Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INTEGRATION TEMPORELLE
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
58
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
CHAPITRE 2 :
INTEGRATION TEMPORELLE
Dans le chapitre précédent nous avons établi les équations d'équilibre qui gouvernent
la réponse dynamique d'un système :
59
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
I. BIBLIOGRAPHIE
HOUBOLT [HOU 50] a été l'un des premiers à développer un schéma de résolution
inconditionnellement stable. L'équation d'équilibre est entièrement résolue à l'instant t+∆t et
l'accélération et la vitesse sont exprimées en fonction des déplacements aux instants t - 2 ∆t ,
t - ∆t , t et t+∆t. Il faut stocker les résultats sur les trois incréments précédents.
La méthode de WILSON [BAT 73], suppose que l'accélération varie linéairement entre
les instants t et t + θ∆t (où θ ≥ 1). Quand θ = 1, elle porte le nom de méthode d'accélération
linéaire.
Les travaux de Newmark et Wilson ont donné suite à toute une famille de schémas
d'intégration connus sous le nom de "collocation schemes" [HIL 78]. Si l'équilibre est toujours
résolu à t + θ∆t , comme le faisait Wilson, les expressions des déplacements, vitesses et
accélérations sont très proches de celles employées par Newmark.
[2.4]
2
60
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
θ 2θ 2 − 1
et θ ≥ 1 , ≥β≥
2(θ + 1) 4(2θ 3 - 1)
HILBER, HUGHES et TAYLOR [HUG 87], WOOD, BOSSAK et al. [WOO 80] et
CHUNG et HULBERT [CHU 93] sont à l'origine des méthodes avec amortissement
numérique de type α. Les expressions de Newmark sont conservées pour d t + ∆t , {d t + ∆t } et les { }
équations d'équilibre combinent la contribution des variables à l'instant t et des variables à
l'instant t + ∆t . L'équation d'équilibre pour la méthode proposée par Hilber, Hughes et Taylor
s'écrit sous la forme :
1
avec − ≤ α ≤ 0
3
ZIENKIEWICZ, WOOD et TAYLOR [ZIE 80] ont mis au point une méthode
d'intégration qui ne nécessite pas de stockage des accélérations. L'équation d'équilibre est
intégrée sur l'intervalle t, t + ∆t pour diminuer le degré de l'équation différentielle. Le
problème est formulé en vitesse, et en prenant (α = 0 ) ou ( θ = 0) , on obtient le schéma
explicite suivant :
[M ]{d t + ∆t }= ∆t ((1 − θ ){Ft ext }+ θ {Ft ext+ ∆t })+ [M − ∆tC ]{d t }− ∆t [K ]{d t } [2.6]
61
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
BAZZI et HANDERGGEN [BAZ 82], à l'origine des "méthodes ρ" (du nom de la
variable qui intervient dans l'expression des vitesses et des accélérations), partent également
de l'expression de l'équation d'équilibre intégrée sur l'intervalle t, t + ∆t . En posant ρ=1, elle
s'écrit :
∆t + ∆t { } ({f }− {q })
2
M + C {∆d } = ∆t [M ] d * *
[2.8]
2
t
2
où :
{f }= 1 ∫ {F
*
t + ∆t
ext
}
(t ) .dt et {q }= 1 ∫ {F
*
t + ∆t
int
}
(t ) .dt représentent respectivement les
∆t t ∆t t
intégrales des forces externes et des forces internes pendant l'incrément de temps ∆t.
Les déplacements et les vitesses sont mis à jour par les expressions suivantes :
{d t + ∆t } = {d t }+ {∆d } [2.9]
Les conditions de stabilité de cette méthode sont identiques à celles de la méthode des
différences finies centrées.
