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Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI

ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES
ET SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES

1 INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS LINÉAIRES


Le concept de linéarité, que vous avez déjà rencontré dans différents contextes, nous occupera longuement au second
semestre et une présentation très informelle sera pour l’instant suffisante. En résumé, une fonction T définie sur un ensemble

E est dite linéaire si : ∀x, y ∈ E, ∀λ, µ ∈ R, T (λx + µ y) = λT (x) + µT ( y) (linéarité).

E T T (λx + µ y) = λT (x) + µT ( y)

Linéarité de
D(R, R) f 7−→ f ′ (λ f + µg)′ = λ f ′ + µg ′
la dérivation

Z b Z b Z b Z b
Linéarité  € Š
C [a, b], R f 7−→ f (t) dt λ f (t) + µg(t) dt = λ f (t) dt + µ g(t) dt
de l’intégrale
a a a a

Linéarité de Ensemble des suites


(un )n∈N 7−→ lim un lim (λun + µvn ) = λ lim un + µ lim vn
la limite convergentes n→+∞ n→+∞ n→+∞ n→+∞

Linéarité
Ensemble des vecteurs #”   
du produit #”
x 7−→ #”
a · #”
x a · λ #”
x + µ #”
y = λ #”
a · #”
x + µ #”
a · #”
y
du plan ou de l’espace
scalaire

Si T est linéaire, toute équation de la forme : T ( y) = b d’inconnue y pour un certain b fixé est appelée une équation
linéaire et b en est appelé le second membre. Lorsque b = 0 (fonction nulle, vecteur nul, suite nulle. . . selon le contexte), on
dit que l’équation est homogène ou sans second membre.

Faisons l’hypothèse que, souhaitant trouver toutes les solutions de l’équation linéaire : T ( y) = b d’inconnue y, nous
en connaissons au moins une solution ypart , dite solution particulière. Dans ces conditions :
Linéarité
T ( y) = b ⇐⇒ T ( y) = T ( ypart ) ⇐⇒ T ( y) − T ( ypart ) = 0 ⇐⇒ T ( y − ypart ) = 0
⇐⇒ y − ypart est solution de l’équation HOMOGÈNE associée
⇐⇒ y est la somme de la solution particulière ypart et d’une solution de l’équation HOMOGÈNE .
Lisez, relisez et re-relisez ce petit raisonnement ! Nous y reviendrons constamment toute l’année. En résumé :

Pour trouver toutes les solutions d’une équation LINÉAIRE : T ( y) = b, il suffit d’en connaître UNE
solution particulière et TOUTES les solutions de l’équation homogène : T ( y) = 0.

Exemple Les solutions de l’équation linéaire : f ′ = cos d’inconnue f ∈ D(R, R) sont toutes les fonctions de la forme
x 7−→ sin x + λ, λ décrivant R — la fameuse « constante de primitivation ».
Démonstration
• Équation homogène : Les solutions de l’équation homogène : f′ = 0 sont toutes les fonctions
constantes sur R.
• Solution particulière de l’équation f ′ = cos : La fonction sinus convient.
• Conclusion : Il ne reste plus qu’à additionner !

Une autre propriété des équations LINÉAIRES va compter dans ce chapitre, c’est le principe de superposition.

Principe de superposition : Si y1 est solution de l’équation : T ( y) = b1 et y2 solution de l’équation :


T ( y) = b2 , alors λ1 y1 + λ2 y2 est solution de l’équation : T ( y) = λ1 b1 + λ2 b2 pour tous λ1 , λ2 ∈ R.

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 Linéarité
En effet, tout simplement : T λ 1 y1 + λ 2 y2 = λ1 T ( y1 ) + λ2 T ( y2 ) = λ1 b1 + λ2 b2 .

À présent, une équation différentielle — en abrégé, « équadiff » — est une équation dont l’inconnue est une fonction y et
dans laquelle cohabitent à la fois y et ses dérivées y ′ , y ′′ , etc. Le plus grand exposant de dérivation qui y figure est appelé
son ordre. Par exemple : y ′ = x 2 e y + 1 est une équation différentielle du premier ordre et : x y ′′ − y 2 = y y ′ une
équation différentielle du second ordre.
Les équations différentielles sont en général très difficiles à résoudre, aussi nous contenterons-nous de travailler dans le
cadre à peu près agréable des équations de la forme :
— y ′ + a(x) y = b(x) (équations différentielles linéaires du premier ordre),
— a y ′′ + b y ′ + c y = d(x) (équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants).
L’intérêt de ces équations, c’est qu’elles sont linéaires, et nous pourrons donc leur appliquer les principes qui précèdent.
Pour celles du premier ordre, notons en effet T la fonction qui associe à toute fonction dérivable y la fonction y ′ + a y. Pour
toutes fonctions dérivables y et z et pour tous λ, µ ∈ R :
  
T (λ y + µz) = (λ y + µz)′ + a(λ y + µz) = λ y ′ + µz ′ + a(λ y + µz) = λ y ′ + a y + µ z ′ + az = λT ( y) + µT (z).

