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AFILAL

Semestre 3
Économie monétaire et financière

LES CONCEPTS DE BASE DE L'ÉCONOMIE MONÉTAIRE

La monnaie est une composante incontournable de la vie quotidienne des hommes


(ou agents économiques). C'est sans aucun doute le bien le plus désiré, le plus
recherché et le plus convoité. On assimile souvent le bonheur à la détention d'une
quantité importante de monnaie. Quand on est plus réfléchi et plus raisonnable, on
se contente de dire que la monnaie est un bien nécessaire, mais pas suffisant, pour
être heureux. L'importance de son usage est étroitement liée à l'évolution de l'activité
économique. Depuis la révolution industrielle (fin 18ième début 19ième siècle) le
progrès économique n'a pas cessé de bouleverser les méthodes de production et les
habitudes de consommation. Cela a produit notamment la diversification des biens,
d’où la création de nouveaux besoins et donc la multiplication de ces derniers.
Améliorer le niveau de vie signifie alors l'acquisition de ces biens nouvellement
conçus et qui seraient en mesure de faciliter la vie et d'améliorer le bien-être.
L'économie en est devenue de plus en plus marchande et monétaire : échanges
nombreux et assurés par de la monnaie.
L'arrivée de la monnaie a remédié aux insuffisances du troc qui ralentissaient les
échanges. La monnaie a divisé le troc en deux opérations distinctes. On est passé
d'un échange direct de A contre B à l'échange de A contre de la monnaie et puis
l'échange de la monnaie contre B. La monnaie a donc facilité le déroulement et le
développement des échanges, ce qui a contribué à l'amplification de l'activité
économique.

La monnaie est un bien qui n'a pas d'utilité en soi. Elle ne peut satisfaire directement
des besoins. Elle n'est utile que dans le cadre d'une économie marchande. Sans
s'immiscer dans les débats savants et idéologiques, disons simplement que
l'économie marchande est caractérisée par un grand développement des échanges.
Elle s'oppose à l'économie de subsistance où l'autoconsommation est dominante.

La monnaie est un phénomène social. Elle ne peut assurer son rôle de moyen de
paiement que lorsqu'elle bénéficie de la confiance de l'ensemble des agents
économiques. Il s'agit en fait de la confiance dans les institutions qui créent la
monnaie et qui constituent, grosso-modo, le système bancaire. En général on ne
peut refuser un paiement en monnaie, on dit qu'elle a cours légal.

La monnaie est un moyen de paiement qui circule généralement au sein d'une


communauté donnée, c'est à dire à l'intérieur des frontières politiques du pays auquel
elle appartient. On ne peut donc utiliser le Dirham marocain en dehors du Maroc.
Cependant, certaines monnaies appartenant à des puissances économiques sont
employées comme moyens de paiements internationaux. Il s'agit principalement du
dollar américain et dans une moindre mesure de l'euro.

En somme, la monnaie est un instrument de paiement bénéficiant de la confiance


des agents économiques et généralement accepté sur le territoire national de son
pays.

Il ne faut pas confondre la richesse (patrimoine) et la monnaie. La richesse d'une


personne ou d'une entité publique ou privée est constituée d'un ensemble d'actifs
réels (terrains, immeubles, bijoux, œuvres d'art, ...) et/ou financiers (actions,
obligations, ...), en plus des actifs liquides (dépôts bancaires et encaisses
monétaires). Ainsi la monnaie ne constitue qu'une composante plus ou moins
importante de la richesse ou du patrimoine.

Nous présentons dans une première section les fonctions et les formes de la
monnaie pour consacrer la deuxième à la notion de "masse monétaire" avant de finir
le chapitre par un aperçu sur les théories monétaires.

Section 1 : LES FONCTIONS ET LES FORMES DE LA MONNAIE.

I ) Les fonctions de la monnaie

On attribue, traditionnellement, à la monnaie trois fonctions : instrument des


échanges, étalon des valeurs (unité de compte) et moyen de réserve de la valeur.

