utilisent à cette fin, oubliant j
— l ’aviron nécessite un plan d’eau de que le déplacement n ’est pas non plus une i
2 200 m de long et de 15 m de large par couloir ; fin, mais un acte intermédiaire pour exercer i
— le canotage a besoin d ’au moins une des activités, professionnelles ou non. -,
dizaine d’hectares ; L’objectif est d’assurer un équilibre entre !
— le motonautisme est incompatible avec mobilité et accessibilité en ménageant la pro- j
toute autre activité nautique : un stade de ski tection de l’environnement et la santé, donc en ;
nautique exige une vingtaine d’hectares ; réduisant la pollution. L’accent est donc placé i
— la voile, dont le nombre de pratiquants sur l’utilisation et les mesures d ’encourage-) !
(y compris la planche à voile) double tous les ment des transports publics, moins polluants j
deux ans, suppose un vaste plan d’eau (de 50 et moins consommateurs d’énergie, ainsi que i
à plusieurs centaines d’hectares) sans courant de la marche à pied et de la bicyclette, et sur la .
ni obstacle au vent sur les berges. limitation de l’utilisation des transports auto- ■
J. C. et P. M. mobiles. j
Le plan de déplacements urbains (pdu) doit -
Base de loisirs et de plein air; Équipements touristiques. être compatible avec le schéma directeur ou
le schéma de secteur (et désormais avec le j
schéma de cohérence territoriale), s ’il en :
PLAN DE CIRCULATION — ■Planification existe, et a fortiori avec la directive territo- ;
des transports riale d’aménagement dans les régions concer- !
nées par celles-ci. Inversement, le Pos, puis le J
plu , des communes concernées et le plan j
PLAN DE COHÉSION SOCIALE -* Contrat d ’aménagement de zone dans les z a c (avant j
de ville sa suppression par la loi sru du 13 décembre i
2000) doivent prendre en compte le plan de
déplacements urbains (les futurs plans locaux J
PLAN DE DÉPLACEMENTS URBAINS d ’urbanisme devront être compatibles aveé j
lui). Le pdu est soumis à enquête publique j
Plan, rendu obligatoire dans les 59 agglo­ selon les règles définies par la loi du 12 juillet ■'
mérations de plus de 100 000 habitants, par 1983. ;{
l’article 14 de la loi du 30 décembre 1996 dite Le plan de déplacements urbains est élaboré };
loi sur l ’air et l ’utilisation rationnelle de sous la responsabilité de l’autorité organisa- I
l’énergie, qui a pour objet l ’organisation des trice des transports urbains dans le périmètre
transports de personnes et de marchandises, et doit couvrir l’intégralité de celui-ci. Les ser- -
de la circulation et du stationnement. Il est vices de l ’État (direction départementale de ■
obligatoire dans les périmètres de transports l’Équipement et de l ’Agriculture, mais aussi t
urbains inclus dans les périmètres de transport gestionnaires de grands équipements engen­
des agglomérations de plus de 100 000 habi­ drant des déplacements) et éventuellement la
tants (il y en a 65). En fait, les plans de dépla­ région et le département y sont associés;
cements urbains (pdu ) avaient été prévus par L’État participe à son financement pour moitié
l ’article 28 de la loi d’orientation des trans­ du coût des études. Le projet de plan est arrêté i
ports intérieurs de 1982, mais sans que la par l ’autorité organisatrice des transports j
méthodologie de leur élaboration n ’ait été pré­ urbains et soumis à l ’avis des conseils des col- !
cisée et sans caractère obligatoire. lectivités territoriales, des préfets et éventuel- !
La dénomination des pd u peut paraître lement, à leur demande, à celui des sociétés ;
curieuse, puisqu’elle n ’utilise pas le terme de transport, des associations d ’usagers ou i
«transport», alors que c ’est bien d’un plan de protection de l ’environnement et des
de transports à l ’échelle de l ’agglomération, chambres consulaires. Il est ensuite soumis à 1
dans le périmètre des transports urbains, qu’il enquête publique avant d ’être approuvé par
s’agit, et lui préfère celle de « déplacements l’organe délibérant de l’autorité organisatnce
urbains », à l ’évidence impropre pour les des transports urbains. En région île-de-
transports de marchandises. Il faut y voir une France, le pdu est élaboré par l’État (le Syndi­
volonté maladroite de mettre l’accent sur les cat des transports d’île-de-Franee y est asso-
W7 PLAN D'OCCUPATION DES SOLS

cié), mais il peut y avoir des pdu locaux, non jet s’inscrit sur le terrain destiné à la recevoir.
prescrits par la loi, élaborés dans un cadre Il doit donc faire établir par un homme de
intercommunal (une dizaine sont en cours l ’art le projet architectural composé :
d’élaboration). Le pdu fait l’objet d’une éva­ — d’une vue en plan qui définit l ’implan­
luation après cinq ans. Le préfet peut se substi­ tation de la construction, son emprise au sol,
tuer à l’autorité organisatrice qui ne l’aurait sa position par rapport aux limites de pro­
pas établi dans un délai de trois ans. priété et par conséquent la superficie ;
La loi prévoyait que les pdu fussent établis — d’un plan de chaque niveau, indispen­
dans un délai de deux ans, donc avant la fin de sable dans les projets complexes.
1998. Seul celui de l’agglomération de Lyon a Mais l ’expression «plan de m asse» est
été achevé dès 1997 (révisé en 2005), mais aussi employée à propos du pos (puis du plu).
son élaboration avait été entreprise avant le En effet, celui-ci édicte des règles d’urbanisme
vote de la loi sur l’air, Bien qu’une fraction qui fixent l’implantation et la hauteur des
significative des agglomérations de plus de constructions. Ces règles sont écrites dans le
100 000 habitants n ’aient manifesté aucune règlement d ’urbanisme et s ’appliquent à
hâte pour établir leur pdu, on en compte, au chaque propriété. Il est également possible de
1er janvier 2010, 55 qui ont été approuvés les exprimer graphiquement sur le document
(dont trois annulés) et 17 en cours d’élabora­ graphique du pos (ou du plu), par le dessin de
tion (soit 72 au total, dont une trentaine pour l’emprise au sol maximale que pourront occu­
des agglomérations où son élaboration n’était per les constructions et par une cote fixant la
pas obligatoire). Beaucoup d’entre eux cepen­ hauteur maximale. Le plan relativement som­
dant reposent sur des études sommaires et pré­ maire qui en résulte fixe l’enveloppe maximale
sentent plus des intentions générales qu’un dans laquelle devront se loger les construc­
catalogue de mesures précises. Il ne semble tions. Ce plan de masse est un contenant.
pas certain que l ’objectif de limitation de la A. G.
circulation sera respecté dans toutes les agglo­
mérations. Quant aux transports et à la livrai­ - » Permis de construire ; Plan d'occupation des sols ( p o s ).

son de marchandises, il ne semble pas que la


plupart des pdu apporteront de solutions origi­
nales ou même manifestant une volonté claire PLAN DE RÉCOLEMENT ->■ Réseau
des élus locaux dans ce domaine.
La loi Solidarité et renouvellement urbain
du 13 décembre 2000 a prévu que les pdu PLAN DE RÉFÉRENCE -> Contrat
soient compatibles avec les schémas de cohé­ d'aménagement de ville moyenne
rence territoriale (scot) et avec les schémas de
secteurs. Pour sa part, le scot, qui doit fixer
les objectifs de desserte en transports collec­ PLAN DE SAUVEGARDE
tifs et veiller à ce que l’urbanisation se déve­ ET DE MISE EN VALEUR (PSMV)
loppe prioritairement dans les secteurs (ue -> Secteur sauvegardé
ceux-ci desservent, doit tenir compte du pdu
existant.
PLAN DE TRANSPORT -+ Plan
P. M.
de déplacements urbains; Planification
- » Déplacement; Énergie et environnem ent; Moyen de trans­ des transports
port; Planification des transports; Pollution atmosphérique.

PLAN D'OCCUPATION DES SOLS (POS)


PLAN DE MASSE
Document d ’urbanisme, en général à
Représentation cotée du projet qui, dans le l ’échelle d ’une commune (exceptionnelle­
dossier de permis de construire, en décrit le ment à celle d’un groupement de communes
contenu. ou d’une fraction de communes), fixant les
En effet, le maître d ’ouvrage d’une règles générales d ’utilisation du sol qui
construction doit présenter comment son pro­ s’imposent à tous (art. L 123-1 et sq. etR 123-
PLAN D'OCCUPATION DES SOLS

1 et sq. du Code de l ’urbanisme). Il a été, valeur de dta ). Ils devaient respecter les ser­
depuis la loi d’orientation foncière (lo f ) du vitudes d ’intérêt public et les disposition^
30 décembre 1967 et jusqu’à la loi Solidarité relatives aux projets d’intérêt général ( pig );:
et renouvellement urbains du 13 décembre Depuis la loi d ’orientation sur la ville du
2000 par laquelle le plan local d’urbanisme 13 juillet 1991, ils devaient prendre en consi­
(plu ) lui a succédé, le document d'urbanisme dération les dispositions des programmes
opposable aux tiers. Lès POS approuvés locaux de l ’habitat ( p l h ). Depuis celle du
demeurent en vigueur jusqu’à leur révision 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en
sous forme de plu et les pos rendus publics valeur des paysages, ils devaient être compa-
avant la loi srü demeurent opposables aux ■ tibles avec les directives de protection et de
tiers dans les conditions antérieures. Après la mise en valeur des paysages prévues par.
loi de répartition des compétences du 7 janvier cette loi et avec les chartes des parcs natu­
1983, l’élaboration des pos a été décentralisée rels régionaux. Enfin, depuis la loi du
à l ’échelon des communes. Le pos n ’a plus 30 décembre 1996 sur l ’air et l ’utilisation
été essentiellement réservé aux communes rationnelle de l’énergie, ils devaient prendre u
urbaines, mais n’était plus obligatoire (sauf, en considération les orientations des plans de
depuis la loi du 13 juillet 1991, dans les quar­ déplacements urbains qui sont rendus obliga­
tiers correspondant aux anciennes zup ). toires dans les périmètres de transport dès
La loi de 1967 prévoyait que les orienta­ agglomérations de plus de 100 000 habitants
tions de la politique d ’urbanisme de la (et qui peuvent exister dans des aggloméra­
commune fussent définies par le schéma tions plus petites). À l’inverse, il s’imposait
directeur d ’aménagement et d ’urbanisme aux lotissements, aux constructions et aux
(schéma directeur après la loi du 7 janvier démolitions. Il pouvait être localement rem­
1983). Aussi, même si l’élaboration des sdau placé par un plan d ’aménagement de zonè
a été loin d’être systématique, cette fonction (paz ) dans une zac (mais celle-ci ne pouvait ’
n’était pas celle des po s . En revanche, les pos être créée que dans une zone urbaine oü
avaient pour objet premier de définir de façon d ’urbanisation future du pos ) ou par un plan
précise les droits attachés à chaque parcelle, de sauvegarde et de mise en valeur ( psm v )
mais aussi d’organiser le tissu urbain en défi­ dans un secteur sauvegardé. Il n ’était pas
nissant la destination des constructions, les tenu de respecter le règlement national
densités et éventuellement les formules appli­ d ’urbanisme - qui, en revanche, s’appliquait
cables, de localiser les emplacements réservés dans les communes non pourvues de p o s , 1
pour la réalisation d’équipements et de proté­ sous réserve des dispositions éventuelles
ger les espaces naturels ou agricoles. Pour d ’une carte communale - , mais certaines dis­
tenir compte de la diversité des situations des positions de cèlui-ci, dites d ’ordre public,
communes, la loi de 1983 a prévu un contenu pouvaient prévaloir sur celles du pos lors de
minimum - la délimitation des zones urbaines la délivrance d’une autorisation d ’utilisation
ou à urbaniser, l’affectation des sols par fonc­ du sol.
tion et les règles d’implantation des construc­
tions - et des élém ents complémentaires Le dossier du pos devait comporter :
facultatifs (par exemple les règles concernant — un rapport de présentation qui en consti­
la densité ou la forme des constructions). tuait l ’exposé des motifs, c ’est-à-dire qu’il
Les pos (et les documents d’urbanisme en exposait et justifiait les options retenues ;
tenant lieu, tels les psm v et les pàz ) devaient — des documents graphiques, à une échelle
être compatibles avec les orientations du entre le 1/2 000 et le 1/10 000, avec le plan
schéma directeur et du schéma de secteur et, parcellaire en fond de plan, qui localisaient
en l ’absence de tels schémas, avec les direc­ avec précision les zones auxquelles s ’appli­
tives territoriales d ’aménagement (dta , insti­ quaient respectivement les différents règle­
tuées par la loi du 4 février 1995) et, en ments, les servitudes, les prescriptions ou
l ’absence de ces dernières, avec les lois dispositions résultant d’autres documents qui
d’aménagement et d ’urbanisme, devenues s’imposaient aux tiers ;
dispositions particulières aux zones de mon­ — le règlement qui devait au minimum
tagne et du littoral depuis la loi sr u (le déterminer l’affectation dominante des sols par
schéma directeur de la région Île-de-France a zone, en précisant l’usage principal qui pouvait
«89 PLAN D'OCCUPATION DES SOLS

en être fait et la nature des activités qui pou­ • les zones de richesse naturelle (nc ), réser­
vaient y être interdites ou soumises à des condi­ vées à des activités productives, en particulier
tions particulières, et édicter les prescriptions à l ’agriculture : seules les constructions d irec­
relatives à l’implantation des constructions par tem ent liées à l ’exploitation (y com pris p o u r
rapport aux voies, aux limites séparatives et l ’habitation) étaient possibles ;
aux autres constructions ; • les zones de sites, de risques o u de n u i­
— des annexes, dont au minimum les avis sances (nd ), liées à des im pératifs e n viron­
des personnes consultées, la liste des empla­ n em e n tau x : espaces p résentant u n intérêt
cements réservés aux équipements publics (et esthétique, historique o u écologique, espaces
leur implantation précise), la liste des opéra­ exposés à des risques naturels (inondations,
tions déclarées d’utilité publique, les annexes éboulem ents, avalanches, etc.) ou hum ains
sanitaires (réseaux d’eau et d’assainissement, (m ines, carrières) o u à des nuisances (aéro­
élimination des déchets), les servitudes d’uti­ drom es, certains établissem ents industriels,
lité publique, le cas échéant les directives etc.), où l ’urbanisation était im possible o u sou­
d’aménagement national et le plan d’exposi­ m ise à des conditions restrictives.
tion au bruit des aérodromes, ainsi que la liste À cette liste, il faut ajouter les espaces réser­
des lotissements dont les règles d’urbanisme vés pour équipements publics, les espaces
ont été maintenues. boisés classés (le pos pouvait les classer), les
L’aspect majeur était le zonage dont le zones réservées aux jardins familiaux en zone
règlement précisait les règles et que les docu­ urbaine et éventuellement des zonages com­
ments graphiques localisaient avec précision plémentaires (par exemple secteur à protéger)
(par parcelles). On distinguait : ou particuliers (camping, caravanage, pratique
— Les zones urbaines (U), c ’est-à-dire du ski et remontées mécaniques). Le pos déli­
celles où la capacité des équipements publics mitait également les secteurs de reconstruc­
existants ou en cours de réalisation permettait tion à l ’identique, les secteurs de curetage, les
d’admettre immédiatement des constructions. secteurs à protéger ou à mettre en valeur ainsi
Elles étaient généralement divisées en plu­ que, depuis la loi d’orientation sur la ville du
sieurs zones, par exemple le centre urbain 13 juillet 1991, les zones d’implantation des
(ua ), les zones à dominante d’habitat, qui pou­ grands ensembles commerciaux, et, depuis la
vaient être diversifiées selon la densité autori­ loi sur l ’eau du 3 janvier 1992, les zones
sée, les zones à dominante d’activités, voire d’assainissement et de maîtrise des eaux plu­
des zones spécialisées dans l ’accueil d ’une viales. Il faut ajouter à cette liste les zones
activité spécifique (par exemple, zone por­ affectées à la pratique du ski en montagne (loi
tuaire ou industries nuisantes, dangereuses ou «montagne» du 9 janvier 1985) et, dans les
insalubres). communes littorales, les secteurs réservés aux
— Les zones naturelles, équipées ou non, terrains de camping et au stationnement des
dans lesquelles l’urbanisation est interdite. La caravanes (loi «littoral» du 3 janvier 1986).
loi en distinguait quatre types : Enfin, si l’on souhaitait imposer des prescrip­
• les zones d ’urbanisation future (na ), des­ tions architecturales dans certains secteurs, le
tinées à être urbanisées, notam m ent lorsque pos pouvait prévoir un plan de masse coté à
leur équipem ent le perm ettrait, sous form e trois dimensions qui organisait l’emprise au
de groupes d ’habitation o u de lotissem ents, sol et la hauteur des constructions.
ou dans le cadre d ’u n e zac ou seulem ent L’instrument qui permet de fixer les den­
(zones n a strictes) p a r m odification d u p o s ; sités de construction autorisées dans les diffé­
leur dim ension devait respecter u n équilibre rentes zones du pos (et du plu ) est le coeffi­
entre possibilités d ’am énagem ent et protec­ cient d ’occupation des sols (cos). C ’est le
tio n ; on p ouvait préciser le term e probable rapport maximal autorisé entre la surface de
où elles seraient urbanisables (c o u rt: i n a ; plancher hors œuvre nette et la surface du
m oyen : n na ; o u long term e : ni na ) ; terrain. Le recours à la fixation de c o s est
• les zones naturelles ordinaires (nb ), desti­ une possibilité, non une obligation. Une zone
nées à u n e urbanisation diffuse (zones isolées pouvait comporter des c o s différents selon la
déjà partiellem ent construites, tels ham eaux et nature ou la destination des constructions ou
écarts): toute opération groupée ou lotisse­ être divisée en secteurs où des co s différents
m ent y était im possible ; s ’appliquent. La fixation des c o s était un
PLAN D'OCCUPATION DES SOLS
5 * * Ll

aspect déterm inant du pos , car il influe direc­ la commune, d ’un droit de préemption sue
tem ent su r les valeurs foncières. les transactions im mobilières concernant1
des terrains situés dans les zones urbaines et?
La procédure d ’élaboration du POS, décen­ les zones d ’urbanisation future délimitées!
tralisée après le 1er octobre 1983 (loi du 7 jan­ par le plan. Le plan approuvé a pour effet
vier 1983) auprès de la commune, plus d ’entraîner, au terme des six m ois qui,
complexe que la procédure antérieure, dite suivent son approbation, la décentralisation
d’élaboration conjointe entre l ’État et la des autorisations individuelles d ’occuper et
commune, était scandée par six décisions : d’utiliser le sol (permis de construire, lotis­
— la délibération d u conseil m unicipal sement, etc.).
prescrivant l ’élaboration du pos et déterm inant Il existait deux possibilités d ’application
les m odalités d ’association des personnes anticipée du p o s . Supprimées en 1983, elles
publiques autres que l ’É tat ; ont été rétablies par la loi du 23 décembre
— l ’arrêté du maire fixant les modalités 1986, mais leur pertinence est objet de débat
d’association ; car elles pouvaient ouvrir la porte à des abus;.
la délibération d u conseil m unicipal D ’une part, le préfet, après avis du maire, pou­
arrêtant le projet de pos ; vait aménager les règles d’implantation des
— l ’arrêté du m aire rendant public le pos ; bâtiments par rapport aux voies et aux fonds
— l’arrêté du maire fixant l’enquête voisins du r n u . D ’autre part et surtout, on
publique ; pouvait anticiper sur la révision du pos sous
■— la délibération d u conseil m unicipal réserve que les documents du p o s révisé
approuvant le po s . soient établis formellement, ce qui supposait
Le plan d’occupation des sols entrait en que le pos soit arrêté. Dans ce dernier cas,
vigueur, c ’est-à-dire devenait opposable aux l’application anticipée devait être compatible
tiers, lorsqu’il était rendu public par arrêté du avec le schéma directeur approuvé ou en
maire, dans les conditions suivantes : cours d’élaboration, ne pas compromettre un
— d a n s les co m m u n es couvertes p a r u n pig , ne pas porter atteinte aux espaces boisés
schém a d irecteur local, dès q u ’avaien t été classés, aux terres agricoles ou à des sites pro­
effectuées les m esu res d e p ublicité : le tégés.
contrôle d e la légalité su r le contenu d u pos La règle d ’urbanisme est la disposition
était effectué p a r l e p ré fe t dans u n délai de juridique qui figure au règlement du pos qui
deux m ois ; édicte :
■— dans les communes non couvertes par — soit une interdiction, par exemple, inter­
un schéma directeur, après exécution des diction de construire ou de lotir ;
mesures de publicité et écoulement d’un — soit des règles ou limitations relatives à
délai d’un mois durant lequel le préfet pouvait l’occupation du sol : ces règles peuvent en par­
notifier à la commune les modifications qu’il ticulier concerner les voies privées, les règles de
estimait nécessaires. desserte par les réseaux, les caractéristiques des
Les mesures de publicité étaient constituées terrains (surface, linéaire de façade) pour être
par un affichage, en mairie, de l ’arrêté muni­ constructibles, l’implantation des bâtiments
cipal qui rendait public le plan et par la publi­ sur la parcelle (distances par rapport aux voies
cation de mentions de cet arrêté dans deux et aux limites des parcelles voisines), des règles
journaux locaux. Le plan rendu public devait d’emprise au sol (coefficient d’emprise au
être approuvé dans un délai de trois ans, faute sol qui est la part maximale de la surface de la
de quoi il cessait d’être opposable. La délibé­ parcelle qui peut être construite), hauteur maxi­
ration d’approbation faisait l’objet des mêmes male des constructions, voire leur aspect exté­
publicités. rieur (matériaux, couleurs, clôtures) ;
Le plan opposable (rendu public ou — soit une prescription, par exemple, obli­
approuvé) s ’impose aux occupations et utili­ gation de réaliser un certain nombre de places
sations du sol envisagées sur le territoire de stationnement ou de planter.
considéré, qu’elles soient ou non soumises à Les plans d’occupation des sols approuvés
autorisation. Il a pour effet supplémentaire, - et eux seuls - pouvaient faire l’objet soit de
depuis la loi du 16 juillet 1985, de déclen­ révision, soit de modification. Le déroulement
cher l ’institution de plein droit, au profit de des procédures de révision et de modification
871
PLAN D'OCCUPATION DES SOLS

ne respectait pas la règle du parallélisme des blèm es. Bien que le ministère chargé de
formes, bien que la procédure de révision l ’équipement ne tienne plus, depuis 1995, de
s’apparentât sensiblement à celle de l’élabora­ statistiques de l’élaboration des pos , on peut
tion. La procédure de modification, plus estimer qu’il y a eu plus de 20 000 po s pres­
simple, ne pouvait donner lieu à des change­ crits (17 286 lors de la dernière statistique au
ments du plan qui porteraient atteinte à son 1er janvier 1994) et plus de 15 000 approuvés
économie générale. En revanche, la révision (14 392 approuvés et 379 rendus publics à la
pouvait concerner des points de n ’importe même date; 15 840 au 1er juillet 2004), cou­
quelle importance. vrant au moins la moitié du territoire national
La révision est une procédure analogue à (hors dom ) et concernant 86 % de la popula­
l’élaboration, avec cette différence que le plantion (15 360 communes couvertes au 1erjuillet
révisé n ’entre en vigueur qu’après enquête 1998, probablement 90 % en 2004). Les rai­
publique, lorsqu’il est approuvé. En attendant sons en sont faciles à comprendre : le pos per­
le nouveau plan, l’ancien continue de s’appli­ mettait d’échapper à l’application par l’Etat
quer. La révision est décidée par délibération du règlement national d’urbanisme, ouvrait la
du conseil municipal et, à compter de cette possibilité de créer le droit de préemption
décision, les mesures de sauvegarde qui per­ urbain ( d pu ) et surtout donnait au maire la
possibilité de créer des zac et la responsabilité
mettent de surseoir à statuer sur certaines déci­
sions entrent en vigueur. des autorisations d ’utilisation du sûl (permis
La modification est une procédure abrégée, de construire ou de démolir, autorisation de
qui s’opérait sans consultation des personnes lotir). Les contraintes qu’il comportait appa­
publiques associées à l’élaboration du plan. raissaient très minces, puisque la possibilité
Elle ne pouvait concerner qu’un pos approuvé de modification permettait de s’en affranchir
ou en révision et ne devait pas porter atteinte par une procédure légère.
à l’économie générale du po s , ne pas affecter Ce dernier point a pu conduire à parler de
les espaces boisés classés et ne pas créer de crise des pos comme on a parlé de crise des
risques graves de nuisances. L’objet de la schémas directeurs, bien que la situation soit
modification devait être soumis à enquête apparemment inverse. En effet, la modifica­
publique, puis approuvé par délibération du tion fréquente, rapide, parfois incessante, des
conseil municipal. Cette procédure ne déclen­ p o s par de nombreuses communes leur a
chait pas les mesures de sauvegarde ; elle était enlevé une grande part de leur crédibilité.
réservée à des changements peu importants: Certes, le rôle de fixer les orientations, à
elle ne pouvait concerner les espaces boisés m oyen et long termes de l ’urbanisation ne
classés et ne devait pas entraîner de risque revenait pas aux po s , mais aux schémas direc­
grave de nuisance. En fait, les communes ont teurs. Mais, en l ’absence très fréquente de
usé largement de cette procédure commode, schéma directeur, cette fonction n ’était pas
pour faire ce qui leur importait, indépendam­ assurée. En outre, les modifications trop fré­
ment des vagues critères législatifs qu’elles quentes - et, pour tout dire, trop circonstan­
ne connaissaient pas ou interprétaient à leur cielles (en fonction des projets que le maire
façon. Il revenait au préfet de saisir le juge souhaitait ou non voir se réaliser) -r étaient
pour en faire respecter le champ restreint. contradictoires avec l’objet même du pos qui
La mise à jour consiste à introduire (ou à est de fixer le droit des sols. On a pu dire
supprimer) dans les documents en vigueur, qu’on était revenu à une nouvelle forme
quelles que soient les pièces du dossier d’urbanisme de dérogation (tempérée cepen­
concerné, mais il s ’agit le plus souvent des dant par l’enquête publique et la délibération
documents graphiques, diverses décisions du conseil municipal). On a pu voir un conseil
prises indépendamment du pos (par exemple, municipal voter, au cours de la même séance,
déclaration d’utilité publique, servitude d’uti­ l ’approbation d’un p o s (pour avoir la respon­
lité publique nouvelle, etc.) ayant une inci­ sabilité des autorisations d’utilisation du sol)
dence sur l ’utilisation du sol. et sa mise en révision (pour pouvoir recourir
au sursis à statuer). La proposition du rapport
Le pos a connu un indéniable succès, que la Labetoulle en 1992 qu’un pos ne puisse être
décentralisation a encore accéléré, mais qui modifié moins de trois ans ni révisé moins de
n’était pourtant pas sans poser de graves pro­ cinq ans après son approbation n ’a pas été
PLAN D'URBANISME (DIRECTEUR, COMMUNAL, DE DÉTAIL)

mise en œuvre. Le contrôle de légalité de intervenir dans un délai d’un an. Les pos en ..
l’État, et d’abord de sa compatibilité avec le révision, dont le contenu a été arrêté par le j
schéma directeur quand il en existait un, a conseil municipal, restaient soumis à la procé-- i'
souvent été très insuffisant, souvent sous le dîne des pos avec la même limite d’un an. Les j
prétexte de l ’ancienneté du schéma directeur prescriptions d’élaboration ou de révision d’un
(sans que les préfets ne prescrivent sa mise en pos antérieures à cette date valaient prescription .i
révision). Cependant, depuis les années 1990, d’élaboration ou de révision d’un plu et 1
le contrôle juridique est devenu plus rigou­ devaient comporter une concertation avec les U
reux : les juges administratifs ont désormais habitants. L’application anticipée des pos en ■
condamné pour abus de pouvoir les modifica­ cours de révision demeurait jusqu’à expira­
tions qui n’ont pour objet que de satisfaire les tion du délai de six mois. Au 1 juillet 2004, il :
souhaits de la municipalité ; ils sont devenus y avait 15 840 pos approuvés (9 590) ou en ';j
très restrictifs sur la notion d ’économie géné­ révision (6 250), correspondant au total à :i
rale du pos et sur le risque de nuisances pour 54,7 millions d’habitants. Au 1er janvier 2009, !
des tiers que peuvent apporter des modifica­ 12 048 pos ou plu approuvés concernaient j
tions. Les préfets, dans leur contrôle de léga­ 37,55 millions d ’habitants et 195 000 km2. ;
lité, ont eu tendance à s ’aligner sur cette 2 084 autres (1,45 million d’habitants et
nouvelle jurisprudence. On a par ailleurs de 71 000 km2) étaient en cours d ’élaboration i
plus en plus, surtout dans les communes (dont 148 dans des communes couvertes par '■
rurales, établi des pos au contenu minimal : une carte communale) et 4 804 pos (19,3 mil- i1
délimitation des zones constructibles et règles lions d’habitants et 114 000 km2) étaient en .!
d ’utilisation du sol (sans c o s ni hauteurs révision pour devenir des plu . j
maximales des constructions). Les plu doivent, par rapport aux po s , élar­
À défaut d’un renforcement des schémas gir le champ des dimensions couvertes en pre- '
directeurs et de l’obligation d’en établir dans nant davantage en compte des aspects tels que ’
les zones urbaines et dans les zones fragiles, la politique de l ’habitat, les déplacements,
la solution retenue est l’élaboration par l’État l’environnement, etc. En revanche, les aspects ;
des directives territoriales d ’aménagement relatifs à l ’utilisation des sols y tiennent une !
(d ta ), prévues par la loi d ’orientation pour moindre place. Sur leur portée, aucune des j
l ’aménagement et le développement du terri­
toire du 4 février 1995. Mais il aurait égale­
réserves formulées ci-dessus ne semble avoir
trouvé de réponse dans cette mutation. La loi
Jj
ment fallu réglementer les modifications du Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003 et deux i
pos (ou du plan local d’urbanisme qui le rem­ décrets de 2009 incitent même à la modifica- j
place), soit en instituant une durée minimale tion plutôt qu’à la révision des plu et la loi du j
(cinq ans?) au Cours de laquelle ce plan ne 17 février 2009 crée même, dans certains cas, !
peut subir de modifications (mais peut être une procédure de révision sim plifiée sans i
révisé, ce qui suppose une procédure lourde, enquête publique. ;j
ou mis à jour). Il aurait surtout fallu contrôler
le contenu des modifications, ce que les pré­ A. G. et P. M. |
fets ne font pratiquement pas, et mettre ainsi -> Approbation ; Carte comm unale ; Code de l'urbanisme ; Coef- j
fin à la quasi-clandestinité de ces modifica­ ficient d'occupation des sols (cos) ; Documents d'urbanisme ; !
Emplacements réservés aux équipem ents; Enquête i
tions qui va parfois jusqu’à passer outre à des publique; Espace boisé classé; Plafond légal de densité i
projets d ’intérêt général. ( p l d ) ; Planification urbaine en France (historique) ; Plan local :
d'urbanisme ( p l u ) ; Projet d'intérêt général ( p i g ) ; Publication ;
La loi Solidarité et renouvellement urbains Schéma directeur; Zone d'aménagement concerté ( z a c ) . , i
du 13 décembre 2000 a prévu le remplacement
du pos par un plan local d ’urbanisme (plu ) de
portée plus large. Des modalités transitoires, qui PLAN D'URBANISME (DIRECTEUR,
soulignent la continuité entre les pos et les plu , COMMUNAL, DE DÉTAIL) - Planification
ont été définies par la loi. Les pos approuvés urbaine en France (historique)
avant cette date demeurent en vigueur jusqu’à
leur révision en étant soumis au régime juri­
dique des plu . Les pos rendus publics avant PLAN GÉNÉRAL DE NIVELLEMENT
cette date demeuraient opposables, mais leur ET D'ALIGNEMENT -* Planification urbaine
approbation selon le régime des pos devait en France (historique)
PLAN LOCAL D'URBANISME
673

PLAN LOCAL D'URBANISME (PLU) schéma de mise en valeur de la mer ( smvm ), la


charte de parc naturel régional, le programme
Document d’urbanisme qui remplace, selon local de l’habitat ( plh ) et le plan de déplace­
la loi Solidarité et renouvellement urbains ments urbains ( pdu ). Si ces documents sont
( sru ) du 13 décembre 2000, le plan d’occupa­ postérieurs au plu , celui-ci doit être mis en
tion des sols (pos ) à partir du 1er avril 2001. compatibilité dans un délai de trois ans (six
La loi Urbanisme et habitat du 2 juillet 2003 a mois pour la dta ou pour les ex-lois Mon­
précisé et simplifié la législation des plu issue tagne et Littoral). Contrairement au p o s , le
de la loi sru . plu couvre obligatoirement l’intégralité de la
Le plan local d’urbanisme (plu ) a un objet surface de la commune (ou de plusieurs com­
plus large que le POS. Il constitue le projet munes) : le paz , document d’urbanisme spéci­
d'aménagement et de développement durable fique aux zac , est donc supprimé ; cependant,
(padd ) de la commune et le cadre de la cohé­ la loi de 2003 a introduit une exception : un
rence des différentes actions concernant plu partiel, établi par un epci , peut couvrir les
l’aménagement. Selon l’expression curieuse­ secteurs d’aménagement et de développement
ment formulée de la loi sru (rectifiée par la touristique d ’intérêt intercommunal sous
loi du 2 juillet 2003), il « expose le diagnos­ réserve que les communes établissent sans
tic établi au regard des prévisions écono­ délai les plu couvrant le reste de leur territoire
miques et démographiques» et précise les et que leurs padd soient compatibles avec
besoins en matière de développement écono­ celui de I’epci .
mique, d’aménagement de l ’espace, d’envi­
ronnement, d’équilibre social de l ’habitat, de Le plu fi xe les règles générales et les servi­
transports, d’équipements et de services. tudes d ’utilisation des sols et détermine les
Comme tous les documents d’urbanisme pré­ règles d ’implantation des constructions : il
vus par cette loi, le plu doit déterminer les peut notamment interdire la construction dans
conditions permettant d ’assurer : certains périmètres en délimitant, comme le
— l’équilibre entre le renouvellement urbain, pos, des zones urbaines U, des zones d ’urba­
un développement urbain maîtrisé, le dévelop­ nisation future (rebaptisées AU), des zones
pement de l’espace rural, d’une part, et la pré­ agricoles (A) et des zones à protéger (N). Il
servation des espaces agricoles et forestiers et la peut exposer les actions et les opérations
protection des espaces naturels et des paysages, d’aménagement envisagées. Il n ’y a plus, à
d’autre part, en respectant les objectifs du déve­ la différence des p o s , d ’articles obliga­
loppement durable ; toires (l’affectation des secteurs et les règles
— la diversité des fonctions urbaines et la d ’implantation des bâtiments dans les p o s ),
mixité sociale dans l’habitat urbain et rural, sauf certaines dispositions applicables dans
en prévoyant des capacités suffisantes pour la les za c . À cette fin, il peut notamment prévoir
satisfaction des besoins d’habitat, d’activités des dispositions pour ;
économiques et d’équipements ; .. , — préciser l’affectation des sols (usage qui
— une utilisation économe et équilibrée peut en être fait et activités qui peuvent y être
des espaces naturels, urbains, périurbains et exercées);
ruraux, la maîtrise des besoins de déplace­ — définir la destination et la nature des
ments et de la circulation automobile, la constructions autorisées ;
préservation de l’environnement (eau, air, sol -— déterminer les règles concernant leur
et sous-sol, écosystèmes, espaces verts, aspect extérieur, leurs dimensions et l’aména­
milieux, sites et paysages, réduction des nui­ gement de leurs abords ;
sances sonores, sauvegarde du patrimoine, —- délimiter les secteurs où la reconstruc­
etc.). tion ou le réaménagement pourrait conduire à
Le plu doit être compatible, lorsqu’ils réduire les densités existantes et fixer la des­
existent, avec la directive territoriale d’amé­ tination des îlots ou immeubles à restaurer ou
nagement ( d ta ), les dispositions particu­ à réhabiliter ;
lières aux zones de montagne et du littoral —- préciser le tracé et les caractéristiques des
(anciennes lois « Montagne et Littoral »), le voies ;
schéma de cohérence territoriale ( scot ) ou le — identifier les éléments à protéger ou à
schéma directeur ( sd ), le schéma de secteur, le mettre en valeur ;
PLAN LOCAL D’URBANISME 574>:;j

— fixer les em placem ents réservés (voies, plu et doit présenter, de façon sim ple et accès-' tj
équipem ents, espaces verts) ; sible à tous, le projet urbain de la com m une (ou ;j
— localiser, dans les zones urbaines, les des com m unes) qui peut com prendre des pro­
terrains cultivés à p rotéger et inconstructibles ; je ts plus d étaillés (un quartier, u n e z a c , un' ,i |
— délim iter les secteurs où la délivrance espace public, etc.); la loi du 2 juillet 2003 a,i
du perm is de construire p e u t être subordon­ sur ce point, précisé la loi sru : elle a distingué !jj
née à la dém olition de bâtim ents existants ; le padd, dont il a supprim é l’opposabilité directe ,j j
— délim iter les zones d ’assainissem ent par crainte q u ’elle ne soit source de contentieux)! ■f
(cf. loi su r l ’eau d u 3 ja n v ie r 1992) ; et les orientations d ’am énagem ent ; le padd tra-’ u

— fixer une superficie m inim ale des ter­ duit l’économ ie générale du plan et donc fixe la I j
rains constructibles en cas de contraintes liées limite entre les procédures de m odification (le: j
à u n assainissem ent n o n c o lle ctif ; padd doit être respecté) et de révision (toute la j
/ — fixer, dans les zones urbaines et à u rba­ procédure est reprise et le padd est m odifié) ; j
niser, des coefficients d ’occupation d u sol c ’est donc u n projet global, la vision stratégique |
(c o s) déterm inant la densité m axim ale des p o u r l’ensem ble de la com m une, qui doit se j
constructions et préciser les conditions de traduire à travers les parties du padd qui ont une i
transfert de c o s dans les zones à p rotéger sur valeur juridique : le règlem ent du plu , obliga- :
le plan paysager ; toire et concernant toute la com m une, et p a r ,
— préciser (de façon obligatoire), dans les des orientations d ’am énagem ent facultatives '
za c , la localisation des principales voies et propres à certains secteurs ;
des espaces publics, celle des équipem ents — des orientations d ’am énagem ent, pro jets |
publics et des espaces verts, et (de façon détaillés facultatifs, concernant des secteu rs :
facultative) la surface de p lancher construc­ présentant u n intérêt particulier (centre-ville, ;
tible ; espace public, za c , quartier spécifique, entrée ■
— instituer, dans les zo n es urbaines, des d e ville, etc.) e t qui d o iv en t c o n n aître u n e ;
servitudes consistant soit à interdire, p o u r é v o lu tio n s ig n ific a tiv e (d é v e lo p p e m e n t, ;
cinq ans au m axim um , les constructions dans re stru c tu ra tio n ) ; e lle s o n t u n e v a le u r ju r i­
u n périm ètre dans l ’attente de l ’approbation dique, c ’est-à-dire que les opérations précises
p a r la com m une d ’u n plan d ’am énagem ent de c o n stru ctio n et d ’a m é n ag em en t d o iv e n t
g lo b al; soit à réserver des em placem ents les re s p e c te r d a n s le u r e sp rit e t n o n à la 1
p o u r des program m es de logem ent q u ’il lettre; '
définit ; soit à délim iter des terrains destinés — le règlem ent, qui doit être cohérent avec
à la réalisation de voies, d ’équipem ents ou le padd et qui p ré c ise d ’u n e p a rt les rè g le s
d ’espaces verts. d ’affectation des sols (zonage), d ’au tre p art
les règles d ’u tilisation des sols, règlem ent lar­
Bien que la loi sru ne détaille guère le gem ent différent de celui des pos ; *
contenu du dossier du plan local d’urbanisme, — les docum ents graphiques plus com plets 1
celui-ci comprend : q u e dan s le po s e t o p p o sa b le s : ils d o iv e n t ;
— u n rapport de présentation qui, com m e fa ire a p p ara ître e t d é lim ite r av ec p ré c isio n j
p o u r le pos , constitue l ’exposé des m otifs du notam m ent, s ’il en existe : i
plan, qui en expose et ju stifie les options ; il • les espaces boisés classés ; :
est obligatoire, m ais n ’a pas de valeur ju ri­ • les em placem ents réservés (y com pris :
d iq u e ; il p ré se n te u n « d ia g n o s tic » q u i p o u r des logem ents sociaux) ; ’j
d é ta ille la situ a tio n a c tu e lle e t c o n tie n t • les zones où les installations, perm a- ;j
u n e a n a ly se p ro s p e c tiv e d e s b e so in s, d é s nentes ou non, les plantations, les dépôts, les j
c o n tra in te s e t d e s p o te n tia lité s d e la affouilleinents, les forages ou les exhausse- j
c o m m u n e e n m a tiè re d e c o n so m m a tio n m ents sont soum is à des conditions ; !
d ’esp a ce , de lo g em e n t, de d é v elo p p em e n t • les secteurs protégés en raison des richesses j
des activités, d ’am énagem ent et d ’environne­ du sol ou du sous-sol, où ne sont adm ises que j
m e n t; il précise n otam m ent l ’état initial de les installations d e m ise én valeur dé ces res- h
l ’environnem ent et les incidences sur celui-ci sources; [
des options retenues ; • les secteurs de reconstruction o u d ’am é­
— le projet d ’am énagem ent et de développe­ nagem ent avec m aintien de la densité ;
m ent durable (padd ) qui constitué le cœ ur du • les zones de curetage ;
875 PLAN LOCAL D'URBANISME

• les périm ètres, délim ités p a r les plans de dans les conditions prévues par le padd o u par
déplacem ents urb ain s ( pdu ), com portant des transformation en zones U par modification ou
règles particulières en m atjère de stationne­ révision du plu ;
m ent ; — les zones agricoles (A), qui rem­
• les zones de ski et de rem ontées m éca­ placent les zones NC des pos (les anciennes
niques ; zones NB disparaissent), mais qui sont
• les paysages, quartiers, îlots ou im m eubles exclusivement réservées à l’agriculture: les
à m ettre en valeur ; constructions de bâtiments agricoles et les
• les zones com portant des règles particu­ logements des agriculteurs ne sont tolérés
lières d ’im plantation des bâtim ents ; que s ’ils sont indispensables aux activités
• les terrains agricoles inconstructibles en agricoles ;
zone urbaine ; — les zones naturelles (N, anciennes zones
• les em placem ents réservés p our la constru­ ND des pos ), p réservées en tant que sites ou
ction de logem ents (notam m ent pour assurer la p aysages et p o u r leu r in térêt esthétique, h isto ­
mixité sociale) ; rique et écologique (m ais qui ne com prennent
• les zones en attente d ’u n pro jet global p lu s les zones de risques (inondations, ébou-
d ’am énagem ent ; lem ents, avalanches, m ines, carrières, etc.),
• les zones de transfert de c o s en zone à qui p euvent exister dans toutes les zones du
protéger ; plu ), qui p euvent recevoir des constructions
• les zones de gabarit, e n zone urbaine ou p a r transfert de c o s si celles-ci ne po rten t pas
d ’urbanisation future ; atteinte aux intérêts protégés.
— des annexes qui sont : Parmi les règles d ’utilisation des sols,
• d ’u n e part, des annexes inform atives: seules les règles d’implantation des construc­
servitudes d ’utilité publique, lotissem ents tions sont obligatoires (il n ’y a pas d’article
ayant m aintenu leurs règles anciennes, réseaux obligatoire). Mais le règlement du plu peut
d ’eau, d ’assainissem ent, d ’élim ination des prévoir, comme c ’était le cas dans celui des
déchets, p lan d ’exposition aux bruits des aéro­ POS, des dispositions concernant les types
ports et prescriptions d ’isolation acoustique au d ’utilisation des sols autorisés ou non,
voisinage des infrastructures de transports ter­ l ’accès à la voirie, le stationnement, les
restres, plan de prévention des risques, zones réseaux (eau, électricité, assainissement,
agricoles protégées, etc. etc ), les caractéristiques des terrains, les
• d ’autre part, des docum ents graphiques plantations, l ’emprise au sol, la hauteur,
com plém entaires: secteurs sauvegardé, za c , l’aspect extérieur et surtout la densité (par
zones de préem ption, zones forestières sous l’intermédiaire de co s) des constructions. La
contrôle, périm ètres m iniers, etc. loi SRU avait supprimé la possibilité de fixer
une taille minimale des parcelles construc­
L e zonage (règles d ’affectation des sols) tibles. La loi Urbanisme et habitat en a
com porte, dans les plu : ouvert la possibilité « lorsque cette règle est
— les zones u rbaines (U ) qui, com m e dans justifiée pour préserver l ’urbanisation tradi­
les pos , sont celles où la capacité des équipe­ tionnelle ou l ’intérêt paysager de la zone».
m ents publics existants o u en cours de réali­ La même loi réintroduit aussi le contrôle du
sation perm et d ’adm ettre im m édiatem ent respect du co s (supprimé par la loi SRU) en
des constructions (m ais o n p e u t y refuser u n cas de division des terrains bâtis. Comme
perm is de construire si les réseaux prévus ne pour le POS, la règle d’urbanisme édictée par
doivent pas être réalisés im m édiatem ent), le règlement du plu peut prévoir soit une
subdivisées généralem ent selon la densité interdiction (par exemple, de construire ou
(c o s) autorisée, la d ivision en zones selon de lotir), soit des règles ou des lim ites à
l ’usage principal o u les activités dom inantes l ’occupation du sol, soit une prescription
devenant facultative ; (par exem ple, obligation de réaliser des
— les zones d ’u rbanisation future (A U , places de stationnement ou certains types de
anciennes zones n a des pos ), destinées à être plantation). Les constructions doivent res­
urbanisées lorsque leur éq uipem ent le perm et­ pecter le règlement à la lettre (les déroga­
tra ou sous form e d ’opérations d ’ensem ble tions mineures, possibles avec les po s , sont
(groupes d ’habitations, lotissem ents, zac ) exclues).
PLAN LOCAL D'URBANISME 570

ÉLABORATION (OU RÉVISION) avec lesquels le plu doit être compatible


D'UN PLAN D'URBANISME (PLU) (un retard dans la transmission est sans'
à l'initiative et sous la responsabilité effet sur la procédure) ; 1
de la commune — fournit les études techniques dont dispose
l’État en matière de prévention des risques
et de protection de l'environnement; *
1. Prescription du plu et définition des modali­ — veille au respect des principes généraux
tés de concertation fixés par la loi qui régissent tous les docu*-1
ments d'urbanism e et à la prise en
1. 1. Délibération du conseil municipal compte des projets d'intérêt général ( pks)
— prescrivant l'élaboration (ou la révision) et des opérations d'intérêt national ( oin ).
du plu ;
— précisant les modalités de la concertation 2 . 2. Association des services de l'État
(qui devra se dérouler tout au long de la Les services de l'État sont associés à l'élabo-'
procédure). ration du projet de plu à l'initiative du maire
ou du préfet.
1 . 2. Notification de cette délibération :
— au préfet, 2 . 3 . Consultation des organismes associés et
— au président du conseil régional, des associations
— au président du conseil général; — les organismes associés (ceux auxquels
et, le cas échéant: la délibération prescrivant l'élaboration
— au président de l'établissement public de du plu a été notifiée) sont consultés à
coopération intercommunale (epci) chargé leur demande au cours de l'élaboration
de ('élaboration du schéma de cohérence du plu ;
territoriale (s c o t ) o u à I'epci chargé de — les associations locales d'usagers
l'élaboration d'un scot limitrophe de la agréées sont consultées à leur demande;
commune, — le maire peut recueillir l'avis de tout orga-
— au représentant de l'autorité compétente nism é ou association com pétent (ÿ
en matière de transports urbains, com pris les collectivités territoriales des
— au représentant de l'organisme de ges­ États limitrophes et les epci voisins compé­
tion du parc naturel régional ; tents, les communes voisines ou un epci
ainsi que: chargé d'élaborer un sc o t limitrophe).
— au président de la Chambre de métiers,
— au président de la Chambre d'agriculture, 2 . 4 . Débat sur les orientations du p l u

— dans les communes littorales, au président Le conseil municipal organise un débat sur
de la section régionale de la conchyliculture. les orientations du projet d’aménagement et
de développement durable ( padd ) retenu au
7 . 3. Publication de cette délibération : plus tard deux mois avant l'examen du projet
— par affichage en mairie pendant un mois, de plu (en cas de révision, ce débat peut avoir
— par mention dans un journal lu dans le lieu lors de la mise en révision du plu ).
département.
À compter de cette publication, le sursis à
statuer peut être opposé aux projets qui 3. Arrêté du projet de plu et enquête publique 1
pourraient compromettre l'exécution du plu .
3 . 7. Arrêté du projet de p l u

Le conseil municipal :
2. Élaboration du projet de plu et débat — dresse le bilan de la concertation;
— arrête le projet de plu.
2. 7. Porter à connaissance par le préfet
Le préfet: 3.2. Avis des personnes publiques consultées
— porte à connaissance de la commune (ou Ce projet est:
de I'epci chargé de l'élaboration du plu ) — affiché en mairie pendant un m ois;
les informations nécessaires, notamment — soumis pour avis aux personnes publiques
relatives aux prescriptions et documents associées et, à leur demande, aux com ­
577 PLAN LOCAL D'URBANISME

munes limitrophes, aux epci directement commissaire enquêteur (à condition que ces
concernés et à I’ epci chargé d'élaborer un modifications n'altèrent pas l’économ ie
s c o t limitrophe : ceux-ci doivent donner générale du projet), est approuvé par délibé­
leur avis dans un délai de trois mois (passé ration du conseil municipal.
ce délai, cet avis est supposé favorable).
4 . 2. M is e à la d is p o s itio n d u p u b lic
3 ■3. E n q u ê te p u b liq u e Le plu approuvé est tenu à la disposition du
— le maire demande au tribunal administra­ public.
tif de désigner le commissaire enquêteur
(un mois au m inimum avant l'ouverture 4 .3 . D é b u t d u ca ra c tè re e x é c u to ire d u plu
de l’enquête publique); Le plu approuvé est transmis au préfet.
— le maire publie l’avis d’enquête publique Le plu est exécutoire :
(15 jours au m inim um avant son ouver­ — - s’il existe un scot , dès sa transmission au
ture); préfet et sa mise à la disposition du public;
— le maire soumet le projet de plu à enquête — s’il n’existe pas de sc o t , un mois après
publique pendant un m o is: le dossier sa transmission au préfet, sauf si celui-ci
comprend le padd , le règlement, les docu­ notifie les modifications q u ’il estime
ments graphiques et, en annexe, les avis nécessaires, notamment poür assurer la
des personnes publiques consultées compatibilité avec les docum ents de
(l’enquête publique peut valoir pour la niveau supérieur, avec les principes
déclaration d’utilité publique des travaux s'appliquant à tous les docum ents
prévus dans une zac si le plu en prévoit d’urbanism e: dans ce cas, le plu n'est
une); exécutoire qu'après transmission au pré­
— le commissaire enquêteur remet son rap­ fet des modifications demandées.
port dans un délai d’Un mois.
Note : Lorsque la com mune fait partie d'un epci com ­
pétent en matière de plu , il convient de remplacer « la
4. Approbation et exécution du plu com mune » par « I'epci compétent en concertation avec
chacune des communes concernées» et «le m aire »
du
4 . 7. A p p ro b a tio n plu par « le président de I'epci com pétent» Dans ce cas, le
Le plu , éventuellement modifié, suite notam­ débat public est également organisé au sein des
ment aux avis des personnes publiques, aux conseils municipaux des communes concernées et le
observations du public et au rapport du projet de plu arrêté leur est soumis pour avis.

Le p l u est élaboré par la commune et sous la conchyliculture. La décision d’élaboration


sa responsabilité. Lorsque la commune est est publiée dans un journal local. Un mois
membre d’un établissement public de coopé­ après cette publication de la décision d ’éla­
ration intercommunale ( epci ) compétent en borer le p l u , le sursis à statuer peut être
matière de plu , c ’est cet epci qui exerce cette opposé aux projets de construction qui pour­
compétence en concertation avec les com­ raient compromettre sa réalisation. Le préfet
munes concernées. La délibération du conseil porte à la connaissance de la commune les
municipal (ou de l ’organe délibératif de dispositions particulières que le plu devra
I’epci) qui prescrit cette élaboration et précise respecter: directive territoriale d’aménage­
les modalités de concertation est notifiée au ment ( dta ), dispositions particulières aux
préfet, aux présidents du conseil régional et zones de montagne et du littoral, servitudes
du conseil général ainsi qu’aux représentants d’utilité publique, opérations d’intérêt natio­
des organismes qui doivent être associés à nal, projets/ d’intérêt général, etc. Les ser­
son élaboration : autorité compétente en vices de l’État peuvent être associés à son
matière de transports urbains, organismes élaboration à la demande du maire ou du
consulaires et, le cas échéant, epc i chargé préfet. Les présidents des autres organismes
d’élaborer le scot (ou, s ’il n ’y a pas de scot , associés, les maires des communes voisines
celui qui concerne une commune limitrophe), et les présidents des epci voisins compétents
parc naturel régional et section régionale de sont consultés à leur demande en cours d ’éla-
PLAN LOCAL D'URBANISME 578

boration, ainsi que les présidents des epci d’application anticipée possible d’un plu en
voisins et que les maires des communes voi­ révision) est son opposabilité (la loi du 2 juillet
sines. Le maire peut en outre recueillir l ’avis 2003 précise que celle-ci ne concerne que le
de tout organisme ou association compétent, règlement et les documents graphiques, donc
y compris des collectivités territoriales des à l’exclusion du padd , et mentionne la compa­
États limitrophes, le cas échéant. Les asso­ tibilité avec les orientations particulières) à
ciations agréées sont consultées à leur toute personne publique ou privée pour l’exé­
demande. cution de tous travaux, constructions, planta­
Le conseil municipal (ou l’organe délibé­ tions, affouillements ou exhaussements de
rant de I’epci et les conseils municipaux de la sol, pour la création de lotissem ents et
ou des communes concernées) débat sur les l’ouverture d ’installations classées, qu’elles
orientations générales du projet d’aménage­ soient soumises ou non à autorisation. Un plu
ment et de développement (padd ) au plus tard approuvé depuis plus de six mois ouvre, au
deux mois avant l ’examen du projet de plu même titre que le po s , la délivrance des auto­
(éventuellement dès la mise en révision en risations d’utilisation du sol par le maire (ou
cas de révision d’un document existant). Le par le président de I’epci qui a compétence en
conseil municipal arrête le projet de p l u , matière d’urbanisme). La déclaration d’utilité
affiche cette décision et soumet le projet pour publique d ’une opération non compatible
avis aux personnes publiques associées à son avec le plu nécessite une enquête publique
élaboration ou consultées lors de celle-ci, qui ouverte par le préfet (qui porte à la fois sur
donnent leur avis (dans leur domaine de com­ l’opération et sur la mise en compatibilité du
pétences) dans un délai de trois mois (faute de plu ) après examen _conjoint de cette mise en
quoi il est réputé favorable). Le maire soumet compatibilité par l’État, la commune, les orga­
alors le projet (rapport de présentation, padd , nismes associés à l ’élaboration du plu et après
documents graphiques, règlement et annexes) avis du conseil municipal. Le propriétaire
à enquête publique (s’il y a une za c , cette d’un terrain réservé par un plu ou grevé par le
enquête peut valoir enquête préalable à la plu d’une servitude peut exiger l ’acquisition
déclaration d’utilité publique des travaux qui de celui-ci par la collectivité ou le service
y sont prévus) avec, en annexe du dossier, les public bénéficiaire de cette réservation (droit
avis des personnes publiques consultées. Le de délaissement).
p l u , éventuellement modifié (les modifica­
tions adoptées à la suite de l’enquête publique Le plu peut faire l ’objet de révision, de
ne doivent pas porter atteinte à l ’économie modification ou de mise à jour et, depuis la
générale du projet), est approuvé par délibéra­ loi du 2 juillet 2003, de révision simplifiée
tion du conseil municipal. Il est transmis au ou, depuis celle du 17 décembre 2009, de
préfet et tenu à la disposition du public. S ’il modification simplifiée.
n’y a pas de scot, le plu ne devient exécutoire — La ré v isio n s ’effectue dans les mêmes
qu’un mois après sa transmission au préfet. formes que l’élaboration du plu . Elle peut ne
Celui-ci peut demander des modifications si porter que sur une partie du plan. La délibéra­
le plu n ’est pas compatible avec la dta ou tion du conseil municipal qui prescrit la révision
avec les dispositions particulières aux zones précise ses objectifs et les secteurs concernés.
de montagne et du littoral ; ou s’il compromet Une procédure de révision d’urgence, pour
gravement les objectifs généraux des docu­ prendre en compte un projet d’intérêt national,
ments d’urbanisme exposés dans la loi s r u ; peut comporter un examen conjoint des per­
ou s ’il y .a des incompatibilités manifestes sonnes publiques associées et une enquête
avec l ’utilisation ou l’affectation des sols des publique portant à la fois sur ce projet et sur la
communes voisines ; ou s ’il compromet la révision du plu .
réalisation d’une dta , d’un scot , d’un schéma — La m odification , qui suppose qu’il ne soit
de secteur, d’un sm vm . Le plu devient exécu­ pas porté atteinte à l’économie générale du plan,
toire dès transmission au préfet des modifica­ donc que le padd ne soit pas changé, s’effectue
tions demandées. par délibération du maire après enquête
publique. Elle ne peut réduire un espace boisé
Le principal e ffe t ju r id iq u e d e l ’a p p r o b a ­ classé ou une protection de zone agricole ou
p l u (il n’y a pas, contrairement au po s ,
tion d u naturelle. Le projet de modification est notifié,
579 PLAN LOCAL D'URBANISMÊ

avant l’ouverture de l’enquête publique, au pré­ zac. Les pos rendus publics avarit le 1er avril
fet (ce qui n’était pas le cas pour la modification 2001 demeurent opposables, mais leur appro­
du pos ), au président du conseil général et aux bation (ou leur révision dont le contenu a été
personnes publiques associées. Dans l’esprit de arrêté par le conseil municipal) selon le
la loi du 2 juillet 2003, la modification doit régime des pos a dû intervenir dans un délai
devenir la règle générale ; la révision, l’excep­ d’un an. Les paz arrêtés avant cette date sont
tion. En particulier, la transformation d’une maintenus, mais devront être intégrés aux
zone d’urbanisation future (au ) en zone urbaine futurs p l u . Les prescriptions d’élaboration
(U) peut se faire par modification si cette trans­ ou de révision d ’un pos antérieures à cette
formation est en cohérence avec le padd . date valent prescription d ’élaboration ou de
— La révision simplifiée peut être utilisée révision d’un plu mais doivent comporter une
pour permettre la réalisation d’un projet pré­ concertation avec les habitants. Au 1er juillet
sentant un intérêt général pour la commune ou 2004, il y avait 9 590 pos approuvés encore
pour la collectivité, quand celui-ci réduit un en vigueur et 6 250 autres qui avaient été mis
espace boisé classé ou une zone agricole ou en révision (qui devaient donc devenir des
naturelle, ou qu’il nécessite un changement du PLU). . . .
padd (ce qui interdit la procédure de modifica­ Malgré ces similitudes indéniables et la
tion). Comme dans la révision d’urgence, le continuité entre les plans locaux d’urbanisme
bilan de la concertation et l ’éventuel débat sur et les plans d ’occupation des sols, il existe
le changement du padd ) sont reportés à la des différences significatives^ tant dans les
séance du conseil municipal qui approuve la mécanismes prévus que dans la portée de ces
révision simplifiée. deux générations de documents d’urbanisme
— La modification simplifiée a été introduite à l ’échelle locale, les premières traduisant
par la loi du 17 février 2009. Il s’agit, d’une part, souvent les secondes dans les textes et dans
de permettre, jusqu’à fin 2010, l’implantation les procédures. Parmi les premières, on souli­
de constructions en limite séparative, d’autre gnera:
part, de rectifier une erreur matérielle du plu ou — l ’institution d u p ro jet d ’am énagem ent et
de modifier des éléments mineurs de celui-ci. de développem ent durable (padd ), véritable
En fait, ces modifications mineures peuvent être cœ ur du dossier du plu (m êm e si son contenu
significatives, puisqu’elles permettent d’aug­ était peu précisé dans la loi sru ) ;
menter, dans la limite de 20 % le ces , le cos — l’obligation de couvrir l’intégralité du
ou la hauteur des constructions, de diminuer territoire de la commune (ou des communes) ;
l’obligation de recul ou de diminuer de 20 % la — l’absence d’article obligatoire dans le
surface minimale de terrain. Cette modification règlement du plu ;
simplifiée ne comporte pas d’enquête publique, — le n ouveau zonage qui supprim e notam ­
mais un porté à connaissance du public pendant m en t les zones n b des pos (zones naturelles
au moins un mois. ordinaires destinées à une urbanisation dif­
fuse), ju g ées à ju ste titre trop favorables au
Le plan local d’urbanisme présente de nom­ « m itage » des espaces n o n urbanisés ;
breuses similitudes avec le plan d’occupation — la place plus réduite faite aux règles de
des sols qu’il remplace. Des modalités transi­ densité et à l’utilisation des co s ;
toires ont été définies par la loi SRU concer­ — l ’obligation d ’u n débat public (en fait
nant les po s , mais aussi les paz , puisque ce organisé au sein d u conseil m unicipal) su r les
document spécifique est supprimé par la loi orientations du plu avant que le p ro jet de plu
sr u dans les nouvelles Za c . Les po s (ét ne soit arrêté (donc avant l ’enquête p ublique) ;
les paz ) approuvés avant le 1er avril 2001 — la suppression des possibilités d’appli­
demeurent en vigueur jusqu’à leur révision en cation anticipée du plan en révision.
étant soumis au régime juridique des plu . Les Il est possible, près de dix ans après la sru ,
po s (et les pa z ) peuvent être m odifiés ou d ’établir un bilan quantitatif provisoire du
révisés dans les mêmes conditions que les plu remplacement des POS par les plu et de l’élabo­
(ce qui inclut la procédure de révision simpli­ ration de nouveaux plu dans des communes
fiée) ; s ’il s’agit d’une révision générale, ils non dotées de p o s . A u 1er janvier 2009,
doivent être mis en forme de plu , donc cou­ 12 048 pos ou plu étaient approuvés (corres­
vrir l’intégralité de la commune, y compris les pondant à 37,55 millions d’habitants au recen-
PLAN PARCELLAIRE 580

sement de 1999 et à 195 000 km2), 2 084 autres d’urbanisme, et notamment des plu (c’était
plu étaient en cours d’élaboration (1,45 mil­ déjà un peu le cas des schémas directeurs,
lion d’habitants et 71 000 km2) et 4 804 pos mais ceux-ci étaient tombés en quasi-
en révision (19,3 m illions d ’habitants et déshérence), des instruments de développe­
114 000 km2). On notera que, parmi les plu en ment économique et social de la commune
cours d’élaboration, 148 seulement concer­ (ou d’un groupe de communes). On attend
naient des communes dotées d ’une carte des plu qu’ils apportent une dimension dyna­
communale. Au total, si toutes les procédures mique absente des pos , traduisant un projet
d’élaboration ou de révision en cours aboutis­ urbain réfléchi et argumenté, qui peut
saient, un peu plus de la moitié des communes comporter des actions volontaires (notam­
( d o m compris), habitées par 58,3 millions ment des opérations d ’aménagement) qui
d’habitants et totalisant une surface de peuvent être détaillées dans le plu .
380 000 km2, seraient couvertes par un plu , On notera que le texte de la loi sru et
soit un peu plus que par les anciens pos . celui de la loi du 2 juillet 2003 recourent à
Il faut, sur le plan qualitatif, rappeler les un vocabulaire nouveau et volontariste : soli­
objectifs poursuivis par le ministère chargé darité, renouvellement, cohérence, équilibre,
de l’équipement, à l’origine de cette réforme, concertation, etc. Il reste à mesurer si la pra­
et adoptés par la représentation parlemen­ tique sera le reflet de ces intentions louables
taire. La principale différence réside dans et ambitieuses ou s ’il ne s ’agira que d ’un
l’ambition plus large des plu . Alors que les vernis formel et bavard pour masquer des
documents d’urbanisme à l’échelle commu­ pratiques très traditionnelles. A insi, la
nale, depuis les origines (loi de 1919) volonté (accentuée par la loi Urbanisme et
jusqu’aux pos , avaient pour mission de fixer habitat du 2 juillet 2003) de privilégier la
les règles d’affectation et d ’utilisation des modification (procédure légère) des plu par
sols (et notamment les droits à construire), le rapport à leur révision (procédure lourde) et
plu constitue un véritable projet d’aménage­ l’institution de la révision simplifiée, dont le
ment et de développement durable (ce que champ a été étendu par deux décrets de 2009
traduit notamment le padd ). L’article 1er de peuvent apporter le meilleur (un dynamisme
la loi sru , et notamment les dispositions qui accru du plu ) comme le pire (une adaptation
forment la nouvelle rédaction de l ’article empirique aux projets des agents écono­
L 121-1 du Code de l ’urbanisme, précisent miques).
les objectifs de cette nouvelle génération de
P. M.
documents d’urbanisme (ils concernent donc
également les sc o t et les cartes comm u­ -> Approbation ; Carte communale ; Code de l'urbanisme ; Coef­
nales): équilibre, diversité des fonctions et ficient d'occupation des sols (cos) ; Documents d'urbanisme ;
Emplacements réservés aux équipem ents; Enquête
mixité sociale, utilisation économe et équili­ publique; Espace boisé classé; Plan d'occupation des sols
brée des espaces. Ces principes dépassent ( ); ( );
pos Plafond légal de densité pld Planification urbaine en
( );
France (historique); Projet d'intérêt général pig Publica­
largement les seules préoccupations d’organi­ ( );
tion; Schéma de cohérence territoriale scot Zone d'amé­
sation de l’utilisation de l’espace. Certes, au (
nagement concerté zac ).
fil des textes législatifs, la nécessité de com­
patibilité (ou de prise en considération) avec
les dta , les pig , les lois d’urbanisme (Mon­ PLAN PARCELLAIRE — Parcellaire ; Plan
tagne, Littoral et Abords des aérodromes),
les plh , les pdu , etc., avait été introduite dans
les po s , mais sans bouleverser leur économie PLAN QUINQUENNAL —> Contrat de plan
générale. La loi sru fait une large place aux État-région ; Planification ; Planification
soucis, appams après l’institution des p o s , économique
de préservation de l ’environnement, d ’écono­
mies d’énergie et d ’espace, de renouvelle­
ment de la ville sur elle-même, bref de ce PLANIFICATION
qu’on appelle peut-être par facilité et par
conformité à la mode le « développement Processus qui fixe (pour un individu, une
durable». Plus ambitieuse encore est la entreprise, une institution, une collectivité
volonté de faire des nouveaux documents territoriale ou un État), après études et
581 PLANIFICATION

réflexion prospective, les objectifs à Grande-Bretagne depuis 1979) réduisent le


atteindre, les moyens nécessaires, les étapes plus souvent au minimum l’intervention pla­
de réalisation et les méthodes de suivi de nificatrice de l ’État.
celle-ci. Les programmes sont des catalogues de réa­
La planification prend, en particulier, la lisations souhaitables, qui ne comportent pas,
forme de plans. Ceux-ci peuvent concerner comme le plan, d’objectifs, d’échéancier, ni
une période de temps fixée ou non. On dis­ de moyens précis. Tel était le cas, en France,
tingue, pour un État ou une collectivité terri­ des programmes d’action régionale, établis à
toriale: partir de 1955 et auxquels ont succédé les
— la planification économique (et sociale) tranches régionales du plan quinquennal
qui s’exprime à travers des plans de moderni­ national, puis les plans de région (à partir de
sation (appellation initiale des plans français) 1983 dans le cadre de la décentralisation). Les
ou des plans de développement économique programmes de modernisation et d ’équipe­
et social, traitant d’agrégats économiques, ment, procédure tombée en déshérence dans
financiers et humains ; les années 1970, établis pour les villes (loi du
— la planification spatiale qui se préoccupe 7 août 1957), comportaient cependant un
de la répartition dans l’espace des agrégats échéancier (perspectives à quinze ans, pro­
précédents et, en particulier, des populations gramme de réalisations à cinq ans) dans le
et des activités, et prévoit l’échéancier de réa­ cadre d’un plan d ’équipement à long terme.
lisation et l’implantation des équipements et On voit qu’en pratique, les termes de plan et
des infrastructures nécessaires au bien-être de programme sont souvent, à tort, employés
de ces populations et à l’efficience de ces indifféremment. ;
activités. À partir de la loi Rocard du 29 juillet 1982,
Planification économique et planification la planification a accordé une place beaücoup
spatiale ne doivent pas être considérées plus grande aux régions : les présidents des
comme distinctes, mais comme complémen­ conseils régionaux sont membres de droit de
taires et donc coordonnées. Cependant, le plus la Com m ission nationale de planification
souvent la planification économique est plus (supprimée depuis) et lui proposent leurs
ancienne que la planification spatiale et la réflexions, tant pour leur région que pour la
deuxième est souvent subordonnée à la pre­ préparation du plan national. Ils ont en outre
mière (c’était notamment le cas en urss où la la responsabilité de l ’élaboration des plans
répartition des forces productives a pour objet régionaux;, conséquence logique de la décen­
de spatialiser les projets de développement tralisation administrative. L’harmonisation
prévus par le plan économique). entre la planification nationale et celle des
On distingue souvent la planification impé­ régions s ’effectue à travers les contrats de
rative (ou autoritaire) et la planification indi­ plan entre l’État et chaque région, devenus
cative (ou souple). La première correspond à contrat de projet à partir de 2007, qui ont pour
la tradition des pays socialistes (urss en parti­ objet d’assurer à la fois la cohérence de la
culier), la seconde à celle de certains pays planification et la spécificité de la prise en
occidentaux (France, Pays-Bas). Cependant, compte de chaque situation régionale. La troi­
en France, le Commissariat général du Plan a sième génération de contrats dp plan État-
beaucoup perdu de son influence depuis la région concernait la période 1994-1998, en
crise, en raison de celle-ci et de l ’influence décalage d’un an avec le XIe plan, mais ils ont
des principes libéraux depuis une vingtaine été prolongés, comme lé plan, d’une année (en
d’années. Le rapport du XIe plan, remis au 1999). Des contrats de plan État-ville, expéri­
gouvernement en février 1993, peu avant les mentés au X e plan (il y en eut 13) ont été
élections législatives, n ’a pas été soumis au généralisés au XIe plan (214, plus une conven­
Parlement par le nouveau gouvernement, qui tion avec la ville de Paris, ont été signés) ; ils
a demandé des propositions de modification, ont été remplacés en 2007 par des contrats
avant les élections présidentielles de 1995. En urbains de cohésion sociale. Leur préparation
2006, le Commissariat général du plan a a été conjointe avec les contrats de plan État-
même été remplacé par le Centre d’analyse région. La quatrième génération de contrats de
stratégique. Les pays où le gouvernement se plan a concerné la période 2000-2006 (période
réclame d’une idéologie libérale (États-Unis, choisie pour coïncider avec le calendrier de
PLANIFICATION DES TRANSPORTS 582

l’Union européenne). Ils sont désormais pré­ deux sens, entre les réseaux de transport et
sentés comme découlant de la loi Voynet du l’occupation du sol, la planification des trans­
25 juin 1999 sur l’aménagement et le dévelop­ ports doit être menée en liaison étroite avec là
pement du territoire. Outre les contrats État- planification spatiale ou territoriale (urba­
région et les contrats de ville, la période 2000­ nisme ou aménagement du territoire selon
2006 a vu apparaître les contrats de pays, les l’échelle). i
contrats d’agglomération et les contrats dépar­ En raison du coût élevé des infrastructures
temental et régional, puis les contrats de site de transport, mais surtout de la longue durée
en 2003. des études (quelques années), des processus
La réforme des contrats de plan, décidée en de prise de décision (quelques années, parfois
2006 pour les nouveaux contrats de projet des décennies), de réalisation (en années et
État-région de la période 2007-2013 vise à souvent en décennies) et d’utilisation (plur
renforcer à nouveau la dimension stratégique sieurs générations), la planification des trans­
de ces contrats. Un ajustement annuel des pro­ ports s’entend à moyen terme (cinq à dix ans),
grammations est effectué, avec réexamen sys­ mais plus souvent à long terme (de vingt ans à
tématique des projets non engagés dans les une génération), l’horizon à retenir dépendant
délais prévus, par un groupe d’étude et de de la taille de l’agglomération, de son rythme
suivi des contrats de plan Etat-région ( g es - de croissance et de l’ampleur des problèmes
per ). Ces contrats s’intégrent dans le cadre de abordés.
la stratégie européenne dite de Lisbonne La méthodologie générale de la planifica­
(adoptée au Conseil européen de mars 2000). tion des transports comporte :
Conformément à cette dernière, les objectifs — la connaissance de l’offre (par les statis­
prioritaires affichés pour la cinquième généra­ tiques des transporteurs en particulier) et sur­
tion de contrats État-région (2007-2013) sont tout de la demande (par des enquêtes sur la
la compétitivité et l’attractivité des territoires, mobilité) actuelles ;
la dimension environnementale du développe­ — l’analyse de la mobilité actuelle, la
ment durable et la cohésion sociale et territo­ construction et l’ajustement de modèles capables
riale. Le montant des financements prévus de représenter mathématiquement, avec un taux
pour ces 26 nouveaux contrats de projets et d’erreur acceptable, cette mobilité ;
les 10 contrats interrégionaux de massifs et de — la prévision des données exogènes aux
fleuves est de 36,7 milliards d ’€. Comme transports : évolution démographique et éco­
pour les périodes précédentes, l ’engagement nomique (emploi, revenus, motorisation) et
de l’État est, par habitant, plus important dans développement urbain (localisation des rési­
les régions les plus pauvres ( d o m , Corse, dences, des activités, etc.) ;
Limousin, Auvergne, etc.) et plus faible dans — une réflexion prospective sur l’évo­
les plus riches (Île-de-France, Alsace, Pays de lution possible des comportements, qui se
la Loire). traduit par la fixation des paramètres des
P. M. modèles mathématiques, en vue de leur appli­
cation aux prévisions exogènes précédentes ;
-> Contrat de plan État-région; Contrat d'agglomération; — l ’application des modèles aux prévisions
Contrat de pays; Contrat de site; Contrat de ville; Planifica­
tion économique ; Planification spatiale. exogènes pour connaître la demande future,
répartie dans l ’espace (origine-destination),
dans le temps (détermination de la demande
PLANIFICATION DES TRANSPORTS d’heure de pointe), par mode de transport et
éventuellement par itinéraire ;
Établissement de programmes, spatiaux et — la détermination des réseaux de transport
économiques, déterminant la demande prévi­ optimaux, par comparaison de la demande pré­
sible à l’horizon temporel étudié, les investis­ vue à l’offre actuelle puis par une évaluation
sements à réaliser pour la satisfaire, leur des gains de coût généralisé et des accessibili­
échelonnement dans le temps et leurs consé­ tés, l’étude de la rentabilité des infrastructures
quences prévisibles, en particulier sur le déve­ nouvelles ainsi envisagées, la préparation
loppement urbain et la localisation des d ’une décision de réalisation (ou non) et d’un
activités et des équipements. En raison des échelonnement dans le temps des investisse­
interactions possibles et prévisibles, dans les ments ;
583 PLANIFICATION ÉCONOMIQUE

— l ’étude des conséquences (impact) des gement du territoire (à l’échelle des régions et
infrastructures nouvelles envisagées sur le du pays).
développement urbain, et la correction éven­ P.M.
tuelle, pour les mettre en harmonie, des prévi­
sions de réseaux et/ou des prévisions d’urbani­ -+ Coût de fonctionnement des transports; Coût d'investisse­
ment des transports; Coût social; Modèle de transport;
sation. Moyen de transport ; Plan de déplacements urbains ; Tarifica­
Une telle procédure doit être itérative, tion {des transports).

c ’est-à-dire que les prévisions de dévelop­


pement urbain, obtenues comme résultat
d’une première boucle de calculs, sont réin­ PLANIFICATION ÉCONOMIQUE
troduites comm e hypothèses pour une
deuxième boucle, jusqu’à ce qu’il y ait une La planification économique existe à des
convergence suffisante (trop souvent, les degrés divers dans la plupart des régimes éco­
études de transport négligent cette itérativité, nomiques. Elle intervient comme un substitut
ce qui donne un rôle ex cessif aux hypo­ du marché dans tous les cas où celui-ci est
thèses exogènes). De même, la phase de défaillant ou dépassé. Même dans les cas où
réflexion prospective est souvent négligée, le marché remplit convenablement son office,
la valeur des paramètres étant supposée, le plan constitue souvent le cadre de référence
sans justification, constante dans le temps des prévisions économiques privées.
(voire dans l’espace, quand on adopte pour Les plans français ont eu chacun leur his­
une ville la valeur des paramètres observés toire qui implique, à des degrés divers,
dans une autre). l’action sur le cadre bâti, depuis le Ier plan, dit
Un plan de circulation concerne seulement Monnet (1946-1953), plan de reconstruction
la voirie. Il s’agit souvent de plans à moyen et d’intervention dans un petit nombre de sec­
terme (cinq ans), prévoyant les aménage­ teurs clés. Les innovations les plus mar­
ments légers (carrefours, sens uniques, feux quantes ont été introduites par le IVe plan, dit
tricolores, etc.), permettant d’accroître l’effi­ Pierre Massé (1962-1965), qui a mis l ’accent
cacité de la voirie existante. Il peut compor­ sur les problèmes d ’équilibre dans le dévelop­
ter des propositions concernant les piétons pement régional et de répartition équitable
(voies piétonnières), les cycles (pistes des fruits de la croissance (politique des reve­
cyclables), le stationnement (réglementation, nus), puis par le VIIe plan (1976-1980), à pro­
tarif), les transports en commun routiers pos duquel on a pu parler de « déplanification
(pistes réservées, restructuration des réseaux, souple», dans la niesure où la politique éco­
etc.) En France, ces plans de circulation sont nomique à court terme a fait alterner des
subventionnés à 50% par l’État. Les plans phases de relance avec des phases de stabili­
de déplacements urbains, créés par la loi sation. Par la suite, le plan a encore perdu de
d’orientation des transports intérieurs de son importance, le pouvoir politique attri­
1982 et rendus obligatoires pour les agglo­ buant le rôle moteur à l ’extension (1 9 8 1 ­
mérations de plus de 100 000 habitants par la 1986), puis à la réduction, ensuite à la stabili­
loi du 30 décembre 1996, sont en fait des sation (de 1988 à 1993), enfin à une nouvelle
plans de transport qui doivent assurer un réduction (depuis 1993) de la part du secteur
équilibre entre mobilité et accessibilité en nationalisé dans l ’économ ie. Le X e plan
réduisant la pollution. (1989-1993) s’est efforcé de préparer le pays
Une politique de transports est l’ensemble à affronter le grand marché européen de 1993
des orientations, fixées par les pouvoirs sans pour autant parvenir à enrayer la progres­
publics, après études de planification et sion du chômage. Le XIe plan (1994-1998),
consultation des habitants, fixant le rôle assi­ prolongé en 1999, n ’a, pour la première fois,
gné aux différents moyens de transport, les pas été soumis au Parlement, ce qui traduit la
grands investissements à réaliser, leur finance­ faible importance que lui accordaient les pou­
ment et celui de leur fonctionnement, la tarifi­ voirs publics. Il n ’y a pas eu, à proprement
cation et les moyens d’inciter les usagers dans parler, de XIIe plan, bien qu’on considère la
le sens des objectifs fixés : elle doit être stric­ période 2000-2006 (la planification française
tement intégrée à la politique d’urbanisme (à s’étant adaptée aux périodes de planification
l’échelle urbaine) ou à la politique d’aména­ de l ’Union européenne) comme celle du
PLANIFICATION ÉCONOMIQUE 584',

XIIe plan. Le Commissariat général du Plan ralement considéré comme une approche
(cgp) s’est seulement vu demander d’établir intermédiaire entre la planification rigide des
un rapport sur les perspectives à moyen terme économies socialistes et l’absence volontaire
(de trois à cinq ans) qui, remis fin 1999, a été de toute planification, au nom du libéralisme
soumis à l ’avis du Conseil économique et économique et du primat de la libre entrer
social et a été présenté au Parlement en 2000 prise. À l’inverse, dans le système soviétique
lors d’un débat sans vote. En 2006, le cgp a (imité dans les autres pays socialistes), le
été remplacé par le Conseil d’analyse straté­ gosplan (Comité d’État pour la planification
gique. économique) jouait le rôle de superministère
Si la procédure d’élaboration des plans asso­ qui gouvernait les choix de nombreux minis­
ciait étroitement les « partenaires sociaux » tères spécialisés et auquel était même subor­
(représentants du monde économique et des donnée la planification spatiale menée par le
milieux d’affaires, syndicalistes, responsables gosstroi (Comité d ’État pour la construc­
des administrations), elle s’appuyait aussi sur tion), aussi bien à l’échelle de l’aménagement
des outils spécifiques : comptabilité nationale du territoire (équilibre Russie-Sibérie-Asie
prévisionnelle à court terme (les budgets éco­ centrale, notamment) qu’à celle de l ’urba­
nomiques) et modèles de planification (le nisme et surtout des décisions d’implantation,
modèle dynamique multisectoriel de la divi­ des unités de production ou des équipements.!
sion des programmes de I’insee), ainsi que sur Mais, même dans les pays prônant le libéra­
les travaux des grands instituts de prévision lisme absolu, dont les Etats-Unis représentent
(Observatoire français de la conjoncture éco­ le m odèle le plus achevé, les pouvoirs
nomique) ou des centres de recherche univer­ publics - le gouvernement fédéral essentielle­
sitaires. ment - interviennent pour aider certains sec­
La planification économ ique au niveau teurs de l’économie, au gré des pressions des
central et la planification urbaine n ’ont pas milieux professionnels, des besoins ressentis
toujours été conçues conjointement. En par l ’opinion ou des pressions politiques:
France, il a fallu attendre le printemps 1959 c ’est ainsi qu’ont été, dans le domaine des
pour qu’une certaine liaison entre l ’urba­ transports, largement subventionnées les
nisme traditionnel et la planification macro­ autoroutes de liaison Interstate highways,
économique soit établie par le biais des pro­ années 1950), puis les autoroutes urbaines
grammes de modernisation et d’équipement (années I960) et, enfin, la construction de
des agglomérations. Si les villes ont été prises métros dans les grandes villes (décennie
en considération dans la planification macro­ 1970).
économique, c ’est davantage comme pôles La planification économique nationale et
de croissance régionale que comme foyers la planification régionale ont été m ises en
autonomes de progrès. Au seuil de la décen­ cohérence, à travers la procédure des contrats
nie 1990, la perspective a quelque peu changé de plan État-région, conformément à la loi
et le Commissariat général du Plan, relayé Rocard du 29 juillet 1982 sur la planification.
par la datar, a mis l’accent sur le rôle des Il s’agissait de développer à l’échelle régio­
grandes villes dans la croissance et le pro­ nale des programmes et des projets concrets
cessus d ’internationalisation des économies. compatibles avec les objectifs du plan natio­
Les contrats de ville ont été expérimentés nal. Les contrats de plan État-région ont cou­
au X e plan (1989-1993) et la procédure a vert trois quinquennats (1984-1988, 1989­
été généralisée au XPplan (1994-1998) et 1993 et 1994-1998, ces derniers ayant été
renouvelée pour les périodes suivantes de prolongés d’un an en 1999). Ceux de la qua­
planification. Ils ont été remplacés, pour la trième génération couvrent la période 2000­
période actuelle (2007-2013) par les contrats 2006, soit sept ans. Ils intègrent, dans leur
urbains de cohésion sociale. Les contrats volet territorial, les contrats urbains de cohé­
d ’agglomération, et les contrats de pays ont sion sociale et les conventions de pays et
été institués lors delà période 2000-2006, les d’agglomération (ex-contrats).
contrats de site en 2003. Le bilan de la première période fait appa­
Le système fiançais de planification écono­ raître la prépondérance des réalisations
mique, qui a lui-même évolué au cours d’une d ’infrastructures de transport (environ 40 %
histoire longue d’un demi-siècle, était géné­ des financements globaux contractualisés),
585 PLANIFICATION RÉGIONALE

suivis par les actions de politique économique naux s ’ajoutent 5 contrats interrégionaux de
sectorielle (17 %), d’action sanitaire et sociale massif et 5 aütrés de fleuves.
(11 %), de formation (10% ) et d’enviromie- Si le système français de planification éco­
ment (7% ): l ’aménagement de l ’espace ne nomique, malgré ses évolutions au cours d’un
représentait que 6 %. Au cours de la seconde dem i-siècle ét des dix plans successifs de
et de la troisième générations de contrats de 1946 à 1993, incarnait une voie m oyenne
plan, cette tendance s’est confirmée : les infra­ entré là planification rigide des économ ies
structures ont absorbé respectivement 24 % et socialistes et le libéralisme anglo-saxon, il
36%, les programmes de réhabilitation des s’est progressivement, et surtout au cours des
logements ( pact) et la politique des villes trois dernières périodes de planification, rap­
12 % et 13 %, la formation et la recherche 9 % proché du second.
et 18 %, l ’emploi et lé développement écono­ ' ' P,-H. D. et P. M.
mique 8% et 14%, etc. Pour la quatrième
génération de contrats de plan, l’État devait Contrat de plan État-région; Planification; Planification spa­
tiale- : ,
apporter 17,510 milliards d’€ hors territoires
d’outre-mer, grands programmes et pro­
grammes interrégionaux (829 millions pour
ces derniers) et les régions 17,753 milliards, PLANIFICATION RÉGIONALE
auxquels devaient s’ajouter les contributions
de l ’Union européenne (environ 9 milliards Encadrement par les pouvoirs publies du
d’€), d’autres collectivités territoriales (dépar­ développement économique et social à l ’aide
tements, communes et leurs groupements : d’un plan, grâcè à la mise en oeuvre d’iristru-
plus de 9 milliards) et d ’autres partenaires ments spécifiques. On parle de plan tant que
(organismes consulaires, etc.) et un avenant l’action menée n ’implique pas la localisation
«marée noire et inteittpéries>>’(6 l0 millions précise des implantations décidéès ; on parle
d’€) ajouté en 2000. Les contrats de plan de d ’aménagement lorsque les documents éla­
cette quatrième génération ont comporté deux borés indiquent les lieux, axes ou aires où les
volets : le volet régional concerne les projets interventions doivent avoir lieu.
qui concourent au développement de l’espace Uné action de planification régionale peut
régional dans son ensem ble (équipements être conçue de deux manières : elle peut appa­
structurants, telles les infrastructures de trans­ raître comme la spécification, pour chacune
port ou les établissements universitaires, par des entités territoriales d’un pays, des actions
exemple) ; le volet territorial ceux qui d’encadrement décidées au niveau national ;
concourent au développement local et à une elle peut résulter de décisions prises et appli­
meilleure utilisation du territoire (investisse­ quées dans le cadre des régions. Dans le
ments de proximité, opérations d’animation second cas, un problème de coordination se
destinées à favoriser la création d’activités, pose, de manière à éviter que les régions ne se
prise en compte de l’environnement) en liai­ nuisent en essayant d’attirer chacune une part
son avec les nouveaux contrats de pays et disproportionnée des investissem ents p os­
d’agglomération. sibles, ou à éviter aussi que les ambitions
Pour la période 2007-2013, ces contrats régionales ne compromettent la réalisation des
ont été rebaptisés «contrats de projet État- objectifs nationaux.
région». Cette modification terminologique a L’accent a été mis longtemps, en France,
pour objet de souligner qu’on vise à renfor­ sur la coordination entre les divers niveaux :
cer la dimension stratégique de ces contrats. la planification régionale, imaginée en 1955
Un ajustement annuel des programmations et menée par l ’État et ses administrations,
sera effectué avec réexàriien systématiqué avait deux volets. La DATAR concevait, pour
des projets non engagés dans les délais pré­ le compte du Premier ministre, les actions
vus. Conformément à la stratégie européenne d’intérêt national; au moment de l ’élabora­
dite de Lisbonne, les objectifs prioritaires tion des plans nationaux, une navette avec
affichés sont la compétitivité et l’attractivité les régions Consultées permettait de répartir
des territoires, la dimension environnemen­ un certain nombre de crédits en tenant
tale du développement durable et la cohésion compte à la fois des objectifs nationaux et
sociale et territoriale. Aux 26 contrats régio­ des objectifs régionaux. Cette première for-
PLANIFICATION SPATIALE

mule, mise en œuvre à partir de 1962, a été — celle de la région, d’un massif, d’une
complétée par l ’apparition d ’une marge dé bande littorale : c ’est l’échelle de la planificai
manœuvre régionale réelle en 1972 : les éta­ tion régionale ; •
blissem ents publics régionaux pouvaient — celle d ’un quartier, d’une ville ou d’unej
lever des impôts et financer leur action direc­ agglomération : il s’agit alors d’urbanisme ;
tement. • • — celle d’un îlot ou d’un petit groupe dq
La décentralisation, en transformant les bâtiments et de leur environnement : on parle
régions en collectivités territoriales, a cpnduit alors de composition urbaine ; ,
à transformer les cadres de la politique régio­ — celle du bâtiment lui-même: c ’est le
nale. La loi Rocard du 29 juillet 1982 avait domaine de l’architecture. ;
prévu la négociation de contrats de plan La planification spatiale doit toujours
entre l’État et les régions. Des contrats de prendre en compte et analyser les données e(
ville ont été mis en place au début des années les contraintes naturelles, économ iques et
1990. humaines et tenir compte des objectifs fixéq
La loi Pasqua du 4 février 1995, puis la loi par les responsables élus de la population qui,
Voynet du 25 juin 1999, ont imposé l ’idée en dernier ressort, auront aussi à approuve^
que cette contractualisation devait également les plans établis. Élle s’inscrit dans le temps,
être menée avec des ensembles territoriaux qu’un horizon (et un échéancier) soit ou non
plus petits, mais plus vastes que la commune fixé dans le plan. ..
ou le canton. Les contrats de pays et les
P. M;
contrats d’agglomération jouent donc un rôle
central dans la quatrième génération (2000­ Aménagement du territoire; Planification. ;
2006) des contrats de plan. Ils traduisent la
reconnaissance de trois niveaux de planifica­
tion - l ’État, la région et le pays ou l’agglo­ PLANIFICATION URBAINE
mération - même si ces nouvelles unités
territoriales ne sont pas des collectivités terri­ Ensemble d ’études, de démarches, voire
toriales. Mais cette dualité entre la structure de procédures juridiques ou financières, qui
des collectivités territoriales et celle des permettent aux collectivités publiques de
unités de planification ne manque pas de connaître l ’évolution des milieux urbains,
poser des problèmes et illustre le débat entre de définir des hypothèses d’aménagement
départementalistes (hostiles à un rôle impor­ concernant à la fois l’ampleur, la nature et la
tant des régions ou des pays) et les régiona- localisation des développements urbains et
listes qui souhaiteraient au contraire voir le des espaces à protéger, puis d’intervenir dans
département s’effacer. la mise en œuvre des options retenues. Les
P. G. et P. M. documents d ’urbanisme, à cet égard, font
partie de la planification urbaine. ;
-*■ Aménagement du territoire; Aménagement régional; Mais cette expression n’a pas de signification
Contrat de plan; Pays; Planification; Planification spatiale;
Politiqué régionale; Région. précise et ne correspond pas à une démarche
particulière et organisée des pouvoirs publics.
P. M.
PLANIFICATION SPATIALE
Documents d'u rbanism e; Planification urbaine en France
(historique); Plan local d'urbanisme ( p l u ) ; Schéma d e cohé­
Action visant à fixer, pour un territoire rence territoriale ; Urbanisme. :
donné, les objectifs de développement et de
localisation harmonieuse des hommes, de
leurs activités, des équipements et des moyens PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE
de communication. (HISTORIQUE)
La planification spatiale est complémen­
taire, sans lui être nécessairement subordon­ 1/ Les origines
née, de la planification économique et sociale.
Elle peut s’exercer à différentes échelles : Si on excepte les plans anciens, visant
— celle du territoire national : on parle à embellir ou à restructurer les villes de
d’aménagement du territoire ; l ’époque - le plan des Artistes, sous la
587 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUEI

Convention, puis le plan de transformation de — à toutes les communes de plus de


Paris, esquissé par Napoléon III lui-même, 5 000 habitants dont la population a augmenté
complété et exécuté par Haussmann, en sont de plus de 10 % entre deux recensements ;
d’excellentes illustrations - la planification — aux stations balnéaires, thermales, cli­
urbaine n’est entrée dans la vie publique fran­ matiques, sportives, etc. ;
çaise, celle des textes législatifs et réglemen­ — aux agglomérations, quelle qu’en soit
taires, que par la porte étroite des règlements l’importance, qui ont un caractère pittoresque,
de voirie et d’hygiène : c ’est l ’article 136-3 de artistique, historique, etc., inscrites sur une
la loi du 5 avril 1884, loi fondamentale des liste établie par la Commission départemen­
communes, qui a imposé à toutes les com­ tale des sites créée par la loi du 21 avril 1906 ;
munes un plan général de nivellement et — aux groupes d’habitations et aux lotis­
d ’alignement. Dix-huit années plus tard, la loi sements;
du 15 février 1902 pour la protection de la — à toute agglomération, totalement ou
santé publique a institué les règlements sani­ partiellement détruite par un cataclysme, natu­
taires départementaux et, à cette occasion, rel ou non.
dans son article 11, un permis de bâtir qui Ces critères furent un peu modifiés par la
s’ajoutait, dans les agglomérations de plus de loi de 1924. Cette énumération méritait d’être
20 000 habitants, à l ’autorisation d’aligne­ reprise car on n’y a presque rien changé jus­
ment. Le décret du 13 août 1902 édicta, pour qu’au décret du 9 septembre 1983, portant
la ville de Paris, des règles strictes relatives à application de la loi de décentralisation du
la hauteur des bâtiments et au gabarit à respec­ 7 janvier 1983 dans le domaine des plans
ter pour l’instruction des permis de bâtir; ces d’occupation des sols, qui supprime tout cri­
règles devaient marquer pour longtemps la tère et toute obligation pour l’établissement
morphologie de la capitale. d’un plan.
À la fin du xixe et au début du xxe siècle, les La loi du 14 mars 1919 fixait un délai de
idées de sauvegarde des monuments histo­ trois ans aux communes pour établir leur pro­
riques, puis de protection des sites et des pay­ jet d ’aménagement, d ’em bellissem ent et
sages s ’étendirent à l ’aménagement urbain d’extension. Elle mettait les frais à leur charge
global sous l ’influence notamment d ’Henri (sauf pour le projet des communes victimes de
Prost, de Marcel Poète, etc. (la Société française cataclysmes et de celles dont le projet s’impo­
des architectes-urbanistes fut créée en 1912). sait à cause de leur caractère pittoresque, qui
était à la charge de l’État) mais le ministère de
l ’Intérieur pouvait les subventionner. Il ne le
2/ L ’entre-deux-guerres : les projets d ’aména­ fit pas.
gement, d ’embellissement et d ’extension La loi instituait une commission départe­
mentale d’aménagement et d’extension des
L’urbanisme, comme gestion de la ville, est villes et villages, composée de membres de la
donc né d’une préoccupation sociale, et la loi com m ission départementale des sites, du
du 14 mars 1919, dite ldi Comudet, du nom de conseil départemental des bâtiments civils et
son rapporteur devant la Chambre des députés de quatre maires désignés par le conseil géné­
- modifiée et complétée par la loi du 19 juillet ral. Cette composition fut élargie par la loi du
1924 - est directement issue des préoccupa­ 19 juillet 1924, avec le représentant du service
tions de la section d’hygiène sociale du Musée des domaines, six délégués des organismes
social. Avec ces textes, la responsabilité d’un d ’habitat social, et dix personnalités quali­
urbanisme décentralisé est confiée aux com­ fiées. Dans le département de la Seine, la
munes les plus importantes ou les plus expo­ commission comprenait 98 membres. Auprès
sées aux transformations rapides. du ministre de l’Intérieur, était également pla­
La loi de 1919 institue lê projet d ’aména­ cée une commission analogue de 37 membres
gement, d ’embellissement et d ’extension et (parlementaires, fonctionnaires, membres des
l’impose : conseils supérieurs d ’hygiène, des Beaux-
— à toutes les villes de plus de 10 000 habi­ Arts et des bâtiments civils, urbanistes, archi­
tants; tectes, techniciens, etc.).
— à toutes les communes du département La procédure d’élaboration du projet était
de la Seine ; soum ise à la consultation de com m issions
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE) 588

multiples, dont celle que la loi instituait, et à L’entre-deux-guerres n’en resta pas à cette
une enquête publique ; le conseil municipal législation initiale. En fait, la crise urbaine!
l’approuvait en dernier ressort et, s’il ne le produit de la négligence des autorités
faisait pas, après mise en demeure du préfet, publiques, de migrations démographiques
le projet était transmis au ministre de l’Inté­ vers les villes, d’une insuffisance des équipe:
rieur qui, après consultation facultative de la ments publics qu’on commençait à éprouve*
commission nationale, le faisait approuver dans les grandes agglomérations, perçait sous
par décret en Conseil d ’État. Toutefois, un la relative stabilité de la société française. Là
arrêté du préfet était suffisant pour les projets région parisienne devait, naturellement, deve­
concernant les communes victimes de cata­ nir le lieu privilégié de l’éclosion de nouvelles
clysme. mesures. Il fallut au gouvernement trois ans
Le projet était établi par un homme de pour obtenir le vote de la loi du 14 mai 1932*
l ’art, désigné par le conseil municipal sur autorisant l ’établissement du «projet d ’amè-,
proposition du maire. Cette désignation nagement de la région parisienne» (le parp).
devait être faite dans les deux mois suivant Ce document couvrait un territoire de 35 km
la promulgation de la loi de 1919. À défaut, de rayon autour de Notre-Dame ; il concernait
le préfet devait mettre en demeure le 657 communes. Les projets d’aménagement,
conseil municipal de le faire et il y procé­ d’embellissement et d’extension devaient lui
dait lui-m êm e si cette m ise en demeure obéir. Une enquête publique et diverses
n ’était pas suivie d ’effet. Il en était de consultations jalonnaient sa procédure et,
même si le plan n ’était pas établi dans les point d’orgue solennel, il devait être approuvé
délais prévus. par une loi.
Tels sont les caractères essentiels de la pro­ L’équipe animée par Henri Prost, qui laissa
cédure d ’élaboration du projet d ’aménage­ son nom au plan, le présenta le 14 mai 1934;
ment, d’embellissement et d’extension. On y Il comporte :
retrouve les nécessités habituelles propres à — une carte au 1/50 000 (qui laisse la ville
garantir la compétence, l ’efficacité, la démo­ de Paris en blanc) ; ,
cratie locale, auxquelles, sous des modalités — un mémoire descriptif général de 7 pages
variées, on n’échappa plus sous les régimes seulement;
successifs ultérieurs. — un programme de servitudes (30 pages);
Par son contenu, le projet était un plan Un effort conceptuel et technique d ’une
d’urbanisme, c ’est-à-dire un projet global, ampleur exceptionnelle venait d’être accompli,
comportant : qui reçut un accueil réservé car, conformément
— un plan qui localise les équipements aux instructions du président du Conseil
publics futurs et en particulier la voirie ; Raymond Poincaré, il limitait considérable­
— un programmé qui détermine les servi­ ment les possibilités de construction, protégeait
tudes hygiéniques, archéologiques et esthé­ les paysages et les espaces ruraux, etc., ce qui
tiques, les espaces libres à préserver, la hauteur appamt comme autant d’atteintes aux principes
des constructions, les réseaux divers (eau, assai­ des libertés locales et du droit de propriété.
nissement). Après enquête publique (1935-1936), modifi­
Un arrêté du maire réglait les conditions cations puis nouvelle enquête publique (1938­
d’application des mesures prévues par le plan 1939), le plan Prost fut approuvé par décret le
et le programme. 2 2 ju in l939, puis par une loi du 24 août 1941.
Divers auteurs estiment à 300 (sur Les projets d ’aménagement, d ’embellisse­
2 000 communes concernées) le nombre de ment et d’extension des commîmes devaient
projets établis avant 1943 ; dans la région pari­ être subordonnés au projet d’aménagement de
sienne, 138 communes étaient tenues d ’en la région parisienne. Celui-ci, rendu oppo­
avoir un : 75 en furent pourvues, plus 21 pour sable aux tiers par son approbation législative,
lesquelles il n ’était pas obligatoire d’en faire. le resta jusqu’en 1976, bien qu’il ait été mis en
On ne peut pas affirmer, en conclusion, que révision en 1944 et que d’autres documents
les communes firent preuve d’un engouement régionaux (non opposables aux tiers avant
excessif pour agir sur leur aménagement, ni 1976) lui aient succédé.
que l’État abusa de ses prérogatives pour les y Le principe du projet d’aménagement régio­
contraindre. nal fut étendu au pays tout entier par décret-loi
589 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE)

du 25 juillet 1935 : ainsi virent le jour des pro­ rant, elle fut validée sans difficulté à la
jets régionaux d’urbanisme, dont les disposi­ Libération, par une ordonnance du 27 octobre
tions s ’imposent aux communes pour leurs 1945, appliquée jusqu’en 1958 et, malgré cer­
propres projets (établis conformément aux taines mesures de déconcentration, on en
lois de 1919 et de 1924). La région, dans ce retrouve l’économie dans les textes jusqu’en
texte, était définie comme un simple ensemble 1983.
de communes. La procédure, très lourde, pré­ En vingt-quatre ans, les communes n’avaient
voyait une élaboration sous l’égide du préfet. pas vraiment usé avec zèle des prérogatives
Elle ne reçut pas, semble-t-il, d’application. que le législateur leur avait conférées ; elles ne
Les décrets-lois de 1935 constituent, en se plaignirent pas vraiment, durant les quarante
fait, la seconde génération (après les lois de années qui suivirent, de cette confiscation
1919 et 1924) du droit de l’urbanisme. Outre totale opérée sous le régime de Vichy. La légiti­
les projets régionaux d’urbanisme (25 juillet), mité de l’État dans l ’initiative de l’établisse­
ils concernent : ment des «plans d’urbanisme» et la délivrance
— l ’utilité publique de certains travaux des permis de construire, pour ne citer que
d’aménagement pour la défense nationale deux aspects, symboliques et importants à la
(25 juillet) ; fois, de la législation d’urbanisme, a été admise
—■l’extension du permis de construire, le sans peine dans notre pays et l’est demeurée
pouvoir accordé au préfet de surseoir à sta­ longtemps.
tuer, en région parisienne (25 juillet) ; La loi du 15 juin 1943 officialise l ’adminis­
— la refonte et l ’amélioration de la législa­ tration de l ’urbanisme dénommée « déléga­
tion sur l’expropriation qui est simplifiée et tion générale à l ’équipement national », créée
devient possible pour cause de plus-value, et en 1941, qui fut le maître d’œuvre du texte.
pour laquelle est instituée une procédure Elle organise les institutions consultatives
d’urgence (8 août) ; sur des bases sim ples : comité national
— les lotissements-jardins qui sont soumis d ’urbanisme de 23 membres (10 fonction­
à autorisation (8 août) ; naires, 3 maires, 10 personnalités qualifiées);
— la lutte contre les locaux insalubres et commission départementale d’urbanisme de
les immeubles menaçant ruine (30 octobre 19 membres (8 fonctionnaires, 3 maires,
1935); 2 conseillers généraux et 6 personnalités qua­
— les servitudes de viabilité sur les voies lifiées). Elle délimite des circonscriptions
publiques(31 octobre 1935). d’urbanisme et place un inspecteur général à
leur tête, fondant ainsi une nouvelle adminis­
tration territoriale. Elle abroge l’ensemble des
3/ La guerre et l ’après-guerre: la loi du textes antérieurs et rationalise la législation
15 juin 1943 et la reconstruction des lotissements et du permis de construire.
Elle édicte le principe fondam ental selon
Par les décrets-lois de 1935, le droit de lequel les dispositions d ’urbanisme qui
l ’urbanisme avait accompli de grands pas, restreignent l ’utilisation du sol n ’ouvrent
mais il restait confus, incommode, embar­ droit à aucune indemnité quand elles ne modi­
rassé. Il attendait une unification simplifica­ fie n t pas l ’état antérieur des lieux. Elle
trice et ordonnatrice. Elle vint avec la loi du fixe les conditions du remembrement urbain.
15juin 1943. Elle assortit les infractions au projet d’aména­
Cette longue loi, puisque le texte en a la gement et aux autorisations de sanctions
qualité formelle, même s’il ne fut débattu par sévères. Elle normalise enfin les documents
aucun Parlement ni soumis pour avis à aucune d’urbanisme, en distinguant les projets d’amé­
assemblée, excepté le Conseil d’Etat, mit en nagement intercommunaux et les projets
ordre la prolifération juridique antérieure; d ’aménagement communaux.
elle rendit intelligible un droit bourgeonnant Le projet d ’aménagement intercommunal
et constitue, de ce seul point de vue, un pro­ implique la création d’un groupement d’urba­
grès essentiel. On sent à sa lecture qu’une nisme ; ce groupement est créé par décret,
pensée organisatrice, auparavant absente* après avis ou sur proposition des maires ou sur
s’exprimait avec vigueur. Son esprit était déli­ la proposition de l’inspecteur général d’urba­
bérément étatiste et centralisateur. Au demeu­ nisme, après avis des conseils municipaux. Le
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE) 590

projet d’aménagement, qui s ’applique à tout le et, s’il ne leur plaît pas, il appartiendra à leurs
groupement, comprend un plan qui localise représentants d’y faire obstruction comme ils
les équipements et les diverses zones et un le pourront, puisque le texte ne leur confère
programme qui détermine les règles juridiques qu’un rôle consultatif. Le souci de l ’efficacité
qui vont définir les possibilités d’occupation domine celui de la participation, qui n ’existé
du sol. Il comporte en annexe la liste des équi­ pas encore. ;
pements et un avant-projet d ’assainissement Indiscutablement, le système a fonctionné
et d’alimentation en-eau. avec efficacité : la loi en ouvrait la possibilité!
Établi par un homme de l ’art désigné par le La foi en la reconstruction de la France animâ
délégué à l’équipement national, il est pris en la jeune administration de la reconstruction,
considération par lui avant d’être soumis aux issue de la délégation à l’équipement national;
divers services administratifs, puis à enquête En cinq années, entre 1945 et 1950,1 850 pro­
publique. La com m ission départementale jets d’aménagement furent déclarés d’utilité
d’urbanisme donne son avis. L’inspecteur publique. La reconstruction fut menée à bien
général établit un rapport sur le projet. Les en dix ans environ. D ’autres nécessités que
communes sont alors consultées. Le préfet l’étroitesse de vue, qu’on prêta quelquefois à
régional le transmet avec son avis au délégué ceux qui en eurent la charge, empêchèrent
à l’équipement national qui consulte le comité d’anticiper, un peu plus qu’on ne le fit alors,
national d’urbanisme. Le projet est approuvé le développement urbain à venir, qu’il n ’était
par décret en Conseil d’État. Ce décret vaut pas très difficile de prévoir, une fois confirmés
déclaration d’utilité publique pour toutes les le renouveau démographique, l ’évolution de
opérations prévues au projet. la société rurale et les migrations qu’elle pro­
Le projet d ’aménagement communal a un mettait, l’aspiration par l’agglomération pari­
contenu et une procédure analogues. Il est sienne, la banalisation de l’automobile, etc. j
obligatoire pour :
— les communes comprises dans un grou­
pement d’urbanisme ; 4 / La période charnière : l ’explosion urbaine
— les communes de plus de 10 000 habi­ et les plans d ’urbanisme (1956-1971)
tants; . . 'i

— les communes sinistrées ; C’est à un défi d ’une autre nature qu’il


— les communes soumises au régime des convenait donc de répondre au milieu des
stations classées ; années 1950 : crise du logement, concentrai
— les commîmes figurant sur une liste tion parisienne, besoin en équipements de
dressée par le préfet, après avis du conseil toute nature. La reconstruction était à peine
municipal et de la commission départemen­ achevée qu’il fallait construire encore plus, là
tale d’urbanisme. où il n’y avait rien, avec un appareil écono­
La loi détermine clairement les mesures de mique, technique et financier privé à peu
sauvegarde et d’exécution et impose la subor­ près inexistant et une initiative privée pas­
dination des projets communaux au projet du sive, si l’on excepte celle qui était à l’affût dé
groupement d’urbanisme. spéculations foncières. Un tel contexte devait
La région parisienne a une administration et nécessairement provoquer un nouveau flux
un régime particuliers. Le parp est confirmé. de textes, en quatre étapes.
L’existence du parp conduit donc à ce qu’il y a) Tout d’abord, la loi du 6 août 1953 faci­
ait, dans cette région, trois niveaux de planifi­ lite Vexpropriation des terrains nécessaires
cation. aux opérations d’urbanisme (de logement et
La loi du 15 juin 1943 exprime des convic­ d’activités économiques). L’innovation juri­
tions claires, témoignant d ’un dirigisme éta­ dique est im m ense: on peut exproprier les
tique certain, d’un centralisme parfait et d’une uns, pour revendre les terrains à d’autres qui y
indifférence notoire à l’égard des volontés construiront. On la doit à E. Claudius-Petit,
communales. Elle repose sur l’idée que l ’État, ministre déterminant de la nouvelle politique
responsable de l’aménagement, doit conduire urbaine et fondateur de l’intervention de l’État
la politique d’une main ferme et que les com­ dans l’aménagement volontaire du territoire,
munes suivront. Si l ’urbanisme qui leur est une notion qui s’épanouira durant la décennie
offert est bon, elles n ’auront qu’à y consentir suivante. ,
591 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE)

b) Puis, la loi du 7 août 1957, confuse et tion) s’engagea donc dans l’établissement de
cahotante, mais riches d’idées et d’institutions. ces documents, sans avoir la force, le soutien
c) Ensuite, les décrets de 1958 : pour aller moral et les moyens d ’études de les établir,
vite, la nouvelle constitution aidant, une part d ’autant qu’une bonne part de ses crédits
notable de la législation de l’urbanisme perd étaient affectés à l’expérimentation des docu­
sa nature législative. Les plans d’urbanisme ments nouveaux qui devaient devenir, par la
font leur apparition et remplacent les projets loi du 30 décembre 1967, les schémas direc­
d’aménagement. teurs d’aménagement et d ’urbanisme et les
d) Enfin, en 1960, 1961 et 1962, les droits plans d’occupation des sols.
de préemption font leur apparition, ainsi que Aussi, durant ces années cruciales, la « plani­
des prélèvements ou fiscalités spécifiques à fication urbaine » s’effaça progressivement dans
l ’aménagement (redevance d ’équipement, les esprits et la pratique administrative et, sous la
redevance d ’espace vert, participation pour pression des besoins et de l’urgence, l ’urba­
dépassement du coefficient d ’utilisation du nisme se fit à coup de permis de construire et de
sol, réforme du permis de construire). « grands ensembles » qui furent institutionna­
On peut dire qu’à partir de cette date on lisés en 1958 à travers la procédure des z u p :
n’inventera vraiment plus rien. Tout existe, « zones à urbaniser en priorité ». Des opérations
sous des formes confuses* incomplètes, mal de plusieurs milliers de logements n’étaient pas,
articulées, incommodes, mais comme toutes dans les années 1960, une chose rare. On s’y
ces prérogatives nouvelles sont conférées à jetait à grand cœur avec beaucoup de foi, sans
l’État, leur emploi dépendra de la capacité, trop se soucier de l’agencement de l’ensemble,
très insuffisante, de son administration à les tant dans l’espace que dans le temps, ni des
utiliser. grands équipements qui devaient un jour
La loi du 7 août 1957 créa de toutes pièces connecter ces opérations entre elles et avec la
la nouvelle administration de la construction, ville près de laquelle elles s’implantaient.
avec ses structures centrales et territoriales, Une crise administrative couvait très dis­
ses corps spécifiques de fonctionnaires, au crètement qui conduisit le gouvernement, en
prix d’une diminution de moitié de ses effec­ 1966, à fusionner l ’administration de la
tifs. Malgré ses qualités, ce choc devait lui construction et celle des ponts et chaussées,
être fatal : handicapée par l’insuffisance de ses avec l ’objectif affirmé que cette dernière
bases territoriales, elle se condamnait à une apporte à l’urbanisme local l’armature intel­
centralisation excessive qui la privait de toute lectuelle et territoriale qui faisait défaut à celle
efficacité, en particulier dans le domaine des de la construction décapitée, quoique pérenni­
documents d ’urbanisme, à un moment de sée, à partir de 1957.
l’évolution locale où il commençait à devenir Confiée à Edgard Pisani, cette fusion résulta
difficile d’opérer ainsi. de la création, en janvier 1966, du ministère
C’est là une des raisons essentielles - mais de l’Équipement. Ën moins d’une année, elle
pas la seule - du piétinement que connut l ’éla­ donna lieu aux directions départementales de
boration des plans d’urbanisme pendant une l ’équipement, en même temps que se fon­
dizaine d’années. Les nouveaux plans direc­ daient, en une seule loi, les projets de textes
teurs, des groupements d ’urbanisme, souf­ épars, en préparation au sein de l’ex-ministère
frirent aussi d ’une insuffisance notoire de de la Construction. Ce projet allait devenir la
fonds de plan adaptés et de crédits d ’études. loi d ’orientation du 30 décembre 1967, qui
Une troisième cause de ce piétinement tient créa de nouveaux documents d’urbanisme,
encore dans le souci, louable mais lourd de élaborés sous le régime de la concertation
conséquences, de réformer, dès 1963, la légis­ entre l’État et les collectivités locales :
lation des plans d ’urbanisme. On créa une — le schém a directeur d ’am énagem ent et
inadaptation certaine avec la superposition de d ’urbanism e ( sdau ), qui fixe les orientations
trois couches de documents juridiquement de la politique d ’am énagem ent de l ’espace,
opposables aux tiers (plans directeurs d’urba­ en général p o u r p lusieurs com m unes ;
nisme, plan d ’urbanisme communal, plan — le plan d ’occupation des sols ( pos ), qui
d’urbanisme de détail) qu’il fallait établir et fixe les règles générales d ’utilisation d u sol
coordonner. La nouvelle administration locale qui s ’im posent à tous, en général p o u r une
(les directions départementales de la construc­ com m une.
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE) 592

La loi de 1967 institua aussi les zones pement : on se hâta d ’achever et de faire
d ’aménagement concerté ( z a c ), pierre de approuver les documents en cours d ’éla­
touche de l ’urbanisme opérationnel des boration, avant la date limite du 30 juin 1971;
années 1970 et suivantes. fixée par la loi du 30 décembre 1967, pour
Durant la même période des années 1962 à l’élaboration de ces plans. En quelque trois ans
1968, la région parisienne, pourvue d ’un et demi, furent produits et approuvés
délégué général - Paul Delouvrier - et d’un 245 plans directeurs de groupements d ’ur­
district doté de moyens financiers propres, banisme (concernant 2 763 communes!
remettait en cause sa stratégie d’aménagement 35 435 km2, 10 093 000 habitants), 1 984 plans
antérieure, définie par le plan d’aménagement communaux (concernant 43 127 km2 et
et d’organisation générale de la région pari­ 19 127 000 habitants), 2 347 plans sommaires
sienne (le padog ) élaboré entre 1956 et 1958, d’urbanisme (concernant autant de commîmes;
approuvé en I960, et conçu sur des bases juri­ 45 000 km2 et 2 6 6 1 0 0 0 habitants), ainsi que
diques analogues au parp. La nouvelle admi­ 321 plans d’urbanisme de détail.
nistration régionale s’engageait dans la longue Si la « qualité » de certains de ces plans,
aventure du schéma directeur d’aménagement établis à la hâte,(pouvait être critiquable et lais­
et d’urbanisme de la région de Paris ( sdaurp ). ser derrière elle quelques mauvaises traces que
Ambitieux et volontariste, avec ses villes nou­ les pos auraient par la suite à rectifier, il n’en
velles, son réseau d’autoroutes et de transports reste pas moins que jamais, dans l ’histoire
collectifs ( r e r ), il fut présenté en 1965, urbaine française récente, la législation ne fut
contesté, révisé en 1969 puis en 1975, et fina­ aussi massivement appliquée, en si peu de
lement approuvé en 1976. Élaboré et publié temps, à d’aussi vastes espaces, à tant de col­
avant même d’avoir la base légale que lui don­ lectivités locales et à tant d’habitants. Avec les
nera la loi d’orientation foncière du plans d’urbanisme, les Français faisaient enfin
30 décembre 1967, mis en œuvre par une poli­ connaissance avec cette législation redoutable
tique particulièrement radicale d’acquisitions qui permet ici, interdit là, discrimine entre les
foncières (zad et expropriations), il parvint, uns et les autres, réglemente l ’usage de
peu à peu, à réorienter la croissance de l’espace, fixe pour l’avenir des objectifs à la
l ’énorme agglomération, sans y réussir dans ville, pour le meilleur comme pour le pire.
tous les domaines. Mais on ne peut pas affirmer que ce premier
On ne peut, non plus, négliger l’apport du contact avec le droit de l’urbanisme local ait
Ve plan (1965-1969), celui de « l ’ardente conduit à l ’intériorisation collective de la
obligation » du général de Gaulle ; les propo­ nécessité d ’aménager globalement l ’espace.
sitions de sa comm ission de l’équipement Les plans d’urbanisme, massivement établis,
urbain étaient particulièrement ambitieuses. restèrent l’affaire de l’administration. Les élus
Sans être toutefois très bien coordonnées locaux, comme la population, ne les perçurent
avec celles de la nouvelle administration de pas comme un acte majeur d’aménagement de
l ’équipement, les idées issues du Commissa­ l’espace. Le droit qu’ils édictaient ne semblait
riat général du plan contribuèrent à populari­ pas faire partie du paysage juridique habituel,
ser la nécessité d’aménager et d’équiper les pas plus que les options d ’aménagement
villes, lancèrent l ’idée de l ’impôt foncier, qu’ils sous-entendaient. Cette « conscience
poussèrent des agglomérations de plus de juridique » ne fit son apparition qu’avec celle
50 000 habitants à établir des programmes de du nouveau contentieux de l ’urbanisme qui
modernisation et d ’équipement ( p m e ). En prit, à partir de cette époque, une importance
même temps, sous l’influence de la datar , on inattendue, ancrant progressivement l ’idée
s’attachait à susciter une première régionali­ d ’un ordre à respecter dans les décisions
sation du budget de l’État. d’aménagement.
Il faut, pour finir et pour comprendre les Cette même période fut aussi celle de
paradoxes de cette période, mentionner les l’émergence réelle de l’aménagement du terri­
effets inattendus de l’année 1968. L’applica­ toire et de l’action régionale, avec la déléga­
tion de la loi d’orientation foncière y perdit tion du même nom ( datar , créée en 1963), à
trois ans, en même temps que s ’accélérait laquelle ont laissé leur nom Olivier Guichard
l ’établissement m assif de plans d’urbanisme puis Jérôme Monod. Il fallait contrebalan­
par la nouvelle administration locale de l ’équi­ cer l’évolution galopante de la région pari­
593 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE IHISTORIQUEI

sienne et les notions d’aires métropolitaines celle du 31 décembre 1975 «portant réforme
- ensembles d’agglomérations importantes - de l ’urbanisme et de la politique foncière»,
et de métropoles d’équilibre firent leur appa­ qui a étendu le droit de préemption (zone
rition, avec des schémas d’aménagement des­ d ’intervention foncière) à tout le territoire des
tinés à orienter et dynamiser les plus grands communes de plus de 10 000 habitants dotées
ensembles urbains de province, établis avec d’un pos rendu public (facultativement pour
des moyens d’études importants. Ces initia­ les communes plus petites) et institué le pla­
tives eurent des retombées salutaires sur fond légal de densité ( pld ) qui vise à limiter la
l’aménagement urbain qui bénéficia, comme densité, tout en procurant des ressources sup­
par osmose ou imitation, de leurs méthodes plémentaires aux collectivités locales (objec­
de pensée, mais aussi de moyens d ’études tifs en fait contradictoires).
locaux, en crédits ou personnes, sensiblement Les années 1970 sont également celles au
plus importants. cours desquelles furent évaluées, avec beau­
coup de lucidité et de courage politique et
intellectuel, les conséquences des enthou­
5 /L ’application centralisée de la loi d ’orien­ siasm es ou des engouements des années
tation foncière (1971-1983) 1960. Le gigantisme, sous toutes ses formes,
fut remis en question, les villes moyennes ne
A insi, l ’administration de l ’équipement furent plus ignorées, l’action en douceur sur
était prête en 1971, avec quatre années de les quartiers anciens retint une attention
retard il est vrai, à s’engager dans une phase croissante, le souci de la qualité imprègne,
active d ’application de la loi d’orientation fon­ de plus en plus naturellement, les initiatives
cière de 1967, dont les décrets d’application publiques et privées. L’idée d ’environne­
furent pris en 1969 pour les sdau , et en 1970 ment fit sa première apparition en 1971. La
pour les po s . capacité intellectuelle et psychologique des
L’histoire de l ’aménagement urbain, en techniciens administratifs comme des élus
France, est marquée d’une grande continuité locaux, d’appréhender l ’urbanisme dans sa
juridique quant à la nature et l ’esprit des globalité et dans ses nuances variées, de
moyens de droit conférés à la puissance même que la vague et la vogue des études
publique pour agir sur l ’espace et en ordonner d’aménagement devraient donc laisser espé­
l’utilisation. Elle est tout autant faite d’inco­ rer qu’on était enfin prêt, en France, à
hérences, d’accélérations, de latences, de sur­ s ’engager, avec sérieux et cohérence, dans la
sauts, de rendez-vous manqués, de décisions phase d ’établissement des schémas direc­
tardives, quant à la manière d’employer les teurs d’aménagement et d’urbanisme et des
prérogatives, quelque peu régaliennes, que le plans d’occupation des sols.
législateur met à la disposition de l’adminis­ Pourtant, l’élaboration des schémas direc­
tration d ’État. L’histoire la plus récente ne teurs d ’aménagement et d ’urbanisme, qui
dément pas ces constantes profondes. aurait dû normalement profiter des circons­
Avec la loi d ’orientation foncière appa­ tances et précéder celle des plans d’occupation
raissent des moyens nouveaux, certains plus des sols, s’enlisa dans des difficultés venant à
apparents que réels, mais aussi et surtout une la fois de l ’État et des collectivités. Aucun
cohérence certaine dans l ’ordonnancement vent porteur ne les mena à bon port, et si 400
juridique que la codification de l ’ensemble (concernant plus de 10 000 communes) furent
des textes, en 1973, sous l’intitulé de «Code mis en route, moins de 200 seulement furent
de l’urbanisme », mettra à la portée de tous, approuvés (190, au 1er décembre 1985), sans
avec beaucoup plus d ’évidence. Parallèle­ que ce bilan chiffré suffise à bien représenter
ment, et non sans hésitation, s ’ordonnaient la réalité. L’État n ’apporta point l ’impulsion
aussi les financements et notamment ceux de qu’il fallait, Il s’ingénia même, sans le vouloir
la politique foncière, déterminante pour anti­ délibérément, à casser l ’élan qui aurait pu
ciper sur l’aménagement et les urbanisations à naître. Lancée en 1969-1970, avec l ’idée de
venir. voir grand pour libérer le marché foncier, la
Cette période vit voter plusieurs lois qui politique des schémas directeurs fut stoppée
complètent le dispositif prévu par la loi du en 1972-1973 par une autre idée : établir pour
30 décembre 1967. La plus importante est les agglomérations des études préliminaires
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d ’infrastructures de transports particulière­ ment et d ’urbanisme, pour compenser les éga­


ment ambitieuses. rements locaux éventuels.
Or, c ’est vers cette époque, avec l’émer­ La loi du 7 janvier 1983 et ses textes
gence de l’idée de ville moyenne et le ralentis­ d’application ont jeté les bases de cette décen­
sement de la croissance démographique, qu’il tralisation de l’urbanisme : les communes sont
aurait fallu infléchir la politique des schémas libres d ’élaborer leur plan d ’occupation des
directeurs, sans la remettre en cause par une sols et leur schéma directeur (nouvelle appel­
révision radicale que certains auraient souhai­ lation, remplaçant celle de sdau ). Cependant,
tée. Faute d’un enjeu politique évident, la les communes déjà dotées d ’un po s , si elles
question ne fut jamais tranchée, la relance peuvent le réviser, ne peuvent y renoncer.
en douceur de cette politique n ’étant pas plus Celles qui n ’en disposent pas restent sous le
essentielle que celle de sa révision doulou­ régime de l’inconstructibilité (sauf en principe
reuse. La vocation des schémas directeurs fut dans les « zones actuellement urbanisées »).
donc laissée à l’initiative des administrations Enfin, le représentant de l’État peut prescrire
locales, généralement peu motivées, en raison la mise à l ’étude de la révision d’un schéma
des lourdeurs intercommunales et de moyens directeur. Il peut aussi mettre un pos en révi­
d’études insuffisants. sion, après mise en demeure de la commune,
Dans ce contexte incertain, et pour des rai­ pour le rendre compatible avec un schéma
sons quasi inverses, la politique des plans directeur approuvé ou avec une prescription
d ’occupation des sols prit un essor fulgurant : d’aménagement ou pour permettre la réalisa­
en quatre années - au 1er juillet 1976 - tion d’un projet d’intérêt général. L’élabora­
7 274 pos étaient déjà prescrits et le rythme de tion des schémas directeurs ou la révision de
leur entrée en vigueur augmentait régulière­ ceux-ci ou des pos peuvent, en outre, être de la
ment (1 327 avaient été rendus publics). L’uti­ responsabilité de l ’État si, celui-ci les ayant
lité du pos dans les décisions quotidiennes, prescrits, les collectivités locales ne les entre­
l ’appropriation communale croissante du prennent pas. Enfin, le représentant de l’État
document dont les élus locaux saisissaient approuve ces documents.
sans peine la portée, son caractère générale­ La loi du 7 janvier 1983 prévoit en outre :
ment communal, son utilité évidente pour pro­ — la possibilité de chartes intercommu­
téger les espaces naturels, agricoles ou non, nales (essentiellement en milieu rural) ;
pour inscrire les équipements dans l ’espace, —- la décentralisation, au profit des com ­
pour informer les propriétaires et les construc­ m unes dotées d ’un pos approuvé, des autori­
teurs, firent le succès des po s . Ainsi, en 1983, sations (perm is de construire, autorisation de
à la veille de leur décentralisation, il y avait lotir, etc.) ;
177 sdau approuvés (concernant 5 086 com­ — les lois d’aménagement et d’urbanisme
munes, 65 875 km2 et 21 142 000 habitants) qui fixent les principes généraux, voire les
et 6 942 pos (concernant 8 184 commîmes, prescriptions, d’aménagement: la loi sur le
140 908 km2 et 37 848 000 habitants) d ’une développement et la protection de la montagne
teneur variable en qualité. (9 janvier 1985) ; celle sur l’urbanisme au voi­
sinage des aérodromes (11 juillet 1985), celle
sur le littoral (3 janvier 1986) en ont été les
6 / La décentralisation (J983-2000) applications.
Plus d’une décennie d’urbanisme décentra­
La politique d ’aménagement sous-jacente lisé permet de porter un jugem ent sur les
à ces documents dont la légitimité n’est plus conséquences de ce pari audacieux sur une
aujourd’hui contestable et qui ont fait partie plus grande responsabilisation des élus.
(surtout pour les po s ) de la vie quotidienne D ’une part, on n ’a pas assisté, comme
locale, sans être idéale, fournissait donc un l ’abandon de toute nouvelle tentative de
encadrement général. La décentralisation de regroupement des communes préalable à la
l ’urbanisme, qui était local et décentralisé décentralisation le laissait espérer, à une vague
de fait, s’il ne l’était point juridiquement, obli­ de regroupements volontaires par fusion, ni
gea à inventer de nouveaux modes d’interven­ même sous les diverses formes de regroupe­
tion de l’État, par les lois complémentaires ment offertes aux communes. C’est pourquoi
diverses, et notamment les lois d’aménage­ le législateur est intervenu à deux reprises. En
595 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE IHISTORIQUE)

1992, deux nouvelles formules de collabora­ cohérence territoriale) que 210 schémas direc­
tion ont été proposées. La communauté de teurs approuvés (23 seulement de plus que
villes n’a rencontré aucun succès et a été sup­ lors de la décentralisation en 1983), couvrant
primée par la loi de 1999: 5 seulement 23 millions d’habitants (38% de la popula­
s’étaient créées, dans des petites et moyennes tion) et 78 000 km2 (12% de la métropole),
agglomérations, regroupant 87 communes et dont 94 en cours de révision. Quarante autres
environ 350 000 habitants. Au contraire, la sont en cours d’élaboration, mais on peut pen­
communauté de communes, établissement ser que, pour la plupart d’entre eux, celle-ci
public destiné à l ’élaboration d ’un projet n ’a jamais abouti. Un rapport du Conseil
commun de développement et d ’aménagement d’État (rapport dit Labetoulle : « L’urbanisme :
de l’espace (en milieu rural dans l’esprit du pour un droit plus efficace»), s ’est ému de
législateur, mais c ’est loin d’être toujours le cette situation en 1992. Estimant peu crédible
cas, puisqu’il s ’en est même créé une dans de rendre vie aux schémas directeurs, il suggé­
l’agglomération marseillaise), doté d’une fis­ rait que l’État établît, à l’échelle départemen­
calité propre, compétente au moins pour tale ou régionale des directives territoriales
l’aménagement de l’espace et pour le dévelop­ d ’aménagement ( dta ) qui s’imposeraient aux
pement économique, a connu un succès cer­ documents d’urbanisme (et donc aux po s ). La
tain. Au 1er janvier 2010, il en existait 2 393, loi d ’orientation pour l ’aménagement et le
regroupant plus de 30 000 communes et 27 mil­ développement du territoire du 4 février 1995,
lions d’habitants. Le législateur est à nouveau dite loi Pasqua, a retenu cette disposition. La
intervenu en 1999: la loi Chevènement du loi Voynet de juillet 1999 l ’a maintenue. Sept
12 juillet 1999 supprime le district et la com­ dta ont été prescrites : pour les A lpes-
munauté de villes, maintient la communauté Maritimes, les Alpes du Nord, l’estuaire de la
urbaine et la communauté de communes et Seine, l’estuaire de la Loire, l’aire métropoli­
propose une formule nouvelle - la commu­ taine marseillaise, l’aire urbaine lyonnaise et
nauté d’agglomération - , en même temps que les bassins miniers nord-lorrains, mais seule la
sont créés les contrats d’agglomération. Cette première a été approuvée par décret du
nouvelle tentative, qui comporte des avantages 2 décembre 2003 et les autres seulement entre
financiers pour les communes qui s’y insére­ 2005 et 2007 (celle des Alpes du Nord ne l ’est
ront, semble devoir être mieux suivie d’effet toujours pas).
que les précédentes : 181 communautés La décentralisation a en outre permis une
d’agglomération se sont constituées avant la pratique dévoyée des plans d’occupation des
fin de 2010, regroupant environ 3 150 com­ sols. La procédure de modification de ceux-ci
munes et plus de 22 millions d’habitants. étant relativement légère, de nombreuses
Surtout, on a assisté à une véritable déshé­ communes se dotent d’un pos restrictif, quitte
rence des schémas directeurs, dont l’établisse­ à le modifier pour permettre telle ou telle opé­
ment n’est plus obligatoire dans les agglomé­ ration, souvent proposée par un promoteur
rations de plus de 10 000 habitants. Certes, les privé, qui se présente comme une opportunité.
lois de décentralisation ont prévu, pour l’État, Ainsi, le pos , au lieu de guider l’urbanisation
la possibilité de prescrire l’établissement d’un selon des règles fixées pour tous pour une cer­
schéma directeur, voire, après deux ans, de se taine durée, est guidé par les projets circons­
substituer aux collectivités locales défaillantes tanciels et modifié selon l ’accueil réservé à
pour l’élaborer. Mais les préfets, traumatisés chaque projet, mais aussi selon l’intérêt de la
par la décentralisation, et doutant d’être soute­ municipalité, y compris en termes électoraux
nus par le gouvernement, n’ont presque jamais (le souci de ne pas troubler ni modifier l’élec­
utilisé ces possibilités. Pis, ils ont interprété a torat existant est souvent le principal critère
minima leur rôle de vérification de la compati­ - inavoué - de décision). Il n ?est, dans ce
bilité de certaines décisions, et d ’abord des contexte, pas surprenant que les pos aient ren­
plans d’occupation des sols, avec les schémas contré auprès des élus locaux un succès beau­
directeurs existants. coup plus grand que les schémas directeurs :
Ainsi, on ne comptait, au 1erjuillet 1997 (le l ’existence d ’un po s approuvé entraîne en
ministère de l ’Équipement n ’a pas remis à effet la décentralisation auprès du maire de
jour ce bilan, qui évolue peu, depuis cette date l ’attribution des autorisations d’utilisation du
jusqu’à son remplacement par le schéma de sol (dont le permis de construire). Ainsi, au
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1er juillet 2004, 15 840 po s avaient été 2004 qui étend les compétences décentralisées
approuvés, couvrant 54,7 millions d’habitants (mais ce texte concerne peu l’aménagement et
et 290 000 km2, soit plus de la moitié du terri­ l ’urbanisme).
toire national, mais près des neuf dixièmes en L’objet de la réforme, qui s’est traduite par
termes de population. La moitié environ de la loi Solidarité et renouvellement urbains
ces pos ont été placés en révision (les modifi­ ( sru ) du 13 décembre 2000, corrigée (pour la
cations sont encore beaucoup plus fréquentes simplifier selon le discours officiel) mais non
et ne sont même pas recensées). bouleversée par la loi Urbanisme et habitat du
Dans le domaine de l’urbanisme opération­ 2 juillet 2003, est de donner un caractère
nel, les zac sont également trop souvent le beaucoup plus global et plus dynamique à la
moyen de réaliser des opérations dérogatoires planification. On reprochait en effet aux plans
au po s , sur sollicitation des aménageurs sou­ d’occupation des sols ( pos ) et aux schémas
vent privés : l’urbanisme concerté, voulu par directeurs d ’être trop exclusivement centrés
le législateur, devient souvent un urbanisme sur l’aspect physique de la planification, lés
négocié, où les constructeurs obtiennent des règles d ’affectation et d’utilisation des sols,
avantages en termes de droits à construire en et en particulier la fixation des droits à
échange de participations financières. construire, et d’offrir une vision trop statique.
On ne pouvait même pas avancer l’espoir Certes, les documents d’urbanisme, au fil des
d’une prise de responsabilité des élus locaux nombreuses législations successives, notam­
après une période expérimentale. Les méfaits, ment celles des années 1990, avaient été
au moins dans le domaine de l’urbanisme, de déclarés devoir être compatibles (ou prendre
la décentralisation, ont constitué un tabou et en compte, selon les cas) les lois d’aménage­
personne ne semble vouloir limiter les préro­ ment et d ’urbanisme, les directives territo­
gatives d’élus dont beaucoup ont largement riales d’aménagement, les schémas de mise en
perdu de vue la notion d ’intérêt général. valeur de la mer, mais aussi les programmes
Certes, des dta ont été prescrites dans sept locaux de l’habitat, les directives de protec­
régions particulièrement sensibles. En outre, tion et de mise en valeur des paysages, les
le schéma directeur régional d’île-de-France chartes des parcs naturels régionaux, les plans
( sdrif , révisé en 1994), mais à nouveau en de déplacements urbains, etc. Mais les dispo­
cours de révision (le nouveau sdrif , approuvé sitions du Code de l’urbanisme étaient deve­
en 2007 par le Conseil régional,, est toujours nues, du fait de ces ajouts successifs*
en attente d ’approbation par l’Etat) et ceux foisonnantes et l ’économie générale des sché­
des départements d’outre-mer ont valeur de mas directeurs et des pos n ’avait pas été modi­
d ta . Les six dta approuvées entre 2003 et fiée et traduisait toujours la préoccupation
2007 sont au reste assez peu contraignantes. dominante initiale. En outre, ces documents
avaient été mis en place à une époque où le
développement urbain s’effectuait essentielle­
7/ La planification globale (depuis 2001) ment par extension des zones construites,
alors que le ralentissement de la croissance
Sans que la décentralisation soit en quoi démographique et le souci d ’économ ie de
que ce soit remise en cause, bien au contraire, l’espace conduisent à privilégier un dévelop­
il est apparu nécessaire, à la fin des années pement, dit durable, économe en espace et en
1990, de revoir le dispositif de planification énergie, réduisant les pollutions, les nuisances
urbaine mis en place par la loi d’orientation et les émissions de gaz à effet de serre, faisant
foncière du 30 décembre 1967 et décentralisé appel au moins autant au renouvellement de la
par les lois de décentralisation, en particulier ville sur elle-même qu’à son extension. Enfin,
par celle du 7 janvier 1983. Le ministère des soucis nouveaux sont apparus, tel ceux de
chargé de l’urbanisme et les parlementaires cohérence entre les diverses actions des pou­
n ’ont nullement souhaité corriger les excès de voirs publics, nationaux et locaux, celui de
la décentralisation au-delà de l’institution (il y concertation avec la population, celui d’équi­
a déjà quinze ans) des dta (dont l’élaboration libre et celui de solidarité entre les différentes
a été extrêmement lente). Bien au contraire, le couches de population et les différents quar­
gouvernement Raffarin a fait voter la loi tiers ou communes qui composent une agglo­
Libertés et responsabilités locales du 13 août mération ou un pays : la loi sru essaie de les
597 PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE (HISTORIQUE)

prendre en compte et de les intégrer à la plani­ les orientations générales de l’organisation de


fication spatiale. l’espace et de la restructuration des espaces
Ces objectifs sont exprimés dans urbanisés et détermine les grands équilibres
l’article 1er de la loi sru , et notamment dans entre les espaces urbains ou à urbaniser et les
les dispositions qui constituent le nouvel espaces naturels, agricoles ou forestiers, et
article 121-1 du Code de Turbanisme. Celles- apprécie les incidences de ces orientations sur
ci stipulent que les nouveaux documents l ’environnement. À cette fin, il définit les
d’urbanisme (ainsi que les dta ) déterminent objectifs en matière de politique du logement,
les conditions permettant d’assurer : des transports, des commerces, des paysages,
— » l’équilibre entre le renouvellement etc. Il détermine les espaces et sites naturels à
urbain, un développement urbain maîtrisé, le protéger. Il peut définir les grands projets
développement de l’espace rural, d’une part, d’équipements et de services, notamment pour
et la préservation des espaces affectés aux subordonner l’urbanisation à la desserte par
activités agricoles et forestières et la protec­ les transports collectifs et par les équipements.
tion des espaces naturels et des paysages, Les compatibilités qu’il doit respecter (et
d’autre part, en respectant les objectifs du inversement) sont semblables à celles qui
développement durable » ; concernaient les schémas directeurs. Bref, le
— » la diversité des fonctions urbaines et scot a un rôle semblable à ce dernier, mais il
la mixité sociale dans l’habitat», en tenant met davantage l’accent sur la cohérence néces­
compte des besoins présents et futurs de loge­ saire entre les politiques d’aménagement et les
ments, de ceux des activités économiques, des politiques sectorielles (environnement, pré­
équipements publics et privés, et de l’équilibre vention des risques naturels et des pollutions
entre habitat et emploi, des moyens de trans­ et nuisances, mixité de l ’habitat et logement
port et de la gestion des eaux ; social, cohérence entre urbanisation et trans­
— » une utilisation économe et équilibrée ports collectifs, maîtrise de la circulation auto­
des espaces naturels, urbains, périurbains et mobile et du stationnement). Une différence
ruraux, la maîtrise des déplacements urbains juridique importante par rapport au schéma
et de la circulation automobile, là préserva­ directeur est qu’en l ’absence de scot, dans les
tion de la qualité de l’air, de l ’eau, du sol et du communes situées à plus de 15 km des limites
sous-sol, des écosystèmes, des espaces verts, d’une agglomération de plus de 15 000 habi­
des milieux, sites et paysages naturels ou tants (50 000 depuis la loi du 2 juillet 2003) ou
urbains, la réduction des nuisances sonores, du rivage de la mer, les zones naturelles (N) et
la sauvegarde des ensembles urbains remar­ les zones d’urbanisation future (AU) délimi­
quables et du patrimoine bâti, la prévention tées par les plu ne peuvent être ouvertes à
des risques prévisibles », etc. l’urbanisation, si ce n ’est une extension limi­
La loi sru instaure deux nouveaux docu­ tée prévue par le plu ( ou la carte communale)
ments d’urbanisme, appelés à remplacer les avec l’accord du préfet.
schémas directeurs et les plans d’occupation Le plan local d’urbanisme (plu ), qui rem­
des sols, respectivement les schémas de cohé­ place le plan d’occupation des sols ( p o s ,) a
rence territoriale et les plans locaux d’urba­ également un objet plus large que ce dernier.
nisme. En outre, elle confirme le caractère, Son élément central est le projet d’aménage­
controversé auparavant, de document d’urba­ ment et de développement durable ( pa d d ),
nisme de la charte communale. document bref et de lecture aisée, non oppo­
Le schéma de cohérence territoriale ( scot ), sable, qui présente le projet communal d’amé­
qui remplace le schéma directeur, a un objet nagement et d’urbanisme. Ce projet, comme
plus large que ce dernier. Il doit notamment pour les scot , ne se limite pas à l’affectation et
prendre en compte, dans le projet d’aménage­ à l’utilisation des sols, mais établit un diagnos­
ment et de développem ent durable ( pa d d ) tic de la situation actuelle et une évaluation
qu’il présente, les politiques du logement, du des besoins actuels et futurs en matière d’équi­
développement économique, des transports libre social de l ’habitat, de développement
(en particulier de stationnement et de régula­ économique, d’environnement, de transports,
tion du trafic automobile), de loisirs et d’équi­ d ’équipements et de services. Il peut être
pements, en particulier commerciaux, et de complété par des orientations particulières
services. Pour mettre en œuvre ce padd , il fixe d ’aménagement pour certains quartiers ou
PLANIFICATION URBAINE EN FRANCE IHISTORIQUE) 598

secteurs à mettre en valeur, réhabiliter, restruc­ stade variable d’élaboration. Dans l’hypothèse
turer ou aménager: ces orientations sont optimiste où tous les documents en cours d’éla­
opposables dans leur esprit et non à la lettre. boration ou de révision parvenaient au stade de
Le règlement du plu , en revanche, est oppo­ l ’approbation, ce seraient 18 936 communes (un
sable sans dérogation possible, même peu plus de la moitié) qui seraient couvertes par
mineure. Il n’y a plus, contrairement au POS, un plu , et 6 701 autres (18%) par une carte
d ’article obligatoire, si ce n ’est les règles communale, tandis que les scot concerneraient
concernant l’implantation des constructions. 17 715 communes (un peu moins de la moitié).
De même que le scot s’inscrit dans la conti­ On peut en effet constater que les scot n’ont
nuité du schéma directeur, le plu s’inscrit dans guère rencontré plus de succès que les schémas
celle du po s . Il y a cependant des différences directeurs, malgré la disposition importante de
notables, parmi lesquelles, l ’obligation du la loi SRU qui prévoit qu’en l’absence de scot
padd , qui précise les objectifs de la politique les zones naturelles et d’urbanisation future pré­
de la commune et doit faire l ’objet d’un débat vues par les plu dans les communes éloignées
public avant l’enquête publique, et l ’absence d’une agglomération ou du littoral ne peuvent,
d’article obligatoire du règlement, un zonage sauf exception limitée, être urbanisées. En
différent, une place plus réduite accordée à la revanche, le succès du pos s’est reporté sur le
fixation des densités de construction (cos), la plu pour la raison qui a fait le succès de ce der­
suppression des possibilités d ’application nier : le transfert au maire de la responsabilité
anticipée en cas de révision. des autorisations d’utilisation du sol. Le succès
La carte communale n ’est pas à proprement certain des cartes communales s ’explique de
parler une nouveauté de la loi SRU. Elle exis­ même par le souci d’échapper à l’application du
tait avant la décentralisation sous le nom de règlement national d’urbanisme.
«m odalités d ’application du règlement On peut discuter pour savoir si l ’élargisser
d’urbanisme» ( m arn u ) pour les communes ment des objectifs des nouveaux documents
non dotées de po s . La loi du 7 janvier 1983 d’urbanisme, objet premier de la loi sru , sera
voulait la faire disparaître dans un délai de effectif ou non. Trop souvent, de même que
deux ans, mais la loi du 17 juillet 1986 lui les schémas directeurs et les pos ont assuré de
avait permis de subsister. Le Conseil d ’État, façon souvent très formelle les obligations de
en 1992, lui avait reconnue le caractère de compatibilité avec les documents concernés
document d’urbanisme simplifié. La loi SRU a par des politiques spécifiques (habitat, dépla­
donné un caractère légal à ce statut et la sou­ cements, paysages, etc.), les plu demeurent
met à enquête publique. Comme les autres avant tout des documents fixant les règles
documents d’urbanisme, son objectif est plus d’occupation des sols, habillés de considéra­
large que celui des anciennes m arnu , qui se tions générales sans portée opérationnelle.
limitait à fixer les droits à construire, même si Auquel cas la réforme de la loi sru n ’aura été
ceux-ci constituent toujours l ’essentiel de qu’une vaine concession à des thèmes à la
leur contenu et si les objectifs du nouvel mode (développem ent durable, solidarité,
article L 121-1 du Code de l ’urbanisme équilibre, cohérence, mixité, concertation,
paraissent décalés à l ’échelle des petites renouvellement urbain, etc.). Il demeurere
communes rurales concernées par la carte une certitude : la loi sru et les nouveaux
communale. documents d ’urbanisme n ’apportent pas de
D es dispositions transitoires assurent la réponse aux excès résultant de la décentrali­
continuité entre schémas directeurs et scot , sation de l ’urbanisme. On peut même
comme entre pos et plu . Les schémas direc­ craindre le contraire, par exemple des dispo­
teurs et les pos révisés sont appelés à devenir sitions qui visent à faire de la modification
des scot et des plu . des plu la règle et de la révision l ’exception
Au 1er janvier 2009, seuls 82 scot , et à faciliter et élargir le champ de ces modifi­
12 048 plu et 4 226 cartes communales avaient cations (loi de 2003 et décrets de 2009).
été approuvés. Certes, il restait 56 anciens sché­
mas directeurs et 4 804 pos encore en vigueur. A. G. et P. M.
En outre, 251 scot, 2 084 plu (dont 148 dans
-+ Documents d'urbanisme ; Droit de l'urbanisme ; Plan d'occu­
des communes déjà dotées d’une carte commu­ pation des sols ( p o s ) ; Plan local d'urbanisme ( p l u ) ; Schéma
nale) et 2 623 cartes communales étaient à un de cohérence territoriale ( s c o t ) ; Schéma directeur.
599 PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ

PLANTATION — les thermodurcissables qui, une fois la


polymérisation faite, ne se déforment plus à la
Sans autre précision, la notion de planta­ chaleur.
tion ne recouvre souvent que les arbres. Les premiers sont mis en forme en utilisant
Appréciées pour leur intérêt esthétique, mais les effets conjugués de la chaleur et de la pres­
aussi hygiénique (oxygénation, absorption sion: extrusion, injection; laminage, induc­
des poussières et du bruit), les plantations en tion de tissus ou papier. Les seconds sont lé
bordure de voies sont aussi souvent contes­ plus souvent moulés avant la fin de la poly­
tées : au nom du dégagement des composi­ mérisation.
tions architecturales (C. Sitte approuvait, de Le succès spectaculaire qu’ont connu les
ce point de vue, l ’urbanisme baroque), au divers matériaux plastiques s’explique par la
nom des entraves de la circulation (feuilles et qualité des services rendus, la facilité
branches tombantes) ou à l'ensoleillem ent d’emploi, la légèreté des produits, leur facilité
(riverains), voire au nom de leur difficulté à d ’entretien. D es problèmes, liés aux fortes
survivre entre asphalte et gaz d’échappement. variations dimensionnelles de la plupart de ces
On ne prévoit, en général, de plantation produits, à la sensibilité à la chaleur ou aux
d’alignement que le long des voies dont la ultraviolets de certains de ces matériaux, à un
largeur est au minimum de 20 mètres. Il vieillissement parfois défectueux, ont dû être
convient de les placer à au moins 5 mètres des surmontés grâce à des ajouts judicieux et à des
façades d’immeuble et à la même distance perfectionnements dans les techniques de
entre eux, afin de favoriser le développement fabrication. L’abaissement régulier du prix de
des sujets. On préfère planter les arbres en ces matériaux ne cesse d’élargir leur marché.
pleine terre et protéger les plantations de la
P. Ch.
circulation en les plaçant à un mètre au moins
de la bordure du trottoir.
L’équipe du préfet Haussmann a apporté un PLATEAU D'ÉDUCATION PHYSIQUE Stade
soin particulier dans le traitement des planta­ et terrain de sport
tions en protégeant les troncs d’un corset et
les pieds d’une grille métallique assurant éga­
lement la continuité du sol des trottoirs, pra­ PLEIN AIR -> Base de plein air et de loisirs
tiques encore en cours actuellement.
J.-B. P. et V. S.-M. G.
PLUS-VALUE FONCIÈRE — Imposition
-* A ve n ue ; Boulevard; Espace vert; Promenade. des plus-values immobilières; Impôt foncier;
Spéculation

PLASTIQUES (MATÉRIAUX)
POINTE —>■Heure de pointe ; Migrations
Le terme de plastique recouvre un ensemble alternantes
de matériaux issus de la pétrochimie, très dif­
férents les uns des autres et dont l ’emploi
dans la construction s ’est considérablement POLARISATION, PÔLE DE CONVERSION,
développé. On les trouve dans des ouvrages PÔLE DE CROISSANCE -> Conversion
divers : revêtements de sol, tuyaux et canalisa­ ou reconversion ; Pôle de compétitivité ;
tions, matériaux isolants, panneaux muraux, Pôle de développement
profilés divers utilisés pour la fabrication de
fenêtres, volets et persiennes, couverture de
toit, appareils sanitaires, bardages, peintures, PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ
etc.
Suivant la nature des liaisons entre poly­ Réunion d ’entreprises, d ’établissements
mères, on distingue deux grandes familles de d ’enseignement supérieur et de centres de
matériaux plastiques : recherche qui s’engagent dans une démarche
— les thermoplastiques qui sont sensibles partenariale (sur un territoire donné, qui est le
à la chaleur (d’où des déformations à chaud) ; plus souvent la région, mais sans regroupe-
PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ 600

ment physique) pour développer des syner­ façon beaucoup plus spectaculaire. Elle veut
gies autour de projets dont les priorités sont traduire, contrairement aux actions antérieures
l’innovation et la recherche de la compétiti­ de la datar, une rupture avec les politiques
vité. On notera que ce dernier terme apparaît, antérieures. Il ne s’agit plus de mesures quali­
dans les actions d’aménagement du territoire fiées de défensives, voire d’« ambulancières »,
peu avant (ciadt du 14 septembre 2004) que comme celles menées par la datar depuis ses
la datar ne se transforme (en janvier 2006) origines, mais d’une politique offensive qui
en DiACT, plaçant la compétitivité au premier vise à créer de «véritables plates-formes
rang de ses préoccupations, en opposition technico-économ iques associant industrie,
avec ses politiques antérieures en matière de recherche et enseignement supérieur». La
localisation des activités (la décentralisation spécialisation des pôles est considérée comme
de celles-ci en particulier). Le suivi est assuré une condition essentielle de leur réussite. De
par un groupe interministériel dont le secréta­ nombreux spl ont établi des relations étroites
riat est assuré par la diact (de nouveau appe­ avec les pôles de compétitivité (par exemple
lée datar après le 14 décembre 2009) et la Club-Tex avec le pôle up-Tex). .
direction générale des entreprises. Le fondement théorique des pôles de com­
La localisation des activités avait été le pre­ pétitivité s ’inscrit dans une analyse, discu­
mier champ d’intervention de la datar après table mais nouvelle, tirée de divers rapports
sa création en 1963 à travers la politique de d ’économ istes, des forces et faiblesses de
décentralisation de celles-ci. Mais ce thème l’industrie française à l’heure de la mondiali­
avait perdu de son importance et les procé­ sation :
dures d ’agrément étaient devenues presque — la thèse « décliniste », agitée par divers
formelles. L’État avait bien, suite au ciadt de intellectuels français (Nicolas Baverez, etc.),
décembre 1997, après un travail d’identifica­ est rejetée ;
tion, lancé, entre 1998 et 2003, des appels — l ’industrie constitue un des principaux
d’offres pour la reconnaissance de systèmes moteurs du développement économique : elle
productifs locaux ( spl ). Ces projets concer­ représente 80% des exportations et motive
naient des territoires ayant déjà une activité 90 % des crédits de recherche-développement ;
spécialisée concentrée autour d ’un même — la part en volume de l’industrie dans la
secteur, des relations interentreprises ( pm e valeur ajoutée nationale est stable depuis
essentiellement) denses et des structures d’ani­ vingt-cinq ans et la baisse en valeur de la part
mation (par exemple, porcelaine à Limoges ou de l’industrie n ’est due qu’à la baisse relative
parfums cosmétiques à Grasse). Par exemple, des prix industriels, d’où la stabilité de la part
Club-Tex (Nord-Pas-de-Calais) regroupe de marché de la France, alors que, les autres
66 entreprises et 6 centres de formation et de pays d’ancienne industrialisation (États-Unis,
recherche autour des aspects techniques de Allemagne, Grande-Bretagne) ont reculé ;
l’industrie du textile. Au total, 103 spl étaient — la diminution des effectifs industriels
en place en 2005,f qui totalisaient plus de résulte essentiellement de l’externalisation par
500 000 emplois pour 18 000 entreprises. Ces les entreprises des emplois non liés à leur cœur
chiffres ne doivent cependant pas faire illu­ de métier et au recours plus large à l'intérim et à la
sion : il s’agissait essentiellement d’entreprises sous-traitance, et non d’une perte de substance ;
et d’emplois qui existaient: L’accompagne­ — les délocalisations à l’étranger d’unités
ment par la datar et les financements spéci­ de production, outre qu’elles sont anciennes,
fiques ont été extrêmement réduits (la datar n’ont qu’une ampleur limitée (bien moindre
n ’a d’ailleurs publié aucun chiffre). Les que les fusions-acquisitions) et ont un effet
moyens financiers sont largement venus des favorable sur la balance commerciale. ,
collectivités territoriales et des organismes Les véritables problèmes de l ’économ iè
consulaires, souvent dans le cadre des contrats française, et en particulier de l ’industrie, se
de plan État-région. Ils ont représenté 4 mil­ situeraient ailleurs :
lions d’€ par an à partir de 2006. — retard par rapport aux autres grands
La politique des pôles de compétitivité, pays industriels dans le domaine de l’innova­
amorcée en décembre 2002, décidée en 2004 tion technologique, qui traduit le tassement
et concrétisée en 2005, a manifesté une ambi­ relatif du potentiel scientifique et technolo­
tion beaucoup plus grande et a été lancée de gique, notamment en Ile-de-France ;
601 PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ

— en conséquence, décrochage du contenu financièrement par celui-ci et surtout par les


technologique et baisse de niveau de gamme Lânder ;
des produits français ; — les pôles suédois de compétitivité,
— retard dans des domaines majeurs (tech­ encouragés par l ’État, dont certains ont une
niques de l’information et de la communica­ réelle envergure internationale (Medicon Val­
tion, biotechnologies) ; ley près de Malmô et de l ’Université de Lund,
— mutation des exportations françaises qui qui regroupe 30 000 emplois) ;
se concentre en Europe sur des marchés plus — les parcs high-tech en Chine (le pro­
étroits et moins porteurs. gramme a débuté en 1988 et on en compte
Les pôles de compétitivité se veulent donc plus d’une cinquantaine) ;
un changement radical de cap de l’aménage­ — les clusters de Corée du Sud, tel Cristal
ment du territoire vers une priorité absolue à Valley, spécialisé dans les écrans plats autour
l’innovation et à la recherche de la compétiti­ de l ’entreprise Samsung.
vité : ce n’est pas un hasard si cette procédure
a accompagné la transformation de la datar La procédure de sélection des projets de
en diact. Ils ne sont pas isolés par rapport aux pôles français de compétitivité a connu les
stratégies suivies par d ’autres pays industriels, étapes suivantes :
qui lui sont antérieures. Celles-ci se sont ins­ — m ise en place d u com ité stratégique
pirées de la théorie des clusters développée décidée p a r le ciadt du 13 décem bre 2002 ;
par Michael Porter, qui repose sur la proxi­ — rapports de la datar («France, puis­
mité géographique et culturelle et sur la com­ sance industrielle », 2004) et du député
plémentarité d’entreprises ou d ’institutions Christian Blanc («Pour un écosystème de la
partageant un même domaine de compétence croissance»), qui ont établi un diagnostic et
(par exem ple, une agglomération d ’entre­ formulé des propositions ;
prises pratiquant la même activité (cf. déjà les — lancement de l’appel à projets en
districts industriels), ce qui permet des écono­ novembre 2004 ;
mies d’échelle, mais aussi des synergies entre — clôture de l’appel à projets le 28 février
entreprises et centres de recherche, qui elles- 2005 ;
mêmes suscitent une croissance endogène et — choix de 67 projets (parm i 105 p ro ­
attirent d’autres entreprises. p osés), après expertise, au ciadt du 12 ju illet
La datar évoquait à titre d ’exemples : 2005 (après réception de nouvelles candida­
— la Silicon Valley dans la région de San tures et fusions de pôles, il y en a 66) ;
Francisco, liée à l’Université de Stanford, — validation des projets de contrats au
où des entreprises de haute technologie ciadt du 14 octobre 2005.
(informatique notamment) y ont été créées La proportion de projets retenus (près des
par d’anciens étudiants ; deux tiers) est très élevée. Elle a d ’ailleurs
— les réseaux danois de petites entreprises, été considérablement augmentée peu de
à l’initiative de l’État (1989-1993), puis les temps avant la décision finale, en partie pour
« mégaréseaux » (par branche) et les « réseaux permettre un meilleur équilibre entre les
de compétence » (à partir de 1999) ; régions, en partie à la suite des pressions
— les clusters de Galice, par branche, à classiques en pareil cas. La période d’exper­
l’initiative de la région autonome (1994) et tise a été brève (deux mois) et chaque dossier
ceux de Catalogne (fin des années 1980), n ’a été examiné que par un petit nombre
réorientés en 2004 vers des secteurs émer­ d ’experts (3 ou 4 en moyenne, 2 au mini­
gents (cité de l’aéronautique, biotechnologies, mum).
agroalimentaire, énergies) ; Les 66 projets retenus en 2005 (on obser­
— les clusters brésiliens, animés par une vera que beaucoup d’entre eux ont cru devoir
agence parapublique ; adopter une dénomination anglophone, y
— le pôle de l’Université de Haïfa autour voyant sans doute un signe de modernité)
du Technion de celle-ci ; sont classés en :
— les Kompetenznetze (réseaux de com­ — 6 pôles « mondiaux » :
pétence) allemands (il en existe plus d’une • Solutions communicantes sécurisées
centaine), orientés vers l’innovation, impul­ (Provence-Alpes-Côte d’Azur) ;
sés par le gouvernement fédéral et aidés • Medicen Paris Région ;
PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ 602

• Aerospace Valley (Bordeaœ et Toulouse): ticipants, l’émergence de projets de recherche


• Lyonbiopole (Lyon) ; et de développement, la gestion des compé­
• System@tic Paris Région : tences de ses membres. Elle peut inclure le
• Minalogic (Rhône-Alpes) ; développement international (il y a 110 projets
— 10 pôles « à vocation mondiale» : d’investissements étrangers dans les pôles),
• Cap Digital Paris Région ; le développement durable (c ’est le cas de
• Industries et agro-rerssources (Champagne- 12 d’entre eux) et l’aménagement territorial.
Ardenne, Picardie); Les crédits initialement prévus pour les
• Pôle Mer Bretagne ; pôles de compétitivité (750 millions d’€ pour
• Innovations thérapeutiques (Alsace) ; la période 2006-2008) ont été doublés à
• Images et réseaux (Bretagne) ; l’occasion du ciadt du 12 juillet 2005. Ils pro­
• I-Trans (Nord-Pas-de-Calais et Picardie) ; viennent pour près de 831 millions de l’État
• Pôle Mer Provence-Alpes-Côte d’Azur ; (crédits d ’intervention de différents m inis­
• m o v ’ e o (Pays-de-la-Loire) ; tères), pour 520 millions des différents orga­
• Chimie-Environnement Lyon Rhône- nismes et agences associés à ce programme
Alpes; (Caisse des dépôts et consignations, anva®,
• Atlantic Biotherapies (Pays de la Loire) ; Agence nationale de la recherche, Agence de
— 50 pôles « nationaux ». l ’innovation industrielle, ces deux dernières
Cinq nouveaux pôles ont été créés lors du créées en 2005) et pour 160 millions, de fonds
ciact du 5 juillet 2007. Trois autres projets européens, des collectivités territoriales et de
ont en outre été adossés à des pôles existants. diverses exonérations d’impôts et de taxes et
En termes de secteurs d ’activités, on d ’allègements de charges sociales. De 2005 à
observe une grande diversité. Les plus repré­ 2007, les appels successifs à projets ont repré­
sentés sont l'agriculture et les industries agri­ senté 2,3 milliards d’€ (dont un tiers de crédits
coles (15 projets, dont 10 retenus), les publics (pour moitié de l ’État) à travers les
biotechnologies, la santé et la nutrition (11, 272 projets retenus, issus de 60 pôles, et
dont 8), les procédés industriels et la lutte impliqué 7 000 chercheurs. Ils concernent en
contre les risques (10, dont 4), les matériaux, particulier les techniques d’information et de
les plastiques et la chimie (9, dont 7), l ’image communication, l ’énergie, la santé, les bio­
et les multimédia (9, dont 3), les logiciels, technologies, l’aéronautique et les transports.
l ’électronique et les télécommunications (8, Pour la période 2009-2011, le même montant
dont 7), la logistique et la mobilité (7, dont 5), de crédits (1,5 milliard d’€) est prévu. Cer­
l’énergie (7, dont 5), les équipements du foyer taines voix demandent un supplément de cré­
et de la personne (7, dont 4), la mécanique et dits dans le cadre du plan de relance lié à la
la microtechnique (6, dont 4), etc. crise économique. ;

Un pôle de compétitivité est géré par un Une procédure d ’évaluation des pôles de
con seil d ’administration et une équipe compétitivité a été lancée en juillet 2007. Les
d ’orientation. U n com ité de labellisation objectifs de cette évaluation visaient à éclairer
assure l ’expertise et procède à la sélection le gouvernement pour la suite de cette poli­
des projets de recherche et de développe­ tique et de reconduire, voire d’augmenter, les
ment. La présidence ne dçit pas être assurée aides aux pôles qui ont obtenu des résultats
par un représentant de l ’État : c ’est souvent jugés satisfaisants. Elle a été réalisée par
celui d ’une entreprise (pour 15 des pôles, deux cabinets internationaux indépendants
c ’est un représentant d ’une p m e ) . Le pôle se sous supervision de la diact. Elle devait
voit désigner un interlocuteur unique au s ’accompagner d’un renforcement du disposi­
nom de l ’Etat. Il y a enfin un comité local de tif de soutien et de leur pérennisation. Les
coordination qui réunit 100 à 200 membres. résultats de cette évaluation ont été remis en
Au total, 997 grands groupes industriels et juin 2008. Selon cette évaluation, 39 pôles
5 545 PME participaient aux 71 pôles de com­ ont atteint leurs objectifs, 19 ne les ont atteint
pétitivité. Les p m e étaient concernées par que partiellement et 13 devraient être reconfi­
près du tiers des projets. gurés en profondeur. L’ensemble des actions
L’action d’un pôle de compétitivité implique ciblées a été traité. L’ancrage territorial est
la définition d’une stratégie commune aux par­ général. Il y a une forte diversité des projets
803 PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ

quant aux thématiques, à la taille et aux parte­ route stratégique, et de contractualiser de pré­
naires retenus. Les financements annoncés férence les actions en partenariat entre l ’État
ont été effectivement mobilisés. La plupart et les collectivités territoriales. Il faudra,
des pôles sont engagés dans des actions inter­ pendant la période 2009-2011, mieux prendre
nationales. Mais l’effort reste à faire dans le en compte le développement durable, encou­
domaine de la formation. Par ailleurs, la rager la collaboration entre les pôles et les
composante environnementale du développe­ actions à caractère international. Les finance­
ment durable est peu abordée. Les consultants ments seront accrus par mobilisation des res­
ont recommandé de poursuivre le finance­ sources du secteur privé.
ment unique des projets, d ’apporter un appui Au-delà de ces évaluations, il serait évidem­
public à des structures locales d’animation et ment prématuré de porter un jugement sur une
de mener des actions coordonnées entre l’État politique qui en est seulement à ses débuts.
et les collectivités territoriales. Selon ces éva­ Diverses questions ont déjà été posées, aux­
luateurs, les priorités, à vrai dire très géné­ quelles la datar a tenté de répondre par avance :
rales, devraient être : — ces pôles doivent-ils être à l’échelle
— de consolider et d’inscrire dans la durée nationale (voire régionale) ou à l’échelle euro­
la dynamique positive de coopération autour péenne?
de l ’innovation ; — le nombre de pôles n ’est-il pas excessif?
— de responsabiliser les acteurs en créant — les moyens financiers prévus sont-ils
une logique de contractualisation et de contrôle adéquats et n’y a-t-il pas un risque de saupou­
a posteriori ; drage de ceux-ci?
— de réaffirmer l’engagement de l’État et — l’État est-il compétent pour animer cette
de développer le pilotage stratégique ; politique?
— d’intégrer la politique des pôles de com­ Ces interrogations ne manquent pas de per­
pétitivité dans la politique de recherche et tinence et les réponses apportées n’emportent
d’innovation ; pas toujours la conviction :
— de poursuivre l’optimisation des circuits — le fait que le nombre de pôles ait été
de financement en renforçant leur cohérence considérablement accru dans l’étape ultime
globale. précédant la décision montre que le risque de
Un autre rapport d’évaluation a été établi en saupoudrage est réel ;
décembre 2008 par le Conseil économique et — les crédits prévus, certes non négli­
social. L’avis estime que ces pôles de compé­ geables, viennent de chapitres budgétaires ou
titivité « ont développé un état d’esprit et une d’organismes qui ne les utiliseront pas ailleurs ;
pratique de réseau dont on peut se féliciter» et — surtout, les 67 pôles retenus sont loin de
souligne que le dispositif permet à chaque remplir tous les critères affichés :
filière et à chaque territoire de trouver sa place • dans certains, la composante « recherche
dans la course a la compétitivité. Mais il souli­ et université » est symbolique ;
gne les nombreux écueils qui guettent le dis­ • la liste des branches auxquelles ils appar­
positif adopté : tiennent ne donne pas l’impression de concer­
— nécessité d’un préfinancement de l’ani­ ner avant tout les secteurs où l’innovation est
mation des pôles, la plus développée et la plus urgente ;
— appareil de gouvernance trop figé ; • la spécialisation des pôles est toute rela­
— intégrité des collectivités locales ; tive pour certains ;
— participation encore insuffisante des PME; » la synergie entre des participants, qui
— complication des procédures. dans la plupart des cas n ’avaient aucune rela­
À la suite de l’évaluation de juin 2008, le tion lors de l’appel à projets, risque d ’être
président Sarkozy a annoncé, dès le 26 juin difficile à faire émerger ;
2008, qu’on ne créerait pas de nouveau pôle, • les sites de ces « pôles » sont souvent très
sauf dans le domaine des écotechnologies imprécis (une région entière, voire plusieurs) ;
et qu’on instituerait pour chaque pôle deux • la visibilité internationale est loin d’être
référents, l’un national et l’autre local. Il a toujours claire.
estimé nécessaire d’approfondir la stratégie Enfin, si la principale orientation nouvelle est
de développement des pôles en bâtissant une la recherche de la compétitivité, fût-ce au détri­
stratégie de pôle, en élaborant une feuille de ment de l’égalité spatiale (ceci est clairement
PÔLE DE DÉVELOPPEMENT

précisé), les pôles de compétitivité ne sont pas co llectiv ités territoriales et organism es
sans reprendre certains des principes des techno­ consulaires. L’ambition est de créer de véri­
poles ou des districts industriels. La rupture est tables plates-formes technico-économiques.
donc peut-être moins nette qu’il n’est affirmé. La spécialisation des pôles est considérée
Peut-on le regretter puisque cette rupture irait à comme une condition essentielle de leur
l’opposé de certains des critères de l’aménage­ réussite. i
ment du territoire (égalité des chances sur le
plan spatial, planification, équité)?
■ p. H

P .M . Aménagement du territoire; Conversion ou reconversion;


District industriel; Économies externes; Pôle de compétiti­
-* Localisation des activités; Technopôie; technopole; Pôle de vité; Technopôle, technopole.
développement.

