ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES
ET SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES
E T T (λx + µ y) = λT (x) + µT ( y)
Linéarité de
D(R, R) f 7−→ f ′ (λ f + µg)′ = λ f ′ + µg ′
la dérivation
Z b Z b Z b Z b
Linéarité
C [a, b], R f 7−→ f (t) dt λ f (t) + µg(t) dt = λ f (t) dt + µ g(t) dt
de l’intégrale
a a a a
Linéarité
Ensemble des vecteurs #”
du produit #”
x 7−→ #”
a · #”
x a · λ #”
x + µ #”
y = λ #”
a · #”
x + µ #”
a · #”
y
du plan ou de l’espace
scalaire
Si T est linéaire, toute équation de la forme : T ( y) = b d’inconnue y pour un certain b fixé est appelée une équation
linéaire et b en est appelé le second membre. Lorsque b = 0 (fonction nulle, vecteur nul, suite nulle. . . selon le contexte), on
dit que l’équation est homogène ou sans second membre.
Faisons l’hypothèse que, souhaitant trouver toutes les solutions de l’équation linéaire : T ( y) = b d’inconnue y, nous
en connaissons au moins une solution ypart , dite solution particulière. Dans ces conditions :
Linéarité
T ( y) = b ⇐⇒ T ( y) = T ( ypart ) ⇐⇒ T ( y) − T ( ypart ) = 0 ⇐⇒ T ( y − ypart ) = 0
⇐⇒ y − ypart est solution de l’équation HOMOGÈNE associée
⇐⇒ y est la somme de la solution particulière ypart et d’une solution de l’équation HOMOGÈNE .
Lisez, relisez et re-relisez ce petit raisonnement ! Nous y reviendrons constamment toute l’année. En résumé :
Pour trouver toutes les solutions d’une équation LINÉAIRE : T ( y) = b, il suffit d’en connaître UNE
solution particulière et TOUTES les solutions de l’équation homogène : T ( y) = 0.
Exemple Les solutions de l’équation linéaire : f ′ = cos d’inconnue f ∈ D(R, R) sont toutes les fonctions de la forme
x 7−→ sin x + λ, λ décrivant R — la fameuse « constante de primitivation ».
Démonstration
• Équation homogène : Les solutions de l’équation homogène : f′ = 0 sont toutes les fonctions
constantes sur R.
• Solution particulière de l’équation f ′ = cos : La fonction sinus convient.
• Conclusion : Il ne reste plus qu’à additionner !
Une autre propriété des équations LINÉAIRES va compter dans ce chapitre, c’est le principe de superposition.
1
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Linéarité
En effet, tout simplement : T λ 1 y1 + λ 2 y2 = λ1 T ( y1 ) + λ2 T ( y2 ) = λ1 b1 + λ2 b2 .
À présent, une équation différentielle — en abrégé, « équadiff » — est une équation dont l’inconnue est une fonction y et
dans laquelle cohabitent à la fois y et ses dérivées y ′ , y ′′ , etc. Le plus grand exposant de dérivation qui y figure est appelé
son ordre. Par exemple : y ′ = x 2 e y + 1 est une équation différentielle du premier ordre et : x y ′′ − y 2 = y y ′ une
équation différentielle du second ordre.
Les équations différentielles sont en général très difficiles à résoudre, aussi nous contenterons-nous de travailler dans le
cadre à peu près agréable des équations de la forme :
— y ′ + a(x) y = b(x) (équations différentielles linéaires du premier ordre),
— a y ′′ + b y ′ + c y = d(x) (équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants).
L’intérêt de ces équations, c’est qu’elles sont linéaires, et nous pourrons donc leur appliquer les principes qui précèdent.
Pour celles du premier ordre, notons en effet T la fonction qui associe à toute fonction dérivable y la fonction y ′ + a y. Pour
toutes fonctions dérivables y et z et pour tous λ, µ ∈ R :
T (λ y + µz) = (λ y + µz)′ + a(λ y + µz) = λ y ′ + µz ′ + a(λ y + µz) = λ y ′ + a y + µ z ′ + az = λT ( y) + µT (z).