A) Le monnaie intermédiaire des échanges.


On a vu que le troc ralentissait l'échange et l'activité économique.
En effet, dans le troc l'échange n'est conclu que lorsqu'il y complémentarité
d'intentions des échangistes. Le fournisseur du bien A et qui désire le troquer contre
le bien B doit rencontrer un fournisseur de B et qui compte l'échanger contre A. Tant
que les intentions ne coïncident pas l'échange est suspendu. D'un autre côté le troc
présente le problème de l'écart de valeur des biens échangés. L'intervention de la
monnaie a permis de dépasser ces difficultés en tant que moyen de paiement
universel et unique, c'est à dire qu'il sert à exprimer la valeur de tous les biens et qu'il
est accepté par tous les échangistes. Puisque la monnaie peut être conservée
(3ième fonction), l'acte de vente et l'acte d'achat deviennent déconnectés,
l'acquisition d'un bien n'a lieu qu'au moment où on en a besoin.
La monnaie facilite la circulation des biens et permet le développement des
échanges, ce qui accélère l'activité économique.

B) La monnaie, moyen de mesure de la valeur (unité de compte)


Elle permet d'exprimer la valeur de tous les biens en référence à
un seul. Le fait que les prix des biens soient affichés en monnaie facilite la
comparaison de la valeur des biens les uns par rapport aux autres. On détermine
ainsi les prix relatifs des biens, très utiles pour l'analyse de l'évolution des
préférences des consommateurs/utilisateurs.
Exemple : Prix de A = 20 dhs, Prix de B = 10 dhs. On en conclut que A = 2B ou
que B = 1/2 A (prix relatifs). La variation des prix relatifs, passer par exemple à A =
3B, exprime une évolution dans les préférences et donc la demande des
consommateurs/utilisateurs : ici, l'évolution est favorable à A.

C) La monnaie moyen de réserve de la valeur


Puisqu'elle peut être conservée, la monnaie confère à l'agent
économique le choix d'utiliser totalement ou partiellement son pouvoir d'achat actuel.
Dans le cas d'une utilisation partielle, l'agent économique conserve une partie du
pouvoir d'achat pour un emploi futur, il épargne une partie de son revenu pour se
prémunir contre les aléas du futur ou pour procéder à des investissements. Mais en
période d'inflation, le pouvoir d'achat de la monnaie conservée diminue (érosion ou
dépréciation monétaire). En général, pour faire face à ce risque, les agents
économiques substituent à la monnaie dans leur patrimoine des actifs réels ou
financiers qui sont plus aptes à conserver leur valeur. La monnaie garde cependant
l'avantage d'être parfaitement liquide et donc constamment disponible pour saisir les
opportunités qui peuvent se présenter.

II ) Les formes de la monnaie.

Au cour de l'histoire la monnaie a revêtu des formes successives, élaborées par les
Hommes pour s'adapter à l'évolution des échanges générée par les changements
perpétuels des conditions socio-économiques. L'étude de cette histoire permet de
dégager deux principales constatations :
- L'esprit de créativité de l'Homme. Il a su, chaque fois que les conditions socio-
économiques l'ont exigé, mettre au point la forme de monnaie le plus adéquate pour
permettre la continuité du développement des échanges.
- La dématérialisation progressive de la monnaie. La monnaie a perdu
progressivement sa consistance physique. D'abord une marchandise, puis métallique
(pièces en métal précieux), ensuite en papier avant de devenir scripturale (jeux
d'écriture) et enfin électronique.

A) La monnaie marchandise.
Pendant longtemps, des marchandises (sel, œufs, coquillages,
...) ont joué le rôle de monnaie. Il fallait dépasser à tout prix les insuffisances du troc
et en a pensé utiliser un objet donné comme moyen de paiement. Cependant, le
recours à la monnaie marchandise a révélé un ensemble d'inconvénients qui ne lui
permettaient pas de remplir parfaitement les fonctions de la monnaie. En effet la
marchandise n'est pas toujours divisible, souvent périssable et encombrante
(difficultés d'utilisation). C'est pourquoi on a évolué vers la monnaie métallique.

