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Chargement adéquat des œufs en

incubateurs pour un meilleur bilan


thermique (1)
Les différences de température dans un incubateur jouent de matière
notoire sur l’élargissement de la fenêtre d’éclosion et sur l’uniformité des
poussins. Bien que cette solution ne soit pas des plus évidentes, l’on utilise
parfois des œufs incubés pour améliorer l’homogénéité de l’environnement
de l’incubateur. En revanche, la plupart du temps, cette technique entraîne
une plage de températures encore plus grande en raison de la mise en
place d’un chargement mixte d’œufs dans la mauvaise position. Classique,
n’est-ce pas ? Dans cette collection de trois articles, nous souhaitons vous
faire découvrir les meilleures techniques pour combiner des œufs de
différents troupeaux au sein du micro-environnement formé dans
l'incubateur.

Par Eduardo Romanini, Spécialiste de développement du couvoir chez  Petersime

Première partie : comprendre le mécanisme d’échange de chaleur et


de production de chaleur des embryons
En principe, la plage des différences de température peut varier d’un incubateur à un autre. Elle est

principalement fonction de l’agencement et de la conception des incubateurs à chargement unique, des

modèles de chauffage/refroidissement et de la dynamique de la circulation d’air.

Le maintien d’un écart minimum entre les températures maximale et minimale au sein des machines

permet en définitive de définir les résultats d’incubation. À noter que le taux de développement

embryonnaire et la période d’éclosion en seront influencés.


Par conséquent, le chargement d’œufs issus de différents troupeaux et leur positionnement adéquat

constituent des critères déterminants. Comment expliquer ce phénomène ? Penchons-nous tout d’abord

sur quelques concepts élémentaires.

Échange de chaleur dans l’environnement des œufs incubés

Les œufs incubés procèdent constamment à un échange de chaleur avec le micro-environnement alentour.

Le ventilateur de mélange central des incubateurs produit un flux d’air qui s’écoule à travers les œufs et

absorbe la chaleur métabolique générée par l’embryon en développement.

Ce processus, appelé « transfert de chaleur par convection », prouve que la vitesse de l’air peut avoir une

incidence significative sur la température des coquilles. En fonction de l’étape de développement

embryonnaire, des vitesses de l’air supérieures peuvent conduire à un transfert de chaleur plus important

tant dans l’œuf qu’en dehors de celui-ci.

Les œufs situés à proximité du ventilateur de mélange central, par exemple, seront soumis à une

convection légèrement plus efficace. En revanche, les œufs placés dans les chariots centraux seront

exposés à une convection quelque peu inférieure. Ce phénomène s’explique par la configuration en spirale

de la circulation d’air et les barrières formées par les œufs par rapport au flux d’air, et ce, de chaque côté.
Incubateur Petersime à configuration en spirale de la circulation d’air pour un échange de chaleur optimal

Les lois de la physique viennent confirmer ce procédé. En effet, dans tout espace tridimensionnel, tel qu’un

incubateur, une vitesse de l’air accrue entraîne un échange de chaleur par convection supérieur. Dans les

incubateurs Petersime, la conception avancée des pales de ventilateur conduit à une distribution en spirale

de la circulation d’air au sein de la machine. Selon que les éléments de refroidissement ou de chauffage à

proximité du ventilateur sont activés ou non, cette circulation d’air en spirale réduit la hausse ou la baisse

de la température à un minimum dans différentes positions dans l’incubateur.

Mais ce n’est pas tout, puisque le retournement des œufs joue également un rôle déterminant en matière

d’échange de chaleur. Outre l’importance jouée sur le plan physiologique (positionnement de l’embryon,

vascularisation bilatérale et utilisation du sac vitellin), cette technique optimise la dynamique de la

circulation d’air au sein de l’incubateur de manière symétrique. Grâce à une alternance régulière des

positions de rotation des casiers entre les profils en "A" et en "V", le passage du flux d’air à travers les œufs

convient davantage par rapport à une position horizontale.

