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UNIVERSITE MOHAMMED V

RABAT

LES SOCIÉTÉS
COMMERCIALES
PROFESSEUR Chakib EL OUFIR

SEMESTRE 4 DROIT
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016 - 2017

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

P L A N D U COURS
Chapitre 1 – Le contrat de société.
Chapitre 2 – Les sociétés de personnes.
Chapitre 3 – La SARL.
Chapitre 4 – La SA.
Chapitre 5 – La société en commandite par actions

INTODUCTION

I - IMPORTANCE DU DROIT DES SOCIÉTÉS


Il n'est pas de doute que les commerçants, personnes physiques,
jouent un rôle considérable dans notre vie économique, mais le pouvoir
économique des entreprises individuelles reste très limité en
comparaison avec celui des sociétés qui puisent leur force de la réunion
des associés et de leurs capitaux, avec des projets économiques plus
ambitieux et des bénéfices souvent plus avantageux.
Les sociétés commerciales sont non seulement plus puissantes
dans le commerce et l'industrie, mais des secteurs d'activités des plus
importants ne peuvent être exploités que par des sociétés anonymes,
tels que la banque et les assurances du secteur commercial.
De plus, les sociétés, et surtout les SA, peuvent réunir d'énormes
capitaux, notamment, en attirant l'épargne des ménages par l'émission
des valeurs mobilières sous forme d'actions et d'obligations.
II – LÉGISLATION
A l’instar du code de commerce 1, notre législation des sociétés a
connu une importante refonte afin d’adapter nos textes aux exigences

1
- Dahir n° 1-96-83 du 1er août 1996 portant promulgation de la loi n° 15/95 formant code de
commerce, B.O. n° 4418, 3/10/1996, p. 568. Les bulletins officiels peuvent être consultés sur
le site du Secrétariat Général du Gouvernement : www.ssg.gov.ma

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conjoncturelles que connaît le monde du commerce que ce soit au


niveau national ou international.
A - LA LÉGISLATION DU PROTECTORAT :
En effet, nos textes qui réglementaient les sociétés dataient tous
du protectorat, à savoir :
- Le D.O.C.2 : articles 982 à 1063 prévoient des dispositions
générales applicables aux sociétés civiles et commerciales.
- Le code de commerce de 1913 3, dans ses articles 29 à 54,
réglementait particulièrement les sociétés commerciales de personnes
(les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite simples) et
les sociétés en participation. Il n’avait accordé à la société anonyme, qui
est une société de capitaux, que deux articles (50 et 51) et n’avait jamais
traité de la société à responsabilité limitée (SARL).
- C’est le dahir du 11 août 1922 4 qui, en abrogeant l’article 51 du
code de commerce, avait rendu applicable au Maroc les dispositions de
la loi française du 24 juillet 1867 relative à la SA et à la société en
commandite par actions.
- Enfin, c’est le dahir du 1 er septembre 19265 qui avait rendu
applicable au Maroc la loi française du 7 mars 1925 relative à la SARL.
Il convient de signaler que les dispositions du D.O.C. sont toujours
applicables. Ses articles 982 à 1063 prévoient des dispositions
générales communes aux sociétés civiles et commerciales.
B - LE PROJET DE CODE DES SOCIÉTÉS :
Avec toute cette législation archaïque du protectorat, on ne pouvait
pas dire que nous disposions d’un code des sociétés. C’est pourquoi une
tentative de modernisation et de codification avait été entreprise par une
2
- Dahir formant code des obligations et contrats du 12 août 1913, B.O. n° 46, 12/9/1913, p.
78.
3
- Dahir formant code de commerce du 12 août 1913, B.O. 12/9/1913, p. 172.
4
- B.O. 29/8/1919, p. 1325.
5
- B.O. 5/10/1926, p. 1898.

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commission nationale instituée en 1979 qui, après dix années de travail


laborieux, avait préparé un avant-projet de code des sociétés daté du
mois d’août 1989.
Ce projet avait l'avantage de rassembler sous forme d'un code, et
de manière harmonieuse, toute la législation relative aux sociétés.
Subdivisé en cinq livres, ce projet réunissait dans le premier livre les
règles communes à toutes les sociétés, qu'elles soient civiles ou
commerciales (art. 7 à 121) ; le second devait traiter des règles
particulières aux différentes formes de sociétés, y compris la société
civile ; les autres livres allaient réglementer la publication des actes de
sociétés, la matière pénale et des dispositions diverses.
Bien que ce projet s'inspirait du droit français et des directives
européennes, il n'avait pas négligé de prendre en considération les
législations des pays arabes et surtout maghrébins afin de mettre en
place un arsenal juridique adapté à notre pays et à son degré de
développement et particulièrement à nos spécificités.
C - LA NOUVELLE LÉGISLATION
À la surprise générale, au moment où l'on s’attendait à la
présentation au parlement de ce laborieux travail local, un projet de loi
sur les seules SA a atterri dans nos enceintes législatives pour être voté
séparément6 et devenir la loi n° 17-95 relatives aux SA promulguée par
dahir n° 1-96-124 du 30 août 19967.
Il s'agit en fait d'un projet préparé par deux professeurs français :
J.L. RIVES LANGE (spécialiste en droit bancaire) et A. DECOCQ
6
- Il était question à un certain moment d'extraire de l'avant projet de 1989 la partie relative à
la SA pour être présentée isolément au parlement, mais devant le risque de dénaturer
l'économie du texte par rapport à son contexte, on préféra y renoncer !
7
- BO n° 4422 du 17/10/1996, p.661. Cette loi a été modifiée par la loi 20-05 promulguée par
dahir n° 1-08-18 du 23 mai 2008, B.O. n°5640 du19/06/2008 ; la loi 21/05 promulguée par
dahir du 14 février 2006 modifiant la loi 5/96, B.O. n° 5400, du 2 mars 2006 et son article 19
a été modifié par la loi 23-01 promulguée par dahir n°1-04-17 du 21/4/2004 modifiant la loi
relative au CDVM du 21/9/1993, B.O. du 6/5/2004.La loi 17/95 a été encore une fois modifiée
par une loi n°78/12 promulguée par dahir du 29 juillet 2015, B.O. n°6432 du 21/1/2016.

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(pénaliste) auxquels ont été associés quelques magistrats marocains.


Ce qui a fait dire à d'éminents commercialistes marocains que ce projet
constitue "une copie fidèle du droit français de la société anonyme" 8 et
que, "reproduire presque à la lettre la loi française, c'est tout le moins
faire preuve d'un manque d'imagination et d'une paresse intellectuelle
qui conduit au mimétisme sans discernement"9.
Après le tollé soulevé par la publication de la loi sur les SA, et
principalement sur son volet répressif, dans les milieux des
professionnels, on constata, six mois plus tard, que 5 500 certificats sont
déposés au registre de commerce pour transformation de sociétés
anonymes en SARL10, à la fin de l'année ce chiffre atteint 7000 11. On
souligna alors que la SA, qui est considérée depuis le 19 ème siècle
comme l'une des assises fondamentales du développement, est jugée
désormais comme une source de risque 12. Un responsable du ministère
du commerce, de l'industrie et de l'artisanat d'expliquer, en conséquent,
la nécessité de soumettre le plus rapidement possible le projet relatif aux
autres sociétés au parlement parce qu'"il faut éviter que la course pour la
transformation de SA en SARL ne débute inutilement" 13
C'est alors qu'un autre projet de loi sur les types restant des
sociétés commerciales fut présenté dans un temps record et voté par le
parlement. Il s’agit de la loi n° 5/96 relative à la société en nom collectif,
à la société en commandite simple, à la société en commandite par

8
- ALAMI MACHICHI M., "Précarité de la réforme de la SA", colloque sur "la nouvelle
réforme des SA : implications et enjeux", Casablanca, 15-16/12/1995, Revue Marocaine de
Droit et d'Économie du Développement, n° 37, 1996, p. 42.
9
- Id. EL MERNISSI M., rapport introductif, p.39.
10
- La vie économique, 5/12/96.
11
- Maroc Hebdo International n° 255 du 4 au 10/1/97, p. 13.
12
- Idem.
13
- L'économiste, 26/12/96, p.32

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actions, à la SARL et à la société en participation, promulguée par dahir


du 13 février 199714.
Il est important de signaler enfin que les dispositions du D.O.C.
sont toujours applicables15.
De la sorte, nous nous retrouvons encore une fois avec des textes
disparates dont le maniement nécessite une "gymnastique mentale" pour
les chercheurs et les praticiens. Tantôt il faut recourir aux dispositions du
D.O.C. dans la mesure où elles ne sont pas contraires aux dispositions
des lois nouvelles, tantôt il faut recourir à l'application d'un grand nombre
d'articles de la loi 17/95 relative à la SA "dans la mesure où elles sont
compatibles avec les dispositions…" qui sont propres à chaque société
(art. 1 loi 5/96).
Alors qu'en France, la loi du 24 juillet 1966 régit toutes les formes
de sociétés commerciales, y compris la SA, et constitue un véritable
code des sociétés, avec une harmonie globale de ses dispositions ; au
Maroc on assiste à une étrange méthode d'élaboration des textes
suivant laquelle, des règles qui sont propres à une société, en
l'occurrence la SA, constituent des dispositions générales communes à
toutes les sociétés au point qu'un spécialiste ait qualifié ironiquement la
loi sur les SA de " droit commun des sociétés" 16.
Il est toutefois étonnant que nos décideurs qui déclaraient que "la
disparité est source de complexité"17, en se plaignant de nos anciens
textes relatifs aux sociétés, et sous prétexte d'une certaine "urgence",
nous présentent séparément un texte spécial sur les SA, laissant pour

14
- BO n° 4478 du 1/5/1997, p. 482.Cette loi a été modifiée par la loi 21-05 du 14/2/2006
BO n° 5400 du 2/3/2006 et par la loi 24-10 du 2 juin 2011 BO n° 5956 bis du 30/6/2011.
15
- Rappelons que l’avant-projet de code des sociétés proposait de reprendre, avec des
modifications importantes, toutes ces dispositions de droit commun relatives aux sociétés
dans ses articles 7 à 121.
16
- ALAMI MACHICHI M., op. cit. (8), p. 43.
17
- V. discours d'ouverture du ministre du commerce, de l'industrie et l'artisanat au colloque
sur "la nouvelle réforme des SA : implications et enjeux", op. cit. (8), p. 20.

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plus tard l'élaboration d'un autre texte relatif aux autres sociétés, avec
tous les inconvénients que cela engendre, sans oublier les dispositions
du D.O.C. qui, tout en restant en vigueur, gardent toujours les traces du
droit du début du siècle dernier.
D – ENTREE EN VIGUEUR DES LOIS NOUVELLES
Ces lois sont, en principe, applicables aux sociétés constituées à
compter de la date de la mise en vigueur des dispositions relatives au
registre du commerce figurant au livre I du code de commerce de 1996
(art. 443 loi 17/95 et art. 120 loi 5/96).
Or, l’application de ces dispositions était en pratique
« conditionnée » par les textes réglementaires de leur mise en
application. Il s’agit en l'occurrence du décret n° 2/96/906 du 18 janvier
1997 portant application du chapitre II, relatif au registre du commerce,
du titre IV du livre I du code de commerce 18 et de l'arrêté du ministre de
la justice du 18 janvier 199719.

Nous traiterons donc le droit des sociétés commerciales en quatre


chapitres : les règles communes aux sociétés commerciales, les
sociétés de personnes, la SARL la SA et la société en commandite par
actions.

CHAPITRE 1 – LES RÈGLES COMMUNES AUX


SOCIÉTÉS COMMERCIALES
Définition légale : La société est définie par l’article 982 du D.O.C.
comme étant «un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
mettent en commun leurs biens ou leur travail, ou tous les deux à la fois,
en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».

18
-B.O. n° 4449 du 20 janvier 1997, p. 135.
19
- Idem, p. 139.

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Selon cette définition la société est un contrat. Une société peut


être créée par contrat entre plusieurs personnes. Cependant, la loi 5/96
qui a permis la création de la SARL à « associé unique » (c'est-à-dire par
une seule personne et par un acte unilatéral de volonté) a relancé le
débat sur la nature juridique de la société. Doit-on continuer à analyser
la société comme un contrat ou doit-on la considérer comme une
institution ?
La société est un contrat : En tant que contrat, la société obéit
nécessairement au principe de l'autonomie de la volonté et aux
techniques contractuelles telles qu'aux conditions de validité des contrats
(capacité, consentement, cause, objet, etc.) et son fonctionnement ne
peut trouver son explication que dans le droit des contrats tel que le
mandat en vertu duquel les dirigeants administrent la société.
La société est une institution : En même temps, la société est
régie par des règles qui trouvent leur justification dans la théorie
institutionnelle de la société. Il en est ainsi des règles de la constitution
de la société qui sont fixées de manière impérative par le législateur.
Il en est de même pour les dirigeants sociaux dont les conditions
de désignation sont imposées par la loi et leurs pouvoirs sont fixés par
des règles impératives.
En outre, si la modification des clauses d'un contrat nécessite
l'accord de toutes les parties au contrat, la modification des statuts a lieu
seulement à la majorité.
De plus, la seule volonté des associés ne suffit plus pour doter la
société de la personnalité morale qui reste subordonnée à
l'immatriculation au registre du commerce. D'ailleurs, la personne morale
se distingue foncièrement de la personne des associés. Et le contrat ne
donne pas toujours naissance à une personne morale, puisque celle-ci
est même refusée à la société en participation par le législateur.

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Il faut ajouter que la théorie contractuelle est complètement


inadaptée au concept de la société à associé unique.
Mais la théorie de l'institution ne peut quant à elle justifier la nature
contractuelle de l'acte constitutif de la société.
Le caractère bicéphale de la société : C'est pourquoi une partie
de la doctrine admet le caractère bicéphale de la société puisque, au
sein de la société, cohabitent et les règles du contrat et celles de
l'institution, avec une prédominance des premières dans les sociétés de
personnes que dans les sociétés par actions20.
On a pu même avancer qu'il y a lieu de distinguer deux moments
dans la société : la période de fondation ou de constitution, qui est
dominée par la conception contractuelle tant que la société n'a pas
encore la personnalité morale ; et la période de fonctionnement, celle à
partir de laquelle la société va apparaître comme un groupement
organisé, dotée d'une personnalité morale, et dont la situation juridique
peut s'apprécier différemment par la théorie de l'institution. Et qu'il
existerait une conception dualiste de la société selon laquelle la société
peut être instituée par un contrat, mais elle peut aussi être instituée,
dans les cas prévus par la loi, par l'acte de volonté d'une seule
personne21.
La société est une technique juridique de l'organisation de
l'entreprise : Considérant que ce débat, contrat / institution, est plus
théorique que pratique, certains auteurs ce sont intéressés plus
particulièrement aux finalités de la technique sociétaire. Ils ont alors
développé l'idée suivant laquelle la technique sociétaire n'est qu'un
20
- V. sur la question, MERLE (Ph.), Droit commercial - sociétés commerciales, Paris, Précis
Dalloz, 3ème éd., 1992, n° 21 et sv. et la bibliographie citée ; HAMEL (J), LAGARDE (G) et
JAUFFRET (A), Droit commercial – Sociétés, GIE, entreprises publiques, Paris Dalloz, 1980,
n° 383 et sv. ; PORTEMER "Du contrat à l'institution", J.C.P., 1947, I, 586 ; BERR, "La place
de la notion de contrat en droit des sociétés", Rev. Soc., 1974, 31.
21
- de JUGLART (M) et IPPOLITO (B), Cours de doit commercial, les sociétés
commerciales, 2ème volume, 8ème éd. Paris, Montchrestien, 1988, n° 419-2.

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instrument juridique du capitalisme moderne mis à son service afin de


contribuer à son développement. La SA étant prise pour exemple de son
essor. C'est ce qui les a poussés à considérer que la SA n'est autre
qu'une technique juridique de l'organisation de l'entreprise 22, la société
ne serait alors qu'un instrument juridique au service de l'entreprise qui lui
permet de réunir les capitaux nécessaires.

Dans ce chapitre, on traitera dans une première section des


conditions de formation du contrat de société et, dans une seconde
section, des attributs, de la dissolution et du classement des sociétés.

SECTION 1 – LES CONDITIONS DE FORMATION DES


SOCIÉTÉS
Si la société obéit dans certains de ses aspects à la conception
institutionnelle, la conception contractuelle n'en est pas moins présente.
La société est d'abord un contrat et, en tant que tel, il est soumis à des
conditions de fond et de forme dont le respect est assuré par des
sanctions.

§ 1 – LES CONDITIONS DE FOND

En vertu de l’article 982  «la société est un contrat par lequel deux
ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail,
ou tous les deux à la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en
résulter».
Il se dégage de cet article que le contrat de société est soumis à
trois conditions de fond qui concernent les associés, les apports, le
22
- V. CHAMPAUD (Cl.), Le pouvoir de concentration de la société par actions, Paris, Sirey,
1962 PAILLUSSEAU (J.), La société anonyme : technique d'organisation de l'entreprise,
Paris, Sirey, 1967 ; du même auteur, "Le contrat de société existe-t-il encore ?" Le droit
contemporain des contrats, Travaux de la Faculté des Sciences Juridiques, Rennes.
Economica, 1987, p. 125 ; "Les fondements du droit moderne des sociétés", J.C.P., 1984, I,
3148 ; "L'EURL ou des intérêts pratiques et des conséquences théoriques de la société
unipersonnelle", J.C.P. éd. E, 1986, II, 14684, p. 217 ; "La modernisation du droit des
sociétés commerciales, une reconception du droit des sociétés commerciales", D. 1996, 287.

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partage des bénéfices ; à ces conditions il convient d'ajouter une


quatrième condition d'origine jurisprudentielle : «l’affectio societatis».
A – LES ASSOCIES
S'agissant d'un contrat, les associés doivent d'abord remplir les
conditions relatives à la capacité avant de s'intéresser au nombre
d'associés exigé par la loi.
a - La capacité
Il s’agit bien entendu de la capacité de s’obliger, à savoir l’aptitude
à contracter société.
Pour la souscription ou l'acquisition des parts ou actions de
sociétés, les mineurs incapables23 doivent être représentés par leur
tuteur légal (père ou mère) ou, après autorisation du juge, par leur tuteur
testamentaire ou datif, puisque l'acte de société est considéré par le
D.O.C. comme un acte de disposition (art. 11 al. 2).
A l'âge de 16 ans, le mineur émancipé peut être actionnaire d'une
SA ou d'une commandite par actions, commanditaire dans une
commandite simple, ou associé d'une SARL.
Cependant, dans les sociétés de personnes qui nécessitent la
qualité de commerçant, l’entrée d’un mineur, même émancipé, est
subordonnée aux conditions spéciales du droit commercial. Le mineur ne
peut donc être associé dans une société en nom collectif, ou
commandité dans une société en commandite simple ou par actions que
s'il est autorisé à faire le commerce.
Enfin, la femme mariée, n'est plus soumise à l'autorisation maritale
pour exercer le commerce depuis que l'article 17 du nouveau code de
commerce a supprimé cette autorisation qui était maladroitement
appliquée aux marocaines. Par conséquent, elle peut parfaitement

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Qui n'ont pas atteint l'âge de la majorité légale qui est actuellement de 18 années
grégoriennes révolues.

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s'associer même dans les sociétés de personnes en tant qu'associée en


nom.
b - Absence d'interdiction
L'article 984 D.O.C. interdit en effet la constitution d'une société
entre certaines personnes dans ces termes:
"La société ne peut être contractée:
1. entre le père et le fils soumis à la puissance paternelle 24 ;
2. entre le tuteur et le mineur, jusqu'à la majorité de ce dernier et à
l'approbation définitive des comptes de tutelle 25;
3. entre le curateur d'un incapable (c'est-à-dire d’un majeur interdit)
ou l'administrateur d'une institution pieuse et la personne dont ils
administrent les biens.
L'autorisation d'exercer le commerce accordée au mineur ou à
l'incapable par son père ou curateur ne suffit pas à le rendre habile à
contracter société avec l'un d'eux".
Tout d'abord, il convient de préciser que ces limitations ne
s'appliquent pas aux SA et aux SARL, ni aux associés commanditaires
dans les sociétés en commandite26.
Ensuite, il faut souligner que le 1° de cet article est en contradiction
avec les dispositions de la moudawana qui permettent au père,
conformément au droit musulman, d'administrer les biens de son fils
sans autorisation ni contrôle du juge.
Ensuite, on notera que rien n'interdit dans notre droit de créer une
société entre parents ou entre époux ; ce qui est d'ailleurs à la base d'un
grand nombre de sociétés au Maroc.

24
- P. DECROUX nous fait remarquer que ce texte vise le fils et non la fille, le père et non la
mère, Les sociétés en droit marocain, 5ème édition, Rabat, La porte, 1988, p. 58.
25
- C'est-à-dire jusqu'à ce que le tuteur présente les comptes de tutelle sur toute la durée de
la tutelle et que ces comptes soient approuvés par le juge.
26
- DECROUX P. op. cit. p. 58.

