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Chapitre 1

Le calcul économique du consommateur

Introduction
L'objet de l'analyse économique est d'étudier la façon dont les individus satisfont leurs besoins
et les conséquences qui découlent de leurs choix. Pour chaque besoin, le consommateur exprime
une demande. L'économie est une "science de l'administration des ressources rares1". Cette
définition met l'accent sur le caractère fondamental de la rareté des ressources. La gestion de la
rareté passe par des choix rationnels. Comment les agents économiques font-ils des choix
efficaces ? Telle est le problème que tente de résoudre la théorie du consommateur.
Le présent chapitre est constitué de deux sections :
- Dans une première section, nous formaliserons le problème de choix du consommateur en
introduisant un certain nombre d'outils analytiques. Nous aborderons en particulier le
raisonnement économique qui se fait à l'aide des courbes d'indifférence.
- Dans une seconde section, nous verrons comment se déduit la fonction de demande à partir
de la fonction de préférence.

Section I. La théorie des choix du consommateur

Lorsqu'un agent économique décide d'acheter un bien à un certain prix, il effectue un double
choix. D'une part, il choisit un bien pour satisfaire un besoin parmi d'autres besoins. D'autre
part, il choisit de consacrer une partie de son revenu à la satisfaction de ce besoin.
Hypothèses
- On suppose que le consommateur prend des décisions rationnelles : il connaît toutes les
possibilités d'emploi de son revenu pour satisfaire ses besoins. Son objectif est de maximiser sa
satisfaction.
- On suppose, par ailleurs, que le consommateur a une certaine fonction de préférence qui reflète
ses goûts et ses habitudes de consommation, pour tous les biens qu'il peut consommer.
Eléments du problème
Le problème du choix peut être posé de la manière suivante : un consommateur dispose d'un
revenu R qu'il doit dépenser entièrement à l'achat de deux biens X et Y dont les prix sont
respectivement Px et Py. Comment ce consommateur doit-il répartir son revenu R afin de
maximiser sa satisfaction ?
Si l'on définit l'utilité d'un bien comme la capacité accordée à ce bien de satisfaire un besoin,
on dira que le consommateur cherche à maximiser l'utilité totale que lui donne la consommation
des biens X et Y.
Dans l'analyse économique, on distingue deux approches de repérage de l'utilité : l'approche
cardinale et l'approche ordinale.

1
Cf. Renaud J. F. et Tabourin N E., "Les grandes fonctions économiques, la production et les dépenses",
Editions Ellipses, 1998.

1
I.1. L'approche cardinale de l'utilité
Selon l'approche cardinale, pour résoudre le problème du choix, il est nécessaire de quantifier
l'utilité. Cela suppose que l'utilité soit "mesurable" et "commensurable". On fait alors référence
au concept d'utilité cardinale. L'approche cardinale admet ainsi la possibilité de mesurer l'utilité
des biens. Deux mesures de l'utilité existent : l'utilité totale (UT) et l'utilité marginale (Um).
I.1.1. Utilité totale et utilité marginale : cas discret
Application 1

Dans le tableau suivant, on associe à chaque quantité d'un bien X le niveau d'utilité totale liée
à sa consommation.
Quantité du bien X (Qx) 1 2 3 4 5 6 7 8
Utilité totale de X (UTx) 60 110 145 170 185 195 195 185

L'unité de mesure de l'utilité peut représenter l'indice de satisfaction. On peut supposer aussi
que 1 unité de X procure 60 utils, 2 unités procurent 110 utils. L'util représente une unité de
mesure imaginaire de l'utilité cardinale.
Il existe donc une relation (fonction) entre l'UT et la quantité consommée d'un bien. On définit
l'Um par le rapport de la variation de l'UT sur la variation de la quantité.
ΔUTX
Um X =
Δx
Si x = 1, alors l'utilité marginale est l'utilité de la dernière unité consommée du bien X.
Définition

L'utilité marginale est la satisfaction additionnelle procurée par la consommation d'une unité
additionnelle du bien X.
Quantité du bien X Qx 1 2 3 4 5 6 7 8
Utilité marginale (Umx) 60 50 35 25 15 10 0 -10

Dans le tableau précédent, on remarque que l'utilité marginale du bien X est décroissante. En
effet, la décroissance de l'Um est une loi issue des observations faites par les premiers
théoriciens de l'école marginaliste. Elle a été généralisée à l'ensemble des biens. Cette loi, mise
en évidence par Ernest Gossen, s'énonce en ces termes : "L'intensité d'un plaisir qui se prolonge
finit par s'éteindre au point de satiété ; au-delà de ce point le plaisir se transforme en peine 2".
Cela se traduit économiquement par la décroissance de l'Um et du prix du bien.
Dans les cas des variations discrètes, l'utilité totale est obtenue par la sommation horizontale
n
des utilités marginales de chacune des unités du bien, soit UTX =  Um xi .
i =1

Par exemple, UTx=2= 60 + 50 = 110.


I.1.2. Utilité totale et utilité marginale : cas continu

2
Cf. Gauthier G. et Leroux F., "Microéconomie, théorie et applications", Editions Gaëton Morin, 1988.

2
Si les variations des quantités du bien X ne sont pas unitaires, mais infinitésimales (infiniment
petites : x tend vers 0), on supposera qu'il existe une relation fonctionnelle entre l'UT et la
quantité de bien X.
ΔUTx UTx
UTx = f(x), alors Um X = lim Δx →0 = = ( UT)'
Δx x
n
L'utilité marginale est donc la dérivée de l'utilité totale, et UTX =  Um x .dx .
0

Remarque : Allure de la fonction d'utilité

Compte tenu de la loi de la décroissance de l'utilité marginale, la courbe représentative de l'Um


est sans cesse décroissante. Cela signifie que la fonction d'UT est croissante à un taux
décroissant.
UT
Um
S

UT
I de
l'utilité

0
Um x

- De 0 jusqu'à I (point d'inflexion) : l'utilité totale augmente selon un taux croissant et l'utilité
marginale est croissante.
- Entre I et S (point de satiété) : l'utilité totale augmente selon un taux décroissant et l'utilité
marginale est décroissante mais positive.
- Au point de satiété S : l'utilité totale est maximale et l'utilité marginale est nulle.
- Au-delà du point S : l'utilité totale est décroissante et l'utilité marginale est négative.
I.1.3. Choix du consommateur quand les prix sont identiques
Soit deux biens X et Y dont les prix sont respectivement Px et Py. R étant le revenu du
consommateur. UTX = f(x) et UTY = f(y).
Soit x1 et y1 une première affectation du revenu telle que x1.Px + y1.Py est égal au revenu R.
La combinaison (x,y) ne serait optimale que si Umx=Umy. En effet, si par exemple Umy est
supérieur à Umx, la substitution du bien Y au bien X permet d'augmenter l'utilité totale. Ainsi,
les quantités à choisir pour maximiser la satisfaction (UT) sont celles telles que :
Umx = Umy sachant que R = x.Px + y.Py
I.1.4. Choix du consommateur quand les prix sont différents
Si les prix des biens sont différents, le consommateur va comparer non plus les utilités
marginales de chaque bien, mais les utilités marginales par unité monétaire dépensée.

