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Introduction
Avant de débuter notre présent essai, nous aimerions souligner notre admiration pour une des
nombreuses citations de Sherlock Holmes, utilisée par Gregory N.Mankiw, le célèbre
macro-économiste américain de la nouvelle économie keynésienne. En effet, ce dernier avait entamé le
chapitre 2 – Les données qu’utilise la macroéconomie – de son livre « Macroéconomie – De Boeck
Supérieur S.A. 2013 » par la citation suivante :
« C’est une erreur fatale de construire des théories avant de connaître les faits. Elle induit
insensiblement à conformer les faits aux théories, au lieu de l’inverse ».
Ainsi, afin d’étudier le sujet qui nous est proposé, nous allons dans un premier lieu énoncer les faits
réels observés suite au choc étudié, puis par la suite, dans le cadre du modèle IS-LM, nous allons
essayer de mettre en valeur la pertinence ainsi que les limites de ce dernier.
De prime abord, nous aimerions également souligner que le sujet posé, concernant le pétrole, demeure
toujours d’actualité étant donné que l’or noir constitue pour la totalité des économies la matière
première par excellence qui fait tourner leurs appareils de production. Cette denrée précieuse tant pour
l’activité des ménages que pour les firmes industrielles est à l’origine de nombreux chocs
économiques qui s’érigent à l’échelle mondiale. En effet, la fluctuation du cours du baril de pétrole et
ses effets sur les économies est une question de fond qui peut être traitée par la macroéconomie vu les
conséquences majeures qui impactent les grandeurs globales à savoir la consommation, l’épargne,
l’investissement, la production, l’emploi …Ainsi, par l’étude que nous allons mener à l’aide des outils
théoriques de l’analyse macroéconomique, nous essaierons de nous pencher sur l’impact de la hausse
du cours du baril de pétrole sur l’économie française en se basant sur le choc pétrolier des années
2016-2017. Tout d’abord, le pétrole est une huile minérale naturelle combustible formée
d’hydrocarbures qui est, de nos jours, considérée comme étant la principale source d’énergie dans le
monde entier. C’est pour cela que cet élément vital pour pratiquement toutes les économies est à
l’origine du renchérissement de la facture énergétique. Le baril représente l’unité de mesure officielle
des volumes de pétrole brut – c’est-à-dire non transformé par les raffineries et donc impropre à l’usage
industriel –. Ainsi, le baril équivaut en moyenne à 159 litres.
Ceci dit, le cours du pétrole est une donnée de plusieurs prix (sa valeur propre et spéculée) déterminés
par les producteurs sur le marché pétrolier. À première vue, après avoir défini les principaux termes du
sujet, s’impose une question évidente :
Comment la fluctuation du prix du pétrole peut favoriser la croissance économique de la France
ou au contraire ralentir son rythme voire l’anéantir ?
Répondre à cette question nous mène à relire au préalable certains faits économiques ayant impacté
sensiblement les économies industrielles dont la France. Ensuite, en prenant appui sur le modèle
IS-LM, il sera alors question pour nous de déterminer les canaux de transmission d’une telle hausse du
cours du baril de pétrole à l’économie française, mais aussi d’analyser ses diverses répercussions et
conséquences sur l’État, les entreprises et les ménages français.
Pour ce faire, nous allons dans un premier temps, mettre en valeur les conséquences réels d’une hausse
du prix du pétrole sur l’économie française, ensuite nous allons nous pencher sur l’analyse théorique
de ce choc dans le cadre du modèle IS-LM, finalement nous allons aborder les limites de ce modèle
quant à l’explication de la réalité.
I- Faits réels :
Pour lier les faits aux théories, nous estimons qu’un aperçu sur l’économie française serait souhaitable.
En effet, 99% du pétrole de France provient de différents pays (cf Annexe I.1). Dans un premier
temps, parmi les atouts de l’économie française, en se limitant aux plus significatifs, on retrouve une
structure industrielle diversifiée, un système bancaire solide, un niveau d’éducation élevé malgré le
fait qu’il soit inégal, une bonne qualité de la main d’œuvre et finalement une bonne position nucléaire.