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En France, les sociétés entre époux, à l'exception des sociétés par


actions, ont pendant longtemps été interdites.
La validité de ces sociétés n'a été reconnue que depuis
l'ordonnance du 19 décembre 1958, encore que les deux époux ne
devaient être indéfiniment et solidairement responsables des dettes
sociales dans la même société. Ce qui limitait vis-à-vis des époux les
formes de sociétés à adopter ; il leur était ainsi interdit d'être seuls
associés d'une société en nom collectif ou d'être seuls commandités
dans une société en commandite27.
Depuis la loi du 23 décembre 1985 relative à l'égalité des époux
dans les régimes matrimoniaux, il n'existe désormais plus aucune
restriction de ce genre, les époux peuvent s'associer entre eux ou avec
d'autres dans n'importe quelle forme de société et peuvent participer
ensemble ou avec d'autres à la gestion de leur société 28.
c – Le nombre d'associés
L'article 982 pose le principe de la pluralité d'associés ; il exige par
conséquent, pour la constitution d'une société, le concours d'au moins
deux personnes.
La société peut être créée par des personnes physiques ou par
des personnes morales, ou encore par des personnes physiques et des
personnes morales.
Donc, deux associés suffisent pour créer une société de
personnes (SNC ou SCS) ou une SARL de type classique, 5 pour la SA,
4 pour la société en commandite par actions (dont 3 commanditaires et
un commandité), et 1 pour la SARL à associé unique.
Ceci reste donc l'exception car, selon le principe général, au cours
de la vie de la société, la réduction du nombre des associés d'une
27
- V. art. 1841 ancien du code civil al. 2,3 et 4 ; ensuite art. 1832-1 du même code qui a par
la suite été modifié par la loi du 4 janvier 1978.
28
- V. art. 1832 – 1, al. 1 code civile

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

société à une seule personne (ou du nombre fixé par la loi), entraîne la
dissolution de la société.
En France, pour éviter la dissolution de plein droit de ces sociétés,
l'article 9 de la loi du 24/7/1967 avait introduit une nouvelle règle qui a
été transférée plus tard, par la loi du 30/12/1981, au code civil et
constitue maintenant l'article 1844-5 qui stipule que la réunion de toutes
les parts sociales en une seule main n'entraîne pas la dissolution de
plein droit de la société, mais si la situation n'est pas régularisée après le
délai d'un an, tout intéressé peut demander la dissolution en justice. En
plus, le tribunal peut accorder un délai de 6 mois pour régulariser la
situation, et il ne peut prononcer la dissolution si, au jour où il statue sur
le fond, la régularisation a eu lieu.
D'un autre côté, la loi ne fixe un nombre maximum d'associés que
pour la SARL qui ne peut comprendre plus de 50, sinon elle doit se
transformer en SA29.
B – LES APPORTS
L'apport est le bien ou le travail que l'associé affecte à la société et
en contrepartie duquel il reçoit des parts ou actions.
L'article 982 D.O.C. exige à l'effet de création d'une société, la
réalisation d'apports traduisant la volonté des associés de mettre en
commun leurs biens ou leur travail ou tous les deux à la fois.
Et l'article 988 de préciser que "l'apport peut consister en
numéraire, en objets mobiliers ou immobiliers, en droits incorporels. Il
peut aussi consister dans l'industrie d'un associé ou même de tous".
La première remarque qui se dégage de ces deux articles est
qu'une société pourrait, théoriquement, valablement se constituer avec
uniquement des apports en industrie. Dans cette hypothèse, il serait
difficile d'imaginer une société sans aucun bien figurant à l'actif du bilan !

29
- V. infra les causes de dissolution des sociétés.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Et comme le capital social constitue, dans notre droit, la principale


garantie des engagements sociaux, cette théorie sera sans fondement si
les créanciers se trouvent devant un capital sans aucun bien saisissable.
En revanche, s’il est possible de constituer une société de
personnes30 avec des apports en industrie, c’est à cause de la
responsabilité indéfinie et solidaire des associés dans ces sociétés, ce
qui constitue une importante garantie pour les créanciers sociaux.
Les apports doivent être réels, car faute d'apports ou en cas
d'apports fictifs, la société risque d'être frappée de nullité s'agissant d'un
élément fondamental du contrat de société (art. 982 D.O.C.).
À partir des dispositions de l'article 982 du D.O.C., on distingue
trois types d’apports : les apports en numéraire, les apports en nature et
les apports en industrie. Les deux premiers étant capitalisables, ils
contribuent seuls à la formation du capital social 31.
a. Les apports en numéraire
Ce sont les espèces (l'argent) apportées par les associés pour
constituer la société et dont la propriété est transférée définitivement à la
société.
Un minimum d'apport individuel est exigé seulement dans les
sociétés de capitaux, puisque la valeur nominale d'une action ne peut
être inférieure à 50 dh (articles 246 loi 17/95).
Pour la réalisation des apports, on distingue deux opérations : la
souscription (qui est l'engagement fait par l'associé d'effectuer son
apport) et la libération de l'apport (qui est le versement effectif de l'apport
à la société).

30
- Particulièrement la société en nom collectif, car dans la société en commandite simple les
commanditaires sont obligés d'effectuer des apports capitalisables dans la mesure où leur
responsabilité est limitée à ces apports.
31
- JEANTIN (M), Droit des sociétés, Paris, Montchrestien, Collection Domat droit privé, 2 ème
éd. 1989, p. 43.

16
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

En principe, les conditions de la libération des apports sont


déterminées par les statuts; ceux-ci peuvent prévoir:
- soit la libération complète et immédiate des apports ;
- soit la libération échelonnée par des fractions, par exemple, une
partie à la souscription et les autres parties à des dates ultérieures
appelées dates des appels de complément32.
La libération peut être effectuée par versement d'espèces, par
remise de chèque ou par virement bancaire.
b. Les apports en nature
Ce sont tous les types de biens capitalisables autres que le
numéraire.
Ces apports peuvent prendre la forme:
 de meubles corporels (machines, véhicules, ordinateurs,
bureaux, etc.) ou incorporels (logiciels, actions, marques de
fabrique, brevets d'invention, fonds de commerce, etc.).
 ou d’immeubles (magasins, appartements, terrains, etc.)
Ces apports doivent faire l’objet d’une évaluation pour ne léser ni
l'apporteur, ni les autres associés, ni les créanciers sociaux qui seraient
trompés sur leur valeur capitalisable (sachant que le capital constitue
dans notre droit une garantie des dettes sociales).
C'est la raison pour laquelle, dans les sociétés autres que les
sociétés de personnes, on doit recourir aux services de commissaires
aux apports chargés d'évaluer ces apports sous leur responsabilité.
Les apports en nature doivent être libérés en totalité lors de la
constitution de la société.
Les associés peuvent en faire apport en propriété à la société (la
société en devient propriétaire), en jouissance (la société n'en a que

32
Voir infra.

17
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

l’usage, car l'apporteur en reste propriétaire), ou encore en usufruit


(l'apporteur étant nu propriétaire).
1/ L'apport en propriété
Il se réalise par le transfert de la propriété du bien apporté à la
société. Celle-ci entrera alors en possession de tous les attributs du droit
de propriété, c'est-à-dire le droit d'usage (par exemple l'utilisation des
machines ou du local apportés), le droit de jouissance (par exemple
l'exploitation et la perception des fruits d'un fonds de commerce) et le
droit de disposition (c'est-à-dire le droit de le céder, de le nantir ou de
l'hypothéquer).
Ainsi, l'apport en nature fait en propriété, opère le transfert à la
société de tous les droits que le propriétaire avait sur ce bien,
exactement comme s'il s'agissait d'une vente. L'associé apporteur doit
alors à la société la même garantie qu'un vendeur du chef des vices
cachés et de l'éviction du bien apporté (art 998 DOC).
2/ L'apport en jouissance ou en usufruit
L'associé peut se réserver la propriété du bien apporté et se limiter
à apporter à la société la jouissance ou l'usufruit de la chose.
- En cas d'apport en jouissance, l'apporteur met le bien à la
disposition de la société qui en a le libre usage. Par conséquent, il en
reste propriétaire et peut, à la dissolution de la société, récupérer son
bien qui échappe ainsi à l'action des créanciers sociaux; le bien ne
faisant pas partie du patrimoine social.
C'est ce qui justifie, d'une part, que l'apporteur est tenu de la même
garantie que le bailleur envers le preneur (art 998 DOC) et explique,
d'autre part, les règles relatives au risque.
- En cas d'apport en usufruit, par exemple un fonds de commerce,
la société acquiert la qualité d'usufruitier et l'apporteur devient nu-
propriétaire. Autrement dit, la société devient propriétaire de l'usufruit,

18
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

alors qu'en cas d'apport en jouissance, l'associé reste propriétaire du


bien et est considéré seulement comme un bailleur (non pas nu-
propriétaire). C'est ce qui explique que l'apport en usufruit soit soumis
aux mêmes règles que l'apport en propriété, en ce qui concerne la
transmission du droit de propriété, la garantie et les risques.
c. Les apports en industrie et en crédit commercial
C'est ce que le D.O.C. appelle le travail; la doctrine distingue
l'apport en industrie de l'apport en crédit commercial.
Ces apports ne peuvent être faits que dans les sociétés de
personnes car la responsabilité des associés est illimitée et ne peuvent
être faits dans la S.A.R.L. que dans certaines conditions. Du moment
qu'ils ne sont pas saisissables, ils n’entrent pas dans le capital social (ce
sont des apports non capitalisés).
Ces apports donnent lieu à l'attribution de parts sociales qui
donnent droit à une part des bénéfices et rendent leur titulaire
responsable des dettes de la société à concurrence de l’évaluation de la
valeur de son apport. Si aucune évaluation n'a été faite l'apporteur en
industrie est aligné sur le plus petit apporteur de biens capitalisables.
1/ L'apport en industrie
C'est l'apport fait par un associé à une société de son travail : c'est-
à-dire son activité professionnelle, ses connaissances techniques et son
expérience dans le domaine de l'activité de la société.
L'apporteur en industrie a l'obligation de rendre les services promis
à la société et de lui verser tous les gains qu'il a réalisés par son activité
objet de l'apport (art 999 D.O.C.).
En outre, l'apporteur en industrie ne doit pas exercer une activité
concurrente de celle qu'il a promise à la société, que ce soit pour son
propre compte ou pour le compte d'un tiers (art 1004 D.O.C.). Il ne serait
toutefois pas tenu de cette obligation de non concurrence si, avant son

19
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

entrée dans la société, l'apporteur avait un intérêt dans d'autres


entreprises analogues, ou faisait des obligations du même genre au su
des autres associés, sauf s'il a été stipulé dans le contrat de société qu'il
doit cesser ces activités (art 1005 D.O.C.).
Il faut préciser que l'apporteur n'effectue pas le travail dans le
cadre de la subordination, sinon il serait un simple salarié.
Généralement, les praticiens apportent rarement leur industrie, ils
préfèrent recourir à la technique du contrat de travail assorti d'une clause
d'intéressement aux bénéfices.
2/ L'apport en crédit commercial
C'est le savoir-faire ou le know-how. Souvent, les sociétés
nouvellement constituées manquent de connaissances et d'expérience
dans l'activité dans laquelle elles se sont lancées ; elles ont surtout
besoin de se faire connaître et d'établir des relations avec la clientèle
potentielle.
Elles ont alors recours aux services de personnes qui jouissent
d'une certaine notoriété dans le milieu des affaires et spécialement dans
le milieu de l'activité en question. Ces personnes vont alors faire apport à
la société de leur savoir-faire, leur crédit commercial (art 989 D.O.C.).

C – LA PARTICIPATION AUX RÉSULTATS


Il est tout à fait normal que les associés, qui ont contribué par leurs
apports à la société, s'attendent à en récolter les fruits; c'est là le but
même de leur entreprise.
Le D.O.C., dans son article 982, fait même du partage des
bénéfices une condition de fond de la constitution d'une société. C'est
que, la réalisation des bénéfices est à la base même de la distinction des
sociétés par rapport aux associations, qui sont des groupements à but

20
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

non lucratif constituées dans "un but autre que de partager les
bénéfices" 33.
Mais, la participation aux résultats ne veut pas dire seulement
partage des bénéfices, ça veut dire aussi participer aux pertes. Dans les
deux cas, le législateur a fixé les règles du partage et les modalités de
ce partage.
1 - La participation aux bénéfices
Si la réalisation des bénéfices constitue le critère fondamental de
distinction entre l'association et la société, il reste à préciser ce qu'il faut
entendre par bénéfices et dégager l'intérêt à partager les bénéfices.
Il faut remarquer que notre législation ne donne aucune définition à
cette notion.
En France, l'article 1832 du code civil présentait la même lacune
que notre article 982 du DOC. Il revient à la cour de cassation, dans un
célèbre arrêt, de définir le bénéfice comme étant "un gain pécuniaire ou
un gain matériel qui ajouterait à la fortune des associés" 34.
Saisie d'une affaire opposant une caisse rurale d'une commune à
l'administration de l'enregistrement sur le montant d'un droit à percevoir
par cette dernière, la cour de cassation avait décidé que cette caisse
n'était qu'une association (non une société) car, elle se contentait de
procurer à ses adhérents des prêts à des taux réduits ; de la sorte, elle
ne faisait que leur éviter un appauvrissement (taux réduit) ; autrement
dit, elle leur permettait seulement de réaliser une économie, mais elle ne
distribuait pas de bénéfices.

33
- Article 1 du dahir n° 1-58-376 du 15 novembre 1958 réglementant le droit d’association,
(B.O. 27/11/1958, p. 1909 ; rectificatif B.O. 9 janvier 1959, p. 65) modifié et complété par le
Dahir portant loi n° 1-73-283 du 10 avril 1973 et par le décret-loi n° 2-92-719 du 28
septembre 1992.
34
- Cass. Chambres réunies, 11 mars 1914, Caisse Rurale de la commune de Manigod,
Dalloz Périodique, 1914, I, p. 257, note SARRUT (L), HOUIN (R) et BOULOC (B), n° 44.

21
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Par conséquent, selon cette jurisprudence, le bénéfice est un gain


pécuniaire (en argent) ou matériel (en nature) qui accroît la fortune des
associés. Autrement dit, suivant ce critère de la cour de cassation, il
n'est pas nécessaire que le gain soit pécuniaire pourvu qu'il soit
appréciable en argent (matériel), mais il doit consister en un
enrichissement positif et non pas en une simple économie (tel qu'un
taux d'intérêts réduit), auquel cas, la fortune du membre ne reçoit pas un
accroissement positif (pas de distribution de bénéfices). Partant, les
groupements qui n'ont pas pour but de distribuer un gain pécuniaire ou
matériel entre leurs membres ne peuvent être qualifiés de sociétés.
En France, pour combattre cette jurisprudence, une loi du 4 janvier
1978 avait modifié l'article 1832 du code civil en définissant la société
par la mise en commun des biens ou de l'industrie des associés "en vue
de partager le bénéfice ou de profiter de l'économie qui pourra en
résulter"35.
Au Maroc, si l'article 982 n'a pas connu une telle modification, il
existe certains textes relatifs à des groupements de type particulier qui
écartent cette jurisprudence. Il en est ainsi du dahir du 16 novembre
1946 réglant le statut de la copropriété des immeubles divisés en
appartements36.
Alors que ces groupements de construction n'auraient pu, en s'en
tenant aux principes, être constitués que sous la forme d'association
puisqu'ils n'ont pour but que de faciliter la construction ou l'acquisition
d'immeubles en vue de leur division en appartements, et donc seulement
la recherche d'une économie, ce texte leur permet de se constituer en
société, donc, même s'ils n'ont pas pour but de partager les bénéfices.

35
- L'avant-projet de code des sociétés (APCS) avait prévu par son article 7 la même
disposition.
36
- B.O. 14/2/1947, p. 126.

22
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

2 - La participation aux pertes


Pour qu'un contrat de société puisse être valable, il ne faut pas
prévoir la participation seulement aux bénéfices ; si l'article 982 ne parle
que du partage du bénéfice, l'article 1033 invoque quant à lui, même la
contribution aux pertes37.
Il s'agit là de la contrepartie de la participation des associés aux
bénéfices. La contribution des associés aux pertes ne se détermine,
cependant, que lors de la liquidation de la société.
Comme pour les bénéfices, la part de chaque associé dans les
pertes est proportionnelle à sa mise et, si les statuts déterminent
seulement la part dans les bénéfices, la même proportion doit s'appliquer
aux pertes et réciproquement (art 1033).
3 - Les règles du partage
L'article 1033 pose donc le principe selon lequel la part de chaque
associé dans les bénéfices et dans les pertes est en proportion de sa
mise38.
La proportionnalité est une règle d'ordre public, donc impérative
car, toute clause qui attribuerait à un associé une part dans les bénéfices
ou dans les pertes supérieure à la part proportionnelle à sa mise, est
nulle et rend nul le contrat de société. Il suffit donc que cette part soit
supérieure à la proportion de la mise d'un associé, pour donner lieu
à la nullité de la société39, (par exemple de prévoir dans les statuts que
l'associé X qui a fait 30% des apports recevra 60% des bénéfices).

37
- L'article 7 de l'APCS comptait combler cette lacune de l'article 982 en prévoyant que "le
contrat de société emporte de plein droit l'engagement des associés à contribuer aux
pertes", c'est-à-dire sans être prévue par les statuts.
38
- Il faut signaler que l'APCS avait repris la même disposition par son article 55 al 1, mais il
a consacré le principe de la liberté des associés de déterminer d'autres bases de répartition
des bénéfices et des pertes, à condition de respecter les règles qui interdisent les clauses
léonines.
39
- L'article 1034 DOC stipule dans ce cas que "l'associé lésé par une clause de ce genre a
recours contre la société jusqu'à concurrence de ce qu'il a touché en moins, ou payé en plus,
de sa part contributive".

23
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

A cet égard, notre droit se distingue fondamentalement du droit


français. Dans ce dernier droit, si les statuts peuvent prévoir un autre
partage40, même les clauses "léonines" ne donnent pas lieu à la nullité
du contrat de société.
En droit français, on appelle clause léonine celle qui attribue à un
associé "la part du lion", c'est-à-dire la totalité du profit procuré par la
société ou celle qui exclue totalement un associé du profit ou qui met
à sa charge la totalité des pertes. Lorsque ces clauses figurent dans les
statuts, elles sont tout simplement réputées non écrites, c'est-à-dire
inexistantes, et le partage doit se faire suivant la règle de la
proportionnalité des apports. Donc, elles ne vont pas jusqu'à entraîner la
nullité du contrat de société41.
Cependant, il faut remarquer qu'en droit marocain, la règle de la
proportionnalité n'est pas absolue. Notre législation admet quand
même certaines exceptions :
- C'est ainsi qu'en vertu de l'article 1035 DOC, "lorsque le contrat
attribue à l'un des associés la totalité des gains, la société est nulle,
mais n'annule pas le contrat." Ce qui veut dire que la clause reste
valable, seulement elle est considérée comme une libéralité de la part
des associés qui ont renoncé au profit, mais il n'y a pas de société car
cette clause entraîne la négation de la société.
- De son côté, l'article 1036 admet bien une clause dans les statuts
qui attribuerait aux apporteurs en industrie une part dans les bénéfices
supérieure à celle des autres associés.

40
-Par exemple prévoir qu'un associé qui a fait 20% des apports recevra 40% des bénéfices.
41
- Ce sont là les solutions qui étaient adoptées par l'APCS qui stipule dans son article 56 :
"Est réputée non écrite toute stipulation qui, directement ou indirectement, attribue à un
associé la totalité des bénéfices ou l'exonère de la totalité des pertes. Il en est de même de
toute stipulation qui réduit à une portion insignifiante sa part dans les bénéfices ou sa
contribution aux pertes".

24
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

4 - Les modalités du partage


La liquidation des bénéfices et des pertes de la société a lieu après
le bilan. Celui-ci doit être fait en même temps que l'inventaire, à la fin de
chaque exercice social (art 1037)42.
Cependant, avant tout partage, il doit être prélevé sur les bénéfices
nets de l'exercice le vingtième (5%) qui sert à constituer un fonds de
réserve (article 1038 al 1). Le fonds de réserve est intitulé "réserve
légale" qui sert à accroître les garanties des créanciers sociaux. Ce
prélèvement est obligatoire jusqu'à concurrence du cinquième du
capital; autrement dit, lorsque le fonds de réserve atteint ce taux, le
prélèvement n'est plus obligatoire43.
Après avoir effectué le prélèvement nécessaire destiné au fonds de
réserve, la part des associés dans les bénéfices est alors liquidée.
Chacun des associés a alors le droit de retirer la part qui lui a été
attribuée, s'il ne le fait pas, sa part de bénéfices est considérée
seulement comme un dépôt et n'augmente pas son apport sauf si les
autres associés y consentent expressément ou si les statuts stipulent le
contraire (art 1039).
Lorsque le capital social se trouve diminué à la suite d'un ou de
plusieurs exercices déficitaires, aucune distribution des bénéfices ne doit
avoir lieu jusqu'à concurrence des pertes, c'est-à-dire jusqu'à la
reconstitution complète du capital, sauf si les associés décident de
réduire le capital de la société au capital effectif.

42
- Cependant, lorsque la société a été constituée en vue d'une affaire déterminée, la
liquidation définitive des comptes et la répartition des bénéfices n'ont lieu qu'après
l'accomplissement de l'affaire (art 1041).
43
- L'APCS prévoyait dans son article 58 al 2 de réduire ce taux au 1/10è du capital. A
l'occasion, il a défini le bénéfice comme étant "les produits nets de l'exercice, déduction faite
des frais généraux et autres charges de la société y compris, le cas échéant, les pertes
antérieures".