3
Exemple
Soit deux biens X et Y tels que :
- Pour le bien X: Px = 4 et Umx = 20 ;
- Pour le bien Y: Py = 2 et Umy = 10.
Il n'y aura pas de différence entre consommer une unité du bien X ou une unité du bien Y,
puisque le critère de choix sera l'utilité marginale par unité monétaire dépensée appelée aussi
utilité marginale pondérée.
Ainsi, la règle d'optimisation du choix du consommateur est l'égalisation des utilités marginales
pondérées des biens.
Um X Um Y
= , sachant que R = x.Px + y.Py
PX PY
Cette règle est connue sous le nom de la deuxième loi de Gossen.
En d'autres termes, il y a rationalité du comportement si chaque unité monétaire dépensée donne
la même satisfaction.
Remarque : Cette loi peut être généralisée au cas de n biens.

Um1 Um 2 Um 3 Um n
= = = ... =
P1 P2 P3 Pn
Application 2
Soit deux biens X et Y dont les utilités totales sont données par le tableau ci-après.
Quantité du bien X (Qx) 1 2 3 4 5 6
Utilité totale de X (UTx) 200 300 350 360 360 350
Utilité totale de Y (UTY) 200 350 400 430 430 420

Les prix des biens X et Y sont respectivement de 2 et 1 dh.


1. Comment le consommateur disposant d'un revenu de 7 dh devra-t-il répartir son revenu afin
d'obtenir le maximum de satisfaction ?
2. Calculer l'utilité totale obtenue par le consommateur.
Solution

Calculons les Um et les Um pondérées des biens X et Y.


Quantité du bien X (Qx) 1 2 3 4 5 6
Um de X= ΔUTX 200 100 50 10 0 -10
Δx
Um x Um X
= 100 50 25 5 0 -5
Px 2
Um Y Um Y
= 200 150 50 30 0 -10
PY 1

1. Détermination de la combinaison optimale des biens


La règle d'optimisation d'utilité est :
Um X Um Y
= , sachant que R = 7 = x.Px + y.Py
PX PY

4
D'après le tableau, Um X = Um Y = 50 ; ce qui correspond à :
PX PY
2 unités du bien X, soit une dépense égale à : x.Px = 2.2 = 4 dh.
3 unités du bien Y, soit une dépense égale à : y.Py = 3.1 = 3 dh.
Le revenu est entièrement dépensé puisque : x.Px + y.Py= 4 + 3= 7 dh.
On dira que le panier optimal de consommation est représenté par la combinaison (x=2 , y=3).
2. Calcul de l'utilité totale
L’utilité totale du consommateur est : UT(x,y) = UTx + UTy
2
UTX = UT2 = 300 =  Um xi = 200 + 100
i =1
3
UTY = UT3 = 400 =  Um yi = 200 + 150 + 50
i =1

Enfin, UT = 300 + 400 = 700


I.2. L'approche ordinale de l'utilité
Selon l'approche ordinale, pour résoudre le problème du choix, il n'est pas nécessaire que le
consommateur puisse mesurer des utilités ; il est seulement nécessaire qu'il puisse classer des
utilités. Dans le cadre de cette approche, ce qui est exigé du consommateur rationnel c'est
uniquement la capacité de classer et d'ordonner ses préférences.
Pour être rationnel, le consommateur doit obéir à un certain nombre de postulats de préférence.
a. Dans deux situations possibles S1 et S2, le consommateur est capable de dire s'il préfère S1 à
S2, S2 à S1, ou s'il est indifférent entre S1 et S2 ;
b. Une seule des trois possibilités précédentes est possible ;
c. Si le consommateur préfère S1 à S2 et s'il préfère S2 à S3, alors il préfère S1 à S3. C'est
l'hypothèse de la transitivité des choix rationnels.
Le passage d'une approche cardinale à une approche ordinale d'utilité permet de développer un
certain nombre de concepts nouveaux.
I.3. Les courbes d'indifférence ou d'iso satisfaction
Pour simplifier, nous supposons que le consommateur n'a le choix qu'entre deux biens X et Y.
Soit une fonction d'utilité liant le niveau de satisfaction aux quantités consommées de biens X
U U
et Y: U = f(x,y) telle que  0 et 0 .
x y
(Um supérieure à 0: hypothèse de non saturation du besoin).
I.3.1. Notion de courbe d'indifférence (CI)
Définition
Une courbe d'indifférence (ou courbe d'iso satisfaction) est le lieu géométrique de points
représentatifs des combinaisons x et y qui donnent le même niveau de satisfaction.
Graphiquement, la courbe d'indifférence est représentée de la façon suivante :

5
y

Figure : Courbe d'indifférence


yA=yC A C

B I2
yB
I1
xA xC xB x

- Les points A et B appartiennent à la même courbe d'indifférence (I1), par conséquent le couple
de consommation (xA,yA) est équivalent pour le consommateur au couple de consommation
(xB,yB).
Dans ce cas UA= f(xA,yA) est identique à UB = f(xB,yB). C'est-à-dire que le niveau de satisfaction
est le même en A qu'en B.
- Le point C représentatif d'un couple (x,y) tel que xC supérieur à xA et yC = yA n'appartient pas
à la courbe d'indifférence (I1), car le niveau de satisfaction est plus élevé (I2). L'ensemble des
combinaisons (x,y) donnant la même satisfaction que (xC,yC) définit une nouvelle courbe
d'indifférence.
Un ensemble de courbes d'indifférence forme une carte d'indifférence.
I.3.2. Propriétés des courbes d'indifférence
Cinq propriétés caractérisent les courbes d'indifférence :
1. La pente d'une courbe d'indifférence est toujours négative. Cela signifie que si on augmente
la quantité d'un bien il faut diminuer la quantité de l'autre bien pour garder le même niveau de
satisfaction.
2. Les courbes d'indifférence sont convexes par rapport à l'origine ; c'est-à-dire, si on se déplace
sur une courbe d'indifférence de gauche à droite le bien X devient de plus en plus abondant et
le bien Y de plus en plus rare.
Sur une courbe d'indifférence, et pour un même niveau de satisfaction, le consommateur est
disposé à céder une grande quantité du bien abondant pour avoir une unité du bien rare.
Inversement, le consommateur accepte de se démunir d'une unité du bien rare seulement si, en
contrepartie, il peut obtenir beaucoup d'unités du bien qu'il a déjà en abondance.
y

