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THÈSE
EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE
DOCTORAT
Domaine : SEGC Filière : Economie et Gestion
Spécialité : Economie Managériale
Présentée par
Meriem Zehira TAGUELMINT
Thème
Mes remerciements s’adressent en premier lieu à mon directeur de thèse, monsieur BOUKRIF
Moussa, pour ses remarques, ses conseils, pour l’orientation qu’il a su donner à mon travail, et
surtout pour sa tolérance et sa patience qui ont permis à ce travail de se dérouler dans des
conditions psychologiques favorables.
Mes remerciements s’adressent également à tous les cadres des entreprises laitières de la
wilaya de Bejaia qui m’ont accueilli et qui ont accepté de répondre à mes questions. Sans
oublier aussi les cadres de Hodna-Lait, et de la laiterie TELL (Setif).
Merci à mes amis et futurs collègues pour leur écoute, leur soutien moral, en particulier,
Ghanem Yasmina, et Halouane Sihem.
Conclusion générale………………………………………………………………………...140
Bibliographie………………………………………………………………………………..146
Annexes……………………………………………………………………………………..157
Introduction générale
L’information devient une matière première vitale pour l’entreprise, un facteur de production
en soi (Bournoi et Romani, 2000). Elle revêt une importance stratégique, puisqu’elle permet
de diminuer l’incertitude dans la prise de décision, car « il n’y a point de décision valable
sans une bonne information au préalable » (E. Pateyron, 1998 :131).
L’information a toujours joué un rôle important dans la performance des entreprises, mais
aussi dans la puissance des nations. L’exemple attestant de l’importance et du rôle de
l’information est celui du Japon. S’il a réussi à s’imposer comme l’une des puissances
économiques actuelles, c’est surtout grâce à son système de recueil de l’information mondial,
dont l’origine remonte à l’époque de l’empereur Meiji, qui en 1868 ouvre son pays au monde
et au commerce avec l’étranger, en mettant en place, des réformes, parmi lesquelles se trouve
l’obligation: « Nous irons chercher la connaissance dans le monde entier afin de renforcer les
fondements de la règle impériale » (C. Cohen, 2004 :35).
Même les grands chefs d’armés à l’instar de Napoléan Bonaparte, avec sa célèbre phrase « se
faire battre est excusable, se faire surprendre est impardonnable » cité dans Cohen
(2004 :16), ont mis l’accent sur l’importance stratégique de l’information dans les
affrontements armés. Ils recommandent de disposer de l’information sur le lieu de bataille et
sur son adversaire avant de l’affronter. Le stratège chinois Sun Tzu (Tsu ou Sun Zi), dans son
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Introduction générale
ouvrage ‘’ l’art de la guerre’’ 480 ans avant J.C, raconte que l’habilité est de vaincre sans
combattre, grâce à la ruse, et l’espionnage. Il précise qu’il ne faut jamais engager une bataille
sans être sûr de gagner, et il recommande de comprendre la stratégie de l’adversaire avant de
l’attaquer « Si tu veux vaincre l’adversaire, connais le d’abord » (Cohen, 2004 :35). Sun Tzu
a d’ailleurs fortement contribué à imposer la stratégie dans le domaine de l’entreprise ou ce
qui est maintenant appelé « management stratégique ».
Une chose est sûre, l’information est vitale, que ce soit pour l’individu, l’Etat ou l’entreprise,
surtout avec l’avènement de la société de l’information, où la compétitivité de l’entreprise
repose sur la recherche et la maitrise de l’information sur son environnement pour anticiper
ses changements. La veille stratégique est justement, la démarche, qui permet à l’entreprise de
scruter son environnement, de suivre son évolution et de détecter les informations susceptibles
d’orienter ses choix stratégiques et ses décisions.
La veille stratégique est une discipline récente qui a donné lieu à une littérature abondante.
L’origine du concept de veille stratégique remonte à la fin des années soixante avec les
travaux pionniers d’Aguilar (1967) qui utilisa le terme ‘’Scanning’’. Par la suite plusieurs
chercheurs et praticiens se sont intéressés à ce concept. Cependant le terme ‘Veille
Stratégique’ a été introduit par H. Lesca (1994) qui l’a défini ainsi : « Le concept de ‘Veille
Stratégique’ désigne le processus informationnel par lequel l'entreprise se met à l'écoute
prospective de son environnement dans le but créatif d'ouvrir des fenêtres d’opportunités et
de réduire son incertitude.» (Lesca, 1994: 33). Pour Cohen C. (2004 :56), la veille
stratégique est « …une expression générique englobant diverses formes de veille telles : la
veille commerciale, la veille technologique, veille concurrentielle, veille politique (…), sa
finalité est de permettre la saisie des opportunités et la prévention des risques de façon aussi
anticipée que possible ».
De ces définitions, nous pouvons relever que la veille stratégique est un processus
informationnel, de recherche, de collecte, de traitement et de diffusion de l’information à des
fins stratégiques. Il s’agit de surveiller en permanence les changements qui s’opèrent au sein
de l’environnement, pour détecter les opportunités, réduire les menaces et anticiper l’avenir.
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Introduction générale
animés par les autorités. Parmi eux, nous citons : le colloque international organisé par le
ministre des PME et de l'artisanat, en avril 2007, sous le thème «Le Benchmark des
pratiques et des expériences en Intelligence Economique au service de la performance et
de la compétitivité de l'entreprise- L'intelligence économique vecteur stratégique de la
relance et du développement industriel »; le colloque organisé en juin 2008 par l'université
de la formation continue d'Alger et sous l’autorité du président, portant sur la
« Gouvernance des institutions et Intelligence économique ». Ce dernier était consacré à la
question d'amélioration de la gouvernance grâce à l'intelligence économique. Les acteurs
concernés étaient les grandes entreprises, les PME, les collectivités locales et l'administration
publique. Une première école en intelligence économique a été créée en septembre 2007, en
partenariat avec l’Ecole Européenne d’Intelligence Economique. Une Direction Générale de
l’Intelligence Economique, des Etudes et de Prospective (DGIEEP) a été créée en 2008, sous
la tutelle du ministère de l’industrie, de la petite et moyenne entreprise et de la promotion de
l’investissement, qui a même édité, en 2010 un document de formation en intelligence
économique. Cette direction a été renommée, en 2010, la Direction Générale de Veille
Stratégique des Etudes Economiques et des Statistiques (DGVSEES).
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Introduction générale
FCS pour la mise en place d’un projet de veille stratégique. Une liste validée par des
experts professionnels français, et par la suite vérifiée sur le terrain auprès de 12
entreprises tunisiennes (PME). A l’issue de son travail, l’auteur a identifié 3 grandes
catégories de facteurs dans la conduite d’un projet de veille stratégique: des facteurs liés
aux ressources humaines ; des facteurs organisationnels et des facteurs matériels ;
- Souad Kamoun-Chouk (2005), son travail porte sur la « Veille Anticipative Stratégique :
processus d’attention à l’environnement. Application à des PMI tunisiennes ». Les travaux
théoriques et les études menées dans le domaine de veille stratégique et dans différents
contextes ont permis à l’auteur de dégager une liste de FCS et de conditions contextuelles
(CC), qu’elle a vérifié lors des séances de Création Collective de Sens (CCS), «
L’opération collective au cours de laquelle sont créés du “sens ajouté”, de la
connaissance à partir de certaines informations qui jouent le rôle de stimuli inducteurs, et
au moyen d’interactions entre les participants à la séance de travail, ainsi qu’avec les
diverses mémoires (tacites et formelles de l’entreprise. » (Chouk, 2005 :9), ces séances
ont été organisées avec les représentants de 17 PMI tunisiennes, au niveau de l’API
(Agence de promotion de l’industrie). L’auteur a identifié 6 CC et 2 FCS qui favorisent
l’amorçage d’une attention des dirigeants de PMI tunisiennes à l’égard des changements
susceptibles de se produire dans leur environnement concurrentiel par la CCS.
Concernant notre travail, les travaux théoriques et les études menées dans le domaine de veille
stratégique, nous ont permis de dégager une liste de conditions que nous jugeons nécessaires à
l’émergence d’une pratique de veille stratégique. Des conditions que nous allons vérifier
auprès des entreprises laitières de la wilaya de Bejaia, pour apprécier leur prédisposition à
mettre en place une telle pratique. Les entreprises laitières, comme toutes les autres
entreprises algériennes constituent un terrain d’étude pertinent pour notre recherche, car elles
n’échappent pas à l’obligation de mettre en place une pratique de veille stratégique. En effet,
l’Algérie s’est engagée depuis des années dans un processus d’ouverture commerciale, qui a
exposé ses entreprises à une concurrence étrangère plus performante, qui s’accapare de plus
en plus de parts de marché sur le territoire algérien, accentuant ainsi l’incertitude
environnementale, et rendant nécessaire la pratique de veille stratégique.
La revue de la littérature nous a permis de déterminer une liste de conditions nécessaires pour
l’émergence d’une pratique de veille stratégique. Des conditions que nous avons réparties en
deux grandes catégories : des conditions liées à l’environnement externe à l’entreprise, nous
les avons appelées conditions contextuelles (un environnement concurrentiel et incertain ; le
soutien des organismes étatiques). Et des conditions liées à l’environnement interne à
l’entreprise, aux membres de l’entreprise (soutien du dirigeant ; implication du personnel), et
à la culture qui règne au sein de l’entreprise (esprit collaboratif ; esprit curieux, favorable à
l’innovation ; esprit anticipatif, orienté vers le futur…etc.)
Pour répondre aux questions précédentes nous avons émis les hypothèses suivantes :
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Introduction générale
encore mal assimilé par nos entreprises ; de les aider à mieux le comprendre, et les sensibiliser
à la nécessité de mettre en place une pratique de veille stratégique. En deuxième, de les aider
à développer et à mettre en place une telle pratique, par l’analyse et l’identification des
conditions nécessaires pour le faire.
5. Méthodologie de la recherche
Notre démarche méthodologique s’inscrit dans une approche exploratoire qualitative et
inductive :
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Introduction générale
- Exploratoire, car nous avons exploré et analysé la réalité des pratiques de veille
stratégique dans les entreprises algériennes, en vérifiant l’existence des conditions
nécessaires à l’émergence de telles pratiques ;
- Qualitative, car nous avons réalisé des entretiens avec des responsables hiérarchiques au
sein de ces entreprises. Les méthodes qualitatives, définies par V. Maanen (1983), cité
dans Kriaa-Medhaffer (2006 :23), « …comme un éventail de techniques d’interprétation
qui visent à décrire, décoder, traduire et d’une façon plus générale être en accord avec le
sens du phénomène et non pas décrire la fréquence de certains phénomènes qui se
produisent plus ou moins naturellement dans le monde social », correspondent mieux à
notre thématique de recherche, qui visent l’analyse des conditions nécessaires à
l’émergence des pratiques de veille stratégique. « En effet, la recherche qualitative
permet d’observer des modifications des comportements humaines et de leur aspects
subjectifs, tels que les perceptions, représentations, etc. » (Kriaa-Medhaffer, 2006 :23) ;
- Inductive : car l’étude exploratoire à caractère qualitatif a concerné un échantillon
d’entreprises. Cet échantillon comprend les entreprises laitières de la wilaya de Bejaia, à
l’exception de celles produisant uniquement le lait pasteurisé, car c’est un produit
subventionné par l’Etat. Nous avons en revanche, pris en considération tous les autres
produits laitiers tels que : le fromage, le yaourt, les crèmes glacées, qui sont des produits
concurrentiels.
6. Plan de la thèse
Notre thèse comprend quatre chapitres :
- Le premier chapitre présente le fondement théorique du concept de veille stratégique.
Après avoir défini le concept de veille stratégique, retracé son évolution, nous allons nous
intéressés à la pratique de veille stratégique, son organisation, sa mise en œuvre.
- Le deuxième chapitre porte sur les conditions d’émergence d’une pratique de veille
stratégique. Nous allons citer des travaux théoriques et empiriques dans le domaine de
management de projet et de veille stratégique, qui ont identifié des facteurs ou des
conditions nécessaires à la pratique de veille stratégique, et puis dégager notre liste de
conditions que nous allons utiliser pour notre enquête de terrain.
- Le troisième chapitre présente la filière lait. Nous allons d’abord présenter brièvement la
filière lait en Algérie, avant de nous focaliser sur la filière lait dans la wilaya de Bejaia, et
plus exactement sur les entreprises laitières de la wilaya de Bejaia, objet de notre étude.
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Introduction générale
- Le quatrième chapitre est consacré à notre enquête de terrain. Nous allons voir le contexte
général de la veille stratégique en Algérie, puis faire un état des lieux de la pratique de
veille stratégique au sein des entreprises laitières de la wilaya de Bejaia.
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CHAPITRE I
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
La pratique de veille stratégique est très ancienne, elle existait avant même l’apparition
du concept lui-même, qui a d’ailleurs connu une évolution depuis les années 60 jusqu’à nos
jours. La veille stratégique est une expression générique, englobant différents types de veille.
Chaque type est axé sur un domaine, ou un acteur particulier de l’environnement de
l’entreprise, à savoir les concurrents, les clients, les fournisseurs, les technologies, la
législation…etc. (Cohen, 2004). La veille stratégique, consiste à être à l’écoute permanente
de son environnement, pour bien le connaître, le comprendre, et anticiper ses changements,
afin de réagir à temps et devancer ses concurrents. La mise en place d’une pratique de veille
stratégique, devient une nécessité pour l’entreprise, sa compétitivité en dépend. Dans ce
premier chapitre nous allons d’abord présenter le concept de veille stratégique, en retraçant
son évolution, et en citant quelques définitions (section 1). Par la suite, nous aborderons la
pratique de veille stratégique, son organisation et sa mise en œuvre (section 2).
Dans cette première section, nous allons d’abord présenter l’évolution du concept de
veille stratégique, citer quelques unes de ses définitions, ses diverses désignations, ainsi que
quelques concepts rapprochés au concept de veille stratégique. Par la suite nous présenterons
ses composantes, ses objectifs et ses fonctions.
Le besoin de s’informer est vital pour tout être humain, c’est un besoin qui a toujours existait.
Sun Tzu, a écrit au III siècle avant J-C : « ceux qui ne connaissent pas le plan de leurs
adversaires ne sont pas prêts pour la négociation » (Hermel, 2001 :1). Dés lors, le
renseignement, et la collecte des informations sur ses rivaux ont toujours été une tâche
primordiale menée par les armés lors de la préparation de leur bataille. De même que les
guerriers, les entreprises ont cherché à anticiper le futur, en élaborant des plans prévisionnels
à long terme, établis par les services de planification. Ces prévisions s’effectuaient par
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
extrapolation du passé, en utilisant les données internes à l’entreprise. Par la suite, en ayant
des unités proches du terrain, notamment avec le développement du marketing et l’intégration
des études de marché, les entreprises ont commencé à avoir une vue sur l’extérieur. Ces unités
permettent de mieux connaitre les clients et les concurrents de l’entreprise. Ensuite, avec les
chocs pétroliers des années 1970, et les mutations sociales, politiques, et technologiques qui
se sont produites, l’environnement devient de plus en plus incertain, ce qui obligea les
entreprises à reconsidérer leurs modèles de prévision, et à mettre en place des cellules de
veille et de prospective dés la fin des années 1980. Mais ce n’est que dans les années 1990
qu’elles se sont développées et que le terme de veille stratégique a été largement diffusé.
Le concept de veille stratégique est relativement récent, son origine remonte aux années 60,
avec les travaux d’Aguilar (1967) qui utilisa le terme de ‘’Scanning’’. Par la suite d’auteurs
chercheurs et praticiens se sont intéressés à ce concept, ils évoquèrent d’autres appellations,
telles que : ‘’Business Intelligence’’ (Gilad et Gilad, 1986), ‘’Competitive Intelligence’’
(Porter, 1980), ‘’Environmental Scanning’’ (Choo, 1999). Du coté des francophones, le
concept a également connu une évolution, plusieurs termes ont été utilisés, tels que :
‘Vigilance’ (Oury, 1983) ; ‘Surveillance’ (Thiétart, 1984 ; Lesca 1986) ; ‘Veille Stratégique’
(Lesca, 1994) qui utilisa aussi le terme ‘Ecoute Prospective de l’Environnement’;
‘Intelligence Economique’ (Martre, 1994) ; ‘Intelligence Economique et Stratégique’
(Bournois et Romani, 2000) ; ‘Veille Anticipative Stratégique et Intelligence Collective
(VASIC)’ (Lesca, 2003).
Cohen (2004) et Brouad (2004) ont énuméré trois phases marquant l’évolution du concept de
veille stratégique ou de surveillance :
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
elle n’est pas vraiment intégrée dans la prise de décision (Laghzaoui, 2008). ‘Veille
Technologique’, ‘Scanning’, ‘Surveillance’, et ‘Intelligence’ sont les termes les plus utilisés.
Cette période est marquée par un engouement des praticiens pour la veille, les premiers
ouvrages sur ce thème voient le jour. Leurs auteurs sont des praticiens, qui proposent des
méthodologies permettant de formaliser l’activité de veille dans l’entreprise, à l’instar de
Ribault et Martinet (1989) qui, en s’inspirant du modèle des cinq forces de Porter, ont
identifié cinq types de veille. Du côté des pays anglo-saxons, on connait également un
engouement pour le concept de ‘Competitive Intelligence’, où on ne se limite plus à une
simple collecte des données, et à des analyses statiques, mais il s’agit de faire une analyse
profonde de la concurrence, de donner du sens aux informations collectées et les transformer
en intelligence. Par la suite le concept évolue, il y a eu l’apparition d’autres concepts, tels que
‘Business Intelligence’, ‘Strategic Intelligence’, où l’analyse s’étend à tous les domaines
environnementaux de l’entreprise, et pas qu’à la concurrence. Durant cette période de plus en
plus d’entreprises mettent en place et organisent leurs activités de veille, d’intelligence. Ces
pratiques tendent vers la formalisation, et des méthodes d’analyse quantitatives sont utilisées.
Les termes ‘Vigilance’, ‘Veille Stratégique’, ‘Competitive Intelligence’, ‘Intelligence
Economique’, apparaissent.
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Dés lors, le domaine de veille stratégique a d’abord constitué un corps de pratique avant de
constituer celui de la connaissance (Cohen, 2004).
Les trois périodes retraçant l’évolution du concept de surveillance ou de veille, sont résumées
dans la figure suivante :
Concept d’’Intelligence’
(1)
(2)
1970 1983 1981/86 1990 1994 rapport Martre 2000
Concept de Surveillance
Concept de Vigilance
Source : Corine COHEN, « veille et intelligence stratégiques », Sciences Hermès, Edition : Lavoisier, France,
2004, P64
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
l’entreprise doit analyser les cinq forces de la concurrence à savoir : la pression des
fournisseurs ; la pression des clients ; la menaces de nouveaux entrants ; la menace de
substitution ; et la rivalité entre les concurrents existants. Un modèle qui a été ensuite
amélioré en intégrant d’autres forces concurrentielles, telle que l’Etat, et qui a été calqué
par d’autres auteurs, notamment dans le domaine de veille, à l’instar de Ribault et
Martinet (1989) pour distinguer différents types de veille.
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
des informations sur les opportunités d’affaires et d’innovations qui peuvent se présenter
dans l’environnement.
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Terme ou
Auteur Définition expression
utilisés
Aguilar “ Scanning is the activity of acquiring information about events
(1967), cité and relationships in a company’s outside environment, the
par Boulifa- knowledge of which would assist top management in its task of Scanning
Tamboura charting the company’s future course of action”
(2008 :49)
“Environmental scanning, the managerial activity of learning
about events and trends in the organization’s environment, is
Hambrick one of the tasks comprising the broader boundary spanning
(1981 : 299) role. Moreover, environmental scanning can be conceived as
the first step in the ongoing chain of perceptions and actions
leading to an organization’s adaptation to its environment.” Environmental
Choo C.W. “Environmental scanning is the acquisition and use of scanning
(1999:21) information about events, trends and relationships in an
organization’s external environment, the knowledge of which
would assist management in planning the organization’s future
course of action”.
May et al. “Environmental scanning, the search mechanism by which
(2000:403) managers discover important events and trends outside their
organizations… is an indispensible activity in the strategic
management process…”
Philippe « La surveillance est avant tout considérée comme un acte
Baumard, d’information permettant à l’entreprise de s’adapter à son
(1991 :37) environnement, d’une part pour innover et d’autre part, pour Surveillance
accroitre sa connaissance de façon générale.»
Lesca H. Scruter l’environnement de l’entreprise signifie :
(1994 :16) « - Chercher à repérer ‘les acteurs’ extérieurs susceptibles de
prendre des décisions pouvant avoir une influence actuelle ou
future sur notre entreprise ;
- Surveiller attentivement, individuellement, ces acteurs en Scruter/
vue de comprendre leurs comportements, ‘leurs stratégies’, Scrutation
les valeurs fondamentales qui les guident au moment de
prendre une décision ;
- Connaître aussi exactement que possible leurs capacités
actuelles et potentielles, ainsi que leur pouvoir et leur
influence ;
- Anticiper leurs décisions et évaluer les impacts probables
de celles-ci sur le devenir de notre entreprise ;
- Voir, éventuellement, ce que l’on peut faire avec eux,
malgré eux ou contre eux. »
La norme XP X50-053 d’avril 1998 définit la veille, comme
Hermel L. une « activité continue et en grande partie itérative visant à une
(2001 :48) surveillance active de l’environnement technologique, Veille
commercial, etc., pour anticiper les évolutions ».
« La veille technologique, c’est l’art de repérer, collecter,
traiter, stocker des informations et des signaux pertinents
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Rouach (faibles, forts) qui vont irriguer l’entreprise à tous les niveaux Veille
(1996 :5) de rentabilité, permettre d’orienter le futur (technologique, technologique
commercial…) et également de protéger le présent et l’avenir
face aux attaques de la concurrence.»
Lesca « Le concept de ‘Veille Stratégique’ désigne le processus Veille
(1994 :33) informationnel par lequel l'entreprise se met à l'écoute stratégique/
prospective de son environnement dans le but créatif d'ouvrir Ecoute
des fenêtres d’opportunités et de réduire son incertitude.» prospective de
l’environnement
« La veille stratégique désigne la recherche de l’information
grâce à une vigilance constante et une surveillance permanente
(Pateyron, de l’environnement pour des visées stratégiques. La dimension
1998 :13) stratégique de la veille stratégique se situe dans le triptyque
‘réception-interprétation-action’.»
«…On définira la veille stratégique comme le processus
volontariste par lequel l’entreprise (ou une partie de celle-ci)
Lesca et traque et assimile des informations à caractère anticipatoire
Castagnos sur les changements de son environnement socio-économique,
(2000 :4) dans le but de se ménager des opportunités d’affaires et d’agir
vite et au bon moment.»
« La veille stratégique est le processus par lequel les membres
d’une organisation amassent, partagent et donnent un sens à Veille
Audet J. l’information relative au marché (technologie, concurrents, stratégique
(2001:4) fournisseurs, clients) et celle relative à l’environnement
d’affaires plus général (environnement économique, légal,
politique, socioculturel)… »
« La veille stratégique désigne l’effort que fait l’entreprise pour
être à l’écoute prospective de l’environnement (non pas en
Cohen C. calculant des prévisions statistiques mais en collectant des
(2004 :56) informations à caractère anticipatif), il s’agit d’une expression
générique englobant diverses formes de veille telles : la veille
commerciale, la veille technologique, veille concurrentielle,
veille politique (…), sa finalité est de permettre la saisie des
opportunités et la prévention des risques de façon aussi
anticipée que possible. »
Brouard « La veille stratégique est un processus informationnel par
(2004 :63) lequel une organisation se met à l’écoute de son environnement
pour décider et agir dans la poursuite de ses objectifs. La veille
stratégique correspond à un système d’information de gestion
pour les dirigeants et pour l’ensemble du personnel.»
Bernat et « La veille stratégique est le processus anticipatif d’observation
al. et d’analyse de l’environnement, suivi de la diffusion (bien
(2008 : ciblée) des informations sélectionnées et traitées, utiles à la
34) prise de décisions stratégiques. Ces informations peuvent être
de nature scientifique, technique, réglementaire,
concurrentielle et commerciale.»
Depuis les travaux d’Aguilar (1967), plusieurs chercheurs se sont intéressés au concept de
veille stratégique, ce qui donna naissance à plusieurs termes et expressions pour le désigner.
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Le concept a connu une évolution, il est passé d’une simple activité de recherche et
d’acquisition de l’information sur l’environnement, à une activité plus élaborée, plus
complète, intégrant l’analyse, le traitement et l’interprétation des informations dans une
perspective d’anticipation, et d’intégration des résultats dans la prise de décision stratégique.
Par ailleurs, il y’a lieu de souligner aussi une confusion terminologique quand il s’agit de
décrire la veille stratégique, suite à une prolifération des termes, et aussi à l’utilisation de ces
termes pour représenter deux éléments : le processus de veille, et le résultat de ce processus.
Par exemple, l’expression ‘veille stratégique’ est utilisée pour décrire le processus, alors que
l’expression ‘intelligence de l’entreprise’ ou ‘intelligence stratégique’ décrit le résultat final.
Cependant, ces définitions ont un point en commun, elles précisent que l’objet de la
surveillance est l’environnement.
De ces définitions nous retenons que la veille stratégique est :
- Un processus informationnel de collecte, de traitement, et d’interprétation des
informations liées à l’environnement ;
- Une pratique au service du management stratégique de l’entreprise, qui permet de soutenir
les décisions stratégiques ;
- Une démarche qui permet de s’adapter aux changements de l’environnement, et de les
anticiper.
Management stratégique
Le management stratégique cherche à assurer une cohérence entre les capacités internes de
l’organisation, les demandes exprimées par l’environnement et les réponses stratégiques
formulées (Thiétart, 1993). C’est une « démarche ayant pour fonction d’assurer la
compétitivité, la sécurité et la légitimité d’une organisation ou d’un système d’action collectif.
Excédant la simple formulation des choix (fonction traditionnellement dévolue à l’analyse
stratégique), le management stratégique s’efforce d’intégrer les phénomènes émergents aux
projets délibérés et se préoccupe de la mise en œuvre des intentions. Le management
stratégique est donc appelé à traiter des problèmes d’organisation. » (Koenig, 1996 : 531).
Le management stratégique est donc, une démarche liée aux préoccupations stratégiques de
l’entreprise, qui permet d’orienter les actions futures et les choix stratégiques, dont dépendent
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
la survie et la prospérité de l’entreprise. Cette démarche s’appuie sur l’existence d’un système
d’informations stratégiques, notamment des informations concernant les opportunités à saisir
et les risques à prévenir de l’environnement externe. En effet, « l’un des points clés d’une
formulation efficace de la stratégie est, d’une part, le développement et l’utilisation d’un
système de surveillance de l’environnement concurrentiel, et, d’autre part l’établissement
d’une vision prospective d’ensemble des défis auxquels l’entreprise va être confrontée dans le
futur » (Thiétart, 1993 : 95). Par conséquence, « …la veille stratégique constitue sans
contredit un concept important dans le champ du management stratégique. En effet, du
processus de veille émanera l’information sur l’environnement externe (menaces et
opportunités) qui, couplée à celle provenant du diagnostic interne (forces et faiblesses)
fournira la matière première à l’exercice de la réflexion stratégique » (Audet J., 2001 :4). La
veille stratégique est donc la partie du système d’information orientée vers l’extérieur de
l’entreprise, qui permet de l’informer sur son l’environnement et ses différents changements.
C’est le système d’information pour le management stratégique (Lesca et Mancret, 2007).
