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la luciole

N°2 - sept-oct 14
Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes

20 pages  Bimestriel édité par le réseau Corabio

FORMATIONS
TÉMOIGNAGES
RETOURS D’EXPÉRIENCES

Maraîchage PPAM Arboriculture Elevage Agronomie


Viticulture Petits fruits Grandes cultures Apiculture
Édito Sommaire
Voici notre deuxième numéro de La Luciole. Point info national p.3
Actu & Réglementation
Vos premiers retours ont été très positifs : ils confortent l’équipe
de la rédaction et les conseils d’administration de nos GAB d’avoir Point info Rhône-Alpes p.4
pris la décision de créer ce nouvel outil et de le diffuser largement à tous Rendez-vous & Formations
les agriculteurs bio de notre région. Maraichage p.5
Cultiver la patate douce en
La Luciole nous offre aujourd’hui la possibilité de vulgariser les différentes Rhône-Alpes : une opportunité
techniques de l’agriculture biologique, source d’innovation et de progrès. en maraîchage diversifié ?
Ces techniques sont déjà pratiquées sur certains territoires de Rhône- Arboriculture p.7
Alpes par des agriculteurs conventionnels soucieux du bien-fondé de Gestion des pucerons
celles-ci et conscients de l’amélioration qu’elles peuvent apporter à la et du psylle dans le
qualité du sol et de l’eau. réseau Dephy Ecophyto
Etre ou devenir un agriculteur biologique, ce n’est pas uniquement se Petits-Fruits p.9
passer d’intrants ou chercher une plus-value commerciale, c’est un Gestion de la rouille
vrai changement de métier, remettant les cycles naturels et le rôle des du cassissier dans une
interactions entre plantes, sol et animaux au cœur de l’acte de production. exploitation du Roussillonnais
Viticulture p.10
Même si de plus en plus d’études et d’expérimentations sont menées
Des alternatives au cuivre
aujourd’hui, c’est aussi grâce au partage d’expériences entre les
Elevage p.12
agriculteurs eux-mêmes que s’expriment et se diffusent les valeurs et les
atouts de «l’agrobiologie».
Laitier
Le pâturage dynamique pour
La Luciole sera le fruit de ces témoignages. Son avenir aura sans aucun optimiser les valeurs nutritives
doute un impact favorable sur la santé de notre environnement ainsi que de la ressource en herbe
sur celle de ceux qui l’entretiennent. Prairies
La Psyché des montagnes : un
N’hésitez pas à faire remonter vos observations pour que La Luciole brille ravageur des prairies méconnu
de tout son éclat et diffusez la sans modération autour de vous. Apiculture p.15
Nourrissement des colonies :
Claude Villemagne quelle technique adopter ?
Président de l’ARDAB Grandes cultures p.16
Désherber maïs et soja avec
une bineuse à étoiles : quels
avantages et inconvénients ?
Agronomie p.18
L’agriculture de conservation
Contacts p.20

La Luciole est éditée par le réseau Corabio | Directeur de la publication : Ludovic Debrus | Coordination générale : Aurélie Herpe
et Fanny Campas | Maquette : Fanny Campas | Rédaction : Luc Bauer - Rémi Colomb - Antoine Couturier - Léa Droin - Arnaud
Furet Penser à l’ours
- Aurélie Herpe - Sandrine Malzieu - Jean-Michel Navarro - Martin Perrot - Marion Viguier - Claude Villemagne
Corabio est la Coordination Rhône-Alpes de l’Agriculture Biologique et fédère
les associations Agribiodrôme, Agri Bio Ardèche, ARDAB (Rhône et Loire)
et ADABio (Ain, Isère, Savoie, Haute-Savoie), ainsi que Bio A Pro,
plateforme de producteurs bio du Rhône et de la Loire
Tél : 04 75 61 19 53 - Fax : 04 75 79 17 58 - contact@corabio.org
INEED Rovaltain TGV - BP 11150 Alixan - 26958 Valence Cedex 09 Avec le soutien de :

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Point info national

Une lettre d’information sur le début de saison


pommes et poires bio
Tous les ans, la FNAB - Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique - publie des lettres
d’information conjoncturelles relatives aux filières. Elles ont été conçues pour apporter une
information adaptée aux besoins des agriculteurs et de leurs organisations économiques afin
de mieux se situer sur les marchés biologiques.
La lettre d’info « pommes et poires bio » est construite sur la base des informations
issues des bilans de campagne organisés par la FNAB et des données de l’observatoire des
conversions de l’Agence Bio. Fin août, des arboriculteurs bio, représentant les différents
Groupements régionaux d’agriculteurs bio - dont le réseau Corabio pour Rhône-Alpes - et les
organisations économiques de producteurs bio, se sont réunis pour faire le point sur le début
de la campagne.
Pour la campagne 2014/2015, les premières estimations indiquent que les disponibilités en
pommes bio origine France seront probablement un peu moins importantes que l’année
dernière (production équivalente à 2012/2013) avec la dominante d’une variété sur le marché
et une grosse baisse de production de la Golden. Mais les volumes devraient permettre de
satisfaire la demande en fruits, et ceci tout au long de la saison de vente. L’offre en poire
sera par contre plus hétérogène avec du volume prévu à l’automne suivi d’une production
plus réduite en hiver.

INFO + la lettre d’information pommes et poires bio n°1 - campagne 2014/15


est consultable sur le site www.fnab.org

Vigilance sur l’attache des bovins !


La mesure transitoire permettant l’attache des bovins bio dans les « anciens bâtiments » a pris fin en 2013.
Depuis le 1er janvier 2014, seule subsiste la dérogation « petites exploitations » qui implique que les animaux aient la possibilité
d’avoir accès à des espaces de plein air au minimum deux fois par semaine. Tous les éleveurs
bio pratiquant l’attache doivent envoyer à leur organisme certificateur le formulaire de demande
de dérogation. Ces demandes sont ensuite étudiées par l’INAO. D’après nos informations,
un certain nombre de demandes ont reçu une réponse négative. Si vous êtes concerné, il
est important de vérifier rapidement votre situation personnelle pour 2014, si nécessaire en
contactant votre contrôleur :

Avez-vous bien réalisé votre demande de dérogation 2014 ?


Dans le cas contraire, cela devient urgent !
Avez-vous reçu une réponse à votre dérogation ?
Dans le cas contraire, contactez votre contrôleur.
Votre dérogation a été refusée ?
Contactez votre GAB, afin de connaître les recours envisageables.

