Vous êtes sur la page 1sur 5

Collectif des Etablissements Scolaires Privés du Littoral

EXAMEN BLANC DU BAC SESSION D’AVRIL 2021

Séries : ABCD Durée : 04 heures

Epreuve de : Français

SITUATION D’ÉVALUATION

Les recherches scientifiques et technologiques donnent à l’homme l’illusion qu’il maîtrise


l’univers. Car, à la vérité, il en est loin. L’actuelle pandémie et ses différentes conséquences en
apportent davantage la preuve.
Voici un corpus de trois textes qui aborde la puissance et la fragilité humaines.
Tu es invité(e) à le lire attentivement et à répondre aux questions.

Corpus de textes :

Texte 1 : Caleb Davies, « Des vaccins dans des plantes ? », in Courrier international, n°1560
du 24-30 septembre 2020, p.48.
Texte 2 : Florent Couao-Zotti, « Cotonou au temps du coronavirus », in Jeune Afrique du 28
avril 2020.
Texte 3 : Propos de Patrice Talon recueillis par François Soudan, in Jeune Afrique, n°3093,
octobre 2020, p.46.

Texte 1 : L’agriculture moléculaire

L’agriculture moléculaire consiste à modifier génétiquement les plantes pour que, outre
leurs constituants biochimiques habituels, leurs cellules produisent des biomolécules utiles à
l’homme. L’idée n’est pas nouvelle. Cette discipline est née en 1989, quand des chercheurs ont
manipulé des plants de tabac afin qu’ils produisent une protéine d’anticorps [à titre
expérimental]. Dans la décennie suivante, on a beaucoup communiqué autour de ces
techniques. L’une des premières idées était qu’elles allaient ouvrir la voie à des médicaments
comestibles – des bananes, par exemple, qui exprimeraient un vaccin dans leurs cellules.
L’agriculture moléculaire paraissait une idée révolutionnaire, qui permettrait de fournir
facilement des médicaments bon marché à des millions d’individus.
L’une des raisons pour lesquelles la révolution a tardé à venir, selon Julian Ma,
chercheur à St George, université de Londres, est qu’il peut être difficile de maîtriser les
dosages avec les vaccins comestibles : « Comment empêcher quelqu’un de manger 20
bananes s’il pense que c’est bon pour sa santé ? Il y a un moment où tout le monde a sauté de
joie, pour finalement s’apercevoir que les choses ne seraient pas si simples. »
Les êtres vivants font appel à des biomécanismes qui utilisent les acides nucléiques
comme un mode d’emploi pour synthétiser des protéines. L’agriculture moléculaire détourne
ces mécanismes et les amène à se servir des instructions de synthèse pour produire de
Page 1 sur 5
nouvelles protéines. Mais certaines bactéries, ainsi que des cellules de mammifères, comme
celles d’ovaires de hamsters de Chine (dites cellules CHO), peuvent également le faire. De fait,
les cellules CHO sont les plus couramment utilisées.
Les protéines mises en culture servent principalement à produire des médicaments, afin
de traiter des maladies comme le diabète ou les troubles de la coagulation. Les méthodes de
culture sont plus coûteuses et plus fastidieuses que celles de l’agriculture moléculaire, mais les
processus sont bien rodés et ont été validés. L’agriculture moléculaire n’en est pas encore là,
mais elle commence à rattraper son retard.
Il y a quelques années, Julian Ma a mené une étude de démonstration de faisabilité
pour montrer qu’un anticorps pouvait être produit dans des végétaux et isolé à l’aide de
techniques de séparation simples, mais aussi que les protéines obtenues pouvaient être tout
aussi pures et donc adaptées à un usage médical en toute sécurité.
Autre facteur [contribuant au développement moléculaire] : l’essor d’une technologie de
modification génétique appelée l’expression transitoire. Cette technique consiste à faire en sorte
que les cellules expriment temporairement une partie du génome. Et le plus beau, c’est qu’elle
est très facile à mettre en œuvre avec les végétaux. Il suffit de les plonger dans une solution
spéciale et de les laisser pousser.
Les équipements se multiplient. A Owensboro, la ferme de Kentucky BioProcessing, une
entreprise établie de longue date, a participé à la production du cocktail d’anticorps ZMapp pour
soigner le virus Ebola lors de l’épidémie de 2015. Une autre grande installation est en cours de
construction au Québec. Le Brésil a également annoncé son intention d’en construire une.
[…]
Qu’en est-il des coronavirus ? Plusieurs grandes entreprises d’agriculture moléculaire
travaillent déjà sur des vaccins. Par exemple, Medicago, dont le siège social est au Québec, a
réussi à orienter les plantes vers la production de protéines qui peuvent être assemblées en
une particule semblable à un virus, qui ressemble à l’enveloppe protéique du virus Sars-CoV-2
[responsable du Covid-19] sans rien à l’intérieur. L’entreprise affirme que les résultats de tests
effectués sur des souris ont provoqué la production d’anticorps et elle prévoyait de commencer
les essais cliniques de phase I sur l’homme cet été.
L’intérêt de l’agriculture moléculaire n’a pas changé depuis les années 80 : elle est bon
marché, sûre et peut facilement et rapidement être développée à grande échelle. Avec la
pandémie de Covid-19 et la course aux vaccins qui en découle, elle pourrait être extrêmement
intéressante pour les régions les plus pauvres du monde.