La rotation des casiers entre les profils "A" et "V" et la position horizontale
Circulation d’air en cas de rotation des casiers entre les profils "A" et "V" et la position horizontale

À ce stade, il apparaît évident que l’échange de chaleur entre l’œuf et son micro-environnement alentour

est en constante évolution pendant l’incubation. Jusqu’ici, la surveillance de la température des coquilles

constitue la technique la plus pratique pour suivre les pertes/gains de chaleur liés à l’environnement de

l’incubateur.

C’est pourquoi les incubateurs Petersime sont équipés de la technologie OvoScan™. Cette dernière permet d’ajuster

automatiquement la température de l’environnement en mesurant la température des coquilles.


OvoScan™ : création de l’environnement optimal pour chaque lot d’œufs, quels que soient la taille, l’âge et les

caractéristiques génétiques des œufs à couver


Production de chaleur au sein d’un chargement mixte d’œufs

Les incubateurs à chargement unique professionnels sont directement capables d’accueillir des milliers

d’œufs. De telles quantités impliquent souvent le mélange d’œufs aux caractéristiques distinctes.

Parmi les différences possibles, citons la taille, le poids, les propriétés des coquilles, la durée de stockage

et bien d’autres conditions. La combinaison de tous ces éléments comporte une forte incidence sur la

chaleur produite par les embryons en développement au cours de l’incubation. Dès lors, une multitude de

problèmes peuvent survenir.

Ainsi, si la seule solution consiste à combiner différents chargements d’œufs, il convient de prêter une

attention particulière à plusieurs éléments.

 Tout d’abord, les différentes espèces de volailles affichent des caractéristiques très particulières et

des besoins d’incubation spécifiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles les œufs de pondeuses et de

poulets de chair ne doivent jamais être chargés dans le même incubateur.


 L’on observe également des différences en matière de production de chaleur parmi les mêmes

espèces et parmi les mêmes souches de même race. Par conséquent, le bilan thermique et les résultats

d’incubation ne peuvent être optimaux lorsque ces différents chargements sont combinés.

 Lorsque l’on observe les tailles des œufs, il apparaît évident que les œufs plus larges produisent

davantage de chaleur que les plus petits, surtout lors de la seconde partie de la période d’incubation.

Cette différence souligne l’importance d’un chargement d’œufs uniformes en termes de taille et de poids.

 Les œufs plus larges et lourds sont produits par des troupeaux de reproductrices plus âgées, et

renferment souvent un sac vitellin plus riche pour nourrir l’embryon en pleine croissance. Dès lors, il

apparaît évident d’éviter toute incubation de chargements d’œufs dont les troupeaux affichent une

différence d’âge de plus de 10 semaines.

 Par ailleurs, les œufs pondus par des troupeaux de reproductrices plus jeunes produisent de la

chaleur plus tôt par rapport à ceux issus de troupeaux plus âgés. Ceci s’explique par la baisse de qualité

globale des œufs à mesure que les reproductrices vieillissent.

 Lorsque l’on étudie les durées de stockage, les œufs conservés pendant trois jours sont

susceptibles de produire davantage de chaleur que ceux stockés pendant 21 jours. Les périodes de

stockage prolongées affectent le nombre de cellules embryonnaires viables. Dès lors, une différence de

sept jours, au maximum, en ce qui concerne les durées de stockage en cas de chargements d’œufs

mixtes, est souhaitée pour réduire les effets de la charge de chaleur.


Calcul de l’indice de production de chaleur

Le contrôle de la température des coquilles ainsi que l’échantillonnage des œufs pour déterminer la

référence afin de mieux surveiller l’environnement de l’incubateur constituent des points critiques lors du

regroupement d’œufs issus de troupeaux mixtes dans une seule et même machine. Dans ce cas de figure,

les taux de fertilité et d’éclosion doivent être pris en compte de manière systématique, étant donné qu’ils

dévoilent le nombre total d’œufs producteurs de chaleur au sein d’un troupeau donné.