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Point info Rhône-Alpes

Rendez-vous & Formations


Retrouvez le programme détaillé d’octobre 2014 à juin 2015 sur www.corabio.org

Installation / Conversion Sol / Fertilité


Quinzaine de la Bio
> S’installer en maraichage bio : quels du 6 au 17 octobre 2014 > Les plantes bio-indicatrices : un outil de
repères techniques et économiques ? diagnostic des sols
Une 40aine de rendez-vous (portes
6 & 18 nov en Ardèche 7 & 8 oct dans le Vercors
ouvertes dans les fermes, visites
Contact : Léa Droin, Agri Bio Ardèche Contact : Fleur Moirot, Agribiodrôme
d’entreprises bio, café installation…)
> S’installer en maraîchage biologique, des dans toute la région, destinés aux > Gérer la fertilité de ses sols en cultures
repères techniques et économiques annuelles
agriculteurs bio et conventionnels,
19, 20 & 26 nov dans le Rhône et la Loire 17 & 25 nov dans le Rhône et la Loire
porteurs de projets d’installation,
Contact : Pauline Bonhomme, ARDAB Contact : Pauline Bonhomme
jeunes en formation agricole,
techniciens et animateurs. Ils sont
Élevage Auto construction / Machinisme
axés sur la technique, l’échange,
> Initiation aux pratiques de médecine démonstrations de matériel avec > Conception d’un séchoir à claies
manuelle traditionnelle en élevage autoconstruit - perfectionnement
l’appui de référents techniques.
13 & 14 nov en Ardèche 18 nov à Crest (26)
Programme sur www.corabio.org ou à
Contact : Anne-Lise Lefort, Agri Bio Ardèche Contact : Julia Wright, Agribiodrôme
quinzainebio@gmail.com
> Initiation à la méthode Obsalim
19 & 20 nov à Annecy-Bonneville (74) Transformation à la ferme
Contact : Martin Perrot, ADABio > Transformer ses PPAM bio en
> Homéopathie vétérinaire : passer à la Productions végétales cosmétiques et plantes sèches
pratique en sérénité ! 6 nov & 4 déc dans le Rhône et la Loire
26 nov et 3 déc en Ardèche > Des plantes pour soigner les plantes Contact : Pauline Bonhomme, ARDAB
Contact : Marion Viguier, Agri Bio Ardèche 27 & 28 nov en Ardèche
> Initiation aux médecines manuelles Contact : Léa Droin, Agri Bio Ardèche
Organisation du travail
adaptées aux petits ruminants
Petits fruits et PPAM > Collectifs agricoles : Mieux s’organiser,
30 & 31 oct à Saint-François-de-Sales (73) moins se déchirer
Contact : Martin Perrot, ADABio > Conduire un atelier fraise et framboise 27 & 28 nov à Crest (26)
en bio
Contact : Samuel l’Orphelin, Agribiodrôme
Maraîchage 30 &31 oct dans la Drôme et l’Ardèche
> Des clés techniques pour réussir la gestion Contacts : Fleur Moirot, Agribiodrôme et
Léa Droin, Agri Bio Ardèche
Biodynamie
de son exploitation en maraîchage bio > Travailler avec la lune et les astres en
d’oct à déc 2014 dans le Rhône et la Loire élevage, grandes cultures, maraichage,
Contact : Pauline Bonhomme, ARDAB Arboriculture
arboriculture…
> Des clés techniques pour optimiser la > Partage d’expérience et de savoir en 27 & 28 nov en Isère et Haute-Savoie
production hivernale et printanière en arboriculture
Contact : Martin Perrot, ADABio
maraîchage biologique diversifié 5j d’oct à mars dans les Baronnie (26)
Contact : Fleur Moirot, Agribiodrôme
D’oct 2014 à mars 2015 sur la zone ADABIO Agroforesterie
(Ain, Isère, Savoie et Haute-Savoie)
Viticulture > Mettre en place un système agroforestier
Contact : Rémi Colomb, ADABio 24 nov & 1er dec à le Coteau (42)
> Gestion de la fertilité des sols: choix de > Faire de bons vins avec un minimum Contact : Sandrine Malzieu, ARDAB
la MO de sulfites – perfectionnement et voyage
nov 2014, lieu à définir d’étude en Beaujolais
Contact : Rémi Colomb, ADABio 20 nov, 27 & 28 févr, zone Beaujolais (26)
Contact : Julia Wright, Agribiodrôme

L’ARDAB est certifiée Qualicert conformément au référentiel


Ces formations sont financées par les fonds «Des engagements certifiés pour la formation des entrepreneurs du vivant - RE/VIV»
de formation VIVEA et FEADER Organisme certificateur SGS

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Maraîchage
Cultiver la patate douce en Rhône-Alpes,
une opportunité en maraîchage diversifié ?
Témoignage de Luc Veyron, maraîcher à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs (38)

C
ette plante tropicale appartient à la famille des Convolvulacées, soit
la même famille que le liseron ! Certainement originaire d’Amérique, la
patate douce est arrivée en France au 18ème siècle, elle est actuellement
cultivée sur des petites surfaces dans quelques exploitations maraîchères
du Sud-Est et du Sud-Ouest.

En Rhône-Alpes, beaucoup de Le temps et la technicité demandée


maraîchers bio sont intrigués par la par cette étape de bouturage peut
culture de la patate douce et nous engendrer un coût de production élevé.
sollicitent pour connaître les secrets de Pour y faire face, Luc s’en affranchit en
réussite de cette production. achetant à son fournisseur de fleurs
des plants de patates douces. À noter
Pour en savoir plus et avoir quelques que dans le secteur, l’entreprise Graines
références locales, nous nous sommes Voltz est le seul fournisseur de plants
rendu sur l’exploitation de Luc Veyron bio de patate douce, qu’ils distribuent
située dans la plaine de la Bièvre. « Ma eux même ou par l’intermédiaire des
première motivation, c’est la curiosité producteurs de plants. Les quantités
technique ! » annonce Luc. Une soif sont limitées, aussi il est préférable de
d’innovation qui nous rappelle la raison commander ses plants avant Noël.
de son engagement en tant que président Luc Veyron
de la SERAIL -Station d’Expérimentation Selon le climat Rhônalpin, la plantation
Rhône-Alpes d’Information Légumes. se réalise à partir du mois de mai et il est
fortement recommandé de cultiver sous déjà présentes dans sa serre. D’une
À la différence de la pomme de terre, la abri sur un paillage plastique noir afin manière générale, la plante redoute
plantation des tubercules directement d’obtenir des températures adaptées l’humidité stagnante. À la fin du mois
dans le sol ne fonctionne pas, il est (au dessus de 15°C dans l’air et de de juillet, au début de la formation
nécessaire de passer par une étape 10°C dans le sol). Luc reçoit ses plants des tubercules, il faut s’assurer d’un
de bouturage : en repiquant dans des un peu tôt, mi-avril, mais en tant qu’ arrosage légèrement plus important. À
godets les rejets issus de la mise en horticulteur il peut les conserver après partir de mi-août, l’irrigation doit être
germination du tubercule. rempotage en pépinière « chauffée » stoppée pour forcer la maturation des
jusqu’à la plantation. tubercules.
La patate douce préfère des sols légers
et profonds, « comme pour la pomme Concernant la fertilisation, la patate
de terre, nous évitons de plomber le douce est de manière générale très peu
sol, après un sous-solage, une terre exigeante, mise à part en potasse.
soufflée convient parfaitement. » Luc, même s’il n’a pour le moment
précise Luc. Inspiré par les essais de pas observé de problème sanitaire
densité de 2012 du GRAB - Groupement particulier, redoute les ravageurs
de Recherche en Agriculture Biologique, souterrains connus pour cette culture
basé à Avignon - il prévoit une distance (taupins et campagnols). Il faut donc
de 1,7 m entre les lignes de plantation prévoir de prélever des échantillons
et un écartement de 30 cm entre les courant septembre pour vérifier la
plants, même s’il souhaiterait essayer proportion d’attaque et le stade
de densifier davantage sur le rang. d’avancement. Parfois, il est plus
Pour satisfaire les besoins en eau de judicieux d’avancer la récolte pour
la culture, Luc installe deux lignes par limiter les pertes.
Plant de patate douce - GRAB
planche de goutte à goutte réutilisable