A
∆y
B

C
∆y D
I

x
∆x ∆x
6
De A à B : y  x car Y est abondant et X rare ;
De C à D : y  x car X est abondant et Y rare.
3. Plus on s'éloigne de l'origine, plus le niveau de satisfaction est élevé. Cela signifie qu'une
courbe d'indifférence située au-dessus et à droite d'une autre courbe procure au consommateur
une satisfaction plus élevée.
4. Deux courbes d'indifférence ne peuvent pas se couper. En effet, imaginons deux courbes
d'indifférence (I1) et (I2) qui se coupent en un point C.

y
A = C et B = C, par transitivité A= B.
Or, cela est impossible car A  B (I1 ≠ I2).
B A
On ne peut pas préférer et être indifférent
à la fois.

I1

I2
x
5. Quelle que soit la combinaison (x,y) elle appartient à une courbe d'indifférence. C'est la
densité des courbes d'indifférence.
I.4. Le Taux Marginal de Substitution (TMS)
Lorsque l'on passe d'un point à un autre sur une même courbe d'indifférence, la quantité d'un
bien augmente alors que celle de l'autre bien diminue tout en gardant le même niveau de
satisfaction. Il existe donc aux différents points de la courbe d'indifférence des taux d'échange
différents de X et de Y. Ces taux d'échange sont mesurés par le taux marginal de substitution.
y

6 A
∆y
B
3
∆x I

2 4 x
I.4.1. Définition du TMS lorsque les variations des quantités des biens sont discrètes
Le TMS du bien X au bien Y mesure la quantité du bien X que le consommateur exige pour
accepter de renoncer à une unité supplémentaire du bien Y et garder le même niveau de
satisfaction (c'est-à-dire rester sur la même courbe d'indifférence). Cette quantité varie selon
le point de la courbe sur lequel on se trouve.
Le TMS mesure le taux auquel le consommateur est prêt à faire un échange, tout en gardant le
même niveau de satisfaction.

7
En termes mathématiques, le taux marginal de substitution exprime la vitesse instantanée à
laquelle on doit renoncer à un bien pour obtenir une quantité infinitésimale de l’autre bien, et
cela en chaque point de la courbe.
Δq y
TMS x/y =
Δq x

I.4.2. Définition du TMS lorsque les variations des quantités des biens sont continues
Dans le cas continu, le TMS de x à y est défini en un point de la courbe d'indifférence de la
façon suivante :
Δy y
TMS x/y = limΔx → 0 ou bien TMS x/y = = y'
Δx x
y' étant la dérivée de la fonction y = f(x) qui est l'expression de la courbe d'indifférence.
Exemple

Soit une fonction d'utilité de la forme U = f(x,y) = x.y


U − U − x.y − y
y = f(x) =
 y' = 2 = 2 =
x x x x
Le TMS devient un taux d'échange instantané en un point de la courbe d'indifférence. Le TMS
est donc une notion ponctuelle.
Graphiquement, le TMS en un point mesure la pente de la courbe d'indifférence.
I.4.3. Propriétés du TMS
1. Le TMS est une notion ponctuelle : sa valeur change continuellement sur une courbe
d'indifférence.
2. Le TMS est négatif. En effet, l'accroissement de la quantité d'un bien s'accompagne de la
diminution de la quantité de l'autre bien pour maintenir constant le niveau de satisfaction.
Δy
TMS x/y = : ∆y < 0 et ∆x > 0.
Δx
3. La valeur absolue du TMS est décroissante. En effet, l'utilité marginale du bien X diminue
lorsque la quantité de X augmente, alors que l'utilité marginale du bien Y augmente lorsque la
quantité de y diminue (voir plus loin l'expression économique du TMS).
I.4.4. Relation entre le TMS et l'utilité marginale
Considérons le graphique suivant :

8
y

yA A

∆y
B C
YB= Yc
I2
I1

xA=xB xC x
∆x

Cas discret

Pour mettre en évidence la relation qui existe entre le TMS et l'utilité marginale on se réfère au
schéma ci-dessus.
Δy
TMSx/y =
Δx
Au point B, xA = xB ; mais yB < yA donc I1 < I2. Cette diminution de l'utilité totale (de A à B) est
due à la diminution de la quantité du bien Y.
Diminution de l'UT = Umy . ∆y
Au point C, yB=yC ; mais xC > xB donc I2 > I1. L'accroissement de l'UT (de B à C) est dû à
l'augmentation de la quantité du bien X.
Accroissement de l'UT = Umx . ∆x
Du point A au point C, l'utilité totale reste la même. D'où :
Diminution de l'UT = Accroissement de l'UT
Autrement dit : Umy.∆y = - Umx.∆x ou bien Umy.∆y + Umx.∆x = 0
Soit : − Δ Y = Um X
ΔX Um Y

D'où, TMS X/Y = Um X : expression économique du TMS.


Um Y

Ainsi le TMSx/y est égal au rapport (négatif) des Um des biens X et Y.


Cas continu

Sur une courbe d'indifférence, la variation de l'utilité totale est nulle. On peut donc écrire
dUT=0.

Or, dUT = dUT .dx + dUT .dy = 0


dx dy

UmX.dX + Umy.dy = 0 ; d'où UmX.dX = - Umy.dy

9
ou bien, − dy = Um X d'où TMS X/Y = Um X
dx Um Y Um Y

I.5. Introduction de la contrainte budgétaire


Le consommateur cherche à maximiser, sous contrainte, sa satisfaction. Cette contrainte est le
budget disponible (le revenu).
Soit R le budget dont dispose le consommateur pour les biens X et Y. Si P x et Py sont
respectivement les prix des biens X et Y, on peut écrire R = x. Px + y. Py ; où
x.Px représente le budget consacré à l'achat du bien X.
y.Py représente le budget consacré à l'achat du bien Y.
Cette formule s'écrit d'une autre façon : y = − Px .x + R
Py Py
− Px
Il s'agit de l'équation d'une droite dont la pente est et dont l'ordonnée à l'origine est R .
Py Py
Cette droite s'appelle la ligne du budget.
Représentation graphique de la ligne du budget
y

