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Cyrano de Bergerac Edmond Rostand Fiche de Lecture
Cyrano de Bergerac Edmond Rostand Fiche de Lecture
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Cyrano de Bergerac est une tragi-comédie crée par Edmond Rostand en 1897.
La pièce se passe au début du XVIIe siècle, et met en scène le poète et physicien Cyrano de Bergerac sous
les traits d’un homme au nez difforme.
Cyrano compense cependant la laideur de son nez par son panache épique. Ses prouesses guerrières n’ont
d’égal que son expression raffinée.
Quatorze ans après la mort de Christian, au moment où Cyrano blessé est sur le point de mourir, Roxanne
comprend que Cyrano était le véritable auteur des lettres de Christian et qu’il l’a aimé en secret tout ce temps.
Cette pièce dresse également un panorama de la société et de la littérature française au XVIIe siècle.
La variété des personnages, des scènes et des registres font de cette pièce un véritable drame romantique à
la mise en scène exigeante.
Il grandit à Marseille au sein de la bourgeoisie commerçante et financière et étudie le droit à Paris, mais se
détourne cependant de la carrière diplomatique à laquelle le destinait son père. Edmond Rostand préfère la
littérature et le théâtre, pour lesquels il a un goût précoce.
Après plusieurs succès au théâtre, il triomphe en 1897 avec Cyrano de Begerac. La pièce est l’une des plus
connues et admirées du théâtre français.
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Quels sont les personnages dans Cyrano de Bergerac ?
La pièce d’Edmond Rostand se caractérise par ses personnages nombreux mais qui gravitent tous autour du
triangle amoureux Cyrano-Roxane-Christian.
Cyrano de Bergerac
Cyrano est un personnage exceptionnel, qui ne recherche ni la gloire, ni la fortune, ni le succès mais le
panache, c’est-à-dire l’art de se faire remarquer par ses prouesses guerrières et littéraires.
Il est caractérisé par la laideur de son nez difforme, qui l’empêche selon lui d’être aimé, notamment par sa
cousine Roxanne dont il est amoureux.
Personnage qui refuse les compromissions du monde, il incarne l’esprit rebelle condamné au malheur. Il va
jusqu’au sacrifice en aidant Christian à séduire Roxane.
Roxane
La cousine de Cyrano se caractérise par sa beauté et son goût pour la préciosité.
Elle aime les apparences de l’amour plus que l’amour lui-même : elle est ainsi surtout sensible à la beauté de
Christian et à la poésie des lettres écrites par Cyrano pour Christian.
Après la mort de Christian, elle se condamne à une mort symbolique en s’enfermant dans un couvent.
Christian
Christian se distingue par sa beauté mais c’est un personnage plat, sans intelligence, incapable de lyrisme,
comme il l’explique à l’acte II scène 10 : « "Las ! je suis sot à m’en tuer de honte (…) Mais je ne sais, devant les
femmes, que me taire. "».
Cyrano va lui prêter sa verve poétique pour séduire Roxanne. Avant de mourir, Christian réalise le stratagème
et le sacrifice de Cyrano, et acquiert ainsi une plus grande profondeur.
L’antithèse qui caractérise Cyrano est source de ses souffrances amoureuses, car il estime inconcevable
d’être aimé.
Il est d’autant plus désespéré en amour que son goût pour l’idéal le fait justement aimer « "la plus belle qui
soit ! "» (I, 5).
À travers cette antithèse entre la beauté extérieure et intérieure, la pièce interroge la superficialité du
sentiment amoureux.
En effet, le sentiment amoureux peut s’attacher à l’apparence physique, ou bien à une virtuosité littéraire qui
n’est pas nécessairement sincère.
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Ainsi, Roxane accorde une importance exagérée à la beauté extérieure et à la parole poétique. Ce faisant, elle
accorde plus d’importance aux apparences de l’amour (la beauté, la poésie), qu’à l’amour lui-même.
Elle confond même la beauté extérieure et intérieure, comme à l’acte II scène 6 : « "tous les mots sont fins
quand la moustache est fine. "»
Elle s’emporte également contre la sincère déclaration amoureuse de Christian, sous prétexte que son discours
n’est pas beau : «" Et cela me déplaît ! / Comme il me déplairait que vous devinssiez laid." » (III, 5).
Mais Roxane, en privilégiant à la fin de la pièce la sublime beauté intérieure de Cyrano à la passagère beauté
extérieure de Christian, semble énoncer la morale de l’œuvre : l’intériorité est plus importante que les
apparences.
Le panache
À travers Cyrano de Bergerac, son personnage éponyme, la pièce fait l’éloge du panache, que l’on peut définir
comme le goût pour l’héroïsme, la vaillance guerrière et la force individuelle.
Mais son panache est également littéraire. Cyrano se définit en effet par son adoration pour « "le mot, la
pointe ! "» (IV, 3) Sa verve puissante de poète participe à son aura autant que son épée.
Outre la bravoure guerrière et littéraire, son panache consiste également en un dégoût profond pour la
médiocrité, qu’elle soit artistique ou morale.
Il préfère « "Travailler sans souci de gloire ou de fortune "» (II, 8), que de s’abaisser à d’humiliantes mondanités
pour se faire connaître et apprécier.
Cyrano n’existe que dans le paroxysme : « "J’ai décidé d’être admirable, en tout, pour tout ! "» (I, 5) Et c’est en
faisant l’éloge de son panache qu’il meurt, achevant la pièce.