De manière générale, la « masse vivante » totale (le nombre d’œufs au sein d’un même troupeau pour

lequel on attend un embryon vivant au terme de l’incubation) peut être utilisée comme indicateur afin de

comparer la production de chaleur des œufs regroupés. La méthode de calcul se présente comme suit :

 En définissant une souche et une race données ainsi qu’un âge de troupeau déterminé, vous

pouvez obtenir les pourcentages de fertilité attendus auprès des fournisseurs ou par l’intermédiaire des

données d’historique du couvoir, lorsqu’elles sont disponibles.

 De même, le poids moyen des œufs en fonction de l’âge du troupeau peut être déterminé à partir

des catalogues des fournisseurs ou de mesures réalisées à la réception des œufs au couvoir.
 Le taux d’éclosion attendu par groupe d’œufs peut être déterminé à partir des pourcentages de

fertilité associés au stockage des œufs en jours, ou des données d’historique.

 Ensuite, la multiplication du taux d’éclosion par le nombre d’œufs et le poids moyen pour un

groupe spécifique donne pour résultat la « masse vivante » totale, proportionnellement liée à un indice de

production de chaleur pour un certain groupe d’œufs (par exemple, par chariot).

Différences en matière de production de chaleur


Positionnement de chargements d’œufs mixtes dans l’incubateur

À ce stade, après étude du phénomène d’échange de chaleur et de production de chaleur et calcul de

l’indice de production de chaleur (« masse vivante ») pour un groupe d’œufs donné, vous êtes en droit de

vous demander comment positionner les œufs afin de profiter d’une distribution de température uniforme au

sein de l’incubateur. Bonne nouvelle, puisque nous allons justement nous pencher sur ce point dans le

deuxième article de cette collection

Chargement adéquat des œufs en


incubateurs pour un meilleur bilan
thermique (2)
Cette série de trois articles présente les meilleures méthodes pour charger
des œufs issus de différents troupeaux dans l'incubateur. Vous connaissez
déjà les principes fondamentaux en matière de production et d'échange de
chaleur (voir article 1). Aujourd'hui, nous allons expliquer comment charger
correctement l'incubateur.

Par Eduardo Romanini, Spécialiste de développement du couvoir chez  Petersime

Deuxième partie : Positionnement des œufs dans l'incubateur


À ce stade, vous vous demandez probablement comment positionner les œufs pour répartir la température

de la manière la plus uniforme possible dans l'incubateur. Le secret consiste à mettre en pratique les

connaissances que vous avez acquises en matière d'échange et de production de chaleur dans

l'environnement des œufs incubés.


Considérez l'incubateur comme une machine divisée en deux parties symétriques

En guise d'exemple, prenons un incubateur Petersime BioStreamer™ classique contenant 12 chariots. Les

chariots sont répartis uniformément de part et d'autre du ventilateur de mélange central : 6 chariots de

chaque côté, dont 3 chariots à l'avant et 3 chariots à l'arrière.


Un incubateur BioStreamer™ contenant 12 chariots

Avant toute chose, vous devez comprendre que la circulation de l'air est identique sur le côté droit et le côté

gauche du ventilateur de mélange central. Par conséquent, le refroidissement, le chauffage et la ventilation

fonctionnent de manière symétrique dans l'incubateur. Chaque condition survenant sur le côté gauche se

produira à l'identique sur le côté droit. Du moins, c'est ainsi qu'un incubateur devrait fonctionner.

Les œufs placés dans une certaine position sur le côté gauche seront soumis aux mêmes conditions que

les œufs symétriquement positionnés sur le côté droit. Cependant, ce résultat n'est possible que si ces

œufs ont les mêmes caractéristiques et s'ils sont répartis uniformément. S'il manque des œufs ou un

chariot d'un côté, la circulation d'air sera perturbée, ce qui entraînera des effets néfastes. C'est pourquoi il

est essentiel de charger les œufs de manière équilibrée sur le côté gauche et sur le côté droit.

