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Immuno-analyse et biologie spécialisée (2011) 26, 176—181

REVUES GÉNÉRALES ET ANALYSES PROSPECTIVES

Quel est l’intérêt de la recherche des anticorps


anti-nucléolaires dans la sclérodermie systémique ?
What is the interest of the detection of antinucleolar autoantibodies in
the systemic scleroderma ?

P. Comacle , M. Padelli , Y. Renaudineau , P. Youinou ∗

Laboratoire d’immunologie, hôpital Morvan, CHU de Brest, BP 824, 29609 Brest cedex, France

Reçu le 4 mai 2011 ; accepté le 2 juin 2011


Disponible sur Internet le 22 juillet 2011

KEYWORDS Summary Detected by indirect immunofluorescence, antinucleolar autoantibodies (ANoA)


Scleroderma; constitute a heterogeneous group of autoantibodies, found in various autoimmune diseases.
Antinucleolar To assess their importance and clinical interest, we have selected 200 patients with positive
antibodies; ANoA detected between 2007 and 2010. ANoA represent 2.1% of the antinuclear antibodies
Anti-Scl70; conducted in the laboratory. ANoA are detected, half in autoimmune diseases (systemic sclero-
Anti-PM/Scl derma [SSc], lupus, rheumatoid arthritis. . .), and half in other diseases: thrombosis, transplant,
cancer. . . ANoA are rarely indicative of SSc (8,8%) unless they fulfill the following conditions: an
elevated titer (> 1/1280), a nucleolar homogeneous staining, and an associated speckled nucleus
staining. Such criteria are indicative of anti-PM/Scl or anti-Scl70, two ScS specific autoAb.
© 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Résumé Détectés par immunofluorescence indirecte, les autoanticorps (autoAc) anti-


MOTS CLÉS nucléolaires (AANuc) forment un groupe hétérogène d’autoAc retrouvés dans différentes
Sclérodermie ; maladies auto-immunes. Afin d’en évaluer l’importance et l’intérêt clinique, nous avons repris
Auto-anticorps de façon rétrospective 200 malades chez qui des AANuc avaient été mis en évidence entre
anti-nucléolaires ; 2007 et 2010. Les AANuc représentent 2,1 % des recherches d’autoAc anti-nucléaires réalisées
Anti-Scl70 ; par le laboratoire. Les AANuc ont été retrouvés, pour moitié dans des maladies auto-immunes
Anti-PM/Scl (sclérodermie systémique [ScS], lupus, polyarthrite rhumatoïde. . .) et pour moitié dans d’autres
pathologies telles que des thromboses, des greffes, des cancers. . . Les AANuc sont rarement
révélateurs d’une ScS (8,8 %) sauf s’ils remplissent les critères suivants : un titre élevé d’AANuc
(> 1/1280e ), une fluorescence homogène du nucléole, et une fluorescence moucheté du noyau.
Ces critères sont révélateurs d’autoAc anti-PM/Scl ou d’anti-Scl70, deux marqueurs spécifiques
d’une ScS.
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : youinou@univ-brest.fr (P. Youinou).

0923-2532/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.immbio.2011.06.003
Recherche des anticorps anti-nucléolaires dans la sclérodermie systémique 177

