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Approches familiales

) Peter Steinglass est


hiatre et thérapeute
ial. Il est le directeur
de la revue « Family
Peter Steinglass (1)

Cette revue sélective de la


systŽmiques de la famille
Process » et
de l’« Ackerman
Institute » de
New-York.
recherche sur les interactions
familiales dans le domaine de
l’alcoolisme est centrée sur six
delÕalcoolique
Découvertes de la recherche, applications cliniques.
tendances, qui non seulement
ont caractérisé la recherche L’alcoolisme, on le sait, a toujours les facteurs de comportement
jusqu’ici, mais pointent des été considéré comme un familiaux sont des candidats de
problème individuel. De premier plan comme facteurs
questions qui vont
nombreuses perspectives ont été environnementaux possibles.
probablement dominer ce mises à contribution pour Troisièmement, il y a eu au cours
domaine de recherche dans la proposer des facteurs susceptibles des vingt dernières années des
décennie qui vient. de rendre compte de l’étiologie et progrès considérables dans les
de l’évolution chronique de méthodes d’étude des interactions
Voici ces tendances :
l’alcoolisme ; mais, que le point de familiales. Ces nouvelles méthodes,
– un centrage sur l’évolution vue soit génétique, biochimique, qui comprennent aussi bien
clinique plutôt que sur les ou psychologique, l’hypothèse l’observation directe du
questions étiologiques ; admise dans tous les cas est qu’il y comportement interactif que de
aurait chez l’alcoolique quelque meilleures techniques d’entretien
– un intérêt croissant pour les tare qui mènerait à l’apparition et à collectif, ont été appliquées avec
modèles bio-psycho-sociaux de la perpétuation de cet état. un succès considérable à d’autres
l’alcoolisme ; A coté de ces approches affections psychiatriques
– une tentative de mise au point dominantes, cependant, on trouve chroniques (comme la
un intérêt grandissant pour les schizophrénie). Les chercheurs et
de typologies d’alcoolisme et de
facteurs comportementaux les cliniciens formés à ces
familles alcooliques ; familiaux, et pour leur influence sur méthodes ont vu dans l’alcoolisme
– l’application à l’alcoolisme de cette pathologie si intéressante. une autre affection susceptible de
modèles « risque/résistance » ; Cet intérêt a été alimenté par bénéficier de l’apport de ces
quatre facteurs principaux. techniques sophistiquées de
– l’utilisation de modèles
Premièrement, l’immense majorité recherche.
explicatifs de « bonne des alcooliques vivent au sein de Quatrièmement, l’utilisation
adaptation » intégrant des familles intactes. Au fil du temps, la croissante des approches familiales
données génétiques et plupart de ces familles sont pour le traitement de l’alcoolisme
obligées d’élaborer des stratégies (et l’efficacité de plus en plus
environnementales familiales ;
pour gérer les défis posés par prouvée de ces approches) a
– l’utilisation de l’alcoolisme chronique, et leurs apporté une riche moisson de
comportements régulatoires patterns réactionnels doivent par données cliniques s’ajoutant aux
familiaux comme marqueurs du conséquent être considérés découvertes de la recherche plus
comme des facteurs agissants systématisée concernant
comportement interactionnel possibles quand on cherche à l’alcoolisme et la famille. De plus, la
dans le domaine de la recherche évaluer différentiellement demande de services
famille/alcoolisme. l’évolution chronique de la maladie. supplémentaires de la part de
J’illustrerai ces tendances en Deuxièmement, il est clair que les membres non-alcooliques des
modèles biomédicaux de familles a, en retour, soulevé
passant en revue les travaux de
l’alcoolisme, fondés sur l’individu, d’intéressantes questions non
deux équipes de recherche
rendent compte, au mieux, de seulement sur le genre de services
(Steinglass et al. à l’Université beaucoup moins de la moitié de la qu’il faut offrir, mais aussi sur la
George-Washington, et Jacob et al. variance exprimée de l’incidence et façon la plus efficace de définir un
à l’Université de Pittsburgh) et en du cours de la pathologie. Il faut traitement différencié pour
exposant les tendances les plus donc prendre en considération des l’assortir au type du patient et de la
probables de la recherche à venir variables environnementales pour famille. D’où l’intérêt croissant pour
dans ce domaine. améliorer les modèles explicatifs le développement de typologies de
de l’alcoolisme, et il est certain que l’alcoolisme fondées au moins en
ie sur les différences de particulier un intérêt marqué aux
mportement de l’individu typologies utilisant les critères de
olique et de sa famille, et que l’importance et de l’influence
considère comme un élément relatives des facteurs biologiques
ortant de bonne adaptation du et des facteurs environnementaux ;
ement au patient. – un intérêt croissant pour
dispose à présent de plusieurs l’application de modèles
ellentes revues de la littérature « risque/résistance » à l’alcoolisme.
