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LE GRAND LIVRE
DES ABEILLES
COURS D’APICULTURE MODERNE
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M. Biri Cote A Aû'Vfelf , COU
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Lcole Nationale Vétérinairel
LE GRAND LIVRE
DES ABEILLES
COURS D’APICULTURE MODERNE
La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions stricte
ment réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes
citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles
425 et suivants du Code pénal.
pollen que l’homme puisse élever et
exploiter à des fins économiques.
Introduction L ’utilité des abeilles a été progressive
ment reconnue par de nombreux états
comme les USA, l’URSS, la Grande-
Bretagne, les Pays-Bas, les pays Scan
Depuis de nombreuses années, l’api dinaves, le Japon et l’Italie qui ont su
culture a été, sur le plan économique, entrevoir la nécessité d ’augmenter le
reconnue pour son utilité dans le do nombre de leurs ruches par hectare
maine agricole, et en particulier dans afin d ’accroître les productions uni
celui de la pollinisation croisée de nom taires de leurs cultures.
breuses plantes cultivées fécondées par Par ailleurs, dans certains pays euro
les abeilles. Tel est le cas du poirier, péens et extra-européens, l’aide oc
du pommier, de l’abricotier, du ceri troyée par les gouvernements aux api
sier, du prunier, de l’amandier, du pê culteurs, la rétribution que ces der
cher et autres arbres fruitiers; citons niers perçoivent des agriculteurs dési
également, parmi les plantes herba reux de posséder un certain nombre
cées, la luzerne, le trèfle, le sainfoin, de ruches, témoignent de l’apport
le lupin et autres plantes fourragères, considérable que peut représenter l’a
en particulier lorsqu’elles sont desti piculture pour l’agriculture.
nées à la production de graines; que Dans les pays à culture intensive, la
ces plantes soient cultivées en parcel production de miel par ruche est en
les expérimentales ou en plein champ, général assez faible et ne parvient pas,
on est en effet parvenu, en plaçant à à elle seule, à rentabiliser le travail des
dessein des ruches à proximité, à dou apiculteurs.
bler et même tripler leur rendement Actuellement, il n ’est pas tellement
par rapport à celui des cultures pri intéressant d ’instaurer un protection
vées de l’intervention des abeilles. nisme sur le miel, produit d’ailleurs en
Parmi tous les insectes qui butinent quantité plutôt modeste, et dont la va
les fleurs, les abeilles représentent un leur n ’est, en proportion, pas très éle
pourcentage de 90%, ce sont d ’ailleurs vée. Il faudrait au contraire envisager
les principaux insectes récolteurs de de favoriser l’apiculture en fonction
de la production fruitière, dont la va C’est un raisonnement dont il faut se
leur est sensiblement plus grande, et méfier. Compte tenu des moyens
de la production de graines de légumi techniques mis à la disposition des
neuses, elle aussi très importante. On couches rurales et des efforts entrepris
estime que la plus-value apportée à par les planificateurs, compte tenu
l’agriculture par la pollinisation des aussi des nombreuses fonctions de
abeilles est de quinze à vingt fois la l’apiculture, celle-ci doit non seule
valeur des produits de l’apiculture. ment survivre, mais encore progresser
Le but de l’apiculture n ’est donc pas et évoluer.
uniquement la production de miel; Les rôles sont donc renversés: ce n’est
disons même que cet aspect, compte plus l’apiculteur qui devrait demander
tenu des données dont nous dispo à l’agriculteur la “permission” de pla
sons, est incontestablement secondai cer une ruche dans son verger, en lui
re par rapport à la pollinisation des versant éventuellement un “péage”,
plantes par les abeilles (donc à l’acti mais c’est bien plus l’arboriculteur
vité agricole). On a pu lire dans cer qui devrait s’intéresser à l’élevage des
tains journaux: “L’apiculture traverse abeilles ou prendre des ruches en loca
à l’heure actuelle une véritable crise tion. Le miel ne doit plus être soumis
en raison de la baisse du prix du miel à des mesures protectionnistes: il peut
due à l’importation illimitée et non sé aussi bien être importé d’Argentine
lective du miel étranger. Ce miel, ex que de Chine! Les apiculteurs pour
porté par des pays à forte production ront faire baisser le coût de leur pro
unitaire, est proposé sur le marché na duction grâce aux subventions qui
tional à des prix non compétitifs pour leur seront octroyées par les associa
les producteurs.” De telles déclara tions d ’arboriculteurs, le ministère de
tions tendent en somme à démontrer l’Agriculture ou certains organismes
que, le prix de revient du miel demeu qui auront reconnu l’importance des
rant supérieur à sa valeur commercia abeilles sur le plan agricole et se se
le, l’élevage des abeilles perd de plus ront transformés en promoteurs pour
en plus d ’intérêt; elles risquent en ou l’aide au développement et la recon
tre d ’inciter les apiculteurs les plus naissance de l’apiculture. Les con
passionnés à abandonner définitive sommateurs ne seront d’ailleurs pas
ment une activité qui, en l’absence de les derniers à bénéficier de ces mesu
mesures protectionnistes appropriées, res puisqu’ils verront le prix du miel
semble vouée à l’échec. au détail diminuer.
6
Première partie
Les avantages de
l’apiculture
champs qui ne bénéficient pas de cette
intervention; pour le sainfoin, l’aug
Quelques mentation a été évaluée à 12 fois la
estimations production normale, pour la luzerne à
6 fois. On peut citer à ce propos l’ex
quantitatives périence de Zander. Ce dernier prit
deux branches témoins d’un poirier,
couvertes de 404 et 400 fleurs. La
seconde, recouverte d ’une légère gaze,
ne produisit aucun fruit. La première,
En France, par le passé, certaines pu laissée à l’air libre, donna 33 poires.
blications agricoles ont mis en éviden On peut voir dans cette expérience
ce les avantages qui pourraient être l’action déterminante des abeilles
obtenus si les apiculteurs et les agri pour la fructification. D’autres cher
culteurs décidaient de collaborer; cet cheurs sont parvenus à des résultats
te idée a été émise dans certaines re moins surprenants et certains n ’ad
vues scientifiques ou universitaires; mettent pas une augmentation aussi
mais ces velléités de propagande n ’ont élevée: ils se contentent d’affirmer
que récemment été poursuivies auprès que cette augmentation est de 50%
des agriculteurs qui sont pourtant, en pour la luzerne au lieu de 60%, de
fin de compte, les principaux inté 33% seulement pour le trèfle rouge
ressés. butiné par les abeilles et refusent des
Certes, nous ne voudrions pas pour pourcentages plus élevés.
autant affirmer que l’apiculture est Peut-être n ’est-il pas inutile de citer
complètement négligée. Mais les ef l’exemple de la production de la luzer
forts entrepris pour informer les inté ne: les productions de graines par hec
ressés sont assez restreints. tare varient en fonction du terrain et
Certains chercheurs ont par exemple des conditions climatiques, puisqu’il
découvert que la production des grai est possible d ’obtenir une production
nes de lupin pouvait être 60 fois plus de 8 quintaux par hectare ou seule
importante si cette plante était culti ment d ’un quintal par hectare; la va
vée dans des champs butinés par les leur de la graine de luzerne certifiée,
abeilles, comparaison faite avec les par quintal, est de nos jours de 900
9
francs environ. Admettons, pour ment de nectar aux abeilles qui, inévi
trancher, un pourcentage de 50% et tablement, l’abandonnent au profit
disons que ce chiffre montre, à lui de certaines autres plantes. En consé
seul, que le problème n ’est pas négli quence, il est possible d ’admettre que
geable et que les entreprises agricoles le trèfle rouge ne bénéficie pas vrai
devraient en tenir compte pour aug ment de l’intervention des abeilles,
menter leur revenu. mais c’est l’exception qui confirme la
Si en outre nous acceptons le fait que, règle.
aux dires des entomologistes, la pro Quoi qu’il en soit, on a ainsi pu dé
duction de la luzerne butinée par les nombrer, dans les prés de notre pays,
abeilles peut être quadruplée par rap parmi les insectes pollinisateurs, des
port à celle des luzernières privées de diptères, des coléoptères, des lépidop
cette intervention, comment pourrait- tères et surtout des hyménoptères;
on ne pas reconnaître l’apport de VApis mellifica appartient à cette der
l’apiculture à l’agriculture? nière catégorie.
Ne péchons pas toutefois par excès On admet en général que le pourcen
d ’optimisme: les abeilles peuvent, el tage des visites des insectes aux fleurs
les aussi, susciter certaines décep des différentes plantes se répartit de la
tions; certaines expériences ont par manière suivante (sur 100 visites):
exemple donné des résultats négatifs abeilles mellifiques: 76,6; bourdons:
lorsque les champs de luzerne et de 7,6; mouches: 3,9; fourmis: 3,7; co
trèfle rouge se trouvaient à proximité léoptères: 3,4; abeilles sauvages: 2,6;
de tilleuls, de champs de vesce ou de guêpes: 0,5; autres insectes: 1,7. Inu
trèfle blanc. Les abeilles, en effet, af tile de préciser que, parmi tous ces in
fectionnent le nectar de ces plantes et sectes, l’abeille mellifique est la seule
finissent par ne plus butiner celui de la qui puisse être apprivoisée avec profit
luzerne et du trèfle rouge. Cette der et que son élevage doit être exploité si
nière plante, en outre, possédant une l’on désire améliorer les conditions de
corolle plus allongée que celle des au culture et obtenir des produits qui si
tres trèfles, ne fournit pas suffisam non seraient perdus.
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Deuxième partie
L’abeille
chimistes, des operculatrices, des net-
toyeuses, des fossoyeurs, des sentinel
Généralités les. Ces fonctions ne sont jamais rem
plies par la reine ni par les faux bour
dons.
Les abeilles mènent donc une vie de
type communautaire et se répartissent
L’abeille est un insecte appartenant à en deux castes: les reproductrices qui
l’ordre des hyménoptères et vivant en n ’effectuent aucun travail matériel, et
société, celle-ci étant caractérisée par les ouvrières qui sont morphologique
la division et la spécialisation du tra ment constituées comme des femelles
vail. Dans les colonies d ’abeilles, une mais possèdent des organes génitaux
seule, la reine, est capable de pondre atrophiés; elles participent unique
des œufs; les mâles, appelés aussi faux ment à la vie du groupe. Malgré tout,
bourdons, ont pour principal rôle so il semble certain qu’à l’origine de l’es
cial celui de féconder la reine, rôle qui pèce la reine n ’ait pas été la seule ca
d’ailleurs n ’est joué que par quelques
pable de déposer des œufs pour la
mâles, bien que les faux bourdons
perpétuation de l’espèce.
soient nombreux au sein d’une même
Précisons à ce propos qu’il existe des
famille. Les ouvrières accomplissent
familles au sein desquelles cohabitent
des tâches plus diverses, entre autres
plusieurs reines fécondes.
la récolte de l’aliment, l’organisation
Au fur et à mesure de l’évolution de
du nid, l’entretien des larves, la défen
se de la ruche contre les attaques d ’en l’espèce, la morphologie et la physio
nemis éventuels; leur rôle est donc de logie des abeilles ont donc pu subir
veiller à la sécurité et à la pros des transformations considérables en
périté de la famille. raison de la spécialisation du travail
Les ouvrières sont aussi classées en qui leur est, de nos jours, dévolu.
fonction de leurs activités: il existe des Les parties extérieures du corps sont
nourrices, des dames d ’honneur de la les suivantes: tête, thorax et abdo
reine, des ventileuses, des architectes, men, trois parties possédant des ca
des maçons, des cirières, des sculp ractéristiques propres chez l’abeille
teurs, des récolteuses de pollen, des ouvrière, la reine et le faux bourdon.
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l’abdomen en raison de l’existence
d’un rétrécissement très net qui se
Morphologie trouve après le premier segment abdo
externe minal qui fait partie, morphologique
ment, du thorax; le second segment,
en effet, est étranglé et relié, à l’arriè
re, à l’abdomen pédonculé. Chez cer
Le corps et la tête
tains hyménoptères, par contre, l’ab
domen est sessile, c’est-à-dire qu’il ne
Les yeux et l’appareil buccal
Le thorax, les pattes et l’ab
possède pas ce genre d’étranglement,
domen le premier segment ayant tendance à
s’élargir et à se prolonger par les au
L’appareil vulnérant et ses effets
sur l’homme
tres segments.
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M O RPH i
Structure externe d'une ouvrière, telle qu 'elle se présente en dessous du revêtement des poils
Ab: abdomen; Ant: antenne; E: œil; H; tête; I: premier segment; II-VII; segments abdominaux; Lj,
L2, L,; pattes; Md: mandibule; Prb: langue; Sp: stigmate; Th: thorax; W2 W3; ailes; 1: prothorax;
2; mesothorax; 3: métathorax
sont au nombre de 12 chez l’ouvrière dans les antennes des abeilles) et per
et la reine, de 13 chez le faux bour met en outre aux abeilles de commu
don. La première de ces articulations niquer entre elles. En effet, une abeil
est insérée dans la fossette frontale; le, privée de ses antennes, perd toute
les autres, plus courtes que la premiè capacité d ’action, et finit par dépérir.
re, ont à peu près la même longueur et
constituent le flagelle, recouvert de
poils. Le flagelle est extrêmement mo Les yeux
bile et porte les organes olfactifs et
tactiles (on a ainsi dénombré jusqu’à Les yeux sont de deux sortes: simples
20 000 minuscules organes sensoriels ou composés.
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• Les yeux simples sont au nombre de certains auteurs affirment que les mâ
trois et se répartissent en triangle sur les, pour rechercher la reine, se lais
le front, entre les longs poils du som sent également guider par leur odorat
met de la tête; ils semblent avoir pour qui est particulièrement développé.
fonction de voir les objets très rappro Chez le mâle, les yeux composés se
chés ou placés dans des endroits assez rejoignent presque au sommet de la
mal éclairés, voire complètement obs tête. Les ouvrières possèdent plus
curs; ils sont très sensibles à la lumière d’ommatidies que la reine car, ayant à
et subissent certaines modifications assumer une fonction spécifique, elles
suivant l’intensité lumineuse. Il ne doivent posséder de meilleurs organes
semble pas que les yeux simples soient visuels pour pouvoir s’orienter et se
autonomes: ils reçoivent force et im déplacer.
pulsion des yeux composés. Chez la reine, le nombre des ommati
Si l’on recouvre en effet les yeux com dies est beaucoup plus restreint car el
posés, on s’aperçoit que les yeux sim le ne sort de la ruche que rarement, la
ples ne sont pas capables de manifes première fois à l’occasion de son vol
ter la moindre réaction aux variations nuptial et parfois, une ou deux fois
de la lumière. (ce qui n’est pas toujours le cas),
pour essaimer; elle passe le restant de
• Les yeux composés sont au nombre sa vie à l’intérieur du nid où elle dé
de deux; de grande taille, ils sont si pose ses œufs, vieillit et devient, au
tués sur les côtés de la tête. Ils sont re bout d ’un certain temps, stérile. Puis
couverts de nombreux poils et compo elle meurt.
sés de facettes. Chaque œil est l’union Grâce à ses yeux, l’abeille peut distin
de plusieurs milliers de ces éléments guer les couleurs; grâce à son odorat,
lenticulaires de forme hexagonale, il elle subit l’attraction des fleurs, qu’el
en résulte une image entière bien que, les soient proches ou éloignées et
à l’origine, l’image soit perçue sous qu’elle choisit en fonction de leur
forme de mosaïque. qualité. En fait, l’abeille ne butine, au
L’ouvrière, la reine et le faux bourdon cours de chacune de ses missions, que
ne possèdent pas le même nombre de des fleurs de la même espèce, compte
ces lentilles hexagonales, appelées tenu de la qualité de leur nectar et de
ommatidies, cette différence étant due leur pollen, ou de leur attrait: les cher
à leur fonction spécifique: le mâle cheurs, à vrai dire, ne sont pas unani
possède deux fois plus d ’ommatidies mes sur cette capacité de discernement
que l’ouvrière; on a pensé que ce phé des couleurs: certains admettent que
nomène était peut-être dû au fait que les abeilles sont capables de distinguer
le mâle doit chercher, au moment op le jaune, le vert, le bleu, l’ultraviolet;
portun, la reine égarée dans l’espace d’autres, qu’elles confondent le rouge
pendant le vol nuptial. A ce propos, vif avec le bleu ou l’ultraviolet, le
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blanc avec le bleu verdâtre; et ainsi de
suite pour les autres couleurs.
L’appareil buccal
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les galées et les paraglosses. Cette lan thorax, chacun d’eux étant composé
gue peut s’allonger en prenant la for de 4 parties distinctes: une plaque
me d’une gouttière se terminant par dorsale, une ventrale et deux latérales.
une sorte de cuilleron qui lui permet Ces plaques se nomment respective
de lécher. Lorsque l’abeille veut sucer ment: tergite, sternite et pleures.
le nectar de la fleur, elle introduit
dans le calice sa langue, lèche et aspire • Le prothorax porte, de chaque côté
alternativement; pendant ce temps, à l’arrière, la première paire de pattes
cet organe est lubrifié par la salive qui ainsi que les premiers stigmates tra
dilue le liquide à sucer, en particulier chéens.
si l’aliment est dense et visqueux.
Plus la langue est longue, plus le nec • Le mésothorax a, en sa partie supé
tar des fleurs à long calice peut être rieure, la forme d’un écusson de cou
absorbé; la langue de l’abeille italien leur noire. Sur ce segment sont fixées
ne, par exemple, est plus longue que de part et d’autre les deux premières
celle de l’abeille allemande, la premiè ailes.
re ayant une longueur moyenne de Les ailes sont membraneuses, de for
neuf millimètres, la seconde de sept me sub-triangulaire; elles sont par
millimètres. courues par un certain nombre de ner
La langue du mâle est moins dévelop vures qui les soutiennent. Le dessus
pée que celle de l’ouvrière, celle de la des ailes est recouvert de nombreux
reine est nettement plus courte. Les poils courts. Lorsque l’abeille est au
individus destinés à la reproduction repos, les ailes sont placées à l’hori
sont donc incapables d ’absorber le zontale au-dessus de l’abdomen et re
nectar des fleurs, alors qu’ils peuvent tournées en arrière.
sucer le miel (notamment les faux Les ailes des ouvrières atteignent l’ex
bourdons) dès qu’il a été récolté; mais trémité de l’abdomen; la reine possè
en général ils sont nourris par les ou de des ailes aussi longues que celles
vrières. des ouvrières, bien qu’elles aient l’air
plus courtes en raison de la grosseur
de son corps; son abdomen est assez
Le thorax long et légèrement recourbé vers son
extrémité postérieure. Les ailes des
Le thorax, appelé également corselet, faux bourdons sont larges, dépassent
est recouvert de nombreux poils qui l’abdomen qui est relativement trapu,
dissimulent sa segmentation; il est arrondi à son extrémité postérieure et
réuni à la tête par l’intermédiaire du recouvert de poils résistants.
cou qui est souple et très court. Le Les ailes postérieures sont plus cour
thorax est formé de trois segments ap tes que les ailes antérieures et portent
pelés prothorax, mésothorax et méta- sur le bord antérieur un certain nom-
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bre de crochets qui, pendant le vol, spécial, en forme de ventouse, le pul-
peuvent s’agrafer au bord postérieur ville, qui permet à l’abeille de marcher
de l’aile antérieure en forme de gout sur les surfaces lisses.
tière. Grâce à ce mécanisme, l’insecte Les griffes permettent aux abeilles de
peut voler comme si, au lieu de 4, il s’accrocher aux corps rugueux ou de
n ’avait que 2 grandes ailes, ce qui lui saisir d ’autres abeilles ou insectes.
permet d ’acquérir une certaine vi Toutes les pattes des abeilles sont mu
tesse. nies de ventouses et de petites griffes.
Le mésothorax est le segment le plus
développé du thorax. • Les pattes des ouvrières présentent
des caractéristiques particulières. Le
• Le métathorax est le troisième seg tibia et la première articulation du tar
ment du thorax et porte sur ses deux se, notamment, ont une structure dif
côtés deux protubérances qui servent férente. Les pattes antérieures sont les
de support à la deuxième paire d ’ailes; plus courtes; à l’extrémité du tibia se
à l’arrière et sur les côtés, au contrai trouve un éperon bilobé qui se trans
re, se trouvent deux cavités articulai forme, au niveau du tarse, en une pe
res sur lesquelles est fixée la troisième tite cavité. L’ensemble de l’éperon et
paire de pattes. de cette cavité constitue le peigne.
Lorsque le tarse est replié, il forme
avec l’éperon bilobé du tibia une en
Les pattes coche à l’intérieur de laquelle l’abeille
introduit ses antennes et les frotte
Les pattes de l’abeille sont au nombre pour les nettoyer. Cet organe permet
de six, réparties en trois paires: les à l’ouvrière de retirer le pollen de ses
pattes antérieures, les pattes médianes antennes et de maintenir toujours
et les pattes postérieures; elles sont ar propres les terminaisons sensorielles
ticulées au point de jonction des plè qui se trouvent à l’intérieur de l’an
vres et du sternum, respectivement tenne.
dans le pro-, le méso- et le métatho
rax. Elles sont composées d’une série • Les pattes de la deuxième paire ont
de segments articulés, recouverts de une demi-longueur de plus que les
poils: la coxa ou hanche, le trochan- pattes antérieures et sont plus robus
ter, le fém ur, le tibia, le tarse et le pré tes; l’éperon est remplacé, au niveau
tarse. Les pattes ont une couleur mar du tibia, par une soie grâce à laquelle
ron clair, identique à celle du corps. l’abeille détache le pollen des cor
La dernière articulation du tarse, le beilles.
prétarse, porte deux griffes puissan
tes, appelées ongles bilobés, entre les • Les pattes de la troisième paire pos
quels se trouve un organe de fixation sèdent, sur la face externe du tibia,
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une cavité appelée corbeille; les bords Sur l’abdomen des faux bourdons, au
du tibia sont en revanche recouverts contraire, sont visibles 8 segments au
de longs poils. La première articula lieu de 7; les faux bourdons ne possè
tion du tarse est large, grande et dent ni l’aiguillon ni les glandes ci-
échancrée sur sa face externe; sa face rières.
interne est recouverte de plusieurs L’abdomen est pédonculé; le premier
rangées de petits poils qui constituent segment est incorporé au métathorax.
la brosse. Grâce à cette brosse, l’abeil Viennent ensuite les six autres seg
le peut retirer la couche de pollen qui ments, répartis en douze demi-seg
se trouve sur son corps et, en se croi ments, six supérieurs ou dorsaux, em
sant les pattes, déposer le pollen récol boîtés les uns dans les autres, et six
té par la brosse dans la corbeille du ti ventraux ou inférieurs, réunis aux
bia gauche et réciproquement. De cet dorsaux sur les côtés de l’abdomen;
te manière, petit à petit, le pollen ac tous les segments sont recouverts de
cumulé dans les corbeilles forme une chitine.
pelote diversement colorée que l’a Les plaques constituant la partie supé
beille déposera dans les comparti rieure des segments (tergites) s’imbri
ments réservés à l’emmagasinage du quent les unes dans les autres à la ma
pollen. nière des tuiles d ’un toit, d’avant en
Le bord distal échancré du tibia et le arrière; il en est de même pour les seg
bord proximal également échancré du ments ventraux (sternites), qui ont
tarse constituent la pince qui sert à une forme quadrangulaire.
l’abeille pour comprimer les grains de Les tergites du quatrième, du cinquiè
pollen et préparer la pelote. me, du sixième et du septième seg
Les pattes de la reine et des faux bour ments portent des glandes cirières;
dons ne possèdent ni pince, ni corbeil celles-ci sont situées à l’intérieur des
le et ni brosse; chez la reine, le tarse de segments et portent le nom de “mi
la troisième paire de pattes est d ’une roirs” en raison de leur éclat. Les
couleur dorée beaucoup plus sou glandes cirières sont des cellules hypo
tenue. dermiques à fonction glandulaire; la
cire élaborée est fluide, elle traverse la
cuticule puis se solidifie, au contact de
L ’abdomen l’air, sous forme de lamelles très sou
ples. La reine et les faux bourdons ne
L'abdomen ou ventre est morphologi possèdent pas de glandes cirières.
quement constitué de dix segments Sur les côtés de chaque segment se
mais, à première vue, on n ’en dénom trouvent deux orifices trachéens ou
bre que sept aussi ne parlerons-nous, stigmates, qui servent à la respiration.
au cours de cet exposé, que des sept L ’abdomen possède la faculté de
segments visibles. changer de volume aussi bien dans le
20
- M ORPH
sens de la longueur que dans le sens de guillon qui est une arme de défense et
la largeur, phénomène qui est peut- d ’attaque. La reine a un aiguillon en
être dû à la respiration; en outre, le forme de stylet qu’elle utilise contre
rectum a la possibilité de s’allonger les reines rivales et ne possède pas de
pour que puissent s’y accumuler les crochets, contrairement aux ouvriè
excréments qui seront ensuite rejetés res. Le stylet est muni de trois petites
au cours du vol de purification. En ef dents.
fet, les abeilles ouvrières évitent cons
tamment de salir le nid, contrairement
aux faux bourdons. L’appareil vulnérant
L’abdomen de la reine est beaucoup
plus développé, en particulier après le L ’appareil vulnérant de l’abeille se si
vol nuptial, c’est-à-dire pendant tue entre le cinquième et le sixième
l’ovulation. segment abdominal; l’orifice anal est
Le dernier anneau de l’abdomen, sauf situé sur le septième et dernier seg
chez le faux bourdon, possède un ai ment.
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• L ’aiguillon fait partie de l’appareil pas bien définie puisque, selon cer
vulnérant femelle et est constitué par tains auteurs, son rôle serait de sécré
un gorgeret long, creux et souple qui ter une substance lubrifiant les stylets
se rétrécit vers son extrémité; ce gor et que, selon d ’autres, la sécrétion de
geret est, à son tour, formé d ’une gai ces glandes interviendrait pour la pro
ne et de deux stylets munis, à leurs ex duction du venin.
trémités, de dix petites dents retour
nées vers l’arrière; sur les côtés de ce • Le venin de l’abeille est un liquide
gorgeret se trouvent deux valves pour incolore, à réaction acide, de saveur
vues de petites épines et de terminai légèrement amère, à l’arôme caracté
sons sensorielles. Des muscles spé ristique; il a des vertus antiseptiques
ciaux actionnent l’aiguillon qui est re puisqu’il entrave, lorsqu’il est inocu
lié à l'appareil venimeux, constitué lé, la formation des micro-organis
par deux glandes: la glande acide et la mes. Une goutte de venin pèse entre
glande alcaline. La glande acide est 250 et 350 millièmes de milligrammes;
petite, ovoïde et reliée à un canal qui sa composition chimique comporte,
aboutit dans la chambre à venin, qui a entre autres, des enzymes protéoliti-
la forme d ’un sac piriforme, d ’où part ques semblables à celles que contient
un canal qui la met en communication le venin de certaines espèces de ser
avec l’aiguillon. La glande alcaline, pents.
de forme tubulaire, plus petite que la La piqûre de l’abeille provoque une
précédente, a une fonction qui n ’est douleur aiguë qui se transforme en dé
23
rieur, par les tissus suivants: une cou
che, dite interne, qui correspond à la
Anatomie interne cuticule du tégument; un épithélium
qui correspond à l’épiderme; une
membrane proprement dite qui
correspond à la membrane basale;
L’appareil digestif: ses parties et une tunique musculaire formée de
les glandes annexes muscles longitudinaux et annulaires;
Appareils excréteur, respiratoi enfin, une tunique intestinale consti
re, circulatoire, musculaire, ner tuée par une membrane séreuse péri-
veux et reproducteur tonéale.
Les divers organes des sens
Le langage des abeilles; leur mé • L’intestin antérieur comprend le
tamorphose pharynx, Vœsophage, le jabot ou po
che à miel, la vésicule chylifique ou
estomac proprement dit.
On appelle pharynx le début de l’in
testin antérieur compris entre l’arriè
L ’appareil digestif re-bouche et l’orifice occipital. Cet
organe a la forme d’un entonnoir et
L’appareil digestif comprend, outre possède des parois pourvues de mus
les pièces de l’appareil buccal, le tube cles externes qui lui permettent de
digestif qui s’étend de l’orifice buccal fonctionner comme une pompe aspi
à l’orifice anal, situé au-dessous du rante, ce qui facilite la succion des li
vaisseau dorsal (cœur) et au-dessus de quides.
la chaîne ganglionnaire ventrale. Le L 'œsophage est étroit, long, rectili-
tube digestif comprend trois parties: gne, uniforme et cylindrique, il tra
l ’intestin antérieur, l ’intestin moyen verse le thorax et se dilate au niveau
et l ’intestin postérieur. L’intestin an de l’abdomen pour former le jabot ou
térieur et l’intestin postérieur sont is poche à miel, sorte de sac à l’intérieur
sus d ’invaginations de l’ectoderme; duquel les abeilles butineuses font
leurs parois, histologiquement, sont glisser le nectar qui commence alors à
constituées, de l’intérieur vers l’exté se transformer en miel (transforma
tion du saccharose en glucose et en et, de celui-ci, dans les divers organes.
fructose); il est ensuite transmis dans Les cellules épithéliales sécrètent des
la poche à miel des abeilles du couvain substances enzymatiques qui provo
où les butineuses régurgitent le pro quent la digestion jusqu’à ce que le
duit récolté. bol, complètement assimilé, passe, à
A l’intérieur du jabot, le nectar subit travers la valvule pylorique, dans l’in
une transformation particulière, don testin postérieur.
nant lieu à deux phénomènes distincts:
transformation chimique du saccha • L’intestin postérieur, qui est la der
rose en glucose et en fructose, puis nière portion de l’appareil digestif, se
concentration du nectar ainsi trans divise en intestin grêle et en gros intes
formé. En effet, à l’origine, le nectar tin. C’est au niveau de la valvule pylo
des fleurs contient entre 50 et 80% rique, juste au début de l’intestin pos
d ’eau. térieur, que débouchent les tubes de
En arrière du jabot, se trouve la vési Malpighi qui font partie de l’appareil
cule chylifique ou estomac propre excréteur.
ment dit. Une soupape en forme de X L'intestin grêle est souple et court, le
se trouve entre le jabot et la vésicule, gros intestin est beaucoup plus déve
ce qui empêche le retour de l’aliment loppé et présente, à son extrémité, un
contenu dans l’intestin moyen vers renflement constitué par la vésicule
l’intestin antérieur pendant la régur rectale à l’intérieur de laquelle les
gitation du miel; pour que ce passage abeilles conservent leurs excréments
puisse se refermer sans problèmes, il pendant l’hiver.
suffit que les quatre portions centrales Les ouvrières saines, en effet, ne dé
de cette soupape se rapprochent les posent jamais leurs excréments à l’in
unes des autres. térieur de la ruche mais les retiennent
à l’intérieur de la vésicule rectale pour
• L’intestin moyen est le siège de la di les rejeter au printemps lorsque, dès
gestion et de l’assimilation de la nour les premiers beaux jours, elles effec
riture. Ces fonctions ont lieu à l’inté tuent leur vol appelé justement vol de
rieur de cet organe car, ne possédant “purification”.
pas de paroi interne, donc de mem A l’intérieur du gros intestin se trou
brane de nature cuticulaire, il ne s’op vent les papilles rectales dont la fonc
pose pas aux phénomènes d ’osmose; tion n ’est pas encore très bien connue
cette membrane est remplacée par une et demeure de nos jours hypothétique.
très fine membrane péritrophique Certains auteurs pensent qu’elles em
dialysante, de telle sorte que les sub pêchent la fermentation des substan
stances contenues dans le bol alimen ces, d ’autres leur attribuent comme
taire se retrouvent dialysées, c’est-à- rôle d’absorber l’eau contenue dans
dire qu’elles passent dans l’épithélium les excréments.
25
Les glandes de l’appareil digestif Ces glandes n’existent pas chez les
faux bourdons et sont atrophiées chez
A l’appareil digestif sont annexées des
la reine; elles sont surtout développées
glandes aux fonctions très impor
chez les abeilles nourrices; chez les ou
tantes.
vrières, ces glandes, au fur et à mesure
de leur vieillissement, se contractent
• Les glandes labiales, appelées égale
de plus en plus pour finalement s’a
ment salivaires, sont au nombre de
trophier complètement. A six jours,
deux paires; l’une de ces paires se
ces glandes atteignent leur grosseur
trouve à l’arrière du cerveau; elle a la maximum; au bout de 10 à 15 jours de
forme d ’une grappe et possède un pleine activité, l’intensité de leur sé
conduit propre qui aboutit dans le crétion diminue mais les glandes con
collecteur qu’elle possède en commun tinuent malgré tout à rester actives
avec les glandes de la seconde paire, pendant un mois et demi environ. La
c’est-à-dire les glandes thoraciques. continuité de cette sécrétion peut dé
Ces dernières possèdent deux conduits pendre des besoins de la famille. La
munis d ’un réservoir et aboutissent, à production de la gelée royale est sti
travers l’orifice de l’occiput, dans le mulée par une alimentation riche en
collecteur auquel sont également re pollen.
liées les glandes post-thoraciques; le
collecteur débouche, à son tour, sur le • Les glandes mandibulaires qui, chez
dos de la lèvre inférieure. les ouvrières, ont une forme de poire,
Leur fonction n ’est pas très bien défi se trouvent dans la tête. Le conduit de
nie; certains auteurs affirment que ces glandes aboutit à l’intérieur de la
leur sécrétion sert à l’élaboration de la mandibule; cette glande est particuliè
cire; d ’autres soutiennent qu’elle sert rement développée chez la reine,
à faciliter la digestion des aliments so beaucoup moins volumineuse chez les
lides; l’hypothèse suivant laquelle elle faux bourdons. Leur fonction n’est
servirait également à la transforma pas très nette; certains auteurs affir
tion du nectar en miel a été, elle aussi, ment qu’elles servent au ramollisse
émise. ment de la cire, pour désoperculer les
cellules ou encore pour faciliter la di
• Les glandes nourricières ou glandes gestion du pollen.
mammaires sécrètent la “bouillie
royale” ou “gelée royale”, substance
avec laquelle sont régulièrement nour L ’appareil excréteur
ries la reine et les larves royales, alors
que les autres larves sont alimentées L’appareil excréteur est représenté
par cette gelée royale uniquement par les tubes de Malpighi, rattachés à
pendant les trois premiers jours. l’appareil digestif mais dont les fonc
26
tions sont excrétoires. Ces canaux L’abeille possède trois paires de stig
plongent librement dans le sang, ils mates sur le thorax et sept paires sur
sont fermés à l’une de leurs extrémités l’abdomen. La première paire de stig
et libres à l’autre; par cette dernière mates est placée sur le prothorax, la
extrémité, ils aboutissent au tube di seconde, très petite, dépourvue de
gestif au passage de l’intestin moyen à soupapes de fermeture, se trouve en
l’intestin grêle. Les déchets contenus tre le mésothorax et le métathorax.
dans le sang passent, par osmose, Les stigmates abdominaux fonction
dans ces tubes et sont rejetés dans l’in nent à l’aide de pores inhalants et les
testin d’où ils sont expulsés avec les trachées, grâce aux trachéoles, trans
excréments. portent l’air oxygène vers tous les or
ganes du corps de l’abeille. Les tra
chées du thorax, au contraire, trans
L ’appareil respiratoire portent vers l’extérieur l’anhydride
carbonique; c’est la raison pour la
L’appareil respiratoire des abeilles est quelle les stigmates abdominaux fonc
formé par les trachées, c’est-à-dire des tionnent à l’aide de pores inhalants.
canaux élastiques qui s'ouvrent grâce En d’autres termes, l’inspiration de
à la spirale chitineuse qui revêt inté l’air se fait à travers les stigmates ab
rieurement leur paroi et qui communi dominaux, l’expiration à travers les
quent avec l’extérieur par des orifices stigmates thoraciques. Il existe égale
appelés stigmates, disposés à des en ment d’autres trachéoles à l’intérieur
droits bien précis du thorax et de l’ab de la tête, du thorax et d’autres par
domen; les stigmates sont munis, tout ties du corps. L’abeille possède pour
autour de leur ouverture extérieure, ainsi dire un véritable réseau de tra
d’une couronne de soie agissant com chées et de trachéoles qui se ramifient
me un filtre protecteur des trachées; dans tous les organes.
les canaux aboutissent dans deux Au cours de cette activité respiratoire,
grosses trachées, appelées sacs aé l’abdomen s’élargit en largeur et en
riens, communiquant entre eux par longueur; ce mouvement est dû à l’ex
des fentes. A partir de ces sacs, d ’au piration et à l’inspiration de l’air.
tres trachées se ramifient en trachéo-
les à travers lesquelles l’oxygène est • Les sacs aériens constituent des sor
acheminé vers les tissus. tes de “réservoirs” d ’air et permettent
L’appareil respiratoire des abeilles est de pallier tout risque d’asphyxie; ils
très développé; dans l’abdomen, les réduisent en outre le poids spécifique
deux sections latérales formant les de l’abeille et facilitent le vol; lorsque
sacs aériens sont relativement volumi ces sacs sont remplis d’air, ils compri
neuses et se subdivisent en six paires ment tous les muscles et favorisent
de stigmates abdominaux. l’expulsion des fèces; peut-être est-ce
27
la raison pour laquelle les abeilles lais ces alimentaires provenant de la diges
sent tomber leurs excréments en vo tion; toutefois, outre cette fonction
lant. Il semble en outre que ces sacs trophique, le sang a également une
aériens aient un rôle mécanique exci fonction respiratoire puisqu’il trans
tant des organes génitaux des mâles. porte l’oxygène vers les tissus.
Il a par ailleurs été prouvé que le sang
non seulement absorbait les déchets
L ’appareil circulatoire contenus dans les tissus mais les trans
portait jusqu’aux tubes de Malpighi.
L ’appareil circulatoire des abeilles est
en partie vasculaire et en partie lacu
naire, c’est-à-dire que le sang s’écoule Le système musculaire
parfois à l’intérieur de vaisseaux et, le
reste du temps, dans un système de la L ’appareil musculaire de l’abeille est
cune. Le cœur est un vaisseau de na constitué par des fibres musculaires
ture contractile, fait de deux parties striées, entourées par une membrane
distinctes: la partie antérieure ou aor transparente et élastique appelée sar-
te, qui s’ouvre vers la tête, et la partie colemme.
postérieure, séparée par un étrangle Ces muscles sont particulièrement dé
ment, appelée ventricule. veloppés au niveau du thorax car
Le ventricule est subdivisé en 4 cavités exactement à cet endroit sont logés les
communicantes appelées ventriculi- muscles des ailes et des pattes. Les
tes\ il est refermé à l’une de ses extré deux paires de muscles des ailes, les
mités; le sang pénètre dans les ventri- uns longitudinaux, les autres verti
culites à travers des ouvertures latéra caux, ne sont pas directement fixés
les appelées ostioles. Après avoir tra aux ailes mais aux petites plaques de
versé les ostioles, il est repoussé, sous chitine qui constituent le squelette du
l’effet des pulsations du ventricule, de corselet de l’abeille.
l’arrière vers l’avant et, parvenu au Grâce à ce puissant système de pro
cerveau, il repart vers les lacunes; le pulsion, l’abeille peut parcourir 500 m
sang circule donc de la tête aux lacu par minute.
nes, d ’avant en arrière, cette circula
tion étant stimulée par la pulsation de
vaisseaux accessoires qui se contrac Le système nerveux
tent indépendamment du ventricule.
Tout de suite après, il quitte les lacu Il est constitué par le système nerveux
nes et s’écoule dans le ventricule. central, le système sympathique viscé
Le sang est une substance fluide, lai ral et le système nerveux périphérique.
teuse et incolore qui entre en contact Chaque segment possède, dès l’origi
avec les tissus contenant des substan ne, deux ganglions.
28
Le système nerveux central est repré appelées neurones; le système dioptri-
senté par le cerveau, il résulte de la fu que, qui transmet les rayons lumineux
sion des trois premières paires de gan passant à travers la cuticule et la réti
glions. Il est relié au ganglion céré- ne; le système catoptrique, qui fonc
broïde par l’intermédiaire de deux fi tionne comme une couche isolante
lets nerveux entourant l’intestin anté pour que les rayons lumineux ne
rieur. Il se prolonge par la chaîne gan soient pas réfléchis, détériorant par là
glionnaire ventrale. Il innerve les les organes des sens voisins; le système
yeux, les mâchoires, les antennes, etc. de réfraction, qui permet la vision.
Le système nerveux viscéral part, lui Ces organes des sens peuvent être iso
aussi, du cerveau et comprend le sys lés, c’est le cas des ocelles par exem
tème sympathique dorsal, qui innerve ple, ou rapprochés en constituant de
l’intestin et le cœur, et le système sym cette manière des groupes d ’organes
pathique ventral, qui innerve les stig sensoriels, c’est le cas de l’œil compo
mates et les trachées. Le système ner sé. Les ocelles, au nombre de trois, se
veux sympathique influe sur les fonc trouvent, comme nous l’avons déjà
tions végétatives. vu, sur le front de l’abeille; les yeux
Le système nerveux périphérique est composés sont au nombre de deux et
constitué par des cellules nerveuses ré se situent sur les côtés de la tête; ils
parties dans diverses parties du corps, sont particulièrement développés chez
reliées entre elles par des ramifica les faux bourdons.
tions (névrites). Il innerve les organes
sensoriels. • Les organes mécano-récepteurs et
chimio-récepteurs sont surtout logés
dans les antennes. Les terminaisons
Les organes des sens sensorielles tactiles sont sensibles aux
stimulations tactiles; les chimio-récep-
Selon les fonctions qui leur sont dévo teurs, aux sensations gustatives et ol
lues, ces organes peuvent être divisés factives; ces organes revêtent une cer
en organes photo-récepteurs, mécano- taine importance parce qu’ils guident
récepteurs, thermo-récepteurs, hygro- les insectes dans leur quête de nourri
récepteurs, etc. ture et leur orientation. En général,
les abeilles sont attirées par les sub
• Les organes photo-récepteurs ré stances sucrées même si leur saveur est
pondent aux stimulations lumineuses; légèrement amère.
ils ne sont jamais apparents mais se Les organes des sens se trouvent non
trouvent situés sous une cuticule seulement dans les antennes mais aus
transparente. Sous la cuticule on trou si dans les appendices buccaux et dans
ve: la rétine, système réceptif formé les pattes.
par l’ensemble des cellules nerveuses L ’orientation est certainement l’une
29
des fonctions les plus importantes des La danse en rond, par exemple, est
organes sensoriels. pratiquée pour indiquer que la nourri
Le comportement des abeilles prouve ture est relativement proche, c’est-à-
qu’elles sont dotées d’une certaine dire comprise dans un rayon de 100 m
mémoire et possèdent un langage qui environ. L’abeille, dans ce cas, s’ins
leur permet de communiquer entre el talle à l’intérieur de la ruche sur un
les. En effet, les butineuses, dès leurs rayon, régurgite le nectar à une ou
premiers jours de sortie, effectuent vrière qui l’avale pour le transformer
des vols de repérage, très lentement, en miel; ensuite, le long de la paroi du
au-dessus de la ruche pour pouvoir re rayon, elle commence à exécuter une
trouver facilement leur nid; elles vo sorte de danse en rond, de gauche à
lent la tête tournée vers la ruche, en droite pour commencer, puis de droi
suivant des cercles concentriques de te à gauche. Ainsi les autres abeilles
plus en plus larges. sont prévenues.
Ce repérage ne présente aucune diffi Si l’endroit repéré est éloigné, c’est-à-
culté si, à proximité de la ruche, se dire compris entre 100 m et 3 km, l’a
trouvent des points de repère, des beille s’adonne à la danse que l’on ap
maisons, des buissons par exemple. Si pelle la danse de l’abdomen. Cette
ces points n ’existent pas, les abeilles danse consiste en une série de mouve
s’orientent par rapport à la position ments que l’insecte réalise dans l’or
du soleil. dre suivant: l’abeille se déplace en li
Une abeille peut s’éloigner de sa ruche
gne droite, puis décrit un étroit demi-
à une distance de plus de 3 km, mais
cercle à droite, retourne en ligne droi
elle dépasse rarement ces limites.
te vers son point de départ, fait un
second demi-cercle à gauche et retour
Le langage des abeilles ne en ligne droite vers le point de dé
part; cette danse est appelée danse de
Les abeilles sont capables de commu l’abdomen parce que, pendant le par
niquer entre elles grâce à un langage1 cours rectiligne, l’abdomen est soumis
qui leur est propre: la danse^. Lors à des oscillations. Si la source est très
qu’elles ont découvert de la nourritu éloignée, ces oscillations sont lentes et
re, elles sont capables d’en faire part à amples; si la source est proche, elles
leurs compagnes. Ce langage se mani sont rapides et moins amples.
feste sous la forme de deux types de Au moyen de cette danse, l’abeille
danse, suivant l’éloignement de la n ’indique pas seulement à quelle
source de nourriture. distance se trouve la nourriture mais
1 II ne s’agit pas d ’un véritable “langage” et il serait aussi sa direction; si la ligne droite
plus logique de dire, à la suite du professeur Grassé,
“système de com m unication” . Il est vrai que “langa
suivie par l’abeille est orientée vers le
ge” est à la fois plus évocateur et bien plus concis. sommet du rayon, la nourriture se
30
trouve dans la direction du soleil; si la d ’une glande appelée spermophile.
ligne droite est tournée vers le bas du Ces organes accessoires de l’appareil
rayon, elle se trouve dans la direction génital femelle nous permettent de
opposée. comprendre le mécanisme de la repro
duction des abeilles. Selon certains, la
reine s’accouple une seule fois dans
L ’appareil génital toute sa vie; tout le sperme du mâle,
grâce à la copulation, est déversé dans
On trouve, chez les abeilles, des indi la spermathèque où il conserve toute
vidus de sexe masculin et de sexe fémi sa vitalité grâce à la sécrétion de la
nin. Pour toutes les familles d ’abeil glande spermophile. Selon d ’autres,
les, le sexe masculin est représenté par la reine se fait féconder entre cinq et
les faux bourdons, le sexe féminin par douze fois dans les premiers jours de
un seul individu fécond, la reine. Les sa vie.
abeilles ouvrières sont, pourrait-on Certains auteurs pensent que cette co
dire, des femmes manquées car elles pulation a lieu au cours d’un même
possèdent des organes génitaux rudi vol, d’autres sur une période de deux
mentaires, insuffisamment dévelop ou trois jours. La reine continue à
pés pour la reproduction. Il n ’est tou pondre pendant 4 ou 5 ans; cette pon
tefois pas rare de voir des abeilles, que te atteint son maximum au cours de la
l’on appelle ouvrières pondeuses ou deuxième année car la reine parvient à
bourdonneuses, pondre, dans certai pondre au cours de cette période plus
nes circonstances, des œufs qui ne de 3 000 œufs par jour; dès la troisiè
donneront naissance qu’à des mâles. me année, cette activité régresse.
Si la reine pond des œufs fécondés, el
• L’appareil génital femelle comprend le donne naissance à des femelles; si
deux ovaires, composés, chez la reine, les œufs ne sont pas fécondés, ils se
par un très grand nombre de tubes développent parthénogénétiquement
ovariens (entre 120 et 160); dans les en donnant naissance à des mâles: il
organes atrophiés des ouvrières, le s’agit .dans ce cas de parthénogenèse
nombre de ces tubes ovariens est au arrhénotoque ou arrhénotoquie. Il
contraire très réduit; on en compte semble bien que cette parthénogenèse
tout au plus .10 ou 12. A partir de ces soit volontaire, c’est-à-dire qu’elle se
ovaires, 2 oviductes aboutissent dans produise lorsque la famille a besoin de
l’oviducte commun qui, à son extré mâles pour la fécondation des reines
mité, s’élargit en formant le vagin. vierges.
Latéralement au vagin, il existe une
sorte de sac appelé spermathèque à • L’appareil génital mâle comprend 2
l’intérieur duquel s’écoule la sécrétion testicules, contenant de nombreux tu
31
bes séminifères à l’intérieur desquels rie de phases: l’œuf, la larve, la nym
se forment et parviennent à maturité phe, l’adulte.
les spermatozoïdes; 2 canaux défé Après l’accouplement, qui se produit
rents qui prennent naissance sur le cô au cours du vol nuptial, la reine
té des testicules (un par testicule) et fécondée retourne dans la ruche,
qui s’élargissent pour former la vési s’installe au centre d ’un rayon et com
cule séminale où sont renfermés tem mence à déposer un œ uf dans chaque
porairement les spermatozoïdes. Les alvéole en suivant un mouvement cir
deux vésicules séminales se réunissent culaire du centre vers la périphérie; el
pour donner naissance à un conduit le passe ensuite sur l’autre face du
sinueux appelé canal éjaculateur qui rayon et continue à pondre de la mê
débouche à son tour dans Y organe co- me manière; lorsque le premier rayon
pulateur ou pénis. est complètement rempli, elle pond
L ’appareil reproducteur mâle possède dans les autres rayons.
également des glandes accessoires sé L’œ uf est blanc, translucide, ovale et
crétant un liquide qui se mélange au possède une extrémité plus pointue
sperme au moment de l’accouple par laquelle il adhère à la paroi de la
ment. cellule. Il est, au début, dressé vertica
Le faux bourdon est en mesure de lement sur le fond de la cellule puis,
féconder, c’est-à-dire parvient à la petit à petit, s’incline pour finalement
maturité sexuelle, 12 jours après sa se coucher complètement sur le fond;
naissance. Lors de la copulation, tou il est ainsi possible de distinguer, en
te la partie externe de ses organes gé fonction de leur position sur le fond
nitaux reste dans le vagin de la reine si de la cellule, un œ uf d’un jour de ce
bien que, mutilé, il meurt. Les sper lui de 2 ou 3 jours. Après 3 jours d ’in
matozoïdes ont une vitalité considéra cubation durant lesquels l’embryon se
ble puisqu’ils peuvent rester fertiles développe, une petite larve éclôt de
dans la spermathèque de la reine jus l’œuf; sa forme est arquée suivant une
qu’à 5 ans en attendant de participer à inclinaison qui se prononce au fur et à
la fécondation des ovules. mesure de la croissance de la larve.
Pendant ces trois premiers jours, les
larves sont nourries avec de la bouillie
De l’œ uf à l’insecte parfait ou gelée royale par les ouvrières nour
rices. Les larves royales continuent à
Les abeilles sont des insectes holomé- être nourries avec de la bouillie royale
taboles, c’est-à-dire à métamorphose pendant tout le restant de leur vie lar
complète. En effet, elles sont complè vaire, c’est-à-dire pendant 3 ou 4
tement différentes à l’état larvaire et à jours supplémentaires. Les autres lar
l’état adulte. Au cours de son déve ves sont nourries avec du miel ou du
loppement, l’abeille passe par une sé pollen. Dès le sixième ou septième
32
jour, les larves parviennent à maturité La durée de ce développement est dif
et cessent de manger. férente chez l’ouvrière, la reine et le
Les cellules qui contiennent les larves faux bourdon. L ’ouvrière reste 3 jours
sont alors refermées à leur sommet sous la forme d’un œuf, 6 sous celle
avec de la cire par les ouvrières oper- d ’une larve, 12 sous celle de larve et de
culatrices. nymphe dans la cellule operculée; il lui
A l’intérieur de cette cellule opercu faut donc 21 jours pour devenir adul
lée, les vieux tissus de la larve sont dé te. La reine n ’a besoin que de 16 jours;
truits et remplacés par de nouveaux le faux bourdon, par contre, de 24
tissus; la larve emprisonne son corps jours. D ’après certains auteurs, la rei
de filaments séreux et file un cocon ne naît le 16e jour, l’ouvrière le 22e
très fin à l’intérieur duquel elle se jour, le faux bourdon le 25e jour.
transforme en nymphe. La larve, Ces durées sont calculées pour une
avant de se transformer en nymphe, température ambiante à l’intérieur de
subit un certain nombre de mues. Le la ruche avoisinant 30 à 35°C; si cette
stade nymphal est par suite intermé température est inférieure, les temps
diaire entre le stade larvaire et le stade nécessaires à cette transformation
adulte. peuvent être supérieurs.
