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Quelques dates

1944 Naissance du système monétaire international dit de Bretton Woods.


1960 Naissance du marché de l’eurodollar.

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1971 Suspension de la convertibilité or du dollar.
1973 Crise pétrolière qui conduit à l’expansion des « pétrodollars » ;
généralisation du flottement des monnaies.

1976 Accords de la Jamaïque ; fin officielle du système de Bretton Woods ;


la référence à l’or est abandonnée.

1979 Fin du contrôle des changes en Grande-Bretagne ; naissance du


système monétaire européen ; la Federal Reserve des États-Unis met
en place une politique monétariste, ce qui entraîne une envolée du
dollar ; l’or, valeur refuge, à son plus haut niveau (24 fois le cours
officiel de 1971).

1982 Moratoire décidé par les pays d’Amérique latine sur le remboursement
de leur dette extérieure.

1985 Accords du Plaza : action concertée des banques centrales pour faire
baisser le dollar.

1987 Krach financier mondial lié à l’arrêt d’injection de liquidités par


les banques centrales, vite abandonné pour éviter le scénario des
années 30.

1990 Achèvement de la libre circulation des capitaux au sein de la


Communauté européenne.

1997 Crise asiatique liée à l’effondrement des monnaies suite aux retraits
de capitaux internationaux.

1999 Naissance de l’euro.


2007 Crise des subprimes aux États-Unis : paralysie du système financier
mondial suite aux problèmes de liquidité et de solvabilité des grandes
banques internationales.

2010-2011 Crise des dettes souveraines en Europe.

Étape 1
Il était une fois
la finance
Étape 2
Les finances
personnelles
Étape 3
La finance
d’entreprise
Étape 4
Les finances
publiques
Étape 5
Les marchés
financiers
Étape 6
Les intermédiaires
financiers
Étape 7
La globalisation
financière
Étape 8
Les crises
financières
Étape 9
La régulation
financière
Étape 10
L’avenir
de la finance
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1. Les flux internationaux de capitaux,
moteur de la finance mondiale

Besoins et capacités de financement à l’échelle mondiale

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En pratique L’augmentation des flux de capitaux (flux financiers) prend sa source
Le GATT (General Agreement on
dans l’expansion des flux commerciaux après 1945. Un processus
Tarifs and Trade), qui organisera vertueux se met alors en place, où le commerce extérieur devient un
différents « rounds » visant à la accélérateur de croissance, dopé par les nouvelles réglementations
baisse des tarifs douaniers, et internationales et les nouveaux accords entre nations qui libéralisent
les premières esquisses d’Unions les échanges.
économiques régionales (la L’augmentation du volume des échanges mondiaux et la démulti-
CECA, puis le Marché commun plication des flux commerciaux, entraînées par l’irruption d’acteurs
européen) deviennent des leviers
toujours plus nombreux dans les échanges, ont pour corollaire
pour développer les échanges
internationaux dont le rythme de
l’augmentation des flux monétaires et financiers qui en per-
croissance sera toujours supérieur mettent le financement et le règlement. Les pays à excédents
à celui des PIB nationaux. commerciaux dégagent dans l’échange international des ressour-
ces qui sont pour partie conservées sous
forme d’augmentation des réserves de
change et, pour une autre partie, recy-
clées dans les pays en développement,
soit sous forme de prêts aux acteurs
locaux, soit sous forme d’investisse-
ment direct à l’étranger (IDE) de la
part des grandes firmes qui accélèrent
ainsi leur processus de multinationa-
lisation. En retour, au fur et à mesure
que leur décollage économique s’as-
sure, les pays en développement,
d’abord importateurs nets de capitaux,
La demande de dollars
s’affranchissent progressivement de
après la Seconde
Guerre mondiale fut un cette contrainte pour devenir à leur tour,
facteur d’accélération via les gains du commerce extérieur obtenus par leur insertion dans les
des mouvements de échanges mondiaux, des pays excédentaires capables de rembourser les
capitaux prêts octroyés initialement.

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La finance internationale naît donc des besoins et capacités de financement
de la croissance et du développement à l’échelle mondiale. Les flux finan-
ciers suivent en sens inverse les flux commerciaux :
„„ L’excédent commercial se traduit par des entrées de capitaux, le déficit
par des sorties de capitaux.
„„ Le développement des activités à l’étranger des firmes multinationales

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entraîne des entrées de capitaux pour le pays d’accueil, compensées ulté-
rieurement par des sorties liées au paiement des revenus du capital (intérêts,
dividendes).
„„ Les prêts publics ou privés octroyés par les pays développés aux pays en
développement génèrent des sorties de capitaux mais à terme, des rentrées
par la rémunération qu’ils impliquent.

Les principaux segments du marché international


de capitaux
„„ Le marché des matières premières
Le marché des matières premières permet l’ajustement entre offre et
demande de produits primaires non transformés. Il est affecté, du côté de
l’offre, par les capacités de production à état technique donné et, du côté de
la demande, par le niveau des besoins à un moment donné.
Toute variation susceptible d’affecter l’offre ou la demande se traduit par
la modification des prix des biens. Il peut s’agir d’une modification tempo-
raire dans le cas d’un aléa climatique pour des matières premières agricoles
par exemple ou durable (la rareté relative du bien). L’ensemble des fac-
teurs variables influe sur les perspectives de prix à court, moyen et long
terme. Aujourd’hui, pour se prémunir des variations trop fortes qui affec-
tent le calcul économique, les principaux acteurs sur le marché mondial des
matières premières se protègent contre la volatilité des prix en négociant par
avance des contrats garantissant des prix donnés (contrats futures).

Le blé par exemple, est une matière première ce marché, devenu progressivement au cours
alimentaire mais également… un support du temps un marché d’anticipations où le
(un sous-jacent disent les professionnels) montant des transactions financières sur ces
de produits financiers. La financiarisation produits est sans commune mesure avec les
croissante des matières premières a transformé échanges réels.

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La financiarisation des matières premières en milliards de dollards
Capitaux traités sur les marchés de dérivés de gré à gré

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c.

c.

c.

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c.

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c.

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c.

in
Ju

Ju

Ju


Source : d’après Les Échos

Le pic de juin 2008 s’explique par la chute des marchés financiers liée à la
faillite de la banque Lehman Brothers à l’automne de la même année et par la
crise économique, la demande en matières premières étant moindre, en rai-
son du ralentissement de la croissance. Ce qui induit une chute des contrats
futures sur les matières premières.

„„ L’internationalisation du marché des actions


Les investissements internationaux sur le marché des actions porte sur
Il s’échange les opérations d’investissement (dit de portefeuille par opposition
actuellement à aux investissements physiques). Il se concrétise par des prises de
la Bourse de Chicago participation (ou inversement par des ventes) au capital de firmes

46 fois
étrangères par des grandes entreprises et ins-
titutions financières et bancaires de stature
la production internationale, dans le cadre d’opérations Au 3e trimestre
mondiale de blé jugées stratégiques pour leur croissance.
2011,
en produits Depuis quelques années, le marché inter-
les actifs des fonds
dérivés. national des actions est aussi alimenté par
souverains s’élevaient à
les prises de participation de fonds souverains tute

4 737 Mds $.
In s t i

(les États à excédent budgétaire diversifiant par ce


u nd

biais leurs placements à long terme) et les interven-


hF
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tions des fonds spéculatifs (hedge funds). Les grandes We


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bourses de stature internationale sont les lieux physiques Source :

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où se fixent le prix de ces actifs financiers, même si se dévelop-
pent depuis peu des plateformes de négociation de gré à gré
(dark pools) qui échappent au caractère réglementé des marchés
boursiers et génèrent en conséquence des risques systémiques.
Comme pour l’ensemble des marchés financiers, le marché inter-
national des actions est devenu un marché d’anticipations où ce

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qui est négocié porte autant sur les titres de propriété que sur des
perspectives d’évolution (contrats indiciels ou trackers).

„„ Les marchés de taux


Les marchés de taux concernent les opérations de financement.
Les opérateurs sont les mêmes que pour le marché internatio-
nal des actions, à ceci près que les États constituent des acteurs
importants en raison, soit de leur besoin de développement (cas
des pays en voie de développement), soit de leurs déficits budgétaires récur- Aujourd’hui, les
rents qui ont conduit à l’explosion des dettes souveraines (cf. étape 4). transactions
Les obligations privées et publiques alimentent les marchés de taux en financières exprimées
en valeur dépassent
fonction des perspectives temporelles, de l’abondance ou de la
de loin les transactions
rareté des ressources financières disponibles au niveau international,
physiques
de la solidité (solvabilité) de l’émetteur, du contexte économique favorable
ou non.
Pour les intervenants sur ces marchés, il s’agit de s’assurer des coûts les
plus bas en profitant des écarts existants entre les places financières inter-
nationales. Parmi les instruments financiers utilisés, certains constituent
des références pour ces opérations, à l’image des bons du trésor amé-
ricains (Tbonds à 10  ans) ou allemands (Bunds à 10  ans), dont les taux
déterminent au niveau mondial l’arbitrage entre financement public et finan-
cement privé.

Technique
Les opérations de carry trade consistent à emprunter dans des devises à faible taux
d’intérêt pour investir dans celles à intérêt plus élevé, l’investisseur jouant sur le différentiel de
taux pour encaisser un profit. Les stratégies de carry trade sont généralement menées lorsque
l’environnement économique est peu volatil et que les taux d’intérêt sont plutôt élevés. Dans
le cas contraire, les investisseurs préfèrent des stratégies dites « momentum » où les choix
reposent sur des tendances de fond et non sur des opportunités où la rémunération n’est pas
assez élevée par rapport aux risques encourus.

