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Pr Mellak A.

/L3/2020-2021

COURS DE

FORAGE PETROLIER
Pr Mellak A./L3/2020-2021

HISTORIQUE ET ESSOR DU PETROLE

UNE TRES ANCIENNE CONNAISSANCE

Du latin médiéval "petrolium" signifie huile de pierre. Déjà, dès l'antiquité, les bateau
auraient été calfatés avec du bitume pétrolier.

Les chinois commencèrent à utiliser le gaz naturel il y a 3 000 ans et, dès le IIème
siècle avant J.Christ, ils exploitaient le pétrole, grâce à des forages réalisés à l'aide de tubes de
bambou et de tuyaux de bronze.

Il y a plus de 3 000 ans, les peuples de Mésopotamie connaissaient déjà le pétrole,


notamment à travers déjà le bitume qui suintait à la surface du sol. Ce bitume tenait alors lieu
de mortier pour la construction des remparts ou des palais; mais c'est pour assurer l'étanchéité
qu'il se révélait le plus précieux: dans la construction de citerne, de terrasses et surtout de
navires.

Les vertus médicinales du pétrole semblent avoir été, dès le XVème siècle,
extrêmement appréciées en Europe: le pétrole purgeait, soignait les rhumatismes, les maux de
dents, la goutte, le scorbut, les crampes, la toux; il guérissait de la surdité, servait à nettoyer
des plaies, etc...

Au XVIII ème siècle en France, le gisement de Pechelbronn est connu [1].

En 1857 Bucarest (Roumanie) est éclairée au pétrole.

En 1859 premier forage de l'ère industrielle de Titusville (Pennsylvanie- USA), par le


colonel Drake, à 23 mètres de profondeur.

En 1870 John D. Rockefeller fonde la Standars Oil Compagny.

En 1873, le pétrole de Bakou se développe. Les russes en font grand cas, et à


l'occasion, n'hésitent pas à vider d'un seul trait, un verre de "pétrole clair" de Bakou!...

En 1901, William Knox D'Arcy acquiert une concession au Texas. C'est le début des
sociétés pétrolières la Sun, Texaco et la Gulf.

1907 est l'année de la découverte de la "Voie dorée" au Mexique.

1913 brevet de "cracking" Burton.

1932 est l'année de la découverte du pétrole à Bahreïn.

1938 est l'année de découverte de pétrole au Koweit et en Arabie Saoudite.


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LA RUEE VERS L'OR NOIR

Vers 1850, la ruée vers l'or noir gagne les Etats-Unis. A Titusville en Pennsylvanie.
Samuel Kier recueille sur des nappes d'eau, un liquide noirâtre qu'il vend aux pharmaciens de
New York, sous le nom de "Baume de Kier", sorte de potion des temps modernes. Le succès
de Kier incite quelques financiers audacieux à chercher activement du pétrole à Titusville. Ils
fondent la "Seneca Oil Company" et confient l'opération à un certain Edwin L. Drake, qui se
fera appeler colonel, pour asseoir son autorité.

Le "colonel" Drake décide de faire un forage et le 27 août 1859, alors que le forage
atteint seulement une profondeur de 23 mètres, le pétrole jaillit. La nouvelle se répand
rapidement; les aventuriers affluent; c'est une véritable ruée vers l'or noir. Chacun veut
entreprendre un forage: du jour au lendemain, on se ruine ou l'on devient millionnaire. Des
compagnies pétrolières éphémères se disputent le moindre terrain et, en quelques mois, la
région de Titusville se transforme en une forêt de derricks.

La production de pétrole augmente rapidement et de nouveaux débouchés sont


nécessaires: ce sera d'abord l'éclairage par les lampes à pétrole, et puis, très vite, l'automobile
qui, dès 1880, fait son apparition en Europe. L'ère du pétrole a déjà commencé.

Plus tard viendront l'avion, puis les matières plastiques, les fibres synthétiques une
civilisation nouvelle, en quelque sorte, qui apporte à chacun de nous plus de facilités et de
confort.

Rappelons qu'à la recherche de chaleur et d'énergie, les premiers hommes ont d'abord fait la
conquête du feu il y a environ 800 000 ans...Beaucoup plus tard, il y a 7 à 8000 ans, ils
commencent à utiliser la force des animaux domestiques dans les travaux les plus pénibles.

ORIGINE DU PETROLE

Pour savoir où trouver le pétrole et comment le récupérer, il a fallu reconstituer les


mécanismes qui contribuent à sa genèse.

Le pétrole se forme à partir de végétaux, animaux, planctons..., morts il y a des


centaines de millions d'années. Dans les eaux pauvres en oxygène, cette matière organique
n'est pas dégradée; elle forme des vases qui, mélangée aux sédiments des fonds marins ou des
lagunes, sont transformées par des micro-organismes anaérobies et donnent naissance à des
roches-mères.