Dans tout ce chapitre, I est un intervalle. Nous nous intéresserons parfois aux solutions réelles d’une équation différen-
tielle et parfois à ses solutions complexes. Les solutions réelles sont bien sûr aussi complexes, mais quand on connaît toutes
les solutions complexes et qu’on cherche les réelles, il reste du travail, la connaissance des solutions complexes ne suffit pas.
Pour cette raison, nous travaillerons avec des fonctions à valeurs dans K où K désigne l’un des ensembles R ou C.

2 ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES DU PREMIER ORDRE


On s’intéresse aux équations de la forme : y ′ + a(x) y = b(x) d’inconnue y ∈ D(I , K) où a, b ∈ C (I , K) sont fixées.

2.1 ÉQUATIONS HOMOGÈNES

Théorème (Équation différentielle y ′ + a(x) y = 0) Soit a ∈ C (I , K). On note A une primitive de a sur I . Les
solutions sur I de l’équation différentielle : y ′ + a(x) y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ e−A(x) , λ décrivant K.

Si a est une constante, les solutions de l’équation : y ′ + a y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ e−ax , λ décrivant
K. En particulier, la fonction exponentielle est la seule fonction y ∈ D(R, R) pour laquelle y ′ = y et y(0) = 1.

Démonstration
y
• Soit λ ∈ K. La fonction x 7−→ λ e−A(x) est bien solution de l’équation étudiée car pour tout x ∈ I :
A′ = a
y ′ (x) + a(x) y(x) = −λ A′ (x) e−A(x) + a(x) × λ e−A(x) = 0.
• Réciproquement, soit y ∈ D(I , K) une solution de l’équation étudiée. Pour montrer que la fonction y eA est
constante sur l’INTERVALLE I , il nous suffit de montrer que sa dérivée est nulle. Or tout simplement :
′
y eA = y ′ eA + yA′ eA = ( y ′ + a y) eA = 0.

y
Exemple Les solutions réelles de l’équation : y′ = sur R sont les fonctions x 7−→ λ eArctan x , λ décrivant R.
1 + x2

2.2 ÉQUATIONS AVEC SECOND MEMBRE

Théorème (Équation § différentielle y ′ + a(x) y = b(x), problème de Cauchy) Soient a, b ∈ C (I , K), x 0 ∈ I et



y + a(x) y = b(x)
y0 ∈ K. Le système : est appelé un problème de Cauchy et possède une et une seule solution
y(x 0 ) = y0
sur I . La condition y(x 0 ) = y0 est appelée sa condition initiale.

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Démonstration Notons A une primitive de a sur I .


Idée de la preuve : Les solutions de l’équation HOMOGÈNE sont de la forme x 7−→ λ e−A(x) où λ est une
CONSTANTE . Nous allons résoudre l’équation complète, i.e. avec second membre, en faisant « varier la constante »,
y
c’est-à-dire en cherchant les solutions sous la forme x 7−→ λ(x) e−A(x) où λ est une FONCTION. Ce principe de
résolution est appelé la méthode de variation de la constante. Il se passe ici un peu la même chose que quand on
pose t = e x pour résoudre l’équation : e2x − 3e x + 2 = 0 d’inconnue x ∈ R. Au lieu de chercher x tel quel,
on préfère chercher t dans un premier temps.
Soit y ∈ D(I , K) une fonction quelconque. Notons λ la FONCTION y eA dérivable. Via l’égalité : y = λ e−A,
nous allons pouvoir remplacer momentanément notre inconnue y par l’inconnue intermédiaire λ.
′ 
y ′ + a y = b et y(x 0 ) = y0 ⇐⇒ λ e−A + a λ e−A = b et λ(x 0 ) e−A(x 0 ) = y0

⇐⇒ λ′ e−A − λA′ e−A + aλ e−A = b et λ(x 0 ) = y0 eA(x 0 )
⇐⇒ λ′ e−A − aλ e−A + aλ e−A = b et λ(x 0 ) = y0 eA(x 0 )
⇐⇒ λ′ = b eA et λ(x 0 ) = y0 eA(x 0 )
⇐⇒ λ est l’unique primitive de b eA qui vaut y0 eA(x 0 ) en x 0 .
Ces équivalences prouvent à la fois l’existence et l’unicité d’une fonction λ répondant au problème. Continue
sur I , la fonction b eA possède en effet une et une seule primitive de valeur y0 eA(x 0 ) en x 0 d’après le théorème
fondamental du calcul intégral. Plus explicitement, pour tout x ∈ I :
Z x Z x
λ(x) = y0 eA(x 0 ) + b(t) eA(t) dt, donc : y(x) = y0 eA(x 0 )−A(x) + b(t) eA(t)−A(x) dt.
x0 x0

Théorème (Équation différentielle y ′ + a(x) y = b(x), conséquence de la linéarité) Soient a, b ∈ C (I , K) et ypart


une solution particulière de l’équation : y ′ + a(x) y = b(x). En notant A une primitive de a sur I , les solutions sur
I de l’équation différentielle : y ′ + a(x) y = b(x) sont toutes les fonctions de la forme ypart + λ e−A, λ décrivant K.

