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cours d’apiculture moderne

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LE GRAND LIVRE
DES ABEILLES
COURS D’APICULTURE MODERNE
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Lcole Nationale Vétérinairel

LE GRAND LIVRE
DES ABEILLES
COURS D’APICULTURE MODERNE

ÉDITIONS DE VECCHI S.A.


52, rue Montmartre
75002 PARIS
M algré l ’attention portée à la rédaction de cet ouvrage, l ’auteur ou son éditeur ne peuvent
assum er une quelconque responsabilité du fa it des informations proposées (formules, recettes,
techniques, etc.) dans le texte.
Il est conseillé, selon les problèm es spécifiques - et souvent uniques - de chaque lecteur, de
prendre l ’avis de personnes qualifiées po u r obtenir les renseignem ents les plus complets, les
plus précis et les plus actuels possible.

Traduction de Yvette Gogue et Jean-Marc Mandosio

Photos de couverture: © Gissey/Cogis

© 1989 E ditions De V ecchi S.A. - Paris


© 2002 N ouvelle édition m ise à jo u r - E ditions D e V ecchi S.A . - Paris
Im prim é en Italie

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions stricte­
ment réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes
citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement
de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles
425 et suivants du Code pénal.
pollen que l’homme puisse élever et
exploiter à des fins économiques.
Introduction L ’utilité des abeilles a été progressive­
ment reconnue par de nombreux états
comme les USA, l’URSS, la Grande-
Bretagne, les Pays-Bas, les pays Scan­
Depuis de nombreuses années, l’api­ dinaves, le Japon et l’Italie qui ont su
culture a été, sur le plan économique, entrevoir la nécessité d ’augmenter le
reconnue pour son utilité dans le do­ nombre de leurs ruches par hectare
maine agricole, et en particulier dans afin d ’accroître les productions uni­
celui de la pollinisation croisée de nom­ taires de leurs cultures.
breuses plantes cultivées fécondées par Par ailleurs, dans certains pays euro­
les abeilles. Tel est le cas du poirier, péens et extra-européens, l’aide oc­
du pommier, de l’abricotier, du ceri­ troyée par les gouvernements aux api­
sier, du prunier, de l’amandier, du pê­ culteurs, la rétribution que ces der­
cher et autres arbres fruitiers; citons niers perçoivent des agriculteurs dési­
également, parmi les plantes herba­ reux de posséder un certain nombre
cées, la luzerne, le trèfle, le sainfoin, de ruches, témoignent de l’apport
le lupin et autres plantes fourragères, considérable que peut représenter l’a­
en particulier lorsqu’elles sont desti­ piculture pour l’agriculture.
nées à la production de graines; que Dans les pays à culture intensive, la
ces plantes soient cultivées en parcel­ production de miel par ruche est en
les expérimentales ou en plein champ, général assez faible et ne parvient pas,
on est en effet parvenu, en plaçant à à elle seule, à rentabiliser le travail des
dessein des ruches à proximité, à dou­ apiculteurs.
bler et même tripler leur rendement Actuellement, il n ’est pas tellement
par rapport à celui des cultures pri­ intéressant d ’instaurer un protection­
vées de l’intervention des abeilles. nisme sur le miel, produit d’ailleurs en
Parmi tous les insectes qui butinent quantité plutôt modeste, et dont la va­
les fleurs, les abeilles représentent un leur n ’est, en proportion, pas très éle­
pourcentage de 90%, ce sont d ’ailleurs vée. Il faudrait au contraire envisager
les principaux insectes récolteurs de de favoriser l’apiculture en fonction
de la production fruitière, dont la va­ C’est un raisonnement dont il faut se
leur est sensiblement plus grande, et méfier. Compte tenu des moyens
de la production de graines de légumi­ techniques mis à la disposition des
neuses, elle aussi très importante. On couches rurales et des efforts entrepris
estime que la plus-value apportée à par les planificateurs, compte tenu
l’agriculture par la pollinisation des aussi des nombreuses fonctions de
abeilles est de quinze à vingt fois la l’apiculture, celle-ci doit non seule­
valeur des produits de l’apiculture. ment survivre, mais encore progresser
Le but de l’apiculture n ’est donc pas et évoluer.
uniquement la production de miel; Les rôles sont donc renversés: ce n’est
disons même que cet aspect, compte plus l’apiculteur qui devrait demander
tenu des données dont nous dispo­ à l’agriculteur la “permission” de pla­
sons, est incontestablement secondai­ cer une ruche dans son verger, en lui
re par rapport à la pollinisation des versant éventuellement un “péage”,
plantes par les abeilles (donc à l’acti­ mais c’est bien plus l’arboriculteur
vité agricole). On a pu lire dans cer­ qui devrait s’intéresser à l’élevage des
tains journaux: “L’apiculture traverse abeilles ou prendre des ruches en loca­
à l’heure actuelle une véritable crise tion. Le miel ne doit plus être soumis
en raison de la baisse du prix du miel à des mesures protectionnistes: il peut
due à l’importation illimitée et non sé­ aussi bien être importé d’Argentine
lective du miel étranger. Ce miel, ex­ que de Chine! Les apiculteurs pour­
porté par des pays à forte production ront faire baisser le coût de leur pro­
unitaire, est proposé sur le marché na­ duction grâce aux subventions qui
tional à des prix non compétitifs pour leur seront octroyées par les associa­
les producteurs.” De telles déclara­ tions d ’arboriculteurs, le ministère de
tions tendent en somme à démontrer l’Agriculture ou certains organismes
que, le prix de revient du miel demeu­ qui auront reconnu l’importance des
rant supérieur à sa valeur commercia­ abeilles sur le plan agricole et se se­
le, l’élevage des abeilles perd de plus ront transformés en promoteurs pour
en plus d ’intérêt; elles risquent en ou­ l’aide au développement et la recon­
tre d ’inciter les apiculteurs les plus naissance de l’apiculture. Les con­
passionnés à abandonner définitive­ sommateurs ne seront d’ailleurs pas
ment une activité qui, en l’absence de les derniers à bénéficier de ces mesu­
mesures protectionnistes appropriées, res puisqu’ils verront le prix du miel
semble vouée à l’échec. au détail diminuer.

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Première partie
Les avantages de
l’apiculture
champs qui ne bénéficient pas de cette
intervention; pour le sainfoin, l’aug­
Quelques mentation a été évaluée à 12 fois la
estimations production normale, pour la luzerne à
6 fois. On peut citer à ce propos l’ex­
quantitatives périence de Zander. Ce dernier prit
deux branches témoins d’un poirier,
couvertes de 404 et 400 fleurs. La
seconde, recouverte d ’une légère gaze,
ne produisit aucun fruit. La première,
En France, par le passé, certaines pu­ laissée à l’air libre, donna 33 poires.
blications agricoles ont mis en éviden­ On peut voir dans cette expérience
ce les avantages qui pourraient être l’action déterminante des abeilles
obtenus si les apiculteurs et les agri­ pour la fructification. D’autres cher­
culteurs décidaient de collaborer; cet­ cheurs sont parvenus à des résultats
te idée a été émise dans certaines re­ moins surprenants et certains n ’ad­
vues scientifiques ou universitaires; mettent pas une augmentation aussi
mais ces velléités de propagande n ’ont élevée: ils se contentent d’affirmer
que récemment été poursuivies auprès que cette augmentation est de 50%
des agriculteurs qui sont pourtant, en pour la luzerne au lieu de 60%, de
fin de compte, les principaux inté­ 33% seulement pour le trèfle rouge
ressés. butiné par les abeilles et refusent des
Certes, nous ne voudrions pas pour pourcentages plus élevés.
autant affirmer que l’apiculture est Peut-être n ’est-il pas inutile de citer
complètement négligée. Mais les ef­ l’exemple de la production de la luzer­
forts entrepris pour informer les inté­ ne: les productions de graines par hec­
ressés sont assez restreints. tare varient en fonction du terrain et
Certains chercheurs ont par exemple des conditions climatiques, puisqu’il
découvert que la production des grai­ est possible d ’obtenir une production
nes de lupin pouvait être 60 fois plus de 8 quintaux par hectare ou seule­
importante si cette plante était culti­ ment d ’un quintal par hectare; la va­
vée dans des champs butinés par les leur de la graine de luzerne certifiée,
abeilles, comparaison faite avec les par quintal, est de nos jours de 900

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francs environ. Admettons, pour ment de nectar aux abeilles qui, inévi­
trancher, un pourcentage de 50% et tablement, l’abandonnent au profit
disons que ce chiffre montre, à lui de certaines autres plantes. En consé­
seul, que le problème n ’est pas négli­ quence, il est possible d ’admettre que
geable et que les entreprises agricoles le trèfle rouge ne bénéficie pas vrai­
devraient en tenir compte pour aug­ ment de l’intervention des abeilles,
menter leur revenu. mais c’est l’exception qui confirme la
Si en outre nous acceptons le fait que, règle.
aux dires des entomologistes, la pro­ Quoi qu’il en soit, on a ainsi pu dé­
duction de la luzerne butinée par les nombrer, dans les prés de notre pays,
abeilles peut être quadruplée par rap­ parmi les insectes pollinisateurs, des
port à celle des luzernières privées de diptères, des coléoptères, des lépidop­
cette intervention, comment pourrait- tères et surtout des hyménoptères;
on ne pas reconnaître l’apport de VApis mellifica appartient à cette der­
l’apiculture à l’agriculture? nière catégorie.
Ne péchons pas toutefois par excès On admet en général que le pourcen­
d ’optimisme: les abeilles peuvent, el­ tage des visites des insectes aux fleurs
les aussi, susciter certaines décep­ des différentes plantes se répartit de la
tions; certaines expériences ont par manière suivante (sur 100 visites):
exemple donné des résultats négatifs abeilles mellifiques: 76,6; bourdons:
lorsque les champs de luzerne et de 7,6; mouches: 3,9; fourmis: 3,7; co­
trèfle rouge se trouvaient à proximité léoptères: 3,4; abeilles sauvages: 2,6;
de tilleuls, de champs de vesce ou de guêpes: 0,5; autres insectes: 1,7. Inu­
trèfle blanc. Les abeilles, en effet, af­ tile de préciser que, parmi tous ces in­
fectionnent le nectar de ces plantes et sectes, l’abeille mellifique est la seule
finissent par ne plus butiner celui de la qui puisse être apprivoisée avec profit
luzerne et du trèfle rouge. Cette der­ et que son élevage doit être exploité si
nière plante, en outre, possédant une l’on désire améliorer les conditions de
corolle plus allongée que celle des au­ culture et obtenir des produits qui si­
tres trèfles, ne fournit pas suffisam­ non seraient perdus.

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Deuxième partie
L’abeille
chimistes, des operculatrices, des net-
toyeuses, des fossoyeurs, des sentinel­
Généralités les. Ces fonctions ne sont jamais rem­
plies par la reine ni par les faux bour­
dons.
Les abeilles mènent donc une vie de
type communautaire et se répartissent
L’abeille est un insecte appartenant à en deux castes: les reproductrices qui
l’ordre des hyménoptères et vivant en n ’effectuent aucun travail matériel, et
société, celle-ci étant caractérisée par les ouvrières qui sont morphologique­
la division et la spécialisation du tra­ ment constituées comme des femelles
vail. Dans les colonies d ’abeilles, une mais possèdent des organes génitaux
seule, la reine, est capable de pondre atrophiés; elles participent unique­
des œufs; les mâles, appelés aussi faux ment à la vie du groupe. Malgré tout,
bourdons, ont pour principal rôle so­ il semble certain qu’à l’origine de l’es­
cial celui de féconder la reine, rôle qui pèce la reine n ’ait pas été la seule ca­
d’ailleurs n ’est joué que par quelques
pable de déposer des œufs pour la
mâles, bien que les faux bourdons
perpétuation de l’espèce.
soient nombreux au sein d’une même
Précisons à ce propos qu’il existe des
famille. Les ouvrières accomplissent
familles au sein desquelles cohabitent
des tâches plus diverses, entre autres
plusieurs reines fécondes.
la récolte de l’aliment, l’organisation
Au fur et à mesure de l’évolution de
du nid, l’entretien des larves, la défen­
se de la ruche contre les attaques d ’en­ l’espèce, la morphologie et la physio­
nemis éventuels; leur rôle est donc de logie des abeilles ont donc pu subir
veiller à la sécurité et à la pros­ des transformations considérables en
périté de la famille. raison de la spécialisation du travail
Les ouvrières sont aussi classées en qui leur est, de nos jours, dévolu.
fonction de leurs activités: il existe des Les parties extérieures du corps sont
nourrices, des dames d ’honneur de la les suivantes: tête, thorax et abdo­
reine, des ventileuses, des architectes, men, trois parties possédant des ca­
des maçons, des cirières, des sculp­ ractéristiques propres chez l’abeille
teurs, des récolteuses de pollen, des ouvrière, la reine et le faux bourdon.

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l’abdomen en raison de l’existence
d’un rétrécissement très net qui se
Morphologie trouve après le premier segment abdo­
externe minal qui fait partie, morphologique­
ment, du thorax; le second segment,
en effet, est étranglé et relié, à l’arriè­
re, à l’abdomen pédonculé. Chez cer­
Le corps et la tête
tains hyménoptères, par contre, l’ab­
domen est sessile, c’est-à-dire qu’il ne
Les yeux et l’appareil buccal
Le thorax, les pattes et l’ab­
possède pas ce genre d’étranglement,
domen le premier segment ayant tendance à
s’élargir et à se prolonger par les au­
L’appareil vulnérant et ses effets
sur l’homme
tres segments.

• La tête (dont l’axe forme un angle


de 90° environ avec celui du corps)
Le corps et la tête est de forme ovoïde chez la reine,
plus ou moins triangulaire ou sub-py-
ramidale chez l’ouvrière et arrondie
• Le corps des abeilles est recouvert chez le mâle; sur la tête se trouvent
d ’une peau protectrice appelée exo- les antennes, les yeux et l’appareil
squelette, pourvue de soies et de poils buccal. Chez le faux bourdon en par­
robustes; cette peau est plus dure dans ticulier, la tête est plus grosse que cel­
les zones centrales, plus molle et plus le des autres individus, les yeux com­
souple à proximité des articulations posés sont si volumineux que, en haut
entre segments; l’exosquelette est for­ du front, ils se retrouvent presque au
mé de trois couches: la cuticule, Y épi- contact l’un de l’autre; les ocelles
derme et la membrane basale. La cuti­ sont frontaux.
cule est externe et tapisse l’épiderme
qui s’appuie sur la membrane basale; • Les antennes ont une forme cylin­
ces trois couches donnent à l’abeille drique et sont insérées sur le front
souplesse et robustesse. La tête et le dans deux petites cavités appelées to-
thorax sont nettement distincts de rules\ les articulations des antennes

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M O RPH i

Structure externe d'une ouvrière, telle qu 'elle se présente en dessous du revêtement des poils
Ab: abdomen; Ant: antenne; E: œil; H; tête; I: premier segment; II-VII; segments abdominaux; Lj,
L2, L,; pattes; Md: mandibule; Prb: langue; Sp: stigmate; Th: thorax; W2 W3; ailes; 1: prothorax;
2; mesothorax; 3: métathorax

sont au nombre de 12 chez l’ouvrière dans les antennes des abeilles) et per­
et la reine, de 13 chez le faux bour­ met en outre aux abeilles de commu­
don. La première de ces articulations niquer entre elles. En effet, une abeil­
est insérée dans la fossette frontale; le, privée de ses antennes, perd toute
les autres, plus courtes que la premiè­ capacité d ’action, et finit par dépérir.
re, ont à peu près la même longueur et
constituent le flagelle, recouvert de
poils. Le flagelle est extrêmement mo­ Les yeux
bile et porte les organes olfactifs et
tactiles (on a ainsi dénombré jusqu’à Les yeux sont de deux sortes: simples
20 000 minuscules organes sensoriels ou composés.

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• Les yeux simples sont au nombre de certains auteurs affirment que les mâ­
trois et se répartissent en triangle sur les, pour rechercher la reine, se lais­
le front, entre les longs poils du som­ sent également guider par leur odorat
met de la tête; ils semblent avoir pour qui est particulièrement développé.
fonction de voir les objets très rappro­ Chez le mâle, les yeux composés se
chés ou placés dans des endroits assez rejoignent presque au sommet de la
mal éclairés, voire complètement obs­ tête. Les ouvrières possèdent plus
curs; ils sont très sensibles à la lumière d’ommatidies que la reine car, ayant à
et subissent certaines modifications assumer une fonction spécifique, elles
suivant l’intensité lumineuse. Il ne doivent posséder de meilleurs organes
semble pas que les yeux simples soient visuels pour pouvoir s’orienter et se
autonomes: ils reçoivent force et im­ déplacer.
pulsion des yeux composés. Chez la reine, le nombre des ommati­
Si l’on recouvre en effet les yeux com­ dies est beaucoup plus restreint car el­
posés, on s’aperçoit que les yeux sim­ le ne sort de la ruche que rarement, la
ples ne sont pas capables de manifes­ première fois à l’occasion de son vol
ter la moindre réaction aux variations nuptial et parfois, une ou deux fois
de la lumière. (ce qui n’est pas toujours le cas),
pour essaimer; elle passe le restant de
• Les yeux composés sont au nombre sa vie à l’intérieur du nid où elle dé­
de deux; de grande taille, ils sont si­ pose ses œufs, vieillit et devient, au
tués sur les côtés de la tête. Ils sont re­ bout d ’un certain temps, stérile. Puis
couverts de nombreux poils et compo­ elle meurt.
sés de facettes. Chaque œil est l’union Grâce à ses yeux, l’abeille peut distin­
de plusieurs milliers de ces éléments guer les couleurs; grâce à son odorat,
lenticulaires de forme hexagonale, il elle subit l’attraction des fleurs, qu’el­
en résulte une image entière bien que, les soient proches ou éloignées et
à l’origine, l’image soit perçue sous qu’elle choisit en fonction de leur
forme de mosaïque. qualité. En fait, l’abeille ne butine, au
L’ouvrière, la reine et le faux bourdon cours de chacune de ses missions, que
ne possèdent pas le même nombre de des fleurs de la même espèce, compte
ces lentilles hexagonales, appelées tenu de la qualité de leur nectar et de
ommatidies, cette différence étant due leur pollen, ou de leur attrait: les cher­
à leur fonction spécifique: le mâle cheurs, à vrai dire, ne sont pas unani­
possède deux fois plus d ’ommatidies mes sur cette capacité de discernement
que l’ouvrière; on a pensé que ce phé­ des couleurs: certains admettent que
nomène était peut-être dû au fait que les abeilles sont capables de distinguer
le mâle doit chercher, au moment op­ le jaune, le vert, le bleu, l’ultraviolet;
portun, la reine égarée dans l’espace d’autres, qu’elles confondent le rouge
pendant le vol nuptial. A ce propos, vif avec le bleu ou l’ultraviolet, le

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blanc avec le bleu verdâtre; et ainsi de
suite pour les autres couleurs.

L’appareil buccal

L'appareil buccal se trouve à la partie STIPE


inférieure de la tête; il est constitué PALPE
MAXILLAIRE
par la lèvre supérieure, les mandibules MANDIBULE
et la lèvre inférieure; l’ensemble cons­
titue l’appareil buccal lécheur-suceur.
PALPE LABIAL
• La lèvre supérieure impaire, de for­
me carrée, pourvue à sa partie infé­
rieure de terminaisons sensorielles, est GLOSSES (INTEGREES
très réduite. DANS LA LANGUE)

• Les deux mandibules, très réduites, Appareil buccal de l'ouvrière


sont soudées en une seule pièce; les
mâchoires, au contraire, sont excep­
tionnellement allongées au niveau des saires; pour se défendre; pour masti­
lobes externes (galéas) et possèdent de quer; pour ouvrir les opercules des
petits palpes; sur la lèvre inférieure, cellules des abeilles qui sont sur le
les palpes labiaux et les lobes infé­ point de voir le jour. Les mâchoires
rieurs internes (glosses) sont allongés. sont donc utilisées comme de vérita­
La réunion des deux lobes internes de bles instruments préhensiles, à l’instar
la lèvre inférieure constitue la langue. des mains pour l’homme. Toutefois,
L’abeille, en rapprochant ces diffé­ de même que les mains ne sont ni cou­
rentes pièces autour de la langue, pos­ pantes ni aiguisées, les organes pré­
sède ainsi une sorte de long suçoir qui hensiles de l’abeille ne peuvent pas
lui permet de lécher et de sucer. perforer les fruits car leur peau est
trop résistante ou trop dure. C’est le
• Les mâchoires servent à diverses contraire qui se produit chez les guê­
fins: pour saisir des morceaux et des pes car leur appareil buccal est cou­
déchets de toutes sortes qui se seraient pant, donc capable d ’endommager les
accumulés dans le nid et risqueraient fruits.
de le salir; pour travailler la cire (ce
travail est facilité par la sécrétion d’u­ • La langue est un ensemble d’appen­
ne substance qui a le pouvoir de ra­ dices parmi lesquels on distingue les
mollir la cire); pour saisir ses adver­ palpes labiaux, les palpes maxillaires,

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les galées et les paraglosses. Cette lan­ thorax, chacun d’eux étant composé
gue peut s’allonger en prenant la for­ de 4 parties distinctes: une plaque
me d’une gouttière se terminant par dorsale, une ventrale et deux latérales.
une sorte de cuilleron qui lui permet Ces plaques se nomment respective­
de lécher. Lorsque l’abeille veut sucer ment: tergite, sternite et pleures.
le nectar de la fleur, elle introduit
dans le calice sa langue, lèche et aspire • Le prothorax porte, de chaque côté
alternativement; pendant ce temps, à l’arrière, la première paire de pattes
cet organe est lubrifié par la salive qui ainsi que les premiers stigmates tra­
dilue le liquide à sucer, en particulier chéens.
si l’aliment est dense et visqueux.
Plus la langue est longue, plus le nec­ • Le mésothorax a, en sa partie supé­
tar des fleurs à long calice peut être rieure, la forme d’un écusson de cou­
absorbé; la langue de l’abeille italien­ leur noire. Sur ce segment sont fixées
ne, par exemple, est plus longue que de part et d’autre les deux premières
celle de l’abeille allemande, la premiè­ ailes.
re ayant une longueur moyenne de Les ailes sont membraneuses, de for­
neuf millimètres, la seconde de sept me sub-triangulaire; elles sont par­
millimètres. courues par un certain nombre de ner­
La langue du mâle est moins dévelop­ vures qui les soutiennent. Le dessus
pée que celle de l’ouvrière, celle de la des ailes est recouvert de nombreux
reine est nettement plus courte. Les poils courts. Lorsque l’abeille est au
individus destinés à la reproduction repos, les ailes sont placées à l’hori­
sont donc incapables d ’absorber le zontale au-dessus de l’abdomen et re­
nectar des fleurs, alors qu’ils peuvent tournées en arrière.
sucer le miel (notamment les faux Les ailes des ouvrières atteignent l’ex­
bourdons) dès qu’il a été récolté; mais trémité de l’abdomen; la reine possè­
en général ils sont nourris par les ou­ de des ailes aussi longues que celles
vrières. des ouvrières, bien qu’elles aient l’air
plus courtes en raison de la grosseur
de son corps; son abdomen est assez
Le thorax long et légèrement recourbé vers son
extrémité postérieure. Les ailes des
Le thorax, appelé également corselet, faux bourdons sont larges, dépassent
est recouvert de nombreux poils qui l’abdomen qui est relativement trapu,
dissimulent sa segmentation; il est arrondi à son extrémité postérieure et
réuni à la tête par l’intermédiaire du recouvert de poils résistants.
cou qui est souple et très court. Le Les ailes postérieures sont plus cour­
thorax est formé de trois segments ap­ tes que les ailes antérieures et portent
pelés prothorax, mésothorax et méta- sur le bord antérieur un certain nom-

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bre de crochets qui, pendant le vol, spécial, en forme de ventouse, le pul-
peuvent s’agrafer au bord postérieur ville, qui permet à l’abeille de marcher
de l’aile antérieure en forme de gout­ sur les surfaces lisses.
tière. Grâce à ce mécanisme, l’insecte Les griffes permettent aux abeilles de
peut voler comme si, au lieu de 4, il s’accrocher aux corps rugueux ou de
n ’avait que 2 grandes ailes, ce qui lui saisir d ’autres abeilles ou insectes.
permet d ’acquérir une certaine vi­ Toutes les pattes des abeilles sont mu­
tesse. nies de ventouses et de petites griffes.
Le mésothorax est le segment le plus
développé du thorax. • Les pattes des ouvrières présentent
des caractéristiques particulières. Le
• Le métathorax est le troisième seg­ tibia et la première articulation du tar­
ment du thorax et porte sur ses deux se, notamment, ont une structure dif­
côtés deux protubérances qui servent férente. Les pattes antérieures sont les
de support à la deuxième paire d ’ailes; plus courtes; à l’extrémité du tibia se
à l’arrière et sur les côtés, au contrai­ trouve un éperon bilobé qui se trans­
re, se trouvent deux cavités articulai­ forme, au niveau du tarse, en une pe­
res sur lesquelles est fixée la troisième tite cavité. L’ensemble de l’éperon et
paire de pattes. de cette cavité constitue le peigne.
Lorsque le tarse est replié, il forme
avec l’éperon bilobé du tibia une en­
Les pattes coche à l’intérieur de laquelle l’abeille
introduit ses antennes et les frotte
Les pattes de l’abeille sont au nombre pour les nettoyer. Cet organe permet
de six, réparties en trois paires: les à l’ouvrière de retirer le pollen de ses
pattes antérieures, les pattes médianes antennes et de maintenir toujours
et les pattes postérieures; elles sont ar­ propres les terminaisons sensorielles
ticulées au point de jonction des plè­ qui se trouvent à l’intérieur de l’an­
vres et du sternum, respectivement tenne.
dans le pro-, le méso- et le métatho­
rax. Elles sont composées d’une série • Les pattes de la deuxième paire ont
de segments articulés, recouverts de une demi-longueur de plus que les
poils: la coxa ou hanche, le trochan- pattes antérieures et sont plus robus­
ter, le fém ur, le tibia, le tarse et le pré­ tes; l’éperon est remplacé, au niveau
tarse. Les pattes ont une couleur mar­ du tibia, par une soie grâce à laquelle
ron clair, identique à celle du corps. l’abeille détache le pollen des cor­
La dernière articulation du tarse, le beilles.
prétarse, porte deux griffes puissan­
tes, appelées ongles bilobés, entre les­ • Les pattes de la troisième paire pos­
quels se trouve un organe de fixation sèdent, sur la face externe du tibia,

19
une cavité appelée corbeille; les bords Sur l’abdomen des faux bourdons, au
du tibia sont en revanche recouverts contraire, sont visibles 8 segments au
de longs poils. La première articula­ lieu de 7; les faux bourdons ne possè­
tion du tarse est large, grande et dent ni l’aiguillon ni les glandes ci-
échancrée sur sa face externe; sa face rières.
interne est recouverte de plusieurs L’abdomen est pédonculé; le premier
rangées de petits poils qui constituent segment est incorporé au métathorax.
la brosse. Grâce à cette brosse, l’abeil­ Viennent ensuite les six autres seg­
le peut retirer la couche de pollen qui ments, répartis en douze demi-seg­
se trouve sur son corps et, en se croi­ ments, six supérieurs ou dorsaux, em­
sant les pattes, déposer le pollen récol­ boîtés les uns dans les autres, et six
té par la brosse dans la corbeille du ti­ ventraux ou inférieurs, réunis aux
bia gauche et réciproquement. De cet­ dorsaux sur les côtés de l’abdomen;
te manière, petit à petit, le pollen ac­ tous les segments sont recouverts de
cumulé dans les corbeilles forme une chitine.
pelote diversement colorée que l’a­ Les plaques constituant la partie supé­
beille déposera dans les comparti­ rieure des segments (tergites) s’imbri­
ments réservés à l’emmagasinage du quent les unes dans les autres à la ma­
pollen. nière des tuiles d ’un toit, d’avant en
Le bord distal échancré du tibia et le arrière; il en est de même pour les seg­
bord proximal également échancré du ments ventraux (sternites), qui ont
tarse constituent la pince qui sert à une forme quadrangulaire.
l’abeille pour comprimer les grains de Les tergites du quatrième, du cinquiè­
pollen et préparer la pelote. me, du sixième et du septième seg­
Les pattes de la reine et des faux bour­ ments portent des glandes cirières;
dons ne possèdent ni pince, ni corbeil­ celles-ci sont situées à l’intérieur des
le et ni brosse; chez la reine, le tarse de segments et portent le nom de “mi­
la troisième paire de pattes est d ’une roirs” en raison de leur éclat. Les
couleur dorée beaucoup plus sou­ glandes cirières sont des cellules hypo­
tenue. dermiques à fonction glandulaire; la
cire élaborée est fluide, elle traverse la
cuticule puis se solidifie, au contact de
L ’abdomen l’air, sous forme de lamelles très sou­
ples. La reine et les faux bourdons ne
L'abdomen ou ventre est morphologi­ possèdent pas de glandes cirières.
quement constitué de dix segments Sur les côtés de chaque segment se
mais, à première vue, on n ’en dénom­ trouvent deux orifices trachéens ou
bre que sept aussi ne parlerons-nous, stigmates, qui servent à la respiration.
au cours de cet exposé, que des sept L ’abdomen possède la faculté de
segments visibles. changer de volume aussi bien dans le

20
- M ORPH

Le thorax et la base gauche d ’une abeille ouvrière vus du côté gauche


a: cou; IT: lame dorsale du premier segment; II T, III T: tergites du premier et deuxième segment
abdominal; Lj, L2, L3: bases des pattes; Nj/ pronotum, N2: mésonotum, N3: métanotum; nf: fente
dorsale; Plr- pleure du prothorax; Pl2: pleure du métathorax; S2, S}: sternites du mésothorax et du
métathorax; Sp: spiracle; spl: lobe du pronotum couvrant le premier spiracle; Tg: tegula; W2, W3:
processus alaires

sens de la longueur que dans le sens de guillon qui est une arme de défense et
la largeur, phénomène qui est peut- d ’attaque. La reine a un aiguillon en
être dû à la respiration; en outre, le forme de stylet qu’elle utilise contre
rectum a la possibilité de s’allonger les reines rivales et ne possède pas de
pour que puissent s’y accumuler les crochets, contrairement aux ouvriè­
excréments qui seront ensuite rejetés res. Le stylet est muni de trois petites
au cours du vol de purification. En ef­ dents.
fet, les abeilles ouvrières évitent cons­
tamment de salir le nid, contrairement
aux faux bourdons. L’appareil vulnérant
L’abdomen de la reine est beaucoup
plus développé, en particulier après le L ’appareil vulnérant de l’abeille se si­
vol nuptial, c’est-à-dire pendant tue entre le cinquième et le sixième
l’ovulation. segment abdominal; l’orifice anal est
Le dernier anneau de l’abdomen, sauf situé sur le septième et dernier seg­
chez le faux bourdon, possède un ai­ ment.

21
• L ’aiguillon fait partie de l’appareil pas bien définie puisque, selon cer­
vulnérant femelle et est constitué par tains auteurs, son rôle serait de sécré­
un gorgeret long, creux et souple qui ter une substance lubrifiant les stylets
se rétrécit vers son extrémité; ce gor­ et que, selon d ’autres, la sécrétion de
geret est, à son tour, formé d ’une gai­ ces glandes interviendrait pour la pro­
ne et de deux stylets munis, à leurs ex­ duction du venin.
trémités, de dix petites dents retour­
nées vers l’arrière; sur les côtés de ce • Le venin de l’abeille est un liquide
gorgeret se trouvent deux valves pour­ incolore, à réaction acide, de saveur
vues de petites épines et de terminai­ légèrement amère, à l’arôme caracté­
sons sensorielles. Des muscles spé­ ristique; il a des vertus antiseptiques
ciaux actionnent l’aiguillon qui est re­ puisqu’il entrave, lorsqu’il est inocu­
lié à l'appareil venimeux, constitué lé, la formation des micro-organis­
par deux glandes: la glande acide et la mes. Une goutte de venin pèse entre
glande alcaline. La glande acide est 250 et 350 millièmes de milligrammes;
petite, ovoïde et reliée à un canal qui sa composition chimique comporte,
aboutit dans la chambre à venin, qui a entre autres, des enzymes protéoliti-
la forme d ’un sac piriforme, d ’où part ques semblables à celles que contient
un canal qui la met en communication le venin de certaines espèces de ser­
avec l’aiguillon. La glande alcaline, pents.
de forme tubulaire, plus petite que la La piqûre de l’abeille provoque une
précédente, a une fonction qui n ’est douleur aiguë qui se transforme en dé­

Aiguillon d ’une ouvrière


A: appareil venimeux, côté gauche; B: extrémité d'un aiguillon; C: section transversale du gorgeret;
Cv: canal venimeux; Ga: glande alcaline; St: gorgeret; Stl: stylet; Sv: réservoir du venin
mangeaison: elle disparaît générale­ rhumatismales; c’est ce qui explique
ment après quelques minutes. son utilisation en médecine.
La réaction cutanée est immédiate: au Si l’aiguillon de l’abeille ouvrière at­
début, la partie blessée devient blan­ teint des tissus élastiques, les crochets
châtre, puis rougit et se tuméfie plus maintenus dans le tissu ne lui permet­
ou moins; quoi qu’il en soit, chez tront pas de retirer l’aiguillon qui res­
l’homme, les cas de réactions graves te, dans ce cas, attaché au tissu blessé.
sont rares. L’homme peut progressi­ Il est arraché de l’abdomen, et entraî­
vement s'immuniser contre les piqûres ne avec lui un morceau d ’intestin.
d’abeilles, immunité qui, avec le Entre le sixième et le septième tergites
temps, peut devenir quasiment totale. se trouve une glande olfactive, l’orga­
Les piqûres d ’abeilles sont beaucoup ne de Nasonoff, capable d’émettre
plus douloureuses au printemps qu’en une odeur caractéristique pour cha­
automne et en hiver. que famille d’abeille qui, captée au ni­
On reconnaît au venin une vertu thé­ veau des antennes, leur permet de se
rapeutique en cas de polyarthrite ai­ reconnaître. La reine est, elle aussi,
guë et suraiguë et pour les douleurs pourvue de cette glande.

23
rieur, par les tissus suivants: une cou­
che, dite interne, qui correspond à la
Anatomie interne cuticule du tégument; un épithélium
qui correspond à l’épiderme; une
membrane proprement dite qui
correspond à la membrane basale;
L’appareil digestif: ses parties et une tunique musculaire formée de
les glandes annexes muscles longitudinaux et annulaires;
Appareils excréteur, respiratoi­ enfin, une tunique intestinale consti­
re, circulatoire, musculaire, ner­ tuée par une membrane séreuse péri-
veux et reproducteur tonéale.
Les divers organes des sens
Le langage des abeilles; leur mé­ • L’intestin antérieur comprend le
tamorphose pharynx, Vœsophage, le jabot ou po­
che à miel, la vésicule chylifique ou
estomac proprement dit.
On appelle pharynx le début de l’in­
testin antérieur compris entre l’arriè­
L ’appareil digestif re-bouche et l’orifice occipital. Cet
organe a la forme d’un entonnoir et
L’appareil digestif comprend, outre possède des parois pourvues de mus­
les pièces de l’appareil buccal, le tube cles externes qui lui permettent de
digestif qui s’étend de l’orifice buccal fonctionner comme une pompe aspi­
à l’orifice anal, situé au-dessous du rante, ce qui facilite la succion des li­
vaisseau dorsal (cœur) et au-dessus de quides.
la chaîne ganglionnaire ventrale. Le L 'œsophage est étroit, long, rectili-
tube digestif comprend trois parties: gne, uniforme et cylindrique, il tra­
l ’intestin antérieur, l ’intestin moyen verse le thorax et se dilate au niveau
et l ’intestin postérieur. L’intestin an­ de l’abdomen pour former le jabot ou
térieur et l’intestin postérieur sont is­ poche à miel, sorte de sac à l’intérieur
sus d ’invaginations de l’ectoderme; duquel les abeilles butineuses font
leurs parois, histologiquement, sont glisser le nectar qui commence alors à
constituées, de l’intérieur vers l’exté­ se transformer en miel (transforma­
tion du saccharose en glucose et en et, de celui-ci, dans les divers organes.
fructose); il est ensuite transmis dans Les cellules épithéliales sécrètent des
la poche à miel des abeilles du couvain substances enzymatiques qui provo­
où les butineuses régurgitent le pro­ quent la digestion jusqu’à ce que le
duit récolté. bol, complètement assimilé, passe, à
A l’intérieur du jabot, le nectar subit travers la valvule pylorique, dans l’in­
une transformation particulière, don­ testin postérieur.
nant lieu à deux phénomènes distincts:
transformation chimique du saccha­ • L’intestin postérieur, qui est la der­
rose en glucose et en fructose, puis nière portion de l’appareil digestif, se
concentration du nectar ainsi trans­ divise en intestin grêle et en gros intes­
formé. En effet, à l’origine, le nectar tin. C’est au niveau de la valvule pylo­
des fleurs contient entre 50 et 80% rique, juste au début de l’intestin pos­
d ’eau. térieur, que débouchent les tubes de
En arrière du jabot, se trouve la vési­ Malpighi qui font partie de l’appareil
cule chylifique ou estomac propre­ excréteur.
ment dit. Une soupape en forme de X L'intestin grêle est souple et court, le
se trouve entre le jabot et la vésicule, gros intestin est beaucoup plus déve­
ce qui empêche le retour de l’aliment loppé et présente, à son extrémité, un
contenu dans l’intestin moyen vers renflement constitué par la vésicule
l’intestin antérieur pendant la régur­ rectale à l’intérieur de laquelle les
gitation du miel; pour que ce passage abeilles conservent leurs excréments
puisse se refermer sans problèmes, il pendant l’hiver.
suffit que les quatre portions centrales Les ouvrières saines, en effet, ne dé­
de cette soupape se rapprochent les posent jamais leurs excréments à l’in­
unes des autres. térieur de la ruche mais les retiennent
à l’intérieur de la vésicule rectale pour
• L’intestin moyen est le siège de la di­ les rejeter au printemps lorsque, dès
gestion et de l’assimilation de la nour­ les premiers beaux jours, elles effec­
riture. Ces fonctions ont lieu à l’inté­ tuent leur vol appelé justement vol de
rieur de cet organe car, ne possédant “purification”.
pas de paroi interne, donc de mem­ A l’intérieur du gros intestin se trou­
brane de nature cuticulaire, il ne s’op­ vent les papilles rectales dont la fonc­
pose pas aux phénomènes d ’osmose; tion n ’est pas encore très bien connue
cette membrane est remplacée par une et demeure de nos jours hypothétique.
très fine membrane péritrophique Certains auteurs pensent qu’elles em­
dialysante, de telle sorte que les sub­ pêchent la fermentation des substan­
stances contenues dans le bol alimen­ ces, d ’autres leur attribuent comme
taire se retrouvent dialysées, c’est-à- rôle d’absorber l’eau contenue dans
dire qu’elles passent dans l’épithélium les excréments.

25
Les glandes de l’appareil digestif Ces glandes n’existent pas chez les
faux bourdons et sont atrophiées chez
A l’appareil digestif sont annexées des
la reine; elles sont surtout développées
glandes aux fonctions très impor­
chez les abeilles nourrices; chez les ou­
tantes.
vrières, ces glandes, au fur et à mesure
de leur vieillissement, se contractent
• Les glandes labiales, appelées égale­
de plus en plus pour finalement s’a­
ment salivaires, sont au nombre de
trophier complètement. A six jours,
deux paires; l’une de ces paires se
ces glandes atteignent leur grosseur
trouve à l’arrière du cerveau; elle a la maximum; au bout de 10 à 15 jours de
forme d ’une grappe et possède un pleine activité, l’intensité de leur sé­
conduit propre qui aboutit dans le crétion diminue mais les glandes con­
collecteur qu’elle possède en commun tinuent malgré tout à rester actives
avec les glandes de la seconde paire, pendant un mois et demi environ. La
c’est-à-dire les glandes thoraciques. continuité de cette sécrétion peut dé­
Ces dernières possèdent deux conduits pendre des besoins de la famille. La
munis d ’un réservoir et aboutissent, à production de la gelée royale est sti­
travers l’orifice de l’occiput, dans le mulée par une alimentation riche en
collecteur auquel sont également re­ pollen.
liées les glandes post-thoraciques; le
collecteur débouche, à son tour, sur le • Les glandes mandibulaires qui, chez
dos de la lèvre inférieure. les ouvrières, ont une forme de poire,
Leur fonction n ’est pas très bien défi­ se trouvent dans la tête. Le conduit de
nie; certains auteurs affirment que ces glandes aboutit à l’intérieur de la
leur sécrétion sert à l’élaboration de la mandibule; cette glande est particuliè­
cire; d ’autres soutiennent qu’elle sert rement développée chez la reine,
à faciliter la digestion des aliments so­ beaucoup moins volumineuse chez les
lides; l’hypothèse suivant laquelle elle faux bourdons. Leur fonction n’est
servirait également à la transforma­ pas très nette; certains auteurs affir­
tion du nectar en miel a été, elle aussi, ment qu’elles servent au ramollisse­
émise. ment de la cire, pour désoperculer les
cellules ou encore pour faciliter la di­
• Les glandes nourricières ou glandes gestion du pollen.
mammaires sécrètent la “bouillie
royale” ou “gelée royale”, substance
avec laquelle sont régulièrement nour­ L ’appareil excréteur
ries la reine et les larves royales, alors
que les autres larves sont alimentées L’appareil excréteur est représenté
par cette gelée royale uniquement par les tubes de Malpighi, rattachés à
pendant les trois premiers jours. l’appareil digestif mais dont les fonc­

26
tions sont excrétoires. Ces canaux L’abeille possède trois paires de stig­
plongent librement dans le sang, ils mates sur le thorax et sept paires sur
sont fermés à l’une de leurs extrémités l’abdomen. La première paire de stig­
et libres à l’autre; par cette dernière mates est placée sur le prothorax, la
extrémité, ils aboutissent au tube di­ seconde, très petite, dépourvue de
gestif au passage de l’intestin moyen à soupapes de fermeture, se trouve en­
l’intestin grêle. Les déchets contenus tre le mésothorax et le métathorax.
dans le sang passent, par osmose, Les stigmates abdominaux fonction­
dans ces tubes et sont rejetés dans l’in­ nent à l’aide de pores inhalants et les
testin d’où ils sont expulsés avec les trachées, grâce aux trachéoles, trans­
excréments. portent l’air oxygène vers tous les or­
ganes du corps de l’abeille. Les tra­
chées du thorax, au contraire, trans­
L ’appareil respiratoire portent vers l’extérieur l’anhydride
carbonique; c’est la raison pour la­
L’appareil respiratoire des abeilles est quelle les stigmates abdominaux fonc­
formé par les trachées, c’est-à-dire des tionnent à l’aide de pores inhalants.
canaux élastiques qui s'ouvrent grâce En d’autres termes, l’inspiration de
à la spirale chitineuse qui revêt inté­ l’air se fait à travers les stigmates ab­
rieurement leur paroi et qui communi­ dominaux, l’expiration à travers les
quent avec l’extérieur par des orifices stigmates thoraciques. Il existe égale­
appelés stigmates, disposés à des en­ ment d’autres trachéoles à l’intérieur
droits bien précis du thorax et de l’ab­ de la tête, du thorax et d’autres par­
domen; les stigmates sont munis, tout ties du corps. L’abeille possède pour
autour de leur ouverture extérieure, ainsi dire un véritable réseau de tra­
d’une couronne de soie agissant com­ chées et de trachéoles qui se ramifient
me un filtre protecteur des trachées; dans tous les organes.
les canaux aboutissent dans deux Au cours de cette activité respiratoire,
grosses trachées, appelées sacs aé­ l’abdomen s’élargit en largeur et en
riens, communiquant entre eux par longueur; ce mouvement est dû à l’ex­
des fentes. A partir de ces sacs, d ’au­ piration et à l’inspiration de l’air.
tres trachées se ramifient en trachéo-
les à travers lesquelles l’oxygène est • Les sacs aériens constituent des sor­
acheminé vers les tissus. tes de “réservoirs” d ’air et permettent
L’appareil respiratoire des abeilles est de pallier tout risque d’asphyxie; ils
très développé; dans l’abdomen, les réduisent en outre le poids spécifique
deux sections latérales formant les de l’abeille et facilitent le vol; lorsque
sacs aériens sont relativement volumi­ ces sacs sont remplis d’air, ils compri­
neuses et se subdivisent en six paires ment tous les muscles et favorisent
de stigmates abdominaux. l’expulsion des fèces; peut-être est-ce

27
la raison pour laquelle les abeilles lais­ ces alimentaires provenant de la diges­
sent tomber leurs excréments en vo­ tion; toutefois, outre cette fonction
lant. Il semble en outre que ces sacs trophique, le sang a également une
aériens aient un rôle mécanique exci­ fonction respiratoire puisqu’il trans­
tant des organes génitaux des mâles. porte l’oxygène vers les tissus.
Il a par ailleurs été prouvé que le sang
non seulement absorbait les déchets
L ’appareil circulatoire contenus dans les tissus mais les trans­
portait jusqu’aux tubes de Malpighi.
L ’appareil circulatoire des abeilles est
en partie vasculaire et en partie lacu­
naire, c’est-à-dire que le sang s’écoule Le système musculaire
parfois à l’intérieur de vaisseaux et, le
reste du temps, dans un système de la­ L ’appareil musculaire de l’abeille est
cune. Le cœur est un vaisseau de na­ constitué par des fibres musculaires
ture contractile, fait de deux parties striées, entourées par une membrane
distinctes: la partie antérieure ou aor­ transparente et élastique appelée sar-
te, qui s’ouvre vers la tête, et la partie colemme.
postérieure, séparée par un étrangle­ Ces muscles sont particulièrement dé­
ment, appelée ventricule. veloppés au niveau du thorax car
Le ventricule est subdivisé en 4 cavités exactement à cet endroit sont logés les
communicantes appelées ventriculi- muscles des ailes et des pattes. Les
tes\ il est refermé à l’une de ses extré­ deux paires de muscles des ailes, les
mités; le sang pénètre dans les ventri- uns longitudinaux, les autres verti­
culites à travers des ouvertures latéra­ caux, ne sont pas directement fixés
les appelées ostioles. Après avoir tra­ aux ailes mais aux petites plaques de
versé les ostioles, il est repoussé, sous chitine qui constituent le squelette du
l’effet des pulsations du ventricule, de corselet de l’abeille.
l’arrière vers l’avant et, parvenu au Grâce à ce puissant système de pro­
cerveau, il repart vers les lacunes; le pulsion, l’abeille peut parcourir 500 m
sang circule donc de la tête aux lacu­ par minute.
nes, d ’avant en arrière, cette circula­
tion étant stimulée par la pulsation de
vaisseaux accessoires qui se contrac­ Le système nerveux
tent indépendamment du ventricule.
Tout de suite après, il quitte les lacu­ Il est constitué par le système nerveux
nes et s’écoule dans le ventricule. central, le système sympathique viscé­
Le sang est une substance fluide, lai­ ral et le système nerveux périphérique.
teuse et incolore qui entre en contact Chaque segment possède, dès l’origi­
avec les tissus contenant des substan­ ne, deux ganglions.

28
Le système nerveux central est repré­ appelées neurones; le système dioptri-
senté par le cerveau, il résulte de la fu­ que, qui transmet les rayons lumineux
sion des trois premières paires de gan­ passant à travers la cuticule et la réti­
glions. Il est relié au ganglion céré- ne; le système catoptrique, qui fonc­
broïde par l’intermédiaire de deux fi­ tionne comme une couche isolante
lets nerveux entourant l’intestin anté­ pour que les rayons lumineux ne
rieur. Il se prolonge par la chaîne gan­ soient pas réfléchis, détériorant par là
glionnaire ventrale. Il innerve les les organes des sens voisins; le système
yeux, les mâchoires, les antennes, etc. de réfraction, qui permet la vision.
Le système nerveux viscéral part, lui Ces organes des sens peuvent être iso­
aussi, du cerveau et comprend le sys­ lés, c’est le cas des ocelles par exem­
tème sympathique dorsal, qui innerve ple, ou rapprochés en constituant de
l’intestin et le cœur, et le système sym­ cette manière des groupes d ’organes
pathique ventral, qui innerve les stig­ sensoriels, c’est le cas de l’œil compo­
mates et les trachées. Le système ner­ sé. Les ocelles, au nombre de trois, se
veux sympathique influe sur les fonc­ trouvent, comme nous l’avons déjà
tions végétatives. vu, sur le front de l’abeille; les yeux
Le système nerveux périphérique est composés sont au nombre de deux et
constitué par des cellules nerveuses ré­ se situent sur les côtés de la tête; ils
parties dans diverses parties du corps, sont particulièrement développés chez
reliées entre elles par des ramifica­ les faux bourdons.
tions (névrites). Il innerve les organes
sensoriels. • Les organes mécano-récepteurs et
chimio-récepteurs sont surtout logés
dans les antennes. Les terminaisons
Les organes des sens sensorielles tactiles sont sensibles aux
stimulations tactiles; les chimio-récep-
Selon les fonctions qui leur sont dévo­ teurs, aux sensations gustatives et ol­
lues, ces organes peuvent être divisés factives; ces organes revêtent une cer­
en organes photo-récepteurs, mécano- taine importance parce qu’ils guident
récepteurs, thermo-récepteurs, hygro- les insectes dans leur quête de nourri­
récepteurs, etc. ture et leur orientation. En général,
les abeilles sont attirées par les sub­
• Les organes photo-récepteurs ré­ stances sucrées même si leur saveur est
pondent aux stimulations lumineuses; légèrement amère.
ils ne sont jamais apparents mais se Les organes des sens se trouvent non
trouvent situés sous une cuticule seulement dans les antennes mais aus­
transparente. Sous la cuticule on trou­ si dans les appendices buccaux et dans
ve: la rétine, système réceptif formé les pattes.
par l’ensemble des cellules nerveuses L ’orientation est certainement l’une

29
des fonctions les plus importantes des La danse en rond, par exemple, est
organes sensoriels. pratiquée pour indiquer que la nourri­
Le comportement des abeilles prouve ture est relativement proche, c’est-à-
qu’elles sont dotées d’une certaine dire comprise dans un rayon de 100 m
mémoire et possèdent un langage qui environ. L’abeille, dans ce cas, s’ins­
leur permet de communiquer entre el­ talle à l’intérieur de la ruche sur un
les. En effet, les butineuses, dès leurs rayon, régurgite le nectar à une ou­
premiers jours de sortie, effectuent vrière qui l’avale pour le transformer
des vols de repérage, très lentement, en miel; ensuite, le long de la paroi du
au-dessus de la ruche pour pouvoir re­ rayon, elle commence à exécuter une
trouver facilement leur nid; elles vo­ sorte de danse en rond, de gauche à
lent la tête tournée vers la ruche, en droite pour commencer, puis de droi­
suivant des cercles concentriques de te à gauche. Ainsi les autres abeilles
plus en plus larges. sont prévenues.
Ce repérage ne présente aucune diffi­ Si l’endroit repéré est éloigné, c’est-à-
culté si, à proximité de la ruche, se dire compris entre 100 m et 3 km, l’a­
trouvent des points de repère, des beille s’adonne à la danse que l’on ap­
maisons, des buissons par exemple. Si pelle la danse de l’abdomen. Cette
ces points n ’existent pas, les abeilles danse consiste en une série de mouve­
s’orientent par rapport à la position ments que l’insecte réalise dans l’or­
du soleil. dre suivant: l’abeille se déplace en li­
Une abeille peut s’éloigner de sa ruche
gne droite, puis décrit un étroit demi-
à une distance de plus de 3 km, mais
cercle à droite, retourne en ligne droi­
elle dépasse rarement ces limites.
te vers son point de départ, fait un
second demi-cercle à gauche et retour­
Le langage des abeilles ne en ligne droite vers le point de dé­
part; cette danse est appelée danse de
Les abeilles sont capables de commu­ l’abdomen parce que, pendant le par­
niquer entre elles grâce à un langage1 cours rectiligne, l’abdomen est soumis
qui leur est propre: la danse^. Lors­ à des oscillations. Si la source est très
qu’elles ont découvert de la nourritu­ éloignée, ces oscillations sont lentes et
re, elles sont capables d’en faire part à amples; si la source est proche, elles
leurs compagnes. Ce langage se mani­ sont rapides et moins amples.
feste sous la forme de deux types de Au moyen de cette danse, l’abeille
danse, suivant l’éloignement de la n ’indique pas seulement à quelle
source de nourriture. distance se trouve la nourriture mais
1 II ne s’agit pas d ’un véritable “langage” et il serait aussi sa direction; si la ligne droite
plus logique de dire, à la suite du professeur Grassé,
“système de com m unication” . Il est vrai que “langa­
suivie par l’abeille est orientée vers le
ge” est à la fois plus évocateur et bien plus concis. sommet du rayon, la nourriture se

30
trouve dans la direction du soleil; si la d ’une glande appelée spermophile.
ligne droite est tournée vers le bas du Ces organes accessoires de l’appareil
rayon, elle se trouve dans la direction génital femelle nous permettent de
opposée. comprendre le mécanisme de la repro­
duction des abeilles. Selon certains, la
reine s’accouple une seule fois dans
L ’appareil génital toute sa vie; tout le sperme du mâle,
grâce à la copulation, est déversé dans
On trouve, chez les abeilles, des indi­ la spermathèque où il conserve toute
vidus de sexe masculin et de sexe fémi­ sa vitalité grâce à la sécrétion de la
nin. Pour toutes les familles d ’abeil­ glande spermophile. Selon d ’autres,
les, le sexe masculin est représenté par la reine se fait féconder entre cinq et
les faux bourdons, le sexe féminin par douze fois dans les premiers jours de
un seul individu fécond, la reine. Les sa vie.
abeilles ouvrières sont, pourrait-on Certains auteurs pensent que cette co­
dire, des femmes manquées car elles pulation a lieu au cours d’un même
possèdent des organes génitaux rudi­ vol, d’autres sur une période de deux
mentaires, insuffisamment dévelop­ ou trois jours. La reine continue à
pés pour la reproduction. Il n ’est tou­ pondre pendant 4 ou 5 ans; cette pon­
tefois pas rare de voir des abeilles, que te atteint son maximum au cours de la
l’on appelle ouvrières pondeuses ou deuxième année car la reine parvient à
bourdonneuses, pondre, dans certai­ pondre au cours de cette période plus
nes circonstances, des œufs qui ne de 3 000 œufs par jour; dès la troisiè­
donneront naissance qu’à des mâles. me année, cette activité régresse.
Si la reine pond des œufs fécondés, el­
• L’appareil génital femelle comprend le donne naissance à des femelles; si
deux ovaires, composés, chez la reine, les œufs ne sont pas fécondés, ils se
par un très grand nombre de tubes développent parthénogénétiquement
ovariens (entre 120 et 160); dans les en donnant naissance à des mâles: il
organes atrophiés des ouvrières, le s’agit .dans ce cas de parthénogenèse
nombre de ces tubes ovariens est au arrhénotoque ou arrhénotoquie. Il
contraire très réduit; on en compte semble bien que cette parthénogenèse
tout au plus .10 ou 12. A partir de ces soit volontaire, c’est-à-dire qu’elle se
ovaires, 2 oviductes aboutissent dans produise lorsque la famille a besoin de
l’oviducte commun qui, à son extré­ mâles pour la fécondation des reines
mité, s’élargit en formant le vagin. vierges.
Latéralement au vagin, il existe une
sorte de sac appelé spermathèque à • L’appareil génital mâle comprend 2
l’intérieur duquel s’écoule la sécrétion testicules, contenant de nombreux tu­

31
bes séminifères à l’intérieur desquels rie de phases: l’œuf, la larve, la nym­
se forment et parviennent à maturité phe, l’adulte.
les spermatozoïdes; 2 canaux défé­ Après l’accouplement, qui se produit
rents qui prennent naissance sur le cô­ au cours du vol nuptial, la reine
té des testicules (un par testicule) et fécondée retourne dans la ruche,
qui s’élargissent pour former la vési­ s’installe au centre d ’un rayon et com­
cule séminale où sont renfermés tem­ mence à déposer un œ uf dans chaque
porairement les spermatozoïdes. Les alvéole en suivant un mouvement cir­
deux vésicules séminales se réunissent culaire du centre vers la périphérie; el­
pour donner naissance à un conduit le passe ensuite sur l’autre face du
sinueux appelé canal éjaculateur qui rayon et continue à pondre de la mê­
débouche à son tour dans Y organe co- me manière; lorsque le premier rayon
pulateur ou pénis. est complètement rempli, elle pond
L ’appareil reproducteur mâle possède dans les autres rayons.
également des glandes accessoires sé­ L’œ uf est blanc, translucide, ovale et
crétant un liquide qui se mélange au possède une extrémité plus pointue
sperme au moment de l’accouple­ par laquelle il adhère à la paroi de la
ment. cellule. Il est, au début, dressé vertica­
Le faux bourdon est en mesure de lement sur le fond de la cellule puis,
féconder, c’est-à-dire parvient à la petit à petit, s’incline pour finalement
maturité sexuelle, 12 jours après sa se coucher complètement sur le fond;
naissance. Lors de la copulation, tou­ il est ainsi possible de distinguer, en
te la partie externe de ses organes gé­ fonction de leur position sur le fond
nitaux reste dans le vagin de la reine si de la cellule, un œ uf d’un jour de ce­
bien que, mutilé, il meurt. Les sper­ lui de 2 ou 3 jours. Après 3 jours d ’in­
matozoïdes ont une vitalité considéra­ cubation durant lesquels l’embryon se
ble puisqu’ils peuvent rester fertiles développe, une petite larve éclôt de
dans la spermathèque de la reine jus­ l’œuf; sa forme est arquée suivant une
qu’à 5 ans en attendant de participer à inclinaison qui se prononce au fur et à
la fécondation des ovules. mesure de la croissance de la larve.
Pendant ces trois premiers jours, les
larves sont nourries avec de la bouillie
De l’œ uf à l’insecte parfait ou gelée royale par les ouvrières nour­
rices. Les larves royales continuent à
Les abeilles sont des insectes holomé- être nourries avec de la bouillie royale
taboles, c’est-à-dire à métamorphose pendant tout le restant de leur vie lar­
complète. En effet, elles sont complè­ vaire, c’est-à-dire pendant 3 ou 4
tement différentes à l’état larvaire et à jours supplémentaires. Les autres lar­
l’état adulte. Au cours de son déve­ ves sont nourries avec du miel ou du
loppement, l’abeille passe par une sé­ pollen. Dès le sixième ou septième

32
jour, les larves parviennent à maturité La durée de ce développement est dif­
et cessent de manger. férente chez l’ouvrière, la reine et le
Les cellules qui contiennent les larves faux bourdon. L ’ouvrière reste 3 jours
sont alors refermées à leur sommet sous la forme d’un œuf, 6 sous celle
avec de la cire par les ouvrières oper- d ’une larve, 12 sous celle de larve et de
culatrices. nymphe dans la cellule operculée; il lui
A l’intérieur de cette cellule opercu­ faut donc 21 jours pour devenir adul­
lée, les vieux tissus de la larve sont dé­ te. La reine n ’a besoin que de 16 jours;
truits et remplacés par de nouveaux le faux bourdon, par contre, de 24
tissus; la larve emprisonne son corps jours. D ’après certains auteurs, la rei­
de filaments séreux et file un cocon ne naît le 16e jour, l’ouvrière le 22e
très fin à l’intérieur duquel elle se jour, le faux bourdon le 25e jour.
transforme en nymphe. La larve, Ces durées sont calculées pour une
avant de se transformer en nymphe, température ambiante à l’intérieur de
subit un certain nombre de mues. Le la ruche avoisinant 30 à 35°C; si cette
stade nymphal est par suite intermé­ température est inférieure, les temps
diaire entre le stade larvaire et le stade nécessaires à cette transformation
adulte. peuvent être supérieurs.

33
L’adulte qui s’est formé à l’intérieur des reines difformes ou à ovaires atro­
de la cellule fait sauter l’opercule. phiés, à oviductes très étroits. Ces
On a, pour l’abeille mellifique adulte, anomalies sont rares mais il demeure
les dimensions suivantes: longueur de que les insectes affectés de ces malfor­
la reine 16 mm, de l’ouvrière 10- mations doivent être aussitôt détruits,
12 mm, et un peu plus pour le faux au cas où les membres de la colonie
bourdon (12-14 mm). n ’auraient pas songé à écarter les
Le diamètre du thorax est voisin de exemplaires difformes, anormaux ou
4 mm chez les ouvrières, de 4,5 mm monstrueux. Il peut s’agir, dans quel­
chez la reine et de 5,5 mm chez le faux ques cas rares, de malformations hé­
bourdon. réditaires: l’apiculteur doit alors ob­
server la reine au cas où elle serait à
l’origine d’un ou plusieurs couvains
Cas d’anomalies ayant donné naissance à des abeilles
anormales, et si tel est le cas, la rem­
Bien que ces cas soient assez excep­ placer.
tionnels, il arrive de trouver des abeil­ En somme, l’apiculteur doit constam­
les dont la morphologie soit anorma­ ment surveiller l’évolution de sa ruche
le; citons pour exemple une abeille à pour savoir si la famille des abeilles se
tête de faux bourdon et à corps d’ou­ développe normalement; en cas de
vrière ou réciproquement; la présence doute, il lui faudra s’adresser à un vé­
d’un seul œil, grand, frontal ou des térinaire ou à la coopérative apicole la
yeux complètement aveugles et clairs; plus proche.

34
et, par la suite, les fouilles de monu­
ments datant de l’époque gréco-ro-
Systématique des maine, en sont la preuve indiscutable.
abeilles Chez les Romains, le miel était parti­
culièrement apprécié et l’apiculture
devait être florissante; le miel n ’était
d’ailleurs pas uniquement utilisé à des
fins alimentaires mais aussi à des fins
L’élevage des abeilles, de l’anti­ médicales et cosmétologiques. La ci­
quité à l’époque moderne re, quant à elle, était utilisée pour la
Classification et répartition géo­ confection de tablettes d ’écriture; on
graphique des espèces sait par ailleurs que les Egyptiens
l’utilisaient pour embaumer le corps
de leurs défunts.
A Rome, les ruches étaient construites
Un peu d’histoire en osier, avec de l’écorce de chêne-Iiè-
ge, des récipients en terre cuite, en fé­
L’histoire des sociétés antiques et ja­ rule et autres plantes ligneuses. Les
dis florissantes témoigne de l’existen­ Romains, semble-t-il, ne pratiquaient
ce du miel et de l’abeille laborieuse; pas l’apiculture proprement dite mais
bien que les moyens utilisés fussent l’essaimage artificiel. En conséquen­
rudimentaires et irrationnels, l’abeille ce, ils utilisaient le rayon mobile, ce
était élevée pour la production du qui, pour cette époque, était déjà un
miel et de la cire. Les premières mani­ principe d’exploitation rationnelle,
festations de la présence de cet insecte bien que les moyens à leur disposition
remontent, à vrai dire, à une époque fussent limités.
fort lointaine: on a en effet retrouvé Au Moyen Age, l’apiculture tomba en
des traces d ’abeilles remontant à l’an désuétude, et encore plus à partir du
3600 avant J.-C. en Egypte et l’on sait XVIe siècle, aussitôt après l’introduc­
de source sûre que, à l’époque des tion en Europe du sucre de canne et,
Pharaons, l’élevage des abeilles était par la suite, de la betterave. A cette
assez répandu. Les dessins qui exis­ époque, en effet, l’apiculture fut pour
tent sur le sarcophage de Mykerinos ainsi dire inexploitée et abandonnée;

35
délaissée par les paysans, elle ne fut biliste” (ruches à cadres mobiles), par
plus pratiquée que par quelques moi­ opposition à l’ancienne dite “fixiste”.
nes dans les monastères qui, toute­ Sans doute est-ce vers 1910 que cette
fois, l’exploitaient avec assiduité. activité atteignit, en France, son apo­
En conséquence, les abeilles, aban­ gée, et ce jusqu’en 1945; malheureu­
données à une liberté quasi totale, sement, de nos jours, l’apiculture de­
continuèrent à se propager d ’elles-mê- meure l’activité d ’un petit nombre,
mes et survécurent dans le temps en aucun effort de propagande et de dif­
surmontant les difficultés climatiques fusion n ’est véritablement entrepris si
et alimentaires et l’espèce parvint à se bien que les progrès susceptibles d ’ê­
conserver en se consacrant à une acti­ tre réalisés par les agriculteurs fran­
vité propre au peuple des abeilles: çais demeurent à l’état potentiel.
l’essaimage. On a pris l’habitude de considérer l’a­
L’apiculture recommença à être prati­ piculture comme une activité de loisir
quée vers le milieu du XIXe siècle grâ­ et d’agrément plutôt que comme une
ce non seulement à l’impulsion natu­ activité lucrative; trop souvent, on a
raliste de nombreux chercheurs et au oublié qu’un minimum de capitaux et
désir manifesté par des paysans de connaissances pouvait contribuer à
d’augmenter leur revenu agricole, l’amélioration des revenus des agri­
mais aussi à la revalorisation du miel culteurs. D’ailleurs, si l’amateur d ’a­
et de la cire. Certes, l’importance de piculture n’est pas suffisamment for­
l’apiculture en tant qu’activité profi­ mé pour manipuler les abeilles, s’il ne
table à l’agriculture n’était pas encore connaît pas les petits secrets de la fa­
vraiment reconnue, mais elle fut à mille communautaire, il obtiendra
nouveau pratiquée avec ferveur et la inévitablement des résultats aléatoi­
construction des ruches connut de res, en particulier si les conditions cli­
nouveaux perfectionnements; la con­ matiques ne sont pas favorables.
ception et les applications du rayon Depuis quelque temps, certaines in­
mobile firent l’objet de nombreuses dustries se sont spécialisées dans la fa­
études, de nouvelles recherches furent brication d’un outillage rationnel des­
entreprises, les vertus médicinales et tiné à l’amélioration du rendement de
privilégiées du miel furent reconnues. l’apiculture, dans la production de
Il est bon de rappeler les découvertes reines sélectionnées et d ’essaims. Il
dans les années 1860-1863 du procédé nous semble inutile de préciser l’am­
de fabrication de la cire gaufrée par pleur du champ d’application des pro­
l’allemand Mehring, et de l’extracteur duits de la ruche à des fins désormais
centrifuge par le major autrichien classiques, c’est-à-dire l’obtention de
Hrushka. Ces deux procédés révolu­ la cire, du miel et de la propolis. Pré­
tionnèrent la technique apicole, pré­ cisons toutefois que ce domaine est
parant la voie à l’apiculture dite “mo- appelé à connaître des perfectionne­

36
ments ultérieurs et à être, inévitable­ d ’une région et sa flore mellifère. Se­
ment, exploité à plus grande échelle; lon une statistique de 1958, on trou­
en ce sens d’ailleurs, le fait que les vait à cette époque, en France,
pays dont l’agriculture est la plus dé­ 218 221 ruches vulgaires et 621 119
veloppée et la plus rationnelle possè­ ruches à cadres, soit un total de
dent le plus grand nombre de ruches 839 340 ruches. Mais d ’après des son­
est suffisamment significatif. dages, on peut affirmer que ce chiffre
D’après les données émises par le mi­ ne représente que 70% du cheptel api­
nistère de l’Agriculture, nous savons cole qu’on évalue à environ 1 200 000
qu’il existait en 1929, en France, colonies.
I 573 742 ruches, dont 851 935 à ca­
dres et 721 807 vulgaires.
II faudra attendre 1940 pour voir le Classification
nombre de ruches rationnelles devenir
très supérieur à celui des ruches vul­ Nous venons de décrire l’histoire des
gaires; dans le courant de cette année, abeilles au cours des âges; il ne nous
en effet, le nombre de ruches à cadres semble maintenant pas dépourvu
atteignit, en France, le million d’intérêt de mettre l’accent sur les dif­
d’exemplaires. Par la suite, en raison férentes races d ’abeilles connues et
de la guerre de 1939-1945, l’apiculture utilisées par l’homme à des fins lucra­
tives.
traversa une période d ’expansion due
Rappelons que les abeilles sont des in­
principalement aux difficultés d’ap­
sectes qui appartiennent à l’ordre des
provisionnement en sucre, le miel
hyménoptères, au groupe des porte-
constituant d’autre part un appoint
aiguillons, à la famille des Apidés et
alimentaire non négligeable.
que les races connues sont nombreu­
Mais une récession se manifesta ensui­
ses. Nous distinguerons, pour notre
te dans les années d’après-guerre. En exposé, quatre espèces: YA pis dorsa-
France, l’apiculture est relativement ta, YApis florea, YApis indica, et VA-
répandue dans le Bassin Parisien éten­ pis mellifica.
du, dans les départements du Sud-Est
et du Sud-Ouest; en dépit de cette re­
prise, la production française de miel Apis dorsata
et de cire est inférieure aux besoins et
il n’est nullement prouvé que les coûts La variété Apis dorsata regroupe des
de production soient élevés au point exemplaires d’abeilles aux dimensions
de faire de cette activité une activité à gigantesques qui fabriquent des
abandonner. Ce qu’il faudrait faire en rayons de cire atteignant parfois deux
somme, c’est parvenir à un certain mètres de haut. En pratique, dans les
équilibre entre le nombre de ruches rayons de YApis dorsata, les cellules

37
ont toutes les mêmes dimensions, cel­ borieuse, émigre et essaime facile­
les des faux bourdons étant identiques ment, regroupe de nombreuses sous-
à celles des ouvrières. Les ouvrières espèces. Elle est très répandue dans les
sont agressives, bonnes récolteuses de régions de collines de l’Inde.
nectar et industrieuses. Cette variété
vit en Inde, en Indochine, à Ceylan,
dans les îles de la Sonde, aux Philippi­ Apis mellifica
nes, dans les collines et les montagnes
peu élevées; les sous-espèces sont L'Apis mellifica comprend de nom­
nombreuses et diverses races sont ex­ breuses sous-espèces, que l’on distin­
ploitées pour la production de miel. gue selon leurs caractères morpholo­
giques et biologiques. Nous énumé­
rons ci-dessous les plus intéressantes.
Apis florea
• L'A pis mellifica mellifica est très ré­
L 'Apis florea est, au contraire, une pandue en Europe et connue sous le
abeille naine qui construit en général nom d’“abeille allemande”, abeille de
ses rayons sur les branches; les dimen­ couleur brun noirâtre. On la trouve en
sions des rayons sont de 15 centimè­ Allemagne, Hongrie, Autriche, Dane­
tres environ, les cellules n ’ont pas tou­ mark, Hollande, Grande-Bretagne,
tes la même grandeur, elles sont de di­ Belgique, URSS septentrionale, Fran­
mensions spécifiques pour la reine, les ce, Suisse, Italie septentrionale, c’est-
faux bourdons et les ouvrières. On les à-dire dans presque toute l’Europe,
trouve surtout en Asie, en particulier mais aussi dans d’autres pays comme
dans les plaines où, en été, les tempé­ le Canada, les Etats-Unis, etc., où el­
ratures sont parfois supérieures à le a été importée par les Européens.
48°C. L'Apis florea vit en Inde, à Ja­ Cette race n’est toutefois pas toujours
va, Bornéo, Sumatra, en Thaïlande, à appréciée car elle est considérée com­
Ceylan, dans la péninsule de Malacca, me agressive et possède une tendance
en Birmanie. au pillage; elle présente pourtant cer­
taines qualités: citons entre autres,
pour son importance, la résistance au
Apis indica froid, qui lui permet de s’adapter aux
endroits où l’hiver est prolongé et où
L'Apis indica ressemble à l'Apis mel- le froid est assez rigoureux.
lifica mais ses dimensions sont plus
petites, son coloris plus clair, notam­ • L 'A pis mellifica ligustica ou abeille
ment en certaines parties de son appa­ italienne est la plus appréciée dans le
reil buccal. Elle est douce mais peu la­ monde; c’est l’une des races domesti­

38
ques les plus sociables et les plus cos­ allemandes mais la couleur de ses
mopolites. (Nous donnerons quelques poils est différente puisqu’elle tend
renseignements supplémentaires sur vers le gris; sur le dos des segments de
cette abeille à la fin de notre exposé l’abdomen, se trouve un duvet gris
lorsque nous parlerons des races les ivoire. L’extrémité de l’abdomen est
plus connues). également un peu différente car elle
est un peu plus développée chez l’a­
• L ’Apis mellifica sicula est entière­ beille carniolienne que chez l’abeille
ment noire; la couleur de ses poils est ligustica-, la langue et certaines parties
identique à celle de la ligustica; elle est du corps sont légèrement plus gran­
légèrement plus petite que la précé­ des, ce qui laisse supposer que cette
dente bien qu’il existe des exemplaires abeille possède plus de facilité pour
dont les dimensions sont supérieures à récolter le nectar des fleurs. Parfois,
celles de la ligustica. Son aspect est ces abeilles n’ont pas tout à fait la mê­
toutefois complètement différent me morphologie puisque le premier
puisqu’elle possède des stries jaune segment est recouvert de taches jau­
orangé sul l’abdomen. Ses caractères nes; il ne faut pas considérer les abeil­
biologiques sont identiques à ceux de les carnioliennes ainsi conformées
la précédente; c’est un insecte doux, comme pures car elles sont en fait le
actif, peu enclin à l’essaimage, assez résultat de croisements.
prolifique. En Sicile, où elle est sur­ La variété carniolienne est douce, ac­
tout répandue, elle cohabite avec la li­ tive mais elle essaime avec facilité, en
gustica', il existe d ’ailleurs des sous-ra­ particulier si elle est élevée dans des
ces dérivées du croisement des deux ruches rustiques; elle est très résistan­
races. Il est même possible de trouver te aux grands froids et aux intempé­
des hybrides de ces abeilles sur la côte ries.
orientale, en particulier aux alentours
de Messine. • L ’Apis mellifica cypria n ’a pas le
même aspect que la ligustica car elle
• L ’Apis mellifica carnica est originai­ possède un écusson jaune sur le tho­
re de Carniole. Elle est très répandue rax, des stries plus claires sur les pre­
dans les Carpathes, les Alpes orienta­ miers segments de l’abdomen, jaune
les et les Balkans; en Vénétie julienne, orangé sur les segments suivants, sauf
cette abeille, vivant avec l’abeille li­ sur les derniers. L’abdomen est plus
gustica, a donné naissance à des colo­ pointu que celui de l’abeille italienne,
nies hybrides. son corps semble plus mince; la reine
L’abeille carniolienne, qui est égale­ de la variété cypriote a parfois un ab­
ment considérée comme une sous-race domen presque complètement jaune
méridionale de l’abeille allemande, est orangé, et ce jusqu’à l’avant-dernier
très uniforme et ressemble à ses sœurs segment. L’abeille cypriote est recou­

39
verte d ’un très grand nombre de poils • L ’Apis mellifica remipes est jaune;
très courts, blond roussâtre clair, qui elle a été découverte dans le sud de la
font ressortir son dernier segment, Mer Caspienne.
noir luisant. Les faux bourdons de
cette race ont un corselet d ’un jaune • L ’Apis mellifica fasciata est très ré­
soutenu, recouvert d’une fourrure pandue en Afrique et surtout en
épaisse et forte; la couleur jaune oran­ Egypte; elle vit également en Syrie, au
gé des derniers segments s’étend sur Soudan, en Somalie ainsi qu’en Ara­
les côtés de l’abdomen. Plus petite bie méridionale. Les trois premiers
que l’abeille allemande et l’abeille ita­ segments de l’abdomen et une partie
lienne, elle est en général peu active, du quatrième sont jaunes, bordés d’u­
s’irrite facilement et possède une ten­ ne légère bande noire; d’autres parties
dance à l’essaimage. du corps sont jaunes, les poils gris ar­
Elle est en général exploitée là où elle genté. Cet insecte est très actif pour
se trouve, avec des moyens assez peu récolter le miel et la propolis mais il
rationnels. est facilement irritable. C’est une race
D ’ailleurs, étant moins facile à élever remarquable parce que, d’après cer­
que l’abeille italienne et l’abeille alle­ tains auteurs, elle donne fréquem­
mande, elle est remplacée dans les ru­ ment naissance à des ouvrières fécon­
ches rationnelles par des races euro­ des bien qu’il existe dans la ruche une
péennes qui sont connues pour leur reine féconde. Il se pourrait que cette
facilité à être domestiquées et pour race ne soit pas suffisamment évo­
leur rendement. luée; la division du travail n ’y est que
partielle et la ponte n ’est pas réservée
• L ’Apis mellifica syriaca pourrait à la reine.
être considérée comme une sous-race
de l’abeille cypriote car elle lui res­ • L ’Apis mellifica unicolor est une
semble beaucoup sur le plan morpho­ abeille noire, originaire de l’île de Ma­
logique, par son aptitude à essaimer et dagascar et disséminée dans les îles du
par son irascibilité. Comme les précé­ Sud-Est africain. On en a également
dentes, ces abeilles sont particulière­ trouvé certains exemplaires à l’inté­
ment petites et possèdent une langue rieur du continent africain.
relativement longue par rapport aux
dimensions de leur corps. • L ’Apis mellifica intermissa est éga­
lement appelée A pis mellifica caffra
• L ’Apis mellifica caucasica est noire; ou encore abeille punique ou abeille
elle pourrait avoir quelque rapport gé­ tunisienne. Cette race est l’une des
nétique avec l’abeille allemande; elle plus répandues sur le continent afri­
vit dans les régions montagneuses du cain et dans les régions plus fraîches
Caucase. de l’Afrique du Sud.