Caleb Davies, « Des vaccins dans des plantes ? », in Courrier


international, n°1560 du 24-30 septembre 2020, p.48.

Texte 2 : Le marabout

Plus loin, à Sainte-Rita, quartier populaire de la capitale, un vendeur de brochettes de mouton


grillé souffle sur les braises de son fourneau. D’habitude, les clients font la queue devant lui.
Mais depuis la fermeture du bar à côté duquel il est installé, son étal reste désert. La carcasse
de son mouton, recyclée depuis deux semaines, est maintenant bonne à jeter.

Page 2 sur 5
Mais il a une solution : son cousin, un marabout, s’est joint à lui. La tête enturbannée, celui-ci
est assis sur un banc et, chapelet en main, propose la guérison du Covid-19 par des séances
de prière. Sur une pancarte fixée au sol, on peut lire : « Ici guérison rapide Corona par Alpha
100 %. »
Curieux, je m’approche de lui, toussotant comme un vrai malade.
« Que Dieu ait pitié de toi, me dit-il dès que je lui confie mon tourment. Vingt mille francs pour
tout, prières et bénédiction. »
Après discussion, il m’emmène dans le bar fermé, dans un petit espace aménagé où est étalée
une natte. Je m’assois en tailleur en face de lui.
« Allah Akhbar, commence-t-il en fixant l’index sur mon front. Tu es déjà guéri, mon frère et… »
Aussitôt, une femme arrive. Grosse, l’écume à la bouche, elle a en main une spatule qu’elle
pointe vers mon interlocuteur.
« Maintenant que tu as fui de la maison pour ne pas donner la popote, tu te déguises en
marabout pour escroquer les gens. Mais je dirai à tout le monde qui tu es ! »
Ça sent le roussi. Je me lève aussitôt. Tandis que des cris s’élèvent entre les deux, je gagne la
rue et hèle un zem qui passe. Je m’assois sur la croupe de la moto et, avant que je ne lui
précise ma direction, il me donne un masque.
« J’ai le mien, lui dis-je, tu ne vois pas ?
– Excuse-moi, tonton, c’est un réflexe.
– Mais c’est très bien de filer des masques aux clients. Ça doit te coûter cher.
– Pas du tout, tonton, c’est le même masque pour eux tous. Où allons-nous déjà ? »

Florent Couao-Zotti, « Cotonou au temps du coronavirus », in Jeune Afrique du 28 avril 2020 à


17h08 (https://www.jeuneafrique.com/936427/societe/tribune-cotonou-au-temps-du-coronavirus/ )