Dans un second temps, ses faiblesses se résument grosso modo en quatre points : finances publiques
fragiles, déficit chronique, fiscalité élevée et endettement en hausse. Elles s’expliquent par la faiblesse
de ses investissements en Recherche & Développement et du déclin de l’industrie au profit des
services.
A ce niveau, la demande évolue et dépend du niveau de prix du pétrole brut, des taxes, de la croissance
économique et des politiques énergétiques et environnementales mises en place. Pour les pays
développés dont la France, on constate le ralentissement de la croissance de la demande voire sa
diminution du à la politique d’énergie accompagnée d’une politique environnementale. Quant aux
pays émergents, on constate une hausse de la demande qui ne peut se concrétiser qu’avec une hausse
des prix permettant de mettre en exploitation de nouveaux champs non conventionnels ou à couts
d’exploitations élevés.
La plupart des analyses laissent apparaitre que l’économie française pendant les deux chocs pétroliers
de 1973 et de 1979 s’est bien adaptée grâce à la réduction de sa dépendance au pétrole. Au moment où
les deux chocs avaient eu de fortes conséquences en matière de croissance, d’emploi et d’inflation : la
nature de la consommation d’énergie primaire s’est fortement modifiée sous l’impact du
développement de l’énergie nucléaire. De plus, la France a su redresser sa situation économique
notamment grâce à la création de nombreux emplois dans le secteur tertiaire permettant de désamorcer
l’effet de la hausse du cours du baril. En France, en 2010, 1/3 de baril est nécessaire pour produire
1000€ de PIB alors qu’il en fallait un en 1973. Mais malgré cela, le pétrole conserve encore une place
très importante dans l’économie française et reste une consommation intermédiaire essentielle dont les
entreprises ne peuvent s’en passer et une consommation finale pour les ménages notamment pour leurs
besoins de transport. Ainsi une hausse du prix du pétrole représente pour la France, une détérioration
de ses termes de change d’où payer plus cher un bien qu’elle importe et exporter en contrepartie une
quantité accrue de ses propres produits.
Le secteur industriel est affecté par la hausse du prix de pétrole via les consommations intermédiaires
dans lesquelles interviennent la consommation de pétrole. De là, la hausse du prix de pétrole est un
choc d’offre négatif qui entraine automatiquement l’augmentation des coûts de production des
entreprises et qui réduit par voie de conséquence leur capacité de production et plus précisément les
richesses créées à distribuer. C’est également un choc de demande négatif puisqu’il prend la forme
d’une réduction de la demande pour les produits nationaux. En effet, cette hausse du cours du baril
détériore le pouvoir d’achat des ménages dans la mesure où les produits pétroliers font partie des biens
indispensables occupant une part de 5% en moyenne, d’où le fait que la demande de pétrole est
quasi-inélastique. Donc ceci induit inévitablement une baisse du revenu disponible des ménages qui
réduisent par conséquent leurs consommations.
Un pétrole plus cher est moins rentable pour l’emploi et diminue la demande de travail selon les
économistes. À court terme, les salaires nominaux sont souvent fixés pour un an, l’augmentation du
prix du pétrole réduit le pouvoir d’achat et se transmet rapidement aux autres prix, les marges de profit
tendent à être contracycliques et restent donc élevées quand la conjoncture qui suit le choc pétrolier est
basse ainsi le partage du revenu national se déplace au détriment des salaires réel. Finalement on
constate également que la phase économique qui suit le choc est inflationniste.
Ainsi, dans les limites de notre cadre d’étude c’est-à-dire dans une économie fermée, nous pouvons
identifier une hausse du prix de pétrole à un choc négatif de productivité. En effet, lorsque les prix des
biens intermédiaires augmentent, on tombe directement sur une baisse de la productivité d’autres
facteurs dont le travail. Dans ce sens, soit Z la productivité du travail.