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„„ Le marché des devises
Le marché des devises (ou marché des changes) est le dernier grand segment
du marché international des capitaux.
Pour financer ou régler les échanges, particuliers, entreprises, institutions
financières et États doivent se procurer la monnaie étrangère dont ils ont besoin
en échangeant celle-ci contre leur propre monnaie. La valeur d’une devise est

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donc le résultat d’une confrontation entre offre et demande de monnaie au plan
international et s’illustre par son cours.
Le volume d’échange est une première condition mais celle-ci n’est pas suf-
fisante. Le statut de cette monnaie est une autre condition : ainsi, le dollar est
aujourd’hui encore la monnaie de facturation d’un certain nombre de produits
primaires (dont le pétrole), ce qui fait que la demande de dollars n’est pas
uniquement induite par les échanges des États-Unis.
La situation économique et sociale nationale fait aussi partie des paramè-
tres : le niveau d’endettement et la capacité à rembourser à échéance, ou
non, influencent grandement le cours d’une devise. La crise des dettes sou-
veraines de l’été 2011 est venue le rappeler. Mais plus encore, certaines
données jouent un rôle particulier : c’est le cas principalement des statisti-
ques de l’emploi et de la croissance américaines, qui compte tenu du poids
des États-Unis dans l’économie mondiale, influent sur des niveaux de parité
comme ceux de l’euro ou du yen vis-à-vis du dollar. Par ailleurs, les États
interviennent via leurs banques centrales pour contenir des évolutions de
cours qui seraient préjudiciables à leurs intérêts commerciaux.

Part de l’euro dans les réserves mondiales depuis sa création en 1999


%

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1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011
Source : d’après FMI

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Technique
Les devises pétrole sont les monnaies des pays dont la valeur dépend étroitement
des ressources en pétrole. Elles contribuent pour l’essentiel à leurs
exportations, et donc à leurs recettes budgétaires. Parmi elles figurent le
dollar canadien, la couronne norvégienne, le riyal saoudien et le rouble
russe. Le cours de ces monnaies est donc étroitement dépendant de
ceux de l’or noir, mais avec des degrés de sensibilité différenciés selon
4 000 Mds $
s’échangent tous

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
que ces pays ont mis en place des stratégies de couverture évitant les
effets pervers des fluctuations erratiques ou non. les jours sur
Ainsi, la Norvège, qui dispose du deuxième fonds souverain de la les marchés
planète, est considérée comme mieux protégée que le Venezuela avec des changes.
son Bolivar « fort ».

Les mécanismes des règlements internationaux


Les flux internationaux de capitaux résultant des échanges physiques
et financiers entre pays sont retracés annuellement dans des documents
comptables appelés balances des paiements.
D’un point de vue strictement comptable, une balance des paiements est
toujours équilibrée, car l’ajustement final se fait par la variation des avoirs de
réserve.
Cependant, la question du « rééquilibrage » de la balance des paiements
(c’est-à-dire avant la prise en compte de l’ajustement final) est une question
lancinante des problèmes monétai-
res internationaux. Un pays ne peut en Technique
effet éternellement connaître un défi- La balance des paiements d’un pays détermine la position de ce
cit de ses échanges économiques et pays vis-à-vis de l’étranger. Mais on peut aussi retracer cette position
financiers extérieurs. Ce déficit tra- par grands ensembles géographiques représentatifs d’un niveau de
duirait une incapacité structurelle à développement : on parle alors de balance de paiements par zones.
La décomposition de la balance des paiements s’effectue par grand
bénéficier de gains à l’échange, et si
type d’échanges économiques et financiers à partir desquels on peut
momentanément il peut recourir à l’en- dégager des soldes significatifs. La balance commerciale, la balance
dettement, la situation n’est pas viable des services et celle des revenus (dividendes, intérêts, salaires) sont
à long terme. déterminées par :
De même, un pays qui connaît des –– le compte de transactions courantes ;
excédents réguliers ne peut, sur le –– le compte de capital qui concerne les opérations donnant lieu à un
long terme, maintenir cet avantage transfert de propriété sans contrepartie (dons par exemple) ;
car les pays avec lesquels il échange –– le compte financier qui récapitule les investissements directs, ceux de
portefeuille et autres investissements (prêts et crédits commerciaux).
sont incités à prendre des dispositions

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visant à annuler leurs déficits. Pour éviter des guerres commer-
ciales et/ou monétaires entre les pays, les règlements internationaux
s’effectuent dans le cadre d’accords bilatéraux ou multilatéraux.

Histoire
L’étalon or

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Pendant longtemps, les règlements entre pays se sont effectués par paiement en métal
précieux. Avec la révolution industrielle et le développement de la monnaie fiduciaire (papier-
monnaie), s’est mis en place un système de garantie de paiement basé sur la définition d’une
monnaie par un poids de métal précieux et la convertibilité des billets en circulation.
Au début du xixe siècle, la plupart des pays connaissent un système bimétallique, ce qui veut dire
que les règlements peuvent s’effectuer en or ou en argent. Mais très vite, la Grande-Bretagne,
qui est l’économie-monde de l’époque, choisit le monométallisme or, notamment parce que l’Inde
qui représente une part importante de son commerce extérieur vit sous le régime de l’étalon
argent… Aussi, la valeur de l’argent, dont le rythme d’extraction augmente plus vite que celui de
l’or, se dévalorise, ce qui donne un pouvoir d’achat supérieur à la Livre sterling dans les échanges
commerciaux. Pour les mêmes raisons mais un peu plus tard, les autres pays européens
abandonnent le système bimétallique au profit de l’étalon or à partir des années 1870.

2. Une finance mondiale à la dérive ?

La finance mondiale reflète, via les flux de capitaux, les grandes évolutions
de l’économie mondiale. Celle-ci est marquée par des déséquilibres apparus
depuis la crise pétrolière des années 1970, déséquilibres accentués par l’ap-
parition de nouvelles puissances économiques au tournant du xxie siècle.

La tectonique des plaques de la finance mondiale


„„ Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
Les États-Unis sont les créanciers du monde libre. Ils ont permis aux alliés
européens de faire face à l’Allemagne nazie en finançant l’effort de guerre.
Leur balance des paiements dégage une position extérieure positive alors
que la situation est inverse pour les pays du vieux continent. Certains pays en
développement, notamment les grands pays d’Amérique latine, fournisseurs

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de matières premières, ont aussi tiré leur épingle du jeu car le conflit a per-
turbé les circuits d’approvisionnement des pays en guerre.
La plaque américaine est donc excédentaire tandis que la plaque euro-
péenne est déficitaire.

Histoire

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L’abandon de l’or
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la couverture or de la masse monétaire a
considérablement diminué (des 4/5 pour la France) : le papier-monnaie a cours forcé à
l’intérieur des pays mais reste convertible en or (pour quelques devises clés) vis-à-vis de
l’extérieur sous la forme d’échange de lingots (d’où le nom de Gold bullion standard).
Avec la crise des années 30 et la Seconde Guerre mondiale, ce système est obsolète,
car à part les États-Unis, aucun pays ne dispose d’un stock d’or permettant d’assurer
la convertibilité externe de sa monnaie. À Bretton Woods se met alors en place un Gold
exchange standard : les devises sont convertibles en dollars, eux-mêmes convertibles en or.
Mais les déficits récurrents de la balance des paiements américaine ne permettent pas à
terme de maintenir le système : le dollar n’est plus « as good as gold ». Le constat est entériné
lors des accords de la Jamaïque en 1976. De fait, le système devient celui de l’étalon dollar
car la monnaie américaine reste la principale composante des liquidités internationales.

„„ La reconstruction des pays européens


Avec la reconstruction permise par l’aide du plan Marshall et le début de la
croissance des Trente Glorieuses, les pays européens rétablissent progres-
sivement leurs comptes extérieurs. De pays débiteurs nets, ils deviennent
pays créditeurs nets, notamment vis-à-vis des États-Unis dont le déficit de
la balance des paiements alimente le besoin en dollars, seule monnaie réel-
lement convertible en or, dont l’économie mondiale a besoin pour poursuivre
sa croissance. Cela s’explique par un retour de la compétitivité des pays
européens (qui dégage des excédents de la balance commerciale) et par le
flux d’IDE de la part des grandes multinationales américaines (qui augmente
l’excédent de la balance des capitaux long terme).
Parallèlement, l’entrée en lice des pays du tiers-monde dans le développe-
ment (Bandoeng, 1955) oriente de plus en plus de capitaux vers ces pays. Le
financement par l’endettement, s’il n’est pas toujours au cœur des modèles
de développement, dirige un flux croissant de capitaux des États dévelop-
pés vers les pays en développement. La plaque américaine est déficitaire et
la plaque européenne excédentaire.

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„„ L’essor du Japon
La finance mondiale va se trouver bouleversée par le déficit récurrent de
la balance des paiements américaine qui, au tournant des années 1960,
commence à poser problème pour la pérennité d’un système monétaire
international dont le pivot est le dollar. Face à l’émission de dollars, les réser-
ves en or qui en garantissent la valeur deviennent insuffisantes au point

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qu’en 1971, la suspension de sa convertibilité est décidée.
Le monde bascule dans un nouveau système de changes sans que les grands
déséquilibres commerciaux et des paiements en soient réellement affectés
(excédents des balances commerciales du Japon et de la République fédé-
rale d’Allemagne qui poussent à la hausse le yen et le mark, déficit de la
balance commerciale des États-Unis qui pousse à la baisse le dollar). La
plaque asiatique, autour du Japon, est devenue excédentaire comme la pla-
que européenne tandis que la plaque américaine persiste dans les déficits.

„„ Les conséquences du premier choc pétrolier


Le bouleversement est plus grand encore quand l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP) décide en 1973 de multiplier par quatre les
prix du pétrole. Un vaste transfert de richesses s’organise des pays déve-
loppés vers les pays de l’OPEP. Se met alors en place toute une ingénierie
financière liée au « recyclage » des pétrodollars.