Solution générale Solution générale


Solution particulière
de l’équation complète de l’équation HOMOGÈNE

Exemple On veut résoudre l’équation : x y′ + y = x2 − 1 sur R∗+ avec la condition initiale y(0) = 1.
Démonstration
y 1
• Réécriture de l’équation : Réécrivons d’abord l’équation sous la forme : y′ + =x− pour nous
x x
ramener à la forme : y ′ + a(x) y = b(x) des théorèmes précédents.
Nous ne saurons résoudre cette équation que sur R∗+ — ou R∗− — MAIS PAS SUR R∗ . Quand nous avons appris
à résoudre les équations homogènes, il a été essentiel en effet que nous travaillions sur un INTERVALLE. Faites
l’effort de relire la preuve pour comprendre pourquoi.
• Équation homogène : La fonction logarithme étant une primitive de la fonction inverse, les solutions de
y λ
l’équation homogène : y ′ + = 0 sur R∗+ sont toutes les fonctions x 7−→ λ e− ln x = , λ décrivant R.
x x
′ y 1 y λ(x)
• Solution particulière de l’équation y + = x − : Cherchons-en une sous la forme x 7−→ où

x x x
λ ∈ D(R+ , R) — méthode de variation de la constante. Pour tout x > 0 :
y(x) 1 xλ′ (x) − λ(x) λ(x) 1
y ′ (x) + =x− ⇐⇒ + 2 =x− ⇐⇒ λ′ (x) = x 2 − 1.
x x x2 x x
Attention de ne x3 y x2
PAR EXEMPLE, nous pouvons CHOISIR pour λ la fonction x 7−→ − x. La fonction x 7−→ − 1 est alors
pas donner λ 3 3
comme solution une solution particulière de notre équation.
particulière à la
place de y ! • Conclusion : Les solutions (réelles) de l’équation : x y ′ + y = x 2 − 1 sur R∗+ sont toutes les fonctions
x2 λ x2 2 x 3 − 3x + 2
x 7−→ − 1 + , λ décrivant R. L’unique solution qui s’annule en 1 est x 7−→ −1+ = ,
3 x 2 3 3x 3x
obtenue pour λ = .
3

Sur une copie, vous n’êtes pas obligés de rédiger la méthode de la variation de la constante. Vous pouvez vous contenter
de la mettre en œuvre au brouillon, puis vérifier sur votre copie que vous avez bien trouvé une solution particulière.

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$ Attention ! N’écrivez surtout pas pour conclure : « Les fonctions x 7−→ . . . sont solutions de l’équation . . . »,
ni : « Toutes les fonctions x 7−→ . . . sont solutions de l’équation . . . »,
ni : « Les fonctions x 7−→ . . . sont toutes solutions de l’équation . . . ».
Dans les trois cas, la phrase ne dit pas ce qu’elle doit dire, à savoir que nous avons trouvé EXACTEMENT TOUTES les solutions
cherchées. Écrivez ceci et rien d’autre :

« Les solutions de l’équation . . . sont (toutes) les fonctions x 7−→ . . . »

Théorème (Principe de superposition) Soient a, b1 , b2 ∈ C (I , K).


Si y1 est solution sur I de l’équation : y ′ + a(x) y = b1 (x) et y2 solution sur I de l’équation : y ′ + a(x) y = b2 (x),
λ1 y1 + λ2 y2 est solution sur I de l’équation : y ′ + a(x) y = λ1 b1 (x) + λ2 b2 (x) pour tous λ1 , λ2 ∈ K.

p
Pour trouver une solution particulière de l’équation : y ′ + x y = x + x, on peut simplement additionner une solution
p
particulière de l’équation : y + x y = x et une autre de l’équation : y ′ + x y = x.

Intéressons-nous maintenant au cas particulier des équations linéaires du premier ordre À COEFFICIENTS CONSTANTS.
Dans les lignes qui suivent, le a de l’équation : y ′ + a(x) y = b(x) est une CONSTANTE.
Fixons a, A, r ∈ K. Pour trouver une solution particulière de l’équation : y ′ + a y = Ae r x , on n’est pas obligé de « faire
varier la constante », il y a plus rapide.


′ rx
x 7−→ B e r x si r 6= −a
L’équation : y + a y = Ae possède une solution de la forme : rx avec B ∈ K
x 7−→ B x e si r = −a
à déterminer.

Cette affirmation permet aussi de trouver une solution particulière


 d’équations telles que : y ′ + 2 y = 3 cos x ou
′ x ′ ′ ′ ′
y − y = e sin(2x). Les identités : Re f = Re( f ) et Im f = Im( f ) montrent en effet que :

— si f est solution de l’équation : y ′ + 2 y = 3 eix , Re( f ) est solution de l’équation : y ′ + 2 y = 3 cos x,


— si f est solution de l’équation : y ′ − y = e(1+2i)x , Im( f ) est solution de l’équation : y − y = e x sin(2x).

Exemple On veut résoudre l’équation : y ′ − y = e x + 4 sin x avec la condition initiale y(0) = 1.