Nous savons tous qu'en raison des immenses capacités de l'incubateur, il est difficile d'avoir des œufs

identiques sur l'ensemble des 12 chariots. Cela ne fait aucun doute. Toutefois, pour garantir d'excellents

résultats d'incubation, il convient de toujours disposer d'au moins deux chariots chargés d'œufs partageant

les mêmes caractéristiques (âge du troupeau, stockage, fertilité, etc.). Moyennant une répartition

symétrique des œufs, les côtés gauche et droit seront équilibrés, tout comme la production et la dissipation

de la chaleur.
Prenez garde aux œufs « témoins »

Il faut garder à l'esprit que les trois appareils OvoScan™ sont toujours installés à un emplacement fixe : sur

les chariots d'incubateur placés à proximité de la paroi gauche de l'incubateur. Les œufs situés autour des

sondes de l'Ovoscan™ fournissent des informations en continu au contrôleur de la machine. Cela signifie

que les mesures de température de ces œufs échantillonnés sont utilisées pour régler automatiquement la

température de l'air dans l'incubateur pour tous les œufs, et ce, tout au long du processus d'incubation.

Ainsi, il est essentiel de sélectionner soigneusement ces œufs. Représentent-ils correctement l'ensemble

de la population ? Leur couleur et leur taille sont-elles uniformes ? L'échantillonnage d'œufs appropriés

pour la surveillance des coquilles d'œuf revêt une importance capitale pour le processus.

Il est logique de charger des œufs produisant de la chaleur en quantité moyenne dans les chariots munis

des sondes OvoScan™. Autrement dit, un ensemble d'œufs caractérisés par une « masse vivante »

intermédiaire par rapport aux autres œufs incubés. Il peut notamment s'agir d'œufs moyennement fertiles,

issus d'un troupeau d'âge moyen et/ou stockés pendant une durée moyenne.

Tenez compte du phénomène de circulation de l'air en spirale

Nous savons à présent que les œufs produisant de la chaleur en quantité moyenne doivent être chargés

sur les chariots situés près de la paroi. Mais qu'en est-il des chariots positionnés au centre de chaque côté

de l'incubateur ?

Pensez au phénomène de circulation de l'air en spirale : la vitesse de l'air est relativement plus faible autour

des œufs chargés sur les chariots situés au centre, qui sont soumis à une convection légèrement moins

efficace. Dans cette position, il est plus difficile de transférer la chaleur dans les œufs ou en dehors de

ceux-ci. Pouvez-vous en déduire la suite ?


Circulation de l'air en spirale dans un incubateur Petersime

C'est exact : les chariots placés au centre de chaque côté de l'incubateur sont idéalement positionnés pour

les œufs caractérisés par une « masse vivante » plus faible et qui produisent donc peu de chaleur. Dans

cette catégorie, citons notamment les œufs les moins fertiles, les troupeaux les plus jeunes (œufs plus

petits) et/ou les œufs stockés pendant une longue période. Grâce à leur position centrale au milieu des

chariots, ces œufs reçoivent indirectement de la chaleur supplémentaire des œufs environnants.

À ce stade, il semble évident que les œufs susceptibles de produire beaucoup de chaleur (soit les œufs

caractérisés par une « masse vivante » plus élevée) doivent être chargés sur les chariots situés à proximité

du ventilateur de mélange central de l'incubateur. En effet, la vitesse de l'air est légèrement plus élevée

autour de ces chariots, ce qui facilite le transfert de chaleur. Cette position est donc idéale pour les groupes

d'œufs les plus fertiles (ou dont le taux d'éclosion prévu est le plus élevé), pour le troupeau le plus âgé

(gros œufs) et/ou pour les œufs stockés pendant une courte période.

Si ces consignes sont respectées, la chaleur dégagée par les œufs dans la machine circulera assurément

de la manière la plus uniforme possible. Autrement, si vous souhaitez obtenir des résultats encore
meilleurs, il vous suffit de charger la machine avec des œufs aussi homogènes que possible dans tous les

chariots.