Dans tout ce chapitre, I est un intervalle. Nous nous intéresserons parfois aux solutions réelles d’une équation différen-
tielle et parfois à ses solutions complexes. Les solutions réelles sont bien sûr aussi complexes, mais quand on connaît toutes
les solutions complexes et qu’on cherche les réelles, il reste du travail, la connaissance des solutions complexes ne suffit pas.
Pour cette raison, nous travaillerons avec des fonctions à valeurs dans K où K désigne l’un des ensembles R ou C.
Théorème (Équation différentielle y ′ + a(x) y = 0) Soit a ∈ C (I , K). On note A une primitive de a sur I . Les
solutions sur I de l’équation différentielle : y ′ + a(x) y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ e−A(x) , λ décrivant K.
Si a est une constante, les solutions de l’équation : y ′ + a y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ e−ax , λ décrivant
K. En particulier, la fonction exponentielle est la seule fonction y ∈ D(R, R) pour laquelle y ′ = y et y(0) = 1.
Démonstration
y
• Soit λ ∈ K. La fonction x 7−→ λ e−A(x) est bien solution de l’équation étudiée car pour tout x ∈ I :
A′ = a
y ′ (x) + a(x) y(x) = −λ A′ (x) e−A(x) + a(x) × λ e−A(x) = 0.
• Réciproquement, soit y ∈ D(I , K) une solution de l’équation étudiée. Pour montrer que la fonction y eA est
constante sur l’INTERVALLE I , il nous suffit de montrer que sa dérivée est nulle. Or tout simplement :
′
y eA = y ′ eA + yA′ eA = ( y ′ + a y) eA = 0.
y
Exemple Les solutions réelles de l’équation : y′ = sur R sont les fonctions x 7−→ λ eArctan x , λ décrivant R.
1 + x2
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Exemple On veut résoudre l’équation : x y′ + y = x2 − 1 sur R∗+ avec la condition initiale y(0) = 1.
Démonstration
y 1
• Réécriture de l’équation : Réécrivons d’abord l’équation sous la forme : y′ + =x− pour nous
x x
ramener à la forme : y ′ + a(x) y = b(x) des théorèmes précédents.
Nous ne saurons résoudre cette équation que sur R∗+ — ou R∗− — MAIS PAS SUR R∗ . Quand nous avons appris
à résoudre les équations homogènes, il a été essentiel en effet que nous travaillions sur un INTERVALLE. Faites
l’effort de relire la preuve pour comprendre pourquoi.
• Équation homogène : La fonction logarithme étant une primitive de la fonction inverse, les solutions de
y λ
l’équation homogène : y ′ + = 0 sur R∗+ sont toutes les fonctions x 7−→ λ e− ln x = , λ décrivant R.
x x
′ y 1 y λ(x)
• Solution particulière de l’équation y + = x − : Cherchons-en une sous la forme x 7−→ où
∗
x x x
λ ∈ D(R+ , R) — méthode de variation de la constante. Pour tout x > 0 :
y(x) 1 xλ′ (x) − λ(x) λ(x) 1
y ′ (x) + =x− ⇐⇒ + 2 =x− ⇐⇒ λ′ (x) = x 2 − 1.
x x x2 x x
Attention de ne x3 y x2
PAR EXEMPLE, nous pouvons CHOISIR pour λ la fonction x 7−→ − x. La fonction x 7−→ − 1 est alors
pas donner λ 3 3
comme solution une solution particulière de notre équation.
particulière à la
place de y ! • Conclusion : Les solutions (réelles) de l’équation : x y ′ + y = x 2 − 1 sur R∗+ sont toutes les fonctions
x2 λ x2 2 x 3 − 3x + 2
x 7−→ − 1 + , λ décrivant R. L’unique solution qui s’annule en 1 est x 7−→ −1+ = ,
3 x 2 3 3x 3x
obtenue pour λ = .