B ) La monnaie métallique.
Au départ on a utilisé les métaux peu ou non précieux (cuivre,
fer, bronze, ...). Mais ce sont les métaux précieux, l'or et l'argent qui vont s'imposer et
assurer pendant de longs sicles le rôle de monnaie. Ces deux métaux ont une
double valeur :
- Une valeur objective. Ils sont généralement divisibles, inaltérables et pas du tout
encombrants (grande valeur d'achat sous un petit volume).
- Une valeur subjective qui résulte de leur beauté et leur rareté.
La monnaie métallique a été utilisée sous plusieurs formes successives :
# La monnaie pesée. Le prix est annoncé en poids et le métal est pesé à chaque
transaction.
# La monnaie comptée. Fabrication de pièces artisanales, sans inscriptions ni un
poids déterminé.
# La monnaie frappée. On estime en général que le début de l'histoire de la
monnaie coïncide avec l'apparition de la monnaie frappée.
La monnaie comptée (pièces artisanales) ne présente pas des garanties en terme de
pureté et de teneur en métal précieux. Pour remédier à ce problème, il a fallu assurer
les usagers que les pièces en métal ne font l'objet d'aucune fraude. Les autorités
politiques ou religieuses admises à la frappe appliquent sur les pièces de monnaie
un signe distinctif garant de la teneur en métal et du poids. Elles comportent
désormais des inscriptions et une effigie qui les rendent totalement acceptables étant
conformes aux règles de la loi. Elles ont alors un pouvoir libératoire illimité, elles
permettent de s'acquitter d'une dette (ou assurer un paiement) quelle que soit sa
valeur.

On distingue deux principaux systèmes monétaires métalliques : le monométallisme


et le bimétallisme. Dans le premier, les pièces de monnaie sont élaborées à partir
d'un seul métal (or ou argent). Dans le second, les pièces sont élaborées à partir des
deux métaux et circulent conjointement.

TRAVAIL À FAIRE : La loi de GRESHAM.

C) La monnaie fiduciaire (Le papier-monnaie ou billet de banque)

Il est difficile de dater précisément l'invention du papier-monnaie. On évoque la


Chine au VII siècle, les certificats de dépôts d'or en Italie dés la fin du XIV siècle en
plus de plusieurs autres versions historiques. Cependant, en Europe, le billet de
banque tel qu'on le connaît aujourd'hui est apparu en Suède (banque de Stockholm)
entre 1656 et 1658.

L'introduction du papier-monnaie a en général toujours répondu à la nécessité de


remédier à une faible disponibilité de pièces en métal précieux. En effet les
échanges internationaux étant réglés en or à l'époque, les pays déficitaires
enregistrent une forte sortie d'or et une raréfaction des pièces monétaires.
C'est finalement au XIX (19ième) siècle que l'usage du billet de banque va se
généraliser.

Le billet de banque, à l'inverse de la monnaie métallique, n'a pas de valeur


intrinsèque, sa valeur nominale (ou faciale) est largement supérieure à sa valeur
physique. Son acceptation/circulation repose sur la confiance que lui accordent les
usagers (fiducia en latin signifie confiance, d'où monnaie fiduciaire).
Cette confiance repose, au départ, sur le fait que le billet de banque est convertible
en or. Les détenteurs des billets sont assurés de pouvoir, à tout moment, demander
la conversion de leurs billets en or : convertibilité totale. Cette pratique suppose une
couverture métallique totale, le stock d'or disponible dans les coffres des banques
est censé couvrir l'ensemble des billets de banque en circulation.