PÔLE DE RECHERCHE ET D'ENSEIGNEMENT


SUPÉRIEUR -* Université
PÔLE DE DÉVELOPPEMENT

Lieu ou localité, voire région, qui, du fait PÔLE RESTRUCTURATEUR -> Centre; Centre
des activités qui y sont installées, exerce un urbain nouveau
effet d ’entraînement sur l ’implantation
d’autres activités.
Le concept, développé par François POLICE ADMINISTRATIVE
Perroux, est très lié à celui d ’économ ies
externes. Le pôle de développement favorise Le procédé de la gestion des services
et suscite le progrès économique et la modifi­ publics n’est pas le seul qui permette à l’État
cation des structures et de l ’organisation de la de prendre en charge des activités dans la
production. Perroux a également développé le pratique très diversifiées. Sur l’ensemble dû
concept de pôle de croissance, qui concerne territoire, la police administrative consiste efi
seulement l ’évolution quantitative de l’écono­ l’édiction de normes juridiques (règlement!
mie. Cette théorie est parfois appelée théorie généraux, autorisations ou interdictions parti­
de la polarisation. culières) et en la prise d’actes matériels visant
Le terme de pôle a aussi été employé, à au maintien de l’ordre public.
propos des zones de reconversion indus­ En matière d ’urbanisme, on trouvera
trielle : le gouvernement français a créé, le 8­ d’assez nombreuses illustrations de ce pro­
12-1984, 14 pôles de conversion. S ’agissant cédé qui a toujours un caractère préventif et
de villes ou de secteurs marqués par le déclin poursuit les mêmes objectifs que la police
d’industries anciennes (sauf celui de Fôs-sur- générale : parmi les polices spéciales concer­
Mer), qu’il s’agit de rendre à nouveau attrac­ nant l’urbanisme, il faut signaler celles qui
tives, l’emploi du terme « p ô le » apparaît ici concernent la sécurité et la salubrité des bâti­
comme un audacieux pari sur le succès de leur ments, les établissements industriels dange­
reconversion, reux, incommodes et insalubres, la protection
Le terme de pôle a également conduit à des eaux, de l ’esthétique du cadre urbain tit
forger le concept de technopole. Il s’agit d ’un des paysages, etc.
pôle de développem ent caractérisé par le
recours à des technologies innovantes. Depuis Y . P.
1988, les technopoles français préfèrent utili­
ser le terme de technopoles, bien qu’il appa­ -> Insalubrité (habitat; logem ent); Péril (arrêté d e ); Servitude;
Trouble de voisinage.
raisse impropre.
Enfin, en 2005, la d a t a r a créé 66 pôles
de compétitivité. Ceux-ci ont pour objet de
regrouper et de favoriser le développement POLITIQUE DE LA VILLE Banlieue ; Contrat
d’activités liées à la recherche. Les pôles d'agglomération ; Contrat de ville ;
de compétitivité associent établissements Développement social des quartiers ( d s q ) ;
d ’enseignem ent supérieur, centres de Exclusion ; Grand ensemble; Pacte de relance
recherche, entreprises et éventuellem ent pour la ville ; Projet de quartier ; Projet urbain;
905 POLITIQUE RÉGIONALE

Réhabilitation; Rénovation urbaine; Zone • une réglementation strictement appliquée


franche urbaine (z f u ) pour les livraisons ;
• une utilisation polyvalente (pour plu­
sieurs usagers successifs) des places des
POLITIQUE DE POPULATION -> Doctrine parcs de stationnement.
de population On peut prévoir que les constructeurs ne
réalisant pas les places de stationnement
prévues par la réglementation achètent une
POLITIQUE DE STATIONNEMENT concession à long terme dans un parc public, ou
versent une participation à la commune pour
Ensemble des m oyens réglementaires et construire des parcs publics, ne dépassant pas
tarifaires visant à tirer le meilleur parti de 4 782 €, son montant maximal fixé en France.
l’espace dévolu au stationnement. Il convient • Le coût de construction d’une place de
de distinguer quatre types de finalité du sta­ stationnement peut être évalué en 1996 à ;
tionnement; • 2 000 à 3 000 € pour un emplacement au
— le stationnement nocturne (des rési­ sol (terrain compris) ;
dents), lié au droit à la possession d’une auto­ • 10 000 à 15 000 € pour la construction
mobile, qui suppose la construction de garages dans un parc à étages (terrain compris), dans
ou, dans les quartiers anciens où ils sont en une ville moyenne ou en banlieue d ’une
nombre insuffisant, le droit au stationnement métropole ;
nocturne sur la voirie, ou, à défaut, la possibi­ • 15 000 € (ville moyenne) à 2 5 0 0 0 €
lité de louer (ou d’acheter) un garage dans un (Paris) en souterrain (terrain non compris).
autre quartier ; On peut proposer les normes suivantes :
— le stationnement diurne (au lieu de tra­ — une place par logement au centre, de 1,5
vail), à décourager dans le centre, car très à 2 places la périphérie ;
consommateur d’espace (circulation en pointe — une place pour 50 m2 (en banlieue) à
et stationnement de longue durée) et n’appor­ 200 m2 (dans le centre) de surface de bureaux ;
tant aucune animation au quartier; — une place pour 1,5 à 3 emplois dans
— le stationnement temporaire (déplace­ l ’industrie, selon la desserte en transports en
ment d’affaires, d’achats, de loisirs, etc.), à commun;
ne pas décourager, même dans le centre, dont — une place pour 40 m2 de commerce de
ces déplacements assurent l’animation ; voisinage ou de secteur, pour 20 m2 dans un
— le stationnement de livraison, indispen­ centre régional ;
sable mais à réglementer. — une place pour six étudiants pour les
La politique de stationnement payant qui locaux universitaires (hors des centres-villes).
en découle suppose :
P. M.
— des tarifs très élevés, dissuasifs, pour le
stationnement de longue durée ; -> Pianification des transports; Stationnement;Tarification (des
transports).
— des tarifs modérés pour le stationnement
de courte durée (jusqu’à deux heures) ;
— un stationnement nocturne gratuit.
Le stationnement payant, qui doit être limité POLITIQUE FONCIÈRE — Action foncière ;
aux zones où l ’espace de stationnement est Maîtrise foncière ; Réserves foncières
insuffisant, doit être complété par :
• des mesures de limitation de la durée
de stationnement autorisé (dans les «zones POLITIQUE RÉGIONALE
bleues », cette durée est limitée, sur la voirie,
sans paiement), pour assurer la rotation rapide Action publique en vue d’assurer le déve­
des véhicules sur les emplacements disponibles ; loppement équilibré des régions, la préserva­
• une politique de construction de garages tion de leur patrimoine et de leurs ressources,
liés aux résidences, mais de limitation des l’épanouissement dans le cadre de la commu­
emplacements liés aux activités dans le centre nauté nationale de leurs spécificités et la
(car ils attirent des véhicules supplémentaires reconnaissance, dans le respect de la législa­
circulant aux heures de pointe) ; tion, du droit à s ’administrer directement.
POLLUTION 608

La politique régionale a d’abord été conçue gement et le développement du territoire du


de manière très simple, comme s’il suffisait 4 février 1995 et la loi Voynet du 25 juin
d’interdire l’installation à Paris des activités 1999 cherchent à maintenir la cohésion du
industrielles pour stopper la croissance de la tissu régional et social français, suivant en
capitale et pour attirer les emplois là où ils cela les réflexions engagées par la d a t & r
sont indispensables. Petit à petit, le cadre depuis 1988.
s’est élargi : la politique régionale s’est donné P. C.
pour but de mieux répartir l ’ensemble des
emplois, et pas seulement ceux du secteur -► Aménagement du territoire; Aménagement régional; Dévé-
loppement régional; Planification régionale; Région.
industriel. Elle s ’est attachée davantage à
améliorer la qualité de la vie, à préserver la
nature ou les sites et monuments remar­
quables, à sauvegarder ce qui reste des POLLUTION
cultures locales et à assurer l’accès de tous
aux manifestations les plus actuelles de l’art Émission de produits qui provoquent une
et de la pensée. De ce fait, elle a cessé de gêne ou une nuisance dans un milieu. La
pouvoir être pensée tout entière d’en haut : on pollution peut être biologique (bactéries) ou
peut imaginer une croissance économique chimique (oxydes de carbone, hydrocarbures,
dans laquelle l’État et les chefs d’entreprise, oxydes d’azote, etc.). Elle atteint l ’air, l ’eau,
souvent parisiens, sont seuls impliqués ; on ne les aliments et le sol. Par extension, on parle
peut assurer l ’épanouissement des diverses de pollution physique lorsque les propriétés
collectivités qui composent le pays sans les physiques du milieu sont modifiées (bruit,
consulter et sans leur donner le droit de chaleur, radioactivité). Les pollutions spécifi­
prendre les décisions qui les concernent le quement urbaines sont surtout celles de l’air
plus directement. La politique régionale et sont causées par certaines formes dè
contenait donc en germe la décentralisation : chauffage (charbon, gaz, fioul), par l’indus­
celle-ci a d’ailleurs commencé à se mettre en trie et par la circulation autom obile et
place progressivement; les lois de 1982-1983 aérienne (gaz d’échappement), la circulation
sont beaucoup plus le terme d’une évolution routière pouvant en représenter 50 % ou plus.
commencée trente ans auparavant qu’une rup­ Les principaux polluants sont :
ture brutale. — le monoxyde de carbone qui bloque
La politique régionale a été conçue au l’oxygénation des tissus ;
temps des « trente glorieuses » et de l’expan­ — les oxydes d’azote qui entraînent des
sion facile. Aujourd’hui, la France vit dans la troubles respiratoires ;,
crise et la désindustrialisation. Le problème :— les hydrocarbures qui irritent les yeux et
posé par l’évolution du contexte économique les muqueuses ; ,
est celui de la restructuration de l’espace en — les composés sulfureux qui s’attaquent
vue de restaurer les conditions d’une compé­ aux poumons;
titivité internationale perdue. Pour augmenter t— les dérivés du plomb qui entraînent des
les chances du pays, il convient de favoriser troubles neurologiques ;
les grandes métropoles, les axes de circula­ — le gaz carbonique qui serait l ’agent prin­
tion facile et les régions qui jouissent d’une cipal du réchauffement (non prouvé scientifi­
bonne qualité de la vie : ce sont les ensembles quement) de l’atmosphère (effet de serre) ;
les mieux placés pour attirer les activités dont — les composés fluorés et chlorés qui altèrent
le pays a besoin. la couche d’ozone de la haute atmosphère ;
Doit-on pour autant se résoudre à laisser — les dérivés du phosphore, les fumées,
une part très importante du territoire national les poussières, etc. ,
entrer dans la spirale de la désertification? Il L’effet de serre, qui résulte de la présence
convient au contraire d ’assurer un équilibre d’une enveloppe de gaz (comprenant en parti­
entre les actions nécessaires au dynamisme culier du gaz carbonique, du méthane et de la
économique global du pays et celles desti­ vapeur d’eau) autour de la terre, ne doit pas
nées à préserver des sociétés régionales être considéré comme une pollution. C’est lui
qu’un économisme trop brutal condamnerait qui, en réchauffant la terre (à une température
au déclin. La loi d’orientation pour l’aména­ moyenne de 15 °C au lieu de - 18 °C), y rend
607 POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE

possible la vie telle que nous la connaissons. POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE


Certes, l ’augmentation de la teneur de l’atmo­
sphère en gaz à effet de serre, et en particulier Le terme désigne :
en gaz carbonique, risque d’entraîner un chan­ — l’ensemble des processus qui introduisent
gement climatique qui est lourd de dangers dans l’atmosphère des corps qui ne se trouvent
pour l ’humanité. Mais le gaz carbonique n’est pas à l’état naturel, ou qui en modifient artifi­
pas en soi un polluant, puisqu’il est indispen­ ciellement l’état ;
sable au cycle de la végétation. — le résultat de ces processus.
La pollution de l’air a un coût social qu’on Comme le terme a une connotation péjora­
peut estimer : tive, on l’emploie généralement pour désigner
• par la méthode du coût d’évitement : coût les modifications de l’atmosphère par l’action
d’un avion ou d’un véhicule dont l’émission de humaine qui sont capables de provoquer des
polluants est sensiblement réduite (les régle­ dégâts aux biens ou des altérations de la
mentations mises en place depuis vingt ans santé. D ’autre part, il s’agit surtout de l ’intro­
ont permis dé la réduire fortement : de moitié duction de « Corps étrangers ». Cependant, par
au moins par la double Catalyse) et coût d’un un léger abus de langage, on parle de « pollu­
carburant sans plomb ; tion thermique » pour désigner les échauffe-
• par la méthode du coût de réparation ments anormaux de l’atmosphère.
(dépenses de santé, dégradation des bâtiments Les corps capables de provoquer une « pol­
et de la végétation). lution» de l ’atmosphère sont extrêmement
La méthode du coût d’évitement, qui repose nombreux. Il est donc commode, pour pré­
sur l’application des réglementations mises en senter quelques-uns des polluants les plus
œuvre, conduit à une estimation de 0,10 € par importants, de décrire plusieurs classifica­
voyageur-kilomètre en m ilieu urbain pour tions possibles de ces corps.
l’automobile (mais dix fois moins, par voya­ Les polluants revêtent trois form es p hy­
geur, pour l’autobus). siques essentielles :
Face à la pollution atmosphérique entraî­ — Les particules solides ayant des dia­
nant, lorsque le climat s ’y prête (fréquence de mètres échelonnés de 0,01 à 1 000 g, environ.
brumes ou de brouillard), le smog qui peut — Les aérosols, formés de gouttes de liquides
provoquer des troubles graves ou la mort en suspension. Les plus importants sont
(Londres, Tokyo, Los Angeles, vallée du Pô, composés d’eau qui peut contenir des corps en
etc.), certaines villes se sont dotées de réseaux solution, comme le chlorure de sodium. Les
de surveillance et d’alarme. gouttelettes se forment souvent autour de parti­
La prévention de la pollution de l ’air repose cules de petite dimension, qui constituent des
sur: « noyaux de condensation ». Les aérosols et les
— le traitement des carburants (réduction particules en suspension forment les fumées.
du soufre et du plomb dans l’essence) et — Les gaz.
l’amélioration des systèmes de carburation Les principaux composants chimiques sont :
(double catalyse) ; — Les métaux, notamment le plomb, le
— le recours à des formes de chauffage magnésium, le cuivre, le zinc, le manganèse.
non polluantes (électricité, chauffage urbain) — Les hydrocarbures, molécules orga­
dans les régions urbanisées ; niques formant des chaînes construites sur
— le traitement, avant rejet, des fumées des atomes de carbone. Ces hydrocarbures
industrielles ; agissent les uns sur les autres et se trans­
— l’aménagement urbain : desserrement forment dans l’atmosphère, sous l’influence
des industries polluantes, prise en compte de la radiation solaire, processus qui fait
des vents dans le zonage, coupures vertes apparaître des corps aux effets particulière­
absorbant les polluants, etc., éloignement des ment nocifs, comme le 3-4 benzopyrène.
aérodromes. — Les anhydrides sont des gaz qui se
P. M. combinent aisément à l’eau pour donner des
acides. Les plus importants sont le dioxyde
-* Aéroport; A utom obile; Bruit; Coût social; Effet de serre; d ’azote (N 0 2) et le dioxyde de soufre (S 0 2)
Installations classées; N uisance; Pollution atmosphérique;
Pollution des eaux continentales; Pollution des m ers; Pollu­ qui donne de l ’acide sulfurique en se combi­
tion des sols; Transport aérien. nant avec l’eau.
POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE

— Les oxydants : le plus actif d’entre eux Les sources émettant les polluants peuvent
est sans doute l ’oxygène triatomique ou ozone être classées en trois catégories selon leurs
( 0 3). Il se forme naturellement dans la haute caractères spatiaux, importants pour tout ce qui
atmosphère, sous l ’influence des rayons ultra- concerne l’aménagement : les sources fixes et
violents, mais il est capable de se former dans concentrées sont formées essentiellement par les
les basses couches, notamment en présence usines; leur identification et leur surveillance
d’hydrocarbures. L’oxydation par l ’ozone sont relativement faciles, Les sources fixes
peut produire des destructions considérables et dispersées - foyers domestiques (longtemps
dans les molécules organiques. la seule source de pollution), incinérateurs
— Le gaz carbonique (dioxyde de carbone, d’immeubles, petites usines, etc. - sont plus dif­
C 0 2) ne peut guère être considéré comme un ficilement contrôlables. Les sources mobiles
polluant, puisqu’il existe en quantités impor­ sont apparues avec la locomotive à vapeur et se
tantes dans l’air pur. Mais il peut atteindre des sont multipliées avec l’automobile et l’avion.
concentrations anormales et dangereuses du En matière d’effets sur la santé, la place des
fait de la pollution. Celle-ci produit aussi un gaz et des particules fines explique la patj
corps beaucoup plus nocif, le monoxyde de importante des atteintes à l ’appareil respira­
carbone, CO. toire. Le sang est affecté surtout par l’empqif
La classification selon les origines des pol­ sonnement par le monoxyde de carbone. Les
luants amène à traiter, rapidement du mode de tissus superficiels, notamment ceux de la peau
formation de la pollution. et des yeux, sont particulièrement sensibles
—■Les combustions normales, complètes, aux hydrocarbures. Tous les polluants sont
produisent avant tout du dioxyde de carbone, capables de produire des réactions allergiques
mais aussi des résidus - « cendres » - qui sont qui se manifestent de façon très variée. ,
entraînés par les courants chauds ascendants, Les «irritants» provoquent des réactions
liés aux combustions. Certains combustibles immédiates, au niveau des organes atteints
contiennent des corps, en faible quantité, mais directement, et peuvent provoquer des acci­
dont la combustion, même complète, donne dents graves, surtout chez les malades chro­
des oxydes parfois dangereux. Le plus impor­ niques. Parmi les plus importants, on peut
tant, de loin, est le soufre qui donne de l’anhy­ citer les anhydrides, les hydrocarbures. Les
dride sulfureux (S 0 2). Il y a en effet du soufre polluants non irritants ont des effets à long
dans beaucoup de charbons et de produits terme, une fois installés dans le corps. C’est
pétroliers. Les combustions à haute tempéra­ souvent le cas pour les métaux, avec leurs
ture, comme celles qui sont liées au fonction­ effets cancérigènes (amiante) ou tératogènes
nement de beaucoup de moteurs, produisent le (mercure). Certains polluants font sentir leurs
dioxyde d’azote, N 0 2. effets immédiatement, quand ils atteignent des
— Les combustions incomplètes sont fré­ concentrations élevées dans des épisodes de
quentes, dans les foyers mal réglés ; les pollution revêtant l’aspect d’une crise aiguë,.à
moteurs à piston impliquent, pour que l’allu­ la suite d’un accident climatique ou industriel.
mage soit possible, des combustions de ce Il est normal de donner une place particulière
type. Elles produisent du monoxyde de car­ aux effets des polluants sur les êtres humains.
bone, gaz toxique, et des résidus d’hydrocar­ Mais on ne doit pas oublier pour autant leur
bures, qui se combinent entre eux. action sur la végétation, victime, elle aussi,
— Les rejets industriels autres que d ’épisodes aigus et d’affections chroniques,
les combustions produisent beaucoup de avec les maladies des arbres provoquées par le
particules et de poussières métalliques notam­ fluor (vallées alpines) ou par les pluies acides
ment. Par exemple, la production d ’alumi­ (probablement responsables de l ’état des
nium implique l ’usage de fluor, qui est forêts en Allemagne et en Scandinavie).
rejeté dans l’atmosphère en quantités impor­ Les bâtiments sont également atteints:
tantes. oxydation des parties métalliques, corrosion
— Les combinaisons de polluants, les uns des pierres, notamment des calcaires, par les
avec les autres, ou avec des corps normale­ pluies et les aérosols acides.
ment présents dans l ’atmosphère, méritent
d’être mentionnées à part : gouttelettes acides, Pour synthétiser les distinctions variées
anhydrides aromatiques. faites ci-dessus, il est commode, bien qu’un
«09 POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE

peu artificiel, de distinguer deux types de pol­ — Les climats où les anticyclones sont par­
lution, par des associations de caractère. Le ticulièrement fréquents présentent un très fort
« type classique » est apparu avec l’utilisation risque de pollution. C’est le cas, notamment, des
massive des combustibles fossiles, notamment régions continentales des latitudes moyennes
le charbon, et les concentrations urbaines et (en hiver), des régions méditerranéennes (en
industrielles. On peut la qualifier de «pollu­ été) et des régions tropicales (pratiquement
tion type xixe siècle », encore importante, bien toute l’année, mais surtout pendant la saison
que sa réduction ait été spectaculaire. U s’agit sèche). L’industrialisation et l’urbanisation de
de particules (métaux), d ’aérosols et de gaz régions où le climat a des caractères favorables à
(S 0 2, C 0 2), résultant de la combustion et des la pollution réservent de graves difficultés pour
rejets industriels et provenant de sources un avenir proche, comme le montre le cas de
fixes. La pollution de « type moderne » est liée Los Angeles ou celui de grandes villes tropi­
à la banalisation des automobiles et à la diver­ cales à saison sèche (Mexico, Bombay, etc.).
sification de l’industrie chimique. Elle prend — Les sites les plus dangereux pour la
surtout la forme de gaz (CO 2 , CO, NÔ2, et pollution sont ceux qui se prêtent bien à la
hydrocarbures oxydants), résulte de combus­ formation des inversions thermiques, c ’est-à-
tions incomplètes à haute température et pro­ dire les creux et les vallées.
vient de sources mobiles ou dispersées. La pollution a ses rythmes. Les effets
Ces deux types de pollution ne se mesurent aigus de la pollution sont aggravés à certains
pas suivant les mem es techniques. D ’une moments bien précis. Il existe à la fois des
manière générale, comme on ne peut tout phénomènes cycliques, et des crises aiguës,
mesurer, on choisit des polluants typiques et rares mais dévastatrices. Les cycles sont dus,
représentatifs, assez faciles à doser et à pour leur part, à des phénomènes climatiques
recueillir. Ce choix est relativement facile et à des rythmes de l ’activité économique.
pour la pollution « classique » que l’on mesure Les cycles annuels et diurnes combinent les
grâce à l ’appareil «soufre-fum ées» (dosage deux effets, alors que les cycles hebdoma­
du S 0 2, et de l ’ensemble de la charge en parti­ daires sont plutôt dus à des rythmes purement
cules). L’étude de la pollution «moderne» est économiques.
plus difficile, et demande des dosages plus
nombreux (oxydants, NO, CO, hydrocar­ Les sociétés modernes ne manquent pas de
bures). moyens de lutte contre la pollution atmosphé­
La pollution varie dans le temps et dans rique. Contrairement à une opinion courante,
l ’espace. Certes, la pollution atteint toute la des succès notables ont été obtenus, surtout
planète. On commence même à craindre que en ce qui concerne la «pollution classique»,
l ’augmentation de la teneur en CO2 puisse qui a beaucoup diminué en France. Les pro­
modifier les grands équilibres énergétiques de blèmes sont plus difficiles à résoudre dans le
l’atmosphère. Mais il est certain qu’il existe cas de la pollution « de type moderne », car
des lieux particulièrement affectés et des les polluants sont plus volatils et les sources
crises momentanées. Comme la lutte contre plus dispersées et souvent mobiles.
ces concentrations spatiales et temporelles de Tandis que les grandes réunions internatio­
la pollution est à la fois possible et importante, nales sur Tenvironnement (Rio de Janeiro,
il est nécessaire d ’en comprendre les méca­ 1992 ; Kyoto, 1997 ; Buenos Aires, 1998 ; Bali,
nismes. 2007 ; Copenhague, 2009) se préoccupent de
problèmes mondiaux, comme la diminution de
La localisation de la pollution dépend la quantité d’ozone protectrice dans la très
d’abord, évidemment, des sources invento­ haute atmosphère ou l’augmentation de l’effet
riées et classées ci-dessus... Mais elle est liée de serre, les recommandations européennes et
aussi aux mécanismes atmosphériques : les des lois nationales s’occupent davantage des
polluants se concentrent dans les basses pollutions proprement dites. La France, en
couches de l ’atmosphère quand l’air stagne conformité avec les directives européennes, a
et ne connaît ni mouvements verticaux ni adopté le 30 décembre 1996 une loi sur l’air qui
mouvements horizontaux. Ces occurrences se illustre les procédures actuelles pour la mise en
produisent dans certains climats et dans cer­ œuvre des techniques de lutte contre la pollu­
tains sites. tion qui doivent être coordonnées et concertées.
POLLUTION DES EAUX CONTINENTALES

Les mesures relèvent de la gestion des verte »). Les seuils de déclenchement ont été
sources de pollution existantes, mais aussi de abaissés à Paris en juin 1999. ~
politiques à plus long terme destinées à Les actions d ’aménagement demeurent
réduire les volumes globaux de pollution. Il indispensables. Des règles précises pèsent suî
peut s ’agir de simples mesures techniques les installations industrielles : interdiction de
d’action sur les sources ou de décisions certains carburants et de certains procédés,
d’aménagement, telles celles qui vont de la dimension minimale des cheminées pour faci­
redistribution spatiale des activités à l’échelle liter la dispersion des polluants, mise en place
locale ou à celle du territoire national. obligatoire de filtres, etc. Les actions à long
La loi sur l ’air du 30 décembre 1996 terme concernant des espaces étendus sont dé
cherche d’abord à améliorer la connaissance plus en plus fréquentes : éloignem ent des
de la pollution. Alors que longtemps la pollu­ sources de pollution inévitable des zones
tion n’a été mesurée que près de sites consi­ habitées (réglementation des installations
dérés comme dangereux, on est passé à une classées), limitation des implantations indus­
couverture beaucoup plus complète du terri­ trielles dans les sites à fort potentiel de pollu­
toire. Toutes les agglomérations de plus de tion, tels les fonds de vallées, imposition de
100 000 habitants doivent avoir des systèmes barrières végétales, politiques de limitation de
de mesures régulières. 35 associations de sur­ la circulation automobile à travers les plans
veillance ont été mises en place qui, tout en de déplacements urbains que la loi sur l’air a
couvrant tout le pays, forment un réseau plus rendus obligatoires dans les agglomérations
serré dans les vieilles régions industrielles, de plus de 100 000 habitants, etc.
lieux de concentration des fortes pollutions Les mesures de lutte contre la pollution ont
« classiques ». Les stations d ’observation se un prix, ce qui a conduit à formuler le principe
sont également multipliées, y compris dans selon lequel « les pollueurs devraient être les
les régions rurales, où l ’on mesure la «pollu­ payeurs». Mais son application est limitée
tion de fond » et où Ton surveille particulière­ notamment par des considérations juridiques,
ment les apports d’ozone. Les mesures d’une la loi française refusant qu’une recette du bud­
grande variété de polluants sont confrontées à get de l ’État soit affectée à une politique parti­
des normes, fixées en fonction des connais­ culière. C’est donc surtout par des incitations-
sances sur les effets de ces polluants sur la positives - dégrèvements fiscaux - qu’on-
santé publique, qui tendent à devenir de plus cherche à obtenir l’adoption de techniques et
en plus strictes. Elles concernent à la fois les d ’appareillages moins polluants.
concentrations instantanées en polluants et les
F. D.-D.
durées de dépassement des seuils.
Ces mesures et ces normes font l’objet de -> Aéroport; Atm osphère; Autom obile; Coût social; Dévelop­
deux types de traitement : pement durable; Effet de serre; Énergie et environnem ent;
installations classées; Microclimat urbain; M oyen de trans­
— des traitements rétrospectifs, qui défi­ port; Nuisance; Plan de déplacements urbains; Protection de
la nature ; Transport aérien.
nissent la qualité de l’air par des indices
synthétiques tenant compte d’une vaste
gamme de produits polluants, qui servent à
mettre en évidence la nécessité d’actions à POLLUTION DES EAUX CONTINENTALES
long terme relevant de l’aménagement ;
— des traitements servant à la prévision Constituant l ’essentiel de la matière
des risques à l’échéance de quelques heures, vivante, l ’eau joue un rôle fondamental dans
qui utilisent un indice fondé sur la teneur de l’alimentation humaine. Il est donc tentant de
quatre polluants majeurs - S 0 2, N 0 2, ozone, considérer comme polluée toute eau qui n’est
poussières et fumées - en vue de la gestion au pas potable, c ’est-à-dire dont la consomma­
jour le jour de la pollution. tion peut provoquer des troubles pour la santé
Les dispositions d ’urgence concernent des hommes.
depuis longtemps les installations indus­ L’atmosphère fonctionne comm e une
trielles, en particulier les centrales thermiques. gigantesque machine à; distiller l ’eau des
La loi sur l ’air a introduit la possibilité de limi­ océans, qui est fournie à l’état presque pur aux
ter la circulation automobile des véhicules les habitants des continents sous forme de pluie
plus polluants (qui n’ont pas reçu la «pastille (elle est notamment débarrassée du sel qui la
611 POLLUTION DES EAUX CONTINENTALES

rendrait inconsommable). Peut être considéré à la production d’énergie (centrales thermiques


comme pollution, tout processus qui réintro­ et centrales nucléaires). Cette dernière a de
duit dans l ’eau des continents des produits grands besoins de refroidissement, et utilise
indésirables, des impuretés. On peut distin­ pour cela l’eau des rivières et des lacs. Dans la
guer, en particulier : plupart des pays industriels, jusqu’à la moitié
— Les pollutions naturelles, c’est-à-dire de l’eau utilisée sert au refroidissement.
résultant de processus dans lesquels les acti­ La concentration des polluants dans les
vités humaines jouent un rôle mineur. Les eaux continentales dépend évidemment de
eaux superficielles abritent naturellement des l ’importance des rejets, mais elle est aussi
parasites, des bactéries et des virus, ainsi que fonction du régime hydrologique. Lors des
des animaux de plus grande dimension qui périodes de basses eaux, la dilution des sub­
servent d’hôtes ou de vecteurs aux parasites. stances introduites diminue et les manifesta­
— Les pollutions bactériennes, virales, ou tions de la pollution sont particulièrement
parasitaires dues aux rejets de matières fécales spectaculaires. Les pays à longue saison sèche,
humaines. De nombreuses maladies comme la avec des rivières à régimes faiblement pon­
typhoïde, le choléra, les dysenteries, sont dérés, sont donc particulièrement défavorisés:
transmises chez les humains par l’intermé­ Les polluants interagissent les uns sur les
diaire de l’eau. Les maladies parasitaires et autres, ce qui peut aboutir à une accentuation
microbiennes transmises par l’eau ont beau­ de leurs effets. Un exemple particulièrement
coup reculé dans les pays industriels à eaux net est fourni par l ’eutrophisation des lacs :
contrôlées, mais elles restent un fléau majeur l ’arrivée d ’eaux anormalement chaudes,
pour la plus grande partie de l’humanité. Même chargées d’engrais, peut y provoquer la pro­
dans les pays industriels, l ’élimination et le lifération de certaines algues. C elles-ci
contrôle de la pollution bactérienne demandent consomment une quantité importante d’oxy­
une vigilance constante. gène, leurs débris s ’accumulent dans le fond
La consommation ménagère de l’eau, c’est- des lacs, dont la hauteur s ’élève. La décompo­
à-dire celle qui la rend non potable par pollu­ sition des résidus alguaires consomme encore
tion bactérienne ou virale, ne représente de l’oxygène. Le lac «meurt», la désoxygéni-
qu’une fraction assez faible de l’utilisation sation élim ine la faune, et il finit par se
de l’eau (13 % en France par exemple). combler. Ce processus d ’eutrophisation est
— Les pollutions dues aux lavages ,des sur­ naturel, mais il est fortement accéléré par la
faces continentales par l’eau de pluie. Très pollution chimique et thermique.
pure, celle-ci est rapidement salie par le ruis­
sellement superficiel. Le développement des La défense contre la pollution a longtemps
techniques aggrave cette pollution : hydrocar­ eu comme arme majeure la recherche de
bures sur la voirie, lessivage des produits uti­ sources d’eau pure. L’utilisation directe de
lisés par l’agriculture, tels que pesticides et l’eau de pluie, stockée dans des réservoirs, a
engrais (aux États-Unis, les rivières des toujours été secondaire. On a beaucoup plus
grandes régions agricoles du Middle West massivement eu recours à l’eau des nappes.
sont aussi polluées que celles des régions Celle-ci est en effet épurée par un filtrage à
industrielles). travers certaines couches géologiques, notam­
— Les pollutions dues aux rejets indus­ ment les sables.
triels : les industries rejettent les produits La consommation d’eau devenant de plus
inutiles à la fin du processus de fabrication, en plus importante, il est nécessaire d ’avoir
dans les cours d’eau ou dans des puisards, à recours à des eaux fluviales, contenant sou­
partir desquels ils peuvent atteindre les nappes vent des eaux usées. Leur épuration s’impose.
souterraines. Certains de ces produits peuvent Le traitement des eaux comporte en général
être toxiques pour les hommes, la faune ou la plusieurs phases :
flore aquatiques. — élimination des troubles dans des bas­
— La « pollution thermique » : l’expression, sins de décantation ;
consacrée par l’usage, bien qu’il ne s’agissepas — accélération de la minéralisation de la
d’une pollution au sens strict du terme, désigne matière organique : on fait en général en sorte
l’élévation anormale de la température de que les filtres à sable des unités de traitement se
l’eau, due en général à l’activité industrielle et comportent comme des « filtres biologiques » :
POLLUTION DES MERS 6«

il se forme sur les grains de sable une enve­ La pollution thermique résulte également
loppe bactérienne qui agit sur la matière orga­ de processus physiques. Elle est due au rejet
nique; dans la mer d’eaux échauffées parce qu’elles
— stérilisation, pratiquée à l’aide de pro­ ont servi au refroidissement dans des transfor­
duits chlorés ou d’ozone : celle-ci est un agent mations industrielles ou dans des opérations
d’épuration très actif qui ne laisse pas de goût à de production d ’énergie. Les eaux chaudes
l ’eau; perdent beaucoup plus vite leur individualité
— traitements spécifiques, destinés à éli­ dans la mer que dans les cours d’eau continen­
miner des produits précis, dus à des rejets taux, ce qui explique qu’on ait localisé beau-:
industriels. coup de centrales nucléaires sur les littoraux,
La lutte contre la pollution des eaux conti­ notamment aux États-Unis.
nentales peut être imposée par des mesures Les agents qui peuvent être considérés
législatives ou réglementaires, prises à l ’échelle comme des polluants sont très nombreux :
d’un pays tout entier, comme les dispositions — les micro-organismes, bactéries et virus
qui, en France, imposent des autorisations pour à propriétés pathogènes, proliférant sur les lit­
le déversement des eaux usées. Mais elle néces­ toraux, à proximité des effluents des égouts.
site une planification générale des utilisations Le problème est particulièrement grave dans
de l’eau. Celle-ci peut être réalisée à l’échelle la mesure où la densité de population est spé­
de l’aire de desserte d’une grande aggloméra­ cialement forte le long des littoraux et où la
tion ou dans le cadre d ’un bassin fluvial. baignade se développe considérablement. On
F. D.-D. détecte souvent la pollution bactérienne par
les matières fécales ;
-* Agence de l'eau; A griculture; Assainissement; Cours d'e a u; — les produits organiques, molécules aux
Ea u; Installations classées; Nuisance; Pollution des m ers;
Pollution des sols. longues chaînes carbonées. Celles-ci consti­
tuent notamment :
• les produits pétroliers rejetés par les
POLLUTION DES MERS moteurs de bateaux, par le dégazage des
pétroliers et lors des accidents qui surviennent
Ensemble des processus et des résultats de aux navires de ce type ou aux puits sous-
ces processus qui introduisent dans l ’eau de marins de pétrole, origine des plus célèbres
mer des corps qui ne s’y trouvent pas à l ’état épisodes de pollution marine ;
naturel, ou qui s ’y trouvent avec des concen­ • des produits d ’origine diverse, tels que
trations moindres. détergents, résidus d’engrais ou de pesticides ;
Au sens strict, la pollution implique des — les produits non organiques tels que :
m odifications de la com position de l ’eau. • les sels biogènes, comportant des atomes
Mais on em ploie couramment le terme de d’azote ou de phosphore, provenant souvent
«pollution thermique» pour désigner l’éléva­ des engrais. Ils sont capables de servir d’ali­
tion anormale de sa température par suite de ments à des végétaux marins, d’où leur nom ;
l’action humaine. • les métaux : leur présence est due surtout
Les polluants se présentent soit à l ’état de aux rejets industriels. On s’est intéressé avant
substances dissoutes, soit à l ’état de parti­ tout aux plus toxiques d’entre eux, tels que
cules en suspension. La présence de celles-ci le mercure, le plomb, le cuivre, le zinc, le
est spectaculaire, puisqu’elle modifie la cou­ chrome et le nickel ;
leur et la transparence de la mer. Il n’est pas • les radio-nucléides artificiels qui sus­
toujours facile de distinguer les processus citent de grandes craintes et une abondante
«norm aux» des processus «naturels» qui littérature. Ils proviennent des explosions ato­
introduisent des particules arrachées aux miques et de rejets contrôlés. Ces derniers
continents par l ’érosion fluviale et les pollu­ sont l’objet d ’une surveillance très attentive,
tions. Il est évident que les rejets de boues si bien que la pollution radioactive des océans
industrielles (comme les boues rouges, résul­ reste limitée ; l ’immersion de déchets radioac­
tat de l ’activité de l ’industrie du kaolin) tifs, même à forte profondeur et munis de
constituent des pollutions. Mais que dira-t-on protections considérables, continue cependant
de l’arrivée de troubles en quantité accrue par à susciter bien des réticences et contestations.
suite de la déforestation d’un bassin fluvial? Les polluants sont apportés aux océans :
613 POLLUTION DES SOLS

— par les cours d ’eau des continents et par qui cesse d ’être disponible pour d’autres êtres
les pluies : de ce fait, la pollution des mers vivants. Des concentrations accentuées de pol­
reflète, en quelque sorte, celle des eaux conti­ luants peuvent se former par le fonctionnement
nentales et de l’atmosphère ; des chaînes alimentaires.
— par des rejets directs le long des côtes : D ’une manière générale, les résidus
i les égouts et les effluents industriels non d’engrais, les sels biogènes, ont provoqué des
contrôlés abondent le long des littoraux dans mécanismes d’eutrophisation qui ont fait pro­
beaucoup de pays ; liférer des algues et des animaux plus ou
— par des rejets directs en mer, à partir des moins utiles.
bateaux: les plus importants sont ceux des Ainsi, malgré - et parfois à cause de - toutes
pétroliers. ces évolutions, la pollution a des effets multi­
Il reste que les sources de pollution marine formes, qui se font souvent sentir loin des
les plus importantes se situent le long des lit­ sources de production des polluants et qui
toraux. aboutissent à la dégradation des eaux litto­
Tout un système d’interactions fonctionne rales, affectant donc des activités comme le
dans le milieu océanique, qui assure une cir­ tourisme, la pêche côtière, l’aquaculture, mais
culation et une évolution des polluants, et aussi les eaux du large, donc la pêche hautu­
qui explique leur localisation. Les mers sont rière. On a même pu émettre des craintes à
capables d’opérer la dilution ou l’élimina­ propos d’éventuels effets, d’ordres de gran­
tion, au moins apparente, des polluants, par deur très élevés, en invoquant, par exemple, la
exemple : possibilité d’une crise généralisée du phyto-
— la sédimentation des particules, plus ou plankton, qui aboutirait à affecter les échanges
moins rapide selon leur taille, élimine les d ’oxygène à l’échelle mondiale.
troubles; Chaque pays peut mener la lutte contre la
— la décomposition de la matière orga­ pollution par la surveillance de son littoral et
nique, comme les hydrocarbures, est relative­ de ses eaux territoriales, champ d ’action
ment rapide, sous l’action de bactéries qui limité, mais important. Cependant, il est aussi
minéralisent les molécules organiques ; nécessaire de se prémunir contre les pollu­
— l’action de l’eau de mer et des micro­ tions originaires des pays voisins, et contre
organismes marins semble avoir un pouvoir celles qui naissent en haute mer. Seules des
de destruction assez fort vis-à-vis des micro­ négociations internationales peuvent être effi­
organismes d’origine terrestre, comme ceux caces dans ce domaine. C’est ce qui explique
de flores intestinales : on a njême pu parler du l ’intérêt porté à des conventions comme celle
«pouvoir auto-épurateur de l’eau de mer». de Londres (1954), celle de Bonn (1969) ou
Mais beaucoup de polluants ne sont pas celle de Bm xelles (1971), qui organisent la
définitivement détruits par ces processus, et lutte internationale contre les pollutions par
leur circulation dans l’écosystème marin peut les hydrocarbures.
produire des concentrations ou des effets inat­ F. D.-D.
tendus :
— le rôle des courants marins est banal et Littoral; M e r; Nuisance; Pollution des eaux continentales.

important : bien des produits dissous ou des


troubles en suspension sont transportés le long
des côtes sur des distances considérables ; POLLUTION DES SOLS
— les polluants incorporés à des sédiments
peu profonds peuvent rester actifs, affecter la L’incidence des activités urbaines sur la
faune et la flore marines, ou recontaminer pollution du sol et du sous-sol est restée lar­
l’eau. Il semble que ce soit le cas pour des gement méconnue jusqu’à l ’explosion de
insecticides comme le Ddt ou pour des rési­ Seveso qui a libéré des stocks de pyralène et
dus de produits pétroliers ; dégradé irréversiblement l’environnement de
— des effets beaucoup moins immédiats, ce site industriel. Certes, dès 1810, la France
donc moins prévisibles, se produisent à la s ’est dotée d ’une législation permettant de
suite d’échanges complexes. Par exemple, les limiter les risques de nuisances causés par
bactéries qui décomposent les hydrocarbures des implantations artisanales ou industrielles
sont de grosses consommatrices d’un oxygène en soumettant celles-ci à l’enquête d ’utilité
POLYVALENCE DES ÉQUIPEMENTS 614

publique (décret commodo et incommodo de triels et activités de services ( b a s i a s ) , alimen­


1810). Les grandes villes mêmes ont déclaré tée par les archives administratives et qui
non œdificandi leurs grandes décharges, mais répertorie, en 2008, 232 352 sites ; puis par
elles les ont plantées, puis transformées en celle des sites et sols pollués (ou potentielle­
jardins publics, et l ’Etat n ’a jamais archivé ment pollués), appelant une action des pou­
ses dépotoirs. voirs publics, à titre préventif ou curatif
Du fait de la concentration des individus et ( b a s o l ) , qui comprend, en 2008, 4 033 sites.
des activités, le sol urbain est beaucoup plus La remise en état des sites revient au dernier
pollué que le sol rural. Essentiellement orga­ exploitant (articles L 512-17 et L 512-76 du
nique et biodégradable jusqu’à l’avènement Code de l’environnement). Toutefois, le pro­
de la révolution industrielle, la pollution des priétaire peut être défaillant, inconnu ou
sols est devenue rémanente et minérale à décédé, cas se présentant plus particulière­
mesure du développem ent technologique. ment en contexte urbain. De ce fait, la collec­
Elle est due à la consommation de nouveaux tivité doit souvent intervenir dans la gestion
métaux pour l ’enveloppe du bâti: le zinc de ces sites. Compte tenu de l ’impossibilité
(dès 1820), l’aluminium (à partir de 1950) ; à de réhabiliter l ’ensemble des sites, leur ges­
la production industrielle de nouvelles molé­ tion dépend de la confrontation entre niveau
cules très toxiques : sels de cadmium dans les de contamination et usage futur du sol.
piles, d’arsenic dans les pesticides, de mer- Les techniques de réhabilitation peuvent
curé pour les équipements électriques, de être classées en trois catégories :
chrome dans les tanneries, une centaine — la dépollution in situ par voie chimique,
depuis 1880, obtenues sous des pressions et à biologique (phytoremédiation, biodégrada­
des températures qui les rendent difficilement tion) ou physique (aération, lessivage, etc.) ;
décomposables par des organismes vivants ; — l’interposition ou confinement, qui
aux fumées : l ’anhydride sulfureux dégagé consiste à isoler le sol contaminé, le plus sou­
par les combustibles fossiles, adsorbé sur les vent grâce à un géotextile imperméable ;
poussières, se transforme, au contact de la — l’élimination, qui vise à déblayer la
vapeur d’eau atmosphérique, en acide sulfu­ couche polluée qui est traitée hors site (inci­
rique ; à la croissance du trafic automobile : nération, dépollution ou confinement).
consommation d’huiles lourdes et de carbu­ Le choix entre ces techniques dépend du
rants dont les résidus de combustion - le type de pollution, de l’usage prévu du sol, des
plomb surtout - sont insensiblement déposés contraintes locales (durée de la phytoremédia­
sur la chaussée. Ces poussières, transportées tion par exemple). Toutes s’avèrent coûteuses.
par le ruissellement de l ’eau pluviable acidi­
S. B. et A. Gu.
fiée, s’infiltrent dans le sol, percolent jusqu’à
la nappe phréatique ou se déposent dans les - » Agriculture; Installations classées; Pollution; Pollution des
eaux continentales.
interstices qu’elles colmatent peu à peu.
Cachée par l’imperméabilisation de la surface
- 90% de Paris, 60% de la Seine-Saint-
Denis - cette pollution quotidienne et banale POLYVALENCE DES ÉQUIPEMENTS
contribue notablement à la dégradation des —> Intégration des équipements
aquifères ; elle s ’ajoute à la contamination
plus ponctuelle de sites marqués par des acti­
vités contaminantes. PONT -* Infrastructures; Transport fluvial
En France, la pollution du sol et du sous-
sol a été prise en compte à partir de 1976 dans
le cadre de la loi relative aux installations POPULATION
classées pour la protection de l ’environne­
ment, et a fait l ’objet d ’une véritable politique Ensemble des habitants d ’un territoire.
à partir des années 1990, après la découverte L’étude scientifique des populations est l’objet
de plusieurs cas ayant compromis la santé de la démographie qui utilise les techniques de
publique (notamment une contamination au l ’analyse démographique. Le niveau d ’une
pyralène à Metz en 1993). Elle se traduit par population est connu lors des recensements et,
la création de la base d’anciens sites indus­ dans l’intervalle de ceux-ci, par des estima-
615 POPULATION ACTIVE

tions. Les mêmes sources permettent de d ’état civil concernant l ’individu : ceux-ci
connaître sa structure par sexe, âge, état matri­ sont répertoriés par commune de naissance.
monial, etc. D ’autres sources, notamment Mais ce répertoire n ’indique pas la résidence.
l’état civil, permettent de connaître son mou­ Divers fichiers partiels peuvent être utilisés
vement naturel, résultat des naissances et des (fichier électoral, fichier des contribuables,
décès. Les mouvements migratoires sont de la Sécurité sociale, etc.), mais ils ne
généralement plus mal connus. concernent jamais l’ensemble de la popula­
Au plan spatial, on parle de densité de tion. Cependant, dans le cadre de la couver­
population comme le rapport d’une popula­ ture médicale généralisée, un nouveau
tion à la superficie qu’elle occupe, et on la registre national d ’immatriculation à l’assu­
mesure en habitants par kilomètre carré (ou rance maladie, qui a vocation à l ’exhaustivité,
par hectare dans les zones urbaines). est en cours de constitution.
On décrit la structure de la population par Les démographes construisent des modèles
divers caractères : de population :
— le sexe : il y a une stabilité (sauf avorte­ — une population stationnaire a un nombre
ments sélectifs, comme en Chine ou en Inde), annuel de naissances invariable et une morta­
dans le temps et dans l’espace, du taux de lité invariable définie par une table : son effec­
masculinité à la naissance (0,512 environ), tif et sa structure sont invariables et l ’espérance
mais la surmortalité masculine entraîne, hors de vie à la naissance est l ’inverse du taux brut
migrations, un excédent féminin au-delà de de mortalité (égal au taux brut de natalité) ;
40 ans environ (en France) ; — une population stable a un nombre annuel
— l’âge (par année de naissance ou par année de naissances croissant, à taux r constant, et une
d’âge révolu): on établit des histogrammes, mortalité invariable définie par une table : r est
appelés pyramides des âges, qui distinguent les aussi le taux d’accroissement naturel de cette
deux sexes et peuvent indiquer la distribution à population dont la structure est invariable: on
chaque âge, d’un autre caractère : les âges sont montre qu’une population quelconque, soumise
indiqués en ordonnée ; les effectifs en abscisses à des lois de fécondité et de mortalité inva­
(le sexe masculin à gauche, féminin à droite) : riables, évolue progressivement vers la popula­
l’analyse d’une pyramide des âges d’une popu­ tion stable correspondant à ces lois (Lotka).
lation est très révélatrice de son histoire démo­ P. M.
graphique (variations de la fécondité, surmor­
talité due aux guerres, aux famines, etc.) ; -* Démographie; État civil; Recensement.

— l’état matrimonial : un individu peut être


célibataire, marié, veuf ou divorcé ; la pratique
de l’union libre (mariage consensuel dans cer­ POPULATION ACTIVE
taines sociétés, couples illégitimes) et celle des
séparations de fait compliquent la réalité ; Population qui participe à la production de
— les caractères ethniques (race, couleur), biens ou de services. Dans les statistiques
politiques (nationalité), culturels (langues, françaises, on y inclut les personnes à la
religion, niveau d’instruction) et socio­ recherche d’un emploi.
professionnels (actifs et inactifs, statut, profes­ On appelle taux d’activité le rapport entre
sion et catégorie socioprofessionnelle). la population active et la population totale. On
D es fichiers de population existent dans le calcule pour l’ensemhle de la population
certains pays, généralement gérés au niveau (d’un pays, d’une région, d’une ville, etc.) ou
de la commune de résidence, ce qui suppose par sexe ou pour certaines classes d’âge seule­
une obligation de déclarer les changements ment (adultes en particulier).
de résidence, comme les événements démo­ Le concept de population active est lié à
graphiques (naissances, décès, mariages, celui d ’emploi. Mais plusieurs différences
divorces). Ils facilitent les évaluations de doivent être notées :
population entre les recensements. En France, — celle relative aux chômeurs, comptés
il existe seulement le répertoire démogra­ dans la population active, mais auxquels ne
phique, géré par I ’ i n s e e , qui affecte chaque correspondent pas d’emplois ;
individu d’un numéro d ’identification (à — les activités à temps partiel (auxquelles
13 chiffres) où sont reportés les événements ne correspond qu’une fraction d’emploi) ou
PORT 616

intermittentes : or, ces formes d’activités se ment des marchandises (fret) et des passagers.
développent de plus en plus, soit par choix Un port franc est un port où les marchandises
(jeunes en particulier pour les emplois inter­ en transit ne paient pas de droits de douane.
mittents, femmes pour les emplois à temps Par extension, le qualificatif de port est
partiel), soit par absence d’emplois stables ; attribué aux villes ayant une fonction por­
— le cas des aides familiaux (agriculture, tuaire importante. Celle-ci induit des activités
commerce, etc.) dont la situation réelle commerciales (commerce de gros, entrepôts)
(emploi fixe ou non) peut être très variable ; et autres (transports, douanes).
—- dans certaines formes d ’économie (pays
P.M.
en développement surtout), existe un secteur
d’activités informelles (vente à la sauvette, -> Infrastructures; Transport fluvial.
menus services), qui ne correspond pas à des
emplois, mais qui représente une activité pour
ceux qui les exercent. PORT DE PLAISANCE -> Équipements
Les taux d’activité sont très dépendants des touristiques
conventions retenues pour traiter les cas pré­
cédents, qui peuvent représenter ensemble
une fraction importante de la population active POSTINDUSTRIEL -> Société postindustrielle
(la majorité dans certains quartiers, voire cer­
taines villes, des pays en développement). Il
n ’est dès lors pas surprenant que les taux POSTMODERNE
d’activité publiés par le Bureau international
du travail ( b i t ) soient très variables pour des Terme utilisé aux États-Unis par des socio­
pays à économie comparable. logues et des critiques en liaison avec celui
L’ensemble de la population active d ’un de «postindustriel», dans le cadre d’une
bassin d’emploi, d’un secteur géographique, réflexion sur les sociétés industrielles avan­
d’une profession ou d’une entreprise est appe­ cées, à l’âge de l’électronique. Le contenu de
lée main-d’œuvre. Cette expression est égale­ ce concept présente une grande diversité,
ment utilisée pour définir le facteur travail selon les id éologies des auteurs qui s ’en
ajouté aux produits bruts. On parle d’industrie servent. Le philosophe français F. Lyotard l’a
de main-d’œuvre pour désigner celles d’entre utilisé pour qualifier et définir un état du
elles qui nécessitent un important emploi de savoir émergeant dans les sociétés avancées
main-d’œuvre par rapport à l’emploi du capi­ vers la fin des années 1950. La notion de
tal : industrie textile, confection, par exemple. postmodeme est pour lui l’instrument d’une
Au contraire, les industries qui nécessitent analyse historique et épistémologique : son
beaucoup de capital et peu de main-d’œuvre « hypothèse de travail est que le savoir change
sont dites capitalistiques : sidérurgie, raffine­ de statut en même temps que les sociétés
ries de pétrole par exemple. entrent dans l ’âge dit postindustriel... » (La
P. M. condition postmodeme, Paris, 1977).
Sous l ’impulsion du critique Ch. Jencks
-> Activité professionnelle; Em ploi; Migrations alternantes; (The language o f post-modem architecture,
Ta u x d'activité.
Londres, 1977), ce terme est passé dans la ter­
m inologie architecturale pour désigner un
mouvement auquel il confère une double
PORT connotation : l’adjectif moderne renvoie à la
fois à la « modernité » historique de la société
Abri naturel ou artificiel pour les navires, et au mouvem ent dit «m od ern e» qui, en
composé notamment de quais le long desquels architecture et en urbanisme, débute dans les
accostent les bateaux, et de bassins appelés années 1920. D ’une part, postmoderne se
docks (par extension, dock désigne aussi les réfère au sens épistémologique initial, reflé­
magasins construits sur les quais où sont entre­ tant l’engouement pour la philosophie et les
posées les marchandises). Les installations sciences de l ’homme qui, depuis une ving­
portuaires sont les bâtiments et les appareils taine d ’années, s ’est emparé du milieu des
nécessaires à l’embarquement et au débarque­ architectes : son emploi trahit la superficialité
617 POSTMODERNE

de ces approches, au même titre, par exemple, du Mouvement moderne. En fait, ce qui est
que la fortune actuelle du terme « déconstruc­ proposé est une technique de la citation
tion », emprunté à J. Derrida et vidé de sa visuelle, que celle-ci soit empruntée aux pay­
signification. D ’autre part, postmodeme qua­ sages publicitaires du présent (Las Vegas,
lifie globalement les réactions idéologiques et Disneyland), à la peinture (de Piranèse à
formelles, d’un ensemble d’architectes, contre Chirico), ou à l’architecture savante du passé.
le mouvement moderne, sous des chefs En revanche, ce maniement de la citation
d’accusation m ultiples : évolution vers un éclaire la nature de l’historicisme pratiqué par
nouvel académisme, échec du projet social, nombre de postmodemes. Il ne s’agit là, en
insuffisance sémantique et « ennui » dégagé effet, nullement d’un néo-style ou d’un éclec­
par l’éthique et l’esthétique de la fonctionna­ tisme, comparables à ceux du xixe siècle, qui
lité, absence de références à la tradition et anti­ étaient nourris d’érudition et concernaient la
historicisme. structure autant que les ornements des édi­
Ch. Jencks affirme que l’architecture post­ fices. L’historicisme postm odem e habille
modeme est «métaphysique, conceptuelle, espaces et bâtiments, de façon « libre et non
possédant une mémoire historique». Il est savante, en ne sacrifiant ni à la cohérence, ni à
cependant difficile de dégager dans les dis­ l ’exactitude » (Ch. Jencks), à des fins pure­
cours, les projets ou les réalisations des archi­ ment visuelles, sans égard aux référents (éco­
tectes postm odem es des traits communs, nomiques, sociaux, politiques) des formes
assumés comme tels, qui permettraient de par­ empruntées. Parfois, surtout en urbanisme, la
ler d’un véritable mouvement. En fait, le seul citation est pratiquée avec sérieux, comme
dénominateur commun de ces travaux est leur c ’est le cas des aménagements de style clas­
opposition au mouvement moderne, parfois sique de L. et R. Krier (cf. Architecture ration­
d ’autant plus violente qu’elle résulte d ’un nelle, Bmxelles, 1978), dont A. Van Eyck se
bmsque retournement. Ph. Johnson, créateur demandait combien de temps ils allaient conti­
avec Hitchcock du terme « style international » nuer à « ramper sur les traces de Piranèse,
(1932) et champion de ce style aux États-Unis Sitte, Chirico et Marx » (Discours au Royal
jusqu’aux années 1970, déclare soudain : «L e Institute ofBritish Architects, 1981). Le plus
style international est (.•■) assommant, man­ souvent, la technique de citation joue simulta­
quant de richesse, totalement faux... le verre nément sur plusieurs registres, cherchant à
est ont. (...) l ’inspiration du passé est in. » provoquer la surprise ou le choc. Le processus
Si on tente d’analyser la production (tex­ est mis en lumière dans la description par
tuelle, graphique, architecturale) d’architectes Ch. Moore de la Piazza d’Italia réalisée par lui
et aménageurs postm odem es tels que en 1978, à La Nouvelle-Orléans, pour un quar­
P. Johnson, R. Stem, R. Venturi, M. Graves, tier italien : « Je me suis rappelé que les ordres
Ch. Moore aux États-Unis, Sterling, Krier, architecturaux étaient italiens avec une petite
Botta, Bofill en Europe, Isosaki au Japon, on contribution des Grecs, et donc j ’ai cm pou­
est confronté à un pluralisme dans lequel on voir utiliser des colonnes toscanes, doriques,
peut discerner deux tendances : l ’une affir­ ioniques et corinthiennes au-dessus de la fon­
mant une nouvelle modernité par un esthé­ taine. Mais c’était une erreur, elles cachaient
tisme nourri de kitsch ou des apports du pop la forme de l’Italie (carte géante de l ’Italie ins­
art, ou encore utilisant les procédés du mou­ crite dans le sol), et donc j ’ai ajouté l ’ordre
vement dada ou du surréalisme ; l’autre regar­ Delikatessen dont nous avons pensé qu’il res­
dant vers le passé, en quête de monumentalité semblerait à des saucisses accrochées dans la
et de styles, et puisant à toutes les sources, de vitrine d’un magasin (...). L’eau coule sur le
l’antiquité au baroque, du classicisme euro­ fut des colonnes, recouvertes d’acier inoxy­
péen (privilégié dans certains projets d’amé­ dable, de la fontaine : j ’aurais voulu avoir des
nagement) aux architectures totalitaires essuie-glaces de camion pour établir une
(nazie, stalinienne) et même à celle du mou­ connexion avec le présent (...) » (Discours au
vement moderne. r i b a , 1981).

Cette énumération montre que le postmo- Au-delà de leur pluralisme formel, l’archi­
demisme ne peut être défini, comme c ’est sou­ tecture et l ’aménagement postmodemes pré­
vent le cas, par un retour à l ’histoire et à la sentent cependant une unité non assumée,
tradition, qui s’opposerait à l’an-historicisme qu’une analyse critique peut définir par :
POSTURBAIN

— leur refus du sérieux et leur rejet des an idea, Towards theyear 2000, Daedalus, été
objectifs éthiques et sociaux, essentiels pour 1967) dans un sens proche de la notion de post
le Mouvement moderne ; City âge (The post city âge, Daedalus j
— leur vide idéologique ; automne 1968) due à Melvin Webber.
— leur formalisme, ambivalent, installé sur Webber, l ’un des premiers (cf. aussi
les deux plans de la séduction et de la dérision. D. Martindale, 1962; S. Greer, 1962), notait
De fait, le postm odem ism e cache, sous que la ville, au sens traditionnel d ’espace
l ’alibi pervers d ’un art attractif pour les discret et limité, tendait à disparaître. Il liait
m asses, un nouvel élitism e qui conduit à cette disparition d ’abord essentiellement à la
s ’interroger sur la nature de ce « mouvement » révolution technique des communications
multiple. S ’il peut, par son élitisme et son atti­ (transports, mais davantage médias et télé*
tude polémique, apparaître comme une nou­ communications), dont il montrait comment
velle avant-garde, il faut néanmoins compter elle libère les hommes de leur ancestrale
avec son double caractère, iconique et média­ insertion « locale » : la société nouvelle, en
tique. En effet, d ’une part la recherche des voie d’émergence dans les pays développés;
architectes et urbanistes postmodemes étant « est de moins en moins dépendante de la
d’ordre visuel, elle s’appuie très largement sur v ille», le sens et l ’importance de la distance
le dessin perspectif et la diffusion d’images. physique déclinent rapidement. Ensuite, ces
À telle enseigne que beaucoup d’architectes transformations sont liées par une boucle dé
postmodemes en viennent à se contenter de rétroaction à d ’autres facteurs, comme la
cette seule production iconique. La bande croissante com plexité d ’une organisation
dessinée a d ’ailleurs exercé une influence sociale qui ne coïncide plus avec l ’organisa­
importante sur l ’architecture postm odem e tion spatiale, le développement d ’une éco­
(cf. notamment Alix). D ’autre part, cette acti­ nomie de services, les déplacem ents
vité iconique est directement tributaire des corrélatifs de populations vers des zones
médias (revues professionnelles) qui, par non urbaines, observés en particulier aux
rétroaction, prennent une importance crois­ États-Unis.
sante et transforment l ’avant-garde en mode. En fiançais, « posturbain » permet de pallier
Cette condition nouvelle de l ’architecture une pauvreté lexicale, source de confusion et
comme fait de mode est confirmée par le rôle de contresens permanents. En effet, le mot
des médias non spécialisés, devenus support « v ille» sert aujourd’hui à désigner indistinc­
publicitaire : « Un des aspects intéressants du tement des entités historiques et physiques ,
postmodemisme est sa présence, en couleur, aussi disparates que la cité préindustrielle, la
dans la grande presse hebdomadaire, au métropole de l ’âge industrielle, les conurba­
moins aux États-Unis » (Ch. Moore, op. cit.). tions, les agglomérations déca-millionnaires,
L’architecture postm odem e est surtout les « villes nouvelles » et les petites com ­
représentée aux États-Unis, mais aussi en munes de plus de 2 000 habitants. D e même;
Grande-Bretagne, en Italie, au Japon. En Le Corbusier n ’utilise le terme « V ille
France, elle a été introduite avec retard, et en radieuse » que par abus de langage.
partie par la médiation d’architectes étrangers « Posturbain » pointe les nouvelles formes
(cf. Bofill). d ’urbanisation engendrées par la synergie
F. C. d ’un ensemble d ’innovations techniques et
par leur application au développement des
-> Culturalisme; M oderne; Société postindustrielle; post­ grands réseaux techniques d’aménagement;
urbain.
tendance à la concentration qui investit des
périphéries toujours plus largement irradiées,
et dont l’étalement coïncide avec le dépeuple*
POSTURBAIN ment des centres et noyaux urbains histo­
riques; tendance inverse à la dispersion
A djectif composé (applicable à âge, ère, linéaire (en forme de tentacules et en bordure
civilisation, etc.), proposé par F. Choay (L’his­ de littoral) ou ponctuelle et diffuse (rurbanisa­
toire et la méthode en urbanisme, Annales tion). Autrement dit « posturbain » signale que
ESC, juillet-août 1970), comme corrélât de le schéma de W. Chrisfaller est périmé, que
«postindustrial» (D. Bell, The Trajectory o f Père des entités urbaines discrètes est termi­
619 PRÉEMPTION

née et que le divorce d’urbs et de civitas est convenu. Cette double restriction fait appa­
consommé. raître le double objectif que peut poursuivre le
Néanmoins, le terme «posturbain» n ’a pas droit de préemption. D ’une part, il permet des
la précision monosémique de l ’anglais post- acquisitions d’opportunité : par exemple, dans
city âge. Il est même ambivalent dans la une zone où une collectivité publique souhaite
mesure où il peut servir à désigner le résultat maîtriser l’urbanisation (ville nouvelle, réno­
physique, mental et social du processus vation urbaine, développement d’un nouveau
d’urbanisation qui aboutit à réduire au déno­ quartier), l’instauration d’un droit de préemp­
minateur commun d ’une nouvelle culture tion lui permet d’acquérir progressivement les
l ’ancestrale différence entre villes et cam­ terrains et de bloquer, si elle le souhaite, les
pagnes. transactions entre personnes privées. D ’autre
La notion de post-city âge (et l’équivalent part, le droit de préemption permet, avant
français qu’on choisira de donner à ce terme) tout, de peser sur l ’évolution des prix fonciers.
présente une valeur heuristique. Elle ouvre Arme antispéculative, il permet, en effet,
une problématique et introduit à une prospec­ d’intervenir lorsque la déclaration d ’intention
tive de l’aménagement esquissée dès 1931 par d ’aliéner (dia), obligatoirement envoyée par
l’Italien G. Giovannoni avec sa notion d’anti­ le vendeur au bénéficiaire du droit de préemp­
urbanisme (Vecchie Città ed edilizia nuova), tion, fait apparaître un prix anormalement
avant E. de Sola et M. Webber ( Urbanization élevé. Cette technique pose toujours un délicat
and communication, 1973, et A different problème de fixation du prix. En cas de désac­
paradigm fo r planning, 1978). Elle engage à cord entre le propriétaire et le bénéficiaire du
explorer la voie d ’un aménagement local, droit de préemption, on applique en général la
d’échelle modeste et de dimensions réduites, procédure qui vaut en cas d’expropriation.
propre à induire des retrouvailles avec l ’urba­ En France, le, droit de préemption a vu son
nité. utilisation généralisée en matière foncière,
depuis son apparition en 1958 dans les « zones
F. C.
à urbaniser par priorité ». Il peut s’appliquer
-> Postmoderne; Société postindustrietie; Télécom m unica­ aujourd’hui en zone agricole (droit de préemp­
tions ; Télématique ; Urbain.
tion des safer), en zone naturelle protégée
(espaces naturels sensibles), en zone urbaine
ou périurbaine.
POTABLE (EAU) -* Eau La première application systématique du
droit de préemption est intervenue en 1959, à
l ’intérieur des «périm ètres sensibles», au
POUVOIR DE COMMANDEMENT bénéfice du département (auquel peut se sub­
- » Entreprise stituer, depuis sa création en 1975, le Conser­
vatoire du littoral). L’objet était de délimiter,
en particulier sur le littoral, des périmètres à
PRÉCIPITATIONS -> Cycle de l'eau l’intérieur desquels s ’appliquerait, au béné­
fice du département, une taxe spéciale sur les
constructions («redevance d ’espace vert»,
PRÉEMPTION devenue «taxe départementale d ’espace
vert» puis, en 1985, «taxe départementale
En matière foncière, le droit de préemption des espaces naturels sensibles») permettant
est le droit pour une personne publique d ’intervenir à l ’intérieur des périmètres de
(commune le plus souvent) de se substituer à préemption.
l’acquéreur lorsqu’un propriétaire foncier En matière agricole, la loi d’orientation agri­
déclare son intention d’aliéner (dia) un terrain. cole de 1962 a également introduit, en même
Au regard du droit de propriété, la préemp­ temps que les safer (Sociétés d’aménagement
tion est une technique intermédiaire entre foncier et d’établissement rural), un droit de
l’acquisition amiable et l’expropriation : elle préemption à leur profit, dont les conditions
ne contraint pas le propriétaire à se dessaisir sont fixées au niveau du département.
de son bien, mais elle limite sa faculté de Le troisième type de «droit de préemp­
vendre à qui il souhaite, à un prix librement tion », le plus substantiel dans ses résultats, a
PRÉEMPTION 62& -

été celui de la zone d ’aménagement différé non dotées d’un pos. La flambée spéculative
(zad), créée en 1962. Créée pour quatorze ans 1985-1990 a conduit à élargir la possibilité'
(huit à l’origine), la zad couvre un périmètre pour l’État de créer des zad dans l’ensemble,
dans lequel des projets publics ou privés des communes, qu’elles soient dotées où li­
doivent se réaliser dans un proche avenir, ris­ non d’un pos. Én outre, la loi d ’orientation,
quant d’entraîner une flambée des prix fon­ pour la ville du 13 juillet 1991 a également
ciers. Pour atténuer la spéculation, la rétabli les «prézAD», c ’est-à-dire les périT
référence de prix est fixée à la valeur du ter­ mètres provisoires délimités par le préfet
rain dans l’usage qu’il avait un an avant la avant l’établissement d’une zad. Cette com-i
création de la zad. Cet outil a effectivement pétence d’État est normalement exercée pari
joué un rôle important dans le contrôle du le préfet, après avis du Conseil d’État en cas
marché foncier, notamment dans le cas des d’opposition de la commune. En contrepar­
villes nouvelles ou des futurs tracés d’auto­ tie, les communes obtiennent un droit de’
routes. priorité pour acquérir les biens mis en vente
Nouvelle extension du droit de préemption par l’État, ses établissements publics et les
en 1975, dans la loi portant réforme de la entreprises publiques dont là liste est fixée
politique foncière, avec la création des zones par décret. S:
d ’intervention foncière : il s’agit cette fois de Le champ d ’application du droit de pré*'
créer, au profit des communes, un droit de emption a de nouveau été étendu récemment ;\
préemption dans les zones urbaines. La zif est à trois reprises. L’évolution la plus impôts
créée de plein droit dans toutes les villes de tante a été apportée par la loi du 27 février; !
plus de 10 000 habitants qui disposent d’un 2002 sur la démocratie de proximité, qui a j
pos opposable aux tiers. Dans ces zones, le étendu le domaine de la préemption publique
prix de référence est le prix du marché. Faute et cherché à harmoniser le régime juridique li.
de moyens techniques et de moyens finan­ des différents droits de préemption définis.
ciers affectés à cet usage du droit de préemp­ par le Code de l ’urbanisme. La disposition la i;
tion, celui-ci est resté assez peu utilisé si ce plus marquante de cette loi est probablement r
n ’est dans quelques grandes villes. celle qui permet à l’État d’instituer, à l’initia­
À peu près stabilisé pendant une dizaine tive du Conservatoire du littoral, de nou- "
d’années, le droit de préemption a été à nou­ veaux périmètres à l ’intérieur desquels le !'r
veau m odifié à plusieurs reprises depuis Conservatoire se voit doté d’un droit de pré- ; :
1985. La loi d ’aménagement du 18 juillet emption propre, et non plus par délégation ;j
1985 a d’abord complètement réorganisé le ou par substitution au département dans
droit de préemption en zones urbaines et péri­ l ’hypothèse où ce dernier n ’exerce pas ce )
urbaines : dans les communes dotées d ’un droit. Ce renforcement accompagne u n e teri-
pos, zif et zad ont été unifiées en un droit de dance lourde, la part croissante des objectifs i
préemption urbain (dpu) qui peut être institué d’environnement dans l ’exercice du droit de
sur tout ou partie des zones u et na des pos. préemption, comme le traduit également la ;
Initialement prévue comme automatique, la loi du 30 juillet 2003 relative à la prévention
transformation des zif en zones de dpu est des risques technologiques et naturels, qui
soumise, depuis la loi du 17 juillet 1987, à élargit l’usage possible de ce droit à proxi­
une décision expresse des communes. Celles- mité d’une installation soumise à un plan dé
ci ont toute liberté pour instituer le dpu, en prévention des risques technologiques ou
limiter le champ d’application ou le suppri­ dans les périmètres soumis à des servitudes
mer. D ’un intérêt certain, le dpu est largement dites d’inondation. La loi Urbanisme et habi­
utilisé par les communes, mais il a parfois tat du 2 juillet 2003 a également largement
donné lieu à des usages contestables (choix de étendu la possibilité de pratiquer le droit de
l’acquéreur, de l’opérateur, simple opération préemption urbain sur le territoire de com­
de marchand de biens) qui ont été soulignés munes seulement dotées de cartes commu­
dans un rapport du Conseil d’État (« Urba­ nales, sans qu’il y ait lieu de tenir compte des
nisme : pour un droit plus efficace », Conseil possibilités de construire dans la zone consi­
d’État, 1992). dérée.
D ’autre part, les z a d avaient été mainte­ Cet élargissem ent coïncide avec un
nues par la loi de 1985 pour les communes nombre croissant de recours, y compris
821 PRESCRIPTIONS D'AMÉNAGEMENT ET D'URBANISME

devant les juridictions européennes. La Dans le contexte nouveau de la décentrali­


jurisprudence récente traduit une certaine sation, l’État a tenu à conserver la responsabi­
fragilité juridique de l ’utilisation de cet lité des choix dépassant le cadre local. Le
outil, qui constitue bien une exception fran­ Code de l’urbanisme précise que « le terri­
çaise. L’insuffisance de motivation tient une toire français est le patrimoine commun de la
place importante dans cette fragilité juri­ Nation». La loi du 7 janvier 1983 a prévu
dique. que des prescriptions nationales et des pres­
Dans la double perspective de remédier à criptions particulières à certaines parties du
cette fragilité et de contribuer à la relance de territoire soient fixées en application de lois
la politique du logement, le gouvernement a d ’aménagement et d ’urbanisme. Les docu­
demandé en 2007 au Conseil d’État de consti­ ments locaux d ’urbanisme doivent être com­
tuer un groupe de travail. Le rapport remis en patibles avec leurs dispositions. En revanche,
avril 2008 préconise, outre un certain nombre elles ne sont pas en principe opposables aux
de mesures techniques et de simplification, de autorisations des sols. Cependant, celles-ci,
distinguer à l’avenir un simple droit de préfé­ dans les communes dépourvues de p o s o u de
rence, sans mécanisme de révision de prix, p l u , ne doivent pas leur être contraires. En

d’un droit de préemption fort, avec révision outre, ces lois peuvent elles-mêmes prévoir
possible de prix, limité aux zones d’interven­ cette opposabilité : c ’est le cas des lois rela­
tion actives, le droit de préemption prenant tives à la montagne, au littoral et aux zones
lui-même dans cette hypothèse un caractère de bruit des aérodromes.
actif et anticipateur. C’est dans ce cadre que les directives natio­
nales d’aménagement du territoire ont été
V. R.
refondues dans le cadre des lois - dont elles
Acquisition foncière; Action foncière; Loi d'orientation sur la ne constituent qu’une partie - relatives à
( )
ville iov ; Maîtrise foncière; Prix fonciers; Propriété; Réser­ l ’urbanisme au voisinage des aérodromes
ves foncières ; Sociétés d'aménagement foncier et d’équipe­
( )
ment rural safer ; Spéculation. (11 juillet 1985), au développement et à la
protection de la montagne (9 janvier 1985) et
à l’aménagement, la protection et la mise en
PRÉFABRICATION - » Béton;Composant; valeur du littoral (3 janvier 1986). Il faut y
Composite; Industrialisation du bâtiment ajouter un article de la loi du 18 juillet 1985
relatif à l’espace occupé par les anciennes
enceintes fortifiées de Paris et de Lille, En
PRÉFECTURE -> Bâtiments administratifs fait, l’objectif de rendre les règles juridiques
plus précises que dans les anciennes direc­
tives n ’a guère été atteint, les textes de ces lois
PRÉFET -* Conseil régional ; laissant une large marge d ’imprécision (qui a
Déconcentration ; Département toujours été interprétée, dans les faits, a
minima) au nom de la souplesse d ’applica­
tion.
PRÉMÉTRO - » M étro;Tramway La loi Solidarité et renouvellement urbains
du 13 décembre 2000 supprime du Code de
l’urbanisme la notion de loi d’aménagement
PRESCRIPTIONS D'AMÉNAGEMENT et d’urbanisme et la remplace par celle de
ET D'URBANISME «dispositions particulières» relatives aux
zones de montagne et du littoral. À vrai dire,
Avant la décentralisation, l’État avait déjà cette modification sem ble purement for­
été conduit à édicter, sous le nom de direc­ melle.
tives d ’aménagement du territoire, des orien­ Les schémas régionaux d’aménagement et
tations concernant des aspects particuliers de d’urbanisme (Île-de-France, Corse, départe­
la politique d’aménagement du territoire. Le ments d’outre-mer), les schémas de mise en
caractère opposable aux tiers de ces direc­ valeur de la mer, les directives de protection et
tives se heurtait cependant à une difficulté : de mise en valeur des paysages et les direc­
le caractère parfois imprécis de leur rédac­ tives territoriales d ’aménagement, une fois
tion.
PRÉSERVATION 623

approuvés par décret, ont également valeur de — les directives territoriales d’aménagement
prescriptions régionales. (loi d’aménagement et de développement du
En outre, la loi du 7 janvier 1983 prescrit territoire du 4 février 1995) qui concernent
aux documents d ’urbanisme de déterminer certaines régions : des 7 DTA prescrites, 6 ont
les conditions permettant de limiter l’utilisa­ été approuvées entre 2003 et 2007 (Alpes-
tion de l ’espace, de préserver les activités Maritimes, bassins miniers lorrains, estuaire de
agricoles, de protéger les espaces forestiers, la Seine, estuaire de la Loire, aire métropolitaine
les sites et les paysages naturels ou urbains, lyonnaise, Bouches-du-Rhône), mais celle des
de prévenir les risques naturels prévisibles et Alpes du Nord est encore en cours d’élaboration
les risques technologiques. La loi d’orienta­ en 2009. i
tion sur la ville du 13 juillet 1991 y a ajouté
P.M!
la prévision d’espaces constructibles suffi­
sants pour les activités économiques et -> Aménagement du territoire; Directives d'aménagem ent du
territoire; Directive territoriale d'aménagement <d t a ) ; Litto­
d’intérêt général et pour la satisfaction des ral; M e r; M ontagne; Schéma national d'aménagem ent et dé
besoins présents et futurs en matière d’habi­ développement du territoire; Schéma régional d'aménage*
ment et l'urbanisme.
tat. Ces prescriptions ont valeur de loi d’amé­
nagement et d’urbanisme. Ce principe, qui
vise à assurer l’équilibre entre protection et
aménagement, sert de base au contrôle admi­ PRÉSERVATION -► Conservation;
nistratif et juridictionnel des documents Patrimoine; Paysage; Secteur sauvegardé;
d’urbanisme. Site
La loi du 7 janvier 1983 prévoit aussi la
possibilité de prescriptions particulières à
certaines parties du territoire. C elles-ci PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL
doivent être fixées pour les régions (prescrip­ —> Département
tions régionales) ou un ensemble de régions,
par exemple pour les massifs montagneux
(prescriptions interrégionales). Établies sur PRÊTS À L'ACCESSION À LA PROPRIÉTÉ
proposition des régions ou après consultation (PAP) -+ Aide à la pierre ; Crédit immobilier
de celles-ci, approuvées par décrets, ces
prescriptions acquièrent valeur de prescrip­
tions d’aménagement du territoire. Malheu­ PRÊTS À TA U X ZÉRO - Aide à la pierre;
reusement, cette possibilité est très peu Crédit immobilier
utilisée. A ce jour, aucune prescription parti­
culière de massif n ’a été établie (et ne le sera
probablement jamais). De même, aucune PRÊTS AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
prescription particulière régionale pour le lit­ —> Emprunts des collectivités locales
toral n ’a été établie. Onze schémas de mise
en valeur ont été prescrits, mais quatre seule­
ment ont été approuvés (ceux de l’étang de PRÊTS AUX ORGANISMES D'HLM Aide
Thau en 1995, du bassin d ’Arcachon en à la pierre; Habitation à loyer modéré ( h lm )
2004, du golfe du Morbihan en 2006 et de
Tregor-Goëlo en 2007), même si celui du
littoral charentais en est proche. Ainsi le fait PRÊTS CONVENTIONNÉS - » Aide à la pierre ;
que ces prescriptions s’imposent aux docu­ Crédit immobilier
ments locaux d’urbanisme (schémas direc­
teurs et plans d’occupation des sols) est-il
resté presque sans portée. PRÊTS LOCATIFS AIDÉS (PLA) -> Aide
Plus récemment, ont été institués deux à la pierre; Crédit immobilier; Habitation
autres types de prescriptions d ’aménagement à loyer modéré ( h lm )
et d’urbanisme :
— les directives de protection et de mise en
valeur des paysages (loi « Paysages » du 8 jan­ PRÊTS LOCATIFS D'USAGE SOCIAL (PLUS)
vier 1993); —►Aide à la pierre ; Habitation à loyer modéré
623 PRÉ-URBANISME

PRÊTS SPÉCIAUX DU CRÉDIT FONCIER vidu humain comme type universel, identique
-> Aide à la pierre en tous temps et en tous lieux. L’espace du
modèle progressiste est conçu pour satisfaire
les besoins types de cet homme universel, et
PRÉ-URBANISME déduit, a contrario, de l’espace de la ville criti­
quée. Il peut être caractérisé par :
Expression créée (F. Choay, L ’urbanisme, — son ouverture, qui permet, conformé­
utopies et réalités, Paris, 1965) pour désigner ment aux exigences de l’hygiène, une égale
un ensemble de textes et de réalisations distribution à tous de l’air, de la lumière et de
dus à des penseurs politiques et sociaux du la verdure, dont Godin fait « le symbole du
XIXe siècle, dont la démarche, marquée au coin progrès»: c ’est ainsi qn’Hygeia (Londres,
de l’utopie, anticipe et préfigure celle de l’urba­ 1876), la ville modèle de Richardson, a « le
nisme. On peut diviser le pré-urbanisme en deux plus faible coefficient de mortalité » ;
courants, « progressiste » et « culturaliste ». — son découpage, selon un classement
Ceux-ci fondent identiquement leurs proposi­ rigoureux : activités humaines habitat, travail,
tions de sociétés modèles sur une double cri­ loisir sont aménagés en des lieux distincts ;
tique de la société industrielle, à travers ses — la simplicité et l’immédiate lisibilité de
dimensions économique, sociale, politique, et cette logique fonctionnelle dans son organisa­
de l’état de la ville dans cette société. Progres­ tion. La ville progressiste récuse l’héritage artis­
sistes et culturalistes se rencontrent pour dénon­ tique du passé pour se soumettre, exclusivement,
cer, parallèlement aux iniquités de la société aux lois d’une géométrie « naturelle » ;
capitaliste industrielle, les tares physiques et — la transposition de la qualité et du rôle
morales de ses grandes villes : densités exces­ de modèle aux édifices qu’il englobe et qui
sives, insalubrité de l’habitat et des quartiers deviennent des prototypes, eux aussi définis
ouvriers, distances épuisantes entre lieux une fois pour toutes. Owen établit un type
d’habitation et de travail, inadaptation de la voi­ d’école, Richardson un type d’hôpital ou encore
rie, absence d’espaces verts, mais aussi opposi­ de buanderie municipale. Toutefois, parmi les
tion des quartiers riches et des quartiers divers édifices types, le logement occupe une
pauvres, monotonie et laideur des nouvelles place privilégiée. Deux formules se dégagent :
constructions. Mais la critique des progres­ solution collective ramassée en hauteur pour
sistes, inspirée par une idéologie du pro­ occuper moins d’espace, adoptée par Fourier
grès, vise, derrière ces défauts, davantage avec le «palais » de son Phalanstère ; solution
l’archaïsme et l’inefficacité de la ville contem­ individuelle, telle la maison de Richardson avec
poraine, tandis que celle des culturalistes, inspi­ son toit-terrasse destiné à l’héliothérapie, sa cui­
rée par une idéologie de la culture comme unité sine laboratoire à l’étage élevé et ses salles d’eau.
organique, vise essentiellement la désintégra­ À l’opposé de la cité occidentale tradition­
tion des valeurs culturelles traditionnelles sous nelle et des grandes villes de l’ère industrielle,
l’effet de l’industrialisation. Cependant, dans le modèle progressiste se présente comme un
l’un et l’autre cas, la critique de ce qui est sem­ établissement éclaté : quartiers, communes ou
blablement considéré comme «désordre» phalanges sont autosuffisants, indéfiniment
social et urbain a pour finalité et contrepartie, juxtaposables. Un espace libre préexiste aux
comme dans l’utopie, l’élaboration d’un modèle unités qui y sont disséminées. Les vides et la
spatial, support d’un modèle de société, expres­ verdure annoncent la désagrégation de la ville
sion reproductible d’un ordre et d’une vérité. traditionnelle. Par ailleurs, comm e tout
modèle utopiste, le modèle spatial progressiste
Le modèle spatial progressiste, déjà annoncé est un dispositif contraignant qui, au service
par les projets panoptiques de J. Bentham à la d ’idéologies politiques diverses (socialisme
fin du XVIIIe siècle, peut être défini à partir paternaliste chez Owen, socialism e d ’Etat
d’ouvrages comme ceux d’Owen, Fourier, chez Cabet, socialisme communautaire chez
Richardson, Cabet. Malgré certaines diver­ Fourier), conditionne ses habitants en vue
gences (Fourier, par exemple, ne croit pas à la d’un rendement maximal de leurs activités.
révolution industrielle), les auteurs n’en sont
pas moins unis par leur foi dans le progrès, leur Le modèle spatial culturaliste peut être
rationalisme et une même conception de l’indi­ dégagé à partir des œuvres de J. Ruskin et
PRÉ-URBANISME 62#

W. Morris. Ne comptant aucun exemple fran­ raliste, s ’il récuse les déterminations rigou­
çais, il appartient spécifiquement à l’Angleterre, reuses du rationalisme progressiste et échappe
terre natale de la révolution industrielle où, à son conditionnement totalitariste, n ’en
depuis le début du xixe siècle, une tradition de impose pas moins les contraintes de l’utopie.
pensée en analysait les conséquences morales et L’intégration du passé dans le présent n ’a
matérielles, opposant les réalisations de la nou­ lieu qu’à condition d’éliminer l ’imprévisible.
velle société à celles du passé (cf. A. B. Pugin, Le m odèle social fonctionne grâce à la
Contraste or a parallel between the noble édi­ réduction de l’espace et à son homéostasie qui
fices o f the fourteenth and jïfteenth centuries empêchent la croissance et interdisent l’intro­
and similar buildings o f the présent day, 1836 ; duction des transformations techniques, intro­
Th. Carlyle, Signs o f the time, 1829) : la clé de duites par la révolution industrielle dans les
voûte de ce modèle n ’est pas le concept de modes de production.
progrès et son orientation vers l’avenir, mais
l’idée de culture, connotée par la nostalgie. Les deux modèles, progressiste et cultura­
« L es phalanstères de Fourier... n ’im pli­ liste, ne se présentent pas, chez tous les
quaient rien d ’autre qu’un refuge contre la auteurs et dans tous les textes, sous une forme
pire indigence », écrit W. Morris dans les Nou­ également canonique. Néanmoins, tous ces
velles de nulle p art (News from Nowhere, esprits pensent l ’établissement de l ’avenir eh
Londres, 1884). On ne peut exprimer avec termes de modèle, comme un objet reproduc*
plus de brutalité la différence idéologique qui tible, et non comme processus ou comme pro*
oppose les deux modèles. Mais, pour pouvoir blême. Il est arraché à la temporalité et à
réaliser la belle totalité culturelle, conçue l’histoire et devient, au sens étymologique^
comme un organisme où chacun, à nouveau, utopique, « d e nulle part». Tel est bien le
tient son rôle original, la ville du m odèle reproche adressé par Marx et Engels à ceux
culturaliste doit, elle aussi, présenter un cer­ qu’ils appellent les « socialistes utopistes ».
tain nombre de déterminations : Ceux-ci ont certes collaboré à une critique
— au contraire de l’espace modèle pro­ lucide et radicale de la société contemporaine
gressiste, la cité modèle culturaliste est bien (au même titre d’ailleurs que Marx et Engels),
circonscrite, à l’intérieur de limites précises : mais ils se sont prématurément enfermés dans
elle contraste avec les espaces naturels qui des constructions abstraites et ont élaboré des
l’entourent ; modèles voués à l’anachronisme. Pour Marx
— ses dimensions sont modestes, inspirées et Engels, la perspective d’une action transfor­
de celles des cités médiévales ; matrice remplace le modèle rassurant, mais
— elle ne présente aucune trace de géo­ irréel, des socialistes utopistes. C’est l’action
métrie: l’irrégularité et l’asymétrie sont la révolutionnaire qui, dans son développement
marque de l’ordre organique, qui traduit la historique, réalisera l’établissement socialiste
puissance créatrice de la vie ; puis communiste : l’avenir demeure ouvert.
— l’art y présente la même importance que Dans la pratique, seul le modèle progres­
l’hygiène dans le modèle progressiste : moyen par siste a donné lieu à des réalisations concrètes,
excellence d’affirmer une culture, il ne peut se peu nombreuses et de dimensions réduites. Ce
développer que par la médiation d’un artisanat ; sont essentiellement, en Europe, les établisse­
— en matière de construction, pas de pro­ ments de Owen à N ew Lamark et de Godin à
totypes: chaque établissement doit être dif­ Guise (le Familistère) et, aux États-Unis, les
férent des autres, tant par ses édifices publics « colonies » fondées par les disciples d’Owen,
que par ses demeures individuelles. Fourier et Cabet. Celles-ci périclitèrent assez
La cité du modèle culturaliste s ’oppose à rapidement. Leur échec s ’explique par le
l’établissement du modèle progressiste par caractère contraignant et répressif de leur orga­
son climat urbain. Au plan politique, l’idée de nisation, mais surtout par leur coupure d ’avec
communauté s’achève en formules démocra­ la réalité socioéconomique contemporaine.
tiques. Au plan économique, la production Ces expériences appartiennent aux curiosités
n’est pas envisagée en termes de rendement, sociologiques. En revanche, les modèles de
mais du point de vue de son rapport avec « modèles » du pré-urbanisme présentent un inté­
l’harmonieux développement de l’individu au rêt épistémologique considérable : la démarche
sein de la totalité culturelle. Le modèle cultu­ selon laquelle ils ont été construits annonce celle
825 PRÉVISION

de l’urbanisme. Ils sont les archétypes ou les • Considéré en tant qu’aveni?; c’est-à-dire
modèles des modèles de l’urbanisme. comme ensemble d’«états de la nature»
(c’est-à-dire d’éventualités) possibles à une
F. C.
échéance plus ou moins lointaine, le futur est
-> Culturalisme; M oderne; O rd re ; Progressisme; Urbanism e; objet des discours de la description imagi­
Utopie. naire : Y utopie et la science-fiction.
L’imaginaire n ’exclut pas le rationnel. L’écri­
vain de science-fiction témoigne le plus souvent
PRÉVISION d’une culture scientifique étendue. L’utopiste
est presque toujours un ingénieur social aux
La terminologie des pratiques illustrant « les descriptions rigoureuses. Pierre Versins ras­
mœurs de l’esprit dans son commerce avec semble utopie et science-fiction sous la rubrique
l’avenir» (Bertrand de Jouvenel) est assez de « conjectures romanesques rationnelles ».
confuse pour que l’on ne puisse éviter de poser • Considéré en tant que devenir, c ’est-à-
d’entrée quelques repères, quitte à nuancer par dire comme procès historique, le futur est
la suite certaines des définitions ainsi avancées. objet des discours de l’action : la futurologie
Ce que l’on nomme prévision dans le langage et la prospective.
ordinaire constitue une démarche commune, à Cette dernière distinction est propre à la ter­
des titres et à des degrés divers, aux six maniè­ m inologie française. L’anglais désigne par
res principales de tenter de dire quelque chose une expression unique - futures research -
du futur, ce terme ayant lui-même trois accep­ l’ensemble des formes « savantes » de la pré­
tions distinctes, à chacune desquelles sont atta­ vision. De même l ’allemand et le russe, par
chées deux de ces manières de dire. celle de « prognose ».
• Considéré en tant que destin, c ’est-à-dire Une prévision peut avoir deux sortes de pro­
comme enchaînement, établi à l ’avance, duits finaux : des prédictions et des conjectures.
d’événements inéluctables, le futur est objet Par prédictions, on désignera des assertions
des discours du dévoilement (c’est-à-dire de relatives à la configuration nécessaire d ’un
l’apocalypse, au sens propre de ce dernier futur déterminé : elles sont les produits de la
terme) : la divination et la prophétie. divination, de la prophétie et de la futurologie.
La divination intéresse le dévoilement du Par conjectures, on désignera des hypo­
sort d’un individu, la prophétie celui de la thèses concourant à « la création intellec­
destinée d’une cité ou d’un peuple. La parole tuelle d’un futur vraisemblable » (Bertrand
divinatoire ou prophétique se confond avec de Jouvenel) ou à tout le moins possible :
son objet : le terme latin de fatum désigne à la elles sont les produits de la science-fiction,
fois l’oracle, la destinée et l’ordre du monde. de l’utopie et de la prospective.

Les figures de la prévision

Modes Représentations du futur Produits

Divination Destin Prédictions

Prophétie Destin Prédictions

Utopie Avenir Conjectures


Science-fiction Avenir Conjectures
Futurologie Devenir Prédictions
Prospective Devenir Conjectures

A.-C. D.
Futurologie; Prospective; Science-fiction; Utopie.
PRÉVISIONS DÉMOGRAPHIQUES 628

PRÉVISIONS DÉMOGRAPHIQUES en 1982 à 35 000 F (taux normal) ou 50 000 F


- » Projections démographiques (taux maximal) par emploi selon les zones,
sans pouvoir excéder 25 % des investisse­
ments. Pour les emplois industriels, la zone à
PRÉVISION DES DÉPLACEMENTS -* Modèle taux maximal recouvrait les pôles de conver­
de transport ; Planification des transports sion industrielle (notamment ceux de Lorraine
et du Nord), ainsi que l ’essentiel du M assif
central, la Corse, les Vosges, de larges sec­
PRIMAIRE -* Activité économique ; teurs de Bretagne du sud, des Pyrénées-i
Agriculture ; Mines et carrières Occidentales et Orientales ; la zone à taux nor- ;;ij
mal couvrait presque tout le reste de l’ouest, '
du sud-ouest, du M assif Central, du Nord, des
PRIME À LA CONSTRUCTION — Aide Ardennes et de la Lorraine. Pour les activités
à la pierre tertiaires, le taux maximal s’appliquait dans '
un certain nombre d ’agglomérations et de ■
pôles de recherche ; le taux normal au reste du '
PRIME Â L'AMÉLIORATION DE L'HABITAT pays, sauf le Bassin parisien.
—►Amélioration de l'habitat ancien La prime est accordée par le gouvernement
après avis du Comité interministériel des '
aides à la localisation des activités (ciala), !
PRIME À L'AMÉLIORATION DU LOGEMENT dont le secrétariat est assuré par la datar. ;
À USAGE LOCATIF ET D'OCCUPATION Jusqu’en 1987 cependant, les dossiers corres-< |j
SOCIALE (PALULOS) -> Aide à la pierre; pondant à un programme d’investissements :j
Amélioration de l'habitat ancien inférieur à 25 millions de F et à des entre­
prises dont le chiffre d’affaires était inférieur j
à 500 millions étaient traités au plan régional, j
PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE À partir de 1987, pour réduire le coût budgé- i
taire de la prime et pour la concentrer sur les ;
Aide financière aux entreprises qui créent projets d ’investissem ents soum is à une •
des activités dans les régions de conversion concurrence de localisations à l’étranger ou {
rurale ou industrielle. Elle a succédé en 1982 localisés dans des zones prioritaires et sur les !
aux primes de développement régional (qui décentralisations, la procédure régionale a été
avaient elles-mêmes pris le relais des primes supprimée et les seuils d’éligibilité fixés à j
de développement industriel ou d’adaptation 20 millions d ’investissements ou pour des j
industrielle et, avant elles, des primes spéciales entreprises de plus de 300 m illions de j
d’équipement instituées en 1955), mais aussi chiffres d ’affaires. La prime est versée en 1
aux primes de localisation des activités ter­ trois ans et doit correspondre à des emplois 1
tiaires, aux indemnités de décentralisation durables. ,
(remboursement de 60 %, des frais de démon­ Le Comité interministériel du 20 septembre
tage, transport et remontage des matériels des 1994 a adopté, après une longue négociation
industries transférées hors du Bassin parisien), avec la Commission des communautés euro­
aux primes de localisation d ’activités de péennes, un nouveau zonage de la pat. La
recherche, aux primes d’installation d’entre­ commission avait demandé de ramener la pro­
prises artisanales et aux aides spéciales rurales. portion de la population couverte de 42 à
La prime unique d’aménagement du terri­ 36 % (un compromis a été trouvé autour de
toire (pat) s’applique à la création, à l’exten­ 41 %). Mais les taux des primes sont portés à
sion, à la décentralisation, mais aussi au 50 000 et 70 000 F (7 500 et 11 000 € à partii
maintien (par reprise avec reconversion ou par de 2002 pour les taux normal et maximal. La
conversion interne) d ’activités industrielles nouvelle carte des aides a réduit les zones à
ou tertiaires (en fait, seulement les activités taux maximal surtout dans le sud de la
tertiaires de recherche ou d’études, de concep­ Bretagne et dans les Pyrénées. Une nouvelle
tion, d’ingénierie, de siège ou de direction). négociation avec la Commission européenne
Elle est calculée par emploi créé avec un taux s ’est engagée en 1998 sur le même sujet en
maximal. Son montant maximal avait été fixé vue de la période 2000-2006. Les proposi-
627 PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

tions françaises ont accordé la priorité au sou­ devaient créer 160 000 emplois (soit 5 300 €
tien des territoires fragiles et à l’accompagne­ de pat pour 150 000 € d ’investissement en
ment des mutations industrielles, ainsi qu’aux moyenne par emploi annoncé). Ces créations
quartiers de grandes agglomérations particu­ d ’em plois connaissent cependant, d ’une
lièrement en difficulté. Les zones retenues ont année sur l’autre des variations importantes :
un niveau de revenu net imposable moyen entre 10 000 en 1993 et 22 500 en 2000. Cette
inférieur à la moyenne nationale. Elles ont en part de la pat est en diminution : avant l’aug­
outre soit un taux de chômage plus élevé que mentation de 1995, le montant moyen était de
la moyenne nationale (11,2% ), soit subi un 40 000 F par em ploi (6% de l ’investisse­
déclin démographique de plus de 1,2 % entre ment).
1990 et 1995. Il s’y ajoute des zones à risque Le zonage de la pat a été profondément révisé
(zones en reconversion industrielle; zones à la baisse pour la période 2007-2013 sous la
exclues de l’objectif européen n° 1, celui des pression de la Commission européenne. L’élar­
régions en retard de développement, ce qui gissement de l ’Union européenne aux pays
concerne la Corse et le Hainaut ; quartiers sen­ d’Europe centrale et orientale a eu pour consé­
sibles où le taux de chômage dépasse 13,9 %). quences que des régions d’Europe occidentale
Cela conduit à éliminer certaines zones de qui paraissaient défavorisées se situent désor­
Bretagne et de Normandie, du M assif central mais dans la moyenne. Les zones éligibles à la
et de l’est comme les bassins d’emploi de Bar- pat ne représentent plus que 15,5 % de la popu­
le-Duc et de Verdun, dont les élus ont vive­ lation (réduction de plus de moitié) et 3 370 com­
ment protesté. Des aides compensatoires ont munes. Ce découpage, qui remplace à la fois les
cependant été prévues pour les territoires qui anciens découpages utilisés pour l’industrie et
ont, à cette occasion, perdu l ’éligibilité à la pour les activités tertiaires, prend la nom de
pat. La Commission, qui demandait une zones éligibles aux aides à finalité régionale
réduction plus importante encore des zones (afr). Pour les entreprises de recherche, déve­
éligibles à la pat (exclusion de certains quar­ loppement et d’innovation, il n’y a pas de
tiers de banlieue des grandes villes), a adopté zonage (les projets sont donc éligibles dans tout
la carte définitive, qui ne concerne plus que le pays). Pour assurer une transition, des zones
34 % de la population, à l ’automne 1999. correspondant à 6,9 % de la population (et
En outre, des avantages fiscaux peuvent 2 292 communes) ont été maintenues à titre
être accordés aux entreprises sous certaines transitoire en 2007 et 2008. Enfin, une réserve
conditions de localisation, d’emplois créés et nationale a été créée en vue d’aider les zones
d’investissements effectués : exonération tem­ qui pourraient subir un sinistre.
poraire de la taxe professionnelle, réduction Les conditions d ’éligibilité sont (en cas
du droit de mutation sur les achats de bâti­ de création d ’entreprise), pour les projets
ments anciens. D e même, des exonérations de recherche-développement-innovation, de
fiscales sont accordées pour les dépenses liées créer au moins 20 emplois permanents et que
à l ’expatriation de cadres étrangers établis en l’investissement atteigne au moins 7,5 millions
France pour travailler dans des entreprises d ’€ et, pour les investissements productifs
étrangères. (industrie et services), 25 emplois et 5 millions
Le montant des pat a été très variable selon d’investissements (ou 50 emplois sans mini­
les années. Il atteignait 834 millions de F en mum d’investissement). Le plafond de la pat
1990, mais avait chuté à 252 millions en 1993. par emploi créé est porté à 15 000 € (avec un
Les crédits correspondants ont été sensible­ taux majoré de 25 000 € pour les projets d ’un
ment accms en 1994 (1 milliard de F d’autori­ intérêt exceptionnel). Ces seuils sont légère­
sations de programme en 1994, mais une ment différents en cas d’extension et sont plus
partie seulement a été, comme les années pré­ élevés pour les investissements productifs en
cédentes, utilisée). Le montant des pat distri­ cas de reprise d ’établissement. Le nouveau
buées est remonté en 1997 à 580 millions, taux maximal de la pat est :
puis a à nouveau diminué à 415 millions de F — pour la recherche, fondamentale ou
en 2001. En dix ans, 850 millions d’€ ont été industrielle, 45 % pour les pme et 35 % pour
attribués à 1 600 projets représentant au total les grandes entreprises ;
24 milliards d’€ (la pat donc représenté en — pour le développement expérimental,
moyenne 3,5% de l ’investissement) qui respectivement 35 % et 25 % ;
PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE 628*

ces derniers taux étant majorés de 15 % si le pro­ PRIME D'AMÉNAGEMENT


jet comporte une coopération interentreprises ou DU TERRITOIRE (PAT),
entre entreprise et organisme de recherche ; PRIMES DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL,
— de 10 à 15 % selon la zone pour les PRIMES SPÉCIALES D'ÉQUIPEMENT
investissements productifs en métropole ; —* Aménagement du territoire;
— de 50 à 60 % pour les investissements Décentralisation (des activités) ;
productifs dans les dom ; Industrie
ces derniers taux étant majorés de 10% pour
les pme et de 20 % pour les petites entre­
prises. PRIX
En 2007, 91 dossiers ont été examinés et
59 retenus. Au total, 47 millions d’€ paî ont L’explication des prix constitue le cœur
été attribués pour des investissements totaux même de l ’analyse économ ique qui dis­
de 2 milliards environ (soit un taux moyen tingue des éléments tenant à l’offre et aux
de 2,4 %). Les créations d’emplois annoncées conditions de la production (coûts salariaux,
étaient de 9 899 (dont 6 233 à créer et 3 636 prix de revient des matières premières, coûts
à maintenir ou à reprendre). On notera que des importations et du capital technique ou
ce montant de pat et ce nombre d’emplois financier engagé), lesquels prévalent en
attendus est en diminution par rapport à la longue période, des éléments tenant à la
période précédente. L’investissement moyen demande (revenu des acheteurs, état de
par emploi est de 200 000 € et le montant de leurs besoins), à la nature des biens écono­
la pat de 4 750 € (en baisse). miques (leur divisibilité, leur disponibilité,
leur durabilité), et à la structure des mar­
Il faut également mentionner d ’autres chés sur lesquels ils s ’échangent (marchés
formes d’aide à la création d’activités, appli­ concurrentiels, oligopolistiques, monopolis­
cables dans toutes les régions et qui ont donc tiques).
plus un objectif de développement régional L’économie urbaine est surtout concernée
que d’aménagement du territoire : par les caractères des prix sur les marchésfo n ­
— La prime régionale à l ’emploi (pre), éga­ ciers et immobiliers en milieu urbain. Dans
lement créée en 1982 et modifiée en 1987, peut les villes européennes, où la préférence pour
être accordée par le conseil régional pour la la centralité est forte, où la dispersion des
création, l’extension ou le maintien de 30 emplois revenus et des patrimoines reste moyenne et
au maximum par des entreprises de moins de la rareté de l ’espace est grande, la théorie
300 millions de F de chiffre d’affaires. Son enseigne que les prix fonciers déclinent rapi­
montant par emploi peut varier de 10 000 F dans dement du centre vers la périphérie, avec une
les agglomérations de plus de 100 000 habitants localisation centrale des ménages à hauts
à 40 000 F dans les zones rurales déshéritées et revenus. Dans les villes américaines, au
dans les zones de montagne. contraire, où la préférence pour la centralité
— La prime régionale à la création est plus faible, la dispersion des revenus plus
d ’entreprises (prce), créée et modifiée par grande et l’espace plus abondant, les prix au
les mêmes textes, peut s ’ajouter à la pat ou à centre sont moins élevés qu’en France, le gra­
la pre. Son montant peut atteindre 150 000 F dient des prix fonciers (c’est-à-dire le taux de
(200 000 F dans les zones prioritaires définies décroissance des prix fonciers en pour cent
par le conseil régional). par unité d’éloignement du centre-ville) est
— Les prêts, avances, bonifications d’inté­ plus faible et les ménages à hauts revenus sont
rêts que peuvent accorder les régions et les plutôt localisés en périphérie. Quant aux prix
aides à l’achat ou à la location de bâtiments et immobiliers, ils sont largement dominés par
les garanties d’emprunts que peuvent accor­ l’offre, les conditions de production du cadre
der, dans certaines limites, toutes les collecti­ bâti, les comportements des promoteurs et les
vités territoriales. politiques de financement et d’aide au loge­
ment.
P. M.
P.-H. D.
Aménagement du territoire; Décentralisation (des activités);
Localisation des activités. -* Économ ie; Prix fonciers.
629 PRODUIT NATIONAL

PRIX FONCIERS — la dissymétrie entre les deux phases du


cycle, les prix fonciers ne baissant pas ou peu
Prix auxquels s’achètent et se vendent les dans la phase du retournement du cycle
terrains. Les prix fonciers présentent des immobilier (effet cliquet).
caractéristiques très spécifiques par rapport Cette évolution s’est traduite au début des
aux prix des autres biens et services. années 1990 par une contraction de l ’activité
En premier lieu, les prix fonciers sont en sur des marchés où l’ajustement par les prix
général assez difficiles à connaître, en particu­ ne se fait qu’avec retard, et de façon partielle.
lier dans les pays où coexistent un fort atta­ Cette dissymétrie n ’est pas spécifique à la
chement à la propriété foncière et un système France, mais on peut cependant remarquer
archaïque d’enregistrement des transactions que l’ajustement par les prix intervient plus
foncières. Tel est, par exem ple, le cas en rapidement dans les pays anglo-saxons.
France où les données relatives aux transac­ Après la crise sur les marchés immobiliers
tions foncières sont tenues sur un fichier qui a culminé au m ilieu des années 1990,
manuel, le fichier immobilier, qui n ’est pas ceux-ci ont repris une phase ascensionnelle
accessible au public. marquée à partir de 1997-1998, qui s ’est pour­
D ’autre part, le prix d’un terrain dépend suivie au cours des années suivantes, se réper­
très fortement de l’usage qu’on peut en faire : cutant à nouveau de façon hypertrophiée sur
le prix d’un terrain en « site classé » ou en les marchés fonciers. Cependant, à la diffé­
« réserve naturelle » inconstructible, ,est géné­ rence de la bulle spéculative de la fin des
ralement très faible. Le prix d’un terrain agri­ années 1980, la forte croissance des années
cole dépend de sa valeur agronomique. Quant 1998-2007 s ’est étendue géographiquement
au prix d’un terrain urbanisable, son prix bien au-delà des secteurs spécifiques que sont
dépendra de ce qu’il est possible, selon la en particulier la région parisienne et la Côte
réglementation, d’y construire, et de son envi­ d ’Azur, qui avaient alors été les plus
ronnement physique et social. concernés. Le retournement des marchés,
Il est généralement admis que les prix fon­ annoncé depuis plusieurs années, ne s’est réel­
ciers ne peuvent qu’augmenter en valeur lement produit qu’à partir de 2008, à la suite
réelle. Ce point de vue doit être nuancé. Il est de la crise des subprime aux États-Unis. Mais
exact que, dans la plupart des pays déve­ les mouvements de baisse sur les marchés
loppés, les zones de développement urbain immobiliers sont cette fois très différenciés
ont vu les valeurs foncières des terrains à suivant les localisations, et on observe une
bâtir augmenter plus rapidement que le certaine viscosité à la baisse sur les marchés
niveau général des prix, et que la part du fon­ fonciers, liée à des comportements de réten­
cier dans le prix du logement y a pris une part tion de la part des propriétaires fonciers.
croissante. Deux remarques permettent pour­ V. R.
tant de relativiser cette évolution. En longue
période (un siècle), les rares travaux dispo­ -* Marché foncier ; Rente foncière ; Spéculation.

nibles (T. Polensky pour l’Allemagne, Colin


Clark pour la Grande-Bretagne) montrent
que, par-delà les importantes fluctuations de PRODUCTION —> Économie ; Entreprise ;
court et de moyen termes, les prix fonciers Établissement ; Produit national ; Travail ;
des terrains à bâtir suivent approximativement Usine
l’évolution générale des prix.
La période 1985-1990 a donné lieu, en
France comme dans plusieurs autres pays PRODUIT NATIONAL
(États-Unis, Japon, Angleterre) à une « bulle »
spéculative particulièrement forte sur les Synonyme dans la langue courante de
marchés fonciers et immobiliers. Celle-ci pré­ «m archandise», le terme «produit» a un
sente en France deux caractéristiques fortes : sens bien précis dans la comptabilité natio­
— le dualisme dans les évolutions, les zones nale française où il désigne la valeur, brute
chères devenant très chères (Paris et banlieue ou nette, de la production annuelle de
ouest, Côte d’Azur) et les zones à prix modérés l’ensemble des biens et services du pays. La
voyant les prix stagner ou baisser ; délimitation précise de ces productions
PROFESSION ET CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE 636

(comment estimer les prestations d’un agent caractère purement comptable. Outre qu’fl
économique à lui-même), leur évaluation en dépend des taux de change en valeur (il est le
monnaie cornante ou en monnaie constante plus souvent exprimé en dollars), il ne prend
(en corrigeant l ’inflation), le passage des pas en compte les activités non commerciali­
valeurs territoriales aux valeurs nationales, sées (travail domestique par les membres du
des valeurs brutes aux valeurs nettes, amor­ ménage, aide bénévole, agriculture vivrièrej
tissements déduits (revenu national), le traite­ etc.). Divers paradoxes montrent également
ment des impôts, la valeur ajoutée par les son inadéquation (les conseils rémunérés des
administrations publiques et le secteur non sophistes auraient été comptabilisés dans lé
marchand de l’économie, enfin les particula­ pnb de l’Athènes antique, mais pas les conseils
rités propres à chaque catégorie d ’agents gratuits de Socrate). L ’onu et la Banque mon­
économiques - entreprises, ménages, État, diale ont construit l ’indicateur de développe*
institutions financières - sont autant de ques­ ment humain qui tient compte, pour chaque
tio n que les conventions de la comptabilité pays, de sa production, de données sanitaires
nationale tentent de résoudre, de manière (espérance de vie à la naissance) et de données
encore imparfaite. culturelles (taux d ’analphabétisme des adultes
On exprime le produit dans trois optiques et durée moyenne de formation). On cherche
différentes qui se recoupent. Dans l ’optique actuellement à définir des indicateurs plus
de la production, le produit est la somme des complets (et plus complexes), prenant par
valeurs ajoutées par les branches productrices, exemple en compte la qualité de l’environne­
calculées aux prix du marché hors taxes, aux­ ment, qui seront sans doute pluriels. ;
quelles on ajoute les tva et les droits de
douane, ainsi que la valeur, estimée au coût de P.-H. D. et P. M.
production, des services non marchands ren­ -* Économ ie; Niveau de vie.
dus par l’État et les administrations publiques.
Dans l’optique de la répartition, le produit est
la somme des rémunérations brutes, de toute PROFESSION ET CATÉGORIE
nature, perçues par les agents : salaires, pro­ SOCIOPROFESSIONNELLE (PCS) -* Activité
fits, intérêts, dividendes, rentes, loyers, fer­ professionnelle
mages, etc. Enfin, dans l ’optique de la
dépense, le produit additionne les consomma­
tions finales des ménages et des administra­ PROGRAMMATION DES ÉQUIPEMENTS
tions, l ’investissement des entreprises, des COLLECTIFS
intermédiaires financiers et du secteur public,
la variation des stocks détenus par ces mêmes Établissement de programmes de réalisa­
agents et le solde des échanges extérieurs. tion d ’équipem ents co llectifs, précisant
A côté des comptes nationaux, les pays ont leur nombre, leurs dimensions, leur locali­
également développé des comptabilités régio­ sation, leur coût et l ’échéancier de mise en
nales et interrégionales, mais qui recouvrent œuvre.
rarement la totalité des régions d’un ensemble La programmation est une démarche qui a
national. Les efforts pour dresser des comptes été très développée en France, surtout de 1960
économiques de villes sont, en France comme à à 1975. L’importance qui lui a été accordée
l’étranger, demeurés peu nombreux. Pourtant, résulte de la conjonction :
les espaces urbanisés forment plus des neuf — d’une approche fonctionnaliste de
dixièmes des valeurs ajoutées et concentrent l ’urbanisme qui prétendait codifier, quantifier,
l’essentiel des revenus et des productivités, des normaliser les besoins des habitants ;
consommations et des dépenses. Enfin, les — du constat des graves dysfonctionne­
comptabilités patrimoniales sont à peine déve­ ments engendrés par l’insuffisance des équi­
loppées. pements collectifs, tant dans les zones de
La mesure la plus courante de la production lotissements pavillonnaires de l’entre-deux-
annuelle de biens et de services est le produit guerres que dans les grands ensembles des
national brut (pnb ). Cette notion a été de plus années 1950 et 1960 ;
en plus critiquée (Bertrand de Jouvenel, dès — d’une volonté de planification rigou­
1957, Colin Clark, etc.) en raison de Son reuse et centralisée.
831 PROGRAMMATION URBAINE

Celle-ci avait pris deux formes essentielles abandonnée car elle paraissait trop rigide et
et complémentaires : était trop rarement respectée.
1/ L’établissement de normes, définissant L’importance de cette démarche program­
le niveau d’équipement à atteindre, à diffé­ matique a beaucoup diminué depuis les
rentes échelles de desserte (voisinage, quar­ années 1970, pour plusieurs raisons :
tier, ville, etc.), ce niveau étant défini par la — le déclin des idées fonctionnalistes et le
population (ou le nombre de logements) des­ développement des critiques des normes et
servie dans l’aire d’influence d ’un équipe­ même des équipements collectifs eux-mêmes,
ment, son contenu, la surface au sol et la jugés par certains porteurs de «normalisa­
surface construite nécessaires. Le regroupe­ tion»;
ment de ces normes constitue une grille — la crise économique, les difficultés de
d ’équipements. financement public et le recul de la planifica­
Cette démarche, classique dans l’urbanisme tion quantitative et rigide ;
soviétique, où elle a toujours été appliquée — les fruits de l’important effort d’équipe­
avec rigueur, a conduit en France à l’établisse­ ment entrepris au cours des deux décennies
ment de la grille Dupont (du nom du président précédentes ;
de la commission désignée à cette fin par le — une analyse plus fine, par les urbanistes et
ministre Sudreau), publiée en 1959, et qui a les maîtres d’ouvrage, des besoins, qui conduisit
servi, dans les années 1960, à la programma­ à des solutions plus diversifiées et à la recherche
tion des zones à urbaniser par priorité (et de complémentarités ; la démarche des équipe­
au rattrapage du retard dans les grands ments intégrés s’insère dans cette évolution.
ensembles). Mais les réalisations suivaient J. C. et P. M.
mal et, en 1970, une nouvelle grille d’équipe­
ments, plus modeste, fut diffusée par circu­ Carte sanitaire; Carte scolaire; Carte universitaire; Équipe­
ments collectifs.
laire, pour les besoins des zones d’aménage­
ment concerté.
Pour les besoins des villes nouvelles, l ’Ins­
titut d ’aménagement et d’urbanisme de la PROGRAMMATION URBAINE
région Île-de-France (iaurp) a établi en 1967
une autre grille qui, après révision, fut publiée La programmation urbaine touche l ’en­
en 1974. semble des composantes d ’un tissu urbain
2/ L’établissement de programmes, applica­ - le logement, les activités économiques, les
tion modulée dans le temps, en fonction des équipements collectifs, les transports, la logis­
possibilités de financement, des normes édic­ tique et la circulation - , qu’elle analyse,
tées dans les grilles d’équipement. dimensionne et organise au regard des besoins
C’est pour établir un lien entre les projets des usagers (résidants, actifs, utilisateurs et
d’aménagement et la planification écono­ services, visiteurs et touristes) d’un territoire,
mique qu’une loi du 7 août 1957 avait prévu d’un tissu existant et d’une évolution à court,
qu’à l’occasion de chaque plan quinquennal moyen et long termes.
national serait établi, pour chacune des agglo­ Dans le cadre d’un projet urbain, la pra­
mérations de plus de 50 000 habitants, un tique de la programmation à l’échelle urbaine
« programme de modernisation et d’équipe­ v ise à la définition des différents besoins
ment» (pme), qui traduisait en ternies de pla­ fonctionnels des usagers existants ou futurs
nification économique les projets d ’équi­ d’un territoire pouvant s’étendre au-delà du
pement prévus dans les documents d ’urba­ secteur d’aménagement projeté, par exemple
nisme. les équipements d ’un centre-ville qui
Ces programmes, dont la périodicité était touchent l’ensemble de la population de la
calquée sur celle des plans quinquennaux, ville, voire de l’agglomération. La program­
contenaient des perspectives à long terme mation urbaine doit également s ’envisager
(quinze ans) et un plan d’équipement à moyen dans le temps en mesurant l ’impact d ’une
terme (cinq ans). nouvelle programmation sur le tissu urbain
Une trentaine d ’agglomérations se sont existant, en assurant la bonne mise en œuvre
ainsi dotées de pme lors de la préparation des de la mutation fonctionnelle d’un territoire,
IVe, Ve et VIe plans, puis la procédure a été en veillant à la cohérence globale des pro­
PROGRAMME D'UNE CONSTRUCTION 63g

grammes à l ’échelle d’un bassin de vie et à n ’est jamais totalement absente, mais la dis­
l’équilibre financier de la collectivité. tinction du projet et du programme permet de
Contrairement à l 'encadrement réglementaire clarifier les responsabilités et les rôles respec­
dont fait preuve la pratique de la programmation tifs du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre. 1
architecturale, le Code de l’urbanisme ne pres­ Le décret «ingénierie» a codifié, avec Une
crit, pour l’élaboration des documents d’urba­ grande précision, les différentes étapes de là
nisme, que le recours à de grands objectifs conception et de la réalisation, dont la pre­
quantitatifs (nombre de logements ou d’emplois mière est l’élaboration du programme. Il régle­
à créer, équipements publics en découlant) et le mente les rapports contractuels entre maître
seul grand équilibre « habitat-emploi ». d’ouvrage public et maître d’œuvre. La multi­
Il existe à ce jour une demande croissante plication des concours d’architecture a rendu
de programmes urbains dans les études de encore plus nécessaire l’élaboration d ’un pro­
prospective ou de maîtrise d’œuvre urbaine. gramme précis, référence commune de tous les
Cette demande est liée au démantèlement des concurrents. On a objecté que cette distinction
services déconcentrés de l’État qui ne jouent programme/projet empêchait que le processus
plus leur rôle de régulateurs et de prescrip­ de mise au point du projet pût faire évoluer le
teurs. Si cette pratique devait se confirmer, il programme, sinon à la marge. Néanmoins, elle
conviendrait de donner une structure plus s’impose aujourd’hui à toute la profession. :
stable à ces programmes et de mieux les enca­ Un programme architectural comprend, en
drer sur les plans législatif et méthodologique. général :
V. S.-M. G. — les intentions du maître d’ouvrage;
qu’elles soient sociales, politiques, culturelles;
- » Programmation des équipements collectifs; Programme
d'une construction.
etc., auxquelles devra répondre le bâtiment ; >
— le programme des locaux proprement
dit: surface et caractéristiques des locaux,
liaisons fonctionnelles, contraintes d’implan­
PROGRAMME D'UNE CONSTRUCTION tation par rapport à l’environnement (accès,
orientation, etc.), principes de conception et
Etymologiquement : « Ce qui est écrit à de traitement dés locaux et des espaces exté­
l’avance.» La réalisation d’une construction rieurs, exigences techniques.
se déroule en trois phases concernant l ’élabo­ La nécessité de mettre au point des pro­
ration du programme, celle du projet et la grammes a fait naître la spécialisation de pro­
mise en œuvre du chantier. grammateur, qui définit le programme d ’un
La notion de programme, dans son accep­ édifice en fonction de son adaptation aux utili­
tion actuelle, est assez récente. Le pro­ sateurs. Le programmateur évalue également
gramme, jusqu’au x ix e siècle, n ’est pas la clientèle potentielle d ’un équipement et
formalisé. Il correspond à une intention du tend, de plus en plus, à définir les conditions
maître d’ouvrage, qui définit la destination de de fonctionnement (gestion, entretien, mainte­
l’édifice, et les objectifs poursuivis (prestige, nance). Cette spécialisation répond au besoin
utilité, etc.). L’architecte conserve une grande d’adapter précisément l’ouvrage à sa destina­
liberté dans l ’interprétation du programme, et tion et aux possibilités financières du maître
notamment dans la définition des surfaces et d’ouvrage, après les décennies de réalisations
de la destination des pièces. C’est à travers le normatives, souvent peu adaptées et coûteuses.
dialogue entre le «prince » et l’architecte que On parle également de programme en urba­
se précise le programme, en même temps que nisme, pour désigner la liste, l ’échéancier et
s ’élabore le projet. le coût des équipements à réaliser, ainsi que la
A l ’inverse, avec l ’organisation de la pro­ détermination des surfaces nécessaires. L’uti­
fession de maître d’ouvrage, naît la notion lisation de grilles normatives ne permet
moderne de programme, qui vise à décrire le qu’une approche grossière. Seule une bonne
plus précisément possible ce que l’on attend connaissance des conditions locales (structure
de l ’ouvrage (les « exigences »), en termes démographique et sociologique, espace dis­
qualitatifs et quantitatifs, avant d’en produire ponible, objectifs politiques, etc.) permet
le dessin, d’opérer des choix techniques. La l ’élaboration d ’un programme d ’équipe­
référence im plicite à un type architectural ments.
633 PROGRAMME LOCAL DE L'HABITAT

Le développement de l’urbanisme opération­ cipal d’une participation au financement des


nel a conduit à mettre au point des programmes voies nouvelles et des réseaux divers, propor­
I d’actions coordonnés, faisant intervenir les dif­ tionnelle aux droits à construire (les logements
férentes autorités administratives et politiques, sociaux pouvant en être exemptés). Cette
et se proposant d’aborder l ’ensemble des modalité, alternative au pae, ne s ’applique pas
aspects techniques, financiers, politiques et dans les zac. Cette technique, étendue aux
sociaux du problème urbain (opah, opérations réseaux existants, fondée sur les mêmes prin­
de développement social des quartiers, etc.). cipes, est devenue la participation pour voies
et réseaux (pvr), mais force est de constater
H. D.
qu’elle ne s’est guère développée sur le terrain.
Maître d 'o uvrage; Planification; Planification économique; V. R.
Programmation des équipements collectifs.

Participation des aménageurs et des constructeurs; Taxe


locale d'équipement.

PROGRAMME D'ACTION FONCIÈRE


-> Maîtrise foncière ; Réserves foncières
PROGRAMME DE MODERNISATION
ET D'ÉQUIPEMENT -* Programmation
PROGRAMME D'ACTIVITÉS -*■ Budget temps; des équipements collectifs
Mobilité

PROGRAMME LOCAL DE L'HABITAT


PROGRAMME D'AMÉNAGEMENT
D'ENSEMBLE Document définissant, pour une durée d’au
moins cinq ans, pour une agglomération ou
La loi d’aménagement de 1985 a introduit pour une partie d ’agglomération, une poli­
un outil de participation des constructeurs au tique visant à répondre aux besoins de loge­
financement de l ’aménagement, intermédiaire ment et à assurer une répartition équilibrée et
entre le prélèvement automatique (taxe locale diversifiée des divers types de logement, et en
d’équipement) et la négociation (dans les zac) : particulier des logements sociaux.
le programme d’aménagement d ’ensemble Le plh avait été instauré par la loi du
(pae). Le conseil municipal définit des secteurs, 7 janvier 1983, mais n ’était qu’un document
où « tout ou partie des dépenses de réalisation d ’étude. 350 plh avaient été établis avant
des équipements publics, correspondant aux 1991. Mais c ’est la loi d’orientation pour la
besoins des habitants actuels et fùturs du sec­ ville du 13 juillet 1991 qui lui a conféré une
teur concerné, peuvent être mis à la charge des portée réelle et en a précisé le contenu.
constructeurs ». L’objectif est d’en faire un outil de program­
D ’une assez grande souplesse, permettant des mation articulant aménagement urbain et
péréquations entre les divers types de construc­ politique de l’habitat. La loi incite les com­
tions, cette méthode permet en général aux com­ munes, regroupées dans des établissements
munes d’obtenir des ressources bien supérieures publics de coopération intercommunale, à
à ce que rapporte la taxe locale d’équipement. élaborer un plh.
Elle implique surtout pour la commune Le plh étudie les besoins en logements, pro­
d’annoncer à l ’avance la règle du jeu, le pro­ pose des orientations pour y répondre et pour
gramme des équipements, leur coût et assurer la répartition « équilibrée et diversi­
l’échéancier de leur réalisation, et elle néces­ fié e » qui évitera des excès de ségrégation
site par là même que les communes renouent entre communes ou entre quartiers. La procé­
avec la pratique si utile des études préalables, dure d ’élaboration est semblable à celle du
contribuant à une meilleure cohérence dans la schéma directeur avec lequel, s’il en existe un,
gestion du développement urbain. il doit être compatible et qui doit le prendre en
La loi «Solidarité et renouvellement compte. Il est également pris en considération
urbains» (sru) du 13 décembre 2000 a prévu par le plu ou le paz (et auparavant par le pos).
une nouvelle modalité de financement de Par ailleurs, la loi du 13 juillet 1991 (lov)
l’urbanisme : l’institution par le conseil muni­ instituait, dans les communes couvertes par un
PROGRAMME NATIONAL DE RÉNOVATION URBAINE

plh, une taxe de participation à la diversité de tifs en matière d’habitat, que les plh soient
l’habitat, payée par les constructeurs, égale au compatibles avec les scot, mais aussi que cei
maximum à 15 % de la différence entre le coût scot tiennent compte des plh existants. .
foncier de l’opération menée par un construc­
teur et celui d’une opération pla (600 F par m2 P. M. et Y. #
construit, 900 F en Ile-de-France). Cette parti­ Habitation à loyer modéré ( h l m ) ; Loi d'orientation p o u rlÉ
cipation pouvait être acquittée en argent ou ville ( l o v ) ; Schéma de cohérence territoriale ( s c o t ). ,

sous forme de dation de terrains.