33
L’adulte qui s’est formé à l’intérieur des reines difformes ou à ovaires atro
de la cellule fait sauter l’opercule. phiés, à oviductes très étroits. Ces
On a, pour l’abeille mellifique adulte, anomalies sont rares mais il demeure
les dimensions suivantes: longueur de que les insectes affectés de ces malfor
la reine 16 mm, de l’ouvrière 10- mations doivent être aussitôt détruits,
12 mm, et un peu plus pour le faux au cas où les membres de la colonie
bourdon (12-14 mm). n ’auraient pas songé à écarter les
Le diamètre du thorax est voisin de exemplaires difformes, anormaux ou
4 mm chez les ouvrières, de 4,5 mm monstrueux. Il peut s’agir, dans quel
chez la reine et de 5,5 mm chez le faux ques cas rares, de malformations hé
bourdon. réditaires: l’apiculteur doit alors ob
server la reine au cas où elle serait à
l’origine d’un ou plusieurs couvains
Cas d’anomalies ayant donné naissance à des abeilles
anormales, et si tel est le cas, la rem
Bien que ces cas soient assez excep placer.
tionnels, il arrive de trouver des abeil En somme, l’apiculteur doit constam
les dont la morphologie soit anorma ment surveiller l’évolution de sa ruche
le; citons pour exemple une abeille à pour savoir si la famille des abeilles se
tête de faux bourdon et à corps d’ou développe normalement; en cas de
vrière ou réciproquement; la présence doute, il lui faudra s’adresser à un vé
d’un seul œil, grand, frontal ou des térinaire ou à la coopérative apicole la
yeux complètement aveugles et clairs; plus proche.
34
et, par la suite, les fouilles de monu
ments datant de l’époque gréco-ro-
Systématique des maine, en sont la preuve indiscutable.
abeilles Chez les Romains, le miel était parti
culièrement apprécié et l’apiculture
devait être florissante; le miel n ’était
d’ailleurs pas uniquement utilisé à des
fins alimentaires mais aussi à des fins
L’élevage des abeilles, de l’anti médicales et cosmétologiques. La ci
quité à l’époque moderne re, quant à elle, était utilisée pour la
Classification et répartition géo confection de tablettes d ’écriture; on
graphique des espèces sait par ailleurs que les Egyptiens
l’utilisaient pour embaumer le corps
de leurs défunts.
A Rome, les ruches étaient construites
Un peu d’histoire en osier, avec de l’écorce de chêne-Iiè-
ge, des récipients en terre cuite, en fé
L’histoire des sociétés antiques et ja rule et autres plantes ligneuses. Les
dis florissantes témoigne de l’existen Romains, semble-t-il, ne pratiquaient
ce du miel et de l’abeille laborieuse; pas l’apiculture proprement dite mais
bien que les moyens utilisés fussent l’essaimage artificiel. En conséquen
rudimentaires et irrationnels, l’abeille ce, ils utilisaient le rayon mobile, ce
était élevée pour la production du qui, pour cette époque, était déjà un
miel et de la cire. Les premières mani principe d’exploitation rationnelle,
festations de la présence de cet insecte bien que les moyens à leur disposition
remontent, à vrai dire, à une époque fussent limités.
fort lointaine: on a en effet retrouvé Au Moyen Age, l’apiculture tomba en
des traces d ’abeilles remontant à l’an désuétude, et encore plus à partir du
3600 avant J.-C. en Egypte et l’on sait XVIe siècle, aussitôt après l’introduc
de source sûre que, à l’époque des tion en Europe du sucre de canne et,
Pharaons, l’élevage des abeilles était par la suite, de la betterave. A cette
assez répandu. Les dessins qui exis époque, en effet, l’apiculture fut pour
tent sur le sarcophage de Mykerinos ainsi dire inexploitée et abandonnée;
35
délaissée par les paysans, elle ne fut biliste” (ruches à cadres mobiles), par
plus pratiquée que par quelques moi opposition à l’ancienne dite “fixiste”.
nes dans les monastères qui, toute Sans doute est-ce vers 1910 que cette
fois, l’exploitaient avec assiduité. activité atteignit, en France, son apo
En conséquence, les abeilles, aban gée, et ce jusqu’en 1945; malheureu
données à une liberté quasi totale, sement, de nos jours, l’apiculture de
continuèrent à se propager d ’elles-mê- meure l’activité d ’un petit nombre,
mes et survécurent dans le temps en aucun effort de propagande et de dif
surmontant les difficultés climatiques fusion n ’est véritablement entrepris si
et alimentaires et l’espèce parvint à se bien que les progrès susceptibles d ’ê
conserver en se consacrant à une acti tre réalisés par les agriculteurs fran
vité propre au peuple des abeilles: çais demeurent à l’état potentiel.
l’essaimage. On a pris l’habitude de considérer l’a
L’apiculture recommença à être prati piculture comme une activité de loisir
quée vers le milieu du XIXe siècle grâ et d’agrément plutôt que comme une
ce non seulement à l’impulsion natu activité lucrative; trop souvent, on a
raliste de nombreux chercheurs et au oublié qu’un minimum de capitaux et
désir manifesté par des paysans de connaissances pouvait contribuer à
d’augmenter leur revenu agricole, l’amélioration des revenus des agri
mais aussi à la revalorisation du miel culteurs. D’ailleurs, si l’amateur d ’a
et de la cire. Certes, l’importance de piculture n’est pas suffisamment for
l’apiculture en tant qu’activité profi mé pour manipuler les abeilles, s’il ne
table à l’agriculture n’était pas encore connaît pas les petits secrets de la fa
vraiment reconnue, mais elle fut à mille communautaire, il obtiendra
nouveau pratiquée avec ferveur et la inévitablement des résultats aléatoi
construction des ruches connut de res, en particulier si les conditions cli
nouveaux perfectionnements; la con matiques ne sont pas favorables.
ception et les applications du rayon Depuis quelque temps, certaines in
mobile firent l’objet de nombreuses dustries se sont spécialisées dans la fa
études, de nouvelles recherches furent brication d’un outillage rationnel des
entreprises, les vertus médicinales et tiné à l’amélioration du rendement de
privilégiées du miel furent reconnues. l’apiculture, dans la production de
Il est bon de rappeler les découvertes reines sélectionnées et d ’essaims. Il
dans les années 1860-1863 du procédé nous semble inutile de préciser l’am
de fabrication de la cire gaufrée par pleur du champ d’application des pro
l’allemand Mehring, et de l’extracteur duits de la ruche à des fins désormais
centrifuge par le major autrichien classiques, c’est-à-dire l’obtention de
Hrushka. Ces deux procédés révolu la cire, du miel et de la propolis. Pré
tionnèrent la technique apicole, pré cisons toutefois que ce domaine est
parant la voie à l’apiculture dite “mo- appelé à connaître des perfectionne
36
ments ultérieurs et à être, inévitable d ’une région et sa flore mellifère. Se
ment, exploité à plus grande échelle; lon une statistique de 1958, on trou
en ce sens d’ailleurs, le fait que les vait à cette époque, en France,
pays dont l’agriculture est la plus dé 218 221 ruches vulgaires et 621 119
veloppée et la plus rationnelle possè ruches à cadres, soit un total de
dent le plus grand nombre de ruches 839 340 ruches. Mais d ’après des son
est suffisamment significatif. dages, on peut affirmer que ce chiffre
D’après les données émises par le mi ne représente que 70% du cheptel api
nistère de l’Agriculture, nous savons cole qu’on évalue à environ 1 200 000
qu’il existait en 1929, en France, colonies.
I 573 742 ruches, dont 851 935 à ca
dres et 721 807 vulgaires.
II faudra attendre 1940 pour voir le Classification
nombre de ruches rationnelles devenir
très supérieur à celui des ruches vul Nous venons de décrire l’histoire des
gaires; dans le courant de cette année, abeilles au cours des âges; il ne nous
en effet, le nombre de ruches à cadres semble maintenant pas dépourvu
atteignit, en France, le million d’intérêt de mettre l’accent sur les dif
d’exemplaires. Par la suite, en raison férentes races d ’abeilles connues et
de la guerre de 1939-1945, l’apiculture utilisées par l’homme à des fins lucra
tives.
traversa une période d ’expansion due
Rappelons que les abeilles sont des in
principalement aux difficultés d’ap
sectes qui appartiennent à l’ordre des
provisionnement en sucre, le miel
hyménoptères, au groupe des porte-
constituant d’autre part un appoint
aiguillons, à la famille des Apidés et
alimentaire non négligeable.
que les races connues sont nombreu
Mais une récession se manifesta ensui
ses. Nous distinguerons, pour notre
te dans les années d’après-guerre. En exposé, quatre espèces: YA pis dorsa-
France, l’apiculture est relativement ta, YApis florea, YApis indica, et VA-
répandue dans le Bassin Parisien éten pis mellifica.
du, dans les départements du Sud-Est
et du Sud-Ouest; en dépit de cette re
prise, la production française de miel Apis dorsata
et de cire est inférieure aux besoins et
il n’est nullement prouvé que les coûts La variété Apis dorsata regroupe des
de production soient élevés au point exemplaires d’abeilles aux dimensions
de faire de cette activité une activité à gigantesques qui fabriquent des
abandonner. Ce qu’il faudrait faire en rayons de cire atteignant parfois deux
somme, c’est parvenir à un certain mètres de haut. En pratique, dans les
équilibre entre le nombre de ruches rayons de YApis dorsata, les cellules
37
ont toutes les mêmes dimensions, cel borieuse, émigre et essaime facile
les des faux bourdons étant identiques ment, regroupe de nombreuses sous-
à celles des ouvrières. Les ouvrières espèces. Elle est très répandue dans les
sont agressives, bonnes récolteuses de régions de collines de l’Inde.
nectar et industrieuses. Cette variété
vit en Inde, en Indochine, à Ceylan,
dans les îles de la Sonde, aux Philippi Apis mellifica
nes, dans les collines et les montagnes
peu élevées; les sous-espèces sont L'Apis mellifica comprend de nom
nombreuses et diverses races sont ex breuses sous-espèces, que l’on distin
ploitées pour la production de miel. gue selon leurs caractères morpholo
giques et biologiques. Nous énumé
rons ci-dessous les plus intéressantes.
Apis florea
• L'A pis mellifica mellifica est très ré
L 'Apis florea est, au contraire, une pandue en Europe et connue sous le
abeille naine qui construit en général nom d’“abeille allemande”, abeille de
ses rayons sur les branches; les dimen couleur brun noirâtre. On la trouve en
sions des rayons sont de 15 centimè Allemagne, Hongrie, Autriche, Dane
tres environ, les cellules n ’ont pas tou mark, Hollande, Grande-Bretagne,
tes la même grandeur, elles sont de di Belgique, URSS septentrionale, Fran
mensions spécifiques pour la reine, les ce, Suisse, Italie septentrionale, c’est-
faux bourdons et les ouvrières. On les à-dire dans presque toute l’Europe,
trouve surtout en Asie, en particulier mais aussi dans d’autres pays comme
dans les plaines où, en été, les tempé le Canada, les Etats-Unis, etc., où el
ratures sont parfois supérieures à le a été importée par les Européens.
48°C. L'Apis florea vit en Inde, à Ja Cette race n’est toutefois pas toujours
va, Bornéo, Sumatra, en Thaïlande, à appréciée car elle est considérée com
Ceylan, dans la péninsule de Malacca, me agressive et possède une tendance
en Birmanie. au pillage; elle présente pourtant cer
taines qualités: citons entre autres,
pour son importance, la résistance au
Apis indica froid, qui lui permet de s’adapter aux
endroits où l’hiver est prolongé et où
L'Apis indica ressemble à l'Apis mel- le froid est assez rigoureux.
lifica mais ses dimensions sont plus
petites, son coloris plus clair, notam • L 'A pis mellifica ligustica ou abeille
ment en certaines parties de son appa italienne est la plus appréciée dans le
reil buccal. Elle est douce mais peu la monde; c’est l’une des races domesti
38
ques les plus sociables et les plus cos allemandes mais la couleur de ses
mopolites. (Nous donnerons quelques poils est différente puisqu’elle tend
renseignements supplémentaires sur vers le gris; sur le dos des segments de
cette abeille à la fin de notre exposé l’abdomen, se trouve un duvet gris
lorsque nous parlerons des races les ivoire. L’extrémité de l’abdomen est
plus connues). également un peu différente car elle
est un peu plus développée chez l’a
• L ’Apis mellifica sicula est entière beille carniolienne que chez l’abeille
ment noire; la couleur de ses poils est ligustica-, la langue et certaines parties
identique à celle de la ligustica; elle est du corps sont légèrement plus gran
légèrement plus petite que la précé des, ce qui laisse supposer que cette
dente bien qu’il existe des exemplaires abeille possède plus de facilité pour
dont les dimensions sont supérieures à récolter le nectar des fleurs. Parfois,
celles de la ligustica. Son aspect est ces abeilles n’ont pas tout à fait la mê
toutefois complètement différent me morphologie puisque le premier
puisqu’elle possède des stries jaune segment est recouvert de taches jau
orangé sul l’abdomen. Ses caractères nes; il ne faut pas considérer les abeil
biologiques sont identiques à ceux de les carnioliennes ainsi conformées
la précédente; c’est un insecte doux, comme pures car elles sont en fait le
actif, peu enclin à l’essaimage, assez résultat de croisements.
prolifique. En Sicile, où elle est sur La variété carniolienne est douce, ac
tout répandue, elle cohabite avec la li tive mais elle essaime avec facilité, en
gustica', il existe d ’ailleurs des sous-ra particulier si elle est élevée dans des
ces dérivées du croisement des deux ruches rustiques; elle est très résistan
races. Il est même possible de trouver te aux grands froids et aux intempé
des hybrides de ces abeilles sur la côte ries.
orientale, en particulier aux alentours
de Messine. • L ’Apis mellifica cypria n ’a pas le
même aspect que la ligustica car elle
• L ’Apis mellifica carnica est originai possède un écusson jaune sur le tho
re de Carniole. Elle est très répandue rax, des stries plus claires sur les pre
dans les Carpathes, les Alpes orienta miers segments de l’abdomen, jaune
les et les Balkans; en Vénétie julienne, orangé sur les segments suivants, sauf
cette abeille, vivant avec l’abeille li sur les derniers. L’abdomen est plus
gustica, a donné naissance à des colo pointu que celui de l’abeille italienne,
nies hybrides. son corps semble plus mince; la reine
L’abeille carniolienne, qui est égale de la variété cypriote a parfois un ab
ment considérée comme une sous-race domen presque complètement jaune
méridionale de l’abeille allemande, est orangé, et ce jusqu’à l’avant-dernier
très uniforme et ressemble à ses sœurs segment. L’abeille cypriote est recou
39
verte d ’un très grand nombre de poils • L ’Apis mellifica remipes est jaune;
très courts, blond roussâtre clair, qui elle a été découverte dans le sud de la
font ressortir son dernier segment, Mer Caspienne.
noir luisant. Les faux bourdons de
cette race ont un corselet d ’un jaune • L ’Apis mellifica fasciata est très ré
soutenu, recouvert d’une fourrure pandue en Afrique et surtout en
épaisse et forte; la couleur jaune oran Egypte; elle vit également en Syrie, au
gé des derniers segments s’étend sur Soudan, en Somalie ainsi qu’en Ara
les côtés de l’abdomen. Plus petite bie méridionale. Les trois premiers
que l’abeille allemande et l’abeille ita segments de l’abdomen et une partie
lienne, elle est en général peu active, du quatrième sont jaunes, bordés d’u
s’irrite facilement et possède une ten ne légère bande noire; d’autres parties
dance à l’essaimage. du corps sont jaunes, les poils gris ar
Elle est en général exploitée là où elle genté. Cet insecte est très actif pour
se trouve, avec des moyens assez peu récolter le miel et la propolis mais il
rationnels. est facilement irritable. C’est une race
D ’ailleurs, étant moins facile à élever remarquable parce que, d’après cer
que l’abeille italienne et l’abeille alle tains auteurs, elle donne fréquem
mande, elle est remplacée dans les ru ment naissance à des ouvrières fécon
ches rationnelles par des races euro des bien qu’il existe dans la ruche une
péennes qui sont connues pour leur reine féconde. Il se pourrait que cette
facilité à être domestiquées et pour race ne soit pas suffisamment évo
leur rendement. luée; la division du travail n ’y est que
partielle et la ponte n ’est pas réservée
• L ’Apis mellifica syriaca pourrait à la reine.
être considérée comme une sous-race
de l’abeille cypriote car elle lui res • L ’Apis mellifica unicolor est une
semble beaucoup sur le plan morpho abeille noire, originaire de l’île de Ma
logique, par son aptitude à essaimer et dagascar et disséminée dans les îles du
par son irascibilité. Comme les précé Sud-Est africain. On en a également
dentes, ces abeilles sont particulière trouvé certains exemplaires à l’inté
ment petites et possèdent une langue rieur du continent africain.
relativement longue par rapport aux
dimensions de leur corps. • L ’Apis mellifica intermissa est éga
lement appelée A pis mellifica caffra
• L ’Apis mellifica caucasica est noire; ou encore abeille punique ou abeille
elle pourrait avoir quelque rapport gé tunisienne. Cette race est l’une des
nétique avec l’abeille allemande; elle plus répandues sur le continent afri
vit dans les régions montagneuses du cain et dans les régions plus fraîches
Caucase. de l’Afrique du Sud.
40
Certains auteurs et chercheurs ont sieurs sous-espèces africaines dont les
tendance à distinguer des sous-races et plus connues, à part quelques-unes
considèrent que l’abeille du Cap res que nous avons omises, sont celles
semble beaucoup à l’abeille mellifica que nous venons de citer.
caffra mais diffère de l’abeille inter- Cette classification a été établie non
missa, si bien que les deux premières seulement en fonction de la couleur
pourraient être regroupées sous le du tégument, de la forme et des di
nom A'Apis mellifica capensis puis mensions de certaines parties du corps
qu’elles possèdent des caractéristiques mais aussi des dimensions des diffé
identiques entre elles mais différentes rents organes (langue, antennes,
de celles de Vintermissa. Ce groupe est yeux). On tient compte, par exemple,
suffisamment productif mais l’éleva de la longueur de la langue chez YApis
ge est, la plupart du temps, effectué mellifica car, grâce à celle-ci, l’abeille
dans des ruches rustiques. peut butiner avec profit les fleurs à
longue corolle, la fleur de trèfle rouge
• L ’Apis mellifica adansonii est une par exemple.
autre variété d ’abeille africaine de Les sous-espèces qui existent en Fran
couleur jaune, surtout répandue dans ce sont diverses; les plus importantes
la zone tropicale; on pratique son éle sont YApis mellifica mellifica, YApis
vage en Ethiopie. Les poils de son mellifica ligustica, YApis mellifica
thorax sont fauves, les trois premiers carnica et YApis mellifica sicula. Tou
segments de son abdomen jaune rou tefois, la plus répandue et la plus typi
geâtre. Certains auteurs affirment que que qui est élevée en France est YApis
cette race, tout comme l’abeille inter- mellifica.
missa et d’autres variétés répandues L'Apis mellifica ligustica, appelée
en Afrique, sont des variétés issues de également abeille italienne, possède
la race d ’origine, Apis mellifica uni- un abdomen dont les trois anneaux
color. sont plus ou moins jaunes, tendant au
jaune or et dans quelques cas au jaune
orangé. Le premier segment est cerclé
Répartition des espèces et des d ’une bande plus foncée qui s’élargit
sous-espèces au niveau du troisième segment. Chez
cette abeille, l’écusson du mésothorax
En ce qui concerne les abeilles du con est en général foncé et tend vers le
tinent africain, nombreux sont les brun. La couleur des poils est blonde,
avis, souvent contraires, émis sur la parfois gris clair. Le jaune orangé est
pureté ou l’impureté des différentes plus ou moins soutenu; on suppose
races et sur leur origine; il est sans que ce phénomène est dû aux diffé
doute vrai que certaines races ne sont rentes conditions d’élevage et de cli
que des produits de croisement de plu mat. La teinte du tégument de la reine
41
est assez variable; il en est de même cline à l’essaimage; elle est assez rare
pour la couleur des faux bourdons ment attirée par le pillage. En raison
dont la peau peut être d ’un jaune plus de toutes ces qualités, cette abeille est
soutenu ou même d ’un blond orangé recherchée dans tous les pays du mon
délavé. de entier.
Il peut être intéressant de mettre en En France, elle est largement utilisée,
évidence les caractères distinctifs de la mais pas autant que 1’A pis mellifica
reine, des faux bourdons et des ou qui lui est préférée pour son rende
vrières de cette race. La reine possède ment en miel.
un écusson noir; le premier segment Dans les zones limitrophes des régions
de l’abdomen est complètement jaune où l’on trouve YA pis mellifica mellifi
orangé mais il peut être parfois roux ca, YApis mellifica carnica, YApis
ferrugineux; les trois segments sui mellifica sicula, il est possible de trou
vants (deuxième, troisième, quatriè ver dans la même ruche des abeilles
me) sont jaune orangé (ou roux ferru noires cohabitant avec la ligustica et
gineux) et cerclés d ’une bande noire. même des abeilles dont la couleur jau
On trouve des reines dont la couleur ne orangé est plus ou moins soutenue.
jaune orangé est plus soutenue mais Il s’agit, cette fois encore, de résultats
cette teinte peut également varier avec de croisements et de populations à l’é
l’âge de la reine, les conditions d’éle tat hétérozygote. Ajoutons toutefois
vage, le type de nourriture, l’humidité que la coloration du tégument de la li
du nid; certains affirment qu’il existe gustica peut varier entre des limites
des somations indépendantes du gé étroites, une différence étant plus pro
notype. bable au niveau de la tonalité des co
Les faux bourdons de la race ligustica lorations qu’à celui de l’étendue plus
possèdent un thorax et un écusson ou moins grande des surfaces colo
noirs; l’abdomen en revanche est jau rées. En dehors de certaines limites de
ne orangé avec des stries transversales variabilité, il s’agit certainement de
foncées de largeur très variable selon races impures.
l’écosystème. Avant de parler de manière plus
Chez l’ouvrière de la variété italienne, exhaustive de la vie d’une famille d’a
la langue peut atteindre 7 mm de long; beilles, c’est-à-dire de sa reproduc
la longueur moyenne est, dans la plu tion, il nous semble utile d’insister sur
part des cas, évaluée de 5,9 à 6,8 mm le fait qu’il existe des différences con
mais ces chiffres ne sont qu’indicatifs. sidérables entre les formes des rayons,
L ’Apis ligustica est connue à travers l’ampleur des cellules, la manière de
le monde pour ses qualités et son construire le nid selon que les abeilles
adaptation à la domestication; elle est vivent dans telle ou telle région; par
douce, très active (si ce n ’est l’une des contre, on retrouve chez différentes
plus actives), très prolifique et peu en races les mêmes caractéristiques ce qui
42
leur permet de cohabiter; nous avons 1. Petite abeille à longue ligule (.Apis
d’ailleurs déjà parlé de cette ressem mellifica cypria, Apis mellifica sy-
blance en décrivant les caractéristi riaca).
ques de la sicula et de la ligustica, de 2. Petite abeille à courte ligule (Apis
la carnica et de la ligustica... mellifica adansoniî).
On peut également classer les abeilles 3. Grande abeille à longue ligule
en se basant sur le rapport qui existe (Apis mellifica ligustica, Apis mel
entre la langue et les dimensions du lifica carnica).
corps; cette classification a d ’ailleurs 4. Grande abeille à courte ligule
été établie par Goetze, qui distingue (abeille allemande, variété de l’Al
quatre types d ’abeilles. lemagne du Nord).
43
l’homme et que, d ’autre part, la lon
gévité de la famille soit préservée.
La vie d’une famille L’apiculteur régularise la vie de la ru
d’abeilles che, élargit ou réduit les dimensions
du nid, favorise ou limite la naissance
de nouvelles abeilles, subvient aux be
soins alimentaires des abeilles lorsque
la récolte a été mauvaise, remplace les
Le réveil printanier des abeilles
réserves de miel par un autre aliment
Comment observer le rucher
enrichi, soigne les maladies, élimine
Installation dans la nouvelle de
les foyers d’infection. Mais, en se
meure et destin de la précédente
consacrant à ces diverses manipula
Les habitants de la ruche
tions, il lui faut respecter les habitu
des des abeilles, ne pas oublier leur
désir de faire proliférer la famille,
leurs exigences de propreté, leurs
réactions à un réchauffement ou à un
Généralités refroidissement excessifs.
Décrivons donc le cycle de vie d ’une
Une famille d ’abeilles, surtout si elle
famille d ’abeilles, dès leur réveil au
se trouve dans une ruche rationnelle,
printemps, et essayons d’en tirer les
peut être surveillée et manipulée par
l’homme; cette intervention finit par enseignements dont pourrait bénéfi
conditionner tout ce que les abeilles cier l’apiculture.
feraient, à l’état naturel, en respectant
les lois de la nature et en se fiant à leur
seul instinct. L’homme ne parvient Le réveil printanier
toutefois qu’à améliorer le sort auquel
la famille d’abeilles est prédestinée: la Le réveil des abeilles se produit au
reproduction, l’alimentation, la pro printemps; les premières abeilles sor
tection, la survie des abeilles, au lieu tent en effet de leur ruche dès les pre
d’être le jeu du hasard, sont surveil mières chaleurs, dès les premières
lées et améliorées pour que, d’une journées ensoleillées. Ces premières
part, soit obtenu un produit utile à sorties sont faites par besoin physiolo
44
gique: les abeilles accomplissent leur préparent la naissance d’une nouvelle
vol de purification, c’est-à-dire que ce reine; la reine-mère sort du nid vers sa
vol leur permet de rejeter les excré nouvelle demeure, les mâles naissent,
ments accumulés dans leur rectum les abeilles attendent la naissance de la
pendant tout l’hiver. Comme nous le nouvelle reine et le vol nuptial; puis,
savons, en effet, les abeilles ouvrières la reine supprime les reines-vierges qui
ne déposent jamais leurs excréments à viennent éventuellement de naître, les
l’intérieur de la ruche mais unique abeilles massacrent les mâles, et par
ment au dehors et essaient de retirer tent pour la dernière récolte automna
de leur habitation les scories, les ex le de nectar et enfin la famille se pré
créments ou les déchets de toutes sor pare à passer l’hiver.
tes qui, comme nous le verrons, peu Ce repos hivernal qui peut être com
vent s’y être accumulés. Tout au long mencé, suivant les climats, du mois de
de l’hiver, se trouvant dans l’impossi septembre au mois de novembre, se
bilité de sortir de la ruche à cause du prolonge jusqu’au printemps ou mê
froid, les abeilles ouvrières peuvent me mieux, jusqu’aux beaux jours de
laisser s’accumuler dans leur rectum la fin de l’hiver, époque durant la
les excréments de la saison hivernale quelle le cycle recommence par le vol
et ensuite les expulser, au printemps, de purification.
au cours de leur premier vol, appelé Après avoir exposé très brièvement le
vol de purification. Nous voyons cycle annuel de vie d’une famille, exa
donc que, au printemps, la famille se minons maintenant quelques traits
pose des problèmes non négligeables caractéristiques qui se manifestent
qu’elle résoudra d ’ailleurs avec une quand les abeilles sortent de leur tor
régularité merveilleuse: la reprise du peur hivernale.
travail, l’examen des possibilités de
création d’une nouvelle famille, donc
Examen du rucher
la prédisposition au départ, la forma
tion d ’un essaim, la recherche d’un Pour connaître l’état de conservation
nouveau domicile. Une famille qui a de la famille, il faut observer très pru
surmonté l’hiver sans difficulté peut demment la ruche. L’apiculteur s’ex
être composée d ’une reine, de 10 000 pose à des risques regrettables s’il ou
ouvrières environ et de quelques cen vre la ruche sans tenir compte de l’af
taines de mâles. Les conditions sont folement qu’il peut provoquer auprès
déjà remplies pour que puisse être or des membres de la famille; s’il ne
ganisé un essaim. prend aucune précaution, le moindre
C’est à cette époque, si les conditions danger pouvant déclencher chez les
sont favorables, que les abeilles par abeilles une colère violente, il risque
tent récolter le pollen ou le nectar, d’être blessé par les aiguillons et l’exa
45
men peut devenir beaucoup plus dan Développement de la famille
gereux que prévu. Il existe toutes sor
tes de moyens pour observer tranquil A cette époque, les abeilles commen
lement l’intérieur de la ruche: le plus cent à butiner les fleurs, et se consa
simple consiste à l’enfumer. Les abeil crent avec énergie à la récolte du nec
les, troublées, plongent dans les réser tar et du pollen de nombreuses
ves de miel, en aspirant une certaine plantes.
quantité, et se préparent à essaimer au La reine, stimulée par le travail des
cas où le nid serait détruit; si cet exa ouvrières, accélère la ponte de ses
men est fait avec toutes les précau œufs, puisqu’elle veut donner nais
tions requises, la vie dans le nid re sance le plus vite possible à de nouvel
prend son cours; les abeilles préoccu les ouvrières susceptibles d ’aider les
pées par leur survie recommencent à autres dans leur travail de récolte du
vivre normalement et déposent à nou butin. Pour qu’une famille vive d’une
veau les aliments qu’elles avaient manière équilibrée, il faut que de
soustraits pour éventuellement les uti nombreuses naissances aient déjà eu
liser dans un autre endroit au cas où lieu deux ou trois semaines avant la
elles auraient dû entreprendre l’instal pleine floraison pour que le maximum
lation de leur nouveau nid. Cepen d’abeilles récoltent le butin de la fa
dant le meilleur moyen pour pouvoir mille. Il serait en revanche inutile que
observer une ruche sans courir de ris la reine ponde, donc donne naissance
que et ne pas troubler le déroulement à des ouvrières, aux approches de l’hi
ordinaire de la vie laborieuse des ver puisque ces dernières ne pour
abeilles est d ’utiliser des ruches mu raient être nourries que sur les réser
nies de parois en verre. ves alimentaires; la floraison étant
En fait, les ruches d ’observation, mu terminée, les nouvelles abeilles nées
nies de parois en verre et de volets ex n’auraient pas la possibilité d ’aug
térieurs, ne sont utilisées que dans les menter le dépôt mais au contraire ne
centres expérimentaux par les cher feraient que puiser dans les réserves
cheurs; on en trouve aussi chez cer pour survivre. Quoi qu’il en soit, lors
tains apiculteurs. Le plus souvent, les que le printemps est déjà bien amorcé,
apiculteurs observent directement la la ruche devient particulièrement acti
ruche en retirant la toiture ou l’exté ve; on assiste à la naissance de milliers
rieur de la ruche, suivant le genre de d’ouvr-ières et de centaines de faux
ruches utilisées, pour connaître ce qui bourdons qui attendent la venue d ’u
s’y passe à un moment précis, c’est-à- ne jeune reine vierge pour la féconder.
dire la composition de la famille, l’é Au fur et à mesure que la famille aug
tat de santé de la reine, la présence ou mente en nombre, une certaine confu
l’absence de signes prémonitoires de sion règne dans le nid; les faux bour
maladies. dons qui, à cette époque, sont consi
46
dérés comme indispensables mais ne reine-mère, encore assez jeune, dé
se voient chargés d ’aucun travail et couvre les cellules des jeunes futures
prétendent être alimentés par les ou reines auxquelles elle a d ’ailleurs don
vrières, finissent par lasser celles-ci, né naissance. Le comportement de la
déjà embarrassées d ’être trop nom vieille reine vis-à-vis des jeunes reines
breuses. peut se manifester de manière assez
Dans la famille, toujours plus popu différente en fonction du climat, de la
leuse, pouvant compter jusqu’à richesse des fleurs à butiner, de la
50 000 ou 80 000 individus, commen composition même de la famille.
ce à se manifester le désir d’essaimer. Deux solutions radicales se présen
tent: soit l’essaimage, soit la destruc
tion de la nouvelle reine. L’essaimage,
La nouvelle reine
c’est-à-dire le départ de la vieille reine
La ruche est désormais prospère: les avec une partie des ouvrières de la fa
changements nécessaires ont été opé mille, se produit lorsque la floraison
rés, les abeilles ouvrières ont été rem en cours laisse espérer des récoltes en
placées par d ’autres, des ouvrières de core fructueuses. Dans ce cas, même
tous âges, des faux bourdons, des lar la présence des faux bourdons, errant
ves, des nymphes remplissent le nid; oisivement autour de la ruche et para
les cellules destinées aux nouvelles rei sites du travail des ouvrières, est con
nes, dont l’une est destinée à succéder sidérée comme indispensable pour la
à sa propre mère, ont été préparées. continuation de l’espèce puisque la
N ’oublions pas en effet que, dans tou naissance d’une nouvelle reine, ou de
tes les familles d’abeilles, il ne peut nouvelles reines, ne peut se faire sans
exister qu’une seule reine; dans le cas la fécondation, donc sans la présence
contraire, si par exemple deux reines des mâles. Cette tolérance que seule la
se retrouvent en présence, nous ver nécessité justifie ne dure que le temps
rons que cette situation n’est que mo indispensable à la fécondation; au re
mentanée car elle aboutit inévitable tour de la reine fécondée, une fois la
ment à la lutte pour la vie des deux continuation de l’espèce assurée, au
reines, sauf en cas de survie de la rei- terme de la saison de la récolte, l’exis
ne-mère, vieille et désormais stérile, tence des mâles devient inutile; l’ordre
qui peut, dans ce cas, être tolérée par est donc lancé de massacrer les mâles;
la jeune reine ou protégée par les ou plusieurs ouvrières s’attachent à cette
vrières, sans que la susceptibilité de la tâche et frappent mortellement les
jeune reine soit éprouvée. De toute fa mâles de leur aiguillon, ou bien les
çon, ces cas sont rares, en particulier traînent hors de la ruche.
si les ruches sont exploitées de maniè Si l’essaimage s’avère impossible, en
re rationnelle. raison de conditions climatiques défa
Il arrive beaucoup plus souvent que la vorables ou pour toute autre raison,
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que nous décrirons par la suite, la des rayons; des architectes qui préparent
truction de la nouvelle reine devient les rayons; des bâtisseuses qui, en uti
indispensable. Il semble bien que ce lisant la cire et la propolis, consoli
soit la reine-mère elle-même qui don dent le nid; des sculpteurs qui collabo
ne l’ordre aux ouvrières de tuer la des rent activement à la construction des
cendance royale; certains auteurs sup alvéoles; des butineuses qui vont cher
posent que c’est la reine-mère qui cher dans les champs le nectar des
commence ce travail et le laisse ensui fleurs qui sera transformé en miel, le
te à ses ouvrières. Même dans ce cas, pollen qui permet de nourrir les lar
la destruction des mâles s’impose ves, la propolis qui sert à colmater les
après l’élimination des larves ou des fentes de la ruche; des operculatrices
nymphes des futures reines. qui referment les alvéoles où se déve
loppent les larves et d ’où sortira,
après la métamorphose, un insecte
Division du travail
parfait; des balayeuses qui nettoient
Parlons maintenant de la division du avec un soin méticuleux le nid; des
travail accompli par les différents fossoyeurs qui transportent au loin
membres de la famille. Comment est- aussi bien les cadavres de la famille
il réparti? Le travail est distribué en que ceux des insectes et animaux qui
fonction de l’âge des abeilles; les auraient pénétré dans la ruche et au
abeilles les plus jeunes s’occupent de raient été tués; des amazones, sortes
l’entretien de la ruche; les plus âgées de gardiennes, qui protègent le cou
de la récolte du nectar et du pollen. vain, veillent jour et nuit à la sécurité
En pratique, cette spécialisation est de la famille, vérifient si la récolte est
assez poussée et contraint chaque satisfaisante, effraient et mettent en
membre de la famille à exécuter divers fuite les pillards, les intrus et tous
travaux à des moments différents. Il ceux qui veulent profiter du butin, as
existe ainsi des abeilles-nourrices dont saillent en nombre les ennemis qui
le rôle est de nourrir les larves et de ré veulent menacer l’existence de la ru
chauffer les cellules; des dames che ou puiser dans les réserves alimen
d ’honneur qui pourvoient à l’alimen taires, barricadent l’entrée en cas
tation et à la protection de la reine; d’urgence.
des ventileuses qui aèrent, rafraîchis Telles sont, sommairement, les tâches
sent ou réchauffent la ruche, accélè dévolues aux abeilles, lorsque la fa
rent l’évaporation du miel lorsqu’il mille est prospère et en bonne santé.
est trop chargé d ’eau et utilisent, pour
ce faire, leurs ailes comme moyen mé
L’essaimage
canique pour atteindre le but qu’elles
se sont fixé; des cirières qui fabri L’essaimage naturel se produit lors
quent la cire pour la confection des que la famille vit dans d ’excellentes
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conditions, lorsque la reine peut em mum et souvent moins. Elles donne
mener avec elle une partie des ouvriè ront naissance, peu après le départ de
res sans rompre le rythme de vie de l’essaim, à une nouvelle reine vierge
celles qui sont restées car l’essaimage qui occupera le poste de la reine-mère
a toujours un destin incertain. Non qui a quitté la ruche avec son essaim;
seulement il appauvrit la ruche mais il la naissance de la nouvelle reine en ef
peut ne pas réussir à recréer une nou fet permet de tranquilliser les sujets
velle famille. Dans une famille impor inquiets, qui se considèrent comme
tante de 80 000 abeilles environ, l’es orphelins. N ’oublions pas non plus les
saim peut entraîner jusqu’aux trois mâles qui ne suivent pas l’essaim puis
quarts de la colonie, c’est-à-dire qu’ils n ’ont aucune raison de le faire,
50 000 abeilles. En plus de l’accroisse mais qui attendent avec une tranquil
ment de la population, et donc de la lité désinvolte la naissance de la nou
surpopulation de la ruche, l’essaima velle reine qui, dans quelques heures,
ge est déterminé par des lois économi sortira de l’une des cellules royales.
ques précises; l’essaimage n ’a pas lieu Une fois que l’essaim s’est éloigné, la
si les membres de la famille qui quit vie de la ruche reprend son cours nor
tent la ruche risquent de ne pas pou mal. Un "certain nombre d’abeilles
voir résister aux efforts à fournir pour continuent à butiner alors que d ’au
reconstruire un nouveau domicile. tres accomplissent leur travail de pro
L’exil, si nous pouvons nous permet tection et de ventilation, de nettoyage
tre de l’appeler ainsi, est volontaire; la ou de nutrition, puisque la tâche qui
ruche doit donc avoir les réserves ali leur est dévolue par le destin demeure
mentaires nécessaires à la survie de la inchangée, c’est-à-dire celle de main
colonie, ne doit être atteinte d’aucune tenir et de perpétuer les traditions de
maladie, ne pas être exposée au pilla la ruche.
ge; le temps doit être clément. L’exode ne se produit donc pas à l’im-
^Voici quel doit être l’état de la ruche proviste; il ne doit pas non plus être
au moment de l’essaimage: les alvéo considéré comme inévitable par l’api
les doivent être rentables, complète culteur, même si certaines races sem
ment remplies, posséder environ blent plus ou moins prédisposées à
10 000 œufs susceptibles de donner ,^1’essaimage. L’homme peut en effet
naissance à autant d’individus qui ac contrôler l’essaimage si, après avoir
croîtront la famille mutilée, le même observé certains signes prémonitoires,
nombre de larves en phase de matura il détruit les jeunes reines operculées
tion, des nymphes et des abeilles et élargit la ruche, ou encore augmen
nourricières qui feront partie de la te les possibilités de réception de la fa
prochaine colonie. mille; ce faisant, le tumulte et l’agita
Les cellules royales doivent être en tion qui précèdent l’essaimage ces
nombre réduit, une douzaine au maxi sent, le travail habituel est repris et la
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vieille reine, rendue indispensable par leur butin dans le stock à vivres et re
l’élimination de ses filles, renonce à partent immédiatement pour une au
sortir et recommence à pondre. tre récolte.
La reine qui veut essaimer prévient les Les abeilles du futur essaim, au con
autres membres de la famille plusieurs traire, sont agitées, ne partent pas
jours avant son départ qu’elle a déci dans les champs pour récolter du nec
dé d ’abandonner la colonie pour en tar ou du pollen, manifestent une vé
reformer une nouvelle; elle se déplace ritable excitation qu’elles transmet
en tous sens, émet un son particulier, tent à leurs compagnes qui ont choisi,
les abeilles qui la suivront émettent un tout comme elles, l’aventure; lors
bourdonnement qui fait écho à l’hym qu’elles sont hors de la ruche, leur vol
ne royal; à l’intérieur des cellules est étrange; entre-temps, elles errent
operculées, les futures reines com pour “tuer” le temps. A l’intérieur de
mencent à ronger leur opercule et ré la ruche, elles voltigent autour des al
pondent à l’appel de la reine-mère. véoles et de la reine, en réchauffant
Les ouvrières qui se préparent au long par là même l’atmosphère. La reine,
voyage incertain se gorgent de miel quant à elle, parcourt de long en large
pour satisfaire leurs besoins alimen les différents alvéoles comme si elle
taires d ’une semaine environ car elles cherchait quelque chose et, par ses
devront résoudre leurs problèmes ali mouvements frénétiques, elle n ’appa
mentaires les plus immédiats et parer raît plus comme la reine laborieuse
à la production de cire destinée à la qui s’attarde auprès des alvéoles cen
construction du nouveau domicile, traux pour y déposer régulièrement
une fois qu’il sera atteint. des œufs; ses mouvements deviennent
Tandis que se prépare l’essaimage, de plus en plus agités au fur et à mesu
seules les abeilles qui resteront dans la re que l’heure du départ devient plus
vieille ruche demeurent tranquilles; proche.
les butineuses continuent leur travail Lorsque le signal de départ est donné
sans se soucier de ce qui se passe au par la reine, les abeilles destinées à
tour d ’elles. Il a été prouvé que rares l’essaim sortent de la ruche dans le
étaient les cas où quelques abeilles plus grand désordre et vont se poser
destinées à rester avec la vieille famille sur une branche d’arbre qui se trouve
finissaient par se joindre à l’essaim; à proximité et sur laquelle ira se poser
elles poursuivent donc leur travail la reine; pendant un court instant, les
quotidien en butinant jusqu’à plus de abeilles manifestent une vive agitation
deux mille fleurs par heure1, se char puis les dernières ouvrières se rappro
gent de pollen et de nectar, emportent chent de la reine, se regroupent et for
ment une sorte de grappe.
JCela semble un m axim um. Certains auteurs don
La grappe vivante des abeilles regrou
nent le chiffre de 600 à 900 fleurs à l’heure. pées en essaim reste suspendue à ce
50
bout de branche; l’essaim est inoffen nouveau nid et, avant de se consacrer
sif, immobile, composé de plusieurs à la reconstruction du couvain qui
milliers d’abeilles qui attendent le re leur permettra de vivre à nouveau à
tour des éclaireuses qui ont été expé un rythme normal, restent quelques
diées à la recherche d’un abri. Cette minutes embarrassés: mais cet instant
étape est la première qui soit vécue d’incertitude est éphémère.
par l’essaim primaire, guidé par la Les abeilles, rassurées sur le confort de
vieille reine, encore fertile et vigou leur nouveau domicile, commencent
reuse. bientôt à construire ou à consolider les
;^Nous venons de parler d ’essaim pri alvéoles (au cas où l’homme en aurait
maire; c’est en effet ainsi que l’on ap lui-même installés) tandis qu’une par
pelle l’essaim guidé par la reine-mère. tie des ouvrières sort de la ruche pour
Après la formation de ce premier es aller butiner.
saim, d ’autres essaims, secondaire, Pour sortir de ce nouveau nid, les
tertiaire, etc. peuvent se former. Mais abeilles observent la plus grande pru
ces essaims (comme nous le précise dence et ne s’en éloignent, au début,
rons ultérieurement dans ce volume) qu’avec circonspection: les butineuses
sont guidés par des jeunes reines, ra ont toujours besoin de se repérer
rement fécondées; aussi la suite de ces avant de s’éloigner pour partir à la re
essaims est-elle beaucoup moins nom cherche de nourriture. S’étant assu
breuse. rées de l’emplacement du nid, elles
Observons donc à nouveau notre es butinent des centaines de fleurs et plu
saim primaire. sieurs centaines d ’abeilles recueillent
L’essaim est suspendu à la branche: la le nectar, même si la quantité de nec
masse des abeilles est tellement homo tar nécessaire à leur alimentation
gène qu’elle ressemble à une grosse journalière n ’excède pas en fait la
grappe. C ’est à ce moment précis que quantité de nectar de deux fleurs;
l’homme peut capturer l’essaim car il mais elles doivent reconstituer les ré
ne court aucun risque s’il agit avec serves de la ruche, car elles devront
prudence. Il peut faire tomber les passer l’hiver; ainsi, même si elles ne
abeilles dans un piège, en sachant que sont plus en vie à cette époque, étant
si la reine est déplacée dans le nou donné la brève durée de leur existen
veau nid, toutes les autres abeilles la ce, elles auront accompli par là-même
suivront d ’une manière très discipli les devoirs qui leur incombent vis-à-
née; il suffit en effet que la reine soit vis de leur espèce.
capturée pour que toutes les autres Si l’homme ne ramasse pas l’essaim,
abeilles la suivent et recomposent la les abeilles de la grappe attendent le
famille. retour des éclaireuses et la reine at
Une fois cet essaim capturé, tous les tend elle-même de recevoir tous les
membres de la famille inspectent le renseignements utiles avant de pren
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dre son vol pour la seconde étape, éta
pe qui emporte l’essaim très loin de
son lieu d’origine, de son ancien
foyer; cette destination peut être une
grotte, un arbre creux, un récipient
quelconque mais sûr, protégé des in
tempéries, des agressions et des pil
lards.
Le pillage est une tendance dangereu
se parce qu’il peut entraîner des grou
pes entiers; certaines races ont ten
dance à s’adonner à cette mauvaise
habitude qui peut d ’ailleurs être favo
risée par un apiculteur inexpérimenté.
La pratique du pillage entraîne, en gé
néral, la perte du respect du travail
collectif, l’habitude de voler et de res
ter oisif, d ’attaquer des colonies paci
fiques et d’endommager les réserves Abeille butineuse récoltant pollen et nectar
d ’une fleur de bourrache (© Gissey/Cogis)
de familles plus faibles qui ne sau
raient pas se défendre. toient le fond de la nouvelle habita
tion. Les fissures, les rugosités sont
colmatées avec de la propolis; les ou
La nouvelle demeure vrières attachées à ce travail commen
cent même à vernir les parois internes
L’essaim est donc installé dans sa du nid; les gardiennes s’installent près
nouvelle demeure, un arbre creux par du trou de vol; les butineuses com
exemple. Au début, les abeilles ins mencent à butiner les fleurs puis re
pectent l’endroit, vérifient s’il peut viennent chargées de nectar et de
être habité et défendu contre des en pollen.
nemis éventuels, choisissent le point
d’attache des rayons. Un très grand • Les rayons seront disposés de ma
nombre d ’abeilles, par conséquent, se nière à être parfaitement ventilés, sta
consacrent à la préparation de la cire bilisés pour pouvoir supporter le
après avoir façonné une colonne vi poids du futur couvain et des réserves
vante de forme pyramidale à l’inté d ’aliments; les possibilités de commu
rieur du nouveau nid; un groupe d ’a nication avec l’extérieur sont sérieuse
beilles sort du nid pour inspecter les ment examinées. L’homme primitif
alentours et les possibilités de récolte mettait à la disposition des abeilles
tandis que d ’autres ouvrières net- des ruches rudimentaires constituées
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par un simple tronc d ’arbre creux, un la stabilité et à la solidité de la ruche,
abri en écorce de chêne-liège, des réci compte tenu des propriétés physico
pients en terre cuite ou simplement en chimiques de la cire, du type d’ali
argile modelée et séchée au soleil ment récolté, des facilités ou des diffi
ayant la forme d’un manchon (tel est cultés d ’accès du nid, des habitudes de
l’usage en Afrique et dans certaines la race et de la reine, de la répartition
localités d’Asie): il n ’était pas rare des vivres, des passages, etc. Les ru
que soit mis à la disposition de l’es ches aménagées par l’homme doivent
saim un nid constitué par un panier en essentiellement être destinées à l’ins
paille ou en osier tressé. On a pu re tallation de l’essaim et permettre aux
marquer que l’essaim refusait rare abeilles de commencer leur travail
ment l’abri qui lui était offert. sans avoir à se préoccuper, bien en
tendu, des intentions de l’homme; si
• L’aménagement du nid. Il doit être l’armature de la ruche, confectionnée
fait avec le plus grand soin et il faut par l’homme, est munie de feuilles de
veiller en particulier à la ventilation, à cire (cire gaufrée), de préférence mou
Les rayons doivent être stabilisés afin de supporter le poids du futur couvain et des réserves
alimentaires (© Lanceau/Cogis)
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lées, les abeilles mettront moins de suffisamment consistant, les abeilles
temps à la construction des alvéoles, cirières cèdent leur place aux abeilles
verront leur travail réduit en partie et, sculpteurs qui cisèlent, modèlent, tra
continuant à bâtir, agrandiront les al vaillent sur la matière première qui a
véoles façonnés dans la feuille, en été déposée. Les premières alvéoles
modifiant leurs défauts éventuels. Si commencent à apparaître; en général,
l’opérateur est avisé, il peut ainsi ob une abeille sculpteur, après avoir tra
tenir, en l’espace d ’une semaine, un vaillé sur une cellule, cède sa place à
nid complet et neuf. une autre abeille sculpteur et, au fur
Si les abeilles ne reçoivent aucune ai et à mesure de l’exécution du travail,
de, elles doivent recommencer à cons la cire commence à prendre la forme
truire entièrement une nouvelle ruche d’un rayon, semblable à une plaque à
et, pour parvenir à leurs fins, consa deux facettes pourvue de cellules
crer à cette construction dix fois plus hexagonales superposées et contiguës.
de temps, c’est-à-dire entre deux et Tandis que les abeilles sculpteurs et ci
trois mois. Dans ce cas, la cire qui est seleurs travaillent sur la première
utilisée provient d ’une production en ébauche de rayons, les abeilles cirières
tièrement nouvelle et, bien qu’il soit commencent à façonner un autre
difficile de suivre au fur et à mesure de bloc, auquel sera suspendu le second
leur évolution les différentes phases rayon. Un troisième dépôt de cire ser
d ’élaboration, de production et d’uti vira à la construction d ’un troisième
lisation des écailles de cire, on a pu re rayon. A la fin de tout ce travail, les
marquer que la transformation du rayons sont prêts pour la ponte et sé
miel en cire, à l’intérieur de la ruche, parés les uns des autres de manière
était favorisée par des travaux prépa que les abeilles puissent circuler libre
ratoires. Il faut attendre une journée ment sans abîmer le couvain ou entra
environ, dans des conditions ambian ver les mouvements de chaque mem
tes favorables, la température étant re bre de la famille. Chaque rayon pos
lativement élevée, pour voir apparaî sède ainsi une épaisseur moyenne
tre la cire aux ouvertures latérales de d’un peu plus de 20 mm, la distance
l’abdomen de l’ouvrière cirière. Lors entre les rayons étant en gros de
que la plupart des abeilles cirières ont 11 mm, dimension double de la gros
élaboré cette cire, elles juxtaposent les seur de l’abeille; ces distances permet
écailles ou plaques de cire avec l’ap tent aux abeilles de passer entre les ra
pareil buccal et les pattes antérieures, yons, voire de passer en double ran
comme le ferait un maçon. gée. Si, au cours de cette construction,
les abeilles calculent mal les distances,
• Les cellules. Au sommet du nid sont si par exemple elles laissent un espace
fixés de nombreux paquets de cire et, trop grand entre les rayons, elles pré
lorsque ce bloc est considéré comme parent un autre fragment de rayon, de
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forme irrégulière, qu’elles interposent repos les rayons en cours de construc
entre les rayons pour compenser cette tion, décide d ’accomplir son travail et
différence. Les alvéoles construits l’entreprend dès que les premières de
sont de trois sortes: les alvéoles des meures, les premières cellules, sont
ouvrières sont les plus petits et les plus édifiées. La reine est suivie par d ’au
nombreux; les cellules des fa u x bour tres abeilles qui ont les fonctions de
dons sont à peine plus grandes que gardiennes et de servantes. La reine, à
celles des ouvrières; les cellules roya ce moment, examine la cellule en y in
les sont bien différentes des précéden troduisant la tête, incline son abdo
tes et ressemblent à des glands accro men et son extrémité pour pondre un
chés à la paroi du rucher. œuf. Puis elle retire l’abdomen, lais
Il existe en outre des cellules de réserves sant l’œ uf aux soins des ouvrières. La
alimentaires qui sont semblables à cel reine, ensuite, s’approche d’une autre
les des ouvrières et qui peuvent occuper cellule, l’observe afin de ne pas ris
une surface souvent égale aux huit di quer de pondre deux œufs dans la mê
xièmes de la superficie utile totale. me cellule, y introduit son abdomen
Chaque cellule d ’ouvrière ou de faux pour pondre un autre œuf. Elle pour
bourdon est de forme hexagonale, po suit ce travail sans relâche, jour après
sée sur une base pyramidale; la sec jour, jusqu’à l’automne; donc la rei
tion hexagonale permet de préserver ne, au fur et à mesure de l’aménage
une quantité considérable de cire. ment des rayons, ne cesse jamais de
Tout l’espace est utilisé le plus écono pondre.
miquement possible et les angles des Enfin, après avoir parcouru la totalité
cellules sont plus résistants à l’usure; des rayons, les abeilles des cellules où
nous voudrions souligner, à titre indi elle avait en premier déposé ses œufs
catif, que les figures géométriques sont déjà nées; aussi la reine peut-elle
susceptibles d ’utiliser le maximum de recommencer à faire le tour des cellu
place sont le triangle, le carré, et les pour pondre de nouveaux œufs.
l’hexagone; dans la construction des D ’après certains auteurs, la reine rece
rayons, l’utilisation de l’hexagone fi vrait du mâle 11 à 16 millions de sper
nit par être la plus pratique et offre matozoïdes au moment de son accou
plus de résistance à l’usure; il utilise plement; ces spermatozoïdes sont
en outre au maximum tout l’espace conservés dans un sac situé à côté des
disponible. ovaires; ce réservoir prend le nom de
spermathèque. L’idée selon laquelle
l’abeille, au moment de la ponte dans
La ponte les petites cellules, est contrainte de se
courber, donc de comprimer la sper
Dès cet instant, commence la ponte. mathèque est, elle aussi, une hypothè
La reine, qui a parcouru sans trêve ni se; inévitablement, un spermatozoïde
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en ressort, rencontre dans l’oviducte La ruche abandonnée par
l’œ uf et le féconde. De cet œ uf naîtra l’essaim
une abeille ouvrière, sexuellement fe
melle, bien que son appareil génital Nous venons d ’observer brièvement
soit atrophié. Lorsque la reine se trou l’installation d ’un essaim dans une
ve en face de cellules de mâles, dans la nouvelle demeure. Etudions mainte
mesure où ces cellules sont plus gran nant le comportement de la ruche
des, elle n ’a pas besoin de plier son
abandonnée par l’essaim pour savoir
abdomen, si bien que rien ne sort de la
comment les êtres qui y sont restés
spermathèque et l’œuf, non fécondé,
sont capables de surmonter les pre
se pose dans le fond de la cellule. De
mières difficultés aussitôt après cet
ces œufs naissent uniquement des
abandon.
faux bourdons, sexuellement mâles
fertiles.
