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eXerCiCe MeDiCal
La méthodologie
de la recherche clinique
I-1-2
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La m ét ho dologie de la rec he rche c lin iq ue I-1-2
la méthodologie
de la recherche clinique
Objectifs :
– Analyser et argumenter les grands types d’études cliniques
I - INTRODUCTION
l La recherche clinique est une activité médicale organisée visant à améliorer la connaissance
soit d’une maladie, soit d’une thérapeutique (médicament, dispositif médical, méthode diag-
nostique ou stratégie de prise en charge), sur des sujets humains vivants.
l La démarche scientifique se base sur des faits réels, vérifiés. Plusieurs types d’études de
recherche clinique peuvent être envisagés pour confronter les hypothèses à la réalité. Les dif-
férents types d’études n’ont pas le même niveau de preuve scientifique (cf. médecine fondée
sur les preuves, Module 1-Item 3) :
– Les études d’observation épidémiologiques sont plus faciles à réaliser, mais elles ne per-
mettent pas de prendre en compte les facteurs de confusion (cf. encadré) et leurs résultats
sont potentiellement biaisés. En revanche, les études d’observation sont très utiles pour
générer de nouvelles hypothèses.
– Les études expérimentales signifient que les facteurs de confusion sont contrôlés par l’al-
location aléatoire du traitement étudié et du placebo (ou du traitement de référence). Les
études expérimentales donnent le meilleur niveau de preuve scientifique quand elles sont
possibles. On parle d’essai thérapeutique dans le cas du médicament.
Les avantages et les limites des différents types d’études pour la recherche sont listés dans le
tableau ci-dessous.
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Rapide Mesure de l’exposition Adapté pour les Minimisation des biais Prise en compte de
Coût faible Adapté aux facteurs de maladies rares, ou avec (par randomisation en l’hétérogéniété
Formulations risque (FR) rares. longue période de double aveugle) Augmente la puissance
d’hypothèses Chronologie entre l’ex- latence statistique
Intérêts Mesure de l’exposition position au FR et la Rapide, moins coûteux,
survenue de la maladie peu de sujets nécessaires
Etude de plusieurs Etude de plusieurs FR
malades
l La recherche clinique est dominée par les études du médicament administré à l’homme dans
le cadre des essais cliniques («clinical trials»).
Essais précliniques
l Sur l’animal, recherche de toxicité et de tératogenicité.
Essais de Phase I
l Sur volontaires sains
l Objectifs : Evaluation de la tolérance,
Evaluation Pharmacocinétique : Dose Maximale Toléré (DMT)
Essais de Phase II
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2. les études de toxicité réalisées chez l’homme sain (phase 1) puis malade (phase 2) qui per-
mettent de déterminer la dose minimale efficace (sans toxicité) et les caractéristiques pharma-
cocinétiques et pharmacodynamiques du médicament (les essais de phase 2b (dose minimale
efficace) étant randomisés).
Les essais cliniques comparatifs incluent essentiellement des études de phase 3.
l Les études réalisées chez l’homme obéissent à une technique (méthodologie des essais cli-
niques), à une législation (la loi du 20 décembre 1988, dite loi «Huriet-Sérusclat» qui définit
les essais cliniques sous le vocable « recherches biomédicales «) et à une éthique.
Facteurs de confusion : facteurs qui produisent des effets pouvant être confondus avec un effet
du traitement ou de l’intervention étudiée. Les principaux sont l’évolution de la maladie, l’effet
placebo, la régression à la moyenne ou l’effet de traitements concomitants.
Exemple : l’âge est associé à la mortalité. Si le groupe « traité « est plus jeune que le groupe
contrôle, l’amélioration de la survie est confondue par la différence d’âge entre les deux
groupes.
Ils sont pris en compte qu’ils soient connus ou inconnus :
l A priori: lorsqu’un facteur de confusion (connu) important risque de perturber la
comparabilité des groupes après allocation aléatoire du traitement et du placebo, l’allocation
aléatoire est stratifiée sur ce facteur. La stratification consiste à effectuer l’allocation aléatoire
au sein des groupes identifiés par le facteur de confusion. Le nombre de variables de
stratification dépend de la taille de l’échantillon.
l A posteriori: des méthodes statistiques, dites d’ajustement, permettent de contrôler les
facteurs de confusion. Les résultats entre groupes sont alors comparés sur l’intervention, «
toutes choses étant égales par ailleurs «.