40
Certains auteurs et chercheurs ont sieurs sous-espèces africaines dont les
tendance à distinguer des sous-races et plus connues, à part quelques-unes
considèrent que l’abeille du Cap res­ que nous avons omises, sont celles
semble beaucoup à l’abeille mellifica que nous venons de citer.
caffra mais diffère de l’abeille inter- Cette classification a été établie non
missa, si bien que les deux premières seulement en fonction de la couleur
pourraient être regroupées sous le du tégument, de la forme et des di­
nom A'Apis mellifica capensis puis­ mensions de certaines parties du corps
qu’elles possèdent des caractéristiques mais aussi des dimensions des diffé­
identiques entre elles mais différentes rents organes (langue, antennes,
de celles de Vintermissa. Ce groupe est yeux). On tient compte, par exemple,
suffisamment productif mais l’éleva­ de la longueur de la langue chez YApis
ge est, la plupart du temps, effectué mellifica car, grâce à celle-ci, l’abeille
dans des ruches rustiques. peut butiner avec profit les fleurs à
longue corolle, la fleur de trèfle rouge
• L ’Apis mellifica adansonii est une par exemple.
autre variété d ’abeille africaine de Les sous-espèces qui existent en Fran­
couleur jaune, surtout répandue dans ce sont diverses; les plus importantes
la zone tropicale; on pratique son éle­ sont YApis mellifica mellifica, YApis
vage en Ethiopie. Les poils de son mellifica ligustica, YApis mellifica
thorax sont fauves, les trois premiers carnica et YApis mellifica sicula. Tou­
segments de son abdomen jaune rou­ tefois, la plus répandue et la plus typi­
geâtre. Certains auteurs affirment que que qui est élevée en France est YApis
cette race, tout comme l’abeille inter- mellifica.
missa et d’autres variétés répandues L'Apis mellifica ligustica, appelée
en Afrique, sont des variétés issues de également abeille italienne, possède
la race d ’origine, Apis mellifica uni- un abdomen dont les trois anneaux
color. sont plus ou moins jaunes, tendant au
jaune or et dans quelques cas au jaune
orangé. Le premier segment est cerclé
Répartition des espèces et des d ’une bande plus foncée qui s’élargit
sous-espèces au niveau du troisième segment. Chez
cette abeille, l’écusson du mésothorax
En ce qui concerne les abeilles du con­ est en général foncé et tend vers le
tinent africain, nombreux sont les brun. La couleur des poils est blonde,
avis, souvent contraires, émis sur la parfois gris clair. Le jaune orangé est
pureté ou l’impureté des différentes plus ou moins soutenu; on suppose
races et sur leur origine; il est sans que ce phénomène est dû aux diffé­
doute vrai que certaines races ne sont rentes conditions d’élevage et de cli­
que des produits de croisement de plu­ mat. La teinte du tégument de la reine

41
est assez variable; il en est de même cline à l’essaimage; elle est assez rare­
pour la couleur des faux bourdons ment attirée par le pillage. En raison
dont la peau peut être d ’un jaune plus de toutes ces qualités, cette abeille est
soutenu ou même d ’un blond orangé recherchée dans tous les pays du mon­
délavé. de entier.
Il peut être intéressant de mettre en En France, elle est largement utilisée,
évidence les caractères distinctifs de la mais pas autant que 1’A pis mellifica
reine, des faux bourdons et des ou­ qui lui est préférée pour son rende­
vrières de cette race. La reine possède ment en miel.
un écusson noir; le premier segment Dans les zones limitrophes des régions
de l’abdomen est complètement jaune où l’on trouve YA pis mellifica mellifi­
orangé mais il peut être parfois roux ca, YApis mellifica carnica, YApis
ferrugineux; les trois segments sui­ mellifica sicula, il est possible de trou­
vants (deuxième, troisième, quatriè­ ver dans la même ruche des abeilles
me) sont jaune orangé (ou roux ferru­ noires cohabitant avec la ligustica et
gineux) et cerclés d ’une bande noire. même des abeilles dont la couleur jau­
On trouve des reines dont la couleur ne orangé est plus ou moins soutenue.
jaune orangé est plus soutenue mais Il s’agit, cette fois encore, de résultats
cette teinte peut également varier avec de croisements et de populations à l’é­
l’âge de la reine, les conditions d’éle­ tat hétérozygote. Ajoutons toutefois
vage, le type de nourriture, l’humidité que la coloration du tégument de la li­
du nid; certains affirment qu’il existe gustica peut varier entre des limites
des somations indépendantes du gé­ étroites, une différence étant plus pro­
notype. bable au niveau de la tonalité des co­
Les faux bourdons de la race ligustica lorations qu’à celui de l’étendue plus
possèdent un thorax et un écusson ou moins grande des surfaces colo­
noirs; l’abdomen en revanche est jau­ rées. En dehors de certaines limites de
ne orangé avec des stries transversales variabilité, il s’agit certainement de
foncées de largeur très variable selon races impures.
l’écosystème. Avant de parler de manière plus
Chez l’ouvrière de la variété italienne, exhaustive de la vie d’une famille d’a­
la langue peut atteindre 7 mm de long; beilles, c’est-à-dire de sa reproduc­
la longueur moyenne est, dans la plu­ tion, il nous semble utile d’insister sur
part des cas, évaluée de 5,9 à 6,8 mm le fait qu’il existe des différences con­
mais ces chiffres ne sont qu’indicatifs. sidérables entre les formes des rayons,
L ’Apis ligustica est connue à travers l’ampleur des cellules, la manière de
le monde pour ses qualités et son construire le nid selon que les abeilles
adaptation à la domestication; elle est vivent dans telle ou telle région; par
douce, très active (si ce n ’est l’une des contre, on retrouve chez différentes
plus actives), très prolifique et peu en­ races les mêmes caractéristiques ce qui

42
leur permet de cohabiter; nous avons 1. Petite abeille à longue ligule (.Apis
d’ailleurs déjà parlé de cette ressem­ mellifica cypria, Apis mellifica sy-
blance en décrivant les caractéristi­ riaca).
ques de la sicula et de la ligustica, de 2. Petite abeille à courte ligule (Apis
la carnica et de la ligustica... mellifica adansoniî).
On peut également classer les abeilles 3. Grande abeille à longue ligule
en se basant sur le rapport qui existe (Apis mellifica ligustica, Apis mel­
entre la langue et les dimensions du lifica carnica).
corps; cette classification a d ’ailleurs 4. Grande abeille à courte ligule
été établie par Goetze, qui distingue (abeille allemande, variété de l’Al­
quatre types d ’abeilles. lemagne du Nord).

43
l’homme et que, d ’autre part, la lon­
gévité de la famille soit préservée.
La vie d’une famille L’apiculteur régularise la vie de la ru­
d’abeilles che, élargit ou réduit les dimensions
du nid, favorise ou limite la naissance
de nouvelles abeilles, subvient aux be­
soins alimentaires des abeilles lorsque
la récolte a été mauvaise, remplace les
Le réveil printanier des abeilles
réserves de miel par un autre aliment
Comment observer le rucher
enrichi, soigne les maladies, élimine
Installation dans la nouvelle de­
les foyers d’infection. Mais, en se
meure et destin de la précédente
consacrant à ces diverses manipula­
Les habitants de la ruche
tions, il lui faut respecter les habitu­
des des abeilles, ne pas oublier leur
désir de faire proliférer la famille,
leurs exigences de propreté, leurs
réactions à un réchauffement ou à un
Généralités refroidissement excessifs.
Décrivons donc le cycle de vie d ’une
Une famille d ’abeilles, surtout si elle
famille d ’abeilles, dès leur réveil au
se trouve dans une ruche rationnelle,
printemps, et essayons d’en tirer les
peut être surveillée et manipulée par
l’homme; cette intervention finit par enseignements dont pourrait bénéfi­
conditionner tout ce que les abeilles cier l’apiculture.
feraient, à l’état naturel, en respectant
les lois de la nature et en se fiant à leur
seul instinct. L’homme ne parvient Le réveil printanier
toutefois qu’à améliorer le sort auquel
la famille d’abeilles est prédestinée: la Le réveil des abeilles se produit au
reproduction, l’alimentation, la pro­ printemps; les premières abeilles sor­
tection, la survie des abeilles, au lieu tent en effet de leur ruche dès les pre­
d’être le jeu du hasard, sont surveil­ mières chaleurs, dès les premières
lées et améliorées pour que, d’une journées ensoleillées. Ces premières
part, soit obtenu un produit utile à sorties sont faites par besoin physiolo­

44
gique: les abeilles accomplissent leur préparent la naissance d’une nouvelle
vol de purification, c’est-à-dire que ce reine; la reine-mère sort du nid vers sa
vol leur permet de rejeter les excré­ nouvelle demeure, les mâles naissent,
ments accumulés dans leur rectum les abeilles attendent la naissance de la
pendant tout l’hiver. Comme nous le nouvelle reine et le vol nuptial; puis,
savons, en effet, les abeilles ouvrières la reine supprime les reines-vierges qui
ne déposent jamais leurs excréments à viennent éventuellement de naître, les
l’intérieur de la ruche mais unique­ abeilles massacrent les mâles, et par­
ment au dehors et essaient de retirer tent pour la dernière récolte automna­
de leur habitation les scories, les ex­ le de nectar et enfin la famille se pré­
créments ou les déchets de toutes sor­ pare à passer l’hiver.
tes qui, comme nous le verrons, peu­ Ce repos hivernal qui peut être com­
vent s’y être accumulés. Tout au long mencé, suivant les climats, du mois de
de l’hiver, se trouvant dans l’impossi­ septembre au mois de novembre, se
bilité de sortir de la ruche à cause du prolonge jusqu’au printemps ou mê­
froid, les abeilles ouvrières peuvent me mieux, jusqu’aux beaux jours de
laisser s’accumuler dans leur rectum la fin de l’hiver, époque durant la­
les excréments de la saison hivernale quelle le cycle recommence par le vol
et ensuite les expulser, au printemps, de purification.
au cours de leur premier vol, appelé Après avoir exposé très brièvement le
vol de purification. Nous voyons cycle annuel de vie d’une famille, exa­
donc que, au printemps, la famille se minons maintenant quelques traits
pose des problèmes non négligeables caractéristiques qui se manifestent
qu’elle résoudra d ’ailleurs avec une quand les abeilles sortent de leur tor­
régularité merveilleuse: la reprise du peur hivernale.
travail, l’examen des possibilités de
création d’une nouvelle famille, donc
Examen du rucher
la prédisposition au départ, la forma­
tion d ’un essaim, la recherche d’un Pour connaître l’état de conservation
nouveau domicile. Une famille qui a de la famille, il faut observer très pru­
surmonté l’hiver sans difficulté peut demment la ruche. L’apiculteur s’ex­
être composée d ’une reine, de 10 000 pose à des risques regrettables s’il ou­
ouvrières environ et de quelques cen­ vre la ruche sans tenir compte de l’af­
taines de mâles. Les conditions sont folement qu’il peut provoquer auprès
déjà remplies pour que puisse être or­ des membres de la famille; s’il ne
ganisé un essaim. prend aucune précaution, le moindre
C’est à cette époque, si les conditions danger pouvant déclencher chez les
sont favorables, que les abeilles par­ abeilles une colère violente, il risque
tent récolter le pollen ou le nectar, d’être blessé par les aiguillons et l’exa­

45
men peut devenir beaucoup plus dan­ Développement de la famille
gereux que prévu. Il existe toutes sor­
tes de moyens pour observer tranquil­ A cette époque, les abeilles commen­
lement l’intérieur de la ruche: le plus cent à butiner les fleurs, et se consa­
simple consiste à l’enfumer. Les abeil­ crent avec énergie à la récolte du nec­
les, troublées, plongent dans les réser­ tar et du pollen de nombreuses
ves de miel, en aspirant une certaine plantes.
quantité, et se préparent à essaimer au La reine, stimulée par le travail des
cas où le nid serait détruit; si cet exa­ ouvrières, accélère la ponte de ses
men est fait avec toutes les précau­ œufs, puisqu’elle veut donner nais­
tions requises, la vie dans le nid re­ sance le plus vite possible à de nouvel­
prend son cours; les abeilles préoccu­ les ouvrières susceptibles d ’aider les
pées par leur survie recommencent à autres dans leur travail de récolte du
vivre normalement et déposent à nou­ butin. Pour qu’une famille vive d’une
veau les aliments qu’elles avaient manière équilibrée, il faut que de
soustraits pour éventuellement les uti­ nombreuses naissances aient déjà eu
liser dans un autre endroit au cas où lieu deux ou trois semaines avant la
elles auraient dû entreprendre l’instal­ pleine floraison pour que le maximum
lation de leur nouveau nid. Cepen­ d’abeilles récoltent le butin de la fa­
dant le meilleur moyen pour pouvoir mille. Il serait en revanche inutile que
observer une ruche sans courir de ris­ la reine ponde, donc donne naissance
que et ne pas troubler le déroulement à des ouvrières, aux approches de l’hi­
ordinaire de la vie laborieuse des ver puisque ces dernières ne pour­
abeilles est d ’utiliser des ruches mu­ raient être nourries que sur les réser­
nies de parois en verre. ves alimentaires; la floraison étant
En fait, les ruches d ’observation, mu­ terminée, les nouvelles abeilles nées
nies de parois en verre et de volets ex­ n’auraient pas la possibilité d ’aug­
térieurs, ne sont utilisées que dans les menter le dépôt mais au contraire ne
centres expérimentaux par les cher­ feraient que puiser dans les réserves
cheurs; on en trouve aussi chez cer­ pour survivre. Quoi qu’il en soit, lors­
tains apiculteurs. Le plus souvent, les que le printemps est déjà bien amorcé,
apiculteurs observent directement la la ruche devient particulièrement acti­
ruche en retirant la toiture ou l’exté­ ve; on assiste à la naissance de milliers
rieur de la ruche, suivant le genre de d’ouvr-ières et de centaines de faux
ruches utilisées, pour connaître ce qui bourdons qui attendent la venue d ’u­
s’y passe à un moment précis, c’est-à- ne jeune reine vierge pour la féconder.
dire la composition de la famille, l’é­ Au fur et à mesure que la famille aug­
tat de santé de la reine, la présence ou mente en nombre, une certaine confu­
l’absence de signes prémonitoires de sion règne dans le nid; les faux bour­
maladies. dons qui, à cette époque, sont consi­

46
dérés comme indispensables mais ne reine-mère, encore assez jeune, dé­
se voient chargés d ’aucun travail et couvre les cellules des jeunes futures
prétendent être alimentés par les ou­ reines auxquelles elle a d ’ailleurs don­
vrières, finissent par lasser celles-ci, né naissance. Le comportement de la
déjà embarrassées d ’être trop nom­ vieille reine vis-à-vis des jeunes reines
breuses. peut se manifester de manière assez
Dans la famille, toujours plus popu­ différente en fonction du climat, de la
leuse, pouvant compter jusqu’à richesse des fleurs à butiner, de la
50 000 ou 80 000 individus, commen­ composition même de la famille.
ce à se manifester le désir d’essaimer. Deux solutions radicales se présen­
tent: soit l’essaimage, soit la destruc­
tion de la nouvelle reine. L’essaimage,
La nouvelle reine
c’est-à-dire le départ de la vieille reine
La ruche est désormais prospère: les avec une partie des ouvrières de la fa­
changements nécessaires ont été opé­ mille, se produit lorsque la floraison
rés, les abeilles ouvrières ont été rem­ en cours laisse espérer des récoltes en­
placées par d ’autres, des ouvrières de core fructueuses. Dans ce cas, même
tous âges, des faux bourdons, des lar­ la présence des faux bourdons, errant
ves, des nymphes remplissent le nid; oisivement autour de la ruche et para­
les cellules destinées aux nouvelles rei­ sites du travail des ouvrières, est con­
nes, dont l’une est destinée à succéder sidérée comme indispensable pour la
à sa propre mère, ont été préparées. continuation de l’espèce puisque la
N ’oublions pas en effet que, dans tou­ naissance d’une nouvelle reine, ou de
tes les familles d’abeilles, il ne peut nouvelles reines, ne peut se faire sans
exister qu’une seule reine; dans le cas la fécondation, donc sans la présence
contraire, si par exemple deux reines des mâles. Cette tolérance que seule la
se retrouvent en présence, nous ver­ nécessité justifie ne dure que le temps
rons que cette situation n’est que mo­ indispensable à la fécondation; au re­
mentanée car elle aboutit inévitable­ tour de la reine fécondée, une fois la
ment à la lutte pour la vie des deux continuation de l’espèce assurée, au
reines, sauf en cas de survie de la rei- terme de la saison de la récolte, l’exis­
ne-mère, vieille et désormais stérile, tence des mâles devient inutile; l’ordre
qui peut, dans ce cas, être tolérée par est donc lancé de massacrer les mâles;
la jeune reine ou protégée par les ou­ plusieurs ouvrières s’attachent à cette
vrières, sans que la susceptibilité de la tâche et frappent mortellement les
jeune reine soit éprouvée. De toute fa­ mâles de leur aiguillon, ou bien les
çon, ces cas sont rares, en particulier traînent hors de la ruche.
si les ruches sont exploitées de maniè­ Si l’essaimage s’avère impossible, en
re rationnelle. raison de conditions climatiques défa­
Il arrive beaucoup plus souvent que la vorables ou pour toute autre raison,

47
que nous décrirons par la suite, la des­ rayons; des architectes qui préparent
truction de la nouvelle reine devient les rayons; des bâtisseuses qui, en uti­
indispensable. Il semble bien que ce lisant la cire et la propolis, consoli­
soit la reine-mère elle-même qui don­ dent le nid; des sculpteurs qui collabo­
ne l’ordre aux ouvrières de tuer la des­ rent activement à la construction des
cendance royale; certains auteurs sup­ alvéoles; des butineuses qui vont cher­
posent que c’est la reine-mère qui cher dans les champs le nectar des
commence ce travail et le laisse ensui­ fleurs qui sera transformé en miel, le
te à ses ouvrières. Même dans ce cas, pollen qui permet de nourrir les lar­
la destruction des mâles s’impose ves, la propolis qui sert à colmater les
après l’élimination des larves ou des fentes de la ruche; des operculatrices
nymphes des futures reines. qui referment les alvéoles où se déve­
loppent les larves et d ’où sortira,
après la métamorphose, un insecte
Division du travail
parfait; des balayeuses qui nettoient
Parlons maintenant de la division du avec un soin méticuleux le nid; des
travail accompli par les différents fossoyeurs qui transportent au loin
membres de la famille. Comment est- aussi bien les cadavres de la famille
il réparti? Le travail est distribué en que ceux des insectes et animaux qui
fonction de l’âge des abeilles; les auraient pénétré dans la ruche et au­
abeilles les plus jeunes s’occupent de raient été tués; des amazones, sortes
l’entretien de la ruche; les plus âgées de gardiennes, qui protègent le cou­
de la récolte du nectar et du pollen. vain, veillent jour et nuit à la sécurité
En pratique, cette spécialisation est de la famille, vérifient si la récolte est
assez poussée et contraint chaque satisfaisante, effraient et mettent en
membre de la famille à exécuter divers fuite les pillards, les intrus et tous
travaux à des moments différents. Il ceux qui veulent profiter du butin, as­
existe ainsi des abeilles-nourrices dont saillent en nombre les ennemis qui
le rôle est de nourrir les larves et de ré­ veulent menacer l’existence de la ru­
chauffer les cellules; des dames che ou puiser dans les réserves alimen­
d ’honneur qui pourvoient à l’alimen­ taires, barricadent l’entrée en cas
tation et à la protection de la reine; d’urgence.
des ventileuses qui aèrent, rafraîchis­ Telles sont, sommairement, les tâches
sent ou réchauffent la ruche, accélè­ dévolues aux abeilles, lorsque la fa­
rent l’évaporation du miel lorsqu’il mille est prospère et en bonne santé.
est trop chargé d ’eau et utilisent, pour
ce faire, leurs ailes comme moyen mé­
L’essaimage
canique pour atteindre le but qu’elles
se sont fixé; des cirières qui fabri­ L’essaimage naturel se produit lors­
quent la cire pour la confection des que la famille vit dans d ’excellentes

48
conditions, lorsque la reine peut em­ mum et souvent moins. Elles donne­
mener avec elle une partie des ouvriè­ ront naissance, peu après le départ de
res sans rompre le rythme de vie de l’essaim, à une nouvelle reine vierge
celles qui sont restées car l’essaimage qui occupera le poste de la reine-mère
a toujours un destin incertain. Non qui a quitté la ruche avec son essaim;
seulement il appauvrit la ruche mais il la naissance de la nouvelle reine en ef­
peut ne pas réussir à recréer une nou­ fet permet de tranquilliser les sujets
velle famille. Dans une famille impor­ inquiets, qui se considèrent comme
tante de 80 000 abeilles environ, l’es­ orphelins. N ’oublions pas non plus les
saim peut entraîner jusqu’aux trois mâles qui ne suivent pas l’essaim puis­
quarts de la colonie, c’est-à-dire qu’ils n ’ont aucune raison de le faire,
50 000 abeilles. En plus de l’accroisse­ mais qui attendent avec une tranquil­
ment de la population, et donc de la lité désinvolte la naissance de la nou­
surpopulation de la ruche, l’essaima­ velle reine qui, dans quelques heures,
ge est déterminé par des lois économi­ sortira de l’une des cellules royales.
ques précises; l’essaimage n ’a pas lieu Une fois que l’essaim s’est éloigné, la
si les membres de la famille qui quit­ vie de la ruche reprend son cours nor­
tent la ruche risquent de ne pas pou­ mal. Un "certain nombre d’abeilles
voir résister aux efforts à fournir pour continuent à butiner alors que d ’au­
reconstruire un nouveau domicile. tres accomplissent leur travail de pro­
L’exil, si nous pouvons nous permet­ tection et de ventilation, de nettoyage
tre de l’appeler ainsi, est volontaire; la ou de nutrition, puisque la tâche qui
ruche doit donc avoir les réserves ali­ leur est dévolue par le destin demeure
mentaires nécessaires à la survie de la inchangée, c’est-à-dire celle de main­
colonie, ne doit être atteinte d’aucune tenir et de perpétuer les traditions de
maladie, ne pas être exposée au pilla­ la ruche.
ge; le temps doit être clément. L’exode ne se produit donc pas à l’im-
^Voici quel doit être l’état de la ruche proviste; il ne doit pas non plus être
au moment de l’essaimage: les alvéo­ considéré comme inévitable par l’api­
les doivent être rentables, complète­ culteur, même si certaines races sem­
ment remplies, posséder environ blent plus ou moins prédisposées à
10 000 œufs susceptibles de donner ,^1’essaimage. L’homme peut en effet
naissance à autant d’individus qui ac­ contrôler l’essaimage si, après avoir
croîtront la famille mutilée, le même observé certains signes prémonitoires,
nombre de larves en phase de matura­ il détruit les jeunes reines operculées
tion, des nymphes et des abeilles et élargit la ruche, ou encore augmen­
nourricières qui feront partie de la te les possibilités de réception de la fa­
prochaine colonie. mille; ce faisant, le tumulte et l’agita­
Les cellules royales doivent être en tion qui précèdent l’essaimage ces­
nombre réduit, une douzaine au maxi­ sent, le travail habituel est repris et la

49
vieille reine, rendue indispensable par leur butin dans le stock à vivres et re­
l’élimination de ses filles, renonce à partent immédiatement pour une au­
sortir et recommence à pondre. tre récolte.
La reine qui veut essaimer prévient les Les abeilles du futur essaim, au con­
autres membres de la famille plusieurs traire, sont agitées, ne partent pas
jours avant son départ qu’elle a déci­ dans les champs pour récolter du nec­
dé d ’abandonner la colonie pour en tar ou du pollen, manifestent une vé­
reformer une nouvelle; elle se déplace ritable excitation qu’elles transmet­
en tous sens, émet un son particulier, tent à leurs compagnes qui ont choisi,
les abeilles qui la suivront émettent un tout comme elles, l’aventure; lors­
bourdonnement qui fait écho à l’hym­ qu’elles sont hors de la ruche, leur vol
ne royal; à l’intérieur des cellules est étrange; entre-temps, elles errent
operculées, les futures reines com­ pour “tuer” le temps. A l’intérieur de
mencent à ronger leur opercule et ré­ la ruche, elles voltigent autour des al­
pondent à l’appel de la reine-mère. véoles et de la reine, en réchauffant
Les ouvrières qui se préparent au long par là même l’atmosphère. La reine,
voyage incertain se gorgent de miel quant à elle, parcourt de long en large
pour satisfaire leurs besoins alimen­ les différents alvéoles comme si elle
taires d ’une semaine environ car elles cherchait quelque chose et, par ses
devront résoudre leurs problèmes ali­ mouvements frénétiques, elle n ’appa­
mentaires les plus immédiats et parer raît plus comme la reine laborieuse
à la production de cire destinée à la qui s’attarde auprès des alvéoles cen­
construction du nouveau domicile, traux pour y déposer régulièrement
une fois qu’il sera atteint. des œufs; ses mouvements deviennent
Tandis que se prépare l’essaimage, de plus en plus agités au fur et à mesu­
seules les abeilles qui resteront dans la re que l’heure du départ devient plus
vieille ruche demeurent tranquilles; proche.
les butineuses continuent leur travail Lorsque le signal de départ est donné
sans se soucier de ce qui se passe au­ par la reine, les abeilles destinées à
tour d ’elles. Il a été prouvé que rares l’essaim sortent de la ruche dans le
étaient les cas où quelques abeilles plus grand désordre et vont se poser
destinées à rester avec la vieille famille sur une branche d’arbre qui se trouve
finissaient par se joindre à l’essaim; à proximité et sur laquelle ira se poser
elles poursuivent donc leur travail la reine; pendant un court instant, les
quotidien en butinant jusqu’à plus de abeilles manifestent une vive agitation
deux mille fleurs par heure1, se char­ puis les dernières ouvrières se rappro­
gent de pollen et de nectar, emportent chent de la reine, se regroupent et for­
ment une sorte de grappe.
JCela semble un m axim um. Certains auteurs don­
La grappe vivante des abeilles regrou­
nent le chiffre de 600 à 900 fleurs à l’heure. pées en essaim reste suspendue à ce

50
bout de branche; l’essaim est inoffen­ nouveau nid et, avant de se consacrer
sif, immobile, composé de plusieurs à la reconstruction du couvain qui
milliers d’abeilles qui attendent le re­ leur permettra de vivre à nouveau à
tour des éclaireuses qui ont été expé­ un rythme normal, restent quelques
diées à la recherche d’un abri. Cette minutes embarrassés: mais cet instant
étape est la première qui soit vécue d’incertitude est éphémère.
par l’essaim primaire, guidé par la Les abeilles, rassurées sur le confort de
vieille reine, encore fertile et vigou­ leur nouveau domicile, commencent
reuse. bientôt à construire ou à consolider les
;^Nous venons de parler d ’essaim pri­ alvéoles (au cas où l’homme en aurait
maire; c’est en effet ainsi que l’on ap­ lui-même installés) tandis qu’une par­
pelle l’essaim guidé par la reine-mère. tie des ouvrières sort de la ruche pour
Après la formation de ce premier es­ aller butiner.
saim, d ’autres essaims, secondaire, Pour sortir de ce nouveau nid, les
tertiaire, etc. peuvent se former. Mais abeilles observent la plus grande pru­
ces essaims (comme nous le précise­ dence et ne s’en éloignent, au début,
rons ultérieurement dans ce volume) qu’avec circonspection: les butineuses
sont guidés par des jeunes reines, ra­ ont toujours besoin de se repérer
rement fécondées; aussi la suite de ces avant de s’éloigner pour partir à la re­
essaims est-elle beaucoup moins nom­ cherche de nourriture. S’étant assu­
breuse. rées de l’emplacement du nid, elles
Observons donc à nouveau notre es­ butinent des centaines de fleurs et plu­
saim primaire. sieurs centaines d ’abeilles recueillent
L’essaim est suspendu à la branche: la le nectar, même si la quantité de nec­
masse des abeilles est tellement homo­ tar nécessaire à leur alimentation
gène qu’elle ressemble à une grosse journalière n ’excède pas en fait la
grappe. C ’est à ce moment précis que quantité de nectar de deux fleurs;
l’homme peut capturer l’essaim car il mais elles doivent reconstituer les ré­
ne court aucun risque s’il agit avec serves de la ruche, car elles devront
prudence. Il peut faire tomber les passer l’hiver; ainsi, même si elles ne
abeilles dans un piège, en sachant que sont plus en vie à cette époque, étant
si la reine est déplacée dans le nou­ donné la brève durée de leur existen­
veau nid, toutes les autres abeilles la ce, elles auront accompli par là-même
suivront d ’une manière très discipli­ les devoirs qui leur incombent vis-à-
née; il suffit en effet que la reine soit vis de leur espèce.
capturée pour que toutes les autres Si l’homme ne ramasse pas l’essaim,
abeilles la suivent et recomposent la les abeilles de la grappe attendent le
famille. retour des éclaireuses et la reine at­
Une fois cet essaim capturé, tous les tend elle-même de recevoir tous les
membres de la famille inspectent le renseignements utiles avant de pren­

51
dre son vol pour la seconde étape, éta­
pe qui emporte l’essaim très loin de
son lieu d’origine, de son ancien
foyer; cette destination peut être une
grotte, un arbre creux, un récipient
quelconque mais sûr, protégé des in­
tempéries, des agressions et des pil­
lards.
Le pillage est une tendance dangereu­
se parce qu’il peut entraîner des grou­
pes entiers; certaines races ont ten­
dance à s’adonner à cette mauvaise
habitude qui peut d ’ailleurs être favo­
risée par un apiculteur inexpérimenté.
La pratique du pillage entraîne, en gé­
néral, la perte du respect du travail
collectif, l’habitude de voler et de res­
ter oisif, d ’attaquer des colonies paci­
fiques et d’endommager les réserves Abeille butineuse récoltant pollen et nectar
d ’une fleur de bourrache (© Gissey/Cogis)
de familles plus faibles qui ne sau­
raient pas se défendre. toient le fond de la nouvelle habita­
tion. Les fissures, les rugosités sont
colmatées avec de la propolis; les ou­
La nouvelle demeure vrières attachées à ce travail commen­
cent même à vernir les parois internes
L’essaim est donc installé dans sa du nid; les gardiennes s’installent près
nouvelle demeure, un arbre creux par du trou de vol; les butineuses com­
exemple. Au début, les abeilles ins­ mencent à butiner les fleurs puis re­
pectent l’endroit, vérifient s’il peut viennent chargées de nectar et de
être habité et défendu contre des en­ pollen.
nemis éventuels, choisissent le point
d’attache des rayons. Un très grand • Les rayons seront disposés de ma­
nombre d ’abeilles, par conséquent, se nière à être parfaitement ventilés, sta­
consacrent à la préparation de la cire bilisés pour pouvoir supporter le
après avoir façonné une colonne vi­ poids du futur couvain et des réserves
vante de forme pyramidale à l’inté­ d ’aliments; les possibilités de commu­
rieur du nouveau nid; un groupe d ’a­ nication avec l’extérieur sont sérieuse­
beilles sort du nid pour inspecter les ment examinées. L’homme primitif
alentours et les possibilités de récolte mettait à la disposition des abeilles
tandis que d ’autres ouvrières net- des ruches rudimentaires constituées

52
par un simple tronc d ’arbre creux, un la stabilité et à la solidité de la ruche,
abri en écorce de chêne-liège, des réci­ compte tenu des propriétés physico­
pients en terre cuite ou simplement en chimiques de la cire, du type d’ali­
argile modelée et séchée au soleil ment récolté, des facilités ou des diffi­
ayant la forme d’un manchon (tel est cultés d ’accès du nid, des habitudes de
l’usage en Afrique et dans certaines la race et de la reine, de la répartition
localités d’Asie): il n ’était pas rare des vivres, des passages, etc. Les ru­
que soit mis à la disposition de l’es­ ches aménagées par l’homme doivent
saim un nid constitué par un panier en essentiellement être destinées à l’ins­
paille ou en osier tressé. On a pu re­ tallation de l’essaim et permettre aux
marquer que l’essaim refusait rare­ abeilles de commencer leur travail
ment l’abri qui lui était offert. sans avoir à se préoccuper, bien en­
tendu, des intentions de l’homme; si
• L’aménagement du nid. Il doit être l’armature de la ruche, confectionnée
fait avec le plus grand soin et il faut par l’homme, est munie de feuilles de
veiller en particulier à la ventilation, à cire (cire gaufrée), de préférence mou­

Les rayons doivent être stabilisés afin de supporter le poids du futur couvain et des réserves
alimentaires (© Lanceau/Cogis)

53
lées, les abeilles mettront moins de suffisamment consistant, les abeilles
temps à la construction des alvéoles, cirières cèdent leur place aux abeilles
verront leur travail réduit en partie et, sculpteurs qui cisèlent, modèlent, tra­
continuant à bâtir, agrandiront les al­ vaillent sur la matière première qui a
véoles façonnés dans la feuille, en été déposée. Les premières alvéoles
modifiant leurs défauts éventuels. Si commencent à apparaître; en général,
l’opérateur est avisé, il peut ainsi ob­ une abeille sculpteur, après avoir tra­
tenir, en l’espace d ’une semaine, un vaillé sur une cellule, cède sa place à
nid complet et neuf. une autre abeille sculpteur et, au fur
Si les abeilles ne reçoivent aucune ai­ et à mesure de l’exécution du travail,
de, elles doivent recommencer à cons­ la cire commence à prendre la forme
truire entièrement une nouvelle ruche d’un rayon, semblable à une plaque à
et, pour parvenir à leurs fins, consa­ deux facettes pourvue de cellules
crer à cette construction dix fois plus hexagonales superposées et contiguës.
de temps, c’est-à-dire entre deux et Tandis que les abeilles sculpteurs et ci­
trois mois. Dans ce cas, la cire qui est seleurs travaillent sur la première
utilisée provient d ’une production en­ ébauche de rayons, les abeilles cirières
tièrement nouvelle et, bien qu’il soit commencent à façonner un autre
difficile de suivre au fur et à mesure de bloc, auquel sera suspendu le second
leur évolution les différentes phases rayon. Un troisième dépôt de cire ser­
d ’élaboration, de production et d’uti­ vira à la construction d ’un troisième
lisation des écailles de cire, on a pu re­ rayon. A la fin de tout ce travail, les
marquer que la transformation du rayons sont prêts pour la ponte et sé­
miel en cire, à l’intérieur de la ruche, parés les uns des autres de manière
était favorisée par des travaux prépa­ que les abeilles puissent circuler libre­
ratoires. Il faut attendre une journée ment sans abîmer le couvain ou entra­
environ, dans des conditions ambian­ ver les mouvements de chaque mem­
tes favorables, la température étant re­ bre de la famille. Chaque rayon pos­
lativement élevée, pour voir apparaî­ sède ainsi une épaisseur moyenne
tre la cire aux ouvertures latérales de d’un peu plus de 20 mm, la distance
l’abdomen de l’ouvrière cirière. Lors­ entre les rayons étant en gros de
que la plupart des abeilles cirières ont 11 mm, dimension double de la gros­
élaboré cette cire, elles juxtaposent les seur de l’abeille; ces distances permet­
écailles ou plaques de cire avec l’ap­ tent aux abeilles de passer entre les ra­
pareil buccal et les pattes antérieures, yons, voire de passer en double ran­
comme le ferait un maçon. gée. Si, au cours de cette construction,
les abeilles calculent mal les distances,
• Les cellules. Au sommet du nid sont si par exemple elles laissent un espace
fixés de nombreux paquets de cire et, trop grand entre les rayons, elles pré­
lorsque ce bloc est considéré comme parent un autre fragment de rayon, de

54
forme irrégulière, qu’elles interposent repos les rayons en cours de construc­
entre les rayons pour compenser cette tion, décide d ’accomplir son travail et
différence. Les alvéoles construits l’entreprend dès que les premières de­
sont de trois sortes: les alvéoles des meures, les premières cellules, sont
ouvrières sont les plus petits et les plus édifiées. La reine est suivie par d ’au­
nombreux; les cellules des fa u x bour­ tres abeilles qui ont les fonctions de
dons sont à peine plus grandes que gardiennes et de servantes. La reine, à
celles des ouvrières; les cellules roya­ ce moment, examine la cellule en y in­
les sont bien différentes des précéden­ troduisant la tête, incline son abdo­
tes et ressemblent à des glands accro­ men et son extrémité pour pondre un
chés à la paroi du rucher. œuf. Puis elle retire l’abdomen, lais­
Il existe en outre des cellules de réserves sant l’œ uf aux soins des ouvrières. La
alimentaires qui sont semblables à cel­ reine, ensuite, s’approche d’une autre
les des ouvrières et qui peuvent occuper cellule, l’observe afin de ne pas ris­
une surface souvent égale aux huit di­ quer de pondre deux œufs dans la mê­
xièmes de la superficie utile totale. me cellule, y introduit son abdomen
Chaque cellule d ’ouvrière ou de faux pour pondre un autre œuf. Elle pour­
bourdon est de forme hexagonale, po­ suit ce travail sans relâche, jour après
sée sur une base pyramidale; la sec­ jour, jusqu’à l’automne; donc la rei­
tion hexagonale permet de préserver ne, au fur et à mesure de l’aménage­
une quantité considérable de cire. ment des rayons, ne cesse jamais de
Tout l’espace est utilisé le plus écono­ pondre.
miquement possible et les angles des Enfin, après avoir parcouru la totalité
cellules sont plus résistants à l’usure; des rayons, les abeilles des cellules où
nous voudrions souligner, à titre indi­ elle avait en premier déposé ses œufs
catif, que les figures géométriques sont déjà nées; aussi la reine peut-elle
susceptibles d ’utiliser le maximum de recommencer à faire le tour des cellu­
place sont le triangle, le carré, et les pour pondre de nouveaux œufs.
l’hexagone; dans la construction des D ’après certains auteurs, la reine rece­
rayons, l’utilisation de l’hexagone fi­ vrait du mâle 11 à 16 millions de sper­
nit par être la plus pratique et offre matozoïdes au moment de son accou­
plus de résistance à l’usure; il utilise plement; ces spermatozoïdes sont
en outre au maximum tout l’espace conservés dans un sac situé à côté des
disponible. ovaires; ce réservoir prend le nom de
spermathèque. L’idée selon laquelle
l’abeille, au moment de la ponte dans
La ponte les petites cellules, est contrainte de se
courber, donc de comprimer la sper­
Dès cet instant, commence la ponte. mathèque est, elle aussi, une hypothè­
La reine, qui a parcouru sans trêve ni se; inévitablement, un spermatozoïde

55
en ressort, rencontre dans l’oviducte La ruche abandonnée par
l’œ uf et le féconde. De cet œ uf naîtra l’essaim
une abeille ouvrière, sexuellement fe­
melle, bien que son appareil génital Nous venons d ’observer brièvement
soit atrophié. Lorsque la reine se trou­ l’installation d ’un essaim dans une
ve en face de cellules de mâles, dans la nouvelle demeure. Etudions mainte­
mesure où ces cellules sont plus gran­ nant le comportement de la ruche
des, elle n ’a pas besoin de plier son
abandonnée par l’essaim pour savoir
abdomen, si bien que rien ne sort de la
comment les êtres qui y sont restés
spermathèque et l’œuf, non fécondé,
sont capables de surmonter les pre­
se pose dans le fond de la cellule. De
mières difficultés aussitôt après cet
ces œufs naissent uniquement des
abandon.
faux bourdons, sexuellement mâles
fertiles.
Toutefois, ce problème n ’ayant pas
encore été résolu, les hypothèses sont Réorganisation de la famille
très nombreuses; citons entre autres
choses celle d ’après laquelle la reine La vieille demeure ne possède plus
peut actionner elle-même ses muscles qu’un tiers de sa population initiale,
pour ouvrir et refermer sa spermathè­ qui subit encore les conséquences de
que, par conséquent faire arriver ou l’agitation qui a précédé l’essaimage.
non le spermatozoïde dans le vagin Les abeilles qui sont restées pour­
afin de féconder l’œ uf au moment de voient aussitôt à la réorganisation de
son passage. la famille, recommencent à nettoyer
Il a également été démontré que lors­ et éliminent les traces de cire, d’excré­
que la reine fertile se trouve dans l’o­ ments et d ’immondices qui ont pu
bligation de pondre des œufs non s’accumuler sur le sol de la ruche au
fécondés (mâles), elle le fait même si cours des heures précédant l’essaima­
elle ne dispose pas de grandes cellules ge; elles recommencent à faire des pro­
de faux bourdons; ce phénomène peut visions, soignent régulièrement le cou­
se produire lorsque la reine est vieille vain, reconstituent le corps de garde.
ou quand elle veut essaimer. Les larves du couvain continuent à
Il ne faut pas oublier que les œufs de naître; une ruche de grandes dimen­
reine sont identiques à ceux des ou­ sions peut ainsi voir naître 50 000
vrières mais que, grâce à la nourriture exemplaires dont les œufs furent pon­
transmise à cette larve aussitôt après dus par la reine avant son départ. Au
la ponte, cet œ uf se transforme en début, ces nouveau-nés sont hésitants
œuf de future reine alors que, sans ce­ et ne se voient confier aucun travail
la, il donnerait naissance à une ou­ pénible. Ils sortent de la ruche une se­
vrière. maine après leur naissance et accom­

56
plissent alors leur premier vol de puri­ larves peuvent se trouver regroupées,
fication, remplissent d ’air leurs sacs ce qui donne l’impression d’une petite
trachéens; c’est alors que ces jeunes grappe. Nombreuses sont les abeilles
abeilles peuvent commencer la récolte qui attendent les naissances des reines
de nectar et de pollen. vierges: cette attente les rend in­
quiètes.
La naissance des nouvelles reines ne se
Naissance de la nouvelle reine produit pas en même temps car la na­
ture a pourvu à ce que, lorsque cela
La ruche ne possède pas encore de s’avère possible, plusieurs essaimages
reine; la ruche est orpheline. La forme puissent avoir lieu. Tous les essaims
tortueuse du centre des rayons témoi­ qui se formeront après le premier se­
gne de la présence du nid royal et lais­ ront guidés par une jeune reine, en gé­
se espérer la naissance de la reine vier­ néral vierge; ils sont, dans tous les cas,
ge. Chaque cellule royale est trois ou moins nombreux et leur sort est sou­
quatre fois plus grande que les cellules vent hasardeux pour diverses raisons
ouvrières; dans un couvain, plusieurs que nous analyserons ultérieurement.

Les abeilles sculpteurs travaillent la cire apportée par les abeilles cirières (© Gissey/Cogis)

57
La jeune reine, très progressivement, l’intention de détruire toutes les au­
en général une semaine après le départ tres reines susceptibles de naître après
de la vieille reine, rompt le couvercle elle, les gardiennes doivent éviter tout
ou opercule de sa cellule, laisse appa­ régicide jusqu’au retour de la reine de
raître sa tête puis sort lentement, ai­ son vol nuptial ou bien autoriser la
dée par les gardiennes; elle se retrouve destruction des rivales. Les gardien­
ensuite entourée par les ouvrières qui nes permettent à la reine de tuer ses
la nettoient, la caressent, l’aident à sœurs royales si, pas exemple, il y a
faire ses premiers pas sur les rayons. pénurie de vivres, si la famille n ’est
Certes, au début, elle vacille mais, pas nombreuse, si le climat n ’est pas
quelques minutes après, se redresse et, assez clément pour un second essai­
consciente de la présence de ses éven­ mage, si le temps est instable. La reine
tuelles rivales, commence à s’agiter de alors, ayant toute liberté d ’action, se
long en large dans le nid. précipite vers la cellule operculée de
Un très grave dilemme se pose alors l’une de ses sœurs et essaie d’extraire,
aux gardiennes: en effet, puisque cette en s’aidant des pattes et de l’appareil
reine qui vient de naître manifeste buccal, le cocon qui protège la prin­

Larves dans le couvain (© Gissey/Cogis)

58
cesse. Si, après avoir extrait sa sœur, tôt, mues par un instinct de haine et
elle s’aperçoit qu’il s’agit d ’un insecte de jalousie qu’elles sont incapables de
parfait qui allait sortir de sa cellule, la surmonter.
reine le pique de son aiguillon jusqu’à
ce qu’elle soit certaine de l’avoir sacri­
fié. S’étant assurée que le décès s’est Duel entre reines rivales
bien produit, la reine retire son aiguil­
lon et se calme, hésite un instant puis Malgré tout, ce cas peut se produire:
assaille une autre sœur royale de la un combat mortel entre les deux ad­
même manière jusqu’à ce qu’elle ne versaires a inévitablement lieu; la na­
trouve plus, dans les cellules royales, ture semble avoir fait en sorte que, au
que des larves ou des nymphes; elle cours de ce combat, il n’y ait aucun
détruit toutefois également ces derniè­ risque que les deux reines se piquent
res pour qu’elles ne se transforment en même temps. Le duel sera donc as­
pas en insectes. Pendant ce temps, les tucieux, c’est-à-dire que l’une des
abeilles observent froidement cette deux reines cherchera à surprendre sa
opération d ’“épuration” des concur­ rivale à un moment propice pour la
rentes potentielles; certaines ouvrières tuer sans pitié. Si l’une des deux prin­
entreprennent même de faire disparaî­ cesses vierges ose se cacher ou s’é­
tre du fond de la ruche les cadavres chapper, les ouvrières lui barrent le
chemin et la contraignent à reprendre
des princesses et les déchets de cire qui
le duel.
se sont peu à peu accumulés sur le
A un certain moment, l’une des jeu­
fond, par suite de ce massacre cruel
nes reines est blessée; la reine victo­
dont la reine vierge a été la principale
rieuse achève son succès en assénant
instigatrice. Parfois, les abeilles parti­
des coups mortels à l’infortunée. Dès
cipent à une opération de “récupéra­ cet instant, la famille accepte la nou­
tion”: lorsque la reine s’éloigne de la velle reine en tant que souveraine
cellule violée, si la larve ou la nymphe indiscutable et s’apprête à lui mani­
ne sont pas tombées sur le sol de la ru­ fester sa sympathie. Il se peut qu’il y
che, les abeilles ouvrières dégagent la ait encore des cellules royales à détrui­
cellule et avalent la gelée royale qui re; si la reine manifeste quelques si­
avait été déposée en temps utile sur le gnes de faiblesse, elle renonce à ce tra­
fond de la cellule royale. Cette récu­ vail d’une importance secondaire et
pération est considérée comme nor­ confie cette tâche aux ouvrières.
male dans l’économie de la famille. La reine doit ensuite exécuter son vol
Il est assez rare de voir deux reines, nuptial; jusqu’à son retour, une partie
parvenues en même temps à maturité, des membres actifs de la colonie ma­
sortir ensemble de leur propre cellule: nifestera vis-à-vis d ’elle une certaine
dans ce cas, elles s’affrontent aussi­ méfiance. En effet, un problème reste

59
encore à résoudre: lorsque les rivales de plus de vingt jours, il est possible
potentielles ont été massacrées et qu’il de voir des ouvrières, mues par le dé­
est trop tard pour transformer les lar­ sir et la nécessité de perpétuer l’espè­
ves d ’ouvrières en larves royales, il est ce, essayer de pondre elles-mêmes des
absolument indispensable que la jeu­ œufs, bien que leurs ovaires soient
ne reine s’accouple avec un faux bour­ atrophiés. Certaines ouvrières par­
don, vingt jours au maximum après sa viennent effectivement à pondre mais
naissance. Si cette période est dépas­ il s’agit également dans ce cas d’œufs
sée, la reine reste pour toujours vier­ non fécondés, donc ne donnant nais­
ge, c’est-à-dire qu’elle ne s’accouplera sance qu’à des mâles.
plus et ne parviendra plus à recevoir Malgré tout, dans la plupart des cas,
des spermatozoïdes pour pondre des lorsque les ouvrières ont laissé leur
œufs fécondés, donc des œufs d ’ou­ reine détruire les princesses, le vol
vrières. On assiste dans ce cas au phé­ nuptial est vraiment susceptible de
nomène de la parthénogenèse arrhé- parvenir à ses fins.
notoque, c’est-à-dire que la reine
pond uniquement des œufs de mâles.
Si tel est le cas, au bout de quelques L ’essaimage secondaire
semaines, la famille possède un nom­
bre accru de mâles, celui des ouvrières Dans ce cas, que se passe-t-il exacte­
diminue progressivement pour dispa­ ment? La jeune reine, dès sa sortie de
raître complètement, puisque la durée la cellule, donc encore vierge, s’apprê­
de vie de ces dernières est limitée. te à détruire ses sœurs princesses.
Les milliers de mâles qui bourdonnent Mais, comme nous venons de l’expo­
dans le nid épuisent rapidement les ré­ ser, il se peut que les ouvrières, au lieu
serves alimentaires puis se dispersent d ’autoriser ce massacre, manifestent
et la reine finit par mourir d’une ma­ une véritable hostilité et forment un
nière assez peu glorieuse. cordon de gardiennes pour contrarier
Par conséquent, la reine qui n ’est pas la fureur et la haine de la jeune reine.
fécondée est vouée à ne donner nais­ Le chemin lui est barré; la reine veut
sance qu’à des mâles; en fait, les faux forcer ce barrage mais n ’y parvient
bourdons ne sont presque jamais res­ pas malgré ses efforts soutenus i Lors­
ponsables de cette situation car ils se qu’elle s’aperçoit qu’elle doit renon­
déplacent dans l’atmosphère en nom­ cer à son intention, elle commence à
bre considérable; cette situation est errer à travers la ruche en émettant un
beaucoup plus liée au froid, à la pluie, son qui ressemble à celui d’une trom­
à la malformation des ailes de la rei­ pette, que les apiculteurs connaissent
ne, c’est-à-dire à de nombreux critères bien et sont capables d’entendre à plu­
qui vont à l’encontre du vol nuptial. sieurs mètres de distance de la ruche.
Lorsque le nid abrite une reine vierge Cette sorte de gémissement émis par

60
la reine outragée dans sa volonté ho­ les mêmes gémissements que la reine
micide peut durer plusieurs jours. qui l’a précédée. Comprenant qu’il lui
Pendant ce temps, les reines soeurs, est impossible de sacrifier les autres
qui ont presque achevé leur méta­ princesses, elle s’apprête à former
morphose, veulent sortir de leur abri l’essaim tertiaire. Les abeilles de sa
et se mettent à rompre l’opercule de suite sont de moins en moins nom­
leur cellule, commençant à émettre breuses. On assiste alors à une vérita­
des sons qui, en raison de l’étanchéité ble succession d ’essaims lorsque la fa­
des cellules, sont inévitablement mille éprouve une véritable fièvre
sourds et feutrés. Un apiculteur par­ d ’essaimage, mais ce cas n ’est à vrai
vient à surprendre ce “dialogue” entre dire pas très fréquent; en conséquen­
la reine et les princesses, encore pri­ ce, la famille originelle finit par dispa­
sonnières dans le couvain. raître complètement puisqu’aucune
Cette période d ’indécision apparente des reines vierges ne pond.
n ’est pas sans avantages pour la reine Un chercheur, Swammerdam, affirme
vierge: il a en effet été prouvé que cet­ à ce propos avoir assisté à la forma­
te période de tentatives pour faire suc­ tion de trente essaims à partir d ’une
comber ses sœurs permettait à la reine colonie populeuse; il s’agit toutefois,
d ’acquérir suffisamment de force et dans ces cas, de situations pathologi­
de vigueur pour pouvoir prendre son ques qui sont en fait beaucoup plus
vol et essaimer. nuisibles qu’utiles à l’apiculture.
Les princesses, quant à elles, sortent Il semble bien que cette prolifération
de leur cellule un peu plus tard que d ’essaims se produise lorsque l’hiver a
prévu mais acquièrent par là-même été particulièrement rude et lorsqu’il
maturité et vigueur. La reine vierge, s’agit de races dégénérées.
comprenant qu’il lui est impossible de Normalement, chez les espèces euro­
faire succomber ses sœurs, s’apprête à péennes, l’essaimage n ’a lieu qu’une
essaimer, en créant l’essaim secondai­ seule fois par an, mais, lorsque les fa­
re; de nombreuses abeilles la suivent, milles sont bien organisées, il peut ne
mais en nombre nettement inférieur à pas avoir lieu.
celui de l’essaim primaire. Lorsque l’essaimage primaire, et par­
Dès que la reine, à la tête de l’essaim fois l’essaimage secondaire, se sont
secondaire, s’envole, les ouvrières qui produits, les abeilles n ’éprouvent plus
sont restées dans la ruche libèrent ra­ le besoin de stimuler la “fuite” de la
pidement l’une des reines parvenue à reine vierge et favorisent la destruc­
maturité mais encore prisonnière: pré­ tion des princesses qui pourraient de­
cisons que cette vierge royale essaie, venir des adversaires; dans ce cas, la
elle aussi, de détruire les princesses reine vierge se prépare pour le vol
qui pourraient devenir ses adversai­ nuptial et tout le comportement des
res, s’adonne aux mêmes rites et émet membres de la famille est différent.

61
Les ouvrières, en attendant l’essaima­ sa suite. Au retour, souvent, de nom­
ge, se répartissent les tâches: une par­ breuses ouvrières se perdent. Disons
tie reste dans le vieux nid; celles qui donc, pour conclure, que les risques
suivent la reine doivent prendre du encourus par les essaims secondaires
miel en réserve pour l’utiliser dans la ou autres sont nombreux et que, en
nouvelle demeure, soit à des fins ali­ apiculture, il vaut toujours mieux les
mentaires soit pour fabriquer la cire. éviter.
Par conséquent, plus une famille se Nous verrons un peu plus loin les
décompose en essaims, plus elle s’af­ caractéristiques comment se termine le
faiblit puisque le nombre des butineu­ cycle de vie des faux bourdons qui,
ses se réduit et que les substances ali­ inutiles aux approches de l’automne,
mentaires diminuent. sont tous massacrés.
On a pu remarquer que la seconde ou
la troisième reine vierge parvenait en
général à vaincre la résistance des gar­
diennes et finissait par s’adonner au L ’essaimage naturel
massacre; toutefois, cette victoire
n ’est pas obtenue par violence car la Bien que nous en ayons déjà parlé, il
reine peut massacrer ses rivales sans se ne nous semble pas inutile de donner
heurter à une hostilité aussi vive que quelques précisions supplémentaires
dans le premier cas, la résistance des sur l’essaimage naturel en raison de
gardiennes étant beaucoup plus atté­ l’intérêt qu’il suscite et de l’importan­
nuée. Si, par la suite, la ruche s’est dé­ ce qu’il peut avoir dans les élevages
peuplée et appauvrie, les butineuses rustiques et semi-rationnels.
qui sont restées reprennent leur travail Nous entendons par essaimage natu­
de récolte; en général, ces abeilles sont rel le déplacement d’un certain nom­
très jeunes et parviennent malgré tout bre d’abeilles à la suite de la reine,
à récolter à temps les provisions né­ qu’elle soit vierge ou fécondée, vers
cessaires pour surmonter l’hiver. un nouveau domicile.
Quelques mots encore sur le vol de L’essaimage représente un moyen de
l’essaim secondaire: la jeune reine, qui propagation naturel des abeilles, et se
est encore vierge, vole très loin jus­ réalise par le déplacement vers un en­
qu’à la première étape; il semble droit plus hospitalier d’une partie de
qu’elle ne se serve pas d’éclaireuses. la famille.
Les risques encourus sont divers, soit En général, l’époque de l’essaimage
que la reine meure, soit que la fécon­ naturel coïncide avec le début de la
dation même n ’ait pas lieu. pleine récolte, c’est-à-dire, dans les ré­
Il n ’est toutefois pas rare que la reine gions de plaines, en avril-mai et, dans
vierge rencontre un faux bourdon et les régions montagneuses, en juin-
soit fécondée; elle entraîne alors toute juillet. Pour que les conditions soient

62
propices à l’essaimage naturel, il faut ment, elle porte en elle des milliers
que le temps soit clément, la colonie d’œufs qu’elle pondra dans la nouvel­
suffisamment nombreuse, le couvain le demeure pour renouveler la famille.
très sain, et que la ruche possède assez Dès le moment où la reine est sortie et
de réserves alimentaires. En pratique, s’est posée (souvent sur une branche),
l’essaim risque d ’être détruit par un en l’espace de quelques minutes, pres­
froid intense, une saison pluvieuse, que toutes les abeilles faisant partie de
une pénurie de nourriture, l’impossi­ l’essaim s’amoncellent autour d ’elle et
bilité de butiner, le manque de consis­ se regroupent sous la forme d ’une
tance de la famille, l’âge avancé d’une grappe parfaitement immobile; cette
reine. immobilité est due au fait que ces
Par ailleurs, les essaims naturels peu­ abeilles attendent le retour d ’autres
vent être primaires ou secondaires; éclaireuses, envoyées en reconnaissan­
dans le premier cas, l’essaim est guidé ce et susceptibles de rapporter des
par une reine âgée, donc fécondée et nouvelles. En effet, les éclaireuses re­
en mesure de pondre des œufs mâles cherchent des arbres creux, des fissu­
et femelles; dans le second cas, l’es­ res de murs abandonnés, des grottes,
saim est guidé par une reine jeune et n ’importe quel abri accueillant et
vierge qui, pour pouvoir pondre des tranquille.
œufs fécondés, doit avant tout s’ac­ C’est à ce moment que l’homme peut
coupler avec un faux bourdon sinon capturer l’essaim sur la branche d ’ar­
elle ne peut pondre que des œufs par- bre. Dans le cas contraire, les abeilles
thénogénétiques qui ne donneront attendent patiemment le retour des
naissance qu’à des mâles. Si la reine abeilles messagères.
vierge ne s’accouple pas dans les vingt Les éclaireuses reviennent ensuite vers
jours après sa naissance, elle ne pour­ la grappe vivante formée par leurs
ra plus le faire après et pondra toute compagnes et transmettent toutes les
sa vie des œufs mâles. informations qu’elles ont recueillies
Lorsque l’essaim se forme, la reine, sur les possibilités de nouvelles de­
qui guide le groupe, sort de la ruche meures existant dans la région. C ’est
avec une certaine lourdeur car elle est alors que l’emplacement de la nouvel­
restée longtemps enfermée à l’obscu­ le demeure est choisi.
rité. Autour d ’elle se regroupent pro­ Nous ne savons pas, malheureuse­
gressivement les abeilles de sa suite, ment, en fonction de quels critères les
c’est-à-dire à peu près les deux tiers de abeilles choisissent tel ou tel endroit;
la population totale de la famille. mais il est établi que c’est après quel­
En principe, la reine n ’est jamais res­ ques minutes d’hésitation, donc après
sortie de la ruche depuis son vol nup­ un “choix” délibéré, brusquement et
tial à moins qu’elle n ’ait formé un es­ violemment, que toutes les abeilles,
saim l’année précédente; générale­ d ’un commun accord, s’envolent à la

63
suite de la reine et des éclaireuses, par cas, l’essaimage est exploité de maniè­
monts et par vaux, surmontent sans re rationnelle, c’est-à-dire qu’il per­
difficulté tous les obstacles qui se pré­ met à l’apiculteur de gagner du temps,
sentent à elles et atteignent l’endroit d ’utiliser la production apicole de
choisi pour la fondation du nouveau l’année et de répartir les familles sui­
nid. vant sa volonté.
Le comportement de la reine semble L’essaimage naturel peut être d ’origi­
étrange car, une fois prise la décision ne héréditaire ou provoqué par un cas
du départ, elle est une des premières à de force majeure.
prendre son vol et à se mettre en route Chez certaines familles, la propension
d’une manière impétueuse, suivie par à l’essaimage est plus forte que chez
les ouvrières: sa lourdeur et sa tor­ d’autres; ce caractère héréditaire se
peur, semble-t-il, ont disparu. transmet inévitablement à toutes les
Grâce aux témoignages fournis par les générations suivantes. Pour contra­
chercheurs, il semble bien que l’en­ rier cette tendance, il faudra, comme
droit choisi soit en général très éloigné nous le verrons, changer la reine au
du lieu d ’origine; c’est la raison pour moment opportun et choisir une reine
laquelle, lorsque l’homme veut captu­ née dans une ruche qui ait tendance à
rer un essaim pour l’utiliser, il doit le ne pas essaimer. Mais cette propen­
faire au moment où les abeilles, fixées sion à l’essaimage n ’est pas unique­
sur la branche, attendent le retour des ment héréditaire; d ’autres facteurs in­
éclaireuses. fluent sur elle.
L ’essaimage naturel se produit, en gé­ Généralement, l’abondance de la ré­
néral, lorsqu’une famille est vigoureu­ colte incite la reine à une abondante
se (c’est-à-dire lorsque l’élevage est ex­ prolificité et au désir de recréer une
ploité de manière rationnelle) et sus­ nouvelle famille ailleurs, en abandon­
ceptible de fabriquer au moins 15 à nant une partie considérable de ses
18 kg de miel; toutefois, l’essaimage membres à une jeune reine.
naturel entraîne, pour l’apiculteur, la La reine peut être vieille et improduc­
perte du produit qu’il espérait récolter tive, ou sur le point de devenir stérile;
dans l’année aussi est-il déconseillé de dans ce cas, tout en continuant à ma­
favoriser un essaimage naturel en api­ nifester un certain respect à la vieille
culture. reine-mère, les nourrices préparent et
Par contre, il est toujours utile de alimentent de nouvelles cellules roya­
connaître quels sont les motifs de l’es­ les afin que la famille puisse posséder
saimage naturel. d’autres reines; ce besoin de rénova­
L ’homme peut ainsi provoquer l’es­ tion entraîne la naissance de plusieurs
saimage artificiel et par là même aug­ reines, d’où la prédisposition à l’essai­
menter le nombre des familles d ’abeil­ mage puisqu’il ne peut y avoir qu’une
les, donc agrandir le rucher. Dans ce seule reine en pleine activité. Mais

64
l’essaimage peut être rendu nécessaire mais réussi à faire accoupler la reine
pour d ’autres raisons: si l’espace dont vierge avec un faux bourdon à l’inté­
dispose la famille devient insuffisant rieur même de la ruche; des expérien­
en raison de l’augm entation du nom ­ ces ont été entreprises en ce sens mais
bre de ses membres, si la distance en­ elles n ’ont jamais donné de résultats
tre les rayons n ’est plus rationnelle, si vraiment satisfaisants.
de nombreuses cellules finissent par Dans une ruche normale, le nombre
être remplies de réserves inutilisables, des mâles n ’est pas très élevé et avoisi-
si la tem pérature de la ruche devient ne cinq cents individus; par contre,
trop élevée sous l’effet des rayons du dans les ruches où les familles sont ap­
soleil, etc. pauvries et où les reines n ’ont pas été
Pour résumer, disons que lorsque l’es­ fécondées à temps, le nombre des m â­
saimage naturel se produit dans des les peut être de quatre à cinq mille, ce
ruches ordinaires, il représente, dans qui prouve incontestablement que la
la plupart des cas, un danger pour le famille est en voie de dégénérescence
producteur à moins que l’essaim ne et de disparition.
soit capturé et que le nombre des fa­ Un rucher d ’une dizaine de ruches
milles soit par là-même augmenté. peut disposer de six ou sept mille faux
Nous verrons, ultérieurement, com­ bourdons pour l’accouplement; en
ment l’essaimage artificiel peut, au outre, si l’une de ces familles est en
contraire, être rentable pour l’apicul­ voie de dégénérescence, plus de dix
teur industriel. mille fau^bourdons sont disponibles.
Parmi ces dix mille, quelques dizaines
seulement parviendront à s’accoupler
Le vol nuptial et à engendrer le même nombre de fa­
milles. Les autres continuent à errer
Deux cas peuvent donc se produire sans espoir de se rendre utiles pour fi­
après la naissance de la nouvelle reine: nalement mourir bien souvent d ’une
soit que la reine vierge ne parvienne mort violente, sans avoir pu accom­
pas à tuer ses sœurs princesses, donc plir le seul acte utile que la nature leur
se décide à essaimer, soit qu’elle p ar­ ait confié.
vienne à être l’unique et indiscutable La reine sort de la ruche en hésitant;
souveraine de toute la famille. Elle elle n ’a jamais vu la lumière; c’est la
doit encore, de toutes manières, être première fois q u ’elle observe sa mai­
fécondée pour être complètement ac­ son, son royaume, de l’extérieur: elle
ceptée par les ouvrières méfiantes. fixe dans sa mémoire la position des
D ’ailleurs, des centaines de faux lieux et, après s’être assurée de pou­
bourdons pullulent à l’intérieur de la voir revenir sans problème dans son
ruche et tournent autour des rayons. royaume, s’envole rapidement. Si les
Aucun apiculteur, à vrai dire, n ’a ja ­ mâles veulent féconder la reine, ils

65
doivent la poursuivre et réussir à l’at­ ture car, en offrant aux mâles de to u ­
traper. Les milliers de mâles qui er­ tes les familles la possibilité de partici­
raient de-ci de-là en toute oisiveté s’a­ per au vol nuptial, la nature pourvoit
perçoivent que la reine s’est envolée à ce q u ’il n ’y ait pas uniquement de
vers le ciel et entreprennent de la sui­ liens consanguins. L ’accouplement se
vre sans prêter attention à la ruche à produit toujours avec un mâle d ’une
laquelle ils appartiennent. C ’est alors famille vigoureuse, ce qui permet d ’a­
que l’on voit s’envoler, dans le sillage méliorer l’avenir de la famille en voie
de la reine, une troupe nombreuse de de décadence.
mâles qui se décime progressivement La reine, au cours de son vol nuptial,
car les plus faibles, les plus vieux, les doit être capable d ’affronter les in­
trop jeunes, les sous-alimentés, res­ tempéries (froid, orages, etc.), se dé­
tent au fur et à mesure en arrière et re­ fendre contre les insectes nuisibles, les
noncent à poursuivre la reine. oiseaux insectivores...; par consé­
Seuls quelques mâles rattrapent la rei­ quent, le vol nuptial doit être bref;
ne vierge; il leur faut surm onter toutes l’épouse royale doit pouvoir revenir
les difficultés car il n ’y a que peu d ’é- rapidement ju sq u ’à la ruche afin de
lus; il est en effet impossible q u ’un rassurer les autres abeilles et leur
faux bourdon affaibli ou mal formé prouver que tout s’est bien passé, que
puisse féconder une reine; la reine désormais l’avenir de la famille est
veut s’unir aux plus forts, et à ceux préservé.
dont les caractères héréditaires sont La reine, sur laquelle les viscères du
les plus prom etteurs afin que sa famil­ fauxbourdon sont restés fixés, re­
le puisse être perpétuée dans les meil­ vient à la ruche, se débarrasse rapide­
leures conditions. Le mâle “élu” at­ ment des organes génitaux qui avaient
teint la reine, s’accouple avec elle pen­ appartenu à son époux, aidée bien
dant un vol bref, mais suffisant pour souvent en cela par plusieurs ouvriè­
parvenir à la copulation. Une fois cet­ res; après quoi, les abeilles les repous­
te union achevée, les deux corps es­ sent le plus loin possible de la ruche.
saient de se détacher l’un de l’autre; La spermathèque de la reine fécondée
c’est alors que l’appareil génital du contient alors un liquide séminal ren­
mâle est arraché ainsi q u ’une partie fermant plusieurs millions de sperma­
du ventre et les viscères; touché m or­ tozoïdes qui, jour après jour, fécon­
tellement par cette blessure, le corps dent les œufs au niveau de l’oviducte
du faux bourdon “royal” s’affaisse et, avant d ’être déposés dans les cellules
mutilé, tom be dans le vide. Grâce à ce d ’ouvrières.
sacrifice, le mâle favorise la perpétui­ Quelques jours après son accouple­
té d ’une famille d ’abeilles, à laquelle ment, la reine, désormais féconde,
il n ’appartenait peut-être même pas. commence à pondre, suivie attentive­
Ce sacrifice répond aux lois de la na­ ment par plusieurs ouvrières. Dès cet

66
instant, elle ne quitte plus la ruche, ne ou encore, lorsqu’elle juge opportun
revoit plus la lumière du soleil, conti­ de créer une nouvelle famille et de for­
nue à pondre des œufs jour et nuit; el­ mer un essaim; dans ce cas, elle revoit
le est nourrie par des abeilles spéciali­ la lumière mais uniquement pour per­
sées, et soignée avec minutie car elle pétuer, dans l’espace et dans le temps,
est détentrice de l’avenir de la famille. la continuité de sa famille. Dans ce
La reine est d ’une activité incessante, cas à nouveau, la survie ou la dispari­
sauf à la veille de m ourir ou lorsque, tion de l’essaim dépend du hasard ou
désormais vieille, elle devient stérile de la nature.