Toutefois, ce problème n ’ayant pas
encore été résolu, les hypothèses sont Réorganisation de la famille
très nombreuses; citons entre autres
choses celle d ’après laquelle la reine La vieille demeure ne possède plus
peut actionner elle-même ses muscles qu’un tiers de sa population initiale,
pour ouvrir et refermer sa spermathè qui subit encore les conséquences de
que, par conséquent faire arriver ou l’agitation qui a précédé l’essaimage.
non le spermatozoïde dans le vagin Les abeilles qui sont restées pour
afin de féconder l’œ uf au moment de voient aussitôt à la réorganisation de
son passage. la famille, recommencent à nettoyer
Il a également été démontré que lors et éliminent les traces de cire, d’excré
que la reine fertile se trouve dans l’o ments et d ’immondices qui ont pu
bligation de pondre des œufs non s’accumuler sur le sol de la ruche au
fécondés (mâles), elle le fait même si cours des heures précédant l’essaima
elle ne dispose pas de grandes cellules ge; elles recommencent à faire des pro
de faux bourdons; ce phénomène peut visions, soignent régulièrement le cou
se produire lorsque la reine est vieille vain, reconstituent le corps de garde.
ou quand elle veut essaimer. Les larves du couvain continuent à
Il ne faut pas oublier que les œufs de naître; une ruche de grandes dimen
reine sont identiques à ceux des ou sions peut ainsi voir naître 50 000
vrières mais que, grâce à la nourriture exemplaires dont les œufs furent pon
transmise à cette larve aussitôt après dus par la reine avant son départ. Au
la ponte, cet œ uf se transforme en début, ces nouveau-nés sont hésitants
œuf de future reine alors que, sans ce et ne se voient confier aucun travail
la, il donnerait naissance à une ou pénible. Ils sortent de la ruche une se
vrière. maine après leur naissance et accom
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plissent alors leur premier vol de puri larves peuvent se trouver regroupées,
fication, remplissent d ’air leurs sacs ce qui donne l’impression d’une petite
trachéens; c’est alors que ces jeunes grappe. Nombreuses sont les abeilles
abeilles peuvent commencer la récolte qui attendent les naissances des reines
de nectar et de pollen. vierges: cette attente les rend in
quiètes.
La naissance des nouvelles reines ne se
Naissance de la nouvelle reine produit pas en même temps car la na
ture a pourvu à ce que, lorsque cela
La ruche ne possède pas encore de s’avère possible, plusieurs essaimages
reine; la ruche est orpheline. La forme puissent avoir lieu. Tous les essaims
tortueuse du centre des rayons témoi qui se formeront après le premier se
gne de la présence du nid royal et lais ront guidés par une jeune reine, en gé
se espérer la naissance de la reine vier néral vierge; ils sont, dans tous les cas,
ge. Chaque cellule royale est trois ou moins nombreux et leur sort est sou
quatre fois plus grande que les cellules vent hasardeux pour diverses raisons
ouvrières; dans un couvain, plusieurs que nous analyserons ultérieurement.
Les abeilles sculpteurs travaillent la cire apportée par les abeilles cirières (© Gissey/Cogis)
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La jeune reine, très progressivement, l’intention de détruire toutes les au
en général une semaine après le départ tres reines susceptibles de naître après
de la vieille reine, rompt le couvercle elle, les gardiennes doivent éviter tout
ou opercule de sa cellule, laisse appa régicide jusqu’au retour de la reine de
raître sa tête puis sort lentement, ai son vol nuptial ou bien autoriser la
dée par les gardiennes; elle se retrouve destruction des rivales. Les gardien
ensuite entourée par les ouvrières qui nes permettent à la reine de tuer ses
la nettoient, la caressent, l’aident à sœurs royales si, pas exemple, il y a
faire ses premiers pas sur les rayons. pénurie de vivres, si la famille n ’est
Certes, au début, elle vacille mais, pas nombreuse, si le climat n ’est pas
quelques minutes après, se redresse et, assez clément pour un second essai
consciente de la présence de ses éven mage, si le temps est instable. La reine
tuelles rivales, commence à s’agiter de alors, ayant toute liberté d ’action, se
long en large dans le nid. précipite vers la cellule operculée de
Un très grave dilemme se pose alors l’une de ses sœurs et essaie d’extraire,
aux gardiennes: en effet, puisque cette en s’aidant des pattes et de l’appareil
reine qui vient de naître manifeste buccal, le cocon qui protège la prin
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cesse. Si, après avoir extrait sa sœur, tôt, mues par un instinct de haine et
elle s’aperçoit qu’il s’agit d ’un insecte de jalousie qu’elles sont incapables de
parfait qui allait sortir de sa cellule, la surmonter.
reine le pique de son aiguillon jusqu’à
ce qu’elle soit certaine de l’avoir sacri
fié. S’étant assurée que le décès s’est Duel entre reines rivales
bien produit, la reine retire son aiguil
lon et se calme, hésite un instant puis Malgré tout, ce cas peut se produire:
assaille une autre sœur royale de la un combat mortel entre les deux ad
même manière jusqu’à ce qu’elle ne versaires a inévitablement lieu; la na
trouve plus, dans les cellules royales, ture semble avoir fait en sorte que, au
que des larves ou des nymphes; elle cours de ce combat, il n’y ait aucun
détruit toutefois également ces derniè risque que les deux reines se piquent
res pour qu’elles ne se transforment en même temps. Le duel sera donc as
pas en insectes. Pendant ce temps, les tucieux, c’est-à-dire que l’une des
abeilles observent froidement cette deux reines cherchera à surprendre sa
opération d ’“épuration” des concur rivale à un moment propice pour la
rentes potentielles; certaines ouvrières tuer sans pitié. Si l’une des deux prin
entreprennent même de faire disparaî cesses vierges ose se cacher ou s’é
tre du fond de la ruche les cadavres chapper, les ouvrières lui barrent le
chemin et la contraignent à reprendre
des princesses et les déchets de cire qui
le duel.
se sont peu à peu accumulés sur le
A un certain moment, l’une des jeu
fond, par suite de ce massacre cruel
nes reines est blessée; la reine victo
dont la reine vierge a été la principale
rieuse achève son succès en assénant
instigatrice. Parfois, les abeilles parti
des coups mortels à l’infortunée. Dès
cipent à une opération de “récupéra cet instant, la famille accepte la nou
tion”: lorsque la reine s’éloigne de la velle reine en tant que souveraine
cellule violée, si la larve ou la nymphe indiscutable et s’apprête à lui mani
ne sont pas tombées sur le sol de la ru fester sa sympathie. Il se peut qu’il y
che, les abeilles ouvrières dégagent la ait encore des cellules royales à détrui
cellule et avalent la gelée royale qui re; si la reine manifeste quelques si
avait été déposée en temps utile sur le gnes de faiblesse, elle renonce à ce tra
fond de la cellule royale. Cette récu vail d’une importance secondaire et
pération est considérée comme nor confie cette tâche aux ouvrières.
male dans l’économie de la famille. La reine doit ensuite exécuter son vol
Il est assez rare de voir deux reines, nuptial; jusqu’à son retour, une partie
parvenues en même temps à maturité, des membres actifs de la colonie ma
sortir ensemble de leur propre cellule: nifestera vis-à-vis d ’elle une certaine
dans ce cas, elles s’affrontent aussi méfiance. En effet, un problème reste
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encore à résoudre: lorsque les rivales de plus de vingt jours, il est possible
potentielles ont été massacrées et qu’il de voir des ouvrières, mues par le dé
est trop tard pour transformer les lar sir et la nécessité de perpétuer l’espè
ves d ’ouvrières en larves royales, il est ce, essayer de pondre elles-mêmes des
absolument indispensable que la jeu œufs, bien que leurs ovaires soient
ne reine s’accouple avec un faux bour atrophiés. Certaines ouvrières par
don, vingt jours au maximum après sa viennent effectivement à pondre mais
naissance. Si cette période est dépas il s’agit également dans ce cas d’œufs
sée, la reine reste pour toujours vier non fécondés, donc ne donnant nais
ge, c’est-à-dire qu’elle ne s’accouplera sance qu’à des mâles.
plus et ne parviendra plus à recevoir Malgré tout, dans la plupart des cas,
des spermatozoïdes pour pondre des lorsque les ouvrières ont laissé leur
œufs fécondés, donc des œufs d ’ou reine détruire les princesses, le vol
vrières. On assiste dans ce cas au phé nuptial est vraiment susceptible de
nomène de la parthénogenèse arrhé- parvenir à ses fins.
notoque, c’est-à-dire que la reine
pond uniquement des œufs de mâles.
Si tel est le cas, au bout de quelques L ’essaimage secondaire
semaines, la famille possède un nom
bre accru de mâles, celui des ouvrières Dans ce cas, que se passe-t-il exacte
diminue progressivement pour dispa ment? La jeune reine, dès sa sortie de
raître complètement, puisque la durée la cellule, donc encore vierge, s’apprê
de vie de ces dernières est limitée. te à détruire ses sœurs princesses.
Les milliers de mâles qui bourdonnent Mais, comme nous venons de l’expo
dans le nid épuisent rapidement les ré ser, il se peut que les ouvrières, au lieu
serves alimentaires puis se dispersent d ’autoriser ce massacre, manifestent
et la reine finit par mourir d’une ma une véritable hostilité et forment un
nière assez peu glorieuse. cordon de gardiennes pour contrarier
Par conséquent, la reine qui n ’est pas la fureur et la haine de la jeune reine.
fécondée est vouée à ne donner nais Le chemin lui est barré; la reine veut
sance qu’à des mâles; en fait, les faux forcer ce barrage mais n ’y parvient
bourdons ne sont presque jamais res pas malgré ses efforts soutenus i Lors
ponsables de cette situation car ils se qu’elle s’aperçoit qu’elle doit renon
déplacent dans l’atmosphère en nom cer à son intention, elle commence à
bre considérable; cette situation est errer à travers la ruche en émettant un
beaucoup plus liée au froid, à la pluie, son qui ressemble à celui d’une trom
à la malformation des ailes de la rei pette, que les apiculteurs connaissent
ne, c’est-à-dire à de nombreux critères bien et sont capables d’entendre à plu
qui vont à l’encontre du vol nuptial. sieurs mètres de distance de la ruche.
Lorsque le nid abrite une reine vierge Cette sorte de gémissement émis par
60
la reine outragée dans sa volonté ho les mêmes gémissements que la reine
micide peut durer plusieurs jours. qui l’a précédée. Comprenant qu’il lui
Pendant ce temps, les reines soeurs, est impossible de sacrifier les autres
qui ont presque achevé leur méta princesses, elle s’apprête à former
morphose, veulent sortir de leur abri l’essaim tertiaire. Les abeilles de sa
et se mettent à rompre l’opercule de suite sont de moins en moins nom
leur cellule, commençant à émettre breuses. On assiste alors à une vérita
des sons qui, en raison de l’étanchéité ble succession d ’essaims lorsque la fa
des cellules, sont inévitablement mille éprouve une véritable fièvre
sourds et feutrés. Un apiculteur par d ’essaimage, mais ce cas n ’est à vrai
vient à surprendre ce “dialogue” entre dire pas très fréquent; en conséquen
la reine et les princesses, encore pri ce, la famille originelle finit par dispa
sonnières dans le couvain. raître complètement puisqu’aucune
Cette période d ’indécision apparente des reines vierges ne pond.
n ’est pas sans avantages pour la reine Un chercheur, Swammerdam, affirme
vierge: il a en effet été prouvé que cet à ce propos avoir assisté à la forma
te période de tentatives pour faire suc tion de trente essaims à partir d ’une
comber ses sœurs permettait à la reine colonie populeuse; il s’agit toutefois,
d ’acquérir suffisamment de force et dans ces cas, de situations pathologi
de vigueur pour pouvoir prendre son ques qui sont en fait beaucoup plus
vol et essaimer. nuisibles qu’utiles à l’apiculture.
Les princesses, quant à elles, sortent Il semble bien que cette prolifération
de leur cellule un peu plus tard que d ’essaims se produise lorsque l’hiver a
prévu mais acquièrent par là-même été particulièrement rude et lorsqu’il
maturité et vigueur. La reine vierge, s’agit de races dégénérées.
comprenant qu’il lui est impossible de Normalement, chez les espèces euro
faire succomber ses sœurs, s’apprête à péennes, l’essaimage n ’a lieu qu’une
essaimer, en créant l’essaim secondai seule fois par an, mais, lorsque les fa
re; de nombreuses abeilles la suivent, milles sont bien organisées, il peut ne
mais en nombre nettement inférieur à pas avoir lieu.
celui de l’essaim primaire. Lorsque l’essaimage primaire, et par
Dès que la reine, à la tête de l’essaim fois l’essaimage secondaire, se sont
secondaire, s’envole, les ouvrières qui produits, les abeilles n ’éprouvent plus
sont restées dans la ruche libèrent ra le besoin de stimuler la “fuite” de la
pidement l’une des reines parvenue à reine vierge et favorisent la destruc
maturité mais encore prisonnière: pré tion des princesses qui pourraient de
cisons que cette vierge royale essaie, venir des adversaires; dans ce cas, la
elle aussi, de détruire les princesses reine vierge se prépare pour le vol
qui pourraient devenir ses adversai nuptial et tout le comportement des
res, s’adonne aux mêmes rites et émet membres de la famille est différent.
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Les ouvrières, en attendant l’essaima sa suite. Au retour, souvent, de nom
ge, se répartissent les tâches: une par breuses ouvrières se perdent. Disons
tie reste dans le vieux nid; celles qui donc, pour conclure, que les risques
suivent la reine doivent prendre du encourus par les essaims secondaires
miel en réserve pour l’utiliser dans la ou autres sont nombreux et que, en
nouvelle demeure, soit à des fins ali apiculture, il vaut toujours mieux les
mentaires soit pour fabriquer la cire. éviter.
Par conséquent, plus une famille se Nous verrons un peu plus loin les
décompose en essaims, plus elle s’af caractéristiques comment se termine le
faiblit puisque le nombre des butineu cycle de vie des faux bourdons qui,
ses se réduit et que les substances ali inutiles aux approches de l’automne,
mentaires diminuent. sont tous massacrés.
On a pu remarquer que la seconde ou
la troisième reine vierge parvenait en
général à vaincre la résistance des gar
diennes et finissait par s’adonner au L ’essaimage naturel
massacre; toutefois, cette victoire
n ’est pas obtenue par violence car la Bien que nous en ayons déjà parlé, il
reine peut massacrer ses rivales sans se ne nous semble pas inutile de donner
heurter à une hostilité aussi vive que quelques précisions supplémentaires
dans le premier cas, la résistance des sur l’essaimage naturel en raison de
gardiennes étant beaucoup plus atté l’intérêt qu’il suscite et de l’importan
nuée. Si, par la suite, la ruche s’est dé ce qu’il peut avoir dans les élevages
peuplée et appauvrie, les butineuses rustiques et semi-rationnels.
qui sont restées reprennent leur travail Nous entendons par essaimage natu
de récolte; en général, ces abeilles sont rel le déplacement d’un certain nom
très jeunes et parviennent malgré tout bre d’abeilles à la suite de la reine,
à récolter à temps les provisions né qu’elle soit vierge ou fécondée, vers
cessaires pour surmonter l’hiver. un nouveau domicile.
Quelques mots encore sur le vol de L’essaimage représente un moyen de
l’essaim secondaire: la jeune reine, qui propagation naturel des abeilles, et se
est encore vierge, vole très loin jus réalise par le déplacement vers un en
qu’à la première étape; il semble droit plus hospitalier d’une partie de
qu’elle ne se serve pas d’éclaireuses. la famille.
Les risques encourus sont divers, soit En général, l’époque de l’essaimage
que la reine meure, soit que la fécon naturel coïncide avec le début de la
dation même n ’ait pas lieu. pleine récolte, c’est-à-dire, dans les ré
Il n ’est toutefois pas rare que la reine gions de plaines, en avril-mai et, dans
vierge rencontre un faux bourdon et les régions montagneuses, en juin-
soit fécondée; elle entraîne alors toute juillet. Pour que les conditions soient
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propices à l’essaimage naturel, il faut ment, elle porte en elle des milliers
que le temps soit clément, la colonie d’œufs qu’elle pondra dans la nouvel
suffisamment nombreuse, le couvain le demeure pour renouveler la famille.
très sain, et que la ruche possède assez Dès le moment où la reine est sortie et
de réserves alimentaires. En pratique, s’est posée (souvent sur une branche),
l’essaim risque d ’être détruit par un en l’espace de quelques minutes, pres
froid intense, une saison pluvieuse, que toutes les abeilles faisant partie de
une pénurie de nourriture, l’impossi l’essaim s’amoncellent autour d ’elle et
bilité de butiner, le manque de consis se regroupent sous la forme d ’une
tance de la famille, l’âge avancé d’une grappe parfaitement immobile; cette
reine. immobilité est due au fait que ces
Par ailleurs, les essaims naturels peu abeilles attendent le retour d ’autres
vent être primaires ou secondaires; éclaireuses, envoyées en reconnaissan
dans le premier cas, l’essaim est guidé ce et susceptibles de rapporter des
par une reine âgée, donc fécondée et nouvelles. En effet, les éclaireuses re
en mesure de pondre des œufs mâles cherchent des arbres creux, des fissu
et femelles; dans le second cas, l’es res de murs abandonnés, des grottes,
saim est guidé par une reine jeune et n ’importe quel abri accueillant et
vierge qui, pour pouvoir pondre des tranquille.
œufs fécondés, doit avant tout s’ac C’est à ce moment que l’homme peut
coupler avec un faux bourdon sinon capturer l’essaim sur la branche d ’ar
elle ne peut pondre que des œufs par- bre. Dans le cas contraire, les abeilles
thénogénétiques qui ne donneront attendent patiemment le retour des
naissance qu’à des mâles. Si la reine abeilles messagères.
vierge ne s’accouple pas dans les vingt Les éclaireuses reviennent ensuite vers
jours après sa naissance, elle ne pour la grappe vivante formée par leurs
ra plus le faire après et pondra toute compagnes et transmettent toutes les
sa vie des œufs mâles. informations qu’elles ont recueillies
Lorsque l’essaim se forme, la reine, sur les possibilités de nouvelles de
qui guide le groupe, sort de la ruche meures existant dans la région. C ’est
avec une certaine lourdeur car elle est alors que l’emplacement de la nouvel
restée longtemps enfermée à l’obscu le demeure est choisi.
rité. Autour d ’elle se regroupent pro Nous ne savons pas, malheureuse
gressivement les abeilles de sa suite, ment, en fonction de quels critères les
c’est-à-dire à peu près les deux tiers de abeilles choisissent tel ou tel endroit;
la population totale de la famille. mais il est établi que c’est après quel
En principe, la reine n ’est jamais res ques minutes d’hésitation, donc après
sortie de la ruche depuis son vol nup un “choix” délibéré, brusquement et
tial à moins qu’elle n ’ait formé un es violemment, que toutes les abeilles,
saim l’année précédente; générale d ’un commun accord, s’envolent à la
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suite de la reine et des éclaireuses, par cas, l’essaimage est exploité de maniè
monts et par vaux, surmontent sans re rationnelle, c’est-à-dire qu’il per
difficulté tous les obstacles qui se pré met à l’apiculteur de gagner du temps,
sentent à elles et atteignent l’endroit d ’utiliser la production apicole de
choisi pour la fondation du nouveau l’année et de répartir les familles sui
nid. vant sa volonté.
Le comportement de la reine semble L’essaimage naturel peut être d ’origi
étrange car, une fois prise la décision ne héréditaire ou provoqué par un cas
du départ, elle est une des premières à de force majeure.
prendre son vol et à se mettre en route Chez certaines familles, la propension
d’une manière impétueuse, suivie par à l’essaimage est plus forte que chez
les ouvrières: sa lourdeur et sa tor d’autres; ce caractère héréditaire se
peur, semble-t-il, ont disparu. transmet inévitablement à toutes les
Grâce aux témoignages fournis par les générations suivantes. Pour contra
chercheurs, il semble bien que l’en rier cette tendance, il faudra, comme
droit choisi soit en général très éloigné nous le verrons, changer la reine au
du lieu d ’origine; c’est la raison pour moment opportun et choisir une reine
laquelle, lorsque l’homme veut captu née dans une ruche qui ait tendance à
rer un essaim pour l’utiliser, il doit le ne pas essaimer. Mais cette propen
faire au moment où les abeilles, fixées sion à l’essaimage n ’est pas unique
sur la branche, attendent le retour des ment héréditaire; d ’autres facteurs in
éclaireuses. fluent sur elle.
L ’essaimage naturel se produit, en gé Généralement, l’abondance de la ré
néral, lorsqu’une famille est vigoureu colte incite la reine à une abondante
se (c’est-à-dire lorsque l’élevage est ex prolificité et au désir de recréer une
ploité de manière rationnelle) et sus nouvelle famille ailleurs, en abandon
ceptible de fabriquer au moins 15 à nant une partie considérable de ses
18 kg de miel; toutefois, l’essaimage membres à une jeune reine.
naturel entraîne, pour l’apiculteur, la La reine peut être vieille et improduc
perte du produit qu’il espérait récolter tive, ou sur le point de devenir stérile;
dans l’année aussi est-il déconseillé de dans ce cas, tout en continuant à ma
favoriser un essaimage naturel en api nifester un certain respect à la vieille
culture. reine-mère, les nourrices préparent et
Par contre, il est toujours utile de alimentent de nouvelles cellules roya
connaître quels sont les motifs de l’es les afin que la famille puisse posséder
saimage naturel. d’autres reines; ce besoin de rénova
L ’homme peut ainsi provoquer l’es tion entraîne la naissance de plusieurs
saimage artificiel et par là même aug reines, d’où la prédisposition à l’essai
menter le nombre des familles d ’abeil mage puisqu’il ne peut y avoir qu’une
les, donc agrandir le rucher. Dans ce seule reine en pleine activité. Mais
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l’essaimage peut être rendu nécessaire mais réussi à faire accoupler la reine
pour d ’autres raisons: si l’espace dont vierge avec un faux bourdon à l’inté
dispose la famille devient insuffisant rieur même de la ruche; des expérien
en raison de l’augm entation du nom ces ont été entreprises en ce sens mais
bre de ses membres, si la distance en elles n ’ont jamais donné de résultats
tre les rayons n ’est plus rationnelle, si vraiment satisfaisants.
de nombreuses cellules finissent par Dans une ruche normale, le nombre
être remplies de réserves inutilisables, des mâles n ’est pas très élevé et avoisi-
si la tem pérature de la ruche devient ne cinq cents individus; par contre,
trop élevée sous l’effet des rayons du dans les ruches où les familles sont ap
soleil, etc. pauvries et où les reines n ’ont pas été
Pour résumer, disons que lorsque l’es fécondées à temps, le nombre des m â
saimage naturel se produit dans des les peut être de quatre à cinq mille, ce
ruches ordinaires, il représente, dans qui prouve incontestablement que la
la plupart des cas, un danger pour le famille est en voie de dégénérescence
producteur à moins que l’essaim ne et de disparition.
soit capturé et que le nombre des fa Un rucher d ’une dizaine de ruches
milles soit par là-même augmenté. peut disposer de six ou sept mille faux
Nous verrons, ultérieurement, com bourdons pour l’accouplement; en
ment l’essaimage artificiel peut, au outre, si l’une de ces familles est en
contraire, être rentable pour l’apicul voie de dégénérescence, plus de dix
teur industriel. mille fau^bourdons sont disponibles.
Parmi ces dix mille, quelques dizaines
seulement parviendront à s’accoupler
Le vol nuptial et à engendrer le même nombre de fa
milles. Les autres continuent à errer
Deux cas peuvent donc se produire sans espoir de se rendre utiles pour fi
après la naissance de la nouvelle reine: nalement mourir bien souvent d ’une
soit que la reine vierge ne parvienne mort violente, sans avoir pu accom
pas à tuer ses sœurs princesses, donc plir le seul acte utile que la nature leur
se décide à essaimer, soit qu’elle p ar ait confié.
vienne à être l’unique et indiscutable La reine sort de la ruche en hésitant;
souveraine de toute la famille. Elle elle n ’a jamais vu la lumière; c’est la
doit encore, de toutes manières, être première fois q u ’elle observe sa mai
fécondée pour être complètement ac son, son royaume, de l’extérieur: elle
ceptée par les ouvrières méfiantes. fixe dans sa mémoire la position des
D ’ailleurs, des centaines de faux lieux et, après s’être assurée de pou
bourdons pullulent à l’intérieur de la voir revenir sans problème dans son
ruche et tournent autour des rayons. royaume, s’envole rapidement. Si les
Aucun apiculteur, à vrai dire, n ’a ja mâles veulent féconder la reine, ils
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doivent la poursuivre et réussir à l’at ture car, en offrant aux mâles de to u
traper. Les milliers de mâles qui er tes les familles la possibilité de partici
raient de-ci de-là en toute oisiveté s’a per au vol nuptial, la nature pourvoit
perçoivent que la reine s’est envolée à ce q u ’il n ’y ait pas uniquement de
vers le ciel et entreprennent de la sui liens consanguins. L ’accouplement se
vre sans prêter attention à la ruche à produit toujours avec un mâle d ’une
laquelle ils appartiennent. C ’est alors famille vigoureuse, ce qui permet d ’a
que l’on voit s’envoler, dans le sillage méliorer l’avenir de la famille en voie
de la reine, une troupe nombreuse de de décadence.
mâles qui se décime progressivement La reine, au cours de son vol nuptial,
car les plus faibles, les plus vieux, les doit être capable d ’affronter les in
trop jeunes, les sous-alimentés, res tempéries (froid, orages, etc.), se dé
tent au fur et à mesure en arrière et re fendre contre les insectes nuisibles, les
noncent à poursuivre la reine. oiseaux insectivores...; par consé
Seuls quelques mâles rattrapent la rei quent, le vol nuptial doit être bref;
ne vierge; il leur faut surm onter toutes l’épouse royale doit pouvoir revenir
les difficultés car il n ’y a que peu d ’é- rapidement ju sq u ’à la ruche afin de
lus; il est en effet impossible q u ’un rassurer les autres abeilles et leur
faux bourdon affaibli ou mal formé prouver que tout s’est bien passé, que
puisse féconder une reine; la reine désormais l’avenir de la famille est
veut s’unir aux plus forts, et à ceux préservé.
dont les caractères héréditaires sont La reine, sur laquelle les viscères du
les plus prom etteurs afin que sa famil fauxbourdon sont restés fixés, re
le puisse être perpétuée dans les meil vient à la ruche, se débarrasse rapide
leures conditions. Le mâle “élu” at ment des organes génitaux qui avaient
teint la reine, s’accouple avec elle pen appartenu à son époux, aidée bien
dant un vol bref, mais suffisant pour souvent en cela par plusieurs ouvriè
parvenir à la copulation. Une fois cet res; après quoi, les abeilles les repous
te union achevée, les deux corps es sent le plus loin possible de la ruche.
saient de se détacher l’un de l’autre; La spermathèque de la reine fécondée
c’est alors que l’appareil génital du contient alors un liquide séminal ren
mâle est arraché ainsi q u ’une partie fermant plusieurs millions de sperma
du ventre et les viscères; touché m or tozoïdes qui, jour après jour, fécon
tellement par cette blessure, le corps dent les œufs au niveau de l’oviducte
du faux bourdon “royal” s’affaisse et, avant d ’être déposés dans les cellules
mutilé, tom be dans le vide. Grâce à ce d ’ouvrières.
sacrifice, le mâle favorise la perpétui Quelques jours après son accouple
té d ’une famille d ’abeilles, à laquelle ment, la reine, désormais féconde,
il n ’appartenait peut-être même pas. commence à pondre, suivie attentive
Ce sacrifice répond aux lois de la na ment par plusieurs ouvrières. Dès cet
66
instant, elle ne quitte plus la ruche, ne ou encore, lorsqu’elle juge opportun
revoit plus la lumière du soleil, conti de créer une nouvelle famille et de for
nue à pondre des œufs jour et nuit; el mer un essaim; dans ce cas, elle revoit
le est nourrie par des abeilles spéciali la lumière mais uniquement pour per
sées, et soignée avec minutie car elle pétuer, dans l’espace et dans le temps,
est détentrice de l’avenir de la famille. la continuité de sa famille. Dans ce
La reine est d ’une activité incessante, cas à nouveau, la survie ou la dispari
sauf à la veille de m ourir ou lorsque, tion de l’essaim dépend du hasard ou
désormais vieille, elle devient stérile de la nature.
Essaim d ’abeilles
naturel sur une
branche d ’arbre
(© Gissey/Cogis)
67
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
68
’ABEIL
69
dès la seconde moitié de leur vie, elles nes génitaux femelles complets. Son
deviennent butineuses. appareil buccal, les organes nécessai
Quelques jours après leur naissance, res à la récolte du pollen et du nectar
les ouvrières s’attachent au travail de ne sont pas aussi développés que ceux
balayage, c’est-à-dire q u ’elles net des ouvrières. La ponte des œufs est,
toient les cellules, éloignent les enve à certaines époques, considérable et
loppes abandonnées par les larves exige, de la part de la reine, une très
aussitôt après leur mue, ainsi que tout grande dépense d ’énergie; il suffit
ce qui reste dans les cellules après l’é- pour le comprendre de savoir que les
closion de l’adulte. Dès le troisième œufs pondus chaque jour ont un
jour, elles commencent à s’occuper de poids supérieur à son propre poids,
l’élevage du couvain en nourrissant qui est normalement de 230 à 300 mg.
les larves de pollen et de miel. A partir Pour compenser une telle perte, la rei
du sixième jo u r, elles se transform ent ne a besoin d ’une nourriture abon
en nourrices car elles seules possèdent dante et très concentrée. Les abeilles
des glandes nourricières suffisamment s’occupent donc de la reine avec assi
développées pour sécréter la gelée duité et la nourrissent de gelée royale;
royale; ensuite, au cours d ’une pério grâce à cette alimentation riche et
de intermédiaire, elles accomplissent continue, la reine fonctionne comme
des travaux divers, la ventilation de la une machine à produire des œufs pen
ruche par exemple, lorsque la chaleur dant quatre ou cinq ans.
devient intense. Pendant ce temps,
leurs glandes cirières commencent à
entrer en fonction: vers le dixième De l ’œ u f au vol nuptial
jour, elles se consacrent donc à la cons
truction des rayons. Après avoir été Et pourtant, à l’origine, l’œ u f de la
bâtisseuses, elles se transform ent en reine est un œ uf ordinaire qui devrait
gardiennes afin d ’interdire l’entrée normalement donner naissance à une
aux abeilles appartenant à d ’autres ouvrière si la larve se développait dans
ruches. Enfin, vers le vingtième jour, une cellule ordinaire d ’ouvrière, c’est-
les abeilles partent butiner. à-dire une petite cellule. Mais en fait,
la cellule à l’intérieur de laquelle est
déposé l’œ uf de la reine est plus gran
La reine de et plus confortable, si bien que to u
tes les abeilles se rendent compte
La reine est la seule femelle féconde q u ’elle est différente des autres et doit
de la ruche; elle se distingue par sa recevoir un traitem ent particulier.
longueur qui est de 16 mm environ. La larve de l’ouvrière de moins de
Elle possède un abdom en particulière trois jours peut aussi se transform er:
ment développé qui contient les orga d ’humble butineuse, elle peut devenir
70
la seule et indiscutable femelle fécon des abeilles, elle représente, pour la
de d ’une colonie. Lorsque les ouvriè colonie, le bien le plus précieux dès
res décident de préparer une cellule q u’elle a été fécondée. En effet, nous
royale, elles élargissent une cellule l’avons vu précédemment, les ouvriè
normale, suppriment quelques cellu res ne laissent pas, en général, la reine
les avoisinantes (en général, cette cel massacrer les princesses, c’est-à-dire
lule finit par s’étendre sur la largeur les autres reines qui sont encore à l’é
de trois cellules), puis en agrandissent tat larvaire, avant son retour du vol
les bords; la larve, simultanément, nuptial, seul acte qui lui permet d ’être
s’allonge car elle reçoit une nourriture reconnue à l’unanimité comme la mè
abondante et différenciée, et donne re de toutes les abeilles. Ce n ’est q u ’a
naissance à une reine anatom ique près ce vol nuptial que les autres prin
ment complète ayant plus de vitalité. cesses sont considérées comme inuti
Ceci s’explique par le fait que la reine les ou dangereuses et que le massacre
reçoit une alimentation plus élaborée s’avère possible.
appelée “gelée royale”, produit spéci Quoi q u ’il en soit, la reine est le mem
fiquement destiné à l’alimentation des bre de la colonie le plus actif car, dès
larves de reine. que le sort des autres princesses a été
Les ouvrières déversent en effet dans définitivement tranché à son retour
la cellule royale la gelée royale q u ’el du vol nuptial, elle commence à pon
les ont élaborée, ce qui permet à la dre des œufs dont le nombre, aux pé
princesse de se nourrir et de prendre riodes de grande activité, oscille entre
des forces, de se différencier de plus 2 000 et 3 000 par jour.
en plus de ses congénères auxquelles le Telle est, en quelques mots, l’histoire
sort n ’a réservé aucune surprise. Trois de la reine, insecte tellement précieux
jours après la ponte de l’œ uf, appa q u ’il suscite, de la part de l’apicul
raît une petite larve blanche qui com teur, au moment des visites de contrô
mence à se nourrir de la gelée royale le, une attention toute particulière,
mise à sa disposition; au sixième jour car tous ses espoirs sont fondés sur la
après la naissance, la larve commence fécondité de l’abeille la plus grosse et
à sécréter des filaments séreux qui ser la plus féconde de la colonie.
viront à l’élaboration du cocon. Cette
transform ation se fait en l’espace de
trois jours et demi environ. Puis les Préparation des reines
ouvrières attachées au service des
princesses referment la cellule d ’un L ’apiculteur doit par conséquent
opercule; quatre jours s’écoulent en prendre le maximum de précautions
core; enfin, la reine est prête. Ce mo lorsqu’il sélectionne les reines, prati
ment de la vie de la reine est significa que qui devient d ’ailleurs aisée après
tif: la reine est effectivement la mère quelques années d ’expérience: il lui
71
xRAND
72
pelons à ce propos que la longueur de seringue spéciale, la substance sémi
la reine est de 16 mm environ; elle est nale d ’un faux bourdon sélectionné.
donc supérieure à celle de l’ouvrière Ces expériences ont abouti à des résul
(10-13 mm) et du faux bourdon (13- tats positifs et si, un jour, elles pou
15 mm). vaient être généralisées, le domaine
La reine vierge possède un petit abdo génétique en tirerait de nombreux
men pointu, aussi est-elle parfois con avantages et le vol nuptial ne serait
fondue avec les ouvrières qui travail plus aléatoire.
lent sur les rayons. Par contre, lors
qu’elle est fécondée, son abdomen de
vient beaucoup plus gros; sa dém ar Conclusion
che est lourde, majestueuse et assurée.
Lorsque la reine-mère vieillit, on re En conclusion, peut-être n ’est-il pas
m arque aussitôt que sa démarche de inutile de rappeler dans quelles condi
vient hésitante, son corps plus bril tions l’élevage des cellules royales est
lant; la ponte devient de plus en plus susceptible de parvenir à de bons ré
irrégulière et pour ainsi dire nulle, le sultats: lorsque la colonie est sur le
nombre des faux bourdons augmen point de préparer un essaimage natu
tant de plus en plus. rel ou lorsque cet essaimage a eu lieu;
Quant aux reines vierges, n ’oublions lorsque la colonie est maintenue, au
pas q u ’elles doivent s’accoupler un printemps, dans sa ruche et que l’es
mois au maximum après leur naissan saimage peut être provoqué artificiel
ce sinon le vol nuptial serait parfaite lement; lorsqu’il existe dans la ruche
ment inutile; dans le cas contraire, l’a une vieille reine et que les abeilles se
piculteur doit les remplacer le plus ra consacrent, en présence de la reine-
pidement possible avant que la force mère, à l’élevage des cellules royales;
même de la ruche soit compromise. lorsque la colonie devient orpheline
Certains auteurs affirm ent que la (soit par hasard, soit par décision de
spermathèque de la reine fécondée l’apiculteur) mais que la ponte est ré
contient 7 millions de spermatozoïdes cente, c’est-à-dire qu’elle ne date que
environ; une reine susceptible de don de quelques jours; lorsque la colonie
ner entière satisfaction peut, au cours est contrainte, par des artifices variés,
de sa vie, pondre 800 000 œ ufs envi d ’élever des cellules royales à des fins
ron, chiffre considérable si l’on consi commerciales. L ’apiculteur applique
dère que cette ponte se produit en l’es ra alors toutes les techniques ration
pace de cinq ans. Des chercheurs ont nelles qui lui auront été transmises et
essayé de procéder à la fécondation qui seront en partie le fruit de son ex
artificielle de la reine: pour ce faire, périence, pour obtenir des cellules
ils ont capturé la reine vierge avant le royales susceptibles de donner nais
vol nuptial et lui ont inoculé, avec une sance à des reines valides et fécondes.
73
UL
74
est très apprécié par les abeilles. Ceux
Le butin des abeilles qui possèdent des champs de trèfle
rouge et violet doivent savoir que la
première floraison est peu profitable
pour la récolte de nectar parce que les
fleurs ont un calice trop long: toute
fois, dès la seconde floraison, les
Le nectar abeilles peuvent introduire leur langue
dans le calice et en sucer le nectar.
Le nectar est une substance douce et Le nectar se forme dans les fleurs; ce
parfumée, souvent liquide: ses diffé pendant, il ne suffit pas que la florai
rents degrés de densité sont fonction son soit abondante pour que la pro
de l’espèce végétale et du climat. Il duction de nectar soit im portante car
peut contenir ju sq u ’à 80% d ’eau, 7 à la form ation de nectar dépend en
60% de sucre; on y trouve également grande partie des conditions m étéoro
des traces d ’acides aminés, de gels mi logiques. Le climat est favorable à la
néraux, d ’hormones végétales, de pig form ation de nectar lorsque, au mo
ments, de vitamines. Parm i les plantes ment de la floraison, les pluies sont
nectarifères, citons: l’acacia, l’aulne, abondantes, les nuits chaudes et les
le bouleau, le cerisier, le châtaignier, journées ensoleillées. La sécrétion de
le chou, le cognassier, les cucurbita- nectar est im portante au cours des
cées en général, le framboisier, le frê premières heures de la matinée; elle
ne, le genêt, le houblon, le jasm in, la
diminue lorsque la chaleur du soleil se
lavande, le lupin, la luzerne, le m ar
fait sentir et redevient abondante en
ronnier d ’Inde, la mélisse, le millet,
l’oignon, le pommier, le prunier, le fin de journée.
rom arin, le sarrasin, la sauge, le sor Le nectar a pour fonction d ’attirer les
bier, le thym , le trèfle blanc, etc. insectes destinés à provoquer la fécon
L’apiculteur qui voudrait fournir à dation de la fleur mais il ne se trouve
ses abeilles du nectar pendant tout le pas toujours uniquement dans le cali
printemps et tout l’été pourrait semer, ce de la fleur.
toutes les deux semaines, de la m ou Lorsque l’abeille a récolté ce nectar,
tarde blanche, plante dont le nectar elle le fait descendre dans son jabot
75
où il est enrichi avec des substances re. Il ne possède pas toujours la même
sécrétées par les glandes salivaires. A couleur: il peut aller du blanc, comme
son retour dans la ruche, l’abeille dé le miel de sainfoin, au noir comme ce
glutit ce nectar dans la bouche d ’au lui de miellat.
tres abeilles qui, à leur tour, le dépo Sa saveur peut également changer en
sent dans les cellules destinées aux ali fonction de son origine: on considère,
ments. Lorsque la cellule est remplie en général, que les plus doux sont les
de ce nectar qui se transform era plus miels de rom arin, d ’oranger, de la
tard en miel et qui a perdu, au cours vande (qui est également aromatique);
de cette opération, un certain volume le miel d ’arbousier, bien q u ’agréable,
d ’eau, plusieurs abeilles referment est amer; le miel des conifères est ver
l’ouverture de la cellule avec un oper dâtre et sans goût.
cule de cire. Le miel, composé sucré qui a été préa
lablement digéré par les abeilles, est
rapidement assimilé parce q u ’il passe
Le miel directement dans le sang; il possède
une grande valeur énergétique puis
Pour fabriquer un kilo de miel, les qu’un gramme de miel fournit 3,264
abeilles doivent accomplir environ calories et que, théoriquement, 1 kg
50 000 vols, butiner des millions de de miel correspond à la valeur calori
fleurs afin de recueillir suffisamment que de 5,5 1 de lait, 3 kg de viande,
de nectar; toutefois, les jours de plei 1 kg de jam bon, 3 kg de bananes et
ne floraison, une colonie bien peuplée 6 kg d ’oranges; ses avantages pour
est capable de récolter une quantité de raient, à eux seuls, faire l’objet d ’une
nectar équivalent à 6 kg de miel; des étude plus approfondie; contentons-
nous toutefois de faire allusion à son
résultats encore plus satisfaisants ont
utilisation intensive dans l’industrie
pu être obtenus en apiculture nomade
alimentaire, dans le domaine de la
à condition que l’opérateur soit
médecine, et journellement pour la
suffisamment expert et sache placer la
consommation. Citons, à titre indica
ruche à l’endroit adéquat.
tif, la composition moyenne d ’un
Le miel est, en définitive, un produit
échantillon:
végétal qui doit être convenablement
élaboré pour parvenir à m aturité; il
est composé de dextrine, de glucose,
eau 18,09%
de fructose, saccharose, sels miné
substance sèche 81,9197b
raux, substances aromatiques diver
saccharose, glucose,
ses, vitamines, levures et ferments
fructose 74,70%
ainsi que de traces de pollen, d ’élé
dextrine 6,11%
ments minéraux divers comme le fer,
albumine 1,10%
le calcium, le potassium, le phospho
L E BU TIN DES ABEILLES
77
minérales, stéarine, suif, résines, coloration blanche. Bien que des ex
substances inorganiques diverses périences aient été tentées pour con
(craie, talc, baryte, chaux, etc.). Pour naître la quantité de nectar nécessaire
connaître la véritable composition de à la constitution d ’un kilo de cire, au
la cire, il suffit d ’en traiter quelques cun résultat définitif n ’a encore pu
grammes (15-20) avec de l’anhydride être obtenu.
acétique: dans ce cas, la cire commen Certains affirm ent que 10 kg de nec
ce aussitôt à fondre, les autres sub tar sont nécessaires à la production de
stances restant inaltérées; cette expé 1 kg de cire; nous comprenons m ain
rience est surtout utile pour la détec tenant pourquoi la cire gaufrée a été
tion de la vaseline, de la paraffine, des inventée!
huiles minérales, etc. P our savoir si la Les usages de la cire sont nombreux.
cire contient de la stéarine, il suffit de Dans l’Antiquité, les Grecs et les Ro
faire fondre la cire dans une solution mains l’étendaient sur des tablettes
alcoolisée et d ’y ajouter de l’eau. Si la sur lesquelles ils écrivaient avec un
cire contient de la stéarine, le filtrat de stylet; ils utilisaient également la cire
cette solution se trouble car la stéarine pour modeler des statues ou des pein
est soluble dans l’alcool mais non tures en relief, usage qui est encore as
dans l’eau ni dans des solutions alcoo sez répandu chez certaines peuplades.
lisées coupées d ’eau. P our déceler la Les Egyptiens, quant à eux, utilisaient
présence de suif, il suffit de faire brû la cire en y ajoutant de la propolis
ler un peu de cire: l’odeur âcre déga pour embaumer le corps de leurs dé
gée par la com bustion de la glycérine funts. Utilisée jadis pour l’éclairage,
du suif avec form ation d ’acroléine est la cire est encore exploitée à cette fin
typique de la présence de substances dans le domaine religieux. De nos
grasses à base de suif. En soumettant jours, l’apiculteur fabrique lui-même
la cire à des essais chimiques, il est en de la cire gaufrée, c’est-à-dire des
outre possible de découvrir la présen rayons artificiels pour remplacer ceux
ce de résines et de substances organi que les abeilles fabriquent elles-
ques mélangées à la cire. Pour déceler mêmes, car ce travail est considéré
la présence de substances d ’origine comme un gaspillage dans l’économie
minérale, on brûle la cire: si elle est apicole.
pure, il n ’y a aucun résidu. La cire La cire est également utilisée à d ’au
possède également d ’autres caractéris tres fins: pour faire briller les meubles
tiques: sa structure est compacte et lé et les parquets, pour préparer le cira
gèrement granuleuse, molle vers ge, des toiles cirées, des vernis, de la
35°C; insoluble dans l’eau, soluble cire à cacheter, des mastics, des fleurs
dans le sulfure de carbone, la benzine, artificielles; elle sert également en mé
le pétrole. Elle possède une saveur decine, en aéronautique, en parfu
douceâtre et, lorsqu’elle est pure, une merie.
78
Le pollen saule, de lis, d ’érable, de noyer, de
m outarde; rouge ou rougeâtre pour le
Le pollen se trouve dans les anthères m arronnier d ’Inde, le sainfoin, le gé
des étamines; c’est une poudre fine ranium; jaune orangé pour le groseil
qui sert à la fécondation de la fleur lier, la courge, le cerisier, le crocus;
mais qui est également récoltée par les blanc pour le bleuet, le lierre, le myr
abeilles. En réalité, les abeilles sont te, le blé; noir pour le pavot; blanc-
attirées vers les corolles des fleurs par rouge pour le trèfle blanc; rouge
leur nectar, leur aspect et leur odeur; pourpre pour le peuplier; vert pâle
l’abeille, tout en introduisant sa lan pour le poirier et le pommier; violet
gue dans la fleur pour en sucer le nec pour la rose trémière et la guimauve;
tar, secoue les étamines et se recouvre cendré pour l’oranger et le tilleul; bru
de pollen. P ar conséquent, une partie nâtre pour le lupin.
du pollen retombe sur les stigmates et Parm i les plantes mellifères les plus ri
provoque la fécondation de l’ovaire. ches en pollen, citons: le châtaignier,
L ’abeille butineuse, recouverte de les agrumes, les éricacées, l’eucalyp
pollen, utilise les brosses de ses pattes tus, le lierre, le saule, le pissenlit, le
postérieures pour ôter les innom bra myrte, le pavot.
bles grains microscopiques de pollen, Les fleurs mâles de certaines plantes,
puis utilise ses pinces pour remplir les comme celles du saule et du néflier,
corbeilles de la troisième paire de pat sont très riches en pollen.
tes de manière à pouvoir les transpor Il ne faut pas oublier que les abeilles
ter plus facilement ju sq u ’au nid. La récolteuses de pollen butinent de pré
butineuse, chargée de pollen, une fois férence le même genre de fleurs à cha
parvenue sur le rayon, dépose sa char cune de leurs sorties, et recueillent
ge dans une cellule. Une jeune ouvriè donc le même genre de pollen; le dé
re achève le travail en com primant de pôt de ce pollen se fait de préférence
sa tête le pollen dans la cellule; lors dans les cellules de femelles.
que la cellule est remplie, elle est, la En l’espace d ’une année, une famille
plupart du temps, operculée pour que d ’abeilles consomme une quantité
le pollen puisse mieux se conserver. moyenne de pollen que l’on peut éva
Le pollen permet aux abeilles d ’élabo luer à 36-38 kg.
rer la gelée avec laquelle elles nourris
sent le couvain; cette gelée alimentaire
est composée de miel, de pollen et La propolis
d ’eau et est partiellement digérée, ce
qui lui donne un aspect laiteux. La propolis est une substance résineu
Le pollen peut avoir une couleur dif se, aromatique, dont la tem pérature
férente suivant les plantes butinées: de fusion se situe autour de 64-69°C;
jaune dans les plantes d ’acacia, de insoluble dans l’eau, elle est soluble
79
FLEUR S■
RUCHE •
Les abeilles exploratrices utilisent le soleil en tant que repère pou r communiquer la direction de la
source alimentaire. A ) la nourriture se trouve dans la direction du soleil; B) la nourriture se trouve à
135° à droite du soleil; C) la nourriture se trouve dans la direction opposée du soleil; D) la nourritu
re se trouve à 45° à gauche du soleil.
Sous chaque schéma figure le type de danse que les abeilles effectuent sur la ruche. La position du
soleil est toujours à la verticale, perçue par la gravité.
dans l’éther, dans l’alcool à chaud, geons, des pommes de pin et de l’écor-
l’am moniaque, l’essence de térében ce de certains arbres comme le sapin,
thine et la potasse. Sa couleur dépend le pin, le peuplier, le bouleau, l’orme,
des plantes dont elle est issue: jaune le cyprès, l’aulne, le m arronnier d ’In
rougeâtre, cendrée, verdâtre. Les de, le saule.
abeilles détachent, à l’aide de leurs Des analyses qualitatives ont permis de
mandibules, la propolis des bour voir que la propolis est composée de:
80
rieur de la ruche et auraient été tués
résines aromatiques 50% environ
par les gardiennes (une souris par
cire 40% environ
exemple). Si l’intrus est volumineux,
huile essentielle 10% environ
les abeilles ne parviennent pas à reje
ter son corps hors de la ruche; elles
Lorsque les abeilles travaillent la pro essaient alors de le vider pour éviter
polis, elles ajoutent de la cire pour la
q u ’il ne se putréfie et, par la suite, le
rendre plus molle et plus malléable. recouvrent de propolis. L ’apiculteur
La résine arom atique récoltée par les peut ainsi découvrir au pied du nid
abeilles pour élaborer la propolis de les cadavres recouverts de propolis.
vient, en vieillissant, plus foncée et Une colonie suffisamment peuplée
plus dure. récolte, en général, en une année une
Les abeilles utilisent la propolis pour quantité de propolis de 200
colmater les fissures de la ruche, pour grammes.
fixer les cadres, pour consolider les On a découvert, dans certaines ru
cellules, pour réduire la largeur du ches, des cellules recouvertes de pro
trou de vol, pour recouvrir les ani polis; ce phénomène semble dû non
maux qui auraient pénétré à l’inté pas seulement à une nécessité de ren
Abeille butineuse
(© Gissey/Cogis)
81
forcement de la cellule mais bien mades; et enfin, de nos jours, dans les
plus à des fins antiseptiques. pays orientaux, les femmes utilisent la
La propolis rend visqueuses les mains propolis pour s’épiler.
de l’apiculteur; pour les nettoyer, il
lui suffira d ’utiliser de l’alcool déna
turé. Le miellat
On peut également se servir de la pro
polis pour préparer des vernis bril Le miellat est un liquide sucré produit
lants, des mastics pour greffes, des par plusieurs espèces d ’insectes para
adhésifs et y ajouter de l’huile de lin sites vivant sur les feuilles de nom
pour faire briller les meubles, pour breuses plantes. Ces insectes, munis
obturer les fissures des baquets, pour d ’un appareil buccal piqueur-suceur,
désinfecter, pour remplacer l’encens, prélèvent la lymphe végétale dont ils
etc. Citons également, à titre de curio se nourrissent en perforant la plante
sité, l’utilisation de la propolis par les qui les abrite. La lymphe étant très ri
Egyptiens pour embaumer les m o che en sucres et relativement pauvre
mies, en Grèce, pour faire des pom en protéines, les parasites, pour ab
82
sorber la dose de protéines qui leur est les qui s’en voient attribuer la plus
nécessaire, sont obligés de filtrer des grande quantité: on peut y prélever
quantités massives de lymphe, dont le jusqu’à 250 ou 300 mg de gelée
résidu est rejeté et déposé sur les feuil royale.
les, d ’où les abeilles peuvent facile
ment la récolter.