Démonstration
• Équation homogène : Les solutions en sont toutes les fonctions x 7−→ λ e x , λ décrivant R.
• Solution particulière de l’équation y ′ − y = e x : Cherchons-en une sous la forme x 7−→ B x e x avec B ∈ R.

x 7−→ B x e x est solution de y ′ − y = e x ⇐⇒ ∀x ∈ R, B e x + B x e x − B x e x = e x ⇐⇒ B = 1.
La fonction x 7−→ x e x convient.
• Solution particulière de l’équation y ′ − y = eix : Cherchons-en une sous la forme x 7−→ B eix avec B ∈ C .
x 7−→ B eix est solution de y ′ − y = eix ⇐⇒ ∀x ∈ R, iB eix − B eix = eix ⇐⇒ B (i − 1) = 1
AT TENTION !
1 1+i 1 + i ix
⇐⇒ B= =− . La fonction x 7−→ − e convient.
i−1 2 2
′ ix
• Solution particulière
‹ de l’équation y − y = sin x = Im(e ) : D’après le point précédent, la fonction
1 + i ix sin x + cos x
x 7−→ Im − e =− convient.
2 2  ‹
x sin x + cos x
• Conclusion : Les solutions de l’équation complète sont les fonctions x 7−→ (x +λ)e +4× − ,
2
x
λ décrivant R. L’unique solution qui vaut 1 en 0 est ainsi la fonction x 7−→ (x + 3)e − 2 sin x − 2 cos x,
obtenue pour λ = 3.

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3 ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES


DU SECOND ORDRE À COEFFICIENTS CONSTANTS
On s’intéresse aux équations de la forme : a y ′′ + b y ′ + c y = d(x) d’inconnue y : I −→ K deux fois dérivables où
a ∈ R∗ , b, c ∈ R et d ∈ C (I , K) sont fixés.

3.1 ÉQUATIONS HOMOGÈNES

En pratique, ce sont généralement les solutions réelles des équations différentielles qui nous intéressent, mais nous
commencerons pourtant par le cas complexe car c’est lui le cas théorique fondamental, celui dont la preuve est naturelle, et
ceci entièrement grâce à l’exponentielle complexe.

Théorème (Équation différentielle a y ′′ + b y ′ + c y = 0 pour K = C)


Soient a ∈ C∗ et b, c ∈ C. Discriminant ∆ Racines
de aX 2 + bX + c de aX 2 + bX + c Forme des solutions
On appelle polynôme caractéristique de l’équation : ′
a y ′′ + b y ′ + c y = 0 le polynôme aX 2 + bX + c. ∆ 6= 0 r et r ′ x 7−→ λ e r x + λ′ e r x

Ci-contre, λ, λ′ et µ décrivent C. ∆=0 r x 7−→ (λx + µ) e r x

Démonstration Mais d’où sort le polynôme caractéristique ? Et pourquoi l’exponentielle est-elle à ce point
présente ? Pour tout r ∈ C :

x 7−→ e r x est solution de l’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = 0 ⇐⇒ ∀x ∈ R, ar 2 + br + c e r x = 0
⇐⇒ r est une racine du polynôme caractéristique aX 2 + bX + c.

Ce calcul nous incite à introduire les racines éventuellement égales r et r ′ du polynôme aX 2 + bX + c, liées par
b
la relation : r + r ′ = − .
a
La fonction x 7−→ e r x est alors solution de l’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = 0, mais c’est le cas plus généralement
de la fonction x 7−→ λ e r x pour tout λ ∈ C. Et le contexte est certes différent, mais de nouveau, nous allons
résoudre notre équation en faisant varier la constante. Concrètement, nous cherchons nos solutions sous la forme
y
x 7−→ z(x) e r x avec z ∈ D(R, C).
€ Š € Š
a y ′′ + b y ′ + c y = 0 ⇐⇒ ∀x ∈ R, a z ′′ (x) + 2rz ′ (x) + r 2 z(x) e r x + b z ′ (x) + rz(x) e r x + cz(x) e r x = 0

⇐⇒ az ′′ + (2ar + b) z ′ + ar 2 + br + c z = 0
 ‹
b ′
⇐⇒ (z ′ )′ + 2r + z =0 Tiens, une équation linéaire du premier ordre !
a € Š
− 2r+ ab x
⇐⇒ ∃ λ ∈ C, ∀x ∈ R, z ′ (x) = λ e .