CHUNG et LEE [CHU 94] utilisent les expressions des vitesses et des déplacements
de la méthode de Newmark et proposent de discrétiser l'équation d'équilibre sous la forme :
avec :
28 3
1≤ β ≤ et γ =
27 2
TCHAMWA et WIELGOSZ [TCH 97] ont repris cette méthode et ont montré que
l'amortissement numérique introduit par la méthode de Chung et Lee provoquait des erreurs
numériques à basses fréquences. Ils ont alors mis au point un nouvel algorithme formulé en
accélération, avec 4 paramètres d'intégration, privilégiant la précision de la solution :
62
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
avec :
63
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
{ }
{d t + ∆t }= {d t }+ ∆t d t + ∆t ((1 − 2β ){d }+ 2β {d })
2
t t + ∆t [2.19]
2
On peut combiner les équations [2.18] et [2.19] pour isoler les vitesses et les
accélérations à l'instant t+∆t et les exprimer uniquement en fonction de termes connus et des
déplacements à t+∆t. En isolant dt + ∆t dans [2.19] :{ }
{d }=
t + ∆t
1
{d t + ∆t }− 1 2 {d t }− 1 {d }− 21β − 1{d } [2.20]
β∆t β∆t β∆t
2 t t
{d }= 1 − γβ {d }+ ∆t (1 − γ ) − ∆t 2γβ − γ {d }− βγ∆t {d }+ βγ∆t {d
t + ∆t t t t t + ∆t } [2.21]
l'équation d'équilibre [2.17] par une méthode de Newton-Raphson lui permet alors d'avoir une
approximation des déplacements {d t + ∆t }. Les vitesses et les accélérations sont remises à jour à
partir des équations [2.20] et [2.21] jusqu'à l'obtention d'un champ de déplacements
admissible d'après le critère de convergence suivant :
{F }− {F }− [C ]{d ( ) }− [M ]{d( ) }
ext
t + ∆t
int
t + ∆t
i
t + ∆t
i
t + ∆t
≤ε
{F } int
[2.22]
t + ∆t
Pour être compatible avec la version statique implicite déjà existante, la démarche
adoptée pour le logiciel POLLUX est légèrement différente : les expressions des accélérations
64
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
[2.20] et des vitesses [2.21] sont réinjectées dans [2.17] et on obtient une équation où la seule
inconnue est le déplacement :
[K ]{d
*
t + ∆t }= {Ft*+ ∆t } [2.23]
avec :
1 γ
K* = K + M + C [2.24]
∆t β
2
β∆t
{F }= {F }
*
t + ∆t t + ∆t
1
+ [M ] 2 {d t }+
1
∆tβ
{ } 1
d t +
{ }
− 1 dt [2.25]
∆t β 2β
γ
+ [C ] { } { }
{d t }+ γ − 1 d t + ∆t γ − 1 dt
∆tβ β 2β
Ce n'est qu'à la fin de l'incrément que les termes de vitesse et d'accélération sont remis
à jour.
II-2. Stabilité
Jusqu'à présent seules les méthodes directes d'intégration ont été présentées. Afin de
pouvoir étudier les propriétés de stabilité d'un schéma de résolution, il est intéressant
d'introduire une approche modale. En effet cette technique va permettre d'isoler tous les
degrés de liberté pour les étudier indépendamment.
Résoudre un problème de modes propres consiste à trouver les valeurs propres ω 2i et
les vecteurs propres {φ i } qui vérifient le système :
La matrice [Φ] qui permet de passer dans la base propre est constituée de l'ensemble
des vecteurs propres :
Φ = φ1 , φ2 , ..., φ n [2.27]
où :
65
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
ω12 0
...
[ ]
Ω =
2
ωi2 [2.29]
...
0 2
ωn
2ω1ξ1 0
...
[∆] = 2ω iξi [2.30]
...
0 2ω nξ n
x t + ∆t + 2. ξ. ω . x t + ∆t + ω 2 . x t + ∆t = Ftext
+ ∆t [2.31]
Cette équation représente l'équation d'équilibre d'un degré de liberté de période propre
2π
T= et de coefficient d'amortissement ξ.
