N°2 - sept-oct 14
Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes
FORMATIONS
TÉMOIGNAGES
RETOURS D’EXPÉRIENCES
La Luciole est éditée par le réseau Corabio | Directeur de la publication : Ludovic Debrus | Coordination générale : Aurélie Herpe
et Fanny Campas | Maquette : Fanny Campas | Rédaction : Luc Bauer - Rémi Colomb - Antoine Couturier - Léa Droin - Arnaud
Furet Penser à l’ours
- Aurélie Herpe - Sandrine Malzieu - Jean-Michel Navarro - Martin Perrot - Marion Viguier - Claude Villemagne
Corabio est la Coordination Rhône-Alpes de l’Agriculture Biologique et fédère
les associations Agribiodrôme, Agri Bio Ardèche, ARDAB (Rhône et Loire)
et ADABio (Ain, Isère, Savoie, Haute-Savoie), ainsi que Bio A Pro,
plateforme de producteurs bio du Rhône et de la Loire
Tél : 04 75 61 19 53 - Fax : 04 75 79 17 58 - contact@corabio.org
INEED Rovaltain TGV - BP 11150 Alixan - 26958 Valence Cedex 09 Avec le soutien de :
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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Point info national
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Point info Rhône-Alpes
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Maraîchage
Cultiver la patate douce en Rhône-Alpes,
une opportunité en maraîchage diversifié ?
Témoignage de Luc Veyron, maraîcher à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs (38)
C
ette plante tropicale appartient à la famille des Convolvulacées, soit
la même famille que le liseron ! Certainement originaire d’Amérique, la
patate douce est arrivée en France au 18ème siècle, elle est actuellement
cultivée sur des petites surfaces dans quelques exploitations maraîchères
du Sud-Est et du Sud-Ouest.
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Maraîchage
La tubérisation de la patate douce Dans le cas où l’on ne possède pas de été sur une durée de plus de 5 mois et
commence à partir de mi-août et lieu de stockage permettant d’atteindre nécessite un investissement important
s’accélère à la mi-octobre (longueur ce niveau d’exigence, il est nécessaire dans les plants. Ainsi, les marges de
de jour inférieur à 14h). En théorie, il de les conserver dans un endroit plutôt rentabilité ne sont pas si grandes, il
serait donc idéal de prolonger la culture sec, sombre et aéré à une température est donc nécessaire d’avoir une bonne
jusqu’à début novembre voire au-delà constante supérieure à 5°C. Garder en maîtrise technique de la culture.
afin d’avoir une augmentation des caisse permet de limiter les contacts Précisément, Luc achève notre entretien
calibres. Chez Luc, « l’année dernière la entre les tubercules, et ainsi d’éviter la sur son souhait d’insérer un essai
récolte a démarré un peu tardivement propagation de maladies. patate douce dans le programme de la
(début novembre), nous avons prélevé station d’expérimentation, afin d’avoir
au fur à mesure des ventes, mais fin Aujourd’hui la majorité des davantage de références techniques et
novembre une partie des tubercules consommateurs ne connait pas économiques locales sur cette espèce.
