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UIT- FSHS Kénitra Master changements climatiques et ressources en eaux

Chapitre III.- Le fonctionnement hydrologique du bassin versant et


la production des débits liquides
Introduction
Le débit liquide est l principal variable de contrôle de la dynamique fluviale, c’est
le moteur des processus morpho-dynamiques (érosion, transport et
sédimentation). L’étude des débits, quantification, leurs fluctuations dans le
temps et dans l’espace est une spécialité de l’hydrologie. Elles déterminent le
fonctionnement hydrologique des cours d’eau.
En hydrogéomorphologie fluviale, le fonctionnement hydrologique est connu
pour son importance morphogénique comme facteur de l’évolution du paysage
fluviatile. Ainsi, la connaissance des caractéristiques de toutes les situations
hydrologiques des cours d’eau (leurs importances, leurs durées, leurs
fréquences, leur succession dans le temps et dans l’espace) s’avère une étape
importante dans l’étude de la dynamique fluviale. Le traitement de ces
caractéristiques est l’objectif de ce chapitre.

1.- Genèse et types d’écoulements


1.1.- Genèse d’écoulement
L’écoulement prend sa genèse dans le bassin versant lorsque la capacité du sol
à retenir les eaux ou les infiltré est saturée. Dès ce point naît le ruissellement
diffus qui se développe en écoulement concentré dans les chevelures
élémentaires puis de plus en plus vers les collecteurs principaux.
a.- Le ruissellement diffus désigne l’écoulement temporaire de petits filets d’eau
de quelques centimètres, qui se recoupent à la faveur des irrégularités de la
topographie. L’accumulation du ruissellement diffus forme un ruissellement en
nappe ou aréolaire, c’est une lame d’eau étalées sur de faibles hauteurs sur des
surfaces à faible pente.
Le rôle de ce ruissellement (diffus et aréolaire) dans la production de la charge
solide est important ; ils s’accompagnent d’un lessivage et un décapage des
matériaux fins de la surface est produit notamment la charge en suspension.
b.- Le ruissellement concentré se forme de l’accumulation dans les artères
hydrographiques des eaux du ruissèlement. Dans les principaux collecteurs, il
s’organise dans trois unités emboitée le lit mineur, le lit moyen et le lit majeur.
La mise en eau de chacune de ces unités est en fonction du débit en transite. Le
lit mineur est mis en eau par les faibles débits d’étiage, le lit moyen est mis en
eau pendant les débits situés entre l’étiage et le débit plein bord, pendant que

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le lit majeur est mis en eau lorsque le débit dépasse le plein bord et déborde sur
la plaine alluviale.

1.2.- Les types d’écoulements


a. L’écoulement torrentiel
Le torrent correspond à des formes d’alimentation spasmodique lui conférent
une dynamique de crue. C’est un écoulement de transition entre le versant et la
vallée.
L’écoulement torrentiel à cause de sa vitesse est l’un des types d’écoulement
majeurs responsable de la production de la charge solide, les particules
grossières, les galets et les blocs constituent une proportion importante de cette
charge.

b.- L’écoulement turbulant


Cet écoulement est caractérisé par une surface irrégulière avec l’apparition des
turbulences. La vitesse de l’écoulement n’est pas uniforme, dans certaines zones
l’eau montre des vitesses plus grandes par rapport aux autres. Cet écoulement
caractérise les zones médianes des bassins et due à la présence des obstacles
dans le lit ou à l’irrégularité du fond du lit.

c. L’écoulement calme laminaire


Ce type d’écoulement se caractérise par une surface d’eau lisse et l’uniformité
de la vitesse. Il caractérise les parties avales des grands fleuves à écoulement
permanent.

2.- Notion du débit et techniques de jaugeages (Acquisition des débits en


fonction du temps).
Le débit désigne le volume d’eau qui traverse une section transversale du cours
d’eau par unité du temps. Son unité de mesure est le m3/s ou l/s pour les faibles
débits. Dans la dynamique fluviale, la fluctuation du débit liquide est un facteur
clé des processus morpho-dynamiques ; le débit détermine avec la vitesse la
compétence et la capacité des eaux vis avis l’érosion et le transport de la charge
solide (alluvions).
Les techniques de jaugeages sont nombreuses mais on peut les classer en trois
grands types. Les mesures volumétriques, les mesures des champs de vitesses et
les mesures limnimètriques (mesures de la hauteur du niveau d’eau).

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2.1.- les techniques volumiques


Une technique simple consiste à mesurer le temps nécessaire (t) pour remplir un
volume connu d’eau (V), le débit (Q) est déduit par le rapport Q=V/t. la technique
est valable pour les ruisseaux de petite taille, les sources et les pompages, les
grands cours d’eau ne peuvent pas être jauger de cette technique.

2.2.- Les champs de vitesse


La technique consiste à la mesure de la vitesse de l’eau dans une section donnée.
Le débit est déduit selon la formule suivante ; Q=S*V.
La mesure de la vitesse se fait grâce à des instruments, le plus utilisé est le
moulinet (hélice) soit un flotteur. La non uniformité de la vitesse de l’écoulement
en contacte des berges du fond et de l’air conduit à la prise de la vitesse dans
plusieurs points bien répartis sur toute la section et de calculer une moyenne.

2.3.- la mesure des hauteurs


Sur une section considérée stable, la mesure instantanée des hauteurs (h1, h2,
h3,…) est convertie en débits instantanés (Q1, Q2, Q3…). Cette conversion se fait
grâce à la courbe de tarage ; celle-ci est réalisée en se basant sur des mesures
complexe prenant en considération la surface et le périmètre de la section
mouillée, la pente du chenal, la rugosité du fond et berges et la quantité des eaux
drainées…. Généralement le choix des stations de mesure se base sur le critère
de stabilité de la section mouillée pour la valabilité de la courbe de tarage.
La mesure manuelle semble délicate, couteuse et peu précise, un appel au
limnigraphe, une autre technique plus efficace, précise et instantanée devient
répondus sur les cours d’eau permanents. Elle permet d’enregistrée d’une
manière continue les fluctuations des hauteurs de l’eau.
Des mesures de la hauteur sont assurées aussi par des techniques des ondes
ultrasonores ou magnétique émises, reçues et traitées par un émetteur fixé au-
dessus du lit du cours d’eau.

3.- Caractérisation hydrologique des cours d’eau


3.1- Les débits caractéristiques
Débit moyen journalier : Moyenne arithmétique des mesures du débit pendant
24h.
Le débit maximal instantané : correspond au pic de la crue c’est le débit maximal
de chaque apport journalier.

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Le débit maximal instantané annuel : le débit maximal de tous les débits


maximal journaliers.
Le débit moyen journalier maximal annuel : c’est le débit maximal annuel des
débit moyen journaliers.
Débit mensuel : Moyenne arithmétique des débits moyens journalier pendant le
mois concerné (30j).
Débit moyen annuel (module annuel) : Moyenne arithmétique des débits
moyens journalier pendant une année (365j).
Débit moyen mensuel interannuel : Moyenne arithmétique de tous les débits
moyens mensuels pour un mois donné au cours de la période des relevés.
Débit moyen annuel inter annuel (module normal ou module inter annuel) :
Moyenne arithmétique des débits moyens annuel pendant la période des
relevés.
Débit spécifique : est une mesure de l'écoulement moyen au sein d'un bassin
versant, il correspond au rapport débit et surface du bassin versant (Qs = Q/s) il
est généralement exprimé en unité (l/s/Km²). Ce rapport permet la comparaison
de la production des bassins versants ou sous-bassins ayant des surfaces
différentes.
Le coefficient mensuel de débits (CMD) : Il est défini comme le rapport du
débit mensuel moyen au module inter-annuel (moyenne interannuelle calculée
sur un certain nombre d'années). Celui-ci permet de représenter la répartition,
en pourcentage, des débits mensuels au cours de l'année.

L’analyse statistique et descriptive de ces débits aide dans la caractérisation des


écoulements et donne une idée sur le fonctionnement hydrologique c’est-à-dire
sur la régularité et l’irrégularité de l’écoulement ; paramètres de dispersion
(max, min, amplitude, écarts à la moyenne, écart type, variance, le coefficient de
variation, moyenne mobile), paramètres de tendance centrale (moyenne,
médiane…)

Ces paramètres montrent la régularité de l’écoulement qui agit directement sur


les processus morpho-sédimentaires (érosion, transport et sédimentation).

Le régime hydrologique
Les relevés des débits moyens mensuels d'un cours d’eau pendant une longue
série d'années montrent des variations saisonnières systématiques.
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L’hydrogramme (graphe) de l'écoulement mensuel moyen (calculé sur un certain


nombre d'années et aussi appelé débit "inter-mensuel" ou module mensuel)
représente le régime d’écoulement d’un cours d’eau.
Selon l’allure de l’hydrogramme des débits moyens mensuels (qui reflète les
modes d’alimentation du cours d’eau), trois grands types de régime
hydrologique sont distingués (Pardé,1933), plusieurs régimes intermédiaires
existent selon les caractéristiques de chaque zone.
• Régime simple : il est caractérisé par une seule alternance annuelle de
hautes et de basses eaux, avec un maximum mensuel et un minimum
mensuel au cours de l'année hydrologique. Le cours d’eau est en général
caractérisé par un seul mode d'alimentation exemple pluvial, ou glaciaire.
• Régime mixte : la forme de l’hydrogramme est caractérisée par 2 maximas
et 2 minimas, par an. Le cours d’eau est ainsi caractérisé par deux modes
d’alimentation.
• Régime complexe : l’histogramme des débits est marquée par la présence
de plusieurs extrêmes qui reflètent la multitude des modes
d'alimentation.