La fin du calcul requiert qu’on distingue deux cas : ∆ 6= 0 et ∆ = 0.


b b
• Cas où ∆ 6= 0 : Ici : r 6= − , donc 2r + 6= 0.
2a a € Š
− 2r+ b x
λe a
a y ′′ + b y ′ + c y = 0 ⇐⇒ ∃ λ, µ ∈ C, ∀x ∈ R, z(x) =  ‹ +µ après primitivation
b
− 2r +
a
€ Š
− 2r+ ab x
⇐⇒ ∃ λ, µ ∈ C, ∀x ∈ R, z(x) = λ e + µ€ quitte à changer le λ
Š
rx − r+ ab x
⇐⇒ ∃ λ, µ ∈ C, ∀x ∈ R, y(x) = z(x) e = λe + µ er x

⇐⇒ ∃ λ, µ ∈ C, ∀x ∈ R, y(x) = λ e r x + µ e r x .
b b
• Cas où ∆ = 0 : Cette fois, r = − est l’unique racine de aX 2 + bX + c, donc 2r + = 0.
2a a
a y ′′ + b y ′ + c y = 0 ⇐⇒ ∃ λ ∈ C, ∀x ∈ R, z ′ (x) = λ
⇐⇒ ∃ λ, µ ∈ C, ∀x ∈ R, z(x) = λx + µ après primitivation
⇐⇒ ∃ λ, µ ∈ C, ∀x ∈ R, y(x) = z(x) e r x = (λx + µ) e r x .

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Théorème (Équation différentielle a y ′′ + b y ′ + c y = 0 pour K = R)


Discriminant ∆ Racines
Soient a ∈ R∗ et b, c ∈ R. de aX 2 + bX + c de aX 2 + bX + c Forme des solutions
On appelle polynôme caractéristique ∆>0 r et r ′ x 7−→ λ e r x + λ′ e r

x
de l’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = 0
le polynôme aX 2 + bX + c. ∆=0 r x−7 → (λx + µ) e r x
Ci-contre, λ, λ′ et µ décrivent R. € Š
∆<0 r ± iω 7 → e r x λ cos(ωx) + µ sin(ωx)
x−

Dans le cas où ∆ < 0, on privilégie en physique d’autres formes équivalentes des solutions : x 7−→ λ e r x sin(ωx + ϕ)
et x 7−→ λ e r x cos(ωx + ϕ).

Démonstration Les solutions réelles de l’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = 0 en sont aussi des solutions


complexes, donc soumises au théorème précédent. Nous nous contenterons du cas ∆ < 0 — le plus compliqué
et le plus intéressant. Les racines de aX 2 + bX + c y sont complexes conjuguées de la forme r ± iω avec ω 6= 0.
Soit y une solution COMPLEXE de l’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = 0. D’après le théorème précédent, y est de
la forme x 7−→ α e r x+iωx + β e r x−iωx = e r x α eiωx + β e−iωx pour certains α, β ∈ C.
π
€ Š   
À quelle condition y est-elle RÉELLE ? Si elle l’est : Im y(0) = Im y = 0, or :
€ Š 2ω
— Im y(0) = Im(α + β ), donc Im(β ) = −Im(α),
π
   € πr Š € Š πr πr
— Im y = Im i(α − β ) e 2ω = Im i(α − β ) e 2ω = Re(α − β ) e 2ω , donc Re(β ) = Re(α).

Bref, si y est réelle : β = α. Posons dans ce cas λ = 2 Re(α) et µ = −2 Im(α). Pour tout x ∈ R :
  € Š
y(x) = e r x α eiωx + α e−iωx = 2 e r x Re α eiωx = e r x 2 Re(α) cos(ωx) − 2 Im(α) sin(ωx)
€ Š
= e r x λ cos(ωx) + µ sin(ωx) . Réciproquement, cette fonction est bien réelle.

Les formes λ e r x sin(ωx + ϕ) et λ e r x cos(ωx + ϕ) s’en déduisent aisément grâce à une technique du chapitre
« Nombres complexes et trigonométrie ».

Exemple
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ − 3 y ′ + 2 y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ e x + µ e2x , λ et µ
décrivant R, car le polynôme X 2 − 3X + 2 possède deux racines réelles distinctes, 1 et 2.
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ −2 y ′ + y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ (λx +µ)e x , λ et µ décrivant
R, car le polynôme X 2 − 2X + 1 admet 1 pour unique racine.
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ + 4 y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ λ cos(2x) + µ sin(2x), λ et µ
décrivant R, car le polynôme X 2 + 4 possède deux racines complexes conjuguées, 2i et −2i.
€ Š
• Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ +2 y ′ +10 y = 0 sont toutes les fonctions x 7−→ e−x λ cos(3x)+µ sin(3x) ,
λ et µ décrivant R, car le polynôme X 2 + 2X + 10 possède deux racines complexes conjuguées, −1 + 3i et −1 − 3i.

3.2 ÉQUATIONS AVEC SECOND MEMBRE

Nous admettrons le théorème suivant pour ne pas perdre de temps.

Théorème (Équation différentielle a y ′′ + b y ′ + c y = d(x), problème de Cauchy) Soient a ∈ K∗ , b, c ∈ K et


′′
b y ′ + c y = d(x)
§
a y +
d ∈ C (I , K). Pour tous x 0 ∈ I et y0 , y0′ ∈ K, le problème de Cauchy : possède une et
y(x 0 ) = y0 et y ′ (x 0 ) = y0′
une seule solution sur I .

Je ne l’énonce pas de nouveau, mais le principe « solution particulière + solution générale de l’équation homogène » et le
principe de superposition sont toujours valables au second ordre car ils découlent seulement de la LINÉARITÉ de l’équation.