Ces couches sont compactées par l'entassement de nouveaux sédiments. Le poids est
tel que l'écorce terrestre s'affaisse. Entraînées à des profondeurs importantes, 1000 à 3000
mètres, où règne une température de 65 à 80°C, les roches mères subissent "une cuisson
géothermique". L'azote et l'oxygène sont éliminés, ce qui casse les macromolécules de
produits carbonés en molécules de diverses longueurs exclusivement formées de carbone et
d'hydrogène: C'est ce qu'on appelle les hydrocarbures.

Avec la profondeur, la température augmente (le gradient géothermique moyen est de


3°/100 m) et les molécules se dégradent. Plus près de la surface, les chaînes hydrocarbonées
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sont plus longues et le pétrole est donc plus lourd; inversement, après les pétroles légers
formés plus profondément, on trouve du méthane, la chaîne hydrocarbonée la plus courte.
Dans les faits, le gaz et le pétrole sont toujours mélangés; seules les fractions de chaque
élément varient. Les hydrocarbures s'évadent de la roche-mère et, plus légers que l'eau qui
imprègnent le sous-sol, migrent lentement vers la surface où la pression est moins forte. Ils
traversent notamment des roches perméables, appelées roches-réservoirs, dans lesquelles ils
s'accumulent s'ils sont arrêtés par des couches imperméables d'argile ou de sel gemme. Si ces
couches forment des volumes concaves, le pétrole est piégé sous cette cloche de pierre; il
remplit les vides, ce qui représente au mieux un quart du volume de la roche. Un gisement est
né.

EXPLORATION et EXPLOITATION du PETROLE

La chaîne pétrolière est formée de plusieurs maillons, tous indispensables à la


réalisation d'un objectif unique: fournir au consommateur les produits pétroliers qu'il demande.
On distingue les phases suivantes:

- l'exploration, c'est à dire la recherche de nouveaux gisements;

- la mise en exploitation des gisements précédemment découverts et leur production


pendant une vingtaine d'années;

- le transport du pétrole vers les raffineries; où il sera traité afin d'élaborer les
multiples produits qui seront ensuite acheminés vers les consommateurs.

La recherche de gisements d'hydrocarbures est effectuée à l'aide de techniques


continuellement perfectionnées: géologie, géophysique, forage. Les deux premières
permettent de déceler, depuis la surface, les structures susceptibles de contenir des
accumulations de pétrole si celui-ci a pu se former et être piégé dans des roches-magasins.
Grâce à l'étude de la surface du sol, le géologue dresse une première esquisse de la
configuration du sous-sol. L'utilisation de l'avion ou du satellite pour réaliser des
photographies aériennes permet de deviner les structures apparentes à la surface du sol
(plissements, anticlinaux, failles) et d'imaginer leurs prolongements dans le sous-sol.

Le géologue récolte ensuite des échantillons qui sont analysés en laboratoire dans le but de
déterminer la nature et l'âge des roches du sous-sol.
Le géophysicien essaye de connaître la disposition des différentes couches dans le sous-sol
afin de localiser les fameux pièges à hydrocarbures. L'interprétation de mesures réalisées à la
surface du sol lui permet d'établir directement une sorte de "photographie" souterraine de la
succession des couches de terrain. On utilise essentiellement les méthodes suivantes:

- la gravimétrie: qui consiste en la mesure des variations des champs de la pesanteur;

- la magnétométrie: méthode qui consiste à mesurer les variations du champs


magnétique;

- la sismique est la méthode qui donne les meilleurs renseignements. Cette méthode
consiste à provoquer artificiellement de légers ébranlements à la surface du sol. Les ondes
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émises traversent les couches du sous-sol et se réfléchissent sur certaines d'entre elles, comme
la lumière sur un miroir. De cette manière, les ondes reviennent vers la surface et y sont
enregistrés; leur interprétation par le géophysicien permet de déterminer avec une bonne
précision la disposition et la nature des couches du sous-sol.

- la méthode acoustique est une amélioration de la méthode sismique; elle consiste en


la mesure des variations de l'impédance acoustique et permet de déterminer les couches de
sables ou de calcaires riches en pétrole situées sous l'argile imperméable (compteur Geiger).

- la méthode chimique qui est encore au stade expérimental consiste en la


détermination de la présence dans des carottes de marqueurs biologique identiques ou
apparentés à des marqueurs déjà répertoriés signale la présence de pétrole. Il ne reste plus
pour forer qu'à repérer la roche magasin où celui-ci est accumulé.