Modèle de chargement correct des incubateurs en fonction des différences de production de chaleur des œufs
Que se passerait-il si ces consignes n'étaient pas respectées ?

Qu'adviendrait-il si vous procédiez différemment et placiez des œufs produisant relativement peu ou

beaucoup de chaleur sur les chariots munis des sondes OvoScan™ situés à proximité de la paroi ?

Voici ce qui se passerait : le système OvoScan™ prendrait ces œufs comme référence pour l'incubateur

complet. En fonction de la « masse vivante », l'incubateur augmenterait ou abaisserait la température de

l'air jusqu'à ce que la température de la coquille des œufs situés près des sondes OvoScan™ soit

correctement ajustée. En conséquence, les œufs placés sur les autres chariots seraient eux aussi affectés.
Modèle de chargement incorrect : œufs produisant beaucoup de chaleur sur les chariots munis des sondes

OvoScan™

Modèle de chargement incorrect : œufs produisant peu de chaleur sur les chariots munis des sondes OvoScan™

Malheureusement, dans une telle situation, une température réduite se traduirait par un ralentissement du

développement embryonnaire de ces œufs, entraînant ainsi un processus d'incubation plus long. À

l'opposé, certains œufs seraient susceptibles d'être surchauffés, ce qui accélèrerait leur développement

embryonnaire et précipiterait leur éclosion.

Autrement dit, toute autre configuration de chargement qui ne tient pas parfaitement compte de la

production de chaleur des œufs et du micro-environnement dans l'incubateur débouchera sur une fenêtre
d'éclosion plus large marquée par des éclosions précoces et tardives au sein de la même machine. Et dans

ces conditions, il sera difficile d'assurer l'uniformité des poussins.

Maintenant, à vous de jouer

Les recommandations ci-dessus constituent un bon point de départ pour charger des œufs issus de

différents troupeaux dans des incubateurs de grande capacité. Lorsque l'équilibre thermique est respecté

entre les côtés gauche et droit, la production de chaleur des œufs et la ventilation de l'incubateur, la

répartition de la chaleur est plus homogène dans la machine.

Vous avez encore des doutes quant à la marche à suivre ? Pour vous aider au quotidien à charger

correctement chaque troupeau en fonction des différentes tailles et configurations d'incubateur, Petersime

propose le « Générateur de modes de chargement ». Intégré au logiciel Operational Excellence™ des

membres de l'Operational Excellence Programme™, cet outil vous montre comment positionner les œufs

de façon optimale pour assurer un chargement parfaitement équilibré en matière de répartition de la

chaleur.

À présent, la question qui se pose est la suivante : quel est le meilleur modèle de transfert et de

chargement pour vos éclosoirs ? Pour le découvrir, rendez-vous dans le prochain article de notre série

Chargement adéquat des œufs en


incubateurs pour un meilleur bilan
thermique (3)
Cette série de trois articles présente les meilleures méthodes pour charger
des œufs issus de différents troupeaux dans l’incubateur. Jusqu’à présent,
vous avez découvert la production de chaleur embryonnaire et l’échange de
chaleur dans les œufs incubés, mais également la façon de les charger
dans l’incubateur en fonction de leur « masse vivante ». Il ne vous reste
plus qu’à découvrir comment transférer correctement les œufs mixtes dans
les éclosoirs. Laissez-moi vous expliquer.

Par Eduardo Romanini, Spécialiste de développement du couvoir chez  Petersime


Troisième partie : modèle de transfert et chargement des éclosoirs
Vous avez entendu ce conseil un million de fois : un chargement équilibré au niveau thermique de

l’incubateur est essentiel pour un développement embryonnaire optimal et la période d’éclosion. Mais

saviez-vous que vous pouvez facilement ruiner tous vos efforts pendant le transfert ou dans l’éclosoir ?