ont gelé malgré leur protection avec un vraiment ce légume mais Luc assure
voile thermique. » que le produit a du succès : « les gens
Dans d’autres circonstances, il est ne pensaient pas que la patate douce Propos recueillis et approfondis par
préférable de broyer la végétation pouvait se produire ici, puisque dans Rémi Colomb, ADABio
restante avant d’attaquer le chantier les grandes-surfaces elle se retrouve
de récolte. Une arracheuse à pomme de souvent placée dans le rayon des
terre, si les tubercules ne sont pas trop fruits et légumes exotiques... Chez eux, Sources : « Les nouvelles espèces légumières »
en profondeur, peut très bien convenir. la surprise cède rapidement place à H. Zuang, 1991, CTIFL ; Essai GRAB 2012 « culture
D’après l’expérience de Luc, la l’envie! En décembre tout était vendu. » biologique de patate douce en plein champ : essai
conservation au sol ne semble pas être densité en culture » C. Mazollier ; Essai GRAB 2013
la solution sous nos latitudes. Une fois La patate douce peut ainsi être une «Essai variétal de patate douce en culture biologique
sous abris » C. Mazollier ; « La patate douce et son
récolté, il faut absolument faire baisser aubaine pour les maraîchers biologiques, potentiel pour la production biologique : essais et
le taux d’humidité des tubercules afin de rajouter de la diversité à leur constats» D. Wees, 2012, Université McGill ; « Patates
avant de les stocker, par un séchage de production et une alternative à leur et Ignames dans la région parisienne et plus au
quelques jours au soleil ou dans un lieu rotation. Cette culture est peu sensible Nord» A. Guillaumin, 1944
ventilé et chaud. Il faut manipuler les aux maladies et ravageurs et n’est pas
tubercules avec le plus grand soin afin très exigeante en fertilisation. De plus,
d’éviter de les abimer. ce produit est très bien valorisé en vente
Après cette étape, il faut les conserver directe. Mais il s’agit d’une production
comme les courges entre 10 et 15°C. qui occupe une surface sous-abris en
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Arboriculture
Gestion des pucerons et du psylle dans le réseau
Dephy Ecophyto
D
ans un réseau de 9 fermes Ecophyto Dephy Pommes-Poires situées dans l’Ain, l’Isère et la Savoie, l’ADABio suit
l’évolution des stratégies de protection phytosanitaire mises en place depuis plusieurs années.
Un premier bilan fait ressortir que pour les maladies, c’est en premier lieu la tavelure qui pose le plus de problèmes.
Concernant les ravageurs, ce sont les pucerons qui entraînent le plus de traitements avec des insecticides polyvalents, le
carpocapse étant maîtrisé par des produits de biocontrôle.
Le puceron cendré du pommier et le mauve du poirier sont les plus dommageables du fait qu’une attaque précoce avant floraison
entraîne une forte alternance de production. Dans les jeunes vergers, ils perturbent la formation des arbres. Les pucerons verts
migrants ou non, posent moins de problèmes. Le puceron vert migrant favorise même l’installation des auxiliaires. Enfin, le
puceron lanigère du pommier, lié à un problème de vigueur, pose parfois de sérieux problèmes les années où la fraîcheur et
l’humidité du printemps retarde le cycle biologique de son hyménoptère parasite.
Les problèmes de psylle commun du poirier, après conversion, disparaissent. Il est rare d’avoir de grosses productions de miellat
si les punaises prédatrice de cet insecte sont préservées dès le débourrement des arbres.
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Arboriculture
homologué que sur anthonome, est 5. Prédations et parasitismes
utilisé parfois en rattrapage si les naturels
traitements aux huiles n’ont pas été
efficaces. Ce produit, peu sélectif Les pucerons étant les proies préférées
des auxiliaires, n’est plus employé des larves de syrphes, de coccinelles,
après la floraison pour préserver les de chrysopes, de forficules ou étant
auxiliaires. parasités par de microguêpes, les
Photo fournie par la société AGRI-Synergie qui fabrique la Kaolinite calcinée nommée Sokalciarbo
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Petits-fruits
Gestion de la rouille du cassissier dans une
exploitation du roussillonnais
L
’EARL Ninounco, située dans le La variété Andega bien que peu sensible à la rouille pour les variétés tolérantes
Roussillonnais, dont la principale à l’oïdium est attaquée par la rouille à l’oïdium.
production était encore la pêche ce qui peut nuire à la transformation Le cuivre et le soufre utilisés, dans
au début des années 2000, a dû des feuilles et à la pérennité de la les autres pays, pour lutter contre
remplacer, suite à une attaque de plantation. l’anthracnose ont une action sur la
Sharka, cette espèce par des fruits à La rouille se développe d’abord, la rouille.
pépins, des PPAM et du cassis. 1ère année, sur les pins à 5 aiguilles et Cependant, en France, ces 2 produits ne
l’année suivante infeste, au printemps sont pas homologués sur petits fruits
Claude Vaudaine, chef d’exploitation
les groseilliers et les cassissiers sur biologiques.
