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Faculté de technologie
Département d’architecture
Année universitaire 2020-2021
Deuxième année Licence académique
Anthropologie de l’espace
Premier semestre
Mr. BADIS
Sommaire:
1) Introduction.
* NB: Un théâtre est à la fois espace urbain (bâti physique) et espace public (culturel)
2-3) Espace public social:
L’espace social désigne ici les sphères sociales contenues spatialement,
telles que la cité comme espace résidentiel (de repos); Le marché
comme espace commercial (d’échange); L’école comme espace
éducatif (d’apprentissage); La rue comme espace de théâtralisation
des scènes de vie quotidienne (d’interaction); La place publique
comme espace de débat (d’expression); Le stade comme espace de
récréation (de loisir); etc; L’espace sert ici de support matériel aux
entités sociales et aux phénomènes sociologiques.
Donc ici, ce serait la typologie de l’espace qui déterminerait les types des
sphères sociales qui s’y manifesteraient, en d’autres mots, c’est le
type de configuration spatiale qui mènerait à une configuration sociale
de ces espaces; Mais dans des cas contraires, ce sont les sphères
sociales qui déterminerait les types d’usages de ces espaces, comme
faire de la rue un espace de vie (culture de rue), comme faire du jardin
un abri pour les sans-abri, comme faire du stade un espace
d’expression politique.
Aussi, c’est la division sociale et la répartition culturelle de l’espace qui
suggère que l’espace soit masculin (café populaire) ou féminin (salon
de coiffure dames), ou bien mixte (pizzeria); C’est elle aussi qui
décide, par le biais des autorités urbaines, que l’espace soit d’échange
ou de récréation, de loisir ou d’expression, de travail ou de
consommation, c’est ainsi que l’espace crée et regroupe en lui des
catégories sociales, professionnelles et culturelles différentes, et ce,
selon l’identité et la fonctionnalité de ces espaces socio-urbains.
3) Les différentes divisions de l’espace:
3-1) L’espace collectif:
L’espace collectif, comme son adjectif l’indique, appartient en usage et en
jouissance à la collectivité ou au grand public, et appartient en propriété
(appropriation) symbolique à tout le monde, il est donc impersonnel et
non privatif, puisque c’en est une propriété inaliénable et un bien indivis,
soit dans le cas de la communauté traditionnelle (bien villageois, comme
la fontaine), que dans le cas de la société moderne (bien étatique,
comme le jardin), car il est du domaine juridique public et appartient à
l’ensemble des individus vivant dans un espace de vie commun, (Village;
Ville), et administrés par une autorité politique unanime (Famille; Mairie).
Selon la psychologie sociale, l’espace collectif est souvent interprété comme
un espace extérieur, un espace où l’on se comporte autrement que chez
soi, loin des rituels domestiques et des observances familiales, un lieu où
tout le monde peut s’y retrouver et changer d’air, un milieu qui signifie le
dehors, par opposition à la reclusion de leur espace de vie privé; Ce
dehors procure un sentiment de liberté naturelle et une sociablilité avec
le reste du monde, et c’est ici que réside justement toute l’importance du
rôle social de l’espace public collectif, car il traite de l’instinct grégaire qui
est l’une des caractéristiques anthropologiques innées chez l’Homme.
3-2) L’espace intermédiaire:
La problématique conceptuelle et interprétative concernant ce type d’espace, par
opposition à limitation physique de l’espace privé et de l’espace collectif, c’est
qu’il nécessite une interprétation socio-anthropologique pour saisir ses portées
et ses limites, ainsi que pour comprendre son sens social et son vouloir-dire
anthropologique.
L’espace intermédiaire, mixte, ou l’espace ‘’entre-deux’’, comme le couloir, la cage
d’escalier ou le hall, se situent entre le domaine privé et le domaine collectif, et
sert justement de trait d’union, d’espace de passage ou de point de transition
entre ces deux sphères sociales et morales distinctes, à savoir le monde
intérieur (Le chez soi) et le monde extérieur (Le dehors); Selon Amos Rapoport,
les limites de la maison sont définies soit selon de degré d’ouverture culturelle
des résidents, où la maison occidentale sans clôture et ouverte à l’extérieur,
signifie une non restriction entre le privé et l’extérieur; ou soit selon le souci
d’intimité, où la maison à patio orientale, signifie l’absence d’espace
intermédiaires, où les limites de la maison sont tournées vers l’intérieur.