3
Sur une copie, vous n’êtes pas obligés de rédiger la méthode de la variation de la constante. Vous pouvez vous contenter
de la mettre en œuvre au brouillon, puis vérifier sur votre copie que vous avez bien trouvé une solution particulière.
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$ Attention ! N’écrivez surtout pas pour conclure : « Les fonctions x 7−→ . . . sont solutions de l’équation . . . »,
ni : « Toutes les fonctions x 7−→ . . . sont solutions de l’équation . . . »,
ni : « Les fonctions x 7−→ . . . sont toutes solutions de l’équation . . . ».
Dans les trois cas, la phrase ne dit pas ce qu’elle doit dire, à savoir que nous avons trouvé EXACTEMENT TOUTES les solutions
cherchées. Écrivez ceci et rien d’autre :
p
Pour trouver une solution particulière de l’équation : y ′ + x y = x + x, on peut simplement additionner une solution
p
particulière de l’équation : y + x y = x et une autre de l’équation : y ′ + x y = x.
′
Intéressons-nous maintenant au cas particulier des équations linéaires du premier ordre À COEFFICIENTS CONSTANTS.
Dans les lignes qui suivent, le a de l’équation : y ′ + a(x) y = b(x) est une CONSTANTE.
Fixons a, A, r ∈ K. Pour trouver une solution particulière de l’équation : y ′ + a y = Ae r x , on n’est pas obligé de « faire
varier la constante », il y a plus rapide.
′ rx
x 7−→ B e r x si r 6= −a
L’équation : y + a y = Ae possède une solution de la forme : rx avec B ∈ K
x 7−→ B x e si r = −a
à déterminer.
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En pratique, ce sont généralement les solutions réelles des équations différentielles qui nous intéressent, mais nous
commencerons pourtant par le cas complexe car c’est lui le cas théorique fondamental, celui dont la preuve est naturelle, et
ceci entièrement grâce à l’exponentielle complexe.
Démonstration Mais d’où sort le polynôme caractéristique ? Et pourquoi l’exponentielle est-elle à ce point
présente ? Pour tout r ∈ C :
x 7−→ e r x est solution de l’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = 0 ⇐⇒ ∀x ∈ R, ar 2 + br + c e r x = 0
⇐⇒ r est une racine du polynôme caractéristique aX 2 + bX + c.
Ce calcul nous incite à introduire les racines éventuellement égales r et r ′ du polynôme aX 2 + bX + c, liées par
b
la relation : r + r ′ = − .
a
La fonction x 7−→ e r x est alors solution de l’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = 0, mais c’est le cas plus généralement
de la fonction x 7−→ λ e r x pour tout λ ∈ C. Et le contexte est certes différent, mais de nouveau, nous allons
résoudre notre équation en faisant varier la constante. Concrètement, nous cherchons nos solutions sous la forme
y
x 7−→ z(x) e r x avec z ∈ D(R, C).
a y ′′ + b y ′ + c y = 0 ⇐⇒ ∀x ∈ R, a z ′′ (x) + 2rz ′ (x) + r 2 z(x) e r x + b z ′ (x) + rz(x) e r x + cz(x) e r x = 0
⇐⇒ az ′′ + (2ar + b) z ′ + ar 2 + br + c z = 0
b ′
⇐⇒ (z ′ )′ + 2r + z =0 Tiens, une équation linéaire du premier ordre !
a
− 2r+ ab x
⇐⇒ ∃ λ ∈ C, ∀x ∈ R, z ′ (x) = λ e .
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Dans le cas où ∆ < 0, on privilégie en physique d’autres formes équivalentes des solutions : x 7−→ λ e r x sin(ωx + ϕ)
et x 7−→ λ e r x cos(ωx + ϕ).