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Maraîchage

Serre de culture en juillet - GRAB

La tubérisation de la patate douce Dans le cas où l’on ne possède pas de été sur une durée de plus de 5 mois et
commence à partir de mi-août et lieu de stockage permettant d’atteindre nécessite un investissement important
s’accélère à la mi-octobre (longueur ce niveau d’exigence, il est nécessaire dans les plants. Ainsi, les marges de
de jour inférieur à 14h). En théorie, il de les conserver dans un endroit plutôt rentabilité ne sont pas si grandes, il
serait donc idéal de prolonger la culture sec, sombre et aéré à une température est donc nécessaire d’avoir une bonne
jusqu’à début novembre voire au-delà constante supérieure à 5°C. Garder en maîtrise technique de la culture.
afin d’avoir une augmentation des caisse permet de limiter les contacts Précisément, Luc achève notre entretien
calibres. Chez Luc, « l’année dernière la entre les tubercules, et ainsi d’éviter la sur son souhait d’insérer un essai
récolte a démarré un peu tardivement propagation de maladies. patate douce dans le programme de la
(début novembre), nous avons prélevé station d’expérimentation, afin d’avoir
au fur à mesure des ventes, mais fin Aujourd’hui la majorité des davantage de références techniques et
novembre une partie des tubercules consommateurs ne connait pas économiques locales sur cette espèce.
ont gelé malgré leur protection avec un vraiment ce légume mais Luc assure
voile thermique. » que le produit a du succès : « les gens
Dans d’autres circonstances, il est ne pensaient pas que la patate douce Propos recueillis et approfondis par
préférable de broyer la végétation pouvait se produire ici, puisque dans Rémi Colomb, ADABio
restante avant d’attaquer le chantier les grandes-surfaces elle se retrouve
de récolte. Une arracheuse à pomme de souvent placée dans le rayon des
terre, si les tubercules ne sont pas trop fruits et légumes exotiques... Chez eux, Sources : « Les nouvelles espèces légumières »
en profondeur, peut très bien convenir. la surprise cède rapidement place à H. Zuang, 1991, CTIFL ; Essai GRAB 2012 « culture
D’après l’expérience de Luc, la l’envie! En décembre tout était vendu. » biologique de patate douce en plein champ : essai
conservation au sol ne semble pas être densité en culture » C. Mazollier ; Essai GRAB 2013
la solution sous nos latitudes. Une fois La patate douce peut ainsi être une «Essai variétal de patate douce en culture biologique
sous abris » C. Mazollier ; « La patate douce et son
récolté, il faut absolument faire baisser aubaine pour les maraîchers biologiques, potentiel pour la production biologique : essais et
le taux d’humidité des tubercules afin de rajouter de la diversité à leur constats» D. Wees, 2012, Université McGill ; « Patates
avant de les stocker, par un séchage de production et une alternative à leur et Ignames dans la région parisienne et plus au
quelques jours au soleil ou dans un lieu rotation. Cette culture est peu sensible Nord» A. Guillaumin, 1944
ventilé et chaud. Il faut manipuler les aux maladies et ravageurs et n’est pas
tubercules avec le plus grand soin afin très exigeante en fertilisation. De plus,
d’éviter de les abimer. ce produit est très bien valorisé en vente
Après cette étape, il faut les conserver directe. Mais il s’agit d’une production
comme les courges entre 10 et 15°C. qui occupe une surface sous-abris en

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Arboriculture
Gestion des pucerons et du psylle dans le réseau
Dephy Ecophyto

D
ans un réseau de 9 fermes Ecophyto Dephy Pommes-Poires situées dans l’Ain, l’Isère et la Savoie, l’ADABio suit
l’évolution des stratégies de protection phytosanitaire mises en place depuis plusieurs années.

Un premier bilan fait ressortir que pour les maladies, c’est en premier lieu la tavelure qui pose le plus de problèmes.
Concernant les ravageurs, ce sont les pucerons qui entraînent le plus de traitements avec des insecticides polyvalents, le
carpocapse étant maîtrisé par des produits de biocontrôle.
Le puceron cendré du pommier et le mauve du poirier sont les plus dommageables du fait qu’une attaque précoce avant floraison
entraîne une forte alternance de production. Dans les jeunes vergers, ils perturbent la formation des arbres. Les pucerons verts
migrants ou non, posent moins de problèmes. Le puceron vert migrant favorise même l’installation des auxiliaires. Enfin, le
puceron lanigère du pommier, lié à un problème de vigueur, pose parfois de sérieux problèmes les années où la fraîcheur et
l’humidité du printemps retarde le cycle biologique de son hyménoptère parasite.
Les problèmes de psylle commun du poirier, après conversion, disparaissent. Il est rare d’avoir de grosses productions de miellat
si les punaises prédatrice de cet insecte sont préservées dès le débourrement des arbres.

Méthodes de lutte mises en place dans les 9 fermes :

1. Réduction de l’inoculum hivernal 2. Barrière physique printanière 8 fermes effectuent un minimum de 2


par barrière physique automnale traitements aux huiles blanches à la dose
La kaolinite calcinée est également de 10 à 20 litres/ha avant floraison sur
Cette technique de lutte concerne utilisée au printemps pour empêcher les très jeunes pucerons. La ferme qui
principalement les pucerons mauves la ponte des fondatrices du puceron n’utilise pas cette technique craint que
et cendrés qui migrent en été sur les cendré, du mauve ou du psylle commun les huiles ne détruisent les coccinelles
plantes à rosettes et reviennent de du poirier, voire celui du pommier si prédatrices de cochenilles que l’on peut
septembre à novembre pour pondre sur problème de balais de sorcières. observer tout l’hiver.
les arbres fruitiers. Cette technique n’est pratiquée que Le Neem azal, qui vient de bénéficier
Seulement 2 fermes sur les 9 du réseau dans 2 fermes et principalement sur d’une dérogation sur puceron cendré
pratiquent cette technique qui consiste poirier contre le psylle. du pommier, permettrait un plus grand
à pulvériser de l’argile (Kaolinite respect des auxiliaires que les huiles.
calcinée) pour empêcher les femelles 3. Lutte insecticide Par contre, sur poirier, le Neem azal
de repérer les arbres. Il faut renouveler est phytotoxique pour de nombreuses
la protection dès que les arbres ne sont Elle est pratiquée systématiquement variétés en dehors des variétés: Abate,
plus blancs. avant floraison sur le puceron mauve Beurré Hardy, Bosc, Harrow sweet,
Lors de la quinzaine de la conversion, du poirier et sur le puceron cendré du Giffard, Louise Bonne, Packams, Uta,
il sera possible de visiter la ferme de pommier dont le seuil de nuisibilité, en Williams.
Christophe Raucaz, à Verrens-Arvey début de végétation, n’est que de 1% Le Pyrévert, qui a bénéficié d’une
en Savoie, qui pratique ce type de de pousses ou bouquets des fruitiers dérogation il y a quelques années
protection. occupés. sur les pucerons, mais qui n’est plus

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Arboriculture
homologué que sur anthonome, est 5. Prédations et parasitismes
utilisé parfois en rattrapage si les naturels
traitements aux huiles n’ont pas été
efficaces. Ce produit, peu sélectif Les pucerons étant les proies préférées
des auxiliaires, n’est plus employé des larves de syrphes, de coccinelles,
après la floraison pour préserver les de chrysopes, de forficules ou étant
auxiliaires. parasités par de microguêpes, les

