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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Le code secret du Tarot de Marseille de Nicolas Conver


Les clefs de l’ésotérisme des bâtisseurs de cathédrales

2e Partie
Les Arcanes mineurs

Rom

Marc O. Rainville

Rom
marcorainville@yahoo.fr

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INITIUM

Les jeux de cartes à série ont une origine orientale. Le Tarot de Marseille ne fait
pas exception. Le jeu a probablement été emprunté à des Tsiganes vers la fin du
XIe siècle. Après leur exode des Indes, ces peuples errants sont passés par la
Perse avant de s’établir en Grèce. La langue du peuple rom, comme il s’appelle
lui-même, ainsi que ses productions culturelles sont redevables des lieux qu’il
fréquente. Le sens de l’identité de ses membres est suffisamment fort pour
résister à l’assimilation. Les nombreux emprunts qu’il fait ici et là ne font que
renforcer cette identité.

Ce nom de Tsiganes par exemple leur viendrait d’un séjour prolongé passé en
Grèce auprès d’une secte manichéenne qui se fait connaître dès le VIIIe siècle et
qui portait le nom d’Atzingane. Des éléments de culture hébraïque, égyptienne et
chrétienne, puisés au cours des voyages, se sont également retrouvés dans la
culture rom. Le Tarot préhistorique devait à chaque fois bénéficier d’apports
similaires. Le jeu aura finalement attiré l’attention d’un lettré européen.

Le travail d’adaptation a dû demander des ressources technologiques et du


temps. N’oublions pas que ce projet est une entreprise résolument moderne pour
son époque et même en avance sur celle-ci. Au XIIe siècle, seuls les monastères
offraient les conditions nécessaires pour réaliser un tel travail.

À cette époque, les moines ont l’obsession des codes secrets. Ils étudient la Bible
dans l’espoir d’y découvrir des contenus cachés. Ce sont les moines qui ont
réintroduit les bases de la cryptographie occidentale. Celles-ci avaient disparues
avec la chute de l’empire romain.

Comme nous le suggérons dans la première partie de cet essai, le jeu aurait
d’abord été adapté sous forme de manuscrit. L’abbé bénédictin Suger en avait les
moyens techniques. Nous savons qu’il avait accès à un atelier d’historiographie
ultra moderne, le scriptorium de Saint-Denis. Sous son impulsion, cet atelier a
produit de nombreux ouvrages historiques.

Quelle qu’ait été cette matrice Tarot, il est également possible qu’elle ait servi
concrètement de moule dès le XIIe siècle à un jeu en papier. Il aura fallu pour
cela que cette matrice aille à la rencontre du papier, qui ne se trouvait à l’époque
présent que dans le monde arabe, en Espagne, dans le royaume latin de
Palestine… et en Chine. Il est possible que Suger qui était le protecteur des
Templiers en Occident leur ait confié le jeu.

En parallèle avec leur intérêt pour les codes secrets, les moines de cette époque
bénéficient d’un climat qui favorise les arts mineurs. L’art du vitrail influence
l’enluminure. Les contraintes qui s’appliquaient aux productions des
enlumineurs disparaissent progressivement. Les manuscrits, les psautiers et les
bibles du XIIe siècle proposent des modèles d’une grande pureté.
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Quoiqu’il en ait été de cette forme initiale, ses concepteurs étaient moines, lettrés
de toute façon et férus d’Alchimie en plus. Nous n’avançons pas une telle
hypothèse à l’aveuglette. Le Tarot, comme les manuscrits et les édifices
religieux de cette époque, regorge de symboles alchimiques. Une seule chose est
vraiment sûre, les Arcanes majeurs et les Honneurs ont été dessinés ou
redessinés, nommés et codés par une seule personne ou par un groupe travaillant
sous la supervision d’une seule personne. Et cette personne parlait le français de
l’époque, la langue romane. La lingua franca était présente un peu partout en
France et autour du bassin méditerranéen.

•••

Des jeux similaires au Tarot ont existé en Orient. Mais le premier jeu de tarots
connu nous vient de l’Italie du XVe siècle. Cependant, l’imagerie du Tarot est
antérieure à cette période. Nous croyons que le jeu a été introduit et adapté en
France au XIIe siècle. Sa structure et une partie de son contenu sont antérieures à
son arrivée en Europe mais le jeu qui nous est parvenu provient bien du Moyen
Âge français.

Si notre hypothèse est exacte, près de trois siècles s’écouleront avant que le
Tarot ne fasse surface historiquement en Italie. Trois siècles au cours desquels
seuls quelques exemplaires auraient circulé hors du circuit initial. Trois siècles
qui ont vu naître et prospérer d’abord l’Alchimie ésotérique occidentale et
ensuite la redoutable Inquisition. Il est peu probable que le Tarot ait été confié à
des peintres ou enlumineurs laïcs pendant cette période. Quant aux maîtres
cartiers, leur profession n’existait pas encore au XIIe siècle.

Les recherches alchimiques abondent dans les monastères à cette époque, à tel
point que l’Église tente de les enrayer par de nombreux décrets. Dès le XIVe
siècle toutefois, un vent de folie s’empare des échelons supérieurs du clergé et il
n’y a pas un cardinal ou un évêque de la Chrétienté qui ne consacre de
ressources pour tenter de changer le plomb en or.

Le Tarot est lié à la naissance de l’Alchimie médiévale européenne, nous allons


le découvrir. Il est donc tout sauf profane comme le prétendent certains devant
l’absence d’évidences en ce domaine. Le système se veut porteur d’un sens
caché, on ne peut en douter lorsqu’on prend la peine de l’étudier sérieusement.
L’ensemble des signes qu’il propose à l’examen repose sur une structure
géométrique simple, le cercle. Chaque lame est le support de signes
iconographiques qui racontent une histoire. Chacun d’eux permet à l’intellect de
se satisfaire, aux émotions et à l’intuition de se déployer. Le Tarot trouve
toujours le moyen de faire impression sur la conscience de celui qui le consulte.

Le jeu qui nous est parvenu est ce qu’on appelle un livre muet. Il est à classer
aux côtés du Mutus Liber des alchimistes, du Zohar de la Cabale hébraïque,
lequel incidemment est composé en Espagne au XIIIe siècle même si les

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éléments de cette doctrine circulaient déjà depuis des siècles. Il semble bien que
le Mutus Liber ait été composé par des alchimistes qui connaissaient le code.

MUTUS : 33. LIBER : 44. Deux multiples de 11 dont le total donne 77.
Référons-nous maintenant à une maxime pour donner une idée du contexte que
nous voulons évoquer : La parole est d’argent, le silence est d’or. OR : 33.
ARGENT : 44. Total, 77. Et si on prend les lettres du code mineur pour ces
quatre mots, UUSBN, on obtient à nouveau 77.

Le Tarot, livre muet, ne se pose pas uniquement comme une invitation à


l’intuition. C’est un texte, une célébration du langage, du Verbe. Ses images sont
des devinettes qui portent des noms. Cet essai propose des outils, des pistes, pour
percer rationnellement le mystère de leur identité. Nous ne sommes pas loin de
penser que le Tarot était l’outil privilégié des praticiens de la reine des sciences
au XIIe siècle, la Grammaire.

La langue française a ceci de particulier qu’on dit d’elle qu’elle fut créée afin de
remplir une fonction quasi sacerdotale auprès des initiés aux Mystères. Cet essai
amène de l’eau au moulin de ceux qui estiment que les mots qui la composent
ont fait l’objet d’un codage systématique. C’est aussi dans le sens d’une telle
lecture de l’histoire que nous suggérons d’aborder l’étude du Tarot. Le jeu est à
notre avis la clef de voûte d’un édifice qui associe ses éléments écrits et
picturaux aux sciences de l’époque, qu’elles soient sacrées ou profanes.

L’ouvrage du Tarot est intimement lié à l’Europe du Moyen Âge et à la langue


française même s’il est, nous l’avons dit, imprégné d’apports extérieurs à ce
territoire. Le Tarot est un microcosme. Cependant, l’aspect souvent
irrévérencieux de parties de l’ensemble donne l’impression qu’il a été conçu par
des observateurs critiques - et qui ne manquaient pas d’humour - opérant un peu
en retrait de la société qu’ils dépeignaient.

C’est donc également une œuvre d’art.

Nos travaux portent sur quelques-unes des clefs de ce chef-d’œuvre


d’ingéniosité. Nous ne prétendons pas avoir tout dit ce qu’il y avait à dire sur lui.
Cependant, le cadre d’interprétation redécouvert ici devrait permettre d’établir
les bases d’une compréhension éclairée pour les amoureux du jeu et peut-être
aussi d’établir un pont vers des chercheurs œuvrant au sein d’autres disciplines.

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Les Arcanes mineurs

Dans la section qui suit, nous comptons exposer brièvement les principes
mathématiques qui se proposent à la réflexion lorsqu’on a affaire aux Arcanes
mineurs numérotés du Deux au Dix. En divination, on reconnaît à ces principes
un caractère utilitaire qui peut servir de support à la prise de décisions
concernant les affaires courantes de la vie quotidienne. Lorsque cela sera
possible, nous tenterons également d’identifier des éléments historiques ou
symboliques autres que les nombres qui pourraient se retrouver sur certaines
lames.

Les As et les Honneurs font l’objet quant à eux d’un décodage systématique.
Chaque As fait référence à la potentialité initiale qui préside à l’ensemble auquel
il appartient. Les Honneurs représentent les types humains qui y déploient une
activité. Dans le cas des Honneurs, un double système a été utilisé par ses
auteurs. Le premier fait appel au codage du nom de chaque lame et le second à la
dissimulation d’un ensemble de points dans leur graphisme.

Nous émettons également l’hypothèse que le codage de ces cartes devait les
relier aux quatre arts libéraux à caractère mathématique du quadrivium étudiés
au XIIe siècle dans les Grandes écoles monastiques et plus tard, à l’Université. Il
est possible que les figures reproduisent certaines des données que l’on
retrouvait dans les traités de géométrie pratique. Hughes de Saint-Victor, qui est
une des influences principales de Suger, est l’auteur d’un Practica Geomatria
dans lequel il traite de la mesure des hauteurs, des aires et des volumes.1

De son côté, l’abbé bénédictin Robert de Chester traduit et commente de


nombreux traités mathématiques arabes. « Un autre texte important, traduit en
latin au XIIe siècle est le traité d’algèbre d’Al-Khwarizmi. Il est composé de
trois parties mais seules les deux premières furent transmises, séparément, à
l’Occident. La deuxième partie traite de problèmes proches de ceux de la
géométrie pratique. La première partie, traduite par Robert de Chester en 1145
(…) contient les solutions de six types d’équations du second degré et définit le
vocabulaire usuel de l’algèbre. » 2 Et si l’on retrouvait dans le Tarot des
exemples de ce vocabulaire ?

Robert de Chester a été associé à une certaine période au moine allemand


Hermann de Carinthie ; ensemble, ils s’adonnaient à des recherches sur
l’astrologie. En 1141, l’abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, « réussit à éloigner
Hermann et Robert de leurs études d’astrologie, moyennant une riche
récompense, pour qu’ils se consacrent » 3 à des traductions d’ouvrages de l’arabe

1
Dictionnaire du Moyen Âge, p. 893
2
Dictionnaire du Moyen Âge, p. 893
3
Id., p. 671
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au latin. C’est ainsi que Robert a traduit le Coran, notamment. Il traduira un peu
plus tard un important traité alchimique.

Tous ces moines ont à peu près le même âge que Suger.

Il y a cinquante-six Arcanes mineurs. C’est au Xe siècle que l’évêque Wibold (?-


985), du diocèse de Cambrai, introduisit son système à cinquante-six Vertus
(Foi, Espérance, charité...) auxquelles ne correspondirent autant de Vices que
plus tard et dans un autre contexte, celui de l’illustration pieuse ou codée des
frontons et des frises de cathédrales. Ce Wibold s’est basé pour arriver à
cinquante-six aux combinaisons possibles générées par le tirage de trois dés. Son
jeu, baptisé le Ludus regularis seu clericalis, visait à édifier les clercs tout en
leur permettant de se délasser. Ce nombre est passé par la suite du monde du jeu
de dés à celui des cartes à jouer.

Notons en ce qui concerne les représentations médiévales du jeu de dés une


particularité intéressante. Les dés ne sont jamais représentés à une échelle
réaliste. Ils semblent toujours déborder des mains qui les lancent ou occuper
presque tout l’espace de la table qui les reçoit. Ceci sans doute pour permettre
d’illustrer avec une précision acceptable les chiffres exprimés par leurs faces.
Ainsi, des dés tablés apparaissaient rarement accompagnés d’autres objets,
exception faite parfois d’un voisinage avec des pièces de monnaie.

Enfin, le marquage antique des dés restera le même jusqu’au XIIIe siècle. Le 1
s’oppose au 3, le 2 au 4 et le 5 au 6. Par la suite, la pointure sera identique à celle
de notre époque. Le total de deux faces opposées sera toujours sept. Nous
proposerons nous aussi une pointure, applicable aux lames mineures du Tarot
marquées de 2 à 9, dont le total donne 11.

•••

D’entrée de jeu, nous dirons tout net que le choix des meubles qui composent les
Arcanes mineurs relève encore une fois des mathématiques. Nos bâtons, coupes,
deniers et épées sont codés mur à mur.

BATON COUPE DENIER ÉPÉE : B, C, D, E : 2+3+4+5 : 14, le nombre de


lames, du 2 à l’As, dans une série.

Dans le Palais, la Grande Roue du Tarot, les Arcanes mineurs s’insèrent de cette
façon dans sa structure extérieure :

BATON EPEE

DENIER COUPE

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BE

DC

Ce qui donne

25

43

Ou

Notons que la progression des quatre séries, B, C, D, et E, dans le schéma de la


Grande Roue ou du Palais n’est pas circulaire. Il y a une descente et une
remontée qui se font en X ou en croix. L’ensemble des quatre séries d’Arcanes
mineurs s’inscrit dans le cercle comme une croix. Notons que le total des
éléments du niveau supérieur, ionien, BE du cercle est identique à celui du
niveau inférieur, dorien, DC, 7 et 7. C’est le nombre de la voie alchimique, 7. Il
y a deux voies.

Le total des deux branches de cette croix quant à lui est pour l’une de 5 (BC), et
pour l’autre de 9 (DE). L’axe transversal Bâton-Coupe relève de la symbolique
du 5 et l’axe Denier-Épées, du 9. Ceci nous amène à considérer le premier
comme horizontal, relationnel, et le second vertical, spirituel.

Baton (I, II, III, IV.) Épée (VI, VII, VIII, IX.)

Denier (XVI, XVII, XVIII, XIX.) Coupe (XI, XII, XIII, XIV.)

Nous avons ajouté aux quatre séries les quatre Arcanes majeurs qui leur
correspondent, tel que nous l’illustrons dans la grande roue du Tarot placée au
début du Tome I de cet ouvrage. Le codage des Honneurs permet de confirmer
ces positions, comme nous allons le voir maintenant.

Mais, et il est utile de le rappeler, la principale leçon à tirer de la découverte de


cette séquence BCDE au niveau symbolique est la suivante: le parcours
alchimique passe d’abord par les acquisitions rationnelles du monde de la pensée
(B...), suivi par celles qu’entraîne la « chute » au niveau émotionnel (C...),
souvent fort déstabilisantes car ici on est laissé seul face à soi-même, celles
ensuite de la survie, du ré enracinement progressif à tous les niveaux de l’être, de
la découverte de ce qui en fait la spécificité, en un mot, du trésor (D...), pour
enfin, dans une remontée héroïque, revenir au monde et partager avec la

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communauté ce que les autochtones des plaines du Nouveau Monde appellent la


Médecine personnelle (E...).

Parcours en croix donc, descente et remontée entre deux niveaux, qui se


terminent par ce qui est illustré par la synthèse que représente l’As d’Épée,
trancher dans le vif, faire sa marque au risque parfois de perdre quelques plumes
ou même d’y laisser sa peau. À ce niveau, on est porté, comme au point de
départ, par la main du Destin.

Nous conseillons fortement à nos lecteurs de toujours garder en mémoire les


quatre séries d’Arcanes majeurs qui correspondent à cette séquence BCDE.
Rappelons-les pour mémoire :

B I, II, III et IV.

CXIV, XIII, XII et XI.

D XIX, XVIII, XVII et XVI.

E VI, VII, VIII et IX.

Nous avons vu que le total de la première lettre de chacun donnait 14 et que


chacune d’elle s’insérait dans la séquence ordonnée 2-3-4-5. Il nous faut
maintenant considérer le codage apparent de la totalité de chacun de ces quatre
mots.