Enfin, dans les agglomérations de plus de
200 000 habitants, les communes ayant moins PROGRAMME NATIONAL
de 20 % de logements sociaux et où le nombre DE RÉNOVATION URBAINE
des bénéficiaires des aides à la personne est
inférieur à 18%, perdaient l’exercice du droit Programme décidé par la loi du 1er août
de préemption urbain au profit du préfet si 2003 pour les villes et la rénovation urbaine
elles ne sont pas couvertes par un plh. Elles (dite loi Borloo). Le programme national de
devaient en outre verser, à des constructeurs rénovation urbaine (pnru) prévoit des moyens
de logements sociaux, une contribution à la financiers importants, de l ’État et des parte­
réalisation de logements sociaux, égale à 1 % naires sociaux, pour transformer les quartiers
de la valeur locative des immeubles imposés dits fragiles (le plus souvent des grands
à la taxe foncière. ensembles datant des trente glorieuses), tant
L’objectif commun de ces dispositions est en ce qui concerne les logements que les équi­
d ’inciter les communes à se regrouper pour pements publics et les aménagements urbains.
établir des plh ou à les établir seules si, après Un organisme spécialisé a été créé pour là
un an, aucun établissement public de coopéra­ mise en œuvre de ce programme : l ’Agence
tion intercommunale ne l ’a fait. Elle vise en nationale pour la rénovation urbaine (anru).
outre à inciter les communes des grandes Les quartiers traités sont choisis comme les
agglomérations, qui ont peu de logements plus vulnérables des 751 zones urbaines sen­
sociaux sur leur territoire, à en construire. sibles (zus). Des conventions pluriannuelles
Le plh soulève des incertitudes juridiques ont été établies pour les 189 quartiers jugés
par l’expression «prise en compte» (par le prioritaires, puis pour 342 quartiers supplé­
schéma directeur) ou «prise en considéra­ mentaires qui font face à d’importantes diffi­
tion» (par le pos ou le paz). En outre, on cultés économiques, sociales et urbaines. Les
peut s ’interroger sur l ’articulation entre la opérations, coordonnées par I’anru, menées
planification physique et la programmation dans ces quartiers comportent :
financière des logem ents, objet même du — la réhabilitation des logements locatifs
plh. Ce dispositif, relayant les anciens plans sociaux qui peuvent l’être ;
d’action foncière, conduit à une contractuali­ — la démolition de logements jugés non
sation des aides de l’État en matière de loge­ réhabilitables (vétusté) ou pour une meilleure
ment social. organisation urbaine ;
Les dispositions de la loi du 13 juillet 1991 — la reconstruction de logements sociaux
ont été assouplies par la loi Carrez du 21 jan­ pour remplacer les précédents ;
vier 1995 relative à la diversité de l ’habitat. ;— l’amélioration des espaces urbains et la
Constatant qu’aucun des 242 plh entrepris création de voies délimitant des îlots, afin de
n ’avait encore abouti, la nouvelle loi simplifie les « résidentialiser » pour améliorer la vie
la procédure de leur établissement. Surtout, la quotidienne des habitants ;
participation à la diversité de l’habitat est sup­ — la création ou la rénovation des équipe­
primée : sa mise en place avait été reportée ments publics (écoles notamment),
deux fois et cette disposition n ’aura donc — la création ou la rénovation d ’équipe­
jamais été appliquée. La loi Solidarité et ments commerciaux, sociaux ou culturels.
renouvellement urbains du 13 décembre 2000 Les actions menées ont en outre pour objec­
a prévu le retour à un dispositif voisin de celui tif de faciliter l’accès des habitants de ces zus
de la lov de 1991, qu’on espère plus efficace. aux emplois créés dans le cadre de ces opéra­
La même loi a également prévu que le schéma tions de rénovation urbaine. Une convention
de cohérence territoriale (scot) fixe les objec­ de gestion urbaine de proximité est élaborée
835 PROGRAMME NATIONAL DE RÉNOVATION URBAINE

pour assurer le bon fonctionnement social et de travaux engagés ou programmés dans les
urbain du quartier et assurer la pérennité des cinq prochaines années, 130 000 démolitions
investissements. On recherche une démarche de logem ents, 123 000 constructions et
partenariale entre les divers niveaux de collec­ 298 000 réhabilitations. On notera que ces
tivités territoriales, les services de l ’Etat objectifs pour la période 2004-2013, sont
(notamment les ddea), les bailleurs sociaux et inférieurs à ceux que la loi du 1er août 2003
autres maîtres d’ouvrage et les habitants. Au fixait pour la seule période 2003-2008
plan national, un comité d’engagement, animé (200 000 démolitions, 200 000 constructions
par I’anru, réunit ces partenaires (services de et 200 000 réhabilitations). Il n’est cependant
l’État, Union d’économie sociale pour le loge­ pas du tout assuré que ces objectifs plus réa­
ment, collecteurs du 1 %, Caisse des dépôts et listes soient atteints. De l ’annonce du plan
consignations, etc.). Borloo en 2003 à la fin de 2008, 45 800 loge­
Les financements ont été décidés en plu­ ments ont été dém olis, 17 990 construits,
sieurs étapes. Ils devraient atteindre, sous 78 780 réhabilités et 48 490 « résidentiali-
réserve que le rythme des opérations suive, ce sé s » , ce qui est très inférieur au rythme
qui n ’a pas été le cas au début au moins, annoncé un peu légèrement en 2003. La pro­
42 milliards d’€ au total. En ce qui concerne grammation, fin 2008, concerne 98 900 démo­
l’État (indépendamment des apports des par­ litions, 38240 constructions, 213 870 réha­
tenaires sociaux, et notamment de l ’Union bilitations et 210 320 résidentialisations.
d’économie sociale pour le logement, qui sont L’anru fait état d ’une «m ontée en puis­
au moins aussi importants) : san ce» du programme pour expliquer la
— 2,5 milliards d’€ lors de la loi pour la modestie des réalisations des premières
ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 années et le retard des constructions sur les
(pour la période 2004-2008) ; ■ démolitions. Mais la div reconnaît que, dans
—■portés à 4 milliards d’€ lors de la loi du le meilleur des cas, le programme aura, à la
18 janvier 2005 pour la cohésion sociale date prévue de son achèvement, deux ans de
(pour la période 2004-2011); retard. La programmation atteint 74% des
— puis à 5 milliards d’€ lors de la loi du investissements prévus pour la période 2004­
13 janvier 2006 d’engagement national pour 2013 et 77 % des subventions de I’anru.
le logement É>our la période 2004-2013) ; Les logements démolis sont à 53 % dans
— et à 6 milliards d’€ lors de la loi du des immeubles hauts (R + 7 ou plus). Les
5 mars 2007 sur le droit au logement oppo­ logements reconstruits sont des appartements
sable (également pour la période allant jus­ (80 %), presque tous (95% de ceux-ci) dans
qu’en 2013); des immeubles R + 6 au maximum, et des
— enfin, le plan de relance de décembre maisons individuelles (20% ). La majorité
2008 a accordé 350 millions d’€ à l’ANRU : offrent 3 pièces principales en appartement et
celle-ci estime qu’ils entraîneront 4 milliards 4 en individuel. Ils sont financés pour deux
de travaux dès la fin de 2009, l’objectif étant tiers environ par des plus-cd, pour un quart
d’accélérer les opérations pour apporter éga­ par des plus et pour le reste par des plai. Les
lement un élément de solution à la crise réhabilitations portent à 91 % sur des loge­
économique. ments construits entre 1949 et 1976. Parmi les
La répartition prévue des financements est logements démolis, 29 % étaient vacants à la
de 30,0% par l’État (pour l ’essentiel via date de décision de l’opération: en moyenne,
I’anru ), 42,2 % par les bailleurs de loge­ pour la période 2004-2008, on a dû reloger
ments, 5,5% par les régions, 3,8% par les 68 % des ménages. Ces relogements ont été
départements, 12,1 % par les communes et effectués pour 32% hors d ’une zu s (dont
leurs groupements, 1,4 % (hors prêts) par la 11 % dans une autre commune) et pour 68%
cdc et 5,0 % par d’autres acteurs. L’anru joue en zus (dont 4 % dans une autre commune).
à la fois le rôle de « guichet unique » pour les Le programme national de rénovation
collectivités locales et de partenaire dans le urbaine ne se limite pas au logem ent. Il
montage et le suivi des opérations. concerne aussi l ’emploi. M ais, dans ce
Au 1er juin 2009, 365 projets ont été domaine, les résultats sont décevants : le taux
approuvés par I’anru et 328 conventions de chômage dans les zus avait augmenté de
signées. Cela correspond à 38,7 milliards d’€ 17,2% en 1983 à 20,0% en 2005 pour dimi-
PROGRESSISME
638

nuer par la suite (16,9 % fin 2008. Il a en fait considérer la Charte, d ’A thènes des cia m
suivi l ’évolution générale et est encore plus (1933) comme le manifeste du progressisme
du double de la moyenne nationale (7,5 % fin parvenu à sa maturité.
2008) comme de celui des quartiers voisins L’urbanisme progressiste diffère du pré­
des zus (7,7 %). Il touche surtout les jeunes, urbanisme progressiste par :
en particulier les hommes (41,9% pour les — la perte du projet global de société. À
15-24 ans). Les contrats d ’autonomie n ’ont l’exception des modèles soviétiques, qui se
pas rencontré le succès espéré : 12 500 contrats veulent les inducteurs d’une société nouvelle
seulement signés en septembre 2009, dont et d’un «nouveau mode de vie», les modèles
moins de 1 000 sorties vers un emploi ou une de l’urbanisme progressiste, élaborés par des
formation. architectes et non plus par des penseurs et des
Par ailleurs, des équipements publics, militants sociaux ou politiques, ne portent plus
notamment scolaires, sportifs, culturels, mais qu’un projet réduit d’adéquation à la modernité
aussi médicaux, sociaux ou administratifs, (devenue synonyme de progrès), qui concerne
sont construits ou réhabilités : 3 milliards d ’€ l’espace plus que la société. La « ville radieuse »
sont prévus à cette fin. De même, des aména­ de Le Corbusier, par exemple, pourrait convenir
gements sont réalisés (5 milliards d’€) : parcs à des régimes politiques opposés : nulle concep­
et jardins, places et espaces publics, parcs de tion des rapports sociaux n’a dicté la structure
stationnement, aires de jeu). de son espace qui conditionne seulement ses
P. M. occupants à une vie hygiénique, accordée au
développement du machinisme (rôle de l’auto­
- » Grand ensem ble; Pacte de relance pour la ville; Renouvelle­ mobile) et économe de son temps ;
ment urbain; Rénovation urbaine.
— sa prétention scientifique qui masque le
décalage, plus marqué par rapport à l’état du
savoir contemporain, de son rationalisme
PROGRESSISME simpliste et de sa conception universaliste
de l’homme, défini en termes exclusifs de
Néologisme servant à désigner les idéolo­ besoins et de fonctions élémentaires: «Les
gies inspirées par la foi dans le progrès. besoins humains sont identiques entre tous
Depuis son utilisation par F. Choay (L urba­ les hommes, les hommes étant tous faits sur
nisme : utopies et réalités, Paris, 1965), ce le même moule depuis les époques les plus
terme sert à désigner l’un des deux courants lointaines » (Le Corbusier) ;
(l’autre étant le culturalisme), selon lesquels — enfin, surtout, l ’importance de ses réali­
on peut classer les doctrines et les réalisations sations qui, depuis l’avènement du mouve­
du pré-urbanisme et de l ’urbanisme. Par ment moderne, et à un rythme sans cesse
progressisme, on entend mettre en évidence accéléré depuis la deuxième guerre mondiale,
l’idéologie du progrès sous-jacente aux pro­ marquent la planète de son empreinte unifor­
positions et aux modèles de ce courant. On en misante : zonage, géométrie élémentaire
a donné une définition à l ’article «p ré­ d’espaces éclatés éliminant la rue, standardisa­
urbanisme » : modèle spatial lié à la croyance tion du logement pour le plus grand nombre,
au progrès, au rationalisme et à une concep­ etc.
tion de l ’individu humain, comme type univer­
sel, identique en tous temps et en tous lieux. F. C.
En urbanisme, le progressisme est repré­ -* Charte d'Athènes; Congrès internationaux d'architecture
senté, depuis la Teoria general de l ’urbani- moderne ( c i a m ) ; Culturalism e; M oderne; Pré-urbanism e;
Urbanisme.
zaciôn de Cerda (1 8 6 7 ), par une lignée
ininterrompue de textes théoriques parmi les­
quels on peut citer, entre autres : la Ciudad PROJECTION Carte
lineal de A. Sofia y Mata (1882), Une cité
industrielle de Tony Garnier (1917), La ville
radieuse de Le Corbusier (1933), ainsi que PROJECTIONS DÉMOGRAPHIQUES
de nombreux ouvrages et articles de C. Van
Eesteren, W. Gropius, L. Hilberseimer, Résultat de calculs illustrant l ’évolution
B. Taut, H. Meyer, etc. On peut, par ailleurs, future d ’une population dans une ou plu­
637 PROJECTIONS DÉMOGRAPHIQUES

sieurs hypothèses qui ne sont pas invraisem­ tion. Une telle approche n ’est pas satisfaisante
blables. car elle ne tient pas compte de la structure de
Les démographes distinguent les perspec­ la population, qui influe beaucoup sur les taux
tives des prévisions. Les perspectives ont bruts.
pour objet principal d’illustrer l’évolution de L’établissement de projections par âge (ou
la population dans différentes hypothèses, le groupe d’âge) d’une population fermée sup­
plus souvent à long terme. Leur objet est de pose :
montrer les conséquences, sur l ’effectif et la — une projection des naissances à partir de
structure d ’une population, de ces hypo­ quotients perspectifs de fécondité (on peut
thèses, notamment en matière de fécondité et établir des perspectives encore plus fines en
de mortalité. Ces hypothèses peuvent être la projetant les mariages, puis les naissances de
prolongation de la situation du moment ou rang successif, et en ajoutant une projection
de l’évolution récente ; elles peuvent aussi de naissances illégitimes) ;
être des hypothèses dont on redoute la réali­ — un calcul de survivants de chaque géné­
sation; elles peuvent encore constituer des ration à partir de quotients perspectifs de
évolutions extrêmes, destinées à encadrer mortalité.
l’évolution future probable. Un exemple his­ Les quotients perspectifs (de fécondité et
torique de perspective est celle établie en de mortalité) concernant le futur sont extraits
1928 par Alfred Sauvy pour la population de tables perspectives et supposent donc une
française, montrant que, si la fécondité rejoi­ hypothèse sur l’évolution de la fécondité et
gnait progressivement le niveau observé dans de la mortalité. Cette hypothèse peut être
le département de la Seine, elle tomberait à établie à partir de l ’évolution passée, en
29 millions en 1980. Cette perspective a été tenant compte aussi de l’évolution dans des
l’origine des mesures d’encouragement à la pays, régions ou villes, où celle-ci est plus
natalité, qui ont contribué à la reprise de la avancée, notamment pour le recul de la mor­
fécondité de la population française. talité. Des tables perspectives de mortalité
Au plan opérationnel de l ’aménagement, par génération ont été établies pour la France
on s ’intéresse surtout aux prévisions qui (Delaporte, 1941 ; Merlin, 1964).
cherchent à déterminer la situation la plus Les prévisions démographiques dans une
probable, ou à encadrer celle-ci par plusieurs population ouverte supposent une prévision
perspectives établies dans des hypothèses des migrations. Mais, si on veut une prévi­
plausibles, à l’intérieur desquelles on pense sion qui ne soit pas trop grossière, il faut
que l’évolution future se situera. Alors que estimer ces migrations par année et par âge,
les perspectives sont par essence condition­ afin de tenir compte des migrants dans le cal­
nelles, cet aspect est moins central pour les cul des naissances et des décès. Les données
prévisions, d’autant plus qu’elles sont à plus sont rarement disponibles, même au niveau
court terme et que le prévisionniste peut espé­ national, et on doit souvent se contenter de
rer que son hypothèse se vérifiera. 11 est clair données fragmentaires (migrations déduites
que l’aléa inhérent aux prévisions démogra­ de l ’évolution de la population entre deux
phiques croît avec l ’éloignem ent de leur recensements par exemple) et d’approxima­
terme et est lié aux changements de compor­ tions.
tement (mortalité et surtout fécondité) qui Sur le plan de l ’aménagement, les prévi­
peuvent survenir. sions démographiques sont notamment utili­
Qu’il s’agisse de perspectives ou de prévi­ sées pour :
sions, on distingue les projections d’une popu­ — les prévisions de nombre de ménages,
lation fermée, pour laquelle on calcule les de taille et de composition de ceux-ci, ce qui
naissances et les décès, et les projections nécessite des perspectives fines de mariages
d’une population ouverte, pour laquelle on et de naissances selon les rangs successifs ;
prend en compte également les mouvements — les prévisions de population scolaire ou
migratoires et les conséquences de ceux-ci sur étudiante, ce qui nécessite une prévision fine
le mouvement naturel. par année d’âge et une prévision de l ’évolu­
Des projections grossières sont souvent éta­ tion des taux de scolarisation par âge ;
blies à partir des taux bruts de natalité et de — les prévisions de population active, ce
mortalité appliqués à l’ensemble de la popula­ qui nécessite une prévision fine par sexe et
PROJET D'AMÉNAGEMENT COMMUNAL (OU INTERCOMMUNAL)

âge et une prévision des taux d’activité par née, pour se dédoubler et être remplacée par
sexe et âge, surtout délicate pour l’activité des les termes projet urbain et développement
femmes, celle des jeunes actifs et celle des social des quartiers.
personnes qui approchent de la retraite. Mais il convient d ’aller au-delà de l’utilisa­
P. M. tion explicite des termes de projet et de quar-!
tier, dont les contenus sont aujourd’hui tels
Analyse dém ographique; Dém ographie; Fécondité; Migra­ qu’ils désignent presque tous les types et tous
tions; Mortalité; M ouvem ent naturel (d'une population);
Natalité. les terrains d’opération. En effet, des accep­
tions aussi larges rendent ces notions à la fois
floues et révélatrices des conditions actuelles
PROJET D'AMÉNAGEMENT COMMUNAL d’exercice de l ’urbanisme. Ainsi peut-on dis­
(OU INTERCOMMUNAL) -> Planification cerner au moins trois démarches se réclamant
urbaine en France (historique) de la notion de projet.
Pour le groupe - de plus en plus large et hété­
rogène - des gestionnaires des agglomérations,
PROJET D'AMÉNAGEMENT DE LA RÉGION le terme de projet désigne un ensemble de nou­
PARISIENNE —►Planification urbaine velles pratiques faisant travailler en commun
en France (historique) les services administratifs avec les investisseurs
privés (à la condition qu’il existe un marché
solvable). Tous doivent nouer des relations dé
PROJET D'AMÉNAGEMENT, partenariat autour de sites stratégiques. Ces
D'EMBELLISSEMENT ET D'EXTENSION relations s ’établissent autour d ’un contrat
-* Planification urbaine en France (historique) d’objectifs en introduisant des pratiques déro­
gatoires aux logiques réglementaires et aux pro­
cédures qui caractérisent l'urbanisme de plan.
PROJET DE QUARTIER Pour les élus locaux, le terme de projet ren­
voie à un dessein politique capable de toucher
Les deux notions de projet et de quartier, les décideurs et d’emporter l’adhésion de la
usuelles dans l’urbanisme, ont été officielle­ population du quartier ou de la commune
ment associées dans la circulaire du 27 juillet autour de l’affirmation d’une identité collective
1984 relative à la démarche de projet de quar­ et d’une conception partagée de l’avenir collec­
tier. Il s ’agissait alors, dans une volonté de tif. Le projet est alors conçu pour être diffusé à
rénovation de l’urbanisme opérationnel susci­ l’extérieur vers les investisseurs potentiels afin
tée par les changements politiques, de démo­ de les attirer, et à l’intérieur vers les citadins-
cratiser les procédures grâce à la participation citoyens. D e ces deux publics découle le
dans le cadre du quartier, considéré comme double objectif que le projet s’assigne ordinai­
l’échelle la plus pertinente de l ’animation de rement : la stimulation de l’activité économique
la vie locale. En outre, cette circulaire insistait et la garantie de la cohésion sociale locale. Il
autant sur l’impératif d’amélioration des quar­ peut alors emprunter les voies de la gestion des
tiers sociaux existants que sur la prise en services locaux, du soutien à la construction,
compte des facteurs qualitatifs (composition aussi bien que celles de l’animation culturelle,
architecturale et urbanistique, mixité sociale de l ’action sociale ou de la communication
et fonctionnelle) dans la réalisation d’urbani­ publicitaire. Si le projet d’aménagement local,
sations nouvelles, objectifs dont la démarche en tant que vecteur de mobilisation politique,
négociée, globalisante et évolutive du projet est d’actualité, c ’est certainement parce qu’il
de quartier devait assurer la réalisation. apporte une réponse, au moins partielle, à la
Toutefois, en quelques années seulement, crise des modèles idéologiques globaux qui
on a pu voir s’éroder aussi bien la conviction avaient alimenté les discours programmatiques
que la société civile locale était spontanément et les actions édilitaires, à la fois des élus
porteuse de solutions alternatives et opti­ locaux et de l ’État, durant les trois premières
males que l’espérance en la capacité des pou­ décennies d’après guerre.
voirs publics à infléchir significativement Enfin, pour les architectes et les paysagistes,
leur mode d’intervention. L’expression projet avec le projet à l’échelle d’un quartier, il s’agit
de quartier a été progressivement abandon­ de mener une opération de mise en scène des
639 PROJET D'INTÉRÊT GÉNÉRAL (PIG)

formes urbaines. De plus, par un usage militant PROJET DE VILLE -+ Projet urbain
de la notion de projet, opposée à celle de plan,
référencée à d’autres disciplines et à d’autres
pratiques professionnelles, ils affirment la pri­ PROJET D'INTÉRÊT GÉNÉRAL (PIG)
mauté de la démarche de composition urbaine
et ils postulent la prédominance du critère de la Ouvrage, action ou protection présentant
visibilité dans l’appréhension de l’espace. Cette un caractère d’intérêt public indéniable qui
acception architecturale du projet a été permise s’impose aux collectivités locales à l’occasion
par le rejet des grands ensembles et de la doc­ de l ’élaboration des documents d’urbanisme.
trine fonctionnaliste qui a entraîné une revalori­ Dans le régime décentralisé d’élaboration
sation des représentations de la ville comme des documents d ’urbanisme introduit par la
forme et des citadins comme sujets sensibles et loi du 7 janvier 1983, les communes sont
enracinés. responsables de l’établissement de ces docu­
Outre la diversité de ses acceptions et de ses ments. Toutefois, elles n ’ont pas une souve­
usages, la notion de projet désigne à la fois la raineté absolue sur l’usage de leur territoire et
phase d’élaboration et le produit de l’élabora­ sur son aménagement. Elles doivent prendre
tion, ce que n’était pas le plan qui se présentait en compte les exigences que les auteurs
comme le résultat d’une conception achevée. d’autres projets (État, régions, départements,
Le plan fixait des décisions légitimement arrê­ autres communes, groupements de collectivi­
tées par l’autorité compétente; le projet est tés, établissements publics, autres personnes
en permanence en cours de révision afin de ayant la capacité d’exproprier) sont amenés à
s’adapter aux opportunités de valorisation terri­ entreprendre sur son territoire. Pour être
toriale. Ces tendances à l’empirisme opération­ prises en compte, ces exigences, qui peuvent
nel et au contextualisme programmatique, concerner des projets d’équipement, d’amé­
relayées par un esthétisme morphologique, nagement ou de protection, doivent avoir la
attestent d’une plus grande acceptation par les forme de projets d’intérêt général (pig) (Code
urbanistes de l’impact des logiques du marché de l’urbanisme, L 121-12 et R 121-13). ^
foncier et immobilier sur la définition de l’ave­ Un projet a le caractère de projet d’intérêt
nir des territoires. Cette acceptation fut d’abord général lorsqu’il a fait l’objet, de la part de
résignée, puis a été sublimée grâce aux conno­ son auteur, d’une délibération ou d’une déci­
tations positives accordées aux termes de projet, sion, mise à la disposition du public, en arrê­
de partenariat et de planification stratégique. tant le principe et les conditions de réalisation.
Il en va différemment pour le quartier. Le Code de l’urbanisme précise la destination
Bien que réputé offrir un antidote aux effets des projets susceptibles d’être qualifiés d’inté­
néfastes du gigantisme urbain, il se trouva rêt général : opérations d ’aménagement ou
relégué dans le courant des années 1980, car d ’équipement d ’infrastructure ou de super­
il apparut comme trop porteur de valeurs structure, fonctionnement d’un service public,
communautaires à l’opposé des principes uni­ accueil des populations défavorisées, protec­
versalistes. L’expression projet urbain s ’est tion du patrimoine naturel ou culturel, préven­
donc substituée à celle de projet de quartier. tion des risques naturels, mise en valeur des
Aussi, du plan au projet et du territoire au ressources naturelles, aménagement agricole
quartier, puis du quartier à l’urbain, les substi­ et rural.
tutions terminologiques révèlent des glisse­ Le projet d’intérêt général n’a à être pris en
ments de valeurs entraînant, en fin de compte, compte lors de l’élaboration d’un document
un quasi-renversement des conceptions struc­ d’urbanisme que s’il a été porté par le préfet à
turelles, régaliennes et redistributives, qui la connaissance de la collectivité locale ou du
avaient dominé la pensée urbanistique depuis groupement qui élabore le document d’urba­
son origine et durant toutes les années de forte nisme. Le préfet doit vérifier que ces projets
croissance industrielle et de fort développe­ ne remettent pas en cause des politiques
ment urbain. nationales (servitudes d’utilité publique, lois
d’aménagement et d’urbanisme par exemple).
P. G. Le préfet a donc une certaine marge d ’appré­
ciation. Si le document d’urbanisme élaboré à
_> Décentralisation; Développement local; Im age; Mercatique
urbaine ; Planification ; Projet urbain ; Quartier. la suite de ce «porter à connaissance» ne
PROJET RÉGIONAL D'URBANISME 640

prend pas en compte le projet d’intérêt géné­ radicalement modifié les modalités de la pla­
ral, le préfet le porte à nouveau à la connais­ nification urbaine. Les outils traditionnels de
sance de la collectivité ou du groupement qui Turbanisme opérationnel ne permettaient pas
l’a perdu de vue. aux maires de faire face aux problèmes qu’ils
Si la collectivité locale persiste à ne pas devaient tenter de régler : la baisse de l’activité
prendre en compte le projet en question, la économique ou l ’exclusion sociale. C ’est
commission de conciliation peut être saisie ainsi qu’ils choisirent, surtout dans les grandes
par le préfet. Cette commission ne dispose villes, la méthode de la « planification straté­
d’aucun pouvoir de décision pour arbitrer le gique », dans laquelle le projet urbain occupe
différend. Tout au plus, permet-elle d’avoir un une place centrale.
rapport supplémentaire sur le problème. Si la D ’autre part, dans l ’évolution libérale de
conciliation échoue, les solutions sont diffé­ l’économie française, les entreprises sont des
rentes selon le document d’urbanisme : acteurs essentiels, non seulement de la crois­
— pour les schémas de cohérence territo­ sance économique, mais du développement
riale (et auparavant pour les schémas direc­ urbain, et sont aussi porteuses d’un modèle de
teurs), le préfet peut notifier à l’établissement gestion qu’on tend à appliquer à la ville.
public qui élabore le schéma les modifica­ Emerge alors l’image du «maire-manageur»
tions à lui apporter: tant que ces modifica­ qui gère sa ville comme une entreprise. Sa
tions ne sont pas faites, le schéma n’est pas stratégie est d ’abord l’aménagement de zones
exécutoire ; accueillantes offertes à des prix compétitifs.
— pour les p l u (et auparavant pour les Cette approche s’est affirmée pour répondre
p o s ) , il en va de même que pour les schémas au chômage, en mettant l’accent sur la prise
directeurs, quand la commune n ’est pas cou­ en compte de l ’aspect économique et social
verte par un schéma directeur approuvé : le comme objectif principal de la planification :
p o s contraire à un p i g ne peut être exécutoire ; aménager la ville est nécessaire au maintien
dans le cas contraire (s’il existe un schéma ou à la création d ’entreprises et d ’emplois.
directeur ou un s c o t approuvé), le préfet ne Dans le mouvement général de l ’économie
peut que saisir le tribunal administratif du POS et du changement social, dans les années
ou du p l u qui lui paraît contraire au schéma 1960-1975, les plans d’urbanisme accompa­
directeur ou du s c o t , en faisant obstacle à gnaient la croissance, c ’est-à-dire s ’effor­
un p i g . çaient de lui donner une rationalité spatiale.
A . G . et P. M . Dans les années 1980, la croissance écono­
mique, n ’ayant plus de facteurs propres aussi
- » Aménagement du territoire ; Décentralisation administrative ; constants, devint un enjeu dans une compéti­
Expropriation; Opération d'intérêt national; Plan d'occupa­
tion des sols ( p o s ) ; Plan local d'urbanisme ( p l u ) ; Prescrip­ tion entre pays, régions, villes et sites. L’urba­
tions d'aménagement du territoire; Schéma directeur; nisme devint indispensable pour attirer les
Schéma de cohérence territoriale ( s c o t ).
activités et les investissements, donc un préa­
lable à l ’expansion économique. Cela a cor­
respondu au passage d ’une planification
PROJET RÉGIONAL D'URBANISME essentiellement quantitative à une vision plus
-*• Planification urbaine en France qualitative par le biais de l ’adaptation des
(historique) ; Schéma régional principaux documents d ’urbanisme - le
d'aménagement et d'urbanisme schéma directeur ( s d ) et le p o s - dans leur
contenu et dans leur forme. Ceux-ci ne cal­
culent plus les besoins à partir de normes chif­
PROJET URBAIN frées, mais partent du contexte, de la situation
locale réelle. Les stratégies de développement
Le projet urbain a acquis, dans les années se concrétisent dans des projets précis (par
1980, un statut nouveau dans les interventions exemple d’équipements ou d’infrastructures).
sur la ville. Ce changement est dû à plusieurs Les pressions concurrentielles se sont
facteurs. accrues du fait de la construction européenne
D ’une part, l ’évolution générale d ’ordre et de la politique commerciale internationale
juridique et la décentralisation des décisions mettant en compétition les territoires sur le
d’urbanisme au niveau des communes ont marché de l’implantation des entreprises. La
PROJET URBAIN
641

démarche «projet d ’entreprise» a été intro­ les dispositions réglementaires le concernant.


duite en planification urbaine pour faire face à La dimension spatiale est donc très présente
ces impératifs. Les villes ont recours à des dans la mise au point de ces deux instruments
consultants en stratégie qui sont censés mieux et implique un effort d’articulation entre pro­
cerner leur personnalité, expliciter leur iden­ grammation urbaine et projet spatial. Enfin,
tité et leur lisibilité à l ’échelle aussi bien le projet communal permet de passer aux
nationale qu’internationale. Cependant, projets opérationnels, les «projets urbains
l’identification de la gestion de la ville à la complexes » ou aux projets de quartier.
gestion d ’entreprise pose un problème de La terminologie en la matière n’est toujours
compatibilité conceptuelle : comment conci­ pas fixée : les expressions « projet de ville » et
lier les éléments de régulation et de durée « projet urbain » sont souvent utilisées indiffé­
avec les éléments de vie des entreprises qui remment, y compris par les maires. Ce flou de
sont souvent à très court terme? En fait, le la terminologie permet aussi aux responsables
projet urbain, le projet appliqué à la ville, urbains d ’échapper à une définition précise
touche à l’intérêt public, tandis que le projet des actions qu’ils entendent mener. En fait,
d’entreprise relève de l ’intérêt privé. La stra­ «projet urbain» est parfois utilisé par les
tégie d’entreprise repose sur un seul projet, maires à des fins essentiellement électorales.
alors que la gestion urbaine, inspirée d’une Mais il y a une contradiction entre une straté­
vision stratégique, doit reposer sur trois pro­ gie à moyen terme et le rythme, beaucoup plus
jets car la ville est une réalité triple : territoire court, de la vie municipale. Le projet urbain,
socioéconomique, patrimoine construit et ins­ dans ce cas, ne peut être à une échelle straté­
titution (J. Bouinot). gique et se situe parmi les actes du maire qui
Le projet stratégique ne peut guère avoir de essaie de négocier avec ses électeurs et de se
sens à l ’échelle municipale en raison du mor­ légitimer. Les rapports directs que les élus
cellem ent communal, de la formation des entretiennent avec leurs mandants, bénéfiques
grandes agglomérations et de la métropolisa- dans bien des domaines, risquent d’inhiber les
tion. Il repose donc en grande partie sur la projets à long terme et font le jeu des moindres
m ise en place de l ’intercommunalité. Les groupes d’intérêt. Les trop nombreuses adap­
orientations sont à formuler par les acteurs tations des p o s , la création de Z A C opportu­
institutionnels dans une phase de concertation nistes affaiblissent la planification.
désormais préalable à la procédure juridique La valeur « financière » du projet urbain est
d’élaboration du s c o t (anciennement s d ) . Un liée d’une part à l ’idée de ville comme produit
premier niveau de projet urbain serait donc la à commercialiser et s’inscrit dans la logique
traduction spatiale de ces orientations : c’est le concurrentielle de villes rivales. D es initia­
« projet d’agglomération », dont le contenu est tives différentes peuvent alors être lancées
repris dans le S D rénové. Ainsi, l’élaboration (parfois sous le nom de projets urbains) pour
du s c o t vient a posteriori et n ’est plus prédé­ valoriser certains aspects d’une ville, le but
terminée. De cette manière, les derniers S D étant de capter des visiteurs ou des emplois.
(voir ceux de Lyon et de Lille) et les s c o t Cette démarche se réfère à la logique du mon­
s ’organisent autour de deux volets : un objec­ tage des opérations d ’urbanisme. L’aména­
tif socioéconomique ou (et) culturel (le manè- geur public effectue les études de faisabilité
gement d’abord, l’aménagement après) ; des technique et financière qui doivent montrer
principes et des partis d ’aménagement qu’il y a d’une part un marché et d’autre part
(schéma dessiné). les moyens techniques et juridiques pour pré­
Le projet d’agglomération ainsi défini est parer, réaliser et gérer l ’opération.
ensuite transcrit par commune dans des p l u Le projet urbain résulte donc d’une série
(auparavant dans des p o s ) destinés à orienter d ’actions qui s ’enchaînent. La première
le projet de chacune d’elles : ce sont les consiste à tester la capacité du produit «pro­
«projets mairie». Le P O S , remplacé par le jet» à s’insérer dans le marché. L’usager est
p lu à partir de la loi S R U du 13 décembre donc transformé en client ou en codécideur,
2000, a aussi fait l’objet d’un renouvellement révélant que le projet urbain relève complète­
(voir ceux de Nancy, de Metz ou de Lyon) ment d’une « idéologie pragmatique contex-
dans son rapport de présentation : il comporte tualiste (libérale) » (Ph. Genestier) qui vise la
une analyse fine d’un quartier avant d’établir valorisation économique.
PROMENADE 648

La dimension architecturale et urbanistique chargé d’articuler acteurs intéressés, techb


du projet urbain est néanmoins importante, niques mobilisées, compétences sollicitées^
même si elle n’est pas la première. Dans le On peut se demander si les conditions d’une
langage des architectes, on retrouve toujours réalisation de ce type se satisfont de la ges-t
le sens ancien (des années 1970) de projet tion ordinaire d’une municipalité, voire d’un
architectural à grande échelle ou de composi­ groupement intercommunal. ,>
tion spatiale. Autrement dit, le projet urbain La notion de projet, dans la mesure où elle
serait exclusivement une question de formes ne détermine pas de schémas stricts, mais
régies par des normes : il serait en somme s ’inscrit plutôt dans une finalité plus large
garant de l ’ordre spatial, opposé au chaos - économique, sociale et culturelle - et dans
urbain et à la fragmentation. Les ouvrages un concours de compétences, peut alors se
publiés sous ce titre par les architectes ne sont diviser (non pas chronologiquement, mais
en effet que de petits traités sur les formes logiquement) entre une perspective générale
urbaines. Cela montre une certaine absence, économico-socio-culturelle et les choix spa­
dans le débat actuel sur le projet urbain, en tiaux : organisation de la trame, des, espaces
partie voulue (priorité de la dimension for­ publics, du paysage en relation avec la ville
melle sur les autres) et en partie subie (obliga­ existante.
tion de se plier au jeu de la commande), des
architectes. Il en résulte une position théo­ P. I. et M. K.'
rique partielle, critiquée par les chercheurs Am énageur ; Composition urbaine ; Mercatique urbaine ; Mofa
des sciences sociales qui considèrent que les phologie urbaine ; Planification urbaine ; Projet de quartier. r .
architectes raisonnent en fonction des formes
et non des usagers, alors qu’il n’y a pas d’adé­
quation nécessaire entre formes et sociétés. PROMENADE
D es approches théoriques nouvelles de cer­
tains architectes-urbanistes essaient cependant Une promenade est une voie urbaine plan­
de dépasser cette logique purement formelle : tée d’arbres, disposés en général en rangées.
ainsi, Ch. Devillers définit le projet urbain Elle est le plus souvent ouverte à la circula­
comme «une démarche ayant pour but de tion : allée, avenue, cours, mail en furent les
rendre l ’espace à l ’u sa g e» , démarche qui principales formes. Lorsque la construction
implique «une multiplicité d’acteurs qui ne de quais se généralisa, au xvme siècle, pour
peuvent pas être maîtrisés par une seule pen­ protéger contre les inondations les villes tra­
sée ». Aspects sociaux et aspects spatiaux sont versées de cours d ’eau, ils furent parfois amé­
alors également importants : gestion et créati­ nagés en promenades.
vité doivent coexister. Cette approche dépasse La « promenade » reçoit le nom de ce qui est
les oppositions classiques entre l’urbanisme une pratique nouvelle d’usage de l ’espace
entendu comme gestion urbaine et l’architec­ urbain, développée par l’aristocratie et l ’élite de
ture considérée comme une production artis­ la bourgeoisie, à partir de la fin du XVIIe siècle.
tique, comme entre les sciences sociales qui L’équipe du préfet Haussmann, et plus par­
pensent l’espace comme s ’il était déterminé ticulièrement l ’ingénieur Alphand, a déve­
par les usages et les architectes qui pensent à loppé le programme des promenades pour én
une société type à situer dans un espace prédé­ faire un des éléments clés du systèm e des
terminé. « espaces verdoyants » permettant de relier
Dans un projet urbain, il y a de nombreux squares, parcs et bois.
problèmes techniques, parce qu’il mobilise Les réalisations d’avenues et de boulevards
plusieurs compétences d ’aménagement, de plantés a introduit un vocabulaire d ’aména­
construction, d ’écologie. Cette multiplicité gement caractérisé par la qualité des objets et
des techniques n’a de sens que si elle a une de leur mise en œuvre. Elles sont venues en
légitimation globale (dans la conception contrepoint des alignements d’immeubles et
même des choses et dans les moyens d ’arti­ de leur minéralité.
culer toutes ces techniques) de nature poli­
tique. Le projet urbain comporte une série J.-B. P. et V. S.-M. G.
d’opérations emboîtées qui remontent au
-> Avenue; Boulevard; Espace vert; Mobilier urbain; Planta­
niveau décisionnel (planification stratégique), tion.
643 PROPORTION

PROMOTEUR-CONSTRUCTEUR nement de conjoncture de 2008, avec une très


(OU PROMOTEUR) grande réactivité des professionnels pour évi­
ter la constitution de stocks trop importants et
Personne physique ou morale qui prend pour tenter de limiter la baisse des prix (retrait
l’initiative et le risque financiers d ’une d’opérations, découpage en tranches, redéfini­
construction immobilière destinée le plus sou­ tion des produits, etc.).
vent à la vente (en général en copropriété). A.-C. Da. et A. M.
Le promoteur ne doit pas être confondu :
— avec un investisseur, car il ne conserve Crédit imm obilier; Logem ent; Marchand de biens; Sociétés
de construction.
pas la propriété du bien construit ;
— avec un aménageur ou un lotisseur qui
sont concernés par la seule préparation des
terrains en vue de la construction. PROPORTION
Le promoteur recherche et acquiert le ter­
rain ; le rend constructible par éviction des Rapport des parties entre elles et avec leur
occupants et viabilisation, le cas échéant ; tout. Ce terme est communément appliqué
définit le projet en faisant appel à des conseils aux relations géométriques en architecture. Il
(architecte, bureau d’études) ; réunit le finan­ dérive directement du mot latin proportio que
cement (pratique dite du « tour de table ») Cicéron (De Universo) prétend avoir inventé
auprès des établissements financiers et pro­ pour traduire le concept à’analogia, utilisé
priétaires de capitaux ; met en place le support par Platon dans le limée, où les implications
juridique de l’opération (société civile immo­ théologiques de l’harmonie sont formulées en
bilière par exemple) ; suit le déroulement du termes de relations dimensionnelles et musi­
chantier avec le maître d ’œuvre à qui est cales. Cette découverte est traditionnellement
confiée la responsabilité technique ; commer­ attribuée à Pythagore, bien qu’elle ait égale­
cialise le produit, au besoin en faisant appel à ment une connotation morale qui suggère la
un agent immobilier ou à une centrale de convenance de la mesure. Vitruve a utilisé le
vente, et assure la responsabilité des éventuels terme de proportion pour décrire toutes les
défauts de construction. relations numériques : nombre, symétrie (rela­
Le promoteur est donc le personnage cen­ tion de l’édifice entier à ses parties par l ’usage
tral d’une opération de construction, comme d ’un dénominateur commun ou module),
l’indique l’étymologie du terme. Des réussites eurythmie (ajustement de mesures afin de pro­
souvent brillantes, parfois douteuses, mais duire un effet harmonieux) et analogie.
aussi des échecs spectaculaires ont rendu Les rapports du nombre et de la mesure
impopulaire une profession qui fait cependant étaient connus dans la plus haute Antiquité. La
preuve d’un grand dynamisme et d’une forte relation de certains nombres avec des parties
capacité d ’adaptation aux évolutions du déterminées du corps (dix doigts, sept orifices,
marché, aux besoins et aux goûts, et parfois etc.) était inscrite dans de nombreux plans et
sait les créer. C’est longtemps resté une pro­ édifices, depuis la fin du néolithique. L’usage
fession dispersée et fragile. En France, elle a de formes géométriques élémentaires semble
cependant parfois perdu, récemment, de son remonter encore plus loin (cercles selon les­
indépendance au bénéfice de groupes finan­ quels sont disposés les monuments méga­
ciers ou d ’entreprises du bâtiment. La crise lithiques; plans carrés des Ziggurats de
économique, qui a considérablement réduit la Mésopotamie et des pyramides d ’Égypte;
demande immobilière (logements, mais aussi usage répété de la proportion 1/2 par les archi­
bureaux, commerces, etc.), a entraîné de nom­ tectes pré-incas à Chan-chan au Pérou ; plans
breuses disparitions et encouragé un profes­ réguliers des villages de terre des indiens
sionnalisme accru. La nécessité de satisfaire d’Amérique du Nord, en particulier dans les
une réglementation de plus en plus étoffée, de États de l’Ohio et de l’Arizona). On trouve très
respecter les nouveaux critères environne­ tôt l’application de la proportion au tracé de
mentaux et une demande de la clientèle de villes entières. Nekhbet, près de Louxor, offre
plus en plus diversifiée et exigeante a accéléré l’exemple archaïque d’un rectangle aux propor­
cette professionnalisation des équipes. On a tions étranges (30 x 31), de même que la ville
vu les effets de ces évolutions lors du retour­ babylonienne de Borsîppa ( 4 x 5 ) ; en Égypte,
PROPRETÉ

l ’usage de la proportion était généralisé, aussi s’en inspirèrent. R Behrens, notamment, éla­
bien à l’échelle des arpenteurs qu’à celle des bora une méthode, permettant de contrôler les
peintres et des sculpteurs (qui se servaient de proportions à l’aide de «tracés régulateurs»,
grilles orthogonales pour proportionner leurs qui fut adaptée et appliquée à l’échelle urbaine
personnages aussi bien que pour transposer par Le Corbusier, par exemple dans sa « Ville
leurs projets à des échelles différentes). pour 3 millions d’habitants ». Dans son travail
En Grèce, un système élaboré d’analogies ultérieur, le Modulor, qui exerça une grande
entre proportions m usicales et proportions influence, celui-ci tente, de façon très ingé­
linéaires fit l’objet d ’une théorie générale­ nieuse, d’établir pour la production industrielle
ment acceptée par l’ensemble des traceurs de un ensemble de dimensions préférentielles fon*f
plans, architectes et praticiens des disciplines dées sur la « section d’or ».
visuelles. Il fut largement repris par les
J. R.
Romains. Sa permanence au Moyen A ge est
liée à celle de la popularité du limée dans sa -> M odulor; N om bre d 'o r; O rdre; Symétrie.
traduction latine. Il semble néanmoins s ’être
produit un conflit à cette époque entre les
clercs préposés à la surveillance des travaux PROPRETÉ
de construction, essentiellement préoccupés
par les questions de nombres et l’harmonie La propreté ne prend sens qu’en référence
platonicienne, et les maçons qui, soucieux avec son contraire, la saleté. C’est pourquoi on
avant tout de techniques constructives, traitera ici du rapport propre/sale qui aujour­
avaient mis au point un système élaboré de d ’hui engage la société urbaine tout entière
contrôle géométrique; la plupart des maçons pratiquement et symboliquement. Plusieurs
et des charpentiers étaient habitués à établir dimensions se conjuguent dans cette relation.
des dimensions en se servant du nombre irra­ —- Une dimension physique collective évi­
tionnel: _l_ dente que les discours ambiants traduisent en
fl termes quantitatifs : on mesure le degré de pro­
preté d ’un espace ; on raisonne en tonnes de
D ’autres méthodes plus complexes étaient déchets à traiter ; on évalue la masse critique
également utilisées. À partir du moment où, au d’ordures à évacuer. On associe immanquable­
XVe siècle, le statut social de l’architecte fut ment ce rapport à la pollution : on combine
reformulé en Italie, pratiquement chaque auteur alors l’échelle du territoire à celle de la planète;
de traité tenta de rétablir la méthode numérique L’industrie de la propreté s’est développée et
de proportionnement utilisée dans l’Antiquité diversifiée considérablement ces dernières
et de l’associer à une approche géométrique. années. Elle donne lieu à de nouvelles profes-
Le terme possédait également une acception sionnalités. C’est à la suite d’une longue histoire
médicale, liée aux quatre éléments (air, feu, que propreté individuelle et propreté collective
eau, terre) dont on pensait qu’ils composaient sont entrées dans une relation dissymétrique.
le corps humain selon des proportions spéci­ La propreté participe des politiques locales
fiques. Beaucoup de prescriptions médicales et fait désormais partie de l’image de marque
visaient le maintien de cette relation équilibrée. des villes. Elle révèle une ville ordonnée,
La relation entre harmonies musicale et contrôlée et bien gérée où règne une certaine
dimensionnelle fut mise en question par le qualité de vie. C ’est à propos de la propreté
R Mersenne et par Descartes, et finalement que s’est mis en place le discours écologique.
rejetée par Claude Perrault au cours des années L’histoire de l ’aménagement urbain se
1670 et 1680. Dans le même temps, néanmoins, confond avec la lutte pour la propreté et la
Newton tentait de réinstaurer une harmonie gestion de l ’eau et a donné naissance aux pre­
« naturelle » en mettant en rapport les quantités miers équipements urbains. Certains histo­
de couleur du spectre avec des accords tonaux. riens des villes arabes se sont servis de la
Au xixe siècle, diverses tentatives furent propreté comme indicateur démographique, la
faites pour établir une proportion « esthétique » présence des bains révélant l’importance de la
sur une base scientifique ou même statistique, population alentour ; de même, la localisation
en particulier en Allemagne (Fechner, Moersel, des tanneries et des abattoirs marquait les
Zeising). Beaucoup de praticiens du XXe siècle limites de la ville.
645 PROPRIÉTAIRE BAILLEUR

— Une dimension individuel/collectifparce propriétaire-accédant pour désigner un pro­


que, quel que soit le consensus des individus priétaire n ’ayant pas fini de rembourser les
sur le propre/sale, l’action collective urbaine emprunts souscrits pour son acquisition
s’impose. La création d’organismes munici­ immobilière. Sans être réellement impropre,
paux pour l’évacuation des ordures est un cri­ l ’expression n ’est généralement pas utilisée
tère de la vie urbaine en tant que telle. pour le bailleur (qui aurait acquis à crédit un
Gérer le propre et le sale, c ’est aussi mettre logement mis en location), et se trouve donc
en relations l ’espace domestiqué et l’espace appliquée aux propriétaires occupants.
urbain : la question du tri des déchets, outre Le propriétaire bailleur privé joue un rôle
des changements dans les mentalités et les central dans le logement urbain dans la mesure
habitudes, pose des problèmes de stockage à où le secteur locatif correspondant est apparu
l’intérieur des logements comme à l’extérieur. avant le secteur hlm et l’accession à la pro­
— Une dimension socio-anthropologique, priété actuellement majoritaire.
car groupes et individus peuvent être caracté­
risés par la manière que chacun adopte pour Trois types de bailleurs peuvent être dis­
gérer ce rapport. En ce qui concerne le loge­ tingués, d’importance inégale :
ment, certains estiment que le propre s’arrête En France, les propriétaires bailleurs privés
au seuil de l’appartement, d’autres lui donnent personnes physiques sont numériquement
une frontière plus large. En ce qui concerne dominants. Ils possèdent environ 21 % des
l’urbain, on trouve également des pratiques et résidences principales en 2006, soit 5,5 millions
des représentations qui diffèrent selon les indi­ de logements. Leurs logements sont souvent
vidus et les groupes. Ce sont alors des systèmes assez petits et anciens, bien qu’une politique
pratico-symboliques différents qui se côtoient fiscale avantageuse incite à renouveler ce patri­
et souvent s’affrontent, d’où les conflits de voi­ moine par acquisition de logements neufs. Il
sinage, sources d’inconvivialité. Faute de est certain que de plus en plus de bailleurs pos­
consensus sur la propreté, il est difficile que se sèdent un logement et de moins en moins un
maintienne et s’harmonise une vie en société. immeuble entier. Les patrimoines sont extrê­
Il y a donc un aspect essentiel du propre et du mement inégaux : le patrimoine locatif moyen
sale qui touche à l’éthique. La forme que prend est proche de deux logements. Les bailleurs se
leur rapport est indissociable des qualités recrutent dans les classes aisées et plus spécia­
sociologiques de l’urbanité et de la civilité. lement dans les professions indépendantes. Ils
sont souvent âgés, réticents face à l’encadre­
M. Se.
ment des loyers (dont la loi de 1948). Ils
Civilité; Déchets; Hygiène publique; Pollution; Urbanité; déplorent le poids de la fiscalité pesant sur le
Viabilisation.
locatif, et dénoncent vigoureusement les loyers
impayés ou la fréquente non-exécution des
décisions d’expulsion de locataires fautifs.
PROPRIÉTAIRE BAILLEUR Les bailleurs privés personnes morales
(compagnies d’assurances, s c p i , sociétés fon­
Personne physique ou morale, propriétaire cières, caisses de retraite, etc.) sont assez
d’un bien immobilier (logement, bureau, etc.) minoritaires comm e propriétaires de loge­
qui le met à la disposition d’un locataire pour ments. Ils ne possèdent que 1 % des résidences
une certaine durée moyennant un certain prix principales, avec près de 250 000 logements.
(le loyer) conformément à un contrat de bail Leur parc est très « parisien » et généralement
revêtu de leur double signature. de qualité. Il est soumis à la même législation
Le bailleur se distingue donc du proprié­ privée (loi du 6 juillet 1989) que le parc des
taire occupant qui utilise lui-même son bien. personnes physiques. Les locataires bénéfi­
Si certains bailleurs ont cette qualité en per­ cient d’une grande stabilité (de par la loi et la
manence (organismes hlm par exemple), chez pratique), dans les cas d’« arbitrage » (vente
les personnes physiques il peut y avoir pas­ en bloc de l ’im meuble ou ventes à la
sage d’occupant à bailleur et réciproquement découpe), qui se sont fortement développés à
(un logement occupé par le propriétaire est la fin du cycle de valorisation des années
libéré et mis en location, etc.). 2000, lorsque les prix ont atteint des sommets
On parle d ’accédant à la propriété ou de qui ont incité les bailleurs à réaliser leur patri-
PROPRIÉTAIRE BAILLEUR 646

moine. Ces bailleurs ont, depuis dix ans, le droit d ’expropriation est entré dans les
quelque peu négligé le logement pour s ’inté­ mœurs, mais dans des cas précis, tandis que la
resser à l ’immobilier d ’entreprise, nettement concertation a gagné du terrain.
plus rentable, voire aux placements boursiers Il est très délicat, pour les autorités natio­
dont le retour sur investissem ent est plus nales ou locales, d’articuler les politiques qui
rapide et l’achat et la revente nettement plus s’adressent aux divers types de bailleurs (les
souples. On remarque en outre que les princi­ moyens d’action sont plus abondants dans le
paux d’entre eux (compagnies d’assurances et secteur public que dans le privé) et de « gérer »
caisses de retraite) ne sont pas principalement dans son ensemble le secteur locatif par rap­
bailleurs, ce qui fragilise leur intervention. port au secteur de la propriété occupante. La
Les organismes de logement social for­ politique fiscale et la législation sur les loyers
ment une catégorie spécifique : les bailleurs sont perpétuellement considérées comme
sociaux qui construisent et gèrent, avec des décevantes, voire spoliatrices, par une large
aides de l’État, des logements dont le prix de fraction des bailleurs personnes physiques.
revient et le loyer sont plafonnés et qui sont Les réglementations et les interrogations
destinés à des locataires ne dépassant pas un sur la rentabilité locative peuvent décourager
certain niveau de revenu. Ils possèdent en les propriétaires bailleurs, d’autant que la plu­
France 3,8 millions de logements (4,6 millions part des particuliers bailleurs sont âgés. Il y a
si l’on y adjoint le secteur locatif intermédiaire là un double risque : celui du rétrécissement
ou social non hlm : sem, filiales de la cdc ou du marché locatif, obligeant les collectivités
de collecteurs du 1 % logement). La mission publiques et les investisseurs institutionnels à
du secteur social s ’est alourdie en raison de la intervenir plus sur le marché locatif (ce qui les
crise économique, du chômage, de certains détourne d’autres investissements). Et celui de
problèmes liés à l ’immigration et de la ten­ ventes d’immeubles entiers à des marchands
dance marquée à la ségrégation urbaine. de biens qui les revendent par appartements
(souvent sans mise préalable aux normes) soit
La législation, de 1914 (premier blocage des à des accédants à la propriété, soit à des inves­
loyers) à la loi du 1er septembre 1948, a tisseurs : il y a là une perte pour le marché
cherché, en période d’inflation et d’excès de la locatif et plus encore pour le marché locatif
demande sur l’offre, à protéger les locataires en « social de fait » que constituent les logements
réglementant les loyers. Cette législation a eu encore loués selon le régime de l’article 3 de
des effets pervers en suscitant le désengage­ la loi de 1948.
ment des investisseurs traditionnels (investis­ Pour pallier cette situation, les pouvoirs
seurs institutionnels, particuliers aisés) de publics ont mis au point, depuis une dizaine
l’immobilier locatif. C’est ce qui a conduit, par d’années, des mécanismes (qui portent le nom
la loi du 1er septembre 1948, à rendre la liberté des ministres ou parlementaires qui les ont
des loyers (contrôlés par la loi Quilliot du proposés : Périssol, Besson, Robien, Scellier)
22 juin 1982, puis la loi Méhaignerie du visant à encourager les personnes privées à
23 décembre 1986 et enfin par la loi Mermaz- acheter des logements neufs (ou réhabilités)
Malandain du 6 juillet 1989) aux logements pour les mettre en location. Ces dispositifs
construits postérieurement à cette loi. Mais ceci reposent sur un avantage fiscal qui prend la
a créé, de façon durable, un double secteur forme d’une déduction des revenus de l’amor­
locatif (loyers réglementés des logements tissement d ’une partie du prix d ’achat (ou,
anciens et loyers libres des logements récents pour le dispositif Scellier, d ’une réduction
et des logements anciens reloués après mise d’impôt) en contre-partie d’un engagement de
aux normes), qui induit toujours des rentes de mise en location d ’une durée minimale
situation (il subsistait, en 2006, environ (9 ans). Dans la plupart de ces dispositifs, les
260 000 logements soumis à la loi de 1948). aides fiscales distribuées s ’accompagnent
Si ces lois Quilliot (1982), Méhaignerie d’un encadrement des loyers (dont le carac­
(1986) et Mermaz-Malandain (1989) ont tenté tère réellement social fait régulièrement polé­
de régler de façon équilibrée les rapports entre mique). Avec la mise en œuvre du Grenelle-
propriétaires bailleurs et locataires, les règles Environnement, certaines aides seront égale­
d ’urbanisme ont amélioré celles qui s ’éta­ ment modulées selon des critères d’efficacité
blissent entre les premiers et l’administration : énergétique du logement.
PROSPECT
647

Le parc locatif se renouvelle par ailleurs indemniser les propriétés auxquelles on retire
par le jeu de transferts spontanés d’un statut toute constructibilité? Est-il acceptable que
à l ’autre. Certains propriétaires, lorsqu’ils quelques propriétés soient valorisées sans
quittent le logement qu’ils occupaient, pré­ contrepartie grâce aux investissements de la
fèrent ainsi le louer plutôt que de le vendre. collectivité?, etc.
De même, certains héritiers d’un logement Il est enfin à noter que le processus d’urbani­
familial choisissent-ils de le mettre en loca­ sation et que la densification de cette urbanisa­
tion. Enfin, le transfert par succession de tion s ’accompagnent nécessairement d’une
logements loués s ’accompagne souvent du augmentation de la proportion des terrains
maintien en location. Pour ces différentes publics ou à usage public pour la circulation, les
raisons, on n ’observe pas de retrait général équipements et les espaces verts. Ainsi, 56 %
de la fonction de bailleur, même si les pro­ des terrains de la ville de Paris sont publics,
grès de l ’accession à la propriété et le déve­ exclusion faite des deux grands bois périphé­
loppement du parc locatif social ont entraîné riques qui augmenteraient encore ce chiffre.
mécaniquement une diminution de la part du J. C .
secteur locatif privé dans le parc.
Domaine public; Expropriation; Préemption.
A . - C . D a . et A . M .

-> Location ; Propriété.


PROPRIÉTÉ COLLECTIVE DU SOL -► Maîtrise
foncière
PROPRIÉTÉ

La question du statut du sol et de la sécurité PROSPECT


juridique de ses occupants reste un problème
urbain majeur dans un grand nombre de pays, Manière de regarder un objet (Littré). Par
particulièrement ceux, tant au sud qu’à l’est, extension, la distance horizontale autorisée
où la « fabrication » de la propriété est encore entre un bâtiment et le bâtiment voisin ou
un processus en cours de réalisation. Deux la limite de parcelle ou l’alignement opposé
légitimités s ’affrontent généralement : celle d ’une voie publique. Les règles de prospect
qui voit dans l’État le seul créateur possible du ont pour objet d ’assurer un éclairem ent
droit de propriété et celle qui admet que minimal et de réduire les vues entre v o i­
l’occupation d’un terrain est créateur de droits. sins.
S’il est vrai que tout investissement immo­ Les règles de prospect sont parmi les plus
bilier suppose, en premier lieu, une totale anciennes du droit de l’urbanisme : avant la
garantie du droit du constructeur sur le sol, Révolution, des règlements limitaient déjà là
celui-ci ne passe pas obligatoirement par la hauteur des immeubles en fonction de la lar­
propriété privée du sol. Un système de baux à geur des voies (à Amsterdam par exemple, ces
construction peut fournir les mêmes garanties. règles très précises, dès le xvne siècle, ont lar­
L’essor immobilier sans précédent que connaît gement contribué à l’unité morphologique des
actuellement la Chine est fondé sur un tel sys­ quartiers construits à cette époque ; voir aussi
tème qui est encore largement répandu au la coutume de Paris et celle du Beauvaisis qui
Japon et en Europe du nord, bien qu’en perte remonterait au X I I I e siècle).
de vitesse. On doit observer qu’il n ’existe Les règles de prospect sont fixées par le
d ’ailleurs, à la lim ite, guère de différence Code de l’urbanisme (articles R 111-16 à 20) :
entre une propriété publique des sols sur les­ — règle H = L : la hauteur H d’un bâtiment
quels les particuliers disposent de baux libre­ en bordure de voie ne doit pas dépasser la
ment cessibles, et une propriété privée des distance L qui le sépare de l’alignement
sols pour laquelle les particuliers paient un opposé de cette voie ;
impôt annuel à la collectivité publique. — règle t = H/2 > 3 : la distance l entre un
Dans les pays comme la France, où le bâtiment, s’il n’est pas construit sur la limite de
droit de propriété est bien établi, une rela­ la parcelle voisine, et celle-ci doit être au moins
tion conflictuelle subsiste nécessairement égale à la moitié de sa hauteur H et en tout cas à
entre urbanisme et propriété privée : doit-on au moins 3 m ; en limite de parcelle, la façade ne
PROSPECTIVE 64#U|

doit pas comporter d’ouverture offrant des vues humains : les destructions du goût sont cumu- ,
sur la parcelle voisine (mur-pignon) ; latives dans le temps. q
— entre les bâtiments d’une même parcelle, La maîtrise de l ’imagination com m ence
l’espacement doit être tel que les baies des aussi par celle d ’une connaissance : le savoir
pièces d’habitation ne soient pas masquées par des produits passés et actuels des « conjec-f
une construction qui serait vue sous un angle de tures romanesques rationnelles» (pour
plus de 45° au-dessus de l’horizontale (60° sur reprendre l’expression de Pierre Versins) qui
la façade la moins ensoleillée si ce n ’est pas la se sont appliquées aux rêveries sur les deve-i
façade principale). nirs possibles des formes urbaines et, plus
Mais ces règles générales peuvent être préci­ généralement, des types et des localisations!
sées par les plans d’occupation des sols ou les possibles des habitats humains. t :
plans locaux d’urbanisme (dont ils constituent Appliquée aux problèmes d’aménagement •
une disposition obligatoire) lorsqu’ils existent. de l ’espace, la prospective a connu ses; i
Le p o s ou le p l u fixe aussi Valignement de moments de gloire, en France à la fin des '
chaque voie, c ’est-à-dire la limite entre celle-ci années 1960 et au cours des années 1970, sous>
et les parcelles riveraines. L’alignement est, l’impulsion des services de la Délégation à Tj
avant même le prospect, une des règles les l’aménagement du territoire et à l’action régio- Vf
plus anciennes du droit de l ’urbanisme. Les nale ( d a t a r ) . En témoigne, en particulier, la ;ji
alignements des voies d’une commune sont Collection « Travaux et recherches de prospec-i ;j
fixés par les plans d’alignement. Le règlement tive» entre 1968 et 1980. Le pari des promo-,
d’urbanisme peut exiger que les constructions teurs de cet effort, sans précédent dans sesi j
soient édifiées à l’alignement : celui-ci est noti­ dimensions et dans sa durée, était d’accoutu- ;[
fié au propriétaire qui veut construire par un mer les acteurs du développement local et .;}
arrêté individuel d’alignement. Des servitudes régional à prendre eux-mêmes et progressive- 1j
de reculement peuvent imposer une distance ment en main la maîtrise intellectuelle e t j '
fixée entre les constructions et l ’alignement, opérationnelle de leurs propres problèmes jj;
sans que cela ouvre droit à indemnisation ni à d’aménagement ; un avenir proche devrait per- V
délaissement. On parle de servitude de visibi­ mettre de mesurer si les lois portant décentrali- V
lité lorsque celle-ci est prise afin de dégager sation d’un certain nombre de compétences et i:
les abords d’un carrefour. de procédures de décision ont donné à cet effort j
P.M. une signification effective à longue portée. , V

Orientation (et exposition) d'un bâtiment.


A.-C. D. V
-* Aménagement du territoire; Scénario; Science-fiction; Uto­
pie. ^

PROSPECTIVE

L’« art de la conjecture », pour reprendre PROTECTION - » Classement; Conservation;


l ’expression classique de Bertrand de Conservation intégrée; Monument historique;
Jouvenel, consiste en la maîtrise conjuguée de Patrimoine ; Préservation ; Restauration.
la mémoire et de l’imagination.
La maîtrise de la mémoire est celle de la
connaissance de l’histoire longue et, corrélati­ PROTECTION DE LA NATURE
vement, « d’une prudence de tous les instants
à l’égard de l ’innovation et du changement à Au moins dans les pays industriels, il existe
tout prix ». La mémoire des alliances néces­ des législations volumineuses regroupées sous
saires et complices entre des paysages et des la rubrique « protection de la nature ». Ces textes
formes architecturales a singulièrement fait sont parfois flous et non dénués de significations
défaut à plusieurs générations de construction implicites, quant au contenu exact de ce qu’il
de résidences secondaires dont les insultes s’agit de protéger. En effet, la nature vierge est à
aux sites naturels continueront de peser lourd peu près absente du monde actuel ; même dans
non seulement sur l ’esthétique de ces pay­ les régions les moins densément peuplées, les
sages mais, ce qui est encore plus grave, sur paysages naturels primaires ont été profondé­
la formation du goût de générations d’êtres ment modifiés par l ’action humaine. Prudents,
649 PROTECTION DE LA NATURE

les botanistes définissent un plesio-climax qui de tels espaces, que l ’on peut établir à partir
représente l’état que prendrait la végétation, en des textes de lois, montre quelle est la
se mettant en équilibre avec les sols et le climat, conception que s’en est faite le législateur. Ils
si toute action humaine cessait pendant une cen­ sont tous considérés soit comme particulière­
taine d’années. Sauf dans des régions très limi­ ment proches de l ’état naturel, soit comme
tées en étendue, ce n’est jamais ce plesio-climax particulièrement sensibles, soit enfin comme
qui sert de référence aux législations. « remarquables ». Il s’agit notamment :
La loi française du 10 juillet 1976 «relative à — ■des littoraux, et spécialement des espaces
la protection de la nature » indique (art. 1) : « La dunaires ; des espaces boisés, des espaces verts
protection de la nature et des paysages, la préser­ et des forêts : enFrance, les premiers bénéficient
vation des espèces animales et végétales, le d’une place particulière dans les plans locaux
maintien des équilibres biologiques auxquels ils d’urbanisme, où ils constituent les zones N ;
participent et la protection des ressources natu­ — des zones de montagne, où des aides au
relles contre toutes les causes de dégradation qui maintien de la vie pastorale sont prévues
les menacent sont d’intérêt général. » Il semble depuis la loi du 3 janvier 1972, quand elle
que ce texte fasse référence à deux notions : est « de nature à contribuer à la protection du
— celle de système naturel, conçu comme milieu naturel et des sols». Par ailleurs, la
un ensemble « d ’équilibres biologiques » entre plupart des parcs nationaux français Sont
des espèces et leur environnement. Elle est situés dans les espaces montagnards du pays,
d’ailleurs reprise, sous une forme à peine diffé­ où l ’on cherche à maintenir ou à restituer des
rente, dans le Code forestier qui limite les droits paysages proches du plesio-climax, au moins
de particuliers propriétaires de forêt «afin dans les zones centrales de ces parcs ;
d’assurer l’équilibre biologique du pays » ; — des eaux littorales ou continentales.
— celle d’espaces qui ont besoin d’une pro­ En France, 1,7 % du territoire national fait
tection particulière, parce qu’ils sont encore les l’objet d’une protection forte : cœur des parcs
moins modifiés par les actions humaines, et (ou) nationaux, réserves naturelles classées ou de
parce qu’ils sont remarquables. La loi du 2 mai statut libre, terrains acquis par le Conservatoire
1930 fait référence à la notion de «monument du littoral. On peut y ajouter les forêts soumises
naturel », c’est-à-dire « les biotopes et les for­ au régime forestier (8,0 % du territoire) et les
mations géologiques, géomorphologiques et zones naturelles (N) des plu (ex-zones nd des
spéléologiques remarquables ». Elle les met sur pos) qui recouvrent en partie les précédentes et
pied d’égalité avec les sites archéologiques et représentent 9 % du territoire métropolitain. En
historiques. À la protection des espaces, on outre, plus du quart du territoire fait l’objet de
adjoint en général celle des espèces, notamment mesures de protection moins fortes : les zones
de celles qui sont menacées d’extinction, d’adhésion des parcs nationaux, les 46 parcs
qu’elles soient végétales ou animales. naturels régionaux, les sites « Natura 2000 »
C’est la reconnaissance de l’existence d’un (sans compter les zones de protection des péri­
système naturel, composé d’éléments solidaires mètres sensibles et les znieff). Compte tenu
qui interagissent les uns sur les autres, qui ins­ des territoires entrant dans plusieurs de ces
pire une première série de dispositions, et en catégories, c ’est environ 30% du territoire qui
tout premier lieu celles qui régissent les études fait l ’objet d’une protection.
d’impact. Celles-ci sont définies à partir de La dernière décennie a vu se multiplier les
l’idée qu’une atteinte, même limitée, à un élé­ initiatives internationales pour la préservation
ment du système naturel provoque souvent une des grands équilibres naturels à l ’échelle de la
série d’effets induits qui peuvent donner nais­ planète entière. La nécessité des ententes inter­
sance à des dégradations en chaîne, qu’il s’agit nationales s’est imposée en premier pour les
de prévoir pour les empêcher. actions sur l’atmosphère, afin d’empêcher des
La référence à la notion de système naturel m odifications de sa com position capables
est également implicite dans la constitution des éventuellement d’augmenter l’effet de serre ou
agences de bassin, qui doivent évaluer, prévoir d ’affecter la couche d ’ozone des hautes alti­
et limiter les effets dans l’ensemble d’un bassin tudes. Une première réunion à Montréal en
fluvial d’aménagements limités et localisés. 1987 sur ces questions a été suivie de la confé­
Les espaces à protéger font en général rence des Nations Unies sur le développement
l ’objet de législations particulières. La liste et l’environnement ( cnude), tenue à Rio en

II
PROTECTION DE LA NATURE 68*

1992, qui a beaucoup élargi le champ des Commission nationale du débat public, com4
actions collectives préconisées. Un catalogue posée d’élus, de représentants d’associations
d’actions souhaitables, l’« Agenda 21 », traite agréées, de magistrats et de personnalités qua»
des problèmes de la biodiversité, de la destruc­ lifiées, est chargée de l’organiser, d ’élaborer et
tion des forêts tropicales, de l ’érosion des sols, de rendre public un bilan de ce débat ; t
de la pollution des océans et, naturellement, — la modernisation des enquêtes publiques»
des m odifications atmosphériques. Par la avec notamment la possibilité de faire assistât
suite, les conférences de Kyoto en 1997, de le commissaire enquêteur par un expert ; ,
Buenos Aires (2004), de Bali (2007) et de — l’institution d’un conseil départemental
Copenhague (2009) ont eu pour objet princi­ de l’environnement (et éventuellement dçt
pal de rechercher le moyen de limiter l’effet de conseils régionaux), instance de concertation»
serre. La stabilisation de la consommation de médiation et d’expertise ; ,
d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz — la possibilité d’expropriation pour de?
naturel) se heurte au désir légitime des pays motifs de sécurité publique liés à un risqua
non développés d’assurer leur développement naturel (avalanches, crues, etc.) grave ; •
et donc d’accroître leur consommation. Il fau­ — un plan de prévention des risques natu­
drait donc que les pays développés acceptent rels prévisibles (ppr) qui remplace les plans
de réduire la leur. L’Europe s’y est engagée et d’exposition aux risques naturels prévisibles
propose, pour y inciter, une taxation assise sur (per), les plans de surfaces submersibles et les
la quantité de gaz carbonique émis, mais les plans de zones sensibles aux incendies de
États-Unis s’y opposent et ont proposé un sys­ forêts : il est établi selon une procédure sim­
tème com plexe selon lequel certains pays plifiée et déconcentrée ; .
(riches) pourraient acheter à d’autres pays — un plan de gestion des cours d ’eau,
(pauvres) des « droits à polluer». Cette propo­ prévoyant les travaux nécessaires d’entretien,
sition n’a pas été retenue, mais la solution, qui de curage, etc. ; .
suppose une véritable solidarité internationale, — un inventaire départemental du patri­
est loin d’être encore acquise. On recense moine naturel (sites, paysages et milieux) et
actuellement quelque 170 accords internatio­ des mesures de protection qui sera établi par
naux sur la défense de l’environnement. Ils ont les services de l ’État ;
le mérite d’indiquer des actions souhaitables — l’extension de la taxe départementale
et de fournir des références pour la protection des espaces naturels sensibles aux installa­
de la nature. Mais, dans bien des domaines, le tions et travaux divers (parc de stationnement
grand problème est celui de l ’application, par exemple) et la création d’autres taxes
puisque certaines recommandations heurtent (passagers maritimes vers des îles protégées,
des intérêts nationaux ou privés puissants et automobiles sur les ponts y conduisant) au
que les coûts de mise en œuvre sont impor­ bénéfice de la protection de ces espaces ; ...
tants. Les financements prévus restent actuel­ — l’augmentation progressive de la taxe
lement très faibles par rapport aux besoins. sur la mise en décharge des déchets ménagers
En France, les orientations récentes de la pro­ et l’institution d’une nouvelle taxe sur les
tection de la nature sont de plus en plus influen­ déchets industriels spéciaux pour financer la
cées par les politiques définies à l ’échelle réhabilitation des « sites pollués orphelins ».
mondiale. C’est le cas par exemple pour le plan La loi Lepage du 30 décembre 1996 sur
national de l ’environnement de 1990 et de l ’air et l’utilisation rationnelle de l ’énergie
l’Agence de l’environnement et de la maîtrise prévoit une surveillance de la qualité de l ’air,
de l’énergie (ademe), instituée en 1991. des objectifs de qualité et des seuils d’alerte.
La loi Barnier du 19 janvier 1995 sur la pro­ Elle prescrit l’élaboration de plans régionaux
tection de l’environnement complète et amé­ pour la qualité de l’air et de plans de protec­
liore les dispositifs en vigueur, institués par la tion de l’atmosphère dans les agglomérations
loi de 1976 ou par d’autres textes, notamment de plus de 250 000 habitants et dans les autres
pour prendre en compte la décentralisation. zones très polluées. Elle fixe un objectif sup­
Ses principales dispositions concernent : plémentaire aux plans de déplacements
— l’organisation d’un débat public autour urbains - la promotion des modes de transport
des grandes opérations publiques d’amé­ les moins polluants et les moins consomma­
nagement (infrastructures notamment): une teurs d’énergie - et les rend obligatoires dans
§51 PUBLICATION

les périmètres de transport des agglomérations approximativement le plus souvent, à une


de plus de 100 000 habitants. La loi prévoit région (Bretagne, Lorraine, Alsace, etc.).
aussi la possibilité de mesures d’urgence (sus­ Le terme est aussi employé en Érance pour
pension de certaines activités, limitation de la désigner l’ensemble du pays, à l’exception de
circulation automobile) lorsque les seuils la région de Paris. Cette expression est parfois
d’alerte de pollution sont atteints. Elle prévoit perçue comme péjorative, ce qui a conduit
enfin diverses mesures techniques de préven­ à remplacer de plus en plus l ’expression
tion de la pollution de l ’air et d ’utilisation « en province » par « en région », à l ’évidence
rationnelle de l’énergie. impropre.
Enfin, un schéma de services collectifs des P. M.
espaces naturels et ruraux, prescrit par la loi
Voynet du 25 juin 1999, a été approuvé par Région.
décret du 18 avril 2002. Son objectif est de
fixer les orientations de développement
durable et de gestion équilibrée de ces espaces PROXÉMIE
en tenant compte des aspects économiques,
sociaux et environnementaux. En fait, si ce Mot forgé et popularisé par E. T. Hall (The
schéma présente effectivement les orientations hidden dimension, N ew York, 1966, trad.
de cette politique, il ne présente aucune action franç. La dimension cachée, Paris, 1971) pour
précise. La loi a cependant institué un fonds de désigner une branche nouvelle de l’ethnologie,
gestion des milieux naturels pour contribuer qui étudierait prioritairement la manière dont
aux projets d’intérêt collectif de protection, de l’homme, dans les diverses sociétés, structure
réhabilitation ou de gestion des milieux ou inconsciemment son micro-espace. Il ne s’agit
habitats naturels: ce fonds est cependant pas seulement de la distance qui sépare les
modeste puisqu’il disposait de 6 millions d’€ individus dans leurs rencontres quotidiennes
de crédits de paiement en 2002. (le tête-à-tête, la réunion de famille, la foule
F. D.-D. et P. M. solitaire du métro, par exemple), mais aussi de
l’organisation des espaces domestiques ou de
- » Clim ax; Développement durable; Effet de serre; Environne* travail dont on a pu montrer qu’ils présentent
m ent; Espace boisé classé; Étude d'im pact; Littoral; M er;
Montagne; Parc; Parc naturel; Patrimoine; Paysage; Pollu­
des différences considérables au sein même
tion; Pollution atmosphérique; Pollution des eaux continen­ des sociétés européennes. La proxémie, en fai­
tales ; Pollution des mers ; Pollution des sols.
sant apparaître la relativité de l ’éthologie
humaine, apporte un démenti éclatant aux
affirmations scientistes de Le Corbusier sur les
PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT prétendues constantes en matière de normes
-> Environnement ; Protection de la nature spatiales et de densité d’habitat.
M. P. et M. Pe.
PROVINCE - » Anthropologie de l'espace; Espace.

Division territoriale d’un État, souvent pla­


cée sous l ’autorité d’un représentant du pou­ PUBLIC -* Enquête publique ; Participation ;
voir central. Sensibilisation de l'opinion
Tel fut le cas des provinces romaines, des
provinces françaises au XVIIe siècle. Ces divi­
sions territoriales ont parfois subsisté et PUBLICATION
constituent un échelon teiritorial dont le statut
s’apparente à celui d’un État fédéré (province Le terme de publication a, dans les procé­
canadienne) ou à celui d’un département ou dures concernant l’élaboration des documents
comté (Pays-Bas, qui comptent 11 provinces). d’urbanisme, une double signification juridique.
En France, les anciennes provinces, dont le En premier lieu, il couvre l ’ensemble des
rôle a été laminé par le processus centralisa­ mesures de publicité de nature à porter à la
teur, ne sont plus qu’une référence historique connaissance du public l’existence du docu­
et culturelle, sauf lorsqu’elles correspondent, ment ou de certains actes marquant son élabora-
PUBLICITÉ FONCIÈRE 652

-> Carte com m unale; Documents d'urbanism e; Plan local


tion, mesures dont l ’exécution effective d'urbanisme ( p l u ) ; Schéma de cohérence territoriale { s c o t ).
commande la régularité de la procédure et
l’entrée en vigueur - ou opposabilité - du docu­
ment. Ces mesures concernent les actes admi­
nistratifs qui doivent faire généralement l’objet : PUBLICITÉ FONCIÈRE
— d’une mention dans deux journaux
régionaux ou locaux, au moins., diffusés dans On entend par publicité foncière les formalités
le département ; obligatoires d’information des pouvoirs publics,
— d’un affichage, pendant un mois, en qui accompagnent toute transaction foncière. La
mairie (ou au siège de l’établissement public nécessité de cette information résulte notamment
compétent) des communes concernées ; des règles de la fiscalité : la mise à jour du
— d’une publication intégrale au recueil cadastre, qui sert à établir les impôts fonciers,
des actes administratifs du département ; requiert cette information. D ’autre part, les tran­
— d’une mention au Journal officiel de la sactions foncières donnent lieu au versement de
République, si cet acte est un arrêté ministé­ droits (droits d’enregistrement ou t v a selon les
riel ou un décret. cas). Enfin, une information systématique et
Ces publications peuvent être cumulatives. rigoureuse sur les transactions foncières peut
Lorsque les procédures sont décentralisées, constituer un outil utile pour mener une politique
seules les deux premières sont généralement foncière adéquate.
requises. En France, une transaction foncière donne
En second lieu, il prend une signification lieu à un acte authentique passé par-devant
spécifique dans la procédure d ’élaboration notaire. Celui-ci envoie un extrait de l’acte,
du plan de sauvegarde et de mise en valeur pour publication, à la Conservation des hypo­
(des secteurs sauvegardés): il en allait de thèques. Celle-ci publie l’acte dans le mois et
même pour les plans d ’occupation des sols met à jour le fichier immobilier, non acces­
(pos), mais cette formalité a été supprimée sible au public, qui comprend tous les extraits
pour les plans locaux d’urbanisme (plu). En d’actes de mutation foncière.
effet, ce plan est opposable dès qu’il est Les trois départements du Haut-Rhin, du
«rendu public», c ’est-à-dire avant même Bas-Rhin et de la Moselle appliquent, depuis
que la procédure d’élaboration soit complète­ une loi du 1er juin 1924, un système différent
ment achevée, puisqu’une enquête publique de publicité foncière, plus proche du système
doit être faite dans un délai de trois ans et allemand : le livre foncier, tenu par un magis­
l’approbation intervenir dans ce délai. trat au niveau du canton, regroupe les infor­
La phase correspondant à l’acte par lequel le mations sur les transactions, les données de
plan est rendu public est également appelée type cadastral et les informations relatives à la
«publication», faute d’un substantif adéquat réglementation de l ’urbanisme, notamment
correspondant à l’expressiôn « rendu public ». les servitudes.
La « publication » du plan fait l’objet de cer­ L’introduction d’une certaine transparence
taines des mesures de publicité ci-dessus. Le sur les marchés fonciers nécessiterait en par­
plu (et auparavant le pos) est rendu public par ticulier l’informatisation totale des conserva­
un arrêté municipal qui est affiché en mairie. Le tions des hypothèques, qui n ’avance qu’avec
plan de sauvegarde et de mise en valeur est une sage lenteur.
rendu public par un arrêté préfectoral (ou minis­ V .R .
tériel) publié au recueil des actes administratifs
du département (ou au JO). Dans les deux cas, -> Cadastre;Tiers (droit des).
mention doit en être faite dans deux journaux.
Les documents, dont l’acte qui les rend
public ou les approuve est ainsi publié, sont à PUITS -> Eau
la disposition du public dans les mairies et à
la préfecture.
PYRAMIDE DES ÂGES — Population;
A . G . et M . S. Vieillissement d'une population
Q

QUALITÉ DE LA VIE — Association; — la répartition des groupes sociaux ou


Environnement économiques : quartier bourgeois, quartier
ouvrier, etc. ;
— la séparation des groupes ethniques
QUARTIER dans certaines villes : quartier européen, quar­
tier juif, quartier noir, etc.
Fraction du territoire d’une ville, dotée d’une De cette première approche, essentielle­
physionomie propre et caractérisée par des traits ment formelle et descriptive, on retiendra qu’il
distinctifs lui conférant une certaine unité et une n ’existe pas de définition univoque et systé­
individualité. Dans certains cas, le nom du quar­ matique du quartier. Mais il en résulte aussi
tier peut être donné à une division administrative que la notion de quartier s’impose, le plus sou­
d’une ville (Paris est divisée en 20 arrondisse­ vent, comme la résultante des mécanismes de
ments, composés chacun de 4 quartiers), mais, différenciation morphologique, économique
le plus souvent, le quartier est indépendant de et sociale qui affectent les espaces urbains au
toute limite administrative. On parle encore de fur et à mesure du développement des villes.
quartier pour désigner la communauté des habi­ Mouvante au gré des rythmes de l ’urbanisa­
tants d’une partie de la ville. Le terme de quartier tion, cette géographie des quartiers urbains
est aussi utilisé en milieu rural, comme fraction participe étroitement de l’univers des formes
de finage (territoire d’un village). qui concourent au façonnement et à la compo­
Les facteurs de différenciation et donc les cri­ sition des paysages citadins. Elle constitue un
tères de délimitation des quartiers sont variés : élément c le f de repérage et d ’identification
— la configuration des sites et la topogra­ des espaces urbains, au même titre que les
phie : quartier haut et quartier bas ; quartier du monuments, les gares, les cinémas, les parcs,
centre et quartiers périphériques; quartier etc., autour desquels le quartier peut s ’articu­
nord et quartier sud, etc. ; ler, en même temps qu’y prennent corps les
— la période de première construction et les représentations symboliques dont se nourrit
caractéristiques historiques, architecturales et l’imaginaire de la ville.
urbanistiques qui en ont résulté : à Amsterdam, La réalité géographique du quartier est donc
quartier du centre médiéval, quartiers des complexe et ne saurait être réduite, comme le
canaux des xvne et xvm e siècles, quartiers proposent certains géographes, à une simple
denses du xixe siècle, nouveaux quartiers du typologie, établie à partir de la répartition
deuxième après-guerre, etc. ; des fonctions et de l’utilisation du sol. La réa­
— la typologie dominante des bâtiments : lité sociologique du quartier est tout aussi
quartier des hôtels particuliers, quartier complexe et très controversée. Les représenta­
pavillonnaire, grand ensemble d ’immeubles tions traditionnelles du quartier l ’associent à
collectifs, etc. ; une unité de vie collective et postulent une
— les fonctions qui y sont exercées princi­ sociabilité spontanée. Cette approche suppose
palement: quartier d ’affaires, administratif, une autonomie minimale sur le plan des ser­
commerçant, résidentiel, etc. ; vices quotidiens et les manifestations d ’une
QUARTIER 654

vie sociale qui serait la réplique urbaine des institutions) qu’en contradiction avec leurs
formes traditionnelles de sociabilité du village fonctions et leurs structures, elles se donnent
ou du bourg rural. De fait, dans de nombreuses artificiellement cette forme sociale : la vie de
villes, subsiste encore la trace des anciennes quartier. »
paroisses, voire de quartiers professionnelle­ En réaction à cette approche nostalgique,
ment spécialisés (faubourg Saint-Antoine à non exempte d’idéologie, une thèse opposée,
Paris), ou même des formes sociales d’organi­ mais tout aussi radicale, suppose la disparition
sation constituées à la faveur de mobilisations pure et simple du quartier. Survivance d’un
collectives. Mais le remodelage des agglomé­ passé révolu, le quartier n ’aurait plus, dans
rations urbaines au cours des décennies l’organisation urbaine d ’aujourd’hui comme
récentes d’urbanisation rapide a largement fait dans les pratiques sociales et les modes de vie,
éclater les cadres traditionnels d’organisation qu’un rôle subalterne. L’éclatement des réseaux
de la vie sociale en milieu urbain. de sociabilité, autrefois largement étayés par
l’organisation familiale et la proximité du voi­
L’aspect le plus controversé de l’image sinage, davantage fondés aujourd’hui sur le
sociale du quartier est l’existence des attributs milieu de travail et sur les pratiques de loisirs,
d ’une entité communautaire. L’évocation retirerait désonnais au quartier sa fonction tra­
d’une société consensuelle, enracinée dans ses ditionnelle de cellule élémentaire de la société
espaces de vie et développant entre ses urbaine. Cette fonction transiterait progressive­
membres des liens étroits d’échange, d’entraide ment vers l’entreprise et vers les lieux de parti­
et de reconnaissance mutuelle, est liée aux cipation offerts à l’initiative collective des
mythes nostalgiques de la communauté perdue, citadins (associations, clubs, groupements poli­
développés depuis les débuts de la révolution tiques, syndicaux ou culturels, etc.).
industrielle et urbaine. La fréquence de cette Il convient cependant de ne pas perdre de
image dans les représentations collectives vue que les configurations sociales de la vie de
transparaît dans la littérature et dans différents quartier ont été différenciées de longue date, en
courants des sciences humaines et sociales. raison précisément de la disparité des modes de
Cette approche nostalgique confine souvent vie propres aux différentes couches sociales.
à l’idéologie, tel ce passage de Gaston Bardet, Les pratiques de l’espace (déplacements dans
déjà cité par Henri Lefebvre (Quartier et vie la ville, distribution spatiale des réseaux de
de quartier, in Cahiers de I ’iaurp, vol. 7, relation et des modes de participation à la vie
1967) : « Dans un quartier de ville ou de vil­ collective) varient selon les classes sociales et
lage, on distingue plusieurs assemblages de selon le degré d’intégration à la société urbaine.
rues et de places, vivant d’une vie propre, plu­ Le développement de la sociabilité de voisi­
sieurs échelons domestiques possédant leur nage a toujours été, dans la ville traditionnelle,
caractère particulier, voire leurs coutumes, le fait des couches populaires puis de la classe
leurs manifestations [...]. L’échelon domes­ ouvrière, tandis que les classes bourgeoises (et
tique est dû à la topographie tant sociale que aristocratiques) entretenaient des relations
naturelle, c ’est une constante d ’ordre géo­ sociales plus largement diffuses dans l’espace
économique, le premier élément proprement urbain. Les travaux de l’école de Chicago, sou­
urbain, c’est-à-dire où l’échange intervient et vent confirmés sur ce point par la suite, ont mis
dont la fédération va constituer l’échelon en relief l’étroite relation entre les modes
supérieur, bien connu autrefois sous le nom de d’organisation de la vie sociale propre à cer­
quartier, villette, faubourg ou bourg. Le monu­ tains quartiers et les migrations dont les villes
ment public est l’organe qui caractérise cet sont le siège : le quartier joue un rôle d’accueil,
échelon supérieur [...]. 11 y a une véritable vie de regroupement et d’installation des commu­
spirituelle des quartiers, dépassant les réalités nautés ethniques (ou provinciales), d’intégra­
familiales, aussi avons-nous baptisé cet éche­ tion à la vie urbaine, tandis que ces courants
lon Y échelon paroissial. » Henri Lefebvre migratoires influent à leur tour sur l ’aspect
dénonce cette idéologie communautaire qui physique et social des quartiers.
peut même se changer en idéalisme politique, Il semble, par ailleurs, que l’évolution
en utopie démocratique, en tentant de faire actuelle aille plutôt dans le sens de la coexis­
jouer à la paroisse ou au quartier un rôle insti­ tence et d’une diversification progressive des
tutionnel qu’ils n ’ont pas : « On demande (aux formes de vie relationnelle propres aux diffé­
655 QUARTIER

rentes catégories résidentielles. Certaines mino­ historique et social des quartiers, la cité prise
rités ethniques et certains quartiers ouvriers dans son ensemble. D’autre part, ceux (le cou­
conservent des traits communautaires, même si rant progressiste selon le même auteur) qui prô­
leurs membres disposent personnellement de naient une restructuration d’ensemble du tissu
peu d’attaches relationnelles. Mais on observe urbain, la hiérarchisation des fonctions
également dans les «nouveaux villages» de la urbaines, des centres et des voies de communi­
périphérie urbaine une valorisation de la convi­ cation, pour satisfaire les besoins de l’individu
vialité résidentielle et des formes de sociabilité ramené à un idéal type rationnel.
parmi les classes moyennes. A l’inverse, la ten­ La notion de quartier est réapparue en
dance à s’émanciper des réseaux de solidarité France, au milieu des années 1970, dans le
résidentielle et territoriale se confirme dans les discours officiel sur l’urbanisme. Après la
couches citadines disposant d ’une capacité période intense de construction de logements,
matérielle et culturelle d’accès à la variété des s’est posé à cette époque le problème de la
moyens de relations et de participation sociale, réhabilitation, architecturale mais aussi
qu'offre le milieu urbain. sociale, de certains îlots résidentiels dégradés,
et en partie de certains grands ensembles
Ce débat théorique, qui a nourri la littérature récents. Les opérations de rénovation archi­
sociologique des dernières décennies, sous-tend tecturale baptisées « Habitat et vie sociale » de
l’approche du quartier par les urbanistes. En la fin des années 1970 s’étant révélées insuffi­
France, au début des années 1960, l’elfort entre­ santes, la nouvelle politique de « développe­
pris pour corriger le déficit des quartiers ment social des quartiers », définie par la
pavillonnaires et des grands ensembles en équi­ commission Dubedout en 1982, mit l’accent
pements et en services publics a donné lieu à la sur l’accompagnement économique et social
définition de normes d’équipement cherchant à des opérations de revalorisation du cadre bâti.
mettre en exergue la notion de quartier. Cette Cette attention nouvelle portée au quartier
approche n’était pas sans rappeler la mécanique, dans la conduite des opérations d’urbanisme
certes beaucoup plus rigide, de la programma­ s ’est aussi traduite dans les débats et les
tion des équipements publics dans les rayons expériences lancées par certaines municipali­
(environ 40 000 habitants) et les microrayons tés, visant à une démocratie locale et à la
(10 000 habitants) de l’urbanisme soviétique. décentralisation de la gestion communale à
Cette démarche normative est à mettre en rela­ l’échelon des quartiers. De telles expériences
tion avec l’autonomie minimale dont certains ont eu lieu en Italie (Bologne), en Espagne,
sociologues font, on l’a dit, une condition de en France (Grenoble). Elles peuvent prendre
l’existence d’un quartier, au point de confondre la forme de décentralisation territoriale des
niveau d’équipement et degré d’organisation services administratifs des villes comme celle
d’un quartier. Henri Lefebvre a fustigé ce rôle de l’instauration de structures de participa­
d’alibi que les urbanistes font jouer au quartier : tion, permettant d’associer plus étroitement la
« Dans un premier temps, on traite de collec­ population à la préparation des décisions qui
tions de choses : logements, immeubles et mai­ la concernent. En France, ce souci trouve,
sons, rues et quartiers, territoires et zones depuis la grande réforme de la décentralisa­
d’activité; ensuite, par une opération magique, tion administrative, particulièrement poussée
sous les vocables « communauté » ou « collecti­ en ce qui concerne l’urbanisme, une matière
vité», on réintroduit dans ces collections de plus large. Sur le plan législatif, il s’est tra­
choses la conscience, la vie. » L’idéologie sert duit par l’instauration (loi du 31 décembre
ainsi de masque aux carences de la pratique pro­ 1982) à Paris, Lyon et Marseille, de conseils
fessionnelle. C’était là une critique implicite d ’arrondissement, regroupant par tiers des
tant des théories (celles des fonctionnalistes en élus de la ville, des élus de l’arrondissement
particulier) que des pratiques de l’urbanisme. et de représentants des associations, et par
Dès le xixc siècle, s’est en effet manifesté, chez celle de maires d’arrondissement. Les projets
les théoriciens de l’urbanisme, un clivage signi­ de quartier ont, en outre, été au centre des
ficatif. D’une part, les partisans (le courant débats qui ont abouti à la loi du 18 juillet
culturaliste distingué par F. Choay cf. L 'urba­ 1985.
nisme, utopies et réalités, 1965) d’une crois­ Pour conclure, on ne peut que souligner à
sance urbaine préservant le patrimoine nouveau la complexité du concept de quartier.
QUARTIER HISTORIQUE 6S«

Selon H. Lefebvre, « le quartier (...), organisé Ensemble historique ou traditionnel ;


par les forces sociales qui ont modelé la ville Patrimoine ; Quartier ; Secteur sauvegardé ;
et organisé son développement (...) est une Zone de protection du patrimoine
forme d’organisation de l’espace et du temps architectural et urbain ( z p p a u )
de la ville (...). Il serait la moindre différence
entre les espaces sociaux multiples et diversi­
fiés, ordonnés par les institutions et les centres QUARTIER NOUVEAU Unité de voisinage;
actifs. 11 serait le point de contact le plus aisé Ville nouvelle
entre l’espace géométrique et l’espace social,
le point de passage de l’un à l’autre (...)» .
M. 1. QUESTIONNAIRE -> Enquête

- » A nim ation; Bidonville; Centre; Cité; Comité (ou conseil) de


quartier; Ghetto; Grand ensem ble; Ségrégation; Sociologie
urbaine (historique);Zone résidentielle. QUOTA —>■Échantillon

QUARTIER HISTORIQUE Centre historique; QUOTIDIEN —> Sociologie urbaine


R

RABATTEMENT La notion de race humaine, entendue


comme un critère infaillible pour distinguer
Moyen de transport complémentaire qui biologiquement un humain d’un autre humain,
rassemble des usagers pour utiliser un n ’est pas scientifiquement défendable, ainsi
moyen de transport principal. L’automobile que l’a définitivement démontré l’anthropolo­
et les cycles sont souvent utilisés en rabatte­ gie génétique (cf. C. Lévi-Strauss, Race et his­
ment jusqu’à une gare de chemin de fer ou toire, 1961 ; J. Ruffié, De la biologie à la
une station de métro où on aménage un culture, Paris, 1976). Le raciste exagère donc
parc de stationnement, dit de dissuasion. des différences biologiques, réelles ou imagi­
C’est le transport mixte, qui concerne sur­ naires, pour justifier son agression.
tout les déplacements entre la banlieue et le De nombreuses tentatives ont été faites
centre-ville, supposé combiner les avantages pour expliquer la genèse et le développement
du transport individuel (pas de marche à du racisme (arguments économiques, psycho­
pied à l’origine) et du transport en commun logiques, historiques, religieux). De fait, il
(éviter les encombrements sur le trajet prin­ s’agit d’un phénomène complexe qui ne peut
cipal et les difficultés de stationnement au être saisi que comme « fait social total », c’est-
centre), mais auquel seule une minorité à-dire en prenant en compte tous les aspects
recourt (8% des trajets banlieue-Paris). partiels (historique, économique, etc.) que pri­
Dans les grandes agglomérations, le réseau vilégie tel ou tel type d ’explication. Forme
d’autobus peut être organisé pour rabattre activiste de l’ethnocentrisme commun à tous
également les habitants des quartiers éloi­ les groupes humains, le racisme s ’est fait
gnés des voies ferrées vers les points d’arrêt connaître par des manifestations particulière­
de celles-ci. ment violentes et radicales dans les sociétés à
P. M. idéologie universaliste ou pluraliste du monde
occidental.
- » Moyen de transport; Politique de stationnement; Stationne­
ment. M. P. et M. Pe.
- » Relativisme culturel ; Ségrégation.

RACISME
RADIALE -> Voirie
Croyance en l’inégalité des «races»
humaines, au nom de laquelle certaines socié­
tés ou certains individus sont soumis à RADIOCONCENTRISME
l’exploitation économique, à la ségrégation
sociale et même à la destruction physique. Est Principe de tracé urbain utilisant la configu­
raciste toute personne ou toute politique dont ration radioconcentrique dans la composition
les actes s’inspirent, consciemment ou non, urbaine, et opposé à l’orthogonisme à l’inté­
de cette croyance. rieur de la catégorie générale des tracés géo-

i|i
1
RAMASSAGE DES ORDURES MÉNAGÈRES

métriques urbains. Dans le tracé radioconcen- cercles, communication aisée entre centre et
trique, les principales artères rayonnent d’un périphérie, possibilités de hiérarchiser les
même point et sont reliées entre elles par un centres et de donner un ordre au plan), malgré
ou plusieurs cercles (ou polygones) ayant quelques inconvénients, comme la difficulté
pour centre ce même point. On parle égale­ de construire aux angles trop aigus, lorsque les
ment de plan en étoile. Certains sites naturels rayons sont nombreux ; mais le m onocen­
(colline, méandre...) favorisent spontanément trisme et la concentration excessive qu’il
sa formation, et jouent le rôle d ’élém ent engendre semblent être son défaut majeur.
ordonnateur de la conformation. A. L.
Le tracé radioconcentrique est apparu pour
la première fois comme figure de composi­ Linéarité; Morphologie (urbaine); Orthogonisme.
tion urbaine à la Renaissance où il était lié
aux recherches sur les formes circulaires, le
plan centré en architecture et leur symbo­ RAMASSAGE DES ORDURES MÉNAGÈRES
lisme platonicien (cf. R. Wittkower, Archi­ —►Déchets; Taxe d'enlèvement des ordures
tectural principles in the âge o f humanism, ménagères
Londres, 1949). C’est Filarète qui, avec le
plan de Sforzinda de son Trattato d ’architet-
tura (1465), introduisit le tracé radioconcen­ RAMASSAGE SCOLAIRE — Carte scolaire
trique, bientôt repris dans nombre de projets
italiens de villes idéales. L’exploitation des
propriétés géométriques du plan étoilé et de RATIONALISME —►Art urbain; Classique,
sa structure centralisée permettait aussi de Industrialisation du bâtiment
traduire spatialement la puissance politique
des nouveaux princes italiens. D ’autre part,
le développement de l’artillerie et la stratégie RAVALEMENT
nouvelle qu’elle impliquait inspiraient aux
ingénieurs militaires de l ’époque des figures Travaux d ’entretien des façades des
urbaines centrées identiques, les v illes- immeubles.
forteresses (Palmanova, Granmichele). Mais L’origine du terme est lointaine : de ravaler
Neuf-Brisach, malgré son contour polygonal, (rabaisser, faire descendre de nouveau), le
est bâtie sur un système orthogonal. terme a été employé pour les opérations dê
À côté de ces structures radioconcentriques grattage d’un mur de haut en bas, puis pour
globales, à l’échelle de la ville entière, il faut l’application d’un enduit, d’un crépi ou d’une
mentionner aussi des structures radioconcen­ peinture. Le sens actuel inclut tous les travaux
triques partielles réalisées dans de nombreuses de remise en état d ’un mur de façade par
villes (Versailles, Karlsruhe, Rome) avec la regrattage, nettoyage à la pierre, application
figure du trident, ou de la patte d ’oie, ou du d’un enduit ou d’une peinture.
rond-point étoilé (plan de Wren pour Londres ; La loi française (actuellement, la loi du
Paris haussmannien ; le plan Griffith pour 30 décembre 1976) prévoit que les travaux de
Canberra, de 1911, est constitué par la juxtapo­ ravalement des façades doivent être effectués
sition d’une série d’unités radioconcentriques). au moins tous les dix ans, sur injonction faite au
Quant au radioconcentrisme spontané, favo­ propriétaire par l’autorité municipale, dans le
risé par l’action du site, il s’effectue à travers cas de Paris et des communes figurant sur une
l ’attraction et l ’enveloppement des monu­ liste établie par l’autorité administrative. Si les
ments principaux, et par un mode de crois­ travaux ne sont pas entrepris dans les six mois
sance général en anneaux successifs, donnant suivant l’injonction, le maire peut les prescrire
lieu à deux grandes catégories de voies : rayon­ par arrêté notifié au propriétaire. En cas de non-
nantes (ou radiales) et circulaires (ou rocades) exécution dans le délai fixé (qui ne peut excéder
(Moscou et Paris par exemple). Pour Lavedan un an), le maire peut, sur autorisation du tribu­
{Géographie des villes, 1939), le plan radio- nal de grande instance statuant en référé, les
concentrique est celui qui présente le plus faire exécuter d’office aux fiais du propriétaire.
d’avantages (souplesse du système permettant Les campagnes de ravalement, instituées
d’augmenter ou de diminuer les rayons et les par le ministre Malraux, ont pour objet à la
659 RECENSEMENT

fois l ’entretien des immeubles et l’harmonie • à des réhabilitations trop coûteuses,


du paysage urbain. entraînant l’exode de la population locale au
P. M. profit de catégories plus défavorisées ;
• des options touristiques prédominantes,
aboutissant à la création d’un milieu artificiel
RÉANIMATION (c’est le cas dans certains secteurs sauvegardés).
F. C.
Action de redonner une âme, de rendre la
vie à des monuments désaffectés ou à des - » Animation ; Conservation intégrée ; Secteur sauvegardé ; Zone
de protection du patrimoine architectural et urbain (zppau).
ensembles urbains ou ruraux en voie de dépé­
rissement. Ce mot ne laisse pas d’être conta­
miné par les connotations liées au terme
d’animation qui devrait être réservé aux REBOISEMENT — Forêt
ensembles contemporains ; on lui substitue
parfois le terme de revitalisation.
La réanimation (ou revitalisation) ne peut RECENSEMENT
être spontanée. Elle est planifiée et organisée.
Quelle que soit son échelle (du monument Inventaire visant à connaître l ’effectif, la
individuel à la ville historique), qu’elle soit structure et les caractères d’une population. Il
placée sous l’autorité de l’administration cen­ suppose une enquête auprès des ménages, réali­
trale (dans le cadre du plan de développement sée en général par un agent recenseur, déposant
ou de la politique du patrimoine) ou celle des des questionnaires (en France un par individu,
collectivités locales ou d’associations privées, plus un par ménage) qui sont remplis par les
la réanimation demande de l’imagination et de intéressés ou, si nécessaire, par l’agent recen­
l’intuition dans le choix des solutions adoptées. seur. On considérait traditionnellement que le
Dans le cas des ensembles, il s’agira soit de recensement devait être général et simultané : on
réhabiliter ou de réimplanter d’anciennes fonc­ parlait de recensement général de la population,
tions (habitat, commerce), soit d’en implanter mais I’insee a fait décider, après le recensement
de nouvelles (culturelles, par exemple). Dans de 1999, de rompre avec ce principe. L’onu
le cas d’édifices isolés (châteaux, couvents, recommande un recensement décennal, les
casernes, hôpitaux), il s’agit, le plus souvent, années en 0 ou en 1. La France en exécutait un
de leur trouver de nouvelles vocations. C’est tous les cinq ans (en 6 ou en 1) jusqu’en 1936
ainsi, par exemple, que les anciennes Petites (sauf 1916) mais, depuis 1946, ils ont été moins
écuries du château de Versailles ont été affec­ réguliers, tous les huit ans (1946, 1954, 1962),
tées à une école d’architecture. puis tous les sept ans (1968, 1975, 1982), et
La réanimation entraîne un certain nombre enfin de façon moins fréquente pour des raisons
de risques, trop souvent méconnus ou mini­ de coût (1990,1999). La généralité du recense­
misés, qui résultent de la difficulté de concilier ment, bien qu’imposée par la loi, est loin d’être
les exigences contradictoires de la conserva­ absolue : le manque de conscience des agents
tion et de l’utilisation du patrimoine bâti. On recenseurs, l’absence de certaines personnes à
citera en particulier : cette période, le refus d’autres de répondre (clan­
— des risques physiques concernant l’état et destins, refus idéologiques) conduisent à des
le caractère de l’architecture et provoqués par : omissions qui atteignent 2 à 5 % dans les pays
• un usage intensif, entraînant usure et développés et, en certains lieux, plus encore
détérioration ; (les erreurs sur un caractère précis peuvent être
• des transformations nécessitées par le beaucoup plus importantes). Dans les villes en
changement d’usage, entraînant la dénatura­ particulier, l’anonymat, l’importance des popu­
tion pour des raisons fonctionnelles ou éco­ lations aisées, souvent en voyage, comme de
nomiques (cas particulièrement fréquent dans populations pauvres, souvent illettrées et mal
le traitement des espaces intérieurs des bâti­ logées (immigrés notamment), conduisent à une
ments) ; sous-estimation non négligeable.
— des risques sociaux concernant la popu­ Les dénombrements de population se limitent
lation des ensembles réanimés et dus, par à un décompte et parfois à l’établissement de
exemple : listes nominatives : ceux de l’Ancien Régime
RECENSEMENT

en France sont de qualité très inégale. Dans les proximité) et précisé par un décret du 5 juiil
pays en développement où une majorité de la 2003 après un débat qui a laissé insatisfaits
population est illettrée, un dénombrement, les partisans du recensement traditionnel. Le
complété par des enquêtes par sondage sur des recensement rénové n ’est pas plus écono*
thèmes particuliers, peut être une solution plus mique que le recensement traditionnel, mais il
économique et plus réaliste qu’un recensement. allège et étale dans le temps la charge de traf
Le recensement permet aussi de poser des vail de I’insee . Ce recensement rénové a été1
questions portant sur le passé (migrations, mis en œuvre de 2004 à 2008, non sans que;
fécondité par exemple), sur des faits écono­ certains maires aient protesté et commencé,
miques (logement, revenu, motorisation) et par refuser d ’y participer (ils y ont été
sociaux (mobilité). Aussi les tableaux statis­ contraints par les préfets). Les résultats, attri»
tiques établis à partir des recensements, croi­ bués à l’année médiane (2006) ont été publié»
sant plusieurs caractères de population selon à partir de 2009. Des estimations partielle»
des découpages géographiques divers, sont-ils avaient été établies auparavant sur la base de»
une source irremplaçable pour toute étude premières campagnes. Si une réforme étai);
urbaine, malgré les omissions et les erreurs nécessaire en raison de la lourdeur du recen­
dont il convient d’apprécier l’importance. En sement traditionnel et de la lenteur de soi,
France, en raison du volume de ces tableaux, dépouillement, on peut redouter, dans (é
I’insee publiait d ’abord les résultats du recensement rénové, un taux élevé d’o n iié
dénombrement de la population, puis des sions dans les villes, une source d’erreurs supj
tableaux établis par sondage sur 5 % des bulle­ plémentaire et des difficultés dans les
tins (1/20); enfin des tableaux par sondage comparaisons du fait de l ’absence de date
au 1/5 (20 % des bulletins) ou au 1/4, en géné­ unique. Le répertoire des immeubles loca;-
ral plusieurs années après le recensement. Le lisés, qui sert de base de sondage dans leé
dépouillement exhaustif n ’est effectué que là villes, a été m is au point dans la hâte 'à
où il est demandé (et financé), en général par l’automne 2003. Les autres bases de contrôle^
les collectivités locales, mais cette circons­ le registre de la taxe d’habitation et le réperr
tance est rare. L’exploitation des résultats des toire national interrégimes de l ’assurance
sondages ne doit pas omettre les erreurs aléa­ maladie, ne sont ni exhaustifs ni exempts de
toires : celles-ci limitent les possibilités d’ana­ doubles emplois. Si les techniques statistiques
lyse dans un découpage géographique très fin, permettent de limiter l ’inconvénient de la
souvent souhaité pour les études d’aménage­ non-exhaustivité dans les villes (8 % recensé»:
ment. chaque année, donc 40 % par période de cinq
Le dernier recensement de la population ans au terme de laquelle les résultats serojÉt
fiunçaise a été celui de mars 1999. Les résul­ établis), la méthode a peu de chances d’êtte
tats du dénombrement ont été publiés en comprise par l ’opinion (elle manque de lisibi­
juillet 1999; ceux du sondage au 1/20 en lité) et même par de très nombreux utilisateurs
2000 ; ceux du sondage au quart en 2002. (et en premier lieu par les élus locaux) de»;
Ce recensement de 1999 a été le dernier données ainsi établies. Au plan de l’exploité
effectué de façon classique. L’insee trouvait tion scientifique des résultats, il est devenù
en effet cette procédure très lourde. Il a pro­ difficile, voire impossible, d’établir des indi­
posé d’y substituer un recensement étalé sur cateurs statistiques concernant plusieurs com­
cinq ans, qui n’est exhaustif que pour les loca­ munes (recensées à des dates différentes))
lités de moins de 10 000 habitants et est effec­ notamment pour les études sur la mobilité et
tué par sondage dans les villes plus sur les migrations, comme de mener dès
importantes à partir d ’un répertoire des études fines (à l’échelle du quartier) dans deS
immeubles, qui en revanche devrait être villes où la population a été établie par son­
exhaustif (avec un contrôle possible par le dage : le recensement rénové est beaucoup
nouveau registre d’immatriculation à l’assu­ moins utile que le recensement traditionnel
rance maladie créé dans le cadre de la couver­ pour les géographes, les aménageurs et les
ture médicale universelle introduite en 1999). urbanistes.
Ce mode de recensement, baptisé «recense­ P.M.
ment rénové », a été décidé (dans le cadre de
la loi du 27 février 2002 sur la démocratie de - » Échantillon;Population.
861 REDEVANCE

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE La reconstitution a été formellement


-> Atmosphère ; Effet de serre ; condamnée sur la base d ’arguments scienti­
Énergie et environnement fiques et esthétiques, lors de la première confé­
rence internationale sur la conservation des
monuments (Athènes, 1931). Elle n ’est plus
RECHERCHE OPÉRATIONNELLE admise aujourd’hui par les archéologues (la
reconstitution de Deir el-Bahri a été une excep­
Démarche qui consiste à optimiser les résul­ tion). Seule est tolérée l’anastylose (recompo­
tats d’une opération. L’expression trouve son sition de parties existantes, mais démembrées).
origine dans les groupes de recherche opéra­ En revanche, les destructions massives de
tionnelle constitués par les armées britan­ la deuxième guerre mondiale ont suscité des
niques, à la veille (1938) de la deuxième reconstitutions à valeur symbolique, liées au
guerre mondiale, pour étudier les contre- sentiment national. L’exemple le plus célèbre
mesures à prendre dans différentes situations est celui du centre historique de Varsovie. En
stratégiques. France, la ville fortifiée de Saint-Malo a
La recherche opérationnelle fat ensuite uti­ donné lieu à une reconstitution discutable.
lisée dans des domaines très variés, notam­
F. C.
ment ceux de l’aménagement du territoire et
de l ’urhanisme. Elle fait appel à des disci­ -* Restauration;Ruine.
plines très diverses, des mathématiques à la
biologie, et utilise largement les méthodes de
traitement statistique, d’analyse des données, RECONVERSION —» Aménagement
d’informatique et de construction de modèles. du territoire ; Conversion ou reconversion ;
Son essor est lié aux possibilités offertes par Industrialisation
l’informatique. Elle traite notamment les pro­
blèmes combinatoires, de situations aléatoires
ou concurrentielles. On a pu dire qu’elle était RECULEMENT - » Servitude
la science de la préparation des décisions
(Pierre Massé).
P.M. REDEVANCE D'ENLÈVEMENT DES ORDURES
MÉNAGÈRES —» Taxe d'enlèvement
Analyse des données; Modèle (mathématique). des ordures ménagères

RÉCOLEMENT (PLAN DE) — Réseau REDEVANCE

Taxe payée une seule fois par une entreprise


RECONSTITUTION pour implanter des locaux d ’activités dans
une région non prioritaire du point de vue de
Reconstruction sur la base de documents l’aménagement du territoire. Son produit est
écrits et/ou iconographiques d’un édifice ou affecté pour moitié au budget régional et pour
d ’un ensem ble d ’édifices disparu ou très moitié au financement des aides à la décentra­
endommagé. Ce procédé a été très en faveur lisation.
auprès de l ’archéologie classique au La redevance a été instituée en 1960 en
xixe siècle et jusqu’au milieu du x x e siècle. région parisienne. Elle a été supprimée, par la
Parmi les exemples les plus fameux, on citera : loi du 3 décembre 1982, pour les locaux
le palais de Cnossos en partie reconstitué par industriels : elle variait, depuis 1972 et jusqu’à
Evans, la stoa d’Attale reconstituée par l’école cette date, pour ceux-ci, de 25 F (dans les
américaine d’Athènes, le temple d’Hapchet- villes nouvelles) à 150 F (zone centrale) par
sout reconstitué par la mission polonaise à mètre carré de plancher.
Déir el-Bahri. Viollet-le-Duc, comme d’autres Elle a été en revanche maintenue pour les
restaurateurs, a largement utilisé la reconstitu­ bureaux et les activités de recherche de plus
tion pour des monuments (Pierrefonds) et de 1 000 m2. Pour ceux-ci, elle variait, depuis
ensembles (Carcassonne) du Moyen Âge. 1972, de 100 F (villes nouvelles et pôles de
RÉFORME RÉGIONALE est

l’est parisien) à 400 F en zone I (arrondisse­ En géographie et en aménagement, l’usagé


ments du centre et de l’ouest - 1 à 4, 6 à 9, 14 restreint l’emploi du mot : en étendue d’abord)
à 17 - de Paris et 24 communes des Hauts-de- puisqu’il s ’applique à des ensembles d’échel»
Seine) par mètre carré. Elle a été supprimée, moyenne, au-dessous de celle des nations, et à
en 1982, dans les villes nouvelles. Son mon­ l’exclusion des espaces locaux trop exigus)
tant a été porté, en 1987, à une fourchette de en contenu ensuite, puisqu’il se rapporte à une
300 F (est de Paris et de la banlieue notam­ aire présentant des caractères humains oiit
ment) à 900 F en zone I, puis en 1989, à une physiques particuliers qui lui confèrent une
fourchette de 400 à 1 600 F (1 000 F dans la unité. Si le trait remarquable est à l’uniformité
zone intermédiaire constituée du reste de Paris de certains aspects, on parle de région homo*
et de la petite couronne). Son montant n’a pas gène ; s ’il indique les liaisons privilégiées
varié depuis vingt ans (respectivement, 61, avec un foyer, un centre, une ville, on parle dé
152 et 244 € par m2 en 2009). région polarisée. Une région urbaine est corn*
Il s ’y ajoute, depuis 1990, une taxe plètement dominée par une ville et sa banlieue
annuelle, dont le montant variait, pour les (Londres, Paris, M oscou) ou par plusieurs
bureaux et locaux de recherche, de 15 F (en villes aux fonctions complémentaires (Rand-
grande couronne) à 60 F (14 arrondissements stad Holland). fl
du centre et de l’ouest de Paris et arrondisse­ L’intérêt pour la région est né, en France, aU
ments de Nanterre et Boulogne dans les xvnfi siècle, d’un besoin de réforme : la carte
Hauts-de-Seine) par mètre carré. Ces taux ont administrative de l ’Ancien Régime résultait
été portés en 1999 à 21 et 74 F (44 F dans la d’un long processus d ’agglomération; ellé
zone intermédiaire (reste de Paris et de la comportait des circonscriptions de toutêd
petite couronne). Ces taux-n’ont pas varié formes et de toutes dimensions, dont les limita*
depuis dix ans et sont, en 2009, de 3,20, 6,70 ne coïncidaient que rarement. Pour remédierA
et 11,30 € par m2 en 2009). cette anarchie, sans tomber dans F arbitraire
La loi de finances pour 1999 a étendu des décisions politiques, les esprits éclairés qlli
cette taxe annuelle aux entrepôts de plus de aspiraient à un gouvernement rationnel élabOt
5 000 m2 et aux commerces au-delà de rèrent la notion de région naturelle.
2 500 m2 (c’est l ’unité immobilière et non Philippe Buache proposa, de son côté, df
l ’établissement ou l’entreprise qui est prise retenir comm e unités de base les bassin*
en compte). Son montant, qui est uniforme, hydrographiques (on en trouve la trace dans là
est de 1,80 € par m2 pour les commerces et dénomination des départements par la Consti*
de 0,90 € pour les locaux de stockage. tuante, en 1790). Giraud-Soulavie démontrai
dans son Histoire naturelle de la France mérb
P. M.
dionale (1782), que les divisions du Vivarâi*
-+ Aménagement du territoire; Bureaux; Décentralisation (des étaient liées à la nature des roches, au relief et
activités) ; Desserrement ; Industrie ; Localisation des activités. à la végétation. L’idée de polarisation autout
d’un centre ne retint pas alors les théoriciens!
mais elle guida les constituants. -:
RÉFORME RÉGIONALE -> Décentralisation Le XIXe siècle vit mûrir la réflexion sur là
administrative région : les nouveaux départements ne don­
nèrent pas entièrement satisfaction, qu’on lès
trouvât soit trop étriqués, soit trop vastes, soit
RÉGIME DES MINES -> Mines et carrières encore qu’on leur reprochât de ne pas s’enta?
ciner assez dans l’histoire et dans les société*
locales. !ï
RÉGIME FORESTIER Forêt Les géologues multiplièrent les analyses dé
régions naturelles durant la première moitié dà
siècle. Élie de Beaumont et Dufrénoy propôt*
RÉGION sèrent, dans La carte géologique de la France
(1842), une interprétation de l’organisation dû
Ce terme, d’un usage fort ancien, désigne territoire national en termes d’oppositions et
au sens le plus général une étendue de pays, de complémentarités régionales. Michelet fit
un territoire, à n’importe quelle échelle. de même, mais le Tableau de la France (1832)
I 663 RÉGION

insistait plus sur les tempéraments provin­ pays et beaucoup y découvrirent le charme
ciaux que sur les facilités de circulation. des cultures rurales traditionnelles. Mais les
Les historiens, Auguste Longnon en particu­ tensions internationales firent passer ces pro­
lier, firent prendre conscience de la singulière blèmes au second plan.
longévité de beaucoup de circonscriptions De la fin des années 1930 à la fin des années
administratives françaises. Son Étude sur les 1940, le régionalisme et la région redevinrent
pagi de la Gaule (1865-1872) le prouve pour à la mode, mais l ’accent glissa très vite du
les petites régions, et indique qu’elles restent domaine politique et culturel au champ de
souvent vivantes dans la conscience populaire. l’économie.
À partir de 1870, la réflexion sur la région Ce n ’est qu’en 1955 que les «régions de
s’enrichit donc doublement: elle s ’interrogea programme » sont apparues comme un nouvel
sur la genèse et la solidité des régions histo­ échelon pour certaines actions administra­
riques et insista sur l ’échelon inférieur des tives, en particulier la planification écono­
divisions territoriales que constituent les pays. mique et la programmation des équipements
Pour Foncin (1898) par exemple, ceux-ci sont publics. Elles sont devenues en 1960 «cir­
à la fois des régions naturelles calquées sur la conscriptions d’action régionale ». Une nou­
géologie et le relief, des régions historiques velle et importante étape frit franchie en 1972,
héritées du Bas-Empire romain, et des divi­ après l’échec du référendum de mai 1969 : les
sions connues de tous, comme en témoignent régions devinrent alors des établissements
les noms qui leur sont donnés. publics, mais on évita de leur accorder un
La synthèse de cette première réflexion sur quelconque statut de collectivité territoriale,
la région fut proposée par Vidal de La Blache : puisque celui-ci avait été refusé par la majo­
la France est organisée en espaces régionaux, rité des électeurs en 1969. Ce n’est que la loi
unis en une construction originale (Des divi­ de décentralisation du 2 mars 1982 qui leur a
sions fondamentales du sol français, 1888- accordé ce statut, dans le cadre d’un nouveau
1889) ; ces régions sont calquées sur les divi­ partage des com pétences entre l ’État, les
sions naturelles, mais elles n ’ont acquis leur régions, les départements et les communes
caractère qu’à travers une longue histoire (lois du 7 janvier et du 22 juillet 1983). Près
{Tableau de la géographie de la France, de trois décennies plus tard, l’unanimité n ’est
1902). Dans ses derniers travaux, Vidal de La pas encore faite, ni dans le monde politique ni
Blache prit la mesure des faits de « nodalité » dans l’opinion, sur l’opportunité de cette orga­
(Les régions françaises, 1908, La France de nisation à quatre niveaux.
l ’Est, 1917). Les monographies régionales, La compréhension des réalités régionales
dont il est l’instigateur, donnèrent très vite une n’a pas progressé du même pas: On voit mal
vue d’ensemble de la diversité des territoires quelles responsabilités confier aux nouvelles
qui constituent notre pays. autorités, faute de bien comprendre l’origina­
Un mouvement régionaliste vivant s ’était lité des instances régionales qui constituent
développé à partir des années 1880 : il devait surtout des relais dans l ’application et la
beaucoup aux géographes, mais trahissait un conception de certaines politiques d’aménage­
besoin d’enracinement et une quête d’identité ment.
très populaires ; il exprimait aussi l ’inquiétude Depuis la fin des années 1960, un nouveau
d’une partie des élites devant les retards de régionalisme est né : il voit plutôt dans la
développement de la province. À l’occasion région une communauté où renouer avec les
de la mobilisation de l ’économie nationale cultures populaires du passé et où concevoir
durant la première guerre mondiale, la France un destin économique assumé par tous. Les
fut découpée en régions qui sont demeurées réformes de 1982 donnent à ceux qu’inspirent
dans le cadre des regroupements des chambres ces idéologies certains moyens, mais elles ne
de commerce, et annonçaient les régions de s ’appliquent pas toujours dans les cadres
programme des années 1950-1960. qu’ils souhaiteraient.
L’entre-deux-guerres vit retomber le mou­ D e l’analyse qui précède, on peut conclure
vement régionaliste ; dans le même temps, la qu’il n’existe pas de meilleure manière unique
réflexion sur la région piétina : les monogra­ de subdiviser l ’espace d’un pays : critères
phies furent nombreuses, de qualité ; les Fran­ physiques et compétition économique créent
çais apprirent, en les lisant, la diversité de leur une multiplicité d ’ensem bles hom ogènes,
RÉGION DE PARIS O U ILE-DE-FRANCE m

mais dont les limites ne se superposent géné­ services régionaux (dont l’intitulé est choisi
ralement pas ; la vie de relation et les activités par chaque région) en liaison avec le servie#
tertiaires suscitent autour des villes des aires déconcentré de l ’État, traditionnellement lat
qui subissent les mêmes entraînements. Le direction régionale de l ’équipement ( dre )j
poids de l’histoire et des attachements cultu­ Celles-ci sont, dans la cadre de la révision
rels dessine des zones où la conscience terri­ générale des politiques publiques, en cour#
toriale demeure vive, même si les solidarités de fusion avec les directions régionale^
objectives sont ténues. de l ’environnement (diren) et de l'industrie
La division de la France en régions s’est faite, de la recherche et de l’environnement (drirs$
en 1955 et 1962, en combinant plusieurs cri­ pour constituer les directions régionales
tères : on voulait des espaces de taille moyenne de l ’environnement, de l ’aménagement-
(entre 10 et 50 000 knr) et qui disposent d’une du logem ent ( dreal ). 9 dreal (Basses
cohésion liée à une longue tradition historique Normandie, Champagne-Ardennes, Corsai
et (ou) à la prééminence d’un centre urbain Pas-de-Calais, Pays de Loire, Midi-Pyrénéen
important. La décentralisation fait apparaître Picardie, Provence-Alpes-Côte d ’Azufl
aujourd’hui les insuffisances de ce cadre: Rhône-Alpes) ont été m ises en place aù
l’influence de Paris est si forte, par exemple, 1erjanvier 2 0 0 9 ,1 0 autres au 1erjanvier 2010|
qu’il n’est pas possible de concevoir l’avenir de les dernières (Aquitaine, Île-de-France, Lojj
l’agglomération sans associer à la région Ile-de- raine, Guadeloupe, Martinique et Guyane) au
France, les régions Picardie, Haute-Normandie, 1er janvier 2011. On observera que le périf:
Centre et Champagne-Ardenne. mètre de cette fusion n’est pas cohérent avéjè
On a reproché aux régions françaises, d’une celui retenu pour les directions département,
part, d’être trop petites, d’autre part, de consti­ taies de l ’équipement (qui fusionnent aveS
tuer un échelon supplémentaire de collectivi­ celles de l’agriculture). uiii
tés territoriales. D e fait, la région est souvent p. C. ei P. JVÜ'
en concurrence avec le département. Beau­
coup pensent qu’il y a un échelon de trop et - » Aménagement du territoire ; Aménagement régional ; Budg$>
départemental et budget régional; Conseil régional; Décerç
qu’il faut supprimer soit le département soit la tralisation administrative; Établissement public ré g io n a l
région, mais le débat est v if entre « départe- Planification régionale; Politique régionale; Science régüf^t
nale. ,:,ji
m entalistes» et « région alistes». En mars
2009, le comité Balladur pour la réforme des
collectivités locales a proposé, non de suppri­
mer un de ces deux échelons, mais de favori­ RÉGION DE PARIS OU ÎLE-DE-FRANCE 1,
ser les regroupements, tant de régions que de -* Grand Paris ; Schéma régional iii-
départements, sur une base volontaire : il d'aménagement et d'urbanisme ; Statut il
estime qu’une quinzaine de régions ayant cha­ de la ville et de la région de Paris qi
cune au moins 3 millions d’habitants consti­
tuerait une solution satisfaisante. Ce comité ' , :■»>
proposait également que les conseillers régio­ RÉGION NATURELLE -> Région ,i
naux soient élus en même temps que les . it
conseillers généraux, au scrutin de liste à ■ ,;:J.

deux tours. La proposition retenue par le gou­ RÉGION POLARISÉE — Région >i
vernement est quelque peu différente, tout en
poursuivant le même objectif. Dans le projet
de réforme territoriale en cours de discussion RÉGION URBAINE -► Agglomération ; Aire -
parlementaire qui sera définitivement voté métropolitaine ; Carte communale ;
à l ’automne 2010 et mis en application en Conurbation ; Schéma régional .:i
2014, les conseils régionaux seront constitués d'aménagement et d'urbanisme ; Région >
de l’ensemble des conseillers généraux de la
région (qui seront dénommés conseillers
territoriaux). Le mode de scrutin serait majori­ RÉGIONALISATION
taire à deux tours.
Les problèmes d’urbanisme et d’aménage­ Dans l ’acception la plus large, le terme de
ment sont traités, dans les régions, par les régionalisation décrit l’opération qui conduit
665 RÉHABILITATION

à répartir des objets territoriaux, ou les don­ RÉGIONALISME -> Région


nées qui les concernent, en classes spatiales
ou régions.
La régionalisation peut s ’entendre au RÈGLE —* Modèle; Traité d'architecture
niveau des données (statistiques régionali­
sées), des études et analyses (reconnaissance
et identification des régions, analyse de leurs RÈGLE D'URBANISME — Plan d'occupation
caractéristiques géographiques, économiques des sols (pos) ; Plan local d'urbanisme (plu )
et sociales), de la planification (régionalisa­
tion du plan), des m oyens financiers. Le
terme de régionalisation est aussi employé, à RÈGLEMENT DU LOTISSEMENT
tort, pour parler d ’aménagement régional ou Lotissement
d’action régionale.
Dans le vocabulaire administratif, la régio­
nalisation consiste à transférer aux régions RÈGLEMENT NATIONAL D'URBANISME,
des attributions qui étaient jusqu’alors celles RÈGLES GÉNÉRALES D'URBANISME -> Code
de services parisiens. Elle désigne donc les de l'urbanisme
aspects techniques et juridiques de la décen­
tralisation vers la région.
I La notion de régionalisation est d’abord RÉHABILITATION
apparue dans un cadre un peu différent, celui
de la régionalisation du budget : l’opération Au sens originel, action de rétablir quel­
consiste à ventiler, à la suite d’une navette qu’un dans ses droits. Ce terme de jurispru­
entre État et régions, « les tranches opératoires dence désigne, au figuré, l ’action de faire
décidées au titre du plan de développement recouvrer l’estime ou la considération. C ’est
économique et social ». Cette régionalisation, ainsi que, par métonymie, il en est venu à dési­
instituée par la loi du 4 août 1962, a, rendu gner les procédures visant la remise en état
plus clairs les efforts accomplis par l’État en d ’un patrimoine architectural et urbain long­
faveur du développem ent de chacune des temps déconsidéré et ayant récemment fait
régions du territoire national. Dans la mesure l’objet d ’une revalorisation économique, pra­
où la régionalisation du budget se fait après tique et/ou esthétique : tissu et architecture
consultation des administrations régionales mineurs à vocation d ’habitat, ensembles et
(coder puis conseils régionaux), la procédure bâtiments industriels (usines, ateliers, habitat
comporte bien une certaine part de décentrali­ ouvrier).
sation. C ’est donc un ensem ble des travaux
L’étape essentielle de la régionalisation a visant à transformer un local, un immeuble
été franchie par la loi du 2 mars 1982 qui ou un quartier en lui rendant des caractéris­
fait des régions des collectivités territoriales. tiques qui les rendent propres au logement
La mesure a cependant davantage bénéficié d’un ménage dans des conditions satisfai­
aux communes et aux départements qu’aux santes de confort et d’habitabilité, tout en
régions elles-mêmes. C elles-ci ont peu de assurant de façon durable la remise en état
moyens pour mener une politique autonome du gros œuvre et en conservant les caracté­
d’aménagement; leur rôle est un peu plus ristiques architecturales majeures des bâti­
important en matière de planification régio­ ments.
nale, dans la mesure où elles peuvent attri­ En ce sens, la réhabilitation, bien que sou­
buer directement des aides financières aux vent considérée comme synonyme de l ’amé­
entreprises ou agir à travers des sociétés lioration de l ’habitat, est en réalité une
d’économie mixte ou des sociétés de déve­ opération plus poussée. Elle peut, par exemple,
loppement régional. comporter la restructuration interne d’un loge­
ment, voire la division de l’immeuble en appar­
P. C. tements, pour les adapter à des exigences de
taille en particulier ; l’installation d’un ascen­
•> Aménagement du territoire ; Budget départemental et budget
régional; Conseil régional; Décentralisation administrative; seur; la réfection de toitures, le ravalement,
Planification économique. mais aussi la consolidation des façades, etc.
RELATIONS SOCIALES

Bien que le concept de réhabilitation sup­ RELATIVISME CULTUREL


pose un respect du caractère architectural du
bâtiment, il s ’oppose à la restauration qui L’humanité possède des aptitudes et un
implique un retour à l’état initial, au moins «cap ital» communs à partir desquels elle
des façades et des toitures. «crée la culture». Chaque groupe d’hommes
Moins coûteuse que la restauration, la réha­ les utilise à sa manière, faisant un choix
bilitation après acquisition est généralement parmi d’autres possibles, privilégiant tell#
m oins coûteuse (bien qu’on ait souvent attitude au détriment de telle autre. La diver*
prétendu le contraire) que la dém olition- sité des sociétés et des civilisations humaine*
reconstruction, improprement appelée réno­ est donc une conséquence de l ’universalité
vation. Mais elle suppose des travaux délicats de la culture. Telle est la doctrine du relatif
qui découragent souvent les organismes visme culturel, qui s’oppose ainsi aux théot-
publics de construction. Les difficultés ries racistes et sociobiologiques.
d’ordre humain (relogement, ou parfois main­ De ce point de vue, le relativisme culturel
tien sur place des occupants pendant les tra­ fonde le projet anthropologique, qui est lit
vaux) s’ajoutent aux problèmes techniques et recherche de lois et de règles général é*
financiers. capables d ’expliquer des faits observés dans
Le programme national de rénovation les différentes sociétés du monde. Mais il en
urbaine, prévu par la loi du 1er août 2003, définit aussi les limites imposées par l’ethnos-
prévoyait la réhabilitation de 200 000 loge­ centrisme, lui aussi universel : nos représen­
ments dans les zones urbaines sensibles au tations, notre système de référence et de
cours de la période 2004-2008. Cet objectif jugement atteindront difficilement à l ’objectt*
n ’a pas été atteint et ce programme a été vité. >ft
prolongé jusqu’à fin 2013. En 2 0 0 9 , la A ux plus radicaux des défenseurs du
réhabilitation de 298 000 logem ents est relativism e culturel, on peut reprocher
engagée ou programmée, mais seulement d’avoir une vision statique, niant les chant
78 780 logements ont été réhabilités depuis gements et la dimension historique de tout#
la loi. société humaine. Mais cette position a 1#
La réhabilitation concerne également les mérite de souligner qu’à la différence dé
logements en milieu rural. Elle y prend plu­ certaines sociétés qui cherchent à se reprctf
sieurs formes : duire telles quelles (hom éostasie) ou,
— réhabilitation de leurs logements à l’ini­ s’acharnent à se persuader qu’elles n ’ont
tiative des habitants eux-mêmes pour amélio­ jamais changé depuis le début des tempsfc,
rer leur confort ; d’autres sociétés occidentales, au contraire^
— réhabilitation par ces habitants de sont ob séd ées par l ’idée de progrès i«t
locaux inutilisés pour les louer, notamment à d ’innovation. La théorie du relativism e
des visiteurs (gîtes ruraux, chambres d’hôte) ; culturel peut donc leur suggérer que cer­
— réhabilitation de maisons, qui avaient taines des pratiques, des catégories ou d si
parfois été abandonnées, par des citadins conceptions originales des sociétés ditefc
pour les utiliser comme résidence secondaire ; « p rim itives» peuvent être expérimentées
— réhabilitation par (ou pour) des cita­ dans la nôtre. lé
dins pour en faire leur résidence principale M. P. et M. Pè.
(dans le cadre de la rurbanisation ou exode
urbain. - » Anthropologie sociale et culturelle ; Ethnocentrisme ; RacisirièH

P.M.
Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (a n a h ); RELIEF U?»
Amélioration de l'habitat ancien; Conservation intégrée; ti
pact - arim ; Rénovation urbaine ; Restauration ; Secteur sauve­
gardé; Zone de protection du patrimoine architectural et Dans une acception étroite, le terme jdè
urbain (zppau ). relief ne concerne que les parties les plus
saillantes, les plus élevées, des continents «t
des bassins marins. Il est alors synonyme, sur
RELATIONS SOCIALES Changement les continents, de montagne. ' lilli
social ; Classe sociale ; Conflit social ; Société Dans un sens plus large, il désigne l’orga­
667 REMEMBREMENT

nisation topographique générale de la région matière de terres agricoles. Le remembrement


considérée. rural permet de restructurer des exploitations
I La géomorphologie moderne tend à considé­ lorsqu’un parcellaire trop morcelé interdit
rer que le relief est la distribution des volumes toute forme moderne d’exploitation. Il consti­
topographiques (en saillie comme en creux) tue des exploitations agricoles d ’un seul
i depuis l’échelle kilométrique jusqu’à l’échelle tenant ou à grandes parcelles bien groupées.
continentale, par opposition au modelé, forme En zone urbaine, le remembrement permet
mineure de la topographie, dont la taille peut de remodeler le parcellaire de façon à per­
aller du centimètre au kilomètre environ. mettre la réalisation d ’opérations d ’urba­
La distribution des reliefs, au sens géomor­ nisme. Une telle redistribution est rendue
phologique du terme, tient à deux séries de particulièrement utile lorsque le régime
facteurs, qui interfèrent : des successions conduit à des répartitions
— des causes internes : les mouvements égalitaires des terres entre les héritiers, et donc
tectoniques, qui créent des bosses et des à un parcellaire de plus en plus fragmenté.
creux, les émissions volcaniques, qui bâtissent En France, la procédure de remembrement,
par endroits ce que l’on a appelé des « reliefs décidée et financée au niveau du départe­
postiches ». ment, est mise en œuvre par une commission
— des causes externes : les processus de communale d’aménagement foncier. Toutes
l’érosion, inégalement efficaces selon la nature les terres agricoles comprises à l’intérieur du
des roches : les plus résistantes demeurent en périmètre y sont soumises. Selon la règle de
saillie alors que les plus tendres sont excavées l’équivalence, chaque propriétaire doit rece­
en dépressions (notion d ’érosion différen­ voir, au terme du remembrement, une super­
tielle) ; d’autre part, la durée pendant laquelle ficie égale, en valeur de productivité, à celle
se développent les processus de la morphoge­ des terrains qu’il a apportés dans la «masse
nèse n’est pas partout la même : sur les vieux de répartition ».
socles, l’évolution est souvent longue de cen­ Si personne ne met en cause, de façon
taines de millions d’années et les surfaces générale, l’utilité du remembrement rural,
d’aplanissement prédominent, alors que, dans des critiques parfois assez vives sont formu­
les chaînes de plissement récent (tertiaire et lées contre certains «travaux connexes» au
quaternaire), l ’évolution est plus courte et les remembrement (arasement des talus, dispari­
formes plus proches des constructions tecto­ tion des haies), qui peuvent rompre certains
niques originelles. équilibres (faune, flore, microclimats).
G. B. La technique du remembrement est, en
revanche, plus délicate à mettre en œuvre en
Conditions naturelles; Montagne (aménagement de la);
Topographie.
zone périurbaine, lorsque l ’objectif est de
remodeler le parcellaire de façon à permettre
des opérations d ’urbanisme. Elle y serait
pourtant d ’autant plus nécessaire que ces
RELOGEMENT —» Expulsion zones présentent bien souvent le parcellaire le
plus morcelé, souvent inextricable. Mais les
valeurs foncières y atteignent en général un
REMBOURSEMENTS — Emprunts niveau élevé qui rend plus difficile la procé­
tes collectivités locales dure de remembrement.
En Allemagne, la technique du remembre­
ment urbain (Umlegung) est maintenant bien
REMEMBREMENT acclimatée et constitue pratiquement la pre­
mière opération à l’intérieur des «plans de
Le remembrement a pour but d’assurer, par construction» (Bebauungsplan). C’est égale­
edistribution des terrains entre les différents ment le cas dans plusieurs cantons suisses
iropriétaires à l’intérieur d ’un périmètre, une qui pratiquent le « remaniement parcellaire »
neilleure adéquation du parcellaire à l’usage intégral, s’étendant en même temps sur les
lu terrain. terres agricoles et sur les terrains qui devien­
La procédure du remembrement est bien dront urbanisables au terme de la procédure.
;onnue, dans pratiquement tous les pays, en Hors d’Europe, le remembrement urbain est
RENAISSANCE

d ’application très générale au Japon et en songe que les artistes de l’époque étaient de#
Australie. «hom m es universels», artistes polyvalent#
Il n ’existe en France qu’une procédure, en même temps qu’humanistes. i ■liijl1
celle de l’Association foncière urbaine (afu) L’idéal artistique de la Renaissance ;l#j
permettant de mener à bien le remembrement une mise en proportion de l ’espace quii||
de terrains urbanisables : l’association des pro­ fonde sur la perspective et se traduit par1'
priétaires, sous des règles précises de majorité commensurabilité des parties. La paternité ,
qualifiée, acquiert la qualité d’établissement cette approche est généralement attribuéei#
public après autorisation préfectorale et peut F. Brunelleschi qui, quoique peintre (det 1
alors effectuer le remembrement et l’équipe­ panneaux en bois, réalisés par lui et perd’
ment des terrains. depuis, auraient livré les premiers exempl1
Juridiquement com plexe, pratiquement de vue en perspective) et sculpteur à l’oci
laborieuse lorsque les propriétaires sont nom­ sion, est avant tout architecte. La perspecti'
breux et le parcellaire complexe, I’afu n ’a trouve cependant son application simuh
qu’une portée marginale depuis sa création dans la peinture (Masaccio) et la sculpti
en 1967. C’est pourtant un outil intéressant, (Donatello, Ghiberti). La peinture acquii
voisin du Bebauungsplan allemand, qui atté­ d’ailleurs rapidement un très grand prestigi
nue les difficultés liées aux plus-values du fait qu’elle parvient à traduire dans uni
qu’entraîne le zonage, dans la mesure où forme achevée l’idéal de parfaite lisibilité;#
sont redistribués simultanément les terrains de régularité auquel la culture de la perspeûj
et les droits de construire. L’afu est, en tive aspire. ‘lit
outre, une procédure économe des deniers La première réalisation autonome d#
publics, puisque ce sont les propriétaires Brunelleschi, l ’Hôpital des Innocents (14JîJ^
eux-mêmes qui financent les équipements. 1427) à Florence, illustre bien cette rechei
de régularité et pose les prémisses pour u
V. R.
aménagement spatial unitaire qui trouve s(
-* Association foncière urbaine; Parcellaire. aboutissement dans l’organisation symétriqj
ultérieure de la place de l’Annunziata. Ce t
d’aménagement était préfiguré par le traiterai
RENAISSANCE intérieur des églises de Brunelleschi, nota
ment à San Lorenzo. Dans les deux exempj
Concept élaboré en Italie (rinascita), entre cités, l’architecte fonde son ordonnance;
le milieu du XIVe siècle (Pétrarque) et le pre­ de l’espace sur un élément fondamental, le poi
mier quart du XVe, pour désigner le renouveau tique, qui assure une transition entre espa(
de la culture qui s’amorce dans ce pays et intérieur et espace extérieur, et surtout un dév
trouve son inspiration dans l’Antiquité clas­ loppement modulaire permettant de réaliser
sique. mise en proportion de l ’espace dans ujit
En France, il faut attendre le x ix e siècle composition à la fois élémentaire et articulé#,
pour que le terme passe dans l’usage et serve D ’où son utilisation récurrente, aussi bien dâij)
désormais à marquer une périodisation de les nouvelles interventions que dans les travail?
l’histoire qui ne concerne pas exclusivement de régularisation d’un espace existant. Dès 1«
les arts. La Renaissance en France est dès lors années 1420, le portique devient un thèthjl
datée d’un siècle plus tard qu’en Italie. favori de la peinture (B. Gozzoli, Masolino dfi
Si le Quattrocento est porteur d’une révo­ Panicale, S. Botticelli, Piero délia Francesca,
lution en peinture, avec l ’invention de la V. Caipaccio) et Alberti peut ainsi affirmer que
perspective, et en architecture, avec la rup­ l’architecture « nouvelle » a trouvé son inspira*
ture accomplie par Brunelleschi par rapport à tion dans la peinture (Opéré volgari, IV, p. 41).
la tradition médiévale, il consacre également Comme le montre l’un des trois célèbres pan­
l ’avènement d’un aménagement urbain neaux d’Urbino (Musée de Berlin), le portique
conscient de soi. Celui-ci, théorisé par les peut devenir également un filtre perspectif
trattatistes, réalisera une synthèse des apports jouant alors un rôle analogue à celui de la logr
respectifs de la peinture et de l’architecture, gia chez les maîtres flamands de l’époque. ,;!i
et bientôt de ceux du théâtre et du nouvel art Dans une première phase, la préfiguration
des jardins. Synthèse non surprenante, si l’on spatiale opérée par la peinture va essentielle­
189 RENAISSANCE

ment vers une rationalisation et un embellis­ de la place de Pienza, inspiré par Alberti, ou
sement de la ville existante. Elle reflète la sta­ la restructuration d’Urbino, autour du palais
bilisation de l’espace urbain, consécutive aux ducal, en relation étroite avec le paysage).
grandes interventions des deux siècles précé­ D ’autre part, il préconise une recherche
dents. Dans le même esprit, les peintres d’ordonnancement unitaire de certaines par­
contribuent à la recherche, sur les nouvelles ties de la ville, de régularité, poursuivie toute­
typologies de bâtiments et sur leurs interrela­ fois par la médiation de l’architecture (cf. le
tions possibles avec le tissu urbain (cf. Le réaménagement du quartier du Borgo, à
cycle de saint Bernardin par Le Pérugin), qui Rome, et l’émergence figurative des palais du
aboutira aux traités d ’architecture de F. di Vatican, reliés au Tibre par trois mes paral­
Giorgio. lèles flanquées d’arcades, projet élaboré par
Vers la fin du Quattrocento, une deuxième Alberti pour Nicolas V, vers 1450, et réalisé
phase voit apparaître en peinture les pre­ en partie ultérieurement).
miers exem ples d’un espace urbain idéal, Ainsi, malgré l ’adéquation ville-maison, le
avec une organisation strictement centrée D e re aediflcatoria laisse entendre qu’à
(cf. les deux autres panneaux d’Urbino, attri­ l’opposé d’une place, une ville ne saurait être
bués à F. di Giorgio ; La remise des clefs à l ’objet d ’un projet unique. Or, cette
saint Pierre, par Le Pérugin) qui « exalte conscience de la complexité du fait urbain (la
(...) la place com m e lieu privilégié de la ville ne pouvant être, pour Alberti, que le
pensée architecturale du XVe siè c le » et cadre de plusieurs interventions successives)
reflète « une conscience de plus en plus pré­ se perdit par la suite. Le traité de Filarete
cise des «valeu rs représentatives» de (1461-1464) présenta la première cité idéale :
l’architecture » (A. Chastel, Le grand atelier, le projet de ville en étoile pour F. Sforza,
i. 23). Le rôle nouveau de l ’artiste, qui se Sforzinda, étend un ordonnancement rigou­
:raduit par son statut social, trouve ainsi sa reusement radiocentrique à la totalité de
consécration définitive. Brunelleschi, pour- l ’espace urbain. L’architecture militaire s ’em­
:ant maître d’œuvre virtuose, place déjà la para bientôt du symbolisme prestigieux de ce
conception intellectuelle de l ’invention de schéma et la notion de ville idéale se concré­
'ouvrage, voire du projet, au-dessus de celle tisa dans un idéogramme géométrique qui
les techniques de construction et donc du reparaît régulièrement chez les trattatistes ulté­
chantier. Cette approche, qui s ’inscrit dans rieurs.
'idéalisme néo-platonicien de l ’époque, va Les traités de Francesco di Giorgio Martini
itre désormais appliquée indifféremment à (1470-1480) offrent le premier catalogue de
'édifice singulier et à l ’aménagement de la formes de ville. Le schéma radial y sert à visua­
fille. liser les variantes déjà décrites par Alberti et
Le postulat d’une identité de l ’architecture déterminées par la situation géographique des
:t de l’art urbain passe par la réflexion théo- villes : dans la plaine, en colline, le long d’une
ique que L. B. Alberti développe dans son rivière, etc. Sur un plan purement formel, il
De re aediflcatoria (présentation au pape s’agit d’une réafïïrmation de cette centralité
'ficolas V en 1452 ; publication posthume en qui était l’idéal inscrit dans les recherches du
485). Alberti préconise l ’unité de l’espace Quattrocento sur la perspective. Dans l ’abs­
ntérieur et de l’espace extérieur d’un édifice, trait, cette forme de ville a des origines
lostulant, à terme, un contrôle global de anciennes (fascination de la cité circulaire et
'aménagement, dont son premier projet partant parfaite, équilibrée). Dans les faits, elle
l’église à plan centré (San Sebastiano à est dictée par des exigences militaires. Le tracé
dantoue, vers 1460) est l ’illustration para- des fortifications et la menace de l’artillerie
ligmatique. Son approche spécifique de la commandent le développement radiocentrique
’ille ne s’en fonde pas moins sur deux ordres de la ville, car radial est le critère balistique de
le préoccupations, qui se traduisent par la contrôle de toutes les directions de l’espace, au
oexistence du principe de commodité et du départ d’une place centrale.
irincipe de plaisir. D ’une part, il prône Comme l’indique R Lavedan, « c ’est à la
'adaptation au site, au contexte, voire une France qu’est revenue la pénible obligation
ontinuité avec la vifle existante, telle qu’elle d’expérimenter [...] les nouvelles méthodes
st issue du Moyen Âge (cf. l’aménagement d ’urbanisme défensif» {Histoire de l'urba-
RENOUVELLEMENT URBAIN

nisme, II, p. 76). Rocroi (date de fondation Karlsruhe et fut imaginé en 1600 par J. Errardj
incertaine) est l ’exemple de la toile d ’arai­ ingénieur d ’Henri IV. Les grands jardinlj
gnée ; Vitry-le-François (projet de G. Marini, comme ceux de la villa d’Este, du palais Pitti
1545) est construit sur un plan en damier, (Boboli), de Fontainebleau, préludent à ltenj
commandé néanmoins par la superposition du baroque et livrent le m odèle pour uô§;
d ’un schéma radial virtuel: deux exemples refonte des espaces de représentation dans1la
dont l’harmonie formelle ne sera plus égalée ville. ‘/ S
par les autres réalisations de l’époque, à vrai Ils trouvent un allié puissant dans le théâtre)
dire peu nombreuses. P. Cataneo est, dans un Depuis les travaux de G. Genga et B. Peruzai
sens, le dernier auteur d’un traité (1554) qui (vers 1520), le théâtre, pour ses décors scénût
s ’intéresse à un rapport organique entre graphiques, fait jouer un rôle privilégié àilNj
l’enceinte et le tissu urbain; par la suite, la rue, homologue de l’allée dans les jardins.
première l ’emporta définitivement sur le place peut encore subsister, à l ’avant-plàlttji
second. Si Palmanova reste, avec son plan mais elle coïncide alors avec l ’espace de;!*;
parfaitement radiocentrique, l’exemple le plus scène. La vue s ’ouvre au loin, même si F infini
prestigieux de ville militaire et de tracé idéal, est toujours arrêté par un élément de scansiortf j
elle n’en est pas moins un anachronisme dès l’arc de triomphe ou l’obélisque. Et ces pmij
sa fondation (1593). cées, qui dans les villes militaires étaient dtejj,
La trame quadrillée domina aussi bien dans tées par la contrainte, deviennent l’expressidiÉ;
les nouvelles fondations (La Vallette, 1566- du rayonnement de la ville. À l’instar de lfaÉÎ
1571), puis dans toutes les villes coloniales, des jardins, le théâtre déploie ainsi un résêaij
que dans les extensions de villes (Lisbonne, à unificateur de l’espace (cf. la scène du Teatwjj
partir de 1513 ; Anvers, à partir de 1548). Olimpico à Vicenee, de A. Palladio) panifiai
L’Italie en avait offert, au tout début du système de parcours qui rappelle souvefl|
xvie siècle, un exemple dans l ’extension de celui des cortèges princiers ou royaux dans l«ii
Ferrare (Addizione erculea) qui, par ses fêtes de prise de possession des villes. iK,t
dimensions, est comparable à une nouvelle À la fin de la Renaissance, le répertoire et# ;
fondation, et dont l ’aménagement avait été désormais réuni pour maîtriser la centralisai ]
confié à B. Rossetti. Le projet de ce dernier a tion vers laquelle tend la ville et dont le plâji
été considéré par plusieurs auteurs comme la de D. Fontana pour la Rome de Sixe Quitty ;
première intervention urbanistique moderne,
dans la mesure où les prévisions du plan défi­
nissent les lignes directrices du développe­
ment à venir, en faisant largement abstraction
apportera la preuve. flj'