Par la suite, les banques ont remarqué que les demandes de convertibilité diminuent
considérablement (intensification de la confiance des agents économiques). Elles en
profitent pour procéder à l'émission d'une quantité de billets dont la valeur nominale
globale dépasse la valeur du stock d'or dont elles disposent : couverture métallique
partielle. La convertibilité devient elle aussi partielle : elle ne concerne plus que les
lingots d'or.
Au lendemain de la crise économique de 1929, les principaux pays de l'époque
(Angleterre, USA, France) suspendent définitivement la convertibilité interne de leurs
monnaies en or. On est passé ainsi au COUR FORCÉ.
Précisons qu'aujourd'hui, l'émission des billets de banque est un monopole de la
banque centrale (voir chapitre 2). D'un autre côté, on peut parler de monnaie
fiduciaire au sens large pour intégrer les pièces de monnaie. Ces dernières sont
élaborées aujourd'hui à partir d'un métal quelconque, elles n'ont pas de valeur
intrinsèque. Elles constituent la monnaie divisionnaire.

TRAVAIL À FAIRE : La Banking school et La Currency school.

D ) La monnaie scripturale

Lorsque les banques réceptionnent des dépôts pour une échéance donnée (dépôts à
terme ou bloqués) et accordent des crédits à partir de ces dépôts pour en général la
même échéance, il n'y a pas de création de monnaie. Les banques ne font que
prêter aux uns les disponibilités des autres. Le taux d'intérêt appliqué aux déposants
est évidemment inférieur à celui demandé aux emprunteurs. L'écart entre les deux
taux d'intérêt constitue la rémunération des banques pour le rôle d'intermédiation
qu'elles assurent.
Avec l'arrivée des banques de dépôt la situation va considérablement changer. Ces
banques reçoivent essentiellement des dépôts à vue qui restent continuellement
disponibles pour les déposants. Ces derniers peuvent en avoir usage (retraits,
virements, ...) à tout moment. Les banques observent le comportement des
déposants et constatent, en se basant sur la loi des grands nombres, que les dépôts
à vue ne sont globalement utilisés qu'à un faible pourcentage. Elles en profitent pour
accorder des crédits malgré la nature de leurs dépôts (à vue). Il résulte de cette
pratique une création de monnaie. En effet LES BANQUES "ALIMENTENT" LES
COMPTES DES BÉNÉFICIAIRES DE CRÉDITS SANS DÉBITER LES COMPTES
DES DÉPOSANTS.
La monnaie créée est scripturale (jeux d'écriture), elle est inscrite sur les comptes
des clients des banques et dispose d'un pouvoir libératoire illimité. Elle est mesurée
par l'ensemble des dépôts en comptes courants auprès des banques. Elle permet
donc d'assurer sans limite un paiement ou un règlement de dettes. Elle circule par
chèques, par virements et par cartes bancaires.
Aujourd'hui, la monnaie scripturale domine largement par rapport à la monnaie
fiduciaire, notamment dans les pays modernes ou qui se modernisent.

TRAVAIL À FAIRE : La montée de la monnaie électronique.

SECTION 2 : LA MASSE MONÉTAIRE

C'est un agrégat qui mesure la quantité des "supports" de la monnaie disponibles à


un moment donné dans une économie nationale. C'est la quantité des moyens de
paiement dont disposent les agents économiques non financiers (ANF) : ménages,
sociétés non financières ( entreprises industrielles, commerciales, ...) et
administrations publiques et privées. Ainsi, par exemple, les disponibilités monétaires
dont disposent les banques dans leurs coffres et sur leurs comptes auprès de la
banque centrale ne sont pas recensées dans la masse monétaires.

Cependant l'identification des actifs financiers (ou supports de la monnaie) n'est pas
un exercice aisé. En effet, les actifs financiers n'ont pas tous un caractère monétaire
parfait (dans le sens "permettre l'acquisition immédiate de biens et de services").
Certains sont parfaitement liquides et leur intégration dans la masse monétaire est
automatiques en raison de leur caractère monétaire incontestable. D'autres en
revanches sont plus ou moins liquides et on se pose la question de savoir si on doit
ou non les inclure dans la masse monétaire.

On distingue
# Les actifs liquides : billets et pièces de monnaie + les dépôt à vue
mobilisables par chèques (monnaie scripturale).