Les formes λ e r x sin(ωx + ϕ) et λ e r x cos(ωx + ϕ) s’en déduisent aisément grâce à une technique du chapitre
« Nombres complexes et trigonométrie ».
Exemple
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ − 3 y ′ + 2 y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ e x + µ e2x , λ et µ
décrivant R, car le polynôme X 2 − 3X + 2 possède deux racines réelles distinctes, 1 et 2.
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ −2 y ′ + y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ (λx +µ)e x , λ et µ décrivant
R, car le polynôme X 2 − 2X + 1 admet 1 pour unique racine.
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ + 4 y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ cos(2x) + µ sin(2x), λ et µ
décrivant R, car le polynôme X 2 + 4 possède deux racines complexes conjuguées, 2i et −2i.
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ +2 y ′ +10 y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ e−x λ cos(3x)+µ sin(3x) ,
λ et µ décrivant R, car le polynôme X 2 + 2X + 10 possède deux racines complexes conjuguées, −1 + 3i et −1 − 3i.
Je ne l’énonce pas de nouveau, mais le principe « solution particulière + solution générale de l’équation homogène » et le
principe de superposition sont toujours valables au second ordre car ils découlent seulement de la LINÉARITÉ de l’équation.
En revanche, le programme de MPSI ne vous donne aucune méthode un peu générale de recherche de solution particulière
pour les équations du second ordre. Seuls les seconds membres du cadre suivant sont exigibles. Fixons a ∈ C∗ et b, c, A, r ∈ C.
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Comme au premier ordre, ce principe permet aussi de traiter le cas de seconds membres exponentiels-(co)sinus. Par
exemple, si f est solution de l’équation : y ′′ + 2 y = 2 e(3+i)x , Im( f ) est solution de l’équation : y ′′ + 2 y = 2 e3x sin x.
Exemple On veut résoudre l’équation : y ′′ − y = e2x − e x avec les conditions initiales y(0) = 1 et y ′ (0) = 0.
Démonstration
• Équation homogène : Les solutions de l’équation homogène : y ′′ − y = 0 sont toutes les fonctions
x 7−→ λ e x + µ e−x , λ et µ décrivant R, car les racines du polynôme X 2 − 1 sont −1 et 1.
• Solution particulière de l’équation y ′′ − y = e2x : Comme 2 N’est PAS racine de X 2 − 1, cherchons-en
une sous la forme x 7−→ B e2x avec B ∈ R.
1
x 7−→ B e2x est solution de y ′′ − y = e2x ⇐⇒ ∀x ∈ R, 4B e2x − B e2x = e2x ⇐⇒ B = .
3
′′ x 2
• Solution particulière de l’équation y − y = e : Comme 1 est racine SIMPLE de X − 1, cherchons-en
une sous la forme x 7−→ B x e x avec B ∈ R.
1
x 7−→ B x e x est solution de y ′′ − y = e x ⇐⇒ ∀x ∈ R, B x e x + 2B e x − B x e x = e x ⇐⇒ B = .
2
• Conclusion : Les solutions de l’équation complète : y ′′ − y = e2x − e x sont ainsi toutes les fonctions
x e2x
x 7−→ λ − e x + µ e−x + , λ et µ décrivant R. L’unique solution pour laquelle y(0) = 1 et y ′ (0) = 0
2 3
1 1 1 5
est obtenue pour λ et µ tels que : λ + µ + = 1 et λ − µ + = 0, i.e. λ = et µ = . L’unique
3 6 4 12
1 − 2x x 5 −x e2x
solution finale est ainsi la fonction x 7−→ e + e + .
4 12 3
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T λ(un )n∈N + µ(vn )n∈N = T (λun + µvn )n∈N = (λun+1 + µvn+1 ) − a(λun + µvn ) = λ(un+1 − aun ) + µ(vn+1 − avn )
n∈N n∈N
= λ un+1 − aun n∈N + µ vn+1 − avn n∈N = λT (un )n∈N + µT (vn )n∈N .