Impossible

A
C
Faisable

0
x

- La droite de budget est définie comme la droite reliant les paniers de biens qui, à prix donnés,
occasionnent une dépense exactement égale au revenu donné du consommateur. Les points
situés sous cette droite (point C) représentent des biens pour lesquels la dépense est inférieure
au montant du revenu disponible (il y a donc épargne). Les points situés au dessus de cette
droite (point B), représentent des biens pour lesquels la dépense est supérieure à ce revenu (il y
aurait donc emprunt).
- Ainsi, la droite de budget apparaît comme une frontière entre les choix accessibles et les choix
inaccessibles au consommateur, étant donné son revenu et les prix des deux biens. On pourrait
appeler la droite de budget la "droite des possibilités de consommation". C'est l'hypothèse de
prix donnés indépendamment du comportement du consommateur qui donne au budget la forme
d'une droite plutôt que d'une courbe.
− Px
- La pente de la droite de budget est égale à l'inverse du rapport des prix des biens .
Py
- Les points d’intersection entre la droite du budget et les axes des biens représentent les
quantités qu'il est possible d'atteindre lorsque le budget est totalement dépensé pour un seul
bien.

10
R R
x= et y = .
Px Py
Remarque : Déplacement de la droite de budget

⬧ Quand le revenu du consommateur augmente, il peut dépenser plus pour chacun des biens,
la droite de budget se déplace vers la droite.
⬧ Inversement, quand le revenu diminue, la droite de budget se déplace vers la gauche.
R
⬧ Si le prix du bien X change, le rapport change, ce qui déplacera la droite de budget
Px
du côté de x. Le même effet aura lieu si le prix du bien Y change.
⬧ Ainsi, le déplacement de la droite de budget est la conséquence de la variation du revenu ou
des prix des biens.
I.6. Recherche de l'équilibre du consommateur
Nous venons de développer un ensemble d'éléments qui influencent le comportement du
consommateur : ses préférences, son revenu et les prix des biens. Nous pouvons déterminer son
choix de consommation ou point d'équilibre du consommateur à prix, revenu et préférences
donnés.
Il existe différentes méthodes d'optimisation de la satisfaction. Nous présenterons
essentiellement les méthodes graphique et algébrique.
I.6.1. Equilibre du consommateur par la méthode graphique
L'équilibre du consommateur est défini comme la combinaison des biens (x,y) préférée par le
consommateur parmi toutes celles qui lui sont accessibles dans les limites de son budget.
Soit le graphique suivant :
y

D
A
Point d'équilibre

yc C
I3
I2
B
I1
xc x

Figure : choix du consommateur

Le consommateur peut choisir la combinaison A équivalente à B. ce choix est possible puisque


A et B appartiennent à la droite de budget. Cependant, la combinaison C est aussi possible et
elle procure un niveau de satisfaction supérieur (I2>I1).

11
Le consommateur a donc intérêt à se déplacer vers des courbes d'indifférence plus éloignées de
l'origine. Ce déplacement s'arrête lorsque la courbe d'indifférence la plus élevée devient juste
tangente à la droite de budget. Cette situation est représentée par le point C.
Ainsi, l'équilibre du consommateur est donné graphiquement par le point de tangence de la
droite de budget à la courbe d'indifférence.
I.6.2. Propriétés de l'équilibre du consommateur
Au point d'équilibre, la droite du budget est tangente à une courbe d'indifférence. La pente de
dy
la tangente à la courbe d'indifférence est mesurée par = TMSx/y.
dx
Or, par construction la pente de la tangente est égale à la pente de la droite de budget à savoir
− Px
Py
Donc au point d'équilibre :

TMSx/y= − dy = Px ; ou bien TMSx/y = Um x = Px


dx Py Um y Py
Le rapport des gains marginaux de satisfaction est égal au rapport des prix.

Au point C : TMSx/y =
C
yC

I2

xC x

I.6.3. Equilibre du consommateur par la méthode algébrique


Algébriquement, l'équilibre du consommateur est obtenu par la confrontation de la fonction
d'utilité avec l'équation de budget. Les méthodes généralement utilisées sont :
- Méthode de substitution ;
- Méthode de multiplicateur de Lagrange ;
- Méthode du TMS à l'équilibre.
Ces différentes méthodes seront illustrées par un exemple.
Application 3
Un consommateur possède la fonction d’utilité suivante :
U = f(x,y) = x.y
x et y sont respectivement les quantités consommées des biens X et Y.

12
On suppose par ailleurs que la contrainte budgétaire de ce consommateur est :
R = x.Px + y.Py ; où R désigne le revenu et, Px et Py les prix respectifs des biens X et Y. On
suppose par ailleurs que R=400, Px=4 et Py=10.
1. Calculer l'expression du TMSx/y.
2. Calculer l'équation de la droite de budget.
3. Déterminer les quantités des biens X et Y qui correspondent à l’utilisation optimale du revenu
de ce consommateur.
4. Supposons que ce consommateur souhaite réaliser un niveau d’utilité U=1300, calculer le
revenu minimum qui lui est nécessaire.
Corrigé
1. Expression du TMSx/y
a- Expression algébrique du TMSx/y
Fonction d'utilité : U = f(x,y) = x.y
dy
TMSx/y = =y' où (y=f(x) est une fonction représentée graphiquement par la courbe
dx
d'indifférence).
U
U = f(x,y) = x.y  y = = f(x).
x
U est le niveau de satisfaction, donc c'est une constante.
− U − (x.y) − y dy − y
y' = f' (x) = 2 = 2
= ; donc TMSx/y = =
x x x dx x
b- Expression économique du TMSx/y
Umx dU dU
TMSx/y = ; or Umx = = et
y Umy = =x
Umy dx dy
Umx y
D'où : TMSx/y = Umy = x

2. Expression de la droite du budget


On a Px=4 dh ; Py=10 dh et R=400 dh.
Px R −4 400 −2
y=− .x + = .x + y= .x + 40 = f(x )
Py Py 10 10 5

−2
La droite du budget a donc pour équation : y = f(x) = .x + 40
5
3. Recherche de la combinaison optimale des biens
Il existe différentes méthodes pour résoudre le problème de choix du consommateur.
a- Méthode de substitution
Maximiser U = f(x,y) = x.y ; sous la contrainte 400 = 4.x + 10.y