25
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Les associés ne sont toutefois pas tenus, en cas de pertes durant


un exercice, de rapporter au capital social la part de bénéfices réels
afférente à un exercice antérieur (art 1040 al 1).
Autrement, si à la fin d'un exercice la société n'a pas réalisé de
bénéfices, il est interdit de procéder à la distribution de sommes
prélevées sur le capital social, ce qu'on appelle les dividendes
fictifs44. Dans ce cas, par contre, les associés sont tenus de restituer
ces soit disant "bénéfices" lorsqu'ils les ont perçus de bonne foi et,
ensuite, exercer un recours en dommages contre les gérants qui
encourent d'ailleurs des sanctions pénales45.
D – "L’AFFECTIO SOCIETATIS"
C'est une expression latine qui désigne l'intention de s'associer, il
s'agit de l'esprit sociétaire. Cette condition psychologique ne figure pas à
l'article 982 DOC parmi celles qui définissent la société ; elle a été
élaborée par la jurisprudence. Par un jugement du 30 juin 1958, le
tribunal de première instance de Casablanca avait jugé qu'un contrat ne
peut être considéré un contrat de société alors même qu'il est qualifié
comme tel par les associés dès lors que l'affectio societatis, qui est à la
base de toute société, fait défaut dans ce contrat 46.
1 - Problème de définition
Pour la jurisprudence, l'affectio societatis suppose que les associés
collaborent de façon effective à l'exploitation dans un intérêt commun et
sur un pied d'égalité, chacun participant aux bénéfices comme aux
pertes47.

44
- La distribution de dividendes fictifs est sanctionnée par l'emprisonnement de un à six
mois et/ou d'une amende de 10 000 à 100 000 dh (article 107 loi 5/96) et, pour les SA,
l'amende est de 100 000 à 1 million de dh (article 384 loi sur les SA) .
45
Pour plus de développements sur la notion de bénéfice cf. ALAOUI ABDALLAOUI (A), La
notion du bénéfice, Mémoire de DESA, Fac de droit Rabat, 2000.
46
Majalat Al Ahkam Al Maghribia, n° 1282, 1961-1962.
47
- Cass. Com. 3 juin 1986, Revue des sociétés, 1986, p. 585, note Guyon.

26
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Il consiste donc dans la volonté des associés de collaborer de


façon active (vote, participation à la gestion, etc.), volontaire (car on ne
subit pas la participation à la vie sociale) et égalitaire (puisqu’il n’existe
pas de lien de subordination entre les associés).
Les divergences doctrinales sur la définition de cette notion
reflètent surtout l'intensité plus ou moins forte de l'affectio societatis
suivant les types des sociétés. S'il est souvent très fort dans les petites
sociétés de personnes (collaboration des associés à la gestion), il est
beaucoup moins ressenti dans les sociétés de capitaux (se limite à la
participation au vote), sinon inexistant, dans d'autres sociétés,
notamment celles cotées en bourse.
2 - Utilité
En réalité, l'affectio societatis est une notion utilisée par les
tribunaux dans le but de distinguer le contrat de société des autres
contrats ayant certains traits communs avec la société. Le contrat de
société se distingue notamment du contrat de travail et du contrat de prêt
avec participation aux bénéfices.
Dans le contrat de travail, l'affectio societatis ne peut exister
puisque cette dernière suppose l'absence de tout lien de subordination ;
l'employé recevant un salaire est subordonné à son employeur et, même
si le premier est rémunéré par une participation aux bénéfices, il ne peut
être considéré comme un associé ayant fait un apport en industrie.
Dans un contrat de prêt avec participation aux bénéfices, par
exemple une personne qui prête des fonds à une société et reçoit en
contrepartie une quote-part des bénéfices, est-elle prêteur ou associé ?
Dans ce cas, il y a absence d'affectio societatis dans la mesure où le
prêteur ne participe ni aux pertes de la société, ni à la gestion effective
de celle-ci48.
48
- Dans le contrat de prêt, le prêteur dispose, tout au plus, du droit de contrôle de certaines
opérations de l'entreprise.

27
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

En outre, c'est l'affectio societatis qui permet aux juges de qualifier


les sociétés créées de fait.
C'est, en définitif, au juge qu'il revient de se prononcer sur
l'existence ou l'absence de l'affectio societatis dans les relations
contractuelles entre les parties. Par conséquent, c'est le juge qui va
déterminer la qualification juridique du contrat, sans avoir à tenir compte
de celle donnée par les parties.

§ 2 – LES CONDITIONS DE FORME

La création d'une société commerciale nécessite des formalités


très rigoureuses. Ce formalisme, particulier au droit commercial, se
justifie à deux niveaux. Au niveau des associés, qui doivent être
informés de leurs droits et obligations, c'est le but des statuts qui doivent
être rédigés par écrit ; et au niveau des tiers (les fournisseurs, les clients,
les banques, etc.), qui doivent pouvoir se renseigner sur la société, c'est
pourquoi la société est soumise à des formalités de publicité.
A – LES STATUTS
C’est l’acte fondateur de la société ; il s'agit de rédiger et de signer
les statuts49.
a - Forme
En principe, en vertu de l’article 987 DOC, le contrat de société est
simplement consensuel, c'est-à-dire que seul le consentement des
parties est nécessaire pour constituer une société sauf  lorsque la loi
exige un écrit. C'est le cas des sociétés commerciales ; il s’agit en
l’occurrence de l’article 11 de la loi sur les SA qui est applicable à toutes

49
- En ce qui concerne la SA, l'engagement des actionnaires peut résulter, soit de la
signature des statuts, soit, à défaut, de la signature des bulletins de souscriptions.
Il faut souligner que les associés peuvent seulement désigner des mandataires justifiant d'un
pouvoir spécial pour signer les statuts.

28
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

les sociétés commerciales en vertu duquel « les statuts de la société


doivent être établis par écrit ».
Les statuts peuvent prendre la forme d’acte sous seing privé ou
d’acte authentique.
b – Contenu
A côté des mentions communes à toutes les sociétés, certaines
mentions sont spécifiques aux sociétés de personnes et à la S.A.R.L., et
d'autres sont particulières à la SA.
1/ Les mentions communes à toutes les sociétés :
Les statuts contiennent des indications sur :
- l’identité de la société (dénomination, forme, objet social, siège
social, durée, capital social, etc.),
- les règles de fonctionnement qui la régissent (gérance ou
organes d'administration, tenue des assemblées, partage des bénéfices,
etc.).
- et la signature de tous associés ou actionnaires.
2/ Les mentions propres aux sociétés de personnes et à la
SARL :

2-1/ Les indications générales


- l'identité de chacun des associés, y compris les personnes
morales ;
- l'apport de chaque associé et, s'il s'agit d'un apport en nature,
indiquer son évaluation ;
- l'identité des associés ou des tiers pouvant engager la société ;
- le greffe du tribunal où les statuts seront déposés.

2-2/ Les indications spécifiques :


- la société en nom collectif : le nombre et la valeur des parts
attribuées à chaque associé ;

29
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

- les sociétés en commandite :


* la part du montant ou de la valeur des apports de chaque associé
commandité ou commanditaire dans le capital ;
* la part globale des associés commandités et la part de chaque
associé commanditaire dans la répartition des bénéfices et dans le boni
de liquidation ;

- la SARL : la répartition des parts entre les associés50.


3/ Les mentions propres aux SA :
1. Le nombre d'actions émises et leur valeur nominale, en distinguant, le
cas échéant, les différentes catégories d'actions (la loi 78/12 de 2015
a ajouté à cet alinéa) et les droits afférents à chacune de ces
catégories. Cette disposition vise à informer les actionnaires et surtout
les tiers lorsque la société émet des actions particulières pouvant
avoir une influence sur le fonctionnement des AG telles que les
actions à droit de vote multiple ou à dividendes prioritaires sans droit
de vote… ;

2. La forme, soit exclusivement nominative, soit nominative ou au


porteur, des actions ;

3. En cas de restriction à la libre négociation ou cession des actions, les


conditions particulières auxquelles est soumis l'agrément des
cessionnaires ;

4. L'identité des apporteurs en nature, l'évaluation de l'apport effectué


par chacun d'eux et le nombre d'actions remise en contrepartie de
l'apport ;

5. L'identité des bénéficiaires d'avantages particuliers et leur nature.

50
- A cet égard, l'article 113 de la loi 5/96 sanctionne, d'un emprisonnement de 1 à 6 mois
et/ou d'une amende de 2 000 à 40 000 dh, les gérants qui, sciemment, auront fait dans les
statuts une fausse déclaration concernant la répartition des parts sociales entre tous les
associés, la libération des parts ou le dépôt des fonds, ou auront omis volontairement de
faire cette déclaration dans les statuts.

30
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

B - SOUSCRIPTION DU CAPITAL ET LIBERATION DES


APPORTS 
Une société ne peut être constituée que si tous les titres émis sont
souscrits par les associés.
Dans les S.A. et SARL la souscription au capital (lorsqu’il est prévu
par les associés, d’après la loi 24-10 de 2011) 51 est exigée parce qu'il est
possible de fractionner la libération comme nous allons le voir. Par
contre, dans les autres sociétés, les apports en numéraire doivent être
libérés intégralement dès la constitution.
Pour les S.A. la réalisation du capital se fait par des bulletins de
souscription qui doivent être établis en double exemplaire, dont l’un est
remis au souscripteur contenant un certain nombre de renseignements
sur la société.
a - La libération des apports en numéraire 
La libération est l’exécution de la souscription par la réalisation de
l’apport promis, soit en numéraire, soit en nature 52.
En principe, la libération des apports se fait en totalité dès la
constitution des sociétés. Cependant, les actions en numéraire des S.A.
et les parts en numéraire des SARL (si capital il y a) doivent être libérées
lors de la souscription au moins du quart de leur valeur nominale, mais il
peut être prévu que la libération doit être intégrale dès la souscription.
Sinon, s'agissant de la S.A., la libération des 3/4 restants doit
intervenir en une ou même en plusieurs fois suivant la décision du
conseil d’administration ou du directoire dans un délai qui ne peut
dépasser 3 ans à compter de l’immatriculation de la S.A. au RC.

51
Il s’agit de la loi n°24-10 modifiant la loi 5/96 relative à la SARL et les autres sociétés
commerciales, loi du 2 juin 2011 BO n° 5956 bis du 30/6/2011.
52
- MERLE (Ph.), Droit Commercial - Sociétés Commerciales, Paris, Dalloz, 1992, p. 221.

31
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Et pour la SARL, la libération du surplus peut intervenir en une ou


plusieurs fois sur décision du gérant dans un délai qui ne peut excéder 5
ans à compter de la date d’immatriculation.
A défaut de procéder aux appels de fonds dans le délai de cinq ans
pour réaliser la libération intégrale du capital, tout intéressé peut
demander au président du tribunal de commerce statuant en référé :
- soit d'enjoindre sous astreinte au gérant de procéder à ces appels
de fonds,
- soit de désigner un mandataire chargé de procéder à cette
formalité.
b - La libération des apports en nature 
Les apports en nature doivent être intégralement libérés lors de la
constitution de toute sorte de société commerciale.
Ces apports doivent être transférés à la société en formation, mais
après avoir été vérifiés.
S'agissant des S.A., les fondateurs désignent un ou plusieurs
commissaires aux apports.
Le commissaire aux apports établit, sous sa responsabilité 53, un
rapport54 qui décrit chacun des apports, indique le mode d’évaluation
utilisé et les raisons pour lesquelles il a été adopté et affirme que la
valeur des apports correspond à la valeur nominale des actions à
émettre (art. 25).
Ce rapport est déposé au siège social et au greffe du tribunal et
mis à la disposition des futurs actionnaires 5 jours au moins avant la

53
- En plus de la responsabilité civile du fait des fautes professionnelles, les commissaires
aux apports encourent l’emprisonnement de 1 à 6 mois et une amende de 8 000 à 40 000 dh
en cas d’attribution frauduleuse à un apport en nature d’une évaluation supérieure à sa
valeur réelle.
54
- La description et l’évaluation des apports en nature qui doit être contenue dans les
statuts sont justement établies sur la base de ce rapport.

32
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

signature des statuts ; cette signature par les actionnaires vaudra donc
approbation de l’évaluation des apports.
S'agissant de la SARL les commissaires aux apports sont
obligatoires quand la valeur d’un des apports dépasse 100 000 dh et si
le total des apports en nature est supérieur à la valeur de la moitié du
capital social (article 53).
Concernant les sociétés de personnes, l'évaluation des apports ne
pose pas de problème vu la responsabilité illimitée des associés.
C - LE DEPÔT DES FONDS EN BANQUE 
Cette formalité n'est prévue que pour les sociétés qui exigent un
capital minimum, notamment la S.A. (art. 22) ; la SARL n’est
actuellement soumise à cette formalité que lorsque le capital prévu par
les associés dépasse 100 000 dhs selon la loi 24-10 (art. 51). Cette
formalité a pour objectif d’éviter la création de sociétés à capitaux fictifs.
En effet, les fonds provenant des souscriptions en numéraire
doivent être obligatoirement déposés par les fondateurs au nom de la
société en formation, dans les 8 jours de leur réception, dans un compte
bancaire bloqué avec la liste des souscripteurs indiquant les sommes
versées par chacun d’eux.
D’après la loi 24-10, ce dépôt des fonds peut être fait par voie
électronique et donne lieu à l’émission par la banque dépositaire d’un
certificat sous format écrit ou sous format électronique.
Jusqu’au retrait, tout souscripteur, justifiant de sa souscription, peut
se faire communiquer par la banque dépositaire la liste des
souscripteurs et se faire délivrer une copie.
Avant la loi 24-10, lorsque la société n’était pas définitivement
immatriculée dans le délai de six mois, initialement les apporteurs
devaient demander au Président du tribunal de commerce, statuant sur
requête, l’autorisation de retirer le montant de leurs apports.

33
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Désormais, la loi 24-10 leur permet d’effectuer le retrait des


apports, sur présentation d’une attestation du greffe de non
immatriculation de la société au registre du commerce, soit
individuellement, soit par l’intermédiaire d’un mandataire qui
demanderait directement à la banque le retrait des fonds. L’autorisation
judiciaire est donc supprimée.
Par contre, lorsque la société a été immatriculée, le retrait des
fonds déposés à la banque peut être effectué par un mandataire du
conseil d'administration ou du directoire contre remise d'une attestation
délivrée par l'administration compétente justifiant que la société est
immatriculée au registre de commerce (art. 34 tel que modifié par les lois
24-10 et 78-12).
Pour les autres formes de sociétés, puisqu'aucun capital n'est
requis pour leur constitution, elles ne sont pas tenues de déposer de
fonds en banques, mais elles sont obligées de se faire ouvrir un compte
bancaire ou postal du moment qu'elles sont commerçantes.
D - LA DECLARATION DE SOUSCRIPTION ET DE VERSEMENT
Cette formalité ne concerne que les S.A. Lorsque le capital est
intégralement souscrit et les versements exigés sont effectués de
manière régulière, les fondateurs doivent établir une déclaration
constatant ces opérations soit par acte notarié, soit par acte sous seing
privé ; dans ce dernier cas, l’acte doit être déposé au greffe du tribunal
du lieu du siège social55.
Pour ce faire, les fondateurs doivent présenter, avec leur
déclaration, les bulletins de souscription et un certificat de la banque
dépositaire afin de permettre au notaire ou au secrétaire-greffier, en cas
d’acte sous seing privé, de vérifier la conformité de la déclaration des
fondateurs.
55
- On constatera que, contrairement à l’article 1 alinéa 9 de la loi de 1922, la DSV n’est plus
obligatoirement notariée.

34
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Ils doivent en outre y joindre la liste des souscripteurs, l’état des


sommes versées par chacun d’eux et un exemplaire ou une expédition
des statuts.
E – LES FORMALITES DE DEPÔT AU TRIBUNAL
Les fondateurs de la société doivent déposer au tribunal du lieu du
siège social un certain nombre de pièces notamment :
- deux copies ou deux exemplaires des statuts certifiés conformes
par le représentant de la société ;
- les actes de nomination des premiers dirigeants,
- le cas échéant, le rapport du commissaire aux apports etc.
F – LA PUBLICITE DE LA CONSTITUTION
Afin d’assurer une plus grande transparence de la vie des sociétés
et de protéger leurs partenaires commerciaux, des conditions de
publicité ont été rendues obligatoires.
Après le dépôt des statuts et autres pièces au tribunal, les
fondateurs doivent faire une demande d’immatriculation au registre du
commerce qui permettra à la société d’acquérir la personnalité morale.
L’immatriculation est donc l’une des formalités les plus importantes
puisque, désormais, elle donne naissance à la société et lui attribue
la personnalité morale.
En effet, aux termes des articles 7 de la loi sur la SA et 2 de la loi
5/96, ces sociétés ne jouissent de la personnalité morale qu'à compter
de leur immatriculation au RC56.
C’est à partir de l’immatriculation, et non de la signature des statuts
par les associés, que les engagements souscrits et les actes accomplis
par les fondateurs au nom de la société en formation sont repris par la
société, à condition que ce soit décidé par la première assemblée
56
- Rappelons cependant que la personnalité morale n’était reconnue aux sociétés dans
notre droit que de manière implicite (art. 35 code commerce 1913 et 28 code de procédure
civile).

35
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

ordinaire ou extraordinaire. Ces engagements sont alors réputés avoir


été souscrits dès l’origine par la société, car, jusque là, seuls les
fondateurs étaient tenus solidairement et indéfiniment de ces actes 57. Par
l’immatriculation les fondateurs se trouvent donc enfin libérés des actes
accomplis pour le compte de la société en constitution.
Ce n’est que sur présentation du certificat du tribunal attestant
l’immatriculation de la société que les fonds provenant des souscriptions
des actions ou parts sociales en numéraire déposés en banque peuvent
être débloqués (art. 34 loi 17/95).
Ensuite, dans les 30 jours de l'immatriculation de la société au
registre du commerce, les fondateurs doivent faire publier un extrait des
statuts dans un journal d’annonces légales et au bulletin officiel. Cet
extrait doit mentionner les renseignements essentiels sur la constitution
de la nouvelle société (forme, dénomination, siège social, durée,
montant du capital, etc.) ; il doit également contenir le numéro de
l'immatriculation de la société au registre de commerce 58.

SECTION 2 – LES SOCIETES ET LA PERSONNALITE

MORALE P62 DT STÉ DT PRIVÉ

Il s’agit d’étudier successivement les caractéristiques de la société.

§ 1 – LA DENOMINATION SOCIALE

En tant que personnes juridiques, les sociétés se dotent d'un nom ;


c’est la dénomination sociale sous laquelle elles exercent leurs activités
et se font inscrire au registre de commerce.

57
- Art. 27 loi sur la SA, applicable à toutes les sociétés commerciales.
Loi 21/05 promulguée par dahir du 14 février 2006 modifiant la loi 5/96, B.O. n° 5400, du 2
58

mars 2006 et loi 20/05 concernant la S.A.

36
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Pourvu qu'elle ne soit pas contraire aux bonnes mœurs et à l'ordre


public et qu'elle n'empiète pas sur les droits que les autres sociétés
peuvent revendiquer sur une dénomination donnée, la dénomination
sociale peut être librement choisie.
En général, la dénomination a trait à l'activité de la société (par
exemple société marocaine de transport, société des études
marketing…)
Mais certaines sociétés telles que les sociétés de personnes ont
une raison sociale. Il s’agit d’une identification qui comprend tout ou
partie des noms des associés suivis de "et compagnie" "et frères" "et
fils", exemple : "société BENJELLOUN et compagnie", "BENKIRANE
frères", "BENCHEKROUNE et fils".
Actuellement les sociétés de personnes ne sont plus obligées
d'adopter une raison sociale ; quant aux autres sociétés commerciales,
elles doivent, obligatoirement, avoir une dénomination sociale qui peut
parfois comprendre les noms de certains associés (à l'exception de la
SA) ; elle doit être toujours suivie ou précédée de la forme de la société.

§2 – LE SIEGE SOCIAL ET LA NATIONALITE

L'intérêt de la question est double : au niveau national et au niveau


international.
A – AU NIVEAU NATIONAL
Le siège social, qui doit être mentionné dans les statuts,
représente le domicile de la société :
- il permet de la localiser pour accomplir certaines opérations
(correspondances, impôts, etc.),
- les actions en justice contre la société doivent être intentées
devant le tribunal de son siège social,
- il permet aussi de déterminer le lieu des formalités de dépôt et de
publicité.
37
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

- il détermine en outre la nationalité de la société qui est celle du


pays où se situe son siège social. L’importance de la nationalité est
considérable puisqu’elle définit les lois applicables à la société
(formation, fonctionnement, etc.).
Le critère retenu par le droit marocain est donc celui du siège
social59 ; l'art. 5 de la loi 17/95 se contente de stipuler, sans évoquer la
question de la nationalité que : «Les SA dont le siège social est situé au
Maroc sont soumises à la législation marocaine».
Néanmoins, le siège social doit être réel et non fictif car certaines
sociétés, pour échapper à la rigueur fiscale de la région où est situé leur
siège social, stipulent dans les statuts un autre siège social. C'est
pourquoi l'alinéa 2 du même article laisse aux tiers, et notamment le
fisc, le choix entre le siège statutaire (qui est fictif) et le siège réel. "Les
tiers, dispose cet alinéa, peuvent se prévaloir du siège statutaire, mais
celui-ci ne leur est pas opposable par la société si son siège réel est
situé en un autre lieu".
Pour le transfert du siège social, il suffit de modifier les statuts au
cours d’une assemblée générale extraordinaire et de procéder aux
mesures de publicité sous peine d'inopposabilité aux tiers.

59
Il existe toutefois d'autres critères pour déterminer la nationalité d'une société comme :
- Le critère de l'exploitation : le centre d'exploitation peut en effet être distinct du lieu du siège
social (il est souvent placé à proximité de la matière première ou des débouchés). Souvent,
une société possède plusieurs centres d'exploitation, ce qui complique la question de la
nationalité lorsque ce critère est pris en considération ;
- Le critère du contrôle : c'est celui qui attribue la nationalité des apporteurs de fonds ou celle
des dirigeants à la société. Mais ce critère est souvent employé lorsqu'un État a l'intention de
refuser à de telles sociétés certains avantages réservés aux sociétés appartenant à des
nationaux (Pourtant leur siège social se situe dans le même pays) ;
- Le critère de l'"incorporation" : ce critère permet de considérer la nationalité du pays selon
la loi duquel la société a été constituée et immatriculée malgré l'existence de son siège réel
dans un autre pays.