R
i
- » A rt; Art urbain; Composition urbaine; Fontaine; HistoMr)i
Palais; Peinture; Perspective; Radioconcentrisme; SyrrçétH
des possibilités d’édification immédiates. Vir­ trie; Traité.
tuellement, c ’est toujours la perspective qui
régit les dispositifs de contrôle formel de îtf
l’espace mais, dans la pratique, elle n’est plus RENOUVELLEMENT URBAIN
utilisée que pour asseoir la convergence de
multiples figures hétérogènes. En outre, l’élé­ Le comité interministériel des villes (CIV)
ment de la rue prend, par rapport à la place, du 14 décembre 1999 a défini un programmé
une importance que l’art urbain ultérieur du national de renouvellement urbain et fait dll
xvie siècle ne fera qu’accentuer. gpv (grand projet de ville) l’instrument cet»;
Dans la deuxièm e moitié du siècle, la tral de la politique de la ville. L’objectif cU*.
recherche sur les tracés, notamment dans le renouvellement urbain, poursuivi par les GW
registre principal de la perspective, s’enrichit et par les opérations de renouvellement urbaül
d’une nouvelle influence : l ’art des jardins. (oru), est la relance de quartiers (d’habitet
Celui-ci naît à l’extérieur de la ville, dans la social prioritairement, mais pas exclusive*-
campagne, autour des résidences seigneuriales ment) en déshérence moyennant une intervetty
(villas, châteaux), ou l’absence de contraintes tion très volontaire et diversifiée sur l’habitâjt,
permet de donner libre cours à une vision tota­ l’emploi, la sécurité, l’école, etc. Le concepjt
lisante. La leçon est presque aussitôt intégrée de renouvellement urbain implique un réirt)
dans les projets urbains, comme le montre en vestissement sur des sites ayant un potentiel
France le projet de ville radiale qui inspirera économique sous-utilisé, un remodelage des
«71 RÉNOVATION URBAINE

quartiers avec une part de démolition- lement créée, par où transiteront les finance­
reconstruction qui complète la réhabilitation ments de l’État et des divers partenaires vers
! de l ’habitat existant. Il implique aussi une les opérateurs définis par les collectivités terri­
nouvelle articulation des quartiers avec le toriales.
reste de la ville (nouveau dessin des voiries,
développement des transports en commun). A. M.
Les villes doivent devenir les initiatrices Amélioration de l'habitat ancien; Financement du renouvel­
des projets et mobiliser les différents opéra­ lement urbain; Réhabilitation; Grand projet de ville ( pgv );
Rénovation urbaine.
teurs. Elles ont la légitimité pour le faire et
doivent s ’impliquer à un niveau élevé (maire
ou adjoint à forte délégation) et mettre les dif­ RÉNOVATION RURALE -s Aménagement
férents services municipaux au service de rural
l’objectif commun. Il s’agit aussi de fédérer la
population autour des projets. Le renouvelle­
ment urbain implique l’engagement de l’État RÉNOVATION URBAINE
sous différentes formes, des partenaires finan­
ciers, dont la Caisse des dépôts et consigna­ Démolition, en vue d’une construction nou­
tions ( cdc ) et l ’Union d’économ ie sociale velle, d’un secteur urbain occupé par des loge­
pour le logem ent ( uesl ), des maîtres ments, des activités ou de façon mixte. Cette
d’ouvrage publics et privés, des structures définition montre que le terme, consacré par
d’intervention foncière et diverses associa­ l’usage et par la réglementation, est impropre :
tions. Cela nécessite une direction de projet on devrait parler de démolition-reconstruction
sous mandat de la municipalité ou de la struc­ et réserver l ’expression de rénovation à la
ture intercommunale compétente. La direction réhabilitation.
de projet peut rester aux responsables locaux La rénovation urbaine est une opération
ou être confiée à un opérateur ( sem , opac , d ’ensem ble qui concerne la totalité, ou
etc.). Le projet est institué pour cinq à dix ans l’essentiel, du bâti d’un secteur. Elle peut être
et, moyennant des études de faisabilité, il est motivée :
assorti de programmes d’action successifs. — par la mauvaise qualité des bâtiments :
Des indicateurs enregistrent le degré de réali­ l ’insalubrité de certains quartiers anciens a été
sation des objectifs. à l’origine des opérations massives de réno­
Cette politique des gpv et des oru a été vation urbaine des années 1960 et 1970; la
confirmée dans ses grandes lignes lors du délinquance qui y trouvait parfois refuge a
changement de majorité issu du scrutin légis­ également été évoquée ;
latif de 2002 moyennant un changement — par leur inadaptation : on rénove ainsi
terminologique : on parle désormais de réno­ des quartiers d’usines ou d’entrepôts pour
vation urbaine. La loi d’orientation et de pro­ construire des logements ; des secteurs d ’habi­
grammation pour la ville et la rénovation tat vétuste pour construire des ensembles de
urbaine du 1er août 2003 vise, entre autres, bureau ou des logements modernes, le voisi­
une réduction des inégalités dans les zones nage d’une opération de voirie, etc. ;
urbaines sensibles (zus) et entre celles-ci et le — par leur insuffisante occupation du sol
reste des zones urbanisées, moyennant des (c’est souvent le cas dans les centres urbains,
objectifs en termes de logement, d’emploi, de en particulier dans les quartiers d’affaires ou
développement économique, de transport, de susceptibles de le devenir) ou par leur inadap­
scolarité, d ’accès à la santé et de sécurité tation à la circulation automobile.
publique. La rénovation urbaine a existé à toutes les
Un programme national de rénovation époques : ainsi de la transformation de quar­
rrbaine a été adopté, qui représente un très tiers entiers de Paris par Haussmann (le quar­
mibitieux investissement : 30 milliards d ’€ tier de la pègre, dit Petite Pologne, devenant
sur cinq ans (2004-2008), et doit en particulier par exemple le luxueux quartier Saint-
•énover l ’habitat par de très nombreuses Augustin). Sous la double poussée des doc­
iémolitions, constructions et restructurations. trines de l ’urbanisme progressiste et de la
2e programme s’appuie sur I’anru (Agence spéculation foncière, la rénovation urbaine a
rationale pour la rénovation urbaine), nouvel­ été mise en pratique depuis les années 1950.
RÉNOVA TION URBAINE 67f,

Elle a été réglementée en France par le décret les immeubles les plus vétustes dont le gros
du 31 décembre 1958, qui a permis les œuvre est en très mauvais état. Mais la démo­
grandes opérations de rénovation des années lition s ’opère de plus en plus après étude du
1960, en particulier en région parisienne cas de chaque immeuble et non plus de façon
(plus de 100 opérations, couvrant près de systématique. Si la reconstruction dans ces
600 ha, comportant la démolition de plus de conditions est plus délicate et souvent plUSj
50 000 logem ents et la reconstruction de coûteuse, elle maintient une continuité dans
85 000) ; puis par la loi de 1965 (suppression l’évolution du tissu urbain. ijt
des bidonvilles) et celle de 1970 (résorption L’expression « rénovation urbaine », impror,
de l ’habitat insalubre). prement attachée aux opérations de démolition,
La rénovation urbaine est une opération reconstruction, a été reprise dans un sens plus
lourde qui nécessite une intervention massive large et plus conforme à l ’étymologie, au débiift
des pouvoirs publics : des années 2000, remplaçant celle de renouvela
— sur le plan institutionnel, par mise en lement urbain, elle-même employée depuis lêjt
place d’un organisme aménageur qui acquerra années 1990 (notamment dans l’intitulé de lfj
les bâtiments, les démolira, relogera les occu­ loi Solidarité et renouvellement urbains dm
pants, établira le plan de l’opération, aménagera 13 décembre 2000). L’intitulé de la loi Borlo®
les terrains et les cédera à des constructeurs ; du 1er août 2003 (loi d’orientation et de prn
— sur le plan juridique, pour permettre grammation pour la ville et la rénovation
l’expropriation ; urbaine) l’a consacrée. Cette loi lance un pr«.
— sur le plan financier, le plus souvent, gramme national de rénovation urbaine, nou­
en particulier en début d’opération, en raison velle tentative pour traiter le problème dès
du coût des infrastructures à réaliser et du banlieues en difficulté, et en particulier celui dq
délai inévitable entre les acquisitions et les 163 quartiers prioritaires des zones urbaines
premières cessions. sensibles (zus). Le programme prévoyait, pour
On a reproché à la rénovation urbaine : la période 2004-2008, une offre nouvelle de
— sur le plan social, de rompre les liens 200 000 logements sociaux par remise sur lu
de quartier pour les habitants relogés ailleurs marché de logements vacants et par construc­
(et parfois pas du tout) et de favoriser la tion dans les zus ou dans les agglomérations
formation de quartiers aisés ou de centres de dont elles font partie, ainsi que la réhabilitation
bureaux de luxe ; de 200 000 logements locatifs sociaux et la
— sur le plan économique, de permettre, démolition de 200 000 logements vétustes ou
au prix d’aides publiques importantes, des inadaptés. La loi attribuait 2,5 milliards d’€ de
bénéfices importants pour les opérateurs crédits budgétaires en cinq ans, plus des prêt*!
intervenant en fin de processus ; de la Caisse des dépôts et consignations et dèé i
— sur celui de la morphologie urbaine, fonds du 1 % logement, et le gouvernement a
d’opposer brutalement les quartiers rénovés évoqué un total de 19 milliards d’investisse­
aux caractéristiques du tissu urbain antérieur ments dans les 163 quartiers prioritaires et de
et de celui des quartiers voisins (Italie, Front quelque 25 milliards en tout dans les banlieues
de Seine, par exemple, à Paris). en difficulté. Ces objectifs quantitatifs powif
Ces critiques ont conduit à limiter ces opé­ vaient paraître optimistes, voire irréalistes, a#
rations : on a créé le fonds d’aménagement vu des réalisations des années antérieures :ü
urbain qui n’accorde que des subventions spé­ n’est pas certain que l’augmentation des cffe
cifiques et non plus des subventions globales dits, à la suite des lois du 18 janvier 2005 (potin
d’équilibre (ce fonds a été supprimé en 1983, la cohésion sociale), du 13 juillet 2006 (engages
dans le cadre de la décentralisation). La loi du ment national pour le logement) et du 5 maifl
18 juillet 1985 a supprimé le chapitre consacré 2007 (droit au logement opposable), puis dû
à la rénovation urbaine dans le Code de l ’urba­ plan de relance (2009), suffise à vaincre les len­
nisme. teurs structurelles et les réticences de nombreux
D es alternatives à la rénovation urbaine élus vis-à-vis du logement social. ms,
sont apparues, au moins en ce qui concerne Pour assurer la réalisation de ce prêt
les logements : les procédures d’amélioration gramme, la loi a prévu la création (effective en
de l’habitat ancien et en particulier la réhabili­ 2004) d ’une Agence nationale pour la rénova*
tation. Celle-ci ne peut cependant concerner tion urbaine (anru ) avec le statut d’établisse­
673 RENTE FONCIÈRE

-> Amélioration de l'habitat ancien ; Congrès internationaux


ment public à caractère industriel et commer­ d'architecture moderne ( ciam ) ; Crédit imm obilier; Finance­
cial. Cette agence accorde des concours finan­ ment du renouvellement urbain; Insalubrité (habitat; loge­
ment) ; Pacte de relance pour la ville ; Programme national de
ciers aux collectivités territoriales, aux epci rénovation urbaine; Réhabilitation; Renouvellement urbain.
compétents et aux établissements publics ou
privés conduisant des opérations de réno­
vation urbaine, avec lesquels il passe des
conventions. Ces opérations concernent RENTABILITÉ D'UNE INFRASTRUCTURE
l ’aménagement urbain, la réhabilitation, la DE TRANSPORT
résidentialisation, la démolition-construction
de logements sociaux, la création ou la réhabi­ Aptitude de cette infrastructure à produire
litation d’équipements publics ou collectifs, la des bénéfices. On peut définir :
réorganisation d ’espaces économiques ou — un taux de rentabilité financière, le plus
commerciaux, etc. Exceptionnellement, elle classique, comme rapport des bénéfices envi­
peut assurer la maîtrise d’ouvrage de ces pro­ sagés par l’exploitant au coût des investisse­
jets à la demande de la collectivité et après ments correspondants ;
accord des ministres chargés de la ville et du — un taux de rentabilité économique qui
logement. Au total, I’anru estime que le pro­ prend en compte les coûts publics non sup­
gramme, dont l ’exécution a été prolongée jus­ portés par l ’exploitant (ex. coût de la police
qu’à 2013 (et le sera sans doute au-delà de de la circulation, d ’entretien de la voirie) ;
cette date), engendrera 42 milliards d’€ de tra­ — un taux de rentabilité généralisée, qui
vaux, dont 6 venant de l ’État et 12 au total prend de plus en compte les gains (ou pertes)
transitant par I’anru . Il prévoit la démolition de coûts généralisés supportés par les usagers ;
de 123 800 logements et la construction de — un taux de rentabilité généralisée sociale,
117 130 autres. Mais, fin 2008, si les program­ qui prend en plus en compte les variations de
mations concernaient 98 900 démolitions et coûts sociaux (nuisances, sécurité).
38 240 constructions, seuls 45 800 logements Il convient, en outre, de préciser si on cal­
avaient été effectivement démolis (14 700 en cule :
2008) et 17 990 logements neufs livrés. — une rentabilité avant ou (préférable)
Depuis une dizaine d’années est apparue après amortissements ;
la notion de « résidentialisation » des loge­ — une rentabilité immédiate (de la
ments. Ce néologisme qualifie le traitement, l re année, de la n-ième année) ;
non seulement des logements, mais aussi de — un taux de rentabilité interne qui annule
l’espace urbain environnant afin d’améliorer la somme du bénéfice actualisé.
la vie quotidienne des habitants. Il a été Pour évaluer l’intérêt et le degré de priorité
appliqué surtout aux quartiers de logement à accorder à un investissement on recourt :
social. La résidentialisation consiste à secto­ — soit à la méthode coût-avantages (cost-
riser les espaces (publics et privés), à redéfi­ benefit), qui compare les coûts aux avantages
nir les statuts et les usages des différents attendus de cet investissement ;
espaces, ainsi que les modes de gestion de — soit à la méthode coût-efficacité (cost-
ceux-ci. Elle peut conduire à recomposer des efficiency), qui effectue une comparaison plus
quartiers pour faire émerger des résidences large, en incluant d’autres critères (analyses
facilement appropriables par les habitants et multicritères), y compris qualitatifs, suscep­
les valoriser; le m odèle implicite est celui tibles de guider le choix des décideurs.
des résidences privées construites autour des P. M.
années 1970. On en attend aussi une
meilleure sécurisation et un embellissement. Coût de fonctionnement des transports; Coût d'investisse­
ment des transports ; Coût généralisé de déplacement ; Coût
Le programme national de rénovation social; Planification des transports; Tarification (des trans­
urbaine prévoit, outre les dém olitions- ports).
constructions et les réhabilitations, la rési­
dentialisation de 288 720 logements. Celle-
ci a été, fin 2008, programmée pour RENTE FONCIÈRE
210 320 logements et réalisée pour 48 490.
Prix payé par un locataire pour avoir le
A. M. et P. M. droit d’utiliser un terrain.
REPORT DU COS

Depuis trois siècles, les explications théo­ des autres. Ces modèles ont été repris ét
riques sur la formation de la rente foncière ont affinés, notamment en France, par Gérard
constitué une part substantielle de la théorie Maarek (1964) et René Mayer (1965) qui foi#
économique, particulièrement aux xvrae et varier le champ des variables prises en compte*
x ix e siècles, avec l’émergence des conflits Depuis, plusieurs économistes (Mirrlees,
pour l ’appropriation du sol et l ’exploitation Solow, Riley) ont proposé des modèles nor-i
progressive du « gisement fiscal » que consti­ matifs de localisation et d’équilibre du marché
tuait la propriété foncière lorsque l’agriculture foncier, dérivés des modèles néo-classiques.
représentait l’essentiel du secteur productif. Il ne paraît pas évident que la valeur explica­
La théorie classique de la rente foncière, tive et prédictive de ces travaux soit à la hau­
développée en particulier par Adam Smith, teur du formalisme mathématique sur lequel
Malthus, Ricardo et Marx, repose pour ils sont construits.
l’essentiel sur l ’idée de la variation de la rému­ Dans une autre direction, s’est développé*
nération du capital foncier, liée à l’inégale fer­ particulièrement en France, un courant d’idées
tilité des terres et à la loi des rendements se réclamant de l’analyse marxiste (Alquier,
décroissants. Lojkine, Topalov, Preteceille, Castells;
Marx, héritier de la pensée ricardienne, a Lipietz). Ses représentants inversent la problé­
précisé la notion de rente foncière en distin­ matique, en postulant la nature sociale des
guant quatre éléments : la rente différentielle prix fonciers, résultat de rapports de forcé
liée à la fertilité, la rente différentielle résul­ entre catégories sociales. Produit historique
tant du capital investi, la rente absolue et la de forces économiques et sociales, l’espace
rente de monopole. urbain est alors régi par la « division écono­
Ces distinctions, si elles ont stimulé l ’ana­ mique et sociale de l ’espace » (Lipietz). ;
lyse théorique de la rente, n ’ont guère permis L’analyse néo-marxiste partage avec le
de produire des concepts opératoires, statisti­ courant néo-classique la difficulté à produire
quement mesurables. D ’autre part, elles ne sont des concepts opératoires pour une analyse
pas transposables au cas des terrains urbains. empirique du foncier urbain. Sur ce demiéril
L’école néo-classique, et notamment Alfred point, se développent depuis quelques années
Marshall, à la fin du xixe siècle, élargit l’ana­ en France des analyses empiriques des
lyse en se proposant d’expliquer simultanément marchés fonciers et immobiliers, en particu-..
la formation des prix fonciers et les change­ lier à travers la technique statistique des prix
ments d’affectation des sols par la concurrence hédoniques, qui permet de mettre en é v i-.
entre les utilisateurs potentiels. Léon Walras dence la part relative de différents facteurs
avait, de son côté, présenté en 1880 une expli­ dans la formation des prix fonciers et immo-.-,
cation de la formation de la valeur des terres biliers. s
conduisant à une croissance indéfinie de la
V. R. 1
rente foncière, justifiant selon lui une appro­
priation publique généralisée des terres. -* Prix fonciers.
Plus récemment, Lowdon W ingo et
W illiam A lonso ont élaboré, indépendam­
ment l’un de l’autre, des modèles qui relient REPORT DU COS —> Coefficient d'occupation
le prix des terrains au coût de transport et des sols (cos)
intègrent la question de la formation du prix
des terres à la question plus large de l ’organi­
sation de l’espace urbain et de la croissance REPRÉSENTATION — Cartographie;
des villes. Géométrie ; Morphologie (urbaine) ;
Le modèle de W ingo (1962) repose sur Photographie (au sol, aérienne, de satellite);
l’hypothèse de maximisation par les individus Plan
de leur revenu net, en prenant en compte loyer
et coût généralisé du déplacement. Alonso
(1964) élargit l ’analyse en intégrant les REPRODUCTION
comportements des entreprises et ceux des
ménages, pour aboutir à une structure des prix Fonction des individus qui leur permet de
fonciers en fonction des préférences des uns et produire d ’autres individus. Le renouvelle­
675 RÉSEAU DE VILLES

ment d ’une population résulte du niveau de (allongement de la vie) ou des migrations


sa fécondité, corrigé par la mortalité qui (départ des jeunes, notamment dans les zones
réduit chaque génération avant et pendant rurales ou en déclin économique). Dans les
la période où elle peut procréer. On le villes, le vieillissement de la population est
mesure généralement à travers le remplace­ souvent tempéré par l ’immigration (inté­
ment d ’une génération fém inine par une rieure et extérieure) de jeunes adultes et
autre. l ’émigration (vers leur pays ou région d ’ori­
Le taux brut de reproduction R (Kuczynski) gine ou vers une résidence de retraite) des
ne tient compte que de la fécondité : c ’est le personnes âgées.
nombre moyen de filles nées d’une femme, P.M.
hors mortalité, pendant sa période de
fécondité, c ’est-à-dire la descendance finale -> Analyse dém ographique; Fécondité; Mortalité; Mouvem ent
naturel (d'une population); Population.
de cette femme multipliée par le taux de fémi­
nité à la naissance (0,488).
Le taux net de reproduction R0 tient
compte de la fécondité et de la mortalité : RÉSEAU CÂBLÉ —> Télécommunications;
celle-ci concerne les femmes avant et pendant Télématique
la période de procréation. Le taux net est le
nombre moyen de filles nées d ’une fille de la
génération précédente, La population assure RÉSEAU DE TRANSPORT
son renouvellement si le taux net de repro­
duction est supérieur à 1, alors que le taux Ensemble des infrastructures et des
brut doit être plus élevé (pour compenser la m oyens d’organisation des transports. Il
mortalité). comporte le réseau routier, utilisé par les
Taux brut et taux net de reproduction véhicules automobiles (y compris de mar­
peuvent être des taux de génération, mais ne chandises), les véhicules à deux roues, les
peuvent être calculés que lorsque cette géné­ autobus, trolleybus et autocars, et parfois les
ration est sortie de la période de procréation tramways ; les réseaux ferrés (chemin de fer,
(à 50 ans). Aussi construit-on surtout des métropolitain, tramway en site propre) ; par­
taux du moment en appliquant les taux de fois des réseaux particuliers (funiculaires,
fécondité et de mortalité du moment à une téléphériques...).
génération fictive de femmes, mais ces taux Le réseau routier comporte lui-même des
du moment sont très sensibles aux fluctua­ voies de caractéristiques et de finalités très
tions démographiques. diverses.
Le taux intrinsèque d’accroissement natu­ Un des objectifs de la planification des
rel de Lotka p est le taux d ’accroissement transports est d’assurer la meilleure cohérence
naturel de la population stable qui a pour lois possible entre les réseaux de transports et la
de fécondité et de mortalité celles de la popu­ structure et le développement de l’aggloméra­
lation étudiée. Lotka a montré que (1 + p)*» tion, ainsi qu’une coordination efficace entre
= Ro, où x0 est l ’âge moyen des mères à la les différents réseaux de transports individuels
naissance (28 ans en France). Les taux (brut et de transports en commun et entre ces der­
et net) de la reproduction et le taux de Lotka niers.
sont indépendants de la structure de la popu­ P.M.
lation.
Si le taux net de reproduction d’une popu­ h» Chemin de fer ; Infrastructure ; Moyen de transport ; Planifica­
tion des transports ; Réseaux ; Voirie.
lation est inférieur à 1, elle ne se renouvelle
plus et, si cette situation est durable, est
conduite, à terme (qui peut être lointain), à
décroître. Cette décroissance peut être provi­ RÉSEAU DE VILLES
soirement masquée par le recul de la morta­
lité qui entraîne le vieillissem ent de la Association de villes d’une même région
population. Le vieillissem ent peut donc afin de mettre en valeur leurs complémentari­
résulter de la baisse de la fécondité (non- tés et d’exercer, ensemble, un effet de métro­
renouvellement), de la baisse de la mortalité pole.
RÉSEAU DE VILLES 'W *

L’idée des réseaux urbains est apparue Rennes et Brest sont associées à Angers et Le
dans les documents de la datar en 1989. Mans dans un réseau des « grandes villes dé
S ’inspirant d ’exem ples étrangers (Bade- l ’O uest», tandis que Saint-Malo, Saint-
Wurtemberg, Randstad Holland, Emilie- Brieuc, Quimper et Vannes constituent celtli
Romagne par exemple), elle vise à créer des des « v ille s m oyennes de Bretagne» (on
dynamiques nouvelles à l’échelle locale et sur notera que Lorient n ’appartient à aucun de
le plan de l ’aménagement du territoire. Il ces deux réseaux). Annecy, Chambéry dt
s ’agit soit pour des v illes moyennes (par Grenoble appartiennent même à la fois au
exemple Reims, Châlons-en-Champagne et réseau des « grandes villes de Rhône-Alpes »
Troyes en Champagne) de se regrouper en et à celui du « sillon alpin » (dont fait partie
fonction de leurs potentialités et de leur Genève). De même, Dunkerque est membffe
volonté de collaboration, soit pour les métro­ du réseau de villes de la Côte d ’Opale et dû
poles régionales (Lille, Lyon, Toulouse, réseau Raphaël qui regroupe 11 villes dü
Strasbourg) de mobiliser les villes de leur aire Nord-Pas-de-Calais avec lés villes belges
d’influence et de les faire profiter de leurs d ’Ypres et Mons. Le réseau le plus réduit
possibilités de développement. n’est constitué que de Béziers et de Narbonne
L’initiative est normalement locale et doit et s ’intitule curieusement « triangle d’oc ». <
m obiliser le plus grand nombre possible Les réseaux de villes peuvent se situer à
d’acteurs locaux autour de projets d ’enver­ une échelle plus vaste que la régiorti
gure. Les partenaires sont des villes (ou leurs La datar tente de promouvoir des notions
groupements, par exemple une communauté telles que l ’arc atlantique, la façade médite^
urbaine), le département et (ou) la région, la ranéenne, l’arc nord-est, etc. La charte d’amé­
datar, etc. L’Etat, à travers la datar, peut nagement qui associe J e s huit régions du
encourager les rapprochements entre les Bassin parisien (dont l’île-de-France), signée
maires et associer les ministères à la défini­ le 5 avril 1994, quelques sem aines avant
tion de programmes de coopération. D es l’approbation du nouveau schéma directeur
études d’état des lieux et un diagnostic, met­ de cette dernière région, en représente un
tant en évidence les forces et les faiblesses, exemple significatif. Elle avait été entreprise
sont établis afin d’élaborer une stratégie. Des en 1990 et avait donné lieu à la publication
objectifs à l’horizon de vingt ans sont définis par la datar, en 1992, d’un Livre blanc qui;
par les partenaires. La charte d’objectifs ainsi avait été assez mal accueilli, les présidents de
établie peut impliquer l ’État et servir de base région publiant même en 1993 leur propre
lors de l’élaboration des contrats État-région « scénario de l’équilibre ». La charte constitue
et des contrats de villes, l’État soutenant les une synthèse de ces deux approches. Elle
projets d’intérêt national commun aux villes affirme une volonté de solidarité et de coopé­
du réseau (promotion à l ’étranger, accueil ration institutionnellement souple, qui s ’est
des entreprises, construction d ’une image traduite notamment par un contrat de plan
culturelle, spécialisation universitaire ou éco­ interrégional (1994-1998) d’un montant de
nomique, technologies de communication, 1 milliard de F financé par tiers par l’État, par
etc.). la région Île-de-France et par les sept autres
D ’abord constitués de façon informelle, régions. Deux plans ont traduit des esquisses
puis sur les bases de la circulaire du 17 avril à long terme des systèmes urbains et de
1991 du Premier ministre, les réseaux de l ’armature verte. Le premier reprend les
villes ont reçu une consécration législative réseaux urbains alors constitués ou en projet
a posteriori dans le cadre de la loi du 4 février en Normandie (Rouen-Le Havre-Caen), en
1995 d’orientation pour l’aménagement et le Val de Loire (Orléans-Tours), en Champagne
développement du territoire (confirmée dans (Reims-Châlons-Troyes) et en Picardie
la loi Voynet du 25 juin 1999 et à travers une (Amiens-Beauvais-Saint-Quentin). Mais ce
nouvelle circulaire ministérielle). schéma, qui n ’était relayé par aucune procé­
Les réseaux de villes se sont regroupés en dure, et la modestie du contrat de plan interré­
un Club national des réseaux de villes qui gional n’ont pas permis de dépasser le stade
associe 21 réseaux. Dans certains cas, deux des velléités et de la démarche symbolique
réseaux de villes peuvent couvrir le même ter­ (assortie, il est vrai, d’un transfert financier
ritoire ou un territoire voisin. Ainsi, Nantes, important) : il ne s’est pas davantage traduit
677 RÉSEAUX

dans les faits que la tentative précédente qui duelles régie par le marché et évoque un
remonte à la fin des années 1960 et était déjà monopole, public ou privé, avec, dans tous les
impulsée par la datar. cas, une responsabilité des pouvoirs publics.
Si l’idée des réseaux de villes paraît sédui­ Concrètement, le génie urbain englobe sous
sante et la mise en œuvre proposée très souple, le vocable « réseau » la desserte par des cana­
il n ’est pas certain que la dynamique souhaitée lisations d’eau potable et d ’eaux usées, de
par la datar soit toujours bien réelle. Trop chauffage, de gaz, d ’électricité, de télécom­
souvent, les villes qui s ’associent se consi­ munications. II paraît normal d ’y inclure les
dèrent plus comme rivales que comme com­ moyens de transport en commun structurés en
plémentaires. Si elles sont prêtes à s’associer réseaux ; métro, tramway, chemin de fer de
pour bénéficier des concours - au reste banlieue, autobus, trolleybus, ainsi que le
modestes - de l’État, elles sont le plus souvent réseau viaire, support aussi de la circulation
réticentes à affirmer de façon limitative leurs automobile. Naguère, on insistait sur la maté­
spécialités et à coordonner leur action en rialité des réseaux. En effet, les services ne
matière d’accueil des entreprises (exemple : pouvaient être fournis sans un support maté­
Orléans et Tours). riel. La coexistence de ces supports dans un
Quoi qu’il en soit, les réseaux de villes ne espace urbain densément occupé posait, et
font plus partie des priorités de la datar. Ils pose encore, de redoutables problèmes. Néan­
ne sont même plus mentionnés dans ses moins, aujourd’hui, l ’attention se porte plus
publications. qu’hier sur les services et sur l ’information,
plutôt que sur les supports matériels. L’essor
P. M.
de la téléphonie mobile (et de nombreux ser­
-> Aménagement du territoire; Armature urbaine. vices fournis par internet), par exemple, incite
à revoir le critère de matérialité sans pour
autant nier la base physique des réseaux
RÉSEAU EXPRESS RÉGIONAL (RER) -* Métro ( l’encombrement du spectre électromagné­
tique est tout aussi préoccupant que l’encom­
brement du sous-sol par les vrd).
RÉSEAU URBAIN - » Armature urbaine; Afin de bien spécifier l’unité géographique
Réseau de villes concernée, certains parlent de «réseaux
urbains ». Ainsi sont exclus les réseaux d’élec­
tricité à haute tension, les trains de grandes
RÉSEAUX lignes, le réseau autoroutier, le transport
aérien, les télécommunications interurbaines,
On a pris l’habitude de désigner par le terme la radiodiffusion et la télévision (hertzienne,
« réseaux » un ensemble de fonctions, de ser­ analogique ou tnt ). Malheureusement, les
vices et d ’objets techniques généralement géographes emploient le terme de « réseau
essentiels à la vie urbaine. Malgré l’hétérogé­ urbain » dans un sens tout différent, pour
néité qu’il recouvre, l’aménageur, l’urbaniste caractériser le semis de villes sur un territoire
trouvent le mot commode car il réfère à des national ou régional. Comme ce réseau urbain
caractéristiques importantes pour la concep­ géographique n ’est pas sans rapport avec les
tion et le fonctionnement des villes. Le diction­ relations de transport et de communication
naire Robert dans une de ses définitions de qu’entretiennent les villes entre elles, le risque
« réseau » fait bien comprendre lesquelles. Le de confusion est sérieux. Pour l ’éviter, on
réseau est l’« ensemble des lignes, des voies de emploie parfois l ’expression «réseaux tech­
communication, des conducteurs électriques, niques urbains », dont le seul inconvénient est
des canalisations, etc., qui desservent une l’ambiguïté du terme «technique», qui sem­
même unité géographique, dépendent de la blerait renvoyer vers le seul ingénieur, hors de
même compagnie». Il est donc pour l’«unité l ’aménagement et de l ’urbanisme, tout ce qui
géographique urbaine » une forme particulière concerne les réseaux. Au-delà de ces pro­
de desserte, ou d’accessibilité aux services. En blèmes de terminologie, mal résolus, il faut
même temps, le fait de «dépendre d ’une reconnaître que l’histoire de la plupart des
même compagnie » paraît soustraire ces ser­ réseaux a d’abord été urbaine. C’est la concen­
vices à la sphère des consommations indivi­ tration des populations et des activités dans
RÉSEAUX m

des unités urbaines qui a conduit à organiser contre le vandalisme (usage des matières
des systèmes d’eau potable, de lutte contre plastiques et de l ’acier inoxydable). D é
l’incendie, des systèmes d’assainissement, des même, la fiabilité requise du réseau électrique
réseaux d’électricité, d ’éclairage public, de urbain exige un maillage serré que l ’on né
gaz de ville, de téléphone ou de télégraphe trouve pas dans les zones rurales. L’éclairage
urbain, sans parler du tramway et du réseau de public urbain nécessite une densité d ’implah*f
voirie. Ce n ’est qu’à partir de ces réseaux tation de luminaires sans commune mesure
locaux que des interconnexions ont tissé pro­ avec celle d ’un village. Les risques éventuels
gressivement les réseaux nationaux, voire d’une pollution de l’eau destinée à la boisson
internationaux, que nous connaissons. des citadins conduisent à des contrôles ettlfc
Aujourd’hui, il est vrai, ces interconnexions des précautions extraordinaires dans les très
pèsent lourd dans le fonctionnement technique grandes agglomérations.
et surtout dans l’économie des réseaux. Si les Pour toutes ces raisons, la distinction1
réseaux électriques étaient restés urbains, il est urbain/non urbain reste donc pertinente en ce
vraisemblable que la qualité du service fourni qui concerne les réseaux, à condition de ne
serait bien moindre pour un coût bien plus pas oublier le cas échéant qu’ils s ’insèrent
élevé. Il en va de même pour le réseau télépho­ dans des systèmes techniques, économiques,
nique dans lequel les subventions croisées géographiques plus vastes qui conditionnent
jouent un grand rôle au profit du consomma­ leurs performances. Au-delà des aspects tech­
teur urbain. L’insertion dans des ensembles niques, propres à chaque réseau selon -la
plus vastes des réseaux desservant les villes ne nature des services fournis, trois dimensions-
doit donc pas être perdue de vue. Pour autant, valables pour l’ensemble des réseaux évo­
la desserte des unités urbaines présente qués ci-dessus sont susceptibles d ’intéresser I
nombre de traits spécifiques qui justifient le les aménageurs. La dimension topologique
maintien de la distinction pour l’urbaniste ou traduit la façon dont un réseau dessert un ter-‘
l’aménageur. ritoire. La dimension économique met en évi­
L’importance et la concentration des flux à dence les conditions de l’équilibre entre offre
traiter exigent des techniques particulières : et demande pour les services offerts par les
métros ou tramways pour le transport, réseaux. La dimension urbanistique concerne
conduites maîtresses pour l ’eau potable, les effets des réseaux sur la forme de la vilbi
grands collecteurs pour l ’assainissement, ou l’espace urbain et l’usage de ces effets par
fibres optiques pour les télécommunications l ’aménageur. u
et la télédistribution. Les systèmes de desserte On dispose, depuis une quarantaine d’an­
urbains présentent également des «points sin­ nées, d’une modélisation théorique de base de­
guliers », indissociables des réseaux dont ils là topologie des réseaux. Cette modélisation
sont des noeuds : usine de traitement d ’eau, est d ’application générale. Les réseaux de
station d’épuration, transformateur électrique, backbone d’intemet, tout comme les réseaux
central téléphonique, régie de télédistribution, de chemin de fer, peuvent être modélisés de la
téléport, gare, station de métro, dépôt d ’auto­ sorte. En combinant l ’approche systémique et
bus, parc de stationnement. la théorie des graphes, on peut ainsi décrire
La nature de la desserte ou du service convenablement les réseaux et quantifier leurs
fourni est souvent elle-même spécifiquement caractéristiques topologiques à un instant
urbaine, ce qui entraîne d’importantes consé­ donné. Il s’agit en effet d’une approche sta­
quences sur le choix des techniques. Un train tique.
de banlieue doit pouvoir s’arrêter fréquem­ La connexité se définit à partir d’un graphe
ment. Il faut donc qu’il puisse freiner et accé­ associé au réseau. Il y a connexité s’il existe
lérer dans des temps brefs. C’est pourquoi au moins un chemin reliant deux sommets
l’électricité s’est rapidement imposée comme quelconques du graphe. Pour un réseau
source d’énergie pour ce type de train. Plus connexe, la connectivité permet d’évaluer les
tard, on a cherché à alléger les voitures (usage liaisons directes entre les points pris deux à
de l’aluminium), puis on a amélioré la moto­ deux, ainsi que les relations alternatives
risation (électronique de puissance) ; pour les offertes par le réseau. Pour mesurer la
mêmes raisons, enfin, on a accru les capacités connectivité, on a proposé de nombreux
(voitures à deux niveaux), avant de lutter indices, fondés eux aussi sur la théorie des
879 RÉSEAUX

graphes. L’indice a mesure le nombre de cir­ dans cette voie en dépit du caractère combi­
cuits existant dans le graphe représentatif du natoire de la topologie réticulaire. Les résul­
réseau par rapport au nombre maximum de tats semblent prometteurs. Il n ’en reste pas
circuits que pourrait présenter un graphe moins que la généralisation aux différents
ayant le même nombre de nœuds. L’indice g types de réseaux réels évoqués ci-dessus est
traduit l ’importance des liaisons directes une tâche ardue.
entre nœuds du réseau. C ’est le rapport entre
le nombre d’arêtes du graphe associé au Une économie des réseaux repose sur la
réseau et le nombre maximum d’arêtes pos­ connaissance de caractéristiques, de proprié­
sibles pour un graphe comportant le même tés, de performances communes aux réseaux
nombre de nœuds. Pour chaque nœud, un de différents types et doit fournir les prin­
indice de nodalité traduit l’existence de rela­ cipes d’analyse économique correspondant à
tions plus ou moins nombreuses, directes ou ce «n o y a u » commun aux divers réseaux.
indirectes, avec les autres nœuds du réseau. L’idée que les réseaux reflètent la structure
Lorsqu’une mesure des arêtes s’impose, d’un ensemble d’interactions, de transactions
comme c’est le cas dans les réseaux de trans­ entre individus, groupes, firmes, comme ser­
port pour lesquels le temps de transfert d’un vices nécessaires au fonctionnement de la
nœud à l’autre dépend beaucoup de la distance, ville, paraît admise par les spécialistes. C’est
il faut utiliser d’autres indices de nodalité. On donc autour des propriétés topologiques qui
retrouve alors le concept d’accessibilité bien traduisent de telles structures de liaisons que
connu en transport : on parle alors d’accessibi­ se constitue l ’économ ie des réseaux. La
lité nodale. Ces méthodes font l’objet, moyen­ connexité du réseau joue un rôle fondamen­
nant de bonnes interpolations, de cartographies tal. Du point de vue de l’expression de la
utiles à l’aménageur. demande, être raccordé au réseau ou ne pas
À vrai dire, au-delà de cette approche sta­ l’être, telle est la question. Les autres proprié­
tique, on est toujours à la recherche d’une tés topologiques viennent par surcroît. Les
théorie formalisée unitaire qui rendrait nœuds de réseaux sont valorisés par leur
compte de la genèse et du développement fonction de mise en relation.
topologique des réseaux. Certains modèles Comment ces propriétés caractéristiques
représentent le développement des réseaux des structures de réseau sont-elles prises en
de chemin de fer suburbains ou interurbains, compte dans les modèles économiques? L’uti­
d’autres l’extension des réseaux d’assainisse­ lité du service fourni au consommateur par un
ment, d ’autres encore la croissance du parc réseau dépend généralement des autres
de téléphones. Bien qu’intéressants, ces consommateurs. À quoi bon avoir le téléphone
modèles reposent sur des propriétés intrin­ si personne d’autre n ’est abonné? La qualité
sèques à chaque type de réseau' st se prêtent de l ’eau fournie par le réseau d’une grande
donc mal à une générali satiprL7Fort heureuse­ ville est généralement mieux contrôlée que
ment, des approches théoriques unitaires ont dans un petit réseau. Cela ressortit au « concer-
aussi été testées. Elles s’appuient générale­ nement collectif» positif. Cette extemalité de
ment sur une périodisation du développement réseau positive, qui permet d’anticiper un
des réseaux. Les recherches les plus récentes cercle vertueux ou un effet boule de neige,
portent sur la caractérisation globale de peut donner une valeur économique considé­
révolution des réseaux dans le temps et dans rable au réseau qui en est le siège, non sans
l ’espace: courbes logistiques représentant risque que la bulle se dégonfle si la valeur a
l’évolution de la connectivité du réseau, frac- été exagérée. Du côté du «concem em ent»
taies représentant l ’évolution morphologique négatif, on trouve toutes les formes de dégra­
des réseaux au cours du temps. A ctuelle­ dation du service offert par le réseau sous
ment, de nouvelles approches théoriques uni­ l ’effet de la multiplicité des consommations
taires sont testées. Elles utilisent des modèles (effets de « pointe » en particulier et, surtout
issus des sciences physiques ou biologiques dans le cas des réseaux routiers, la conges­
(graphe dual, dimension fractale, attachement tion).
préférentiel, automates cellulaires, etc.). Les Parmi ces effets positifs ou négatifs rele­
puissances de calcul des ordinateurs vant du «concemem ent collectif» dans les
modernes permettent d’avancer rapidement réseaux, certains sont internes au réseau (par
RÉSEAUX 880 '

exemple la congestion routière qui affecte maintien du monopole ou ouverture à lfi


essentiellement les automobilistes). D ’autres, concurrence sur telle partie de l ’activité: >du
tout en ayant leur origine dans le réseau, ont réseau, stratégie optimale de montée en puis­
des conséquences externes. Parfois, des effets sance pour un nouveau réseau ou pour un
positifs internes liés à un réseau (effets de nouveau service, règles de tarification, mode
club notamment) donnent lieu à des effets de contrôle de la puissance publique sur le
négatifs externes : dépendance automobile, monopole. i
fracture numérique. Depuis le siècle dernier, on a pu noter
Ces effets qui concernent la demande ont l 'incidence des réseaux sur la forme urbaine.
leurs correspondants du côté de l’offre sous Lignes de tramway, réseaux électriques,
forme d’effets d’échelle qui, historiquement, adduction d’eau, tout-à-l’égout, sans parler du
ont longtemps justifié les monopoles des opé­ réseau routier et de l’automobile, ont le plus
rateurs de réseaux. Le coût du branchement souvent précédé un développement de l’urba­
marginal, mais aussi le coût de la production nisation dans des zones autrefois rurales, À
de l ’unité de service marginale, décroissent l’inverse, en Amérique du Nord, la dégrada­
avec la taille du réseau, du moins jusqu’à un tion des réseaux a accompagné la décrépitude
certain seuil. On peut donc en même temps de certaines villes-centres. Aujourd’hui; jl
avoir une réduction des coûts et une améliora­ paraît acquis que l’action sur les réseaux est
tion du service. Au-delà d’une certaine taille une composante majeure pour l ’aménage­
de réseau, le coût marginal peut au contraire ment, pour l ’urbanisme, et de façon plus
s ’accroître. L’exemple du téléphone et des générale pour les politiques urbaines. Trois
réseaux d’assainissement illustre aussi bien ce questions se posent :
cas. Il s’agit, après avoir raccordé les sites les — Comment jouer sur les réseaux pour
plus faciles à atteindre, les zones les plus maintenir une centralité forte? Dans les zones
denses, où un tuyau ou un câble peut desservir centrales des villes européennes, l’accumula­
un grand nombre d ’abonnés à la fois, de des­ tion historique de capital dans les réseaux est
servir des zones difficiles, isolées, nécessitant considérable. Le niveau de service est généra­
un grand linéaire de réseaux pour peu de ter­ lement remarquable. Cela contribue à préser­
minaux installés. ver, malgré des tendances contraires, leur
Plus précisément, pour les réseaux d ’élec­ attractivité économique et sociale. Il est donc
tricité, de gaz, de télécommunications, de essentiel de maintenir au mieux ce patrimoine
transport, les coûts sont en général fonction de capital-réseaux qui, autrement, vieillit, se
de la densité de consom m ation: d ’où la dégrade, tend à l ’obsolescence. Les tech­
notion d’économie de densité quand les coûts, niques du génie urbain peuvent beaucoup en
à densité de consommation donnée, croissent matière de diagnostic, de maintenance, de
moins vite que la surface desservie par le rénovation. Il faut aussi organiser l ’emploi des
réseau. techniques et innover (nouvelles techniques,
L’indéniable intérêt des modèles écono­ nouveaux réseaux : par exemple, informations
miques établis sur ces bases pour les réseaux sur les places de stationnement, les départs
de télécommunications suggère une transpo­ des autobus, velib parisien rendu possible par
sition à d ’autres types de réseaux dans la les puces électroniques rfid). t
mesure où les analyses ne sont pas propres à — Comment jouer sur les réseaux pour
la nature de ce qui est échangé et concernent contrôler l’étalement urbain? Leur extensiott
tout autant les réseaux de fluides, d ’électri­ étant la condition de l ’étalement urbain,
cité, de chauffage urbain ou de transport. Les l’aménageur semble disposer avec les réseaux
modèles économiques ont mis en évidence d’un moyen d ’action puissant. En fait, l’expé­
que le monopole se justifiait en général pour rience française rend circonspect. Le caractère
les infrastructures du réseau. En revanche, ils essentiellement monopoliste des opérateurs
ont permis d’établir que l’on pouvait obtenir de réseaux limite les régulations économiques
une meilleure efficacité en faisant jouer la par les coûts ou par la demande. La décentra­
concurrence pour la fourniture des services. lisation des pouvoirs en matière d’urbanisme
C ’est le cas pour les télécommunications, affaiblit les régulations juridiques (plu et per­
mais aussi pour les autobus. Ces modèles per­ mis de construire). Deux types d ’action
mettent en effet d’éclairer des choix tels que : semblent toutefois efficaces en la matière.
681 RÉSERVES FONCIÈRES

• Un contrôle économique en amont des ment collectif » négatif, évoqués plus haut. À
réseaux sur les grands choix d’équipement côté de la classique congestion, les analystes
(liaisons, nœuds, « points singuliers » majeurs) dénoncent des dépendances et des fractures
avec évaluation des coûts de desserte induits (du spatial mismatch au splintering urba-
par les conséquences urbanistiques. Un tel nism) dus aux réseaux, qu’il appartient à
contrôle peut s’effectuer dans le cadre des l’urbaniste ou à l ’aménageur de prévenir.
scot, mais pas seulement. G. D.
• Une meilleure reconnaissance et une
meilleure utilisation pour la planification des - » Génie urbain ; Impôts forfaitaires de réseau ; Réseau de trans­
p ort; Technique; Télécom m unications; Télém atique; Viabi­
procédures de lotissement qui assurent à lisation ; Voirie et réseaux divers (vrd ).
l’échelle inffacommunale, par des moyens
juridiques simples, adaptés et acceptés, une
rationalisation effective de l’urbanisation. RÉSERVE NATURELLE — Parc naturel
— Comment favoriser un urbanisme des
réseaux? On constate que, dans l’histoire, de
très grands urbanistes se sont intéressés aux RÉSERVES FONCIÈRES
réseaux comme principe d’aménagement des
villes. I. Cerda a été le premier et non le Stocks de terrains que constituent des col­
moindre à œuvrer dans ce sens d ’un urba­ lectivités publiques pour anticiper sur les
nisme de liaisons. La leçon a été oubliée pen­ évolutions des marchés fonciers, qui leur
dant un siècle, où l’on a préféré un urbanisme interdiraient de maîtriser le développement
de contention et de zonage, sans doute plus urbain ou qui rendraient plus coûteuses les
facile à mettre en œuvre. Aujourd’hui, alors acquisitions nécessaires.
que la société urbaine autorise chaque indi­ Pour l ’essentiel, une politique de réserves
vidu à jouer un rôle social, l’enjeu sociopoli­ foncières consiste, pour les collectivités
tique des réseaux s ’avère considérable. Ils publiques, à anticiper sur le développement
permettent à chacun en quelque sorte de urbain de façon à ce que les besoins en terrains
recréer et de réadapter la ville en permanence, à bâtir soient satisfaits à temps et à des prix
objectivement et symboliquement, en se libé­ maîtrisés, assurant du même coup la récupéra­
rant de contraintes de l’espace et du temps, au tion par la collectivité des plus-values d’urba­
profit d’une libre élection des lieux et des nisation.
moments. Des théoriciens, des praticiens, tant Les exemples les plus caractéristiques de
en France qu’à l’étranger, ont compris ce véri­ politique active de réserves foncières se
table enjeu des réseaux pour l ’urbanisme. trouvent en Europe du nord. En Suède, par
Dans des réflexions, dans des actions portant exemple, les municipalités ont commencé,
sur les réseaux de transport, les réseaux d’eau dès le début du x x e siècle, à acheter des terres
ou de télécommunications, ou sur plusieurs agricoles en vue de l’expansion urbaine pré­
réseaux à la fois, ils replacent ces réseaux au visible à moyen et long terme. Selon une
cœur de la vie urbaine, rendent leurs multiples enquête récente, un tiers des villes suédoises
usages, leurs combinaisons plus commodes et possèdent aujourd’hui des réserves foncières
leurs images signifiantes. Les méthodes allient qui leur permettent d’assurer leur développe­
l’analyse historique à des évaluations topolo­ ment pour les dix ans à venir. Aux Pays-Bas
giques (fractales) et socioéconomiques des également, les municipalités jouent un rôle
réseaux. Des logiciels permettent des repré­ central dans l’offre de terrains à bâtir.
sentations graphiques intégrant ces éléments En France, si quelques municipalités, par
et conduisant à des procédures de conception exemple Rennes, ont joué un rôle actif sur
respectant l’esprit de ce nouvel urbanisme des les marchés fonciers, et si les trois établisse­
réseaux. ments publics fonciers créés en 1962
Rappelons cependant que le réseau, après (Agence foncière et technique de la région
avoir été longtemps négligé par l’urbanisme, parisienne), en 1967 (Établissement public
ne doit pas être désormais idéalisé. À côté de de la basse Seine) et en 1973 (Établissement
leur rôle très positif, voire essentiel, pour les public de la métropole lorraine) ont joué un
villes modernes et leur évolution, les réseaux rôle important de régulateurs, en particulier
peuvent receler des risques de «concem e- I’aftrp, dans le cas des villes nouvelles de la
RÉSERVOIR

région parisienne, il ne s’est pas agi à propre­ RÉSERVOIR — Eau


ment parler de réserves foncières à long Ni
terme mais bien d’acquisitions préopération­ ■F
nelles. RÉSIDENCE PRINCIPALE
Les collectivités publiques ont joué un rôle ■;T-
croissant sur les marchés fonciers au cours Logement occupé par un ménage la pluS
des années 1960 et 1970, tant à l’échelle de grande partie de l ’année. Les résidences
l’État qu’à celle des collectivités locales, sans principales s ’opposent aux résidences
oublier les sociétés d’économie mixte. Cette secondaires (ou occasionnelles) et aux loge­
intervention publique sur les marchés fonciers ments vacants, mais aussi aux logem ents
s’est exercée à la fois au moyen d’outils juri­ collectifs (foyers, casernes, etc.).
diques (notamment l ’extension progressive Le qualificatif «principale» concerné
du droit de préemption), de moyens finan­ l’occupation du logement, non un caractère
ciers (prêts et avances du fnafu, programmes intrinsèque de celui-ci : une résidence princi­
d’action foncière, etc.) et institutionnels, en pale peut devenir secondaire (ou vacante) et
particulier l’Agence foncière et technique de inversement.
la région parisienne qui a joué un rôle essen­ D iverses réglementations Sont liées, eh
tiel dans la « préparation foncière » des villes France, au caractère de résidence principale :
nouvelles et dans la gestion des zones d’amé­ seules celles-ci peuvent être louées avec le
nagement différé. loyer réglementé dit de la loi de 1948 (statut
Depuis une vingtaine d’années, le rôle des en voie d’extinction depuis la loi Méhaignerie
collectivités publiques s ’est plutôt atténué sur de 1986) ou un loyer hlm. L’aide à la per­
les marchés fonciers, dans un contexte géné­ sonne ne peut être attribuée que pour la rési­
ral de décentralisation et de déréglementation. dence principale. Il en va de même des aides
La flambée spéculative observée dans cer­ à l’amélioration de l’habitat, des prêts aidés â
taines régions entre 1985 et 1990 sur les l’accession à la propriété (jusqu’en 1995) et
marchés fonciers et immobiliers a conduit à des prêts à taux zéro (depuis 1995).
reposer la question du rôle régulateur que Le parc de résidences principales
pourraient avoir les collectivités publiques sur (26 919 000 logements en 2006) se répartissait
ces marchés. entre 15 258 000 maisons individuelles (56,7 %)
Cette préoccupation s ’est en particulier et 11661000 logements en immeubles collectifs
affirmée dans la loi d’orientation pour la ville (43,3 %). Ces résidences principales étaient
du 13 juillet 1991, qui (ré)élargit le champ occupées pour 57,2% par leur propriétaire
des zones d’aménagement différé et crée un (19,6% d ’accédants à la propriété et 37,6%
cadre général pour des établissements publics de non accédants), pour 37,5 % par des loca­
à vocation foncière, dotés d’une fiscalité taires (dont 15,7% d ’un organisme d’HLM,
propre, qui seront habilités à intervenir dans 1,4% d’un autre bailleur social et 20,4% d’ùn
les zones où la pression foncière est forte. propriétaire privé, dont 0,8% encore soiiS
Mais ce texte est resté pratiquement lettre le régime de l’article 3 de la loi de 1948). 1,7 %
morte. Seules quelques sociétés d’économie en sous-location ou en meublé et 3,6 % à titre
mixte à vocation foncière se sont transfor­ gratuit.
mées à cette occasion en établissement public Les résidences principales constituent
foncier. Cependant, à la suite de la loi sru de l ’essentiel du parc de logem ents (84% eh
2000 ont été créés des établissements publics 2006) pour 10% de résidences secondaires et
fonciers locaux (epfl), dont certains ont déve­ 6% de logem ents vacants. Elles sont eh
loppé une activité significative, mais toujours moyenne plus grandes (4,0 pièces) et mieux
dans le cadre de conventions avec les collecti­ équipées que les résidences secondaires et que
vités locales concernées, ce qui ne peut assu­ les logem ents vacants. La taille moyenne
rer la constitution de réserves foncières à long comme le niveau de confort s’élèvent, tandis
terme. que la taille moyenne des ménages diminue
(2,30 personnes). Le taux moyen d ’occupa­
V.R. tion décroît donc assez vite (de 1,14 personne
Action foncière; Établissement public foncier; Maîtrise fon- par pièce en 1946 à 0,57 en 2006, soit, en
cière; Préemption. 60 ans, un doublement et une augmentation
683 RÉSIDENCE SECONDAIRE

de moitié de 27 à 40 m2 depuis 1978 de soleil, la résidence des Charmilles, conçue


l’espace disponible par personne), mais cette dans un quartier en pleine expansion, à
évolution est plus lente que dans les pays quelques minutes de la place de la Comédie,
anglo-saxons et nordiques (moins de 0,5 en profite des charmes inépuisables du Sud.
Suède). Aménagée autour de vastes espaces paysagers
et d’une piscine, la résidence est un havre de
A. M. et P. M.
détente. »
- » Appartement; Logem ent; Maison individuelle; Parc de loge­
ments.
J.-M. B. et F. C.
- f Clôture;Ségrégation.

RÉSIDENCE PROTÉGÉE
RÉSIDENCE SECONDAIRE
Le Journal officiel du 5 janvier 2005 qua­
lifie ainsi une « zo n e d ’habitation fermée Logement occupé de façon intermittente
répondant à certaines exigences de sécurité et par un ménage qui dispose par ailleurs d’une
de services » et désigne son équivalent anglo- résidence principale. Comme dans le cas
saxon : Gated Community. opposé de la résidence principale, le qualifica­
L’autoenfermement résidentiel s ’est tif «secondaire» concerne l’occupation, non
d’abord épanoui au cours des années 1990 un caractère intrinsèque, du logement.
dans le Sunbelt (États du sud des États-Unis) Les résidences secondaires - logements
comme réponse des classes moyennes aux occasionnels compris - constituent en France
tensions repérées entre Blancs, Hispaniques environ 10% du parc de logements, mais
et Noirs, qui mettaient à mal la solidarité de leur effectif (environ 3,2 m illions, dont
voisinage. Les Prisonniers volontaires du quelque 230 000 logements occasionnels)
rêve américain (S. Degoutin, Paris, 2006) ont s ’accroît à un rythme (en moyenne 30 000
obtenu la privatisation des espaces publics par an) qui varie beaucoup selon la conjonc­
grâce au perfectionnement des nouvelles tech­ ture économique et immobilière (30 000 par
nologies de l’information et de la communi­ an dans les années 1980, 20 000 dans les
cation, avec la mise en œuvre d’un contrôle années 1990, 25 000 par an dans les années
des accès et d’une clôture garantissant l’entre- 2000). Il se développe approximativement
soi. par moitié par construction neuve et par moi­
En France, cette tendance s’est diffuséeplus tié par changement d ’affectation d’anciennes
récemment à la faveur des mesures gouverne­ résidences principales. Le parc français de
mentales de défiscalisation destinées à stimuler résidences secondaires est com posé, en
la production de logements sans aggravation 2006, d’environ 2 millions de maisons indi­
de la dette publique. La promotion privée a viduelles et de 1,2 million d’appartements.
alors multiplié les programmes «R o b ien » Ce sont les appartements qui se sont déve­
débouchant sur une offre locative en direction loppés le plus vite jusqu’en 1993 (environ
des revenus moyens. Le marché est désormais 3 % par an contre 0,5 à 1 % dans les années
saturé dans le Midi avec, en 2002, 46% des récentes), les maisons individuelles récem­
résidences réalisées à Toulouse, environ 20 % ment (1,5% par an, moins de 1% avant
à Montpellier, Marseille et Bordeaux, et 7 % 2000).
seulement à Paris (cf. G. Billard, J. Chevallier On peut distinguer notamment :
et F. Madoré, Ville fermée, ville surveillée : la — les maisons de campagne (environ 45 %
sécurisation des espaces résidentiels en du total), souvent héritées, reflétant le caractère
France et en Amérique du Nord, Rennes assez récent de l’exode rural en France. La
2005). pratique de la résidence secondaire rurale, qui a
La conception des résidences protégées été favorisée par la proportion longtemps faible
repose sur une architecture du «juste milieu », de propriétaires de maisons individuelles,
une «rente de situation» en matière de ser­ explique que les résidences secondaires soient
vices et une qualité d’insertion «naturelle». en moyenne plus anciennes que les résidences
Le groupe Monné-Decroix présente ainsi une principales ;
opération sise à M ontpellier : « Gorgée de — les logements de loisirs de bord de mer
RÉSIDENTIALISA TION

(environ 30 %) : villas importantes de la bour­ RÉSIDENTfALISATION —*■Programme 'M


geoisie des générations précédentes ou, au national de rénovation urbaine ; l|
contraire, appartements exigus (Languedoc- Renouvellement urbain; Rénovation urbaine'1:
Roussillon, Vendée), plus récents ;
— les logements de loisirs à la montagne
(environ 10%), surtout liés à la pratique RÉSIDENTIEL (ÉQUIPEMENT) - » Local il
du ski, essentiellement sous forme de petits collectif résidentiel
appartements dans des grandes stations
récentes dites intégrées (10% seulement de
chalets) ; RÉSORPTION DE L'HABITAT INSALUBRE ■,
— les pied-à-terre urbains (logements —►Insalubrité; Programme national de I
occasionnels: environ 15%), en croissance rénovation urbaine; Renouvellement urbain;'!'
rapide (plus de 70 000 à Paris même). Rénovation urbaine
En fait, les maisons de campagne, souvent
anciennes et peu confortables si elles n ’ont
pas été transformées, s ’opposent à la majorité RESPONSABILITÉ DÉCENNALE -> Garanties '
des logements de loisirs du bord de mer et de et assurances du bâtiment j
montagne (et des pied-à-terre urbains) qui
sont le plus souvent récents, dotés du confort
moderne, mais très exigus. RESTAURATION ;i
La construction et l ’aménagement des rési­
dences secondaires représentent, en France, Si le maintien en l’état, sans modification, ;
une part importante de l ’activité de la d ’une œuvre d ’art, d ’architecture, ou d ’uiL
construction. Mais c ’est un secteur fragile, ensemble architectural ou paysager, est d é ,
sensible à la conjoncture. C ’est ce qui l’ordre de la conservation, la restauration est, '
explique les mesures prises en 1985 en leur par l ’addition ou le retranchement de matière,
faveur, telle la possibilité de recourir pour de l ’ordre de la transformation, selon des
leur financement à l ’épargne-logement. De degrés plus ou moins importants, afin de
même, certains montages financiers, telle la répondre à des objectifs variés.
multipropriété ou propriété en temps partagé, Certes, on ne peut parler de conservation ni
et les formules de vente avec gestion locative de restauration avant que l ’œuvre d ’art soit j
assurée (voire réduction du prix en échange appréciée, connue et respectée en tant que |
du droit de location pour une certaine durée), telle, et avant que s’impose la nécessité de lui !
ont été conçus pour atteindre des populations conserver ses caractères techniques et stylis- •
à revenus moyens. tiques originaux. Autrement dit, ces concepts !
Les résidences secondaires consomment sont solidaires, du point de vue historique ét !
beaucoup d ’espace, ce qui pose des pro­ logique, de ceux de monument historique, '
blèmes aigus dans les milieux fragiles (litto­ d ’art, d’histoire et d ’archéologie, et comme
ral et montagne). Des mesures particulières eux, ils ont, sous des terminologies diverses,
ont dû être édictées pour éviter une urbanisa­ été progressivement élaborés à partir de la
tion désordonnée de ces espaces. En outre, révolution culturelle du Quattrocento italien, j
l’occupation moyenne de ces résidences au Durant cette « préhistoire », la restauration ; ‘
cours de l’année est faible, ce qui en réduit s ’est focalisée exclusivement sur les monu- j j
l ’intérêt économique pour les communes où ments de l ’Antiquité. À Rome, Sixte IV fit fl;
elles sont situées: c ’est pour y remédier restaurer le temple de Vesta et, un siècle plus ! i
qu’on a envisagé des formules visant à leur tard, en 1588, Sixte-Quint fit refaire par ! I
«banalisation» (en fait à faciliter leur mise Fontana la base et le sommet des colonnes j
en location quand leur propriétaire ne les Trajane et Antonine. Quant aux construc- :
occupe pas). rions des autres époques, dont l ’état réclamait
une intervention, elles étaient alors soumises,
A. M. et P. M.
sans recul, au goût du jour et de l ’architecte
responsable, conservation et restauration
-> Appartement ; Économie du tourisme ; Hébergements touris-
tiques; Logement; Maison individuelle; M e r; Montagne relevant d’une seule et même démarche. À
(aménagement de la) ; Parc de logements ; Ville. l ’époque des Lumières, durant la seconde
RESTAURATION
IS

îoitié du x v in e siècle, les progrès de contraire au respect dû au travail humain et


archéologie imposent l’idéal d’une conser­ aux œuvres sacrées du passé, auxquelles il est
vation scientifique, tandis que le « monument inadmissible de toucher, sauf pour leur entre­
listorique» reçoit sa dénomination actuelle tien, et qu’elle ne peut que falsifier. Si les théo­
lont la dénotation permettra d’inclure toute ries de Ruskin ont servi à tempérer les excès
'architecture médiévale et se généralisera au d’une restauration militante, appliquées à la
axe siècle. lettre, elles conduisent, en sens inverse, aux
C ’est en Grande-Bretagne, à p r o p o sées mêmes impasses que la définition de Viollet-
:athédrales gothiques, que la problématique le-Duc. En fait, à confronter leurs écrits et leur
le la restauration a été posée pour la première démarche, on découvre la réalité d’une pro­
’o is, dans son ampleur, à travers l ’affron- fonde communauté de vues entre ces deux
ement qui, depuis le dernier quart du pionniers (c f F. Choay, « L es rapports de
{vme siècle (Milner et Carter contre Wyatt), Ruskin et Viollet-le-Duc ou la longue durée
jppose pendant un siècle (jusqu’à Ruskin et des idées reçues », Les nouveaux cahiers de
Morris contre Scott) architectes et antiquaires, l ’Académie d'architecture, n°3, avril 2008).
interventionnistes et non interventionnistes, La synthèse des deux positions extrêmes
partisans du rétablissement, jugé possible, de de Viollet-le-Duc et Ruskin a été opérée par
lia pureté originelle des édifices et partisans du l ’Italien Camillo B oito. En 1883, celui-ci
statu quo, c ’est-à-dire de simples réparations, proposait une charte de la restauration en
sans incidence sur la patine et les manifesta­ huit points, dont on retrouva l’inspiration au
tions physiques visibles, dues à l’âge des édi­ x x e siècle dans les Actes et les recommanda­
fices. En France, Quatremère de Quincy, bien tions de la Conférence d ’Athènes (1931),
qu’il ne tienne pas compte de l’architecture puis dans la Charte de Venise (1964), selon
gothique, offre cependant dans son Diction­ laquelle : « La restauration est une opération
naire d ’architecture (1788-1825) un remar­ qui doit garder un caractère exceptionnel... »
quable article sur la «Restauration» dont il (art. 9).
souligne les excès et les dangers : il a sans Tout en s’imposant des obligations de
doute été le premier à exiger que « le specta­ rigueur, cette discipline s’est aujourd’hui affi­
teur puisse discerner l’ancien d ’avec le nou­ née et se diversifie pour mieux répondre à la
veau ». conservation du patrimoine :
La seconde moitié du XIXe siècle a vu la — Si « la permanence de l ’entretien » et les
restauration se constituer en une discipline intervention de réparation sont prioritaires, la
dont E. Viollet-le-Duc fut le représentant le restauration des protections disparues de
plus illustre et J. Ruskin l'adversaire le plus l’architecture (bandeaux, larmiers, toitures,
acharné. La célébrité de Viollet tient à la fois etc.) est souvent la meilleure solution pour
à l’abondance de ses œuvres théoriques et au assurer la préservation des éléments anciens
prestige des édifices ou des ensembles qu’il a encore en place, tout comme le rétablissement
restaurés. On lui doit deux principes, aujour­ d’un niveau de sol ancien rétablit l’assainisse­
d ’hui encore considérés comme essentiels, ment d’un édifice, ou comme la restitution
concernant la nécessité de faire précéder toute d’un élément manquant d’une menuiserie lui
restauration d’études historiques et archéolo­ rend rigidité et survie et, par sa remise en
giques in situ et d ’utiliser les techniques et service, remet l’ouvrage «hors d ’air». Dans
matériaux d’origine dans la conduite des tra­ le domaine structurel, la restauration d’un élé­
vaux. Ses positions théoriques ont souvent ment disparu d’une charpente, d’un arc-
témoigné d’une grande attention à la «per­ boutant rétablit l’équilibre, mieux qu’une pro­
sonnalité » des édifices, qu’a fait méconnaître thèse artificielle qui doit être réservée aux cas
la célèbre définition du terme «restauration» extrêmes. La restauration ici relève donc du
dans son Dictionnaire : « Restaurer un édi­ domaine de la conservation, en suivant la
fice, ce n ’est pas l ’entretenir, le réparer ou le logique constructive et structurelle existante.
refaire, c ’est le rétablir dans un état complet — Les valeurs d’histoire et d’authenticité,
qui peut n ’avoir jamais existé. » dont l’importance est devenue prédominante,
Pour Ruskin, en revanche, « la restauration ne peuvent à elles seules répondre aux ques­
est la pire forme de destruction» (in Les sept tions d’architecture et de sensibilité qui
lampes de l ’architecture, 1849). Elle est restent entières. Ainsi, tandis que le retour
RESTAURATION DES TERRAINS EN MONTAGNE

systématique à « l ’état initial» est, à l’heure de légitimité architecturale, à côté des notioni
actuelle, définitivement condamné au profit d ’authenticité matérielle ou historique.*:Il
de l’intérêt pour les « sédimentations » de va de soi que le parti de l’« achèvement archiS
l ’histoire qui ont façonné les édifices et en tectural » qui relève d’une réflexion attaché!
consacrent la richesse, leur conservation sys­ au projet initial, impose des obligations dë
tématique peut, en revanche, engendrer une rigueur, garantissant, avec toute la précisidà
complexité qui satisfera les spécialistes, nécessaire, la fidélité à la pensée de l'auteia*.
mais sera inaccessible au public. Là où la Tout le contraire est le parti de l ’« extension »,
conservation se cantonne à l ’authenticité de qui n’a pas la même préoccupation, et s'in s­
la matière, la restauration s ’attache davantage crit dans une démarche plus autonome. j !>,
à l’aspect visible, introduisant une dimension En résumé, on observe que la «conservai-
esthétique et didactique. C’est en allégeant ou tion » du patrimoine se passe difficilement dsl
supprimant des éléments «d e peu d’intérêt», outils de la «restauration». Celle-ci en adopu
voire en restituant des éléments disparus mais tant une démarche plus « globale », tend à son-
nécessaires, que la cohérence et la lisibilité tir le patrimoine d’un statut figé et immuable
architecturale de l’édifice seront renforcées. pour le replacer dans un rôle social et culturtî
La restauration ne se fonde plus alors sur le vivant, animant avec vitalité les réflexions, et
seul critère de la fidélité à l’histoire. Induisant les débats, et mobilisant l ’évolution doctriî
explicitement un jugement de valeur sur les nale. i
apports de l ’histoire^ elle opte pour un « état
historique de référence », le plus représentatif B. Moj.
de l’évolution architecturale de l’édifice Archéologie; A rt; Association foncière urbaine ( a f u ) ; Montf- '
(hôtel de Beauvais à Paris). ment historique ; Histoire ; pact - arim ; Patrimoine ; Reconstitué )
tion ; Réhabilitation ; Restauration immobilière. ‘^
— La restauration fait également appel à
la notion d’écriture architecturale, selon une
expression mimétique et intégrée, ou, au RESTAURATION DES TERRAINS V
contraire, délibérément contrastée (béton brut EN MONTAGNE iU
au château de Falaise). D ’où pour le public, -> Montagne (aménagement de la) :■)
des difficultés de compréhension, ou des ambi­
guïtés de lecture et d’interprétation (chevet de
Notre-Dame de Bemay reconstruit en bois). RESTAURATION IMMOBILIÈRE
Les arguments de « lisibilité » souvent avancés
par respect du public, ne doivent pas, pour les Opération consistant à engager des travaux
mêmes raisons, ignorer les notions d’homogé­ de remise en état, de modernisation ou de
néité et d’harmonie de l’architecture. démolition ayant pour objet de transformer
— La restauration peut ne pas s’attacher les conditions d ’habitabilité d ’un ensemble
uniquement à un état historique ayant effecti­ immobilier, que celui-ci soit situé, ou non,
vement existé, mais viser l ’achèvement d ’une dans un quartier historique ou dans un sec­
œuvre architecturale dont la construction a été teur sauvegardé. La restauration immobilière
interrompue. Un exemple éloquent est celui figure parmi les opérations d’aménagement
de l’ancien Musée des travaux publics (actuel foncier ; c ’est un mécanisme contraignant qui
Conseil économique, social et environnemen­ permet à la collectivité publique de déclarer
tal), construit par Auguste Perret en 1937, d ’utilité publique les travaux que devront
mais inachevé. En 1962, après la mort de engager les propriétaires des immeublés
l’architecte, l’aile initialement prévue sur concernés sous peine d’expropriation. ;■■*
l’avenue du Président-Wilson a été construite Le périmètre de restauration immobilière
dans le style de Perret, tandis qu’en 1995 la (pri), issu de la loi du 4 août 1962, dite « ldi
construction de la dernière aile sur l ’avenue Malraux», a été conçu comme une alterna­
Albert-de-Mun prit le parti de ne plus suivre le tive à la rénovation urbaine, afin de permettre
projet initial, pourtant dessiné par Perret, et la restauration complète d’îlots vétustes par
adopte une expression architecturale délibéré­ leurs propriétaires, notamment lorsqu’ils sont
ment étrangère. Ces exemples d ’achèvement groupés en association syndicale, ou par la
architectural donnent tout son sens à la for­ collectivité publique après expropriation. Le
mule de Viollet-le-Duc qui introduit une sorte mécanisme prévoyait l ’identification des
REVÊTEM EN T
887

immeubles à restaurer dans un périmètre l’expropriation. Enfin, l ’autorisation spéciale


délimité par l ’autorité administrative après de travaux a été supprimée et remplacée,
enquête publique. Les travaux portant sur ces comme en secteur sauvegardé, par un permis
immeubles, notamment sur leurs intérieurs, de construire étendu aux travaux intérieurs
faisaient l ’objet d’une autorisation spéciale aux bâtiments.
délivrée par le préfet et indépendante du per­ Ayant souvent pâti de son image, pas tou­
mis de construire. jours flatteuse, de produit fiscal, la restaura­
Peu d’opérations groupées de restauration tion immobilière n ’en demeure pas moins le
immobilière (ogri) forent engagées selon ces seul outil d’aménagement à caractère contrai­
mécanismes compte tenu de la complexité gnant permettant d ’imposer à des propriétaires
juridique des montages. Seules quelques opé­ la restauration d’immeubles entiers selon des
rations publiques forent entreprises dans les prescriptions précises. Couplée avec un mon­
secteurs sauvegardés, montées et m ises en tage financier permettant d’aider les proprié­
œuvre par des sociétés d ’économ ie mixte taires, par exemple par 1’anah, ou un montage
concessionnaires sur des immeubles expro­ opérationnel permettant d’imposer aux inves­
priés, restaurés puis revendus : ce forent les tisseurs intéressés, non seulement la nature et
« îlots opérationnels ». la qualité des travaux à effectuer, mais aussi le
L’échec des opérations groupées de restau­ type de logements et le montant des loyers
ration immobilière, assises sur des méca­ souhaités, la restauration immobilière est un
nismes juridiques contraignants, aboutit à mécanisme efficace de réhabilitation des quar­
leur disparition et à leur remplacement par les tiers anciens et vétustes.
opérations programmées d’amélioration de N. B.
l’habitat (opah) initiées en 1977 suite au rap­
port Nora-Eveno sur l’habitat ancien et répon­ Agence nationale de l'habitat (a n a h ) ; Opération programm ée
d'amélioration de l'habitat ( opah ) ; Secteur sauvegardé ; Zone
dant à une approche totalement différente. de protection du patrimoine architectural ; urbain et paysager
Cependant, la restauration immobilière a (ZPPAUP).

connu la faveur des investisseurs du fait


d’avantages fiscaux institués en 1977 (fisca­
lité improprement appelée «M alraux») au REVENU NATIONAL -> Niveau de vie; Produit
point que, hors de tout projet d’aménagement national
d’ensemble déclaré d’utilité publique, le PRi
était devenu un simple un produit fiscal. Suite
à de très nombreux abus en cette matière, REVÊTEMENT
facilités par les obscurités de la loi, le législa­
teur a, d’une part, restreint les avantages fis­ Ce dont on recouvre une voie pour éviter la
caux aux immeubles faisant l’objet de travaux formation de poussière ou de boue et faciliter
de restauration déclarés d’utilité publique et la circulation. L’empierrement, le dallage ou
de qualité patrimoniale (situés dans une la pose de briques jointoyées étaient déjà uti­
zppaup ou dans un secteur sauvegardé) et, lisés dans l ’Antiquité pour les rues princi­
d’autre part, précisé et simplifié le régime des pales. Ces techniques forent transmises au
opérations de restauration immobilière. Moyen Âge par les vicaires, vigiers ou voyers
L’ordonnance du 8 décembre 2005, relative (latin vicarius), qui avaient à charge l ’entre­
au permis de construire et aux autorisations tien de la voie publique. Le seul revêtement
d’urbanisme, a supprimé le périmètre de res­ de la voie privée ou commune, et du chemin
tauration immobilière et a redéfini le régime vicinal, étant à la charge des riverains, était
juridique des opérations de restauration formé de paille, de brindilles, de fagots posés
immobilière. Ces dernières sont engagées dans les endroits les plus trempés : du XIIIe au
par la collectivité publique compétente en xvm e siècle, le niveau moyen des mes s ’est
matière d’urbanisme après déclaration d’uti­ élevé ainsi de 1 à 2 m.
lité publique. Si, lors de l’enquête parcellaire, Le revêtement des m es a été systématisé
les propriétaires concernés ont fait connaître à avec la révolution industrielle et le procédé de
la collectivité leur intention de réaliser les tra­ Mac Adam en Angleterre (1818); superposi­
vaux dont le détail leur a été notifié, ils sont tion de trois couches de gros graviers stabi­
exclus de l’arrêté de cessibilité préalable à lisés par de la terre ou du sable-béton (1827
RÉVISION D'UN DOCUM ENT D’URBANISME

à Londres), goudron (1836 à Bruxelles), de dénommer F «entrepreneur», qu’i l -soit


enrobés (1845, grands boulevards à Paris), privé ou public : de là découle une premfêiit
macadam bitumineux (1849, Champs-Élysées et essentielle ambiguïté dès lors que la natut»
à Paris), viennent suppléer aux nombreux même d ’une décision dans le domaine d#
types de pavage alors en usage : briques de l’urbanisme ou de l ’aménagement est d ’assÜf
chant (surtout aux Pays-Bas) ; pavés en bois cier, dans la majorité des cas, décidetùii
(en Russie, aux États-Unis), en caoutchouc publics et entrepreneurs privés. Dans de telle#
(essayés à Paris), en paille comprimée et enro­ conditions, la répartition du risque est imposr
bée de goudron (essayées à Lyon), en grès, en sible à établir entre décideurs, entrepreneurs»
granit bleu, rose, gris ; cubiques, parallélépi­ maîtres d’ouvrage. Autant dire que le risqu#
pédiques ; en dalles, alignés, en quinconce, en concerne principalement l’usager.
arc de cercle, combinés (tels les trans utilisés L’autre trait dominant du risque de la déei»
vers 1820 à Londres). Le revêtement est à la sion en matière d ’urbanisme et d ’aménagat
rue ce que le parquet est au plancher. ment est qu’il développe ses effets pervers
La sécurité et le confort des automobilistes, moyen et, plus souvent encore, à long, v o ir è l
la mécanisation routière, le coût de la main- très long terme. Le risque est justiciable ia
d’œuvre ont considérablement réduit la diver­ d’une analyse en termes de générations. Cet
sité de ces revêtements. Les produits noirs autre caractère spécifique renforce son anony*
(bitume, goudron, enrobés), même teintés mat, au sens où il efface la relation entre risque
(rouge, vert), occupent toujours, depuis les pris et décideur concerné. Une fois encore, Jp
armées 1950, la plus grande partie du marché risque est pour les autres. ,
viaire urbain, malgré l’apparition de nouveaux « Qui ne risque rien n ’a rien », dit le pro­
matériaux (sols stabilisés en couche de sur­ verbe. C ’est inexact: qui prend un risqué
face, chaussées poreuses, bétons composites, insensé touche tout de même ses honoraires et
etc.) et la tendance à un traitement différencié fait courir ce risque à d’autres. t
des chaussées et trottoirs, liée à la mise en
valeur de la m e comme élément du paysage A.-C. D,
urbain et lieu de sociabilité. -> Étude d'im pact; Maître d'ouvrage; Risque naturel. ;

A. Gu.
-* Viabiliser; Voie. RISQUE NATUREL

Exposition à un événement naturel brutal et


RÉVISION D'UN DOCUMENT D'URBANISME destructeur de vies humaines et de biens maté)-
—►Plan d'occupation des sols ( p o s ) ; Plan local riels. , [(!
d'urbanisme ( p l u ) ; Schéma de cohérence Le caractère bmtal de l’événement exclut de
territoriale; Schéma directeur la notion des phénomènes naturels aux consét-
quences catastrophiques, mais qui n ’ont que
des effets à moyen ou long terme ; c ’est le cas,
REVITALISATION Réanimation notamment, pour les sécheresses qui peuvent
dans certaines circonstances, produire des
famines qui n ’apparaissent que quelque!
RÉVOLUTION INDUSTRIELLE semaines, ou même quelques m ois, après
- » Industrialisation l’accident climatique qui les a provoquées. !»
Une connotation, généralement associée à
celle de risque naturel, est celle d ’événement
RISQUE rare ou à probabilité faible, au moins dans uà
lieu donné. La probabilité d’un événement esjt
Événement (ou séquence d ’événements) souvent calculée en termes de « fréquence de
considéré comme dommageable, auquel est retour». Ainsi, une « crue centenaire » est une
attachée une probabilité d ’occurrence qui crue dont le retour a une chance sur deux de
n’est pas toujours mesurable.. se produire avant cent ans. Mais cette présen­
La notion même de risque est au centre du tation de la probabilité doit être maniée avec
processus de décision de ce qu’il est convenu précaution : la succession de deux crues « cen­
889 RISQUE NATUREL

tenaires » deux années de suite est très impro­ trophes indirectes, conséquences de l ’onde de
bable, mais elle est toujours possible. tempête qui se forme dans le fond des baies.
La fréquence de retour est parfois utilisée Les caractères de la répartition de la popu­
dans la législation. Ainsi, en France, on tend à lation peuvent faire varier l’importance des
dimensionner les réseaux d’évacuation des risques naturels. Il semble que, dans les mon­
eaux urbaines de façon à leur permettre d’éva­ tagnes européennes, les avalanches aient eu
cuer « l ’averse décennale», c ’est-à-dire la des conséquences particulièrement graves au
quantité d’eau qui a des chances de tomber en moment du maximum démographique du
quelques heures une fois en dix ans. Les xixe siècle. Il en va de même, de nos jours, au
conséquences de ce « risque » sont d’une gra­ Népal qui connaît une densité d’occupation
vité modérée, si bien que l ’on peut accepter sans précédent dans l ’histoire. Après une
ses inconvénients, quitte à prévoir des sys­ période de diminution de la population, qui a
tèmes d ’indemnisation : le dimensionnement réduit les conséquences des avalanches, les
des réseaux d’évacuation de façon à leur per­ montagnes des pays industriels connaissent
mettre d ’évacuer « l ’averse centenaire» de nouveau ce fléau, à la suite de la construc­
entraînerait des frais très supérieurs à ceux tion en altitude des stations de sport d’hiver.
d’une indemnisation périodique assez rare. Il De la même façon, les sociétés paysannes
est évident que l’on ne peut raisonner de la comportaient des populations à densité faible,
même manière en présence d’événements qui si bien qu’il était possible de ne construire
auraient des conséquences catastrophiques. d ’habitations que dans les parties non inon­
C’est ainsi que l ’on n’accepte de construire dables des plaines alluviales, même très culti­
des centrales atomiques que dans des sites où vées. De nos jours, aux abords des villes, les
la probabilité d’une destruction des réacteurs lotissem ents ont envahi ces parties inon­
par un tremblement de terre est presque nulle dables, ce qui a provoqué une recmdescence
(mais une probabilité n ’est jamais nulle ; elle des dégâts liés aux crues. Plus généralement,
ne peut que tendre vers zéro). on peut dire que l’augmentation générale de
Les événements qui font courir des risques la population humaine réduit les possibilités
aux hommes et à leurs installations peuvent de choix et peut augmenter l’exposition aux
relever : risques naturels.
— de la dynamique interne du globe, c ’est-
à-dire de forces géophysiques, notamment de Cependant, dans le même temps, les
celles qui conduisent au déplacement des moyens de lutte se sont accms :
«plaques» constituant l ’écorce terrestre. Il — Les systèmes de prévision, d’alerte et
s’agit essentiellement des tremblements de d’évacuation se sont beaucoup développés. Ils
terre et des éruptions volcaniques ; ont une efficacité certaine en ce qui concerne
— de la dynamique externe, c ’est-à-dire les crues et les cyclones. Mais cette efficacité
surtout de la force de gravité: avalanches, varie beaucoup selon le degré de développe­
glissements de terrain ; ment économique. Il est relativement facile
— de la dynamique des fluides qui forment d’avertir et d’évacuer les populations des
l’atmosphère et l’hydrosphère entourant le bords du golfe du Mexique, aux États-Unis, à
globe : inondations, ondes de marée ou ondes l’approche d’un cyclone tropical ; il n ’en va
de tempête, en ce qui concerne les eaux ; orages, pas du tout de même pour les paysans du
chutes de grêle, averses de neige, coups de froid Bengale, qui ne peuvent être avertis parce
bmtaux, pour ce qui est de l’atmosphère. qu’ils n’ont ni radio ni télévision, et qu’ils ne
Ces distinctions commodes sont cependant disposent ni des routes ni des véhicules qui leur
assez artificielles, dans la mesure où il peut y permettraient de quitter leurs villages menacés.
avoir des effets combinés. Par exemple, les — La connaissance de la nature et le déve­
tremblements de terre s ’accompagnent sou­ loppement de la technologie permettent des
vent sur les littoraux de « tsunamis », c’est-à- aménagements: construction d’ouvrages de
dire d’élévations du niveau de la mer, dues à défense, comme ceux entrepris en Zélande à
l’onde de choc dans un bassin océanique ; les la suite de la catastrophe de 1962, dans le
cyclones tropicaux provoquent des destruc­ cadre du «plan Delta» (multiplication et sur­
tions directes par l’effet de la force du vent et élévation des digues, construction d’écluses) ;
des pluies abondantes, mais aussi des catas­ mise au point de techniques architecturales
RISQUE NATUREL
690

permettant d ’élever des immeubles résistant de celles-ci. Le p e r est devenu en outre une
aux secousses telluriques, etc. Les séismes servitude d’utilité publique et s ’impose aux
qui ont affecté Los Angeles en 1993 et surtout documents d’urbanisme et aux autorisations
Kobe en 1995 ont cependant montré les d’occupation des sols. Il est de la compétence
limites de ces techniques, ou plus exactement de l ’Etat et publié par le préfet après avis des
de la façon dont elles ont été utilisées. communes et enquête publique. Malheureu­
— La prévision des risques rend possibles la sement, leur élaboration a été fort lente:
cartographie à grande échelle des zones mena­ 380 p e r ont été approuvés, alors que quelque
cées et la mise en place de réglementations 10 000 communes étaient concernées.
limitant leur occupation. Cependant, ces La loi Barnier relative à la protection de
réglementations sont souvent insuffisantes et l ’environnement du 12 février 1995 a rem­
mal acceptées, donc mal appliquées. Il faut placé le p e r - ainsi que les plans de surfaces
tenir compte à cet égard des caractères de la submersibles ( p s s ) , les périmètres de risques
mémoire collective, qui perd assez vite la et les plans de zones soumises aux incendies
conscience des dangers après une période sans de forêts, aux avalanches, aux mouvements
catastrophe. En France, les grandes averses du sol - par un plan de prévention des risques
méditerranéennes d’octobre 1988 et de sep­ naturels prévisibles ( p p r ) . La procédure est
tembre 1992 ont eu des conséquences d’autant déconcentrée et simplifiée. Les dispositions
plus graves qu’un certain nombre d’aménage­ les plus urgentes peuvent être prises dans un
ments préventifs, pourtant suggérés dans des premier temps, sans attendre le plan complet.
rapports techniques, n ’avaient pas été pris. Les travaux de prévention peuvent être exé­
C’est seulement après les catastrophes de cutés d’office si nécessaire. Au 1er septembre
Nîmes et de Vaison-la-Romaine qu’a été impo­ 2009, 6 648 communes sont couvertes par un
sée la généralisation de plans de prévention des p p r . Il s ’y ajoute 1 787 communes couvertes
risques, à la place des trop rares plans d ’expo­ selon la procédure antérieure à la loi de 1995
sitions aux risques. (anciens p e r et p s s , article R 111-3 du Code
D ’une manière générale, les sites menacés de l ’urbanisme). En outre, des p p r ont été
sont souvent attractifs et possèdent de tels prescrits pour 4 680 commues. Le nombre de
avantages qu’il est difficile de ne pas les uti­ communes concernées par un ou plusieurs
liser. Ainsi la fertilité des plaines alluviales risques naturels (inondations, avalanches,
asiatiques, ou des pentes des volcans, à Java mouvements de terrain, séismes, tempêtes au
comme en Italie, y a attiré des masses de cyclones, feux de forêt) a été évalué à 23 393
population qu’on ne peut envisager de dépla­ (64%), dont au moins 16 000 devraient être
cer définitivement. On sait que la ville de couvertes par un p p r .
Los A ngeles sera détruite en partie par un Pour les activités industrielles, outre la
tremblement de terre, dû au rejeu de la faille législation relative aux installations classées,
de San Andréas (ce n ’est pas une question intervient la directive européenne du 24 juin
de <<si » mais de « quand », a-t-on pu écrire), 1982, dite directive « S e v e so » , parce que
mais nul n ’a proposé de la déplacer. Les prise après le grave accident causé par un
forces mises en jeu dans les grands événe­ déversement de produits chimiques dans cette
ments naturels aux conséquences catastro­ ville italienne. En France, cette directive s ’est
phiques sont telles qu’il est im possible à seulement traduite par une adaptation de la
l ’humanité de se prémunir complètement législation sur les installations classées. Les
contre elles, quels que soient les développe­ industriels concernés doivent établir un plan
ments des techniques. d’opération interne qui définit les mesures à
En France, la loi du 13 juillet 1982 relative prendre en cas de sinistre. Un plan particulier
à l ’indemnisation des victim es de catas­ d’intervention, préparé par le préfet, prévoit
trophes naturelles avait prévu l ’élaboration les mesures externes à l’entreprise à prendre et
de plans d’exposition aux risques naturels les moyens de secours à mettre en œuvre.
prévisibles ( p e r ) élaborés par l’Etat. Il s ’agis­
sait d’interdire aux particuliers de s’installer F. D.-D. et P. M.
dans des zones sujettes à des risques naturels
et, en revanche, de leur garantir une indem­ Effet de serre; Environnem ent; Géotechnîque; Installations
classées; Protection de la nature; Risque; Risque technolo­
nité en cas de catastrophe survenue en dehors gique.
R O N D -P O IN T
691

RISQUE TECHNOLOGIQUE celui de Tchernobyl (1986) : si le risque zéro


n ’existe pas, les centrales françaises sont
Les risques technologiques, à l’inverse des considérées comme les plus sûres du monde.
risques naturels, résultent des activités déve­ Un plan d’urgence interne prend en compte
loppées par les hommes. La distinction doit les risques d’accident à l’intérieur de chaque
cependant être nuancée : les actions humaines centrale et le plan Orsecrad peut être mis en
peuvent aggraver ou réduire un risque naturel œuvre en cas de contamination à l’extérieur
(par exemple les inondations) et, inversement, de celle-ci. Il subsiste cependant le risque
les conditions naturelles peuvent accroître ou d’un nuage radioactif à la suite d’un accident
limiter un risque technologique (celui des dans une centrale lointaine (cf. Tchernobyl)
déchets nucléaires enfouis dans le sous-sol par et celui d’un attentat. Enfin et surtout, le pro­
exemple). blème du transport, de l’élimination ou du
Les risques industriels sont apparus avec la stockage des déchets nucléaires et celui du
révolution industrielle (ceux liés à l’artisanat démantèlement des centrales obsolètes sont
antérieur étaient limités). Ils font, depuis 1810 loin d ’être parfaitement résolus. Parmi les
en France, l’ohjet d’une réglementation spéci­ déchets nucléaires, les plus dangereux (à vie
fique, qui vise notamment la localisation (mais longue et de haute activité : produits de fis­
aussi le fonctionnement) des établissements sion des combustibles usés) sont vitrifiés et
jugés insalubres, incommodes ou dangereux. peuvent être soit enfouis dans des mers pro­
Cette réglementation est actuellement celle des fondes (ce qui paraît non dépourvu de risques
installations classées. La directive dite Seveso à très long terme), soit enfouis dans des sols
impose, dans le cas des risques les plus graves, profonds (la France en a décidé le principe et
une étude d’impact, mais celle-ci est financée a retenu à cette fin un site à Bure), soit
par le maître d’ouvrage, ce qui peut en atténuer retraités (usine de retraitement de La Hague
la portée ; les études quinquennales de danger en France).
ne constituent pas non plus une garantie abso­ Le transport des matières dangereuses, y
lue (explosion de l’usine azf de Toulouse). Il compris les produits pétroliers, constitue un
serait souhaitable de créer des instances indé­ autre risque technologique. Il concerne notam­
pendantes de suivi et de surveillance. Enfin, ment les dépôts de produits pétroliers, les
l’inventaire des pollutions industrielles, notam­ centres de stockage de gaz, souvent présents
ment des pollutions anciennes, par exemple au sein des agglomérations urbaines, les lignes
celle des métaux lourds (plomb, mercure, arse­ électriques à haute tension (dont l’enfouisse­
nic, césium, etc.) stockés dans la pédosphère, ment est très coûteux), la circulation de nom­
est très incomplet. breux camions de livraison des carburants.
Les risques radiologiques sont liés à P. M.
l’énergie nucléaire, mais aussi aux nombreux
établissements utilisant des matières radioac­ -* Installations classées; Risque; Risque naturel.

tives et produisant des déchets (hôpitaux


notamment, mais aussi friches des sites
d’extraction ancienne de matières radioac­ ROCADE -*■ Voirie
tives). L’Association nationale pour la ges­
tion des déchets radioactifs ( andra) est
chargée du recensement et de la collecte de ROND-POINT
ces déchets et la Haute autorité de sûreté
nucléaire assure le contrôle des installations L’architecte français Eugène Hénard et
et le respect de la réglementation. Les risques l ’ingénieur américain William Phelps Eno
liés à l ’utilisation à des fins militaires de ont travaillé en parallèle dans les premières
l ’énergie nucléaire posent le problème poli­ années du x x e siècle à la régulation de la
tique de la prolifération de ce type d’arme­ circulation motorisée et à la formalisation
ment. Mais ce sont les risques liés à l’énergie des règles de bonnes pratiques sur la chaus­
nucléaire qui inquiètent le plus une large par­ sée. Les deux praticiens constataient l ’un et
tie de l ’opinion. Ces risques sont liés à l ’autre que la vitesse de déplacement et la
l ’éventualité d’un accident du type de celui densité de la circulation imposaient que les
de Three M ile Island (1979) et surtout de pratiques soient encadrées et que « l ’éduca-
ROUTE âkk

tion des conducteurs» devait être un préa­ Le réseau routier français ( d o m co m p rit
lable à l’autorisation de circuler. comporte, en 2003, environ 1 m illion d|i
Le croisement de voies, principale source km: m ||
d’embarras, fut l ’objet de recherches et de — 11000 km d’autoroutes ; fi»!
solutions très innovantes, dont la principale fut — 9 000 km de routesnationales ; .p|,
le rond-point, mises en place dans la capitale — 384 000 km de routes départementale»*!!
française sur le substrat des voiries haussman- — 604 000 km de voies communales ; ?nj
niennes. Le rond-point des Champs-Élysées a — plus environ 700 000 km de chemiai'
apporté les deux principes de la circulation ruraux. . ■>[:
moderne : la priorité d’un flux sur l’autre et la Les routes nationales et autoroutes sont à lk j
mise en place d’un sens unique de circulation. charge de l ’État à 100% en zone rurale,»»
Les règlements antérieurs étaient très souples, 85% hors périmètre d ’agglomération e tf|'
demandant seulement aux conducteurs de se 55 % en agglomération. Les chemins départe#
tenir de préférence sur la droite. mentaux et les voies communales sont à ‘lit:
Le rond-point est devenu beaucoup plus charge des départements et communes respect
contraignant. Il est assorti d ’une signalisation tivement, avec une subvention du Fonds spétf
rappelant au conducteur l ’usage en vigueur et cial d’investissement routier ( f s i r ) de 20 â
d’une police de surveillance adéquate. Les 50 %. Les chemins ruraux appartiennent an
ingénieurs et les architectes français avaient domaine privé des communes qui ne sont pa#
pris de l ’avance sur le dessin des machines à tenues de veiller à leur entretien. M
circuler que sont les ronds-points, les sens
interdits ou les feux tricolores. On doit néan­ P. M.'

moins à Eno d’avoir su coupler ces dispositifs -> Infrastructure;Voie. il\
physiques avec la nécessité de former les ‘ H„j:
conducteurs à la pratique de ces chaussées
complexes, ouvrant ainsi la voie du permis de RUE
conduire mis en place en 1919 à Paris.
V. S.-M. G. Du latin ruga (ride, sillon, puis, en bas latin,’
me), voie bordée de maisons ou de murailles1
Espace public ; Place ; Rue ; Voie.
dans une ville ou un village. Élément essentiel
de toutes les cultures urbaines, depuis l’Anti­
quité, elle y présente des aspects et y joue des
ROUTE rôles différents.
Dans le monde occidental, son évolution
Voie carrossable destinée à la liaison entre morphologique est fonctionnelle ; elle a suivi
les localités et à la desserte des zones rurales. celle des sociétés et des techniques. Les étapes
Les chaussées romaines étaient pavées. Les de son histoire coïncident avec celles de l’his­
routes médiévales n ’étaient pas revêtues. toire des villes et de l’urbanisation. i
Depuis le xixe siècle, les routes ont été revê­ Sauf dans le cas d’agglomérations où elles
tues dans les pays développés. suivent d’anciens tracés romains, ou dans la
La route comporte, outre la chaussée, les cas des «villes neuves» (dites «bastides » ert
fossés, talus, bandes d’arrêt, pistes cyclables France et en Grande-Bretagne), dont on
et plantations éventuelles. La largeur de la trouve des exemples dans nombre de pays
chaussée doit être de 5 m pour les petites européens, les mes médiévales sont générale»»
routes rurales, de 6 à 7 m pour les routes à ment sinueuses, irrégulières, épousant les
deux pistes, de 3,5 m par piste pour les routes accidents du terrain et reflétant les vicissi­
plus importantes. L’emprise totale de la route tudes de l’histoire. Elles sont étroites, dépour­
est d’environ 9 m pour une petite route rurale, vues de trottoirs, traversées par un caniveau
12 m pour une route à deux pistes, 16 m pour central. Le pied des maisons est protégé par
trois pistes, 20 m pour quatre pistes. de grosses bornes en pierre.
Le coût de construction, en zone rurale, Comme en témoigne la toponymie (me des
varie de 500 000 € environ pour une petite Bouchers, des Fourreurs, des Tanneurs, de la
route rurale à 2 à 3 millions d ’€ pour une route Vannerie, des Orfèvres, etc.), elles sont sou­
à quatre pistes (par kilomètre). vent spécialisées dans des activités particu­
RUE
«3

lières. Logement (aux niveaux supérieurs) et nucléaire, la bureaucratisation de l ’État. Cer­


travail (en rez-de-chaussée) ne sont pas disso­ tains espaces nouveaux (boulevards, galeries
ciés. L’inconfort de l ’habitat autant que marchandes, jardins publics et promenades)
l’ouverture des échoppes ou ateliers sur la rue prennent un relais de la vie sociale tandis que
font alors de celle-ci l ’espace public par excel­ la m e continue, malgré tout, d’accueillir cer­
lence. Les miniatures du X V e siècle, notam­ tains petits métiers (cf. Paris Guide, 1867,
ment, nous en ont conservé l’image. La vie rééd. partielle, Paris, 1983), et encore les
urbaine se passe dans la me, lieu de la commu­ « cris de Paris », tels que les décrit Marcel
nication et des contacts sociaux, qui, Proust.
lorsqu’elle s’élargit un peu, accueille égale­ À partir du x x e siècle, l ’invention de l’auto­
ment fêtes, processions, marchés (J. Hillairet, mobile place la m e dans une problématique
La rue Saint-Antoine, Paris, 1970). nouvelle. Dès les années 1920, Le Çorbusier
À partir de la Renaissance, l’art urbain crée dénonce « les mes pleines de bruit, de puan­
des mes «programmées» (Lavedan) répon­ teur» qu’abolissent ses «villes-tours» (Vers
dant aux nouvelles normes et exigences de la une architecture, Paris, 1928). «L a m e est
technique (défense militaire, circulation en devenue un démon déchaîné. M e n a c e d e
carrosse) et de l ’esthétique : plus larges, recti­ m o r t partout, dès le seuil de la maison franchi

lignes, régulières, bordées d’immeubles aux (...) les mes ne doivent plus exister, il faut
façades alignées et uniformes. Cependant, créer quelque chose qui remplace les m es »
une partie des anciens réseaux médiévaux (La ville radieuse, Paris, 1933). Dès lors ins­
subsiste, en dépit de modifications parcel­ crite au cœur du débat sur l’urbanisme, la
laires et de reconstructions (cf. en France cer­ suppression de la « m e corridor», devenue
taines m es du vieux Bordeaux, bordées de symbole d’archaïsme, souvent même de dan­
leurs hôtels classiques), et suscitent des ger moral et social (Le Çorbusier), est préco­
embarras de la circulation tels qu’une longue nisée par la doctrine des c i a m qui s ’impose
tradition les décrit en France, de Boileau à dans les réalisations de l ’urbanisme à partir
Maxime Ducamp, en passant par Voltaire. des années 1950, dans les rénovations
Certains de ces réseaux médiévaux se main­ urbaines, les grands ensembles suburbains,
tinrent d ’ailleurs jusqu’à nos jours, dans certaines villes nouvelles européennes
nombre de centres historiques, en Italie, en (Grande-Bretagne, France).
Espagne, dans les pays germaniques, en N i les dalles, ni les espaces verts, ni les
France. nouveaux centres commerciaux ne « rem­
La deuxièm e partie du x ix e siècle voit placent» effectivem ent la me. C elle-ci ne
s’hypertrophier la fonction circulatoire de la tarde pas à être réhabilitée au nom de valeurs
me. En France, ce nouveau rôle est illustré diverses : convivialité, sécurité, tradition. La
par l ’œuvre de Haussmann, qui sert de série des apologies de la m e est ouverte par
modèle à l’Europe entière. Le préfet détmit J. Jacobs dont l’ouvrage (The death and life
d’anciennes voies, trop étroites, en «régula­ o f great American cities, New York, 1961),
rise» d’autres, perce de nouvelles mes pour qui se situait dans un contexte spécifiquement
adapter la ville aux conditions de l’ère indus­ américain, contribua néanmoins au renver­
trielle (cf. Haussmann, Mémoires, Paris, sement doctrinal de l ’urbanisme européen.
1890-1893, t. 2, t. 3, chap. 1). D es rues à Suivaient les pamphlets du postmodemisme,
usage résidentiel sont créées. Amorcé depuis militant au nom d ’un étem el urbain (cf.
l ’âge classique, le repliement, dans les R. Krier, L ’espace de la ville, Paris, 1975).
espaces intérieurs de bâtiments spécifiques Le retour à la rue semble aujourd’hui, en par­
(cf. entre autres, bâtiments administratifs, tie, acquis. La ville de Louvain-la-Neuve, en
bourses, magasins, salles de spectacle), B elgique, en donne un exemple où les
d’activités publiques et privées qui se dérou­ concepteurs sont même revenus à la m e pié­
laient primitivement dans la m e médiévale, tonnière. Parmi les partisans de la rue, beau­
s’accélère avec notamment la révolution de coup ne sont cependant pas assez attentifs
l ’économie et des modes de production, le aux révolutions sociétales et techniques
progrès des techniques de construction et de (rôles des médias et des télécommunications,
conditionnement des bâtiments, le développe­ par exemple) qui, depuis l’époque médiévale,
ment du confort, l ’évolution de la famille ont transformé son statut et au fait que la
RUE PIÉTONNIÈRE

réhabilitation de la rue comporte une part de RUINE


jeu et de faux-semblant r(on ne doit pas
oublier le rôle joué aux États-Unis par les Débris ou restes, impropres à l ’usage, d'„
modèles de Disneyland, dans le retour à la édifice, d’un ensemble ou d’une ville. ObJ
me). de l ’archéologie, les m ines ont, depuis!
Dans les centres historiques et en milieu XVe siècle, joué un rôle essentiel dafts^
urbain ancien où le réseau viaire originel connaissance des villes et de l ’architecture <
devait être préservé, la m e piétonnière a pu l’Antiquité d ’abord, puis progressivement
apparaître dans de nombreux pays, en Europe toutes les époques et cultures. h
(Allemagne, Pays-Bas, S u isse ,, Autriche, Connues et popularisées par l ’œuvre
avant la France) mais aussi aux États-Unis, peintres, graveurs et architectes qui ne eèl.
comme une panacée contre les dangers corpo­ sèrent de les reproduire de la R enaissance
rels et la pollution, physique et visuelle, de l ’époque de Piranèse, les mines de l ’Antiqür
l ’automobile. Une gamme de solutions a été - neuves ou rapportées - devinrent, da-
expérimentée sur des zones plus (Munich, l’Europe du xvm e siècle, partie intégrante .
Amsterdam) ou moins importantes (Berne, jardin paysager. Le romantisme devait ensuitoi
Vienne, Lyon) ou ponctuelles (Nancy) : exclu­ consacrer la valeur esthétique (pittoresque^!
sion radicale des voitures ; autorisation de cir­ des mines au trésor desquelles s ’adjoignirem!
culation automobile réservée aux riverains celles du Moyen Âge. >iij|
(Sienne) ; exclusion seulement à certaines Aujourd’hui, les mines, antiques ou médiéM
heures ou certains jours (quartier des grands vales, posent une série de problèmes : i
magasins à Tokyo le samedi). — à la conservation, celui du maintien dt!'
L’expérience montre que la création de mes leur intégrité face à la pollution et au tourisme)
piétonnières n ’est pas sans inconvénients. (cf. Acropole d’Athènes) ; '.il!
D ’une part, leur aménagement selon des stéréo­ — à l’urbanisme, celui de leur intégratiofl
types internationaux, influencés par le modèle dans le cadre de la vie contemporaine où
des centres commerciaux américains (éclai­ elles sont susceptibles de remplir trois fora*
rages, pavages, bacs à fleurs) les banalise et fions: didactique, esthétique, psychologique)
leur fait souvent perdre une partie de leur carac­ ou politique (renforcement de la perception! ■
tère. D ’autre part, leur vocation piétonnière de l’identité urbaine ou nationale); mais où)
induit un ensemble d ’effets économiques et leur maintien peut entrer en conflit :
sociaux qui, souvent, y dégradent la qualité de • à l’échelle urbaine avec les besoins
la vie quand ils ne chassent pas les populations d’espace ou les exigences de la circulation ;
originelles : implantation de commerces liés • à l ’échelle du territoire avec les grands
au tourisme, en particulier la restauration travaux d’équipement (barrages, tunnels,
bon marché (cafés, crêperies, fastfnod) ; enva­ exploitation pétrolière, etc.).
hissement par les touristes en même temps que Toute solution (modification des projets
par des populations marginales, clochards, d ’aménagement ou déplacement des ruines)
drogués, etc. « L’effet Beaubourg » se retrouve passe par l’évaluation des objectifs conflic­
à travers la France, par exemple autour de la tuels.
cathédrale de Strasbourg. La protection des mines s ’est avérée parti­
En dépit de l ’étroitesse de leurs m es et culièrement délicate dans les pays en voie de
ruelles médiévales, certaines villes historiques développement. Elle fait l’objet d’une législa­
européennes (Tolède) ont préféré ne pas y tion internationale qui a pu conduire à des
interdire la circulation et ont ainsi, en partie, réalisations spectaculaires, tel le démontage
échappé à ces inconvénients. des temples d ’Abou Simbel à la suite de la
F. C. construction du barrage d ’A ssouan en
Égypte. En France, la protection des ruinefe
-+ Éclairage public; Espace public; Place; Posturbain; Rond-
point; Viabiliser; V oie; Voirie.
est assurée par une législation rigoureusé
dont l ’application incombe à la direction
générale des patrimoines, qui peut les faire
classer comm e monuments historiques ou
RUE PIÉTONNIÈRE —►Marche à pied ; Piéton ; inscrire. II existe un type de classement
Rue; Séparation des trafics excluant la reconstitution. Les mines peuvent
RURBANISATION

également être protégées au titre des sites grands axes routiers pour bénéficier d’une
(Montségur). meilleure accessibilité. La contre-urbanisation
semble peu différente de la rurbanisation.
F. C.
Si la notion de rurbanisation (ou de contre-
+ Fouilles; Peinture; Reconstitution. urbanisation) implique bien ce caractère de
discontinuité, de rupture avec les formes tradi­
tionnelles de banlieue, elle évoque plus une
RUISSELLEMENT -> Assainissement; Cycle forme d’organisation de l’espace que le méca­
de l'eau nisme de répartition des habitants entre milieu
urbain et espace rural. C ’est pour celui-ci
qu’on peut employer l ’expression d ’exode
RUPTURE DE CHARGE -* Confort urbain pour appréhender à la fois la périurba­
(d'un moyen de transport) nisation et la rurbanisation. Cette notion pré­
sente l’avantage de le faire apparaître comme
le pendant de l ’exode rural, dont il constitue
RURBANISATION en quelque sorte l ’inverse. Elle souligne aussi
le caractère m assif de ce nouveau courant
Néologisme qui désigne le processus d’urba­ migratoire. On définira donc l’exode urbain
nisation rampante de l’espace rural, d’imbrica­ comme le processus de départ de citadins vers
tion des espaces ruraux et des zones urbanisées des communes rurales, en général à proximité
périphériques. Sur le plan statistique, on peut (périurbanisation) mais souvent en disconti­
évaluer la rurbanisation comme le mouvement nuité (rurbanisation) des zones urbaines, sans
des espaces urbains vers l’espace à dominante que ce départ s’accompagne d’un changement
rurale. On a pu l’estimer à 40 000 personnes de style de vie ni le plus souvent d’un change­
par an en moyenne depuis quarante ans. ment d’activité, voire d’emploi.
La rurbanisation (J.-B. Charrier, Citadins et La rurbanisation est certes liée à la crois­
ruraux, 1969 ; G. Bauer et J.-M. Roux, La rur­ sance urbaine et dépendante de la ville (ou
banisation, 1976) doit être distinguée de la sub­ d ’un ensemble de villes proches). Mais elle
urbanisation qui est le développement continu s ’organise autour des noyaux de l ’habitat
de l’espace autour des villes. Elle diffère aussi rural, sans créer un nouveau tissu continu.
de la périurbanisation qui désigne l’urbanisa­ On peut considérer que les territoires rurba-
tion des franges rurales des agglomérations. La nisés forment une nouvelle étape du dévelop­
périurbanisation et la rurbanisation affectent pement des banlieues. Mais son caractère est
souvent les villes de façon simultanée. Mais, différent des précédentes, y compris de la
de façon générale, la première a précédé la périurbanisation. En effet, la rurbanisation ne
seconde. Dans certains cas comme, depuis crée pas un nouvel espace, mais se superpose
1990, dans la grande couronne parisienne sauf à l’espace rural, le modifie, mais ne le fait pas
la Seine-et-Mame, le solde migratoire est disparaître. En outre, à la différence des ban­
devenu négatif: il y a donc plus d’habitants de lieues successives, il s’inscrit en discontinuité
ces départements qui quittent la région, souvent spatiale avec les agglomérations. La popula­
vers des zones rurales, que d’habitants de Paris tion y exerce des activités liées à la ville, sou­
et de banlieue qui y viennent. La rurbanisation vent en ville.
prend alors le pas sur la périurbanisation. La rurbanisation prend surtout la forme de
Les géographes anglo-saxons ont utilisé la construction de maisons individuelles en péri­
notion de counter-urbanization (contre- phérie des villages traditionnels, en particulier
urbanisation) pour définir un mouvement, sous forme de lotissements de quelques unités à
déjà ancien autour de certaines grandes villes quelques centaines de logements (les «n ou ­
(Londres, N ew York, etc.), de départ des veaux villages»), mais souvent aussi à l’écart
villes non seulement des habitants, qui conti­ des lieux déjà construits (on parle alors de
nuent à y travailler en ville au prix de longues « mitage »), ou encore de réutilisation, en géné­
migrations alternantes en train ou en automo­ ral après travaux, de maisons existantes des vil­
bile, mais aussi de nombreuses activités qui lages ou des écarts. L’espace rural reste donc
préfèrent soit créer leur propre espace en dominant en termes de surface. Mais la majorité
milieu rural, soit se localiser le long des de la population adopte un mode de vie urbains.
RURBANISATION 696

La rurbanisation s’est développée à partir services, commerces et équipements publics


du désir d’une partie des citadins, le plus sou­ et privés ;
vent recrutés dans les classes moyennes, d’un — les équipements publics, difficiles à pla­
cadre de vie rural. Le faible coût des terrains, nifier pour une population ainsi dispersée ;
les modes de financement (prêts à l’accession — la consommation d ’énergie, sous forme
à la propriété et prêts conventionnés dans le de pétrole, nécessitée par cette utilisation inten­
système français en vigueur) favorisaient sive de l ’automobile, et les émissions de gaz à
l ’accession à la propriété dans le cadre de effet de serre qui en résultent ;
telles opérations. L’actuel prêt à taux zéro — un supplément de dépenses de transport
comporte un montant maximal et un plafond qui compense souvent l ’économie faite sur le
de ressources, ce qui limite les possibilités coût du logement ;
des ménages modestes et les incite donc à — les problèmes de circulation liés à une
réduire le prix du foncier, donc à acquérir dépendance quasi absolue de l’automobile
loin des villes. Ce mode d’urbanisation, qui a pour la mobilité ;
pris une grande intensité en France depuis — dans les villages concernés, la possibi­
1970 environ, est très lié au développement lité que la majorité, puis le pouvoir municipal,
de l’automobile : l’absence ou la médiocrité passent aux mains des rurbains.
de la desserte des villages et des « nouveaux Les politiques d ’urbanisme ont mal pris en
villages » nécessite la possession d’une, le compte la rurbanisation, que ce soit à
plus souvent de deux automobiles par l ’échelle locale (où la municipalité rurale a
ménage. peine à résister aux pressions conjuguées du
La rurbanisation apparaît ainsi comme une lotisseur ou des acquéreurs individuels et de
forme dégénérée des utopies prônant le retour ses électeurs, désireux de vendre leurs ter­
à la nature, le « désurbanisme », etc. Loin de rains à un prix supérieur à sa valeur agricole),
contribuer à la sauvegarde de la nature, elle ou à l’échelle de l’agglomération (où aucune
la compromet gravement. Loin de créer un stratégie foncière alternative n ’est définie
milieu indépendant de la ville, elle crée une sauf exception, comme aux Pays-Bas ou à
dépendance totale à l ’égard de celle-ci Stockholm). On peut cependant imaginer :
(emploi, équipements, services) et de l ’auto­ — d’introduire une réglementation plus
mobile. Amorcée dès les années 1950 aux dissuasive à l’égard des lotissements, lorsque
États-Unis, puis en Grande-Bretagne, la rur­ le niveau d ’équipements est insuffisant ;
banisation est plus récente en France. — d’interdire dans les plans locaux d’urba­
La rurbanisation pose de nombreux pro­ nisme, toute forme de mitage de l’espace rural
blèmes : (y compris en contrôlant strictement le carac­
— une consommation non négligeable tère indispensable pour l’exploitation des
d’espace agricole (près de 10 000 logements par constructions par les agriculteurs) ;
an autour des bourgs et villages de la région Ile- — de développer une politique de maintien
de-France, hors de l’agglomération, consom­ de l ’agriculture et de mise en valeur du patri­
mant 1 500 ha par an ; 12 500 ha pour la France moine naturel ;
entière et autant pour les autres utilisations du sol — de mettre sur le marché une offre fon­
liées à la rurbanisation) ; cière organisée pour la construction de mai­
— un paysage de maisons (le plus souvent sons individuelles à proximité de zones bien
préfabriquées) sans continuité visuelle avec équipées.
les villages auxquels elle se juxtapose ; le pay­ — de promouvoir aux limites des agglomé­
sage ainsi constitué n ’a qu’un rapport lointain rations la construction de maisons de ville (mai­
avec le cadre rural traditionnel recherché : mai­ sons alignées le long des mes avec jardin à
sons peintes, jardins clos non de murs mais l ’arrière) plus économes en espace et en énergie
de grillages ou de haies, plantés d’essences et susceptibles de rencontrer des besoins qui ne
« décoratives » et non de plantes adaptées à la sont actuellement satisfaits que par des maisons
région, garages, rampes d’accès et culs-de-sac séparées (cf. politique de la ville compacte).
envahis par les automobiles, etc. ;
P. M.
— l’éloignement des habitants des stations
de transport en commun et de la plupart des - » Agglomération ; Banlieue ; Périurbanisation ; Ville compacte.
s

très grandes (plus de 500 salariés) entre­


SAFER -> Société d'aménagement foncier
et d'établissement rural ( s a f e r ) prises.
P. M.

Emploi ; Entreprise ; Population active.


SALARIÉ

Personne travaillant pour une entreprise,


SALLE DE RÉUNION Centre socioculturel ;
qui loue ses services, rémunérés par un salaire,
subordonnée aux dirigeants de cette entreprise Local collectif résidentiel
et dont les droits et obligations sont fixés par
un contrat de travail, écrit ou tacite. Le salaire
est versé pour une durée déterminée de travail SALLE DE SPECTACLE
(heure, jour, semaine, mois ou année) ou par­
On appelle salle de spectacle les théâtres et
fois à la tâche. théâtres lyriques, les salles de cinéma (équipées
Le statut de salarié s ’oppose aux sta­
en 35 mm), les salles de concert, les cirques.
tuts indépendants : exploitants agricoles,
Ce secteur emploie, en 2007,128 700 personnes
membres des professions libérales, tra­
(équivalent temps plein) dont 52 200 artistes.
vailleurs indépendants (commerçants, arti­
Les plus répandues et les plus fréquentées
sans, industriels, etc.), travailleurs à domicile.
sont les salles de cinéma. En 2007, on compte,
Les apprentis sont également liés par un
en France, 2 159 établissements, exploitant
contrat à une entreprise, les aides familiaux
5 398 salles équipées de 1 078 000 fauteuils
ne le sont pas. (dont 153 multiplexes offrant 1 734 salles et
Dans les pays développes, 1 emploi salarie
357 000 fauteuils). Les salles, de dimension
représente une part croissante de 1 emploi
très variable, offrent en moyenne 200 places.
total • en France, 71,3 % en 1962 ; 74,5 % en Leur fréquentation a beaucoup diminué avec la
1968; 82% en 1975; 85% en 1982 (défini­
banalisation de la télévision, puis des moyens
tion rectifiée); 86,9% en 1990; 89,2% en
d’enregistrement des films. De près de 400 mil­
2002 (91 % environ en 2010). lions de spectateurs par an dans les années
La part des salariés est en augmentation
1950, elle était tombée à moins de 200 millions
dans tous les secteurs, sauf l ’agriculture
dans les années 1980 et même à 130 millions
(42%, y compris les salariés appartenant a la
en 1995. Cette fréquentation est à nouveau de
famille du chef d’exploitation). Elle atteint
180 millions de spectateurs par an (177,5 en
83 % dans la construction, 93 % dans le sec­
2007 après un maximum de 195,5 en 2004).
teur tertiaire et 96 % dans 1 industrie. Environ
Les théâtres sont beaucoup m oins nom ­
un quart travaille dans de petites entreprises
breux. On comptait, en 2007, 5 théâtres natio­
(moins de 10 salariés), un peu plus de la moi- naux (Comédie-Française, Chaillot, Colline,
tié dans des p m e (10 à 200 salaries), le der­
Odéon, tous quatre à Paris, et Strasbourg),
nier quart se répartissant presque à égalité
33 centres dramatiques nationaux (dont 6 en
entre les grandes (200 à 500 salariés) et les
SALLE DE SPORT

Île-de-France), 6 centres dramatiques régio­ quet des anciens jusqu’à l’organisation d’uo,
naux et 103 scènes conventionnées (dont 8 en concert de rock. Une salle de 400 m2, très som­
Ile-de-France). Le nombre de théâtres privés maire, peut coûter moins de 10 000 €, avec ua
est mal connu: de l’ordre de 180, dont 51 en coût d’entretien minime en dehors des mani­
en Île-de-France). Il faut y ajouter 19 centres festations, mais une salle plus vaste ou mietuj;
chorégraphiques nationaux. La fréquentation équipée peut coûter beaucoup plus cher.
des théâtres est, en 2007, de l’ordre de 8 mil­
lions de spectateurs par an (0,6 dans les J. C. et P. M.
théâtres nationaux, plus de 1,5 million dans -> Centre socioculturel.
les centres dramatiques nationaux et régio­
naux, plus de 2 millions dans les scènes sub­
ventionnées, 3,2 m illions dans les théâtres SALLE DE SPORT |
privés parisiens, etc.). Celle des théâtres
lyriques est encore plus faible : 739 000 specta­ Sous le terme général de «salle de sport»,
teurs à l ’Opéra de Paris, 631 000 dans les on peut désigner une grande variété d’instal­
centres chorégraphiques nationaux, 83 000 à lations sportives dont la destination répond à;
la Cité de la musique. En revanche, on compte des fonctions très diversifiées : t«
17 millions d’entrées pour les spectacles de — accueil des classes d’éducation phy­
variétés ou de musiques actuelles. sique (en particulier par mauvais temps) ; a!
Dans certains pays, d ’autres salles de spec­ — pratique des « sports de salle », tels qua.
tacles jouent un rôle important tel est le cas judo, escrime, etc. ;
des cirques en Union soviétique, par exemple. — pratique en salle de disciplines de plein
C’est pour lutter contre ce désert culturel en air pendant la mauvaise saison (tennis, basket-,
dehors de Paris que le ministre André Malraux bail, handball) ;
avait lancé en 1960 l’implantation de «mai­ — organisation de spectacles sportifs avec
sons de la culture», conçues comme des pôles accueil du public, pour l’une ou l’autre des
d’animation culturels polyvalents, disposant deux catégories de sport précédentes.
chacun d’une ou deux grandes salles de spec­ Depuis la simple salle d’entraînement poly­
tacle, d’une bibliothèque, d’espaces d’exposi­ valente de 200 m2 qui accueille successive­
tions, de salles de répétition, etc. Il avait ment un cours de danse, un club de judo, des
initialement été prévu d’en réaliser une ving­ séances de yoga, etc., jusqu’à un palais des.
taine au cours du IVe Plan (1960-1965), mais sports pouvant recevoir plusieurs milliers de:
seulement 13 ont pu être menées à bien, la spectateurs, toutes les situations intermé­
dernière en 1975 à Créteil, On n ’en a plus diaires se rencontrent: gymnase, salle de:
construit depuis. M oins ambitieux, des sports, complexes sportifs, etc. j
«centres d ’action culturels» ont été créés au Au cours des années 1970, avait été établie:
nombre d’une trentaine, à partir de 1968. Les en France une typologie très précise des équi­
maisons des jeunes et de la culture ( m j c ) sont pements sportifs couverts à réaliser avec les
des structures de statut associatif, mais en géné­ dimensions à respecter dont les plus courants
ral liées aux collectivités locales, qui proposent étaient les « gymnases B » de 30 m sur 20 avec
des spectacles, des ateliers et des loisirs. F n f î n 6 m de hauteur sous plafond et les « Complexes
quelques grands projets ont à nouveau été sportifs évolutifs couverts» (« cosec») consti­
engagés à partir de 1981 (Opéra de la Bastille). tués d’un ensemble de salles. Avec la décentra­
Cependant, à côté des rares théâtres profes­ lisation, tout cet aspect normatif a tendu à
sionnels permanents, qui presque tous sont disparaître, chaque commune étant portée à
soutenus directement ou indirectement par concevoir son programme et à intégrer cet équi­
des subventions, on estime qu’il existe pement dans un ensemble original.
plusieurs milliers de troupes de théâtre ama­ La réalisation d’un complexe de quartier
teur, sans compter les multiples orchestres, plutôt que de salles sportives isolées présente
souvent de jeunes, et les chorales. Beaucoup plusieurs avantages :
de communes, même modestes, disposent — une utilisation scolaire plus souple et plus
ainsi de salles polyvalentes, parfois très rus­ variée par rotation des salles et des installations ;
tiques, qui offrent des lieux pour l’accueil des — un plein-emploi (entre heures « scolaires »
manifestations les plus variées, depuis le ban­ et heures de loisirs) plus facile à assurer lorsque
SC ÉN A R IO
899

l’équipement est d’une taille suffisante pour situées les unes par rapport aux autres dans
justifier un gardiennage spécifique ; un double système de relations diachroniques
— une conception évolutive du programme et causales, en vue de mettre en évidence les
pourvu que le terrain choisi pour sa localisation caractères probables de l ’évolution d ’une
le permette. situation donnée, à partir d’un corps d’hypo­
Une salle de sport doit bénéficier d’une thèses formulées sur les «tendances lourdes »
bonne accessibilité, puisque c’est un équipe­ de cette évolution. La valeur heuristique d’un
ment qui appelle une fréquentation rappro­ scénario est donc fonction de la pertinence
chée avec taux de rotation assez soutenu des des hypothèses choisies au départ ainsi que de
utilisateurs. Pour des motifs plus symboliques la cohérence du système de relations destiné à
qu’utilitaires, on choisit souvent une implan­ intégrer l’ensemble des variables de révolu­
tation en bordure d’un parc urbain ou d ’un tion décrite.
plan d’eau, c ’est-à-dire dans un cadre évo­ La plupart des scénarios actuellement pra­
quant le sport et les loisirs. tiqués ressortissent à l’une ou l’autre de deux
Le secrétariat d’État à la Jeunesse et aux catégories principales : les scénarios « tendan­
Sports évalue, en 2009, le nombre de salles ciels » et les scénarios « contrastés ».
multisports à environ 16 600, le nombre de L’objet des scénarios tendanciels est la
salles spécialisées à 14 400 et le nombre de simulation de processus d’évolutions pos­
salles non spécialisées à 15 000 environ (soit sibles à partir d ’une situation existante,
46 000 salles au total, dont 1 300 couvertes). compte tenu d’hypothèses de base formulées
On estime le nombre de courts de tennis à sur la nature et le rythme de déroulement pro­
42 000 environ (dont 5 700 couverts), celui bables de ces processus. Les scénarios tendan­
des bassins de natation ouverts au public à ciels admettent d’ordinaire un jeu de variables
plus de 7 000 (dont moins de 3 000 cou­ relativement restreint: ils postulént, en parti­
vertes), le nombre de patinoires à 184 et celui culier, la permanence de l’environnement du
des terrains de grands jeux couverts à 150. système de variables qu’ils combinent (ex. :
Les normes officielles, qui ne sont plus au permanence des institutions ou du système de
mieux que des recommandations depuis la production en vigueur). Ils s’efforcent de des­
décentralisation, prévoyaient au moins 1 m2 siner à grands traits des images de situations
de terrain par habitant pour les villes de plus futures, en s’attachant à mettre en évidence
de 10 000 habitants. les divers cheminements susceptibles d ’y
conduire. Toutefois, à la différence des scéna­
J. C. et P. M. rios contrastés, ils se préoccupent moins
Piscine ; Stade et terrain de sport.
d’explorer l’ensemble du champ des possibles
que de rendre compte d’un ou plusieurs pro­
cessus d’évolution jugés significatifs à raison
SANITAIRE (ÉQUIPEMENT) Carte sanitaire ; de la nature des prémisses qu’ils admettent.
Dispensaire; Hôpital Un exemple déjà classique de scénario ten­
danciel est représenté par le scénario dit «d e
l’inacceptable»; Une image de la France en
SANTÉ PUBLIQUE — Carte sanitaire ; Van 2000 (1971). Établi par la DATAR, ce scé­
Épidémiologie; Hôpital; Hygiène publique nario, présenté d ’entrée de jeu comm e un
« outil » neuf et une « démonstration méthodo­
logique qui a fait la preuve de sa productivité
SAUVEGARDE -> Conservation ; en permettant de boucler un cycle complet
Préservation ; Restauration ; Secteur d’investigations prospectives », décrit le che­
sauvegardé minement d ’une France qui, laissée à elle-
même - c ’est-à-dire sans politique volonta­
riste d’aménagement de l ’espace - accumule
SCÉNARIO les déséquilibres régionaux et les tensions
politiques à un degré qui peut mettre en ques­
Un scénario peut être défini comme la tion l’unité nationale et la pérennité de l ’Etat :
combinaison de séquences d’événements ou cette dernière partie de la thèse étant, bien
de phénomènes anticipés, ordinairement entendu, du domaine du non-dit. Ajoutons
SCÉNAR IO

que, assez curieusement, s ’agissant d ’un tra­ imaginée(s) à la situation présente puisse eU w
vail qui s’inscrivait délibérément dans un long même être effectuée avec la plus grande c l a n
terme, le «scénario de l’inacceptable» a fait possible. .,j|H
l ’objet, dès 1976, d’un premier essai d ’évalua­ Qu’il soit « tendanciel » ou « contrasté », o n
tion réalisé - autre singularité - par ses scénario est généralement remarquable parM
propres auteurs et « d’où il ressort qu’il est à la luxe de «détails concrets» qui illustrent S f li|
fois toujours d ’actualité et déjà dépassé». séquences : « Il faut pousser le tableau ajUgJ
C’est indiquer que l’analyse effectuée se situe détails concrets et spécifiques pour étabffl
à un niveau général qui néglige, en particulier, qu’un possible apparent dans l'abstrait,à j |
l ’étude de l’impact du scénario de base sur bien un possible effectif», souligne Bertrahn ;
tout ou partie des schémas d ’aménagement de Jouvenel. Mais à la condition de ne pan
qui ont été, depuis sa publication, élaborés au induire en erreur le destinataire de la conjetJtj
niveau régional et local. Mais elle reste fidèle, ture ainsi « factualisée» et, par extension,.!»
ce faisant, à l ’inspiration dominante de ne pas s’abandonner soi-même à l’illusion q m
l ’ensem ble des travaux de prospective de l ’on progresse ainsi dans l ’appréhension dàj
l ’aménagement qui ont été réalisés à l’échelon l’avenir. *|i
central, celui de la datar. Ils ont toujours À la différence d’un modèle, un scénario)
concerné par priorité de vastes problèmes n’a pas et ne peut avoir pour ambition de facty
(régionalisation, nouvelle division internatio­ liter l’intelligibilité d ’une situation « réelle »)l
nale du travail, géopolitique européenne et Il est, de bout en bout, un exercice de i’imagWi
méditerranéenne, etc.) : la traduction opéra­ nation. . id
toire de la prospective de l’aménagement est, Pousser un scénario « dans le détail » rii$|
fort logiquement, l ’affaire des instances signifie donc pas pour le scénariste multiplieÉc
d’études régionales et locales. Sa trace est à les chances d’approcher au plus près « la » réa-J
rechercher - tâche beaucoup plus difficile - lité possible, dès lors que le possible admet pan -’!j
dans les schémas d’aménagement de régions hypothèse plusieurs réalités. C’est seulement
ou de zones (littoral, montagne, etc.) et dans accroître - ou, au contraire, diminuer - lesM |
les documents d’urbanisme. chances de provoquer l’adhésion du lecteur à L
L’objet des scénarios contrastés est l’élabo­ une certaine vision des choses: de le rendrè J
ration de l ’image future d ’une situation don­ sensible, dans les meilleurs cas, à une situa** ,
née à partir d’hypothèses dont toutes les tion. Plus celle-ci sera décrite avec minutie eb .
implications sont progressivement décrites moins elle apparaîtra comme vraisemblable,
par référence à un m odèle séquentiel qui puisque cette minutie même contribuera à éva- .
«redescend» lui-même dans le temps, depuis cuer l’événement aléatoire, à surdéterminer la .
la situation imaginée et affectée d ’un terme prévision implicitement ou explicitement faite, <
jusqu’à la situation actuelle. Les scénarios donc à restreindre le champ des possibles où
contrastés admettent au départ des contraintes elle est a priori susceptible de s ’inscrire. Lét ) l |
d ’environnement généralement beaucoup plus paradoxe d ’un scénario est ainsi qu’il esti ' i
limitées que les scénarios tendanciels ; ils font condamné à ne « dire » à peu près rien de la ’ j
reposer l ’essentiel de leur démarche sur la situation qu’il est censé décrire par anticipa-
rigueur des cohérences séquentielles qu’ils tion. Sa fonction est donc autre : elle est de
élaborent. Leur liberté de choix est ainsi diffé­ familiariser avec une démarche et une vision.
rente de celle des précédents, mais elle n’est Un scénario volontairement « factuel » a pour
guère, en pratique, plus importante. ambition de provoquer l’imagination du lec­
Dans la pratique, les scénarios contrastés teur, de la forcer au désaccord avec les hypo­
recourent volontiers à des oppositions particu­ thèses implicites ou explicites qu’il admet, de
lièrement tranchées entre les situations antici­ la contraindre à suivre d’autres cheminements
pées qu’ils prennent comme point de départ que ceux qui sont évoqués. Un scénario est fait
de leur démarche et la situation actuelle : de là pour être récusé et, une fois rejeté, en nourrir
leur dénomination. Ils admettent comme règle un autre de ses propres dépouilles : il est pat
du jeu la formulation d’hypothèses volontaire­ définition «inacceptable», à l ’exem ple du
ment outrancières, décrites à traits accusés, de célèbre scénario d’aménagement du territoire
sorte que la reconstitution des cheminements décrit ci-dessus. Le moins que doive ajouter
qui peuvent conduire de la (ou des) situation(s) un prévisionniste ayant fait l’expérience de ce
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE
«01

procédé d’exposition de conjectures est qu’il Comme tous les documents d’urbanisme
n’est pas facile de convaincre le destinataire prévus par la loi s r u , le schéma de cohérence
d’un scénario de ne point prendre celui-ci au territoriale doit déterminer les conditions per­
pied de la lettre. mettant d’assurer :
— l ’équilibre entre le renouvellement
A.-C. D. urbain, un développement urbain maîtrisé, le
> Aménagement du territoire ; Modèle ; Système.
développement de l ’espace rural, d’une part, et
la préservation des espaces agricoles et fores­
tiers et la protection des espaces naturels et des
SCHÉMA D'APTITUDE ET D'UTILISATION paysages, d’autre part, en respectant les objec­
DE LA MER (SAUM) — Mer tifs du développement durable ;
— la diversité des fonctions urbaines et la
mixité sociale dans l’habitat urbain et rural,
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE en prévoyant des capacités suffisantes pour la
satisfaction des besoins d’habitat, d’activités
Document d’urbanisme qui remplace, selon économiques et d’équipements ;
la loi Solidarité et renouvellement urbains — une utilisation économe et équilibrée
( s r u ) du 13 décembre 2000, modifiée par la
des espaces naturels, urbains, périurbains et
loi Urbanisme et habitat; du 2 juillet 2003, le ruraux, la maîtrise des besoins de déplace­
schéma directeur depuis le 1er avril 2001. ments et de la circulation automobile, la pré­
L’ambition du schéma de cohérence territo­ servation de l’environnement (eau, air, sol et
riale ( s c o t ) est d’être le principal outil d’orga­ sous-sol, écosystèmes, espaces verts, milieux,
nisation et de mise en cohérence, à l’échelle sites et paysages, réduction des nuisances
du bassin de vie, du projet politique et urbain sonores, sauvegarde du patrimoine, etc.).
défini par les élus. Par rapport au schéma Le schéma de cohérence territoriale, ayant
directeur, le s c o t poursuit des objectifs plus rm objet plus large que le schéma directeur,
larges, puisqu’il incorpore, dans le schéma prend en compte notamment les politiques
d’aménagement de l ’espace, les préoccupa­ de logement, de transports et d’équipement
tions sociales, économiques et environnemen­ commercial. Il fixe les orientations fonda­
tales. La notion de projet, apparue en pleine mentales de l’aménagement des territoires
lumière dans les années 1990, qui sous-tend la intéressés. A cette fin :
loi s r u , implique que le s c o t fixe les moyens — il commence par exposer le diagnostic
de mettre en œuvre ce projet à l’échelle d’une résultant des prévisions économiques et démo­
agglomération, d’une aire urbaine ou d’une graphiques et des besoins de développement
région urbaine, comme le plan local d’urba­ économique, d’aménagement de l’espace,
nisme ( p l u ) doit le faire à une échelle généra­ d’environnement, d’équilibre social de l’habi­
lement communale. Par ailleurs, pour donner tat, de transports, d’équipements et de services ;
au s c o t une légitim ité qu’avait perdue le — il précise le projet d’aménagement et de
schéma directeur, et pour permettre de développement durable (padd) retenu, qui
débattre du projet politique et urbain et pour fixe les objectifs des politiques publiques
mieux affirmer sa valeur juridique, le s c o t est d’urbanisme en matière d’habitat, de dévelop­
soumis à enquête publique, ce qui n ’était pas pement économique, de loisirs, de déplace­
le cas de son devancier. Le ministère de ments des personnes et des marchandises, de
l’Équipement, suivant les avis de nombreux stationnement des véhicules et de régulation
spécialistes et de la majorité des élus, a pro­ du trafic automobile ;
posé de substituer le s c o t au schéma directeur —: il fixe les orientations générales de
plutôt que d’adapter ce dernier parce que l’organisation de l’espace et de la restructura­
celui-ci était largement déconsidéré auprès tion des espaces urbanisés, détermine les équi­
des élus (qui l ’avaient placé de fait en quasi- libres entre les espaces urbains et à urbaniser et
déshérence), parce qu’il avait mal intégré les les espaces naturels et agricoles ou forestiers
nouvelles préoccupations apparues depuis sa et apprécie les incidences prévisibles de ces
création par la loi du 30 décembre 1967 (envi­ orientations sur l’environnement ;
ronnement, habitat, transports) et parce que sa — il définit les objectifs en matière d ’équi­
lourde procédure était jugée décourageante. libre social de l’habitat et de construction de
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE
m

logements sociaux, d ’équilibre entre l’urbani­ scot; s’il ne le recouvre que partiellement; Ml
sation et la création de dessertes en transports périmètre du scot est élargi à toute la commtW
collectifs, d’équipement commercial et artisa­ nauté, sauf refus de celle-ci formulé dans les siitt
nal, de protection des paysages (notamment mois. Le périmètre doit être d’un seul tenanti0(|
les entrées de villes) et de prévention des sans enclave et ne pas découper celui des EPCI
risques ; existants. Il tient compte des périmètres de#
— il détermine les espaces et les sites natu­ groupements de communes, des agglomérai
rels ou urbains à protéger ; fions nouvelles, des pays, des parcs naturels]
— il peut définir les grands projets d’équi­ des autres scot, des plh, des pdu, des schémas |
pements et de services et de transports : l’urba­ de développement commercial, des charté#
nisation peut être subordonnée à la création de intercommunales, des aires de d ép lacem en t
dessertes en transports collectifs et à l’utilisa­ urbains et de la zone de chalandise des com­
tion préalable des terrains situés en zone urba­ merces. Il est arrêté par le préfet sur proposition
nisée et desservies par les équipements ; des communes ou de I’epci compétent selon!!#
— il peut être complété, en certaines de ses règle classique de la double majorité (la moitié
parties, par des schémas de secteurs qui en des communes représentant les deux tiers de là
détaillent et précisent le contenu. population ou les deux tiers des commune#
Les schém as de cohérence territoriale représentant la moitié de la population), le tiers!
prennent en cçmpte les programmes d ’équi­ des communes non membres de I’epci devant!
pement de l ’État, des collectivités territo­ figurer dans cette majorité. Le périmètre de*
riales et des établissem ents et services I’epci chargé d’élaborer le scot, et dans ce easi
publics : on notera que cette formulation est également celui du scot, peut être étendu à une
vague et place sur le même plan les projets ou plusieurs communes (ou à un ou plusieurs'
de l ’État et ceux des collectivités locales et autres epci). À l’inverse, si une commune ou un
qu’elle ne mentionne même pas les direc­ epci se retire de I’epci chargé d’élaborer le scot}>
tives territoriales d ’aménagement. Les pro­ le périmètre de celui-ci est réduit en consé­
grammes locaux de l ’habitat (plh), les plans quence. ci
de déplacements urbains (pdu), les schémas Les services de l’État sont associés à l’éla-'
de développem ent com m ercial, les plans boration du scot. Les présidents du conseil!,
locaux d’urbanisme (plu) appelés à rempla­ régional, du conseil général, des établisse-!
cer les plans d ’occupation des sols (pos), les ments publics concernés, des epci voisins*
plans de sauvegarde et de m ise en valeur compétents en matière d ’urbanisme et les
( psmv), les cartes communales, les opéra­ maires des communes voisines peuvent'
tions foncières et les opérations d ’aménage­ demander à être consultés. Le président dé
ment doivent être compatibles avec les scot I’epci chargé d’élaborer le scot peut égale­
et avec les schémas de secteur qui peuvent ment recueillir l ’avis de tout organisme ou
les compléter et les préciser pour certains association compétent, y compris des collecti­
secteurs du territoire concerné. Les chartes vités locales des États limitrophes. Le préfet
de pays peuvent tenir lieu de scot si elles en porte à la connaissance de I’epci les informa­
reprennent les dispositions et si elles ont été tions qui doivent être prises en considération
soumises à enquête publique. par le scot et lui fournit les données dont dis­
pose l ’État. L’epci organise la concertation
Le schéma de cohérence territoriale est éla­ avec le public. Un débat sur les orientations’
boré à l’initiative des communes ou de leurs générales du projet d ’aménagement et
groupements compétents par un établissement de développem ent est organisé au sein dé
public de coopération intercommunale ou par l ’organe délibérant de I’epci au plus tard!
un syndicat mixte. Celui-ci précise les modali­ quatre mois avant l’examen du schéma direc-:
tés de concertation et est en outre chargé de son teur (cette disposition permet de clairement
approbation, de son suivi et de sa révision. La mettre en évidence les orientations du projet*
loi du 2 janvier 2002 prévoit que, si le périmètre en fonction desquelles le scot va être établi).
du scot recouvre celui d ’une communauté Une fois arrêté par délibération de l ’établis­
urbaine, d’une communauté d’agglomération sement public, le projet de schéma est soumis
ou d’une communauté de communes, un epci à l ’avis des communes et de leurs groupe­
unique est chargé de la communauté et du ments, du préfet, de la région, du départe-
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE
703

ÉLABORATION (OU RÉVISION) D'UN SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE (SCOT)


par un établissement public de coopération intercommunale

1. D é t e r m in a t io n d u p é r im è t r e d u scot

7. 7. Proposition des c o m m u n e s
Les communes (ou I'epci compétent) proposent un projet de périmètre à la double majorité (deux tiers des
communes représentant la moitié de la population ou la moitié des communes représentant les deux tiers de la
population), dont au moins un tiers des communes non membres d'un epci compétent. Ce périmètre doit être
d'un seul tenant et sans enclave et ne pas découper celui des epci existants.

7 .-2. Transm ission au préfet et arrêté du préfet


Le projet de périmètre est communiqué au préfet qui :
— recueille l'avis du ou des conseils généraux concernés (cet avis est réputé positif s’il n'est pas formulé
dans les trois mois);
__vérifie, en tenant compte des situations locales et des autres périmètres de sc o t , que le périmètre
permet la cohérence en matière d'urbanisme, d'habitat, de développement économique, de déplace­
ments et d'environnement;
— publie par arrêté le périmètre retenu.

2. Élaboration du projet de s c o t et débat

2 . 1. O rg a n ism e chargé de l'élaboration d u scot


Le sc o t est élaboré par un établissement public de coopération intercommunale ou par un syndicat
mixte*. Il peut s'agir d'une structure existante ou créée à cet effet. Seules les communes et leurs groupe­
ments compétents compris dans le périmètre peuvent être membres de cette structure. Celle-ci a la charge
de l'élaboration, de l'approbation, du suivi et de la révision du scot .

2 . 2. Association de personnes publiques , consultations et concertation


— les servicesde l'État sont associés à l'élaboration du sc o t à l'initiative du préfet ou de I'epci ;
— les présidents du conseil régional et du conseil général peuvent également demander à être associés à
l'élaboration du s c o t ;
— les responsables des organismes consulaires, des autorités compétentes en matière d'organisation
des transports urbains, des parcs naturels régionaux, les présidents des établissements publics
concernés, des epci voisins compétents en matière d'urbanism e et les maires des com m unes
voisines peuvent demander à être consultés ;
— le président de I'epci chargé d'élaborer le sc o t
peut également recueillir l'avis de tout organisme ou
association compétent, y compris des collectivités locales des États limitrophes ;
— I'EPCI organise la concertation: la délibération correspondante est transmise aux personnes asso­
ciées.

2. 3. P orter à connaissance p a r le préfet


Le préfet porte à la connaissance de I'epci les informations qui doivent être prises en considération par le scot et lui
fournit les données dont dispose l'État.

2 . 4 . Débat s u r les orientations du scot


Un débat sur les orientations du projet d'aménagement et de développement durable ( p a d d ) est organisé au
sein de l'organe délibérant de l'organisme chargé du s c o t au moins quatre mois avant l'examen du projet de
s c o t (en cas de révision, ce débat peut se tenir lors de la mise en révision).

3. Arrêté du projet de s c o t et enquête publique

3 . 7, A rrê té du p ro je t de scot
L’organe délibérant de l'organisme chargé de son élaboration arrête le projet de s c o t .
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE 7<Ü

3.2. Transm ission et consultations fi


Le projet de sc o t arrêté est transmis pour avis: .[
— aux communes et groupements de communes membres de I'fpci, ,,
— aux communes voisines et aux epci compétents voisins,
— au préfet, ■:
— à la région, > t
— au département, !•
— aux organismes associés,
— à la commission spécialisée du comité de massif si le projet prévoit la création d'une ou plusieufi
unités touristiques nouvelles. ,
Ces organismes doivent formuler leur avis dans un délai de trois mois, faute de quoi il est réputé favorable.'
Les associations agréées sont consultées, à leur demande, sur le projet de schéma. ;‘

3.3. Possibilité d e d em a n d e de m odification p a r une c o m m u n e ,I


— une commune (ou un groupement de communes) qui estime ses intérêts essentiels compromis pat'
le projet peut, dans un délai de trois mois, saisir le préfet par délibération motivée des modification* !
qu'elle demande ; j !
— le préfet donne, dans un délai de trois mois, après consultation de la commission départementale de'
conciliation, un avis motivé. .i i

3 ■ 4. Enquête p u blique >


Le président de I'epci soumet le projet, auquel sont annexés les avis des communes et des epci et ceux des i
autres personnes publiques concernées (ainsi que, le cas échéant, la délibération motivée de la commune
qui a fait usage de la possibilité précédente et l'avis du préfet), à enquête publique. :i i

4. Approbation et exécution du s c o t

4 . 1. A p p ro b a tio n du scot
L organe délibérant de I'epci approuve le s c o t , éventuellement modifié, notamment pour tenir compte des
observations émises par le public et des avis des communes, du préfet et des personnes publiques concer­
nées (à condition que ces modifications soient compatibles avec l'économie générale du projet).

4 . 2 . Transm ission et m ise à la disposition d u pu b lic


Le sc o t approuvé est transmis au préfet, à la région, au département et aux organismes qui ont été
associés à son élaboration.
Il est tenu à la disposition du public.

4 . 3. D éb ut d u caractère exécutoire du scot


— si le préfet ne demande pas de modifications, le scot approuvé est exécutoire deux mois après
cette transmission ;
— si le préfet demande des modifications pour le rendre conforme à la directive territoriale d'aménagement
ou aux dispositions particulières concernant la montagne ou le littoral ou aux principes généraux de la
politique d'aménagement, il est exécutoire après publication et transmission des modifications deman­
dées.