Le recyclage des pétrodollars

3 - Placement des capitaux excédentaires

1 - Exportation de pétrole

Pays
Pays 2 - Sortie de capitaux
exportateurs
industrialisés
de pétrole

5 - Versement d’intérêts
sur capitaux placés

5 1
Pays
en 2
4 - Prêts
développement

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Les excédents de capitaux qui ne
peuvent pas être absorbés dans
le développement des écono-
mies locales reviennent vers les
pays développés (où se situe l’in-
dustrie financière) sous forme

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d’investissements de portefeuille et
de placements. Une partie de ces
placements servent eux-mêmes de
support à des prêts aux pays en
développement.
La crise pétrolière a changé de direc-
tion et de dimension les principaux
flux de capitaux, mais les déséqui-
libres des paiements ont été aussi
modifiés car les pays européens
et le Japon passent d’une situation
Le recyclage
excédentaire à une situation défici-
des pétrodollars,
taire. Pour ces derniers, et dans une moindre mesure pour les États-Unis, une aubaine pour
toute la problématique de l’après-crise pétrolière consiste à rechercher les la finance mondiale
voies et les moyens pour rééquilibrer leurs balances des paiements.
La tectonique des plaques financières a encore bougé avec l’irruption d’un
nouvel acteur durablement excédentaire : les pays de l’OPEP.
Les politiques mises en place dans les pays développés dans les années
1980-1990 pour retrouver l’équilibre des paiements poussent à une inter-
nationalisation plus forte tant au plan commercial qu’au plan financier.
L’élargissement des débouchés passe par l’intégration de nouveaux pays
dans le commerce international et par des flux d’IDE toujours plus nom-
breux. Se met en place dans une économie mondiale « globalisée » un circuit
financier qui suit ce mouvement :
„„ Les pays à excédent structurel placent une partie de leurs capitaux dans
les pays industrialisés.
„„ Les capitaux ainsi drainés servent au financement des déficits mais aussi
de l’expansion à l’étranger (aide à l’implantation dans les nouveaux pays
industrialisés).
„„ L’industrialisation des pays en développement permet à terme, sur-
tout pour ceux qui basent leur modèle de développement sur la promotion

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d’exportations, leur émergence sur la scène mondiale (les revenus tirés de
leurs recettes d’exportation compensent bien au-delà les intérêts et dividen-
des versés au titre de la rémunération du capital étranger).

Le grand basculement de la finance mondiale

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Les déficits des uns sont les excédents des autres. Mais au cours du temps,
les pays en excédent et ceux qui sont en déficit ne sont plus les mêmes. La
première décennie du xxie siècle témoigne de ce basculement de la finance
mondiale.

Fin 2001, les réserves mondiales de change période, la dette extérieure des États-Unis
s’élevaient à 2 000 milliards de dollars a augmenté de... 4 000 milliards de dollars
détenus pour les deux tiers par les pays et celle des pays de l’Union européenne
développés. de 3 000 milliards d’euros (soit à peu près
Au milieu de la décennie, les réserves de 4 000 milliards de dollars) !
change des pays émergents (Brésil, Russie, Début 2011, les réserves mondiales
Inde, Chine pour les principaux) égalisent de change qui s’élèvent à près de
pour la première fois celles des pays 10 000 milliards de dollars sont désormais
développés. détenues aux deux tiers par les pays
De 2005 à 2010, les pays émergents ont émergents. La tectonique des plaques
accumulé 4 000 milliards de dollars de financières, plutôt lente jusqu’alors, s’est
réserves supplémentaires. Durant la même accélérée.

Technique
Comment lutter contre la hot money ?
On appelle hot money les capitaux cherchant à s’investir à très court terme dans les pays
qui présentent des avantages de rémunération (produits de taux, dividendes) ou de gains
en capital. Ces capitaux sont souvent accusés d’alimenter la spéculation quand les marchés
sont haussiers et d’accélérer la crise financière quand ils sont baissiers (retraits massifs de
capitaux comme ce fut le cas lors de la crise asiatique de 1997).
Plusieurs solutions existent pour décourager ces mouvements : la réglementation, par
exemple l’interdiction de certaines opérations comme les ventes à découvert (vente à terme
d’un actif financier que l’on ne possède pas pour le racheter à échéance en espérant tirer
un gain du différentiel de cours), la taxation (taxes sur les investissements étrangers en
titres obligataires ou sur certains produits dérivés liés à la spéculation sur les monnaies…),
l’action sur le taux de change (par exemple, l’institution d’un cours plancher ou peg dont
l’objet est de faire cesser l’appréciation d’une monnaie).

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Stock régional d’actifs financiers en 2009
(total des actions, obligations, prêts et dépôts,
investissements directs à l’étranger en milliards de dollars)

Grandes zones géographiques Montant total d’actifs financiers

Amérique du Nord 64 000

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Amérique latine 6 600

Europe occidentale 63 100

Europe centrale et Russie 4 300

Japon 26 800

Asie moins Japon 29 000

Australie, Nouvelle-Zélande 4 000

Moyen-Orient, Afrique et reste du monde 7 900

Source : Mc Kinsey Global Institute, 2011

Le match dans le match : Chine/États-Unis


Parmi les émergents, la Chine se distingue car c’est elle qui a accumulé le
plus de réserves au point de devenir la première nation créancière du monde
(3 200  milliards de dollars début 2011). L’essor chinois s’explique par son
ouverture progressive au commerce mondial et par les perspecti-
ves offertes par les débouchés locaux compte tenu de sa
population encore loin d’atteindre les standards de
consommation et de niveau de vie du monde
occidental.
La libéralisation contrôlée du marché
chinois a attiré les grandes multina-
tionales qui y ont vu là un formidable
relais de croissance pour produire
à moindre coût. L’arrivée de ces fir-
mes en Chine a conduit à transformer
la chaîne de valeur de ces sociétés en

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poussant à la délocalisation sur le territoire chinois la fabrication des pro-
duits, ces entreprises conservant les tâches de conception et surtout la
commercialisation dans les pays développés car le standard de vie y reste
pour l’instant encore le plus élevé et les marges de commercialisation plus
fortes. Au début du xxie siècle, la Chine est devenue le nouvel « atelier du
monde ».

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Balance commerciale des États-Unis avec la Chine (en milliards de dollars)
0
- 50
- 100
- 150
- 200
- 250
- 273,1
1985 2010
Source : Census Bureau, d’après Les Échos

La politique mercantiliste de la Chine s’est accompagnée d’une politi-


que de change offensive décriée par les États-Unis, donnant un avantage
compétitif indu aux produits chinois. L’excédent du commerce
extérieur chinois, pour l’essentiel encore libellé en dollars,
s’est traduit par des entrées de capitaux aussitôt replacés
Entre 2000 et 2011, aux États-Unis sous forme de bons du trésor de l’État
la dette américaine américain.
Une dépendance réciproque malsaine pour l’écono-
détenue par la Chine
mie et la finance mondiale s’est instituée : les avoirs
est passée de en dollars détenus par la Chine sont soumis aux fluc-

60 Mds $ à tuations du dollar mais la Chine ne veut pas modifier


une stratégie d’ouverture basée sur une monnaie
1 200 Mds $. sous-évaluée, condition pour assurer la poursuite
des exportations,  et tarde à passer à un modèle où la
consommation intérieure prendra le relais de la demande
extérieure. Les États-Unis ne veulent pas mettre un terme à
une croissance fondée sur l’endettement, qui alimente la demande
de produits importés, d’autant plus que les dollars dépensés à l’exté-
rieur reviennent à l’intérieur via les placements en bons du trésor, et font

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pression pour une réévaluation de la monnaie chinoise seule suscepti-
ble d’inverser quelque peu les courants d’échange. Derrière le bras de fer
Chine/États-Unis, qui prend la forme d’une guerre des monnaies, c’est
la suprématie financière mondiale qui est en jeu, les autres pays appa-
raissant plutôt spectateurs qu’acteurs. La plaque asiatique, cette fois-ci
autour de la Chine, apparaît comme la grande gagnante de cette partie de

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poker mondial.

Le yuan, future monnaie de réserve ?


FOCUS

Le yuan, ou plus exactement le renmimbi – monnaie


du peuple, son nom officiel – est appelé à devenir une
monnaie de référence dans le commerce mondial
dans la mesure où les autorités chinoises cherchent
désormais à l’internationaliser en passant des accords
commerciaux pour que le règlement des transactions
s’effectue dans cette monnaie.
En 2011, 6  % du commerce extérieur chinois est
libellé en yuans. Dans le même temps, ces mêmes
autorités ont autorisé l’émission de dettes en yuans
à Hong Kong, opportunité dont se saisissent les
multinationales pour se procurer cette devise à un
coût plus faible car la perspective d’une appréciation
du yuan permet des emprunts à des taux intéressants.
Avantage pour les chinois : amasser des réserves en
yuans et donc… moins dépendre des fluctuations à
venir du dollar.
Mais pour devenir une authentique monnaie
internationale, le yuan doit mieux refléter les
fondamentaux de l’économie chinoise, abandonner les contrôles qui gênent Le yuan, monnaie
encore la liberté des capitaux et donner aux marchés financiers chinois une nationale chinoise
assise comparable à celle des autres pays développés.