Rappelons que ces mots, ces objets, ont une valeur symbolique. Et qu’est-ce
qu’un symbole ? Citons l’auteure Tchalaï : « Étymologiquement, le symbole
désigne deux mouvements ascendants, partant de deux points différents pour se
rencontrer en un point situé plus haut. » 4 À l’origine, c’était un objet partagé
entre deux personnes. Les deux moitiés étaient quasi identiques. Réunies
permettaient à leurs détenteurs respectifs de se reconnaître. Symbole vient du
grec, sumbolon. Cette traduction ne peut qu’être le fait d’un grammairien du
Moyen Âge qui connaissait le code. À preuve :

SUMBOLON : 13+15+12+15= 55. Avec les lettres du code mineur maintenant :


SUMBOLON : 19+21+2+14= 56. Ce mot est composé de deux parties à valeurs
quasi-égales. Dans sa traduction française : SYMBOLE : 13+15+12+5= 45.
Répétons l’exercice avec les lettres hors code majeur : SYMBOLE : 19+25+2=
46 ! À nouveau des valeurs quasi-égales. Le mot symbole est lui-même un objet
partagé en deux parties équilibrées.

Nous allons maintenant appliquer le code aux meubles des Arcanes mineurs.
Notons toutefois avant de commencer que trois séries sur quatre se présentent au
singulier. Il n’y a que les Deniers qui aient droit au S final, et encore, le Valet de
cette série fait-il exception. Donc, en comptant bien, 13 Arcanes sur 16 laissent
4
Tchalaï, Le Tarot, p. 37
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trois d’entre eux faire cavalier seul ou plutôt cavalier accompagné d’un S. Il nous
est apparu que l’emphase est mise ici sur 3 et sur 13. 3 et 13, c’est 3 x 13 qui
donnent 39, la demie de 78, souvent rencontré plus haut. 39, en tarotique
appliquée, c’est l’équivalent de demi, de symbole, de coupe.

Le message ayant été reçu, nous allons prendre la liberté de remettre nos
meubles au pluriel. Procédons :

BATONS : 1+20+15= 36. BATONS : 2+14+19= 35.

COUPES : 3+15+16+5= 39. COUPES : 21+19= 40.

DENIERS : 5+9+5+18= 37. DENIERS: 4+14+19= 37.

EPÉES: 5+16+5+5= 31. EPÉES: 19.

Le cas des Épées pose problème mais les autres résultats sont édifiants.
Revenons sur nos... lames :

EPÉES : 5+16+5+5= 31. EPÉES : 19.

Nous sommes à la recherche d’un équilibre qui semble absent ici. Ce sont les
éléments graphiques de l’As d’Épées qui vont nous apporter la solution. Nous
avons sur cet Arcane une lame, une couronne et une branche tranchée en deux.
C’est justement cette branche aux deux parties séparées qui représente notre
sumbolon ! De plus, le mot branche s’analyse ainsi :

BRANCHES : 18+1+3+8+5= 35.

BRANCHES : 2+14+19= 35, parfaitement équilibré !

•••

Notons maintenant un élément capital. La somme en mode majeur du nom des


quatre séries des Arcanes mineurs, 36+37+39+31, donne 143. Nous sommes à
une unité près du nombre 144, celui de la Jérusalem céleste. 5 À nouveau, à une
unité près, l’ensemble des mineures, la périphérie du Palais du Tarot, correspond
à un des concepts religieux les plus importants au XIIe siècle, la Jérusalem
nouvelle, la citadelle divine qui est aussi au centre de Le monde, le cœur du
Palais du Tarot.

Cette unité absente, c’est le Un. Le Un, en métaphysique néoplatonicienne, c’est


Dieu. Si Un est porté manquant dans 144, dans cette représentation de la
Jérusalem céleste, c’est dire que Dieu n’y est pas. À partir de ce constat, une
conclusion s’impose. Les concepteurs du Tarot indiquent avec ce codage que la
structure du Tarot est un réceptacle vide. Il faut pour l’animer y inviter l’Un.
5
Ap. 21 : 17
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C’est vraiment indiquer clairement que cette structure est un oracle. De nos
jours, l’opérateur qui s’en approche, qui l’utilise, doit y insérer la part de sacré
qu’il porte en lui. La nature de celle-ci varie avec chaque individu. Mais au
Moyen Âge, ses premiers utilisateurs étaient pétris de la matière religieuse
particulière qui est un des propos de cet essai. Nul besoin de rappeler ici que la
symbolique des nombres en était une des constituantes principales ! La grande
découverte cependant, c’est de voir à quel point le Tarot a dû être un instrument
d’uniformisation spirituelle.

Il existait probablement à l’origine une façon particulière de s’approcher du


Tarot, un rituel dont nous ne savons rien.

•••

Concluons sur la présence de végétaux dans les Arcanes mineurs.

L’architecture du Moyen Âge fait place belle aux végétaux lorsque vient le
temps de décorer la frise d’une belle église par exemple ou ajouter aux motifs
d’un vitrail ou d’une grille. Le règne végétal symbolise la vie. Il est le protégé
des divinités féminines du Panthéon de la Grèce antique. L’Islam l’identifie à la
croissance de la gnose.

L’exemple qui suit illustre une grille en fer forgé de l’église abbatiale de Saint-
Denis vers la fin du XIIe siècle. On reconnaît sans peine ici le modèle qui a peut-
être donné naissance aux Arcanes mineurs.

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Spécimen de grille en fer forgé de l’église abbatiale de Saint-Denis, fin du XIIe siècle. Croquis de Viollet-
Le-Duc

Le fer n’était pas le seul matériau utilisé. Viollet-Le-Duc nous informe que : «
L’abbé Suger avait fait faire pour son église des grilles en cuivre fondu (…). » 6
Suger, encore lui… Ses grilles de cuivre devaient être encore plus
magnifiquement ouvragées que celle en fer qui est présentée ici.

6
Viollet-Le-Duc, Encyclopédie médiévale, p. 511
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Les Bâtons

La série des Bâtons correspond aux Arcanes majeurs numérotés de I à V. L’As


représente les Arcanes numérotés de I à IV. Le 10 est associé à l’Arcane V, Le
Pape. Le 2 et le 9 correspondent au Bateleur, le 3 et le 8 à la Papesse, le 4 et le 7
à l’Impératrice et le 5 et le 6 à l’Empereup. Les bâtons sont regroupés en
faisceaux sur les lames mineures, tout comme les épées d’ailleurs. C’est un
symbole d’union, il y a peut-être là une piste à suivre. Et il faut lire sur Bâton et
Baguette dans le Dictionnaire des symboles.

Le Valet de Bâton correspond au Bateleur.

VALET DERATON° : 22+1+12+5+20 = 60. 5+18+1+20+15 = 59. 60-59 = 1.


Notons que dans l’édition Héron du Conver, le B de Bâton a été remplacé dans le
cartouche de l’Arcane par un R. Quant au point qui suit le raton, il est là pour
signaler la soustraction du second membre de l’équation du premier.

Ce valet a les bras en croix. Il porte le bois du sacrifice, comme Isaac. C’est une
analogie symbolique pour représenter le Christ portant sa croix. C’est ici un
bâton, une croix inversée cependant, qui rappelle les supplices des apôtres
Philippe et Pierre, crucifiés tous deux la tête en bas. Philippe a d’abord été roué
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de coups de verges, crucifié puis lapidé. C’est lui que Suger illustre ici. L’apôtre
porte de façon voilée deux des instruments de son supplice, la verge et la croix.
La Légende dorée illustre la même chose.

Notons que, dans la région parisienne au XIIe siècle, le terme de valet était
employé pour désigner un ouvrier membre d’un corps de métier. Par la suite, le
valet ou ouvrier spécialisé sera nommé compagnon. Son statut sur le chantier le
situe entre les apprentis et les maîtres. « L’ouvrier ou valet jouit d’une plus
grande liberté (que l’apprenti), ses obligations et ses droits sont mieux définis et
mieux protégés. » 7 Les valets du Tarot ne sont donc pas des écuyers ou des
domestiques comme on le pense généralement. Leur symbolisme caché doit être
recherché en les replaçant dans le contexte religieux qui présidait à l’érection des
cathédrales.

Le Cavalier de Bâton correspond à la Papesse.

7
Martin Blais, Sacré Moyen Âge, pp. 76-77
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CAVALIER°DEBATON° : 3+1+1+12+12+9+5+18 (x 2) = 142. 5+1+20+15=


41. 142 - 41 = 101. 1+1 = 2. La monture de ce cavalier porte à l’encolure un petit
gibet inversé auquel est pendue la lettre F dont la valeur de 6 permet de résoudre
l’équation du Pendu qui est situé en face ou derrière lui dans la roue du Tarot.
Voilà pourquoi ce cavalier se retourne.

Lui aussi porte le bois du sacrifice. Son bâton est droit. Mais comme lui-même
se retourne, c’est encore une image de renversement pour illustrer l’Antéchrist.

La Reyne de Baston correspond à l’Impératrice.

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REYNE DE BASTON° : 18+ 5+ 5 + 5+1 + 20 +15 = 69. 69 x 2= 138. 1+3+8=


12. 1+2= 3. La somme des lettres hors code donne 78.

La couronne qui est le symbole de sa charge repose sur l’abondante chevelure


décoiffée du personnage, un signe de dérèglement mental. La fine couronne de
laurier qui s’ajoute à l’ensemble pourrait rétablir un semblant d’équilibre. Elle
est le signe de la gloire et de l’immortalité. Mais un serpent présentant le signe
d’une profonde affliction est dissimulé dans cette chevelure, derrière le bâton ;
sans doute a-t-on voulu rappeler ici le bâton de Moïse qui peut se transformer en
serpent ou faire jaillir des sources. La base de ce bâton est située au niveau de la
fertilité de la dame.

Le reptile se confie à la reine et lui instille son venin à l’oreille. Sans doute est-il
en train de jouer sur deux registres, d’abord celui de son statut de serpent,
victime et bouc émissaire, et puis celui où il a le plus de chances d’être entendu,
le point faible de notre reine, son désir… de gloire et d’immortalité.

Cette reine porte donc un bâton, un gourdin ou une massue. La massue a le


même sens que la foudre. Elle représente l’intuition qui donne accès à la
connaissance primordiale. Mais elle peut être aussi symbole de destruction.8
8
Voir Le dictionnaire des symboles à Massue
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Dans la symbolique architecturale du Moyen Âge, le gourdin représentait la


folie, tout comme les cheveux dénoués. Le gourdin deviendra la marotte du sot,
du fou, du mat. Un jeune homme porte un gourdin ici, sur la rose de Notre-Dame
de Paris.

Le gourdin vise la tête. Nous avons représenté ici à la fois vice, le gourdin et
vertu, la couronne. Ce dualisme est plus proche de la réalité de l’expérience
humaine que celle qui est traditionnellement symbolisée au XIIe siècle sur les
parois des cathédrales par l’opposition de personnages monolithiques, Vice ou
Vertu, ceux-ci ne pouvant cohabiter en une seule représentation comme c’est le
cas ici avec le Tarot.

L’auteur a pris soin de graver un S majuscule

dans le baston de cette reine. On se demande pourquoi. Notons en passant que


l’auriculaire à la base de ce baston enfonce un clou ! On remarque la présence
d’un clou qui s’insère dans une entaille au niveau des hanches de la dame, sous
son petit doigt. Il s’agit d’un symbolisme sexuel, tout comme le serpent
d’ailleurs. En latin, clou est clavis. L’addition biblique donne :

CLAVIS : 3+12+1+22+9+19= 66. 6 lettres, 666. Un clou au niveau de l’utérus,


c’est le symbole de la promesse que fit Dieu à Ève pour la punir d’avoir cédé au
serpent. Tu enfanteras dans la douleur…

On cherchera en vain dans cette lame la fameuse pomme de discorde. On la


trouvera en regardant bien chez le voisin. Cette Reine de Bâton est loin de nous
avoir révélé tous ses mystères. Mais elle nous révèle ici son humanité.

Le Roy de Bâton correspond à L’empereur.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

ROY°DE BATON IIIII: 18 +15 (x 2) = 66. 5. 1+20+15 = 36. 5. 5 +36 +5 = 46.


66 + 46 = 112. 1+1+2 = 4. 112 est le même résultat proposé par l’équation de
L’empereup. Suger a rédigé plusieurs chartres juridiques pour le compte de
Louis VII qui reconnaissaient à ce dernier des prérogatives impériales
(imperium). Le Roi de Bâton lève les talons. Cette image rappelle un édit de
Suger où le conseiller royal affirme que nul n’a le droit de lever le talon contre
le roi et la couronne. 9

Le bâton de ce roi suggère qu’il a un usage technique. Sa pointe rappelle celle du


compas (48). Elle repose sur un des talons (48) du personnage. Le mot talon
désigne également la partie opposée à la pointe d’une lame, celle qui s’insère
dans un manche. On dit aussi la soie (48) d’une lame. On retrouvera cette lame
chez la Reine de Coupe.

Mais on peut relier ce roi à reine de la même série, les Bâtons. Celle-ci porte un
gourdin, arme qui menace la tête. Quant à lui, il brandit son bâton vers le talon.
En reliant les deux images, celles de la menace sur une tête et un talon, on recrée
un passage de la Genèse qui décrit l’hostilité entre l’homme et la femme voulue
par Dieu. Le Seigneur s’adresse ainsi à Adam :

9
Michel Bur, Suger, p. 300
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Gn, 3 : 15

Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa


descendance. Celle-ci te meurtrira à la tête, et toi, tu la meurtriras au talon.

Notre roi semble faire preuve de sagesse en retournant son agressivité contre lui-
même. Ce n’est que justice. La pomme de discorde que nous avons cherchée en
vain chez la Reine de Bâton se trouve ici, au masculin, tout près du talon, entre
le bâton et sa pointe, sous forme de… pommeau.

Le monde des Bâtons est celui des Idées, de la logique et de la rationalité. C’est
celui de l’Ange de l’Arcane Le monde. Il correspond peut-être à la géométrie,
une des quatre sciences du quadrivium.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Les Coupes

La série des Coupes correspond aux Arcanes majeurs numérotés de XI à XV.


L’As représente les Arcanes numérotés de XI à XIV. Le 10 est associé à
l’Arcane XV, Le Diable. Le 2 et le 9 correspondent à Tempérance, le 3 et le 8 à
l’Arcane sans nom, le 4 et le 7 au Pendu et le 5 et le 6 à La Force.

Le Valet de Coupe correspond à Tempérance.

VALET DE COUPE : 22 + 1 + 12 + 5 + 20 = 60. 5. 3 + 15 +16 + 5 = 39. 60 + 5


+39 = 104 ou 14. Ce valet a l’air bien sage ; son profil fait penser à celui de
l’Hermite. En effet, chacun voile un accessoire, le valet sa coupe et l’hermite sa
lanterne (en latin, lucerna). Il y a parenté graphique évidente entre les deux
Arcanes, une parenté qui donne matière à réflexion sur le sens de ce valet. Mais
il y a également parenté numérique codée.

COUPE : 3+15+16+5= 39.

LUCERNA : 12+3+5+18+1= 39. Rappelons que l’abbé Suger avait baptisé sa


basilique, Lucerna.
Rom
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+
-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

La couronne de fleurs que ce valet porte au front va nous mettre sur une piste.
Lors de l’antique fête juive des tabernacles, les prêtres portaient de telles
couronnes. De plus, la cérémonie se déroulait sous des abris de feuillage. La
coupe du Valet est recouverte elle aussi. Enfin, le symbolisme de la coupe dans
le Tarot est associé à celui du tabernacle. Cf. l’As de Coupe. Le Valet de coupe
est un symbole pour représenter le juif. (L’Hermite l’est également. JUIF : 9 !)

Mais il ne s’agit pas de n’importe quel juif. Certains éléments graphiques, la


coupe du personnage et son manteau, suggèrent qu’il pourrait s’agir ici de la
représentation d’un apôtre. Dans les récits de la vie des apôtres tirés des
évangiles apocryphes, le manteau de saint Jean recouvrant des cadavres les
ramène à la vie. Le manteau de saint Jacques délivre un captif du sortilège qui le
liait. Quant à la coupe, celle qui fut présentée à saint Jean par Aristodème, elle
contenait du poison. Comme il survécut à l’épreuve, le Moyen Âge prit
l’habitude de représenter le saint un calice à la main.10

La coupe de notre valet est couverte par son manteau. Nous croyons qu’il s’agit
ici d’une représentation de saint Jean, l’instrument de son supplice à la main. Le
manteau illustrerait la protection magique ou divine accordée au saint. La
légende veut que saint Jean ne soit pas mort. Notons qu’il est toujours représenté
sous les traits de la jeunesse, imberbe, malgré le grand âge qu’il est réputé avoir
atteint.