3.2.- Les débits extrêmes


a.- Notion de la crue
Les crues représentent une situation extrême dans le comportement
hydrologique des cours d’eau. Elle désigne un événement caractérisé par une
augmentation rapide du débit, la définition du débit seuil d’une crue diffère
selon les hydrologues, et varie entre 3 et 5 fois le débit normal (débit moyen
annuel) du cours d’eau.
En hydrogéomorphologie fluviale, les crues présentent un grand intérêt, elles
constituent le moment des grands apports liquide et solides qui réalisent
l’essentiel des activités morphogéniques des cours d’eau. Leurs débits jouent un
rôle important dans la dynamique fluviale, ils correspondent aux débits de
fréquence élevée et aussi exceptionnels qui sont les plus susceptibles à favoriser
l’érosion et la sédimentation et conduire à l’incision, l’élargissement ou le
comblement des lits fluviaux.
Dans l’étude des crues on se focalise généralement sur l’analyse des débit moyen
journalier ou sur les débits instantanés s’ils sont disponibles. On se focalise aussi
dans leur étude sur les conditions de genèse, sur leurs répartitions spatio-
temporelles et leurs fréquences et leurs périodes de retour.
Plusieurs paramètres sont utilisés pour décrire et caractérisé une crue
Hydrogramme : un hydrogramme est une représentation graphique montrant
la variation du débit « instantané » dans un cours d’eau en fonction du temps.

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Le débit de pointe : c’est le débit instantané maximal de la crue.


Le volume de crue : c’est le volume d’eau mobilisé durant la crue.
Le temps de montée : c’est le temps entre le débit avant la crue (débit de base)
et le débit de pointe.
Le temps de réponse : tp, c’est l’intervalle de temps qui sépare le centre de
gravité de la pluie nette de la pointe de crue de l'hydrogramme.
Le temps de concentration : c’est le temps que mettrait une goutte entre le
moment où elle tombe et le moment où elle franchit les limites du bassin
versant ; elle correspond au temps entre le début des précipitations et le temps
du débit de pointe. Elle peut aussi être calculer approximativement par un
nombre de formules.

Le débit pour différentes périodes de retour (10, 20, 50, 100 …). L’estimation
des débits pour différents temps de retour donne une idée sur la récurrence des
différentes valeurs de débit. Cette estimation est basée sur des lois statistiques les
principales sont la loi de Gamble, la loi normale de Gaussen, la loi log normale
de …

b.- Notion de l’inondation


Une inondation est l’une des risques hydrogéomorphologiques et de la
dynamique fluviale. Il peut être définie comme une « submersion temporaire par
l’eau débordant du lit normal d’un cours d’eau lors d’une crue ».
Il s’agit d’une situation temporaire qui peut être dommageable (destruction
d’habitations, par exemple), mais elle peut avoir des bénéfiques (apport
d’alluvions fertilisants, par exemple, recharge des nappes).

c.- Notion de l’étiage.


Le débit d’étiage est le débit exceptionnellement faible d’un cours d’eau c’est le
débit le plus bas atteint pendant une durée. Il joue un rôle important comme
débit biologique qui maintient la persistance de certains êtres vivants animaux
ou végétaux. Généralement le maintien de l’étiage est assuré par la fente des
neiges sur les sommets et la restitution des nappes d’accompagnement ou par
l’alimentation de certaines sources ou résurgences à partir des nappes
phréatiques ou profondes. Les étiages sévères peuvent êtres d’origines
anthropiques par surexploitation des eaux du cours d’eau pompage ou
dérivation, tarissement de sa nappe d’accompagnement et des nappes qui
l’alimentent par pompage excessif, ou peut être d’origine climatique par déficit
de précipitations.
Sur le plan morphodynamique fluviale, les périodes longues des étiages
correspondent à une phase de stabilité, au moins apparente. Toutefois, les
processus qui interviennent dans cette phase influencent indirectement sur le
morpho-dynamique des lits. Ils participent dans le balayage des particules fine
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et le pavage du lit (concentration des particules grossières). La persistance des


étiages alimente les alluvions du lit et diminue ainsi leur perméabilité lors des
crues futures. Pendant ces phase, l’inféroflux (écoulement dans la charge
alluviale) alimente la végétation ripicole et accentue la rugosité du fond et le
développement de la protection des berges par ripisylve.
La bonne connaissance de ces débits est cruciale pour la gestion des ressources
en eau dans les cours d’eau ; elles se base sur plusieurs paramètres sui
constituent aident à la caractérisation des étiages.
Caractérisation des étiages
Parmi les paramètres couramment utilisés on trouve le QMNA, le DCE, l’étiage
annuel et l’étiage absolu.
Le QMNA ; c’est le débit mensuel minimal annuel.
DCE ; Débit caractéristique de l’étiage, c’est le débit minimal non dépassé
pendant 10 jours de l’année. Pour cela il faut classer les débit annuel de manere
décroissante.
L’étiage annuel ; débit minimum de l’année hydrologique
L’étiage absolu ; débit minimum connu de la période d’étude.

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