credit - Jacques Subra


En poirier et pour nettoyer le miellat du producteurs essaient de préserver
lanigère ou des pucerons en attendant ces auxiliaires lors des interventions
l’arrivée des auxiliaires, les producteurs phytosanitaires. Les insecticides trop
utilisent avec parcimonie les terpènes polyvalents, comme le pyrévert ne
d’orange (Prév B2 ou Prévam) ou de sont employés qu’en cas de présence
pin (Héliosol), les savons noirs, ces de ravageurs secondaires comme
produits n’étant pas neutres pour les la cécidomyie des poirettes ou Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie
pucerons. l’anthonome du pommier et ne sont
employés qu’avant floraison.
4. Taille et alimentation azotée des Certaines plantes à fleur attirant les grand nombre le puceron de la fève,
vergers adultes de ces auxiliaires, 3 fermes qui ne parasite pas les arbres mais
testent l’implantation de phacélie dans attire beaucoup les coccinelles.
Toutes les fermes pratiquent une un entre-rang sur 4. La phacélie est Pour les forficules qui sont de précieux
taille permettant la pénétration de la préférée au sarrazin ou à la moutarde auxiliaires en vergers de pommiers ou
lumière à l’intérieur de l’arbre afin de du fait que l’on peut la rouler sur cette de poiriers, aucun test n’a été effectué.
favoriser les hyménoptères parasites plante. Ces plantes n’attirent pas les Pourtant il faudrait aménager le travail
de pucerons, notamment l’Aphéminus campagnols. du sol en hiver pour éviter de détruire
mali. les œufs qui y hibernent, protégés par
Apport maximum de 60 unités d’azote Le GAEC des Plantaz, à Flaxieu dans le la femelle.
par hectare plus d’un mois avant Bugey, qui a fait l’objet d’une porte- Le psylle n’est plus un problème
floraison afin de ne pas favoriser les ouverte début juin 2014, a préféré en bio à condition de préserver les
pucerons. implanter de la féverolle à proximité anthocorides qui sont de petites
des vergers du fait qu’elle héberge en punaises prédatrices de cet insecte
qui hivernent souvent dans le lierre.
Quelques fermes pratiquent encore des
lâchers inoculatifs d’Anthocoris durant
la floraison du poirier pour éviter les
pullulations de psylle.
Pour baisser l’Indice de Fréquence de
Traitement (IFT) chimique consacré aux
pucerons, les arboriculteurs vont tester
le remplacement des huiles minérales
par d’autres d’origine végétale classées
en IFT Biocontrôle.
La lutte biologique par lâcher d’insectes
auxiliaires ne fonctionnant pas sur
pucerons, c’est l’amélioration de la
biodiversité fonctionnelle qui sera
privilégiée par l’implantation de bandes
fleuries sur une surface plus importante
du verger.

Jean-Michel Navarro, ADABio

Photo fournie par la société AGRI-Synergie qui fabrique la Kaolinite calcinée nommée Sokalciarbo

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Petits-fruits
Gestion de la rouille du cassissier dans une
exploitation du roussillonnais

L
’EARL Ninounco, située dans le La variété Andega bien que peu sensible à la rouille pour les variétés tolérantes
Roussillonnais, dont la principale à l’oïdium est attaquée par la rouille à l’oïdium.
production était encore la pêche ce qui peut nuire à la transformation Le cuivre et le soufre utilisés, dans
au début des années 2000, a dû des feuilles et à la pérennité de la les autres pays, pour lutter contre
remplacer, suite à une attaque de plantation. l’anthracnose ont une action sur la
Sharka, cette espèce par des fruits à La rouille se développe d’abord, la rouille.
pépins, des PPAM et du cassis. 1ère année, sur les pins à 5 aiguilles et Cependant, en France, ces 2 produits ne
l’année suivante infeste, au printemps sont pas homologués sur petits fruits
Claude Vaudaine, chef d’exploitation
les groseilliers et les cassissiers sur biologiques.
à l’EARL en a profité pour convertir
un rayon de 250 km. Le champignon
ces nouvelles cultures à l’agriculture Pour rester en conformité avec la loi
réinfeste 7 fois ces cultures de mai
biologique. et octobre. Les feuilles tombent concernant la lutte contre l’anthracnose
prématurément à l’automne et la (et la rouille), Claude Vaudaine utilise
Le cassis, vendu à des transformateurs des engrais foliaires à base de cuivre ou
rouille recontamine alors les pins situés
sous forme de fruits mais aussi de de soufre voire de manganèse
à moins de 5 km ou se conserve au sol.
feuilles, occupe une surface de 1,5 ha
sur l’exploitation qui comprend 30 ha Consort serait la seule variété de cassis
dont 16 en fruits. Lors de la récolte résistante à la rouille. La station de
mécanique du cassis, les feuilles sont Jarcieu dispose de relevés de sensibilité
récupérées pour le séchage.

Ce programme de traitement n’apporte que 1,32 kg de cuivre métal et 6 kg de soufre minéral à l’hectare pour l’année 2014

Claude Vaudaine essaie également de broyer les feuilles mortes avant le débourrement pour réduire l’inoculum hivernal de
rouille et d’anthracnose.

Pour améliorer la lutte contre la rouille et l’anthracnose, outre l’homologation de produits utilisables en AB, il serait
souhaitable que le BSV - Bulletin de Santé du Végétal- Rhône-Alpes indique, selon les conditions climatiques, les périodes
favorables aux attaques d’anthracnose et de rouille.

Jean-Michel Navarro, ADABio

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Viticulture
Des alternatives aux cuivres

Bien choisir son cuivre


Dans le précédent numéro de la Luciole, nous avions comparé les différentes formes chimiques de cuivre utilisées
par les vignerons bio.
Cependant, la formulation joue autant, si ce n’est plus que la forme chimique du cuivre sur sa solubilisation et donc
son efficacité. D’autres critères de choix peuvent aussi être pris en compte : liquide, granulés dispersibles, poudre…
ou encore le prix.

Voici un petit tableau de comparaison très parlant :

Nous pouvons noter que la bouillie bordelaise reste un des produits les plus abordables, aussi efficace qu’un autre
cuivre lorsque les traitements peuvent être positionnés correctement avant les pluies.
En 2013, sur un essai de l’ADABio, nous pouvions noter une efficacité de 66% pour une Bouillie Bordelaise dosée à
150g/ha de Cu métal par passage x12 passages, soit un cumul de 1,8 kg Cu métal/ha annuel, contre 67% d’efficacité
pour un Kocide dosé et appliqué de la même façon. Sur le même essai, un dosage à 600g/ha/traitement en Kocide
avait une efficacité de 93%, pour un apport total de de 7,2 kg. En terme de coût, cela représente respectivement
44,38€/ha pour la Bouillie Bordelaise, 82,68€/ha pour le Kocide à 150g et 330,72€/ha pour le Kocide à 600g.
Sur le terrain, des vignerons utilisent parfois en complément des engrais foliaires, contenant du cuivre. Là encore une
comparaison tarifaire est intéressante :

Si l’efficacité de ces engrais foliaires, pour une même dose de cuivre métal, est globalement comparable à des
produits cupriques classiques, le prix au gramme de cuivre pour ces spécialités est supérieur, voire très supérieur.
Chacun fera donc son choix !

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Viticulture

A
fin de baisser les quantités de Deux stratégies basées sur l’utilisation de préparation à base de plantes ont été
cuivre utilisées, les vignerons testées :
jouent sur la stratégie 1. La décoction de bourdaine (200g d’écorce/ha), à usage répété après apparition
d’application, la qualité de des contaminations primaires
pulvérisation, et complètent également 2. Le « programme PETIOT » faisant alterner les extraits fermentés (ortie) en
avec des produits asséchants en année préventif et les tisanes réductrices (Thym, Romarin, Origan, Sarriette)
humide.
Le Prev-AM, ou Limocide : à présent Schéma d’un test à la parcelle
homologué comme anti-mildiou, ce
produit testé par l’ADABio sous le nom
de Prev B2 s’était révélé intéressant
en année très humide (2008) mais
totalement inutile en année plus sèche
(2009).
Le lithothamne, les argiles : utilisés en
pulvérisation, vont avoir tendance à
assécher le milieu et durcir les cuticule:
il sera donc d’autant plus difficile au
mildiou de s’implanter.
Des essais passés ou en cours avec
divers éléments d’origine naturelle
apportent des éléments de réponse,
notamment les infra doses de sucre,
infusion/décoction de bourdaine Modalité étudiées
contre le mildiou, décoction de prêle
et compost liquide contre le black
rot. Vignerons et institut techniques
commencent à s’intéresser également
à l’utilisation d’huiles essentielles.