13
−2
Equation de la droite du budget : y = f(x) = .x + 40
5
−2
On remplace y par .x + 40 afin de transformer la fonction d'utilité en une fonction à une
5
seule variable.
−2 −2 2
U = x.y = x( .x + 40) = x + 40x = f(x)
5 5
U est maximale si U'=0 et U''<0
⬧ Condition de premier ordre : U' = f'(x) = 0
−4 4
U' = f' (x) = .x + 40 = 0  x = 40
5 5
200 −2
Soit 4x = 200 et x = = 50 si x = 50 alors y = .(50) + 40 = 20
4 5
⬧ Condition de second ordre : U'' = f''(x ) < 0
−4
U' ' = f' ' (x) = 0
5
Donc U est maximale pour les valeurs x0 = 50 et y0 = 20
Le niveau de satisfaction correspondant à cette combinaison est :
U = 50.20 = 1000
b- Méthode de Lagrange

Maximiser U = f(x,y) = x.y ; sous la contrainte 400 = 4.x + 10.y


En appliquant la méthode de Lagrange, on obtient la fonction L telle que :
L = fonction-objectif +  .(fonction-contrainte=0)
L = f(x,y) +  .(R – x.Px – y.Py)
L = f(x,y) +  .(400 – 4.x – 10.y)

Cette fonction nécessite deux conditions.


⬧ Condition de premier ordre : L'=0
L y
L' x = = y − 4λ = 0  λ = (1)
x 4
L x
L' y = = x − 10λ = 0  λ = (2)
y 10
L
L' λ = = 400 − 4x − 10y = 0 (3)
λ
y x 4x
(1) et (2) : =  4x = 10y soit y =
4 10 10

Dans (3), on remplace y par 4.x


10

14
4x 400
400 = 4 x + 10.( ) = 8 x soit x = = 50 4.50
10 8 d' où y = = 20
10
⬧ Condition de second ordre

 2L  2L  2L
x 2 xy xλ
 2L  2L  2L doit être supérieur à 0
yx y 2 yλ

 2L  2L  2L
λx λy λ 2

D est le déterminant d’ordre 2 de la matrice hessienne bordée des coefficients des  2 L .

0 1 -4
D= 1 0 -10
-4 -10 0

Plusieurs méthodes peuvent servir pour calculer ce déterminant. Par la méthode de Sarrus, la
valeur de D sera égale à la différence entre la somme des produits des diagonales principales
et la somme des produits des diagonales secondaires.

0 1 -4 0 1
1 0 -10 1 0
-4 -10 0 -4 -10

D = (0 + 40 + 40) – (0 + 0 + 0) = 80

La valeur de ce déterminant étant positive,  L  0 , l'extremum trouvé est donc un maximum.


2

c- Méthode du TMS à l'optimum

A l'équilibre, TMSx/y = Umx = Px


Umy Py
Um x y Px 4 4x
= = =  10y = 4x  y =
Um y x Py 10 10

4.x
Par ailleurs, 400 = 4.x + 10.y = 4x + 10( ) = 8.x ; d'où x = 50
10
4.50
Si x = 50 alors y = = 20
10

15
4. Minimisation sous-contrainte

Le problème d'optimisation par minimisation peut s'écrire de la façon suivante :


Minimiser R = 4.x + 10.y

Sous la contrainte U = 1300 = x.y

L = fonction_objectif +  .(fonction_contrainte=0)
L = 4.x + 10.y +  (1300 – x.y)
L 4
L' x = = 4 − λy = 0  λ = (1)
x y

L 10
L' y = = 10 − λx = 0  λ = (2)
y x

L
L' λ = = 1300 − xy = 0 (3)
λ
4 10 4x
(1) et (2) : =  4x = 10y soit y =
y x 10
4.x
Dans (3), on remplace y par ( )
10
2
4x 4x 13000
1300 = x.( )= soit 13000 = 4 x et x = 2 2
= 3250
10 10 4
4.57
x = 3250 = 57 ainsi y = = 22,8
10
Enfin, Revenu minimum = 4.(57) + 10.(22,8) = 456

Section II. De la fonction de préférence à la fonction de demande

La demande optimale d'un bien se détermine à partir des meilleurs choix (maximisation de la
satisfaction sous la contrainte du budget et des prix des biens). La demande individuelle d'un
bien est une fonction qui dépend de plusieurs variables, en particulier le prix du bien et le
revenu.
Nous allons définir la fonction de demande d'un bien par rapport au revenu, puis par rapport au
prix. Nous expliquerons aussi l'effet de la variation du prix sur la demande des biens à travers
la décomposition de l'effet-prix en effet de substitution et effet de revenu.
II.1. La Courbe de Consommation-Revenu
Hypothèse : Variation du revenu à prix des biens constants (hypothèse ceteris paribus).

II.1.1. Définition
La courbe de consommation revenu est le lieu des points représentatifs des combinaisons
optimales des biens X et Y, lorsque le budget varie, les prix des biens étant constants.
Soit la carte d'indifférence suivante :

16
y

Courbe de
Consommation-Revenu
E3

E2
I3
E1
I2

I1

Le revenu passe de R1 à R2 et à R3 tel que R1<R2 <R3. Par conséquent la droite du budget se
déplace parallèlement à elle-même car les prix des biens PX et PY sont constants (
R1 R 2 R 3
  ). Les points d'équilibre successifs sont E1, E2 et E3.
Px Px Px
La ligne qui joint ces différents points d'équilibre forme la courbe de consommation revenu.
- Si la pente de la courbe de consommation revenu est positive, c'est-à-dire que la consommation
des biens X et Y augmente avec le revenu, X et Y sont dans ce cas deux biens normaux.
- Si la pente de la courbe de consommation revenu est négative, un des deux biens est un bien
inférieur, c'est-à-dire que la consommation du bien diminue quand le revenu augmente.
II.1.2. Déduction de la courbe d'Engel
C'est à partir de la courbe de consommation revenu que nous allons dériver une autre courbe :
celle qui relie les quantités d'un bien lorsque les prix des biens sont constants et que le revenu
augmente. Cette courbe s'appelle la courbe d'Engel. En effet, selon Engel la variation du revenu
s'accompagne de la variation de la consommation des biens.
y

Courbe de
Consommation-Revenu
E3

E2
I3
E1
I2

I1

17
R R

R3 R3
Courbe d'Engel Courbe d'Engel
pour le bien X pour le bien Y
R2 R2

R1 R1

x1 x2 x3 x y1 y2 y3 y

De manière générale, la courbe d'Engel est une courbe croissante. Les quantités demandées
augmentent lorsque le revenu augmente : c'est le cas des biens normaux. La quantité demandée
peut être décroissante dans le cas où l'un des deux biens est un bien inférieur.
II.1.3. Déduction algébrique des courbes d'Engel
Application 4
Reprenons l'exemple de l'application 3 : U = f(x,y) = x.y
Si le revenu devient variable alors que les prix des biens sont constants (Px=4 et Py=10),
déterminons les équations des courbes d'Engel pour les biens X et Y.
- Variation du revenu à prix des biens constants
Soit R un revenu quelconque, Px = 4 et Py = 10
Maximiser U = f(x,y) = x.y