à l’EARL en a profité pour convertir
un rayon de 250 km. Le champignon
ces nouvelles cultures à l’agriculture Pour rester en conformité avec la loi
réinfeste 7 fois ces cultures de mai
biologique. et octobre. Les feuilles tombent concernant la lutte contre l’anthracnose
prématurément à l’automne et la (et la rouille), Claude Vaudaine utilise
Le cassis, vendu à des transformateurs des engrais foliaires à base de cuivre ou
rouille recontamine alors les pins situés
sous forme de fruits mais aussi de de soufre voire de manganèse
à moins de 5 km ou se conserve au sol.
feuilles, occupe une surface de 1,5 ha
sur l’exploitation qui comprend 30 ha Consort serait la seule variété de cassis
dont 16 en fruits. Lors de la récolte résistante à la rouille. La station de
mécanique du cassis, les feuilles sont Jarcieu dispose de relevés de sensibilité
récupérées pour le séchage.
Ce programme de traitement n’apporte que 1,32 kg de cuivre métal et 6 kg de soufre minéral à l’hectare pour l’année 2014
Claude Vaudaine essaie également de broyer les feuilles mortes avant le débourrement pour réduire l’inoculum hivernal de
rouille et d’anthracnose.
Pour améliorer la lutte contre la rouille et l’anthracnose, outre l’homologation de produits utilisables en AB, il serait
souhaitable que le BSV - Bulletin de Santé du Végétal- Rhône-Alpes indique, selon les conditions climatiques, les périodes
favorables aux attaques d’anthracnose et de rouille.
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Viticulture
Des alternatives aux cuivres
Nous pouvons noter que la bouillie bordelaise reste un des produits les plus abordables, aussi efficace qu’un autre
cuivre lorsque les traitements peuvent être positionnés correctement avant les pluies.
En 2013, sur un essai de l’ADABio, nous pouvions noter une efficacité de 66% pour une Bouillie Bordelaise dosée à
150g/ha de Cu métal par passage x12 passages, soit un cumul de 1,8 kg Cu métal/ha annuel, contre 67% d’efficacité
pour un Kocide dosé et appliqué de la même façon. Sur le même essai, un dosage à 600g/ha/traitement en Kocide
avait une efficacité de 93%, pour un apport total de de 7,2 kg. En terme de coût, cela représente respectivement
44,38€/ha pour la Bouillie Bordelaise, 82,68€/ha pour le Kocide à 150g et 330,72€/ha pour le Kocide à 600g.
Sur le terrain, des vignerons utilisent parfois en complément des engrais foliaires, contenant du cuivre. Là encore une
comparaison tarifaire est intéressante :
Si l’efficacité de ces engrais foliaires, pour une même dose de cuivre métal, est globalement comparable à des
produits cupriques classiques, le prix au gramme de cuivre pour ces spécialités est supérieur, voire très supérieur.
Chacun fera donc son choix !
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Viticulture
A
fin de baisser les quantités de Deux stratégies basées sur l’utilisation de préparation à base de plantes ont été
cuivre utilisées, les vignerons testées :
jouent sur la stratégie 1. La décoction de bourdaine (200g d’écorce/ha), à usage répété après apparition
d’application, la qualité de des contaminations primaires
pulvérisation, et complètent également 2. Le « programme PETIOT » faisant alterner les extraits fermentés (ortie) en
avec des produits asséchants en année préventif et les tisanes réductrices (Thym, Romarin, Origan, Sarriette)
humide.
Le Prev-AM, ou Limocide : à présent Schéma d’un test à la parcelle
homologué comme anti-mildiou, ce
produit testé par l’ADABio sous le nom
de Prev B2 s’était révélé intéressant
en année très humide (2008) mais
totalement inutile en année plus sèche
(2009).