Ainsi, on peut considérer la hausse du prix du pétrole comme étant une baisse de la productivité du
travail, ceci nous permet donc de modifier notre modèle de base pour pouvoir rendre compte des
résultats macroéconomiques suite à ce double choc négatif d’offre et de demande. Considérons
l’équilibre de long terme initial du graphique (cf Annexe 1.4).
Tout d’abord, nous avons démontré précédemment que cette augmentation du prix de pétrole est un
choc négatif de demande, donc la courbe de la demande globale Yd glisse vers le bas. De la même
manière, nous avons montré que c’est aussi un choc de demande négatif, d’où la courbe de l’offre
globale se déplace vers le Nord-Ouest.
Nous savons qu’à court terme, les prix et les salaires sont supposés fixes, et les consommateurs
imposent leurs choix. Donc, la seule modification prise en compte dans le court terme est celle de la
demande globale (cf Annexe I.5). Bien que, le déplacement de la courbe de l’offre globale ne soit pas
prise en compte pour le court terme, mais elle nous est très importante, puisqu’elle nous donne
l’orientation de la boucle salaire prix que va connaître l’économie suite à ce double choc. Ainsi, ayant
un double choc d’offre et de demande dans le même sens, on considère que l’équilibre de court terme
est caractérisé par un excès de demande de biens : on a en fait un impact sur l’offre beaucoup plus
important que celui sur la demande, ce qui fait que la demande baisse suite au choc, mais moins que
l’offre. Dans ce sens, avec un équilibre de court terme caractérisé par un excès de demande de biens, et
sachant que l’équilibre de court terme n’est pas un équilibre stationnaire car il serait étonnant de
considérer que les prix et les salaires sont toujours fixes, l’économie va connaître une boucle salaire
prix orientée à la hausse. Cette hausse des prix illustre ainsi le début du phénomène d’inflation qu’a
connu la France suite à ce choc pétrolier. Ainsi suite à la hausse des prix, la demande d’encaisses
réelles va baisser créant ainsi un déséquilibre sur le marché de la monnaie où l’offre est supérieur à la
demande ce qui va générer par la suite la hausse du taux d’intérêt (cf Annexe I.6). Finalement,
l’équilibre de moyen terme n’est pas un équilibre walrassien, car il serait étonnant de considérer que
les salaires sont fixes. Ainsi au long terme, les salaires nominaux ayant retrouvé leurs liberté, ils jouent
leur rôle : celui d’équilibrer le marché du travail. En effet, les partenaires sociaux fixent un salaire réel
qui n’a pas lieu d’être changé suite à ce double choc. Donc, vu qu’on a eu une hausse des prix, les
salaires réels ont donc baissé et sont donc désormais inférieurs au salaire réel fixé, d’où les salaires
nominaux se voient augmenter pour équilibrer le marché du travail, les salaires ayant augmenté, les
coûts de production des entreprises ont également augmenté, ainsi on obtient une baisse de la quantité
offerte pour les entreprises d’où un excès de demande de bien qui va faire augmenter les prix encore
une fois pour rendre compte de l’inflation mentionnée précédemment. De plus, à long terme, les
entreprises imposent leurs choix, donc Ys ayant baissé suite au choc, au long terme, on constate une
baisse de la production qui implique alors une baisse de l’emploi (cf Annexe I.7).
Ainsi, grâce au modèle IS-LM, nous avons pu conclure, que la hausse du cours du baril de pétrole
implique une forte inflation et une récession économique elle-même induisant une baisse de l’emploi.
Finalement, on peut dire que le modèle IS-LM rend généralement bien compte des faits que nous
avons pu mettre en avant dans la première partie de notre dissertation.
