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Les chenaux et le lit majeur accommodent les flux liquides et solides en transit mais
présentent la particularité d’être auto-ajustables. En d’autres termes, la géométrie en long
(la pente) et en travers (la largeur et la profondeur) ainsi que le style fluvial (exprimé par le
tracé en plan) peuvent se transformer à partir d’un état initial, si les flux en transit
connaissent des modifications modérées mais durables ou s’ils subissent des épisodes de
crise exceptionnels. Il s’agit donc d’un système à processus-réponse (process-response
system).
Cette conception rejoint celle des degrés de liberté (degrees of freedom) d’une rivière
(Hey, 1988) formés par la pente, la largeur, la profondeur et la rugosité liée à la nature des
matériaux du fond. La variation (augmentation/diminution) du débit liquide et du débit solide
(variables externes ou indépendantes, ou encore variables de contrôle) se traduit par un
ajustement des variables internes (également qualifiées de variables dépendantes, de
variables géométriques, ou encore de variables de réponse).
Une façon de considérer le cours d’eau à l’échelle de l’aire de drainage a été proposée par
Schumm (1977) qui divise le système bassin versant en trois parties distinctes, échelonnées
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3°) la zone 3 ou zone de stockage, constituée par les larges plaines alluviales des
cours d’eau principaux où se déposent une grande partie des matériaux transportés.
Toutes ces conceptions ont été reprises et enrichies dans le cadre de recherches
entreprises au courant des années 1980 sur le Rhône (un cours d’eau français). La démarche
interdisciplinaire et intégrée de l’analyse qui les sous-tendait a contribué à l’émergence du
concept d’hydrosystème fluvial. Ce concept conduit à considérer les environnements fluviaux
comme la résultante de processus physiques mais aussi chimiques et biologiques, agissant à
l’échelle du bassin versant et à des échelles temporelles comprises entre 1 an et une dizaine
de millénaires.
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Contrairement aux approches classiques des cours d’eau et des systèmes fluviaux basées
sur l’unidirectionnalité des flux, le concept d’hydrosystème se fonde sur la prise en
considération des flux bidirectionnels de matières, d’énergie et d’organismes au sein des
plaines alluviales.
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positives), soit au contraire les réduire (rétroactions négatives), maintenant dans ce cas le
système ou le sous-système concerné dans un état de quasi-équilibre. Des processus
géomorphologiques plus globaux et des changements climatiques majeurs se déroulant à
plus long terme (103-104 ans et plus) affectent aussi l’organisation et le fonctionnement des
hydrosystèmes fluviaux.
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Figure 3. Relations et hiérarchie entre variables d'un hydrosystème fluvial
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Les deux concepts intégrateurs que sont le système fluvial et l’hydrosystème reposent sur
un corpus d’idées et de principes théoriques qui ont servi de cadre référentiel à des
approches méthodologiques dont la mise au point a été facilitée par les perspectives qu’ils
offrent, en hydromorphologie fluviale, en termes d’analyse et d’organisation de la recherche,
qu’elle soit fondamentale ou appliquée.
- L’approche synchronique ;
- L’approche diachronique.
Celle-ci permet d’obtenir une image du cours d’eau dans son contexte géographique et
historique, autrement dit de dresser l’état du système à un temps donné et à un endroit
précis. Elle s’articule autour de l’analyse des similitudes (similarity analysis) d’une part, de
l’analyse des connectivités (connectivity analysis) d’autre part.
L’étude des similitudes est habituellement focalisée sur des unités ou des entités spatiales
d’échelle comparable : séries de tronçons fluviaux appartenant à un bassin versant donné ou
à plusieurs bassins versants, bancs alluviaux ou profils en travers localisés dans un ou
plusieurs tronçons, etc.
L’analyse des connectivités repose, elle, sur l’idée qu’un tronçon fluvial, par exemple, est
le résultat de l’effet cumulé ou de l’interaction des facteurs de contrôle agissant en amont de
celui-ci, mais aussi de la cascade hydrologique et sédimentaire qui a lieu dans différents
compartiments du BV auxquels il est connecté.
Elle est ainsi focalisée sur les liens existant entre les composantes emboîtées du système.
De la sorte, la sensibilité d’une composante aval peut être évaluée, le postulat étant ici que
celle-ci est déterminée par les changements auxquels sont soumises les composantes amont.
Il ne s’agit donc pas d’une analyse comparative d’attributs caractérisant des composantes
d’échelle donnée, mais d’une analyse des changements affectant une série de composantes
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de même extension spatiale et à partir des desquels des causes (agents, chronologie)
peuvent être déterminées.
L’analyse des connectivités est également qualifiée d’analyse intégrée lorsqu’il s’agit
d’établir des liens entre un bassin versant et, par exemple, un tronçon fluvial donné ou entre
une rivière et sa plaine alluviale logée dans un bassin versant précis.
Elle s’articule autour de volets différents : (i) l’étude de l’évolution des lits fluviaux à
l’échelle historique et contemporaine, (ii) les reconstitutions paléohydrologiques et
paléohydrauliques et (iii) l’étude des l’archivage sédimentaire des fonds de vallée.
L’étude de l’évolution des lits fluviaux à l’échelle historique et contemporaine (101 à 102
ans) est essentiellement tributaire de l’existence de documents iconographiques (cartes
anciennes et actuelles, plans, imagerie aérienne et spatiale), de données topographiques
(profils en longs et en travers), voire de textes se rapportant au cours d’eau que l’on veut
étudier. Elle consiste généralement en la comparaison, par superposition, des tracés en plan
extraits des documents iconographiques indiqués précédemment, voire des profils en long
et/ou en travers, lorsque ceux-ci sont disponibles. L’objectif visé ici est d’apprécier, de suivre
et de comprendre l’évolution généralement d’une composante du cours d’eau. Suivant
l’intensité, l’extension spatiale et le rythme des changements ou des modifications
enregistrées, on s’attache par la suite à déterminer et à évaluer les causes de l’évolution de
la composante étudiée (changements des modes d’affectation du sol ou d’autres variables
indépendantes du système), leur importance respective, pour in fine en déduire les effets
actuels et futurs sur le système.
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Plusieurs autres indications fournies par les datations (principalement radiocarbone) ainsi
que celles issues de plusieurs autres types d’analyses (palynologiques, micromorphologie des
sols, pédologie) viennent généralement compléter le tableau, permettant de caler
chronologiquement la mise en place des dépôts alluviaux et d’affiner les schémas d’évolution
morphosédimentaire des fonds de vallée.