Le lithothamne, les argiles : utilisés en
pulvérisation, vont avoir tendance à
assécher le milieu et durcir les cuticule:
il sera donc d’autant plus difficile au
mildiou de s’implanter.
Des essais passés ou en cours avec
divers éléments d’origine naturelle
apportent des éléments de réponse,
notamment les infra doses de sucre,
infusion/décoction de bourdaine Modalité étudiées
contre le mildiou, décoction de prêle
et compost liquide contre le black
rot. Vignerons et institut techniques
commencent à s’intéresser également
à l’utilisation d’huiles essentielles.
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Élevage laitier
Le pâturage dynamique pour optimiser les valeurs
nutritives de la ressource en herbe
Témoignagne de Jean-François Excoffier, éleveur à Sales (74)
Jean-François Excoffier élève une Parmi les méthodes que j’ai essayées, mangent toute la hauteur. En pâturage
vingtaine de montbéliardes à Sales c’est la technique qui me permet tournant, elles mangeaient beaucoup
(74), à 350m d’altitude, et nous fait d’avoir le plus de production d’herbe et le meilleur la première journée
part de son expérience sur la conduite et avec le plus de régularité que ce soit et moins et le moins bon les jours
du pâturage. Il a un niveau d’étable de en conditions trop humides ou trop suivants. Cerise sur le gâteau, l’herbe
5300l/an, avec 600kg de concentrés. sèches. repousse plus vite derrière les vaches,
et je peux pâturer même en conditions
Quels types de pâturage as-tu testés ? En conditions normales je fais pâturer très humides.
25cm d’herbe et quand les vaches En fonction des conditions j’ouvre plus
J’ai testé de nombreuses choses : le sortent il reste 7cm. Je n’utilise que ou moins grand à mes vaches, c’est
pâturage « gazon court », le pâturage des repères visuels, je ne mesure pas ce qui me permet d’avoir une bonne
tournant, le pâturage au fil avec fil les surfaces car elles varient beaucoup disponibilité en herbe en conditions
arrière ou non, et avec des pressions avec la hauteur d’herbe et les sèches comme humides. Par exemple
de pâturage plus ou moins élevées. conditions météo. Il faut « avoir l’œil » en période sèche j’ai peu d’herbe
Aujourd’hui je m’inspire du pâturage pour distribuer les bonnes surfaces aux d’avance donc J’ouvre moins grand et je
néo-zélandais. Mes vaches sont au fil, vaches et prendre en compte le type distribue. Mais bizarrement mes vaches
et j’ouvre de l’herbe 2 fois par jour. Je d’herbe ! s’en tirent bien et ne maigrissent pas.
mets un fil arrière pour les empêcher
de revenir brouter, par contre lui je le Et quels sont les avantages de cette Quels sont les inconvénients selon toi ?
déplace tous les 2 à 3 jours. Avec mon technique de pâturage ?
fonctionnement il y a une forte pression L’accès à l’eau est un inconvénient, il
de pâturage (peu de surface par vache Cela me permet de pâturer des hauteurs faut déplacer l’abreuvoir souvent. J’ai
à un instant donné) et des temps de d’herbe importantes : si l’herbe est un abreuvoir rond en plastique que
pâturage plutôt courts (2 à 3 jours). Je bonne je peux aller jusqu’à 30cm ! je peux déplacer assez facilement à la
fais varier ces paramètres en fonction Par rapport à un pâturage tournant je main. Le mieux serait d’avoir un bac à
de la météo. Les vaches broutent trouve que c’est mieux d’un point de eau derrière le tonneau d’eau. En terme
pendant 2 à 3 jours un même endroit vue alimentaire car l’herbe consommée de temps, je passe 30 à 35 min par
ce qui permet de limiter les refus. est plus régulière et les vaches jour pour déplacer le fil (deux fois 15
minutes). J’estime que c’est du temps
bien investi, si je ne le passais pas là,
je le passerais à affourager en vert,
et j’aurais peut-être besoin d’acheter
des fourrages. En plus comparé à
l’affouragement en vert le pâturage
nécessite peu de matériel. Enfin, il y a
le coût de la fauche des refus.