Ce passage de l’un à l’autre (espace public → espace privé, et inversement), en
passant par l’espace intermédiaire, ne se fait pas ici par un simple
franchissement, mais il représente un état d’âme et un état d’esprit, que seule
l’appropriation de l’espace peut expliquer. Les limites entre les ‘’entre-deux’’ sont
nuancées par le concept anthropologique du ‘’seuil’’, limite sacrée franchie
selon des rituels de passage, comme prononcer la formule de la ‘’basmala بسم
’’هللاchez les musulmans, signifiant un passage du monde profane au monde
sacré; Limite qui est architecturée soit par un porche, ou qui soit identifiée par la
pose d’un paillasson de bienvenue. Un deuxième concept traitant aussi de ce
phénomène, est bien la ‘’territorialité’’, car c’est au niveau des espaces
intermédiaires que les usagers des espaces privés et collectifs se livrent bataille
pour l’appropriation et la réappropriation des deux domaines.
3-3) L’espace privé:
L’espace privé se réfère généralement à l’espace de vie limité de l’Homme
et de la famille, on entend par ‘’limité’’, le logement entouré de limites
matérielles ‘’inclusives’’ (mûrs, clôtures et palissades) et cerné par des
limites symboliques ‘’exclusives’’ (signes et gestes privatifs), aussi, le
local ou le lieu de vie ‘’interne’’ (par opposition à l’espace externe),
‘’sacré’’ (par opposition à l’espace profane), ‘’intime’’ (par opposition à
l’espace ouvert), ‘’convivial’’ (par opposition à l’espace étranger), et
‘’fermé’’ (par opposition à l’espace accessible), dont les notions de
‘’Akham’’, ‘’Dar’’, ‘’Maison’’ ou ‘’Home’‘, définissent fidèlement
l’anthropologie de cet espace.
L’espace privatif s’interprète, comme on vient de le démontrer ci-dessus, à
l’opposé de l’espace collectif, c’est à dire qu’il est un perimétre personnel
et individuel (privé ou privatisé), personnalisé et individualisé (caractérisé
par son propriétaire), et enfin personnifié et identifié (individualisant et
identidiant son propriétaire); Toutes ces manières d’approprier l’espace-
maison nous donne une idée sur la personnalité de celui qui réside ici,
sur l’identité de celui qui reside là-bas, et c’est d’ici que vient justement
l’adage populaire disant: Dis moi où tu habites, je te dirai qui tu es.
L’une des problématiques presque insolubles avec l’espace privé, c’est qu’il
a des limites fixes vers l’interieur, mais qui en a d’autres flexibles vers
l’exterieur, c’est à dire qu’il a tendance à étendre son espace vital, en
repoussant ses limites extensives au dépend de l’espace public et
collectif, et ce, en un phénomène socio-spatial dit de: colonisation et de
maximisation de l’espace.
4) La problématique de l’espace public:
Dans les pays sous développés, l’espace public ne remplit pas ses
fonctionnalités (socioculturelles et architecturo-urbaines) telles que
arrêtées par l’urbanisme et l’architecture, il sert souvent à d’autres
usages dictés par les représentations spatiales des différentes catégories
socio-urbaines; Ainsi, celui-ci se trouve souvent réinterprété soit comme
un marché public où les petits commerces s’y installent, ou plutôt comme
un refuge pour les catégories de gens démunies, comme un espace de
vie marginal, ou encore comme une aire de jeu improvisée par les
enfants et les adolescents.
Sur le plan du contrôle de l’espace public, les services publics y peinent à
asseoir leur autorité et faire valoir la loi, et ce, vu le conflit d’appropriation
de l’espace existant entre les populations urbaines et les autorités de la
ville; Une théorie psychologique américaine vient expliquer cette
défaillance de la politique de gestion du domaine et du patrimoine
urbains, et propose une tolérance zéro (approché policière) envers les
comportements pervers vis-à-vis de l’espace public.
Cette théorie impute la dégradation de l’espace urbain par le retrait et
l’absence de la force publique dans ces espaces, donc une fenêtre
brisée qui reste sans punition et réparation, déclenche avec le temps, la
dégradation du cadre bâti (par les dealers) et du paysage urbain (par les
graffitis).
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La théorie de la fenêtre brisée (Broken window theory) est née d’un article journalistique co-écrit par James
Q. Wilson (professeur de science politique à l’université de Californie) et George L. Kelling (professeur
de criminologie à l’université de Rutgers dans le New Jersey) paru en 1982.
5) bibliographie: