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CORINNE LUCHAIRE

Le désastre de la guerre

Août 1944. La jeune femme prend la route de l’Allemagne, direction Sigmaringen. Elle accompagne ce
qui reste du gouvernement et des principaux collaborateurs français, notamment son père, Jean
Luchaire, journaliste et écrivain, homme de gauche ayant frayé dès l’armistice avec les Allemands.
Corinne a vingt-trois ans mais sa vie est déjà un roman.

En 1938, après un peu de théâtre, elle tourne son premier film à dix-sept ans, Prison sans barreaux, qui
la fait connaître du grand public. En peu de temps, elle tourne six films en quatre ans, elle est considérée
comme une des futures stars du cinéma français à l’instar de Danièle Darrieux ou de Michèle Morgan.
Son « grand » film, Le dernier tournant avec Michel Simon, confirme son talent.

Corinne Luchaire en 1939


(Studio Harcourt) Avec Jean-Pierre Aumont dans le Déserteur (1939)

Mais la guerre éclate. Déjà atteinte de tuberculose, Corinne déserte les écrans et passe une partie de
l’année en sanatorium. Ne tournant pas, elle mène une vie mondaine entre Paris et Megève, se marie
puis entretient une liaison avec un officier allemand avec lequel elle a une fille, Brigitte. Entre soins et
tentatives de suicide, elle continue de vivre de manière insouciante et devient secrétaire de son père
qui est devenu commissaire du gouvernement (de Vichy) pour la presse.

Corinne Luchaire en 1943 (Studio Harcourt)

Après le débarquement et la libération de Paris, elle fuit donc outre-Rhin. En avril 1945, quittant cette
fois l’Allemagne nazie qui se désagrège, elle est arrêtée à Merano en Italie avec sa famille et est
emprisonnée. A l’issue d’un des nombreux procès liés à l’épuration qui ont lieu en 1945 et 1946, son
père est fusillé. Corinne est condamnée à dix ans d’indignité nationale.

Lors de son procès en 1945

Plus que collaboratrice convaincue, elle est probablement victime de son insouciance et de ses liens
familiaux et sentimentaux. En ces temps-là, ça ne pardonne pas. Devenue persona non grata dans le
milieu cinématographique, elle meurt de sa maladie en 1950, alors qu’elle n’a que vingt-huit ans.

Livre : Corinne Luchaire, un colibri dans la tempête, Carole Wrona, Editions La Tour Verte, 2011.

Film : Le Dernier Tournant, de Pierre Chenal, 1939.

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