Sous la contrainte R = 4.x + 10.y

Umx Px
A l'équilibre, TMSx/y = =
Umy Py
Um x y Px 4 4x 10y
= = =  10y = 4x  y = et x =
Um y x Py 10 10 4

Fonction d'Engel pour le bien X


4x
R = 4x + 10y = 4x + 10. = 8x
10
R
D' où x = = f ( R) : c' est la fonction d' Engel pour X.
8

R 400 456 800


R
x= 50 57 100
8
Fonction d'Engel pour le bien Y
10y
R = 4x + 10y = 4. + 10y = 20y
4

18
R
D' où y = = f(R) : c' est la fonction d' Engel pour Y.
20

R 400 456 800


R
y= 20 22,8 40
20
II.2. La courbe de consommation-prix
Hypothèse : variation du prix d'un bien à prix de l'autre bien et revenu constants (hypothèse
Ceteris paribus).
Px
La variation du rapport des prix à revenu constant fait apparaître deux courbes associées :
Py
la courbe de consommation prix (ou courbe de niveau de vie) et la courbe de demande du bien
dont le prix a varié.
II.2.1. Définition de la courbe de consommation-prix
La courbe de consommation-prix est le lieu des points représentatifs des combinaisons
optimales (points d'équilibre) des biens X et Y, lorsque pour un budget donné, on fait varier le
prix d'un bien, le prix de l'autre bien restant constant.
Données : soit R le revenu constant. PX et PY les prix des biens X et Y tels que : PY est constant
R R
et PX diminue. Par conséquent le rapport reste constant alors que le rapport augmente.
Py Px
Ainsi, on construit la carte d'indifférence suivante :
y

E1 Courbe de
y1 consommation prix
E2 du bien X
y2 E3
y3
I1
I3
I2

x1 x2 x3 x

Lorsque le prix du bien X diminue ( R  R  R ), la ligne du budget se déplace mais passe


P1 P2 P3
R
toujours par le point . La diminution successive de PX entraîne de nouvelles répartitions du
Py
revenu, donc de nouvelles combinaisons x et y optimales (E 1, E2, E3).

19
Le point de départ de la courbe de consommation prix est R car si PX est très élevé le
Py

consommateur n'achètera que le bien Y. La quantité de Y sera dans ce cas y = R .


Py
En cas de variation de PY, R et PX constants, on aura une courbe de consommation prix du bien
Y de la forme suivante :
y

Courbe de
y3 consommation-prix
du bien Y
E3

I3
y2 E2

y1 E1 I2
I1

x3 x2 x1 x

II.2.2. Déduction de la courbe de demande


La demande d'un bien se déduit des conditions de maximisation de l'utilité. C'est donc une
demande optimale basée sur un calcul économique rationnel. C'est à partir de la courbe de
consommation prix qu'on établit la liaison entre le prix et la quantité d'un bien. La courbe de
consommation prix nous donne les quantités optimales demandées pour chaque niveau de prix.
y

y1 E1 Courbe de
consommation prix
E2 du bien X
y2 E3
y3
I1
I3
I2

Px x1 x2 x3 x

P1 A
Courbe de demande :
x = f(Px)
P2 B
P3 C

x1 x2 x3 x 20
Graphique : Déduction de la courbe de demande à partir la courbe de consommation prix

De par la définition même de la courbe de consommation prix, le revenu et le prix du bien Y


sont constants. Par conséquent, la variation de la quantité du bien X est due exclusivement à la
variation du prix du bien X.
La courbe de demande met en évidence la relation qui existe entre le prix de X et la quantité de
X, les autres éléments (R et PY) étant constants.
On constate que lorsque le prix de X diminue (en passant de Px1 à Px3), la quantité de X
augmente (en passant de x1 à x3). Il existe donc une relation inverse entre le prix et la quantité
demandée. Cette relation, connue sous le nom de loi de la demande, est traduite par la pente
négative de la fonction de demande.
II.2.3. Déduction algébrique de la courbe de demande
Application 5

Reprenons l'exemple de l'application 3 : U = f(x,y) = x.y


Supposons que le prix de l'un des biens devient variable (R et prix de l'autre bien sont constants),
déterminons les équations de la demande des biens X et Y en fonction de leurs prix.
- Variation des prix des biens à revenu constant
⬧ Variation du prix du bien X : Fonction de demande du bien X
Soit Px quelconque, R = 400 et Py = 10
Maximiser U = f(x,y) = x.y

Sous la contrainte 400 = x.Px + 10.y

Um x Px
A l'équilibre, TMSx/y = =
Umy Py
Um x y Px Px xPx
= = =  10y = xPx  y =
Um y x Py 10 10
xPx
400 = x.Px + 10y = x.Px + 10(x. ) = 2.x.Px
10
400
D' où x = = f(Px) : c' est la fonction de demande du bien X.
2Px
Px 4 6 10
400
x= 50 33,33 20
2Px
⬧ Variation du prix du bien Y: Fonction de demande du bien Y
Soit Py quelconque, R = 400 et Px = 4
Maximiser U = f(x,y) = x.y