Or dire qu’une suite (un )n∈N satisfait la relation de récurrence : un+1 = aun + b pour tout n ∈ N, c’est dire que :
T (un )n∈N = (b)n∈N , mais c’est donc dire aussi que (un )n∈N est solution d’une équation linéaire.
Théorème (Suites arithmético-géométriques) Soient (un )n∈N une suite complexe et a, b ∈ C. On dit que (un )n∈N
est arithmético-géométrique (de raison a et de second membre b) si pour tout n ∈ N : un+1 = aun + b.
Deux situations peuvent se présenter :
— soit a = 1, auquel cas (un )n∈N est arithmétique,
— soit a 6= 1, auquel cas l’équation : a x + b = x d’inconnue x ∈ C possède une et une seule solution ℓ. La suite
(un )n∈N est alors de la forme ℓ + λa n n∈N pour un certain λ ∈ C.
Démonstration (n◦ 1 plus conceptuelle,avec un point de vue linéaire) Supposons a 6= 1. Nous voulons
résoudre l’équation linéaire : un+1 − aun n∈N = (b)n∈N d’inconnue (un )n∈N .
• Équation homogène : Les suites complexes qui vérifient cette équation sont exactement les suites géomé-
triques de raison a, i.e. les suites (λa n )n∈N , λ décrivant C.
• Solution particulière de l’équation complète : À tout hasard, cherchons-en une qui soit constante. Pour
b
tout ℓ ∈ C, la suite (ℓ)n∈N est solution de l’équation complète si et seulement si ℓ − aℓ = b, i.e. ℓ = .
1 − a
• Conclusion : Les solutions de l’équation complète sont toutes les suites ℓ + λa n n∈N , λ décrivant C.
Démonstration (n◦ 2 plus pratique) Supposons a 6= 1. Soit (un )n∈N une suite complexe pour laquelle pour
tout n ∈ N : un+1 = aun + b.
b
• Pour commencer, l’équation : a x + b = x d’inconnue x ∈ C admet ℓ = comme seule solution.
1−a
• La suite (un − ℓ)n∈N est alors géométrique car pour tout n ∈ N : un+1 − ℓ = (aun + b)− (aℓ+ b) = a(un − ℓ).
Il en découle
que pour tout n ∈ N : un − ℓ = a n (u0 − ℓ). La suite (un )n∈N est donc bien de la forme
n
ℓ + λa n∈N pour un certain λ ∈ C.
Exemple On cherche une expression explicite de la suite (un )n∈N définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N : un+1 = 2un + 1.
Démonstration L’équation : 2x + 1 = x pour solution −1, donc (un )n∈N est de la forme λ2n − 1 n∈N pour
un certain λ ∈ R, et comme u0 = 1 : λ = 2 après calcul, donc pour tout n ∈ N : un = 2n+1 − 1.
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K=C
On dit que (un )n∈N est récurrente linéaire ho-
∆ 6= 0 r et r ′ λr n + λ′ r ′n n∈N
mogène du second ordre de polynôme caractéris-
tique aX 2 + bX + c si pour tout n ∈ N :
∆=0 r (λn + µ)r n
n∈N
aun+2 + bun+1 + cun = 0.
Discriminant ∆ Racines
de aX 2 + bX + c de aX 2 + bX + c Forme des solutions
∆>0 r et r ′ λr n + λ′ r ′n n∈N
K=R
∆=0 r (λn + µ)r n
n∈N
∆<0 ρ e±iθ ρ n λ cos(nθ ) + µ sin(nθ )
n∈N
Démonstration Petite remarque préliminaire. Une suite (δn )n∈N étant donnée, si d’une part δ0 = δ1 = 0 et si
d’autre part pour tout n ∈ N : aδn+2 + bδn+1 + cδn = 0, alors pour tout n ∈ N : δn = 0.
À présent, soit (un )n∈N une suite à valeurs dans K récurrente linéaire homogène du second ordre de polynôme
caractéristique aX 2 + bX + c.