38
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

B – SUR LE PLAN INTERNATIONAL : SOCIÉTÉS INTERNATIONALES ET

SOCIÉTÉS multinationales
Il existe cependant des sociétés qui ne sont régies par aucune loi
nationale, il s'agit des sociétés internationales qui sont comparées par
certains auteurs aux personnes physiques apatrides, avec cette
différence qu'elles sont créées par des conventions internationales (entre
Etats) et régies par leurs seuls statuts sans être rattachées à une loi
nationale60. On peut citer comme exemples le S.A.S. (Scandinavian Air
Lines System), la S.F.I. (Société financière Internationale)61 etc.
A la différence des sociétés internationales, les sociétés
multinationales ont plusieurs nationalités. Ce sont des sociétés qui
forment un groupe (comprenant une société mère et des filiales 62)
implanté sur le territoire de plusieurs Etats et chaque unité du groupe
bénéficie d'une autonomie juridique. Il s'agit en fait d'une seule personne
morale à laquelle les différents États attribuent la nationalité chacun en
vertu de son critère (siège social, centre d'exploitation, lieu
d'incorporation ou critère du contrôle).
En réalité, malgré ces différentes nationalités, presque toutes les
multinationales sont des sociétés qui n'ont qu'une seule nationalité, celle
de la société dominante dont les dirigeants possèdent le pouvoir réel de
décision ; c'est le groupe (composé de toutes les unités) qui est qualifié
de "multinationale"63. On citera comme exemples General motors, I.B.M.,
Nestlé, Air Afrique64, etc.
60
- HAMEL (J), LAGARDE (G) et JAUFFRET (A), Droit commercial – Sociétés-
Groupements d'intérêt économique – Entreprises publiques, Paris, Dalloz, T. I, 2ème éd.,
1980, n° 420-2.
61
- Créée par la convention du 11 avril 1955.
62
Alors qu'une filiale n'a pas de personnalité morale distincte de la société, une succursale
est une annexe de l'entreprise gérée par la société mais qui a une personnalité morale
propre.
63
- HAMEL (J) et autres, op. cit., n° 420-2.
64
- C'est une société de transports aériens créée par la convention de Yaoundé du 14 mars
1961 qui lui attribue cumulativement la nationalité de chacun des États signataires (les Etats
de l'Union Africaine et malgache).

39
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

§3 – LA CAPACITE DE LA SOCIETE

La capacité des sociétés n’est pas aussi large que celle des
personnes physiques. En effet, une société n’a de raison d’exister qu’en
fonction d’une activité économique (objet social). Sa capacité se limitera
donc aux actes relatifs à l’objet social défini dans les statuts ; c’est la
règle dite de la spécialité ou de la spécialisation.
Pour exercer ses droits, une société doit faire appel à des
représentants qui sont obligatoirement des personnes physiques. Ces
derniers accomplissent les actes au nom de la société. Ce sont les
dirigeants de la société qui remplissent cette fonction. Il s'agit de la
capacité d'exercice de la société qui est exercée par ses dirigeants.

§4 – LE PATRIMOINE

Le patrimoine de la société se compose de l’actif, constitué par les


apports en numéraire et en nature des associés et par les biens acquis
par elle à l’occasion de son activité (meubles et immeubles), ainsi que du
passif, qui comprend l’ensemble des dettes de la société (les emprunts,
les créances des fournisseurs, les impôts, etc.)65
La société a un patrimoine qui lui est propre. On parle d'autonomie
du patrimoine, car il ne se confond pas avec celui des associés. Ainsi,
l’actif de la société n’appartient pas aux associés qui sont seulement
titulaires de droits pécuniaires et non pécuniaires envers la société par la
possession de parts ou d’actions.
Les créanciers personnels des associés ne pourront en aucun cas
saisir le patrimoine social pour éteindre leurs créances. D’autre part, le
passif de la société ne peut être imputé sur le patrimoine des associés à

65
- Il ne faut pas confondre patrimoine social et capital social. Alors que le premier comprend
et l’actif et le passif de la société, le capital social représente le montant des apports
effectués par les associés au profit de la société, il peut être augmenté par de nouveaux
apports ou par incorporation de réserves, il peut même parfois être réduit.

40
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

l’exception des sociétés de personnes dans lesquelles la responsabilité


des associés est indéfinie.

SECTION 3 – LA FIN DES SOCIÉTÉS


Le contrat de société peut prendre fin pour différentes causes.
1. La durée
L’existence juridique de la société en tant que personne morale
débute le jour de son immatriculation au registre du commerce. Sa durée
ne peut excéder 99 ans sous réserve de prorogation.
2. La volonté des associés
S’ils le désirent, les associés peuvent décider de mettre fin à leur
société avant l’arrivée du terme. Cette décision sera prise lors d’une
assemblée générale extraordinaire.
3. La disparition ou l’extinction de l’objet.
L’objet peut disparaître pour de nombreuses raisons (réalisation,
expropriation, interdiction d’exploitation, etc.) dans ce cas, la société
n’ayant plus de raison d’exister, devra être dissoute.
4. L’annulation de la société
Lorsque les conditions de la formation du contrat ne sont pas
respectées (vice du consentement, par exemple), la justice peut
prononcer l’annulation du contrat de société ; cette dernière cessera
donc d’exister.
5. La dissolution judiciaire
Pourvu qu’il y ait de justes motifs, tout associé a le droit de
demander au tribunal la dissolution de la société. C'est le cas par
exemple de mésintelligences graves survenues entre associés, le
manquement d’un ou de plusieurs associés à leurs obligations, etc.
6. L’application d’une procédure collective

41
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

En cas de difficultés, la société peut être soit liquidée (lorsque


aucune solution de redressement n’est possible), soit mise en
redressement judiciaire. Dans ce cas, si la fin de la période d’observation
aucun plan de redressement n’est jugé satisfaisant, le tribunal pourra
prononcer la dissolution de la société.

SECTION 4 – CLASSIFICATION DES SOCIÉTÉS DE DROIT


PRIVE
La classification des sociétés de droit privé nécessite de
nombreuses distinctions. Outre la distinction entre les sociétés civiles et
les sociétés commerciales, au sein de ces dernières s'opposent les
sociétés de personnes aux sociétés de capitaux ; et les SARL y
occupent une place particulière. On peut également relever l'existence
des sociétés sans personnalité juridique.

§ 1 – SOCIÉTÉS CIVILES ET SOCIÉTÉS COMMERCIALES

Les sociétés sont civiles ou commerciales selon la nature de leur


activité.
A – LES CRITÈRES DE DISTINCTION
Sont civiles, les sociétés dont l’activité est de nature civile
(agriculture, pêche etc.) et commerciales, celles qui exercent l’une des
activités commerciales prévues par l’article 6 du code de commerce.
Toutefois, le législateur a décidé que toutes les sociétés qui
prendraient une des formes juridiques suivantes seraient considérées
des sociétés commerciales quel que soit leur objet : SA, SARL, Société
en Nom Collectif (SNC), Société en Commandite Simple (SCS) ou par
actions (SCA). On dit qu’elles sont commerciales par la forme.
B – LES INTÉRÊTS DE DISTINCTION
Actuellement en France, la majorité de ces critères de distinction
entre sociétés civiles et sociétés commerciales a disparu. En effet,

42
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

même pour les sociétés civiles l'immatriculation au registre de commerce


et des sociétés est devenue nécessaire à l'acquisition de la personnalité
morale (loi du 4/1/1978), elles sont soumises au même régime de nullité,
aux mêmes règles de responsabilité des associés devant les tiers et
celles relatives aux pouvoirs de représentation des gérants. En outre, les
sociétés civiles relèvent aussi des procédures de redressement et de
liquidation judiciaires au même titre que les sociétés commerciales (loi
du 13/7/1967), etc.
Mais au Maroc cette distinction entre société civile et société
commerciale conserve encore tous ses intérêts. Elle repose sur le fait
que les sociétés commerciales se particularisent par certaines
obligations et certaines caractéristiques qui sont propres aux
commerçants :
- lors de leur création, elles sont soumises à des règles de dépôt et
de publicité ;
- elles doivent obligatoirement se faire immatriculer au registre du
commerce, partant, elles ne peuvent acquérir la personnalité morale que
par cette immatriculation ;
- elles sont, en outre, soumises à toutes les obligations des
commerçants y compris celles imposées par le nouveau code de
commerce : l'ouverture d'un compte bancaire, le paiement par chèque ou
virement bancaire de toute opération commerciale dépassant le montant
de 10 000 dh ;
- elles sont régies par les règles du droit commercial : notamment
la preuve et les procédures de redressement et de liquidation judiciaires;
- par ailleurs, dans certaines sociétés commerciales la
responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports (par
exemple la SA, la SARL, les commanditaires de la société en
commandite simple), et dans d'autres, les associés sont tenus

43
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

indéfiniment et solidairement des dettes sociales (la SNC et les


commandités de société en commandite simple) ; alors que dans les
sociétés civiles, en principe, il n'y a pas de solidarité entre les associés,
chacun est tenu aux dettes sociales proportionnellement à son apport et
indéfiniment.

§ 2 – SOCIÉTÉS DE PERSONNES ET SOCIÉTÉS DE CAPITAUX

A – LES SOCIÉTÉS DE PERSONNES (SNC ET SCS)


Ce sont des sociétés qui se caractérisent par :
- la prédominance du facteur personnel (l’intuitu personae) dans
leur constitution et leur fonctionnement ;
- l’engagement des associés au-delà de leurs apports, leur
responsabilité sera illimitée, c'est-à-dire solidaire et indéfinie ;
- en contrepartie de leur apport, les associés reçoivent des parts
d’intérêts ou parts sociales, qui sont des valeurs non négociables, c'est-
à-dire qu’elles ne sont cessibles que par la voie civile.
B – LES SOCIÉTÉS DE CAPITAUX OU PAR ACTIONS (SA ET
SCA)
Dans ce type de sociétés :
- la considération de la personne est indifférente, la somme des
apports individuels compte plus que la personne des apporteurs ;
- chaque associé n’est tenu que jusqu’à concurrence de son
apport ;
- les associés reçoivent des actions qui sont négociables.

§ 3 – LA SARL

C’est une société à mi-chemin entre les deux groupes précédents :


- comme dans les sociétés de capitaux, les associés ne sont
engagés que jusqu’à concurrence de leurs apports ;

44
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

- comme dans les sociétés de personnes, les associés se


connaissent (intuitu personae) ;
- et les parts sociales ne sont pas négociables.

TABLEAU COMPARATIF DES CARACTERISTIQUES DES


SOCIETES COMMERCIALES
LES SOCIÉTÉS DE LES SOCIÉTÉS DE
PERSONNES LA SARL CAPITAUX
S.N.C. + SCS S.A + SCA
Intuitu personae Intuitu personae Les apports (capital)
Responsabilité Responsabilité limitée Responsabilité limitée
illimitée
Parts sociales Parts sociables Actions
(non négociables) (non négociables) (négociables)

§ 4 – LES SOCIÉTÉS SANS PERSONNALITE

Dépourvues de la personnalité juridique, ces sociétés ont la qualité


civile lorsqu’elles ont pour objet une activité civile, mais lorsqu’il est
commercial, elles sont régies par les dispositions relatives à la SNC. Il
s’agit de la société en participation et de la société créée de fait qu'il ne
faut pas confondre avec la société de fait.
A – LA SOCIETE EN PARTICIPATION
Réglementée par la loi 5/96 (articles 88 à 91), la société en
participation est la plus simple des sociétés dans la mesure où la loi
n’exige pour sa constitution aucune condition de forme, ni de publicité ;
de plus, elle n’a pas de personnalité morale puisqu’elle n’est pas
soumise à l’immatriculation (art 88), elle est donc dépourvue de
dénomination ou raison sociale, de siège social et de patrimoine social.

45
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

La société en participation n'est pas destinée à être connue des


tiers, elle n'a d'existence que dans les rapports entre associés.
Elle peut être créée de fait66.
L'intérêt de cette société est grand pour les personnes qui ne
désirent pas dévoiler leur société.
La société en participation peut être utilisée de manières très
diverses, allant de l'achat d'un objet déterminé jusqu'à l'association entre
des sociétés industrielles très puissantes (par exemple pour la
réalisation d'un projet commun).
Selon l'article 89 de la loi 5/96, l'objet, les droits et les obligations
des associés et les conditions de gérance de la société sont convenus
librement par les associés, à condition de respecter les dispositions de
contrat de société prévues par le D.O.C.
Les apports des associés ne deviennent pas la propriété de la
société, ils sont simplement remis au gérant, de même les bénéfices
tombent dans le patrimoine du gérant qui devient le débiteur des
associés.
Le gérant traite les affaires de la société en son nom personnel ;
toutefois, la société peut être connue des tiers (ostensible) et dans le cas
contraire, elle est occulte67.
Étant donné le caractère occulte de la société, les associés ne
peuvent pas tous assurer la gérance de la société, ils ne peuvent
accomplir que des actes de gestion interne. Le gérant, étant censé agir
en son nom personnel, il est seul engagé à l'égard des tiers. Mais si les
associés agissent en leur qualité d'associés avec les tiers, ils révèlent
ainsi leur société (par exemple ouvrir un compte au nom de la société ou

66
C'est-à-dire sans avoir l'intention de créer une société en participation.
67
- C’est pourquoi le législateur n’en exige aucune formalité de publicité. Ce caractère
occulte ne joue qu’à l’égard des tiers et non pas vis-à-vis de l’administration fiscale ; la
société doit se faire déclarer.

46
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

faire révéler un nom social sur les documents de la société, etc.), la


société devient alors ostensible.
Dans ce cas, si l'objet social est commercial, la société en
participation se transforme en société en nom collectif avec la
responsabilité indéfinie et solidaire des associés ; sinon, elle est civile.
Les associés sont donc liés par un contrat de société qu’ils doivent
respecter de la même façon que dans les autres sociétés.
B –SOCIETE CREEE DE FAIT / SOCIETE DE FAIT
- La société de fait est une société dont les associés ont voulu agir
en tant qu’associés, mais dont la société a continué de fonctionner tout
en étant entachée d’un vice de constitution, par exemple défaut d’un
élément constitutif essentiel qui entraîne l’annulation du contrat de
société.
Avant sa nullité cette société a pu prendre une des formes des
sociétés (par exemple une SA, une SARL, etc.), elle a pu être
immatriculée au registre de commerce et partant avoir déjà acquis la
personnalité juridique.
Cette nullité n'a cependant d'effet que sur l'avenir, les actes
antérieurement effectués sont valables, cette nullité étant inopposable
aux tiers.
- La société créée de fait est une société dont les associés se sont
comportés, en fait, comme des associés sans qu’ils en soient
conscients, c'est-à-dire sans avoir voulu créer une société. C’est une
société dont tous les éléments fondamentaux du contrat de société sont
réunis mais, contrairement à la société de fait, elle n'a jamais acquis la
personnalité morale.
Après sa découverte, cette société sera considérée comme société
de droit commun, mais si elle exerce une activité commerciale, elle sera

47
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

considérée comme une société en nom collectif entraînant la


responsabilité indéfinie et solidaire des associés.

CHAPITRE 2 – LES SOCIÉTÉS DE PERSONNES


Il s'agit de la société en nom collectif et de la société en
commandite simple.

SECTION 1 – LA SOCIÉTÉ EN NOM COLLECTIF


La SNC est régie par les articles 3 à 18 de la loi 5/96.

§ 1 – LES CARACTERES GENERAUX

A – LE CAPITAL ET LA RESPONSABILITÉ
Elle ne nécessite pas de capital minimal. Les apports peuvent être
faits en numéraire, en nature ou en industrie ; ils donnent droit à
l’attribution de parts sociales d’égale valeur choisie par les associés.
Toutefois, la responsabilité des associés constitue une contrepartie
à la faiblesse de ce capital ; en effet, ces derniers sont responsables
indéfiniment et solidairement des dettes de la société.
B – LA CAPACITÉ DES ASSOCIÉS
L’article 3 de la loi 5/96 considère que tous les associés de la SNC
ont la qualité de commerçant. Partant, la capacité commerciale est
requise des associés. De fait, certaines catégories de personnes ne
peuvent être associées dans la SNC ; ce sont :
- les mineurs, même émancipés, s’ils ne sont pas autorisés à faire
le commerce ;
- les majeurs interdits ;
- les personnes dont la profession n’est pas compatible avec la
qualité de commerçant (avocat, fonctionnaire, etc.) ;
- les personnes dont l’activité commerciale se trouve interdite à
raison d’une incapacité ou d’une déchéance.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

§ 2 – LA GESTION DES SOCIÉTÉS EN NOM COLLECTIF

Il s'agit de déterminer les conditions de la gérance, de la cessation


des fonctions du gérant et ses pouvoirs68.
A – LES CONDITIONS DE LA GÉRANCE
Le fonctionnement de la société est assuré par un ou plusieurs
gérants nommés dans les statuts (gérant statutaire) ou par acte ultérieur.
Sans stipulation des statuts, tous les associés sont gérants 69.
Que le gérant soit ou non associé, les statuts fixent librement les
conditions de sa nomination (majorité ou unanimité) ; à défaut de
dispositions statutaires, sa désignation requiert l'unanimité puisque dans
ce cas, il y a modification de la règle suivant laquelle en cas de silence
des statuts tous les associés sont gérants. Autrement dit, la nomination
des gérants s'effectue à l'unanimité, sauf disposition contraire des
statuts.
Le gérant peut être une personne physique ou morale, dans ce
dernier cas, la personne morale doit désigner son représentant qui sera
responsable de la même manière que les personnes physiques.
Le gérant doit avoir la capacité de faire le commerce, qu'il soit
associé ou non ; mais n’est pas obligatoirement commerçant dans le cas
où il ne ferait pas partie de la société (il n'est dans ce cas que
mandataire).
Il lui est possible de cumuler plusieurs mandats de gérant dans
plusieurs sociétés ; mais il lui est interdit d'exercer une activité similaire à
celle de la société, sauf s'il est autorisé par les associés.
Sa rémunération est fixée par les statuts ou par décision ultérieure
des associés.
68
S'agissant de la responsabilité civile des gérants, voir infra chapitre 3 relatif à la SARL,
quant à la responsabilité pénale, elle résulte de nombreuses dispositions de la loi 5/96.
69
Il faut par exemple mentionner dans les statuts que "la société sera dirigée par un ou deux
ou trois…gérants nommés par assemblée générale…" ; à défaut d'une disposition de ce
genre, tous les associés seront considérés des gérants.

49
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

B – LA CESSATION DES FONCTIONS


Les fonctions du gérant prennent fin par démission, incapacité,
déchéance ou révocation par les associés.
a. La révocation des gérants associés
- Si le gérant associé est statutaire, sa révocation, qui doit être
décidée à l’unanimité des autres associés, entraîne automatiquement la
dissolution de la société, à moins que sa continuation ne soit prévue par
les statuts ou que les autres associés ne la décident à l’unanimité
- La révocation du gérant associé non statutaire nécessite
également l’unanimité des associés à défaut de dispositions contraires
des statuts, mais n’entraîne pas la fin de la société.
b. La révocation du gérant non associé
Si le gérant n’est pas associé (personne extérieure à la société), la
majorité suffit pour le révoquer à défaut de conditions prévues par les
statuts.
Aucun texte ne prévoit expressément la démission du gérant d’une
SNC ; néanmoins, une telle possibilité existe, que la gérance soit ou non
statutaire.
Dans tous les cas, une révocation abusive (sans justes motifs),
peut donner lieu à des dommages-intérêts au profit du gérant 70. Il en est
de même en cas de démission abusive de la part du gérant.

C – LES POUVOIRS DU GÉRANT


Il est habituel de distinguer les pouvoirs du gérant dans ses
rapports avec les associés et dans ses rapports avec les tiers.

70
Dans tous les cas, la révocation abusive (révocation entourée de circonstances vexatoires,
injurieuses, portant atteinte à l’honneur, la réputation et la probité du dirigeant révoqué)
ouvre droit à une indemnisation tandis que la révocation irrégulière (prise selon des formes
non appropriées) peut être annulée.

50
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

a - Les pouvoirs du gérant face à ses associés


Dans les rapports avec les associés, le gérant peut accomplir tous
les actes de gestion dans l’intérêt de la société ; toutefois, les statuts
prévoient souvent une limitation de ses pouvoirs en soumettant certains
actes à l’autorisation préalable des associés (vente d’immeubles,
dépenses excessives, constitutions de sûretés, etc.).
b - Les pouvoirs du gérant face aux tiers
Dans ses rapports avec les tiers, le gérant engage la société par
les actes qui entrent dans le cadre de l’objet social, par conséquent, et
contrairement à la SARL, la société n'est pas tenue par les actes du
gérant qui dépassent l'objet social. Les clauses statutaires limitant les
pouvoirs des gérants sont inopposables aux tiers.
En cas de pluralité de gérants, chacun d’entre eux peut faire tous
les actes conformément à l’objet social.

§ 3 - LES REGLES CONERNANT LES ASSOCIÉS

Les associés ont un droit de communication et d’information ; ils


prennent leurs décisions en assemblée générale et peuvent difficilement
sortir de la société dans la mesure où «l’intuitu personae» demeure le
fondement de l’existence de la SNC.
A – LE DROIT D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION
a – L’information au siège social
Deux fois par an, les associés ont le droit de prendre connaissance
(et éventuellement copie) au siège social des livres comptables, ainsi
que de tous les documents sociaux utilisés par la société au cours de
son activité. A cette fin ils peuvent être assistés d’un conseiller.
Ils peuvent aussi poser des questions par écrit sur la gestion
sociale, auxquelles il doit être répondu également par écrit.