Malgré les différentes méthodes de prospection utilisant un matériel sophistiqué et onéreux et


malgré le travail sérieux des géologues et géophysiciens, on ne peut pas dire avec certitude
que dans une zone prospectée, il y a du pétrole avant d'avoir réalisé un forage et pénétrer
l'éventuel réservoir d'hydrocarbures.

Qu'est-ce qu'un forage pétrolier?

Un forage pétrolier est tout simplement un puits de petit diamètre (inférieur à 0,5m)
dont la profondeur atteint généralement au moins 3 000 m.

Qu'il soit vertical ou dévié, le forage est réalisé avec un trépan (assemblage de pignons
coniques dentés en acier très dur). Cette grosse perceuse descend dans le sous-sol au bout
d'un train de tiges. L'ensemble de tubes d'acier, vissés bout à bout depuis l'appareil de forage
en surface, progresse à raison de quelques mètres par heure (l'avancement est fonction de la
nature des terrains traversés). Pour remplacer le trépan usé, il faut remonter et dévisser les
tiges puis remettre le tout en place.

Pour atteindre l'éventuel réservoir d'hydrocarbure, situé à une profondeur minimale de 3 000
mètres, les équipes de foreurs travaillent pendant deux ou trois mois suivant la dureté du
terrain. Le forage se poursuit jour et nuit (3 équipes travaillant 8 heures par jour ou 2 équipes
se relayant toutes les 12 heures, suivant le règlement des compagnies pétrolières). Les
conditions de travail et de vie des foreurs sont très difficiles. Ils doivent fournir un intense
effort physique, et ceci quel que soit l'emplacement géographique du forage; le désert et sa
chaleur étouffante, les zones arctiques et le froid glacial, la mer et les violentes tempêtes.

Le puits est foré, tubé, cimenté et mis en production dans le cas où il n'est pas sec. Dans ce
cas, il faut attendre encore de longs mois avant d'affirmer qu'un gisement commercial a été
découvert. En effet, trois à quatre forages supplémentaires, appelés puits de confirmation, sont
à effectuer à quelques kilomètres du premier trou, afin de délimiter la taille du gisement et
d'estimer le volume de pétrole imbibant la roche-réservoir.

A l'heure actuelle, et malgré les progrès techniques et les prix de revient très élevés des
forages ( à terre, le coût moyen d'un forage entre 5 et 20 millions de francs français; en off
shore c'est à dire en mer, il revient entre 40 et 60 millions. Le mètre foré au-delà de 5000
mètres de profondeur coûte 8 fois plus cher qu'entre 5 00 et 8 00 mètres. Le coût moyen d'un
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forage en Alaska revient actuellement à 100 fois plus cher que dans les autres états
américains).
En moyenne, sur 10 forages d'exploration, deux seulement permettent de trouver du pétrole en
quantités commerciales suffisantes. Cela montre la difficulté de découvrir du pétrole, même
s'il reste à trouver dans le sous-sol des grandes surfaces encore inéxplorées, des quantités de
pétrole plus importantes que toutes celles déjà découvertes depuis le premier puits du
"colonel" Drake.
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LE FORAGE

Pour connaître les séries lithographiques profondes et évaluer leur potentiel en


hydrocarbures, il faut forer un puits. Un outil de forage, vissé au bout d'un train de tiges
creuses progresse par rotation en broyant la roche.
Une table de rotation entraînée par des moteurs puissants, transmet le mouvement au train de
tiges cylindriques. Ce train de tige est suspendu, par l'intermédiaire d'un mouflage fixe et d'un
autre mobile à un mât de forage ou un derrick, sorte d'échafaudage métallique d'une
quarantaine de mètres de hauteur. Des tubes métalliques, de diamètres dégressifs, sont
cimentés aux parois du trou pour maintenir les terrains traversés et isoler les niveaux poreux
les uns des autres.

Outils de forage: Les outils de forage ou trépans, sont de modèles différents suivant la nature
des roches à forer. Faits en acier spéciaux, ils comprennent des molettes plus ou moins
dentées ou des pastilles de tungstènes: pour forer des terrains très durs, on utilise des outils à
diamants industriels. Pour changer l'outil usé, il faut remonter le train de tiges et revisser un
outil neuf (4 à5 heures de manoeuvres pour 2000 mètres de profondeur en moyenne).

Le fluide de forage: Le forage ne se fait pas à sec, un fluide (eau, boue, huile) est injecté à
l'intérieur des tiges par des pompes haute pression et remonte par l'espace annulaire, il assure
le nettoyage et le refroidissement de l'outil, assure la remontée des débris de roches et le
maintien de la pression hydrostatique dans le puits, ce qui évite la venue éruptive des eaux ou
hydrocarbures contenues éventuellement dans les zones poreuses traversées.