Essaim d ’abeilles
naturel sur une
branche d ’arbre
(© Gissey/Cogis)

67
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

Toutefois, l’expérience nous prouve certées, puis elles cherchent un abri.


que la nature semble avoir doté les Les faux bourdons ne possèdent pas
abeilles de moyens suffisants pour d ’aiguillon et ne peuvent donc pas se
éviter les périls mortels et ne pas vouer défendre; leur seul moyen de défense
leur rucher à l’extinction. est la fuite.
Chaque mâle est attaqué par plusieurs
ouvrières qui le blessent inexorable­
Le massacre des mâles ment et définitivement. Une ouvrière
coupe par exemple le pédoncule abdo­
Dès que la reine a été fécondée, les minal pour le détacher du corps; cer­
mâles deviennent complètement inuti­ taines lui coupent les ailes, d ’autres
les; si le temps est clément et la récolte cherchent à l’amputer de ses anten­
fructueuse, leur présence est encore nes, à lui couper les membres, à en­
tolérée pour quelque temps. Mais si foncer leur aiguillon dans les articula­
les fleurs à butiner se font rares, si les tions des anneaux abdominaux. Les
réserves alimentaires sont insuffisan­ victimes, bien que plus grosses que
tes, le massacre des mâles est décidé. leurs justicières, mais désarmées, s’a­
D ’ailleurs, en été, l’attitude des mâles gitent sans aucun espoir de pouvoir
devient de plus en plus insupportable s’échapper.
car ils troublent les autres membres de
Au fur et à mesure que les mâles tom ­
la famille dans leur travail, interrom ­
bent, plusieurs membres de la famille
pent le travail des abeilles ventileuses,
emportent hors de la ruche les cada­
gênent les gardiennes qui se trouvent à
vres et les déchets de cire qui s’accu­
l’entrée du nid, et les ouvrières qui re­
mulent sur le sol.
viennent chargées de pollen ou de nec­
tar. Lorsque le soleil brille, ils s’instal­ Le massacre des mâles peut également
lent sur les fleurs pour se reposer et, le se produire simultanément dans les
soir venu, pénètrent violemment dans familles d’un même rucher; la famille
la ruche, se gavent de miel pour ensui­ la plus riche commence à donner le si­
te se reposer pesamment et bénéficier gnal: toutes les autres colonies accep­
de leur repos bien “mérité” . tent cette suggestion et le nombre des
Mais une certaine matinée leur sera cadavres trouvés sur le seuil des diffé­
fatale: très tôt, un mot d ’ordre est rentes ruches est très élevé. Il se peut
lancé par les ouvrières; de simples ré- que, dans une colonie, la reine-mère
colteuses de pollen se transform ent en soit vieille et quasistérile: dans ce cas,
féroces justicières. Ce jour-là, elles les ouvrières peuvent retarder le m o­
décident de s’affranchir de la servitu­ ment d ’assaillir les mâles mais, dès
de d ’individus qui ne travaillent pas et l’apparition de l’hiver, elles procè­
consomment à outrance... dent, elles aussi, à cette destruction
Les victimes, au début, restent décon­ dans la mesure où, effectivement, les

68
’ABEIL

mâles ne peuvent plus être d ’aucune abeilles doivent consommer une


utilité puisqu’ils n ’ont plus la possibi­ quantité considérable de miel non seu­
lité de féconder une jeune reine. lement pour se nourrir mais aussi
pour réchauffer l’atmosphère de la
ruche; la chaleur doit en effet rester
La colonie pendant le repos pratiquement constante (25 à 30°C)
hivernal au centre de la ruche où se trouve la
reine.
Lorsque les mâles ont ainsi été massa­ La famille passe ainsi l’hiver qui, dans
crés, les butineuses reprennent leur certaines régions à climat continental,
travail, la reine continue à pondre ses peut durer au maximum six mois.
œufs mais cette activité est nettement L ’hivernage des abeilles a fait l’objet
ralentie; les butineuses s’éloignent de de nombreuses expériences; on a pu
moins en moins de leur nid, certaines s’apercevoir q u ’il n ’était pas nécessai­
sont même emportées par le vent ou re de recouvrir ou de protéger la ruche
disparaissent dans la neige, doivent mais q u ’il suffisait de ne pas la placer
affronter la pluie et ne parviennent dans les courants d ’air.
pas à revenir jusqu’à la ruche; la pé­
riode la plus néfaste de la vie des
abeilles commence car, chaque jour, L ’ouvrière
des centaines d ’abeilles ne reviennent
pas, ne parviennent pas à rentrer dans Dans la société des abeilles, l’ouvrière
le nid et sont retrouvées mortes à assume presque toutes les fonctions.
proximité de la ruche. Ce comportement est typique chez les
A cette époque, l’homme a prélevé abeilles car, chez les termites et les
une partie du miel, préparé l’intérieur fourmis, les ouvrières et les soldats se
de la ruche afin de réduire l’espace voient attribuer des tâches strictement
inutile, retiré les cadres superflus, ré­ définies qu’ils effectuent toute leur
duit le nombre des portes d ’entrée, vé­ vie.
rifié si la famille est capable de résister L ’existence d ’une ouvrière en été est
aux rigueurs du froid et dispose de de 40 jours environ; mais les abeilles
nourriture pour quatre ou cinq mois. qui deviennent adultes en automne
Les abeilles cessent progressivement survivent ju sq u ’au printemps suivant,
toute activité de production, se ras­ c’est-à-dire pendant 4 ou 5 mois.
semblent au centre de la ruche et se re­ Au cours de la première moitié de leur
groupent autour de la reine protégée vie, les abeilles sont dites ouvrières de
par des gardiennes; plusieurs couches maison, c’est-à-dire qu’elles vaquent
d ’abeilles finissent par se former; les à leurs occupations à l’intérieur de la
plus âgées se placent à la périphérie. ruche et s’en éloignent uniquement
Pour surm onter ce froid hivernal, les pour accomplir un vol de repérage;

69
dès la seconde moitié de leur vie, elles nes génitaux femelles complets. Son
deviennent butineuses. appareil buccal, les organes nécessai­
Quelques jours après leur naissance, res à la récolte du pollen et du nectar
les ouvrières s’attachent au travail de ne sont pas aussi développés que ceux
balayage, c’est-à-dire q u ’elles net­ des ouvrières. La ponte des œufs est,
toient les cellules, éloignent les enve­ à certaines époques, considérable et
loppes abandonnées par les larves exige, de la part de la reine, une très
aussitôt après leur mue, ainsi que tout grande dépense d ’énergie; il suffit
ce qui reste dans les cellules après l’é- pour le comprendre de savoir que les
closion de l’adulte. Dès le troisième œufs pondus chaque jour ont un
jour, elles commencent à s’occuper de poids supérieur à son propre poids,
l’élevage du couvain en nourrissant qui est normalement de 230 à 300 mg.
les larves de pollen et de miel. A partir Pour compenser une telle perte, la rei­
du sixième jo u r, elles se transform ent ne a besoin d ’une nourriture abon­
en nourrices car elles seules possèdent dante et très concentrée. Les abeilles
des glandes nourricières suffisamment s’occupent donc de la reine avec assi­
développées pour sécréter la gelée duité et la nourrissent de gelée royale;
royale; ensuite, au cours d ’une pério­ grâce à cette alimentation riche et
de intermédiaire, elles accomplissent continue, la reine fonctionne comme
des travaux divers, la ventilation de la une machine à produire des œufs pen­
ruche par exemple, lorsque la chaleur dant quatre ou cinq ans.
devient intense. Pendant ce temps,
leurs glandes cirières commencent à
entrer en fonction: vers le dixième De l ’œ u f au vol nuptial
jour, elles se consacrent donc à la cons­
truction des rayons. Après avoir été Et pourtant, à l’origine, l’œ u f de la
bâtisseuses, elles se transform ent en reine est un œ uf ordinaire qui devrait
gardiennes afin d ’interdire l’entrée normalement donner naissance à une
aux abeilles appartenant à d ’autres ouvrière si la larve se développait dans
ruches. Enfin, vers le vingtième jour, une cellule ordinaire d ’ouvrière, c’est-
les abeilles partent butiner. à-dire une petite cellule. Mais en fait,
la cellule à l’intérieur de laquelle est
déposé l’œ uf de la reine est plus gran­
La reine de et plus confortable, si bien que to u ­
tes les abeilles se rendent compte
La reine est la seule femelle féconde q u ’elle est différente des autres et doit
de la ruche; elle se distingue par sa recevoir un traitem ent particulier.
longueur qui est de 16 mm environ. La larve de l’ouvrière de moins de
Elle possède un abdom en particulière­ trois jours peut aussi se transform er:
ment développé qui contient les orga­ d ’humble butineuse, elle peut devenir

70
la seule et indiscutable femelle fécon­ des abeilles, elle représente, pour la
de d ’une colonie. Lorsque les ouvriè­ colonie, le bien le plus précieux dès
res décident de préparer une cellule q u’elle a été fécondée. En effet, nous
royale, elles élargissent une cellule l’avons vu précédemment, les ouvriè­
normale, suppriment quelques cellu­ res ne laissent pas, en général, la reine
les avoisinantes (en général, cette cel­ massacrer les princesses, c’est-à-dire
lule finit par s’étendre sur la largeur les autres reines qui sont encore à l’é­
de trois cellules), puis en agrandissent tat larvaire, avant son retour du vol
les bords; la larve, simultanément, nuptial, seul acte qui lui permet d ’être
s’allonge car elle reçoit une nourriture reconnue à l’unanimité comme la mè­
abondante et différenciée, et donne re de toutes les abeilles. Ce n ’est q u ’a­
naissance à une reine anatom ique­ près ce vol nuptial que les autres prin­
ment complète ayant plus de vitalité. cesses sont considérées comme inuti­
Ceci s’explique par le fait que la reine les ou dangereuses et que le massacre
reçoit une alimentation plus élaborée s’avère possible.
appelée “gelée royale”, produit spéci­ Quoi q u ’il en soit, la reine est le mem­
fiquement destiné à l’alimentation des bre de la colonie le plus actif car, dès
larves de reine. que le sort des autres princesses a été
Les ouvrières déversent en effet dans définitivement tranché à son retour
la cellule royale la gelée royale q u ’el­ du vol nuptial, elle commence à pon­
les ont élaborée, ce qui permet à la dre des œufs dont le nombre, aux pé­
princesse de se nourrir et de prendre riodes de grande activité, oscille entre
des forces, de se différencier de plus 2 000 et 3 000 par jour.
en plus de ses congénères auxquelles le Telle est, en quelques mots, l’histoire
sort n ’a réservé aucune surprise. Trois de la reine, insecte tellement précieux
jours après la ponte de l’œ uf, appa­ q u ’il suscite, de la part de l’apicul­
raît une petite larve blanche qui com­ teur, au moment des visites de contrô­
mence à se nourrir de la gelée royale le, une attention toute particulière,
mise à sa disposition; au sixième jour car tous ses espoirs sont fondés sur la
après la naissance, la larve commence fécondité de l’abeille la plus grosse et
à sécréter des filaments séreux qui ser­ la plus féconde de la colonie.
viront à l’élaboration du cocon. Cette
transform ation se fait en l’espace de
trois jours et demi environ. Puis les Préparation des reines
ouvrières attachées au service des
princesses referment la cellule d ’un L ’apiculteur doit par conséquent
opercule; quatre jours s’écoulent en­ prendre le maximum de précautions
core; enfin, la reine est prête. Ce mo­ lorsqu’il sélectionne les reines, prati­
ment de la vie de la reine est significa­ que qui devient d ’ailleurs aisée après
tif: la reine est effectivement la mère quelques années d ’expérience: il lui

71
xRAND

faut, pour ce faire, savoir sélectionner Prenons pour exemple la manière,


la reine la plus prolifique et la plus ro ­ non dépourvue d ’intérêt, dont procè­
buste, l’inciter à élever plusieurs prin­ dent certains apiculteurs avertis, pos­
cesses q u ’il soustraira de la ruche sesseurs de plusieurs ruches. Ils rem­
avant leur éclosion afin d ’éviter l’es­ placent dans les ruches les reines après
saimage. P our élever des reines dans deux ou trois années d ’activité et choi­
une ruche, la technique est assez sim­ sissent, parmi elles, les plus belles et
ple; lorsque la colonie est nombreuse celles qui se sont avérées les plus ferti­
et la nourriture suffisamment abon­ les. Ils utilisent alors ces reines pour la
dante, les ouvrières acceptent volon­ reproduction d ’autres reines en amé­
tiers que les cellules royales soient nageant des ruches spéciales pour la
soustraites de la ruche; l’apiculteur multiplication des cellules royales.
devra uniquement calculer les temps Après avoir observé leur évolution, ils
d ’évolution des larves et choisir le m o­ conservent les meilleures et, lorsque la
ment opportun pour extraire les cellu­ vie de la colonie touche à sa fin, ils les
les. Disons même que, pour certains utilisent à nouveau pour qu’elles en­
apiculteurs, cette activité est devenue gendrent de nouvelles reines qui vien­
rentable. dront remplacer les autres. Dans le
L ’apiculteur qui élève des reines doit domaine de la reproduction, l’apicul­
donc éviter tout phénomène d ’inceste teur doit veiller à supprimer les reines
affectées d ’une m alform ation hérédi­
et de liens consanguins; en effet, au
taire, ce qu’il détectera en observant
bout d ’un certain temps, des phéno­
l’évolution des familles dont les reines
mènes de dégénérescence de la race
sont issues. Si ces familles sont peu
risquent de se produire et d ’endom­
nombreuses, les reines ne pourront
mager le rucher. P our contrarier les
pas être prolifiques.
phénomènes de liens consanguins, il
Une reine peut, apparemment, être
lui faudra éviter que la reine s’unisse parfaite mais présenter, du point de
avec des faux bourdons de sa propre vue apicole, certains défauts, entre
ruche car il s’agirait, dans ce cas, de autres une faible prédisposition à la
ses propres frères. P our pallier ce gen­ reproduction, masquée éventuelle­
re d ’inconvénient, il lui suffira de ne ment par une récolte très riche ou une
pas laisser les faux bourdons partici­ récolte très pauvre, dans ce cas, cela
per au vol nuptial, voire de les enfer­ serait essentiellement dû aux fluctua­
mer avant soit en recherchant exacte­ tions du climat.
ment le moment où la reine quittera sa Pour sélectionner correctement les
ruche pour le vol nuptial, soit en sous­ reines, l’apiculteur doit également te­
trayant la cellule royale et en l’intro­ nir compte de la longueur de la ligule
duisant dans une autre ruche afin de car, si la ligule de la reine est longue,
l’élever artificiellement. celle de ses ouvrières le sera aussi; rap­

72
pelons à ce propos que la longueur de seringue spéciale, la substance sémi­
la reine est de 16 mm environ; elle est nale d ’un faux bourdon sélectionné.
donc supérieure à celle de l’ouvrière Ces expériences ont abouti à des résul­
(10-13 mm) et du faux bourdon (13- tats positifs et si, un jour, elles pou­
15 mm). vaient être généralisées, le domaine
La reine vierge possède un petit abdo­ génétique en tirerait de nombreux
men pointu, aussi est-elle parfois con­ avantages et le vol nuptial ne serait
fondue avec les ouvrières qui travail­ plus aléatoire.
lent sur les rayons. Par contre, lors­
qu’elle est fécondée, son abdomen de­
vient beaucoup plus gros; sa dém ar­ Conclusion
che est lourde, majestueuse et assurée.
Lorsque la reine-mère vieillit, on re­ En conclusion, peut-être n ’est-il pas
m arque aussitôt que sa démarche de­ inutile de rappeler dans quelles condi­
vient hésitante, son corps plus bril­ tions l’élevage des cellules royales est
lant; la ponte devient de plus en plus susceptible de parvenir à de bons ré­
irrégulière et pour ainsi dire nulle, le sultats: lorsque la colonie est sur le
nombre des faux bourdons augmen­ point de préparer un essaimage natu­
tant de plus en plus. rel ou lorsque cet essaimage a eu lieu;
Quant aux reines vierges, n ’oublions lorsque la colonie est maintenue, au
pas q u ’elles doivent s’accoupler un printemps, dans sa ruche et que l’es­
mois au maximum après leur naissan­ saimage peut être provoqué artificiel­
ce sinon le vol nuptial serait parfaite­ lement; lorsqu’il existe dans la ruche
ment inutile; dans le cas contraire, l’a­ une vieille reine et que les abeilles se
piculteur doit les remplacer le plus ra­ consacrent, en présence de la reine-
pidement possible avant que la force mère, à l’élevage des cellules royales;
même de la ruche soit compromise. lorsque la colonie devient orpheline
Certains auteurs affirm ent que la (soit par hasard, soit par décision de
spermathèque de la reine fécondée l’apiculteur) mais que la ponte est ré­
contient 7 millions de spermatozoïdes cente, c’est-à-dire qu’elle ne date que
environ; une reine susceptible de don­ de quelques jours; lorsque la colonie
ner entière satisfaction peut, au cours est contrainte, par des artifices variés,
de sa vie, pondre 800 000 œ ufs envi­ d ’élever des cellules royales à des fins
ron, chiffre considérable si l’on consi­ commerciales. L ’apiculteur applique­
dère que cette ponte se produit en l’es­ ra alors toutes les techniques ration­
pace de cinq ans. Des chercheurs ont nelles qui lui auront été transmises et
essayé de procéder à la fécondation qui seront en partie le fruit de son ex­
artificielle de la reine: pour ce faire, périence, pour obtenir des cellules
ils ont capturé la reine vierge avant le royales susceptibles de donner nais­
vol nuptial et lui ont inoculé, avec une sance à des reines valides et fécondes.

73
UL

Lorsque les apiculteurs désirent intro­ des, sinon il faudrait recommencer


duire dans une ruche une nouvelle rei­ toute l’opération. Ou encore l’in­
ne, ils appliquent diverses méthodes. troduction de la reine au moment
1. D ’après Zappi-Recordati, les api­ du changement des vieux rayons:
culteurs doivent enlever la vieille dans ce cas, l’apiculteur doit ex­
reine et introduire, aussitôt après, traire le rayon où se trouve la reine
la jeune reine fécondée, en l’instal­ à éliminer et introduire dans la ru ­
lant sur le rayon où se trouvait la che un nouveau rayon avec la nou­
reine précédente. velle reine. La méthode de la cage
2. D ’après Le Perret, les apiculteurs est, en fait, la plus répandue; dans
doivent saupoudrer la reine à in­ ce cas, l’apiculteur introduit dans
troduire et les abeilles du couvain la ruche une cage où sont enfer­
d ’un peu de farine, après avoir re­ mées la reine et plusieurs abeilles.
tiré la vieille; la nouvelle reine doit, La cage possède une ouverture
de préférence, être placée à l’en­ bouchée avec une couche de fruits
droit précis où se trouvait la vieille confits faisant office de bouchon;
reine. les abeilles enlèvent lentement ce
3. D ’autres méthodes sont également bouchon, puis la reine rejoint les
appliquées; citons, entre autres, autres membres de la famille. La
l’installation de la nouvelle reine reine, une fois sortie de la cage
dans une ruche préalablement en­ avec les abeilles de sa suite, partici­
fumée à condition que les bouffées pe activement à la vie même de la
de fumée ne soient pas trop chau­ colonie.

74
est très apprécié par les abeilles. Ceux
Le butin des abeilles qui possèdent des champs de trèfle
rouge et violet doivent savoir que la
première floraison est peu profitable
pour la récolte de nectar parce que les
fleurs ont un calice trop long: toute­
fois, dès la seconde floraison, les
Le nectar abeilles peuvent introduire leur langue
dans le calice et en sucer le nectar.
Le nectar est une substance douce et Le nectar se forme dans les fleurs; ce­
parfumée, souvent liquide: ses diffé­ pendant, il ne suffit pas que la florai­
rents degrés de densité sont fonction son soit abondante pour que la pro­
de l’espèce végétale et du climat. Il duction de nectar soit im portante car
peut contenir ju sq u ’à 80% d ’eau, 7 à la form ation de nectar dépend en
60% de sucre; on y trouve également grande partie des conditions m étéoro­
des traces d ’acides aminés, de gels mi­ logiques. Le climat est favorable à la
néraux, d ’hormones végétales, de pig­ form ation de nectar lorsque, au mo­
ments, de vitamines. Parm i les plantes ment de la floraison, les pluies sont
nectarifères, citons: l’acacia, l’aulne, abondantes, les nuits chaudes et les
le bouleau, le cerisier, le châtaignier, journées ensoleillées. La sécrétion de
le chou, le cognassier, les cucurbita- nectar est im portante au cours des
cées en général, le framboisier, le frê­ premières heures de la matinée; elle
ne, le genêt, le houblon, le jasm in, la
diminue lorsque la chaleur du soleil se
lavande, le lupin, la luzerne, le m ar­
fait sentir et redevient abondante en
ronnier d ’Inde, la mélisse, le millet,
l’oignon, le pommier, le prunier, le fin de journée.
rom arin, le sarrasin, la sauge, le sor­ Le nectar a pour fonction d ’attirer les
bier, le thym , le trèfle blanc, etc. insectes destinés à provoquer la fécon­
L’apiculteur qui voudrait fournir à dation de la fleur mais il ne se trouve
ses abeilles du nectar pendant tout le pas toujours uniquement dans le cali­
printemps et tout l’été pourrait semer, ce de la fleur.
toutes les deux semaines, de la m ou­ Lorsque l’abeille a récolté ce nectar,
tarde blanche, plante dont le nectar elle le fait descendre dans son jabot

75
où il est enrichi avec des substances re. Il ne possède pas toujours la même
sécrétées par les glandes salivaires. A couleur: il peut aller du blanc, comme
son retour dans la ruche, l’abeille dé­ le miel de sainfoin, au noir comme ce­
glutit ce nectar dans la bouche d ’au­ lui de miellat.
tres abeilles qui, à leur tour, le dépo­ Sa saveur peut également changer en
sent dans les cellules destinées aux ali­ fonction de son origine: on considère,
ments. Lorsque la cellule est remplie en général, que les plus doux sont les
de ce nectar qui se transform era plus miels de rom arin, d ’oranger, de la­
tard en miel et qui a perdu, au cours vande (qui est également aromatique);
de cette opération, un certain volume le miel d ’arbousier, bien q u ’agréable,
d ’eau, plusieurs abeilles referment est amer; le miel des conifères est ver­
l’ouverture de la cellule avec un oper­ dâtre et sans goût.
cule de cire. Le miel, composé sucré qui a été préa­
lablement digéré par les abeilles, est
rapidement assimilé parce q u ’il passe
Le miel directement dans le sang; il possède
une grande valeur énergétique puis­
Pour fabriquer un kilo de miel, les qu’un gramme de miel fournit 3,264
abeilles doivent accomplir environ calories et que, théoriquement, 1 kg
50 000 vols, butiner des millions de de miel correspond à la valeur calori­
fleurs afin de recueillir suffisamment que de 5,5 1 de lait, 3 kg de viande,
de nectar; toutefois, les jours de plei­ 1 kg de jam bon, 3 kg de bananes et
ne floraison, une colonie bien peuplée 6 kg d ’oranges; ses avantages pour­
est capable de récolter une quantité de raient, à eux seuls, faire l’objet d ’une
nectar équivalent à 6 kg de miel; des étude plus approfondie; contentons-
nous toutefois de faire allusion à son
résultats encore plus satisfaisants ont
utilisation intensive dans l’industrie
pu être obtenus en apiculture nomade
alimentaire, dans le domaine de la
à condition que l’opérateur soit
médecine, et journellement pour la
suffisamment expert et sache placer la
consommation. Citons, à titre indica­
ruche à l’endroit adéquat.
tif, la composition moyenne d ’un
Le miel est, en définitive, un produit
échantillon:
végétal qui doit être convenablement
élaboré pour parvenir à m aturité; il
est composé de dextrine, de glucose,
eau 18,09%
de fructose, saccharose, sels miné­
substance sèche 81,9197b
raux, substances aromatiques diver­
saccharose, glucose,
ses, vitamines, levures et ferments
fructose 74,70%
ainsi que de traces de pollen, d ’élé­
dextrine 6,11%
ments minéraux divers comme le fer,
albumine 1,10%
le calcium, le potassium, le phospho­
L E BU TIN DES ABEILLES

Par ailleurs, 1 kg de miel contient en­ La cire


viron 40 mg de phosphore, 205 à
1 676 mg de potassium, 50 mg de cal­ La sécrétion de la cire par les abeilles
cium, 2,4 à 9,4 mg de fer. Le poids est indispensable pour la construction
spécifique du miel est voisin de 1,44 des rayons. Les abeilles sécrètent de la
bien q u ’il puisse être inférieur suivant cire à l’aide de leurs glandes cirières
les différents types de miel. après avoir transform é les substances
Dans le commerce, on trouve parfois sucrées (en particulier le miel). La cire
du miel traité dont les ingrédients sont possède une couleur et une odeur par­
en général inoffensifs, comme par ticulières; ces caractéristiques sont
exemple la farine, l’amidon, la dextri- liées à l’espèce des abeilles qui la pro­
ne, le glucose, la mélasse, les graisses, duisent. En général, la cire contient 92
la saccharose; mais il est arrivé que à 95% de cire pure, le reste étant com­
l’on y trouve de la poudre de craie, du posé de propolis et de pollen. Le mé­
sable, de l’argile. lange de la cire pure avec la propolis
La consomm ation de miel est variable et le pollen semble se produire au mo­
d ’une colonie d ’abeilles à l’autre; tou­ ment de la construction des rayons.
tefois, cette consomm ation peut, dans La composition de la cire est particu­
une certaine mesure, être calculée. Il lièrement complexe; elle contient des
semble q u ’une bonne famille d ’abeil­ hydrocarbures saturés, des esters, des
les consomme, du milieu du prin­ acides, des alcools et des substances
temps à l’autom ne, entre 6 et 8 kg de colorantes.
miel; cette consomm ation est inférieu­ Voici quelques constantes chimiques
re à 1 kg en hiver (en décembre) et re­ qui pourront être utilisées pour des
monte dans le début du printemps (fé­ vérifications éventuelles contre les
vrier-mars) à 2 kg, puis à 4 kg (avril) fraudes:
et ainsi de suite, ce qui donne une con­
sommation unitaire de 3 milligram­
poids spécifique à 15°C 0 964-0,975
mes de miel environ par jour; une
indice de saponification 88,107
abeille, par conséquent, en vivant 6
indice des éthers 72-76
ou 8 semaines, consomme, tout au
pourcentage saponifiable 50-55%
long de sa vie, 120 à 170 milligrammes
point de fusion 63-65°C
de miel environ.
indice d ’acidité 16,8-22
Sachant q u ’une reine appartenant à
indice d ’iode 3,6-11
une colonie bien nourrie peut pondre
jusqu’à 200 000 œufs par an, il de­
vient possible de calculer la consom­ Pour améliorer la consistance de la ci­
mation réelle de la colonie. A ce chif­ re, il est possible d ’y ajouter diverses
fre doit être ajoutée la consommation substances; voici quelques-unes d ’en­
de pollen et d ’eau. tre elles: vaseline, paraffine, huiles

77
minérales, stéarine, suif, résines, coloration blanche. Bien que des ex­
substances inorganiques diverses périences aient été tentées pour con­
(craie, talc, baryte, chaux, etc.). Pour naître la quantité de nectar nécessaire
connaître la véritable composition de à la constitution d ’un kilo de cire, au­
la cire, il suffit d ’en traiter quelques cun résultat définitif n ’a encore pu
grammes (15-20) avec de l’anhydride être obtenu.
acétique: dans ce cas, la cire commen­ Certains affirm ent que 10 kg de nec­
ce aussitôt à fondre, les autres sub­ tar sont nécessaires à la production de
stances restant inaltérées; cette expé­ 1 kg de cire; nous comprenons m ain­
rience est surtout utile pour la détec­ tenant pourquoi la cire gaufrée a été
tion de la vaseline, de la paraffine, des inventée!
huiles minérales, etc. P our savoir si la Les usages de la cire sont nombreux.
cire contient de la stéarine, il suffit de Dans l’Antiquité, les Grecs et les Ro­
faire fondre la cire dans une solution mains l’étendaient sur des tablettes
alcoolisée et d ’y ajouter de l’eau. Si la sur lesquelles ils écrivaient avec un
cire contient de la stéarine, le filtrat de stylet; ils utilisaient également la cire
cette solution se trouble car la stéarine pour modeler des statues ou des pein­
est soluble dans l’alcool mais non tures en relief, usage qui est encore as­
dans l’eau ni dans des solutions alcoo­ sez répandu chez certaines peuplades.
lisées coupées d ’eau. P our déceler la Les Egyptiens, quant à eux, utilisaient
présence de suif, il suffit de faire brû­ la cire en y ajoutant de la propolis
ler un peu de cire: l’odeur âcre déga­ pour embaumer le corps de leurs dé­
gée par la com bustion de la glycérine funts. Utilisée jadis pour l’éclairage,
du suif avec form ation d ’acroléine est la cire est encore exploitée à cette fin
typique de la présence de substances dans le domaine religieux. De nos
grasses à base de suif. En soumettant jours, l’apiculteur fabrique lui-même
la cire à des essais chimiques, il est en de la cire gaufrée, c’est-à-dire des
outre possible de découvrir la présen­ rayons artificiels pour remplacer ceux
ce de résines et de substances organi­ que les abeilles fabriquent elles-
ques mélangées à la cire. Pour déceler mêmes, car ce travail est considéré
la présence de substances d ’origine comme un gaspillage dans l’économie
minérale, on brûle la cire: si elle est apicole.
pure, il n ’y a aucun résidu. La cire La cire est également utilisée à d ’au­
possède également d ’autres caractéris­ tres fins: pour faire briller les meubles
tiques: sa structure est compacte et lé­ et les parquets, pour préparer le cira­
gèrement granuleuse, molle vers ge, des toiles cirées, des vernis, de la
35°C; insoluble dans l’eau, soluble cire à cacheter, des mastics, des fleurs
dans le sulfure de carbone, la benzine, artificielles; elle sert également en mé­
le pétrole. Elle possède une saveur decine, en aéronautique, en parfu­
douceâtre et, lorsqu’elle est pure, une merie.

78
Le pollen saule, de lis, d ’érable, de noyer, de
m outarde; rouge ou rougeâtre pour le
Le pollen se trouve dans les anthères m arronnier d ’Inde, le sainfoin, le gé­
des étamines; c’est une poudre fine ranium; jaune orangé pour le groseil­
qui sert à la fécondation de la fleur lier, la courge, le cerisier, le crocus;
mais qui est également récoltée par les blanc pour le bleuet, le lierre, le myr­
abeilles. En réalité, les abeilles sont te, le blé; noir pour le pavot; blanc-
attirées vers les corolles des fleurs par rouge pour le trèfle blanc; rouge
leur nectar, leur aspect et leur odeur; pourpre pour le peuplier; vert pâle
l’abeille, tout en introduisant sa lan­ pour le poirier et le pommier; violet
gue dans la fleur pour en sucer le nec­ pour la rose trémière et la guimauve;
tar, secoue les étamines et se recouvre cendré pour l’oranger et le tilleul; bru­
de pollen. P ar conséquent, une partie nâtre pour le lupin.
du pollen retombe sur les stigmates et Parm i les plantes mellifères les plus ri­
provoque la fécondation de l’ovaire. ches en pollen, citons: le châtaignier,
L ’abeille butineuse, recouverte de les agrumes, les éricacées, l’eucalyp­
pollen, utilise les brosses de ses pattes tus, le lierre, le saule, le pissenlit, le
postérieures pour ôter les innom bra­ myrte, le pavot.
bles grains microscopiques de pollen, Les fleurs mâles de certaines plantes,
puis utilise ses pinces pour remplir les comme celles du saule et du néflier,
corbeilles de la troisième paire de pat­ sont très riches en pollen.
tes de manière à pouvoir les transpor­ Il ne faut pas oublier que les abeilles
ter plus facilement ju sq u ’au nid. La récolteuses de pollen butinent de pré­
butineuse, chargée de pollen, une fois férence le même genre de fleurs à cha­
parvenue sur le rayon, dépose sa char­ cune de leurs sorties, et recueillent
ge dans une cellule. Une jeune ouvriè­ donc le même genre de pollen; le dé­
re achève le travail en com primant de pôt de ce pollen se fait de préférence
sa tête le pollen dans la cellule; lors­ dans les cellules de femelles.
que la cellule est remplie, elle est, la En l’espace d ’une année, une famille
plupart du temps, operculée pour que d ’abeilles consomme une quantité
le pollen puisse mieux se conserver. moyenne de pollen que l’on peut éva­
Le pollen permet aux abeilles d ’élabo­ luer à 36-38 kg.
rer la gelée avec laquelle elles nourris­
sent le couvain; cette gelée alimentaire
est composée de miel, de pollen et La propolis
d ’eau et est partiellement digérée, ce
qui lui donne un aspect laiteux. La propolis est une substance résineu­
Le pollen peut avoir une couleur dif­ se, aromatique, dont la tem pérature
férente suivant les plantes butinées: de fusion se situe autour de 64-69°C;
jaune dans les plantes d ’acacia, de insoluble dans l’eau, elle est soluble

79
FLEUR S■

RUCHE •

Les abeilles exploratrices utilisent le soleil en tant que repère pou r communiquer la direction de la
source alimentaire. A ) la nourriture se trouve dans la direction du soleil; B) la nourriture se trouve à
135° à droite du soleil; C) la nourriture se trouve dans la direction opposée du soleil; D) la nourritu­
re se trouve à 45° à gauche du soleil.
Sous chaque schéma figure le type de danse que les abeilles effectuent sur la ruche. La position du
soleil est toujours à la verticale, perçue par la gravité.

dans l’éther, dans l’alcool à chaud, geons, des pommes de pin et de l’écor-
l’am moniaque, l’essence de térében­ ce de certains arbres comme le sapin,
thine et la potasse. Sa couleur dépend le pin, le peuplier, le bouleau, l’orme,
des plantes dont elle est issue: jaune le cyprès, l’aulne, le m arronnier d ’In­
rougeâtre, cendrée, verdâtre. Les de, le saule.
abeilles détachent, à l’aide de leurs Des analyses qualitatives ont permis de
mandibules, la propolis des bour­ voir que la propolis est composée de:

80
rieur de la ruche et auraient été tués
résines aromatiques 50% environ
par les gardiennes (une souris par
cire 40% environ
exemple). Si l’intrus est volumineux,
huile essentielle 10% environ
les abeilles ne parviennent pas à reje­
ter son corps hors de la ruche; elles
Lorsque les abeilles travaillent la pro­ essaient alors de le vider pour éviter
polis, elles ajoutent de la cire pour la
q u ’il ne se putréfie et, par la suite, le
rendre plus molle et plus malléable. recouvrent de propolis. L ’apiculteur
La résine arom atique récoltée par les peut ainsi découvrir au pied du nid
abeilles pour élaborer la propolis de­ les cadavres recouverts de propolis.
vient, en vieillissant, plus foncée et Une colonie suffisamment peuplée
plus dure. récolte, en général, en une année une
Les abeilles utilisent la propolis pour quantité de propolis de 200
colmater les fissures de la ruche, pour grammes.
fixer les cadres, pour consolider les On a découvert, dans certaines ru­
cellules, pour réduire la largeur du ches, des cellules recouvertes de pro­
trou de vol, pour recouvrir les ani­ polis; ce phénomène semble dû non
maux qui auraient pénétré à l’inté­ pas seulement à une nécessité de ren­

Abeille butineuse
(© Gissey/Cogis)

81
forcement de la cellule mais bien mades; et enfin, de nos jours, dans les
plus à des fins antiseptiques. pays orientaux, les femmes utilisent la
La propolis rend visqueuses les mains propolis pour s’épiler.
de l’apiculteur; pour les nettoyer, il
lui suffira d ’utiliser de l’alcool déna­
turé. Le miellat
On peut également se servir de la pro­
polis pour préparer des vernis bril­ Le miellat est un liquide sucré produit
lants, des mastics pour greffes, des par plusieurs espèces d ’insectes para­
adhésifs et y ajouter de l’huile de lin sites vivant sur les feuilles de nom ­
pour faire briller les meubles, pour breuses plantes. Ces insectes, munis
obturer les fissures des baquets, pour d ’un appareil buccal piqueur-suceur,
désinfecter, pour remplacer l’encens, prélèvent la lymphe végétale dont ils
etc. Citons également, à titre de curio­ se nourrissent en perforant la plante
sité, l’utilisation de la propolis par les qui les abrite. La lymphe étant très ri­
Egyptiens pour embaumer les m o­ che en sucres et relativement pauvre
mies, en Grèce, pour faire des pom ­ en protéines, les parasites, pour ab­

Ouvrières au travail (© Gissey/Cogis)

82
sorber la dose de protéines qui leur est les qui s’en voient attribuer la plus
nécessaire, sont obligés de filtrer des grande quantité: on peut y prélever
quantités massives de lymphe, dont le jusqu’à 250 ou 300 mg de gelée
résidu est rejeté et déposé sur les feuil­ royale.
les, d ’où les abeilles peuvent facile­
ment la récolter.
Le miel de miellat présente une cou­ Obtention artificielle de la gelée
leur am bre foncé, son goût est agréa­ royale
ble et il est très riche en sels minéraux.
De nombreuses méthodes ont été in­
ventées pour obtenir ce produit, parti­
La gelée royale culièrement rentable et très recherché
pour ses qualités alimentaires. Puis­
La gelée royale est une sécrétion pro­ que ce sont les cellules royales qui en
duite par des glandes situées dans la contiennent le plus, toutes ces métho­
tête des abeilles ouvrières, et particu­ des reposent sur le même principe: on
lièrement actives chez les abeilles dites élève un certain nombre de larves
“nourrices” qui ont entre 5 et 14 royales, que l’on sacrifie au bout de 5
jours. jours; on prélève ensuite la gelée dans
Cette substance, qui, comme son nom laquelle les larves baignent littérale­
l’indique, a un aspect gélatineux, est ment.
de couleur blanche ou quelquefois Voici un système très simple, qui ne
jaune; c’est la nourriture fournie à permet d ’obtenir que de petites
toutes les jeunes larves, aussi bien quantités de gelée royale: il suffit de
d ’ouvrières que de faux bourdons, retirer des ruches qui se préparent à
pendant les trois premiers jours de l’essaimage les cellules royales non en­
leur vie. Puis ces larves seront nour­ core operculées. Une méthode un peu
ries d ’un autre aliment, obtenu à par­ plus productive consiste à tuer la rei­
tir du miel et du pollen, tandis que cel­ ne; les abeilles choisissent alors des
les qui deviendront des reines conti­ jeunes larves d ’ouvrières qui vont être
nuent à recevoir la gelée royale; celle- nourries et élevées de façon à pouvoir
ci restera leur unique aliment, quand remplacer la reine; elles se voient donc
elles auront atteint l’âge adulte et pen­ attribuer de grandes quantités de gelée
dant toute la durée de leur vie (qui est, royale. Trois jours après avoir suppri­
rappelons-le, de plusieurs années). mé la reine, on retire les cellules plei­
Au cours d ’une année, une ruche pro­ nes de gelée, et on renouvelle l’opéra­
duit, pour ses besoins propres, quel­ tion une fois ou deux, jusqu’à ce que
ques centaines de grammes de gelée, la famille comprenne de nombreuses
destinés à la consomm ation des larves larves de reines en puissance.
et de la reine. Ce sont les cellules roya­ Cette méthode a le défaut d ’affaiblir

83
LE GRAND LIVRE D l

la ruche, au point parfois de com pro­ en cours de croissance. Son taux d ’hu­
mettre sa vitalité. Pour pallier cet midité est compris entre 64 et 68%; les
inconvénient, diverses techniques d ’é­ substances azotées (protéines et acides
levage artificiel de larves royales ont aminés) composent jusqu’à 45% de la
été mises au point. Elles ont pour base substance sèche totale. On y trouve
une procédure simple: la division du aussi des sucres, des matières grasses,
rucher en deux zones au moyen d ’une et surtout de nombreuses substances
grille “anti-reine” . Le premier com­ qui, bien que présentes en quantités
partim ent se trouve privé de reine, ce minimes, constituent l’essentiel de
qui conduit les abeilles à élever des l’apport nutritif et du rôle de stimula­
cellules royales, préalablement instal­ tion du métabolisme caractéristiques
lées par l’apiculteur, qui les retire pé­ de la gelée royale.
riodiquement; dans le second secteur, L ’accroissement notable de la con­
pendant ce temps, la reine poursuit sa sommation d ’oxygène après son in­
ponte, garantissant ainsi le développe­ gestion n ’est que l’une des raisons qui
ment des jeunes couvées destinées à font prescrire la gelée royale aux indi­
l’élevage royal, ainsi que celui des ou­ vidus convalescents ou devant accom­
vrières qui produiront la précieuse plir des efforts intenses d ’ordre physi­
gelée. que ou intellectuel. La gelée
royale augmente l’appétit, améliore
l’humeur, stimule l’activité sexuelle et
Usages de la gelée royale accroît la pression sanguine.
La consommation journalière généra­
La gelée royale est un aliment dont la lement conseillée (la gelée royale étant
conservation est difficile; très périssa­ un complément de l’alimentation et
ble, il faut la mettre, dès le prélève­ non un médicament, la dose peut être
ment, dans de petits flacons de verre modifiée à plaisir, en restant dans des
sombre et l’entreposer au réfrigéra­ limites raisonnables) est de 250 mg en­
teur à + 4°C, pour éviter q u ’elle ne se viron pour les adultes et moitié moins
dégrade irréversiblement. pour les enfants. Il est recommandé
La composition de la gelée royale est de la prendre à jeun, en m ettant la do­
complexe et n ’a rien à voir avec celle se sous la langue, afin d ’en absorber
du miel. Ce dernier est un aliment rapidement les principes nourrissants
énergétique, alors que la gelée royale sans passer par les sucs digestifs, qui
est un aliment “plastique”, essentiel corrompent inévitablement le pro­
pour le développement de l’organisme duit.

84
Troisième partie
Plantes utiles à l’élevage
apicole
après le semis; grâce à elle, les abeilles
trouvent donc toujours des fleurs à
Généralités butiner; les graines de la m outarde
sont utilisées aussi pour l’alimenta­
tion du bétail et comme engrais.
Les végétaux qui procurent du nectar Nous voyons donc, après avoir donné
aux abeilles sont très nombreux: aussi ces quelques précisions, combien il
ne citerons-nous que les arbres et les importe de connaître la flore qui sera
arbustes les plus mellifères: acacia, visitée par les abeilles. Toutefois, les
aulne, bouleau, cerisier, châtaignier, conditions atmosphériques, la nature
cognassier, framboisier, frêne, gro­ du terrain, son exposition, le nombre
seillier, m arronnier d ’Inde, néflier, exact des arbres fruitiers plantés à
orme, orne, poirier, pommier, pru­ proximité, les traitements antiparasi­
nier, sorbier, tilleul, pin; parmi les vé­ taires effectués dans la région, les ha­
gétaux herbacés: choux, cucurbita- bitudes des apiculteurs locaux peu­
cées, genêt, houblon, jacinthe, jas­ vent, bien entendu, influer, eux aussi,
min, lavande, lin, lupin, luzerne, mé­ sur la pratique apicole. Un terrain
lisse, oignon, pavot, rom arin, sauge. frais, fertile, correctement fumé, situé
Certaines fleurs, le trèfle rouge par dans une région au climat tempéré,
exemple, possèdent un calice très pro­ stimule le développement de la flore
fond, en particulier lors de la premiè­ dont les butineuses ont besoin.
re floraison; dans ce cas, les abeilles Il faudra donc placer les ruches dans
éprouvent une certaine difficulté pour une région où les plantes fleurissent
en sucer le nectar car elles ne parvien­ abondam ment et, mieux encore, là où
nent pas à faire correctement pénétrer poussent différents types de plantes
leur ligule dans le calice. Dès la secon­ qui, nécessairement, fleuriront à des
de floraison, les corolles sont moins époques différentes tout au long de
profondes et le nectar peut être extrait l’année. Il est, bien sûr, utile que les
beaucoup plus facilement. abeilles puissent bénéficier d ’une flo­
A l’opposé, la m outarde blanche (Si- raison luxuriante au printemps, flo­
napis alba) est une plante qui peut raison qui toutefois devra se prolon­
pratiquem ent être semée presque to u ­ ger avec une certaine régularité jus­
te l’année et qui fleurit deux semaines q u ’en automne.

87
qui traverse le conduit du stigmate et
va féconder les ovules qui se trouvent
La fleur dans l’ovaire. La fécondation peut
être facilitée par la visite des abeilles,
mais la fleur doit, dans ce cas, se prê­
ter aisément à la succion du nectar; en
effet, plus une fleur possède des cou­
leurs vives et une corolle courte, plus
La fleur, aussitôt après avoir été elle attire les abeilles dont le but essen­
fécondée, se transform e en fruit à tiel est celui d ’accumuler des réserves
l’intérieur duquel sont contenues les de nectar.
graines. Tout apiculteur digne de ce nom doit
On trouve dans la fleur: un calice, connaître l’époque de la floraison des
formé par les sépales; la corolle, for­ plantes qui poussent dans la région où
mée par les pétales, en général colo­ il travaille.
rés; Vandrocée, composé par l’ensem­ A titre indicatif, voici la liste de quel­
ble des étamines qui contiennent le ques plantes classées par ordre de flo­
pollen, élément fécondant; le gynécée raison; liste nécessairement sommaire
ou pistil qui renferme les ovaires, or­ mais qui peut s’avérer utile pour une
ganes typiquement femelles; le pédon­ première estimation: noisetier (jan­
cule ou tige de la fleur qui, toutefois, vier), amandier (février), abricotier,
peut ne pas exister chez certaines espè­ prunier (seconde moitié de mars),
ces florales. prunier européen (fin mars), pêcher
Les étamines sont filamenteuses et (début avril), cerisier, pommier, oli­
portent, à leurs sommets, les anthères vier (dès la seconde moitié d ’avril), vi­
qui sont les sacs polliniques. Les éta­ gne (10 premiers jours de juin), châ­
mines peuvent être soudées entre elles taignier (ju in ), caroubier (septembre).
ou séparées. Vous trouverez dans le tableau qui
Les pistils qui form ent dans leur en­ suit des indications plus détaillées et la
semble le gynécée com muniquent par liste des plantes que les abeilles buti­
leur base avec l’ovaire. nent.
Le pollen (transporté par le vent, les Pour faciliter la lecture de ce tableau,
insectes, l’eau, l’homme) tom be sur le vous trouverez à la page 92 quelques
stigmate, germe en un tube pollinique observations.
Ordre Famille Espèce

Bicornes Ericacées bruyère (juin-septembre: nectar, pollen);


myrtille (mars-août: nectar);
rhododendron (juin-septembre: nectar)
Celastrales Celastracées bonnet de prêtre
Centrospermae Cactacées figuier de Barbarie
Caryophyllacées oeillet
Columniferae Malvacées mauve (mars-octobre: nectar)
Tiliacées tilleul (mai-juillet: pollen, nectar)
Contortae Gentianacées gentiane; oléandre', pervenche', (janvier-
avril: nectar)
Cucurbitales Cucurbitacées pastèque; courge (mars-septembre:
nectar, pollen)
Diospyrales Ebénacées kaki
Fagales Bétulacées bouleau
Geraniales Géraniacées géranium
Linacées lin (avril-août: pollen)
Gynandrae Orchidéacées orchidées
Ligustrales Oléacées frêne; jasmin (février-mai: nectar); lilas;
olivier (avril-juin: pollen); troène
Lilliflorae Amaryllidacées narcisse
Iridacées crocus, glaïeul
Liliacées asperge; oignon; lis (pollen); muguet;
(mars-mai: nectar); poireau; scille
Myrtales Myrtacées eucalyptus (juin-août: nectar, pollen)
Punicacées grenadier
Parietales Bégoniacées bégonia
Violacées pensée (janvier-mai: nectar)
Polycarpacea Berbéridacées épine-vinette
Calycanthacées calycanthe (janvier-mai: nectar)
Lauracées laurier (janvier-avril: nectar, pollen)
Magnoliacées magnolia (mars-avril: pollen, nectar)
Renonculacées anémone (février-avril: nectar); pivoine;
renoncule

89
Ordre Famille Espèce

Polygonales Polygonacées blé sarrasin (août-septembre: pollen,


nectar)
Rhamnales Rhamnacées jujubier
Vitacées vigne (mars-juin: pollen)
Crucifères chou; rave (février-mai: nectar); mou­
tarde (mai-août: nectar, pollen); navette
(février-juin: nectar, pollen)
Papavéracées pavot
Rosales Papilionacées acacia (mars-mai: nectar, pollen);
mimosa; genêt (mars-septembre:
nectar); gesse (juin-août: nectar, pollen);
pois; robinier; sainfoin (mai-juin:
nectar); trèfle (mars-juillet: nectar,
pollen); vesce (mars-
avril: nectar)
Rosacées abricotier (mars-avril: nectar, pollen);
amandier (février-mars: nectar, pollen);
cerisier (mars-avril: nectar, pollen); co­
gnassier; fraisier (avril-juin: nectar,
pollen); framboisier (février-avril:
nectar); néflier (février-mars: pollen,
nectar); pêcher (mars-mai: nectar,
pollen); poirier (avril-juin: nectar,
pollen); pom m ier (avril-juin: nectar,
pollen); prunier; roncier (mars-juillet:
pollen, nectar); rosier (avril-juin: pollen)
Rubiales Caprifoliacées chèvrefeuille, sureau
Rubiacées café
Valérianacées valériane
Salicales Salicacées peuplier (janvier-avril: propolis, pollen);
saule (février-mars: pollen)
Spadiciflorae Palmiers palmier nain et palmier-dattier

90
Ordre Famille Espèce

Synandrae Campanulacées raiponce


Composées camomille (mai-septembre: pollen,
nectar); chicorée (juillet-octobre: nectar,
pollen); laitue; tournesol (mai-août:
nectar, pollen); marguerite
Terebinthales Anacardiacées pistachier
Acéracées érable
Hippocastanacées m arronnier d ’Inde
Rutacées citronnier; mandarinier, oranger
Tricoccae Enphorbiacées ricin
Tubiflorae Borraginacées bourrache (février-septembre: nectar,
pollen); myositis ; pulmonaire
Bignoniacées catalpa
Convolvulacées volubilis
Hydrophyllacées phacelia
Labiées basilic (mars-avril: nectar); bétoine\ la­
vande (juin-septembre: nectar);
m arjolaine (juin-août: nectar); mélisse
(mars-mai: nectar, pollen; juin-août:
nectar); menthe (mars-mai: nectar,
pollen; juin-août: nectar); origan', ro­
marin (août-septembre: nectar); sauge
(février-août: nectar; août-octobre:
pollen); thym (mai-septembre: nectar)
Scrofulariacées verbascum; véronique
Solanacées aubergine; belladone; tabac; tomate
Umbelliferae Araliacées lierre (août-octobre: pollen, nectar)
Cornacées cornouiller (avril-juin: pollen, nectar;
mai-juillet: nectar)
Ombellifères anis; carotte, cumin; férule; fenouil; (fé­
vrier-mai: pollen); pimprenelle.

91
LE GRAND

• P our faciliter la répartition botani­ • Les plantes qui apparaissent en ita­


que des plantes, l’auteur utilise dans lique sont décrites dans le chapitre qui
son tableau les ordres et les familles suit.
selon les classifications modernes.
• Pour quelques espèces, l’auteur in­
• Toutes les espèces à l’intérieur de dique la période où les abeilles visitent
chaque groupe sont mises en ordre al­ les fleurs et ce que celles-ci leur of­
phabétique. frent.

92
gions les plus ensoleillées et en mai-
juin dans les régions les plus fraîches.
Caractéristiques de Les abeilles recueillent un nectar très
certaines plantes clair qui donne du miel très limpide,
presqu’entièrement déshydraté et dé­
butinées par les pourvu de sels de calcium et de fer. Il
abeilles est connu dans toute la France.

Anémone (Anemone coronaria), fa­


mille des Renonculacées: plante sau­
vage ou cultivée à des fins ornem enta­
On peut donner une évaluation des
les; pousse dans les bois et les jardins.
plantes mellifères. Sur les quelque
4 000 plantes que compte l’herbier Possède en général beaucoup de nec­
français, on estime que plusieurs cen­ tar et de pollen mais certaines espèces
taines de plantes ont leurs fleurs buti­ fournissent un nectar de mauvaise
nées par les abeilles, une trentaine qualité.
seulement présentant un intérêt apico­
le certain. Anis (Pimpinella anisum), famille des
Voici m aintenant la description de Ombellifères: offre un bon nectar aux
quelques-unes de ces espèces, leur abeilles. Aussi est-il cultivé dans cer­
nom botanique et certaines de leurs taines régions pour faire fructifier l’a­
caractéristiques susceptibles d ’intéres­ piculture.
ser les apiculteurs.
Apocynacées: plantes herbacées ou
Abricotier (Prunus armeniaca), famil­ arbustives à corolle gamopétale et à
le des Rosacées: arbre fruitier qui pos­ pollen granuleux; regroupe plus de
sède un nectar excellent car il est par­ 1 300 espèces; seuls quelques exem­
fumé et délicat. Fleurit vers la mi- plaires peuplent le territoire français.
mars. On trouve par exemple dans les bois
des pervenches qui poussent à l’état
Acacia (Robinia pseudo-acacia): sauvage ( Vinca major, Vinca minor)
plante très répandue en France; fleurit et, dans les endroits frais des régions
vers la fin du mois d ’avril dans les ré­ au climat méditerranéen, des lauriers-

93
roses (.Nerium oleander). Ces plantes Bourrache (Borrago officinalis), fa­
peuvent fournir du nectar ju sq u ’en mille des Borraginacées: plante herba­
octobre. cée qui fleurit pendant sept ou huit
mois; répandue sur les terres en fri­
Araliacées: regroupent plus de 800 es­ che; plante riche en résines et utilisée
pèces sous forme d ’arbres, d ’arbustes communément pour les infusions.
et de plantes herbacées; les fleurs pos­ Fournit du nectar et du pollen de bon­
sèdent souvent des inflorescences en ne qualité.
forme de parapluie; le lierre (Hedera
hélix) est, en Europe, l’espèce la plus Calycanthe (Chimonanthus praecox):
connue; il fleurit à la fin de l’été, mais il existe différentes sortes de calycan-
fournit un nectar assez pauvre d ’où thes qui, en général, fleurissent hors
l’on tire un miel de mauvaise qualité. saison puisqu’elles peuvent fleurir dès
le mois de janvier; fournissent un nec­
Asperge (Asparagus officinalis), fa­ tar et un pollen qui attirent les
mille des Liliacées: plante maraîchère abeilles.
qui possède beaucoup de nectar et de
Camomille sauvage (Matricharia cha-
pollen, fréquemment butinée par les
momilla), famille des Composées:
abeilles.
plante médicinale sporadiquement
butinée par les abeilles pour son nec­
Aubépine (Crataegus oxyacantha)'.
tar et son pollen.
fournit un excellent pollen.
Campanule (Campanula glomerata,
Basilic (Ocimum basilicum): une des
C. rotundifolia), famille des Campa-
centaines de plantes labiées qui four­ nulacées: répandue en montagne, pos­
nissent un excellent nectar en été et en sède un bon nectar.
automne.
Catalpa (Catalpa bignonioïdes), fa­
Bonnet de prêtre ÇEvonymus euro- mille des Bignoniacées: arbre orne­
paea), famille des Célastracées: four­ mental que l’on voit souvent dans les
nit du nectar au printemps mais son parcs et les jardins.
im portance est insignifiante.
Châtaignier (Castanea sativa), famille
Bouleau (Betula alba), famille des Bé- des Cupulifères: les fleurs du châtai­
tulacées: plante ligneuse qui fleurit au gnier sont butinées en juin; le miel de
printemps; possède des fleurs uni- châtaignier est foncé, arom atique et
sexuées réunies en inflorescences; est très riche en sels minéraux.
en général pollinisée par l’intermé­
diaire du vent; les abeilles recueillent Chêne rouvre (Quercus robur), famil­
sur cette plante la propolis. le des Cupulifères: cette plante, com­

94
me toutes les plantes appartenant au Coquelicot (Papaver rhoeas), famille
groupe des chênes, donne du pollen et des Papavéracées: disséminé la plu­
du miellat. part du temps dans les champs culti­
vés; visité par les abeilles au même ti­
Chèvrefeuille (Lonicera caprifolium), tre que d ’autres papavéracées sauva­
famille des Caprifoliacées: possède un ges et cultivées.
nectar de bonne qualité mais qui peut
rarem ent être butiné par les abeilles en Cornouiller (Cornus mas), famille des
raison de la forme tortueuse de la Cornacées: plante ligneuse qui offre
fleur. aux abeilles du nectar et du pollen.

Chicorée (Cichorium intybus), famille Courge (Cucurbita maxima, C. pe-


des Composées: répandue dans les po­ po), famille des Cucurbitacées: fleurit
tagers et dans les prés, fournit du pol­ en été et est visitée par les abeilles atti­
len et du nectar de l’été à la fin de rées par son nectar. Son pollen, en re­
l’automne. vanche, n ’est pas du tout apprécié des
abeilles.
Chou (Brassica oleracea), famille des
Crucifères: plante herbacée, comme le Epicéa (Picea excelsa), sapin (Abies
sont d ’ailleurs toutes les autres espè­ alba), famille des Abiétacées: pous­
ces de la famille des crucifères; donne sent dans les bois des régions alpines,
du nectar au printemps. fleurissent vers la fin du printemps.
Les abeilles y récoltent, outre le pollen
Clématite (Clematis vitalba): pousse à et la propolis, un miellat douceâtre
l’état sauvage dans les buissons; sou­ émis par les aphidiens, qui est particu­
vent utilisée pour la confection des lièrement apprécié dans les pays de
haies; la floraison a lieu au printemps l’Europe septentrionale.
et en autom ne et attire les butineuses.
Epine-vinette (Berberis vulgaris):
Cognassier (Pirus cydonia), famille donne du nectar mellifère et fleurit au
des Rosacées: arbre fruitier répandu milieu du printemps; très répandue
dans les régions au climat tempéré; dans les champs de notre pays.
fleurit en avril et fournit aux abeilles
un nectar parfum é. Erable, famille des Acéracées: cette
famille regroupe 150 plantes différen­
Consoude (Symphytum officinale): tes environ; ce sont toutes des arbres
fleurit du printemps à l’autom ne dans ou des arbustes. La sève de certains
les régions à climat tempéré et chaud; exemplaires (Acer saccharum) con­
fournit du nectar et du pollen de qua­ tient 4% de saccharose environ, ce qui
lité assez médiocre. permet de préparer du sucre d ’érable.

95
La plupart d ’entre elles sont utilisées à Framboisier (Rubus idaeus): genre de
des fins ornementales, pour décorer Rosacées qui offre aux abeilles un
les avenues, les parcs, etc. Les fleurs nectar excellent en été.
éclosent du printemps au début de l’é­
té et sont visitées par les butineuses. Frêne (Fraxinus excelsior), famille des
Citons entre autres: Acer campestre, Oléacées: répandu dans les bois, four­
A. platanoides, A . pseudoplat anus, nit un abondant pollen. Le tronc sé­
A. opalus, A . negundo, etc. crète une substance sucrée (manne)
qui peut être butinée par les abeilles
Eucalyptus (Eucalyptus), famille des mais qui n ’est pas très appréciée car
Myrtacées: arbre répandu sur la Côte elle durcit lorsqu’elle est déposée dans
d ’Azur; fournit un nectar très arom a­ les cellules.
tique et très apprécié par les abeilles.
Gentiane (Gentiana acaulis), famille
Férule (Ferula communis), famille des des Gentianacées: caractéristique de
Ombellifères: connue en France dans la flore des pâturages alpins; la florai­
le Midi. L ’écorce de cette plante est son commence au printemps et se
utilisée, en raison de sa légèreté, pour poursuit pendant tout l’été. N ’a que
la construction des ruches vulgaires à peu d ’intérêt au point de vue apicole.
rayons fixes. Cette particularité n ’est
désormais presque plus utilisée mais Géraniacées: regroupent différentes
les ruches nomades en férule n ’ont espèces qui poussent dans les pâtura­
toutefois pas encore disparu. ges et les bois de régions tempérées; ne
participent guère à la production.
Figuier (Ficus carica), famille des Mo-
racées: sur cette plante, les abeilles ré­ Gesse (Lathyrus silvestris): légumi-
cupèrent les substances sucrées des neuse qui fournit un bon nectar.
fruits qui ont été attaqués par les oi­
seaux et les insectes et qui risqueraient Groseillier, famille des Grossularia-
sinon d ’être perdues. cées: cultivé dans les potagers de cer­
taines régions; attire les abeilles au
Figuier de Barbarie (Opuntia ficus in­ moment de la floraison qui a lieu vers
dica), famille des Cactacées: pousse la fin du mois d ’avril.
dans certaines régions du Midi; fleurit
en juillet-août et fournit aux abeilles Gui (Loranthus europaeus), famille
un nectar agréable. des Loranthacées: les abeilles peuvent
récolter du pollen au cours du prin­
Fraisier (Fragaria vesca): c’est une temps. D ’importance négligeable.
Rosacée horticole qui attire les abeil­
les par son nectar depuis la mi-avril Jasmin (Jasminum officinale), famille
jusqu’en automne. des Oléacées: répandu dans les ré­

96
gions au climat tempéré, en particu­ ne d ’espèces de cette famille fournis­
lier au bord de la mer; ses fleurs sont sent aux abeilles un nectar de bonne
blanches, parfumées et butinées par qualité.
les abeilles dès la fin du printemps jus­
q u ’en automne. Mélèze (Larix decidua). Conifère des
montagnes fournissant un miellat qui
Jonquille, famille des Amaryllida­ se cristallise tout de suite dans les al­
cées: du genre Narcissus qui fleurit au véoles.
printemps et fournit un nectar abon­
dant et précieux. D ’origine sub-tropi- Mélisse (Melissa officinalis), famille
cale, elle pousse assez fréquemment des Labiées: plante sauvage médicina­
en France. le qui fournit du nectar en abondance;
aussi est-elle cultivée à proximité des
Jujubier (Zizyphus jujuba): exemplai­ ruches.
re typique de la famille des Rhamna-
cées, répandu dans les régions médi­ Menthe (Mentha piperita), famille des
terranéennes; fleurit au printemps et
Labiées: certaines variétés sont utili­
est très recherché par les abeilles.
sées en parfumerie, en médecine et
pour la production de liqueurs arom a­
Lavande (Lavandula angustifolia
tiques. La menthe fournit en général
L. stoechas), famille des Labiées: il
un nectar blanc, le miel obtenu est
existe, en France, de nombreuses es­
l’un des plus chers.
pèces de cette plante, en particulier le
long des côtes méditerranéennes, qui
fournissent un nectar et un pollen très Moutarde (Sinapis alba, S. nigra), fa­
précieux pendant plusieurs mois; sui­ mille des Crucifères: ces deux espèces
vant les latitudes, elles peuvent être sont répandues un peu partout en
butinées avec profit ju sq u ’en octobre. France et fournissent un nectar de
bonne qualité.
Magnolia (Magnolia grandiflora), fa­
mille des Magnoliacées: fournit du Muguet (Convallaria maialis), famille
nectar précieux et abondant. des Liliacées: pousse fréquemment
dans les champs de notre pays; riche
Marjolaine (Origanum majorana) et en glucosides; fleurit en mai et est une
origan (Origanum vulgare), famille bonne plante nectarifère.
des Labiées: répandus dans le Midi;
fournissent une récolte précieuse et M yosotis (Myosotis scorpioides), fa­
abondante. mille des Borraginacées: fleurit à la
fin du printemps et en été; est visité
Mauve (Malva sylvestris), famille des par les abeilles en raison de la saveur
Malvacées: cette plante et une centai­ de son nectar.

97
M yrtille (Vaccinium myrtillus), famil­ sectes butineurs; fleurit dès les pre­
le des Ericacées: pousse dans les bois miers jours du mois d ’avril; son nec­
et fleurit en avril; ne fournit que du tar est très recherché par les abeilles.
pollen.
Pensée, famille des Violacées: regrou­
Narcisse, famille des Amaryllidacées: pe de nombreuses espèces nectarifè-
plusieurs espèces sont répandues en res, à l’état sauvage ou cultivées.
France; leur nectar est très recherché
surtout au printemps. Peuplier (Populus alba, P. tremula,
P. nigra, P. canadensis): répandus
Noisetier (Corylus avallana): la florai­ dans les terrains frais recouverts d ’al-
son est l’une des plus précoces donc, luvions; leur floraison est abondante;
si le temps est favorable, les abeilles fournissent de la propolis. Sur ces
peuvent récolter le pollen très tôt. peupliers, les abeilles récoltent parfois
des miellées.
Olivier (Olea europaea): répandu
dans les régions au climat m éditerra­ Phacelia (Phacelia tanacetifolia), fa­
néen et tempéré; fleurit au printemps mille des Hydrophyllacées: plante qui
et donne une assez bonne quantité de
fleurit du printemps à l’automne; son
pollen.
nectar est renommé; aussi cette plante
Oranger (Citrus aurantium), famille est-elle cultivée, en Californie par
des Rutacées: nombreuses variétés qui exemple, pour nourrir les abeilles; le
fournissent un nectar parfum é et ré­ miel est excellent et parfumé.
puté dont les abeilles sont friandes.
Pistachier (Pistacia vera), famille des
Orchidées: plantes très répandues (on Anacardiacées: plante répandue dans
compte plus de 20 000 espèces à tra ­ les régions à climat méditerranéen;
vers le monde) dont l’intérêt pour l’a­ pousse à l’état sauvage et est cultivée
piculture n ’est pas bien établi. La flo­ en Sicile. Les abeilles en tirent d ’assez
raison a lieu de février à septembre. grandes quantités de pollen.
On trouve également dans les Alpes
certaines variétés que les abeilles buti­ Plantain (Plantago major): plante
nent. herbacée qui offre en abondance aux
abeilles du pollen pulvérulent.
Orobanche: très répandue, en particu­
lier dans les champs de légumineuses; Poireau (Alium porrum), famille des
fournit du nectar. Son im portance est Liliacées: offre du nectar aux insectes
toutefois négligeable. butineurs à la fin du printemps.