Sous la contrainte 400 = 4.x + y.Py

21
Um x Px
A l'équilibre, TMSx/y = =
Umy Py
Um x y Px 4 yPy
= = =  4x = y.Py  x =
Um y x Py Py 4

400 = 4.x + y.Py = 4(y.Py/4) + y.Py = 2.y.Py


400
D' où y = = f(Py) : c' est la fonction de demande du bien Y.
2Py

Py 10 15 20
400
y= 20 13,33 10
2 Py

II.3. Effet-prix, effet de revenu et effet de substitution


La courbe de consommation prix montre qu'un changement dans le prix d'un bien se traduit, en
général, par un réajustement dans les quantités des deux biens. Ce réajustement est connu sous
le nom d'effet-prix. Cet effet-prix peut se décomposer en deux effets : un effet de substitution
et un effet de revenu.
En effet, un changement du prix d'un bien a deux conséquences :
- Tout d'abord, la combinaison optimale des biens est modifiée puisque le rapport des prix
change. Le consommateur aura tendance à augmenter la consommation du bien relativement
moins cher, et à diminuer la consommation du bien devenu relativement plus cher.
- D'un autre côté, le changement de prix d'un bien affecte le revenu réel (le pouvoir d'achat) du
consommateur. Ainsi, même si le revenu nominal reste constant, le revenu réel du
consommateur augmente si le prix d'un des biens diminue ; il diminue si le prix d'un des biens
augmente.
II.3.1. Définitions
L'effet de substitution est le changement enregistré dans les quantités des biens X et Y en
supposant que le revenu réel est resté constant.
L'effet de revenu est le changement enregistré dans les quantités des biens X et Y à la suite de la
seule variation du revenu réel.
Afin de mettre en évidence l'effet de substitution et l'effet de revenu, on doit mesurer le
changement dans le revenu réel lié au changement dans le prix. Deux méthodes peuvent être
utilisées : la méthode de Hiks et la méthode de Slutsky.
Selon la méthode de Hiks, le revenu réel reste constant si on peut obtenir le même niveau de
satisfaction, suite au changement de prix.
Selon la méthode de Slutsky, le revenu réel reste constant si on peut obtenir les mêmes quantités
des biens X et Y, suite au changement de prix.
II.3.2. Effet-prix, effet de revenu et effet de substitution selon la méthode de Hiks

22
PX
Supposons qu'au départ nous disposons d'un revenu R et d'un rapport de prix . Soit S1 le
PY
point représentatif de la situation optimale, les quantités respectives étant x1 et x2.

y
J

Effet-prix : effet de substitution


et effet de revenu
I
S2
ER Y2
Y1 S1
ES
Y0 S0
I2

I1

M L K
X1 X0 X2 x
ES ER

- Soit une baisse de prix du bien X (Px1 > Px2). Le nouveau point optimal est S2 appartenant à
une courbe d'indifférence plus élevée. Une baisse du prix d'un des biens s'est traduite par un
accroissement de la satisfaction. Le consommateur profite du nouveau prix bas du bien X pour
en accroître la quantité (x2 supérieur à x1). Le passage du point S1 au point S2 définit l'effet-prix.
- Traçons la droite IL, parallèle à la nouvelle ligne de budget JK et tangente à la courbe
d'indifférence initiale (I1) au point S0. En S0 la satisfaction est la même qu'en S1. Cependant, ce
niveau de satisfaction (S0=S1) peut être atteint avec un budget nominal plus faible R0.
Selon Hiks, le budget réel représenté par la droite IL, lorsque le prix Px a diminué, est
équivalent au budget représenté par la droite JM.
Le passage du point S1 au point S0 décrit l'effet de substitution. En effet, la diminution du prix
du bien X s'est traduite par une augmentation de la quantité de X (x=x0–x1) et une diminution
de la quantité de Y (y = y0 – y1).
- Après la baisse de Px, R0 est suffisant pour obtenir le même niveau de satisfaction, identique
à celui initialement obtenu (S0=S1), mais le consommateur dispose de R et non de R0 (R0 est un
revenu fictif). Cet accroissement du pouvoir d'achat a permis d'augmenter la satisfaction en
passant de S0 à S2.
Le passage de S0 à S2 décrit l'effet de revenu. En effet, l'augmentation du pouvoir d'achat
(revenu réel) s'est traduite par une augmentation à la fois de la quantité de X (x = x2 –xO) et
de Y (y = y2 –y0).
Ainsi l'effet prix (ou effet total) est la somme d'un effet de substitution (S1 à S0) et d'un effet
revenu (S0 à S2).

23
Le tableau suivant résume les conséquences de l'effet prix sur les quantités des biens X et Y.

Tableau n°2 : Méthodes de calcul des effets : ES, ER et ET

Variations des Effet de revenu


Effet de substitution Effet total
quantités des biens X (passage de S0 à
(passage de S1 à S0) (passage de S1 à S2)
et Y S2)

(x0 – x1) + (x2 – xO)


x x0 – x1 x2 – x0
= x2 – x1

(y0 – y1) + (y2 – y0)


y y0 – y1 y2 – y0
= y2 – y1

Application 6

Un consommateur consacre son revenu à l'achat de deux biens X et Y, dont les prix unitaires
sont Px et Py. Ses préférences sont représentées par la fonction d'utilité : U= f(x,y) = x.y - x , où
U désigne l'indice d'utilité ordinale, x et y étant les quantités consommées des biens.
1. Sachant que le revenu du consommateur est de 1000 dh et que les prix des biens X et Y sont
respectivement Px=10 et Py=10, déterminer la combinaison optimale des biens ainsi que
l’indice d’utilité correspondant.
2. Supposons que le prix du bien X diminue et s’établit à 5 dh, le prix du bien Y et le revenu
restant constants, calculer l’effet de la diminution de Px sur la consommation des biens X et Y
en distinguant l’effet de substitution et l’effet de revenu.
3. Vu les signes de ces effets, préciser le statut économique des biens X et Y.
Corrigé
1. Détermination de la combinaison optimale des biens : situation initiale (S 1)
Maximiser U= f(x,y) = x.y - x
Sous la contrainte R = 1000 = 10.x + 10.y
1000 = 10.x + 10.y ou bien 100 = x + y soit y = -x + 100
U = x.y - x  U = x.(-x + 100) – x = -x2 + 100.x – x
U = -x2 + 99.x
U est maximale si U'=0 et U''<0
99
U' = -2.x + 99 = 0  2.x = 99  x = = 49,5
2
y = -49,5 + 100 = 50,5
U''=-2<0 donc U est maximale pour x = 49,5 et y = 50,5.
(x = 49,5 ; y = 50,5) est le choix optimal du consommateur.
U1 =x.y – x = (49,5.50,5) – 49,5 = 2450,25
2. Diminution du prix du bien X