En revanche, le programme de MPSI ne vous donne aucune méthode un peu générale de recherche de solution particulière
pour les équations du second ordre. Seuls les seconds membres du cadre suivant sont exigibles. Fixons a ∈ C∗ et b, c, A, r ∈ C.

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L’équation : a y ′′ + b y ′ + c y = Ae r x possède une solution de la forme suivante avec B ∈ C :


x 7−→ B e r x

 si r N’est PAS racine du polynôme caractéristique
x 7−→ B x e r x si r est racine SIMPLE du polynôme caractéristique
 2 rx
x 7−→ B x e si r est racine DOUBLE du polynôme caractéristique.

Comme au premier ordre, ce principe permet aussi de traiter le cas de seconds membres exponentiels-(co)sinus. Par
exemple, si f est solution de l’équation : y ′′ + 2 y = 2 e(3+i)x , Im( f ) est solution de l’équation : y ′′ + 2 y = 2 e3x sin x.

Exemple On veut résoudre l’équation : y ′′ − y = e2x − e x avec les conditions initiales y(0) = 1 et y ′ (0) = 0.
Démonstration
• Équation homogène : Les solutions de l’équation homogène : y ′′ − y = 0 sont toutes les fonctions
x 7−→ λ e x + µ e−x , λ et µ décrivant R, car les racines du polynôme X 2 − 1 sont −1 et 1.
• Solution particulière de l’équation y ′′ − y = e2x : Comme 2 N’est PAS racine de X 2 − 1, cherchons-en
une sous la forme x 7−→ B e2x avec B ∈ R.
1
x 7−→ B e2x est solution de y ′′ − y = e2x ⇐⇒ ∀x ∈ R, 4B e2x − B e2x = e2x ⇐⇒ B = .
3
′′ x 2
• Solution particulière de l’équation y − y = e : Comme 1 est racine SIMPLE de X − 1, cherchons-en
une sous la forme x 7−→ B x e x avec B ∈ R.
€ Š 1
x 7−→ B x e x est solution de y ′′ − y = e x ⇐⇒ ∀x ∈ R, B x e x + 2B e x − B x e x = e x ⇐⇒ B = .
2
• Conclusion : Les solutions de l’équation complète : y ′′ − y = e2x − e x sont ainsi toutes les fonctions
x e2x
 
x 7−→ λ − e x + µ e−x + , λ et µ décrivant R. L’unique solution pour laquelle y(0) = 1 et y ′ (0) = 0
2 3
1 1 1 5
est obtenue pour λ et µ tels que : λ + µ + = 1 et λ − µ + = 0, i.e. λ = et µ = . L’unique
3 6 4 12
1 − 2x x 5 −x e2x
solution finale est ainsi la fonction x 7−→ e + e + .
4 12 3

Exemple On cherche les solutions réelles de l’équation : y ′′ + y ′ + y = e x cos x.


Démonstration  p   p 

x 3 x 3 x
• Équation homogène : Les solutions en sont les fonctions x 7−→ λ cos + µ sin e− 2 , λ
2 2
et µ décrivant R, car les racines de X 2 + X + 1 sont j et j .
• Solution particulière de l’équation y ′′ + y ′ + y = e(1+i)x : Comme 1 + i n’est pas racine de X 2 + X + 1,
cherchons-en une sous la forme x 7−→ B e(1+i)x avec B ∈ C.
x 7−→ B e(1+i)x est solution de y ′′ + y ′ + y = e(1+i)x
⇐⇒ ∀x ∈ R, (1 + i)2 B e(1+i)x + (1 + i) B e(1+i)x + B e(1+i)x = e(1+i)x ⇐⇒ (2 + 3i) B = 1
1 2 − 3i 2 − 3i (1+i)x
⇐⇒ B = = . La fonction x 7−→ e convient.
2 + 3i 13 13

• Solution particulière de l’équation y ′′ + y ′ + y = e x cos x = Re e(1+i)x : D’après le point précédent, la
 ‹  ‹
2 − 3i (1+i)x 2 cos x + 3 sin x
fonction x 7−→ Re e = e x convient.
13 13
• Conclusion : Les solutions (réelles) de l’équation : y ′′ + y ′ + y = e x cos x sont toutes les fonctions :
 ‹   p   p 
2 cos x + 3 sin x x 3 x 3 x
x 7−→ x
e + λ cos + µ sin e− 2 , λ et µ décrivant R.
13 2 2

4 SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES


Nous achèverons ce chapitre par l’étude de certaines suites (un )n∈N satisfaisant l’une des relations de récurrence suivantes :
— un+1 = aun + b (suites arithmético-géométriques, dont arithmétiques pour a = 1 et géométriques pour b = 0),
— aun+2 + bun+1 + cun = 0 (suites récurrentes linéaires homogènes du second ordre).
Dans les deux cas, (un )n∈N est définie
 par une équation linéaire. Notons par exemple T la fonction qui associe à toute suite
réelle (un )n∈N la suite un+1 − aun n∈N . Alors T est linéaire car pour toutes suites (un )n∈N et (vn )n∈N et pour tous λ, µ ∈ R :

7
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI

€ Š € Š € Š € Š
T λ(un )n∈N + µ(vn )n∈N = T (λun + µvn )n∈N = (λun+1 + µvn+1 ) − a(λun + µvn ) = λ(un+1 − aun ) + µ(vn+1 − avn )
  € Š n∈N€ Š n∈N

= λ un+1 − aun n∈N + µ vn+1 − avn n∈N = λT (un )n∈N + µT (vn )n∈N .