Le miel de miellat présente une cou Obtention artificielle de la gelée
leur am bre foncé, son goût est agréa royale
ble et il est très riche en sels minéraux.
De nombreuses méthodes ont été in
ventées pour obtenir ce produit, parti
La gelée royale culièrement rentable et très recherché
pour ses qualités alimentaires. Puis
La gelée royale est une sécrétion pro que ce sont les cellules royales qui en
duite par des glandes situées dans la contiennent le plus, toutes ces métho
tête des abeilles ouvrières, et particu des reposent sur le même principe: on
lièrement actives chez les abeilles dites élève un certain nombre de larves
“nourrices” qui ont entre 5 et 14 royales, que l’on sacrifie au bout de 5
jours. jours; on prélève ensuite la gelée dans
Cette substance, qui, comme son nom laquelle les larves baignent littérale
l’indique, a un aspect gélatineux, est ment.
de couleur blanche ou quelquefois Voici un système très simple, qui ne
jaune; c’est la nourriture fournie à permet d ’obtenir que de petites
toutes les jeunes larves, aussi bien quantités de gelée royale: il suffit de
d ’ouvrières que de faux bourdons, retirer des ruches qui se préparent à
pendant les trois premiers jours de l’essaimage les cellules royales non en
leur vie. Puis ces larves seront nour core operculées. Une méthode un peu
ries d ’un autre aliment, obtenu à par plus productive consiste à tuer la rei
tir du miel et du pollen, tandis que cel ne; les abeilles choisissent alors des
les qui deviendront des reines conti jeunes larves d ’ouvrières qui vont être
nuent à recevoir la gelée royale; celle- nourries et élevées de façon à pouvoir
ci restera leur unique aliment, quand remplacer la reine; elles se voient donc
elles auront atteint l’âge adulte et pen attribuer de grandes quantités de gelée
dant toute la durée de leur vie (qui est, royale. Trois jours après avoir suppri
rappelons-le, de plusieurs années). mé la reine, on retire les cellules plei
Au cours d ’une année, une ruche pro nes de gelée, et on renouvelle l’opéra
duit, pour ses besoins propres, quel tion une fois ou deux, jusqu’à ce que
ques centaines de grammes de gelée, la famille comprenne de nombreuses
destinés à la consomm ation des larves larves de reines en puissance.
et de la reine. Ce sont les cellules roya Cette méthode a le défaut d ’affaiblir
83
LE GRAND LIVRE D l
la ruche, au point parfois de com pro en cours de croissance. Son taux d ’hu
mettre sa vitalité. Pour pallier cet midité est compris entre 64 et 68%; les
inconvénient, diverses techniques d ’é substances azotées (protéines et acides
levage artificiel de larves royales ont aminés) composent jusqu’à 45% de la
été mises au point. Elles ont pour base substance sèche totale. On y trouve
une procédure simple: la division du aussi des sucres, des matières grasses,
rucher en deux zones au moyen d ’une et surtout de nombreuses substances
grille “anti-reine” . Le premier com qui, bien que présentes en quantités
partim ent se trouve privé de reine, ce minimes, constituent l’essentiel de
qui conduit les abeilles à élever des l’apport nutritif et du rôle de stimula
cellules royales, préalablement instal tion du métabolisme caractéristiques
lées par l’apiculteur, qui les retire pé de la gelée royale.
riodiquement; dans le second secteur, L ’accroissement notable de la con
pendant ce temps, la reine poursuit sa sommation d ’oxygène après son in
ponte, garantissant ainsi le développe gestion n ’est que l’une des raisons qui
ment des jeunes couvées destinées à font prescrire la gelée royale aux indi
l’élevage royal, ainsi que celui des ou vidus convalescents ou devant accom
vrières qui produiront la précieuse plir des efforts intenses d ’ordre physi
gelée. que ou intellectuel. La gelée
royale augmente l’appétit, améliore
l’humeur, stimule l’activité sexuelle et
Usages de la gelée royale accroît la pression sanguine.
La consommation journalière généra
La gelée royale est un aliment dont la lement conseillée (la gelée royale étant
conservation est difficile; très périssa un complément de l’alimentation et
ble, il faut la mettre, dès le prélève non un médicament, la dose peut être
ment, dans de petits flacons de verre modifiée à plaisir, en restant dans des
sombre et l’entreposer au réfrigéra limites raisonnables) est de 250 mg en
teur à + 4°C, pour éviter q u ’elle ne se viron pour les adultes et moitié moins
dégrade irréversiblement. pour les enfants. Il est recommandé
La composition de la gelée royale est de la prendre à jeun, en m ettant la do
complexe et n ’a rien à voir avec celle se sous la langue, afin d ’en absorber
du miel. Ce dernier est un aliment rapidement les principes nourrissants
énergétique, alors que la gelée royale sans passer par les sucs digestifs, qui
est un aliment “plastique”, essentiel corrompent inévitablement le pro
pour le développement de l’organisme duit.
84
Troisième partie
Plantes utiles à l’élevage
apicole
après le semis; grâce à elle, les abeilles
trouvent donc toujours des fleurs à
Généralités butiner; les graines de la m outarde
sont utilisées aussi pour l’alimenta
tion du bétail et comme engrais.
Les végétaux qui procurent du nectar Nous voyons donc, après avoir donné
aux abeilles sont très nombreux: aussi ces quelques précisions, combien il
ne citerons-nous que les arbres et les importe de connaître la flore qui sera
arbustes les plus mellifères: acacia, visitée par les abeilles. Toutefois, les
aulne, bouleau, cerisier, châtaignier, conditions atmosphériques, la nature
cognassier, framboisier, frêne, gro du terrain, son exposition, le nombre
seillier, m arronnier d ’Inde, néflier, exact des arbres fruitiers plantés à
orme, orne, poirier, pommier, pru proximité, les traitements antiparasi
nier, sorbier, tilleul, pin; parmi les vé taires effectués dans la région, les ha
gétaux herbacés: choux, cucurbita- bitudes des apiculteurs locaux peu
cées, genêt, houblon, jacinthe, jas vent, bien entendu, influer, eux aussi,
min, lavande, lin, lupin, luzerne, mé sur la pratique apicole. Un terrain
lisse, oignon, pavot, rom arin, sauge. frais, fertile, correctement fumé, situé
Certaines fleurs, le trèfle rouge par dans une région au climat tempéré,
exemple, possèdent un calice très pro stimule le développement de la flore
fond, en particulier lors de la premiè dont les butineuses ont besoin.
re floraison; dans ce cas, les abeilles Il faudra donc placer les ruches dans
éprouvent une certaine difficulté pour une région où les plantes fleurissent
en sucer le nectar car elles ne parvien abondam ment et, mieux encore, là où
nent pas à faire correctement pénétrer poussent différents types de plantes
leur ligule dans le calice. Dès la secon qui, nécessairement, fleuriront à des
de floraison, les corolles sont moins époques différentes tout au long de
profondes et le nectar peut être extrait l’année. Il est, bien sûr, utile que les
beaucoup plus facilement. abeilles puissent bénéficier d ’une flo
A l’opposé, la m outarde blanche (Si- raison luxuriante au printemps, flo
napis alba) est une plante qui peut raison qui toutefois devra se prolon
pratiquem ent être semée presque to u ger avec une certaine régularité jus
te l’année et qui fleurit deux semaines q u ’en automne.
87
qui traverse le conduit du stigmate et
va féconder les ovules qui se trouvent
La fleur dans l’ovaire. La fécondation peut
être facilitée par la visite des abeilles,
mais la fleur doit, dans ce cas, se prê
ter aisément à la succion du nectar; en
effet, plus une fleur possède des cou
leurs vives et une corolle courte, plus
La fleur, aussitôt après avoir été elle attire les abeilles dont le but essen
fécondée, se transform e en fruit à tiel est celui d ’accumuler des réserves
l’intérieur duquel sont contenues les de nectar.
graines. Tout apiculteur digne de ce nom doit
On trouve dans la fleur: un calice, connaître l’époque de la floraison des
formé par les sépales; la corolle, for plantes qui poussent dans la région où
mée par les pétales, en général colo il travaille.
rés; Vandrocée, composé par l’ensem A titre indicatif, voici la liste de quel
ble des étamines qui contiennent le ques plantes classées par ordre de flo
pollen, élément fécondant; le gynécée raison; liste nécessairement sommaire
ou pistil qui renferme les ovaires, or mais qui peut s’avérer utile pour une
ganes typiquement femelles; le pédon première estimation: noisetier (jan
cule ou tige de la fleur qui, toutefois, vier), amandier (février), abricotier,
peut ne pas exister chez certaines espè prunier (seconde moitié de mars),
ces florales. prunier européen (fin mars), pêcher
Les étamines sont filamenteuses et (début avril), cerisier, pommier, oli
portent, à leurs sommets, les anthères vier (dès la seconde moitié d ’avril), vi
qui sont les sacs polliniques. Les éta gne (10 premiers jours de juin), châ
mines peuvent être soudées entre elles taignier (ju in ), caroubier (septembre).
ou séparées. Vous trouverez dans le tableau qui
Les pistils qui form ent dans leur en suit des indications plus détaillées et la
semble le gynécée com muniquent par liste des plantes que les abeilles buti
leur base avec l’ovaire. nent.
Le pollen (transporté par le vent, les Pour faciliter la lecture de ce tableau,
insectes, l’eau, l’homme) tom be sur le vous trouverez à la page 92 quelques
stigmate, germe en un tube pollinique observations.
Ordre Famille Espèce
89
Ordre Famille Espèce
90
Ordre Famille Espèce
91
LE GRAND
92
gions les plus ensoleillées et en mai-
juin dans les régions les plus fraîches.
Caractéristiques de Les abeilles recueillent un nectar très
certaines plantes clair qui donne du miel très limpide,
presqu’entièrement déshydraté et dé
butinées par les pourvu de sels de calcium et de fer. Il
abeilles est connu dans toute la France.
93
roses (.Nerium oleander). Ces plantes Bourrache (Borrago officinalis), fa
peuvent fournir du nectar ju sq u ’en mille des Borraginacées: plante herba
octobre. cée qui fleurit pendant sept ou huit
mois; répandue sur les terres en fri
Araliacées: regroupent plus de 800 es che; plante riche en résines et utilisée
pèces sous forme d ’arbres, d ’arbustes communément pour les infusions.
et de plantes herbacées; les fleurs pos Fournit du nectar et du pollen de bon
sèdent souvent des inflorescences en ne qualité.
forme de parapluie; le lierre (Hedera
hélix) est, en Europe, l’espèce la plus Calycanthe (Chimonanthus praecox):
connue; il fleurit à la fin de l’été, mais il existe différentes sortes de calycan-
fournit un nectar assez pauvre d ’où thes qui, en général, fleurissent hors
l’on tire un miel de mauvaise qualité. saison puisqu’elles peuvent fleurir dès
le mois de janvier; fournissent un nec
Asperge (Asparagus officinalis), fa tar et un pollen qui attirent les
mille des Liliacées: plante maraîchère abeilles.
qui possède beaucoup de nectar et de
Camomille sauvage (Matricharia cha-
pollen, fréquemment butinée par les
momilla), famille des Composées:
abeilles.
plante médicinale sporadiquement
butinée par les abeilles pour son nec
Aubépine (Crataegus oxyacantha)'.
tar et son pollen.
fournit un excellent pollen.
Campanule (Campanula glomerata,
Basilic (Ocimum basilicum): une des
C. rotundifolia), famille des Campa-
centaines de plantes labiées qui four nulacées: répandue en montagne, pos
nissent un excellent nectar en été et en sède un bon nectar.
automne.
Catalpa (Catalpa bignonioïdes), fa
Bonnet de prêtre ÇEvonymus euro- mille des Bignoniacées: arbre orne
paea), famille des Célastracées: four mental que l’on voit souvent dans les
nit du nectar au printemps mais son parcs et les jardins.
im portance est insignifiante.
Châtaignier (Castanea sativa), famille
Bouleau (Betula alba), famille des Bé- des Cupulifères: les fleurs du châtai
tulacées: plante ligneuse qui fleurit au gnier sont butinées en juin; le miel de
printemps; possède des fleurs uni- châtaignier est foncé, arom atique et
sexuées réunies en inflorescences; est très riche en sels minéraux.
en général pollinisée par l’intermé
diaire du vent; les abeilles recueillent Chêne rouvre (Quercus robur), famil
sur cette plante la propolis. le des Cupulifères: cette plante, com
94
me toutes les plantes appartenant au Coquelicot (Papaver rhoeas), famille
groupe des chênes, donne du pollen et des Papavéracées: disséminé la plu
du miellat. part du temps dans les champs culti
vés; visité par les abeilles au même ti
Chèvrefeuille (Lonicera caprifolium), tre que d ’autres papavéracées sauva
famille des Caprifoliacées: possède un ges et cultivées.
nectar de bonne qualité mais qui peut
rarem ent être butiné par les abeilles en Cornouiller (Cornus mas), famille des
raison de la forme tortueuse de la Cornacées: plante ligneuse qui offre
fleur. aux abeilles du nectar et du pollen.
95
La plupart d ’entre elles sont utilisées à Framboisier (Rubus idaeus): genre de
des fins ornementales, pour décorer Rosacées qui offre aux abeilles un
les avenues, les parcs, etc. Les fleurs nectar excellent en été.
éclosent du printemps au début de l’é
té et sont visitées par les butineuses. Frêne (Fraxinus excelsior), famille des
Citons entre autres: Acer campestre, Oléacées: répandu dans les bois, four
A. platanoides, A . pseudoplat anus, nit un abondant pollen. Le tronc sé
A. opalus, A . negundo, etc. crète une substance sucrée (manne)
qui peut être butinée par les abeilles
Eucalyptus (Eucalyptus), famille des mais qui n ’est pas très appréciée car
Myrtacées: arbre répandu sur la Côte elle durcit lorsqu’elle est déposée dans
d ’Azur; fournit un nectar très arom a les cellules.
tique et très apprécié par les abeilles.
Gentiane (Gentiana acaulis), famille
Férule (Ferula communis), famille des des Gentianacées: caractéristique de
Ombellifères: connue en France dans la flore des pâturages alpins; la florai
le Midi. L ’écorce de cette plante est son commence au printemps et se
utilisée, en raison de sa légèreté, pour poursuit pendant tout l’été. N ’a que
la construction des ruches vulgaires à peu d ’intérêt au point de vue apicole.
rayons fixes. Cette particularité n ’est
désormais presque plus utilisée mais Géraniacées: regroupent différentes
les ruches nomades en férule n ’ont espèces qui poussent dans les pâtura
toutefois pas encore disparu. ges et les bois de régions tempérées; ne
participent guère à la production.
Figuier (Ficus carica), famille des Mo-
racées: sur cette plante, les abeilles ré Gesse (Lathyrus silvestris): légumi-
cupèrent les substances sucrées des neuse qui fournit un bon nectar.
fruits qui ont été attaqués par les oi
seaux et les insectes et qui risqueraient Groseillier, famille des Grossularia-
sinon d ’être perdues. cées: cultivé dans les potagers de cer
taines régions; attire les abeilles au
Figuier de Barbarie (Opuntia ficus in moment de la floraison qui a lieu vers
dica), famille des Cactacées: pousse la fin du mois d ’avril.
dans certaines régions du Midi; fleurit
en juillet-août et fournit aux abeilles Gui (Loranthus europaeus), famille
un nectar agréable. des Loranthacées: les abeilles peuvent
récolter du pollen au cours du prin
Fraisier (Fragaria vesca): c’est une temps. D ’importance négligeable.
Rosacée horticole qui attire les abeil
les par son nectar depuis la mi-avril Jasmin (Jasminum officinale), famille
jusqu’en automne. des Oléacées: répandu dans les ré
96
gions au climat tempéré, en particu ne d ’espèces de cette famille fournis
lier au bord de la mer; ses fleurs sont sent aux abeilles un nectar de bonne
blanches, parfumées et butinées par qualité.
les abeilles dès la fin du printemps jus
q u ’en automne. Mélèze (Larix decidua). Conifère des
montagnes fournissant un miellat qui
Jonquille, famille des Amaryllida se cristallise tout de suite dans les al
cées: du genre Narcissus qui fleurit au véoles.
printemps et fournit un nectar abon
dant et précieux. D ’origine sub-tropi- Mélisse (Melissa officinalis), famille
cale, elle pousse assez fréquemment des Labiées: plante sauvage médicina
en France. le qui fournit du nectar en abondance;
aussi est-elle cultivée à proximité des
Jujubier (Zizyphus jujuba): exemplai ruches.
re typique de la famille des Rhamna-
cées, répandu dans les régions médi Menthe (Mentha piperita), famille des
terranéennes; fleurit au printemps et
Labiées: certaines variétés sont utili
est très recherché par les abeilles.
sées en parfumerie, en médecine et
pour la production de liqueurs arom a
Lavande (Lavandula angustifolia
tiques. La menthe fournit en général
L. stoechas), famille des Labiées: il
un nectar blanc, le miel obtenu est
existe, en France, de nombreuses es
l’un des plus chers.
pèces de cette plante, en particulier le
long des côtes méditerranéennes, qui
fournissent un nectar et un pollen très Moutarde (Sinapis alba, S. nigra), fa
précieux pendant plusieurs mois; sui mille des Crucifères: ces deux espèces
vant les latitudes, elles peuvent être sont répandues un peu partout en
butinées avec profit ju sq u ’en octobre. France et fournissent un nectar de
bonne qualité.
Magnolia (Magnolia grandiflora), fa
mille des Magnoliacées: fournit du Muguet (Convallaria maialis), famille
nectar précieux et abondant. des Liliacées: pousse fréquemment
dans les champs de notre pays; riche
Marjolaine (Origanum majorana) et en glucosides; fleurit en mai et est une
origan (Origanum vulgare), famille bonne plante nectarifère.
des Labiées: répandus dans le Midi;
fournissent une récolte précieuse et M yosotis (Myosotis scorpioides), fa
abondante. mille des Borraginacées: fleurit à la
fin du printemps et en été; est visité
Mauve (Malva sylvestris), famille des par les abeilles en raison de la saveur
Malvacées: cette plante et une centai de son nectar.
97
M yrtille (Vaccinium myrtillus), famil sectes butineurs; fleurit dès les pre
le des Ericacées: pousse dans les bois miers jours du mois d ’avril; son nec
et fleurit en avril; ne fournit que du tar est très recherché par les abeilles.
pollen.
Pensée, famille des Violacées: regrou
Narcisse, famille des Amaryllidacées: pe de nombreuses espèces nectarifè-
plusieurs espèces sont répandues en res, à l’état sauvage ou cultivées.
France; leur nectar est très recherché
surtout au printemps. Peuplier (Populus alba, P. tremula,
P. nigra, P. canadensis): répandus
Noisetier (Corylus avallana): la florai dans les terrains frais recouverts d ’al-
son est l’une des plus précoces donc, luvions; leur floraison est abondante;
si le temps est favorable, les abeilles fournissent de la propolis. Sur ces
peuvent récolter le pollen très tôt. peupliers, les abeilles récoltent parfois
des miellées.
Olivier (Olea europaea): répandu
dans les régions au climat m éditerra Phacelia (Phacelia tanacetifolia), fa
néen et tempéré; fleurit au printemps mille des Hydrophyllacées: plante qui
et donne une assez bonne quantité de
fleurit du printemps à l’automne; son
pollen.
nectar est renommé; aussi cette plante
Oranger (Citrus aurantium), famille est-elle cultivée, en Californie par
des Rutacées: nombreuses variétés qui exemple, pour nourrir les abeilles; le
fournissent un nectar parfum é et ré miel est excellent et parfumé.
puté dont les abeilles sont friandes.
Pistachier (Pistacia vera), famille des
Orchidées: plantes très répandues (on Anacardiacées: plante répandue dans
compte plus de 20 000 espèces à tra les régions à climat méditerranéen;
vers le monde) dont l’intérêt pour l’a pousse à l’état sauvage et est cultivée
piculture n ’est pas bien établi. La flo en Sicile. Les abeilles en tirent d ’assez
raison a lieu de février à septembre. grandes quantités de pollen.
On trouve également dans les Alpes
certaines variétés que les abeilles buti Plantain (Plantago major): plante
nent. herbacée qui offre en abondance aux
abeilles du pollen pulvérulent.
Orobanche: très répandue, en particu
lier dans les champs de légumineuses; Poireau (Alium porrum), famille des
fournit du nectar. Son im portance est Liliacées: offre du nectar aux insectes
toutefois négligeable. butineurs à la fin du printemps.
Pêcher (Prunus persica), famille des Poirier (Pirus communis), famille des
Rosacées: bénéficie des visites des in Rosacées: bénéficie largement de la
98
CARACTERISTIQUES D E CERTAINES PLAN TES BUTINEES P A R LES ABEILLES
visite des abeilles car elles participent nectar de très bonne qualité de cou
à la pollinisation au moment de la flo leur blanche. Le miel obtenu est l’un
raison à la mi-avril. Le miel issu du des plus appréciés.
nectar de poirier n ’est pas en général
très recherché mais n ’est toutefois pas Ricin (Ricinus communis), famille des
l’un des plus pauvres. Euphorbiacées: pousse dans les ré
gions au climat tempéré et chaud,
Pois (Pisum sativum): légumineuse fleurit en été et fournit aux abeilles du
qui fleurit au début de l’été et qui of pollen peu abondant.
fre du nectar aux insectes.
Romarin (Rosmarinus officinalis), fa
Pommier (Pirus malus), famille des mille des Labiées: offre un très bon
Rosacées: profite largement de la pol nectar dont les abeilles sont très frian
linisation entomophile et fournit, en des. Pousse à l’état sauvage et est très
échange, de mi-avril à juin, suivant le répandu dans le Midi.
climat, un excellent nectar qui donne
un miel très apprécié.
Ronce (Rubus fruticosus), famille des
Rosacées: pousse à l’état sauvage
Prunier (Prunus domestica, etc.), fa
mais peut être cultivée dans les pota
mille des Rosacées: fleurit au prin
gers; les abeilles récoltent son nectar
temps et donne des récoltes abondan
qui donne du miel agréable.
tes de nectar.
Sainfoin (Hedysarum coronarium):
Raiponce (Campanula rapuluncus),
plante fourragère très riche en nectar,
famille des Campanulacées: plante
herbacée qui pousse en montagne; bien q u ’il ne soit pas très parfumé.
fleurit en été et est très fréquemment Pour obtenir une récolte abondante, il
visitée par les abeilles. suffit de placer sur les prés des ruches
nomades.
Renoncule, famille des Renoncula-
cées: très répandue dans les régions Sarrasin (Fagopyrum esculentum), fa
tempérées et froides, en particulier mille des Polygonacées: plante culti
dans les prés et les pâturages; fleurit vée en grande partie dans les régions
en été et fournit essentiellement du montagneuses alpines. Fleurit en été
pollen aux abeilles. et continue à donner du nectar au dé
but de l’automne. Le miel obtenu
Rhododendron (Rhododendrum fer- n ’est pas très apprécié mais est utilisé
rugineum), famille des Ericacées: ré dans l’industrie pour la fabrication du
pandu dans les hautes vallées des Al pain d ’épices et est très recherché sur
pes, fleurit en plein été et offre du le marché.
99
Sauge (Salvia officinalis), famille des produisent un nectar arom atique et
Labiées: riche en nectar; cultivée un agréable.
peu partout.
Tournesol (Helianthus annuus), fa
Saule (Salix viminalis, S. alba, mille des Composées: culture en voie
S. babylonica): poussent souvent près de développement (Bassin Parisien et
des cours d ’eau et produisent un nec Ouest); fournit un nectar et un pollen
tar et un pollen que les abeilles peu que les abeilles récoltent en assez gros
vent facilement butiner; peuvent four ses quantités.
nir en abondance de la propolis.
Trèfle: plante fourragère qui est large
Scille (Urginea maritima), famille des ment cultivée dans les prés et les pâtu
Liliacées: plante qui pousse sur les rages; pousse également à l’état sau
bords de la M éditerranée et fournit du vage; certaines variétés donnent un
pollen et du nectar d ’excellente quali nectar excellent que les butineuses ré
té que les abeilles apprécient tout par coltent avec le plus grand soin.
ticulièrement.
Troène (Ligusîrum vulgare, L. luci-
Seringa (Philadelphus coronarius): dum), famille des Oléacées: de nom
breux exemplaires de cette famille
cultivé fréquemment dans les potagers
fleurissent de mars à octobre et atti
et les jardins et surtout au bord de la
rent tout particulièrement les abeilles;
mer. Fournit du nectar et du pollen.
ils peuvent donner du miel de bonne
qualité. Il nous faut toutefois noter
Sureau (Sambucus nigra), famille des
l’un de leurs inconvénients: les troè
Caprifoliacées: prolifère dans les nes favorisent parfois l’accumulation
haies et les jardins; fournit de modes de miellées.
tes quantités de pollen.
Valériane (Valeriana officinalis), fa
Tabac (Nicotiana tabacum), famille mille des Valérianacées: plante aro
des Solanacées: fournit du pollen; matique qui fleurit en été, recherchée
mais les abeilles qui butinent cette pour son pollen.
plante risquent de contracter des m a
ladies. Véronique (Veronica persica, V. mae-
drys), famille des Scrofulariacées:
Thym (Thymus vulgaris), famille des produit du pollen et du nectar que les
Labiées: riche en nectar; favorise la abeilles récoltent en abondance.
production d ’un miel très recherché.
Vigne (Vitis vinifera): dans les zones
Tilleul, famille des Tiliacées: il existe viticoles, elle peut offrir de bonnes
de nombreuses espèces de tilleul qui quantités de pollen.
100
Quatrième partie
Insecticides et apiculture
certaines régions, l’empoisonnement
de colonies entières d ’abeilles. Rien ne
Les adversaires des s’oppose pourtant à ce que le diffé
abeilles rend qui existe entre les apiculteurs et
les agriculteurs se transform e en colla
boration.
Le véritable problème est le suivant.
• P our obtenir des fruits en parfait
état, l’agriculteur procède à des traite
Nos lecteurs ont pu se rendre compte,
ments antiparasitaires. Or, si ces trai
tout au long de notre exposé, que l’a
tements sont effectués avec soin et
piculture était étroitem ent liée à la flo
surtout en dehors de la période de flo
raison des végétaux et ne s’avérait
raison, l’empoisonnement des abeilles
possible que si les abeilles étaient en
peut être évité. Malheureusement, par
mesure de récolter du pollen et du
négligence ou par ignorance, voire par
nectar pour subvenir à leurs besoins
conviction (erronée d ’ailleurs), cer
alimentaires. En France, la flore est
tains agriculteurs affirm ent que les
d ’ailleurs suffisamm ent luxuriante et
abeilles endommagent les fruits, et ils
variée pour que l’apiculture devienne traitent leurs arbres d ’une manière to
rentable.
talement irrationnelle. Les abeilles en
Cependant, l’apiculteur doit lutter
subissent inévitablement les consé
contre deux ennemis implacables: les
quences et la production agricole se
maladies et l’empoisonnement des
retrouve considérablement réduite.
abeilles par les insecticides. L ’agricul
teur devrait en effet savoir que, pour • L ’apiculteur, de son côté, sachant
que les insecticides aient un maximum très bien que les abeilles n ’endom ma
d ’efficacité, il faut que les pulvérisa gent nullement les cultures, désire tra
tions soient faites bien avant I’éclo- vailler avec sérénité et ne pas voir sa
sion des fleurs. Sinon celles-ci sont colonie d ’abeilles détruite en quelques
attaquées par les parasites et il en ré jours alors qu’elle devrait lui fournir
sulte de graves préjudices pour les un revenu pour lequel il a consacré
abeilles. L ’emploi abusif de produits tout son temps et engagé tout son ar
insecticides a ainsi provoqué, dans gent.
103
Les antiparasites peuvent empoison intoxiquées; par contre, elles trans
ner les abeilles de diverses manières mettent cet aliment empoisonné, en
(par contact ou par ingestion). particulier aux jeunes abeilles.
L ’empoisonnement par contact a lieu La mort peut frapper, dans ce cas, un
lorsque les abeilles récoltent du nectar nombre variable d ’abeilles, mais la fa
ou de l’eau empoisonnée: les butineu mille est de toute façon endommagée
ses sont aussitôt intoxiquées et très et affaiblie. L ’empoisonnement sévit
souvent incapables de revenir ju sq u ’à surtout lorsque la pulvérisation est
la ruche, qui perd alors un nombre faite au moment de la pleine floraison
considérable de ses membres. des plantes.
L ’empoisonnement par ingestion est Il faut donc reconnaître que cette
différent. Les butineuses récoltent du guerre entre agriculteurs et apicul
pollen empoisonné par les pulvérisa teurs est sans fondement. Les antipa
tions mais ne sont pas immédiatement rasites sont destinés à éliminer les pa-
/ :F 2
<D dans 6 57,16 11,33 — — —
Co
~ JZ
8 3 dans 6 61,16 11,00 2 57,50 11,00
Q.
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T 4 dans 14 59,57 11,50 10 57,70 12,00
° 5 dans 12 63,83 11,58 11 64,27 11,78
6 dans 15 63,40 11,86 19 65,58 10,82
7
rrs </3 dans 16 64,93 12,18 17 68,88 11,76
SC^ _ 8O dans 14 64,64 12,64 19 71,17 13,70
D. O 9
t/-, C/3 OO dans 11 66,63 11,73 17 71,17 13,70
-o -a o
L* 10
Wî dans 5 69,80 12,20 5 76,60 12,80
S-g
OO Q.
100 100
104
Bi
rasites qui endommagent les arbres antiparasitaire est effectué à une pé-
fruitiers, non pas à tuer les abeilles. riode très précise, bien avant la florai-
Cela est possible lorsque le traitem ent son des plantes.
105
I
Cinquième partie
Pathologie apicole
ratyphoïde, fausses loques), aspergil-
Maladies, parasites, les (mycoses), couvain sacciforme,
couvain non viable, etc.
ennemis des abeilles
Menacent les adultes: oiseaux en gé
néral, lézard, crapaud, mante, pou
des abeilles, philante apivore, aca
riens en général, aspergilles, bactéries,
Nombreux sont les parasites et les m a
protozoaires, mal de mai, diarrhée,
ladies qui affectent les abeilles. Nous
mal des forêts, etc.
avons donc jugé utile, avant de procé
der à une véritable description, de
Pillent le miel et la cire: sphinx tête de
schématiser les principales maladies
m ort, mites, bourdons, fourmis rou
des abeilles et de les regrouper avec les
ges, etc.
parasites communs ou occasionnels et
les ennemis prédateurs.
P our que nos lecteurs puissent dispo
ser d ’une liste quasiment complète des
Mammifères
ennemis de nature animale, végétale,
et des maladies, nous faisons figurer à Il s’agit dans ce cas d ’animaux qui, à
la page suivante un tableau portant les vrai dire, ne sont pas vraiment dange
noms des parasites nuisibles aux abeil reux lorsqu’ils attaquent les abeilles;
les, étant bien entendu que certains par conséquent, les apiculteurs n ’é
des ennemis cités sont assez peu ré prouveront aucune difficulté pour les
pandus. Ceux qui revêtent une vérita neutraliser efficacement.
ble im portance sont inscrits en itali
que; précisons enfin que presque tous Campagnols, musaraignes: ils peu
les noms qui suivent feront l’objet vent pénétrer à l’intérieur de la ruche,
d ’un examen ultérieur. en particulier en hiver; ils mangent le
Précisons encore, sans que cette sélec miel et les rayons de cire, ce qui les dé
tion soit absolum ent rigoureuse, que: truit nécessairement; la musaraigne
mange également les abeilles. Pour
Menacent le couvain: bacilles (loque éviter ce danger, l’apiculteur pourra
européenne, loque américaine, pa- donc réduire l’ouverture du trou de
109
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
110
M ALADIES, PARASITES, ENNEMIS DES ABEILLES
111
Le M eloe variegatus vit en général sur caractéristique qui irrite étrangement
le lupin et la camomille; c’est un para les abeilles, les énerve, mais les rend
site typique des abeilles car il se nour incapables de se défendre. Parfois, il
rit de leur sang ce qui provoque inévi absorbe une telle quantité de miel
tablement la m ort des victimes. Son qu’il ne parvient même plus à ressortir
corps est de couleur noire brillante, par le trou de vol: dans ce cas, les
ses dimensions varient entre 3 et abeilles parviennent à le tuer, l’évi
8 mm; ses mandibules sont robustes et dent pour éviter que son corps ne se
dentelées, sa tête aplatie. putréfie, et le momifient en le recou
Le M eloe proscarabeus vit en général vrant de propolis. L ’apiculteur re
sur les crucifères, en particulier sur le trouvera alors le cadavre de ce papil
navet et le colza; il est moins nuisible lon recouvert de propolis. Il pourra
que le précédent; plus petit que le va placer à proximité des ruches des piè
riegatus, il possède une tête arrondie, ges à papillons conçus de manière telle
des mandibules dépourvues de dents; que ces derniers puissent entrer mais
il lui est donc difficile de tuer les abeil ne puissent ressortir. Il est aussi possi
les. Il les utilise plutôt comme moyens ble de réduire le trou de vol de la ru
de locomotion et se nourrit surtout che afin que le papillon ne puisse pas
des produits qu’il trouve dans la ruche s’y glisser.
(miel, pollen, œufs). Le principal ris
que est que ces petits coléoptères s’ac Grande fausse teigne (Galleria mello-
cumulent en grand nombre sur le mê nella) et petite fausse teigne (Achroia
me individu: dans ce cas, la butineuse grisella): lépidoptères appelés com
se fatigue et ne parvenant pas à s’en munément “mites de la cire”. Les lar
débarrasser malgré ses efforts, finit ves de YAchroia grisella mangent les
par succomber. rayons et leur contenu.
Le M eloe cavensis possède les mêmes A l’état adulte, ces deux papillons se
moyens d ’attaque que le précédent distinguent par la taille et la couleur.
mais les dangers encourus par les Les ailes du premier ont une envergu
abeilles sont assez négligeables. re de 2 cm environ et une couleur grise
avec des taches plus sombres; le
Sphinx tête de mort (Acherontia atro- second est plus petit et uniformément
pos): gros papillon nocturne dont la gris. Ces papillons présentent un di
larve vit en général sur les feuilles des morphisme sexuel: les mâles ont une
solanacées (pommes de terre, tom a couleur plus foncée et sont plus petits
tes, aubergines, etc.), sur les choux, que les femelles.
les jasm ins, etc. Ce papillon, l’été ve Les adultes déposent de nombreux
nu, pénètre de nuit dans les ruches et œ ufs sur les rayons et sur le fond de la
se rassasie de miel. Il fait entendre, à ruche; les larves qui en sortent provo
l’intérieur de la ruche, une sorte de cri quent de gros dégâts en détruisant les
112
rayons, surtout dans les ruches plutôt Pou des abeilles (Braula coeca): diptè
faibles. Pour se transform er en chry re privé d ’ailes, gros comme une tête
salide, la larve se dissimule dans les d ’épingle, aux yeux rudimentaires si
moindres recoins, les jointures des ca tués au-dessus des antennes et recou
dres et les angles. L ’apiculteur pourra verts d ’une couche épaisse de poils;
facilement déceler la présence de ces son corps est également presque entiè
fausses teignes en découvrant les ex rement recouvert de poils. Le pou se
créments ronds et noirs que ces insec cramponne sur les poils de l’abeille
tes déposent sur le fond de la ruche. qui ne parvient que difficilement à
L ’abeille mellifica parvient assez faci s’en débarrasser. Cet “invité fo rtu it”
lement à se défendre contre la fausse semble avoir une prédilection particu
teigne mais il en est tout autrement lière pour la reine sur le corps de la
pour certaines sous-espèces. Les quelle peuvent ainsi se nicher des di
rayons des réserves alimentaires, le zaines d ’individus. Bien que l’on ne
grenier à miel, à l’intérieur desquels la considère pas cet insecte comme un
fausse teigne a réussi à pénétrer sont parasite de l’abeille, il nous faut bien
bien souvent gravement endommagés. reconnaître que les dégâts causés ne
P our lutter contre ce fléau, l’apicul sont pas négligeables car l’activité des
teur pourra faire des fumigations,
abeilles se trouve perturbée. Ces poux
plusieurs fois de suite, d ’anhydride
se fixent la plupart du temps sur le
sulfureux pour que les larves, les chry
corps des jeunes ouvrières, sur celui
salides et les œufs puissent être dé
des faux bourdons, rarem ent sur celui
truits. Le sulfure de carbone est enco
des butineuses. Les larves vivent dans
re plus efficace mais il présente
les opercules du miel; l’insecte vit sur
l’inconvénient d ’être inflammable; on
le corps de l’abeille, se nourrit de miel
recommande également l’emploi de
et de la sécrétion des glandes sans que
tétrachlorure de carbone bien qu’il
soit moins efficace, ainsi que d ’autres son “hôte” en semble particulièrement
insecticides comme le paradichloro- affecté.
benzol, le monochlorobenzol; en re Pour lutter contre cette prolifération
vanche, la chloropicrine est à proscri de poux à l’intérieur de la ruche, l’api
re absolument. culteur pourra faire des fumigations
Citons parm i les parasites de la Galle- de produits à base d ’extrait de tabac
ria mellonella, le Dibrachys bouchea- qui tuent les poux sans nuire beau
num qui pond ses œ ufs sur la chrysali coup aux abeilles, bien qu’elles ne les
de; les larves de cet insecte se nourris apprécient guère.
sent de la larve de la fausse teigne, ce
qui la détruit. Bien que cet insecte ne Philanthe apivore (Philanthus trian-
puisse pas être considéré comme un gulum): insecte prédateur qui capture
destructeur infaillible de la fausse tei les abeilles, les pique de son aiguillon,
gne, il en limite la prolifération. les anesthésie de son venin et les em-
113
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
114
MALADIES, PARASITES, ENNEMIS DES ABEILLES
Il faut être très attentif à éviter la pré forme ovale, mesurent entre 1,2 et
sence de certains acariens, dont les 1,9 mm et ont une couleur ambrée)
plus terribles sont Acarapis woodi et mortes naturellement, au moyen d ’u
surtout Varroa jacobsoni. Ce dernier ne plaque rigide (carton, plastique)
s’est avéré, au cours des dernières dé enduite de graisse de vaseline et intro
cennies, le plus grand fléau dans la duite sur le fond de la ruche, laissée là
pathologie apicole. On estime par plusieurs jours, de préférence à la fin
exemple q u ’en Italie (où sa présence a de l’été. P our provoquer la chute des
été établie en 1981), pendant la seule parasites, on peut aussi utiliser des
année 1986, environ 100 000 ruchers acaricides spécifiques, normalement
ont été détruits à cause de ce parasite. employés pour l’élimination des aca
Les femelles de Varroa, entrées dans riens.
la ruche en s’agrippant à des abeilles Mais il ne faut pas confondre Varroa
provenant de familles déjà parasitées, avec l’inoffensif Braula.
s’introduisent dans les cellules du cou La lutte contre l’espèce Varroa repré
vain peu avant Poperculation; elles sentera encore, dans les prochaines
déposent en peu de jours quelques années, la préoccupation principale
œ ufs dont l’un donnera naissance à de tous les apiculteurs. Si cette espèce
un mâle et les autres à trois ou quatre n ’est pas com battue et maintenue en-
femelles. Certaines d ’entre elles se deçà d ’un certain niveau de proliféra
ront fécondées par le mâle et, une fois tion, elle risque de détruire la plupart
l’abeille sortie du cocon, s’installeront des ruchers. Outre la lutte chimique,
pendant plusieurs jours sur les adul diverses techniques d ’élevage ont été
tes, d ’où elles se détacheront, rentrant mises au point, destinées à réduire la
alors dans les cellules pour achever le capacité de multiplication de ce para
cycle. site. L ’une d ’entre elles consiste à fai
Les dommages subis sont principale re construire aux abeilles des sections
ment les piqûres répétées infligées aux de couvain destinées aux mâles. Ces
larves internes dont Varroa suce l’hé couvains, une fois operculés, sont pé
molymphe pour se nourrir. Cette es riodiquement et intégralement préle
pèce a une capacité annuelle de repro vés et détruits. De cette manière on
duction telle qu’une seule femelle peut élimine de très nombreux acariens:
donner naissance en un an à vingt fil ceux-ci, en effet, ont une préférence
les au minimum, qui seront quatre marquée pour la reproduction aux dé
cents l’année suivante et huit mille pens des larves de faux bourdons.
l’année d ’après, causant en peu de
temps la m ort de la famille d ’abeilles Acarapis woodi: la maladie q u ’il pro
tout entière. voque, Yacariose, peut être mortelle
Le diagnostic s’effectue en cherchant et appauvrit considérablement une fa
les femelles de Varroa (qui sont de mille d ’abeilles; l’acarien est micros
115
copique et pénètre dans les trachées (obtenue en diluant 20 g de menthol
des jeunes abeilles à travers les stig dans 5 cc d ’alcool éthylique à 95°).
mates qui se trouvent dans le protho On remplace au bout de 20 jours l’é
rax. L ’acarien provoque chez l’abeille ponge par une autre identique.
des troubles physiologiques graves:
obstruction des trachées, troubles Tyroglyphes: larves qui s’agrippent
sanguins, dégénérescence des muscles; aux butineuses pour se déplacer mais
l’abeille, progressivement, ne parvient ces dernières ne semblent pas en souf
plus à respirer. On a pu remarquer frir.
que les abeilles atteintes de cette m ala
die perdaient leur capacité de vol.
La propagation de l’acariose peut être Protozoaires
provoquée à la suite d ’un pillage,
d ’un essaimage, de la rencontre de Malpighamoeba mellificae: agent
plusieurs colonies; elle peut être trans étiologique de Vamibiase, qui attaque
mise par les faux bourdons ou encore l’appareil excréteur des abeilles; ce
au mom ent d ’un transport de ruches. protozoaire microscopique se présen
La parasitose semble surtout se déve te sous la forme de kystes ou d ’am i
lopper au printemps et en automne; nés; chaque protozoaire se fixe sur Fé-
l’acariose se propage lentement mais pithélium interne des organes excré
n ’atteint que les jeunes abeilles; en ef teurs. Ils atteignent l’intestin terminal
fet, les acariens ne peuvent pas péné et sont éliminés avec les selles. Les
trer à l’intérieur des trachées des adul symptômes accompagnant cette m ala
tes, qui ont dans la trachée des poils die sont semblables à ceux que pro
beaucoup moins souples. Au prin duisent la nosémase et Yacariose. Il
temps, les parasites perforent les pa s’agit, la plupart du temps, d ’un dé
rois de la trachée, sucent le sang des peuplement printanier plus ou moins
abeilles. Celles-ci, asphyxiées par accentué. L ’amibiase peut être m or
l’obstruction partielle de leurs tra telle; lorsque les abeilles sont sérieuse
chées exsangues, perdent leur capacité ment affectées, elles éprouvent de
de vol, s’affaiblissent et finalement grandes difficultés pour s’envoler en
m eurent. L ’acariose peut également raison du gonflement de leur abdo
affecter la reine, mais cela se produit men et sont la proie de troubles intes
rarem ent. tinaux identiques à ceux que provo
Les soins s’effectuent en introduisant quent d ’autres maladies comme la no-
dans la ruche, sur les rayons, une sémiase et la dysenterie.
éponge de vermiculite (l’éponge nor Pour déceler cette maladie, il faut un
malement utilisée par les fleuristes) de examen microscopique. Il arrive assez
5 x 10 x 0,8 cm imprégnée de 20 cc fréquemment que les abeilles soient à
d ’une solution de menthol et d ’alcool la fois affectées par la nosémiase et
116
l’amibiase, ce qui entraîne toujours la nosema du ver à soie, mais ce dernier
m ort de familles entières. Il n ’existe ne s’attaque pas uniquement à l’intes
pas actuellement de produit médical tin car il peut se multiplier dans tous
spécifique contre cette maladie. Pour les organes. Les abeilles contractent
la prévention et le traitem ent (comme cette infection en ingérant les spores
pour la nosémiase), il est utile de rem de nosema expulsées par les abeilles
placer souvent les rayons qui, avec le atteintes de ce mal; le miel, le pollen
temps, deviennent un foyer de germes les rayons peuvent eux aussi être in
pathogènes. fectés, en particulier lorsque la m ala
die provoque chez les abeilles des ac
Nosem a apis: ce protozoaire provo cès de diarrhée. Les abeilles s’égarent,
que la nosémiase, maladie qui atteint désertent leur nid et l’apiculteur ne
les abeilles adultes, reine comprise. détecte la maladie que lorsque la fa
Dans ce cas, l’abeille présente les mille est gravement atteinte; il lui suf
symptômes suivants: ventre gonflé, fit d ’ailleurs d ’observer le couvain
diarrhées; éventuellement, trem ble pour constater que le nombre des
ment des ailes, vol par à-coups. L ’af abeilles adultes a diminué.
fection se localise en général dans les Le nombre des abeilles vouées à une
cellules épithéliales de la muqueuse in mort certaine est considérable. Le pa
testinale; celles de la muqueuse sto rasite peut être transmis lors des dé
macale, vues au microscope, sont placements des faux bourdons d ’une
complètement remplies de spores de famille à l’autre, lors d ’un pillage,
nosema, de forme elliptique et possé d ’un changement peu soigneux des
dant les dimensions suivantes: lon rayons. Le médicament qui convient
gueur 5 microns environ, largeur est une préparation antibiotique à ba
3 microns environ. La spore pénètre à se de fumagilline ajoutée au sirop su
l’intérieur de l’estomac, où elle injec cré administré aux abeilles continuel
te son propre germe dans les cellules lement pendant quelques semaines, de
épithéliales de la paroi, où elle se re préférence en automne. P our cette
produira, donnant naissance à des maladie aussi, il est conseillé de chan
milliers de nouveaux germes, et donc ger souvent les rayons en respectant
de spores. La nosémiase fait son ap les indications.
parition au printemps, s’atténue en
été, réapparaît en automne et à la fin
de l’hiver ou du printemps suivant. Champignons
Non traitée, elle peut détruire le ru
cher. Les maladies provoquées par les
Les spores sont sensibles aux tem péra champignons, appelées également
tures élevées. Ce parasite possède un moisissures ou mycoses, atteignent les
cycle biologique identique à celui du adultes et les larves: citons parmi les
117
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
champignons susceptibles de rendre sissure gris clair. Dès que l’abeille in
les abeilles malades VAspergillus fla- gère les spores de ce champignon, elle
vus, VAscosphaera apis, YAscos- est empoisonnée par les toxines qu’el
phaera alvei. les contiennent; toutefois, c’est seule
Les abeilles contractent ces maladies ment après la m ort de la victime que le
par ingestion et par contact; on voit cadavre se recouvre entièrement de
alors leur corps se momifier, se rétré cette moisissure car le champignon
cir, se durcir et devenir très friable car reste localisé dans l’intestin pendant
il se recouvre d ’hyphes mycéliennes et toute la période de décadence de l’a
de spores de champignon. La chaleur beille. Les cellules du couvain peuvent
et l’humidité stimulent la propagation également être entièrement envahies
de ces moisissures; pour l’éviter, l’api par cette moisissure; dans ce cas, le
culteur devra donc m aintenir une cer cocon des larves attaquées devient
taine sécheresse à l’intérieur de la clair et tellement dur que le couvain
ruche. est appelé “couvain pétrifié”. L ’abeil
le adulte s’avère incapable de voler et
Ascosphaera apis: apparaît au cours se traîne hors de la ruche. Pour lutter
des mois les plus chauds et provoque contre cette maladie, l’apiculteur de
la couvée calcifiée qui affecte les lar vra changer les rayons, désinfecter la
ves, en particulier celles des faux ruche, la ventiler régulièrement et y
bourdons; les larves, transformées en maintenir une certaine sécheresse.
véritables momies, prennent au début
une couleur jaune, puis deviennent Ascosphaera alvei: provoque la moi
dures et friables et ressemblent à des sissure du pollen, car il attaque le
petits morceaux de chaux à tel point pollen qui se trouve dans les cellules
q u ’on les retrouve souvent, le matin, des rayons. Celles-ci se recouvrent
abandonnées au sol. La plupart du d ’une moisissure blanchâtre; le pollen
temps, la maladie se propage dans les infecté provoque, chez les abeilles,
ruches mal entretenues et mal aérées. des troubles intestinaux mais ne leur
L ’apiculteur devra donc maintenir ses cause pas de réel préjudice.
ruches parfaitem ent propres; il adm i La moisissure du pollen apparaît sur
nistrera aux abeilles du sirop aux anti tout en hiver; cependant, lorsqu’il y a
biotiques, notam m ent la nistatine, qui plus de 22°C dans la ruche, les spores
donne d ’excellents résultats. ne peuvent plus germer. P our lutter
contre la propagation de ce parasite,
Aspergillus flavus: provoque Yasper- l’apiculteur pourra donc maintenir la
gillomycose, maladie qui apparaît ruche à une température supérieure à
lorsque l’été est humide, et atteint les 22°C; il lui faudra également veiller à
adultes et les larves. Le corps des ce q u ’elle ne soit pas soumise à des va
abeilles se recouvre alors d ’une moi riations de température, à un re
118
M ALADIES, PARASITES, ENNEMIS DES ABEILLES
froidissement subit ou ne soit envahie Pour lutter contre cette maladie, cer
par l’humidité; d ’ailleurs, les familles tains experts recommandent aux api
d ’abeilles qui parviennent à maintenir culteurs d ’éviter que le couvain ne
une tem pérature suffisante à l’inté donne naissance à une famille m ala
rieur de la ruche sont toujours en par de, en introduisant dans la ruche,
faite santé. deux semaines après, une reine vierge
ou une reine fécondée et en ajoutant
Aspergillus niger: autre aspergille qui, des rayons de couvain operculé. De
toutefois, contamine rarem ent les cette manière, la ponte sera interrom
abeilles; il atteint surtout les larves pue pendant 20 ou 25 jours; l’apicul
vieilles de quelques jours; les spores teur pourra également, pour plus de
de ce champignon sont noirâtres; les sécurité, emprisonner la reine au lieu
cellules atteintes sont recouvertes d ’u de la tuer, et changer intégralement
ne poudre noire. les rayons. On peut administrer des
antibiotiques tels que la terramycine,
le chlorhydrate de tétracycline, la
Bactéries dihydrostreptomycine. La dose par ra
yon de l’un de ces trois antibiotiques
Le Streptococcus Pluton (souvent as doit être de 1,5 g en tout, administrée à
socié au Bacillus a/vei et au Strepto trois reprises et à une semaine d ’inter
coccus apis, au Achromobacter eury- valle dans le sirop sucré. Ces traite
dice et au Bacillus orpheus) provoque ments s’avèrent en général efficaces
une maladie connue sous le nom de lorsque l’infection est encore assez bé
loque européenne. Cette maladie, nigne; mais parfois, l’apiculteur sera
semble-t-il, est transmise par la nour obligé de détruire par le feu tout le m a
riture. tériel infecté, afin de sauvegarder les
Sur le rayon même, un certain nom ruches q u ’il devra alorç désinfecter
bre de cellules sont désoperculées, avec une solution aqueuse chaude de
d ’autres, de-ci de-là, operculées; les soude caustique à 5% pour y installer
larves atteintes prennent au début une ensuite de nouvelles familles.
couleur jaunâtre, puis deviennent de
plus en plus foncées et finalement se Bacillus larvae: engendre la loque
putréfient. Il est possible de distinguer américaine, identique à la loque euro
la loque européenne de la loque amé péenne mais plus grave. Elle atteint le
ricaine: la loque européenne tue les couvain operculé et en particulier les
larves avant l’operculation, ne leur larves qui, au début, sont jaunâtres,
donne pas une consistance gluante et ramollies, visqueuses puis deviennent
filandreuse, mais une odeur acide ty brun foncé pour finalement m ourir; le
pique; l’américaine en revanche leur corps des larves frappées par la loque
donne une odeur douceâtre et putride. américaine est beaucoup plus vis
119
queux que celui des larves attaquées dra veiller à ce que la maladie ne soit
par la loque européenne. Les abeilles pas transmise dans le nouveau nid. Si
adultes essaient de nettoyer les cellules la contagion n ’affecte q u ’une partie
mais n ’y parviennent pas; elles de de son rucher, il lui faudra très certai
viennent alors sales et émettent une nement détruire les familles malades
odeur putride caractéristique que l’on pour éviter tout dégât ultérieur. A ti
remarque en ouvrant les rayons. Cette tre préventif, l’emploi de sulfamides
infection du bacille est à coup sûr est fréquent, mais ceux-ci ont le dé
transmise par le miel; le microbe se faut de ne pas tuer les spores du bacil
propage lors de pillages ou à faveur de
le; ils n ’ont qu’une action bactériosta-
mauvaises manipulations erronées de
tique, c’est-à-dire qu’ils empêchent la
l’apiculteur. Il ne semble pas que la
manifestation de la maladie.
reine puisse transm ettre la contagion
Il existe d ’autres formes pathologi
en pondant ni contaminer les œufs.