Intelligence économique
« L’intelligence économique peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de
recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation utile aux acteurs
économiques. Ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de
protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures
conditions de qualité, de délais et de coût. » (Martre H., 1994 :11). L’intelligence
économique et la veille stratégique sont deux concepts distincts. Qui diffèrent selon leur
origine et leur degré d’intégration dans la décision stratégique :
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Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Cependant les deux concepts sont étroitement liés et leurs pratiques se renforcent
mutuellement. Selon (Guerraoui et Richet, 2005 :69 ) « La différence entre les deux
notions de veille et d’intelligence économique est difficile à saisir. La veille n’est qu’une des
trois composantes de l’intelligence économique avec les mesures de sécurisation de
l’information et les actions d’influence. Il semble que l’on parle plus de l’intelligence
économique au niveau de l’Etat et de la veille stratégique dans les entreprises… aujourd’hui
on préfère parler d’intelligence économique. Il s’agit d’activer l’information disponible en
vue d’améliorer la compétitivité des firmes nationales. Ce n’est donc pas une accumulation
d’informations, mais la construction logique d’un savoir à des fins économiques, mais aussi
géopolitiques ».
Environnement
Selon (Lesca, 1994 :3) « Le mot ‘environnement’ de l’entreprise doit être pris dans un sens
très général, englobant le marché certes (les clients et les concurrents, actuels ou potentiels),
mais aussi les produits, les procédés et les technologies, les pouvoirs publics et les divers
groupes de pression, etc. Ce mot doit aussi être compris dans sa dimension mondiale. ». Pour
cet auteur «… l’environnement serait l’ensemble des forces, des décisions et des contraintes
externes à l’entreprise, qui ne sont pas créées par elle, mais qui sont de nature à influencer
son activité et son évolution » (Lesca, 1994 :15).
Baumard P. (1991 : 22) le définit comme «…l’ensemble des domaines d’activité et de leurs
acteurs, avec lesquels la firme entre en relation et négocie son développement. Il regroupe les
espaces économiques, sociaux, historiques, juridiques, technologiques, politiques et
culturels ». Pour Duncan (1972), l’environnement de l’entreprise est l’ensemble des facteurs
physiques et sociaux qui sont pris directement en considération lors de la prise de décision.
L’auteur distingue entre l’environnement interne et l’environnement externe à l’entreprise. Ce
dernier est défini comme: « the external environment consists of those relevant physical and
social factors outside the boundaries of the organization or specific decision unit that are
taken directly into consideration » (Duncun, 1972:314).
20
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
L’environnement (externe) de l’entreprise peut être divisé en deux niveaux, ou deux strates
(Daft et al. 1988 ; Sawyerr 1993 ; Elenkov, 1997 ; Stewart et al. 2000 ) :
Incertitude
L’environnement de l’entreprise est une source d’incertitude pour ses dirigeants. Cette
incertitude s’est considérablement accrue au cours de la dernière décennie, notamment avec
les fluctuations des cours des matières premières et des taux de change, de la
déréglementation, de la révolution électronique et technologique, et de l’intensification de la
concurrence internationale (Porter, 1999). Pour Milliken (1987: 136) “Uncertainty will be
defined as an individual’s perceived inability to predict something accurately”. Duncan
(1972: 318) définit l’incertitude de l’environnement comme étant « :
Pour Humbert Lesca (2003), l’incertitude peut traduire plusieurs situations possibles. Par
exemple : soit l’individu manque d’informations, il faudra alors en rechercher de nouvelles ;
soit il fait face à une surabondance d’informations, il importe donc de cibler et de sélectionner
davantage les informations ; ou soit les informations disponibles sont ambigües, dans ce cas il
faut faire recours à l’interprétation collective de l’information.
Cette incertitude diffère d’une entreprise à l’autre selon la perception qu’ont les managers vis-
à-vis de l’environnement dans lequel opère l’entreprise. Galbraith (1977) cité par Elenkov
21
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
La norme XP X50-53 d’avril 1998 définit l’anticipation, comme la «détection d’une situation
avant qu’elle ne soit réellement manifestée » (Hermel, L., 2001:46). Lesca (2003), distingue
deux façons de s’intéresser au futur: l’une est la prévision, qui consiste à calculer des
tendances à partir des données concernant une période passée; et l’autre est l’anticipation qui
elle s’intéresse aux informations susceptibles d’annoncer de nouveaux changements et
d’anticiper certains d’entre eux. C’est cette dernière qui intéresse la veille stratégique. En effet
pour pouvoir saisir les opportunités qui peuvent se présenter et éviter tout risque éventuel, la
veille stratégique cible les informations à caractère anticipatif, de type ‘weak signal’ ou signal
faible. Cette notion est introduite par Ansoff I. (1975), il s’agit d’une information à caractère
anticipatif, et « ce type d’information est de nature à déclencher, chez le manager qui lui
porte attention (à condition qu’il y soit effectivement sensible), une sensation que quelque
chose d’important semble s’amorcer ou pourrait se produire dans l’environnement de son
entreprise…cette information joue le rôle de stimulus inducteur, de déclic, d’une
interrogation suivie d’une réflexion. Ensuite, le manager ainsi interpellé devrait avoir le désir
d’en savoir plus et d’obtenir des informations supplémentaires pour affiner sa sensation »
(Lesca, 2003 :23).
22
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Avant toute pratique de veille, l’entreprise devrait savoir quoi observer et fixer ses objectifs
et ses priorités, pour focaliser ses efforts de collecte d’informations sur les éléments utiles à la
décision. Selon l’entreprise et en fonction de ses stratégies, la veille sera plus axée sur la
technologie, la concurrence, les clients, l’environnement général. La veille stratégique
regroupe ainsi un ensemble coordonné de veilles thématiques : technologique, concurrentielle,
commerciale, juridique, réglementaire, sociétale, géopolitique. En s’inspirant du modèle de
Porter, L. Hermel (2001) distingue quatre grands types de veille :
V. concurrentielle
Entrants
potentiels
Substituts
V. technologique
V. environnementale
Source : Laurent HERMEL, « Maitriser et pratiquer la veille stratégique » », AFNOR, France, 2001, P10
23
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
s’intéresser aux fournisseurs, sous-traitants et aux partenaires dans l’élaboration des produits
et des services.
24
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Selon Lesca (2003), la veille stratégique permet d’agir vite, au bon moment, avec le
maximum d’efficacité et le minimum de ressources. L’auteur indique que « …l’usage de la
VASIC a pour but de créer des opportunités d’affaires, d’innover, de s’adapter à l’évolution
de l’environnement, d’éviter les surprises stratégiques désagréables, de réduire les risques et
l’incertitude en général » (H. Lesca, 2003 :10). La veille stratégique a pour finalités de :
25
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Philipe Baumard (1991) synthétise ces objectifs, dans sa spirale de vigilance. Il indique
qu’ils sont liés, l’un mène à l’autre. « La surveillance est avant tout considérée comme un
acte d’information permettant à l’entreprise de s’adapter à son environnement, d’une part
pour innover et d’autre part, pour accroître sa connaissance de façon générale…Mieux
connaître c’est économiser son pouvoir. On vient donc à la surveillance par souci
d’information, par déficit de connaissance…Et on revient avec le désir de participer plus
activement à l’environnement. Le besoin de savoir, se transforme en besoin d’agir…La
surveillance devient un outil pour gérer les manœuvres stratégiques de l’entreprise…Il existe
donc une « spirale » de vigilances qui entraîne l’entreprise, itération après itération, vers une
pratique systématique de la surveillance. Cette spirale d’implication pourrait s’écrire
‘’s’adapter-connaître-utiliser-rentabiliser’’ » (Baumard, 1991:37)
26
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Adapter l’entreprise
à son environnement
Innover Rentabiliser
Protéger
Accroître sa
Gérer les relations
connaissance Surveiller pour…
interpersonnelles
Economiser
le pouvoir
Utiliser l’information
Connaître et faire comme une arme
partie des jeux
coopératifs
Source : Baumard, P. « Stratégie et surveillance des environnements concurrentiels », édition Masson, Paris,
1991, P38.
Parmi les fonctions principales de la veille stratégique, Cohen (2004) cite les fonctions
suivantes :
27
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
extraire les éléments importants. Ensuite les synthétiser, les mettre en corrélation, en
coordination pour leur donner un sens, et obtenir des connaissances utiles à la prise de
décision.
La fonction de mise en forme : une fois les informations analysées et synthétisées, elles
sont mises en forme. Car la mise en forme, joue un rôle important dans la compréhension
des connaissances diffusées ;
La fonction d’animation et de communication : la veille stratégique permet de
communiquer les informations collectées, analysées, et synthétisées aux destinataires
appropriés. Elle remplie également la mission d’animation des réseaux de veille pour
encourager les flux d’informations qui les traversent ;
La fonction protectrice : il s’agit de maitriser, enrichir et protéger les savoirs et savoir-
faire de l’entreprise.
Après avoir défini le concept de veille stratégique, nous allons nous intéresser à la
pratique de veille stratégique. Celle-ci est un exercice complexe qui doit obéir à certaines
exigences, liées au processus de veille lui-même, ses différentes phases, mais aussi à sa mise
en œuvre, chose que nous allons voir dans la section suivante.
Cette deuxième section porte donc, sur la pratique de veille stratégique. Nous allons
décortiquer le processus de veille stratégique, en présentant ses différentes phases, ses
caractéristiques et ses modèles. Par la suite nous verrons la mise en œuvre de la pratique de
veille stratégique, son organisation, ses approches, ainsi que les moyens nécessaires à sa mise
ne œuvre.
28
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
29
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
- Stratégique: comme son nom l’indique, la veille stratégique est un processus ayant une
portée stratégique, et une mission de fournir des informations utiles, des informations
stratégiques, permettant d’aider les managers à prendre des décisions stratégiques
engageant l’avenir de l’entreprise. Des décisions peu répétitives, prises en situation
d’incertitude, et susceptibles d’avoir de lourdes conséquences pouvant remettre en cause
la pérennité de l’entreprise.
Lesca (2003) présente un modèle détaillé, sous forme d’un processus cyclique composé de
phases de: ciblage, traque, sélection, stockage, création collective de sens, diffusion,
utilisation. Cohen (2004) présente un modèle de six phases : la détermination des besoins en
information ; la recherche et la collecte d’information ; le traitement de l’information
(analyse-synthèse-mise en forme) ; le stockage de l’information ; sa diffusion ; et son
utilisation. Ces phases sont détaillées ci-dessous :
évènement situé hors de son champ de veille, ce qui peut être néfaste pour l’entreprise.
C’est pour cette raison qu’une segmentation plus fine est recommandée, en
prédéterminant des axes de surveillance à l’intérieur de chaque domaine environnemental.
En général, l’environnement le plus surveillé est l’environnement économique, composé
des domaines de l’économie générale, des concurrents, du marché, des clients et des
fournisseurs. Suivi par l’environnement technique et technologique. En troisième,
l’environnement politique et réglementaire, et en dernier l’environnement social (Daft et
al. 1988, Cohen, 2004).
La hiérarchisation des domaines ou axes de surveillance : pour assurer l’efficacité
de la veille stratégique, une hiérarchisation des domaines à surveiller est
recommandée. Cette hiérarchisation peut se faire selon l’incertitude des
environnements, leur importance et leur impact sur l’entreprise, les spécificités de
l’entreprise, les probabilités d’occurrence des évènements…etc.
L’actualisation de l’identification des besoins en information : dans un
environnement aussi changeant, les besoins en informations de l’entreprise changent
continuellement, il est donc nécessaire de les actualiser en permanence.
Une fois ses besoins en informations sont identifiés, les domaines à surveiller sont déterminés,
l’entreprise peut enclencher son processus de veille. La recherche et la collecte d’information
peut être lancée, en exploitant des sources diverses. En général deux types de sources sont
distinguées : les sources formelles ou les sources formalisées, accessibles et ouvertes, elles
sont matérialisées sous forme documentaire ou informatique, telles que (les media, les
ouvrages, les CD-ROM, L’internet, les bases et banques de données, les études, les normes et
les brevets, les rapports annuel des sociétés…etc.). Les sources informelles, fermées non
accessibles, et non matérialisées, elles émettent des informations orales ou visuelles, telles que
(les clients et fournisseurs, les concurrents, les missions et voyages, les colloques et
séminaires…etc.).
Pour assurer une bonne collecte d’information et pour éviter tout gaspillage des ressources, il
importe de cibler et de sélectionner les informations et les sources d’informations les plus
intéressantes pour l’entreprise. Martinet et Ribault (1989), cités dans Cohen (2004),
identifient cinq critères d’évaluation des sources d’information :
31
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
La richesse de la source, qui traduit sa capacité à fournir une grande quantité et une
variété d’information de valeur ;
La performance de la source dans le temps, qui s’apprécie selon la permanence et la
fraîcheur des informations fournies;
La fiabilité de la source, qui mesure sa capacité à émettre des informations exactes
correspondant fidèlement à l’information d’origine ;
La discrétion de la source, qui suppose que moins une information est connue de tous,
plus elle a de la valeur. Le fait d’être la seule à détenir une information de valeur confère à
l’entreprise un avantage par rapport à ses concurrents;
La vulnérabilité de la source, signifiant que la source d’information est susceptible de ne
plus fournir d’information, telles que les sources humaines.
Dans cette phase, les informations collectées sont traitées, c’est-à-dire, analysées, synthétisées
et mises en forme pour être, ensuite, exploitées.
32
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Phase 4 : Le stockage
Consiste à mettre en réserve les informations brutes collectées lors de la phase de recherche,
et les connaissances créées lors de la phase de traitement, du processus de veille stratégique.
Ces informations peuvent être stockées dans des supports papier, ou des outils électroniques,
informatiques, comme les banques de données internes, qui conservent et gèrent les
informations de l’entreprise. Le stockage d’informations permet aux utilisateurs potentiels
d’accéder à l’information dont ils ont besoin et à l’instant voulu, il engendre une économie de
coût et de temps.
Phase 5 : La diffusion
Les informations collectées et traitées, sont par la suite diffusées aux utilisateurs potentiels.
Les responsables de veille stratégiques devraient savoir diffuser ces informations aux bons
destinataires, au moment approprié, en utilisant les canaux de communication adéquats, tout
en évitant les freins à la circulation et à la diffusion de l’information.
Le contrôle et le feedback
Il importe aussi d’intégrer une phase de contrôle du processus de veille stratégique pour
s’assurer de son efficacité, et de son impact sur la performance de l’entreprise. Ce contrôle ne
peut se faire qu’avec l’existence d’une phase de feedback sur les informations diffusées. Un
retour, par le destinataire, sur chaque information transmise, est donc recommandé, pour
améliorer la qualité et évaluer la pertinence des informations diffusées.
33
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
2. Recherche et collecte
2, 3bis. Stockage de
transformation de
l’information
l’information brute et de
Boite de
4. Diffusion
5. Utilisation
6. Feedback (retour)
7. Contrôle de la VIS
Source : C. Cohen, « Veille et Intelligence Stratégiques », Hermès Sciences, Lavoisier, Paris, 2004, P192
34
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Figure 5: Processus de veille selon la norme XP X50-053 (Hermel, 2001, P33) Figure 6 : The business intelligence
Management
process (Gilad et Gilad, 1988, P18)
Dissemination
Goals
Strategic Project Planning
Formulation de Programs and
Compétence Maitrise A1- Définition/redéfinition des la demande Plans
du personnel des outils axes de surveillance et des finalités
Feedback
perspective
Data
A8- Validation et A7- Communication des
réajustement résultats de la surveillance
Collection Network
35
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Sélection collective
Environnement
ANIMATION
Collecte de l’information
REMONTEE
DIFFUSION
Analyse et traitement de l’information
CREATION
Accès COLLECTIVE DE
SENS Communication de l’information stratégique
Sélection ind.
36
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Dans le domaine de veille stratégique, environ une vingtaine de modèles ont été recensés. Ces
modèles se différencient plus sur la forme que le fond (Boulifa-Tamboura, 2008). Et en
général, ces modèles identifient trois phases principales : la recherche et la collecte de
l’information ; son analyse et son traitement ; sa diffusion et son utilisation.
37
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
centraliser cette activité, pour ces auteurs une entité centrale autonome prendra, seule, en
charge cette activité. D’autres, comme Stubbart (1982) privilégient une veille
décentralisée à la charge des différents départements fonctionnels. Cohen (2004), Gilad
et Gilad (1986), et Hermel (2001) présentent les deux configurations, en précisant leurs
avantages et inconvénients :
38
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
Pour certains auteurs tels que Terry (1977), Gilad et Gilad (1986) et Lesca (1994) les deux
configurations doivent coexister au sein de l’entreprise. L’unité centrale, au niveau de la
direction, disposant d’une vision globale jouera un rôle de coordination, tandis que les unités
spécifiques à chaque division ou fonction s’intéresseront à des sujets particuliers.
40
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
La veille passive, ‘scanning’, c’est le fait d’être à l’écoute de l’environnement, une veille
qui se fait au jour le jour, une recherche sans but fixe ni besoin défini au préalable.
L’entreprise, n’ayant pas encore défini ce qui peut l’intéresser, elle devrait surveiller tous
ce qui se passe à l’extérieur de l’entreprise, et traquer tous les signaux qui apparaissent
dans l’environnement. Cette veille est réalisée au travers de la presse, les colloques et les
rencontres, et les actes de gestion quotidienne (les réunions).
Pour Lesca (1994), ces deux niveaux de veille coexistent et s’enchaînent au sein de
l’entreprise. La veille passive doit précéder la veille active. Il explique que l’entreprise, scrute
d’abord l’environnement à la façon d’un ‘radar de veille’, au cas où se présenterait une
opportunité ou une menace, puis lorsque quelque chose exigeant une action ou une réaction
est détecté, l’entreprise mettra en œuvre un processus décisionnel, qui, à son tour, nécessitera
la recherche d’information complémentaire et dans une direction connue cette fois ci, un peu
comme un ‘radar de conduite’.
fait, à part d’accepter chaque impact comme il survient. La direction est exposée à
l’information stratégique et non stratégique, elle ne fait aucun effort pour les distinguer, et
ces dernières sont rarement intégrées dans la prise de décision stratégique. En fait, la
veille a eu lieu sans que la direction lui consacre un quelconque effort.
Phase 2 (veille ad hoc) : cette phase apporte une amélioration. La direction identifie
quelques domaines qui doivent d’être surveillés attentivement. Néanmoins aucun système
formel n’est mis en place et aucune initiative n’est prise pour surveiller l’environnement.
Et le fait que la direction est sensible à l’information sur certains domaines n’implique pas
que cette information est liée à la formulation de la stratégie.
Phase 3 (veille réactive) : ce n’est qu’à cette phase que la surveillance de
l’environnement ou la veille, commence à être considérée comme importante. Des efforts
sont faits pour surveiller l’environnement et chercher des informations dans différents
domaines, mais d’une manière non structurée, non planifiée. Tout dans l’environnement
semble être important et l’entreprise est submergée d’informations.
Phase 4 (veille proactive) : dans cette phase l’entreprise pratique la veille avec vigueur et
ferveur, en déployant des efforts structurés. Un ciblage attentif focalise les efforts de veille
sur des domaines spécifiques considérés cruciaux pour l’entreprise, et une méthodologie
appropriée est établie pour surveiller l’environnement, diffuser l’information analysée et
pour l’incorporer à la stratégie.
42
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
43
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
44
Chapitre 1 Fondement théorique du concept de veille stratégique
pour le traitement et l’analyse (ex. : SPSS, SPHINX), ainsi que pour le stockage et la
diffusion de l’information (ex. : e-mail, les groupes de discussion, intranet…etc.).
45
CHAPITRE II
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Nous n’avons trouvé aucun travail qui traite directement des conditions d’émergence
des pratiques de veille stratégique. Cependant les travaux, théoriques et empiriques sur la
veille stratégiques, et sur la gestion des connaissances, nous ont permis de déduire certaines
conditions que nous jugeons nécessaires à l’émergence d’une pratique de veille stratégique.
De différents termes ont été utilisés pour les désigner, tel que : caractéristiques, Pré-requis,
préalables, déterminants, conditions, facteurs, facteurs critique/clés de succès. Nous
utiliserons les termes condition (C), et condition contextuelle (CC), et parfois le terme de
facteur au sens de condition.
Baldit et al. (1995 ) ont évoqué le concept de condition critique, en précisant que « Les
conditions critiques CC, à ne pas confondre avec les facteurs critiques, doivent être extérieurs
au projet et non contrôlables par le gestionnaire. Parmi elles on peut citer les contraintes
politiques et sociales qui constituent, dans bon nombre de projets, des éléments essentiels à
leur pérennité » (Baldit et al. ,1995 : 66).
Ce chapitre est donc consacré aux conditions nécessaires à l’émergence d’une pratique de
veille stratégique. Dans la première section, nous présenterons des conditions issues du
46
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
1- Les conditions liées aux Projets de réingénierie des processus économiques (BPR)
L’émergence d’une pratique de veille stratégique est un changement pour l’entreprise, c’est
pour cette raison que nous évoquons, les conditions issues du domaine du BPR.
Le BPR (Business Process Re-engineering) est apparu dans les années 90, comme un
prolongement du concept de management de la qualité totale (TQM). Hammer et Stanton
(1995) cités par K.T. Yeo (1996 : 322) le définissent comme “ the fundamental rethinking
and radical redesign of business processes to bring about dramatic improvements in
performance”. Si le management de la qualité totale est essentiellement utile pour une
amélioration continue et progressive du ‘Kaizen’, alors le PBR est supposé apporter un
changement radical et une amélioration dramatique. Le PBR permet d’accroître la
productivité par une réduction de coût et de délai du processus, une qualité améliorée et une
meilleure satisfaction des clients. Sauf qu’il requiert souvent un changement organisationnel
fondamental.
Dans leur article ‘’ BPR implementation process : an analysis of key success and failure
factors’’, M. Al-Mashari, et M. Zairi (1999), présentent les facteurs de succès et ceux
d’échec de l’implémentation d’un projet de réingénierie des processus économiques. Ces
facteurs sont regroupés en cinq catégories: la gestion du changement ; la gestion des
compétences et le soutien de la direction ; la structure organisationnelle ; les projets de
planification et de gestion ; et l’infrastructure des technologies de l’information. Nous nous
47
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
intéressons uniquement aux facteurs de réussite, et à ceux des trois premières catégories
seulement, résumés dans le tableau suivant :
Catégorie Facteur/condition
Gestion du changement - Révision des systèmes de récompense et
de motivation ;
- Communication efficace ;
- Attribution de pouvoir aux individus et
aux équipes ;
- Implication, coopération et
coordination de tous (hiérarchie et
employés) dans le projet ;
- Formation et création d’une culture de
changement ;
- Stimulation de la réceptivité des
organisations au changement.
Gestion des compétences et soutien de la - Engagement et fort leadership de la
direction ;
direction
- Soutien des leaders du changement dans
l’organisation ;
- Gestion des risques par la planification
et l’anticipation.
Structure organisationnelle - Approche appropriée d’intégration des
postes et du travail basée sur des équipes
transversales ;
- Définition des postes et attribution des
responsabilités.
Source : Kamoun-Chouk, « Veille Anticipative Stratégique : Processus d’attention à l’environnement,
application à des PMI tunisiennes », Doctorat en Sciences de Gestion, université de Grenoble, 2005 : P118.
La veille stratégique est un processus informationnel, c’est la raison pour laquelle nous
évoquons également les travaux liés aux projets en système d’information :
Pour C. Cash, et R. Fox (1992), le management de projet est un art, et il n’y a pas de
formule pour garantir les résultats attendus d’un projet. Cependant les auteurs précisent
que la réussite d’un projet dépend de quatre caractéristiques :
48
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Palitha et al. (2002), citent dans leur article plusieurs auteurs ayant étudié les facteurs qui
assurent le succès de la mise en œuvre d’un projet en système d’information. Parmi eux,
Slevin et Pinto (1986) ont présenté une liste vaste et détaillée de facteurs, qui ont été
repris par Pinto (1998). Ces facteurs sont :
- Mission du projet : clarifier les objectifs et les orientations générales du projet ;
- Soutien de la direction : le soutien et la bonne volonté de la direction à fournir les
ressources et l’autorité nécessaires pour la réussite du projet ;
- Plan d’exécution du projet : préciser en détails les étapes et les actions individuelles
nécessaires à la mise en œuvre du projet ;
- Implication de tous les intervenants : une consultation et une écoute active de toutes les
parties impliquées ;
- Personnel : recruter, sélectionner et former le personnel nécessaire pour l’équipe du
projet ;
49
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Le tableau suivant comprend les conditions ou bien les facteurs nécessaires à la mise en place
d’un projet en système d’information, proposés par les différents auteurs, résumés par Palitha
et al. (2002).
Facteurs
Thamhain
Burbridge, friedman
Slevin, Pinto (1986)
Martinez (1994)
Cleland (1994)
Meyers (1999)
Cooper (1999)
Bailey (1998)
Skelton,
(1993)
(1988)
La clarification des
objectifs /une vision X X X X X X X
claire de l’activité
Un plan détaillé du projet X X X X X
Une communication X X X X X X X X
effective
L’implication des X X X X X X X
utilisateurs
Le soutien de la direction X X X X X
générale
Une équipe qualifiée X X X
Une expertise technique X X X X
50
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
dans le domaine du
projet
Une expertise dans le X X X
domaine de management
de projet
La désignation d’un chef X X
de projet
La sensibilisation et le X X X X X
marketing du projet
Un environnement de X X X X
travail stimulant
Une équipe transversale X X X X
Un système de suivi et de X X
contrôle
Des processus de prise de X X X
décision
Le développement d’une X X
adhésion au projet
Un changement X X X
progressif
51
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
- Les connaissances explicites, sont des connaissances converties au travers d’un processus
de codification, en messages pouvant être manipulés comme de l’information, elles sont
formalisées et transférables sans difficulté, elles peuvent être exprimées en mots, en
chiffres, en dessins et images. Ces connaissances peuvent être facilement partagées au
sein de l’entreprise.
- Les connaissances tacites, sont personnelles, propres à chaque individu, elles regroupent
les compétences, les savoir-faire, les expériences…etc. Elles sont difficiles à formaliser, à
transmettre et à partager.
Quant à la gestion des connaissances, c’est « une démarche volontariste souvent explicite et
systématique de valorisation des ressources immatérielles de l’entreprise. Cette démarche
intègre des activités de création, de recueil, d’organisation, de diffusion et d’exploitation des
savoirs explicites et tacites utiles à l’entreprise. Cela exige de transformer des savoirs
individuels en savoirs organisationnels et d’importer des savoirs localisés à l’extérieur afin
d’en faire un usage approprié dans l’entreprise...C’est aussi une activité de gestion de
personnes qui ont des savoirs personnels tacites, des aptitudes, des préférences » A.
Mbengue (2004 : 15).
52
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
En s’appuyant sur la revue de la littérature et l’étude de cas menée au sein d’une mutuelle
d’assurance française, Lancini (2003), a identifié quatre facteurs favorisant la réussite de
l’implantation d’un système de gestion des connaissances : les facteurs individuels et
technologiques, facteurs principaux selon l’auteur, et les facteurs organisationnels et
informationnels :
- Les facteurs individuels : liés au profil du dirigeant (un esprit novateur, favorable au
changement ; son soutien et son implication aux projets de technologies de
l’information), et au profil des utilisateurs (de fortes aptitudes au changement et à la
collaboration);
- Les facteurs technologiques : font référence aux spécificités du système d’information
existant (la maturité du système d’information, le climat de gestion des technologies de
53
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Nous retenons les conditions ou les facteurs suivants: un fort soutien de la direction ; un
esprit collaboratif et une implication des utilisateurs, un esprit favorable au
changement.