4 .4 . Possibilité de retrait d ’une c o m m u n e


Si une commune, qui a eu recours à la demande de modification, n'obtient pas satisfaction malgré un avis
favorable du préfet, elle peut décider de se retirer dans un délai de deux mois après la notification du sc o t
approuvé.

* Cet organisme est désigné comme « I'epci » dans le présent encart.


705 SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE

ment, des organismes consulaires et, le cas urbanisation et espaces naturels et agricoles,
échéant (si le scot prévoit la création d’unités logement, notamment logement social,
touristiques nouvelles) du comité de massif, implantations commerciales, transports, envi­
des communes voisines et des epci compé­ ronnement, etc.) ; il comporte des documents
tents voisins. Les associations agréées sont graphiques (plans et tableaux) qui ont une
consultées à leur demande. Si, en dehors du valeur juridique.
cas des groupements de communes à fiscalité Le scot ne comporte pas de carte générale
propre, une commune (ou un groupement de de destination des sols, ce qui le distingue du
communes), membre de I’epci qui élabore le schéma directeur, auquel il succède, et de tous
scot, estime ses intérêts essentiels compromis les documents d’urbanisme antérieurs. Cette
par le projet, elle peut, dans un délai de trois absence est justifiée par le respect du principe
mois, saisir le préfet des modifications qu’elle de subsidiarité : le scot doit laisser les com­
demande ; si la commune n’obtient pas satis­ munes libres dans l ’élaboration de leur plan
faction, elle peut décider de se retirer. local d’urbanisme (ou de leur carte commu­
Le projet, auquel sont annexés les avis des nale). Le scot peut cependant identifier des
communes et des epci et ceux des autres per­ éléments précis, par exemple une forêt ou une
sonnes publiques concernées (ainsi que, le vallée à protéger. C’est dans le même esprit
cas échéant, la délibération motivée de la que l ’on considère que la compatibilité des
commune qui a fait usage de la possibilité plu , des cartes communales, des opérations
précédente et l’avis du préfet), est soumis à d’aménagement, des pdu, des plh, etc., doit
enquête publique. À l ’issue de l ’enquête s ’entendre «dans l ’esprit du scot » et non
publique, le schéma, éventuellement modifié, «au pied de la lettre». On peut cependant se
notamment pour tenir compte des observa­ demander si Cétte absence de carte générale et
tions émises par le public et des avis des com­ cette flexibilité de l’exigence de compatibilité
munes, du préfet et des personnes publiques ne risque pas de réduire l’influence des scot
concernées (à condition que ces modifications et de laisser les communes maîtresses de leurs
soient compatibles avec l’économie générale options spatiales (et autres) au détriment de la
du projet), est approuvé par l’organe délibé­ cohérence et de la solidarité intercommunale.
rant de l ’établissement public. Il est transmis
au préfet, à la région, au département et aux La révision du scot s ’effectue selon la
organismes qui orit été associés à son élabora­ même procédure que son élaboration. Àu plus
tion. Il est exécutoire deux mois après cette tard tous les dix ans, l’établissement public qui
transmission, sauf si le préfet demande des l’a établi procède à une analyse des résultats
modifications pour le rendre conforme à la de l’application du schéma pour décider de
directive territoriale d’aménagement ou aux son maintien en vigueur pu de sa révision
dispositions particulières concernant la mon­ complète ou partielle. Faute de Cette délibéra­
tagne ou le littoral ou aux principes généraux tion, il devient caduc. La loi Urbanisme et
de la politique d’aménagement : dans ce cas, habitat du 2 juillet 2003 a ajouté une procédure
il est exécutoire après publication et transmis­ de modification, plus légère que celle de révi­
sion des modifications demandées. Il est tenu sion, mais comportant une enquête publique,
à la disposition du public. comme celle qui existe pour les plans locaux
d’urbanisme, qui est adaptée au cas où il faut
Le contenu des scot n ’est exposé dans la adapter le scot sans porter atteinte à l’écono­
loi que de façon indirecte. En pratique, un mie générale du padd. Le projet de modifica­
scot comporte : tion est notifié, avant l’ouverture de l’enquête
— un rapport de présentation, qui présente publique, au préfet, aux présidents des conseils
le diagnostic de l ’environnement et des besoins régional et général et aux organismes associés
de développement ; à l’élaboration du SCOT. En outre, si la modifi­
— le projet d’aménagement et de dévelop­ cation est nécessitée par un projet nouveau
pement durable (padd), qui exprime les objec­ qui suppose aussi une modification du plu,
tifs stratégiques retenus ; l’enquête publique peut être conjointe pour la
— un document d’orientation, qui précise modification des deux documents. Lorsqu’une
les orientations d’aménagement permettant déclaration d’utilité publique, un document
la mise en œuvre du padd (équilibres entre d’urbanisme, un plh, un pdu ou une opération
SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE

foncière ou d’aménagement n ’est pas compa­ extension limitée de l’urbanisation, prévue,


tible avec un scot, celui-ci doit au préalable par le plu ( o u le pos) o u par la carte commu-,
être révisé (ou modifié), l’enquête publique nale avec l’accord du préfet après avis de là;
portant à la fois sur la révision (ou la modifica­ commission départementale des sites et de la,
tion) du scot et sur la décision envisagée. chambre d’agriculture qui apprécient l’impact:
de l ’urbanisation sur l’environnement et les.
Les effets juridiques du schéma de cohé­ activités agricoles (ou avec l’accord de l’éta-j
rence territoriale ne sont pas exactement les blissement public chargé d’élaborer le scotL
mêmes que ceux du schéma directeur. Comme Mais la loi Urbanisme et habitat a précisé que',
pour ce dernier cependant, ils concernent cette « dérogation ne peut être refusée que si,
l’administration, mais pas directement les par­ les inconvénients éventuels de l’urbanisation
ticuliers. Ils tiennent d’abord aux procédures envisagée pour les commîmes voisines, pouf,
et aux documents que le scot doit prendre en l ’environnement ou pour les activités a g r i­
compte et aux règles de compatibilité que le coles sont excessifs au regard de l’intérêt que;
scot impose à d’autres documents (plu, carte présente pour la commune la modification ou
communale, plh, pdu) o u procédures (opéra­ la révision du plan », ce qui revient à inverser,
tions foncières et d’aménagement). la charge de la preuve et donc à faciliter les,
La principale nouveauté, sur le plan juri­ dérogations. -
dique, est la règle dite des 15 km. En l’absence
de scot, à partir du 1er janvier 2002 (date La loi sru a prévu des dispositions transir,
reportée au 1er juillet 2002 par la loi du toires pour le passage des schémas directeurs,,
27 février 2002), les zones naturelles et les aux schémas de cohérence territoriale. Lqs.
zones d’urbanisation future délimitées dans schémas directeurs approuvés avant l ’entrée,
les plu (et les pos) ne peuvent plus être en vigueur de la loi sru (le 1er avril 2001) sont,
ouvertes à l ’urbanisation. Cette disposition soumis au régime juridique des scot et ont les,
s’appliquait, selon la loi sru, dans les com­ mêmes effets que ceux-ci. Ils demeurent applir,
munes situées à moins de 15 km de la péri­ cables jusqu’à leur révision, qui doit se faire,
phérie d ’une agglomération de plus de selon la procédure prévue pour les scot aqj
15 000 habitants ou à moins de 15 km du plus tard dix ans après la publication de la loi,
littoral. Cette mesure, qui rappelle à une autre sru , sauf à devenir caducs à cet horizon..
échelle le principe de la constructibilité limi­ Lorsque le projet d’un schéma directeur ou de,
tée en l’absence de pos (ou, à l ’avenir, de plu sa révision a été arrêté avant le 1er avril 2001,
ou de charte communale), doit contribuer à son approbation restait soumise aux disposi-,
limiter la consommation d’espace, mais a éga­ fions antérieures si elle a lieu avant le 1er avril,
lement pour objet d’inciter les communes à se 2002. Lorsque I’epci qui a établi un schéma,
regrouper pour établir un scot, alors qu’elles directeur a été dissous ou n ’est plus compé­
ne trouvaient guère d ’intérêt à élaborer un tent, les communes et epci compétents consti­
schéma directeur. Mais la loi Urbanisme et tuent un nouvel epci sur le modèle de ceux qui.
habitat en a fortement réduit la portée en por­ élaborent les scot avant le 1er janvier 2002 ; à,
tant à 50 000 habitants la population des défaut, le schéma directeur devient caduc. Les
agglomérations concernées et en excluant de décisions prescrivant l ’établissement, la modiT
son champ (sauf pour les grandes surfaces fication ou la révision d’un schéma directeur,
commerciales et pour les complexes cinéma­ dont le projet n ’a pas été arrêté avant le 1er
tographiques) les zones d’urbanisation future avril 2001, valent prescription pour l’élabora­
dont l’urbanisation était déjà prévue dans un tion ou la révision d’un scot selon le régime
pos ou un plu avant l ’entrée en vigueur du de ces derniers. Toutefois, le projet de révision
scot. Le nombre de communes concernées a d’un schéma directeur pouvait être achevé
été réduit d’un tiers (de 24 000 à 16 000 envi­ selon la procédure antérieure à condition qu’il
ron). Le préfet peut cependant constater, après ait été arrêté avant le 1er janvier 2002 et
avis de la commission de conciliation, l ’exis­ approuvé avant le 1erjanvier 2003. L’applica­
tence d’une coupure géographique naturelle et tion anticipée des dispositions prévues dans
exclure pour cette raison une ou plusieurs une modification en cours d’un schéma direc­
communes du champ de cette disposition. teur au 1er avril 2001 demeurait possible jus­
Était également possible, selon la loi sru, une qu’à la révision selon le régime des scot et au
707 SCHÉMA DE COHÉRENCE TERRITORIALE

plus tard jusqu’à l’expiration du délai de trois territoire à dominante périurbain), et 16% à
ans prévu antérieurement en pareil cas. Enfin, un territoire à dominante rurale.
une commune pouvait, jusqu’au 1er janvier
2002, demander à être exclue du périmètre Il est délicat de porter un jugement sur le
d ’un schéma directeur approuvé pour remplacement des schémas directeurs par les
rejoindre celui d’un scot si ce transfert pou­ schémas de cohérence territoriale. Beaucoup
vait lui assurer une meilleure cohérence spa­ de procédures d’élaboration des scot (les pre­
tiale et économique et qu’il n’entraînait pas de miers « nouveaux » scot ont été approuvés fin
rupture de continuité territoriale pour le 2004) n’ont pas encore abouti et des révisions
schéma directeur qu’elle quittait : la décision de schémas directeurs dans le régime juridique
était prise par le préfet après avis de l ’organe des scot sont encore en cours. Au 1er janvier
chargé de l’élaboration du schéma directeur. 2009,82 scot avaient été approuvés, 23 étaient
L’organisme chargé d’élaborer le scot est en cours d’approbation (projet arrêté), 167 en
variable. Au 1erjanvier 2007, il s’agissait dans cours d’élaboration (après délibération sur les
la majorité des cas (58 %) d’un syndicat mixte objectifs et définition des modalités de concer­
(55 %) ou intercommunal (3%), dans 31 % des tation), 61 étaient en projet (périmètre arrêté et/
cas d’une communauté de commîmes (21 %), ou établissement public créé). En outre,
d’agglomération (10% ) ou d ’une commu­ 56 schémas directeurs étaient encore en
nauté urbaine (un seul cas, celui de l ’agglomé­ vigueur. Le ministère de l’Équipement fait état
ration lyonnaise), tandis que pour 11 % des de l’intérêt suscité par le scot auprès des col­
scot, l’établissement public n’était pas encore lectivités locales et estime qu’il y avait une
désigné. véritable attente en ce sens. L’état publié par le
La zone couverte par Un scot est très ministère conduit à un résultat plus nuancé,
variable, tant en nombre de communes (de puisque, si tous les scot dont le périmètre a été
3 pour un scot à la Réunion à 192 pour celui arrêté ou est en cours de définition étaient
du mont Saint-Michel) qu’en population (de menés jusqu’à leur approbation et tous les
1 635 habitants pour celui de la montagne du schémas directeurs ayant valeur de scot étaient
Haut-Languedoc à 1,25 million dans le cas de révisés dans le délai de dix ans (hypothèse très
l ’agglomération lyonnaise). Les périmètres optimiste, puisque celui-ci sera atteint en
des scot font d ’ailleurs apparaître une adé­ 2011), les scot concerneraient environ deux
quation partielle avec ceux des autres outils de cinquièmes du territoire, près de la moitié des
planification qui doivent être compatibles commîmes et les deux tiers de la population
avec eux, comme avec les autres découpages (contre respectivement 14 %, 19% et 38 %
d’échelle comparable (pays, aires urbaines de pour les schémas directeurs). Mais les scot
I’insee). A u l erjanvier 2007, si 78 % des com­ approuvés au 1er janvier 2009 ne couvrent
munes dotées d’un plh étaient situées dans le encore que 48 204 km2 (moins de 9% ),
périmètre d’un scot, 43 % du territoire des 3 563 communes (moins de 10%) et 10,5 mil­
scot n ’étaient pas dans celui d’un plh . De lions d’habitants (16% ) et, même en prenant
même, si 137 scot correspondaient à un pdu en compte les schémas directeurs encore en
et 25 à deux pdu, 127 ne correspondaient à vigueur, ces pourcentages ne s’élèvent respec­
aucun pdu (il est vrai facultatif dans les agglo­ tivement qu’à 12%, 14% et 22%. Certes, on
mérations de moins de 100 000 habitants). Si peut espérer que les schémas qui n’aboutiront
177 pays (la moitié) étaient concernés par un pas seront compensés par des scot dont le péri­
ou plusieurs scot, seuls 77 (22 %) avaient le mètre sera défini plus tard.
même périmètre qu’un scot. De même, 8 pnr Il est clair que l’appréciation du bien-fondé
correspondaient au périmètre d’un scot, mais du passage des schémas directeurs aux sché­
pas les 38 autres, qui étaient concernés par un mas de cohérence territoriale ne peut se limi­
(10 d’entre eux), par deux (9) ou plus de deux ter à l’aspect quantifié. Le succès sera réel si :
(19) scot. Enfin, les périmètres des scot, — la cohérence entre la politique d’aména­
comparés au découpage des aires urbaines de gement spatial et les politiques sectorielles
I’insee, sont dans des cas de figure très divers : (logement, et en particulier logement social et
40 % correspondaient à une aire urbaine ou à mixité de l’habitat ; transports et en particulier
un territoire plus vaste, 44 % à des territoires limitation de la circulation automobile ; équi­
inférieurs à une aire urbaine (dont 16 % à un pement commercial ; environnement, et en par­
SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT DE L'ESPACE COMMUNAUTAIRE 708;.

ticulier protection des paysages et réduction équipements d ’infrastructure. Il devait donOj


des nuisances ; etc.) est effectivement assurée : localiser les espaces destinés à Purbanisatiqtli
l’absence fréquente de correspondance entre et les espaces à préserver de celle-ci (espaçai
les périmètres des scot, ceux des plh, des pdu, agricole, espaces boisés, etc.) et définir uns;s
des pays, des pnr et des aires urbaines laisse première phase de réalisation, permettant dé)
mal augurer de cette cohérence ; fixer les intentions à moyen terme dans la peisn
— les collectivités locales font preuve de pective des orientations à long terme qu’il w
solidarité (pour le logement social et pour la fixées. Il tenait compte de l’équilibre à respeprl
répartition des fruits du développement éco­ ter entre l’extension urbaine, les activités agri*i
nomique notamment) ; coles et les autres activités économiques et la-
— les politiques des communes (et en parti­ préservation des sites et des paysages naturels)
culier les plu) sont réellement compatibles avec et urbains (loi du 7 janvier 1983). Il prenait en>
les orientations générales du scot; or, comme compte l’existence des risques naturels prévi­
dans le passé pour les schémas directeurs et les sibles et des risques technologiques (loi dm
pos, beaucoup de plu (et d’anciens pos révisés) 22 juillet 1987). Il fixait la capacité d ’accueili
auront été établis avant l’approbation du scot; des espaces urbanisés ou à urbaniser en tenanfj
— les scot (et les plu) ne sont pas sans compte de l’équilibre entre emploi et habitat et;
cesse modifiés pour être adaptés à des projets des moyens de transport (loi du 13 juillet)
circonstanciels : or, la loi du 2 juillet 2003 1991). Institué par la loi d’orientation foncière!
facilite la modification simplifiée des plu et du 30 décembre 1967 sous le nom de schéma)
celle du 17 février 2009 introduit des possibi­ directeur d’aménagement et d’urbanisme, la:
lités de révision simplifiée. responsabilité du schéma directeur - nouvelle,
P. M. dénomination simplifiée - a été décentralisée
auprès des communes par la loi de répartition'
Approbation; Directive territoriale d'aménagement ( d t a ); des compétences du 7 janvier 1983. Depuis
Documents d'urbanism e; Plan local d'urbanisme ( plu); Pla­
nification urbaine en France (historique); Prescriptions cette loi, il n ’était plus obligatoire dans les,
d'aménagement et d'urbanisme ; Publication ; Schéma direc­ agglomérations de plus de 10 000 habitants:
teur.
La loi Solidarité et renouvellement urbains du;
13 décembre 2000 l’a remplacé, à compter du
SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT DE L'ESPACE 1er avril 2001, par le schéma de cohérence ter­
COMMUNAUTAIRE (SDEC) -> Aménagement ritoriale, dont l’objet est plus large, mais qui a,
du territoire ; Union européenne et laissé un délai de dix ans pour la révision desi
aménagement du territoire schémas directeurs approuvés à cette date. i
Le schéma directeur devait respecter les;
prescriptions nationales et particulières
d ’aménagement et d ’urbanisme et tenir;
SCHÉMA DE MISE EN VALEUR DE LA MER compte des projets d ’intérêt général. A
(SMVM) -> Littoral; Mer l ’inverse, il constituait, là où il existait, le:
cadre à l’intérieur duquel étaient élaborés les
plans d’occupation des sols qui devaient être,
SCHÉMA DE SECTEUR -> Schéma directeur; compatibles avec lui. La politique des espaces
Schéma de cohérence territoriale naturels sensibles des départements devait
être compatible avec les schémas directeurs.
Un débat juridique s ’est engagé sur le,
SCHÉMA DIRECTEUR caractère opposable ou non du schéma direc­
teur. Il était opposable aux pos, aux zac, aux
Document d ’urbanisme, en général inter­ projets d’acquisition foncière des collectivités
communal, qui, avant que ne lui succède le publiques et des établissements publics. Sauf
scot, fixait, le plus souvent à l’échelle d’une cas très particuliers (agglomération nouvelle
agglomération ou d’une unité géographique ou espace boisé classé), il n’est pas opposable
(vallée, pays), à moyen et long termes (une aux particuliers pour la délivrance d’une auto­
génération), les orientations de l ’aménage­ risation d’utilisation du sol.
ment de l ’espace, et en particulier les choix Le schéma directeur pouvait être complété
d’usage du sol, la nature et le tracé des grands par des schémas de secteur qui concernaient
70 9 SCHÉMA DIRECTEUR

une partie seulement du territoire couvert par majorité, il fallait une approbation par décret
le schéma directeur et qui avaient pour objet en Conseil d’État.
d’en détailler et d’en préciser le contenu. Les Malgré l’extrême simplicité de cette procé­
schémas de secteur, qui subsistent dans le dure qui se déroulait localement et sauvegardait
cadre des scot, devaient être établis dans le les intérêts communaux sans arroger de pou­
cadre des orientations fixées par le schéma voir de veto à une commune, peu de schémas
directeur. avaient été établis, et cela pour de multiples
Le dossier du schéma directeur comprenait : raisons, parmi lesquelles le faible intérêt porté
— un document graphique, généralement aux problèmes intercommunaux, tant par les
au 1/10 000 ou 1/25 000 selon l’étendue du communes que par l’État, a beaucoup compté.
territoire concerné, qui localisait les espaces Il n ’y avait pas, à proprement parler, de révi­
urbains à réaménager ou restructurer, les espaces sion du schéma directeur. La procédure était
à urbaniser, les espaces naturels à protéger, les en effet la même que celle de l’élaboration. Il
grands équipements de superstructure et d’infra­ s’agissait donc, en fait, d’un nouveau schéma
structure ; directeur et, depuis la loi sru, d’un scot.
— un rapport de présentation qui exposait Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 7 jan­
les hypothèses sur lesquelles se fondait le vier 1983, toute modification de schéma direc­
schéma : il en expliquait et justifiait les choix teur approuvé, antérieurement ou non à cette
d’aménagements arrêtés ; loi, devait suivre la nouvelle procédure d ’éla­
— des annexes variées, selon la nature et la boration décentralisée. L’extrême lourdeur de
difficulté des problèmes qui se présentaient cette procédure a pratiquement paralysé toute
dans le territoire considéré. évolution, même la plus minime, des schémas
L ’élaboration du schéma directeur avait été directeurs. Pour ces raisons, le législateur, sur
redéfinie par la loi du 7 janvier 1983 (procé­ proposition du gouvernement, a admis, dans
dure décentralisée). Toutefois, la procédure la loi du 16 juillet 1985, qu’une autre procé­
antérieure demeurait en vigueur pour les sché­ dure pourrait être utilisée pour modifier un
mas directeurs dont l’élaboration est rendue schéma directeur approuvé dans les cas où cer­
nécessaire pour des raisons d’intérêt supérieur taines dispositions d’un pos, sans remettre en
à celui du territoire concerné ou lorsque l’éla­ cause les intérêts de l’ensemble des communes
boration d’un schéma directeur, prescrite par concernées, contenaient des dispositions sus­
l’État - comme la loi du 7 juillet 1983 lui en ceptibles d’être incompatibles avec ledit
maintenait la compétence - , n ’avait pas été schéma. Cette procédure nouvelle permettait
menée à son terme (approbation) dans un délai de surmonter quelques-uns des obstacles
de deux ans. résultant de la procédure décentralisée. Elle
La procédure décentralisée était conduite était déclenchée par la commune, mais son
par la commune ou par un syndicat, spécia­ déroulement était entre les mains du préfet.
lement créé à cet effet, quand le territoire Ainsi, deux ans après la loi du 7 janvier 1983,
couvert par le schéma comprenait plusieurs il a fallu revenir à une procédure réintroduisant
communes. l ’administration de l ’État pour ménager une
Dans la production antérieure à la décen­ certaine évolutivité dans l’aménagement.
tralisation, le préfet délimitait le périmètre du En fait, la procédure du schéma directeur a
schéma après avis des communes. Il créait connu une crise. Malgré son intérêt pour per­
une com m ission locale d ’aménagement et mettre une vision prospective de l’urbanisme à
d’urbanisme, composée d’élus désignés par l ’échelle de bassins d’emploi ou de vie, il était
les conseils municipaux et de représentants de presque tombé en déshérence, surtout depuis
l’administration, à laquelle étaient associés la décentralisation. 187 schémas directeurs
des représentants des chambres consulaires. avaient été approuvés à cette date ; 23 seule­
La commission élaborait le schéma. Une fois ment l’ont été depuis. Ils couvraient 19% des
établi, le projet de schéma était soumis, après communes (14 % du territoire de la métropole)
avis des administrations concernées, à la déli­ et concernent 3 8 % de la population. 265 autres
bération des conseils municipaux, puis il était ont été délimités, mais 225 sont restés sans
approuvé par arrêté du préfet et, dans certains suite (il en restait donc une quarantaine en
cas, par décret. Si certaines communes fai­ cours d’étude). La plupart (132 sur 187) des
saient opposition, selon certaines règles de schémas directeurs antérieurs à la décentralisa­
SCHÉMA DIRECTEUR D'AMÉNAGEMENT E T D'URBANISME

tion ont été mis en révision, mais 35 révisions zones fragiles (littoral, montagne). Le gouveftf ;
seulement avaient abouti fin 1998 et la plupart nement s’est orienté vers une autre solution il ;
n’ont jamais abouti. Encore beaucoup ont-ils remplacer le schéma directeur par un schéirifc!
été élaborés après les pos, prenant en compte de cohérence territoriale de portée plus larges
a posteriori leurs dispositions, ce qui est et, pour inciter les communes et leurs groupa**
contraire à l’esprit de la loi de 1967 et au bon ments à l ’élaborer, rendre très difficile*
sens, puisque les pos devraient être des instru­ l ’ouverture à l ’urbanisation des zones d’urb#*;;
ments de mise en œuvre de la politique définie nisation future (au) en son absence. >! |l!
par les schémas directeurs. La procédure de La loi Solidarité et renouvellement urbains p
révision, très lourde, a conduit au maintien en du 13 décembre 2000 a prévu des modalité*";;
vigueur, et souvent au non-respect, de schémas transitoires pour le passage du schéma direct
directeurs anciens, par exemple établis avant teur au schéma de cohérence territoriale (scotM
la crise du pétrole. qui est appelé à le remplacer. Au 1er janvieftjj
Il faut ajouter que les préfets n’ont fait que 2009,56 schémas directeurs, qui ont été révisé!11
rarement usage du droit, que les lois de avant le 1er janvier 2003 ou qui ont étw!
décentralisation leur accordaient, de prescrire approuvés avant le 1er avril 2002, demeuraient ' 1
l’élaboration d’un schéma directeur ou, en en vigueur avec le statut juridique des scoTJ i|;
cas de carence des communes, de se substi­ 82 scot avaient été approuvés, 190 étaient !
tuer à elles. Il y a eu de la part de l ’État une des stades variables d’élaboration et 61 en prô*.»
véritable démission. Pour leur part, les com­ jet (périmètre arrêté ou epci créé). Il est très ,
munes n’ont manifesté aucun empressement, probable que l’objectif de remplacer tous le*!:'
surtout depuis la décentralisation, pour éla­ schémas directeurs par des scot dans le délai ",
borer des documents qui n’étaient plus obli­ de dix ans après la publication de la loi sru sera |i|
gatoires dans les agglomérations de plus de loin d’être atteint : près de 40 environ, soit un
10 000 habitants et qui ne leur apportaient ancien schéma directeur sur cinq, ne devraient
que des contraintes. L’égoïsme municipal et pas être parvenus au stade de l’approbation. <î, i,
l’absence de vision prospective et à grande A. G. et P. tvï.’ 'H
échelle l’ont systématiquement emporté.
Le Conseil d ’État s’est ému de cette situa­ -* Approbation; Directive territoriale d'aménagement ( d t a )J ij
tion. Le rapport Labetoulle a proposé en 1992 Documents d'urbanism e; Livre blanc; Opposabilité aux j
tiers; Plan d'occupation des sols ( pos ) ; Planification urbaine >1; j
(Pour un droit de l ’urbanisme plus efficace) en France (historique); Prescriptions d'aménagem ent iU3
d'urbanism e; Publication; Schéma de cohérence territorial?. , ]
de substituer au schéma directeur des direc­ (SCOT). ’ t i il
tives territoriales d’aménagement, à échelle
départementale, voire régionale, établies par
l ’Etat et opposables aux documents d ’urba­ SCHÉMA DIRECTEUR D'AMÉNAGEMENT /
nisme. Le gouvernement a préféré retenir, ET D'URBANISME -* Schéma directeur; ■
dans le cadre de la loi d ’orientation pour Schéma régional d'aménagement
l’aménagement et le développement du terri­ et d'urbanisme
toire du 4 février 1995, l ’élaboration par
l ’État de directives territoriales d’aménage­
ment (dta), auxquelles les documents d ’urba­ SCHÉMA DIRECTEUR DE LA RÉGION
nisme devront se conformer. 7 dta ont été ILE-DE-FRANCE (SDRIF) - Grand Paris;
prescrites et 6 ont été approuvées: A lpes- Schéma régional d'aménagement
Maritimes (2003), bassins miniers lorrains et d'urbanisme
(2005), estuaire de la Seine (2006), estuaire
de la Éoire (2006), aire métropolitaine lyon­
naise (2007), Bouches-du-Rhône (2007). SCHÉMA NATIONAL D'AMÉNAGEMENT
Seule celle des Alpes du Nord est encore en ET DE DÉVELOPPEMENT DU TERRITOIRE
cours d ’élaboration en 2010 (un projet a été
rendu public en 2009). Document dont l’élaboration a été prescrite
Quel que soit le rôle que joueront ces direc­ par la loi d’orientation pour l’aménagement
tives, une option était de rendre les schémas et le développement du territoire du 4 février
directeurs obligatoires dans les aggloméra­ 1995, dite loi Pasqua.
tions de plus de 100 000 habitants et dans les Ce schéma devait :
711 SCHÉMA RÉGIONAL D'AM ÉNAGEM ENT E T D'URBANISME

— établir les principes des grandes infra­ 2002. Seuls neuf schémas régionaux étaient
structures de transport, des grands équipements approuvés fin 2009 et huit autres étaient en
et des services collectifs d’intérêt national ; cours d’élaboration.
— déterminer la manière dont les poli­ P. M.
tiques de développement économique, social,
culturel, sportif, d’éducation de formation, de - » Aménagement du territoire ; Directives territoriales d'aména­
gem ent; Grands aménagements régionaux; Schéma régio­
protection de l’environnement, du logement nal d'aménagement et d'urbanisme.
et d’amélioration du cadre de vie concourent
à la réalisation de ces orientations et à la mise
en œuvre de ces principes ; SCHÉMA RÉGIONAL D'AMÉNAGEMENT
— proposer une organisation du territoire ET D'URBANISME
fondée sur les notions de bassins de vie,
organisés en pays, et de réseaux de villes ; Document fixant, à travers un rapport et
— tenir compte des solidarités interdépar­ des cartes, les orientations, spatialisées, de la
tementales, interrégionales et européennes, politique à long terme d ’aménagement et
ainsi que des spécificités et des handicaps de d ’urbanisme d ’une région urbaine (zones
chaque territoire ; d’urbanisation, secteurs à préserver, implanta­
— énoncer les principes en matière de tion des activités, projets d’infrastructures et
logement, d’implantation des administrations de grands équipements, etc.).
et de localisation des investissements publics. En France, cette nécessité était apparue dès
Les contrats de plan État-région devaient l’entre-deux-guerres. Une loi du 14 mai 1932
tenir compte de ses orientations. Celles-ci avait prescrit l’élaboration d’un Projet d’aména­
devaient être précisées par des schémas secto­ gement de la région parisienne pour coordonner
riels approuvés par décret, en particulier pour les plans d’aménagement, d’embellissement et
l ’enseignement supérieur, la recherche, les d’extension des communes. Le parp, dit plan
équipements culturels, les infrastructures de Prost du nom de son auteur principal, fut rendu
transport et les télécommunications. Enfin, public le 14 mai 1934 et approuvé en deux
des schémas régionaux devaient être établis, temps, en 1939 et 1941, après enquête publique,
en cohérence avec le schéma national et les devenant ainsi opposable aux tiers (il le resta
schémas sectoriels. jusqu’à son abrogation en 1976), ce qui n’est
Ce schéma national devait être soumis pour sans doute pas la vocation d’un plan régional.
avis aux régions, aux départements et aux Un décret-loi de 1935 prescrivit des plans simi­
principales organisations représentatives des laires pour les autres grandes agglomérations,
communes. Il devait être approuvé par le Par­ mais demeura sans effet.
lement par une loi. Il devait être évalué et Les tentatives de révision du plan Prost
réexaminé tous les cinq ans selon la même après la deuxième guerre mondiale n ’ayant
procédure. Les contrats de plan État-région pas abouti, un plan intérimaire, le Plan d’amé­
devaient tenir compte des orientations qu’il nagement et d’organisation de la région pari­
arrête, qui peuvent être précisées par des sché­ sienne (padog) fut approuvé en 1960 sans
mas sectoriels établis par décret, en particulier avoir été soumis à enquête publique. Peu
pour l’enseignement supérieur, la recherche, après, un établissement public du district de la
les équipements culturels, les infrastructures région de Paris ayant été créé par une loi du
de transport et les télécommunications. 2 août 1961, son délégué général, Paul
Le schéma national n’a jamais été achevé. Delouvrier, fit préparer un schéma directeur
Seul un avant-projet, au reste très vague, a d ’aménagement et d’urbanisme de la région
été présenté au ciat d ’Auch en avril 1997. de Paris, rendu public en 1965. Pour éviter
Les schémas sectoriels n ’ont pas davantage que ce dernier document n ’apparût comme
abouti. La loi Voynet du 25 juin 1999 a favorisant la croissance de la capitale, le
prévu la suppression du schéma national. comité interministériel d’aménagement du ter­
Elle a maintenu les schémas régionaux et a ritoire du 24 février 1966 a créé les Organisa­
remplacé les schémas sectoriels par des sché­ tions d ’études d ’aire métropolitaine pour
mas de services collectifs, en en ajoutant les principales régions de province et prescrit
deux (énergie et espaces naturels et ruraux), la préparation de schémas directeurs pour
qui ont été approuvés par décret le 18 avril ces aires métropolitaines. Il semble cepen­
SCHÉMA RÉGIONAL D'AMÉNAGEMENT E T D'URBANISME 71$

dant préférable d’appeler ceux-ci « schémas a été décidée le 19 juillet 1990. En fait,
régionaux », pour éviter une confusion avec le processus de révision était déjà amorcé
les sdau, institués par la loi d’orientation fon­ depuis les élections régionales de 1986. La
cière du 30 décembre 1967, qui ne concernent région avait élaboré plusieurs documents
qu’un périmètre intercommunal plus limité. préparatoires, auxquels «répondirent» des
Ces schémas régionaux avaient un caractère documents de la dre. La région revendiquait/
de document prospectif fixant les enveloppes en effet qu’une modification législative lui;
quantitatives et les grands principes d’aména­ rendît la responsabilité du sdrif. Le Premier
gement et constituant le cadre dans lequel ministre, en 1989, fit préparer un Livre blanc
devaient s’inscrire les plans intercommunaux (janvier 1990) par une équipe conjointe de
et communaux. spécialistes de la dre, de la région et de la
ville de Paris. M ais, peu après, le travail
Le schéma directeur d ’aménagement et conjoint cessa et la dre publia successivement1
d ’urbanisme de la région de Paris a reçu une esquisse, un avant-projet, puis un projet
a posteriori un cadre législatif grâce à la loi (octobre 1992)v tandis que la région publiait
du 30 décembre 1967. Pris en considération une charte de l’île-de-France sans portée juri­
par le gouvernement avant même d ’être dique. Le projet de schéma directeur, dans une-
rendu public, il n’a été approuvé par décret atmosphère marquée par la préparation des
que le 1er juillet 1976, après deux révisions élections législatives, reçut un avis défavo­
en 1969 et en 1975. Une nouvelle tentative de rable du conseil régional et des huit conseils
révision en 1980 n ’est pas allée à son terme. généraux. Le gouvernement décida, début
Ce schéma directeur régional a exercé une 1993, de le modifier pour prendre en compte
influence importante : il a notamment été à une partie des critiques émises. Cette tâche,1
l’origine des villes nouvelles et le véritable poursuivie par son successeur, conduisit à
point de départ de la réalisation du réseau î ’approbation d ’une version modifiée, sans
express régional (rer). Certains de ses homo­ nouvelle consultation du conseil régional et
logues de province ont également été à l’ori­ des conseils généraux - ce qui suscita de nom­
gine de villes nouvelles (Lille-Est dans le breuses protestations - par décret en Conseil -
Nord, Le Vaudreuil en Basse-Seine, L’Isle- d’État le 26 avril 1994.
d’Abeau près de Lyon et les rives de l’étang Ce long processus ne pouvait aboutir qu’à
de Berre entre Marseille et Fos-sur-Mer). un document de compromis, sans options
Le régime juridique du schéma directeur de marquées, que ne souhaitaient pas la plupart
la région Île-de-France (sdrif) a été confirmé des élus. Il est significatif d’observer que, du
par la loi du 7 janvier 1983 qui lui confère les plan Prost au nouveau schéma directeur régio­
effets d’une prescription particulière d ’amé­ nal, les documents graphiques, comme les
nagement et d ’urbanisme. La loi prévoyait, options, aient été de plus en plus vagues. Le
compte tenu du caractère particulier de cette nouveau sdrif propose notamment une orga­
région, que son schéma directeur régional fût nisation multipolaire de la région, avec cinq
élaboré sous la responsabilité du préfet de «pôles d ’envergure européenne»: Paris, La
région, sous la direction du directeur régional D éfense, Roissy, M am e-la-Vallée, M assy-
de l ’équipement (dre), avec la participation Saclay-Orly. On pouvait craindre que, derrière
de représentants du conseil régional, du cette apparente symétrie, le mouvement des
comité consultatif économique et social et des activités tertiaires vers l’ouest ne se perpétue,
préfets des départements. Il est approuvé par aggravant le déséquilibre est-ouest de la
décret simple ou par décret en Conseil d’Etat région et que le radioconcentrisme, qu’avait
lorsque le conseil régional ou des conseils tenté de rompre le schéma directeur de 1965-
généraux représentant plus du quart de la 1976, ne reprenne.
population régionale ont émis un avis défavo­ La loi d’orientation pour l’aménagement et
rable. Le Conseil d’État a confirmé que la le développement du territoire du 4 février
portée normative du sdrif s ’applique aux 1995 a prévu que, désormais, l ’élaboration
options fondamentales et aux objectifs essen­ et la révision du schéma directeur de la région
tiels et que les pos (et donc les plu) devaient Île-de-France seraient de la responsabilité
être compatibles avec le sdrif. de la région en association avec l ’État, en
La révision générale du sdrif de 1965-1976 recueillant l’avis des conseils généraux, du
713 SCHÉMA RÉGIONAL D'AMÉNAGEMENT E T D'URBANISME

conseil économique et social régional et des que le projet de la région souhaitait voir limi­
chambres consulaires. Le schéma, qui a valeur ter au maximum.
de directive territoriale d ’aménagement, doit Le président Sarkozy a nommé en 2007 un
toujours être approuvé par décret en Conseil secrétaire d’État au Développement de la
d’Etat. La loi Voynet du 25 juin 1999 a précisé région capitale (Christian Blanc) et évoqué
que, lors d’une révision ultérieure, le sdrif un « Grand Paris » qui pourrait constituer ou
devrait maîtriser la croissance urbaine et non une nouvelle collectivité territoriale et,
démographique et l ’utilisation de l’espace, en tout cas, devenir l’échelle privilégiée de
tout en garantissant le rayonnement internatio­ planification de la métropole parisienne.
nal de la région. Il devrait définir les moyens à Parallèlement, il a consulté une dizaine
mettre en œuvre pour réduire les disparités d’équipes d’architectes, chargées d ’émettre
internes à la région et assurer les conditions des propositions d’aménagement. Le 29 avril
d’un développement durable. 2009, iî a présenté ces propositions et celles
Il était prévu que le sdrif de 1994 fût de Christian Blanc. C elles-ci comportent
révisé à mi-parcours (en 2003) pour tenir notamment la réalisation d’un métro souter­
compte des évolutions constatées depuis son rain rapide de rocade («Grand H u it») de
élaboration. Des études préalables en ce sens 130 km à 20 km environ du centre de Paris
ont été entreprises en 2002 à l’initiative de la (coût estimé : 22 milliards d’€) et la concen­
région. Mais il était clair qu’une révision ne tration des activités de recherche et des entre­
serait sérieusement mise en chantier qu’après prises innovantes sur le plateau de Saclay (et
les élections régionales de 2004. Celles-ci accessoirement dans une dizaine d ’autres
passées, on s’est orienté vers une révision en pôles, situés en majorité le long du nouveau
profondeur plus que vers une simple mise à métro). L’État prendrait en main, à travers
jour. une Société du Grand Paris, dans le cadre de
La révision du sdrif de 1994 a été entre­ contrats avec les collectivités locales, l’amé­
prise par le conseil régional en 2004, l’Institut nagement autour des stations de celui-ci,
d’aménagement et d’urbanisme de la région espérant créer de nombreux emplois et récu­
Île-de-France (iaurif) étant chargé des études pérer, grâce à la plus-value prise par les ter­
nécessaires. Cette élaboration du projet de rains, le coût de ces aménagements. Ces
sdrif a été menée à travers une large concerta­ propositions ont fait l ’objet de v iv es cri­
tion qui, dans le cadre d’ateliers thématiques tiques. Malgré celles-ci, et sans qu’il y ait eu
et d’ateliers territoriaux, a associé techniciens, un dialogue avec la région, le gouvernement
élus, représentants des milieux économiques a fait voter la loi du 3 juin 2010 qui prévoit
et des associations. Ce travail de concertation le «Grand Huit» et crée la Société du Grand
a permis d’atteindre un relatif consensus. Le Paris.
président du conseil régional avait annoncé,
ayant sa réélection, son intention de faire de La loi du 7 janvier 1983 disposait égale­
l ’île-de-France la «première éco-région ment que la Corse fût dotée d ’un schéma
d’Europe ». Si cette expression est sans doute d ’aménagement régional ( sar) que devait
excessive, le projet, adopté par le conseil élaborer le conseil régional. Il ne l’a pas été,
régional le 16 février 2007, est marqué par les mais seulement un Livre blanc (1990) pré­
choix écologiques, considérés comme une paré par les services de l ’État. Un schéma
condition de l’amélioration des conditions de d ’aménagement régional était égalem ent
vie dans la région et, par voie de conséquence, prévu dans les dom . Ils ont été approuvés
de son attractivité et de sa compétitivité éco­ pour la Réunion, la Martinique, la Guyane et
nomique. Cependant, l’État a refusé de sou­ îa Guadeloupe entre 1996 et 2006, donc au
mettre ce projet, malgré la négociation de terme d’un très long délai qui laisse mal
quelques modifications (approuvées par le augurer de leur application.
Conseil régional le 25 septembre 2008), à
approbation par décret en Conseil d’État. Les La loi d’orientation pour l’aménagement et
différends portaient notamment sur les pers­ le développement du territoire du 4 février
pectives de développement économique, que 1995 prévoit l’élaboration par les régions de
l’État souhaitait voir considérer comme priori­ schémas régionaux d ’aménagement et de
taires et sur l’importance du réseau autoroutier développement du territoire calqués, à cette
SCIENCE 71$

échelle, sur le schéma national du même nom — Dans une nouvelle écrite en 1958 qlj
(ce dernier supprimé par la loi Voynet intitulée «Paris, 15 décembre 1999», BonSj
du 25 juin 1999). Le schéma d’aménagement Vian évoque un processus de « rurbanisation ^
régional en tient lieu dans les départements de Paris tel qu’il nécessite de contrôler 1$
d ’outre-mer et en Corse (dans ce dernier prolifération des champs de poireaux de l’avez
cas, s’il est élaboré), tout comme le sdrif en nue de l’Opéra, la croissance desdits poireaux
Île-de-France. Leur élaboration a été très constituant un danger pour les passants de cettfl
lente : seuls neuf schémas régionaux étaient voie : étonnante correspondance avec le thèmfl
approuvés en 2009, quatre autres étaient naguère, défendu par les candidats de la listf)
en cours d’élaboration, trois étaient prévus et «Paris-Écologie» aux élections municipale^
quatre régions (A lsace, Centre, Limousin de 1977, celui de la nécessité absolue, au noiq
et M idi-Pyrénées) y avaient renoncé. Les du respect des équilibres naturels, de la réintrc^
contrats de plan État-région (désormais duction d’activités agricoles dans Paris intr#
«contrats de projet») doivent tenir compte muros.
des orientations des schémas régionaux. La — Dans une autre nouvelle écrite en 196Q
même loi prévoit la possibilité pour l ’État et intitulée « Les Villes », Gérard Klein décrit
d’établir des directives territoriales d’aména­ les guerres d’extermination que se livrentj
gement dans certaines régions : sept dta ont par l’intermédiaire de machines programmées
été prescrites pour les Alpes-Maritimes, les pour la destruction progressive de toute forme
A lpes du Nord, l ’estuaire de la Seine, de vie urbaine, des cités rigoureusement iso^
l ’estuaire de la Loire, l ’aire métropolitaine lées les unes des autres. :j
marseillaise, l ’aire urbaine lyonnaise et les — En 1975, Emest Callenbach publie
bassins miniers nord-lorrains. À l ’exception Ecotopia, c ’est un des premiers romans uchrq-j
de celle des Alpes du Nord, encore en cours niques qui imagine une société écologique : la
d’élaboration, les dta ont été publiées en Californie est indépendante et mise sur l’éner­
2003 (Alpes-Maritimes) et entre 2005 et 2007 gie solaire, la dilution des villes, F autoproduc-,
(les cinq autres). tion de l ’habitat, des activités décentralisées)
P. M.
des services publics performants, une démqj
cratie participative, une égalité entre hommes
-> Aire métropolitaine; Directive territoriale d'aménagem ent; et femmes, une incroyable liberté de mœurs,
Grand Paris; Région; Schéma de cohérence territoriale
{ s c o t ) ; Schéma directeur; Schéma national d'aménagement
sans oublier «peace and love». Ce roman
et de développement du territoire. d’anticipation décrit dans le détail une société
alternative où les Écotopiens ne circulent plus
en automobiles, ne résident plus dans des
SCIENCE - » Épistémologie; Urbanisme; conurbations gigantesques et polluées, ne tra:
Urbanologie (et l'introduction générale) vaillent pas dans des conglomérats soumis à
l’ordre taylorien, mais s’émancipent en accord
avec la nature, leur chronobiologie et leurs
SCIENCE-FICTION désirs.
J.-G. Ballard (1930-2009) est le type même
Catégorie des « conjectures romanesques de l’écrivain de science-fiction littéralement
rationnelles » (Pierre Versins), constituée par hanté par le fait urbain. On est ici tout à
un ensemble de discours d’inspiration et de l ’opposé d ’un classique tel que Jules Verne,
thématiques très diverses mais qui ont cepen­ dont tout l’œuvre est marqué par le thème dp
dant un caractère commun : celui de la distan­ voyage initiatique, c ’est-à-dire de l’évasion
ciation temporelle associée ou non à une hors de la ville en vue d’échapper à la perte de
distanciation spatiale. Ils traitent le plus sou­ soi-même et de retrouver du même coup ses
vent, mais pas toujours, d’événements situés origines ; et l’on se souvient qu’une des pre­
loin en avant dans le temps. mières bandes dessinées de science-fiction
Comme dans la littérature utopique, les - Le savant Cosinus - a précisément pour
thèmes liés à l ’urbanisation et à la ville objet de décrire les infructueuses tentatives du
occupent une place de choix dans les récits de héros en vue de tenter de sortir de Paris.
science-fiction. En voici trois exemples, entre Quant à Ballard, il s’est focalisé, dans les
bien d’autres : années 1970, sur l’exploration de la banlieue,
715 SCIENCE RÉGIONALE

véritable laboratoire des tendances lourdes sations, que d ’orientations nouvelles de la


qui traversent toute la société : culture de curiosité, pour proposer, au début des années
l ’aéroport, tyrannie du centre commercial, 1950, un champ de confrontation nouveau:
domination de la télévision, etc. Sa « Trilogie il a baptisé régional science le domaine où
du béton » réunit Crash, qui érotise l’automo­ se retrouvent économistes, géographes,
bile et transforme chaque accident en jouis­ sociologues, aménageurs et urbanistes et l ’a
sance ; LG.H., portrait d’une tour de quarante restructuré autour de quelques idées.
étages, qui tel un microcosme de la société, Le cœur de la science régionale qu’il consti­
abrite toutes les rancœurs, les haines, les tue comporte trois ensembles : la théorie de la
pathologies spécifiques d’un monde confiné, localisation optimale des firmes et des
hiérarchisé, ségrégué ; et L'île de béton, des­ branches d’activité, telle qu’elle a été dévelop­
cription de la panique d’un homme « inclus » pée par von Thünen (agriculture), Alfred
qui, à la suite d’un accident d ’automobile sur Weber (industrie), Lôsch et Christaller (ser­
le boulevard périphérique, perd ses repères, vices) et synthétisée par Lôsch ; la théorie des
découvre les « exclus » et ne sait plus quoi comptabilités territoriales et des mécanismes
penser. Par la suite, Ballard place ses person­ de la macro-économie, telle qu’elle résulte des
nages dans des enclaves résidentielles sécuri­ travaux de Keynes, de Harrod et de Kuzenets
sées {Le massacre de Pangboume, 1992, ou Leontief; les régularités statistiques de
retraduit sous le titre, Sauvagerie, 2008 ; La type gravitaire, que mettaient en évidence,
face cachée du soleil, 1998 et Super Cannes, dans les années 1950, les recherches sur les
2001) ou encore dans une banlieue contrôlée migrations de population et les déplacements
par une chaîne de télévision affiliée à un au sein des agglomérations. Isard apprend à
centre commercial {Que notre règne arrive, mobiliser ces notions pour modéliser les deve­
2007) : là, chaque cerveau de consommateur nirs régionaux.
est totalement inféodé à la logique du marché Dans le courant des années 1960, la science
et aux pulsions totalitaires de l’animateur qui régionale s’enrichit de diverses manières : en
n’hésite pas, avec la complicité de certains explicitant l ’idée de pôle de croissance propo­
habitants et même de policiers, à traquer sée par Perroux en 1955, Boudeville aborda le
l ’Indo-Pakistanais. Cette xénophobie «ordi­ problème de la croissance inégale avec des
naire » marque la fin de la ville, comme tota­ armes neuves. W illiam Alonso étendit le
lité cohérente dans sa diversité, et exprime la champ des applications à l’espace urbain, en
barbarie qui guette toute société soumise à liant prix du sol et déplacements ; W. Richard­
l ’ennui programmé de la télévision et à la son proposa des synthèses des recherches sur
consommation télécommandée. J.-G. Ballard la région et sur la ville, qui permirent de suivre
ne revendiquait pas le titre d ’auteur de aisément les progrès du courant principal.
science-fiction. Il se considérait comme un Alan W ilson fournit, dans le courant des
écrivain de real-fîction : n ’inventant ni nou­ années 1960, une interprétation des régularités
velles machines ni villes de cristal, anticipant gravitaires qui donna plus de cohérence à
peu, et se contentant d ’observer le présent. l’ensemble.
Une vigie, en quelque sorte. Mais les critiques ne manquèrent pas et elles
A.-C. D. et T. P. se multiplièrent dans les années 1970: on
reprocha à la science régionale la lourdeur des
-+ Archigram ; Prévision; Prospective; Résidence protégée; modèles qu’elle propose, le conservatisme des
Utopie.
hypothèses sur lesquelles elle repose et la diffi­
culté qu’elle éprouve à s’affranchir d’un éco­
nomisme assez étroit. L’attaque a été menée
SCIENCE RÉGIONALE par les marxistes, ceux qui s ’intéressent au
tiers monde en particulier. La pensée dont ils
L’économie spatiale s ’est longtemps déve­ se réclament ne leur fournit cependant pas de
loppée en marge des courants majeurs de la base pour proposer une approche alternative.
science économique et n ’offrait que peu de Ils en vinrent, dans les années 1980, à conce­
perspectives d’application. Walter Isard a su voir le marxisme comme une mégathéorie qui
tirer profit tant des recherches menées depuis met en évidence les tendances très générales
un siècle et plus dans le domaine des locali­ de l’organisation de l ’espace, mais est inca­
SCOLAIRE (ÉQUIPEMENT) 7"%

pable d’expliquer le détail des localisations. même titre qu’un plan local d ’urbanisme
C ’est ce qui explique le succès de travaux (plu) ; il partage avec ce dernier et la carte,
comme ceux de Walther Stohr : celui-ci souli­ communale la qualification de document
gne le rôle des initiatives locales (bottom up) d’urbanisme dont les règles sont directement;
dont les effets sont moins déstructurants que opposables aux tiers. Le secteur sauvegardé
celles prises de loin (top down) par des dont le plan est simplement « prescrit » corres*
hommes qui ignorent tout des problèmes et des pond à une situation très particulière. Il ne
possibilités réelles des lieux. La réflexion sur s’agit pas d’une « servitude d’utilité publique
le développement par le bas manque cepen­ affectant l’utilisation du sol » : compte tenu du
dant d’un fondement théorique satisfaisant. régime juridique applicable avant l ’opposabir
La restructuration en cours de la science lité du plan, les annexes du plan local d’urba-i
régionale passe par la remise en cause des nisme indiquent, à titre d’information, sur u»
postulats sur lesquelles elle a été bâtie : les ou plusieurs documents graphiques, les segjf.
orientations récentes mettent l’accent sur le teurs sauvegardés délimités. L’application dq
rôle de la connaissance dans la différenciation l ’article RI 11-21 du Code de l ’urbanisme
de l ’espace et sur celui de la communication peut encore être invoquée si le secteur sauvèrj;
et des flux d’information dans la structuration gardé délimité ne dispose pas d ’un plan de
des systèmes de relations. sauvegarde approuvé, mais cet article cesse
d’être applicable à compter de l’approbation
P. C.
du plan de sauvegarde. Enfin, la loi « urba*
-> Économie spatiale; Pôle de développem ent; Région. nisme et habitat » du 2 juillet 2003 exonère les
immeubles situés dans un secteur sauvegardé^
dont le psmv est approuvé, des servitudes
SCOLAIRE (ÉQUIPEMENT) -> Carte scolaire; d’utilité publique résultant du périmètre dq
Collège et lycée; École protection des monuments historiques ou dq
l ’inscription à l ’inventaire des sites ; ces servi-»
tudes subsistent en revanche tant que le psm\(
SECONDAIRE -> Activité économique; n’est pas approuvé. i!
Artisanat; Industrie Si le préfet de région assure la programmai
tion et la mise en œuvre des crédits nécesrt
saires à la réalisation des opérations, ainsi
SECOND ŒUVRE - » Gros œuvre que leur maîtrise d’ouvrage en application dit
Code des marchés publics, c’est le préfet dq
département qui prend par arrêté les déci-î
SECTEUR SAUVEGARDÉ sions de création du secteur sauvegardé oq
de mise en révision du psmv, ainsi qué
Le terme « secteur sauvegardé » est apparu d ’approbation du plan élaboré, révisé oq
dans la loi du 4 août 1962, dite loi Malraux. modifié. Il saisit l ’administration centrale
Ces secteurs relèvent depuis 1976 du Code de pour que soit recueilli l’avis de la commis^
l’urbanisme. Ils «peuvent être créés lorsqu’ils sion nationale des secteurs sauvegardés avant
présentent un caractère historique, esthétique la création du secteur, puis sur le projet de
ou de nature à justifier la conservation, la res­ plan élaboré ou révisé avant sa soumission à
tauration et la mise en valeur de tout ou partie l ’enquête publique. La création du secteur
d’un ensemble d’immeubles bâtis ou non ». nécessite l’accord de la collectivité territo­
En 2009, il y en a 97, d’une superficie totale riale et, conformément au principe d’élabora­
de 6 000 hectares, allant de 11 hectares à tion conjointe entre l’État et cette collectivité,
U zès, Sarlat ou Grasse à 235 hectares à un protocole d ’action commune précise: les
Béziers, 237 hectares au quartier de la Boucle modalités de désignation par le préfet de
à Besançon et 246 hectares à Versailles. l ’architecte chargé d ’étude, les modalités;
Il faut distinguer le secteur sauvegardé déli­ d ’organisation de la comm ission locale et
mité et le secteur sauvegardé pourvu d ’un celles de l’accord préalable de la collectivité
plan de sauvegarde et mise en valeur (psmv) à tout acte de procédure. La com m ission
approuvé. Le psmv est en effet un document locale du secteur sauvegardé, devenue
d’urbanisme réglementaire à part entière, au pérenne, est désormais présidée par le maire
717 SÉCURITÉ DES TRANSPORTS

(ou le président de l’entité intercommunale), disposition répond selon les cas à des objectifs
aux côtés duquel siège le préfet de départe­ de simple mise en valeur à l’égard de construc­
ment. Dans son rôle consultatif, elle assure le tions adventices, de reconstitution d’une mor­
suivi de l’établissement du psmv, mais aussi phologie bâtie, d’aération d’un cœur d’îlot ou
la mise en œuvre opérationnelle du secteur de restructuration du tissu. Sont soumis à
sauvegardé et l’application du plan. Elle peut déclaration préalable tous travaux intérieurs
se prononcer sur tout projet d ’opération menés sur tout immeuble d’un secteur sauve­
d’aménagement ou de construction, notam­ gardé dont le plan est en cours d’étude (élabo­
ment lorsque celui-ci nécessite une adapta­ ration ou révision). Sont soumis à permis de
tion mineure. Elle formule un avis sur la construire, si le psmv est approuvé, à l’excep­
modification du plan, cet avis remplaçant tion des travaux d’entretien ou de réparations
celui qui était donné antérieurement par la ordinaires :
commission nationale. — les travaux exécutés à l’intérieur des
La délivrance des autorisations de travaux immeubles ou parties d’immeubles jugés d’inté­
est entièrement décentralisée, mais très rêt patrimonial, lorsque ces travaux ont pour
contrôlée. À compter de la publication de objet ou pour effet de modifier la structure du
l ’arrêté préfectoral créant le secteur sauve­ bâtiment ou la répartition des volumes existants ;
gardé, tout travail ayant pour effet de modifier — les travaux qui portent sur un élément que
l’état des immeubles est soumis, selon les cas, le plan a identifié comme présentant un intérêt
à permis de construire, d’aménager, de démo­ patrimonial ou paysager et qui font l’objet d ’une
lir ou à déclaration préalable, toujours après annexe particulière du plan de sauvegarde et de
accord de l’architecte des bâtiments de France mise en valeur ; si cette disposition ne semble
(abf). Celui-ci assure, à compter de l ’acte de pas pouvoir servir, en l ’état actuel de la juris­
création, la surveillance générale du secteur prudence, pour protéger des éléments d’inté­
sauvegardé en vue de préserver son caractère rieur d’immeuble à l’occasion de l’élaboration
historique ou esthétique et il veille à la cohé­ d’un plan local d’urbanisme, le plan de sauve­
rence du projet de plan avec cet objectif. Le garde constitue un document d’urbanisme par­
recours auprès du préfet de région contre ticulier dans lequel il est permis d’identifier des
l’avis « conforme » de I’abf sur les autorisa­ éléments se situant à l’intérieur d’un bâtiment.
tions d’urbanisme et déclarations préalables Ainsi, les travaux projetés sur des décors (par­
existe dans des conditions analogues à celles quets, cheminées, lambris, etc.) qui auront été
concernant les « abords des monuments histo­ identifiés au moment de l’élaboration ou de la
riques ». révision d’un psmv, seront soumis à permis de
Le règlement et ses documents graphiques construire.
(au minimum à l ’échelle du 1/1 000, voire
du 1/500) définissent les conditions architec­ Ph. P.
turales selon lesquelles est assurée la conser­ Architecte des bâtiments de France; Association foncière
vation des im meubles et du cadre urbain. urbaine; Conservation intégrée; Documents d'urbanisme;
Ensemble historique ou traditionnel ; Patrimoine ; Réhabilita­
Ils peuvent comporter des règles relatives tio n ; Restauration; Restauration immobilière; Zone de pro­
aux matériaux à utiliser. Ils précisent les tection du patrimoine architectural urbain et paysager
(ZPPAUP).
immeubles ou parties d’immeubles intérieures
ou extérieures «dont la démolition, l’enlève­
ment ou l ’altération sont interdits et dont la SÉCURITÉ -> Contrôle social ; Délinquance;
modification est soumise à des conditions spé­ Immeuble de grande hauteur ; Insécurité
ciales ». Cette disposition peut le cas échéant
distinguer les bâtiments d’intérêt architectural
ou historique propre et les bâtiments d’intérêt SÉCURITÉ DES TRANSPORTS
urbain dont la démolition totale est interdite,
mais dont une possibilité importante de trans­ A bsence de risques d ’accidents. Elle
formation est admise, notamment dans les s’entend :
parties intérieures ou « dont la démolition ou • pour l’usager : on la mesure généralement
la modification pourra être imposée par l’auto­ par le nombre de tués et de blessés (graves ou
rité administrative à l’occasion d ’opérations légers) par million de kilomètres-voyageurs.
d’aménagement publiques ou privées ». Cette Cette sécurité est nettement meilleure pour les
SÉCURITÉ fDU BÂTIMENT) 7 #

transports en commun (moins de 0,5% de sexuelles ou autres. Cette notion est


victimes) que pour les moyens individuels ; employée, au sens fort, pour désigner la sépas
• pour les tiers : on peut la mesurer par ration forcée, institutionnalisée et réglemen­
des indicateurs similaires. Elle est également tée, de différents groupes de population!à
nettement meilleure pour les transports en partir de critères raciaux. La ségrégation
commun. s ’accompagne alors d’une discrimination»
En France, dans les années 1970 et 1980, c ’est-à-dire d ’un traitement inégalitaire des
un tiers des décès accidentels était dû à la groupes qui la subissent.
circulation (la moitié aux États-Unis). Leur Au plan politique et racial, aux États-Unis,
nombre a cependant été divisé par 4 : de la législation « Jim Crow », en 1870, a institu­
16 500 environ en 1970 à 4 262 en 2009. Ils tionnalisé la ségrégation dont étaient victimes:
ne représentent plus que 16% des décès acci­ les noirs dans le sud. C’est contre ces disposé
dentels. Les deux tiers des accidents maté­ tions légales que les noirs se sont organisés»!
riels, la moitié des accidents corporels, le Les luttes qu’ils ont menées ont abouti à te
quart des accidents mortels ont lieu dans des promulgation de la loi sur les droits civiques
agglomérations de plus de 5 000 habitants. en 1964 et à un très net recul de 1a ségrégation
Ces victimes corporelles sont, en France tou­ formelle, sans que leurs conditions de vie
jours, des piétons dans un cas sur cinq, des concrètes en soient améliorées pour autant.
utilisateurs de cycles dans deux cas sur cinq et En Afrique du Sud, la ségrégation a abouti à
des automobilistes dans deux cas sur cinq. 1a politique à.’apartheid qui cherche à organin
Ces accidents ont un coût important pour la ser un « développement séparé » des diffé­
collectivité : rentes « races » du pays afin de « préserver*
• on estime qu’un tiers de leur coût n ’est leurs particularités culturelles et ethniques)
pas couvert par les assurances, mais par les mais surtout afin de maintenir la « dominai»
hôpitaux publics et le système de protection tion » et la « suprématie » blanches par l’instih
sociale ; tutionnalisation d’une forte inégalité politiqué
• le rapport Le Net sur « Le prix de la vie et sociale entre la minorité blanche et 1a majo­
humaine» a estimé en 1975 la perte de pro­ rité des habitants du pays, enfermée dans des
duction à 575 000 F pour un tué et 69 000 F ghettos ou des bantoustans. I
pour un blessé grave. Ces études n’ont pas été Par extension, le mot est employé pour
reprises depuis et on se contente d’actualiser désigner toute catégorie qui se trouve isolée,
(souvent de façon approximative) ces valeurs. volontairement ou involontairement, du corps
Sur cette base, on peut estimer le coût rési­ social. ?!
duel pour la collectivité à 0,04 € par voyage- Le développem ent des m ouvem ents de
kilomètre (en 2004). Pour les transports en migrations à travers le monde, en particulier
commun, le coût de sécurité est environ deux à l ’époque du développem ent industriel#
fois plus faible. Le coût des accidents corpo­ mais aussi à la suite de guerres, surtout
rels de la route a été estimé à 1 2 milliards d’€ dans la période récente, a entraîné, au sein
en France en 2005 (le coût total de l ’insécu­ des pays d ’accueil, des formes de ségréga4
rité routière à 25 milliards d ’€). tion spontanée. Les groupes - ethniques»
P. M.
nationaux, voire régionaux, religieux, etc.
ont en effet naturellement tendance, lors de
Coût social; Moyen de transport. l’arrivée successive de migrants, à se former
en comm unautés, spontanées mais forte­
ment constituées, avec leurs règles et leurs
SÉCURITÉ (DU BÂTIMENT) - » Garanties coutumes, et en particulier à empêcher où
et assurances du bâtiment éviter les mariages mixtes, ceci afin d ’aider
plus efficacement ses membres, de les inté­
grer dans le pays d ’accueil tout en proté­
SÉGRÉGATION geant leur identité.
Le plus souvent, la ségrégation a une tra­
La ségrégation est la mise à l ’écart d ’un duction spatiale concrète, avec la formation de
groupe social ou d’individus pour des raisons ghettos ou la création de zones réservées. La
raciales, religieuses, culturelles, sociales, ségrégation urbaine a été définie comme « la
719 SÉPARATION DES TRAFICS

tendance à l’organisation de l ’espace en zones économique dans un système démocratique et


à forte homogénéité sociale interne et à forte l’instrument de légitimation unilatérale d’une
disparité sociale entre elles, cette disparité politique tend à devenir de plus en plus mince
étant comprise non seulement en termes de dans les sociétés modernes où les fonctions de
différence, mais de hiérarchie» (M. Castells, communication prennent une place prépondé­
La question urbaine, 1972). Elle désigne donc rante.
des processus qui amènent l’inscription de dif­ S. J.
férences sociales ou raciales dans l ’espace
urbain et la possible formation, dans ces Participation.
espaces, de sous-cultures spécifiques.
D. L. et B. R.
SENTIER DU DOUANIER -> Littoral; Mer
-* Banlieue; Exclusion; Ghetto; Migrations; Quartier;
Racisme; Sociologie urbaine (historique).

SÉPARATION DES TRAFICS

SEMI-MÉTRO —> Métro;Tramway Principe visant à réaliser des voiries dis­


tinctes pour les différents usagers, en fonction
de leur vitesse en particulier : automobiles (et
SÉMIOLOGIE —> Épistémologie; Urbanisme motocyclettes), bicyclettes (et cyclomoteurs),
piétons. Si la séparation est totale, les croise­
ments des voies des différents réseaux s ’effec­
SEMI-PRODUIT —►Composant tuent à niveau différent : la ville nouvelle de
Cumbemauld (Écosse), entreprise en 1956, a
poussé très loin ce principe. IÎ est aujourd’hui
SENSIBILISATION DE L'OPINION beaucoup moins appliqué.
La séparation des trafics sur les voies rou­
Tout acteur social en position dé pouvoir tières avait deux objectifs : un gain de capacité,
doit - dans un système démocratique - légiti­ mais surtout de sécurité. Le principe a trouvé
mer son action. De plus, face à des contraintes une nouvelle application en milieu urbain où il
internes ou externes au champ social qu’il poursuit en outre un troisième objectif : privi­
domine, il peut juger nécessaire d ’accorder légier certains modes de transport peu
une importance particulière à la fonction consommateurs d’espace et peu polluants (les
information-communication. Par exemple, transports en commun, la marche à pied, la
les usagers d’un équipement donné seront bicyclette) et diminuer l’usage de l ’automobile
« sensibilisés » à tel ou tel aspect de leur rap­ (qui dispose dès lors de moins d’espace). Le
port à cet équipement, afin d ’infléchir leur premier couloir pour autobus a été introduit à
comportement ou de changer leur opinion Paris en 1963 sur le quai du Louvre. Cette
dans un certain sens. Il s ’agit donc générale­ pratique s’est par la suite étendue, voire géné­
ment d’influencer un public par le canal des ralisée, dans de nombreuses villes. Ces cou­
médias. loirs réservés ont souvent été ouverts aux taxis
L’expression est cependant très floue ; et aux cycles. Pour qu’ils soient respectés, il
« sensibiliser » est une euphémisation de est souvent apparu nécessaire de matérialiser
l’action consistant à attirer l ’attention avec un la séparation. Des couloirs à contre-sens de la
objectif de transformation des attitudes. Quant circulation, qui doivent alors impérativement
à la notion d’« opinion », elle est utilisée méta­ être matérialisés, protégés du trottoir et bien
phoriquement, comme « l’opinion publique », indiqués, ont été créés. À partir de 2 0 0 2 , la
pour signifier à la fois l ’ensemble des opi­ ville de Paris a décidé de multiplier les cou­
nions émises non « privées » et la somme des loirs réservés pour autobus, taxis et cycles.
opinions individuelles. A insi, l ’action sur Poussé à l’extrême, ce principe conduit à créer
l’opinion permet (J. Habermas) de définir des des voies en site propre pour autobus, ce qui a
objectifs sociaux indépendants des désirs de été parfois pratiqué, en particulier dans des
la population. La marge de sécurité entre le villes nouvelles (par exemple à Runcom, en
nécessaire instrument de régulation socio­ Angleterre, puis dans le centre d ’Évry). Il
SÉQUENCE 720

convient cependant de noter que la politique miques et de ses attributions administratives*


des couloirs réservés trouve sa limite lorsque etc. Les résultats de ces recherches ont parfois
l’espace ainsi réservé sert à un nombre d’usa­ conduit à des modifications de la législation,
gers inférieur à celui qui l’utiliserait s’il était comme en France par exemple avec l’intégra-
demeuré dans la voirie banale. tion dans les bases de calcul de la « dotation
P. M. globale de fonctionnem ent» (dgf), d’élé­
ments de « b e so in s» tels le revenu fiscal
- » Carrefour; Deux roues (véhicules à ); Piéton; Voirie. moyen des habitants, le nombre d’élèves sco­
larisés, de logements sociaux, de chômeurs
secourus, le kilométrage de voirie.
SÉQUENCE Corps d'état Une autre voie de recherche concerne l’effi­
cacité comparée de la gestion publique et de la
gestion privée dans la production et l’offre de
SERVICE COLLECTIF -> Équipements certains services municipaux susceptibles
collectifs d’être assurés indifféremment par les deux
modes. Sur 15 études concernant le ramassage
des ordures ménagères dans cinq pays étrangers
SERVICES -> Activité économique ; (États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suisse
Commerce et Belgique) entre 1965 et 1990, neuf d’entre
elles concluent à la moindre efficacité de la ges­
tion publique. En France, un certain nombre de
SERVICES EXTÉRIEURS DE L'ÉTAT -> Conseil grandes villes ont délégué la gestion de certains
régional ; Décentralisation administrative ; services municipaux au secteur privé. Cette
Déconcentration ; Département ; État pratique n’apparaît pas liée à la couleur poli­
tique des équipes municipales en place.
Mais des problèmes demeurent : l’identifi­
SERVICES PUBLICS URBAINS cation précise des catégories d’usagers béné­
ficiaires de ces services et l’effet redistributif
Les services collectifs assurés dans les des dépenses publiques locales, l’effet sur les
villes sont nombreux et diversifiés. Il s’agit le dépenses courantes des décisions passées
plus souvent de services rendus gratuitement d’investissement, l’effet du système de sub­
aux usagers et financés par les budgets muni­ vention sur les comportements dépensiers des
cipaux, donc par les impôts locaux et les sub­ communes, par exemple.
ventions reçues de l ’État. Mais il peut s’agir p.-h . D.
aussi de services tarifés (les eaux, les trans­
ports en commun, les piscines, les théâtres -> Budget co m m un a l; Technique.
subventionnés, etc.) qui peuvent être rendus
par une régie, par une seule commune ou plu­
sieurs communes regroupées en syndicats SERVITUDE
intercommunaux, que l ’on rencontre aussi
bien dans les grandes agglomérations (trans­ Charge grevant une propriété immobilière
ports publics) que dans les petites communes et limitant l’exercice du droit de propriété.
rurales (ramassage scolaire). On classe sou­ Concept ancien, la servitude a connu depuis
vent ces services publics urbains selon les un dem i-siècle une extension considérable,
différentes fonctions qu’ils assurent. La clas­ tant de son champ que de la diversité des
sification fonctionnelle des dépenses munici­ régimes juridiques dont elle fait l’objet. Histo­
pales comporte, par exemple, 16 postes de riquement, l ’institution a été essentiellement
dépenses de fonctionnement. conçue au bénéfice d’une propriété (le « fonds
De très nombreux travaux, tant en France dominant») et au détriment de la propriété
qu’à l ’étranger, ont recherché les facteurs voisine (le « fonds servant ») et résultait de la
déterminants de ces dépenses : caractéris­ loi (par exemple le droit de passage en cas de
tiques socioéconomiques et « besoins » des parcelle enclavée) ou d’une convention (par
populations desservies, richesse fiscale de la exemple, l’interdiction d’obstruer la vue du
commune, nature de ses activités écono­ voisin par une construction).
721 SERVITUDE

Hormis les servitudes librement consenties plan. La loi du 7 janvier 1983 rend désor­
entre particuliers, qui sont régies par les règles mais obligatoire ce qui n ’était antérieurement
générales des contrats entre personnes pri­ qu’une recommandation. Passé un délai d’un
vées, une distinction essentielle doit être faite an, après l ’approbation du p l u (auparavant
entre les servitudes de droit privé et les servi­ du p o s ) , ou après la création d’une servitude
tudes de droit public. nouvelle, seules les servitudes figurant sur
Régies en France par le Code civil, les servi­ cette liste peuvent être opposées à des
tudes de droit privé ont pour objet de protéger demandes d’autorisation d ’occupation des
chaque propriétaire contre le dommage qui sols. L’administration est donc désormais
pourrait résulter de l’exercice illimité par un liée par les informations données. Mais
tiers de son droit de propriété. Ce sont donc s ’agissant, depuis la décentralisation, du
des charges imposées sur un bien pour l’usage maire ou du président de l ’établissement
et l ’utilité d ’un bien appartenant à un autre public intercommunal, c ’est le préfet qui
propriétaire. Les exemples les plus classiques devra les mettre en demeure de réparer une
traitent de l ’écoulem ent des eaux, de la éventuelle omission, ou même de procéder
mitoyenneté, du droit de la copropriété, du d’office à l’inscription de la servitude omise.
droit de passage (terrains enclavés), de la pré­ Une servitude mérite un commentaire parti­
sentation des vues et des troubles de voisinage. culier car elle illustre bien la transformation
La servitude est attachée au fonds, c ’est-à- du mécanisme : la s e r v itu d e d e c o u r com m un e.
dire que le propriétaire de l’héritage soumis à Cette limitation à l’exercice du droit de pro­
la servitude ne peut vendre cet héritage sans priété en matière d ’immeuble à usage d ’habi­
la servitude. tation constituant un droit réel, demeurant
À ces servitudes légales ou convention­ attaché au fonds, est d ’origine légale et non
nelles civiles de voisinage, anciennes pour la conventionnelle.
plupart, sont venues se superposer, à l’occa­ La servitude « de cour commune » subor­
sion de l ’urbanisation, des servitudes adminis­ donne la délivrance du permis de construire à
tratives, imposées par le souci de mieux gérer la création sur un terrain urbain de servitudes
les documents de planification urbaine et donc n on a e d iflc a n d i ou limitant la hauteur de la
désormais conçues au bénéfice de l’«utilité construction. À défaut d’accord amiable entre
publique ». les propriétaires, ladite servitude pourra être
Ces se rv itu d e s d ’u tilité p u b liq u e , instituées imposée par le juge. Une jurisprudence abon­
par voie législative, constituent une catégorie dante de la juridiction civile, et non administra­
particulière de servitudes, fondées sur la pré­ tive, est commentée dans le Code de
servation de l’intérêt général, qui comme les l ’urbanisme (Dalloz) sous l ’article L 951-1.
servitudes «d e voisinage», viennent limiter Figurent également, dans le Code de l ’urba­
l ’exercice du droit de propriété en matière nisme, les servitudes d’utilité publique qui
immobilière, tel qu’il est défini par le Code concernent les cimetières, cours d’eau, «mar­
civil. Elles ont des objectifs très spécifiques, chepied» (libre passage sur les berges des
soit pour garantir la pérennité, l ’entretien, cours d’eau non domaniaux), le passage sur le
l’exploitation ou le fonctionnement d’une ins­ littoral maritime (assurant le libre accès des
tallation d ’intérêt général qui a besoin d ’un piétons à la mer) et le « reculement » (en exécu­
espace propre (exemples : faisceaux hertziens, tion de plans d’alignement). Enfin, le transfert
oléoducs, téléphériques, etc.) ; soit pour proté­ de coefficient d’occupation du sol peut frapper
ger un espace particulièrement précieux pour un terrain d’interdiction de construire (servi­
la collectivité (exemples : réserves naturelles, tude non a ed iflca n d i) dans les zones à protéger
sites classés, monuments historiques et leurs en raison de la qualité de leurs paysages.
abords, etc.). Cette accumulation de restrictions au libre
L’énumération de toutes les limitations exercice du droit de propriété pose le pro­
administratives résultant de la réglementation blèm e de l ’indemnisation du propriétaire
de l ’urbanisme (et de l’environnement), pour du bien soumis à la servitude. Généralement,
l ’ensem ble du périmètre d’application du le texte qui institue la servitude prévoit le
plan d’occupation des sols, doit obligatoire­ régime de l’indemnisation éventuelle. On doit
ment, dans un effort de sim plification et signaler à ce propos qu’en France, à la diffé­
d’information, figurer dans une annexe au rence de nombreux autres pays, notamment
SEXE 7* !

anglo-saxons, un principe général de non- singulières. A contrario, les pratiques très


indemnisation des servitudes d’urbanisme a socialisées, construites au cours du temfp^
été posé par la loi du 15 juin 1943, repris dans n ’ont pas besoin de signalisation pour êtijp
le Code de l’urbanisme à l’article L 160-5. Les accomplies par les acteurs sociaux. -li
seules exceptions, interprétées de façon très La signalisation induit une attitude logiqt»
restrictive par les juridictions administratives, chez l ’usager et une certaine absen ce'd è
concernent « l’atteinte à des droits acquis » et représentation de l ’espace. Les aménagé*
la « modification à l ’état antérieur des lieux ments les plus difficiles à signaliser sont print’,
déterminant un dommage direct, matériel et cipalement ceux où le cadre spatial impofee
certain ». un sens (par exemple, tracé de route suggéf
rant à l ’automobiliste un virage) et ceuXïSwijif
Y. P. et V. R.
s’entrecroisent des logiques d’orientation difri-
Code de l'urbanism e; Trouble de voisinage. férentes (par exemple, passage de l ’univeW //
du métro à l ’univers de la rue). Les princi);'
paux défauts d ’une signalisation sont l’a m b i­
SEXE —> Population guïté, le manque de continuité d a n s 1
l’information, la sur-signalisation (ou redoi*
dance) et le manque de cohérence des signes
SIÈGE SOCIAL -> Entreprise employés (systématicité partielle).
La signalisation sur route et dans les villes ,
s ’est essentiellem ent développée lors dë i
SIGNALÉTIQUE — Signalisation l’essor de l’automobilisme. Limitée au débuts6 ! j
quelques panneaux signalant les dangers (cas*
sis, virage, passage à niveau, croisement) !etl
SIGNALISATION utilisant les traditionnelles bornes pour aidqf
l’automobiliste à se repérer (1910), la signali­
Emploi de signaux destinés à organiser la sation routière s’enrichit peu à peu et fournit
circulation des usagers dans un espace sui­ des indications d’orientation, règle les confliJÜ
vant des critères fonctionnels et de sécurité; de circulation, ordonne l’utilisation de la voi* i
par extension, ensemble des signaux utilisés. rie, matérialisant ainsi les règles conlenuas
La signalétique est l’activité sémiotique rela­ dans le Code de la route (1921). Les grandes
tive à la signalisation. étapes ont consisté ensuite en l ’introductioi)
La signalisation articule différents conte­ de la présignalisation avec l’augmentation da|
nus : interdiction, obligation, information, les vitesses (années 1930), le marquage au sol
signes utilisés étant soit arbitraires (par (années 1950) et l’adaptation au réseau auto*
exemple le triangle pour signaler le danger sur routier (années 1960). - H-
les routes), soit motivés (par exemple les pic­ La signalisation participe à part entière au *
togrammes), les structures syntaxiques étant paysage urbain. Elle est conçue pour l’usager
toujours très sim ples (structure prédicat + (cf. l’utilisation d’anamorphose pour les mat*
extension du prédicat, par exemple : cercle quages au sol). Le choix des couleurs, lè
rouge (passage interdit) + vignette représen­ graphisme des lettres adopté, le dessin des
tant un camion (véhicule interdit). D ’un point pictogrammes traduit des traits culturels pro*
de vue psycho-ergonomique, la signalisation fondément ancrés. Depuis les années 1980,
correspond à une confrontation entré un indi­ la mise en place de panneaux à messages
vidu et un cadre, l ’individu étant supposé variables ( p v m ) permet de varier les indical-
rechercher une information et pouvoir la trai­ tions d’orientation. Couplée avec les recueils
ter (en particulier la possibilité de lire et/ou de données en temps réel et la mise en place
d’identifier des signes). de programmes d’optimisation, cette techno­
Plus que la nature et le lieu du déplace­ logie permet de nouveaux modes d ’exploita*
ment, c ’est son caractère fonctionnel qui tion des réseaux de voies rapides et d is
compte. Comme l’implique la notion d’usa­ carrefours urbains. !
ger, le déplacement doit correspondre à une M. D.
pratique sociale. Aucune signalisation ne
correspond à des pratiques individuelles ou - » Information; Numérotation des rues; Sémiologie. <(
723 SITE

SIMULATION —> Modèle (mathématique) ; le Code de l’urbanisme. La déclaration propre


Prévision ; Prospective aux travaux en site inscrit « est adressée au pré­
fet de département, qui recueille l’avis (simple)
de l’architecte des bâtiments de France sur le
SITE projet», mais lorsque l’exécution des travaux
est subordonnée à une autorisation d ’urba­
La loi de 1906 organisant la protection des nisme ou déclaration préalable au sens du Code
sites et monuments naturels de caractère artis­ de l’urbanisme, l’instruction comporte un avis
tique s’inspire de la loi de 1887 sur la conser­ simple de I’abf et l’obligation propre au Code
vation des monuments et objets d’art ayant un de l ’environnement se trouve remplie. Un
intérêt historique et artistique. terme correctif important au régime de consul­
La loi du 2 mai 1930 relative à la protection tation de I’abf est, pour les travaux soumis à
des monuments naturels et des sites de carac­ permis de démolir en site inscrit, un pouvoir
tère artistique, scientifique, légendaire ou d 'a c c o r d exprès de I’abf.
pittoresque a remplacé celle de 1906, en s’ali­ Au 31 décembre 2005, on compte 4 784 sites
gnant cette fois sur la loi sur les monuments in scrits à l’inventaire pour une superficie totale
historiques de 1913, modifiée en 1927. Elle de 1 690 381 hectares (3 % du territoire de la
reprend à cette dernière l’inscription à l’inven­ métropole). Mais ces sites inscrits constituent
taire assortie d’un régime de préavis, l ’ins­ une catégorie fort peu homogène. Jusqu’au
tance de classement. C ’est bien parce que début des années 1960, l’inscription ne portait
« l’atteinte aux sites » était un critère utilisable que sur des sites très caractérisés et, dans
dans le refus de permis de construire (ou dans l’immense majorité des cas, de faible étendue.
la formulation de prescriptions assortissant sa Cette procédure correspondait à la nécessité
délivrance) que l ’on a pu, en site inscrit, au légale de notifier l’inscription aux propriétaires
fur et à mesure de l’extension de la soumis­ du monument naturel ou du site et était très
sion à permis de construire, se contenter de lourde quand il ne s ’agissait pas de propriété
l’effet juridique sommaire propre à la loi de publique. La loi du 28 décembre 1967 et son
1930 : une simple obligation de déposer un décret d’application (1969) ont éliminé l’obli­
«préavis des travaux». La loi du 2 mai 1930 gation de notification individuelle au moment
crée la « zone de protection » dite « du titre III de l’inscription sur l’inventaire. Si le nombre
de la loi ». Un plan assorti des prescriptions des propriétaires est supérieur à 1 0 0 ou si
imposées est destiné à assurer dans cette zone l ’administration est dans l ’impossibilité de
la protection des alentours d’un monument connaître leur identité ou leur domicile, le pré­
classé ou d’un site classé ou inscrit. fet du département peut substituer à la procé­
Aujourd’hui, on peut nettement distinguer : dure de notification individuelle une mesure
— le s m o n u m en ts n a tu rels ou les s ite s in s­ générale de publicité (insertion renouvelée
crits, où « l ’inscription entraîne, sur les ter­ dans deux journaux, affichage). Cette réforme
rains compris dans les limites fixées par de 1967-1969 a ouvert la voie à l’inscription
l’arrêté, l’obligation pour les intéressés de ne de très grands sites urbains ou ruraux. À titre
pas procéder à des travaux autres que ceux d’exemples, et parmi d’autres, sont ainsi pro­
d’exploitation courante en ce qui concerne les tégés : les dix premiers arrondissements de
fonds ruraux et d’entretien normal en ce qui Paris, le 16e et le 17e ainsi qu’une partie des
concerne les constructions sans avoir avisé, autres; tout le littoral de N ice à Menton;
quatre mois d’avance, l’administration de leur 92 250 ha en Camargue; les deux tiers du
intention» (article L341-1 du Gode de l’envi­ département du Val-d’Oise (81 750 ha). Pen­
ronnement ) ; dant quelques années, cette grande latitude a
— les m o n u m en ts n a tu rels o u les s ite s été tempérée par une disposition qui empêchait
c la ssé s qui «ne peuvent ni être détruits ni les sanctions pénales à l ’encontre d’un proprié­
être modifiés dans leur état ou leur aspect taire n ’ayant pas reçu notification de. La loi du
sauf autorisation spéciale» (article L341-10 31 décembre 1976 portant réforme de l’urba­
du Code de l’environnement). nisme a abandonné cette disposition gênante.
Dans le cas des s ite s in scrits, il faut veiller à Ces réformes de 1967-1969 et de 1976 ont fait
articuler le « préavis de travaux » avec les auto­ perdre à l’inscription à l’inventaire des sites sa
risations et déclarations préalables prévues par ressemblance initiale avec l’inscription à
SITE (D'UNE VILLE)

l ’inventaire supplémentaire des monuments etc.), la côte ouest (caps Gris-Nez et .Bit
historiques. Nez, Côte d ’Albâtre, cap Homu, baies
Les priorités nouvelles des services dépar­ Somme et du mont Saint-Michel, pointe
tementaux de l’architecture et du patrimoine Raz, cap de k Chèvre, baie d’Audieme,
tendent à l’évidence à faire souhaiter l ’allège­ partiede Belle-Île et l’île de Ré, dune du ’
ment du travail que leur donnent les projets comiche basque, etc.), des ensembles
en site inscrit. Une circulaire du 10 mai 2007 gorges (du Verdon, du Tarn et de la Jonte*l |
des ministres de l’Écologie et de la Culture l’Hérault, du Gardon, du Verger), des pi
sur l’évolution de la politique des sites ins­ sages naturels (lac de Grand-Lieu, monta)
crits adopte une procédure de radiation des Sainte-Victoire, cirque de Navacelles),
sites les plus dégradés, qu’il y ait diagnostic vallées (boucle de la Seine dite de Châi
connu et soustraction rapide au contrôle de Gaillard, vallée de l ’Yerres, Grand Mort
I’abf ou qu’il y ait nécessité de réaliser une des paysages de marais (marais salants*)
étude préalable. Dans les deux cas, la levée Guérande, Marais poitevin), des vignobjj
de l’inscription se fait en appliquant la règle (côte méridionale de Beaune, vignoble*
du parallélisme des formes. En secteur sauve­ Banyuls, vignoble de Château-Chalon),
gardé doté d’un plan de sauvegarde et de réseaux exceptionnels comme le canal
mise en valeur approuvé, l’effet du site ins­ Midi. Les opérations de gestion partenarii
crit est suspendu, comme dans les cas des de grands sites menacés par la fréquentai
ZPPAUP. touristique se développent, comme en té
Dans le cas des sites classés, leur protec­ gne la dévolution du label «Grand site
tion demeure vigilante et efficace. Compte France», conféré depuis 2003. ,fl
tenu des effets de la servitude de classement, S ’agissant du contrôle des travaux par lejji
elle vise néanmoins une certaine stabilité et des autorisations, le ministre chargé des rtî
des modifications de portée « mesurée ». doit donner son accord aux démolitions en Si
Au 31 décembre 2005, le territoire national classé, après avis de la commission dé]
comportait 2 639 sites classés pour une super­ mentale de la nature, des paysages et des sil
ficie de 826 241 hectares (1,5% du territoire Les autres autorisations de travaux en
de la métropole). Du point de vue historique, classé reviennent en général au ministre chi
on constate que les lois de 1906 et 1930 ont des sites, mais les cas énumérés pars
surtout préservé des sites « ponctuels » : articles R341-10 et R341-12 du Code de l’e:
monuments naturels, châteaux et parcs, ronnement définissent les autorisations
ensembles bâtis, places ou promenades relèvent de la compétence du préfet de dépi
publiques. Certes, on remarque quelques ment (ou d’un directeur de parc national), i
exceptions notoires, liées au statut foncier des Pli!
sites concernés. Furent, en effet, concernés :
dès 1911 le massif du Pelvoux (7 300 hectares), • Abords ; Classement ; Inscription ; Patrimoine ; Paysage J W
mis de dém olir; Secteur sauvegardé; Zone de protectiqnj
puis en 1928 le gave du Cauterets (15 000 hec­ patrimoine architectural ; urbain et paysager (zppaup ).
tares), en 1941 le cirque de Gavamie "’M
(15 000 hectares), en 1942 la Camargue
(15 000 hectares) et en 1951 le m assif du SITE (d'une ville)
Mont-Blanc (26 100 hectares). Il a cependant
fallu attendre le milieu des années 1970 pour La signification la plus générale de sitenë):
que se développe un changement d ’échelle fait un synonyme de lieu, d’endroit (avec pi
dans la taille des sites classés et qu’une prio­ fois une connotation esthétique ou tourisi '
rité systématique soit accordée aux paysages dans le langage courant).
emblématiques, quitte à recourir au décret en Le terme a cependant des acceptions pli
Conseil d’Etat. Cette politique, qui réduisait le précises dans différentes disciplines : u!
nombre des classements, a ainsi touché le lit­ — en archéologie, il désigne un lieu pn
toral méditerranéen (caps Corse, Bénat, Sicié, où les fouilles ont amené la découvi
Canaille, Ferrât, Antibes, massifs des d’industries ou de monuments ; ilil
Calanques et de l ’Estérel oriental, îles de — en biogéographie, il désigne une petite
Lérins, Porquerolles, presqu’île de Giens, aire forestière où régnent les mêmes condU
falaises de Bonifacio, comiche des Maures, fions climatiques et édaphiques ; i
7 25 SOCIÉTÉ CENTRALE POUR L'ÉQUIPEMENT DU TERRITOIRE

— en géographie urbaine, il désigne rapports sont consolidés en institutions et


l'emplacement de la fondation ou de l’extension même, le plus souvent, garantis par T exis­
d’une ville, choisi en fonction de ses caractères tence de sanctions, soit codifiées, soit dif­
topographiques adaptés aux besoins de l’époque fuses, qui font sentir à l’individu l’action et la
en matière de défense, de trafic commercial, de contrainte de la collectivité » (E. Durkheim).
ravitaillement en eau ou en nourriture, ou de Cette définition s ’applique, en fait, à la
commandement ; selon le cas, les sites les plus société moderne, caractérisée par des liens
fréquemment utilisés furent des éminences, des organiques et la division du travail qui
éperons de confluence, des îles, des terrasses contrastent avec les liens par similitude et la
alluviales... faible différenciation des collectivités tradi­
G. B. tionnelles. C’est pourquoi la pensée sociale
classique (F. Tônnies, Gemeinschaft und
Conditions naturelles ; Situation ; Ville. Gesellschaft, 1887, L eipzig; trad. franç.
1942) oppose la communauté, chargée de
traits traditionnels, à la société, identifiée à la
SITE PROPRE, SITE RÉSERVÉ -> Autobus; sécularisation et à la différenciation culturelle.
Chemin de fer ; Métro ; Moyen de transport ; Dans cette perspective, T. Parsons définit
Tramway encore la société comme un type particulier
de système social « ayant atteint le niveau le
plus élevé d’autonomie, en tant que système
SITUATION D'UNE VILLE en relation avec son environnement». Cette
conception voit dans les sociétés un ensemble
Position géographique d’une ville par rap­ de valeurs et de normes qui sont institutionna­
port à sa région. De façon plus précise, elle lisées, c ’est-à-dire mises en pratique concrète­
« se définit par rapport aux moyens et aux ment dans des rôles, des statuts et une
formes de relation assurant d’une part le jeu organisation sociale.
des forces stratégiques et de toutes forces de Historiquement, cette utilisation du terme
domination territoriales, d ’autre part des de société a servi à comprendre et à analy­
comm odités d ’échanges commerciaux » ser la modernisation du monde occidental
(George, Dictionnaire de la géographie, dont les cadres traditionnels étaient boule­
1970). versés par l ’industrialisation et l ’urbanisa­
Les situations les plus courantes sont ; tion.
— la confluence fluviale (Paris, Lyon, etc.), Aujourd’hui, la sociologie tend à rejeter la
ou plus rarement la diffluence (Moscou) ; représentation de la société « com m e un
— le contact entre deux régions naturelles ou corps social dont la tête commande les
économiques (Besançon, aux limites du Jura; membres et les fonctions» (A. Touraine).
Vienne, aux limites des Alpes et de la plaine) ; Elle élabore des concepts plus analytiques,
— les façades maritimes (ports), de préfé­ comme ceux de rapports sociaux ou de mou­
rence près des embouchures (estuaires, deltas) vements sociaux.
des fleuves, permettant des relations avec
D. L.
l’arrière-pays (Londres, Rotterdam, Anvers,
Marseille, etc.). -* Changement social; Intégration; Sociologie urbaine (histo-
rique).
G. B.
S ite;Ville.
SOCIÉTÉ CENTRALE IMMOBILIÈRE
DE LA CAISSE DES DÉPÔTS -> Caisse
des dépôts et consignations ( c d c )
SOCIABILITÉ —►Association

SOCIÉTÉ SOCIÉTÉ CENTRALE POUR L'ÉQUIPEMENT


DU TERRITOIRE —> Caisse des dépôts
Pour la sociologie classique, ce terme et consignations ( c d c ) ; Société d'économie
désigne un « ensemble d’individus dont les mixte
SOCIÉTÉ D'AMÉNAGEMENT FONCIER E T D'ÉTABLISSEMENT RURAL 7*8

SOCIÉTÉ D'AMÉNAGEMENT FONCIER dans le cadre de traités de concession de


ET D'ÉTABLISSEMENT RURAL (SAFER) l ’aménagement et de l’équipement de zones
d’habitation, industrielles, touristiques, et de
Créées par la loi d’orientation agricole du lotissements communaux (105); les sem de
5 août 1960, les Sociétés d’aménagement fon­ rénovation urbaine et de restauration immobi­
cier et d’établissement rural (safer) sont des lière (20). Toutes ont fait l’objet de réglement
sociétés anonymes de droit privé, sans but tâtions détaillées, codifiées dans le Code des
lucratif, placées sous la tutelle des ministères communes et dans le Code de l ’urbanisme.
de l’Agriculture et des Finances, Les opérations qu’elles ont conduites cour
Elles ont pour objet, notamment, par l’exer­ vraient (en 1970) environ 18 000 ha urbanisés
cice de leur droit de préemption, voire et ont permis la construction de plus de
d’expropriation pour cause d’utilité publique, 300 000 logements.
et par la rétrocession des terres acquises, de La loi du 7 juillet 1983 fait des sem des
favoriser la constitution d ’exploitations agri­ instruments au service des collectivités qui les
coles viables (restructuration des unités fon­ créent. Elle a entrepris l’unification d’un cadre
cières) et de faire obstacle à l’acquisition de juridique devenu extrêmement hétérogène
terres par des non-agriculteurs. Le champ depuis les premiers textes les concernant, qui
d ’application du droit de préemption des remontaient à 1926.
safer est précisé, pour chacune d’entre elles, Les interventions des sem avaient fait
par un decret qui indique ses zones d ’applica­ l’objet de critiques nombreuses, et les collec­
tion, sa durée et la superficie minimale à partir tivités locales jugeaient qu’elles avaient sou­
de laquelle elle peut intervenir. vent engagé leur responsabilité financière
Ce droit de préemption des safer s’exerce dans des opérations peu rigoureuses. La
dans les mêmes conditions que le droit de « crise » des sem, traditionnellement évoquée
préemption du fermier ou du métayer, mais il lors du congrès annuel de leur fédération, est
relève de la compétence du tribunal de grande largement imputable à la récession écono­
instance et non de celui des baux ruraux, en mique. Les petites communes avaient souvent
particulier pour la fixation du prix en cas de engagé inconsidérément leur garantie dans
désaccord. des projets trop ambitieux, lorsque s ’est achet
vée l ’ère des grandes opérations. ■>
V. R.
Les personnes associées au sein des SEiq
- » Action foncière; A griculture; Aménagement rural; Maîtrise locales sont des collectivités locales (collectif
foncière; Préemption. vités territoriales et établissements publics
territoriaux les regroupant) qui doivent déte­
nir, séparément ou à plusieurs, plus de lq
SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE MIXTE moitié du capital et aussi plus de la moitié
des voix dans les organes délibérants. La
Acteurs fondamentaux de l ’urbanisme et majorité de personnes publiques en leur sein
collaborateurs privilégiés des collectivités permet d’ailleurs de leur reconnaître la qua­
locales, les sociétés d’économie mixte (sem) lité d’«entreprises publiques locales». Les
présentent pour les communes l’avantage des inégalités de participation entre collectivités
sociétés anonymes de droit commercial. Elles locales ont, par ailleurs, été délimitées volon­
ne sont pas soum ises aux règles du droit tairement. En effet, les collectivités disposent
public souvent contraignantes ; elles per­ d’une majorité des voix au sein du conseil
mettent d’éviter une augmentation excessive d ’administration ou du conseil de sur­
du personnel communal ; elles assurent enfin veillance. Et toute collectivité associée a droit
une ouverture aux capitaux extérieurs, tant à au moins un représentant. Dans tous les
publics que privés. cas, ces représentants sont élus en leur sein
Mais ce dernier objectif n ’a pas été atteint. par chaque assemblée délibérante.
Au début des années 1970, le réseau des sem L’objet de Ya c tiv ité d e s sem , tel qu’il est
était dense. Parmi les nombreux types de sem, décrit par l ’article 1 de la loi du 7 juillet
trois catégories à vocation immobilière ont 1983, n ’est pas fondamentalement nouveau
joué un rôle important : les sem de construc­ par rapport aux textes antérieurs, en tout cas
tion (170) ; les sem d’aménagement, chargées il n’augmente pas leur domaine, au-delà des
727 SOCIÉTÉ DE CONSTRUCTION

«opérations d’aménagement», des «services en matière financière (mais sans effet contrai­
publics à caractère industriel ou commercial » gnant), soit à l’initiative de la chambre elle-
et de «toute autre activité d’intérêt général». même, par décision de son président.
La véritable limitation résulte, en fait, de la Le nouveau statut des sem locales, s ’il
double délimitation territoriale (les affaires atteint sans aucun doute l ’objectif de sou­
de « sa circonscription») et matérielle (les plesse, n’apporte à leur gestion ni simplifica­
interventions économiques et sociales ne por­ tion, ni unification, et la responsabilité des
tant pas atteinte au «principe de liberté du collectivités locales actionnaires en ressort
commerce et de l’industrie » : les collectivités renforcée.
locales ne peuvent prendre de participation Filiale de la Caisse des dépôts et consigna­
dans toute société, quelle que soit l’activité tions (cdc), la Société centrale d’équipement
qui lui est impartie). du territoire ( scet) a longtemps été, depuis
Il est manifeste que le législateur de 1983 a son origine dans les années 1950, le principal
souhaité éviter certains «dérapages» finan­ maître d’ouvrage pour les interventions de la
ciers qui avaient pu se produire antérieurement, cdc dans le domaine de l ’équipement et de
en mettant des conditions financières plus la mise en valeur (aménagement concerté et
rigoureuses à l’intervention des sem locales au zones industrielles, rénovation urbaine).
profit de non-actionnaires. Par ailleurs, il a La scet, ainsi d’ailleurs que la Société auxi­
aussi procédé à l’allégement des contrôles de liaire de la rénovation et de l’équipement fon­
l’État, qui constituaient autrefois la contrepar­ cier (saref), filiale de la Banque de Paris et
tie de l’octroi par celui-ci de subventions aux des Pays-Bas, ont créé deux réseaux de sem,
communes rencontrant des difficultés finan­ sous le contrôle des élus locaux, mais en dis­
cières, du fait de garanties imprudemment posant du pouvoir financier, des moyens tech­
accordées aux emprunts émis par une sem niques, et du «pouvoir d ’expert». La scet
(art. L 235 du Code des communes). avait pris en charge la gestion du personnel de
Le contrôle interne est désormais assuré toutes ses filiales dans ses bureaux parisiens,
par un délégué spécial, désigné en son sein et assuré ainsi des garanties de carrière ainsi
par l’assemblée délibérante des collectivités qu’une mobilité du personnel. Le rôle de la
locales non actionnaires (ou non directement scet, considérable jusqu’aux lois de décentra­
représentées au conseil d’administration ou lisation, doit, en particulier, être apprécié par
de surveillance de la sem) ayant accordé leur référence à l ’intervention, dans les finances
garantie aux emprunts qu’elle a contractés. locales, du « groupe de la Caisse des dépôts et
Quant aux commissaires du gouvernement et consignations », à laquelle elle appartenait.
aux commissaires aux comptes, antérieure­ La commune fait également fréquemment
ment désignés par l ’État, ils sont désormais appel à une société d’économie mixte locale
choisis dans les conditions du droit commun. pour réaliser une opération de lotissement, sur
Le contrôle externe est assuré par les collec­ la base d’un contrat de concession ou d’une
tivités locales actionnaires ou ayant accordé convention de mandat qui est une variante de
leurs garanties, par le préfet commissaire de la la réalisation en régie.
République du département où la société a son Il existe, en 2007, 1 090 sem, dont le quart
siège. Ce dernier reçoit communication des a vocation d’aménageur.
comptes annuels et des rapports du commis­
Y. P.
saire aux comptes, des contrats passés par
les sem, à l ’exception des services passés avec -* Aménagement régional; Caisse des dépôts et
des personnes publiques autres que les collec­ consignations (cdc ) ; Maître de l'ouvrage; Urbanisme opéra­
tionnel.
tivités locales. Enfin, toutes les délibérations
des organes des sem locales doivent lui être
aussi communiquées sous quinzaine. SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION -* Besoins
La chambre régionale des comptes peut, le
cas échéant, exercer des contrôles financiers à
l’égard des sem locales comme des collectivités SOCIÉTÉ DE CONSTRUCTION
locales elles-mêmes, soit à l’initiative du préfet,
selon un mécanisme qui s’apparente au contrôle Société ayant pour objet la construction
a posteriori organisé par la loi du 2 mars 1982 d ’immeubles d’habitation ou d’immeubles à
SOCIÉTÉ D'HLM m

usage d’habitation et professionnel, ou de mai­ gnations, société anonyme créée en 1954,


sons individuelles groupées. On distingue : rebaptisée icade, a bénéficié jusqu’en 1977
— les sociétés civiles de construction-vente, d’un financement privilégié et a construit,
constituées en vue de la vente d’immeubles, depuis sà création jusqu’en 2005, plus 4?
régies par les articles 1832 et suivants du Code 600 0 0 0 logem ents, ce qui en fait le plu?
civil, qui ne peuvent attribuer les immeubles important constructeur français, jj
qu’elles construisent aux associés en contrepar­ P.M.
tie de leurs apports : les associés sont donc des , ,!)
_+ Accession à la propriété ; Location ; Promoteur-Constructeur^.
promoteurs et des investisseurs qui sont respon­
sables sur tous leurs biens du passif social, à
proportion de leurs droits sociaux ;
— les sociétés civiles en vue de l’attribution SOCIÉTÉ D'HLM
d’immeubles aux associés par fractions divises -♦ Habitation à loyer modéré (h lm )

qui assurent la gestion et l’entretien des


immeubles jusqu’à la division en parties com­
munes et en parties privatives et à l’attribution SOCIÉTÉ FRANÇAISE DES URBANISTES
de celles-ci: elles se dissolvent à la double (SFU) — Urbaniste
majorité des deux tiers des associés et des
deux tiers des voix, après décision définitive
sur les comptes de l’opération de construction ; SOCIÉTÉ POSTINDUSTRIELLE
— les sociétés coopératives de construction
qui ont pour objet la construction d’immeubles Cette expression, em ployée d ’abord par
en vue de leur division par lots, ou d’ensembles D. B ell et A. Touraine à la fin des année?
de maisons individuelles groupées, par attribu­ 1960, souffre d’avoir été interprétée de deipt
tion et vente aux associés ainsi que la gestion et manières opposées. Pour les uns, elle inçjtr
l’entretien des constructions jusqu’à cette attri­ quait la crise ou la fin de la société et de la
bution. culture industrielle, thème repris et accentué
Il existe d’autres types de sociétés civiles par les tenants du «postm odernism e». Û
immobilières : s’agirait alors d ’une société remplaçant ty
— les sociétés civiles immobilières de ges­ croissance par l ’équilibre, ou l’acquisition paf
tion assurent l’administration d’immeubles l’autonomie, comme objectifs centraux. Pouf
qu’elles reçoivent par apport ou qu’elles d’autres, plus fidèles aux premiers emplois de
achètent et répartissent les revenus correspon­ la notion, il s’agissait de définir une société
dants entre les associés ; hyperindustrielle dans laquelle un secteur teif
— les sociétés civiles de placement immo­ tiaire moderne, de services technologique­
bilier administrent de même des immeubles, ment com plexes aux entreprises et aux
mais peuvent faire appel à l’épargne ; personnes, remplacerait progressivement un
— les sociétés immobilières pour le secteur secondaire, défini par la transforma­
commerce et l’industrie (sicomi) construisent tion de matériaux. - .q
pour des entreprises selon la méthode du Le premier sens a été trop directement lié à la
crédit-bail immobilier (construction pour le crise culturelle et sociale des années 1970 pour
compte des entreprises qui deviendront loca­ avoir une valeur explicative durable ; le second
taires des locaux). a eu une destinée inverse : les transformations
Les sociétés civiles immobilières doivent technologiques et économiques qui s'accé­
être immatriculées au registre du commerce, lèrent ont été désignées de noms de moins en
mais n ’ont pas d’activité commerciale (par moins ambitieux : après la société postindusr
exem ple, achat d ’immeubles pour les trielle, la nouvelle révolution industrielle ef
revendre, locations de meublés, etc.). Les après celle-ci, les nouvelles technologies. Les
associés sont responsables des pertes en pro­ observateurs américains, en particulier, ont
portion de leur part dans le capital social. constamment insisté sur la continuité des transr
Les sociétés de construction sont d’impor­ formations technologiques, de l’automatisation
tance très variable, souvent très petites mais des années 1950 à Tinformatisation actuelle, et
parfois importantes. Ainsi, la Société centrale aussi sur la multiplicité des nouvelles technolo­
immobilière de la Caisse des dépôts et consi­ gies, de l’informatique à la bio-technologie, à
729
SOCIOLOGIE URBAINE (HISTORIQUE)

la création de nouveaux matériaux ou à l’utili­ de celles qui peuvent le mieux guider leur ana­
sation du froid, qui ne constituent nullement un lyse d’elles-mêmes.
ensemble homogène et isolable.
L’épuisement des deux sens donnés au A. T.
coure des années 1970 au thème de la société -* Postmoderne; Posturbain; Télécom m unications; Télém a­
postindustrielle oblige à redonner à celui-ci un tique.

sens plus général et à insister sur « société »


plus que sur « postindustrielle ». On ne peut
parler de nouvelle société ou de nouveau type SOCIOLOGIE URBAINE (HISTORIQUE)
sociétal que si on définit un nouveau niveau
ou mode d’action de la société sur elle-même Sociologie à part entière, concernant les
(de même que pour le passage d’une société sociétés de façon globale, en tant qu’elles sont
marchande à une société industrielle) et de communes à l ’urbanisation, elle ne peut être
nouveaux modes de pouvoir et de conflit. Ce réduite à une simple application de la sociolo­
qui marque le mieux le passage à une société gie à l’espace urbain. Elle réfléchit la double
postindustrielle, qu’on peut nommer, de diversité des approches théoriques, en général
manière plus positive, société programmée, exclusives les unes des autres, et des types
c ’est l’importance centrale prise par les tech­ d’urbanisation auxquels ces approches se réfè­
nologies de production et de diffusion de rent par prédilection. Ces types offrant une
biens sym boliques: informations, langage, grande diversité dans l’espace et se renouvelant
images, connaissances, représentations. Si la constamment dans le temps, on ne peut donner
société industrielle a transformé les moyens une idée du corpus de la sociologie urbaine
de production, la société postindustrielle ou qu’en évoquant son histoire.
programmée en transforme les fins, c ’est-à- Elle est née à l ’articulation des x ix e et
dire la culture, si on définit celle-ci comme x x e siècles, de courants qui sont longtemps
l’ensemble des modes de relation à la nature. demeurés séparés, en Allemagne, avec Marx,
Les nouvelles techniques industrielles ou de Sombart, Simmel, Max Weber ; en France, avec
gestion n’appartiennent donc pas, quelle que Maurice Halbwachs, disciple de Durkheim ;
soit leur modernité, à la société postindus­ aux Etats-Unis, avec Park, Buigess, Wirth et les
trielle. En revanche, le développement des autres auteurs de l ’école de Chicago.
nouveaux médias, de la médecine et de toutes Après la seconde guerre mondiale, l’inter­
les formes de recherche scientifique appar­ vention des planificateurs-aménageurs, en
tiennent d’emblée à la société postindustrielle. Europe comme en Amérique, ouvrit à la socio­
Les champs de pouvoir et de conflit se logie urbaine une nouvelle vocation, l ’orien­
déplacent -vers la culture, qu’il s ’agisse des tation volontaire de l ’urbanisation. Un
mass media ou de la médecine et, en particu­ néomarxisme apparut à la fin des années
lier, des travaux qui affectent le plus directe­ 1960, qui s’opposait à l ’approche technocra­
ment la naissance, la reproduction et la mort. tique comme aux autres approches. À la fin
Ainsi renaît une notion qui a d ’abord été des années 1970, le ralentissement de l ’urbani­
définie plus par le point de départ d’une évo­ sation et l ’approfondissement de la crise éco­
lution que par son point d ’arrivée. Une géné­ nomique conduisirent les sociologues français
ration après l’apparition de la notion, celle-ci à s ’intéresser moins au développement volon­
peut renaître et prendre plus d’ampleur parce taire qu’à l’analyse des diversités locales.
que les transformations annoncées ont déjà Tous les sociologues de la ville ont cherché
profondément m odifié notre expérience à définir la spécificité du fait urbain et à en
vécue. L’utilité de la notion de société postin­ donner des illustrations concrètes exem ­
dustrielle semble plus grande encore au plaires. En France, M. Halbwachs fondait la
moment où les pays industrialisés se sentent à sociologie fonctionnaliste des villes et la sous­
nouveau engagés dans une période de crois­ trayait à l’emprise de l ’économie et de l ’his­
sance, de transformations économiques et toire. Il montrait que la spéculation foncière et
techniques et de forte concurrence internatio­ immobilière, qui accompagne les expropria­
nale. Au moment où notre société redécouvre tions liées au remodelage et à l’extension des
qu’elle a un avenir et pas seulement un pré­ rues de Paris entre 1860 et 1914, présentait
sent, la notion de société postindustrielle est des caractères spécifiques (1909, 1928).
SOCIOLOGIE URBAINE (HISTORIQUE) m

L’économ ie libérale classique ne saurait afflux considérable de groupes ethniques hétér


rendre compte de la spéculation, puisque rogènes, particulièrement peu préparés à la vie
l’abondance des expropriations fait monter les dans les grandes villes (ruraux du Middle West
prix au lieu de les faire baisser, et bouleverse et surtout paysans d’Europe centrale et orien­
ainsi la loi de l’offre et de la demande. L’his­ tale). De ce fait, les différentes zones urbaines
toire n’en peut davantage rendre compte, débordent les unes sur les autres à partir du
puisque les « administrateurs-constructeurs » centre (cf. Burgess).
croient agir de leur propre initiative, alors Celles qui sont abandonnées par leurs pre­
qu’ils sont soumis, en réalité, à la pression des miers occupants sont ensuite submergées par
« besoins collectifs » de la population. La spé­ la diversité des communautés ethniques qui,
culation et l’expropriation définissent donc, sous l’effet de cette vaste translation désorga-
par excellence, le phénomène urbain, nisatrice, improvisent des modes de vie plus
puisqu’elles donnent à lire le jeu, concentré et ou moins déviants. Park et Burgess nomment
accéléré, de la pression des besoins collectifs, « aires naturelles » ces mixtes d’espace urbain
c ’est-à-dire de la fonction qui crée ses et de communautés, avec le surgissement de
organes. Ainsi, l ’accroissement de la popula­ leurs subcultures spécifiques. Les travaux qui
tion parisienne et l ’élévation du niveau des ont fait la renommée de l ’école de Chicago
richesses poussent à la mobilité démogra­ portent essentiellement sur les aires de taudis
phique qui suscite les expropriations ; celles- et de ghettos. S ’ils mettent au premier plan: la
ci conditionnent la percée et le tracé des rues désintégration, la ségrégation et la margina­
nouvelles et entraînent la hausse du prix des lité, ils s’inscrivent cependant dans une pers­
terrains, anticipée par des spéculateurs pective évolutionniste, et ne cherchent à
prompts à accaparer par avance une partie des élucider les voies de la désorganisation que
gains supplémentaires permis par les aména­ pour rendre plus efficaces les m oyens de
gements et améliorations en cours. l’assimilation et de la socialisation.
Pour mettre en relief le pouvoir déterminant Le cas de Chicago est très vite apparu
des besoins collectifs, Halbwachs opposait comme exceptionnel aux sociologues améri­
deux personnages : le spéculateur, en prise cains. Dans la fonction exemplaire et géné­
directe sur les besoins collectifs qui rale de laboratoire social, R. S. et H. L. Lyrid
s ’expriment spontanément dans la spécula­ ( Middletown, a Study in modem Américain
tion, le monarque ou l’administrateur, entière­ culture, N ew York, 1929, premier ouvrage
ment dupe du pouvoir qu’il croit avoir de de so cio lo g ie à succès) lui substituèrent
provoquer ou d’empêcher le développement une petite ville du centre (« M iddletow n»
des processus urbains. C’est ainsi qu’en deux est le pseudonym e de M uncie, dans l ’Irt-
siècles d’interdictions, constamment renouve­ diana). W. L. Warner (de 1941 à 1959) pour­
lées depuis 1550, les monarques n ’ont jamais suivit la même orientation en dirigeant une
pu empêcher Paris d ’éclater au-delà des longue enquête sur Newburyport, dans lé
murailles où ils voulaient contenir la ville. M assachusetts (Yankee City). C es auteurs
Inversement, l’aménagement urbain interne considèrent que la question de l ’intégration,
n ’a pas davantage obéi aux tracés prévus par si importante et spectaculaire soit-elle histori­
les divers planificateurs, de Louis XIV à la quement, ne livre pas le phénomène urbain
Révolution. Le caractère essentiel des phéno­ essentiel, qui est celui du changement social
mènes sociaux, pour Halbwachs, est la « spon­ sous l’effet de l’industrialisation dans les col­
tanéité » et le « naturel », par opposition à lectivités urbaines. Ils se placent au moment
l’arbitraire et à l’artifice des décisions indivi­ où l ’intégration ethnique est réalisée et
duelles qui prétendent les orienter. cherchent à élucider les mécanismes de la
Pour les initiateurs de l ’école de Chicago stratification sociale et du changement. >
(cf. Grafmeyer et Joseph, L 'École de Chicago, L’étude des petites collectivités urbaines
Paris, 1979), le cas de Chicago apparaît (community studies) a laissé à son tour la place
comme révélateur des traits les plus généraux à d’autres perspectives et à d’autres objets : la
de la ville moderne. Ce «laboratoire» gran­ ta rific a tio n des centres, le développement
deur nature est caractérisé par un gigantisme de nouvelles banlieues (suburbs), etc.
historiquement inédit, dû à la fois à une L’essai sur la ville de Max Weber (Die
cadence de croissance exceptionnelle et à un Stadt, 1921) n ’a pas cessé d ’exercer son
731 SOCIOLOGIE URBAINE (HISTORIQUE)

influence sur les sociologues et les historiens. face à la très rapide croissance urbaine que
La réflexion de Weber s’applique au matériau connaissait soudainement la France. Nonobs­
urbain de l’histoire universelle, des origines tant leurs carences, analysées avec attention,
au xvm e siècle, et s ’attache à définir divers ces grands ensembles lui apparaissent comme
types de villes comme des combinaisons ori­ les « laboratoires sociaux » (référence polé­
ginales de traits interdépendants: écono­ mique à l’école de Chicago) où est menée
miques, politiques, administratifs, culturels, l’expérience, historiquement nouvelle, de la
sociaux, militaires, etc. Chacun de ces types cohabitation de classes sociales différentes
présente la réalisation la plus complète d’une dans le même espace résidentiel. Chombart
combinatoire et constitue pour Weber un de Lauwe espérait que ses recherches, consa­
« type idéal ». Ainsi le type idéal de la ville de crées aux formes nouvelles de la ségrégation
l’Occident médiéval se définit par l’interdé­ et de la déségrégation, aideraient les pouvoirs
pendance de certains traits comme l’autono­ publics à saisir la chance historique qui
mie d’une organisation communale fondée sur s ’offrait, d’orienter le développement urbain
le lien associatif et indépendante du système vers davantage d’harmonie.
féodal, l ’existence d ’une économ ie dotée En France, Chombart de Lauwe n ’a pas
d’une finalité interne, la présence de certaines été seul à voir dans la crise et l’explosion
catégories sociales, en particulier une « bour­ urbaine un phénomène de civilisation majeur,
geoisie » privilégiée ou patriciat, dont la per­ porteur de grands espoirs. Au tournant de la
pétuation ne doit rien au systèm e lignager décennie 1960-1970, Henri Lefebvre, philo­
rural, etc. Tous les traits du type idéal sont loin sophe issu du marxisme, prophétise la révo­
d’être présents dans tous les exemples histo­ lution urbaine, c ’est-à-dire l ’avènement de la
riques connus. Les types proposés par Weber révolution sociale comme conséquence des
permettent précisément d ’ordonner tous les nouvelles formes du développement urbain.
exemples historiques dans leur écart et leur Parallèlement, une évolution importante
distance par rapport à une référence idéal pour la recherche en sciences sociales se
typique qui n ’est pas une norme mais un ins­ manifesta en France à partir des années 1960 :
trument de compréhension. F intervention des planificateurs-aménageurs
La ville m édiévale occidentale, si diffé­ dans la commandite de recherche. Cette
rentes que soient ses variantes, est visiblement intervention a eu pour effet d’accroître consi­
posée par Weber comme la référence la plus dérablement les moyens financiers mis à la
intéressante : ni les villes antiques ; ni les disposition des chercheurs, mais aussi de
villes asiatiques qu’il analyse ne présentent peser sur les orientations de la recherche
cette autonomie originale qui a été, non pas urbaine, qui connut un développement spec­
certes « le seul élément décisif », mais, à tout taculaire au cours de la période 1960-1975.
le moins, un facteur essentiel de la naissance En effet, loin de se borner à une neutralité
du capitalisme et de l’État modernes où Weber d’utilisateurs, les planificateurs-aménageurs
aperçoit la « rationalité » spécifique de l’Occi­ imposèrent alors à la recherche urbaine, et en
dent. particulier à la sociologie urbaine, une
conception de la société qui tire principale­
En France, au lendemain de la seconde ment ses ressources de la nouvelle économie
guerre mondiale, P. H. Chombart de Lauwe a de la croissance planifiée, issue des travaux
été le continuateur d ’Halbwachs dans le des initiateurs keynésiens de la comptabilité
domaine de la sociologie urbaine, au carre­ nationale. Il arriva que les planificateurs parti­
four des traditions précédentes. Il a dirigé et cipent directement aux travaux de recherche
suscité, au sein du Centre d’ethnologie sociale en sciences sociales. Sous des formes
et de psychosociologie, un nombre considé­ diverses, plus ou moins contestataires,
rable d’études et d ’enquêtes sur le mode de l’ensemble de très nombreux travaux de cette
vie urbain, qui ont dominé la période 1950- période se résument dans une reformulation
1965. Particulièrement soucieux d ’élucider explicite de la problématique planificatrice de
les mécanismes de la ségrégation sociale, il a la croissance volontaire et de ses bienfaits
consacré de nombreux travaux aux grands (cf. en particulier Chamboredon et Lemaire
ensembles d’habitation, construits à la hâte au qui, dès 1970, analysent et critiquent l’utopie
cours des années 1950, dans le but de faire technocratique de la fusion harmonieuse des
SOI m

classes sociales dans les nouveaux grands spontanée de l’extension urbaine et va-t-il pro­
ensembles). gressivement résorber inégalités et déséquj*
Ces reformulations ont pu prendre un tour libres? Ou bien n ’est-il qu’un leurre, eLf*
plus radical à la faveur historique de la révolte fonction est-elle celle d’un «brouillage» idéo­
de mai 1968, en cherchant leurs garanties logique, destiné à déjouer les révoltes urbaines?
théoriques auprès de deux philosophes : Ou encore vise-t-il délibérément à « exacerber#
Michel Foucault, dont les analyses mettent en les conflits de classes, en prolétarisant cadre»
relief les formes innombrables de l ’interven­ supérieurs et commerçants? Ou enfin, est-il de
tion asservissante de l ’État dans la vie des nature équivoque et indécidable 1 . ';Çj
individus; et Louis Althusser, dont la « le c ­ Les événements ont tranché entre les prévir
ture» de Marx,;au sortir de la glaciation dog­ sions, obligeant les sociologues marxistes!»
matique de la période stalinienne, rendait évoluer selon des trajectoires intellectuelles
confiance aux sociologues qui cherchaient à qui, sauf exception, les ont conduits vers dtp
renouveler l ’analyse marxiste pour l ’appli­ problématiques non marxistes. Ils espéraient
quer à leur époque, en couplant les principes en la conjonction du mouvement ouvrit*!
du matérialisme historique à l’appareillage et des mouvements urbains dans l’issue d’unp
des enquêtes empiriques (cf. E. Lebas, 1982; révolution dont mai 1968 n ’était « q u ’ilfl
F. Godard, 1980). début». Dès 1976-1977, ils constataient que
La tendance néomarxiste, dont les travaux la « proximité spatiale » n ’empêchait pas Ip
dominent de leur masse la période 1968- « distance sociale » de se perpétuer, et surtou},
1977, est constituée de courants distincts. que les acteurs des nouvelles luttes (urbaine»;
Manuel Castells a, le premier en France, théo­ régionalistes, écologiques, environnementâ-
risé l’adaptation du matérialisme historique à listes, fém inistes, etc.) appartenaient au#
l’analyse des problèmes urbains {La question couches moyennes salariées dont eux-mêmqs
urbaine, Paris, 1972). Il part de l’idée que la faisaient partie. >3
baisse générale du taux de profit affecte parti­ Cet échec des prévisions conçues à partir dé
culièrement l ’économ ie urbaine des infra­ 1968, lié à d’autres événements de la conjonc­
structures nécessaires. D ’où une crise urbaine, ture internationale, a conduit les sociologues
sensible à tous les niveaux. Cette crise a pour marxistes à retrouver des domaines d’investi­
effet de détériorer la reproduction de la force gation et des problématiques que d ’autrag
de travail, donc la consommation des biens sociologues n’avaient pas quittés. De partet
économiques et des équipements collectifs. d ’autre de 1980, se sont développées des
Pour endiguer la crise, l’Etat tente d’aména­ recherches sur l ’«objet local», c ’est-à-dire
ger et de planifier l ’utilisation de l ’espace sur de petits territoires (villages, quartiers
urbain, régional, national, sans oublier qu’il urbains) à propos desquels les observateurs,
doit diriger aussi des capitaux publics vers les issus de disciplines différentes, et loin des pré­
secteurs déficitaires de l ’économie produc­ occupations des planificateurs absorbés par la
tive. crise économique, tentent de saisir l’effet spé­
Le problème posé par les sociologues mar­ cifique de la localisation des phénomènes
xistes est alors de savoir si l’Etat, asservi au sociaux.
grand capitalisme dans cette phase du « capi­ M. À.
talisme monopoliste d ’État », parviendra à ’M
endiguer la crise urbaine, freiner la spécula­ _* Anthropologie sociale et culturelle; Classe sociale; Écologie
urbaine ; Ethnologie urbaine ; Quartier ; Ségrégation ; Socié$<ji.
tion foncière et immobilière, aménager conve­
nablement l ’habitat et les transports, et ■ -: ï

finalement à désamorcer les mouvements


sociaux urbains dont les explosions, depuis SOI Climax; Pollution des sols
1968, ne semblent pas cesser.
Les sociologues marxistes se répartissent
selon leur façon d’aborder et de répondre à SOLAIRE (ÉNERGIE) ->• Énergie
cette problématique. L’État est-il complètement et environnement
asservi au grand capitalisme? L’aménagement
planifié de l ’espace est-il seulement affecté
d’un retard circonstanciel sur la dynamique SONDAGE -> Échantillon ; Enquête
733
SOUS-TRAITANCE

SOUK —> Marché ; Médina ; Place marchande immeubles classés ou inscrits, sous la forme
d’une conduite d ’opération totale ou partielle,
par les services déconcentrés du ministère,
SOUS-DIRECTION DES MONUMENTS sur décision du préfet de région (ou par un
HISTORIQUES ET DES ESPACES PROTÉGÉS service à compétence nationale, sur décision
du ministre). L’assistance est définie par un
Le service des monuments historiques a contrat écrit.
pour origine en 1830 un rapport de Guizot au La détermination (en accord avec les affec­
roi Louis-Philippe et la nomination d’un ins­ tataires) et la maîtrise d ’œuvre des travaux de
pecteur général des monuments historiques réparation des immeubles classés appartenant
Ludovic Vitet, remplacé par Prosper Mérimée à l’État sont assurées, sauf cas particuliers, par
de 1834 à 1860. La Commission des monu­ I ’ a b f territorialement compétent. La maîtrise
ments historiques a été créée en 1837 avec des d’œuvre des travaux de réparation n’apparte­
architectes qui lui sont attachés. Ce service nant pas à l ’État est confiée à un architecte
embryonnaire prend consistance après la qualifié, mais I ’ a b f peut assurer cette maîtrise
loi du 30 mars 1887 et la législation de 1905- d’œuvre en cas de péril pour le monument, de
1907 relative aux cultes (décret du 12 avril danger imminent pour les personnes ou de
1907) et s ’affirme définitivem ent avec la carence de l’offre publique ou privée.
loi de 1913. Dans la seconde moitié du Pour les travaux de restauration, la maî­
xx e siècle, la création de services régionaux trise d’œuvre est confiée à l’architecte en chef
déconcentrés, la mise en place de services des monuments historiques territorialement
d’archéologie modifient la physionomie du compétent pour les immeubles dépendant
service qui se concentre sur ses missions de l ’État. Pour les autres immeubles, elle est
propres (et absorbe les palais nationaux et cer­ confiée soit à un architecte du corps des archi­
tains bâtiments civils). La réforme de 2005- tectes en ch ef des monuments historiques,
2009 réorganise le contrôle scientifique et soit à un architecte qualifié ou à l’architecte
technique, l ’assistance à maîtrise d’ouvrage et en ch ef territorialement compétent lorsque
à la maîtrise d’œuvre. L’arrêté du 17 novembre aucun maître d’œuvre n ’a pu être retenu par
2009 a remplacé ce service par une sous- le maître d’ouvrage.
direction des monuments historiques et des Pour les travaux de modification, la part
espaces protégés. accessoire des travaux de restauration est
Le décret du 22 juin 2009 définit le contrôle incluse dans la mission de l ’architecte spécia­
scientifique et technique comme destiné « à lisé chargé de ceux-ci, mais si les travaux
vérifier périodiquement l’état des monuments neufs sont prépondérants, ils sont confiés à un
et les conditions de leur conservation » et « à maître d’œuvre choisi par le maître d’ouvrage.
vérifier et garantir que les interventions
sur les biens classés ou inscrits (...) sont com­ Ph. P.
patibles avec le statut de monument historique ' A b o rd s ; Architecte des bâtiments de France; Architecte en
reconnu à ces biens en application de ce code chef des m onuments historiques; Classement ; Monum ent
historique ; Restauration.
(...) et ne compromettent pas leur bonne
conservation en vue de leur transmission aux
générations futures». Les compétences des SOUS-EMPLOI -> Emploi
services s ’étendent aux conditions scienti­
fiques et techniques selon lesquelles les inter­
ventions sur les monuments sont étudiées, SOUS-SOL - » Mines et carrières ; Urbanisme
conduites et documentées et que le contrôle souterrain
des travaux s’exerce dès le début des études
documentaires et techniques préparatoires et
tout au long des travaux autorisés jusqu’à leur SOUS-TRAITANCE
achèvement.
Un autre décret du même jour, relatif à Exécution, par une entreprise, d’une partie
l’assistance à maîtrise d ’ouvrage des services de la production de biens ou de services pour
de l ’État chargés des monuments historiques, le compte d ’une autre entreprise, conformé­
précise que celle-ci est exercée, pour les ment à des plans, des normes ou des objectifs
SPÉCULATION m

imposés par celle-ci. On peut sous-traiter la son terrain soit convenablement traité par le
fabrication de pièces, ou une étape de la fabri­ plan d’urbanisme.
cation, ou un service spécialisé. La durée de détention joue à l’évidence un
Le plus souvent, ce sont de grandes entre­ rôle important dans l’attitude spéculative. Le
prises qui font appel à la sous-traitance auprès spéculateur achète pour revendre dans un délai
d’entreprises plus petites, voire d’artisans. Des relativement bref. En France, par exemple, la
entreprises spécialisées dans la sous-traitance fiscalité tient compte de cet aspect en taxant
se sont créées dans l’industrie, mais aussi dans plus sévèrement les plus-values « à coutft
le secteur des services (dits aux entreprises). terme» (terrain revendu moins de deux ans
La sous-traitance est un moyen pour l’entre­ après son acquisition) que les plus-values jà
prise de se décharger de fabrications ou de ser­ moyen terme (plus de deux ans de détention),!
vices délicats et coûteux, ou irréguliers, et de v .k .
les obtenir à moindre frais. Elle contribue, dans ■ ■!((.
une région, à dynamiser l’activité économique. _» Cycle de l'im m obilier; Imposition des plus-values im m o lé
Hères ; Marché foncier ; Prix foncier ; Rente foncière ; Sociolo­
P. M. gie urbaine.

- » Entreprise; Industrie.
SQUARE —> Espace vert ; Jardin public

SPÉCULATION ■-J.
SQUATTER
Opération qui consiste à profiter des fluc­
tuations du marché pour faire un bénéfice. Occupant sans titre d’un bien foncier pu
En théorie libérale, la fonction du spéculateur immobilier. 4
est bénéfique puisqu’elle assure la communi­ L’origine du terme (to squat: s ’accroupir,
cation des marchés dans le temps et dans se blottir) se situe en Australie, dans la pre­
l’espace, dans le cadre d’une activité parfai­ mière moitié du xixe siècle, à propos d’occu­
tement légitime. Dans cette optique, spéculer pation de terres inexploitées par des éleveurs
est donc simplement le fait de se comporter de moutons.
en homo economicus. Dans les pays développés, il s’agit le plus
Par contraste, « la spéculation» fait l’objet souvent d ’un logement ou d ’un immeuble
de fréquentes condamnations d’ordre moral. entier (appelé squat). Il peut aussi s’agir de
Par rapprochement avec la notion d’enrichis­ bureaux, de locaux commerciaux ou indus­
sement sans cause, on oppose ainsi l’argent triels, etc. Dans les pays en développement,
gagné par le travail aux gains spéculatifs on applique le terme pour l’occupation illé­
résultant du flair, de l ’adresse, parfois de pro­ gale d’un terrain pour y construire un loge­
cédés douteux, de la part du spéculateur. ment en général sommaire : telle est l’origine
On conçoit que le marché foncier soit des bidonvilles. Il s ’agit parfois d’une véri­
devenir, par ses caractéristiques propres (opa­ table forme alternative de logement. ;j
cité du marché, variations de prix indépen­ La pratique du « squattage » n’est pas nou­
dantes de la nature physique du bien), un velle. Elle a à la fois un aspect utilitaire - æ
terrain d’élection pour le «spéculateur», procurer un logement lorsque c’est impossible,
notamment en ce qui concerne les terrains qui pour des raisons financières ou autres, par les
passent du statut de terre agricole à celui de voies légales - et un aspect sociopolitique
terrain à bâtir. Pour des raisons économiques - dénoncer les conditions du logement, la spé­
complexes, le prix du sol est directement lié culation foncière et immobilière, revendiquer
au caractère « in te n sif» de son utilisation le droit au logement, attirer l ’attention (des
(agriculture, maraîchage, usage industriel, pouvoirs publics, de l’opinion, des médias) sur
urbanisation, «tertiaire supérieur»). Ce chan­ des situations de mal-logement, vivre en com­
gement de statut, issu de la réglementation du munauté, fonder un foyer de création et de
droit des sols, induit toujours un accroisse­ manifestations artistiques (squat d ’artistes).
ment de valeur considérable, créant un enjeu Dans certains cas, les squatters n ’hésitent pas à
pour le spéculateur qui aura la chance, effectuer des aménagements des locaux (instal­
l’adresse, ou l’influence suffisante pour que lations sanitaires, création de locaux collectifs,
735 STADE E T TERRAIN DE SPORT

etc.). Liée à une occupation illicite, leur situa­ par quatre piquets et le Stade de France à
tion reste cependant par définition précaire. Saint-Denis (inauguré en 1998 avant la Coupe
Les conditions favorables à une action de du monde de football), qui peut accueillir
squatters sont : 80 0 0 0 spectateurs (et même 1 0 2 0 0 0 pour
— une situation tendue du marché du loge­ des concerts) et qui a coûté 2 milliards de
ment locatif ; F ttc, il y a toute une gamme de situations
— la présence ostensible, parfois de façon intermédiaires sm s frontières précises.
durable, de logements vides, notamment Un type se dégage cependant, celui du
d’immeubles entiers promis à la démolition ou stade omnisports, centré sur un terrain permet­
à une reconversion ; tant la pratique du football et du rugby (super­
— un quartier en évolution dont la popula­ position des tracés, environ 120 m sur 70 m),
tion d’origine se voit évincée par une opéra­ inscrit dans une piste d’athlétisme de 400 m,
tion d’urbanisme (rénovation, réhabilitation). bordée de tribunes. On y trouve souvent
Une opération de squattage peut avoir plu­ annexés un petit terrain d ’entraînement, un
sieurs issues : plateau d’éducation physique, des terrains de
— exceptionnellement (cela s ’est produit basket-ball et de tennis. Un stade omnisports
en particulier à Amsterdam) la pérennisation ainsi conçu occupe généralement un terrain de
par location régulière offerte aux squatters ; 4 à 8 ha. Il s ’agit presque toujours d’équipe­
— parfois, découragement des squatters ments appartenant à la commune qui assure
devant les actions entreprises par le proprié­ les coûts d’entretien, tandis que l’investisse­
taire (intimidations, dégradations volontaires ; ment est subventionné par les départements et
coupure d’eau, d’électricité et de gaz, etc.) ; les régions. Cependant, seules 2 400 com­
— relogement par les pouvoirs publics, des munes environ ( 6 %) possèdent une piste
ménages squatters ou d’une partie d’entre d’athlétisme homologuée.
eux, dans des logements définitifs ou des On notera que, généralement, les terrains
solutions d’hébergement temporaires, notam­ qui servent aux compétitions ne sont pas
ment pour les opérations défendues, voire ouverts, le reste du temps, à la pratique spor­
menées à l’initiative d’associations œuvrant tive et encore moins à la population scolaire,
dans le domaine du logement ou des per­ ceci afin de ménager la qualité de la pelouse.
sonnes défavorisées ; Dans la programmation des équipements, il
— le plus souvent, procédure d’expulsion, peut donc être utile de distinguer le stade de
exécutée au besoin avec le recours à la force compétition, affecté au sport-spectacle, qui
publique : la procédure de flagrant délit sup­ doit disposer d’une bonne desserte automobile,
pose que le propriétaire réagisse rapidement mais peut être localisé en périphérie, et les ter­
dans un délai de 48 heures : au-delà, une rains de sport affectés à l’activité sportive et
décision de justice ou un procès-verbal de aux scolaires, qui ne doivent pas être trop éloi­
conciliation exécutoire devient nécessaire, gnés des lycées et collèges.
conformément à la procédure d’expulsion; A côté des stades et terrains de sport propre­
dans les pays en développement, on procède ment dits, qui sont des espaces réservés à des
parfois à des expulsions massives de quartiers activités sportives organisées, peuvent aussi
entiers : on parle en Afrique d’opérations de exister des plaines de jeux, librement acces­
déguerpissement. sibles, qui combinent les caractères d’un ter­
H. J. et A. M. rain de sport sommairement aménagé à ceux
d ’un parc urbain. Ce sont des espaces de
-* Bidonville ; Démunis {logement des) ; Expulsion ; Insalubrité ; quelques hectares, peu structurés, banalisés,
Luttes urbaines; Rénovation urbaine.
où la pratique sportive est envisagée comme
une détente. Les plaines de jeux peuvent aussi
posséder des petits terrains d’utilisation sur­
STADE ET TERRAIN DE SPORT veillée, généralement concédés à des associa­
tions (courts de tennis, jeux de boules) et des
Espaces destinés à la pratique (loisirs, aires de jeux équipées pour les enfants (écha­
entraînement et compétition) d’activités spor­ faudages d’escalade, toboggans, etc.).
tives en plein air. Les terrains d ’activités physiques sont des
Entre le simple terrain de football délimité terrains de petites dimensions (moins d ’un
STATION D'ÉPURATION

hectare en général), destinés à l ’éducation 16 600 terrains de petits jeu x collectifs


physique scolaire (plateau d’éducation phy­ (basket-ball, volley-ball, handball), plus qP
sique de 1 0 0 0 m 2 environ) et à la pratique, 18 400 plateaux d’éducation physique et spor­
sous forme de jeux, de différents sports de tive et de nombreuses plaines de jeux, notaajr
balle et de l’athlétisme. Ils sont, le plus sou­ ment dans les établissements scolaires. On
vent, implantés à proximité des établissements comptait 8 500 terrains d’athlétisme (le plqp
scolaires dont ils doivent cependant être dis­ souvent liés aux terrains de grands jeux). Au
tincts pour assurer le calme de ces derniers, total, on recense quelque 260 0 0 0 équipemetjjtp
mais aussi l’accès, surtout en fin de journée, sportifs ouverts au public.
de la population non scolaire. Le sport a fait l ’objet, dans le cadre, dp
Les courts de tennis (environ 800 m2) sont l’application de la loi Voynet du 25 juin 1999,
rarement intégrés à ces terrains d ’activités d’un schéma de services collectifs, approuyfS
physiques. Outre sur les terrains omnisports, le 18 avril 2002. Ce document présente un éjflt
on les implante souvent seuls, par groupe de des lieux et fixe des objectifs généraux et lj)9
quatre à dix ou plus, avec une gestion choix stratégiques de l’État dans ce domaj^e
(publique ou privée, notamment dans le cadre sans néanmoins comporter de mesure précise,
de clubs) spécifique. Le secrétariat d’Etat à la J. C. et IVM.
Jeunesse et aux Sports évalue à 42 100 le
nombre de courts. Plus de la moitié des com­ -> Équipements collectifs; Piscine; Programmation des équipe­
ments collectifs ; Salie de sport. >
munes (représentant plus de 90 % de la popu­
lation) possèdent au moins un court de tennis
(couvert ou de plein air).
Le centre équestre nécessite aussi des amé­ STATION D'ÉPURATION - » Assainissement;
nagements spécifiques : écuries, manège cou­ Pollution des eaux continentales
vert (la dimension idéale est de 2 0 x 60 m),
carrière en plein air (2 000 à 10 000 m2). On
estime à près de 1 1 0 0 0 le nombre de centres STATION TOURISTIQUE
équestres. Leur banalisation suppose donc un
espace assez vaste, mais surtout la proximité Selon l ’étymologie, une station touristique
de lieux de promenade accessibles (forêt, base est un lieu où s’arrêtent les touristes.
de loisirs). Si la pratique du tourisme a émerge chez
Les terrains d ’aventure sont plus vastes : les jeunes aristocrates anglais vers 1700 et;j i
1 000 à 6 000 m2. Sommairement aménagés les touristes ont commencé à se multiplier ap
(clôture, local de rangement, bloc sanitaire), XIXe siècle, la station touristique est posté­
ils sont mis à la disposition des enfants et rieure. Il y eut certes au xvme siècle des villçjs
des adolescents pour les réalisations et les d’eau, puis des stations balnéaires conçu®,
activités de leur choix. Ils sont généralement sous l ’influence des Anglais, sur le modèle
implantés à proximité des ensembles de loge­ de ces dernières : Dieppe, Étretat, Trouville,
ments collectifs et supposent la présence en Norm andie; Ostende, en Belgique;
d’un moniteur permanent. Scheveningen, dans la banlieue de La Haye,
Une ancienne circulaire du 15 octobre etc. Les premières stations de villégiature, cal
1974 demandait que les plans d ’urbanisme l’on séjournait en hiver, sont apparues sur |a
réservent pour l ’ensemble des équipements côte méditerranéenne (Hyères, Nice). Elles se
sportifs de plein air une surface de 5,8 m 2 sont multipliées au XIXe (Cannes, Menton.
pour une ville de 1 0 0 0 0 0 habitants, et davan­ Monte Carlo, San Remo, etc.) et ont gagné U
tage dans les agglomérations plus petites côte Atlantique (Biarritz, San Sébastian
(11,3 m 2 par habitant pour une localité de Royan, Arcachon) avant que ne naissent an
1 0 0 0 habitants), où les terrains sont souvent x x e siècle les stations de tourisme famifià
moins chers (le coût du terrain peut représen­ (Bretagne) puis de tourisme de masse. De
ter jusqu’à 40 % du coût de l’investissement). même en montagne, toujours sous l’influence
Selon les estimations du secrétariat d’Etat à la des Anglais, les premières stations furent def
Jeunesse et aux Sports, il y avait, en 2009, lieux de cure (Villard-de-Lans, Bagnères)
plus de 44 000 terrains de grands jeux (foot­ puis des lieux de pratique de l ’alpinisttie
ball, rugby, hockey), dont 148 couverts, et (Chamonix, Grindelwald, Saint-Moritz
737 STATION TOURISTIQUE

Davos, Zermatt, etc.) avant que ne se déve­ Enfin, on distingue les communes à forte
loppent, au x x e siècle, les sports d ’hiver fréquentation journalière (environ 1900) qui
(Megève, Val d’Isère, etc.). reçoivent de nombreux excursionnistes mais
L’expression «station touristique» est offrent peu d’hébergements pour des séjours.
réservée depuis 1919, en France, aux stations Elles peuvent recevoir une dotation complé­
classées par décret pris en Conseil d’État. Il mentaire de la d g f si elles présentent des
en existe 537 en France en 2009. Le classe­ monuments historiques et offrent aux visiteurs
ment suppose qu’il existe des éléments attrac­ des parcs de stationnement entretenus et amé­
tifs mis en valeur, que la commune soit dotée nagés.
d’un p l u (auparavant d’un p o s ) . On distin­ Alors que les mécanismes financiers en
guait (jusqu’à la loi du 14 avril 2006 qui a faveur des stations et des communes touris­
supprimé cette dictinction) six types de sta­ tiques concernent peu l ’aménagement, il
tions classées, régis chacun par des règles existe un dispositif tourné vers des objectifs
spécifiques : stations hydrominérales (villes d’aménagement : les contrats de station, pro­
d’eau), climatiques, balnéaires, de tourisme, cédure introduite par la loi Rocard du 29 juillet
de sports d ’hiver et d’alpinisme, uvales. Il 1982 sur la contractualisation. Ces contrats
n’est plus nécessaire pour l ’ouverture d ’un peuvent être passés entre l’État (mais pas tou­
casino et la création d’un office municipal du jours), la région, le département et la station.
tourisme à statut d ’établissement public Us comportent un programme pluriannuel éta­
industriel et commercial (il en existe 142 bli par les collectivités et les acteurs locaux et
seulement). Il fait bénéficier la commune de approuvé par le conseil municipal et par les
la taxe additionnelle à certains droits d’enre­ autres contractants. Parmi ces contrats, on dis­
gistrement, d’une taxe sur les entreprises inté­ tingue des contrats de pays d’accueil (surtout
ressées au développem ent de la station, dans les zones rurales : il en existe 142, réunis­
éventuellement de la taxe sur le produit des sant environ 6 800 communes), des contrats
jeux du casino et de la taxe de séjour. Le station-vallée (en montagne, pour promouvoir
montant de cette dernière est fixé par le le développement touristique dans les vallées
conseil municipal, entre 0,15 et 1,05 € selon autour d’une station), des contrats de valorisa­
le classement de l’hébergement. Dans les sta­ tion des stations littorales (pour concentrer la
tions de sports d’hiver, les communes fréquentation touristique et éviter le mitage du
peuvent percevoir une taxe sur les remontées littoral). Depuis le Xe plan, les contrats de sta­
mécaniques. tion sont intégrés aux contrats État-région. En
Il n’existe plus, depuis 1993, de définition outre, en 1993, a été lancée la procédure des
administrative des stations touristiques. On projets de station qui comportent une subven­
retiendra que ce sont les communes qui tion de l’État.
mettent en œuvre une politique locale du tou­ Bien que, dans presque tous les gouverne­
risme et qui offrent des capacités d’héberge­ ments successifs, il y ait eu un secrétaire
ment pour l ’accueil d’une population non d’État (voire un ministre) chargé du tourisme,
résidente. Plus de 3 000 communes répondent la direction du tourisme a été, en 2009, fondue
à cette définition. Ces communes touristiques au sein de la direction générale de la compéti­
bénéficiaient du concours particulier de la tivité, de l’industrie et des services. L’organi­
dotation globale de fonctionnement qui leur sation de l’offre et la promotion du tourisme
était réservé et certaines d’une dotation sup­ sont le fait d’organismes nationaux (Agence
plémentaire (dont ne bénéficiaient pas toutes française de l ’ingénierie touristique, Maison
les stations classées). Mais, depuis la loi du de la France, Observatoire national du tou­
31 décembre 1993, cette dotation touristique risme) ; régionaux (Comités régionaux du tou­
et la dotation supplémentaire ont été fondues risme, créés en 1942 et réformés en 1987,
dans la dotation forfaitaire. Les communes composés pour moitié d ’élus et de représen­
qui recevaient la dotation particulière en tants des activités liées au tourisme) ; départe­
conservent le bénéfice, mais le montant en est mentaux (Comités départementaux du
gelé. Depuis 1964, certaines communes ont tourisme, associations officialisées par la loi
reçu le label de stations vertes ou de villages du 31 décembre 1992); et locaux (environ
de neige (553 en 2009) ou de villages de neige 2 394 offices de tourisme et 750 syndicats
(23 en 2009). d’initiative communaux ou intercommunaux,
STATIONNEMENT

qui sont dans neuf cas sur dix des associations leur automobile jusqu’à la gare, puis le mét(
fondées par les commerçants et les hôteliers, ou lè chemin de fer vers le centre. jjii
des e p i c dans la plupart des autres cas). Ces ' P."!
structures sont complexes et peu lisibles. Les
V
lois de décentralisation de 1983 avaient Politique de stationnement.

accordé une place particulière à la région dans


le domaine touristique, mais sans lui attribuer
ce domaine comm e un « b lo c de com pé­ S TA TU T —> Activité économique ; Salarié
tences». Les textes ultérieurs n ’ont pas
apporté la clarification à laquelle visait cette
loi. S TA TU T DE LA VILLE ET DE LA RÉGION ' 41
DE PARIS
P. M.
-> Aménagement touristique; Dotation globale de fonctionne­ Dans de nombreux pays, la capitale
ment { dqf ) ; Grand Paris; Hébergements touristiques; pose d’un statut particulier en raison de &
Schéma régional d'aménagement et d'urbanism e; T o u ­
risme. importance ou (et) pour des raisons pcj
tiques. Dans plusieurs pays fédéraux, ufj
nouvelle capitale a été construite sur un tef'
STATIONNEMENT toire fédéral, pour assurer l’indépendance’]'
rapport aux grandes villes ou aux principe
Action consistant à arrêter temporairement États (Washington, Canberra), voire par ràlèj
un véhicule en un lieu. Un parc (ou aire) de port à des groupes ethniques rivaux (Abadfflj
stationnement est un espace aménagé pour le nouvelle capitale du Nigeria), parfois aus|
stationnement des véhicules, soit au sol, soit pour contribuer à l’aménagement du territo' '
en souterrain (sous les immeubles ou sous la (Brasilia).
voie publiquè), soit dans un bâtiment à éta­ Dans le cas de la France, la crainte du pi
ges. Un emplacement (ou place de stationne­ voir vis-à-vis d ’une population prompte;
ment) est l ’espace, matérialisé dans un parc, l’agitation, puis les problèmes engendrés pf
réservé à un véhicule. On compte au moins l’importance de la ville, mais surtout de sfr
25 m2, par automobile (moitié pour rempla­ agglomération, devenue région urbaine,
cement et moitié pour l’accès et la circulation, conduit à doter Paris, puis sa région, de stai
18 m 2 seulement pour les silos automatiques). spécifiques.
Le terme de « parking », employé dans le sens La méfiance politique du pouvoir vis-à-vi
soit de parc, soit d’emplacement de stationne­ de Paris remonte au moins à la révolte de’l
ment, est à prohiber. municipalité bourgeoise d’Étienne Marc#
Un garage est le lieu habituel de stationne­ (1358). La Fronde de la noblesse (164.8
ment d’un ou de plusieurs véhicules. Par conduisit Louis XIV à s’installer à Versailles
extension, on appelle garage les bâtiments et Si Paris redevint capitale avec la Révolutioéji
ateliers de réparation des véhicules qui accom­ elle n’eut un maire que de façon épisodiqutyj
pagnent des garages commerciaux. en 1789 puis en 1848. Depuis 1800, e lle ||
Le stationnement peut occuper une place été placée sous la double tutelle du préfet cm
considérable dans certaines villes (32 % au département de la Seine et d ’un préfet q(
centre de Los A ngeles), ce qui souligne la police. Malgré l ’élection d’un conseil municljp
forte consommation d ’espace par l ’automo­ pal (depuis 1834), le pouvoir exécutif étàîâi
bile. Dans les villes américaines (et parfois détenu par les préfets, ce qui assurait uüfli
ailleurs), de nombreux équipements, qualifiés tutelle du gouvernement sur la gestion de U;
drive in, ont été conçus pour être fréquentés ville. Les révolutions successives (178j|y
sans quitter son autom obile: cinémàs, 1830, 1848), puis la Commune (1871), 6 m
banques, voire restaurants. accru la méfiance vis-à-vis de la population}:
Pour décourager l ’accès des automobiles au d’une capitale prompte à l ’insurrection. ', !(
centre des grandes villes, surtout aux heures Le développem ent de la banlieue au>
de pointe (migrations alternantes), on a amé­ x x e siècle a fait du département de la Seine le.
nagé près des gares des parcs de stationne­ cadre naturel pour traiter les problèmes de
ment « de dissuasion » : les usagers utilisent l’agglomération parisienne. Mais l ’extension
739 S TA T U T DE LA VILLE E T DE LA RÉGION DE PARIS

des lotissem ents, dans les années 1920, ture de police (également créée dans plusieurs
devait rendre ce cadre trop étroit. On chercha grandes villes et en Corse), qui couvre Paris et
alors à doter l ’agglomération d’organes spéci­ les trois départements limitrophes (Hauts-de-
fiques pour traiter des problèmes d’aménage­ Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne),
ment: ce furent d ’abord (1928) le Comité soit un peu plus que l’ancien département de
supérieur d’aménagement et d ’organisation la Seine. Ce statut a été légèrement modifié
générale de la région parisienne (35 km par la loi de décentralisation du 2 mars 1982,
autour de Paris), à l’origine du premier plan puis par la loi du 31 décembre 1982, relative à
d’aménagement de la région parisienne (dit Paris, Lyon et Marseille.
plan Prost) de 1934 (approuvé en 1939, puis Cette dernière réforme a renforcé le rôle de
1941); ensuite le Comité d’aménagement de l’arrondissement. Cette division ancienne de
la région parisienne (1943), dont les travaux Paris (elle remonte à la Révolution) ne jouait
aboutirent au Plan d’aménagement et d’orga­ qu’un rôle réduit, pour certains services admi­
nisation générale de la région parisienne nistratifs, et était îa circonscription électorale
(1960) ; enfin, le district de la région de Paris pour les élections municipales. La réforme de
(loi du 2 août 1961), établissement public qui 1975 avait déjà institué une com m ission
couvrait l ’ensemble des départements de la d’arrondissement, où les élus étaient toutefois
Seine, de la Seine-et-Oise et de la Seine-et- minoritaires. L’arrondissement est, depuis la
Mame, qui fit préparer le schéma directeur loi du 31 décembre 1982, doté d’un conseil
d’aménagement et d’urbanisme de la région d’arrondissement élu et d’un maire d’arrondis­
de Paris (1965, approuvé en 1976 après révi­ sement. L’objet de la réforme est de faciliter la
sion). participation des habitants par la création d’un
La loi du 10 juillet 1964 a réorganisé la échelon local.
région parisienne en huit départements, le Dans les années 2000, a été mise en évi­
délégué général au district devenant en outre dence l’inégalité entre Paris, ville au terri­
préfet de région. Mais il a fallu la loi du toire limité et aux ressources importantes, et
6 mai 1976 pour transformer la région pari­ de nombreuses communes de banlieue, beau­
sienne en région Île-de-France et la doter coup plus pauvres. Sur le plan de la gouver­
d’un statut comparable à celui qu’avaient les nance comme sur celui de l ’aménagement,
autres régions depuis la réforme régionale de un territoire intermédiaire entre celui de la
1972 (le préfet de région devenant en outre ville et celui de la région ne serait-il pas per­
préfet de Paris), tout en conservant les pou­ tinent? Pour certains partisans du Grand
voirs propres, qui étaient ceux du district, de Paris, il fallait réunir en un seul département
création et de gestion de certains équipements Paris et ceux de la petite couronne. L’idée a
(transports collectifs, espaces verts, etc.). La été reprise en 2007 par le Président Sarkozy
loi du 2 mars 1982 a prévu, comme pour les qui a créé un secrétariat d’État au Dévelop­
autres régions, le transfert de l ’exécutif au pement de la région capitale. Le 5 mars
président du conseil régional. Ce conseil a été 2009, le comité pour la réforme des collecti­
élu, pour la première fois, au suffrage univer­ vités locales a proposé ce regroupement des
sel, le 16 mars 1986, puis réélu en 1992, quatre départements centraux en une collecti­
1998 et 2004. vité locale de statut particulier regroupant les
L’évolution du statut de la ville a été plus compétences des départements et celles des
tardive et plus rapide. La loi du 31 décembre intercommunalités les plus importantes.
1975 a créé un statut, encore particulier, mais Cependant, constatant les nombreuses cri­
beaucoup plus proche du droit commun, en tiques que soulevait cette proposition,
particulier avec le rétablissement d ’un maire M. Sarkozy a repoussé à plus tard, dès le
élu par le conseil (pour la première fois à la 29 avril 2009, le problème de la gouvernance
suite des élections municipales de 1977). Les de la métropole parisienne.
plus importantes particularités de ce statut Les services de la ville de Paris (35 000 agents
tiennent au fait que Paris est à la fois commune environ) ont été encore accrus par certains ser­
et département, son conseil à la fois conseil vices de la préfecture et par une partie des ser­
municipal et conseil général et que le maire vices extérieurs de l ’État, transférés dans le
élu par celui-ci est aussi président du conseil cadre de la décentralisation. Le préfet de Paris
général. En outre, est maintenue une préfec­ et de la région Île-de-France conserve les attri­
STRUCTURE (D'UN BÂTIMENT)

butions de représentant de l’État, comme dans dues. La conception organique est fondée stlr
les autres départements et régions. une analogie biologique ou bien évolutidti-
niste. Dans le premier cas, le changement ’4 e
P. M. et Y. P.
style est expliqué en termes de développe­
_> Capitale; C o m m u n e ; Décentralisation administrative; ment, maturité et déclin; dans le second , *#1
Région; Grand Paris; Schéma régional d'aménagement et termes de progrès, conduisant de formes mati­
d'urbanisme.
nales à des formes plus avancées. Les teCÜ»
niques et matériaux utilisés par l ’art, comrrie
STRUCTURE (D'UN BÂTIMENT) — Gros ses fonctions pratiques, sont souvent considé­
œuvre rées comm e des facteurs déterminants (lu
style. Le style est conçu com m e résultant
d’une vision du monde ou de formes de la vie
STYLE sociale. Dans les deux cas, il est façonné par
le contexte social de l’attitude esthétique, ^
Du latin stilus, poinçon servant à écrire, ce C.-F.O.
terme en est venu à désigner par métonymie
l ’écriture elle-m ême et le langage « c o n si­ -* Architecture; A rt; Art urbain; Baroque; Classique; Histoire;
Moderne ; Organique ; Renaissance. : i-
dérés relativement à ce qu’ils ont de caracté­
ristique ou de particulier pour la syntaxe ou
même le vocabulaire» (Littré) dans l ’usage
qu’en fait une personne ou une époque. Dans SUBURBANISATION -> Agglomération;
la deuxième moitié du xvme siècle, le terme Banlieue ; Périurbanisation ; Rurbanisation
« style » est passé dans le domaine des arts
visuels, mais il est moins employé par l’urba­
nisme. Toutefois, dans la mesure où des SUBVENTIONS DE L'ÉTAT
approches stylistiques ont été appliquées à AUX COLLECTIVITÉS LOCALES — Dotation
l ’urbain, elles sont semblables à celles en globale de fonctionnement ; Dotation globale
usage dans l’histoire de l’art. d'équipement
Dans les arts visuels, en particulier en archi­
tecture, style renvoie le plus souvent à une unité
omniprésente et rigoureuse, à un principe qui SUBVENTIONS D'ÉQUIPEMENT
détermine le caractère des parties et l’organisa­
tion du tout. Le style est considéré comme Dépenses d’investissement de l’État ou de
l’expression signifiante qui révèle la vision d’un collectivités locales versées à des collectivités
individu ou d’un groupe, traduisant la mentalité en vue du financement d’un investissement
et la sensibilité collectives d’une culture spécifique. Avec la création de la dotation glo­
dans son ensemble. En ce sens, le style d’une bale d’équipement (dge) en 1983, la plupart
époque informe toutes ses œuvres, bonnes ou des subventions d’équipement de l’État ont été
médiocres. Les historiens d’art ont étudié la for­ globalisées. À l’inverse, les subventions spéci­
mation et l’évolution des styles, s’en sont servi fiques ou des participations (fonds de concours)
comme moyen de dater et d’identifier des entre collectivités locales se sont multipliées.
œuvres d’art et ont déduit du style des valeurs Les subventions spécifiques d’équipement
religieuses, sociales et morales. Sur cette base, de l’État non intégrées dans la dge s ’élèvent à
ils sont parvenus à construire un système cohé­ 105 millions d ’€ en 2010, soit 15 % environ
rent, bien qu’incomplet, de la distribution tem­ de la dge (708 millions).
porelle et spatiale des styles dans le monde. Les subventions d’équipement accordées
L’acception la plus répandue du style prend par les départements aux communes et aux
en compte des éléments formels, des relations groupements de communes se sont fortement
et des qualités. Cette approche de l ’analyse développées depuis la décentralisation, en liai­
stylistique a fait l ’objet d’une élaboration qui son avec le rôle péréquateur qui a générale­
permet de dégager et de décrire avec précision ment été reconnu aux conseils généraux. Les
des différences d’une grande finesse. D ’autres départements ont versé environ 5,4 milliards
conceptions du style, souvent très sophisti­ d’€ de subventions d’équipement à l ’intention
quées dans leurs méthodes, sont moins répan­ des communes en 2008. Mais l ’absence de
741
SYMÉTRIE

normalisation des aides, différentes dans niveaux. On parle de surface hors oeuvre
chaque département qui édite son propre guide brute pour la totalité de cette surface, sans
des subventions, a abouti à une forte hétérogé­ aucune déduction.
néité quant à la nature des concours accordés. On appelle surface de plancher hors oeuvre
Quant à la région, dans la mesure où elle nette la surface obtenue en déduisant de la
assure, hormis les lycées, peu d’opérations à surface hors oeuvre brute les combles et les
son propre compte et étant donné sa compé­ sous-sols non aménageables, les toitures-
tence en matière d’aménagement du territoire, terrasses, balcons, surfaces non closes en rez-
les dépenses qu’elle effectue en section de-chaussée, les garages et les locaux affectés
d ’investissement sont constituées à près de à des activités agricoles. C’est la surface de
50 % de subventions d ’équipement (5,4 mil­ plancher hors œuvre nette qui intervient au
liards d’€ au niveau national, somme équiva­ numérateur dans le calcul du coefficient
lente à celle des départements), dont 40 % en d’occupation des sols.
matière de transports et de télécommunica­ On appelle surface habitable la somme des
tions. Il arrive souvent, mais ce n ’est pas la surfaces des pièces habitables ou de service et
règle, que ces concours s ’inscrivent dans le des espaces de circulation intérieurs. Elle se
cadre des contrats de projet État-région. déduit de la surface hors œuvre nette en sous­
Le désengagement progressif de l ’État, la trayant les surfaces occupées par les murs,
crise financière dans laquelle il se trouve, et la cloisons et gaines techniques et les espaces
récente décision de supprimer, à partir de communs (palier, cage d ’escalier, ascenseur,
2 0 1 0 , la taxe professionnelle (remplacée par etc.).
une contribution économique territoriale (cet)
d’un rendement moindre placeront les collecti­ P. M.
vités locales, qui financent 75 % des dépenses - » Coefficient d'occupation des sols.
d’équipement, dans une situation particulière­
ment délicate dans les années qui viennent.
V. C. SURFACE DE VENTE Magasin

- » Dotation globale d'équipement ( dge ) ; Équipements collectifs.

