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La notion de l’obligation

Une petite histoire !


Cette année, Yacoub s’est résolu à faire un job d’été. Ses amis Ayoub, Youssef et Ghizlane
l’avaient fortement sensibilisé à l’idée de gagner de l’argent pendant les vacances. Comme
par coïncidence, une marque célèbre de restauration rapide a ouvert ses portes dans le
quartier des jeunes gens. Ils allèrent voir le patron le matin du 12 Juin. Le patron trouva un
intérêt à commencer avec des jeunes du quartier. Il leur proposa un contrat à durée
déterminée de 3 mois à compter du 20 Juin pour un salaire mensuel de 205 Dhs. Ils devaient
travailler 8h par jour ; de 8h 30 à 18h 30, avec une pause de 2 heures entre midi et 2. Dès le
premier jour du travail, le patron constata un esprit d’équipe remarquable chez ses jeunes
collaborateurs. A la fin de leur contrat, il donna une prime de 72 Dhs à chacun, à récupérer
le surlendemain.
Pourtant, Yacoub avait promis à ses cousins de Settat qu’il leur rendra visite pendant les
mêmes vacances…

Relevez dans le texte les obligations juridiques et les obligations morales.

1. Obligations juridiques :
 Les 4 amis doivent travailler 3 mois pour le restaurateur et selon les horaires fixés dans le
contrat.
 A la fin de chaque mois, le restaurateur doit payer à chacun des travailleurs le salaire de
205 Dhs.
 La donation de 72 Dhs à chacun des travailleurs.

2. Obligations morales
Yacoub a promis à ses cousins de Settat de leur rendre visite pendant les vacances.

A retenir
− L’obligation juridique ou civile est un lien de droit qui :
a. Oblige le débiteur à exécuter une prestation ou à s’en abstenir ;
b. Autorise le créancier à faire contraindre le débiteur à cette exécution.
− Le débiteur est celui qui doit quelque chose à faire, à ne pas faire ou à donner à
quelqu’un d’autre. Il a une dette envers le créancier. Dans l’exemple des contrats du
travail, le patron est débiteur du salaire à la fin de chaque mois et les jeunes gens sont
débiteurs du travail à fournir.
− Le créancier est celui à qui on doit quelque chose à faire, à ne pas faire ou à donner.
Il a un droit de créance une créance contre le débiteur. Dans l’exemple des contrats
du travail, le patron est créancier du travail et les jeunes gens sont créanciers du salaire
à la fin de chaque mois.
− Le droit de créance c’est un droit subjectif qui organise les relations juridiques
entre les particuliers (personnes physiques ou personnes morales).

1
− Une obligation morale est un devoir de conscience que la loi ne contraint pas à
exécuter. Par exemple, Yacoub ne peut pas être contraint de tenir sa promesse de
rendre visite à ses cousins de Settat.

Bibliographie sélective sur la distinction entre l’obligation juridique et l’obligation


morale :
1. RENAULT-BRAHINSKY (C.) L’essentiel du droit des obligations, Gualino, 13ème éd.
2017.
2. RENAULT-BRAHINSKY (C.) Mémento LMD – Droit des obligations, Gualino, 13ème
éd. 2013.
1. CABRILLAC (R.) Droit des obligations, Dalloz, 12ème éd. 2016 pp. 1-11.
2. TERRE (F.) Introduction générale au droit, Dalloz, 10ème éd. 2010, pp. 167 et suivants.

I. Les sources des obligations

1. Les actes juridiques


Ce sont des comportements posés volontairement en vue de créer des obligations voulues
d’avance. On les appelle des actes juridiques.

A retenir
− Quand un acte juridique est réciproque, il y a un accord de volonté entre 2 ou plus de
2 parties. C’est le contrat. L’acte est alors bilatéral. Exemple : Chacun des contrats de
travail signé par le patron du restaurant et chacun des jeunes vacanciers est un acte
bilatéral. Il y a eu une rencontre de volonté entre le patron, d’une part et chacun des
jeunes vacanciers, d’autre part.
− Quand un acte juridique est posé sans réciprocité, on l’appelle acte unilatéral. Dans
l’exemple de la relation de travail entre le restaurateur et les jeunes vacanciers, la prime
de 72 Dhs est un acte unilatéral. Les bénéficiaires n’ont pas engagé leur volonté.
− Les parties veulent à la fois l’acte et ses conséquences juridiques. Par exemple, si
deux personnes concluent un contrat de vente, le vendeur veut que la propriété de
l’objet vendu passe à l’acheteur et l’acheteur sait qu’il doit payer le prix.