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– Ils sont la principale source d’information sur la sécurité, la tolérance, l’efficacité et par-
fois le ratio coût-efficacité d’un médicament.
– Ils permettent de mettre en évidence des éléments que la seule démarche individuelle
(relation médecin-malade) ne permet pas de voir. Les essais cliniques sont un complé-
ment nécessaire à la démarche individuelle en tant que démarche collective.
– Ils soulèvent certaines critiques (multiplications de nouvelles méthodologies, limites
concernant les médicaments orphelins, les médicaments pédiatriques, la gériatrie, les
problèmes éthiques).
II - LA METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
CLINIQUE : L’ESSAI THERAPEUTIQUE
A - LE PROTOCOLE
l Le protocole est le document écrit qui définit et décrit l’essai thérapeutique dans le détail:
objectif, méthodologie, schéma d’étude, sujets à inclure, traitements à appliquer, critères
d’évaluation, analyse prévue, organisation pratique, marche à suivre devant l’apparition d’un
événement critique. Le protocole est élaboré en commun par les différents partenaires et
constitue le document de référence. Il doit être strictement respecté (notamment lors de
l’analyse statistique) et sa qualité garantit la valeur scientifique de l’essai.
1 - Essai de « supériorité « pour montrer une efficacité différente, en règle supérieure, d’un
nouveau médicament versus placebo ou un médicament de référence. Le nouveau médica-
ment constitue un véritable progrès thérapeutique, notamment dans un essai de supériorité
versus médicament de référence (nouvelle classe thérapeutique).
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D - TRAITEMENTS
l Pour certains essais, les malades doivent être « naïfs «, c’est-à-dire n’avoir encore jamais été
traités pour la maladie objet de l’étude. Dans d’autres cas, les malades sont déjà traités (hyper-
tension artérielle, affection rhumatologique, hépatite chronique virale). D’un point de vue
éthique, leur recrutement est possible si les patients peuvent supporter une « fenêtre théra-
peutique» et que le nouveau traitement peut améliorer l’efficacité ou la tolérance du traite-
ment antérieur.
1. Le traitement de comparaison.
l En règle générale, un placebo sera utilisé dans un essai de supériorité quand il est éthique de
ne pas traiter, au moins pendant la durée de l’essai.
l Les arguments en faveur d’un essai contrôlé contre placebo doivent être solides (cf. module
11-Item 168):
– Effet placebo important.
– Pathologie susceptible de variations, de rémission ou de guérison spontanée.
– Traitement de référence de faible efficacité ou comportant des effets secondaires importants.
– Faible prévalence de la pathologie rendant un essai d’équivalence impossible.
l Dans les autres cas, le groupe contrôle recevra le traitement de référence qui devra être choisi le
plus honnêtement possible: meilleur traitement à la dose optimale pendant une durée suffisante.
Pour les procédures d’insu (aveugle), on doit avoir recours à la technique du double placebo.
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E - LE PLAN D’ETUDE
l Le schéma le plus usuel est l’essai en groupes parallèles : la comparaison porte sur les résul-
tats moyens observés sur un groupe de patients recevant le médicament à étudier et sur un
groupe identique de patients (groupe témoin) recevant un placebo ou un traitement de réfé-
rence qui sont étudiés simultanément.
l Dans certains cas, le malade est son propre témoin et reçoit successivement, dans un ordre
tiré au sort, les deux traitements à l’étude : on parle d’essai croisé ou en «cross-over «.
l L’essai croisé permet une économie en terme de nombre de patients, mais il double le temps
de l’essai. Ce type d’essai est intéressant en terme de puissance statistique si l’on est sûr que
la variabilité intra-individuelle (variabilité de la réponse d’un patient aux deux traitements)
est plus faible que la variabilité interindividuelle (variabilité de la réponse de sujets différents
à ces mêmes traitements). D’autres plans expérimentaux plus complexes peuvent être propo-
sés lorsqu’il de multiples alternatives à comparer (essai factoriel, essai en carré latin).