Des tests participatifs et grandeur


nature dans le Beaujolais
L’ARDAB, en partenariat avec la chambre
d’agriculture du Rhône, a testé en
2013, à la demande de plusieurs
vignerons bio intéressés, certaines Résultats : Les deux parcelles
de ces alternatives. Le but de cette où ont été testé le «Programme
démarche était d’évaluer et de mesurer PETIOT» n’ont pas connu de
objectivement l’effet des différents pression mildiou. Nous n’avons
types de préparations alternatives donc pas pu conclure sur
au cuivre sur le développement des l’efficacité de ces préparations
maladies, principalement le mildiou. en complément du cuivre à
Ces solutions ont été testées « in-
dose réduite. Pour la bourdaine,
situ », dans les conditions réelles
les résultats sont intéressants :
d’exploitations (parcelles de vignerons,
leur matériel de pulvérisation), et voir le graphique ci-contre.
dans différents secteurs pour valider
les résultats dans plusieurs contextes En moyenne sur les 4 parcelles d’essai, la décoction de bourdaine associée au
pédoclimatiques. cuivre apporte une protection supplémentaire sur feuilles et grappes, comparé
6 parcelles chez 5 vignerons (3 en à une application de cuivre seul à même dose. Ce « plus » n’est pas toujours
Beaujolais, un en Coteaux du Gier, un significatif selon les essais (variabilité des résultats).
en Côte du Rhône nord) ont été mises
en place et suivies avec un protocole Pour affiner et tenter de confirmer ces observations, cette préparation sera testée
commun, simple à respecter par le dans un essai CEB de la Chambre d’agriculture du Rhône en 2014.
vigneron qui était responsable des
applications. Arnaud Furet, ADABio et Luc Bauer, ARDAB

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Élevage laitier
Le pâturage dynamique pour optimiser les valeurs
nutritives de la ressource en herbe
Témoignagne de Jean-François Excoffier, éleveur à Sales (74)
Jean-François Excoffier élève une Parmi les méthodes que j’ai essayées, mangent toute la hauteur. En pâturage
vingtaine de montbéliardes à Sales c’est la technique qui me permet tournant, elles mangeaient beaucoup
(74), à 350m d’altitude, et nous fait d’avoir le plus de production d’herbe et le meilleur la première journée
part de son expérience sur la conduite et avec le plus de régularité que ce soit et moins et le moins bon les jours
du pâturage. Il a un niveau d’étable de en conditions trop humides ou trop suivants. Cerise sur le gâteau, l’herbe
5300l/an, avec 600kg de concentrés. sèches. repousse plus vite derrière les vaches,
et je peux pâturer même en conditions
Quels types de pâturage as-tu testés ? En conditions normales je fais pâturer très humides.
25cm d’herbe et quand les vaches En fonction des conditions j’ouvre plus
J’ai testé de nombreuses choses : le sortent il reste 7cm. Je n’utilise que ou moins grand à mes vaches, c’est
pâturage « gazon court », le pâturage des repères visuels, je ne mesure pas ce qui me permet d’avoir une bonne
tournant, le pâturage au fil avec fil les surfaces car elles varient beaucoup disponibilité en herbe en conditions
arrière ou non, et avec des pressions avec la hauteur d’herbe et les sèches comme humides. Par exemple
de pâturage plus ou moins élevées. conditions météo. Il faut « avoir l’œil » en période sèche j’ai peu d’herbe
Aujourd’hui je m’inspire du pâturage pour distribuer les bonnes surfaces aux d’avance donc J’ouvre moins grand et je
néo-zélandais. Mes vaches sont au fil, vaches et prendre en compte le type distribue. Mais bizarrement mes vaches
et j’ouvre de l’herbe 2 fois par jour. Je d’herbe ! s’en tirent bien et ne maigrissent pas.
mets un fil arrière pour les empêcher
de revenir brouter, par contre lui je le Et quels sont les avantages de cette Quels sont les inconvénients selon toi ?
déplace tous les 2 à 3 jours. Avec mon technique de pâturage ?
fonctionnement il y a une forte pression L’accès à l’eau est un inconvénient, il
de pâturage (peu de surface par vache Cela me permet de pâturer des hauteurs faut déplacer l’abreuvoir souvent. J’ai
à un instant donné) et des temps de d’herbe importantes : si l’herbe est un abreuvoir rond en plastique que
pâturage plutôt courts (2 à 3 jours). Je bonne je peux aller jusqu’à 30cm ! je peux déplacer assez facilement à la
fais varier ces paramètres en fonction Par rapport à un pâturage tournant je main. Le mieux serait d’avoir un bac à
de la météo. Les vaches broutent trouve que c’est mieux d’un point de eau derrière le tonneau d’eau. En terme
pendant 2 à 3 jours un même endroit vue alimentaire car l’herbe consommée de temps, je passe 30 à 35 min par
ce qui permet de limiter les refus. est plus régulière et les vaches jour pour déplacer le fil (deux fois 15
minutes). J’estime que c’est du temps
bien investi, si je ne le passais pas là,
je le passerais à affourager en vert,
et j’aurais peut-être besoin d’acheter
des fourrages. En plus comparé à
l’affouragement en vert le pâturage
nécessite peu de matériel. Enfin, il y a
le coût de la fauche des refus.

Quels sont les facteurs de réussite de


ton mode de pâturage ?

J’utilise un maximum les routes pour


faire transiter les vaches, cela évite le
piétinement et le broyage des entrées.
J’alterne également une fauche et une
pâture sur chaque parcelle. Je me limite
à deux pâturages consécutifs, puis
je fauche. Cela diminue la pression
parasitaire et maintien la flore et
Figure 1 : la conduite du pâturage en conditions normales. l’appétence. J’ai de la chance de ce

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Élevage laitier
côté-là, je peux faucher tous les terrains Selon moi, il faut faucher les
que je pâture. J’entretiens mes prairies: refus en juin afin d’avoir de
après chaque passage des vaches, l’herbe appétente et de bonne
si elles doivent à nouveau pâturer qualité pendant l’été. En août
ce champ, je le herse pour étaler les c’est trop tard, car on vient de
bouses, favoriser leur décomposition, passer deux mois avec de l’herbe
et relancer la minéralisation. J’observe de qualité moyenne.
que l’herbe qui repousse est bien plus
appétente avec un hersage.
Comment procèdes-tu en conditions
Comment gères-tu les refus ? humides ?

Dès que je vois que l’herbe n’est plus En conditions humides j’ai remarqué
bonne et que j’ai des refus couchés, deux choses :
je reviens sur mes parcelles broutées 1. Il ne faut pas souiller l’herbe avec
en premier. Tant que les animaux me de la terre sinon la prairie repousse Figure 2 : la conduite du pâturage en
laissent des refus « debout » je trouve très mal derrière. Donc j’ouvre un peu conditions humides.
que ça n’a pas trop d’impact sur la plus grand et je rapproche le fil arrière
prairie. S’il y en a beaucoup je fauche des vaches. Les vaches doivent rester
la parcelle au tour suivant. Mais dès le moins longtemps possible sur une moins longtemps une même surface et
que les refus sont couchés et piétinés même parcelle pour ne pas piétiner, au je déplace le fil arrière tous les jours.
c’est que l’herbe n’est plus du tout maximum 1 jour. Si besoin je les rentre
appétente, il y a du gaspillage et en l’après-midi. Avec ces techniques, on arrive à passer
plus la prairie ne repousse pas bien 2. L’herbe est moins appétente donc toutes les années. Bien gérer le pâturage
derrière. je dois distribuer des hauteurs plus est indispensable sur mon exploitation
Je n’ai pas de broyeur, je trouve que faibles, vers 15cm au lieu de 25cm. Les car il s’agit d’une très grosse partie de
la fauche fait un travail plus propre vaches ne peuvent pas pâturer aussi la ration. C’est ce qui me permet d’avoir
et que la repousse d’herbe est mieux ras alors je les sors quand l’herbe est à des consommations de concentrés
consommée. Dans les pâtures des 10cm au lieu de 7 cm. faibles.
génisses, je fauche les refus et je leur Au final je les fais tourner bien plus vite
fais manger. dans mes parcelles, je les laisse brouter
À noter que la réussite de ce type de
pâturage nécessite des surfaces à la
fois pâturables et fauchables. Si vos
parcelles sont non mécanisables, mieux
vaut faire rentrer les vaches avec des
hauteurs d’herbe plus faibles pour
éviter les refus.