SURFACE HABITABLE, SURFACE HORS


ŒUVRE —> Surface de plancher
SUPERETTE, SUPERMARCHÉ — Magasin;
Urbanisme commercial
SURPEUPLEMENT -* Normes d'habitabilité
et de confort
SUPERSTRUCTURE (ÉQUIPEMENTS DE)
—* Équipements collectifs ; Programmation
des équipements collectifs SURSIS À STATUER —> Permis de construire

SURCHARGE (D'UN VÉHICULE) SYMÉTRIE


-* Confort (d'un moyen de transport) ;
Coût généralisé de déplacement ; Désigne le rapport de parité, d’identité ou
Modèle de choix modal d ’analogie des parties par lequel celles-ci
s ’intégrent dans un ensemble en état d ’équi­
libre. Dans l’acception cornante du terme, la
SURDENSITÉ —> Coefficient d'occupation symétrie se limite au rapport de conformité
des sols; Plafond légal de densité exacte entre les parties d ’un tout, ou entre
deux ou plusieurs ensembles par rapport à
un axe. Il s’agit alors de symétrie bilatérale
SURFACE DE PLANCHER ou spéculaire qui est, de toutes les symétries,
la plus courante et certainement la plus évi­
Surface développée des bâtiments, obte­ dente dans les ouvragés d ’architecture ou
nue en additionnant la surface des différents d ’urbanisme (basiliques, villas de Palladio,
SYNDIC (ET SYNDICAT) DE COPROPRIÉTÉ 742

façades de Gabriel, place de la Concorde). rapport caractéristique de nombres, reflétant,1


Cependant, entendue dans sa signification au-delà de la figure humaine, un certain
première de cruppExpia très courante jusqu’au ordre cosmique déjà reconnu par Pythagore
xvie siècle, à savoir l ’harmonie de mesures et et Platon. Outre la volonté d’établir par là un
non la simple similitude ou répétition des lien solide entre la sphère de l’art et celle dit
parties, la symétrie est constituée de rapports monde symbolique, cette attitude exprimait,
qui lieiit toutes les parties d’un ensemble en en dehors de toute spéculation théorique, la
fonction d’une unité de base, qu’il s ’agisse conviction profonde de l ’humaniste de la
d’un module spatial ou du facteur d’une pro­ Renaissance, selon laquelle toutes les formes
gression numérique. Cette «sym étrie», selon de la création étaient régies par une structure
Vitruve et les Grecs (appelée aussi concinitas mathématique harmonique, dite symmetria.
à la Renaissance), est dite alors symétrie À l’opposé de ce principe, Viollet-le-Duc,
dynamique. Connue déjà de Platon, analogue par un procédé inverse, cherche dans l ’œuvre
au principe harmonique en musique, la symé­ architecturale elle-même l’élément générateur
trie dynamique est un rapport proportionnel de la structure et, partant, de la symétrie;
de surfaces à la fois subtil et simple, qui cor­ Celle-ci ne peut être réduite à la similitude
respond à des lois mathématiques telle la des parties opposées, la reproduction exacte,
croissance numérique de la « série d’or». à la gauche d’un axe de ce qui est à sa droite,
Des études relativement récentes, en parti­ mais relève d ’un ordre secondaire, obtenu
culier celle de H. Weyl (Symmetry; Princeton, par l’agrégation d’éléments modulaires défi­
1952), ont repris le point de vue, déjà exprimé nis en soi. Ainsi, pour lui, « c ’est l ’ogive,
avec force à la Renaissance, de la concor­ dans un édifice voûté, qui devient le généra­
dance entre la science et l ’art et formulé teur du système de structure et, par suite, de
l’hypothèse selon laquelle la symétrie est un toute symétrie, comme chez les Grecs c’est la
des principes dominants de la génération des colonne qui est le point de départ de toute
formes dans la nature comme dans l ’art où symétrie du mouvement ».
elle prend des aspects divers (symétrie de L’attitude critique de Viollet-le-Duc, son
« translation » ou « rythmique » du palais des refus d ’une symétrie spéculaire figée dans un
D oges à Venise, des cathédrales gothiques, formalisme stérile, a été reprise par les promo­
symétrie « d e rotation», caractéristique de teurs du mouvement moderne, notamment par
toute architecture ou ville à plan centré, au Le Corbusier qui, par son système harmonique
baptistère de Pise, dans les cités idéales de la ou modulor, réintroduisit, dans la composition
Renaissance). architecturale et urbaine, le principe de la
Suivant l’exemple grec, Vitruve comparait symétrie dynamique (chapelle de Ronchamp,
l’édifice architectural au corps humain pour plan de Chandigarh). Au cours de la même
indiquer que la symétrie est constituée de période, le même principe a été appliqué, avec
rapports de mesure associant les parties d’un brio, par des architectes comme Tatlin (monu­
ensemble - qu’il s’agisse d’un édifice ou du ment à la IIIe Internationale) ou Ivan Leonidov
corps humain - à partir d’une unité de base (institut Lénine), Frank Lloyd-Wright (musée
appelée «m odule» et qui en est la mesure Guggenheim à N ew York), ou Aalto (biblio­
commune. Un tel système modulaire part thèque de Mont-Angel, en Oregon). Après
d’un rapport de proportion pour arriver à la une période de défaveur, la symétrie bilatérale
symétrie de toutes les parties de l’œuvre et a retrouvé sa place d’honneur dans l’architec­
constitue, en fait, la clef de ce que les Grecs ture et l’urbanisme contemporains issus des
désignaient par « c a n o n » . De même, les divers courants du postmodemisme (Portland
architectes de la Renaissance - Brunelleschi building de M. Graves, ensembles urbains de
et Alberti notamment - entendaient par pro- R. Bofill et de M. Botta).
portio ou symmetria, considérées comme D. U.
synonymes, précisément l’application d’un
système de rapports commensurables tendant -* M oderne; M o du lo r; Postmoderne; Renaissance.

à la connaissance objective de l’espace. Pour


Palladio également (R. Wittkower, Architec­
tural principles in the âge ofhumanism, Lon­ SYNDIC (ET SYNDICAT) DE COPROPRIÉTÉ
dres, 1949), la symmetria correspondait à un -* Copropriété
743 SYNDICAT COMMUNAUTAIRE D'AMÉNAGEMENT

SYNDICAT COMMUNAUTAIRE 1973. Il y en a eu un pour Cergy-Pontoise,


D'AMÉNAGEMENT Saint-Quentin-en-Yvelines, L’Isle-d’Abeau et
Évry, mais trois à Melun-Sénart (Grand-
Association des communes situées, en tota­ Melun, Rougeau-Sénart et Sénart-Villeneuve),
lité ou en partie, dans le périmètre d’urbani­ correspondant aux trois secteurs de la ville
sation d ’une ville nouvelle, qui assurait nouvelle. Sur les rives de l’étang de Berre, on a
l ’individualisation budgétaire et fiscale du distingué un sca à l’ouest (communes de Fos,
territoire à urbaniser par rapport aux com­ Istres et Miramas) et la commune de Vitrolles à
munes existantes. l’est. À M ame-la-Vallée, on a distingué la
Le Syndicat communautaire d ’aménage­ commune de Noisy-le-Grand (secteur 1 du
ment (sca) était celle des trois formes d’asso­ schéma d’urbanisation), le sca de Mame-la-
ciation des communes, prévues par la loi du Vallée-Val Maubué (secteur 2) et on a réservé
10 juillet 1970, qui a été la plus largement le cas du secteur 3, à l’est.
utilisée (les deux autres étant l ’ensemble La loi du 10 juillet 1970 offrait en effet
urbain et la communauté urbaine). deux autres possibilités aux commîmes. La
Le principe du sca était d’associer les com­ formule de la communauté urbaine a été
munes pour la gestion du budget et de la fisca­ retenue à L ille-E st, dont la communauté
lité dans la zone à urbaniser (alors que dans urbaine, qui avait accompagné le projet, a
l ’ensemble urbain, elles n ’y sont plus asso­ pris la charge. Les trois communes concer­
ciées et que dans la communauté urbaine, nées (Annappes, Ascq et Fiers) ont fusionné
celle-ci reçoit les com pétences). Chaque pour former V illeneuve d ’Ascq. C elle de
commune pouvait maintenir son individualité l ’ensem ble urbain n ’intervenait qu’en cas
pour le territoire non situé dans le périmètre d ’accord unanim e des com m unes ou au
d’urbanisation et conservait ses attributions contraire de refus des communes de consti­
courantes (état civil, aide sociale, police, etc.). tuer à la majorité qualifiée un sca. Ce der­
La formule classique du Syndicat inter­ nier cas fut celui du Vaudreuil, en amont de
communal à vocation multiple ( sivom) ne Rouen. Il s’agissait en fait d’une commune
peimettrait pas cette distinction entre agglo­ nouvelle qui pouvait recevoir les aides de
mération nouvelle et urbanisation existante. l ’État prévues pour les villes nouvelles et
Dans un premier temps, le périmètre qui était gérée par un conseil de n eu f
d’urbanisation de la ville nouvelle a été fixé membres (quatre représentants des com ­
par l ’État, par décret pris en Conseil d’État, munes vo isin es et cinq désignés par le
après consultation des communes et du dépar­ conseil général), qui devaient être remplacés
tement: ce périmètre n ’a pas compris, en par des élus de la ville nouvelle au fur et à
général, les zones déjà urbanisées des com­ mesure du peuplement de celle-ci. En fait,
munes, sauf demande de leur part en ce sens. Le Vaudreuil est devenue commune ordi­
Dans un deuxième temps, la création du sca naire par la loi du 25 septembre 1981 sous
(ou d’une communauté urbaine) a nécessité le nom de Val-de-Reuil.
une double majorité : soit les deux tiers des Le sca a exercé, dans la zone d’agglomé­
communes représentant la moitié de la popu­ ration nouvelle, les compétences obligatoires
lation totale, soit la m oitié des communes et facultatives des communautés urbaines
représentant les deux tiers de la population (urbanisme, logement, transports, eau, assai­
(l’ensemble urbain nécessitait l ’unanimité des nissement, ordures ménagères, voirie et sta­
communes, mais pouvait aussi être créé par tionnement, équipements scolaires, culturels,
décret en Conseil d’État en cas de désaccord sportifs, socio-éducatifs, sanitaires et sociaux ;
entre elles ou de refus de toute proposition de espaces verts, etc.). Il pouvait recevoir des
leur part : ce dernier cas ne s ’est pas présenté). communes des com pétences hors zone
Le sca a dû, dans un troisième temps, pas­ d’agglomération nouvelle (transports, assai­
ser une convention (selon une convention nissement par exemple). Il pouvait aussi délé­
type) avec l’établissement public d’aménage­ guer sa compétence à une commune, par
ment, auquel il déléguait la maîtrise d’ouvrage exemple pour la gestion d ’équipements d’inté­
des travaux d ’équipement qui étaient de sa rêt local. La commune conservait ses compé­
compétence. tences administratives générales et restait le
Les sca ont été créés entre août 1972 et mars cadre électoral, ce qui lui conférait une légiti­
SYNDICAT D'AGGLOMÉRATION NOUVELLE 7 «

mité qui manquait un peu au comité du sca, commune unique, par fusion des communes
organe délibérant de celui-ci, élu par les ou des portions de communes comprises dans
conseils municipaux au second degré. le périmètre d’urbanisation ; la création d’une
Le budget du sca devait, pour ce qui communauté d’agglomération nouvelle (càn).
concerne l ’agglomération nouvelle, être L’application de cette loi s’est effectuée éh
approuvé par l ’autorité de tutelle, ce qui était trois temps.
l’occasion d’une négociation sur les subven­ — Dans un premier temps, le préfet a pro­
tions d’équilibre. Celles-ci étaient justifiées posé, après consultation des communes
par le décalage entre les besoins d ’équipe­ concernées, une révision du périmètre d ’urba­
ment d’une zone d’urbanisation nouvelle et le nisation. Il a pu prévoir le retrait de certaines
montant des recettes (taxe professionnelle en communes ou, avec leur accord, l ’addition
particulier) souvent inférieures aux prévisions d’autres communes, il a pu aussi proposer des
initiales. modifications de frontières, des communes,
Le périmètre de l’agglomération nouvelle, maintenues ou non dans le périmètre d’urba­
couvert par le sca, pouvait être plus vaste que nisation. Le périmètre comprend ou non les
le périmètre d’urbanisation, mais plus réduit secteurs anciennement urbanisés des com­
que le périmètre d’intervention de l’établisse­ munes.
ment public d ’aménagement et, a fortiori, — Dans un deuxième temps, avant la fin
que le périmètre d’études initial. Cette plura­ 1983, ces périmètres ont été approuvés par
lité des périmètres traduisait une particularité les comités des sca et les conseils munici­
des villes nouvelles françaises : partie inté­ paux, ceci à la double majorité prévue pourlà
grante des régions urbaines où elles ont été création des sca (dans le cas contraire, un
planifiées, elles n’ont pas de limites strictes et décret en Conseil d’État eût été nécessaire))
correspondent à l’ensemble des zones (loge­ il en est résulté le retrait de certaines com­
ments, activités, loisirs, etc.) situées sous munes à Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-
l ’influence de leur centre urbain nouveau. Yvelines, Rougeau-Sénart, Grand-Melun et
La loi du 10 juillet 1970 prévoyait, lorsque L’Isle-d’Abeau (où il y avait déjà eu un retrait
la ville nouvelle serait achevée, ou au plus tard en 1978). En outre, Grand-Melun et Sénart-
après vingt-cinq ans, la disparition du sca : Villeneuve ont fusionné pour former Sénart-
soit par fusion volontaire des communes, soit, ville nouvelle. Par contre, Évry, Mame-la-
dans le cas inverse, par création d’une com­ Vallée-Val Maubué et les rives de l’étang de
munauté urbaine. Berre comportent les mêmes commîmes. Des
La loi du 10 juillet a été remplacée, après de rectifications de frontières communales ont
nombreuses propositions et plusieurs projets eu lieu partout, sauf sur les rives de l’étang de
avortés, par la loi du 13 juillet 1983. Le syndicat Berre.
d’agglomération nouvelle a alors pris le relais — Dans un troisième temps (premier
du syndicat communautaire d’aménagement. semestre 1984), les communes ont eu le choix
entre quatre solutions, à la double majorité
P.M .
déjà évoquée:
_► Établissement public d'aménagement de ville nouvelle; • création d’une commune nouvelle par
Groupe central des villes nouvelles; Groupement de com ­
munes ; Syndicat d'agglomération nouvelle ; Ville nouvelle.
fusion ;
• création d’une commune unique par
fusion des communes ou de la partie de leur
SYNDICAT D'AGGLOMÉRATION NOUVELLE territoire comprise dans le périmètre d’urba­
nisation ; ce dernier cas s’applique à défaut
Association de communes situées, en tota­ d’accord sur une autre solution ; '
lité ou en partie, dans le périmètre d’urbani­ • création d’une communauté d’agglomé­
sation d ’une ville nouvelle, que la loi du ration nouvelle ;
13 juillet 1983 a substituée au syndicat • création d’un syndicat d’agglomération
communautaire d’aménagement. nouvelle.
C’est une des quatre formules offertes aux Cette dernière formule a été choisie pour
communes par la loi du 13 juillet 1983, les succéder à tous les anciens syndicats commu­
autres étant la création d ’une nouvelle nautaires d ’aménagement. Elle devait être
commune par fusion ; la transformation en adoptée à la double majorité prévue pour la
745 SYNDICAT D’AGGLOMÉRATION NOUVELLE

création des sca. Après chaque élection muni­ ment des emprunts, ou de subvention d’équi­
cipale, le Syndicat d’agglomération nouvelle libre du budget nécessité par la croissance
(san) pouvait se transformer en communauté rapide : cette dotation nécessite une conven­
d’agglomération nouvelle. tion entre l’État et le san ;
Les dispositions relatives aux syndicats de — de subventions d’équipement individua­
communes s’appliquent aux san. Un san est lisées ;
administré par un comité d ’élus des com ­ — de dotation spécifique d’équipement
munes qui le constituent, composé en tenant pendant une durée maximale de cinq ans
compte de la population des communes (1984 à 1988);
(aucune ne peut être majoritaire). Le retrait — de la garantie de l’État et des collectivi­
d’une commune est possible par décret en tés publiques pour ses emprunts.
Conseil d’Etat, après avis du comité syndical La Communauté d ’agglomération nou­
et des conseils municipaux des communes velle (can), autre formule proposée par la
qui le constituent. Le SAN exerce les compé­ loi Rocard, n ’a été choisie par aucune ville
tences des communes en matière d ’urba­ nouvelle. Il s ’agissait d ’un établissement
nisme, de logement, de transports, de création public de coopération intercommunale à
de voies et de réseaux divers, de développe­ caractère administratif, administré par un
ment économique et pour les équipements conseil d’agglomération composé d ’élus au
nécessités par les opérations d’urbanisme. suffrage universel pour six ans et auquel
Les autres équipements sont réalisés par les s ’appliquaient les règles des communautés
communes. Les communes gèrent les équipe­ urbaines. La can devait avoir les mêmes
ments d ’intérêt communal, le SAN ceux qui compétences et le même statut en matière
sont reconnus d’intérêt commun. Le san peut, de recettes financières et fiscales que
comme le sca, repevoir des compétences des le SAN.
communes ou leur en déléguer. Il se substitue Un décret, sur proposition ou après avis du
au sca dans ses droits et obligations : il comité du SAN, fixe la date à laquelle les opé­
reprend notamment la charge des emprunts rations de construction et d ’aménagement
contractés par le sça et la convention qui le sont considérées comme terminées, ce qui
lie à l’établissement public d ’aménagement met fin au régime financier particulier. Les
de la ville nouvelle, mais celle-ci peut être communes choisissent alors librement leur
révisée. forme de coopération et peuvent opter pour la
En matière fiscale, les communes votent et fusion complète ou partielle. La loi Rocard
perçoivent les taxes foncières, la taxe d’habita­ de juillet 1983 privilégiait l’hypothèse d’une
tion et les autres produits et taxes, à l’exclusion transformation du san en can . Dans le
de la taxe professionnelle. Le SAN vote et per­ contexte créé par la loi Chevènement de
çoit la taxe professionnelle (et désormais la juillet 1999, c’est l ’hypothèse d’une transfor­
contribution économique territoriale), dans les mation en communauté d’agglomération est
limites fixées par la loi, et, si ses ressources ne le plus souvent choisie par les élus. De fait,
lui permettent pas d’assurer la charge de la les SAN d ’Évry (fin 2000), de Cergy-
dette et les autres dépenses obligatoires, peut Pontoise, de Saint-Quentin-en-Yvelines (fin
prélever une taxe additionnelle sur les taxes 2002) et de l’Isle d’Abeau (fin 2006) se sont
foncières et sur la taxe d’habitation. Il verse transformés en communautés d ’aggloméra­
aux communes une dotation destinée à couvrir tion à la dissolution des établissements
les charges qui leur sont transférées ou, au publics d ’aménagement de ces villes nou­
contraire, en reçoit une de celles-ci pour les velles; seul celui des Rives de l ’Étang de
charges qu’il assume en leur nom. Les com­ Berre (fin 2001) a été maintenu en tant que
mîmes reçoivent la dotation globale de fonc­ SAN. Par ailleurs, les villes nouvelles de
tionnement versée par l’État : le calcul de Marne-la-Vallée et de Sénart, non encore
celle-ci tient compte des urbanisations en achevées, conservent leurs san. L’objectif
cours. recherché est qu’il n ’y ait pas de régression
Le SAN bénéficie, comme les sca qui les de l ’intercommunalité, domaine où les sca
ont précédés : puis les san ont toujours été présentés
— de dotation en capital de l ’État, prenant comme des modèles. Cela signifie que les
notamment la forme de différé d’amortisse­ périmètres ne devraient pas être réduits, et
SYNDICAT INTERCOMMUNAL

qu’il ne devrait pas y avoir de réduction des moins chez Forrester, elle en néglige de$
domaines de compétences. dimensions fondamentales : notamment lefl,
P.M. rapports avec l ’extérieur, la dimension spsti
tiale, les rapports sociaux. !
Groupement de co m m unes; Syndicat communautaire On parle de systémique ou d ’autott
d'aménagem ent; Ville nouvelle. organisation pour expliquer l ’organisatioh
et l ’évolution des systèmes dotés d ’unlê,
complexité fondamentale. Ces approches onti
SYNDICAT INTERCOMMUNAL été appliquées à l’organisation urbaine et orijt
-+ Groupement de communes; Syndicat montré que les analyses urbaines ne pouV
communautaire d'aménagement; Syndicat vaient reposer sur des causalités simples (les
d'agglomération nouvelle supposés « effets structurants » des infrastruc^
tares par exemple). Hl.

SYSTÈME
P. 4:
- » Modèle (m athém atique); Scénario.

Un système est, au sens le plus large, un


ensemble d’éléments, affectés de différentes
caractéristiques, et les relations qui s ’éta­ SYSTÈME D'INFORMATION GÉOGRAPHIQUE?!
blissent entre ces éléments et leurs caractéris­ (SIG) !
tiques (attributs). Un système peut être décrit . 'h
par un schéma et formalisé mathématique­ Un système d ’information géographique
ment par un modèle. appelé parfois siu (Système d ’informatioh
L’expression «analyse de systèm e» vise urbain), est un système informatique formé dé
les méthodes de définition et de description deux parties. D ’une part, une base de données
d’un système, de formalisation par des sché­ très détaillée, à l’échelle de la parcelle, rassemh
mas ou des modèles des relations régissant les blant des informations sur le sol (contraintes
rapports entre les éléments qui le constituent. du plu ou du pos, cos, etc.), le bâti, les habiji
Bien que cette expression soit très largement tants (résultats du recensement, estimations),
employée (on parle même parfois, abusive­ les fonctions (type et nature des commerce^,
ment, de théorie des systèmes), il n ’existe etc.), les réseaux (eau, gaz, électricité, asSâ^i
guère de méthodologie spécifique à l’analyse nissement), le patrimoine, le mobilier urbain.
des systèmes. D ’autre part, un module graphique servant à
Jay Forrester (Urban Dynamics, 1969) a cartographier ces informations ; des fonction!?
tenté de décrire la ville comme un système permettent de travailler à toutes les échelles,
caractérisé par sa totalité, ses possibilités de de la parcelle à l’ensemble urbain ; les diff©7
transformations et d’autoréglage. La totalité du rentes variables, appelées « c o u c h e s» (de
système est constituée de trois sous-systèmes : l ’américain loyer) pouvant être superposées
les entreprises, les logements et les popula­ sur la même carte.
tions. Les transformations du système résultent Un sig est un système très puissant, mais-
des interventions de l’extérieur. L’autoréglage coûteux : il faut une station de travail (certaines
résulte des mécanismes de rétroaction. Le sys­ versions simplifiées, comme MicroStation,-
tème urbain est encore, selon Forrester, un sys­ apparaissent sur le marché), plusieurs termi­
tème clos et complexe, qu’il qualifie de contre- naux et un personnel compétent. Le matériel et
intuitif, en ce sens que les effets de certaines le logiciel coûtent d’ordinaire de 200 000 &
mesures sont souvent à l ’opposé de ce que 1 million d’€, mais le Coût principal, représen­
l’intuition laisserait croire : les économistes tant les quatre cinquièmes de l’investissement
parleraient d’effets pervers. total, est celui de la saisie des données: don­
Ainsi, l’analyse de système appliquée au nées du cadastre, en provenance de la dgi, sta­
milieu urbain se présente comme une tenta­ tistiques, cartes à numériser, etc. On a essayé,
tive, encore plus ambitieuse que celle des sans grand succès encore, de saisir les données
modèles de développement urbain, de décrire automatiquement par scanner et de faire appel
l’évolution de la ville dans sa globalité. Elle a à des logiciels de reconnaissance des formes.
paru d ’autant moins convaincante que, au Des systèmes plus simples, comme Urbapro,
747
SYSTÉM IQUE

peuvent rendre de très grands services aux des évolutions urbaines et de faire des projec­
communes moyennes et petites à un coût dix tions fiables, de la population, de l ’emploi ou
| fois moindre. de la fiscalité, par exemple. Un nouvel obs­
Les sig (comme apic, Intergraph, Arclnfo) tacle apparaît : la contradiction entre les exi­
servent d ’ordinaire à trois usages : d’abord, gences des sig, où l ’on croise des données
i à rassembler dans une sorte de cartothèque détaillées, et la loi Informatique et liberté qui
électronique unique toutes les cartes à diffé­ contrôle les fichiers et interdit les croise­
rentes échelles qu’utilise une mairie, ce qui ments : en France, la plupart des sig aujour­
permet de mettre à jour d’un seul coup ce fond d’hui sont en marge de la légalité.
cartographique et de choisir commodément
l’échelle et la zone représentée. Ils sont utilisés, B. M.
d’ordinaire, dans la gestion du droit des sols -+ Cadastre; Informatique et urbanism e; Réseaux.
(attribution de permis de construire, etc.). Ils
servent enfin à préparer des décisions d’urba­
nisme : regroupement de parcelles, expropria­ SYSTÈME NATUREL - Protection
tions, gestion de réseaux, étude de bassins de la nature
scolaires, protection de l’environnement.
Un engouement un peu ex cessif a rendu
les sig très populaires. Malheureusement, ils SYSTÈME PRODUCTIF LOCAL — Pôle
sont souvent très mal utilisés. Les défauts des de compétitivité
sig se trouvent plutôt en amont (le coût et la
durée de la saisie des données restent le princi­
pal obstacle) et en aval : il leur manque encore SYSTÉMIQUE -* Modèle (mathématique) ;
des modules élaborés permettant de simuler Système
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TABLES DE MORTALITÉ -> Mortalité supporté par la collectivité. On peut égale­
ment concevoir des tarifs différents selon
l ’heure (plus coûteux en heure de pointe)
TAILLE DES LOGEMENTS pour se rapprocher de la tarification au coût
—> Parc de logements; Taux d'occupation des marginal.
logements Le péage sur les autoroutes urbaines, justi­
fié par leur coût d’investissement, ne doit pas
nuire à leur pleine utilisation.
TARIFICATION (des transports)
x P. M.
Établissement des prix (du tarif) auxquels —> Coûts de fonctionnement des transports; Planification des
transports; Politique de stationnement.
sont facturés les biens ou services. Sur le
plan théorique, on distingue la tarification au
coût marginal (on fait payer le coût d ’une
unité supplémentaire produite) et la tarifica­ TAUDIS Hygiène ; Insalubrité (habitat,
tion au coût moyen (on fait payer le coût logement) ; Rénovation urbaine
total, divisé par le nombre d ’unités pro­
duites).
La tarification peut être un moyen d’action TA U X D'ACTIVITÉ
sur les consommations. A insi, dans le
domaine des transports, la tarification des Le taux d ’activité générale est le rapport
transports publics, le plus souvent inférieure entre la population active et la population
aux coûts de fonctionnement, entraîne un coût totale (la population active comprenant les
pour la collectivité (subvention du déficit) personnes occupant un emploi et celles qui
mais peut inciter à l’utilisation des transports sont à la recherche d’un emploi). On mesure
en commun. En fait, cette incitation, sans être désormais le plus souvent le taux d ’activité
négligeable, doit s ’accompagner, pour être pour les plus de 15 ans (en France, en 2005,
pleinement efficace, d’un haut niveau de ser­ 61,8% pour les hommes et 51,1 % pour les
vice offert. femmes, ce qui est un des taux les plus faibles
Un tarif uniforme sur le réseau de trans­ des pays développés). On utilise aussi un taux
ports favorise le desserrement des rési­ d ’activité pour les 15 à 65 ans (70% en
dences et des activités, alors qu’un tarif France). Le total des personnes actives est
proportionnel à la distance favorise la de 28 millions en 2008 (dont 23,1 millions
concentration. de salariés, 2,2 m illions de non salariés et
Des tarifs préférentiels sont souvent éta­ 2,7 millions de chômeurs). Mais on compte
blis pour certaines catégories d ’usagers parmi eux 4,3 millions de salariés à temps par­
(familles, personnes âgées, étudiants, etc.) ou tiel.
pour les usagers réguliers (abonnements). Les variations du taux d’activité, selon les
Ces mesures d’incitation s ’ajoutent au coût régions et les quartiers, sont liées à :
TA U X D'ACTUALISATION 750(i

• l’offre d ’emplois (nombre, diversité et, TAU X DE DÉPART EN VACANCES


en particulier, importance de l’emploi fémi­
nin) au plan local ou à proximité ; Proportion de la population qui part au
• la structure de la population (par sexe et moins une fois en vacances au cours d ’une ;.
par âge en particulier) ; année (on définit également séparément
• les traditions de la population considérée. un taux de départ en vacances d ’été et en
Il en résulte que ce taux est plus élevé : vacances d ’hiver). Ce taux dépend évident* ,
• dans les pays économiquement déve­ ment de la définition retenue des vacances. En ;
loppés (offre d’emplois plus importante, pro­ France, I’insee et les services du tourisme ■
portion d’adultes plus élevée) ; retiennent le critère quantitatif de quatre nuitées ,‘jr
• dans les grandes agglomérations que dans passées hors du domicile habituel (définition j
les petites villes ou en milieu rural, pour des différente de celle du touriste qui, par opposi- >j
raisons similaires ; tion aux excursionnistes, passent au moins une ,-;
• dans le centre des agglomérations qu’en nuit dans le lieu visité). Un séjour de une à trois- M l
banlieue (les variations peuvent être dans un nuits est considéré comme court séjour. Sur le -’j
rapport de 3 à 4 entre les quartiers). plan du m otif du déplacement, on parle dé’ ü;
Les taux d’activité générale sont générale­ vacances pour les séjours personnels, soit de ;
ment de l’ordre de 40 % dans les pays déve­ loisirs et de détente, soit de visite à des parents 1
loppés (un peu moins de 44 % en France), ou à des amis. Le tourisme est plus large, puis- i
souvent inférieurs à 30% (si on se limite aux qu’il comporte en outre les déplacements de ;
personnes exerçant un emploi stable) dans santé (thermalisme, thalassothérapie, etc.), leS : j
les pays en voie de développement. Mais il affaires professionnelles (ce qui est discutable), i -m i j
ne faut jamais oublier que le niveau d’un les missions et réunions diverses (y compris \ j
taux d’activité dépend de la définition, rete­ congrès), ainsi que les voyages scolaires, les 1
nue pour la population active, notion peu pré­ pèlerinages, les manifestations sportives, etc. ;
cise. Le taux de départ en vacances des Français
Les taux d’activité par sexe et par âge per­ a augmenté avec leur niveau de revenu : il ;
mettent une analyse indépendante de la struc­ était estimé, selon les enquêtes de I’insee, à I
ture de la population et en particulier pour les 20% -en 1950, à 44% en 1964 (date de la
âges d’entrée et de sortie de la vie active. Dans première enquête sur ce thème), 53 % en
les pays développés, les taux d’activité sont 1975, 58 % en 1985, 62 % en 1994 et 65 % en
généralement supérieurs à 90% pour les 2004. Les services du tourisme l ’estiment à
hommes entre 25 et 50 ans : c ’est le cas en 64% en 2008 (et à 73% la proportion de
France, où 95,1 % des hommes de 25 à 49 ans voyageurs qui ont passé au moins une nuit
(61,8 % des plus de 15 ans) sont actifs. Ils sont hors de leur domicile, dont 22 % au moins
plus variables pour la population féminine, une fois à l ’étranger). Le rythme de cette pro* , ■
avec un maximum pour les adultes jeunes : en gression s’est donc peu à peu ralenti et stagne \
France, ce taux approche 90 % pour les femmes même depuis une dizaine d’années au moins.
de 25 à 29 ans et est de 83,7 % pour l’ensemble Il était de 57% en 1981 lorsque le gouverne-;
des femmes de 25 à 49 ans, mais décroît ensuite ment Mauroy a lancé une politique d ’encoura­
assez vite (48,5 % des plus de 50 ans). En gement aux vacances (cinquième semaine de '
France, l’élévation des taux d’activité féminine congés payés, chèque vacances, relance des
a été de pair avec le déclin de la fécondité. La aides aux hébergements de tourisme social). Il
prolongation des études entraîne une réduction semble même en diminution en 2009 et 2010
des taux jusqu’à 20 ou 25 ans ; l’avancement de par suite des effets de la crise économique qui
l ’âge de la retraite et la crise économique incité les consommateurs à recentrer leurs i
(mises en préretraite) celle des taux au-delà de dépenses sur ce qu’ils jugent être l ’essentiel, ’
55 ans. Le nombre m oyen de séjours de vacances :
P. M.
(4 nuits ou plus) est de 2,4.
Au plan international, on ne dispose de don­
-> Activité professionnelle; Population active. nées (incomplètes) que pour les pays déve­
loppés. Le taux de départ en vacances varié
selon le niveau de revenus, la durée des congés
TA U X D'ACTUALISATION -* Actualisation payés (37,5 jours en Finlande, 25 jours en Aile-
751 TA U X D'EMPLOI

magne et en Grande-Bretagne comme en de sept jours) sont les plus longs, ceux à la
France, mais seulement 10 jours en moyenne campagne, en ville ou en circuit les plus courts
aux États-Unis et au Japon) et selon la sévérité (cinq jours environ).
du climat (les habitants des pays froids sont Même si la banalisation progressive des
plus enclins à prendre des vacances dans des vacances s’accompagne d’une réduction des
pays au climat plus doux). Ce taux atteint envi­ inégalités, celles-ci demeurent d’autant plus
ron 80 % en Suède, en Norvège et en Suisse, de fortes que les écarts entre catégories socio­
l’ordre de 70 % au Danemark, en Allemagne et professionnelles - qui sont encore largement
aux Pays-Bas. Il est sensiblement plus faible plus que du simple au double - se doublent
aux États-Unis, au Canada et au Japon. Le taux d’écarts quant au nombre de départs, à la durée
fiançais est proche de la moyenne européenne des séjours, aux milieux de vacances (les plus
(67 % en 2008), mais la crise économique modestes sont plus nombreux à la campagne et
semble devoir entraîner une chute significative moins sur le littoral) et aux types d’hébergement
en 2009 et 2010 (on prévoit une moyenne de (les plus modestes souvent chez des parents ou
64 %). Il est inférieur à la moyenne européenne amis ou en hébergement de plein air). Par
dans les pays méditerranéens. ailleurs, la progression du taux de départ est
Le taux de départ en vacances varie selon interrompue et les vacances d ’hiver ne
plusieurs critères, encore que les écarts se res­ concernent qu’un tiers des Français (dont 8 %
serrent avec le temps : seulement aux sports d’hiver). De façon géné­
— le lieu de résidence : il est plus élevé rale, malgré une tendance au fractionnement
dans l’agglomération parisienne (80% ) et des vacances (davantage de séjours plus courts :
décroît selon la taille de l ’agglomération jus­ 2,5 séjours de vacances de 4 nuits au moins en
qu’à 60 % dans les communes rurales ; moyenne), la concentration saisonnière pose un
— la catégorie socioprofessionnelle : le taux problème à l’industrie touristique et à de nom­
de départ est de 90% pour les professions breuses autres activités (transports, etc.).
supérieures, de 78 % pour les professions inter­ P. M.
médiaires, de 63 % pour les employés, de 67 %
(en forte hausse récente) pour les commerçants - » Loisirs;Tourism e.
et artisans, de 48 % pour les ouvriers, de 38 %
chez les agriculteurs (contre 20% vers 1980),
de 66 % pour les inactifs non retraités (ce qui est TA U X DÉMOGRAPHIQUES -> Analyse
très proche de la moyenne nationale) et de 53 % démographique ; Fécondité ; Mortalité ;
pour les retraités ; ce critère recouvre largement Mouvement naturel (d'une population) ;
celui du revenu, mais aussi celui du temps libre ; Natalité; Projections démographiques;
— l’âge : les enfants et les adultes d ’âge Reproduction
moyen (30 à 49 ans) partent le plus.
Le nombre de voyages annuels varie en
fonction des mêmes critères et dans le même TA U X DE MOTORISATION -> Automobile
sens (5,5 voyages annuels pour les Parisiens
et 3,3 pour les ruraux). Il en est de même pour
la durée des vacances (en moyenne 9,7 nuitées TA U X D'EMPLOI
par séjour de vacances et 23 jours au total).
Le taux de départ en vacances d’été approche Rapport, dans un cadre géographique déter­
le taux global. En revanche, le taux de départ miné, entre le nombre d’emplois et la popu­
en hiver est presque deux fois plus faible et lation active. Ce taux permet de mesurer l’adé­
traduit des écarts plus nets que le taux global. quation quantitative globale entre l ’offre
Les destinations de vacances des Français d’emploi et la demande. Au niveau régional,
sont la campagne (36% ), la ville (34% ), la il est inférieur à 1 lorsqu’il y a un chômage
mer (27 %), la montagne (15 %), un lac (4 %) important ; il peut être supérieur à 1 dans une
ou un circuit (3 %) : le total est supérieur à région qui attire par exemple des migrants
100% car plusieurs espaces peuvent être fré­ quotidiens interrégionaux, voire frontaliers.
quentés au cours d ’un même séjour. Les Dans une agglomération, le taux d’emploi est,
séjours au bord de la mer ou d’un lac (plus de en général, nettement supérieur à 1 dans le
huit jours en moyenne) et à la montagne (plus centre ainsi que dans quelques secteurs de ban­
TA U X DE RENDEMENT INTERNE 7$;

lieue où sont implantés des centres d’emplois, -— pour les célibataires de moins de 19 anS);
industriels ou tertiaires. A Paris, il approche une pièce pour deux enfants de même sexe'du
1,5. Il est, en revanche, inférieur à 1 presque de moins de 7 ans ; '-If!
partout dans les banlieues. Il est cependant — une pièce par enfant dans les autres caè)
plus élevé en proche banlieue (0,95 en proche Un logement était dit en peuplement norméH
couronne parisienne) qu’en grande banlieue (22,6 % des résidences principales en 2002) s’flt
(0,7 en grande couronne parisienne). Il se rap­ correspond à la norme précédente. S ’il a untfh
proche cependant de 1 dans les agglomérations deux ou trois pièces de plus que la norme thêCH
secondaires qui ont un marché de l ’emploi rique ci-dessus, il était dit en sous-peuplemerif
quasi autonome et dépasse même 1 dans cer­ modéré, prononcé ou très accentué (respective* ,
taines villes nouvelles (Évry, Cergy-Pontoise, ment 26,7%, 20,6% et 21,0% des résidencè^
Saint-Quentin-en-Yvelines). Au contraire, il principales). S ’il a au contraire une ou detfiè
peut être très faible dans les communes ou pièces de moins que cette norme, il était étf.'
quartiers d’habitat récent sans zone d’activités. surpeuplement modéré ou accentué (respective
P .M .
ment 9,3 % et 0,9 % des résidences principalèj1
en 2002, contre 26,0 % et 12,7 % en 1962). * 1
- » Em ploi; Population active. Le surpeuplement est plus fréquent :
— dans les appartements (20 % contre 2 %
pour les maisons individuelles) ; ‘K
TA U X DE RENDEMENT INTERNE — dans les logements en location (21%
-> Actualisation contre 3 % pour les logements en propriété'
ou en accession à la propriété) et surtout dans1
les habitations de fortune (près de 60 %) ;
TA U X D'INTÉRÊT -> Actualisation ; Intérêt — dans les logements occupés depuis plu*
sieurs années, l’installation ayant souvent été
suivie d’une, voire de plusieurs naissances ;
TA U X D'OCCUPATION DES LOGEMENTS — dans les régions urbaines, où le coût du
logement est plus élevé (21% dans l’agglo-1
Nombre moyen de personnes occupant un mération de Paris contre 7% dans les corn-1
logement. Ce taux moyen n ’a de sens que munes rurales et 3 % dans les agglomérations
comparé à la taille moyenne des logements de moins de 100 000 habitants). *•
(surface, nombre de pièces). On calcule sou­ L’insee a donné, dahs l ’enquête «L oge-’
vent un nombre moyen de personnes par pièce m ent» de 2006, une nouvelle définition-,!
habitable. tenant compte de la surface du logement, du!
Des normes de peuplement (d’occupation) peuplement normal, du sous-peuplement et du
des logements peuvent être définies par les surpeuplement: 1
pouvoirs publics ou par leurs services statis­ — le peuplement est normal si le nombre
tiques. Ces normes sont essentiellement liées à de pièces est égal à la norme évoquée ci-
une situation du logement, dans un cadre géo­ dessus et si les membres du ménage disposent
graphique donné, à une époque particulière, et d’au moins 18 m2 par personne ou, dans lé
ne sauraient revêtir aucun caractère universel. cas d’un studio, d’au moins 25 m2 ; (|!
Ainsi, en France, on a longtemps considéré — le sous-peuplement correspond à une:
qu’une occupation «normale» correspondait pièce de plus que la norme (définition inchan­
à une personne par pièce habitable (les statis­ gée, qui ne tient plus comptedu degré de
tiques de I ’ i n s e e étaient établies sur cette sous-peuplement); '*
base). L ’ i n s e e a ensuite défini une norme théo­ — le surpeuplement correspond aux situa­
rique prenant en compte la structure du tions où le nombre de pièces est inférieur à
ménage : la norme (définition antérieure), mais aussi à
— une pièce de séjour pour le ménage ; celles où les membres du ménage disposent de
— une pièce pour chaque personne de moins de 18 m2 par personne; ce surpeuple­
référence d’une famille ; ment est dit accentué si le nombre de pièces est
— une pièce pour chaque personne hors inférieur de 2 ou plus à la norme (définition
famille non célibataire ou célibataire de plus inchangée) : tous les studios de moins de 25 m2
de 19 ans; sont donc considérés comme surpeuplés.
753 TAXE À LA VALEUR A JO U TÉ E IMMOBILIÈRE

Selon cette norme, 9 % des ménages m énages (de 2,5 à m oins de 1,90) que de
(15,8% en appartement et 3,6% en maison l ’augmentation du nombre moyen de pièces
individuelle) sont encore en situation de sur­ (de 2,1 à 2,7).
peuplement en 2006 (contre 11,8 % en 1996 et La décohabitation résulte du départ d ’un
16,8 % en 1984). Il s’agit surtout de ménages noyau secondaire (par exem ple, un enfant
jeunes : le taux de surpeuplement décroît régu­ marié) ou d’un cohabitant isolé (un ascendant,
lièrement avec l’âge de la personne de réfé­ un enfant adulte, une autre personne apparte­
rence du ménage (de 21,0 % pour les moins de nant au ménage sans appartenir à la famille).
30 ans à 2,2 % pour les plus de 65 ans). Une La cohabitation peut être volontaire (pour des
personne de plus de 60 ans dispose en raisons de solidarité familiale ou d’assistance),
moyenne de 20 m2 de plus qu’une personne mais traduit souvent l ’insuffisance de l ’offre
entre 20 et 40 ans. En raison de la diminution de logement. On peut mesurer le degré de
de la taille moyenne des ménages et de l ’aug­ cohabitation par la différence entre le nombre
mentation de la surface des logements, chaque de noyaux familiaux, augmenté du nombre
personne a gagné en moyenne 10 m2 en vingt des cohabitants isolés, et le nombre de ména­
ans. Du fait du prix des logements, cette sur­ ges. Ainsi par exemple, en France, en 1982
face disponible par personne varie en sens (les mêmes données n ’ont malheureusement
inverse de la taille de l’agglomération (32 m2 pas été établies aux recensements ultérieurs),
à Paris, 45 dans les zones rurales). Enfin, dans on comptait 2,9 millions de cohabitants isolés
le même temps, les espaces attenant au loge­ (dont 1,15 million d’enfants) et 1,8 million de
ment (cour ou jardin dont disposent 94 % des ménages sans fam ille, formés de personnes
maisons individuelles, espaces extérieurs par­ cohabitant volontairement ou par nécessité (ce
tagés qui existent dans 40 % des immeubles) dernier chiffre était de 2 millions en 1968) ;
se sont agrandis. enfin 150 000 logem ents occupés par deux
L’évolution de l’occupation moyenne des familles, dont 14 000 cas sans lien d’ascen­
logements est rapide, au moins depuis la dance (contre 325 000 et 27 000 en 1968).
seconde guerre mondiale: en France, 1,14 P. M.
personne par pièce en 1946; 1,01 en 1962;
0,93 en 1968; 0,83 en 1975; 0,74 en 1982; - » N orm es d'habitabilité et de co nfort; Parc de logements.
0,68 en 1990 ; 0,63 en 1999 et 0,60 en 2002,
0,56 en 2006 (0,67 en Île-de-France et même
0,70 à Paris). Ces données montrent qu’une TA U X D'OCCUPATION DES AUTOMOBILES
norme d’occupation, quelle qu’elle soit, doit —> Automobile; Capacité (d'un moyen
être évolutive. En Union soviétique, où la de transport)
situation du logement, jusqu’à ce qu’un gigan­
tesque effort de construction soit entrepris
après 1955, était désastreuse, la norme offi­ TAXE A LA VALEUR A JO U TÉ E IMMOBILIÈRE
cielle est passée de 8 m2 en moyenne par habi­
tant en 1950 à 20 m2 en 1980 et on envisageait Toutes les opérations concourant à la pro­
d’atteindre 33 m2 dans les années 1990. À duction ou à la livraison d ’immeubles sont sou­
Stockholm, en 1900, on comptait 1,6 personne mises à la taxe sur la valeur ajoutée. Il s’agit
par pièce, mais 1 seulement vers 1950 et 0,5 notamment des ventes de terrains à bâtir, de
actuellement. terrains lotis et des ventes d’immeubles. Cer­
On appelle desserrement le processus par taines mutations ou livraisons à soi-même sont
lequel, les ménages s’installant dans des loge­ cependant exonérées : apports et cessions de
ments plus vastes, l’occupation moyenne des terrains à bâtir effectués par les collectivités
logements diminue. Il résulte de l’augmenta­ locales au profit des offices publics d ’HLM,
tion de la taille des logements, mais parfois remembrements fonciers, baux à construction,
aussi de la réduction de la taille moyenne des cessions gratuites aux collectivités locales,
ménages. A insi, dans la ville de Paris, le acquisitions de terrains à bâtir par l’État, les
nombre moyen de personnes par pièce a dimi­ collectivités locales et les établissements
nué de 1,20 en 1946 à 0,70 en 2006 (soit de publics qui en dépendent, réalisation d ’opéra­
plus de 40 %), mais ce résultat provient autant tions de rénovation urbaine, etc.
de la diminution de la taille moyenne des La qualité de terrain à bâtir résulte de
TA XE ANNUELLE DES BUREAUX A

l ’engagement de construire pris par l ’acqué­ un caractère mixte et entraînent la nécessité fj


reur dans l ’acte d’achat; dans certaines condi­ calculer le prorata de Tva auquel elles soi
tions de réalisation de travaux, et dans un soumises. !
délai de quatre ans, le terrain est exonéré du La remise aux collectivités locales d’é<
droit départemental d’enregistrement (environ pements ou de terrains par un opérateur
18%) ou de la taxe départementale de publi­ soumise en principe à tva. Mais comme et
cité foncière. La tva n ’est applicable que dans mutation est imposée en faisant abstractik
la limite des 2 500 premiers mètres carrés de la valeur vénale réelle des biens (remi
d’un terrain par logement individuel, le reste gratuite), l ’opération échappe de fait à la T\
étant soumis aux droits départementaux; Il Les collectivités territoriales acquittent*]
n ’y a pas de limite lorsque le terrain est tva sur les acquisitions (sauf les terrains) j
acquis pour la construction de logem ents sur les travaux qu’elles décident ou font éè
collectifs. Pendant les cinq ans qui suivent cuter dans des conditions de droit comrm.
l’achèvement d’un logement, les mutations Elles récupèrent cette tva par le biais du fottl
sont soumises à tva et bénéficient des taux de compensation de la tva, deux ans apii
réduits d’enregistrement. la dépense (un an pour les communautk
La base d’imposition est la valeur vénale d ’agglomération ou de villes).
hors taxes des terrains et immeubles. La base V.i
des terrains est atténuée d ’une réfaction de
30 % (et de 55 % en Corse). Le taux de la tva Participations des aménageurs et des constructeurs.
immobilière est de 19,6% mais, compte tenu
de la réfaction, il s’établit pour les terrains à
13,72% . Quelques opérations bénéficient TAXE ANNUELLE DES BUREAUX
cependant d’un taux réduit à 5,5 % (hlm et —>Redevance
constructions aidées par l’État).
Les incidences de la TVA sur les opérations
d ’aménagement et d ’urbanisme sont nom­ TAXE ANNUELLE DES LOCAUX D'ACTIVITÉ ;f*
breuses et com plexes. On peut distinguer -♦ Redevance '!!
celles qui touchent particulièrement les opéra­
teurs et celles qui concernent les collectivités ;i|!
locales. TAXE CARBONE Ji
Pour les aménageurs et constructeurs, il
importe de savoir si l’opération entre entière­ La «taxe carbone» ou « contnbutiÇjtf'
ment dans le champ de la tva. Si c’est le cas, clim at-énergie» a été discutée en Franfcjr;
l’acheteur final des logements par exemple en 2009 et 2010 à la suite du Grenelle.il '■
acquittera sur le prix hors taxes une tva de Environnement. Cette taxe doit s ’ajouter àÛ j
19,6%. L’opérateur tiendra compte dans son prix de produits ou de services en proportiûtf'j;
bilan, et donc dans la détermination du prix de la quantité de gaz à effet de serre (en prâî#; J;
hors taxes, de la tva résiduelle qu’il n’aura pu tique du seul C 0 2) émis pour leur production:!’1!!
récupérer sur les divers postes de dépenses. Elle a pour objet de réduire les consomma^;1
En effet, si les honoraires d ’architectes ou les tions d’énergie, mais surtout d ’orienter léfc
travaux sont soumis au taux normal de tva de consommateurs vers des biens ou des serviceS
19,6%, les terrains ne supportent qu’un taux n’incorporant pas (ou peu) d’énergies fossiles 1
de 13,72%. L’incidence de la tva résiduelle (produits pétroliers, gaz, charbon). Elle exista
sur le prix de vente hors taxes est d’autant plus depuis plusieurs années dans plusieurs paya
faible que le prix du terrain ou plus générale­ européens, notamment en Suède. j
ment la charge foncière sont peu élevés. Dans Son institution en France a été précédée
des opérations non soum ises à tva (office d ’une réflexion, menée sous l ’autorité dû
public d’HLM par exemple), l’utilisateur final M ichel Rocard qui, dans son rapport du
ne supporte pas de tva. Cependant, l ’opéra­ 28 juillet 2009, avait recommandé sa créatidtf
teur inclut dans son coût la tva payée sur les aü taux initial de 32 € par tonne de carboné^
travaux qu’il ne peut pas récupérer, et c ’est devant augmenter régulièrement par la suite
donc l’utilisateur final qui en supportera la pour atteindre finalement 100 €. Face aux réti-i
charge. De fait, de nombreuses opérations ont cences d’une majorité de la population et aux
755 TA XE D'ENLÈVEMENT DES ORDURES MÉNAGÈRES

pressions de divers groupes d’intérêt, le gou­ compte des objections du Conseil constitution­
vernement avait arrêté son niveau à 17 € la nel, qui serait applicable en 2011. Par ailleurs,
tonne, tout en maintenant le principe de son la France a souhaité voir s ’établir une taxe car­
augmentation régulière ultérieure, mais sans bone à l’échelle de l’U nion européenne.
préciser le rythme de celle-ci. Ce niveau n ’a D ’autres méthodes, qu’il ne fait pas
satisfait ni les écologistes, qui réclamaient un confondre avec la « ta x e carbone», ont été
taux très supérieur, ni de nombreux consom­ m ises en place, à la suite du protocole de
mateurs, qui redoutaient les conséquences sur Kyoto, pour réduire les émissions de g e s :
leur pouvoir d ’achat. Pour apaiser ces der­ — la « compensation carbone » constitue
niers, le gouvernement a annoncé qu’elle une démarche qui permet à une entreprise,
serait intégralement com pensée pour les après avoir cherché à réduire sur place ses
ménages sous forme d’un crédit d’impôt (46 € émissions de C 0 2, de développer des projets
pour une personne seule, 92 € pour un couple, (généralement dans des pays non industria­
plus 10 € par personne à charge), ou en accor­ lisés) de réduction des émissions ou de cap­
dant un complément de revenu équivalent (dit ture et de séquestration du C 0 2 : il peut s ’agir
« chèque vert ») aux ménages non assujettis à de projets d’amélioration de l ’efficacité éner­
I ’ i r p p (61 € ou 122 € pour les ménages rési­ gétique, de production d ’énergies renouve­
dant dans une commune non desservie par les lables ou d’opérations de reboisement) ;
transports urbains). — le « crédit carbone » (évalué en tonnes de
Son champ a également fait l ’objet de C 0 2) permet à son détenteur d’acheter des
débats. L’électricité en a été exclue (ce qui droits d’émission pour pouvoir dépasser le
semble logique puisque, en France, elle pro­ contingent qui lui a été attribué (à l ’échelle des
vient pour l’essentiel de sources non fossiles), États, puis à celle des entreprises) dans le cadre
mais qui a suscité des réserves des écologistes de la mise en œuvre du protocole de Kyoto et
qui y ont vu un encouragement au développe­ qui peuvent être transférés entre entreprises
ment du nucléaire. Elle a été limitée aux trans­ ou des pays industrialisés vers les pays en voie
ports privés (à travers le prix des carburants) de développement (c ’est le mécanisme dit de
et au chauffage (fioul, gaz, charbon, dont développement propre) : le cours de la tonne
le prix sera accru d’autant). Mais certaines de C 0 2 s’est avéré très variable (de 10 à 40 €
professions ont négocié une exonération la tonne) selon la conjoncture économique
(industries qui échangent des quotas de C 0 2, mondiale (ils ont atteint un minimum en 2008-
ainsi que les plus polluantes, telles que les 2009.
centrales thermiques, les raffineries, les coke- P. M.
ries, les cimenteries, les verreries, etc., qui
représentent au total 93 % des ém issions Effet de serre; Énergie et e nviron n em e nt; Environnement.
industrielles hors carburants), un étalement
(agriculture, pêche) ou une compensation
(transports routiers de voyageurs et transports TAXE D'ENLÈVEMENT
aériens), ce qui paraissait très contestable. DES ORDURES MÉNAGÈRES
La taxe, ainsi conçue, devait rapporter, en
2010, 3,8 milliards d’é, dont 2,7 provenant Taxe destinée à couvrir les dépenses
des ménages (auxquels ils devaient être com­ d ’enlèvem ent des ordures m énagères des
pensés) et 1,1 provenant des entreprises. Le communes ou syndicats de communes dans
prix des carburants, par exemple, aurait été lesquels le service est effectué. L’assiette de
rehaussé de 4,11 centimes par litre (essence) la taxe n ’exprime pas un niveau de service
ou de 4,52 centimes (gazole). particulier (volum e ou poids des ordures),
Mais le Conseil constitutionnel, le mais est représentée par le revenu cadastral
29 décembre 2009, a annulé la création de des propriétés. Il s ’agît donc de la même
cette taxe, arguant que les nombreuses excep­ assiette que celle de la taxe foncière sur les
tions la rendaient «contraire à l’objectif de propriétés bâties, indépendamment du fait
lutte contre le réchauffement climatique » et que le local soit im posé ou non. Sont exo­
créant une « inégalité devant les charges nérés les locaux professionnels (surtout les
publiques ». Le gouvernement a annoncé qu’il usines) et évidemment les locaux situés dans
présenterait un nouveau projet de loi, tenant la partie de la com m une où ne fonctionne
TAXE DÉPARTEMENTALE D'ESPACES VERTS 756;

pas le service d ’enlèvem ent des ordures l’assiette foncière. La difficulté de trouver des ;
ménagères. En 2008, la taxe d’enlèvement systèmes simples de mesure du service rendu
des ordures ménagères a procuré 5,03 mil­ rend ce choix plus malaisé en zone urbaine. !
liards d’€ avec un taux moyen de 8,75 %, les v. c:;
quatre impôts locaux rapportant 45,9 m il­
liards d ’€ aux communes et aux e p c i . - » Déchets; Taxe foncière sur les propriétés bâties.
Depuis 2004, le taux de la taxe d’enlève­
ment des ordures ménagères est fixé par la col­
lectivité. En principe, le produit attendu doit TAXE DÉPARTEMENTALE D'ESPACES
équilibrer le coût du service, mais ce n’est pas VERTS -+ Parc naturel
obligatoire. L’institution de la taxe n ’est
d’ailleurs pas obligatoire : le financement du
service peut être pris en charge par le budget TAXE DE SURDENSITÉ -> Coefficient
général de la commune. On connaît ainsi des d'occupation des sols
communes urbaines qui, n’ayant pas institué la
taxe, font payer le service à l ’ensemble des
contribuables des impôts locaux, y compris les TAXE D'HABITATION
entreprises qui ne bénéficient pas du service.
Le développement de l’intercommunalité a Taxe prélevée au profit des communes et
entraîné de nouveaux partages de compétence des groupements à fiscalité propre, elle était
entre les communes et les établissements également perçue par les régions jusqu’en
publics de coopération intercommunale ( e p c i ) . 2000 et par les départements jusqu’en 2009.
Au début, les communes ont souhaité garder la Elle a remplacé en 1974 l’ancienne contribu­
collecte des ordures et confier le traitement à tion mobilière créée en 1790 en tant qu’impôL
I ’ e p c i . La question de savoir laquelle des collec­ d ’État sur le revenu. Elle prenait pour base
tivités devait voter la taxe s ’est donc posée. d’imposition la valeur locative du logement
L’article 107 de la loi de finances pour 2004 a des contribuables, considérée comm e le;
vocation à éclaircir des situations souvent meilleur indicateur du niveau des ressources,
complexes. Le principe est dorénavant que la d ’un ménage.
collectivité (commune, e p c i o u syndicat mixte) La taxe d’habitation a d’abord totalement
ne peut instituer la taxe qu’à condition de béné­ perdu la référence aux revenus des c o n tr i­
ficier de l’ensemble de la compétence élimina­ buables, qui n ’a été réintroduite que récem­
tion des déchets ménagers et d’assurer au moins ment. Une première tentative a consisté à
la collecte. Au cas où cette nouvelle disposition transformer la part départementale de la taxe
poserait des problèmes, un régime transitoire a d ’habitation en taxe départementale sur le
été prévu. Comme les e p c i nouvellement com­ revenu. Prévue pour 1992, elle n ’a pas été
pétents doivent gérer des situations antérieures mise en application. Cependant, un système:
de taux disparates, il a également été prévu la de dégrèvement en fonction du revenu a été
possibilité de voter des taux différents par zones retenu et a été particulièrement renforcé à par­
définies par des critères objectifs (fréquence de tir de l’an 2000.
ramassage, mode de tri, distance à parcourir). L’assiette fiscale est donc toujours repré­
Là encore, des dispositifs d’harmonisation des sentée par la valeur locative brute du loge­
taux dans le temps sont prévus. ment, identique aux abattements près à
La taxe est supprimée dans les communes l’assiette de la taxe foncière sur les propriétés
(ou groupements) où est instituée la rede­ bâties. Les valeurs locatives sont évaluées par
vance d ’enlèvement des ordures ménagères les services fiscaux par comparaison avec
(loi du 30 novembre 1974). La redevance, huit catégories de logements, les éléments de
perçue directement par la collectivité, doit confort du logem ent (salles d ’eau notam­
obligatoirement être calculée en fonction du ment) étant pris en compte et accroissant la
service rendu (poids ou volume des ordures valeur locative. Comme le parc de logements
par exemple). Ce sont surtout les communes sociaux est pourvu du « confort moderne », il
de moins de 2 000 habitants et notamment les est surimposé par rapport au parc ancien de
plus rurales qui choisissent la redevance, ce logements. U ne révision des valeurs loca­
qui permet à leurs habitants d ’échapper à tives, dont les bases relatives de calcul sont
757 TAXE FONCIÈRE SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES

inchangées depuis 1970, devait remédier à tion nouvelle), grâce à une fiscalité unique sur
cette situation. Mais si la révision a effective­ leur territoire, atténue les disparités à l’inté­
ment été effectuée par les services du cadastre rieur des agglomérations.
en 1990, sa mise en pratique est constamment En 2009, le taux moyen du bloc communal
retardée, les élus craignant des transferts de (commune plus groupement) de la taxe d’habi­
charges trop importants entre catégories de tation est de 14,94 % auquel s’ajoutait le taux
contribuables. Elle a été abandonnée et les départemental environ 7,39% en moyenne.
valeurs locatives ne sont actualisées que par Avec une valeur locative nette taxable d’envi­
un coefficient unique annuel pour toutes les ron 3 000 €, la cotisation communale était de
catégories. La structure de la taxation reste l’ordre de 448 € et la cotisation départemen­
donc inchangée depuis 1970. tale de 221 €, soit une cotisation totale de
Sont imposés à la taxe d’habitation, chaque 669 € par logement. Dans les groupements à
année, les occupants au 1erjanvier des locaux fiscalité propre, la cotisation est augmentée du
d ’habitation, qu’ils soient propriétaires ou prélèvement du groupement (environ 100 € en
locataires. D es abattements décidés par les moyenne). En moyenne, la taxe d’habitation
collectivités locales (pour charge de famille, à contribue pour 25 % à la fiscalité locale totale
la base, ou spéciaux pour personnes non impo­ et pour environ 10% des recettes de fonction­
sées à I’irpp, handicapés) viennent corriger nement des collectivités.
l’assiette fiscale des contribuables, pour leur À partir de 2010, dans le cadre des nou­
résidence principale. Un dégrèvement total est velles répartitions fiscales liées à la suppres­
accordé aux personnes âgées de plus de 60 ans sion de la taxe professionnelle, la th
et aux veufs et veuves non imposables à I’irpp départementale est attribuée au bloc commu­
et à I’isf. Des dégrèvements sont accordés en nal (commune et éventuellement epci).
fonction de situation personnelle ou de reve­ V. C.
nus. Depuis 1992, certains dégrèvements
accordés sont devenus des exonérations com­ Autonom ie financière et fiscale des collectivités; Fiscalité
directe locale.
pensées partiellement par l ’État. Les autres
dégrèvements en fonction du revenu se sont
accrus surtout à partir de 2000. On considère
en 2009 que le quart environ de la taxe d’habi­ TAXE FONCIÈRE
tation est payée par l ’État. Dans ces condi­ SUR LES PROPRIÉTÉS BÂTIES
tions, la responsabilité des élus dans leur vote
de la fiscalité est fortement atténuée. Taxe prélevée au profit des collectivités
Chaque année depuis 1981, en même locales (communes, groupements à fiscalité
temps que celui des trois autres taxes locales, propre, départements). La part régionale a
les taux de la taxe d’habitation est librement été attribuée au département dans le cadre
voté par le conseil municipal, sous réserve de la suppression de la taxe professionnelle.
d’un plafond. Les taux, hérités des errements La taxe foncière frappe les propriétaires et
de la fiscalité locale depuis la Révolution et les usufruitiers de logements et de locaux
de situations spécifiques, sont extrêmement commerciaux et industriels. Elle remplace
divers : de 1 à 25 %. Èn général, les taux éle­ depuis 1974 l’ancienne contribution foncière
vés correspondent à des communes au poten­ sur les propriétés bâties. La base d’imposition,
tiel fiscal professionnel faible : l ’absence le «revenu foncier» ou revenu cadastral, est
d ’entreprises taxables oblige en effet la égale à la moitié de la valeur locative de la
commune à concentrer l’effort fiscal sur les propriété : l’abattement de 50 % est consenti
autres catégories de contribuables que sont les afin de tenir compte des charges de propriété.
propriétaires et les habitants. Dans une même C’est la règle pour tous les locaux, logements
agglomération, les situations les plus dispa­ ou locaux professionnels sauf pour les bâti­
rates peuvent coexister, les frontières commu­ ments des entreprises industrielles proprié­
nales séparant des tissus urbains semblables taires de leurs locaux, pour lesquels la valeur
mais soumis à des taux différents. L’existence locative est établie en fonction des immobili­
de groupements de communes à fiscalité sations inscrites à leur bilan. Dans tous les
propre (communautés urbaines, d’aggloméra­ autres cas, la valeur locative est évaluée par
tion et de communes, syndicats d’aggloméra­ les services fiscaux.
TAXE FONCIÈRE SUR LES PROPRIÉTÉS NON BÂTIES 758'

Pour les logements, c ’est la même valeur personnes âgées ou invalides de condition
locative qui sert d’assiette fiscale pour le fon­ modeste, a fait place à une exonération dans
cier bâti et pour la taxe d ’habitation. Les les mêmes conditions.
valeurs locatives sont évaluées par les ser­ Les compensations par l’État des exonéra-'
vices fiscaux par comparaison avec huit caté­ fions temporaires qui subsistent ont pratique-
gories de logements. Les éléments de confort ment disparu pour des raisons techniques. La
et d’aspect du logement peuvent influencer le loi « Engagement national pour le logement»
niveau de la valeur locative. de 2006 a réactivé certains dispositifs afin de
La révision cadastrale de 1970 avait permis favoriser la construction de logement social.'
de relier les valeurs locatives aux loyers réels. Globalement, ces compensations sont modestes1'
Depuis cette date, diverses actualisations forfai­ et insuffisantes pour inciter les responsable^1
taires ont été appliquées et les valeurs locatives locaux à construire des logements aidés.
ne sont plus significatives des loyers réels. Un La taxe foncière sur les propriétés bâties,'
processus de révision des bases fiscales a été comme les autres impôts locaux, connaît dès ;
engagé pour définir des valeurs locatives, mais taux très disparates. En 2009, le taux moyen
il a été abandonné. Il est probable qu’une révi­ était de 19,24% pour les communes et i:poi,
sion d’ampleur succède dans quelques années à 9,82 % pour les départements et 2,66 % pour
la suppression de la taxe professionnelle. Déjà, les régions (part qui a disparu au profit du
dès 2010, les valeurs locatives des locaux département en 2010). Pour un revenu foncier
industriels, considérées comme surtaxées, béné­ moyen par logement de 1 400 €, la cotisation1
ficient d’une décote de 30 % pour les calculs de globale est de 444 €. En moyenne, le foncier1
la nouvelle cotisation sur les valeurs locatives bâti contribue pour 31 % à la fiscalité locale
des locaux professionnels, taxe remplaçant en totale et pour 14% aux recettes de fonction­
partie la tp et distincte de la taxe foncière. nement des collectivités. Le niveau élevé dë
D es exonérations permanentes existent la part de la taxe dans la fiscalité locale
pour les locaux publics et les bâtiments ruraux. s ’explique surtout par le fait que, dans la-
Afin de favoriser la construction, le législateur réglementation des taux, le vote du taux fon- i
avait prévu des exonérations temporaires au cier est libre de toute condition d’évolution.
profit des constructions neuves. Leur régime a , V.C.
été modifié en 1984 puis en 1991. Dorénavant,
l’exonération de longue durée s’applique aux Cadastre; Fiscalité directe locale.

logements locatifs bénéficiant de prêts aidés


par l ’État et aux logem ents locatifs ou en
accession bénéficiant des aides de l ’État (exo­ TAXE FONCIÈRE
nération de quinze ans). Bénéficient d ’une SUR LES PROPRIÉTÉS NON BÂTIES
exonération de dix ans les logements en acces­
sion financés à l’aide de prêts pap à partir de La taxe foncière sur les propriétés non ’
1984. D e nouvelles exonérations longues bâties (tfpnb) est prélevée au profit des col-'
(vingt ans) sont consenties pour des logements lectivités locales (communes, groupements §'
construits à partir de 2002 qui satisfont à cer­ fiscalité propre, départements). La part régio­
tains critères de qualité environnementale. nale, déjà fortement réduite, est attribuée aux'
Les autres locaux neufs de toute nature sont communes à partir de 2010. Elle remplace
exonérés deux ans à partir de leur achèvement depuis 1974 la contribution foncière des pro-'
pour les parts départementale et régionale. priétés non bâties et frappe les propriétaires
Depuis 1992, pour la part communale, seuls de terrains non construits. Des exonérations
les locaux d’habitation non concernés par les permanentes existent pour la plupart des pro­
mesures prévues pour le logem ent social priétés publiques, ainsi que des exonérations :
bénéficient de cette exonération, sauf délibé­ temporaires selon la nature des cultures ou
ration contraire du conseil municipal. Une sur décision des collectivités locales. La base'
exonération de deux ans peut également être d’imposition retenue est égale à 80% de la
appliquée, sous certaines conditions, à des valeur locative (ou revenu net cadastral).
entreprises nouvelles qui s’installeraient dans Celle-ci est le résultat du produit de la super­
des locaux existants. Enfin, depuis 1993, le ficie du terrain par le tarif correspondant à sa
dégrèvement d’ofifice, dont bénéficiaient les catégorie : les terrains sont classés en treize
759 TAXE LOCALE D'ÉQUIPEMENT

catégories (auxquelles sont associés treize sion de la construction, la reconstruction et


tarifs) correspondant généralement à des l ’agrandissement de bâtiments de toute nature.
natures agricoles différentes, les terrains à La tle a été instituée par la loi d’orientation
bâtir formant une catégorie particulière. foncière (lof) du 30 décembre 1967 et modi­
Le taux de la taxe est voté chaque année par fiée par une loi de 1985. Elle est destinée à
le conseil municipal en même temps que ceux faire participer les constructeurs et les lotis-
des trois autres taxes locales municipales. seurs aux dépenses d ’équipements collectifs
Lorsqu’il existe un plan local d ’urbanisme ou revenant aux communes et généralement
un plan d’occupation des sols approuvé dans induites par les nouvelles constructions.
une commune, le conseil municipal à la Sauf renonciation par le conseil municipal,
faculté de majorer dans la limite de 200% la la tle est exigible sur le territoire de toutes
valeur locative des terrains constructibles les communes de plus de 10 000 habitants et
dans les zones urbaines du plu ou du pos, sauf certaines communes^ de moins de 10 000 habi­
s’ils appartiennent déjà à la catégorie des ter­ tants de la région Île-de-France. Toutes les
rains à bâtir. L’écart entre le tarif des terrains à autres communes ainsi que leurs groupements
bâtir et les autres catégories étant dans le rap­ peuvent l ’instituer. Les constructions réali­
port de 20 à 1, le triplement des valeurs loca­ sées dans les zones d’action concertée (zac)
tives des tarifs les plus bas a eu peu d ’effet sont exonérées lorsque certains équipements
incitatif sur les propriétaires faisant de la sont pris en chargé par les aménageurs ou les
rétention de terrains. Du point de vue du bud­ constructeurs. Les conseils municipaux
get communal, sauf en zone rurale, la taxe peuvent également exonérer de tle les hlm et
foncière sur les propriétés non bâties est d’un îes garages à usage commercial.
faible rapport : à l ’échelle nationale, elle repré­ L’assiette de la tle est représentée par une
sente moins de 1,2 % du produit fiscal total. valeur estimée de la construction obtenue en
Afin d’alléger l ’imposition des agriculteurs multipliant la surface de plancher développée
touchés par les mesures européennes, la part hors œuvre nette par un tarif au mètre carré
régionale de la taxe est supprimée depuis 1993, qui varie selon les types de construction. Le
Quant à la part départementale, elle a quasiment barème de taxation, qui comporte neuf caté­
disparu depuis 1996. L’État compense partiel­ gories depuis 1991, est périodiquement rééva­
lement la perte de recette départementale. La lué. Il est compris, pour 2009, entre 102
taxe foncière sur les propriétés non bâties qui (hangars) et 732 (locaux de bureaux) € par
était une forme de taxe professionnelle réservée m2. Les locaux d’habitation (hors résidences
aux agriculteurs est donc en train de disparaître secondaires) varient de 263 à 557 €/m 2. Le
progressivement, ce qui ne sera pas sans poser taux plancher de la tle est normalement de
de problèmes financiers aux communes rurales. 1 %, mais peut être porté à 5 % par délibéra­
L’aide apportée indirectement aux habitants- tion du conseil municipal. Le taux peut être
contribuables (agriculteurs) de ces communes différent selon les types de construction, mais
par l’allégement du foncier non bâti se traduira il doit être uniforme, pour une même catégo­
par une insuffisance de ressources pour les rie, sur l’ensemble du territoire communal.
habitants-usagers de services municipaux. Le rapport de la tle est assez faible : envi­
V. C. ron 1 500 € pour un logement en résidence
principale, au taux plafond, ce qui ne corres­
-* Cadastre; Fiscalité directe locale. pond généralement pas aux coûts d’urbanisa­
tion entraînés par sa construction. Le produit
de la taxe est toutefois intéressant pour finan­
TAXE LOCALE —►Dotation globale cer les investissements d’infrastructure liés à
de fonctionnement une urbanisation diffuse ou peu importante. Il
est nettement insuffisant dès que rurbanisa­
tion nécessite la réalisation d’équipements de
TAXE LOCALE D'ÉQUIPEMENT (TLE) superstructure. A insi, dans les opérations
importantes, la participation des aménageurs
Recette de nature fiscale de la section est-elle systématiquement recherchée.
d ’investissem ent du budget communal, la
taxe locale d’équipement est perçue à l’occa­ V. C.
TAXE PROFESSIONNELLE 7 6 û‘

-* Participation des aménageurs et des constructeurs; Pro­


gram m e d'aménagement d'ensemble.
sont soumises selon les communes d’implanta­
tion, taux qui s’échelonnaient de 1 à 25% pour
la part communale de l’impôt. Elles critiquaient
un impôt qui, certes, entre dans leurs frais géné­
TAXE PROFESSIONNELLE raux, mais gêne la concurrence à l’intérieur du
territoire français et les pénalise à l’exportation.
La taxe professionnelle a été supprimée au Contrairement aux habitants qui bénéfi­
1er janvier 2010. Prélevée au profit des collec­ cient des services urbains et aux propriétaires
tivités locales (communes, groupements à fis­ qui peuvent apprécier la valorisation de leur
calité propre, départements, régions), elle patrimoine par les travaux d ’équipements
avait succédé à la patente à partir du 1erjanvier communaux, les entreprises comprenaient
1976 et joué un rôle considérable pendant mal l ’importance vitale de leur contribution
34 ans. Compte tenu de son poids, Sa dispari­ aux budgets locaux : en moyenne la moitié '
tion a entraîné une redistribution complexe de environ de la fiscalité locale et quelque 22%*!
diverses ressources fiscales existantes ou nou­ des recettes de fonctionnement totales. ;
velles entre les anciennes côllectivités bénéfi­ Afin de répondre à la pression des entre­
ciaires. Elle a été remplacée par la contribution prises, diverses réductions de base ont été
économique territoriale (cet) pour les mèmès accordées par le législateur: dès 1976, pour
contribuables : les personnes physiques où faciliter le passage de l ’ancienne patente au
morales exerçant une activité professionnelle nouveau système, puis pour ralentir la pro­
non salariée. Étaient exemptés les entreprises gression jugée trop rapide de la taxe profes­
agricoles, les organismes publics exerçant des sionnelle. Les réductions les plus importantes
activités à caractère administratif, les établis­ ont été inscrites d ’abord dans la loi de
sements d’enseignement privé, les entreprises finances pour 1987 (abattement général de
de presse et les associations loi de 1901 dont 16% de la base pour tous les contribuables)
les services sont réellement sans but lucratif. et surtout en 1999 avec la disparition pro­
Étaient également exonérées, mais de façon grammée sur cinq ans (1999-2003) de la part
temporaire, et sur décision communale, cer­ « salaires » qui représentait un tiers de la base.
taines créations ou décentralisations d’activi­ Un dégrèvement avait été institué dès 1991
tés concourant à l’aménagement du territoire afin qu’aucun établissement ne paie plus de
ou, depuis 1983, les entreprises nouvelles 3,5% de la valeur ajoutée créée par l'entre­
créées ainsi que, dans le cadre de la politique prise. Le coût des compensations versé par
de la ville, les entreprises situées en zones l ’État s’est accru à chaque fois. Bien que cer­
urbaines sensibles (zus) et en zone de franche taines compensations se soient délitées dans
urbaine (zfu). le temps, en 2009 l’État a pris en charge plus
Pour les établissements soumis à l ’imposi­ de 50 % de la TP, y compris la compensation
tion des bénéfices industriels et commer­ de la part salaires supprimée en 1999. Cettè
ciaux, la base d’imposition était formée par la dernière a été « sanctuarisée » en la fondant
somme d’une fraction de la valeur des immo­ dans la dgf.
bilisations (foncières et productives) et de Les disparités de taux ont exprimé la répar­
18% des salaires annuels versés. L’assiette tition inégalitaire de la taxe professionnelle
fiscale des professions libérales et des entre­ sur le territoire national: moins de 10% des
prises artisanales était représentée par la communes concentrent plus de 90 % du poten­
valeur locative de leurs locaux et 10% de tiel fiscal professionnel. Or, une commune
leurs recettes annuelles. était considérée comme correctement dotée
En transférant une part importante de la fiscalement lorsque la moitié de ses ressources
charge de l’impôt professionnel des petits contri­ fiscales et compensations provenaient (avant
buables (notamment commerçants) qui payaient 1999) de la taxe professionnelle. Lorsque le
une patente vers les entreprises moyennes et potentiel professionnel est faible, les com­
grosses, la création de la nouvelle taxe en 1976 a munes doivent appliquer des taux élevés pour
exacerbé les critiques et renforcé les inégalités. équilibrer leur budget, ce qui décourage sou­
Les entreprises industrielles, dont l’activité est vent l ’arrivée de nouvelles implantations
peu sensible aux zones de chalandise, s’éton­ d ’activités. La concentration des activités
naient des différences de taux auxquelles elles dans quelques communes privilégiées favo­
761 TAXE PROFESSIONNELLE UNIQUE

rise le maintien de taux faibles. La Création les activités, les emplois ne peuvent être équi-
d’une taxe professionnelle unique (tpu) sur le répartis sur l’ensemble du territoire. L’émiet­
territoire de plusieurs commîmes dans certains tement communal est un facteur d’accroisse­
groupements intercommunaux, a semblé une ment des disparités de richesse fiscale car
amorce de solution à ces difficultés. certains territoires, peu nombreux, accaparent
Malgré une sensibilité accrue, le taux de l’essentiel des activités et d’autres sont com­
taxe professionnelle n’était pourtant pas le cri­ plètement démunis. On constate que plus le
tère fondamental d’implantation des activités. territoire est large et moins grandes sont les
Les sources de matière première, d’énergie, le disparités. Il y avait moins d’écart de richesse
bassin d’emploi, les moyens de communica­ en taxé professionnelle entre les régions
tion et les prix du terrain restent encore, et de qu’entre les départements, moins entre les
loin, plus importants. départements qu’entre les communes.
Modifiée sans cesse depuis sa création, la Il est ainsi apparu clairement qu’un
taxe professionnelle s’était détachée de plus en m oyen efficace d ’opérer une péréquation
plus des situations économiques réelles, il reve­ entre les communes était de favoriser le
nait aux ressources fiscales nationales (irpp, is, regroupement intercommunal et dé mettre la
tva) de supporter le coût des compensations et taxe professionnelle en commun. Il est
des dégrèvements de la fiscalité locale. revenu aux syndicats d ’agglomération nou­
Plusieurs raisons très différentes expliquent velle (san) de mettre en place cette première
les réformes de la taxe professionnelle : sou­ mutualisation dès 1985. Puis la lo i du
hait de l ’État de réduire ses contributions qui 6 février 1992 a imposé la taxe profession­
grèvent son budget ; recherche d’allégement nelle unique sur l ’ensemble du territoire des
des charges sur les entreprises, surtout indus­ nouvelles communautés de villes, permettant
trielles, dans un contexte économique interna­ aux communautés de communes d ’opter
tional très concurrentiel; recherche d ’un pour un tel système. La loi Chevènement du
meilleur équilibre des ressources entre collec­ 12 juillet 1999 l ’a étendu aux nouvelles
tivités dans un souci d’aménagement du terri­ communautés d’agglomération avec un très
toire. Le projet le plus réaliste consistait à grand succès.
retenir une assiette fiscale reposant sur la Au 1er janvier 20 0 9 ,1 6 970 communes for­
valeur ajoutée. Étudiée dès 1980 en remplace­ mant 1 263 établissements publics de coopéra­
ment de la taxe professionnelle, cette solution tion intercommunale (epci), regroupant
est enfin retenue partiellement dans le nou­ 44,3 millions d ’habitants, sont soumises ou
veau système de la contribution économique ont opté pour la tpu. Il ne faut toutefois pas se
territoriale. Pourtant, la tp survit dans un der­ méprendre : la tpu ne résout pas instantané­
nier avatar : une part de la cet est représentée ment la problématique des disparités fiscales,
par une contribution sur les valeurs locatives au contraire. En effet, en même temps que
des entreprises, la même qui était prise en les communes sont dessaisies de leur pouvoir
compte dans l ’assiette de la tp. Après avoir fiscal sur les professionnels, I’epci doit leur
perdu la part salaires, la tp vient de perdre là verser une contrepartie appelée attribution
part « équipement » et change de nom mais de compensation, correspondant à la perte
survit encore. subie, diminuée des éventuels transferts dé
V. C. charges liées aux nouvelles compétences
de I’epci. Selon la loi de 1999, l ’attribution
- » Autonomie financière et fiscale des collectivités; Compensa­ de compensation n ’est pas indexée et son
tions de la fiscalité locale; Contribution économique territo­
riale; Fiscalité directe des établissements publics de
importance devrait diminuer peu à peu dans
coopération intercom munale; Fiscalité directe locale; Fonds l’ensemble des ressources de taxe profession­
de péréquation de la taxe professionnelle ; Impôts forfaitaires
de réseau ; Taxe professionnelle unique (t p u ).
nelle de l’agglomération. Dans les faits, les
attributions de compensation figent néan­
moins les écarts de ressources entre commune.
TAXE PROFESSIONNELLE UNIQUE (TPU) L’epci peut décider d’employer une partie
de ses ressources pour financer une dotation
Malgré ses avatars, la taxe professionnelle de solidarité communautaire. La vocation de
est longtemps restée la recette la plus discri­ cette dotation est d ’opérer une péréquation
minante entre les communes. Les entreprises, financière entre communes selon des indica­
TECHNIQUE
7%

teurs librement choisis, mais à condition chantiers de l’État au temps des Lumières est
qu’au moins 50 % des transferts reposent sur aussi à l’origine de l’ergonomie.
trois indicateurs : la population, le potentiel Au x v m e siècle dans les grandes villes,
fiscal et le niveau des charges. la maîtrise d ’ouvrage public, la gestion et
L’expérience des villes nouvelles montre l’entretien de la petite voirie sont confiés à des
que la péréquation est un processus long. architectes-voyers ou à des maîtres maçons,
Plus de vingt ans après le début des pre­ les ingénieurs du roi ayant compétence pour la
mières taxes professionnelles uniques, les grande voirie (routes, boulevards). Mais, tant
écarts de richesse entre communes se sont que le commerce reste limité entre l’intérieur
resserrés, mais sont encore jugés comme trop et l’extérieur de la ville, l’octroi, qui procure
importants. Il serait souhaitable que les nou­ la plus grande part des fonds communaux, ne
velles communautés d’agglomération tentent permet pas le financement des travaux publics
d’accélérer un processus d’égalisation raison- locaux. A ussi, la palette des services tech­
née des ressources sans lequel le regroupe­ niques urbains va-t-elle s’étoffer avec la révp-,
ment communal risquerait de s’engluer dans lution industrielle qui accroît les finances,'
des querelles de répartition financière. communales et offre de nouvelles technolo­
V. C. gies - la distribution de l’eau à domicile par'
conduites enterrées, le gaz pour l’éclairage des
-* Fiscalité directe des établissements publics de coopération rues et des appartements - très différentes des
intercommunale; Groupement de com m unes; Taxe profes­
sionnelle. techniques du porteur d’eau ou du lampiste. ;
La Restauration et le Second Empirèî
confient la gestion de leurs services urbains,
TECHNIQUE aux ponts et chaussées (ministère des Travaux
publics), à la vicinalité (ministère de l ’Inté­
Du grec techné : art, métier. Ensemble des rieur), au génie (ministère de la Guerre), à des ,
savoirs rationnels qui ont trait à la transforma­ compagnies concessionnaires ou à des ser-,,
tion de la matière. Le terme « technologie » vices autonomes, dont Paris constitue l ’excep-,
est introduit en ph ilologie allemande au tion : aménagement de trottoirs, d’abreuvoirs,,
milieu du xvme siècle et adopté par les acadé­ pavage puis, au début du x x e siècle, gestion,
miciens parisiens pour distinguer, dans les des permis de construire, des réseaux élec-,
modes de production des arts, les rationalités trique et téléphonique, récolement et gestion,
des croyances. Le mot « technique » sert à fil­ du trafic à mesure du développem ent de
trer ce qui est susceptible d’être jaugé par la l ’automobile. Pour l ’ingénieur, polytechni­
science et par conséquent d ’être mesuré, cien ou simple technicien, la problématique
ajouté, soustrait, multiplié ou divisé, amélioré. urbaine est partout identique : elle se fonde sur,
Le Journal polytechnique donne son nom à la l’écoulement des fluides, l’hydraulique, mère
grande école en l’an IV (1794). Dans le milieu des sciences de l’ingénieur. Qu’il s’agisse de
industriel, le terme « technique » se substitue l’eau ou des hommes, seuls comptent le flux,
peu à peu à « art » au cours du second quart du et le débit qu’il veut, comme la vitesse, tou­
XIXe siècle. « Technique » est adopté par les jours plus importants. Cette conception, qui
ingénieurs. Il s’attache aux métiers dont les s’accompagne de la généralisation du concept,
gestes paraissent plus «mécaniques» et dont de réseau, montre aujourd’hui ses limites, de
la production destinée aux masses n’a pas une la gestion des inondations à celle des conges­
grande valeur esthétique. L’art se réduit alors tions du trafic.
à la conception d’une œuvre par l’artiste tan­ La ville, système complexe et d’une grande
dis que la technique renvoie à l’artisan. matérialité est une somme, une intégrale tech­
S ’appuyant sur un corpus scientifique et nique. Dans le second x ix e siècle et à
sur une élite intellectuelle, la technologie l ’exemple de Paris, les villes de province,
s’implante d’abord dans les places fortes pour d ’abord les grandes puis, aujourd’hui, les
gérer les hommes, les fluides et les matières petites, se sont dotées de services techniques
nécessaires à la suffisance guerrière, puis là indépendants de la tutelle de l ’État, notam­
où la puissance publique estime nécessaire ment du ministère des Travaux publics, puis,
d’équiper le territoire. Ponts, canaux, routes, après 1966, de l ’Équipement. Ces services
ports, arsenaux : la rationalisation des grands sont généralement dirigés par un ingénieur
763 TECHNOPOLE, TECHNOPOLE

formé dans une grande école - ponts et chaus­ gie, mais aussi de permettre des échanges
sées ou centrale pour les cités les plus fas- technologiques entre les entreprises présentes
tueuses, travaux publics, instituts des sciences dans un même technopôle (notion de « fertilité
appliquées pour les villes moyennes - ou issu, croisée ») par l ’organisation de rencontres, de
par promotion, du rang des techniciens supé­ colloques, la diffusion d ’informations, voire
rieurs. En croissance continue depuis les la création d’une pépinière d’entreprises.
années 1920, les effectifs techniques se sont Le modèle existait déjà aux Etats-Unis :
largement étoffés avec le développement du abords de la route 128 près de Boston, Silicon
traitement informatique et la décentralisation Valley dans le sud de San Francisco, à proxi­
(1982) pour s ’atténuer avec le début du mité de la Stanford University. On peut égale­
fort endettement des commîmes (1990): on ment citer les villes nouvelles scientifiques :
compte aujourd’hui près de 20 000 cadres et Akademgorodok en Sibérie ou Tsukuba au
200 000 techniciens ou assimilés dans les ser­ nord de Tokyo, entreprises respectivement
vices techniques urbains français. en 1958 et 1963. Les premiers exemples en
Depuis les années 1950, la tendance conti­ France ont été le parc international d’activités
nue à l’abstraction (mathématique algébrique, de Valbonne Sophia-Antipolis dans l’arrière-
physique expérimentale) dans les formations pays niçois et la zone d ’innovation et de
initiales a pour résultat une perte de techni­ recherche scientifique et technique de Meylan,
cité chez les ingénieurs, et maintenant chez près de Grenoble.
les techniciens, alors que la conduite des Le parc de Sophia-Antipolis a été entrepris
chantiers (travaux neufs et maintenance) en en 1969 par une simple association, qui a bien­
milieu urbain exige une connaissance tou­ tôt reçu le soutien du département des Alpes-
jours plus précise des gestes et de la perfor­ Maritimes : le groupement d ’intérêt écono­
mance des matériaux qui travaillent « aux mique qui en a résulté a procédé aux acquisi­
états limites ». Indispensable pour prendre en tions foncières et à l’aménagement des terrains.
compte la dimension environnementale dans En 1972, l’État lui apporta sa reconnaissance et
la ville, la part des sciences chimiques et bio­ lui assigna une ambition internationale. La
logiques dans ces formations reste dérisoire : maîtrise d’ouvrage est dès lors assurée par un
elle pourrait être une compensation de la syndicat mixte qui regroupe le département,
technicité perdue. les cinq communes, la Chambre de commerce
A. Gu. et d ’industrie et la Chambre d’agriculture.
Une mission interministérielle coordonne les
- » Génie urbain; Infrastructures; Réseaux; Voirie et réseaux actions des pouvoirs publics. Un plan d’amé­
divers.
nagement a été approuvé en 1974 et la durée de
l’opération fixée à vingt ans, avec la perspec­
tive d’accueillir, sur 3 000 ha, 20 000 emplois
TECHNOPÔLE, TECHNOPOLE et 10 000 résidents. Seul le premier de ces
objectifs a été atteint. En 2002, le parc
La notion de technopole est apparue vers (2 300 ha, dont les deux tiers constitués par une
1970 comme une application des théories de forêt protégée) abrite environ 1 200 entreprises
François Perroux sur la polarisation. (dont 400 seulement de haute technologie et
Un technopole réunit, sur un site, le plus au moins autant à capitaux étrangers), ce qui
souvent suburbain, des activités qui ont en représente 900 000 m2 de bureaux, et offre
commun de recourir à des technologies inno­ 25 000 emplois. Le secteur de l’informatique
vantes et qui sont acceptées par un comité est dominant (26 % des entreprises et 44 % des
d ’agrément. La présence ou la proximité emplois). Les objectifs en matière d’emploi ont
d ’une université et de centres de recherche donc été atteints et on envisage une extension
semble constituer une condition indispensable spatiale ou la création de « sites associés ». En
à la diffusion de l ’innovation à partir des revanche, les objectifs de population n’ont pas
recherches scientifiques et technologiques, été atteints : Sophia-Antipolis n’accueille guère
souvent par le canal de petites entreprises nées plus de 6 000 habitants. Sur ce dernier plan,
pour permettre le développement industriel de la majorité des cadres a préféré résider ailleurs,
ces nouveaux procédés. L’objectif initial était à N ice, sur le littoral ou dans le reste de
en effet de favoriser ces transferts de technolo­ l’arrière-pays.
TECHNOPOLE, TECHNOPOLE 19k

L’expression de technopole a connu un d’une politique impulsée au plan national ne<


grand succès. Près d’une centaine de projets bénéficient pas - sauf exception, comjnft.
- il n ’en existe aucun recensement précis - Sophia-Antipolis - d ’aides publiques en,;
s’en réclament pour la France seule. Il est loin dehors des aides générales à la localisa^,
d ’être certain que la plupart d ’entre eux tion d ’activités dans les régions reconnue»!
réunissent les caractéristiques correspon­ prioritaires. L’initiative des technopoles e$t|
dantes : l’université et les centres de recherche variable, le plus souvent une collectivité;
en sont souvent absents et des activités ne fai­ locale ou un groupement de celles-ci ou une.
sant en rien appel à des technologies inno­ Chambre de commerce et d’industrie. La réa-i)
vantes peuvent s ’implanter dans beaucoup lisation est assurée par des structures très -,
d’entre eux. diverses : société d’économie mixte, syndicat;
Dans les années 1980 est apparue la notion intercommunal, association, etc. L’État peut,,
de technopole, se rattachant étymologique­ cependant apporter un soutien indirect, à,
ment à la racine grecque polis (la ville) et travers la réalisation d ’infrastructures ou,
non plus à celle de pôle. La technopole serait l ’implantation d ’équipements universitaires
donc une ville ou une agglomération qui ou de recherche, voire en participant aux-,
aurait une vocation à rassembler des activités études préalables.
recourant à l’innovation technologique. Elle Par ailleurs, la loi d’orientation et de pro­
pourrait donc réunir plusieurs technopoles grammation pour la recherche et le développe-,
qui auraient des liens entre eux, mais des ment technologique de juillet 1982 a confié
activités innovantes seraient présentes sur aux régions la responsabilité de définir et d e ,
tout son territoire. Les établissements d’en­ développer des pôles technologiques régio­
seignement supérieur à vocation scientifique naux. L’action des régions en la matière s ’ins­
et technologique et les centres de recherche crit souvent dans le cadre des contrats de plan,'
publics et privés y seraient particulièrement État-région. Des centres régionaux d'innova­
représentés. Les em plois d ’ingénieurs y tion et de transfert technologique (crut ), à.
seraient en proportion particulièrement éle­ compétence spécialisée, ont été créés pour;
vée. Il est probable qu’aucune ville française sensibiliser les milieux industriels aux nou­
ne puisse répondre à une telle définition. velles technologies, mettre à disposition des.,
Tout au plus peut-on mentionner l’association matériels de pointe et des ateliers pilotes,
de la cité scientifique du sud de Paris comme voire mettre au point des procédés et des pro­
un embryon de technopole. À l’étranger, on duits innovants. Ils sont le plus souvent
peut évoquer l ’exemple de Cambridge, où implantés dans un établissement d’enseigne­
plusieurs colleges de la célèbre université ont ment technologique ou dans un laboratoire
été à l ’origine de la création de parcs scienti­ public ou privé. Ils disposent de conseillers
fiques depuis le début des années 1970 : on technologiques auprès des entreprises.
estime que les entreprises de haute technolo-. La réalité des technopoles est très diverse;
gie de cette agglomération de 90 000 habitants et ne reflète que très partiellement les objec­
accueillent quelque 800 entreprises et près de tifs affichés. Certains ne comportent que des
30 000 emplois (notamment électronique, activités, en principe de haute technologie!
logiciels informatiques, recherche chimique, (Meylan près de Grenoble, Illkirch près de;
biotechnologies). On peut encore citer le cas Strasbourg, Labège près de Toulouse, etc.),
de Louvain-la-Neuve qui associe une univer­ ou liées à l ’université et à des centres de
sité prestigieuse et un parc scientifique. recherche publique (Agropolis à Montpellier,
Le terme de technopole a cependant été pré­ Château-Gombert à Marseille, Belle-Beille à,
féré à celui de technopole par l ’association, Angers, cité Descartes à Marne-la-Vallée,
constituée en 1987, qui réunit les plus signifi­ etc.). Dans d’autres apparaissent des préoccu­
catifs des technopoles (47, dont un en Guyane pations plus urbaines, soit par présence
et un à La Réunion, en 2004) : France Techno­ d’habitat (Rennes-Atalante, Nancy-Brabois,
poles. On lui préférera cependant celui de Orléans-La Source, etc.), soit qu’elles se,
technopôle. Le réseau retis (France Techno­ situent en site urbanisé (Lyon-Gerland par
poles jusqu’en 2006) représente plus de exemple). On y trouve souvent une équipe
11 000 entreprises et environ 223 000 emplois. d’animation, une pépinière d’entreprises, un
Les technopoles ne relevant pas au départ téléport, mais ces éléments sont rarement
768 TECHNOPÔLE, TECHNOPOLE

tous réunis. Une procédure d’agrément des Guyane et un à La Réunion) réunis au sein de
entreprises est le plus souvent mise en place, l’association France Technopoles, on compte,
mais sa rigueur quant au caractère innovant en 2003 :
des activités des candidats est très inégale — 27 pépinières d’entreprises et 25 (sur
(cf. pressions des investisseurs privés et sou­ 30 existant en France)» incubateurs» les
vent des collectivités locales, soucieuses accompagnant, regroupant plus d’un millier
avant tout des créations d’emplois). Les acti­ d’entreprises et offiant environ 5 000 emplois
vités présentes dans les technopoles sont, de (environ 10 000 créés depuis l’origine) ;
ce fait, très diverses : enseignement supérieur — une cinquantaine de parcs scienti­
et recherche, petites entreprises créées par fiques (hors Île-de-France), regroupant envi­
des chercheurs ou des ingénieurs, mais aussi ron 3 000 entreprises et offrant quelque
des établissements de grandes entreprises, 80 000 emplois ;
des petites et moyennes entreprises travaillant — une vingtaine de parcs technologiques,
sur des contrats publics ou en sous-traitance, regroupant plus de 2 000 entreprises et offrant
des antennes d ’administrations publiques, près de 50 000 emplois.
des investisseurs immobiliers et des zones
d’habitat. Les relations entre la plupart de On peut rapprocher la notion de technopole
ces entreprises et la recherche ou l’enseigne­ de celle de district industriel. On désigne ainsi
ment supérieur sont faibles, sauf dans le regroupement, sur un territoire donné,
quelques situations plutôt rares : petites entre­ d’entreprises ou d’établissements exerçant des
prises créées par essaimage ou par des cher­ activités proches et entretenant d’importantes
cheurs ou de jeunes ingénieurs, entreprises relations entre elles sans être le plus souvent
participant à la recherche publique ou à la liées sur le plan du capital : mise en commun de
recherche militaire. Même l’offre de stages à connaissances techniques, partage de réseaux
des étudiants et la participation des cadres à commerciaux, activités de formation, etc.
l’enseignement supérieur n ’apparaissent pas Ces entreprises, qui peuvent être de tailles très
significativement plus développés qu’ailleurs. différentes, bien que concurrentes, trouvent
La seule caractéristique originale des techno­ dans une telle collaboration des économies
poles serait une part plus importante d’inves­ d’échelle et contribuent à la création de l’image
tissements publics. du district. Le district industriel permet aussi
Il semble que les technopoles remplissent à des petites et moyennes entreprises d’accéder
très peu leur objectif de diffusion de l’innova­ à des marchés (y compris à l’exportation), à
tion à l ’échelle régionale, que leur apport aux des technologies nouvelles, à des programmes
finances locales soit mince, voire négatif, et de formation qu’elle n’auraient pu, seules, se
que la fertilisation croisée soit plus un mythe voir ouvrir.
qu’une réalité. Pourtant, selon l’association Le district industriel se distingue cependant
France Technopoles, les entreprises créées de la technopole. En effet, il peut concerner
dans les technopoles l’auraient été pour moitié des activités traditionnelles (confection par
par des ingénieurs, pour trois sur dix par des exemple) et pas seulement des activités inno­
techniciens supérieurs et pour les deux der­ vantes comme la technopole. Il s’applique à
niers dixièmes par des chercheurs. En fait, les un territoire, alors que la technopole est une
technopoles sont avant tout perçus par les élus ville ou une agglomération.
comme un moyen d ’améliorer l ’image de Cette notion a été développée à partir du cas
marque de leur ville et d ’attirer des entre­ de lTtalieidu nord, et en particulier de l’Émi-
prises, elles-mêmes désireuses de se donner lie-Romagne, région qui n ’avait pas de forte
une image de modernisme par ce choix de tradition industrielle auparavant. Il présente le
localisation. On comprend dès lors que les grand intérêt de reposer davantage sur les
comités d’agrément - lorsqu’ils existent - potentialités locales que sur l’apport d’inves­
soient peu rigoureux. La technopole - puisque tissements et de technologies de l’extérieur
cette désignation est en voie de l’emporter - (on a parlé à ce sujet de développement endo­
risque de n ’être guère plus que la nouvelle gène). Le succès des premières expériences
appellation du parc d’activités, qui a lui-même italiennes, dès les années 1970, a fait école
succédé à la zone industrielle. ailleurs. En France, on cite souvent le cas du
Outre les 47 technopoles (dont un en Choletais, région également sans grande tradi­
TÉLÉCOMMUNICATIONS
7«f

tion industrielle avant la crise du pétrole lière, la connaissance du type de logements oh


(milieu des années 1970). La formation de dis­ des équipements complémentaires prévus fou»?'
tricts industriels est encouragée par les ins­ nissent une estimation des besoins nécessaires:
tances de l ’aménagement du territoire (datar à la conception du réseau ou à son extension;; ;.b
en France) et par l ’Union européenne. On peut Le réseau aérien sur poteau ou sur façade)
cependant se demander si cette quasi- tend à disparaître. En terre, les câble»?
institutionnalisation n ’est pas contradictoire empruntent un réseau de fourreaux aiguillés,?
avec le principe même des districts industriels. reliés par des chambres de tirage et destinée»?
Même si les quelque 50 technopoles créés à réparer les câbles. Les fourreaux en PVOt»
dans les années 1980, regroupés au sein de sont posés sur un lit de sable et recouverts d®>
l’association retis continuent à se développer, ce même sable. Les câbles sont fragiles eris
l’attention de la datar s’est détournée d’eux centre-ville et sont souvent détériorés par le»;
dès les années 1990. Le relais a été pris par les rongeurs ou par Télectrolyse résultant de ltb
pôles de compétitivité, créés en 2005. Un pôle proximité des autres réseaux (courants vagat?
de compétitivité doit être une réunion d’entre­ bonds). Ils doivent être posés à plus de 0,3 -m..
prises, d’établissements d’enseignement supé­ des autres conduits. jj
rieur et de centres de recherche qui s’engagent La télédistribution est l’ensemble des proi.
dans une démarche partenariale pour dévelop­ cédés et techniques employés pour la transs
per des synergies autour de projets dont les mission d ’im ages télévisées par un réseau?
priorités sont l’innovation et la recherche de la souterrain de câbles (ou de fibres). La télédis-p
compétitivité. À la différence des technopoles, tribution peut être réalisée à l’échelon natièm
ils sont constitués sur une base thématique et, nal, par la mise en place d’un réseau câblé, ou:
s ’ils sont le plus souvent régionaux, ils ne à l’échelon local, grâce aux antennes commu-;
s’inscrivent pas dans un lieu précis et délimité. nautaires. m
P. M. Le câble permet de constituer des réseaux-
interactifs de communications. À la fin dél
-* District industriel; Localisation des activités; Pépinière 2004, 12% seulement des foyers français?
d'entreprises; Pôle de compétitivité; Pôle de développe*
m en t; Zone industrielle. étaient « câ b lés» , mais 80% au Bénélux eti
70 % en Suède, Suisse et Danemark. Ce retard;
pris en France peut également être mesuré par?
TÉLÉCOMMUNICATIONS le faible nombre de prises: 24 millions en
2010. Le câble coaxial en cuivre, dont la techii
Le réseau de télécommunication assure la nologie s ’est développée aux États-Unis dès?
communication et la transmission de signaux 1931, tend à être remplacé par le câble en fibre?
entre deux personnes ou deux équipements à optique (né dans les années 1970), qui a l’avan*.
distance. Depuis 1946, les télécommunica­ tage d ’un faible encombrement (diamètre des
tions étaient régies par les ptt qui en assuraient 3 mm), d’une faible atténuation des signaux,'
le tracé, l’établissement, l’entretien et qui déte­ d’une insensibilité aux parasites électromagné­
naient la propriété des lignes (Code des ptt , tiques et de pouvoir utiliser une grande bande:
art. 407 à 431). Les opérateurs ont le droit de passante, donc de transporter une image d e1
placer leurs lignes dans le domaine public sans haute qualité. Les liaisons intercontinentales!
la permission de voirie. Il y a en France plu­ sont à présent assurées en fibre optique, ce qui;
sieurs opérateurs, dont les principaux sont procure maintenant un haut rendement aux
France Télécom, sfr et Bouygues qui louent le communications et concurrence très sérieuse-1
droit d’usage. La banalisation du téléphone ment la communication satellitaire.
mobile a accéléré la suppression de nom ­ Les réseaux d ’antennes communautaires
breuses cabines téléphoniques : de 200 000 en relèvent du monopole de diffusion dont l’exer­
1996, leur nombre est tombé à 30 000 en 2010. cice est confié à Télédiffusion de France (tdf)
Lors d’une opération de lotissement ou de et sont incorporés au domaine public de tdf en
construction d’immeubles, le maître d’ouvrage vertu des dispositions du décret du 28 sep­
doit prendre contact avec la direction régionale tembre 1977. Sur proposition de l’aménageur,
des télécommunications (drt) qui examine les tdf peut confier l’exploitation soit à la collec­
conditions techniques et financières de la des­ tivité locale concernée, soit à l ’association syn­
serte. L’importance de l ’opération immobi­ dicale des copropriétaires ou à tout autre
767 TÉLÉMATIQUE

gérant. Le réseau et l’antenne se composent les foyers des émissions de télévision beaucoup
d’un com plexe de réception (pylône et plus variées que ne peuvent le flaire les ondes
antennes de réception), d’une station de tête, hertziennes ; en effet, les interférences entre
des câbles coaxiaux, d’un amplificateur, des longueurs d’onde rapprochées ne permettent
dérivateurs et répartiteurs. Le téléphone cellu­ d’utiliser qu’un petit nombre de canaux ; de
laire est en plein développement (1 million plus, l’extension même du réseau télévisé fran­
d ’abonnés au téléphone mobile en 1995 çais qui, remplissant un service public, a visé à
- contre près de 3 millions en Allemagne, une couverture à peu près complète du terri­
2,5 millions en Italie - , 5 millions en 2000, toire, multiplie les risques d’interférence.
45 millions en 2005 et 55 millions en 2010) Certaines villes ont été câblées en fil
grâce à l’utilisation de bornes émettrices dispo­ coaxial, technique bien dominée, assez bon
sées tous les 300 m environ. Ces « portables » marché, qui permet de distribuer aux foyers
peuvent être équipés de tous les médias. plusieurs dizaines de canaux, mais dont le
débit est trop faible pour offrir des émissions
A. Gu.
interactives (où le spectateur peut intervenir
_> Posturbain; Réseaux; Société postindustrielle;Télématique. dans le spectacle, par exemple en déterminant
lui-même l’évolution du film qu’il regarde).
La fibre optique (fo ), pour un coût trois ou
TÉLÉDÉTECTION - Photographie quatre fois plus élevé, offre des débits trente
(au sol, aérienne, de satellite) fois plus grands. Mais cette technique n ’est pas
encore bien dominée : on ne sait pas commuter
des flux lumineux. Seuls les grands axes de
TÉLÉDISTRIBUTION —» Télécommunications; communication électronique (dans Paris, par
Télématique exemple) sont équipés en fo : les réseaux ter­
minaux vers les logements sont faits en fil
coaxial. Les premiers en France, 1 500 loge­
TÉLÉMATIQUE ments à Biarritz, reliés entre eux en fo , ont pu
recevoir des spectacles interactifs et utiliser des
Ensemble des techniques et des méthodes techniques de communication qui réclament
permettant d’acheminer des informations par de gros flux, comme le «visiophone» (télé­
des techniques électroniques. phone permettant de voir le correspondant).
Depuis la fin des années 1970, la téléma­ Pour les villes, le câblage est une grande
tique a pris en France un essor tout à fait tentation et un grand danger. La loi de 1982
exceptionnel, qui la place aujourd’hui en tête prévoyait la formation de sociétés locales
des pays industrialisés. Trois grands thèmes d’exploitation du câble ( slec) présidées par un
intéressent particulièrement l ’urbaniste : le élu local. Ces slec, chargées de contraintes, ne
réseau d’affaire transpac , la télévision par pouvaient espérer être rentables que dans des
câble, et l’essor du Minitel. villes de plus de 250 000 habitants. La loi de
Le réseau transpac permet d’acheminer 1986 supprime nombre de ces contraintes. La
des données groupées en «paquets» le long viabilité des slec demeure un problème fonda­
d’un réseau spécial. Le coût d’acheminement mental pour les municipalités.
est indépendant de la distance et de la locali­ Le Minitel a connu depuis 1982 un essor
sation de l’émetteur sur le territoire. imprévisible : on en comptait 6 500 000 à la
Cette technique favorise ainsi, depuis vingt- fin de 1994 avant qu’il ne soit supplanté par
cinq ans, la déconcentration des entreprises : internet.
les grandes sociétés de service (banques, assu­ Des systèmes techniques analogues existent
rances, etc.), qui ont besoin de faire circuler en Europe : Prestel en Grande-Bretagne ;
entre leurs établissements de très gros flux Bildschirmtext en Allemagne fédérale. Les
d’information (centres de gestion de chèques, États-Unis, longtemps très en retard, ont repris
activités de recherche, etc.), ont pu les locali­ les devants avec internet.
ser dans de petites villes, loin des guichets et Ce véritable détournement spontané d’une
des clients. technique par le public a fait apparaître de
Les réseaux câblés, qui se sont développés nouvelles formes de convivialité, dé nou­
d’abord dans les grandes villes, apportent dans velles manières de vivre la ville et de s ’y
TÉLÉPHONE

rencontrer qui devraient intéresser considéra­ et celui des fêtes qui en régénèrent périoi
blement l’urbaniste. ment la vitalité et la cohésion. Pour toujei
B. M. raisons, la terre n ’a jamais pu être consi!
comme une simple marchandise, même
-> Bureaux intelligents ; Informatique et urbanisme ; Posturbain ; les sociétés qui réduisent tous les échar
Réseaux ; Société postindustrielie ; Télécommunications.
des transactions monétaires et introduis
droit de propriété dans tous les rappoi
l’homme peut avoir avec les choses.
TÉLÉPHONE -> Télécommunications ; La tenure foncière est donc une instil
Télématique carrefour ou un « fait social total »
puisqu’elle cristallise tous les éléments ci
rels et toutes les forces sociales du gr<j
TEMPS —> Climat; Histoire; Longue durée Pour l’observateur extérieur, elle est ausi
meilleur des révélateurs de la société>ü|
même temps qu’un dédale impénétrable p|
TEMPS DE TR A JET -> Accessibilité; le juriste. Malgré la variété des systèmes,
Coût généralisé de déplacement; tenure foncière à travers le monde, une f
Modèle de choix modal ; Valeur du temps commune à chacun d’eux apparaît nettemi
(lors des déplacements) les droits que les hommes peuvent exercet:
la terre ne forment qu’une partie du réseâj*
solidarités qui les attache les uns aux auf
TEMPS LIBRE -► Budget-temps; Loisirs; Ces droits deviennent caducs lorsque les
Tourisme ponsabilités qui en sont la contrepartie cesp
d’être assumées. Il s ’ensuit qu’un quelcoi
«droit d’user et d ’abuser» (définition 'la
TENDANCE (TENDANCIEL) - Scénario daire du droit de propriété en France,
exemple) est proprement inconcevable, ce:
suffit à expliquer bien des malentendus i
TENNIS (TERRAIN DE) -> Stade et terrain graves entre colonisateurs et colonisés (si;
de sport un acte de cession avec des idées toutes
rentes en tête, par exemple). Il s’ensuit égal
ment, qu’au lieu d ’un droit unique et absolu^
TENURE DES TERRES existe un enchevêtrement de droits, ayant chat
cun une nature et une étendue différent^
Ensemble, toujours complexe, des droits et (droits d’usage, droits de contrôle politique,
obligations qui ont la terre pour source et pour droits religieux, etc.), et dont la totalité n’esj
objet. jamais exercée par une seule personne, mai$
Dans toutes les sociétés connues, la terre par une multitude d’individus ou de groupes,
est investie d’une importance relevant de poursuivant des intérêts distincts. ’i’i
dimensions multiples : économique comme
M. P. et M.
source d’approvisionnement pour les hommes
qui y vivent (gibier, plantes sauvages utilisées ■ Anthropologie de l'espace.
comme nourritures ou remèdes, bois de feu,
matériaux de construction, pâturages pour les
herbivores domestiques, support des plantes TERRAIN À BÂTIR
cultivées, etc.) ; stratégique (dans une zone
dont la topographie et les limites lui sont La notion de «terrain à bâtir» est relative’
connues, une communauté est en sécurité ment récente. Là où il n ’existe guère de régle­
et peut repousser un agresseur) ; religieuse et mentation de l ’urbanisme ou, plus
symbolique (lieu où vécurent les ancêtres, généralement, de contrôle social de l ’usage
qu’aménagèrent les divinités primordiales et des sols, cette notion renvoie seulement aux
où s ’enracinent un mode de vie spécifique caractéristiques physiques du terrain (pente,
et les valeurs morales du groupe) ; sociale, en nature du sous-sol, risques d ’avalanche ou
fournissant le cadre des interactions du groupe d’inondation) pour déterminer s’il peut rece-
89 TERRE

k'oir des constructions. En revanche, dans les sophistiqué, on voit actuellement construire
pays où le développement de l’urbanisation a sur des terrains qui ne sont « à bâtir» ni tech­
Entraîné la mise en place d ’un contrôle juri­ niquement, ni juridiquement, par exemple en
dique de l ’usage des so ls, il existe deux Italie (abusivismo) et en Espagne.
ensembles de conditions pour qu’un terrain V. R.
puisse être qualifié de terrain à bâtir.
D ’une part, le terrain doit être «technique­ -► Droit de l'urbanisme ; Viabiliser.

ment constructible », c ’est-à-dire que, outre


ses caractéristiques physiques (pente, nature
du sous-sol, etc.), le terrain soit desservi par TERRAIN DE SPORT
un certain nombre de réseaux (voirie, eau —> Stade et terrain de sport
potable, réseau électrique, assainissement).
D ’autre part, il doit être «juridiquement»
constructible, c ’est-à-dire satisfaire à TERRAIN POUR L'AVENTURE -> Jardin public
l’ensemble des conditions posées par les lois
et règlements pour que l ’on puisse y édifier
une construction, sanctionnées in fine par un TERRASSEMENT
permis de construire.
Par ailleurs, il existe dans de nombreux Travaux visant à remuer ou transporter la
pays une ou plusieurs définitions fiscales des terre soit pour aplanir le terrain avant une
terrains à bâtir. Ainsi, en France, il existe deux construction, soit pour soutenir une surface
définitions du terrain à bâtir : l’une pour la aplanie (terrasse).
taxation des plus-values, l’autre pour l’établis­ Par extension, on parle de terrassements
sement de la taxe foncière sur les propriétés pour toutes les opérations qui ont pour effet
non bâties. L’harmonisation de ces diverses de modifier le relief du sol, à l’aide de pelles
définitions du terrain à bâtir est un problème mécaniques, d’excavatrices, de piocheuses,
récurrent en France. La loi sur l’aménagement de bouteurs, etc., voire, pour les gros travaux,
du 18 juillet 1985 constitue à cet égard un d ’excavateurs à godet ou à roue.
progrès, dans la mesure où elle synthétise, Le décret du 7 juillet 1977 a institué une
dans le droit de l’expropriation, la constructi­ autorisation préalable, délivrée par le maire,
bilité technique et la constructibilité au sens pour les travaux de terrassement qui ne sont
du droit de l ’urbanisme : pas liés à une opération nécessitant déjà
Art. 3 : « La qualification de terrain est une autorisation (permis de construire en par­
réservée (...) aux terrains qui sont tout à la fois ticulier). Cette autorisation, qui s ’apparente
« a) Effectivement desservis par une vole à une procédure sim plifiée de permis de
d’accès, un réseau électrique, un réseau d’eau construire, est nécessaire là où s’applique un
potable et, dans la mesure où les règles rela­ p l u ou un p o s , dans les zones d ’environne­

tives à l ’urbanisme et à la santé publique ment protégé et dans certaines communes


l’exigent, un réseau d’assainissement, à condi­ désignées par arrêté préfectoral.
tion que ces divers réseaux soient situés à PM.
proximité immédiate des terrains en cause et
soient de dimensions adaptées à la capacité de
construction de ces terrains. TERRE
« b) Situés dans un secteur désigné comme
constructible par un plan d’occupation des Du latin terra : partie de la terre qu’on
sols rendu public ou approuvé ou par un habite, région, pays. La terre est aussi un
document d ’urbanisme en tenant lieu, ou matériau de construction. Terre a aussi donné
bien, en l’absence d’un tel document, situés terroir ou territoire. En support de la ville, la
soit dans une partie actuellement urbanisée terre est l’objet des plus fines disciplines de la
d ’une commune, soit dans une partie dési­ physique et des meilleures techniques dont la
gnée comme constructible en application de ville a toujours été le champ d’expériences.
l ’article L 111-1-3 du Code de l’urbanisme. » Elle colorie le bâti, dessine le relief, module
Dans plusieurs pays, particulièrement en les paysages. La terre a fait l’objet d’abord
Europe, où le droit des sols est devenu très d ’une approche m inéralogique (Réaumur,
TERRIER
%

Buffon) puis, à mesure du développement On parle d’une part du territoire apparte-


de la géographie et de la géologie, d ’une nant à un propriétaire ou approprié par ujjj
approche mécaniste en France (Coulomb, animal. M ais on em ploie égalem ent
Poncelet) et, au début du x x e siècle, en terme pour désigner l ’espace délimité stlfi
Autriche et aux États-Unis (Terzaghi, Mohr, lequel s’exerce l ’autorité d ’un État ou d’un*>
Proctor) : mécanique des sols, mécanique des collectivité ; en France, les communes, lqj|
roches, séismologie sont les grands domaines départements et les régions sont les trois
des ingénieurs des villes. Ces sciences et les niveaux de collectivités territoriales. Daq$
techniques héritées du long passé architectural les deux cas, la notion de territoire n ’est
ont permis aux cités de se fonder et de grandir pas seulement spatiale, mais implique une
sur des sols compressibles (Venise, Houston), dimension temporelle d’appropriation et de
instables (Tokyo, Lisbonne, M exico), inon­ constitution, qui peut avoir été très longue^
dables (Amsterdam). du territoire tel qu’il est reconnu aujour­
Le matériau terre connaît deux grands usages d ’hui : ainsi de la constitution, depuis le*
dans la construction. La terre crue est Moyen Âge, du territoire français. On parle
employée sous forme d’adobe (brique en terre aussi de circonscriptions territoriales pour,
compressée), de pisé (maçonnerie de terre, l’organisation spatiale des administrations^
délayée avec des cailloux, de la paille et de des services, etc. -,
l’eau, mise en place à l’aide de branches), de En principe, et dans les différentes accep­
torchis (terre mélangée avec de la paille ou du tions précédentes, la notion de territoire
foin) ou de matériau composite (avec de la implique celle de limites précises (frontière^
chaux, des fibres végétales, etc.). Matériau très avec les territoires limitrophes). Dans certains,
usité dans certaines régions du globe (Mexique, cas cependant, on emploie ce terme dans un
Chine, Afrique sahélienne), compte tenu de sens figuré qui ne comporte pas de limites
son faible coût de mise en œuvre, la terre cme franches : territoire d’une race humaine, d’une
est le matériau de 15 % du bâti français. espèce animale ou végétale ; zone d’influence,
La terre cuite, assimilée aux céramiques, d’un équipement, etc. t
est utilisée sous forme de briques, de tuiles, de Dans le domaine de l ’aménagement, la
carreaux et de poterie (tuyaux). Elle fut, dès notion de territoire est surtout liée au territoire|
les années 1830-1840, le premier matériau national qui est objet des politiques d’aména-,
industrialisé en Angleterre, puis en France. gement du territoire.
Les perfections apportées aux teintes et aux
P. M/
vernis ont embelli les façades des usines et des
demeures à la fin du siècle. -> Aménagement du territoire; Collectivités locales (et territch
riales).
Aujourd’hui, en France, l’industrie de la terre
cuite est concentrée entre les mains de quelques
grandes firmes. Les évolutions récentes
concernent la diversification des produits, afin TERROIR |
de faciliter la mise en œuvre, d’améliorer l’iso­ - . ■'!
lation thermique et d’offrir une diversité de Territoire dont les caractères physiques et
choix pour la construction. Les céramiques sont l ’aménagement agricole sont homogènes et:
aussi utilisées sous diverses formes pour revêtir différents de ceux des territoires voisins;:
les trottoirs, les voies piétonnières, voire, Exemple : un terroir viticole assis sur un ver-i
comme aux Pays-Bas, les chaussées. sant bien drainé, ensoleillé et pourvu d’un sol
hétérométrique. C’est la plus petite unité de
A. Gu. l’aménagement rural. >
Cependant, les géographes tropicalistes
TERRIER —> Cadastre; Parcellaire français appellent terroir l’ensemble du terri-i
toire utilisé par une communauté villageoise*
ce qui revient, à quelques nuances près, à lé
TERRITOIRE notion de finage. ,
G. B.
Étendue d’un espace approprié par un indi­
vidu ou une communauté. -> Aménagement rural.
771 THÉÂTRE

TERTIAIRE -* Activité économique ; Bureaux ; Cuvilliés à la Residenz de Munich, théâtre du


Commerce palais de Versailles). Au fur et à mesure de son
ouverture à un public plus vaste, le théâtre a
acquis une nouvelle identité visuelle ; il s ’est
THÉÂTRE distingué par une façade élaborée (cf. théâtres
de Broadway) ou bien il est devenu un monu­
Du grec 0 E a tp o v , site ou édifice construit ment indépendant (Drury Lane à Londres,
pour accueillir des représentations drama­ théâtre Français à Paris, théâtre de Bordeaux).
tiques. Le théâtre doit cependant être distingué En ce qui concerne les formes éphémères
d’édifices comme l’amphithéâtre ou l’odéon, du théâtre urbain, fêtes religieuses et pro­
l’opéra et la salle de concert, destinés à des fanes, carnavals, couronnements, mariages et
catégories particulières de spectacles ou de funérailles royaux constituent des événements
manifestations m usicales. Par extension, dramatiques, mis en scène dans des contextes
et dans un sens qui intéresse l'urbanisme, existants et transformés temporairement au
le terme théâtre est également employé pour moyen d’artifices divers : constructions éphé­
désigner, d ’une part, des formes éphémères mères (arcs de triomphe, façades), ornements
(vues, scènes et spectacles), données à variés (cf. le rôle des tapisseries), plantations,
voir une ou plusieurs fois, dans un cadre jeux de lumières par illumination de fenêtres
urbain, architectural ou de jardins, préexistant, et de comiches. La description de ces « spec­
qu’elles utilisent sans pratiquement le modi­ tacles» a donné lieu à une abondante littéra­
fier ; d’autre part, un domaine bâti permanent, ture. À Rome, la piazza Navone était parfois
informé par des traditions et un style. inondée pour recréer des naum achies, des
Dans l ’Antiquité, le théâtre était un site scènes et des tribunes étaient disposées lors
construit à l’air libre pour la présentation de de concerts donnés piazza San Marco, sur le
pièces dramatiques ; l’usage moderne en a fait Corso, et pour le Gioco d’Oca (jeu de l ’oie),
un bâtiment fermé. Le théâtre grec (Épidaure, des décorations étaient montées sur le Tibre;
Priène) consistait dans un ensemble de gra­ à Paris, des arcs de triomphe en bois, tendus
dins circulaires, permettant d’asseoir les spec­ de tissus, furent érigés à l ’occasion d ’une
tateurs, et établi à flanc de colline, de façon grande fête donnée le 26 août 1660, tandis
à épouser une pente naturelle, une aire circu­ qu’en mai 1664, les Plaisirs de l ’île enchan­
laire destinée au chœur, une scène surélevée. tée étaient présentés à Versailles pendant plu­
Son accès était ouvert aux rues et passages sieurs jours. Pendant toute la durée du Saint
urbains et les gradins étaient disposés de Empire romain germanique, des feux d ’arti­
façon à dominer la cité et à privilégier la vue fice, d’une composition fort élaborée, étaient
sur le paysage environnant. Le théâtre romain tirés lors des cérémonies officielles. D epuis le
(par exemple, Leptis Magna) utilise les siècle dernier, des drapeaux et des bannières
éléments de son prédécesseur grec, mais avec transforment la m e à l ’occasion d es fêtes
des différences significatives : scène plus nationales ou de la visite de chefs d’État ou de
élaborée, à deux étages, sièges construits sur personnalités.
un systèm e de voûtes et poteaux en nid À l ’opposé de ces interventions im provi­
d’abeilles ; de plus, c ’est un édifice autonome sées, chaque fois différentes, le théâtre urbain
imposant, élevé en terrain plan, souvent à la construit répond à des fonctions tradition­
périphérie des villes, et dans lequel le regard nelles en offrant des espaces, civiques o u reli­
du spectateur est désormais focalisé intérieu­ gieux, de rassemblement : cours cérémoniales
rement sur la scène. des complexes minoens, réservées aux danses
À la Renaissance, le théâtre réapparaît sous rituelles en l ’honneur des taureaux sacrés ;
la forme d ’une boîte fermée contenant un agora des cités grecques, accueillant quoti­
auditorium, une scène et des circulations. À diennement les discussions politiques et les
partir du début du x ix e siècle, s’y ajoutent tractations des citoyens, traversées u n e fois
bureaux, salles de répétitions et autres espaces l’an par la procession des panathénées ; mes
annexes. Institution d ’abord aristocratique, le des villes médiévales, ouvertes aux p roces­
théâtre était souvent enchâssé dans un édifice sions religieuses, constituent autant de théâtres
plus vaste ou dans un ensemble urbain (théâtre urbains. Le théâtre urbain connaissait une telle
olympique de Palladio à Vicence, théâtre de vogue dans la Venise de la Renaissance que
THÉORIES FONCIÈRES 'm -

chaque année, en juillet, une passerelle tempo­ THÉORIES FONCIÈRES -* Rente foncière !f
raire était aménagée sur pilotis, traversant le -.'•un
canal de la Giudeca de la place Saint-Marc à
l’église San Giorgio Maggiore pour la fête du THERMALISME, THERMES - » Hydrothérapie;
Rédempteur. Tourisme ■'[
En fait, c ’est seulement à partir de la
Renaissance que la notion de théâtre urbain
est assumée. D ès lors, représentations ico- TIERS (droit des) •>;
niques et compositions urbaines ne cessent
d’interférer, mêlant souvent fiction et réalité. Le souci de protéger les « tiers » contre leà
À partir du xvie siècle, on observe deux types initiatives que pourraient prendre des peni
de décor scénique, fréquents dans l ’un et sonnes privées ou publiques, physiques ou
l’autre cas : d’une part, le trident formé par la morales, sur la base d ’un droit qui leur est
convergence de trois rues et flanqué d’édifices reconnu par des textes (Vusus et l ’abusus
imposants, comme dans le cas des projets de d’un droit de propriété foncière ou immobw
Rainaldi, Fontana, le Bemin pour la piazza del Hère, reconnu à l’acquéreur d’un bien par un
Popolo ; d’autre part, la scène ouverte, bordée acte notarié ; la compétence pour expropriai)
de monuments remarquables, à laquelle fait ou bénéficier d’une expropriation reconnue à
écho un arrière-plan de même qualité, comme une collectivité publique par une loi, pour ne
c’est le cas à Pienza. citer que deux exemples) a conduit depuis
Ainsi, à l’occasion d’une représentation en longtemps les pouvoirs publics à prévoir des
l’honneur de la reine Christine, la scène mon­ recours contentieux.
trait le Castel San Angelo et Saint-Pierre tels On n ’abordera pas ici les relations de
qu’on pouvait les voir du palais Borghèse où droit civil entre un constructeur et les acquêt
avait lieu le spectacle. D e la même façon, reurs d ’un immeuble, entre le propriétaire!
deux siècles plus tard, l ’arrière-scène du donnant en location un immeuble et le « prêt#
théâtre de Sehinkel à Berlin figurait cet édifice neur» du bail, entre l ’acquéreur d ’un lot
sur la place même par laquelle le public était dans un lotissem ent « défectueux » et lé
entré. A l’inverse, Cortona a conçu l ’église lotisseur, etc., qui sont des relations contrac­
Santa Maria délia Pace et sa place comme un tuelles où n ’interviennent pas en principe
ensemble composé d’une scène, d’une loggia des « tie r s» . Mais on donnera deux!
et d’une salle. De même, la porte en manière exemples de la protection administrative du
de proscénium de la piazza del Popolo, droit des tiers contre des décisions qui leur
construite par le pape Alexandre VII pour feraient grief kl
l’entrée de Christine de Suède à Rome, conti­ — Le certificat d ’urbanisme, qu’il soit ordi­
nue d’accueillir les visiteurs arrivant du nord. naire (informatif) ou détaillé (pré-opérationnel))
Au cours des xvn e, xvm e et x ix e siècles, constitue, a jugé en 1977 le Conseil d’État (cfi
certains des espaces les plus grandioses créés 30 mars 1977, Fiamma), une décision adminisk
par la culture occidentale ont été conçus pour trative unilatérale faisant grief. Il est donc sus4
le théâtre urbain : la place Saint-Pierre à ceptible de recours pour excès de pouvoir. Ce
R om e; la place de la Concorde telle que recours est d’ailleurs recevable contre un certik
l’avait conçue Gabriel ; la séquence des places ficat négatif aussi bien que positif, et contre le
de Nancy ; le Croissant de Bath ; Regent Street refus de délivrer un certificat, résultant le plus
par Nash ; ou encore les espaces généreux et souvent du silence de l’administration. Depuis
les grandes perspectives du Paris haussman- 1983, dans tous les cas où le maire est compé­
nien, qui mettaient en scène population et tent pour délivrer un certificat d’urbanisme au
véhicules dans un spectacle urbain animé dont nom de la commune, c’est cette dernière qui voit
les peintres impressionnistes nous ont légué sa responsabilité engagée par un refus illégal,
l’image, et qui font, encore aujourd’hui, fonc­ ou un certificat comportant des informations
tion de théâtre. inexactes ou incomplètes. ;
— Le permis de construire ne prend pas
C.-F. O. parti sur le respect de dispositions du droit
-> Art urbain; Espace public; Peinture; Perspective; Place;
privé (il ne peut avoir pour effet d ’« auto­
Rue ; Salle de spectaclè. riser», par exemple, l’empiétement d’une
773 TISSU URBAIN

construction sur une propriété voisine, ni retenir l’attention des tiers concernés, particu­
davantage constituer un titre de propriété, lièrement des associations.
créer ou faire disparaître une servitude de Y. P.
voisinage). La délivrance régulière par l’admi-
nistration d’un permis de construire ne confère Certificat d'urbanisme; Permis de construire; Publicité fon­
cière.
à son bénéficiaire aucun droit à l’égard des
tiers. Mais cette «réserve du droit des tiers»
leur permet, si leur situation est affectée,
d’exercer à l’égard de la collectivité publique TISSU MINEUR -> Abords;
le recours pour excès de pouvoir, le recours en Ensemble historique ou traditionnel ;
responsabilité ou enfin une action en respon­ Secteur sauvegardé; Zones de protection
sabilité devant les tribunaux judiciaires contre du patrimoine architectural et urbain
le titulaire du permis. Les recours des tiers et paysager ( z p p a u p )
contre la décision administrative sont limités
par l’exigence d ’un «intérêt pour agir», plus
facile, il est vrai, à apprécier par le juge lors­ TISSU URBAIN
qu’il s’agit de recours individuels, éventuelle­
ment « fantaisistes », que lorsqu’ils sont for­ Expression métaphorique assimilant les
més par des associations de défense ou de cellules construites et les vides d’un milieu
protection, agréées ou non. Ces dernières se urbain à l’entrelacement des fils d’un textile.
fondent, en effet, sur un intérêt collectif et On peut appeler tissu urbain l’ensemble des
surtout sur l’intérêt général et leur rôle ne éléments du cadre urbain qui constituent un
cesse de se développer. tout homogène. Le tissu urbain est l’expres­
V affichage des actes administratifs est une sion physique de la forme urbaine.
mesure destinée à assurer la publicité des Il est constitué par l’ensemble des éléments
actes administratifs, qui doit être prévue par physiques qui contribuent à celle-ci - le site,
des textes et ouvre aux particuliers les voies le réseau viaire, la division parcellaire, le rap­
de recours garantissant leurs droits. L’urba­ port entre les espaces bâtis et non bâtis, la
nisme connaît, en particulier, trois obliga­ dimension, la forme et le style des bâtiments -
tions d’affichage. En matière de permis et par les rapports qui relient ces éléments.
de construire, l ’article R 421-39 du Code Bien que cette expression assez vague soit
l ’exige « de manière visible de l’extérieur (...) utilisée de diverses façons, on peut définir un
dès la notification de la décision d’octroi tissu urbain homogène comme l ’apparence
et pendant toute la durée du chantier». En physique d’une portion de ville où les élé­
outre, « tout intéressé peut prendre connais­ ments précédents ont des caractéristiques peu
sance des documents déposés à l’appui d’une différentes. On parlera ainsi du tissu médié­
demande de permis de construire ». Le détail val ou du tissu haussmannien de nombreux
de cette réglementation, résultant d’un décret quartiers de Paris de la seconde moitié du
du 30 décembre 1983, montre suffisamment xixe siècle, ou de tissu géorgien à Londres.
les difficultés soulevées dans le passé par Le concept de tissu urbain est très lié à ceux
cette procédure (on lira avec intérêt les com­ de typologie des bâtiments (dimension, style,
mentaires de F. Moderne et H. Charles sous etc.) et surtout de morphologie urbaine (ana­
l’ancien article R 421-42). lyse des structures spatiales). Il est également
En matière de permis de démolir lié à la perception par les habitants des carac­
l’article R 430-18 requiert de son bénéficiaire téristiques physiques du cadre urbain.
des formalités analogues (mais le Conseil Un tissu urbain est lié à l’histoire de l ’espace
d ’État a jugé en 1982 que l ’absence d’affi­ correspondant : le réseau viaire et le parcellaire
chage en mairie n ’affectait pas la légalité de sont souvent hérités des structures rurales anté­
l’arrêté). Il en est, enfin, de même pour l’auto­ rieures et des modifications subies à l ’époque
risation de lotir (R 315-42). de la première construction. Leur résistance
Davantage que les sanctions pécuniaires aux modifications ultérieures est très variable,
encourues (amendes prévues pour les contra­ parfois très élevée (on a alors les meilleures
ventions de la cinquième classe), c’est le point chances de rencontrer un tissu urbain homo­
de départ du délai de recours qui semble bien gène : couronne des grands canaux d’Amster­
TOIT

dam) ; parfois plus faible (rénovation des le levé sur le terrain des détails à faire figurer
centres-villes américains, La Défense, etc.). sur un plan ou sur une carte. On préférera urié
Les rapports du bâti au non-bâti évoluent dans définition plus large qui englobe l ’ensemble
le temps. Mais l’élément le plus variable, très des techniques de terrain en vue de l’élaborai-
lié aux techniques et matériaux de construction tion d’une carte. Dans ce sens large, la top»-
d’une part, à la réglementation d’autre part, est graphie comporte : ■ i|
la hauteur des bâtiments. Il peut, dans certains — La géodésie, qui était au départ la science
cas, y avoir juxtaposition (pavillons, grands de la forme de la terre et la mesure de sali
ensembles) ou superposition (petits immeubles dimensions : elle comporte le choix d’un ellip­
collectifs ayant remplacé peu à peu des soïde de référence et d’un système de projet!-
pavillons dont la majorité subsiste; tours au tion ; le réseau géodésique est un réseau
milieu de bâtiments plus bas) de tissus. de points de base, déterminés par mesures
On parle de tissu lâche ou serré, selon le d’angles (au théodolite) et de distances (mesat*
degré d’occupation du sol et des bords des rées par chaînage très précis ou par mesurai
voies par les bâtiments ; de tissu dense ou peu radioélectriques au telluromètre), formant dep
dense, selon le rapport de la surface de plan­ chaînes de triangles (triangulation) ; le réseau
cher à la surface de terrain. de nivellement est un réseau de points dopt
À la notion de tissu urbain se rattachent l’altitude est déterminée avec précision. .u
également celles de : — Le levé topographique direct, qui s’effeo*
— construction diffuse: répartition irrégu­ tuait par détermination d’un canevas complé­
lière d’une activité, d’un type de construction, mentaire au canevas géodésique, cheminemenls
par petites quantités, dans un espace ; on parle de le long des axes principaux et levé des détails
construction en diffiis pour désigner des opéra­ dans les mailles définies par les cheminementsi;
tions diverses, mais toutes de petites dimensions, les formes du terrain étaient, de même, détermi­
disséminées dans le tissu urbain (ou rural) ; nées sur le terrain et représentées par courbes
— densification : processus de transforma­ de niveau (isohypses). *t
tion d’un tissu urbain où des bâtiments occu­ — Le levé photogrammétrique, dont l’emp­
pant le sol avec une faible densité sont peu à peu loi s’est généralisé après la deuxième guerft
remplacés par des bâtiments ayant une densité mondiale. Il permet largement de limiter le levé
(coefficient d’occupation du sol) plus élevée : il direct au «complètement» des levés photo-
en est en particulier ainsi lorsque plusieurs grammétriques (détails non visibles sur les pho­
maisons individuelles sont démolies pour tos, erreurs d ’identification, etc.) et à certain^
construire un immeuble collectif, lorsqu’une levés de grande précision (plans urbains, levés
ancienne villa ou propriété sert de support à souterrains, etc.). Le levé photogrammétrique !
une opération de construction, et souvent reconstitue, à partir de deux photographies suc­
lorsque, après le départ d’une usine ou d’un cessives du terrain, une image en relief qui est
entrepôt, on réutilise le terrain pour construire observée et dessinée (restituteur photogrammfe-
des immeubles d ’appartements ou de bureaux. trique). Les tendances récentes visent à réduira,
La notion de tissu urbain est donc à la fois voire à supprimer, les interventions au sol etià
statique (état des formes urbaines à un moment automatiser l’analyse des photographies. Auit
donné) et dynamique (porteuse de possibilités petites échelles (c’est-à-dire pour la représenta­
d’évolution de ces formes urbaines). tion de grands espaces, la topographie fait un
P. M. large usage des photos de satellites. t
P. ivj,
Clôture ; Densité ; Ilot ; Morphologie (urbaine) ; Parcellaire.
-> Carte; Cartographie; Conditions naturelles; Photographie
(au sol; aérienne; de satellite); Plan; Relief. ^