Les antiseptiques utilisés communé ques appelées loque bénigne ou para-
ment à titre préventif se sont révélés loque. Celle-ci est provoquée par tou
inefficaces, le Bacillus larvae étant te une série de germes: Bacillus alvei,
très résistant; comme pour la loque Bacillus laterosporus, Bacillus graci-
européenne, les larves contractent lesporus, Bacillus apidarium et Bacil
l’infection par ingestion de nourritu lus feum. Les symptômes ne sont guè
re; le bacille qui, au début, se trouve re différents: les larves meurent soit
localisé dans le tube digestif, prolifère avant, soit après Poperculation; elles
dans l’intestin puis dans tout le corps perdent leur forme, devenant flasques
de la larve au cours de sa phase de m a et pâteuses, visqueuses même parfois.
turation. L ’infection peut donc être Elles filent quelquefois, comme dans
contractée lorsque les larves sont le cas de la loque américaine. Leurs
nourries par les ouvrières. P our l’évi cadavres se déssèchent dans les cellu
ter, l’apiculteur devra détruire le m a
les. En général, la maladie se limite à
tériel infecté, les larves contaminées et
un seul ou à quelques rayons du ru
ne conserver que les abeilles adultes
destinées à l’essaimage; il aura égale cher. On la soigne en éliminant des ra
ment intérêt à remplacer la reine, à yons les couvées malades ou, dans les
nettoyer et à désinfecter complète cas graves, en provoquant un essai
ment la ruche contaminée. Il lui fau mage.
120
cas de diarrhée soient favorisés par la
consommation de miels peu adaptés à
Maladies diverses l’hivernage. Nous avons déjà fait re
marquer que les ouvrières, n ’ayant
naturellement aucune tendance à dé
poser leurs excréments dans le nid,
étaient capables de les retenir dans
leur rectum. La reine par contre,
Diarrhée ou dysenterie
ayant l’habitude de déposer ses excré
ments dans le nid en raison de la rare
La diarrhée n ’est pas considérée com
té de ses sorties (vol nuptial et essai
me une maladie infectieuse et n ’est
mage uniquement) souffre rarement
pas, en général, une maladie grave;
de diarrhée. Les ouvrières atteintes de
par conséquent, les abeilles peuvent
dysenterie déposent leurs excréments
très bien guérir en l’espace de quel
pêle-mêle à l’intérieur du nid; les ex
ques jours: il suffit q u ’elles puissent
créments diarrhéiques, assez liquides,
effectuer, par une belle journée prin
tanière, leur vol de nettoyage. ont une couleur foncée; certaines ne
parviennent pas à déposer leurs excré
ments: leur abdomen se gonfle déme
Pathologie surément, elles perdent progressive
ment leur capacité de vol.
La diarrhée est surtout due à l’hiber Le fond de la ruche et les rayons sont
nation forcée; elle se manifeste en au souillés; les familles se déciment peu à
tom ne et en hiver, voire au printemps peu.
lorsque les abeilles se trouvent dans Les dysenteries sont plus ou moins
l’impossibilité de sortir de la ruche. graves. Les cas bénins disparaissent
Elles sont, semble-t-il, la proie de cet dès l’arrivée de la belle saison puisque
te maladie lorsque le poids de leurs ex les abeilles, en sortant, peuvent éva
créments retenus dans le rectum équi cuer les excréments q u ’elles avaient
vaut à 45% de leur poids total. La retenus dans leur rectum pendant tout
diarrhée peut également être provo l’hiver. Si au contraire les abeilles, en
quée par une alim entation mauvaise sortant de la ruche dès l’apparition
ou irrégulière. Il semble que certains des premiers rayons du soleil, souil
121
m LIVRE DES ABEILLES
122
M ALAD IES DIVERSES
par la peau, tandis q u ’à l’intérieur el bien, dans ce cas, que les nourrices
les se décomposent. Le “sac” peut être aient ingéré du pollen indigeste ou en
facilement extrait des cellules, et les quantité excessive. Certains apicul
ouvrières elles-mêmes accomplissent teurs pensent que cette maladie est
ce travail de nettoyage. Cette maladie parfois due au pollen de certaines
se manifeste en juin-juillet; en France, plantes vénéneuses. Le traitem ent
les cas ne sont jamais très graves. Cet pourrait donc consister en l’adjonc
te maladie disparaît d ’ailleurs parfois tion, dans l’alimentation des abeilles
spontaném ent mais elle n ’en détruit au printemps, d ’un gramme d ’acide
pas moins une partie plus ou moins salicylique par kilogramme de sirop
im portante de la famille. La larve absorbé ou en l’adjonction de vin cuit
morte n ’émet aucune odeur et l’on à des infusions d ’herbes aromatiques
pense que l’agent pathogène, quand il comme par exemple le genièvre, la
est présent dans le miel, perd sa viru sauge, le rom arin, la sarriette ou l’ori
lence au bout d ’un mois au minimum gan, la marjolaine, le thym, la lavan
à une tem pérature normale, après dix de, le persil, le laurier.
minutes à 70°C, et après six jours au
contact direct des rayons solaires. Les
abeilles au contact du matériel infecté Mal noir ou mal des forêts
sont en général contaminées mais il ne
semble pas que la reine puisse propa Les abeilles qui ont contracté cette
ger la maladie en pondant ses œufs. maladie perdent plus ou moins leurs
Quoi q u ’il en soit, si la famille est très poils; en effet, cette affection atteint,
atteinte, il vaut mieux remplacer la au début, la partie dorsale du thorax
reine. L ’apiculteur pourra, à titre pré puis gagne progressivement le corps
ventif, désinfecter la ruche comme tout entier; les abeilles deviennent
dans le cas de la loque américaine. alors complètement noires, sont répu
diées et chassées de leur propre ruche
par les abeilles qui se trouvent en bon
Mal de mai ou paralysie ne santé. En général, cette maladie at
teint les butineuses; au fur et à mesure
Cette maladie, d ’origine non micro de la progression de la maladie, les
bienne, se manifeste au printemps ou abeilles ont de plus en plus de difficul
au début de l’été. Elle atteint les abeil tés pour voler. Cette maladie n ’est ja
les nourrices qui, aussitôt, se traînent mais très grave et peut être surmontée
péniblement, le ventre gonflé; parve si l’apiculteur fournit à ses abeilles
nues au bord des rayons, incapables une alimentation variée et abondante;
de voler, elles tom bent brutalement on pense q u ’elle est transmise par les
sur le sol. Leurs ailes sont prises de conifères. L ’apiculteur a donc intérêt
tremblements convulsifs. Il semble à éliminer les miellées de conifères ou
123
le pollen que les butineuses récoltent placer la reine par une reine
sur des plantes suspectes. fécondée.
Les abeilles atteintes sont victimes de La direction des services vétérinaires
démangeaisons. du ministère de l’Agriculture a publié
certaines règles pour la défense contre
les maladies les plus redoutables des
Couvain non viable abeilles, que nous reportons intégrale
ment dans les pages suivantes vu l’in
Daiis certains cas assez rares (loque
térêt q u ’elles revêtent pour l’apicul
américaine par exemple), on assiste à
teur. Signalons à ceux qui désireraient
la m ort de nombreuses larves et nym
phes qui avaient pris une couleur gri obtenir des renseignements, q u ’ils
sâtre, légèrement brune. Certains api peuvent s’adresser au ministère de
culteurs pensent q u ’il s’agirait d ’un PAgriculture 78, rue de Varenne à P a
cas de m alform ation congénitale de la ris 7e et à la Fédération Nationale des
reine donc d ’une maladie non infec organisations sanitaires apicoles dé
tieuse. L ’apiculteur devra donc rem partementales. 41, rue Pemety, Paris 14e.
124
souvent une couleur foncée; elles sont
plus ou moins déchirées, voire
Règles pour la lutte trouées.
contre la loque Les larves mortes, qui exhalent une
odeur très désagréable, douceâtre et
américaine putride, se décomposent en une bouil
lie visqueuse brunâtre, et l’on peut les
étirer en fils à l’aide d ’un bâtonnet.
Cette bouillie se dessèche rapidement
et se transform e en écailles sombres
Etiologie et caractéristiques qui adhèrent fortem ent au fond et aux
parois des cellules. La masse visqueu
La loque américaine est une maladie se et les écailles contiennent des mil
très redoutable et très répandue qui lions de spores qui peuvent conserver
affecte le couvain (larves). Elle est toute leur vitalité pendant des années
provoquée par un micro-organisme, car elles sont très résistantes à tous les
le Bacillus larvae White, qui engendre facteurs extérieurs (chaleur, sécheres
des spores, forme de résistance et de se, antiseptiques). Cette grande résis
diffusion de l’infection. tance des spores du Bacillus larvae ex
Les larves sont contaminées par voie plique les difficultés rencontrées dans
orale dès que les ouvrières leur régur le traitem ent de la loque américaine.
gitent du miel contenant des spores de
Bacillus larvae.
La maladie touche surtout le couvain Propagation
operculé; en cas d ’infection très gra
ve, les larves des cellules désopercu- Cette maladie se propage de ruche en
lées, les nymphes et, exceptionnelle ruche et de rucher en rucher de diver
ment, les larves de faux bourdons ses façons: par les pillards; par les
sont atteintes. abeilles ayant pénétré par erreur dans
Un nid à couvain affecté par la loque des ruches auxquelles elles n ’apparte
américaine présente des cellules oper naient pas; par capture d ’essaims
culées de façon désordonnée; celles d ’origine inconnue; par ingestion de
qui contiennent des larves mortes ont miel et de pollen provenant de famil
125
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
les malades; par les outils et le m até possible d ’appliquer le traitem ent
riel de l’apiculteur mal stérilisés (cire connu sous le nom de “mise en es
gaufrée fabriquée avec de la cire non saim”, après avoir administré des do
stérilisée, rayons et ruches apparte ses de sulfathiazol. Pour ce faire, pro
nant à des familles infectées, extrac céder de la manière suivante.
teurs, etc.). Tout apiculteur peut pro 1. Dès le retour de toutes les abeilles,
pager lui-même l’infection s’il ne res loger les adultes ainsi que la reine
pecte pas les règles d ’hygiène men (cette dernière étant installée dans
tionnées ci-dessous. L ’infection peut une cage), dans une nouvelle ruche
enfin être transmise par certains enne pourvue de 4 ou 5 cadres et d ’a
mis des abeilles (fausse teigne, etc.). morces de cire gaufrée. P our éviter
que certaines abeilles ne s’en
fuient, il convient de faire vite, en
Traitement ayant préparé à l’avance le maté
riel nécessaire.
Le traitem ent de la loque américaine 2. N ourrir abondam ment les abeilles
est difficile; il implique que soient res avec du sucre non raffiné ou du si
pectées les règles suivantes: rop sucré additionné de sulfathia
zol ou, mieux, du sulfathiazol sou
• Si la loque américaine atteint des dé à raison de 0,5 gramme pour
familles affaiblies et sévit à une épo 4 litres de sirop (800 grammes de
que où la récolte est médiocre, si une sucre et l’eau nécessaire pour at
ou plusieurs familles sont atteintes, il teindre 4 litres).
est indispensable de procéder à leur
3. Lorsque les amorces de cire gau
destruction.
frée auront été entièrement utili
Le soir venu, dès le retour de toute la
sées par les abeilles, les remplacer
colonie, la ruche est hermétiquement
par des morceaux entiers de cire
fermée et les abeilles asphyxiées avec
gaufrée.
de l’anhydride sulfureux. Aussitôt
après, toutes les abeilles et le nid à 4. Continuer à administrer aux abeil
couvain doivent être brûlés. Les au les du sirop de sucre additionné de
tres rayons et la ruche seront désinfec sulfathiazol pendant 30 jours.
tés selon les normes précitées. 5. Une fois l’essaim transvasé, détrui
re complètement le nid à couvain
• Si la maladie atteint des familles ré et désinfecter le restant du maté
sistantes, avant ou pendant la période riel, conformément aux normes in
de pleine récolte, si la destruction de diquées précédemment.
ces familles risque d ’entraîner un défi 6. Observer régulièrement l’état de la
cit économique grave et surtout si l’in ruche et procéder après quelques
fection n ’est pas vraiment forte, il est jours aux examens de contrôle.
126
REGLES POUR LA LU TTE CONTRE LA LO QU E AM ERICAINE
127
tes se com portent de la même manière
que celles affectées par d ’autres mala
Règles pour la lutte dies des abeilles adultes.
contre l’acariose P ar conséquent, pour affirmer q u ’il
s ’agit véritablement d ’acariose, il fau t
procéder à des vérifications de labora
toire.
Etiologie et caractéristiques
Propagation
L ’acariose est l’une des graves mala
dies affectant les abeilles adultes; elle L ’acariose se propage d ’une abeille à
est due à un acarien microscopique, l’autre par contact. Seules les plus
YAcarapis woodi Rennie qui pénètre jeunes abeilles (celles qui n ’ont que 5
dans la première paire de trachées de ou 6 jours) contractent cette maladie,
l’abeille adulte (ouvrières, faux bour car les acariens ne peuvent pas entrer
dons et reine) où il se reproduit. dans les trachées des abeilles plus
Les acariens exercent leur action pa âgées. La maladie se propage d ’une
thogène, soit en obstruant mécanique ruche à l’autre et d ’un rucher à l’autre
ment les trachées, donc en bloquant la de diverses façons: par pillage; par
respiration, soit en provoquant des lé l’essaimage ou le regroupement de fa
sions aux trachées et une intoxication milles; par l’intermédiaire des faux
sanguine, donc des troubles physiolo bourdons qui pénètrent dans n ’im por
giques et des intoxications. te quelle ruche; par les abeilles qui se
En général, l’apparition de l’acariose tram ent de leur propre ruche à une
dans une ruche n ’est pas immédiate autre; par l’achat de ruches provenant
ment détectée; un seul phénomène se de localités infectées.
manifeste: le lent dépeuplement de la
famille; l’acariose ne devient donc
évidente que lorsque l’infection est Traitement
déjà très grave. P ar ailleurs, elle ne
possède pas de symptômes vraiment Si les analyses de laboratoire prouvent
caractéristiques car les abeilles attein que l’infection est très grave, il est
128
préférable de détruire la famille. Il est auxquels on peut avoir recours s’avè
toutefois possible de conserver les rent à peu près inutiles.
rayons du nid à couvain ou le grenier Les femelles de Varroa, pour se repro
à miel, après en avoir chassé soigneu duire, ont une préférence marquée
sement, par brossage, les abeilles. Les pour les cellules contenant les futurs
premiers peuvent être utilisés pour mâles. On peut tirer parti de cette pré
l’élevage d ’une autre famille saine. férence pour éliminer à intervalles ré
Aucune abeille adulte de la famille at guliers une bonne partie de ces parasi
teinte ne doit rester sur ces rayons. tes. Il suffit de faire fabriquer quel
Si l’infection n ’est pas très grave, les ques rayons à cellules mâles où, après
familles peuvent être soumises à l’un la déposition des œufs, se form eront
des traitem ents suivants, que nous les larves qui, peu avant Popercula-
avons classés en fonction de leur effi tion, attireront sur elles les acariens.
cacité présumée. Après l’operculation, et avant que les
faux bourdons ne prennent leur en
• Traitement au menthol. Préparer vol, il faut retirer les rayons en ques
une solution de menthol (disponible tion, les brûler, et les remplacer pour
en pharmacie) à raison de 20 g par recommencer le cycle. Il est indispen
5 cc d ’alcool éthylique à 90 % dans sable à la réussite de l’opération que
une bouteille. Agiter ju sq u ’à dissolu tous les autres rayons de la ruche ne
tion complète; imbiber de cette prépa com portent aucune cellule mâle (ou
ration une éponge de vermiculite (uti un tout petit nombre).
lisée par les fleuristes) de dimensions: Il existe de nombreuses techniques de
10 cm x 5 cm x 0,8 cm. Placer celle- contrôle de la varroase qui nécessitent
ci entre le plafond et les grilles de la l’emploi de substances acaricides,
ruche, en position légèrement obli sous forme de fumigations, pulvérisa
que; la laisser là pendant 20 jours, tions, vaporisations (aérosols), subli
puis la remplacer par une éponge mations, etc. Il faut éviter de recourir
identique pendant 20 autres jours. à la pulvérisation d ’acaricides em
11 conviendra de faire examiner les ployés en agriculture,car ils risquent
abeilles la saison suivante et de procé de tuer les abeilles et de polluer irré
der à un traitem ent analogue pré versiblement la production. On em
ventif. ploie les bandes de papier préparées
qui, allumées comme une mèche, dé
• Règles pour la lutte contre la var- gagent une fumée contenant l’acarici-
roase. La varroase est une maladie de. Pour que le traitem ent soit effica
pouvant atteindre soit la larve soit l’a ce, même dans le cas des produits
beille adulte. Quand les acariens sont agissant par contact, il fau t opérer en
dans cette partie de leur cycle vital où l ’absence du couvain et, si possible,
ils attaquent le couvain, les produits en automne.
129
tes se com portent de la même manière
que celles affectées par d ’autres mala
Règles pour la lutte dies des abeilles adultes.
contre l’acariose Par conséquent, pour affirmer q u ’il
s ’agit véritablement d ’acariose, il fau t
procéder à des vérifications de labora
toire.
Etiologie et caractéristiques
Propagation
L ’acariose est l’une des graves m ala
dies affectant les abeilles adultes; elle L ’acariose se propage d ’une abeille à
est due à un acarien microscopique, l’autre par contact. Seules les plus
YAcarapis woodi Rennie qui pénètre jeunes abeilles (celles qui n ’ont que 5
dans la première paire de trachées de ou 6 jours) contractent cette maladie,
l’abeille adulte (ouvrières, faux bour car les acariens ne peuvent pas entrer
dons et reine) où il se reproduit. dans les trachées des abeilles plus
Les acariens exercent leur action pa âgées. La maladie se propage d ’une
thogène, soit en obstruant mécanique ruche à l’autre et d ’un rucher à l’autre
ment les trachées, donc en bloquant la de diverses façons: par pillage; par
respiration, soit en provoquant des lé l’essaimage ou le regroupement de fa
sions aux trachées et une intoxication milles; par l’intermédiaire des faux
sanguine, donc des troubles physiolo bourdons qui pénètrent dans n ’im por
giques et des intoxications. te quelle ruche; par les abeilles qui se
En général, l’apparition de l’acariose traînent de leur propre ruche à une
dans une ruche n ’est pas immédiate autre; par l’achat de ruches provenant
ment détectée; un seul phénomène se de localités infectées.
manifeste: le lent dépeuplement de la
famille; l’acariose ne devient donc
évidente que lorsque l’infection est Traitement
déjà très grave. P ar ailleurs, elle ne
possède pas de symptômes vraiment Si les analyses de laboratoire prouvent
caractéristiques car les abeilles attein que l’infection est très grave, il est
128
préférable de détruire la famille. Il est auxquels on peut avoir recours s’avè
toutefois possible de conserver les rent à peu près inutiles.
rayons du nid à couvain ou le grenier Les femelles de Varroa, pour se repro
à miel, après en avoir chassé soigneu duire, ont une préférence marquée
sement, par brossage, les abeilles. Les pour les cellules contenant les futurs
premiers peuvent être utilisés pour mâles. On peut tirer parti de cette pré
l’élevage d ’une autre famille saine. férence pour éliminer à intervalles ré
Aucune abeille adulte de la famille at guliers une bonne partie de ces parasi
teinte ne doit rester sur ces rayons. tes. Il suffit de faire fabriquer quel
Si l’infection n ’est pas très grave, les ques rayons à cellules mâles où, après
familles peuvent être soumises à l’un la déposition des œ ufs, se form eront
des traitem ents suivants, que nous les larves qui, peu avant Popercula-
avons classés en fonction de leur effi tion, attireront sur elles les acariens.
cacité présumée. Après l’operculation, et avant que les
faux bourdons ne prennent leur en
• Traitement au menthol. Préparer vol, il faut retirer les rayons en ques
une solution de menthol (disponible tion, les brûler, et les remplacer pour
en pharmacie) à raison de 20 g par recommencer le cycle. Il est indispen
5 cc d ’alcool éthylique à 90 % dans sable à la réussite de l’opération que
une bouteille. Agiter ju sq u ’à dissolu tous les autres rayons de la ruche ne
tion complète; imbiber de cette prépa com portent aucune cellule mâle (ou
ration une éponge de vermiculite (uti un tout petit nombre).
lisée par les fleuristes) de dimensions: Il existe de nombreuses techniques de
10 cm x 5 cm x 0,8 cm. Placer celle- contrôle de la varroase qui nécessitent
ci entre le plafond et les grilles de la l’emploi de substances acaricides,
ruche, en position légèrement obli sous forme de fumigations, pulvérisa
que; la laisser là pendant 20 jours, tions, vaporisations (aérosols), subli
puis la remplacer par une éponge mations, etc. Il faut éviter de recourir
identique pendant 20 autres jours. à la pulvérisation d ’acaricides em
11 conviendra de faire examiner les ployés en agriculture,car ils risquent
abeilles la saison suivante et de procé de tuer les abeilles et de polluer irré
der à un traitem ent analogue pré versiblement la production. On em
ventif. ploie les bandes de papier préparées
qui, allumées comme une mèche, dé
• Règles pour la lutte contre la var gagent une fumée contenant l’acarici-
roase. La varroase est une maladie de. Pour que le traitem ent soit effica
pouvant atteindre soit la larve soit l’a ce, même dans le cas des produits
beille adulte. Quand les acariens sont agissant par contact, il fau t opérer en
dans cette partie de leur cycle vital où l ’absence du couvain et, si possible,
ils attaquent le couvain, les produits en automne.
129
Les traitem ents à l’aérosol par vapori minimum la quantité administrée aux
sation sont de plus en plus employés, abeilles suffisant à contenir le déve
bien que les produits q u ’ils com por loppement des acariens, de procéder à
tent ne soient pas toujours licites; leur certaines installations qui faciliteront
avantage principal est la rapidité d ’ac les opérations. Pour favoriser la lutte,
tion. qu’elle soit passive ou active, il con
On expérimente actuellement des pro vient d ’installer des doubles-fonds à
duits à action systémique, ainsi nom grille en forme de tiroirs amovibles,
més parce q u ’ils sont administrés aux destinés à capturer ou recueillir les
abeilles par l’intermédiaire de la nour acariens tombés accidentellement ou à
riture liquide: le médicament arrive la suite de traitements.
ainsi dans l’hémolymphe, atteignant La varroase fait partie des cinq mala
par là même l’acarien qui s’en dies de la ruche pour lesquelles il exis
nourrit. te un règlement de police vétérinaire
Quel que soit le produit que l’on déci concernant la prophylaxie, le traite
de d ’utiliser, il est bon pour réduire au ment et la désinfection.
130
aux aspérités du sol et essaient en vain
de s’envoler. Si l’infection est à la fois
Règles pour la lutte contractée par les butineuses et les
contre la nosémiase nourrices, le couvain risque alors de
dépérir car il ne reçoit plus la nourri
ture dont il a besoin.
Les familles atteintes manifestent, à la
Etiologie et caractéristiques fin de l’hiver, une agitation extrême:
elles s’envolent prém aturém ent, se ga
vent de nourriture, souillent l’inté
La nosémiase est une maladie extrê- rieur de la ruche de selles diarrhéi
—ornent grave, contractée par les ques.
icaB es adultes et causée par un pro- Il peut également arriver que les abeil
: ; : i;re, le Nosema apis Zander qui les soient à la fois atteintes par la no
■ et >e multiplie dans les cellules épi- sémiase et une autre maladie infec
*c_i_es de la muqueuse stomacale. tieuse causée par des protozoaires,
L s ^m ptôm es sont identiques à ceux
l’amibiase, dont nous parlerons ulté
; : autres maladies contractées par les
rieurement.
abeilles adultes: perte de la capacité
de vol, gonflement de l’abdomen,
troubles diarrhéiques; le corps des
Propagation
abeilles est pris de convulsions et les
muscles sont presque toujours paraly
sés. P ar conséquent, seul un examen L ’abeille contracte cette maladie en
microscopique peut fournir un ingérant des aliments (miel, pollen,
diagnostic définitif. eau) contenant des spores de nosema.
En général, la maladie reste latente et La maladie se propage de diverses fa
décime lentement la ruche; mais par çons: par les pillardes, par du miel et
fois, elle peut devenir extrêmement vi du pollen infectés pris dans une ruche
rulente. Si tel est le cas, les abeilles se malade et donnés à des abeilles saines,
regroupent au fond de la ruche sur la par l’emploi de rayons prélevés dans
planchette de vol ou dans les envi des ruches contaminées, par l’eau des
rons, s’agrippent aux brins d ’herbe ou abreuvoirs.
131
Traitement cage, doit être laissée dans son an
cien domicile pour que les butineu
1. Si l’infection est particulièrement ses, en revenant, ne soient pas dé
grave, si la famille atteinte est af sorientées. Le soir venu, dès le re
faiblie, il vaudra mieux la détruire. tour de toutes les abeilles, retirer la
Il faudra également désinfecter le reine de la ruche, fermer herméti
matériel appartenant à la famille quement la vieille ruche et as
détruite (ruche, rayons, etc.) et les phyxier toutes les butineuses avec
outils utilisés par l’apiculteur. des vapeurs de soufre. Ce traite
2. Si l’infection est bénigne et la fa ment s’avère nécessaire dans la
mille résistante, il faudra procéder mesure où les abeilles les plus in
aux traitem ents suivants: fectées sont les plus anciennes,
a) donner aux familles malades, à donc les butineuses.
la fin de l’hiver, pendant quinze
jours environ, ou même plus, du Enfin, n ’oubliez surtout pas de désin
sirop sucré additionné de fumagil- fecter la ruche et tout le matériel,
line, un antibiotique particulière comme indiqué ci-dessous.
ment actif contre la nosémiase; on
le trouve dans le commerce en con
fection prête à l’emploi pour l’api Désinfection
culture;
b) en mai et en juin, retirer de la La ruche et les cadres doivent être soi
ruche, le matin, lorsque la m ajori gneusement lavés avec de l’eau sodée
té des abeilles sont parties butiner, très chaude (1 kg de soude dans 20 li
tous les rayons du nid à couvain, tres d ’eau) et passés au chalumeau.
où ne se trouvent que des jeunes Les rayons doivent être fondus (la sté
abeilles; les transférer ensuite dans rilisation s’étant avérée inutile); il ne
une ruche parfaitem ent propre. La faut pas utiliser le miel pour l’alimen
reine, placée au préalable dans une tation des abeilles.
132
lement sont identiques à ceux de la
Règles pour la lutte nosémiase, traitée ci-avant.
contre l’amibiase
Propagation
133
A l’intérieur de la cellule, la larve
prend une position anormale, s’af
Règles pour la lutte faisse ou s’enroule en spirale. Une
contre la loque fois morte, elle se transform e en une
masse informe de couleur brunâtre
européenne qui, en général, ne s ’étend pas en
longs filaments mais, la plupart du
temps, se dessèche sous forme de peti
tes écailles foncées qui, contrairement
Etiologie et caractéristiques aux écailles de la loque américaine,
peuvent facilement être enlevées par
La loque européenne est une maladie les abeilles. C ’est la raison pour la
du couvain (larves), causée par des quelle la loque européenne peut dispa
micro-organismes; les bactéries tro u raître spontanément; il est d ’ailleurs
vées dans les larves atteintes ne font assez connu que les abeilles, possé
pas toutes partie de la même espèce; dant la faculté de nettoyer rapidement
par conséquent, les symptômes sont leur ruche, guérissent facilement d ’el-
différents. les-mêmes. L ’odeur se dégageant du
Les larves sont contaminées par voie couvain infecté est plus ou moins for
orale par l’intermédiaire des aliments te, et suivant la nature des bactéries
que les ouvrières leur transm ettent. qu’il contient, il peut s’agir d ’une
La maladie atteint en général le cou odeur de vinaigre ou d ’une odeur de
vain des cellules désoperculées et n ’at putréfaction.
teint q u ’exceptionnellement les larves
des cellules operculées; si tel est le cas,
les opercules sont déchirés ou troués. Propagation
Les larves des faux bourdons et des
reines peuvent également être to u La propagation de la maladie se pro
chées par cette maladie. duit de diverses façons: par le passage
Un rayon contenant un couvain affec des abeilles d ’une ruche à l’autre; par
té par la loque européenne forme, les pillardes; par du miel infecté; par
dans les cas graves, un pêle-mêle de des essaims de provenance inconnue;
cellules operculées et désoperculées. par du matériel contaminé, etc.
134
Traitement reine par une reine jeune et fécon
de. Pendant la période d ’interrup
1. Si la loque européenne atteint des tion de la ponte, donc d ’élabora
familles affaiblies et apparaît à une tion du couvain, l’apiculteur devra
époque où la récolte est insuffisan enlever les matières contagieuses
te, si l’infection est maligne, l’api des rayons.
culteur devra détruire les familles.
La substitution de la vieille reine par
2. Si la maladie ne s’est pas encore
vraim ent propagée, si elle atteint une jeune reine fécondée est essentiel
des familles résistantes, avant ou lement destinée au repeuplement de la
pendant la période de pleine récol ruche car les jeunes reines sont bien
te, procéder de la manière suivan sûr plus prolifiques.
te: tuer la reine ou, mieux, l’enfer
mer dans une cage et la conserver
entre les rayons, détruire les cellu Désinfection
les royales éventuelles; 10,15 ou 20
jours après, suivant la force de ré Employer les désinfectants déjà indi
sistance de la ruchée et les possibi qués contre les pathologies causées
lités de récolte, remplacer la vieille par des micro-organismes.
135
de et granuleuse, résultant de la dé
Règles pour le composition des tissus. Le sac n ’adhè
re pas à la cellule, aussi peut-il être fa
traitement du cilement enlevé. Le corps desséché de
couvain sacciforme la larve se transform e en écailles noi
râtres qui peuvent facilement être en
levées par les abeilles. C ’est la raison
pour laquelle le couvain sacciforme
disparaît souvent spontanément dès le
début de la pleine récolte.
Etiologie et caractéristiques Le couvain ne répand aucune odeur.
136
Le couvain mort ne répand aucune
Couvain non viable odeur.
Pour toutes ces raisons, un couvain
non viable ne présente pas les mêmes
symptômes qu’un couvain atteint par
des maladies infectieuses.
Un couvain non viable entraîne la
Parfois, les rayons contiennent des
mort des larves enfermées dans les cel
œufs stériles.
lules operculées et dont la méta
morphose était pratiquem ent achevée La m ort du couvain et la stérilité des
(pré-nymphe et nymphe). Il arrive mê œufs ne sont pas dues à une maladie
me fréquemment que les abeilles to u infectieuse mais plutôt, semble-t-il, à
chées soient sur le point de sortir de une m alform ation congénitale de la
leurs cellules; dans ce cas, leur corps, reine.
en particulier leur abdom en, présente Dans ce cas, celle-ci devra être rem
un développement inférieur à la nor placée par une reine provenant d ’une
male. autre famille.
Sixième partie
La ruche
à proximité de ces emplacements na
turels, des troncs d ’arbre, des paniers
Généralités en osier ou autre matière, afin d ’y at
tirer les essaims. Puis il parvint pro
gressivement à aménager pour les
abeilles des nids de plus en plus per
fectionnés et de plus en plus accueil
lants; ce genre d ’habitation, construi
Les abeilles, livrées à elles-mêmes, se te par l’homme est appelée communé
réfugient dans des abris naturels, des ment une ruche.
arbres creux, des toits, des saillies de On donne le nom de ruche à l’abri
roches, etc. fourni par l’homme aux abeilles. P lu
Pour les utiliser à des fins économi sieurs ruches, installées les unes à côté
ques, l’homme a entrepris d ’installer, des autres, constituent le rucher.
de la ruche, du soufre qui se transfor
mera en anhydride sulfureux. En con
Ruches vulgaires séquence, les abeilles se trouveront as
phyxiées et m ourront ainsi que le cou
vain.
Les ruches vulgaires sont en général
installées à la verticale et aménagées
dans un tronc d ’arbre ou un récipient
Les premières ruches “vulgaires” fu
ouvert aux deux extrémités et sur le
rent aménagées dans des vases en terre
sommet duquel sont posées, en guise
cuite, des paniers en osier, en jonc
de toiture, des tuiles, des lattes de bois
tressé, en paille, en bam bou, dans des
ou des briques.
morceaux d ’écorce de chêne-liège plus
ou moins circulaires, des caisses en A vrai dire, les Romains utilisaient
bois ayant plus ou moins la forme déjà des ruches horizontales qui leur
d ’un parallélépipède. évitaient d ’avoir à asphyxier les
Ces ruches présentent certains incon abeilles.
vénients, entre autres celui de con L ’asphyxie des abeilles peut égale
traindre l’apiculteur à asphyxier la ru- ment être évitée dans les ruches verti
chée pour récolter le miel, au début de cales, à condition de procéder à l’opé
l’autom ne, en général, uniquement ration appelée “taille”. Cette m anipu
après la form ation d ’un essaim. En ce lation, assez complexe, a pour but de
qui nous concerne, nous désapprou faire sortir les abeilles de leur nid
vons cette pratique car elle implique le après enfumage de la ruche: l’apicul
sacrifice d ’une famille et des jeunes teur peut ainsi extraire le tiers des
reines, et la récupération d ’un essaim rayons contenant le miel. M alheureu
guidé par une reine-mère qui peut être sement, cette m anipulation ne permet
très vieille. pas de connaître exactement la
Quoi q u ’il en soit, l’asphyxie de la n i quantité de provisions laissées à la fa
chée sera effectuée le soir venu ou à mille; elle présente donc le risque
l’aube de la façon suivante: l’apicul d ’exposer les abeilles à ne pas pouvoir
teur devra colmater les fissures de la surmonter l’hiver par manque de
ruche à l’aide de chiffons humides, de nourriture.
terre pétrie et faire brûler, à l’intérieur P ar ailleurs, lorsque ces ruches sont
142
directement posées sur le sol, il se peut commencèrent à utiliser des sortes de
q u ’elles soient insuffisam ment aérées ruches pavillons, faites de plusieurs
et q u ’elles prennent l’humidité. Cer caisses en bois dépourvues de fond,
tains apiculteurs expérimentés sont carrées ou circulaires, posées les unes
parvenus à résoudre ce problème en sur les autres. La partie supérieure
suspendant ces ruches à une certaine placée au-dessus du nid à couvain fai
hauteur et en laissant libre leur ouver sait office de “magasin à miel”. Dès
ture inférieure. De cette manière, les que ce grenier à miel semblait être
ruches sont correctement aérées, et suffisamment rempli, les apiculteurs
grâce à la partie supérieure qui reste enfumaient leurs ruches pour éloigner
close on respecte le dicton selon lequel les abeilles de cette “hausse” q u ’ils en
les abeilles veulent avoir la tête chau levaient dès la fin de la manipulation
de et les pieds froids. On a en effet re pour recueillir le miel.
m arqué q u ’elles préféraient, à l’état Grâce à ce système qui connut par la
naturel, vivre dans un nid surélevé et suite de nouveaux perfectionnements,
le massacre des abeilles pour la récolte
étroit.
du miel et de la cire put ainsi être
Malgré tout, les ruches vulgaires, as
évité.
sez exiguës, ne suffisent pas, quand la
L ’emploi de la ruche à rayons fixes se
floraison est abondante, à l’emmaga
développa; elle est d ’ailleurs encore
sinage de la récolte: les abeilles, se assez répandue dans les pays à faible
sentant “à l’étroit” ont alors tendance production apicole.
à essaimer. P our pallier cet inconvé De nos jours, l’emploi des ruches à
nient, les apiculteurs dans ce cas sont cadres mobiles s’étant multiplié, l’api
donc contraints de capturer l’essaim, culture est devenue beaucoup plus ra
de le placer dans une autre ruche, et tionnelle, aidée en cela par des mesu
d ’extraire le miel de la ruche aban res d ’hygiène qui rendent les abeilles
donnée, mais encore habitée par les moins vulnérables. La m anipulation
autres membres de la famille. Il leur des ruches à cadres mobiles exige dé
fallait donc asphyxier les abeilles res sormais de l’apiculteur une certaine
tantes. technicité.
Ils faisaient ensuite couler le miel,
puis se voyaient enfin contraints de
brûler les rayons et de faire fondre la Ruches vulgaires obliques
cire. Le miel coulé était d ’assez bonne
qualité mais, par contre, celui extrait Il existe certains types de ruches vul
par pressurage ou après fusion de la gaires que les apiculteurs installent à
cire était d ’une qualité manifestement l’oblique; ce système leur permet en
médiocre et difficilement commercia- effet de nettoyer aisément le fond des
lisable. ruches et d ’extraire le miel plus facile
Vers les années 1600, les apiculteurs ment.
143
Ruches vulgaires horizontales l’apiculteur à asphyxier la ruchée
sans avoir vérifié si l’essaimage a eu
Il existe différents types de ruches lieu.
placées à l’horizontale; ce genre de Les ruches vulgaires présentent en ou
construction se rencontre surtout en tre l’inconvénient de dissimuler d ’é
Afrique; mais l’exploitation de ce sys ventuelles maladies et de ne pouvoir
tème est assez barbare car il contraint être soumises à aucun contrôle.
144
dernières, en effet, bien que facile
ment maniables, exigent de l’apicul
Ruches teur un minimum de compétence pour
semi-rationnelles être vraiment rentables. Dans le cas
contraire, les résultats obtenus sont la
plupart du temps assez dérisoires.
Les ruches à rayons fixes possèdent
une base soit rectangulaire ou carrée
Afin d ’éviter ces massacres, certains (ruches en bois), soit ronde (ruches en
apiculteurs pensèrent à pratiquer, osier, en jonc tressé, etc.); ces ruches
dans les ruches vulgaires, une ouver sont pourvues de différentes sections
ture au sommet perm ettant aux abeil ou parties, munies de traverses distan
les de s’échapper au moment de l’en tes de quinze centimètres environ, ce
fumage de la ruche; celui-ci était pra qui rend la construction des rayons
tiqué d ’une manière très rudim entai beaucoup plus aisée. A uparavant,
re: un tison allumé entouré d ’un chif lorsque ces rayons étaient complète
fon humide était placé à proximité du ment élaborés, les apiculteurs de
trou de vol. Les abeilles pouvaient vaient donc les enlever avec la section
alors s’échapper par le haut et, trou correspondante; ils devaient pratiquer
vant la voie libre, se disperser dans cette extraction avec beaucoup de pré
l’atmosphère. Cette méthode est en caution afin de ne pas endommager le
core pratiquée dans certains types de nid; ils extrayaient ensuite le miel du
ruches vulgaires, en particulier en Sar- rayon, de manière empirique, c’est-à-
daigne. dire par pressurage. Ce système, très
répandu en France, implique égale
ment le renouvellement de la cire;
Ruches à rayons fixes quelquefois les abeilles reconstruisent
les rayons et les cellules. Dans ce cas,
Les ruches à rayons fixes sont, en gé elles se consacrent surtout à la recons
néral, utilisées par des apiculteurs truction des nids et élaborent en con
n ’ayant pas une expérience suffisante séquence une assez faible quantité de
pour utiliser d ’une manière rationnel miel. P ar contre, l’apiculteur n ’a pas
le les ruches à cadres mobiles. Ces la préoccupation de fournir aux abeil
145
les de la cire gaufrée. Parfois, on re rement le désir de remplacer la vieille
commande un type de ruche, possé reine. P ar contre, les abeilles instal
dant des rayons fixes dans le corps de lées dans une ruche vulgaire manifes
ruche et un cadre mobile dans la haus tent toujours le désir de changer la
se; de cette manière, la construction vieille reine et de renouveler la cire
de l’habitation même reste de concep déjà utilisée. Pour pallier cet inconvé
tion rustique mais celle de la hausse, nient du vieillissement des cellules et
pourvue d ’un cadre mobile, répond à de la reine, l’apiculteur possède bien
un mode d ’exploitation beaucoup entendu la ressource de surveiller l’é
plus moderne. Grâce à ce système,l’as volution exacte de la ruche et de rem
phyxie de la ruchée devient parfaite placer la reine au moment opportun.
ment inutile. Toutefois, le système de Cette possibilité restant acquise, l’api
ruche à hausse mobile peut présenter culteur aura malgré tout intérêt à uti
certains inconvénients: il est considéré liser des ruches à cadres mobiles afin
par certains auteurs comme un systè de ne plus être en butte aux inconvé
me hybride, com portant des inconvé nients liés aux ruches à rayons fixes.
nients fâcheux, entre autres celui de Certaines personnes, ignorantes ou
ne pas renouveler le nid et de voir iné presque des meilleurs procédés apico
vitablement les cellules, au bout d ’un les, conseillent aux apiculteurs de ne
certain temps, se rétrécir, perdre leur pas exploiter le système rationnel de
forme hexagonale initiale et devenir ruches à cadres mobiles, de se conten
cylindriques. En outre, les rayons
ter d ’élever leurs abeilles dans des ru
peuvent favoriser la prolifération de
ches vulgaires et d ’éviter uniquement
germes provoquant certaines maladies
d ’asphyxier la ruchée, donc de s’en te
dans le couvain, maladies qui ne
nir aux systèmes traditionnels bien
pourront être soumises à aucun con
q u ’ils se soient révélés nettement
trôle si ce n ’est lorsqu’elles auront sé
moins rentables.
vi irrémédiablement. Certains experts
affirm ent à ce propos que cette propa
gation de maladies ne saurait se pro
duire dans les ruches vulgaires dans la
Construction des ruches
mesure où l’essaim capturé doit semi-rationnelles
toujours construire lui-même les
rayons et les cellules, donc, n ’utilise Pour construire des ruches semi-ra
jamais de la cire usagée pour cette éla tionnelles à rayons fixes, certains spé
boration et n ’encourt aucun risque cialistes ont suggéré de procéder de la
d ’infection. manière suivante.
De plus, grâce à ce système de corps Construire une ruche de plusieurs sec
de ruche fixe et de hausse mobile, l’es tions, chaque section étant confec
saim, semble-t-il, ne manifeste que ra tionnée à l’aide de quatre planches
146
(dimensions: 15 x 28 x 2 cm); clouer et possible de provoquer, grâce à ce sys
assembler ces planches en forme de tème, la form ation d ’un essaim artifi
caisses sans fond; clouer sur les deux ciel en détachant deux sections d ’une
faces opposées de ces caisses une latte ruche très riche et pourvue de nom
de bois, à m i-hauteur, qui servira de breuses sections; ou encore, de déta
porte-rayons. cher une seule section très riche afin
Sur les deux autres faces de chacune de confectionner de cette façon une
de ces caisses, aménager un orifice de nouvelle ruche.
plusieurs centimètres de diamètre, et Dans ce cas, l’apiculteur devra ache
le refermer éventuellement à l’aide ter une reine car le nouveau couvain
d ’un bouchon de liège; sur le bord su ne saurait donner naissance à une rei
périeur de chaque face, fixer deux ne. Ce genre de ruches ne possède pas
longs clous et les disposer en forme de de cadres (au contraire des ruches ra
crochets servant à bloquer les sections tionnelles) et toutes les manipulations
superposées. Sur le sommet du corps sont effectuées directement sur les
de ruche, poser une toiture, constituée sections; la quantité de miel obtenue
elle aussi par une planche ordinaire est moins abondante que dans les sys
aux bords saillants par rapport au pé tèmes rationnels mais supérieure à cel
rimètre des sections. Grâce à ce genre le des ruches vulgaires; la quantité de
de ruche semi-rationnelle, il devient cire obtenue est également moins
ainsi possible d ’ajouter une section abondante mais la destruction des
supplémentaire contenant un couvain abeilles peut être évitée et la ruche uti
jeune, au cas où la famille serait en lisée pendant un certain temps. Dans
voie de dépérissement ou orpheline. ce genre de ruches, l’apiculteur peut
Ne pas poser la partie inférieure ou renouveler la cire, changer la reine et
plateau directement sur le sol mais la provoquer un essaimage naturel ou
surélever sur un socle, ce qui perm et artificiel (ce dernier étant provoqué
tra d ’aérer la ruche. Il est également tous les 2 ou 3 ans).
147
co-romaine) une ruche en paille,
pourvue de lattes de bois que les api
Ruches rationnelles culteurs détachaient du corps de la ru
che en paille. C ’est à partir de ce mo
à cadres mobiles dèle que, progressivement et par
adaptations successives, on est parve
nu à la conception de ruches ration
nelles à cadres mobiles. Vers 1790,
une ruche type (composée de 12
L ’exploitation rationnelle des ruches
rayons parallèles) fut en effet cons
à cadres mobiles, c ’est-à-dire pour truite et affectée à l’étude des abeilles
vues de cadres qui ne risquent pas d ’ê et de leur comportement. Dès lors, ce
tre endommagés et peuvent être utili genre de ruches fut l’objet de nou
sés plusieurs fois de suite, permet veaux perfectionnements, toutes les
d ’enlever les rayons du nid pour en précautions étant prises pour que les
extraire le miel sans que les rayons abeilles ne soudent pas les rayons aux
soient lésés et sans que les abeilles parois de la ruche avec de la propolis;
soient tuées. pour éviter ce genre d ’incident, une
Grâce à ce système, il est également distance de sept millimètres fut laissée
possible de vérifier l’état sanitaire de entre les rayons et entre les rayons ex
la ruche, de procéder à des contrôles ternes et les parois, ce qui rendait dif
périodiques qui s’avèrent bien sou ficile la construction de fragments de
vent indispensables à la veille de l’hi rayons et, dans le même temps, facili
ver ou au début du printemps. tait l’extraction de ces rayons de la
Il existait jadis (jusqu’à l’époque gré ruche.
148
L ’ouverture est située sur la paroi ar
rière de la ruche, ce qui entrave, sem-
Types de ruches à ble-t-il, beaucoup plus les m anipula
cadres mobiles tions par rapport au système am éri
cain.
Les visites se font à partir de la paroi
postérieure; le principal inconvénient
Il existe deux catégories fondam enta
les de ruches à cadres mobiles.
1. Le type allemand, vertical, pourvu Différentes parties d ’une ruche traditionnelle
de plusieurs rangées de cadres
superposés et d ’une ouverture ar
rière, le plafond étant fixe.
2. Le type américain, pourvu d ’une
seule rangée de cadres et d ’une ou
verture supérieure, le plafond
étant mobile.
149
de cette installation réside dans le fait A l’origine, le plateau de ces ruches
que la seconde rangée de cadres du était fixe mais il fut très vite remplacé
couvain est trop surélevée et est expo par un plateau mobile afin que la ru
sée au froid; par ailleurs, il arrive que che puisse être nettoyée plus rapide
le miel ne soit pas uniquement accu ment et aérée plus aisément, en parti
mulé dans le magasin mais aussi dans culier en été. Le corps de ruche est re
les rayons inférieurs. Le trou de vol se couvert d ’un plafond, constitué par
trouve aux deux tiers de la base, au de simples lattes de bois ou des pail
point de jonction du nid à couvain et lassons. Au printemps, au début de la
du magasin à miel. pleine récolte, la hausse est posée en
tre le plafond et le nid à couvain. Cet
te hausse est rectangulaire, possède la
Type américain même section que le corps de ruche,
ne possède pas de fond et est pourvue
P our répondre aux exigences propres de rayons destinés à l’emmagasinage
à l’apiculture française, le modèle des réserves de miel. Lorsque les
américain a fait l’objet de nombreux abeilles y ont déposé tout le miel éla
agencements. C ’est la raison pour la boré, l’apiculteur enlève cette hausse
quelle les ruches vendues dans le com pour en récolter rationnellement le
merce possèdent des dispositifs con miel. Entre cette hausse et le nid à
formes au modèle original mais leurs couvain peut éventuellement être insé
dimensions et leur capacité totale sont rée une planche de partition, qui em
légèrement différentes. pêche la reine d ’atteindre le réservoir
Les ruches horizontales de type améri à miel et d ’y déposer des œufs.
cain possèdent un plafond mobile, ce Les rayons sont contenus dans des ca
qui permet aux apiculteurs de procé dres en bois, soutenus par les prolon
der plus aisément aux observations, gements de leurs traverses supérieu
contrôles et manipulations adéquates. res, reposant dans des entailles. Le ré
E tant donné leurs multiples avanta glage de la distance entre les rayons et
ges, ces ruches se sont rapidement ré de leur distance par rapport aux pa
pandues à partir de 1920; dans le mê rois de la ruche est indispensable. Si la
me temps, certains apiculteurs s’atta distance entre les rayons et les parois
chaient à modifier les caractères de la est insuffisante, les abeilles pourraient
ruche du type allemand. en effet essayer de colmater le vide
Les rayons du couvain et des denrées avec de la propolis; si cette distance
immédiatement consommables sont était trop grande, les abeilles pour
placés sur une seule rangée: ils consti raient par contre avoir besoin de
tuent, dans leur ensemble, le nid à rayons supplémentaires.
couvain. Le nom bre de rayons varie Dans la hausse, au contraire, les
entre 10 et 12 en règle générale. distances qui séparent les rayons peu
150
vent être supérieures car il ne semble Pour 12 cadres, les dimensions inté
pas que ce genre d ’incidents puissent rieures sont: 450 x 450 x 320.
se produire; en fait, plus cette distan En ce qui concerne la hausse, elle a les
ce est grande, plus les rayons peuvent dimensions suivantes:
être facilement extraits. Pour 10 cadres: 450 x 380 x 180;
Certains auteurs font en outre une Pour 12 cadres: 450 x 450 x 180.
distinction entre les ruches pourvues Le dessous de la ruche est muni d ’un
de rayons perpendiculaires au trou plateau mobile. A l’avant se trouve le
d ’entrée de la ruche et ceux qui sont trou de vol, constitué par une ouver
parallèles au trou de sortie; les pre ture haute de 2 cm environ, et munie
mières sont appelées ruches à rayons d ’une avancée ou planche de vol, in
froids, les secondes, à rayons chauds. clinée, dont la longueur varie entre 15
Les dimensions et la forme des porte- et 20 cm. Au-dessus, il y a un plateau
rayons peuvent varier suivant le mo couvre-cadre, sur lequel se trouve un
dèle et le brevet de la ruche. Certains trou nourrisseur. La toiture peut être
cadres ont ainsi une forme carrée, plate: on l’appelle pastorale. Elle peut
d ’autres une forme rectangulaire; le aussi avoir une forme chalet.
côté le plus long des cadres rectangu Etant donné la variété du climat ré
laires peut être placé aussi bien à l’ho
gnant dans les différentes régions de
rizontale q u ’à la verticale. En France,
France, l’emploi d ’une ruche stan
la ruche verticale est devenue classi
dard s’est avéré difficile: toutefois, à
que dans la mesure où, en raison de sa
la suite de différentes actions de nor
grande maniabilité, elle est plus ré
malisation, entreprises par des apicul
pandue que les autres types.
teurs désireux de résoudre leurs pro
Le type le plus répandu est la ruche
blèmes, les possibilités de modifica
Dadant-Blatt.
tions du nid ont été mises à l’étude et
Elle comprend de 10 à 12 cadres, dont
les dimensions intérieures sont: la construction d ’une ruche carrée de
Corps: 270x420; 45 cm de côté et de 30,8 cm de haut, à
Hausse: 135x420. fond mobile, a finalement été adop
Les espacements sont: tée; elle fut suivie par celle d ’une
37 mm de centre à centre en corps de hausse de section analogue, de 15,4
ruche; cm de haut, donc possédant une hau
42 cm de centre à centre en hausse. teur égale à celle de la moitié du corps
Le corps de ruche est formé d ’une de ruche; dans le corps de ruche, les
caisse sans fond ni couvercle, en bois cadres occupent un espace de 30 sur
de pin ou de sapin, de préférence, de 43,5 cm; ceux de la hausse, un espace
25 mm d ’épaisseur, assemblé à mi- de 14,6 sur 43,5 cm, l’espace interne
bois ou à tenons. utile du corps de ruche est donc de 27
Pour 10 cadres, les dimensions inté sur 41,7 cm; celui de la hausse de 13,6
rieures sont: 450 x 380 x 320; sur 41,7 cm.
151
sions, pour construire toutes ses ru
ches selon un modèle rigoureusement
Différents types identique, ceci pour des raisons prati
de ruches ques et notamment le caractère inter
changeable des divers éléments.
Les deux autres types utilisés en Fran
ce sont la ruche Langstroth Standard
et la ruche Voirnot.