cernant les recherches menées Ces modèles sont devenus
a famille et les thérapies particulièrement courants en
liales en ce domaine. psychologie du développement et
balement, elles montrent ont été utilisés pour étudier toute
ergence d’un certain nombre une série de questions très variées
hèmes qui non seulement touchant à la psychopathologie de
ctérisent la recherche actuelle, l’enfant et de l’adolescent. Pour ce
s pointent aussi des questions qui est de l’alcoolisme, le point
domineront vraisemblablement important ici réside dans l’intérêt
omaine de recherche dans les porté non seulement aux facteurs
années qui viennent. Ces qui mettent les personnes en
dances sont les suivantes : danger d’alcoolisme, mais, tout
intérêt croissant pour l’aspect autant, à la définition des facteurs
ection chronique de qui empêchent des gens
oolisme. On s’éloigne ainsi du autrement à risque de développer
ci précédent d’établir quelles cette pathologie ;
les caractéristiques familiales – un intérêt croissant pour les
ouent un rôle étiologique dans modèles de « bonne adaptation »
guide mes recherches et mon « Entre deux
parition de l’alcoolisme. A la pour comprendre le jeu entre les
travail clinique avec les familles chaises ».
d’alcooliques. Je parlerai 130 x 97 cm.
e, l’intérêt s’est porté sur le facteurs environnementaux au
essentiellement, dans ce domaine
des facteurs familiaux dans le niveau individuel et au niveau
de l’alcoolisme et de la famille, des
ntien du comportement familial dans l’alcoolisme. Ces
résultats obtenus par des
olique chronique ; modèles dérivent en droite ligne
chercheurs aux Etats-Unis, mais
intérêt croissant pour les des approches familiales
j’espère que les possibilités
dèles intégratifs, combinant des systémiques de l’alcoolisme et
d’utilisation clinique de ces résultats
ments biologiques, utilisent pleinement la prise en
apparaîtront clairement aussi.
chologiques (individuels) et considération des effets
ractionnels (familiaux). Ces interactionnels comme variables
Mécanismes régulateurs
dèles ont pris la forme typique explicatives ;
familiaux et alcoolisme
centrage sur les facteurs – un intérêt croissant pour
ronnementaux familiaux qui l’identification de caractéristiques Dans la réflexion sur les
oissent ou réduisent la particulières au niveau familial, en interactions et l’influence
babilité du maintien du tant que composante du processus réciproque du comportement de
mportement pathologique de d’évaluation et de diagnostic de boisson sur les interactions
son chez des individus dont on l’alcoolisme. Cela comprend non familiales et du comportement
ume, en raison de facteurs seulement la définition des familial sur les styles de prise
ogiques (principalement comportements de niveau familial d’alcool, l’intérêt s’est porté
étiques) ou psychologiques, en rapport avec le problème d’emblée sur ces aspects du
s sont sujets à risque risque/résistance, mais aussi des comportement familial que les
olique ; indices comportementaux théoriciens des systèmes ont
intérêt croissant pour familiaux qui servent lors de la appelé les mécanismes régulateurs
blissement de typologies de formation des modes de familiaux. Il s’agit d’un ensemble de
oolisme, typologies qui, en comportement alcoolique au comportements qui servent à
ur, proposent une cours de la phase chronique. maintenir la stabilité, l’ordre et le
renciation des facteurs Je me propose, dans cet article, contrôle du fonctionnement
ronnementaux familiaux dans d’illustrer chacun de ces points familial. Nos propres travaux font
maintien des comportements avec une rapide présentation ressortir que deux concepts sont
oliques. On porte en générale du modèle théorique qui particulièrement adéquats pour
décrire les mécanismes régulatoires Ces traits permanents travaillent ou faire face à des situations
propres aux familles d’alcooliques : dans le sens de la régulation des catastrophiques.
les concepts de tempérament comportements au sein de la
En même temps, toutefois, il
familial et d’identité familiale. famille. Si un événement y
n’existe pas de méthode courante
déclenche une anxiété plus forte
Le tempérament familial pour mesurer ou pour aborder
que d’habitude, les forces
directement ces phénomènes
Il s’agit d’un concept biologique, de homéostatiques agiront de façon à
régulateurs. A la place, les
niveau familial, concept parallèle à ramener le climat affectif à un
chercheurs en sciences de la
la notion (individuelle, celle-là) de niveau plus confortable. De façon
famille se sont intéressés à des
« style comportemental inné » semblable, l’introduction d’un
comportements extérieurs qui
qu’on trouve dans les travaux de étranger dans la maison familiale
servent d’indicateurs fiables de ces
Chess et Thomas (1984) et de induira beaucoup plus d’anxiété
structures régulatrices sous-
Plomin (1986). L’idée ici est que les dans certaines familles que dans
jacentes. Les trois comportements
familles, elles aussi, génèrent d’autres. Le tempérament familial
extérieurs auxquels la recherche
chacune un style relationnel bien est important dans une théorie de
sur l’alcoolisme a accordé le plus
particulier qui dure dans le temps. l’alcoolisme parce qu’il y a des
d’attention sont :
Le tempérament familial comprend « types » de tempéraments
familiaux plus réceptifs que 1. les routines quotidiennes,
trois dimensions : comme le moment du dîner, les
Jeu de dames ». d’autres à des patterns de boisson
1. le premier, le niveau d’énergie, activités du week-end ou les
particuliers.