Les trous noirs de la finance mondiale


Dans la finance mondiale, d’autres sources de déséquilibre apparaissent :
celles liées aux paradis fiscaux et places offshore. Les paradis fiscaux
cherchent à jouer sur les différences de taxation d’un pays à l’autre pour
attirer les capitaux et profiter ainsi de capitaux abondants et à bon compte
pour assurer le développement économique et des ressources pour les

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1 Suisse finances publiques. Les places offshore ajoutent à l’optimisation fis-
2 Îles Caïman cale un ensemble de législations et de règles permettant d’attirer les
3 Luxembourg firmes étrangères par l’allégement des contraintes juridiques : pas
4 Hong Kong
ou peu de contrôle des changes, secret bancaire, pas d’obligation
5 États-Unis
d’exercer une activité importante sur place, obligations comptables
6 Singapour
7 Jersey et prudentielles limitées, droit des sociétés avantageux… Pour ces

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8 Japon raisons, on accuse les paradis fiscaux et places offshore d’accueillir
9 Allemagne aussi les capitaux résultant d’activités illégales à la recherche de
10 Bahreïn possibilités de blanchiment.
11 Îles vierges britanniques Si le phénomène n’est pas contemporain – on trouve déjà des
12 Bermudes exemples dans l’antiquité et au Moyen Âge – il a pris de l’ampleur
13 Royaume-Uni
avec la croissance économique d’après-guerre et s’est accéléré
14 Panama
avec la mondialisation. Des territoires s’organisent pour devenir des
15 Belgique
16 Îles Marshall places offshore comme le Luxembourg, qui voit dans le développe-
17 Autriche ment d’une place financière le relais de croissance de son industrie
18 Émirats arabes unis sidérurgique finissante, les îles Caraïbes, Singapour ou depuis peu
19 Bahamas Bahreïn. Ils viennent rejoindre les pays traditionnellement favo-
20 Chypre rables aux placements de non-résidents (Suisse, Liechtenstein,
Monaco…).
Classement TJN des paradis Les flux de capitaux à destination des paradis fiscaux et centres
fiscaux (d’après Les Échos) offshore contribuent à l’opacité de la finance mondiale en participant
au shadow banking, c’est-à-dire à cette partie du système financier
mondial qui échappe aux règles internationales. Mais ils contribuent
aussi, par les masses finan-
En pratique cières en jeu, à son instabilité
Par essence, il est difficile de savoir quels puisque la logique qui préside
montants exacts sont déposés et gérés par à ces placements conduit à des
les places offshore et on ne dispose que déplacements rapides de capi-
d’estimations faites à partir de recoupement
taux susceptibles d’accélérer
de données par les grands organismes
internationaux. Selon le Tax Justice Network,
les phénomènes spéculatifs.
en 2008, c’est l’équivalent de 11 500 milliards C’est pourquoi, en raison du
de dollars qui seraient placés dans les centres risque systémique qu’ils impli-
offshore et les flux annuels représenteraient quent, les paradis fiscaux et
environ 800 milliards d’euros. centre offshore font désor-
Par comparaison, les réserves mondiales de mais l’objet d’une surveillance
change avoisinaient les 10 000 milliards de accrue dans la nouvelle régula-
dollars en 2010.
tion mondiale.

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Les institutions de la finance mondiale
„„ Le Fonds monétaire international (1944)
Créé dans le cadre des accords de Bretton Woods, le FMI a pour mission
de veiller aux ajustements de la balance des paiements, soit en prêtant une
partie des sommes collectées par les cotisations des pays membres (en

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contrepartie de mesures prises pour retrouver l’équilibre), soit en autorisant
une modification des taux de change (au temps des parités fixes).
Le FMI est donc l’institution supranationale qui, par l’accompagnement des
politiques de redressement, doit éviter que chaque pays sombre dans une
guerre commerciale et monétaire l’opposant à ses partenaires et entraînant
en retour des mesures de rétorsion susceptibles de plonger l’économie mon-
diale dans le chaos. Le FMI est dirigé depuis 2011 par la française Christine
Lagarde.

„„ La Banque mondiale (1944)


La Banque internationale pour la reconstruction et le déve-
loppement (BIRD), appelée Banque mondiale, créée dans
le cadre des accords de Bretton Woods, a pour finalité
l’aide financière à moyen et long terme des pays qui sortent
de la guerre et surtout de ceux qui veulent sortir du sous-
développement.
Les prêts accordés, souvent à taux d’intérêt avantageux –
parfois nul pour les pays les plus pauvres – sont octroyés à
partir des emprunts faits sur les marchés financiers, les coti-
sations des pays membres servant de garantie. Ces prêts
doivent servir à des grands projets de développement comme
les infrastructures, l’énergie, les réformes agraires… De 2007 La Banque mondiale,
à 2012, la Banque mondiale est dirigée par l’américain Robert Zoellick. située à Washington,
est une institution
au service du
„„ La Banque des règlements internationaux (1930)
développement
Initialement créée pour gérer le paiement des réparations allemandes suite
au premier conflit mondial, elle devient un organisme aidant au règlement des
paiements intra européens après 1945, puis un lieu de rencontre pour les gou-
verneurs des banques centrales des pays développés dans les années 1960.
La BRI est aujourd’hui une institution spécialement dédiée aux problèmes des
banquiers centraux : accords de coopération monétaire, veille réglementaire,

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suivi des flux internationaux de capitaux… La Banque des règlements interna-
tionaux est présidée par le français Christian Noyer depuis 2011.

„„ Le Comité de Bâle (1975)


Le comité de Bâle est un groupe de travail réunissant les banques centrales
de dix pays (Allemagne, Belgique, Canada, États-Unis, France, Grande-

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Bretagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Suisse, Suède) chargé de définir des
règles internationales, par exemple, en matière de solvabilité bancaire.

„„ Le Club de Paris (1956)


Le Club de Paris réunit des États créanciers pour examiner et proposer des
solutions aux problèmes d’endettement de certains pays, généralement
sous la forme de rééchelonnement de dettes et d’octrois de nouveaux prêts
publics. Le club de Paris n’est pas une institution officielle mais une organi-
sation informelle, à géométrie variable, qui travaille souvent en collaboration
avec des institutions internationales comme le FMI.

„„ Le Club de Londres (1956)


Basé sur les mêmes principes que le Club de Paris, le Club de Londres inter-
vient sur les prêts privés. Il réunit donc banques créancières et débiteurs
privés.

La City, quartier
financier de Londres

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La finance mondiale, entre compétition et coopération
La globalisation financière a généré une instabilité de la finance mondiale
faute de régulation forte par les institutions chargées de garan-
tir la stabilité du système de financement et de paiement.
Aux maux anciens, comme le statut particulier du dol-
lar, se sont ajoutés des maux plus récents : libération

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rapide des flux de capitaux, déséquilibres com-
merciaux démultipliés, augmentation des dettes/
excédents, quantitative easing, guerre des mon-
naies, autant d’éléments sinon déclencheurs
du moins facteurs d’amplification des crises
économiques et financières.
Le G20 Finances (créé dans la foulée de la crise
financière récente) réunit des pays qui pèsent le
plus sur l’économie mondiale, ne peut être offen-
sif à ce sujet et si des avancées ont lieu, elles
se feront sur la base du plus petit dénominateur
commun comme le montre le refus de la taxe Tobin
(cf. étape 10) par les États-Unis et la Grande-Bretagne.
La finance mondiale est donc appelée pour longtemps à res- Drapeaux des
ter en zone trouble. membres du G20
Les projets de réforme du système monétaire international sont nombreux.
En 2010, il a été suggéré un Bretton Woods II mais ce projet se heurte aux
rapports de force internationaux. Plutôt que la réforme globale, les prin-
cipaux acteurs ont choisi un second best : des stratégies coopératives
débouchant sur des accords a minima remettant le moins en cause possible
la position dans le système financier mondial. C’est que chaque grand pays
cherche à garder un avantage compétitif pour attirer les capitaux et l’indus-
trie financière qui va avec. En première ligne, les grandes places financières
mondiales qui cherchent chacune à garder, ou à prendre, le leadership et à
ne pas se laisser distancer par les nouveaux acteurs que sont les centres
financiers des pays émergents. Pour atteindre la taille critique, les grandes
bourses connaissent à leur tour des phénomènes de concentration, comme
la fusion d’Euronext avec le New York stock exchange (NYSE), dans le
domaine des plateformes officielles, ou de Chi-X Europe et de BATS Global
Markets (États-Unis) dans les plateformes alternatives.

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À vous de jouer 1.  Le marché international des dérivés de gré à gré est une
composante officielle des marchés internationaux des capitaux.
a.  Vrai.
b.  Faux.

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2.  Contrôler le marché des changes permet de lutter contre la
spéculation sur une monnaie.
a.  Vrai.
b.  Faux.

3.  C’est la banque centrale qui décide du cours d’une monnaie sur le
marché des changes.
a.  Vrai.
b.  Faux.

4.  Les investissements de portefeuille à l’étranger peuvent être une


source d’instabilité financière pour le pays d’accueil.
a.  Vrai.
b.  Faux.

5.  Une balance des paiements est toujours équilibrée.


a.  Vrai.
b.  Faux.

6.  Le G20 est une institution chargée de réglementer la finance


mondiale.
a.  Vrai.
b.  Faux.

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1b. Le propre des marchés de gré à gré est d’opérer hors des marchés régle-
mentés officiels. C’est la raison pour laquelle il est question de les encadrer
au niveau international.
2a/b. Oui, si c’est à l’intérieur d’un pays. Non, pour les opérateurs étran-
gers : rien ne les empêche d’agir sur le stock de monnaie détenu hors des
frontières et de jouer à la hausse ou à la baisse. C’est pourquoi, en général
aujourd’hui, toute décision de ce type s’effectue dans le cadre d’une coopé-
ration internationale.
3a/b. Par le biais de sa politique de taux directeurs, la banque centrale
contribue à augmenter ou à resserrer l’offre de monnaie. Mais il faut tenir
compte aussi de la demande de monnaie, qui peut obéir à d’autres facteurs
sur lesquels elle ne peut agir.
4a. Les investissements en actions peuvent donner lieu à des retraits immé-
diats, fragilisant les systèmes financiers locaux.
5a. Par construction, une balance des paiements s’équilibre par les varia-
tions de la position extérieure (variations des réserves de change).

Réponses
6b. Le G20 est une instance de concertation internationale qui n’a pas pou-
voir de décision.
■■ L’or doit-il retrouver un rôle dans le système monétaire international ?
■■ Existe-t-il vraiment une alternative au dollar comme monnaie internationale ?
internationaux ?
■■ La spéculation est-elle utile au fonctionnement des marchés financiers

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la croissance économique ?
■■ L’encadrement des marchés financiers internationaux est-il un obstacle à
Les questions à se poser :
Pour les pros
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Étape 8
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Les crises financières


« Les empires ont leurs
crises comme les
montagnes ont leur
hiver. Une parole dite
trop haut y produit une
avalanche. »
Victor Hugo

« Les crises financières


proviennent toujours de
la partie non régulée du
système financier. »
Michel Camdessus
L’étape 8 en un clin d’œil 1. Les déséquilibres financiers,
conditions permissives des crises financières
Les crises financières ne se développent que si elles rencontrent un terrain
favorable : des déséquilibres financiers entre les grandes zones économiques
telles que l’Asie et les États-Unis ; un excès de liquidité qui facilite l’apparition

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de bulles qui, lorsqu’elles éclatent, déstabilisent toute l’économie.