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Élevage laitier
côté-là, je peux faucher tous les terrains Selon moi, il faut faucher les
que je pâture. J’entretiens mes prairies: refus en juin afin d’avoir de
après chaque passage des vaches, l’herbe appétente et de bonne
si elles doivent à nouveau pâturer qualité pendant l’été. En août
ce champ, je le herse pour étaler les c’est trop tard, car on vient de
bouses, favoriser leur décomposition, passer deux mois avec de l’herbe
et relancer la minéralisation. J’observe de qualité moyenne.
que l’herbe qui repousse est bien plus
appétente avec un hersage.
Comment procèdes-tu en conditions
Comment gères-tu les refus ? humides ?
Dès que je vois que l’herbe n’est plus En conditions humides j’ai remarqué
bonne et que j’ai des refus couchés, deux choses :
je reviens sur mes parcelles broutées 1. Il ne faut pas souiller l’herbe avec
en premier. Tant que les animaux me de la terre sinon la prairie repousse Figure 2 : la conduite du pâturage en
laissent des refus « debout » je trouve très mal derrière. Donc j’ouvre un peu conditions humides.
que ça n’a pas trop d’impact sur la plus grand et je rapproche le fil arrière
prairie. S’il y en a beaucoup je fauche des vaches. Les vaches doivent rester
la parcelle au tour suivant. Mais dès le moins longtemps possible sur une moins longtemps une même surface et
que les refus sont couchés et piétinés même parcelle pour ne pas piétiner, au je déplace le fil arrière tous les jours.
c’est que l’herbe n’est plus du tout maximum 1 jour. Si besoin je les rentre
appétente, il y a du gaspillage et en l’après-midi. Avec ces techniques, on arrive à passer
plus la prairie ne repousse pas bien 2. L’herbe est moins appétente donc toutes les années. Bien gérer le pâturage
derrière. je dois distribuer des hauteurs plus est indispensable sur mon exploitation
Je n’ai pas de broyeur, je trouve que faibles, vers 15cm au lieu de 25cm. Les car il s’agit d’une très grosse partie de
la fauche fait un travail plus propre vaches ne peuvent pas pâturer aussi la ration. C’est ce qui me permet d’avoir
et que la repousse d’herbe est mieux ras alors je les sors quand l’herbe est à des consommations de concentrés
consommée. Dans les pâtures des 10cm au lieu de 7 cm. faibles.
génisses, je fauche les refus et je leur Au final je les fais tourner bien plus vite
fais manger. dans mes parcelles, je les laisse brouter
À noter que la réussite de ce type de
pâturage nécessite des surfaces à la
fois pâturables et fauchables. Si vos
parcelles sont non mécanisables, mieux
vaut faire rentrer les vaches avec des
hauteurs d’herbe plus faibles pour
éviter les refus.
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Prairies
La Psyché des montagnes : Un ravageur des
prairies méconnu
C
ette année, le plateau ardéchois a vu apparaître un nouveau ravageur : la Psyché des montagnes. Ce ravageur
fait des apparitions cycliques, à peu près tous les dix ans, avec une dernière attaque sur le plateau en 2006, du
côté du Mont Mézenc.