146 x 80 cm. est le degré d’intensité relationnelle activités au moment du coucher ;
L’identité familiale 2. les rituels familiaux, comme les
vacances annuelles, les fêtes
L’identité familiale est le second
religieuses, les traditions qu’on
grand régulateur familial en ce qui
respecte ; et
concerne les comportements
alcooliques. Alors que le 3. les comportements de
tempérament familial est un traitement des problèmes de la
concept biologique, l’identité famille, ce qui inclut non seulement
familiale est un facteur d’ordre des facteurs comme le degré de
cognitif. L’identité que partage une cohésion et de coordination dans
famille est constituée par son l’abord des problèmes à résoudre,
sentiment subjectif des valeurs et mais aussi la question de savoir si
des expériences qui la rendent les comportements de résolution
particulière et unique. Elle des problèmes sont
comprend l’héritage que les fondamentalement différents selon
membres de la famille reçoivent qu’il y a ou non présence d’alcool.
typique de telle famille : certaines des générations qui les ont Nombre d’études empiriques
familles ont une allure rapide, précédés et qu’ils mettent en menées tant par notre groupe de
intense, alors que d’autres œuvre dans la famille actuelle. Les recherche que par d’autres
« traînent » davantage ; parents peuvent choisir de se suggèrent que l’alcoolisme
2. le second, la distance servir ou non de telles pratiques chronique est souvent associé à
interactionnelle, se rapporte à la provenant des familles d’origine ; des altérations dans les
distance physique et émotionnelle leurs choix contribueront à définir comportements régulatoires
à laquelle les membres de la famille les thèmes particuliers de familiaux. Dans certains cas, il
sont habitués à se tenir dans leurs continuité et de nouveauté qui apparaît que le comportement
relations entre eux et avec le caractériseront leur famille répété de boisson lui-même altère
monde extérieur ; la perméabilité nucléaire. le comportement familial ; mais
de leurs frontières intrafamiliales et L’identité familiale fonctionne dans d’autres, la famille répond à
externes sera ainsi variable ; habituellement sans que les l’alcoolisme chronique par la
3. le troisième, la palette membres de la famille en aient mobilisation de comportements
comportementale, fait référence conscience. Cependant, pendant spécifiques qui semblent limiter en
au degré de souplesse dont font les périodes de crise, les familles retour l’impact déstructurant de
preuve les membres de la famille tendent à exprimer plus l’alcoolisme sur la vie familiale.
dans leur façon de discuter des explicitement leurs valeurs et leurs D’où l’intérêt pour des modèles
situations et de résoudre les croyances fondamentales. Cette qui se centrent sur les influences
difficultés. explicitation aide la famille à savoir réciproques possibles de
oolisme et du comportement famille devait être établi par – prise de boisson par épisode,
lial. Mais, et c’est tout aussi l’observation directe du imprévisible, sous forme de
ortant, ces études montrent comportement familial au beuverie (pattern « alternant ») ;
par l’identification et la domicile, en particulier par la façon – guérison apparente après une
ure soigneuse de ces indices dont la famille organisait son usage longue période d’alcoolisme
omportement régulatoire du temps et de l’espace pendant (pattern stable « sec »).
lial (routines de la famille, les temps de routine. Le pattern On a observé chaque famille à
els et comportements de de boisson était défini par l’usage neuf reprises, chaque fois d’environ
olution des problèmes), des d’un modèle développemental de quatre heures, séparées par un
ouvertes importantes et l’alcoolisme, appelé « modèle intervalle de temps, sur une
oductibles, concernant les historique de la vie familiale ». Ce période de neuf mois, en utilisant
eurs familiaux dans l’alcoolisme, modèle postulait que, comme une technique structurée
mmencent à apparaître. l’alcoolique identifié passait par des d’observation appelée « Méthode
bonne partie de ce travail, phases de boisson active, des d’évaluation par l’observation à
u’ici, a été effectuée par deux phases de sobriété, et des phases domicile » (M.E.O.D)(2). Dans la (2) « Home observation
upes de recherche aux Etats- de transition entre les deux, le méthode M.E.O.D., deux assessment method »
s : le groupe du Center for comportement systémique de la observateurs entraînés sont (HOAM)
ily Research de l’Ecole de famille changeait de façon assignés, chacun, à un des époux,
decine de l’Université George- synchrone au cycle alcoolique. pour la période d’observation de
shington (Steinglass et coll.) et Notre idée de départ était que, quatre heures, et ils enregistrent la
roupe du Département de très probablement, les patterns de localisation physique des membres
chiatrie de l’Université de comportement familiaux au de la famille, l’identité d’autres
burgh (Jacob et coll.). Je me domicile étaient extrêmement personnes qui peuvent se trouver
irai des travaux de ces deux variables et changeaient avec les présentes avec eux, la distance
upes pour illustrer la façon dont phases de la prise de boisson. physique entre les membres
echerche sur les mécanismes Cependant, on le verra, les observés et les autres, les
ulatoires familiaux est menée données de l’étude ont suggéré au pourcentages d’interaction, le
s la pratique, ainsi que le type contraire que tant les patterns de contenu des échanges à visée
découvertes et de modèles boisson que les patterns familiaux décisionnelle, et le résultat des
ques qui commencent à de comportement au domicile échanges verbaux.