2. Les crises se développent par vagues :


l’exemple de la crise de l’euro
Les crises procèdent généralement par vagues avant d’atteindre leur
paroxysme. La crise de l’euro suit ce cheminement avec pour support un
excès d’endettement de certains États comme la Grèce qui déstabilise ensuite
les autres États européens.

3. Les sept phases d’une crise financière


Les crises financières peuvent être découpées en phases : sept ont été
identifiées. Cela permet de comprendre leur fonctionnement et de mieux
appréhender leur évolution.

4. Le rôle du système de contrôle et des acteurs


Les crises mettent en évidence les limites de l’efficacité des réglementations
qui ont été édictées pour encadrer les activités financières. Aussi, après
chaque crise, on redéfinit de nouvelles règles avec pour objectif d’éviter que
pareils dérèglements se reproduisent.

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Quelques dates
1929 Krach financier de Wall Street aux États-Unis. Première grande crise
financière systémique en Occident.
1929-1937 Grande dépression.
1973 Premier choc pétrolier dans le monde. Augmentation du prix du baril.

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1979 Deuxième choc pétrolier : la bulle spéculative s’étend au système
financier puis à l’économie.
1987 Faillite des caisses d’épargne aux États-Unis : crise bancaire.
1989 Spéculation sur les junk bonds (obligations à haut risque car
spéculatives) aux États-Unis : crise boursière.
1992 Crise du Système monétaire européen (SME).
1994 Crise mexicaine.
1997 Crise financière en Asie.
1998 Crise financière russe.
2000 Crise boursière. Éclatement de la bulle Internet et ralentissement
économique mondial.
2001 Crise boursière en Argentine.
2007 Bulle immobilière. Crise des subprimes.
2008 Faillite de Lehman Brothers. La crise financière devient mondiale.
2010-2011 Crise de la dette publique grecque qui devient une crise de la dette
souveraine des pays européens.

1. Les déséquilibres financiers,


conditions permissives des crises
financières

Les crises se ressemblent mais elles ont chacune leurs spécificités. Elles ont
souvent plusieurs origines :
–– des déséquilibres financiers internationaux ;
–– des excès de liquidité et donc des prises de risque mal maîtrisées ;
–– des surendettements des états, du secteur privé ou du service public ;

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–– une innovation financière mal maîtrisée ;
–– une réglementation parcellaire, fragmentée et inadaptée aux réalités des
marchés d’aujourd’hui.

Les origines : l’éclatement de bulles financières

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
Le krach financier de 1929 marque le début
d’une suite de crises financières en Occident
au xxe  siècle. La crise de 1929 provient de
l’éclatement de la bulle engendrée par le
système d’achats à crédit d’actions per-
mis depuis 1926 à Wall Street. Le niveau
de prix d’échanges sur le marché des
actions est alors devenu disproportionné
par rapport à la valeur fondamentale des
actions telle qu’elle résulte de l’analyse de la
situation financière des entreprises.
L’éclatement d’une La crise mondiale de 1973-1982 a commencé par
bulle financière est un choc pétrolier : l’industrie d’abord touchée contamine ensuite le système
l’élément déclencheur bancaire.
des crises
La crise de la zone euro de 2010-2011 se situe dans la continuité de la
crise des subprimes de 2007 qui a débuté
Mot-clé aux États-Unis. À l’origine, l’éclatement d’une
Une bulle spéculative est une hausse artificielle des prix bulle immobilière déstabilise le secteur ban-
d’un actif (immobilier, pétrole, blé…) due à un excès de caire et boursier. Puis, les États déjà endettés,
liquidités et à des anticipations des acheteurs qui croient s’endettent à nouveau pour éviter une dépres-
que les prix ne vont cesser d’augmenter. Or, la situation se sion économique créant une bulle spéculative
retourne, en général à la faveur d’un incident. C’est le krach, >  Mot-clé . La fragilité de certains d’entre eux
c’est-à-dire la chute brutale sans fondement économique, devient manifeste et perturbe l’ensemble de la
des prix qui avaient trop augmenté.
sphère financière.

Le cas de la crise de l’euro


Osons une comparaison : une crise est un peu comme un tremblement de
terre et les trois continents, asiatique, américain et européen, sont les pla-
ques tectoniques. Lorsque des déséquilibres ont lieu entre ces trois plaques
(cas de la crise des subprimes), ou au sein même de ces plaques (cas de

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Les crises
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L’avenir
de la finance
la crise de l’euro), le monde entier est secoué et il s’ensuit
une sorte de tsunami, fait de successions de vagues opérant
suivant différentes phases. La crise de l’euro illustre ce phé-
nomène de vagues. Ces vagues sont à intégrer dans un
cadre d’analyse plus large : celui des « des sept pha-
ses » d’une crise financière.

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Les particularités de la crise
de la zone de l’euro
La crise de l’euro présente des ­caractéristiques très
particulières :
„„ Elle concerne les pays de la zone euro, au premier
chef, mais ses conséquences ont un retentissement Les crises perturbent
mondial. les plaques financières
„„ Cette crise est, par certains aspects, le prolongement internationales
de la crise des subprimes de 2007 parce qu’elle la suit chronologiquement
mais aussi parce que c’est une crise du surendettement des États. Elle
est associée parfois au surendettement des ménages ou des entreprises, Mot-clé
comme on a pu le voir dans le cas de l’Irlande ou de l’Espagne. Une crise systémique
(ou risque systémique)
„„ Elle intervient dans un contexte de croissance ralentie, ce qui accroît ses
est un événement
effets négatifs sur l’économie.
qui entraîne des
„„ C’est une crise du système financier qui ne touche pas seulement les réactions négatives
banques. Elle concerne aussi les compagnies d’assurance et les sociétés de en chaîne provoquant
gestion de l’épargne. un dysfonctionnement
„„ C’est une crise des institutions européennes qui s’avèrent complète- global du système
ment démunies face à une situation inconnue jusqu’ici, et tentent ensuite de et conduisant ainsi
construire une nouvelle gouvernance économique, financière et budgétaire. à une crise générale
impactant l’économie.
„„ C’est une crise systémique >  Mot-clé car non seulement elle touche
l’ensemble du système financier mais en plus elle ralentit, voire bloque la
croissance, et détruit des emplois.

Piège à éviter
La crise de l’euro n’est pas une crise de la monnaie euro qui se porte bien si on la compare
au dollar. Elle est une crise de l’Europe et de ses institutions. Il faut mieux parler de crise
de l’eurozone. « L’unique solution pour la zone euro est son intégration plus profonde », Jan
Rostowski (économiste britannique).

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2. Les crises se développent par vagues :
l’exemple de la crise de l’euro

Vague 1 : les premiers signaux (novembre 2009)

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La crise de la dette L’élément déclencheur de cette première vague est la dissimulation du niveau
grecque provoque de sa dette par la Grèce. Le nouveau gouvernement socialiste à peine élu met
un effet domino en évidence que le déficit public grec s’élève à 12,7 % du PIB au lieu
des 6 % annoncés par le gouvernement précédent.

Vague 2 : la défaillance grecque (mai 2010)


Des désaccords entre les responsables politiques des pays de la zone
euro quant au prêt à accorder à la Grèce provoquent des rumeurs qui
font plonger un peu plus les marchés. Ainsi, le 7 mai 2010, l’agence
de notation Moody’s publie une note sur le « risque de contagion de
la sphère souveraine à certains systèmes bancaires européens. » La
conséquence est alors immédiate sur les marchés : une chute du
CAC 40.
Le 10 mai, l’Union européenne, en coopération avec le FMI, annonce la créa-
tion d’un fonds de stabilisation de 750 milliards d’euros.
Le CAC 40 remonte alors et se stabilise à un niveau inférieur à celui
d’avril 2010.

Baisses du CAC 40 et de l’Eurostoxx Bank en mai 2010

97

92

87

1 2
82
3 mai 9 mai 15 mai 21 mai 27 mai
Eurostoxx Bank CAC 40
Base 100 au 3 mai 2010 Source : Boursorama

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Vague 3 : l’explosion irlandaise (novembre 2010)
„„ Une crise de la dette publique creusée par l’effondrement du
marché immobilier
Septembre 2010, à la suite de l’effondrement du marché immobilier, les ban-
ques irlandaises se trouvent confrontées à un défaut de solvabilité suivi d’un

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
manque de liquidité. L’État irlandais se porte alors à leur secours, ce qui a
pour conséquence une augmentation considérable de son déficit public qui
atteint 32 % du PIB.

„„ Des désaccords entre les dirigeants politiques de la zone euro


Entre octobre et novembre 2010, la France et l’Allemagne sèment le doute
dans les marchés par leurs déclarations contradictoires. Le 27 novembre, ils
trouvent cependant un accord sur l’extension du mécanisme de crise à l’Ir-
lande, plan qui s’élève à 85 milliards d’euros.

Important L’immobilier,
Les indices boursiers peuvent servir d’indicateur de crise car ils réagissent immédiatement à élément clé de la crise
l’environnement. en Irlande
Baisses du CAC 40 et de l’Eurostoxx Bank (fin 2010)
110

105

100

95

90

85

80
1 oct. 16 oct. 31 oct. 15 nov. 30 nov. 15 déc. 30 déc.

Eurostoxx Bank CAC 40


Base 100 au 1 octobre 2010
er
Source : Boursorama

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Vague 4 : le Portugal touché, extension et amplification
de la crise (mars 2011)
La crise de la dette au Portugal est liée à une crise économique doublée
d’une crise politique. Le 23  mars 2011, le premier ministre portugais José
Socrates démissionne après que le Parlement ait rejeté le nouveau pro-
gramme d’austérité du gouvernement socialiste. S’ensuit une succession de

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
dégradations de la note de la dette portugaise par les agences de notation.
Le 6 avril, après avoir nié pendant longtemps la nécessité d’un plan de sau-
vetage, le Portugal finit par faire appel à l’Union européenne et au FMI afin
de subvenir aux besoins de trésorerie du pays. Le 17 mai, un plan de sauve-
tage de 76 milliards d’euros est mis en place.