Pêcher (Prunus persica), famille des Poirier (Pirus communis), famille des
Rosacées: bénéficie des visites des in­ Rosacées: bénéficie largement de la

98
CARACTERISTIQUES D E CERTAINES PLAN TES BUTINEES P A R LES ABEILLES

visite des abeilles car elles participent nectar de très bonne qualité de cou­
à la pollinisation au moment de la flo­ leur blanche. Le miel obtenu est l’un
raison à la mi-avril. Le miel issu du des plus appréciés.
nectar de poirier n ’est pas en général
très recherché mais n ’est toutefois pas Ricin (Ricinus communis), famille des
l’un des plus pauvres. Euphorbiacées: pousse dans les ré­
gions au climat tempéré et chaud,
Pois (Pisum sativum): légumineuse fleurit en été et fournit aux abeilles du
qui fleurit au début de l’été et qui of­ pollen peu abondant.
fre du nectar aux insectes.
Romarin (Rosmarinus officinalis), fa­
Pommier (Pirus malus), famille des mille des Labiées: offre un très bon
Rosacées: profite largement de la pol­ nectar dont les abeilles sont très frian­
linisation entomophile et fournit, en des. Pousse à l’état sauvage et est très
échange, de mi-avril à juin, suivant le répandu dans le Midi.
climat, un excellent nectar qui donne
un miel très apprécié.
Ronce (Rubus fruticosus), famille des
Rosacées: pousse à l’état sauvage
Prunier (Prunus domestica, etc.), fa­
mais peut être cultivée dans les pota­
mille des Rosacées: fleurit au prin­
gers; les abeilles récoltent son nectar
temps et donne des récoltes abondan­
qui donne du miel agréable.
tes de nectar.
Sainfoin (Hedysarum coronarium):
Raiponce (Campanula rapuluncus),
plante fourragère très riche en nectar,
famille des Campanulacées: plante
herbacée qui pousse en montagne; bien q u ’il ne soit pas très parfumé.
fleurit en été et est très fréquemment Pour obtenir une récolte abondante, il
visitée par les abeilles. suffit de placer sur les prés des ruches
nomades.
Renoncule, famille des Renoncula-
cées: très répandue dans les régions Sarrasin (Fagopyrum esculentum), fa­
tempérées et froides, en particulier mille des Polygonacées: plante culti­
dans les prés et les pâturages; fleurit vée en grande partie dans les régions
en été et fournit essentiellement du montagneuses alpines. Fleurit en été
pollen aux abeilles. et continue à donner du nectar au dé­
but de l’automne. Le miel obtenu
Rhododendron (Rhododendrum fer- n ’est pas très apprécié mais est utilisé
rugineum), famille des Ericacées: ré­ dans l’industrie pour la fabrication du
pandu dans les hautes vallées des Al­ pain d ’épices et est très recherché sur
pes, fleurit en plein été et offre du le marché.

99
Sauge (Salvia officinalis), famille des produisent un nectar arom atique et
Labiées: riche en nectar; cultivée un agréable.
peu partout.
Tournesol (Helianthus annuus), fa­
Saule (Salix viminalis, S. alba, mille des Composées: culture en voie
S. babylonica): poussent souvent près de développement (Bassin Parisien et
des cours d ’eau et produisent un nec­ Ouest); fournit un nectar et un pollen
tar et un pollen que les abeilles peu­ que les abeilles récoltent en assez gros­
vent facilement butiner; peuvent four­ ses quantités.
nir en abondance de la propolis.
Trèfle: plante fourragère qui est large­
Scille (Urginea maritima), famille des ment cultivée dans les prés et les pâtu­
Liliacées: plante qui pousse sur les rages; pousse également à l’état sau­
bords de la M éditerranée et fournit du vage; certaines variétés donnent un
pollen et du nectar d ’excellente quali­ nectar excellent que les butineuses ré­
té que les abeilles apprécient tout par­ coltent avec le plus grand soin.
ticulièrement.
Troène (Ligusîrum vulgare, L. luci-
Seringa (Philadelphus coronarius): dum), famille des Oléacées: de nom ­
breux exemplaires de cette famille
cultivé fréquemment dans les potagers
fleurissent de mars à octobre et atti­
et les jardins et surtout au bord de la
rent tout particulièrement les abeilles;
mer. Fournit du nectar et du pollen.
ils peuvent donner du miel de bonne
qualité. Il nous faut toutefois noter
Sureau (Sambucus nigra), famille des
l’un de leurs inconvénients: les troè­
Caprifoliacées: prolifère dans les nes favorisent parfois l’accumulation
haies et les jardins; fournit de modes­ de miellées.
tes quantités de pollen.
Valériane (Valeriana officinalis), fa­
Tabac (Nicotiana tabacum), famille mille des Valérianacées: plante aro­
des Solanacées: fournit du pollen; matique qui fleurit en été, recherchée
mais les abeilles qui butinent cette pour son pollen.
plante risquent de contracter des m a­
ladies. Véronique (Veronica persica, V. mae-
drys), famille des Scrofulariacées:
Thym (Thymus vulgaris), famille des produit du pollen et du nectar que les
Labiées: riche en nectar; favorise la abeilles récoltent en abondance.
production d ’un miel très recherché.
Vigne (Vitis vinifera): dans les zones
Tilleul, famille des Tiliacées: il existe viticoles, elle peut offrir de bonnes
de nombreuses espèces de tilleul qui quantités de pollen.

100
Quatrième partie
Insecticides et apiculture
certaines régions, l’empoisonnement
de colonies entières d ’abeilles. Rien ne
Les adversaires des s’oppose pourtant à ce que le diffé­
abeilles rend qui existe entre les apiculteurs et
les agriculteurs se transform e en colla­
boration.
Le véritable problème est le suivant.
• P our obtenir des fruits en parfait
état, l’agriculteur procède à des traite­
Nos lecteurs ont pu se rendre compte,
ments antiparasitaires. Or, si ces trai­
tout au long de notre exposé, que l’a­
tements sont effectués avec soin et
piculture était étroitem ent liée à la flo­
surtout en dehors de la période de flo­
raison des végétaux et ne s’avérait
raison, l’empoisonnement des abeilles
possible que si les abeilles étaient en
peut être évité. Malheureusement, par
mesure de récolter du pollen et du
négligence ou par ignorance, voire par
nectar pour subvenir à leurs besoins
conviction (erronée d ’ailleurs), cer­
alimentaires. En France, la flore est
tains agriculteurs affirm ent que les
d ’ailleurs suffisamm ent luxuriante et
abeilles endommagent les fruits, et ils
variée pour que l’apiculture devienne traitent leurs arbres d ’une manière to ­
rentable.
talement irrationnelle. Les abeilles en
Cependant, l’apiculteur doit lutter
subissent inévitablement les consé­
contre deux ennemis implacables: les
quences et la production agricole se
maladies et l’empoisonnement des
retrouve considérablement réduite.
abeilles par les insecticides. L ’agricul­
teur devrait en effet savoir que, pour • L ’apiculteur, de son côté, sachant
que les insecticides aient un maximum très bien que les abeilles n ’endom ma­
d ’efficacité, il faut que les pulvérisa­ gent nullement les cultures, désire tra­
tions soient faites bien avant I’éclo- vailler avec sérénité et ne pas voir sa
sion des fleurs. Sinon celles-ci sont colonie d ’abeilles détruite en quelques
attaquées par les parasites et il en ré­ jours alors qu’elle devrait lui fournir
sulte de graves préjudices pour les un revenu pour lequel il a consacré
abeilles. L ’emploi abusif de produits tout son temps et engagé tout son ar­
insecticides a ainsi provoqué, dans gent.

103
Les antiparasites peuvent empoison­ intoxiquées; par contre, elles trans­
ner les abeilles de diverses manières mettent cet aliment empoisonné, en
(par contact ou par ingestion). particulier aux jeunes abeilles.
L ’empoisonnement par contact a lieu La mort peut frapper, dans ce cas, un
lorsque les abeilles récoltent du nectar nombre variable d ’abeilles, mais la fa­
ou de l’eau empoisonnée: les butineu­ mille est de toute façon endommagée
ses sont aussitôt intoxiquées et très et affaiblie. L ’empoisonnement sévit
souvent incapables de revenir ju sq u ’à surtout lorsque la pulvérisation est
la ruche, qui perd alors un nombre faite au moment de la pleine floraison
considérable de ses membres. des plantes.
L ’empoisonnement par ingestion est Il faut donc reconnaître que cette
différent. Les butineuses récoltent du guerre entre agriculteurs et apicul­
pollen empoisonné par les pulvérisa­ teurs est sans fondement. Les antipa­
tions mais ne sont pas immédiatement rasites sont destinés à éliminer les pa-

EFFETS DE PO L L IN IS A T IO N CROISEE SUR LA QU ALITE DES POMMES

R apport entre le nombre de pépins, de morceaux de fruits et le contenu en sucres

Golden Delicious M ajgold


N. N. Diamètre Sucres % N. Diamètre Sucres °A
pépins fruits en mm moyenne 100 fruits en mm moyenne 1
fruits fruits

1 dans 1 50,00 10,00 — — —

/ :F 2
<D dans 6 57,16 11,33 — — —

Co
~ JZ
8 3 dans 6 61,16 11,00 2 57,50 11,00
Q.
t/3
<u o <*>
T 4 dans 14 59,57 11,50 10 57,70 12,00
° 5 dans 12 63,83 11,58 11 64,27 11,78
6 dans 15 63,40 11,86 19 65,58 10,82

7
rrs </3 dans 16 64,93 12,18 17 68,88 11,76
SC^ _ 8O dans 14 64,64 12,64 19 71,17 13,70
D. O 9
t/-, C/3 OO dans 11 66,63 11,73 17 71,17 13,70
-o -a o
L* 10
Wî dans 5 69,80 12,20 5 76,60 12,80
S-g
OO Q.

100 100

104
Bi

PR IN C IPA L E S CULTURES A G RICOLES PRO CU RA N T LE PO LLEN AUX ABEILLES

Cultures dépendantes Cultures favorisées

ARBRES Abricotier-quelques culti-


FRUITIERS vars Abricotier
Amandier Framboisier
Cerisier Kaki
Châtaigner Myrtille
Pêcher - quelques cultivars Pêcher
Poirier - de nombreux cul­
tivars Poirier
Pommier - presque tous les
cultivars Pommier
Prunier - de nombreux cul
tivars Prunier

PLANTES Féverole Trèfle Trèfle incarnat


FOURRAGERES Lotier corniculé Trèfle hybride
POUR GRAINE Luzerne Trèfle des prés
Sainfoin Trèfle rouge
Vesce

CULTURES Ail Céleri Aubergine


M ARAICHERES Asperge Courge Poivron
POUR G RAINE Bette Courgette
Brocolis Melon
Carotte Moutarde
Chou Oignon
Chou Bruxelles Panais
Chou cabus Pastèque
Chou chinois Persil
Chou de Milan Poireau
Chou-fleur Radis
Concombre Rutabaga

CULTURES Concombre Fraise


M ARAICHERES Courge Plantes oléagi­
Courgette neuses
Melon Carthame
Pastèque Colza
Lin
Navette

rasites qui endommagent les arbres antiparasitaire est effectué à une pé-
fruitiers, non pas à tuer les abeilles. riode très précise, bien avant la florai-
Cela est possible lorsque le traitem ent son des plantes.

105

I
Cinquième partie
Pathologie apicole
ratyphoïde, fausses loques), aspergil-
Maladies, parasites, les (mycoses), couvain sacciforme,
couvain non viable, etc.
ennemis des abeilles
Menacent les adultes: oiseaux en gé­
néral, lézard, crapaud, mante, pou
des abeilles, philante apivore, aca­
riens en général, aspergilles, bactéries,
Nombreux sont les parasites et les m a­
protozoaires, mal de mai, diarrhée,
ladies qui affectent les abeilles. Nous
mal des forêts, etc.
avons donc jugé utile, avant de procé­
der à une véritable description, de
Pillent le miel et la cire: sphinx tête de
schématiser les principales maladies
m ort, mites, bourdons, fourmis rou­
des abeilles et de les regrouper avec les
ges, etc.
parasites communs ou occasionnels et
les ennemis prédateurs.
P our que nos lecteurs puissent dispo­
ser d ’une liste quasiment complète des
Mammifères
ennemis de nature animale, végétale,
et des maladies, nous faisons figurer à Il s’agit dans ce cas d ’animaux qui, à
la page suivante un tableau portant les vrai dire, ne sont pas vraiment dange­
noms des parasites nuisibles aux abeil­ reux lorsqu’ils attaquent les abeilles;
les, étant bien entendu que certains par conséquent, les apiculteurs n ’é­
des ennemis cités sont assez peu ré­ prouveront aucune difficulté pour les
pandus. Ceux qui revêtent une vérita­ neutraliser efficacement.
ble im portance sont inscrits en itali­
que; précisons enfin que presque tous Campagnols, musaraignes: ils peu­
les noms qui suivent feront l’objet vent pénétrer à l’intérieur de la ruche,
d ’un examen ultérieur. en particulier en hiver; ils mangent le
Précisons encore, sans que cette sélec­ miel et les rayons de cire, ce qui les dé­
tion soit absolum ent rigoureuse, que: truit nécessairement; la musaraigne
mange également les abeilles. Pour
Menacent le couvain: bacilles (loque éviter ce danger, l’apiculteur pourra
européenne, loque américaine, pa- donc réduire l’ouverture du trou de

109
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

Classe Ordre Espèce


Sous-ordre

M ammifères Rongeurs Campagnol


Insectivores Musaraigne
Oiseaux Passériformes Hirondelle
Columbiformes Pigeon
Rapaces Bondrée apivore
Reptiles Sauriens Lézard des murailles, lézard vert
Batraciens Anoures C rapaud
Dermaptères Forficule
Insectes Mantidés M ante
Coléoptères Charançon, triongulins, méloés
Lépidoptères Sphinx tête de m o rt, fausse teigne
Diptères pou des abeilles
Hyménoptères Philante apivore, guêpe, frelon, fourmi
Arachnides Acariens Acarapis woodi, tyroglyphes, tricho-
dactyles, Varroa Jacobsoni
Maladies véhiculées par des microorganismes

Protozoaires Sporozoaires A m iba, Nosema apis


Champignons Aspergillus flavus, Aspergillus glaucus,
A sp. niger, Ascosphaera apis
Bactéries Bacillus pluton, Bacillus alvei, Strepto-
coccus pluton, Bacterium eurydice, Ba­
cillus orpheus, Bacillus larvae
Virus Bacillus para-alvei
Maladies diverses Diarrhée ou dysenterie
Couvain sacciforme ou couvain aigre
M al de mai ou frénésie ou paralysie
M al noir ou mal des forêts

110
M ALADIES, PARASITES, ENNEMIS DES ABEILLES

vol et placer, tout autour de la ruche Batraciens


(au cas où ces mammifères seraient
vraiment nombreux) des pièges em­ Il existe, parmi les batraciens faisant
poisonnés. Il lui faudra toutefois pla­ partie de l’ordre des anoures, des “dé­
cer ces pièges de manière que les ani­ voreurs” d ’abeilles.
maux domestiques ne risquent pas de
s’empoisonner. Crapaud (Bufo vulgaris): on a rem ar­
qué que certains d ’entre eux s’instal­
laient sous les ruches et dévoraient les
Oiseaux abeilles q u ’ils parvenaient à saisir, le
nombre des victimes dévorées étant,
Les oiseaux, en particulier les insecti­ semble-t-il, assez im portant en raison
vores, sont en général nuisibles lors­ de leur grande habileté.
q u ’ils ont installé leur nid à proximité
des ruches, car ils peuvent détruire un
nombre considérable de butineuses; Insectes
l’installation définitive des ruches de­
vra donc être faite en fonction de cette Il existe, parmi les insectes, différents
éventualité. ennemis des abeilles qui appartien­
nent aux ordres suivants: dermaptè-
res, mantidés, coléoptères, lépidoptè­
res, diptères, hyménoptères.
Reptiles
Triongulins des méloés: ces insectes,
Les reptiles peuvent se nourrir d ’a­
véritables dévoreurs d ’abeilles et pil­
beilles mais les dégâts, dans ce cas,
lards de miel, font partie de différen­
restent toujours assez limités.
tes espèces (Meloe variegatus, Meloe
proscarabeus, Meloe cavensis, etc.)
Lézard des murailles (Lacerta mura- qui, à l’état de larves (triongulins), at­
lis): il vit souvent à proximité des ru­ taquent les abeilles. Ces larves sont
ches exposées au soleil; insectivore, il pourvues de puissantes mandibules
se nourrit d ’abeilles, dans des propor­ form ant un organe d ’emprise identi­
tions assez limitées toutefois. Il doit que à une pince et de pattes armées de
donc être considéré comme relative­ griffes, d ’où le nom de triongulins:
ment inoffensif. Lorsqu’ils sont adultes, ils vivent sur
les végétaux dont ils se nourrissent.
Lézard vert (Lacerta viridis): ce lézard Lorsqu’ils sont encore au stade larvai­
ne cause pas non plus de dommages re, ils reposent souvent sur les fleurs,
considérables puisque, à l’instar du lé­ agrippent les butineuses à l’aide de
zard des murailles, il ne dévore que les leurs mandibules et se nourrissent
abeilles q u ’il parvient à saisir. d ’œufs, de larves et de miel.

111
Le M eloe variegatus vit en général sur caractéristique qui irrite étrangement
le lupin et la camomille; c’est un para­ les abeilles, les énerve, mais les rend
site typique des abeilles car il se nour­ incapables de se défendre. Parfois, il
rit de leur sang ce qui provoque inévi­ absorbe une telle quantité de miel
tablement la m ort des victimes. Son qu’il ne parvient même plus à ressortir
corps est de couleur noire brillante, par le trou de vol: dans ce cas, les
ses dimensions varient entre 3 et abeilles parviennent à le tuer, l’évi­
8 mm; ses mandibules sont robustes et dent pour éviter que son corps ne se
dentelées, sa tête aplatie. putréfie, et le momifient en le recou­
Le M eloe proscarabeus vit en général vrant de propolis. L ’apiculteur re­
sur les crucifères, en particulier sur le trouvera alors le cadavre de ce papil­
navet et le colza; il est moins nuisible lon recouvert de propolis. Il pourra
que le précédent; plus petit que le va­ placer à proximité des ruches des piè­
riegatus, il possède une tête arrondie, ges à papillons conçus de manière telle
des mandibules dépourvues de dents; que ces derniers puissent entrer mais
il lui est donc difficile de tuer les abeil­ ne puissent ressortir. Il est aussi possi­
les. Il les utilise plutôt comme moyens ble de réduire le trou de vol de la ru­
de locomotion et se nourrit surtout che afin que le papillon ne puisse pas
des produits qu’il trouve dans la ruche s’y glisser.
(miel, pollen, œufs). Le principal ris­
que est que ces petits coléoptères s’ac­ Grande fausse teigne (Galleria mello-
cumulent en grand nombre sur le mê­ nella) et petite fausse teigne (Achroia
me individu: dans ce cas, la butineuse grisella): lépidoptères appelés com­
se fatigue et ne parvenant pas à s’en munément “mites de la cire”. Les lar­
débarrasser malgré ses efforts, finit ves de YAchroia grisella mangent les
par succomber. rayons et leur contenu.
Le M eloe cavensis possède les mêmes A l’état adulte, ces deux papillons se
moyens d ’attaque que le précédent distinguent par la taille et la couleur.
mais les dangers encourus par les Les ailes du premier ont une envergu­
abeilles sont assez négligeables. re de 2 cm environ et une couleur grise
avec des taches plus sombres; le
Sphinx tête de mort (Acherontia atro- second est plus petit et uniformément
pos): gros papillon nocturne dont la gris. Ces papillons présentent un di­
larve vit en général sur les feuilles des morphisme sexuel: les mâles ont une
solanacées (pommes de terre, tom a­ couleur plus foncée et sont plus petits
tes, aubergines, etc.), sur les choux, que les femelles.
les jasm ins, etc. Ce papillon, l’été ve­ Les adultes déposent de nombreux
nu, pénètre de nuit dans les ruches et œ ufs sur les rayons et sur le fond de la
se rassasie de miel. Il fait entendre, à ruche; les larves qui en sortent provo­
l’intérieur de la ruche, une sorte de cri quent de gros dégâts en détruisant les

112
rayons, surtout dans les ruches plutôt Pou des abeilles (Braula coeca): diptè­
faibles. Pour se transform er en chry­ re privé d ’ailes, gros comme une tête
salide, la larve se dissimule dans les d ’épingle, aux yeux rudimentaires si­
moindres recoins, les jointures des ca­ tués au-dessus des antennes et recou­
dres et les angles. L ’apiculteur pourra verts d ’une couche épaisse de poils;
facilement déceler la présence de ces son corps est également presque entiè­
fausses teignes en découvrant les ex­ rement recouvert de poils. Le pou se
créments ronds et noirs que ces insec­ cramponne sur les poils de l’abeille
tes déposent sur le fond de la ruche. qui ne parvient que difficilement à
L ’abeille mellifica parvient assez faci­ s’en débarrasser. Cet “invité fo rtu it”
lement à se défendre contre la fausse semble avoir une prédilection particu­
teigne mais il en est tout autrement lière pour la reine sur le corps de la­
pour certaines sous-espèces. Les quelle peuvent ainsi se nicher des di­
rayons des réserves alimentaires, le zaines d ’individus. Bien que l’on ne
grenier à miel, à l’intérieur desquels la considère pas cet insecte comme un
fausse teigne a réussi à pénétrer sont parasite de l’abeille, il nous faut bien
bien souvent gravement endommagés. reconnaître que les dégâts causés ne
P our lutter contre ce fléau, l’apicul­ sont pas négligeables car l’activité des
teur pourra faire des fumigations,
abeilles se trouve perturbée. Ces poux
plusieurs fois de suite, d ’anhydride
se fixent la plupart du temps sur le
sulfureux pour que les larves, les chry­
corps des jeunes ouvrières, sur celui
salides et les œufs puissent être dé­
des faux bourdons, rarem ent sur celui
truits. Le sulfure de carbone est enco­
des butineuses. Les larves vivent dans
re plus efficace mais il présente
les opercules du miel; l’insecte vit sur
l’inconvénient d ’être inflammable; on
le corps de l’abeille, se nourrit de miel
recommande également l’emploi de
et de la sécrétion des glandes sans que
tétrachlorure de carbone bien qu’il
soit moins efficace, ainsi que d ’autres son “hôte” en semble particulièrement
insecticides comme le paradichloro- affecté.
benzol, le monochlorobenzol; en re­ Pour lutter contre cette prolifération
vanche, la chloropicrine est à proscri­ de poux à l’intérieur de la ruche, l’api­
re absolument. culteur pourra faire des fumigations
Citons parm i les parasites de la Galle- de produits à base d ’extrait de tabac
ria mellonella, le Dibrachys bouchea- qui tuent les poux sans nuire beau­
num qui pond ses œ ufs sur la chrysali­ coup aux abeilles, bien qu’elles ne les
de; les larves de cet insecte se nourris­ apprécient guère.
sent de la larve de la fausse teigne, ce
qui la détruit. Bien que cet insecte ne Philanthe apivore (Philanthus trian-
puisse pas être considéré comme un gulum): insecte prédateur qui capture
destructeur infaillible de la fausse tei­ les abeilles, les pique de son aiguillon,
gne, il en limite la prolifération. les anesthésie de son venin et les em-

113
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

porte dans son trou pour les donner


en pâture à sa progéniture; il peut oc­
casionner d ’assez grands ravages pour
la ruche. L ’apiculteur aura donc tout
intérêt à découvrir les nids du philan-
the et à les détruire avec de l’eau
bouillante: ces nids sont généralement
recouverts par des mottes de sable;
leur profondeur est variable et peut
atteindre ou même dépasser quarante
centimètres; de nombreuses galeries
communicantes les parcourent dans
tous les sens.

Guêpes, bourdons, frelons: insectes


prédateurs qui pénètrent dans la ruche
et dévorent le miel; causent surtout
des dégâts en été et en automne. Le
bourdon semble plus particulièrement
attiré par les abeilles chargées de nec­
tar; lorsque l’abeille est sur le chemin
du retour, le bourdon en effet se jette
sur sa victime en la saisissant par le
dos, am pute le corps de sa victime
d ’où il tire un aliment avec lequel il
nourrira ses propres larves.
Comparaison m orphologique entre une Brailla
coeca (en haut) et une fem elle de Varroa Ja-
Fourmis: peuvent se glisser dans la ru­ cobsoni
che et gênent les abeilles qui ne savent
pas comment s’en débarrasser.
Souvent, au printemps, des colonies Arachnides
de fourmis s’installent sur le toit des
ruches, où elles trouvent un refuge Certaines espèces appartenant à cette
chaud et sec. Dans certaines régions, classe sont très dangereuses pour les
la présence de la fourmi argentine, ruches. Parm i les moins nuisibles, on
pratiquem ent omnivore et ne dédai­ trouve certaines araignées comme
gnant pas les nourritures sucrées, crée Epeira diademata ou Thomisus Onus-
de graves problèmes jusque dans les tus, qui capturent un petit nombre
parties de la ruche réservées à la pré­ d ’abeilles en tissant leur toile à proxi­
paration et au stockage du miel. mité des ruchers.

114
MALADIES, PARASITES, ENNEMIS DES ABEILLES

Il faut être très attentif à éviter la pré­ forme ovale, mesurent entre 1,2 et
sence de certains acariens, dont les 1,9 mm et ont une couleur ambrée)
plus terribles sont Acarapis woodi et mortes naturellement, au moyen d ’u­
surtout Varroa jacobsoni. Ce dernier ne plaque rigide (carton, plastique)
s’est avéré, au cours des dernières dé­ enduite de graisse de vaseline et intro­
cennies, le plus grand fléau dans la duite sur le fond de la ruche, laissée là
pathologie apicole. On estime par plusieurs jours, de préférence à la fin
exemple q u ’en Italie (où sa présence a de l’été. P our provoquer la chute des
été établie en 1981), pendant la seule parasites, on peut aussi utiliser des
année 1986, environ 100 000 ruchers acaricides spécifiques, normalement
ont été détruits à cause de ce parasite. employés pour l’élimination des aca­
Les femelles de Varroa, entrées dans riens.
la ruche en s’agrippant à des abeilles Mais il ne faut pas confondre Varroa
provenant de familles déjà parasitées, avec l’inoffensif Braula.
s’introduisent dans les cellules du cou­ La lutte contre l’espèce Varroa repré­
vain peu avant Poperculation; elles sentera encore, dans les prochaines
déposent en peu de jours quelques années, la préoccupation principale
œ ufs dont l’un donnera naissance à de tous les apiculteurs. Si cette espèce
un mâle et les autres à trois ou quatre n ’est pas com battue et maintenue en-
femelles. Certaines d ’entre elles se­ deçà d ’un certain niveau de proliféra­
ront fécondées par le mâle et, une fois tion, elle risque de détruire la plupart
l’abeille sortie du cocon, s’installeront des ruchers. Outre la lutte chimique,
pendant plusieurs jours sur les adul­ diverses techniques d ’élevage ont été
tes, d ’où elles se détacheront, rentrant mises au point, destinées à réduire la
alors dans les cellules pour achever le capacité de multiplication de ce para­
cycle. site. L ’une d ’entre elles consiste à fai­
Les dommages subis sont principale­ re construire aux abeilles des sections
ment les piqûres répétées infligées aux de couvain destinées aux mâles. Ces
larves internes dont Varroa suce l’hé­ couvains, une fois operculés, sont pé­
molymphe pour se nourrir. Cette es­ riodiquement et intégralement préle­
pèce a une capacité annuelle de repro­ vés et détruits. De cette manière on
duction telle qu’une seule femelle peut élimine de très nombreux acariens:
donner naissance en un an à vingt fil­ ceux-ci, en effet, ont une préférence
les au minimum, qui seront quatre marquée pour la reproduction aux dé­
cents l’année suivante et huit mille pens des larves de faux bourdons.
l’année d ’après, causant en peu de
temps la m ort de la famille d ’abeilles Acarapis woodi: la maladie q u ’il pro­
tout entière. voque, Yacariose, peut être mortelle
Le diagnostic s’effectue en cherchant et appauvrit considérablement une fa­
les femelles de Varroa (qui sont de mille d ’abeilles; l’acarien est micros­

115
copique et pénètre dans les trachées (obtenue en diluant 20 g de menthol
des jeunes abeilles à travers les stig­ dans 5 cc d ’alcool éthylique à 95°).
mates qui se trouvent dans le protho­ On remplace au bout de 20 jours l’é­
rax. L ’acarien provoque chez l’abeille ponge par une autre identique.
des troubles physiologiques graves:
obstruction des trachées, troubles Tyroglyphes: larves qui s’agrippent
sanguins, dégénérescence des muscles; aux butineuses pour se déplacer mais
l’abeille, progressivement, ne parvient ces dernières ne semblent pas en souf­
plus à respirer. On a pu remarquer frir.
que les abeilles atteintes de cette m ala­
die perdaient leur capacité de vol.
La propagation de l’acariose peut être Protozoaires
provoquée à la suite d ’un pillage,
d ’un essaimage, de la rencontre de Malpighamoeba mellificae: agent
plusieurs colonies; elle peut être trans­ étiologique de Vamibiase, qui attaque
mise par les faux bourdons ou encore l’appareil excréteur des abeilles; ce
au mom ent d ’un transport de ruches. protozoaire microscopique se présen­
La parasitose semble surtout se déve­ te sous la forme de kystes ou d ’am i­
lopper au printemps et en automne; nés; chaque protozoaire se fixe sur Fé-
l’acariose se propage lentement mais pithélium interne des organes excré­
n ’atteint que les jeunes abeilles; en ef­ teurs. Ils atteignent l’intestin terminal
fet, les acariens ne peuvent pas péné­ et sont éliminés avec les selles. Les
trer à l’intérieur des trachées des adul­ symptômes accompagnant cette m ala­
tes, qui ont dans la trachée des poils die sont semblables à ceux que pro­
beaucoup moins souples. Au prin­ duisent la nosémase et Yacariose. Il
temps, les parasites perforent les pa­ s’agit, la plupart du temps, d ’un dé­
rois de la trachée, sucent le sang des peuplement printanier plus ou moins
abeilles. Celles-ci, asphyxiées par accentué. L ’amibiase peut être m or­
l’obstruction partielle de leurs tra ­ telle; lorsque les abeilles sont sérieuse­
chées exsangues, perdent leur capacité ment affectées, elles éprouvent de
de vol, s’affaiblissent et finalement grandes difficultés pour s’envoler en
m eurent. L ’acariose peut également raison du gonflement de leur abdo­
affecter la reine, mais cela se produit men et sont la proie de troubles intes­
rarem ent. tinaux identiques à ceux que provo­
Les soins s’effectuent en introduisant quent d ’autres maladies comme la no-
dans la ruche, sur les rayons, une sémiase et la dysenterie.
éponge de vermiculite (l’éponge nor­ Pour déceler cette maladie, il faut un
malement utilisée par les fleuristes) de examen microscopique. Il arrive assez
5 x 10 x 0,8 cm imprégnée de 20 cc fréquemment que les abeilles soient à
d ’une solution de menthol et d ’alcool la fois affectées par la nosémiase et

116
l’amibiase, ce qui entraîne toujours la nosema du ver à soie, mais ce dernier
m ort de familles entières. Il n ’existe ne s’attaque pas uniquement à l’intes­
pas actuellement de produit médical tin car il peut se multiplier dans tous
spécifique contre cette maladie. Pour les organes. Les abeilles contractent
la prévention et le traitem ent (comme cette infection en ingérant les spores
pour la nosémiase), il est utile de rem­ de nosema expulsées par les abeilles
placer souvent les rayons qui, avec le atteintes de ce mal; le miel, le pollen
temps, deviennent un foyer de germes les rayons peuvent eux aussi être in­
pathogènes. fectés, en particulier lorsque la m ala­
die provoque chez les abeilles des ac­
Nosem a apis: ce protozoaire provo­ cès de diarrhée. Les abeilles s’égarent,
que la nosémiase, maladie qui atteint désertent leur nid et l’apiculteur ne
les abeilles adultes, reine comprise. détecte la maladie que lorsque la fa­
Dans ce cas, l’abeille présente les mille est gravement atteinte; il lui suf­
symptômes suivants: ventre gonflé, fit d ’ailleurs d ’observer le couvain
diarrhées; éventuellement, trem ble­ pour constater que le nombre des
ment des ailes, vol par à-coups. L ’af­ abeilles adultes a diminué.
fection se localise en général dans les Le nombre des abeilles vouées à une
cellules épithéliales de la muqueuse in­ mort certaine est considérable. Le pa­
testinale; celles de la muqueuse sto­ rasite peut être transmis lors des dé­
macale, vues au microscope, sont placements des faux bourdons d ’une
complètement remplies de spores de famille à l’autre, lors d ’un pillage,
nosema, de forme elliptique et possé­ d ’un changement peu soigneux des
dant les dimensions suivantes: lon­ rayons. Le médicament qui convient
gueur 5 microns environ, largeur est une préparation antibiotique à ba­
3 microns environ. La spore pénètre à se de fumagilline ajoutée au sirop su­
l’intérieur de l’estomac, où elle injec­ cré administré aux abeilles continuel­
te son propre germe dans les cellules lement pendant quelques semaines, de
épithéliales de la paroi, où elle se re­ préférence en automne. P our cette
produira, donnant naissance à des maladie aussi, il est conseillé de chan­
milliers de nouveaux germes, et donc ger souvent les rayons en respectant
de spores. La nosémiase fait son ap­ les indications.
parition au printemps, s’atténue en
été, réapparaît en automne et à la fin
de l’hiver ou du printemps suivant. Champignons
Non traitée, elle peut détruire le ru­
cher. Les maladies provoquées par les
Les spores sont sensibles aux tem péra­ champignons, appelées également
tures élevées. Ce parasite possède un moisissures ou mycoses, atteignent les
cycle biologique identique à celui du adultes et les larves: citons parmi les

117
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

champignons susceptibles de rendre sissure gris clair. Dès que l’abeille in­
les abeilles malades VAspergillus fla- gère les spores de ce champignon, elle
vus, VAscosphaera apis, YAscos- est empoisonnée par les toxines qu’el­
phaera alvei. les contiennent; toutefois, c’est seule­
Les abeilles contractent ces maladies ment après la m ort de la victime que le
par ingestion et par contact; on voit cadavre se recouvre entièrement de
alors leur corps se momifier, se rétré­ cette moisissure car le champignon
cir, se durcir et devenir très friable car reste localisé dans l’intestin pendant
il se recouvre d ’hyphes mycéliennes et toute la période de décadence de l’a­
de spores de champignon. La chaleur beille. Les cellules du couvain peuvent
et l’humidité stimulent la propagation également être entièrement envahies
de ces moisissures; pour l’éviter, l’api­ par cette moisissure; dans ce cas, le
culteur devra donc m aintenir une cer­ cocon des larves attaquées devient
taine sécheresse à l’intérieur de la clair et tellement dur que le couvain
ruche. est appelé “couvain pétrifié”. L ’abeil­
le adulte s’avère incapable de voler et
Ascosphaera apis: apparaît au cours se traîne hors de la ruche. Pour lutter
des mois les plus chauds et provoque contre cette maladie, l’apiculteur de­
la couvée calcifiée qui affecte les lar­ vra changer les rayons, désinfecter la
ves, en particulier celles des faux ruche, la ventiler régulièrement et y
bourdons; les larves, transformées en maintenir une certaine sécheresse.
véritables momies, prennent au début
une couleur jaune, puis deviennent Ascosphaera alvei: provoque la moi­
dures et friables et ressemblent à des sissure du pollen, car il attaque le
petits morceaux de chaux à tel point pollen qui se trouve dans les cellules
q u ’on les retrouve souvent, le matin, des rayons. Celles-ci se recouvrent
abandonnées au sol. La plupart du d ’une moisissure blanchâtre; le pollen
temps, la maladie se propage dans les infecté provoque, chez les abeilles,
ruches mal entretenues et mal aérées. des troubles intestinaux mais ne leur
L ’apiculteur devra donc maintenir ses cause pas de réel préjudice.
ruches parfaitem ent propres; il adm i­ La moisissure du pollen apparaît sur­
nistrera aux abeilles du sirop aux anti­ tout en hiver; cependant, lorsqu’il y a
biotiques, notam m ent la nistatine, qui plus de 22°C dans la ruche, les spores
donne d ’excellents résultats. ne peuvent plus germer. P our lutter
contre la propagation de ce parasite,
Aspergillus flavus: provoque Yasper- l’apiculteur pourra donc maintenir la
gillomycose, maladie qui apparaît ruche à une température supérieure à
lorsque l’été est humide, et atteint les 22°C; il lui faudra également veiller à
adultes et les larves. Le corps des ce q u ’elle ne soit pas soumise à des va­
abeilles se recouvre alors d ’une moi­ riations de température, à un re­

118
M ALADIES, PARASITES, ENNEMIS DES ABEILLES

froidissement subit ou ne soit envahie Pour lutter contre cette maladie, cer­
par l’humidité; d ’ailleurs, les familles tains experts recommandent aux api­
d ’abeilles qui parviennent à maintenir culteurs d ’éviter que le couvain ne
une tem pérature suffisante à l’inté­ donne naissance à une famille m ala­
rieur de la ruche sont toujours en par­ de, en introduisant dans la ruche,
faite santé. deux semaines après, une reine vierge
ou une reine fécondée et en ajoutant
Aspergillus niger: autre aspergille qui, des rayons de couvain operculé. De
toutefois, contamine rarem ent les cette manière, la ponte sera interrom ­
abeilles; il atteint surtout les larves pue pendant 20 ou 25 jours; l’apicul­
vieilles de quelques jours; les spores teur pourra également, pour plus de
de ce champignon sont noirâtres; les sécurité, emprisonner la reine au lieu
cellules atteintes sont recouvertes d ’u­ de la tuer, et changer intégralement
ne poudre noire. les rayons. On peut administrer des
antibiotiques tels que la terramycine,
le chlorhydrate de tétracycline, la
Bactéries dihydrostreptomycine. La dose par ra­
yon de l’un de ces trois antibiotiques
Le Streptococcus Pluton (souvent as­ doit être de 1,5 g en tout, administrée à
socié au Bacillus a/vei et au Strepto­ trois reprises et à une semaine d ’inter­
coccus apis, au Achromobacter eury- valle dans le sirop sucré. Ces traite­
dice et au Bacillus orpheus) provoque ments s’avèrent en général efficaces
une maladie connue sous le nom de lorsque l’infection est encore assez bé­
loque européenne. Cette maladie, nigne; mais parfois, l’apiculteur sera
semble-t-il, est transmise par la nour­ obligé de détruire par le feu tout le m a­
riture. tériel infecté, afin de sauvegarder les
Sur le rayon même, un certain nom ­ ruches q u ’il devra alorç désinfecter
bre de cellules sont désoperculées, avec une solution aqueuse chaude de
d ’autres, de-ci de-là, operculées; les soude caustique à 5% pour y installer
larves atteintes prennent au début une ensuite de nouvelles familles.
couleur jaunâtre, puis deviennent de
plus en plus foncées et finalement se Bacillus larvae: engendre la loque
putréfient. Il est possible de distinguer américaine, identique à la loque euro­
la loque européenne de la loque amé­ péenne mais plus grave. Elle atteint le
ricaine: la loque européenne tue les couvain operculé et en particulier les
larves avant l’operculation, ne leur larves qui, au début, sont jaunâtres,
donne pas une consistance gluante et ramollies, visqueuses puis deviennent
filandreuse, mais une odeur acide ty­ brun foncé pour finalement m ourir; le
pique; l’américaine en revanche leur corps des larves frappées par la loque
donne une odeur douceâtre et putride. américaine est beaucoup plus vis­

119
queux que celui des larves attaquées dra veiller à ce que la maladie ne soit
par la loque européenne. Les abeilles pas transmise dans le nouveau nid. Si
adultes essaient de nettoyer les cellules la contagion n ’affecte q u ’une partie
mais n ’y parviennent pas; elles de­ de son rucher, il lui faudra très certai­
viennent alors sales et émettent une nement détruire les familles malades
odeur putride caractéristique que l’on pour éviter tout dégât ultérieur. A ti­
remarque en ouvrant les rayons. Cette tre préventif, l’emploi de sulfamides
infection du bacille est à coup sûr est fréquent, mais ceux-ci ont le dé­
transmise par le miel; le microbe se faut de ne pas tuer les spores du bacil­
propage lors de pillages ou à faveur de
le; ils n ’ont qu’une action bactériosta-
mauvaises manipulations erronées de
tique, c’est-à-dire qu’ils empêchent la
l’apiculteur. Il ne semble pas que la
manifestation de la maladie.
reine puisse transm ettre la contagion
Il existe d ’autres formes pathologi­
en pondant ni contaminer les œufs.
Les antiseptiques utilisés communé­ ques appelées loque bénigne ou para-
ment à titre préventif se sont révélés loque. Celle-ci est provoquée par tou­
inefficaces, le Bacillus larvae étant te une série de germes: Bacillus alvei,
très résistant; comme pour la loque Bacillus laterosporus, Bacillus graci-
européenne, les larves contractent lesporus, Bacillus apidarium et Bacil­
l’infection par ingestion de nourritu­ lus feum. Les symptômes ne sont guè­
re; le bacille qui, au début, se trouve re différents: les larves meurent soit
localisé dans le tube digestif, prolifère avant, soit après Poperculation; elles
dans l’intestin puis dans tout le corps perdent leur forme, devenant flasques
de la larve au cours de sa phase de m a­ et pâteuses, visqueuses même parfois.
turation. L ’infection peut donc être Elles filent quelquefois, comme dans
contractée lorsque les larves sont le cas de la loque américaine. Leurs
nourries par les ouvrières. P our l’évi­ cadavres se déssèchent dans les cellu­
ter, l’apiculteur devra détruire le m a­
les. En général, la maladie se limite à
tériel infecté, les larves contaminées et
un seul ou à quelques rayons du ru­
ne conserver que les abeilles adultes
destinées à l’essaimage; il aura égale­ cher. On la soigne en éliminant des ra­
ment intérêt à remplacer la reine, à yons les couvées malades ou, dans les
nettoyer et à désinfecter complète­ cas graves, en provoquant un essai­
ment la ruche contaminée. Il lui fau­ mage.

120
cas de diarrhée soient favorisés par la
consommation de miels peu adaptés à
Maladies diverses l’hivernage. Nous avons déjà fait re­
marquer que les ouvrières, n ’ayant
naturellement aucune tendance à dé­
poser leurs excréments dans le nid,
étaient capables de les retenir dans
leur rectum. La reine par contre,
Diarrhée ou dysenterie
ayant l’habitude de déposer ses excré­
ments dans le nid en raison de la rare­
La diarrhée n ’est pas considérée com­
té de ses sorties (vol nuptial et essai­
me une maladie infectieuse et n ’est
mage uniquement) souffre rarement
pas, en général, une maladie grave;
de diarrhée. Les ouvrières atteintes de
par conséquent, les abeilles peuvent
dysenterie déposent leurs excréments
très bien guérir en l’espace de quel­
pêle-mêle à l’intérieur du nid; les ex­
ques jours: il suffit q u ’elles puissent
créments diarrhéiques, assez liquides,
effectuer, par une belle journée prin­
tanière, leur vol de nettoyage. ont une couleur foncée; certaines ne
parviennent pas à déposer leurs excré­
ments: leur abdomen se gonfle déme­
Pathologie surément, elles perdent progressive­
ment leur capacité de vol.
La diarrhée est surtout due à l’hiber­ Le fond de la ruche et les rayons sont
nation forcée; elle se manifeste en au­ souillés; les familles se déciment peu à
tom ne et en hiver, voire au printemps peu.
lorsque les abeilles se trouvent dans Les dysenteries sont plus ou moins
l’impossibilité de sortir de la ruche. graves. Les cas bénins disparaissent
Elles sont, semble-t-il, la proie de cet­ dès l’arrivée de la belle saison puisque
te maladie lorsque le poids de leurs ex­ les abeilles, en sortant, peuvent éva­
créments retenus dans le rectum équi­ cuer les excréments q u ’elles avaient
vaut à 45% de leur poids total. La retenus dans leur rectum pendant tout
diarrhée peut également être provo­ l’hiver. Si au contraire les abeilles, en
quée par une alim entation mauvaise sortant de la ruche dès l’apparition
ou irrégulière. Il semble que certains des premiers rayons du soleil, souil­

121
m LIVRE DES ABEILLES

lent les alentours, si de nombreuses rop de sucre. Parfois, l’emploi d ’anti­


ouvrières se tram ent, incapables de septiques ordinaires (l’acide formi-
voler, laissant derrière elles des fila­ que, l’acide salicylique par exemple)
ments de fiente, la maladie est plus peut avoir des effets salutaires. Cer­
préoccupante car elle peut en dissimu­ tains spécialistes affirm ent que l’ad­
ler d ’autres; la situation est encore ministration de sirop de sucre ou de
plus inquiétante si les abeilles conti­ miel peut éviter la diarrhée; par con­
nuent à salir l’intérieur de la ruche. tre, si les abeilles absorbent un sirop
Lorsqu’elles sont atteintes de d ia r­ ou un miel contenant un trop grand
rhée, elles possèdent dans leurs selles volume d ’eau (plus de 18%), en parti­
des levures qui se développent en pa­ culier pendant la période d ’hiberna­
rasites secondaires si bien que la mi­ tion, elles sont soumises inévitable­
croflore intestinale se multiplie et en­ ment à des crises de dysenterie car la
gendre, par la suite, des complica­ diarrhée semble particulièrement fa­
tions. Les symptômes et les caractéris­ vorisée par une alimentation riche en
tiques de la diarrhée sont identiques à eau et, pire, en eau sale; la dysenterie
ceux de certaines autres maladies trouve donc un terrain favorable dans
(comme I’acariose, la nosémiase, le les ruches où l’humidité stimule la fer­
mal de mai, etc.): affaiblissement ou mentation et la putréfaction des
perte de la capacité de vol, accumula­ déjections et de tous les corps qui y
tion excessive d ’excréments dans le sont déposés.
rectum. On a pu par ailleurs remarquer que les
ruches placées dans des endroits pol­
lués (à proximité de voies ferrées par
Normes de prévention et de exemple) étaient facilement contam i­
traitement nées. A titre curatif, l’apiculteur
pourra utiliser du nectar d ’origan et
L ’apiculteur, pour éviter les cas de dy­ de marjolaine ou cultiver quelques-
senterie, devra favoriser (en utilisant, unes de ces plantes à proximité de la
si besoin est, des techniques adaptées ruche.
à cet effet) le vol de nettoyage dès les
premières belles journées de prin­
temps; lorsque les cas de diarrhée ne Couvain sacciforme
sont pas trop graves, il lui faudra
changer les rayons, nettoyer la ruche, Cette maladie, qui atteint exclusive­
donner à la reine et aux abeilles une ment les larves, est peu connue; elle
alim entation appropriée; si la diar­ est due à un virus filtrant; elle diffère
rhée est transmise par le miel déposé de la loque en ce que les larves attein­
dans les rayons, l’apiculteur rempla­ tes, qui meurent après l’operculation,
cera ce miel par un miel sain ou du si­ prennent la forme d ’un sac constitué

122
M ALAD IES DIVERSES

par la peau, tandis q u ’à l’intérieur el­ bien, dans ce cas, que les nourrices
les se décomposent. Le “sac” peut être aient ingéré du pollen indigeste ou en
facilement extrait des cellules, et les quantité excessive. Certains apicul­
ouvrières elles-mêmes accomplissent teurs pensent que cette maladie est
ce travail de nettoyage. Cette maladie parfois due au pollen de certaines
se manifeste en juin-juillet; en France, plantes vénéneuses. Le traitem ent
les cas ne sont jamais très graves. Cet­ pourrait donc consister en l’adjonc­
te maladie disparaît d ’ailleurs parfois tion, dans l’alimentation des abeilles
spontaném ent mais elle n ’en détruit au printemps, d ’un gramme d ’acide
pas moins une partie plus ou moins salicylique par kilogramme de sirop
im portante de la famille. La larve absorbé ou en l’adjonction de vin cuit
morte n ’émet aucune odeur et l’on à des infusions d ’herbes aromatiques
pense que l’agent pathogène, quand il comme par exemple le genièvre, la
est présent dans le miel, perd sa viru­ sauge, le rom arin, la sarriette ou l’ori­
lence au bout d ’un mois au minimum gan, la marjolaine, le thym, la lavan­
à une tem pérature normale, après dix de, le persil, le laurier.
minutes à 70°C, et après six jours au
contact direct des rayons solaires. Les
abeilles au contact du matériel infecté Mal noir ou mal des forêts
sont en général contaminées mais il ne
semble pas que la reine puisse propa­ Les abeilles qui ont contracté cette
ger la maladie en pondant ses œufs. maladie perdent plus ou moins leurs
Quoi q u ’il en soit, si la famille est très poils; en effet, cette affection atteint,
atteinte, il vaut mieux remplacer la au début, la partie dorsale du thorax
reine. L ’apiculteur pourra, à titre pré­ puis gagne progressivement le corps
ventif, désinfecter la ruche comme tout entier; les abeilles deviennent
dans le cas de la loque américaine. alors complètement noires, sont répu­
diées et chassées de leur propre ruche
par les abeilles qui se trouvent en bon­
Mal de mai ou paralysie ne santé. En général, cette maladie at­
teint les butineuses; au fur et à mesure
Cette maladie, d ’origine non micro­ de la progression de la maladie, les
bienne, se manifeste au printemps ou abeilles ont de plus en plus de difficul­
au début de l’été. Elle atteint les abeil­ tés pour voler. Cette maladie n ’est ja ­
les nourrices qui, aussitôt, se traînent mais très grave et peut être surmontée
péniblement, le ventre gonflé; parve­ si l’apiculteur fournit à ses abeilles
nues au bord des rayons, incapables une alimentation variée et abondante;
de voler, elles tom bent brutalement on pense q u ’elle est transmise par les
sur le sol. Leurs ailes sont prises de conifères. L ’apiculteur a donc intérêt
tremblements convulsifs. Il semble à éliminer les miellées de conifères ou

123
le pollen que les butineuses récoltent placer la reine par une reine
sur des plantes suspectes. fécondée.
Les abeilles atteintes sont victimes de La direction des services vétérinaires
démangeaisons. du ministère de l’Agriculture a publié
certaines règles pour la défense contre
les maladies les plus redoutables des
Couvain non viable abeilles, que nous reportons intégrale­
ment dans les pages suivantes vu l’in­
Daiis certains cas assez rares (loque
térêt q u ’elles revêtent pour l’apicul­
américaine par exemple), on assiste à
teur. Signalons à ceux qui désireraient
la m ort de nombreuses larves et nym­
phes qui avaient pris une couleur gri­ obtenir des renseignements, q u ’ils
sâtre, légèrement brune. Certains api­ peuvent s’adresser au ministère de
culteurs pensent q u ’il s’agirait d ’un PAgriculture 78, rue de Varenne à P a­
cas de m alform ation congénitale de la ris 7e et à la Fédération Nationale des
reine donc d ’une maladie non infec­ organisations sanitaires apicoles dé­
tieuse. L ’apiculteur devra donc rem­ partementales. 41, rue Pemety, Paris 14e.

124
souvent une couleur foncée; elles sont
plus ou moins déchirées, voire
Règles pour la lutte trouées.
contre la loque Les larves mortes, qui exhalent une
odeur très désagréable, douceâtre et
américaine putride, se décomposent en une bouil­
lie visqueuse brunâtre, et l’on peut les
étirer en fils à l’aide d ’un bâtonnet.
Cette bouillie se dessèche rapidement
et se transform e en écailles sombres
Etiologie et caractéristiques qui adhèrent fortem ent au fond et aux
parois des cellules. La masse visqueu­
La loque américaine est une maladie se et les écailles contiennent des mil­
très redoutable et très répandue qui lions de spores qui peuvent conserver
affecte le couvain (larves). Elle est toute leur vitalité pendant des années
provoquée par un micro-organisme, car elles sont très résistantes à tous les
le Bacillus larvae White, qui engendre facteurs extérieurs (chaleur, sécheres­
des spores, forme de résistance et de se, antiseptiques). Cette grande résis­
diffusion de l’infection. tance des spores du Bacillus larvae ex­
Les larves sont contaminées par voie plique les difficultés rencontrées dans
orale dès que les ouvrières leur régur­ le traitem ent de la loque américaine.
gitent du miel contenant des spores de
Bacillus larvae.
La maladie touche surtout le couvain Propagation
operculé; en cas d ’infection très gra­
ve, les larves des cellules désopercu- Cette maladie se propage de ruche en
lées, les nymphes et, exceptionnelle­ ruche et de rucher en rucher de diver­
ment, les larves de faux bourdons ses façons: par les pillards; par les
sont atteintes. abeilles ayant pénétré par erreur dans
Un nid à couvain affecté par la loque des ruches auxquelles elles n ’apparte­
américaine présente des cellules oper­ naient pas; par capture d ’essaims
culées de façon désordonnée; celles d ’origine inconnue; par ingestion de
qui contiennent des larves mortes ont miel et de pollen provenant de famil­

125
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

les malades; par les outils et le m até­ possible d ’appliquer le traitem ent
riel de l’apiculteur mal stérilisés (cire connu sous le nom de “mise en es­
gaufrée fabriquée avec de la cire non saim”, après avoir administré des do­
stérilisée, rayons et ruches apparte­ ses de sulfathiazol. Pour ce faire, pro­
nant à des familles infectées, extrac­ céder de la manière suivante.
teurs, etc.). Tout apiculteur peut pro­ 1. Dès le retour de toutes les abeilles,
pager lui-même l’infection s’il ne res­ loger les adultes ainsi que la reine
pecte pas les règles d ’hygiène men­ (cette dernière étant installée dans
tionnées ci-dessous. L ’infection peut une cage), dans une nouvelle ruche
enfin être transmise par certains enne­ pourvue de 4 ou 5 cadres et d ’a­
mis des abeilles (fausse teigne, etc.). morces de cire gaufrée. P our éviter
que certaines abeilles ne s’en­
fuient, il convient de faire vite, en
Traitement ayant préparé à l’avance le maté­
riel nécessaire.
Le traitem ent de la loque américaine 2. N ourrir abondam ment les abeilles
est difficile; il implique que soient res­ avec du sucre non raffiné ou du si­
pectées les règles suivantes: rop sucré additionné de sulfathia­
zol ou, mieux, du sulfathiazol sou­
• Si la loque américaine atteint des dé à raison de 0,5 gramme pour
familles affaiblies et sévit à une épo­ 4 litres de sirop (800 grammes de
que où la récolte est médiocre, si une sucre et l’eau nécessaire pour at­
ou plusieurs familles sont atteintes, il teindre 4 litres).
est indispensable de procéder à leur
3. Lorsque les amorces de cire gau­
destruction.
frée auront été entièrement utili­
Le soir venu, dès le retour de toute la
sées par les abeilles, les remplacer
colonie, la ruche est hermétiquement
par des morceaux entiers de cire
fermée et les abeilles asphyxiées avec
gaufrée.
de l’anhydride sulfureux. Aussitôt
après, toutes les abeilles et le nid à 4. Continuer à administrer aux abeil­
couvain doivent être brûlés. Les au­ les du sirop de sucre additionné de
tres rayons et la ruche seront désinfec­ sulfathiazol pendant 30 jours.
tés selon les normes précitées. 5. Une fois l’essaim transvasé, détrui­
re complètement le nid à couvain
• Si la maladie atteint des familles ré­ et désinfecter le restant du maté­
sistantes, avant ou pendant la période riel, conformément aux normes in­
de pleine récolte, si la destruction de diquées précédemment.
ces familles risque d ’entraîner un défi­ 6. Observer régulièrement l’état de la
cit économique grave et surtout si l’in­ ruche et procéder après quelques
fection n ’est pas vraiment forte, il est jours aux examens de contrôle.

126
REGLES POUR LA LU TTE CONTRE LA LO QU E AM ERICAINE

Traitement préventif au 3. Le miel provenant des ruches in­


sulfathiazol fectées ne doit pas être utilisé pour
l ’alimentation des abeilles.
Le traitem ent de la colonie “mise en 4. Les abeilles mortes, appartenant
essaim” au sulfathiazol n ’est pas seu­ aux familles infectées, doivent être
lement curatif; c’est surtout un traite­ détruites par le feu.
ment préventif qui se révèle très effi­
cace lorsque, dans un rucher ou aux
alentours, certaines ruches sont con­ Précautions indispensables à
taminées par la loque américaine. prendre lors de l’inspection
Le sulfathiazol doit, dans un traite­ des ruches infectées
ment préventif, être administré dans
les proportions mentionnées ci-des­ Les règles ci-dessous doivent être
sus, pendant 30 jours consécutifs en­ scrupuleusement et consciencieuse­
viron ou pendant deux ou trois pério­ ment appliquées par les apiculteurs car
des de 7 jours. ils peuvent être responsables de l’in­
L ’emploi du sulfathiazol comme trai­ fection éventuelle des ruches saines.
tement préventif contre la loque amé­ 1. Au cours de l’inspection et de la
ricaine est surtout efficace lorsque les mise en essaim, l’apiculteur doit
abeilles, n ’ayant pas encore butiné, veiller attentivement à ce que les
n ’ont pas encore emmagasiné de pro­ produits ou le matériel provenant
visions (au printemps): les abeilles de la ruche infectée (résidus de
sont ainsi contraintes d ’ingérer le pro­ rayons, miel, ustensiles utilisés lors
duit et de l’emmagasiner. de l’inspection) ne puissent pas
être récoltés ou touchés par les
abeilles des ruches saines.
Stérilisation du matériel 2. Aussitôt après l’inspection ou les
manipulations, l’apiculteur doit
infecté désinfecter, à l’eau de javel diluée
(50%), les ustensiles q u ’il a uti­
1. La ruche doit être raclée intérieure­ lisés.
ment, lavée soigneusement avec de 3. L ’apiculteur doit enfin se laver soi­
l’eau soudée bouillante séchée et gneusement les mains dans de l’eau
stérilisée complètement à l’aide savonneuse et, si possible, se désin­
d ’une lampe chalumeau. fecter avec de l’alcool et changer
2. Tous les rayons doivent être fon­ de vêtements. Peu après ce traite­
dus et la cire stérilisée dans un au­ ment, l’apiculteur aura tout intérêt
toclave à une tem pérature qui at­ à soumettre les rayons de la ruche
teindra 120° C, pendant une demi- aux contrôles de laboratoires ap­
heure au minimum. propriés.

127
tes se com portent de la même manière
que celles affectées par d ’autres mala­
Règles pour la lutte dies des abeilles adultes.
contre l’acariose P ar conséquent, pour affirmer q u ’il
s ’agit véritablement d ’acariose, il fau t
procéder à des vérifications de labora­
toire.

Etiologie et caractéristiques
Propagation
L ’acariose est l’une des graves mala­
dies affectant les abeilles adultes; elle L ’acariose se propage d ’une abeille à
est due à un acarien microscopique, l’autre par contact. Seules les plus
YAcarapis woodi Rennie qui pénètre jeunes abeilles (celles qui n ’ont que 5
dans la première paire de trachées de ou 6 jours) contractent cette maladie,
l’abeille adulte (ouvrières, faux bour­ car les acariens ne peuvent pas entrer
dons et reine) où il se reproduit. dans les trachées des abeilles plus
Les acariens exercent leur action pa­ âgées. La maladie se propage d ’une
thogène, soit en obstruant mécanique­ ruche à l’autre et d ’un rucher à l’autre
ment les trachées, donc en bloquant la de diverses façons: par pillage; par
respiration, soit en provoquant des lé­ l’essaimage ou le regroupement de fa­
sions aux trachées et une intoxication milles; par l’intermédiaire des faux
sanguine, donc des troubles physiolo­ bourdons qui pénètrent dans n ’im por­
giques et des intoxications. te quelle ruche; par les abeilles qui se
En général, l’apparition de l’acariose tram ent de leur propre ruche à une
dans une ruche n ’est pas immédiate­ autre; par l’achat de ruches provenant
ment détectée; un seul phénomène se de localités infectées.
manifeste: le lent dépeuplement de la
famille; l’acariose ne devient donc
évidente que lorsque l’infection est Traitement
déjà très grave. P ar ailleurs, elle ne
possède pas de symptômes vraiment Si les analyses de laboratoire prouvent
caractéristiques car les abeilles attein­ que l’infection est très grave, il est

128
préférable de détruire la famille. Il est auxquels on peut avoir recours s’avè­
toutefois possible de conserver les rent à peu près inutiles.
rayons du nid à couvain ou le grenier Les femelles de Varroa, pour se repro­
à miel, après en avoir chassé soigneu­ duire, ont une préférence marquée
sement, par brossage, les abeilles. Les pour les cellules contenant les futurs
premiers peuvent être utilisés pour mâles. On peut tirer parti de cette pré­
l’élevage d ’une autre famille saine. férence pour éliminer à intervalles ré­
Aucune abeille adulte de la famille at­ guliers une bonne partie de ces parasi­
teinte ne doit rester sur ces rayons. tes. Il suffit de faire fabriquer quel­
Si l’infection n ’est pas très grave, les ques rayons à cellules mâles où, après
familles peuvent être soumises à l’un la déposition des œufs, se form eront
des traitem ents suivants, que nous les larves qui, peu avant Popercula-
avons classés en fonction de leur effi­ tion, attireront sur elles les acariens.
cacité présumée. Après l’operculation, et avant que les
faux bourdons ne prennent leur en­
• Traitement au menthol. Préparer vol, il faut retirer les rayons en ques­
une solution de menthol (disponible tion, les brûler, et les remplacer pour
en pharmacie) à raison de 20 g par recommencer le cycle. Il est indispen­
5 cc d ’alcool éthylique à 90 % dans sable à la réussite de l’opération que
une bouteille. Agiter ju sq u ’à dissolu­ tous les autres rayons de la ruche ne
tion complète; imbiber de cette prépa­ com portent aucune cellule mâle (ou
ration une éponge de vermiculite (uti­ un tout petit nombre).
lisée par les fleuristes) de dimensions: Il existe de nombreuses techniques de
10 cm x 5 cm x 0,8 cm. Placer celle- contrôle de la varroase qui nécessitent
ci entre le plafond et les grilles de la l’emploi de substances acaricides,
ruche, en position légèrement obli­ sous forme de fumigations, pulvérisa­
que; la laisser là pendant 20 jours, tions, vaporisations (aérosols), subli­
puis la remplacer par une éponge mations, etc. Il faut éviter de recourir
identique pendant 20 autres jours. à la pulvérisation d ’acaricides em­
11 conviendra de faire examiner les ployés en agriculture,car ils risquent
abeilles la saison suivante et de procé­ de tuer les abeilles et de polluer irré­
der à un traitem ent analogue pré­ versiblement la production. On em­
ventif. ploie les bandes de papier préparées
qui, allumées comme une mèche, dé­
• Règles pour la lutte contre la var- gagent une fumée contenant l’acarici-
roase. La varroase est une maladie de. Pour que le traitem ent soit effica­
pouvant atteindre soit la larve soit l’a­ ce, même dans le cas des produits
beille adulte. Quand les acariens sont agissant par contact, il fau t opérer en
dans cette partie de leur cycle vital où l ’absence du couvain et, si possible,
ils attaquent le couvain, les produits en automne.

129
tes se com portent de la même manière
que celles affectées par d ’autres mala­
Règles pour la lutte dies des abeilles adultes.
contre l’acariose Par conséquent, pour affirmer q u ’il
s ’agit véritablement d ’acariose, il fau t
procéder à des vérifications de labora­
toire.

Etiologie et caractéristiques
Propagation
L ’acariose est l’une des graves m ala­
dies affectant les abeilles adultes; elle L ’acariose se propage d ’une abeille à
est due à un acarien microscopique, l’autre par contact. Seules les plus
YAcarapis woodi Rennie qui pénètre jeunes abeilles (celles qui n ’ont que 5
dans la première paire de trachées de ou 6 jours) contractent cette maladie,
l’abeille adulte (ouvrières, faux bour­ car les acariens ne peuvent pas entrer
dons et reine) où il se reproduit. dans les trachées des abeilles plus
Les acariens exercent leur action pa­ âgées. La maladie se propage d ’une
thogène, soit en obstruant mécanique­ ruche à l’autre et d ’un rucher à l’autre
ment les trachées, donc en bloquant la de diverses façons: par pillage; par
respiration, soit en provoquant des lé­ l’essaimage ou le regroupement de fa­
sions aux trachées et une intoxication milles; par l’intermédiaire des faux
sanguine, donc des troubles physiolo­ bourdons qui pénètrent dans n ’im por­
giques et des intoxications. te quelle ruche; par les abeilles qui se
En général, l’apparition de l’acariose traînent de leur propre ruche à une
dans une ruche n ’est pas immédiate­ autre; par l’achat de ruches provenant
ment détectée; un seul phénomène se de localités infectées.
manifeste: le lent dépeuplement de la
famille; l’acariose ne devient donc
évidente que lorsque l’infection est Traitement
déjà très grave. P ar ailleurs, elle ne
possède pas de symptômes vraiment Si les analyses de laboratoire prouvent
caractéristiques car les abeilles attein­ que l’infection est très grave, il est

128
préférable de détruire la famille. Il est auxquels on peut avoir recours s’avè­
toutefois possible de conserver les rent à peu près inutiles.
rayons du nid à couvain ou le grenier Les femelles de Varroa, pour se repro­
à miel, après en avoir chassé soigneu­ duire, ont une préférence marquée
sement, par brossage, les abeilles. Les pour les cellules contenant les futurs
premiers peuvent être utilisés pour mâles. On peut tirer parti de cette pré­
l’élevage d ’une autre famille saine. férence pour éliminer à intervalles ré­
Aucune abeille adulte de la famille at­ guliers une bonne partie de ces parasi­
teinte ne doit rester sur ces rayons. tes. Il suffit de faire fabriquer quel­
Si l’infection n ’est pas très grave, les ques rayons à cellules mâles où, après
familles peuvent être soumises à l’un la déposition des œ ufs, se form eront
des traitem ents suivants, que nous les larves qui, peu avant Popercula-
avons classés en fonction de leur effi­ tion, attireront sur elles les acariens.
cacité présumée. Après l’operculation, et avant que les
faux bourdons ne prennent leur en­
• Traitement au menthol. Préparer vol, il faut retirer les rayons en ques­
une solution de menthol (disponible tion, les brûler, et les remplacer pour
en pharmacie) à raison de 20 g par recommencer le cycle. Il est indispen­
5 cc d ’alcool éthylique à 90 % dans sable à la réussite de l’opération que
une bouteille. Agiter ju sq u ’à dissolu­ tous les autres rayons de la ruche ne
tion complète; imbiber de cette prépa­ com portent aucune cellule mâle (ou
ration une éponge de vermiculite (uti­ un tout petit nombre).
lisée par les fleuristes) de dimensions: Il existe de nombreuses techniques de
10 cm x 5 cm x 0,8 cm. Placer celle- contrôle de la varroase qui nécessitent
ci entre le plafond et les grilles de la l’emploi de substances acaricides,
ruche, en position légèrement obli­ sous forme de fumigations, pulvérisa­
que; la laisser là pendant 20 jours, tions, vaporisations (aérosols), subli­
puis la remplacer par une éponge mations, etc. Il faut éviter de recourir
identique pendant 20 autres jours. à la pulvérisation d ’acaricides em­
11 conviendra de faire examiner les ployés en agriculture,car ils risquent
abeilles la saison suivante et de procé­ de tuer les abeilles et de polluer irré­
der à un traitem ent analogue pré­ versiblement la production. On em­
ventif. ploie les bandes de papier préparées
qui, allumées comme une mèche, dé­
• Règles pour la lutte contre la var­ gagent une fumée contenant l’acarici-
roase. La varroase est une maladie de. Pour que le traitem ent soit effica­
pouvant atteindre soit la larve soit l’a­ ce, même dans le cas des produits
beille adulte. Quand les acariens sont agissant par contact, il fau t opérer en
dans cette partie de leur cycle vital où l ’absence du couvain et, si possible,
ils attaquent le couvain, les produits en automne.

129
Les traitem ents à l’aérosol par vapori­ minimum la quantité administrée aux
sation sont de plus en plus employés, abeilles suffisant à contenir le déve­
bien que les produits q u ’ils com por­ loppement des acariens, de procéder à
tent ne soient pas toujours licites; leur certaines installations qui faciliteront
avantage principal est la rapidité d ’ac­ les opérations. Pour favoriser la lutte,
tion. qu’elle soit passive ou active, il con­
On expérimente actuellement des pro­ vient d ’installer des doubles-fonds à
duits à action systémique, ainsi nom ­ grille en forme de tiroirs amovibles,
més parce q u ’ils sont administrés aux destinés à capturer ou recueillir les
abeilles par l’intermédiaire de la nour­ acariens tombés accidentellement ou à
riture liquide: le médicament arrive la suite de traitements.
ainsi dans l’hémolymphe, atteignant La varroase fait partie des cinq mala­
par là même l’acarien qui s’en dies de la ruche pour lesquelles il exis­
nourrit. te un règlement de police vétérinaire
Quel que soit le produit que l’on déci­ concernant la prophylaxie, le traite­
de d ’utiliser, il est bon pour réduire au ment et la désinfection.

130
aux aspérités du sol et essaient en vain
de s’envoler. Si l’infection est à la fois
Règles pour la lutte contractée par les butineuses et les
contre la nosémiase nourrices, le couvain risque alors de
dépérir car il ne reçoit plus la nourri­
ture dont il a besoin.
Les familles atteintes manifestent, à la
Etiologie et caractéristiques fin de l’hiver, une agitation extrême:
elles s’envolent prém aturém ent, se ga­
vent de nourriture, souillent l’inté­
La nosémiase est une maladie extrê- rieur de la ruche de selles diarrhéi­
—ornent grave, contractée par les ques.
icaB es adultes et causée par un pro- Il peut également arriver que les abeil­
: ; : i;re, le Nosema apis Zander qui les soient à la fois atteintes par la no­
■ et >e multiplie dans les cellules épi- sémiase et une autre maladie infec­
*c_i_es de la muqueuse stomacale. tieuse causée par des protozoaires,
L s ^m ptôm es sont identiques à ceux
l’amibiase, dont nous parlerons ulté­
; : autres maladies contractées par les
rieurement.
abeilles adultes: perte de la capacité
de vol, gonflement de l’abdomen,
troubles diarrhéiques; le corps des
Propagation
abeilles est pris de convulsions et les
muscles sont presque toujours paraly­
sés. P ar conséquent, seul un examen L ’abeille contracte cette maladie en
microscopique peut fournir un ingérant des aliments (miel, pollen,
diagnostic définitif. eau) contenant des spores de nosema.
En général, la maladie reste latente et La maladie se propage de diverses fa­
décime lentement la ruche; mais par­ çons: par les pillardes, par du miel et
fois, elle peut devenir extrêmement vi­ du pollen infectés pris dans une ruche
rulente. Si tel est le cas, les abeilles se malade et donnés à des abeilles saines,
regroupent au fond de la ruche sur la par l’emploi de rayons prélevés dans
planchette de vol ou dans les envi­ des ruches contaminées, par l’eau des
rons, s’agrippent aux brins d ’herbe ou abreuvoirs.

131
Traitement cage, doit être laissée dans son an­
cien domicile pour que les butineu­
1. Si l’infection est particulièrement ses, en revenant, ne soient pas dé­
grave, si la famille atteinte est af­ sorientées. Le soir venu, dès le re­
faiblie, il vaudra mieux la détruire. tour de toutes les abeilles, retirer la
Il faudra également désinfecter le reine de la ruche, fermer herméti­
matériel appartenant à la famille quement la vieille ruche et as­
détruite (ruche, rayons, etc.) et les phyxier toutes les butineuses avec
outils utilisés par l’apiculteur. des vapeurs de soufre. Ce traite­
2. Si l’infection est bénigne et la fa­ ment s’avère nécessaire dans la
mille résistante, il faudra procéder mesure où les abeilles les plus in­
aux traitem ents suivants: fectées sont les plus anciennes,
a) donner aux familles malades, à donc les butineuses.
la fin de l’hiver, pendant quinze
jours environ, ou même plus, du Enfin, n ’oubliez surtout pas de désin­
sirop sucré additionné de fumagil- fecter la ruche et tout le matériel,
line, un antibiotique particulière­ comme indiqué ci-dessous.
ment actif contre la nosémiase; on
le trouve dans le commerce en con­
fection prête à l’emploi pour l’api­ Désinfection
culture;
b) en mai et en juin, retirer de la La ruche et les cadres doivent être soi­
ruche, le matin, lorsque la m ajori­ gneusement lavés avec de l’eau sodée
té des abeilles sont parties butiner, très chaude (1 kg de soude dans 20 li­
tous les rayons du nid à couvain, tres d ’eau) et passés au chalumeau.
où ne se trouvent que des jeunes Les rayons doivent être fondus (la sté­
abeilles; les transférer ensuite dans rilisation s’étant avérée inutile); il ne
une ruche parfaitem ent propre. La faut pas utiliser le miel pour l’alimen­
reine, placée au préalable dans une tation des abeilles.