araître à partir de ces travaux. sont hautement stables. En L’analyse factorielle des données
conséquence, la meilleure façon M.E.O.D. a défini cinq dimensions
routines quotidiennes d’interpréter les corrélations majeures du comportement au
meilleur exemple, peut-être, observables entre les styles de domicile :
ude explicitement centrée sur boisson et les styles 1. l’engagement intrafamilial,
elation entre l’usage de l’alcool comportementaux familiaux a 2. la régulation des distances,
es routines quotidiennes (en semblé être de les considérer 3. l’engagement extrafamilial,
que comportement régulateur comme une bonne adaptation 4. la variabilité structurelle et
lial) est constitué par entre une caractéristique de niveau 5. la variabilité de contenu.
servation à domicile que nous individuel (le type de pattern On a ensuite utilisé ces dimensions
ns réalisée à l’aide d’une alcoolique) et une caractéristique comme variables dépendantes
bitieuse méthode d’observation, comportementale de niveau dans une série d’analyses de
e au point pour pouvoir définir familial (le tempérament familial variance et de procédures
aspects du style du reflété par les patterns des analytiques de fonction
pérament familial qui se routines quotidiennes). discriminante. Les résultats de la
ètent dans les routines Voici les caractéristiques de cette recherche ont montré de fortes
tidiennes. Nous avons basé étude : on a recueilli les données corrélations entre les sous-types
e étude sur l’hypothèse que, d’observation sur un échantillon de de modalité de prise d’alcool
s la mesure où les familles 31 familles alcooliques dans (mouillé stable, alternant, sec
ganisent autour de l’alcoolisme lesquelles les membres alcooliques stable) et les patterns de
onique, il doit y avoir une présentaient un des trois patterns comportement au domicile. De
ptation réciproque entre le de boisson suivants : plus, une analyse univoque de
e de pattern de boisson de – patterns hautement prédictibles variance indique que les trois sous-
oolique et le style de et chroniquement actifs de prise de groupes alcooliques sont
pérament de la famille. boisson quotidienne ou de week- significativement différents sous le
tyle de tempérament de la end (pattern stable « mouillé ») ; rapport de deux facteurs M.E.O.D,
la régulation des distances et la d’études sur la résolution de étaient le seul sous-groupe à
variabilité de contenu. problèmes dans les familles présenter un lien significatif entre la
Etudiées globalement, ces données d’alcooliques utilisaient des tâches consommation d’alcool et la
confortent l’idée que les fonctions interactionnelles en laboratoire, satisfaction conjugale. Comme le
régulatrices familiales qui se l’intérêt se centre à présent sur lieu de prise de boisson était
reflètent dans les dimensions des l’usage de systèmes de codage des corrélé aux catégories
routines quotidiennes (comme la interactions, appliqués aux patterns régulier/occasionnel, on a
régulation des distances et de communication servant à la sélectionné quatre buveurs au
l’expressivité affective) diffèrent résolution de problèmes. La série domicile et quatre autres qui
systématiquement en corrélation d’études menées par Jacob et ses buvaient à l’extérieur, les buveurs
avec le sous-type alcoolique. C’est collègues est le meilleur exemple au domicile consommant de
là, par essence, le modèle de la de cette voie de recherche. l’alcool suivant un pattern plutôt
« bonne adaptation » auquel nous Parmi les découvertes faites par constant et prédictible, tandis que
faisions allusion plus haut. Une l’équipe de Jacob, celles qui les buveurs à l’extérieur tendaient
autre façon de décrire ce m’intéressent particulièrement à présenter des fluctuations
processus est de dire que les concernent la relation entre considérables dans leurs modes de
patterns alcooliques et les consommation d’alcool et consommation.
réponses régulatrices familiales font satisfaction conjugale chez les La découverte la plus frappante
l’objet d’une accommodation couples alcooliques étudiés. Ces dans le groupe des buveurs à
réciproque sur une longue période découvertes m’intriguent en l’extérieur a été la réaction
de temps de l’histoire de la famille, particulier parce que, tout comme négative décalée de cinq jours
et que le résultat en est une mes propres découvertes lors des qu’ont rapportée les trois épouses
« culture » familiale particulière observations faites par mon dont les maris avaient un cycle
dont l’influence est considérable équipe, elles mettent à nouveau en alcoolique de week-end. Il
sur l’invasivité de l’alcoolisme. lumière l’importance du mode de semblerait que ces résultats
boisson du membre alcoolique de représentent chez ces femmes une
Le « style » de la famille face
la famille comme déterminant réaction négative anticipatrice du
aux problèmes à résoudre
essentiel de l’impact final qu’a comportement alcoolique de leur
De façon fort compréhensible, les l’abus d’alcool sur la vie familiale. mari durant le week-end. Deux
chercheurs en sciences de la Précisément, Jacob a observé que des quatre femmes dont les maris
famille s’intéressent depuis la quantité d’alcool consommée buvaient à la maison reproduisaient
longtemps aux attitudes des avait un effet différent sur le clairement ce qui avait été trouvé
familles face à la résolution de conjoint selon le pattern de dans les études inter-groupes : un
problèmes. boisson de l’alcoolique. Parmi les accroissement de la consommation
On a supposé que les variations buveurs réguliers, les conjoints d’alcool était lié à un
de « style familial » dans ce rapportaient avoir eu davantage de accroissement de satisfaction
domaine constituaient l’un des satisfaction conjugale lorsque la conjugale.