TO IT —►Étanchéité ; Gros œuvre

TOUR i
TOPOGRAPHIE
Comme composante urbanistique et comme
Étymologiquement, art du dessin de la forme architecturale spécifique, la tour a,
terre. On appelle topographie, stricto sensu, depuis la seconde moitié du X I X e siècle, sus­
775 TOUR

cité de multiples défis et de nombreuses polé­ promue composante stratégique de l’espace


miques. Elle se trouve aujourd’hui au cœur urbain, opposait alors progressistes et cultura­
d’une problématique mondiale. listes. Au lendemain de la seconde guerre
L’acception commune veut que la tour soit mondiale, les trente glorieuses que confiait la
un édifice beaucoup plus haut que large, voire France fabriquent, dans les grands ensembles
qui tend à défier l ’apesanteur. De manière en particulier, un amalgame dé tours et de
générale, la tour s ’im pose par sa masse barres. Au cours de la Ve République, les pré­
construite dans le paysage urbain, par ses pro­ sidents successifs sont intervenus à titre per­
portions et par les effets de discontinuité spa­ sonnel dans le débat : G. Pompidou, favorable
tiale résultant de sa conception même. En au gratte-ciel, était hostile aux tours de La
France, la tour appartient à la fam ille des Défense ; V. Giscard d ’Estaing est parvenu,
« immeubles de grande hauteur» (igh, à partir durant son septennat, à empêcher toute atteinte
de 28 mètres de hauteur pour les édifices à l’échelle humaine dans Paris ; F. Mitterrand
ouverts au public et de 50 mètres de hauteur a défendu des projets aux volumes géom é­
pour les immeubles de logements) qui doivent triques d ’une monumentalité plus contex­
répondre à certaines normes de sécurité. Mais tuelle; J. Chirac s’est voulu moins engagé,
tous les igh ne sont pas des tours et nom­ tandis que les grandes Villes françaises relan­
breuses sont les réalisations architecturales de çaient le débat sur le « plafond des hauteurs »
plus de 50 mètres qui manifestent une vertica­ afin d’augmenter la densité démographique et
lité toute relative. dé prévenir T étalement urbain. Avec l’arrivée
L’histoire architecturale de la tour moderne de Nicolas Sarkozy, c ’est l’État qui manifeste
est scandée par les influences mutuelles de son désir d’autoriser toutes les audaces archi­
l’Europe ét des États-Unis. Après la succes­ tecturales. Engagé conjointement en 2007 par
sion des édifices à vocation religieuse ou m ili­ l’État, la ville de Paris et la région Île-de-
taire qui marquent la tradition typologique des France, le projet très disputé du Grand Paris
tours sur le continent européen, c ’est la fin du participe à cette réflexion collective souvent
xixe siècle qui transmet l ’héritage principal conflictuelle.
des premières tours américaines. À Chicago, Dans une quête collective de développe­
Cinquante ans après la création de la ville, les ment durable qui accordé toutes ses priorités à
plans du premier « gratte-ciel » commercial à la dimension énergétique des constructions,
ossature métallique sont conçUs par William l ’architecture des tours est devenue, en ce
Le Baron Jennèy en 1883. L’invention de début de xxie siècle, un enjeu à la fois techno­
l ’ascenseur (1853) par Elisha Otis a rendu logique et urbanistique. Mais elle est surtout
possible la construction du Home Insurance devenue un enjeu politique qui ponctue régu­
Building et permis le lancement des édifices lièrement les campagnes électorales à chaque
de «grande hauteur» qu’on appelle encore à échelon de la démocratie locale, Au carrefour
l ’époque « Eleyator Buildings». Les autres des transformations quotidiennes de l’espace
pionniers de l ’École de Chicago ont été Daniel métropolitain, les architectes s’appuient sur
H. Bumham, Henry H. Richardson et Louis les ingénieurs dès lors que les enjeux écolo­
Sullivan. De part et d ’autre de l ’Atlantique, giques deviennent technologiques, ou sur les
l’héritage de cet urbanisme vertical fructifie à urbanistes lorsque la tour, cessant d’être un
mesure que les villes se développent. Comme «objet célibataire», est Conçue comme une
objet symbolique de tous les progrès écono­ des composantes dynamiques de la m ixité
miques et technologiques, la tour ne laissa sociale de l’espace urbain.
indifférent aucun des architectes du x x e siècle. La hauteur n ’en demeure pas moins l’objet
Certaines grandes figures de l’architecture d ’une fierté qui fie se dément pas. Tributaires
américaine comme Frank Lloyd Wright s’op­ de la conjoncture économique, les prouesses
posèrent radicalement à la prolifération des les plus extravagantes sont régulièrement
tours. En Europe, de grands protagonistes, tel enregistrées aux Etats-Unis, en Asie orientale
Le Corbusier, militèrent pour l’urbanisme de ou dans les pays dü Golfe (en France, et singu­
tours (que défend aussi la charte d’Athènes) lièrement à Paris, les projets les plus ambi­
au nom de l’hygiène et de la rationalité tech­ tieux parviennent rarement à se réaliser). La
nique. Loin des expressions symboliques du rivalité planétaire des métropoles se nourrit
capitalisme à l’américaine, la tour européenne, des architectures les plus spectaculaires et les
TOURISME

plus hautes. Tandis que s ’affrontent promo­ vinrent séjourner dans les villes du Midi eti|f|
teurs et détracteurs de la tour comme futur baignèrent dans la mer (N ice, H yères);i||K
inéluctable de la ville-monde, seules quelques souci de la santé était toujours présent, la v|f|
consciences éclairées parviennent à suggérer mondaine plus réduite. La montagne, presque
que les performances architecturales et exclusivement en Suisse et autour du Moiaj^
urbaines de la tour devraient être d’abord éco­ Blanc, devint une destination recherchée à p u t
nomiques et sociales avant d’être médiatiques tir de la toute fin du xvme (première ascensiç^
et techniques. du Mont-Blanc en 1786). C’est à cette époqU:
' ’ E. L. que la ville est moins vantée dans la littéH;
ture: d’espace de liberté et de civilisation, e)}p
- » Barre ; Grand Paris ; Im meuble de, grande hauteur. devenait aussi lieu de perdition. Au contrai^
la nature était magnifiée (Rousseau) et, tout aty
la recherchant là où elle était sauvage, on,jp
TOURISME recréa chez soi de façon artificielle (les jardjfl^
anglais, les maisons de campagne qui s’inçji^j
Pratique du voyage d’agrément. L’origine raient des villas romaines). Ces séjours hofj)
du terme (au début du xixe siècle) est la pra­ du domicile prirent le nom de villégiature. ■,t||
tique du « grand tour » (vers Rome en particu­ Au xixe siècle, les touristes se multiplièrent
lier, vers les villes italiennes et françaises en mais la plupart demeuraient des rentier^!!;
général; puis vers des destinations variées) par naquît alors la « classe de loisirs » (Th. Veblfln
les jeunes aristocrates anglais dès la fin en fut le premier analyste en 1899). Les guideft
du xvne et surtout au,xvme siècle. Cette ori­ de voyage devinrent nombreux, colportant;!^
gine n’est pas seulement anecdotique. Elle stéréotypes du «pittoresque». Les stations
souligne le caractère éljtiste, éducatif, voire touristiques apparurent : près des sources thçty
initiatique, du tourisme è ses origines. Divers males, en bord de mer, puis en m ontagne
voyageurs peuvent être considérés comme des Elles étaient consacrées par les grands person­
devanciers, en particulier Montaigne qui, lors nages qui y séjournaient, puis se dévelpipn
de son voyage de 1580-1581, associa mission paient grâce à la clientèle des rentiers*
diplomatique (à Rome), santé (aux eaux de majorité étrangers à cette époque (y compqa
Plombières et de Bade), religion, curiosité : Américains). Elles étaient aménagées à l’ëoM;
les romantiques ont vu en lui le « premier tou­ des lieux habités ou les débordaient vita,
riste». On peut aussi citer Charles Estienne condition nécessaire pour créer la vie arti&
qui imprima en 1552 Le guide des chemins de cielle attendue. Celle-ci était saisonnière.^
France, premier guide touristique. chaque type de station avait sa saison de précfyt
Les voyages étaient alors longs, parfois lection : il était de bon ton de passer l’hiver stçt
dangereux, toujours pénibles sur de mau­ la côte d’Azur et l ’été en haute montagq^
vaises routes et dans des auberges exécrables. Mais la vogue des bains de mer et, plus tardivp
Ces conditions s ’améliorèrent par la suite, en (début x x e siècle), celle du ski transformèrent
France avec le réseau des routes royales, ces saisonnalités sans les réduire. Au tournai^
avec les premiers hôtels (dont la clientèle fut du siècle, le tourisme s’internationalisa encore:
d’abord anglaise) et la publication de cartes davantage. Les palaces, les paquebots* lêp;
(carte de Cassini en France à la fin du xvm e). trains de luxe furent les phares d ’un touristnfl,
Les antiquités romaines - mais on méprisait encore limité aux classes aisées. . j(l
l ’art médiéval - furent le premier centre
d’intérêt, mais pas le seul: les grandes villes Il y a un contraste évident entre, d ’une paif|i
en particulier attiraient les voyageurs. les origines aristocratiques puis élitistes dj):
Une forme particulière de tourisme, contem­ tourisme, son caractère sélectif par P argent
poraine du grand tour, fut le séjour dans une encore au début du x x e siècle et, d’autre par),-
ville d’eaux : l ’archétype en fut Bath, planifiée la masse des personnes qui s ’y adonnent
par Wood père et fils au milieu du xvne. La actuellement, et les possibilités relativement
station balnéaire suivit à la fin du x v m e bon marché qui sont offertes par P industrie
(Brightonj, elle aussi associée à l ’idée de thé­ touristique à la fin du siècle. La modification
rapie et à la vie mondaine. L’hiver, les per­ profonde est née du droit aux vacances, qt
sonnes aisées, toujours anglaises en premier, plus précisément des congés payés. Il serait
n i TOURISME D'AFFAIRES

cependant erroné de voir dans la loi de 1936 développés, les formes de tourisme et les lieux
sur les congés payés en France le début d’une d’hébergement se sont diversifiés (résidences
ère nouvelle pour le tourisme. Elle fut surtout secondaires, locations, camping, caravanage,
une conquête symbolique, mais l’évolution a tourisme itinérant, etc.). L’avion enfin, par la
été beaucoup plus progressive. D ’une part, pratique de tarifs de fait différenciés selon le
les congés payés sont apparus à des dates m otif du voyage, a rendu accessibles aux
variées selon les pays (en Europe). En France classes moyennes des destinations lointaines
même, de nombreux salariés disposaient de et a accéléré la mondialisation du tourisme.
congés payés avant la loi de 1936. D ’autre Les valeurs dominantes du tourisme évo­
part, la généralisation du départ en vacances luent. Le souci initiatique, voire éducatif, a été
n ’a pas suivi immédiatement la loi, puisque en recul devant le désir de repos, de récréation,
ce n’est que dans les aimées 1970 qu’elles ont à une époque où l’on redécouvrait le corps et
concerné la moitié des Français (1 sur 5 seule­ les vertus de la lumière (cf. l ’architecture).
ment en 1950) et, qu’en 2010 encore, plus du C’est ce qui a fait le succès des vacances de
tiers d ’entre eux ne partent pas en vacances plage (sea, sand and sun..., voire s ex est
(quatre nuits au moins selon I’insee). devenu le slogan dominant des profession­
D e la fin du x ix e à la deuxième guerre nels). C’est à une nouvelle mutation, encore
mondiale, médecins, œuvres et mouvements largement minoritaire, qu’on assiste actuelle­
divers ont encouragé le départ en vacances, ment avec le retour des valeurs liées à la nature
dans un souci de santé physique (les bienfaits (l’environnement) qui conduisent au tourisme
du « changement d ’air ») et morale (stimuler de découverte et avec l’extènsion du tourisme
les valeurs de la découverte, de la nature, de culturel. Dans le même temps, de nouvelles
loisirs enrichissants pour la personnalité). formes de tourisme, moins directement liées
Les enfants furent la cible privilégiée de ce aux loisirs et aux vacances, se sont dévelop­
mouvement avec les colonies de vacances (la pées : tourisme d ’affaires, tourisme urbain,
première fut organisée en 1875 par un pas­ etc.
teur de Zurich). Le bénévolat, la générosité Le développement et la massification du
des donateurs, le souci d’éducation (et par­ tourisme posent de nouvelles questions :
fois d ’endoctrinement) ont été au centre de — Qui peut profiter des vacances pour
ces co lon ies, mais aussi d ’autres m ouve­ faire du tourisme?
ments qui concernent les jeunes : scoutisme — Quels sont les enjeux économiques, les
et auberges de jeunesse (Marc Sangnier, créations d’activités et d’emplois, les trans­
1925). Le tourisme social apparut également ferts financiers et de devises liés au tourisme?
dans l ’entre-deux-guerres et se développa — Quels sont les hébergements et les équi­
après celle-ci - maisons familiales, villages pements utilisés par ou construits spéciale­
de vacances, centres de vacances des grandes ment pour les touristes?
entreprises - autour des mêmes valeurs et — Quelles sont les conséquences spatiales
des m êm es risques : un tourisme à deux (aménagements spécifiques) et environne­
vitesses selon les revenus et le mélange de mentales du tourisme?
soucis culturels et idéologiques. — Quels problèmes spécifiques liés à des
Les m oyens de transport ont beaucoup formes particulières de tourisme: tourisme
influé sur les formes de tourisme. À l’époque social, tourisme d’affaires, tourisme urbain, etc. ?
du cheval et du roulage (la diligence), il ne P. M.
pouvait concerner qu’une minorité d ’auda­
cieux privilégiés. Le train a changé les échelles -> V o ir: Aménagement touristique; Économie du tourism e;
Hébergements touristiques; Loisirs; Ta u x de départ en
temporelle et spatiale, mais n’a servi que tardi­ vacances ; Tourism e social ; Tourism e urbain.
vem ent les vacances populaires (billets de
congés payés en 1936). Avant lui, la bicyclette
avait permis la découverte, le dimanche, des TOURISME D'AFFAIRES
environs des villes (cf. la création à cette fin
du Touring Club de France en 1890). L’auto­ Parallèlement aux voyages d’agrément s’est
mobile a donné beaucoup plus d’autonomie à développé le tourisme d’affaires. L’expression
ses propriétaires : parallèlement à sa banalisa­ est antinomique, mais consacrée par l’usage.
tion depuis les années 1950 dans les pays Les administrations et les services statistiques
TOURISME SOCIAL
%
trouvent également commode de mêler cette d’inspiration paternaliste, existaient dès la fjbjt
forme de voyage aux voyages d ’agrément. du xixe siècle et s’étaient multipliées entre 1(|B;
Certes, la dimension ludique n ’en est pas deux guerres mondiales en France comtpf
toujours absente, soit que quelques activités dans les autres pays d’Europe. Ces initiatiyjqip
touristiques viennent compléter un voyage pro­ concernaient en priorité les enfants : ainsi sofljt
fessionnel, soit que l’agrément tienne une place nées les colonies de vacances (la première J
aussi importante que l’activité professionnelle : Zurich, créée en 1875 par un pasteur). jj|$S
tel est le cas de nombreux congrès, expositions, débuts du tourisme social sont marqués parqp
colloques, conférences, séminaires, etc. souci sanitaire (les bienfaits du « changement
Le tourisme d ’affaires est essentiellement d’air») et par une volonté d’action éducatiyp
urbain. Il utilise largement l ’avion comme qui, qu’elle émane de clercs ou de laïcs, n ’ë a
mode de transport. Il fait appel à des héberge­ pas exempte parfois de prosélytisme,
ments confortables (hôtellerie haut de gamme grands clubs sportifs (les clubs alpins), lep
surtout). Il nécessite des équipements spéci­ associations d’encadrement des jeunes (Young
fiques : palais des expositions, palais des Men ’s Christian Association), les mouvep
congrès, salles de conférences équipées pour ments de scoutisme, les auberges de jeunesse^
la traduction simultanée, télécommunications les grandes entreprises et les syndicats partici­
performantes, etc. Ces équipements sont amé­ pèrent de ce mouvement. ;j|,
nagés en soi (palais des expositions et palais Les villages de vacances constituent jp
des congrès, souvent construits par les mode d ’hébergement le plus caractéristiqqp
chambres d’industrie et de commerce en liai­ du tourisme social, encore que celui-ci n ’en sut
son avec les collectivités territoriales) ou pas l’exclusive (cf. les villages de vacances dp
incorporés à des grands hôtels, parfois à clubs à but lucratif). Les villages à objectif
d’autres équipements (universités). social sont apparus en 1951 (Foyers Lep
Compte tenu de la forte capacité de dépense Lagrange). Ils bénéficient de subventions
de ce type de touristes, les villes se livrent une lorsque les organismes gestionnaires sont
véritable concurrence pour les attirer. Si les reconnus d ’utilité publique. Ceux-ci sont dep
voyages d ’affaires proprement dits sont mutuelles, des syndicats, des comités d ’entre-;
liés au potentiel économique local, et d ’abord prises, des associations et ligues diverses.
à la présence d ’emplois de haut niveau, l’or­ Il s’agit en fait d ’une nébuleuse d ’organisa­
ganisation des expositions, salons, congrès et tions d ’importance variable, parfois regrou­
autres réunions est hautement compétitive. pées en fédérations. Ainsi, 56 organisations
Les atouts des villes sont d’abord leur image, (et 470 organismes régionaux) sont regrou­
leur potentiel touristique et de loisirs, mais pées au sein de l’Union nationale des associa­
aussi leur climat, leur équipement hôtelier et tions de tourisme de plein air (unat). Elles
en matière de lieux de congrès et de réunion. gèrent 1 555 centres qui offrent 225 250 lits et
Paris occupe nettement la première place assurent 38 millions de journées de vacances
mondiale des villes de congrès depuis trente (4% du total des nuitées) à 5 m illions dp
ans (plus de 3 % du marché mondial). personnes (les plus démunies - 1 milliotl
P.M. environ - reçoivent une aide financière);
Ces centres se répartissent en 859 villages
-* Économie du tourism e; Hébergements touristiques; T o u ­ de vacances, 276 centres de vacances
risme ; Tourism e urbain.
pour enfants (ex-colonies de vacances),
251 auberges et centres d’accueil de jeunes,
134 refuges et chalets de montagne!,
TOURISME SOCIAL 100 centres sportifs et 205 autres lieux
d’hébergement dont les terrains de camping);
Secteur de l’activité touristique organisé Ils sont situés en montagne (25% ), ep
sans but lucratif et destiné à des populations à moyenne montagne (15% ), sur le littoral
ressources modestes. (27% ), à la campagne (26% ) ou en villes
On en situe souvent, à tort, le point de (7 %). Ils appartiennent à une collectivité terri­
départ en France à la loi de 1936 sur les toriale (52 %), à une structure associative et
congés payés. En fait, de nombreuses œuvres sociale (38 %) ou à un autre organisme non
privées, des mouvem ents divers, souvent lucratif (10 %). Elles emploient 15 500 salariés
779 TOURISME URBAIN

permanents et environ 54 000 saisonniers et hors du domicile ou par la brève visite - on


font appel à quelque 7 500 bénévoles. parlera d’excursionnisme pour une telle visite
Certaines autres formes d’hébergement que n ’incluant pas de nuitée - des résidents de
les villages de vacances sont destinées à des l’agglomération ou de sa périphérie : ces mul­
clientèles modestes et sont subventionnées: tiples mouvements, d’origine, de motivation
les maisons familiales de vacances (40 000 lits et de durée très différentes, s’exercent dans un
environ), les auberges de jeunesse (14 000 lits même espace où ils viennent se mêler, avec
dans 178 auberges), les colonies de vacances des effets inégaux, à tous les autres types de
(plusieurs centaines de milliers de lits). Les déplacements intra-urbains.
gîtes ruraux (créés à l’initiative du ministère L’histoire touristique des villes, particuliè­
de l ’Agriculture : 43 800 gîtes, soit environ rement dans les pays d’Europe, est schémati­
175 000 lits et environ 30 000 chambres quement passée par trois phases d’attractivité
d’hôtes chez 10 000 propriétaires). Beaucoup variable: première et principale «curiosité
assurent des services à leurs occupants : loisirs touristique» de la Renaissance jusqu’au
organisés, garde des enfants, repas, etc. milieu du xtxe siècle, la ville d ’après la pre­
Le tourisme social n’est pas cantonné dans mière révolution industrielle est considérée, à
des localisations délaissées. Leur objet étant l’inverse, par les amateurs de, voyages, comme
de démocratiser les vacances, ces héberge­ banalisée, inquiétante et même répulsive, une
ments sont souvent implantés dans des sta­ sorte d’« anti-destination ». La ville «postmo-
tions réputées. deme » (ou « postfordienne ») s’efforce désor­
L’instauration du chèque-vacances en 1982 mais de séduire visiteurs et investisseurs, de se
permet aux entreprises de subventionner les construire une identité et un style, à grands
bénéficiaires qui l’achètent ainsi à prix réduit et coups de scénographie, de spectacularisation
peuvent l’utiliser dans les établissements (héber­ et de « marketing urbain». Ce remarquable
gements, équipements, transport, agences de retour de l’objet urbain sur la scène touristique
voyages, etc.) qui l ’acceptent. Il ne concerne n ’est pas le seul résultat mécanique d’habiles
donc pas exclusivement les organismes de tou­ campagnes de promotion. Il est, en réalité,
risme social (ceux-ci n’en encaissent que 15 %), porté par un faisceau de grandes tendances qui
mais participe de la volonté de démocratisation caractérisent les pratiques récentes de loisir et
des vacances. L’Agence nationale pour les de tourisme dans les pays développés : un inté­
chèques-vacances a géré pour 1 034 millions rêt rénové pour l’histoire, le patrimoine et les
d’€ de chèques en 2006, dont profitent quelque consommations culturelles ; une m obilité
3 millions de salariés (environ 7 millions de per­ croissante qui favorise le fractionnement et la
sonnes avec leurs familles). 135 000 profession­ multiplication des déplacements touristiques
nels du tourisme acceptent le chèque vacances. dans l’année, particulièrement de court séjour
En outre, l’Agence apporte chaque année des (en France, 40% de ces mouvements ont
aides aux vacances à 80 000 personnes en situa­ comme destination une ville) ; une revalorisa­
tion d’exclusion et à 140 équipements de tou­ tion générale de l ’image urbaine, accompa­
risme social en moyenne. gnée par une nette amélioration de ses actions
P. M. d’animation et de ses équipements d’accueil,
notamment hôteliers.
-> Hébergements touristiques; Loisirs; Tourisme. Un nombre croissant d’agglomérations
- pas nécessairement associées à une image
traditionnellement attractive - se sont enga­
TOURISME URBAIN gées, en conséquence, dans de vastes pro­
grammes de « m ise en tourism e», sur le
La notion de tourisme urbain n’est pas aisée double argument de la promotion symbolique
à définir et à délimiter. La ville n ’est pas et des retombées économiques (ressources
seulement, en effet, réceptrice de flux touris­ financières et em plois supplémentaires,
tiques classiques débouchant sur un séjour de relance du commerce central, meilleure occu­
durée variable et, en tout cas, d’au moins une pation des capacités hôtelières, niveau de
nuit. Elle est aussi, et de façon croissante, le dépense élevé des congressistes et autres visi­
lieu de déplacements nombreux, massifs et teurs d ’affaires, etc.). Au-delà des actions
diversifiés, justifiés par la pratique de loisirs publicitaires classiques, souvent appuyées sur
T O U T A L'ÉGO UT 7P0

la coûteuse organisation d’événements emblé­ TRAITÉ D'ARCHITECTURE t|


matiques (expositions, festivals, grandes com­ <!
pétitions sportives) ou la promotion de Terme employé abusivement pour désigner
«produits» identificateurs (musées, jardins, des types d ’ouvrages, de genres très difïü*
croisière et plaisance, visites d’usines, lèche- rents, consacrés à l ’architecture : manuels pra­
vitrines, etc.), ces actions urbaines se concré­ tiques et recueils de savoir-faire qui existait
tisent surtout de deux manières. D ’une part, dans la plupart des cultures possédant l’écri­
par la construction de nouveaux équipements, ture (Chine, Japon, Islam) et qui, après Ibl
de plus en plus sous la forme de complexes précédents romains (Vitruve) et médiévaux
polyvalents associant diverses consom ma­ (rares, cf. Villard de Honnecourt), connut ujtt
tions : centres de congrès, de commerce et développem ent important dans l'Occident
d’affaires, centres commercialo-ludiques, casi­ classique (Le Muet, 1623 ; Bullet, 1691);
nos, parcs d’attraction et de loisirs, etc. D ’autre recueils prescriptifs dans les cultures à espaeî»
part, par de spectaculaires rénovations des ritualisés (Chine) ; ouvrages occidentaux depa
sites ponctuels et des ensembles attractifs : Renaissance et de l’âge classique, consacres
réhabilitation et réutilisation touristique des aux ordres d ’architecture (Vignole, Regole,
monuments, piétonnisation des cœurs de ville, 1562 et sa postérité).
reconquête des friches industrielles et por­ Dans un sens restreint et précis, on pettt
tuaires et, surtout, des «fronts d’eau» mari­ réserver cette appellation aux ouvrages
times, lacustres et fluviaux, « renaturalisation » construits sur le paradigme du De re aedïfi-
des espaces centraux, améliorations diverses catoria (écrit vers 1452, publié en 1488)
du mobilier urbain, de l’éclairage, etc. de L. B. Alberti. Ce traité est, en effet -je
L’élargissement des fréquentations touris­ premier à autonomiser l’édification en tait
tiques peut déboucher sur de sérieux problèmes que discipline à part entière, dont il définit ive
de compatibilité entre diverses utilisations statut et les règles méthodologiques, ration­
concurrentielles de l’espace urbain, particuliè­ nellement construites à partir d ’un petit
rement le plus convoité, le centre ancien de nombre de principes et d’axiomes, et organi­
l’agglomération : ils concernent surtout la circu­ sées, en particulier, selon les trois niveaux
lation et le stationnement des automobiles hiérarchiques de la nécessité physique, de la
et des autocars de tourisme et peuvent exi­ commodité et du plaisir (esthétique), lie
ger - comme dans les villes italiennes, par traité d ’Alberti présente donc un double
exemple - des mesures drastiques de limitation caractère théorique et génératif: ses réglés,
et de répartition, temporelle et spatiale. fondées en raison, doivent permettre de
G. C. répondre de façon pertinente et innovanteià
tout programme susceptible de se présenter.;
-► Image de la ville; Projet urbain; Tou rism e ; Tourism e Le livre d’Alberti - instaurateur d’une dis­
d'affaires.
cipline - diffère radicalement de toute la litté­
rature médiévale consacrée au bâtir. Il prend
son sens dans le contexte du Quattrocento où
T O U T À L'ÉGOUT --> Assainissement il a été élaboré et conformément à l ’esprit
duquel il fait de l’espace bâti un champ privi­
légié de la création humaine. Le De re aedifi-
TRADITION —> Acculturation; Folklore; catoria ne peut davantage être assimilé au De
Habitat vernaculaire architectura de Vitruve : ce livre célèbre,
qu’Alberti a utilisé et qui apporte une infor­
mation précieuse sur l’architecture de l ’Anti­
TRAFIC —> Circulation quité, demeure un recueil de préceptes et de
traditions, assemblés sans rigueur. »
Le traité, dont Alberti a établi le paradigme
TRAIN -> Chemin de fer ; Moyen de transport textuel, et la longue postérité d’ouvrages que
lui donnèrent les architectes « trattatistes » jus­
qu’au xixe siècle, intéresse directement l ’urbâ-
TRAIN À GRANDE VITESSE (TGV) -> Chemin nisme du point de vue historique. En effet,
de fer ; Grands aménagements régionaux l ’édification ne se borne pas, pour les traita-
781 TRAMWAY

tistes, à la construction de bâtiments singuliers. TRAME VERTE -> Espace vert


Leur tâche embrasse la totalité du monde
humain. Il leur revient d’édifier les routes et
les ports, les canaux et les tunnels, les paysages TRAMWAY
ruraux et les villes, comme en témoignent,
plus spectaculairement que d’autres, Filarète, Voie de chemin de fer tracée sur la voirie
contemporain d’Alberti, dont le Tmttato est urbaine (site banal) ou sur une voie réservée
demeuré inédit jusqu’au x ix e siècle, ou (site propre), avec des rails à gorge et, par
Scamozzi dans son Idea dell’arohitettura uni­ extension, les véhicules qui circulent, isolé­
versale (Venise, 1615). Alberti affirmait ment ou regroupés en rame, sur cette voie.
qu’une maison est comme une petite ville èt la Ce moyen de transport a d’abord été utilisé
ville comme une grande maison, signifiant aux États-Unis (dès 1832 à New York). Intro­
ainsi qu’une même démarche est applicable à duit en France, après 1850, il était tiré par des
toutes les échelles. Le traité a donc part à la chevaux et sa vitesse (9 km/h en moyenne)
création de l’environnement rural et urbain, il était légèrement supérieure à celle des omni­
est un des instruments de la phase d’urbanisa­ bus (7 km/h). La traction à vapeur fut utilisée
tion relevant de ce qu’on a appelé l'art urbain à la fin du x ix e siècle, puis la traction élec­
(par opposition à l’urbanisme). trique au début du x x e siècle. Accusés d’occu­
Dès la fin du xvme siècle, le traité d’archi­ per trop de place, les tramways disparurent au
tecture est menacé par l’influence de l’utopie profit de l’autobus dans la plupart des villes (à
qui va tendre à remplacer ses règles par des Paris, entre 1930 et 1937 ; après guerre, dans
modèles et à dissocier l’urbanisme de l’archi­ beaucoup d’autres villes).
tecture pour en faire une discipline spécifique. Dans les villes qui les ont conservés (Lille-
Le traité connaît cependant encore quelques Roubaix-Tourcoing, Saint-Étienne, Marseille),
avatars intéressants, en particulier sous la ils sont parfois placés en site réservé (au milieti
forme du dictionnaire : celui de Quatremère de ou sur les bords de la chaussée), voire dans
Quincy est effectivement un traité, marqué par de nombreuses villes européennes, en site
l’esprit encyclopédiste, mais fidèle à la tradi­ propre partiel (souvent souterrain dans les carre­
tion albertienne. Plus que son Dictionnaire fours importants), ce qui accroît leur vitesse.
raisonné de nature historique et archéolo­ Le «tramway moderne», ainsi conçu, se déve­
gique, il faut encore signaler les Entretiens sur loppe à nouveau dans les villes moyennes
l ’architecture de V iollet-le-D uc, qui (Allemagne, Suisse, Belgique, France, etc.) et
conservent l’approche théorique globale et peut être progressivement transformé en pré­
générative du traité. métro (ou semi-métro), puis en métro. Il offre
Depuis le X X e siècle et l’avènement du mou­ une capacité intermédiaire entre celle de l’auto­
vement moderne, puis des c i a m , la « belle bus et celle du métro : un véhicule de 168 places
totalité » du traité a disparu au profit d’essais (type Nantes) toutes les deux minutes permet
fragmentaires, polémiques (Venturi), critiques 5 000 voyageurs à l ’heure (10 000 avec des
et/ou épistém ologiques (Norberg-Schultz). rames doubles, mais cette capacité théorique
Toutefois, la réunification des champs de n’est utilisée nulle part). Son coût de réalisation
l ’architecture et de l’urbanisme a été tentée est de l’ordre du tiers de celui du métro et du
par certains architectes, d’abord dans le sillage triple de celui d ’une voie d ’autobus en site
des études morphologiques (Aldo Rossi), plus propre : environ 30 millions d’€, mais ce coût
récemment dans le cadre de l’esthétique post- peut varier considérablement selon la nature du
moderne (frères Krier). Dans l ’un et l ’autre tissu urbain parcouru et selon les aménagements
cas, la modélisation d ’espaces historiques réalisés. Sa vitesse commerciale est intermé­
signe l’emprise de la pensée utopique et de diaire : supérieure de moitié environ à celle de
l’idéologie. l’autobus. Ses nuisances sont faibles, sa régula­
F. C. rité est élevée et sa consommation d’espace est
réduite.
- » A rt urbain; Urbanism e; Utopie. Le tramway est un mode de transport en
commun très bien adapté aux villes moyennes
(200 000 habitants à 1 million, voire plus). En
TRAITEMENT DES EAUX — Eau France, Nantes, Grenoble et Strasbourg ont
TRANCHÉE FILTRANTE

été les premières à l’adopter et ont construit Nancy ont retenu cette solution, qui a cepan*
chacune un réseau de plusieurs lignes qu’elles dant rencontré de nombreuses difficultés teÇ0*
continuent à étendre. Dans les trois cas, le niques. Toulon et Metz l’adopteront peut-êtjfâ,
tramway a connu un succès certain, tant sur le D ’autres villes -- Annecy, Dunkerque,
plan du trafic assuré que des conséquences sur Maubeuge, etc. - ont préféré l’autobus eii A
le tissu urbain : réaménagement des voies propre, qui offre une capacité plus fai$|k
(mobilier urbain, pavage du sol, etc.) le long mais implique des coûts d ’investisseipïïp
du tracé, création d ’axes piétonniers, réduc­ environ trois fois moins élevés et évite iqf|!
tion du stationnement. La plupart des villes correspondances autobus-tramway : c ’estfjp
moyennes ont étudié, et souvent adopté, la mode bien adapté aux agglom érations .m
réalisation d ’un réseau de tramway. Lille, 100 000 à 200 000 habitants.
dotée par ailleurs d ’un métro automatique Certaines agglomérations envisagent égajta*
(val), a rénové celui qui relie, la métropole à ment de faire circuler des tramways en pstttt
Roubaix et Tourcoing. Saint-Étienne a égale­ sur des sites propres à ces derniers et en pajjtjf
ment mis en site propre son ancienne ligne et sur des voies du réseau ferroviaire (soluti<»
en a créé une seconde en 2006. Marseille a dite «tram -train»): tel a été le choix 4 e
réalisé de nouvelles lignes. Rouen s’est doté Sarreguemines (en liaison avec Sarrebrückj),
d’un tramway, en souterrain dans le centre, de Strasbourg, de Mulhouse et de Nantes, qjifji
baptisé « Metrobus ». Par la suite, d’autres ont ainsi prolongé leur réseau de tramway, et
villes se sont dotées d’une ou plusieurs lignes qui est envisagé dans plusieurs autres villes,! ,|
de tramway : Le Mans, Montpellier, M ul­ Bien que le gouvernement ait d é c id é ^
house, Nice, Orléans, Valenciennes, ainsi que 2003 de réduire considérablement sa partiiçjr
la région Île-de-France. Dans cette dernière, pation à ces projets de réseaux de transport
la première ligne de tramway a relié Saint- urbains en site propre, on peut envisager
Denis à Bobigny en 1992 et a été prolongée à qu’en 2015 six agglomérations soient dotéjjs
N oisy-le-Sec avant de l ’être vers Asnières- d ’un métro, une vingtaine au moins d’qp
Gennevilliers et vers Fontenay-sous-Bois ; tramway sur rails, plusieurs d ’un tramwajy
une ligne de rocade sur les boulevards des sur pneumatiques et plusieurs autres d’ùp
maréchaux est en construction (en service «tram-train». ,i|
entre le pont de Garigliano et la porte d ’Ivry KM.
depuis 2006 et en cours de prolongement de • ’ 1.
celle-ci à la porte de la Chapelle pour une mise A utobus; Capacité (d'un moyen de transport); Chemin
fer ; Coût d'investissement des transports ; Métro ; Moyen «
en service en 2012); de nombreuses autres transport. ^|r
lignes ont été ouvertes récemment ou sont
en construction ou en projet. D es réseaux
de tramway classique sont en construction ou TRANCHÉE FILTRANTE -* Réseau
en projet à Angers, Brest, Le Havre, Reims,
Toulouse et Tours.
Le tramway sur rails métalliques est, depuis TRANSFERT DE COS - » Coefficient
quelques années, concurrencé par le tramway d'occupation des sols, cos
sur pneumatiques, à traction électrique (avec
possibilité de traction diesel hors des lignes
équipées), guidé par un rail unique encastré TRANSFORMATION DE LOCAUX
dans la chaussée. C’est en quelque sorte un —►Permis de construire
mode de transport intermédiaire entre l’auto­
bus et le tramway, moins coûteux que ce der­
nier (on avance une économie de 40 %, qui TRANSIT -* Circulation
reste cependant à vérifier après réalisation
effective), et capable de franchir des pentes
importantes (jusqu’à 7 %). Il est donc bien TRANSPORT AÉRIEN
adapté aux agglomérations de 200 000 à
400 000 habitants. Le modèle le plus avancé Transport réalisé à travers les airs. Certains
est le transport sur voie réservée du construc­ futurologues ont longtemps espéré que l’héli­
teur Bombardier. Caen, Clermont-Ferrand et coptère, voire l ’avion à décollage vertical,
783 TRANSPORT FLUVIAL

pourrait jouer un rôle d écisif en milieu zones habitées. Le trafic aérien Crée en effet
urbain, en offrant la troisième dimension à de fortes nuisances : pollution de l’air et sur­
l’espace de circulation. Cet espoir a été déçu, tout bruit (la zone de bruit intense de Paris-
l ’hélicoptère étant extrêmement coûteux Roissy ou de Lyon-Satolas couvre environ
(environ dix fois plus que l ’automobile), 8 000 ha, presque la surface de la ville de
bruyant et polluant, encombrant (distances de Paris).
sécurité), peu sûr et peu fiable (météorologie). P. M.
Il est encore parfois utilisé pour des liaisons
(coûteuses) entre ville-aéroport ou pour des -+ Aéroport; Bruit; Coût social; M oyen de transport; N uisance;
Pollution ; Pollution atmosphérique.
besoins où l ’urgence prime toute considéra­
tion de coût (déplacement d’hommes d’État,
secours en mer et en haute montagne, ét, sur­
tout, usages militaires). TRANSPORT COLLECTIF Autobus;
Le transport aérien laisse cependant une Chemin de fer ; Métro ; Moyen de transport ;
trace dans la ville à travers les aérodromes Train; Tramway
- simples terrains aménagés pour le décol­
lage et l’atterrissage des avions - et les aéro­
ports - qui comportent, en outre, des TRANSPORT DE MARCHANDISES -> Moyen
installations utilisées pour le fonctionnement de transport ; Transport fluvial
des lignes aériennes et l’accueil des passa­
gers aériens. Leur surface peut varier de
quelques dizaines d ’hectares pour un petit TRANSPORT EN COMMUN -► Autobus;
aérodrome à 10 000 ha pour un grand aéro­ Capacité (d'un moyen de transport) ;
port international. Chemin de fer ; Dépense d'énergie
On appelle aérogare les installations réser­ des transports ; Coût d'investissement
vées aux passagers et aux visiteurs, soit dans des transports ; Métro ; Moyen de transport ;
un aéroport (ex. : Orly-ouest), soit en ville au Tramway
terminus de la liaison desservant l ’aéroport
(ex. Invalides).
On compte 0,1 ha de terrain et 15 m2 de TRANSPORT FLUVIAL
plancher pour une unité de trafic aérien
(1 000 passagers ou 100 t de ffet/an). Transport réalisé par voie d’eau. Il concerne
Les aéroports sont d’importants centres surtout les marchandises (certains ports flu­
d’emplois : 1 à 2 emplois par unité de trafic viaux, tels Paris ou Strasbourg, traitent un
selon la définition précédente. En 2010, volume de marchandises comparable à celui
Roissy-Charles-de-Gaulle accueille environ des grands ports de trier). La voie d ’eau a
90 000 emplois, Orly 26 000 et Le Bourget cependant joué un rôle pour le transport des
3 800 (plus de^ 130 000 pour l’ensemble des personnes, d’une part pour leur traversée, par
aéroports de l ’île-de-France). L’accès du per­ les bacs (bateaux larges et plats), avant la
sonnel, des passagers et des visiteurs pose construction des ponts en nombre suffisant ;
des problèmes particuliers de liaison ville- d ’autre part comme voie de circulation de
aéroport, qui sont assurés par automobile et bateaux (du xvne Siècle à 1918, à Paris). Ce
taxi, par autobus ou par train. Le trafic mode de transport urbain a aujourd’hui dis­
engendré par un aéroport international rend paru dans la plupart des villes, sauf celles où
presque nécessaire une desserte par autoroute un important ensemble de canaux constitue un
ou par voie ferrée. Niais, vu le coût de ces véritable réseau (Venise). Ailleurs, ils jouent
investissements lourds, ils doivent également surtout un rôle touristique (Paris, Amster­
desservir des quartiers de banlieue, pour par­ dam). Le naviplane (ou aéroglisseur), bateau
ticiper au trafic de pointe et (ou) assurer une sur coussin d ’air, n ’a pas trouvé en ville
liaison interurbaine. l’usage attendu par ses promoteurs, en raison
La localisation des aéroports doit assurer des perturbations qu’il entraîne (bruit, dégra­
un compromis entre les contraintes tech­ dation des rives).
niques (terrain plat, météorologie favorable), On compte en France 300 000 km de
la rapidité de la desserte et l’éloignement des fleuves, rivières, ruisseaux (dont près de
TRANSPORT INDIVIDUEL w

4 000 km navigables) et 4 613 km de canaux Capacité (d'un moyen de transport) ;


(cours d’eau artificiels creusés par rhomme et Coût d'investissement des transports;
utilisés pour la navigation), soit environ Deux roues (véhicules à) ; Moyen de transport
8 500 km navigables au total. Parmi eux, on
distingue les cours d’eau domaniaux (notam­
ment ceux qui sont navigables) qui relèvent TRANSPORT ROUTIER -> Moyen :;i
du domaine public de l’Etat, les cours d’eau de transport ; Route ,
non domaniaux qui dépendent des propriétés
riveraines et les cours d’eau mixtes (où l’usage
de l ’eau revient à l ’État). Ces 8 500 km de TRANSPORTS URBAINS -> Consommation ,j;
voies navigables permettent la circulation de d'espace (par les transports) ; . .,, |
bateaux de 50 à 5 000 t. Les cours d ’eau Moyen de transport ; Planification ,j
domaniaux font l ’objet de servitudes pour le des transports ;;||i
passage (« de marchepied »), pour la pêche et ■ ■ ■»S| f

pour le halage (s’ils sont navigables). «H


Le transport fluvial de marchandises tient TRAVAIL ;[(i
une place très variable selon les pays, selon . ,f|
leur relief, leur réseau fluvial et l’importance Facteur de production combiné par le s
(longueur, gabarit) du réseau de canaux amé­ entreprises avec les matières et le capital poqr
nagé. En France, ce m ode de transport a permettre une production. j
longtemps été en déclin malgré ses coûts (à L’expression de force de travail est larg^-i
la tonne-kilomètre) inférieurs à ceux du che­ ment em ployée dans le vocabulaire des
min de fer et surtout du transport routier. En auteurs marxistes pour désigner la capacité
France, il était devenu presque marginal dans physique et par extension in tellectu elle,*!
les années 1990 (3 % du trafic de marchan­ morale, de travail que peut fournir un individu
dises), contrairement à des pays au relief et et qui lui est achetée (salaire) par un entrepre*
au réseau hydrographique plus favorables neur (capitaliste) qui en tire une production
(Pays-Bas, Belgique, Allemagne, etc.). Sa assortie d’un bénéfice (plus-value). La recon^H
lenteur est son principal handicap ainsi, dans titution de la force de travail est le processus
le cas français, que la faible longueur (un qui permet à l’individu salarié de récupérer, jl
peu plus de 2 000 km) des canaux à grand travers un repos minimal et des consomma­
gabarit (permettant le passage de péniches de tions réduites au strict nécessaire, sa capacité
1 000 tonnes, voire plus). Il est cependant à travailler efficacement. Avec les progreï
adapté au transport de produits pondéraux du niveau de vie et de la consom m ation
(charbon et autres minerais, produits pétro­ les auteurs marxistes ont dû définir le concept
liers, matériaux de construction, produits chi­ de reproduction élargie de la force de travail,
miques et métallurgiques, produits agricoles, qui peut comporter des biens ressentis comme
etc.). L’intérêt porté à la dimension écolo­ nécessaires aujourd’hui, alors que Marx
gique du transport a conduit à un renouveau les considérait comme des consommations
depuis une décennie environ. De nouvelles de luxe (exemple : loisirs, tourisme et, aujour­
liaisons à grand gabarit, envisagées depuis d’hui, automobile, etc.)
longtemps ont été entreprises : si la réalisa­ L’organisation du travail a conduit à formu­
tion de la liaison Rhin-Rhône ne progresse ler des lois et règlements complexes (Code (fu
que par à-coups et la liaison Seine-Moselle travail). Le respect de cette législation et
semble reportée sine die, la liaison Seine- l’application des mesures qui en découlent
Nord-Europe est considérée comme une prio­ sont assurés par le ministère du Travail. ,!
rité. Le trafic sur le réseau français a retrouvé La disposition d’un travail régulier pendant
son niveau d ’il y a vingt ans. une certaine durée (limitée ou non) constitue un
P. M. emploi. La tendance, depuis quelques décen­
nies, est à multiplier les emplois temporaires ciu
-* Moyen de transport. à durée déterminée au détriment des emplois à
durée indéterminée, voire à recourir à des
emplois à temps partiel ou saisonniers. Pour
TRANSPORT INDIVIDUEL -> Automobile; leur part, de plus en plus de personnes d’âge
785 TROTTOIR

actif ont tendance à avoir vis-à-vis du travail cules contenant au m oins dix véhicules,
une attitude différente de celle des générations garages c o llectifs de caravanes. En ce
précédentes. Le travail n’est plus au centre de domaine encore, la décentralisation conduit
leur existence et certains s ’accommodent à dissocier les personnes publiques compé­
d’alterner des périodes de travail intense, de tentes pour délivrer l ’autorisation adminis­
travail à temps partiel, voire de chômage. trative : État, com m une ou établissem ent
P.M. public de coopération intercommunale. Mais
c ’est un décret en Conseil d ’État qui déter­
- » Em ploi; Entreprise; Industrie; Population active. mine les types d ’installations et de travaux
soumis à autorisation préalable, ses formes,
conditions et délais.
TRAVAUX PUBLICS - » Construction ; Réseau ; Y. P.
Voirie et réseaux divers ( v r d )
-* Code de l'urbanism e; Mines et carrières; Urbanisme souter­
rain.

TRÉFONDS

Très ancien mot français (XIIIe siècle) qui TROLLEYBUS - » Autobus


demeure la dénomination juridique du sous-
sol. La propriété du tréfonds peut être séparée
de celle du fonds (sol), notamment en cas TROTTOIR
d ’expropriation. L’exploitation de ses res­
sources naturelles par le propriétaire du sol «Banquette pratiquée le long des ponts,
est soum ise à autorisation administrative, des quais et des rues pour la commodité des
réglementée par les régimes particuliers des gens à pied» (Littré). En français, le mot tire
affouillements (action de creuser le sol, en ses origines du chemin tracé en retrait des
général destinée à en extraire des matériaux), quais pour la circulation hippomobile (i.e.
mais ils peuvent aussi viser, par exemple, la « trotter »). Généralement séparé de la chaus­
construction d’un parc automobile. sée par un caniveau, le trottoir est fréquent
L’autorisation préalable, délivrée au nom dans la ville romaine où il protège les pié­
de l ’État, n ’est toutefois exigée, depuis un tons de la circulation des chars et des cava­
décret du 29 mars 1984, que dans les condi­ liers. Il faut ensuite attendre l’invention et la
tions suivantes : diffusion du carrosse pour que le trottoir
— situation du terrain dans Une commune réapparaisse en m ilieu urbain, à Rome
dotée d’un plan d’occupation des sols (désor­ d ’abord, dès le XVIe siècle, à Paris seulement
mais, d’un plan local d’urbanisme), ou figu­ à l ’âge classique (premier trottoir de rue,
rant sur une liste dressée par voie d’arrêté, 1781, rue de l ’Odéon). Le trottoir prend
dans une zone d’environnement protégé ; toute son importance à mesure de la mise en
— durée de l ’occupation ou de l’utilisation place des divers réseaux de voirie.
du terrain supérieure à trois mois ; Prévu étroit dans les quartiers à peine réno­
— profondeur supérieure à 2 m et superficie vés, il révèle en revanche l ’architecture de
supérieure à 100 m* (pour les exhaussements l ’avenue ou du boulevard. Large de 10 à
du sol, qui sont assimilés aux affouillements 20 m, planté d ’arbres de diverses essences,
par la réglementation : celle-ci fixe à 2 m éga­ ponctué de bancs et de réverbères, revêtu de
lement la hauteur des travaux soumis à autori­ macadam, de pavés ou de bitume, il est le
sation). lieu idéal de la promenade. Mais, depuis les
On notera à ce propos que de très nom­ années 1960, l ’augm entation du trafic, la
breuses utilisations du sol, autres que la marginalisation du piéton, les autorisations
construction d’un bâtiment, sont réglemen­ de voirie, la recherche de n ou velles res­
tées par le Code de l ’urbanisme, qui leur sources financières, la signalisation, la publi­
consacre le chapitre II de son titre IV (instal­ cité, ont considérablement rogné l ’espace du
lations et travaux divers). Il en est ainsi des piéton et, de fait, le paysage viaire s ’est pro­
clôtures, parcs d’attraction et aires de jeux et fondém ent altéré (0 ,9 n r/h a b . à Paris en
de sports ouverts au public, dépôts de véhi­ 1850, mais 0,4 en 1980). Ce n ’est que très
TROUBLE DE VOISINAGE

récemment que certaines villes ont procédé à réhabilitation d’immeubles anciens, ces detV
l ’élargissement de leurs trottoirs au détriment nières années. 1ffi i
lilfl
de la chaussée, de façon à limiter le trafic
automobile et à favoriser les usages non cir­
culatoires de la rue. - » Police administrative.
il . h

Depuis quelques années, à l’instar des Pays- ii


Bas et de l’Allemagne, un regain d’attention
se porte en France sur le traitement plastique TUILE Terre
des trottoirs. Les bordures hautes de 0,2 m ont
été parfois réduites pour le passage des per­
sonnes à mobilité réduite. D es m assifs de TUNNEL -> Infrastructures
plantes florales viennent, de façon souvent '.’*?!■
, f
incongrue, égayer les plus larges trottoirs. La
texture du revêtement est diversifiée : gra­ TYPOLOGIE
villons incrustés dans le sol stabilisé, sables
grossiers traités aux élastomères (couleurs Néologisme (xxe siècle) signifiant étymd-
blanche, ocre, rouge), schistes houillère (cou­ logiquement la science du type. Le type
leur rouge à violette) provenant du concassage désigne, à l ’origine, « le moule ou modèlej
des déchets de stériles, briques ou parpaings déterminant la forme d’une série d’objets q à f
autoblocants, carrelages de différentes teintes en dérivent. Il s ’emploie presque toujours
ou formes, cimentés sur une chape de béton au figuré (...) Par extension, il en est venu l à '
ou de mortier. Mais les produits noire (bitume, désigner tout être concret, réel ou imaginaire*
goudron) occupent toujours la plus grande qui est représentatif d’une classe d’êtres (..ijfj
partie des trottoirs en France, tandis que le (et finalement) un schéma général de strucK
béton prévaut aux États-Unis et en A lle­ ture » (Lalande). Ce terme est utilisé autant
magne. par la logique que par les sciences de la nature'
Le stationnement illicite des véhicules sur et les sciences humaines.
les trottoirs reste, en France, un problème Le terme «typologie» a été créé pour désï-'
important contre lequel les mesures coerci­ gner la méthode d’observation des types*
tives (barrières métalliques, chaînes, plots en humains. Depuis les années 1960, où il a été!
béton, potelets, etc.) n ’ont finalement pour lancé par un article de G. C. Argan ( t u f
résultat que d’encombrer et d’enlaidir un peu H. Sedelmayr Festschrift, Munich, 1962), aus-'
plus l ’espace du piéton. sitôt reproduit et traduit, qui redécouvrait et
A. Gu. réinterprétait le concept de type, tel que l’avait1
défini Quatremère de Quincy dans son Diction^
-* Mobilier; Piéton; Revêtement; Rue; Viabiliser; Voie. naire de l ’architecture (Paris, 1832), le concept1;
de typologie, souvent associé à celui de mon.1*'
phologie, a connu, d’abord en Italie, puis dant/'.
TROUBLE DE VOISINAGE le reste de l’Europe et aux États-Unis, une for-1,
tune remarquable, liée au renouveau de la spé- '
Dommage résultant d’une activité poursui­ culation sur l’architecture et l’urbanisme après.
vie par un voisin en l ’absence de toute faute les échecs dumouvement moderne. *
ou intention de nuire de celui-ci : il peut s ’agir Dans ce champ, il désigne, de façon géné- '
de bruits, de fumées, d’écoulements d’eau ou raie, toute opération de classement des édi-j
d’affaissement de terrain, mais aussi de pertes fices, des objets ou des espaces, utilisant la'
d’ensoleillement, rupture de tuiles ou dégâts catégorie du type. ,>
causés par des branchages, etc. Le classem ent typologique écartant le s 1
Les tribunaux civils ont admis la réparation éléments variables, considérés comme n o n 1
de ces dommages lorsqu’ils excèdent, par leur significatifs, le type représente donc une abs1-'
durée ou leur intensité, « les obligations nor­ traction rendant compte d ’une régularité,'!
males de voisinage ». Ce caractère anormal, au double sens de ce qui se répète et de ce qui '
parce qu’excessif, des troubles s’est, en parti­ sert de règle. On peut donc opposer le type
culier, beaucoup manifesté à l ’occasion des au «standard» ou au « m o d è le » , entendu
opérations de construction neuve, puis de comme «un objet qu’on doit répéter tel qu’il
787 TYPOLOGIE

est », alors que « le type est un objet d’après du type, mais n’est pas incompatible avec la
lequel chacun peut concevoir des ouvrages permanence ou la persistance, sur une longue
qui ne se ressembleraient pas entre eux » période, d’éléments du type. Deux raisons
(Quatremère de Quincy, op. cit., art. « Type »). peuvent expliquer cette durée. La première
La réduction au schéma typologique repose tient à la relative stabilité des modèles cultu­
sur une raison commune qui revêt des formes rels et de certaines structures plus profondes
bien différentes selon les auteurs : raison origi­ de la spatialité.
naire de la chose (Quatremère), structure sous- Viollet-le-Duc observait déjà que «dans
jacente et convention (Argan, Colquhoun, l’art de l’architecture, la maison est certaine­
Raymond), rapport dialectique des édifices à ment ce qui caractérise le mieux les mœurs,
l’ensemble urbain (Aymonino), mode opéra­ les goûts, les usages d ’une population ; son
toire du projet (Rossi), voire principe ontolo­ ordonnance, comme sa distribution ne se
gique (A. Vidler, The third typology, in modifient qu’à la longue » {Dictionnaire rai­
Opposition 7, N ew York, 1977). sonné de l ’architecture, art. «M aison», Paris,
L’établissement d’une liaison entre les 1854-1859). La deuxième est que le type n ’est
notions de généralité et de pertinence implique pas le simple produit, mais aussi un élément
la définition de critères et du système de réfé­ constitutif d’une culture : « Lorsqu’un groupe
rence qui fonde cette pertinence. Chaque défi­ est inséré dans une partie de l’espace, il la
nition du type renvoie donc à un champ transforme à son image, mais en même temps
disciplinaire (sociologie, architecture, histoire il se plie et s’adapte à des choses matérielles
de l’art, géographie) et à une théorie (du pro­ qui résistent, il s’enferme dans le cadre qu’il a
jet, de la culture, de la production de l ’espace, construit. L’image du milieu extérieur et des
etc.), ce qui explique l’évolution et la diversité rapports stables qu’il entretient avec lui passe
de cette notion au cours de l’histoire. Ainsi, on au premier plan de l’idée qu’il se fait de lui-
trouve parfois un écart plus grand entre deux même » (M. Halbwachs, La mémoire collec­
définitions du type qu’entre celles du type et tive, Paris, 1950). En tant que convention, le
de notions voisines, telles que le genre type peut faire l’objet d’une contestation qui
d’Alberti ou de J.-F. Blondel, ou le caractère manifestera, par exemple, le changement du
de Boullée. Par exemple, les « types idéaux » statut social du commanditaire, ou encore les
des villes selon Max Weber, qui utilisé des positions critiques de l’architecte. La notion
critères socioéconom iques, s ’opposent-aux de type est donc utile aussi bien à l’histoire
types purement form els et transsociétaux architecturale de la société (C. Devillers et
d’Aldo Rossi, ou encore l’idée selon laquelle B. Huet, Le Creusot, 1981) qu’à la critique
la notion de type n ’est pertinente que si elle architecturale (A. Colquhoun, Essays in archi­
rend compte d’une structure de correspon­ tectural criticism, Cambridge, Mass., 1981 ;
dance entre une forme spatiale et les valeurs trad. franç., Paris, 1985).
pratiques et symboliques que lui attribue le On peut tenter un bref historique de la
groupe social auquel elle est destinée. genèse de la notion de typologie. D ès la
Dans cette dernière définition, le type n ’est Renaissance, Alberti propose un classement
pas considéré comme une simple catégorie de des édifices en rapport avec celui des groupes
classement, mais comme une forme de la pro­ sociaux : « Si l ’on veut classer d’une façon
duction de l’espace. Il représente l’ensemble adéquate les divers genres d’édifices et les
des conventions qui, dans une société donnée, diverses parties à l’intérieur de chaque genre,
constituent l’« idée de maison » (par exemple), la méthode d’une telle enquête impose, dans
c ’est-à-dire la partie implicite de la commande tous les cas, de mettre en lumière complète­
de l ’usager au constructeur. H. Raymond ment quelles différences existent entre les
nomme «commutation» le rapport qui s’éta­ hommes ; car les édifices sont faits pour eux
blit à travers le type, entre l ’espace de l’habi­ et changent avec les fonctions qu’y d éve­
tant et la pratique spécialisée du constructeur loppent leurs besoins » {De re aedificatoria,
(H. Raymond, L ’architecture, les aventures 1. IV, chap. I, d ’après la trad. italienne
spatiales de la raison, Paris, 1984). Le type, d’Orlandi, Milan, 1966). Certains traités ulté­
reproductible comm e un tout, articule par rieurs {Sesto libro de Serlio) comportent une
convention les différents facteurs qui le déter­ enquête sur les types d’habitation existants
minent et dont la transformation entraîne celle et proposent, à l’usage des maîtres d ’œuvre,
TYPOLOGIE

une régularisation et un développement de moine d’images », vidées de leur valeur spéci­


la série par des « inventions ». Au xvne siècle, fique et réduites à l ’état de schéma, ce qifl
des manuels, comm e celui de Le Muet implique une « suspension du jugement histo­
(Manière de bien bastir pour toutes sortes de rique ». «Par le moyen de la réduction * $ 1
personnes, Paris, 1623), ont pour finalité pra­ type, l ’artiste se libère de l ’influence condi­
tique de fournir des modèles, techniquement tionnante d ’une forme historique déterminés,
et socialement viables, tout en renforçant la il la neutralise, il prend le passé comme un fait
position de l’architecte par rapport au maître- accompli, et donc non susceptible de dévelop­
maçon. Le type culturel, implicitement repro­ pement. » Le moment du type est donc
duit, peut alors devenir un type architectural, «moment négatif», qui met l’artiste dans lb
objet d’un savoir professionnel, susceptible nécessité de l ’invention, ou « moment, d e là
d’être reproduit comme une forme autonome définition form elle» (op. cit., republié*ifl
par rapport aux conditions initiales de son Projetto e Destino, Milano, 1965). ;<*;j
engendrement social. Le mouvement de l ’architecture urbaine
Dans la pensée classique, la Raison est (S. Muratori, C. Aymonino, A. RoSsi,
encore indissolublem ent l ’Ordre qui régit G. Grassi, etc.) met en évidence les structures
l’univers et le système qui le représente. Le de la forme urbaine comme composante essent-
type est une figure du principe originel révélé tielle de la culture et comme méthode du projet
(le Temple de Salomon) ou naturel (la Cabane d’aménagement urbain. Le type n ’est qu’un
primitive). Dernier théoricien classique, élément dont il s’agit de montrer le rapport àite
Quatremère de Quincy est le premier à formu­ morphologie urbaine, dans une vision syé*
ler une théorie du type. C’est le « germe pré­ chronique que Carlo Aymonino s ’efforce
existant», « l ’origine et la cause primitive», d’articuler à l’analyse historique (Lo studio deî
«la raison originaire» qu’il convient d’imiter fenomeni urbani, in La città di Padova, Rome,
après l’avoir dégagé de sa forme contingente. 1970). Aldo Rossi, au contraire, tend à réduire
S ’inspirant, en particulier, de Bellori, il définit le type à des invariants formels, détachés dB
l’œuvre d’art comme un processus d’« imita­ leur origine sociale ou historique, et qui res­
tion » (terme opposé à copie) de la nature, tent, en toute circonstance, pour l’architectë,
com posé d’une succession de moments : «un mode d’affronter la réalité» (L’Architèir
choix des formes ou « beautés de formes par­ tura délia città, trad. ffanç., Paris, 1981). it
tiellement réparties sur plusieurs individus On observe aujourd’hui, à côté de l’appro­
dans la nature », réunion ou généralisation de fondissement des hypothèses d’Aymonino, ét
ces beautés dans un « beau idéal », transposi­ de l’apport de la sociologie française, illustrés
tion ou transformation qui s ’effectue suivant notamment par les travaux de J. Castex, J.i-
des figures appropriées à chaque art et Ch. Depaule, Ph. Panerai ( Versailles, lecture
« qu’on peut ramener presque toutes à l’idée d ’une ville, Paris, 1980; Eléments d ’analyse
générale de métaphore» (De l ’imitation, urbaine, Bruxelles, 1980), un usage pure*-
Paris, 1823). ment iconique du type dans des architectures
Lorsque G. C. Argan revient à la notion de dites postmodemes, qui manipulent les signes
type, il fait alors jouer aux concepts de civili­ d’une urbanité et d ’une historicité mythiquq,
sation et d’histoire un rôle analogue à celui de détachés à la fois des conditions réelles de
nature chez Quatremère : « Les types histo­ leur existence historique et des modèlès
riques (...) ne visent pas à satisfaire des exi­ sociaux contemporains, sans pour autant que
gences pratiques contingentes, mais à le recours au type soit ce « moment négatif»
répondre aux exigences profondes que l ’on dans lequel Argan voyait la condition de
estime être fondamentales et constantes, au l ’invention formelle.
moins dans les limites d’une civilisation déter­
minée. » Argan émet « l ’hypothèse du type C .Q .
comme point de départ de la projetation ». Le - » Architecture dom estique; M odèle; M orphologie; Parcel*
« moment du type » est la réunion d ’un « patri- taire ; Traité d'architecture. f
U

UNION EUROPÉENNE E T AMÉNAGEMENT Bretagne, l ’Irlande et le Danemark avaient


DU TERRITOIRE déjà adhéré en 1973, la Grèce en 1981,
l ’Espagne et le Portugal en 1986, Enfin, la
L’intégration juridique des communautés chute des régimes socialistes d’Europe de l’est
européennes est aujourd’hui réalisée à travers a conduit à une nouvelle négociation qui a
l ’uniformité du, droit communautaire pour conduit à l’adhésion, le 1er mai 2004, de dix
l ’ensemble des États membres et la primauté nouveaux pays (majoritairement les pays
de l’ordre juridique communautaire autonome d’Europe de l ’est) : la Hongrie, la Pologne, la
sur les ordres juridiques nationaux. Slovaquie, la Slovénie, la Tchéquie, les trois
L’intégration économique européenne, dans républiques baltes issues de l’ex-Union sovié­
la mesure où elle se caractériserait par la tique (Estonie, Lettonie, Lituanie), ainsi que
constitution d’un marché intérieur unique et Chypre (partie grecque) et Malte. La Bulgarie
par l’extension des compétences communau­ et la Roumanie ont à leur tour, après négocia­
taires à des actions étroitement liées à cet tion, adhéré le 1er janvier 2007. Des négocia­
objectif, s’est réalisée par la mise en vigueur tions sont en cours pour une éventuelle
du «Livre blanc» de juin 1985, programme association de la Croatie, de la Macédoine et
de la Commission, pris en compte par l ’« Acte de la Turquie, le cas de cette dernière, candi­
unique européen» signé en février 1986, qui date depuis le début des années 1970, ne fai­
porte révision des traités fondateurs. sant toutefois pas l ’unanimité (nécessaire pour
Les États membres ont œuvré par ailleurs que l ’adhésion ait lieu) parmi les autres
pour uniformiser davantage leur action dans le membres. D ’autres pays sont considérés
domaine économique et social et leurs poli­ comme des candidats potentiels : l’Albanie, la
tiques étrangère et de sécurité. Le traité sur B osnie-H erzégovine, le Monténégro et la
l’Union européenne (traité de Maastricht) qui Serbie (et éventuellement le Kosovo).
regroupe les dispositions relatives à l’union Ces extensions successives ont posé le pro­
économique et monétaire et à l’union politique blème de la gouvernance de l’Union. Après un
a été adopté le 10 décembre 1991 à l’issue de projet de constitution préparé sous l ’égide de
la réunion du conseil des ministres. La sup­ Valéry Giscard d’Estaing, qui n ’a pas été validé
pression du qualificatif «économ ique» dans (la France et les Pays-Bas l’ayant rejetée
son nouveau nom manifeste l ’élargissement par référendum en 2006), un nouveau projet
de l ’action de la communauté, qui a pris effet simplifié, dit traité de Lisbonne, a été, mis
le 1er janvier 1995. Le traité de Maastricht a au point en 2007 et ratifié par les États
également ouvert la voie à un nouvel agrandis­ membres (en 2010 pour les derniers, la Pologne
sement de l ’Union européenne, l’Autriche, la et la Tchéquie). La France et les Pays-Bas l’ont
Finlande, la Suède et la Norvège ayant signé adoptée (mais par voie parlementaire), mais
l’accord d’adhésion en juin 1994 (les trois pre­ l ’Irlande, qui l ’a rejetée par référendum, a
miers pays sont effectivem ent devenus négocié des aménagements qui ont été soumis
membres le 1erjanvier 1995, la Norvège ayant à un nouveau référendum. Ce traité (on ne
refusé l’adhésion par référendum). La Grande- parle plus de constitution) prévoit qu’une majo-
UNION EUROPÉENNE E T AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE 790

rité qualifiée peut être décisoire dans certains 5B ; fonds social européen ( f s e ) pour les objec­
cas où l’unanimité était requise. Un président tifs 1, 2, 3, 4 et 5B ; fonds européen d’orienta­
de l’Union est institué pour deux ans et demi. tion et de garantie agricole ( f e o g a ) pour les
L’«A cte unique européen» de 1986 com­ objectifs 1, 5A et 5B. Ses actions ont été
porte un titre VII qui consacre un nouveau menées en liaison étroite avec les États
champ d’action des communautés, l ’« envi­ membres et les collectivités territoriales com­
ronnement» (art. 2 4 ); et c ’est dans ce pétentes désignées par celui-ci. Les États
domaine que se situent les politiques commu­ membres élaborent et présentent à la Commis­
nautaires d’aménagement urbain. D ’une part sion européenne des plans de développement
à travers certaines réglementations concernant régionaux. La réponse de la Commission s’ins­
la qualité de l ’environnement urbain (direc­ crit dans des cadres communautaires d’appui,
tives sur l’incinération des déchets munici­ établis en liaison avec les États membres, qui
paux et sur le traitement des eaux usées) ; fixent les axes prioritaires retenus, les formes
d’autre part à travers les activités entreprises d’intervention, le plan de financement, les pro­
dans le cadre des «fon d s structurels euro­ cédures de mise en œuvre, y compris le suivi et
péens»: le Fonds social européen (fse), créé l ’évaluation.
en 1960, et le Fonds européen de développe­ Pour la période 1989-1993, 60 milliards
ment régional (feder), créé en 1975. d’écus, soit près de 400 milliards de F, ont été
Les défauts des politiques communautaires mis en place dans le cadre de ces politiques.
d’aide au développement régional, que les La France a reçu près de 6 milliards de F au
deux principes d’additivité (les financements titre de l’objectif 1 (seuls les départements
ne doivent pas se substituer à l’effort national) d ’outre-mer et la Corse y étaient éligibles),
et de subsidiarité (les autorités locales restent plus de 8 milliards au titre de l’objectif 2 et
maîtres d ’œuvre des programmes) ne suf­ 6,3 milliards au titre de l’objectif 5B, soit plus
fisent pas dans la pratique à éviter, imposent de 20 milliards au total pour ces trois objectifs
une évaluation permanente et rigoureuse. Un (plus 4,5 milliards au titre des « initiatives
décret du 6 août 1993 institue en France une communautaires», c ’est-à-dire les projets
commission interministérielle de coordination hors enveloppe négociée avec les États).
des contrôles sur les actions financées par les Pour la période 1994-1999, 930 milliards
fonds structurels européens. de F (un tiers de son budget) ont été consacrés
La cee, puis l ’Union européenne, ont à ces six objectifs (plus 380 milliards pour les
concentré leur action structurelle autour de programmes d’initiative communautaire et le
six objectifs : fonds de cohésion). Pour la France, trois
— n° 1 : développement et ajustement struc­ arrondissements du Nord-Pas-de-Calais sont
turel des régions en retard de développement ; devenus éligibles à l ’objectif 1. La France
— n° 2 : reconversion des régions, y compris aura reçu pour les trois objectifs liés à l ’amé­
les bassins d’emploi et les communautés nagement du territoire respectivement 15, 25
urbaines gravement affectées par le déclin et 15 milliards de F (plus 8 milliards au titre
industriel; des initiatives communautaires, soit 63 mil­
— n° 3 : lutte contre le chômage de longue liards en tout en six ans, le double par an de la
durée (plus de vingt-cinq ans au chômage depuis période précédente). Les financements euro­
plus d’un an) ; péens sont devenus plus importants pour
— n° 4 : insertion professionnelle des jeunes l ’aménagement du territoire de la France que
de moins de 25 ans ; les financements de l’État.
— n° 5 A : adaptation des structures agri­ Pour la période suivante (2000-2006), un
coles ; schéma de développement de l’espace commu­
— n° 5 B : promotion du développement nautaire ( s d e c ) a été approuvé par les États
des zones rurales. membres en mai 1999. Bien qu’il n ’ait pas de
Parmi ces objectifs, trois (1 ,2 et 5B) concer­ valeur contraignante, puisque l’aménagement
naient directement l ’aménagement du terri­ du territoire demeure une responsabilité natio­
toire. L’Union européenne disposait de nale et non communautaire, ce schéma tra­
plusieurs fonds communautaires pour atteindre duit l ’ambition commune de parvenir à un
ces objectifs : fonds européen de développe­ ensemble géographique cohérent sur les plans
ment régional (feder) pour les objectifs 1 ,2 et économique, social et écologique.
791 UNION EUROPÉENNE E T AM ÉNAGEM ENT DU TERRITOIRE

L’Union européenne a en outre procédé La commission a prêté une attention crois­


à une réforme de ses fonds structurels. sante aux problèmes urbains à l ’échelle
Le contexte a imposé une stabilisation des communautaire, n ’ayant pas reçu explicite­
dépenses: 213 milliards d’€ ont été consa­ ment la m ission d ’élaborer une politique
crés en sept ans aux fonds structurels et au urbaine. Pendant la période 1989-1993, elle a
fonds de cohésion (200 pendant la période soutenu 32 projets pilotes urbains, dont le
1994-1999). L’Agenda 2000 réduit les objec­ budget global dépassait 200 millions d ’écus
tifs à trois : (le feder apportant un concours de 100 mil­
— le nouvel objectif 1 (136 milliards d’€ à lions d’écus). Ces projets sont axés sur les
lui seul) est strictement réservé aux régions thèmes suivants :
dont le pib par habitant est inférieur à 75 % de — le développement économique dans les
la moyenne communautaire ; zones connaissant des problèmes sociaux ;
— le nouvel objectif 2, doté de 22,5 mil­ — l’action environnementale liée à des
liards d’€ (reconversion économique et objectifs économiques ;
sociale), regroupe de fait les anciens objec­ — la revitalisation des centres historiques ;
tifs 2 et 5B (zones en reconversion écono­ — l’exploitation des atouts technologiques
mique et zones rurales ou de pêche en déclin), des grandes villes.
mais concerne aussi les quartiers urbains en L’initiative communautaire concernant les
difficulté ; zones urbaines (urban) a été arrêtée par la
— le nouvel objectif 3 (24 milliards d’€), commission le 2 mars 1994, prévoyant une
non régionalisé, vise l’adaptation et la moder­ aide sous forme de prêts, de subventions et
nisation des systèmes d’éducation, de forma­ d’assistance technique. Dans la période 1994-
tion et d’emploi (anciens objectifs 3 et 4 1999, le financement de cette initiative par
notamment). les fonds structurels est estimé à 600 millions
Le zonage a également été révisé (des d’écus, les programmes étant au nombre de
mesures transitoires ont été mises en place), 50. Les zones éligibles au titre à’Urban sont
après de difficiles négociations, à cette occa­ situées dans des villes de plus de 100 000 habi­
sion : les zones de reconversion économique tants (350 à 400 dans l’Union européenne).
ont ainsi été réduites. Pour la France, seuls les La commission a par ailleurs engagé de sa
dom sont concernés par l ’objectif 1 (pour propre initiative des programmes de dévelop­
3,254 milliards d’€), mais plus la Corse ni le pement régional pour les zones rurales (Lea­
Hainaut, qui bénéficieront cependant d’un der) et dans les zones frontalières (Interreg).
régime transitoire (551 millions). Pour l’objec­ Les objectifs mis en avant par l ’Union
tif 2, la réduction des zones aidées (de près de européenne ont à nouveau été modifiés pour
42 % à 31 % environ du territoire en termes la période de planification 2007-2013. La
de population, certaines régions de l ’ouest, stratégie, définie à Lisbonne en mars 2000,
comme la Bretagne et les pays de la Loire, étant est de donner à l’Europe « une économie fon­
particulièrement touchées) a entraîné une dée sur la connaissance la plus compétitive et
réduction significative des aides (5,640 mil­ la plus dynamique du monde, capable d’une
liards d’€ plus 620 millions de mesures transi­ croissance économique durable accompagnée
toires). Même si, au titre du nouvel objectif 3, d’une amélioration quantitative et qualitative
la France a reçu 4,540 milliards d’€, sa dotation de l ’emploi et d ’une plus grande cohésion
pour les deux objectifs qui concernent l’aména­ sociale ». Trois objectifs ont été retenus pour
gement du territoire a été à peine supérieure (et la répartition des crédits :
plus faible en monnaie constante) à celle de la — n° 1 : la convergence : il s’agit de favo­
période précédente, pour sept ans au lieu de riser la croissance et l’emploi dans les pays et
six. Enfin, les 13 programmes d ’initiativè régions défavorisées (notamment les pays
communautaire ont été réduits à 3 - coopération d’Europe centrale et orientale (peco) et, dans
transfrontalière (Interreg), développement le cas de la France, les dom) ;
rural (Leader), zones urbaines (Urban) - plus — n° 2 : la compétitivité régionale et les
un quatrième qui était nouveau concernant emplois (pour les autres régions) ;
l’égalité des chances sur le marché du travail — n° 3 : la coopération territoriale euro­
(Equal) : la France a reçu 1,046 milliard d’€ au péenne (transfrontalière, transnationale et inter­
titre de ces 4 programmes. régionale).
UNITÉ DE VOISINAGE 7 S |!

Un montant total de 307,6 millions d’€ est nouveaux suédois ou néerlandais qui sont
affecté à ces trois objectifs de façon très plus peuplés). ,>j
inégale (respectivement 251,3; 48,8 et 7,5 mil­ Un niveau intermédiaire est parfois consti­
lions), ce qui reflète bien l ’urgence à rappro­ tué par le regroupement de plusieurs unités
cher les peco des pays d’Europe occidentale et de voisinage avec un centre regroupant des
septentrionale. C’est pourquoi la France rece­ équipements plus nombreux (boutiques plus
vra un peu moins que pendant la période pré­ diversifiées, bibliothèque ou centre culturel,
cédente : 12,688 millions (2,838 pour les DOM équipements sportifs, etc.) : c ’est le cas des
au titre de l’objectif n° 1 ; 9,1 milliards pour la rayons (40 000 habitants en ville nouvelle,
France métropolitaine au titre de l ’objectif plus dans les grandes villes anciennes) sovié­
n° 2 et 749 millions au titre de l’objectif n° 3). tiques, des quartiers d’Harlow (ville nouvelle
Parmi ces sommes, 7,1 milliards (dont 2 pour au nord de Londres), des urbanisations nou­
les dom) viendront du feder. Par ailleurs, le velles néerlandaises (environ 100 000 habi­
programme Leader est poursuivi, financé par tants à l’ouest, au sud, au nord et au sud-est
le Fonds européen agricole et de développe­ d’Amsterdam, par exemple).
ment rural (feader). Cette organisation hiérarchisée et systér
Y. P. et P. M. matique de l ’espace a été critiquée par
Christopher Alexander (« A city is not a tree »,
-> Aménagement du territoire; Contrat de projet État-région. in Architectural design, février 1966, p. 55-66)
qui observe que cette structure urbaine «etl
arbre» s’oppose à celle des villes anciennes
UNITÉ DE VOISINAGE « en semi-treillis» (concepts empruntés à ja
théorie des graphes) et limite les possibilités
Quartier d’habitation conçu avec ses équi­ de relations sociales et de contacts.
pements d’usage quotidien (école primaire,
P. M.
commerce, etc.).
Le concept d’unité de voisinage (neigh- -> N e w to w n ; Ville nouvelle.
bourhood unit) a été développé aux États-
U nis par la R égional plan association de
New York (plan régional de 1929) et a été UNITÉ DE VOITURE PARTICULIÈRE (UVP)
appliqué presque systématiquement dans les -> Automobile; Capacité (d'un moyen
villes nouvelles britanniques (new towns). de transport)
L’unité de voisinage comprend de 2 000 à
4 000 logements, un petit centre commercial
(une dizaine de boutiques d’usage courant), UNION SOCIALE POUR L'HABITAT
une école primaire et une école maternelle, -> Habitation à loyer modéré ( h l m )
un centre communautaire, une église, un pub.
Conçue à l ’échelle du piéton, même si elle
est à faible densité (habitat individuel), elle UNIVERSITÉ
est séparée de ses voisines par les voies prin­
cipales et des coupures vertes. Établissement d’enseignement supérieur qui
Le principe de l ’unité de voisinage se constitue une communauté d’enseignants, de
retrouve, avec quelques différences, dans les chercheurs et d’étudiants et qui offre des pro­
quartiers nouveaux suédois (un peu plus grammes diversifiés. On appelle également uni­
importants, mais toujours à l’échelle du pié­ versité d’une part l’ensemble des enseignants
ton, avec prédominance de l’habitat collectif) (et chercheurs) d’un établissement universitaire
ou néerlandais, dans les villages des new (voire de l’ensemble des établissements univer­
communities américaines, dans les quartiers sitaires), d’autre part l’ensemble des sites et des
ou voisinages des villes nouvelles hon­ bâtiments qu’il occupe.
groises, dans les microrayons de l’urbanisme Étymologiquement, l’université est la com­
soviétique. C’est en général l’aire d’influence munauté (universitas) des maîtres et des élè­
de l’école primaire et des commerces quoti­ ves. Après les écoles athéniennes constituées
diens qui définit l’échelle de l’unité de voisi­ autour d’un maître - l’académie de Platon, le
nage (il y en a plusieurs dans les quartiers lycée d’Aristote, le jardin d’Épicure - et les
793 UNIVERSITÉ

bibliothèques romaines - celle d’Alexandrie moyennes qui n’étaient pas le siège d’une des
notamment - , puis les monastères du haut 16 anciennes académ ies. En revanche, la
Moyen Âge, l ’université est apparue au bas Grande-Bretagne par exem ple a maintenu,
M oyen A ge. Les premières universités après la génération des civic universities du
(Bologne, Paris, Oxford, etc.) furent des tenta­ xixe siècle dans les grandes villes, une tradition
tives pour regrouper les lieux de savoir et de d’universités dans des petites villes (greenfield
formation indépendamment des évêques, mais universities du plan Robbins, 1963).
sous l ’autorité, lointaine, du pape. Elles furent Aux États-Unis, s ’est développée très tôt
dotées de statuts ou d’une charte. L’université la tradition du campus. C ’est dès la fin du
médiévale déclina du XIVe au xvnie siècle, au xvme siècle qu’on a commencé à concevoir
moins en France. des universités hors des v illes (Princeton,
La Convention les supprima en 1793 et Chapel Hill). Cette notion a été transposée en
mit en place un autre système de formation, Europe après la deuxièm e guerre mondiale
directement axé sur les besoins de l’État, les lorsque les universités ont dû faire face à une
grandes écoles (Polytechnique en 1794). croissance rapide que les bâtiments tradition­
Napoléon recréa des écoles de médecine et nels en centre-ville (deux hôtels particuliers
de pharmacie et de droit, puis des facultés en face à la cathédrale à Aix-en-Provence par
lettres et en sciences. Le Second Empire ins­ exemple) ne pouvaient accueillir. Les dépar­
titua les 16 académies, mais, sauf dans les tements scientifiques furent souvent les pre­
disciplines liées à une profession précise, les miers à quitter le centre pour un campus
effectifs étaient très modestes. Les universités périphérique, parfois su ivis par les autres
furent officiellement recréées sous l’impul­ disciplines. En France, les années 1960 ont
sion de Louis Liard en 1896. été marquées par un important effort de
La division en facultés fut maintenue jus­ construction au cours duquel les idées inspi­
qu’à la loi Faure du 12 novembre 1968 qui rées du mouvement moderne ont conduit à
divisa les nouvelles universités en unités des ensembles universitaires périphériques,
d’enseignement et de recherche, qui se sont dont l’architecture rappelle celle des grands
souvent baptisées elles-mêmes... facultés. La ensembles de la même époque.
loi Faure cherchait à tirer les conséquences de La période récente est marquée par une
l’explosion des effectifs survenue depuis la remise en cause de l’opportunité de cette exur­
seconde guerre mondiale et du mécontente­ banisation de l’université. Mais, si le discours
ment des étudiants exprimé en mai 1968. La évoque la réconciliation de la ville et de l’uni­
loi Savary du 26 janvier 1984 a modifié ce versité, les réalisations ne marquent pas une
régime et, sous prétexte de renforcer l’autono­ rupture nette avec la période précédente. Il en a
mie des universités, mis en place un système été ainsi en France pour le plan « Universités
de gouvernance très lourd. La loi Péeresse du 2000 » au début des années 1990 ; en revanche,
11 août 2007, a sim plifié ce dispositif et le plan « Université du IIIe millénaire » (u 3m) a
accordé une large autonomie financière aux accordé la priorité à des universités urbaines
universités, dont on peut prévoir qu’elle chaque fois que des terrains peuvent être dispo­
accroîtra la concurrence entre elles. nibles. Dans la plupart des pays, les créations
nouvelles s’effectuent en campus. Tout au plus,
Les universités sont le plus souvent implan­ certaines universités définissent-elles une stra­
tées dans des villes d’une certaine importance, tégie spatiale à l’échelle de la ville, voire de
mais ce n’est pas une règle absolue. Les écoles l’agglomération. Ainsi l’université d’Uppsala,
athéniennes étaient déjà hors du centre des la plus ancienne de Suède, se développe-t-elle
villes. Certaines universités médiévales ont sur une rive de la rivière Fyrish, le long d’un
choisi de s ’implanter dans de petites villes axe majeur de la ville, du centre (départements
(Oxford, Cambridge, Louvain, etc.). Les littéraires et juridiques) vers la banlieue sud
facultés napoléoniennes étaient au contraire (départements scientifiques). Celle d’Utrecht
implantées dans les villes principales et cette cherche à regrouper ses facultés littéraires et
tradition s ’est maintenue en France avec la juridiques dans le centre ancien et développe
création, dans les années 1960, de nouveaux un campus périphérique, bien relié au centre
collèges littéraires, scientifiques ou juridiques, par les transports en commun, pour les activités
bientôt regroupés en universités dans des villes scientifiques et l ’hôpital universitaire.
UNIVERSITÉ m

Le rapport de l ’université à l ’espace (Institut des sciences et techniques de Parti


s’exprime également à travers l’aire de recru­ regroupant des grandes écoles prestigieuses
tement des étudiants et leurs lieux d’héberge­ autour de l ’École Polytechnique), Bordeaux!
ment. La tradition française - et latine de Lyon, Toulouse, université européenne de
façon générale - d’inscription dans l’univer­ Bretagne, Sud-Paris. Ils ont été suivis eif
sité la plus proche s’oppose à la tradition 2008 par ceux de Clermont et de Nantes-
britannique (ou néerlandaise) de «dépayse­ Angers-M aine, puis en 2009 par ceux dîè.
ment» à l’occasion de l ’entrée dans l’univer­ Lille-Nord, de Poitiers-Limoges-La Rochelle;*
sité. Cette seconde tradition, qui était aussi de Grenoble et de M ontpellier-Sud de la
celle des universités américaines tradition­ France et enfin, début 2010, de Paris-Cité et
nelles, s’estompe partout avec le passage à de Centre-Val de Loire. f'
l’université de masse. Les résidences des étu­ Chaque membre fondateur d ’un près a
diants, lorsqu’ils n ’habitent pas la ville, accepté une délégation de compétences dans
s’effectuent soit en résidences universitaires des champs significatifs en matière
- tradition française, développée dans les récherche, la coordination des études docto-
années 1960 - , soit sur les campus - tradition raies (qui peut aller jusqu’à la délivrance deà
américaine - , soit dans des logements qui ne diplômes en commun) et le principe des publi­
sont pas spécifiques aux étudiants : les Pays- cations scientifiques sous le label unique dé
Bas et la Suède, par exemple, considèrent près . Les près ont le statut d ’établissement
qu’il ne convient pas de distinguer les condi­ public de coopération scientifique (epcs) qui
tions de logement des étudiants et des autres permet une gouvernance efficace à la hautetiri
jeunes. En France, la nouvelle politique est des enjeux internationaux de l’enseignement
de favoriser la construction de petits loge­ et de la recherche et la délégation de la déli­
ments sociaux destinés à des étudiants, mais vrance des diplômes par les établissements
inclus, par petits immeubles par exemple, constitutifs. Il y a également une délégation
dans des opérations de logement social bana­ de moyens, notamment financiers et humainîs
lisées (mais le logement institutionnel, géré vers les près. Le près est administré par un
par les œuvres universitaires, n’est le fait que conseil d’administration qui réunit les princi­
d’un étudiant sur dix environ). paux responsables des établissements consti­
tutifs, des représentants des enseignants, des
Dans le but d’assurer une meilleure coordi­ personnels administratifs, techniques et de
nation entre les universités et les centres de services et des doctorants et de personnalités
recherche situés dans une même région, la loi extérieures. Les près doivent être évalués par
du 18 avril 2006 les a incitées à se regrouper la Haute autorité d’évaluation.
en pôles de recherche et d’enseignement La constitution des près est, à certains
supérieur (près). Celui-ci doit être un instru­ égards, paradoxale. La constitution des uni­
ment de promotion des établissements qui le versités, en 1969-1970 dans le cadre de la loi
constituent et un moyen de prendre rang dans du 12 novembre 1968, s ’était effectuée par
la compétition scientifique internationale. Il a morcellement, dans les grandes villes univer­
donc aussi pour objet implicite d’améliorer la sitaires, des universités préexistantes. Cette
place dans les classements internationaux des division s ’était effectuée selon des critères
universités (et en particulier dans le classe­ souvent irrationnels, soit idéologiques, soit de
ment très controversé de l ’université de regroupement d ’un petit nombre de disci­
Shanghai). Le cas le plus spectaculaire a été plines, ce qui a engendré des universités sou­
la fusion pure et simple des universités de vent très (trop) spécialisées et a nui à la
Strasbourg. Au 1er avril 2010, 17 près pluridisciplinarité. La recomposition n ’est
s’étaient constitués (plus Strasbourg). Dans le donc pas sans justification. M ais à part le
même esprit de partenariat se sont créés les cas de Strasbourg, où a été reconstituée
réseaux thématiques de recherches avancées l ’ancienne université pluridisciplinaire, les
(13 lors de la première vague de 2007) et les près ne sont qu’une demi-mesure (à moins,
réseaux thématiques de recherche et de soins mais on peut en douter, que ce soit une pre­
(9 dans une première étape). Les 9 premiers mière étape vers une fusion). On peut craindre
près ont été créés en 2007 : Aix-Marseille, que ces regroupements soient souvent
Lorraine, Paris-Est université, Paris Tech quelque peu artificiels. L’argument des clas­
795 URBAN DESIG N

sem ents internationaux (com m e celui de URBAN DESIGN


Shanghai), qui accordent une prime aux gros
établissements, paraît bien léger. Expression utilisée, surtout depuis la
P. M. seconde guerre mondiale, aux États-Unis et
en Angleterre. Elle désigne le processus de
-> Cam pus universitaire; Carte universitaire; Urbanisme uni­ conception et de réalisation d’arrangements
versitaire.
physiques permettant de maîtriser l’organisa­
tion formelle de la croissance urbaine à tra­
vers permanences et changements. Ce champ
URBAIN d’activité se trouve à mi-chemin entre les pra­
tiques respectives des architectes et des urba­
Du latin urbanus (de la ville, citadin, poli, nistes (urban planners). Les architectes sont
de bon ton), ce vieux mot français est utilisé concernés par la conception formelle et les
comme en latin, avec les mêmes acceptions, documents de construction des bâtiments dont
sous forme d ’adjectif, pour caractériser « ce ils assument la responsabilité plastique et juri­
qui concerne la ville par opposition à rural » dique ; ils peuvent chercher à établir des rela­
(Littré) et, par extension, la qualité policée du tions entre leur projet et ses abords, mais ils
comportement, et substantivement, pour dési­ ne peuvent exercer aucun contrôle légal sur
gner l’habitant des villes (« tous me reçurent les espaces adjacents. Les urbanistes, pour
avec plus de bonté que n ’auraient fait leur part, sont concernés par la répartition des
des urbains », J.-J. Rousseau, Confessions). ressources selon la projection des besoins
Depuis les années 1960, la forme substantive a futurs ; pour eux, l’utilisation du sol pose un
envahi la littérature de l ’urbanisme et des problème économique, qui a peu affaire avec
études urbaines, où elle désigne, de façon le caractère des immeubles et des espaces
très floue et imprécise, ce qui constituerait impliqués. Le propos de Yurban design
le caractère propre, intemporel, de la vie consiste précisément à tenter de résoudre les
urbaine. Cet usage, tantôt marqué au coin de la questions posées par la mauvaise répartition
nostalgie, tantôt investi d’un rôle incantatoire, et l ’usage défectueux des ressources fon ­
de compensation, a été induit par la transfor­ cières, ainsi que par la destruction inutile de
mation des processus d ’urbanisation depuis tissu historique, afin d’intégrer cohérence et
les années 1950 et reflète le sentiment de beauté dans le domaine bâti.
manque suscité par les nouvelles créations de L 'urban design a pour fin spécifique de
l ’urbanisme. Il a fini par contaminer les pays fournir les moyens de s’orienter et de trouver
anglo-saxons où the urban a désormais cours. un sens dans l’espace public, assumant que la
Faute d’un terme meilleur, on peut propo­ ville est inintelligible sans une articulation
ser aujourd’hui (F. Choay, « L e règne de spatiale délibérée du domaine public. D ’un
l’urbain et la mort de la ville», in La ville, point de vue théorique, on assume que la
art et architecture en Europe, 1870-1993, convergence du concept, du mythe et de l ’ima­
Catalogue de l ’exposition au centre gination dans le domaine public, rend possible
Pompidou, 1994) d ’appeler l ’urbain la nou­ le consensus qui est la base nécessaire de toute
v elle civilisation qui se met en place à réussite en la matière. On emprunte comme
l’échelle planétaire, supprimant l’ancestrale point de départ la définition de H. Arendt pour
différence entre ville et campagne, et pou­ qui le domaine public est le monde commun
vant être définie comme le système opéra­ qui lie et sépare les objets comme les indivi­
toire, valable et développable en tous lieux, dus, qui, simultanément, établit la comm u­
constitué par des réseaux matériels et imma­ nauté et illustre l ’identité, qui offre un champ
tériels ainsi que par des objets techniques et d ’interaction en favorisant une convergence
dont la manipulation retentit dans un circuit d ’intérêts, et qui, par conséquent, est le seul
bouclé sur les rapports que nos sociétés agent susceptible de promouvoir, à travers dia­
entretiennent avec l ’espace, le temps et les logues et débats, des relations dialectiques
hommes. fructueuses et des accords politiques.
Au plan formel, Yurban design dérive de
F. C.
la Gestalt psychologie (psychologie de la
Posturbain ; Urbanité. forme) : il prend pour hypothèse et base de
URBANISATION '*8«

travail la détermination d’un fond sur lequel croissante dans les villes (autrefois) et dans
une figure doit émerger, et qui renforce et les agglomérations urbaines (aujourd’hui). :i!H
qualifie cette figure dans le temps même où L’histoire de l’urbanisation commence avee
celle-ci lui apporte une cohérence supplémen­ la naissance des villes : vers 6000 avant J.-C.
taire. Les éléments figuratifs qui se détachent à Jéricho ou à Çatal Hüyük, les premiers
sur le fond, autrement dit sur le bâti consis­ exemples connus, vers 3500 en Égypte ouen
tant de la ville, sont des espaces ouverts, M ésopotamie, durant le IIIe millénaire au
conséquents et choisis avec soin. En ce sens, Proche-Orient et aux Indes ; la diffusion se
le contrepoint de Yurban design consiste fait de là vers la Méditerranée orientale
dans des édifices compacts, autocentrés et (IIe millénaire) et occidentale (Ier millénaire^
réalisés indépendamment de toute idée de L’Europe du nord n’est gagnée qu’entre 500
collectivité. Cette conception de la ville est et 1000 après J.-C. D ’autres foyers de diffu­
attribuée au mouvement moderne des années sion apparaissent en Chine (au IIe millénaire
1920 et à des projets comme le plan Voisin avant J.-C.), dans l’Amérique précolombienne
de Le Corbusier (1925) et les dessins d ’Hil- (au Ier millénaire) et en Afrique noire, dans le
berseimer pour la Friedrichstrasse (1927), qui pays Yoruba (vers l’an 1000 après J.-C.). . i,
proposent l ’effacement de la ville tradition­ La première urbanisation est demeurée
nelle au moyen d’un solide continu, perforé limitée : la faible productivité de l’agriculture
de vides occasionnels. En opposition à cette limitait le nombre de ceux qu’elle pouvait
ville moderne des années 1920, Yurban nourrir sans qu’ils participent au travail de k
design, célèbre la res publica des mes, places, terre : leur proportion était souvent très faiblè,
axes, perspectives, cheminement et mobilier 1 ou 2 % (elle n ’était que de 5 % dans un payS
urbain (grilles de Hyde Park Comer à Lon­ aussi évolué que les États-Unis de la fin du
dres, Chevaux de Marly à Paris, porte de xixe siècle). Dans les zones de vieille civilisai-
Brandebourg à Berlin). tion urbaine, monde méditerranéen ou Chine,
Les deux pôles de Yurban design peuvent la proportion restait généralement voisiné
être figurés par les positions respectives de de 10% et n ’excédait jamais 20% . Comfne
J. Bamett et de C. Rowe. Bamett considère les transports étaient difficiles et onéreux, les
Yurban design d’un point de vue empirique : villes ne pouvaient guère compter pour, lés
le contrôle du zonage, des plans d ’options nourrir que sur les campagnes proches, ce qui
locales, des rénovations urbaines aboutit à la limitait leur taille. Seules les régions marii
réalisation de projets mettant à contribution times et les ports échappaient à ces limitas-
représentants du gouvernement, promoteurs, fions : ainsi, la Hollande de l ’âge classiquè
et intérêts locaux. Au contraire, Rowe adopte comptait entre 40 et 50 % de citadins. - i
à l ’égard de Yurban design une approche A partir du xvme siècle, la révolution agri­
intellectuelle, dans le contexte de l’atelier ou cole libère des bras, la révolution industrielle
de la bibliothèque et met en œuvre des leur donne un emploi, puis la révolution de®
concepts, des représentations, des attitudes et transports élargit les aires d’où les cités firent
des sensibilités empruntés au plus large leur ravitaillement et celles où elles écoulent
registre historique. les produits de leurs fabrications, i
C.-F. O. L’urbanisation se fait rapide dans les pays
qui accèdent au développement : la populâi-
A rt urbain; Composition urbaine; Design; Espace public; tion des villes dépasse partout 50 % à la fin du
Lisibilité; Morphologie (urbaine); Postmoderne; Urbanisme.
xixe siècle, et atteint 75 % pour l’Angleterre.
Depuis un demi-siècle, le desserrement de*
villes conduit à un renversement apparent d*
URBANISATION la tendance dans les pays les plus avancés,
mais le mouvement d’urbanisation se pouf-
Le terme « urbanisation » a deux sens dis­ suit: il a simplement pris d’autres formes; il
tincts. Parfois, mais c ’est rare en français, se marque plus par des transformations socio­
mais plus fréquent pour son homologue espa­ logiques que par la concentration de l ’habita®,
gnol par exemple, l ’action d ’urbaniser, de comme le prouve le rôle croissant des zones
créer des villes ou d’étendre l’espace urbain. suburbaines démesurément étalées et des
Plus fréquemment, il s ’agit de la concentration zones urbaines.
797 URBANISME

Le mouvement d’urbanisation s’est ralenti, fois dans l’histoire, Cerdâ entendait donner un
parfois inversé dans les pays industrialisés au statut scientifique à la création et à l’aménage­
cours des années 1970 : c ’est le mouvement ment des villes, conçus comme ressortissant à
de contre-urbanisation. À l’inverse, les années une discipline autonome, à part entière. Le
1980 ont été marquées par le renforcement des terme urbanizaciôn désignait à la fois ce
fonctions et par la croissance de la population qu’en français nous appelons aujourd’hui
des très grands centres : on parle de métropoli- processus d ’urbanisation et les lois dont
sation. Ces évolutions traduisent l’impact, sur Cerdâ pensait qu’elles le sous-tendent (« Le
la dynamique de l’urbanisation, des nouvelles fait dont on attribue généralement l’origine et
conditions de transport et de communication. le développement au hasard, obéit cependant
Dans les pays du tiers monde, l’évolution à des principes immuables, à des règles
s ’est accélérée depuis 1950. De 1800 au fixes », Teoria, p. 32). La tâche de l’urbaniste
milieu du xxe siècle, la proportion de citadins (urbanizador) consistait précisément à décou­
dans ces pays n’était passée que de 8,3 % à vrir ces lois dont le fonctionnement spontané
15 %. Le taux d’urbanisation atteignait, en était jusqu’alors demeuré caché, à les intégrer
1980,28,4 % (calculs de Paul Bairoch) ; selon dans une théorie générale et à les appliquer
lui, il devait atteindre 41 % en l ’an 2000 et délibérément à la conception et à l ’organisa­
57 % en 2025. En fait, on l’estime à 50 % envi­ tion de l ’espace bâti, en échappant ainsi à
ron en 2010 (sous réserve de la définition des l ’inertie des contingences historiques qui
populations urbaines qui peut être très variable avaient toujours entravé et retardé le libre
selon les pays et les auteurs) et on prévoit déploiement de Y urbanizaciôn et de ses lois.
65 % en 2050. Cette évolution diffère de celle Le terme créé par Cerdâ devait être finale­
qu’ont connue les pays industrialisés par sa ment réservé au processus (planifié ou non)
brutalité et par la part beaucoup plus considé­ d’investissement de l’espace par des construc­
rable qu’y tiennent les grandes villes : celles tions et des réseaux d’équipements, tandis que,
de plus de 1 m illion d ’habitants comptent dans l’ensemble des langues d’origine latine,
pour 35 % du total. la nouvelle discipline était désignée par un
P. C.
dérivé plus simple du latin urbs : urbanismo en
espagnol, urbanismo et urbanistica en italien,
-> Banlieue; Urbanism e; Ville. en français urbanisme, qui fut introduit entre
1910 et 1914 dans le milieu des praticiens qui
gravitaient autour de E. Hénard et du Musée
URBANISME social. Cependant, urbanism n’a pas acquis
droit de cité dans les pays anglo-saxons où,
Selon les différents dictionnaires du introduit depuis peu, son sens varie selon les
XXe siècle, l ’urbanisme est alternativement auteurs et recouvre, de façon floue, diverses
défini comme science, art et/ou technique de notions liées à la ville, comme par exemple le
l ’organisation spatiale des établissements paysage. Il peut parfois, aux Etats-Unis, être
humains. L’incertitude de ces définitions utilisé dans l’acception française, mais il doit
appelle une approche historique de la notion. alors le plus souvent être explicité par un
Du latin urbs, la ville, ce terme récent a été ensemble de locutions dont aucune ne recouvre
formé sur le modèle du néologisme espagnol complètement le terme fiançais, auquel corres­
urbanizaciôn, créé en 1867 par l’ingénieur- pond, en revanche, l’allemand Stàdtebau.
architecte espagnol Ildefonso Cerdâ dans sa À peine créé, «Urbanisme» était adopté
Teoria general de l'urbanizaciôn (trad. et par les praticiens et passait dans le langage
adaptation franç., Paris, 1979) pour désigner commun. Peu à peu, ce terme en est venu à
une discipline nouvelle, la science de l’organi­ désigner des notions et des objets très divers,
sation spatiale des villes : « le vais initier le qui débordent largement et parfois contre­
lecteur à l’étude d’une matière complètement disent (cf. infra) l ’acception originelle de
neuve, intacte et vierge. Comme tout y était Cerdâ, selon laquelle l’urbanisme serait une
nouveau, il m ’a fallu chercher et inventer des discipline autonome, née dans la deuxième
mots nouveaux, pour exprimer des idées nou­ moitié du xixe siècle, et ayant pour vocation
velles dont l’explication ne se trouvait dans l ’aménagement scientifique de l ’espace
aucun lexique. » En effet, pour la première urbain.
URBANISME 788

Ces abus de langage rendent souvent diffi­ Pourtant, les deux projets sont bien diffé­
cile, aujourd’hui, de comprendre la nouveauté rents dans la mesure où ils s’inscrivent dans
de la démarche de l ’ingénieur espagnol, la des mentalités et des contextes différents;
coupure qu’elle introduit dans l ’histoire de Alberti appartient aux temps prégai iléens et
l ’organisation de l ’espace bâti et que souli­ préindustriels, où la science moderne n ’èst
gnait la création d’un néologisme pour la dési­ pas encore constituée et où le mode de pro­
gner. Pour pouvoir en prendre la mesure, il duction industriel n ’a pas transformé lés
convient d’évoquer schématiquement les pro­ sociétés urbaines et leur espace. Pour Alberti;
cès de création et d’aménagement spatiaux, l ’édification, en tant que discipline, comporté:
traditionnels dans les sociétés urbaines. trois niveaux destinés respectivement à satis­
Il apparaît tout d’abord (cf. F. Choay, La faire la nécessité, la commodité et le plaisir.
règle et le modèle, Paris, 1980) qu’avant la La nécessité englobe les lois du monde naturel
Renaissance on ne trouve aucune société où et les règles de la construction, qui ressor­
la production de l’espace bâti relève d’une tissent, en fait, à ce que nous appelonstto
discipline réflexive autonome. Tantôt l’orga­ science et la technique. Mais l’édification h é
nisation de l ’espace urbain (en plan et en prend forme qu’au niveau de la commodité,
élévation) résulte directement du fonctionne­ on dirait aujourd’hui la programmation h
ment de certaines pratiques sociales, en parti­ celle-ci appelle alors un dialogue entre l’archî-;
culier religieuse et juridique, dont la tecte et celui ou ceux pour qui il édifie, c’est
permanence historique a pour effet de consti­ une activité duelle. L’urbanisme cerdien nç
tuer des types, reproduits au fil du temps reconnaît pas ce caractère « dialogique » qui
(villes de l’Islam et de l ’Occident médiéval, introduit la contingence dans l ’édification. Au
par exemple). Tantôt elle est prescrite par des contraire, il est «m onologique». Il postule
textes d’origine sacrée, qui en font l’expres­ que ses lois sont scientifiques et qu’à l’instar
sion d ’une cosm ologie (Chine ancienne). de toutes celles des sciences de la nature, elles:
Tantôt encore, des types urbains, constitués sont dotées d’une valeur universelle de vérité:
de façon empirique, sont délibérément repro­ et ne peuvent être mises en question. Quant au
duits au cours d’un procès d’essaimage ou plaisir (esthétique) que procure la beauté, il
de colonisation (Grèce, Rome). Enfin, dans constitue pour Alberti la finalité même de
toutes les cultures, il arrive que des plans l’édification. C’est cette visée esthétique des
originaux soient conçus à des fins précises, créations et aménagements urbains de la
par la volonté du prince (Bagdad). Renaissance et des périodes baroque, clas­
La première révolution par rapport à ces sique et néo-classique que souligne l’expiés»
pratiques a lieu dans l’Italie du X V e siècle. Elle sion d ’«art urbain» sous laquelle on a
est conceptualisée dans le De re aedificatoria, coutume de les subsumer. Chez l ’ensemble
le traité d’architecture offert en 1452 au pape des théoriciens de l’urbanisme, à l’exception;
Nicolas V par Léon-Baptiste Alberti et publié de Camillo Sitte, cette volonté d’« embellisse*
après la mort de ce dernier, en 1485, Pour ment» est secondaire, quand elle n ’est pas
Alberti, l ’art d ’édifier est effectivement une simplement absente.
discipline, théorique et appliquée, autonome. Enfin, différence sans doute la plus signifi­
Une fois en possession de ses règles et de ses cative, alors que l’édification ou l’art urbain
principes, l’architecte devient le grand ordon­ théorisé par Alberti met en œuvre des règles et
nateur de l’espace des humains. Il a pour tâche des principes génératifs permettant la produc­
de structurer et d ’édifïér leur cadre de vie, tion d’espaces indéfiniment différents au gré
depuis le paysage rural, les grandes routes et de temps et de demandes différents, l’urba­
les ports jusqu’à la ville, ses jardins, ses plans nisme théorisé par Cerdâ et ses successeurs;
et ses bâtiments. Dans tous ces cas, il s’agit de vise, sous l’influence de la pensée utopiste;
concevoir et de lier de façon rationnelle et l ’établissement de modèles spatiaux, dotés
cohérente les éléments d’une totalité : la mai­ d’une valeur universelle de vérité et, ainsi, sta­
son est une petite ville et la ville une grande tiquement appelés à une indéfinie reproduc­
maison. À première vue, il semblerait que le tion.
projet énoncé par Alberti anticipe de quatre La révolution accomplie par Cerdâ n ’est pas
siècles celui de Cerdâ : même autonomie et contingente. Elle ne survient pas ex nihilo.
même champ d ’application de la discipline. D ’une part, elle est indissociable de la révolu­
799 URBANISME

tion industrielle, perçue à la fois dans ses effets plines, en particulier de la biologie et de l’his­
immédiats sur le milieu urbain et comme muta­ toire, auxquelles il emprunte paradigmes et
tion historique. D ’autre part, elle résulte d’une données, animé par la foi positiviste, il pos­
démarche mentale qu’informent à la fois la tra­ tule une science universelle de l’aménage­
dition utopiste et le positivisme du XIXe siècle. ment. Davantage, tout à l ’opposé du préfet
Le projet cerdien d’élaboration d’une science qui adhère au plus près à son temps, Cerdâ
de l’aménagement de l’espace humain est né veut le devancer. A cette fin, il s’appuie sur la
de sa volonté de fonder en vérité son interven­ conception, propre à l’utopie, de la conver­
tion de praticien à Barcelone (plan d’extension sion et du conditionnement des sociétés par
de la ville). La spécificité de sa démarche peut l’espace. Dans le droit fil de la « médicalisa­
être saisie en la confrontant à celle, contempo­ tion » (cf. M. Foucault) qui, au xvm e siècle,
raine, de Haussmann dont les « grands tra­ avait commencé à appliquer à des problèmes
vau x» (1853-1869) suscitaient d ’ailleurs concrets, mais sectoriels (hôpitaux, institu­
l’admiration de l’ingénieur espagnol. tions panoptiques), la modélisation critique de
Le préfet de Napoléon III est parfois consi­ Thomas More, Cerdâ projette cette démarche
déré, à tort, comme le créateur de l ’urba­ sur l’établissement humain dans sa totalité.
nisme. Le Corbusier en fait le précurseur du La Teoria associe ainsi un ensem ble de
mouvement moderne (La ville radieuse, traits empmntés aux formes textuelles hétéro­
Paris, 1933) et loue son «urbanisme chirurgi­ gènes de l’utopie, du discours scientifique et
cal ». Haussmann a effectivement fait subir même du traité d’architecture. Elle constitue
une mutation à l ’espace parisien, afin de la première occurrence d ’un genre textuel
l ’adapter aux exigences de T ère industrielle, spécifique qu’on peut nommer «théorie
donnant à la vie l’aspect que nous lui connais­ d ’urbanisme » (cf. F. Choay, La règle et le
sons aujourd’hui. Il a taillé dans le v if du modèle, Paris, 1980) et qui, jusqu’aux années
tissu ancien, beaucoup détruit. Mais il a fait 1960, a été illustrée par une lignée ininterrom­
exécuter le premier plan global de Paris avec pue de théoriciens, généralement praticiens et
courbes de niveau. Le premier, il a traité la plus précisément architectes. La précédence
ville comme une totalité, la concevant comme de Cerdâ doit, sans doute, être rattachée à
un ensemble de systèmes interconnectés : sys­ l ’expérience précoce de l ’Espagne dans le
tèmes des voies de circulation, des espaces domaine de la création urbaine, depuis la
verts, des adductions d’eau et des égouts. « reconquête » m édiévale des territoires
Cette œuvre novatrice a servi d ’exemple en occupés par les Arabes, jusqu’à la conquête
France où l ’ensemble du réseau urbain a, de l’Amérique. Cependant, pour des raisons
durant le Second Empire, été marqué par diverses (dont l’absence de traduction, due à
l’« haussmannisation » ; mais son influence ses dimensions excessives), la Teoria a été
s’est aussi étendue à travers l ’Europe (Vienne, ignorée de la plupart des autres auteurs : leurs
Budapest, Rome) et jusqu’aux États-Unis théories sont issues, indépendamment, du
(Chicago). même contexte, puis, au fil des années, elles
Haussmann a livré dans ses Mémoires ont été confortées par les progrès du machi­
(1890-1893) les méthodes et les principes qui nisme et de l ’industrialisation et intégrées
ont guidé sa démarche, toujours globale mais dans une tradition textuelle. A insi depuis
empirique. Il décrit et justifie des options Sitte (Der Stâdtebau nach seinem künstleri-
prises avec le concours d ’une multiplicité schen Grundsâtzen, Vienne, 1889), Soria y
d’intervenants et dictées par un ensemble de Mata (La Ciudad lineal, Madrid, 1894), Ebe­
conditions spécifiques, propres à la ville de nezer Howard (To-morrow, Londres, 1898)
Paris au moment où il écrit. Il n ’envisage pas jusqu’à Tony Garnier (Une cité industrielle,
la création de nouvelles entités urbaines, Paris, 1917), Le Corbusier (La ville radieuse,
mais se propose seulement la «régularisa­ Paris, 1933), F. L. Wright (The living city,
tion » de Paris. Bref, il ne fait pas œuvre de N ew York, 1958), Alexander (The timeless
théoricien. Il ne généralise pas ses solutions way o f building, Cambridge, 1978), P. Soleri
et ne cherche pas davantage à les cautionner (Archology, Cambridge, Mass., 1969), tous
par la science : tel est précisément le pas fran­ fondent identiquement leurs propositions
chi par Cerdâ. d ’organisation spatiale de la ville sur des
Témoin des progrès de nouvelles disci­ « théories » à prétention scientifique, qui pré­
URBANISME

sentent, avec des modulations originales, la tive plus globale, en Europe, A. Mitscherlich
même structure textuelle que la Teoria. Si montrait les problématiques sociétales soûlai-
celle-ci demeure inégalée dans son élabora­ vées par les nouveaux types d ’urbanisation
tion, elle est aussi celle qui fait à la science la ( Vers une société sans père, Paris, 1969). *;
part la plus belle, tandis que le Stâdtebau de En 1964, l’architecte urbaniste Ch. Alexanr
Sitte se rapproche le plus des traités d’archi­ der, dans ses Notes on the synthesis o f forni
tecture et que les ouvrages de Le Corbusier, (trad. ffanç., Paris, 1971), était le premier ^
tel La ville radieuse, sont les plus marqués faire porter sa critique non plus sur les réali­
par l’utopie. sations, mais sur les méthodes de conception
Ces théories de l’urbanisme ont été aussitôt de l’urbanisme, auxquelles il reprochait de nia
mises en pratique par leurs auteurs et les dis­ pas prendre en compte la com plexité des
ciples de ceux-ci (cf. Cerdâ à Barcelone, Soria multiples facteurs impliqués dans le procès
à Madrid, Sitte dans les extensions de villes d’urbanisation. Mais sa démarche aboutissait
allemandes, Garnier à Lyon). Avec le mouve­ seulement à préconiser un fonctionnalisme
ment moderne et ses théoriciens progressistes, plus complexe, qui ne mettait en cause ni le
elles ont fait autorité auprès des instances statut scientifique de l ’urbanisme, ni §Qtt
décisionnelles, administratives et politiques caractère de discipline synthétique et globaler
(cf. en France, le rôle joué par Le Corbusier et ment dominable. ,i
la Charte d ’Athènes pour des ministres Ce questionnement a été entrepris à partir
comme J. Giraudoux, R. Dautry, E. Claudius- des années 1965, seulement hors du milieu
Petit) et ont conquis, après la deuxième guerre professionnel, par des philosophes et des
mondiale, un champ d’application planétaire. sociologues. L’urbanisme est alors abordé
Il a précisément fallu attendre les années selon deux optiques, souvent appelées à intefr
1960, qui permettaient la mise en perspective férer : d’une part du point de vue de sa valeur
des applications et réalisations de l’urhanisme en tant que savoir et de sa position dans le
à une échelle conséquente, pour que soient champ des disciplines constituées; d ’autre
mis en question le statut scientifique de l’urba­ part du point de vue de ses déterminations
nisme et sa qualité de discipline autonome et sociohistoriques.
utilitaire. La première direction peut être illustrée par
Les critiques ont d’abord porté sur les résul­ les travaux de F. Choay. Dans L'urbanisme
tats concrets de l’application des théories de utopies et réalités (Paris, 1965), celle-ci mon*
l ’urbanisme progressiste, dominant depuis trait que l’ensemble des « théories de l ’urba*
l ’avènement du mouvement moderne. Les nism e» sont sous-tendues par des choix
voix les plus éloquentes vinrent d’abord des idéologiques, non reconnus de leurs auteurs»
États-Unis. L. Mumford était l’initiateur d’une Elles peuvent ainsi être classées en deux
critique esthétique des rénovations urbaines et groupes selon qu’elles sont orientées par ufl.»
des nouveaux ensembles, mais surtout d ’une idéologie du progrès, privilégiant les valeurs
critique sociale, bientôt développée par d’hygiène et d ’efficacité ainsi que la technique
J. Jacobs (The life and death of great American (urbanisme progressiste), ou par une idéologie
cities, New York, 1961), Ch. Abrams (Man’s privilégiant les valeurs culturelles tradition*
struggle for shelter in an urbanizing world, nelles (urbanisme culturaliste). De plus, ins-
Cambridge, Mass., 1964), puis en Europe. Les pirés par la pensée utopiste, les modèles des
analyses dénonçaient essentiellement l’inhu­ urbanistes constituent des solutions totali­
manité du nouvel environnement, devenu taires et simplificatrices, qui ne prennent en
impropre aux relations sociales par son géo­ compte ni la durée, ni la richesse du monde
métrisme élémentaire, sa standardisation, sa symbolique.
monotonie, sa pauvreté symbolique. Ces analyses faisaient apparaître que la
Elles démystifiaient aussi l ’hygiénism e conception et l ’organisation de l ’e sp a c e ,
régnant; en s ’appuyant sur des statistiques habité, à quelque échelle que ce soit, imposent
(taux de criminalité, taux de morbidité), des choix de valeurs, elles-m êm es dépen­
J. Jacobs montrait que l ’hygiène physique dantes de contextes culturels et de conditions
était largement tributaire de l’hygiène mentale, politiques et économiques complexes, et le
essentielle pour la vie des sociétés et menacée fait que ces choix axiologiques et normatifs
par les nouveaux espaces. Dans une perspec­ ne sont pas du ressort de la science et ne
801 URBANISME

peuvent être définis en termes d’énoncés véri­ relativité des valeurs diverses qui les inspirent.
diques. Il faut toutefois reconnaître que certaines disci­
La deuxième direction peut être illustrée par plines scientifiques peuvent contribuer à la
les travaux de la critique marxiste qui, dans le prise de décision optionnelle par l’information
sillage ouvert par H. Lefebvre (Le droit à la qu’elles apportent. On peut ainsi citer la biolo­
ville, Paris, 1968), se sont attachés à dénoncer gie et l’hygiène qui, avec l’histoire, étaient déjà
les déterminations politiques, économiques et mentionnées par Cerdâ. Depuis, d’autres
sociales non seulement des options urbanis­ savoirs se sont développés, qui ont pu, ou pour­
tiques, mais de l’urbanisme même dans l’affir­ raient, être mis à contribution : l’anthropologie
mation de son savoir. Ils ont rappelé la culturelle, dont les enseignements ont été large­
dimension inéluctablement politique de la ment utilisés, notamment pour les pays en
ville, le rôle de l ’espace dans l’« institution développement (cf. J. Turner, Freedom to
imaginaire de la société » (C. Castoriadis). büild, Cambridge, Mass., 1972); l’archéologie
De part et d’autre, un effort dé démystifica­ urbaine, en cours de création ; la théorie des
tion était entrepris qui critiquait la notion de systèmes (I. Prigogine et E. Stengers, La nou­
besoin pour lui substituer celle de désir, et qui velle alliance, Paris, 1979). Quant à l’éthologie
mettait l’accent sur la dimension dialogique humaine, elle a essentiellement révélé l’impor­
de l’espace urbain (cf. J. Baudrillard, Pour tance des différences culturelles dans la percep­
une critique de l'économie politique du signe, tion et le maniement de l’espace : l’homme, ce
Paris, 1969). Le premier aussi, H. Lefebvre « spécialiste de la non-spécificité » (K.. Lorenz),
rappelait l’importance de la dimension esthé­ module sa demande relative à l’espace en fonc­
tique par l’«illusion urbanistique» (La révo­ tion des mondes symboliques élaborés par
lution urbaine, Paris, 1970). les différentes sociétés. Les « densités urbaines
À peine entamée l’évaluation du statut épis­ vraies», les normes universelles de surfaces
témique de l’urbanisme, des tentatives étaient et d’éclairement pour l ’habitat, encore invo­
menées pour en rétablir l ’autorité en tenant quées par Le Corbusier, paraissent dénuées de
compte des principaux chefs de critique, et fondement.
sans que soit perçue la nature de l ’argumenta­ On peut, au contraire, s ’inquiéter devant le
tion qui récuse la possibilité pour l’urbanisme processus actuel de l’homogénéisation plané­
d’être effectivement, et autrement qu’à travers taire de l ’espace habité, conformément aux
des affirmations gratuites ( « l’urbanisme est normes et aux modèles élaborés par les socié­
une science à trois dimensions (...) sa doctrine tés occidentales développées. Il semble, en
est fondée sur la science et la technique », dit effet, entraîner une dédifférenciation tout
Le Corbusier), une discipline unitaire et scien­ opposée à la différenciation qui, depuis les
tifique. C ’est ainsi que, durant les trois der­ origines, a caractérisé le développement des
nières décennies du x x e siècle, un certain sociétés humaines (H. Atlan).
nombre de praticiens ont cherché les fonde­ Aujourd’hui, au mépris du sens originel
ments d’une nouvelle autorité disciplinaire du défini plus haut, on tend à inclure sous le
côté de la linguistique et de la sém iologie terme d’urbanisme tous les types d’interven­
(cf. Ch. Norberg-Schultz) ou encore de l’ana­ tion organisée sur l’espace bâti ou bâtissable,
lyse parcellaire (travaux de l’école italienne). quels que soient leur échelle (du territoire à la
Si le projet d’une discipline autonome, ayant demeure individuelle), leurs acteurs (déci­
pour vocation de gérer et produire l’espace bâti deurs publics ou privés, praticiens, adminis­
de façon scientifique, apparaît aujourd’hui trateurs), la nature du savoir dont elles
comme un leurre, c ’est non seulement parce relèvent (théorique ou appliqué, scientifique
que la production de cet espace est condition­ ou juridique), quelle que soit l’époque où elles
née par des options de valeurs, mais aussi parce se situent. Cette confusion a été entretenue, en
qu’elle met à contribution des pratiques et des particulier, par la terminologie administrative.
acteurs - individuels et collectifs - multiples. En attendant que la liste s ’allonge, nous
Seules les techniques mises au service des possédons aujourd’hui, en France, des ser­
options de l’urbanisme relèvent d’une science vices communaux d ’urbanisme, des agences
appliquée, d’ailleurs en permanent devenir, d ’urbanisme, dont les compétences hétéro­
alors que ces choix, issus ou non de « théories gènes et souvent cumulatives s’étendent des
d’urbanisme», présentent nécessairement la grandes options d’aménagement du territoire
URBANISME COMMERCIAL

à la gestion de la propriété urbaine, en passant La prolifération sémantique du terme


par la création de villes nouvelles, les opéra­ urbanisme est, elle-même, riche d ’enseigne*
tions de rénovation, mais aussi l’élaboration ments. Certes, elle trahit l ’irréalisme du pro­
et le contrôle de l ’application des lois et jet défini par Cerdâ et dont la cohérence
règlements régissant la construction en ville n ’était pas telle qu’elle pût lui assurer;!*
comme en milieu rural, la conception et réali­ monopole du terme. Mais elle permet aussi
sation des réseaux d ’infrastructures. de mesurer la complexité, sans cesse crois*
Le droit de l ’urbanisme poursuit de façon santé dans les sociétés modernes industrialit
toujours plus com plexe, en accord avec la sées, des procès de production du cadre bâti,
complexité et la bureaucratisation croissantes qui, aux fulgurances de l’innovation concep­
clés sociétés développées, une réglementation tuelle ou technique, associent les pesanteurs
aussi ancienne que les villes et dont les articles institutionnelles, les entraves de la coutume*
étaient autrefois rassemblés dans les « traités l’errance des pouvoirs. ,r.i
de police ». L'urbanisme opérationnel récuse Si, depuis les années 1960, l ’originel
tout préalable théorique et se veut aménageur « urbanisme », la discipline unitaire définie et
de terrains, utilisant des procédures codifiées postulée par Cerdâ, a vu ses prétentions totalii
par le droit de l ’urbanisme (zone d’aménage­ taires, son statut scientifique, ses méthodes
ment concerté, lotissements, etc.). être critiqués, voire démystifiés, on ne peut
Les médias ont également contribué à ces cependant, quitte à les reformuler autrement*
glissements de sens, auxquels les historiens reléguer ses ambitions théoriques. Il est
ont, pour leur part, ouvert le champ de la chro­ aujourd’hui nécessaire de ne pas perdre de
nologie. Ainsi, bien que l ’auteur de ce titre vue l’horizon commun de tous les savoirs;êt
pionnier ait, l’un des premiers, utilisé la notion pratiques sectoriels qui, sous le nom usurpé
d’«art urbain», et qu’il ait reconnu les deux d’urbanisme, ou autrement, participent à l ’édit
coupures survenues dans l’aménagement des fication concertée de notre espace. Et il est
villes, à la Renaissance et dans la deuxième tout aussi nécessaire de ne renoncer ni à la
moitié du xixe siècle, L'Histoire de l'urba­ construction, ni à l ’acquisition d ’un savoir*
nisme (Paris, 1927-1952) de H. Lavedan est, d’une réflexion, ni à la mise en œuvre d’un
en réalité, une histoire de l ’espace des villes, appareil critique, qui constituent un corpus
de leurs plans (préétablis ou non) et de leur référentiel commun à tous les intervenants
forme, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. impliqués dans ce processus.
Chez d’autres historiens, moins spécialisés, le
F. C!
terme est utilisé dans une acception encore
plus large. Ainsi, on n’a pas craint de qualifier -> A rt urbain; Charte d'Athènes; Cité linéaire; Congrès internaf
tionaux d'architecture moderne (ciam); Culturalism e; Droit
«traités d’urbanisme» les recueils de pres­ de l'urbanism e; Épistémologie; Histoire; Hygiène publique?
criptions, d’origine religieuse, qui déterminent M odèle; M o derne; Pré-urbanisme; Progressisme; Proxéf
m ie ; Traité d'architecture; Urbanisme opérationnel; Urba­
la configuration spatiale de la ville chinoise en niste; Utopie. ^
donnant symboliquement à lire et l ’ordre du .il
monde et celui de la hiérarchie sociale. De
même, R. Martin, dans L'urbanisme de la URBANISME COMMERCIAL i
Grèce antique, étudie les plans des villes i
grecques et de leurs colonies, du vie siècle à Ensemble des mesures techniques, adminis­
l’époque hellénistique, montrant que ces plans tratives et financières qui visent à permettre un
et lés types idéaux, auxquels ils aboutissent développement des activités commerciales â
parfois, ne renvoient à aucune discipline glo­ la fois harmonieux, efficace et cohérent avec
bale, ni à aucune théorie. Quant à L. Homo les autres choix d ’urbanisme (utilisation dp
(Rome impériale et l ’urbanisme dans l ’Anti­ sol, répartition des quartiers d’habitat, trans­
quité, Paris, 1951), il met essentiellem ent ports, équipements publics, etc.). !:.
l’accent sur les grandes techniques du génie L’urbanisme commercial est assuré par des
romain, inconnues des Grecs, qui permirent procédures diverses :
de constituer les réseaux de routes, d ’aque­ — Les documents d’urbanisme et, en par­
ducs, d’égouts, etc., de l’Empire, et sur la for­ ticulier, le plu , anciennement le pos , qui peut
midable organisation édilitaire qui assurait soit inciter à l’implantation de commerces
leur construction et leur entretien. dans certaines zones (cos plus élevé pour les
803 URBANISME COMMERCIAL

boutiques que pour les autres utilisations), ou 40 000 habitants). La loi Raffarin du 5 juillet
au contraire dissuader, voire interdire celle- 1996 a abaissé le seuil de 1 000 à 300 m2 dans
ç i; le scot, anciennement le schéma direc­ le but de favoriser le commerce local de
teur, qui doit prévoir l’implantation éven­ détail. La loi du 4 août 2008 a porté à nouveau
tuelle de concentrations commerciales, et, en ce seuil à 1 000 m2 (mais le maire d ’une
particulier, de centres commerciaux périphé­ commune de moins de 20 000 habitants peut
riques. saisir la cdac pour s’opposer à une surface de
— La procédure des zac , souvent adoptée moins de 1 000 m2). En outre, la procédure
pour les centres commerciaux périphériques. d ’autorisation préalable ne concerne plus les
— Les commissions d’urbanisme commer­ distributeurs de carburants annexés à un
cial, créées à titre consultatif en 1969 et qui ont magasin, les hôtels, les pharmacies, les com­
reçu un pouvoir décisionnel de la loi Royer du merces de véhicules et les ensem bles
27 décembre 1973 (modifiée par la loi Doubin commerciaux des gares et aéroports (jusqu’à
du 31 décembre 1990). Elles ont été réformées 2 500 m2). Enfin, la nouvelle loi réduit de
par la loi Sapin relative à la prévention de la moitié les délais de saisine (de deux mois à un
corruption et à la transparence de la vie éco­ seul) et de décision (de quatre mois, mais en
nomique et des procédures publiques adoptée pratique souvent beaucoup plus, à deux
le 19 décembre 1992. Il y avait une commis­ mois). Les critères de la décision doivent être,
sion départementale d’urbanisme commercial selon la loi de 1973, « la concurrence claire et
(cduc) et une commission nationale qui émet, loyale, la satisfaction des besoins des
en cas de recours, un avis auprès du ministre consommateurs (...); l ’expansion de toutes
chargé du commerce qui prend alors la décision. les formes d ’entreprises indépendantes (...),
Les commissions de la loi Royer étaient compo­ en évitant qu’une concurrence désordonnée
sées de neuf élus, neuf représentants des profes­ des formes nouvelles de distribution ne pro­
sions du commerce et de deux représentants des voque l’écrasement de la petite entreprise et le
associations de consommateurs. La commission gaspillage des équipements commerciaux ;
départementale de l’équipement commercial l ’adaptation aux exigences de l’aménagement
(cdec), qui l’a remplacée après la loi Sapin est du territoire et du développement ordonné des
présidée par le préfet et comprend quatre élus, agglomérations » (la loi SRU du 13 décembre
dont le maire de la commune concernée, le 2000 y a ajouté des critères de desserte par les
président de la chambre de commerce et infrastructures de transport). Ces critères jus­
d’industrie, celui de la chambre des métiers et tifiaient la com position des com m issions
un représentant des associations de consomma­ d ’urbanisme commercial prévues par la loi
teurs. La commission nationale de l’équipement Royer. Mais ce système avait été dévoyé par
commercial, qui statue en cas de recours, est des pratiques de corruption inacceptables. La
composée de quatre hauts fonctionnaires èt de com position restreinte des cdec , puis la
trois personnalités désignées pour leur compé­ composition variable des cdac , ont pour objet
tence en matière de distribution, de consomma­ de prévenir ce risque. Une commission natio­
tion et d’aménagement du territoire, tous nale, comme dans les dispositifs précédents,
nommés pour trois ans. Enfin, la loi de moderni­ examine les recours contre les décisions des
sation de l’économie du 4 août 2008, a remplacé cd a c . Les objectifs annoncés de la loi de
ces commissions par des commissions de l’amé­ 2008 étaient d’encourager le commerce et de
nagement commercial. La composition de la faire baisser les prix. On peut craindre que,
cdac est fixée par arrêté préfectoral pour chaque ramenant à un équilibre beaucoup plus favo­
demande. rable aux grandes surfaces, elle n ’entraîne
Les commissions de l’équipement commer­ leur extension rapide, au détriment du
cial - comme, avant elles, les commissions de commerce de détail : elle va en tout cas dans
l ’urbanisme comm ercial - étaient com pé­ une voie inverse à celle de la loi Raffarin.
tentes pour la création ou l ’extension (de plus Bien que l ’autorisation accordée par les
de 200 m2 de surface de vente) d’une surface commissions d’aménagement commercial ne
commerciale dépassant (ou devant atteindre soit pas un document d ’urbanisme et qu’il
en cas d’extension) 2 000 m2 hors œuvre ou n ’appartienne pas aux commissions d ’aména­
1 000 m2 de surface de vente (seuils majo­ gement commercial de vérifier la conformité
rés de m oitié dans les villes de plus de des projets aux règles d ’urbanisme, l’autorisa­
URBANISME OPÉRATIONNEL 80*.

tion doit accompagner la demande de permis de 200 000 habitants (jusqu’à trente minute*;
de construire et est périmée si celui-ci n ’a pas de trajet).
été obtenu dans un délai de deux ans. Enfin,
la loi d’orientation sur la ville du 13 juillet
1991 permet au pos (et, depuis la loi sru de Com merce ; Entrée de ville ; Magasin. .i
2000, au plu) de limiter les zones où peuvent
s ’implanter les commerces soumis à cette
autorisation. Il y a donc un lien entre les pro­ URBANISME OPÉRATIONNEL
cédures improprement appelées d’urbanisme
commercial et les procédures d’urbanisme Ensemble d ’actions, conduites ou contrô­
proprement dites. lées par les pouvoirs publics, qui peuvent
En fait, la procédure des com m issions avoir pour objet la fourniture de terrains,
d ’urbanisme commercial, et parfois aussi celle équipés (aménagement), la construction dé
des documents d’urbanisme, ne répond pas bâtiments ou le traitement de bâtiments exisW
d ’abord à un souci d ’urbanisme mais, plus tants (rénovation, restauration, réhabilitation)};
souvent, à la recherche d’un équilibre entre le Les types d’opérations sont variés. Certains:
commerce traditionnel, les grandes sociétés n’ont plus qu’un intérêt historique (grands;
commerciales et les consommateurs (les prix ensembles, zones à urbaniser par priorité));
pratiqués par les grandes surfaces étant en d’autres sont en voie de disparition (résorp­
général inférieurs à ceux des petites bou­ tion de l ’habitation insalubre). Les méca­
tiques). Il est clair que le législateur hésite, nismes actuellement les plus utilisés ett;
depuis quarante ans, quant à la priorité à France sont la zone d’aménagement concerté;
accorder au commerce de détail (lois Royer et (zac) et le lotissement.
Raffarin) ou aux grandes surfaces (loi de En fait, les objectifs poursuivis sont aussi
2008). Une nouvelle loi est à l’étude en 2009 divers que les modes de réalisation. Les opé­
qui bouleverserait profondément les règles de rations d’urbanisme peuvent comporter des
l ’urbanisme commercial. Selon un rapport acquisitions foncières, la réalisation d’équipé-
parlementaire établi en 2009 à la demande du ments dits « d ’infrastructure» (voirie pal
Premier ministre, on supprimerait l’autorisa­ exemple) ou de « superstructure » (stade), des
tion préalable : l ’implantation serait libre à constructions (ex. : zac , lotissements), des
condition de respecter des règles établies par restaurations d’habitations existantes (restau­
une commission tripartite (élus, acteurs éco­ ration immobilière, dans les secteurs sauve­
nomiques, architectes et urbanistes). La maire gardés ou non), ou même des politiques
ne pourrait s’y opposer que si les besoins sont conduites hors du Code de l ’urbanisme)
satisfaits dans une commune voisine. comme la « résorption de l’habitat insalubre »
Les grandes surfaces commerciales sont (1970) ou le « développement social des quar­
très consommatrices d’espace, en particulier tiers» (1982).
en périphérie urbaine où elles sont conçues Quant aux maîtres d ’ouvrage de l ’urba­
pour l’accès en automobile : le cos est généra­ nisme opérationnel, ils peuvent être des col­
lement de 0,15 à 0,20 (sauf stationnement à lectivités publiques - État ou collectivités
étages ou en sous-sol, ce qui n ’est pratiqué, territoriales - mais aussi des organismes qui
pour des raisons de coût, qu’en centre-ville). ont reçu délégation de leur part : sociétés
On adopte généralement des normes de 15 à d ’économ ie mixte, établissements publics
20 places de stationnement pour 100 m2 de industriels commerciaux, office public d ’HLMf
surface de vente et on estime qu’en super­ établissement public agréé tel que syndicats
pointe, la durée de rotation est d’un peu plus de communes ou ports autonomes, et même
d ’une heure, ce qui nécessite une piste d’auto­ dans certains cas, des organismes privés. Cette
route pour 20 000 m2 de surface de vente situation est de plus en plus fréquente, non
(gros hypermarché ou petit centre régional). seulement avec la possibilité pour les collecti­
L’aire de chalandise d ’un supermarché vités publiques de déléguer leurs attributions à
correspond approximativement à 10 000 habi­ des organismes privés, des sociétés anonymes
tants, celle d’un hypermarché à 50 000 habi­ d ’HLM en particulier, mais surtout avec la
tants ou plus (vingt minutes en automobile), place prise par les lotissements et les zac « pri­
celle d ’un centre commercial régional à plus vées », c ’est-à-dire confiées par convention à
805 URBANISME SOUTERRAIN

un aménageur privé (ou public). On peut affir­ sous-sol pour désengorger la voirie, soit en
mer que la majorité des opérations d ’urba­ multipliant lès chemins de fer destinés
nisme sont actuellement le fait d’aménageurs au transport collectif, soit en disposant
privés. des tunnels routiers dont la rentabilité sera
P. M. et Y. P. assurée par un péage. Les services techniques
publics ont été chargés de ces projets gran­
-> Lotissement ; Maître d'ouvrage ; Zone à urbaniser par priorité dioses, éminemment politiques, qui d éfi­
(zup ) ; Zone d'aménagement concerté (z a c ).
nissent en quelque sorte une nouvelle
architecture spatiale dont les ém ergences
doivent contribuer à requalifier l ’esthétique
URBANISME SOUTERRAIN urbaine. Si ces projets se sont concrétisés
lorsqu’ils concernent les transports ferrés - et
Depuis plus d’un demi-siècle, architectes et continuent à se multiplier, en particulier dans
urbanistes imaginent des portions de villes les pays émergents tels que la Chine - , beau­
souterraines : en France, dès les années 1930, coup de projets de voirie urbaine souterraine
le « Groupe d’études du centre urbain souter­ ont été abandonnés pour des raisons de finan­
rain» ( gecus ), devenu, en 1938, «Groupe cement, de sécurité, ou de contradiction entre
d ’études et de coordination de l ’urbanisme volonté de maîtriser la mobilité motorisée et
souterrain», animé par Édouard Utudjian, mit offre accrue représentée par ces infrastruc­
en œuvre cinq congrès internationaux : Paris tures, parfois qualifiées d’« aspirateurs à voi­
(1937), Rotterdam (1948), Bruxelles (1959), tures». La rentabilité de celles qui ont été
Varsovie (1965), Madrid (1969). Des mul­ m ises en service a été lente (tunnel Prado-
tiples projets élaborés, seul celui de l ’aména­ Carénage à Marseille par exemple).
gement du ventre de Paris (Les Halles) s ’est Le nouvel urbanisme souterrain subodore
concrétisé, sous une forme réduite. Mais passé la décongestion des centres. Il libère la sur­
1970, la guerre froide étant oubliée, l ’étale­ face et prévient le foisonnement des réseaux
ment des villes étant facilité par la croissance en les disposant dans des galeries techniques.
de la motorisation, l’urbanisme souterrain est Il permet le stockage des formes usuelles de
tombé en désuétude. Au cours des années l’énergie : gaz liquéfié, pétrole, air comprimé,
1980 et à mesure de l’envolée du coût du fon­ centrales nucléaires. Il donne la santé à la
cier, un engouement se manifeste dans les v ille en enterrant les nuisances du trafic
bureaux d’études des grands groupes du bâti­ - bruits, gaz d’échappement, stationnement -
ment et des travaux publics et dans les ser­ et en offrant un mode de vie commercial tota­
vices techniques des très grandes villes. Les lement à l ’abri des intempéries : en somme, il
projets foisonnent alors au Canada, en Austra­ devrait permettre de modifier, voire de diver­
lie, aux États-Unis, au Japon surtout car la sifier, les modalités d’utilisation de la surface.
terre y est rare et convulsive. L’Europe suit à Dans la plupart des pays et selon le droit
la fin des années 1980, mais l’enthousiasme foncier ancestral, le sous-sol appartient au
est quelque peu retombé après l’explosion de propriétaire dé la surface et c ’est pour cette
la bulle foncière. raison que les premiers réseaux ont été posés
Le « troisième sous-sol » possède une excel­ sous l’espace public. Mais la complexité de
lente rentabilité locative à long terme i tou­ la législation souterraine traduit le chaos
jours sommairement aménagé, les frais juridique : la superposition des propriétés
d’entretien y sont quasiment nuis. La demande privées, des concessions et des usages accroît
en caves reste soutenue, notamment pour le les contentieux. Les concessionnaires de
stockage des produits encombrants - matériel, réseaux tentent de gérer cet anachronisme
emballage—et l’archivage qui réduisent la sur­ urbain en inventoriant leur patrimoine enfoui.
face utile des bureaux. Le garage des véhi­ Les maires prennent des arrêtés de coordina­
cules légers est l’autre domaine locatif où la tion afin de rationaliser les interventions
demande est importante. techniques. À dire vrai, il serait nécessaire
Dans le cadre des fortes concentrations d’adopter une politique urbaine de concerta­
urbaines, la croissance continue des déplace­ tion entre secteurs public, privé et parapublic,
ments qui congestionnent la cité conduisit les entre consommateurs et producteurs, pour
édiles à adopter une politique d’occupation du planifier l’espace non plus en surface mais
URBANISME UNIVERSITAIRE 80#

en épaisseur et, en France, pour le moins, Une telle situation est cependant rare et ne
d’inscrire le sous-sol dans le Code de l’urba­ se rencontre nulle part en France. Le long
nisme et ne pas l’oublier dans les documents déclin des universités (jusqu’à la fin du
d’urbanisme où il n ’apparaît généralement X I X e siècle), la crainte que le milieu universi­
qu’au titre des risques qu’il est susceptible taire a inspirée après les événements de 1968
d’engendrer (cavités, mouvements de terrain, ont conduit à un certain divorce entre l’Uni­
etc.). versité et la ville. Cependant, vers le milieu
Si l ’on admet que le politique a de multiples des années 1980, avec l’arrivée d ’une nou­
raisons d’investir sous terre, que l’environne­ velle génération de responsables politiques,
ment « de surface » peut y trouver une plus- les collectivités territoriales ont redécouvert
value, il reste cependant à calculer les surcoûts l ’importance, pour leur population comme
généralisés de la construction souterraine. Au pour leurs activités économiques, de la pré­
plan financier, le montant des travaux neufs sence des universités. Tandis que les grandes
est supérieur de 50 % par rapport à la surface, villes renouaient avec leurs universités
compte tenu des contraintes particulières au - même la ville de Paris a accepté en 1994 de
m ilieu; l ’occupation de l ’espace souterrain participer à la rénovation de bâtiments... dont
consomme en moyenne 30% d ’énergie en elle avait oublié qu’elle était propriétaire - , les
plus (électricité, chauffage, évacuation d’air). villes moyennes - et parfois petites - non unfc
En outre, les catastrophes paraissent plus versitairès ont alors eu pour objectif d’obtenir
meurtrières, les réparations plus délicates, la la création d’antennes universitaires, espérant
rénovation impossible. que celles-ci se transformeraient tôt ou tard ëii
S. B. et A. Gu. universités à part entière. Elles ont souvent
financé elles-mêmes les constructions et cer­
-* Infrastructures; Réseaux; Stationnement; Tréfonds; Voirie tains frais de fonctionnement. En 1991, les
et réseaux divers (vrd ).
collectivités territoriales ont accepté de finan­
cer la moitié du programme de constructions
universitaires « Universités 2000 » (20 mil»
URBANISME UNIVERSITAIRE liards de F sur 40 au cours des X?
et XIe plans). Même si cette situation favo­
Ensemble des mesures qui visent à assurer rable s’est prolongée au cours du XIe plan et
l’intégration de l’université dans la ville. La s’est répétée, y compris cette fois en Ile-de-
notion d’urbanisme universitaire est récente, France, pour le programme « Universités du
bien que la pratique en ait été ancienne. IIIe m illénaire», if n ’est pas assuré qu’elle
Dans les villes moyennes qui abritaient durera. Les relations entre les municipalités et
une ancienne université, celle-ci constituait les universités qui ont « fait la ville » sont par»
par ses bâtiments, par les logements des étu­ fois difficiles dans de nombreux pays, voire
diants, des enseignants et des personnels, franchement hostiles (il y en a de nombreux
par leur impact économ ique, un élém ent cas aux États-Unis, par exemple à Berkeley) :
déterminant de la vie et de l ’organisation l ’Université est une activité qui ne rapporte
spatiale de la ville. Ainsi à Cambridge, où pas d’impôts locaux, qui fait souvent monter
les collèges les plus anciens sont regroupés les prix immobiliers et les loyers, tandis que
entre la «rue des C o llè g e s» et la rivière les étudiants perturbent parfois la vie locale.
Cam. Aujourd’hui encore, l ’Université est le Sur le plan de l’implantation des bâtiments
principal propriétaire foncier, le premier universitaires, la ville dispose du pouvoir
employeur et développe une stratégie spa­ d’urbanisme. Certes, en France, l ’État peut
tiale qui la conduit à se maintenir au cœur de imposer une procédure de projet d ’intérêt
la ville et à se développer vers l’ouest. Les général, ce qui n ’est pas toujours possible
parcs scientifiques développés par l’Univer­ dans d ’autres pays, notamment lorsque les
sité ou par certains de ces collèges offrent universités sont privées. Mais dans tous les
plus de 25 000 emplois. Bref, la ville, par cas, l’Université doit négocier ses projets de
ailleurs chef-lieu de comté, vit en symbiose développement. Après les constructions, sou­
avec l’Université, même si, dans le passé, vent monumentales (Strasbourg, à l ’époque
les rapports entre l ’U niversité et la v ille sous régime allemand, Lyon, etc.), du
n ’ont pas toujours été excellents. xixe siècle, l ’habitude s’est prise de considé­
807 URBANISME UNIVERSITAIRE

rer les bâtiments universitaires comme des de rares exceptions près (Avignon ou le quar­
équipements de seconde importance. Cette tier Saint-Leu à Amiens, par exemple), d ’avoir
tendance a culminé avec les constructions réussi l’intégration des constructions universi­
médiocres dans les campus des années 1960. taires dans la ville.
Un système trop rigide et insuffisamment Le plan u 3 m a prévu 5 0 milliards de F
généreux de normes de surface et de coût est (7 ,6 milliards d’€ ) dont 4 2 ,5 dans le cadre des
en partie responsable de la médiocrité de la contrats de plan État-région 2 0 0 0 -2 0 0 6 (1 8 ,2
plupart des constructions universitaires. Il venant de l’État et 2 4 ,3 des collectivités terri­
était important de rompre avec ces pratiques : toriales, aux quels s ’ajoutent 3 ,2 milliards
les constructions de la décennie 1990 (pro­ pour le désamiantage et la rénovation du cam­
gramme « Universités 2000 » et ses prolonge­ pus de Jussieu, 2 ,7 milliards pour la mise en
ments) constituent le plus important sécurité des bâtiments existants, 1 milliard
programme de bâtiments civils de la fin du pour la rénovation du Muséum d ’histoire
x x e siècle. Ceux du programme « Universités naturelle et 0,6 milliard pour le musée des arts
du IIIe millénaire » ( u 3 m ) jouent le même rôle premiers, quai Branly. Les crédits des contrats
au début du x x ie siècle. D e fait, peut-être de plan se répartissent entre les locaux
parce que l’État n’est pas le seul à financer la d’enseignement (1 6 milliards), les locaux de
plupart de ces projets, le carcan des normes recherche (15 milliards), les bibliothèques
s ’est quelque peu desserré. Mais il serait (4 milliards) et la vie étudiante (6 milliards).
excessif d’y voir, comme on pouvait le sou­ La principale réalisation, outre la rénovation
haiter, les monuments de l ’architecture du campus de Jussieu, a été la création des
contemporaine. nouveaux locaux de l ’université de Paris-
Au-delà de l’architecture, la redécouverte Diderot (Paris VH) à Tolbiac (2 0 0 0 0 0 m2) : la
de l’université par les villes, par les élus doit rénovation des Grands M oulins, opération
çonduire à une politique plus ambitieuse que phare, a été inaugurée en février 2 0 0 7 . Ce plan
celle des « campus à la française » des minées a concerné, pour un tiers environ des crédits,
1960, pâle réplique de leurs homologues amé­ la région parisienne, qui avait été largement
ricains. Des possibilités existent de récupérer ignorée par le plan Universités 2 0 0 0 (en raison
des bâtiments - industriels en particulier - , du refus de participation du conseil régional,
parfois en centre-ville, pour les réhabiliter alors que la majorité élue en 1998 a adopté
en vue d’un usage universitaire (la manufac­ l ’attitude inverse). L’effort est poursuivi en
ture des tabacs à Lyon, comme, dès 1956, 2 0 0 7 -2 0 1 3 , notamment à travers les contrats
celle de Barcelone, magnifique bâtiment du de projet État-région, orienté notamment vers
xvme siècle proche de la cathédrale). Des bâti­ la mise en sécurité ou la réhabilitation des
ments séparés, mais immergés dans le tissu bâtiments existants, les équipements des labo­
urbain peuvent constituer un quartier universi­ ratoires scientifiques et la vie étudiante (loge­
taire. Parallèlement, il faut recomposer les ments et restaurants). Les choix d’opérations
campus des années 1960, les réinsérer dans le ont été effectués en prenant en compte la créa­
tissu urbain. Sans doute, certaines implanta­ tion des pôles de compétitivité et celle des
tions consommatrices d’espace - scientifiques pôles de recherche et d’enseignement supé­
notamment - conduiront-elles à une nouvelle rieur (PRES).
génération de campus qu’on espère seulement Une troisième programme de constructions
mieux intégrés à la ville. L’université réussie universitaires a été lancé en 2008 : l’opération
sera celle où les habitants pénétreront, traver­ « Campus ». Dix « campus d’excellence » ont
seront les emprises universitaires, utiliseront été sélectionnés parmi 46 candidats. Ils
les équipements de l ’université, bref où l ’on réunissent 39 universités et 37 écoles et abritent
ne percevra plus les limites de l’enceinte uni­ la majorité des enseignants universitaires et des
versitaire. L’objectif doit être de faire pénétrer étudiants. Les crédits annoncés sont de 5 mil­
l’université dans la ville et la ville dans l’uni­ liards d’€ (mais seulement 3,7 milliards, prove­
versité. Les plans «U niversités 2 0 0 0 » et nant de la vente par l’État d’actions d’EDF, ont
« u 3 m » ont marqué sur ce plan un certain été dégagés en 2009). La sélection des campus
recul du campus, pourtant présenté officielle­ retenus s ’est effectuée en 2008. Les bénéfi­
ment en 1990, lors de son lancement, comme ciaires du plan sont souvent des regroupements
la solution la plus efficace. Mais on est loin, à d ’établissements (près), mais parfois seule­
URBANISTE 80Ü

ment pour une implantation en campus. Au se disputent la prééminence. Face à ces affront
1er avril 2010, 17 près ont été constitués. En tements professionnels, des solidarités se des­
fait, ce troisième plan de constructions concer­ sinèrent pour tenter d’imposer une conception!
nera surtout les grandes villes universitaires de commune de l ’urbanisme, et des centres de
province comme Universités 2000 a surtout formation se créèrent: l ’École des hautes
concerné les universités de villes moyennes et études urbaines, en 1919, à l ’initiative du
u3 m les universités parisiennes. conseil général de la Seine, devenue en 1924
P. M. l ’Institut d’urbanisme de l’université de Paris,
qui associe les soucis d’analyse urbaine et lës
-► Campus universitaire; Carte universitaire; Université. préoccupations professionnelles.
Dans un premier temps, entre les deux
guerres mondiales, la profession d’urbaniste,
URBANISTE animée par l’Union urbaniste, a eu pour terrain
principal l’élaboration des plans communaux
Spécialiste de l’urbanisme, c ’est-à-dire de d’aménagement, d’embellissement et d’exten­
la pratique de l’aménagement des villes. Pro­ sion prescrits par les lois de 1919 et 1924.
fession autonome ou spécialisation profes­ Cependant, les géomètres, les ingénieurs
sionnelle, cette alternative fait l ’objet d ’un voyers, etc., des services municipaux y partici­
débat reflétant la multiplicité des activités pèrent largement dans les localités les moins
comprises sous le terme d ’urbanisme et la importantes. Autour de Paris, le bureau d’urba­
diversité des auteurs qui ont tenté de définir nisme du département de la Seine joua un rôle
l ’urbanisme comme un champ spécifique. pilote, comme, dans les villes importantes,
Les caractéristiques du rôle de l’urbaniste l’Union urbaniste et les membres de la sfu .
varient d’un pays à l’autre, selon les systèmes Déjà Cependant, se dessinait un partage dès
de formation, eux-mêmes hérités d’une pra­ marchés entre les architectes (les plans) et
tique qui s’est forgée tout au long de ce siècle. les ingénieurs (les réseaux). Deux revues spé­
En France, les premières préoccupations cialisées {La Vie urbaine, depuis 1919, et
concernant ce qui devait être appelé « urba­ Urbanisme, à partir de 1932), de nombreux
nisme » furent très diverses : dans la seconde échanges internationaux (expositions, congrès,
moitié du xixe siècle, des médecins hygié­ etc.) faisaient écho au développement des
nistes, des ingénieurs ou techniciens, etc., méthodes d’analyse urbaine.
inquiets des conditions sanitaires et d’habitat À l’étranger comme en France, mais dans
en ville, nourrirent la réflexion théorique et la des termes qui diffèrent selon les pays, les
connaissance professionnelle. Ils se retrou­ corps professionnels spécialisés et les disci­
vèrent plus tard dans le cadre de la section plines du savoir se sont partagé le champ de
d’hygiène urbaine et rurale (créée en 1908) l ’urbanisme.
du Musée social, à orientation philanthro­ • Les ingénieurs n ’ont pas toujours reconnu
pique, ou au sein de l’Association générale l’importance de la nouvelle profession. En
des hygiénistes et techniciens municipaux France, s’ils ont été nombreux, au début du
(aghtm ) ( 1905), plus professionnelle. siècle, au sein de I’aghtm , ils ont largement
Le terme d ’urbaniste est apparu vers cette cédé la place, entre les deux guerres, aux
époque, en même temps que celui d ’urba­ architectes-urbanistes de la sfu . A la Libéra­
nisme. Il est d ’abord utilisé plutôt comme tion, le corps des ponts et chaussées refusa de
adjectif, accolé à architecte (ou ingénieur). La prendre en main la reconstruction de l ’équipe­
Société française des architectes-urbanistes a ment du pays. Mais, vingt ans plus tard, lors de
été créée en 1912 (elle devint Société française la fusion des ministères de là Construction (ex-
des urbanistes - sfu - à partir de 1919). Reconstruction et Urbanisme) et des Travaux
Comme l’indique sa dénomination initiale, publics, ils ont revendiqué le rôle de corps
cette première association professionnelle pilote du nouveau ministère de l’Équipement
spécifique est dominée par les architectes, et accaparé longtemps les principaux postes de
parmi lesquels quelques « prix de Rome ». responsabilité officielle.
L’homogénéité professionnelle n’était pas • Les architectes ont, un peu partout, consi­
acquise pour autant. L’urbanisme met en jeu déré l’urbanisme comme une simple extension
des compétences et des savoirs multiples qui de leur domaine professionnel, qui s’est réali­
809 URBANISTE

sée tout naturellement dans les pays latins France, c ’est l’expérience de l’université de
(Italie, en particulier), où la composante cultu­ Vincennes qui a rendu populaire cette option
relle de rurbanisme a prédominé, et dans les dans les années 1970. Elle a conduit, là où elle
pays de l’Est (Union soviétique, Pologne, domine, à une rupture entre les professions
Hongrie, etc.) et même de l ’Europe germa­ d’architecte et d’urbaniste (Grande-Bretagne),
nique, où les architectes recevaient une solide partiellement comblée par la formation de spé­
formation scientifique. En France, les archi­ cialistes de Yurban design (États-Unis).
tectes ont eu la même prétention et, à travers la — Celle des formations de spécialisation, au
sfu entre les deux guerres, puis de façon plus niveau postdiplôme (3e cycle ancien). Cette
diffuse, ont réussi à assurer leur prééminence option est dominante en France : Institut d’urba­
dans la pratique professionnelle privée. nisme de Paris à Créteil, Institut d’urbanisme de
• Le secteur de la recherche et de la forma­ l’académie de Paris à Saint-Denis ex-Vincennes,
tion a été plus négligé. Si, dans beaucoup de devenu Institut français d’urbanisme à Champs-
pays, les architectes y tiennent une large place sur-Mame, cycles de l’Institut d’études poli­
(Italie, Grande-Bretagne en particulier), en tiques et de l’Ecole nationale des ponts et chaus­
France ce fut longtemps le domaine privilégié sées, plusieurs formations créées dans d’autres
des historiens (Lavedan) et surtout des géo­ villes. Il s’agit alors d’assurer une formation
graphes qui, depuis une génération, ont tenté complémentaire, pluridisciplinaire, en urba­
de l’annexer complètement. Les disciplines nisme, à des architectes, ingénieurs, géographes,
qui ne placent pas l ’espace au centre de leur etc. La réforme dite lmd (licence, master, docto­
démarche ont toujours négligé l’urbanisme rat) a conduit ces formations à s’intégrer au
(économie) ou ont été marginalisées (histoire). moule des masters (certains établissements
Les juristes, quant à eux, ont toujours consi­ offrent en outre une licence ou, plus souvent,
déré le droit de l’urbanisme comme une une spécialisation en troisième année de licence).
branche immature de leur discipline. — On doit enfin rejeter les prétentions de
• Les spécialistes des recherches quantifiée certaines disciplines (architecture, géogra­
et formalisée (recherche opérationnelle) ont phie, en France) à former des urbanistes ou
pris une place dominante, dans les années des aménageurs hors d’un réel cadre pluridis­
1960, aux États-Unis, puis en Europe, mais ciplinaire.
leur rôle s’est réduit lorsque les limites des C’est pour se distinguer de ces formations
modèles mathématiques sont apparues. non pluridisciplinaires que six institutions
• Les sociologues et les politologues ont (devenues 17 en 1999) se sont regroupées en
alors fait une irruption massive (fin des années 1984 au sein de l’Association pour la promo­
1960) dans le champ de la recherche urbaine, tion de l ’enseignement et de la recherche
pour le déserter presque aussi brutalement, alors en aménagement et en urbanisme (aperau).
même que les pratiques professionnelles nou­ La charte de I’aperau implique la pluri­
velles (advocay planning, procédures décentra­ disciplinarité (des programmes, du corps ensei­
lisées) rendraient plus utile leur intervention. gnant, du recrutement étudiant), une formation
De ce tableau, il ressort que l’urbanisme tant concrète et opérationnelle que théorique et
n’a pas encore trouvé son équilibre et ne peut critique, la réalisation d ’études réelles en
prétendre à une autonomie scientifique. Il équipe (atelier) et d’un mémoire individuel
n’est pas surprenant que, d’un pays à l’autre, lourd. Ces conditions impliquent une forma­
d’un secteur professionnel à l ’autre, ce soient tion, même en spécialisation, qui dure plus
les rapports de force qui régissent le partage d’une année. Les adhésions à I’aperau sont
des rôles. soumises à évaluation préalable des formations
Le débat le plus important à l’heure actuelle pour vérifier leur compatibilité avec cette
est celui de l ’autonomie de l’urbanisme. C’est charte. L’aperau est devenue en 1997 une
encore dans les systèmes de formation qu’il association internationale francophone.
se reflète. Deux options s’opposent : Un autre problème de la profession d ’urba­
— Celle des formations autonomes, sur niste est celui de l ’échelle spatiale de son
l ’ensemble du cursus des études supérieures, exercice : ,
qui est adoptée par les grandes universités • échelle de la région, voire de l’État ou
américaines (Pennsylvania, Berkeley, mit, d’espaces internationaux, aménagement régio­
etc.) et certaines universités britanniques. En nal, aménagement du territoire ;
URBANITÉ 8Wj

• échelle de la ville ou de l’agglomération : USINE


c ’est l’échelle préférentielle d’intervention de
l ’urbaniste, celle à laquelle sont établis les Local de production industrielle destiné à
documents d’urbanisme ; la transformation, à l ’aide de machines, de
• échelle du quartier ; matières premières ou de produits sem i-
• échelle de l’opération de construction, ouvrés, en produits plus élaborés. Le terme de
de réaménagement urbain: c ’est l ’échelle manufacture était employé avant la révolution
où urbanistes, architectes, et spécialistes de industrielle et désignait de vastes ateliers de
Vurban design coopèrent. production manuelle (ex. : manufacture des;
Enfin, l’aspect diversifié de la pratique de tapis des Gobelins). Il est encore employé, à-
l’urbaniste se retrouve à travers la multi­ tort, comme synonyme d ’usine (Larousse),
plicité de ses domaines d ’intervention : Le terme de fabrique, un peu désuet, est syno­
recherche fondamentale, études urbaines, éla­ nyme d’usine.
boration de documents d’urbanisme, concep­ Les usines sont en général construites par:
tion d’espaces, urbanisme d’opérations. les entreprises elles-m êm es, mais certains:
Multiforme, la profession d’urbaniste évo­ organismes aménageurs ont pu étendre leur
lue encore avec le ralentissement actuel de activité à la construction de locaux indus­
l ’urbanisation dans les pays développés, la triels, pour le compte et selon les plans éta­
crise économique et le ralentissement des blis par l ’entreprise qui les achète ou les
grands projets, l’incertitude généralisée qui loue. Ces organismes ont même parfois
grève les prévisions à long terme. Les préoccu­ construit des usines standard, prêtes à louer,
pations de gestion technique et financière, de qui sont utilisées par de petites entreprises ou
participation des habitants, de communication, pour une installation provisoire (par exemple
font de l’urbaniste un médiateur plus qu’un pendant la construction de bâtiments défini­
expert ou qu’un homme de l’art. La profession tifs). La procédure de location d ’usine permet
d’urbaniste, dont le champ était déjà difficile à à l’entreprise industrielle de conserver ses
cerner, doit encore s’élargir alors que ses pos­ capitaux pour les investissements productifs
sibilités directes d’action se rétrécissent (machines, etc.).
Traditionnellement, la profession d’urba­ Les installations industrielles ne se limitent
niste n ’était pas structurée en France. Il exis­ pas aux usines. Elles comprennent aussi les
tait, jusqu’à une date récente, plusieurs dépôts et des installations complexes telles
associations professionnelles, dont les plus que les centrales électriques, les raffineries de
importantes étaient la sfu et l’A ssociation pétrole, les hauts fourneaux et autres installa­
des professionnels de l ’urbanisme des collec­ tions de la sidérurgie, etc.
tivités territoriales ( apuct ). En 1993, ces
associations ont décidé de se regrouper au P. M.
sein de «P rofession urbaniste», qui s ’est -* Architecture industrielle; Établissement; Industrie.
transformée en 1996 en un Conseil fiançais
des urbanistes (cfdu ), reconnu par le minis­
tère de l’Equipement. Le cfdu a été à l’ori­ USINE DE TRAITEMENT DES EAUX — Eau
gine de la création, en 1998, de l ’O ffice
professionnel de qualification des urbanistes
(opqu ). Celui-ci, sans constituer un ordre pro­ USINE D'INCINÉRATION -+ Déchets
fessionnel, se propose de reconnaître des
urbanistes professionnellement qualifiés.
J.-P. G., P. M. et P. N. UTOPIE

-> Am énageur; Urbanisme.