Ce Valet correspond à Tempérance dans la roue du Tarot. Dans ce mot il y a


érance ou errance, comme dans l’expression juif errant. De plus une queue de
chat sort de la poche du personnage. On devine donc un chat sous son manteau.
Le juif dissimule, c’est bien connu. Ici, il a un chat sur la peau, une allusion à la
luxure. C’est aussi un jeu de mot pour chapeau, chat-peau. Mais il ne porte pas
ce chapeau, il semble l’avoir à la main, il n’assume donc pas la responsabilité de
son crime, comme dans l’expression porter le chapeau. Ce chapeau à la main
n’en est pas vraiment un, c’est un couvercle de coupe, ou de pot (peau !). Enfin,
la poche d’où sort ou entre la queue est étroite ; une ouverture étroite rappelle les
paroles de la Bible, n’entre pas qui veut au royaume de Dieu… Faut-il rappeler
la métaphore du chameau et du chas de l’aiguille ?

Le Cavalier de Coupe correspond à l’Arcane sans nom.

10
Comme par exemple dans La légende dorée. Voir Émile Mâle, L’art religieux du XIIIe siècle en
France, pp. 542-50
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

CAVALIER DE°COUPE : 3 + 1 + 22 + 1 + 12 + 9 + 5 + 18 + 5 (x 2) = 152. 3


+ 15 +16 + 5 = 39. 152 -39 = 113 ou 13. Le cent qui est de trop se trouve dans la
coupe (cent ou sang...).

Cavalier - Début du XIIe siècle - Chapiteau d’Airvault

La Reyne de Coupe correspond au Pendu.


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+
-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

REYNE°DE COUPE : 18+5+5 (x 2) = 56. 5. 3 +15+16+5= 39. 39+5= 44. 56-


44= 12. Cette reine trône sous un baldaquin. Elle porte une lame à la main qui a
l’allure d’une aiguille (48). On en aperçoit le chas à la base, un lien avec le Valet
de Coupe. La petite ouverture est dominée par un bouton. Cette partie de
l’ensemble évoque une vulve. Elle est d’ailleurs située au niveau correspondant.
C’est comme si on avait voulu suggérer ici une analogie entre l’énergie sexuelle
féminine et la coupe.

Il y a rencontre entre cette ouverture et la pointe du compas du Roy de Bâtons.


Les deux personnages sont faits l’un pour l’autre. Cette reine ressemble un peu à
l’image d’Espérance, la croix et la bannière en plus, dessinée par Villard de
Honnecourt :

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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Le Roy de Coupe correspond à La Force.

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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

R0Y DE COUPE IIII : 18 +15 =33. 5. 3 + 15 +16 + 5 = 39. 33 + 5 + 39 = 77.


77 x 4 = 308. 3 +8 = 11.

La hampe de la coupe de ce roi est brisée. Le personnage semble composer avec


cette situation en fournissant un effort constant pour maintenir ensemble les deux
parties. Ces deux parties séparées sont la représentation du symbolon, réunies.
Le symbolon est ce morceau de bois rompu dont les deux parties servaient de
signe de reconnaissance aux conspirateurs de la Grèce antique. Le roi se
reconnaît lui-même ! Il représente l’initié qui cherche à réunir les éléments
complémentaires de sa nature.

Notons également que le roi porte un cordon autour de la taille. C’était


également un signe de reconnaissance. Lorsqu’ils furent pourchassés, les
Cathares s’habillèrent comme tout le monde. Mais ils portaient sous leurs
vêtements ce cordon symbolique. On disait d’eux qu’ils étaient alors « revêtus et
parfaits ».

On retrouve ce cordon ou cordelette dans le manifeste royal du 14 octobre 1307


qui explique à la populace l’arrestation des Templiers. Selon ce manifeste, les
Templiers seraient coupables de rites obscènes et d’apostasie. Ils porteraient sur
eux une cordelette déposée précédemment sur une statuette du Baphomet.
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Le monde des Coupes est celui de l’Émotion, du Sentiment. C’est celui du lion.
Nous l’associons à la musique, une des quatre sciences du quadrivium.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Les Deniers

La série des Deniers correspond aux Arcanes majeurs numérotés de XVI à XX.
L’As représente les Arcanes numérotés de XVI à XIX. Le 10 est associé à
l’Arcane XX, Le Jugement. Le 2 et le 9 correspondent au Soleil, le 3 et le 8 à La
Lune, le 4 et le 7 à L’Étoile et le 5 et le 6 à La Maison-Dieu. Le denier était
l’unité monétaire romaine par excellence. Le monde médiéval ne frappa d’abord
que des deniers. À partir du VIIe siècle (675) et jusqu’au XIIIe, c’est la seule
pièce de monnaie en circulation.

Le Valet de Denier correspond à Le soleil.

VALET DE°DENIER° : 22 + 1 + 12 + 5 + 20 +5 (x 2) = 70. 5 +9 +5 +18 (x 2)


= 74. 70+74= 144. C’est une solution qui diverge de la norme. Mais comme ce
nom n’apparaît pas dans un cartouche mais dans la marge et qu’il s’inscrit
verticalement, on comprend que nous avons ici affaire à une symbolique
ascensionnelle. 144, c’est le nombre de la Jérusalem céleste. Voilà une image
d’ascension classique. Par définition, toute symbolique a un caractère
ascensionnel, comme nous le rappelait Tchalaï un peu plus haut. Ce valet ne fait

Rom
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+
-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

que nous expliquer le B, A, BA de la nature du symbole. Le message symbolique


ici est donc… la nature symbolique elle-même.

Ce message est renforcé par l’attitude du personnage, le jeu de ses doigts


notamment. Il prend une mesure quasi graduée des éléments qu’il a en main, ici
un denier et une section de sa ceinture. Il analyse. L’intellect agent lui donne la
solution des énigmes symboliques. On supposera que l’intuition fait partie du
processus. Tchalaï nous rappelle que le symbole (sum-bolo) réunit. Le diable
(dia-bolo) sépare.

Pourquoi l’un de ces deniers se retrouve-t-il sur le sol ? Il s’agit d’abord de la


Jérusalem terrestre. Mais aussi, pour nous rappeler la nature solaire de l’or
enfoui dans la terre. Les deniers procèdent de la nature de l’Arcane Le soleil.
Notons que le personnage porte presque le même chapeau que le Bateleur,
l’apprenti alchimiste en quête du métal précieux, locataire de l’axe I-IX. Il a le
même visage, les mêmes jeux de main.

Enfin, le rapport entre ces deux deniers quasi identiques se traduit par la formule
classique de la Table d’Émeraude : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en
bas ». À nouveau, avec ce valet, nous en sommes vraiment au B, A, BA de
l’ésotérisme.

Nous reconnaissons à nouveau, comme au Bateleur, la figure d’Hermès


Trismégiste, l’auteur de cette Table. Après tout, ne tient-t-il pas entre les doigts
de la main gauche une figure triangulaire ? La ceinture porte des pointes de
flèches orientées dans deux directions, le haut et le bas.11 C’est une signature, le
signe d’un pouvoir. Dans la version Héron, le pouce et l’index gauches sont
quasi identiques. La somme codée des deux mots, en mode majeur, l’est
également ! C’est une double façon de représenter le sumbolon.

Le Cavalier de Deniers correspond à La Lune.

11
Voir les entrées Ceinture et Flèche dans Le dictionnaire des symboles
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

CAVALIER°DED°ENIERS: 3 + 1 + 22 + 1 + 12 + 9 + 5 + 18 (x 2)= 142. 5 (x


2)= 10. 5 + 9 + 5 + 18 = 37. 142 + 10 + 37= 189. 1 +8 + 9= 18. Les points ou
losanges ne sont pas francs sur le jeu que nous avons.

Le personnage porte une massue à l’épaule. Au Moyen Âge, il était fréquent de


représenter les martyrs avec l’instrument de leur supplice à la main. Nous
pourrions avoir ici saint Jacques Le Mineur qui fut assommé au pied du temple
de Jérusalem.

La Reyne de Deniers correspond à L’Étoile.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

REYNE°DEDENIERS : 18+5+5 (x 2) = 56. 5+5+9+5+18= 42. 56+ 42= 98.


9+8= 17. La position de départ de cette reine dans la Grande Roue du Tarot est
bien l’Arcane XVII.
Une description de l’historien Louis Gillet devrait suffire à établir l’origine de
cette image. Il s’agit d’un des tableaux illustrant Vices et Vertus dans les
médaillons des cathédrales de Chartres et d’Amiens. « La Luxure est une femme
parée, trônant, tenant un sceptre et, sa toilette faite, se souriant dans un miroir.
Ces insignes disent tout : le sceptre, le pouvoir invisible, la royauté des femmes ;
le miroir, c’est leur vanité, leur infinie séduction, les ressources et les pièges de
leur coquetterie. »12 (Il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’une femme
tenant un miroir est également une des allégories pour la Vérité.)

Notons que le sceptre qui est tenu ici est celui des rois de France. C'est le même
qui est tenu par le personnage en VII, Le chariot et que nous avons identifié
comme étant Louis VII. Nous sommes donc en présence ici de la conjointe de ce
roi, Aliénor d'Aquitaine.

12
Louis Gillet, La cathédrale vivante, p. 255
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Voici une autre représentation de Luxure qui nous vient de la rose de Notre-
Dame de Paris :

Dans cet exemple, le miroir est rond lui aussi, comme un denier. Notons que

sous son denier/miroir, la reine du Tarot tient dans sa main un peigne.


À nouveau, un accessoire à la main d’un personnage issu d’une image du Moyen
Âge nous renseigne que nous sommes peut-être en présence d’un martyre et de
l’instrument de son supplice. Saint Blaise a quitté ce monde aux mains de
tourmenteurs qui le coiffèrent sans ménagements d’un peigne de fer. Saint Blaise
est le patron des maçons mais aussi des cardeurs et des tisserands. Mais nous
sommes en présence ici d’une dame. Et peut-être est-ce un peigne d’or qu’elle
tient à la main…

Le peigne est l’instrument de toilette que l’on utilise de préférence devant son
miroir, surtout si on est avenante. La Reine de Deniers est bien la seule qui
semble se soucier de sa coiffure dans ce jeu de cartes ! Elle correspond en tous
cas à la description que fait la tradition astrologique de Vénus/Aphrodite,
souvent représentée avec un miroir. Et le peigne d’or a une signification
symbolique toute particulière. Il représente le sexe féminin. Peigne en latin se dit
pecten, qui signifie aussi pubis. Le grec et l’italien utilisent également le même
mot pour désigner peigne et pubis.

Il est une figure païenne qui figure en bonne place dans l’imaginaire chrétien du
Moyen Âge. Il s’agit de la Sirène. L’Église lui a fait une chasse sans merci car
derrière elle se cachait une divinité païenne trop populaire, Aphrodite. Il y a
plusieurs types de Sirènes : femmes oiseaux, femme serpents, femmes
poissons… Cette dernière a comme attributs le peigne d’or et le miroir !

Sirène- Bestiaire Der Naturen Gloeme XIIIe s.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Le miroir a été attribué à la Sirène à cause de son association à Vénus/Aphrodite.


L'ensemble suggère à nouveau l'épouse de Louis VII selon la conception que
devait s'en faire Suger, le conseiller de Louis VII.

Mais cette bonne dame semble avoir de multiples personnalités. Nous croyons y
reconnaître aussi la déesse Europe. « La déesse Europe apparaissait sous la
forme d’une reine en grande robe tenant le cep de sa main gauche et le globe
impérial de sa main droite. (…) à l’horizontale (…) la couronne et la tête de la
dame forment le Portugal et l’Espagne ; le cou et l’encolure représentent la
France ; le buste regroupe les Allemagne ; le bras droit élève le globe impérial en
Italie ; le gauche tient le cep en péninsule scandinave ; les pieds s’appuient sur la
Chine… Mais le cœur, le cœur, c’était la Bohême. » 13

Ainsi parle Jean Bédard, le romancier québécois, dans son livre sur Comenius,
ce grand philosophe tchèque auteur de Le labyrinthe du monde et le paradis du
cœur ; il était senior des Frères de l’Unité, la secte des disciples de Jean Hus du
XVIIe siècle, jugée hérétique. Bédard décrivait ici une carte de l’Europe
imprimée en Bohème datant de 1592. Rappelons au sujet de L’Europe que ce
continent tient son nom de la déesse Europe, amante de Zeus et mère de Minos,
le roi de Crête qui fit construire le labyrinthe.

Avouons que cette Luxure cachait bien son jeu… LVXVRIA :


12+22+24+22+18+9+1= 108 ou 18. Le profil de cette reine est le même que
celui que l’on retrouve dans la lune de l’Arcane XVIII. Quelques notions de
psychanalyse vont nous être utiles ici.14 La Sirène est une figure lunaire et
vaincue. Notre Reine de Denier ne règne pas. Son pouvoir est ailleurs. Le sceptre
lui tombe des mains. Le roi solaire prend toute la place. Le christianisme
recouvre le paganisme comme la musique de la lyre d’Orphée recouvre le chant
des Sirènes poissons. C’est après cette défaite solennelle que les dieux de
l’Olympe leur accordent leurs accessoires.

Ceux-ci, à nouveau, sont le miroir ou le denier et un peigne à quatre dents.


Lorsque l’on traduit ces mots en latin, des similarités apparaissent :

Denarius, dens

speculum, pecten

De plus, on peut déplacer par association les dents du peigne à celles du denier.
Le denier a en effet des rouages, des dents. Ce denier est un miroir. C’est
maintenant le miroir/speculum qui a des dents. Speculum était utilisé comme titre
de livres en latin à destination des princes et de leur entourage. Ils évoluent pour
devenir des encyclopédies. On appelait ces livres, ou speculum, les miroirs des
princes. Ils prennent ce nom au XIIe siècle.
13
Jean Bédard, Coménius, p. 43
14
Argumentaire de la psychanalyste Csilla Kemenczei. Propos tenus lors d’une conférence donnée à
l’occasion du 30e anniversaire de la Société belge de Psychologie analytique Carl G. Jung
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

S’il est une chose que la présence symbolique de dents aux côtés de livres cachés
signale à notre attention, c’est bien que ces livres sont, justement, cachés ! Ou
codés… Car ces dents sont d’abord et avant tout celles de la clef ! Un livre à

clef… On constate d’ailleurs la présence d’une serrure dans son œil. Cette
clef peut être la réponse à une question. La divination par les miroirs était fort
populaire au Moyen Âge. On la nomme la catoptromancie. ¨L’emploi du miroir
magique correspond à une des plus anciennes formes de divination. (…)
Pythagore, selon une légende avait un miroir magique qu’il présentait à la face la
lune, avant d’y voir l’avenir (…) ¨ 15 Et c’est bien ce que nous avons ici. Le
miroir de la Reyne de Deniers fait face à son visage. À nouveau, celui-ci est le
même qui se retrouve dans le luminaire de l’Arcane XVIII, La lune. L’abbé
Suger qui connaissait sûrement la légende vient d’illustrer pour nous une des
grandes préoccupations de son temps. Peut-être y avait-il une noble dame de son
entourage qui faisait figure de pythonisse. Peut-être la reine Aliénor, elle-même.

Le miroir est également une image de l’âme. On dit aussi de lui qu’il est le
symbole du symbolisme. 16

La Reyne de Deniers est un ensemble codé éminemment cohérent. Tout comme


le Tarot. Nous en sommes aux miroirs donc aux retournements. En retournant
cette lame et en la plaçant devant un miroir, on obtient une perspective
intéressante qui nous permet d’ailleurs de constater entre autres choses que
l’inscription Reyne de Deniers se lit aussi retournée, à rebovrs (78). C’est un
palindrome.

REYNE ° DEDENIERS

S-REINE-DE-D ° ENYER ! Reine de Denier se lit dans les deux sens. En


français, bien sûr. Il fallait avoir l’œil. Le S dans S REINE annonce également
que nous sommes en présence ici d'une allusion au mot SIRÈNE. Nous avons
exploré plus tôt cette possibilité. Nous en avons ici la confirmation. Ainsi,
lorsque nous regardons le libellé de son nom dans le miroir, cette reine nous
confirme qu'elle est une sirène. Comme c'est un moine qui nous convie à cette
interprétation, l'abbé Suger, on comprendra que cette Reine/S(i)rène de Denier
devait avoir toute une personnalité.