Dans cette section nous citerons des travaux théoriques et empiriques dans le domaine
de la veille stratégique, qui mettent en relief les facteurs ou les conditions nécessaires à la
pratique de veille stratégique. Nous allons d’abord citer les conditions issues des travaux
empiriques, et par la suite présenter les conditions que nous avons retenues pour notre enquête
de terrain, en les regroupant en deux grandes catégories. La première comprend les conditions
liées à l’environnement externe à l’entreprise, sur lesquels elle ne peut pas agir, car elles
existent indépendamment de l’entreprise, qui ne peut pas les maîtriser, ni les influencer, on
les appellera Conditions Contextuelles (CC). Nous avons : un environnement incertain ; le
54
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
soutien des organismes étatiques. La deuxième catégorie regroupe, des conditions liées à
l’environnement interne à l’entreprise, certaines se rapportent aux membres de l’entreprise, le
dirigeant, le personnel, nous avons : le soutien et l’implication de la direction, l’implication du
personnel ; d’autres se rapportent à la culture qui règne au sein de l’entreprise : une culture
de partage de l’information, un esprit favorable au changement, à l’innovation ; un esprit
anticipatif…etc.
Des travaux empiriques du domaine de veille stratégique ont identifié certaines conditions,
facteurs, déterminants, l’appellation diffère d’un auteur à l’autre, qui influencent la pratique
de veille stratégique, et que nous jugeons nécessaires pour l’émergence d’une telle pratique :
Inès Boulifa-Tamboura (2008) a réalisé pour sa thèse de doctorat, une étude auprès de
12 groupes industriels tunisiens, pour identifier les Facteurs Critiques de Succès (FCS)
pour la mise en place d’un dispositif de veille stratégique. L’analyse de la littérature lui a
permis d’identifier une liste de facteurs nécessaires à la mise en place d’un projet de veille
stratégique, ces facteurs étaient traduits sous forme d’hypothèses, qui ont été validés par
des experts français. Par la suite, la liste validée de FCS, a été utilisée dans une étude
exploratoire auprès des entreprises tunisiennes pour examiner les pratiques de veille
existantes et estimer la prédisposition de chacune des entreprises à la conduite d’un projet
de mise en place d’un dispositif de veille stratégique. Au final, l’auteur a identifié trois
catégories de FCS nécessaires à la mise en place d’un dispositif de veille stratégique : les
facteurs humains, les facteurs organisationnels et les facteurs matériels :
55
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Tableau 6 : FCS dans la conduite d’un projet de veille stratégique, hiérarchisés par
catégorie
7- Organiser une formation appropriée aux rôles que devront jouer les membres
du futur dispositif.
Facteurs matériels 1- Utiliser de façon appropriée les technologies de l’information et de la
communication facilite la collecte, le stockage et l’exploitation des
informations anticipatives utiles pour le processus de veille stratégique.
56
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Nous retenons les facteurs suivants : soutien des dirigeants ; culture participative et de
partage d’information ; esprit favorable à l’innovation ; une vision orientée vers le
futur ; sensibiliser, motiver et impliquer tous les membres de l’entreprises.
- Un esprit collaboratif entre ceux qui définissent la cible et ceux qui organisent la traque
et la sélection des informations.
Dhaoui Chefia (2008) a identifié à travers la collaboration avec une entreprise tunisienne,
les facteurs clés de réussite d’un système d’intelligence économique (SIE). En les
confrontant aux facteurs identifiés dans la littérature elle a élaboré un modèle d’évaluation
de la réussite d’un système d’intelligence économique (MERSIE). Un modèle qui permet
à l’entreprise de savoir sur quels leviers agir pour favoriser la réussite de son SIE. Par la
suite, elle a vérifié le modèle dans 7 entreprises tunisiennes, pour voir l’état de préparation
des entreprises tunisiennes à l’intégration et à la réussite de SIE. L’auteur a identifié
plusieurs facteurs regroupés en 6 catégories :
57
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Nous retenons les facteurs suivants : culture d’ouverture sur l’extérieur ; esprit favorable au
changement ; considérer l’information comme un facteur d’action et non un outil de pouvoir ;
vision stratégique explicite et partagée ; motiver les acteurs ; une écoute active et permanente
de l’environnement ; collecter les informations à caractère anticipatif ;
D’autres travaux empiriques dans le domaine de veille stratégique ont également identifié des
conditions ou facteurs influençant la pratique de veille stratégique. Ces travaux sont résumés
dans le tableau ci-dessous :
58
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
59
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
60
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
61
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
La mondialisation offre des opportunités de marchés indéniables pour les entreprises, mais
elle accroît également les risques, notamment celui de faire face à de nombreux concurrents
porteurs de cultures managériales différentes, et maîtrisant des technologies originales. Les
entreprises doivent être attentives, et surveiller de prés leur environnement. Dans ce contexte
de mondialisation, accentuant l’incertitude environnementale de nombreux auteurs
s’accordent sur la nécessité de développer et de mettre en place une pratique de veille. Le
tableau suivant reprend la position de certains d’entre eux par rapport à cette condition :
Auteur Commentaire
Guerraoui, « Le contexte de l’intelligence économique est à la fois celui de la
Richet (2005 : globalisation et celui du développement de la société d’information dans une
143) économie de concurrence internationale qui demande une compétitivité aussi
bien au niveau des nations que celles des entreprises. »
Martre « La pratique de l’intelligence économique se développe dans les grands
(1994 :59) groupes et les PME-PMI innovantes confrontées à la globalisation des
marchées…»
Hermel L. Les chocs pétroliers des années 70, les mutations politiques, sociales et
(2001) technologiques ont incité les entreprises à revoir leurs modèles de prévision, et
à mettre en place des cellules de veille dés la fin des années 1980.
Lesca H. La fin du 20ième siècle a connu une modification radicale de l’environnement
(1994) des différents acteurs économiques. Parmi les facteurs qui sont à l’origine de ce
changement, il y a : la globalisation des économies et la mondialisation des
échanges ; la maîtrise du savoir devenue la source principale du pouvoir ; et le
passage d’une logique de production prioritaire à une logique de vente à tout
prix, accentuant ainsi l’affrontement concurrentiel. Pour faire face à ces
situations complexes, l’entreprise a besoin d’instruments nouveaux comme la
veille stratégique.
Cohen C. « Les causes de l’instabilité et de la complexité croissantes de l’environnement
62
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
63
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Tableau 11: Les NTIC et l’émergence d’une économie fondée sur la connaissance
Auteur Commentaire
Cohen C. (2004) L’accélération vertigineuse de l’évolution des technologies de
l’information et de la communication est à l’origine de l’émergence et de la
diversité des outils de surveillance de l’environnement.
Guerraoui et « ... la compétitivité entre les entreprises, les Nations et entre les grands
groupements régionaux… repose de plus en plus sur l’économie du savoir,
Richet (2005: 75)
la valorisation de la ressource humaine et la capacité des entreprises et des
Nations à promouvoir des formes nouvelles d’intelligence… ».
Pawar et Sharda Les technologies de l’information avancées facilitent la surveillance de
l’environnement et la pratique de veille stratégique.
(1997)
Prescott J.E. Les technologies de l’information facilitent les flux d’information.
(2001)
L’acharnement concurrentiel
La mondialisation, le ralentissement de la croissance et la saturation des marchés nationaux
accroît la pression concurrentielle (Cohen, 2004 ; Ghoshal et Kim, 1986). Avec cette
concurrence mondiale, les entreprises subissent les variations des taux de salaires, des taux
de change, des taux d’intérêt et les changements de politiques publiques des différents pays,
ce qui nécessite une surveillance permanente (Ghoshal and Kim, 1986). Nous résumons la
position de certains auteurs concernant cette condition, dans le tableau ci-dessous :
Auteur Commentaire
Cohen C. « La pratique de l’intelligence économique stratégique est plus
importante au sein des entreprises qui évoluent dans un environnement
(2004:126)
où la concurrence est forte et/ou mondiale. »
Levet (2002) cité La mise en place d’un système de veille devient indispensable, suite à
un environnement concurrentiel qui pousse les entreprises à être toujours
par Bourai (2009)
plus rentables, plus réactives, avec des prises de décisions rapides.
Bournois et « Dans un environnement où la concurrence est très concentrée, les
entreprises ont plus tendances à pratiquer l’IES. »
Romani (2000:53)
Ghoshal et Kim L’émergence du Japon, comme concurrent hors de pair, a incité
beaucoup d’entreprises à surveiller la concurrence et les technologies.
(1986)
64
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
La position de quelques auteurs concernant cette condition est résumée dans le tableau ci-
dessous :
Auteur Commentaire
Martre (1994 : « Ce qui étonne les hommes d’affaires étrangers à propos de la France, est
56) la relative proximité qu’ont les entreprises et les pouvoirs publics…L’Etat a
joué un rôle central dans le modelage de la perception de l’information en
France. »
C. Cohen Le rôle de l’Etat dans la sensibilisation au thème, et à la pratique de veille au
(2004) sein des entreprises a été souligné par plusieurs auteurs.
Guerraoui et « L’expérience de pays en avance dans ce domaine montre qu’une politique
Richet de promotion de l’intelligence économique et de la veille stratégique
(2005 :77) présuppose la création d’institutions spécialisées en cette matière. Certains
pays on en fait, une structure permanente rattachée auprès du
Gouvernement. »
Hansen, 1996 L’émergence d’une veille économique et technologique au Japon résulte
cité dans d’une préoccupation commune et d’une étroite collaboration entre les
François et administrations d’Etat et les grands acteurs économiques nationaux.
Levy (2003)
65
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Dans son étude, Audet Josée (1998) a également noté que la pratique de veille est avant tout
influencée par le dirigeant : ses préférences, ses valeurs, et ses antécédents fonctionnels. Un
dirigeant qui informe régulièrement son personnel, qui partage facilement ses informations
avec eux, et qui les implique dans la pratique de veille, ceci ne peut être que bénéfique pour
l’entreprise. Aussi, le fait d’avoir une perspective de généraliste, de garder ses horizons de
veille grands ouverts, plutôt que d’adopter une perspective fonctionnelle favorisant certains
domaines de l’entreprise au détriment d’autres, est un atout. Sans oublier, que le dirigeant a
son réseau de relation, qu’il peut exploiter pour avoir des informations.
La veille stratégique est un état d’esprit, qui découle d’une volonté stratégique de la direction,
dont le soutien et l’implication, sont souvent cités comme des préalables et des facteurs
d’efficacité de la veille (C. Cohen, 2004). Il incombe aussi au dirigeant de sensibiliser et de
motiver le personnel de l’entreprise à la pratique de veille. Fahey et al. (1981) préconisent
même de rattacher l’unité de veille à la direction générale, pour que l’importance et l’utilité
perçues de cette pratique soient plus fortes. Le tableau suivant résume la position de
quelques auteurs concernant cette condition :
66
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
67
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Dans le tableau ci-dessous, sont réunies les visions de quelques auteurs concernant cette
condition :
Auteur Commentaire
Lesca (1994) L’écoute intelligente et attentive de l’environnement ne peut être l’affaire
d’une seule personne ou d’une équipe isolée. C’est l’affaire de l’entreprise
entière.
Cohen, « En effet, la surveillance est un travail collectif qui concerne, à différents
degrés, l’ensemble des salariés de l’organisation.»
(2004 :200)
Audet Josée « …la veille stratégique est en effet une responsabilité collective de
l’ensemble des membres de l’organisation apprenante. »
(1998 : 394)
Bourai S. (2009) L’activité de veille nécessite la participation de tous les acteurs de
l’entreprise.
Hambrick (1981) La veille n’est pas une tâche assignée spécifiquement à certain cadres. Elle
est effectuée par tous les cadres de l’entreprise.
Auteur Commentaire
Choo C.W. , Les managers qui perçoivent l’environnement plus incertain tendront à le
surveiller davantage.
(1999 )
Lesca (1994) Il ne suffit pas que l’entreprise soit ouverte sur l’extérieur, il faut qu’elle soit
capable et qu’elle ait la volonté de percevoir les changements qui s’opèrent
dans son environnement, même si ils sont encore qu’à l’état naissant, pour
pouvoir agir tant qu’il en est encore temps.
Julien et al., « La perception de la turbulence dans l’environnement et plus encore la
perception de l’incertitude, constituent d’autres facteurs parmi les plus
(1997 : 75)
probants pour expliquer les pratiques de veille technologique…les
entreprises accordent plus d’importance aux différents objectifs et
informations et exploitent plus intensément les sources d’informations
lorsque l’environnement devient plus incertain et turbulent.»
Daft et al., Les résultats de l’étude ont révélé que les cadres supérieurs ont répondu à
l’incertitude stratégique perçue à travers les secteurs par une fréquence de
(1988)
veille supérieure, et une utilisation plus importante des sources d’information
personnelles que des sources écrites.
Julien et al. La perception de l’environnement, et plus particulièrement la perception de
l’incertitude environnementale figure parmi les facteurs les plus probants
(1995)
pour expliquer les pratiques de veille technologique.
Sawyerr O.O Lorsque l’incertitude perçue de l’environnement croît, la fréquence et
l’intérêt pour la veille croient aussi.
(1993)
69
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
70
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Auteur Commentaire
Jakobiak « En effet, la veille stratégique, le veille concurrentielle, l’intelligence
économique sont destinées à fournir aux directions générales des entreprises
(2001 : 31)
le maximum d’informations, de renseignements, qui leur sont nécessaires
pour mener à bien leurs objectifs stratégiques et éventuellement en
changer. »
Koenig (1996 : « Eviter de se faire surprendre, se mettre en capacité de tirer parti des
occasions, tels sont les motifs qui poussent les entreprises à surveiller leur
179)
environnement. »
Hermel « La veille technologique sera utilisée de façon défensive pour réagir à des
menaces ou de façon offensive lorsque l’on trouvera des signaux
(2001 :11)
annonciateurs d’une évolution et que l’entreprise sera prête à saisir une
nouvelle opportunité pour créer un marché ou un nouveau produit. »
OCDE « …l’écoute de l’environnement permet à l’entrepreneur de connaître les
nouvelles technologies susceptibles d’intéresser son entreprise pour
(1993 :22)
maintenir ou accroître sa propre capacité concurrentielle tant par des
innovations de produits, que de procédés de fabrication et des innovations de
gestion et de distribution. Elle permet aussi de suivre l’évolution des
marchés et de la concurrence… »
Choo (199 :21) ‘’Organizations scan the environment in order to understand the external
forces of change so that they may develop effective responses that secure or
improve their position in the future.”
L’étude menée par M. Lauzen (1995) indique que les entreprises ayant des cultures
participatives sont plus probables de mener une veille stratégique formelle. Par cultures
participatives, l’auteur fait référence au travail d’équipe, à une mission partagée, à un pouvoir
partagé, à une structure organisationnelle horizontale, et à une ouverture aux idées externes.
71
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Dans le tableau qui suit, sont résumés les points de vue de quelques auteurs concernant cette
condition :
Auteur Commentaire
Guerraoui, « L’intelligence économique n’a d’intérêt que si elle est déployée dans
une conscience sociale, une culture collective de l’information, c'est-à-
Richet,
dire un ensemble de données comportementales vis-à-vis de l’information
(2005 :144) qui privilégie le groupe plutôt que l’individu, la concertation plutôt que
l’avancée isolée et un certain patriotisme économique plutôt que l’intérêt
uniquement privé.»
Cohen C. La surveillance de l’environnement nécessite l’implication de tous les
membres de l’entreprise. Cette pratique est basée sur le partage, l’échange
(2004)
et la circulation d’information au sein des différents réseaux. L’existence
d’une culture collective de partage de l’information est un facteur
important dans l’efficacité de cette pratique.
Bourai (2009 : « Plus la culture informationnelle se démocratise dans l’entreprise, plus
70) ses individus auront des facilités à partager celles-ci…une culture
d’échange de l’information ne peut que contribuer au développement des
pratiques informationnelles. »
Dishman et al. La coordination et le travail en équipe mènent à la découverte. Les
membres de l’équipe apprennent à propos des autres processus et
(2000)
deviennent engagés à voir les systèmes dans leur ensemble. Ceci
décourage les pensées fragmentées. Quand l’organisation entière est
engagée, ça encourage une action orientée environnement.
72
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
Auteur Commentaire
Lesca (1994 ) Ce qui est intéressant n’est pas de connaître ses concurrents actuels,
mais plutôt de savoir qui sont ses concurrents potentiels ? et pour le
savoir il faut avoir une vision anticipative du futur, et s’intéresser aux
facteurs susceptibles de faire émerger des concurrents nouveaux.
Bernat et al. « la veille stratégique est le processus anticipatif d’observation et
d’analyse de l’environnement, suivi de la diffusion (bien ciblée) des
(2008 : 34)
informations sélectionnées et traitées utiles à la prise de décisions
stratégiques. »
Sylvie Becq « Un dirigeant d’entreprise, un stratège, un veilleur, agit en
‘archéologue du futur’. En effet : il projette pro-activement des
(2001 :40)
représentations successives et évolutives de la réalité de son
73
Chapitre 2 Les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique
L’émergence d’une pratique de veille stratégique au sein d’une entreprise est tributaire
de l’existence de certaines conditions. En nous appuyant sur les travaux réalisés dans les
domaines de management de projet (système d’information et gestion de connaissance), et de
veille stratégique, nous avons pu dégager une liste de conditions que nous jugeons nécessaires
à l’émergence de cette pratique. Des conditions que nous allons vérifier au sein des
entreprises laitières de la wilaya de Bejaia, pour apprécier leur prédisposition à intégrer et à
mettre en place une pratique de veille stratégique.
74
CHAPITRE III
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
La filière lait occupe une place particulière et joue un rôle important dans l’économie
algérienne, suite à sa croissance, et vu les besoins importants du pays en lait et produit laitiers.
L’Algérie est l’un des gros consommateurs du lait au Maghreb, la moyenne annuelle de la
consommation en équivalent lait est de 4 milliards de litres, elle est estimée à 130 litres par
habitant/an. Cette consommation est couverte à raison de 53% par la production nationale, et
47% par les importations (Soukehal, 2008). La production nationale est estimée à 3,55
milliards de litres pour l’année 2014. Une production qui demeure insuffisante pour couvrir
les besoins de la population, obligeant ainsi les entreprises à faire recours à l’importation de la
poudre du lait, et engendrant une dépendance vis-à-vis du marché mondial pour
l’approvisionnement en matières premières.
L’industrie laitière est composée d’un secteur public, géré par le groupe Giplait, composé de
15 filiales, qui monopolisent le segment du lait pasteurisé, un segment pas très rentable et peu
attractif, vu la politique des prix administrés par l’Etat. Et d’un secteur privé très dynamique,
qui a investi le segment des produits laitiers. Des produits dont les prix sont libres, et qui
génèrent une marge importante comparés au lait pasteurisé. Ces laiteries privées ont engendré
des changements importants dans l’organisation de la filière lait. Elles ont pratiquement
acquis la totalité du marché des produits laitiers et commencent à prendre le contrôle du
marché du lait pasteurisé. Créant ainsi une concurrence intense, et constituant une réelle
menace pour les entreprises publiques.
Le présent chapitre est donc consacré à la filière lait en Algérie, celle ci est composée de trois
maillons essentiels :
75
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Ce chapitre comprend quelques chiffres qui permettent de présenter la filière lait en Algérie.
Nous l’avons scindé en deux sections, la première traite de la filière lait au niveau national, et
la deuxième est consacrée à la filière lait de la wilaya de Bejaia.
Une production locale insuffisante, un taux de collecte très faible, une augmentation des
prix de la matière première, telles sont les caractéristiques de la filière lait en Algérie, objet de
cette section. Nous allons présenter quelques chiffres concernant l’évolution des superficies et
des productions fourragères, des effectifs du cheptel laitier (vaches laitières, chèvres, brebis
et chamelles), de la production laitière et des importations en lait et produits laitiers.
Le cheptel laitier se nourrit de deux types de fourrages : les fourrages naturels (prairies
naturelles et les jachères fauchées), et les fourrages artificiels (avoine, luzerne, vesce…etc.).
76
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Le tableau ci-dessous comprend des chiffres retraçant l’évolution des effectifs de vaches
laitières, brebis, chèvres et chamelles.
L’effectif de vaches laitières n’a augmenté que de 218 989 têtes, environ 26% seulement.
Cette faible croissance peut être expliquée par :
L’élevage bovin laitier se concentre dans les wilayas de Skikda, Sétif, Jijel, Guelma, Souk-
Ahras, El-Tarf, Annaba, et Mila. Des régions où la pluviométrie est importante, et qui
disposent de pâturages de montagnes et de pâturages des plaines côtières.
Concernant les effectifs caprin (chèvres) et ovin (brebis), ils sont composés en majorité d’une
race locale, adaptée aux conditions difficiles des hauts plateaux. Leur élevages se concentre
dans les wilayas de Djelfa, M’sila, Tiaret, Laghouat, et El Bayadh. L’effectif des chèvres a
évolué de 37%, soit 807 831 têtes, celui des brebis a connu une évolution de 48%, soit
5266 395 têtes.
77
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Quant au cheptel camelin, il est localisé dans le sud de l’Algérie, dans les wilayas de
Tamanrasset, Tindouf, Bechar, Ouagla, El Oued, et Adrar. Le nombre de chamelle a
augmenté de 26 940 têtes (15%).
Les chiffres ci-dessous indiquent l’évolution de la production laitière ainsi que celle des
volumes collectés et intégrés du lait :
La production laitière nationale a enregistré une progression de 59% (1 321 936 000 litres).
Une progression qui demeure faible par rapport aux potentialités génétiques, notamment du
bovin laitier moderne (Lakhdari, 2011). Cette progression est surtout liée à la politique
d’importation des vaches laitières.
L’analyse de la production laitière par espèce indique que le lait consommable est issu en
majeur partie de l’espèce bovine. Selon Soukehal (2013), plus de 60% de la production
nationale est autoconsommée en zone rurale, il s’agit de la totalité des productions caprines,
ovines et camelines, ainsi que 2/3 de celles des vaches. Cette production est difficile à
collecter par les laiteries industrielles des zones urbaines. La contrainte actuelle de la
production laitière est surtout liée à l’insuffisance en ressources fourragères.
78
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Source : élaboré par nous-mêmes à partir des données de MADR (2013, 2014, 2015)
4- L’industrie laitière
L’industrie laitière algérienne est marquée par sa complexité, suite aux intérêts divergents des
différents acteurs de la filière lait (collecteurs, transformateurs, distributeurs, et
consommateurs). Cette industrie a connu plusieurs transformations liées aux changements que
79
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Les entreprises qui opèrent dans l’industrie laitière appartiennent aussi bien au secteur public,
qu’au secteur privé. Le secteur public comprend les filiales du groupe Giplait qui investissent
principalement le segment du lait pasteurisé, elles couvrent la plus grande part des besoins en
lait pasteurisé, soit 60% des besoins (Cherfaoui, 2009). Quant au secteur privé, il investi
principalement le segment des produits dérivés. Ces produits connaissent une forte
concurrence et dégagent une marge plus importante comparés au lait pasteurisé.
Nous allons d’abord retracer l’évolution de l’industrie laitière publique, et par la suite nous
présenterons l’industrie laitière privée :
80
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
En 1969, les trois coopératives ont été regroupées pour créer l’Office National du Lait et
Produits Laitiers (ONALAIT) par l’ordonnance n°69-93 du 20 Novembre 1969. L’office
avait pour mission de renforcer l’industrie laitière par l’extension des usines existantes et la
création de nouvelles usines. Il était également chargé du développement de la production
laitière et la régulation du marché du lait et des produits laitiers. Face à l’insuffisance de la
production laitière dans les fermes, et à l’augmentation de la consommation du lait et des
produits laitiers, l’office opta en 1972 pour la reconstitution du lait à partir de la poudre de lait
et de la Matière Grasse Laitière Anhydre (MGLA), importées du marché extérieur.
81
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Région Est (4) Région Centre (4) Région Ouest (6) Région Sud (1)
Filiale Edough / Filiale Colaital Filiale El Mansourah /- Filiale Sud Lait/
Annaba de Birkhadem Tlemcen igli Bechar
Filiale Numidia / /Alger Filiale du Tessala / Sidi-
Constantine Filiale de Bel-Abbès
Filiale Aurès / Boudouaou / Filiale Sidi Khaled /
Batna Boumerdes Tiaret
Filiale Tell / Filiale des Arribs Filiale El Emir / Mascara
Sétif / Ain-Defla Filiale Le Littoral /
Filiale Mostaganem
d’Amizour / Filiale la Source / Saïda
Bejaia
Source : ONIL, 2015
82
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
2015 : GIPLAIT
Source : Lakhdari (2011), « Le comportement stratégique des petites entreprises, dans un contexte de transition :
cas du secteur laitier en Algérie, doctorat en Economie et Gestion, université Montpellier, P172
83
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Dans le secteur privé une dizaine d’entreprises se distinguent par leur taille, la variété et la
qualité de leurs produits, ainsi que leurs parts de marché. Le marché du yaourt est dominé par
Soummam et Danone, qui totalisent plus de 50% des parts du marché national. Le marché du
fromage est dominé par les marques: la vache qui rit, le berbère, le tassili. Celui du lait UHT
est dominé par Tchin Lait qui détient 80% des parts de marché. Celui des glaces est dominé
par quelques entreprises comme Prima Glaces, Gini Glaces, et Iceberg.
Les entreprises privées ont apporté d’importants changements dans l’organisation de la filière
lait. Elles sont acquis quasi-totalement le marché des produits dérivés, et commencent à
prendre le contrôle du marché du lait pasteurisé. Elles détiennent 70% du marché des dérivés
et 10% de celui du lait (Cherfaoui, 2009). Ces entreprises ont créé un climat concurrentiel
qui se traduit par une offre diversifiée, une meilleure qualité, et l’introduction de nouveaux
produits, tout en adoptant des stratégies de différenciation, et en favorisant le développement
de nouvelles approches de management.
Les entreprises privées constituent une réelle menace pour les entreprises publiques. Ces
dernières risquent l’exclusion totale du marché, le groupe étatique a connu une diminution de
ses parts de marché qui sont passées de 53,20% à 30,2% entre 1996 et 2000 (Lahlou, 2011).
84
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Aujourd’hui nous assistons à une accentuation de la concurrence dans le secteur privé qui
s’opère au profit d’une dizaine d’entreprises. Certaines d’entre elles ont noué des alliances
stratégiques avec des firmes multinationales, qui leur ont apporté des avantages en termes de
qualité et d’innovation. Parmi ces alliances, nous citons :
L’expansion du secteur public, et l’émergence du secteur privé ont entraîné une progression
de la production laitière industrielle durant les années 90. Par la suite, cette production a
connu une régression considérable, notamment en 2007 et 2013, où il y’a eu une pénurie du
lait dû à l’augmentation des prix de la poudre du lait sur le marché mondial.
En 2013, le nombre de laiteries conventionnées avec l’ONIL était de 162 laiteries, dont 15
filiales du Groupe GIPLAIT, réparties par région comme suit :
85
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Des laiteries privées qui importent elles même la poudre du lait ou l'achète chez les
importateurs pour fabriquer du lait UHT ou des produits laitiers ;
Des ateliers de conditionnement du lait en poudre importé en vrac (Loya, Nestlé, etc.) ;
Des fromageries du fromage fondu (kiri, vache qui rit…etc.) dont les matières premières
sont importées ;
Des mini-laiteries artisanales qui collectent le lait cru pour le vendre en l'état ou le
transformer en leben, beurre, etc.
Autrefois l’industrie laitière algérienne fonctionnait à base du lait frais importé, mélangé au
lait collecté localement. Mais suite à l’insuffisance de la production nationale, et au coût élevé
de transport du lait frais, l’industrie laitière a opté pour la reconstitution du lait à partir de la
poudre du lait et MGLA importées des marchés extérieurs. Nous importons 70% des
disponibilités en lait et produits laitiers, dont la valeur annuelle est estimée à 600 millions $
US (Bencharif, 2001), ce qui classe l’Algérie, comme le deuxième importateur mondial des
produits laitiers après le Mexique et l’Egypte. Les importations algériennes en produits
alimentaires sont de l’ordre de 2,51 milliards $, les produits laitiers représentent 19,46% de
86
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
ces importations, occupant ainsi la deuxième position après les céréales (Kherzat,
(Kherzat, 2007
2007). Les
tableaux suivant présentent l’évolution des importations en lait et produits laitiers :
Le tableau ci-dessus
dessus indique une augmentation des importations de 43% (128 815,3 tonnes).
