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GUIVARC'H : « J'ESPÈRE MARQUER CE SOIR »

Toujours muet depuis le début de la compétition, l'attaquant des Bleus a accepté de se


confier à quelques heures de la finale de la Coupe du monde face au Brésil. Le malaise de
Ronaldo, son état de fatigue, ses adversaires directs... L'attaquant d'Auxerre n'élude rien.
PROPOS RECUEILLIS PAR THÉO DENMAT JEUDI 12 JUILLET 2018
FRANCEBRÉSIL
12/07/1998COUPE DU MONDE - FINALE

Tout d’abord, merci d’accepter de répondre à quelques questions au matin du match le plus
important de l’histoire de l’équipe de France de football. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Vous avez bien dormi cette nuit ?
Le sommeil a forcément été un peu plus difficile à trouver. Quand on a la possibilité de jouer
une finale de Coupe du monde, d’arriver quasiment au bout, forcément on est un peu plus
tendu... Après, il ne faut pas non plus disputer le match avant de l’avoir joué. Le réveil, le
réveil... il était comme les autres. On a pris le petit-déjeuner collectivement, et là on va partir
en balade sur Clairefontaine. Après, on aura certainement la séance vidéo préparée par
Aimé Jacquet, pour peaufiner l’aspect tactique et surtout voir les défenseurs. Comment ils
agissent, leur placement sur les coups de pied arrêtés... Il y a une bonne mise en place qui va
être faite, puis on prendra le repas en commun ici, qui dure trois quarts d’heure en général.
Après chacun fait ce qu’il veut, hein. Chacun dans sa chambre, il y en a qui dorment, d’autres
qui regardent la télé, d’autres qui lisent... Non, je pense que l'on va vraiment entrer dans le
vif du sujet sur les coups de 16h-17h quand le bus va venir nous chercher pour le Stade de
France.

Vous serez normalement titulaire ce soir, comme en demies face à la Croatie. Aimé Jacquet
vous a-t-il déjà fait part d’éventuelles faiblesses brésiliennes sur lesquelles vous appuyer ?
On a un petit peu suivi la défense du Brésil, forcément. Via la télévision, on s’informe. Moi,
celui qui va me prendre au marquage, ce sera sûrement Júnior Baiano, c’est quand même un
grand gabarit. Physiquement, il est robuste, costaud, dans les airs c’est très bon. Il va falloir
que je me déplace sur le front de l’attaque comme je l’ai fait jusqu’ici et que j’essaye de
trouver la brèche pour leur faire mal. Ou tout simplement pour permettre aux autres joueurs
d’en profiter aussi.

« Sur les coups de pied arrêtés, je pense qu’on peut rivaliser aussi, avec des joueurs comme
Laurent Blanc, Marcel Desailly, Zizou... » On a pu remarquer qu’ils n’étaient pas très à l’aise
sur les coups de pied arrêtés, notamment lors de la demi-finale contre les Pays-Bas où
Kluivert s’est créé pas mal d’occasions.
Oui... Ça va être vu tout à l’heure. Sur les coups de onze heures, avant le repas. On va
justement regarder tous ces aspects-là. Mais sur les coups de pied arrêtés, je pense qu’on
peut rivaliser aussi, avec des joueurs comme Laurent Blanc (suspendu ce soir, il semble
l'avoir oublié, N.D.L.R), Marcel Desailly, Zizou... On a de la taille, mais il faudra surtout mettre
de l’envie et de la volonté sur nos courses pour essayer de leur faire mal sur ce point-là.

Zidane, l'heure d'être à la hauteur


Ronaldo a été victime d’un malaise hier après-midi, ça sent l’intox, non ?
Oh, intox ou pas intox, nous on a notre match à jouer. Vous savez, on est partis de rien, donc
maintenant que l’on est le jour de la finale, c’est à nous de nous concentrer sur notre
équipe.

Vous ne voyez pas ça comme une entreprise de déstabilisation ?


Entre ce qu’il dit, ce qu’il ne dit pas, ce qu’il fait, ce qu’il ne fait pas... Il n’y a que les
Brésiliens qui connaissent la vérité. Nous, c’est pas notre souci. Qu’il soit là ou qu’il ne le soit
pas, on va se préparer de la même façon.