Analyse des cuttings: De nuit comme de jour, le géologue surveille la progression de l'outil
aux cotés des foreurs. Il analyse les débris des roches remontées par le fluide de forage,
surveille l'apparition d'indices d'hydrocarbures présents dans la roche ou la boue, aidé en cela
par des enregistrements électriques en continu. Il déclenche les opérations de carottage, de
tests et décide de l'arrêt du forage (un compromis est toujours trouvé avec les foreurs dont
l'avancement s'arrête) lorsque les niveaux producteurs sont atteints.

Le carottage: Le carottage mécanique consiste à découper, en cours de forage, un cylindre de


roche appelé carotte. Remontée à la surface, celle ci permet d'étudier la constitution et la
configuration de la roche en place et d'analyser ses caractéristiques physico-chimiques. Le
carottage électrique consiste à descendre au fond du puits, au bout d'un câble, une sonde
électrique et à enregistrer, lors de sa lente remontée différents paramètres (diamètre du trou,
résistivité et radioactivité naturelles des roches traversées, porosités des fluides, etc.). Les
films obtenus (diagraphies) permettent de délimiter et d'identifier les strates ainsi que les
fluides qu'ils peuvent contenir.

Les Tests de production: Des essais de production d'eau, d'hydrocarbures liquides ou gazeux,
imprégnant les roches poreuses et perméables, sont faits en cours de forage (éruption
contrôlée). Le "tester" de formation permet de mettre en communication avec la pression
atmosphérique la couche productrice. Ceci en annulant la contre pression exercée par le poids
de la colonne du fluide de forage (boue). La même opération peut-être faite avec plus de
sécurité dans un puits tubé. On perfore le tubage et le ciment qui le scelle aux parois du trou,
au droit des niveaux imprégnés, repérés en cours de forage ou par diagraphies électriques. Si
nécessaire, pour activer le drainage du fluide dans la roche, on peut fracturer hydroliquement
celle -ci et améliorer l'ouverture des perforations par une injection d'acide chlorhydrique.
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L'EXPLOITATION PETROLIERE

Gaz, pétrole et eau salée de par leur densité, respectivement, séparés dans un gisement.
Dans une première phase d'exploitation la production se fait par décompression du fluide en
place. Les hydrocarbures peuvent s'écouler naturellement vers la surface (phase éruptive)
parce que piégée sous une pression élevée. La décompression du pétrole brut en place libère
des bulles de gaz qui facilitent la remontée à la surface.

L'eau salée sous pression située sous le pétrole, pousse celui-ci vers un puits
producteur. Deux accumulations d'hydrocarbures d'age et de natures différentes peuvent se
trouver piégées dans des horizons séparés et dans des roches réservoirs de types différents. Le
même puits peut collecter séparément chaque effluent.

Lorsque la pression du gisement n'est pas suffisante pour permettre l'écoulement


naturel du pétrole, on active les puits par des moyens mécaniques.
- Soit par une pompe à piston (à balancier) actionnée par une unité à balancier qui aspire et
refoule à chacun de ses va et vient un faible volume, soit par une pompe centrifuge à moteur
électrique immergé à une profondeur déterminée, soit encore par une injection sous pression,
du gaz récupéré à la production, qui en s'émulsionnant avec le produit pétrolier, l'entraîne vers
la surface (gas-lift).

- Pour récupérer un volume maximum de pétrole brut contenu dans la roche réservoir, on peut
encore "assister" le gisement en compensant sa baisse de pression naturelle par un apport
d'énergie. On déplace le pétrole brut en place par l'injection d'un autre fluide bon marché; soit
du gaz par un puits situé au sommet du gisement dans la zone à gaz; soit de l'eau par des puits
situés dans la zone à eau, principalement sur les flancs du gisement.

Seuls 5 à 10% de pétrole en place peut-être récupérée grâce à la décompression naturelle du


gisement: c'est la récupération dite primaire.

Le déplacement du pétrole de la roche-mère par de l'eau ou du gaz va permettre d'accroître le


taux de récupération jusqu'à 20 à 40% du pétrole en place à l'origine: c'est la récupération
secondaire. Le taux de récupération peut-être encore amélioré par l'application de méthodes
élaborées, utilisées, si le prix du baril de pétrole peut justifier ces dépenses.
La phase ultime de récupération d'une partie de pétrole brut restant dans la roche: c'est la
récupération tertiaire, qui consiste à lessiver celle-ci par:
- des procédés thermiques: on réchauffe et fluidifie le pétrole en injectant dans le puits
de la vapeur d'eau ou bien en brûlant celui-ci à partir d'un puits alimenté par une injection
d'air;
- des procédés chimiques: on modifie les propriétés physiques du pétrole (viscosité)
soit en injectant des produits tensioactifs ou des polymères, soit en injectant un gaz (CO2, N)
qui se dissoudra dans le pétrole.
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DIFFERENTES METHODES DE FORAGE

Lorsque le "colonel" Drake fora son premier puits en 1859 en Pennsylvanie, à une
profondeur seulement de 23 m, il employa le système de forage par battage au câble. Ce
système utilise pour attaquer le terrain l'impact d'un lourd trépan suspendu au bout d'un câble.
Depuis la surface le balancier imprime au câble de battage un mouvement alternatif.