Cette augmentation est liée à l’insuffisance de la production laitière nationale, qui n’arrive pas
à satisfaire
ire les besoins de consommation.
consommation
Lactoserm
Le lait et la crème de lait en poudres sont les produits les plus importés, ils représentent
89,95% de la valeur totale des importations, suivis
s par les fromages (5,13%
5,13%), le beurre et
autres matières grasses (4,41%
4,41%). Les produitss les moins importés sont : le Lactoserm
(0,31%),, le lait et crème de lait liquide (0,06%), et en dernier le yaourt et autres dérivés qui
représentent 0,03% de la valeur totale des importations.
87
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Les besoins de l’Algérie en lait et produits laitiers sont très importants, l’Algérie figure parmi
les gros consommateurs du lait au Maghreb (Cherfaoui, 2009). La moyenne annuelle de la
consommation en équivalent lait est de 4 milliards de litres, couverte à raison de 53% par la
production nationale, et de 47% par les importations (Soukehal, 2008). Cette consommation
a évolué de 3 milliards de litres en 2000, à 4 milliards de litres en 2005 et à 5,5 milliards de
litres en 2011. Avec la croissance démographique, la consommation du lait et produits dérivés
a connu un accroissement de 81% (Soukehal, 2008). Avant, elle était estimée à 110 litres en
équivalent lait par habitant, maintenant elle est de 130 à 140 litres par habitant (ONIL, 2013).
Le tableau ci-dessous retrace l’évolution de la consommation par habitant en équivalent lait :
Nous remarquons une nette augmentation de la consommation annuelle du lait. Celle-ci est
passée de 54L/habitant en 1969, à 75 L/habitant en 1978, puis à 120 L/habitant en 2006, et à
plus de 140L/habitant/en 2011 (Soukehal, 2008). Le consommateur algérien consomme donc
une quantité importante du lait, soit 117 litres/an, plus que la norme de l’OMS (90L/hab/an),
et bien plus que nos voisins les marocains (40 L/hab/an) et les tunisiens (98L/hab/an)
(Cherfaouis, 2009). La consommation algérienne en produits laitiers est également
importante, elle est de 20 000 tonnes par an pour le fromage, et de 12 000 tonnes par an pour
les yaourts (Cherfaouis, 2009). Cette surconsommation permet de compenser le manque de
viandes, de poissons, et de fruits, que les consommateurs algériens ont de plus en plus du mal
à se les procurer.
Le lait et les produits dérivés sont mis sur le marché à travers trois grandes catégories de
circuits de distribution :
88
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Dés les premières années d’indépendance, l’Etat a mis en place de différentes mesures
incitatives pour développer la production laitière nationale afin de satisfaire les besoins de la
population et réduire les importations de la poudre du lait.
Les politiques laitières menées jusqu’aux années 1980, qui avaient pour objectif la
satisfaction des besoins de la population en lait, étaient fondées sur deux principaux
instruments :
L’Etat avait instauré un appareil de transformation fondé sur de grandes unités industrielles
qui fonctionnaient surtout avec la poudre du lait importée. Ceci était possible car les prix sur
les marchés mondiaux étaient relativement bas, et surtout grâce aux rentes pétrolières. Ce
choix a favorisé l’importation de la poudre du lait au détriment de la production locale du lait
cru. Celle-ci a été aussi pénalisée par la faiblesse du prix du lait cru et le prix du lait industriel
à la consommation fixés par l’Etat, ainsi que par la mauvaise adaptation de l’élevage des races
89
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
laitières importées aux conditions climatiques du pays, ce qui s’est traduit par la faible
productivité des cheptels.
Suite aux insuffisances des politiques laitières précédentes et pour remédier aux contraintes
citées ci haut, et aux distorsions crées par le système des prix administrés, le ministère de
l’agriculture a mis en place, en juin 1995, un programme de réhabilitation de la production
laitière. Cette nouvelle politique vise à réduire la dépendance vis-à-vis du marché mondial du
lait et produits laitiers, à encourager le développement de la production laitière locale et la
collecte du lait cru, ainsi que la mobilisation et la responsabilisation de tous les professionnels
de la filière. Cette politique comprend trois principaux programmes :
La promotion de la collecte du lait cru : une prime de 4 DA par litre est octroyée à
l’éleveur qui livre son lait à la transformation, et une aide complémentaire de 2 DA est
accordée à des coopératives de collecte pour chaque litre du lait collecté et livré, pour
encourager l’organisation de coopératives de collecte.
L’incitation à la création des mini-laiteries : pour encourager la création des mini-
laiteries, l’Etat finance 40% des équipements d’une mini-laiterie d’une capacité de 5000 à
10 000 litres. Et lorsque l’investissement est réalisé par des producteurs organisés en
coopératives ce financement est porté à 60%.
Le développement de la production du lait cru par :
- La promotion de l’insémination à la ferme : les éleveurs ayant recours à l’insémination
artificielle peuvent bénéficier d’une aide de 75% des coûts ;
90
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Pour réaliser ces programmes et mettre en œuvre cette politique, un Conseil National
Interprofessionnel du Lait (CNIF Lait), et un Office National Interprofessionnel du Lait
(ONIL) ont été créés :
- Le Conseil National Interprofessionnel du Lait a été créé pour favoriser une politique de
filière qui tient compte des intérêts de tous les opérateurs, et favoriser la concertation sur
les grandes orientations de la politique laitière. Ce conseil a aussi pour mission d’identifier
les actions prioritaires, et de contrôler les crédits consentis aux opérateurs.
- L’Office Interprofessionnel du Lait qui regroupe l’ensemble des acteurs de la filière
laitière, prend en charge l’organisation des marchés agricoles ainsi que les politiques
d’incitation au développement de la production laitière.
Cependant ces programmes de développement de la production laitière n’ont pas atteint les
objectifs fixés. Les incitations de l’Etat n’ont pas eu de conséquences significatives sur le
niveau de production laitière et la collecte du lait cru. La politique de réhabilitation a été
consolidée par le Plan National du Développement de l’Agriculture (PNDA), lancé en 2000
pour la promotion et le développement de l’agriculture et de la filière laitière. Par la suite, un
Plan National du Développement Agricole et Rural (PNDAR) a été lancé, comme un
prolongement du premier plan. Avec ces deux plans, la filière laitière a pu bénéficier d’un
accroissement des aides prévues par le programme de réhabilitation et une amélioration du
contenu et du suivi des actions prévues. Les deux plans ont apporté des améliorations,
notamment le déploiement des activités d’insémination artificielle suite à leur prise en charge
totale. Cependant les réalisations restent faibles malgré les efforts déployés, la collecte du lait
cru n’a pas atteint les résultats prévus.
Après cette brève présentation de la filière laitière au niveau national, nous allons nous
intéresser à la wilaya de Bejaia, en présentant quelques chiffres concernant l’effectif bovin
laitier, la production laitière, puis nous allons voir les entreprises laitières de cette wilaya, qui
ont fait l’objet de notre enquête de terrain.
91
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
La filière lait dans la wilaya de Bejaia a connu un essor ces dernières années, où la
production laitière est passée de 28,655 millions de litres durant la campagne 2008/2009 à
46,186 millions de litres durant la campagne 2013/2014. La production laitière locale, estimée
à 38,82 millions de litres annuellement, reste insuffisante pour couvrir les besoins de la
wilaya estimés à 73 millions de litres, soit 73 litres/habitant/an (Belattaf et Ouslem, 2009).
La filière lait dans la wilaya de Bejaia comprend : un cheptel de 17 297 vaches laitières en
2014, réparties entre 832 éleveurs ; 9 laiteries ; et 8 centres de collecte réparties sur les
subdivisions d’Akbou, Amizour et Bejaia d’une capacité totale de 61 200 litres/jour.
Les tableaux ci-dessous présentent l’évolution des effectifs de vaches laitières, brebis et
chèvres, au niveau de la wilaya de Bejaia :
92
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Vaches Laitières
Les subdivisions
de la wilaya 2009 2010 2011 2012 2013 2014
SUB Bejaia 702 670 680 968 990 1 041
SUB Aokas 2 189 2 090 2 075 2 920 3 009 3055
SUB Kherrata 1 470 1 480 1 485 1 588 1761 1 907
SUB El Kseur 916 970 975 978 1 035 960
SUB Amizour 1 266 1 310 1 345 1 709 1 451 2 487
SUB Timezrit 290 310 310 403 441 499
SUB Adekar 1 240 1 265 1 290 1 551 1 637 1 826
SUB Sidi Aich 1 602 1 635 1 645 1 739 1 846 1 826
SUB Seddouk 714 760 810 881 984 980
SUB Akbou 795 870 890 1 319 1314 1 347
SUB Tazmalt 516 540 475 985 1 103 1369
Total Wilaya 11 700 11 900 11 980 15 041 15 571 17297
Source : DSA (2013, 2014)
Avec la politique mise par l’Etat pour encourager la production laitière, l’effectif du bovin
laitier local a connu une progression. Le nombre de vaches laitières a augmenté de 5597 têtes
(48%). Le cheptel bovin laitier est composé essentiellement de deux types de races
dominantes :
Les Vaches Laitières Modernes (VLM) : il s’agit de vaches importées à haut rendements ;
Les Vaches Laitières Améliorées (VLA) : il s’agit de vaches issues du croisement entre la
race locale et la race importée ;
Les Vaches Laitières Locales (VLL) : il s’agit de la race locale caractérisée par de faibles
rendements.
En 2014, la wilaya de Bejaia compte 17 297 vaches laitières. Leur élevage est répondu dans
les régions de montagne. C’est une pratique familiale, destinée en premier lieu pour satisfaire
les besoins de la famille. Les plus fortes concentrations de l’élevage bovin laitier se situent
dans les zones d’Aokas, Sidi Aich, Kherata, Amizour, et Adekar.
Chèvres, et brebis
L’évolution des effectifs de chèvres et de brebis de 2009 à 2014, est retracée dans les tableaux
ci-dessous :
93
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Les subdivisions
de la wilaya 2009 2010 2011 2012 2013 2014
SUB Bejaia 1 460 1 260 1 270 1 110 1 204 1 232
SUB Aokas 4 400 3 500 3 500 4 630 4 430 5150
SUB Kherrata 6 350 5 760 6 000 7 036 6 989 7 141
SUB El Kseur 1 210 1 070 1 100 745 654 688
SUB Amizour 1 000 950 980 618 614 613
SUB Timezrit 160 120 140 200 250 250
SUB Adekar 1 424 1 260 1 310 1 628 1 698 2 017
SUB Sidi Aich 1 400 1 350 1 390 692 685 750
SUB Seddouk 1 430 1 280 1 350 1 127 1 075 1 087
SUB Akbou 1 590 1 430 1 500 1 170 1170 1 190
SUB Tazmalt 2 016 1 720 1 780 449 478 629
Total Wilaya 22 440 19 700 20 320 19 405 19 247 20 747
Source : DSA (2013, 2014)
Les subdivisions
de la wilaya 2009 2010 2011 2012 2013 2014
SUB Bejaia 3 710 3 120 2 810 2 797 3 045 2 861
SUB Aokas 6 711 5 870 5 780 6 720 6 875 7170
SUB Kherrata 6 790 6 200 6 200 7 605 7 983 8 519
SUB El Kseur 1 483 1 260 1 280 1 795 1 956 2 000
SUB Amizour 3 290 2 630 2 610 2 945 2680 2 415
SUB Timezrit 665 630 610 1 104 1127 1 133
SUB Adekar 2 255 2 140 2 240 2 842 3 257 3 612
SUB Sidi Aich 3 586 3 045 3 120 2 290 2 305 2 670
SUB Seddouk 4 600 4 330 4 490 5 072 3 698 3 620
SUB Akbou 3 840 3 640 3 710 3 420 3 425 3 485
SUB Tazmalt 4 160 4 020 3 920 2 498 2 909 3365
Total Wilaya 41 090 36 885 36 770 39 088 39 260 40 850
Source : DSA ( 2013, 2014, 2015)
Les effectifs de chèvres et de brebis ont enregistré une baisse de 7%, soit 1693 têtes de moins
pour les chèvres, et de 0.6% (240 têtes ) pour les brebis. Leurs élevages se concentrent dans
les subdivisions de Kherata, Aokas, Akbou, Seddouk, Tazmalt et Adekar.
94
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Unité: litre
TOTAL
production
Années Lait de Vaches Lait de chèvres Lait de brebis Lait
95
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Le lait de vache représente environ 87% de la production laitière totale, celui de chèvres
représente 10%. Quant au lait de brebis, il représente 3% de la production laitière totale.
La région de la kabylie (Akbou, Bejaia, Amizour, Tazmalt, Draâ Ben Khedda) est en train de
devenir la région par excellence, des produits laitiers. Cette région comprend un nombre
important d’entreprises investissant dans le segment des produits laitiers, notamment le yaourt
et le formage. Les entreprises Soummam, Danone, Tchin-Lait, Ramdy, la Vallée, et d’autres
détiennent d’importantes parts de marché national. Cette région est connue pour l’intérêt
accordé à la production laitière et ses dérivées. L’élevage est une activité traditionnelle très
ancienne en kabylie, et le lait produit est soit consommé cru, soit transformé
traditionnellement en fromage ou en petit lait par les familles. Ce qui explique le nombre
important de laiteries dans cette région (Cherfaoui- Oussedik, 2009).
Bejaia est surtout connue pour la fabrication des produits laitiers, notamment le formage et le
yaourt. Elle compte deux yaourteries privées très dynamiques de renom national, Soummam
et Danone, qui se sont imposées sur le marché local et national, et qui totalisent plus de 50%
des parts de marché national. Concernant les fromageries, la wilaya comprend dix
fromageries, dont Ramdy, une entreprise qui a réussi à imposer son produit (fromage fondu)
sur le marché national, les autres, ce sont des petites fromageries de production artisanale, qui
fabriquent du camembert, du fromage fondu, et du fromage frais. Quant aux autres entreprises
laitières, elles fabriquent les crèmes glacées et sorbets, elles sont au nombre de trois :
Gyprolait, Vallée Glaces, et Good Glaces.
Face à la diversité de l’offre des produits laitiers, aux exigences des consommateurs, et à la
menace des produits étrangers, ces entreprises se voient obligées d’innover en permanence
pour affronter une concurrence acharnée. Une concurrence perçue par les cadres de ces
entreprises :
96
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Propos Personne
interviewée
« … par rapport à, je dirais 10 ans en arrière…y avait 2 ou 3 usines (Responsable
agroalimentaires, spécialisées dans le produit lait frais. Y avait deux qui Système
étaient assez grandes. Maintenant y a beaucoup, y’en a au moins une d’Information,
dizaine, y a de grosses entreprises, actuellement avec des gros Danone)
tonnages… c’est un environnement très, très concurrentiel…»
« … Nous avons quand même des concurrents….qui ont réussi, ils sont
quand même arrivés à se développer, à se mettre à la hauteur de
Danone…y a une concurrence assez dure…parce que lors qu’on parle
des produits laitiers y a pas que le yaourt, y a ceux qui font du lait. Y a (Responsable
trois entreprises minimum dans la zone industrielle, ça c’est très Qualité,
importante, d’Akbou qui fabriquent le yaourt - le lait nous avons Candia Danone)
à Bejaia- Y a Ramdy, y a Soummam, y a Danone, plus les petites
entreprises… Candia c’est quand même une grande marque… C’est pas
un concurrent direct, mais ça lui permet quand même de gagner des parts
de marché…. »
« …On est dans un contexte concurrentiel très grand, parce qu’on est, y’ (Chef de
a deux grands groupes. La concurrence est acharnée… » production,
Ramdy)
« …Maintenant on voit un petit peu l’émergence enfin de la (Responsable
concurrence… même si on est leader sur le marché, il faut toujours la Marketing,
prendre en considération, il faut pas dormir sur ses deux oreilles… y’en a Tchin-Lait)
pas beaucoup, mais quand même cette année commencent à émerger
quelques concurrents, qui sont un petit peu solides sur le marché…»
Cet acharnement concurrentiel plonge les entreprises dans une situation d’incertitude,
menaçant leur survie. Pour y remédier, ces entreprises doivent prendre en considération
l’environnement externe, suivre ses changements, les anticiper, en mettant en place une
pratique de veille stratégique.
97
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
98
Chapitre 3 Présentation de la filière lait
Les entreprises présentées dans le tableau ci haut, à l’exception de celles qui sont suspendues
temporairement, et celles dont la production se limite uniquement au lait pasteurisé, ont fait
l’objet de notre étude de terrain.
Malgré les mesures incitatives mises en place par l’Etat pour développer la production
laitière, et la collecte du lait cru, les réalisations restent faibles et les efforts s’avèrent
insuffisants pour couvrir les besoins de la population, et réduire les importations de la poudre
du lait. La filière laitière demeure fortement dépendante du marché mondial pour
l’approvisionnement en matière première. Les entreprises laitières subissent de plein fouet, les
fluctuations des prix de la poudre du lait. En plus de l’instabilité des prix, ces entreprises font
face à des contraintes liées à l’agriculture, à l’industrie, à la commercialisation, et à la
consommation. Ces entreprises évoluent dans un environnement complexe et contraignant,
qui entrave leur développement et leur épanouissement. Cet environnement incertain est
caractérisé par un contexte politico-économique difficile, marqué par une instabilité
institutionnelle, et une série de réformes inachevée (Cherfaoui, 2009). Pour y remédier ces
entreprises doivent surveiller et suivre de prés les différents changements de l’environnement,
en mettant en place une pratique de veille stratégique. Une pratique devenue indispensable
pour assurer la pérennité de l’entreprise et améliorer sa compétitivité, par la détection des
opportunités, et la réduction des menaces. Cependant, l’émergence de cette pratique s’appuie
sur l’existence de certaines conditions, que nous allons vérifier au sein des entreprises laitières
de la wilaya de Bejaia, pour apprécier leur prédisposition à intégrer cette pratique stratégique,
chose que nous allons voir dans le chapitre suivant.
99
CHAPITRE IV
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Les entreprises algériennes, y compris les entreprises laitières, font face à un contexte
de mondialisation complexe et incertain, elles se retrouvent confrontées à une concurrence
étrangère rude, menaçant leur survie. Pour renforcer leur compétitivité, l’Etat a mis en place
une politique de veille stratégique et d’intelligence économique, pour les inciter et les aider à
développer leur propre pratique de veille, qui leur permettra d’anticiper les évènements à
venir, de saisir les opportunités. Cette section présentera les efforts effectués par l’Etat pour
100
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
sensibiliser les acteurs économiques, notamment les entreprises aux concepts de veille
stratégique et d’intelligence économique.
Nous allons d’abord présenter les organismes étatiques impliqués dans cette politique, puis
analyser les efforts fournis pour sensibiliser les acteurs économiques à la pratique de veille
stratégique et d’intelligence économique.
1
FEROUKHI Y. (2008) « L’intelligence économique : de la capitalisation des compétences à la mise en place
des outils de veille », La revue algérienne de l’économie et de la finance, n°13, P11.
101
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
102
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
2
Intelligence Economique et knowledge Management
103
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
104
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
5
Un réseau de consultants et de partenaires universitaires au service des entreprises et des managers
6
Institut International de Management
7
Ecole Nationale Supérieur de Management
8
Institut Supérieur de Gestion et de Planification
105
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
algérienne » en collaboration avec CERIST9. Par la suite d’autres colloques et séminaires ont
été organisés par les pouvoirs publics et le privé :
9
Centre de Recherche sur l’Information Scientifique et Technique
106
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
En Algérie l’Etat a bien fourni certains efforts, et a mis en œuvre certaines dispositions pour
sensibiliser les acteurs économiques à la pratique de veille stratégique et d’intelligence
économique, à travers la création d’une direction générale de veille stratégique, études
économiques et statistiques, par l’organisation de séminaires et de colloques sur ces thèmes et
le développement des formations dans ce domaine. Mais ces efforts restent embryonnaires.
L’Etat doit renforcer davantage ses efforts pour propager cette culture de veille stratégique et
d’intelligence économique dans l’esprit de nos managers, en mettant en place un système
national d’information, en créant des bases de données mises à la disposition de nos
entreprises, voir même les aider à développer des pratiques de veille, en faisant appel à des
experts étrangers, plus avancés dans ce domaine.
Le retard accusé par nos entreprises dans ce domaine, nous a amené à nous intéresser aux
conditions nécessaires à l’émergence d’une pratique de veille stratégique. Nous avons mené
une enquête de terrain auprès des entreprises laitières de la wilaya de Bejaia, pour vérifier
l’existence ou non de ces conditions au sein de ces entreprises et apprécier leur prédisposition
à intégrer une pratique de veille stratégique, chose que nous allons détailler dans la section
suivante.
Cette section synthétise les résultats de notre enquête de terrain menée auprès des
entreprises laitières de la wilaya de Bejaia. Nous allons faire une petite analyse du contexte
général des entreprises et par la suite procéder par une analyse au cas par cas, mais avant cela
une présentation de notre échantillon et de notre démarche méthodologique s’impose.
Nous avons opté pour la filière laitière, car c’est l’une des plus importantes filières dans le
domaine agroalimentaire en Algérie, caractérisée par une forte concurrence. Nous nous
sommes limités aux entreprises laitières de la wilaya de Bejaia, car c’est l’une des wilayas
qui excellent dans ce domaine. Nous n’avons pas intégré dans notre échantillon les entreprises
dont la production se limite au lait pasteurisé, car c’est un produit subventionné par l’Etat, il
107
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
n’y a pas vraiment de concurrence pour ce produit. Notre échantillon comprend donc, 12
entreprises :
- Deux grandes entreprises, anciennes sur le marché, leaders dans leur domaine (Danone,
Soummam) ;
- Deux PME, qui disposent de parts de marché non négligeables (Tchin Lait, Ramdy) ;
- Trois petites entreprises (Vallée glaces, Good glaces, Gyprolait) ;
- Cinq très petites entreprises (Lavalait, Fyrmakhier, Nezline, Sitelle Kabylie, Kalylait).
Pour analyser l’existence ou non des conditions nécessaires à l’émergence d’une pratique de
veille stratégique au sein de ces entreprises, et donc vérifier leur prédisposition ou non à
mettre en place une telle pratique, nous avons réalisé des entretiens individuels semi directifs
avec prise de note, de 40 jusqu’à 60 minutes, avec des chefs d’entreprises, et des cadres. Ce
qui nous a permis de gérer l’entretien en fonction de la disponibilité de la personne en face;
d’expliquer à l’interviewé les questions qui ne sont pas claires, de poser d’autres questions qui
nous sont subitement venues à l’esprit lors de l’entretien.
Nous avons effectués au total 25 entretiens, 15 ont été enregistrés par magnétophone, avec
l’accord des interviewés, les autres ont refusé l’enregistrement. Pour les faire nous avons
utilisé un guide d’entretien, structuré en trois parties : la première, porte sur des
renseignements généraux concernant l’entreprise, et la personne interviewée ; la deuxième
vise à analyser le contexte, voir l’importance accordée à l’environnement externe, à
l’information, les sources d’information utilisées, les types d’informations recherchées…etc.;
la troisième partie cible les conditions nécessaires à l’émergence d’une pratique de veille
stratégique.
109
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Le guide d’entretien comprend des questions ouvertes pour inciter l’interviewé à exprimer ses
opinions et donc pour avoir le maximum d’information ; et des questions fermées, avec une
seule réponse et d’autres à choix multiples.
L’analyse des données des entretiens réalisés avec les cadres des entreprises laitières de la
wilaya de Bejaia nous a permis de vérifier l’existence ou l’absence des conditions nécessaires
à l’émergence d’une pratique de veille stratégique au sein de chaque entreprise, et d’apprécier
sa prédisposition à mettre en place un telle pratique. Chose que nous allons aborder dans les
points suivants. Mais avant cela une petite analyse du contexte des entreprises en général
s’impose:
Il importe de préciser qu’aucune des entreprises n’a une unité, ou une personne désignée
spécialement pour la pratique de veille stratégique, mais généralement, elle est rattachée à la
direction marketing pour les grandes entreprises, donc elle fait partie des tâches du directeur
ou bien du responsable marketing ; à la direction commerciale, ou bien au service commercial
pour les PME ; et au gérant pour les petites entreprises. Cependant toutes les entreprises
affirment surveiller leur environnement externe, mais à des fréquences différentes :
continuellement, au quotidien, notamment pour les grandes et moyennes entreprises telles que
Danone, Soummam, Tchin-Lait, et pour quelques petites entreprises, à l’instar de vallée glace,
gyprolait, et kalylait ; périodiquement voir même occasionnellement pour les autres
entreprises notamment les petites fromageries.
Généralement les terminologies utilisées au sein de ces entreprises pour désigner la pratique
de veille stratégique sont : ‘prospection’, ‘suivi’, ‘étude’, ‘marketing’ pour la majorité des
cadres. Une personne a évoqué le terme ‘curiosité’, une autre ‘vigilance’, d’autres, notamment
dans les grandes entreprises ont cité les termes ‘veille commerciale’, ‘veille concurrentielle’.
Mais le terme de ‘veille stratégique’ est méconnu.
110
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
dans ce pays en premier, on doit le prendre en premier dans ce pays sinon c’est un
problème » (Vallée glaces, le gérant). « …En Algérie, il faut être informé au moins par
rapport à la réglementation que ce soit le produit, que ce soit l’étiquetage aussi, pour
répondre aux lois algériennes et aux règlements algériens… » (Tchin-Lait, responsable
marketing).
Elles recherchent beaucoup plus des informations qualitatives que quantitatives, 45% des
cadres interrogés visent des informations qualitatives, 5% recherchent des informations
quantitatives, et 50% d’entre eux affirment s’intéresser aux deux types. 43% des cadres
interrogés, s’intéressent à des informations en liaison avec le futur de l’entreprise, à caractère
anticipatif, 38% recherchent des informations en liaison avec le présent de l’entreprise, et
19% s’intéressent aux deux types.
Pour ce qui est des sources exploitées, toutes les sources d’information sont utilisées, nous
avons les sources formelles (ouvrages et revues scientifiques, presses et média, Internet,
brevets, bases et banques de données…etc), et les sources informelles (concurrents,
fournisseurs, clients, colloques, conférences et séminaires, réseaux personnels…etc.). Ces
entreprises font beaucoup plus recours aux sources informelles, notamment le réseau de
relations personnelles « Le bouche à oreille ça c’est, le téléphone arabe, c’est le moins cher et
le plus utile, le plus rapide….efficace à vérifier» (Danone, responsable engineering et
travaux neufs). D’ailleurs, 38% des cadres attestent faire souvent recours à leur contacts
personnels pour avoir des informations sur l’environnement externe, « En discutant avec des
clients, on a dés fois de l’information…parce que le client il est vraiment…il vient là, il va là-
bas… y a des fournisseurs, dés fois qui nous donnent des informations sur l’autre … il nous
fournit des petits trucs comme ça…» (Ramdy, chef de production). A travers aussi « des
amis, de la famille, des anciennes connaissances, des fournisseurs aussi…dans ce domaine le
lait, on se connait pratiquement tous » (Tchin-Lait, responsable marketing).
Le recours aux contacts personnels pour avoir des informations sur l’environnement
externe :
111
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Après cette petite analyse du contexte général des entreprises, en relation bien sûr avec la
surveillance de l’environnement externe, la recherche et la collecte d’information concernant
les acteurs de cet environnement, nous allons vérifier l’existence ou non des conditions
nécessaires à l’émergence d’une pratique de veille stratégique au sein de ces entreprises. Nous
précisons que tout au long de notre analyse nous utiliserons les signes , , X pour valider
l’existence ou confirmer l’inexistence d’une condition, et le signe ?, lorsque nous n’avons
pas assez d’éléments pour vérifier une condition.
Les conditions contextuelles sont des conditions externes à l’entreprise, liées à son
environnement externe, sur lesquelles l’entreprise n’a aucune influence, considérées comme
des préalables à la pratique de veille stratégique, telles que : un environnement incertain, le
soutien des organismes étatiques.