51
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

C’est un droit impératif qui peut donner lieu, s’il n’est pas respecté
par les gérants, à des sanctions pénales (article 110).
b – L’information préalable aux assemblées
Avant chaque assemblée, les gérants sont tenus de faire parvenir
une information complète aux associés afin qu’ils puissent prendre leurs
décisions en toute connaissance de cause.
Cette obligation est importante pour l’assemblée générale ordinaire
annuelle d’approbation des comptes, à l’occasion de laquelle de
nombreuses décisions seront prises.
15 jours au moins avant la réunion, les associés reçoivent les
documents comptables (bilan, compte de résultat, etc.) les rapports de
gestion du gérant et, le cas échéant, celui du commissaire aux comptes,
ainsi que les résolutions proposées.
Pendant le délai de 15 jours qui précède l’assemblée, l’inventaire
doit être mis à la disposition des associés au siège social pour y être
consulté.
En cas de non-respect de ces obligations, le gérant encourt des
poursuites pénales (article 111) et les décisions prises pourront être
annulées par le tribunal.
B – LE POUVOIR DES ASSEMBLÉES
Les assemblées peuvent se tenir seulement par correspondance à
l’exception de l’assemblée générale ordinaire annuelle d’approbation des
comptes ou lorsqu’une réunion est demandée expressément par un
associé (article 9).
Certaines décisions sont obligatoirement prises à l’unanimité
(révocation du gérant associé statutaire, continuation de la société,
cession des parts, etc.), les autres décisions peuvent être prises à une
majorité fixée par les statuts.

52
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Après chaque assemblée, un procès – verbal est rédigé et signé


par tous les associés présents. En cas de consultation écrite, il en est
fait mention au PV signé par le gérant et accompagné de la réponse de
chaque associé.
C – LA CESSION DES PARTS
Cette question est réglementée par l'article 15 de la loi 5/96.
L’associé qui veut vendre ses parts sociales doit obtenir
l’autorisation de tous les autres associés. En effet, dans les sociétés de
personnes où les associés sont peu nombreux, ces derniers doivent se
protéger contre l’intrusion de personnes indésirables dans la mesure où
«l’intuitu personae» est très fort.
Lorsque l’agrément est refusé, l’associé doit rester dans la société
ou provoquer sa dissolution par une décision de justice pour "justes
motifs".
Pour la cession des parts de la SNC, il faut déposer une copie de
l’acte de cession au siège social contre la remise à l’associé cédant d’un
certificat de dépôt par le gérant.
Pour être opposable aux tiers, la cession doit être inscrite au
registre de commerce.
D - LA RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS
En cas de non-paiement des dettes par la société et 8 jours 71 après
la mise en demeure de celle – ci par acte extrajudiciaire 72, les créanciers
peuvent poursuivre les associés en paiement de l’intégralité du passif
(article 3).
La responsabilité étant solidaire et indéfinie, les associés peuvent
être tenus de payer l’ensemble des dettes sur leurs biens personnels et

71
- Ce délai peut être prolongé par ordonnance du président du tribunal, statuant en référé,
une seule fois et pour la même durée (article 3 alinéa 2).
72
- Il s’agit d’un acte dressé par un auxiliaire de justice (avocat, huissier de justice, etc.) en
dehors de toute procédure, c'est - à - dire avant toute action en justice.

53
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

un associé risque, s’il est solvable, de payer les dettes des autres
associés insolvables (c'est-à-dire toute la dette sociale). Il aura toutefois
par la suite la possibilité de se retourner contre eux pour récupérer les
sommes payées indûment (action récursoire)73.

§ 4 – LA FIN DE LA SNC

À côté des causes de dissolution communes à toutes les sociétés,


il existe certaines causes particulières aux SNC.
Ainsi, en cas de problèmes graves affectant la personne des
associés (décès, incapacité, faillite personnelle, etc.) ou lors de la
révocation d’un gérant associé statutaire, la société doit être dissoute, à
moins que les associés ou les statuts n’en décident autrement.
En cas de décès, les associés peuvent accepter de continuer avec
tout ou partie des héritiers. Si ces derniers sont mineurs, la société doit
se transformer en société en commandite simple dans laquelle ils
deviendront des commanditaires.
En tout état de cause, la décision de continuer appartient en
dernier recours aux associés.

SECTION 2 - LA SOCIÉTÉ EN COMMANDITE SIMPLE


La société en commandite simple est le type de société le plus rare
en pratique dans la mesure où il existe d'autres sociétés, comme la
SARL, qui offrent, comme la société en commandite simple, la possibilité
de limiter la responsabilité des associés aux apports, mais en plus
présentent d'autres avantages, notamment la faculté de mieux contrôler
et de participer à la gestion de la société.
La société en commandite simple reste cependant une issue pour
résoudre un problème pratique qu'on rencontre souvent à l'occasion du
décès d'un associé d'une SNC qui laisse des héritiers mineurs qui ne
73
- C’est donc une action que le défendeur intente à l’encontre de son débiteur pour obtenir
le remboursement des sommes dont il est redevable.

54
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

peuvent être des associés en nom, étant donné que ceux-ci sont
qualifiés commerçants (v. article 17 in fine).
La société en commandite simple est réglementée par les articles
19 à 30 de la loi 5/96 et par certaines dispositions qui régissent la SNC.

§ 1 - LES CARACTERES GENERAUX

A- LES ASSOCIÉS
La société en commandite simple (ou société par intérêt) est une
société de personnes qui se caractérise par la coexistence de deux
catégories d'associés : des commandités qui ont le statut d'associés en
nom collectif et des commanditaires qui ne répondent des dettes
sociales qu'à concurrence du montant de leur apport et qui n'ont pas, à
ce titre, la qualité de commerçant (article 20 loi 5/96).
Pour être valablement constituée, elle doit comprendre au moins
deux associés : un commandité et un commanditaire. Pour être
commanditaire, il suffit donc d'avoir la capacité civile.
La société en commandite simple se caractérise, en outre, par la
prédominance de l'intuitu personae chez les commanditaires, ce qui
entraîne, en principe, l'incessibilité des parts sociales ; ce qui la distingue
de la société en commandite par actions où les capitaux comptent plus
que les associés et dont les actions sont, par conséquent, librement
cessibles.
B - LES APPORTS ET LE CAPITAL
Les commandités ont la possibilité de réaliser toute sorte d'apport,
y compris en industrie ; par contre, il est interdit aux commanditaires de
faire des apports en industrie.
La société en commandite simple ne nécessite pas non plus de
capital minimum puisque les commandités sont responsables
solidairement et indéfiniment ; ce qui constitue une garantie suffisante
pour les créanciers sociaux.
55
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

§ 2 - LA GESTION DE LA SCS

En ce qui concerne la gestion, ce sont les mêmes règles de la


société en nom collectif qui s'appliquent à la société en commandite
simple74. Dans la mesure où les commandités sont les seuls à être
responsables indéfiniment et solidairement des dettes sociales, seuls
leurs noms peuvent figurer dans la dénomination sociale et ils sont les
seuls à pouvoir s'occuper de la gestion de la société.
Quant aux commanditaires, ils ne peuvent jamais être chargés de
la gestion puisque aux termes de l'article 25 "l'associé commanditaire ne
peut faire aucun acte de gestion engageant la société vis-à-vis des tiers,
même en vertu d'une procuration" sous peine de répondre solidairement
et indéfiniment avec les commandités des dettes sociales qui résultent
des actes prohibés ou même de l'ensemble des dettes si ces actes sont
nombreux ou importants. Leur pouvoir se limite donc aux décisions
collectives.

§ 3 - LES REGLES CONCERNANT LES ASSOCIÉS

A - LE POUVOIR DES ASSOCIÉS


La réunion d'une assemblée de tous les associés est obligatoire
dès lors qu'elle est requise soit :
- par un commandité,
- soit par le quart en nombre et en capital des commanditaires.
Les décisions ordinaires, c'est-à-dire résultant d'une assemblée
générale ordinaire, sont prises à la majorité fixée par les statuts.
Par contre, les décisions extraordinaires, c'est-à-dire qui sont
prises en assemblée générale extraordinaire, donnant lieu à modification
des statuts, ne peuvent être adoptées qu'avec :
- le consentement de tous les commandités,
- et de la majorité en nombre et en capital des commanditaires.
74
Y compris la question relative au dépassement de l'objet social et des limites statutaires.

56
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Les clauses édictant des conditions plus strictes de majorité sont


réputées non écrites.
B - LA CESSION DES PARTS
La règle posée par l'article 27 veut que les parts sociales ne soient
cédées qu'avec le consentement de tous les associés (l'intuitu personae
oblige).
Toutefois, les statuts peuvent prévoir :
En ce qui concerne la cession des parts des commanditaires :
* la libre cession entre les associés (commanditaires ou
commandités) ;
* et pour la cession à des tiers étrangers à la société, le
consentement de tous les commandités et la majorité en nombre et en
capital des commanditaires.
En ce qui concerne la cession des parts d'un commandité, il
ressort du dernier alinéa de l'art. 27 deux limites :
* d'une part, les statuts ne peuvent prévoir la cession que d'une
partie75 des parts sociales des commandités ;
* d'autre part, cette cession ne peut être prévue qu'au profit d'un
commanditaire ou d'un tiers étranger à la société, auquel cas le
consentement de tous les commandités et la majorité en nombre et en
capital des commanditaires est nécessaire.
On doit donc déduire de cet alinéa que la cession de la totalité des
parts d'un commandité à un commanditaire ou à un tiers nécessite le
consentement de tous les associés ; il en est de même pour leur cession
à un autre commandité (que ce soit d'une partie ou de la totalité des
parts), puisque le dernier alinéa de l'article 27 ne permet pas de prévoir
de dérogation dans cette hypothèse.

75
Sinon, il y aura un commandité en moins dans la société.

57
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

§ 4 - LA FIN DE LA SCS

La société en commandite simple prend fin lorsque survient l'une


des causes communes à toutes les sociétés.
En outre, il existe des causes particulières à la commandite dues,
surtout, aux problèmes affectant la personne des commandités ; car, les
événements propres aux commanditaires, notamment le décès,
n'empêchent pas la société de continuer, dans ce dernier cas les statuts
peuvent prévoir que les héritiers du défunt doivent être acceptés par les
associés.
Quant aux commandités deux hypothèses doivent être
considérées, le décès ou des événements d'autre sorte :
* Le décès de l'un d'eux met fin, en principe, à la société à moins
que les statuts ne prévoient la continuation avec ses héritiers. Dans le
cas où ces derniers sont mineurs non émancipés, on peut se trouver
devant deux hypothèses :
- s'il existe d'autres commandités, ils deviennent commanditaires ;
- si le défunt était le seul commandité :
 il doit être procédé à son remplacement par un nouvel associé
commandité,
 ou à la transformation de la société (en SARL ou en SA), dans le
délai d'un an à compter du décès,
 à défaut, la société est dissoute de plein droit à l'expiration de ce
délai.
* En cas de redressement ou de liquidation judiciaire d'un des
commandités, d'incompatibilité, de déchéance ou d'incapacité frappant
l'un d'eux, la société est dissoute, à moins que, s'il existe un ou plusieurs
autres commandités, la continuation de la société ne soit prévue par les
statuts ou que les associés ne la décident à l'unanimité des
commandités et la majorité en nombre et en capital des commanditaires

58
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

(art 30). Dans ce cas, l'associé sortant est indemnisé de la valeur de ses
droits sociaux, laquelle valeur est déterminée par un expert désigné par
ordonnance du président du tribunal statuant en référé (art 18 al.2).

CHAPITRE 3 – LA S A R L
La SARL était réglementée par le dahir du 1 er septembre 1926 qui
avait rendu applicable au Maroc la loi française du 7 mars 1925.
Actuellement, elle est régie par les articles 44 à 87 de la loi 5/96
qui a abrogé les dispositions du dahir de 1926.
La SARL est considérée comme une société hybride dans la
mesure où elle possède certaines caractéristiques des sociétés de
personnes et d’autres des sociétés de capitaux.
Depuis la loi 5/96, il est devenu possible de créer une SARL à
«associé unique».

SECTION 1 – CARACTERES GENERAUX


§ 1 – CAPITAL ET RESPONSABILITE

A – LE CAPITAL ET LES APPORTS


Fixé par la loi 5/96 à 100 000 dhs, le capital minimum de la SARL a
été réduit à 10 000 dhs en 200676 "afin de lutter contre l’informel". Malgré
la modicité de ce capital, la loi 24-10 a estimé qu’il « constitue une
barrière à l’entrée pour les entrepreneurs qui souhaitent formaliser leur
activité sous la forme sociétale »,
C'est pour cette raison qu'elle a carrément supprimé le capital
social. "Le capital de la société à responsabilité limitée est librement fixé
par les associés dans les statuts", prévoit le nouvel art. 46. Et la note de
présentation de la loi 24-10 de préciser que "la présente loi vient
confirmer la volonté du gouvernement de faciliter et simplifier la création

76
Depuis la loi 21/05 promulguée par dahir du 14 février 2006, B.O. n° 5400 du 2 mars 2006.

59
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

de la société à responsabilité limitée en supprimant l’exigence d’un


capital minimum".
Il est vrai qu'en pratique le capital social ne constitue en rien la
garantie des créanciers sociaux puisque « les apports effectués pour
constituer le capital peuvent être librement utilisés et être entièrement
dépensés ou investis juste après la constitution ». Cependant, comment
concevoir dans notre système juridique une société sans aucun apport
capitalisable avec une responsabilité limitée des associés ?
Comme dans les sociétés de personnes, lorsqu'un capital est
prévu, les apports sont représentés par des parts sociales égales, dont
le montant nominal était fixé initialement à 100 dh, ensuite à 10 dh. La loi
24-10 prévoit seulement que le capital social est divisé en parts sociales
à valeur nominale égale, ce qui veut dire qu’il appartiendra désormais
aux associés de déterminer la valeur nominale.
Les apports en industrie sont interdits dans la SARL (Art. 51 al. 2)
en considérant la responsabilité limitée des associés ; en plus du fait
qu'ils ne sont ni capitalisables ni saisissables.
Tout en supprimant le capital social, la loi 24-10 continue quand
même à interdire les apports en industrie dans la SARL (Art. 51 al. 3).
Cependant, dans notre système juridique si l'on interdit les apports en
industrie dans une société, c'est à cause de la responsabilité limitée des
associés ; en plus du fait qu'ils ne sont ni capitalisables ni saisissables.
Or, actuellement si la société est constituée sans aucun capital, les
associés n’y feront aucun apport, ni en nature ni en numéraire ni, bien
sur en industrie, on se demandera alors à quoi va se limiter leur
responsabilité ?
Toutefois, une exception à cette interdiction a été introduite en droit
français par la loi du 10 juillet 1982 afin de permettre la constitution de

60
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

SARL entre époux77, elle concerne les conjoints de commerçants et


d'artisans qui travaillent dans l'entreprise familiale.
Bien que les entreprises conjugales ne sont pas de tradition au
Maroc, contrairement à la France où elles sont très courantes, la loi 5/96
a quand même, à toute fin utile, adopté cette exception qui est d'ailleurs
assorties d'un certain nombre de conditions :
1° l'apport en industrie ne peut être effectué que si la SARL a pour
objet l'exploitation d'un fonds de commerce ou d'une entreprise
artisanale78:
* soit que ce fonds ou cette entreprise artisanale aient été apportés
à la société en nature ;
* soit qu'ils aient été créés par la société à partir d'éléments
corporels ou incorporels qui sont apportés en nature à la SARL 79 ;
2° seul l'apporteur80 du fonds ou de l'entreprise artisanale ou de
certains éléments seulement, dans le cas où le fonds est créé par la
société, peut apporter son industrie ;
3° à la condition que l'activité principale de cet apporteur (ou de
son conjoint) soit liée à la réalisation de l'objet social (c'est-à-dire du
fonds de commerce ou de l'entreprise artisanale) 81.
Désormais, la loi 24-10 continue à interdire les apports en industrie
dans la SARL au moment où elle a purement et simplement supprimé le
77
- Rappelons que depuis la loi du 23/12/1985, il est permis de constituer société entre
époux en France.
78
- Ce qui exclue les sociétés exerçant une activité agricole ou libérale, V. MERLE (Ph),
Droit commercial, Sociétés commerciales, 3ème édition, Paris, Précis Dalloz, 1992, n° 181 et
de JUGLART (M) et IPPOLITO (B), Cours de droit commercial, Les sociétés commerciales,
2ème volume, 8ème édition, Paris, MONTCHRESTIEN, 1988, p. 682.
79
- Ce qui exclue les apports en nature lorsque la société achète un fonds de commerce ou
lorsqu'elle le crée en constituant tous ses éléments elle-même, c'est-à-dire sans recevoir en
apport aucun élément ni corporel, ni incorporel par un apporteur.
80
- Ou son conjoint, bien entendu, puisque c'est là le but de l'introduction en France de cette
exception à la règle.
81
- C'est à juste titre que G. RIPERT et R. ROBLOT, Traité élémentaire de droit commercial,
T.I, 14ème éd., Paris, L.G.D.J., 1991 n° 924, considèrent que les parts, représentatives d'un
apport lié à l'activité professionnelle de l'apporteur, sont incessibles et intransmissibles, et
doivent être annulées lorsque leur titulaire quitte la société.

61
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

capital social. Dans cette hypothèse, si la société est constituée sans


aucun capital, donc les associés n’y feront aucun apport ni en nature ni
en numéraire, alors qu’il leur est interdit de faire des apports en industrie,
on se demandera quel quatrième type d’apport y feront-ils, et donc
quelle responsabilité y assumeront-ils ?
B – LA RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS
L’avantage de ce type de société consiste dans la responsabilité
des associés qui est limitée au montant de leurs apports. En cas de
difficultés, leur patrimoine personnel ne sera pas mis en cause comme
dans les SNC.
Cependant, en pratique, cette limitation de responsabilité est
souvent mise en échec par le mécanisme du cautionnement bancaire
demandé aux associés, qui subordonne les prêts octroyés aux
entreprises à la mise en œuvre d’une telle garantie.

§ 2 – CAPACITE ET OBJET SOCIAL

A – LA CAPACITÉ DES ASSOCIÉS


Le nombre d’associés est limité à 50 ; au-delà de ce seuil, la SARL
doit se transformer en SA. À défaut de régularisation dans les deux ans,
la SARL sera dissoute de plein droit.
Pour devenir associé, la capacité civile suffit, contrairement à la
SNC dans laquelle la qualité de commerçant est indispensable.
B – L'OBJET SOCIAL
Certaines activités sont interdites à la SARL, l'article 44 al. 2 de la
loi dispose à ce sujet que les sociétés de banque, du crédit, de

62
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

l’investissement82, de l’assurance, de la capitalisation83 et de l’épargne


ne peuvent adopter la forme de la SARL. Cette dérogation au principe
libéral s'explique par une certaine crainte du législateur quant au crédit et
à la solvabilité d'une telle société.

SECTION 2 – LA GESTION DE LA SARL


§ 1 – LE GERANT

A – LES CONDITIONS DE LA GÉRANCE


La SARL est dirigée par un ou plusieurs gérants, qui est
obligatoirement une personne physique 84, associé ou non85. La capacité
civile suffit mais, en tout état de cause, il ne doit pas tomber sous le coup
d’interdictions ou de déchéances. D’autre part, certaines professions
sont incompatibles avec la fonction de gérant (les fonctionnaires par
exemple).
Le cumul de mandats de gérant dans deux ou plusieurs SARL est
possible. Mais il est interdit au gérant d'exercer une activité similaire à
celle de la société, à moins qu'il ne soit autorisé par les associés.
La durée des fonctions de gérant relève des statuts ou de l’acte de
nomination, à défaut, elle est légalement fixée à 3 ans.
Sa rémunération est fixée par les statuts ou par décision ultérieure
des associés.

82
- Les sociétés d'investissement sont notamment les SICAV (les sociétés d'investissement
à capital variable, spécialisées dans le placement des valeurs mobilières) et les sociétés
d'investissement qui cherchent à promouvoir l'investissement réel (c'est-à-dire dans des
domaines autres que financiers). Si ces sociétés ne peuvent adopter la forme de la SARL,
c'est parce qu'il est interdit aux SARL d'émettre des valeurs mobilières et donc de recourir à
la collecte des fonds du public (v. art. 54 de la loi).
83
La capitalisation boursière est l'évaluation des titres selon leur cotation à la bourse des
valeurs.
84
- On verra plus loin qu'il en est de même en ce qui concerne les SA pour le président du
conseil d'administration, le directeur général, les directeurs généraux délégués, le président
et le vice-président du conseil de surveillance ainsi que pour les membres du directoire.
85
- Cette possibilité de nommer un gérant étranger est très utile lorsque tous les associés
sont des personnes morales.

63
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

B – LA CESSATION DES FONCTIONS DE GÉRANT


Le gérant de la SARL a la possibilité de démissionner et les
associés peuvent le révoquer par décision représentant au moins trois
quarts des parts sociales (art. 69).
Une révocation abusive, de même qu’une démission abusive, peut
donner lieu à des dommages-intérêts au profit du gérant ou de la
société. En outre, le gérant est révocable par les tribunaux pour cause
légitime, à la demande de tout associé (art. 69 al. 2).
Enfin, l’arrivée du terme ou la survenance d’un événement
personnel (incapacité, déchéance, etc.) entraînent la fin des fonctions du
gérant.