Terme forgé par Thomas More à partir de
racines grecques, le substantif topos (lieu) et
deux particules, le préfixe eu, indice de bonne
URBANITÉ -> Ville qualité et la négation ou, pouvant être égale­
ment traduites par la contraction u-, il signifie
littéralement le bon espace et/ou l’espace qui
URBANOLOGIE —> Urbanisme n ’existe pas.
811 UTOPIE

Dans l ’ouvrage paru en 1516, qui lui définira schématiquement par quatre traits
emprunte son titre, Utopia désigne l’île loin­ (pour une analyse approfondie, cf. F. Choay,
taine (fictive) où réside une société exemplaire La règle et le modèle, Paris, 1980) :
(bonne). À la faveur d’un récit qui associe inti­ Au plan formel :
mement le réel et l’imaginaire, More s’y livre à • l’utopie est un récit à structure feuilletée,
une critique réaliste et impitoyable de l’Angle­ écrit en première personne et dans lequel sont
terre contemporaine, à laquelle il oppose, point introduites, au présent de l’indicatif, deux
par point, la société modèle des Utopiens, ses descriptions concernant respectivement une
mœurs, ses institutions, telles que le voyageur société historique critiquée et une société
Raphaël Hythloday les découvrit en même idéale imaginaire; cette structure textuelle,
temps que les édifices et espaces modèles très particulière, peut être qualifiée de para-
conçus par le héros-fondateur Utopus pour en mythique.
contrôler le fonctionnement et en assurer la — Au plan du contenu :
permanence. L’île d’Utopie compte 54 villes • la société idéale est, point par point,
identiques : « Qui en connaît une les connaît engendrée par la critique de la société histo­
toutes.» Cette standardisation permet donc à rique;
Raphaël de ne décrire que la seule capitale, • cette société idéale est réalisée et mainte­
Amaurote, avec sa grille d’éléments standar­ nue en place par la médiation d’un espace
disés (maison, marché, temple, me), organisés modèle, instrument de conversion thérapeu­
selon un plan type, dans un espace homogène. tique et de reproduction ;
L ’Utopia, immédiatement rééditée et bien­ • la société modèle et son espace bâti pos­
tôt traduite du latin, connut une fortune excep­ sèdent une valeur absolue de vérité et, une fois
tionnelle, D ’une part, le nom propre d’Utopie instaurés, échappent à l’emprise du temps.
(déjà emprunté par Rabelais dans Pantagruel) L’ensem ble de ces traits fait de l ’utopie
était, dès la fin du xvie siècle, converti en nom une création spécifique de l ’Occident, sans
commun, synonyme de plan de gouvernement équivalent dans aucune culture antérieure.
imaginaire idéal, puis de projet chimérique. Au cours des siècles, le paradigme moréen
De nos jours, ce terme, très utilisé, est à la fois s ’est perpétué, sou s sa forme canonique
imprécis et polysémique. Des auteurs comme (D oni, Mondi celesti,.., 1552; Stiblin, D e
E. Bloch et K. Mannheim s’en sont servis en Eudemonensium republica, 1555; Andreae,
lui donnant des définitions précisés, mais fort Reipublicae Christianopolitanae descriptio,
éloignées du sens moréen. Ainsi, Mannheim 16 1 9 ; Cam panella, Civitas soli, 1623 ;
oppose l’utopie à l’idéologie et caractérise les Cabet, Voyages... en Icarie, 1840; Morris,
idées utopiques comme « situationnellement Newsfrom Nowhere, 1891 ; Wells, A modem
transcendantes (et ayant) d’une façon quel­ Utopia, 1905), aussi bien que sous des
conque un effet de transformation sur l’ordre formes plus ou moins directement dérivées
historico-social existant » (Idéologie und Uto­ (Bacon, Nova Atlantis, 1627 ; Cyrano de
pie, 1929). Bergerac, Histoire comique des Etats... de la
D ’autre part, le genre littéraire créé par lune et du soleil, 1657 ; Fénelon, Les aven­
More fut, lui aussi, adopté par la société euro­ tures de Télémaque, 1699 ; G odw in, The
péenne dès le x v ie siècle, et il est demeuré man in the moon, 1648 ; Morelly, Le code de
vivant jusqu’à nos jours où il a suscité une la nature, 1755 ; Ow en;^n address..., 1816;
vaste littérature critique, émanant de disci­ Fourier, Le nouveau monde industriel et
plines diverses : philosophie (R. Ruyer), litté­ sociétaire, 1829 ; Huxley, Brave new world,
rature, histoire, urbanisme, etc. 1923).
L’apport critique le plus considérable Certains auteurs ont pu, à juste titre, souli­
demeure toutefois celui de la pensée sociopo­ gner le statut purement livresque de l’utopie
litique à laquelle Marx avait ouvert la voie et moréenne. En ce sens, Marx a, le premier,
qui a été plus récemment illustré par les cou­ dénoncé l ’irréalisme des « so cia listes uto­
rants néo-marxistes (J. Gabel, H. Marcuse, pistes» dont il reconnaît la valeur de la cri­
J, Habermas). tique, mais non le projet de société.
On réservera ici le terme utopie à ce genre Il convient cependant de noter que les pou­
littéraire original dont il s’agira de montrer voirs et la valeur conférés par More à l’espace
la relation qui le lie à l ’urbanisme, et qu’on bâti sont sans précédent (y compris dans les
UTOPIE 812!

dialogues de Platon sur l’État idéal, République, tiellement appliqué à la construction de pri­
Lois, Critias, dont More s ’est inspiré et dans sons et d ’établissements pénitentiaires
lesquels néanmoins, l ’espace, réalité déchue, ne (cf. Instruction et programme pour maisons
joue pratiquement aucun rôle). Le modèle spa­ d ’arrêt, ministère de l’Intérieur, Paris, 1841),
tial de More s’offrait à la société occidentale alors que Bentham avait lui-même élaboré des:
comme un instrument imaginaire si parfaite­ versions panoptiques d ’école, de crèche,
ment accordé à ses recherches et à ses aspira­ d ’orphelinat, de manufacture. À l ’échelle
tions nouvelles, nées au Quattrocento, que d’une organisation sociale plus complexe, les
celle-ci allait lui donner accès au réel et, pro­ salines d’Arc-et-Senans de Ledoux participent
gressivement, faire de la modélisation critique du même esprit : la maison du directeur, avec
l’un des deux modes de production a priori de son oculus symbolique, surveille et contribue
l’espace bâti. C’est à ce titre que l’utopie inté­ à perpétuer Tordre et la bonne marche d’une
resse l’urbanisme et que le livre de More peut entreprise dont les diverses fonctions sont ana­
se voir reconnaître la même valeur instauratrice lysées et symétriquement réparties, selon une
que le De re aediflcatoria d’Alberti. Si la procé­ demi-ellipse, dans autant de bâtiments spéci­
dure de la règle générative, instaurée par un fiques.
architecte, se donne pour finalité spécifique et Mais il fallut attendre le début du
exclusive l’édification du monde bâti, la modé­ x ix e siècle pour que, dans un deuxièm e
lisation spatiale, instaurée par un penseur social temps, la modélisation critique soit appliquée
dans le cadre spécifique d’une réflexion sur la de façon globale et non plus fragmentaire*
société et ses valeurs, n ’en finit pas moins par lorsque certains socialistes utopistes (Owen,
être appropriée par les praticiens. À l’ouverture Fourier, Cabet, etc.), de tendance progrès^
et à la flexibilité de la démarche trattatiste, elle siste, ont conçu des utopies qu’ils entendaient
oppose alors son totalitarisme et sa rigidité. réaliser et dont les espaces modèles, néces­
Les premières applications concrètes de la saires pour «métamorphoser subitement le
modélisation critique de l’espace apparaissent nom de social» (Fourier, Théorie de l ’harmo­
à la fin du xvme siècle. Elles sont induites par nie universelle, 1808) sont élaborés avec une
la médicalisation de la société européenne, précision suffisante pour en permettre la
bien décrite par M. Foucault (Surveiller et construction effective. Ainsi le Phalanstère de
punir, 1975), mais aussi par le besoin d ’un Fourier qui inspirera Le Corbusier : unité de
ordre à valeur transcendante qui vienne vie pour la cellule sociale de base de
compenser la perte du sacré. La modélisation 1 800 habitants, isolée dans la verdure, ramas­
critique prend alors des formes sectorielles et sée en hauteur sur plusieurs niveaux, dépour­
fragmentaires. Elle inspire des projets hospita­ vue de rues et dont les espaces séparés et
liers comm e ceux de Tenon, qui résultent classés selon leur destination (travail, repos,
d ’une critique des établissements sanitaires de loisirs) communiquent entre eux par des gale­
l ’époque et mettent en œuvre un dispositif ries vitrées ou souterraines. Q uelles que
spatial normalisé et normatif. Le terme de soient leur sophistication et parfois leur
«machine à guérir», utilisé par Tenon pour séduction, ces établissements utopiques n’en
définir son hôpital modèle, au plan « parfait », demeurent pas moins des instruments de
traduit le rôle thérapeutique et contraignant contrainte, destinés à mettre leurs habitants
qu’il fait jouer à l ’espace. La même visée en condition.
orthopédique est à l’œuvre dans le panoptisme Certains de ces modèles ont effectivement
de Bentham. Celui-ci se proposait, en effet, été construits. Mais les uns, porteurs d’un pro­
d ’appliquer à «tou s les établissements où, jet social complet, ont connu seulement des
dans les limites d’un espace qui n ’est pas trop formes expérimentales que leur nombre limité
étendu, il faut maintenir sous surveillance un et leur échelle réduite privaient d’efficacité,
certain nombre de personnes » (Panopticum, ainsi qu’en témoignent les nombreuses « colo­
1787), un dispositif (plan) standard suscep­ nies icariennes» établies aux États-Unis et
tible de variantes et offrant, comme son nom dérivés de l ’Icarie de Cabet. Tandis que les
l’indique, une parfaite transparence à celui qui autres, moins ambitieux, étaient, sous l’impul­
en dirige le fonctionnement. Très favorable­ sion de patrons progressistes, mis, avec un
ment accueilli par l ’opinion éclairée de succès divers, au service d’établissements
l’époque, le dispositif panoptique a été essen­ industriels transformés en communautés
813 UTOPIE

sociales (N ew Harmony de Owen, Saltair, caractères du contexte historique où elle s ’ins­


Pullman City, etc.). Ainsi le familistère de crit, en particulier :
Guise où « mille cinq cent personnes peuvent — la massification et l’urbanisation de la
se voir, se visiter, vaquer à leurs occupations société occidentale ;
domestiques, se réunir dans les lieux publics, — l ’industrialisation de la construction ;
et faire leurs approvisionnements sous galeries — la diffusion du modèle de société occi­
couvertes, sans s’occuper du temps qu’il fait, dentale et son adoption, volontaire ou impo­
et sans avoir jamais plus de six cents mètres à sée, dans le monde en développement.
parcourir», lut construit par l’industriel fou- Mais cette translation des procédures uto­
riériste J.-B. Godin en 1888 pour ses ouvriers. piques dans le réel ne va pas sans la translation
Demeuré en usage jusqu’en 1970, cet établis­ de leur caractère réducteur, sans ce totalita­
sement est, avec son «palais d’habitation» risme et cette rigidité qui nient les différences
collectif, son usine, sa batterie d’écoles et ses humaines et le rôle créateur du temps.
différents services, la seule version construite, La dimension utopique de l ’urbanisme et
ponctuelle et réduite, du phalanstère, cette des modèles des ciam s’est trouvée accentuée
«sim ple idée d ’architecture» dont Fourier par l ’affiliation de ce mouvement à l’avant-
attendait que, par sa diffusion planétaire, elle garde dont on sait que le « modernisme » se
transformât la société humaine tout entière. spécifie par son antagonisme à l’égard de la
La modélisation critique trouve toutefois son société dominante, son refus des traditions, sa
application systématique et sa pleine efficacité volonté de « table rase » (expression chère à
dans un troisième temps, marqué par l’émer­ Le Corbusier) et sa foi dans l’innovation radi­
gence de l’urbanisme théorique. En effet, le cale.
nouveau paradigme instaurateur créé par Cerdâ À l ’heure actuelle, l ’utopie comme genre
est marqué au coin de l’utopie : depuis l’inau­ textuel survit essentiellement par la médiation
gurale Teoria general de la urbanizaciôn de la science-fiction. En tant que mode de la
(1867), la suite des théories de l ’urbanisme critique sociale, elle semble avoir succombé
sont plus (Le Corbusier, en particulier dans la aux coups d ’adversaires qui en ont montré
Ville radieuse, 1933) ou moins (Sitte, Der l ’archaïsme et l’inadaptation dans nos sociétés
Stàdtebau, 1889) proches de la forme cano­ caractérisées par leur mobilité et leur com­
nique de l’utopie dont elles ne conservent géné­ plexité. En revanche, la dimension utopique
ralement pas le projet social global (malgré de Furbanisme contemporain demeure vivace
l’exception de E. Howard, dans To-morrow, malgré les dénonciations dont elle a fait l’objet
1898), mais toujours la modélisation à valeur depuis les années 1960 (cf. F. Choay, L'urba­
thérapeutique et la critique qui l’engendre. nisme, utopies et réalités, 1965).
La facilité avec laquelle cette démarche est F. C.
passée soudainement dans la pratique, sa dis­
sémination et son succès (y compris dans les - » Congrès internationaux d'architecture moderne ( ciam ) ; Cultu­
ralisme; M odèle; Pré-urbanism e; Progressisme; Traité
pays socialistes) doivent être liés à certains d'architecture; Urbanisme.
V

VACANCES -+ Loisirs; Taux de départ VANDALISME -> Délinquance ; Insalubrité


en vacances; Tourisme (habitat, logement) ; Monument historique

VALEUR —> Contrôle social ; Société VÉGÉTATION -> Climax ; Conditions


naturelles

VALEUR DU TEMPS (lors des déplacements!


VÉGÉTAUX -* Espace vert
Valeur, observée à partir du comportement
d’un usager, qu’il accorde à son temps passé
dans les transports et qu’il prend subjective­ VÉHICULE BANALISÉ, VÉHICULE URBAIN
ment en compte dans l ’arbitrage, conscient - » Automobile; Consommation d'espace
ou non, qu’il effectue avec la dépense moné­ (par les transports)
taire et le confort, lors du choix d’un moyen
de transport ou d’un itinéraire (cas d ’un itiné­
raire à péage et d’un itinéraire concurrent, VÉHICULE ÉLECTRIQUE
gratuit mais plus lent).
Trois critiques principales ont été apportées La perspective de l’épuisement du pétrole et
à ce concept ; les inquiétudes quant au réchauffement clima­
— on observe un coût du temps payé par tique dû à l’émission de gaz à effet de serre ont
l’usager, qui peut être inférieur à la valeur qu’il donné récemment une nouvelle actualité, voire
était prêt à payer pour économiser du temps ; une urgence, à l ’idée déjà très ancienne de
— beaucoup d’études déterminent des faire fonctionner des véhicules automobiles en
valeurs moyennes (modèles agrégés) et non utilisant l’électricité comme source d’énergie.
des valeurs à partir d’observations à l’échelle En ce qui concerne le pétrole, les évaluations
de l’individu (modèles désagrégés) ; de l’horizon auquel sera atteint le « pic pétro­
— on détermine une valeur marginale lier» (où la production atteindra un maximum
d’un gain de temps qu’on utilise ensuite, avant de décroître) varient de quelques années
dans le coût généralisé, comme une valeur (selon les milieux écologistes) à quarante ans,
moyenne. voire plus (selon les compagnies pétrolières).
Le concept de valeur du temps a cepen­ Quoi qu’il en soit, on peut considérer comme
dant joué un rôle central dans la méthode du une certitude que le prix du pétrole, et donc des
coût généralisé de planification des trans­ carburants pour les véhicules et les aéronefs,
ports urbains. augmentera du fait de l ’accroissement tendan­
ciel de la demande et de sa rareté.
P. M. Les transports recourent, pour 97 % environ
-> Coût généralisé de déplacement; Modèle de transport;
à l ’énergie pétrolière et représentent, en
Modèle de choix modal. France, environ 60 % de la consommation de
VÉHICULE ÉLECTRIQUE 81g

pétrole (49 millions de tonnes en 2006, dont l’automobile, mais cette source d’énergie fut
46 pour la circulation routière, soit plus de vite abandonnée. Dans les années 1960, puis
55 % du total). À l’échelle mondiale, les trans­ après les crises du pétrole des années 1970,
ports représentent près de 80 % des usages du les recherches sur le véhicule électrique
pétrole et les seuls transports routiers les trois furent relancées, en particulier en France
quarts environ. C’est donc le premier secteur pour des raisons d ’indépendance énergé­
où des économies sont nécessaires. tique. Des véhicules électriques ont été mis
Des progrès ont déjà été réalisés par les au point pour quelques usages particuliers :
constructeurs de véhicules, notamment en amé­ véhicules utilisés à l’intérieur d’un établisse­
liorant les moteurs et l ’aérodynamisme des ment ou d’un équipement (terrains de golf)
véhicules. Après la première crise du pétrole ou pour un service régulier avec parcours
(1973-1974), la consommation convention­ limité (bennes à ordures, voitures postales,
nelle moyenne pour 100 km a baissé de 21 % voire autobus). Ces véhicules utilisent des
(de 8,5 à 6,7 litres entre 1975 et 1985, date du accumulateurs au plomb qui peuvent être
contre-choc pétrolier), puis de 3 % entre 1985 rechargés la nuit et ils ne souffrent pas de
et 1995 et encore de 12 % entre 1995 et 2006 (à l’autonomie limitée (100 km maximum) per­
5,7 litres), soit un tiers de réduction en tout. mise par ceux-ci ni de leur poids qui limite
Mais, dans le même temps, l’augmentation du les performances (accélérations).
nombre de véhicules et de la puissance des Pour permettre la banalisation du véhicule
moteurs (à puissance fiscale inchangée), et électrique, les difficultés à résoudre sont :
donc celle de la vitesse de circulation, ont lar­ — l’adaptation des moteurs à l’électricité ;
gement compensé ces progrès. Il faut y ajouter — la fourniture d’énergie électrique à un
la croissance du kilométrage parcouru par véhi­ prix compétitif ;
cule (en baisse cependant depuis quelques — la compétitivité de ce type de véhicule
années). La consommation a donc crû avec le par rapport au véhicule traditionnel à essence ;
nombre de véhicules. Cette croissance est — la disponibilité de cette énergie en des
désormais surtout rapide dans les pays émer­ points suffisamment nombreux de distribution ;
gents et le sera bientôt dans les pays encore peu — les performances du véhicule en termes de
développés. Les constructeurs poursuivent vitesse, d’accélérations, de maniabilité, etc., ce
cette politique de diminution de la consomma­ qui pose la question du poids des équipements
tion. Des véhicules expérimentaux, dont la mécaniques et du dispositif de stockage (et
consommation serait réduite à 3 litres/100 km éventuellement de production) de l ’électricité ;
sont à l ’étude. Si le rythme de réduction de la — l’autonomie du véhicule (longueur des
période revenait à celui de 1975-1985 (2 % par parcours possibles avant réapprovisionnement).
an), on pourrait espérer atteindre, pour les véhi­ Les deux premières sont aujourd’hui réso­
cules neufs mis en circulation, 4 litres en 2025 lues. Les moteurs électriques sont parfaite­
et 3 en 2040. Des efforts du même ordre sont ment adaptés aux véhicules automobiles.
poursuivis pour les véhicules utilitaires qui L’énergie électrique est moins coûteuse que
représentent 45 % de la consommation des l’essence traditionnelle : les premiers utilisa­
véhicules routiers en France. teurs de ces véhicules (ou, dans une moindre
Mais ces économ ies, qui peuvent être mesure, des véhicules hybrides essence-
amplifiées par une utilisation plus large des électricité) réalisent des économies substan­
transports en commun et des modes de tielles quant à F énergie consommée.
transport « d o u x » (marche, bicyclette), ne La troisième condition n ’est pas actuelle­
peuvent que réduire la consommation de ment remplie : les véhicules électriques ou
pétrole. La substitution d ’autres énergies fos­ hybrides sont plus coûteux que les véhicules
siles (gaz ou charbon liquéfié) ne règle pas traditionnels. Plusieurs raisons à cela :
le problème des pollutions ni des émissions • les équipements nécessaires sont eux-
de gaz à effet de serre. Seul un véhicule mêmes plus coûteux, notamment pour les
utilisant une source d ’énergie non fossile véhicules hybrides qui doivent pouvoir fonc­
pourra résoudre le problème. tionner à l’électricité comme à l’essence ;
• la fabrication ne concerne que des séries
Le véhicule électrique est un projet ancien. limitées, ce qui ne permet pas d ’économies
Il y eut de tels véhicules dès les débuts de d’échelle lors de la fabrication.
817 VÉHICULE ÉLECTRIQUE

Ces difficultés ne sont pas rédhibitoires. Si La sixième condition déqualifie certaines


le véhicule hybride dans les années qui formes d’alimentation électrique. On a vu que
viennent, le véhicule électrique à plus long les batteries traditionnelles (au plomb) ne per­
terme, deviennent d’usage courant, les écono­ mettent qu’une autonomie limitée (de l’ordre
mies d’échelle apparaîtront. Quant à la part du de 100 km). Gela peut être acceptable pour des
coût supplémentaire liée aux équipements (qui véhicules effectuant un trajet quotidien limité,
peut elle-m ême bénéficier d ’économies dont les batteries peuvent être rechargées la
d’échelle et de progrès techniques), on peut nuit. Cela constitue en revanche une contrainte
envisager que la collectivité la compense en excessive pour les particuliers. On a donc entre­
échange de l’économie de coûts sociaux que pris, depuis près d’un demi-siècle déjà, avec
ces véhicules produisent (diminution du bruit, des résultats jusqu’ici plutôt décevants, des
de pollution et des GES). Cette aide peut recherches pour améliorer l’autonomie offerte.
prendre la forme d’avantages fiscaux ou de On a expérimenté des accumulateurs plus per­
prime à l’achat pour l’utilisateur ou de subven­ formants, par exemple cadmium-nickel, nickel-
tions au constructeur. En France, l ’État métal hydrure et nickel-ion et on s ’oriente
accorde un crédit d ’impôt («bonus écolo­ actuellement vers les batteries lithium-ion.
gique») de 2 000 € pour l’achat (depuis 2006) La réponse idéale aux deux dernières condi­
d’un véhicule «propre» (électrique, hybride tions précédentes, annoncée depuis plusieurs
ou fonctionnant au gaz de pétrole liquide ou au décennies déjà, serait la pile à combustible.
gaz naturel de ville), auquel peut s’ajouter la Celle-ci devrait en effet assurer légèreté, réacti­
« prime à la casse » (1 000 € jusqu’au 31 mars vité et autonomie. Mais elle fonctionne à
2010, 700 € puis 500 € par la suite) en cas de l’hydrogène et il faut beaucoup d’énergie pour
destruction d’un véhicule de plus de dix ans. fabriquer celui-ci. En outre, la pile à combus­
La quatrième condition pose un problème tible est, actuellement, extrêmement coûteuse
classique : certaines innovations ne produisent et, même si l’on peut espérer en abaisser le prix
leur plein effet que si elles sont répandues à par une fabrication en grande série, il n’est pas
grande échelle. Dans le cas des véhicules élec­ certain qu’elle devienne compétitive.
triques (dans les véhicules hybrides, la Une autre voie est le recours direct à l’hydro­
recharge est automatique lorsque le véhicule gène. Celui-ci peut être obtenu, soit à partir
circule à l’essence), il s ’agit de disposer de d’hydrocarbures (mais cela ne règle pas le pro­
prises et d ’emplacements de recharge au blème pétrolier), soit par électrolyse de l’eau.
moins aussi nombreuses (d’autant plus que Mais cette opération est très coûteuse en éner­
l’autonomie sera plus réduite) que les stations gie, qui ne peut être que de l ’électricité. En
de distribution de carburant. Les garages outre, l ’hydrogène, pour le transport routier,
privés peuvent aisément être équipés. Mais il pose des problèmes spécifiques : encombrement
faut trouver une solution pour les véhicules important des réservoirs, difficultés de stockage
circulant loin de leur lieu de garage et pour (sous très haute pression ou liquéfié), ce qui
ceux stationnant la nuit sur la voie publique. pose des problèmes de sécurité et de distribution
La seule solution est un investissement massif, (donc de sécurité au cours du transport).
financé ou encouragé par les pouvoirs publics, Au total, un véhicule électrique offrant des
en bornes de recharge sur la voie publique. performances- et un coût comparable à celui
La cinquième condition suppose que la du véhicule à essence ne semble pas pouvoir
source d’alimentation électrique ait un temps se banaliser avant plusieurs décennies. On ne
de réaction comparable à l ’utilisation de peut pas assurer aujourd’hui que la pile à
l’essence. Elle impose en outre que le poids combustible pourra un jour se substituer aux
du véhicule soit similaire, à puissance égale, à carburants fossiles. D ’ici là cependant, pour­
celui du véhicule à essence : certes, on pour­ ront se développer des véhicules à accumula­
rait accroître la puissance pour compenser teurs (avec les inconvénients signalés) et
l ’excès de poids, mais une telle solution serait surtout des véhicules hybrides qui écono­
contraire aux objectifs d’économie d’énergie misent actuellement 20% de carburant et
poursuivis. Les accumulateurs au plomb, pre­ réduisent d’autant les émissions de polluants
mière source d’électricité utilisée jusqu’ici et de ges. Mais, compte tenu de l ’épuisement
(sauf sur quelques véhicules expérimentaux), progressif du pétrole, même si la commu­
répondent mal à cette condition. nauté mondiale ne prend pas les mesures
VENTILATION MÉCANIQUE CONTRÔLÉE

nécessaires pour réduire les émissions de gaz VERRE


à effet de serre, les usagers n’auront à long . : ni
terme (de l ’ordre d ’une génération) le choix Matériau minéral, solide, transparent et iso­
qu’entre une utilisation devenue très coûteuse trope obtenu par fusion d’un mélange d’élé­
(en raison du prix des carburants) du véhicule ments vitrifiants (silice), fondants (alcalis), et
à essence, l’adoption du véhicule électrique, stabilisants (chaux). Le verre est très utilisé
même moins performant que le précédent, le dans le bâtiment, sous des formes extrême­
changement de moyen de transport ou la ment diverses. ji
réduction de leur mobilité. Les vitrages sont le mode d’utilisation» te
P. M. plus ancien. Des progrès considérables ont été
faits dans leur fabrication grâce à la technique»
-* A utom obile; Effet de serre; Énergie et environnem ent; du float-glass, qui consiste à faire flotter lé»
Moyen de transport.
feuille de verre encore mou sur un bain d’étain»
fondu, ce qui permet d’éviter le travail d’usi­
nage et de polissage et de réduire les coûts.»
VENTILATION MÉCANIQUE CONTRÔLÉE Des progrès ont également été accomplis avec»
la mise au point de vitrages spéciaux : vitrages»
Tout local occupé a besoin d ’un certain isolants, constitués de deux vitres séparées pari
renouvellement d’air pour l ’hygiène des occu­ une lame d’air déshydratée ; vitrages trempés,»
pants et pour éviter les condensations exces­ dont la résistance mécanique est améliorée
sives de la vapeur d ’eau produite. Dans les vitrages feuilletés, composés de feuilles de
bâtiments traditionnels, le renouvellement verre collées l ’une contre l ’autre par une
d’air est assuré par l’ouverture des fenêtres. feuille plastique prise en sandwich, qui donné»
Mais dans l’habitat moderne urbain, le souci au vitrage une forte résistance aux chocs;
d ’économiser l ’énergie consommée pour le glaces ou verres émaillés ; vitrages réfléchis­
chauffage et le besoin de se protéger des bruits sants ; vitrages à faible émissivité, comportant
émis à l’extérieur des bâtiments obligent sou­ une fine pellicule de métal ou d’oxyde métal­
vent à éviter l’ouverture des fenêtres. Il faut lique déposée à sa surface, qui réduit lès
alors assurer autrement le renouvellement d’air échanges thermiques par rayonnement et
nécessaire ; il faut le contrôler pour qu’il soit accroît ainsi le pouvoir isolant du vitrage.
suffisant et non excessif, adapté, si possible, La baie vitrée comprend la menuiserie, le
aux conditions d’occupation des locaux. C’est vitrage et souvent une protection contre la
le rôle de la ventilation mécanique contrôlée lumière: volets battants, persiennes, volet
(vmc). Elle comporte des orifices en façade roulant. C’est l’élément par lequel s ’établit la
appelés bouches d’entrée d’air et un dispositif relation visuelle avec l ’extérieur, par lequel
mécanique d’aspiration d ’air ou extracteur qui pénètre la lumière et parfois l’air, mais c ’est
est un ventilateur, dont le débit peut varier aussi le point faible de l’enveloppe pour l’iso­
entre deux extrêmes, et qui est généralement lation thermique et acoustique.
placé dans les locaux dits humides (cuisine, D ’importantes évolutions concernent la
salle de bains). Le débit d’extraction peut être baie vitrée : utilisation de vitrages doubles
modulé manuellement ou automatiquement en thermiquement isolants, développement de
fonction, par exemple, de la quantité de vapeur menuiseries en matériau plastique (pvc sur­
d’eau contenue dans le local où a lieu l’extrac­ tout) ou de menuiseries associant deux maté­
tion : on parle alors de ventilation hygroré- riaux (métal et plastique ou bois par ex.). On
glable. C’est une technique encore récente et assiste par ailleurs, de plus en plus, à la fabri­
peu de produits existent sur le marché. Les cation en usine d’un composant constitué de
bouches d’entrée d’air sont souvent dites auto­ la baie et de son encadrement en béton ou en
réglables, en ce sens que leur surface de pas­ métal, autour duquel la maçonnerie est exécu­
sage d’air varie automatiquement en fonction tée sur le chantier. Ce bloc-baie fait gagner
de la pression que le vent exerce sur la façade. beaucoup de temps sur le chantier et améliore
P. Ch. la qualité des finitions.
Jouant un rôle important dans l’utilisation
de l’énergie solaire, la baie vitrée peut revêtir
VERNACULAIRE —►Architecture vernaculaire aussi un caractère monumental. Elle éclaire
819 VIABILISATION

les chapelles rayonnantes des églises salaires versés «déplafonné» depuis 1993.
gothiques, les grandes serres que dessinent Le vt est périodiquement remis en cause
les architectes de la fin du x ix e siècle, les comme la plupart des charges pesant sur la
immeubles de grande hauteur contemporains, masse salariale des entreprises, bien que son
réfractant de ses teintes l ’environnement poids relatif soit faible. Il a l’avantage pour­
urbain. Enfin, au rez-de-chaussée, en vitrine, tant de faire peser le financement des infra­
elle est miroir des chalands. Depuis la crise structures de transports en commun non pas
pétrolière, les mouvements d’architecture sur les seules entreprises, mais également sur
accordent un regain d’attention à la baie vitrée les administrations publiques. Un finance­
et plus généralement au verre. ment par l ’impôt local reviendrait à faire
peser la charge sur l ’ensemble des contri­
P. Ch.
buables (habitants et professionnels), mais en
excluant les administrations.
VERSEMENT TRANSPORT (VT) V. C.
Impôt assis sur la masse salariale des socié­ - » Coût de fonctionnement des transports; Tarification (des
transports).
tés publiques et privées de plus de 9 salariés et
destiné à concourir au financement du trans­
port urbain de voyageurs. Le montant total du
versement transport représentait 5,6 milliards VERSEMENT POUR DÉPASSEMENT
d’€ en 2007, dont plus de la moitié en Île-de- DU PLAFOND LÉGAL DE DENSITÉ -> Plafond
France. Le vt représente environ la moitié des légal de densité
ressources des transports collectifs urbains.
Créé initialement en 1971 en région Île-de-
France, puis étendu en plusieurs étapes, le vt VERSEMENT REPRÉSENTATIF DE LA TAXE
ne peut être institué que dans les communes et SUR LES SALAIRES -> Dotation globale
communautés de plus de 10 000 habitants. de fonctionnement
Son institution doit faire l’objet d’une délibé­
ration du conseil municipal ou de l ’organe
compétent de l’établissement public de coopé­ VIABILISATION
ration intercommunale. Son taux, qui ne peut
excéder 0,55 % des salaires sur les territoires Action de rendre une voie carrossable ou en
de moins de 100 000 habitants et 1 % au-delà, état de viabilité (1818, du latin viabilis, «où
peut cependant atteindre 1,75 % dans le cas de l’on peut passer»), La viabilité suppose les
la réalisation d ’une nouvelle infrastructure réseaux divers achevés et la couche de roule­
subventionnée par l ’État. Ces taux peuvent ment posée sur la chaussée afin de desservir la
être majorés de 0,05 % dans le cadre des com­ zone à urbaniser ou en voie d’urbanisation.
munautés urbaines, communautés d’agglomé­ Les choix technico-économiques pour viabili­
ration et de communes ou de syndicats mixtes ser une opération d’urbanisme doivent se fon­
auxquels les communes auront adhéré. En der non seulement sur le coût de premier
région Île-de-France, le taux du vt varie de investissem ent mais aussi sur la gestion,
1,4 % pour la grande couronne à 1,7 % pour la l’exploitation et l ’entretien futurs des infra­
Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, et structures. À densité égale, les coûts de la voi­
2,6 % pour Paris et les Hauts-de-Seine. Son rie et des réseaux divers (vrd) peuvent subir
produit est intégralement versé au syndicat des une augmentation de 50 % en fonction du plan
transports d’île-de-France. Le vt, perçu par masse et de 30 % en fonction du type d ’entre­
les urssaf, peut être remboursé aux entre­ tien. Le dossier d’avant-projet technique des
prises qui logeraient leurs employés sur leurs vrd doit être joint à la demande d’autorisation
îieux de travail ou effectueraient elles-mêmes de bâtir ou au dossier de réalisation de ZAC.
le transport collectif de leurs salariés à titre Les recommandations et obligations pour les
gratuit. travaux de terrassements nécessaires à la via­
Auparavant, le vt était perçu sur le mon­ bilisation sont éditées dans le fascicule 2 du
tant du salaire sous plafond de la sécurité Cahier des clauses techniques générales
sociale. Il est calculé sur l ’ensemble des (cctg) du ministère chargé de F équipement.
VIE URBAINE 82®

L’ensemble du domaine public destiné à la (généralisée encore au XIXe siècle, 10 à 20%


circulation des personnes forme la voirie. Le des villes la pratiquent aujourd’hui), en.
développement des services collectifs de dis­ revanche le nettoiement des rues est perçui
tribution a amené les responsables de la voirie comme un service public municipal (moins de
- la via publica du droit romain - à autoriser 10% de sous-traitance). Le balayage des chauvi
l ’implantation de réseaux (eau, assainisse­ sées est réalisé de plus en plus mécaniquement
ment, télégraphe, électricité, téléphone, etc.) (laveuses-arroseuses automotrices, balayeuses?,
en dessous ou au-dessus de la chaussée et à aspiratrices), mais les trottoirs souvent exigus et
confier la vérification, la surveillance et le les caniveaux, dont l’accès est gêné par le stati
contrôle des travaux à des techniciens dépen­ tionnement, sont en général balayés par de»
dant des services de l’État, du département ou hommes employés à plein temps.
de la ville. La surface de la voirie et des aires Jusqu’au début du x x e siècle, la construc­
de service représente globalement en France tion et l ’entretien des rues incombaient aux
environ le cinquième de la surface urbanisée. architectes-voyers tandis que les routes dépen-'
Toute occupation du domaine public par daient du service des ponts et chaussées et les
un réseau doit faire l’objet d’une autorisa­ chemins du service vicinal. Pour diverses rai­
tion de voirie (sauf exception prévue par la sons, la charge d ’architecte-voyer a été.
loi) délivrée par l’autorité responsable de la confiée aux ingénieurs qui ont alors appliqué
conservation de la voie (maire pour la voirie aux rues et places les techniques monotone»
communale, président du conseil général de revêtement routier.
pour la voirie départementale hors agglomé­
A. Gu;
ration, représentant de l’État pour les routes
nationales hors agglomération) et par l ’auto­ -* Propreté ; Réseaux ; Voie ; Voirie et réseaux divers.
rité chargée de la police de la circulation.
La chaussée est la partie de la voie publique
aménagée pour la circulation routière et dont la VIE URBAINE -> Sociologie urbaine
largeur minimale est normalement de 3,5 m. La
structure de la chaussée, constituée par une suc­
cession de couches de matériaux posés et com­ VIEILLISSEMENT D'UNE POPULATION
pactés depuis le sol support - fond de forme,
couche de fondation, couche de base, couches Processus par lequel l ’âge moyen d ’une
de roulements provisoire et définitive - doit population augmente.
être adaptée à la nature et à l’intensité du trafic, Le vieillissem ent d ’une population peut
aux caractéristiques géotechniques du sol en résulter de trois éléments ou de la conjonction
place (mécanique des sols), aux données éco­ de plusieurs d ’entre eux :
nomiques des granulats locaux. Le recours aux — une chute de la fécondité, entraînant
chaussées poreuses et aux chaussées réservoirs un amenuisement des classes d’âge les plus
peut abaisser le coût de l’assainissement. La jeunes : c ’est le cas actuellement de la majorité
teinte du revêtement définitif joue un rôle dans des pays, notamment de ceux en développe­
l’esthétique urbaine. Le changement de revête­ ment : dans les pays développés, la fécondité a
ment (galets, ligne de pavés, etc.) permet de déjà diminué au point d’être passée en dessous
rompre la monotonie d’une voie. du seuil de renouvellement de la population
Le profil en travers est la coupe transver­ (environ 2,1 enfants par femme) ;
sale d’une voie comportant le terre-plein cen­ — une chute de la mortalité, entraînant un
tral éventuel, la chaussée, l ’accotement, le accroissement de la durée de vie (mesurée par
fossé ou le caniveau, le talus, ou le trottoir. La l ’espérance de vie à la naissance) et un gon­
pente transversale varie entre 0,5 et 4 %. flement des classes âgées : c ’est le cas actuel­
Dans la plupart des agglomérations fran­ lement de la quasi-totalité des pays du monde,
çaises, le nettoiement des voies publiques est surtout dans les pays peu développés (en
réparti en trois groupes : balayage quotidien en France, l’espérance de vie à la naissance
centre-ville, semi-hebdomadaire dans les fau­ augmente, depuis plusieurs décennies, d’un
bourgs immédiats, hebdomadaire dans les quar­ an tous les quatre ans) ;
tiers plus éloignés. Si la participation bénévole — une émigration, qui concerne surtout
des riverains tombe peu à peu en désuétude les jeunes adultes et, diminuant l’effectif de
821 VILLA

femmes en âge de procréer, réduit, à fécondité La villa rustique (rustica) traditionnelle,


constante, le nombre de naissances et ame­ née d ’une cour, d ’abord ouverte, avec bâti­
nuise ainsi les classes jeunes. ment central (Boscoreale près de Pompei), a
À l ’inverse, une augmentation de la subi dès le 11e siècle avant J.-C. l ’influence
fécondité (cas de la France et de la plupart hellénistique pour donner le type architectural
des pays européens pendant les trente glo­ nouveau de la villa de plaisance suburbaine
rieuses), une élévation de la mortalité ou une (suburbana) (cf. les descriptions par Pline le
immigration de jeunes sont des facteurs de Jeune de ses deux villas des Laurentes, près
rajeunissement d’une population. d’Ostie, et d e Toscane). Richement décorée
Dans un pays donné, certaines régions (en de mosaïques et de peintures, entourée de por­
général, les régions rurales, concernées par un tiques et de jardins, celle-ci n ’est plus refer­
départ des jeunes vers les villes (exode rural) mée sur elle-m êm e, mais savamment ouverte
peuvent être atteintes par un vieillissement sur le paysage (cf. villas d’Herculanum). Cer­
accentué, alors que d’autres, en général en taines v illa s im périales (villa Hadriana à
milieu urbain et surtout dans les zones périur­ Trivoli) présentent des dimensions considé­
baines, peuvent connaître un rajeunissement rables et une grande complexité dans l’organi­
dû à l ’arrivée de populations jeunes (indépen­ sation de leurs jardins, pièces d’eau et divers
damment de l’évolution de la fécondité et de édifices.
la mortalité). À partir de la Renaissance, le terme
Le vieillissement d’une population a des désigne, en Italie, une catégorie aristocratique
conséquences importantes : de maisons de plaisance, inspirées à la fois
— au plan de la collectivité nationale, la par les descriptions de la littérature latine
part de la population qui exerce une activité (cf. A lberti, D e re aedificatoria, livre V,
diminue et les pensions de retraite deviennent chap. 15 sq., livre IX, chap. 2) et par divers
plus difficiles à financer ; aspects de l ’architecture romaine. Générale­
— le dynamisme d’une population vieillie ment implantées dans la campagne, au voisi­
est inférieur à celui d ’une population jeune ; nage des v ille s (villas de Palladio dans la
— des équipements pour personnes âgées, et Brenta), ces villas sont utilisées, soit pour pas­
notamment des hébergements adaptés (maisons ser la journée (elles ne possèdent pas de
de retraite) doivent être construits, alors que chambres à coucher), soit comme résidences
certains équipements (écoles) peuvent devenir temporaires assorties d ’exploitations agri­
sous-utilisés. coles ; mais la villa peut aussi être urbaine,
comme à R om e (D. Coffin, The villa), où elle
RM.
est alors intégrée dans le cadre de vastes jar­
-> Exode rural ; Fécondité ; Maison de retraite ; Migrations ; M or­ dins architecturés (villa M édicis, villa
talité. Borghèse). C es villas italiennes urbaines ou
périurbaines n ’ont pas de strict équivalent
typologique en France, où leurs homologues
VILLA sont respectivement dénommés hôtels et châ­
teaux (« le m ot château, qui désignait à
Du latin villa qui désigne l ’établissement l ’époque féodale une demeure seigneuriale
rural, groupant autour d’une maison de maître fortifiée, dut élargir graduellement sa signifi­
un ensemble de bâtiments servant à l’exploita­ cation... au point d ’embrasser, même anté­
tion agricole et au logement de ses employés. rieurement à 1789, une foule d ’habitations
Ce terme a donné naissance au mot ville et pacifiques et rurales, appartenant à d’honnêtes
rend compte de l’origine rurale de certaines personnes sans seigneurerie aucune. À la fin
villes occidentales (cf. en France, dans le sud- de l ’Empire et sous la Restauration, à peu
ouest et le sud-est) dont le noyau a été consti­ près toutes les habitations de campagne des
tué par d’anciennes villas de l’Empire romain, gens riches étaient ainsi nom m ées», César
alors que d’autres agglomérations urbaines se Daly).
sont développées à partir d’anciennes civitates En français, v illa a pris, à partir du
(en France, Lyon, Bordeaux, Saintes, Reims, xixe siècle, deux acceptions bien différentes.
Narbonne) ou d’anciens camps défensifs (cas­ D ’une part, ce terme a servi à désigner les
tra) romains. résidences secondaires, inspirées par des
VILLAGE

modèles anglo-saxons, et liées à la « villégia­ VILLE


ture », dans le cadre de stations thermales ou
balnéaires. D ’abord connoté par le luxe Trois conditions sont indispensables pour
(« villa Eugénie » de Napoléon III à Biarritz), qu’un établissement humain constitue une
tant que la villégiature demeure un privilège ville : l'agglomération de constructions
social, le terme en vient, lorsque cette fonction ( Sanson: «un grand amas de maisons confia
se généralise et se démocratise, à désigner gués » ; Larousse : « agglomération... »,;i
toute maison individuelle pourvue d’un ter­ Robert: «une réunion... de constructions»^;:
rain, même modeste, servant à la résidence certains traits sociaux de la population, le sta-i
secondaire. Pastichant souvent des types ver­ tut au XVIIIe siècle (Sanson : « les habitants ont
naculaires (S. Ostrowetsky, Le néo-style droit de bourgeoisie et composent une commua;
régional, Paris, 1980), la villa a ainsi été le nauté»), la diversité aujourd’hui (Robert: «...<
véhicule d’une grande médiocrité architectu­ les habitants travaillent... au commerce,:àj
rale et a contribué à la méconnaissance des l’industrie, à l’administration »), et les activités:
problèmes de l ’architecture contemporaine. de relation (Larousse: « ... les habitants ont
Au cours des années 1920, le terme villa a des activités professionnelles diversifiées,:
aussi servi aux architectes d’avant-garde pour notamment dans le tertiaire ») ; une certain^
désigner les résidences privées qu’ils construi­ dimension (Sanson: «un grand amas... »,-
saient pour des clients privilégiés, en ville ou à Robert: «une réunion... relativement considé­
la campagne (villa Savoye de Le Corbusier à rable... », Larousse: «agglomération relative­
Poissy). ment importante...»). ;o
Par ailleurs, le terme désigne à Paris des De ces définitions ressort la difficulté de
voies privées résidentielles, réunissant des trouver un critère universel et satisfaisant pour
maisons individuelles agrémentées de jardins. établir le départ entre villages et bourgs d’une
Il est apparu pour la première fois à l ’occa­ part, villes de l ’autre. Seuil de population
sion du projet de l’architecte Peyre pour la (2 000 habitants agglomérés dans la tradition
villa Trocadéro (1824), sur la colline de française actuelle, 5 000 dans la plupart des
Chaillot : cette composition qui regroupe un comparaisons internationales), gamme d’acti­
ensemble de résidences privées est directe­ vités, caractère de l ’habitat sont tour à tour
ment inspirée des villas romaines et de la invoqués.
typologie urbaine italienne. Dans la suite, Si Ton veut éviter ces difficultés, il est bon
villa a été appliqué à des lotissements urbains de partir d’une idée qui permette de retrouver
résidentiels sans style particulier, mais dis­ ce que géographes, démographes, socio­
posant d’abondants espaces verts (villa logues, économistes, ethnologues ou histo­
Montmorency, 1853) et finalement, par riens ont apporté dans les études qu’ils ont
synecdoque, à toute rue privée bordée d’habi­ consacrées aux réalités urbaines : la ville naît
tations particulières. Il existe aujourd’hui à des besoins d ’interaction des gens et des
Paris 164 villas dont l’entrée est souvent mar­ avantages que celle-ci procure ; elle se trouve
quée par des grilles et qui, au même titre que limitée par les contraintes qui pèsent sur la vie
certains «ham eaux» (1839) et squares de relation, ou par les désavantages qu’elle
(1825), ont parfois été l’occasion d ’expéri­ fait naître. La ville naît donc fondamentale­
mentations novatrices et constituent des enti­ ment de fonctions centrales d ’échange, de
tés résidentielles spécifiques dans le tissu confrontation ou de rencontre collective.:
parisien. Ceux qui y participent en permanence doivent
F. C. loger aussi près que possible du théâtre où së
déroule une grande partie ou la totalité de leur
-* Cité; Palais; Résidence secondaire. vie active : ainsi se conjuguent nécessaire^
ment interaction et logem ent; il convient
aussi de prévoir, pour les résidents, des aires
VILLAGE - » Quartier ; Rurbanisation de jeu, de loisir, de détente indispensables
hors des heures d’effort. ■.<■
Les motifs d’interaction varient à l’infini,
VILLAGE DE VACANCES — Hébergements ce qui explique l ’extraordinaire diversité des
touristiques villes. Aux origines de l ’histoire, les fonc-
823 VILLE

dons religieuses, l ’organisation de cultes teurs ou des artisans ; la foule des vagabonds
communs à toute une communauté, ont joué et des marginaux crée, au-dessous de la société
un rôle décisif. La possibilité de structurer policée qui domine, un demi-monde fluctuant
une force militaire et de l ’appuyer sur des et souvent inquiétant. La ville du tiers monde
fortifications a assis la domination des cités offre, mille fois exagérés, ces traits de la ville
sur le pays alentour et leur a permis souvent traditionnelle, mais elle présente aussi certains
d ’extraire de la paysannerie les vivres et les des caractères de la ville des pays industria­
revenus dont elles avaient besoin sans offrir lisés : une classe moyenne largement domi­
en échange autre chose que la sécurité et nante où se mêlent em ployés et ouvriers,
une administration plus ou moins efficace. des marginaux moins nombreux, des élites
Lorsque les villes disposent ainsi, du fait de qui tirent leur puissance et leur richesse du
leur assise militaire et de leur domination contrôle des grandes bureaucraties qui
politique ou administrative, de ressources donnent aux cités l ’essentiel de leurs activités.
suffisantes, elles apparaissent comme des Ces sociétés urbaines se conçoivent sur des
centres de consommation : les avantages que modes très variés : malgré les divisions sociales
les propriétaires fonciers et l’aristocratie mili­ qui les traversent, elles constituent souvent des
taire trouvent à résider en ville tiennent à la communautés vivantes, unies aux campagnes
multiplicité des choix qui s’offrent à eux et voisines, comme dans la cité grecque, ou oppo­
qui leur permettent de vivre avec ostentation. sées à elles, comme dans le monde médiéval.
La ville traditionnelle n ’est généralement Le sens collectif y existe au niveau du quartier
pas limitée à ces fonctions de luxe et de repré­ comme à celui de la communauté d’ensemble.
sentation. Elle est peuplée de prêtres, de sol­ La ville constitue souvent une entité politique
dats, de juges, de commis des administrations ; autonome, une cité-Étaf Mais d’autres civilisa­
elle comporte un artisanat qui fournit la clien­ tions historiques ont connu d’autres figures
tèle. Le luxe et le souci de paraître ont été - celle du centre administratif dépendant en
maintes fois dénoncés par les moralistes - mais Chine, ou celle de l’organisme pluri-ethnique et
ils sont le terreau d’où sortent les modes et les pluriconfessionnel dans l’Orient islamique. Les
innovations : la ville engendre un art de vivre, villes du monde industriel, surtout les plus
une politesse, une urbanité qui séduisent toutes grandes, sont trop diverses pour que leurs
les couches de la société ; de là viennent le membres aient un sens aigu des solidarités qui
goût des produits nouveaux et les idées qui les intéressent ; elles tendent à devenir pluri­
rendent aisée leur fabrication. ethniques dans beaucoup de pays ; même si
Mais à la ville de résidence, celle que l’on elles connaissent une vie politique très active,
trouve depuis l ’Antiquité au cœur des régions elles ne sont plus que des rouages dans un
rurales, s’oppose la cité marchande, celle qui espace politique et économique plus vastè.
tire ses ressources des liens qu’elle noue avec L’organisation des interactions im pose à
les régions proches ou les pays lointains. Elle l’espace urbain une certaine logique : celle de
abrite des marchés, des foires, des bourses. l ’opposition de secteurs centraux, où se
Ses marchands font travailler les métiers déroule l’essentiel des interactions, et de quar­
indispensables à la production des articles tiers périphériques voués à la résidence. Mais
dont ils font le négoce : les villes marchandes la variété est extrême. Tant que la cité est
sont manufacturières, à moins qu’elles ne enserrée de murs, ses dimensions sont si
commandent les artisans répartis dans la cam­ faibles que Ton n ’est jamais loin du centre, ce
pagne alentour. A vec la révolution indus­ qui limite les oppositions au sein de l’espace
trielle et l’accroissement des échanges, le rôle urbain. Dans la ville traditionnelle, toutes les
producteur de la ville s ’accroît, comme celui couches sociales sont souvent mêlées, ou bien
de relais des échanges commerciaux. se rassemblent au cœur de l’espace urbain ;
La variété des fonctions urbaines se traduit avec l ’industrialisation et la croissance des
par la multiplicité des visages sociaux que l’on villes, les contrastes sociaux s ’accentuent
y rencontre : le prince ou ses représentants y généralement, mais les élites ne s ’installent
ont volontiers leur séjour, et attirent autour pas toujours dans les mêmes secteurs, au
d ’eux l ’aristocratie militaire ou les riches pro­ centre encore dans beaucoup de villes euro­
priétaires fonciers. Les titulaires d’office sont péennes ou latino-américaines, en périphérie
nombreux, comme le petit peuple des servi­ plutôt dans les sociétés anglo-saxonnes.
VILLE COMPACTE 82*

Avec l ’étalement de la ville que les trans­ enrayer les effets négatifs du desserrement de
ports modernes facilitent, et avec la congestion la population et des activités au cours de la
dont l’automobile frappe les vieux centres, les génération précédente. •
formes évoluent : on passe de la ville grossiè­ La politique d’urbanisme de nombreuses
rement circulaire à la ville radioconcentrique, grandes agglomérations européennes pré-;
avec ses banlieues, puis à la ville éclatée et voyait un mouvement volontaire de desserre-'
pulvérisée, où centres commerciaux et centres ment d’une partie de la population et sur-
directionnels s’installent volontiers à proxi­ tout des activités vers la périphérie, dans le
mité des aéroports ou aux croisées d ’auto­ cadre de v illes nouvelles (Londres puis;*
routes. La ville historique, débarrassée de ses vingt ans plus tard, Paris), de quartiers nou­
fonctions les moins nobles, retrouve son rôle veaux (Stockholm , les grandes villes ded
dans la conception ou dans les loisirs. Pays-Bas). Cette politique a d’abord été défis
La ville ne s ’installe pas au hasard : elle est nie, dans le cadre d’une politique d’aménage­
sensible à la topographie locale, au site. Elle ment du territoire visant à déconcentrer les
tient compte également de la situation par rap­ grandes agglomérations, à Londres (Gréa ter
port aux grands ensembles physiques, aux London Plan, 1944), où l ’on proposait dé
passages et aux gués de fleuves, aux cols, aux réduire la population de l’agglomération de 9
contacts de pays aux aptitudes contrastées. à 8 m illions d ’habitants en desserrant des
Les géographes ont depuis longtemps souli­ industries et 1 million d’habitants dans des
gné la pertinence de ces éléments, mais à trop New Towns à créer et dans des Expanding
insister sur les caractères de la morphologie Towns à développer. Elle a été reprise à
de la région, ils en oubliaient que c ’est dans Stockholm (plan de 1952) et ailleurs. Dans de
l’espace social de relation d’un groupe qui nombreuses autres villes, notamment en Amé­
fonctionne et vit à des échelles variées qu’il rique du Nord, ce desserrement s ’est produits
convient de situer la ville. On n ’apprécie son de façon spontanée, sous l’effet de la tendance
rôle qu’en saisissant ses rapports avec d’autres des ménages aisés à résider en périphérie des
centres : ceux avec lesquels elle dispute son agglomérations et de celle des activités à
aire d ’influence, ceux qu’elle domine, ou rechercher une bonne accessibilité routière.
ceux dont elle reçoit direction ou impulsions. C’est ce mouvement spontané, plus que les1
L’appréhension de l ’espace social dans lequel politiques volontaires de desserrement de la
la ville s’inscrit s ’effectue par l ’analyse du population et des activités urbaines, qu’on a -
réseau urbain, ou de l’armature urbaine, dont qualifié, à partir des années 1970, de contre^
elle fait partie. urbanisation (Brian J. L. Berry, Urbanization
Longtemps, l’espace des sociétés globales and Counterurbanization, 1976). Les causes*
est demeuré marqué par la fracture majeure en étaient la recherche de davantage d’espace;;
qui séparait les villes des campagnes, les cita­ de l’accessibilité en automobile et l’espoir de i
dins, les bourgeois en particulier, et les pay­ déséconomies externes permises par une loca­
sans. Avec les moyens de communication et lisation en un site moins coûteux et plus
de transport modernes, cette dualité a vécu. commode. ;
La part de la population qui vit dans l’espace En tout cas, les conséquences de ce desser-
mral a fortement diminué. Le réseau urbain rement, qu’il ait été planifié ou spontané, ont J
s’analyse de plus en plus comme celui des été jugées excessives et dangereuses pour leur
relations au sein d’un univers citadin éclaté en équilibre socioéconomique par certaines villeS’
noyaux multiples. centrales, qui s ’étaient trouvées désertées par
P. C. les couches les plus aisées et les plus dyna­
miques de leur population et par de nom­
Agglom ération; Aire d'influence d'une ville; Armature breuses activités, et de ce fait privées des
urbaine; Banlieue; Centre; Contrat de ville; Mégalopole ;
Réseau urbain; Site; Situation; Urbanisation. ressources fiscales correspondantes. Elles ont
alors tenté de développer, sur leur territoire
communal, des quartiers d ’habitation et de
VILLE COMPACTE nouvelles zones d’activités. Ce territoire étant
souvent intégralement occupé, elles ont dû, à
Politique menée, à partir des années 1980, cette fin, récupérer des friches urbaines, indus­
par certaines grandes villes européennes pour trielles ou portuaires, voire créer de nouveaux
825 VILLE COMPACTE

terrains à bâtir par utilisation de terrains veaux autour des stations de métro, sur des
jusque-là protégés ou remblaiement sur la mer terrains acquis par la ville de longue date,
ou sur des plans d’eau. C ’est ce qu’on a appelé au far et à mesure de la progression du métro,
la politique de la ville compacte. en construit désormais dans des localisations
Un exemple est celui de Londres. Le Grand semicentrales sur des terrains réutilisés :
Londres avait dépassé les objectifs du plan de emprises ferroviaires (Sôdrastation), sites por­
1944, puisque sa population était tombée au tuaires (Hamnuakten), anciens aérodromes
voisinage de 6,5 millions. L’aménagement le civ il (Bromma) ou militaire (Skarpnâck),
plus spectaculaire a été la récupération des usines à gaz (Ropsten), etc.
anciens docks du port de Londres, qui n ’a Au cours de la dernière décennie, s ’est
plus son importance séculaire et dont les acti­ développé, dans le même esprit mais à
vités ont migré vers l’aval. Ce fut l’objet de l’échelle locale, le concept d’éco-quartier sur
l’opération menée, après un échec initial des le modèle du quartier Vauban construit en
collectivités locales concernées, par la London Allemagne à Freiburg-im-Breisgau.
Docklands Development Corporation, inspi­ Les villes françaises - et de façon générale
rée des New Town Development Corpora­ d ’Europe latine - ont été moins affectées par
tions, mais faisant largement appel aux le desserrement de leur population et de leurs
capitaux privés, à partir de 1981. L’opération activités que celles de la moitié nord de
fut un succès certain sur le plan de la récupé­ l’Europe, puis de la région Île-de-France (pro­
ration des friches et de la construction de jet de schéma directeur régional adopté en
bureaux, grâce à la mise en place d’une zone 2007). La politique de la ville compacte y est,
d ’entreprise dans l’Isle ofDogs, à la construc- de ce fait, moins affichée que dans ces der­
| tion d ’un métro léger (puis d ’une ligne de nières, mais elle est de plus en plus explicite
métro lourd) et à la création d’un aérodrome dans l ’attitude des municipalités des villes
sur les quais des Royal Docks. La crise immo- centres, et d’abord dans celle de la ville de
j bilière du début des années 1990 l ’a touchée Paris.
! de plein fouet avec la faillite retentissante du Le principe de la ville compacte est aujour­
principal promoteur de la zone d’entreprise, d’hui largement admis par les aménageurs et
puis l ’opération s’est à nouveau fortement les urbanistes et souvent par les politiques
développée dans les années 2000. parce que la ville compacte présente des avan­
La même politique est suivie dans les prin­ tages indéniables en matière environnemen­
cipales villes néerlandaises, à l’initiative des tale. Elle limite d ’abord la consommation
municipalités d’Amsterdam et de Rotterdam, d’espace. Elle réduit les distances à parcourir,
qui ont convaincu le gouvernement de modi­ et donc la m obilité mécanisée (mais en
fier, en deux étapes (révision du troisième plan revanche favorise la mobilité à pied), et faci­
d’aménagement du territoire en 1983-1985, lite l’organisation des transports collectifs ou
puis quatrième plan en 1988-1990), sa poli­ l’usage de la bicyclette pour satisfaire celle-ci.
tique visant à réduire le poids de la conurba­ Elle réduit ainsi la consommation d ’énergie
tion de l’ouest du pays, la Randstad Holland, par les transports et donc le bruit et les pollu­
et à développer des pôles de croissance pour tions ainsi que l ’émission de gaz à effet de
accueillir la population desserrée des grandes serre. Les constructions denses sont égale­
villes. La ville d’Amsterdam, par exemple, a ment moins consommatrices en énergie tant
entrepris de construire des logements dans la lors de leur construction que pour le chauffage
zone maraîchère de Sloten, située au sud- (ou la réfrigération). Bref, la ville compacte va
ouest de la ville, jusque-là protégée, et dans dans le sens du développement durable. On
les friches portuaires puis de remblayer une objecte souvent au projet de ville compacte, le
partie du lac Ijssel (Fancien Zuyderzee) poury souhait, réel et légitime, de la majorité des
construire 20 000 logem ents. De même, ménages (ou, en tout cas, des familles avec
Rotterdam a densifié son centre-ville en y enfants) de disposer d ’une maison indivi­
construisant 1 million de mètres carrés de duelle avec jardin privatif. Mais on a pu mon­
bureaux supplémentaires et 5 000 logements. trer (V. Fouchier, 1992) qu’il n ’y a pas
D ’autres villes européennes pratiquent une correspondance biunivoque entre fortes densi­
politique semblable. Stockholm, qui avait tés et hauteur des bâtiments. D es maisons
construit systématiquement des quartiers nou­ individuelles, mitoyennes et alignées le long
VILLE DE PARIS •âf;

d’une rue avec jardin à l ’arrière, peuvent apparaître une tranche de villes moyenne».
atteindre des densités de 40 logements à l’hec­ Au xvne siècle, Lubin et Sanson proposaient
tare ou un co s de 0,5, proche de celui de nom­ ainsi d’ordonner les établissements humains
breux ensembles collectifs. Par ailleurs, les en six « grandeurs de place » : grandes villes»
avantages de la ville compacte en matière villes moyennes, petites villes, bourgs, vil­
d’économie d’énergie (et donc de réduction lages, châteaux ou hameaux. >
des pollutions et des émissions de ges), pour L’idée de ville moyenne est par nature tout» ;
être optimisés, supposent une plurieentralité relative et très élusive. Pour certains, il s’agit
avec hiérarchie des centres, une organisation des villes de 20 à 50 000 habitants, pour
en arbre (entre le centre principal et les centres d’autres, de 20 à 100 000 ; on voit quelquefois
secondaires et entre ceux-ci et les quartiers choisir la tranche de 200 à 500 000 habitants,)
périphériques) des réseaux de transport en notamment chez les auteurs américains. y ;
commun et des densités élevées autour de Le succès de l’idée de ville moyenne vient
leurs points d’arrêt. de ce qu’on la considère souvent comme
P.M. représentant une espèce d ’optimum dan$
le continuum urbain. Mais les ménages y
-> Contre-urbanisation; Développement durable; Éco-quartier; trouveraient tout ce qui est nécessaire à leur
Friches urbaines ; Ville.
épanouissement. Les déséconomies, les pollun I
tions, l’insécurité seraient bien moindres qqé i ■
dans les grandes villes et les équipements coli I
VILLE DE PARIS -> Grand Paris; lectifs pèseraient moins lourd sur chacun. B j
Statut de la ville et de la région de Paris s’est donc produit, dans les travaux de langue j
française, un télescopage entre l’idée de ville
moyenne et l ’idée de dimension optimale, j
VILLE HISTORIQUE Celui-ci n ’existe pas en anglais, où la notion i
de ville moyenne manque ; la hiérarchie des
La Charte internationale pour la sauvegarde termes passe en effet par village, little town,.
des villes historiques, adoptée le 6 décembre large town, city (et l’idée d’un optimum de
1986 par I’icomos (Conseil international des dimensions est plus rarement exprimée), quoi- i
monuments et des sites), estime que « toutes les qu’on la trouve chez des économistes, comme
villes du monde sont les expressions maté­ Richardson, ou des urbanistes, comme Kevin 1
rielles de la diversité des sociétés à travers l’his­ Lynch. Elle présidait également au choix, par [ t
toire et sont, de ce fait, toutes historiques ». Elle Ebenezer Howard, de villes de 30 000 âmes .
considère comme plus spécifiquement histo­ dans son schéma de cités-jardins. • I I;
riques, du point de vue de leur conservation et Les services chargés de la planification et •
de leur protection, « les villes grandes ou petites de la politique urbaines ont en France, dans
(...) qui, outre leur qualité de document histo­ les années 1970, tendu à privilégier la dimen- | '
rique, expriment les valeurs propres aux civili­ sion 20 000 à 100 000 habitants. j ;
sations urbaines traditionnelles». En effet, Pour sauvegarder le caractère humain des ; ;
poursuit la Charte, « celles-ci sont menacées de villes moyennes, des mesures ont été prises
dégradation, de déstructuration, voire de des­ dans le même temps pour éviter la proliféra­
truction, sous l’effet d’un mode d’urbanisation tion d ’ensembles disproportionnés. À partir 'i
né à l’ère industrielle et qui atteint aujourd’hui de 1973, des contrats de ville moyenne ont été
universellement toutes les sociétés ». passés pour une durée de trois ans entre les
F. C. communes et l ’État. Le but est de favoriser la
qualité de la vie dans les centres concernés.
Centre historique; Ensemble historique ou traditionnel; Cette procédure est tombée en déshérence au
Patrimoine.
début des années 1980 avec la réforme de la
décentralisation.
Les travaux récents de géographie sociale
VILLE MOYENNE ont souligné que les villes moyennes atti­
raient ou fixaient de préférence les catégories
Les villes sont ordonnées en réseaux hié­ modestes de la population, et comportaient
rarchisés : dans toutes les typologies, on voit une part assez faible de classes supérieures.
827 VILLE NOUVELLE

Elles parurent du coup moins satisfaisantes dans le souci de la décongestionner et de


aux planificateurs. structurer la région urbaine à une échelle
Un intérêt nouveau des pouvoirs publics plus vaste que celle de l’agglomération de
pour les villes moyennes s ’est manifesté en base : les New Towns autour de Londres,
2007 avec l’appel à expérimentation lancé par L’Isle-d’Abeau à l’est de Lyon correspondent
l’État en liaison avec la Fédération des maires à ces caractéristiques.
des villes moyennes sur quatre thèmes : santé — Les villes nouvelles situées en continuité
et offre de soins, enseignement supérieur et spatiale avec une grande agglomération, desti­
insertion des diplômés, accessibilité et trans­ nées à orienter et à structurer le développement
ports, logement et renouvellement urbain des des banlieues, sans volonté d’indépendance
centres. 20 intercommunalités (villes moyennes entre la ville nouvelle et la ville mère. On
témoins) ont reçu chacune 100 000 €. Il s’agit parle d’ailleurs plutôt de simples quartiers
moins d’apporter des moyens financiers que de nouveaux autour des grandes villes suédoises
susciter une réflexion prospective et d’amélio­ ou néerlandaises, même si leur échelle est
rer la coordination entre les villes moyennes et comparable à celle des New Towns. Les villes
les ministères concernés. La procédure est sus­ nouvelles de la région de Paris, bien que
ceptible d’être généralisée. plus importantes et plus ambitieuses sur le
P .C .
plan des activités et des équipements, ou
Villeneuve-d’Ascq (ex-Lille-Est) soient aussi
-> Aménagement du territoire; Armature urbaine; Contrat conçues comme des prolongements de la ban­
d'aménagement de ville m oyenne; Ville.
lieue et leurs nouveaux centres urbains doivent
contribuer à la restructuration de celle-ci.
La taille des villes nouvelles peut être très
VILLE NOUVELLE variable : de quelques milliers d ’habitants
(villes minières canadiennes) à plus d’un mil­
Ville planifiée dont la création a été décidée lion pour certaines nouvelles capitales ou pour
par voie administrative, en général dans le des villes nouvelles industrielles déjà dévelop­
cadre d’une politique d’aménagement régional. pées (Novosibirsk). Lé mouvement des cités-
En fait, l ’expression de ville nouvelle jardins d’Howard prônait cependant une taille
recouvre aujourd’hui des réalités très diverses. limitée et la commission Reith (1946) avait
Même le caractère récent n’est pas constant : recommandé entre 20 000 et 60 000 habitants
il y eut des villes nouvelles dès T Antiquité pour les New Towns mais l’objectif initial de
(Naples ou La Napoule : Nea Polis) et à toutes celles-ci (50 000 souvent) lut le plus souvent
les époques (Aigues-mortes créée par Saint rehaussé et dépassé. Entre 1966 et 1975, la
Louis; les bastides de la guerre de Cent ans ; tendance était (France, Grande-Bretagne,
Versailles, La Roche-sur-Yon, etc.). Parmi les Pays-Bas, Suède) à des grandes villes nou­
villes contemporaines, on peut distinguer : velles, de 100 000 à 500 000 (région pari­
— Les villes nouvelles implantées hors des sienne) habitants, mais la chute de la fécondité
régions urbanisées, à des fins industrielles a conduit à réduire ées objectifs.
(ex-Union soviétique), d’équilibre du réseau Le plus souvent, l ’aménagement des villes
urbain (Hongrie), sur des ressources minières nouvelles obéit à un zonage strict et à une
(Company Towns du Canada); en France, division des secteurs résidentiels en unités
Mourenx (liée au gaz de Lacq) en est le seul de voisinage (Grande-Bretagne), quartiers
exemple, de taille modeste. (Suède), microrayons (ex-URSs) ayant leur
— Les nouvelles capitales implantées à propre centre et leurs propres équipements.
l’écart des grandes agglomérations pour des rai­ Les villes nouvelles visaient à l ’origine,
sons de politique intérieure, de stratégie défen­ conformément aux théories d’Howard sur les
sive, pour favoriser le développement de régions cités-jardins, l ’autosuffisance et l ’indépen­
j pionnières ou pour plusieurs de ces raisons: dance, ce qui impliquait l ’équilibre absolu
Washington (fin du xvme), Canberra (années emploi-population : ce principe a été repris
1920), puis Brasilia, Islamabad, Abuja (Nigeria), dans les New Towns britanniques, mais pas
etc., en sont les exemples les plus connus. dans les quartiers nouveaux Scandinaves,
— Les villes nouvelles situées dans l’envi­ néerlandais ou allemands. On parle même de
ronnement d’une métropole, sans continuité, villes satellites lorsqu’on admet une forte
VILLE NOUVELLE 828

dépendance, sur le plan des emplois, à l’égard banlieues planifiées de l’après-guerre deü
de la ville mère. Dans le cas des villes nou­ villes néerlandaises, suédoises et de certaines
velles françaises, l’équilibre habitat-emploi a villes allemandes. Cette solution suppose des
été recherché, mais sans imposer de lien collectivités locales fortes par l ’étendue de
obligé entre le logement et le travail dans la leur territoire, leur tradition de politique folfe
ville nouvelle (comme ce fut le cas à l’origine cière, d’urbanisme et de logement social. i
des New Towns). — À l’État: cela a été le cas en Grande-i
Dans toutes les villes nouvelles, le centre Bretagne, en France et dans les pays d’Europe
urbain joue un rôle essentiel et vise à la pluri- de l’est (ex-URSS y compris) ainsi que pour
fonctionnalité : centre commercial, services les nouvelles capitales. Dans les pays d’Europe
et administration (Évry et Cergy-Pontoise occidentale, cette solution permet de dispos
abritent même une préfecture), bureaux, loi­ ser des moyens nécessaires au lancement de
sirs, etc., mais le plus souvent la fonction l’opération, mais pose rapidement le problème
commerciale est dominante (Grande- de l’association des collectivités locales qui'
Bretagne, Pays-Bas, Suède). Les liaisons sont seulement consultées et représentées dans
sont apparues déterminantes pour le succès l’organisme chargé de la réalisation : Develop­
des villes nouvelles et même celles qui se ment Corporation (Grande-Bretagne) ou éta-
voulaient indépendantes de la ville mère (les blissement public d’aménagement (France).
New Towns britanniques) ont dû améliorer la Les collectivités locales doivent être remodelées
desserte ferroviaire et routière (une autoroute pour créer l’unicité à l’échelle de la ville nou­
et une voie ferrée apparaissent aujourd’hui velle (solution britannique, adoptée en France au
indispensables). D ès que la ville nouvelle Vaudreuil et à Lille-est) ou associées dans une
dépasse une certaine taille, des transports structure intercommunale (syndicat d’agglomé­
intérieurs sont nécessaires. Dans certaines ration nouvelle de la plupart des villes nouvelles
villes nouvelles, l’urbanisme et les transports françaises). En ex-Union soviétique, ç’est le
ont été conçus de façon cohérente. Autour de ministère de tutelle de l’activité dominante de la
Stockholm, les quartiers nouveaux ont été ville qui a pris en charge la réalisation et financé
construits, en « grains 'de chapelet », autour celle-ci. :
des stations successives (distante d’un kilo­
mètre) des lignes de métro, construites en Le financement des villes nouvelles ne fait
même temps, qui les relie au centre, tous les pas toujours appel à des mécanismes spéci4
logements étant dans le rayon de marche à fiques. Aux États-Unis, ce financement eSt
pied de cette station. Ce principe a inspiré, à privé, comme l’initiative des villes nouvelles}
une échelle plus grande, l ’aménagement de le gouvernement fédéral a pu cependant accor4
Mame-la-Vallée autour du rer. Lille-Est a der des aides financières (subventions, prêts à
été au départ de la conception du métro (le taux préférentiels, garanties d’emprunt, différé
val) de Lille. Au contraire, Milton-Keynes d’amortissement) si le projet répondait à cer­
(grande ville nouvelle décidée en 1967 à mi- tains objectifs sociaux et urbanistiques (lois de
chemin entre Londres et Birmingham) et Le 1968 et 1970). Dans les pays d ’Europe du
Vaudreuil (20 km de Rouen) ont été conçues nord (Suède, Finlande), les villes nouvelles
autour d’une grille routière régulière. n’ont bénéficié d’aucune aide financière partis
culière. r
L’initiative d’une ville nouvelle peut revenir : La France et surtout la Grande-Bretagne ont
— À une entreprise privée : tel fut le cas des mis au point des mesures spécifiques. Le New
New Communities américaines, entreprises dans Towns Act de 1946 a prévu un financement
les années I960 et 1970 (il y avait cependant des villes nouvelles britanniques par prêts dû
eu, auparavant, des garden cities d’initiative Trésor (selon un budget annuel pour chaque
publique) ; ce fat aussi le cas, avec un objectif ville nouvelle, approuvé par le gouvernement)):
très différent (social et non lucratif), de la Fon­ à taux d’intérêt préférentiel, de longue durée
dation pour le logement (Asuntosââtiô) qui a (soixante ans) et avec différé d ’amortisse­
entrepris de construire Tapiola, puis Kivenlahti ment : ce mécanisme très avantageux a permis
en Finlande. des loyers modestes (surtout jusque vers 1965,
—- À une collectivité locale : c ’est le cas car les taux d ’intérêt étaient faibles) et a
des nouveaux quartiers qui constituent les entraîné, au bout de vingt ans environ, des
829 VOIE

bénéfices au bilan des Development Corpora­ sion for the New Towns nationale. Par la suite,
tions. En France, un financement aussi simple le gouvernement Thatcher a décidé de vendre
et avantageux n ’a pas été retenu, mais les les biens immobiliers qui avaient été la pro­
villes nouvelles ont bénéficié de plusieurs priété des Development Corporations, en prio­
avantages : dotation en capital (en fait, les ter­ rité à leurs occupants, sinon aux collectivités
rains achetés par l’État), prévue par la loi du locales ou à des investisseurs. En France, les
10 juillet 1970; taux maximal de subvention établissements publics d ’aménagement sont
pour les équipements publics, et individualisa­ supprimés lorsque l’achèvement est proche.
tion des crédits d’équipement pour les villes Les communes peuvent devenir une commune
nouvelles ; dotation globale de fonctionnement unique (ce fut le cas pour Villeneuve-d’Ascq
calculée de façon à anticiper la croissance ex-Lille-Est et pour Val-de-Reuil ex-Le
démographique ; différé d’amortissement des Vaudreuil), rester associées dans le cadre du
emprunts de quatre ans ; subventions de fonc­ syndicat d’agglomération nouvelle (solution
tionnement pour certains équipements (trans­ retenue sur les Rives de l’Étang de Berre), ou
ports en commun, agora d’Évry) ; dotations constituer une communauté d’agglomération
complémentaires d’équilibre aux syndicats (solution retenue à Évry, Cergy-Pontoise,
communautaires d’aménagement (puis aux Saint-Quentin-en-Yvelines et l’Isle d’Abeau).
syndicats d’agglomération nouvelle). Mais ces P. M.
mécanismes, divers et complexes, sans être
négligeables, ont manqué de la clarté et de la -> Centre urbain nouveau; Cité-jardin; Établissement public
d'aménagement de ville nouvelle; Groupe central des villes
transparence qu’aurait supposé une ferme poli­ nouvelles ; N e w t o w n ; Opération d'intérêt national ; Syndicat
tique de l’État en faveur des villes nouvelles communautaire d'am énagem ent; Syndicat d'agglomération
nouvelle-
comme en Grande-Bretagne.
Si les villes nouvelles ont souvent été, dans
leur pays - ex-URSS, Grande-Bretagne, Pays-
Bas, Suède, Finlande, France - , des labora­ VILLE PRIMATIALE Capitale; Centralité
toires en matière d’urbanisme, offrant un
milieu de vie plus satisfaisant que les ban­
lieues ordinaires, elles n ’ont pas toujours VILLE SATELLITE Ville nouvelle
constitué, sur le plan architectural (à l ’excep­
tion de quelques réalisations isolées comme
Tapiola en Finlande), le foyer d’innovation VIOLENCE -* Délinquance ; Insécurité
attendu. Souvent, et en particulier dans les
villes nouvelles françaises, c ’est l ’échelle
intermédiaire, celle de la composition urbaine, VITESSE -> Moyen de transport
qui a été négligée. Le critère de leur réussite
ou de leur échec sera sans doute la façon dont
elles vieilliront: c ’est ce critère qui permet VITRAGE Verre
d’apprécier les cités-jardins d’Howard et qui
condamne de nombreux grands ensembles,
mais aussi déjà certains quartiers des villes VOIE
nouvelles françaises (Le Vaudreuil, Les
Tarterêts à Évry, etc.). Espace aménagé pour se déplacer en ville
Lorsque les objectifs quantitatifs fixés sont (voie urbaine), entre les localités ou en milieu
atteints ou en voie de l’être (ou, au contraire, rural (routes). La plupart des routes et des
lorsqu’il apparaît qu’ils ne le seront jamais, voies urbaines, qui reprennent souvent le
comme ce fût le cas au Vaudreuil), la ville ne tracé des routes et chemins tracés depuis des
peut plus être considérée comme ville nou­ siècles, sont, dans les pays développés, revê­
velle. Il est donc logique de faire cesser le tues de macadam (pierre concassée, sable et
régime d’exception, sur les plans institutionnel goudron agglomérés et comprimés), depuis le
et financier, qui a été mis en place pour faciliter xixe siècle. Il n ’en est pas du tout de même
sa réalisation. En Grande-Bretagne, une loi de dans les pays en développement où les voies
1959 a prévu que les New Towns en voie non revêtues, souvent irrégulières, sont très
d’achèvement seraient gérées par une Commis­ sensibles aux conditions météorologiques.
VOIE ARTÉRIELLE

Dans la première moitié du xixe siècle, la de feu vert (4 000 dans les deux sens pour.unè
ville de Paris a fait fusionner le « service du voie à trois pistes ; . <Vi
pavé » et le « service des eaux et égouts » -— voie de desserte locale : 250 uvp/piste/
pour créer le «service de la voie publique». heure; • '«
Cette création répond au souci de faciliter la Le débit maximal est atteint pour des
réalisation d’un objet complexe associant le vitesses de 45 à 50 km/h (la distance de frets
sol (chaussée et trottoir) et le sous-sol (égouts nage est alors de 33 m contre 120 m à 100 km/
et réseaux divers). Progressivement transférés h). Si la densité de circulation est trop élevée;
de la sphère privée à la sphère publique il y a réduction simultanée de la vitesse et du
(éclairage, nettoyage, aménagement des trot­ débit (congestion). Les pentes, des pistes toop
toirs), les éléments constitutifs des voies pari­ étroites, une forte proportion de véhicules
siennes ont été réunis en un unique objet lents réduisent le débit. - . 'Mb
technique afin de constituer un nouvel outil La mesure des débits est effectuée réguliè*
pour l ’aménagement urbain, dont se sont ins­ rement sur les principales voies d’une agglo-i
pirées ensuite de nombreuses autres villes. mération, mais aussi sur toutes les voies
Une voie permet de circuler dans les deux franchissant des « cordons » (périmètres c w
sens mais parfois, surtout en ville, pour tarant l’agglomération à différentes distances
accroître le débit du réseau de voirie, dans un du centre) ou des lignes écrans (coupure topos
sens unique. graphique, telle que rivière ou voie ferrée), ne
Selon la largeur de la voie, un ou plusieurs comportant qu’un nombre limité de points d e
véhicules peuvent circuler de front : on parle franchissement et jouant un rôle de goulet
alors de pistes (3 m de largeur en ville, 3,5 m d’étranglement de la circulation. <i
sur route ou autoroute), qui peuvent être maté­ P. M. et V. S-M. 'G.'
rialisées par des traits de peinture. Si le sta­
tionnement est autorisé en bordure de la voie, -> Autoroute; Rue; Route; Viabilisation; Voirie. - 1
il occupe une bande de 2 m de large. La voie i
peut en outre comporter des trottoirs (1,5 m il
est un minimum souhaitable), éventuellement VOIE ARTÉRIELLE -> Voirie; Débit d'une voiei
plantés d’arbres (5 m de largeur minimale), -M

ou comporter une séparation centrale entre les H)


deux sens de circulation (3 m minimum). VOIE EXPRESS, VOIE RAPIDE -> Autoroute; '
On appelle débit d’une voie le nombre de Voirie I
véhicules qui empruntent cette voie en une
heure. Le débit maximal possible d’une voie est
sa capacité. Le débit est le produit de la densité VOIE FERRÉE -* Chemin de fer;
de circulation par la vitesse. La densité de circu­ Infrastructures
lation est le nombre de véhicules sur 1 km de
voie. Le débit journalier est le nombre de véhi­
cules utilisant la voie au cours de la journée. Les VOIE NAVIGABLE —» Transport fluvial
ingénieurs de la circulation considèrent souvent
que le débit en heures de pointe est le huitième
du débit journalier et qu’il convient d’ajuster la VOIE PIÉTONNIÈRE ->• Marche à pied; Piéton
capacité de la voie au trafic de la trentième
heure (dans l’ordre décroissant des trafics sur
toute l’année). En fait, ces règles sont empi­ VOIE PRIVÉE —> Villa
riques et dépendent de l’utilisation de la voie :
ainsi, sur une autoroute urbaine, le débit journa­
lier peut dépasser dix fois la capacité. Celui-ci VOILE -> Plan d'eau
est mesuré en uvp (unité voiture particulière).
Les débits maximaux suivants peuvent être
admis : VOIRIE
— autoroute : 1 600 à 2 000 uvp/piste/heure ;
— voie express : 1 500 uvp/piste/heure ; Ensemble des voies de circulation pour
— voies artérielles: 1000 uvp/piste/heure véhicules automobiles et cycles.
831 VUE

On distingue sur plusieurs plans : • les pénétrantes (liaisons périphérie-zone


— Pour les ingénieurs de la circulation : centrale), les rocades (contournant, en partie
• Les voies rapides, aux accès limités, réser­ ou en totalité, la ville) et les radiales (reliant le
vées à certains types de véhicules (exclusion centre aux rocades).
des cycles lents), qui comportent des auto­ Hors des zac , les opérations de voirie
routes, avec accès limités à niveaux séparés, et urbaine sont financées par les collectivités
des routes express où les croisements ne sont locales, avec des subventions de l’État.
pas tous à niveaux différents. P. M.
• Les artères ou voies artérielles, qui ont
pour objet la communication entre quartiers -> A utom obile; Autoroute; A ve n ue ; Boulevard; Consom m a­
tion d'espace {par les transports); Réseau; Route; Rue;
ou zones, sans accès réservés, où la circulation Séparation des trafics; Viabilisation ; Voie.
est réglementée par des feux tricolores. Leur
débit est de l’ordre de 500 véhicules par heure
et par piste dans chaque sens (pour 50 % de VOIRIE ET RÉSEAUX DIVERS (VRD)
temps où les feux sont au vert). Parmi les voies
artérielles figurent celles traditionnellement Ensemble des réseaux techniques qui
dénommées «avenues» (initialement, voies rendent un terrain constructible (sous réserve
bordées d’arbres donnant accès au centre-ville des règlements d ’urbanisme) : voirie, eau,
ou à un mouvement important) et les boule­ assainissement, énergie (gaz, électricité,
vards (initialement voies de rocade, souvent chauffage urbain), téléphone, etc. La réalisa­
tracées à l’emplacement d’anciennes fortifica­ tion de ces réseaux sur un terrain nu est sa
tions). viabilisation. Ils lui confèrent la viabilité. Le
• Les voies de desserte locale, parmi les­ coût de la viabilisation des terrains, variable
quelles se rangent la plupart des rues, bordées selon l’éloignement des réseaux existants, est
de construction, des villes traditionnelles et de l’ordre de 10 000 €, voire plus, par loge­
les chemins en zone rurale. ment en 2005.
— Cette distinction n’est pas très différente P. M.
de la hiérarchie des voies selon les aména­
geurs : -> Assainissement; E a u ; Électricité; Gaz; Génie urbain;
Réseau; Technique; Télécom m unications; Viabilisation;
• voirie primaire : liaisons entre agglomé­ Voirie.
rations ou entre quartiers, qui est à la charge
de la collectivité dans les zac ;
• voirie secondaire : circulation interne d’un VOISINAGE -> Quartier ; Unité de voisinage
quartier, qui est à la charge de l’aménageur ;
• voirie tertiaire: desserte terminale des
groupes de bâtiments, qui est à la charge du VOISINAGE (ÉQUIPEMENTS DE)
constructeur. —» Équipements collectifs ; Local collectif
— Pour les urbanistes, selon les liaisons résidentiel
assurées :
• les autoroutes de liaison (entre villes et
régions) et les autoroutes de dégagement (des VUE —> Façadisme ; Orientation
grandes agglomérations) ; (ou exposition) d'un bâtiment
Z

ZONAGE France, à localiser sur les plateaux calcaires,


déboisés, les « zup de plateaux » parce que les
« Traduction », parfois critiquée, du zoning vallées boisées où se situaient les anciens
anglo-saxon, dont le contenu en droit de noyaux villageois se peuplaient de résidences
Turbanisme, en France, est à la fois plus précis secondaires et que îe renchérissement des
et plus restreint. C’est la technique consistant valeurs foncières y était manifeste. Mais, plus
à déterminer dans les documents de planifica­ que les effets de la spéculation foncière (la
tion urbaine des zones d’affectation du sol reconnaissance d’un droit de préemption au
selon l’usage qui y sera autorisé et la nature profit des collectivités publiques, dans les
des activités dominantes. zup, devait permettre de l’enrayer), ce sont la
Ce zonage est prévu par les schémas direc­ pénurie des moyens financiers, l’urgence de
teurs et les schémas de cohérence territo­ la réalisation des logements et un manque
riale et précisé par les plans d ’occupation d ’imagination de la part des architectes, qui
des sols et les plans locaux d ’urbanisme, entraînèrent la médiocrité (reconnue) de cet
qui fixent principalement, par des coeffi­ urbanisme.
cients d’occupation des sols, la densité des Qualitativement, en effet, les constructions
constructions autorisées dans chaque zone. réalisées sous ce régime furent en majorité des
Y. p. immeubles de grande hauteur, « tours » ou
«barres». Elles étaient desservies par des
Plan d'occupation des sols ( pos ) ; Plan local d'urbanisme équipements collectifs, de superstructure et
(peu); Schéma de cohérence territoriale; Schéma directeur;
Zone industrielle ; Zone résidentielle. d ’infrastructure (voirie, assainissement). Les
équipements devraient être exactem ent
adaptés aux besoins des futurs habitants, et
ZONE À URBANISER PAR PRIORITÉ (ZUP) surtout, réalisés en même temps ou même
avant les constructions, ce qui n’a souvent pas
I Les zones à urbaniser par priorité ( zup), été le cas.
créées par un décret du 31 décembre 1958, et Les zup elles-mêmes ont constitué à la fois
| aujourd’hui disparues (la dernière a été créée une régularisation des grands ensem bles
en 1969), ont constitué les antécédents directs d ’immeubles collectifs, construits dans les
des zones d’aménagement concerté (zac), dont années 1950 hors de tout cadre réglementaire,
I le régime a voulu réagir contre les principales et une tentative de rationalisation de cette
critiques que leur expérience avait suscitées. forme d’urbanisation : il s ’agissait, d’une part,
Quantitativement, les résultats obtenus de concentrer l ’effort d’équipement (infra­
en vingt ans ne sont pas négligeables : structure et superstructure) et de maîtrise fon­
803 000 logements dans 195 zup, uniquement cière (grâce à l’usage du droit de péremption)
destinées à la construction d ’habitations nou- dans une zone délimitée ; d’autre part, d’asso­
, velles et en général à la périphérie du tissu cier, dans cette zone, logements, activités et
j urbain existant. Des raisons d ’opportunité équipements, afin de réduire le caractère de
foncière aboutissaient souvent, en Île-de- « cités-dortoirs » des grands ensembles.
ZONE D'AMÉNAGEMENT CONCERTÉ 834

Le maître d ’ouvrage de l ’opération devait publique (administrations de l’État et collecti­


être une collectivité publique, un établisse­ vités locales) et des différentes catégories de
ment public concessionnaire ou une société citoyens intéressés (propriétaires, construc­
d’économie mixte à capitaux publics majori­ teurs, usagers) afin de préparer la décision et
taires. Après la délimitation du périmètre par l ’exécution d’opérations d’urbanisme.
un arrêté du ministre chargé de la construc­ Les applications de cette nouvelle conception
tion, la procédure de réalisation aurait dû arti­ ont été assez nombreuses dans les procédures
culer, selon un calendrier rationnel : la mises en place depuis 1967. La zone d ’aména­
définition d ’un programme de travaux, gement concerté (zac) constitue depuis lors le
l ’acquisition des terrains nécessaires (par voie procédé le plus courant de réalisation de l’urba­
de préemption ou d’expropriation), la mise en nisme opérationnel. Dans le domaine de l’éla­
place des équipements collectifs et la commer­ boration des documents d’urbanisme, les
cialisation des constructions. Il n’en fut pas nombreuses critiques auxquelles la concertation
souvent ainsi et les zup ont été quasi exclusi­ a donné lieu expliquent que les zac aient connu
vement consacrées à des constructions un léger recul après la décentralisation. Mais on
« sociales » dont les premiers habitants n ’ont a observé une reprise de cette procédure, appli­
pas toujours disposé des équipements néces­ quée à des opérations de petite taille (« mini-
saires à la vie quotidienne. Elles ont ensuite zac ») depuis la fin des années 1980.
subi une ségrégation sociale, certes non vou­ Le régime opérationnel des zones d ’amé­
lue par les pouvoirs publics. nagement concerté, créé par la loi d ’orienta­
La suppression ou la réduction du périmètre tion foncière du 30 décembre 1967, tirait les
de certaines zup ont été expressément prévues conséquences de l’échec des zones à urbani­
par un décret de 1969, et la loi du 31 décembre ser par priorité (zup). Qualifié souvent de pro­
1976 a décidé que les cahiers des charges des cédure «polyvalente», il a connu un succès
zup seraient incorporés au plan d’occupation plus important que d’autres procédures spéci­
des sols par les décisions les supprimant ou en fiques, aujourd’hui tombées en désuétude
constatant l’achèvement. La loi d’orientation (comme la résorption de l’habitat insalubre). !
sur la ville du 13 juillet 1991 a décidé la sup­ La zac a largement pour origine les
pression des zup de plein droit à compter du reprochés adressés aux zup. Le législateur
1er octobre 1991. Les dispositions d’urba­ visait, en créant la zac, à réaliser une concerta1
nisme incluses dans les cahiers des charges tion entre l’État, les collectivités territoriales^
des anciennes zup sont incorporées au pos les organismes aménageurs et les propriétaires
(puis au plu). privés, et à instaurer une plus grande sou­
Y. P. plesse dans la mise en œuvre des opérations
d’urbanisme. Par ailleurs, même si on avait
- » Grand ensem ble; Urbanisme opérationnel; Zone d'aména­ essayé d ’assurer dans les zup la présence
gement concerté (z a c ).
d’activités et d ’équipements publics, celles-ci
avaient essentiellement pris la forme d’opéra­
tions de construction de logem ents à Uni
ZONE D'AMÉNAGEMENT CONCERTÉ (ZAC) échelle le plus souvent encore plus grande que
celle des grands ensembles qui les avaient pré­
Procédure d’urbanisme opérationnel insti­ cédées : plus de 800 000 logements avaient été
tuée par la loi d’orientation foncière du construits dans les 195 zup créées. La procé­
30 décembre 1967. Emprunté au vocabulaire dure de zac peut concerner les logements, les
de la planification, le terme de « concerta­ zones d’activités (industries, bureaux, cotti-
tion » a fait son apparition dans le droit (et la merces), les équipements touristiques,!où
pratique administrative) de l ’urbanisme à associer plusieurs de ces fonctions. De fait, àù
l’occasion de la loi d’orientation foncière de cours de la première génération de zac (avant
1967, à propos de l ’élaboration des docu­ 1980), 57% étaient consacrées au logement,
ments d’urbanisme d’une part, de l’aménage­ 39 % à des activités diverses et 4 % à des amé­
ment de certains périmètres par des opérations nagements touristiques. En outre, la procédure
d’urbanisme, d’autre part. de la zac vise à alléger les charges financières
L’aménagement concerté repose sur la des collectivités publiques en permettant la
réunion de représentants de la puissance négociation de participations au financement
835 ZON E D'AMÉNAGEMENT CONCERTÉ

des équipements à la place de la taxe locale d ’urbanisme avaient été décentralisées « en


d’équipement. Enfin, la zac peut être définie l ’état» dès la loi du 7 janvier 1983, qui
de façon très libre, au besoin sur plusieurs confiait aux collectivités locales la responsa­
sites dans les zones urbaines des pos, puis des bilité principale dans Ces deux matières.
plu, voire sans respecter le plan (pos ou plu) L’urbanisme opérationnel (à l’exception de la
en vigueur. procédure du lotissement) ne pouvait faire
La zac a connu rapidement un succès l’objet d’un transfert sans transformation des
important dès les premières années de ce procédures. Un travail de concertation préa­
régime. Les constructeurs privés, qui s ’étaient lable avec les principaux acteurs de l ’urba­
largement détournés de la construction dans nisme avait donc abouti à un projet de loi
les zup, ont réalisé près de 60 % des 1617 zac portant «renouveau de l ’aménagement», très
créées entre 1968 et 1977. Mais cette pre­ ambitieux, dont les propositions ont été singu­
mière période a également donné lieu à des lièrement réduites par la loi votée en 1985,
abus manifestes. Les participations finan­ « relative à la définition et à la mise en œuvre
cières exigées, qui ont rapporté trois fois plus des principes d’aménagement ».
que la taxe locale d’équipement, ont souvent
été excessives. Sur le plan de l’urbanisme, la L 'initiative de la zac revient à une personne
possibilité de déroger au pos avait conduit à morale de droit public : État, collectivité terri­
des opérations localisées dans des zones non toriale, groupement de communes, établisse­
urbanisables, y compris dans certains cas dans ment public d ’aménagement, chambre de
des espaces boisés classés. Les participations commerce et d’industrie, port autonome, etc.,
financières des constructeurs étaient souvent c ’est-à-dire celles qui peuvent exercer le droit
« compensées » par des sur-densités mani­ de préemption dans les zones d’aménagement
festes. Aussi le gouvernement et le législateur différé. Les personnes privées n’ont donc pas
durent intervenir à plusieurs reprises, au cours ce droit, contrairement à la procédure du lotis­
des années 1970, pour pallier les manifesta­ sement.
tions les plus choquantes de ce qu’on a pu On a coutume de distinguer les zac
appeler l’« urbanisme d’argent » : «publiques» et les zac «privées». En fait,
— une circulaire de 1973, dite «circulaire cette distinction concerne le mode de réalisa­
Guichard» limite les programmes des zac tion de la zac . Quatre possibilités se pré­
autorisées à 2 000 logements dans les villes de sentent :
plus de 50 000 habitants, 1 000 logements dans — la régie directe par la collectivité publique,
les villes de moins de 50 000 habitants, et qui en prend l’initiative et qui en assume la
impose entre 20 et 50 % de logements sociaux ; responsabilité financière ;
— une loi de la même année impose le res­ — le mandat, confiant la réalisation à un
pect, dans les zac, des espaces boisés classés établissement public d’aménagement (epa des
parunpos; villes nouvelles, Agence foncière et technique
— une circulaire de 1974 subordonne la de la région parisienne, etc.) ;
création de zac à l ’existence d ’un pos (désor­ — la concession, confiant la réalisation à un
mais d ’un plu) rendu public ou approuvé, et établissement public y ayant vocation ou à une
limite leur localisation aux zones urbaines ou société d’économie mixte, selon un cahier des
d’urbanisation future ; charges : c’est le mode le plus fréquent pour les
— enfin, la loi du 31 décembre 1976 vient zac publiques ; le concédant assume la respon­
déterminer le régime définitif de création et de sabilité financière de l’opération, rémunère le
réalisation en procédant à sa réinsertion véri­ concessionnaire au forfait et reçoit les équipe­
table dans les normes juridiques de l’urba­ ments réalisés au terme de l ’opération ;
nisme, et donne force législative à l ’obligation — la convention, confiant la réalisation à
de 1974 de respecter strictèment l’affectation toute personne publique ou privée, qui assume
des sols décidée par un pos (zones U ou NA) la responsabilité financière de l’opération, mais
puis par un plu (zones U ou U A). qui doit avoir obtenu la garantie financière d’un
La loi du 18 juillet 1985 assure la décentra­ établissement financier : c’est dans ce cas seules
lisation de l ’acte de création, sans remettre ment qu’on parle de zac privée, bien que le
totalement en cause le régime antérieur. La bénéficiaire de la convention puisse être une
planification urbaine et les autorisations personne de droit public.
ZONE D'AMÉNAGEMENT CONCERTÉ

du Code de l’urbanisme. On peut s'interrogér


Le droit d’expropriation ou de préemption
sur l ’implantation d’une zac dans un*
peut être délégué au concessionnaire ou au
commune cjui n'est couverte par aucun pim
mandataire, ou en cas de convention avec un
d’urbanisme : cette situation devrait devenir
aménageur public. Cette délégation n ’est pas
désormais exceptionnelle. 1
possible en cas de convention avec un aména­
Le recours au plan d ’aménagement de zom
geur privé. .................. a été, jusqu’à la loi Solidarité et renouvelle­
Le dossier de zac, établi apres concerta­
ment’urbains (sru) du 13 décembre 2000 qui
tion avec les habitants, les associations, etc.,
le supprime, la situation la plus fréquente. Le
comporte: , . paz devait respecter les orientations du sch^n»
__un rapport de présentation, précisant
directeur, s’il en existait un, être compatible
l’objet et la justification du projet, l’état du
avec les éventuelles prescriptions nationales
site et comportant une étude d’impact du
ou particulières et avec le schéma région#
projet sur l’environnement;
d’aménagement et d’urbanisme, le cas échéant
— un plan de situation et un plan de déli­
Le dossier du paz (rapport de présentation»
mitation de la zone ; , . documents graphiques, règlement et annexes)
— l’indication du mode de réalisation (regie
était calqué sur celui du pos, encore qu’il était
directe, mandat, concession oU convention) et
souvent moins détaillé, ce qui était paradoxal
le régime retenu quant au financement des
s ’agissant d’un territoire plus réduit et destiné
équipements publics (taxe locale d’équipe­
à une urbanisation prochaine et d’un document
ment ou participation négociée des construc-
dérogatoire par rapport au pos . Il précisait
tCUTS) \ les équipements à réaliser. Il était établi paï
— l’indication du choix entre le maintien
l’organisme public qui avait pris Tinitiative'de
en vigueur du pos —ce qui dispense de 1 étude
la zac. Il était soumis à enquête publique. Il
d ’impact - ou son remplacement, dans le
était approuvé par l’autorité qui avait pris la
périmètre de la zac, par un plan d aménage­
décision de création de la zac (consëil munici­
ment de zone (paz). pal ou préfet). À l ’achèvement de la zac, le paz
La décision de création de la zac prend la
étaitt incorporé au pos. i’>
forme d’une délibération du conseil munici­
La réalisation à proprement parler comporte
pal. Cependant, elle nécessite un arrêté pré­
toujours quatre étapes successives : acquisition
fectoral lorsque la commune n’est pas dotee
des terrains selon les procédures de droit
d’un pos (ou d ’un plu) approuvé, ou si la
commun, l’expropriation n ’étant pas exclue
zac est située dans le périmètre d’une opéra­
mais étant exceptionnelle et, n’ayant pas été
tion d’intérêt national (villes nouvelles,par
« décentralisée », demeurant finalement une
exemple), si la zac est à l’initiative de l’Etat,
compétence exclusive de l’Etat selon la lor du
de la région ou du département, ou si elle
18 juillet 195 8 ; équipement de ces terrains (le»
s’étend sur plusieurs communes non regrou­
travaux réalisés ont le caractère de travaux
pées dans un établissement public inter­
publics) ; cession des terrains équipés par des
communal. La décision est rendue publique
actes de droit privé (vente, location ou conces­
par affichage. Elle ouvre au propnétaire des
terrains le droit de délaissement. Elle permet sion d’usage) ; construction. 1* <'
L’achèvement de la zac entraîne le retour
de recourir au sursis à statuer pour les
au droit commun de l’ensemble des parcelles
demandes de permis de construire.
comprises dans le périmètre opérationnel.
Le Conseil d’État ne contrôle d’ailleurs
La zac devient une zone urbaine du POS
jamais l’opportunité de la création d’une zac
(ou du PLU depuis la loi sru) et se trouve auto­
et se limite à sanctionner éventuellem ent
matiquement érigée en zone d ’intervention
l ’« erreur manifeste ». Il contrôlait aussi le
foncière dans les communes de plus de
choix de la localisation d’une zac en référence
10 000 habitants. Le droit de délaissement dé»
aux zones U ou N A du pos excluant d ailleurs
propriétaires s ’éteint. Les éventuelles divi­
dans les secondes la création de zones dis­
sions parcellaires qui interviendraient seront
continues d’aménagement concerté (art. 311-1
du Code de l ’urbanisme). A défaut de pos soumises au régime des lotissements.
' •U
rendu public ou approuvé, la zac projetée
La souplesse de la procédure de la zac »
devait être compatible avec le schéma direc­
fait son succès. En 2010, il y a eu quelque
teur « s ’il en existe un», dit l’article L 311-4
ZONE D'AM ÉNAGEM ENT CONCERTÉ
837

4 000 zac lancées depuis la loi de 1967. La d’assurer l ’intégration du projet d’urbanisme
procédure, freinée par les mesures de morali­ de la zac dans le plan local d’urbanisme (plu)
sation de 1973-1976, a été à nouveau très utili­ dès le début de l’opération afin d’éviter que ne
sée à la fin des années 1980 avec la pratique se constitue une enclave dans le territoire
des «mini-ZAC». Mais beaucoup des zac de communal: les règles d’urbanisme dans les
cette période se sont trouvées en difficulté zac seront désormais définies par le plu (ou
financière en raison de prévisions trop opti­ par le pos si celui-ci est encore en vigueur) et
mistes établies avant l’éclatement de la « bulle la zac doit être compatible avec les orien­
immobilière» en 1991. Le sort de ces zac en tations du schéma de cohérence territo­
difficulté a dépendu de négociations entre les riale (scot) ou du schéma directeur, et bien sûr
acteurs concernés qui ont pu conduire à une avec la directive territoriale d’aménagement,
réduction des ambitions en matière d’équipe­ le schéma de mise en valeur de la mer, les
ments (ce qui a nécessité une modification dispositions particulières aux zones de mon­
ou une révision du paz) ou à la suppres­ tagne et du littoral, s’ils existent. La zac s’ins­
sion d’équipements prévus hors de la zac (pra­ crit donc dans le projet d’aménagement et de
tique interdite depuis par les lois de 1993 et développement durable (padd). Une concerta­
1994), à la modification du règlement de zac tion préalable, dont les conditions sont fixées
(par exemple pour changer l ’affectation de par le conseil municipal, est organisée. Le dos­
locaux ou pour densifier davantage), voire à sier comporte une étude d’impact précisant les
l ’acceptation, dans les zac publiques, d ’un conséquences du projet sur l’environnement.
déficit en fin d’opération et, dans les zac pri­ Le périmètre, le programme des constructions
vées, à la mise enjeu de la garantie d’emprunt et des équipements et le bilan financier prévi­
consentie par la collectivité publique. Mais, sionnel de la zac sont approuvés par le conseil
dans tous les cas, les frais financiers se sont municipal (ou l ’organe délibérant de I’epci).
trouvés accrus et les solutions, lorsqu’elles ont Le plu peut, si nécessaire, être m odifié ou
été trouvées, ont été d’autant plus difficiles révisé en même temps que la zac est décidée.
que le marché ne s’est rétabli que lentement. Demeurent de la responsabilité de l’État, donc
Qualitativement, la procédure des zac a sont créées par le préfet, après avis de T ins­
donné lieu, surtout à ses débuts, à des abus tance délibérative locale, les zac situées dans
auxquels le législateur a dû réagir. M ême le périmètre d’une opération d’intérêt national
après ces améliorations, introduites dès les ou dont l ’initiative revient à l ’Etat, aux
années 1970, la zac apparaissait comme une régions, aux départements ou à leurs établisse­
procédure très spécifique, dans la mesure où ments publics. L’aménagement et l ’équipe­
le plus souvent le paz se substituait au pos. Il y ment de la zac sont conduits soit directement
avait là une source permanente d’abus, surtout (en régie) par la personne publique qui a pris
dans le cas, majoritaire, de zac « privées ». l ’initiative de sa création, soit confiés par
Comme pour les pos, on était arrivé à une convention d’aménagement à un établisse­
situation paradoxale. De même que les pos ment public y ayant vocation, à une société
étaient de plus en plus souvent restrictifs, mais d’économie mixte ou à une personne publique
modifiés fréquemment pour permettre les opé­ ou privée. Un cahier des charges, approuvé
rations d’aménagement qui se présentaient, ce par l’autorité qui a créé la zac (maire ou pré­
furent souvent les aménageurs privés qui sol­ sident de I’epci ou préfet), réglemente les ces­
licitaient les communes de créer une zac et de sions ou concessions d’usage des terrains : il
la leur céder par convention, la dérogation au précise la surface hors œuvre nette dont la
pos se faisant dans le cadre du paz. Il y avait là construction est autorisée et peut fixer des
un effet pervers que la décentralisation, prescriptions techniques, urbanistiques et
! l’absence fréquente de schéma directeur et le architecturales. Ce cahier des charges devient
| faible contrôle exercé par les préfets ont caduc à la date de la suppression de la zac,
encore accentué. Bref, l’urbanisme concerté sauf s ’il a été signé avant le 1er avril 2001. Il
1 est souvent un urbanisme négocié, voire une n ’y a plus de paz dans les zac postérieures à
I forme légale d’urbanisme de dérogation. cette date, mais ceux qui avaient été approuvés
| La loi Solidarité et renouvellement urbains auparavant sont soumis au régime juridique
du 13 décembre 2000 a sensiblement modifié des plu. Les projets de paz arrêtés avant cette
le régime des zac . L’objectif poursuivi est date demeurent soumis à la législation anté­

1
ZONE DE REVITALISATION RURALE 838

rieure, mais ils sont intégrés aux plu dès des Docklands en cours de reconversion, Le
l’approbation de ceux-ci. Il est possible, lors coût de ces mesures a été évalué en moyenne à
de l’intégration du paz au plu, de modifier les 250 000 F par création nette d’emploi. >;
règles applicables dans la zac, en particulier En France, trois zones seulement ont été
pour les simplifier. Avant leur intégration au créées en 1987 pour cinq ans (ce programme
plu, les paz existants peuvent être modifiés, a donc été clos en 1992). Toutes trois sont
révisés (éventuellement selon la procédure situées dans des pôles de conversions à
simplifiée) ou mis en compatibilité selon les Toulon-La Seyne (257 ha sur quatre sites);
règles des plu. Dans ce nouveau cadre, la limi­ à Dunkerque (300 ha sur quatre sites) et à
tation de la possibilité de créer une zac aux Aubagne-La Ciotat (202 ha sur trois sites),:
zones urbaines et d ’urbanisation future des L’exonération d’impôts sur les sociétés y a été:
pos est devenue sans objet, de même que la accordée pendant dix ans. Les collectivités
possibilité de créer une zac par décision du locales pouvaient en outre dispenser de la taxe
préfet dans les communes non dotées de pos. professionnelle. L’entreprise devait créer au
Par ailleurs, la loi sru précise les conditions moins 10 emplois (et au plus 200) en trois ans.
de participation au financement, dans un cadre Cet avantage ne concernait que l ’industrie
contractuel, des constructeurs qui n ’ont pas (à l ’exception de certaines branches et des
acheté leur terrain à l’aménageur, ainsi que les entrepôts) et le tertiaire industriel. i
relations financières entre la commune et Les résultats ont été inégaux. Au total)
l’aménageur. 137 entreprises se sont installées, plus dé
4 000 emplois avaient été créés en 1992, au
P. M. et Y. P.
moment de l’achèvement du programme, dont
-♦ Lotissement; Participations; Plan d'occupation des sols 39 % créés par des entreprises étrangères, et on
( pos ) ; Plan local d'urbanisme ( plu ) ; Taxe locale d'équipe-
ment ; Urbanisme opérationnel ; Zone à urbaniser par priorité
prévoyait que le nombre d’emplois serait porté
(ZUP). à plus de 6 500. Mais on ne peut vraiment parler
de réussite qu’à Dunkerque, où la zone d’entre*-
prises a surtout attiré des entreprises extérieures
ZONE DE REVITALISATION RURALE (ZRR) à la région ou étrangères. En revanche, il s’âgit
- » Aménagement rural plutôt d’un échec de fait à Aubagne-La Ciotat,
où sont surtout venues des petites et moyennes
entreprises locales qui se seraient implantées en
ZONE D'AMÉNAGEMENT DIFFÉRÉ tout état de cause dans la région marseillaise. La
—> Préemption situation est intermédiaire à Toulon-La Seyne. :
Un nouveau dispositif, les zones d ’investisi-
sement privilégié, a en quelque sorte pris le
ZONE D'ENTREPRISE relais des zones d’entreprises en France. On
en a créé dans le bassin minier du Nord-Pas-
Zone d’activités, créée dans un secteur géo­ de-Calais et en Sambre-Avesnois. La zone
graphique prioritaire, en général en reconver­ couverte était plus étendue, mais les avantages
sion, où des avantages, notamment fiscaux, fiscaux étaient plus réduits. n
sont accordés aux entreprises. Le principe des zones d’entreprise a été
D es formules de zones d ’entreprises repris dans les zones franches urbaines (zfu:)
existent dans divers pays. En Grande- lancées dans le cadre du plan de relance pour la
Bretagne par exemple, une politique de zones ville: 44 zfu ont été créées pour la période
d’entreprises a été engagée en 1981 avec pour 1997-2001 (prolongées par la suite jusqu’en
objectif de réduire les contraintes imposées 2007), puis, devant leur succès et la persistance;
aux investisseurs privés (et, pour le gouverne­ des problèmes d’emploi dans certains quartiers;
ment conservateur, de reprendre l ’initiative en difficulté, 41 autres l’ont été pour la période
aux collectivités locales souvent travaillistes). 2002-2008. Au total, en 2009,100 zfu (dont?
Les avantages accordés comportaient dans les dom) ont été créées. Elles accueillaient,-
l’exemption pendant dix ans de l ’impôt fon­ au 1er janvier 2007, environ 45 000 établisse­
cier local et un allégement de l’impôt sur les ments et plus de 125 000 emplois salariés.
sociétés. Une zone d’entreprise a par exemple
été créée à YIsle o f Dogs, au cœur de la zone P. M.
839 ZONE DE PROTECTION D U PATRIMOINE ARCHITECTURAL, URBAIN E T PAYSAGER

-* Conversion ou reconversion; Friches urbaines et indus­


trielles; Localisation des activités; Pacte de relance pour la constitue une servitude qui s’impose au pos.
ville ; Zone franche urbaine (z f u ). Le gouvernement a fait voter, dans le cadre de
la loi du 3 août 2009 (dite Grenelle 1), que
l ’avis de I’abf ne serait plus qu’un avis simple
ZONE DE PEUPLEMENT INDUSTRIEL (donc non contraignant) et non plus
ET URBAIN (ZPIU) — Agglomération; un avis conforme (c ’est-à-dire obligatoire),
Aire d'influence d'une ville ; Bassin d'emploi un recours auprès du ministre chargé de la
culture restant cependant possible en cas de
désaccord persistant. Cette restriction du rôle
ZONE DE PROTECTION — Monument de I’abf a été très critiquée.
La procédure normale d’institution d ’une
zppaup commence par une délibération du
ZONE DE PROTECTION DU PATRIMOINE conseil municipal. L’étude du projet est
ARCHITECTURAL, URBAIN E T PAYSAGER conduite sous l’autorité du maire avec l ’assis­
(ZPPAUP) tance de l’architecte des bâtiments de France,
le projet devant recueillir l’accord du conseil
Procédure partiellement décentralisée de municipal et celui de l ’architecte des bâti­
protection d’un périmètre sensible sur le plan ments de France. Puis le projet de zppaup est
architectural et paysager, créée aux termes de soumis à enquête publique, et transmis au pré­
la loi du 7 janvier 1983 relative à la réparti­ fet de région qui recueille l’avis d’un collège
tion des compétences entre les communes, les régional du patrimoine et des sites. Après avis
départements, les régions et l’État. Si la pro­ favorable de toutes ces instances, le préfet de
tection du patrimoine et des sites reste bien région crée la zppaup par arrêté.
une compétence de l’État, cette loi a cepen­ La Commission régionale du patrimoine et
dant ouvert une procédure particulière per­ des sites, placée auprès du préfet de région,
mettant de protéger des ensembles d’intérêt est obligatoirement consultée sur le projet de
patrimonial par accord entre l ’État et la création ou de révision d’une zppaup. Elle
commune, les zppaup, qui, lorsqu’elles sont l ’est également lorsqu’un différend oppose le
établies, se substituent aux périmètres de pro­ maire et l’architecte des bâtiments de France
tection des abords des monuments historiques à propos d ’une autorisation dans une zone
et aux sites inscrits : il s ’agit donc d’une com­ existante et que le préfet de région est amené
pétence partagée. La loi du 8 janvier 1993 sur à arbitrer.
la protection et la mise en valeur des paysages Dès F institution de ce nouvel outil de pro­
a étendu le champ de la zppaup, permettant à tection, les communes ont marqué leur intérêt
celle-ci de protéger, avec un règlement adé­ et de très nombreuses études de zppaup ont été
quat, des paysages en tant que tels et non plus lancées, généralement cofinancées par l ’État.
seulement le cadre paysager ou le site d’un Il existe, en 2010, environ 600 zppaup (532 en
monument ou d’un ensemble architectural. février 2007) et ce nombre augmente de 25 à
Ce dispositif particulier de protection per­ 30 par an. Les conditions d’application sont
met, au terme d’une véritable étude urbaine bonnes si on en juge par la rareté des diffé­
ou d ’une étude d ’un site présentant un intérêt rends entre élus et architectes des bâtiments
patrimonial ou paysager, de délimiter la zone de France : ceci démontre qu’une étude préa­
méritant protection et d’y préciser le cahier lable de qualité, une concertation organisée et
des charges applicable, véritable règlement de un règlement clairement négocié et établi per­
la zone, s ’imposant à tous. La négociation de mettent une bonne gestion du patrimoine
la protection avec les élus porte à la fois sur la architectural et urbain.
délimitation, ce qui permet, notamment aux Les exemples de patrimoines protégés au
abords des monuments historiques, de l’adap­ titre de cette démarche sont extrêmement
ter précisément à l’intérêt des lieux, et sur les divers ; vieilles villes, quartiers historiques ou
prescriptions applicables. populaires, villages et leur paysage, ensembles
Dans une zppaup, l’avis de l’architecte des ruraux, patrimoine contemporain, abords
bâtiments de France (abf) sur les différentes proches ou lointains de monuments majeurs
autorisations d’utilisation du sol demeure ou de mégalithes. Les études de zppaup ont
fondé sur le règlement de la zone. La zppaup souvent permis de redécouvrir un patrimoine
ZONE DE REDYNAMISATION URBAINE

ou de fonder une identité à la ville et de consti­ objectif d’y créer 1 500 à 2 000 emplois et
tuer un moteur de développement local. La fis­ d ’en maintenir 25 000. Ces zfu sont des
calité nouvelle de la restauration immobilière, zones de redynamisation urbaine (zru), donc
couplée avec l ’existence d ’une zppaup, a des quartiers en difficulté de plus de
donné un nouvel impact économique aux 10 000 habitants présentant des handicaps
zppaup dans les villes, là où une politique économiques et sociaux particulièrement
parallèle de revalorisation s’avère nécessaire. lourds. Ils sont situés dans de grandes agglo­
Aucune zppaup concernant un patrimoine mérations - certaines correspondent à des
paysager en tant que tel n’a encore été créée et grands projets urbains (gpu) lancés en 1994 -
quelques réflexions préalables s’imposent qui ou dans des villes moyennes. Les entreprises
touchent notamment à la conception même de y bénéficient de mesures étendues d’exonéra­
l ’analyse paysagère, à la spécificité des élé­ tions fiscales (impôt sur les bénéfices dans la
ments à protéger et donc aux prescriptions limite de 400 000 F (61 000 €) par an, taxe
applicables (le droit français ne permet pas la professionnelle jusqu’à 3 millions de F par an
protection du parcellaire, ce qui est regret­ (457 645 € en 2007) pour les entreprises
table). créant des emplois, charges sociales patro­
La création d’une zppaup demande une impli­ nales en cas d’embauche pour au moins 20%
cation réelle des architectes des bâtiments de dans la zfu, taxe foncière sur les propriétés
France, des études préalables de qualité, ainsi bâties, charges sociales personnelles pour les
que la volonté des élus de participer à l’élabora­ commerçants et artisans, etc.). Ces avantages
tion d’une règle du jeu sur leur territoire. ont dû être négociés avec l’Union européenne,
N. B. qui y voyait un risque de distorsion de conçurt
rence et qui en a fait limiter le bénéfice aux
-> A b o rd s; Ensemble historique ou traditionnel; Patrimoine; petites et m oyennes entreprises (jusqu’à
Paysage; Site.
50 emplois créés).
Dans un premier temps, le bilan des zfu a
ZONE DE REDYNAMISATION URBAINE (ZRU) été très controversé. Ses adversaires faisaient
-> Pacte de relance pour la ville; Zone franche observer que les emplois annoncés n ’étaient
urbaine pas toujours réalisés, qu’il s ’agissait souvent
d ’emplois transférés plus que de véritables
créations (effet d ’aubaine pour les entrer
prises) et que le coût de ces opérations
ZONE D'INTERVENTION FONCIÈRE était élevé (20 000 € par emploi). Ces crif
- » Préemption tiques ne sont pas sans fondement, mais le
bilan demeure néanmoins positif. Selon un
rapport du C onseil économique, social et
ZONE FRANCHE URBAINE (ZFU) environnemental (cese) de 2009, il se serait
créé 45 000 établissements et 126 722 emplois
Les zones franches urbaines sont des zones salariés (dont 74 723 bénéficient de l ’exoné­
d’entreprise créées en milieu urbain, dans des ration de charges sociales). La majorité de ces
quartiers (le plus souvent des grands ensembles établissem ents correspondent à des très
des années 1950-1960 ou des zup des années petites entreprises et sont focalisées sur cer­
1960-1970) présentant des difficultés multiples tains métiers (construction, commerce). Un
sur le plan économique et social (manque quart de ces emplois sont occupés par des
d’emplois, chômage élevé, insécurité, etc.). En habitants de la zfu . Le taux de chômage, à
moyenne, le taux de chômage est plus du double évolué dans les zfu au m êm e rythme
dans les zfu que dans l’ensemble des agglomé­ qu’ailleurs. L’embauche de salariés y est
rations où elles sont situées ; en revanche, le importante (+ 17% entre 2007 et 2006).
revenu moyen par unité de consommation y est L’échec scolaire serait en réduction (71 % de
presque deux fois plus faible. réussite au brevet des collèges en 2007), mais
Dans le cadre du pacte de relance pour la la délinquance demeure importante.
ville, le gouvernement a institué, pour Sur la base de ces résultats et à la demande
cinq ans (1997-2001), 44 zones franches des collectivités locales concernées, le méca­
urbaines (dont 6 dans les dom-tom) avec pour nisme des zfu a été prolongé dans le temps
841 ZONE INDUSTRIELLE

et la sortie du régime de zfu a été aména­ ZONE INDUSTRIELLE


gée:
— prolongement des exonérations en faveur Ensemble de terrains à destination indus­
des entreprises installées pendant une nouvelle trielle. Il convient de distinguer :
période de six ans (2002-2007) ; — Les zones industrielles spontanées où se
— sortie, étalée sur trois ans (2002-2004), sont implantées, en ville, en banlieue ou parfois
pour les entreprises déjà installées, les exoné­ en zone rurale (mais, dans ce cas, un paysage
rations fiscales étant réduites de façon dégres­ urbain se constitue aussitôt), de nombreuses
sive à 60 %, 40 % et 20 % ; installations industrielles (usines, dépôts, etc.),
— étalement sur neuf ans (2002-2010) de ce qui n’exclut pas d’autres usages du sol,
cette sortie dégressive (5 ans à 60 %, 2 ans à minoritaires, enserrés entre les terrains à usage
40 % et 2 ans à 20 %) pour les petites entre­ industriel : il n’y a, dans ce cas, d’équipements
prises (moins de 5 salariés). spécifiques que ceux créés par les entreprises
Enfin, le gouvernement a décidé (loi du elles-mêmes.
1er août 2003), dans le cadre de la relance de — Les zones industrielles aménagées où, à
la politique de la ville et de la rénovation l’initiative d’un maître d’ouvrage, en général
urbaine, la création d’une seconde vague de public (collectivité territoriale ou organisme
41 zfu pour la période 2004-2008. 15 autres en dépendant, par exemple société d’écono­
zeu ont été créées en 2006. Au total, 100 zfu mie mixte), parfois privé, des aménagements
ont été créées (dont 7 dans les d o m ) . Elles ont et des équipements ont été réalisés en vue
été prorogées jusqu’à la fin de 2014). d ’accueillir des activités industrielles. L’amé­
Chaque année, depuis 2007, les zfu bénéfi­ nagement de ces zones industrielles s ’inscrit
cient de 250 à 300 millions d’€ d’exonérations dans le cadre de l ’urbanisme opérationnel et
fiscales, dont les deux tiers environ au titre de doit être conforme aux documents d’urba­
l’impôt sur les sociétés et un quart au titre de nisme. Il peut s ’inscrire dans le cadre d ’une
la taxe professionnelle. Elles ont en outre politique d’aménagement du territoire ou de
bénéficié de plus de 347 millions d’exonéra­ la région. Il vise à fournir aux industries de
tions des charges sociales patronales en 2008, bonnes conditions d’exercice de leur activité ;
mais cette somme diminue en 2009 à 250 mil- aux habitants la proximité d’emplois, sans en
j lions (et diminuera à nouveau en 2011) car subir les nuisances ; aux collectivités locales,
I cette exonération ne concernera plus que les les ressources fiscales correspondantes.
bas revenus. Une étude de l’Insee a évalué en — Les zones à vocation industrielle sont des
2007 à un peu plus de 30 000 € le coût pour terrains qui, dans un document d’urbanisme,
l’État d ’un emploi créé ou maintenu en zfu. sont susceptibles d’accueillir des industries et
Un point important souligné par le rapport où peuvent être aménagées des zones indus­
du c e s e est qu’une bonne part des établis­ trielles opérationnelles.
sem ents installés n ’ont pas une existence Les zones industrielles aménagées sont appa­
éphémère : il ne s ’agit donc pas (ou pas seule­ rues en Grande-Bretagne en 1900 (Trafford
ment) d’un « effet d’aubaine » (implantation park, près de Manchester, 1897). En France,
en zfu uniquement pour profiter des exonéra­ elles ne sont apparues qu’en 1950 (Châlons-
tions). Des 29 000 établissements implantés sur-Marne), lorsque la loi du 8 août 1950 a créé
dans les zfu de la première génération (celle le Fonds national d’aménagement du territoire
de 1997-2001), 32,5 % étaient encore en acti­ (fnat) qui permettait un financement particu­
vité 5 ans et demi après leur installation et on lier. La procédure d’expropriation peut y être
n ’observe pas de décrochage au terme des utilisée (loi du 6 août 1953).
cinq ans marqué par la fin de certaines exoné­ On parle aussi de :
rations. Après 9,5 ans, 16,5% des établisse­ — zone d’activités économiques, pour une
ments sont encore en activité en zfu (21,8 % zone qui peut accueillir des activités diverses :
hors zfu). Les transferts d’établissements ont industrie, commerce, artisanat, bureaux (ex, :
même un meilleur taux de survie qu’ailleurs. Le Petit-Clamart) ;
— zone artisanale, pour une zone réservée
P. M. à l’artisanat ou à des usines non polluantes
Banlieue; Grand ensem ble; Pacte de relance pour la ville;
sur de petits lots: elle peut être intégrée au
Rénovation urbaine; Zone d'entreprise. tissu résidentiel ;
ZONE NATURELLE D'INTÉRÊT ÉCOLOGIQUE, FAUNISTIQUE E T FLORISTIQUE Ma

— parc d’activités, pour une vaste zone du smog par mélange avec les fumées indus­
industrielle à faible densité ; trielles) et pas de vents dominants dirigeant
— zone industrielle verticale, pour un vaste les fumées vers les zones d’habitat (en France,
bâtiment industriel de plusieurs niveaux, il vaut mieux implanter une zone industrielle
vendu ou loué à des entreprises différentes à l’est de la ville).
(ex. Mozinor à Montreuil-sous-Bois). L’aménagement d’une zone industrielle
L’aménagement d ’une zone industrielle peut se faire dans le cadre d’une zac ou d’un
comporte : lotissement. Il doit s’inscrire dans le cadre dés
— la viabilisation secondaire des terrains : plans d’urbanisme (schéma directeur ou scDT
eau (5 m3 par heure et par hectare), assainisse­ et pos ou plu en France). La création d’une
ment, électricité (100 à 150 kW par hectare), zone industrielle est décidée par le préfet de
éventuellement gaz et branchement ferroviaire ; région. Le maître d’ouvrage peut être :
— la création d’équipements collectifs pour • une collectivité publique (commune, syn*
les entreprises, tels que restaurant interentre­ dicat intercommunal, etc.) ; -
prises, bureau de poste, agence bancaire, ser­ • un organisme d’aménagement (epà, sem) ;
vice de gardiennage et de sécurité, centre • un organisme à vocation commerciale
m édico-social, etc.: la réalisation d ’un tel et industrielle (port autonome, chambre de
centre d’équipements n ’est possible que dans commerce et d ’industrie) ;
les zones où sont prévus plusieurs milliers • une société privée.
d’emplois. Le coût d’aménagement d’une zone indus­
La division en lots étant rarement connue à trielle est de l’ordre de 100 000 €, voire davan­
l ’avance par l’aménageur, il assure, en traçant tage, par hectare plus le prix du terrain nu, ce
la voirie, une division soit en modules regrou- qui conduit à une commercialisation sur dés
pables pour une même entreprise, soit en bases rarement inférieures à 10 € par mètre
blocs qui seront ensuite divisés en lots selon la carré en ville moyenne, de l ’ordre de 20 à 40 €
demande des industriels. Cette voirie occupe dans une grande ville, 50 à 100 € en région
environ 20 % de la surface de la zone et doit parisienne. Des aides financières ont pu, selon
avoir 16 m (voies principales) ou 11 m (voies les époques, êtrè apportées par la Caisse des
secondaires) de large. dépôts et consignations (via ses fïlialesf ou
Le cahier des charges fixe les obligations divers fonds interministériels (fnafu, fiat et
respectives de l’aménageur et des entreprises ses successeurs, etc.). Les collectivités locales
industrielles. La densité d’emplois est très peuvent financer le déficit du bilan de l’amé­
variable : en général, entre 50 et 100 par hec­ nageur.
tare en zone suburbaine, 100 à 200 en zone P. M.
urbaine, mais certaines zones peuvent
comporter moins de 20 emplois par hectare Hôtel industriel; Industrie; Lotissement; Maître d'ouvragé;
Parc d'activités; Technopôle; technopole; Zone d'aménag^*
(entrepôts par exemple). La dimension d’une ment concerté (zac).
zone industrielle aménagée est également très
variable et se chiffre généralement en
dizaines, parfois en centaines, d ’hectares, ZONE NATURELLE D'INTÉRÊT ÉCOLOGIQUE,
mais certaines zones artisanales peuvent occu­ FAUNISTIQUE ET FLORISTIQUE (ZNIEFF)
per seulement 1 ou 2 ha, alors que des parcs -> Parc naturel
industriels à vocation régionale peuvent en
utiliser plusieurs milliers (zones portuaires).
L’implantation des zones industrielles doit ZONE PÉRIPHÉRIQUE DU PARC -► Parc
être assez proche des zones d ’habitat (pour naturel
réduire les migrations alternantes), mais
suffisamment éloignée pour qu’elles n ’en
subissent pas les nuisances. Le terrain doit ZONE PIÉTONNIÈRE Piéton; Rue
être assez plat (pente entre 0,8 % et 4 %), un
accès routier, et éventuellement ferroviaire,
aisé doit être prévu ainsi que des possibilités ZONE RÉSIDENTIELLE
d’assainissement. Il convient aussi de veiller
au microclimat : peu de brumes (qui forment Zone réservée à l ’habitat.
843 ZOOLOGIQUE (JARDIN)

La zone résidentielle, dans une ville ou une tions : celles-ci peuvent être cossues (on
commune de banlieue, s ’oppose à la zone réserve parfois improprement à ce type
d’activités, et en particulier à la zone indus­ de quartier le nom de banlieue résidentielle,
trielle, au quartier commercial ou de bureaux, par exemple aux États-Unis) ou modestes
mais aussi aux zones mixtes (habitat-activités), (les lotissements de l’entre-deux-guerres en
aux secteurs de grands équipements, etc. France);
C’est une notion qui peut concerner à la fois ■— quartiers composés d’immeubles collec­
l’utilisation actuelle (ou passée) du sol, ou la tifs, disposés au sol de façon discontinue,
destination future de celui-ci, par exemple s ’affranchissant le plus souvent d’un rapport
dans le cadre d’un plan de zonage. direct à la me : grands ensembles collectifs de
Une zone résidentielle comporte donc des l ’après-guerre et autres opérations qui leur ont
logements et seulement les activités néces­ fait suite.
saires à la vie quotidienne de la population qui
y réside : commerces quotidiens, écoles, ser­ P. M.
vices administratifs et privés courants (poste, -*■ Tissu urbain;Zonage.
médecin, etc.).
Les formes de l’habitat et du tissu urbain
qui en résultent peuvent varier : ZONE URBAINE SENSIBLE (ZUS) -> Contrat
— quartier urbanisé de façon continue sous de ville; Grand ensemble ; Pacte de relance
forme d’immeubles divisés en appartements, pour la ville; Programme national de
le plus souvent dans le centre des villes ou les rénovation urbaine; Zone franche urbaine
anciens faubourgs ;
— quartiers de maisons individuelles,
en général à la périphérie des aggloméra­ ZOOLOGIQUE (JARDIN) -> Parc
i(i
► Françoise Choay
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Denis, puv, 1989. Paris, L a D o cum e nta tion française (à paraître en novem ­
L a f a m i l l e éclate, le lo g em en t s ’a d a p te, Paris, Syros-Alternatives, bre 2010).
1990.
Cet ouvrage a été mis en pages
par IGS-CP

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Imprimé en France
Sous la direction de
Pierre Merlin - Françoise Choay

D k tH in fy iü ' 'le ru rtjjM bm e et de l'am énagem ent


♦ Ou’est-ce que l’urbanisme et pourquoi un dictionnaire de l’urbanisme et de l’amé­
nagement ? « L ’urbanism e n ’est-il p as à la fo u théorie et pratique, solidaire du projet
de sociétédaru don institution im aginaire comme dans ses institutions réelles, tributaire de savoirs
multiples, scientifiques ou non, de savoir-faire, traditionnels ou novateurs, de coutumes et d ’habi­
tudes ? » s’interroge Françoise Choay. « L'aménagement est une discipline de l ’espace, ou
des espaces, car on peut disposer avec ordre à l'échelle du territoire, voire de la planète, comme à
celle de la plus petite unitéphysique... L ’aménagement est donc inséparable de l ’histoire, du patri­
moine comme de la prospective. L ’aménageur ne peut être inculte, il doit être imagina tif » précise
Pierre Merlin.
♦ Interventions volontaires de l’homme sur son environnement, l'urbanisme comme
l’aménagement, sont des disciplines nécessitant une praxis plurielle, une action au
cœur de laquelle se retrouvent les pratiques des architectes, des élus et responsables
administratifs, mais aussi des juristes, des historiens et des citoyens. Autant dire que
plusieurs disciplines sont associées dans ce «champ de l ’action humaine, pluridisciplinaire
par essence, ancré à la fou dans le passé, le présent et l ’avenir » et qu’un dictionnaire s’avère
indispensable pour ordonner et donner un sens aux mots et concepts utilisés. Cette
quatrième édition entièrement revue et augmentée, éditée en Dicos-poche, propose
une information professionnelle replacée dans une perspective transdisciplinaire,
doublée d’une présentation des problématiques actuelles.
Pierre Merlin, président de l’Institut d’urbanisme et d’aménagement de la
Sorbonne, est professeur émérite à l’Université de Pans 1 - Panthéon Sorbonne et
ancien professeur à l’Ecole nationale des ponts et chaussées.
Françoise Choay est professeur émérite à l’Institut français d’urbanisme et professor
at large, University o f Cornell.

ISBN: 978-2-13-058066-9 www.puf.com

9 782130 580669
Sous la direction de

Pierre Merlin
Françoise Choay

Dictionnaire de
l'urbanisme
e t de
l'aménagement

Quadrige
I) I C ( )S
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