Ce procédé dont le principe est connu depuis la plus haute antiquité, a servi pendant la
deuxième moitié du XIXè siècle à forer la quasi totalité des puits en Pennsylvanie. Il y a
acquis la forme sous laquelle il est encore utilisé maintenant d'où son nom de système
Pennsylvanien et il est resté sans rival tant qu'on s'est cantonné dans ces régions ou les terrains
étaient relativement durs et consolidés.

Avec le système pennsylvanien, il y a eu beaucoup de problèmes lorsqu'on fora, dans d'autres


régions ou il y avait des argiles collantes ou des sables meubles. L'avancement était
considérablement gêné.

A partir de ce moment germa l'idée du rotary dans lequel le terrain est désagrégé par un trépan
animé d'un mouvement de rotation transmis depuis la surface par un arbre constitué par des
tiges creuses vissées bout à bout, à travers lesquelles circule un courant d'eau argileuses (boue
de forage). Les premières tentatives dans ce sens semblent avoir été faites sur le champ de
Corsicana (Texas) au début de ce siècle. La nouvelle méthode de forage vit sa popularité se
développer à la suite de la découverte en 1901 par un certain J.F. Lucas, du champ de
Spindlétop près de Baumont (Texas) au moyen d'un appareil rotary.

Depuis cette date, grâce à d'incessants perfectionnements et au développement de la puissance


pétrolière le rotary n'a cessé de se développer.

Il existe en plus du forage classique qui est le forage rotary qui consiste donc en
l'entraînement des trépans à molettes et couronnes diamantaires entraînés depuis la surface par
le train de tiges.
Le turboforage (1923): Train de tiges fixes, une turbine située au fond du puits entraîne le
trépan; méthode évitant la perte d'énergie due aux frottement (9/10è à 3 000m) et le risque de
torsion des tiges. La boue de forage est utilisée comme source d'énergie entre autres fonctions
pour le turboforage (transformation de l'énergie hydraulique en énergie mécanique). En 1940,
on utilisa pour la première fois l'électroforeuse.

FORAGE DES PUITS

BATTAGE ROTARY
Forage au câble: Rotary (boue, air)
A la Pennsylvanienne (forage à sec) Turboforage (boue)
Electroforage(boue).
Forage avec tiges
A la Canadienne (à sec et avec injection)
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CLASSIFICATION DES APPAREILS DE FORAGE

Il existe 3 types d'appareils de forage:

Les appareils légers;


les appareils moyens;
les appareils lourds.

Leurs équipements et leur installations dépendent de différents facteurs: puissance,


profondeurs d'emploi, prix, sécurité, sécurité de fonctionnement...

Le cas d'un appareil d'exploitation travaillant en zone connue est à traiter différemment de
celui d'un appareil d'exploration qui doit faire face à toutes sortes d'aléas.

La désignation des appareils par les constructeurs américains comprend souvent une lettre
accompagnée d'un nombre rappelant soit:

- La profondeur en pied (1 pied = 0,3048 m) que l'appareil peut atteindre avec des
tiges de 41/2";

-Soit la puissance admise par le treuil en Horse-Power (HP x 1,0138 = 1 Cheval-


vapeur);

-ou encore la charge maximale soulevée par ce treuil en tons (1 ton-force USA x
0,907185 = 1 tonne force).

Exemple d'appareils utilisés en Algérie:

IDECO M 10 000: Capable d'aller à 10 000 ft en 4"1/2;


EMSCO J 1250: Treuil pouvant recevoir 1250 H.P.;
IDECO H 40: Treuil pouvant lever 40 tons.

La puissance installée fera toujours l'objet d'études attentives. Un soin tout particulier sera
dévolu à la détermination de la force motrice nécessaire à la circulation de la boue ( grosse
consommatrice d'énergie: 3/4 de l'énergie totale d'un appareil de forage est consommée par la
fonction pompage).
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CYCLE DE CONSTRUCTION D'UN PUITS


La construction d'un puits comporte les opérations suivantes:

1/- Travaux préparatoires de terrassement et construction de fondation:

Les travaux de génie-civil comprennent l'établissement de la plate-forme de forage, les


travaux d'accès à l'emplacement (piste, route) et les travaux d'infrastructure tels que puits à
eau, station de pompage et conduites d'eau...