Vague 5 : l’Italie et l’Espagne gagnées par la contagion,


changement de problématique de crise (juillet-août 2011)
D’une crise de la dette publique des pays dits périphériques, on est passé à
une crise existentielle de la zone euro. L’incohérence observée entre les poli-
tiques monétaire et budgétaire et l’insuffisante convergence des politiques
budgétaires conduites par les États mènent à une interrogation majeure sur
la stabilité du système en l’état. Les mesures attendues ne sont pas d’or-
dre conjoncturel mais structurel. La question de la forme et de la quantité
des capitaux à apporter qu’implique le terme de « solidarité des États » va
désormais devoir avoir un contenu tangible et opérationnel. Ainsi, s’ouvre la
cinquième vague de la crise.
Les cas de l’Espagne et de l’Italie débutent tous deux par des événements
politiques :
„„ Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero
renonce à se présenter aux élections législatives de 2012.
„„ Des tensions au sein du gouvernement italien se font jour suite à l’enquête
pour corruption dans laquelle est impliqué le ministre des finances italien
Giulo Tremonti.
„„ La situation s’accélère à la suite de communications divergentes de la
part des États. Deux tendances au sein même de l’Union européenne peu-
vent être observées :
–– l’Allemagne souhaite une prise en charge par le secteur privé. Berlin est
soutenu par les pays du Nord, la Hollande et la Finlande ;

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–– la France penche vers la position de la BCE qui fait valoir
qu’une telle mesure va engendrer une grande défiance des
investisseurs, ce qui peut donc conduire à un blocage des mar-
chés. L’Italie, l’Espagne et la Grèce sont de ce côté.

Important

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L’une des principales caractéristiques de la crise de la zone euro est le manque de crédibilité
des plans de sauvetage votés par les acteurs européens qui n’ont pas su se mettre d’accord
suffisamment rapidement. La situation s’est dégradée période après période.

Le déclin de la
confiance des
investisseurs conduit
3. Les sept phases d’une crise financière au blocage des
marchés

Les crises financières récentes peuvent être découpées en sept phases.

1 Vulnérabilité

2 Déclenchement

3 Accélération

4 Contagion

5 Crise de la liquidité

6 Transmission de la crise du système financier à l’économie

7 Décisions arrêtées pour limiter l’impact et son renouvellement

Source : Économie Finance et Stratégie

Vulnérabilité
Pour qu’une crise se déclenche puis se développe, il faut qu’il y ait au préalable
un terrain favorable. Ce terrain, ce sont les zones de vulnérabilité du système
financier. Cette période annonciatrice de crise est marquée par un déficit bud-
gétaire des États élevé ainsi qu’un niveau de la dette du pays important.

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Déclenchement
Les déclencheurs de la crise de l’Euro sont :
–– la dissimulation de la situation de leurs finances publiques par les Grecs ;
–– la faillite des banques irlandaises ;
–– la montée de l’incertitude sur les marchés qui facilite la diffusion de rumeurs ;
–– les révisions successives à la baisse des notes émises par les agences de

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
notation.

Évolution de la note de la dette grecque

Vague 1 (novembre 2009) Vague 2 (mai 2010) Vague 4 (mars 2011) Vague 5 (juillet 2011)

30/10/09 08/12/09 16/12/09 22/12/09 10/04/10 28/04/10 15/06/10 07/03/11 10/05/11 20/05/11 13/07/11 28/07/11

A1 BBB+ BBB+ A2 BBB- BB- Ba1 B1 B B+ CCC CC

Moody’s Fitch S&P Moody’s Fitch S&P Moody’s Moody’s S&P Fitch Fitch S&P

Source : Économie Finance et Stratégie

Accélération
Les indicateurs de risque tels qu’évalués par le marché évoluent brutalement
et transmettent le signal d’une dégradation de la situation aux autres mar-
chés. Les CDS > Mot-clé ont en effet pour caractéristiques de cristalliser les
informations concernant l’évolution du risque sur les dettes publiques et pri-
vées. Ils permettent de détecter les emballements financiers.
La communication non coordonnée, pour ne pas dire contradictoire, des diffé-
rents gouvernements rend leurs décisions sans effet sur les marchés et a pour
Mot-clé conséquence d’accroître l’incertitude. Elle installe le doute sur leur capacité à
mettre en œuvre les décisions annoncées et donc sur leur efficacité. Ainsi s’ex-
Les credit default
swaps (CDS) sont plique qu’il ait fallu plusieurs relèvements du montant du Fonds européen de
des contrats de stabilité fiancière pour que in fine la mesure soit jugée crédible par les marchés.
protection financière
entre acheteurs et
vendeurs. Ils sont Technique
l’équivalent d’un Il existe plusieurs types de CDS comme les CDS bancaires ou les CDS souverains, principaux
contrat d’assurance. indicateurs dans le cas de la crise de l’euro.

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Les CDS souverains comme moyen de détecter les emballements financiers
4 000

3 500
Prime en points de base

3 000

2 500

2 000

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
1 500

1 000

500

0
9

10

10

10

11

11

11

1
09

10

1
.0

.1

.1
.1

.1
s

ai

il.

ai

il.
v.

v.
pt

nv

pt

nv

pt
ar

ar
ju

ju
no

no

m
se

se

se
ja

ja
m

m
Vague 1 Vague 2 Vague 3 Vague 4 Vague 5
France Allemagne Italie Irlande
Espagne Portugal Grèce

Source : Économie Finance et Stratégie, d’après Bloomberg

Contagion
Il est important de ne pas confondre le phénomène de contagion et celui
de la transmission. La contagion se développe à l’intérieur de la sphère
financière. La transmission est le mécanisme de transfert des perturba-
tions liées à la crise de la sphère financière à l’économie réelle. La contagion
opère suivant un mécanisme appelé « l’accélérateur financier » qui conduit
les investisseurs à changer leurs anticipations et qui a pour conséquence la
baisse des cours de bourse des valeurs bancaires.
Comme on peut le voir sur le schéma page 178, durant la crise de l’euro, on
constate une chute des indices bancaires (CAC 40 et Eurostoxx 50) à chacune
des vagues précédemment décrites : la transmission aux valeurs bancaires
est quasi immédiate. De plus, la baisse des valeurs bancaires a un effet tache
d’huile sur un grand nombre de valeurs de la cote, ce qui explique la baisse des
indices généraux (le CAC 40 dans notre exemple). Cette baisse du prix des
actions traduit les interrogations du marché sur la solvabilité des banques.

En pratique
La baisse de l’Eurostoxx 50 met en évidence les doutes qu’ont les acteurs des marchés sur la
solvabilité des banques.

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Évolution de l’Eurostoxx 50 et du CAC 40 - Septembre 2009 à septembre 2011
baisse des valeurs bancaires comme indicateur de période de crise
30 %

20 %

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10 %

0%

- 10 %

- 20 %

- 30 % Novembre 2009 Mai 2010 Novembre 2010 Mars 2011 Juillet 2011
9 09 0 0 10 11 11
l. 0 v. s1 l. 1 v. v. n
jui no m
ar jui no fé jui
30 23 17
9 2 24 20
Eurostoxx 50 Cac 40
Source : Les Échos, Économie Finances et Stratégie

Crise de la liquidité
L’incertitude atteint un niveau tel, qu’un doute sur la solvabilité des établis-
sements financiers s’installe. L’asymétrie d’information entre émetteurs de
Mot-clé titres et investisseurs augmente. Les investisseurs n’acceptent plus le ris-
Le spread désigne que, même s’il est très rémunérateur. Cette montée de l’aversion au risque
l’écart de taux entre
conduit les investisseurs à se retirer du marché.
une obligation émise
La liquidité se réduit sous l’effet d’une contraction de l’offre de fonds. La
par une entreprise,
une collectivité Banque centrale européenne est obligée d’intervenir et d’apporter de la
territoriale ou un liquidité pour éviter que le marché se bloque totalement et que l’économie
organisme et un ne soit plus correctement financée.
emprunt d’État Pour se protéger, les banques ne déposent plus leurs excédents temporai-
théorique qui res dans d’autres banques mais à la Banque centrale européenne. Dans la
aurait les mêmes phase la plus aiguë de la crise, l’indicateur le plus pertinent reste le spread
caractéristiques.
> Mot-clé .

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Transmission de la crise du système financier
à l’économie
Cette transmission s’opère en suivant trois canaux :
„„ La dégradation du bilan des banques : la baisse des marchés est généra-
trice de pertes et/ou d’une baisse du chiffre d’affaires.
„„ La dégradation du bilan des emprunteurs : ils ont des difficultés à rem-

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bourser, compte tenu de la dégradation de la situation économique.
„„ La transmission par la contraction de la liquidité.
La BCE achète des créances sur le marché et fournit ainsi de la liquidité aux
acteurs économiques. L’objectif recherché est de bloquer les mécanismes
de transmission de la crise, de la sphère financière à l’économie.

Achats de dettes en milliards d’euros (2009-2011)


180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
juil. 09 oct. 09 janv. 09 avr. 09 juil. 10 oct. 10 janv. 10 avr. 10 juil. 11 oct. 11
SMP (dettes publiques PIIGS*) CBP (dettes bancaires)
*PIIGS : Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne
Source : BCE

À la suite d’un choc, les valeurs baissent sur un marché, les acteurs enregis-
trent une perte qui doit être compensée et qui vient ainsi réduire leurs fonds
propres. Lorsqu’il s’agit des banques, elles ont alors moins de liquidités dis-
ponibles et peuvent être conduites à réduire leur offre de crédits. Lorsqu’il
s’agit des entreprises, l’impact négatif sur leur situation financière va les ame-
ner à réduire leurs investissements et donc à demander moins de crédits.
L’addition de la contraction de l’offre et de la demande de crédits va conduire
à une vision plus pessimiste de la situation par les agents économiques, aug-
mentant ainsi le ralentissement de l’activité.

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Il en résulte alors une montée de la prime de risque qui va à nouveau faire
baisser les valeurs d’actifs et conduire alors à des appels de marge. Ainsi,
une spirale négative s’enclenche, que seule une intervention de la Banque
centrale peut stopper.