132
lement sont identiques à ceux de la
Règles pour la lutte nosémiase, traitée ci-avant.

contre l’amibiase
Propagation

L’amibiase, à l’instar de la nosémiase,


se propage d ’une abeille à l’autre par
Etiologie et caractéristiques ingestion d ’aliments (miel, pollen et
eau) contenant les kystes du parasite.
Les modes de propagation de ruche en
L ’amibiase est une maladie parasitai­
ruche et de rucher en rucher sont iden­
re de l’adulte, causée, elle aussi, par
un protozoaire, le Malpighamœba tiques à ceux que nous avons décrits
mellificae Prell, qui parasite l’épithé- précédemment pour la nosémiase.
lium des tubes de Malpighi et entrave
par là même la fonction excrétrice des
abeilles. Traitement
Ce parasite se présente sous forme de
kystes, évacués par la suite avec les Utilisez celui indiqué pour la nosémia­
selles. se, mais l’action curative de la fuma-
Les symptômes de cette maladie et l’é­ gilline n ’est pas certaine dans le cas de
poque à laquelle elle apparaît généra­ l’amibiase.

133
A l’intérieur de la cellule, la larve
prend une position anormale, s’af­
Règles pour la lutte faisse ou s’enroule en spirale. Une
contre la loque fois morte, elle se transform e en une
masse informe de couleur brunâtre
européenne qui, en général, ne s ’étend pas en
longs filaments mais, la plupart du
temps, se dessèche sous forme de peti­
tes écailles foncées qui, contrairement
Etiologie et caractéristiques aux écailles de la loque américaine,
peuvent facilement être enlevées par
La loque européenne est une maladie les abeilles. C ’est la raison pour la­
du couvain (larves), causée par des quelle la loque européenne peut dispa­
micro-organismes; les bactéries tro u ­ raître spontanément; il est d ’ailleurs
vées dans les larves atteintes ne font assez connu que les abeilles, possé­
pas toutes partie de la même espèce; dant la faculté de nettoyer rapidement
par conséquent, les symptômes sont leur ruche, guérissent facilement d ’el-
différents. les-mêmes. L ’odeur se dégageant du
Les larves sont contaminées par voie couvain infecté est plus ou moins for­
orale par l’intermédiaire des aliments te, et suivant la nature des bactéries
que les ouvrières leur transm ettent. qu’il contient, il peut s’agir d ’une
La maladie atteint en général le cou­ odeur de vinaigre ou d ’une odeur de
vain des cellules désoperculées et n ’at­ putréfaction.
teint q u ’exceptionnellement les larves
des cellules operculées; si tel est le cas,
les opercules sont déchirés ou troués. Propagation
Les larves des faux bourdons et des
reines peuvent également être to u ­ La propagation de la maladie se pro­
chées par cette maladie. duit de diverses façons: par le passage
Un rayon contenant un couvain affec­ des abeilles d ’une ruche à l’autre; par
té par la loque européenne forme, les pillardes; par du miel infecté; par
dans les cas graves, un pêle-mêle de des essaims de provenance inconnue;
cellules operculées et désoperculées. par du matériel contaminé, etc.

134
Traitement reine par une reine jeune et fécon­
de. Pendant la période d ’interrup­
1. Si la loque européenne atteint des tion de la ponte, donc d ’élabora­
familles affaiblies et apparaît à une tion du couvain, l’apiculteur devra
époque où la récolte est insuffisan­ enlever les matières contagieuses
te, si l’infection est maligne, l’api­ des rayons.
culteur devra détruire les familles.
La substitution de la vieille reine par
2. Si la maladie ne s’est pas encore
vraim ent propagée, si elle atteint une jeune reine fécondée est essentiel­
des familles résistantes, avant ou lement destinée au repeuplement de la
pendant la période de pleine récol­ ruche car les jeunes reines sont bien
te, procéder de la manière suivan­ sûr plus prolifiques.
te: tuer la reine ou, mieux, l’enfer­
mer dans une cage et la conserver
entre les rayons, détruire les cellu­ Désinfection
les royales éventuelles; 10,15 ou 20
jours après, suivant la force de ré­ Employer les désinfectants déjà indi­
sistance de la ruchée et les possibi­ qués contre les pathologies causées
lités de récolte, remplacer la vieille par des micro-organismes.

135
de et granuleuse, résultant de la dé­
Règles pour le composition des tissus. Le sac n ’adhè­
re pas à la cellule, aussi peut-il être fa­
traitement du cilement enlevé. Le corps desséché de
couvain sacciforme la larve se transform e en écailles noi­
râtres qui peuvent facilement être en­
levées par les abeilles. C ’est la raison
pour laquelle le couvain sacciforme
disparaît souvent spontanément dès le
début de la pleine récolte.
Etiologie et caractéristiques Le couvain ne répand aucune odeur.

Le couvain sacciforme est une m ala­


die du couvain (larves), causée par un Propagation
virus filtrant; c’est une maladie infec­
tieuse beaucoup moins grave que les La maladie est en général transmise
loques américaine et européenne. Les par les pillardes ou les abeilles errant
larves sont contaminées par voie d ’une ruche à l’autre.
orale.
La maladie atteint en général le cou­
vain operculé des ouvrières et des faux Traitement
bourdons; les opercules sont perforés;
à travers ces perforations, il est d ’ail­
leurs possible d ’apercevoir la tête de Si la maladie ne disparaît pas sponta­
la larve morte, dressée sur le fond de nément, l’apiculteur devra détruire et
la cellule et dont le corps a pris une remplacer les rayons du couvain mort
couleur foncée. et appliquer les règles d ’hygiène
La carapace de la larve morte demeure indispensables afin de ne pas laisser le
intacte et se transform e en sac à l’inté­ matériel infecté à la disposition des
rieur duquel se trouve une masse flui­ abeilles saines.

136
Le couvain mort ne répand aucune
Couvain non viable odeur.
Pour toutes ces raisons, un couvain
non viable ne présente pas les mêmes
symptômes qu’un couvain atteint par
des maladies infectieuses.
Un couvain non viable entraîne la
Parfois, les rayons contiennent des
mort des larves enfermées dans les cel­
œufs stériles.
lules operculées et dont la méta­
morphose était pratiquem ent achevée La m ort du couvain et la stérilité des
(pré-nymphe et nymphe). Il arrive mê­ œufs ne sont pas dues à une maladie
me fréquemment que les abeilles to u ­ infectieuse mais plutôt, semble-t-il, à
chées soient sur le point de sortir de une m alform ation congénitale de la
leurs cellules; dans ce cas, leur corps, reine.
en particulier leur abdom en, présente Dans ce cas, celle-ci devra être rem ­
un développement inférieur à la nor­ placée par une reine provenant d ’une
male. autre famille.
Sixième partie
La ruche
à proximité de ces emplacements na­
turels, des troncs d ’arbre, des paniers
Généralités en osier ou autre matière, afin d ’y at­
tirer les essaims. Puis il parvint pro­
gressivement à aménager pour les
abeilles des nids de plus en plus per­
fectionnés et de plus en plus accueil­
lants; ce genre d ’habitation, construi­
Les abeilles, livrées à elles-mêmes, se te par l’homme est appelée communé­
réfugient dans des abris naturels, des ment une ruche.
arbres creux, des toits, des saillies de On donne le nom de ruche à l’abri
roches, etc. fourni par l’homme aux abeilles. P lu­
Pour les utiliser à des fins économi­ sieurs ruches, installées les unes à côté
ques, l’homme a entrepris d ’installer, des autres, constituent le rucher.
de la ruche, du soufre qui se transfor­
mera en anhydride sulfureux. En con­
Ruches vulgaires séquence, les abeilles se trouveront as­
phyxiées et m ourront ainsi que le cou­
vain.
Les ruches vulgaires sont en général
installées à la verticale et aménagées
dans un tronc d ’arbre ou un récipient
Les premières ruches “vulgaires” fu­
ouvert aux deux extrémités et sur le
rent aménagées dans des vases en terre
sommet duquel sont posées, en guise
cuite, des paniers en osier, en jonc
de toiture, des tuiles, des lattes de bois
tressé, en paille, en bam bou, dans des
ou des briques.
morceaux d ’écorce de chêne-liège plus
ou moins circulaires, des caisses en A vrai dire, les Romains utilisaient
bois ayant plus ou moins la forme déjà des ruches horizontales qui leur
d ’un parallélépipède. évitaient d ’avoir à asphyxier les
Ces ruches présentent certains incon­ abeilles.
vénients, entre autres celui de con­ L ’asphyxie des abeilles peut égale­
traindre l’apiculteur à asphyxier la ru- ment être évitée dans les ruches verti­
chée pour récolter le miel, au début de cales, à condition de procéder à l’opé­
l’autom ne, en général, uniquement ration appelée “taille”. Cette m anipu­
après la form ation d ’un essaim. En ce lation, assez complexe, a pour but de
qui nous concerne, nous désapprou­ faire sortir les abeilles de leur nid
vons cette pratique car elle implique le après enfumage de la ruche: l’apicul­
sacrifice d ’une famille et des jeunes teur peut ainsi extraire le tiers des
reines, et la récupération d ’un essaim rayons contenant le miel. M alheureu­
guidé par une reine-mère qui peut être sement, cette m anipulation ne permet
très vieille. pas de connaître exactement la
Quoi q u ’il en soit, l’asphyxie de la n i­ quantité de provisions laissées à la fa­
chée sera effectuée le soir venu ou à mille; elle présente donc le risque
l’aube de la façon suivante: l’apicul­ d ’exposer les abeilles à ne pas pouvoir
teur devra colmater les fissures de la surmonter l’hiver par manque de
ruche à l’aide de chiffons humides, de nourriture.
terre pétrie et faire brûler, à l’intérieur P ar ailleurs, lorsque ces ruches sont

142
directement posées sur le sol, il se peut commencèrent à utiliser des sortes de
q u ’elles soient insuffisam ment aérées ruches pavillons, faites de plusieurs
et q u ’elles prennent l’humidité. Cer­ caisses en bois dépourvues de fond,
tains apiculteurs expérimentés sont carrées ou circulaires, posées les unes
parvenus à résoudre ce problème en sur les autres. La partie supérieure
suspendant ces ruches à une certaine placée au-dessus du nid à couvain fai­
hauteur et en laissant libre leur ouver­ sait office de “magasin à miel”. Dès
ture inférieure. De cette manière, les que ce grenier à miel semblait être
ruches sont correctement aérées, et suffisamment rempli, les apiculteurs
grâce à la partie supérieure qui reste enfumaient leurs ruches pour éloigner
close on respecte le dicton selon lequel les abeilles de cette “hausse” q u ’ils en­
les abeilles veulent avoir la tête chau­ levaient dès la fin de la manipulation
de et les pieds froids. On a en effet re­ pour recueillir le miel.
m arqué q u ’elles préféraient, à l’état Grâce à ce système qui connut par la
naturel, vivre dans un nid surélevé et suite de nouveaux perfectionnements,
le massacre des abeilles pour la récolte
étroit.
du miel et de la cire put ainsi être
Malgré tout, les ruches vulgaires, as­
évité.
sez exiguës, ne suffisent pas, quand la
L ’emploi de la ruche à rayons fixes se
floraison est abondante, à l’emmaga­
développa; elle est d ’ailleurs encore
sinage de la récolte: les abeilles, se assez répandue dans les pays à faible
sentant “à l’étroit” ont alors tendance production apicole.
à essaimer. P our pallier cet inconvé­ De nos jours, l’emploi des ruches à
nient, les apiculteurs dans ce cas sont cadres mobiles s’étant multiplié, l’api­
donc contraints de capturer l’essaim, culture est devenue beaucoup plus ra­
de le placer dans une autre ruche, et tionnelle, aidée en cela par des mesu­
d ’extraire le miel de la ruche aban­ res d ’hygiène qui rendent les abeilles
donnée, mais encore habitée par les moins vulnérables. La m anipulation
autres membres de la famille. Il leur des ruches à cadres mobiles exige dé­
fallait donc asphyxier les abeilles res­ sormais de l’apiculteur une certaine
tantes. technicité.
Ils faisaient ensuite couler le miel,
puis se voyaient enfin contraints de
brûler les rayons et de faire fondre la Ruches vulgaires obliques
cire. Le miel coulé était d ’assez bonne
qualité mais, par contre, celui extrait Il existe certains types de ruches vul­
par pressurage ou après fusion de la gaires que les apiculteurs installent à
cire était d ’une qualité manifestement l’oblique; ce système leur permet en
médiocre et difficilement commercia- effet de nettoyer aisément le fond des
lisable. ruches et d ’extraire le miel plus facile­
Vers les années 1600, les apiculteurs ment.

143
Ruches vulgaires horizontales l’apiculteur à asphyxier la ruchée
sans avoir vérifié si l’essaimage a eu
Il existe différents types de ruches lieu.
placées à l’horizontale; ce genre de Les ruches vulgaires présentent en ou­
construction se rencontre surtout en tre l’inconvénient de dissimuler d ’é­
Afrique; mais l’exploitation de ce sys­ ventuelles maladies et de ne pouvoir
tème est assez barbare car il contraint être soumises à aucun contrôle.

144
dernières, en effet, bien que facile­
ment maniables, exigent de l’apicul­
Ruches teur un minimum de compétence pour
semi-rationnelles être vraiment rentables. Dans le cas
contraire, les résultats obtenus sont la
plupart du temps assez dérisoires.
Les ruches à rayons fixes possèdent
une base soit rectangulaire ou carrée
Afin d ’éviter ces massacres, certains (ruches en bois), soit ronde (ruches en
apiculteurs pensèrent à pratiquer, osier, en jonc tressé, etc.); ces ruches
dans les ruches vulgaires, une ouver­ sont pourvues de différentes sections
ture au sommet perm ettant aux abeil­ ou parties, munies de traverses distan­
les de s’échapper au moment de l’en­ tes de quinze centimètres environ, ce
fumage de la ruche; celui-ci était pra­ qui rend la construction des rayons
tiqué d ’une manière très rudim entai­ beaucoup plus aisée. A uparavant,
re: un tison allumé entouré d ’un chif­ lorsque ces rayons étaient complète­
fon humide était placé à proximité du ment élaborés, les apiculteurs de­
trou de vol. Les abeilles pouvaient vaient donc les enlever avec la section
alors s’échapper par le haut et, trou­ correspondante; ils devaient pratiquer
vant la voie libre, se disperser dans cette extraction avec beaucoup de pré­
l’atmosphère. Cette méthode est en­ caution afin de ne pas endommager le
core pratiquée dans certains types de nid; ils extrayaient ensuite le miel du
ruches vulgaires, en particulier en Sar- rayon, de manière empirique, c’est-à-
daigne. dire par pressurage. Ce système, très
répandu en France, implique égale­
ment le renouvellement de la cire;
Ruches à rayons fixes quelquefois les abeilles reconstruisent
les rayons et les cellules. Dans ce cas,
Les ruches à rayons fixes sont, en gé­ elles se consacrent surtout à la recons­
néral, utilisées par des apiculteurs truction des nids et élaborent en con­
n ’ayant pas une expérience suffisante séquence une assez faible quantité de
pour utiliser d ’une manière rationnel­ miel. P ar contre, l’apiculteur n ’a pas
le les ruches à cadres mobiles. Ces la préoccupation de fournir aux abeil­

145
les de la cire gaufrée. Parfois, on re­ rement le désir de remplacer la vieille
commande un type de ruche, possé­ reine. P ar contre, les abeilles instal­
dant des rayons fixes dans le corps de lées dans une ruche vulgaire manifes­
ruche et un cadre mobile dans la haus­ tent toujours le désir de changer la
se; de cette manière, la construction vieille reine et de renouveler la cire
de l’habitation même reste de concep­ déjà utilisée. Pour pallier cet inconvé­
tion rustique mais celle de la hausse, nient du vieillissement des cellules et
pourvue d ’un cadre mobile, répond à de la reine, l’apiculteur possède bien
un mode d ’exploitation beaucoup entendu la ressource de surveiller l’é­
plus moderne. Grâce à ce système,l’as­ volution exacte de la ruche et de rem­
phyxie de la ruchée devient parfaite­ placer la reine au moment opportun.
ment inutile. Toutefois, le système de Cette possibilité restant acquise, l’api­
ruche à hausse mobile peut présenter culteur aura malgré tout intérêt à uti­
certains inconvénients: il est considéré liser des ruches à cadres mobiles afin
par certains auteurs comme un systè­ de ne plus être en butte aux inconvé­
me hybride, com portant des inconvé­ nients liés aux ruches à rayons fixes.
nients fâcheux, entre autres celui de Certaines personnes, ignorantes ou
ne pas renouveler le nid et de voir iné­ presque des meilleurs procédés apico­
vitablement les cellules, au bout d ’un les, conseillent aux apiculteurs de ne
certain temps, se rétrécir, perdre leur pas exploiter le système rationnel de
forme hexagonale initiale et devenir ruches à cadres mobiles, de se conten­
cylindriques. En outre, les rayons
ter d ’élever leurs abeilles dans des ru ­
peuvent favoriser la prolifération de
ches vulgaires et d ’éviter uniquement
germes provoquant certaines maladies
d ’asphyxier la ruchée, donc de s’en te­
dans le couvain, maladies qui ne
nir aux systèmes traditionnels bien
pourront être soumises à aucun con­
q u ’ils se soient révélés nettement
trôle si ce n ’est lorsqu’elles auront sé­
moins rentables.
vi irrémédiablement. Certains experts
affirm ent à ce propos que cette propa­
gation de maladies ne saurait se pro­
duire dans les ruches vulgaires dans la
Construction des ruches
mesure où l’essaim capturé doit semi-rationnelles
toujours construire lui-même les
rayons et les cellules, donc, n ’utilise Pour construire des ruches semi-ra­
jamais de la cire usagée pour cette éla­ tionnelles à rayons fixes, certains spé­
boration et n ’encourt aucun risque cialistes ont suggéré de procéder de la
d ’infection. manière suivante.
De plus, grâce à ce système de corps Construire une ruche de plusieurs sec­
de ruche fixe et de hausse mobile, l’es­ tions, chaque section étant confec­
saim, semble-t-il, ne manifeste que ra­ tionnée à l’aide de quatre planches

146
(dimensions: 15 x 28 x 2 cm); clouer et possible de provoquer, grâce à ce sys­
assembler ces planches en forme de tème, la form ation d ’un essaim artifi­
caisses sans fond; clouer sur les deux ciel en détachant deux sections d ’une
faces opposées de ces caisses une latte ruche très riche et pourvue de nom ­
de bois, à m i-hauteur, qui servira de breuses sections; ou encore, de déta­
porte-rayons. cher une seule section très riche afin
Sur les deux autres faces de chacune de confectionner de cette façon une
de ces caisses, aménager un orifice de nouvelle ruche.
plusieurs centimètres de diamètre, et Dans ce cas, l’apiculteur devra ache­
le refermer éventuellement à l’aide ter une reine car le nouveau couvain
d ’un bouchon de liège; sur le bord su­ ne saurait donner naissance à une rei­
périeur de chaque face, fixer deux ne. Ce genre de ruches ne possède pas
longs clous et les disposer en forme de de cadres (au contraire des ruches ra­
crochets servant à bloquer les sections tionnelles) et toutes les manipulations
superposées. Sur le sommet du corps sont effectuées directement sur les
de ruche, poser une toiture, constituée sections; la quantité de miel obtenue
elle aussi par une planche ordinaire est moins abondante que dans les sys­
aux bords saillants par rapport au pé­ tèmes rationnels mais supérieure à cel­
rimètre des sections. Grâce à ce genre le des ruches vulgaires; la quantité de
de ruche semi-rationnelle, il devient cire obtenue est également moins
ainsi possible d ’ajouter une section abondante mais la destruction des
supplémentaire contenant un couvain abeilles peut être évitée et la ruche uti­
jeune, au cas où la famille serait en lisée pendant un certain temps. Dans
voie de dépérissement ou orpheline. ce genre de ruches, l’apiculteur peut
Ne pas poser la partie inférieure ou renouveler la cire, changer la reine et
plateau directement sur le sol mais la provoquer un essaimage naturel ou
surélever sur un socle, ce qui perm et­ artificiel (ce dernier étant provoqué
tra d ’aérer la ruche. Il est également tous les 2 ou 3 ans).

147
co-romaine) une ruche en paille,
pourvue de lattes de bois que les api­
Ruches rationnelles culteurs détachaient du corps de la ru­
che en paille. C ’est à partir de ce mo­
à cadres mobiles dèle que, progressivement et par
adaptations successives, on est parve­
nu à la conception de ruches ration­
nelles à cadres mobiles. Vers 1790,
une ruche type (composée de 12
L ’exploitation rationnelle des ruches
rayons parallèles) fut en effet cons­
à cadres mobiles, c ’est-à-dire pour­ truite et affectée à l’étude des abeilles
vues de cadres qui ne risquent pas d ’ê­ et de leur comportement. Dès lors, ce
tre endommagés et peuvent être utili­ genre de ruches fut l’objet de nou­
sés plusieurs fois de suite, permet veaux perfectionnements, toutes les
d ’enlever les rayons du nid pour en précautions étant prises pour que les
extraire le miel sans que les rayons abeilles ne soudent pas les rayons aux
soient lésés et sans que les abeilles parois de la ruche avec de la propolis;
soient tuées. pour éviter ce genre d ’incident, une
Grâce à ce système, il est également distance de sept millimètres fut laissée
possible de vérifier l’état sanitaire de entre les rayons et entre les rayons ex­
la ruche, de procéder à des contrôles ternes et les parois, ce qui rendait dif­
périodiques qui s’avèrent bien sou­ ficile la construction de fragments de
vent indispensables à la veille de l’hi­ rayons et, dans le même temps, facili­
ver ou au début du printemps. tait l’extraction de ces rayons de la
Il existait jadis (jusqu’à l’époque gré­ ruche.

148
L ’ouverture est située sur la paroi ar­
rière de la ruche, ce qui entrave, sem-
Types de ruches à ble-t-il, beaucoup plus les m anipula­
cadres mobiles tions par rapport au système am éri­
cain.
Les visites se font à partir de la paroi
postérieure; le principal inconvénient
Il existe deux catégories fondam enta­
les de ruches à cadres mobiles.
1. Le type allemand, vertical, pourvu Différentes parties d ’une ruche traditionnelle
de plusieurs rangées de cadres
superposés et d ’une ouverture ar­
rière, le plafond étant fixe.
2. Le type américain, pourvu d ’une
seule rangée de cadres et d ’une ou­
verture supérieure, le plafond
étant mobile.

Type allemand vertical


La ruche la plus répandue, celle de
Sartori, a la forme d ’un parallélépipè­
de; l’intérieur du corps de la ruche est
conçu de manière que les deux tiers de
l’espace soient occupés, à partir du
plateau, par deux rangées de dix ca­
dres, destinés au nid à couvain, c’est-
à-dire l’endroit où sont déposés et où
se développent les œ ufs et les larves.
Le tiers de l’espace restant est réservé
au magasin à miel où les abeilles accu­
mulent leur butin.

149
de cette installation réside dans le fait A l’origine, le plateau de ces ruches
que la seconde rangée de cadres du était fixe mais il fut très vite remplacé
couvain est trop surélevée et est expo­ par un plateau mobile afin que la ru­
sée au froid; par ailleurs, il arrive que che puisse être nettoyée plus rapide­
le miel ne soit pas uniquement accu­ ment et aérée plus aisément, en parti­
mulé dans le magasin mais aussi dans culier en été. Le corps de ruche est re­
les rayons inférieurs. Le trou de vol se couvert d ’un plafond, constitué par
trouve aux deux tiers de la base, au de simples lattes de bois ou des pail­
point de jonction du nid à couvain et lassons. Au printemps, au début de la
du magasin à miel. pleine récolte, la hausse est posée en­
tre le plafond et le nid à couvain. Cet­
te hausse est rectangulaire, possède la
Type américain même section que le corps de ruche,
ne possède pas de fond et est pourvue
P our répondre aux exigences propres de rayons destinés à l’emmagasinage
à l’apiculture française, le modèle des réserves de miel. Lorsque les
américain a fait l’objet de nombreux abeilles y ont déposé tout le miel éla­
agencements. C ’est la raison pour la­ boré, l’apiculteur enlève cette hausse
quelle les ruches vendues dans le com­ pour en récolter rationnellement le
merce possèdent des dispositifs con­ miel. Entre cette hausse et le nid à
formes au modèle original mais leurs couvain peut éventuellement être insé­
dimensions et leur capacité totale sont rée une planche de partition, qui em­
légèrement différentes. pêche la reine d ’atteindre le réservoir
Les ruches horizontales de type améri­ à miel et d ’y déposer des œufs.
cain possèdent un plafond mobile, ce Les rayons sont contenus dans des ca­
qui permet aux apiculteurs de procé­ dres en bois, soutenus par les prolon­
der plus aisément aux observations, gements de leurs traverses supérieu­
contrôles et manipulations adéquates. res, reposant dans des entailles. Le ré­
E tant donné leurs multiples avanta­ glage de la distance entre les rayons et
ges, ces ruches se sont rapidement ré­ de leur distance par rapport aux pa­
pandues à partir de 1920; dans le mê­ rois de la ruche est indispensable. Si la
me temps, certains apiculteurs s’atta­ distance entre les rayons et les parois
chaient à modifier les caractères de la est insuffisante, les abeilles pourraient
ruche du type allemand. en effet essayer de colmater le vide
Les rayons du couvain et des denrées avec de la propolis; si cette distance
immédiatement consommables sont était trop grande, les abeilles pour­
placés sur une seule rangée: ils consti­ raient par contre avoir besoin de
tuent, dans leur ensemble, le nid à rayons supplémentaires.
couvain. Le nom bre de rayons varie Dans la hausse, au contraire, les
entre 10 et 12 en règle générale. distances qui séparent les rayons peu­

150
vent être supérieures car il ne semble Pour 12 cadres, les dimensions inté­
pas que ce genre d ’incidents puissent rieures sont: 450 x 450 x 320.
se produire; en fait, plus cette distan­ En ce qui concerne la hausse, elle a les
ce est grande, plus les rayons peuvent dimensions suivantes:
être facilement extraits. Pour 10 cadres: 450 x 380 x 180;
Certains auteurs font en outre une Pour 12 cadres: 450 x 450 x 180.
distinction entre les ruches pourvues Le dessous de la ruche est muni d ’un
de rayons perpendiculaires au trou plateau mobile. A l’avant se trouve le
d ’entrée de la ruche et ceux qui sont trou de vol, constitué par une ouver­
parallèles au trou de sortie; les pre­ ture haute de 2 cm environ, et munie
mières sont appelées ruches à rayons d ’une avancée ou planche de vol, in­
froids, les secondes, à rayons chauds. clinée, dont la longueur varie entre 15
Les dimensions et la forme des porte- et 20 cm. Au-dessus, il y a un plateau
rayons peuvent varier suivant le mo­ couvre-cadre, sur lequel se trouve un
dèle et le brevet de la ruche. Certains trou nourrisseur. La toiture peut être
cadres ont ainsi une forme carrée, plate: on l’appelle pastorale. Elle peut
d ’autres une forme rectangulaire; le aussi avoir une forme chalet.
côté le plus long des cadres rectangu­ Etant donné la variété du climat ré­
laires peut être placé aussi bien à l’ho­
gnant dans les différentes régions de
rizontale q u ’à la verticale. En France,
France, l’emploi d ’une ruche stan­
la ruche verticale est devenue classi­
dard s’est avéré difficile: toutefois, à
que dans la mesure où, en raison de sa
la suite de différentes actions de nor­
grande maniabilité, elle est plus ré­
malisation, entreprises par des apicul­
pandue que les autres types.
teurs désireux de résoudre leurs pro­
Le type le plus répandu est la ruche
blèmes, les possibilités de modifica­
Dadant-Blatt.
tions du nid ont été mises à l’étude et
Elle comprend de 10 à 12 cadres, dont
les dimensions intérieures sont: la construction d ’une ruche carrée de
Corps: 270x420; 45 cm de côté et de 30,8 cm de haut, à
Hausse: 135x420. fond mobile, a finalement été adop­
Les espacements sont: tée; elle fut suivie par celle d ’une
37 mm de centre à centre en corps de hausse de section analogue, de 15,4
ruche; cm de haut, donc possédant une hau­
42 cm de centre à centre en hausse. teur égale à celle de la moitié du corps
Le corps de ruche est formé d ’une de ruche; dans le corps de ruche, les
caisse sans fond ni couvercle, en bois cadres occupent un espace de 30 sur
de pin ou de sapin, de préférence, de 43,5 cm; ceux de la hausse, un espace
25 mm d ’épaisseur, assemblé à mi- de 14,6 sur 43,5 cm, l’espace interne
bois ou à tenons. utile du corps de ruche est donc de 27
Pour 10 cadres, les dimensions inté­ sur 41,7 cm; celui de la hausse de 13,6
rieures sont: 450 x 380 x 320; sur 41,7 cm.

151
sions, pour construire toutes ses ru­
ches selon un modèle rigoureusement
Différents types identique, ceci pour des raisons prati­
de ruches ques et notamment le caractère inter­
changeable des divers éléments.
Les deux autres types utilisés en Fran­
ce sont la ruche Langstroth Standard
et la ruche Voirnot.
La ruche Langstroth comporte dix ca­
Dans certaines régions où le prin­ dres. Le corps de ruche a les dimen­
temps est tardif et la production nec- sions intérieures suivantes: grand cô­
tarifère assez médiocre, l’apiculteur té: 504 mm x 240 mm; petit côté:
aura souvent intérêt à ne placer à l’in­ 375 mm x 240 mm.
térieur de ses ruches que 12 rayons, et Le toit, en forme de couvercle, mesu­
même 10 ou 9, et à réduire convena­ re extérieurement 558 mm x 114 mm
blement le corps de ruche à l’aide d ’u­ et est normalement recouvert d ’une
ne planche de partition. De cette m a­ feuille de zinc ou d ’aluminium.
nière, les abeilles pourront mieux sup­ La hausse a les mêmes dimensions que
porter l’hiver et se déplaceront plus le corps de ruche, mais il est possible
volontiers vers la hausse. de faire également des hausses de
En dehors de la ruche Dadant-Blatt, 145 mm seulement de hauteur.
les apiculteurs français utilisent prin­ La ruche Voirnot présente des carac­
cipalement deux autres types de ru ­ téristiques identiques à la ruche D a­
ches, parmi les modèles extrêmement dant-Blatt. Seules ses dimensions sont
divers qui peuvent se rencontrer. différentes. En effet, le corps de ruche
Mais, pour chaque type bien détermi­ a pour dimensions intérieures 360 mm
né, il existe aussi des dimensions de x 360 mm x 380 mm, tandis que la
cadres différentes selon les construc­ hausse fait juste la moitié, soit 190
teurs, cette remarque étant également mm de hauteur.
valable pour la ruche Dadant-Blatt. A l’étranger, on trouve d ’autres varié­
Une fois son modèle choisi, nous con­ tés de ruches dues à l’ingéniosité et à
seillons à l’apiculteur de s’y tenir scru­ la recherche systématique et certains
puleusement, en respectant les dimen­ de ces modèles sont aussi utilisés en

152
France à un petit nombre d ’exem­ et d ’aérer facilement la ruche. Parm i
plaires. ces modèles, nous pouvons citer la ru ­
Citons la ruche des Marches (Italie) che Tonelli, en forme de cœur, dont
dont la hausse possède une hauteur lé­ les rayons ont effectivement la forme
gèrement supérieure à celle de la moi­ d ’un cœur, ce qui rappelle en quelque
tié du corps de ruche, si ce n ’est la mê­ sorte la forme du nid construit par les
me hauteur que le corps de ruche. Ce abeilles à l’état naturel.
modèle est employé dans les régions L ’avantage essentiel de ce genre de ru­
particulièrement riches en flore melli- ches est, au dire de ses partisans, que
fère (Marches, Calabre, Romagne, la reine y pond ses œufs dans des con­
par exemple). ditions très naturelles et que le cou­
Quelques types de ruches possèdent vain s’y transform e à une tem pérature
un fond incliné, ce qui permet à l’api­ am biante plus satisfaisante.
culteur de nettoyer rapidem ent le nid De plus, les abeilles mortes, les détri­

Ruches en Provence
(© Vidal/Cogis)

153
tus ou déchets de tout genre tom bent Ruches doubles
autom atiquem ent de la ruche sans que
les abeilles aient à procéder elles-mê­ Il n ’est pas rare de trouver des “ruches
mes à ce nettoyage. doubles”, c’est-à-dire une ruche sépa­
Ce genre de ruches était dans le passé rée en deux parties par une simple
assez onéreux en raison des difficultés
planche de partition et qui abrite et en
rencontrées dans la construction des
même temps sépare deux familles. Ces
différentes pièces, en particulier celle
des cadres. ruches possèdent l’avantage de facili­
Mais, puisque ce modèle de ruches ter l’hivernage des abeilles, la tempé­
présente effectivement des avantages rature am biante de la ruche étant plus
sur le plan technique, ces difficultés élevée; certains apiculteurs français
pourraient très bien être contournées les ont d ’ailleurs adoptées. Il semble
par l’emploi de matières plastiques, que leur emploi permette d ’augmenter
éventuellement moulées. sensiblement la production de miel.
Des ruches en forme de trapèze, de
triangle, d ’hexagone ont également
été construites; presque toutes répon­ Ruche gratte-ciel
dent aux critères mentionnés plus
haut, la seule différence étant celle des
Dans les régions à apiculture intensi­
difficultés rencontrées et dues à leur
ve, on utilise également un type de ru­
forme particulière.
che dite “ruche gratte-ciel”; certains
Dans les régions très riches en nectar,
un type de ruches de vingt cadres a été exemplaires existent effectivement en
expérimenté; on le destine tout parti­ France. Plusieurs corps de ruche de
culièrement aux régions où le prin­ mêmes dimensions (entre quatre et
temps est précoce et où poussent en huit) sont placés les uns sur les autres
abondance des plantes dont les fleurs et les rayons placés normalement par
sont appréciées par les abeilles. rapport au trou de vol (quatre-vingt-
dix degrés).
Le trou de vol se trouve sur la face
Ruches d’observation avant de la ruche. Chaque nid est isolé
par une feuille de tôle perforée desti­
Ces ruches, munies de parois en verre née à chasser la reine. La ruche abrite
soutenues par des encadrements en ainsi plusieurs familles superposées et
bois, perm ettent d ’observer le com­ chaque famille possède sa propre rei­
portem ent des abeilles. Elles ne sont ne. Grâce à ce système, le nombre des
cependant pas très répandues et se butineuses disponibles pour la période
trouvent presque exclusivement dans de pleine floraison est multiplié et net­
les stations expérimentales ou chez tement supérieur à celui qui pourrait
des apiculteurs possesseurs de ruchers être obtenu si les familles abritées
de grande envergure. dans la ruche gratte-ciel étaient toutes

154
installées dans des ruches individuel­ plus éprouver le besoin d ’essaimer;
les. La production est, elle aussi, né­ mais enfin, en l’état actuel des choses,
cessairement supérieure. Toutefois, si les résultats n ’ayant pas encore été
un apiculteur utilise ce genre de ru ­ suffisamment probants, il reste enco­
ches, il lui faudra isoler, au début de re bien difficile d ’affirm er si ce systè­
la récolte, de quelque manière que ce me doit être utilisé dans les régions
soit, toutes les reines sauf une, car ce particulièrement mellifères ou s’il doit
phénomène stimule les butineuses à être adopté avec des réserves.
un travail plus intensif. A la fin de la
récolte, il lui faudra toujours prendre
la précaution de redonner à chaque Ruche d’élevage des reines
famille sa propre reine et séparer cha­
que nid pour reconstruire des ruches Cette ruche est exploitée par les api­
individuelles. culteurs désireux de procéder eux-mê­
Précisons encore que, dans une ruche mes à l’élevage des reines; c’est une
gratte-ciel, les abeilles ne semblent ruche, du type Dadant-Blatt, assez

Le masque et les gants sont indispensables pour protéger l ’apiculteur des piqûres d ’abeilles
(© Lanceau/Cogis)

155
volumineuse puisqu’elle peut contenir ou métallique à mailles serrées afin
une trentaine de cadres dans le corps que les abeilles ne puissent pas passer
de ruche. L ’intérieur peut être conçu d ’un côté de la ruche à l’autre. Les
de manière à pouvoir form er, théori­ deux colonies finissent ainsi par avoir
quement, 8 à 10 ruchettes, pourvues la même odeur et peuvent donc dépo­
chacune de 3 ou 4 cadres et ce, grâce ser le nectar dans le même magasin à
aux planches de partition. La ruche miel.
est munie d ’une double paroi afin que Chaque famille possède sa propre en­
la tem pérature régnant à l’intérieur du trée, si possible dans le sens opposé,
nid soit suffisamm ent élevée. Chaque c’est-à-dire une entrée à l’avant de la
ruchette possède son propre couvercle ruche et une autre à l’arrière. Au cas
et sa propre entrée, chaque entrée où l’apiculteur, pour une raison
étant alternée par rapport à la suivan­ quelconque, voudrait regrouper les
te: la première possède ainsi une en­ deux entrées à l’avant de la ruche, il
trée à l’avant, la seconde, une entrée à lui faudra peindre la paroi avant de la
l’arrière, la troisième une entrée à l’a­ ruche de deux couleurs différentes
vant et ainsi de suite. L ’exploitation afin de délimiter le nid des deux famil­
de ce genre de ruche est uniquement les. La ruche coopérative possède en
recommandée aux apiculteurs expéri­ général deux fois plus de cadres qu’u­
mentés et possesseurs d ’un rucher de ne ruche normale, c’est-à-dire 10 à 12
plusieurs ruches. En effet, plus un cadres par famille, soit au total, 20 à
apiculteur possédera de ruches, plus il 24.
éprouvera le besoin d ’avoir à sa Si la flore environnante n ’est pas très
disposition de jeunes reines; l’apicul­ mellifère, il lui faudra réduire le nom ­
teur devra donc remplacer les reines bre de ces cadres, c’est-à-dire ne pla­
trop vieilles, fournir à une colonie or­ cer que 10 cadres par famille.
pheline sa propre reine, remplacer les Certains apiculteurs utilisent la ruche
reines vierges qui ne pourraient plus normale Dadant-Blatt à 12 cadres, et
être fécondées, détruire toutes les obtiennent des résultats satisfaisants:
vieilles reines qui tendraient à devenir la récolte effectuée par les abeilles
stériles. installées dans ce genre de ruches est
en effet supérieure à celle de la ruche
normale à 12 cadres mais, dans ce
Ruche coopérative dernier cas, la récolte n ’est effectuée
que par une seule famille. Dans les
Dans les ruches coopératives, deux fa­ ruches coopératives, les abeilles ne
milles peuvent cohabiter dans la mê­ sont pas excessivement nombreuses
me ruche; la séparation est effectuée à mais les reines parviennent malgré
l’aide d ’une planche de partition en tout à engendrer un couvain de gran­
bois, pourvue d ’un portillon grillagé de envergure, supérieur dans l’ensem­

156
ble au couvain engendré par une seule la ruche n ’était pas vraiment surpeu­
reine d ’une famille ayant à sa disposi­ plée et la vie s’y déroulait normale­
tion 12 rayons. En conséquence, les ment.
butineuses, dont le nombre est assez Les reines doivent de préférence être
impressionnant, déposent le nectar jeunes pour que le rendement de la
dans le magasin à miel sans que les ponte soit maximum. P ar ailleurs,
différents membres des deux familles dans la hausse de ce genre de ruche,
s’affrontent et le nid à couvain se les abeilles finissent par déposer pres­
trouve rempli de suffisamm ent de lar­ que tout le miel q u ’elles élaborent.
ves et de suffisamment de miel pour Mais ce phénomène n ’est pas sans
satisfaire les besoins alimentaires im­ aléas. En effet, bien que les reines per­
médiats des deux familles. Les deux dent, semble-t-il, tout désir d ’essai­
colonies de la ruche coopérative sur­ mer, cette accumulation du miel dans
m ontent, en outre, l’hiver et le froid la hausse pourrait très bien entraîner,
beaucoup plus facilement car elles se l’hiver venu, une pénurie des provi­
réchauffent mutuellement. On a en sions hivernales. L ’apiculteur devra
particulier remarqué que les deux rei­ donc veiller tout particulièrement à
nes se fatiguaient moins et étaient vérifier si ces réserves sont effective­
moins attirées par l’essaimage car ment suffisantes et, dans le cas con­

D ’un pays à l ’autre, le type de ruche peut varier (© Gissey/Cogis)

157
traire, les réapprovisionner sans hé­ dont le nombre est par contre cette
siter. fois assez réduit. Cette ruche peut être
Au cas où l’une des deux familles de­ préparée au printemps et utilisée pen­
viendrait orpheline, il ne faudra pas dant toute la période de récolte de
oublier que la seconde possédant, elle, nectar jusqu’en automne; en autom ­
sa propre reine, se considérera comme ne, elle devient à peu près inutile mais
la seule véritable famille de la ruche et les cadres du corps de ruche peuvent
n ’acceptera certainement pas que la être placés dans une autre ruche et la
famille orpheline possède une nouvel­ reine utilisée à d ’autres fins. Ce genre
le reine. Il faudra donc, dans ce cas, de ruche peut également être utilisé à
éliminer la seconde reine et la rempla­ titre dém onstratif et documentaire
cer au même moment par deux reines, dans les écoles.
si possible, jeunes et fécondées. Peut-
être conviendra-t-il même, au cas où
l’apiculteur ne voudrait pas placer Ruche pastorale
dans la ruche deux nouvelles reines,
de regrouper les deux familles en une La ruche pastorale est utilisée en api­
seule et même colonie, en supprimant culture nomade; cette ruche ne diffère
la séparation; dans ce cas, aucun inci­ pour ainsi dire pas des ruches tradi­
dent ne saurait se produire car les tionnelles utilisées en apiculture per­
deux familles réunies auront pour seu­ manente mais elle doit être munie de
le préoccupation celle d’échapper à la quelques agencements particuliers,
destruction ou de contrarier la nais­ pour son installation ou son trans­
sance d ’ouvrières pondeuses qui, port.
comme nous le savons, n ’engendre­ Les aménagements les plus courants
raient que des faux bourdons. sont les suivants:
à) rendre la ruche la plus légère possi­
ble afin de pouvoir la déplacer sans
Ruche expérimentale avoir à recourir à des m anipula­
tions fatigantes;
Cette ruche est construite sur le même b) immobiliser les rayons de la ruche
principe que la ruche d ’observation pendant le transport et les laisser
mais, contrairem ent à cette dernière, dans leur position habituelle. Les
elle n ’est pas uniquement pourvue de rayons en effet peuvent être sou­
parois de verre mais d ’un corps de ru­ mis à des pressions, risquant d ’irri­
che et d ’une hausse à cadres, protégés ter les abeilles et de les inciter au
par des parois en verre à travers les­ pillage;
quelles l’apiculteur peut suivre toutes c) aérer au maximum la ruche, en
les activités de la famille d ’abeilles, particulier au cours des transports.

158
Pour faciliter l’aération des ruches l’innovation la plus intéressante et la
pastorales, destinées en général à être plus pratique est incontestablement
déplacées dans des régions particuliè­ celle de pouvoir ouvrir la ruche par le
rement mellifères, une perforation haut, de pouvoir observer sans dom ­
spéciale du fond de la ruche a été mise mage l’état du couvain, de pouvoir
à l’étude et s’est d ’ailleurs révélée as­ fixer sur le corps de ruche une hausse
sez efficace. qui sera ensuite prélevée pour en re­
cueillir le butin; ces innovations et ces
aménagements ont d ’ailleurs égale­
Observations ment été expérimentés sur la ruche la
plus répandue en France, la version
Nous voyons donc q u ’en général les française de la ruche Dadant-Blatt,
ruches, entre autres celles que nous sur laquelle nous donnerons, dans un
venons de citer dans les pages précé­ paragraphe séparé, des explications
dentes, ont toutes fait l’objet de per­ supplémentaires et ferons quelques re­
fectionnements dont la portée s’avère marques utiles aux apiculteurs inté­
toutefois assez limitée. Pour l’instant, ressés.

159
tées par certains apiculteurs débu­
tants, stimulés par l’espoir de voir
Caractéristiques leur production augmenter, avaient
d’une bonne ruche finalement été vouées à l’échec.
Le modèle des ruches à diffusion na­
tionale sera donc standard; nous en
résumerons d ’ailleurs les points essen­
tiels. Le matériau de construction le
Après avoir pris connaissance des dif­ plus adéquat est le bois sec et, mieux,
férents types de ruches, peut-être nos le bois poreux, celui du sapin par
lecteurs en auront-ils déduit, non sans exemple. Le travail de ce bois doit être
raison, que certaines pouvaient être parfait car les parois de la ruche doi­
modifiées et adaptées aux régions vent être lisses, ne présenter aucun dé­
auxquelles elles étaient destinées, faut et surtout ne pas être noueuses.
donc devenir plus confortables et plus Si le bois a, avant tout, été choisi,
rentables. c’est en fait qu’il s’est avéré plus facile
Ces m odifications et ces adaptations à travailler et plus léger que les autres
sont en effet possibles mais, pour ce matériaux; nous ne voudrions pas
faire, les apiculteurs, surtout les débu­ pour autant affirm er q u ’un matériau
non ligneux ne puisse pas également
tants, devront prendre toutes les pré­
être utilisé s’il répond aux caractéristi­
cautions nécessaires.
ques requises: légèreté, malléabilité,
Les ruches les plus vendues dans le faible coût.
commerce, en particulier celles qui
sont largement exploitées à l’échelle
nationale, ont déjà fait l’objet de tant Parties de la ruche
d ’études, de modifications ou de per­
fectionnements que toutes les amélio­ La ruche proprement dite sera sur­
rations ultérieures qui leur seront ap­ montée d ’une toiture et possédera, à
portées devront essentiellement être sa base, un fond: plafond et plateau
effectuées par des apiculteurs avertis seront, de préférence, mobiles afin de
et expérimentés. En effet, il a été pouvoir être facilement déplacés et
prouvé que les modifications appor­ entretenus. Ils ne devront pas, dans le

160
même temps, laisser passer dans la ru­ ne raffinerie de sucre, l’apiculteur de­
che des courants d ’air, mais toutefois vra éviter de placer sa ruche à cet en­
faciliter son aération et les visites. droit car, à la longue, les abeilles ris­
La ruche rationnelle la plus répandue queraient d ’être attirées par les sub­
est divisée en deux parties: une partie stances sucrées et de contracter de
inférieure, appelée corps de ruche et mauvaises habitudes, entre autres cel­
une partie supérieure, appelée hausse; le de ne plus aller récolter le nectar et
la hausse possède un volume égal à la le pollen.
moitié de celui du corps de ruche mais L ’apiculteur ne devra pas non plus né­
il existe des hausses dont le volume est gliger le point suivant: placer sa ruche
égal à celui du corps de ruche, voire à une distance raisonnable des arbres
supérieur, dans les ruches gratte-ciel fruitiers car si ces arbres étaient trop
par exemple. proches, leurs branches risqueraient
P our que l’apiculteur puisse visiter sa d ’entraver le retour des butineuses et
ruche, il lui faudra soulever sans diffi­ de produire sur les ruches des zones
culté la toiture sans éveiller le moindre d ’ombre que les abeilles n ’apprécient
soupçon chez les abeilles; s’il n ’y par­ guère; pour le prouver, précisons que
vient pas, il se verra contraint à faire si un apiculteur a la possibilité de pla­
du bruit, à déplacer la ruche et s’expo­ cer sa ruche dans un endroit ensoleillé
sera inévitablement à la méfiance des ou un endroit ombragé, les experts lui
abeilles dont le principal réflexe sera recommandent de la placer dans l’en­
de se défendre en le piquant. droit ensoleillé. En effet, s’il est vrai
que la lumière du soleil surchauffe à
mauvais escient les rayons, il n ’en est
Orientation de la ruche pas moins vrai q u ’elle possède un
pouvoir désinfectant et absorbe l’hu­
Pour placer la ruche, la meilleure midité, humidité qui non seulement
orientation semble être celle du sud- est favorable à la prolifération de ger­
est, un emplacement tranquille, silen­ mes infectieux mais aussi recouvre les
cieux et protégé des courants d ’air; à rayons de moisissures, donc détériore
moins que l’on ne le dissuade, l’api­ les ruches.
culteur aura intérêt à placer sa ruche à L ’apiculteur pourra par contre placer
proximité de sa maison d ’habitation sa ruche à proximité de haies, de to n ­
afin de pouvoir observer, sans perdre nelles, de plantes basses.
de temps, les activités quotidiennes de Si la ruche ne possède pas d ’abreu­
la colonie. P ar contre, si cette maison voir, l’apiculteur devra la placer près
d ’habitation se trouve dans une zone d ’un point d ’eau potable quelconque,
industrielle, donc une zone polluée car les abeilles ont souvent besoin
ou, tout simplement, à proximité d ’u­ d ’eau.

161
Couleur de la ruche Ruches à double paroi

La couleur de la ruche n ’est pas vrai­ Certains apiculteurs ont donc essayé
ment fondamentale; néanmoins, il est de construire des ruches à double pa­
recommandé aux apiculteurs de ne roi afin de permettre à leurs abeilles
pas peindre la toiture de leur ruche en de mieux supporter l’hiver; bien que
noir car celle-ci risquerait, en été, de cet aménagement soit acceptable dans
trop chauffer et de ramollir la cire qui les régions montagneuses, nous ne
y est contenue. P ar contre, il leur est pouvons le recommander car des pa­
rasites nuisibles peuvent toujours se
vivement conseillé de peindre la faça­
nicher entre les deux parois, de l’eau
de de cette ruche de couleurs vives, en
peut s’y déposer et entraîner le pourris­
particulier de bleu et, en tout cas, s’il
sement de la ruche.
s’agit d ’un rucher, de peindre les di­ En somme, puisque la ruche à double
verses façades de différentes couleurs, paroi présente peu de garanties sur le
en les alternant (rouge, violet, jaune, plan hygiénique, nous préférons con­
gris, bleu clair, blanc); il est absolu­ seiller aux apiculteurs de recouvrir
ment déconseillé de vernir les ruches à d ’un paillasson les ruches placées
l’intérieur, pour éviter de causer des dans des régions très froides, dès que
dommages graves aux abeilles. le froid devient très vif. De cette m a­
La différenciation de la couleur de la nière, les abeilles pourront facilement
façade avant de la ruche permet en ef­ surmonter l’hiver et les apiculteurs ne
fet aux butineuses de retrouver plus seront pas contraints de construire des
aisément leur ruche à leur retour; il en ruches à double paroi.
est de même pour la reine après le vol
nuptial.
Si la floraison n ’est pas très abondan­ Dimensions et types
te au printemps et en été, les apicul­
teurs auront intérêt à placer, si possi­ En ce qui concerne les dimensions, les
ble, leurs ruches à égale distance d ’u­ ruches construites en usine sont faites
en série, leurs dimensions étant calcu­
ne colline et d ’une plaine pour que les
lées de manière très précise afin que
abeilles puissent progressivement se
les rayons, les cadres et toutes les au­
déplacer des régions à floraison pré­
tres pièces puissent être changés sans
coce aux régions à floraison tardive. être soumis à des modifications
Ce conseil s’avère particulièrement quelconques.
utile lorsque l’élevage des abeilles est Les rayons, quant à eux, doivent être
pratiqué sur place. En cas d ’apicultu­ posés dans la ruche à leur emplace­
re nomade, ce problème ne saurait ment exact pour qu’ils restent stables
bien entendu se poser. ou ne laissent aucun espace vide à l’in­

162
térieur duquel les abeilles construi­ standard; nous conseillons la version
raient des rayons supplémentaires; les française du type Dadant-Blatt dont
rayons doivent aussi être placés à éga­ l’intérieur du corps de ruche mesure
le distance les uns des autres et à égale 45 cm x 45 cm x 32 cm et la hausse
distance des parois internes car, si 45 cm x 45 cm x 15,4 cm pour le m o­
l’espace vide existant entre les rayons dèle à 12 cadres. Bien entendu, si l’a­
était trop exigu, les abeilles tendraient piculteur habite dans une région où
à colmater les fissures avec de la pro­ les plantes sont très mellifères, il
polis. Dans ce cas, les rayons seraient pourra fixer sur la ruche une hausse
difficiles à extraire et les abeilles faci­ plus élevée et, pour ce faire, se rensei­
lement irritées. gner auprès des apiculteurs de la ré­
La production de miel dépend de la gion environnante.
qualité de la reine sélectionnée mais Dans certaines régions, il peut arriver
elle dépend également du type de ru­ que l’on trouve des ruches en terre
che utilisée et du nom bre de ruches cuite ou faites de blocs de terre cuite
contenues dans le rucher. La produc­ juxtaposés et fixés sous forme de cais­
tion de miel obtenue dans une ruche se porte-rayons; ces ruches, en géné­
Sartori est ainsi estimée, en moyenne, ral, sont peu onéreuses et faciles à en­
à 10 ou 12 kg; celle de la ruche Da- tretenir mais, bien que difficilement
dant-Blatt à 25 ou 30 kg, si ce n ’est attaquées par les teignes, elles sont
plus. Dans un rucher, les ruches doi­ difficilement transportables, froides
vent être placées les unes à côté des l’hiver et chaudes en été; elles sont
autres et espacées d ’un mètre environ; donc, dans l’ensemble, assez peu ap­
si le rucher est constitué par un très préciées et exploitées, si ce n ’est à l’é­
grand nombre de ruches, celles-ci peu­ chelle locale car elles ne possèdent pas
vent être placées, pour éviter des files les mêmes avantages que les ruches en
trop longues, sur plusieurs rangées, bois.
ces rangées étant espacées les unes des
autres de deux mètres au minimum.
Dans certains cas, ces distances peu­ Conditions essentielles
vent être, par la suite, réduites mais,
en général, l’apiculteur ne devra pas Pour nous résumer, récapitulons en
hésiter à respecter les distances men­ fonction de quels critères les ruches
tionnées ci-dessus. Si l’apiculteur est peuvent être considérées comme bon­
possesseur de plusieurs ruches, il de­ nes car tout apiculteur inexpérimenté
vra absolum ent peindre de couleurs devra en avoir connaissance s’il dési­
différentes toutes les façades avant, re, en début de carrière, ne pas com­
afin que les abeilles n ’aillent pas tro u ­ mettre des erreurs qui l’entraîneraient
bler, à leur retour, une autre colonie. à abandonner cette activité par in­
La ruche sera donc de préférence compétence.

163
• La ruche doit être suffisamment disperse pas, que les abeilles puissent
épaisse pour protéger la colonie des ri­ surmonter plus facilement les rigueurs
gueurs de l’hiver (une épaisseur de de l’hiver et que les pillardes ne pénè­
2,5 cm devrait suffire) mais, dans le trent pas à l’intérieur de la ruche.
même temps, ne doit pas être soumise
à une chaleur excessive en été ni rete­ • Les dimensions du nid doivent pou­
nir l’humidité car celle-ci favorise la voir être facilement réduites à l’aide
prolifération de germes et provoque le d ’une planche de partition pour que,
pourrissement de la ruche. en cas de nécessité, si la ruche contient
normalement 12 cadres, le volume
• Les abeilles doivent pouvoir sortir puisse être réduit et que, en particu­
sans difficulté de leur ruche dès l’ap­ lier, 8, 9 ou 10 cadres seulement puis­
parition des premières chaleurs prin­ sent être installés, c’est-à-dire un
tanières pour effectuer le plus rapide­ nombre inférieur à la normale.
ment possible leur vol de nettoyage,
dès que le froid hivernal a disparu, • Une ruche rationnelle doit être ma­
donc dès que leur période de réclusion niable; ses rayons doivent être extraits
a pris fin. sans secousses et sans heurts afin
q u ’aucun membre de la famille ne soit
• La ruche doit être pourvue d ’un blessé ou tué, car la m ort d ’une abeille
quelconque rend toutes les autres
trou de vol facilement accessible pour
abeilles inquiètes et agressives, ce qui
que les abeilles, au retour de leur ré­
rendrait la m anipulation particulière­
colte, ne perdent pas de temps.
ment difficile; par contre, si les
rayons peuvent être facilement ex­
• Le fond de la ruche doit être mobile
traits, les abeilles restent calmes et la
pour que la ruche puisse être aisément m anipulation peut être effectuée sans
aérée. incidents.
• Le trou de vol doit être aménagé au • La ruche doit, de préférence, être
bas de la ruche et le plancher sera, de pourvue de feuilles de cire gaufrée.
préférence, légèrement incliné vers le Ainsi, l’apiculteur pourra gagner du
trou de vol pour que la ruche puisse temps et procéder rapidement au
être facilement nettoyée ou que l’eau changement des rayons.
ayant accidentellement pénétré à l’in­
térieur puisse s’écouler. • La ruche doit permettre à l’apicul­
teur d ’extraire les cadres garnis de
• Le trou de vol doit pouvoir être plus rayons operculés le plus rapidement et
ou moins fermé, en particulier en hi­ le plus proprement possible afin que
ver, afin que, une fois réduit, la cha­ le miel récolté puisse être parfaite­
leur produite par les abeilles ne se ment commercialisable.

164
• La ruche doit être suffisamment m a­ reine abandonne toute velléité de “fui­
niable pour que l’opérateur puisse ga­ te ” et recommence à pondre ses œufs
gner le maximum de temps et que sur ces rayons.
deux apiculteurs puissent, en prati­ Si, au contraire, l’apiculteur désire
que, entretenir à eux seuls sans diffi­ procéder à l’essaimage artificiel, il de­
culté une cinquantaine de ruches sans vra enlever deux ou trois rayons gar­
avoir à recourir à l’aide d ’une tierce nis abondam ment de couvain, réduire
personne; cet entretien s’avère possi­ le volume du nid et ajouter une plan­
ble lorsque les ruches sont placées sur che de partition; de cette manière, l’a­
plusieurs rangées et répondent à tou­ piculteur pourra lui-même pourvoir à
tes les exigences techniques. la multiplication de la famille sans ex­
poser sa ruche à l’agitation précédant
• La ruche ne doit posséder aucune l’essaimage naturel.
fissure, ne pas être exposée aux cou­
rants d ’air, être dépourvue de trous • La hausse doit être correctement
susceptibles de laisser toutes sortes fixée sur le corps de ruche pour que
d ’animaux pénétrer à l’intérieur. les abeilles prennent l’habitude de dé­
poser sur les cadres de la hausse le
• Si les colonies ne possèdent q u ’une nectar qu’elles auront récolté et que le
vieille reine ou une reine non fécon­ miel puisse être facilement extrait sans
dée, si la reine est m orte, l’apiculteur que l’apiculteur ait à asphyxier la ru ­
doit pouvoir facilement la remplacer chée ou à procéder à toute autre prati­
(pour des raisons d ’âge, en cas de que irrationnelle.
symptômes de maladies, de choix d ’u­ La hausse doit être appliquée très près
ne race plus rentable, etc.). du corps de ruche mais en même
temps permettre à l’apiculteur de dé­
• La ruche doit se prêter, si l’apicul­ placer ou d ’enlever les cadres de la
teur le désire, à l’essaimage artificiel hausse, de réduire ou d ’élargir le volu­
ou, au contraire, bloquer l’essaimage; me de la hausse sans troubler les abeil­
elle doit donc être pourvue, si la cons­ les qui se trouvent dans le nid.
truction de la ruche et le rythme de vie
de la colonie le perm ettent, d ’une • Enfin, il est préférable que les ru­
planche de partition; par conséquent, ches d ’un rucher soient toutes du mê­
l’agrandissement de l’intérieur de la me modèle, dans ce cas, l’apiculteur
ruche doit être possible si l’apiculteur pourra remplacer les éléments ou ré­
ne désire pas procéder à l’essaimage cupérer certaines parties le plus rapi­
artificiel. En effet, si la ruche est dement possible (gain de temps et
pourvue de un ou deux rayons supplé­ d ’argent).
mentaires, les abeilles recommencent La ruche à plafond mobile est préfé­
aussitôt à perfectionner leur nid, la rable car tous les rayons peuvent être

165
observés en même temps par le haut répandues dans presque tous les pays
de la ruche, ce qui s’avère impossible à forte production apicole, comme la
dans le type Sartori; par ailleurs, si France, l’Italie, la Grande-Bretagne,
l’apiculteur désire surveiller l’état du l’URSS, la Suisse, les USA, etc., voire
couvain, il lui suffira d ’extraire un l’Autriche et l’Allemagne où, progres­
seul rayon et de le placer dans une sivement, elles ont pris la place du ty­
caisse porte-rayons appropriée; il de­ pe allemand avec ouverture posté­
vra ensuite déplacer tous les autres rieure.
rayons pour que le second occupe la En Europe, presque toutes les ruches
place du premier, que le troisième oc­ sont désormais construites sur le prin­
cupe la place du second et ainsi de sui­ cipe de la ruche Langstroth, mais les
te; il lui faudra enfin substituer le der­ modifications et les aménagements
nier rayon qui occupe la place de l’a- apportés à ce modèle initial sont telle­
vant-dernier avec le rayon inséré dans ment considérables que, d ’après cer­
la caisse porte-rayons. De cette m a­ tains auteurs, on dénombre plus de 60
nière l’observation de l’état du cou­ types différents de ruches construites
vain peut être faite rapidement sans sur le même principe que la ruche
provoquer le moindre incident. C ’est Langstroth.
justem ent en raison de cette facilité de Les cadres ont au maximum les di­
contrôle, inexistante dans le type alle­ mensions suivantes: 41,5 cm x 41,5 cm,
mand (Sartori), que les ruches pour­ au minimum 25 cm x 20 cm, si l’on ex­
vues d ’une ouverture par le plafond se cepte bien entendu tous les types de
sont de plus en plus répandues et que cadres possédant des dimensions
les ruches pourvues d ’une ouverture intermédiaires, de forme carrée ou
arrière (type allemand) ont pour ainsi rectangulaire.
dire été abandonnées. Peut-être n ’est-il pas non plus super­
Les hausses mobiles du type Dadant- flu d ’ajouter quelques mots sur la toi­
Blatt peuvent donc, comme nous l’a­ ture de la ruche; très souvent, au bout
vons déjà dém ontré, contenir des ca­ de quelques années, la toiture en bois
dres, donc posséder, suivant le choix commence à s’incurver ou à se fendre:
de l’opérateur, un nombre de rayons dans ce cas, l’apiculteur pourra répa­
proportionné aux possibilités de ré­ rer les dégâts en remplaçant la toiture
colte de nectar. ou en la recouvrant d ’une plaque en
L ’intérieur de la hausse doit pouvoir zinc ou en plastique; l’apiculteur
être facilement ventilé; la température pourra également passer au pinceau,
am biante doit être plus ou moins éga­ sur les différentes pièces de la ruche,
le à celle du corps de ruche afin que le une couche d ’huile de lin, car ce pro­
miel puisse parvenir à m aturité dans duit possède des propriétés antisepti­
les meilleures conditions. ques et préserve plus longtemps le
Les ruches à plafond mobile se sont bois contre le pourrissement.

166
Septième partie
Le rucher
d ’apiculteurs. Les apiculteurs qui ex­
ploitent des ruches pour satisfaire
Généralités leurs besoins personnels se consacrent
donc à l’élevage des abeilles en dehors
de leurs heures habituelles de travail.
Mais, en général, le nombre des ru­
Le rucher correspond à l’ensemble de ches constituant un rucher n ’est pas li­
plusieurs ruches réunies dans un mê­ mité puisqu’il est possible de trouver
me endroit; ce nom peut également des ruchers de 10, 20, 50 et même 100
être attribué à l’emplacement occupé ruches. Si un apiculteur désire instal­
par les ruches. ler un second rucher dans une région
Suivant leur nombre, les ruches peu­ où se trouve déjà un premier rucher, il
vent constituer des ruchers de type fa­ lui faudra prendre connaissance de la
milial, des ruchers de moyenne im por­ composition réelle du premier rucher
tance, ou des ruchers de type indus­ car les apiculteurs doivent, en général,
triel. Il arrive également que ces ruches respecter la règle suivante: prévoir,
soient réparties, suivant leur emploi, pour un rucher de 50 ruches, un rayon
en ruches vulgaires ou en ruches ra­ d ’action de 3 km; par conséquent, si
tionnelles, mais cette distinction peut un tel rucher se trouve déjà aux alen­
difficilement être prise en considéra­ tours, le nouveau rucher devra être
tion, car il faut entendre par exploita­ installé à plus de 3 km de ce dernier. Il
tion rationnelle des abeilles l’emploi peut arriver, ce qui est rare, q u ’un ru ­
exclusif de ruches rationnelles. cher soit composé de 100 ruches; il se­
Le rucher familial est, sans doute, le ra alors plus prudent d ’installer le
plus répandu car il est accessible aux nouveau rucher le plus loin possible
exploitants de petites et moyennes en­ car, si la distance était trop réduite,
treprises agricoles et aux amateurs; les deux apiculteurs en subiraient les
lorsque le nombre de ruches est limité, conséquences. Ces distances devront
la m ain-d’œuvre nécessaire est très donc, en règle générale, être respec­
restreinte; elle accomplit par consé­ tées puisque, si le nouveau rucher
quent un travail relativement secon­ interfère dans le rayon d ’action de
daire car elle ne saurait être employée l’ancien rucher, il en réduira éventuel­
à plein temps par une famille modeste lement la récolte.

169
Le calcul des distances minimales en­ L ’apiculteur désireux d ’acquérir des
tre deux ruchers doit être basé, non ruches vulgaires pour les installer
seulement sur la quantité de ruches dans des ruches rationnelles doit faire
q u ’ils com portent, mais aussi sur le cette acquisition en automne ou au
type de flore nectarifère présente et printemps. En automne en effet, les
sur la géographie du lieu, en distin­ abeilles ont déjà accumulé leurs provi­
guant les régions de plaine, de colline sions hivernales; la ruche pèse donc
et de montagne. plus lourd; quoi q u ’il en soit, une ru­
Sans doute est-il superflu de signaler che acquise au printemps possède plus
les dangers encourus si les ruches sont de valeur, car les abeilles sont parve­
placées le long des routes et des sen­ nues à surmonter l’hiver, les plus fai­
tiers ou près des agglomérations; les bles ayant été éliminées. Si l’apicul­
abeilles, dans de telles conditions, ris­ teur veut augmenter le nombre des co­
quent d ’être blessées, de ne pas sup­ lonies de son rucher, il pourra égale­
porter le bruit et, l’hiver, de ne pas ment capturer des essaims naturels; il
connaître la tranquillité dont elles ont lui faudra toutefois rechercher s’il s’a­
tant besoin pour surmonter la période git d ’un essaim primaire ou d ’un es­
de froid. Si les abeilles ne sont pas ins­ saim secondaire car, dans certains
tallées dans des endroits adéquats, cas, la reine pourrait très bien encore
elles finissent par être irritées, par être vierge. Il faudra alors l’inciter à
indisposer les habitants et les pas­ s’accoupler avec un faux bourdon, s’il
sants. L ’apiculture finit par devenir est encore temps ou, sinon, la rempla­
pour l’apiculteur une activité pénible cer. Rappelons que cette fécondation
plus que rentable. Si l’apiculteur dési­ dépend non seulement de l’âge réel de
re placer son rucher à proximité d ’un la reine et de la présence de faux bour­
mur, il ne devra pas oublier que, en dons mais aussi des conditions clima­
été, les rayons du soleil risquent de s’y tiques. S’il s’agit d ’un essaim prim ai­
refléter, donc d ’être nocifs pour les re, le problème de la fécondation ne se
abeilles; il devra alors recouvrir ce pose pas mais il en est un autre: savoir
m ur de plantes grimpantes et éviter si la reine est encore jeune ou vieille,
d ’adosser les ruches contre le mur. donc stérile. Ce genre de problèmes
Dès que l’opérateur aura choisi l’en­ peut être facilement résolu. S’il se
droit le plus adapté pour y installer procure les essaims auprès d ’apicul­
son rucher, il veillera à surélever les teurs spécialisés dans l’élevage des rei­
ruches à 30 cm du sol pour éviter nes, la fécondité de la reine ne saurait
q u ’elles ne s’imprégnent d ’humidité. être mise en doute; l’opérateur n ’aura
Pour les surélever, il pourra utiliser donc plus q u ’à installer son essaim, le
des chevalets en bois ou en fer, des soir venu, après l’avoir laissé pendant
blocs de ciment ou, tout simplement, quelques heures dans l’obscurité et
des briques. dans un endroit frais. Cette installa­

n t)
tion devra être faite dans une ruche quent, si l’apiculteur est débutant, il
pourvue de 5 ou 6 rayons et, éventuel­ ne devra pas essayer de posséder au
lement, d ’une partition (ou de deux, plus vite un trop grand nombre de fa­
une sur chaque côté) pour que le volu­ milles, quand bien même il aurait jus­
me du corps de ruche soit tem poraire­ q u ’alors obtenu des résultats satisfai­
ment réduit; par la suite, il pourra sants.
normaliser ce volume et l’augmenter Il aura, au contraire, intérêt à ne pos­
au fur et à mesure de l’accroissement séder, pendant quelques années, que
du nombre des abeilles. quelques ruches assez peu peuplées,
L ’apiculteur pourra enfin se procurer mais suffisamment approvisionnées
des ruches rationnelles pour agrandir en réserves alimentaires.
son rucher; dans ce cas, la colonie de­ Dès que l’apiculteur connaîtra effecti­
vra déjà être organisée avant d ’être vement le rythme de vie de quelques
transportée à l’endroit choisi. Ce ruches, il pourra en augmenter le
transport sera effectué sans à-coups, nombre et être en mesure, si des diffi­
la ruche étant maintenue à la verti­ cultés se présentent, de les surmonter.
cale. Il est également assez fréquent q u ’un
En pratique, le rucher peut, au dé­ apiculteur découvre qu’une de ses co­
part, n ’être composé que de quelques lonies est orpheline; cette situation ne
ruches et peuplé progressivement à présente aucune gravité, en particulier
l’aide d ’essaims artificiels. Quelques si la naissance d ’une nouvelle reine
années après, l’apiculteur possédera s’avère imminente ou si la reine dispa­
ainsi un rucher bien peuplé; il ne lui rue peut être remplacée par une nou­
restera plus q u ’à renouveler régulière­ velle reine que l’apiculteur aura lui-
ment le matériel des différentes ru ­ même élevée ou se sera procurée. Si
ches, ou à la construire lui-même s’il un apiculteur ne désire pas faire de
est assez expérimenté. frais excessifs, il devra donc appren­
Certains des plus gros ruchers se sont dre à élever lui-même les reines.
peu à peu agrandis grâce à l’emploi de S’il ne parvient pas à se procurer une
l’essaimage artificiel et au remplace­ reine en temps utile, il regroupera la
ment de la vieille reine par de jeunes colonie orpheline avec une colonie
reines, fécondées et très prolifiques. possédant une reine et, de préférence,
Mais bien souvent, les apiculteurs qui une colonie qui ne soit pas trop peu­
élèvent des abeilles à des fins person­ plée. Dans ce cas, il ne devra pas enle­
nelles cherchent à construire eux-mê­ ver le miel du nid mais se contenter
mes leurs ruches et, parfois, essaient d ’extraire les rayons de la hausse.
de pratiquer l’apiculture sans possé­ Si l’apiculteur possède, au début de
der le minimum de notions sur la vie son activité, un rucher de quelques ru ­
des abeilles; aussi le rendement obte­ ches, il pourra également les placer
nu est-il assez médiocre. Par consé­ sous un châssis pour les protéger des

171
orages ou de la neige et pouvoir les truisent pas pour autant la suggestion
observer à n ’im porte quel moment, émise par certains apiculteurs selon
quelles que soient les conditions cli­ laquelle un rucher, placé en plein air,
matiques; en été, ce châssis protégera est plus rentable; mais, dans ce cas,
les ruches contre la réverbération des l’apiculteur ne devra pas oublier de
rayons du soleil et, en hiver, contre les faire pousser, à proximité du rucher,
rigueurs du froid. Ces quelques re­ quelques haies pour le protéger du
m arques, acceptables en soi, ne dé­ soleil.