Propos recueillis et approfondis par


Martin Perrot, ADABio

Jean-François Excoffier en conduite de pâturage

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Prairies
La Psyché des montagnes : Un ravageur des
prairies méconnu

C
ette année, le plateau ardéchois a vu apparaître un nouveau ravageur : la Psyché des montagnes. Ce ravageur
fait des apparitions cycliques, à peu près tous les dix ans, avec une dernière attaque sur le plateau en 2006, du
côté du Mont Mézenc.

La Psyché des montagnes Oreopsyche


Angustella est un papillon de zone
d’altitude (entre 900 et 1300 m). C’est
au stade chenille qu’il cause des dégâts
sur les prairies, entre mi-avril et fin mai;
il est facilement identifiable par son
fourreau constitué de débris végétaux.

Deux producteurs biologiques ont


signalé des dégâts fin avril à Ste Eulalie
et Lachamp-Raphaël (1300m d’altitude).
La survenue du ravageur à la sortie de
l’hiver, les a pris de court. L’un d’eux
témoigne : « je n’ai pas vu tout de suite
l’attaque car la parcelle était éloignée,
la moitié de la parcelle a été attaquée.»
Le ravageur reste groupé et forme de
grands ronds sur la prairie. « Au final,
les pertes en fourrage vont jusqu’à
70% sur certaines parcelles, mais avec
une partie imputable à la sècheresse.
Dans tous les cas la quasi-totalité des Les dégâts sur les prairies.
graminées a disparu». Source : BSV FFREDON et Chambre d’agriculture d’Auvergne avril 2011.

De quels moyens dispose-t-on ? de chenilles en activité jusqu’en mai, à prendre toutes les précautions
donc moins protégées qu’en nymphose (encadrement par les pompiers si
À l’heure actuelle, seuls les produits dans leur fourreau. Mais aucun travail nécessaire) et respecter les procédures
contenant du Bacillus thuringiensis de recherche ne peut le confirmer. administratives.
s’avèrent efficaces. Les formules Rappelons enfin qu’il convient de
commerciales comme le « Bacivers » Existe-t-il des contraintes de traitement surveiller ses parcelles assez tôt dans
ou le « SUCCESS 4 » sont autorisées en spécifiques en zone Natura 2000 ? l’année et signaler une apparition de
bio, mais uniquement sur verger ou sur « On peut traiter au tracteur mais sur Psyché rapidement à la FDGDON et au
cultures sarclées. Pour les utiliser sur la zone touchée uniquement; celle-ci réseau CORABIO afin de mettre en place
prairie, il faut une dérogation spéciale étant très localisée, il ne sert à rien de des essais de lutte alternative.
de la DRAAF. La démarche a été testée par traiter largement en prévention » nous
la FDGDON - Fédération Départementale rapporte Jeremy Convers.
des Groupements de Défense contre Propos recueillis et approfondis par
les Organismes Nuisibles - de la Haute- Des idées de lutte alternatives Marion Viguier, Agri Bio Ardèche
Loire en 2006-2007. L’efficacité est
meilleure sur les jeunes chenilles : « le Des suggestions sont émises et
produit a très bien fonctionné pour les méritent attention, notamment la Sources : BSV Limousin 2014, BSV Auvergne 2010
et 2011, Entretiens personels FREDON Haute Loire,
producteurs qui ont traité jusque début fauche précoce des zones infestées FDGDON Ardèche, Chambre d’agriculture du Cantal,
mai et moins bien après », selon Jeremy ou l’écobuage. L’écobuage a été testé conversation avec 2 agriculteurs.
Convers (FDGDON 43). Ceci pourrait en Haute-Loire par un producteur,
s’expliquer par la plus forte proportion avec réussite, attention tout de même

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Apiculture
Nourrissement des colonies : quelle technique adopter ?
Témoignagne de deux apiculteurs bio de Rhône-Alpes

Christian Molle
Apiculteur bio à Accons (07)
sur une exploitation diversifiée

«
400 ruches, mélange de races.

Ma démarche concernant le
nourrissement de mes colonies est très
variable selon les années. Je n’avais
jamais nourri jusqu’aux deux printemps
précédents au cours desquels les
conditions défavorables m’ont obligé
à nourrir certains ruchers souffrant de
disette. J’ai alors utilisé du sirop de
sucre, apporté à toutes les colonies
d’un rucher à l’aide de nourrisseurs
installés sur chaque ruche. Je ne fais
que des nourrissements de sauvetage
et uniquement au printemps car jusqu’à
présent mes circuits de transhumance,
le passage sur les lavandes en
particulier, permettent aux colonies de
faire suffisamment de réserves pour
Gilles Deshors
Apiculteur bio à Roche La Molière (42) en GAEC avec 3 associés.
passer l’hiver. Je ne réalise pas de
800 ruches en production, 1000 avec les essaims.

«
nourrissement de stimulation car cela
favorise l’essaimage et est donc plus Buckfast en majorité, Caucasiennes et mélanges de races.
compliqué à gérer. De plus, mon circuit
de transhumance comporte plusieurs En général, je réalise 3 types de je ne nourris pas les abeilles en hiver. Si
miellées et si je stimule les abeilles trop nourrissement, qui ne sont bien sûr certaines colonies meurent, cela permet
tôt, soit elles essaiment, soit une partie pas systématiques et adaptés selon de faire une sélection. J’apporte du sirop
ne tient pas toute la saison. Je préfère les conditions : un nourrissement de de sucre, qui est réalisé directement sur
donc que les colonies se relaient sur les stimulation au printemps, avec une le rucher à l’aide d’une cuve fabriquée
différentes miellées. Par contre, il est concentration en sucre proche de celle également sur mesure. Cette cuve est
vrai qu’avec des conditions comme ces du nectar, qui permet d’optimiser composée de 3 compartiments, ce
deux dernières années, le nourrissement la récolte. En saison, je nourris les qui permet de faciliter le transport de
est important pour la bonne santé des essaims. Enfin, à l’automne je fais gros volumes d’eau, de fabriquer le
colonies et pour assurer une bonne un nourrissement de stockage avec sirop directement sur le rucher et ainsi
récolte. Les colonies que j’ai nourri trop un aliment assez concentré en sucre, d’adapter la quantité de sirop fabriquée
tard sont mortes de faim, ou alors ont ce qui permet aux abeilles de faire en fonction du nombre de colonies à
survécu mais ont fait une petite récolte. des réserves pour l’hiver. Pour ce nourrir. A l’aide d’un mélangeur et
Cependant, cela reste du dépannage et nourrissement, je pèse toutes les d’une pompe en circuit fermé, le sirop
ne remplacera jamais des conditions ruches à l’aide d’un peson fabriqué est réalisé en moins de 10 min. Ce
naturelles favorables, les plus efficaces

bonne récolte.
«
pour assurer une bonne santé et une
sur mesure et la quantité de nourriture
apportée est ainsi adaptée en fonction
du poids de chaque colonie. Par contre,
système de cuve et de peson permet
«
de limiter et optimiser le volume de
sucre utilisé.

Propos recueillis par Léa Droin, Agri Bio Ardèche

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Grandes cultures
Désherber maïs et soja avec une bineuse à étoiles :
quels avantages et inconvénients ?