De quels moyens dispose-t-on ? de chenilles en activité jusqu’en mai, à prendre toutes les précautions
donc moins protégées qu’en nymphose (encadrement par les pompiers si
À l’heure actuelle, seuls les produits dans leur fourreau. Mais aucun travail nécessaire) et respecter les procédures
contenant du Bacillus thuringiensis de recherche ne peut le confirmer. administratives.
s’avèrent efficaces. Les formules Rappelons enfin qu’il convient de
commerciales comme le « Bacivers » Existe-t-il des contraintes de traitement surveiller ses parcelles assez tôt dans
ou le « SUCCESS 4 » sont autorisées en spécifiques en zone Natura 2000 ? l’année et signaler une apparition de
bio, mais uniquement sur verger ou sur « On peut traiter au tracteur mais sur Psyché rapidement à la FDGDON et au
cultures sarclées. Pour les utiliser sur la zone touchée uniquement; celle-ci réseau CORABIO afin de mettre en place
prairie, il faut une dérogation spéciale étant très localisée, il ne sert à rien de des essais de lutte alternative.
de la DRAAF. La démarche a été testée par traiter largement en prévention » nous
la FDGDON - Fédération Départementale rapporte Jeremy Convers.
des Groupements de Défense contre Propos recueillis et approfondis par
les Organismes Nuisibles - de la Haute- Des idées de lutte alternatives Marion Viguier, Agri Bio Ardèche
Loire en 2006-2007. L’efficacité est
meilleure sur les jeunes chenilles : « le Des suggestions sont émises et
produit a très bien fonctionné pour les méritent attention, notamment la Sources : BSV Limousin 2014, BSV Auvergne 2010
et 2011, Entretiens personels FREDON Haute Loire,
producteurs qui ont traité jusque début fauche précoce des zones infestées FDGDON Ardèche, Chambre d’agriculture du Cantal,
mai et moins bien après », selon Jeremy ou l’écobuage. L’écobuage a été testé conversation avec 2 agriculteurs.
Convers (FDGDON 43). Ceci pourrait en Haute-Loire par un producteur,
s’expliquer par la plus forte proportion avec réussite, attention tout de même
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Apiculture
Nourrissement des colonies : quelle technique adopter ?
Témoignagne de deux apiculteurs bio de Rhône-Alpes
Christian Molle
Apiculteur bio à Accons (07)
sur une exploitation diversifiée
«
400 ruches, mélange de races.
Ma démarche concernant le
nourrissement de mes colonies est très
variable selon les années. Je n’avais
jamais nourri jusqu’aux deux printemps
précédents au cours desquels les
conditions défavorables m’ont obligé
à nourrir certains ruchers souffrant de
disette. J’ai alors utilisé du sirop de
sucre, apporté à toutes les colonies
d’un rucher à l’aide de nourrisseurs
installés sur chaque ruche. Je ne fais
que des nourrissements de sauvetage
et uniquement au printemps car jusqu’à
présent mes circuits de transhumance,
le passage sur les lavandes en
particulier, permettent aux colonies de
faire suffisamment de réserves pour
Gilles Deshors
Apiculteur bio à Roche La Molière (42) en GAEC avec 3 associés.
passer l’hiver. Je ne réalise pas de
800 ruches en production, 1000 avec les essaims.
«
nourrissement de stimulation car cela
favorise l’essaimage et est donc plus Buckfast en majorité, Caucasiennes et mélanges de races.
compliqué à gérer. De plus, mon circuit
de transhumance comporte plusieurs En général, je réalise 3 types de je ne nourris pas les abeilles en hiver. Si
miellées et si je stimule les abeilles trop nourrissement, qui ne sont bien sûr certaines colonies meurent, cela permet
tôt, soit elles essaiment, soit une partie pas systématiques et adaptés selon de faire une sélection. J’apporte du sirop
ne tient pas toute la saison. Je préfère les conditions : un nourrissement de de sucre, qui est réalisé directement sur
donc que les colonies se relaient sur les stimulation au printemps, avec une le rucher à l’aide d’une cuve fabriquée
différentes miellées. Par contre, il est concentration en sucre proche de celle également sur mesure. Cette cuve est
vrai qu’avec des conditions comme ces du nectar, qui permet d’optimiser composée de 3 compartiments, ce
deux dernières années, le nourrissement la récolte. En saison, je nourris les qui permet de faciliter le transport de
est important pour la bonne santé des essaims. Enfin, à l’automne je fais gros volumes d’eau, de fabriquer le
colonies et pour assurer une bonne un nourrissement de stockage avec sirop directement sur le rucher et ainsi
récolte. Les colonies que j’ai nourri trop un aliment assez concentré en sucre, d’adapter la quantité de sirop fabriquée
tard sont mortes de faim, ou alors ont ce qui permet aux abeilles de faire en fonction du nombre de colonies à
survécu mais ont fait une petite récolte. des réserves pour l’hiver. Pour ce nourrir. A l’aide d’un mélangeur et
Cependant, cela reste du dépannage et nourrissement, je pèse toutes les d’une pompe en circuit fermé, le sirop
ne remplacera jamais des conditions ruches à l’aide d’un peson fabriqué est réalisé en moins de 10 min. Ce
naturelles favorables, les plus efficaces
bonne récolte.