La ruche Langstroth comporte dix ca
Dans certaines régions où le prin dres. Le corps de ruche a les dimen
temps est tardif et la production nec- sions intérieures suivantes: grand cô
tarifère assez médiocre, l’apiculteur té: 504 mm x 240 mm; petit côté:
aura souvent intérêt à ne placer à l’in 375 mm x 240 mm.
térieur de ses ruches que 12 rayons, et Le toit, en forme de couvercle, mesu
même 10 ou 9, et à réduire convena re extérieurement 558 mm x 114 mm
blement le corps de ruche à l’aide d ’u et est normalement recouvert d ’une
ne planche de partition. De cette m a feuille de zinc ou d ’aluminium.
nière, les abeilles pourront mieux sup La hausse a les mêmes dimensions que
porter l’hiver et se déplaceront plus le corps de ruche, mais il est possible
volontiers vers la hausse. de faire également des hausses de
En dehors de la ruche Dadant-Blatt, 145 mm seulement de hauteur.
les apiculteurs français utilisent prin La ruche Voirnot présente des carac
cipalement deux autres types de ru téristiques identiques à la ruche D a
ches, parmi les modèles extrêmement dant-Blatt. Seules ses dimensions sont
divers qui peuvent se rencontrer. différentes. En effet, le corps de ruche
Mais, pour chaque type bien détermi a pour dimensions intérieures 360 mm
né, il existe aussi des dimensions de x 360 mm x 380 mm, tandis que la
cadres différentes selon les construc hausse fait juste la moitié, soit 190
teurs, cette remarque étant également mm de hauteur.
valable pour la ruche Dadant-Blatt. A l’étranger, on trouve d ’autres varié
Une fois son modèle choisi, nous con tés de ruches dues à l’ingéniosité et à
seillons à l’apiculteur de s’y tenir scru la recherche systématique et certains
puleusement, en respectant les dimen de ces modèles sont aussi utilisés en
152
France à un petit nombre d ’exem et d ’aérer facilement la ruche. Parm i
plaires. ces modèles, nous pouvons citer la ru
Citons la ruche des Marches (Italie) che Tonelli, en forme de cœur, dont
dont la hausse possède une hauteur lé les rayons ont effectivement la forme
gèrement supérieure à celle de la moi d ’un cœur, ce qui rappelle en quelque
tié du corps de ruche, si ce n ’est la mê sorte la forme du nid construit par les
me hauteur que le corps de ruche. Ce abeilles à l’état naturel.
modèle est employé dans les régions L ’avantage essentiel de ce genre de ru
particulièrement riches en flore melli- ches est, au dire de ses partisans, que
fère (Marches, Calabre, Romagne, la reine y pond ses œufs dans des con
par exemple). ditions très naturelles et que le cou
Quelques types de ruches possèdent vain s’y transform e à une tem pérature
un fond incliné, ce qui permet à l’api am biante plus satisfaisante.
culteur de nettoyer rapidem ent le nid De plus, les abeilles mortes, les détri
Ruches en Provence
(© Vidal/Cogis)
153
tus ou déchets de tout genre tom bent Ruches doubles
autom atiquem ent de la ruche sans que
les abeilles aient à procéder elles-mê Il n ’est pas rare de trouver des “ruches
mes à ce nettoyage. doubles”, c’est-à-dire une ruche sépa
Ce genre de ruches était dans le passé rée en deux parties par une simple
assez onéreux en raison des difficultés
planche de partition et qui abrite et en
rencontrées dans la construction des
même temps sépare deux familles. Ces
différentes pièces, en particulier celle
des cadres. ruches possèdent l’avantage de facili
Mais, puisque ce modèle de ruches ter l’hivernage des abeilles, la tempé
présente effectivement des avantages rature am biante de la ruche étant plus
sur le plan technique, ces difficultés élevée; certains apiculteurs français
pourraient très bien être contournées les ont d ’ailleurs adoptées. Il semble
par l’emploi de matières plastiques, que leur emploi permette d ’augmenter
éventuellement moulées. sensiblement la production de miel.
Des ruches en forme de trapèze, de
triangle, d ’hexagone ont également
été construites; presque toutes répon Ruche gratte-ciel
dent aux critères mentionnés plus
haut, la seule différence étant celle des
Dans les régions à apiculture intensi
difficultés rencontrées et dues à leur
ve, on utilise également un type de ru
forme particulière.
che dite “ruche gratte-ciel”; certains
Dans les régions très riches en nectar,
un type de ruches de vingt cadres a été exemplaires existent effectivement en
expérimenté; on le destine tout parti France. Plusieurs corps de ruche de
culièrement aux régions où le prin mêmes dimensions (entre quatre et
temps est précoce et où poussent en huit) sont placés les uns sur les autres
abondance des plantes dont les fleurs et les rayons placés normalement par
sont appréciées par les abeilles. rapport au trou de vol (quatre-vingt-
dix degrés).
Le trou de vol se trouve sur la face
Ruches d’observation avant de la ruche. Chaque nid est isolé
par une feuille de tôle perforée desti
Ces ruches, munies de parois en verre née à chasser la reine. La ruche abrite
soutenues par des encadrements en ainsi plusieurs familles superposées et
bois, perm ettent d ’observer le com chaque famille possède sa propre rei
portem ent des abeilles. Elles ne sont ne. Grâce à ce système, le nombre des
cependant pas très répandues et se butineuses disponibles pour la période
trouvent presque exclusivement dans de pleine floraison est multiplié et net
les stations expérimentales ou chez tement supérieur à celui qui pourrait
des apiculteurs possesseurs de ruchers être obtenu si les familles abritées
de grande envergure. dans la ruche gratte-ciel étaient toutes
154
installées dans des ruches individuel plus éprouver le besoin d ’essaimer;
les. La production est, elle aussi, né mais enfin, en l’état actuel des choses,
cessairement supérieure. Toutefois, si les résultats n ’ayant pas encore été
un apiculteur utilise ce genre de ru suffisamment probants, il reste enco
ches, il lui faudra isoler, au début de re bien difficile d ’affirm er si ce systè
la récolte, de quelque manière que ce me doit être utilisé dans les régions
soit, toutes les reines sauf une, car ce particulièrement mellifères ou s’il doit
phénomène stimule les butineuses à être adopté avec des réserves.
un travail plus intensif. A la fin de la
récolte, il lui faudra toujours prendre
la précaution de redonner à chaque Ruche d’élevage des reines
famille sa propre reine et séparer cha
que nid pour reconstruire des ruches Cette ruche est exploitée par les api
individuelles. culteurs désireux de procéder eux-mê
Précisons encore que, dans une ruche mes à l’élevage des reines; c’est une
gratte-ciel, les abeilles ne semblent ruche, du type Dadant-Blatt, assez
Le masque et les gants sont indispensables pour protéger l ’apiculteur des piqûres d ’abeilles
(© Lanceau/Cogis)
155
volumineuse puisqu’elle peut contenir ou métallique à mailles serrées afin
une trentaine de cadres dans le corps que les abeilles ne puissent pas passer
de ruche. L ’intérieur peut être conçu d ’un côté de la ruche à l’autre. Les
de manière à pouvoir form er, théori deux colonies finissent ainsi par avoir
quement, 8 à 10 ruchettes, pourvues la même odeur et peuvent donc dépo
chacune de 3 ou 4 cadres et ce, grâce ser le nectar dans le même magasin à
aux planches de partition. La ruche miel.
est munie d ’une double paroi afin que Chaque famille possède sa propre en
la tem pérature régnant à l’intérieur du trée, si possible dans le sens opposé,
nid soit suffisamm ent élevée. Chaque c’est-à-dire une entrée à l’avant de la
ruchette possède son propre couvercle ruche et une autre à l’arrière. Au cas
et sa propre entrée, chaque entrée où l’apiculteur, pour une raison
étant alternée par rapport à la suivan quelconque, voudrait regrouper les
te: la première possède ainsi une en deux entrées à l’avant de la ruche, il
trée à l’avant, la seconde, une entrée à lui faudra peindre la paroi avant de la
l’arrière, la troisième une entrée à l’a ruche de deux couleurs différentes
vant et ainsi de suite. L ’exploitation afin de délimiter le nid des deux famil
de ce genre de ruche est uniquement les. La ruche coopérative possède en
recommandée aux apiculteurs expéri général deux fois plus de cadres qu’u
mentés et possesseurs d ’un rucher de ne ruche normale, c’est-à-dire 10 à 12
plusieurs ruches. En effet, plus un cadres par famille, soit au total, 20 à
apiculteur possédera de ruches, plus il 24.
éprouvera le besoin d ’avoir à sa Si la flore environnante n ’est pas très
disposition de jeunes reines; l’apicul mellifère, il lui faudra réduire le nom
teur devra donc remplacer les reines bre de ces cadres, c’est-à-dire ne pla
trop vieilles, fournir à une colonie or cer que 10 cadres par famille.
pheline sa propre reine, remplacer les Certains apiculteurs utilisent la ruche
reines vierges qui ne pourraient plus normale Dadant-Blatt à 12 cadres, et
être fécondées, détruire toutes les obtiennent des résultats satisfaisants:
vieilles reines qui tendraient à devenir la récolte effectuée par les abeilles
stériles. installées dans ce genre de ruches est
en effet supérieure à celle de la ruche
normale à 12 cadres mais, dans ce
Ruche coopérative dernier cas, la récolte n ’est effectuée
que par une seule famille. Dans les
Dans les ruches coopératives, deux fa ruches coopératives, les abeilles ne
milles peuvent cohabiter dans la mê sont pas excessivement nombreuses
me ruche; la séparation est effectuée à mais les reines parviennent malgré
l’aide d ’une planche de partition en tout à engendrer un couvain de gran
bois, pourvue d ’un portillon grillagé de envergure, supérieur dans l’ensem
156
ble au couvain engendré par une seule la ruche n ’était pas vraiment surpeu
reine d ’une famille ayant à sa disposi plée et la vie s’y déroulait normale
tion 12 rayons. En conséquence, les ment.
butineuses, dont le nombre est assez Les reines doivent de préférence être
impressionnant, déposent le nectar jeunes pour que le rendement de la
dans le magasin à miel sans que les ponte soit maximum. P ar ailleurs,
différents membres des deux familles dans la hausse de ce genre de ruche,
s’affrontent et le nid à couvain se les abeilles finissent par déposer pres
trouve rempli de suffisamm ent de lar que tout le miel q u ’elles élaborent.
ves et de suffisamment de miel pour Mais ce phénomène n ’est pas sans
satisfaire les besoins alimentaires im aléas. En effet, bien que les reines per
médiats des deux familles. Les deux dent, semble-t-il, tout désir d ’essai
colonies de la ruche coopérative sur mer, cette accumulation du miel dans
m ontent, en outre, l’hiver et le froid la hausse pourrait très bien entraîner,
beaucoup plus facilement car elles se l’hiver venu, une pénurie des provi
réchauffent mutuellement. On a en sions hivernales. L ’apiculteur devra
particulier remarqué que les deux rei donc veiller tout particulièrement à
nes se fatiguaient moins et étaient vérifier si ces réserves sont effective
moins attirées par l’essaimage car ment suffisantes et, dans le cas con
157
traire, les réapprovisionner sans hé dont le nombre est par contre cette
siter. fois assez réduit. Cette ruche peut être
Au cas où l’une des deux familles de préparée au printemps et utilisée pen
viendrait orpheline, il ne faudra pas dant toute la période de récolte de
oublier que la seconde possédant, elle, nectar jusqu’en automne; en autom
sa propre reine, se considérera comme ne, elle devient à peu près inutile mais
la seule véritable famille de la ruche et les cadres du corps de ruche peuvent
n ’acceptera certainement pas que la être placés dans une autre ruche et la
famille orpheline possède une nouvel reine utilisée à d ’autres fins. Ce genre
le reine. Il faudra donc, dans ce cas, de ruche peut également être utilisé à
éliminer la seconde reine et la rempla titre dém onstratif et documentaire
cer au même moment par deux reines, dans les écoles.
si possible, jeunes et fécondées. Peut-
être conviendra-t-il même, au cas où
l’apiculteur ne voudrait pas placer Ruche pastorale
dans la ruche deux nouvelles reines,
de regrouper les deux familles en une La ruche pastorale est utilisée en api
seule et même colonie, en supprimant culture nomade; cette ruche ne diffère
la séparation; dans ce cas, aucun inci pour ainsi dire pas des ruches tradi
dent ne saurait se produire car les tionnelles utilisées en apiculture per
deux familles réunies auront pour seu manente mais elle doit être munie de
le préoccupation celle d’échapper à la quelques agencements particuliers,
destruction ou de contrarier la nais pour son installation ou son trans
sance d ’ouvrières pondeuses qui, port.
comme nous le savons, n ’engendre Les aménagements les plus courants
raient que des faux bourdons. sont les suivants:
à) rendre la ruche la plus légère possi
ble afin de pouvoir la déplacer sans
Ruche expérimentale avoir à recourir à des m anipula
tions fatigantes;
Cette ruche est construite sur le même b) immobiliser les rayons de la ruche
principe que la ruche d ’observation pendant le transport et les laisser
mais, contrairem ent à cette dernière, dans leur position habituelle. Les
elle n ’est pas uniquement pourvue de rayons en effet peuvent être sou
parois de verre mais d ’un corps de ru mis à des pressions, risquant d ’irri
che et d ’une hausse à cadres, protégés ter les abeilles et de les inciter au
par des parois en verre à travers les pillage;
quelles l’apiculteur peut suivre toutes c) aérer au maximum la ruche, en
les activités de la famille d ’abeilles, particulier au cours des transports.
158
Pour faciliter l’aération des ruches l’innovation la plus intéressante et la
pastorales, destinées en général à être plus pratique est incontestablement
déplacées dans des régions particuliè celle de pouvoir ouvrir la ruche par le
rement mellifères, une perforation haut, de pouvoir observer sans dom
spéciale du fond de la ruche a été mise mage l’état du couvain, de pouvoir
à l’étude et s’est d ’ailleurs révélée as fixer sur le corps de ruche une hausse
sez efficace. qui sera ensuite prélevée pour en re
cueillir le butin; ces innovations et ces
aménagements ont d ’ailleurs égale
Observations ment été expérimentés sur la ruche la
plus répandue en France, la version
Nous voyons donc q u ’en général les française de la ruche Dadant-Blatt,
ruches, entre autres celles que nous sur laquelle nous donnerons, dans un
venons de citer dans les pages précé paragraphe séparé, des explications
dentes, ont toutes fait l’objet de per supplémentaires et ferons quelques re
fectionnements dont la portée s’avère marques utiles aux apiculteurs inté
toutefois assez limitée. Pour l’instant, ressés.
159
tées par certains apiculteurs débu
tants, stimulés par l’espoir de voir
Caractéristiques leur production augmenter, avaient
d’une bonne ruche finalement été vouées à l’échec.
Le modèle des ruches à diffusion na
tionale sera donc standard; nous en
résumerons d ’ailleurs les points essen
tiels. Le matériau de construction le
Après avoir pris connaissance des dif plus adéquat est le bois sec et, mieux,
férents types de ruches, peut-être nos le bois poreux, celui du sapin par
lecteurs en auront-ils déduit, non sans exemple. Le travail de ce bois doit être
raison, que certaines pouvaient être parfait car les parois de la ruche doi
modifiées et adaptées aux régions vent être lisses, ne présenter aucun dé
auxquelles elles étaient destinées, faut et surtout ne pas être noueuses.
donc devenir plus confortables et plus Si le bois a, avant tout, été choisi,
rentables. c’est en fait qu’il s’est avéré plus facile
Ces m odifications et ces adaptations à travailler et plus léger que les autres
sont en effet possibles mais, pour ce matériaux; nous ne voudrions pas
faire, les apiculteurs, surtout les débu pour autant affirm er q u ’un matériau
non ligneux ne puisse pas également
tants, devront prendre toutes les pré
être utilisé s’il répond aux caractéristi
cautions nécessaires.
ques requises: légèreté, malléabilité,
Les ruches les plus vendues dans le faible coût.
commerce, en particulier celles qui
sont largement exploitées à l’échelle
nationale, ont déjà fait l’objet de tant Parties de la ruche
d ’études, de modifications ou de per
fectionnements que toutes les amélio La ruche proprement dite sera sur
rations ultérieures qui leur seront ap montée d ’une toiture et possédera, à
portées devront essentiellement être sa base, un fond: plafond et plateau
effectuées par des apiculteurs avertis seront, de préférence, mobiles afin de
et expérimentés. En effet, il a été pouvoir être facilement déplacés et
prouvé que les modifications appor entretenus. Ils ne devront pas, dans le
160
même temps, laisser passer dans la ru ne raffinerie de sucre, l’apiculteur de
che des courants d ’air, mais toutefois vra éviter de placer sa ruche à cet en
faciliter son aération et les visites. droit car, à la longue, les abeilles ris
La ruche rationnelle la plus répandue queraient d ’être attirées par les sub
est divisée en deux parties: une partie stances sucrées et de contracter de
inférieure, appelée corps de ruche et mauvaises habitudes, entre autres cel
une partie supérieure, appelée hausse; le de ne plus aller récolter le nectar et
la hausse possède un volume égal à la le pollen.
moitié de celui du corps de ruche mais L ’apiculteur ne devra pas non plus né
il existe des hausses dont le volume est gliger le point suivant: placer sa ruche
égal à celui du corps de ruche, voire à une distance raisonnable des arbres
supérieur, dans les ruches gratte-ciel fruitiers car si ces arbres étaient trop
par exemple. proches, leurs branches risqueraient
P our que l’apiculteur puisse visiter sa d ’entraver le retour des butineuses et
ruche, il lui faudra soulever sans diffi de produire sur les ruches des zones
culté la toiture sans éveiller le moindre d ’ombre que les abeilles n ’apprécient
soupçon chez les abeilles; s’il n ’y par guère; pour le prouver, précisons que
vient pas, il se verra contraint à faire si un apiculteur a la possibilité de pla
du bruit, à déplacer la ruche et s’expo cer sa ruche dans un endroit ensoleillé
sera inévitablement à la méfiance des ou un endroit ombragé, les experts lui
abeilles dont le principal réflexe sera recommandent de la placer dans l’en
de se défendre en le piquant. droit ensoleillé. En effet, s’il est vrai
que la lumière du soleil surchauffe à
mauvais escient les rayons, il n ’en est
Orientation de la ruche pas moins vrai q u ’elle possède un
pouvoir désinfectant et absorbe l’hu
Pour placer la ruche, la meilleure midité, humidité qui non seulement
orientation semble être celle du sud- est favorable à la prolifération de ger
est, un emplacement tranquille, silen mes infectieux mais aussi recouvre les
cieux et protégé des courants d ’air; à rayons de moisissures, donc détériore
moins que l’on ne le dissuade, l’api les ruches.
culteur aura intérêt à placer sa ruche à L ’apiculteur pourra par contre placer
proximité de sa maison d ’habitation sa ruche à proximité de haies, de to n
afin de pouvoir observer, sans perdre nelles, de plantes basses.
de temps, les activités quotidiennes de Si la ruche ne possède pas d ’abreu
la colonie. P ar contre, si cette maison voir, l’apiculteur devra la placer près
d ’habitation se trouve dans une zone d ’un point d ’eau potable quelconque,
industrielle, donc une zone polluée car les abeilles ont souvent besoin
ou, tout simplement, à proximité d ’u d ’eau.
161
Couleur de la ruche Ruches à double paroi
La couleur de la ruche n ’est pas vrai Certains apiculteurs ont donc essayé
ment fondamentale; néanmoins, il est de construire des ruches à double pa
recommandé aux apiculteurs de ne roi afin de permettre à leurs abeilles
pas peindre la toiture de leur ruche en de mieux supporter l’hiver; bien que
noir car celle-ci risquerait, en été, de cet aménagement soit acceptable dans
trop chauffer et de ramollir la cire qui les régions montagneuses, nous ne
y est contenue. P ar contre, il leur est pouvons le recommander car des pa
rasites nuisibles peuvent toujours se
vivement conseillé de peindre la faça
nicher entre les deux parois, de l’eau
de de cette ruche de couleurs vives, en
peut s’y déposer et entraîner le pourris
particulier de bleu et, en tout cas, s’il
sement de la ruche.
s’agit d ’un rucher, de peindre les di En somme, puisque la ruche à double
verses façades de différentes couleurs, paroi présente peu de garanties sur le
en les alternant (rouge, violet, jaune, plan hygiénique, nous préférons con
gris, bleu clair, blanc); il est absolu seiller aux apiculteurs de recouvrir
ment déconseillé de vernir les ruches à d ’un paillasson les ruches placées
l’intérieur, pour éviter de causer des dans des régions très froides, dès que
dommages graves aux abeilles. le froid devient très vif. De cette m a
La différenciation de la couleur de la nière, les abeilles pourront facilement
façade avant de la ruche permet en ef surmonter l’hiver et les apiculteurs ne
fet aux butineuses de retrouver plus seront pas contraints de construire des
aisément leur ruche à leur retour; il en ruches à double paroi.
est de même pour la reine après le vol
nuptial.
Si la floraison n ’est pas très abondan Dimensions et types
te au printemps et en été, les apicul
teurs auront intérêt à placer, si possi En ce qui concerne les dimensions, les
ble, leurs ruches à égale distance d ’u ruches construites en usine sont faites
en série, leurs dimensions étant calcu
ne colline et d ’une plaine pour que les
lées de manière très précise afin que
abeilles puissent progressivement se
les rayons, les cadres et toutes les au
déplacer des régions à floraison pré
tres pièces puissent être changés sans
coce aux régions à floraison tardive. être soumis à des modifications
Ce conseil s’avère particulièrement quelconques.
utile lorsque l’élevage des abeilles est Les rayons, quant à eux, doivent être
pratiqué sur place. En cas d ’apicultu posés dans la ruche à leur emplace
re nomade, ce problème ne saurait ment exact pour qu’ils restent stables
bien entendu se poser. ou ne laissent aucun espace vide à l’in
162
térieur duquel les abeilles construi standard; nous conseillons la version
raient des rayons supplémentaires; les française du type Dadant-Blatt dont
rayons doivent aussi être placés à éga l’intérieur du corps de ruche mesure
le distance les uns des autres et à égale 45 cm x 45 cm x 32 cm et la hausse
distance des parois internes car, si 45 cm x 45 cm x 15,4 cm pour le m o
l’espace vide existant entre les rayons dèle à 12 cadres. Bien entendu, si l’a
était trop exigu, les abeilles tendraient piculteur habite dans une région où
à colmater les fissures avec de la pro les plantes sont très mellifères, il
polis. Dans ce cas, les rayons seraient pourra fixer sur la ruche une hausse
difficiles à extraire et les abeilles faci plus élevée et, pour ce faire, se rensei
lement irritées. gner auprès des apiculteurs de la ré
La production de miel dépend de la gion environnante.
qualité de la reine sélectionnée mais Dans certaines régions, il peut arriver
elle dépend également du type de ru que l’on trouve des ruches en terre
che utilisée et du nom bre de ruches cuite ou faites de blocs de terre cuite
contenues dans le rucher. La produc juxtaposés et fixés sous forme de cais
tion de miel obtenue dans une ruche se porte-rayons; ces ruches, en géné
Sartori est ainsi estimée, en moyenne, ral, sont peu onéreuses et faciles à en
à 10 ou 12 kg; celle de la ruche Da- tretenir mais, bien que difficilement
dant-Blatt à 25 ou 30 kg, si ce n ’est attaquées par les teignes, elles sont
plus. Dans un rucher, les ruches doi difficilement transportables, froides
vent être placées les unes à côté des l’hiver et chaudes en été; elles sont
autres et espacées d ’un mètre environ; donc, dans l’ensemble, assez peu ap
si le rucher est constitué par un très préciées et exploitées, si ce n ’est à l’é
grand nombre de ruches, celles-ci peu chelle locale car elles ne possèdent pas
vent être placées, pour éviter des files les mêmes avantages que les ruches en
trop longues, sur plusieurs rangées, bois.
ces rangées étant espacées les unes des
autres de deux mètres au minimum.
Dans certains cas, ces distances peu Conditions essentielles
vent être, par la suite, réduites mais,
en général, l’apiculteur ne devra pas Pour nous résumer, récapitulons en
hésiter à respecter les distances men fonction de quels critères les ruches
tionnées ci-dessus. Si l’apiculteur est peuvent être considérées comme bon
possesseur de plusieurs ruches, il de nes car tout apiculteur inexpérimenté
vra absolum ent peindre de couleurs devra en avoir connaissance s’il dési
différentes toutes les façades avant, re, en début de carrière, ne pas com
afin que les abeilles n ’aillent pas tro u mettre des erreurs qui l’entraîneraient
bler, à leur retour, une autre colonie. à abandonner cette activité par in
La ruche sera donc de préférence compétence.
163
• La ruche doit être suffisamment disperse pas, que les abeilles puissent
épaisse pour protéger la colonie des ri surmonter plus facilement les rigueurs
gueurs de l’hiver (une épaisseur de de l’hiver et que les pillardes ne pénè
2,5 cm devrait suffire) mais, dans le trent pas à l’intérieur de la ruche.
même temps, ne doit pas être soumise
à une chaleur excessive en été ni rete • Les dimensions du nid doivent pou
nir l’humidité car celle-ci favorise la voir être facilement réduites à l’aide
prolifération de germes et provoque le d ’une planche de partition pour que,
pourrissement de la ruche. en cas de nécessité, si la ruche contient
normalement 12 cadres, le volume
• Les abeilles doivent pouvoir sortir puisse être réduit et que, en particu
sans difficulté de leur ruche dès l’ap lier, 8, 9 ou 10 cadres seulement puis
parition des premières chaleurs prin sent être installés, c’est-à-dire un
tanières pour effectuer le plus rapide nombre inférieur à la normale.
ment possible leur vol de nettoyage,
dès que le froid hivernal a disparu, • Une ruche rationnelle doit être ma
donc dès que leur période de réclusion niable; ses rayons doivent être extraits
a pris fin. sans secousses et sans heurts afin
q u ’aucun membre de la famille ne soit
• La ruche doit être pourvue d ’un blessé ou tué, car la m ort d ’une abeille
quelconque rend toutes les autres
trou de vol facilement accessible pour
abeilles inquiètes et agressives, ce qui
que les abeilles, au retour de leur ré
rendrait la m anipulation particulière
colte, ne perdent pas de temps.
ment difficile; par contre, si les
rayons peuvent être facilement ex
• Le fond de la ruche doit être mobile
traits, les abeilles restent calmes et la
pour que la ruche puisse être aisément m anipulation peut être effectuée sans
aérée. incidents.
• Le trou de vol doit être aménagé au • La ruche doit, de préférence, être
bas de la ruche et le plancher sera, de pourvue de feuilles de cire gaufrée.
préférence, légèrement incliné vers le Ainsi, l’apiculteur pourra gagner du
trou de vol pour que la ruche puisse temps et procéder rapidement au
être facilement nettoyée ou que l’eau changement des rayons.
ayant accidentellement pénétré à l’in
térieur puisse s’écouler. • La ruche doit permettre à l’apicul
teur d ’extraire les cadres garnis de
• Le trou de vol doit pouvoir être plus rayons operculés le plus rapidement et
ou moins fermé, en particulier en hi le plus proprement possible afin que
ver, afin que, une fois réduit, la cha le miel récolté puisse être parfaite
leur produite par les abeilles ne se ment commercialisable.
164
• La ruche doit être suffisamment m a reine abandonne toute velléité de “fui
niable pour que l’opérateur puisse ga te ” et recommence à pondre ses œufs
gner le maximum de temps et que sur ces rayons.
deux apiculteurs puissent, en prati Si, au contraire, l’apiculteur désire
que, entretenir à eux seuls sans diffi procéder à l’essaimage artificiel, il de
culté une cinquantaine de ruches sans vra enlever deux ou trois rayons gar
avoir à recourir à l’aide d ’une tierce nis abondam ment de couvain, réduire
personne; cet entretien s’avère possi le volume du nid et ajouter une plan
ble lorsque les ruches sont placées sur che de partition; de cette manière, l’a
plusieurs rangées et répondent à tou piculteur pourra lui-même pourvoir à
tes les exigences techniques. la multiplication de la famille sans ex
poser sa ruche à l’agitation précédant
• La ruche ne doit posséder aucune l’essaimage naturel.
fissure, ne pas être exposée aux cou
rants d ’air, être dépourvue de trous • La hausse doit être correctement
susceptibles de laisser toutes sortes fixée sur le corps de ruche pour que
d ’animaux pénétrer à l’intérieur. les abeilles prennent l’habitude de dé
poser sur les cadres de la hausse le
• Si les colonies ne possèdent q u ’une nectar qu’elles auront récolté et que le
vieille reine ou une reine non fécon miel puisse être facilement extrait sans
dée, si la reine est m orte, l’apiculteur que l’apiculteur ait à asphyxier la ru
doit pouvoir facilement la remplacer chée ou à procéder à toute autre prati
(pour des raisons d ’âge, en cas de que irrationnelle.
symptômes de maladies, de choix d ’u La hausse doit être appliquée très près
ne race plus rentable, etc.). du corps de ruche mais en même
temps permettre à l’apiculteur de dé
• La ruche doit se prêter, si l’apicul placer ou d ’enlever les cadres de la
teur le désire, à l’essaimage artificiel hausse, de réduire ou d ’élargir le volu
ou, au contraire, bloquer l’essaimage; me de la hausse sans troubler les abeil
elle doit donc être pourvue, si la cons les qui se trouvent dans le nid.
truction de la ruche et le rythme de vie
de la colonie le perm ettent, d ’une • Enfin, il est préférable que les ru
planche de partition; par conséquent, ches d ’un rucher soient toutes du mê
l’agrandissement de l’intérieur de la me modèle, dans ce cas, l’apiculteur
ruche doit être possible si l’apiculteur pourra remplacer les éléments ou ré
ne désire pas procéder à l’essaimage cupérer certaines parties le plus rapi
artificiel. En effet, si la ruche est dement possible (gain de temps et
pourvue de un ou deux rayons supplé d ’argent).
mentaires, les abeilles recommencent La ruche à plafond mobile est préfé
aussitôt à perfectionner leur nid, la rable car tous les rayons peuvent être
165
observés en même temps par le haut répandues dans presque tous les pays
de la ruche, ce qui s’avère impossible à forte production apicole, comme la
dans le type Sartori; par ailleurs, si France, l’Italie, la Grande-Bretagne,
l’apiculteur désire surveiller l’état du l’URSS, la Suisse, les USA, etc., voire
couvain, il lui suffira d ’extraire un l’Autriche et l’Allemagne où, progres
seul rayon et de le placer dans une sivement, elles ont pris la place du ty
caisse porte-rayons appropriée; il de pe allemand avec ouverture posté
vra ensuite déplacer tous les autres rieure.
rayons pour que le second occupe la En Europe, presque toutes les ruches
place du premier, que le troisième oc sont désormais construites sur le prin
cupe la place du second et ainsi de sui cipe de la ruche Langstroth, mais les
te; il lui faudra enfin substituer le der modifications et les aménagements
nier rayon qui occupe la place de l’a- apportés à ce modèle initial sont telle
vant-dernier avec le rayon inséré dans ment considérables que, d ’après cer
la caisse porte-rayons. De cette m a tains auteurs, on dénombre plus de 60
nière l’observation de l’état du cou types différents de ruches construites
vain peut être faite rapidement sans sur le même principe que la ruche
provoquer le moindre incident. C ’est Langstroth.
justem ent en raison de cette facilité de Les cadres ont au maximum les di
contrôle, inexistante dans le type alle mensions suivantes: 41,5 cm x 41,5 cm,
mand (Sartori), que les ruches pour au minimum 25 cm x 20 cm, si l’on ex
vues d ’une ouverture par le plafond se cepte bien entendu tous les types de
sont de plus en plus répandues et que cadres possédant des dimensions
les ruches pourvues d ’une ouverture intermédiaires, de forme carrée ou
arrière (type allemand) ont pour ainsi rectangulaire.
dire été abandonnées. Peut-être n ’est-il pas non plus super
Les hausses mobiles du type Dadant- flu d ’ajouter quelques mots sur la toi
Blatt peuvent donc, comme nous l’a ture de la ruche; très souvent, au bout
vons déjà dém ontré, contenir des ca de quelques années, la toiture en bois
dres, donc posséder, suivant le choix commence à s’incurver ou à se fendre:
de l’opérateur, un nombre de rayons dans ce cas, l’apiculteur pourra répa
proportionné aux possibilités de ré rer les dégâts en remplaçant la toiture
colte de nectar. ou en la recouvrant d ’une plaque en
L ’intérieur de la hausse doit pouvoir zinc ou en plastique; l’apiculteur
être facilement ventilé; la température pourra également passer au pinceau,
am biante doit être plus ou moins éga sur les différentes pièces de la ruche,
le à celle du corps de ruche afin que le une couche d ’huile de lin, car ce pro
miel puisse parvenir à m aturité dans duit possède des propriétés antisepti
les meilleures conditions. ques et préserve plus longtemps le
Les ruches à plafond mobile se sont bois contre le pourrissement.
166
Septième partie
Le rucher
d ’apiculteurs. Les apiculteurs qui ex
ploitent des ruches pour satisfaire
Généralités leurs besoins personnels se consacrent
donc à l’élevage des abeilles en dehors
de leurs heures habituelles de travail.
Mais, en général, le nombre des ru
Le rucher correspond à l’ensemble de ches constituant un rucher n ’est pas li
plusieurs ruches réunies dans un mê mité puisqu’il est possible de trouver
me endroit; ce nom peut également des ruchers de 10, 20, 50 et même 100
être attribué à l’emplacement occupé ruches. Si un apiculteur désire instal
par les ruches. ler un second rucher dans une région
Suivant leur nombre, les ruches peu où se trouve déjà un premier rucher, il
vent constituer des ruchers de type fa lui faudra prendre connaissance de la
milial, des ruchers de moyenne im por composition réelle du premier rucher
tance, ou des ruchers de type indus car les apiculteurs doivent, en général,
triel. Il arrive également que ces ruches respecter la règle suivante: prévoir,
soient réparties, suivant leur emploi, pour un rucher de 50 ruches, un rayon
en ruches vulgaires ou en ruches ra d ’action de 3 km; par conséquent, si
tionnelles, mais cette distinction peut un tel rucher se trouve déjà aux alen
difficilement être prise en considéra tours, le nouveau rucher devra être
tion, car il faut entendre par exploita installé à plus de 3 km de ce dernier. Il
tion rationnelle des abeilles l’emploi peut arriver, ce qui est rare, q u ’un ru
exclusif de ruches rationnelles. cher soit composé de 100 ruches; il se
Le rucher familial est, sans doute, le ra alors plus prudent d ’installer le
plus répandu car il est accessible aux nouveau rucher le plus loin possible
exploitants de petites et moyennes en car, si la distance était trop réduite,
treprises agricoles et aux amateurs; les deux apiculteurs en subiraient les
lorsque le nombre de ruches est limité, conséquences. Ces distances devront
la m ain-d’œuvre nécessaire est très donc, en règle générale, être respec
restreinte; elle accomplit par consé tées puisque, si le nouveau rucher
quent un travail relativement secon interfère dans le rayon d ’action de
daire car elle ne saurait être employée l’ancien rucher, il en réduira éventuel
à plein temps par une famille modeste lement la récolte.
169
Le calcul des distances minimales en L ’apiculteur désireux d ’acquérir des
tre deux ruchers doit être basé, non ruches vulgaires pour les installer
seulement sur la quantité de ruches dans des ruches rationnelles doit faire
q u ’ils com portent, mais aussi sur le cette acquisition en automne ou au
type de flore nectarifère présente et printemps. En automne en effet, les
sur la géographie du lieu, en distin abeilles ont déjà accumulé leurs provi
guant les régions de plaine, de colline sions hivernales; la ruche pèse donc
et de montagne. plus lourd; quoi q u ’il en soit, une ru
Sans doute est-il superflu de signaler che acquise au printemps possède plus
les dangers encourus si les ruches sont de valeur, car les abeilles sont parve
placées le long des routes et des sen nues à surmonter l’hiver, les plus fai
tiers ou près des agglomérations; les bles ayant été éliminées. Si l’apicul
abeilles, dans de telles conditions, ris teur veut augmenter le nombre des co
quent d ’être blessées, de ne pas sup lonies de son rucher, il pourra égale
porter le bruit et, l’hiver, de ne pas ment capturer des essaims naturels; il
connaître la tranquillité dont elles ont lui faudra toutefois rechercher s’il s’a
tant besoin pour surmonter la période git d ’un essaim primaire ou d ’un es
de froid. Si les abeilles ne sont pas ins saim secondaire car, dans certains
tallées dans des endroits adéquats, cas, la reine pourrait très bien encore
elles finissent par être irritées, par être vierge. Il faudra alors l’inciter à
indisposer les habitants et les pas s’accoupler avec un faux bourdon, s’il
sants. L ’apiculture finit par devenir est encore temps ou, sinon, la rempla
pour l’apiculteur une activité pénible cer. Rappelons que cette fécondation
plus que rentable. Si l’apiculteur dési dépend non seulement de l’âge réel de
re placer son rucher à proximité d ’un la reine et de la présence de faux bour
mur, il ne devra pas oublier que, en dons mais aussi des conditions clima
été, les rayons du soleil risquent de s’y tiques. S’il s’agit d ’un essaim prim ai
refléter, donc d ’être nocifs pour les re, le problème de la fécondation ne se
abeilles; il devra alors recouvrir ce pose pas mais il en est un autre: savoir
m ur de plantes grimpantes et éviter si la reine est encore jeune ou vieille,
d ’adosser les ruches contre le mur. donc stérile. Ce genre de problèmes
Dès que l’opérateur aura choisi l’en peut être facilement résolu. S’il se
droit le plus adapté pour y installer procure les essaims auprès d ’apicul
son rucher, il veillera à surélever les teurs spécialisés dans l’élevage des rei
ruches à 30 cm du sol pour éviter nes, la fécondité de la reine ne saurait
q u ’elles ne s’imprégnent d ’humidité. être mise en doute; l’opérateur n ’aura
Pour les surélever, il pourra utiliser donc plus q u ’à installer son essaim, le
des chevalets en bois ou en fer, des soir venu, après l’avoir laissé pendant
blocs de ciment ou, tout simplement, quelques heures dans l’obscurité et
des briques. dans un endroit frais. Cette installa
n t)
tion devra être faite dans une ruche quent, si l’apiculteur est débutant, il
pourvue de 5 ou 6 rayons et, éventuel ne devra pas essayer de posséder au
lement, d ’une partition (ou de deux, plus vite un trop grand nombre de fa
une sur chaque côté) pour que le volu milles, quand bien même il aurait jus
me du corps de ruche soit tem poraire q u ’alors obtenu des résultats satisfai
ment réduit; par la suite, il pourra sants.
normaliser ce volume et l’augmenter Il aura, au contraire, intérêt à ne pos
au fur et à mesure de l’accroissement séder, pendant quelques années, que
du nombre des abeilles. quelques ruches assez peu peuplées,
L ’apiculteur pourra enfin se procurer mais suffisamment approvisionnées
des ruches rationnelles pour agrandir en réserves alimentaires.
son rucher; dans ce cas, la colonie de Dès que l’apiculteur connaîtra effecti
vra déjà être organisée avant d ’être vement le rythme de vie de quelques
transportée à l’endroit choisi. Ce ruches, il pourra en augmenter le
transport sera effectué sans à-coups, nombre et être en mesure, si des diffi
la ruche étant maintenue à la verti cultés se présentent, de les surmonter.
cale. Il est également assez fréquent q u ’un
En pratique, le rucher peut, au dé apiculteur découvre qu’une de ses co
part, n ’être composé que de quelques lonies est orpheline; cette situation ne
ruches et peuplé progressivement à présente aucune gravité, en particulier
l’aide d ’essaims artificiels. Quelques si la naissance d ’une nouvelle reine
années après, l’apiculteur possédera s’avère imminente ou si la reine dispa
ainsi un rucher bien peuplé; il ne lui rue peut être remplacée par une nou
restera plus q u ’à renouveler régulière velle reine que l’apiculteur aura lui-
ment le matériel des différentes ru même élevée ou se sera procurée. Si
ches, ou à la construire lui-même s’il un apiculteur ne désire pas faire de
est assez expérimenté. frais excessifs, il devra donc appren
Certains des plus gros ruchers se sont dre à élever lui-même les reines.
peu à peu agrandis grâce à l’emploi de S’il ne parvient pas à se procurer une
l’essaimage artificiel et au remplace reine en temps utile, il regroupera la
ment de la vieille reine par de jeunes colonie orpheline avec une colonie
reines, fécondées et très prolifiques. possédant une reine et, de préférence,
Mais bien souvent, les apiculteurs qui une colonie qui ne soit pas trop peu
élèvent des abeilles à des fins person plée. Dans ce cas, il ne devra pas enle
nelles cherchent à construire eux-mê ver le miel du nid mais se contenter
mes leurs ruches et, parfois, essaient d ’extraire les rayons de la hausse.
de pratiquer l’apiculture sans possé Si l’apiculteur possède, au début de
der le minimum de notions sur la vie son activité, un rucher de quelques ru
des abeilles; aussi le rendement obte ches, il pourra également les placer
nu est-il assez médiocre. Par consé sous un châssis pour les protéger des
171
orages ou de la neige et pouvoir les truisent pas pour autant la suggestion
observer à n ’im porte quel moment, émise par certains apiculteurs selon
quelles que soient les conditions cli laquelle un rucher, placé en plein air,
matiques; en été, ce châssis protégera est plus rentable; mais, dans ce cas,
les ruches contre la réverbération des l’apiculteur ne devra pas oublier de
rayons du soleil et, en hiver, contre les faire pousser, à proximité du rucher,
rigueurs du froid. Ces quelques re quelques haies pour le protéger du
m arques, acceptables en soi, ne dé soleil.
172
ture à leur disposition, auquel cas el
les parviendront peut-être à récolter
Composition et juste ce qu’il leur faut pour survivre.
distances Par suite, la connaissance de la flore
de la zone dans laquelle on opère est
fondamentale: si la plus grande partie
de la floraison est fournie par des
A partir d ’un certain nombre de ru plantes, appartenant à diverses famil
ches, l’apiculture peut être considérée les, qui fleurissent à des saisons diffé
comme industrielle et exige le recrute rentes (printemps, été, automne), on
ment d ’une m ain-d’œuvre qualifiée, est en présence du milieu favorable.
possédant plusieurs années d ’expé Les conditions climatiques, l’ampleur
rience. de la floraison, sa durée, étant con
L ’apiculteur professionnel doit être nues, il convient de savoir si l’apicul
généreux envers les abeilles, savoir ture nomade est pratiquée dans cette
élever les reines, provoquer de maniè région car, dans ce cas, l’apiculture se
re rationnelle l’essaimage artificiel; il retrouve nécessairement soumise à
doit, somme toute, savoir appliquer à certains droits prioritaires et le nom
grande échelle tout ce q u ’il a appris à bre des ruches à installer dans le ru
faire en se consacrant à l’élevage d ’u cher soumis à un choix préalable.
ne ruche à ses fins personnelles: cette L ’emplacement choisi doit être bien
activité doit devenir véritablement lu aéré, abrité du vent, si possible exposé
crative, et nettement dynamique. au soleil même si, lors de certaines an
P our commencer, il importe de choi nées très chaudes, il s’avère nécessaire
sir un bon emplacement pour installer de poser, sur le devant des ruches, des
le rucher car il ne s’agit pas, en apicul écrans protecteurs; il est préférable
ture industrielle, de placer les ruches q u ’il n ’y ait pas à proximité du rucher
n ’im porte où. d ’arbres trop plantureux, de murs qui
Le choix de l’emplacement doit aussi fassent ombre, de haies compactes qui
être satisfaisant en ce qui concerne la bloquent la ventilation. La toiture
flore disponible: on ne peut pas pré doit uniquement servir à la protection
tendre à de hauts rendements si beau de la partie supérieure; la ruche ne
coup de butineuses ont peu de nourri doit pas être protégée par des écrans
173
latéraux car ils risqueraient plutôt de d ’une ouverture frontale, elles pour
gêner les abeilles au lieu de les pro ront être installées sur une seule ran
téger. gée; les façades avant devront alors
Le rucher doit, de préférence, être être peintes de couleurs différentes
orienté vers l’est ou le sud-est (c’est-à- pour que les butineuses puissent faci
dire vers le soleil levant), être installé lement pénétrer dans leurs ruches res
dans une région ensoleillée, peu m aré pectives; lorsque certaines butineuses
cageuse. se trom pent de nid et y déposent le
Si la région est vallonnée, il doit être produit de leur récolte, la raison en est
placé de sorte que les abeilles puissent bien souvent que les ruches sont trop
butiner aussi bien les plantes des colli proches les unes des autres. Elles de
nes que celles des plaines; car ces vront donc être distantes d ’un mètre.
plantes peuvent fleurir à des époques Mais elles peuvent également être pla
différentes; sur les collines, bien sou cées sur plusieurs rangées, en particu
vent, la récolte de nectar est plus lier lorsqu’elles sont nombreuses: ran
abondante car les plantes mellifères y gées doubles, rangées triples, disposi
fleurissent plusieurs fois par an. tion en damier, en quinconce. Dans ce
Le choix de l’emplacement doit être le cas, les rangées devront être distantes
fruit d ’examens, de vérifications di de 2 mètres au minimum les unes des
verses tendant à déterminer s’il existe autres, même si certains apiculteurs
dans la région des raffineries de sucre affirm ent avoir placé les rangées à un
ou des entrepôts de fruits car ces ins mètre et demi les unes des autres sans
tallations risqueraient d ’attirer les qu’aucun incident ne se soit produit.
abeilles, donc de les désorganiser et de Il faudra également prévoir un empla
les inviter au pillage. Les ruches iso cement pour les ruches futures car,
lées peuvent donc être installées dans comme nous l’avons déjà dit, un ru
un jardin ou sur la terrasse d ’une mai cher industriel s’édifie progressive
son mais un rucher doit être placé, ment.
sous surveillance constante, dans un L ’augmentation du nombre de ruches
endroit tranquille. Une fois le choix devra être rationnel, quels que soient
de l’emplacement décidé, il faudra, les buts poursuivis. Prenons un exem
par mesure de sécurité, vérifier s’il se ple: un rucher de 10 ruches bien peu
trouve dans les environs des maisons plées. Les premières années, loin de
afin que les enfants ne risquent pas de prétendre à l’obtention d ’un fort ren
se faire piquer. dement en miel, il faudra surtout sti
Les ruches peuvent être plus ou moins muler le développement des colonies
distantes les unes des autres, le choix et pratiquer l’essaimage artificiel;
de cette distance dépendant de la con avec un peu de chance, en deux ans, le
figuration même du rucher. Si, par nombre des ruches doublera; les an
exemple, les ruches sont pourvues nées suivantes, il faudra prévoir une
174
augm entation inférieure. Deux années des USA où certains apiculteurs sont
seront donc consacrées à l’augm enta parvenus à rendre rentables des ru
tion du nombre des colonies, une an chers de 600 ruches et de l’URSS où ce
née à la form ation de l’apiculteur chiffre a été porté à 300-350, nous
puisqu’il lui faudra apprendre à élever puissions, dans notre pays, parvenir
un plus grand nom bre de colonies; la aux mêmes fins lucratives. En effet,
quatrième année, le nombre des ru en France, les régions et la flore sont
ches augm entera de 30 à 40%; puis, assez disparates; les conditions clima
cette augm entation ne sera que de 10 à tiques et la flore existante sont rare
15% et, finalement, on obtiendra le ment favorables pour que de telles
nombre de ruches désiré. concentrations puissent être effec
Grâce à cette méthode, l’apiculteur
tuées. En France, un rucher de 100 ru
acquerra donc une certaine expérience
ches finirait très souvent par n ’être
et sera capable de pratiquer, non plus
pas plus rentable qu’un rucher de 50
l’élevage artisanal des abeilles mais
leur élevage industriel; il com prendra ou 60 ruches, placé au même endroit.
alors la nécessité de se procurer le m a Par conséquent, pour que le rende
tériel adéquat, d ’augmenter le nom ment d ’un rucher soit optimal, il suf
bre des rayons, d ’étudier les fluctua fira q u ’il y ait 50 à 60 ruches bien sur
tions du marché, etc. veillées.
Comme nous l’avons déjà précisé, le D ’autre part, les apiculteurs auront
nombre de ruches d ’un rucher ne de davantage intérêt à exploiter deux ru
vra pas être supérieur à 100; il ne fau chers de 50 plutôt qu’un seul de 100
drait en effet pas croire que, à l’instar ruches.
175
Huitième partie
Techniques
de coton, de chanvre ou de jute que
l’apiculteur allume au moment oppor
Matériel apicole tun pour que la fumée émise à l’inté
rieur de la ruche incite les abeilles à
s’enfuir. Les abeilles réagissent effec
tivement aussitôt, se gorgent de miel
Pour pratiquer sur une ruche les opé et se calment. De cette manière, les
rations nécessaires à la récolte du miel abeilles, pliant sous le poids de leur
ainsi que certaines m anipulations, l’a chargement de miel, risquent beau
piculteur a besoin, nous l’avons vu, coup moins d ’utiliser leur aiguillon et
de certains instrum ents de travail. ne manifestent pour ainsi dire aucune
Voici une liste sommaire du matériel agressivité.
qu’un apiculteur averti doit posséder: Il se peut également que l’apiculteur
extracteur, chevalet à désoperculer, ait à faire pénétrer quelques bouffées
filtres, m aturateurs, chasse-reine,
de fumée par le plafond de la ruche;
chasse-abeilles, piège à bourdons, cé-
mais en général, rares sont les abeilles
ro-extracteur solaire, nourrisseurs,
qui restent encore sur le pied de guerre
toile, grille de protection, boîte à ou
et manifestent le désir de piquer; si ce
tils, brouette, attrape-essaims, sou
phénomène se produit, ce peut être à
freuse, arrosoir, seau, planche de par
cause d ’un orage imminent ou de la
tition, voiles, chevalet-bascule pour
peser les ruches, voiles pour visites, maladresse d ’un apiculteur nerveux.
enfumoirs, étriers pour le transport Au cas où une ruche semblerait ré-
des ruches, chevalets pour ruches et fractaire à la fumée, l’apiculteur ne
hausses, racloirs, brosses à abeilles. devra pas trop insister et, si nécessai
re, remettre à plus tard la visite de la
ruche en question. Normalement la
L ’enfumoir fumée doit maintenir tranquilles les
abeilles mais, pour être efficace, l’en
Cet appareil est indispensable si l’api fumage doit être lent et modéré.
culteur désire visiter ses ruches sans se D ’ailleurs, les apiculteurs avertis n ’u
faire piquer. C ’est un appareil très tilisent cet appareil que rarem ent, et
simple qui, le plus souvent, est rempli uniquement au moment opportun.
179
L’extracteur façon, le miel, une fois l’extracteur
mis en marche, sort des cellules des
Cet appareil, indispensable pour enle deux côtés simultanément. Le cylin
ver le miel d ’une ruche à rayons fixes, dre interne rotatif où sont logés les
est employé pour l’extraction du miel rayons tourne en accomplissant 350 à
des ruches à cadres mobiles (en effet, 400 rotations à la minute. Il existe des
bien que le miel d ’une ruche à rayons extracteurs à main ou à moteur, dont
fixes puisse être extrait sans que l’api la capacité peut varier de 2 à plusieurs
culteur ait à asphyxier définitivement dizaines de rayons. Il est im portant
les abeilles, le rayon, quel que soit le d ’avoir un extracteur dont la capacité
mode d ’extraction du miel, devra être soit suffisante, compte tenu d ’éven
détruit). tuelles augmentations du nombre des
L ’extracteur, exploitant la force cen ruches. A titre indicatif, un extracteur
trifuge, permet d ’extraire le miel du radial manuel est adapté à un rucher
rayon encore intact. de 10 à 30 ruches dont on extrait le
Le premier extracteur a été conçu et miel deux fois par an.
utilisé en 1865 dans la province de Ve
nise, sur la base des travaux exécutés
par François H ruschka, d ’origine au Cire gaufrée
trichienne.