S
uite à la démonstration de Photo 1 : les éléments de binage.
bineuse à étoiles organisée par Même sans régler la bineuse pour butter, elle forme de petites buttes :
Agribiodrôme, la Dauphinoise
et le réseau Chambres
d’agriculture le 22 mai 2014 à Lens
Lestang (26), il nous a paru utile de
revenir sur cet outil.
dents
Sur une bineuse de marque
Hatzenbichler, il y a deux rangs de 4
étoiles précédés de 2 dents binant au
ras du protecteur de rang. La bineuse
comporte des protecteurs de rang qui
évitent de recouvrir le rang avec de
la terre dans les premiers stades. Les
protecteurs de rang sont réglables tout protecteur
comme l’inclinaison des étoiles (réglage de rang
de l’attaque) et la profondeur de travail.
Le binage se fait à une vitesse de 6km/h
dès les premiers passages grâce aux
protecteurs. Son prix (indicatif) est de
17 000 € pour 6 rangs.
Une des spécificités de cet outil est sa
capacité à butter la culture : il faut retirer
les protecteurs de rang, augmenter
l’inclinaison des axes d’étoiles et
enlever une à deux étoiles. La vitesse
peut être légèrement augmentée.
Notre impression lors de l’essai :
Le travail de l’inter-rang est très bien
fait, toutes les adventices sont éliminées
y compris des adventices qui seraient
bien implantées. Les protecteurs de étoiles
rang fonctionnent bien (très important
pour du maïs à ce stade qui supporte
mal d’être recouvert). Par contre le rang réglage de l’inclinaison
n’est pas travaillé. Chaque élément qui des étoiles
travaille l’inter-rang est lourd, et les
dents et les étoiles plantent même
dans un sol dur. les petites adventices. Cette solution Les protecteurs de rang posent problème
Des pierres peuvent se coincer. Sur des ne nous a pas donné satisfaction, les en virage ou en pente : le déflecteur est
parcelles avec beaucoup de grosses adventices n’étaient pas recouverts et trop long et risque d’abîmer le rang.
pierres ou de galets, cet outil devient si les protecteurs étaient davantage
difficile à passer. levés le maïs était couché. Les graisseurs sont assez mal placés et
il y en a beaucoup (64 en tout, 1 par
Pour désherber le rang nous avons Par contre dès le stade 6-8 feuilles la étoile) mais selon le fabricant il n’y a
essayé de relever légèrement les plus importante capacité à butter le pas besoin de graisser les roulements.
protecteurs de manière à recouvrir rang vient compenser cet inconvénient.
Martin Perrot, ADABio

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Grandes cultures

L’avis de Jean-Marc Revol, agriculteur à Lens Lestang (26)


« 2014 a été ma première année
de test de cette machine. Je pensais
avoir trouvé la machine unique qui me
permettait de désherber maïs et soja
Il s’agit donc d’un outil idéal pour
butter. Au début, j’ai enlevé une
étoile sur les quatre par axe puis j’ai
fini avec seulement 2 étoiles par axe,
rend la machine difficile à centrer. Je
préfèrerais des disques à la place.
Sur les terres caillouteuses, il m’a été
nécessaire de descendre plusieurs
du début à la fin, mais je dois encore inclinées à fond. Les étoiles font de la fois pour enlever les cailloux qui se
envisager quelques améliorations. terre fine et la projettent en hauteur, bloquaient, un problème qui pourrait
C’est une machine qui travaille très ainsi le maïs ou le soja sont recouverts peut-être être évité avec les disques.
bien l’inter rang. Cependant je dois par le haut et ne se couchent pas. Aujourd’hui je me demande un
tout de même attendre le stade 6-8 Au contraire, une bineuse classique peu l’intérêt de l’investissement
feuilles pour butter. Cette année avec amène la terre par le coté et couche par rapport à une bineuse à dents
une météo difficile, cela a retardé mon les pieds. classique. J’ai certainement gagné
premier buttage : les adventices du Autre avantage : mes inter-rangs en propreté dans le maïs et je peux
rang étaient donc déjà bien implantées. étant différents en maïs et en soja, ils butter plus tôt, mais il me semble
De plus, la bineuse ne m’a pas permis nécessitent un réglage de la machine que pour arriver à un résultat parfait
de désherber complètement le rang de 1h à 1h30, ce qui est assez peu il serait préférable de réaliser les
par recouvrement, malgré ses grandes finalement. premiers passages avec une houe.
qualités de buttage. Par contre pour le J’ai été cependant un peu déçu par Ainsi, le rang resterait propre jusqu’à
soja, cet outil est bien adapté car il est les protecteurs de rang qui marchent 6-8 feuilles. Cependant avec cette
possible de butter à des stades plus
avancés.
bien mais sont trop longs : ils
abiment les rangs en virage, et cela
bineuse à étoiles, je suis certain de
pouvoir maîtriser l’enherbement.
«
Peut-être un passage un peu plus tardif, à 4-5 feuilles, et sans les protecteurs aurait rendu possible de recouvrir les
adventices du rang, mais avec un débit de chantier moindre.
Nous retiendrons que la bineuse à étoiles a une capacité de contrôle des adventices plus forte qu’une bineuse classique.
Elle nettoie parfaitement l’inter-rang et elle butte en abîmant moins les pieds. Sur une culture de soja, on peut contrôler les
adventices uniquement avec cette bineuse, mais pas en maïs. Concernant le maïs, il faudra désherber le rang avant le stade
6-8 feuilles si l’on souhaite contrôler parfaitement les adventices. Nous n’avons pas encore exploré toutes les possibilités
de désherbage avant le stade 6-8 feuilles avec la bineuse à étoiles, mais elles semblent moins bonnes que des doigts Kress.
Enfin, nous recommandons d’autres protecteurs de rangs pour des parcelles en pente ou avec des virages.

Propos recueillis et approfondis par Martin Perrot, ADABio

Photo 2 : le travail de la bineuse Photo 3 : formation de petites buttes dès le premier passage.

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N°2 Septembre 2014 | Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes La Luciole
Agronomie
L’agriculture de conservation en agriculture bio
Témoignage de Laurent Grange, éleveur à Boisset-lès-Montrond (42)

L
e 7 juillet dernier, dans le Loiret, a eu lieu une journée BASE BIO consacrée
à l’agriculture de conservation en agriculture biologique. À travers leurs
échanges avec deux intervenants spécialisés et une étude de parcelles bio
sursemées, les participants ont pu approfondir leurs connaissances sur le
sujet.

Grâce au co-voiturage organisé par les différents GAB, plusieurs agriculteurs


de Rhône-Alpes ont fait le déplacement, dont Laurent Grange, éleveur laitier à
Boisset-lès-Montrond (42).