# Les actifs à court terme : Les innovations financières des


dernières décennies ont multiplié les produits de placement qui sont très prisés par
les épargnants et ce pour deux principales raisons. Ils génèrent un revenu (intérêts)
et sont aisément convertibles en moyens de paiement. Détenir ces actifs n'affecte
presque pas la capacité de dépense. Ils concilient la rentabilité et la disponibilité.
C'est ce qu'on appelle la quasi-monnaie. Citons à titre d'exemple les dépôts sur
carnets et les dépôts bloqués à court terme.

# Les actifs à long terme : il s'agit essentiellement des actions et


des obligations. Les actions n'ont pas d'échéance, elles ne sont pas remboursables.
Elles sont négociables en bourse. Les obligations ont en général une longue
échéance.

La problématique de la composition de la masse monétaire est de déterminer parmi


ces actifs, ceux qui peuvent être retenus dans cet agrégat représentatif des moyens
de paiement disponibles dans une économie.
Les actifs liquides et les actifs à long terme ne posent pas de problèmes. Les
premiers sont admis dans la masse monétaire, leur caractère monétaire étant parfait.
Les seconds sont écartés puisqu'ils n'ont pas l'aptitude d'être aisément et rapidement
transformables en monnaie.
Le problème se pose donc pour les actifs à court terme en raison de leur caractère
monétaire approximatif.

Le Maroc a adopté la stratégie suivante : sont retenus dans la masse monétaire les
actifs parfaitement liquides (monnaie fiduciaire et monnaie scripturale) en plus de
ceux qui sont conformes aux critères suivants :
- Actifs aisément et rapidement convertibles en monnaie,
- actifs émis et/ou gérés par les banques,
- actifs mobilisables sans perte en capital.

Sur cette base, la banque centrale marocaine (BanK Al Maghreb) présente 3


agrégats monétaires.

M1 = masse monétaire au sens strict = billets et pièces en circulation+monnaie


scripturale.

M2 = M1 + placements à vue (notamment les comptes sur carnet auprès des


banques)

M3 = M2 + placements à court terme (dépôts bloqués à CT, bons de caisse,


certificats de dépôt)
Les bons de caisse et les certificats de dépôt sont des titres émis par les banques (
voir chapitre 3).
On remarque que les agrégats monétaires sont classés dans un ordre de liquidité
décroissante.

M3 est la masse monétaire au Maroc.

Précisons enfin que la portée économique de la masse monétaire ne dépend pas


uniquement de son importance quantitative, mais aussi et surtout du degré
d'utilisation des signes monétaires. À ce niveau apparaît la notion de VITESSE DE
CIRCULATION DE LA MONNAIE (VCM).
La VCM est le nombre de fois qu'un signe monétaire (billet de 50 dhs par exemple)
change de main (échangé lors d'une transaction) durant un intervalle de temps
donné.
Si le même billet de 50 dhs donne lieu à 10 transactions dans la journée, il aura servi
à un ensemble de transactions d'une valeur globale de 500 dhs.

À la fin de ce chapitre, donnons un bref aperçu sur les théories monétaires.

L'objet du débat entre les économistes qui se sont intéressés à la monnaie est de
déterminer jusqu'à quelle mesure les phénomènes monétaires impactent-ils
l'évolution de l'activité économique. Deux points de vue se dégagent : celui de la
monnaie passive et celui de la monnaie active.

Les courants classique et néoclassique considèrent que la monnaie est passive. Elle
n'affecte pas l'économie réelle, elle n'a pas d'incidence sur le niveau de la la
production et de l'emploi par exemple. Il n'y a pas d'interactions ente la sphère
monétaire et la sphère réelle (dichotomie). Ainsi la monnaie est neutre, ce n'est qu'un
voile qui cache le fait que les biens s'échangent contre des biens. La monnaie n'est
pas désirée pour elle même, elle acquise pour être remise en circulation.
Cette théorie repose sur deux principaux fondements :