Introduction pour s’associer avec les ARNr 5,8S et 28S et former la


grosse sous-unité ribosomale. La petite sous-unité riboso-
Entre autres maladies auto-immunes non spécifiques male ne comprend que l’ARNr 18S. Cinquièmement, enfin,
d’organe, la sclérodermie systémique (ScS) touche priori- il existe un système d’assemblage et de recyclage des ARNr
tairement les femmes âgées de 45 à 60 ans. Sa prévalence qui est assuré par le complexe PML/ScL et les protéines
oscille en fonction de la localisation géographique entre B23/nucléophosmine et C23.
trois et 24 pour 100 000 habitants [1]. Cette maladie est Chaque cellule compte dans son noyau plusieurs
caractérisée par une sclérose qui associe des anomalies nucléoles dont la taille et le nombre dépendent du degré
microcirculatoires et des phénomènes de fibroses. Classi- d’activation de la cellule et de la phase du cycle cellu-
quement, la sclérose débute aux extrémités, s’étend au laire. Les nucléoles disparaissent au cours de la mitose.
niveau de la peau avant de gagner les viscères. Ce sont les Le nucléole comporte trois zones, chacune est spécialisée
atteintes viscérales à l’origine d’une pneumopathie intersti- dans une étape de la synthèse des ribosomes. Tout d’abord
tielle, d’une insuffisance rénale, d’une atteinte cardiaque au centre on distingue une zone claire qui contient de
ou d’une atteinte gastro-intestinale qui sont responsables grandes boucles d’ADN qui renferment les gènes d’ADNr.
des formes graves de ScS. Afin de tenir compte des diffé- Cette organisation permet le regroupement des différents
rentes présentations cliniques de la ScS, on en distingue gènes d’ADNr, on en compte 150 à 200 organisés en amas et
deux formes. La première forme est cutanée, limitée, de répartis sur cinq chromosomes et chez l’homme. Ensuite,
bon pronostic, et touche 60 % des malades. Cette forme est en périphérie on retrouve une zone plus dense siège des
dominée par le syndrome de CREST (qui rend compte de la processus de transcription des ARNr. Et enfin, toujours en
présence d’une calcinose [C], d’un phénomène de Raynaud périphérie on retrouve des zones granulaires chargées de
[R], d’une atteinte œsophagienne [E], d’une sclérodactylie l’assemblage et de la maturation des pré-ribosomes. La
[S] et de télangiectasies [T]). La seconde forme est cuta- maturation finale des ribosomes s’effectue dans le cyto-
née, diffuse, de pronostic moins favorable, et touche 40 % plasme des cellules.
des malades. Une troisième forme, dite intermédiaire est
parfois reconnue [2]. Auto-anticorps anti-nucléolaires
Le diagnostic de ScS repose sur des critères cliniques,
morphologiques et biologiques. La biologie y joue un rôle Prévalence et spécificité
important puisque la présence des auto-anticorps (autoAc)
anti-centromère révèle un CREST dans 70 à 80 % des cas Des AANuc existent chez 20 à 30 % des ScS [6]. L’état
alors que les autoAc anti-topo-isomérase I, ou anti-Scl70, d’activité des patients et la réponse au traitement sont
sont retrouvés pour 30 % à des ScS cutanées diffuses [3]. sans influence sur la positivité et le titre des AANuc. Les
Enfin, pour 20 à 30 % de ces patients des autoAc dirigés AANuc apparaissent également dans d’autres pathologies
contre le nucléole des cellules sont retrouvés. Ces Ac auto-immunes telles que le lupus érythémateux disséminé
anti-nucléolaires (AANuc) ont été initialement associés aux (LED), le syndrome sec de Gougerot-Sjögren (SGS) et la poly-
ScS mais ils sont actuellement négligés au prétexte qu’ils arthrite rhumatoïde (PR), voire au décours d’un cancer ou
manquent de sensibilité [4]. Toutefois, la caractérisation lors d’une maladie du greffon contre l’hôte (GVHD) qui peut
des cibles des AANuc associée au développement d’examens apparaître lors d’une greffe de moelle osseuse.
spécifiques a conféré à ces autoAc un regain d’intérêt [5].
Nous nous proposons donc de faire le point sur la recherche
des AANuc à visée diagnostique et pronostique dans le cadre Les cibles des Ac anti-nucléolaires dans la ScS
d’une ScS.
Virtuellement tous les composants du nucléole peuvent être
la cible des AANuc. Citons les Ac anti-PM/SCL, les Ac anti-
Le nucléole U3, les Ac anti-fibrillarine, et les Ac anti-ARNP de type I à III
qui sont spécifiques de la ScS (Tableau 1). Pour les Ac anti-
La fonction principale du nucléole est d’apporter à la cellule NOR90, les Ac anti-Th/To et les Ac anti-B23, l’intérêt est
les ribosomes, un élément indispensable à la synthèse pro- plus modéré car moins spécifique. Les Ac anti-Scl70 peuvent
téique. Différentes étapes sont nécessaires pour aboutir à être rattachés au groupe des AANuc car la cible de ces
la formation des deux sous-unités catalytiques du ribosome autoAc, la topo-isomérase, est une protéine chargée de
(Fig. 1). Premièrement, la transcription d’un pré-ARN ribo- l’organisation spatiale de l’ADN qui est présente dans le
somal (r) de 45S à partir de l’ADNr. Cette étape nécessite noyau et les nucléoles des cellules. Les AANuc représentent
la coopération entre l’ARN polymérase (RNAP)-I et le fac- donc un groupe hétérogène d’autoAc qui possèdent la singu-
teur de transcription « nucleolar organising region » (NOR) larité d’être mutuellement exclusifs et non retrouvés chez
90. Deuxièmement, le pré-ARNr s’associe avec différentes les témoins normaux.
protéines pour donner des complexes de ribonucléopro- En termes de prévalence, les Ac anti-ARNP I prédominent
téines (RNP). Ainsi, le complexe U3 sno-RNP qui comporte puisqu’ils sont retrouvés chez 8—20 % des ScS. Au niveau
pas moins de six protéines, dont la fibrillarine et une fraction clinique, les Ac anti-ARNP I sont associés avec des formes dif-
U3 de 55 kd, est chargé de méthyler le pré-ARNr. Troi- fuses caractérisées par des atteintes rénales et cardiaques
sièmement, les pré-ARNr méthylés sont ensuite découpés qui peuvent être sévères voire fatales. Les Ac anti-U3 et les
en trois fragments de 5,8S, 18S et 28S par les endonu- Ac anti-fibrillarine, souvent associés, sont retrouvés pour 3 à
cléases To/Th ou Twa. Quatrièmement, l’ARNr 5S transcrit 8 % des patients dans des formes diffuses avec comme parti-
en dehors du nucléole par la RNAP-III rentre dans le nucléole cularité d’être mis en évidence chez des patients jeunes où
178 P. Comacle et al.