€ Or direŠ qu’une suite (un )n∈N satisfait la relation de récurrence : un+1 = aun + b pour tout n ∈ N, c’est dire que :
T (un )n∈N = (b)n∈N , mais c’est donc dire aussi que (un )n∈N est solution d’une équation linéaire.

4.1 SUITES ARITHMÉTIQUES , GÉOMÉTRIQUES ET ARITHMÉTICO -GÉOMÉTRIQUES

Théorème (Suites arithmétiques/géométriques) Soient (un )n∈N une suite complexe et q, r ∈ C.


• On dit que (un )n∈N est arithmétique de raison r si pour tout n ∈ N : un+1 = un + r.
Dans ce cas, pour tout n ∈ N : un = u0 + nr.
• On dit que (un )n∈N est géométrique de raison q si pour tout n ∈ N : un+1 = qun .
n
Dans ce cas, pour tout n ∈ N : un = q u0 .

+r/×q +r/×q +r/×q +r/×q


u0 u1 u2 ... un
+nr/×q n

Théorème (Suites arithmético-géométriques) Soient (un )n∈N une suite complexe et a, b ∈ C. On dit que (un )n∈N
est arithmético-géométrique (de raison a et de second membre b) si pour tout n ∈ N : un+1 = aun + b.
Deux situations peuvent se présenter :
— soit a = 1, auquel cas (un )n∈N est arithmétique,
— soit a 6= 1, auquel cas l’équation : a x + b = x d’inconnue x ∈ C possède une et une seule solution ℓ. La suite
(un )n∈N est alors de la forme ℓ + λa n n∈N pour un certain λ ∈ C.

Démonstration (n◦ 1 plus conceptuelle,avec un point de vue linéaire) Supposons a 6= 1. Nous voulons
résoudre l’équation linéaire : un+1 − aun n∈N = (b)n∈N d’inconnue (un )n∈N .

• Équation homogène : Les suites complexes qui vérifient cette équation sont exactement les suites géomé-
triques de raison a, i.e. les suites (λa n )n∈N , λ décrivant C.
• Solution particulière de l’équation complète : À tout hasard, cherchons-en une qui soit constante. Pour
b
tout ℓ ∈ C, la suite (ℓ)n∈N est solution de l’équation complète si et seulement si ℓ − aℓ = b, i.e. ℓ = .
 1 − a
• Conclusion : Les solutions de l’équation complète sont toutes les suites ℓ + λa n n∈N , λ décrivant C.

Démonstration (n◦ 2 plus pratique) Supposons a 6= 1. Soit (un )n∈N une suite complexe pour laquelle pour
tout n ∈ N : un+1 = aun + b.
b
• Pour commencer, l’équation : a x + b = x d’inconnue x ∈ C admet ℓ = comme seule solution.
1−a
• La suite (un − ℓ)n∈N est alors géométrique car pour tout n ∈ N : un+1 − ℓ = (aun + b)− (aℓ+ b) = a(un − ℓ).
Il en découle
 que pour tout n ∈ N : un − ℓ = a n (u0 − ℓ). La suite (un )n∈N est donc bien de la forme
n
ℓ + λa n∈N pour un certain λ ∈ C.

Exemple On cherche une expression explicite de la suite (un )n∈N définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N : un+1 = 2un + 1.

Démonstration L’équation : 2x + 1 = x pour solution −1, donc (un )n∈N est de la forme λ2n − 1 n∈N pour
un certain λ ∈ R, et comme u0 = 1 : λ = 2 après calcul, donc pour tout n ∈ N : un = 2n+1 − 1.

8
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI

4.2 SUITES RÉCURRENTES LINÉAIRES HOMOGÈNES DU SECOND ORDRE

Théorème (Suites récurrentes linéaires homogènes du second ordre)


Soient a, c ∈ K∗ , b ∈ K et (un )n∈N une suite à
Discriminant ∆ Racines
valeurs dans K. de aX 2 + bX + c de aX 2 + bX + c Forme des solutions

K=C
On dit que (un )n∈N est récurrente linéaire ho- 
∆ 6= 0 r et r ′ λr n + λ′ r ′n n∈N
mogène du second ordre de polynôme caractéris-
tique aX 2 + bX + c si pour tout n ∈ N :
€ Š
∆=0 r (λn + µ)r n
n∈N
aun+2 + bun+1 + cun = 0.