Peut-on choisir λ et λ′ de façon à garantir que δ0 = δ1 = 0 ? Eh bien oui car r 6= r ′ , il suffit de poser :
r ′ u0 − u1 u1 − ru0
λ= et λ′ = ′ . Ainsi δn = 0 pour tout n ∈ N, donc un = λr n + λ′ r ′n .
r′ − r r −r
b
• Cas où aX 2 + bX + c possède une unique racine r dans K (∆ = 0) : Bien sûr : r = − , et comme
2a
∆ = 0 avec a 6= 0 et c 6= 0 : b 6= 0, donc r 6= 0. Soient λ et µ deux éléments de K que nous allons
choisir explicitement dans un instant. Pour tout n ∈ N, posons δn = un − (λn + µ) r n . Pour tout n ∈ N :
aδn+2 + bδn+1 + cδn = aun+2 + bun+1 + cun − λ a(n + 2)r n+2 + b(n + 1)r n+1 + cnr n − µ ar n+2 + br n+1 + cr n
= 0 − λ nr n ar 2 + br + c + r n+1 (2ar + b) − µr n ar 2 + br + c = 0.
Peut-on choisir λ et µ de façon à garantir que δ0 = δ1 = 0 ? Eh bien oui car r 6= 0, il suffit de poser :
u1 − ru0
λ= et µ = u0 . Ainsi δn = 0 pour tout n ∈ N, donc un = (λn + µ)r n .
r
• Cas où aX 2 + bX + c ne possède pas de racine dans K (∆ < 0 si K = R) : Les racines de aX 2 + bX + c dans
C sont ici complexes conjuguées distinctes, disons ρ eiθ et ρ e−iθ pour certains
ρ > 0 et θ ∈ R\πZ. À valeurs
réelles donc aussi complexes, (un )n∈N est de la forme αρ n eniθ +β ρ n e−niθ n∈N pour certains α, β ∈ C d’après
le premier point. Or : Im(u0 ) = Im(u1 ) = 0, i.e. : Im(β ) = −Im(α) et Im α eiθ + β e−iθ = 0.
La deuxième égalité s’écrit aussi : Im(α) + Im(β ) cos θ + Re(α) − Re(β ) sin θ = 0, donc avec la
première : Re(α) − Re(β ) sin θ , et comme θ ∈ R \ πZ : Re(β ) = Re(α). Conclusion : β = α.
Posons finalement λ = 2 Re(α) et µ = −2 Im(α). Pour tout n ∈ N :
un = αρ n eniθ + αρ n e−niθ = 2ρ n Re α eniθ = ρ n λ cos(nθ ) + µ sin(nθ ) .
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Exemple On cherche une expression explicite de la suite réelle (un )n∈N définie par : u0 = 0, u1 = 1 et pour tout
n ∈ N : un+2 = 2un+1 − un .
Démonstration Le polynôme caractéristique X 2 − 2X + 1 possède une racine réelle unique qui est 1. Il existe
donc deux réels λ et µ pour lesquels pour tout n ∈ N : un = λn + µ. Mais u0 = 0 et u1 = 1, donc λ = 1 et
µ = 0, autrement dit pour tout n ∈ N : un = n.
Exemple On cherche une expression explicite de la suite réelle (un )n∈N définie par u0 = u1 = 1 et pour tout n ∈ N :
un+2 = un+1 − un .
iπ iπ
Démonstration Les racines du polynôme X 2 − X + 1 sont e 3 et e− 3 — complexes conjuguées. Il existe donc
nπ nπ
deux réels λ et µ pour lesquels pour tout n ∈ N : un = λ cos + µ sin . Or comme u0 = u1 = 1 :
p 3 3
λ + 3µ 1 nπ 1
nπ
λ= = 1, donc λ = 1 et µ = p , donc pour tout n ∈ N : un = cos + p sin .
2 3 3 3 3
10