Figure 1 Le nucléole est l’appareil de production des ribosomes dont la synthèse est très organisée et hiérarchisée. Virtuellement,
tous les composants du nucléole peuvent être la cible des autoanticorps anti-nucléolaires (AANuc).

prédomine une hypertension pulmonaire. Moins spécifiques ScS et la polymyosite. Ce syndrome de chevauchement est
et moins fréquents car retrouvés chez 2 et 5 % des cas de très sensible aux corticoïdes.
ScS, les Ac Th/To révèlent une forme intermédiaire qui va À côté des AANuc purs, certains AANuc peuvent être
associer un CREST avec une fibrose pulmonaire et/ou une associés à une fluorescence du noyau ou du cytoplasme du
atteinte rénale. Enfin retrouvés chez seulement 2 % des ScS fait de la reconnaissance d’une cible commune. Citons trois
et 8 % des polymyosites, les Ac anti-PM/Scl révèlent pour exemples : les Ac anti-ADN, les Ac anti-Ro/SSa et Ac anti-
80 % des patients une forme bénigne à la frontière entre la La/SSB, et les Ac anti-ribosomes. L’ADN du nucléole peut

Tableau 1 Autoanticorps anti-nucléolaires et associations cliniques.

Cible Sclérodermie Autres pathologies

Anti-ARN polymérase I Forme diffuse, rein et cœur Rare


Anti-fibrillarine/anti-U3 Forme diffuse, poumon Rare
Anti-TH/TO Forme intermédiaire, poumon et rein Syndrome de Raynaud, LES, PR. . .
Anti-PM/Scl Syndrome de chevauchement Rare
Anti-Nor 90 Forme limitée, syndrome de Raynaud LES, PR, cancers. . .
Anti-Scl 70 Forme diffuse, poumon et cœur Rare (LES)
Anti-B23/nucléophosmine Forme diffuse, poumon LES, PR, cancers, médicaments
LES : lupus érythémateux systémique ; PR : polyarthrite rhumatoïde.
Recherche des anticorps anti-nucléolaires dans la sclérodermie systémique 179

Figure 2 Immunofluorescence indirecte sur cellules HEp-2 révélant différents aspects des autoanticorps anti-nucléolaires (AANuc)
selon la spécificité des sérums.