Son panache plein d’orgueil lui vaut cependant de courir bien des périls, et de s’attirer la haine de bien des
ennemis puissants : « "Tu te mets sur les bras, vraiment, trop d’ennemis !" » (I, 5)
À cet égard, on peut voit en Cyrano l’incarnation de la résistance héroïque à la standardisation qui touche la
société de cette fin du XIXe siècle.
Mais Cyrano assume ses excès : « "Hé bien oui, j’exagère ! "» (II, 8), : « "Déplaire est mon plaisir. J’aime qu’on
me haïsse. "» (II, 8)
Mais si Cyrano se plaît tant à être haï, c’est sans doute parce qu’il croit qu’il ne peut être aimé. Son panache
vient compenser une fragilité intérieure, qui se révèle au contact de Roxane, à qui il n’ose jusqu’au bout
avouer son amour.
Le panache et la grandeur de Cyrano vont jusqu’au sacrifice, puisqu’il aide Christian à se faire aimer de
Roxane. La mort tragique de Cyrano fait de lui un martyr de l’amour.
En effet, bien des catégories sociales sont représentées dans Cyrano de Bergerac, et les événements
marquants de la régence de Richelieu sont évoqués.
La scène d’exposition est à cet égard exemplaire : les spectateurs s’installent au théâtre dans la salle de
l’hôtel de Bourgogne. Diverses catégories sociales sont représentées : joueurs, valets, voleurs, bourgeois,
marquis. Le tableau social passe d’une catégorie à l’autre, et les répliques brèves s’enchaînent vivement.
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La pièce dresse également un vaste panorama de la vie littéraire française autour de 1640. Sont évoqués
bien des auteurs, représentatifs de tous les genres, des romans pastoraux de d’Urfé aux tragédies baroques de
Rotrou.
Cyrano de Bergerac lui-même est l’un de ces auteurs (Cyrano de Bergerac est un écrivain français du
XVIIème siècle dont Edmond Rostand s’est inspiré pour sa pièce). Par effet miroir, Cyrano constitue même une
figure de l’auteur, Edmond Rostand : « "Vous avez bien rimé cinq actes" » (II, 7).
Le lyrisme amoureux
L’intrigue est polarisée autour du triangle amoureux formé par Cyrano, Christian et Roxane. Par conséquent,
le discours amoureux a une grande importance dans la pièce, que ce soit sous la forme de répliques ou de
lettres.
Le discours amoureux dans Cyrano de Bergerac se caractérise par son intensité et son lyrisme.
Edmond Rostand, qui fut également poète, s’inspire de la tradition médiévale de la poésie courtoise.
Les déclarations de Cyrano sont pleines d’une sublime élévation. La versification en alexandrin, avec ses
abondantes rimes riches, intensifie la puissance de ce lyrisme.
Dans cette pièce au dénouement tragique, la parole amoureuse est bien souvent un discours désespéré où
éclate « "la fureur triste ! / De l’amour" » (III, 7).
L’œuvre interroge cependant la sincérité du discours amoureux, puisque Christian ne fait que répéter des
déclarations en prétendant qu’elles viennent de lui.
Pour Cyrano, les poèmes d’amour sont l’occasion de témoigner de sa virtuosité. Mais il dénonce lui-même ces
poèmes où « "Le vrai du sentiment […] se volatilise" » (III, 7).
L’éloquence
Le panache rhétorique de Cyrano confère à ses répliques une puissance et une virtuosité inouïes. La célèbre
« tirade du nez » en est l’illustration.
La pièce s’inspire en effet de procédés farcesques et populaires : néologismes plaisants (« "ridicoculise" », II,
4), rimes bouffones (beau/bobo en II, 6), coups assenés.
Mais l’humour est parfois très raffiné : références historiques, pointes satiriques.
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Il met en scène un personnage de haut rang, sublime et tragique.
Le panache et la difformité de Cyrano lui confèrent une aura mythologique, presque celle d’une créature
surhumaine. Le personnage se fait lui-même appeler « "Cyrano Savinien-Hercule" » (I, 4).
Mais la pièce se veut également une « comédie », et elle joue en effet sur les ressorts du comique.
Le mélange des genres et des registres rappellent finalement le drame romantique, tel que défini dans la
Préface de Cromwell de Victor Hugo.
Dans la préface de Cromwell, Victor Hugo considère que les règles classiques des trois unités (unité de lieu,
unité de temps et unité d’action) ne doivent plus être respectées car elles éloignent le théâtre de la vie elle-
même.
Afin de rendre compte de la richesse et du foisonnement de la vie, il prône un mélange des genres, des
registres, du grotesque et du sublime.
C’est ce mélange que l’on retrouve dans la pièce d’Edmond Rostand, si bien que l’on qualifie parfois Cyrano de
Bergerac de pièce néo-romantique parce qu’elle correspond à une résurgence du romantisme à la fin du
XIXème siècle.
Les décors et les personnages sont en effet très nombreux et les indications scéniques minutieuses.
Ces didascalies précises montrent qu’Edmond Rostand souhaitait tirer profit de l’émergence de la mise en
scène (« l’invention » de la mise en scène commence en effet en France avec André Antoine en 1887).
Edmond Rostand montre ainsi combien il voulut donner à jouer une pièce d’exception.
5/5