l Quel que soit le schéma expérimental, l’essai peut être monocentrique ou multicentrique. La
nécessité d’inclure un grand nombre de patients fait que les essais sont le plus souvent mul-
ticentriques. Ils sont souvent internationaux lorsque la maladie est rare ou pour répondre aux
impératifs des industriels pharmaceutiques en terme d’autorisation de mise sur le marché
pour les différents pays (typiquement, 3 essais conduits en Europe, aux Etats-Unis et au
Japon permettent de couvrir les demandes des agences du médicament des pays, de la
European Medicines Agency et de la Food and Drug Administration aux USA).
l Le déroulement en pratique de l’étude doit être précisé: procédures cliniques (nombre et lieu
des consultations, des examens complémentaires…), procédures biologiques (nombre et
place des prélèvements et leurs horaires, si pertinent) pour les deux groupes de l’étude. Ceci
revient à décrire ce qui sera fait, quand ça sera fait et par qui. Les critères d’arrêt de l’étude
pour un sujet qui y participe, la durée prévue pour l’ensemble de l’étude et la durée de la par-
ticipation prévue pour un sujet donné qui sera inclus, seront également décrit.
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tées par les auteurs, l’article est accepté ou non (par exemple, le Lancet accepte moins de
10% des articles reçus au total).
l Cependant, il faut noter que le peer reviewing n’est pas systématique en fonction des revues
et que sa qualité dépend consubstantiellement des reviewers. Il ne constitue pas une garantie
suffisante de la validité d’un article scientifique, même dans une grande revue internationale.
L’Evidence Based-Medecine prône que le médecin doit être à même de juger un article scien-
tifique (validité, résultats, applicabilité à son patient).
1. Il est souligné que la médecine doit exercer la plénitude de son savoir et que dès lors il est
nécessaire pour faire avancer le progrès médical, d’effectuer des recherches dans le domaine
diagnostique, thérapeutique et préventif, mais avec des démarches spécifiques et distinctes du
soin. Donc toutes les personnes doivent faire l’objet d’une protection particulière, avec des
mesures renforcées pour les personnes vulnérables qui doivent être davantage protégées
(enfants, femmes enceintes, personnes handicapés, patients en situation d’urgence, personnes
en institution…)
2. La validité scientifique doit être assurée par les pré-requis consistant en l’étude des publica-
tions scientifiques en laboratoire et sur l’animal, par l’écriture d’un protocole expérimental
valide, et par un encadrement assuré par des médecins et scientifiques compétents et respon-
sables de l’étude.
La recherche menée au cours d’un traitement n’est valable que dans un possible intérêt diag-
nostic, thérapeutique ou de prévention, si les méthodes existantes sont insuffisamment effi-
caces.
Article L.1121-2 du Code de Santé Publique (CSP) : Aucune recherche biomédicale ne peut être
effectuée sur l’être humain :
- si elle ne se fonde pas sur le dernier état des connaissances scientifiques et sur une expérimentation
préclinique suffisante ;
- si le risque prévisible encouru par les personnes qui se prêtent à la recherche est hors de proportion
avec le bénéfice escompté pour ces personnes ou l’intérêt de cette recherche ;
- si elle ne vise pas à étendre la connaissance scientifique de l’être humain et les moyens susceptibles
d’améliorer sa condition ;
- si la recherche biomédicale n’a pas été conçue de telle façon que soient réduits au minimum la dou-
leur, les désagréments, la peur et tout autre inconvénient prévisible lié à la maladie ou à la recherche,
en tenant compte particulièrement du degré de maturité pour les mineurs et de la capacité de compré-
hension pour les majeurs hors d’état d’exprimer leur consentement.
L’intérêt des personnes qui se prêtent à une recherche biomédicale prime toujours les seuls intérêts de
la science et de la société.
3. Un comité indépendant doit examiner le protocole. Son indépendance permet d’éviter les
conflits d’intérêts avec les promoteurs (financeurs et co-organisateurs) et les investigateurs
(acteurs de la recherche auprès des patients). Il s’agit du Comité de Protection des Personnes
(CPP).