«
pour assurer une bonne santé et une
sur mesure et la quantité de nourriture
apportée est ainsi adaptée en fonction
du poids de chaque colonie. Par contre,
système de cuve et de peson permet
«
de limiter et optimiser le volume de
sucre utilisé.
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Grandes cultures
Désherber maïs et soja avec une bineuse à étoiles :
quels avantages et inconvénients ?
S
uite à la démonstration de Photo 1 : les éléments de binage.
bineuse à étoiles organisée par Même sans régler la bineuse pour butter, elle forme de petites buttes :
Agribiodrôme, la Dauphinoise
et le réseau Chambres
d’agriculture le 22 mai 2014 à Lens
Lestang (26), il nous a paru utile de
revenir sur cet outil.
dents
Sur une bineuse de marque
Hatzenbichler, il y a deux rangs de 4
étoiles précédés de 2 dents binant au
ras du protecteur de rang. La bineuse
comporte des protecteurs de rang qui
évitent de recouvrir le rang avec de
la terre dans les premiers stades. Les
protecteurs de rang sont réglables tout protecteur
comme l’inclinaison des étoiles (réglage de rang
de l’attaque) et la profondeur de travail.
Le binage se fait à une vitesse de 6km/h
dès les premiers passages grâce aux
protecteurs. Son prix (indicatif) est de
17 000 € pour 6 rangs.
Une des spécificités de cet outil est sa
capacité à butter la culture : il faut retirer
les protecteurs de rang, augmenter
l’inclinaison des axes d’étoiles et
enlever une à deux étoiles. La vitesse
peut être légèrement augmentée.
Notre impression lors de l’essai :
Le travail de l’inter-rang est très bien
fait, toutes les adventices sont éliminées
y compris des adventices qui seraient
bien implantées. Les protecteurs de étoiles
rang fonctionnent bien (très important
pour du maïs à ce stade qui supporte
mal d’être recouvert). Par contre le rang réglage de l’inclinaison
n’est pas travaillé. Chaque élément qui des étoiles
travaille l’inter-rang est lourd, et les
dents et les étoiles plantent même
dans un sol dur. les petites adventices. Cette solution Les protecteurs de rang posent problème
Des pierres peuvent se coincer. Sur des ne nous a pas donné satisfaction, les en virage ou en pente : le déflecteur est
parcelles avec beaucoup de grosses adventices n’étaient pas recouverts et trop long et risque d’abîmer le rang.
pierres ou de galets, cet outil devient si les protecteurs étaient davantage
difficile à passer. levés le maïs était couché. Les graisseurs sont assez mal placés et
il y en a beaucoup (64 en tout, 1 par
Pour désherber le rang nous avons Par contre dès le stade 6-8 feuilles la étoile) mais selon le fabricant il n’y a
essayé de relever légèrement les plus importante capacité à butter le pas besoin de graisser les roulements.
protecteurs de manière à recouvrir rang vient compenser cet inconvénient.
Martin Perrot, ADABio
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Grandes cultures
Photo 2 : le travail de la bineuse Photo 3 : formation de petites buttes dès le premier passage.