Bien sûr, il manquera toujours un i à ce mot de sirène. Mais qu'en est-il


vraiment? Ne trouvons-nous pas plutôt dans cette absence une confirmation
supplémentaire de notre thèse? Qu'est-ce que le i sinon un neuf, un œuf ? L'œuf,
comme symbole de maternité. Il est absent, indice de stérilité. À nouveau,
confirmation, i = 9. Ce 9 est le nombre des mois qui président à la gestation. Il
est absent, signe à nouveau de stérilité. Pourtant, cette reine, cette sirène a un
ventre. La main y est posée. C'est un signe universel, elle est enceinte, tout

15
Le dictionnaire des symboles, p. 637
16
Id. Le dictionnaire des symboles, p. 637
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

comme la reine d'épée d'ailleurs. Mais c'est la main gauche, dans les deux cas.
Des filles, pas des héritiers... En France, contrairement à l'Angleterre, les
femmes ne règnent pas.

Entre la main et le ventre de notre reine, se dresse le sceptre des rois de France.
Il intervient négativement dans cette grossesse. Aliénor ne donna pas d'héritier à
la couronne de France. C'est comme si elle était stérile. Suger nous la présente
comme la Sirène.

Nous sommes en présence d'un des codages les plus habiles du Tarot.

Signalons la présence d’un point au centre du denier, une pupille à n’en pas
douter puisque l’œil de la Reyne se reflète dans son miroir. Décodons
maintenant la nouvelle équation:

SREINEDED ° ENYER : (18+5+9+5+5) x 2= 84. 5+5+18= 28. 84+28=112?

Il faut se reporter à l’Arcane IV, l’emperevp. L’EMPEREVP :


12+5+13+16+5+18+5+22+16= 112. Que voit donc la Reyne dans son miroir? Le
Roi de Deniers bien sûr! Il est bien assis et elle l’observe du coin de l’œil, à
travers la serrure peut-être. Il a les genoux croisés, comme L’empereur dont il a
l’allure.

•••

On peut voir aussi dans la présence de dents à l’intérieur du


denier/livre/speculum une indication sur le caractère mordant d’une œuvre.

Un des premiers titres de Speculum connu est le Speculum stiltorum, le Miroir


des Sots de Nigel Wireker (cir. 1140-1200?) qui a fait ses études à Paris avant de
retourner en Angleterre. Il y a aussi le Speculum universale, une somme des
vices et des vertus de la plume d’un théologien français natif du Poitou, Raoul
Ardent (+ cir. 1199) et composée vers 1193. À cette époque, il était chapelain à
la cour de Richard 1er Cœur de Lion.

La tradition d’écrire pour les princes des traités semblables remonte à l’époque
patristique. Saint Augustin en a écrit. Ce sont toujours des religieux qui en sont
les auteurs et ils recommandent toujours aux princes de les laisser se mêler des
affaires de l’état! Donc, un livre pour princes avec des dents… Il faudrait trouver
un livre dont le titre serait comme, par exemple, le Speculum caritatis, le Miroir
de la charité, le traité sur la charité et la chasteté d’Aelred de Rievaux. Il y a
aussi un Speculum qui s’adressait aux dames de la cour. Il s’agit du Speculum
dominarum par Durand de Champagne. Il a été écrit au XIIIe siècle pour les
dames de la haute société sous saint Louis. Mais on ne peut pas dire que ces
livres ont des dents.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Ce Speculum stultorum, le Miroir des Sots de Wireker, par contre… « Le récit à


la trame assez lâche, entremêle avec allégresse des éléments empruntés à la fable
animale à des charges féroces, mais toujours pleines d’un humour ravageur,
contre le monde de l’école, celui du clergé simoniaque et surtout des moines
prévaricateurs. (C’est une) satire efficace, brillante et fort élégamment rédigée
(…). » 17 Bref, elle a des dents! Niegel Wireker était moine lui-même, au temps
de la cour de Henri II.

Enfin, ce livre à clefs, dentées, que la Reine de Denier a entre les mains est sans
doute le Tarot lui-même. La coupe est aussi un symbole pour représenter le livre.
C’est quelque chose à garder en mémoire lorsqu’on examine les Honneurs. Cette
reine n’a certainement pas livré tous ses secrets. Mais les quelques éléments qui
précèdent sont une tentative, encore maladroite, de la situer dans son contexte
historique.

Le Roy de Deniers correspond à La Maison-Dieu.

Notons que le bras qui tient le denier n’est pas celui du Roy, Louis VII. C’est
celui de son ministre Suger qui tenait justement les cordons de la bourse du
royaume. C’est Suger qui a financé la seconde Croisade. C’était un homme plein
17
Dictionnaire du Moyen Âge, p. 989
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

de ressources et de contacts, les moindres n’étant pas ceux qu’il avait avec la
papauté.

Toute l’attitude de ce personnage nous rappelle l’Empereup, l’Arcane IV qui est


le pendant de la Maison-Dieu dans l’axe IV-XVI. Le 112 rencontré chez son
épouse valide encore plus cette hypothèse. Le denier du roi est près d’un genou
plié.

Son attitude nous rappelle celle de Zeus prophétisant. ¨La divination antique,
aussi simple en apparence, avait un modèle vénérable : Zeus choisissait parmi les
destinées posées sur ses genoux et l’attribuait comme il lui plaisait. ¨18

ROY°DE DENIERS : 18 + 15 (x 2) =66. 5. 5 +9 + 5 + 18 = 37. 5 + 37 = 42. 42


+ 40 = 82. 82 - 66 = 16.

ROY°DE DENIERS : 18 + 15 (x 2) =66. 5. 5 +9 + 5 + 18 = 37. 5 + 37 = 42. (66


- 4) - (42 + 4) = 16.

Nous avons deux solutions possibles. Mais il a fallu déterrer un 4 et/ou un 40


pour solutionner le problème. Il faut bien admettre que le roi et l’empereur
forment avec leurs jambes le chiffre 4.

Le monde des Deniers est celui de l’Énergie disponible, des Ressources et des
Acquisitions, tant matérielles que spirituelles. C’est celui du bœuf. Dans le
quadrivium, il représenterait l’arithmétique.

Les Épées

La série des Épées correspond aux Arcanes majeurs numérotés de VI à X. L’As


représente les Arcanes numérotés de VI à IX. Le 10 est associé à l’Arcane X, La
Roue de Fortune. Le 2 et le 9 correspondent à l’Amoureux, le 3 et le 8 au
Chariot, le 4 et le 7 à la Justice et le 5 et le 6 à l’Hermite.

Le Valet d’Épées correspond à l’Amoureux.

18
Mircea Eliade, Histoire des croyances et des idées religieuses, tome I, note 17, p. 285
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IIII VALET°D’ÉPÉE IIII : 4. 22 + 1 + 12 + 5 + 20 (x 2) = 120. 5 + 16 + 5 + 5


= 31. 4. 4 + 120 + 31 + 4 = 159. 1 + 5 +9 = 15. 1 + 5 = 6.

L’attitude du personnage en est une d’enthousiasme juvénile. La pose rappelle


celle du Bateleur.

Le Cavalier d’Épée correspond au Chariot.

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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

CAVAL°IER D’ÉPÉE IIIIII : 3 + 1 + 22 + 1 + 12 (x 2) = 78. La première


partie de l’équation donne 78. Le mot caval (cabale !) forme un tout autonome.
C’est la seconde partie qui nous donne notre résultat. 9 + 5 + 18 = 32. 5 + 16 + 5
+ 5 = 31. 6(traits). 32-31= 1. 1+ 6= 7.

Le cavalier a l’avant-bras dénudé. Sa main difforme serre un manche qui se


termine par un gland d’homme. Notons que l’épée tranche, sépare et que le
phallus, lui rapproche, unit. L’épée de ce cavalier représente donc l’union des
contraires. La même idée préside à l’agencement de ce denier à demi enfoui dans
le sol qui a l’apparence à la fois du soleil et d’un croissant lunaire. C’est le
symbole de l’or enfoui dans la terre des alchimistes. Il apparaît ici à la surface,
signe que le cavalier a réalisé l’Œuvre.

Un croissant composé de 6 courbes orne la robe de la monture.

CROISSANT : 3+18+15+9+1+20= 66. 66 + 6= 666.

Enfin, on ne peut s’empêcher de remarquer l’importance accordée à l’épaulette


janusienne de ce personnage d’épée. Épaule et épée viennent de la même racine
latine, spatha. Pour le Dictionnaire des symboles, tant l’épée que l’épaule
représentent la puissance. En associant Janus à ce duo symbolique, l’auteur du
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Tarot lui attribue la puissance de la vision prophétique que l’on reconnaît au dieu
romain. Nos modestes épaules acquièrent soudainement une noblesse que la
classe militaire, elle, n’a jamais manquée d’honorer, témoins les galons qu’on y
appose pour indiquer les grades.

La Reyne d’Épée correspond à la Justice.

REYNE°D’ÉPÉE IIIIIIIIIIIIIIIII : 18 + 5 +5 (x 2) = 56. 5 + 16 + 5 + 5 = 31.


31 + 17 = 48. 56 - 48 = 8. Ces 17 traits viennent peut-être suggérer que l’Arcane
ait également des affinités avec L’Étoile. Cette reine ressemble beaucoup au
personnage de La justice. On a parlé d’elle à ce chapitre. Nous croyons
reconnaître ici l’épouse de Louis VII, Aliénor d’Aquitaine.

Le Roy d’Épée correspond à l’Hermite.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

ROY°D’ÉPÉE : 18 + 15 (x 2) = 66. 5 + 16 +5 +5 = 31. 66 + 31 = 97. 9 x 7 = 63.


6 + 3 = 9. C’est une solution alambiquée. Nous n’en avons pas de meilleure à
proposer pour l’instant.

Le pourpoint du roi porte 16 points. Sur trois niveaux, d’un côté, en partant du
bas, un point, trois points et trois autres points. De l’autre côté, en partant du
haut, deux points, quatre points et trois points. Notre premier point suivi de trois
et trois signifie : au début, six ou VI. Les deux points suivis de quatre et trois
signifient : en second, sept ou VII. L’abbé Suger a servi sous les rois Louis VI et
VII.

La main qui tient le sceptre sur cette figure serait alors celle de Suger qui sert
dans l’ombre. Ce n’est certainement pas celle du roi. Le coude pointe vers le
bas.

Cette main sépare un ensemble de 6 petits cercles, deux d’un côté et trois de
l’autre, 23. MAIN : 23. COVDE : 23. 2 x 3= 6, trois fois, 666. Une façon peut-
être pour Suger de se parer de l’autorité royale (LOUIS : 36, 3 x 6= 666). Et ce
sceptre est surtout un BATON : 36, 666...

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Un élément graphique intéressant figure sur le socle du trône de ce roi d’Épée.


Les lettres G et H inversées sont dissimulées en une sorte d’arrangement floral
décoratif. G et H ou 7 et 8 qui font 78. À chaque fois que l’auteur du Tarot prend
la peine de dissimuler un 78 dans un Arcane, c’est pour nous signifier la
présence du tout dans une partie de celui-ci, la présence du Tarot dans une des
lames.

Ici, le Tarot se trouve sous le siège d’un roi. Le socle du trône ressemble à un
caveau ou à une tombe, comme sur certains croquis de Villard de Honnecourt,
un artiste du XIIIe siècle dont le style rappelle beaucoup celui du Tarot. Doit-on
y voir une allusion concrète à la localisation secrète d’un manuscrit ou d’un jeu
de Tarot ?

Le roi porte à l’épaule gauche l’attribut de Janus, comme le personnage du


cavalier d’Épées (Certains jeux de Tarot illustrent ce visage sur les deux
épaules.)

Nous croyons que l’abbé Suger que nous avons rencontré plus haut s’est attribué
ce personnage. Il aurait fait de cet Arcane, comme du Tarot tout entier, son
gisant.

SVGER : 22+5+18= 45. 4+5= 9 ou IX, L’Hermite qui correspond au Roy


d’Épée. Un examen de tombe permettrait peut-être de confirmer notre hypothèse.

Le monde des Épées est celui de l’inspiration et des actes. C’est celui de l’aigle
du monde et de l’astronomie du quadrivium.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

En ce qui concerne les As

En surface, chacun des As illustre de façon détaillée des éléments de spiritualité


du Moyen Âge. Ces éléments ont une existence autonome dans le corpus
artistique médiéval mais il nous semble qu’en les amalgamant, les auteurs du jeu
ont voulu donner une description des fonctions diverses du Tarot, qu’ils ont
voulu tant le définir pour l’apprenti qu’à aider à le rendre opératoire pour …
l’opérateur !

Les As ou Tours font le lien entre le centre et la périphérie de l’édifice du Tarot,


entre le Palais et son mur d’enceinte, entre Le monde et les autres Portes ou
Arcanes.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

L’As de Bâton correspond au maître de cette série, Le pape, l’Arcane V, auquel


est attribué également le Dix de Bâton. La série des Bâtons correspond à
l’élément Terre. Cet As représente un bâton qui se termine en sabot animal
entouré de petites flammes. Le sabot (36 ou 666) rappelle ceux du diable. C’est
un symbole démoniaque qui évoque les sabbats de sorcières. Les flammes sont à
la fois l’Esprit Saint et les tourments de l’enfer (ou de la maladie). Elles
surgissent des surgeons du bâton. La même image de jaillissement de sève est
reprise chez l’As d’Épée.

Ce bâton est un symbole sexuel masculin et féminin, phallique et vaginal. C’est


la main de Dieu sortant des cieux qui le brandit. C’est aussi celle du diable, Son
côté obscur, comme le suggèrent les trois doigts foncés et griffus au premier plan
sur cette main, une image terrifiante.

« La main de Dieu crée, protège ; elle détruit, si elle s’oppose. Il est important de
distinguer la main droite, celle des bénédictions, de la main gauche, celle des
malédictions. La main de Dieu est souvent représentée sortant des nuages, le
corps demeure caché dans le ciel. » 19

19
Le dictionnaire des symboles, p. 602
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

L’ensemble suggère à la fois la chasteté et la luxure, un bel exemple


d’ambivalence néoplatonicienne appliquée ! Ce bâton est également une fourche,
anciennement forche, un symbole du diable. Les 29 flammes s’ajoutent à :

FOURCHE : 15+18+3+8+5= 49. 49 +29= 78.

Maintenant, si on prend un peu de recul pour examiner ce bâton, on constate que


c’est aussi un cep de vigne. Le cep a parfois été utilisé pour le même usage que
le sceptre. C’est un symbole royal. Dans le contexte du Tarot la racine commune
entre cep et sceptre est CEP. Nous allons rencontrer en Deniers la racine inverse,
PEC. Le total est 24, un nombre associé au pouvoir sacerdotal et royal.20

Le bois (24) est également un élément symbolique important dans le message de


cette lame, de cette série. « Le bois est par excellence la matière (…). Il est en
Inde un symbole de la substance universelle, de la materia prima. En Grèce, le
mot hylé, qui a le même sens de matière première, désigne littéralement le bois.
Dans la liturgie catholique, le bois est souvent pris comme synonyme de la Croix
et de l’arbre (…) Dans les traditions nordiques, sous toutes ses formes et sous
tous ses aspects, le bois ou l’arbre participe à la science ; (…) Mais le
symbolisme général du bois reste constant : il recèle une sagesse et une science
surhumaines. » 21 Quel est le destin du bois ? C’est le livre ! Nous allons voir
chez Coupes et Deniers que ce bâton évolue en effet vers le livre.

Il nous reste un épisode de la vie de Suger à rappeler et qui met en scène un


bâton. L’abbé de Saint-Denis qui était présent au second Concile de Reims
(1148) assista à la condamnation à la prison à perpétuité d’Éon de l’Étoile, un
illuminé jugé coupable de manichéisme, de magie et de sorcellerie. Ses disciples
l’appelaient Le bras de Dieu. Il se défendit au Concile en brandissant un bâton
fourchu.22 Il fut remis entre les mains de Suger qui le fit enfermer à Saint-Denis.
On dit qu’il mourut peu après réconcilié avec l’Église.

Si on insistait pour ne faire qu’une lecture classique de cette lame, la main sortie
du Ciel et tenant un bâton est aussi l’image du Dieu bon pasteur, berger de ses
agneaux. Les éléments que nous venons de mettre en lumière suggèrent
cependant que l’ensemble représente également la malédiction et la damnation.

20
Le dictionnaire des symboles., pp. 1019-20
21
Id., pp. 134-35
22
Michel Bur, Suger, pp. 285-86
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Bicentenaire Camoin

L’As de Coupe correspond au maître de cette série, Le diable, l’Arcane XV,


auquel est attribué également le Dix de Coupe. La série des Coupes est associée
à l’élément Feu. Cette lame représente, posé sur une coupe, un reliquaire tels que
ceux-ci commencent à apparaître au XIIe siècle. Ses couleurs correspondent aux
descriptions de l’époque. Ces châsses ouvragées étaient en or ou en argent doré
avec incrustations d’émaux de plique, de grenat et de vermeil.