Transmission de la crise du système financier à l’économie

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Choc
Baisse de la valeur
exogène
de l’actif

Montée de la prime
de risque Appel de marge
-----
Impact sur
Ralentissement les fonds propres
de l’activité
économique
Impact Impact négatif sur la
négatif sur capacité à investir
la liquidité des entreprises
Anticipation des acteurs des banques
économiques Contraction de l’offre
Baisse des indices des crédits de banques
de confiance
Contraction de
la demande de crédit
des entreprises

En pratique Imaginons un choc exogène,


Globalement, les pays pour lesquels les indices de confiance sont c’est-à-dire un événement excep-
durablement bas (Portugal, Espagne, Grèce) enregistrent les performances tionnel et imprévu qui est de nature
économiques les plus mauvaises. L’analyse des indices de confiance dans à inquiéter les investisseurs. Le prix
l’industrie des pays de la zone euro durant la crise de l’euro met en évidence des actifs, la bourse par exemple,
que l’économie de la Grèce est beaucoup plus affectée en comparaison aux baisse. Si les titres ont été donnés
autres pays de la zone euro, que ce soit l’Allemagne (pays épargné par la en garantie à une banque, celle-ci
crise) ou l’Italie (pays touché par la crise). Plus le pays est en crise, plus va demander à l’emprunteur de
l’indice est sensible et plus l’indicateur a une valeur prédictive. L’indice a une
compenser cette baisse. L’offre de
valeur prédictive au niveau des ménages. Pour les pays en crise, les indices
crédit va alors se contracter et la
sont annonciateurs d’une chute de la production significative.
faible visibilité économique fait que
Une crise qui dure exacerbe les différences entre les pays.
les entreprises restent attentistes.

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L’activité économique se ralentit, certaines entreprises connaissent des Mot-clé
difficultés et donc les risques augmentent. La spirale de baisse ainsi enclen- En économie, un indice
chée va s’accentuer. de confiance sert à
L’analyse des indices de confiance > Mot-clé permet d’anticiper l’impact des émettre des prévisions
crises financières sur la production (industrie ou services) et la consomma- sur la croissance
tion. À mesure que les différentes vagues de la crise se déroulent, la baisse économique et aide à
prévoir la consommation

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rapide des indices de confiance des agents économiques du pays affecté par
future des ménages ou
la crise témoigne de la transmission de l’instabilité des marchés à l’économie.
entreprises.
Évolution de l’indice de confiance dans l’industrie durant la crise de l’euro
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0
- 5,0
- 10,0
- 15,0
- 20,0
- 25,0
- 30,0
9

11

11
09

11
09

10

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Se

Se
Ja

Ja
M

M
Zone euro (17 pays) Allemagne Grèce Italie
Source : Eurostat, Économie Finance et Stratégie

L’analyse des indices de confiance dans l’industrie des pays de la zone euro Mot-clé
durant la crise de l’euro met en évidence que l’économie de la Grèce est beau- Le credit crunch est
coup plus affectée en comparaison aux autres pays de la zone euro, que ce soit un resserrement du
l’Allemagne (pays épargné par la crise) ou l’Italie (pays touché par la crise). crédit, c’est-à-dire
une diminution des
Décisions arrêtées pour limiter l’impact de la crise crédits accordés par
et son renouvellement les établissements
financiers aux
La 7e phase d’une crise est caractérisée par les mesures prises pour limiter entreprises et aux
l’impact de la crise et son renouvellement. Ces mesures sont décidées par : ménages. Si les
–– les banques centrales qui fournissent des liquidités aux banques afin de banques prêtent
ne pas bloquer le financement de l’économie et éviter le fameux credit moins, la croissance
économique est freinée.
crunch > Mot-clé  ;

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financière
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L’avenir
de la finance
181
–– le Fonds monétaire international qui fournit, sous condition d’un plan de
redressement de leur situation financière, une aide financière aux états ;
–– les états qui modifient leurs politiques budgétaires.
Les interventions de ces derniers conduisent à des changements en matière
de gouvernance du système financier et de contrôle des engagements
budgétaires.

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4. Le rôle du système de contrôle
et des acteurs

Le rôle des acteurs publics et privés


„„ Les agences de notation
On peut considérer que les agences de notation sont potentiellement géné-
ratrices d’externalités négatives puisqu’elles peuvent, lorsqu’elles procèdent
à des abaissements de notes en cascade, provoquer un ajustement à la
baisse du prix des actifs sur les marchés. Le mouvement peut engendrer
un phénomène de contagion à d’autres
En pratique marchés. D’un autre point de vue, elles
En février 2012, la Banque centrale européenne a inauguré permettent aux investisseurs d’appré-
une formule de refinancement à trois ans : on passe alors de cier la solvabilité des émetteurs de titres.
529,5 milliards d’euros à 800 banques contre 489 milliards d’euros Elles permettent à de nombreux acteurs
à 523 banques en décembre 2011. La BCE élargit ainsi le collatéral de prendre conscience de la réalité d’une
et participe au refinancement des PME.
situation.

„„ Les banques
Les banques centrales : dans le cas de la crise de l’euro, la Banque Centrale
Européenne (BCE) a pour rôle d’aider les banques à se refinancer et les poli-
tiques à prendre des décisions propres à retrouver plus de stabilité.
Les banques : les banques sont les acteurs clés du financement d’une éco-
nomie. Elles ont un rôle particulièrement délicat durant la crise de l’euro car
nombre d’entre elles détiennent une partie de la dette souveraine des pays
en difficulté. Elles se trouvent alors fragilisées et ne sont plus en mesure de
jouer pleinement leur rôle.

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Part de la dette publique exposée dans les banques européennes

Expositions à la dette étrangère


Banques
espagnoles

Banques
allemandes

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Banques
françaises

0 100 200 300 400 500 600 700


Milliards de dollars
Grèce Irlande Italie Portugal Espagne
Source : BRI, Économie Finances et Stratégie

„„ Les politiques
La mondialisation et la financiarisation de l’économie conduisent à appré-
hender la régulation de l’économie à un niveau global. C’est la vocation du
G20. La crise de l’euro a également mis en évidence la nécessité d’une gou-
vernance économique efficace à l’échelle européenne. À défaut, l’ensemble
du système financier n’est pas contrôlé.

„„ Les fonds en mesure de limiter l’effet


de contagion
Le Fonds monétaire international (FMI) a pour
objectif premier de veiller à la stabilité du système
monétaire international, en d’autres termes, le
système international de paiements et de change
qui permet aux pays (et à leurs citoyens) de pro-
céder à des échanges entre eux (cf. étape 7). Le
FMI est intervenu dans le cadre de la Grèce en
octroyant un crédit à ce pays en complément
des interventions européennes. Le savoir-faire
du FMI lui a également permis de jouer un rôle de
contrôle de la politique conduite par le gouverne-
ment grec en validant les budgets et en s’assurant
sur place de leur exécution dans le cadre de la Troïka
(FMI, BCE et Commission européenne).

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financière
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L’avenir
de la finance
183
Les limites du système de contrôle
La principale difficulté rencontrée lors d’une crise financière résulte de l’in-
suffisante coordination des actions entre les différents acteurs. Il arrive
même que les désaccords entre les pays, comme cela fut le cas durant la
crise de l’euro, conduisent à empirer la crise.
Cet exemple témoigne de la limite du système de gouvernance actuelle-

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
ment mis en place : il est apparu que les institutions sont mal adaptées, car
insuffisamment réactives aux évolutions rapides de la crise. Toutefois, si les
décisions ont souvent été prises dans la douleur, celles-ci ont toutes permis
des progrès dans la construction de l’Europe conduisant notamment à une
meilleure gouvernance économique de celle-ci.

Piège à éviter
Le fonds européen de stabilité financière (FESF) a été approuvé par les 27 États membres de
l’Union européenne le 9 mai 2010. Il vise à préserver la stabilité financière en Europe en aidant
financièrement les États de la zone en difficulté. À ne pas confondre avec le mécanisme européen
de stabilité (MES) qui, à partir du 1er juillet 2012, prendra la succession permanente du FESF.

Les principales décisions politiques constituant


une avancée dans la construction européenne
2 décembre 2009
Accord des ministres des Finances de l’Union européenne sur la création
d’autorités de supervision (banque, assurance, marchés).
10 mai 2010
Création d’un fonds européen de stabilité financière doté de 440  milliards
d’euros.
10 octobre 2010
Le Conseil européen adopte de nouvelles règles qui renforcent les exigences
de fonds propres et les politiques de rémunération dans le secteur bancaire.
22 novembre 2010
Accord sur un plan de 85 milliards d’euros pour l’Irlande.
17 décembre 2010
Les 17 adoptent le principe d’un fonds de sauvetage permanent.

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La régulation
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L’avenir
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15 mars 2011
Accord sur un ensemble de mesures « Le Six Pack » destiné à renforcer la
gouvernance économique dans l’Union européenne, et plus particulièrement
dans la zone euro. Quatre propositions traitent de questions budgétaires, y
compris de la réforme du pacte de stabilité et de croissance de l’Union euro-
péenne. Les deux autres portent sur l’identification et la correction effective

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
des déséquilibres macroéconomiques au sein de l’Union européenne et de
la zone euro.
24 juin 2011
Le Mécanisme européen de stabilité (MES) n’aura pas le statut de créancier
prioritaire.
21 juillet 2011
Le nouveau plan d’aide à la Grèce se monte à 160 milliards d’euros avec une
participation du secteur privé (21 %).
27 septembre 2011
Le Parlement européen vote le « paquet de six ». Celui-ci donne davantage
de poids au pacte de stabilité et de croissance actuel, grâce à des contrôles
de meilleure qualité et à un stade antérieur des déficits et de la dette.
23 octobre 2011
Décision de renforcement du fonds de stabilité financière.
5 décembre 2011
Proposition de la France et de l’Allemagne de convenir d’un nouveau traité
qui met notamment en place une règle d’or et renforce la gouvernance éco-
nomique de la zone euro.
30 janvier 2012
Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne parviennent à
un accord sur le nouveau pacte budgétaire.
20 février 2012
L’Assemblée nationale française a voté la participation de la France au méca-
nisme européen de stabilité.
12 mars 2012
Nouveau plan de sauvetage de la Grèce : accord avec les créanciers privés
qui effacent 107 milliards d’euros de créances grecques. Les gouverne-
ments européens apportent une nouvelle aide de 130 milliards d’euros à la
Grèce.