§ 2 – POUVOIRS ET RESPONSABILITÉ DES GERANTS

A – LES POUVOIRS
Ils sont identiques à ceux des gérants de la SNC (v. art. 63).
Il existe toutefois une différence quant à l’engagement de la société
vis-à-vis des tiers. En effet, si pour la SNC la société est engagée dans
la limite de l’objet social, la SARL se trouve tenue de tous les actes de
gestion du gérant même s’ils dépassent l’objet social, à moins de
prouver que les tiers connaissaient ce dépassement, ce qui demeure
difficile en pratique car la publication des statuts ne suffit pas à constituer
cette preuve.
Les limites statutaires des pouvoirs du gérant sont inopposables
aux tiers.
B – LA RESPONSABILITÉ DU GÉRANT
Sa responsabilité peut être civile ou pénale.

64
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

a – La responsabilité civile
Elle se fonde sur la théorie des obligations qui suppose trois
conditions : une faute, un dommage et un lien de causalité entre la faute
et le dommage.
Il existe trois types de fautes concernant la gérance :
- des fautes de gestion (mauvais contrats, emprunts trop forts, etc.) ;
- la méconnaissance ou la violation des lois et règlements en vigueur
(non-respect du droit du travail, par exemple) ;
- ou encore le non-respect des statuts (lorsque le gérant outrepasse ses
pouvoirs que les statuts limitent).
L’action en responsabilité peut être intentée contre le gérant par les
associés ou les tiers dans le cadre d’une action individuelle (en cas de
préjudice personnel).
Si le dommage est causé à la société, il est possible d’intenter
l’action sociale. Elle sera exercée soit par la société (un des gérants ou
le nouveau gérant), soit par les associés (article 67).
À la différence de l’action individuelle, les sommes recueillies à
l’occasion de l’action sociale seront versées sur les comptes de la
société et non pas directement aux victimes du préjudice (un associé
lésé par exemple).
Les actions en responsabilité prévues à l’article 67 se prescrivent
par 5 ans à compter du fait dommageable.
b – La responsabilité pénale
En outre des dispositions du code pénal, la loi 5/96 a édicté de
nombreuses règles relatives aux infractions des gérants.
En plus des infractions communes aux différentes sociétés (articles
104 à 112 : répartition de dividendes fictifs, assemblées non conformes,
etc.), cette loi a consacré un chapitre spécial aux infractions et sanctions

65
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

propres aux SARL (émission de valeurs mobilières ; fausse déclaration


dans les statuts sur la répartition des parts sociales, la libération des
parts ou le dépôt des fonds, etc.).

SECTION 3 – LA SITUATION DES ASSOCIÉS


La situation des associés a trait à leur droit à l'information et la
communication, à leurs pouvoirs, à leur responsabilité et à la cession de
leurs parts dans la société.

§ 1 – INFORMATION ET COMMUNICATION

À ce sujet, les associés de la SARL ont trois prérogatives.


1 – Le contrôle permanent : Les associés des SARL ont un droit de
contrôle permanent sur la société. Ainsi, en vertu de l’article 70 al. 4, ils
peuvent prendre connaissance, à toute époque, au siège social de
l’ensemble des documents sociaux relatifs aux trois derniers exercices.
2 – L’information avant les assemblées : Quinze jours avant la
tenue de chaque assemblée, le gérant doit obligatoirement faire parvenir
aux associés certains documents comptables et sociaux ainsi que les
résolutions proposées, afin qu’ils puissent voter en toute connaissance
de cause (article 70).
À partir de cette communication, chaque associé peut poser des
questions par écrit au gérant auxquelles il sera répondu au cours de
l’assemblée (article 70 al. 3).
3 – Le droit d’alerte : Deux fois par an, tout associé peut poser des
questions par écrit au gérant sur tout fait de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation. La réponse, le cas échéant, sera
communiquée au commissaire aux comptes (article 81).

§ 2 – LES POUVOIRS DES ASSOCIÉS

A l’occasion des assemblées générales, les associés vont pouvoir


pleinement exercer leur pouvoir. En effet, leur vote permettra d’orienter

66
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

l’activité de la société comme ils le souhaitent. Il existe deux types


d’assemblées (ordinaire et extraordinaire).
A – L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE ANNUELLE
Elle doit se tenir dans les 6 mois qui suivent la clôture de l’exercice,
cette assemblée ne peut se faire par correspondance (article 71 al. 1).
Les associés peuvent être représentés par d’autres associés, leur
conjoint ou une autre personne si les statuts le prévoient (ce qui est
rare).
L’assemblée est convoquée soit par le gérant, soit par un
commissaire aux comptes en cas de problème, soit par un mandataire
désigné à la demande d’un associé par ordonnance du président du
tribunal statuant en référé (article 71).
Cette assemblée est obligatoire, de même qu’une réunion
demandée par un ou plusieurs associés détenant la moitié des parts
sociales ou détenant, s’ils représentent au moins le quart des associés,
le quart des parts sociales (article 71 al. 4).
Elle a pour fonction principale l’approbation des comptes annuels,
mais de nombreuses autres décisions peuvent être prises par les
associés à cette occasion (nomination et révocation du gérant,
autorisations diverses, etc.).
Le nombre de voix dont bénéficie chaque associé est équivalent au
nombre de parts détenues86 (article 72) et les décisions sont prises par
un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié des parts
sociales. Si cette majorité n’est pas obtenue, les associés sont
convoqués une seconde fois, et les décisions sont prises à la majorité
des votes émis, quel que soit le nombre des votants (article 74).
Rappelons que la révocation du gérant nécessite toujours la
majorité représentant au moins trois quarts des parts sociales.
86
C'est-à-dire que chaque associé dispose d'un nombre de voix égal à celui des parts
sociales qu'il détient.

67
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Les délibérations donnent lieu à un procès-verbal qui contient


toutes les indications sur la tenue et le déroulement de l’assemblée (lieu
et date de la réunion, associés présents, excusés ou représentés,
résolutions acceptées ou rejetées, etc.) (article 73).
B – L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDINAIRE
Ce deuxième type d’assemblée permet de modifier les statuts.
L’assemblée générale extraordinaire concerne toutes les décisions
importantes qui doivent être prises à une forte majorité. Toute
modification des statuts sera décidée par les associés représentant au
moins les trois quarts du capital social (article 75).
Cette majorité est nécessaire car les décisions prises peuvent
entraîner des conséquences graves pour la société, et par conséquent
pour les intérêts des associés (changement de dénomination, de siège
social, fusion, dissolution, etc.).
Toutefois, pour décider de l’augmentation du capital par
incorporation de bénéfices ou de réserves, la majorité requise est
seulement de la moitié des parts sociales.
Par ailleurs, les associés ne peuvent changer la nationalité de la
société. De même, la majorité ne peut, en aucun cas, obliger un associé
à augmenter son engagement social.

§ 3 – LA RESPONSABILITE DES ASSOCIÉS

Contrairement à la SNC, la responsabilité des associés est limitée


à leurs apports. Dans ces conditions, le montant de leurs pertes ne peut
dépasser ce qu’ils ont engagé dans la société.
Dans la pratique, les dettes étant reportées chaque année sur
l’exercice suivant, cette responsabilité ne sera réellement mise en jeu
qu’à la dissolution de la société ou après le paiement des dettes
(l’apurement du passif social) ; chaque associé retrouvera alors tout ou

68
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

partie de son apport (ou même quelque fois rien), mesurant ainsi
l’étendue de sa responsabilité.

§ 4 – LA CESSION DES PARTS

Lorsqu’un associé décide de se retirer d’une SARL, il doit vendre


ses parts. Nous avons vu que cette cession est difficile dans les SNC
puisqu’elle nécessite l’unanimité. Dans les SARL, la cession est plus
facile, mais elle demeure encore soumise à des conditions beaucoup
plus lourdes que dans les SA.
Tout d’abord, on doit signaler que la cession de parts à des
coassociés est libre ; de même que la cession au conjoint, ascendants
ou descendants d’un associé ou la transmission par voie de succession,
à moins que les statuts n’en disposent autrement.
Par contre, la cession à un tiers étranger nécessite l’agrément des
autres associés (article 58).
L’associé qui désire céder ses parts doit notifier son projet à la
société et à chacun de ses coassociés par acte extrajudiciaire ou par
lettre recommandée avec accusé de réception.
Le gérant doit consulter les associés lors d’une réunion ou, si les
statuts le permettent, par consultation écrite. L’agrément peut alors être
donné ou refusé ; l’autorisation nécessite la majorité en nombre des
associés représentant au moins les 3/4 des parts sociales87. Le défaut de
réponse dans les 30 jours de la notification vaut autorisation tacite.
En cas de refus d’agrément, si l’associé fait partie de la société
depuis moins de deux ans, il ne peut céder ses parts et doit rester dans
la société.
Dans le cas contraire, les parts doivent être rachetées par les
associés ou par un tiers agrée par les associés, dans les 30 jours du
refus, à un prix déterminé à dire d’expert.
87
Ce qui veut dire une double majorité.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

La société peut également, avec le consentement de l’associé


cédant88, décider, dans le même délai, de réduire son capital du montant
de la valeur nominale des parts de cet associé et de racheter elle-même
ces parts au prix également déterminé à dire d’expert.
Si, à l’expiration du délai imparti, aucune de ces solutions n’est
intervenue, l’associé peut réaliser la cession initialement prévue.

SECTION 4 – LA DISSOLUTION DE LA SARL


On retrouve les causes communes à toutes les sociétés. La SARL
n’est pas dissoute lorsqu’un jugement de liquidation judiciaire,
l’interdiction de gérer ou une mesure d’incapacité est prononcée à
l’égard de l’un de ses associés. Elle n’est pas non plus dissoute par le
décès d’un associé, sauf stipulation contraire des statuts.
Il existe des raisons spécifiques à la dissolution des SARL ; ainsi,
lorsque le nombre d’associés dépasse 50, elle doit se transformer en
SA, à défaut de régularisation dans les deux ans, elle sera dissoute de
plein droit.
À la fin d’un exercice, si les pertes constatées dans les documents
comptables font apparaître que les capitaux propres89 sont inférieurs au
quart du capital social, le gérant doit, dans les trois mois, convoquer une
assemblée générale extraordinaire qui décidera soit de régulariser la
situation financière (au plus tard à la clôture de l’exercice suivant), soit
sa dissolution.
Remarque sur le cas particulier de la SARL à associé unique :
Il convient enfin de préciser que ces mêmes règles sont
applicables à la SARL à associé unique (constitution, gérance,

88
Et ce pour des raisons fiscales.
89
Capitaux propres : ensemble des ressources financières définitivement à la disposition de
l'entreprise. On parle aussi de fonds propres : ressources internes d'une entreprise (opposé à
endettement, emprunt).

70
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

dissolution), ses particularités tiendront compte du fait de l’existence d’un


seul associé ; ainsi, les décisions sont-elles prises unilatéralement par
l’associé unique, ce qui n’exclut pas la tenue d’un registre des
assemblées.

CHAPITRE 4 – LA SOCIETE ANONYME


La SA représente l’archétype des sociétés de capitaux. Apparue au
XIXème siècle à une époque d’expansion économique due à la révolution
industrielle, où la recherche et la mise en commun de capitaux
importants étaient indispensables afin de créer des entreprises de
grande taille rendues obligatoires par les avancées technologiques
générées par le progrès scientifique.
Le code de commerce de 1913 ne consacrait à la SA que les deux
articles 50 et 51 ; ce dernier article avait été abrogé par le dahir du 11
août 1922 relatif aux sociétés de capitaux qui avait rendu applicable au
Maroc la loi française du 24 juillet 1867.
Actuellement désormais, nous disposons d’une loi spéciale
consacrée à la seule SA, il s’agit de la loi n°17-95 promulguée par dahir
n° 1-96-124 du 30 août 199690.

SECTION 1 – LES CARCTERES GENERAUX


Comme pour toute société, la S.A. obéit pour sa constitution à des
conditions de forme (V. pour ces dernières, chapitre 1) et des conditions
de fond.
1 – La qualité d’associés : Le nombre des associés d’une SA doit
être au minimum de 5 ; il n’existe pas de maximum comme pour la

90
- B.O. n° 4422 du 17/10/1996, p. 661.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

S.A.R.L. 91. La capacité civile suffit : de fait, toute personne physique ou


morale, marocaine ou étrangère peut acquérir des actions d’une SA.
2 – Le capital social : Le montant des apports doit être au moins
égal à 300 000 dh lorsque la société ne fait pas appel public à l’épargne
et à 3 millions de dh lorsqu’elle fait appel public à l’épargne 92, c'est-à-dire
quand les fondateurs utilisent des moyens publicitaires pour inciter des
personnes à devenir leurs associés.
Le capital social est divisé en actions dont le montant nominal ne
peut être inférieur à 50 dh, et à 10 dh pour les sociétés dont les titres
sont cotés en bourse (art. 246 al. 3 modifié par la loi 20/05). Alors que la
valeur nominale était de 100 dh, les pouvoirs publics ont expliqué cette
baisse par le fait de rendre les S.A. accessibles à un large éventail
d'épargnants et donc de redynamiser le marché boursier marocain. Or,
dans la réalité, le droit de souscription aux sociétés nouvellement
introduites à la cote de Casablanca n'a jamais atteint ce niveau de prix
(10 dh) !
3 – Les apports : Les associés qu’on nomme des actionnaires
peuvent faire des apports en numéraire et en nature 93, les apports en
industrie étant interdits.

91
L’article 9 de la loi 17/95 stipulait qu’une SA qui compte plus de 100 actionnaires est
réputée faire publiquement appel à l’épargne. Cette disposition a été abrogée par l'article 5
de la loi n°23/01 promulguée par dahir du 21 avril 2004. B.O. n° 5210 – 6 mai 2004.
92
L'article 9 est actuellement ainsi rédigé (dahir 21 avril 2004):
Est réputée faire appel public à l'épargne toute société anonyme qui :
- fait admettre ses valeurs mobilières à la Bourse des valeurs ou sur tout autre marché
réglementé ;
- ou qui émet ou cède lesdites valeurs des valeurs mobilières dans le public en ayant
recours, directement ou indirectement, au démarchage ou à la publicité, ou par l’entremise
de sociétés de bourse, de banques ou d’autres établissements dont l’objet est le placement,
la gestion, ou le conseil en matière financière, et dont la liste est fixée par arrêté du ministre
chargé des finances, sur proposition du CDVM (par renvoi à l'article 12 loi du 21 septembre
1993 relative à la Bourse des Valeurs). Depuis la loi 78-12 promulguée par dahir du 29 juillet
2015, ce dernier alinéa est ainsi formulé: "émet ou cède lesdites valeurs dans les conditions
prévues par les textes législatifs et réglementaires en vigueur".
93
V. introduction

72
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

La contrepartie des apports est représentée par des titres


négociables qu’on appelle des actions ; ces dernières peuvent être
cotées en bourse. Par conséquent, toute personne peut acheter ou
céder librement les actions qu’elle détient sur ce marché par
l’intermédiaire des sociétés de bourse94.
4 – L’objet social : La forme de la SA est imposée pour certaines
activités économiques : l’activité bancaire, les entreprises
d’investissement, les entreprises de crédit immobilier.

SECTION 2 – LA GESTION DE LA SA
La nouvelle loi offre désormais un choix entre deux types de
gestion de la SA : un mode traditionnel à l’instar de celui prévu par le
dahir de 1922, avec un conseil d’administration et son président, et un
type nouveau, avec un directoire et un conseil de surveillance, repris sur
la législation française elle-même inspirée du droit allemand (Vor stand
et Aufsitchtsrat)95.
En introduisant ce nouveau type de gestion, le législateur français
avait pour but de faire introduire dans le directoire (qui est, contrairement
au conseil d’administration, ouvert aux non – actionnaires) les salariés
de l’entreprise et plus particulièrement les hauts cadres. Il est cependant
étonnant qu’en France plus de 99% des SA utilisent le mode traditionnel
d’administration et moins de 1% ont recours au nouveau système avec
directoire et conseil de surveillance.
Les SA ont le libre choix entre ces deux modes de gestion, soit
pour celles qui se créent, soit pour celles qui existent déjà ; la société
peut même adopter l’un d’eux lors de sa constitution, et décider de le

94
La loi 20/05 a interdit de soumettre la négociabilité des actions cotées en bourse à
l'agrément des actionnaires (art.255).
95
- Lois allemandes du 30/1/1937 et 6/9/1965.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

changer par l’autre au cours de la vie sociale, par AG extraordinaire, en


modifiant les statuts.
Nous envisagerons donc dans cette section d’abord, le type
traditionnel d’administration, ensuite, le type moderne.

§1 - LA SA AVEC CONSEIL D’ADMINISTRATION


L'un des apports principaux de la loi 5/20 a été celui de redéfinir les
pouvoirs du conseil d'administration et de son président, tout en
dissociant les fonctions du président et du nouveau directeur général.
A- LE CONSEIL D’ADMINISTRATION 
a – Composition
Le nombre des membres qui composent le conseil d’administration
est fixé entre 3 et 12 administrateurs ; toutefois, dans les sociétés dont
les actions sont inscrites à la cote de la bourse des valeurs, ce maximum
est porté à 15 administrateurs96.
Les membres du conseil font partie de la société, ce sont donc des
actionnaires.
Ils doivent posséder la capacité civile sans avoir la qualité de
commerçant ; néanmoins, comme pour les gérants, d’autres conditions
sont à respecter.
Ce sont des personnes physiques ou morales qui, dans ce cas,
doivent se faire représenter par un représentant permanent; il n’est pas
obligé que les administrateurs soient de nationalité marocaine ; ils
peuvent cumuler, sans limite, plusieurs mandats d’administrateur.
Un salarié de la société peut être nommé administrateur, à
condition que son contrat de travail, stipule l’article 43, corresponde à un
emploi effectif 97
sous peine de nullité de sa nomination, d’autant plus
96
- Pour le nombre des administrateurs en cas de fusion, voir article 39 alinéas 2 et 3.
97
- C’est-à-dire qu’il faut qu’il y ait un lien de subordination entre le salarié et la société et,
suivant la jurisprudence française, le contrat de travail doit être « sérieux et sincère ». Mais,

74
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

qu’il ne doit pas perdre les bénéfices de son contrat de travail, autrement
dit, il doit continuer à percevoir son salaire, d’acquérir l’ancienneté.
Mais le nombre des administrateurs salariés de la société, en vertu
d’un contrat de travail, ne peut toutefois pas dépasser le 1/3 des
membres du conseil d’administration ; on remarquera cependant que la
loi ne prévoit pas de sanction en cas de dépassement ! Il y a lieu de
penser que les nominations excédentaires peuvent être frappées de
nullité.
b – La cessation des fonctions
Les fonctions d’administrateur prennent fin de plusieurs façons :
- la fin du mandat : la durée du mandat est déterminée par les
statuts sans pouvoir excéder 6 ans s'il est nommé par assemblée
générale, ou 3 ans s'il est nommé par les statuts,
- un événement personnel : déchéance, incapacité, etc.
- la démission ou révocation : celle-ci est prononcée "ad nutum"
par l'assemblée générale ordinaire, c'est-à-dire sans justification ni
indemnités, sauf en cas d’abus ; ce qui s'explique par les règles du
mandat, l'administrateur étant un mandataire.
c – La rémunération
Elle consiste en une somme allouée annuellement aux
administrateurs et répartie en fonction de leur travail. L’assemblée
générale ordinaire annuelle d’approbation des comptes en fixe le
montant ; ce sont les fameux jetons de présence.
On peut aussi trouver des rémunérations exceptionnelles à
l’occasion de certaines missions confiées aux administrateurs.

comme le législateur n’a pas exigé un délai minimum d’ancienneté du contrat de travail, rien
n’interdit à l’intéressé de décrocher de la société un contrat de travail juste avant sa
nomination au poste d’administrateur.