2. Les faits juridiques


Ce sont des manquements à l’obligation générale de prudence, de diligence et de loyauté qui
pèse sur tous les hommes. Ces manquements causent un préjudice à autrui. Le préjudice qu’ils
causent doit être réparé.
Ils sont classés en deux catégories : Les délits civils et les quasi-délits civils.
A retenir
− Les délits civils impliquent un manquement intentionnel à cette obligation, une volonté
consciente de provoquer les suites préjudiciables de l’acte.
− Les quasi-délits civils sont des actes d’imprudence ou de négligence, leurs auteurs
n’ayant pas voulu les conséquences dommageables de leurs actes.

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− Mais l’auteur d’un délit civil ou d’un quasi-délit civil ne cherche pas à réparer le
dommage causé à sa victime. Cette réparation est une obligation de la loi. Exemple :
Quand un passant heurte un autre et casse son téléphone, l’auteur de la casse n’avait
pas voulu réparer le téléphone qui s’est cassé.
− Ils sont illicites parce qu’ils sont répréhensibles et préjudiciables.
− Ils entraînent la responsabilité civile (l’obligation de réparer) de leurs auteurs pour les
dommages qu’ils causent à autrui.

Ce sont des comportements qui sont bénéfiques pour autrui. Cette utilité qu’en retire autrui
fait qu’on les rapproche des actes juridiques. C’est pour cela qu’on parle de quasi-contrats.
C’est notamment la gestion d’affaires, le paiement de l’indu et l’enrichissement sans cause.
A retenir
− Ils sont licites parce qu’ils sont commandés par la morale et le droit.
− Le bénéficiaire des quasi-contrats a l’obligation d’indemniser leur(s) auteur(s).

Bibliographie sélective aux sources des obligations


1. CABRILLAC (R.), Droit des obligations, Dalloz, 12ème éd. 2016 pp. 13 et suivants et
pp. 211-219
2. TERRE (F.), SIMLER (Ph.) et LEQUETTE (Y.), Droit civil : Les obligations, Dalloz
11 éd., 2013 pp. 25 et suivants et pp. 727 et suivants.
3. TERRE (F.) Introduction générale au droit, Dalloz 10ème éd. 2010, pp. 173 et suivants.

II- Classification par l’objet de l’obligation

Ce jour-là, les jumelles Wafaa et Wafia étaient très chargées. Elles se préparaient pour la
cérémonie de remise de diplômes le lendemain. Elles sont allées voir un habilleur qui leur a
vendu deux robes sur-mesure contre 17 Dhs chacune. A la sortie, elles se sont précipitées
dans un salon de coiffure. La coiffeuse leur a fait, chacune, un brushing contrer 8 Dhs par
tête. Le lendemain avant la cérémonie, leur coiffeuse s’est présentée chez elles pour les
maquiller pour un montant forfaitaire de 21 Dhs. Pour la cérémonie, leur promotion les avait
mandatées pour chercher un photographe pour 29 Dhs, toute la cérémonie. En contrepartie
de l’opportunité, le photographe a consenti qu’il n’allait pas prendre en photo les deux
jumelles avec une tierce personne, autre que leurs membres de famille ou leurs camarades de
classe.
1. Obligation de donner, de faire ou de ne pas faire
Veuillez extraire du texte toutes les obligations dont on parle. Précisez l’objet de chacune.
1. La vente des robes : Une obligation de donner pour le vendeur.
2. Payer le prix des robes : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
3. Le brushing : Une obligation de faire pour la coiffeuse.
4. Payer le prix du brushing : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
5. Le maquillage : Une obligation de faire pour la coiffeuse.
3
6. Payer le prix du maquillage : Une obligation de donner pour Wafaa et Wafia.
7. Chercher un photographe : Une obligation de faire pour Wafaa et Wafia.
8. Prendre des photos pendant la cérémonie : Une obligation de faire pour le
photographe.
9. Payer les services du photographe : Une obligation de donner pour la promotion.
10. Ne pas prendre en photo les deux jumelles avec des personnes étrangères à leur
famille ou à leur promotion : Obligation de ne pas faire pour le photographe.