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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

La scène qui précède représente des moines de l’abbaye de Saint-Denis vers


1230.23 Ils apportent des reliques au chevet d’un malade. Les saints protecteurs
de cette abbaye sont Denis, Éleuthère et Rustique.

Les serrures du reliquaire permettent aux membres du clergé l’accès direct aux
reliques. Un accès indirect est prévu pour les pèlerins ; comme le contact avec
les restes du saint est indispensable pour l’opération miraculeuse, les saintes
reliques sont déposées sur un tissu qui communique avec l’extérieur du
reliquaire.24 La force vivante (virtus) d’origine divine se transmet ici à travers les
trois volets bleus à la base du reliquaire.

Nous avons ici une coupe surmontée d’un reliquaire qui a la forme, non pas
d’une petite église stylisée comme c’était le plus souvent le cas, mais d’un palais
et peut-être même d'une cuisine de palais ! La pointe de la flèche centrale est
dominée par un petit cercle muni de 10 points dans la version Grimaud.

Ces flèches sont des cheminées de cuisine du XIIe siècle.

23
Revue Historia, no 90, p. 52
24
Id. p. 54
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Deux serrures sont également représentées sur les frontons du palais. Elles
indiquent la présence de clefs, de codes, tant dans cet Arcane que dans le Tarot
lui-même. Ces serrures ont la forme de cercles qui encadrent un losange.

Ceux-ci rappellent les petits losanges qui apparaissent sous l’apparence de points
dans le cartouche portant le nom des Arcanes. D’après Eliade, le sens mystique
du losange peut être identifié à partir de l’art magdalénien. Il représente la vulve,
la matrice de vie. Par extension, il symbolise l’entrée dans les mondes
souterrains, cachés. Ses deux pointes représentent les échanges entre le ciel et la
terre, le visible et l’invisible, ce qui est caché et ce qui est révélé.

Le losange est composé de deux v qui se rejoignent. V égale 22, 2 x 22= 44. Le
losange représente aussi le diamant dont la somme codée est justement de 44.

Considérons maintenant l’équation suivante :

LOSANGE°POINT : 12+15+1+5 (x 2) = 66. 16+15+9+20= 60 ou 6. 666.

Le total de la valeur en affiche des 15 lames qui portent un losange donne :

0+I+II+V+VII+VIII+X+XI+XII+XV+XVI+XVIII+XIX+XX+XXI= 165.
1+6+5= 12 ou 2 x 6= 66. Nous avons ici 15 Arcanes, 15, 1+5= 6. Deux six là, un
ici, nous avons à nouveau 666. Et si on remplace le II de La Papesse par sa
valeur cachée en chiffres arabes, 17, le total passe de 165 à 180 ou 18, 3 x 6=
666. Enfin, il y a en tout dix-huit de ces petits losanges ou, à nouveau, 3 x 6=
666.

Il y a 7 Arcanes majeurs qui n’affichent pas de losanges :


III+IV+VI+IX+XIII+XIV+XVII= 66. L’Arcane XIII ne porte pas de cartouche,
nous n’avons en fait que six lames, 6. 66 et 6 donnent 666.

Deux serrures donc sur ce reliquaire pour nous indiquer que le nom des Arcanes
majeurs du Tarot se décode de deux façons. Nous avons exposé les rouages du
code majeur au début de cet essai. Nous les avons appliqués tout au long de notre
périple. Mais il existe également, nous l’avons mentionné, un code mineur de 6

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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

lettres. L’addition de la valeur de chacune de ces 6 lettres donne 66. Nous avons
donc à nouveau 666.

Ce code mineur s’applique aussi bien aux Arcanes majeurs qu’aux Honneurs. À
nouveau, les six lettres en sont B, D, F, N, S et U. Il y a donc au moins deux
chiffres pour le code. Mais nous suggérons à nos lecteurs que deux autres
serrures sont dissimulées sur la face cachée du reliquaire. Deux autres chiffres…
C’est là un des secrets qu’avait à nous révéler l’As de Coupe à ce stade-ci.

Cette structure sur la coupe (39) est un Palais (39). Le palais est le significatif du
secret en philosophie hermétique. Pas surprenant qu’on retrouve des serrures sur
ses flancs. Il représente également l’or vif, caché, pour les alchimistes. Notons
que ce palais s’élance vers les hauteurs. « L’édifice possède toujours une partie
où la verticale domine : le centre est également axe. » 25

Héron

L’axe ici, c’est le plan intermédiaire, l’ouverture dans le volant de tissu bleu
central de la coupe. 15 traits, stries ou plis noirs y sont représentés dont certains
s’interrompent stratégiquement pour simuler une ouverture de chair qui, si on la
superpose avec l’Arcane XV, donne accès au phallus du diable. La coupe peut
donc être le récipient du semen.

Et puis, il y a le plan inférieur, la base. Sur le Conver de Héron, le flanc ouest de

la base de cette coupe comporte un signe musical, deux croches reliées,


peut-être une de ces nombreuses crucis dissimulatae que l’on retrouve en
25
Le dictionnaire des symboles, p. 723
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

hermétisme chrétien, une croix cachée. Il s’agirait ici d’une croix gibet, celle du
Christ souffrant, contrairement à celle du Christ triomphant qui apparaît sur
l’Arcane XX. Le flanc est de l’As, lui, illustre justement un gibet, inversé, une
allusion au Pendu.

Le gibet n’a pas de crochet mais il a comme voisine la croche. La croche,


comme signe de notation musicale, n’existait pas au XIIe siècle. Il s’agirait donc
d’un ajout ultérieur. Elle n’apparaît d’ailleurs pas sur la version Camoin du
Conver ni sur celle de Chosson.

Le gibet est un instrument de châtiment. Dans la liturgie bénédictine, le Chapitre


des coulpes était ce moment de la journée où les moines confessaient
publiquement leurs péchés. Le châtiment était proportionnel à la faute mais tous
les péchés étaient remis. Les moines pouvaient par la suite pénétrer sans crainte
le monde du sommeil pour exercer leur ministère spirituel collectif, à savoir, la
sauvegarde de la chrétienté.

L’abbé introduisait la cérémonie par cette formule latine :

SI ALIQUID SIT LOQUENDUM DICITE :

9+1+12+9+9+9+20+12+15+5+13+9+3+9+20+5= 160. 16 lettres ont amené ce


résultat. La Maison-Dieu est associée ici à l’idée de punition et châtiment. (Le
total des 11 lettres hors-code donne… 161 !)

Le palais a également donné naissance au concept de « Palais de la mémoire


(78) », une technique de mémorisation utilisée par une élite. La coupe, elle,
signifie livre dans ce même langage codé des hermétistes médiévaux ! C’est
aussi le cas pour le denier d’ailleurs, nous l’avons vu plus haut.

Le livre secret, le palais coupe, 39+39=78. Les volants de tissu sont trois feuillets

striés qui lient l’ensemble que sont les feuilles


ou pages de ce livre. Trois feuillets, 15 stries ou 6. 3 x 6, 666.

Un bel exemple d’association coupe/livres se retrouve dans l’iconographie


médiévale. Le folio 15 des Belles heures du duc de Berry représente sainte
Catherine, patronne des philosophes, en train d’étudier. Sur cette illustration on
retrouve une coupe surmontée d’un palais et remplie de livres.

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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Cette coupe présente une ressemblance frappante avec celle de l’As de Coupe du
Tarot de Marseille. Notons que la somme des 7 lettres G, J, K, Q, W, Y et Z qui
n’appartiennent à aucun des deux codes donne 119, peut-être une référence au
Psaume 119 de la Bible, un des six « psaumes alphabétiques » qui sont structurés
autour des 22 consonnes hébraïques.

Il nous faut maintenant apporter une précision importante. Les trois petits
feuillets bleus striés sont quatre. Il y en a un qui se dissimule. Il n’est visible que
sur l’édition du bicentenaire Camoin.

On l’aperçoit à l’extrême gauche de l’image, il n’est pas entièrement coloré.


Nous comprenons maintenant que ces quatre volets correspondent à autant de
serrures. Deux de celles-ci sont visibles mais on peut déduire que deux serrures
supplémentaires se trouvent sur la face cachée du reliquaire.

Ces quatre volets, ces quatre serrures, correspondent à quatre codes. Voilà qui
confirme une hypothèse émise au chapitre sur Le bateleur. Nous avons déjà
clairement identifié les deux premiers, le code majeur et le code mineur. Nous
avions un reste de G, J, K, Q, W, Y et Z ou 119.

Voici les deux derniers chiffres du code secret du Tarot de Marseille :

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

J, K, Q, W, Y et Z : 112. Il s’applique aux lames majeures VIII et XX.

G : 7. Il s’applique uniquement, pour le Tarot, à la lame XX, Le jugement. La


lettre G est unique en hermétisme, le code secret du Tarot de Marseille en fait
clairement la démonstration.

Enfin, si on retourne cette lame, on constate que la structure en carré du Palais


est surplombée par un dôme, celui de la coupe. Un carré surplombé par un dôme,
c’est la même représentation qui se trouve sur le côté pile de la médaille
templière. C’est le Temple de Jérusalem, la maison cheftaine de l’Ordre. Il est
bon également de savoir que le réfectoire utilisé par les moines guerriers du
Temple se nommait le palais ! Les flèches, les cheminées, se transforment donc
en puits ou en silos à grains souterrains.

Voici une représentation de la cuisine adjacente au réfectoire de l’abbaye de


Vendôme qui date du XIIe siècle selon l’auteur du croquis, Viollet-Le-Duc.

26

Nous allons conclure avec une dernière démonstration. Le manche de la coupe


est doté à sa base d’un accessoire qui est associé au feu.

Voici une représentation similaire du thème des flammes nourries par l’élément
air au symbolisme circulaire. Il s’agit du feu dont renaît le phénix du dictionnaire
26
Encyclopédie médiévale, Viollet-le-Duc, Tome 1, p.387
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

des symboles, si souvent cité dans cet essai. Dans la théologie du Pseudo-Denys
l’Aréopagite, l’élément feu est représenté par des roues enflammées. 27 C’est ce
que nous avons sur cet As et dans l’exemple qui suit.

Inversé, ce détail de l’As de Coupe donne ceci : des flammes jaillissent de la


cheminée trônant au sommet d’un four. Le symbolisme alchimique est assez
clair.

Bref nous sommes en présence ici de la Coupe de Feu d’Harry Potter !

27
Le dictionnaire des symboles, pp. 437-38
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

L’As de Denier correspond au maître de cette série, Le Jugement, l’Arcane XX


auquel est attribué également le 10 de Denier. La série des Deniers correspond à
l’élément Air. Cet As représente un denier formé de cercles concentriques
comportant une fleur ou rosace dont le cœur est rempli de 12 points.

As de Denier, édition du Bicentenaire Camoin (1960)

As de Denier, édition Héron.

Dans la version Héron ci haut, le denier est encadré par une anse double qui
comprend quatre fleurs. Trois de ces fleurs sont rouges. La quatrième est
blanche. Cette combinaison de couleur donne le rose. La fleur centrale est-elle
une rose ? Elle a quatre pétales qui se subdivisent en quatre, pour donner seize.
Si on additionne, les 12 points du centre (Camoin) aux quatre pitons rouges qui
encadrent la fleur, on obtient à nouveau seize. Il y a 16 petits triangles rouges qui
entourent cette fleur. 16 triangles dorés, doublés, font de même.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

On aurait voulu attirer notre attention sur ce nombre qu’on n’aurait pas procédé
autrement ! Nous avons donc une fleur, la couleur rose et le nombre 16. 16 est le
nombre de l’orgueil, de la volonté de puissance et de la démesure. C’est aussi le
nombre de la croix qu’on appelle swastika. Si nous amalgamons sa valeur
particulière (16) à la croix usuelle, représentée par un x (24), nous obtenons :

ROSE-X = 18+15+5= 38. 24+16= 40. 38 + 40= 78.

La Rose+Croix est une société secrète allemande du XVIIe siècle. De nombreux


Templiers ont trouvé refuge en Allemagne au XIVe siècle. Peut-être est-ce ainsi
que leur ordre, et le Tarot, ont survécu au passage du temps. Les Templiers, les
Rouges-Croix, en mettant de l’eau dans leur vin seraient devenus les Rose-Croix.

Revenons une dernière fois sur le chiffre 16. Le héros éponyme du mouvement
Rosicrucien s’appelait Christian Rosencreutz. Nous allons faire passer le test à
son patronyme :

ROSENCREVTZ : 18+15+5+3+18+5+22+20= 106 ou 16. De plus, la légende à


son sujet prétend qu’il aurait vécu 106 ans ! Enfin, le roman éponyme qui relate
ses aventures a été publié en 1616 !!! (Johann Valentin Andrea, Die Chymische
Hochzeith des Christian Rosencreutz, Strassburg, Zetner, 1616.)

Avec le Deux de Denier, la Rose-Croix a laissé sa griffe sur le jeu. Il est possible
que cette entité mystérieuse ait annexé une partie du territoire du Tarot. L’As de
Denier original devait ressembler à un des deniers du Deux de Denier, avec six
rangs de nervures à onze vallons (66), qui additionnés aux 12 points centraux,
donnaient 78.

Évidemment, si cette fleur n’est pas une rose mais un œillet nous n’aurions
qu’un petit 78 à nous mettre à la boutonnière ! Un dernier détail a attiré notre
attention. L’As de Denier de Héron met en vedette trois 7, ou à l’envers trois L :

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- 53 -
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Cette diagonale de trois lettres/chiffres s’inscrit dans un axe sud-est/nord-ouest.


Dans le coin supérieur gauche, il y a un caractère rouge, au centre il est jaune et
en bas à droite, il est bleu. Ces caractères ne semblent pas gravés. Il s’agit
uniquement d’une addition de couleur. 777 donc et LLL. Ce LLL est 12 12 12 ou
36, 666. 666/777, c’est un amalgame qui n’est pas inconnu au régiment. Nous
l’avions baptisé la matrice GGG.

Mais il n’y a également ici qu’une convention technique de l’imprimeur pour


calibrer les couleurs…

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

L’As d’Épée correspond au maître de cette série, La roue de fortune, l’Arcane X,


auquel est attribué également le 10 d’Épée. Cet As correspond à l’élément Eau.
Il met en vedette l’épée à double garde des Templiers. Elle est couronnée et
entourée de 24 petites flammes. Notons que la garde est composée d'os 28;
l’ensemble rappelle un détail du drapeau noir à tête de mort et os croisés des
vaisseaux templiers. La partie gauche de la garde est grillée, soyons sur nos
gardes !

En fait, l’os grillé est là pour signifier le thème universel de l’incinération des os,
un acte cultuel de résurrection. Nous avons trouvé un exemple d’association os
et fer, le fer dont est composé cette lame d’épée. Il s’agit de l’identification du
fer aux os de Seth faite par les anciens Égyptiens. Seth est le dieu chtonien par
excellence, c’est le précurseur du diable chez les chrétiens. On attribue au fer le
même symbolisme infernal. Cet As, comme celui de Bâton, possède un côté
sombre malgré son rayonnement solaire apparent.

28
Os au pluriel est un homonyme du mot eaux. À nouveau, cet As d’Épée s’inscrit dans la série qui
correspond à l’élément Eau.
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

La moelle participe du même complexe symbolique de renaissance. Saint


Bernard parle de la moelle sacrée de la sagesse. On la compare à la pâte
d’amande qui est elle même associée à la semence de Zeus chez les Grecs.
L’amande représente la vulve et le secret, à nouveau, la moelle cachée dans l’os.

Une plante portant de petites baies foncées et pourvue d’un large canal
médullaire est coupée au sommet de l’Arcane. Il s’agit peut-être d’un sureau
noir. On reconnaît toutefois sans peine ici une illustration du puissant symbole
religieux chrétien que sont les palmes de Rameaux dont le symbolisme exprime
à la fois la victoire et le martyre. Pour les Templiers, la mort par le martyre est la
victoire suprême, l’immortalité auprès du Christ. Il y a donc ici une double
symbolique associant le martyre et la résurrection, celle de l’épée couronnée et
celle des palmes.

Dans l’art médiéval, le rameau est également l’attribut de la chasteté. De le voir


ainsi tranché sur l’As d’Épée ne peut que nous indiquer quelle importance
prenait le vœu de chasteté pour les moines guerriers… L’image du rameau taillé
ou tranché qui jette des flammes, comme ici, aurait par ailleurs signifié l’amour
qui survit à l’espérance. Enfin, couper un rameau de gui avec un tranchant de fer,
c’est le cas sur cet As, est la transgression d’un interdit rituel.29

Palme, rameau et/ou sureau, de la sève stylisée jaillit de la coupure sous forme
de flammes. Il s’agit de la sève divine, symbole de la gnose, de la colonne de
lumière musulmane, de perfection de la vie spirituelle et d’immortalité. La
couronne est une image de la tête, la source du semen virile pour la médecine et
la théologie du Moyen Âge.