1) La loi des débouchés de Jean Baptiste SAY (économiste français 1767-


1832).
Selon cette loi, TOUTE OFFRE CRÉE SA PROPRE DEMANDE. La
production réalisée durant une période donnée génère un revenu
équivalent distribué aux agents économiques qui ont contribué à sa réalisation. Ce
revenu est divisé en deux parties, l'une sert à acheter des biens de consommation,
l'autre constitue l'épargne qui va servir à acquérir des biens d'investissement. Dans
ces conditions le revenu est entièrement dépensé, ce qui se traduit par deux
conséquences : d'abord la demande est égale à l'offre (donc aucun risque de crise
de surproduction); ensuite les agents ne constituent pas d'encaisses monétaires
puisque le revenu est entièrement dépensé. Cela conforte les classiques dans leur
idée selon laquelle la monnaie n'est jamais désirée pour elle même.

2) La théorie quantitative de la monnaie

On part de l'égalité MV = PY
M est la quantité de monnaie en circulation, V est la vitesse de circulation de la
monnaie, P représente les prix et Y le volume de la production
PY est la valeur monétaire globale de la production.
Les partisans de cette théorie estiment que V et Y sont constants. V est liée aux
habitudes de consommation qui sont en général stables. Y est conditionné par les
disponibilités matérielles et techniques qui, elles aussi, sont stables à court et moyen
terme. DANS CES CONDITIONS UN ACCROISSEMENT DE LA QUANTITÉ DE
MONNAIE EN CIRCULATION (M) N'A POUR INCIDENCE QU'UN
ACCROISSEMENT DES PRIX (inflation).
Si en plus tous les prix augmentent proportionnellement à M (dans le même
rythme que M), les prix relatifs ne changeront pas, d'où le maintien des mêmes
conditions de production et d'échange. Le pouvoir d'achat non plus ne change pas
puisque le salaire, prix du travail, augmente lui aussi dans le même rythme que les
autres prix : L'ÉCONOMIE RÉELLE N'EST PAS IMPACTÉE.

TRAVAIL À FAIRE : Le courant monétariste de Milton Friedman.

Pour J.M KEYNES la monnaie est active, elle affecte l'évolution de la production et
de l'emploi. Pour justifier son point de vue, il avance que la détention de la monnaie
ne répond pas au seul motif de transaction comme le pensent les classiques. Pour lui
il y a trois motifs de détention de la monnaie.
1) Motif (ou encaisse) de transaction. C'est la part du revenu réservée
pour les dépenses courantes et qui se renouvellent régulièrement (alimentation,
habillement, loyer, électricité, gaz, ...). L'encaisse de transaction est proportionnelle
au revenu, elle est d'autant plus élevée que le revenu est important.

2) Motif (ou encaisse) de précaution. C'est la part du revenu réservée


pour faire face aux dépenses imprévues (maladies, panne de voiture, dégâts
provoqués par des intempéries, ...). Cette encaisse a donc pour objectif de se
prémunir contre les risques du futur. Elle est, elle aussi, proportionnelle au revenu.

3) Motif (ou encaisse) de spéculation. C'est la part du revenu réservée


pour saisir les opportunités qui pourraient se présenter, notamment dans le domaine
des placements financiers. Cette encaisse est principalement une fonction
décroissante du taux d'intérêt. Lorsque le taux d'intérêt augmente, les agents
économiques placent leurs réserves de spéculation d'où la baisse de cette encaisse.
En revanche, lorsque le taux d'intérêt diminue, les agents récupèrent l'argent placé et
reconstituent l'encaisse de spéculation dans l'attente de meilleures possibilités de
placements.

Les encaisses de précaution et de spéculation prouvent, d'après Keynes, que la


monnaie peut être détenue pour elle même. L'existence de ces encaisses fait que la
demande va être inférieure à l'offre (le revenu n'étant pas entièrement dépensé). La
loi des débouchés est erronée.
L'insuffisance de la demande par rapport à l'offre pousse les entreprises à réduire
la production, à licencier des salariés, à acheter moins de matières premières, à
importer moins, ... Donc la monnaie a bien des incidences sur l'économie réelle, elle
est active.

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