Ces différents travaux peuvent faire l'objet d'un prix de revient particulier pour chaque puits.

2/- Le démontage, transport et montage de l'appareil (DTM)

Le DTM comporte le démontage de l'appareil sur l'emplacement précédent, son


transport et son montage sur le nouvel emplacement (montage de la tour ou mât, montage de
l'équipement de forage et l'équipement énergétique);
Le prix de revient du DTM est variable d'un puits à un autre en fonction de l'éloignement de
l'emplacement du nouveau puits, du type d'appareil de forage et des moyens de transport mis à
disposition;

3/- Le forage proprement dit

Le forage comprend toutes les opérations effectuées sur le puits depuis le début du
forage (forage, tubage, cimentation, y compris les manoeuvres) jusqu'à l'abandon ou bien
jusqu'au début des opérations de complétion lorsque le puits est producteur.

4/- La complétion

Cette phase comprend les opérations de mise en production et stimulation des couches
dans le cas des puits de développement et les essais de production dans le cas des puits
d'exploration positifs. Ceci comprend les opération de diagraphies dans la couche productrice,
les essais des couches productives, les perforations de la colonne de production et la mise en
production.
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DIFFERENTES FONCTIONS DE LA SONDE

Il existe 3 fonctions essentielles au niveau d'un appareil de forage (faire schéma complet d'un
appareil de forage en activité):

1/- La fonction levage;


2/- La fonction rotation;
3/- La fonction pompage (circulation).

LEVAGE ROTATION CIRCULATION

Moteurs Moteurs Moteurs

Transmission mécanique Transmission (chaîne)


Transmission
Transmission électrique

Moufle et câble de forage Table de rotation Pompes à boue

Crochet Tige d'entraînement Stand pipe

T.I.Swiwel Garniture Flexible

Tige d'entraînement Outil Tête d'injection

Garniture de forge
(Drill .Pipe + Drill Collars)

Fonctions de la garniture:
Transmet le mouvement de rotation à l'outil;
Transmet un poids (garniture DP, DC et raccord)

Fonctions de la table de rotation


Transmet le mouvement de rotation à l'outil;
Supporte la garniture pendant la manoeuvre;
Sert au dévissage des tiges.

Fonctions de la tête d'injection


Assure le passage de la boue vers l'outil,
Permet la rotation de la garniture tout en restant fixe.

Fonctions de la boue de forage


Transmet le mouvement de rotation à l'outil (turboforage),
Maintien le fond du trou propre,
refroidit l'outil,
lubrifie l'outil,
évite les éboulements de terrain.
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LA GARNITURE DE FORAGE
La garniture de forage, train de sonde, B.H.A. (Botton Hole Assembly) ou encore
assemblage de fond de trou, est un long arbre liant le trépan travaillant au fond du puits avec
l'équipement installé en surface. C'est le moyen de liaison entre le fond et la surface.

Composition:
Il est composé de:
- un outil (trépan ou rock bit);
- un porte outil;
- de masse-tiges (D.C; train de masse);
- un raccord (DC-DP);
- des tiges de forage (DP);
- raccord (DP- TC: tige carrée ou Kelly);
- tige carrée (Kelly).

Principales fonctions d'un train de sonde


- relier le trépan "ou l'outil de forage" à l'équipement de surface;
- transmettre au trépan le mouvement de rotation transmis par la table de rotation
"rotary table";
- crée une charge axiale sur le trépan PSO (Poids Sur l'Outil) ou WOB (Weight On
Bit);
- permet le test de formations "DST" (Drill Steam Test): test en cours de forage;
- permet le prélèvement de carottes (carottage);
- transmet l'énergie hydraulique dans un turboforage;
- transmet l'énergie électrique dans un électroforage;
- permet les opérations de repêchage (instrumentation: fisching);
- permet la circulation de la boue de forage (circuit fermé).
- permet les manoeuvres de remontée et descente pour "changement d'outil";
- permet de connaitre avec une bonne précision la profondeur atteinte du forage
(chaque élément de l'assemblage est identifié, numéroté et mesuré avec précision)

Description du train de sonde


LES MASSE-TIGES (Drill Collars)

Les D.C. sont des tiges plus larges, plus lourdes et plus rigides que les DP. Ils
permettent d'assurer un meilleur guidage du trépan et évitent les déviations des trous. De
même, leur lourdeur permet de limiter le plus possible la longueur travaillant à la compression
et concentrer leur poids le plus possible du trépan. Leur rigidité permet de limiter le flambage
du train de sonde.

Après avoir posé sur le fond de puits le BHA, on obtient une traction maximale à la
surface et une compression maximale au fond du puits. Le point neutre sépare la traction de la
compression. La partie située entre le point neutre et le trépan "en compression" sert le forage
car:
- le poids nécessaire sur l'outil "PSO" dépend du type de terrain à forer (dureté,
abrasivité, forabilité des roches, etc.);
- dépend du diamètre du trou, du type de trépan utilisé, de la tendance à dévier le trou
de la verticale (pendage des couches) et d'autres paramètres qui entrent en jeu.
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Types de masse-tiges
Il existe 3 types de masse-tiges:
- Masse-tige cylindrique;
- masse-tiges spiralées;
- masse-tiges carrée.
Pour éviter un coincement par pression différentielle devant des zones perméables, on
utilise des masse-tiges spiralées. L'avantage est la bonne remontée des déblais de forage et
l'élimination de la zone morte en laissant passer la boue par les spirales.
Les masse-tiges carrées diminuent le risque de la déviation et diminuent la surface de contact.

Choix de la longueur des D.C.


Chaque D.C a une longueur de 9 à 12 m. Leur diamètre extérieur est aussi proche de
celui du trou (proche de celui du trépan en général) et leur diamètre intérieur est assez grand
pour permettre la circulation de la boue. Il est recommandé de maintenir le point neutre des
trains de sonde dans les masse-tiges et pour cela il ne faut jamais utiliser plus de 75% ("2/3")
du poids apparent des masses-tiges. Le poids diminue grâce à la poussée d'Archimède dans la
boue. Soit:
Gmt : Poids total des masse-tiges;
qmt : poids kg/m de MT (FF. B35); Gmt = qmt/m . lmt lmt = Gmt / qmt/m (1)
lmt : longueur des MT.

a/- Pour tenir compte de la poussée d'Archimède, il faut diviser la relation (1) par le
coefficient de flottabilité kf.
db = densité de la boue; kf = 1 - (db/da)
da = densité du métal (da = 7,85).
donc: lmt = Gmt / (qmt/m . kf) (2)

b/- Pour tenir compte de la position du point neutre sur les masse-tiges, on doit
multiplier la relation (2) par un coefficient de majoration de sécurité ks.

ks = 1,25 ( majoration de 25%) lmt = (ks . Gmt ) / (qmt/m. kf)


lmt : longueur des masses-tiges (m);
Gmt : charge axiale ou poids total des masse-tiges (en kg);
qmt/m : poids nominal des masse-tiges (kg/m);
n : nombre de masse-tiges de longueur moyenne de 9m.

Nombre de masse-tiges: n = lmt / 9

Par ailleurs, on peut faire le calcul de la façon suivante (méthode anglo-saxonne)

Ldc = WOB / (cos &. 0,8 . Pmt)


WOB : Weight On Bit;
& : inclinaison par rapport à la verticale;
0,8 : position du point neutre, 80% de la longueur totale
Pmt : poids linéaire des masse-tiges.

Exemple:
Calculer la position du point neutre.
Données: DC 7 1/4" x 2 1/4"
Pr Mellak A./L3/2020-2021

G max. = 16 tonnes
db = 1,2
qmt/m = 188,3 kg/m (FF B 35); kf = 1 - 1,2/7,85 =;0,85 (FF E 14)
lmt/m = 1,25 . 6 000 / (0,85 . 188,3) = 125 m
on prend 75% x = (125 . 75 ) / 100 = 93,75 m

Choix du diamètre des masse-tiges


Les diamètres des masse-tiges est calculé grâce à la formule suivante. On doit d'abord
vérifier que:
Sext. / Sint.= 6 à 7

Sext. / Sint. = [(Dtrépan)² - (D ext.)² ] / (Dint.mt)² = 6 à 7. Donc:

Sext. = (/4) (D²trépan - D² ext.mt);


S int. = (/4) (D² int.mt).

Exp. Faire le choix des diamètres des masse-tiges pour un trou de diamètre 121/4":
D ext.DC = 8" D (int.DC = 3", 78).

On a: (121/4)² - (8)² / (3,78)² = 6. correspondant à un diamètre intérieur de 3 7/8".

LES TIGES DE FORAGE

Fabrication
Les tiges de forage (DP) sont fabriquées sans soudure avec des aciers traités. On a 5
grades normalisés par l'API, ces grades sont appelés nuances. On a:
- Nuance D;
- Nuance E;
- Nuance X 95;
- Nuance G 105;
- Nuance S 135.
Le chiffre après la lettre signifie la limite élastique en 1000 PSI (lb/in²: Pound Square Inch).
( voir FF B1) tiges de forage, nuances et caractéristiques mécaniques des aciers.
La limite de la tension admissible est [] = 95 000 psi; [] = 6550 bars
La traction à la limite élastique est: Te, [Te] = []. S avec S = (D²ext. - D²int.) / 4.
La tension sur les tiges T au crochet doit être inférieure à Te.