Tout symbolisme végétal réfère aux quatre éléments. L’élément eau de la plante
se retrouve ici dans l’association avec la lame trempée de l’épée. Comme toute
plante symbolise aussi l’énergie solaire condensée, l’élément feu rejoint le
caractère solaire de cette épée. Le côté chtonien de la garde de cette épée
s’accorde au côté terre des racines du végétal. Et comme toute plante s’élance
vers le ciel, on rejoint la symbolique aérienne, verticale de cette épée qui fend
l’air. 30

Les As d’Épée et de Bâton mettent tous deux en scène un symbolisme phallique.


Comme pour le bâton, l’As d’Épée est tenu par une main qui sort du ciel
rayonnant, la main de Dieu. On appelle aussi la main de Dieu, la main forte.
C’est la main qui châtie le pharaon dans le récit biblique.31 Dans son Éloge de la
nouvelle milice, Bernard de Clairvaux s’adressait ainsi aux Templiers : ¨Il est
une raison pour qu’il porte l’épée. Il est le bras de Dieu. ¨ Les concepteurs du
Tarot, l’abbé Suger au premier chef, étaient liés à la naissance de l’ordre

29
L’usage de la faucille d’or est le seul correct. Voir les entrées Rameau et Rameau d’or dans Le
dictionnaire des symboles, pp. 801-02
30
Le dictionnaire des symboles, p. 764
31
Exode 3 :19 et 6 :1
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

religieux et militaire. Cet As ne peut être compris que dans le contexte évoqué
ici par saint Bernard.

Pour les chrétiens irlandais, le glaive de lumière représente la foi catholique.


L’épée de feu désigne, suivant Philon (De cherubim, 25-27) le logos et le soleil.
Les Croisés disaient de leurs épées que chacune était un fragment de la Croix de
lumière. (La torche allumée de l’arcane XV est aussi une lame d’épée.) Pourquoi
avoir mis une couronne au sommet de l’épée ? C’est qu’on exhortait les
membres de l’Ordre à être appareillés à la couronne, à être prêts à recevoir la
couronne du martyre en cas de mort sur le champ de bataille. Comme chez les
musulmans, mourir au champ d’honneur est la consécration suprême pour le
moine guerrier. La couronne et l’épée sont les mêmes que celles portées par la
figure qui trône au sommet de La roue de fortune.

Suger semble s’être inspirés de ce contexte spirituel militaire et de ces versets du


livre d’Ézéchiel intitulés Oracle de l’épée pour créer cet As.

Ez. 21, 13-15 et 20

Il y eut une parole du Seigneur pour moi : « Fils d’homme, prononce un


oracle. Tu diras : Ainsi parle le Seigneur : L’épée ! L’épée aiguisée et bien
polie ! Aiguisée en vue du massacre, polie pour jeter des éclairs.

Elle est faite pour jeter des éclairs, elle est polie pour le massacre (…) »

La lame qui tranche la tige feuillue évoque celle d’Alexandre s’abattant sur le
nœud gordien. C’est ainsi que le conquérant avait résolu l’énigme posée par ce
nœud. C’est en hommes libres que les Templiers s’appareillaient à la couronne.
Il ne s’agit plus maintenant de mourir en martyre mais plutôt d’accéder à un
niveau initiatique élevé. Le mot appareiller est synonyme de joindre ; il veut dire
unir deux choses semblables. La lame qui tranche une branche aux feuilles
d’allures différentes représente, par retournement symbolique, cette union de
choses semblables, les membres de cette confrérie.

Enfin la main qui sort d’une nuée à pointes nous invite à un autre décodage. Il y
a six pointes sous cette main et douze au-dessus. 6 et 12 ou 6 et 66, 666. Notons
que si on compare les nuées de l’As de Bâton avec celle de l’As d’Épée, on
constate qu’il y a retournement au niveau du dessin. De plus, il y a 27 pointes sur
la nuée de l’As de Bâton, 27 ou 3 x9, 999 et par retournement 666. La main de
Dieu est associée au nombre de la Bête, un symbole de totalité.

Les 24 flammes qui entourent l’épée sont en partenariat avec les neuf petites
baies suspendues à la feuille de gauche. Cinq de ces graines sont du côté gauche
de la tige et quatre sont à droite, 54.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

54+24= 78. C’est une autre totalité…

De plus, ces 24 flammes sont réparties inégalement entre les quatre quadrants
définis par l’intersection de la garde et la lame de l’épée. Le quadrant sud-ouest
abrite une flamme, le nord-ouest en recueille huit. Au nord-est, nous retrouvons
neuf de ces flammes et au sud-est, cinq. Une flamme est exclue de cet ensemble,
celle qui se trouve exactement partagée entre le nord et le sud, à l’est, vis-à-vis la
garde de l’épée.

Nous avons donc à gauche, à l’est, 1 et 8 flammes ou 18 et à droite, à l’ouest, 5


et 9 ou 59 : 18+59= 77. Si on ajoute, la flamme marginale nous nous retrouvons
avec le résultat 77/78 qui est familier aux analystes du Tarot.

Que conclure de tout ça ? Y a-t-il ici codages secrets templiers ? Si c’est le cas,
les accusations d’hérésie portées contre l’Ordre seraient en partie fondées. Peut-
être sommes-nous simplement en présence de codages gouliards. Certains diront
que cela revient au même.

Il devient difficile de faire la part entre l’hérésie et la dérision. Comme humour


et sacrilège ne nous semblent pas de prime abord être des propositions
mutuellement exclusives, nous conclurons à ce stade qu’un même esprit doit
avoir présidé à ces codages. Et nous appliquerons cette conclusion tant à
l’intention qui a présidé à la construction de ces As qu’à celle qui s’applique au
Tarot dans son ensemble.

Pour en finir avec le codage des As, la somme des particularités notées pour
chacun, flammes et points, donne ceci :

Bâtons : 32 flammes.

Coupes : 10 points.

Denier : 12 points.
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Épées : 24 flammes.

32+10= 42. 42+12= 54. 54+24= 78. 32, 42 et 54 nous amènent à ce résultat, les
trois nombres pouvant également servir chacun de base à une méditation
indépendante. Faisons maintenant deux autres totaux :

Celui des flammes : 32+ 24= 56 …

Celui des points : 10+12= 22.

•••

La couronne qui ceint l’épée symbolise aussi une autre réalité sacrée, celle de la
Pierre, du Graal. Dans la mathématique symbolique du Tarot, la coupe sacrée
porte le nombre 32 (Graal) et parfois le 39. (Graal) (COUPE).

Le Graal est mentionné à de nombreuses reprises dans les récits de la Table


Ronde du roi Arthur. Mais un autre récit a attiré notre attention, celui de la
Chanson de Roland. Il date du XIIe siècle. On y trouve une épée mythique, celle
du héros Roland. Elle se nomme Durandal. (L’épée des Templiers, elle, se
nomme Notre-Dame.)

DURANDAL : 18+1+1+12= 32 ! Le rapport avec la Pierre est clairement établi


à la fin du récit au moment où le héros tente de briser la lame de Durandal sur un
rocher. Dans la geste arthurienne, l’épée Excalibur est plongée dans le roc
jusqu’à la garde par l’enchanteur Merlin.

Quant à notre récit, il est composé en vers français de dix pieds. C’est le texte
fondateur de la langue française du XIIe siècle. La quantité de nouveaux mots en
français qu’il contient est impressionnante.

CHANSON DE ROLAND : 3+8+1+15+5+18+15+12+1= 78. CHANSON DE


ROLAND : 14+19+14+4+14+4= 69. 78 et 69 sont deux 15 ou 6. Nous avons 66.
Il y a quinze lettres dans ce titre, un autre 6. 666. L’Esprit du Tarot est passé par-
là, n’en doutons point. S’agit-il du souffle inspirant les membres d’une confrérie
secrète ou celui agissant à travers les mécanismes de manifestation invisibles
d’une Grammaire Universelle omnisciente et omnipotente ?

Nous ne saurions le dire. Mais poser la question ici, c’est la poser là, et là, et là
encore…

•••

La somme des As et des 10, celle des 2 et des 9, celle des 3 et des 8, celle des 4
et des 7 ainsi que celle des 5 et des 6 donne 11. Réduit, ce nombre donne 2. Il
exprime la dualité, la complémentarité. On le retrouve également lorsque l’on
fait la somme des neuf axes des Arcanes majeurs, du Bateleur et du Soleil (Axe
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

I- XIX) à celui de l’Hermite et de La Force (Axe IX - XI). Leur somme donne


toujours 20 ou 2.

On finit par comprendre que le 9 est l’octave supérieur du 2, le 8 celui du trois,


le 7 celui du 4, le 6 celui du 5. L’octave inférieur marque une germination,
l’octave supérieur une floraison. Et nulle part ce lien n’est-il aussi évident que
dans le rapport qu’entretiennent les As, octaves inférieurs pétris de potentialités,
et les 10, octaves supérieures de ces paires, où s’actualisent les sublimes.

L’As est un surgeon. On peut le mettre en rapport avec le gland du Bateleur.


C’est une graine, un jaillissement, une promesse. L’As est un coffre au trésor,
une nuée qui promet la pluie, l’éclair d’intérêt qui brille soudain dans un regard
distrait. Il est le maître de 2, 3, 4 et 5 qui représentent une naissance, les premiers
pas, l’enthousiasme et la soudaineté, chacun à leur façon.

Le 10 marque le sommet du cycle, un envol, le détachement qui précède le retour


à l’unité. Il est comme le vieillard face à l’enfant naissant. Ce n’est pas un hasard
si c’est également la valeur attribuée à La roue de fortune. Le 10 entretient
également un rapport avec la lampe de l’Hermite. Le 10 est comme la plus haute
note chantée par le soprano ; elle résonne un instant, très pure, et puis s’éteint. Il
est le maître de 6, 7, 8 et 9 qui sont des étapes dans la maturité et l’affirmation.

Il va s’en dire qu’un 10 indique un sommet éphémère, un accomplissement dans


l’idéal qui a peu ou pas de chance d’avoir sa contrepartie dans le monde matériel
sans un long travail de préparation. Si tel n’était pas le cas, on pourra sans
crainte de se tromper parler de corruption et d’abdication morale. Il demeure que
les gains rapides de toutes sortes ne sont pas le lot du 10 qui exige patience et
maturation. Une dernière image pour illustrer le 10 sera celle de l’envol des
graines du pissenlit parvenu à maturité !

Notons que ce n’est pas un hasard si nous avons choisi d’illustrer certaines
caractéristiques propres à la séquentialisation des Arcanes mineurs par des
métaphores tirées du règne végétal. À nouveau, ces Arcanes sont presque tous
abondamment pourvus de pousses et bourgeons, de tiges, de branches, de fleurs
enveloppées et de feuilles. Le monde des plantes symbolise ici celui de l’activité
humaine. Presque tous les Arcanes majeurs leur font aussi une place.

Détail capital, il faut noter que presque tous ces végétaux nous apparaissent dans
leur tenue de printemps. Il n’y a presque pas de fleurs écloses dans ce monde
végétal imitant ainsi celui de la cathédrale gothique du XIIe siècle.

C’est Viollet-le-Duc qui fait le premier cette constatation reprise ici par Émile
Mâle : ¨ (…) l’art gothique à son aurore imite de préférence les bourgeons et les
feuilles enveloppées du commencement du printemps. (…) Au cours du XIIIe
siècle, les bourgeons éclatent, les feuilles se développent. ¨ 32

32
Émile Mâle, L’art religieux du XIIIe siècle en France, pp. 110-11
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

On aura intérêt à considérer à part les Arcanes où ne se trouve aucune


représentation végétale. Ils indiquent dans chaque cas un domaine d’activité ou
d’expérience qui a plus à voir avec celui du Ciel, la sphère des archétypes, que
celui de la Terre, leur champ d’expression.

À titre d’exemple, le 9 de Bâton et le Pape, où ne se décèlent aucune plante, ont


ceci de commun que le registre de leur symbolisme s’inscrit dans une zone que
l’on pourrait qualifier, faute d’une expression plus adéquate, d’austère. Le
domaine couvert par l’un comme par l’autre touche une variété de potentialités
toutes plus vivantes et ancrées dans le réel les unes que les autres. Mais la
médiation qu’ils en font, le discours symbolique tenu, l’interprétation proposée,
les place à un niveau supérieur, presque désincarné.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Deux de Denier

Nous allons dépister un des fameux 78 qui se cachent partout dans le Tarot. Il
s’agit de celui qui est codé sur le Deux de Denier. On y retrouve l’inscription
suivante : Nas CONVER 1760 : 1+3+15+22+5+18= 64. 64+(1+7+6+0) = 78.

Nicolas Conver est un imprimeur marseillais du XVIIIe siècle. Son Tarot a


longtemps été considéré par les spécialistes comme étant proche de la perfection.
Il est clair que ce Conver est l’héritier du Tarot original, celui qui a été créé par
des moines bénédictins au XIIe siècle. Les autres jeux, comme le Dodal ou le
Noblet, sont le fait d’artisans plus ou moins habiles regroupés en confréries de
maîtres cartiers qui n’ont jamais su égaler le travail des clercs à l’origine du jeu.

Cet artiste inspiré pousse ici la hardiesse jusqu’à supprimer la première patte du
N de son prénom pour lui donner l’allure d’un V ce qui lui permet d’ajouter 22 à
l’addition et d’arriver à 100 ou 1. Ce V peut aussi être mis en rapport avec le
petit v inversé qui tient lieu de A dans l’abréviation de Nicolas. En effet, la patte
transversale du A est absente. Nous avons donc une nouvelle charade, le mot AS
fusionné avec deux coupes dont l’une est inversée. Il y a ici une allusion à l’As
de Coupe et peut-être à l’As d’Épée, l’un des v représentant peut-être une pointe
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

d’épée. Ces As sont codés eux aussi, comme nous le verrons. Mais Conver, en
raccourcissant ainsi son prénom, fait tout ce qu’il peut pour attirer notre attention
sur le codage du Tarot.

L’imprimeur a voulu associer son nom à l’archétype du Bateleur, ce qui n’est pas
un mauvais choix pour notre homme qui laisse aussi sa griffe sur le Valet de
Bâton. En effet, les inscriptions Nas CONVER et FRANCE apparaissent sur cet
Arcane mineur. Et le Valet de Bâton est associé directement au Bateleur, comme
nous l’indiquons dans la grille qui accompagne ce traité, la Grande roue du
Tarot. Maître Conver semble avoir été au fait de ce détail. Fascination donc en ce
qui le concerne pour l’Arcane I en particulier ; nous sommes tous logés à même
enseigne, il y a toujours une lame qui nous accroche ainsi.

Pourquoi Conver ne serait-il pas l’auteur du Tarot de Marseille ? Le premier


exemple connu de Tarot de Marseille, le jeu naïf de Jean Noblet, date du milieu
du XVIIe siècle, soit cent années plus tôt. Le génie de Conver est qu’il a compris
le code du Tarot et qu’il n’a pratiquement pas retranché une ligne au jeu en sa
possession. Son travail est presque identique à un Tarot produit par un certain
Francoys Chosson.

FRANCOYS CHOSSON : 18+1+3+15+3+8+15+15= 78 ! La date


d’introduction de ce jeu n’est pas connue avec certitude.

À n’en pas douter, Conver et Chosson étaient les gardiens d’une tradition qu’ils
ont su comprendre et transmettre. Notons que Conver est un contemporain de
Court de Gébelin et de Étteilla qui sont les premiers chercheurs connus à avoir
tenté d’explorer, avec plus ou moins de bonheur, la dimension ésotérique du
Tarot. Il faudra maintenant adjoindre au nom de ces précurseurs ceux des maîtres
Chosson et Conver. Tous les autres jeux dits de Tarot qui sont apparus sur le
marché ne sont que des copies malhabiles ou des interprétations fantaisistes. Et,
bien que certains d’entre eux puissent présenter une grande valeur artistique ou
être utiles à la divination, aucun ne peut prétendre transmettre le contenu
symbolique du Tarot.

Le nom de Nicolas Conver, tel qu’il nous le présente sur le Deux de Denier, est
également codé de deux autres façons. Conver est une contraction de converso
qui signifie converti. On appelait ainsi les Juifs espagnols du Moyen Âge qui
avaient été forcés par l’Inquisition de se convertir à la Vraie Foi. Sur le Deux de
Denier le s qui manque à Conver est présent sous la forme du bandeau qui
entoure les deux Denier. Le o manquant rappelle le zéro invisible de Le mat.
Décodons maintenant ce mot avec le code majeur du Conver : CONVERSO :
3+15+22+5+18+15= 78. L’influence hébreu que l’on retrouve partout dans le
Tarot – voir à ce sujet les travaux de Marc Phillipas - est codée ici dans le nom
même de l’imprimeur.