être la cible des Ac anti-ADN et, dans ce cas, la fluorescence patient est délicatement déposé sur des cellules HEp-2 qui
du noyau sera associée avec un marquage à renforcement ont été préalablement fixées et perméabilisées. La présence
périphérique du nucléole. En présence d’Ac anti-Ro/SSA des AANuc est ensuite révélée par l’ajout d’une anti-
et d’Ac anti-La/SSB, le noyau est moucheté tandis que la globuline couplée avec une molécule fluorescente telle que
fluorescence du nucléole est faible et homogène. Enfin, en l’isothiocyanate de fluorescéine (FITC). Enfin, l’appréciation
présence d’Ac anti-ribosomes, la fluorescence sera cytoplas- de l’aspect de la fluorescence ainsi que le titrage du sérum
mique et nucléolaire. s’effectuent au moyen d’un microscope à fluorescence.
Le titre des AANuc est exprimé en inverse de dilution
avec un seuil de positivité fixé au 1/160e comme pour
Recherche des Ac anti-nucléolaires sur cellules les AAN.
HEp-2 Un œil averti est capable de distinguer trois types de
fluorescences nucléolaires (Fig. 2, Tableau 2). Tout d’abord,
Le dépistage des AANuc est réalisé au moment de la le nucléole peut apparaître homogène de façon isolée (Ac
recherche des Ac anti-nucléaires (AAN) et concerne 2 à 5 % anti-Th/To et anti-B23/nucléophosmine), ou couplé avec
des sérums testés en routine sur cellules HEp-2 [7]. La lignée une fluorescence mouchetée du noyau (anti-PM/Scl, anti-
cellulaire humaine HEp-2, obtenue à partir d’un carcinome Scl70). Ensuite, l’aspect du nucléole peut être moucheté
de larynx, présente l’avantage de disposer d’un noyau de et formé soit de grains fins et centrés s’il s’agit d’Ac anti-
grande taille qui peut contenir jusqu’à cinq nucléoles faci- ARNP-I, soit de gros grains regroupés au centre s’il s’agit
lement identifiables. d’Ac anti-fibrillarine et/ou d’Ac anti-U3. Enfin, la mise en
En pratique, la recherche des AAN et des AANuc se évidence de deux à cinq gros spots ou « dots » dans la zone
décompose en plusieurs étapes. Tout d’abord, le sérum du claire du nucléole est caractéristique des Ac anti-NOR90.
180 P. Comacle et al.

Tableau 2 Principaux autoanticorps anti-nucléolaires (AANuc) [8].

Cible Sclérodermie Aspect des AANuc

Prévalence (%) Spécificité

Anti-TH/TO 4—10 Moyenne Homogène


Anti-B23/nucléophosmine 10 Moyenne Homogène
Anti-PM/Scl 5 Forte Homogène
Anti-Scl 70 4—30 Forte Homogène
Anti-ARN polymérase 8—20 Forte Moucheté
Anti-fibrillarine 3—83—8 Forte Moucheté
Anti-U3 3—8 Forte Moucheté
Anti-Nor 90 2 Faible 2—5 spots

Tableau 3 Anticorps anti-nucléolaires (AANuc) et pathologies associées retrouvés au CHU de Brest entre 2007 et 2010.

Pathologies n = 113 AANuc ≥ 1/1280e AAN moucheté

Sclérodermie 10 6 (60 %) 9 (90 %)


Autres maladies auto-immunes 38 8 (21 %) 9 (23,7 %)
Thromboses et AVC 13 2 (15,4 %) 4 (30,8 %)
Greffe et GVHD 7 0 2 (28,6 %)
Maladies inflammatoires 9 2 (22,2 %) 3 (33,3 %)
Divers 36 6 (16,7 %) 7 (19,4 %)
AVC : accident vasculaire cérébral ; GVHD ; graft versus host disease.

Notons que lorsque la cellule est en mitose, le nucléole dis- clinique initial, nous disposions également des résultats
paraît et la fixation des AANuc peut s’observer au niveau de sérologiques réalisés dans le cadre d’un bilan d’AAN posi-
la plaque équatoriale de la chromatine en division. tif à savoir des Ac anti ADN natifs, des Ac anti-histones,
des Ac anti-centromères et des Ac anti-antigènes solubles
(Ro/SSA, La/SSB, Sm, Sm-U1RNP, Scl70 et Jo-1). De plus,
En pratique pour ces patients une recherche d’Ac anti-PM/Scl et d’Ac
anti-Scl70 a également été réalisée par immunodot (Sclero-
Pour vérifier le bien-fondé pratique de ces notions théo- polysynthetase kit, Ingen).
riques, nous avons repris de façon rétrospective tous les Qu’observe-t-on ? Les ScS ne représentent que 10 sur 113
AANuc mis en évidence dans le laboratoire du CHU de (8,8 %) des AANuc mis en évidence (Tableau 3). Cepen-
Brest pour les années 2007 à 2010. Ainsi avons-nous iden- dant, il est intéressant de noter que les ScS qui possèdent
tifié 200 malades qui présentaient des AANuc, soit 2,1 % des des AANuc présentent trois caractéristiques (Tableau 4).
sérums adressés au laboratoire en quête d’AAN. Pour 132 sur Premièrement, pour ces patients le titre des AANuc est
200 (66,0 %) d’entre eux, les AANuc étaient isolés, alors que élevé. En effet, un titre supérieur à 1/1280e est observé
pour 68 sur 200 (34,0 %) des patients, une association avec pour six sur dix (60 %) ScS contre 19 sur 103 (18,4 %) pour
un AAN était rapportée. Pour 113 malades, outre l’examen les autres patients (p < 0,01 avec un test exact de Fisher).