Les tiges de forage sont fabriquées en 3 gammes normalisées (ou range).


- 1ère gamme: 18 à 22 pieds (5,50 à 6,70 m);
- 2ème gamme: 27 à 30 pieds (8,25 à 9,15 m);
- 3ème gamme: 38 à 45 pieds (11,6 à 13,70 m).
Le diamètre nominal des tiges de forage est le diamètre extérieur du corps de la tige.
Au cours de leur fabrication, les tiges de nuance D subissent une normalisation T = S.
La nuance E subit un traitement chimique et X95, G105 et S135 sont des aciers spéciaux au
"nickel chromé".
Pr Mellak A./L3/2020-2021

Type de tiges de forage


Ils sont terminés par un filetage de type "Drill Pipe" sur lequel est plaqué ou fixé un
raccord qui s'appelle tool joint. Le filetage est fin et peu profond (filet trapézoïdal et autre
suivant constructeur).
Pour que les tiges conservent une résistance satisfaisante au niveau de ce filetage, on a été
amené à exécuter des refoulements dans 3 types de D.P.

- I.U: Internal Upset (refoulement intérieur);


- E.U: External Upset (refoulement extérieur);
- IEU: Internal External Upset (avec refoulement intérieur et extérieur).

Contraintes subies par les DP

a/- Contrainte de traction: voir FF.B5, p.61: caractéristiques mécaniques des tiges de
forage (limite élastique).

b/- contrainte de torsion: voir FF.B5 et B6: limite de torsion.


c/- Contraint d'écrasement B7 et B8 (pression à la limite d'écrasement);
d/- Contrainte d'éclatement B7 et B8 (pression à la limite d'éclatement).

Remarques
- P int < [Pint.] éclatement. exp. Pint < 483 bars (31/2" FF B7); D; 9,05 lb/ft, classe 1).
P int = [Pint. - Pext.]

- P ext. < [Pecras.] exp. P ext. < 510 bars (31/2" FF B7).
P ext.= [Pext.- P int.]

Les tool-joint
Le tool-joint est le raccord par lequel on visse deux tiges. Celui ci doit répondre à
plusieurs impératifs. Il doit être:
- Robuste;
- vissage et dévissage rapides;
- avoir une bonne étanchéité;
- avoir une bonne résistance à l'usure.

Filetage des toool-joint


La forme des filetages tool-joint API a un profil triangulaire avec un angle de 60° et une
conicité de 16,66% ou 25%.
Le pas varie suivant le nombre de filets par pouce exp. 8 filets par pouce. Dans la plupart des
cas, on a 4 à 5 filets par pouce.

La troncature varie de V= 0,040" à 0,065". (V = largeur de la troncature en ").

On distingue 4 séries de filetage normalisé par l'API.

a/- Filetage régular: "Reg". Il se monte sur tige à refoulement IU- IEU.
Conicité: 25% pour:
- V= 0,040 jusqu'à tige 4 1/2" (23/8, 27/8, 31/2, 41/2"): nb filets par ": 5;
- V = 0,05 au dessus de 4 1/2" (51/2, 75/8 et 85/8"): nb de filets par ": 4;
Conicité: 16,16% pour:
Pr Mellak A./L3/2020-2021

- V = 0,065 pour les diamètres de tiges de 6 5/8": nb de filets par ": 4.


Ex. 4 1/2 - IU - 16,60.

b/- Filetage Full Holl "FH"


Il se monte sur tige à refoulement IU, IEU.
Conicité 25%: V = 0,040 pour les tiges et TJ 31/2 et 41/2" (nb de filets par ": 5);
Conicité 16,66%: V = 0,065 pour les tiges et TJ de diamètre 4" (nb de filet par ": 4);
V = 0,050 pour les diam. tige et TJ 51/2 et 6 5/8" (nb de filets par ": 4).
Le nombre de filet est de 5 par pouce jusqu'à la tige 41/2".
ex. 3 1/2 FH: 3 1/2- IU- 13,30 (Diamètre en in, type de refoulement et poids en lb/ft).

c/- Filetage Internal Flush "IF"


Il se monte sur un refouilement EU- IEU.
Conicité:16,66% V = 0,065 à partir de 2 3/8" au 51/2"
Nombre de filets: 4 filets par pouce.
Ex. 3 1/2 - EU - 15,50.

Il est important de préciser qu'actuellement, il existe des filetages tool-joint non API tel que:
Profil Extra Hole (XH), Profil Double Streamline, Profil Slim Hole (SH), Profil Hughes H 90,
profil Reed Wide Open (WO).

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