Au total, 10 obligations sont extraites du texte. Mais on peut classer ces obligations en 3
catégories d’objet : Donner ; faire et ne pas faire.
A retenir
− L’obligation peut avoir seulement trois objets : Donner, faire ou ne pas faire.
− L’obligation de donner consiste à transférer la propriété de quelque chose à autrui.
− Si le débiteur d’une obligation de donner ne l’exécute pas, le juge peut le contraindre à
exécuter son obligation de force.
− L’obligation de faire contraint le débiteur à l’accomplissement d’une prestation.
− L’obligation de ne pas faire engage le débiteur à une abstention.
− Si le débiteur d’une obligation de faire ou de ne faire ne l’exécute pas, il sera
sanctionné par des dommages-intérêts.

2. Obligation de résultat/obligation de moyens


Veuillez préciser le contenu de chacune des 10 obligations contenues dans le texte précédent.
1. La vente des robes : Une obligation de résultat pour le vendeur.
2. Payer le prix des robes : Une obligation de résultat pour Wafaa et Wafia.
3. Le brushing : Une obligation de moyens pour la coiffeuse.
4. Payer le prix du brushing : Une obligation de résultat pour Wafaa et Wafia.
5. Le maquillage : Une obligation de moyens pour la coiffeuse.
6. Payer le maquillage : Une obligation de résultat pour Wafaa et Wafia.
7. Chercher un photographe : Une obligation de moyens pour Wafaa et Wafia.
8. Prendre des photos pendant la cérémonie : Une obligation de résultat pour le
photographe.
9. Payer les services du photographe : Une obligation de résultat pour la promotion.
10. Ne pas prendre en photo les deux jumelles avec des personnes étrangères à leur
famille ou à leur promotion : Obligation de résultat pour le photographe.
Le contenu de ces obligations est soit de moyens, soit de résultat.

A retenir
− Dans une obligation de moyens, le débiteur ne promet pas un résultat précis. Il doit
seulement mettre en œuvre tous les moyens possibles pour atteindre le résultat.
Exemple : dans l’obligation de chercher un photographe, les jumelles n’ont pas promis
trouver le photographe à tout prix, mais uniquement de le chercher.
− Dans une obligation de résultat, le débiteur doit atteindre un objectif précis. Par
exemple, l’obligation de payer une somme d’argent est une obligation de résultat.
4
Bibliographie sur la classification des obligations :
RENAULT-BRAHINSKY (C.) – Droit des obligations, Mémento LMD, Gualino, 13ème éd.,
2013, pp. 27-30.