L’environnement actuel des entreprises est hostile, évolutif et incertain, ceci n’est plus à
démontrer. Cela est dû aux différents changements opérés, à la mondialisation des échanges, à
une forte concurrence, et à l’émergence d’une économie fondée sur la connaissance. Cette
incertitude environnementale a été soulignée par les recherches théoriques et les études
empiriques (Terry, 1977 ; Lesca, 1994 ; Martre, 1994 ; Amabile, 1997; Choo, 2001 ...etc.),
comme la cause principale qui incite les entreprises à surveiller l’environnement externe, y
compris pour les entreprises algériennes, d’ailleurs cette incertitude est belle et bien perçue
par les cadres interviewés, chose que nous allons vérifier par la suite (C3). L’environnement
des entreprises est tellement contraignant, et incertain que certaines personnes regrettent
même d’avoir investi « J’ai en quelque sorte regretté d’avoir investi sur le marché…un
investisseur, ici, vraiment c’est…, faut avoir du courage pour investir… personnellement si
c’était à refaire je n’investirai jamais, jamais, d’abord dans l’agroalimentaire, jamais !... »
(Vallée glaces, le gérant). Et cela se répercute même sur la santé des chefs d’entreprises
«…allez-y vérifier tous les industriels qui existent dans la région, ou en Algérie, tu ne trouves
pas un industriel qui n’est pas malade qui n’a pas de diabète, qui n’a pas de stresse, qui n’a
pas fait un infarctus…j’ai tout le temps ce médicament avec moi, tout le temps… » (Vallée
glaces, le gérant).
112
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Quant au soutien des organismes étatiques et des institutions politiques, là encore plusieurs
auteurs ont souligné le rôle, et la contribution de l’Etat, concernant la sensibilisation des
entreprises à la pratique de veille stratégique (Cohen, 2004). Le japon est un modèle à
prendre comme exemple, où la pratique de veille résulte d’une préoccupation commune et
d’une étroite collaboration entre les acteurs économiques et les administrations de l’Etat
(François et Levy, 2003).
Concernant l’Algérie, des efforts ont été fournis par l’Etat pour sensibiliser les acteurs
économiques à la veille stratégique et à l’intelligence économique, notamment par la création
de la Direction Générale de Veille Stratégique, Etudes Economiques et Statistiques
(DGVSEES), qui émet des bulletins de veille périodiques sur le site du MIPMEPI destinés
aux entreprises industrielles. Cet organisme a pour missions principales :
- De mettre en place une banque de données qui comprend des informations concernant les
domaines économiques, industriels, technologiques;
- De mettre en place un réseau d’échange d’informations avec les institutions et organismes
chargés de l’information économique et industrielle ;
- D’analyser, de traiter et de protéger les données relatives aux sciences et à la technologie
ayant un impact sur l’industrie, l’investissement et les participations de l’Etat ;
- D’inciter les entreprises à développer leurs capacités en matière de décisions stratégiques
en leur facilitant l’accès à des instruments qui leur permettent d’identifier leurs faiblesses,
de valoriser leurs atouts, et d’exploiter des opportunités qui se présentent.
Néanmoins ces efforts restent insuffisants, déjà le nombre d’organismes étatiques impliqués
dans la diffusion de la culture de veille stratégique et d’intelligence économique est faible, et
puis, 93% des cadres interrogés déclarent qu’il n’y a aucun soutien des organismes étatiques
qui leur permet d’accéder à l’information, «…souvent l’information au niveau des
administrations est confidentielle alors qu’elle ne devrait pas l’être…quand vous allez aux
administrations demander un certain nombre d’information on vous fait toute une montagne
alors que c’est pas…soit qu’on peut avoir…soit quand vous voyez le type d’information, vous
113
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
ne pensez pas que c’est aussi…vous allez à la douane…ils vous disent voilà y a une nouvelle
règle, à partir d’aujourd’hui…. Vous dites donnez moi le bulletin sous la note, ils vous disent
Non, c’est confidentiel. On vous fait appliquer une loi, mais on vous dit non, c’est
confidentiel, je peux pas vous dire » (Tchin-Lait, Directeur marketing et vente).
76% des cadres interviewés ne connaissent même pas cette direction (DGVSEES). Ce qui
indique bien le manque d’information, de communication, pour faire connaître cet organisme,
son rôle, et aussi l’insuffisance des efforts pour vulgariser cette culture de veille stratégique et
sensibiliser les acteurs économiques à cette pratique, «…on n’a pas cette culture d’échange,
de communiquer à l’extérieur » (Danone, Responsable engineering et travaux neufs)
Certains cadres (72%) affirment également que l’accès à l’information n’est pas facile. Ils
affirment rencontrer parfois des obstacles lors de la recherche de l’information, liés
à l’inaccessibilité, à la qualité de l’information et la fiabilité des sources. Ceci est du à
l’inexistence de bases de données, ou d’organismes externes pour alimenter les entreprises en
informations souhaitées. « …En Algérie on n’a pas de base de données solides qui concernent
tous les secteurs on va dire, et du coup, pour rechercher de l’information, de temps en temps,
je dirais, même souvent, on est appelé à créer, à essayer de créer certaines données, certaines
bases de données…y a un manque d’information, un manque d’études, y a un manque de
statistiques, y’a pas d’organisme spécialisé vers lequel on peut s’orienter pour avoir tous type
d’information… » (Danone, Responsable qualité). «…C’est jamais facile d’avoir
l’information…on n’est pas comme en Europe, vous commandez une information, vous l’avez
dans l’heure qui suit, en Algérie c’est à vous d’aller chercher l’information. Les concurrents
par exemple, y a aucune source qui vous donne la part de marché des concurrents, donc si
vous le faites pas vous-même, vous ne pouvez pas l’avoir ….C’est dû au fait que le marché
n’est pas organisé. Sachez que le marché algérien c’est beaucoup d’informel, pour ne pas
vous donner de pourcentage, donc quand vous avez de l’informel, vous avez une partie des
statistiques qui sont fausses, donc si vous n’êtes pas vous-même, si vous cherchez pas vous-
même l’information, on a bon avoir des organismes qui vous donnent des statistiques mais
sachez qui sont pas très fiables, parce qu’une partie de l’économie est souterraine » (Tchin-
Lait, Directeur marketing et vente).
De plus, les missions de la DGVSEE restent des objectifs non encore concrétisés. Le nombre
des cadres de cette direction est insuffisant, ses efforts se focalisent uniquement sur 12
grandes entreprises publiques issues des secteurs prioritaires (agroalimentaire,
114
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Concernant les autres actions réalisées par les organismes étatiques pour sensibiliser les
acteurs économiques à la pratique de veille stratégique et d’intelligence économique, il y a eu
l’organisation de colloques et de séminaires dédiés à ces thèmes. Sauf que leur nombre ne
dépasse pas la vingtaine. De plus les entreprises participent rarement à ce genre
d’événements, 88% des interrogés n’ont jamais assisté à des colloques ou séminaires sur le
thème de veille stratégique, d’intelligence économique, ou sur aucun autre thème pour
certains. Il faut bien croire qu’on accorde peu d’importance à ces manifestations, qu’il y a un
manque de sensibilisation de la part de la direction, et une faible vulgarisation de ce genre
d’événements par leurs organisateurs.
Au final, il y a bien une initiative de la part de l’Etat pour propager cette culture de veille
stratégique et aider les entreprises à développer des cellules de veille, mais cela reste encore
insuffisant, « …l’Etat n’a pas mis de garde-fous pour que l’entreprise s’épanouisse…tout est
à l’encontre de l’entreprise…si on se compare maintenant au Maroc, en Tunisie, à nos
voisins, c’est autre chose…avec rien justement, dans tous les domaines…la petite et moyenne
entreprise au Maroc ou en Tunisie, ils avancent... Nous….l’Etat doit prendre ses
responsabilités, il faut qu’il change les lois, il faut qu’il y ait une bonne volonté de
changer…la capacité existe, elle est là, mais c’est la volonté politique qui n’existe pas… de
toute façon tous les calculs que tu fais sont faux…c’est ça l’Algérie » (Vallée Glaces, le
Gérant).
Il convient donc de renforcer le rôle de l’Etat, et de multiplier ses efforts en matière d’appui et
de diffusion de sa politique d’intelligence économique et de veille stratégique, en s’inspirant
des expériences réussies dans les pays avancés.
115
Chapitre 4 La veille stratégique
s : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Ces conditions sont liées au dirigeant, son soutien, son implication ; et au personnel de
l’entreprise, sa participation, son implication dans cette pratique de surveillance de
l’environnement et de la recherche de l’information :
Le soutien et l’implication de la direction sont considérés comme des facteurs importants pour
la pratique de veille stratégique (Martre, 1994 ; Julien et al. 1997; Prescott, 2001 …etc.).
L’activité de veille dans l’entreprise sera formellement établie et continue seulement si les
cadres supérieurs sont convaincus de son importance (Jain, 1984).. Le profil du dirigeant et
son style de direction peuvent avoir une influence sur cette pratique, notamment son degré
d’ouverture sur l’extérieur, et sa capacité à déléguer
déléguer l’écoute de l’environnement et à favoriser
la communication de l’information (Lesca,
( 1994). Certains auteurs préconisent même de
rattacher l’unité de veille à la direction générale, pour que l’importance et l’utilité perçues
soient fortes.
Concernant
ant les entreprises étudiées, 40% des cadres interrogés affirment bénéficier d’un fort
soutien de la direction, ou du gérant, pour 33 % il est même très fort. Pour
our les autres, 20%
affirment qu’il est plutôt moyen, voir faible pour 7 % d’entre eux.
20%
7%
Concernant le profil du dirigeant, 62% des interviewés décrivent leur dirigeant comme étant
une
ne personne ouverte, accessible, qui prend souvent en considération leurs avis avant la prise
116
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
de décision. Pour 33% d’entre eux, cela arrive mais parfois. Pour les autres (5 %) c’est plutôt
rare.
« La surveillance est un état d’esprit et l’affaire de tous » (Cohen, 2004 :199), il importe
donc, de sensibiliser le personnel de l’entreprise au concept de veille stratégique, de le
motiver et l’impliquer dans la surveillance de l’environnement et la collecte de l’information.
L’étude menée par Lauzen (1995) a indiqué que les entreprises américaines ayant une culture
participative sont plus probables de mettre en place une pratique de veille stratégique
formelle.
Cette condition a été validée dans neuf entreprises. « C’est une implication, implication
personnelle, du groupe aussi, tout le monde a pris conscience qu’on nage dans un
environnement un peu hostile » (Ramdy, Chef de production). (Ce qui est bien dans notre
entreprise, c’est que les personnes qui travaillent ici, les titulaires, même les ouvriers quand
ils rentrent, ils nous apportent des informations. Lorsqu’ils remarquent un produit nouveau,
ou lorsqu’ils entendent des choses concernant notre entreprise, ses produits ou bien les
concurrents, ils rapportent les échos. Tout le monde est sensibilisé sur ce point là. Même celle
qui fait le ménage, elle vient me raconter qu’elle a entendu ceci ou cela, c’est suite à ça que je
prends des décisions) (Vallée glace, le Gérant).
Ces conditions sont liées à la culture qui règne au sein de l’entreprise, nous avons :
117
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
La pratique de veille suppose également comme préalable déterminant un état d’esprit global
d’ouverture sur l’environnement (Lesca, 1994 ; Correia et Wilson, 2001 ; Cohen, 2004), et
de prise de conscience de la nécessité et de l’utilité de surveiller l’environnement externe.
67% des cadres interrogés accordent une importance très élevée à la surveillance de
l’environnement « …c’est impératif, on est obligé, ça fait parti de notre métier sinon on est
mort. Si on n’est pas conscient des enjeux qui se passent sur le marché ou à l’échelle de
différentes organisations, je pense qu’on est mort, c’est une obligation… ça nous aide à
mieux appréhender les changements, et à s’adapter et même plus qu’appréhender les
changements, les anticiper…» (Danone, Responsable qualité). 27% des cadres accordent
une importance élevée à la pratique de veille stratégique « C’est toujours intéressant de savoir
ce qui se passe sur l’environnement, pour voir ce que font les autres, pour ne pas avoir des
produits semblables aux concurrents… pour voir comment se positionner par rapport aux
concurrents » (Soummam, Responsable commercial). Et 6% d’entre eux, lui accordent une
importance moyenne « C’est facultatif, c’est pas obligatoire…maintenant si on prend une
entreprise de cette envergure en Europe, ça devient une nécessité…si on se place du côté
algérien c’est autre chose… » (Vallée glaces, le Gérant).
118
Chapitre 4 La veille stratégique
s : Politique nationale et Pratiques des entreprises
27%
6%
0%
Par rapport à notre étude, 48 % des cadres interviewés acceptent de partager facilement leurs
informations avecc leurs collègues, le personnel «…quand
and ça concerne le marketing et les
ventes ou quelque chose, je la partage avec mes collègues pour avoir un peu leurs avis, et j’en
parle au directeur général, en fonction de l’importance de l’information…y
l’information…y a pas de rétention
de l’information, on se sent pas plus important lorsqu’on a de l’information. » (Tchin Lait,
Directeur marketing et vente).
vente 41% des cadres préfèrent la communiquer au gérant
«…personnellement,
personnellement, je la communique directement au dirigeant » (Ramdy
(Ramdy, Chef de
production). Mais 11% des interviewés préfèrent plutôt
ôt la garder au moment opportun, « non
je la partage pas avec mes employés, en général je la garde au moment opportun…une
119
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Humbert Lesca (2003) et son équipe de recherche ont confirmé, suite à leurs études de
terrain, l’existence de fortes relations entre ‘’la capacité à innover’’ et ‘’la capacité d’écoute
de l’extérieur et du futur’’. Audet (2001) a également affirmé dans son étude que le désir
d’innovation stimule les activités de veille. De leur coté, Guerraoui et Richet (2005) ont
souligné que la création d’un environnement favorable à l’innovation dans l’entreprise, est
une condition qui permet aux économies émergentes de développer une culture de
l’intelligence économique.
Les résultats de notre étude nous ont révélé que 77 % des cadres interviewés sont pour
l’innovation, «…il faudrait …être au courant de toutes les innovations sur le marché mondial
d’abord et les importer sur le marché local…il faut innover, il faut créer, il faut pas attendre
le concurrent, il faut devancer toujours » (Vallée Glaces, le Gérant). « …Quand vous êtes
leader, vous essayez toujours d’avoir de l’avance sur les autres…on fait preuve de créativité,
on essaye toujours de devancer les autres… » (Tchin-Lait, Directeur marketing et vente).
«…il faut toujours être les premiers à faire quelque chose, à lancer un nouveau produit… il
faut pas laisser le consommateur se lasser...ça reste, dans le domaine agroalimentaire, vous
pouvez pas innover beaucoup avec le lait, donc on essaye, enfin, on essaye d’apporter des
petites modifications, de lancer de nouveaux produits et aussi d’avoir des innovations aussi
sur le packaging… » (Tchin-Lait, Responsable marketing).
18 % des cadres interviewés préfèrent suivre et adopter la même stratégie que le concurrent
leader «…il suffit que quelqu’un rentre sur le marché algérien avec un modèle de glace
nouveau…tu es obligé de suivre, d’investir, d’être à jour, sinon ça marche pas… » (Vallée
Glaces, le Gérant) ; (Je ne vais pas me vanter, je suis une petite fromagerie, ce n’est pas une
honte si je fais comme l’autre, je le suis plutôt que l’envier) (Lavalait, le Gérant). Tandis
que 5 % préfèrent plutôt revoir les succès passés et adopter la même stratégie, « on observe
toujours le passé, c’est la première des choses pour améliorer ou innover…y a toujours des
améliorations…on regarde d’abord le passé, c’est par rapport à ça qu’on décide d’innover
ou de changer la stratégie…on fait pas comme les concurrents » (Good Glaces, Assistante
de direction)
120
Chapitre 4 La veille stratégique
s : Politique nationale et Pratiques des entreprises
18%
5%
La veille stratégique est un processus qui s’intéresse à des informations à caractère anticipatif,
c'est-à-dire,
dire, des informations qui annoncent l’arrivée probable d’un événement. Les managers
doivent avoir une vision orientée vers le futur, pour pouvoir s’adapter aux évolutions de
l’environnement et anticiper ses changements. Ce qui importe ce n’est pas de savoir ce que
fait le concurrent aujourd’hui, mais ce qu’il fera demain (Lesca, 1994).
Concernant notre enquête, 58 % des cadres attestent avoir une vision de voir les choses,
orientée vers le futur, à long terme «…Généralement
énéralement on arrête des plans directeurs, des
plans stratégiques sur 5 ans, voir un peu plus quand il s’agit d’avoir des réflexions sur le long
121
Chapitre 4 La veille stratégique
s : Politique nationale et Pratiques des entreprises
terme…parce qu’on est en phase de progression, et vous devez faire des investissements, donc
quand vous faites des investissements, vous devez faire des choix, des choix d’investissements,
des choix d’emplacement, des choix
cho de stratégies, vous êtes obligés de voir sur le long terme.
Quand vous investissez sur une usine ça se construit pas en un mois…Donc
mois Donc ça vous ppousse à
réfléchir, à avoir un plan stratégique sur plusieurs années…
années » (Tchin
(Tchin-Lait, Directeur
marketing et vente).
34 % des interviewés ont une vision à moyen terme (entre 1 et 3 ans) ; et 8 % d’entre eux ont
une vision limitée au court terme
me (moins d’un an) « moins d’un an…on travaille pratiquement
sans horizon, ça veut dire qu’on gère le présent, c’est pour ça que j’ai dit moins d’un an. Le
problème c’est que, dans les PME algériennes, les petites entreprises…la plupart, c’est que le
mot stratégie, leur fait peur. Ils n’aiment pas entendre ce mot…la
mot a plupart des entrepreneurs
algériens n’ont pas cette vision de pérenniser leur entreprises…
entreprise » (Gyprolait, Chef
comptable).
34%
8%
Nos résultats révèlent que 27 % des cadres seulement ont un esprit anticipatif, c'est
c'est-à-dire,
face au futur ils adoptent une stratégie proactive, ils essayent d’anticiper les choses, de les
faire arriver : « …être
être informé au moment voulu, afin d’élaborer sa stratégie et objectifs, être
proactif et pas réactif » (Soummam,
(Soummam Chargé d’études marketing) ; « …on essaye de
devancer, on prend le devant…quand vous êtes leader, vous essayez toujours d’avoir de
l’avance sur les autres » (Tchin-Lait,
(Tchin Directeur marketing et vente),, « …cette remontée
d’information, elle est faite comme je l’ai dit tout à l’heur pour devancer, y a des actions, on
va pas…attendre jusqu’à ce que le concurrent fasse quelque chose et nous réagir après, dés
122
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
50% des interviewés adoptent une stratégie réactive, prévoir et préparer, (Prévoir et
préparer, parce que, une petite réflexion intelligente vue mon expérience, les choses quand on
les prévoit et on les prépare, et quand elles se réalisent, même s’il y a un manque dans notre
plan d’action, ça va être des petites modifications. Mais quand tu attends jusqu’à ce qu’elles
se produisent pour agir, ça va être très difficile, c’est des montagnes que tu vas soulever, et
tu risque de couler !...anticiper les choses, devancer, réellement on n’est pas arrivé à ce
niveau) (Fromagerie Fyrma Khier, le Gérant).
Les autres interviewés (23%) optent pour une stratégie passive (attendre et voir) (Nous on
attend d’abord de voir ce qui se passe, ce que la concurrence va faire, pour ensuite
réagir…on n’essaye pas de doubler comme ça) (Ramdy, Responsable commercial).
Pour vérifier l’existence des conditions précédentes dans chaque entreprise, et apprécier sa
prédisposition à intégrer une pratique de veille stratégique formalisée, une analyse au cas par
cas est nécessaire :
Danone surveillance bien son environnement externe, «…on fait la veille, on regarde ce qui
a sur le marché, comme nouveau, sur notre métier, ce qui est nouveau par produit, ce que met
sur le marché nos concurrents » (Responsable R&D), d’une manière continuelle
«…continuellement, au quotidien. Pour ma part je reçois quotidiennement un rapport c’est
juste à titre d’exemple de veille concurrentielle, ce qui se passe dans le monde extérieur… »
(Responsable qualité). Les termes utilisés pour désigner la pratique de veille stratégique au
sein de Danone sont : ‘veille’, ‘curiosité’, ‘veille économique’, ‘veille concurrentielle’.
123
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
qu’il y a quelque chose de nouveau…après y a des consolidations qui se font par un service
spécifique …. en fait, la surveillance de l’environnement ne se limite pas uniquement à la
concurrence, elle est vraiment très globale et très complexe, parce qu’il y a un service qui
s’occupe de veille juridique, de toutes les lois etc…et puis vous avez l’aspect engineering, les
nouvelles technologies, c’est un service à part…le commercial, lui, il s’occupe de la
concurrence….y compris les media, on fait une veille médiatique, ce qui se dit dans la presse
sur les produits laitiers, sur les nouvelles choses concernant le marché algérien… En fait la
seule, peut être structure dans laquelle on a formalisé, y a quelqu’un qui s’occupe de ça, c’est
au niveau commercial…au niveau CODI10, c’est formalisé au niveau du comité de direction.
Au niveau CODI, à chaque séance CODI, à chaque réunion comité CODI, on fait un point sur
la veille, c’est là où on formalise un peu tous ça… » (Responsable qualité).
Il est à noter aussi que la veille stratégique fait partie des tâches du directeur marketing « …
ça revient surtout au marketing, c’est la direction marketing qui s’occupe de ça »
(Responsable R&D). Et puis, Danone est une multinationale, qui fait appel à des agences de
communications qui l’alimentent en informations, et qui l’aident dans cette pratique «…On a
recruté des agences de communication externes qui s’occupent de ça… » (Responsable
qualité).
Cette entreprise surveille bien tous les acteurs de l’environnement externe, et chaque service
ou fonction de l’entreprise s’intéresse à un acteur ou à un aspect de cet environnement, il fait
sa propre veille, d’une manière continuelle, structurée : le service commercial s’occupe de la
veille commerciale, la veille concurrentielle, et de la veille médiatique ; le service engineering
fait une veille technologique ; le service juridique s’occupe de la veille juridique. Après, tout
est centralisé au niveau des comités qui se tiennent mensuellement.
Donc, Danone dispose déjà d’une pratique de veille stratégique, mais elle est décentralisée,
éparpillée, fragmentée entre les différents services de l’entreprise, «…C’est un peu partagé,
chacun dans son domaine…elle n’est pas formalisée » (Responsable R&D). Il y a certains
aspects, notamment l’aspect commercial, qui sont formalisés (veille commerciale, veille
concurrentielle), où c’est structuré, il y a un responsable qui s’en occupe et centralise le tout,
et d’autres le sont moins, « …si on parle du consommateur, c'est-à-dire, autour de
consommateur, elle est très formalisée, parce que y a des gents dédiés à ça, y a des numéros
10
Comité de Direction
124
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
verts dédiés à ça, donc elle est très, très formalisée, y a d’autres feed backs qui ne sont pas
formalisés…» (Responsable Système d’information). Mais il n’y a pas une unité, ou du
moins une personne au sein de l’entreprise qui coordonne, centralise et synthétise les résultats
de toutes les pratiques de veille, et fait un rapport pour le présenter au gérant qui l’utilisera à
des fins stratégiques, « on a jamais pensé, c'est-à-dire, à responsabiliser une personne sur
ça…ils ont pensé un certain moment, ils ont entrepris cette tâche pour le service commercial,
je me souviens, un certain moment y avait quelqu’un qui communiquait toujours, à chaque
fois qu’il y a quelque chose de nouveau sur le marché, il communiquait toujours…(il
l’appelait) la veille concurrentielle, mais après ils l’ont abandonné, je sais pas pourquoi et au
jour d’aujourd’hui ils ont pas jugé utile d’avoir un responsable pour ça » (Responsable
R&D). Néanmoins, les comités organisés mensuellement sont une occasion où tous les
aspects de la veille sont abordés, et partagés.
Il est donc tout à fait normal que nos conditions sont vérifiées au sein de cette entreprise, car
Danone dispose déjà d’une pratique de veille stratégique. Elle a dépassé ce stade
d’émergence, elle est plutôt au stade de mise en place ou bien d’implantation d’un dispositif
de veille stratégique.
Conditions Appréciation
liées à
l’entreprise Les conditions que nous avons sélectionnées comme nécessaires à
C1 l’émergence d’une pratique de veille stratégique ont été vérifiées
et validées au sein de Danone. Ce qui est normal car cette
C2
entreprise dispose déjà d’une pratique de veille stratégique, il lui
C3 manque juste de désigner une personne responsable de cette
C4 pratique, qui centralise et coordonne toutes les veilles pratiquées.
C5 Cette personne aura une double tâche ; elle aura une fonction
donnée dans l’entreprise, et jouera au même temps le rôle de
C6 l’animateur, et du responsable de la pratique de veille stratégique.
C7 Une personne d’un certain niveau hiérarchique, qui peut être le
Conclusion
générale directeur marketing, ou le directeur R&D, par exemple.
pratique de veille « C’est toujours intéressant de savoir ce qui se passe sur l’environnement
pour voir ce que font les autres » (Responsable commercial). Les termes utilisés pour
désigner la veille sont : rapport d’activité, étude, « On n’utilise pas les termes, veille, veille
stratégique » (Responsable commercial).
Soummam dispose d’une pratique de veille centrée sur l’aspect commercial (pour le service
commercial, elle est formalisée, il y a des rapports qui sont faits, on a des superviseurs, sur le
terrain, qui nous informent sur les produits, les prix des concurrents. Nos clients nous
informent également) (Responsable commercial). Les services, juridique, qualité, R&D font
également une veille juridique (ils sont à jour sur ce qui se passe, au niveau des lois, des
normes et des règles à suivre, pour la production, les produits, la chaîne du froid, à travers
les articles et le Net) (Responsable commercial). Cette entreprise n’a pas une structure ou
une personne dédiée à la pratique de veille. C’est plutôt une pratique informelle, où « tout le
monde remonte l’information au gérant » (Responsable commercial).
Soummam fait aussi appel à une agence française Ogivly, une agence de conseil, qui l’aide
dans sa réflexion stratégique, et l’alimente en information.
Condition Appréciation A l’exception d’une condition (C2) que nous n’avons pas pu
C1 vérifier, faute de données, toutes les autres conditions liées à
C2 ? l’entreprise, ont été validées. Soummam est donc bien
prédisposée à intégrer une pratique de veille stratégique. C’est
C3
une grande entreprise, aux grandes capacités, qui est consciente
C4 de l’importance de cette pratique. Elle a déjà une pratique de
C5 veille commerciale, concurrentielle, et elle fait également une
C6 veille juridique. Il reste juste à coordonner, organiser et
centraliser toutes les pratiques de veille, et pourquoi pas désigner
C7
un responsable de veille stratégique, pour formaliser les choses.
Conclusion
générale
2-2-3- Cas de Ramdy (Annexe 3)
on peut faire mieux… » (Chef de production). Cette entreprise a donc une pratique de veille,
axée sur le volet commercial et concurrentiel, mais elle n’est pas formalisée, et il n’y a pas
une structure dédiée à cela «…elle se fait, on discute…on prend des décisions suite à ça, mais
c’est pas vraiment structuré, c’est pas, une structure qui s’occupe carrément de ça » (Chef de
production). Cependant il y a bien une personne qui s’en occupe, c’est le superviseur des
ventes « …on a confié ce travail à quelqu’un, surtout ceux actuellement qui font de la
distribution…c’est pas une tâche vraiment qu’il fait à plein temps, c’est supplémentaire »
(Chef de production). Le terme utilisé pour désigner cette pratique, est ‘veille
concurrentielle’.