L ’extracteur est en général fait en Depuis que la ruche à cadres mobiles
acier inoxydable, mais on trouve des a fait son apparition en apiculture ra
modèles en plastique alimentaire. Il y tionnelle, l’emploi de la cire gaufrée
a deux types d ’extracteurs, différents est incontestablement devenu fonda
par la position des rayons lors de l’in mental.
troduction. Un premier type, La cire gaufrée a été inventée, en
aujourd’hui dépassé, appelé tangen- 1877, par un ébéniste, Jean Mehring;
tiel, dispose les rayons le long de la son but est le suivant: fournir aux
tangente du cylindre interne. L ’ex abeilles un matériel pré-élaboré qui
traction s’effectue d ’abord sur une fa leur permette de sauvegarder une cer
ce du rayon, puis, après une rotation taine quantité de miel pour satisfaire
de 180°, sur l’autre face. Cette opéra leurs propres besoins et, par là même,
tion complique et ralentit le processus gagner du temps car les abeilles doi
d ’extraction. En outre on court le ris vent consommer une énorme quantité
que de casser les rayons du fait de la de miel pour fabriquer la cire.
pression exercée par le miel de la face La cire gaufrée est constituée par des
interne durant la première phase de feuilles de cire qui portent imprimés
l’extraction. Le second type d ’extrac sur leurs deux faces des rudiments de
teur, appelé radial, dispose les rayons cellules hexagonales d ’ouvrières: les
le long des rayons du cercle. De cette abeilles, ayant ainsi à leur disposition
180
des cellules préfabriquées, consacrent La cire gaufrée préparée par l’homme
moins de temps et d ’énergie à leur possède de nombreux avantages. En
construction; elles disposent ainsi de voici les plus im portants: sécrétion de
beaucoup plus de temps pour aller bu la cire réduite au minimum, donc gain
tiner et voient leur travail de construc de miel; facilité d ’extraction du miel
tion du rayon nettement facilité. On en raison de la similitude des cellules
dit parfois à ce propos que les abeil façonnées dans le cadre mobile; possi
les, n ’ayant plus à fabriquer de la cire bilité de réglage de la dimension des
comme auparavant, finissent par per cellules (dans certains cas, l’opérateur
dre l’habitude de la fabriquer. La per est ainsi parvenu progressivement à
te de cette habitude pourrait provo faire déposer régulièrement du miel
quer l’apparition de certains troubles; dans des cellules plus grandes que
quoi q u ’il en soit, ces affirm ations, d ’ordinaire, ce qui facilite l’opération
restant encore très hypothétiques et ne d ’extraction); réduction du nombre
s’appuyant sur aucune preuve tangi des faux bourdons dans la mesure où
ble, ne sauraient être prises définitive les cellules ayant toutes les mêmes di
ment en considération. mensions et étant surtout destinées
181
aux ouvrières, finissent par inciter la tionnements ont été apportés à la dé-
reine à pondre des œufs fécondés; ré soperculation des rayons remplis de
duction de la consomm ation du miel nectar et provenant de la hausse.
en raison de la réduction du nombre La cire gaufrée est en général fabri
des faux bourdons ou de leur absence quée et pressée dans des gaufriers ou
pure et simple; enfin, sauvegarde des des rouleaux, capables d ’imprimer les
provisions de miel supplémentaire deux faces des rayons; son épaisseur
dans la mesure où les abeilles cirières et ses dimensions dépendent des bre
n ’ont pas à être suralimentées (puis vets utilisés par les fabricants et de
q u ’elles trouvent de la cire gaufrée son emploi réel. Si la cire gaufrée est
toute préparée). P ar conséquent, grâ destinée au corps de ruche, son épais
ce à l’emploi de la cire gaufrée, la pro seur sera supérieure à celle de la haus
duction augmente sensiblement. se car elle sera construite en premier;
Depuis de nombreuses années déjà, en effet, si l’épaisseur était insuffisan
des feuilles de plastique recouvert de te, les rayons et les cellules pourraient
cire ou de paraffine ont été expéri se ramollir et se déformer.
mentées et construites; elles devraient Les dimensions de la cire gaufrée cons
perm ettre d ’éviter les opérations d ’in truite par l’homme influent sur la
sertion de la feuille de cire dans le ca consistance du couvain: il semble bien
dre de bois, être facilement réutilisa en effet que si les cellules sont légère
bles une fois usées (il suffit de les ment plus grandes que d ’ordinaire, les
plonger dans l’eau bouillante pour abeilles qui sortiront du couvain se
dissoudre la vieille cire q u ’elles por ront plus grosses, donc susceptibles de
tent). Leur coût est toutefois assez récolter de plus grandes quantités de
élevé. nectar. Le problème de l’agrandisse
On a par ailleurs remarqué que si la ment des cellules a été entrevu déjà au
base n ’était pas entièrement en cire, la siècle dernier mais n ’a pas encore été
cire gaufrée finissait par devenir plus résolu. On imagina ainsi que, en aug
résistante et se trouvait moins souvent mentant la taille de l’abeille, il serait
attaquée par les parasites, la fausse peut-être possible d ’obtenir des exem
teigne en particulier. plaires possédant une langue plus lon
Il existe désormais différents types de gue et une poche à miel plus grande;
rayons sur le marché, destinés aussi on a construit à cette fin de la cire
bien au corps de ruche q u ’à la hausse; gaufrée pourvue de cellules plus gran
en général, les constructeurs de cire des: il était façonné dans cette cire
gaufrée façonnent 800 alvéoles envi non pas 700, 750 ou 800, mais 640 cel
ron par dm 2 dans les rayons du nid à lules. Quoi qu’il en soit, le problème
couvain et un nombre d ’alvéoles légè n ’en demeure pas moins complexe car
rement inférieur dans les rayons de la il se pourrait très bien que, suivant ses
hausse; en outre, de multiples perfec caractères héréditaires, une famille
182
soit plus ou moins prédisposée à vivre dres garnis de miel sans gêner ou bles
dans des cellules agrandies, les faux ser les abeilles. Les chasse-abeilles
bourdons étant plus facilement engen sont donc indispensables dans les ru
drés dans des rayons pourvus de gran ches à cadres mobiles, en particulier
des cellules. En France, des rayons de en apiculture nomade, car les abeilles
750 cellules par dm 2 ont été expéri récoltent du miel plusieurs fois de sui
mentés et ont donné entière satisfac te au cours de la même saison.
tion; certains apiculteurs estiment Les chasse-abeilles doivent être placés
toutefois q u ’il serait souhaitable que entre le nid et la hausse la veille du
le modèle standard ne contienne que jour de la récolte; les abeilles aban
700 cellules. donnent ainsi la hausse sans manifes
ter le moindre soupçon. Il existe éga
lement des chasse-abeilles améliorés
Racloirs qui permettent de refouler les abeilles
plus rapidement.
Ce sont des instruments utilisés pour
le nettoyage du plateau et des parois
de la ruche; cette opération est sou Chasse-abeilles améliorés
vent nécessaire pour des raisons d ’hy
giène. Ces appareils, beaucoup plus perfec
tionnés que les précédents, permettent
de chasser de la hausse, en l’espace de
Brosses quelques heures, les abeilles qui y ont
déposé du miel. Ils peuvent donc être
Il existe plusieurs sortes de brosses posés vers 10 h du matin si l’apicul
mais la plupart d ’entre elles servent à teur désire prélever les cadres de la
balayer les abeilles des cadres; cette hausse en début d ’après-midi. Ces
opération doit être faite avec douceur chasse-abeilles s’avèrent particulière
pour que d ’elles-mêmes les abeilles ment utiles en apiculture nomade car
s’éloignent des cadres. ils permettent à l’apiculteur d ’effec
tuer l’enlèvement des cadres de la
hausse en un laps de temps beaucoup
Chasse-abeilles plus court.
183
cées entre la hausse et le corps de ru paré par l’apiculteur pour pallier les
che pour éviter que la reine passe dans carences alimentaires de la ruche
la hausse et y ponde ses œufs; en ef s’écoule graduellement.
fet, la form ation d ’un couvain dans la En général, l’opérateur s’aperçoit de
hausse présente des inconvénients, en la nécessité de nourrir davantage ses
tre autres celui d ’annuler le principe abeilles après avoir effectué une visite
de la séparation du corps de ruche et de contrôle au printemps. A cette épo
de la hausse pour transform er cette que en effet, il peut s’apercevoir que
dernière en magasin à miel. la famille n ’a pas assez de nourriture;
il lui faudra alors nourrir lui-même les
abeilles pour qu’elles ne partent pas
Filtres à miel butiner en état d ’affaiblissement. De
plus au printemps, le couvain se déve
Le miel, une fois extrait des rayons et loppe spontanément: en règle généra
avant d ’être décanté, peut être filtré le, l’apiculteur pourra donc vérifier si,
pour éliminer tout de suite les nom au début du printemps, une colonie
breuses particules de cire qui y ont été populeuse dispose encore de 5 à 6 kg
mêlées lors de la centrifugation. de miel environ; si la floraison des
plantes environnantes s’avère préco
ce, ces provisions de miel pourront
Masques et gants être de 2 à 3 kg uniquement. En cas de
nécessité, il pourra également placer à
l’intérieur de la ruche des rayons
Les masques et les gants servent aux
operculés garnis de miel, inutilisés par
apiculteurs de protection contre les pi
mesure de précaution et conservés en
qûres d ’abeilles.
laboratoire. Si l’apiculteur ne peut se
procurer ce genre de rayons, il alimen
tera alors ses abeilles avec un nourris-
Cages d’expédition seur contenant un sirop composé de
sucre (un volume) et d ’eau (un volu
Ces cages perm ettent de placer une me) parfaitem ent mêlés. S’il préfère
nouvelle reine dans une colonie ou de ne remplir le nourrisseur que de miel,
transporter les reines du lieu d ’achat il lui faudra prendre le maximum de
jusqu’aux ruches. précautions car ce miel pourrait irriter
les abeilles et les inciter au pillage;
nous lui conseillons donc de n ’utiliser
Nourrisseurs que du miel extrait de son propre ru
cher. Ce conseil n ’est pas sans fonde
Ce sont des appareils possédant un ment: il est en effet arrivé que des co
fond percé de petits trous à travers lonies contractent des maladies en in
lesquels le sirop de nourrissement pré gérant du miel d ’origine inconnue.
184
Le nourrisseur peut également être trouve chez tous les fournisseurs d ’ar
utilisé en dehors du printemps pour ticles apicoles.
renforcer les réserves alimentaires ou Certaines trappes servent à prévenir
pallier des cas de force majeure, com tout pillage éventuel, à chasser les
me par exemple un mauvais temps abeilles des ruches, à provoquer et à
prolongé avant la première récolte des capturer les essaims; elles peuvent
abeilles. Dans ce cas en effet, les aussi servir à emprisonner les abeilles
abeilles, dépourvues de réserves ali à l’intérieur de la ruche lorsque l’api
mentaires, essaieront, en dépit du culteur désire déplacer la ruche au
mauvais temps, de partir butiner, ris moment de la période de récolte. Il est
quant de ne plus retrouver leur ruche. en effet bien connu que les abeilles, à
Aux approches de l’hiver enfin, l’api cette époque, volent de fleur en fleur
culteur fournira aux abeilles les provi pour butiner puis rentrent, chargées
sions dont elles ont besoin s’il ne veut de leur butin, à l’intérieur de la ruche;
pas les voir m ourir de faim et de il suffira par conséquent à l’apiculteur
froid. Ces provisions pourront être de fixer cette trappe deux heures
constituées de produits liquides ou so avant de déplacer la ruche, en sachant
lides; dans ce dernier cas, il s’agit d ’u que toutes les abeilles sont à l’inté
ne pâte composée de miel et de sucre à rieur. Ces trappes ont des formes va
50%. riées; dans tous les cas, elles sont con
Le nourrisseur peut également être çues de manière que les abeilles puis
utilisé pour effectuer des nourrisse- sent entrer sans difficulté à l’intérieur
ments stimulants, dont l’utilité est de la ruche mais ne puissent pas en
particulièrement manifeste au début ressortir; ce système permet égale
du printemps, un mois avant la florai ment de capturer les essaims naturels
son des arbres fruitiers; ce nourrisse- ou de repeupler des familles à l’aide
ment stimule l’activité de ponte de la d ’essaims artificiels.
reine et permet d ’obtenir un plus
grand nombre de butineuses au mo
ment de la récolte de nectar. Couteaux à désoperculer
Ce sont des couteaux spéciaux qui ser
Trappes vent à désoperculer les cellules des
rayons avant l’extraction du miel; leur
Il existe toutes sortes de trappes ré forme est assez variée; en règle géné
pondant à diverses fins; le piège à rale, ils ne doivent pas endommager
bourdons en est un exemple: il sert à les rayons mais détacher facilement
capturer les faux bourdons surnumé l’opercule de cire. Au début, la lame
raires dans les ruches. Ce genre de de ces couteaux était chauffée à l’eau
trappes est peu répandu mais on les bouillante afin que la désoperculation
185
des cellules soit facilitée; par la suite, Eperons
elle fut chauffée électriquement, ce
qui permit d ’obtenir des résultats en Ces instruments sont utilisés pour
core plus satisfaisants. Si l’apiculteur provoquer la désoperculation de cer
désire utiliser le premier système, il a taines cellules qui, en dépit de l’inter
intérêt néanmoins à posséder plu vention du couteau à désoperculer,
sieurs couteaux afin de procéder à cet restent fermées. En effet, certains
te opération le plus vite possible car rayons sont plus ou moins bosselés,
les lames se refroidissent rapidement; donc difficiles à désoperculer complè
or, la désoperculation des cellules doit tement. Quoi qu’il en soit, l’opérateur
être effectuée rapidement et complète devra utiliser cet éperon attentivement
ment pour que l’extraction du miel pour ne pas rompre les opercules ni
soit rationnelle. érafler les parois des cellules.
186
traits de la hausse à chaque déplace
ment, voire plusieurs fois de suite au
Extraction du miel même emplacement, en particulier si
la région où les ruches ont été instal
lées est particulièrement riche en nec
tar. Dans tous les cas, la période la
plus favorable à cette extraction est
Extraction des rayons à miel incontestablement celle où les rayons
à miel sont operculés aux trois quarts;
de la hausse dans ce cas, le miel est parvenu à m a
turité.
L orsqu’un rucher est exploité de m a Pour extraire les cadres de la hausse,
nière rationnelle, il est composé de ru
l’apiculteur devra prendre toutes les
ches à cadres mobiles sur lesquels l’a
précautions nécessaires pour déplacer
piculteur fixe des feuilles de cire gau
la reine et les ouvrières.
frée qui lui perm ettront d ’extraire
Si, par exemple, la reine peut pénétrer
plus facilement le miel que les abeilles
dans la hausse, elle aura tendance à
y auront accumulé.
s’y installer et à y pondre ses œufs;
Cette extraction doit être effectuée
lorsque tous les rayons sont garnis de cette ponte causerait de graves préju
miel et que, surtout, les cellules sont dices car les cadres de la hausse se
operculées; l’opération peut égale raient recouverts de couvain, ce qui
ment être faite lorsque les cellules du entraînerait une destruction partielle
rayon de la hausse ne sont pas toutes de la ruche puisque le couvain devrait
remplies, mais que 75% d ’entre elles être détruit; qui plus est, le miel obte
au moins sont operculées. Cette récol nu ne pourrait pas être d ’excellente
te peut être faite à la fin du printemps qualité. Pour éviter ce genre d ’inci
ou au début de l’été, voire au début de dent, l’apiculteur pourra donc placer
l’automne. La possibilité de récolter une grille entre le corps de ruche et la
le miel deux ou trois fois de suite, si hausse; les mailles seront suffisam
les conditions sont favorables, n ’est ment espacées pour que les ouvrières,
par ailleurs pas exclue. C ’est ainsi mais non la reine, puissent passer;
que, en apiculture pastorale, les ca grâce à ce dispositif, facile par ailleurs
dres garnis de miel peuvent être ex à installer, l’existence de couvain dans
187
la hausse s’avère impossible. Lorsque printemps ou en été, c’est-à-dire à une
la hausse regorge de miel, l’apiculteur époque où il y a encore une possibilité
devra enlever les cadres garnis de miel de récolte de nectar, peut-être con
mais ces cadres ne devront pas être re viendra-t-il de remplacer aussitôt les
couverts d ’ouvrières ou de butineuses rayons enlevés et garnis de miel par
en pleine activité. P our que l’extrac des rayons vides pour que les abeilles
tion puisse se faire sans que les abeil puissent continuer à déposer leur bu
les soient irritées ou excitées, il faudra tin et ne soient pas déconcertées en ne
donc insérer, entre le corps de ruche et trouvant pas le magasin à miel prêt à
la hausse, un apifuge, c’est-à-dire un les accueillir.
système qui permette aux abeilles de Si l’apiculteur désire, en fin de saison,
redescendre dans le corps de ruche extraire tout le miel contenu dans la
mais ne leur perm ette pas de revenir hausse, il devra détacher complète
dans la hausse. ment la hausse du corps de ruche et
Lorsque les cadres vides seront repla replacer sur le nid la toiture qui était
cés dans la hausse, le chasse-abeilles préalablement posée sur la hausse.
devra à nouveau être retiré, puis re Dans ce cas, l’extraction des rayons
placé le jo u r précédant une nouvelle de la hausse pourra être effectuée sur
récolte de miel. une paillasse de laboratoire, le plus
A vant de retirer les cadres de la haus calmement possible, pour que le tra
se ou de détacher cette hausse du vail exécuté soit parfait.
corps de ruche, nous recommandons Le moment de la journée le plus favo
donc à l’apiculteur d ’enfumer la ru rable à cette extraction est, d ’après
che afin d ’en éloigner les abeilles; certains auteurs, le début de la m ati
après cet enfumage, il retirera la toitu née, quand les abeilles n ’ont pas enco
re et la remplacera par un voile pour re commencé leur récolte journalière,
que les abeilles ne soient pas tentées le miel de la veille étant déjà un peu
par le pillage. Enfin, prudemm ent et concentré. Deux opérateurs pourront
sans à-coups, il lui faudra retirer les ainsi travailler simultanément, l’un
rayons, les uns après les autres et, retirant les cadres de la hausse et les
éventuellement, en chasser les abeilles plaçant dans la caisse appropriée et
qui y seraient restées attachées; pour l’autre reposant les rayons enlevés; il
ce faire, il utilisera, le plus doucement sera également préférable d ’emporter,
possible, une brosse à abeilles. Au cas aussitôt après, les cadres garnis de
où il aurait inséré un apifuge, aucune miel en laboratoire pour éviter tout
abeille ne devra bien entendu rester incident, entre autres l’irritation des
attachée aux rayons de la hausse. L ’a abeilles ou leur propension au pillage.
piculteur placera alors les cadres de la Si le rucher est pastoral, une première
hausse dans une caisse prévue à cet ef récolte pourra être faite quinze jours
fet. Si cette opération est effectuée au après l’installation des ruches, en par
188
ticulier lorsque la région est très riche Pour atténuer le plus possible cette
en fleurs; il se peut également que plu tentation, l’apiculteur n ’enlèvera pas
sieurs récoltes puissent être faites au les cadres de la hausse d ’une manière
même emplacement: dans ce cas, le continue; il ne visitera donc pas les ru
rendement sera maximal. ches les unes après les autres, mais al
Cependant, l’apiculteur devra procé ternera ces visites. P our cela, il devra
der à des contrôles encore plus stricts extraire les cadres de 10 ruches, non
et pourvoir à tous les besoins de ses pas en passant de la première à la
colonies afin que, l’autom ne venu, les seconde, de la seconde à la troisième
abeilles ne soient pas privées de réser et ainsi de suite ju sq u ’à la dixième
ves; si tel était le cas, il devrait les mais en opérant de manière alternée,
nourrir lui-même et leur fournir les c’est-à-dire: 1 - 3 - 5 - 7 - 9 - 2 - 4 - 6 - 8
provisions nécessaires pour l’hiver. - 10, ou mieux, en espaçant encore
Il vaut mieux, par conséquent, laisser, plus ses visites, c’est-à-dire 1 - 4 - 7 -
peu avant l’hiver, 2 ou 3 cadres garnis 10-2-5-8-3-6-9.
de miel à la disposition de chaque co De cette manière, il semble bien que
lonie. les abeilles ne sont pas tentées par le
Nous avons déjà parlé des m anipula pillage, à condition bien entendu que
tions auxquelles l’apiculteur devrait les visites soient faites régulièrement.
soumettre chacune de ses ruches au
m oment de la récolte du miel; toute
fois, dans la majeure partie des cas, il
Désoperculation
se trouve face à un rucher, c’est-à-dire
à plusieurs ruches en pleine activité. Les rayons de la hausse, extraits de la
Ce qui est valable pour un petit rucher ruche, doivent être désoperculés avec
un couteau approprié et placés immé
(10 ruches environ) l’est aussi pour
diatement dans l’extracteur pour ôter
des ruchers très im portants.
dans les meilleures conditions le miel
Le principal souci d ’un apiculteur qui
encore tiède et donc peu visqueux.
extrait les cadres de la hausse est donc
La désoperculation des rayons doit
de ne pas inciter les abeilles au pillage; être effectuée dans un local aménagé
par conséquent, plus les ruches seront en laboratoire. Cette opération est as
nombreuses, plus ce danger sera m a sez simple bien q u ’elle doive être faite
nifeste puisque les abeilles apparte de manière à préserver le rayon et à
nant à des familles différentes pour éviter tout dégât inutile; par consé
ront toujours être attirées par le p ar quent, après avoir posé le rayon à dé
fum du miel qui se trouve à leur por soperculer sur une table de travail,
tée, donc essayer de le butiner ce qui, l’apiculteur devra faire passer sous les
du point de vue apicole, est considéré opercules une lame coupante très ai
comme un signe de dégénérescence. guisée. Dans les grandes exploita
189
tions, on utilise des désoperculateurs Filtrage
autom atiques qui accélèrent le dispen
dieux processus de désoperculation. Le miel, à la sortie de l’extracteur, est
versé dans un m aturateur après avoir
traversé un filtre destiné à retenir les
Extraction du miel impuretés qui pourraient y être conte
nues. Parmi ces impuretés, peuvent se
Cette opération doit être exécutée trouver des fragments de cire, prove
avec un extracteur, c’est-à-dire un ré nant des opercules qui n ’ont pas été
cipient, en général cylindrique, qui complètement enlevés. Ce filtre peut
permet d ’extraire le miel des rayons avoir la forme d ’une grille métallique
sans que ceux-ci soient endommagés. dont les mailles très fines retiennent
Les rayons doivent être insérés dans les impuretés; certains apiculteurs
cet appareil lorsque toutes les cellules préfèrent même utiliser deux filtres en
ont été désoperculées; ils seront ensui même temps, le premier possédant des
te vidés sous l’effet de la force centri mailles assez larges, le second des
fuge. Cet appareil peut être actionné à mailles plus serrées. D ’autres utilisent
l’aide d ’une manivelle ou, mieux, par des filtres en toile pour que l’épura
un petit m oteur électrique réglant la tion soit intégrale.
vitesse de rotation. Dans les extrac
teurs les plus modernes, les rayons des
deux faces peuvent être vidés simulta Maturation du miel
nément et le miel précipité sur le fond
du récipient. Précisons toutefois que, Le m aturateur est un récipient qui res
'de nos jours, certains apiculteurs utili semble à une cuve, possédant la plu
sent encore des extracteurs cylindri part du temps une forme cylindrique
ques munis d ’un simple engrenage ac et pourvu d ’un gros robinet, dans sa
tionné par une manivelle; dans ce cas, partie inférieure.
seul un côté du rayon peut être vidé et Il sert à décanter le miel et, dans le
l’opérateur se voit contraint, après même temps, à en favoriser la m atu
quelques tours du cylindre, de blo ration.
quer l’engrenage pour pouvoir retour Le principe est le suivant: le miel reste
ner le rayon et extraire à son tour le dans le m aturateur ju sq u ’à ce que
miel de l’autre face. La vitesse de ro toutes les particules de cire et les bul
tation de l’extracteur doit, au début, les d ’air qu’il contient soient rem on
être particulièrement lente puis aug tées à la surface.
menter progressivement mais sans ex Il est indispensable que le m aturateur
cès pour que les rayons ne soient pas soit placé dans un endroit propre et,
endommagés. surtout, au sec.
190
qu’il n ’en ait déjà une en réserve. Il
introduira cette reine, de préférence
L’essaimage fécondée, dans la ruche avec le maxi
mum de précautions, en la plaçant
artificiel éventuellement dans une cage protec
trice. La nouvelle ruche devra être po
sée sur l’emplacement d ’une ruche
forte que l’apiculteur installera ail
leurs. De cette manière, les butineuses
appartenant à la ruche déplacée ne
L ’essaimage artificiel est une opéra
s’apercevront pas, au moment de leur
tion qui permet à l’apiculteur de mul retour, de la substitution et viendront
tiplier ses familles d ’une manière ra renforcer la nouvelle famille.
tionnelle, c’est-à-dire de prévoir lui- L ’essaimage artificiel doit être fait au
même tout le processus de l’opération printemps; il peut également être ef
et de ne rien laisser au hasard ou à fectué à une autre époque, en été ou
Pim provisàùon. au début de l’automne par exemple, à
P our pratiquer l’essaimage artificiel condition que la floraison soit abon
dans les meilleures conditions, l’api dante. L ’essaimage artificiel en plein
culteur procédera comme s’il s’agis automne est à déconseiller dans les ré
sait d ’un essaimage naturel. Il utilise gions septentrionales mais il s’avère
ra une reine fécondée, des abeilles de possible dans le Midi.
tout âge et des provisions de miel; il
devra également avoir préparé une ru
che pourvue de six rayons au mini Méthodes d’essaimage
mum, dont l’un devra porter des lar artificiel
ves arrivées à m aturité, et un autre un
couvain jeune, tous ayant à leur Il existe plusieurs procédés d ’essaima
disposition suffisamment de réserves ge artificiel. Nous n ’en retiendrons,
alimentaires. pour notre part, que quelques-uns:
La ruche ainsi conçue abritera donc l’essaimage par transvasement, l’es
des rayons garnis de couvain prove saimage par transvasement et perm u
nant d ’une ou de plusieurs familles; tation, et l’essaimage par substitution
l’apiculteur achètera la reine, à moins et spoliation.
191
Essaimage par transvasement tion; il est appliqué lorsque la nouvel
le colonie ne peut pas être déplacée,
L ’essaimage par transvasement s’ef aussi brièvement soit-il, dans un autre
fectue en enlevant de deux ruches for endroit et que, par conséquent, les ru
tes, après avoir enfumé la colonie, ches doivent être permutées au sein
quelques rayons (en général trois par même du rucher. Le processus de for
ruche) et en les plaçant dans une ruche mation est analogue au précédent
toute préparée et installée à plus de mais, dans ce cas, la ruche ne quitte
3 km de son ancien emplacement. La pas le rucher et doit être mise à la pla
nouvelle famille, installée sur les six ce d ’une ruche très forte dont elle ab
rayons provenant des deux colonies sorbera les butineuses qui, mécon
initiales, est réunie dans le même nid naissant la situation, y pénétreront en
dont l’intérieur doit être réduit à l’ai revenant des champs.
de de deux séparations fixées de cha
que côté. Cette réduction de l’espace
interne permet d ’éviter que les mem Essaimage par substitution et
bres de la nouvelle famille ne cons spoliation
truisent des amorces de rayons sup
plémentaires. Reste encore le procédé de l’essaimage
La reine fécondée introduite s’accou par substitution et spoliation que re
tum era aussitôt à la nouvelle famille commandent certains apiculteurs;
et commencera à pondre. dans ce cas, un rayon du nid à cou
Dès que la ruche sera installée à l’en vain garni d ’une reine et de plusieurs
droit voulu, l’apiculteur ne devra pas abeilles est prélevé dans une ruche po
pour autant la négliger mais au con puleuse et placé dans une ruche amé
traire effectuer de nombreuses visites nagée à cette fin, pourvue de rayons
pour vérifier si la nouvelle famille vides. Cette ruche est ensuite placée à
s’est amalgamée et a commencé sa vie l’endroit q u ’occupait la ruche à la
com m unautaire sans difficulté. En quelle appartenait la reine et le nid à
fin, dès que l’opération semblera couvain.
réussie, l’apiculteur pourra à nouveau La ruche restée orpheline (à l’intérieur
déplacer la ruche et la replacer dans le de laquelle l’apiculteur aura vérifié la
rucher auquel elle appartenait. naissance imminente d ’une reine vier
ge) sera alors mise à la place d ’une ru
che fortement peuplée, cette dernière
Essaimage par transvasement et étant à son tour déplacée. En consé
permutation quence, de nombreuses butineuses,
appartenant à la ruche orpheline, pé
Le second procédé est celui de l’essai nétreront dans le nid où la reine aura
mage par transvasement et perm uta été installée et viendront par là même
192
L'ESSAIM AGE ARTIFICIEL
193
IVRE D l
Dans la plupart des cas, les nouvelles une importance considérable dans la
familles, issues d ’essaims naturels ou mesure où la pleine période de florai
artificiels, ont toujours le temps de se son peut décliner en l’espace de quel
procurer des réserves suffisantes pour ques semaines. Il sera donc préférable
l’hiver, et de se repeupler; par consé de pouvoir disposer de reines fécon
quent, aux approches de l’automne, dées, même si l’introduction de cellu
la nouvelle famille adoptera le même les royales ne pose aucun problème.
com portem ent et devra être traitée de D ’ailleurs, il est assez facile de trouver
la même manière que les abeilles ap sur le marché des reines fécondées et
partenant aux autres ruches. sélectionnées, donc d ’excellente quali
Au cas où les abeilles auraient à af té, pour lesquelles les aléas du vol
fronter un orage ou des intempéries, nuptial ne se posent pas.
donc ne récolteraient que des provi Nos lecteurs pourraient également
sions insuffisantes, l’apiculteur devra être curieux de savoir quelles sont les
ajouter dans la ruche des rayons oper limites exactes de l’essaimage artifi
culés, garnis de miel prélevé dans une ciel. En règle générale, le nombre des
ruche forte et largement approvi abeilles mises en essaim ne doit pas
sionnée. dépasser 25 à 30% du nombre total
Certains apiculteurs s’appliquent à ré des abeilles disponibles; en cas de
duire la largeur du trou de vol de leurs pourcentage assez élevé, l’apiculteur
ruches pour éviter que des abeilles ne devra pas songer à sa production
étrangères ne viennent les piller alors annuelle, car s’il voulait à la fois m ul
que les nouvelles familles n ’ont pas tiplier les familles et obtenir une forte
encore pu monter leur corps de garde. production, il finirait par mettre en
Parfois, lorsque des abeilles, prove danger la survie des familles... Donc,
nant de familles différentes, sont réu s’il ne veut vraiment pas renoncer à la
nies pour form er une nouvelle colo production en cours, il devra se con
nie, les apiculteurs les saupoudrent de tenter d ’un repeuplement assez m o
farine blanche. On a constaté que la deste de l’ordre de 10%. Dans ce cas,
reine introduite était plus facilement il pourra parvenir à une augm entation
acceptée. de production de 70% supérieure à
Nos lecteurs se dem andent peut-être celle q u ’il aurait obtenue s’il n ’avait
s’il convient ou non de fournir aux pas pratiqué l’essaimage artificiel et si
nouvelles familles en form ation une des essaims naturels ne s’étaient pas,
reine ou des cellules royales. A ce gen occasionnellement, formés. Si nous
re de question, nous répondrons que précisons, dans un but bien précis,
la présence de reines jeunes et fécon “occasionnellement”, c’est que, en
dées entraîne bien souvent une nou fait, en apiculture rationnelle, l’essai
velle ponte anticipée de 15 ou 16 jours mage naturel ne devrait pas se pro
environ. Ce phénomène peut revêtir duire.
194
L'ESSAIMA GE ARTIFICIEL
195
hiver, par contre, le rucher reste uni
quement sur place car l’apiculteur a
L’apiculture également besoin de changer son m a
pastorale tériel et de préparer le rucher pour le
printemps suivant.
Dans certains pays évolués, la tran
shumance des ruchers est largement
pratiquée, au plus grand profit de l’a
griculteur et de l’apiculteur, car ce
L ’apiculture pastorale ou transhu dernier se voit souvent octroyer par
mante est une pratique qui mérite de les agriculteurs des subventions lors
se développer car elle suppose l’ex q u ’il place son rucher à proximité de
ploitation rationnelle de la floraison leurs plantations d ’arbres fruitiers ou
grâce au transport de ruches dans les dans leurs champs de légumineuses à
régions particulièrement mellifères. graines; dans ces cas en effet, les pro
En apiculture fixe, en effet, les abeil ductions agricoles augmentent consi
les disposent d ’un certain rayon d ’ac dérablement.
tion pour butiner; par ailleurs, que la Quoi q u ’il en soit, pour pratiquer ce
floraison soit printanière, estivale ou genre d ’apiculture, les apiculteurs de
autom nale, la contrée butinée par les vront être suffisamment expérimentés
abeilles est, en général, plus ou moins car il leur faudra prendre un très
nectarifère; donc, les abeilles ne peu grand nombre de précautions, entre
vent récolter que ce q u ’elles trouvent autres celle de transporter leurs ruches
dans les alentours du rucher. En api sans les soumettre à la moindre vibra
culture pastorale, au contraire, le ru tion ou au moindre choc.
cher est transporté dans une région où Pour que l’apiculture pastorale soit
la floraison est plus tardive. P ar con exploitée dans les meilleures condi
séquent, qui dit apiculture pastorale tions, voici donc quelques règles géné
dit récolte continue de miel, butiné rales.
continuellement par les abeilles du dé 1. L ’apiculture pastorale doit être
but du printemps à la fin de l’été (ré pratiquée avec des ruches fortes
gions septentrionales) ou à la fin de et populeuses; le nombre des buti
l’autom ne (régions méridionales); en neuses doit y être très im portant.
196
L'APIC U LTU RE PASTO R ALE
197
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
Il existe à vrai dire de très nombreux savoir que cette activité était déjà pra
ouvrages, dignes d ’intérêt, traitant de tiquée dans la Grèce antique, q u ’elle
l’apiculture pastorale; toutefois, pour était connue en Egypte (où l’on prati
que nos lecteurs com prennent son in quait la transhum ance à bord de fe
térêt, son im portance et le charme louques sur le Nil), et l’est de plus en
qu’elle évoque, q u ’il leur suffise de plus, dans de nombreux pays.
198
En janvier, l’apiculteur doit procéder
à quelques contrôles en prévision du
Calendrier apicole printemps suivant. Il peut par exem
mensuel ple: préparer les cadres et la cire gau
frée qu’il utilisera ou gardera en réser
ve la saison suivante; vérifier si son
matériel est en bon état; visiter les
rayons garnis de miel et encore oper
Ce chapitre propose quelques conseils
culés q u ’il avait mis de côté l’été pré
pour l’entretien des ruches, mois par
cédent pour les placer éventuellement,
mois. Les apiculteurs pourront y tro u
ver quelques précisions concernant dès la reprise du printemps, avant la
des techniques particulières ou cer floraison des arbres fruitiers, dans les
tains aménagements propres au cli ruches qui seraient dépourvues de ré
mat, à la flore, à la composition du serves alimentaires; veiller à conserver
rucher. Il est donc im portant de tenir en parfait état de propreté la grille
compte des remarques qui sont faites, d ’hiver q u ’il ouvrira dès les premiers
et mieux, d ’en tirer parti. beaux jours pour que les abeilles ac
complissent leur vol de purification;
au cas où, pour une raison quel
Janvier conque, les abeilles ne sortiraient pas
de leur ruche dès les premières cha
Au mois de janvier, l’apiculteur doit leurs, il tapotera légèrement le devant
laisser les abeilles absolument tran de la ruche pour les inciter à s’envoler
quilles car tout bruit, tout dérange et les sortir de leur torpeur hivernale;
ment irriterait les abeilles et les incite en effet, lorsque les abeilles sont sim
rait à consommer plus de miel. plement engourdies, elles s’agitent
Il faut veiller aussi à enlever la neige aussitôt et sortent de leur ruche. Pour
qui pourrait se déposer sur la plan cette opération, l’heure idéale semble
chette de vol de la ruche; observer de être aux alentours de midi.
l’extérieur le va-et-vient des abeilles et Bien entendu, tout dépend du climat
s’assurer que des animaux nuisibles de votre région; ainsi lorsque, dans le
n ’ont pas pénétré à l’intérieur de la Midi, les abeilles commencent à récol
ruche. ter du nectar, les colonies installées
199
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
dans les ruches alpines sont encore la reine. Si certaines abeilles se dépla
sous la neige. Dans les régions méri cent lourdement, incapables de voler
dionales en effet, les colonies cessent et l’abdomen gonflé, elles sont peut-
pour ainsi dire toute activité en dé être victimes de nosémiase. Si la ruche
cembre et se réveillent en février; dans manque d ’eau, le miel qui y est conte
le nord, au contraire, il faut attendre nu risque de se cristalliser: l’apicul
le mois de mars et, dans les zones de teur devra donc fournir de l’eau à ses
m ontagne, le mois de juin, pour voir abeilles et les nourrir artificiellement
les abeilles repartir butiner. avec du sirop. Si les abeilles se battent
L ’apiculteur a donc intérêt à visiter sur la planchette de vol, c’est peut-
l’intérieur des ruches. Pour cela, il être à cause de pillage ou de tentative
doit procéder rapidement et observer de pillage. Si l’intérieur de la ruche est
l’ensemble de la population, la cou beaucoup trop humide, les ventileuses
leur globale du couvain qui doit rap dépenseront beaucoup plus d ’énergie;
peler celle de la nacre. il faudra donc trouver un moyen pour
En janvier, au nord de la France, les résorber cette humidité sans altérer les
abeilles consomment assez peu; dans rayons ni irriter la colonie.
le Midi par contre, les abeilles, P ar ailleurs, les abeilles peuvent être
n ’ayant pas à affronter les rigueurs du contaminées par les parasites; l’api
froid ni les chutes de neige, peuvent culteur, possédant suffisamment de
très bien ne pas se regrouper, et à un notions sur la pathologie des abeilles,
rythm e ralenti, continuer à travailler; pourra immédiatement en suspecter
dans ce cas, elles consomment beau l’attaque: les abeilles, en effet, ne
coup plus d ’un kilogramme de miel peuvent plus s’envoler de la planchet
par mois (comme pour la période de te de vol, ni même se déplacer; leur
repos). Elles peuvent même absorber ventre est gonflé, leur vol lourd.
une livre de miel en l’espace d ’une Il se peut également que l’apiculteur
journée, en particulier si la floraison ait à visiter un très grand nombre de
des plantes est imminente. L ’apicul ruches. Pour éviter de se pencher trop
teur peut s’apercevoir de la reprise du longtemps, un apiculteur ingénieux a
travail et de la voracité du couvain; les inventé un système, consistant en un
abeilles, en effet, partent en quête de tuyau d ’un mètre de long environ et
nourriture, s’envolent normalement de 10 mm de diamètre, à l’une des ex
et le soir venu, bourdonnent légère trémités duquel il est possible de fixer
ment à l’intérieur de la ruche. un entonnoir, l’autre extrémité étant
En cas d ’anomalies, au contraire, les introduite dans le trou de vol de la ru
abeilles errent en tous sens; cette agi che. L ’apiculteur pourra ainsi distin
tation est parfois due au fait que la guer le bourdonnem ent des familles
colonie se trouve orpheline; l’apicul en parfait état de santé de celui des fa
teur devra s’assurer de la présence de milles affectées d ’un trouble quelcon
200
CALENDRIER APIC O LE MENSUEL
que. Enfin, il vérifiera si les réserves nectar ne sont pas encore disponibles
alimentaires sont suffisantes. et où les abeilles finiraient par con
Dans la région méditerranéenne, il ar sommer rapidement leurs réserves ali
rive que la tem pérature avoisine 16 à mentaires.
18°C vers la fin du mois de janvier: Ajoutons encore q u ’une trop grande
dans ce cas les abeilles essaient de re humidité nuit, car non seulement les
prendre leurs activités et effectuent rayons et le pollen peuvent être en
leur vol de purification. La grille d ’hi dommagés et la température interne
ver doit alors être enlevée pour que les du nid altérée, mais les abeilles ris
abeilles puissent sortir sans difficulté. quent de contracter des maladies, en
Lorsque les rayons sont moisis, il faut particulier la diarrhée.
les enlever, les soufrer, les mettre à
l’abri et les remplacer, si possible, par
des rayons en bon état. Si, pour une Février
raison quelconque, les abeilles ont été
surprises ou anéanties par les rigueurs En février, dans les régions septen
de l’hiver, il faut désinfecter au maxi trionales, l’apiculteur doit continuer à
mum la ruche, la m ettre à l’abri si né surveiller les ruches et à dégager la
cessaire et la préparer pour y installer neige qui pourrait se trouver sur la
une nouvelle famille quelques mois planchette de vol; s’il découvre des
plus tard. Dans les régions septentrio abeilles mortes de froid sur le devant
nales, les abeilles peuvent parfois sor de la ruche, il doit également les reti
tir en janvier à la faveur d ’une belle rer pour éviter tout risque d ’infection
journée; l’apiculteur devra, par pru ou de pillage. En général, la reine
dence, vérifier si le réveil et la sortie commence à pondre les œufs du futur
des abeilles ne sont pas prématurés; si couvain alors que la famille est encore
tel était le cas, il conviendrait de pla regroupée en grappe.
cer la ruche dans un endroit ombragé. Dans les régions du Midi, la reine a
Par contre, si la sortie de purification déjà commencé cette ponte depuis le
s’avérait nécessaire, il faudrait laisser début du mois; les abeilles sont épar
la ruche au soleil. Dans le sud, au con pillées et commencent à butiner les
traire, si les abeilles recommencent à amandiers, les pêchers, les légumi
sortir régulièrement de leur ruche en neuses.
janvier, alors que les fleurs ne sont L ’apiculteur doit donc évaluer le vo
pas encore écloses, la consommation lume exact des réserves alimentaires et
alimentaire se trouvera évidemment placer dans la ruche un abreuvoir;
perturbée; il faudra par conséquent dans le sud, le nourrissement stimu
placer les ruches à l’ombre pour retar lant des abeilles avec du sirop peut
der le plus possible l’activité des abeil s’avérer utile.
les dans la mesure où les provisions de Dans d ’autres régions, il se peut aussi
201
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
que les abeilles partent butiner vers la ves alimentaires, ou en est presque dé
fin du mois de février et recueillent du pourvue, il faut la nourrir avec du si
pollen q u ’elles régurgiteront au cou rop; si nécessaire, lui fournir égale
vain déjà bien développé. ment de l’eau. Au cas où les abeilles
En février, les visites sont plus faciles ne seraient pas encore parties récolter
à effectuer: il ne faudra pas oublier du pollen, poser, par mesure de sécu
cependant de prendre le maximum de rité, près de la ruche, des succédanés
précautions pour ne pas troubler les de pollen tels que les farines protéi-
abeilles qui, gênées dans leurs mouve ques de soja ou de châtaigner.
ments, s’irriteraient facilement. Ces Le mois de mars est, en général, le
visites doivent être effectuées lorsque meilleur moment pour le transvase
la plupart des abeilles sont sorties de ment des colonies des ruches vulgaires
la ruche, donc aux heures les plus dans des ruches rationnelles car la pé
chaudes. Si la toiture de la ruche est riode de pleine floraison n ’est pas en
soulevée, ne pas oublier de recouvrir core commencée et les abeilles sont
la ruche d ’un voile protecteur. Eviter déjà sorties de la ruche.
surtout de faire tom ber du miel sur le Il est également possible, pendant cet
sol, ce qui inciterait les abeilles au pil te période, de réunir les familles affai
lage. Utiliser éventuellement un enfu- blies ou de récupérer les familles or
moir pour éloigner les abeilles. phelines. Dans les zones septentriona
Profiter de cette occasion pour véri les, prêter toutefois attention au cli
fier l’état de santé de la reine, la pré mat et, si nécessaire, reporter au mois
sence de cellules royales, l’état du d ’avril certaines m anipulations à ef
couvain. fectuer normalement en mars.
Extraire les cadres à la verticale et ne Le mois de mars est considéré comme
dangereux pour la survie des familles:
pas les plier latéralement: grâce à to u
il peut en effet y avoir pénurie de ré
tes ces précautions, cette m anipula
serves alimentaires (donc, y pour
tion a lieu sans difficulté.
voir), ou contam ination d ’une ruche.
Quel que soit le type de maladie ou si
la colonie a été anéantie par le froid, il
Mars faut extraire les rayons et les porter en
laboratoire pour les analyser; éviter
En mars, les vols de purification sont aussi que des pillardes pénètrent à
de plus en plus fréquents; il faudra l’intérieur de la ruche, contractent la
donc en contrôler la régularité. Il con maladie et la transm ettent à leurs pro
vient de connaître exactement l’im pres familles. Il faut donc nettoyer la
portance de la famille et, éventuelle ruche et la désinfecter.
ment, de la réapprovisionner en Fournir aux colonies orphelines une
rayons operculés garnis de miel; si la reine. Si le froid menace, protéger le
colonie ne possède pas assez de réser couvain en cours de m aturation.
202
que les abeilles partent butiner vers la ves alimentaires, ou en est presque dé
fin du mois de février et recueillent du pourvue, il faut la nourrir avec du si
pollen q u ’elles régurgiteront au cou rop; si nécessaire, lui fournir égale
vain déjà bien développé. ment de l’eau. Au cas où les abeilles
En février, les visites sont plus faciles ne seraient pas encore parties récolter
à effectuer: il ne faudra pas oublier du pollen, poser, par mesure de sécu
cependant de prendre le maximum de rité, près de la ruche, des succédanés
précautions pour ne pas troubler les de pollen tels que les farines protéi-
abeilles qui, gênées dans leurs mouve ques de soja ou de châtaigner.
ments, s’irriteraient facilement. Ces Le mois de mars est, en général, le
visites doivent être effectuées lorsque meilleur moment pour le transvase
la plupart des abeilles sont sorties de ment des colonies des ruches vulgaires
la ruche, donc aux heures les plus dans des ruches rationnelles car la pé
chaudes. Si la toiture de la ruche est riode de pleine floraison n ’est pas en
soulevée, ne pas oublier de recouvrir core commencée et les abeilles sont
la ruche d ’un voile protecteur. Eviter déjà sorties de la ruche.
surtout de faire tom ber du miel sur le Il est également possible, pendant cet
sol, ce qui inciterait les abeilles au pil te période, de réunir les familles affai
lage. Utiliser éventuellement un enfu- blies ou de récupérer les familles o r
moir pour éloigner les abeilles. phelines. Dans les zones septentriona
Profiter de cette occasion pour véri les, prêter toutefois attention au cli
fier l’état de santé de la reine, la pré m at et, si nécessaire, reporter au mois
d ’avril certaines m anipulations à ef
sence de cellules royales, l’état du
fectuer normalement en mars.
couvain.
Le mois de mars est considéré comme
Extraire les cadres à la verticale et ne
dangereux pour la survie des familles:
pas les plier latéralement: grâce à to u
il peut en effet y avoir pénurie de ré
tes ces précautions, cette m anipula
serves alimentaires (donc, y pour
tion a lieu sans difficulté.
voir), ou contam ination d ’une ruche.
Quel que soit le type de maladie ou si
la colonie a été anéantie par le froid, il
Mars faut extraire les rayons et les porter en
laboratoire pour les analyser; éviter
En m ars, les vols de purification sont aussi que des pillardes pénètrent à
de plus en plus fréquents; il faudra l’intérieur de la ruche, contractent la
donc en contrôler la régularité. Il con maladie et la transm ettent à leurs p ro
vient de connaître exactement l’im pres familles. Il faut donc nettoyer la
portance de la famille et, éventuelle ruche et la désinfecter.
ment, de la réapprovisionner en Fournir aux colonies orphelines une
rayons operculés garnis de miel; si la reine. Si le froid menace, protéger le
colonie ne possède pas assez de réser couvain en cours de m aturation.
En mars, les fausses teignes et autres Repeupler au maximum les familles
parasites du miel et de la cire tendent fortes car elles sont susceptibles de
à proliférer: lutter aussitôt contre ces réaliser une récolte abondante; leur
parasites pour éviter tout dégât ulté fournir, en février ou au début du
rieur. mois de mars, une alimentation sti
En général, les essaims naturels se for mulante. Si des familles sont affai
ment dans le sud en mars et, dans le blies, ajouter, pour y remédier, des
nord, en mars-avril; si nécessaire, pré rayons avec couvain et réserves; c’est
voir de les capturer pour multiplier les seulement de cette manière que la fa
familles. Dans ce cas, guetter le pre mille pourra se rétablir.
mier stade de l’essaimage, c’est-à-dire Au cours de toutes les manipulations
le mom ent où les abeilles et la reine se (ravitaillement, nourrissement stimu
fixent sur une branche d ’arbre et se lant, ou adjonction de rayons de
rassemblent en grappe. Pratiquer de miel), veiller à éviter le pillage car,
préférence l’essaimage artificiel qui dans les ruchers, les abeilles se laissent
est plus rationnel. A cette époque, les souvent entraîner par cette tendance.
abeilles commencent à récolter du Parfois, le pillage est dû à l’im pruden
nectar et du pollen: vérifier, par me ce de l’apiculteur: donc, ne pas lais
sure de précaution, si les arbres frui ser, à portée des abeilles, des outils re
tiers butinés par les abeilles n ’ont pas couverts de miel ou de substances plus
été traités avec des antiparasites pen ou moins douceâtres.
dant la floraison. Rappelons que le
traitem ent des arbres fruitiers, en plei
ne période de floraison, est non seule Avril
m ent nocif pour les abeilles, mais ré
duit les possibilités de fécondation des En avril, dans le nord, les abeilles sont
fleurs. déjà en pleine activité et le couvain est
Les agriculteurs qui s’obstinent à ef presque à son maximum. Dans le Mi
fectuer ces traitem ents pendant la flo di, il est déjà temps de fixer la hausse
raison, au lieu de les appliquer quel sur le corps de ruche. Si, ju sq u ’en
ques jours avant ou après la chute des avril, le temps est pluvieux, il est plus
pétales, causent de très graves préju prudent de nourrir les abeilles artifi
dices aux butineuses et aux fleurs. ciellement et de placer dans la ruche
En cas d ’em poisonnement, rechercher quelques rayons garnis de miel pour
qui a empoisonné les fleurs et s’adres éviter tout incident; si, au contraire, le
ser au ministère de l’Agriculture car il temps s’avère clément, les abeilles ne
existe, à ce sujet, une loi (voir le cha risquent plus de m ourir de faim car la
pitre sur la législation) et des arrêtés récolte est commencée. A u cours des
préfectoraux qui traitent suffisam visites, vérifier l’état de santé de la rei
ment et clairement de la question. ne; contrôler également si la colonie
203
ABEL
204
CALENDRIER APIC O LE MENSUEL
si les reines n ’émettent pas leur “chant teur peut encore pratiquer l’essaimage
de guerre”, hymne caractéristique artificiel au cas où ses familles se
précédent toujours l’essaimage. raient particulièrement populeuses et
Enfin, ne pas oublier que les parasites risqueraient de former des essaims na
commencent vraiment à proliférer turels. A jouter éventuellement un ou
(mites, bourdons, guêpes, fourmis) et deux rayons dans les ruches où, en
les maladies à sévir; refréner cette raison de la faiblesse des familles au
prolifération et nettoyer le terrain en printemps, une planche de partition et
vironnant pour procéder plus aisé 9 ou 10 cadres ont été posés; ce ren
ment aux visites externes. forcement effectué avec toutes les pré
cautions nécessaires, perm ettra aux
familles affaiblies de surmonter les ri
Juin gueurs de l’hiver.
205
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
suffit de regarder les rayons par trans pour compléter le rayon de la hausse
parence; après un certain nombre et le remplir.
d ’observations, cette distinction de
viendra facile, même pour les apicul
teurs inexpérimentés. Août
Lorsque le climat est instable, si la
floraison des plantes est terminée, vé Le mois d ’août est le mois durant le
rifier l’état de santé de la famille et le quel les abeilles ont le plus tendance à
volume des réserves alimentaires em piller les ruches, en particulier si, en
magasinées pour l’hiver, afin de pour raison de la sécheresse, la floraison est
voir, éventuellement, la ruche de pour ainsi dire nulle; les visites des ru
rayons supplémentaires avant que le ches doivent être faites avec le maxi
froid ne sévisse. mum de précautions, le soir venu.