ω
Supposons que les solutions soient connues aux instants 0, ∆t, 2 ∆t, ..., t - ∆t, t et que
l'on cherche la solution à l'instant t + ∆t . Pour la méthode de Newmark, on aura une relation
entre l'instant t et l'instant t + ∆t qui peut s'écrire sous la forme :
dt + ∆t dt
d t + ∆t = [A]d t + Ft + ∆t .{L}
ext
[2.32]
d d
t + ∆t t
avec :
1
− − β δ − 2(1 − γ )κ (− δ − 2κ ) ( )
1 1
− δ
2 ∆t ∆t 2
1
[A] = ∆t 1 − γ − − β γδ − 2(1 − γ )γκ 1 − γδ − 2γκ
1
(− δγ ) [2.33]
2 ∆t
2 1 1
∆t 2 − β − 2 − β βδ − 2(1 − γ )γκ ∆t (1 − βδ − 2γκ ) (1 − βδ )
66
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
1 2ξγ ξδ
δ =1 2 2 + +β , κ = [2.34]
ω ∆t ω∆t ω∆t
δ
ω 2 ∆t 2
{L} = δγ2 [2.35]
ω ∆t
βδ
ω
2
d
Posons : {Y } = d [2.36]
d
Comme les résultats à l'instant t dépendent eux mêmes des résultats à t - ∆t , on peut
établir une relation de récurrence exprimant {Y }t + n∆t en fonction de toutes les solutions
précédentes.
∆t
Plus ρ (A) est petit, plus la convergence est rapide. Le rayon spectral dépend de ξ,
T
et des paramètres d'intégration γ et β utilisés. Pour un amortissement et un incrément de temps
donné il est possible de borner les paramètres d'intégration pour vérifier le critère de stabilité.
2
1 1 1
γ ≥ et β ≥ γ + pour obtenir un algorithme inconditionnellement stable.
2 4 2
1 1
Pour toute la suite de l'exposé on prendra γ = et β = .
2 4
67
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
{ }{ }
où ∆d , ∆d , {∆d } représentent respectivement les variations d'accélérations, vitesses et
déplacements pendant l'incrément de temps ∆t.
où encore :
{ } { }
En utilisant les expressions de dt + ∆t et d t + ∆t en fonction de {d t + ∆t } (formules
[2.20] et [2.21]) on peut exprimer les accélérations et les vitesses incrémentales en fonction
des déplacements incrémentaux et des valeurs connues à l'instant t :
{∆d}= 1
{∆d }− 1 {d }− 21β {d } [2.42]
β∆t β∆t
2 t t
[K ]{∆d }= {∆F }
* *
[2.44]
68
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
avec :
1 γ
K* = K + M + C [2.45]
∆t β
2
β∆t
γ
{∆F }= {∆F }+ [M ]
* ext 1
dt + { }
1
{ } { }
γ
d t + [C ] d t + ∆t
{ }
− 1 dt [2.46]
∆tβ 2β β 2β
Les forces extérieures et les termes du second membre propres au dynamique sont
introduits à la première itération.
[K ] {δd }
*
t
(i )
t + ∆t { }
= δF *
(i )
t + ∆t [2.47]
avec :
1 γ
K* = Kt+ Mt+ C [2.48]
t ∆t β
2
β∆t t
et
{δF }
* (1)
t + ∆t {
= δF ext }(1)
t + ∆t
+ [M ]t
1
dt +
1
dt { } { } pour i=1 [2.49a]
∆tβ 2β
γ γ
+ [C ]t dt + ∆t { }
− 1 dt { }
β 2β
{δF }
* (i )
t + ∆t {
= δF plast } (i )
t + ∆t pour i>1 [2.49b]
69
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
n
{∆d } = ∑ {δd i } [2.50]
i =1
{δd } 2
≤ε
{∆d }
{F }+ [M ]{d}+ [C ]{d}− {F }
int ext
≤ε
{F } ext
III-1. Formulation
Contrairement à la résolution implicite présentée ci dessus, l'équation d'équilibre n'est
pas résolue à l'instant t+∆t mais à l'instant t :
L'algorithme explicite des différences finies centrées exprime les vitesses et les
accélérations à l'instant t en fonction des déplacements :
{d }= ∆1t
t 2
({d t + ∆t }− 2{d t }+ {d t − ∆t }) [2.53]
70
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
En remplaçant les vitesses et les accélérations par leurs expressions dans l'équation
[2.51] on peut ensuite isoler les déplacements à l'instant t+∆t :
−1
{d t + ∆t } = M + ∆t C (∆t ) − F + F
2 int
( { } { })
ext ∆t
+ 2[M ]{d t }− M − C {d t − ∆t } [2.54]
2 2
Remarques :
{ }
2- Le vecteur [K ]{d t } est remplacé par les forces internes F int calculées à partir du
tenseur des contraintes de l'incrément précédent.