75
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

d – Les pouvoirs du conseil d’administration


Alors que le conseil d'administration était, exactement comme le
président du conseil d'administration, investi des pouvoirs les plus
étendus pour prendre toute décision au nom de la société, il doit
désormais, d'après l'article 69 al 1 nouveau, se contenter de :
- déterminer les orientations de l'activité de la société et veiller à leur
application ;
- régler, par ses délibérations, les affaires de la société ;
- et procéder aux contrôles et vérifications qu'il juge opportuns.
Et, sans empiéter sur les pouvoirs des assemblées générales et
dans les limites de l'objet social, il peut se saisir de toute question
intéressant la bonne marche de la société.
Cependant, dans ses rapports avec les tiers, la société est
engagée par les actes du conseil qui ne relèvent pas de l’objet social et
les limites statutaires, concernant le conseil d'administration, sont
inopposables aux tiers.
Les délibérations du conseil, qui se réunit en pratique tous les
mois, sont déterminées par les statuts. Pour qu’une réunion se tienne
valablement, il faut un quorum égal à la moitié des membres. Les
décisions se prennent à la majorité des voix, celle du président étant
prépondérante en cas de partage.
Pour parer à ces conditions strictes relatives au calcul du quorum
et de la majorité, il est actuellement possible pour les administrateurs de
participer à distance aux réunions du conseil d'administration par les
moyens de visioconférence98 et même de prendre part au vote de
certaines décisions (art. 50).
En effet, certaines décisions importantes ne peuvent être prises
par voie de visioconférence, telles que:
98
Surtout pour les sociétés qui ont plusieurs filiales.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

 l'élection du président du conseil d'administration ou du


conseil de surveillance,
 la nomination du directeur général et des directeurs généraux
délégués ou du directoire ainsi que leur révocation,
 l'établissement du rapport annuel de gestion.
B – LA DIRECTION GENERALE DE LA SOCIETE : LE PDG OU LE

DG

Dans sa nouvelle rédaction l'article 67 laisse le choix au conseil


d'administration, et dans les conditions fixées dans les statuts 99, de
confier la direction générale de la société soit au président du conseil
d'administration (sous le titre de président directeur général), soit à une
personne physique : le directeur général100.
Ainsi, la nouvelle réforme consacre le principe de la dissociation
des fonctions de président et de directeur général, sans l'imposer aux
sociétés, puisque la loi leur laisse le choix de la formule de gestion et de
prévoir ses conditions dans les statuts.
Ce principe consacre donc la séparation des fonctions du
président, qui est devenu une sorte d'organe de contrôle, et du directeur
général, nouvel organe exécutif chargé de la gestion quotidienne des
affaires de la société, avec éventuellement des directeurs généraux
délégués.
a – Le directeur général et ses directeurs généraux délégués
1. Statut
Le directeur général est une personne physique nommée par le
conseil d'administration parmi les actionnaires ou à l’extérieur de la

99
- En cas de silence des statuts, stipule l'article 67dans sa nouvelle rédaction, la direction
générale est assurée par le président du conseil d'administration.
100
- Une fois le choix fait, le conseil d'administration doit en informer la prochaine assemblée
générale et procéder aux formalités de dépôt, de publicité et d'inscription au registre de
commerce.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

société. Il peut donc être un salarié de la société. La durée de sa


fonction et sa rémunération sont fixées par le conseil 101.
Le directeur général peut se faire assister d'un ou plusieurs
directeurs généraux délégués (personnes physiques) mandatés par le
conseil d'administration.
La révocation du directeur général ou du directeur général délégué
peut intervenir à tout moment, mais elle peut donner lieu à des
dommages intérêts si elle est décidée sans juste motif. Cependant, cette
révocation ne donne pas lieu à la résiliation de leur contrat de travail s'ils
sont en même temps salariés de la société.
2 - Pouvoirs
Le directeur général assume sous sa responsabilité la direction
générale de la société. Il la représente dans ses rapports avec les tiers.
Il peut demander au président de convoquer le conseil
d'administration sur un ordre du jour déterminé, et ce dernier est lié par
cette demande.
Sous réserve des pouvoirs attribués au conseil d'administration et
aux assemblées générales, et dans les limites fixées par les statuts, le
cas échéant, le directeur général est investi des pouvoirs les plus
étendus pour agir au nom de la société. Il engage la société même pour
les actes qui dépassent l’objet social. Les limites statutaires ou celles
fixées par le conseil d'administration sont inopposables aux tiers.
L'étendue et la durée des pouvoirs des directeurs généraux
délégués vis-à-vis de la société sont déterminées par le conseil
d'administration sur proposition du directeur général. Mais à l'égard des
tiers, ils disposent des mêmes pouvoirs que le directeur général.

101
- Si le directeur général est un administrateur, la durée de ses fonctions ne peut pas
excéder celle de son mandant.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

b – Le président du conseil d'administration


1. Statut
L’article 63 exige que le président soit élu par le conseil
d’administration exclusivement en son sein ; il doit donc obligatoirement,
à peine de nullité de sa nomination, être un administrateur de la société
et être une personne physique ; la durée de sa présidence ne peut
excéder celle de son mandat d’administrateur, mais il est rééligible 102.
Il peut également être révoqué "ad nutum" par le conseil
d'administration. Comme il est administrateur, il peut aussi être révoqué
en tant que tel par l'assemblée générale et il sera indirectement mis fin à
sa fonction de président.
La révocation ou la cessation de fonction du président, pour être
opposable aux tiers, doit faire l'objet d'une inscription au registre de
commerce.
2. Pouvoirs
Le président du conseil d'administration, s'il n'est pas en même
temps PDG, il n'est plus investi des pouvoirs les plus étendus pour agir
en toutes circonstances au nom de la société, il ne représente plus la
société dans ses rapports avec les tiers ; il se contente désormais de :
- représenter le conseil d'administration ;
- organiser et diriger ses travaux, et en rendre compte à l'assemblée
générale ;
- veiller au bon fonctionnement des organes de la société et de
s'assurer que les administrateurs sont en mesure de remplir leur
mission.

102
- A la différence de la loi française qui fixe à 2 le nombre de mandats que le président
peut exercer simultanément dans des SA, la loi 17/95 n’interdit guère le cumul de mandats,
elle ne prévoit non plus aucune limite d’âge, alors qu’en France cette limite est de 65 ans à
défaut de disposition statutaire.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Ce n'est que dans le cas où les statuts gardent le silence sur le


choix laissé au conseil d'administration relatif à la formule de gestion,
c'est-à-dire le recours à la nomination d'un directeur général, que le
président se charge de la direction générale de la société, mais dans ce
cas, sous le nom de Président Directeur Général (PDG). Et lorsque le
président assure la direction générale de la société, ce sont alors les
mêmes dispositions concernant les pouvoirs du directeur général qui
s'appliquent.

§ 2 – LA S.A AVEC DIRECTOIRE ET CONSEIL DE SURVEILLANCE

A – LE DIRECTOIRE
a – Conditions
Le directoire ne peut comprendre plus de 5 membres appelés
directeurs, 7 si les actions de la société sont cotées à la bourse, mais
lorsque le capital ne dépasse pas 1 500 000 dh, les fonctions du
directoire peuvent être exercées par un directeur unique.
Ils sont nommés par le conseil de surveillance pour une durée de 4
ans à défaut de dispositions statutaires (art. 81). Toutefois, quand les
statuts déterminent la durée du mandat des directeurs, cette durée ne
peut être inférieure à 2 ans ni dépasser 6 ans. Ils sont rééligibles.
Ce sont obligatoirement des personnes physiques (sous peine de
nullité de leur nomination) qui, à la différence des administrateurs,
peuvent être choisies en dehors des actionnaires. Ils peuvent donc être
choisis parmi les salariés de la société, c'est d'ailleurs l'essence même
de ce mode d'administration.
Afin d’assurer l’indépendance du directoire par rapport au conseil
de surveillance, une règle est posée par la loi sur les SA : le non-cumul
de fonctions dans les deux organes. L’article 86 interdit formellement, en
effet, aux membres de ce dernier de siéger au directoire et s’il arrive

80
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

qu’un membre du conseil de surveillance soit désigné au directoire, sa


nomination ne serait pas nulle, mais il serait simplement et
automatiquement mis fin à son mandat au sein du conseil de
surveillance dès son entrée en fonction.
Et, lorsqu'une personne morale membre du conseil de surveillance
est représentée par une personne physique, il est interdit à cette
dernière de faire partie du directoire.
C’est l’acte de nomination établi par le conseil de surveillance qui
fixe le montant et le mode de rémunération de chacun des membres du
directoire.
Lorsqu’un salarié devient membre du directoire, il ne perd pas le
bénéfice de son contrat de travail, par conséquent, rien n’empêche à ce
qu’il perçoive un salaire en plus de sa rémunération en tant que membre
du directoire.
b – Cessation des fonctions
Par dérogation à la règle du parallélisme des pouvoirs, les
membres du directoire, qui sont nommés par le conseil de surveillance
sont révoqués par l’assemblée ordinaire des actionnaires ; ils ne peuvent
cependant être révoqués par le conseil de surveillance que si les statuts
le prévoient.
Contrairement encore aux administrateurs, qui peuvent être
révoqués ad nutum, la révocation des membres du directoire donne lieu
à des dommages intérêts si elle n’intervient pas pour justes motifs.
c – Pouvoirs du directoire
Ils sont identiques à ceux du directeur général (étendue,
dépassement de l’objet social, engagement de la société, limitations
statutaires). Tout le collège (le directoire) est cependant responsable des
décisions prises par chacun de ses membres.

81
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Il existe toutefois une limite supplémentaire à leur pouvoir. En effet,


une autorisation du conseil de surveillance est nécessaire pour les actes
de disposition importants. Ce sont les cautions, aval, constitution de
sûretés, cession d’immeubles par nature, cession de participations ;
mais le dépassement des limites statutaires nécessite l'agrément de
l'assemblée générale.
Si le conseil de surveillance refuse de donner son autorisation, le
directoire peut saisir l'assemblée générale pour trancher. Seulement, il y
a lieu de préciser que la loi marocaine, à la différence du droit français,
confère le pouvoir de convoquer l’assemblée générale non pas au
directoire mais au conseil de surveillance ! Et la loi 20/05 n'a pas modifié
pour autant cette situation (V. art. 116). Néanmoins, le dépassement de
ces autorisations engage la société.
La société est représentée par un président du directoire nommé et
révoqué en tant que tel par le conseil de surveillance.
Les délibérations du directoire sont réglées par les statuts
(fréquence des réunions, quorum, majorité, etc.).
Par ailleurs, comme le directoire exerce ses fonctions sous le
contrôle du conseil de surveillance (art. 78 dernier alinéa), il doit établir à
l’intention de ce dernier un rapport trimestriel sur la gestion sociale et lui
présenter annuellement, ainsi qu'à l'assemblée générale annuelle, un
certain nombre de documents visés par l’art 141 notamment l’inventaire
et l’état de synthèse (art. 104 al. 8 et 9) et présente un rapport aux
actionnaires lors de l’assemblée générale ordinaire annuelle.
B – LE CONSEIL DE SURVEILLANCE
a – Conditions
Les mêmes règles gouvernent le conseil d'administration et le
conseil de surveillance en ce qui concerne la capacité, la rémunération,
le nombre minimal et maximal de conseillers (entre 3 et 12), les

82
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

conditions de nomination, la durée de leur mandat, la tenue des


réunions…
Comme les administrateurs, les membres du conseil de
surveillance peuvent être révoqués à tout moment par l’assemblée
générale ordinaire. Ils ont aussi le droit de démissionner dans les mêmes
conditions.
Les membres du conseil de surveillance peuvent être des
personnes morales, à condition d'être représentées par une personne
physique.
À noter que le président et le vice-président 103 du conseil de
surveillance doivent être obligatoirement des personnes physiques. Par
contre, les pouvoirs et le rôle du conseil de surveillance sont différents
de ceux du conseil d'administration.
b – Pouvoirs
La fonction principale du conseil de surveillance réside dans le
contrôle permanent de la gestion de la société par le directoire (art. 104).
Il peut, à toute époque de l’année, demander communication et copie de
tous les documents qu’il juge utiles afin de les consulter ou de les
vérifier.
Il reçoit un rapport trimestriel et des documents annuels
(notamment l'état de synthèse) du directoire et possède des pouvoirs
spécifiques (autorisations spéciales, nominations des membres du
directoire, répartition des jetons de présence, etc.).

SECTION 3 - LA SITUATION DES ASSOCIÉS


Les actionnaires des SA ont un droit de communication permanent
sur les trois dernières années (article 146) ; ils reçoivent une
documentation 15 jours au moins avant chaque assemblée générale et
103
La nomination du vice président du CS est devenue facultative depuis la loi 78-12 de 2015
qui a modifié l'art. 90 de la loi 17/95

83
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

disposent du droit, lorsqu’ils représentent 10 % du capital social, de


demander au président du tribunal la désignation d’experts chargés de
présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
Leur pouvoir s’exerce essentiellement lors des assemblées
générales.

§ 1 – LES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES

Afin de lutter contre l'absentéisme lors des assemblées générales


et de surmonter les problèmes de l'éloignement géographique, la
nouvelle loi a prévu la possibilité pour les statuts de considérer présents,
pour le calcul du quorum et de la majorité, les actionnaires qui participent
aux assemblées générales par visioconférence. Mais il n'empêche qu'il
est possible pour tout actionnaire de se faire représenter par un autre
actionnaire, par son conjoint ou par un ascendant ou un descendant.
D'un autre côté, il est désormais possible de prévoir dans les
statuts que les actionnaires puissent voter par correspondance au
moyen d'un formulaire (art.131bis)
A - L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE
a – Convocation
Elle se tient, comme pour toutes les sociétés, dans les 6 mois qui
suivent la clôture de l’exercice. Les conditions de quorum sont de un
quart des actions sur première convocation ; lorsque l’assemblée ne
peut valablement délibérer, il doit être procédé à une deuxième
convocation, auquel cas, aucun quorum n’est requis.
b – Déroulement
Les décisions sont prises à la majorité des voix (la moitié plus une).
Tout associé peut participer aux assemblées, mais quelque fois les
statuts exigent un minimum d’actions qui ne peut être supérieur à 10.

84
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Les participants signent une feuille de présence qui est visée par le
bureau composé d’un président, d’un secrétaire et de deux
scrutateurs104.
Après lecture des rapports des dirigeants et du commissaire aux
comptes, les résolutions sont mises aux voix (approuvées ou rejetées). À
la fin de la séance, on dresse un procès-verbal de réunion que chaque
associé peut consulter105.
c – Attributions
Les attributions de l’assemblée générale ordinaire sont
importantes. Elles concernent notamment l’approbation des comptes, le
partage des bénéfices, la nomination et la révocation du conseil
d'administration et du conseil de surveillance, éventuellement la
révocation du directoire, les autorisations de conventions réglementées,
etc.
B – LES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES EXTRAORDINAIRES
a – Principales attributions
Elles ont pour objet la modification des statuts, ce qui concerne
aussi bien l’identité de la société (dénomination, siège social), que les
règles de son fonctionnement (pouvoirs des dirigeants, tenues des
conseils, des assemblées, etc.), ou encore ses possibilités de
transformation (augmentation ou réduction du capital, fusion, scission,
etc.), voire même sa dissolution.
b - Quorum et majorité
Il est de la moitié des actions ayant droit de vote sur première
convocation et du quart sur deuxième convocation ; sinon, comme la loi
ne permet pas de réduire ce quorum, cette deuxième assemblée est

104
Art. 134.
105
Art. 136

85
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

reportée à une date qui ne peut dépasser les deux mois de celle à
laquelle elle avait été convoquée.
Rappelons que les statuts peuvent augmenter ces quorums,
comme pour toute autre assemblée, mais ils ne peuvent en aucun cas
les réduire. Il en est de même pour les règles de majorité.
La majorité des deux tiers des voix dont disposent les actionnaires
présents ou représentés est nécessaire pour prendre une décision.
Toutefois, certaines décisions ne peuvent être décidées qu’à
l’unanimité des actionnaires ; il en est ainsi de l’augmentation du capital
par majoration de la valeur nominale des actions, à moins qu’elle ne soit
réalisée par incorporation de réserves, bénéfices… (art. 184), il en est de
même de la transformation de la SA en société en nom collectif.
Remarques :
- À côté de ces deux types d’assemblées, on trouve des
assemblées spéciales qui réunissent les actionnaires qui disposent de
titres spécifiques (actions prioritaires sans droit de vote, actions de
priorité).
- Comme pour les SARL, la responsabilité des associés est limitée
aux apports et ne devient effective qu’à la dissolution de la société.

§ 2 - LES TITRES EMIS PAR LES SA

Ce sont les valeurs mobilières ; elles sont en principe négociables,


c'est-à-dire qu’elles peuvent être cédées librement et sans formalités
particulières, sauf exceptions prévues par les statuts 106.
On distingue essentiellement les actions et les obligations, sans
oublier les nouveaux certificats d'investissement.

106
Rappelons que les statuts ne peuvent soumettre les actions cotées en bourse à
l'agrément de la société.

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

A - LES ACTIONS
Ce sont des titres qui permettent à l’actionnaire d’être titulaire de
droits pécuniaires (dividendes, boni de liquidation) et non pécuniaires
(droit de vote, de communication, d’information, etc.).
On distingue plusieurs catégories d’actions telles que :
- les actions à vote double : qui confèrent à leurs titulaires le double
des voix accordées aux actions ordinaires, ces actions ont pour but de
récompenser les actionnaires fidèles, c'est-à-dire dont les actions sont
entièrement libérées et pour lesquelles il est justifié d'une inscription
nominative depuis deux ans au moins au nom du même actionnaire. Ce
droit de vote double est attribué soit par les statuts, soit par une
assemblée générale extraordinaire (art. 257);
- les actions à dividende prioritaire sans droit de vote : dont les
titulaires ont une priorité par rapport aux titulaires d’actions ordinaires
pour la distribution d’un premier dividende 107 et, en contrepartie, ils sont
privés du droit de participer aux assemblées générales et d’y voter ;
- les actions d’apports : c'est-à-dire des apports en nature ; etc.
B - LES OBLIGATIONS
Ce sont des titres négociables qui représentent une créance à long
terme sur la société et donnent droit à la perception d’intérêts (alors que
les actionnaires ne sont pas assurés de toucher un dividende annuel).
La valeur nominale des obligations ne peut être inférieure à 50 dh, et à
10 dh pour les sociétés dont les titres sont cotés en bourse (art.292
al.2)108.
Leurs titulaires ne disposent pas du droit de vote.
107
- Il s’agit d’un dividende qui est prélevé sur le bénéfice distribuable de l’exercice avant
toute autre affectation. Ce dividende se situe donc au 4 ème rang après les prélèvements de
frais de constitution, l'augmentation du capital, la réserve légale et les pertes des exercices
antérieurs.
108
Le même argument des pouvoirs publics vu supra à propos de la valeur nominale actuelle
des actions vaut pour les obligations, surtout concernant les obligations convertibles en
actions, nous dit la note de présentation du projet de loi.

87
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Les sommes obtenues par la société au moyen de cette technique


particulière de crédit, lui permettent d’investir.
L’obligation joue donc un rôle important dans la vie financière des
sociétés ; c’est pourquoi, afin d’attirer des capitaux, les sociétés ont été
conduites à créer des types d’obligations donnant droit à des avantages
spécifiques.
Ainsi, certaines obligations ne donnent droit qu’à un intérêt fixe,
d’autres offrent, en plus, une participation aux bénéfices (obligations
participantes), de même qu’il existe des obligations convertibles en
actions et des obligations avec bons de souscription d’actions, qui
permettent à leur titulaire de devenir actionnaires de la société
émettrice109.
- Les obligations convertibles en actions (OCA) : ce sont des
obligations qui permettent à leurs titulaires de demander, à tout moment
ou à certaines périodes déterminées fixées par le contrat d'émission, à
les convertir en actions. C'est la raison pour laquelle leur taux d'intérêt
est plus faible que celui des obligations ordinaires.
- Les obligations à bons de souscription d'actions (OBSA) : ce sont
des obligations auxquelles, lors de leur émission, sont attachés des bons
qui donnent droit à la souscription à un certain nombre d'actions, dans
des conditions et des délais fixés préalablement. Le bon de souscription
a une autonomie par rapport à l'obligation ; il peut non seulement
permettre la souscription d'actions, mais il peut être cédé à un tiers. Leur
taux est également inférieur à celui des obligations ordinaires.
À la différence des obligations convertibles, les titulaires des OBSA
ne sont pas obligés, à l'arrivée des délais de libération des actions,
d'opter entre la conservation de leur situation d'obligataire et l'acquisition
de la qualité d'actionnaire. Autrement dit, les OBSA ne prennent pas fin
109
- Ces nouvelles obligations, bien que non réglementées par la loi, elles sont susceptibles
de connaître un grand essor en pratique.

88
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

avec la libération des actions objet des bons de souscription ; dans les
délais fixés, le titulaire des OBSA reste obligataire même après avoir
acquis la qualité d'actionnaire en cumulant ainsi les deux qualités jusqu'à
la fin du délai de remboursement des obligations.
Dans les deux cas (OCA ou OBSA), il y a augmentation du capital,
la valeur des actions étant celle de la date des libérations, elle est
généralement prévue dans le contrat d'émission.
C - LES CERTIFICATS D’INVESTISSEMENT
De nos jours, on trouve sur le marché de nombreux titres utilisés
par les sociétés afin de se procurer des capitaux ; parmi ces titres on
peut citer les certificats d’investissement.
Ce sont des actions démembrées qui ont pour fonction de procurer
des dividendes à de nouveaux actionnaires qui ne possèdent pas de
droit de vote, ce dernier étant représenté par des certificats de vote, ils
sont répartis entre les anciens actionnaires pour éviter des changements
de majorité.

SECTION 4 - LES MOYENS DE CONCENTRATION


Ces opérations intéressent tous les types de société ; néanmoins,
étant pratiquées essentiellement dans les SA, nous les traiterons dans
ce chapitre.
Elles concernent l’ensemble des techniques de concentration
utilisées par les sociétés dans le but d’améliorer leur capacité de
production.
Il existe essentiellement trois :
* La fusion : constitue un des moyens le plus utilisé ; on
distingue deux procédés :

89
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

- la fusion pure et simple qui consiste pour deux sociétés à


associer leurs actifs pour se fondre juridiquement dans une
nouvelle société,
- et la fusion - absorption qui permet à une société de
s’approprier le capital d’une autre société qui disparaît
juridiquement (il s’agit du cas le plus fréquent).
* La fusion - scission : c’est lorsqu’une société se scinde en deux
ou plusieurs autres sociétés nouvelles.
* L’apport partiel d’actifs : c’est une technique, enfin, qui consiste
pour une société à apporter une partie de son patrimoine à une autre
société tout en conservant sa structure juridique d’origine.
Remarque sur la dissolution des S.A.:
Outre les causes communes à toutes les sociétés, les SA doivent
être dissoutes :
- si le nombre des actionnaires devient inférieur à 5 pendant plus
d’un an,
- lorsque le capital devient inférieur au minimum légal,
- ou enfin si les capitaux propres deviennent inférieurs au quart du
capital social et qu’ils ne sont pas constitués dans les deux ans à
hauteur au moins du quart du capital social (article 357).