principaux facteurs pouvant consommation d’alcool avait Ces résultats curieux, sur
rendre compte de la différence augmenté au cours du mois l’échantillon de huit couples, ont
entre familles fonctionnelles et précédent, alors que, chez les conduit l’équipe de Jacob à ré-
dysfonctionnelles. buveurs occasionnels, la satisfaction analyser l’échantillon d’origine, et à
On a utilisé deux voies du conjoint était sans rapport avec différencier trois sous-groupes
d’exploration du comportement la quantité d’alcool consommée. selon la façon de boire et le lieu de
de résolution de problèmes : Pour comprendre les variations prise d’alcool : les buveurs réguliers
– des tâches comportementales simultanées de ces variables au à domicile ; les buveurs réguliers à
en laboratoire, où l’accent est mis cours du temps, l’équipe de Jacob l’extérieur ; les buveurs
sur les patterns d’exécution de a suivi un petit groupe de huit occasionnels à l’extérieur (très peu
la tâche pour les membres buveurs réguliers avec leurs de buveurs occasionnels boivent
de la famille ; et conjoints, tous les jours, sur une chez eux). Un premier rapport sur
– l’analyse des patterns de période de quatre-vingt-dix jours, ces nouvelles analyses évoque
communication familiale, où on en leur demandant de garder trace d’importantes différences en ce qui
utilise des procédures détaillées de de la consommation d’alcool, de la concerne la négativité, la positivité
codage du comportement symptomatologie psychiatrique, et et la réussite aux résolutions de
interactionnel face à une tâche de leur degré de satisfaction problème entre les trois sous-
donnée. Alors que, jusqu’à une conjugale. On a étudié seulement groupes. Les réactions des épouses
époque récente, beaucoup les buveurs réguliers, parce qu’ils aux maris buveurs occasionnels
comportement au dîner, les rituels
d’éducation des enfants, etc.
C’est la recherche menée par
Linda Bennett et Steven Wolin,
deux de mes collègues, qui ont
exploré le plus à fond comment
les rituels régulent de façon
spécifique les comportements dans
la famille alcoolique. Bennett et
Wolin se sont servis des rituels « Al télefono ! »
familiaux pour étudier deux 148 x 114 cm.
questions liées :
rent considérablement des Malgré le caractère incertain des – d’abord : quel est le rôle des
tions aux deux types de résultats, ces données présentent facteurs environnementaux
eurs réguliers. La prise de frappantes ressemblances avec familiaux dans la transmission
asionnelle de boisson ne les résultats M.E.O.D. de l’équipe intergénérationnelle de
ble avoir aucune conséquence de Steinglass. S’il reste beaucoup à l’alcoolisme, rôle inducteur ou au
ptative ou positive pour la comprendre dans ces données, contraire protecteur pour les
lle ; les buveurs occasionnels leur sens global est clair : les membres de la famille ?
, de façon évidente, plus variations dans la façon de boire
– deuxièmement : les
plosifs » que les buveurs changent considérablement la
comportements familiaux qui
uliers, et présentent bien plus manière dont le comportement
accompagnent la prise de boisson
omportements alcoolique est perçu par la famille.
ont-ils une influence sur l’impact de
chopathiques et sociopathiques En retour, ces différences dans la
l’alcoolisme sur les enfants qui
ux. Les communications réaction de la famille ont une
grandissent dans une famille
liales, chez les buveurs influence importante sur le degré
alcoolique (la question
asionnels, sont de façon de pénétration de l’alcool dans la
« risque/résistance ») ?
érale plus négatives et plus vie familiale.
Bennett et Wolin ont mené deux
quées d’hostilité ; les De plus, il n’est pas déraisonnable études sur le problème de la
arques négatives sont souvent de soutenir que ces différents transmission. Dans la première, ils
ées en premier par l’alcoolique. sous-types d’alcoolisme se sont centrés sur la génération
ésolution de problèmes est répondraient différemment à un des parents et ont utilisé une
vorablement affectée, la programme de soins centré soit technique d’interview semi-
me montrant une baisse sur l’individu, soit sur la famille. On structurée pour établir de quelle
érêt pour la tâche, en pourrait conjecturer par exemple nature était le comportement
élation avec la négativité de qu’une approche de thérapie ritualisé de la famille au moment
oolique. Dans le groupe de familiale systémique serait où l’époux (ou l’épouse) était
eurs réguliers au domicile, la hautement efficace pour le groupe engagé dans sa période
mmunication est beaucoup des buveurs réguliers au domicile, d’alcoolisation la plus noire. Le
ns négative. De plus, l’activité et beaucoup moins qu’une résultat principal de cette étude
ésolution de problèmes approche individuelle pour le est que, dans les cas où la famille
méliore réellement un peu s’il y groupe des buveurs réguliers à était capable de préserver les
prise d’alcool. Il est frappant l’extérieur. rituels qui avaient le plus de sens
onstater, dans ce sous-groupe, pour elle, la transmission
l’atmosphère de positivité Les rituels familiaux
intergénérationnelle de l’alcoolisme
mente considérablement Les rituels familiaux sont constitués était substantiellement moindre. La
dant l’absorption d’alcool. par un ensemble de préservation des rituels signifiait
ant au groupe des buveurs comportements anciens, répétitifs, non seulement qu’on continuait à
uliers à l’extérieur, c’est le qui sont mis en acte de façon les mettre en pratique, mais qu’ils
ns stable des trois : il ressemble systématique au fil du temps et ont n’avaient pas été modifiés pour
ois au groupe des buveurs acquis une importance symbolique convenir aux besoins de
asionnels, d’autres fois au pour la famille parce qu’ils reflètent l’alcoolique.