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Agronomie
L’agriculture de conservation en agriculture bio
Témoignage de Laurent Grange, éleveur à Boisset-lès-Montrond (42)
L
e 7 juillet dernier, dans le Loiret, a eu lieu une journée BASE BIO consacrée
à l’agriculture de conservation en agriculture biologique. À travers leurs
échanges avec deux intervenants spécialisés et une étude de parcelles bio
sursemées, les participants ont pu approfondir leurs connaissances sur le
sujet.
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Agronomie
Stephen Briggs a également comparé Du blé population a été implanté au printemps dans une luzerne
plusieurs formes de travail superficiel photo prise le 7 juillet dans le cadre de la journée Base Bio
du sol pour implanter des céréales (en
l’occurrence des blés de printemps)
et espèces sauvages. Certaines variétés environ 2/3 de la surface cultivée. Sur
dans les légumineuses : le « Drill », outil
sont en place depuis 9 ans, et peuvent ce sol argilo-calcaire de ph8 elle peut
qui travaille sur 3 cm de profondeur,
produire 12 quintaux/ha. Des céréales faire de bons rendements (13 t MS/ha).
a été employé sur 1 à 2 passages,
pérennes, pour certains sols durs à Elle est pâturée à l’automne, puis Jean-
comparé avec un témoin non travaillé,
travailler, c’est prometteur… » Baptiste sème dans la même parcelle
où les blés étaient donc implantés en
le blé population. Généralement, la
semis direct (avec une herse équipée
Échange d’expérience sur les luzerne repart dès le printemps. Les
d’un semoir). Il semble que le bon
rendements qu’il obtient sur céréales
équilibre ait été trouvé avec la modalité TCS avec Jean-Baptiste Drouin, sont moyens (entre 20 et 30 q/ha
« 1 passage » d’outil. Avec 2 passages, éleveur dans le Loiret habituellement, mais moins cette
le blé a bien démarré mais la parcelle a
année), mais Jean-Baptiste a insisté
eu tendance à se salir et dans le témoin Dans le cadre de cette même journée, sur le fait qu’il est plus important de
non travaillé, la compétition a été rude les participants ont visité les parcelles raisonner selon la marge plutôt qu’en se
et le trèfle a dominé, entraînant une de Jean-Baptiste Drouin, éleveur basant sur le rendement. Effectivement,
perte de rendement allant jusqu’à de chèvres et de vaches Angus en son expérience fait réfléchir. »
10 quintaux par hectare (passage de agriculture biologique et biodynamie,
50 qx/ha à 40). Pour Laurent « avec qui pratique le pâturage tournant (les
cette modalité, il aurait fallu ralentir Info + sur les sites :
vaches sont en pâturage intégral), et www.agriculture-de-conservation.com
le développement des trèfles en les qui met en place depuis 2005 les TCS sur
faisant pâturer ou en les broyant… » et www.bioactualités.ch
sa ferme. « Jean-Baptiste Drouin utilise Maurice Clerc et Matthieu Archambeaud
Laurent a par ailleurs été interpellé par un semoir (Ecodyn) qui lui permet de
les retours d’expériences qui ont lieu viendront en Rhône-Alpes cet hiver
pratiquer un semis direct sous couvert. dans le cadre de formations (décembre
depuis quelques années aux USA, au Le semoir est équipé de trois trémies,
Land Institute du Kansas : « là-bas, pour 2014 et janvier 2015). Renseignements
ce qui permet d’implanter plusieurs auprès de votre GAB.
faire face aux difficultés d’implantation, cultures en un seul passage (par
ce sont les cultures pérennes qui exemple féverole et blé). Jean-Baptiste
sont à l’étude. Des blés permanents associe tout, c’est un peu nouveau pour
(perennial wheats) sont testés : ils sont nous ! » remarque Laurent. « Il n’a pas Propos recueillis et approfondis par
issus de croisements entre blés cultivés de rotation type. La luzerne représente Sandrine Malzieu, ARDAB
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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
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