Condition Appréciation Cinq conditions ont été validées. Une condition n’a pas pu être
C1 ? vérifiée, il s’agit du soutien et de l’implication du gérant C1, nous
C2 n’avons pas eu assez d’éléments pour y porter un jugement. Il est à
noter que le gérant n’est pas très présent à l’entreprise pour des
C3
raisons de santé. Concernant la dernière condition C7, une vision
C4 orientée vers le futur, elle n’a pas été validée, car les personnes
C5 interviewées s’intéressent beaucoup plus aux informations à court
C6 terme, en liaison avec le présent de l’entreprise et non pas le futur.
C7 De plus, ils ne possèdent pas un esprit anticipatif (Nous on attend
X
d’abord de voir ce qui se passe, ce que la concurrence va faire,
Conclusion
générale pour ensuite réagir, …on n’essaye pas de doubler comme ça)
(Responsable commercial).
Les cadres interviewés ont tous affirmé surveiller l’environnement externe, continuellement
«…on a des superviseurs sur le terrain, sur tout le territoire national pour nous faire
remonter les moindre actions faites par les concurrents, donc ça, on les suit, je dirais presque
127
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
au jour le jour. On sait ce qu’ils font, comment ils évoluent, quels sont leurs nouveaux
produits, leurs prix, leur politique commerciale, leur communication, on sait à peu prés
tout…on le fait par le biais de la force de vente, c’est elle qui collecte l’information, elle est
traitée par le marketing. Donc on a des tableaux de bord sur la concurrence qui sont
analysés. Chaque mois on arrive à déterminer la part de marché, notre part de marché avec
celle des concurrents…Chaque semaine, on reçoit des rapports des animateurs, des
superviseurs, on les appelle des animateurs de vente, et chaque semaine donc, on fait une
synthèse, ils nous font des rapports sur la présence de la concurrence et éventuellement des
commentaires sur ce qu’ils font dans chaque région, et on agit éventuellement, s’il y a lieu
d’agir, la semaine d’après…ça c’est pour la partie concurrence. La partie règlementaire,
donc tout ce qui se passe, on est, on est abonné à tout ce qui est journaux officiels, et le fait
d’être, de faire partie de certaines organisations, soit patronales ou associations de
producteurs, qui nous fait bénéficier d’une certaine veille juridique, règlementaire et
informationnelle » (Directeur marketing et vente). Concernant le volet commercial
« …C’est le marketing qui le fait mais pas de façon continuelle, mais de façon
ponctuelle…parce que vous savez les besoins de consommateurs ne changent pas chaque
jour, c’est des tendances, je dirai plutôt lourdes, donc c’est via des études, ce qu’on appelle
les études had hoc. Des études de besoins pour mesurer les besoins des consommateurs,
leurs habitudes » (Directeur marketing et vente).
Il importe aussi de préciser que Tchin-Lait est adhérée à des organismes tels que : le forum
des chefs d’entreprise, la confédération algérienne du patronat, l’association des producteurs
des boissons, et l’union algérienne des investisseurs, ce qui ne peut être que bénéfique, car
cela lui permet de rencontrer des gens qui sont dans le même domaine, et d’échanger des
informations, et de s’informer sur ce qui se passe, d’être à jour. Ils font aussi parfois appel à
des agences de communication, des agences d’étude pour leurs besoins en informations.
Les termes utilisés par les cadres de l’entreprises pour désigner cette pratique sont : ‘veille
concurrentielle’, ‘suivi de la concurrence’ « En tout cas on l’appelle pas veille, on l’appelle
suivi de la concurrence, pour ce qui concerne la concurrence » (Directeur marketing et
vente).
Il est clair que Tchin-Lait a déjà une pratique de veille concurrentielle plutôt formalisée,
structurée, car toutes les phases du processus de veille sont respectées et exécutées, de la
phase de la collecte, au traitement et l’analyse, jusqu’à l’étape de la synthèse et de l’utilisation
128
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
de l’information. Ils ont une certaine méthodologie, une certaine procédure « …ça arrive
qu’on essaye de mettre en place des systèmes de remonté d’information, qui ne soient pas
très, très, efficaces, peut être notre méthodologie n’est pas la bonne…Pour nous, par
exemple, quand on fait de la veille concurrentielle c’est structuré, on sait, chaque superviseur
a la méthodologie, comment il doit collecter l’information, ça peut être juste, comme ça peut
ne pas être juste…on a un système pour évaluer les parts de marché, ça vaut ce que ça vaut, y
a une part d’incertitude mais vaut mieux ça que rien du tout. C’est de ce principe là qu’on
part…vaut mieux avoir de l’information même si y a une part d’incertain que de ne rien
avoir » (Directeur marketing et vente).
Il est vrai que cette entreprise n’a pas une structure ou une personne désignée spécialement
pour faire de la veille stratégique, mais toutes les formes de veille sont pratiquées, et tout le
monde participe, « …Ceux qui participent le plus c’est la direction marketing et vente, c’est la
direction générale, et des petits bouts à gauche à droite de quelques directions »
(Responsable marketing). La pratique de veille stratégique au sein de Tchin-Lait est donc
décentralisée, c’est une tâche partagée entres les différents services de l’entreprise « C’est pas
forcément une personne dans l’entreprise, mais chaque directeur a sa part de responsabilité
dans la veille stratégique, et qui doit la partager avec le staff dirigeant. C’est un petit peu
comme ça, c’est une tâche qui est répartie…moi pour ma part je suis responsable de tous ce
qui est veille concurrentielle, parce que je suis directeur marketing et ventes donc c’est moi
qui est responsable de tout ce qui est commercial, de tout ce qui est besoin de consommateur,
donc j’ai une certaine part de responsabilité » (Directeur marketing et vente).
Condition Appréciation
C1
Toutes les conditions sont validées, vérifiées au sein de Tchin-
C2
Lait, car cette entreprise dispose déjà d’une pratique de veille
C3 stratégique, et certains volets sont plutôt structurés et formalisés,
C4 notamment le volet concurrentiel (veille concurrentielle). Pour
C5 les autres types de veilles, elles le sont moins, elles ne sont pas
pratiquées continuellement, néanmoins, elles existent, et tous les
C6 cadres de l’entreprise s’impliquent. Donc Tchin-Lait est
C7 totalement prédisposée à intégrer une pratique de veille
Conclusion
générale stratégique.
129
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Il importe aussi de préciser que le gérant semble ne pas être conscient de la nécessité de
surveiller l’environnement externe, et il ne lui accorde pas une grande importance « C’est
facultatif, c’est pas obligatoire…maintenant si on prend une entreprise de cette envergure en
Europe, ça devient une nécessité parce que les choses marchent dans les normes, comme il se
doit, etc. Mais maintenant si on se place du côté algérien c’est autre chose … ».
Condition Appréciation Trois conditions n’ont pas été validées : le gérant accorde une
C1 X faible importance à la surveillance de l’environnement, il n’est
pas conscient de la nécessité de le faire (C4) ; son soutien est
C2
faible (C1); et il ne partage pas ses informations avec ses
C3 employés (C5), il semble ne pas leur faire confiance « non je la
C4 X partage pas avec mes employés, en général je la garde au
C5 X moment opportun…une information qui concerne le marché
C6 d’entreprise, le produit, l’avenir de l’entreprise, c’est très
C7 important il faut pas le dire à n’importe qui… ». Dans une
Conclusion entreprise, c’est le gérant qui commande, c’est lui le pilote. Si
générale X lui-même n’accorde pas une grande importance à la surveillance
de l’environnement et à la pratique de veille, alors il ne faut pas
s’attendre est ce que le personnel le fasse. Et si lui-même n’a
pas une culture de partage d’information, comment le personnel
peut il l’avoir ? C’est à lui de les initier. Cette entreprise n’est
donc pas prédisposée à intégrer une pratique de veille
stratégique pour le moment.
130
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
L’entreprise Good Glaces, recherche et collecte des informations sur certains acteurs de
l’environnement externe notamment les clients et les concurrents «…On a un service
marketing, on fait des recherches, ils sont sur le marché, pour voir le produit » (Assistante
de direction), ceci montre bien qu’ils font une simple recherche d’information, axée
beaucoup plus sur l’environnement commercial, généralement faite par la responsable
marketing. Ce n’est pas vraiment structuré, mais chacun contribue à sa façon « on n’a pas une
unité spéciale, mais chacun dans son domaine…ça se fait d’une manière informelle » (Co-
gérant) ; « Y a pas une procédure à suivre, on le fait volontairement c’est le marketing qui est
concerné, nous on le fait par initiative » (Responsable contrôle qualité).
Il importe aussi de préciser qu’une seule personne a prononcé lors des entretiens le terme
‘veille’, les autres utilisent d’autres appellations pour désigner cette pratique, telles que
prospection, inspection, suivi « le suivi du produit par rapport aux consommateurs »
(Responsable commercial et marketing), encore une confusion entre le marketing et la
veille stratégique.
Condition Appréciation
C1 Deux conditions ne sont pas validées, il s’agit du soutien du gérant
X
(C1) et un esprit anticipatif (C7). Néanmoins, le fait que les cadres,
C2 et la direction, perçoivent bien l’incertitude de l’environnement,
C3 qu’ils sont conscients de la nécessité et de l’utilité de le surveiller,
C4 que le personnel a un certain esprit participatif par initiative sans être
vraiment motivé par la direction, qu’il a une culture de partage
C5
d’information, tout cela peut favoriser l’émergence d’une pratique de
C6 veille stratégique. Cependant il manque l’implication et le soutien
C7 X du gérant, pour motiver davantage le personnel, et susciter un esprit
Conclusion
générale proactif, qui est indispensable pour une pratique de veille
stratégique.
Gyprolait surveille son environnement externe (je ne dirai pas qu’on le surveille à 100%, il
faut être honnête, on n’a pas cette veille d’abord. On n’a pas un service qui fait ça. Mais une
certaine surveillance…via les clients d’abord, le service commercial est en contact avec les
clients, pour voir ce qui a de nouveau sur le marché. De temps en temps aussi on ramasse des
informations via les fournisseurs. Comme ils sont les fournisseurs de tous les glaciers, ils sont
131
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
au courant de tout, dés qu’il y a du nouveau, un nouveau glacier qui rentre sur le marché, ils
nous informent) (Chef comptable). Cette surveillance est centrée sur l’aspect commercial,
d’ailleurs c’est le service commercial qui s’en occupe essentiellement, aidé par le service
approvisionnement et par le gérant. Mais elle n’est pas très structurée « C’est pas
structuré…c’est le gérant, généralement quand il a l’information, comme c’est, généralement,
c’est commercial, il discute généralement avec le commercial, qu’est ce qu’il peut faire,
qu’est ce qu’il peut pas faire » (Chef comptable). Il semble aussi qu’on n’accorde pas une
grande importance à cette pratique (On n’a pas une personne spécialement pour ça, parce que
pour le moment, dans le marché algérien en général, on n’est pas arrivé à une concurrence
au point où les chefs d’entreprises paniquent. Généralement même si il y a une concurrence,
on arrive à écouler la marchandise…l’essentiel pour le gérant c’est d’avoir une bonne
rentrée d’argent, il n’a pas cette culture, par exemple, vous dites au gérant voilà on peut
mettre cette stratégie pour 3 ans, 4 ans, il te dit, moi je n’ai pas le temps pour la stratégie)
(Chef comptable). Nous précisons également, que cette entreprise ne dispose pas d’un
service marketing :
Condition Appréciation
C1 Trois conditions seulement ont été validées. A Gyprolait, on
X
accorde une faible importance à la surveillance de
C2 l’environnement externe, et on n’est pas du tout conscient de
C3 l’utilité et de la nécessité de le faire (C4). De plus, cette
C4 X entreprise a une vision très limitée, orientée sur le court terme,
elle semble ne pas avoir d’objectifs stratégiques à atteindre
C5
(C7). Gyprolait ne peut pas avoir pour le moment une
C6 X pratique de veille stratégique. Elle ne dispose pas d’assez de
C7 X conditions pour qu’une telle pratique émerge.
Conclusion
générale X
132
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
monsieur…ton fromage il se vend moins cher dans tels endroits, il m’a informé…j’ai
quelqu’un à Alger…de ma région…il a une petite fromagerie à Blida, il m’a fait part sur le
coût de la poudre du lait à Alger,…il me donne des informations, je lui donne des
informations…». Nous avons remarqué, qu’il y a une certaine solidarité entre les petites
fromageries (une fois, sur les ondes de la radio Soummam, un concurrent à moi, a dit qu’il
n’a pas trouvé d’assistance, d’aide. Alors moi je l’ai aidé au maximum, que ce soit pour le
produit, pour tout, je lui ai dit, voilà je suis là, parce que le camembert c’est délicat. J’aide
tout le monde, il y a une petite fromagerie qui démarre comme ça on l’aide).
Bien que le gérant semble être conscient de la nécessité de surveiller l’environnement externe,
il en fait pas une priorité, il ne lui accorde pas une grande importance, il pense qu’il peut s’en
passer, pour le moment (Ceci, le truc, la veille, on n’est pas encore arrivé au point, comme les
Etats Unis, ou la France ou n’importe quel pays civilisé, développé, où on surveille de très
près ses concurrents. Je pense pour le moment on n’est pas arrivé à ce niveau) (Gérant).
Le gérant de l’entreprise atteste surveiller l’environnement externe, mais c’est une simple
recherche d’information beaucoup plus centrée sur l’aspect commercial, et c’est lui-même qui
s’en occupe (on surveille l’environnement externe de très prés, et c’est moi-même qui m’en
occupe). Cependant, il n’implique pas et n’encourage pas son personnel à le faire (S’ils me
ramènent quelque chose, c’est bien, s’ils ne me ramènent pas je n’insiste pas, je ne compte
pas sur eux). Il semble être quelqu’un de méfiant, il ne fait pas trop confiance à ses ouvriers
(Les apparences sont souvent trompeuses, donc on ne compte pas sur les autres, on y peut
133
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
rien. Même pour les informations fiables je ne leur fais pas confiance, car il est tellement
pourri le milieu algérien, que je fais attention à tout…Bon je prends en considération ce
qu’ils me ramènent, mais je ne le note jamais comme officiel. Je ne le prends jamais au
sérieux, car les gents parfois ils te ramènent de l’information, et parfois ils te ramènent de
l’intox).
Bien qu’il est conscient de l’importance de surveiller l’environnement, il en fait pas une
priorité pour le moment (Il faut surveiller de très près l’environnement externe, pour le bien
être de l’entreprise…Je sais qu’elle a beaucoup d’importance, mais on ne peut pas penser
déjà à la veille stratégique, on ne peut pas la mettre primordiale. On est à la première phase,
on se cherche, on cherche à se stabiliser, à trouver une place d’abord, d’avoir une continuité,
après on pensera à cette pratique. C’est la réalité de tous les fromagers qui me ressemblent,
de toutes les entreprises qui me ressemblent.)
Condition Appréciation Quatre conditions ont été validées, mais cela reste insuffisant
C1 X pour l’émergence d’une pratique de veille stratégique au sein
C2 X de cette entreprise. Et puis elle ne fait pas partie pour le
C3 moment des priorités du gérant, dont le profil ne favorise pas
du tout l’émergence d’une telle pratique (C1). Car il sous
C4 estime son personnel, il ne lui fait pas assez confiance. Il
C5 X n’est pas très collaboratif, il ne partage ses informations avec
C6 eux (C5). Il ne les motive pas (C2), ne les implique pas, et il
C7 prend rarement en considération leur avis. Cette entreprise
Conclusion n’est donc pas prédisposée à intégrer une pratique de veille
générale X stratégique.
Sitelle Kabylie est une fromagerie qui vient juste de s’installer sur le marché, elle fait face à
des difficultés, liées aux conditions de production, notamment le matériel de production et la
matière première. Concernant la surveillance de l’environnement, elle est plutôt réduite à une
simple recherche d’information en cas de besoins « C’est un départ maintenant…c’est un
départ qu’on a fait, qu’on reçoit de temps en temps des échos par téléphone…pour un départ
c’est minime. » (Le Gérant). C’est le gérant qui s’en occupe, en exploitant ses réseaux de
connaissances « des gents de confiance…des gents qui sont liés, dans le secteur
agroalimentaire…des gents avec qui je travaille jusqu’à présent... », à travers ses partenaires,
134
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
notamment les distributeurs (Parfois des informations nous parviennent, que quelqu’un va
faire un nouveau produit, par le biais des distributeurs), et même les concurrents (un
concurrent il te voit pas entant que concurrent d’un produit, mais il te voit comme ennemi, et
moi je n’aime pas ça, mon ambition c’est d’aller de l’avant, si j’ai une information que je
peux lui donner, je lui donne. Nous les petites fromageries artisanales on est solidaires, moi
et monsieur…on s’appelle, on s’échange des informations).
135
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Condition Appréciation
C1 Cette entreprise est en phase de démarrage, elle cherche à
s’imposer, à imposer ses produits sur le marché, c’est la
C2 raison pour laquelle, elle accorde une certaine importance à
C3 la surveillance de l’environnement externe et à la pratique
C4 de veille. Pour le moment, elle fait une simple recherche
d’information, concernant les clients, les concurrents, leurs
C5
produits, mais c’est informel et dispersé, donc on ne peut
C6 pas parler de veille stratégique. Mais on peut espérer
C7 l’émergence d’une telle pratique, vu que toutes les
Conclusion
générale conditions ont été validées.
Cette entreprise est également jeune, elle vient juste de débuter son activité, et elle fait face à
certaines difficultés d’ordre financier « C’est les moyens…les moyens financiers…c’est la
création qui est difficile, c’est le démarrage, on a eu des soutiens de l’Etat mais, ils étaient
pas suffisants. Y avait pas de suivi, ils nous ont débloqué de l’argent pour acheter le matériel,
y avait pas de suivi. Donc, on est nouveau dans le créneau, on n’avait pas assez d’idées, on
n’avait pas assez d’informations, c’est au fur et à mesure du temps qu’on a découvert
beaucoup de choses… » (Le Gérant). Le gérant de l’entreprise affirme suivre
l’environnement externe, et qu’il cherche à avoir des informations concernant les clients, et
les concurrents, à travers ses relations, « j’ai des amis qui sont dans le domaine, on s’échange
des informations », mais il semble confondre la surveillance de l’environnement et le
marketing « …chaque semaine, donc s’il y a un défaut de fabrication, il y a par exemple des
réclamations au niveau des consommateurs, je réunis le personnel, on discute sur le problème
d’où il vient…par exemple, aujourd’hui j’ai une production, une fois c’est livré aux magasins,
aux superettes, s’il y a un défaut de fabrication je suis obligé de suivre, de voir où est le
problème, c’est un mauvais conditionnement, c’est un défaut de fabrication…chez le
consommateur j’essaye d’avoir son avis, c’est à partir de là, j’analyse le problème d’où il
vient … ».
136
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Condition Appréciation
Concernant cette entreprise, nous avons eu des difficultés
C1 à statuer sur son cas. Car le gérant s’est montré très
C2 ? méfiant, pas très disposé à répondre aux questions, ses
C3 ? réponses étaient très brèves, limitées, parfois
contradictoires, c’est la raison pour laquelle nous n’avons
C4 pas pu vérifiées certaines conditions. Mais, il est clair que
C5 le gérant confond entre la surveillance et le suivi de
C6 X l’environnement, pour anticiper les événements et éviter
C7 ? les menaces ; et le suivi du produit, pour répondre aux
réclamations et satisfaire les clients. Cette entreprise ne
Conclusion X dispose pas de conditions nécessaires pour l’émergence
générale
d’une pratique de veille stratégique.
Pour résumer, les tableaux suivants synthétisent les résultats de notre étude, concernant
l’existence ou non des conditions nécessaires à l’émergence d’une pratique de veille
stratégique pour chaque entreprise, et donc sa prédisposition à mettre en place une telle
pratique :
Tableau 42 : Les résultats concernant les conditions liées à l’environnement interne aux
entreprises
C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7
Sarl Laiterie ?
Soummam
SPA Danone
Djurdjura
Sarl Tchin-
Lait/Candia
Sarl Ramdy ? X
Sarl Vallée X X X
Glaces
Sarl Good X X
Glaces
Sarl X X X X
Gyprolait
Lavalait X X X
SNC
Moualek et
Cie
Fromagerie X X X
137
Chapitre 4 La veille stratégique : Politique nationale et Pratiques des entreprises
Fyrmakhier,
Ibarissen
Eurl Nezline ? ? X ?
Sarl Sitelle X X
Kabylie
Fromagerie
Kalylait
Source : élaboré par nous-mêmes.
Tableau 43: Prédisposition des entreprises à mettre en place une pratique de veille
stratégique
139
CONCLUSION GENERALE
Conclusion Générale
Conclusion générale
L’environnement actuel dans lequel opèrent les entreprises est caractérisé par une
incertitude de plus en plus grandissante, notamment avec la mondialisation des échanges, la
concurrence acharnée, l’évolution technologique, et l’émergence d’une économie fondée sur
la connaissance. Cet environnement hostile menace la prospérité des entreprises. Désormais
leur survie dépend de leur habileté à anticiper les changements de l’environnement et à s’y
adapter. Leur compétitivité repose sur la maîtrise des connaissances sur l’environnement,
pour détecter les opportunités et éviter les surprises désagréables, par une surveillance
permanente et une écoute prospective de l’environnement. La veille stratégique devient
indispensable, son rôle n’est aujourd’hui plus à démontrer. Ce processus d’aide à la décision,
processus de recherche, de collecte, de traitement, et de diffusion de l’information, pour leur
utilisation dans la prise de décisions stratégiques, participe au développement et à la
prospérité de l’entreprise. L’information est devenue une ressource stratégique, source
d’avantage concurrentiel, essentielle au bon fonctionnement de l’entreprise. « La veille
stratégique désigne la recherche de l’information grâce à une vigilance constante et une
surveillance permanente de l’environnement pour des visées stratégiques. » (Pateyron,
1998 :13).
Les entreprises algériennes ne sont pas épargnées, surtout avec la libéralisation de l’économie
algérienne et son ouverture sur l’extérieur, qui les ont exposées à une concurrence acharnée et
les ont contraintes à se positionner par rapport aux impératifs internationaux. Désormais, pour
assurer sa survie, l’entreprise algérienne doit savoir anticiper les changements de son
environnement, pour saisir les opportunités, et être en mesure de réagir au bon moment, en
mettant en place une pratique de veille stratégique. Cependant l’émergence d’une telle
pratique s’appuie sur l’existence de certaines conditions. Tel est l’objet de notre travail.
140
Conclusion Générale
Nous avons essayé de répondre à la question de recherche suivante : « Quelles sont les
conditions nécessaires à l’émergence d’une pratique de veille stratégique ?»
Des conditions liées à l’environnement externe à l’entreprise, nous les avons appelées
conditions contextuelles, car l’entreprise ne peut pas agir sur elles. Nous en avons identifié
deux: un environnement incertain (complexe, instable et concurrentiel) (CC1); le
soutien des organismes étatiques et des institutions politiques (CC2).
Des conditions liées à l’environnement interne à l’entreprise : à ses membres (le dirigeant,
le personnel), à sa culture. Elles sont au nombre de sept, résumées ci-dessous :
- Soutien et implication de la direction (C1)
- Participation et implication du personnel (C2)
- Perception de l’incertitude environnementale (C3)
- Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, et de l’utilité de
surveiller l’environnement (C4)
- Esprit collaboratif : importance accordée à l’information et culture de partage de
l’information (C5)
- Esprit curieux, favorable au changement, à l’innovation (C6)
- Esprit anticipatif, vision orientée vers le futur (C7)
141
Conclusion Générale
Ces conditions permettent d’aider et de guider les entreprises qui veulent mettre en place une
pratique de veille stratégique. Des conditions que nous avons vérifiées au sein des entreprises
laitières de la wilaya de Bejaia.
Au sujet de notre échantillon, au départ nous voulions étudier toutes les entreprises laitières
existantes à l’échelle nationale, sauf que pour des raisons de temps, de proximité, aussi parce
que notre problématique nécessite une étude qualitative et non quantitative, nous avons
préféré centrer notre étude uniquement sur les entreprises laitières de la wilaya de Bejaia.
Nous avons réalisé au total 25 entretiens avec des chefs d’entreprises, des cadres. Ces
entretiens nous ont permis d’analyser et de comprendre les pratiques de veille stratégique au
sein de ces entreprises, et d’apprécier leur prédisposition à intégrer cette pratique, et aussi de
leur adresser quelques recommandations qui les aideront à la mettre en place.
En Algérie, les concepts de veille stratégique, d’intelligence économique, ainsi que les
travaux qui leur sont consacrés sont en phase d’émergence. Face à un environnement aussi
concurrentiel et incertain, nos managers commencent à prendre conscience de l’importance et
du rôle du management de l’information et de la connaissance dans la compétitivité des
entreprises. L’Etat a mis en place une certaine politique pour sensibiliser les acteurs
économiques, notamment les entreprises à la pratique de veille stratégique et les aider à la
développer. Par la mise en place d’une DGVSEES au niveau du ministère de l’industrie, par
l’organisation de colloques et de séminaires, et le lancement des formations au profit des
cadres, dans les domaines de veille stratégique et d’intelligence économique. Cependant les
efforts fournis par l’Etat sont insuffisants, comparé à nos voisins, « au niveau du Maghreb,
nous sommes en retard, nos voisins marocains et tunisiens sont en avance, ils ont des
associations de l’intelligence économique, font du lobbying en Europe, en Amérique du Nord,
dans les organisations internationales. En Algérie nous sommes au stade de la
sensibilisation » (Saâdi Sofiane1, cité par Y. Ferroukhi 2008).
L’Etat et les entreprises doivent combiner leurs efforts pour réussir à instaurer une démarche
de réseau, et mettre en place un système national d’information au profit des entreprises et de
tous les acteurs économiques, et surtout pour réussir à inculquer cette culture de surveillance
1
Directeur général du cabinet de conseil canadien, NT2S Consulting Inc.
142
Conclusion Générale
de l’environnement dans les esprits de nos managers, et les inciter à développer des pratiques
de veille stratégique.
Concernant la pratique de veille stratégique au sein des entreprises algériennes, des études
menées en Algérie affirment que les concepts de veille stratégique, et d’intelligence
économique sont étrangers aux responsables, qui ignorent par fois même leur existence (
Lahlou 2011, Khelifi, 2008), que les pratiques liées à l’information sont non structurées, les
pratiques de veille non formalisées ( Fekir 2009 ), et que généralement la veille stratégique
est réduire à l’aspect commercial (Fekir 2009 ; Lahlou 2011).
Les résultats de notre étude, menée au sein des entreprises laitières de la wilaya de Bejaia,
rejoint ceux des études précédentes. Dans les grandes entreprises, les cadres interviewés ont
évoqué les termes de ‘veille commerciale’, ‘veille concurrentielle’, mais pas celui de veille
stratégique, « En tout cas on l’appelle pas veille, on l’appelle suivi de la concurrence, pour ce
qui concerne la concurrence » (Directeur marketing et vente, Tchin-Lait) ; « On n’utilise
pas les termes, veille, veille stratégique » (Responsable commercial, Soummam).
Pour les autres entreprises, nous avons remarqué une confusion entre le marketing et la veille
stratégique, « ça fait partie du marketing, c’est toujours ça » (Gérant, Vallée Glaces) ; « le
suivi du produit par rapport aux consommateurs » (Responsable commercial et marketing,
Good glaces). Le concept de veille stratégique semble bien, être méconnu par les cadres de
ces entreprises.
143
Conclusion Générale
même développer une unité ou bien une cellule de veille stratégique au sein de l’entreprise.
Tandis que les petites entreprises, qui viennent juste de s’installer sur le marché, qui ont
encore du mal à s’imposer, elles ne sont pas encore arrivées à ce stade. La veille stratégique
ne fait pas encore partie de leur priorités, et elles ne disposent pas de conditions nécessaires
pour mettre en place une telle pratique, c’est le cas de Nezline, Lavalait, Sitelle kabylie,
fromagerie Fyrmakhier. Quant aux autres entreprises, elles ont la volonté de le faire, elles
disposent de quelques conditions, mais ce n’est pas suffisant pour développer une pratique de
veille stratégique, celle-ci est plutôt réduite à l’aspect commercial, et on parlera ainsi de veille
commerciale, et non pas de veille stratégique.