Discriminant ∆ Racines
de aX 2 + bX + c de aX 2 + bX + c Forme des solutions

∆>0 r et r ′ λr n + λ′ r ′n n∈N
K=R

€ Š
∆=0 r (λn + µ)r n
n∈N
€ Š
∆<0 ρ e±iθ ρ n λ cos(nθ ) + µ sin(nθ )
n∈N

Démonstration Petite remarque préliminaire. Une suite (δn )n∈N étant donnée, si d’une part δ0 = δ1 = 0 et si
d’autre part pour tout n ∈ N : aδn+2 + bδn+1 + cδn = 0, alors pour tout n ∈ N : δn = 0.
À présent, soit (un )n∈N une suite à valeurs dans K récurrente linéaire homogène du second ordre de polynôme
caractéristique aX 2 + bX + c.

• Cas où aX 2 + bX + c possède deux racines distinctes r et r ′ dans K (∆ 6= 0 si K = C et ∆ > 0 si K = R) :


Soient λ et λ′ deux éléments de K que nous allons choisir explicitement dans un instant. Pour tout n ∈ N,
posons δn = un − λr n − λ′ r ′n . Pour tout n ∈ N :
  
aδn+2 + bδn+1 + cδn = aun+2 + bun+1 + cun − λ ar n+2 + br n+1 + cr n − λ′ ar ′n+2 + br ′n+1 + cr ′n
 
= 0 − λr n ar 2 + br + c − λ′ r ′n ar ′2 + br ′ + c = 0.

Peut-on choisir λ et λ′ de façon à garantir que δ0 = δ1 = 0 ? Eh bien oui car r 6= r ′ , il suffit de poser :
r ′ u0 − u1 u1 − ru0
λ= et λ′ = ′ . Ainsi δn = 0 pour tout n ∈ N, donc un = λr n + λ′ r ′n .
r′ − r r −r
b
• Cas où aX 2 + bX + c possède une unique racine r dans K (∆ = 0) : Bien sûr : r = − , et comme
2a
∆ = 0 avec a 6= 0 et c 6= 0 : b 6= 0, donc r 6= 0. Soient λ et µ deux éléments de K que nous allons
choisir explicitement dans un instant. Pour tout n ∈ N, posons δn = un − (λn + µ) r n . Pour tout n ∈ N :
 € Š 
aδn+2 + bδn+1 + cδn = aun+2 + bun+1 + cun − λ a(n + 2)r n+2 + b(n + 1)r n+1 + cnr n − µ ar n+2 + br n+1 + cr n
€  Š 
= 0 − λ nr n ar 2 + br + c + r n+1 (2ar + b) − µr n ar 2 + br + c = 0.

Peut-on choisir λ et µ de façon à garantir que δ0 = δ1 = 0 ? Eh bien oui car r 6= 0, il suffit de poser :
u1 − ru0
λ= et µ = u0 . Ainsi δn = 0 pour tout n ∈ N, donc un = (λn + µ)r n .
r
• Cas où aX 2 + bX + c ne possède pas de racine dans K (∆ < 0 si K = R) : Les racines de aX 2 + bX + c dans
C sont ici complexes conjuguées distinctes, disons ρ eiθ et ρ e−iθ pour certains
 ρ > 0 et θ ∈ R\πZ. À valeurs
réelles donc aussi complexes, (un )n∈N est de la forme αρ n eniθ +β ρ n e−niθ n∈N pour certains α, β ∈ C d’après

le premier point. Or : Im(u0 ) = Im(u1 ) = 0, i.e. : Im(β ) = −Im(α) et Im α eiθ + β e−iθ = 0.
€ Š € Š
La deuxième égalité s’écrit aussi : Im(α) + Im(β ) cos θ + Re(α) − Re(β ) sin θ = 0, donc avec la
€ Š
première : Re(α) − Re(β ) sin θ , et comme θ ∈ R \ πZ : Re(β ) = Re(α). Conclusion : β = α.
Posons finalement λ = 2 Re(α) et µ = −2 Im(α). Pour tout n ∈ N :
 € Š
un = αρ n eniθ + αρ n e−niθ = 2ρ n Re α eniθ = ρ n λ cos(nθ ) + µ sin(nθ ) .

9
Christophe Bertault — Mathématiques en MPSI

Exemple On cherche une expression explicite de la suite réelle (un )n∈N définie par : u0 = 0, u1 = 1 et pour tout
n ∈ N : un+2 = 2un+1 − un .
Démonstration Le polynôme caractéristique X 2 − 2X + 1 possède une racine réelle unique qui est 1. Il existe
donc deux réels λ et µ pour lesquels pour tout n ∈ N : un = λn + µ. Mais u0 = 0 et u1 = 1, donc λ = 1 et
µ = 0, autrement dit pour tout n ∈ N : un = n.

Exemple On cherche une expression explicite de la suite réelle (un )n∈N définie par u0 = u1 = 1 et pour tout n ∈ N :
un+2 = un+1 − un .
iπ iπ
Démonstration Les racines du polynôme X 2 − X + 1 sont e 3 et e− 3 — complexes conjuguées. Il existe donc
nπ nπ

deux réels λ et µ pour lesquels pour tout n ∈ N : un = λ cos + µ sin . Or comme u0 = u1 = 1 :
p 3 3 
λ + 3µ 1 nπ 1



λ= = 1, donc λ = 1 et µ = p , donc pour tout n ∈ N : un = cos + p sin .
2 3 3 3 3

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