Pendant longtemps, les trois derniers jours d’incubation dans les éclosoirs n’ont été considérés que comme

une phase de finition d’importance limitée, comme un « maquillage final » pour la qualité des poussins.

Comparés aux 18 premiers jours dans les incubateurs, les éclosoirs recevaient beaucoup moins d’attention

dans le passé. Heureusement, la situation a beaucoup changé ces dernières années.

En revanche, il est désormais clair que le travail accompli dans les incubateurs en matière de chargement

équilibré des œufs provenant de différents troupeaux peut être complètement négligé dans les éclosoirs. À

vrai dire, seule la combinaison de bonnes pratiques opérationnelles chez les incubateurs et les éclosoirs

permet d’obtenir un taux d’éclosion optimal et des poussins d’un jour de haute qualité.

L’uniformité est primordiale

Comme dans les incubateurs, il est essentiel de tenir compte des différences potentielles dans la

production de chaleur dans l’environnement des œufs incubés mixtes afin de définir les modèles de

transfert et de chargement pour les éclosoirs. Lors du processus d’éclosion, les embryons passent par les

transitions biologiques les plus critiques (bêchage interne et externe et sortie de la coquille) qui exigent des

conditions environnementales très spécifiques.

Autrement dit, le confort thermique de l’embryon/du poussin dans les éclosoirs ne peut être efficace

qu’avec des œufs uniformes. Idéalement, les éclosoirs devraient être remplis par des œufs fertiles

provenant d’un même troupeau, d’une même période de stockage et positionnés de manière symétrique
sur les chariots dans les incubateurs. Le mélange d’œufs ayant des caractéristiques différentes dans un

même éclosoir rend difficile, voire impossible, l’obtention de conditions d’éclosion optimales.

Les éclosoirs sont généralement plus petits que les incubateurs (normalement avec une capacité de 4 ou

8 chariots), ce qui permet de les remplir plus facilement avec des œufs uniformes. Cela fait de l’éclosoir un

environnement spécial permettant d’ajuster avec précision la circulation d’air et les profils d’incubation d’un

lot d’œufs donné. De manière générale, les profils des éclosoirs se composent de la température standard

de l’air, du taux de ventilation, des niveaux de CO 2 et d’humidité en fonction de la production de chaleur des

œufs.
Transfert de l’incubateur vers l’éclosoir

Le chargement correct des éclosoirs commence là où il se termine pour les incubateurs : lors du transfert.

Vous savez déjà que les chariots doivent être astucieusement combinés et positionnés en fonction de leur

production de chaleur dans l’incubateur. Un seul éclosoir devrait idéalement être rempli d’œufs uniformes.

Par conséquent, ces œufs devraient tous provenir des mêmes positions spécifiques dans l’incubateur

utilisé et équilibré. Voyons comment mettre cela en pratique en prenant en exemple le transfert d’un

incubateur de 12 chariots vers 3 éclosoirs de 4 chariots chacun.

 Éclosoir 1 : tous les œufs produisant de la chaleur en quantité moyenne (positionnés près du

ventilateur de mélange central)

 Éclosoir 2 : tous les œufs produisant peu de chaleur (positionnés au centre)

 Éclosoir 3 : tous les œufs produisant beaucoup de chaleur (positionnés près du ventilateur de

mélange central)
Exemple : modèle de transfert pour 1 incubateur de 12 chariots vers 3 éclosoirs de 4 chariots chacun
Le même principe s’applique pour les configurations des incubateurs et des éclosoirs avec d’autres

capacités. En chargeant les éclosoirs avec des œufs aussi uniformes que possible, chaque éclosoir peut

utiliser un profil d’incubation différent en fonction de la production de chaleur des œufs qu’il contient. Il n’y

aura pas d’œufs mixtes dans les mêmes machines (ou des différences minimales), afin que la température

puisse être réglée en fonction des besoins de l’embryon. De plus, le confort thermique des poussins

récemment éclos peut être garanti.