« Maurice Clerc – agronome Suisse - emploi d’un outil adapté ;


du FiBL, Institut de recherche de - choix de variétés à fort pouvoir
Laurent Grange
l’agriculture biologique - a insisté sur concurrentiel ;
le fait que le non-labour est un tout - emploi systématique d’engrais vert ;
: la pratique des TCS – techniques - forte proportion de légumineuses tout
culturales simplifiées - en bio doit se Concernant le travail ou non-travail du
au long de la rotation ; sol, il nous a été rappelé l’efficacité des
faire en complément d’autres mesures
- pratique de cultures associées autant combinaisons de méthodes durant les
accompagnatrices :
que possible ; rotations de cultures :
- apports organiques (de type compost). - le travail réduit à 10 cm et le semis
direct, les deux pratiqués aussi souvent
que possible ;
- le labour classique à 20 cm, seulement
si nécessaire (donc le plus rarement
possible) ;
- si besoin, le travail profond sans
retournement, avec un outil de type
chiesel, à 20 cm voire plus, pour
décompacter sans retourner. »

Pour les associations de cultures, les


différents types céréales-protéagineux
présentés par Maurice Clerc, testés en
agriculture biologique sont le seigle,
l’avoine et le sarrasin, associés à
diverses légumineuses.
« Certaines associations ont obtenu de
bons résultats, notamment avec soja
et trèfles et seraient transposables en
Rhône-Alpes... » rapporte Laurent. «
D’autres n’ont pas été concluantes (avec
cameline notamment). Il y a une part de
risque à pratiquer ces associations, et
des tâtonnements sont inévitables. »
Exemple d’observation du sol à la bèche permet de vérifier l’état du sol En ce qui concerne les semis sous
et d’adapter le travail/non-travail du sol couvert, plusieurs combinaisons de
(intervenant : Matthieu Archambeaud) légumineuses (lotier, minette, trèfles

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La Luciole Bulletin des pratiques bio en Rhône-Alpes | N°2 Septembre 2014
Agronomie

violets et blancs) ont été testées depuis


2008 par Stephen Briggs, agriculteur et
agronome anglais, spécialiste des sols
en agriculture biologique, intervenant
sur cette journée. Le couvert idéal
semble être un trèfle qui meurt en
hiver et démarre vite au printemps,
ou qui reste très bas. Par exemple le
trèfle nain, semé à 12 kg/ha, démarre
vite puis se stabilise entre 20 et 30 cm
de haut au moment de la récolte des
céréales. En parallèle, il faut implanter
des céréales hautes et qui tallent
bien. Stephen Briggs privilégie les
variétés anciennes. Et pour les semis
d’automne, il est important que les
céréales se développent rapidement:
l’avoine, le seigle, l’orge, le triticale se
défendent mieux que le blé.

Stephen Briggs a également comparé Du blé population a été implanté au printemps dans une luzerne
plusieurs formes de travail superficiel photo prise le 7 juillet dans le cadre de la journée Base Bio
du sol pour implanter des céréales (en
l’occurrence des blés de printemps)
et espèces sauvages. Certaines variétés environ 2/3 de la surface cultivée. Sur
dans les légumineuses : le « Drill », outil
sont en place depuis 9 ans, et peuvent ce sol argilo-calcaire de ph8 elle peut
qui travaille sur 3 cm de profondeur,
produire 12 quintaux/ha. Des céréales faire de bons rendements (13 t MS/ha).
a été employé sur 1 à 2 passages,
pérennes, pour certains sols durs à Elle est pâturée à l’automne, puis Jean-
comparé avec un témoin non travaillé,
travailler, c’est prometteur… » Baptiste sème dans la même parcelle
où les blés étaient donc implantés en
le blé population. Généralement, la
semis direct (avec une herse équipée
Échange d’expérience sur les luzerne repart dès le printemps. Les
d’un semoir). Il semble que le bon
rendements qu’il obtient sur céréales
équilibre ait été trouvé avec la modalité TCS avec Jean-Baptiste Drouin, sont moyens (entre 20 et 30 q/ha
« 1 passage » d’outil. Avec 2 passages, éleveur dans le Loiret habituellement, mais moins cette
le blé a bien démarré mais la parcelle a
année), mais Jean-Baptiste a insisté
eu tendance à se salir et dans le témoin Dans le cadre de cette même journée, sur le fait qu’il est plus important de
non travaillé, la compétition a été rude les participants ont visité les parcelles raisonner selon la marge plutôt qu’en se
et le trèfle a dominé, entraînant une de Jean-Baptiste Drouin, éleveur basant sur le rendement. Effectivement,
perte de rendement allant jusqu’à de chèvres et de vaches Angus en son expérience fait réfléchir. »
10 quintaux par hectare (passage de agriculture biologique et biodynamie,
50 qx/ha à 40). Pour Laurent « avec qui pratique le pâturage tournant (les
cette modalité, il aurait fallu ralentir Info + sur les sites :
vaches sont en pâturage intégral), et www.agriculture-de-conservation.com
le développement des trèfles en les qui met en place depuis 2005 les TCS sur
faisant pâturer ou en les broyant… » et www.bioactualités.ch
sa ferme. « Jean-Baptiste Drouin utilise Maurice Clerc et Matthieu Archambeaud
Laurent a par ailleurs été interpellé par un semoir (Ecodyn) qui lui permet de
les retours d’expériences qui ont lieu viendront en Rhône-Alpes cet hiver
pratiquer un semis direct sous couvert. dans le cadre de formations (décembre
depuis quelques années aux USA, au Le semoir est équipé de trois trémies,
Land Institute du Kansas : « là-bas, pour 2014 et janvier 2015). Renseignements
ce qui permet d’implanter plusieurs auprès de votre GAB.
faire face aux difficultés d’implantation, cultures en un seul passage (par
ce sont les cultures pérennes qui exemple féverole et blé). Jean-Baptiste
sont à l’étude. Des blés permanents associe tout, c’est un peu nouveau pour
(perennial wheats) sont testés : ils sont nous ! » remarque Laurent. « Il n’a pas Propos recueillis et approfondis par
issus de croisements entre blés cultivés de rotation type. La luzerne représente Sandrine Malzieu, ARDAB

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Contacts des conseillers
du réseau Corabio

www.corabio.org Maison des agriculteurs


4 av. de l’Europe Unie
BP 421 - 07004 Privas Cedex
agribioardeche@corabio.org
04 75 64 82 96

Léa Droin - chargée de mission


productions végétales
droin.agribioardeche@corabio.org
INEED Rovaltain TGV Tél : 04 75 64 93 58
BP 11150 Alixan 26958 Valence cedex 9
contact@corabio.org Marion Viguier - chargée de mission
Tél: 04 75 61 19 38 productions animales
viguier.agribioardeche@corabio.org
Tél : 04 75 64 92 08
95 route des Soudanières
01250 Ceyzeriat
Tél : 04 74 30 69 92

Rémi Colomb - conseiller technique


maraîchage
remi.colomb@adabio.com
Tél : 06 21 69 09 97
Maison des agriculteurs
BP 53 - 69530 Brignais Arnaud Furet - conseiller technique
contact-ardab@corabio.org viticulture et apiculture Rue Edouard Branly 26400 Crest
Tél: 04 72 31 59 99 arnaud.furet@adabio.com contact@agribiodrome.fr
Tél : 06 26 54 42 37 04 75 25 99 75
Luc Bauer - chargé de
mission viticole Jean-Michel Navarro - conseiller Samuel L’Orphelin - chargé de mission
luc-ardab@corabio.org technique arbo, petits fruits et PPAM maraîchage et grandes cultures
Tél : 06 77 77 40 99 jeanmichel.navarro@adabio.com slorphelin@agribiodrome.fr
Tél : 06 12 92 10 425 Tél : 06 31 69 98 25
Pauline Bonhomme - chargée
de mission production végétale Martin Perrot - conseiller technique Fleur Moirot - chargée de mission
(hors viticulture) polyculture élevage 38/73/74 arboriculture et élevage
pauline-ardab@corabio.org martin.perrot@adabio.com fmoirot@agribiodrome.fr
Tél : 06 30 42 06 96 Tél : 06 21 69 09 80 Tél : 06 82 65 91 32
Sandrine Malzieu - chargée David Stephany - conseiller technique Julia Wright - chargée de mission
de mission roannais polyculture élevage 01/38 viticulture, PPAM et apiculture
& production végétale david.stephany@adabio.com jwright@agribiodrome.fr
sandrine-ardab@corabio.org Tél : 06 21 69 09 71 Tél : 06 98 42 36 80
Tél : 06 77 75 28 17

Marianne Philit - chargée de avec le soutien de :


mission élevage
marianne-ardab@corabio.org
Tél : 06 77 75 10 07

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