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4. En rupture avec la loi Huriet de 1988, qui mentionnait la recherche « avec ou sans bénéfices
direct pour le patient », la loi du 9 août 2004 met fin à cette distinction. L’intérêt des personnes
qui se prêtent à la recherche est supérieur à l’intérêt de la science et de la société. Le principe
de soin prime donc sur celui de la recherche et en toute circonstance le médecin doit protéger
la vie, la santé, la dignité et l’intimité de la personne ainsi que son équilibre physique et psy-
chologique.
6. La notion de prise de risque étant reconnue comme légitime, la recherche doit protéger au
maximum la santé des participants, bien avant les intérêts de la science ou de la société: obli-
gation de sécurité maximale pendant l’essai (moyens) et obligation de vigilance avec arrêt de
l’étude si besoin.
7. L’information doit être appropriée, claire, compréhensible et complète sur les objectifs, les
risques, les contraintes et le médecin doit s’assurer de sa bonne compréhension. Elle doit être
le garant des principes d’autonomie et de liberté dans la décision. Le médecin doit expliquer
la prise en charge au patient en différenciant clairement celle liée aux soins et celle liée à la
recherche tout en préservant la même relation médecin-malade à tout moment quel que soit
l’acceptation du patient. Après l’information adaptée à la compréhension du patient orale et
écrite, le consentement écrit et signé doit être obtenu de manière libre, c’est à dire sans aucune
pression. Celui-ci est révocable à tout moment sans condition. En cas de protocole sur des per-
sonnes en état d’impossibilité juridique de consentir, il faut plusieurs conditions : le choix de
cette population doit être justifié, la recherche doit leur apporter un bénéfice, il faut l’accord
du comité et l’accord préalable du représentant légal.
Dans tous les cas les démarches d’information et de consentement sont validées par le CPP.
l Les différentes personnes physiques ou morales concernées par la loi et leurs obligations
sont :
1. Le promoteur
l Il peut s’agir d’une personne physique ou morale. Il prend l’initiative de la recherche et ce,
de façon volontaire, avec envoi d’une lettre d’intention au ministère de tutelle. C’est lui qui
choisit le ou les investigateurs, constitue les dossiers nécessaires (dont le protocole), fournit
gratuitement les médicaments de l’étude ; il doit souscrire un contrat d’assurance responsa-
bilité civile spécifique à l’étude. Rien ne s’oppose en théorie à ce que l’investigateur soit éga-
lement promoteur.
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2. L’investigateur
l Il s’agit toujours d’une personne physique, obligatoirement docteur en médecine. Il dirige et
surveille la réalisation de la recherche. S’il existe plusieurs investigateurs, le promoteur
désigne un « investigateur coordinateur « (ou investigateur principal). Il soumet un dossier
au CPP de sa région d’exercice ainsi qu’à l’AFSSAPS ; la liste des informations qu’il doit
communiquer est réglementairement fixée. C’est lui qui recueille le consentement des per-
sonnes qui se prêtent à la recherche. Il est tenu au secret professionnel et ne peut donner d’in-
formations sur la recherche, sans l’accord du promoteur, qu’au Ministre chargé de la Santé et
aux médecins et pharmaciens inspecteurs de la santé. En clair, l’investigateur ne peut pas
publier les résultats de la recherche sans l’accord du promoteur.
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Ainsi, le CPP et l’AFSSAPS jouent un rôle essentiel: une recherche ne peut démarrer sans un
avis favorable conjoint.
2. Mineurs (Art.L.1121-7) :
l consentement du mineur à rechercher dans la mesure du possible (d’un point de vue
éthique, il est déconseillé de passer outre s’il refuse).
l signature des parents mais possible d’un seul titulaire de l’autorité parentale.
l mais promouvoir la signature et l’adhésion des deux parents conjointement avec l’enfant.
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IV - ASPECTS ETHIQUES
l Un essai clinique est dit «éthique» si :
– il est précédé d’études précliniques.
– ne valeur scientifique :
* Intérêt médical, scientifique ou de santé publique.
* Rigueur méthodologique.
– N’expose les patients consentants qu’à un risque acceptable compte tenu de leur état et de
la gravité de la pathologie à traiter.
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