Conver est aussi l’anagramme de Rosencruz ou Rose-Croix !

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Nas CONVER : Il y a ici neuf caractères. ROSENCRVZ : Neuf caractères


également, qui nous donnent 18, que nous allons mettre en banque pour le
moment. ROSEN C_V_ : Il nous manque un R et un Z. Nous avons en banque
un N composé du petit A et du N amputé de sa première patte de Nas. Ce N
inversé donne Z. ROSEN C_VZ : Il nous manque un R. Il nous reste un dix-huit
en banque, R ! De plus : ROSEN CRVZ ou ROSENKRVZ : 18+15+5+18+22=
78.

Nicolas Conver s’est donc approprié le Deux de Denier et le Valet de Bâton pour
passer à la postérité. Nous croyons qu’il a également pu être tenté de modifier
substantiellement le contenu graphique de l’As de Denier, comme on le verra.
Mais postulons déjà qu’en choisissant ainsi son pseudonyme, il s’inscrit dans la
lignée des gardiens du Tarot, il en désigne des chaînons, les Juifs convertis et les
Rose+Croix.

En ce qui concerne la nature ou l’identité de ce Rosenkrvz, il est clair que ce


nom nous invite à nous tourner vers l’Allemagne du XIVe au XVIIe siècle. Elle
fut le théâtre d’une des plus grandes énigmes de l’histoire, celle de l’homme de
106 ans, Christian Rosencreutz (1378-1484 !) et de l’Ordre des Rose+Croix.

•••

Trouverons-nous une autre clef en décodant plus avant le Deux de Denier ? Le


denier de gauche comporte onze cannelures ou vallons, doublées. La deuxième
en partant du haut est surmonté d’un petit 14 inversé en chiffres arabes. Il nous
est apparu que les onze cannelures doublées représentaient peut-être les 22
chapitres du Livre de l’Apocalypse. Ce 14 se situe sur les chapitres 2 et 12. Nous
avons donc 2 :14 et 12 :14.

Ap. 2 :14

Mais j’ai quelques reproches à te faire : il en est chez toi qui s’attachent à
doctrine de ce Balaam qui conseillait à Balak de tendre un piège aux fils
d’Israël pour les pousser à manger des viandes sacrifiées aux idoles et à se
prostituer.

Voilà qui pose un défi à notre compréhension. Ce passage ne semble pas


présenter d’intérêt particulier. À moins que les noms propres qu’il contient ne
soient codés. Mais n’est-ce pas là trop demander au dieu des décodeurs ? Mais
que non, au contraire ! Le premier millénaire de notre ère est plein de tentatives
de récupérations des contenus du fameux Livre. Pourquoi le second ferait-il
exception ?

BALAAM : 28. Revoilà notre 14 de tout à l’heure, doublé, comme la cannelure


qu’il coiffe.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

BALAK : 14. Encore une fois notre petit 14. La somme des deux nombres donne
42. Ce 42 est central dans Le livre de l’Apocalypse. Il signifie 42 mois ou trois
ans et demi ou 1260 jours. C’est, par exemple, le temps qui est imparti à la Bête
pour agir ou celui consenti à la femme du chapitre 12 pour être nourrie au désert,
loin du serpent ! C’est une durée de temps symbolique.

ISRAEL : 45. Et si on ajoute ce nombre à la somme des deux précédents :


42+45= 87 ou 78 à l’envers. Le petit 14 qui nous a mis sur la piste était inversé
lui aussi. Passons à la suite :

Ap. 12 :14

Mais les deux ailes du grand aigle furent données à la femme pour qu’elle
s’envole au désert au lieu qui lui est réservé pour y être nourrie, loin du
serpent, un temps, des temps et la moitié d’un temps.

L’expression soulignée signifie trois ans et demi ou 42 mois. Nous retrouvons de


nouveau cette unité de mesure du temps. Il y a parenté entre les deux versets. De
plus, nous ne pouvons que constater que celui qui a gravé ce petit 14 sur le Deux
de Denier a voulu attirer notre attention sur le fait que le code secret du Tarot de
Marseille s’applique à la traduction française de ces deux passages. Et s’il
décode ces deux-là, peut-être en décode-t-il d’autres. Nous allons vérifier dès
maintenant cette hypothèse.

Prenons notre fameux 78. Ne correspondrait-il pas à un chapitre et un verset du


fameux livre ?

Ap. 7 : 8

De la tribu de Zabulon, douze mille


De la tribu de Joseph, douze mille
De la tribu de Benjamin, douze mille marqués du sceau

ZABULON : 28. Ou 50, si on considère le U comme un V.

JOSEPH : 44.

BENJAMIN : 28.

La somme des premières et troisièmes lignes donne 56 ou 78. La somme des


trois lignes donne 100 ou 122. (Et trois fois 12, 000 donne 36,000 ou 36, 666.)
Sans prétendre comprendre l’intention particulière qui se manifeste
spécifiquement ici, nous avons tenté de suggérer que le code du Tarot permet
d’assigner à certains noms propres du Livre de l’Apocalypse une valeur
numérique signifiante, chose que la somme biblique des mêmes noms -
l’addition de toutes les lettres d’un mot - ne permet pas. Les concepteurs du

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Tarot auraient utilisé les mêmes codages que les traducteurs du Livre de
l’Apocalypse. C’est l’un des messages cachés du Deux de Denier.

Aucune autre carte de Denier ne rayonne comme le Deux. Nicolas Conver,


qui signe la bannière du Deux de Denier et l’abbé Suger nous donnent ici
l’exemple de la collaboration authentique signifiée par cet Arcane. Le lien
qui les unit s’étend sur plus de six siècles. Nous croyons pour notre part que
le bandeau du Deux de Denier original aurait pu porter cette inscription :

MONJOY SAINT DENYS : 13+15+15+1+9+20+5= 78.

N’additionnons maintenant que les lettres exclues de notre code. MONJOY


SAINT DENYS : 14+10+25+19+14+4+14+25+19= 144. Le nombre de la
Jérusalem céleste. Au complet : MONJOY SAINT DENYS : 222. Comme il
était répété trois fois, le cri de ralliement de l’ancienne monarchie française
donnait 666. Quant à l’autre cri de guerre des Francs :

DIEU LE VEUT : 9+5+12+5+22+5+20= 78 !

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Deux de Coupe

Le Deux de Coupe correspond dans notre roue systémique à XIV, Tempérance.


Il y a deux aiguières au sein de l’Arcane XIV. Un lien semble aussi exister entre
le Deux de Coupe et L’Étoile, XVII. Il y a bien sûr, également, la présence de
deux aiguières sur l’Arcane XVII. Mais sur le Deux de Coupe du Conver par
Héron, on retrouve une autre astuce graphique, un 17 en chiffres arabes maquillé
en II romain, comme c’est également le cas dans le cartouche de La papesse.

De prime abord, le symbolisme étrange de ce Deux de Coupe qui marie aussi


intimement le monde végétal au monde aquatique semble être une anomalie dans
l’iconographie médiévale européenne. Pourtant, ce genre de thème est très
courant à partir du XIIe siècle. À cette époque, la Chrétienté est inondée
d’étoffes, tapis et tapisseries, en provenance de l’Orient. On les tend parfois
devant les fenêtres afin que la lumière mette en valeur leurs motifs exotiques.
Émile Mâle suggère que ces tissus ont inspiré autant les sculpteurs que les
verriers et les mosaïstes. ¨Toute l’Asie apporte ses présents au christianisme,
comme jadis les Mages à l’Enfant. ¨ 33

33
Émile Mâle, L’art religieux au XIIe siècle en France, p. 346
Rom
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Il faut remonter à la cosmogonie indienne pour reconnaître avec certitude un


groupement aussi particulier que celui du Deux de Coupes. Laissons la parole à
l’historien des religions Mircea Eliade : « L’association des symboles aquatiques
et végétaux est explicitée d’une manière très cohérente dans la cosmologie
indienne sous-jacente à l’art décoratif. (...) un rhizome de lotus plein de feuilles
et de fleurs (...) encadrant des fleurs et des animaux sortant de la bouche ou du
nombril d’un symbole aquatique, c’est à dire d’un vase plein ou de la gueule
ouverte d’un éléphant à queue de poisson. Le <<vase plein>> est un symbole
que nous retrouverons dans d’autres domaines et qui sera toujours en rapport
avec la <<plante de Vie>> ou avec un emblème quelconque de la fertilité. Ainsi,
après l’époque de Gudea, l’<<arbre sacré>> disparaît du répertoire akkado-
sumérien et y est remplacé par la <<plante de vie>> sortant d’un vase. (...)
Parfois le <<vase>> est omis et l’eau coule directement du corps même de la
divinité. On ne pourrait formuler plus clairement la croyance selon laquelle c’est
directement de la substance divine ou plus exactement de sa révélation
pleinement manifestée, de la théophanie, que découlent la vie et la régénération.
Au motif décoratif du rhizome émergeant d’un emblème aquatique correspond
dans la mythologie la conception puranique de la naissance de Brahmâ. (...). Ce
qu’exprime le symbole << lotus (ou rhizome) sortant des eaux (ou d’un emblème
aquatique)>> est la procession cosmique elle-même. Les eaux y représentent le
non manifesté, les germes, les latences ; le symbole floral y représente la
manifestation, la création cosmique. Varuna, en tant que dieu des Eaux, des
pluies et de la et de la fertilité, était originellement la racine de l’Arbre de Vie, la
source de la création tout entière. » 34

La présence d’un symbole originaire du continent indien dans le Tarot amène de


l’eau au moulin de la théorie d’une importation du jeu qui serait le fait du peuple
Rom, originaire de cette région. Après tout, comme le prouve l’illustration ci-
dessous, on trouve également trace de symboles liés aujourd’hui au Tarot dans la
culture hindoue. On reconnaîtra ici les quatre suites mineures du Tarot aux bras
de cette déesse qui représente la structure de l’Univers. On voit que, dans cette
conception, la Terre est plate.

Comme avec Le monde, la déesse prend appui sur les deux animaux à ses pieds.
Ils l’empêchent de sombrer dans l’océan. Il s’agit d’une apsara, une danseuse et
une courtisane céleste dont l’essence est aquatique. Elle est la source de la
dynastie solaire. L’ouverture au sommet de sa tête est la partie supérieure de
l’Axe central qui relie les trois mondes, Ciel, Terre, Enfer. 35 L’image de l’apsara
se confond ici avec celle de la nagi, la mère de la dynastie lunaire. Cette double
image est un symbole de totalité.

34
Mircea Eliade, Traité d’histoire des religions, p. 243-44
35
Mircea Eliade, Histoire des croyances et des idées religieuses, Tome III, p. 14 et note 11.
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Notons la présence d’un serpent près de la tête comme c’est peut-être également
le cas chez la Reine de Bastons. Le reptile se tourne résolument du côté humide
de l’image où un jet d’eau douce part du sommet de la tête pour rejoindre
l’océan primordial d’eau salée qui entoure le socle du monde symbolisé ici par le
taureau et le tigre. Cette eau douce, c’est le fleuve sacré, le Tigre. Elle jaillit du
côté de la tige qui germe et de la coupe, symboles de la terre et de l’eau.

De l’autre côté, le côté sec, l’épée torche, identique à celle représentée en XV, et
le fouet enroulé en forme de mandala ou de denier représentent les éléments feu
et air. Le rôle symbolique du fouet est de répondre au vent et de baratter la mer
afin d’en faire sortir la déesse. Le fouet est également le symbole de la foudre, le
pouvoir créateur et destructeur de Çiva. Le 5e élément, l’Éther, est représenté sur
la robe du personnage par la fleur, pushpa.

Dans les sociétés initiatiques agricoles, le fouet et la torche sont utilisés


conjointement pour attirer la foudre, et avec elle la pluie ; le rituel d’auto-
fustigation se pratique en groupe. Ces pratiques souterraines réapparaissent au
grand jour en Europe au XIVe siècle ; les flagellants se regroupent en cercles
devant la cathédrale – se substituant ainsi au pouvoir théurgique de l’Église -
afin de faire disparaître par leur sacrifice la Grande Peste.

La déesse porte au cou la chaîne des générations, du vivant et du mort,


solidaires. « (…) les esprits : les âmes des vivants et des morts, les dieux et les
démons, les innombrables figures – invisibles pour le reste des humains – qui
peuplent les trois régions cosmiques. »36 Sa posture rappelle celle du diable et
celle des doigts de la main droite, le pape. Ses pieds reposent sur une chaîne de
montagnes afin de signifier la communication avec le Ciel. La couture cosmique
du tissu céleste qui entoure sa tête représente la Voie Lactée. En Inde, dans la vie
quotidienne, l’apsara est la divinité du jeu. Celle que nous avons sous les yeux
36
Mircea Eliade, Histoire des croyances et des idées religieuses, Tome III, p. 20
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

semble bien s’amuser avec les quatre emblèmes des suites dites des Arcanes
mineurs du Tarot.

Il y a une piste commerciale directe qui reliait le sous-continent indien à la


France. Il s’agit de la route des grenats. Les moines de Saint-Denis utilisaient
cette pierre précieuse pour la décoration de leurs objets précieux et ce dès le VIe
siècle. Ils les importaient directement de Ceylan et des Indes ! Nous laisserons à
l’imagination de nos lecteurs la tâche de se représenter tout ce qui pouvait
accompagner dans leur périple les précieux grenats. Y eût-il à cette époque des
contacts alchimiques entre l’Inde et l’Europe ? Cette route fut fermée au VIIe
siècle. Notons que l’ensemble aquatico-végétal du Deux de Coupe correspond de
deux façons au blason des rois de France qui se trouve dans le cartouche de
l’Arcane. La tige doublée aux poissons symétriques forme comme un cœur. La
végétation qui encadre l’emblème royal fait de même.

Deux de Coupe. Détail. Conver, par Héron.

De plus, le symbole aquatique du trident a pris la place d’une des feuilles de lys.

En alchimie, le lys représente la pierre philosophale. En


symbolique chrétienne, le trident couvre le même vaste champ symbolique que
celui représenté par la coupe. S’y ajoute son rôle de significatif de la Croix et
même du Christ. Mais dans la main de Satan, le trident devient l’instrument du
châtiment des coupables.

Enfin, le symbole aquatique du Deux de Coupe semble prendre sa source par une
tige qui repose sur le blason des rois, comme si la royauté était présentée comme
la source de l’Arbre de Vie rencontré plus haut.

C’est exactement la théorie du projet politico-religieux qui a été développé par le


principal conseiller de Louis VII, Suger, créateur du Tarot. Le Deux de Coupe
résume de façon magistrale cette théologie politique qui va culminer quelques
siècles plus tard avec la venue d’un roi soleil.

Dans un développement très subtil du symbolisme, on réalise que cet arbre est
aussi celui de Jessé, l’arbre généalogique du Christ-roi ! Émile Mâle : « Le
patriarche Jessé, écrit au XIIe siècle le moine Hervé, appartenait à la famille

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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

royale, c’est pourquoi la tige de Jessé signifie la lignée des rois. Quant au
rejeton, il symbolise Marie, comme la fleur symbolise Jésus-Christ. » 37

Le Petit Robert définit ainsi rejeton : «1- Nouveau jet qui pousse sur la souche, le
tronc ou la tige d’une plante, d’un arbre. 2- Descendant, enfant. » C’est ce que
nous avons ici, un rejeton au bout d’une tige. C’est un rejeton en forme de coupe
fermée marié à une fleur. Au Moyen Âge, seules les personnes de distinction ont
droit de se présenter à table avec une coupe couverte ; du blason des rois de
France à ce rejeton/coupe il y a donc bien l’illustration de symboles royaux. La
présence d’une fleur représentant Jésus confirme de quelle famille il s’agit. On
associe les rois de Juda de la famille du Christ aux rois de France, un thème
présent par ailleurs dans les nombreuses cathédrales de France. Cet Arcane du
Tarot donne la clef de cette parenté.

Du rejeton, Marie, sort donc une fleur, Jésus, le tout sur les armes royales,
l’étendard de France. Émile Mâle à nouveau : « De toutes les prophéties, il n’en
est, à vrai dire, qu’une seule qui ait inspiré l’art de façon durable, c’est celle
d’Isaïe sur le rejeton de Jessé : <<Il sortira un rejeton de la tige de Jessé, et une
fleur s’épanouira au sommet de la tige, et sur elle reposera l’esprit du Seigneur,
l’esprit de Sagesse et d’Intelligence, l’esprit de Conseil et l’esprit de Force,
l’esprit de Science et l’esprit de Piété, et l’esprit du Seigneur le remplira… En ce
temps-là le rejeton de Jessé sera exposé devant tous les peuples comme un
étendard.>> » 38

Les deux poissons symétriques, affrontés, qu’on trouve au sommet de cet Arcane
mineur ainsi que le rhizome, la tige unique qui semble jaillir d’une fleur source
ou fleur toule à 17 (!) pointes sont également une allusion au milieu végétal et
aquatique de L’étoile ou Le toule, le seul autre Arcane du Tarot à présenter cet
amalgame d’eau et de plantes. Signalons à nouveau que le nombre 17 est

dissimulé près de la coupe droite sur le Deux de Coupes de Héron.