III- Les obligations volontaires ou contractuelles

1. La formation du contrat ou la naissance de l’obligation contractuelle


Toute obligation contractuelle obéit à un certain nombre de règles. Ces règles constituent la
théorie générale du contrat. Cette théorie s’articule autour de 5 principes fondamentaux du
droit des contrats :
1.1. La naissance et la validité des obligations contractuelles doivent observer trois
principes fondamentaux : Le principe de l’autonomie de la volonté ; le principe de la
liberté contractuelle et le principe du consensualisme. Ces principes découlent
implicitement de plusieurs textes, et notamment :
(1) Article 35, alinéa 3 de la constitution (Liberté d’entreprendre et de concurrence) :
‘L’Etat garantit la liberté d’entreprendre et la libre concurrence. …’
(2) Article 19, 1er alinéa du D.O.C (Autonomie de la volonté) : ‘La convention n’est
parfaite que par l’accord des parties sur les éléments essentiels de l’obligation, ainsi
que sur toutes les autres clauses licites que les parties considèrent comme essentielles.’
(3) Article 57 du D.O.C (Présomption de commercialité des biens, droits et services) :
‘Les choses, les faits et les droits incorporels qui sont dans le commerce peuvent seuls
former objet d’obligation ; sont dans le commerce toutes les choses au sujet desquelles
la loi ne défend pas expressément de contracter.’
(4) Article 63 du D.O.C (Présomption de licéité des causes des contrats) : ‘Toute
obligation est présumée avoir une cause certaine et licite, quoiqu’elle ne soit pas
exprimée.’
(5) Article 230 du D.O.C (Contrat = Loi des parties) : ‘Les obligations contractuelles
valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites, et ne peuvent être
révoquées que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi.’
1.2. Les effets de toute obligation contractuelle sont gouvernés par deux principes
fondamentaux :
(i) Le principe de la force obligation :
‘Les obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui
les ont faites, et ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou
dans les cas prévus par la loi’ (article 230 du D.O.C).
‘Tout engagement doit être exécuté de bonne foi et oblige, non seulement à ce qui y
est exprimé, mais encore à toutes les suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à
l’obligation d’après sa nature’ (article 231 du D.O.C).
(ii) Et le principe de l’effet relatif : ‘Les obligations n’engagent que ceux qui ont été
parties à l’acte : elles ne nuisent point aux tiers et elles ne leur profitent que dans
les cas exprimés par la loi’ (article 228 du D.O.C).
Il y a plusieurs catégories de contrats mais ils obéissent tous à ces principes. Les critères de
classifications des contrats sont indifférents à ces principes.
5
Bibliographie sélective
PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, Super Cours Dalloz, 9ème éd.,
2016, pp. 31-48 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).

IV- Classification des contrats


1.1. Classification des contrats selon leur structure
 Contrats synallagmatiques et contrats unilatéraux
Un contrat est synallagmatique lorsque les contractants s’obligent réciproquement les uns
envers les autres. Les exemples sont la vente et le louage, notamment.
Intérêt : Les obligations issues du contrat synallagmatique sont réciproques et
interdépendantes. L’exception d’inexécution (article 235, 1er alinéa) provient de cette
réciprocité ou interdépendance.
Un contrat est unilatéral lorsqu’une personne s’oblige envers une autre qui ne contracte aucun
engagement. La donation en est l’exemple parfait.

 Contrats commutatifs et contrats aléatoires


Un contrat est commutatif lorsque chaque partie connaît, dès sa formation, peut apprécier le
bénéfice ou la perte résultant pour elle de ce contrat. Exemple : Le bail est un contrat
commutatif. Chacune des parties connaît plus ou moins ce qu’il y gagne.
Au contraire, un contrat est aléatoire quand la prestation due par l’une des parties dépend d’un
événement incertain, et ne permet aucune attente précise pour les parties. Exemple : Le
contrat d’assurance présente un aléa. On ne sait à l’avance si le risque se réalisera, quand il se
réalisera ni l’étendue des dommages à indemniser.

1.2. Classification selon leur source : Contrats nommés et contrats innommés


Les contrats nommés ou encore contrats spéciaux sont ceux prévus par la loi sous une
dénomination propre. Exemple : La vente, le bail, le compte d’épargne, etc. sont des contrats
nommés car ils sont prévus dans le D.O.C et le code de commerce.
Les contrats innomés sont ceux que les parties créent de toute pièce pour leurs besoins
personnels ou professionnels mais dans le respect de la théorie générale du contrat. C’est une
multitude de contrats. Exemple : Le contrat de franchise ou le contrat de distribution sélective
ne sont pas connus dans la loi marocaine.
A retenir :
− Les contrats innomés sont la conséquence du principe de l’autonomie de la volonté.
− Souvent, la pratique donne des noms différents à certains contrats nommés par la loi. Il
faut d’abord qualifier pour savoir si le contrat existe dans la loi ou pas. Exemple : Le
contrat de louage d’ouvrage (appellation du D.O.C  articles 759 et s.) s’appelle
‘contrat clés en mains’, ‘contrat d’ingénierie’, etc. dans la pratique.

Bibliographie sélective
PORCHY-SIMON (S.), Droit civil 2ème année : Les obligations, 9ème éd. Super Cours Dalloz,
2016, pp. 26-31 ; Bibliothèque virtuelle ScholarVox (Compte Apogée).
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