172
ture à leur disposition, auquel cas el­
les parviendront peut-être à récolter
Composition et juste ce qu’il leur faut pour survivre.
distances Par suite, la connaissance de la flore
de la zone dans laquelle on opère est
fondamentale: si la plus grande partie
de la floraison est fournie par des
A partir d ’un certain nombre de ru­ plantes, appartenant à diverses famil­
ches, l’apiculture peut être considérée les, qui fleurissent à des saisons diffé­
comme industrielle et exige le recrute­ rentes (printemps, été, automne), on
ment d ’une m ain-d’œuvre qualifiée, est en présence du milieu favorable.
possédant plusieurs années d ’expé­ Les conditions climatiques, l’ampleur
rience. de la floraison, sa durée, étant con­
L ’apiculteur professionnel doit être nues, il convient de savoir si l’apicul­
généreux envers les abeilles, savoir ture nomade est pratiquée dans cette
élever les reines, provoquer de maniè­ région car, dans ce cas, l’apiculture se
re rationnelle l’essaimage artificiel; il retrouve nécessairement soumise à
doit, somme toute, savoir appliquer à certains droits prioritaires et le nom ­
grande échelle tout ce q u ’il a appris à bre des ruches à installer dans le ru ­
faire en se consacrant à l’élevage d ’u­ cher soumis à un choix préalable.
ne ruche à ses fins personnelles: cette L ’emplacement choisi doit être bien
activité doit devenir véritablement lu­ aéré, abrité du vent, si possible exposé
crative, et nettement dynamique. au soleil même si, lors de certaines an­
P our commencer, il importe de choi­ nées très chaudes, il s’avère nécessaire
sir un bon emplacement pour installer de poser, sur le devant des ruches, des
le rucher car il ne s’agit pas, en apicul­ écrans protecteurs; il est préférable
ture industrielle, de placer les ruches q u ’il n ’y ait pas à proximité du rucher
n ’im porte où. d ’arbres trop plantureux, de murs qui
Le choix de l’emplacement doit aussi fassent ombre, de haies compactes qui
être satisfaisant en ce qui concerne la bloquent la ventilation. La toiture
flore disponible: on ne peut pas pré­ doit uniquement servir à la protection
tendre à de hauts rendements si beau­ de la partie supérieure; la ruche ne
coup de butineuses ont peu de nourri­ doit pas être protégée par des écrans

173
latéraux car ils risqueraient plutôt de d ’une ouverture frontale, elles pour­
gêner les abeilles au lieu de les pro­ ront être installées sur une seule ran­
téger. gée; les façades avant devront alors
Le rucher doit, de préférence, être être peintes de couleurs différentes
orienté vers l’est ou le sud-est (c’est-à- pour que les butineuses puissent faci­
dire vers le soleil levant), être installé lement pénétrer dans leurs ruches res­
dans une région ensoleillée, peu m aré­ pectives; lorsque certaines butineuses
cageuse. se trom pent de nid et y déposent le
Si la région est vallonnée, il doit être produit de leur récolte, la raison en est
placé de sorte que les abeilles puissent bien souvent que les ruches sont trop
butiner aussi bien les plantes des colli­ proches les unes des autres. Elles de­
nes que celles des plaines; car ces vront donc être distantes d ’un mètre.
plantes peuvent fleurir à des époques Mais elles peuvent également être pla­
différentes; sur les collines, bien sou­ cées sur plusieurs rangées, en particu­
vent, la récolte de nectar est plus lier lorsqu’elles sont nombreuses: ran­
abondante car les plantes mellifères y gées doubles, rangées triples, disposi­
fleurissent plusieurs fois par an. tion en damier, en quinconce. Dans ce
Le choix de l’emplacement doit être le cas, les rangées devront être distantes
fruit d ’examens, de vérifications di­ de 2 mètres au minimum les unes des
verses tendant à déterminer s’il existe autres, même si certains apiculteurs
dans la région des raffineries de sucre affirm ent avoir placé les rangées à un
ou des entrepôts de fruits car ces ins­ mètre et demi les unes des autres sans
tallations risqueraient d ’attirer les qu’aucun incident ne se soit produit.
abeilles, donc de les désorganiser et de Il faudra également prévoir un empla­
les inviter au pillage. Les ruches iso­ cement pour les ruches futures car,
lées peuvent donc être installées dans comme nous l’avons déjà dit, un ru ­
un jardin ou sur la terrasse d ’une mai­ cher industriel s’édifie progressive­
son mais un rucher doit être placé, ment.
sous surveillance constante, dans un L ’augmentation du nombre de ruches
endroit tranquille. Une fois le choix devra être rationnel, quels que soient
de l’emplacement décidé, il faudra, les buts poursuivis. Prenons un exem­
par mesure de sécurité, vérifier s’il se ple: un rucher de 10 ruches bien peu­
trouve dans les environs des maisons plées. Les premières années, loin de
afin que les enfants ne risquent pas de prétendre à l’obtention d ’un fort ren­
se faire piquer. dement en miel, il faudra surtout sti­
Les ruches peuvent être plus ou moins muler le développement des colonies
distantes les unes des autres, le choix et pratiquer l’essaimage artificiel;
de cette distance dépendant de la con­ avec un peu de chance, en deux ans, le
figuration même du rucher. Si, par nombre des ruches doublera; les an­
exemple, les ruches sont pourvues nées suivantes, il faudra prévoir une

174
augm entation inférieure. Deux années des USA où certains apiculteurs sont
seront donc consacrées à l’augm enta­ parvenus à rendre rentables des ru­
tion du nombre des colonies, une an­ chers de 600 ruches et de l’URSS où ce
née à la form ation de l’apiculteur chiffre a été porté à 300-350, nous
puisqu’il lui faudra apprendre à élever puissions, dans notre pays, parvenir
un plus grand nom bre de colonies; la aux mêmes fins lucratives. En effet,
quatrième année, le nombre des ru­ en France, les régions et la flore sont
ches augm entera de 30 à 40%; puis, assez disparates; les conditions clima­
cette augm entation ne sera que de 10 à tiques et la flore existante sont rare­
15% et, finalement, on obtiendra le ment favorables pour que de telles
nombre de ruches désiré. concentrations puissent être effec­
Grâce à cette méthode, l’apiculteur
tuées. En France, un rucher de 100 ru­
acquerra donc une certaine expérience
ches finirait très souvent par n ’être
et sera capable de pratiquer, non plus
pas plus rentable qu’un rucher de 50
l’élevage artisanal des abeilles mais
leur élevage industriel; il com prendra ou 60 ruches, placé au même endroit.
alors la nécessité de se procurer le m a­ Par conséquent, pour que le rende­
tériel adéquat, d ’augmenter le nom ­ ment d ’un rucher soit optimal, il suf­
bre des rayons, d ’étudier les fluctua­ fira q u ’il y ait 50 à 60 ruches bien sur­
tions du marché, etc. veillées.
Comme nous l’avons déjà précisé, le D ’autre part, les apiculteurs auront
nombre de ruches d ’un rucher ne de­ davantage intérêt à exploiter deux ru­
vra pas être supérieur à 100; il ne fau­ chers de 50 plutôt qu’un seul de 100
drait en effet pas croire que, à l’instar ruches.

175
Huitième partie
Techniques
de coton, de chanvre ou de jute que
l’apiculteur allume au moment oppor­
Matériel apicole tun pour que la fumée émise à l’inté­
rieur de la ruche incite les abeilles à
s’enfuir. Les abeilles réagissent effec­
tivement aussitôt, se gorgent de miel
Pour pratiquer sur une ruche les opé­ et se calment. De cette manière, les
rations nécessaires à la récolte du miel abeilles, pliant sous le poids de leur
ainsi que certaines m anipulations, l’a­ chargement de miel, risquent beau­
piculteur a besoin, nous l’avons vu, coup moins d ’utiliser leur aiguillon et
de certains instrum ents de travail. ne manifestent pour ainsi dire aucune
Voici une liste sommaire du matériel agressivité.
qu’un apiculteur averti doit posséder: Il se peut également que l’apiculteur
extracteur, chevalet à désoperculer, ait à faire pénétrer quelques bouffées
filtres, m aturateurs, chasse-reine,
de fumée par le plafond de la ruche;
chasse-abeilles, piège à bourdons, cé-
mais en général, rares sont les abeilles
ro-extracteur solaire, nourrisseurs,
qui restent encore sur le pied de guerre
toile, grille de protection, boîte à ou­
et manifestent le désir de piquer; si ce
tils, brouette, attrape-essaims, sou­
phénomène se produit, ce peut être à
freuse, arrosoir, seau, planche de par­
cause d ’un orage imminent ou de la
tition, voiles, chevalet-bascule pour
peser les ruches, voiles pour visites, maladresse d ’un apiculteur nerveux.
enfumoirs, étriers pour le transport Au cas où une ruche semblerait ré-
des ruches, chevalets pour ruches et fractaire à la fumée, l’apiculteur ne
hausses, racloirs, brosses à abeilles. devra pas trop insister et, si nécessai­
re, remettre à plus tard la visite de la
ruche en question. Normalement la
L ’enfumoir fumée doit maintenir tranquilles les
abeilles mais, pour être efficace, l’en­
Cet appareil est indispensable si l’api­ fumage doit être lent et modéré.
culteur désire visiter ses ruches sans se D ’ailleurs, les apiculteurs avertis n ’u­
faire piquer. C ’est un appareil très tilisent cet appareil que rarem ent, et
simple qui, le plus souvent, est rempli uniquement au moment opportun.

179
L’extracteur façon, le miel, une fois l’extracteur
mis en marche, sort des cellules des
Cet appareil, indispensable pour enle­ deux côtés simultanément. Le cylin­
ver le miel d ’une ruche à rayons fixes, dre interne rotatif où sont logés les
est employé pour l’extraction du miel rayons tourne en accomplissant 350 à
des ruches à cadres mobiles (en effet, 400 rotations à la minute. Il existe des
bien que le miel d ’une ruche à rayons extracteurs à main ou à moteur, dont
fixes puisse être extrait sans que l’api­ la capacité peut varier de 2 à plusieurs
culteur ait à asphyxier définitivement dizaines de rayons. Il est im portant
les abeilles, le rayon, quel que soit le d ’avoir un extracteur dont la capacité
mode d ’extraction du miel, devra être soit suffisante, compte tenu d ’éven­
détruit). tuelles augmentations du nombre des
L ’extracteur, exploitant la force cen­ ruches. A titre indicatif, un extracteur
trifuge, permet d ’extraire le miel du radial manuel est adapté à un rucher
rayon encore intact. de 10 à 30 ruches dont on extrait le
Le premier extracteur a été conçu et miel deux fois par an.
utilisé en 1865 dans la province de Ve­
nise, sur la base des travaux exécutés
par François H ruschka, d ’origine au­ Cire gaufrée
trichienne.
L ’extracteur est en général fait en Depuis que la ruche à cadres mobiles
acier inoxydable, mais on trouve des a fait son apparition en apiculture ra­
modèles en plastique alimentaire. Il y tionnelle, l’emploi de la cire gaufrée
a deux types d ’extracteurs, différents est incontestablement devenu fonda­
par la position des rayons lors de l’in­ mental.
troduction. Un premier type, La cire gaufrée a été inventée, en
aujourd’hui dépassé, appelé tangen- 1877, par un ébéniste, Jean Mehring;
tiel, dispose les rayons le long de la son but est le suivant: fournir aux
tangente du cylindre interne. L ’ex­ abeilles un matériel pré-élaboré qui
traction s’effectue d ’abord sur une fa­ leur permette de sauvegarder une cer­
ce du rayon, puis, après une rotation taine quantité de miel pour satisfaire
de 180°, sur l’autre face. Cette opéra­ leurs propres besoins et, par là même,
tion complique et ralentit le processus gagner du temps car les abeilles doi­
d ’extraction. En outre on court le ris­ vent consommer une énorme quantité
que de casser les rayons du fait de la de miel pour fabriquer la cire.
pression exercée par le miel de la face La cire gaufrée est constituée par des
interne durant la première phase de feuilles de cire qui portent imprimés
l’extraction. Le second type d ’extrac­ sur leurs deux faces des rudiments de
teur, appelé radial, dispose les rayons cellules hexagonales d ’ouvrières: les
le long des rayons du cercle. De cette abeilles, ayant ainsi à leur disposition

180
des cellules préfabriquées, consacrent La cire gaufrée préparée par l’homme
moins de temps et d ’énergie à leur possède de nombreux avantages. En
construction; elles disposent ainsi de voici les plus im portants: sécrétion de
beaucoup plus de temps pour aller bu­ la cire réduite au minimum, donc gain
tiner et voient leur travail de construc­ de miel; facilité d ’extraction du miel
tion du rayon nettement facilité. On en raison de la similitude des cellules
dit parfois à ce propos que les abeil­ façonnées dans le cadre mobile; possi­
les, n ’ayant plus à fabriquer de la cire bilité de réglage de la dimension des
comme auparavant, finissent par per­ cellules (dans certains cas, l’opérateur
dre l’habitude de la fabriquer. La per­ est ainsi parvenu progressivement à
te de cette habitude pourrait provo­ faire déposer régulièrement du miel
quer l’apparition de certains troubles; dans des cellules plus grandes que
quoi q u ’il en soit, ces affirm ations, d ’ordinaire, ce qui facilite l’opération
restant encore très hypothétiques et ne d ’extraction); réduction du nombre
s’appuyant sur aucune preuve tangi­ des faux bourdons dans la mesure où
ble, ne sauraient être prises définitive­ les cellules ayant toutes les mêmes di­
ment en considération. mensions et étant surtout destinées

L ’extracteur de miel permet d ’extraire le miel du rayon encore intact (© Rémy/Cogis)

181
aux ouvrières, finissent par inciter la tionnements ont été apportés à la dé-
reine à pondre des œufs fécondés; ré­ soperculation des rayons remplis de
duction de la consomm ation du miel nectar et provenant de la hausse.
en raison de la réduction du nombre La cire gaufrée est en général fabri­
des faux bourdons ou de leur absence quée et pressée dans des gaufriers ou
pure et simple; enfin, sauvegarde des des rouleaux, capables d ’imprimer les
provisions de miel supplémentaire deux faces des rayons; son épaisseur
dans la mesure où les abeilles cirières et ses dimensions dépendent des bre­
n ’ont pas à être suralimentées (puis­ vets utilisés par les fabricants et de
q u ’elles trouvent de la cire gaufrée son emploi réel. Si la cire gaufrée est
toute préparée). P ar conséquent, grâ­ destinée au corps de ruche, son épais­
ce à l’emploi de la cire gaufrée, la pro­ seur sera supérieure à celle de la haus­
duction augmente sensiblement. se car elle sera construite en premier;
Depuis de nombreuses années déjà, en effet, si l’épaisseur était insuffisan­
des feuilles de plastique recouvert de te, les rayons et les cellules pourraient
cire ou de paraffine ont été expéri­ se ramollir et se déformer.
mentées et construites; elles devraient Les dimensions de la cire gaufrée cons­
perm ettre d ’éviter les opérations d ’in­ truite par l’homme influent sur la
sertion de la feuille de cire dans le ca­ consistance du couvain: il semble bien
dre de bois, être facilement réutilisa­ en effet que si les cellules sont légère­
bles une fois usées (il suffit de les ment plus grandes que d ’ordinaire, les
plonger dans l’eau bouillante pour abeilles qui sortiront du couvain se­
dissoudre la vieille cire q u ’elles por­ ront plus grosses, donc susceptibles de
tent). Leur coût est toutefois assez récolter de plus grandes quantités de
élevé. nectar. Le problème de l’agrandisse­
On a par ailleurs remarqué que si la ment des cellules a été entrevu déjà au
base n ’était pas entièrement en cire, la siècle dernier mais n ’a pas encore été
cire gaufrée finissait par devenir plus résolu. On imagina ainsi que, en aug­
résistante et se trouvait moins souvent mentant la taille de l’abeille, il serait
attaquée par les parasites, la fausse peut-être possible d ’obtenir des exem­
teigne en particulier. plaires possédant une langue plus lon­
Il existe désormais différents types de gue et une poche à miel plus grande;
rayons sur le marché, destinés aussi on a construit à cette fin de la cire
bien au corps de ruche q u ’à la hausse; gaufrée pourvue de cellules plus gran­
en général, les constructeurs de cire des: il était façonné dans cette cire
gaufrée façonnent 800 alvéoles envi­ non pas 700, 750 ou 800, mais 640 cel­
ron par dm 2 dans les rayons du nid à lules. Quoi qu’il en soit, le problème
couvain et un nombre d ’alvéoles légè­ n ’en demeure pas moins complexe car
rement inférieur dans les rayons de la il se pourrait très bien que, suivant ses
hausse; en outre, de multiples perfec­ caractères héréditaires, une famille

182
soit plus ou moins prédisposée à vivre dres garnis de miel sans gêner ou bles­
dans des cellules agrandies, les faux ser les abeilles. Les chasse-abeilles
bourdons étant plus facilement engen­ sont donc indispensables dans les ru­
drés dans des rayons pourvus de gran­ ches à cadres mobiles, en particulier
des cellules. En France, des rayons de en apiculture nomade, car les abeilles
750 cellules par dm 2 ont été expéri­ récoltent du miel plusieurs fois de sui­
mentés et ont donné entière satisfac­ te au cours de la même saison.
tion; certains apiculteurs estiment Les chasse-abeilles doivent être placés
toutefois q u ’il serait souhaitable que entre le nid et la hausse la veille du
le modèle standard ne contienne que jour de la récolte; les abeilles aban­
700 cellules. donnent ainsi la hausse sans manifes­
ter le moindre soupçon. Il existe éga­
lement des chasse-abeilles améliorés
Racloirs qui permettent de refouler les abeilles
plus rapidement.
Ce sont des instruments utilisés pour
le nettoyage du plateau et des parois
de la ruche; cette opération est sou­ Chasse-abeilles améliorés
vent nécessaire pour des raisons d ’hy­
giène. Ces appareils, beaucoup plus perfec­
tionnés que les précédents, permettent
de chasser de la hausse, en l’espace de
Brosses quelques heures, les abeilles qui y ont
déposé du miel. Ils peuvent donc être
Il existe plusieurs sortes de brosses posés vers 10 h du matin si l’apicul­
mais la plupart d ’entre elles servent à teur désire prélever les cadres de la
balayer les abeilles des cadres; cette hausse en début d ’après-midi. Ces
opération doit être faite avec douceur chasse-abeilles s’avèrent particulière­
pour que d ’elles-mêmes les abeilles ment utiles en apiculture nomade car
s’éloignent des cadres. ils permettent à l’apiculteur d ’effec­
tuer l’enlèvement des cadres de la
hausse en un laps de temps beaucoup
Chasse-abeilles plus court.

Ce sont de petits appareils qui permet­


tent de refouler les abeilles vers un Chasse-reine
point précis. Ces chasse-abeilles sont
dirigés vers le corps de ruche pour que Feuilles de plastique ou de métal à tra ­
les abeilles abandonnent la hausse et vers lesquelles seules les ouvrières
que l’opérateur puisse extraire les ca­ peuvent passer; elles doivent être pla­

183
cées entre la hausse et le corps de ru ­ paré par l’apiculteur pour pallier les
che pour éviter que la reine passe dans carences alimentaires de la ruche
la hausse et y ponde ses œufs; en ef­ s’écoule graduellement.
fet, la form ation d ’un couvain dans la En général, l’opérateur s’aperçoit de
hausse présente des inconvénients, en­ la nécessité de nourrir davantage ses
tre autres celui d ’annuler le principe abeilles après avoir effectué une visite
de la séparation du corps de ruche et de contrôle au printemps. A cette épo­
de la hausse pour transform er cette que en effet, il peut s’apercevoir que
dernière en magasin à miel. la famille n ’a pas assez de nourriture;
il lui faudra alors nourrir lui-même les
abeilles pour qu’elles ne partent pas
Filtres à miel butiner en état d ’affaiblissement. De
plus au printemps, le couvain se déve­
Le miel, une fois extrait des rayons et loppe spontanément: en règle généra­
avant d ’être décanté, peut être filtré le, l’apiculteur pourra donc vérifier si,
pour éliminer tout de suite les nom ­ au début du printemps, une colonie
breuses particules de cire qui y ont été populeuse dispose encore de 5 à 6 kg
mêlées lors de la centrifugation. de miel environ; si la floraison des
plantes environnantes s’avère préco­
ce, ces provisions de miel pourront
Masques et gants être de 2 à 3 kg uniquement. En cas de
nécessité, il pourra également placer à
l’intérieur de la ruche des rayons
Les masques et les gants servent aux
operculés garnis de miel, inutilisés par
apiculteurs de protection contre les pi­
mesure de précaution et conservés en
qûres d ’abeilles.
laboratoire. Si l’apiculteur ne peut se
procurer ce genre de rayons, il alimen­
tera alors ses abeilles avec un nourris-
Cages d’expédition seur contenant un sirop composé de
sucre (un volume) et d ’eau (un volu­
Ces cages perm ettent de placer une me) parfaitem ent mêlés. S’il préfère
nouvelle reine dans une colonie ou de ne remplir le nourrisseur que de miel,
transporter les reines du lieu d ’achat il lui faudra prendre le maximum de
jusqu’aux ruches. précautions car ce miel pourrait irriter
les abeilles et les inciter au pillage;
nous lui conseillons donc de n ’utiliser
Nourrisseurs que du miel extrait de son propre ru­
cher. Ce conseil n ’est pas sans fonde­
Ce sont des appareils possédant un ment: il est en effet arrivé que des co­
fond percé de petits trous à travers lonies contractent des maladies en in­
lesquels le sirop de nourrissement pré­ gérant du miel d ’origine inconnue.

184
Le nourrisseur peut également être trouve chez tous les fournisseurs d ’ar­
utilisé en dehors du printemps pour ticles apicoles.
renforcer les réserves alimentaires ou Certaines trappes servent à prévenir
pallier des cas de force majeure, com­ tout pillage éventuel, à chasser les
me par exemple un mauvais temps abeilles des ruches, à provoquer et à
prolongé avant la première récolte des capturer les essaims; elles peuvent
abeilles. Dans ce cas en effet, les aussi servir à emprisonner les abeilles
abeilles, dépourvues de réserves ali­ à l’intérieur de la ruche lorsque l’api­
mentaires, essaieront, en dépit du culteur désire déplacer la ruche au
mauvais temps, de partir butiner, ris­ moment de la période de récolte. Il est
quant de ne plus retrouver leur ruche. en effet bien connu que les abeilles, à
Aux approches de l’hiver enfin, l’api­ cette époque, volent de fleur en fleur
culteur fournira aux abeilles les provi­ pour butiner puis rentrent, chargées
sions dont elles ont besoin s’il ne veut de leur butin, à l’intérieur de la ruche;
pas les voir m ourir de faim et de il suffira par conséquent à l’apiculteur
froid. Ces provisions pourront être de fixer cette trappe deux heures
constituées de produits liquides ou so­ avant de déplacer la ruche, en sachant
lides; dans ce dernier cas, il s’agit d ’u­ que toutes les abeilles sont à l’inté­
ne pâte composée de miel et de sucre à rieur. Ces trappes ont des formes va­
50%. riées; dans tous les cas, elles sont con­
Le nourrisseur peut également être çues de manière que les abeilles puis­
utilisé pour effectuer des nourrisse- sent entrer sans difficulté à l’intérieur
ments stimulants, dont l’utilité est de la ruche mais ne puissent pas en
particulièrement manifeste au début ressortir; ce système permet égale­
du printemps, un mois avant la florai­ ment de capturer les essaims naturels
son des arbres fruitiers; ce nourrisse- ou de repeupler des familles à l’aide
ment stimule l’activité de ponte de la d ’essaims artificiels.
reine et permet d ’obtenir un plus
grand nombre de butineuses au mo­
ment de la récolte de nectar. Couteaux à désoperculer
Ce sont des couteaux spéciaux qui ser­
Trappes vent à désoperculer les cellules des
rayons avant l’extraction du miel; leur
Il existe toutes sortes de trappes ré­ forme est assez variée; en règle géné­
pondant à diverses fins; le piège à rale, ils ne doivent pas endommager
bourdons en est un exemple: il sert à les rayons mais détacher facilement
capturer les faux bourdons surnumé­ l’opercule de cire. Au début, la lame
raires dans les ruches. Ce genre de de ces couteaux était chauffée à l’eau
trappes est peu répandu mais on les bouillante afin que la désoperculation

185
des cellules soit facilitée; par la suite, Eperons
elle fut chauffée électriquement, ce
qui permit d ’obtenir des résultats en­ Ces instruments sont utilisés pour
core plus satisfaisants. Si l’apiculteur provoquer la désoperculation de cer­
désire utiliser le premier système, il a taines cellules qui, en dépit de l’inter­
intérêt néanmoins à posséder plu­ vention du couteau à désoperculer,
sieurs couteaux afin de procéder à cet­ restent fermées. En effet, certains
te opération le plus vite possible car rayons sont plus ou moins bosselés,
les lames se refroidissent rapidement; donc difficiles à désoperculer complè­
or, la désoperculation des cellules doit tement. Quoi qu’il en soit, l’opérateur
être effectuée rapidement et complète­ devra utiliser cet éperon attentivement
ment pour que l’extraction du miel pour ne pas rompre les opercules ni
soit rationnelle. érafler les parois des cellules.

186
traits de la hausse à chaque déplace­
ment, voire plusieurs fois de suite au
Extraction du miel même emplacement, en particulier si
la région où les ruches ont été instal­
lées est particulièrement riche en nec­
tar. Dans tous les cas, la période la
plus favorable à cette extraction est
Extraction des rayons à miel incontestablement celle où les rayons
à miel sont operculés aux trois quarts;
de la hausse dans ce cas, le miel est parvenu à m a­
turité.
L orsqu’un rucher est exploité de m a­ Pour extraire les cadres de la hausse,
nière rationnelle, il est composé de ru­
l’apiculteur devra prendre toutes les
ches à cadres mobiles sur lesquels l’a­
précautions nécessaires pour déplacer
piculteur fixe des feuilles de cire gau­
la reine et les ouvrières.
frée qui lui perm ettront d ’extraire
Si, par exemple, la reine peut pénétrer
plus facilement le miel que les abeilles
dans la hausse, elle aura tendance à
y auront accumulé.
s’y installer et à y pondre ses œufs;
Cette extraction doit être effectuée
lorsque tous les rayons sont garnis de cette ponte causerait de graves préju­
miel et que, surtout, les cellules sont dices car les cadres de la hausse se­
operculées; l’opération peut égale­ raient recouverts de couvain, ce qui
ment être faite lorsque les cellules du entraînerait une destruction partielle
rayon de la hausse ne sont pas toutes de la ruche puisque le couvain devrait
remplies, mais que 75% d ’entre elles être détruit; qui plus est, le miel obte­
au moins sont operculées. Cette récol­ nu ne pourrait pas être d ’excellente
te peut être faite à la fin du printemps qualité. Pour éviter ce genre d ’inci­
ou au début de l’été, voire au début de dent, l’apiculteur pourra donc placer
l’automne. La possibilité de récolter une grille entre le corps de ruche et la
le miel deux ou trois fois de suite, si hausse; les mailles seront suffisam­
les conditions sont favorables, n ’est ment espacées pour que les ouvrières,
par ailleurs pas exclue. C ’est ainsi mais non la reine, puissent passer;
que, en apiculture pastorale, les ca­ grâce à ce dispositif, facile par ailleurs
dres garnis de miel peuvent être ex­ à installer, l’existence de couvain dans

187
la hausse s’avère impossible. Lorsque printemps ou en été, c’est-à-dire à une
la hausse regorge de miel, l’apiculteur époque où il y a encore une possibilité
devra enlever les cadres garnis de miel de récolte de nectar, peut-être con­
mais ces cadres ne devront pas être re­ viendra-t-il de remplacer aussitôt les
couverts d ’ouvrières ou de butineuses rayons enlevés et garnis de miel par
en pleine activité. P our que l’extrac­ des rayons vides pour que les abeilles
tion puisse se faire sans que les abeil­ puissent continuer à déposer leur bu­
les soient irritées ou excitées, il faudra tin et ne soient pas déconcertées en ne
donc insérer, entre le corps de ruche et trouvant pas le magasin à miel prêt à
la hausse, un apifuge, c’est-à-dire un les accueillir.
système qui permette aux abeilles de Si l’apiculteur désire, en fin de saison,
redescendre dans le corps de ruche extraire tout le miel contenu dans la
mais ne leur perm ette pas de revenir hausse, il devra détacher complète­
dans la hausse. ment la hausse du corps de ruche et
Lorsque les cadres vides seront repla­ replacer sur le nid la toiture qui était
cés dans la hausse, le chasse-abeilles préalablement posée sur la hausse.
devra à nouveau être retiré, puis re­ Dans ce cas, l’extraction des rayons
placé le jo u r précédant une nouvelle de la hausse pourra être effectuée sur
récolte de miel. une paillasse de laboratoire, le plus
A vant de retirer les cadres de la haus­ calmement possible, pour que le tra ­
se ou de détacher cette hausse du vail exécuté soit parfait.
corps de ruche, nous recommandons Le moment de la journée le plus favo­
donc à l’apiculteur d ’enfumer la ru­ rable à cette extraction est, d ’après
che afin d ’en éloigner les abeilles; certains auteurs, le début de la m ati­
après cet enfumage, il retirera la toitu­ née, quand les abeilles n ’ont pas enco­
re et la remplacera par un voile pour re commencé leur récolte journalière,
que les abeilles ne soient pas tentées le miel de la veille étant déjà un peu
par le pillage. Enfin, prudemm ent et concentré. Deux opérateurs pourront
sans à-coups, il lui faudra retirer les ainsi travailler simultanément, l’un
rayons, les uns après les autres et, retirant les cadres de la hausse et les
éventuellement, en chasser les abeilles plaçant dans la caisse appropriée et
qui y seraient restées attachées; pour l’autre reposant les rayons enlevés; il
ce faire, il utilisera, le plus doucement sera également préférable d ’emporter,
possible, une brosse à abeilles. Au cas aussitôt après, les cadres garnis de
où il aurait inséré un apifuge, aucune miel en laboratoire pour éviter tout
abeille ne devra bien entendu rester incident, entre autres l’irritation des
attachée aux rayons de la hausse. L ’a­ abeilles ou leur propension au pillage.
piculteur placera alors les cadres de la Si le rucher est pastoral, une première
hausse dans une caisse prévue à cet ef­ récolte pourra être faite quinze jours
fet. Si cette opération est effectuée au après l’installation des ruches, en par­

188
ticulier lorsque la région est très riche Pour atténuer le plus possible cette
en fleurs; il se peut également que plu­ tentation, l’apiculteur n ’enlèvera pas
sieurs récoltes puissent être faites au les cadres de la hausse d ’une manière
même emplacement: dans ce cas, le continue; il ne visitera donc pas les ru­
rendement sera maximal. ches les unes après les autres, mais al­
Cependant, l’apiculteur devra procé­ ternera ces visites. P our cela, il devra
der à des contrôles encore plus stricts extraire les cadres de 10 ruches, non
et pourvoir à tous les besoins de ses pas en passant de la première à la
colonies afin que, l’autom ne venu, les seconde, de la seconde à la troisième
abeilles ne soient pas privées de réser­ et ainsi de suite ju sq u ’à la dixième
ves; si tel était le cas, il devrait les mais en opérant de manière alternée,
nourrir lui-même et leur fournir les c’est-à-dire: 1 - 3 - 5 - 7 - 9 - 2 - 4 - 6 - 8
provisions nécessaires pour l’hiver. - 10, ou mieux, en espaçant encore
Il vaut mieux, par conséquent, laisser, plus ses visites, c’est-à-dire 1 - 4 - 7 -
peu avant l’hiver, 2 ou 3 cadres garnis 10-2-5-8-3-6-9.
de miel à la disposition de chaque co­ De cette manière, il semble bien que
lonie. les abeilles ne sont pas tentées par le
Nous avons déjà parlé des m anipula­ pillage, à condition bien entendu que
tions auxquelles l’apiculteur devrait les visites soient faites régulièrement.
soumettre chacune de ses ruches au
m oment de la récolte du miel; toute­
fois, dans la majeure partie des cas, il
Désoperculation
se trouve face à un rucher, c’est-à-dire
à plusieurs ruches en pleine activité. Les rayons de la hausse, extraits de la
Ce qui est valable pour un petit rucher ruche, doivent être désoperculés avec
un couteau approprié et placés immé­
(10 ruches environ) l’est aussi pour
diatement dans l’extracteur pour ôter
des ruchers très im portants.
dans les meilleures conditions le miel
Le principal souci d ’un apiculteur qui
encore tiède et donc peu visqueux.
extrait les cadres de la hausse est donc
La désoperculation des rayons doit
de ne pas inciter les abeilles au pillage; être effectuée dans un local aménagé
par conséquent, plus les ruches seront en laboratoire. Cette opération est as­
nombreuses, plus ce danger sera m a­ sez simple bien q u ’elle doive être faite
nifeste puisque les abeilles apparte­ de manière à préserver le rayon et à
nant à des familles différentes pour­ éviter tout dégât inutile; par consé­
ront toujours être attirées par le p ar­ quent, après avoir posé le rayon à dé­
fum du miel qui se trouve à leur por­ soperculer sur une table de travail,
tée, donc essayer de le butiner ce qui, l’apiculteur devra faire passer sous les
du point de vue apicole, est considéré opercules une lame coupante très ai­
comme un signe de dégénérescence. guisée. Dans les grandes exploita­

189
tions, on utilise des désoperculateurs Filtrage
autom atiques qui accélèrent le dispen­
dieux processus de désoperculation. Le miel, à la sortie de l’extracteur, est
versé dans un m aturateur après avoir
traversé un filtre destiné à retenir les
Extraction du miel impuretés qui pourraient y être conte­
nues. Parmi ces impuretés, peuvent se
Cette opération doit être exécutée trouver des fragments de cire, prove­
avec un extracteur, c’est-à-dire un ré­ nant des opercules qui n ’ont pas été
cipient, en général cylindrique, qui complètement enlevés. Ce filtre peut
permet d ’extraire le miel des rayons avoir la forme d ’une grille métallique
sans que ceux-ci soient endommagés. dont les mailles très fines retiennent
Les rayons doivent être insérés dans les impuretés; certains apiculteurs
cet appareil lorsque toutes les cellules préfèrent même utiliser deux filtres en
ont été désoperculées; ils seront ensui­ même temps, le premier possédant des
te vidés sous l’effet de la force centri­ mailles assez larges, le second des
fuge. Cet appareil peut être actionné à mailles plus serrées. D ’autres utilisent
l’aide d ’une manivelle ou, mieux, par des filtres en toile pour que l’épura­
un petit m oteur électrique réglant la tion soit intégrale.
vitesse de rotation. Dans les extrac­
teurs les plus modernes, les rayons des
deux faces peuvent être vidés simulta­ Maturation du miel
nément et le miel précipité sur le fond
du récipient. Précisons toutefois que, Le m aturateur est un récipient qui res­
'de nos jours, certains apiculteurs utili­ semble à une cuve, possédant la plu­
sent encore des extracteurs cylindri­ part du temps une forme cylindrique
ques munis d ’un simple engrenage ac­ et pourvu d ’un gros robinet, dans sa
tionné par une manivelle; dans ce cas, partie inférieure.
seul un côté du rayon peut être vidé et Il sert à décanter le miel et, dans le
l’opérateur se voit contraint, après même temps, à en favoriser la m atu­
quelques tours du cylindre, de blo­ ration.
quer l’engrenage pour pouvoir retour­ Le principe est le suivant: le miel reste
ner le rayon et extraire à son tour le dans le m aturateur ju sq u ’à ce que
miel de l’autre face. La vitesse de ro­ toutes les particules de cire et les bul­
tation de l’extracteur doit, au début, les d ’air qu’il contient soient rem on­
être particulièrement lente puis aug­ tées à la surface.
menter progressivement mais sans ex­ Il est indispensable que le m aturateur
cès pour que les rayons ne soient pas soit placé dans un endroit propre et,
endommagés. surtout, au sec.

190
qu’il n ’en ait déjà une en réserve. Il
introduira cette reine, de préférence
L’essaimage fécondée, dans la ruche avec le maxi­
mum de précautions, en la plaçant
artificiel éventuellement dans une cage protec­
trice. La nouvelle ruche devra être po­
sée sur l’emplacement d ’une ruche
forte que l’apiculteur installera ail­
leurs. De cette manière, les butineuses
appartenant à la ruche déplacée ne
L ’essaimage artificiel est une opéra­
s’apercevront pas, au moment de leur
tion qui permet à l’apiculteur de mul­ retour, de la substitution et viendront
tiplier ses familles d ’une manière ra­ renforcer la nouvelle famille.
tionnelle, c’est-à-dire de prévoir lui- L ’essaimage artificiel doit être fait au
même tout le processus de l’opération printemps; il peut également être ef­
et de ne rien laisser au hasard ou à fectué à une autre époque, en été ou
Pim provisàùon. au début de l’automne par exemple, à
P our pratiquer l’essaimage artificiel condition que la floraison soit abon­
dans les meilleures conditions, l’api­ dante. L ’essaimage artificiel en plein
culteur procédera comme s’il s’agis­ automne est à déconseiller dans les ré­
sait d ’un essaimage naturel. Il utilise­ gions septentrionales mais il s’avère
ra une reine fécondée, des abeilles de possible dans le Midi.
tout âge et des provisions de miel; il
devra également avoir préparé une ru­
che pourvue de six rayons au mini­ Méthodes d’essaimage
mum, dont l’un devra porter des lar­ artificiel
ves arrivées à m aturité, et un autre un
couvain jeune, tous ayant à leur Il existe plusieurs procédés d ’essaima­
disposition suffisamment de réserves ge artificiel. Nous n ’en retiendrons,
alimentaires. pour notre part, que quelques-uns:
La ruche ainsi conçue abritera donc l’essaimage par transvasement, l’es­
des rayons garnis de couvain prove­ saimage par transvasement et perm u­
nant d ’une ou de plusieurs familles; tation, et l’essaimage par substitution
l’apiculteur achètera la reine, à moins et spoliation.

191
Essaimage par transvasement tion; il est appliqué lorsque la nouvel­
le colonie ne peut pas être déplacée,
L ’essaimage par transvasement s’ef­ aussi brièvement soit-il, dans un autre
fectue en enlevant de deux ruches for­ endroit et que, par conséquent, les ru­
tes, après avoir enfumé la colonie, ches doivent être permutées au sein
quelques rayons (en général trois par même du rucher. Le processus de for­
ruche) et en les plaçant dans une ruche mation est analogue au précédent
toute préparée et installée à plus de mais, dans ce cas, la ruche ne quitte
3 km de son ancien emplacement. La pas le rucher et doit être mise à la pla­
nouvelle famille, installée sur les six ce d ’une ruche très forte dont elle ab­
rayons provenant des deux colonies sorbera les butineuses qui, mécon­
initiales, est réunie dans le même nid naissant la situation, y pénétreront en
dont l’intérieur doit être réduit à l’ai­ revenant des champs.
de de deux séparations fixées de cha­
que côté. Cette réduction de l’espace
interne permet d ’éviter que les mem­ Essaimage par substitution et
bres de la nouvelle famille ne cons­ spoliation
truisent des amorces de rayons sup­
plémentaires. Reste encore le procédé de l’essaimage
La reine fécondée introduite s’accou­ par substitution et spoliation que re­
tum era aussitôt à la nouvelle famille commandent certains apiculteurs;
et commencera à pondre. dans ce cas, un rayon du nid à cou­
Dès que la ruche sera installée à l’en­ vain garni d ’une reine et de plusieurs
droit voulu, l’apiculteur ne devra pas abeilles est prélevé dans une ruche po­
pour autant la négliger mais au con­ puleuse et placé dans une ruche amé­
traire effectuer de nombreuses visites nagée à cette fin, pourvue de rayons
pour vérifier si la nouvelle famille vides. Cette ruche est ensuite placée à
s’est amalgamée et a commencé sa vie l’endroit q u ’occupait la ruche à la­
com m unautaire sans difficulté. En­ quelle appartenait la reine et le nid à
fin, dès que l’opération semblera couvain.
réussie, l’apiculteur pourra à nouveau La ruche restée orpheline (à l’intérieur
déplacer la ruche et la replacer dans le de laquelle l’apiculteur aura vérifié la
rucher auquel elle appartenait. naissance imminente d ’une reine vier­
ge) sera alors mise à la place d ’une ru­
che fortement peuplée, cette dernière
Essaimage par transvasement et étant à son tour déplacée. En consé­
permutation quence, de nombreuses butineuses,
appartenant à la ruche orpheline, pé­
Le second procédé est celui de l’essai­ nétreront dans le nid où la reine aura
mage par transvasement et perm uta­ été installée et viendront par là même

192
L'ESSAIM AGE ARTIFICIEL

le repeupler; l’apiculteur s’apercevra prévenir cet essaimage en extrayant


également que de nombreuses abeilles les cellules royales et en les utilisant
appartenant à la ruche qui occupait pour les colonies en form ation.
préalablem ent cet endroit pénétre­ Parfois, certains apiculteurs recou­
ront aussi dans la ruche orpheline; ces rent à une pratique, connue dès l’épo­
abeilles se familiariseront avec la nou­ que romaine, qui tend à refréner, voi­
velle colonie qui attend la naissance re à annuler, la tendance de la reine à
de la nouvelle reine (à moins que l’a­ abandonner le nid pour s’installer
piculteur en ait placé une autre pour dans une nouvelle demeure. Cette
que la famille puisse reprendre ses ac­ pratique consiste à am puter la reine-
tivités plus rapidement). La colonie mère de l’une de ses ailes; par consé­
qui a seulement été déplacée pourra quent, la reine, en raison de cette m u­
par conséquent perdre un certain tilation, ne peut plus abandonner son
nombre de ses butineuses mais, com­ nid.
me nous l’avons déjà précisé, cette fa­ Mais il semble douteux que la reine,
mille étant forte, ce phénomène n ’au­ ainsi mutilée, soit encline à engendrer
ra pas grande conséquence. de nouvelles reines jeunes.
Les apiculteurs qui transvasent des es­
saims naturels dans des ruches ration­
Caractères de l’essaimage nelles ont souvent pour habitude de
artificiel et recommandations frotter l’intérieur de la ruche à l’aide
de zestes de citron ou de feuilles de
Pour pratiquer l’essaimage artificiel, plantes aromatiques afin d ’attirer les
l’apiculteur devra donc toujours pré­ abeilles de l’essaim.
lever les rayons dans des ruches très La pose de rayons garnis de miel dans
fortes afin que l’extraction de deux ou une ruche où l’apiculteur désire instal­
trois rayons garnis de couvain et de ler des essaims naturels s’avère to ta­
réserves abondantes n ’entraîne aucu­ lement inutile; la ruche devra toute­
ne suite fâcheuse. fois être dotée d ’un certain nombre de
L ’essaimage artificiel permet ainsi à feuilles de cire gaufrée, six au mi­
l’apiculteur de ne pas avoir à attendre nimum.
qu’un essaim naturel se forme pour Si l’apiculteur utilise un essaim secon­
posséder une nouvelle colonie; l’api­ daire, il ne doit pas oublier de fournir
culteur peut pratiquer cet essaimage à cet essaim un rayon contenant un
quand il le désire, en utilisant des ru­ nid à couvain jeune car les abeilles
ches modernes à cadres mobiles; il pourraient avoir besoin d ’une ou de
peut augmenter à volonté l’im portan­ plusieurs princesses au cas où la reine
ce du nombre de ses familles pour fa­ s’égarerait au cours de son vol nuptial
voriser ou interrom pre leur propen­ ou ne serait pas fécondée à cause du
sion à l’essaimage. Il peut également mauvais temps.

193
IVRE D l

Dans la plupart des cas, les nouvelles une importance considérable dans la
familles, issues d ’essaims naturels ou mesure où la pleine période de florai­
artificiels, ont toujours le temps de se son peut décliner en l’espace de quel­
procurer des réserves suffisantes pour ques semaines. Il sera donc préférable
l’hiver, et de se repeupler; par consé­ de pouvoir disposer de reines fécon­
quent, aux approches de l’automne, dées, même si l’introduction de cellu­
la nouvelle famille adoptera le même les royales ne pose aucun problème.
com portem ent et devra être traitée de D ’ailleurs, il est assez facile de trouver
la même manière que les abeilles ap­ sur le marché des reines fécondées et
partenant aux autres ruches. sélectionnées, donc d ’excellente quali­
Au cas où les abeilles auraient à af­ té, pour lesquelles les aléas du vol
fronter un orage ou des intempéries, nuptial ne se posent pas.
donc ne récolteraient que des provi­ Nos lecteurs pourraient également
sions insuffisantes, l’apiculteur devra être curieux de savoir quelles sont les
ajouter dans la ruche des rayons oper­ limites exactes de l’essaimage artifi­
culés, garnis de miel prélevé dans une ciel. En règle générale, le nombre des
ruche forte et largement approvi­ abeilles mises en essaim ne doit pas
sionnée. dépasser 25 à 30% du nombre total
Certains apiculteurs s’appliquent à ré­ des abeilles disponibles; en cas de
duire la largeur du trou de vol de leurs pourcentage assez élevé, l’apiculteur
ruches pour éviter que des abeilles ne devra pas songer à sa production
étrangères ne viennent les piller alors annuelle, car s’il voulait à la fois m ul­
que les nouvelles familles n ’ont pas tiplier les familles et obtenir une forte
encore pu monter leur corps de garde. production, il finirait par mettre en
Parfois, lorsque des abeilles, prove­ danger la survie des familles... Donc,
nant de familles différentes, sont réu­ s’il ne veut vraiment pas renoncer à la
nies pour form er une nouvelle colo­ production en cours, il devra se con­
nie, les apiculteurs les saupoudrent de tenter d ’un repeuplement assez m o­
farine blanche. On a constaté que la deste de l’ordre de 10%. Dans ce cas,
reine introduite était plus facilement il pourra parvenir à une augm entation
acceptée. de production de 70% supérieure à
Nos lecteurs se dem andent peut-être celle q u ’il aurait obtenue s’il n ’avait
s’il convient ou non de fournir aux pas pratiqué l’essaimage artificiel et si
nouvelles familles en form ation une des essaims naturels ne s’étaient pas,
reine ou des cellules royales. A ce gen­ occasionnellement, formés. Si nous
re de question, nous répondrons que précisons, dans un but bien précis,
la présence de reines jeunes et fécon­ “occasionnellement”, c’est que, en
dées entraîne bien souvent une nou­ fait, en apiculture rationnelle, l’essai­
velle ponte anticipée de 15 ou 16 jours mage naturel ne devrait pas se pro­
environ. Ce phénomène peut revêtir duire.

194
L'ESSAIMA GE ARTIFICIEL

Conclusion vieilles abeilles, donc si elle peut régu­


lièrement se renouveler. Peut-être de­
P our nous résumer, rappelons donc vra-t-il, à cette fin, visiter la ruche
quelques règles d ’ordre général, ayant quelques jours après la form ation de
trait aux essaimages artificiels: en gé­ la colonie: au cas où elle ne serait pas
néral, une famille nouvellement for­ assez peuplée, il faudrait alors lui
mée ne possède pas de reine qui lui fournir d ’autres abeilles avant d ’ajou­
soit propre; donc, la reine introduite ter la nouvelle reine ou la cellule
royale.
doit, si possible, être fécondée; acces­
L ’introduction de la nouvelle reine ou
soirement, on peut ajouter des cellules
de la cellule royale doit être faite deux
royales. De ces cellules, naîtront des jours après la form ation de la colonie,
reines vierges qui devront accomplir c’est-à-dire lorsque la colonie a déjà
leur vol nuptial. réalisé qu’elle était orpheline mais
La nouvelle colonie a besoin de possé­ q u ’elle espère encore survivre.
der parmi ses membres des abeilles L ’apiculteur devra enfin connaître
qui réchauffent les rayons du nid à l’origine exacte des cellules royales.
couvain: de cette manière, de nouvel­ Il vérifiera la présence de faux bour­
les abeilles naîtront rapidement. dons ou de cellules de faux bourdons,
L ’apiculteur doit vérifier si la famille l’état général de la reine, la disponibi­
est à la fois composée de jeunes et de lité de nectar dans la région.

195
hiver, par contre, le rucher reste uni­
quement sur place car l’apiculteur a
L’apiculture également besoin de changer son m a­
pastorale tériel et de préparer le rucher pour le
printemps suivant.
Dans certains pays évolués, la tran ­
shumance des ruchers est largement
pratiquée, au plus grand profit de l’a­
griculteur et de l’apiculteur, car ce
L ’apiculture pastorale ou transhu­ dernier se voit souvent octroyer par
mante est une pratique qui mérite de les agriculteurs des subventions lors­
se développer car elle suppose l’ex­ q u ’il place son rucher à proximité de
ploitation rationnelle de la floraison leurs plantations d ’arbres fruitiers ou
grâce au transport de ruches dans les dans leurs champs de légumineuses à
régions particulièrement mellifères. graines; dans ces cas en effet, les pro­
En apiculture fixe, en effet, les abeil­ ductions agricoles augmentent consi­
les disposent d ’un certain rayon d ’ac­ dérablement.
tion pour butiner; par ailleurs, que la Quoi q u ’il en soit, pour pratiquer ce
floraison soit printanière, estivale ou genre d ’apiculture, les apiculteurs de­
autom nale, la contrée butinée par les vront être suffisamment expérimentés
abeilles est, en général, plus ou moins car il leur faudra prendre un très
nectarifère; donc, les abeilles ne peu­ grand nombre de précautions, entre
vent récolter que ce q u ’elles trouvent autres celle de transporter leurs ruches
dans les alentours du rucher. En api­ sans les soumettre à la moindre vibra­
culture pastorale, au contraire, le ru ­ tion ou au moindre choc.
cher est transporté dans une région où Pour que l’apiculture pastorale soit
la floraison est plus tardive. P ar con­ exploitée dans les meilleures condi­
séquent, qui dit apiculture pastorale tions, voici donc quelques règles géné­
dit récolte continue de miel, butiné rales.
continuellement par les abeilles du dé­ 1. L ’apiculture pastorale doit être
but du printemps à la fin de l’été (ré­ pratiquée avec des ruches fortes
gions septentrionales) ou à la fin de et populeuses; le nombre des buti­
l’autom ne (régions méridionales); en neuses doit y être très im portant.

196
L'APIC U LTU RE PASTO R ALE

Une ruche affaiblie ne serait en 5 km de leur emplacement perm a­


effet pas suffisamment rentable nent, sinon cette pratique serait
pour compenser les frais de trans­ pour ainsi dire inutile.
port; l’apiculteur devra donc la 10. Lorsque les ruches sont placées à
laisser à sa place. l’endroit choisi, l’apiculteur doit
2. Au cours du transport, la ruche ouvrir les trous de vol.
doit être parfaitem ent stabilisée à 11. L’extraction du miel peut être ef­
l’aide de crochets et de cordes fectuée sur place à condition que
pour q u ’elle ne risque pas de bou­ l’apiculteur soit parvenu à amé­
ger ou de se retourner; dans tous nager un laboratoire à proximité
les cas, les entrées doivent être du rucher, sinon il doit utiliser un
closes pour que les abeilles ne véhicule pour transporter son m a­
puissent pas s’enfuir et se perdre. tériel. L ’apiculteur peut posséder
3. Les cadres qui se trouvent dans le plusieurs hausses de rechange et
corps de ruche doivent être blo­ conserver dans des caisses appro­
qués afin qu’ils ne se déplacent priées les hausses garnies et oper­
pas et n ’endommagent pas les culées pour en extraire ensuite le
rayons ou ne blessent les abeilles. miel; précisons toutefois que cette
4. Il ne faut pas transporter la ruche méthode suppose que l’apiculteur
avec la hausse, pour éviter un ait à sa disposition de nombreux
échauffement excessif du nid et rayons de hausses au cas où la ré­
l’asphyxie des abeilles. colte serait abondante.
12. L ’extraction des rayons de miel
5. Le transport des ruches doit être
de la hausse doit être effectuée
fait au début de la floraison. Un
prudemment, pour que les abeil­
dispositif d ’aération doit être pré­
les ne soient pas incitées au pil­
vu: certains apiculteurs utilisent
lage.
un fond de ruche perforé.
13. Pour revenir vers sa résidence ha­
6. Avant de les transporter, l’apicul­
bituelle, l’apiculteur doit rechar­
teur doit vérifier si les ruches sont ger sur le camion ou tout autre
solides, donc ne risquent pas de se véhicule les ruches avec leurs
rom pre ou de s’abîmer. hausses et les recouvrir d ’un enca­
7. Le transport doit être effectué de drement aux mailles très serrées,
nuit ou à l’aube. en grillage galvanisé ou, mieux,
8. Si les abeilles bourdonnent d ’une toile résistante pour éviter
bruyam m ent, c’est que l’intérieur de perdre des abeilles.
du nid est surchauffé; si ce cas se 14. Il faut donc être un expert pour
présente, l’apiculteur devra es­ pratiquer l’apiculture pastorale.
sayer de mieux aérer la ruche. Le nomadisme est sans doute, en
9. Les ruches pastorales ne doivent apiculture, la spécialisation maxi­
pas être déplacées à moins de mum de cette activité.

197
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

Il existe à vrai dire de très nombreux savoir que cette activité était déjà pra­
ouvrages, dignes d ’intérêt, traitant de tiquée dans la Grèce antique, q u ’elle
l’apiculture pastorale; toutefois, pour était connue en Egypte (où l’on prati­
que nos lecteurs com prennent son in­ quait la transhum ance à bord de fe­
térêt, son im portance et le charme louques sur le Nil), et l’est de plus en
qu’elle évoque, q u ’il leur suffise de plus, dans de nombreux pays.

198
En janvier, l’apiculteur doit procéder
à quelques contrôles en prévision du
Calendrier apicole printemps suivant. Il peut par exem­
mensuel ple: préparer les cadres et la cire gau­
frée qu’il utilisera ou gardera en réser­
ve la saison suivante; vérifier si son
matériel est en bon état; visiter les
rayons garnis de miel et encore oper­
Ce chapitre propose quelques conseils
culés q u ’il avait mis de côté l’été pré­
pour l’entretien des ruches, mois par
cédent pour les placer éventuellement,
mois. Les apiculteurs pourront y tro u ­
ver quelques précisions concernant dès la reprise du printemps, avant la
des techniques particulières ou cer­ floraison des arbres fruitiers, dans les
tains aménagements propres au cli­ ruches qui seraient dépourvues de ré­
mat, à la flore, à la composition du serves alimentaires; veiller à conserver
rucher. Il est donc im portant de tenir en parfait état de propreté la grille
compte des remarques qui sont faites, d ’hiver q u ’il ouvrira dès les premiers
et mieux, d ’en tirer parti. beaux jours pour que les abeilles ac­
complissent leur vol de purification;
au cas où, pour une raison quel­
Janvier conque, les abeilles ne sortiraient pas
de leur ruche dès les premières cha­
Au mois de janvier, l’apiculteur doit leurs, il tapotera légèrement le devant
laisser les abeilles absolument tran ­ de la ruche pour les inciter à s’envoler
quilles car tout bruit, tout dérange­ et les sortir de leur torpeur hivernale;
ment irriterait les abeilles et les incite­ en effet, lorsque les abeilles sont sim­
rait à consommer plus de miel. plement engourdies, elles s’agitent
Il faut veiller aussi à enlever la neige aussitôt et sortent de leur ruche. Pour
qui pourrait se déposer sur la plan­ cette opération, l’heure idéale semble
chette de vol de la ruche; observer de être aux alentours de midi.
l’extérieur le va-et-vient des abeilles et Bien entendu, tout dépend du climat
s’assurer que des animaux nuisibles de votre région; ainsi lorsque, dans le
n ’ont pas pénétré à l’intérieur de la Midi, les abeilles commencent à récol­
ruche. ter du nectar, les colonies installées

199
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

dans les ruches alpines sont encore la reine. Si certaines abeilles se dépla­
sous la neige. Dans les régions méri­ cent lourdement, incapables de voler
dionales en effet, les colonies cessent et l’abdomen gonflé, elles sont peut-
pour ainsi dire toute activité en dé­ être victimes de nosémiase. Si la ruche
cembre et se réveillent en février; dans manque d ’eau, le miel qui y est conte­
le nord, au contraire, il faut attendre nu risque de se cristalliser: l’apicul­
le mois de mars et, dans les zones de teur devra donc fournir de l’eau à ses
m ontagne, le mois de juin, pour voir abeilles et les nourrir artificiellement
les abeilles repartir butiner. avec du sirop. Si les abeilles se battent
L ’apiculteur a donc intérêt à visiter sur la planchette de vol, c’est peut-
l’intérieur des ruches. Pour cela, il être à cause de pillage ou de tentative
doit procéder rapidement et observer de pillage. Si l’intérieur de la ruche est
l’ensemble de la population, la cou­ beaucoup trop humide, les ventileuses
leur globale du couvain qui doit rap­ dépenseront beaucoup plus d ’énergie;
peler celle de la nacre. il faudra donc trouver un moyen pour
En janvier, au nord de la France, les résorber cette humidité sans altérer les
abeilles consomment assez peu; dans rayons ni irriter la colonie.
le Midi par contre, les abeilles, P ar ailleurs, les abeilles peuvent être
n ’ayant pas à affronter les rigueurs du contaminées par les parasites; l’api­
froid ni les chutes de neige, peuvent culteur, possédant suffisamment de
très bien ne pas se regrouper, et à un notions sur la pathologie des abeilles,
rythm e ralenti, continuer à travailler; pourra immédiatement en suspecter
dans ce cas, elles consomment beau­ l’attaque: les abeilles, en effet, ne
coup plus d ’un kilogramme de miel peuvent plus s’envoler de la planchet­
par mois (comme pour la période de te de vol, ni même se déplacer; leur
repos). Elles peuvent même absorber ventre est gonflé, leur vol lourd.
une livre de miel en l’espace d ’une Il se peut également que l’apiculteur
journée, en particulier si la floraison ait à visiter un très grand nombre de
des plantes est imminente. L ’apicul­ ruches. Pour éviter de se pencher trop
teur peut s’apercevoir de la reprise du longtemps, un apiculteur ingénieux a
travail et de la voracité du couvain; les inventé un système, consistant en un
abeilles, en effet, partent en quête de tuyau d ’un mètre de long environ et
nourriture, s’envolent normalement de 10 mm de diamètre, à l’une des ex­
et le soir venu, bourdonnent légère­ trémités duquel il est possible de fixer
ment à l’intérieur de la ruche. un entonnoir, l’autre extrémité étant
En cas d ’anomalies, au contraire, les introduite dans le trou de vol de la ru ­
abeilles errent en tous sens; cette agi­ che. L ’apiculteur pourra ainsi distin­
tation est parfois due au fait que la guer le bourdonnem ent des familles
colonie se trouve orpheline; l’apicul­ en parfait état de santé de celui des fa­
teur devra s’assurer de la présence de milles affectées d ’un trouble quelcon­

200
CALENDRIER APIC O LE MENSUEL

que. Enfin, il vérifiera si les réserves nectar ne sont pas encore disponibles
alimentaires sont suffisantes. et où les abeilles finiraient par con­
Dans la région méditerranéenne, il ar­ sommer rapidement leurs réserves ali­
rive que la tem pérature avoisine 16 à mentaires.
18°C vers la fin du mois de janvier: Ajoutons encore q u ’une trop grande
dans ce cas les abeilles essaient de re­ humidité nuit, car non seulement les
prendre leurs activités et effectuent rayons et le pollen peuvent être en­
leur vol de purification. La grille d ’hi­ dommagés et la température interne
ver doit alors être enlevée pour que les du nid altérée, mais les abeilles ris­
abeilles puissent sortir sans difficulté. quent de contracter des maladies, en
Lorsque les rayons sont moisis, il faut particulier la diarrhée.
les enlever, les soufrer, les mettre à
l’abri et les remplacer, si possible, par
des rayons en bon état. Si, pour une Février
raison quelconque, les abeilles ont été
surprises ou anéanties par les rigueurs En février, dans les régions septen­
de l’hiver, il faut désinfecter au maxi­ trionales, l’apiculteur doit continuer à
mum la ruche, la m ettre à l’abri si né­ surveiller les ruches et à dégager la
cessaire et la préparer pour y installer neige qui pourrait se trouver sur la
une nouvelle famille quelques mois planchette de vol; s’il découvre des
plus tard. Dans les régions septentrio­ abeilles mortes de froid sur le devant
nales, les abeilles peuvent parfois sor­ de la ruche, il doit également les reti­
tir en janvier à la faveur d ’une belle rer pour éviter tout risque d ’infection
journée; l’apiculteur devra, par pru­ ou de pillage. En général, la reine
dence, vérifier si le réveil et la sortie commence à pondre les œufs du futur
des abeilles ne sont pas prématurés; si couvain alors que la famille est encore
tel était le cas, il conviendrait de pla­ regroupée en grappe.
cer la ruche dans un endroit ombragé. Dans les régions du Midi, la reine a
Par contre, si la sortie de purification déjà commencé cette ponte depuis le
s’avérait nécessaire, il faudrait laisser début du mois; les abeilles sont épar­
la ruche au soleil. Dans le sud, au con­ pillées et commencent à butiner les
traire, si les abeilles recommencent à amandiers, les pêchers, les légumi­
sortir régulièrement de leur ruche en neuses.
janvier, alors que les fleurs ne sont L ’apiculteur doit donc évaluer le vo­
pas encore écloses, la consommation lume exact des réserves alimentaires et
alimentaire se trouvera évidemment placer dans la ruche un abreuvoir;
perturbée; il faudra par conséquent dans le sud, le nourrissement stimu­
placer les ruches à l’ombre pour retar­ lant des abeilles avec du sirop peut
der le plus possible l’activité des abeil­ s’avérer utile.
les dans la mesure où les provisions de Dans d ’autres régions, il se peut aussi

201
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

que les abeilles partent butiner vers la ves alimentaires, ou en est presque dé­
fin du mois de février et recueillent du pourvue, il faut la nourrir avec du si­
pollen q u ’elles régurgiteront au cou­ rop; si nécessaire, lui fournir égale­
vain déjà bien développé. ment de l’eau. Au cas où les abeilles
En février, les visites sont plus faciles ne seraient pas encore parties récolter
à effectuer: il ne faudra pas oublier du pollen, poser, par mesure de sécu­
cependant de prendre le maximum de rité, près de la ruche, des succédanés
précautions pour ne pas troubler les de pollen tels que les farines protéi-
abeilles qui, gênées dans leurs mouve­ ques de soja ou de châtaigner.
ments, s’irriteraient facilement. Ces Le mois de mars est, en général, le
visites doivent être effectuées lorsque meilleur moment pour le transvase­
la plupart des abeilles sont sorties de ment des colonies des ruches vulgaires
la ruche, donc aux heures les plus dans des ruches rationnelles car la pé­
chaudes. Si la toiture de la ruche est riode de pleine floraison n ’est pas en­
soulevée, ne pas oublier de recouvrir core commencée et les abeilles sont
la ruche d ’un voile protecteur. Eviter déjà sorties de la ruche.
surtout de faire tom ber du miel sur le Il est également possible, pendant cet­
sol, ce qui inciterait les abeilles au pil­ te période, de réunir les familles affai­
lage. Utiliser éventuellement un enfu- blies ou de récupérer les familles or­
moir pour éloigner les abeilles. phelines. Dans les zones septentriona­
Profiter de cette occasion pour véri­ les, prêter toutefois attention au cli­
fier l’état de santé de la reine, la pré­ mat et, si nécessaire, reporter au mois
sence de cellules royales, l’état du d ’avril certaines m anipulations à ef­
couvain. fectuer normalement en mars.
Extraire les cadres à la verticale et ne Le mois de mars est considéré comme
dangereux pour la survie des familles:
pas les plier latéralement: grâce à to u ­
il peut en effet y avoir pénurie de ré­
tes ces précautions, cette m anipula­
serves alimentaires (donc, y pour­
tion a lieu sans difficulté.
voir), ou contam ination d ’une ruche.
Quel que soit le type de maladie ou si
la colonie a été anéantie par le froid, il
Mars faut extraire les rayons et les porter en
laboratoire pour les analyser; éviter
En mars, les vols de purification sont aussi que des pillardes pénètrent à
de plus en plus fréquents; il faudra l’intérieur de la ruche, contractent la
donc en contrôler la régularité. Il con­ maladie et la transm ettent à leurs pro­
vient de connaître exactement l’im­ pres familles. Il faut donc nettoyer la
portance de la famille et, éventuelle­ ruche et la désinfecter.
ment, de la réapprovisionner en Fournir aux colonies orphelines une
rayons operculés garnis de miel; si la reine. Si le froid menace, protéger le
colonie ne possède pas assez de réser­ couvain en cours de m aturation.