upe des buveurs réguliers à les valeurs et les objectifs de fond Dans leur seconde étude, ils
micile. Un échantillon plus large qu’elle partage. Les rituels familiaux centraient leurs investigations non
ra être étudié pour clarifier le sont, par exemple, les plus tant sur la famille d’origine que
mportement de ce sous-groupe. comportements en vacances, le sur ce qui se passe quand le fils ou
la fille d’un parent alcoolique se liens entre les facteurs régulateurs problèmes de risque/résistance
marie et doit déterminer quelles familiaux et l’alcoolisme, souligne dans une perspective familiale,
traditions de sa famille d’origine l’intérêt qu’il y a à étudier les recherches qui laissent bien
seront reprises dans la nouvelle routines quotidiennes, les augurer de la nouvelle génération
famille. Les auteurs ont recueilli comportements de résolution de d’études sur l’alcoolisme et la
des données auprès d’un problèmes et les rituels familiaux famille.
échantillon de 68 couples, comme critères d’évaluation des
concernant relations entre l’alcoolisme L’influence de la génétique
chronique et les propriétés sur les réactions familiales
– la vie familiale du père ou de la
mère lorsqu’ils étaient enfants, relationnelles sous-jacentes des Nos études (Steinglass et Jacob)
– la vie familiale actuelle. familles. En même temps, elle fait discutées dans la précédente
Ils ont utilisé des comparaisons de ressortir deux tendances dans section montrent de façon assez
données de ces deux notre compréhension de ces convaincante que les sous-types de
questionnaires pour déterminer, relations ; deux tendances qui mode d’alcoolisation font varier les
d’abord, le degré de persistance de devraient s’avérer d’importance interactions familiales. Mais
comportements ritualisés croissante au fur et à mesure comment expliquer l’apparition de
provenant de chacune des familles qu’arriveront des études sur les différents patterns d’alcoolisation ?
d’origine, par rapport au modèles bio-psycho-sociaux de Les recherches actuelles sur la
développement de nouveaux l’alcoolisme chronique. Ces détermination biologique de sous-
comportements ritualisés et, ils ont tendances sont : types alcooliques peuvent
essayé de comprendre si ce – l’importance dans l’identification apporter une pièce
processus était conscient chez le des sous-types d’alcoolisme plutôt supplémentaire au puzzle.
couple. L’un et l’autre de ces que de traiter l’alcoolisme comme Cloninger pose l’hypothèse que
facteurs se sont avérés être des une pathologie homogène. des processus neurobiologiques de
prédicteurs fiables de la – le rôle des caractéristiques la personnalité et des activités
transmission de l’alcoolisme. En environnementales familiales d’apprentissage peuvent être
particulier, le degré comme facteurs protecteurs qui responsables des différences
d’intentionnalité marqué par le contribuent à réduire la probabilité, individuelles dans les patterns
couple, en choisissant de ne pas pour les individus à risque, de d’abus d’alcool. En particulier, la
reproduire certains patterns développer une pathologie. Je prédisposition à adopter un
comportementaux de la famille souhaite développer ces deux comportement d’appétence
alcoolique d’origine, s’avère être un thèmes en exposant brièvement, alcoolique semble génétiquement
puissant facteur de protection, qui tout d’abord, les passionnants différente de la susceptibilité de
diminue la probabilité d’apparition travaux de Cloninger et de ses perdre le contrôle une fois
d’un alcoolisme dans la nouvelle collègues, qui ont développé de commencée l’alcoolisation.
génération. nouvelles typologies de l’alcoolisme L’appétence pour l’alcool chez
Enfin, dans leur dernière recherche fondées sur des modèles interactifs certains adolescents, jeunes adultes
qui concerne les conséquences de facteurs est associée à l’impulsivité, à la
chez les enfants du fait de grandir génétiques/environnementaux ; prise de risques, et à des
dans une famille alcoolique, ils j’exposerai ensuite les recherches tendances antisociales ; au
trouvent que, bien qu’avoir un père sur la psychose qui explorent les contraire, la perte de contrôle est

« Félice ? alcoolique soit certainement un


facteur majeur de risque de
rs heureuse?) »
développement de troubles
148 x 114 cm. comportementaux et cognitifs dès
la pré-adolescence, le même
facteur d’intentionnalité constitue,
là encore, un puissant facteur de
protection qui en atténue les effets.