Tableau 4 Anticorps anti-nucléolaires (AANuc) et sclérodermie.

Patient Âge Sexe AANuc aspect AANuc titre AAN AutoAc spécifique Clinique

1 47a F Homogène 1/1280 Moucheté PM/Scl Articulaire et pulmonaire


2 60a F Homogène 1/1280 Moucheté PM/Scl Syndrome de chevauchement
3 38a M Moucheté 1/320 Non — Syndrome de CREST
4 57a F Homogène 1/160 Moucheté Scl70 Syndrome sec et Raynaud
5 68a F Homogène 1/1280 Moucheté Scl70 Syndrome de CREST
6 47a F Homogène 1/1280 Moucheté Scl70 Fibrose pulmonaire
7 53a F Homogène 1/1280 Moucheté Scl70 Atteinte viscérale multiple
8 55a M Homogène 1/1280 Moucheté Scl70 Fibrose pulmonaire
9 62a M Homogène 1/320 Moucheté Scl70 Fibrose pulmonaire
10 49a F Homogène 1/640 Moucheté Scl70 Cutané et pulmonaire
Recherche des anticorps anti-nucléolaires dans la sclérodermie systémique 181

Deuxièmement, un aspect homogène des AANuc. Troisiè- Déclaration d’intérêts


mement, une association avec un aspect moucheté des
AAN (9/10 versus 25/103, p < 0,01). Ces caractéristiques Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
s’expliquent par la mise en évidence d’Ac anti-PM/Scl ou relation avec cet article.
d’Ac anti-Scl70 pour neuf sur dix de ces patients. En d’autre
terme, l’association AAN—AANuc homogène dont le titre est Remerciements
élevé doit faire évoquer des Ac anti-PM/Scl et des Ac anti-
Scl70 ce qui présente un intérêt pronostique majeur pour le Les auteurs remercient vivement Nelly Fromont pour la par-
patient. Aucun autre autoAc recherché dans le cadre d’un tie technique, ainsi que Simone Forest et Geneviève Michel
AAN positif n’a été mis en évidence dans le groupe des pour la dactylographie de cet article.
patients ScS.
Pour d’autres patients, les AANuc sont retrouvés dans Références
différentes pathologies qu’elles soient auto-immunes (LED,
PR, syndrome de Gougerot-Sjögren. . .), associés avec des [1] Ranque B, Mouthon L. Geoepidemiology of systemic sclerosis.
Autoimmun Rev 2010;9:A311—8.
thromboses ou des accidents vasculaires cérébraux, dans le
[2] Scussel-Lonzetti L, Joyal F, Raynauld JP, Roussin A, Rich E, Gou-
cadre d’une GVHD associée à une greffe ou dans diverses let JR, et al. Predicting mortality in systemic sclerosis: analysis
pathologies. Notons que les AANuc, retrouvés dans un of a cohort of 309 French Canadian patients with emphasis on
contexte non auto-immun, présentent un aspect moucheté, features at diagnosis as predictive factors for survival. Medicine
un titre faible (AAN ≤ 1/320e pour 39 sur 65) et qu’ils (Baltimore) 2002;81:154—67.
ne sont pas associés avec un AAN (54 sur 65). Aucune [3] Basu D, Reveille JD. Anti-scl-70. Autoimmunity 2005;38:65—72.
prédominance saisonnière n’a été retrouvée dans notre [4] Khan S, Alvi A, Holding S, Kemp ML, Raine D, Doré PC, et al. The
étude. clinical significance of antinucleolar antibodies. J Clin Pathol
En conclusion, l’identification des AANuc sur cel- 2008;61:283—6.
lules HEp-2 présente peu d’intérêt en première inten- [5] Welting TJ, Raijmakers R, Pruijn GJ. Autoantigenicity of nucleo-
lar complexes. Autoimmun Rev 2003;2:313—21.
tion. Toutefois, devant une ScS cette identification
[6] Hachulla E, Launay D. Slcérodermie systémique. EMC Rhumato-
devient justifiée puisqu’elle va permettre de prédire logie Orthopédie 2005;2:479—500.
l’évolution de la ScS. Enfin, notons qu’une seule déter- [7] Emile C. Conduite à tenir devant une fluorescence nucléolaire.
mination est suffisante puisque les taux demeurent Option Bio 2008;19:23.
constants et que les différents AANuc sont mutuellement [8] Ho KT, Reveille JD. The clinical relevance of autoantibodies in
exclusifs. scleroderma. Arthritis Res Ther 2003;5:80—93.

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