202
que les abeilles partent butiner vers la ves alimentaires, ou en est presque dé­
fin du mois de février et recueillent du pourvue, il faut la nourrir avec du si­
pollen q u ’elles régurgiteront au cou­ rop; si nécessaire, lui fournir égale­
vain déjà bien développé. ment de l’eau. Au cas où les abeilles
En février, les visites sont plus faciles ne seraient pas encore parties récolter
à effectuer: il ne faudra pas oublier du pollen, poser, par mesure de sécu­
cependant de prendre le maximum de rité, près de la ruche, des succédanés
précautions pour ne pas troubler les de pollen tels que les farines protéi-
abeilles qui, gênées dans leurs mouve­ ques de soja ou de châtaigner.
ments, s’irriteraient facilement. Ces Le mois de mars est, en général, le
visites doivent être effectuées lorsque meilleur moment pour le transvase­
la plupart des abeilles sont sorties de ment des colonies des ruches vulgaires
la ruche, donc aux heures les plus dans des ruches rationnelles car la pé­
chaudes. Si la toiture de la ruche est riode de pleine floraison n ’est pas en­
soulevée, ne pas oublier de recouvrir core commencée et les abeilles sont
la ruche d ’un voile protecteur. Eviter déjà sorties de la ruche.
surtout de faire tom ber du miel sur le Il est également possible, pendant cet­
sol, ce qui inciterait les abeilles au pil­ te période, de réunir les familles affai­
lage. Utiliser éventuellement un enfu- blies ou de récupérer les familles o r­
moir pour éloigner les abeilles. phelines. Dans les zones septentriona­
Profiter de cette occasion pour véri­ les, prêter toutefois attention au cli­
fier l’état de santé de la reine, la pré­ m at et, si nécessaire, reporter au mois
d ’avril certaines m anipulations à ef­
sence de cellules royales, l’état du
fectuer normalement en mars.
couvain.
Le mois de mars est considéré comme
Extraire les cadres à la verticale et ne
dangereux pour la survie des familles:
pas les plier latéralement: grâce à to u ­
il peut en effet y avoir pénurie de ré­
tes ces précautions, cette m anipula­
serves alimentaires (donc, y pour­
tion a lieu sans difficulté.
voir), ou contam ination d ’une ruche.
Quel que soit le type de maladie ou si
la colonie a été anéantie par le froid, il
Mars faut extraire les rayons et les porter en
laboratoire pour les analyser; éviter
En m ars, les vols de purification sont aussi que des pillardes pénètrent à
de plus en plus fréquents; il faudra l’intérieur de la ruche, contractent la
donc en contrôler la régularité. Il con­ maladie et la transm ettent à leurs p ro ­
vient de connaître exactement l’im­ pres familles. Il faut donc nettoyer la
portance de la famille et, éventuelle­ ruche et la désinfecter.
ment, de la réapprovisionner en Fournir aux colonies orphelines une
rayons operculés garnis de miel; si la reine. Si le froid menace, protéger le
colonie ne possède pas assez de réser­ couvain en cours de m aturation.
En mars, les fausses teignes et autres Repeupler au maximum les familles
parasites du miel et de la cire tendent fortes car elles sont susceptibles de
à proliférer: lutter aussitôt contre ces réaliser une récolte abondante; leur
parasites pour éviter tout dégât ulté­ fournir, en février ou au début du
rieur. mois de mars, une alimentation sti­
En général, les essaims naturels se for­ mulante. Si des familles sont affai­
ment dans le sud en mars et, dans le blies, ajouter, pour y remédier, des
nord, en mars-avril; si nécessaire, pré­ rayons avec couvain et réserves; c’est
voir de les capturer pour multiplier les seulement de cette manière que la fa­
familles. Dans ce cas, guetter le pre­ mille pourra se rétablir.
mier stade de l’essaimage, c’est-à-dire Au cours de toutes les manipulations
le mom ent où les abeilles et la reine se (ravitaillement, nourrissement stimu­
fixent sur une branche d ’arbre et se lant, ou adjonction de rayons de
rassemblent en grappe. Pratiquer de miel), veiller à éviter le pillage car,
préférence l’essaimage artificiel qui dans les ruchers, les abeilles se laissent
est plus rationnel. A cette époque, les souvent entraîner par cette tendance.
abeilles commencent à récolter du Parfois, le pillage est dû à l’im pruden­
nectar et du pollen: vérifier, par me­ ce de l’apiculteur: donc, ne pas lais­
sure de précaution, si les arbres frui­ ser, à portée des abeilles, des outils re­
tiers butinés par les abeilles n ’ont pas couverts de miel ou de substances plus
été traités avec des antiparasites pen­ ou moins douceâtres.
dant la floraison. Rappelons que le
traitem ent des arbres fruitiers, en plei­
ne période de floraison, est non seule­ Avril
m ent nocif pour les abeilles, mais ré­
duit les possibilités de fécondation des En avril, dans le nord, les abeilles sont
fleurs. déjà en pleine activité et le couvain est
Les agriculteurs qui s’obstinent à ef­ presque à son maximum. Dans le Mi­
fectuer ces traitem ents pendant la flo­ di, il est déjà temps de fixer la hausse
raison, au lieu de les appliquer quel­ sur le corps de ruche. Si, ju sq u ’en
ques jours avant ou après la chute des avril, le temps est pluvieux, il est plus
pétales, causent de très graves préju­ prudent de nourrir les abeilles artifi­
dices aux butineuses et aux fleurs. ciellement et de placer dans la ruche
En cas d ’em poisonnement, rechercher quelques rayons garnis de miel pour
qui a empoisonné les fleurs et s’adres­ éviter tout incident; si, au contraire, le
ser au ministère de l’Agriculture car il temps s’avère clément, les abeilles ne
existe, à ce sujet, une loi (voir le cha­ risquent plus de m ourir de faim car la
pitre sur la législation) et des arrêtés récolte est commencée. A u cours des
préfectoraux qui traitent suffisam­ visites, vérifier l’état de santé de la rei­
ment et clairement de la question. ne; contrôler également si la colonie

203
ABEL

s’apprête à essaimer car le mois d ’a­ vieilles et jeunes abeilles cohabitent


vril est le plus propice à l’essaimage. mais les vieilles abeilles finissent bien
En vérité, les membres de la famille entendu par mourir et le nombre des
destinés à essaimer attendent que butineuses diminue. Toutefois, si le
s’approche le moment de la première temps continue à être clément, peu à
récolte pour se munir de provisions et peu, de nouvelles ouvrières voient le
suivre la reine, après avoir vérifié si le jour et, rapidement, renforcent le
couvain contenait des cellules royales nombre prim itif des butineuses dont
qui engendreront de nouvelles reines le maximum est atteint aux approches
vierges. L’apiculteur peut, quant à de l’été. Par conséquent, plus la flo­
lui, prévoir de pratiquer à temps l’es­ raison est variée et se prolonge au-de-
saimage artificiel ou, au contraire, là du printemps, plus le nombre des
empêcher l’essaimage naturel en reti­ butineuses est grand.
rant des rayons les cellules royales.
Dans ce cas, la reine mère, compre­
nant q u ’elle ne pourra pas être rem ­ Mai
placée, renonce à essaimer ou recom­
mence à pondre de nouveaux œufs Au mois de mai, les abeilles récoltent
parmi lesquels pourront naître des du miel presque partout; dans le sud,
princesses. Lorsque l’apiculteur pos­ cette récolte est effectuée dès le début
sède assez d ’expérience, il pourra re­ du mois, dans le nord, vers la fin du
peupler sa famille de manière à éviter mois. Surveiller si le nid n ’est pas trop
une seconde tentative d ’essaimage. Si peuplé afin d ’éviter la form ation d ’es­
la ruche est ensuite pourvue de cire saims naturels qui risquent d ’être dan­
gaufrée, dotée de cellules identiques, gereux; dans le nord, pratiquer éven­
la reine sera encore moins encline à es­ tuellement l’essaimage artificiel.
saimer, car elle ne pourra pas vrai­ Dans le sud, l’élevage et le change­
ment pondre d ’œufs de faux bour­ ment des reines se poursuit; dans le
dons ou stimuler la form ation de cel­ nord au contraire, il ne fait que com­
lules royales. Ne pas oublier cepen­ mencer.
dant de remplacer la reine car, au Ne pas oublier de placer entre la haus­
bout de 3 ou 5 ans, elle pourrait très se et le corps de ruche une plaque en
bien être complètement épuisée et de­ tôle perforée destinée à éviter que la
venir stérile, voire m ourir; par consé­ reine ne ponde des œufs dans la
quent, penser à remplacer à l’autom ­ hausse.
ne précédent les vieilles reines. En En mai et, à la rigueur, en avril, les
avril, la plupart des ouvrières âgées apiculteurs peuvent commencer à pra­
meurent tandis que les ouvrières nées tiquer l’apiculture pastorale.
dans le courant de l’année partent bu­ Vérifier si un essaim secondaire n ’est
tiner; en fait, pendant quelque temps, pas en train de se former en écoutant

204
CALENDRIER APIC O LE MENSUEL

si les reines n ’émettent pas leur “chant teur peut encore pratiquer l’essaimage
de guerre”, hymne caractéristique artificiel au cas où ses familles se­
précédent toujours l’essaimage. raient particulièrement populeuses et
Enfin, ne pas oublier que les parasites risqueraient de former des essaims na­
commencent vraiment à proliférer turels. A jouter éventuellement un ou
(mites, bourdons, guêpes, fourmis) et deux rayons dans les ruches où, en
les maladies à sévir; refréner cette raison de la faiblesse des familles au
prolifération et nettoyer le terrain en­ printemps, une planche de partition et
vironnant pour procéder plus aisé­ 9 ou 10 cadres ont été posés; ce ren­
ment aux visites externes. forcement effectué avec toutes les pré­
cautions nécessaires, perm ettra aux
familles affaiblies de surmonter les ri­
Juin gueurs de l’hiver.

Au mois de juin, les butineuses conti­


nuent à récolter leur butin mais cette Juillet
récolte diminue progressivement; elle
peut encore être abondante dans les Dans certaines régions, le mois de
régions centrales et septentrionales, juillet est assez chaud; par consé­
en particulier s’il y a, dans ces ré­ quent, il est parfois nécessaire de pla­
gions, des végétaux à floraison estiva­ cer à l’ombre les ruches qui étaient
le. P ar contre, dans les pâturages al­ ju sq u ’alors les plus exposées au soleil.
pins, cette époque est la plus favora­ Il se peut également que les ruches
ble à la récolte: y pratiquer l’apicultu­ soient encore habitées par des faux
re pastorale. Dans les collines du Mi­ bourdons: leur présence pourra laisser
di, les abeilles butinent les châtai­ supposer que, le massacre des mâles
gniers; dans le nord, elles continuent à n ’ayant pas été effectué, la colonie est
butiner les tilleuls, les châtaigniers et orpheline ou très forte, donc suscepti­
les fleurs des prés. Dans le sud, les ble de former un essaim naturel; véri­
abeilles éprouvent, pendant un certain fier quelle est la situation réelle et, si
temps, le désir de piller car, en raison la saison le permet, pratiquer un essai­
de la chaleur et de la sécheresse, ne mage artificiel.
trouvant plus que des fleurs fanées, L ’extraction du miel de la ruche doit
elles essaient de trouver d ’autres sour­ être mesurée selon la possibilité d ’une
ces de nourriture. En juin, le sphinx seconde récolte estivale ou autom na­
tête de m ort fait son apparition: éviter le, et être pratiquée de façon à obtenir
q u ’il ne vienne troubler la colonie et divers types de miel bien distincts, par
puiser dans les réserves de miel. des intervalles de temps bien calculés.
Dans le courant de ce mois, l’apicul­ Pour connaître la couleur du miel, il

205
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

suffit de regarder les rayons par trans­ pour compléter le rayon de la hausse
parence; après un certain nombre et le remplir.
d ’observations, cette distinction de­
viendra facile, même pour les apicul­
teurs inexpérimentés. Août
Lorsque le climat est instable, si la
floraison des plantes est terminée, vé­ Le mois d ’août est le mois durant le­
rifier l’état de santé de la famille et le quel les abeilles ont le plus tendance à
volume des réserves alimentaires em­ piller les ruches, en particulier si, en
magasinées pour l’hiver, afin de pour­ raison de la sécheresse, la floraison est
voir, éventuellement, la ruche de pour ainsi dire nulle; les visites des ru ­
rayons supplémentaires avant que le ches doivent être faites avec le maxi­
froid ne sévisse. mum de précautions, le soir venu.
Dans le courant de ce mois, l’apicul­ L ’apiculteur devra prendre les mêmes
ture pastorale peut être largement précautions qu’en juillet et songer
pratiquée en montagne: l’apiculteur constamment aux dégâts causés par
aura donc intérêt, avant de déplacer les bourdons, les guêpes, les poux des
ses ruches, à vérifier l’état de santé de abeilles, les sphinx tête de m ort, les
ses colonies et à prévoir l’endroit mites, les fourmis et autres insectes en
exact où il posera ses ruches. quête de nourriture, qui seraient ravis
La découverte de colonies affaiblies d ’être “reçus” par les abeilles.
dans certaines ruches doit inciter l’a­ Dans certaines régions, la floraison
piculteur à en trouver le plus vite pos­ est encore assez abondante car y fleu­
sible la cause, qui peut être une m ala­ rissent la luzerne et plusieurs espèces
die; les colonies vigoureuses peuvent de trèfle; dans ce cas, la récolte est as­
être, elles, destinées, une fois la récol­ sez prolongée, quoique lente. Ail­
te achevée, à la production d ’essaims leurs, la floraison est plus ou moins
artificiels. interrompue et les abeilles se retrou­
Si la récolte estivale est abondante, il vent la plupart du temps oisives, ce
peut s’avérer utile d ’insérer une ou qui les incite au pillage.
deux feuilles de cire gaufrée entre les Il est encore possible de trouver, à cet­
rayons d ’une famille très active: ces te époque, des faux bourdons dans les
feuilles seront aussitôt complétées et ruches: par conséquent, vérifier si les
le nouveau couvain engendré. Cer­ reines ne pondent pas exclusivement
tains apiculteurs suggèrent d ’insérer des œufs non fécondés. Dans ce cas,
quelques feuilles de cire gaufrée dans en effet, les colonies finiraient par
la hausse: mais, dans ce cas égale­ disparaître: l’apiculteur devra alors, si
ment, la cire gaufrée devra être placée cela s’avère possible, les réunir à d ’au­
entre deux rayons operculés; les abeil­ tres familles, mais procéder, pour ce
les seront aussi davantage stimulées faire, avec le maximum de précau-

206
CALENDRIER APIC O LE MENSUEL

tions car elles pourraient être repous­ En septembre en général, les hausses
sées par les abeilles appartenant à des sont retirées dans le nord, et l’opéra­
familles fortes. Un conseil: réunir en­ teur procède à la dernière extraction
tre elles les colonies affaiblies et ne de miel; dans le sud par contre, les
pas les mêler à des colonies fortes; cel- hausses peuvent encore être utiles. El­
les-ci en effet n ’ont pas besoin d ’être les doivent toujours être retirées et
repeuplées alors que deux colonies af­ nettoyées avant d ’être rangées.
faiblies ne peuvent que bénéficier de Si les colonies s’apprêtent à prendre
cette réunion. Prévenir toute attaque leur repos hivernal, dans le nord en
de parasites, en particulier avant ce particulier, procéder à un dernier con­
genre de réunion. trôle et évaluer le volume des réserves
alimentaires ainsi que l’état de santé
et le nombre des abeilles.
Septembre

Au mois de septembre, dans le nord,


Octobre
les abeilles s’apprêtent déjà à passer
l’hiver: par conséquent, leur fournir En octobre, la récolte de nectar est
une nourriture stimulante afin que le terminée presque partout et les colo­
dernier couvain puisse être définitive­ nies s’apprêtent à affronter l’hiver; si
ment élaboré et que les abeilles soient cette manipulation n ’a pas encore été
toutes nées avant l’hiver. faite, retirer les hausses des ruches et
Dans certaines régions du sud, au placer la toiture à même le plafond en
vérifiant qu’il n ’existe aucune fissure
contraire, on assiste à une seconde
et q u ’aucun courant d ’air ne passe. Il
floraison et la plupart des ruches sont
est évident que, avant de préparer la
donc encore en pleine activité.
ruche pour l’hiver, il faudra vérifier
Parfois, certaines plantes permettent
une dernière fois le volume exact des
encore aux abeilles de récolter pour la
provisions disponibles, ce volume de­
dernière fois leur butin mais cette ré­
vant être à peu près égal, pour une fa­
colte est en général assez médiocre: on mille en bonne santé, à 15 kg de miel
trouve ainsi le mélilot, le lierre, la lu­ mûr; ce miel, évidemment, devra être
zerne, certaines sortes de trèfles, etc. accessible pour les abeilles, car elles se
Appliquer contre le trou de vol, en regroupent en une grappe d ’autant
particulier si la récolte est presque ter­ plus serrée que la région est soumise à
minée, une sorte de “peigne” qui per­ un froid très vif. En se regroupant de
mette aux abeilles d ’entrer et de sor­ cette manière en effet, les abeilles fi­
tir, mais entrave l’entrée d ’insectes, nissent par maintenir constante la
ou même d ’animaux plus volumi­ température du centre de la grappe où
neux, en particulier de rats. se trouve la reine qui doit, elle, être

207
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES ~

très bien protégée du froid. P our po­ f) la température à l’intérieur de la


ser les rayons, un conseil: dans la me­ ruche doit être douce car, si le froid
sure où les abeilles ne se déplacent pas était vif, les abeilles seraient con­
volontiers à l’intérieur du nid pendant traintes de faire de nombreux m ou­
l’hiver, mettre de préférence les vements pour se réchauffer, donc
rayons de réserves alimentaires à leur de consommer plus de miel.
portée et ne laisser aucun espace vide;
si les rayons contenus dans la ruche
n ’occupent pas tout l’espace disponi­ Novembre
ble, réduire le volume du nid à l’aide
d ’une planche de séparation, sinon la En novembre, généralement, les api­
chaleur se disperserait inutilement et culteurs préparent leurs ruches. Dès
la colonie en subirait de graves préju­ que le froid devient intense, protéger
dices. la ruche à l’aide d ’un coussin bourré
A cette époque, alors que, au nord, de paille ou de balle d ’avoine et le pla­
les abeilles pensent à hiverner, les bu­ cer de manière à atténuer, de l’exté­
tineuses dans le sud peuvent encore rieur, le refroidissement du nid. Les
être actives. abeilles devraient ainsi pouvoir vivre
P our que les abeilles puissent aisé­
en toute tranquillité, en particulier si
ment surm onter l’hiver, aussi rigou­
elles se sont déjà préparées au repos
reux soit-il, la ruche doit présenter les
hivernal.
caractéristiques suivantes:
En novembre, tout le matériel apicole
à) la plupart des abeilles doivent être
et le laboratoire peuvent être rangés;
jeunes et couvrir au moins 6 ou 7
les cadres des rayons garnis de miel
rayons;
doivent être conservés dans un endroit
b) la reine doit, de préférence, être
sec et frais, à l’abri des mites.
jeune et féconde;
c) les provisions alimentaires doivent
être suffisantes et facilement acces­
sibles; étant donné que les abeilles
Décembre
ne se déplacent pour ainsi dire pas
à cette époque, ces provisions doi­ Sans doute le mois de décembre est-il
vent être supérieures à leurs be­ le mois le plus calme pour toutes les
soins réels; abeilles car, en général, dans tous les
d) certains rayons doivent rester non pays, les colonies sont au repos. Dé­
operculés afin que les abeilles puis­ gager, comme en novembre, le trou de
sent s’y nicher au lieu de se reposer vol de la neige qui l’encombre pour
sur les opercules; que la ruche puisse être aérée; surveil­
ë) la ruche doit être placée dans un ler la ruche de l’extérieur et vérifier en
endroit bien aéré et sec, et surtout particulier si des bruits étranges ne
tranquille; proviennent pas du nid.

208
Neuvième partie
La législation en France
essen tielle s que tout p o sse sseu r de
ruches doit connaître et respecter.
Les lois relatives à
l’apiculture
D istances, déclarations
d ’em placem ent des ruchers

Pour être en règle avec la loi Q uel que so it le n o m b re de ru ch es


détenues, il convient:
L’exploitation de ruches et l ’élevage — de r e s p e c te r les p r e s c r ip tio n s
des a b e ille s re lè v e n t de l ’a c tiv ité lé g ales en m a tière de d ista n ces
agricole et l ’ap icu lteu r est un ag ri­ ( a r tic le s 2 0 6 e t 207 du C o d e
culteur, bien qu’il puisse associer son r u r a l) e t de se c o n f o r m e r au x
activité apicole avec d ’autres activ i­ A rrêtés préfectoraux sur les d is­
tés, ce qui, en fait, est assez fréquent. ta n c e s , v a r ia b le s s u iv a n t le s
Tout a p ic u lte u r d o it se c o n fo rm e r départem ents;
aux p rescrip tio n s des tex tes légaux — de déclarer chaque année au mois
ou réglem entaires en vigueur concer­ de d éce m b re à la D ire c tio n des
nan t l ’a g ric u ltu re en g é n é ra l et la serv ice s v é té rin a ire s du lieu de
possession de ruches en particulier. son d o m icile l ’em p lacem en t de
D iv erses o b lig a tio n s en d éc o u le n t ses ruchers, conformément à l’arti­
dans les d iv e rs d o m a in e s: p r o f e s ­ cle 13 de l ’Arrêté interm inistériel
s io n n e l, s o c ia l, f is c a l, s a n ita ir e , du 11 août 1980; la déclaration de
com m ercial, etc. l ’e m p la c e m e n t d es ru c h e rs est
En c o n tre p a rtie , l ’a p ic u lte u r p eu t seule obligatoire, m ais non celle
b é n é fic ie r, so u s c e r ta in e s c o n d i­ du nombre de ruches.
tio n s, des d is p o s itio n s p ré v u e s en
faveur des exploitants agricoles.
Il ne saurait être question d ’en v isa­ Identification des ruchers
ger ici l ’ensem ble de la lé g islatio n
en la m atière. A ussi rap p ellera-t-o n A rt. 13 — C h a q u e e x p lo ita tio n
sim plem ent quelq u es p rescrip tio n s déclarée reçoit à titre perm anent un
LE GRAND LIVRE DES ABEILI

num éro d ’im m atriculation com posé l'a rtic le 16 (ci-ap rès) do iv en t faire
de six c h iffre s , d o n t les d eu x p r e ­ apparaître le num éro d 'im m atricu la­
m iers reproduisent le num éro miné- tion antérieur et le nouveau num éro
ralogique du d épartem en t du d o m i­ établi selon les m odalités du présent
cile du d é c la ra n t, les q u atre autres arrêté.(J. O. 1. 10. 80).
de 0001 à 9999 com posant le numéro
d ’id e n tific a tio n du ru c h e r dans ce
département. Articles du Code rural
Le numéro d’immatriculation est porté
concernant l ’apiculture
sur le récépissé de la déclaration.
Il d o it être re p ro d u it en ca ra c tè re s
A rt. 2 0 6 . — L es P ré fe ts d é te r m i­
apparents et indélébiles, d ’au moins
nent, après avis des C onseils G éné­
h uit cen tim ètres de h au teu r et cinq
c e n tim è tre s de la rg e u r, en m é n a ­ ra u x , la d is ta n c e à o b s e rv e r en tre
g e a n t u ne s é p a r a tio n p a r un tir e t les ruches d ’abeilles et les p ro p rié­
d ’un centim ètre entre les deux grou­ té s v o is in e s ou la v o ie p u b liq u e ,
pes de ch iffre s, sur au m o in s 10 p. sauf, en to u t cas, l ’actio n en d o m ­
cent des ru ch es ou sur un p an n eau m age s ’il y a lieu.
placé à proxim ité du rucher.
T o u te fo is , lo rs q u e la to ta lité d es Art. 207. — Les M aires prescrivent
ruches est id e n tifiée p ar le num éro aux p ro p rié ta ire s de ru ch es to u tes
d ’im m a tric u la tio n , la h a u te u r des les m esu res q u i p eu v en t a ssu re r la
lettres peut être lim itée à trois centi­ sécurité des personnes, des animaux
mètres. et aussi la préservation des récoltes
D em eurent valables les im m atricu ­ et des fruits.
lations et identifications effectuées A d é f a u t de l ’a r r ê té p r é f e c to r a l,
co n fo rm ém en t aux d isp o sitio n s de p ré v u p a r l ’a r tic le p ré c é d e n t, les
l ’a rtic le 5 de l'a r r ê té du 5 ja n v ie r M a ire s d é te r m in e n t à q u e lle d is ­
1957 m o d ifié p ar in s c rip tio n a is é ­ ta n c e d es h a b ita tio n s , des ro u te s ,
m e n t l i s i b l e , s u r le s c o r p s d 'a u d es v o ie s p u b liq u e s , le s ru c h e r s
m o in s tro is ru c h e s , du g ro u p e de découverts doivent être établis.
lettres et ch iffres p o rté sur la carte T o u te f o is , ne s o n t a s s u je ttie s à
d ’a p ic u lte u r p a s to r a l a n té r ie u r e ­ aucune p rescrip tio n de d istance les
m ent d é liv ré e com m e in d ic a tif du ruches iso lées des p ro p riétés v o isi­
d é p a rte m e n t d ’o rig in e et de l ’a p i­ nes ou des ch em in s p u b lic s p ar un
culteur. mur, une palissade en planches jo in ­
P o u r le s r u c h e r s a n té r ie u r e m e n t te s , u n e h a ie v iv e ou s è c h e , san s
d é c la ré s et im m a tric u lé s , le r é c é ­ solution de continuité.
pissé de la déclaration annuelle ainsi Ces clôtures doivent avoir une h au ­
que la c a rte d ’a p ic u lte u r p rév u e à teur de 2 m ètres au-dessus du sol et

212
LES LOIS RELA TIVES A L ’APICU LTU RE

s ’étendre sur au m oins 2 m ètres de M O S E d es a b e ille s ( d é c r e t du


chaque côté de la ruche. 3 ju ille t 1930). D epuis 1978, la var-
roase (ou varroose selon la dénom i­
Art. 208. — Dans le cas où les ruches nation qui semble la plus correcte) a
à miel pourraient être saisies séparé­ été a jo u té e à la liste des m a la d ie s
m ent du fond auquel elles sont atta­ des abeilles réputées contagieuses.
chées, elles ne p eu v en t être d é p la ­
c é e s q u e p e n d a n t le s m o is de
décembre, janvier et février. Textes législatifs — annexes
A rt. 2 0 9 . — Le p r o p r ié ta ir e d 'u n C aractéristiques de com position
essaim a le droit de le réclam er et de des m iels
s ’en r e s s a is ir ta n t q u ’il n ’a p o in t
c e s s é de le s u iv r e ; a u tre m e n t, 1. Teneur apparente en sucres réduc­
l ’e ssaim a p p artien t au p ro p rié ta ire teu rs, exprim és en sucre inverti:
d ’un terrain sur lequel il est fixé. miel de nectar: pas moins de 65%;
m ie l de m ie lla t, se u l ou en
A T T E N T IO N à l ’in te rp ré ta tio n de m élan g e avec le m iel de nectar:
l ’article 208 qui pourrait faire croire pas moins de 60%.
que l ’on ne peut o b lig er un ap ic u l­ 2. T e n e u r en eau : en g é n é ra l: pas
teur à déplacer ses ruches en dehors plus de 21 p. cent; miel de bruyère
des m o is de d é c e m b re , ja n v ie r et ( C allu na) et m iel de trè fle ( Tri­
février. folium sp): pas plus de 23 p. cent.
On s ’e s t o b s tin é à g é n é r a lis e r ce 3. Teneur apparente en saccharose: en
texte, alors q u ’il n ’est q u ’une excep­ général: pas plus de 5 p. cent; miel
tio n , a c c e n tu é d ’ a ille u r s p a r de miellat, seul ou en mélange avec
l ’e m p lo i du c o n d itio n n e l “ p o u r ­ le m iel de nectar, m iels d ’acacia,
ra ie n t” . L 'in te rp ré ta tio n du tex te a de lavande et de Banksla menslesll :
été traitée sur notre num éro d ’avril pas plus de 10 p. cent.
1972, page 146, sous le titre: “Lois 4. T e n e u r en m a tiè re s in s o lu b le s
im aginaires” . dans l ’eau: en g én éral: pas plus
de 0,1 p. cent.
A rt. 224. — Les m alad ies rép u tées 5. T e n e u r en m a tiè r e s m in é r a le s
co n ta g ie u se s et qui d o n n en t lieu à (cendres): en général: pas plus de
d é c la ra tio n et à l ’a p p lic a tio n des 0,6 p. cent; m iel de m iellat, seul
m esures sanitaires ci-ap rès sont: la ou en m é la n g e av ec le m ie l de
LO Q U E1, l’ACARIOSE et la NOSE- nectar: pas plus de 1 p. cent.
6. Teneur en acides libres: pas plus
1. Le terme de “l o q u e ” s ’applique aussi bien à la
de 40 m illi-éq u iv alen ts p ar k ilo ­
loque américaine qu’à la loque européenne. gramme.

213
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

7. In d ic e d ia s tis iq u e et te n e u r en p o id s n et est s u p é rie u r à 50 g ra m ­


h y d ro x y m é th y lfu rfu ra l (H M F ), mes ne doit être vendu que dans des
d é te rm in é s a p rè s tr a ite m e n t et e m b a lla g e s r e n f e r m a n t le s p o id s
mélange. n e ts s u iv a n ts : 125 g ra m m e s , 250
a) in d ice d ia stisiq u e (éch elle de g ra m m e s , 5 0 0 g ra m m e s , 1 k i l o ­
S ch ad e): en g é n é ra l: p as m oins gram m e et m u ltip les de 500 g ram ­
de 8. mes.
M ie ls a y a n t u n e f a ib le te n e u r
n aturelle en enzym es (par exem ­ A rt. 2. — Les d isp o sitio n s du p ré ­
p le m ie ls d 'a g r u m e s ) e t une sent arrêté en trero n t en v ig u eu r six
ten eu r en H M F non su p érieu rs à m ois après la p u b licatio n de celu i-
15 mg par kilogramm e: pas moins ci.
de 3.
b) H M F: pas p lu s de 40 m g p ar
Art. 3. -— Le directeur général de la
k ilo g ra m m e (s o u s r é s e r v e d es
c o n c u rre n c e et d es p rix au m in is ­
d is p o s itio n s v is é e s so u s a,
tère de l ’E conom ie et des F inances
deuxièm e alinéa).
et le c h e f du S e rv ic e de la r é p re s ­
sion des fra u d e s et du c o n trô le de
la qualité au m inistère de l ’A gricul-
Poids net du m iel préem ballé ture sont chargés, chacun en ce qui
en vue de la vente au détail le co n cern e, de l ’ex écu tio n du p ré­
sent arrêté, qui sera publié au Jour­
Le m in is tre de l ’E c o n o m ie et des nal officiel de la R ép u b liq u e fra n ­
Finances et le m inistre de l ’A gricul- çaise.
ture,
Vu la loi m odifiée du 1er août 1905 Fait à Paris, le 22 ju illet 1976
sur la répression des fraudes dans la
vente des m archandises et des falsi­ Le m i n i s t r e d e l ’A g r i c u l t u r e
fications des denrées alim entaires et Le m i n i s t r e d e l ’E c o n o m i e
des produits agricoles; et des F in a n c e s
Vu le décret n° 76-717 du 22 ju ille t
1976 pris pour l ’application de la loi
su sv isée du 1er ao û t 1905 en ce qui
concerne le m iel, et notam m ent son Vente du m iel et des produits
article 8. de la ruche
Arrêtent:
L a d én o m in atio n “M ie l” est p ro té ­
A rt. 1er — L e m ie l p ré e m b a llé en gée p ar la Loi, et s ’applique ex clu ­
v ue de la v e n te au d é ta il d o n t le s iv e m e n t à la d e n ré e a lim e n ta ir e

214
_____ LES LOIS RELA TIVES A L'APICU L TURE

produite par les abeilles m ellifiques q u e tte s du M IE L , q u i d o iv e n t être


à p a rtir du n ectar des fleu rs ou des bien visibles et indélébiles, sont les
s é c r é t io n s p r o v e n a n t de p a r tie s suivantes:
v iv a n te s de p la n te s ou se tro u v an t — la d é n o m in a tio n “ M IE L ” , ou
sur e lle s, q u ’elle s b u tin e n t, tr a n s ­ “M IEL en rayon” ou “M IEL avec
form ent, com binent avec des m atiè­ m o rceau x de ra y o n s” ; ou le cas
res spécifiques propres, em m ag asi­ éch éan t “m iel de p â tis s e rie ” ou
n e n t e t l a is s e n t m û r ir d a n s le s “miel d ’industrie” .
ra y o n s de la ru c h e . C e tte d e n ré e L a d é n o m in a tio n “ M IE L ” p e u t
alim entaire peut être fluide, épaisse être co m p lété e p ar l ’in d ic a tio n
ou c ris ta llis é e . (D é c re t n° 7 6 -7 1 7 de la variété, en fonction de l ’ori­
du 22 ju ille t 1976), donné in extenso gine florale, végétale ou géogra­
en juin). p h iq u e ju s tif ié e , à l ’e x c lu sio n
T out a p ic u lte u r p eu t v en d re lib r e ­ d ’autres qualificatifs non au to ri­
m ent les p ro d u its de son e x p lo ita ­ sés;
tion (miel, pollen, gelée royale, etc.) -— le poids net exprim é en gramm es
en se c o n fo rm a n t à la lé g is la tio n ou en kilogram m es. L’annexe au
concernant la répression des fraudes décret du 22 ju ille t 1976 stipule
sur les denrées alim entaires en géné­ que le miel préem ballé en vue de
ra l et le m ie l en p a r tic u lie r , q u ’il la v en te au d étail d o n t le p o id s
s ’ag isse de v en tes à son d o m icile, n et est s u p é rie u r à 50 g ne d o it
sur les marchés, en gros ou en détail, être vendu que dans des em balla­
à des consom m ateurs ou à des négo­ g e s r e n f e r m a n t le s p o id s n e ts
ciants. s u iv a n ts : 125 g ra m m e s , 2 5 0
Il lui suffit, d ’une p art, de p o u v o ir gram m es, 500 gram m es, 1 k ilo ­
ju s tifie r de sa q u alité d ’ex p lo itan t- g ra m m e e t m u ltip le s de 5 0 0
récoltant (présentation du récépissé grammes;
à la DSV ou attestation du m aire de — le n o m ou la ra is o n s o c ia le et
son dom icile, par exem ple); d ’autre l ’a d re s s e ou le siè g e s o c ia l du
part, de re sp e c te r les p re sc rip tio n s p ro d u cte u r ou du co n d itio n n eu r
c o n c e rn a n t le p ro d u it lu i-m êm e et ou d 'u n v en d eu r étab li à l ’in té ­
les in d icatio n s de n atu re, d ’origine rieur de la Comm unauté.
et de p o id s à f a ir e f ig u r e r su r les
em ballages.
Ces mentions sont d ’ordre général et Facturation
co n ce rn en t en p rin cip e le p o llen et
la gelée royale au m êm e titre que le Seuls les apiculteurs ayant opté pour
miel. l ’a s s u je ttis s e m e n t à la T.V.A. d o i­
Les m en tio n s o b lig a to ire s à p o rte r vent m entionner la taxe sur les fa c ­
sur les em ballages, récipients ou éti­ tu re s q u ’ils so n t dans l ’o b lig a tio n

215
d ’é t a b lir p o u r le u rs v e n te s à d es res im posables est publié an n u elle­
com merçants. m ent au Journal Officiel conform é­
C es fa c tu re s d o iv e n t m e n tio n n e r m ent à l ’article 66 du Code général
distinctem ent le prix net du produit des im pôts; cette publication paraît
(prix hors taxe), le taux de la T.V.A. généralem ent en septem bre ou octo­
applicable (actuellem ent 7% pour le bre et est rep rise dans les m ois qui
m ie l), le m o n ta n t de la ta x e et le suivent par les revues apicoles.
prix global T.T.C. Le bénéfice ainsi déterm iné co n sti­
L es a p ic u lte u rs non a s s u je ttis à la tue le revenu im posable dans le cadre
T.V.A. ne peuvent pas facturer cette du revenu global.
taxe; ils porteront sur leurs factures Il s u ffit d ’in d iq u e r sur la d é c la ra ­
la m ention “Producteur non assujetti tio n d e s re v e n u s à s o u s c r ir e en
à la T.V.A.”. février de chaque année, au chapitre
“B énéfices des exploitations agrico­
le s ” , le n o m b re de ru c h e s en p r o ­
duction exploitées, avec la m ention
Fiscalité
“bénéfice fo rfaitaire à d éterm in er” .
Ce b é n é fic e v ie n t a lo rs en cu m u l
A la co n d itio n de ne pas faire acte avec vos autres revenus, éventuelle­
de com m erce — c ’e st-à -d ire de ne ment.
pas rev en d re des p ro d u its d 'a c h a t, E x c e p tio n n e lle m e n t, c e r ta in e s
m ais uniquem ent des produits de sa e x p lo ita tio n s trè s im p o rta n te s ou
ré c o lte — l ’a p ic u lte u r re lè v e , du sp é c ia lisé e s (p ro d u ctio n in te n siv e
point de vue fiscal, du régim e ag ri­ de g elée ro y ale, p ar ex em p le) p e u ­
cole. vent être exclues du forfait et im po­
Les bénéfices de l ’ex p lo itatio n a p i­ sées d 'a p rè s le bénéfice réel, ce qui
cole sont n o rm alem en t d éterm in é s im p liq u e la tenue d ’une c o m p ta b i­
d ’après le m ode fo rfa ita ire au titre lité r é g u liè r e et la p r o d u c tio n de
des cultures spécialisées (forfait col­ d é c la ra tio n s an n u e lle s avec b ilan ,
lectif). com pte d ’exploitation et docum ents
La C om m ission départem entale des annexes.
im p ô ts d ire c ts fix e c h a q u e an n ée En outre, tout exploitant conserve la
(sous réserve d ’appel devant la Com ­ p o s sib ilité d ’o p te r v o lo n ta ire m e n t
mission centrale) un bénéfice moyen p o u r le ré g im e du b é n é f ic e r é e l,
à la ruche. m oyennant de satisfaire aux mêmes
Le b é n é fic e f o rfa ita ir e de ch aq u e o b lig a tio n s , m a is l ’in té r ê t d ’une
exploitation s ’obtient en m ultipliant telle op tio n reste tout à fait ex c e p ­
le nom bre de ru ch es en p ro d u ctio n tionnel.
par le bénéfice à la ruche. L’assu jettissem en t à la T.V.A. (taxe
Le m ontant des bénéfices fo rfa ita i­ su r la v a le u r a jo u té e ) d e m e u re

216
LES LOIS RELA TIVES A L ’APIC U LTU RE

actuellem ent facultatif pour les agri­ s e m b le q u e , p a r a n a lo g ie , la


culteurs, sauf cas particuliers. m êm e to lé r a n c e p u is s e ê tre
Les a p ic u lte u rs o n t d o n c le c h o ix adm ise p o u r la fa b ric atio n et la
éntre les positions suivantes: vente de pain d ’épice toujours à
— o p tio n p o u r le ré g im e de la la c o n d itio n q u ’il n ’y a it p a s
T.V.A.; sp é c u la tio n sur les fo u rn itu re s
— dem ande de Rem boursem ent for­ achetées entrant dans sa com po­
faitaire (ils p erçoivent alors une sitio n , la v a le u r de ces f o u r n i­
ristourne sur le m ontant de leurs tures ne devant pas excéder 20%
ventes à des p erso n n es a s s u je t­ du prix de rev ien t to tal des p ro ­
ties à la T.V.A. — m ajorée d ’un duits fabriqués).
point pour les produits com m er­ C o n stitu en t égalem ent le p ro lo n g e­
c ia lis é s p a r l ’in te rm é d ia ire de ment de l ’activité agricole:
groupem ents de producteurs); — les ventes p ar le pro d u cteu r, les
-— rester en dehors de tout régime. m e m b re s de sa fa m ille ou d es
salariés travaillant sur l ’exploita­
tio n , d an s les fo ire s et e x p o s i­
A piculteurs faisant égalem ent tio n s , au b o rd d es ro u te s d an s
du com m erce d es in s ta lla tio n s p r é c a ir e s et
dém ontables, ou sur les lieux de
L 'a p i c u lt e u r q u i ne v e n d q u e le s production dans des locaux som ­
p ro d u its de sa ré c o lte , so it à l ’état m airem ent am énagés;
n a tu re l, so it a p rè s le u r a v o ir fa it — d a n s u n e c e r ta in e m e s u re ,
su b ir des m a n ip u latio n s ne so rtan t l ’e m p lo i de p ro c é d é s c o m m e r­
pas du cad re n o rm al et u su el de la ciaux tels que p u b licité, u tilis a ­
profession, ne fait pas acte de com ­ tion d ’une m arque, entrem ise de
merce. représentants, etc.
Il est adm is que co n stitu en t le p ro ­ P ar c o n tre , la re v e n te de p ro d u its
longem ent normal de l ’activité agri­ d ’ach at (h y d ro m el, p ain d ’é p ic e s,
cole: bonbons, etc., provenant d ’achats à
— la fab ricatio n et la m ise en b o u ­ des tiers) relève d ’une activité com ­
teilles d ’hydrom el avec du m iel m erciale et en tra în e l ’a s s u je ttis s e ­
de récolte; m en t à la p a te n te , à la T.V .A ., aux
-— la fab ric atio n et la vente p ar un B .I.C ., l ’in scrip tio n au R eg istre du
a p ic u lte u r de b o n b o n s av ec le C om m erce, l'a ffilia tio n aux caisses
m ie l de sa r é c o lte et du s u c re de retra ite et d ’allo catio n s fa m ilia ­
acheté dans le com m erce s ’il n ’y les.
a pas sp é c u la tio n sur la fo u rn i­ A co n d itio n de te n ir une co m p tab i­
tu re du s u c re e n tr a n t d a n s la lité ap propriée et de co n serv er to u ­
c o m p o s itio n d es b o n b o n s ; (il tes ju stifications utiles, il sera néan­

217
LE GRAND LIVRE DES ABE

moins possible, dans le cas d ’activité a u p rè s d es c a is s e s de M u tu a lité


m ix te , de d is tin g u e r les a c tiv ité s sociale agricole.
com m erciales des activités apicoles,
c h a c u n e re le v a n t a lo rs du ré g im e
qui lui est propre.
Publicité sur la voie publique

M utualité sociale agricole La publicité effectuée en dehors des


ag g lo m ératio n s, de p lus de 10 000
L es a p ic u lte u rs “ p r o f e s s io n n e ls ” h a b ita n ts , p a r v o ie d ’a f f ic h e s ou
tira n t la to ta lité ou la m a jo rité de p an n ea u x p u b lic ita ire s est s tr ic te ­
le u rs m o y e n s d ’e x is te n c e d ’u n e ment réglem entée.
e x p l o ita t io n a p ic o le ou a g r ic o le Les affiches de toute nature établies
relè v en t de plein droit des régim es au moyen de portatifs spéciaux sont,
de protection sociale agricole (assu­ lo rsq u ’elles sont visibles d ’une voie
rances sociales, allocations fam ilia­ publique, frappées d ’un droit de tim ­
le s , A .M .E .X .A . e t a s s u r a n c e bre prohibitif [...].
vieillesse).
Donc, être très prudent pour l ’instal­
A ssujettis au versem ent des c o tisa ­
lation d ’affiches ou panneaux p ubli­
tions, ils bénéficient des prestations
citaires sur portatifs spéciaux, étant
prévues par ces régimes.
p ré c isé que d em e u re n t e x o n é ré e s,
Sont ainsi concernés les apiculteurs
dans la lim ite de deux p o rta tifs ne
ex p lo ita n t un nom bre de ru ch es au
co m p o rtan t q u ’une face ou un p o r­
m oins égal à la m o itié de l ’éq u iv a ­
tatif com portant deux faces, les affi­
lent de l’exploitation type.
ches n ’excédant pas 1,50 m 2 in sta l­
Les apiculteurs pour lesquels .l’ap i­
lées par les producteurs sur les lieux
culture ne constitue q u ’une activ ité
de l ’e x p lo ita tio n ou les d ép e n d a n ­
accesso ire sont cepen d an t astrein ts
ces im m éd iates de l ’étab lissem en t,
au versem ent des cotisations d ’allo ­
p o u r in d iq u e r le n o m de le u r é t a ­
c a tio n s fa m ilia le s (c o tis a tio n à la
blissem ent, la nature de leur activité
ruche et par an, avec ab attem en t de ou la nature de leurs produits.
30 ru ch es; arrêté m in isté rie l du 23
ja n v ie r 1968) re tra ite et assu ran ce
maladie.
Par ailleurs, les ex p lo itan ts ag ric o ­ Adresses
le s, et donc les a p ic u lte u rs à titre
principal ou exclusif, sont soumis au
rég im e o b lig a to ire de l ’A ssu ran ce P our to u t co n n aître sur les ab eilles
A c c id e n ts du T ra v a il (lo i du 22 et l ’apiculture, vous pouvez co n su l­
d é c e m b re 1 9 6 6 ); se r e n s e ig n e r ter les organism es suivants:

218
LES LOIS RELA TIVES A L'APIC U LTU RE

Fédération nationale O ffice d ’inform ation


des organisations sanitaires et de docum entation
apicoles départem entales en apiculture (OPIDA)
Q uartier du Chapitre Centre apicole
04500 Riez 61370 Echauffour
Tél: 04 92 77 89 27 Tél: 02 33 34 05 80

M inistère de l ’Agriculture, U nion nationale d ’apiculture


de la Pêche et de l ’A lim entation française
Service de la com munication 26, rue des Toum elles
Bureau de la docum entation 75004 Paris
78, rue de Varenne Tél: 01 48 87 47 15
75349 Paris 07 SP Email: unaf@ wanadoo.fr
Tél: 01 49 55 48 39 Web: www.apiculture.com /unaf/

Syndicat national de l ’apiculture Syndicat des producteurs de m iel


5, rue de Copenhague de France
75008 Paris B ureau secrétariat
Tél: 01 45 22 48 42 S.P.M.F.
Email: abeille.de.france@ wanadoo.fr Cham bre d ’A griculture de la Loire
Web: w w w .apiculture.com /sna/ 49, avenue A lbert Raimond
42270 Saint-Priest-en-Jarez
Office national Tél: 04 77 74 44 90
interprofessionnel des fruits, E-mail: spm f@ w anadoo.fr
des légum es et de l ’Horticulture
(ONIFHLOR)
1 6 4 ,rue de Javel
75739 Paris cedex 15
Tél: 01 44 25 36 36

219
Dixième partie
L’apiculture en France
et dans le monde
Quant aux importations, l’Allemagne,
Panorama grande consommatrice de miel comme
nous l ’avons vu, est au prem ier rang,
de l’apiculture avec 90 000 tonnes, suivie des Etats-
U nis (68 000 tonnes), de la G rande-
Bretagne (22 000 tonnes), du Canada
(13 500 tonnes), de l'Italie (11 000 ton­
Dans le monde nes) et de la France (10 000 tonnes).

La production mondiale de miel est de


1 137 000 tonnes. La Chine est le pre­ En France
mier pays producteur (217 000 tonnes).
Viennent ensuite les Etats-Unis (87 000 La France est donc le premier produc­
tonnes), le Mexique (56 000 tonnes), la teur et exportateur européen de miel.
R u ssie (48 000 to n n e s), le C an ad a La production est assurée par environ
(33 000 tonnes), la France (32 000 ton­ 82 000 apiculteurs. Pour défendre les
nes), la H o n g rie (14 000 to n n e s) et d ro its de ces d e rn ie rs , il e x iste
l’Italie (10 000 tonnes). d ’ailleurs en France trois syndicats :
L es plu s grands co n so m m ateu rs de — le S y n d ic a t d es p ro d u c te u rs de
m iel so n t les G recs avec 1,6 kg p ar m iel de F rance (SPM F). C réé en
habitant et par an, suivis par les Suisses 1931, il est com posé uniquem ent
et les A llem ands qui en consom m ent de p rofessionnels. Il com pte 450
respectivem ent 1,5 et 1,3 kg par habi­ adhérents environ ;
tant et par an. L a F rance est en q u a­ — le Syndicat national de l’apiculture
trièm e position m ais avec seulem ent (SNA). C ’est pendant la guerre de
700 g par habitant et par an. 14/18, plus précisém ent en 1916,
En toute logique, la Chine est le p re­ que l ’idée d ’une organisation api­
mier pays exportateur de miel (83 000 cole prit naissance dans le cerveau
tonnes). On retrouve ensuite l ’A rgen­ de Jean Hurpin alors en traitem ent
tin e (62 0 00 to n n e s), le M ex iq u e dans un h ô pital m ilitaire. Il était
(24 000 to n n es), le C an ad a (10 000 alors en correspondance avec les
tonnes) et la France (3 500 tonnes). dirig ean ts de la Société C entrale

223
L LIVR l

d ’Apiculture. Le Président d ’alors tandis que le SM PF a attendu 1980


et Directeur de la revue des apicul­ pour le faire.
teurs encouragea cette initiative et L’UNAF regroupe aujourd’hui plus de
c ’est près d ’une soixantaine d ’api­ 100 syndicats départem entaux repré­
culteurs qui commencèrent à réflé­ sentant environ 22 000 apiculteurs.
chir à leur devenir en associant à En 1998 l ’U N A F a racheté la revue
cette époque un jeu n e apiculteur, A b eilles & Fleurs m ise en liq u id a ­
Je a n G u e rre , p le in de fo i et tion judiciaire par le SPMF. La Revue
d ’enthousiasm e pour le sy n d ica­ F r a n ç a is e d ’A p ic u ltu r e e s t d o n c
lism e apicole. C ’est en août 1920 devenue A beilles & Fleurs - Revue
que Jean H urpin créa le b u lletin Française d ’Apiculture.
des apiculteurs français et le bap­ (Sources : www.apiculture. com/unaf)
tisa Abeille de France, aujourd’hui
la plus ancienne et la plus lue des En F rance, les rég io n s p ro d u ctrices
revues apicoles françaises. Le Syn­ de m iel sont nom breuses et variées,
dicat avait à l ’époque la particula­ pour le plus grand plaisir de ses am a­
rité d ’accueillir indifféremment les teurs. Ainsi, selon les régions et donc
apiculteurs isolés com m e les api­ les e sp è c e s de p la n te s b u tin é e s, le
culteurs regroupés en associations goût du m iel est très différent. Dans
ou syndicats. C ette situation p er­ le Gâtinais, en Touraine, Cham pagne
dura ju s q u ’en 1949 où une tran s­ et B o u rg o g n e, la p rin c ip a le p la n te
form ation s’opéra en vue d ’homo- butinée est le sainfoin qui donne des
loguer une situation existante. Le m iels blancs et fins ; dans les A lpes,
p ré s id e n t a c tu e l de la SN A est les Pyrénées-O rientales, dans le Nar-
Monsieur Yves Védrenne. bonnais et en Provence, la lavande est
L e SN A r e g ro u p e 1 19 a n te n n e s reine et perm et aux abeilles de p ro ­
d épartem entales pour un effectif de d uire des m iels am brés et rich es en
32 0 0 0 a d h é r e n ts , ( w w w .a p ic u l­ fer ; dans les Landes, les abeilles buti­
ture.com /sna) ; n en t le co lz a et la b ru y ère p o u r les
— l ’U nion nationale de l ’apiculture amateurs de miels consistants, foncés,
française (UNAF), dont le président riches en fer et en phosphore ; en Ile-
est M onsieur Henri Clément. Elle a de-France, on déguste du miel d ’aca­
été créée au lendemain de la guerre, cia, ambré, sirupeux et odorant ; enfin,
en 1946, à l ’initiative de quelques dans les V osges, les sapins donnent
apiculteurs, professionnels pour la une saveur p arfum ée et b alsam ique
plupart, afin de constituer un inter­ au miel. Pour l’anecdote, on retiendra
locuteur solide face aux Pouvoirs que la récolte record de miel en France
Publics. A l ’origine, elle rassem ­ s’est faite dans les Pyrénées-O rienta­
blait également le SNA et le SMPF. les, à P rats-S ournia, avec 223 kg de
Le SNA a très vite quitté l ’UNAF miel dans une seule ruche!

224
PANORAMA D E L APICULTURE

La politique — 8,5% pour l ’am élioration qualita­


de PUnion européenne tive du miel.

L es sy n d icats fran çais so u tie n n en t “ Si les apiculteurs se réjo u issen t de


de leur mieux les apiculteurs et cher­ l ’e x is te n c e de ce p ro g ra m m e , ils
chent par tous les moyens à dévelop­ tro u v e n t q u e l ’in s tru m e n t d e v ra it
p e r la c o n s o m m a tio n du m ie l en p o u v o ir être am élio ré, en tre autres
France. M ais la situation générale en en ce qui c o n ce rn e les sta tistiq u e s
Europe influe bien sûr beaucoup sur réalisées (dem ande de m ise en place
ce qui se passe en France com m e en de nouveaux outils dans ce sens). De
tém o ig n e les réfle x io n s sur le P ro ­ plus, il y a un paradoxe: la C om m is­
g ra m m e C E 1 2 2 1 /9 7 “M ie l” r é s u ­ sio n a d m e t q u e le s e c te u r v it u n e
m é e s c i- d e s s o u s . C e s r é f le x io n s situ atio n p articu lièrem en t difficile,
résu lten t de la réu n io n d ’un groupe m ais elle n ’ap p o rte pas de so lu tio n
de travail com posé de différents res­ et ne retient pas les propositions des
ponsables apicoles européens en mai apiculteurs européens, si ce n ’est une
2001 à Bruxelles. sim plification du systèm e d ’applica­
tion.
“L ors de la réu n io n du g ro u p e p e r­
m anent, il fa lla it p ré se n te r la p o s i­ “Si la m ajo rité des pays ne re n c o n ­
tion des apiculteu rs eu ro p éen s face tre n t p as de d iffic u lté p a rtic u liè re
au p ro g ra m m e m ie l e t au b ila n et dans la réalisation de ce program m e,
am éliorations proposées par la C om ­ les apiculteurs relèvent certains p ro ­
m ission. Cette dernière constate une blèm es liés à une interprétation trop
évolution positive dans l ’utilisatio n restrictive des textes ou à un m anque
des fonds disp o n ib les. O n p asse de de m o y e n s de c o f in a n c e m e n t ou
1,20 m illion d ’euros en 1998 à 1,52 encore à un m anque de concertation
m illion d ’euros en 1999, puis à 1,83 avec les apiculteurs. (...)
m illio n d ’eu ro s en 2 0 0 0 (80% des
dépenses prévues ont été réalisées). “Il signale égalem ent que la p ro m o ­
tio n en ta n t que te lle n ’est pas p ré ­
“L a répartition par poste se présente vue car il existe un autre program m e
com me suit : pour cela. À ce sujet, il nous conseille
de faire p ressio n sur nos m inistères
— 42% p o u r la lu tte c o n tre la var- p o u r q u e le m iel fa sse p a rtie de la
roatose ; liste des produits pouvant être aidés.
— 20% pour l ’assistance technique ; Il fau t re m a rq u e r que cette liste ne
— 17,5% p o u r l ’aid e à la tra n s h u ­ reprend aujourd’hui que des produits
mance ; p o u r lesq u els les p ro d u ctio n s eu ro ­
— 12% pour les analyses de m iel ; p é e n n e s so n t e x c é d e n ta ire s . C e tte

225
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

lis te d o it ê tre m ise à jo u r en ju in . teu rs est de v o ir une fois de p lu s le


D an s le p ro g ra m m e , on p e u t fa ire d o s s ie r a jo u rn é , p o u r ne p a s d ire
passer par exem ple des form ations à r e n é g o c ié d a n s sa to ta lité , ce qui
la vente des produits. s e ra it c a ta s tro p h iq u e car les av an ­
cées obtenues à ce jo u r sont considé­
“L es rep résen tan ts du com m erce et rables (identification de l ’origine...).
de l ’industrie seraient intéressés par Après avoir pesé le pour et le contre,
u n so u tie n p ro m o tio n n e l. V oici ce nous sommes arrivés à un accord qui
que d it à ce titre m o n s ie u r A n zer: définit l’objectif du groupe. Tout doit
‘Le miel est plus q u ’un produit. Avec ê tre fa it p o u r q u e c e tte lé g is la tio n
la défense de l ’abeille, il touche éga­ soit d ’application le plus rapidem ent
le m en t à la q u alité de l ’e n v iro n n e ­ p o s s ib le . C e la d e v ra it a s s a in ir le
m e n t. Il fa u t a m e n e r le s je u n e s à m arché du miel. C ’est cette position
s’intéresser à l ’apiculture’. q u i a été d é fe n d u e p a r le n o u v eau
p ré sid e n t du G ro u p e m iel, M an u el
“Il faut signaler q u ’un rééquilibrage Izquierdo, élu la veille. Il faut cepen­
b a sé su r le n o m b re de ru c h e s sera d an t sig n a le r que les re p résen tan ts
réalisé pour la répartition de l ’enve­ du com m erce dem andent égalem ent
loppe financière. U ne augm entation un retrait du miel filtré. La C om m is­
im portante des ruches au D anem ark sion ne sem ble pas prête à m odifier
(+ 70 0 0 0 ) et en S u èd e (+ 35 00 0 ) q u o i que ce so it au niveau du texte
est é g a le m e n t c o n sta té e . C es a u g ­ actuel. L’ouverture du dossier te ch ­
m entations sont liées à une am éliora­ nique est hors sujet, juridiquem ent il
tion de l ’outil statistiq u e. O n c o n s­ s ’agit d ’une consultation sur le plan
tate par ailleurs une perte de ruches procédural.
en Allemagne: - 138 000.
“Com m e le Parlem ent n ’a q u ’un avis
consultatif, les propositions de m on­
Directive m iel sie u r L an n o y e ne sero n t p ro b a b le ­
m e n t p a s p ris e s en c o m p te . C e tte
“L es p ro p o sitio n s rem ises p ar Paul lé g islatio n d ev rait p a sse r en m êm e
L annoye vont dans le sens dem andé te m p s q u e le s a u tre s p r o d u its du
p ar les ap icu lte u rs eu ro p éen s (su r­ paquet ‘petit déjeuner’ (cacao...).
to u t p a r l ’A lle m a g n e ). Le p o in t le
plus im portant concerne le déclasse­
m e n t du m ie l f iltr é ( m ic r o - f iltr é ) Résidus dans les m iels et botulism e
com m e m iel de bouche en m iel des­
tin é à l ’in d u s tr ie . C e p o in t a f a it “D ans le cadre d ’une rév isio n re la ­
l ’objet de nom breuses discussions au tive aux résidus dans les produits ali­
G roupe m iel. L a crainte des ap icu l­ m e n ta ire s d o n t les m ie ls, u n e p e r­

226
PANORAMA DE L ’A

sonne de la C o m m issio n e st venue p erm et ég alem en t un co n trô le de la


nous p arler des m esures d éfinissant concentration des contam inants envi­
les c o n d itio n s de p o lic e s a n ita ire ronnementaux.
a in si que les c o n d itio n s s a n ita ire s
régissant les échanges et les im porta­ “Lors de la réunion du groupe de tra­
tions dans la Com m unauté (annexe 2 v ail M iel, le p ro b lè m e des ré sid u s
de la directive 92/118/C E E ). Il faut d ’antibiotiques a été soulevé. Il res­
savoir q u ’il existe po u r l ’in stan t un sort que l ’origine peut être l’environ­
plan de contrôle san itaire des m iels nem ent ou les traitements réalisés par
(D irectiv e 9 6 /2 3 /C E E ) q u i v érifie, les apiculteurs (difficilement accepta­
ta n t au n iv e a u des d iffé re n ts p ay s bles). Le problème est donc très com­
q u ’au niveau des 29 pays autorisés à p le x e e t to u te n o r m a lis a tio n p e u t
ex p o rter du m iel en E u ro p e, la p ré ­ avoir un im p act im p o rtan t p o u r les
sence de résid u s dans les m iels. La apiculteurs. Les apiculteurs ont donc
liste de ces pays a été mise à jour der­ dem andé à la Com m ission que le GT
nièrem ent (notification C (2 0 0 1)348 m iel participe aux travaux du com ité
du 12/02/01 m o d ifia n t la d é c isio n consultatif sur les résidus. (...)
94/278/CE). Voici le type de m édica­
m ents v étérin aires et co n tam in an ts
recherchés dans les miels. Im portations
de m atériel biologique
1. S u b s ta n c e s a n tib a c té rie n n e s , y
compris sulfamides et quinolones; “Le représentant allem and a soulevé
2. A utres m édicam ents vétérinaires: le p ro b lè m e lié à l ’im p o rta tio n de
carbamates et pyréthroïdes; m a térie l b io lo g iq u e en p ro v en an ce
3. A u tre s s u b s ta n c e s e t c o n ta m i­ de pays contam inés par Tropilaelaps
nants environnementaux: e t p a r le c o lé o p tè r e d es ru c h e s
a. C o m p o s é s o r g a n o c h lo r é s , y (co n cern e la d irectiv e 9 2 /65/C E E ).
com pris PCB La rep résen tan te de la C om m ission
b. Composés organophosphorés en informera son collègue, qui veillera
c. Eléments chimiques à mettre en place des mesures spécifi­
qu es de c o n trô le s a n ita ire d ans les
“ L ’o b je c tif e s t de v é r if ie r q u e les pays touchés par ces parasites.
résidus ne dépassent pas les lim ites
m axim ales fixées p o u r les m é d ic a ­ (...)”
m ents v étérin aires (annexes I et III
du rè g le m e n t C E E n° 2 3 7 7 /9 0 ) et ( Texte ex trait du site officiel de la
des résidus de pesticides (annexe III COGECA : www.apiculture.com/copa-
de la d ire c tiv e 8 6 /3 6 3 /C E E ). C ela cogica)

227
eau, l’apiculteur peut faire absorber
par ses abeilles des sirops très dilués, à
Lexique base de saccharose.

Aération. Il est indispensable d ’aérer


la ruche, sinon les abeilles risqueraient
Abeille. Insecte pollinisateur de l’or­ de se sentir mal à l’aise. Cette aération
dre des hyménoptères, domestiqué peut être assurée par le trou de vol et,
par l’homme à des fins productives. en été, à travers une ouverture arrière
Les productions peuvent être directes ou, mieux, inférieure protégée par une
ou indirectes: grille aux mailles très serrées.
d) directes: miel, cire, propolis (on
peut ajouter pollen et gelée Aiguillon. Est formé par une protubé­
royale); rance chitineuse reliée au réservoir à
b) indirectes: pollinisation des plan­ venin; chez l’ouvrière, il est constitué
tes dont bénéficient les produc­ par deux sortes d ’aiguilles, très acérées
tions de fruits et de graines. et adhérant l’une à l’autre. A l’extré­
mité se trouvent neuf petites dents qui
Abreuvoirs. Il existe deux sortes d ’a­ peuvent rester fixées dans l’organe
breuvoirs: ceux qui doivent être posés blessé; si le tissu blessé est élastique,
à l’intérieur de la ruche et ceux qui l’aiguillon reste souvent bloqué et l’a­
doivent se trouver à proximité de la beille, pour se libérer, finit par s’arra­
ruche. Les abreuvoirs externes, quant cher les intestins et meurt aussitôt
à eux, peuvent être constitués par une après.
rigole d ’eau s’écoulant sur des herbes L ’aiguillon de la reine est recourbé, en
ou des cailloux, voire par une petite forme de sabre, mais ne reste pas fixé
cuve remplie d ’eau. Des baquets m u­ car il ne possède pas de dents à son ex­
nis de flotteurs peuvent également trémité.
être utilisés. Certains apiculteurs utili­ Le faux bourdon ne possède pas d ’ai­
sent même des bouteilles ou des guillon.
flacons retournés, et posés sur des
chiffons ou des récipients. Enfin, Ailes. Les abeilles ont quatre ailes;
pour réapprovisionner la ruche en deux antérieures qui sont assez lon-

228
LEXIQUE

gues, et deux postérieures qui sont ve avait besoin de l’alimentation sui­


plus courtes. Les ailes antérieures per­ vante: 100 mg de miel, 50 mg de pol­
m ettent aux abeilles de voler, les ailes len, 38 mg d ’eau, soit au total 188 mg.
postérieures de se diriger. Pendant le Une abeille, semble-t-il, consomme
vol, le corps des abeilles se gonfle et les 4,87 mg de miel par jour.
sacs trachéens se remplissent, ce qui
augmente le volume de leur corps. Les Anesthésie. Facilite le maniement des
ailes postérieures possèdent des cro­ abeilles irritables et, en particulier l’in­
chets qui peuvent s’agrafer au bord troduction de reines dans des colonies
postérieur des ailes antérieures. Les orphelines, les transvasements, les
abeilles peuvent ainsi atteindre la vi­ réunions, etc. Cette anesthésie peut
tesse de 50 k m /h , la vitesse de vibra­ être obtenue en faisant fondre quel­
tion de leurs ailes étant de 500 vibra­ ques grammes de nitrate de potasse
tions par seconde. dans un peu d ’eau et en en humectant
des morceaux de coton; dès que ces co­
Albinisme. Se manifeste rarem ent et tons seront devenus secs, ils p o urront
atteint les faux bourdons mais beau­ être brûlés dans un enfumoir. Les
coup moins les ouvrières; les yeux des abeilles, étourdies, tom beront sur le
abeilles atteintes deviennent blancs. fond de la ruche et, quelques minutes
après, se ressaisiront. Le protoxyde
Aliment. Se prépare en diluant 1 000 g d ’azote peut également être utilisé. Il
de saccharose dans 600 g d ’eau tiède. s’obtient en chauffant du nitrate
Cette dilution correspond à une ali­ d ’ammonium. Ces deux sels sont d ’ail­
m entation normale des abeilles. Si le leurs connus dans le domaine agricole.
sirop doit au contraire avoir une ac­
tion stimulante, 1 000 g de saccharose Anomalies. L ’apiculteur peut déceler
devront être dilués dans 1 000 g d ’eau des cas d ’anomalies lorsque les abeilles
tiède. commencent à bourdonner à l’inté­
rieur de la ruche; lorsqu’elles s’attar­
Alimentation. En autom ne, l’apicul­ dent, en m anifestant des signes d ’in­
teur doit absolum ent vérifier si les co­ quiétude, sur la planchette de vol;
lonies possèdent suffisamment de pro­ lorsque la ruche est envahie à une pé­
visions pour surm onter l’hiver. Au dé­ riode anormale par les faux bourdons;
but du printem ps, il devra à nouveau lorsque les cadavres des abeilles ne
voir si la famille et le couvain en for­ sont pas emportés hors du nid et que le
m ation disposent de suffisamment de fond de la ruche est sale; lorsque le vol
miel et de pollen pour se nourrir ju s­ de purification, au printemps, ne se
q u ’au moment de la floraison et de la déroule pas normalement et que les
récolte. abeilles éprouvent des difficultés pour
Il a par exemple été calculé q u ’une lar­ s’envoler. Les abeilles peuvent elles-

229
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

mêmes présenter des cas d ’anomalies; désagréables diluées dans de l’eau et


nous n ’en citerons que quelques-uns: projetées au pied du nid.
abeilles difform es, reines stériles,
abeilles herm aphrodites, ouvrières cy- Applications (cire). Pour faire briller
clopes (un seul œil composé au lieu de les meubles, les planchers; pour les
deux), faux bourdons albinos, faux mastics et les greffes; pour souder les
bourdons aux yeux blancs, abeilles objets délicats; pour préparer des
rouges, etc. pommades; pour confectionner de la
cire à cacheter et des toiles cirées; pour
Antennes. Organes fondam entaux plastifier et imperméabiliser les toiles
pour les abeilles, formés par deux pro­ ou les cartons; d ’usage autrefois cou­
longements articulaires frontaux, très rant dans les églises.
mobiles. Chaque antenne est consti­
tuée de 12 articles chez la reine et les Applications (miel). En alimentation,
ouvrières, de 13 chez les mâles. Le 1er dans l’industrie, en médecine; pour
article s’insère dans une cavité fronta­ préparer des confitures, des sirops, des
le, le 2e, très long, est appelé hampe et sucreries, des produits de beauté; le
les autres, de même longueur, consti­ miel est également utilisé dans l’indus­
tuent le “flagelle” . Les antennes sont trie de la tannerie, du savon (pour fa­
recouvertes de terminaisons sensoriel­ briquer des savons spéciaux), du pa­
les qui perm ettent aux abeilles de s’o­ pier. Il est également utilisé pour pré­
rienter dans l’obscurité. L ’ouïe et l’o­ parer des boissons, des liqueurs plus
dorat, semble-t-il, sont' localisés dans ou moins sirupeuses, des apéritifs, de
les antennes. l’hydromel, du miel œnologique.

Apiculteur. Toute personne prati­ Applications (propolis). Dans le pas­


quant l’apiculture, quel que soit son sé, la propolis était utilisée pour la pré­
degré d ’instruction. paration d ’explosifs pour feux d ’arti­
fice; elle est également utilisée pour les
Apiculture. Activité agricole qui per­ vernis, les adhésifs et les mastics; dans
met d ’obtenir, grâce à l’élevage des les pays orientaux, les femmes l’em­
abeilles, des produits directs (extraits ploient pour s’épiler; les Grecs s’en
du miel et de la cire) et indirects (ac­ servaient comme médicament et, de
croissement de la production agricole nos jours encore, elle est utilisée en
grâce à la fécondation des fleurs, pro­ médecine dans certains pays, notam ­
voquée par la visite des abeilles). ment en Europe orientale.

Apifuges. Liquides destinés en général Barbe. On dit que certaines familles


à faire fuir les abeilles. On utilise ainsi “font la barbe” lorsqu’elles essaient
à cette fin des substances volatiles et d ’aérer une ruche de petite dimension.

230
LEXIQUE

Les abeilles, à vrai dire, s’accumulent véritable brosse pourvue de soies de


en grappes qui pendent, à l’intérieur plusieurs centimètres de long, mais
du nid et à proximité du trou de vol et une plume ou une plume d ’oie peut
battent des ailes. Etant donné que la servir à la même fin. Il est préférable
ruche dans ce cas est exiguë, un essaim que la soie ou la plume soient claires
pourrait très bien se former si l’apicul­ car les couleurs sombres fatiguent les
teur n ’y pourvoit pas à temps. abeilles.

Blocage de la ponte. La reine, dans ce Bruits. Les abeilles sont troublées par
cas, cesse tem porairem ent de pondre les bruits, en particulier en hiver. Les
ses œ ufs et réduit par là même le nom­ ruches devront donc être placées à une
bre des nourrices du couvain, ce qui lui certaine distance des voies ferrées ou
permet d ’économiser les provisions; le des routes, des usines, des écoles, des
but de cette opération est en effet terrains de sport.
d ’augmenter la récolte de miel. Pour
provoquer ce blocage, l’apiculteur Butineuses. Ouvrières destinées à ré­
peut procéder de diverses façons: utili­ colter le nectar, le pollen, la propolis et
ser mom entaném ent une grille chasse- l’eau. Leur rayon d ’action est, théori­
reine; réduire le nombre des rayons; quement, de 5 km environ.
retarder la pose des rayons (de cette
manière, la reine est désorientée et sus­ Cadres. Sont constitués par des lames
pend tem porairem ent sa ponte), etc. qui soutiennent les rayons ou, mieux,
des feuilles de cire gaufrée sur lesquel­
Bourdonnement. Les abeilles émettent les les abeilles élaborent les rayons
toutes sortes de sons, dus aux vibra­ pour y déposer le couvain ou le nectar.
tions de leurs ailes ou de leurs anneaux
abdom inaux. La reine, quant à elle, Cage à reines. Cage à l’intérieur de la­
émet un son spécial, plaintif, lors­ quelle la reine est emprisonnée ainsi
qu ’elle veut essaimer. Le son émis par q u’un certain nombre d ’abeilles po­
les princesses, encore operculées et qui sées sur un rayon; elle peut servir au
cherchent à sortir des cellules royales, blocage de la ponte ou à soustraire
est encore plus caractéristique. L ’api­ temporairement une reine à la colonie
culteur s’habitue au bruit régulier émis sans que celle-ci ne cesse de pondre, à
par les familles normalement dévelop­ condition bien entendu que les mesu­
pées et peut suspecter si ce “bourdon­ res appropriées soient prises.
nem ent”, pour une raison quelconque,
est altéré. Cage d’expédition. Sert à l’expédition
des reines. Ne pas oublier de placer
Brosse. Outil qui sert à détacher les dans cette cage du sucre en pâte et 5 à 8
abeilles des rayons; il peut s’agir d ’une ouvrières adultes.