Par exemple, puisque les œufs transférés à l’éclosoir 2 sont ceux dont le potentiel de production de chaleur

est le plus faible, il est logique que le profil de température de cet éclosoir soit légèrement supérieur à celui

des éclosoirs 1 et 3. De même, les niveaux de CO2 programmés sur l’éclosoir 2 peuvent être légèrement

réduits en raison de la plus faible production de chaleur. Les bons taux de ventilation et d’apport en

oxygène sont néanmoins maintenus.


Contrôle des conditions d’éclosion

Grâce à la technologie avancée en matière d’incubation, les éclosoirs sont aujourd’hui reconnus comme un

outil important permettant d’améliorer les résultats de l’éclosion. À l’aide de nouvelles sondes et stratégies

de contrôle, il existe de nombreuses possibilités d’adapter les conditions de la machine aux besoins

spécifiques de l’embryon pendant le processus d’éclosion. Par exemple : les technologies Synchro-

Hatch™ imitent l’interaction entre la mère poule et les œufs dans des conditions d’incubation naturelle
(cliquez pour savoir comment fonctionne la technologie Synchro-Hatch™ ).

Synchro-Hatch™ imite l’interaction entre la mère poule et les œufs dans des conditions d’incubation naturelle
Comme tout autre outil, vous devez bien comprendre le fonctionnement des éclosoirs et les utiliser

correctement pour obtenir un taux d’éclosion optimal et des poussins de qualité supérieure. Il est ainsi

primordial de disposer de bons modèles de transfert et de chargement des œufs dans les éclosoirs.

Conclusion

Ce qu’il faut retenir de cette série : si vous faites en sorte de créer des lots d’œufs uniformes, de les placer

dans la bonne position dans les incubateurs et de les transférer ensuite dans l’éclosoir approprié, les

résultats devraient grandement s’améliorer.

Maintenant, c’est votre tour. Ou préférez-vous d’abord en apprendre davantage à ce sujet ? Contactez-

nous à l’adresse training@petersime.com et rejoignez une formation à la gestion de couvoirs afin

d’améliorer vos performances. Cette formation comprend une session détaillée sur le chargement équilibré

de différentes machines

Équilibre du chargement de
l’incubateur
Il est parfois inévitable de charger des œufs provenant de troupeaux
différents dans un même incubateur. Eviter des variations de température à
l'intérieur de l'incubateur est un facteur clef pour obtenir un bon taux
d'éclosion et une bonne uniformité de poussins.

par Roger Banwell, Responsable de développement de couvoir

Contexte
Pour atteindre la température optimale et les niveaux parfaits de ventilation et d'humidité dans l'ensemble

de l'incubateur, le personnel du couvoir devrait idéalement charger uniquement des œufs fertiles provenant

d'un seul troupeau, stockés pendant la même durée. Ces œufs auront tous environ la même taille et
produiront approximativement la même quantité de chaleur au même moment. Dans ce cas, on peut utiliser

le programme d'incubation optimal pour ce lot d'œufs.

Cependant, dans la pratique, il n'est pas toujours possible de charger des œufs provenant tous du même

troupeau. Si les œufs provenant d'une même source ne suffisent pas à remplir une machine, il n'est pas

question de laisser des chariots vides et de lancer un cycle d'incubation sur une machine partiellement vide.

Dans ce cas, on ne peut pas faire autrement que de charger des œufs provenant de différents troupeaux

dans la même machine. Toutefois, on rencontrera des problèmes si l'on charge d'un côté des œufs

provenant d'un troupeau extrêmement fertile avec un temps de stockage court et d'un autre côté des œufs

provenant d'un troupeau peu fertile avec un temps de stockage long. Le premier groupe d'œufs aura besoin

de moins de temps pour se réchauffer et produira plus rapidement de la chaleur, alors que le second

groupe se réchauffera plus lentement, entamera son développement et produira de la chaleur plus tard. Par

conséquent, on notera d'importants écarts de température. Ces écarts augmenteront dangereusement vers

la fin du cycle d'incubation, car c’est le moment où les œufs produisent le plus de chaleur et où on

augmente la ventilation et le refroidissement. Ces écarts de température augmentent la fenêtre d'éclosion,

la chaleur peut provoquer des dégâts et l'uniformité des poussins n'est pas satisfaisante.