Vous sortez d’une saison à 47 buts TTC avec Auxerre, et pourtant vous n’avez inscrit qu’un
seul but pour les Bleus, c’était lors de votre première sélection contre l’Afrique du Sud.
Aucun pour ce Mondial. Vous n’allez quand même pas finir champion du monde sans avoir
marqué ! (Rires.)
Si vous regardez bien ma saison, c’est vrai que j’ai marqué quarante-sept fois, mais j’ai aussi
joué soixante-douze matchs. C’est compliqué à gérer. Je me souviens du stage de Tignes
avant le Mondial, il y a un mois et demi, on était simplement sortis faire une randonnée en
raquettes et je me suis fait une contracture au mollet... Donc ça veut dire que l’organisme
est déjà bien cramé. Puis, je me blesse lors du premier match contre l’Afrique du Sud.
Derrière, il faut se re-préparer physiquement, moralement, mentalement. J’ai souffert toute
la compétition et j’aurai forcément mal tout à l’heure, mais bon... On est en France, j’ai envie
de la jouer. Je vais faire les efforts et puis j’espère marquer ce soir.

Vous pensez pouvoir tenir toute la finale ?


Je ne sais pas. De toute façon, mon rôle est défini : je joue une heure en moyenne depuis le
début de la compétition, a priori ce sera la même chose contre le Brésil.

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« Il y a des choix qui se font sur l’instant. Après soit on fait les bons, soit on fait les mauvais. »
Imaginons que vous avez un face-à-face avec Taffarel, disons sur une passe en profondeur de
Lilian Thuram, par exemple. Vous avez pensé à ce que vous allez faire ?
Il y a des choix qui se font sur l’instant. Après soit on fait les bons, soit on fait les mauvais.
Par exemple, si je suis sur mon pied gauche, j’aurai moins de puissance sur la frappe, c'est
évident. C’est toujours compliqué parce que ça va très vite. En plus, avec le schéma dans
lequel on évolue aujourd’hui en équipe de France, c’est surtout une grosse solidité défensive
à la base. Étant à la pointe du combat, je n’ai pas d’hommes de couloir ou quelqu’un sur qui
m’appuyer juste derrière moi. Donc il faut enchaîner vite.

En direct : un jour de finale en France


L’important c’est de ne pas paniquer, prendre le temps de se décaler sur le pied droit,
finalement.
Ouais. Idéalement, il faut avoir les infos le plus rapidement possible. Et puis me mettre le
ballon sur le pied droit, c’est la base. C'est quand même mon pied fort. Ce serait plus facile
et ça partirait beaucoup plus vite.

L’important sera aussi de garder ses nerfs, on le sait. Pas le moment de prendre un carton
rouge.
Bien sûr. Mais je ne pense pas que les joueurs vont péter les plombs sur une finale comme
ça. C’est aussi une question de respect du collectif, de ne pas se mettre en difficulté. Il faut
être agressif, mais dans le bon sens du terme : être là au duel, être présent. Mais surtout ne
pas prendre de carton inutile ou pire, de rouge qui pourrait pénaliser l’équipe, d’autant plus
pour la charnière.

« Un pronostic ? Vu l’état de forme actuel, je dirais un 3-0. » Ça porte malheur... mais si je
devais vous demander un pronostic ?
Vu l’état de forme actuel, je dirais un 3-0.

3-0 ? C’est pas un peu optimiste ?


Non, je pense que ça reflèterait bien la compétition. En plus, on est chez nous, on sera
portés par notre douzième homme. Ça a encore plus d’impact que si l’on était à l’étranger.
Tout le monde a envie d’être à 100%, je pense qu’on va faire une belle finale.

Qui vous voyez marquer ?


Oh... je vois deux buts de Zizou et un but de Manu Petit.

Guivarc'h oublié du match de gala France 98


Vous ne vous mettez pas dedans ?
(Rires.) Non je me mets pas dedans.

Vous êtes encore jeune, mais est-ce que vous avez déjà pensé à votre après-carrière ?
Je n’ai pas encore d’idée précise, mais j’ai envie de passer mes diplômes d’entraîneur. J’ai
envie de rester dans le milieu et de vivre ma passion à fond.

Et puis faites attention à vos affaires, ça serait bête qu’on vous vole votre sac avec votre
maillot dedans si jamais vous gagnez.
Ce serait dommage, ouais. (Rires.) Mais c’est peut-être pas ma journée non plus.

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