Bien que le modèle IS-LM reflète bien la mécanique et les effets négatifs de l’augmentation du cours
du baril de pétrole, il ne permet néanmoins pas de représenter et de définir toutes les conséquences de
ce choc pour des raisons conjoncturelles. En effet, la facture pétrolière française ne fait que s’alourdir
sur le long terme d’après le modèle et cela n’augure rien de plus qu’une crise énergétique pour le
futur ; dans le cas où la hausse du prix du pétrole s’accentue. Mais ce serait ignorer les mesures de
circonstance peu à peu adoptées par l’État français pour amoindrir les répercutions dépréciatives de ce
double choc d’offre et de demande sur l’économie française. Or, le débat sur le prix du baril et sa
potentielle portée sur la croissance du PIB français, particulièrement initié par les chocs pétroliers de
1973 et 1979, ont poussé la France sur la voie de l’indépendance énergétique. De fait, le taux
d’indépendance énergétique français est passé de 23.9% en 1973 à 55.2% en 2015 (cf tableau Annexxe
I.2) et le quota de pétrole au prorata de la consommation totale d’énergie primaire est passé de 67% en
1973 à 33% en 2007, ce qui rend l’économie française bien plus résiliente aux variations du cours du
baril. D’autre part, le prix du baril de pétrole brut ne constitue – et ne définit donc – que 25% de la
moyenne des prix des carburants à la pompe (cf Exemple du sans plomb 95 Annexe II.2). De fait, 60%
du prix payé par les agents microéconomiques est porté par les taxes, notamment la TICPE (Taxe
Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques). Or cette dernière ne cesse d’augmenter,
symétriquement à l’augmentation de la CCE (Contribution Climat Énergie) ; bien que le mouvement
d’actualité des gilets jaunes ait fait céder l’État sur sa décision de faire passer la taxe TICPE à 220.56
par mètre cube de carburant en 2019. De plus, il est clair que le cours de l’Euro face au Dollar possède
une réelle importante dans la réception du double choc sur le marché de l’or noir en France, puisque
cette richesse est libellée en billets verts, ce qui n’est pas pris en compte dans le cadre de notre
représentation par le modèle IS-LM.
Conclusion
Pour conclure, par ce présent essai, nous avons essayé d’axer notre réflexion en trois parties pour
rendre compte et expliquer les conséquences éventuelles d’une hausse du cours du baril de pétrole sur
l’économie française. Dans un premier temps, nous avons contextualisé le pétrole dans l’économie
française tout en montrant ses atouts et ses faiblesses, nous avons également expliqué l’origine des
fluctuations du prix du pétrole qui devient de nos jours un sujet extrêmement important aux yeux des
politiciens et économistes. Dans un second temps, nous avons analysé un tel choc sur l’économie
française grâce au modèle IS-LM en intégrant une variable de productivité qui nous a permis de tirer
des conclusions très intéressantes et véridiques. Finalement, nous avons mis en valeur les éventuelles
limites du modèle IS-LM qui est basé à priori sur plusieurs hypothèses restrictives. Dans ce sens, nous
avons pu montré par notre analyse que la hausse du cours du baril du pétrole est à l’origine d’une
baisse de la production et de l’emploi, ainsi que d’une forte inflation.
Pour terminer, nous pouvons également mettre en avant certains bienfaits éventuels de tels chocs. En
effet, cette hausse du prix du pétrole peut pousser la France à améliorer les termes de l’échange, à
restaurer la compétitivité et la capacité d’exporter des entreprises françaises sans les faire reposer sur
l’acceptation de prix très bas pour leurs produits. De plus, l’économie française peut également penser
au renforcement de l’avantage comparatif dans la production d’automobiles économes en carburant.
Bibliographie
http : //prixdubaril.com/
https://www.senat.fr/rap/r05/-1053.html
https://www.lci.fr/conso-argent/la-hausse-des-prix-du-pétrole-sous-l-oeil-du-un-economiste-le
-cours-de-l-or-noir-et-donc-de-l-essence-va-t-il-s-envoler-carburants-diesel-2101723.html
https://www.leconomiste.eu/decryptage-economie/225-impact-de-la-hausse-du-prix-du-pétrol
e-sur-la-croissance-francaise.html
Annexes
I.1 Origine des importations françaises de pétrole brut en 2015 par pays (©Connaissance des énergies)
I.2 Tableau représentant l’évolution du taux d’indépendance énergétique de la France entre 1973 et
2015
I.3 Qu’est ce qui fixe le prix du carburant en pompe ?