Dans le courant de ce mois, l’apicul L ’apiculteur devra prendre les mêmes
ture pastorale peut être largement précautions qu’en juillet et songer
pratiquée en montagne: l’apiculteur constamment aux dégâts causés par
aura donc intérêt, avant de déplacer les bourdons, les guêpes, les poux des
ses ruches, à vérifier l’état de santé de abeilles, les sphinx tête de m ort, les
ses colonies et à prévoir l’endroit mites, les fourmis et autres insectes en
exact où il posera ses ruches. quête de nourriture, qui seraient ravis
La découverte de colonies affaiblies d ’être “reçus” par les abeilles.
dans certaines ruches doit inciter l’a Dans certaines régions, la floraison
piculteur à en trouver le plus vite pos est encore assez abondante car y fleu
sible la cause, qui peut être une m ala rissent la luzerne et plusieurs espèces
die; les colonies vigoureuses peuvent de trèfle; dans ce cas, la récolte est as
être, elles, destinées, une fois la récol sez prolongée, quoique lente. Ail
te achevée, à la production d ’essaims leurs, la floraison est plus ou moins
artificiels. interrompue et les abeilles se retrou
Si la récolte estivale est abondante, il vent la plupart du temps oisives, ce
peut s’avérer utile d ’insérer une ou qui les incite au pillage.
deux feuilles de cire gaufrée entre les Il est encore possible de trouver, à cet
rayons d ’une famille très active: ces te époque, des faux bourdons dans les
feuilles seront aussitôt complétées et ruches: par conséquent, vérifier si les
le nouveau couvain engendré. Cer reines ne pondent pas exclusivement
tains apiculteurs suggèrent d ’insérer des œufs non fécondés. Dans ce cas,
quelques feuilles de cire gaufrée dans en effet, les colonies finiraient par
la hausse: mais, dans ce cas égale disparaître: l’apiculteur devra alors, si
ment, la cire gaufrée devra être placée cela s’avère possible, les réunir à d ’au
entre deux rayons operculés; les abeil tres familles, mais procéder, pour ce
les seront aussi davantage stimulées faire, avec le maximum de précau-
206
CALENDRIER APIC O LE MENSUEL
tions car elles pourraient être repous En septembre en général, les hausses
sées par les abeilles appartenant à des sont retirées dans le nord, et l’opéra
familles fortes. Un conseil: réunir en teur procède à la dernière extraction
tre elles les colonies affaiblies et ne de miel; dans le sud par contre, les
pas les mêler à des colonies fortes; cel- hausses peuvent encore être utiles. El
les-ci en effet n ’ont pas besoin d ’être les doivent toujours être retirées et
repeuplées alors que deux colonies af nettoyées avant d ’être rangées.
faiblies ne peuvent que bénéficier de Si les colonies s’apprêtent à prendre
cette réunion. Prévenir toute attaque leur repos hivernal, dans le nord en
de parasites, en particulier avant ce particulier, procéder à un dernier con
genre de réunion. trôle et évaluer le volume des réserves
alimentaires ainsi que l’état de santé
et le nombre des abeilles.
Septembre
207
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES ~
208
Neuvième partie
La législation en France
essen tielle s que tout p o sse sseu r de
ruches doit connaître et respecter.
Les lois relatives à
l’apiculture
D istances, déclarations
d ’em placem ent des ruchers
num éro d ’im m atriculation com posé l'a rtic le 16 (ci-ap rès) do iv en t faire
de six c h iffre s , d o n t les d eu x p r e apparaître le num éro d 'im m atricu la
m iers reproduisent le num éro miné- tion antérieur et le nouveau num éro
ralogique du d épartem en t du d o m i établi selon les m odalités du présent
cile du d é c la ra n t, les q u atre autres arrêté.(J. O. 1. 10. 80).
de 0001 à 9999 com posant le numéro
d ’id e n tific a tio n du ru c h e r dans ce
département. Articles du Code rural
Le numéro d’immatriculation est porté
concernant l ’apiculture
sur le récépissé de la déclaration.
Il d o it être re p ro d u it en ca ra c tè re s
A rt. 2 0 6 . — L es P ré fe ts d é te r m i
apparents et indélébiles, d ’au moins
nent, après avis des C onseils G éné
h uit cen tim ètres de h au teu r et cinq
c e n tim è tre s de la rg e u r, en m é n a ra u x , la d is ta n c e à o b s e rv e r en tre
g e a n t u ne s é p a r a tio n p a r un tir e t les ruches d ’abeilles et les p ro p rié
d ’un centim ètre entre les deux grou té s v o is in e s ou la v o ie p u b liq u e ,
pes de ch iffre s, sur au m o in s 10 p. sauf, en to u t cas, l ’actio n en d o m
cent des ru ch es ou sur un p an n eau m age s ’il y a lieu.
placé à proxim ité du rucher.
T o u te fo is , lo rs q u e la to ta lité d es Art. 207. — Les M aires prescrivent
ruches est id e n tifiée p ar le num éro aux p ro p rié ta ire s de ru ch es to u tes
d ’im m a tric u la tio n , la h a u te u r des les m esu res q u i p eu v en t a ssu re r la
lettres peut être lim itée à trois centi sécurité des personnes, des animaux
mètres. et aussi la préservation des récoltes
D em eurent valables les im m atricu et des fruits.
lations et identifications effectuées A d é f a u t de l ’a r r ê té p r é f e c to r a l,
co n fo rm ém en t aux d isp o sitio n s de p ré v u p a r l ’a r tic le p ré c é d e n t, les
l ’a rtic le 5 de l'a r r ê té du 5 ja n v ie r M a ire s d é te r m in e n t à q u e lle d is
1957 m o d ifié p ar in s c rip tio n a is é ta n c e d es h a b ita tio n s , des ro u te s ,
m e n t l i s i b l e , s u r le s c o r p s d 'a u d es v o ie s p u b liq u e s , le s ru c h e r s
m o in s tro is ru c h e s , du g ro u p e de découverts doivent être établis.
lettres et ch iffres p o rté sur la carte T o u te f o is , ne s o n t a s s u je ttie s à
d ’a p ic u lte u r p a s to r a l a n té r ie u r e aucune p rescrip tio n de d istance les
m ent d é liv ré e com m e in d ic a tif du ruches iso lées des p ro p riétés v o isi
d é p a rte m e n t d ’o rig in e et de l ’a p i nes ou des ch em in s p u b lic s p ar un
culteur. mur, une palissade en planches jo in
P o u r le s r u c h e r s a n té r ie u r e m e n t te s , u n e h a ie v iv e ou s è c h e , san s
d é c la ré s et im m a tric u lé s , le r é c é solution de continuité.
pissé de la déclaration annuelle ainsi Ces clôtures doivent avoir une h au
que la c a rte d ’a p ic u lte u r p rév u e à teur de 2 m ètres au-dessus du sol et
212
LES LOIS RELA TIVES A L ’APICU LTU RE
213
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
214
_____ LES LOIS RELA TIVES A L'APICU L TURE
215
d ’é t a b lir p o u r le u rs v e n te s à d es res im posables est publié an n u elle
com merçants. m ent au Journal Officiel conform é
C es fa c tu re s d o iv e n t m e n tio n n e r m ent à l ’article 66 du Code général
distinctem ent le prix net du produit des im pôts; cette publication paraît
(prix hors taxe), le taux de la T.V.A. généralem ent en septem bre ou octo
applicable (actuellem ent 7% pour le bre et est rep rise dans les m ois qui
m ie l), le m o n ta n t de la ta x e et le suivent par les revues apicoles.
prix global T.T.C. Le bénéfice ainsi déterm iné co n sti
L es a p ic u lte u rs non a s s u je ttis à la tue le revenu im posable dans le cadre
T.V.A. ne peuvent pas facturer cette du revenu global.
taxe; ils porteront sur leurs factures Il s u ffit d ’in d iq u e r sur la d é c la ra
la m ention “Producteur non assujetti tio n d e s re v e n u s à s o u s c r ir e en
à la T.V.A.”. février de chaque année, au chapitre
“B énéfices des exploitations agrico
le s ” , le n o m b re de ru c h e s en p r o
duction exploitées, avec la m ention
Fiscalité
“bénéfice fo rfaitaire à d éterm in er” .
Ce b é n é fic e v ie n t a lo rs en cu m u l
A la co n d itio n de ne pas faire acte avec vos autres revenus, éventuelle
de com m erce — c ’e st-à -d ire de ne ment.
pas rev en d re des p ro d u its d 'a c h a t, E x c e p tio n n e lle m e n t, c e r ta in e s
m ais uniquem ent des produits de sa e x p lo ita tio n s trè s im p o rta n te s ou
ré c o lte — l ’a p ic u lte u r re lè v e , du sp é c ia lisé e s (p ro d u ctio n in te n siv e
point de vue fiscal, du régim e ag ri de g elée ro y ale, p ar ex em p le) p e u
cole. vent être exclues du forfait et im po
Les bénéfices de l ’ex p lo itatio n a p i sées d 'a p rè s le bénéfice réel, ce qui
cole sont n o rm alem en t d éterm in é s im p liq u e la tenue d ’une c o m p ta b i
d ’après le m ode fo rfa ita ire au titre lité r é g u liè r e et la p r o d u c tio n de
des cultures spécialisées (forfait col d é c la ra tio n s an n u e lle s avec b ilan ,
lectif). com pte d ’exploitation et docum ents
La C om m ission départem entale des annexes.
im p ô ts d ire c ts fix e c h a q u e an n ée En outre, tout exploitant conserve la
(sous réserve d ’appel devant la Com p o s sib ilité d ’o p te r v o lo n ta ire m e n t
mission centrale) un bénéfice moyen p o u r le ré g im e du b é n é f ic e r é e l,
à la ruche. m oyennant de satisfaire aux mêmes
Le b é n é fic e f o rfa ita ir e de ch aq u e o b lig a tio n s , m a is l ’in té r ê t d ’une
exploitation s ’obtient en m ultipliant telle op tio n reste tout à fait ex c e p
le nom bre de ru ch es en p ro d u ctio n tionnel.
par le bénéfice à la ruche. L’assu jettissem en t à la T.V.A. (taxe
Le m ontant des bénéfices fo rfa ita i su r la v a le u r a jo u té e ) d e m e u re
216
LES LOIS RELA TIVES A L ’APIC U LTU RE
217
LE GRAND LIVRE DES ABE
218
LES LOIS RELA TIVES A L'APIC U LTU RE
219
Dixième partie
L’apiculture en France
et dans le monde
Quant aux importations, l’Allemagne,
Panorama grande consommatrice de miel comme
nous l ’avons vu, est au prem ier rang,
de l’apiculture avec 90 000 tonnes, suivie des Etats-
U nis (68 000 tonnes), de la G rande-
Bretagne (22 000 tonnes), du Canada
(13 500 tonnes), de l'Italie (11 000 ton
Dans le monde nes) et de la France (10 000 tonnes).
223
L LIVR l
224
PANORAMA D E L APICULTURE
225
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
226
PANORAMA DE L ’A
227
eau, l’apiculteur peut faire absorber
par ses abeilles des sirops très dilués, à
Lexique base de saccharose.
228
LEXIQUE
229
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
230
LEXIQUE
Blocage de la ponte. La reine, dans ce Bruits. Les abeilles sont troublées par
cas, cesse tem porairem ent de pondre les bruits, en particulier en hiver. Les
ses œ ufs et réduit par là même le nom ruches devront donc être placées à une
bre des nourrices du couvain, ce qui lui certaine distance des voies ferrées ou
permet d ’économiser les provisions; le des routes, des usines, des écoles, des
but de cette opération est en effet terrains de sport.
d ’augmenter la récolte de miel. Pour
provoquer ce blocage, l’apiculteur Butineuses. Ouvrières destinées à ré
peut procéder de diverses façons: utili colter le nectar, le pollen, la propolis et
ser mom entaném ent une grille chasse- l’eau. Leur rayon d ’action est, théori
reine; réduire le nombre des rayons; quement, de 5 km environ.
retarder la pose des rayons (de cette
manière, la reine est désorientée et sus Cadres. Sont constitués par des lames
pend tem porairem ent sa ponte), etc. qui soutiennent les rayons ou, mieux,
des feuilles de cire gaufrée sur lesquel
Bourdonnement. Les abeilles émettent les les abeilles élaborent les rayons
toutes sortes de sons, dus aux vibra pour y déposer le couvain ou le nectar.
tions de leurs ailes ou de leurs anneaux
abdom inaux. La reine, quant à elle, Cage à reines. Cage à l’intérieur de la
émet un son spécial, plaintif, lors quelle la reine est emprisonnée ainsi
qu ’elle veut essaimer. Le son émis par q u’un certain nombre d ’abeilles po
les princesses, encore operculées et qui sées sur un rayon; elle peut servir au
cherchent à sortir des cellules royales, blocage de la ponte ou à soustraire
est encore plus caractéristique. L ’api temporairement une reine à la colonie
culteur s’habitue au bruit régulier émis sans que celle-ci ne cesse de pondre, à
par les familles normalement dévelop condition bien entendu que les mesu
pées et peut suspecter si ce “bourdon res appropriées soient prises.
nem ent”, pour une raison quelconque,
est altéré. Cage d’expédition. Sert à l’expédition
des reines. Ne pas oublier de placer
Brosse. Outil qui sert à détacher les dans cette cage du sucre en pâte et 5 à 8
abeilles des rayons; il peut s’agir d ’une ouvrières adultes.
231
Caisse de rangement. Sert à conserver isolées et servent à abriter les futures
les rayons vides, et permet d ’éviter les reines. Les cellules royales sont inté
attaques de la fausse-teigne. rieurement lisses et cylindriques, pos
sèdent un fond de 7,5 sur 8,5 mm, 20 à
Caisse porte-rayons. Sert à transpor 25 mm de long; extérieurement, elles
ter les rayons neufs et à recueillir les ressemblent grossièrement à un gland.
rayons garnis de miel et operculés. Une ruche peut posséder plus de vingt
Cette caisse devra pouvoir contenir en cellules royales.
tre 6 et 8 rayons de corps de ruche. Elle Signes caractéristiques: si la cellule
peut posséder une ouverture à sa base, royale est désoperculée à son sommet,
qui puisse être refermée; dans ce cas, c’est que la reine est sortie vivante; si
la caisse peut également servir à abri les côtés de la cellule sont rompus,
ter une colonie peu populeuse. c’est que la jeune reine a vraisembla
blement été tuée. Les cellules des ou
Capture (de la reine). P our capturer vrières sont les plus nombreuses et les
une reine dans une ruche, il faut procé plus petites; elles sont uniformes et
der avec une très grande précaution: il possèdent une superficie de 26,197875
faut savoir la distinguer des autres en mm 2et une profondeur de 11 à 13 mm.
la recherchant plutôt sur les rayons de Leur largeur est de 5,2-5,5 mm. Cha
couvain jeune et sur les œufs. que cellule peut contenir 370 mg de
miel environ. Il existe entre 380 et 430
Cave. Peut servir à l’hivernage des co cellules par dm 2; les sections de rayon
lonies à condition que l’air am biant (de 1 dm 2; deux faces) sur lesquelles
soit sec et frais, la pièce obscure, et la sont posées les abeilles italiennes pos
tem pérature, si possible, égale à 8°C. sèdent environ 750 cellules; celles des
Cette pratique est utilisée aux Etats-U- abeilles allemandes 854.
nis et dans certains autres pays. Le sys Les cellules de faux bourdons sont
tème est à conseiller uniquement lors plus grandes que celles des ouvrières:
que la tem pérature extérieure est très largeur 7 mm, profondeur 12 à
froide. 13 mm; elles peuvent également servir
pour l’accumulation des réserves de
Cellules. Alvéoles construites dans la miel. La plupart des cellules de faux
cire et constituant, dans leur ensem bourdons se trouvent sur les bords des
ble, le rayon. Dans ces alvéoles sont rayons.
déposés les œ ufs, le miel et le pollen. Il
existe ainsi des cellules royales, des cel Cellules agrandies (avantages).
lules d ’ouvrières et des cellules de faux 1. Les rayons sont préparés plus rapi
bourdons. Les cellules royales sont dement.
grosses et ne possèdent pas la même 2. L’extraction du miel exige moins de
forme que les autres; elles se trouvent temps.
3. La cire gaufrée pèse moins lourd. Chitine. Substance dure qui recouvre
4. Les abeilles sont plus robustes et ré le corps des abeilles et le soutient.
coltent plus de butin.
5. Leur langue finit par être plus lon Circulation sanguine. Chez l’abeille,
gue, si bien que les abeilles peuvent la circulation du sang se produit par
butiner des fleurs à haute corolle. l’intermédiaire d ’une sorte de tuyau
qui fait refluer le sang vers la tête et le
Cendres. 100 g d ’abeilles séchées et in redistribue dans tout le corps. Il récu
cinérées ont permis de découvrir dans père ensuite le sang pour le faire à nou
les cendres non seulement de l’azote, veau affluer vers la tête.
du carbone, de l’hydrogène et de
l’oxygène mais aussi les éléments sui Cire. Hydrocarbure gras de saveur
vants: 1,41 g de soufre, 0,95 g de douceâtre composé de carbone (16
phosphore, 0,295 g de chlore, 0,02 g parties), d ’hydrogène (2) et d ’oxygène
de potasse, 0,015 g de fer, 0,01 g de (1). Elle ramollit à 35°C, fond à
zinc, 0,01 g d ’aluminium, 0,06 g de 63-64°C; son poids spécifique est de
cuivre, 0,01 g de manganèse, 0,0009 g 0,966. Insoluble dans l’eau, soluble
d ’hydrogène, des traces d ’arsenic et de dans l’éther sulfurique, l’essence, le
fluor. pétrole. En général, la couleur de la ci
re est jaunâtre à cause de la présence
de résidus de pollen. La cire devient
Chargement. Une abeille peut trans
blanche au soleil ou à la suite d ’un trai
porter une charge supérieure à son
tement chimique.
poids qui semble être de 110 mg envi
L ’apiculteur extrait la cire des vieux
ron. La corbeille d ’une patte peut con
rayons noircis par le temps et par les
tenir 25 mg; 60 mg de nectar peuvent
opercules. 1 kg de cire peut être élabo
ainsi être transportés. Pour recueillir
ré, en une dizaine de jours, par un es
un kilo de nectar, il faudra donc que saim de 22 000 abeilles environ. Un ra
les abeilles accomplissent 20 000 vols yon neuf de corps de ruche en con
au minimum. tient entre 200 et 250 g. Un apiculteur
peut en extraire 100 à 200 g par ruche
Chasse-reine. Il s’agit d ’une plaque en changeant les vieux rayons noircis.
perforée en zinc qui doit être posée en
tre le corps de ruche et la hausse pour Cire gaufrée. Plaque de cire pure por
éviter que la reine ne monte dans la tant imprimées, sur ses deux faces, les
hausse et y dépose ses œ ufs. Les perfo amorces des cellules femelles. Les cel
rations ont 4 mm de largeur et perm et lules peuvent être estampées sous pres
tent aux ouvrières (mais non à la reine) sion. La cire gaufrée, soudée au cadre,
de passer; la reine a besoin de passages doit être placée à l’intérieur de la ru
de 4,5 mm de largeur. che. Les abeilles, à partir de ces amor-
233
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
234
XIQU E
Couvain. Ensemble des œ ufs, des lar Distances. Les abeilles peuvent buti
ves, des nymphes et des abeilles qui ner assez loin de leur ruche dans un
viennent à peine de naître et se trou rayon d ’action de 5 km environ. Tou
vent dans les rayons. Le couvain peut tefois, plus elles s’éloignent, moins el
être découvert ou couvert. Il est dé les sont rentables. En général, elles se
couvert lorsqu’il contient des larves; déplacent de secteur en secteur et ne
lorsque les larves se transform ent en s’éparpillent pas. Si la région est
chrysalides (stade nymphal), les cellu suffisamment mellifère elles ne s’éloi
les sont operculées par les abeilles gnent pas à plus de 3 km.
adultes et les opercules doivent être
convexes et ne pas être perforés; la Eau. Les abeilles ont toujours besoin
rupture de l’opercule se produit lors de beaucoup d ’eau; ce besoin se m ani
que l’abeille à peine née sort de la cel feste surtout lorsque les plantes sont
lule. P our posséder un nombre peu nectarifères. L ’apiculteur peut
suffisant d ’abeilles au début de l’hi leur en fournir en plaçant des abreu
ver, l’apiculteur doit essayer d ’obtenir voirs à proximité de la ruche ou à l’in
un couvain autom nal donnant nais térieur. Si la température est inférieure
sance à de jeunes abeilles au début des à 8°C, l’abreuvoir à l’intérieur de la
premiers froids. ruche devra toujours être rempli. Si les
Lorsque le couvain n ’est pas uniforme abeilles s’accumulent près des abreu
et engendre de nombreux mâles, c’est voirs placés près des ruches, cela indi
que la reine est vieille, épuisée; si le que à coup sûr la présence de couvain,
couvain présente d ’autres anomalies, à moins qu’il ne fasse une chaleur to r
l’apiculteur vérifiera aussitôt l’état de ride. Les abeilles utilisent cette eau
235
LE GRAND LIVRE DES A
pour rafraîchir la ruche qui est trop abeilles doivent être de tous âges (jeu
chaude, pour préparer de la gelée ro nes et vieilles), et nourries artificielle
yale q u ’elles régurgiteront au couvain ment au cas où elles ne pourraient pas
et pour digérer le pollen. Ce sont donc partir butiner (mauvais temps), etc.
les nourrices qui en consomment le Contrôler ensuite que l’essaim artifi
plus. ciel ne meurt pas, que la reine est ferti
On a ainsi évalué que, pour absorber le et pond régulièrement, que la con
un litre d ’eau, les abeilles devaient ac sommation de pollen est régulière (ce
complir 25 000 vols; par contre, si l’a qui montre que le couvain se déve
piculteur met à leur disposition l’eau loppe).
dont elles ont besoin, les abeilles dé
penseront une moins grande quantité Etouffement des reines. Opération
d ’énergie et un certain nombre d ’entre exécutée par les ouvrières lorsqu’une
elles ne s’égareront pas en allant buti reine inconnue pénètre dans leur nid;
ner. Une colonie bien peuplée consom les reines étrangères ne seront pas reje
me un demi-litre d ’eau environ par tées par les gardiennes mais pourraient
jour. L ’eau tiède est préférable. très bien être étouffées par les ouvriè
res regroupées en grappes et qui les
Elevage. L ’élevage du couvain est as maintiennent prisonnières. L orsqu’u
suré par de jeunes abeilles, prédispo ne reine est introduite dans une ruche
sées pour la préparation de la gelée (pour remplacer une vieille reine ou si
destinée à nourrir les larves. Le pre une colonie est orpheline), elle peut
mier couvain de printemps est toute donc être étouffée; pour éviter ce gen
fois nourri par les abeilles d ’automne re d ’inconvénient, il faut donc pulvéri
qui ont surmonté l’hiver sans diffi ser un peu d ’eau sur la “grappe” d ’a
culté. beilles: dans ce cas, ces dernières se
dispersent.
Enfumoir. Permet d ’introduire, de
manière inoffensive, des fumées à l’in Expédition. Les reines peuvent être ex
térieur de la ruche. Les abeilles enfu pédiées, en compagnie de nourrices, à
mées se calment après avoir pris des condition qu’elles soient placées dans
provisions alimentaires. La fumée doit des ruchettes, bien approvisionnées et
être dense et froide, sinon les abeilles aérées.
pourraient s’irriter.
Extracteur. Récipient cylindrique qui
Essaims artificiels. Méthode ration permet à l’opérateur d ’extraire le miel
nelle pour multiplier les familles dans des rayons de la hausse, après désoper
un rucher. Mais il im porte que l’api culation des cellules.
culteur fournisse à la nouvelle famille Cet appareil fonctionne sous l’effet de
une reine, si possible sélectionnée; les la force centrifuge; le mouvement de
236
rotation peut être produit à l’aide d ’u Fécondation. La reine peut être fécon
ne manivelle ou d ’un petit moteur dée deux jours après sa naissance; la
électrique. phase d ’œstrus est terminée au bout de
20-30 jours. Si cette date est dépassée,
Faiblesse. Une famille est dite faible si la reine vierge ne pourra pondre que
la reine est vieille, presque stérile et des œufs mâles.
peu prolifique; si les abeilles ne sont
pas assez nombreuses, la m aturation Filtre. Doit être posé sous le robinet de
du couvain étant ralentie par manque l’extracteur pour arrêter les fragments
de chaleur; si la ruche est contaminée; de cire, donc épurer le miel.
si elle est constamment troublée; si la
région choisie est exposée au vent et Fraude. Le miel peut être falsifié avec
peu mellifère. des substances diverses, telles que la
farine, les fécules, de la gélatine, du
Famille (colonie). Ensemble des ou sable, du talc, de la craie, de la mélas
vrières, des mâles et de la reine qui vi se, du glucose, des sirops, de l’am i
vent dans une ruche. En général, une don, du saccharose, de la glycérine,
famille possède: une femelle fécondée des matières grasses, etc. Les altéra
(reine), plusieurs milliers de femelles tions sont facilement décelables dans
stériles, c’est-à-dire possédant des or la mesure où le miel authentique se
ganes génitaux atrophiés, mais char cristallise d ’une manière typique et où
gées de divers travaux à l’intérieur de ces falsifications peuvent être détec
la ruche et partant butiner à l’exté tées en laboratoire.
rieur, plusieurs centaines de mâles ou
faux bourdons dont le principal rôle Fusion (cire). Pour faire fondre les
est de féconder la reine. vieux rayons, ils sont en général ré
duits en fragments, immergés dans de
Faux bourdon. Mâle dont le rôle es l’eau courante pendant une journée
sentiel est de féconder la reine vierge pour que les grumeaux puissent dispa
au cours du vol nuptial. Il est incapa raître. Ces fragments sont ensuite mis
ble de travailler et de se défendre car il dans un récipient dont l’eau est portée
ne possède aucun organe prévu à cet à ébullition. Il est im portant de ne pas
effet. II se transform e, d ’œ u f en insec employer de récipients en fer, en zinc
te parfait, en l’espace de 24 jours. Le ou en cuivre, qui peuvent altérer la ci
faux bourdon consomme 15 mg de re. L ’acier inoxydable ou l’aluminium
miel, donc trois fois plus q u ’une ou conviennent parfaitem ent.
vrière. Il vit, en moyenne, trois mois, à
moins q u ’il ne soit massacré avant. Gants. Protègent les mains de l’opéra
Certains faux bourdons parviennent teur pendant ses visites de contrôle des
toutefois à surm onter l’hiver. ruches. Mais ces gants étant parfois
237
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
gênants, certains apiculteurs préfèrent leur propre famille. Grâce à cette glan
se verser sur les mains du jus de citron de, les abeilles sont capables de recon
ou du vinaigre au lieu de les utiliser. naître des intrus éventuels dans leur
nid.
Gardiennes. Ouvrières qui surveillent
l’entrée du nid. Ces gardiennes sont Glandes. L ’abeille possède de nom
peu nombreuses au début du prin breuses glandes; dans la tête, dans le
temps mais augm entent en nombre au thorax, dans l’abdomen. Dans la tête
moment de la pleine récolte pour évi se trouvent les glandes salivaires, les
ter que leur ruche ne soit pillée. glandes pharyngales et les glandes
mandibulaires, fondamentales pour la
Gaufrier. Presse gravant en relief les vie de la ruche et que seules les ouvriè
amorces de cellules dans les feuilles de res possèdent.
cire; ces feuilles de cire, destinées à la
préparation de la cire gaufrée, sont fa Glossomètre. Appareil pour mesurer
briquées par des industries spéciali la longueur de la langue des abeilles. Il
sées. Grâce à ce système de gaufrier, il s’agit en général d ’une boîte possédant
est ainsi possible d ’obtenir ultérieure une paroi graduée et contenant du si
ment des abeilles plus grosses dans la rop. Les abeilles, en s’efforçant de su
mesure où peuvent être gravées des cer les substances sucrées, étirent au
cellules plus grandes, qui donneront maximum leur langue; grâce à cette
naissance à des abeilles plus volumi boîte graduée, il est ainsi possible de
neuses possédant une langue plus lon mesurer la longueur maximale at
gue. Les gaufriers allemands, en géné teinte.
ral, fabriquent des cellules plus petites
dans la mesure où l’abeille allemande Grappe. Regroupement des abeilles
est plus petite. lorsque la tem pérature extérieure des
cend au-dessous de 10°C. Les abeilles
Gelée royale. Sécrétion produite par en effet se rassemblent sur un coin de
des glandes présentes dans la tête des rayon pourvu de cellules vides et émet
abeilles ouvrières. De couleur blanche tent de la chaleur; à l’intérieur de cette
laiteuse, c ’est la nourriture fournie à grappe, la tem pérature peut atteindre
toutes les jeunes larves. On conseille sa 25-30 degrés, alors que la température,
consomm ation aux personnes conva à l’extérieur, peut descendre à -10°C.
lescentes ou fatiguées. Leur position est la suivante: la tête
d ’une abeille est protégée par l’abdo
Glande de Nasonoff. Glande olfactive men de l’abeille qui la recouvre; dans
émettrice, située dans la partie term i cette position, les abeilles peuvent ain
nale de l’abdom en et qui permet aux si se transm ettre le miel pour se nourrir
abeilles de reconnaître les membres de et se déplacer en même temps afin que
238
LEXIQUE
239
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
les de sucer les liquides. Les différen sation de la ruche rationnelle à cadres
tes races d ’abeilles n ’ont pas toutes mobiles.
une langue de la même longueur: cette
langue peut avoir au minimum 6 mm Maturateur. Récipient de forme cylin
de long et au maximum 9 mm. Les drique à l’intérieur duquel le miel est
abeilles qui possèdent une langue très versé pour pouvoir parvenir à m atura
longue peuvent recueillir le nectar tion et être vendu dans le commerce.
dans des fleurs à calice profond, le trè
fle rouge par exemple. Métamorphose. La reine se méta
morphose en 15 j ours et naît le 16e j our
Longueur. La longueur du corps de (3 jours comme œ uf, 5 à l’état larvai
l’ouvrière varie entre 10 et 13 mm; cel re, 7 à l’état de nymphe). Les mâles
le du faux bourdon entre 13 et 14 mm; naissent le 25e jour après être restés 24
celle de la reine peut atteindre 16 mm. jours à l’état de couvain (3 jours com
me œ uf, 6 jours et demi à l’état larvai
Marquage. Les reines peuvent être re, 14 jours et demi comme nymphe).
marquées pour être individualisées et Les ouvrières possèdent un cycle de 21
reconnues en fonction de leur âge. Il jours et naissent le 22e jour (3 jours
sera préférable d ’utiliser des couleurs comme œ uf, 6 jours comme larve, 12
différentes chaque année pour que cet jours comme nymphe). Les cellules
te déterm ination soit plus aisée. Cou doivent être fermées par un opercule
leurs préférées: blanc, jaune, rouge, de cire le 8e jour s’il s’agit d ’une reine,
vert, bleu ciel (dans cet ordre). Pour le 9e pour les ouvrières, et au bout de 9
m arquer le thorax de la reine, un petit jours et demi pour les mâles.
pinceau ou une tête d ’épingle teintée
de la couleur désirée peuvent être utili Miel. Provient du nectar et du miellat
sés. Il faudra toutefois emprisonner la de diverses plantes. Le saccharose que
reine. A u préalable, soumettre quel contient le nectar est transform é par
ques abeilles ordinaires à quelques es l’abeille en glucose et en fructose grâce
sais. à ses enzymes. L ’abeille régurgite cette
substance sucrée transform ée dans la
Masque. Sert à protéger le visage des cellule où le miel mûrit. P our produire
piqûres éventuelles, spécialement en un kilo de miel, une butineuse doit ac
période de faible floraison et de peu de complir 50 000 vols environ.
butin.
Miel œnologique. Parmi les diverses
Massacre des abeilles. Pratique barba applications du miel, citons son utili
re pour extraire le miel des ruches vul sation dans l’industrie œnologique
gaires; de nos jours, cette pratique a pour augmenter le degré alcoolique
pour ainsi dire disparu grâce à l’utili d ’un moût lorsque le raisin est peu su-
240
JE
241
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
242
EXIQVE
des abeilles butineuses, cirières, nour midité et, à la longue, être très nocifs.
ricières, etc. L ’apiculteur devra donc les utiliser
uniquement si le froid est excessif. Ils
Ovulation. Parm i les abeilles domesti peuvent être faits en paille, en copeaux
ques, seule la reine est capable d ’ovu de bois, etc.
lation; il arrive toutefois, bien que ce
cas soit rare, que, dans les colonies or Pansement. Après une piqûre d ’abeil
phelines, certaines ouvrières parvien le, il est recommandé de verser de l’eau
nent à pondre des œufs non fécondés froide sur la partie blessée pour que
qui ne donneront naissance q u ’à des l’inflamm ation s’atténue; il convien
faux bourdons. Il semble toutefois dra également d ’appliquer sur la bles
que, à l’origine de leur évolution, à l’è- sure de la glace, de la glycérine, de
re tertiaire, tous les membres de la fa l’ammoniaque, du sel humide, de la
mille aient possédé cette fonction de teinture d ’iode, du latex de figuier, du
reproduction. Avec le temps, cette jus d ’oignon, etc. Dans les cas graves,
fonction s’est spécialisée et seule la rei aller consulter un médecin.
ne s’est vu attribuer l’honneur et la
charge de perpétuer son espèce dans le Parthénogenèse. Propriété génétique
temps; les faux bourdons ont tous de la reine vierge à pondre des œufs
conservé leurs caractères sexuels mâles viables. La reine non fécondée, en ef
bien que peu de faux bourdons soient fet, peut engendrer de nouveaux indi
en fait capables de féconder la reine, vidus mais ceux-ci seront tous mâles.
les autres faux bourdons devant être P ar conséquent, la reine, même après
pour la plupart considérés comme inu le vol nuptial qui la féconde de maniè
tilisables. Le mâle qui s’accouple avec re permanente, peut pondre des œufs
la reine vierge cesse, après l’avoir non fécondés qui ne donneront nais
fécondée, de vivre car ses organes se sance q u ’à des mâles alors que tous les
xuels auront été arrachés. Si 20 ou 30 œufs fécondés engendreront des abeil
jours après sa naissance, la reine n ’a les de sexe féminin.
pas été fécondée, elle pourra pondre
mais ne donnera naissance q u ’à des Partition. Planche rectangulaire qui
mâles. La reine fécondée, au contrai permet de réduire le volume du nid sui
re, peut aussi bien pondre des œufs fe vant la saison et le nombre des mem
melles (ouvrières) que des œ ufs mâles bres de la famille.
(faux bourdons). Les reines sont issues
d ’œ ufs femelles. Passages (dans les rayons). Les abeil
les, en construisant les rayons am éna
Paillassons. Servent pour protéger les gent parfois des trous vers le centre du
ruches contre le froid. Ces paillassons rayon. Ces passages doivent leur per
toutefois peuvent absorber toute l’hu mettre, en hiver, de passer d ’une face
243
du rayon à l’autre. Ils doivent égale Piège à bourdons. Appareil très simple
ment perm ettre à la reine de passer qui permet de faire sortir les mâles de
d ’un rayon à l’autre pour pondre. L ’a la ruche et de leur en interdire l’entrée;
piculteur devra donc satisfaire ce be le soir, les mâles qui se trouvent hors
soin en am énageant lui-même artifi du nid, veulent rentrer mais sont aussi
ciellement des passages. tôt chassés et se trouvent voués à une
mort certaine à cause du froid. Il faut
Pattes. Les abeilles possèdent 3 paires fixer sur la ruche ces pièges à bourdons
de pattes, placées sur les côtés du th o lorsque la reine a été fécondée et que la
rax; il faut distinguer les pattes anté récolte commence à diminuer.
rieures, les pattes médianes et les pat
tes postérieures; chaque patte est com Pillage (causes). Ouverture des ruches
posée de 6 articles: la hanche, le tro- aux heures les plus chaudes; transvase
chanter, le fémur, le tibia, le tarse ments pendant des périodes de pénu
(composé de 4 articles) et le métatarse. rie; pratique d ’un essaimage artificiel
La première paire de pattes des ouvriè à une époque inadéquate; colonies
res est pourvue d ’un peigne qui leur possédant une propension particulière
permet de se nettoyer les antennes. La au pillage, soit pour y avoir été inci
seconde paire est pourvue d ’une soie tées, soit par tendance héréditaire; pé
qui leur permet d ’évider les corbeilles nétration d ’un essaim dans une ruche
de leur contenu. La troisième paire est en pleine activité; ruches faibles enva
pourvue d ’une corbeille, d ’une brosse, hies par d ’autres abeilles; nourrisse-
d ’un peigne et d ’une pince, qui leur ment stimulant exécuté aux heures
perm ettent de recueillir le pollen. La chaudes; miel mis à la portée des abeil
reine et les faux bourdons ne possè les; rayons délaissés, si m om entané
dent ni corbeille, ni brosse, ni peigne. ment soit-il; substances sucrées mises à
la portée des abeilles; lenteur et négli
Peuplement. Un rucher peut être gence des manipulations d ’extraction
agrandi de diverses façons. des cadres operculés de la hausse; ou
1. En transvasant des ruches vulgaires tils souillés de miel; famille orpheline;
dans des ruches rationnelles. nourrissement à base de sucre roux
2. En capturant des essaims naturels fourni à des familles affaiblies; visites
et en les plaçant dans des ruches ra de contrôle exécutées dans une famille
tionnelles. affaiblie; désoperculation involontai
3. En créant de nouvelles colonies, en re des cellules à miel de la hausse avec
pratiquant l’essaimage artificiel. la brosse à abeilles; imprudences va
4. En acquérant des noyaux de colo riées de l’apiculteur.
nies avec une reine fécondée.
5. En achetant des ruches préparées Pillardes. Abeilles qui, ne trouvant
par des apiculteurs expérimentés. pas de butin ou stimulées par le par
244
LEXIQUE
fum du miel, partent à la recherche de Poids. Une ouvrière à jeun pèse envi
produits sucrés pour les piller, soit à ron 105-106 mg; environ 10 000 abeil
l’intérieur des ruches, soit près des ha les pèsent 1 kg. Dans un rayon, il y a
bitations. 175 abeilles par dm 2, soit 4 000 sur un
rayon Dadant-Blatt; leur poids corres
Piqûres. Les piqûres d ’abeilles sont pond à environ 400 grammes. Une ru
douloureuses et gênantes; elles peu che avec une famille prospère cou
vent occasionner une boursouflure ou vrant 10 rayons, aura une population
des démangeaisons sur la partie bles de 40 000 abeilles, et le poids de l’en
sée; cette douleur peut durer quelques semble de ses membres sera proche de
heures ou quelques jours suivant la 4 kg. Il faut tenir compte que, dans les
sensibilité de la personne blessée. Ra poids calculés, on n ’a pas tenu compte
res toutefois sont les lésions graves; si du poids de la nourriture.
tel était le cas, c’est que la personne
blessée serait en mauvaise santé. N or Pollen (applications). Correspond à la
malement, les effets d ’une piqûre d ’a partie protéique de l’alimentation des
beille sont négligeables. abeilles; est indispensable pour la
En fait, les abeilles ont particulière nourriture des larves. Le pollen est la
ment tendance à piquer les jours de matière première pour la production
grand vent, en cas d ’orage ou lors de la gelée royale et des œufs. Les be
qu’elles ont découvert du miel mais
soins de pollen, dans une colonie nor
n ’ont pu vraim ent l’atteindre, au mo
male, sont de 35 à 40 kg environ par
ment du vol nuptial de la reine, lors
an.
q u ’elles sont menacées, en particulier
vers le soir. Pour comprendre ce der
Pollen (carence). Si la colonie est pri
nier phénomène, il suffit de savoir
que, le soir venu, les abeilles ne voient vée ou presque de pollen, ce produit
pas très clair donc sont particulière devra être remplacé par des succéda
ment soupçonneuses. En outre, elles nés courants: farine de seigle, ou de
peuvent être incitées à piquer lors blé, moulue grossièrement et mise à la
qu’elles se heurtent à des obstacles sur disposition des abeilles en la déposant
leur parcours, lorsque la ruche a été sur le fond de la ruche ou près de la
heurtée violemment, lorsque les réser sortie.
ves alimentaires ne sont pas suffisan
tes et doivent donc être réapprovision Pollen (succédanés). Si les abeilles ne
nées. peuvent récolter suffisamment de pol
len, elles devront être nourries avec
Planchette de vol. Planchette placée des succédanés; les farines grossière
devant le trou de vol qui permet aux ment moulues des céréales et des légu
ouvrières de se poser avant de partir mineuses (avoine, orge, maïs, fro
butiner ou à leur retour. ment, seigle, soja, fèves, haricots,
245
LI ÆS
pois, etc.), répondant parfaitem ent à ne faut faire aucun mouvement brus
cette fin. Il est également possible d ’u que mais se déplacer lentement et sûre
tiliser de la farine de châtaigne. Il est ment; les gestes brusques et les mani
aussi possible de préparer: pulations irritent les abeilles. Il faut
a) 100 g de farine de fèves et 25 g de éloigner les chiens et les chats car, en
lait en poudre écrémé, additionnés remuant involontairement la queue,
de sirop de saccharose; ces animaux pourraient troubler les
b) farine de pois et de soja, en doses abeilles et se faire piquer, ce qui incite
égales, jusqu’à 100 g et mélangée à rait les autres abeilles à en faire autant.
12 ou 13 g de levure de bière. Il est Il ne faut absolument pas faire de bruit
également possible d ’y ajouter du à proximité de la ruche, en particulier
sirop de saccharose pour l’humec- peu avant de procéder aux visites. En
ter sans q u ’elle devienne liquide. cas de piqûre, il faut s’éloigner comme
si rien ne s’était passé, ne faire aucun
Ponte. La ponte des œufs est faite par mouvement brusque et ne pas crier. Il
la reine et commence en général en ne faut pas écraser les abeilles, même
janvier, mais bien sûr ce début est involontairement, même si elles sont
sujet à variations selon le climat. La mortes, en particulier près de la ruche;
ponte diminue dès que la récolte dimi l’odeur du venin excite et rend furieu
nue elle aussi. Elle cesse enfin dès l’ap ses leurs compagnes. Avant de manier
parition du froid. La reine pond les la ruche, se tremper les mains dans de
premiers œufs dans le centre du l’eau fraîche ou du vinaigre.
rayon; puis elle se déplace de manière
circulaire du centre vers la périphérie; Propolis. Substance résineuse sécrétée
dès q u ’une face du rayon est remplie, par les plantes (peupliers, saules, bou
elle pond sur l’autre face. Au bout leaux, ormes, etc.) et recueillie par les
d ’un certain temps, les œ ufs prêts à abeilles pour colmater les fissures du
éclore se trouveront au centre, entou nid, renforcer et ressouder la cire gau
rés par le couvain operculé. frée, embaumer les cadavres des insec
tes pillards qui auraient pénétré dans
Précautions. L ’apiculteur doit pren la ruche.
dre toutes sortes de précautions pour La propolis fond à 65°C, sa densité
ne pas être piqué. Les abeilles les plus étant de 1,2; elle est constituée pour
irascibles sont, en général, les abeilles 50% de substances résineuses, 10%
les plus âgées. Avant d ’ouvrir une ru d ’huile essentielle et 40% de cire. La
che, il faut donc enfumer l’intérieur cire est ajoutée par les abeilles pour ra
pour que les abeilles, effrayées, se gor mollir la consistance de la résine. Une
gent de miel, donc deviennent calmes. colonie normale recueille ordinaire
Il faut manier la ruche en restant à côté ment, en l’espace d ’une année, entre
de la façade opposée au trou de vol. Il 100 et 250 g de propolis.
246
LEXIQ UE
247
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
royales. L ’apiculteur devra donc pren expire 150 fois par minute; au repos,
dre le maximum de précautions en pré ses mouvements respiratoires se rédui
levant et en triant les cellules royales. sent à 50.
La tem pérature optimale atteint 30 à
35°C. Réunion. Opération qui permet de
placer dans une seule et même ruche
Renforcement. Opération qui permet deux familles faibles en compagnie
de renforcer une ruche médiocre, peu d ’une seule reine. Les deux familles
peuplée. Ce renforcement s’avère né profitent de cette réunion. Elle peut
cessaire dans les ruches affaiblies, être exécutée en automne (pour que les
pour éviter que les membres de la colo abeilles puissent hiverner dans les
nie ne soient décimés par le froid en meilleures conditions) ou au prin
hiver. temps (pour que les familles soient
plus vigoureuses).
Repeuplement. Dans une ruche, la po
pulation se renouvelle 3 ou 5 fois du Ruche allemande. Ruche verticale à
printemps à la fin de l’été, une fois de ouverture postérieure modifiée en Ita
l’autom ne au printemps. La reine se lie par Sartori. Cette ruche possède de
renouvelle naturellement tous les 4 ou petits rayons assez difficiles à extraire
5 ans. du corps de ruche; l’apiculteur perd
également beaucoup de temps en ef
Repos. Chez l’abeille, on peut rem ar fectuant les visites de contrôle. Tombe
quer un ralentissement d ’activité en de plus en plus en désuétude dans son
hiver et pendant les saisons pluvieuses pays d ’origine (Allemagne).
et venteuses; lorsque le temps est
chaud, l’abeille travaille également à Ruche Dadant-BIatt (version françai
l’intérieur de la ruche durant la nuit. se). Version révisée de la ruche origi
nale Langstroth, modifiée par Da-
Respiration. L ’abeille respire à travers dant, puis par Blatt.
ses stigmates, c’est-à-dire 14 minuscu Cette ruche possède un corps de ruche
les orifices qui se trouvent sur les côtés pourvu de 12 cadres pour le nid à cou
du corps, 4 dans le thorax, 2 de chaque vain et une hausse pourvue d ’autant
côté et 10 dans l’abdom en, de chaque de cadres, deux fois plus courts; le pla
côté également. fond est mobile et des partitions peu
Les stigmates com muniquent avec les vent être utilisées pour réduire le volu
trachées qui aboutissent dans les deux me du nid.
“sacs aériens”. De ces sacs partent de Dimensions internes du corps de ru
nombreuses ramifications qui portent che: 45 cm x 45 cm x 32 cm, de la haus
l’air dans tout le corps. Lorsqu’elle est se 45 cm x 45 cm x 18 cm . Espace occu
en pleine activité, l’abeille inspire et pé par le cadre du corps de ruche: 42
248
MEXIQUE
249
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES
250
LEXIQUE
rieur de la ruche, toutes leurs activités de de l’année, bien que les périodes les
à une tem pérature de 15 à 25°C, mais plus favorables soient celles où les
elles peuvent supporter des tem pératu abeilles sont immobilisées par le m au
res allant jusqu’à 36°C. Si, en hiver, la vais temps, le froid ou l’hiver, ou en
tem pérature extérieure atteint 8°C à core le moment où la m ajorité des
l’om bre, les abeilles sortent de leur ru abeilles sont parties butiner. L ’apicul
che pour accomplir leur vol de net teur devra toutefois envisager chaque
toyage. cas car une ruche peut être déplacée
pour toutes sortes de raisons.
Transfert. Capture et transfert dans
une ruche rationnelle d ’une famille qui Transvasement. Transfert d ’une colo
s’était installée dans un abri naturel ou nie d ’abeilles d ’une ruche vulgaire ou
présumé tel (toit, arbre, roche, etc.). à rayons fixes dans une ruche ration
nelle à cadres mobiles.
Transhumance. Déplacement des ru
ches dans les régions particulièrement Travaux. Les abeilles ouvrières ac
mellifères pour que les abeilles puis complissent divers travaux. Les princi
sent élaborer une plus grande quantité paux sont les suivants: sécrétion de la
de miel; au cours de la même saison, cire; construction des rayons et des
un rucher pastoral peut donc être dé cellules royales; alimentation du cou
placé plusieurs fois. L ’apiculteur qui vain; operculation des cellules; net
pratique l’apiculture pastorale doit toyage du nid; défense de la famille;
être très expérimenté, car cette forme ventilation; récolte du nectar, du pol
d ’apiculture est la plus industrialisée et len, du miellat, de la propolis et de
requiert des opérateurs spécialisés. l’eau.
251
rée, il est préférable d ’aménager, dans contre les piqûres; mais il devra avoir
la partie inférieure de la ruche, une ou été préalablement piqué plusieurs fois.
verture qui devra cependant être pro Certains auteurs attribuent au venin
tégée par une grille métallique très fi des abeilles les mêmes propriétés, bien
ne. Cette grille ne doit pas laisser pas que moins dangereuses, que celles du
ser les abeilles. venin des crotales. Il a été prouvé que
le venin des abeilles possède des pro
Valeur alimentaire (miel). 1 kg de miel priétés anti-rhumatismales, voire anti
possède la même valeur calorique que cancérigènes.
50 œ ufs, 25 bananes, 40 oranges mû
res, 5 litres de lait, 1,6 kg de viande de Ventileuses. Certaines abeilles par
bœ uf, 600 grammes de fromage. Il viennent, en battant des ailes, à provo
contient, outre le saccharose, du quer un mouvement d ’air à l’intérieur
phosphate de calcium, du carbonate de la ruche, sur le sol et à proximité des
de calcium, des produits azotés, des parois. Leur but est de ventiler le nid,
sulfates, des sels de fer, de l’acide for- de purifier l’air, d ’accélérer la m atura
mique et des traces d ’éléments miné tion du miel déposé à l’intérieur des
raux. C ’est un aliment rapidement as cellules, donc encore riche en eau.
similable.
Vie. Les reines vivent en général 5 ans
Venin. Le venin des abeilles contient environ; par contre leur fertilité dimi
toutes sortes de composants dont la nue dès la 3e année; aussi doivent-elles
plupart ont une action enzymatique. être changées. Du printemps à l’été,
Une goutte de venin pèse 0,3 mg envi les ouvrières vivent en moyenne un
ron. P our obtenir un gramme de ve mois ou un peu plus. En hiver, elles
nin, il faudrait donc extraire du venin peuvent survivre plusieurs mois; on
sur 20 000 abeilles. P our q u ’une s’est ainsi aperçu que certaines abeilles
personne saine soit blessée mortelle pouvaient vivre 7 mois, c’est-à-dire du
ment, il faudrait q u ’elle soit atteinte mois d ’octobre au mois d ’avril.
par 500 piqûres. Les mâles vivent en général 4* ou 5
Les piqûres d ’abeilles peuvent intoxi mois; assez rarem ent, les faux bour
quer l’organisme et donner de la fiè dons échappent au massacre et par
vre, tum éfier les organes blessés, pro viennent à surmonter l’hiver, mais ils
voquer des troubles intestinaux. Les meurent au début du printemps. Les
personnes affectées de troubles ré faux bourdons, d ’ailleurs, vivent en
naux, cardiovasculaires, tuberculeux, général dans un milieu hostile; ils sont
les personnes nerveuses devront es tolérés avant le vol nuptial, s’ils res
sayer de se préserver contre ces piqû tent dans le nid, sur les rayons du nid à
res. L ’apiculteur, quant à lui, peut couvain, car ils finissent par être utiles
parvenir, avec le temps, à s’immuniser à la colonie. Dans ce cas, ils vivent
252
LEXIQ UE
253
Table des matières
M orphologie e x te r n e ...................................................................................................» 14
Le corps et la t ê t e ......................................................................................................» 14
Les y e u x .......................................................................................................................» 15
L ’appareil b u c c a l......................................................................................................» 17
Le t h o r a x .............................................................................................................. .......» 18
Les p a t t e s ....................................................................................................................» 19
L ’abdom en .......................................................................................................... .......» 20
L ’appareil v u ln é r a n t........................................................................................ .......» 21
255
U n peu d ’histoire ............................................................................................... page 35
C la s s ific a tio n ...................................................................................................... » 37
Répartition des espèces et des sous-espèces ............................................. » 41
G énéralités ................................................................................................................ » 87
La fleur ...................................................................................................................... » 88
256
Mammifères .............................................................................................. page 109
O ise a u x ....................................................................................................... » 111
Reptiles ....................................................................................................... » 111
Batraciens .................................................................................................. » 111
Insectes ....................................................................................................... » 111
Arachnides ................................................................................................ » 114
Protozoaires .............................................................................................. » 116
C h am p ig n o n s............................................................................................ » 117
Bactéries ..................................................................................................... » 119
257
Règles pour la lutte contre la loque eu ro p éen n e...................................... page 134
Etiologie et caractéristiques................................................................... ...... » 134
P ro p a g a tio n .............................................................................................. ...... » 134
Traitem ent ....................................................................................................... » 135
D ésinfection.............................................................................................. ...... » 135
S ix iè m e p a r t ie - L a r u c h e
258
Caractéristiques d ’une b onne r u c h e ................................................................ page 160
Parties de la r u c h e ............................................................................................. ......» 160
O rientation de la r u c h e .................................................................................... ...... » 161
C ouleur de la r u c h e .......................................................................................... ...... » 162
Ruches à double p a r o i ............................................................................................ » 162
D im ensions et t y p e s .......................................................................................... ...... » 162
C onditions e s s e n tie lle s.................................................................................... ...... » 163
259
M éthodes d ’essaimage artific ie l............................................................ page 191
Caractères de l’essaimage artificiel et recommandations .................. » 193
Conclusion ................................................................................................ » 195
N e u v iè m e p a r t ie — L a l é g is l a t io n e n F r a n c e
D ix iè m e p a r t ie — L ’a p ic u l t u r e e n F r a n c e e t d a n s l e m o n d e
60
Depuis la publication, en 1901, du Traité des abeilles de Maeterlinck, l’apiculture
n’est plus seulement réservée aux initiés. Aujourd’hui, un large public s’intéresse
aux abeilles et nombreux sont les particuliers à vouloir posséder leur propre ruche.
N’estime-t-on pas qu’en France il y a environ 1 200 000 colonies !
Cet ouvrage aborde toutes les questions que vous vous posez sur :
• l’abeille, la vie de la ruche, le rôle et la place de la reine, de l’ouvrière et du
faux bourdon, le mode de communication des abeilles... ;
• les techniques modernes d’apiculture : l’équipement et les accessoires indis
pensables, la durée et le mode de récolte du miel... ;
• les variétés de miel, les sources nectarifères, les autres produits de la ruche :
la gelée royale, la propolis, la cire... ;
• les soins phytosanitaires, la protection de la ruche, la législation en vigueur.