- D’abord par rapport à la liste des conditions retenues pour l’enquête de terrain, nous
aurions aimé la valider auprès d’experts dans le domaine de veille stratégique, mais nous
n’avons pas pu le faire.
- Par rapport au nombre d’entretiens réalisés, nous aurions aimé en faire davantage, mais
nous avons eu beaucoup de difficultés à accéder au terrain. Certaines entreprises nous ont
carrément refusé l’accès, il a fallu solliciter tous les réseaux de connaissances possibles. Et
dans certains cas cela n’a pas été suffisant, alors nous n’avons pu faire que 25 entretiens.
- Nous aurions pu élargir notre échantillon aux entreprises agroalimentaires, mais l’objectif
était de faire une analyse qualitative et non quantitative. Notre problématique nécessite
des études de cas approfondies, alors au lieu de prendre 12 entreprises nous aurions pu
prendre 3 à 4 entreprises activant dans un domaine très concurrentiel, nous pensons
particulièrement aux entreprises de télécommunication.
- Aussi nous aurions aimé avoir l’avis d’un sociologue lors de l’élaboration du guide
d’entretien, peut être que certaines questions ont été mal formulées ou mal comprises par
les interviewés. Il nous aurait aidés surtout concernant les questions liées à l’analyse de
l’état d’esprit des personnes interviewées.
- Concernant les personnes interviewées, nous aurions aimé avoir plus de chefs d’entreprise
en face de nous plutôt que des cadres.
144
Conclusion Générale
- La liste de conditions que nous avons dégagée peut être complétée, et validée par des
recherches futures dans le domaine de veille stratégique ;
- Nous nous sommes intéressés à la phase d’émergence de la pratique de veille stratégique,
d’autres recherches peuvent traiter la mise en place d’un dispositif de veille stratégique,
son impact sur la compétitivité et la performance de l’entreprise ;
- Des études de cas approfondies concernant des entreprises algériennes disposant déjà
d’une cellule de veille stratégique, et donc d’une pratique de veille formalisée et structurée
peuvent contribuer à identifier et valider les conditions de mise en place de cette pratique.
145
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156
ANNEXES
Annexe 1 : Danone Djurdjura Algérie
CC2 : Soutien des organismes étatiques, et institutions politiques
Verbatim Appréciation Commentaires
« …Vous parlez des autorités ?, on a un service collecte, la
collecte de lait. Y a, bien sûr y a une relation avec le ministère
de l’agriculture, la chambre de l’agriculture de la wilaya…c’est
une source d’information sur le plan lait, mais… concernant
des informations sur les nouveautés, ce qui se passe…non, on X
n’a pas d’organisme» (Responsable R&D)
Est ce qu’elle a des moyens cette agence ? Des moyens ?...
L’agence des statistiques depuis quand ils ont démarré ?. Ils X
n’ont pas !…c’est catastrophique, à ce jour ils viennent encore Une personne seulement affirme connaître la DGVSEES,
chercher des données sous format papier. (Responsable mais aucune n’a déjà assisté à des séminaires ou
Engineering et Travaux Neufs) colloques sur les thèmes de VS, IE, ni à aucun autre
«…En Algérie on n’a pas de bases de données solides qui colloque organisé par l’université, en stipulant qu’ils
concernent tous les secteurs on va dire. Et du coup, pour n’ont pas été invités, et qu’ils n’en ont pas eu l’occasion.
rechercher de l’information, de temps en temps, je dirai, même
souvent, on est appelé à créer, à essayer de créer certaines
données, certaines bases de données… Je pense qui y a un X
manque, un manque d’information, un manque d’études, y a un
manque de statistiques. Y a pas d’organisme spécialisé vers
lequel on peut s’orienter pour avoir tout type
d’information…même en termes de fiabilité je pense qui y a un
petit souci » (Responsable Qualité)
« Je ne savais même pas que ça existait » (Responsable X
Système d’Information)
Conclusion X Méconnaissance de la DGVSEES, et insuffisance des
efforts de l’Etat pour faire connaître cet organisme.
157
C1: Soutien et implication de la direction, profil du dirigeant
158
un parent qui travaillent chez Soummam et tout…donc y a un
échange de curiosité, d’information, donc on nous pousse toujours
à aller dans le terrain et faire remonter les informations des
travailleurs…oui je confirme qu’elle est encouragée… »
(Responsable Système d’Information)
Conclusion
La direction soutien et s’implique dans la pratique
de veille.
159
nouveautés qui concernent notre environnement extérieur »
(Responsable Qualité)
« …On a mis en place un numéro, on va dire un numéro vert, un Incitation et participation de tout le personnel de
numéro gratuit en interne pour les gents de Danone, et du coup, l’entreprise.
c’est ce qu’on appelle la hotline , des qu’ y a quelque chose, une
anomalie dans le produit, un fait qu’ils constatent, par exemple
qu’il y a pas de produits Danone au niveau d’un point de vente, ils
constatent qui a un nouveau produit de la concurrence, ils
appellent à ce numéro et ça marche…par initiative tout à fait »
(Responsable Qualité)
Conclusion Danone a bien compris que la veille stratégique est
160
très exigeant, par rapport à avant » (Responsable Système concurrents.
d’Information)
« …Lorsqu’on parle de l’environnement, y a aussi la partie
concurrence, qui est aussi quand même assez impressionnante, assez
importante. Nous avons quand même des concurrents….qui ont
réussi, ils sont quand même arrivés à se développer, à se mettre à la
hauteur de Danone…y a une concurrence assez dure…parce que lors
qu’on parle des produits laitiers y a pas que le yaourt, y a ceux qui
font du lait. Y a trois entreprises minimum dans la zone industrielle,
ça c’est très importante, d’Akbou, qui fabriquent le yaourt - le lait
nous avons Candia à Bejaia- Y a Ramdy, y a Soummam, y a Danone,
plus les petites entreprises… Candia c’est quand même une grande
marque…c’est pas un concurrent direct, mais ça lui permet quand
même de gagner des parts de marché…. » (Responsable Qualité)
« …C’est stable, c’est maîtrisé…souvent les résultats étaient bien,
donc ce qui fait que l’environnement ne peut être que favorable …
les données du marché sont pas fiables, donc la stratégie qu’on a
bâti y a deux ans ça peut pas continuer…je vais te donner un Bien que l’interviewé affirme que l’environnement
exemple, la stratégie du lait frais on l’a commencé en 2004…on s’est externe est stable, ses propos attestent plutôt le
dit dans deux ans on va exploser nos, on va être à 50% de la contraire.
demande. Aujourd’hui dix ans après, c’est pas le cas, parce que le ?
marché n’est pas régulier, parce que y a la subvention, parce qu’on
spécule sur les prix et Danone ne peut pas jouer ça, ne peut pas
jouer la spéculation, parce qu’il a ses barèmes, il a ses tarifs, il n’a
qu’à les respecter, donc la stratégie change » (Responsable
Engineering et Travaux Neufs)
« Danone, comme vous le savez, en 2001 lorsqu’il est rentré en
Algérie, avait la possibilité d’acquérir la totalité de
l’entreprise…c’était quand même assez favorable pour Danone.
Mais aujourd’hui, si Danone veut, par exemple faire d’autres
acquisitions, ça va être un peu délicat, donc Danone perçoit
l’environnement extérieur de l’entreprise comme étant contraignant
161
pour d’éventuelles acquisitions…c’est dû aux lois qui régissent les
règles d’investissement en Algérie…nous avons quand même un
contexte qui est un peu spécifique, c’est toute la partie bureaucratie,
les procédures d’importation, les procédures…qui régissent un peu
le marché des matières premières, ça aussi on peut dire que c’est un
peu contraignant…aujourd’hui…on a pas la garantie en tout cas,
qu’il y ait pas de chamboulement, de changement radical sur des
aspects de réglementation…je dirais quand même que c’est un
environnement plus au moins instable. » (Responsable Qualité)
« …Par rapport, je dirais, la loi, l’Etat, honnêtement, on n’est pas
stable, parce qu’on a beaucoup de soucis vu que ça arrive qui
change, y a des lois, surtout des lois financières, d’ailleurs la
dernière loi qui a été changée en 2013, 2014, là on n’est pas stable
du tout… » (Responsable Système d’Information)
Conclusion
L’incertitude environnementale est bien perçue par
certaines personnes interviewées.
C4: Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement et de l’utilité de le faire
162
à faire de la veille, c’est impératif, on est obligé, ça fait parti de
notre métier sinon on est mort. Si on n’est pas conscient des enjeux
qui se passent sur le marché ou à l’échelle de différentes
organisations, je pense qu’on est mort, c’est une obligation… ça
nous aide à mieux appréhender les changements, et à s’adapter et
même plus qu’appréhender les changements, les anticiper. Et puis la
faculté d’anticiper les changements dépend du niveau de degré de
veille, d’écoute qu’a l’entreprise par rapport à son environnement
extérieur » (Responsable Qualité)
« …On est toujours parmi les premiers gents à savoir ce qui se passe
ailleurs, surtout par rapport à la nouvelle technologie…En fait si on
veut avancer dans un milieu aussi concurrentiel que le notre, elle est
obligatoire » (Responsable Système d’Information)
Conclusion L’ouverture sur l’environnement extérieur fait
163
ça » (Responsable R&D).
« …ça ne sert à rien de retenir l’information…ils partagent
facilement, seulement, il faut créer ce climat » (Responsable R&D)
«… souvent on la partage entre collègues… » (Responsable R&D)
« …La moindre information qu’on a on la partage…on va jamais te
reprocher pourquoi tu as fait ça, mais l’inverse pourquoi tu nous as
pas dit ? » (Responsable Engineering et Travaux Neufs)
« …Je travaille avec plusieurs entreprises du groupe, donc on a la
Tunisie, le Maroc, l’Egypte, l’Afrique du Sud, la côté d’Ivoire, le
Kenya…on travaille avec toutes les CBU du groupe Danone, quelque Les interviewés partagent facilement leurs
soit le type de CBU, le type de langage…il y a toujours le contact …y informations avec leurs collègues, ils sont conscients
de la nécessité de le faire.
a toujours d’échange d’information…En fait ce qui est bien chez
Danone, ça veut dire toutes les informations sont partagées…tout est
partagé avec tout le monde » (Responsable Système
d’Information)
Conclusion
Une culture de partage d’information
instaurée au sein de l’entreprise.
est
164
cherche toujours, même si c’est pas influençant sur notre façon de
travailler ou notre domaine de travail, mais surtout c’est par
curiosité… tout dépend de l’information, si on nous donne une
information, elle nous interpelle on essaye de creuser un peu, sinon
non…mais la curiosité a des limites, parce que y a plein de
concurrents qui nous entourent ici, si on suit les informations on va
pas s’en sortir…je dirais l’intox, elle est plus que l’information
réelle parce que maintenant y a aussi de la guerre de l’information,
je dirai de la désinformation…bon on les interprète mais ça ne sera
pas tout le temps » (Responsable Système d’Information)
« Nous ce qu’on fait surtout, c’est dans l’amélioration, ce qui existe
déjà, si jamais on est menacé…c’est surtout, d’être toujours le
meilleur…» (Responsable R&D)
« …Nous on a dit, on est parti pour l’innovation, une entreprise qui
n’innove pas meurt, donc c’est une priorité d’innover, de changer »
(Responsable Engineering et Travaux Neufs)
« …par rapport à Danone, toujours, c’est, toujours innover, on
regarde jamais le concurrent, même si, un exemple, je donne un
simple exemple, souvent je dirais les clients et tout, nous ont souvent Les interviewés ont un esprit favorable à
demandé pourquoi on fait pas autant d’S.K.U que notre concurrent. l’innovation.
C’est vrai quand on regarde Soummam ou d’autres concurrents ils
ont - ‘S.K.U’, ça veut dire type de produits différents- nous chez
Danone on a maximum entre 15 et 18. On dépasse pas cette stratégie
là…on peut faire comme nos concurrents, ça nous coûte rien de tout,
mais parce qu’on est dans une stratégie que, nous, si on fait un
produit on le fait bien, parce que si on a beaucoup de types de
produit, on peut pas maitriser tout. Donc l’idée de Danone c’est
d’avoir des bons produits, des produits bien maitrisés en termes de
qualité…c’est pour ça on préfère innover et faire preuve de
créativité, on suit pas les concurrents » (Responsable Système
d’Information)
165
Conclusion
L’innovation fait partie de la culture et des
valeurs principales de l’entreprise.
166
Annexe 2 : La Laiterie Soummam
CC2 : Soutien des organismes étatiques, et institutions politiques
169
surveiller l’environnement externe.
170
d’innovation sur le produit … on doit innover, on n’ attend
pas que les autres fassent, pour le faire ». C’est les autres
qui copient sur nous. (Responsable Commercial)
Innover, « la preuve, la gamme est diversifiée » (Chargé
d’Etudes Marketing)
« On essaye de creuser, de chercher, d’avoir des Les interviewés ont une tolérance à l’ambiguïté.
informations qui tiennent la route » (Responsable
Commercial)
Conclusion
Une culture favorable à l’innovation semble exister au
sein de cette entreprise, la preuve leur gamme de
produit est diversifiée.
171
Annexe 3 : Ramdy
CC2 : Soutien des organismes étatiques, et institutions politiques
Verbatim Appréciation Commentaires
« Non…ils incitent même pas les universités à travailler avec les Les interviewés affirment ne bénéficier d’aucun soutien
entreprises. La première initiative, c’est général emballage qui l’a étatique qui leur permet d’avoir des informations
fait …l’université actuellement elle cherche qu’à envoyer les importantes, utiles. Tous affirment ne pas connaître la
stagiaires, c'est-à-dire, pour des stages, de 2, 3 jours…c’est pas DGVSEES.
comme avant, ça a changé, avant on était dans des structures
étatiques, on faisait des stages…vraiment…donc tout se perd… »
(Chef de Production)
Les colloques, les séminaires « on a jamais été invité » (Chef de X Une personne seulement affirme avoir déjà assistée à
Production) un séminaire sur la veille stratégique.
Conclusion Insuffisance des efforts de l’Etat pour faire
X connaître la DGVSEES, pour sensibiliser les
entreprises aux pratiques de veille stratégique, et
pour les aider à accéder à l’information.
173
participer tout le personnel de l’entreprise.
174
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, et de l’utilité de surveiller l’environnement
175
C5 : Esprit collaboratif : Importance accordée à l’information, et culture de partage d’information
176
C6 : Esprit curieux, créatif, favorable au changement, à l’innovation
178
Annexe 4 : Tchin Lait
CC2 : Soutien des organismes étatiques, et institutions politiques
179
elle ne leur est pas d’un grand soutien
180
lui arrive, enfin, c’est lui qui nous donne des informations, voilà
tel, tel concurrent va se lancer dans telle chose, donc lui aussi, il
est acteur dans cette pratique…il participe aussi….le 1er
concerné » (Responsable Marketing)
Conclusion
Fort soutien de la direction.
181
leur emploi, ils viennent à 8 heure du matin, ils sortent ils font leur
travail et voilà…on va dire c’est une question de
sensibilisation…dés fois… quand vous les entendez parler, il vous
dit même, lui il travaille là, il vous dit, quand on fait un nouveau
produit, vos produits à vous…tu leur dis reformulez, conjuguez
bien cette phrase là » (Responsable Marketing)
« y a pas mieux de communiquer au sein de l’entreprise, même
avec un simple employé, de lui faire surtout partager, de
sensibiliser, de dire cette usine là, on passe plus de temps à L’interviewé se sent membre actif de l’entreprise, il
travailler, qu’avec la famille, donc c’est pas juste son gaine pain s’implique, il a une certaine culture d’appartenance à cette
aussi, on va dire, c’est la survie de l’entreprise en quelque sorte, entreprise.
si l’entreprise, elle vend pas, si ses produits ne se vendent pas
convenablement, en quelque sorte, c’est son poste qui est enjeu. »
(Responsable Marketing)
Conclusion
Les employés de l’entreprise, notamment les cadres
s’impliquent et participent dans la pratique de veille
stratégique.
182
« …La concurrence n’est pas aussi intense que dans un autre pays,
où il y a, où ils font les mêmes genres de produits, le même type de
produit. Chez nous y a pas, c’est pas assez intense qu’ailleurs … y X
a des changements dans le sens où aujourd’hui l’Algérie est plus
ouverte sur le monde…c’est une opportunité, sachant que notre
pays a quand même, je parle de notre secteur, il a quand même une
attitude protectrice, c'est-à-dire, il protège la production nationale
du lait et les producteurs, c’est pour ça, aujourd’hui, la menace
n’est pas encore…on a beaucoup souffert au début mais on a quand
même gagné la confiance du consommateur, on a pris une certaine
avance sur les concurrents » (Directeur Marketing et Ventes)
183
applicables…il faut toujours s’adapter à ces lois…au moins Environnement réglementaire, administratif,
s’informer à l’avance, c’est pas le jour où vous allez déposer un contraignant, incertain.
dossier, ils vont vous dire, il fallait mettre, telle ou telle chose, il
faut rajouter telle. Il fallait juste vous informer c’est tout.»
(Responsable Marketing)
Conclusion L’instabilité de l’environnement est moyennement
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement et de l’utilité de le faire
184
d’avance par rapport à ceux qui sont derrière nous » (Directeur dépend.
Marketing et Ventes)
« Si vous vérifiez pas votre environnement externe, surtout la
concurrence, si vous voyez pas leur évolution, si vous ne surveillez
pas leur évolution, leur implantation, c’est là que vous perdez des
PDM, ça veut die que vous allez agir en retard, c’est là que vous
allez perdre des PDM » (Responsable Distribution)
Conclusion
Surveiller son environnement externe, c’est
indispensable, les interviewés en sont conscients.
185
Conclusion
Le climat est plutôt favorable, il y a une facilité de
communication, et un partage d’information.
186
il dit donnez moi du lait et le 1er produit il achète, maintenant les
habitudes de consommation ont changé, il faut s’adapter à ce
consommateur, à ses envies et ses attentes, donc il faut répondre
toujours présent…donc on essaye toujours d’innover, d’apporter un
plus… » (Responsable Marketing)
« On le fait souvent, on fait même des testes, des testes, ce qu’on
appelle des blind tests, des testes à l’aveugle. On met les produits
dans des bouteilles transparentes, on fait goûter et on demande aux
gents de l’entreprise, quel produit préférez vous ?, pour quelles
raisons préférez vous ce produit là ?. Pour essayer aussi, essayer L’interviewé fait preuve d’un esprit ouvert, créatif qui
de se situer par rapport à cette concurrence là…y a pas de gêne si accepte la critique, et l’exploite pour mieux avancer.
le produit du concurrent est meilleur, on le dit, voilà…pour pousser
que ce soit la production ou bien recherche et développement, de
faire mieux, Y’a pas de honte à se placer par rapport à la
concurrence…on est pas, y a des domaines c’est vrai qu’on est
leader, y a d’autres domaines on apprend…il faut pas être renfermé
sur soi, et dire tout ce qu’on sort d’ici est bon, il faut accepter la
critique pour avancer » (Responsable Marketing)
Conclusion
Les cadres de Tchin-Lait sont bien conscients que
pour maintenir et améliorer sa position il faut
innover.
188
Annexe 5 : Vallée Glaces
CC2 : Soutien des organismes étatiques, et institutions politiques
Verbatim Appréciation Commentaires
« J’ai en quelque sorte regretté d’avoir investi sur le marché…y a
pas de sécurité, économiquement parlant, c'est-à-dire, l’Etat n’a
pas mis de garde- fous pour que l’entreprise s’épanouisse…tout est
à l’encontre de l’entreprise…l’Etat ne sait pas exactement quelle
voie suivre…y a pas une véritable économie de marché, c’est
contradictoire … Les derniers vont payer, sachez qu’il arrivera un
jour la génération future va payer. Parce que si on se compare
maintenant au Maroc, en Tunisie, à nos voisins, c’est autre
chose…avec rien justement, dans tous les domaines, que ce soit
l’agriculture, que ce soit l’industrie, la petite et moyenne entreprise
au Maroc ou en Tunisie, ils avancent…Nous….l’Etat doit prendre Les deux interviewés ignorent l’existence de la
ses responsabilités, il faut qu’il change les lois, il faut qu’il y ait une DGVSEES. Le chef d’entreprise affirme que l’Etat
bonne volonté de changer…la capacité existe, elle est là, mais c’est algérien n’encourage pas l’investissement, il regrette
la volonté politique qui n’existe pas …personnellement si c’était à X même d’avoir investi en Algérie, et surtout dans
refaire je n’investirai jamais, jamais, d’abord dans l’agroalimentaire. Il atteste qu’il n’y a aucun soutien des
l’agroalimentaire, jamais !...A l’école on vous enseigne, qu’est ce organismes étatiques qui leur permet d’avoir des
que c’est que l’économie dirigée, qu’est ce que c’est que l’économie informations.
libérale, etc. l’économie de marché etc. mais sur le terrain Aucun des interviewés n’a assisté à des colloques ou
réellement ça n’existe pas, ça n’existe pas !…de toute façon tous les séminaires ni sur la veille stratégique, ni sur un autre
calculs que tu fais sont faux…y a pas, toutes ces études, c’est à thème.
mettre de côté…c’est pas pour vous briser le moral mais c’est ça
l’Algérie… » (Gérant)
189
C1 : Soutien et implication de la direction, profil du dirigeant
190
C2: Participation et implication du personnel
191
marché…» (Gérant)
Tout est à l’encontre de l’entreprise justement. Tout l’environnement
qui entoure l’entreprise ici dans notre pays n’est pas favorable. Si
vous faites les calculs A+B= tant, ici en Algérie vous n’allez pas
vous en sortir, parce que y a beaucoup de paramètres qui rentrent, et
il suffit que l’un d’eux change, tout va changer. Rien n’est stable, il
suffit d’une petite décision, un haut responsable, se réveille le matin, Environnement contraignant, imprévisible, et certain.
il prend une décision, ça va changer toutes les données, et tu n’as pas
où aller te plaindre, c’est comme ça… tu vas faire du marketing par
exemple, il suffit qu’il y ait une petite pénurie par exemple de
matières premières, le produit devient introuvable. (Gérant)
192
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement, et de l’utilité de le faire
193
C6 : Esprit curieux, favorable au changement, à l’innovation
194
il est tout le temps… » (Gérant) instable, imprévisible.
Lorsqu’on envisage quelque chose il faut voir plus loin, car il y a des Le personnel semble aussi avoir une vision orientée vers
changements. Le court terme on le voit, on le vit. Le présent on le vit, le futur.
le futur est important parce que les stratégies visent le long terme.
(Comptable)
Conclusion
Vision de voir les choses, orientée vers le futur
195
Annexe 6 : Good glaces
196
C1 : Soutien et implication de la direction, profil du dirigeant
Une fois les prospecteurs rentrent, ils font un rapport, après une
réunion est organisée, et le gérant participe. (Assistante de
Direction) Concernant son soutien et son implication, tous estiment qu’il
« Oui, il soutient en parlant, on discute, il nous dit, il faut faire X est conscient de l’importance et de la nécessité de surveiller
ça, mais après, avec quoi ??!!! ». (Responsable Commercial) l’environnement, ils affirment qu’il les motive et les sensibilise
« Il insiste toujours à faire attention à la santé du à le faire, mais sans y mettre les moyens nécessaires.
consommateur…il ramène des produits de la concurrence pour
faire une analyse…il nous motive, une nouvelle entreprise à
besoin de ça » (Responsable Contrôle Qualité)
Conclusion X Faible soutien de la direction
197
« Moi personnellement, si je trouve un bon produit, un bon Les cadres sont conscients de l’importance de cette pratique de
emballage, je le ramène, ils font l’étude » (Assistante de surveillance de l’environnement, ils participent, ils
Direction) s’impliquent, ils le font par initiative, chacun à sa façon. Ils sont
« …On n’a pas une unité spéciale, mais chacun dans son attentifs à ce qui se passe à l’extérieur de l’entreprise, ils
domaine…ça se fait d’une manière informelle » (Cogérant) écoutent ce qui se dit, ils ramènent des échos, et ils comparent
« …Dés fois ils nous ramènent des échos…ils le font par leurs produits par rapport à ceux des concurrents.
nécessité, il faut se mettre à jour, pour mieux pratiquer ses Ce n’est pas le cas des ouvriers, ceux qui sont dans l’unité de
tâches…tout dépend des personnes, y a des personnes qu’on n’a production, cantonnés dans leur tâches quotidiennes, ils n’ont
pas besoin de pousser et d’autres !!! » (Cogérant) pas encore cette culture d’ouverture sur l’extérieur, ils ne sont
« La veille ressemble au test que je fais, test de dégustation, tout pas conscients de la nécessité de l’être, de son utilité,
le monde participe, goûte et donne son avis…y a pas une probablement par manque de sensibilisation des cadres
procédure à suivre, on le fait volontairement c’est le marketing dirigeants.
qui est concerné, nous on le fait par initiative » (Responsable
Contrôle Qualité)
Conclusion
Participation et implication des cadres
C3 : Perception de l’incertitude environnementale (Environnement contraignant, concurrentiel, instable)
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement et de l’utilité de le faire
Verbatim Appréciation Commentaires
« C’est vraiment indispensable pour avancer, être à jour, pour
maintenir l’entreprise à son niveau » (Cogérant)
C’est obligatoire, pour améliorer la qualité du produit, pour voir
les points forts, faibles de l’entreprise, pour prendre une Tous les interviewés sont conscients de la nécessité de s’ouvrir
décision. (Responsable Ressources Humaines)
sur l’extérieur, ils comprennent son utilité, ils lui accordent une
« Une grande importance, sinon pourquoi on travaille, on importance élevée.
regarde le meilleur pour faire mieux… » (Assistante de
Direction)
« …Une entreprise qui n’est pas en contact avec
l’environnement, ne sait pas où elle marche, on peut pas
produire comme ça, car avant de produire, il faut faire la
recherche, pour adapter les produits aux besoins des
199
consommateurs, voir les moyens et les prix des concurrents…il
faut voir ce qui se passe avec la concurrence. » (Responsable
Commercial)
Conclusion La prise de conscience de la nécessité de surveiller
200
C6: Esprit curieux, favorable aux changements, à l’innovation
201
« Je suis là pour travailler je vois à long terme. L’intérêt de
l’entreprise, c’est mon intérêt…l’entreprise c’est ma
maison » (Assistante de Direction)
« Moyen terme, parce que l’environnement change…on Ces deux cadres affirment également avoir une vision
prend des décisions à moyen terme…c’est une nouvelle orientée vers le futur, le moyen terme. Mais ils
entreprise qui fait ses pas…pour la stratégie elle est entrain X recherchent beaucoup plus des informations en liaison
de se faire » (Responsable Commercial) avec le présent de l’entreprise, c'est-à-dire des
« …Je suis optimiste je veux avancer dans mon domaine, j’ai informations à court terme
des projets » (Responsable Contrôle Qualité)
Conclusion X Avoir une vision orientée vers le futur ne suffit pas, il
faut être proactif, avoir un esprit anticipatif.
202
Annexe 7 : Gyprolait
CC2 : Soutien des organismes étatiques, et institutions politiques
Verbatim Appréciation Commentaires
Oui, il y a un soutien, c'est-à-dire, de temps en temps, ils L’interviewé affirme bénéficier d’un soutien des
organisent des rencontres avec les étrangers, c’est dans ce sens. organismes étatiques pour accéder à l’information.
Mais il n’y a pas d’organisme spécifique, personnellement, j’en Mais il ne connaît pas la DGVSEES, et il atteste qu’il
connais pas. n’y a aucun organisme spécifique qui les sensibilise à
X surveiller l’environnement externe et à mettre en
place une pratique de veille stratégique.