24
a. Situation finale (S2)
Maximiser U = f(x,y) = x.y - x
Sous la contrainte R = 1000 = 5.x + 10.y
L = x.y – x +  (1000 – 5.x – 10.y)
L'x = (y – 1) – 5.  = 0 (1)
L'y = x – 10.  = 0 (2)
L'  = 1000 – 5.x – 10.y = 0 (3)
(1) Um x Px y −1 5 1
 =  = =  x = 2.y − 2 à utiliser dans (3)
(2) Um y Py x 10 2
1000 = 5.x + 10.y = 5.(2y - 2) + 10.y = 10.y – 10 + 10.y
1010
1000 = 20.y – 10  20.y = 1010  y = = 50,5
20
x = 2.(50,5) – 2 = 99
(x=99 ; y=50,5) est le panier optimal de biens.
U2 = x.y – x = 99.(50,5) – 99 = 4900,5

b. Effets croisés : effet de substitution et effet de revenu

Afin de pouvoir distinguer entre les effets de substitution et de revenu l'on doit imaginer une
situation intermédiaire (S0).
Situation intermédiaire S0 : Quel est le revenu minimum R0 permettant au consommateur de
garder son niveau d'utilité initial U1, sachant que le prix du bien X a diminué ?
Répondre à cette question revient à minimiser R = 5.x + 10.y sous la contrainte U0 = 2450,25
= x.y - x
L = 5.x + 10.y +  (2450,25 – x.y + x)
L'x = 5 - y.  +  = 0  5 -  (y – 1) = 0 (1)
L'y = 10 - x.  = 0 (2)
L'  = 2450,25 – x.y + x = 0 (3)
(1) P Um x 5 1 y −1 x x
 x =  = =  = y −1  y = + 1 ;
(2) Py Um y 10 2 x 2 2
x
Dans (3) on remplace y par ( + 1) et on obtient :
2
x x2 x2
2450,25 = x.y - x = x.( + 1 )- x = +x−x =
2 2 2
x2 = 2.(2450,25) = 4900,5  x = 4900,5 = 70
70
y= + 1 = 36
2
R0 = 5(70) + 10(36) = 710

25
Le tableau ci-après résume les trois situations précédentes.

Situation PX PY x y U R y = a.x + b

Initiale S1 10 10 49,5 50,5 2450,25 1000 y = -x + 100

Intermédiaire 1
5 10 70 36 2450,25 710 y=- .x + 71
S0 2
1
Finale S2 5 10 99 50,5 4900,5 1000 y = - .x + 100
2

Calcul des valeurs de l'effet de substitution et de l'effet de revenu

Effet de substitution Effet de revenu Effet total


S1 → S0 S0 → S2 S1 → S2
x0 – x1 x2 – x0 x2 – x1
∆x
70 – 49,5 = +20,5 99 – 70 = +29 99 – 49,5 = +49,5
y0 – y1 y2 – y0 y2 – y1
∆y
36 – 50,5 = -14,5 50,5 – 36 = +14,5 50,5 – 50,5 = 0

Représentation graphique

100 Effet-prix :
effet de substitution
et effet de revenu
71

50,5 S1 S2
ES ER
36 S0
U2 = 4500,5

U1 = U0 = 2450,25

49,5 70 99 100 142 200 x


ES ER

Commentaire
- L'effet de substitution
La diminution du prix du bien X (à revenu réel constant) se traduit par la substitution du bien
X au bien Y. Ainsi la quantité du bien X augmente de 49,5 à 70 (ESX = +20,5) alors que celle
du bien Y diminue en passant de 50,5 à 36 (ESY = -14,5). Le consommateur a intérêt à procéder
à cette substitution puisque le bien Y dont le prix n'a pas changé devient relativement plus cher
que le bien X.
- L'effet de revenu

26
La baisse du prix du bien X augmente le revenu réel (pouvoir d'achat) du consommateur. Face
à cette augmentation du revenu, le consommateur augmente à la fois les quantités achetées des
biens. Ainsi, la quantité de X augmente de 70 à 99 (ERX = +29) et celle de Y augmente de 36
à 50,5 (ERY = +14,5).
- L'effet total
Pour le bien X, l'effet de revenu et l'effet de substitution se consolident :
∆x = ESX + ERX = 20,5 + 29 = 49,5.
Pour le bien Y, l'effet de revenu et l'effet de substitution s'annulent :
∆Y = ESY + ERY = -14,5 + 14,5 = 0. D'où la constance de y.
II.3.3. Relation entre effet de substitution et effet de revenu et nature des biens
On détermine l'effet de substitution et l'effet de revenu sous l'hypothèse de la variation du prix
de l'un des deux biens, le prix de l'autre bien et le revenu nominal étant constants. Cette variation
du prix affecte le revenu réel et le rapport des prix des biens.
Il existe une relation entre les signes de l'effet de substitution et de l'effet de revenu et la nature
des biens.
- La fonction de demande d'un bien normal est telle que la quantité demandée varie dans le
même sens que le revenu et dans le sens inverse du prix. On dit que cette fonction de demande
est une fonction directe du revenu et inverse du prix. Ayant ces caractéristiques, cette fonction
de demande est une fonction normale.
- La fonction de demande d'un bien a-normal est telle que la quantité demandée varie dans le
sens inverse du revenu et dans le même sens que le prix. On dit que cette fonction de demande
est une fonction inverse du revenu et directe du prix. Ayant ces caractéristiques, cette fonction
de demande est une fonction a-normale. Cela peut s'interpréter doublement :
1. Le bien est de première nécessité, et lorsque le prix du bien augmente ou lorsque le revenu
diminue, la quantité demandée augmente car les consommateurs ne peuvent pas acheter autre
chose. C'est "l'effet Giffen".
2. Le bien est un bien de luxe, et il est acheté d'autant plus qu'il est cher… et inversement. C'est
"l'effet Veblen" ou "snobisme".
Illustration : (suite de l'application 6)
PX
Le rapport des prix relatifs diminue suite à la baisse du prix du bien X. Le bien Y devient
PY
relativement plus cher puisque son prix reste constant. En effet :
P 10
Lorsque Px est égal à 10, le rapport X = = 1 ; autrement dit une unité du bien Y s'échange
PY 10
contre une unité du bien X.
PX 5
Lorsque Px diminue (5 au lieu de 10), le rapport devient = 0,5 ; c'est-à-dire une unité du
PY 10
bien Y s'échange contre 2 unités du bien X.

27
Les signes des effets de substitution et de revenu renseignent sur le statut économique des biens.
Pour le bien X
L'effet de substitution positif signifie que la quantité du bien a augmenté suite à la diminution
du prix. La quantité évolue dans le sens inverse du prix. Par ailleurs, l'effet de revenu de signe
positif signifie que la quantité a augmenté lorsque le revenu réel a augmenté. La quantité évolue
dans le même sens que le revenu.
La demande pour le bien X présente les caractéristiques d'une demande normale. Par
conséquent, le bien X est un bien normal.
Pour le bien Y
L'effet de substitution de signe négatif signifie que la quantité du bien a diminué ; Y étant
devenu relativement plus cher. La quantité demandée est donc une fonction inverse du prix
(prix relatif). D'autre part, l'effet de revenu de signe positif signifie que la quantité demandée et
le revenu varient dans le même sens.
La demande pour le bien Y présente également les caractéristiques d'une demande normale. Par
conséquent, le bien Y est un bien normal.

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