231
Caisse de rangement. Sert à conserver isolées et servent à abriter les futures
les rayons vides, et permet d ’éviter les reines. Les cellules royales sont inté­
attaques de la fausse-teigne. rieurement lisses et cylindriques, pos­
sèdent un fond de 7,5 sur 8,5 mm, 20 à
Caisse porte-rayons. Sert à transpor­ 25 mm de long; extérieurement, elles
ter les rayons neufs et à recueillir les ressemblent grossièrement à un gland.
rayons garnis de miel et operculés. Une ruche peut posséder plus de vingt
Cette caisse devra pouvoir contenir en­ cellules royales.
tre 6 et 8 rayons de corps de ruche. Elle Signes caractéristiques: si la cellule
peut posséder une ouverture à sa base, royale est désoperculée à son sommet,
qui puisse être refermée; dans ce cas, c’est que la reine est sortie vivante; si
la caisse peut également servir à abri­ les côtés de la cellule sont rompus,
ter une colonie peu populeuse. c’est que la jeune reine a vraisembla­
blement été tuée. Les cellules des ou­
Capture (de la reine). P our capturer vrières sont les plus nombreuses et les
une reine dans une ruche, il faut procé­ plus petites; elles sont uniformes et
der avec une très grande précaution: il possèdent une superficie de 26,197875
faut savoir la distinguer des autres en mm 2et une profondeur de 11 à 13 mm.
la recherchant plutôt sur les rayons de Leur largeur est de 5,2-5,5 mm. Cha­
couvain jeune et sur les œufs. que cellule peut contenir 370 mg de
miel environ. Il existe entre 380 et 430
Cave. Peut servir à l’hivernage des co­ cellules par dm 2; les sections de rayon
lonies à condition que l’air am biant (de 1 dm 2; deux faces) sur lesquelles
soit sec et frais, la pièce obscure, et la sont posées les abeilles italiennes pos­
tem pérature, si possible, égale à 8°C. sèdent environ 750 cellules; celles des
Cette pratique est utilisée aux Etats-U- abeilles allemandes 854.
nis et dans certains autres pays. Le sys­ Les cellules de faux bourdons sont
tème est à conseiller uniquement lors­ plus grandes que celles des ouvrières:
que la tem pérature extérieure est très largeur 7 mm, profondeur 12 à
froide. 13 mm; elles peuvent également servir
pour l’accumulation des réserves de
Cellules. Alvéoles construites dans la miel. La plupart des cellules de faux
cire et constituant, dans leur ensem­ bourdons se trouvent sur les bords des
ble, le rayon. Dans ces alvéoles sont rayons.
déposés les œ ufs, le miel et le pollen. Il
existe ainsi des cellules royales, des cel­ Cellules agrandies (avantages).
lules d ’ouvrières et des cellules de faux 1. Les rayons sont préparés plus rapi­
bourdons. Les cellules royales sont dement.
grosses et ne possèdent pas la même 2. L’extraction du miel exige moins de
forme que les autres; elles se trouvent temps.
3. La cire gaufrée pèse moins lourd. Chitine. Substance dure qui recouvre
4. Les abeilles sont plus robustes et ré­ le corps des abeilles et le soutient.
coltent plus de butin.
5. Leur langue finit par être plus lon­ Circulation sanguine. Chez l’abeille,
gue, si bien que les abeilles peuvent la circulation du sang se produit par
butiner des fleurs à haute corolle. l’intermédiaire d ’une sorte de tuyau
qui fait refluer le sang vers la tête et le
Cendres. 100 g d ’abeilles séchées et in­ redistribue dans tout le corps. Il récu­
cinérées ont permis de découvrir dans père ensuite le sang pour le faire à nou­
les cendres non seulement de l’azote, veau affluer vers la tête.
du carbone, de l’hydrogène et de
l’oxygène mais aussi les éléments sui­ Cire. Hydrocarbure gras de saveur
vants: 1,41 g de soufre, 0,95 g de douceâtre composé de carbone (16
phosphore, 0,295 g de chlore, 0,02 g parties), d ’hydrogène (2) et d ’oxygène
de potasse, 0,015 g de fer, 0,01 g de (1). Elle ramollit à 35°C, fond à
zinc, 0,01 g d ’aluminium, 0,06 g de 63-64°C; son poids spécifique est de
cuivre, 0,01 g de manganèse, 0,0009 g 0,966. Insoluble dans l’eau, soluble
d ’hydrogène, des traces d ’arsenic et de dans l’éther sulfurique, l’essence, le
fluor. pétrole. En général, la couleur de la ci­
re est jaunâtre à cause de la présence
de résidus de pollen. La cire devient
Chargement. Une abeille peut trans­
blanche au soleil ou à la suite d ’un trai­
porter une charge supérieure à son
tement chimique.
poids qui semble être de 110 mg envi­
L ’apiculteur extrait la cire des vieux
ron. La corbeille d ’une patte peut con­
rayons noircis par le temps et par les
tenir 25 mg; 60 mg de nectar peuvent
opercules. 1 kg de cire peut être élabo­
ainsi être transportés. Pour recueillir
ré, en une dizaine de jours, par un es­
un kilo de nectar, il faudra donc que saim de 22 000 abeilles environ. Un ra ­
les abeilles accomplissent 20 000 vols yon neuf de corps de ruche en con­
au minimum. tient entre 200 et 250 g. Un apiculteur
peut en extraire 100 à 200 g par ruche
Chasse-reine. Il s’agit d ’une plaque en changeant les vieux rayons noircis.
perforée en zinc qui doit être posée en­
tre le corps de ruche et la hausse pour Cire gaufrée. Plaque de cire pure por­
éviter que la reine ne monte dans la tant imprimées, sur ses deux faces, les
hausse et y dépose ses œ ufs. Les perfo­ amorces des cellules femelles. Les cel­
rations ont 4 mm de largeur et perm et­ lules peuvent être estampées sous pres­
tent aux ouvrières (mais non à la reine) sion. La cire gaufrée, soudée au cadre,
de passer; la reine a besoin de passages doit être placée à l’intérieur de la ru­
de 4,5 mm de largeur. che. Les abeilles, à partir de ces amor-

233
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

ces de cellules, s’appliquent à les com­ rigine de la naissance d ’individus


pléter. P our un meilleur rendement, anormaux, de reines faibles et peu
l’apiculteur aura donc intérêt à ne pas prolifiques. L ’apiculteur devra donc,
contraindre ses abeilles à construire lorsqu’il remplacera la reine, songer à
complètement les rayons. Mieux, s’il introduire dans la ruche, tous les deux
donne aux abeilles des feuilles de cire ou trois ans, une reine d ’une autre race
gaufrée, le nombre des faux bourdons et provenant, si possible, d ’une région
dim inuera. Pour que la cire gaufrée ne différente. A cette fin, il pourra chan­
s’incurve, la soutenir à l’aide de feuil­ ger, à un rythme préétabli, les reines
les métalliques souples. par d ’autres provenant de centres sé­
lectionnés. De cette manière, il évitera
Cirières. La cire est sécrétée, en géné­ la consanguinité et perm ettra à la fa­
ral, par de jeunes ouvrières de moins mille de s’améliorer.
de 2 ou 3 semaines; mais des ouvrières
plus âgées, ayant essaimé, peuvent Conservation (des rayons). P our pré­
également en fabriquer. P our cela, les server les rayons de réserves alimentai­
abeilles se nourrissent abondam m ent res contre l’attaque des teignes, il faut
de miel et de pollen; après les avoir mé- placer ces rayons dans un local bien
tabolisées, elles peuvent faire fonc­ aéré, lumineux, sec et propre; en effet,
tionner les glands produisant la cire. la fausse teigne prolifère dans les en­
Celle-ci s’échappe du corps sous forme droits obscurs, fermés et chauds. Les
de sécrétion liquide, solidifiée à l’air rayons peuvent également être placés
en minces écailles blanches. dans des armoires fermées, à l’inté­
rieur desquelles on pulvérise des va­
Classification. Est considérée comme peurs d ’anhydride sulfureux, de sulfu­
“faible” une famille qui occupe, au re de carbone, de tétrachlorure de car­
moment de l’hivernage, trois rayons; bone. Veiller, toutefois, à ce que ces
“médiocre” si la famille occupe 4 ou 5 produits ne soient pas approchés d ’u­
rayons; “forte” si la famille recouvre 8 ne flamme. Etant donné que ces subs­
ou plus de 8 rayons. Cette évaluation tances ne neutralisent pas les œufs des
peut être utilisée pour le contrôle ef­ fausses teignes, l’apiculteur devra
fectué avant l’hivernage. donc renouveler cette opération toutes
les semaines, pendant une certaine pé­
Colonie. Voir Famille. riode. Le miel operculé et contenu
dans ces rayons a tendance à se cristal­
Consanguinité. Il faut, en apiculture, liser, les abeilles pourront ainsi utiliser
éviter que les abeilles ne contractent plus facilement le miel mis à leur
des liens consaguins car cette pratique disposition.
pourrait, à la longue, donner des ré­
sultats négatifs, par exemple être à l’o­ Corbeilles. Ce sont deux fossettes pla­

234
XIQU E

cées dans les pattes postérieures et où santé de la reine et, éventuellement, la


sont déposés le pollen et la propolis. remplacera.

Couleurs. Les couleurs de la façade Couveuses. Ouvrières qui protègent et


avant de la ruche doivent être vives et, réchauffent de leur corps le couvain
dans un rucher, différentes pour que dès le moment où la reine a pondu ses
les abeilles ne confondent pas les ru ­ œufs jusqu’au moment où la cellule
ches en revenant des champs. Cou­ est operculée.
leurs préférées: rouge, violet, jaune,
gris, bleu clair, etc. Disette. Les abeilles en sont victimes
lorsque la récolte a été mauvaise à cau­
Courant d’air. Dangereux pour les se du temps pluvieux ou du vent. Les
abeilles. Le corps de ruche doit être aé­ familles, dans ce cas, sont affaiblies et
ré mais non exposé aux courants d ’air, doivent recevoir un nourrissement sti­
sous peine de voir m ourir la ruche. mulant.

Couvain. Ensemble des œ ufs, des lar­ Distances. Les abeilles peuvent buti­
ves, des nymphes et des abeilles qui ner assez loin de leur ruche dans un
viennent à peine de naître et se trou­ rayon d ’action de 5 km environ. Tou­
vent dans les rayons. Le couvain peut tefois, plus elles s’éloignent, moins el­
être découvert ou couvert. Il est dé­ les sont rentables. En général, elles se
couvert lorsqu’il contient des larves; déplacent de secteur en secteur et ne
lorsque les larves se transform ent en s’éparpillent pas. Si la région est
chrysalides (stade nymphal), les cellu­ suffisamment mellifère elles ne s’éloi­
les sont operculées par les abeilles gnent pas à plus de 3 km.
adultes et les opercules doivent être
convexes et ne pas être perforés; la Eau. Les abeilles ont toujours besoin
rupture de l’opercule se produit lors­ de beaucoup d ’eau; ce besoin se m ani­
que l’abeille à peine née sort de la cel­ feste surtout lorsque les plantes sont
lule. P our posséder un nombre peu nectarifères. L ’apiculteur peut
suffisant d ’abeilles au début de l’hi­ leur en fournir en plaçant des abreu­
ver, l’apiculteur doit essayer d ’obtenir voirs à proximité de la ruche ou à l’in­
un couvain autom nal donnant nais­ térieur. Si la température est inférieure
sance à de jeunes abeilles au début des à 8°C, l’abreuvoir à l’intérieur de la
premiers froids. ruche devra toujours être rempli. Si les
Lorsque le couvain n ’est pas uniforme abeilles s’accumulent près des abreu­
et engendre de nombreux mâles, c’est voirs placés près des ruches, cela indi­
que la reine est vieille, épuisée; si le que à coup sûr la présence de couvain,
couvain présente d ’autres anomalies, à moins qu’il ne fasse une chaleur to r­
l’apiculteur vérifiera aussitôt l’état de ride. Les abeilles utilisent cette eau

235
LE GRAND LIVRE DES A

pour rafraîchir la ruche qui est trop abeilles doivent être de tous âges (jeu­
chaude, pour préparer de la gelée ro ­ nes et vieilles), et nourries artificielle­
yale q u ’elles régurgiteront au couvain ment au cas où elles ne pourraient pas
et pour digérer le pollen. Ce sont donc partir butiner (mauvais temps), etc.
les nourrices qui en consomment le Contrôler ensuite que l’essaim artifi­
plus. ciel ne meurt pas, que la reine est ferti­
On a ainsi évalué que, pour absorber le et pond régulièrement, que la con­
un litre d ’eau, les abeilles devaient ac­ sommation de pollen est régulière (ce
complir 25 000 vols; par contre, si l’a­ qui montre que le couvain se déve­
piculteur met à leur disposition l’eau loppe).
dont elles ont besoin, les abeilles dé­
penseront une moins grande quantité Etouffement des reines. Opération
d ’énergie et un certain nombre d ’entre exécutée par les ouvrières lorsqu’une
elles ne s’égareront pas en allant buti­ reine inconnue pénètre dans leur nid;
ner. Une colonie bien peuplée consom­ les reines étrangères ne seront pas reje­
me un demi-litre d ’eau environ par tées par les gardiennes mais pourraient
jour. L ’eau tiède est préférable. très bien être étouffées par les ouvriè­
res regroupées en grappes et qui les
Elevage. L ’élevage du couvain est as­ maintiennent prisonnières. L orsqu’u­
suré par de jeunes abeilles, prédispo­ ne reine est introduite dans une ruche
sées pour la préparation de la gelée (pour remplacer une vieille reine ou si
destinée à nourrir les larves. Le pre­ une colonie est orpheline), elle peut
mier couvain de printemps est toute­ donc être étouffée; pour éviter ce gen­
fois nourri par les abeilles d ’automne re d ’inconvénient, il faut donc pulvéri­
qui ont surmonté l’hiver sans diffi­ ser un peu d ’eau sur la “grappe” d ’a­
culté. beilles: dans ce cas, ces dernières se
dispersent.
Enfumoir. Permet d ’introduire, de
manière inoffensive, des fumées à l’in­ Expédition. Les reines peuvent être ex­
térieur de la ruche. Les abeilles enfu­ pédiées, en compagnie de nourrices, à
mées se calment après avoir pris des condition qu’elles soient placées dans
provisions alimentaires. La fumée doit des ruchettes, bien approvisionnées et
être dense et froide, sinon les abeilles aérées.
pourraient s’irriter.
Extracteur. Récipient cylindrique qui
Essaims artificiels. Méthode ration­ permet à l’opérateur d ’extraire le miel
nelle pour multiplier les familles dans des rayons de la hausse, après désoper­
un rucher. Mais il im porte que l’api­ culation des cellules.
culteur fournisse à la nouvelle famille Cet appareil fonctionne sous l’effet de
une reine, si possible sélectionnée; les la force centrifuge; le mouvement de

236
rotation peut être produit à l’aide d ’u­ Fécondation. La reine peut être fécon­
ne manivelle ou d ’un petit moteur dée deux jours après sa naissance; la
électrique. phase d ’œstrus est terminée au bout de
20-30 jours. Si cette date est dépassée,
Faiblesse. Une famille est dite faible si la reine vierge ne pourra pondre que
la reine est vieille, presque stérile et des œufs mâles.
peu prolifique; si les abeilles ne sont
pas assez nombreuses, la m aturation Filtre. Doit être posé sous le robinet de
du couvain étant ralentie par manque l’extracteur pour arrêter les fragments
de chaleur; si la ruche est contaminée; de cire, donc épurer le miel.
si elle est constamment troublée; si la
région choisie est exposée au vent et Fraude. Le miel peut être falsifié avec
peu mellifère. des substances diverses, telles que la
farine, les fécules, de la gélatine, du
Famille (colonie). Ensemble des ou­ sable, du talc, de la craie, de la mélas­
vrières, des mâles et de la reine qui vi­ se, du glucose, des sirops, de l’am i­
vent dans une ruche. En général, une don, du saccharose, de la glycérine,
famille possède: une femelle fécondée des matières grasses, etc. Les altéra­
(reine), plusieurs milliers de femelles tions sont facilement décelables dans
stériles, c’est-à-dire possédant des or­ la mesure où le miel authentique se
ganes génitaux atrophiés, mais char­ cristallise d ’une manière typique et où
gées de divers travaux à l’intérieur de ces falsifications peuvent être détec­
la ruche et partant butiner à l’exté­ tées en laboratoire.
rieur, plusieurs centaines de mâles ou
faux bourdons dont le principal rôle Fusion (cire). Pour faire fondre les
est de féconder la reine. vieux rayons, ils sont en général ré­
duits en fragments, immergés dans de
Faux bourdon. Mâle dont le rôle es­ l’eau courante pendant une journée
sentiel est de féconder la reine vierge pour que les grumeaux puissent dispa­
au cours du vol nuptial. Il est incapa­ raître. Ces fragments sont ensuite mis
ble de travailler et de se défendre car il dans un récipient dont l’eau est portée
ne possède aucun organe prévu à cet à ébullition. Il est im portant de ne pas
effet. II se transform e, d ’œ u f en insec­ employer de récipients en fer, en zinc
te parfait, en l’espace de 24 jours. Le ou en cuivre, qui peuvent altérer la ci­
faux bourdon consomme 15 mg de re. L ’acier inoxydable ou l’aluminium
miel, donc trois fois plus q u ’une ou­ conviennent parfaitem ent.
vrière. Il vit, en moyenne, trois mois, à
moins q u ’il ne soit massacré avant. Gants. Protègent les mains de l’opéra­
Certains faux bourdons parviennent teur pendant ses visites de contrôle des
toutefois à surm onter l’hiver. ruches. Mais ces gants étant parfois

237
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

gênants, certains apiculteurs préfèrent leur propre famille. Grâce à cette glan­
se verser sur les mains du jus de citron de, les abeilles sont capables de recon­
ou du vinaigre au lieu de les utiliser. naître des intrus éventuels dans leur
nid.
Gardiennes. Ouvrières qui surveillent
l’entrée du nid. Ces gardiennes sont Glandes. L ’abeille possède de nom­
peu nombreuses au début du prin­ breuses glandes; dans la tête, dans le
temps mais augm entent en nombre au thorax, dans l’abdomen. Dans la tête
moment de la pleine récolte pour évi­ se trouvent les glandes salivaires, les
ter que leur ruche ne soit pillée. glandes pharyngales et les glandes
mandibulaires, fondamentales pour la
Gaufrier. Presse gravant en relief les vie de la ruche et que seules les ouvriè­
amorces de cellules dans les feuilles de res possèdent.
cire; ces feuilles de cire, destinées à la
préparation de la cire gaufrée, sont fa­ Glossomètre. Appareil pour mesurer
briquées par des industries spéciali­ la longueur de la langue des abeilles. Il
sées. Grâce à ce système de gaufrier, il s’agit en général d ’une boîte possédant
est ainsi possible d ’obtenir ultérieure­ une paroi graduée et contenant du si­
ment des abeilles plus grosses dans la rop. Les abeilles, en s’efforçant de su­
mesure où peuvent être gravées des cer les substances sucrées, étirent au
cellules plus grandes, qui donneront maximum leur langue; grâce à cette
naissance à des abeilles plus volumi­ boîte graduée, il est ainsi possible de
neuses possédant une langue plus lon­ mesurer la longueur maximale at­
gue. Les gaufriers allemands, en géné­ teinte.
ral, fabriquent des cellules plus petites
dans la mesure où l’abeille allemande Grappe. Regroupement des abeilles
est plus petite. lorsque la tem pérature extérieure des­
cend au-dessous de 10°C. Les abeilles
Gelée royale. Sécrétion produite par en effet se rassemblent sur un coin de
des glandes présentes dans la tête des rayon pourvu de cellules vides et émet­
abeilles ouvrières. De couleur blanche tent de la chaleur; à l’intérieur de cette
laiteuse, c ’est la nourriture fournie à grappe, la tem pérature peut atteindre
toutes les jeunes larves. On conseille sa 25-30 degrés, alors que la température,
consomm ation aux personnes conva­ à l’extérieur, peut descendre à -10°C.
lescentes ou fatiguées. Leur position est la suivante: la tête
d ’une abeille est protégée par l’abdo­
Glande de Nasonoff. Glande olfactive men de l’abeille qui la recouvre; dans
émettrice, située dans la partie term i­ cette position, les abeilles peuvent ain­
nale de l’abdom en et qui permet aux si se transm ettre le miel pour se nourrir
abeilles de reconnaître les membres de et se déplacer en même temps afin que

238
LEXIQUE

les abeilles placées à la périphérie, vrières jeunes, bonnes provisions de


donc plus exposées au froid, puissent miel et de pollen, rayons neufs. En ou­
se retrouver à l’intérieur. Puisque cette tre, à l’intérieur de la ruche, seuls les
grappe ne se déplace pas dans la ruche, rayons couverts d ’abeilles doivent être
l’apiculteur devra placer dans le centre laissés, avec des passages aménagés
du nid un rayon richement garni de entre les rayons, et la ruche sera aérée
miel pour ne pas risquer de trouver, à mais non exposée aux courants d ’air.
la fin de l’hiver, sa famille morte pour L ’extérieur de la ruche peut être proté­
ne pas avoir pu utiliser le miel, placé gé à l’aide de paillassons. Aucun bruit
dans une position inadéquate. ne doit venir troubler la tranquillité de
la famille.
Hausse. Partie supérieure de la ruche
destinée à recueillir le miel que l’api­ Hybridation. Il peut exister, à l’état
culteur utilisera, puisque le miel dépo­ naturel, des abeilles hybrides mais, en
sé dans le corps de ruche doit servir à général, l’hybridisme peut, plus ou
la famille d ’abeilles. La hausse doit moins volontairement, être provoqué
être placée sur le corps de ruche quel­ par l’apiculteur. Il est préférable, dans
ques jours avant la pleine récolte. le cas des abeilles, d ’élever des abeilles
pures, car l’abeille pure demeure enco­
Hérédité. Des caractères héréditaires re la plus productive des abeilles
peuvent être transm is d ’une famille à domestiquées et utilisées par l’homme.
l’autre, la propension à l’essaimage, Il peut toutefois être intéressant d ’étu-
au pillage, à la ponte plus ou moins dier et d ’expérimenter des hybrides
abondante, etc., par exemple. possédant, par exemple, une résistan­
ce particulière à certaines maladies.
Hermaphrodisme. Des abeilles herm a­
phrodites, c’est-à-dire à la fois mâles Hydromel. Boisson préparée essentiel­
et femelles, ont été découvertes; en gé­ lement à l’aide de miel; il s’agit en gé­
néral, ces abeilles sont chassées par la néral de produits typiques de certaines
colonie. Il a ainsi été possible de tro u ­ localités commercialisés de manière
ver, par exemple, des abeilles à tête de artisanale par les apiculteurs de la ré­
faux bourdon et à abdom en d ’ouvriè­ gion.
re, ou vice versa.
Langue. Centre du goût, est constituée
Hivernage. Consiste à placer les abeil­ par des appendices réunis entre eux et
les dans les conditions optimales pour actionnés par des muscles capables de
leur permettre de surm onter sans diffi­ déplacer l’organe dans tous les sens.
culté les rigueurs hivernales et de pou­ La ligule est recouverte par une couche
voir reprendre leurs activités au prin­ épaisse de poils et se prolonge par une
temps. Conditions: reine jeune, ou­ sorte de trom pe qui permet aux abeil­

239
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

les de sucer les liquides. Les différen­ sation de la ruche rationnelle à cadres
tes races d ’abeilles n ’ont pas toutes mobiles.
une langue de la même longueur: cette
langue peut avoir au minimum 6 mm Maturateur. Récipient de forme cylin­
de long et au maximum 9 mm. Les drique à l’intérieur duquel le miel est
abeilles qui possèdent une langue très versé pour pouvoir parvenir à m atura­
longue peuvent recueillir le nectar tion et être vendu dans le commerce.
dans des fleurs à calice profond, le trè­
fle rouge par exemple. Métamorphose. La reine se méta­
morphose en 15 j ours et naît le 16e j our
Longueur. La longueur du corps de (3 jours comme œ uf, 5 à l’état larvai­
l’ouvrière varie entre 10 et 13 mm; cel­ re, 7 à l’état de nymphe). Les mâles
le du faux bourdon entre 13 et 14 mm; naissent le 25e jour après être restés 24
celle de la reine peut atteindre 16 mm. jours à l’état de couvain (3 jours com­
me œ uf, 6 jours et demi à l’état larvai­
Marquage. Les reines peuvent être re, 14 jours et demi comme nymphe).
marquées pour être individualisées et Les ouvrières possèdent un cycle de 21
reconnues en fonction de leur âge. Il jours et naissent le 22e jour (3 jours
sera préférable d ’utiliser des couleurs comme œ uf, 6 jours comme larve, 12
différentes chaque année pour que cet­ jours comme nymphe). Les cellules
te déterm ination soit plus aisée. Cou­ doivent être fermées par un opercule
leurs préférées: blanc, jaune, rouge, de cire le 8e jour s’il s’agit d ’une reine,
vert, bleu ciel (dans cet ordre). Pour le 9e pour les ouvrières, et au bout de 9
m arquer le thorax de la reine, un petit jours et demi pour les mâles.
pinceau ou une tête d ’épingle teintée
de la couleur désirée peuvent être utili­ Miel. Provient du nectar et du miellat
sés. Il faudra toutefois emprisonner la de diverses plantes. Le saccharose que
reine. A u préalable, soumettre quel­ contient le nectar est transform é par
ques abeilles ordinaires à quelques es­ l’abeille en glucose et en fructose grâce
sais. à ses enzymes. L ’abeille régurgite cette
substance sucrée transform ée dans la
Masque. Sert à protéger le visage des cellule où le miel mûrit. P our produire
piqûres éventuelles, spécialement en un kilo de miel, une butineuse doit ac­
période de faible floraison et de peu de complir 50 000 vols environ.
butin.
Miel œnologique. Parmi les diverses
Massacre des abeilles. Pratique barba­ applications du miel, citons son utili­
re pour extraire le miel des ruches vul­ sation dans l’industrie œnologique
gaires; de nos jours, cette pratique a pour augmenter le degré alcoolique
pour ainsi dire disparu grâce à l’utili­ d ’un moût lorsque le raisin est peu su-

240
JE

cré. Cet emploi est toutefois interdit correspondent à la partie “charnue”


par la loi française sur la vinification; des abeilles.
l’apiculteur peut toutefois l’utiliser
pour préparer du vin de consomma­ Nectar. Liquide plus ou moins doux et
tion familiale. parfum é sécrété par les nectaires. Il est
très riche en saccharose (15-20%), en
Miellat. Liquide douceâtre d ’origine eau (80% environ); on y trouve égale­
végétale et animale (sécrétions directes ment de petites doses de gomme, de
des aphidiens ou provoquées par des dextrine, de sels minéraux, d ’acide
insectes sur les feuilles des plantes). phosphorique, de sels de fer, de cal­
cium, des carbonates, des sulfates.
Mise à l’ombre. En plein été, il est
indispensable de protéger les ruches Nettoyage (de la cire). Les ustensiles
contre les rayons cuisants du soleil souillés de cire peuvent être nettoyés
pour éviter que les rayons de la ruche en les immergeant dans de l’eau bouil­
ne ramollissent, que la tem pérature lante ou en versant sur la partie souil­
s’élève et que les abeilles forment un lée de la benzine ou une solution de po­
essaim naturel. tasse.

Mise en ruche. Opération qui permet Nid. Un nid entièrement rempli de


d ’introduire un essaim naturel dans rayons contient, dans une ruche ra­
une ruche aménagée au préalable. Il tionnelle du type Dadant-Blatt, 11
est préférable de recueillir l’essaim sur rayons et une partition. En règle géné­
un drap et de rapprocher la ruche en rale, deux des rayons contiennent du
dirigeant quelques abeilles vers le trou miel et du pollen; parmi les neuf au­
de vol. tres, le tiers qui se trouve le plus en
hauteur est en général amplement gar­
Mortalité. En général, en hiver, 10% ni de miel; le couvain quant à lui se
des abeilles meurent; du printemps à trouve sur les deux tiers inférieurs.
l’autom ne, 2 à 5% des abeilles meu­
rent de vieillesse. Nombre des abeilles. Dans une colo­
nie, le nombre des membres varie sui­
Mues. Les abeilles effectuent six mues; vant les saisons. Dans une ruche, il est
la dernière mue est la métamorphose ainsi possible de dénombrer: 17 000
proprem ent dite. abeilles en mars, 10 000 en avril,
20 000 en mai, 60 000 en juin, 50 000
Muscles. Chez les abeilles, les muscles en juillet, 40 000 en août, 32 000 en
du thorax sont très développés car ils septembre, 28 000 en octobre. Sur un
actionnent le mouvement des ailes et rayon de corps de ruche du type D a­
des pattes; en général, les muscles dant-Blatt, on trouve 175 abeilles envi­

241
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

ron par dm 2, c’est-à-dire 2 000 abeilles naissent mutuellement grâce à leur


par face. Avec 11 rayons bien garnis, il propre odeur qui est différente d ’une
sera ainsi possible de trouver 45 000 famille à l’autre. Cette odeur caracté­
abeilles environ. ristique est émise par la glande de No-
sonoff. Si les abeilles d ’une famille
Normalité. Une famille est considérée sentent une odeur différente de la leur,
comme normale si ses membres volent elles peuvent s’irriter et piquer; cette
calmement et sont tranquilles; le bour­ irritation peut non seulement se re­
donnem ent est régulier, surtout pen­ tourner contre une abeille quelconque,
dant la récolte. Le fond de la ruche est une intruse qui aurait pénétré dans le
propre et le trou de vol surveillé par les nid mais aussi contre l’opérateur en
gardiennes. sueur. Lorsqu’ils sont en sueur, les
apiculteurs ne devraient donc pas s’ap­
Nourrices. Abeilles qui préparent une procher des abeilles, car ils pourraient,
sorte de bouillie appelée gelée q u ’elles sinon, être piqués. Ils devront donc se
placent à la disposition des larves dans recouvrir le visage d ’un masque et se
les cellules. Cette gelée royale est sé­ plonger les bras dans de l’eau fraîche;
crétée pour nourrir les abeilles pen­ dans ce cas, les abeilles ne seront pas
dant les trois premiers jours; ensuite, dangereuses et ne risqueront pas de les
les larves d ’ouvrières absorbent une piquer.
gelée de moins bonne qualité. La gelée
royale est la nourriture constante des Opercules. Ferment les cellules du nid
larves de reines. à couvain et les cellules de réserves ali­
mentaires. Les cellules garnies d ’un
Nourrissement (stimulant). Dose sup­ couvain femelle possèdent un opercule
plémentaire d ’aliment mis à la disposi­ plat, celles des mâles un opercule con­
tion des abeilles au m oment où la reine vexe. Les cellules à miel possèdent un
pond ses œ ufs et où les nourrices ont opercule concave. L ’opercule du cou­
besoin de manger davantage. En géné­ vain est plus foncé que celui qui recou­
ral, les abeilles reçoivent ce nourrisse­ vre le miel.
ment stimulant environ 40 jours avant
la période de floraison. La famille sera Ouvrière. C ’est la plus petite des mem­
ainsi plus nombreuse au moment de la bres d ’une colonie d ’abeilles. Elle est
floraison. ainsi dénommée parce q u ’elle exécute
tous les travaux de la ruche. C ’est une
Odeurs. Les abeilles possèdent un femelle incomplète parce que ses orga­
odorat très développé; d ’après cer­ nes génitaux sont atrophiés et q u ’elle
tains auteurs, cet odorat serait localisé ne possède que des organes pour récol­
dans les antennes, d ’après d ’autres, ter le nectar et le pollen. L ’ouvrière ac­
dans la bouche. Les abeilles se recon­ complit divers travaux: on trouve ainsi

242
EXIQVE

des abeilles butineuses, cirières, nour­ midité et, à la longue, être très nocifs.
ricières, etc. L ’apiculteur devra donc les utiliser
uniquement si le froid est excessif. Ils
Ovulation. Parm i les abeilles domesti­ peuvent être faits en paille, en copeaux
ques, seule la reine est capable d ’ovu­ de bois, etc.
lation; il arrive toutefois, bien que ce
cas soit rare, que, dans les colonies or­ Pansement. Après une piqûre d ’abeil­
phelines, certaines ouvrières parvien­ le, il est recommandé de verser de l’eau
nent à pondre des œufs non fécondés froide sur la partie blessée pour que
qui ne donneront naissance q u ’à des l’inflamm ation s’atténue; il convien­
faux bourdons. Il semble toutefois dra également d ’appliquer sur la bles­
que, à l’origine de leur évolution, à l’è- sure de la glace, de la glycérine, de
re tertiaire, tous les membres de la fa­ l’ammoniaque, du sel humide, de la
mille aient possédé cette fonction de teinture d ’iode, du latex de figuier, du
reproduction. Avec le temps, cette jus d ’oignon, etc. Dans les cas graves,
fonction s’est spécialisée et seule la rei­ aller consulter un médecin.
ne s’est vu attribuer l’honneur et la
charge de perpétuer son espèce dans le Parthénogenèse. Propriété génétique
temps; les faux bourdons ont tous de la reine vierge à pondre des œufs
conservé leurs caractères sexuels mâles viables. La reine non fécondée, en ef­
bien que peu de faux bourdons soient fet, peut engendrer de nouveaux indi­
en fait capables de féconder la reine, vidus mais ceux-ci seront tous mâles.
les autres faux bourdons devant être P ar conséquent, la reine, même après
pour la plupart considérés comme inu­ le vol nuptial qui la féconde de maniè­
tilisables. Le mâle qui s’accouple avec re permanente, peut pondre des œufs
la reine vierge cesse, après l’avoir non fécondés qui ne donneront nais­
fécondée, de vivre car ses organes se­ sance q u ’à des mâles alors que tous les
xuels auront été arrachés. Si 20 ou 30 œufs fécondés engendreront des abeil­
jours après sa naissance, la reine n ’a les de sexe féminin.
pas été fécondée, elle pourra pondre
mais ne donnera naissance q u ’à des Partition. Planche rectangulaire qui
mâles. La reine fécondée, au contrai­ permet de réduire le volume du nid sui­
re, peut aussi bien pondre des œufs fe­ vant la saison et le nombre des mem­
melles (ouvrières) que des œ ufs mâles bres de la famille.
(faux bourdons). Les reines sont issues
d ’œ ufs femelles. Passages (dans les rayons). Les abeil­
les, en construisant les rayons am éna­
Paillassons. Servent pour protéger les gent parfois des trous vers le centre du
ruches contre le froid. Ces paillassons rayon. Ces passages doivent leur per­
toutefois peuvent absorber toute l’hu­ mettre, en hiver, de passer d ’une face

243
du rayon à l’autre. Ils doivent égale­ Piège à bourdons. Appareil très simple
ment perm ettre à la reine de passer qui permet de faire sortir les mâles de
d ’un rayon à l’autre pour pondre. L ’a­ la ruche et de leur en interdire l’entrée;
piculteur devra donc satisfaire ce be­ le soir, les mâles qui se trouvent hors
soin en am énageant lui-même artifi­ du nid, veulent rentrer mais sont aussi­
ciellement des passages. tôt chassés et se trouvent voués à une
mort certaine à cause du froid. Il faut
Pattes. Les abeilles possèdent 3 paires fixer sur la ruche ces pièges à bourdons
de pattes, placées sur les côtés du th o ­ lorsque la reine a été fécondée et que la
rax; il faut distinguer les pattes anté­ récolte commence à diminuer.
rieures, les pattes médianes et les pat­
tes postérieures; chaque patte est com­ Pillage (causes). Ouverture des ruches
posée de 6 articles: la hanche, le tro- aux heures les plus chaudes; transvase­
chanter, le fémur, le tibia, le tarse ments pendant des périodes de pénu­
(composé de 4 articles) et le métatarse. rie; pratique d ’un essaimage artificiel
La première paire de pattes des ouvriè­ à une époque inadéquate; colonies
res est pourvue d ’un peigne qui leur possédant une propension particulière
permet de se nettoyer les antennes. La au pillage, soit pour y avoir été inci­
seconde paire est pourvue d ’une soie tées, soit par tendance héréditaire; pé­
qui leur permet d ’évider les corbeilles nétration d ’un essaim dans une ruche
de leur contenu. La troisième paire est en pleine activité; ruches faibles enva­
pourvue d ’une corbeille, d ’une brosse, hies par d ’autres abeilles; nourrisse-
d ’un peigne et d ’une pince, qui leur ment stimulant exécuté aux heures
perm ettent de recueillir le pollen. La chaudes; miel mis à la portée des abeil­
reine et les faux bourdons ne possè­ les; rayons délaissés, si m om entané­
dent ni corbeille, ni brosse, ni peigne. ment soit-il; substances sucrées mises à
la portée des abeilles; lenteur et négli­
Peuplement. Un rucher peut être gence des manipulations d ’extraction
agrandi de diverses façons. des cadres operculés de la hausse; ou­
1. En transvasant des ruches vulgaires tils souillés de miel; famille orpheline;
dans des ruches rationnelles. nourrissement à base de sucre roux
2. En capturant des essaims naturels fourni à des familles affaiblies; visites
et en les plaçant dans des ruches ra­ de contrôle exécutées dans une famille
tionnelles. affaiblie; désoperculation involontai­
3. En créant de nouvelles colonies, en re des cellules à miel de la hausse avec
pratiquant l’essaimage artificiel. la brosse à abeilles; imprudences va­
4. En acquérant des noyaux de colo­ riées de l’apiculteur.
nies avec une reine fécondée.
5. En achetant des ruches préparées Pillardes. Abeilles qui, ne trouvant
par des apiculteurs expérimentés. pas de butin ou stimulées par le par­

244
LEXIQUE

fum du miel, partent à la recherche de Poids. Une ouvrière à jeun pèse envi­
produits sucrés pour les piller, soit à ron 105-106 mg; environ 10 000 abeil­
l’intérieur des ruches, soit près des ha­ les pèsent 1 kg. Dans un rayon, il y a
bitations. 175 abeilles par dm 2, soit 4 000 sur un
rayon Dadant-Blatt; leur poids corres­
Piqûres. Les piqûres d ’abeilles sont pond à environ 400 grammes. Une ru­
douloureuses et gênantes; elles peu­ che avec une famille prospère cou­
vent occasionner une boursouflure ou vrant 10 rayons, aura une population
des démangeaisons sur la partie bles­ de 40 000 abeilles, et le poids de l’en­
sée; cette douleur peut durer quelques semble de ses membres sera proche de
heures ou quelques jours suivant la 4 kg. Il faut tenir compte que, dans les
sensibilité de la personne blessée. Ra­ poids calculés, on n ’a pas tenu compte
res toutefois sont les lésions graves; si du poids de la nourriture.
tel était le cas, c’est que la personne
blessée serait en mauvaise santé. N or­ Pollen (applications). Correspond à la
malement, les effets d ’une piqûre d ’a­ partie protéique de l’alimentation des
beille sont négligeables. abeilles; est indispensable pour la
En fait, les abeilles ont particulière­ nourriture des larves. Le pollen est la
ment tendance à piquer les jours de matière première pour la production
grand vent, en cas d ’orage ou lors­ de la gelée royale et des œufs. Les be­
qu’elles ont découvert du miel mais
soins de pollen, dans une colonie nor­
n ’ont pu vraim ent l’atteindre, au mo­
male, sont de 35 à 40 kg environ par
ment du vol nuptial de la reine, lors­
an.
q u ’elles sont menacées, en particulier
vers le soir. Pour comprendre ce der­
Pollen (carence). Si la colonie est pri­
nier phénomène, il suffit de savoir
que, le soir venu, les abeilles ne voient vée ou presque de pollen, ce produit
pas très clair donc sont particulière­ devra être remplacé par des succéda­
ment soupçonneuses. En outre, elles nés courants: farine de seigle, ou de
peuvent être incitées à piquer lors­ blé, moulue grossièrement et mise à la
qu’elles se heurtent à des obstacles sur disposition des abeilles en la déposant
leur parcours, lorsque la ruche a été sur le fond de la ruche ou près de la
heurtée violemment, lorsque les réser­ sortie.
ves alimentaires ne sont pas suffisan­
tes et doivent donc être réapprovision­ Pollen (succédanés). Si les abeilles ne
nées. peuvent récolter suffisamment de pol­
len, elles devront être nourries avec
Planchette de vol. Planchette placée des succédanés; les farines grossière­
devant le trou de vol qui permet aux ment moulues des céréales et des légu­
ouvrières de se poser avant de partir mineuses (avoine, orge, maïs, fro­
butiner ou à leur retour. ment, seigle, soja, fèves, haricots,

245
LI ÆS

pois, etc.), répondant parfaitem ent à ne faut faire aucun mouvement brus­
cette fin. Il est également possible d ’u­ que mais se déplacer lentement et sûre­
tiliser de la farine de châtaigne. Il est ment; les gestes brusques et les mani­
aussi possible de préparer: pulations irritent les abeilles. Il faut
a) 100 g de farine de fèves et 25 g de éloigner les chiens et les chats car, en
lait en poudre écrémé, additionnés remuant involontairement la queue,
de sirop de saccharose; ces animaux pourraient troubler les
b) farine de pois et de soja, en doses abeilles et se faire piquer, ce qui incite­
égales, jusqu’à 100 g et mélangée à rait les autres abeilles à en faire autant.
12 ou 13 g de levure de bière. Il est Il ne faut absolument pas faire de bruit
également possible d ’y ajouter du à proximité de la ruche, en particulier
sirop de saccharose pour l’humec- peu avant de procéder aux visites. En
ter sans q u ’elle devienne liquide. cas de piqûre, il faut s’éloigner comme
si rien ne s’était passé, ne faire aucun
Ponte. La ponte des œufs est faite par mouvement brusque et ne pas crier. Il
la reine et commence en général en ne faut pas écraser les abeilles, même
janvier, mais bien sûr ce début est involontairement, même si elles sont
sujet à variations selon le climat. La mortes, en particulier près de la ruche;
ponte diminue dès que la récolte dimi­ l’odeur du venin excite et rend furieu­
nue elle aussi. Elle cesse enfin dès l’ap­ ses leurs compagnes. Avant de manier
parition du froid. La reine pond les la ruche, se tremper les mains dans de
premiers œufs dans le centre du l’eau fraîche ou du vinaigre.
rayon; puis elle se déplace de manière
circulaire du centre vers la périphérie; Propolis. Substance résineuse sécrétée
dès q u ’une face du rayon est remplie, par les plantes (peupliers, saules, bou­
elle pond sur l’autre face. Au bout leaux, ormes, etc.) et recueillie par les
d ’un certain temps, les œ ufs prêts à abeilles pour colmater les fissures du
éclore se trouveront au centre, entou­ nid, renforcer et ressouder la cire gau­
rés par le couvain operculé. frée, embaumer les cadavres des insec­
tes pillards qui auraient pénétré dans
Précautions. L ’apiculteur doit pren­ la ruche.
dre toutes sortes de précautions pour La propolis fond à 65°C, sa densité
ne pas être piqué. Les abeilles les plus étant de 1,2; elle est constituée pour
irascibles sont, en général, les abeilles 50% de substances résineuses, 10%
les plus âgées. Avant d ’ouvrir une ru ­ d ’huile essentielle et 40% de cire. La
che, il faut donc enfumer l’intérieur cire est ajoutée par les abeilles pour ra­
pour que les abeilles, effrayées, se gor­ mollir la consistance de la résine. Une
gent de miel, donc deviennent calmes. colonie normale recueille ordinaire­
Il faut manier la ruche en restant à côté ment, en l’espace d ’une année, entre
de la façade opposée au trou de vol. Il 100 et 250 g de propolis.

246
LEXIQ UE

Provisions. Une abeille consomme, noirs. On entend également par rayon


pour se transform er en insecte parfait, le cadre garni de cire gaufrée préparé
120 mg de provisions; pendant les 40 par l’homme; dans les ruches ration­
jours de son existence, elle consomme­ nelles, la cire gaufrée, sur laquelle sont
ra à nouveau 120 mg. Une colonie de gravées des cellules hexagonales, est fi­
200 000 abeilles consomme, couvain xée sur les porte-rayons. Avec le
et insectes adultes compris, 50 kg de temps, le rayon pèse de plus en plus
pollen environ et de miel par an. La lourd, ce qui permet d ’évaluer appro­
consom m ation d ’eau avoisine 20 1 par ximativement son âge.
an.
Récolte. En apiculture, la récolte est
Rayons “chauds”. On parle également constituée par le miel et le pollen, la
de bâtisses chaudes. Ruches dont les propolis, la gelée royale, le venin; on
rayons sont parallèles à la façade de la peut considérer comme récolte “indi­
ruche. L ’air pénétrant par le trou de recte” la production agricole, l’élevage
vol atteint la façade externe du dernier des reines pour les vendre, la proliféra­
rayon; les rayons qui se trouvent le tion des familles à des fins commercia­
plus à l’intérieur sont donc davantage les, etc. La récolte du miel en tout cas
protégés mais, en été, ce genre de ru­ peut être plus abondante si l’apicul­
che finit par être mal aéré et les abeilles teur sait appliquer certaines mesures
ne peuvent pas passer facilement d ’un au moment opportun. Voici nos sug­
rayon à l’autre et des rayons arrière gestions.
vers la sortie. 1. Réunir les familles affaiblies peu
avant la récolte afin de disposer au
Rayons “froids”. On parle également préalable de familles fortes.
de bâtisses froides. Ruches dont les 2. Lorsque cela s’avère possible, utili­
rayons sont perpendiculaires à la faça­ ser une ruche coopérative afin d ’ex­
de. Ce genre de ruche est bien aéré et ploiter au maximum les ressources
les colonies s’y développent mieux (il de deux familles et de recueillir
existe ainsi un proverbe sur les abeilles dans une seule hausse le produit de
qui voudraient avoir “la tête chaude et leur récolte.
les pieds froids”). 3. Utiliser des hausses de grandes di­
Les rayons sont construits avec de la mensions au moment de la plus for­
cire pure, les deux faces gravées possè­ te floraison.
dent un très grand nombre de cellules 4. Emprisonner la reine pour pouvoir
hexagonales destinées au couvain et posséder de nombreuses buti­
aux réserves alimentaires (miel, pol­ neuses.
len). A u début, les rayons sont très
clairs, presque blancs; ensuite, ils s’as­ Refroidissement. En général, dange­
sombrissent et deviennent presque reux pour le couvain et les cellules

247
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

royales. L ’apiculteur devra donc pren­ expire 150 fois par minute; au repos,
dre le maximum de précautions en pré­ ses mouvements respiratoires se rédui­
levant et en triant les cellules royales. sent à 50.
La tem pérature optimale atteint 30 à
35°C. Réunion. Opération qui permet de
placer dans une seule et même ruche
Renforcement. Opération qui permet deux familles faibles en compagnie
de renforcer une ruche médiocre, peu d ’une seule reine. Les deux familles
peuplée. Ce renforcement s’avère né­ profitent de cette réunion. Elle peut
cessaire dans les ruches affaiblies, être exécutée en automne (pour que les
pour éviter que les membres de la colo­ abeilles puissent hiverner dans les
nie ne soient décimés par le froid en meilleures conditions) ou au prin­
hiver. temps (pour que les familles soient
plus vigoureuses).
Repeuplement. Dans une ruche, la po­
pulation se renouvelle 3 ou 5 fois du Ruche allemande. Ruche verticale à
printemps à la fin de l’été, une fois de ouverture postérieure modifiée en Ita­
l’autom ne au printemps. La reine se lie par Sartori. Cette ruche possède de
renouvelle naturellement tous les 4 ou petits rayons assez difficiles à extraire
5 ans. du corps de ruche; l’apiculteur perd
également beaucoup de temps en ef­
Repos. Chez l’abeille, on peut rem ar­ fectuant les visites de contrôle. Tombe
quer un ralentissement d ’activité en de plus en plus en désuétude dans son
hiver et pendant les saisons pluvieuses pays d ’origine (Allemagne).
et venteuses; lorsque le temps est
chaud, l’abeille travaille également à Ruche Dadant-BIatt (version françai­
l’intérieur de la ruche durant la nuit. se). Version révisée de la ruche origi­
nale Langstroth, modifiée par Da-
Respiration. L ’abeille respire à travers dant, puis par Blatt.
ses stigmates, c’est-à-dire 14 minuscu­ Cette ruche possède un corps de ruche
les orifices qui se trouvent sur les côtés pourvu de 12 cadres pour le nid à cou­
du corps, 4 dans le thorax, 2 de chaque vain et une hausse pourvue d ’autant
côté et 10 dans l’abdom en, de chaque de cadres, deux fois plus courts; le pla­
côté également. fond est mobile et des partitions peu­
Les stigmates com muniquent avec les vent être utilisées pour réduire le volu­
trachées qui aboutissent dans les deux me du nid.
“sacs aériens”. De ces sacs partent de Dimensions internes du corps de ru­
nombreuses ramifications qui portent che: 45 cm x 45 cm x 32 cm, de la haus­
l’air dans tout le corps. Lorsqu’elle est se 45 cm x 45 cm x 18 cm . Espace occu­
en pleine activité, l’abeille inspire et pé par le cadre du corps de ruche: 42

248
MEXIQUE

cm x 27 cm, de la hausse 42 cm x 12,5 plus est, dans ce genre de ruche, l’état


cm. Les rayons sont respectivement du couvain ne peut être surveillé, le
distants de 11 mm. La partition mesu­ miel obtenu est de qualité médiocre.
re 44 cm x 28 cm. Surface des deux fa­ De nos jours, ces ruches sont rarement
ces du cadre du nid à couvain: 11,335 utilisées.
dm 2. Un rayon de nid à couvains peut
contenir 37 000 cellules environ de Ruches vulgaires. De forme différente
miel; un rayon de hausse peut en con­ mais en général ronde; souvent il s’agit
tenir la moitié. L ’ensemble des deux d ’un tronc d ’arbre évidé, d ’une écorce
faces d ’un rayon de nid à couvain peut de liège, d ’un panier en osier, d ’un pot
contenir 86 000 cellules environ. en terre cuite, etc.
Les rayons sont attachés au couvercle
Ruche orpheline. Une colonie est con­ ou à des bâtonnets transversaux; une
sidérée comme orpheline lorsqu’elle ouverture est en général pratiquée au
ne possède pas de reine; les abeilles milieu de la ruche pour que les abeilles
perdent alors leur tranquillité habi­ puissent y pénétrer. Dans ce genre de
tuelle. Le soir venu, elles vont et vien­ ruche, le rayon est fixe; aussi les con­
nent d ’une manière désordonnée, les trôles sont-ils difficiles à effectuer et
gardiennes ne surveillent plus le trou l’extraction du miel ne peut-elle, la
de vol, les butineuses ne partent plus plupart du temps, être faite sans que
ou presque butiner, les faux bourdons les abeilles soient asphyxiées. La ruche
sont en surnombre, les abeilles devien­ vulgaire doit être remplacée par la ru­
nent oisives, etc. che à cadres mobiles, si possible celle
qui possède une ouverture par le pla­
Rucher. C ’est l’ensemble de plusieurs fond car les visites sont plus faciles à
ruches placées côte à côte. C ’est aussi pratiquer.
le lieu où sont rassemblées les ruches.
Les ruches peuvent être de type fami­ Sacs aériens. Représentent une réserve
lial ou de type industriel; cela dépend d ’air et permettent aux abeilles de vo­
du nombre des ruches. ler avec beaucoup de facilité. En effet,
lorsque l’abeille vole, ses sacs aériens
Ruches naturelles. En général, abris se remplissent d ’air, ce qui rend cet in­
naturels à l’intérieur desquels les es­ secte plus léger.
saims naturels s’installent; il peut s’a­
gir de troncs d ’arbre, de paniers en Sang. Le sang des abeilles est incolore,
osier, etc. Avant que la ruche à cadres de consistance laiteuse et supporte fa­
mobiles soit inventée, les ruches natu­ cilement les différences de tem pératu­
relles étaient très utilisées par les api­ re, à l’instar du sang de tous les ani­
culteurs bien que ces derniers aient à y maux à sang froid. Son nom scientifi­
pratiquer le massacre des abeilles. Qui que est Phémolymphe.

249
LE GRAND LIVRE DES ABEILLES

Sélection. Il est préférable de se procu­ 300 g de miel bien mélangés; il servira


rer des reines sélectionnées pour que enfin ce mélange aux abeilles après l’a­
les ruches soient rentables. Les reines voir placé dans un nourrisseur.
sélectionnées sont en effet plus prolifi­
ques, ne possèdent pas de m alform a­ Stigmates. Orifices qui se trouvent sur
tions héréditaires, de liens consan­ les côtés du thorax et de l’abdom en de
guins et ne sont pas déficientes. l’abeille et qui lui permettent de respi­
rer. Voir également Respiration.
Servantes. Abeilles qui suivent la reine
et la nourrissent. Sucre en pâte. Substance sucrée faite
de miel blanc d ’excellente qualité et de
Sirop. Destiné à l’alim entation des sucre très fin, pétris à l’aide d ’une
abeilles, il se prépare en diluant du brosse et transformés en un composé
miel et du sucre. consistant mais non solide; il peut, soit
Si le temps est frais, ce sirop ne doit être placé dans les ruchettes à reines,
toutefois pas être liquide, sinon les soit utilisé à la place du sirop car ce
abeilles risqueraient d ’être victimes de dernier peut provoquer la diarrhée.
dysenterie.
Si les réserves alimentaires des abeilles Sucre roux. Saccharose dénaturé; sup­
ne sont pas tout à fait suffisantes, l’a­ plée en général à la carence en miel. Ce
piculteur devra les compléter et prépa­ produit est d ’un prix inférieur à celui
rer un sirop épais en mélangeant deux du sucre de consommation. Il contient
tiers de saccharose et un tiers d ’eau; si du saccharose et de l’octoacétylsac-
les abeilles ont besoin d ’un nourrisse- charose ou de l’oxyde de fer.
ment stim ulant, il pourra diluer l’eau
et le saccharose à parts égales. Pour Taille. Revient à extraire le miel du nid
que ce sirop soit bien préparé, l’apicul­ des abeilles; de nos jours, il s’agit da­
teur pourra donc procéder de la m a­ vantage d ’extraire le miel de la hausse.
nière suivante: faire bouillir un litre
d ’eau, ajouter, pendant l’ébullition, 2 Température. La tem pérature interne
kg de saccharose et le laisser fondre d ’une ruche varie suivant les saisons;
complètement; y ajouter une cuillerée en été, elle avoisine 35°C, en automne
de vinaigre ou de glycérine pour éviter 20 à 25° C, en hiver elle descend jus­
que le sucre ne se cristallise; mélanger q u ’à 15 à 20°C. En hiver, la tem péra­
ensuite une pincée de sel et quelques ture interne de la ruche est de 20°C su­
cuillerées de miel pour que le sirop soit périeure à la température extérieure.
plus facilement assimilable. P our l’hi­ Pour que l’air am biant reste tiède, les
vernage, il utilisera, de préférence, un abeilles consomment donc beaucoup
sirop composé, pour chaque kilo de de miel afin de produire de la chaleur.
saccharose, d ’un demi-litre d ’eau et de Les abeilles accomplissent, à l’inté-

250
LEXIQUE

rieur de la ruche, toutes leurs activités de de l’année, bien que les périodes les
à une tem pérature de 15 à 25°C, mais plus favorables soient celles où les
elles peuvent supporter des tem pératu­ abeilles sont immobilisées par le m au­
res allant jusqu’à 36°C. Si, en hiver, la vais temps, le froid ou l’hiver, ou en­
tem pérature extérieure atteint 8°C à core le moment où la m ajorité des
l’om bre, les abeilles sortent de leur ru­ abeilles sont parties butiner. L ’apicul­
che pour accomplir leur vol de net­ teur devra toutefois envisager chaque
toyage. cas car une ruche peut être déplacée
pour toutes sortes de raisons.
Transfert. Capture et transfert dans
une ruche rationnelle d ’une famille qui Transvasement. Transfert d ’une colo­
s’était installée dans un abri naturel ou nie d ’abeilles d ’une ruche vulgaire ou
présumé tel (toit, arbre, roche, etc.). à rayons fixes dans une ruche ration­
nelle à cadres mobiles.
Transhumance. Déplacement des ru ­
ches dans les régions particulièrement Travaux. Les abeilles ouvrières ac­
mellifères pour que les abeilles puis­ complissent divers travaux. Les princi­
sent élaborer une plus grande quantité paux sont les suivants: sécrétion de la
de miel; au cours de la même saison, cire; construction des rayons et des
un rucher pastoral peut donc être dé­ cellules royales; alimentation du cou­
placé plusieurs fois. L ’apiculteur qui vain; operculation des cellules; net­
pratique l’apiculture pastorale doit toyage du nid; défense de la famille;
être très expérimenté, car cette forme ventilation; récolte du nectar, du pol­
d ’apiculture est la plus industrialisée et len, du miellat, de la propolis et de
requiert des opérateurs spécialisés. l’eau.

Transport (abeilles). Une abeille Trou de vol. Ouverture de la ruche qui


transporte 60 mg de nectar environ à permet aux abeilles d ’entrer et de sor­
chaque déplacement; elle doit donc ac­ tir. Aménagé à la base du nid, ce trou
complir, pour butiner 1 kg de nectar, de vol est très large et haut de
20 000 vols environ. Puisque le nectar 3 cm. Pendant l’hivernage, dans les ré­
contient 60% d ’eau, une abeille doit gions les plus froides, sa dimension
accomplir, pour recueillir 1 kg de miel, doit être réduite. Sa largeur et sa hau­
50 000 vols environ. Cent abeilles, à teur doivent progressivement être
chacune de leurs sorties, recueillent agrandies dès l’apparition du prin­
environ deux grammes de miel. temps. Il doit être placé à 20 ou 40 cm
au-dessus du sol suivant le type de so­
Transport (ruches). Les ruches peu­ cle utilisé pour surélever le nid. Il ne
vent être déplacées à des distances non doit pas être exposé au vent. Pour que
négligeables, à n ’im porte quelle pério­ la ruche puisse être parfaitem ent aé­

251
rée, il est préférable d ’aménager, dans contre les piqûres; mais il devra avoir
la partie inférieure de la ruche, une ou­ été préalablement piqué plusieurs fois.
verture qui devra cependant être pro­ Certains auteurs attribuent au venin
tégée par une grille métallique très fi­ des abeilles les mêmes propriétés, bien
ne. Cette grille ne doit pas laisser pas­ que moins dangereuses, que celles du
ser les abeilles. venin des crotales. Il a été prouvé que
le venin des abeilles possède des pro­
Valeur alimentaire (miel). 1 kg de miel priétés anti-rhumatismales, voire anti­
possède la même valeur calorique que cancérigènes.
50 œ ufs, 25 bananes, 40 oranges mû­
res, 5 litres de lait, 1,6 kg de viande de Ventileuses. Certaines abeilles par­
bœ uf, 600 grammes de fromage. Il viennent, en battant des ailes, à provo­
contient, outre le saccharose, du quer un mouvement d ’air à l’intérieur
phosphate de calcium, du carbonate de la ruche, sur le sol et à proximité des
de calcium, des produits azotés, des parois. Leur but est de ventiler le nid,
sulfates, des sels de fer, de l’acide for- de purifier l’air, d ’accélérer la m atura­
mique et des traces d ’éléments miné­ tion du miel déposé à l’intérieur des
raux. C ’est un aliment rapidement as­ cellules, donc encore riche en eau.
similable.
Vie. Les reines vivent en général 5 ans
Venin. Le venin des abeilles contient environ; par contre leur fertilité dimi­
toutes sortes de composants dont la nue dès la 3e année; aussi doivent-elles
plupart ont une action enzymatique. être changées. Du printemps à l’été,
Une goutte de venin pèse 0,3 mg envi­ les ouvrières vivent en moyenne un
ron. P our obtenir un gramme de ve­ mois ou un peu plus. En hiver, elles
nin, il faudrait donc extraire du venin peuvent survivre plusieurs mois; on
sur 20 000 abeilles. P our q u ’une s’est ainsi aperçu que certaines abeilles
personne saine soit blessée mortelle­ pouvaient vivre 7 mois, c’est-à-dire du
ment, il faudrait q u ’elle soit atteinte mois d ’octobre au mois d ’avril.
par 500 piqûres. Les mâles vivent en général 4* ou 5
Les piqûres d ’abeilles peuvent intoxi­ mois; assez rarem ent, les faux bour­
quer l’organisme et donner de la fiè­ dons échappent au massacre et par­
vre, tum éfier les organes blessés, pro­ viennent à surmonter l’hiver, mais ils
voquer des troubles intestinaux. Les meurent au début du printemps. Les
personnes affectées de troubles ré­ faux bourdons, d ’ailleurs, vivent en
naux, cardiovasculaires, tuberculeux, général dans un milieu hostile; ils sont
les personnes nerveuses devront es­ tolérés avant le vol nuptial, s’ils res­
sayer de se préserver contre ces piqû­ tent dans le nid, sur les rayons du nid à
res. L ’apiculteur, quant à lui, peut couvain, car ils finissent par être utiles
parvenir, avec le temps, à s’immuniser à la colonie. Dans ce cas, ils vivent

252
LEXIQ UE

quelques semaines de plus mais en gé­ reconnaissance ou d ’orientation, un


néral ils sont massacrés dès que la ré­ vol d ’exploration, un vol de pillage,
colte diminue. un vol nuptial (reine et faux bour­
dons), un vol oisif et vagabond (faux
Vitesse. Les abeilles, en volant, peu­ bourdons inoccupés), un vol d ’enso­
vent atteindre une vitesse de 20 km à leillement, dès l’apparition des pre­
l’heure; les butineuses par contre, vo­ miers rayons du soleil après l’hiver.
lent moins vite lorsque, chargées de
butin, elles se rapprochent de leur ru­ Yeux. L ’abeille possède 5 yeux, 3 yeux
che. Les abeilles peuvent butiner dans simples et 2 yeux composés. Les yeux
un rayon d ’action de 3 km; mais, dès simples sont placés en triangle dans la
qu ’elles dépassent cette limite, elle zone cervicale chez l’ouvrière et la rei­
éprouvent des difficultés pour rentrer. ne, frontale chez les mâles. Les yeux
composés sont situés sur les côtés de la
Vols. Les abeilles accomplissent diffé­ tête; chacun d ’entre eux est constitué
rentes sortes de vols: un vol de net­ par de nombreux yeux élémentaires ou
toyage ou de purification, un vol de ommatidies; la reine en possède 4 000,
travail ou de butinage, un vol de l’ouvrière 6 300, le mâle 13 000.

253
Table des matières

In tr o d u c tio n ............................................................................................................. page 5

P remière partie - L es avantages de l ’apiculture

Q uelques estim ations q u a n tita tiv e s................................................................. .......» 9

D euxième partie - L ’abeille

G é n é r a lité s................................................................................................................ .......» 13

M orphologie e x te r n e ...................................................................................................» 14
Le corps et la t ê t e ......................................................................................................» 14
Les y e u x .......................................................................................................................» 15
L ’appareil b u c c a l......................................................................................................» 17
Le t h o r a x .............................................................................................................. .......» 18
Les p a t t e s ....................................................................................................................» 19
L ’abdom en .......................................................................................................... .......» 20
L ’appareil v u ln é r a n t........................................................................................ .......» 21

A n atom ie in te r n e ................................................................................................... .......» 24


L ’appareil d ig e s t if ............................................................................................. .......» 24
L ’appareil e x c r é te u r ........................................................................................ .......» 26
L ’appareil re sp ira to ir e...........................................................................................» 27
L ’appareil circulatoire ...........................................................................................» 28
Le systèm e m usculaire .................................................................................. .......» 28
Le systèm e n e r v e u x .......................................................................................... .......» 28
Les organes des sens ........................................................................................ .......» 29
Le langage des a b e ille s ..................................................................................... .......» 30
L ’appareil g é n it a l............................................................................................. .......» 31
D e l ’œ u f à l ’insecte p a r f a it ............................................................................ .......» 32
Cas d ’a n o m a lie s ................................................................................................ .......» 34

Systém atique des a b e ille s ............................... ...........................................................» 35

255
U n peu d ’histoire ............................................................................................... page 35
C la s s ific a tio n ...................................................................................................... » 37
Répartition des espèces et des sous-espèces ............................................. » 41

La vie d ’une fam ille d ’abeilles .......................................................................... » 44


G énéralités ........................................................................................................... » 44
Le réveil printanier ............................................................................................ » 44
La ruche abandonnée par l’essaim .............................................................. » 56
L ’essaim age secondaire .................................................................................. » 60
L ’essaim age n a tu r e l........................................................................................ » 62
Le vol n u p tia l..................................................................................................... » 65
Le m assacre des m â le s ..................................................................................... » 68
La colon ie pendant le repos h iv e r n a l......................................................... » 69
L ’o u v r iè r e ............................................................................................................ » 69
La r e in e ................................................................................................................. » 70

Le butin des a b e ille s ............................................................................................. » 75


Le nectar .............................................................................................................. » 75
Le m iel ................................................................................................................... » 76
La cire ................................................................................................................... » 77
Le pollen .............................................................................................................. » 79
La propolis .......................................................................................................... » 79
Le m ie lla t............................................................................................................. » 82
La gelée r o y a le ................................................................................................... » 83

T roisième partie - P lantes utiles à l ’élevage apicole

G énéralités ................................................................................................................ » 87

La fleur ...................................................................................................................... » 88

Caractéristiques de certaines plantes butinées par les a b e ille s ................ » 93

Q uatrième partie - Insecticides et apiculture

Les adversaires des abeilles ................................................................................. » 103

C inquième partie - P athologie apicole

M aladies, parasites, ennem is des a b e ille s ...................................................... » 109

256
Mammifères .............................................................................................. page 109
O ise a u x ....................................................................................................... » 111
Reptiles ....................................................................................................... » 111
Batraciens .................................................................................................. » 111
Insectes ....................................................................................................... » 111
Arachnides ................................................................................................ » 114
Protozoaires .............................................................................................. » 116
C h am p ig n o n s............................................................................................ » 117
Bactéries ..................................................................................................... » 119

Maladies diverses .......................................................................................... » 121


Diarrhée ou dysenterie ............................................................................ » 121
Couvain saccifo rm e................................................................................ » 122
M al de mai ou p a raly sie.......................................................................... » 123
M al noir ou mal des forêts ...................................................................... » 123
Couvain non v ia b le ................................................................................. » 124

Règles pour la lutte contre la loque am éricaine....................................... » 125


Etiologie et caractéristiques ................................................................... » 125
Propagation .............................................................................................. » 125
Traitem ent ................................................................................................. » 126
Traitem ent préventif au sulfathiazol .................................................... » 127
Stérilisation du matériel in fe c té ............................................................ » 127
Précautions indispensables à prendre lors de l’inspection des ruches
infectées ..................................................................................................... » 127

Règles pour la lutte contre l’acariose ........................................................ » 128


Etiologie et caractéristiques ................................................................... » 128
Propagation .............................................................................................. » 128
T raitem en t................................................................................................. » 128

Règles pour la lutte contre la nosém iase.................................................. » 131


Etiologie et caractéristiques ................................................................... » 131
Propagation .............................................................................................. » 131
T raitem en t................................................................................................. » 132
Désinfection .............................................................................................. » 132

Règles pour la lutte contre l’am ib iase....................................................... » 133


Etiologie et caractéristiques ................................................................... » 133
P ro p a g a tio n .............................................................................................. » 133
T raitem en t................................................................................................. » 133

257
Règles pour la lutte contre la loque eu ro p éen n e...................................... page 134
Etiologie et caractéristiques................................................................... ...... » 134
P ro p a g a tio n .............................................................................................. ...... » 134
Traitem ent ....................................................................................................... » 135
D ésinfection.............................................................................................. ...... » 135

Règles pour le traitem ent du couvain saccifo rm e................................... » 136


Etiologie et caractéristiques ................................................................... ...... » 136
P ro p a g a tio n .............................................................................................. ...... » 136
Traitem ent ....................................................................................................... » 136

Couvain non v ia b le ............................................................................................ » 137

S ix iè m e p a r t ie - L a r u c h e

Généralités ........................................................................................................... » 141

Ruches vulgaires ........................................................................................... ...... » 142


Ruches vulgaires obliques ...................................................................... ...... » 143
Ruches vulgaires h o rizo n tales............................................................... ...... » 144

Ruches sem i-rationnelles.................................................................................. » 145


Ruches à rayons fixes ..................................................................................... » 145
Construction des ruches sem i-rationnelles.......................................... ...... » 146

Ruches rationnelles à cadres mobiles ........................................................ ...... » 148

Types de ruches à cadres m o b iles............................................................... ...... » 149


Type allemand vertical .......................................................................... ...... » 149
Type am éricain ........................................................................................ ...... » 150

Différents types de ruches .......................................................................... ...... » 152


Ruches d ’o b serv atio n ............................................................................. ...... » 154
Ruches d o u b le s ........................................................................................ ...... » 154
Ruche gratte-ciel ..................................................................................... ...... » 154
Ruche d ’élevage des reines ........................................................................... » 155
Ruche co o p érativ e......................................................................................... » 156
Ruche expérim entale..................................................................................... » 158
Ruche p a s to ra le ....................................................................................... ...... » 158
O bserv atio n s............................................................................................. ...... » 159

258
Caractéristiques d ’une b onne r u c h e ................................................................ page 160
Parties de la r u c h e ............................................................................................. ......» 160
O rientation de la r u c h e .................................................................................... ...... » 161
C ouleur de la r u c h e .......................................................................................... ...... » 162
Ruches à double p a r o i ............................................................................................ » 162
D im ensions et t y p e s .......................................................................................... ...... » 162
C onditions e s s e n tie lle s.................................................................................... ...... » 163

S eptième partie - L e rucher

G é n é r a lité s................................................................................................................ ...... » 169

C om p osition et d is ta n c e s .................................................................................... ...... » 173

H uitième partie - T echniques

M atériel a p ic o le ..................................................................................................... ...... » 179


L ’e n fu m o ir ................................................................................................................. » 179
L ’ex tr a c te u r ......................................................................................................... .......» 180
Cire g a u fr é e ................................................................................................................» 180
R a c lo ir s ................................................................................................................. .......» 183
B r o s s e s ................................................................................................................... .......» 183
C h a sse-a b eilles...........................................................................................................» 183
C hasse-abeilles a m é lio r é s .......................................................................................» 183
C h a sse-r ein e................................................................................................................» 183
F ilt r e s à m ie l........................................................................................................ .......» 184
M asques et g a n t s ............................................................................................... .......» 184
Cages d ’e x p é d itio n ...................................................................................................» 184
Nourrisseurs ........................................................................................................ .......» 184
T r a p p e s .........................................................................................................................» 185
C outeaux à d éso p erc u ler................................................................................. .......» 185
E p e r o n s ................................................................................................................. ....... » 186

Extraction du m i e l ........................................................................................................ » 187


E xtraction des rayons à m iel de la h a u s s e ......................................................... » 187
D ésoperculation ................................................................................................. ....... » 189
E xtraction du m i e l ............................................................................................ ....... » 190
F iltr a g e .......................................................................................................................... » 190
M aturation du m i e l .......................................................................................... ....... » 190

L ’essaim age a r tific ie l............................................................................................ ....... » 191

259
M éthodes d ’essaimage artific ie l............................................................ page 191
Caractères de l’essaimage artificiel et recommandations .................. » 193
Conclusion ................................................................................................ » 195

L ’apiculture p a s to ra le ................................................................................. » 196

Calendrier apicole m e n su el......................................................................... » 199


Janvier ........................................................................................................ » 199
Février ........................................................................................................ » 201
M a r s ............................................................................................................ » 202
Avril ............................................................................................................ » 203
Mai .............................................................................................................. » 204
J u i n ............................................................................................................. » 205
J u ille t.......................................................................................................... » 205
A o û t ............................................................................................................ » 206
S ep tem b re.................................................................................................. » 207
Octobre ...................................................................................................... » 207
Novembre .................................................................................................. » 208
Décembre ................................................................................................... » 208

N e u v iè m e p a r t ie — L a l é g is l a t io n e n F r a n c e

Les lois relatives à l’apiculture .................................................................. » 211


Pour être en règle avec la loi ................................................................... » 211
Articles du Code rural concernant l’ap icu ltu re.................................... » 212
Textes législatifs — an n ex e s................................................................... » 213
Adresses ..................................................................................................... » 218

D ix iè m e p a r t ie — L ’a p ic u l t u r e e n F r a n c e e t d a n s l e m o n d e

Panoram a de l’apiculture........................................................................... » 223


Dans le monde ......................................................................................... » 223
En France .................................................................................................. » 223
La politique de l ’Union eu ro p éen n e.................................................... » 225
Lexique........................................................................................................ » 228

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Depuis la publication, en 1901, du Traité des abeilles de Maeterlinck, l’apiculture
n’est plus seulement réservée aux initiés. Aujourd’hui, un large public s’intéresse
aux abeilles et nombreux sont les particuliers à vouloir posséder leur propre ruche.
N’estime-t-on pas qu’en France il y a environ 1 200 000 colonies !

Parfaitement documenté, très richement illustré de superbes photographies en


couleurs, ce livre est avant tout un manuel pratique destiné aux amateurs, aux api­
culteurs et aux amoureux de la nature. Il présente, dans le détail, le mode d’organi­
sation et de vie exemplaire des abeilles.

Cet ouvrage aborde toutes les questions que vous vous posez sur :
• l’abeille, la vie de la ruche, le rôle et la place de la reine, de l’ouvrière et du
faux bourdon, le mode de communication des abeilles... ;
• les techniques modernes d’apiculture : l’équipement et les accessoires indis­
pensables, la durée et le mode de récolte du miel... ;
• les variétés de miel, les sources nectarifères, les autres produits de la ruche :
la gelée royale, la propolis, la cire... ;
• les soins phytosanitaires, la protection de la ruche, la législation en vigueur.

En outre, un glossaire permet au lecteur de se repérer dans le labyrinthe des


termes techniques.

Parce qu’elles fabriquent du miel, produisent de la cire, apportent beaucoup à


l’agriculture par la pollinisation, parce que leur mode de vie communautaire est
extraordinaire de précision et de spécialisation, les abeilles intéressent un public
très vaste.
À la lecture de ce livre, vous rentrerez dans le monde fantastique de l’apiculture
moderne.

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