Conclusion Insuffisance des efforts de l’Etat pour faire
X connaitre la DGVSEES et pour sensibiliser les
entreprises à la surveillance de l’environnement
externe, et à la mise en place d’une pratique de
veille stratégique.
203
Conclusion X Soutien moyen de la direction
205
Conclusion
Perception de l’incertitude
l’environnement externe.
émanant de
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement, et de l’utilité de le faire
Verbatim Appréciation Commentaires
« …Personnellement, la veille stratégique, je pense que c’est
l’une des clés pour la réussite et le développement de
l’entreprise. Elle est primordiale parce que si on surveille pas
son environnement, ce qui se passe à l’extérieur, la concurrence, L’interviewé semble être conscient de la nécessité et
le tout…si on s’adapte pas, si on ne met pas des mécanismes de l’utilité de surveiller l’environnement externe.
pour répondre à cet environnement, on est appelé à disparaitre
avec le temps peut être…on peut pas vivre dans un monde isolé »
Non on n’a pas quelqu’un spécialement pour ça, parce que je vais
vous expliquez un truc, pour le moment, dans le marché algérien
en général, on n’est pas arrivé à une concurrence au point où les
X
chefs d’entreprises paniquent. Généralement même si il y a une
concurrence, on arrive à écouler la marchandise.
Pour le gérant, l’essentiel c’est d’avoir une bonne rentrée Le gérant n’accorde pas une grande importance à la
d’argent, il te dit ramène moi de l’argent, il te parle comme si il surveillance de l’environnement, il n’est pas
était encore un simple commercial…il n’a pas cette culture, par conscient de la nécessité de le faire. Elle ne fait pas
exemple, vous dites au gérant voilà on peut mettre cette stratégie encore partie de ses priorités.
pour 3 ans, 4 ans, il te dit, moi je n’ai pas le temps pour la
stratégie…c’est vraiment, le monde des entreprises algériennes
est vraiment très, très dure à être analysé par quelqu’un qui a une X
approche scientifique du management, de la gestion des
entreprises. Parce que toutes ces normes, tous ces mécanismes,
où les gents ont fait beaucoup d’efforts pour les développer, ils
n’existent pas dans l’entreprise. C’est un peu dure, mais c’est la
réalité du terrain… ce n’est pas quelqu’un qui crois que
l’entreprise doit être gérée d’une manière scientifique. Dans la
discussion il te dit oui, mais sur le terrain il ne le prouve pas, il
206
en fait qu’à sa tête.
Conclusion X La surveillance de l’environnement n’est pas une
priorité pour le gérant
207
C7 : Esprit anticipatif, vision orientée vers le futur
Verbatim Appréciation Commentaires
« Moins d’un an…on travaille pratiquement sans horizon, ça
veut dire qu’on gère le présent, c’est pour ça que j’ai dit moins
d’un an. Le problème c’est que, dans les PME algériennes, les
X
petites entreprises…la plupart, c’est que le mot stratégie, leur
fait peur. Ils n’aiment pas entendre ce mot ».
La plupart des entrepreneurs algériens n’ont pas cette vision de
pérenniser leur entreprise, comme le cas de Danone, ou des
grandes entreprises anciennes, devenues des multinationales L’interviewé affirme qu’ils ont une vision limitée, et
présentent partout dans le monde. Nos entreprises ne sont pas qu’ils se focalisent sur le court terme.
arrivées à ce stade. Ils ont une vision limitée, l’essentiel pour
elles c’est d’avoir une bonne rentrée d’argent…Parce que pour le X
moment l’Etat les protège, par les barrières douanières, par
rapport aux produits internationaux. Mais le jour où aura lieu
l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, ces barrières douanières vont
disparaitre. Je peux affirmer que 99% des entreprises ne pourront
pas résister.
Conclusion X Vision axée sur le court terme
208
Annexe 8 : Lavalait (SNC Moualek et Cie)
CC2 : Soutien des organismes étatiques
209
premier concerné.
Quand je sors avec mon camion, et je reviens sans avoir rien Il affirme sensibiliser et encourager son personnel à être
vendu, je réunis tout le monde. Je leur demande d’être attentif, de attentif à ce qui se passe à l’extérieur de l’entreprise et
faire attention à tout et tout le temps. On n’est pas nombreux, dés rapporter les informations.
que j’ai un peu de temps, je leur parle et je les sensibilise.
Je communique souvent avec eux, régulièrement, sans barrières. Le gérant semble être quelqu’un d’ouvert et attentif aux
Avant de prendre une décision, je les consulte. autres.
Conclusion
Soutien et implication totale du chef d’entreprise.
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement et de l’utilité de le faire
Verbatim Appréciation Commentaires
C’est obligatoire. La banque, elle ne pardonne pas, elle te prête de Le gérant semble être conscient de la nécessité de surveiller
l’argent et c’est à toi de gérer. Si tu fais faillite, elle y va avec toi l’environnement externe.
pour récupérer son argent, et si, tu fais des bénéfices, elle te suit
pour ramasser son argent. Alors tu es obligé de surveiller tout ça.
Ceci, le truc, la veille, on n’est pas encore arrivé au point, comme Mais il semble lui accorder une faible importance.
les Etats Unis, ou la France ou n’importe quel pays civilisé, X
développé, où on surveille de très près ses concurrents. Je pense
211
pour le moment on n’est pas arrivé à ce niveau.
Conclusion Le gérant est conscient de la nécessité de surveiller
X l’environnement externe. Mais il en fait pas une priorité,
il pense qu’il peut s’en passer, pour le moment.
212
Conclusion X Le gérant n’est pas très favorable à l’innovation
213
Annexe 9 : Fromagerie Fyrmakhier Ibarissen
CC2 : Soutien des organismes étatiques et des institutions politiques
Verbatim Appréciation Commentaires
J’ai 30 ans dans le domaine du travail. Jusqu’à présent l’Etat ne m’a
ramené aucun plus, uniquement du dérangement, je te le dis en toute
clarté. Il ne m’a pas ramené ce qu’il faut, personne n’est venu ici pour
me dire qu’est ce qu’il te manque ? Rien que le dérangement, pendant
30 ans…Bon d’accord je te donne un renseignement de base, mais
d’un autre coté envoie un expert pour dire, oui c’est vrai pour ton
développement il te manque ceci, la matière première te manque on te
subventionne. Mais il n’y a rien ! On vient pour récupérer des
renseignements, on vient pour nous imposer oui ! Ils viennent pour X
nous faire de la répression sans savoir comment. Les gents de la DCP
viennent nous fermer, pour ça ils sont bons. Mais pour nous aider non. Le chef d’entreprise affirme avoir déjà entendu
Déjà dans leurs bureaux, ils ne font même pas leur paperasse parler de la DGVSEES, mais qu’il n’y a aucun
convenablement. Vas chercher un responsable à 10 heure, tu ne le soutien de l’Etat ni pour la pratique de veille, ni
trouveras pas !!!....Ce que je t’ai dit je le persiste et je le signe, on en a pour le bon fonctionnement de son activité, ni pour
marre de ce pays. J’ai 50 ans, il n’y a rien dans ce pays, rien n’a autre chose. Bien au contraire il ne rencontre que
changé, que dieu nous protège, c’est tout. Y a rien, y a rien…notre des obstacles.
pays n’aide pas, ni pour les papiers, ni pour avoir les autorisations, soit
tu t’en sors seul, soit tu crèves…on est livré à nous même.
Nous sommes dans un pays qui n’est pas structuré y compris les
journaux, parfois dans les journaux, la radio, ils donnent de mauvaises
informations…On n’a pas accès à l’information, par exemple
l’internet, ils font beaucoup plus de la publicité pour vendre leur
X
produits. Vous ne trouverez jamais des informations sur la production,
ou sur les moyens pour vendre.
Non je n’ai jamais assisté à des colloques ou séminaires, parce qu’on Il n’a jamais assisté à des séminaires ni sur le
est dépassé par notre travail. Il y a des choses qu’on veut faire, mais on X thème de veille stratégique, ni sur autre chose.
n’a pas le temps.
Conclusion X Inexistence de soutien de l’Etat
214
: C1 : Soutien et implication de la direction, profil du dirigeant
Verbatim Appréciation Commentaires
Les apparences sont souvent trompeuses, donc on ne compte pas sur Le chef d’entreprise semble être quelqu’un de
les autres, on y peut rien. Même pour les informations fiables je ne leur méfiant, pas du tout collaboratif, il ne fait pas trop
fais pas confiance, car il est tellement pourri le milieu algérien, que je confiance à son personnel.
fais attention à tout. Même mes enfants je ne compte pas sur eux, parce
qu’ils n’ont pas le sens de responsabilité. Ils ne savent pas que le lait je
l’ai acheté à tant, j’ai des frais de tant, ils ne calculent pas tout ça, car X
ce n’est pas eux qui font face. Quand les gents viennent chercher leur
argent, ou l’Etat vient chercher son argent, ce n’est pas mon ouvrier ou
mon fils qui va y faire face, c’est moi, c’est pour cette raison.
Bon je prends en considération ce qu’ils me ramènent, mais je ne le Il ne sensibilise pas, et n’encourage pas son
note jamais comme officiel. Je prends en considération, mais je ne le personnel à être attentif à ce qui se passe à
prends jamais au sérieux, car les gents parfois ils te ramènent de l’extérieur de l’entreprise, il ne l’implique pas dans
X
l’information, et parfois ils te ramènent de l’intox. S’ils me ramènent la surveillance de l’environnement et la recherche
quelque chose, c’est bien, s’ils ne me ramènent pas je n’insiste pas, je d’informations.
ne compte pas sur eux.
Nous on ramène nos propres informations basées sur la réalité du
terrain, parce qu’on vend, on fait du porte à porte, on livre les Le chef d’entreprise affirme s’impliquer dans la
magasins, on parle avec les agriculteurs, mes fournisseurs de la matière surveillance de l’environnement à 99%.
première, on est en contact avec les salariés, on assemble tout ceci,
c’est moi qui m’en occupe.
Conclusion Bien que le chef d’entreprise s’implique
X fortement dans cette pratique, il ne motive pas et
ne soutient pas son personnel à le faire
215
que l’environnement algérien est pourri. Tu donnes du fromage au
salarié, tu lui donnes une camionnette, et tu lui demandes de le vendre. X
Qu’est ce qu’il fait ? Il va massacrer le fromage, et le fourgon il fait Le personnel de l’entreprise ne participe pas à la
autre chose avec. Alors quand tu vois que l’essentiel, ce qui est en surveillance de l’environnement externe.
relation avec son salaire il ne le fait pas correctement, comment veux
tu que je lui demande ou je lui confie autre chose !!!
…Généralement quand un salarié sort d’ici il s’occupe des ses affaires X
personnelles. Il fait ses huit heurs et il sort.
Conclusion Non participation et non implication du
X personnel
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement et de l’utilité de le faire
Verbatim Appréciation Commentaires
Il faut surveiller de très près l’environnement externe, pour le bien être L’interviewé est conscient de la nécessité de
216
de l’entreprise. Car il se peut qu’on fabrique un nouveau produit surveiller l’environnement externe, il semble aussi
concurrentiel au mien, donc si je ne fais pas attention je coulerai. Il faut lui donne une grande importance.
que je réagisse avant que le mal s’agrandit. Je surveille de très près,
quand ils lancent de mauvaises informations sur mon produit, il y a des
concurrents ils sont près à tout pour faire marcher leur produits.
Conclusion
Surveiller son environnement externe c’est
utile, et indispensable, pour assurer le bien être
et la survie de l’entreprise.
218
Annexe 10 : Fromagerie Sittele Kabylie
CC2 : Soutien des organismes étatiques et des institutions politiques
Verbatim Appréciation Commentaires
Aucun verbatim Le chef d’entreprise ne connaît pas la DGVSEES.
Il n’a jamais assisté à des colloques ou séminaires,
il dit qu’il n’a jamais été invité. Il confirme aussi
qu’il n’y a aucun organisme qui leur permet
d’avoir des informations.
Conclusion X Soutien de l’Etat inexistant
219
Conclusion
Participation des ouvrières de l’entreprise
220
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement, et de l’utilité de le faire
Verbatim Appréciation Commentaires
« Oui bien sûr je le surveille quand même, il faut que je sois à la page
par rapport à mes concurrents quand même…c’est primordial même,
pas seulement obligatoire ». Le chef d’entreprise est conscient de la nécessité de
Je suis à jour sur ça…bien avant que je me lance dans la surveiller l’environnement externe
transformation du lait, mes concurrents actuels étaient mes
fournisseurs, j’étais l’un de leur clients, je ramenais leurs produits pour
les distribuer.
ça m’arrive d’acheter les produits des concurrents, je fais des séances
de dégustation, même chez moi à la maison, quand on reçoit des gents,
un parent, je lui fais gouter les produits, pour avoir son avis. Je cache
l’emballage, je prends une assiette je fais une composition, et je lui
demande lequel est meilleur… Il est conscient de l’utilité de le faire.
C’est une façon de prendre de l’avance sur les concurrents, que se soit
en termes d’emballage, ou en termes de qualité…mon objectif c’est
d’être parmi les trois premiers à l’échelle nationale.
Conclusion
Le gérant est conscient de la nécessité, et de
l’utilité de surveiller l’environnement externe.
221
Conclusion
C’est une petite entreprise, il y a un partage
d’information assez facile.
222
Quand tu as devant toi une marche d’escalier, il faut marcher une par X présent.
une, tu peux sauter de la première à la troisième, mais il y a des
risques. Je préfère le présent, parce que le présent c’est lui qui ramène
le futur. Si je saute vers le futur et je néglige le présent c’est faux, je
veux dire pour moi le présent c’est demain, après demain. Le futur
pour moi c’est un peu lointain. Je vise d’abord tout ce qui est au bout
d’une année, je fais ça d’abord, une fois entamé, réalisé, après je me
tourne vers les objectifs futurs.
Conclusion X Vision axée sur le court terme.
223
Annexe 11 : Fromagerie Kalylait
CC2 : Soutien des organismes étatiques, et institutions politiques
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement, et de l’utilité de le faire
225
Conclusion
Perception de l’utilité et de la nécessité de surveiller
l’environnement externe.
226
présent on le vit, on attend de voir ce qu’il va proposer, rajouter.
Conclusion
Vision orientée vers le futur, le moyen terme
227
Annexe 12 : Fromagerie Nezline
CC2 : Soutien des organismes étatiques
228
C2 : Participation et implication du personnel
C4 : Prise de conscience de la nécessité de s’ouvrir sur l’extérieur, de surveiller l’environnement, et de l’utilité de le faire
Verbatim Appréciation Commentaires
C’est obligatoire et indispensable pour suivre les produits… pour voir L’interviewé accorde une grande importance à la
si il y a des réclamations au niveau des consommateurs….et essayer surveillance de l’environnement.
d’améliorer nos produits.
Conclusion
Le chef d’entreprise semble être conscient de la
nécessité de surveiller l’environnement externe.
229
C5 : Esprit collaboratif : importance accordée à l’information et culture de partage d’information
Guide d’entretien
Sur le thème :
Préparé par :
Sous la direction de :
- Dr BOUKRIF Moussa
Dans le cadre de la préparation d’une thèse de doctorat, nous nous adressons à vous, pour vous
demander de bien vouloir répondre à ce questionnaire, avec beaucoup de précision, afin
d’analyser les conditions d’émergence des pratiques de veille stratégique. Nous tenons à vous
rassurer d’avance, que les informations que vous nous fournirez ne seront utilisées que pour
des fins scientifiques, et nous respecterons votre anonymat.
2013
231
Annexe 13
I- Informations générales
I-1- Le répondant
1- Niveau de scolarité
……………………………………………………………………………………………….
I-2- L’entreprise
………………………………………………………………………………………………
6- Secteur d’activité/activités:……………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………..
7- Structure organisationnelle
Autre ……………………………………………………………………………….
8- Marché de l’entreprise :
………………………………………………………………………………………………
232
Annexe 13
II- Le contexte
1- Quelle est votre perception de l’environnement de l’entreprise ? et comment le qualifieriez
vous (stabilité, complexité, concurrence) ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
3- Surveillez-vous ce qui se passe autour de votre entreprise, autrement dit, recherchez vous
de l’information sur les acteurs externes à votre entreprise (clients, fournisseurs,
concurrents…etc) ?
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
233
Annexe 13
6- A quel point cette activité de surveillance de l’environnement est elle encouragée au sein
de votre entreprise? est ce que vous êtes encouragés ? est ce que vous encouragez votre
personnel à le faire?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
7- Quelle importance accordez-vous à cette pratique de surveillance de l’environnement ?
………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………….
très faible faible moyen élevé très élevé
10- Où recherchez vous l’information dont vous avez besoin ? Quelles sont les sources que
vous consultez ?
234
Annexe 13
- Internet
- Intranet
- Rapport annuel
- Autres……………………………..
Sources informelles :
- Concurrents
- Fournisseurs et partenaires
- Clients
- Missions et voyages
- Colloques, conférences et séminaires
- Manifestations : salons, expositions
- Centres de recherche, université
- Réseaux personnels, contacts
personnels
- Autre ………………. …………
11- Votre entreprise fait elle appel aux experts et agences spécialisés pour collecter des
informations ?
Lesquels ?
- Inaccessibilité
- Qualité de l’information, fiabilité des sources
- Surabondance d’information
- Autres ……………………………………………………………………………………
13- Votre entreprise dispose t elle d’une cellule/unité désignée à cette activité de surveillance de
l’environnement ?
OUI NON
235
Annexe 13
3- Lors de la formulation des stratégies, l’entreprise met elle davantage l’accent sur : Court
terme le moyen terme le long terme
236
Annexe 13
10- Lorsque vous apprenez une information importante pour l’entreprise, que faites-vous ?
- Vous préférez la garder pour vous et l’utiliser au moment opportun
- Vous la partager avec vos collègues
- Vous la communiquez immédiatement au dirigeant
Est ce que vous partagez facilement les informations avec vos employés ? Avec qui ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………
11- Y a t- il un partage d’information, de connaissances au sein de l’entreprise ? encouragez-
vous votre personnel à le faire ? comment ?
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
12- Le personnel comprend t-il que le partage de l’information est important au sucés de
l’entreprise ?
………………………………………………………………………………………………….
13- Lorsque vous tombez sur des informations ambigües (incertaines, floues, incomplètes)
que faites vous ? :
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
- Vous ne leur prêtez pas du tout attention, vous les ignorez complètement
- Vous essayez de les interpréter, les comprendre, de trouver un sens (en les complétant
pas d’autres informations)
14- Faites vous recours à vos relations personnelles pour accéder à l’information ?
15- Pourriez vous décrire ce réseau: qui en fait partie, Quels sont les liens qui vous unissent
aux membres de ce réseau?
237
Annexe 13
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………
16- Bénéficiez-vous de soutien des institutions politiques, organismes étatiques pour accéder à
l’information ?
Oui non
19- Les informations recherchées par votre entreprise sur son environnement sont-elles ?
(cochez dans la zone qui correspond à votre réponse)
239
Liste des tableaux
Tableau 6 : FCS dans la conduite d’un projet de veille stratégique, hiérarchisés par
catégories……………………………………………………………………………………..56
Tableau 7 : Les facteurs clés de réussite d’un système d’intelligence économique……….. .58
240
Tableau 22 : Evolution des superficies et des productions fourragères……………………...76
Tableau 38 : Perception de la pression concurrentielle par les cadres des entreprises laitières
de Bejaia………………………………………………………………………………………97
241
Tables des Matières
Remerciement
Sommaire
1- Les conditions liées aux projets de réingénierie des processus économiques (BPR)…….47
2- Les conditions liées aux projets en systèmes d’information……………………………...48
3- Les conditions liées aux projets de gestion des connaissances…………………………...52
Section 2 : Les conditions issues des travaux dans le domaine de veille stratégique…....54
2- Les conditions nécessaires à l’émergence d’une pratique de veille stratégique (liste des
conditions retenues) ……………………………………………………………………...60
Conclusion générale………………………………………………………………….….…140
Bibliographie…………………………………………………………………………….…146
Annexes…………………………………………………………………………………..…157
Liste des figures…………………………………………………………………….………239
Les entreprises algériennes font face une complexité et une incertitude de plus en plus grandissantes,
menaçant leur survie. Pour renforcer leur compétitivité, elles doivent mettre en place une pratique de
veille stratégique, qui leur permettra d’anticiper les évènements à venir, de saisir les opportunités, et
de réduire les risques. Cependant l’émergence de cette pratique nécessite l’existence de certaines
conditions. Ce qui nous amène à poser la question suivante : L’entreprise algérienne est elle
prédisposée à intégrer une pratique de veille stratégique ? La revue de la littérature et les travaux
réalisés nous ont permis de déterminer une liste de conditions que nous jugeons nécessaire à
l’émergence d’une pratique de veille stratégique. Notre étude de terrain, qui porte sur douze
entreprises laitières de la wilaya de Bejaia, où nous avons réalisé 25 entretiens, nous a permis de
vérifier l’existence ou non de ces conditions, dans chaque entreprise, et d’apprécier sa prédisposition
à intégrer une telle pratique. Les résultats de notre étude nous ont révélé, que les entreprises laitières
de la wilaya de Bejaia sont donc, pour la majorité, conscientes de la nécessité de s’ouvrir sur
l’environnement externe, de le surveiller et de suivre son évolution dans le but de s’adapter aux
changements. Concernant leur prédisposition à mettre en place une pratique de veille stratégique
formelle, structurée, cela dépend de l’existence des conditions précédentes, mais aussi de l’entreprise
elle-même, de ses priorités, sa taille, ainsi que sa position concurrentielle sur le marché
Mots clés : veille stratégique, conditions contextuelles, facteurs individuels, facteurs culturels,
entreprises laitières.
Abstract
Algerian’s firms find themselves faced to a hard competition threatening their survivorship. In order
to strengthen their competitiveness, they have to develop their own environmental scanning practice,
which allows them to anticipate future events, to take opportunities and reduce risks. However the
emergence of this practice requires the existence of conditions. This leads us to ask the following
question: Is the Algerian company predisposed to integrate a strategic scanning‘s practice?. The
literature review enabled us to determine a list of conditions which we consider necessary to the
emergence of a strategic scanning practice. Our field study, which includes twelve dairy companies of
Bejaia, where we made 25 interviews, allowed us to check the existence of these conditions, in each
company, and to appreciate its predisposition to integrate such practice. The results of our study
revealed, that the dairy companies of Bejaia are, for the majority, conscious of the necessity to be
opened on the external environment, to monitor and track its evolution, in order to adapt to changes.
Regarding their predisposition to develop a formal and a structured strategic scanning practice, it
depends on the existence of the above conditions, but also on the company itself, its priorities, its size,
and its competitive position in the market.
Key words: strategic scanning, contextual conditions, individual conditions, cultural conditions, dairy
firms.
ﻣﻠﺧص
ﻟﺘﺤﺴﯿﻦ وﺿﻌﯿﺘﮭﺎ ودﻋﻢ ﺗﻨﺎﻓﺴﯿﺘﮭﺎ ﻋﻠﯿﮭﺎ ﺑﺪﻣﺞ و ﻣﻤﺎرﺳﺔ.اﻟﻤﺆﺳﺴﺎت اﻟﺠﺰاﺋﺮﯾﺔ ﺗﻮاﺟﮫ ﺻﻌﻮﺑﺎت و اﺿﻄﺮاﺑﺎت ﻛﺒﯿﺮة ﺗﮭﺪد ﺑﻘﺎءھﺎ
ﻟﻜﻦ ﻣﻤﺎرﺳﺔ اﻟﯿﻘﻈﺔ اﻹﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ. و اﻟﻮﻗﺎﯾﺔ ﻣﻦ اﻷﺿﺮار اﻟﻤﺘﻮﻗﻌﺔ، اﻧﺘﮭﺎز اﻟﻔﺮص، ﻟﻠﺘﻤﻜﻦ ﻣﻦ ﺗﻮﻗﻊ اﻟﻤﺴﺘﻘﺒﻞ،اﻟﯿﻘﻈﺔ اﻹﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ
ھﻞ اﻟﻤﺆﺳﺴﺔ اﻟﺠﺰاﺋﺮﯾﺔ ﻣﺆھﻠﺔ و ﻣﺴﺘﻌﺪة ﻟﻤﻤﺎرﺳﺔ اﻟﯿﻘﻈﺔ: و ھﺬا ﯾﻮﺻﻠﻨﺎ ﻟﻄﺮح اﻹﺷﻜﺎﻟﯿﺔ اﻟﺘﺎﻟﯿﺔ.ﺗﻔﺮض وﺟﻮد ﺷﺮوط ﻣﻌﯿﻨﺔ
اﻟﺪراﺳﺔ اﻟﺘﻲ ﻗﻤﻨﺎ. اﻹﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ ؟ اﻟﻤﺮاﺟﻊ اﻟﻤﻮﺟﻮدة ﻣﻜﻨﺘﻨﺎ ﻣﻦ ﺗﺤﺪﯾﺪ ﻣﺠﻤﻮﻋﺔ ﻣﻦ اﻟﺸﺮوط اﻟﻀﺮورﯾﺔ ﻟﻤﻤﺎرﺳﺔ اﻟﯿﻘﻈﺔ اﻹﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ
وﺗﻘﯿﯿﻢ ﻣﺪى اﺳﺘﻌﺪادھﺎ ﻟﻤﻤﺎرﺳﺔ، ﻣﺆﺳﺴﺔ ﻟﻸﻟﺒﺎن ﻓﻲ وﻻﯾﺔ ﺑﺠﺎﯾﺔ ﻣﻜﻨﺘﻨﺎ ﻣﻦ اﻟﺘﺤﻘﻖ ﻣﻦ وﺟﻮد ھﺬه اﻟﺸﺮوط ﻓﻲ ﻛﻞ ﻣﺆﺳﺴﺔ12 ﺑﮭﺎ ﻓﻲ
ﻧﺘﺎﺋﺞ دراﺳﺘﻨﺎ ﺑﯿﻨﺖ أن ﻣﻌﻈﻢ ھﺬه اﻟﻤﺆﺳﺴﺎت واﻋﯿﺔ ﺑﻀﺮورة ﻣﺮاﻗﺒﺔ اﻟﺒﯿﺌﺔ اﻟﺨﺎرﺟﯿﺔ ﻟﮭﺎ ﻣﻦ أﺟﻞ ﻣﻌﺮﻓﺔ ﺗﻐﯿﺮاﺗﮭﺎ.اﻟﯿﻘﻈﺔ اﻹﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ
ھﺬا ﯾﻌﺘﻤﺪ ﻋﻠﻰ وﺟﻮد اﻟﺸﺮوط اﻟﺴﺎﺑﻘﺔ و ﻋﻠﻰ ﻣﻤﯿﺰات، ﻓﯿﻤﺎ ﯾﺨﺺ ﺗﮭﯿﺌﮭﺎ ﻋﻠﻰ دﻣﺞ و ﻣﻤﺎرﺳﺔ اﻟﯿﻘﻈﺔ اﻹﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ.و اﻟﺘﻜﯿﻒ ﻣﻌﮭﺎ
. و وﺿﻌﯿﺘﮭﺎ اﻟﺘﻨﺎﻓﺴﯿﺔ ﻓﻲ اﻟﺴﻮق، ﺣﺠﻤﮭﺎ، أھﺪاﻓﮭﺎ،اﻟﻤﺆﺳﺴﺔ
. ﻣﺆﺳﺴﺎت اﻷﻟﺒﺎن، ﻋﻮاﻣﻞ ﺛﻘﺎﻓﯿﺔ,ﻋﻮاﻣﻞ ﺑﺸﺮﯾﺔ, ﺷﺮوط ﺧﺎرﺟﯿﺔ, اﻟﯿﻘﻈﺔ اﻹﺳﺘﺮاﺗﯿﺠﯿﺔ:اﻟﻛﻠﻣﺎت اﻟرﺋﯾﺳﯾﺔ