Au croisement des facteurs
environnementaux
génétiques et familiaux
La revue faite ci-dessus des
recherches en cours sur les
interactions familiales, explorant les
à la culpabilité et à la peur de que la désinhibition éprouvée par Psychose et famille
épendance à l’égard de l’alcool les alcooliques de type I soit à la adoptive : l’étude finnoise
z des individus qui sont base des cycles alcooliques très Située dans la même perspective
otionnellement dépendants, investis affectivement qui jouent de recherche, l’étude sur la
es, perfectionnistes et un rôle adaptatif dans la vie psychose dans les familles
overtis. Les alcooliques à perte familiale. On l’a dit, les familles adoptives menée en Finlande par
ontrôle (type I) commencent tendent à renouveler ces épisodes le psychiatre Pekka Tienari et ses
énéral à avoir des problèmes à forte expression émotionnelle. collègues constitue probablement
dans l’âge adulte après une Par contre, on peut penser qu’il y jusqu’à présent le meilleur exemple
ue période d’exposition à de a plus de chances que les d’étude spécifiquement conçue
es alcoolisations qui sont membres de familles d’alcoolique pour examiner les facteurs
alement encouragées. Les de type II se mettent en colère ou, environnementaux génétiques et
eurs incapables de s’abstenir en dernière instance, se familiaux. Cette étude s’est
e II) commencent en général désengagent à la suite des actes efforcée de reprendre les
à expérimenter l’alcool, antisociaux commis par stratégies qui avaient été utilisées
pendamment des l’alcoolique pendant ses épisodes dans les études classiques sur la
onstances extérieures. de boisson. Il y a beaucoup moins psychose et l’adoption menées au
ninger ne considère pas ces de chances qu’ils encouragent le Danemark dans les années 1960 et
s-groupes comme des entités comportement de boisson de 1970, mais en y ajoutant une
hologiques discrètes, beaucoup l’alcoolique, de quelque façon que évaluation spécifique des facteurs
buveurs présentant des traits ce soit. Ces familles adoptent environnementaux familiaux dans
deux types. On pourrait souvent des modes de vie les familles des enfants adoptés.
ôt dire que les différents complètement séparés, excluant le
Tienari et ses collègues ont
dromes liés à l’alcool sont membre alcoolique des activités et
sélectionné, à l’échelle de toute la
ciés à des extrêmes dans les des décisions familiales.
Finlande, un échantillon de femmes
s de la personnalité qui
Il n’y a pas de formule permettant finnoises entrées en hôpital
ent continuellement. L’intérêt
de prédire la réaction familiale psychiatrique avec un diagnostic de
résultats obtenus par
envers les alcooliques de type I ou schizophrénie ou de psychose
ninger réside dans les divers
de type II et pas de travaux paranoïaque dans la période 1960-
ts déclencheurs que ces
empiriques, jusqu’ici, qui 1970 ; ils ont pu identifier un
rences biologiques
exploreraient ces relations de groupe de 196 enfants issus de ces
nsèques ont inévitablement
façon systématique. Cependant, femmes, qui avaient été adoptés
es membres d’une famille. Les
ces types génétiques constituent avant l’âge de cinq ans, en Finlande,
oliques du type I réagissent
des « données » biologiques qui par des familles qui n’avaient aucun
antage à leur environnement
représentent des défis variés lien avec les mères (73 % des
al immédiat ; ils tendent à être
auxquels les familles doivent enfants de l’échantillon avaient
overtis, et à boire pour lutter
apporter réponse. Certains sous- moins de deux ans lors de leur
tre leur inhibition sociale. Ils se
types génétiques engendreront adoption). Dans l’étude qui a suivi,
ent plutôt coupables si
plus facilement une réaction ces descendants et leurs familles
oxication les mène à des
positive de la famille que d’autres ; adoptives ont été étudiés
mportements regrettables. Par
mais une fois déclenchés, ces extensivement, au moyen d’un
tre, on peut dire que les
environnements familiaux positifs protocole comprenant des
oliques du type II recherchent
ou négatifs amplifieront ou entretiens psychiatriques à visée
ool quelles que soient les
restreindront le cours ultérieur du diagnostique pour les descendants
onstances environnantes ;
comportement alcoolique. Il est et des investigations intensives des
estion d’alcool, chez eux, ne
probable qu’on verra dans la variables environnementales
d pas à plus d’interaction
prochaine décennie un intérêt familiales (ces investigations,
ale ; en fait, son ingestion est
croissant pour une recherche qui effectuées au domicile des familles,
vent associée à des actes
utilisera à la fois des typologies de prenaient au total quinze à seize
sociaux.