III-2. Stabilité
avec :
xt =
1
(x t − ∆t − 2.x t + x t + ∆t ) [2.57]
∆t 2
x t =
1
(xt + ∆t − xt − ∆t ) [2.58]
2.∆t
71
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
En remplaçant les vitesses [2.58] et les accélérations [2.57] dans l'équation [2.56] on
obtient :
x t + ∆t xt
= [A] + Ft .{L}
ext
[2.59]
xt x t − ∆t
avec :
2 − ω 2 ∆t 2 1 − ξω∆t
−
[A] = 1 + ξω∆t
1 + ξω∆t [2.60]
1 0
∆t 2
{L} = 1 + ξω∆t [2.61]
0
λ1 =
2 − ω 2∆t 2
+
(2 − ω ∆t )
2 2 2
−1
2 4
[2.62]
λ2 =
2 − ω ∆t
2
−
2
(2 − ω ∆t )
2 2 2
−1
2 4
2π
En posant ω = , le rayon spectral de la matrice [A], ρ (A) = Max( λi ), s'exprime en
T
∆t
fonction de la variable . La condition de stabilité ρ (A) ≤ 1 impose que ∆t ≤ ∆t critique = .
T
T π
L
∆t crit = min [2.63]
E
ρ
où :
Lmin est une longueur caractéristique du plus petit élément du maillage (la hauteur pour
les éléments triangulaires)
E est le module d'Young
ρ est la masse volumique
72
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
Lmin
∆t = coef . ; 0 < coef < 1 [2.64]
E
ρ
IV- CONCLUSIONS
La parution de nombreux articles, comparant les méthodes explicites et implicites
[HAG 92], [NAG 91], [REB 92], [PON 94] et [OWE 95] pour les problèmes de mise en
forme, et la diversité des conclusions quant au choix d'une méthode plutôt que l'autre
montrent à quel point il est difficile de privilégier une méthode unique.
La méthode implicite est utilisée pour des problèmes à deux dimensions depuis
plusieurs décennies. Elle présente l'avantage d'être inconditionnellement stable et de pouvoir
traiter des problèmes statiques ou quasi statiques efficacement. Malheureusement la méthode
implicite est délicate à mettre en oeuvre pour les problèmes avec de fortes non linéarités,
telles que la gestion du contact unilatéral avec condition de frottement, et peut dans certains
cas ne pas converger. De plus quand la taille du problème augmente, la matrice K* à
assembler devient importante et son inversion de plus en plus coûteuse.
Les chercheurs s'intéressent de plus en plus aux méthodes explicites pour lesquelles le
temps CPU est directement proportionnel à la taille du maillage. Le découplage de tous les
degrés de liberté d'un système permet une parallélisation simple du calcul. La taille de
l'incrément de calcul est uniquement fonction du matériau choisi et de la taille des éléments
du maillage, et ne dépend absolument pas de la complexité du problème. Comme l'algorithme
ne doit pas satisfaire de critère de convergence pour passer à l'incrément de temps suivant, il
faut être très prudent au moment de l'exploitation des résultats. L'inconvénient majeur de la
méthode explicite vient du fait qu'elle est conditionnellement stable. Le pas de temps critique
à ne pas dépasser est vraiment très petit par rapport à la durée totale d'une simulation de mise
en forme.
73
Chapitre 2 : Intégration temporelle
___________________________________________________________________________
74