Cet article explique comment charger une machine avec différents troupeaux sans réduire le taux

d'éclosion, ni perdre en uniformité des poussins. Cela peut être fait par la méthode de l'équilibre du

chargement.

Avantages de la perte de poids non linéaire


Dans les incubateurs Petersime, nous appliquons le système de perte pondérale non linéaire. Cela permet

de parfaitement stabiliser l'environnement pendant le développement de l'embryon (jours 0 à 9 pour les

poules) : on intervient très peu sur la ventilation, l'humidification et le refroidissement. L'équilibre du

chargement n'est pas un facteur clé à cette étape.

Pendant la croissance de l'embryon (jours 9 à 18), la production de chaleur est telle qu'elle requiert un

important refroidissement et une forte ventilation, ce qui provoque inévitablement des écarts de

température. Toutefois, ils restent modérés : l'application du système de perte de poids contrôlée non

linéaire génère une humidité naturelle, ce qui évite d'avoir recours à une humidité artificielle. Cela élimine

une cause importante d'écarts de température, ainsi qu'une éventuelle source de contamination pour la

biosécurité de l'incubateur.

Lors du chargement d'œufs d'origines diverses, ces écarts réduits de température peuvent être mise à profit

grâce à l'équilibre du chargement.

Équilibre du chargement
L'équilibre du chargement désigne le fait de charger des œufs d'origines diverses en tenant compte du

niveau et du moment de leur production de chaleur, ainsi que de la distribution de l'air et de l'emplacement

des éléments de refroidissement.

On tient compte de trois facteurs : l'âge du troupeau, sa fertilité et les temps de stockage. Sur la base de

ces trois facteurs, on applique quatre règles générales :

 Pour un poids d'œufs donné, l’œuf provenant d'un troupeau extrêmement fertile (âgée de

30 à 44 semaines) produira davantage de chaleur qu'un œuf identique provenant d'un troupeau peu

fertile ;

 Les gros œufs (provenant d troupeaux plus anciens) produisent davantage de chaleur que les

petits œufs et présentent un ratio surface/volume moindre, en termes de dissipation de la chaleur ;

 Les œufs stockés depuis longtemps produisent de la chaleur plus tard que ceux stockés depuis

peu ;

 Les œufs provenant d'un troupeau plus jeune produisent de la chaleur plus tôt.

Ces règles conduisent donc au plan de chargement général suivant :


 Position A : grande fertilité, bande plus âgée (gros œufs), temps de stockage plus court

 Position B : faible fertilité, bande plus jeune (petits œufs), temps de stockage plus long

 Position C : fertilité moyenne, bande d'âge moyen, temps de stockage moyen

Quelques recommandations complémentaires pour l'équilibre du chargement :

 En règle générale, il est déconseillé de dépasser un écart de 10 semaines pour l'âge des

troupeaux, de 7 jours pour le temps de stockage et de 10 % pour le taux de fertilité.

 Il faut charger le chariot d'incubateur équipé des trois sondes OvoScan™ les œufs avec une

production de chaleur moyenne.

 Toujours charger la machine de manière symétrique pour que la résistance de l'air soit la même de

part et d'autre du pulsateur.

 Ne jamais lancer de cycle d'incubation lorsque la machine n'est pas complètement chargée, sinon,

toutes les mesures prises pour équilibrer le chargement deviendraient inutiles.

Les recommandations ci-dessus sont un point de départ pour apprendre à charger des œufs d’origines

différentes. Mais au final, seule l'expérience dictera le mélange optimal d’œufs de différents troupeaux. De

même, seuls des essais comparatifs sur site identifieront les limites de cette méthode

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