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À vous de jouer 1.  Une crise financière est toujours précédée d’une bulle spéculative.
a.  Vrai.
b.  Faux.

2.  En quoi la crise de l’euro diffère-t-elle des crises financières


précédentes ?

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a.  La crise de l’euro intervient dans un contexte de croissance
ralentie.
b.  C’est une crise systémique parce qu’elle touche l’ensemble du
système financier européen.
c.  C’est une crise du surendettement des États.

3.  À quoi servent les agences de notation ?


a.  Elles sont chargées d’attribuer des notes à des entreprises ou à
des pays en fonction de leur évolution financière.
b.  Elles émettent des opinions négatives afin de stimuler les pays à
assainir leurs finances.
c.  Elles participent à tendre le marché en période de crise.

4.  Une crise financière se transmet systématiquement à l’économie.


a.  Vrai.
b.  Faux.

5.  Pourquoi le FMI a-t-il été créé ?


a.  Le FMI permet de réguler le système monétaire international.
b.  Le FMI permet de veiller à la stabilité financière internationale afin
d’éviter que ne se reproduise la crise de 1929.
c.  Le FMI absorbe les dettes des pays en difficulté afin de réguler la
crise.

6.  La contagion et la transmission n’apparaissent pas au même


moment d’une crise.
a.  Vrai.
b.  Faux.

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L’avenir La régulation Les crises Les intermédiaires La globalisation Les marchés Les finances La finance Les finances Il était une fois
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1a. Une crise financière est toujours précédée d’une bulle spéculative. Une
bulle s’observe lorsque la croissance du prix des actifs financiers s’écarte
durablement des données économiques fondamentales de l’actif réel sous-
jacent. Les bulles sont observées le plus souvent sur les marchés immobiliers,
les marchés des actions ou les marchés de matières premières.
2c. C’est une crise du surendettement des États. La crise de surendettement
des États met en évidence l’absence de système européen de contrôle des
déficits budgétaires. Ceci explique que pour tenter de sortir de cette crise
les États prennent les dispositions nécessaires pour réduire ces déficits.
3a. Les agences de notation sont chargées d’attribuer des notes à des entre-
prises ou à des pays en fonction de leur évolution financière. Elles éclairent
les opérateurs de marché sur la situation financière des émetteurs de titres.
Les notes qu’elles attribuent permettent une estimation de la probabilité de
défaut de ces émetteurs.
4a. Une crise financière se transmet systématiquement à l’économie. Toutes
les crises financières ont un impact sur l’économie car elles interrompent le
processus habituel de financement de l’économie. Une économie privée de
financements adaptés voit sa croissance ralentir.

Réponses
5b. Le FMI permet de veiller à la stabilité financière internationale afin d’éviter
que ne se reproduise la crise de 1929.
6a. Les deux phénomènes interviennent successivement. Éviter ou limiter la
contagion permet de réduire l’impact négatif d’une crise sur l’économie.
financiers à l’économie ?
■■ Comment anticiper et limiter les effets de transmission des déséquilibres

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■■ Comment limiter les effets de contagion au sein du système financier ?
■■ Peut-on éviter la création de bulles ?
Les questions à se poser :
Pour les pros
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Étape 9
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La régulation financière
« Le rassurant de l’équilibre,
c’est que rien ne bouge. Le
vrai de l’équilibre, c’est qu’il
suffit d’un souffle pour tout
faire bouger. »
Julien Gracq

« Si toutes les banques


utilisent des modèles
semblables, un défaut du
modèle peut les conduire
toutes, par exemple, à faire
de mauvais prêts, puis à
s’efforcer de vendre ces
prêts en même temps. Et
c’est précisément ce qui
s’est passé. »
Joseph Stiglitz
L’étape 9 en un clin d’œil 1. Pourquoi la finance a-t-elle besoin de régulation ?
La régulation financière fixe les règles qui régissent les marchés financiers,
les banques et les compagnies d’assurance et participe ainsi à l’équilibre du
système financier. Cet équilibre est nécessaire pour assurer un financement
régulier de l’économie. La régulation a vocation à s’adapter aux évolutions

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de l’environnement, notamment pour prendre en compte les transformations
résultant des récentes crises financières.

2. L’organisation de la régulation
La régulation est définie d’abord à un niveau international puis déclinée au
niveau national. Les superviseurs ont pour mission de faire appliquer la loi
à un niveau national. Dans la banque, ces règles sont arrêtées par le Comité
de Bâle puis transposées à l’échelle européenne pour enfin être appliquées
en France.

3. Les limites du système de régulation


Les crises financières successives des années 2000 ont mis en évidence
les faiblesses et limites du système de régulation de la finance telles que
le phénomène de pro-cyclicité des règles ou encore la multiplicité des
superviseurs et le défaut de coordination de leurs actions.

4. Pour une meilleure régulation


du système financier
Les évolutions récentes de la finance ont montré qu’il devenait nécessaire de
mettre en place une meilleure régulation du système financier. Celle-ci passe
notamment par une gouvernance mondiale mais elle reste difficile à faire
fonctionner compte tenu des divergences d’intérêts entre pays.

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L’avenir
de la finance
Quelques dates
1935 Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis.
2000 Financial Services Authority (FSA) en Angleterre.
Mai 2002 Federal Financial Supervisory Authority aux États-Unis ; BaFin en
Allemagne.

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Août 2003 Autorité des marchés financiers (AMF) en France.
Avril 2009 Financial Stability Board (FSB) au niveau international (G20).
Janvier 2010 Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP) en France.
Janvier 2010 European Insurance and Occupational Pensions Authority (EIOPA).
Janvier 2010 European Securities and Markets Authority (ESMA).
Octobre 2010 Comité de régulation financière et du risque systémique (CoReFRIS)
en France.
Janvier 2011 European Banking Authority (EBA).

1. Pourquoi la finance a-t-elle besoin


de régulation ?

Qu’est-ce que la régulation ?


La régulation définit le cadre d’exercice des activités financières. Elle fixe
les conditions d’exercice d’une activité financière et quels en sont les pré-
requis. Ainsi, les banques doivent avoir un capital minimum de 5  millions
d’euros et leurs dirigeants doivent être agréés, c’est-à-dire que leurs com-
pétences sont vérifiées par le superviseur. Les opérations exécutées par
les banques sont définies par la loi bancaire dont la première version date
de 1984 et qui a fait l’objet d’amendements, de corrections et de complé-
ments. La régulation s’organise donc autour d’acteurs, d’un cadre d’exercice
de l’activité et d’opérations réglementées. Au centre du dispositif réglemen-
taire, les règles prudentielles permettent de s’assurer qu’un établissement
sera suffisamment solide pour résister à une situation de crise.

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191
Piège à éviter Technique
La langue française La régulation bancaire, appelée aussi Règles de Bâle du nom de la ville où se trouve le
distingue la siège de l’organisme chargé de l’élaboration de ces règles, repose principalement sur deux
régulation de la séries de ratios :
réglementation. –– un ratio de solvabilité : rapport entre le capital et les risques de façon à ce que le capital
La régulation contrôle soit suffisant pour couvrir les risques tels qu’on peut raisonnablement les évaluer ;
un mécanisme –– des ratios de liquidité : règles qui permettent de s’assurer que les actifs, c’est-à-dire les

www.scholarvox.com:ENCG Settat:531909928:88808003:196.92.3.8:1584086337
et s’assure de crédits ou les investissements faits par une banque, sont en partie monnayables dans des
son équilibre ; la conditions rapides sur le marché sans entraîner pour autant de pertes en capital, ceci pour
réglementation est la faire face à d’éventuels retraits de déposants ou à des difficultés pour se refinancer sur les
fixation de règles. marchés.
En anglais, La régulation des activités d’assurance repose sur des principes voisins et fait l’objet d’un
regulation signifie corps de règles regroupées sous l’appellation « solvabilité II » (Solvency II ).
réglementation. Il
n’y a donc pas la
distinction que l’on
trouve en français. La régulation et les bulles spéculatives
Quand un Anglo-saxon
Le propre des marchés financiers est d’être des marchés d’anticipation,
parle de regulation,
c’est-à-dire qu’on anticipe les revenus dégagés par un actif financier. On
cela correspond à
notre réglementation. projette donc des revenus futurs. Cette projection est entachée d’incerti-
tudes puisqu’il faut faire une hypothèse sur l’évolution économique et une
autre sur les taux d’intérêt. Ces projections sont sans cesse actualisées par
les opérateurs de marché en fonction des informations qu’ils reçoivent en
continu. Dans un marché financier, à la différence d’un marché physique, il
n’y a pas de limite quantitative absolue. Plus exactement, la limite quantita-
tive est liée à la liquidité globale, c’est-à-dire à la monnaie mise en circulation
par les banques centrales via la politique monétaire.

Il n’y a pas, comme dans le marché du blé, produite est connue de façon définitive. Il y a
une quantité produite connue qui est vendue. une période où on est certain de la quantité,
On ne peut pas vendre plus de blé qu’il n’en et donc le marché peut se rééquilibrer, ce qui
a été produit. Le marché se rééquilibre à un n’est pas le cas dans un marché financier
Mot-clé moment donné lorsque la quantité de blé qui se développe en continu.
Contracyclique
signifie le sens inverse Aussi, l’incertitude sur la valeur future des actifs est permanente. Ce
d’un cycle. Une action marché ne va pas avoir de corde de rappel sauf celle fournie le cas
contracyclique sert à échéant par le régulateur ou le superviseur. C’est la raison pour laquelle,
lisser les variations de dans Bâle III, on a imaginé un « coussin contracyclique > Mot-clé  » de façon
l’activité économique.
à ralentir l’offre de crédit dans une période de hausse de prix des actifs

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