Texte 3 : Des mesures graves et osées pour la survie et le développement

Jeune Afrique : Dès le début de la pandémie de Covid-19, vous avez choisi de ne pas procéder
à un confinement général des 11 millions de Béninois. Sept mois plus tard, alors que votre pays
a enregistré 2250 cas et une quarantaine de décès, considérez-vous que cette décision [fût] la
bonne ?
Patrice Talon : Difficile de répondre de façon catégorique tant qu’on n’aura pas entrevu le bout
du tunnel. Ce choix a été fait de bonne foi en fonction de critères objectifs, à défaut de
certitudes absolues. Santé, survie économique, habitudes culturelles, moyens à notre
disposition : tout cela a été pris en compte du mieux possible, et je crois que la suite ne nous a
pas donné tort – tout au moins pour l’instant.
Jeune Afrique : Beaucoup de débats, notamment économiques, ont éclos à propos de l’impact
de cette pandémie. Vous vous êtes ainsi positionné contre un moratoire pour les pays africains,
contrairement à certains de vos pairs, tel le Sénégalais Macky Sall. Pourquoi ?
Patrice Talon : Soyons clairs : il ne s’est jamais agi de prendre position contre le président
Macky Sall, mais de préconiser une solution possible à un problème commun. Ne pas honorer
nos engagements vis-à-vis de la dette en est une. Continuer de les honorer afin de préserver
notre crédibilité et notre signature en est une autre, celle que je souhaite. Cela passe, c’est vrai,
Page 3 sur 5
par le recours à un endettement supplémentaire, mais c’est l’option qu’ont choisie les pays
européens, et c’est dans cette dynamique que les Africains doivent s’inscrire s’ils veulent être
pris au sérieux. Le monde se finance par le marché et par la dette, ce ne sont pas les
moratoires, les dons et la générosité qui permettent le développement. Les pays riches seraient
bien inspirés de nous aider à trouver des ressources nouvelles plutôt que de nous encourager à
opter pour des solutions de facilité ponctuelles et non durables. Telle est mon opinion, et je
constate que les grandes agences de notation ne nous donnent pas tort. Si le Bénin est l’un des
rares pays dont les notes de crédit souverain à long terme et à court terme demeurent bonnes,
c’est justement parce que nous avons su rassurer les investisseurs.

Propos de Patrice Talon recueillis par François Soudan, in Jeune Afrique, n°3093, octobre
2020, p.46.

Consignes

I-QUESTION SUR LA COMPÉTENCE DE LECTURE (4PTS)

Tu justifies comment le thème de la santé est évoqué dans chacun des trois textes.

II- TRAVAUX D’ÉCRITURE (16 POINTS)

NB : Le candidat traitera l'un des trois sujets au choix.

SUJET 1 : CONTRACTION DE TEXTE (Texte 1)


Consignes
1. Identifie et donne la valeur du connecteur logique qui amorce la dernière phrase du
paragraphe n°3 du texte. (2pts)
2. Fais la structure de ce texte et donne un titre à chaque partie. (2pts)
3. Résumé (5pts)
Ce texte comporte 639 mots. Résume-le au quart de son volume. Une marge de 10%
en moins ou en plus est tolérée.
4. Discussion (7pts)
Dans le texte 1, Caleb Davies conclut en ces termes :
« Avec la pandémie de Covid-19 et la course aux vaccins qui en découle, elle pourrait être
extrêmement intéressante pour les régions les plus pauvres du monde. »
En partant de cette déclaration, tu dis pourquoi les pays dits pauvres semblent privilégier la
médecine traditionnelle.

SUJET 2 : COMMENTAIRE COMPOSE (Texte 2)

Tâche : Tu feras de ce texte un commentaire composé que tu organiseras à ton gré. Tu


pourras par exemple montrer comment Florent Couao-Zotti allie le comique au tragique.

Page 4 sur 5
Consignes :
1. Analyse du texte :
a. Tu donnes l’idée générale du texte 2 (2pts).
b. Tu fais ressortir, du texte 2, deux centres d’intérêt (2pts).
c. Tu relèves deux outils d’analyse relatifs à chaque centre d’intérêt puis tu précises
l’effet produit par chacun d’eux (2pts).
2. Rédaction :
Tu rédiges entièrement ton commentaire composé (10pts).

SUJET 2 : DISSERTATION (Texte 3)

Patrice Talon fait observer ceci :


« Le monde se finance par le marché et par la dette, ce ne sont pas les moratoires, les dons et
la générosité qui permettent le développement. »
Tu expliques et tu illustres cette opinion en variant les domaines et les pays.

Consignes
1. Tu dégages le problème posé dans le sujet. (2pts)
2. Tu proposes un plan de production. (4pts)
3. Tu rédiges entièrement ta production. (10pts)

Page 5 sur 5

Vous aimerez peut-être aussi