l’alcoolisme basées sur des heures). On a utilisé avec la même
différences génétiques prédispositions biologiques et des procédure intensive d’investigation
viduelles peuvent contribuer à évaluations sophistiquées de un échantillon apparié de contrôle,
iquer un aspect de variables comportementales constitué de familles adoptives où
daptation » décrite ci-dessus familiales, au fur et à mesure de les parents biologiques des enfants
e le buveur et le reste des l’exploration de ces modèles de adoptés étaient exempts
mbres de la famille. Il se peut « bonne adaptation ». d’hospitalisations en psychiatrie
pour psychose. Les investigations environnements familiaux ne dysfonctionnels ont un impact
ont été menées par des présente de comportement majeur sur l’évolution clinique de la
psychiatres chevronnés, ignorant à borderline ou psychotique). Ces maladie.
quel groupe appartenaient les données, prises dans leur
familles qu’ils examinaient. ensemble, corroborent de toute Conclusion
Deux résultats principaux de cette évidence une conclusion qu’on Cette brève revue des tendances
étude sont du plus haut intérêt pourrait formuler succinctement actuelles de la recherche en
pour notre discussion sur comme suit : les familles saines interaction familiale dans le
l’alcoolisme et la famille. En semblent avoir une capacité domaine de l’alcoolisme souligne
premier, l’étude finnoise sur les remarquable à protéger les ainsi qu’il s’agit d’une zone
familles adoptives confirme encore descendants biologiquement à d’investigation en pleine activité,
une fois un rôle probable des risque contre la pleine apparition dans laquelle de nouvelles
facteurs génétiques dans l’étiologie des manifestations cliniques de leur méthodes très intéressantes sont
de la psychose, rejoignant les héritage biologique présumé ; de appliquées à des modèles
conclusions des études danoise et même, il sera difficile aux familles, interactifs de l’alcoolisme
américaine sur l’adoption, menées même les plus perturbées, sophistiqués, avec des résultats
antérieurement. Mais en second d’influencer les enfants à tel point prometteurs. De plus, il est évident
lieu, l’étude esquisse que les qu’ils présentent une schizophrénie que toute avancée dans la
facteurs environnementaux en l’absence de prédisposition compréhension des
familiaux, en interaction avec des génétique à cette pathologie. prédéterminants biologiques, d’au
facteurs de risque génétiques, Si nous devions faire une moins quelques formes
jouent un rôle important dans extrapolation de ces résultats à la d’alcoolisme, est profitable aussi
l’apparition clinique de la psychose. question de l’alcoolisme, aux chercheurs en interaction
Voici les détails de l’étude : l’hypothèse intéressante serait de familiale en ce sens que ces
– tout d’abord, les quatre dire que les variables avancées aident à définir, de plus
psychiatres qui menaient le travail environnementales familiales en plus précisément, les
sur le terrain ont appliqué aux exercent le plus probablement leur caractéristiques de l’alcoolisme qu’il
données provenant des entretiens influence à l’extrémité protectrice est primordial d’isoler quand on
cliniques avec les descendants une du spectre risque/résistance. Cela veut étudier l’interface entre les
échelle d’évaluation du degré de revient à dire que, dans les types facteurs biologiques et les facteurs
perturbation en six points, de d’alcoolisme où on pense qu’il y a environnementaux familiaux.
« sain » (niveau 1) à prédisposition génétique, il faudrait On voit aussi que la recherche en
« psychotique » (niveau 6) ; concentrer nos efforts sur interaction familiale dans le
– ensuite, on a utilisé le matériel l’identification des patterns domaine de l’alcoolisme suit de
provenant des entretiens extensifs comportementaux familiaux près les voies tracées
avec les familles pour construire pouvant contribuer à protéger la antérieurement par les chercheurs
une grille globale dans laquelle les descendance contre la transmission dans d’autres états
familles étaient classées en cinq de l’alcoolisme. Nous aurons bien psychopathologiques chroniques.
groupes : familles saines, moins de chances de sous-estimer On trouve ici en tête les
légèrement perturbées, névrosées, les patterns comportementaux passionnants travaux qui étudient
rigides (syntoniques) et gravement familiaux spécifiques, cachés, qui le rôle des facteurs
perturbées (chaotiques). accroissent la probabilité de voir environnementaux familiaux dans
Pour notre propos, les résultats les apparaître un alcoolisme en l’évolution clinique de la psychose
plus étonnants sont ceux qui l’absence de prédisposition chronique. S’il nous est permis
concernent les variables génétique à cette pathologie. d’extrapoler à partir de cette
environnementales familiales. Il Cependant, il est important de expérience, il n’est pas improbable
apparaît ici que, dans les familles souligner que nous parlons que la recherche sur l’alcoolisme et
auxquelles on a attribué un essentiellement du développement la famille puisse prochainement
classement clinique solide initial de l’alcoolisme. Si nous identifier certains aspects
(catégorie « saine » ou voulions aborder une question particuliers de comportement
« légèrement perturbée »), il n’y a différente, à savoir : quelles sortes interactionnel qu’on pourrait
pratiquement jamais, pour le de facteurs influencent la relative modifier par une approche de
descendant adopté, de diagnostic chronicité de l’alcoolisme une fois thérapie familiale, cette dernière
de syndrome borderline ou de atteint son seuil critique ? Nous représentant dès lors une
troubles psychotiques, aucun pourrions affirmer que, selon toute composante importante dans le
enfant élevé dans de « bons » probabilité, les patterns familiaux traitement global de l’alcoolisme.
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