Et il y, a bien sûr, deux aiguières sur l’Arcane 17.

Les poissons sont une allusion directe au signe astrologique des Poissons et les
deux coupes au signe du Verseau, un symbolisme double qui illustrerait bien la
spiritualité et le maniement des fluides, la théorie des vases communicants. Le
vase fermé entre les deux poissons serait le vase hermétique des alchimistes. 39
Tout ceci nous fait penser à la fontaine de jouvence, au Saint Graal.

Les deux signes astrologiques du Poisson et du Verseau qui occupent les deux
tiers supérieurs de la lame correspondent aux ères astronomiques qui se
chevauchent actuellement au XXIe siècle. La période du chevauchement à venir
qui est la nôtre correspond à la fin des temps !
37
Émile Mâle, L’art religieux au XIIIe siècle, p. 316
38
Id.
39
Voir Le dictionnaire des symboles à Vase
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

En descendant, aux Poissons succède le Verseau. L’événement le plus important


de l’ère du Poisson fut l’avènement d’un roi né d’une vierge ; il est symbolisé ici
par cette figure du rejeton fleuri. L’événement le plus important du Verseau
serait alors illustré par cette fontaine fleur d’où sort une tige. Au bas de la lame,
le blason des rois de France est quant à lui présenté dans une structure
rectangulaire qui correspond au symbolisme de la crypte. Il est le support de
l’édifice. Cette combinaison de symboles situe la vision dans une perspective qui
fait intervenir le thème d’un jaillissement de la filiation royale. L’évènement
anticipé en Verseau qui est signalé ici serait de cet ordre.

Cette fontaine, ce toule fleuri, est donc l’image symbolique clef présentée par le
Tarot au sujet de l’ère du Verseau. Comme cette image a 17 pointes ou pétales,
l’auteur du jeu, de la prophétie, nous réfère à l’Arcane XVII pour plus de
détails ! Mais on peut déjà soupçonner ici que Fontaine, Fleur et probablement
Fleuve sont les mots clefs qui peuvent nous servir de guide. Ils sont tous les trois
à des degrés divers des significatifs de jouvence et de vie éternelle.40

Comme notre fontaine est représentée au niveau des deux coupes, nous avons ici
le mariage du symbolisme de l’eau et du vin. Il est probable que cette rencontre
eau et vin soit une allusion à Dionysos, le dieu des fontaines et des sources mais
aussi de la vigne. Dionysos est l’époux d’Ariane et leur union symbolise la
résurrection et la lumière, des éléments qui reviennent constamment dans la
lecture de cet Arcane.

Si on retient l’interprétation initiale qui fait de cet Arcane une allégorie de la fin
des temps, on est en droit de conclure que notre image a forcément un rapport
avec l’interprétation traditionnelle qui fait de la période eschatologique celle du
retour du Christ en majesté.

•••

Deux lettres majuscules, G et M, encadrent le blason des rois de France dans le


Deux de Coupe. Leur présence est ce qui se rapproche le plus dans le Tarot
d’une signature claire.

Signalons que la lettre M telle qu’elle est tracée dans cet Arcane mineur adopte
la forme du Sigma grec majuscule, la 18e lettre de cet alphabet. 18 est trois fois
six. G et M encadrent une structure triangulaire de fleurs de lys. Un de ces lys
est un trident. L’espace consacré à ces codages occupe le tiers de la lame. Le
codage du Deux de Coupe rappelle le thème de la Trinité.

Le Sigma majuscule correspond également au nombre 200 dans l’alphabet


chiffré grec. Deux cents ou deux sangs, comme celui que l’on devine dans les
deux coupes, une allusion à ce thème central du Moyen Âge, celui du Graal, la
coupe du sang du Christ-roi.

40
Voir ces entrées dans Le dictionnaire des symboles
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Le Deux de Coupe ferait donc un lien entre les armes des rois de France et le
Graal. À nouveau, ce serait esquisser ici le projet de Suger d’établir une
théologie du pouvoir royal divin. Royauté et sang se rencontrent de toute façon
dans le thème du Saint Graal qui se dit aussi San Greal et Sangreal ce qui donne
Sang Réal ou Sang Royal. Il est probable que les deux lettres G et M ne sont pas
seulement la signature d’une quelconque présence royale. Nous croyons qu’elles
sont aussi l’indice de départ d’un codage graphique extrêmement complexe qui
fait intervenir des éléments d’astronomie et de culture rom.

Il nous faut pour ce faire revenir sur les petites étoiles mentionnées plus haut.
Nous croyons que les étoiles et les trois fleurs de lys royales peuvent être
associées aux lettres G et M. La citation qui suit va nous mettre sur la piste. Il
s’agit d’un extrait de Le cercle magique, le second roman de l’auteure
américaine Katherine Neville. Il traite de l’origine mythique des Roms.

« (Les Gitans) sont venus sur terre en un temps très reculé, d’un lieu originel
toujours présent dans le ciel nocturne, la constellation d’Orion, le puissant
chasseur. Ou, plus précisément, des trois étoiles qui forment sa ceinture centrale,
l’omphalos, le nombril ou cordon ombilical d’Orion. Elles sont appelées les
Trois Rois, car elles brillent comme l’étoile que les Mages ont suivie jusqu’à
Bethléem. (Orion) est connu comme le messager, celui qui marque la transition
et conduit l’entrée dans une ère nouvelle. »41

Le Deux de Coupe, nous l’avons vu, illustre cette transition entre les ères. Orion
dans le mythe rom est donc associé à trois étoiles, trois rois illustrés ici dans le
Tarot par trois fleurs de lys royales, trois rois mages qui seraient bien sûr,
Gaspar, Balthazar et Melchior, G et M. Notons que d’après Émile Mâle qui cite
Jacques de Voragine (1228-1298), au XIIe siècle le roi mage Gaspar se nommait
encore… Caspar. Gaspar n'entre dans la langue courante que plus tard. Suger
remplace le C par un G aux fins de codage.

Gaspar et Melchior ont chacun leur étoile des deux côtés du blason. Il y a une
troisième étoile attribuable à Balthazar, celle que nous avons rencontrée plus
haut et qui se présente à nous comme une fontaine, un toule à 17 pointes. Si nous
relions ces trois étoiles dissimulées nous obtenons un triangle, tout comme la
base triangulaire de la tige. De plus, avec le code :

GASPAR+BALTHAZAR+MELCHIOR= 180, le nombre en degrés des angles


du triangle. De plus, à lui seul, notre premier élément du triangle, GASPAR
donne 36 ou 666, le nombre de la Bête de l’Apocalypse. Les deux autres
éléments du triangle, BALTHAZAR et MELCHIOR, donnent 144, le nombre
de la Jérusalem céleste. 36 est associé à 144, la Bête à la Jérusalem céleste.

41
Katherine Neville, Le cercle magique, p. 294
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Cette figure géométrique du triangle du Deux de Coupes du Tarot n’est pas


sans rappeler le fameux Triangle d’orientation des astronomes. Celui-là est
composé de trois étoiles très brillantes que l’on surnomme les Trois belles
d’été. Ce n'est pas une constellation mais un triangle constitué de trois étoiles
appartenant à trois constellations différentes : Véga de la Lyre, Altaïr de
l'Aigle et Deneb du Cygne.

Comme Balthazar occupe le sommet de nos triangles, nous pouvons lui attribuer
à la fois, l’étoile/toule du Deux de Coupe et l’étoile des ciels d’été Altaïr, de la
constellation de l’Aigle. Mis ensemble, les éléments de cette charade, nos trois
étoiles, Lyre, Cygne et Aigle, nous donnent le message suivant : Lire le signe de
l’Aigle !

Confirmation. Faisons intervenir le code à nouveau : BALTHAZAR : Nous


avons ALT (H+A= I) AR ou ALT(I)AR, ALTIAR ou ALTAIR, Altaïr de l’Aigle
!

C’est la figure de l’aigle solaire qui est mise en vedette ici. Suger voue un
culte au soleil théarchique de Denys L’Aréopagite. L’aigle apparaît plusieurs
fois dans son Tarot. Et Suger a fait ajouter aux objets liturgiques de son
église une aiguière à bec d’aigle. L’aigle de Suger est conservée au Louvre.
Cette pièce porte une inscription latine, un message codé. La formule que
nous venons de trouver, lire le signe de l’aigle, doit nous inciter à décoder ce
message.

La présence de codages relatifs aux rois mages dans le Tarot est significative.
D’après l’historien Émile Mâle, « Au Moyen Âge, les traditions relatives aux
mages sont très nombreuses et pittoresques. (…) Le peuple honorait les
mages à sa manière : il mêlait leurs noms aux conjurations, aux sortilèges. »42

Revenons à L’aigle de Suger, une aiguière liturgique qui faisait partie des
pièces du trésor de l’abbaye de Saint-Denis. Voici ce que le moine y a
inscrit : « INCLV(DI) GEMMIS LAPIS ISTE MERE(T)VR ET AVRO
MARMOR ERAT SED IN HIS MARMORE CARIOR EST »

Traduction : « Cette pierre méritait d'être sertie dans l'or et les pierres
précieuses. Elle était de marbre et ainsi elle est plus précieuse que le marbre
42
Émile Mâle, L’art religieux du XIIIe siècle en France, p. 404
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

». L’aigle a un message, un signe, car cette inscription est codée. Elle


comporte 66 lettres ! D’après les experts du Musée du Louvre où cette pièce
est conservée, trois lettres non incluses dans ce texte en latin médiéval (D, I
et T) sont néanmoins implicites. D+I+T= 33. 3+3= 6. 6 et 66, 666! Le 6
manquant se trouve également ainsi : il y a 15 mots dans l'inscription. 1+5,
donne 6, un second 666 !

Neuf lettres font partie du code mineur, une lettre (G) est hors code et, à
nouveau, trois lettres sont carrément hors inscription. L’exclusion systémique
de certaines lettres est une des techniques de codage utilisée par Suger.

« INCLV(DI) GEMMIS LAPIS ISTE MERE(T)VR ET AVRO


MARMOR ERAT SED IN HIS MARMORE CARIOR EST »

56 des lettres présentes font partie du code majeur ! C’est un premier


ensemble fort significatif. Il nous invite à lui chercher son complément, le 22.
Le total des neuf lettres du code mineur présentes ici donne 146. Le total des
soixante-six lettres du code majeur donne 645. Si on soustrait le premier
résultat du second, on obtient : 499. Il ne reste qu'à additionner ces trois
chiffres, 22 !

56 + 22 = 78.

Ces nombres, pour les mineures 146 et 645 pour les majeures, sont
potentiellement fort intéressants. Il faut ajouter à chacun leurs
correspondantes implicites, les trois lettres hors inscription. D, I et T. La
première, D, fait partie de l'ensemble des mineures. Les deux autres I et T
sont des majeures. Nous ajouterons la valeur de D, 4, à 146 pour un total de
150. Voilà pour le résultat secondaire. 150 ou 15, XV, Le diable, la Bête.

C'est le total des majeures qui emporte la palme. I et T, 9 et 20 ou 29


additionnés à 645 donnent 674. Ce n'est pas significatif. N'aurions-nous pas
préféré un proche voisin, 666 ? Il eût fallu pour obtenir ce résultat que notre
29 ait été un 21. Comment en arriver à ce nombre en additionnant I + T, 9 +
20 ? Fort simplement. La valeur de la lettre I est de 9 dans l'addition. Mais ce
I bien droit a une valeur refuge ! Il s'agit de 1... 1 + 20 = 21. 645 + 21 = notre
troisième 666. C'est le résultat principal, le nombre de la Bête.

Notre aigle a chanté trois fois ! C'est le côté sombre de l'inscription de


l'aiguière de Suger.

Un dernier codage... Nous avions pour les mineures une somme alternative
de 15 et pour les majeures, un total de 17. 15 + 17 = 32. C'est le nombre du
Graal ! Songeons au G solitaire de l'inscription pour nous en persuader.
L'aiguière a un côté lumineux.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

De nos jours, certains historiens soutiennent que le vase à la base de cette


aiguière provient de la Jérusalem de l'époque du Christ. Depuis notre
première communication à son sujet, diverses hypothèses circulent au sujet
de Suger. On a récemment tenté de l’associer à un courant ésotérique de
l’Église lié au Saint Graal. La National Art Gallery de Washington a même
soumis au test de carbone 14 un calice de sa collection réalisé par Suger afin
de déterminer s’il ne provenait pas du début de notre ère. 43 Bernard de
Clairvaux disait de l’abbaye de Saint-Denis que c’était l’antre de Vulcain,
une allusion claire à des recherches alchimistes. Nos recherches vont
certainement dans le même sens. Suger multiplie les signes, les mises en
scène hermétiques.

Notons que Suger se servait de son aiguière pour dire la messe.

•••

On remarque sur la lame III que la main de L’impératrice ne tient pas le


blason mais bien l’aigle lui-même, dans un geste que l’on ne peut qualifier
que d’affectueux. L’aigle apportait peut-être de bonnes nouvelles ! Nous
allons soumettre à la question la paire d’aigles qui se trouve en III et IV.

L’AIGLE : 12+1+9+12+5= 39. Voilà un nombre que nous nous


empresserons de doubler puisque nous avons affaire à deux volatiles. 2 x 39=
78. Voilà qui est tout sauf innocent. Nous retrouvons une fois de plus la
signature qui caractérise notre Tarot, le guide, le chemin, la lumière. Il est
associé ici à l’aigle qui, dans toutes les traditions religieuses recensées, est le
seul animal de la création qui pouvait s’élancer vers le soleil et le contempler
en face. L’Hermite qui regarde le feu de sa lampe est un aigle. Suger en serait
un lui aussi ! Il ne le crie pas tout à fait sur les toits. Mais il s’assure de se
faire représenter un peu partout à proximité des rois et des dieux.

Il aura voulu signifier avec les Arcanes III et IV que les deux parties à cette
union entre le roi et la reine ont chacune leur importance dans la réalisation
de l’Œuvre. On nous pousse à saisir que nous assistons ici à la réunion d’un
couple couronné. C’est la couronne, le sceptre et l’aigle qui président à cette
union. Nous sommes en présence d’une représentation ésotérique du fameux
mariage alchimique que célèbre en lui-même l’adepte parvenu à une étape
critique de son art. Le Mutus Liber ne prend pas autant de détours pour
illustrer ces noces de l’âme.

Le symbolisme de l’aigle se rapproche de celui du phénix, un autre lien avec un


des éléments dominants de l’Arcane XVII. « Cet oiseau fabuleux, dont la
légende est originaire d’Égypte, a été vénéré par les Grecs et longuement décrit

43
Le résultat est concluant ; la coupe d’albâtre dissimulée dans le calice provient bien de
cette période. Cette coupe a le même âge que celles qui auraient été utilisées lors de la
dernière Cène. The Bible’s Lost Stories, Revue Newsweek, 12 août 2003.
Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

par certains auteurs de l’Antiquité. Semblable à un aigle royal au plumage


éclatant de couleurs (…). De ses cendres renaissait un autre phénix, qui
s’empressait d’aller porter les restes de son père à Héliopolis, où était adoré le
dieu du Soleil, dont l’aigle était l’incarnation. » 44

En faisant intervenir la figure du phénix au cœur du Deux de Coupe, l’auteur des


codages de cette lame ajoute un élément de plus pour confirmer le sens du
message signifié ici, à savoir, la transition entre les ères. En effet, le phénix
symbolise aussi « l’année qui renaît aussitôt après avoir terminé son temps. » 45
Une symbolique nettement eschatologique préside au codage de cet Arcane.

44
Joël Schmidt, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, p. 167
45
Id.

Rom
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-2- Le code secret - Copie Abricot 1. 3 -

Bibliographie

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Table des matières

Initium................................................................................................................................2

Les Arcanes mineurs.........................................................................................................6

Les bâtons.........................................................................................................................14

Les coupes.........................................................................................................................21

Les deniers........................................................................................................................28

Les épées...........................................................................................................................38

En ce qui concerne les As................................................................................................44

Deux de Denier.................................................................................................................68

Deux de Coupe.................................................................................................................73

Bibliographie....................................................................................................................87

Table des matières...........................................................................................................92

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