CHAPITRE 5 - LA SOCIETE EN COMMANDITE


PAR ACTIONS
Comme la société en commandite simple, la commandite par
actions comprend deux catégories d’associés (art. 31 loi 5/96) :
- un ou plusieurs commandités qui ont la qualité de commerçant
et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales ;
- et des commanditaires, dont le nombre ne peut être inférieur à
3, qui ont la qualité d’actionnaires (donc, non concernés par

90
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

l’intuitu personae)110 et ne supportent les pertes qu’à


concurrence de leurs apports, d’où l’interdiction de leur
immixtion à la gestion externe de la société111.
Le code de commerce de 1913 ne réglementait que la société en
commandite simple, et ne consacrait à la SA, en tant que société de
capitaux, que deux articles.
La société en commandite par actions avec la SA ont, plus tard,
été régies par la loi française du 24 juillet 1867 par application du dahir
du 11 août 1922 relatif aux sociétés de capitaux 112.
Cette société bâtarde113, qui est une société de capitaux pour les
commanditaires et dont les commandités sont dans la situation des
associés en nom collectif, trouve son explication dans l’histoire des
sociétés françaises.
Cette forme de société a connu un grand succès au 19 ème siècle en
France lorsque la loi exigeait une autorisation gouvernementale pour la
constitution des SA. Comme l’article 38 du code de commerce de 1807
permettait la division en actions du capital des sociétés en commandite,
les capitalistes ne trouvaient pas de difficulté à s’associer à un
commandité dont la responsabilité solidaire et indéfinie rassurait les
partenaires de la société mais qui, en réalité, était souvent choisi par les
capitalistes pour son insolvabilité.
Mais, lorsque la loi du 24 juillet 1867 a supprimé l’autorisation pour
la constitution de la SA, elle a fait disparaître tout l’intérêt à la création
des sociétés en commandite par actions.

110
- Ce sont des actionnaires détenant des actions, et non des bailleurs de fonds, comme
dans la société en commandite simple, détenant des parts sociales.
111
- Puisque leur risque est limité, il aurait été paradoxal qu’ils engagent la société à l’égard
des tiers.
112
- B.O.29/8/1922, p. 1325.
113
- RIPERT (G.) et ROBLOT (R.), op. cit., p. 1092.

91
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Le déclin de cette forme de société, qui est devenue extrêmement


rare en pratique, avait poussé les rédacteurs du projet de code des
sociétés marocain de 1989 à la supprimer de la liste des sociétés 114.
Néanmoins, la loi 5/96 a jugé utile de conserver la société en
commandite par actions tout en renforçant les droits des actionnaires
(nomination, révocation, rémunération des gérants, etc.) et en facilitant
sa transformation en SA ou en SARL 115.
En outre, ajoutent les défenseurs de la société en commandite par
actions, la position du gérant statutaire, qui est généralement réservée
au commandité, est plus stable que celle d’un administrateur de SA et
permet donc à une société familiale en expansion de faire appel au
public pour rassembler les capitaux dont elle a besoin tout en préservant
la prépondérance de la famille dans la direction 116.
Actuellement en France, certaines sociétés très importantes ont la
forme de société en commandite par actions comme Michelin, Casino,
Eurodisney land et Yves Saint-Laurent qui sont, en outre, cotées en
bourse.
La société en commandite par actions est désormais réglementée
par trois séries de textes :
- les règles concernant les sociétés en commandite simple, dans
la mesure où elles sont compatibles avec les dispositions
particulières aux commandites par actions ;

114
- L’article 2 ne la mentionnait pas parmi les sociétés prévues et l’article 406 donnait aux
sociétés en commandite par actions constituées antérieurement un délai de deux ans pour
se transformer en la forme d’une autre société commerciale.
115
- Alors que la modification des statuts exige l’accord de tous les commandités (art. 39),
la transformation de la société en commandite par actions en SA ou en SARL peut être
décidée avec l’accord seulement des deux tiers des commandités (art.43).
116
- RIPERT (G.) et ROBLOT (R.), op. cit., p. 1092.

92
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

- les dispositions de la loi 17/95 relative aux SA 117, à l’exception


de celles qui concernent leur administration et leur direction ;
- les règles propres à la commandite par actions (art. 31 à 43 de
la loi 5/96).
Quelles sont les caractéristiques de la société en
commandite par actions et comment fonctionne-t-elle ?

SECTION 1 – CARACTERES GENERAUX


Les associés et le capital de la société en commandite par actions
sont les deux éléments qui marquent son originalité.

§ 1 – LES ASSOCIES

Comme la société en commandite simple, la société en


commandite par actions est composée de deux catégories d'associés :
les commandités et les commanditaires, sauf que ces derniers sont des
actionnaires et non des bailleurs de fonds, comme dans la société en
commandite simple, détenant des parts sociales.
A – LE STATUT DES COMMANDITÉS
La société en commandite par actions peut comprendre un ou
plusieurs commandités qui sont dans la situation d’associés en nom
collectif (art. 20). Ils sont commerçants, par conséquent, ils doivent
remplir les conditions de la capacité commerciale.
Les associés commandités sont responsables indéfiniment et
solidairement des dettes sociales, en contrepartie, ils sont généralement
désignés comme gérants par les statuts, mais ils peuvent se contenter
d’être des associés commandités sans être gérants.

117
- Ce sont donc les mêmes formalités de constitution (avec les différences entre celles qui
font ou non appel à l’épargne public) : déclaration de souscription et de versement,
déclaration de conformité à déposer au greffe du tribunal en vue de l’immatriculation, etc. Au
lieu des fondateurs de la SA, l’accomplissement de ces formalités incombe aux premiers
gérants (même non associés) et sous leur responsabilité (art. 32 loi 5/96).

93
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Dans la dénomination sociale de la société, seul le nom d’un ou de


plusieurs associés commandités peut être incorporé, pas celui des
commanditaires.
B – LE STATUT DES COMMANDITAIRES
Les commanditaires ont la qualité d’actionnaires et ne supportent
les pertes qu’à concurrence de leurs apports. Leur nombre ne peut être
inférieur à trois (art. 31), ce qui correspond au nombre nécessaire pour
constituer le conseil de surveillance (art. 33). Leurs noms ne doivent pas
figurer dans la dénomination sociale et ils ne peuvent accomplir aucun
acte de gestion externe sous peine d’engager leur responsabilité
solidaire et indéfinie au même titre que les associés commandités.

§ 2 – LE CAPITAL

Le capital social formé des apports en numéraire et en nature, ne


peut être, comme pour la SA, inférieur à 3 millions de dh si la société fait
publiquement appel à l’épargne et à 300 000 dh dans le cas contraire
(art. 6 loi SA).
Le capital social est divisé en actions dont le montant nominal ne
peut être inférieur à 50 dh ou 10 dh si les actions de la société sont
cotées en bourse (art. 246 al. 3 loi SA modifié par la loi 20/05) ; ce sont
des valeurs mobilières librement négociables comme pour toute
société de capitaux, sauf clause d'agrément prévue par les statuts (à
l'exceptions des actions cotées en bourse).
L'originalité de la société en commandite par actions vient du fait
que, à la différence des actionnaires commanditaires, les droits des
associés commandités sont représentés sous forme de parts sociales et
non d'actions ; ils peuvent faire un apport en industrie (qui est donc non
capitalisé) mais sans attribution d’actions, cet apport est seulement
rémunéré par une part aux bénéfices fixée par les statuts afin de
compenser leur responsabilité dans la société.
94
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Par ailleurs, ils peuvent en même temps posséder des actions,


mais leur qualité d’actionnaires n’affectera en rien leur responsabilité en
tant que commandités, elle leur confère cependant les mêmes droits que
les autres actionnaires, notamment le droit de vote aux assemblées
générales. Ils ne peuvent toutefois pas prendre part au vote pour
l’élection des membres du conseil de surveillance et ne peuvent être
membres de ce conseil.

SECTION 2 – FONCTIONNEMENT
Quelles sont les conditions de la gérance de la société en
commandite par actions, comment se déroulent ses assemblées
générales et quels sont ses organes de contrôle ? Telles sont les
questions qui gouvernent le fonctionnement de la société en commandite
par actions.

§ 1 – LA GERANCE

Comment les gérant sont-ils nommés et révoqués et quelles sont


leurs attributions.
A – NOMINATION DES GÉRANTS
La société en commandite par actions est administrée par un ou
plusieurs gérants, personnes physiques ou personnes morales, ce sont
généralement les associés commandités, mais ils peuvent être des
étrangers à la société. Les commanditaires ne peuvent en tout cas
jamais être nommés gérants.
Lors de la formation de la société, les premiers gérants sont
désignés par les statuts ; ils accomplissent alors les formalités de
constitution dont sont chargés les fondateurs de la SA (art. 32 al. 1).
Au cours de l’existence de la société, et sauf dispositions
contraires des statuts, ils sont désignés par l’assemblée générale

95
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

ordinaire des actionnaires au quorum et à la majorité propres à celle-ci,


avec l’accord de tous les associés commandités (art. 32 al. 2).
B – REVOCATION DES GERANTS
L’article 32 a laissé la liberté aux actionnaires de fixer les
conditions de la révocation des gérants (associés ou non, statutaires ou
non), ce qui permet de soumettre leur révocation à l’unanimité des
commandités (qui sont généralement les gérants) et assurer ainsi une
véritable irrévocabilité de fait118 et donc une stabilité par rapport aux
commandités gérants de la société en commandite simple et par rapport
aux dirigeants de la SA.
Néanmoins, le gérant peut toujours être révoquée par voie de
justice pour cause légitime, à la demande de tout associé (commandité
ou commanditaire) ou de la société. Cette disposition étant d’ordre
public, toute stipulation statutaire contraire est réputée non écrite.
C – ATTRIBUTIONS DES GERANTS
Le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toute circonstance au nom de la société (art. 35).
Comme pour la société en nom collectif ou la société en
commandite simple, en cas de pluralité de gérants, chacun est investi
séparément de ces pouvoirs comme s'il était seul gérant. Chacun a,
toutefois, le droit de s’opposer aux actes des autres gérants, mais à
l’égard des tiers cette opposition reste sans effet, à moins d’établir qu’ils
en ont eu connaissance.
Dans les rapports avec les tiers, la société est engagée même par
les actes du gérant qui ne relèvent pas de l’objet social.
Les clauses statutaires qui limitent les pouvoirs du gérant sont
inopposables aux tiers.

118
- JEANTIN (M), op. cit. (10), n°572.

96
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

La rémunération du gérant est librement fixée par les statuts ; toute


autre rémunération ne peut lui être allouée que par l’assemblée générale
ordinaire, mais avec l'accord de tous les commandités, à moins que les
statuts n’en décident autrement.

§ 2 – LES ASSEMBLEES D’ACTIONNAIRES

Seuls les commanditaires participent aux assemblées générales de


la société en commandite par actions. Les commandités ne peuvent
prendre part aux assemblées générales que s’ils détiennent des actions
en plus de leurs parts sociales.
Ce sont les mêmes règles qui gouvernent les assemblées
générales ordinaires et extraordinaires des SA qui s’appliquent à la
société en commandite par actions119 ; elles possèdent les mêmes
pouvoirs.
L’assemblée générale ordinaire nomme les membres du conseil de
surveillance dans les conditions fixées par les statuts (art. 33) 120, désigne
les commissaires aux comptes (art. 34), sauf clause contraire des
statuts, elle nomme le ou les gérants au cours de la vie sociale avec
l'accord de tous les commandités, etc.
S’il appartient aux actionnaires réunis en assemblée générale
extraordinaire de modifier les statuts, l’article 39 a posé une règle

119
- Assemblée générale ordinaire : Les conditions de quorum sont de un quart des
actions sur première convocation ; lorsque l’assemblée ne peut valablement délibérer, il doit
être procédé à une deuxième convocation, auquel cas, aucun quorum n’est requis. Les
décisions sont prises à la majorité des voix (la moitié plus une).
- Assemblée générale extraordinaire : Le quorum est de la moitié des actions ayant droit
de vote sur première convocation et du quart sur deuxième convocation ; sinon, comme la
loi ne permet pas de réduire ce quorum, cette deuxième assemblée est reportée à une date
qui ne peut dépasser les deux mois de celle à laquelle elle avait été convoquée. La majorité
des deux tiers des voix dont disposent les actionnaires présents ou représentés est
nécessaire pour prendre une décision.
120
- Il faut signaler que les commandités qui assistent à l'assemblée en vertu de leur statut
d'actionnaires, ne peuvent participer à la désignation du conseil de surveillance (art. 33 al.2).

97
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

fondamentale dans le but de protéger les commandités, la modification


ne peut avoir lieu qu’avec l’accord unanime de tous les commandités 121.
Mais cette règle n’est pas d’ordre public, elle peut être écartée par
les statuts.
Une autre atténuation à cette règle est posée par l’article 43 qui
prévoit que la transformation de la société en commandite par actions en
SA ou en SARL est décidée par l’assemblée générale extraordinaire
avec l’accord seulement des deux tiers des associés commandités, « à
moins que les statuts ne fixent un autre quorum (sic)»122.

§ 3 – LE CONTROLE DE LA SCA

Le contrôle de la société en commandite par actions est assuré par


deux organes : les commissaires aux comptes et le conseil de
surveillance.
A – LES COMMISSAIRES AUX COMPTES
Désormais, la désignation d'au moins un commissaire aux comptes
est obligatoire dans la société en commandite par actions. Elle est
effectuée par l'assemblée générale ordinaire.
Sous réserve des règles propres à la commandite par actions, ce
sont les règles prévues pour la SA qui sont applicables : conditions de
nomination, pouvoirs et obligations, responsabilité et rémunération, etc.
(art. 34).
L'introduction du commissaire aux comptes dans la société en
commandite par actions n'importune nullement les attributions du conseil

121
- S'agissant du mode de consultation des commandités, d'après de JUGLART (M) et
IPPOLITO (B), op. cit. p. 659, faute de dispositions légales, on applique les règles des
sociétés en nom collectif, c'est-à-dire la consultation en assemblée ou par correspondance.
122
- En réalité, cette exception a été introduite en droit français afin de faciliter la disparition
des sociétés en commandite par actions, elle permet donc aux actionnaires de surmonter
l’opposition éventuelle d’un commandité à la transformation de la société en commandite par
actions en SA ou en SARL. V.RIPERT (G) et ROBLOT (R), op. cit., n° 1618. En France,
cette décision peut être prise seulement à la majorité des commandités (art. L 262).

98
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

de surveillance qui sont non seulement plus étendues, mais d'une autre
nature.
B – LE CONSEIL DE SURVEILLANCE
Contrairement aux SARL123, le conseil de surveillance a survécu
dans la société en commandite par actions ; et son régime est différent
par rapport aux nouvelles SA à directoire.
En effet, l'article 31 al.3 qui renvoie à l'application des règles de la
loi sur les SA, qui sont compatibles avec la société en commandite par
actions, écarte expressément les dispositions relatives à leur
administration et leur direction et notamment celles concernant le
directoire et le conseil de surveillance.
Par contre, l'article 33 al.3 n'hésite pas à appliquer à la
commandite par actions les règles relatives à la désignation et la durée
du mandat des administrateurs des SA, lorsque les statuts sont muets
sur ces questions.
a – Statut
Le conseil de surveillance, qui est un organe obligatoire, est
désigné par l'assemblée générale ordinaire des actionnaires "dans les
conditions fixées par les statuts". Les actionnaires ayant la qualité de
commandités ne peuvent participer à cette désignation.
Par le même souci du respect de la règle du non cumule des
fonctions, alors que dans la SA, lorsqu'un membre du conseil de
surveillance est désigné au directoire il est automatiquement mis fin à
ses fonctions au sein du conseil, lorsqu'un commandité est nommé
membre du conseil de surveillance, sa nomination est considérée nulle
par la loi (art. 33 al.2).

- Le conseil de surveillance était obligatoire, sous l'ancienne législation, dans les SARL
123

comportant plus de vingt associés.

99
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Le conseil de surveillance est, par conséquent, composé de trois


actionnaires commanditaires au moins. Comme la loi fait référence aux
règles relatives au conseil d'administration, nous pensons qu'il est
possible, comme pour les administrateurs, que les membres du conseil
de surveillance soient désignés parmi les personnes morales, à
condition de nommer un représentant permanent.
À défaut de dispositions statutaires, la durée de leur mandat est la
même que celle des administrateurs de la SA, c'est-à-dire 6 ans
maximum. Comme les administrateurs, ils peuvent démissionner et sont
révocables « ad nutum », mais les statuts peuvent prévoir que leur
révocation ne peut être décidée que pour cause légitime.
b - Attributions
Les attributions du conseil de surveillance de la société en
commandite par actions sont les mêmes que ceux du même organe de
la SA à directoire. Il a pour rôle d'assurer le contrôle permanent de la
gestion de la société. "Il dispose à cet effet, ajoute l'article 37 de la loi,
des mêmes pouvoirs que les commissaires aux comptes".
Comme ce dernier, il reçoit communication, et en même temps que
lui, de tous les documents mis à sa disposition.
Il a donc, aussi pour mission de contrôler les comptes sociaux,
bien entendu avec l'assistance du commissaire aux comptes ; mais, s'il
n'a pas le droit de s'immiscer dans la gestion, la loi lui reconnaît,
"notamment" dit-elle, le droit de porter un jugement sur la gestion,
pouvoir qui n'est pas attribué au commissaire aux comptes, et
d'apprécier les irrégularités et inexactitudes des états de synthèse de
l'exercice.
Pour ce faire, il doit dresser un rapport annuel à l'assemblée
générale ordinaire dans lequel il relate toutes ses appréciations.

100
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

Il a en outre le pouvoir de convoquer l'assemblée générale des


actionnaires.
c - Responsabilité
Vu que les membres du conseil de surveillance ne participent pas
à la gestion de la société, il est normal qu'ils n'encourent aucune
responsabilité du fait des actes de gestion et de leur résultat ; mais ils
sont quand même responsables, individuellement, s'ils commettent des
fautes personnelles lors de l'exercice de leur mandat. Leur responsabilité
ne sera solidaire que si la faute est commune aux membres du conseil et
indivisible.
Par ailleurs, s'ils ont eu connaissance de délits commis par les
gérants, ils doivent les révéler à l'assemblée générale des actionnaires,
sous peine d'y engager leur responsabilité civile.
Remarques sur la dissolution de la société en commandite par
actions :
En dehors des causes communes à toutes les sociétés, la société
en commandite par actions est soumise à toutes les règles de
dissolution des SA, notamment lorsque le capital devient inférieur au
minimum légal, ou si les capitaux propres deviennent inférieurs au quart
du capital social et qu’ils ne sont pas constitués dans les deux ans à
hauteur au moins du quart du capital social (article 357), si le nombre
des actionnaires devient inférieur à 5 pendant plus d’un an (mais au lieu
de 5 actionnaires dans la SA, il ne faut pas que le nombre des
commanditaires actionnaires devienne inférieur à trois, ni qu'il n'y ait plus
aucun commandité).
Sont également applicables les causes de dissolution de la société
en commandite simple résultant de l'intuitu personae qui concernent les
commandités, tels que les événements graves qui peuvent affecter la
personne d'un commandité et entraîner la dissolution de la société.

101
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

BIBLIOGRAPHIE DE BASE

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Faculté de droit, Rabat, 1974.
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102
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- COZIAN M (†), VIANDIER A. et DEBOISSY Fl., Droit des sociétés, 25e éd., 2012,
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- DONDERO B., Droit des sociétés, 2ème éd., 2011, Hypercours, Dalloz.

- GIBIRILA D., Droit des sociétés, Ellipses, 2010.

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Épreuve n°1, 5ème éd., Paris, Dunod, 1988, Coll. Expert sup. DECF.
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- HOUIN (R) et BOULOC (B), Les grands arrêts de la jurisprudence commerciale, T
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- MAGNIER V., Droit des sociétés, 2011, 5e éd., Cours Dalloz.

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2013, oct. 2012, éd. Francis Lefebvre.

- MESTRE J. (avec le concours de VELARDOCCHIO D. et BLANCHARD-MERLE


Ph. (avec la collaboration de A. FAUCHON), Droit commercial. Sociétés
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- RIPERT (G) et ROBLOT (R), Traité élémentaire de droit commercial, T.I, 14 ème éd.,
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104
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

TABLE DES MATIERES

P L A N D U COURS.....................................................................2
INTODUCTION..........................................................................................2
I - IMPORTANCE DU DROIT DES SOCIÉTÉS.............2
II – LÉGISLATION.........................................................3
A - LA LÉGISLATION DU PROTECTORAT :.............................................................3
B - LE PROJET DE CODE DES SOCIÉTÉS :............................................................4
C - LA NOUVELLE LÉGISLATION...........................................................................4
Chapitre 1 - LE CONTRAT DE SOCIÉTÉ.......................................7
Section 1 – LES CONDITIONS DE FORMATION DES
SOCIÉTÉS............................................................................................7
§ 1 – LES CONDITIONS DE FOND..........................................................8
A – LES ASSOCIES........................................................................................8
a - La capacité.....................................................................8
b – Le nombre d'associés....................................................9
B – LES APPORTS.........................................................................................9
a. Les apports en numéraire................................................9
b. Les apports en nature....................................................10
1/ L'apport en propriété................................................11
2/ L'apport en jouissance ou en usufruit......................11
c. Les apports en industrie et en crédit commercial...........12
1/ L'apport en industrie................................................12
2/ L'apport en crédit commercial..................................13
C – La participation aux résultats.......................................14
1 - La participation aux bénéfices................................14
2 - La participation aux pertes.....................................16
3 - Les règles du partage.............................................16
4 - Les modalités du partage.......................................18
D – "L’AFFECTIO SOCIETATIS"..................................................................19

105
Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

1 - Problème de définition............................................20
2 - Utilité......................................................................20
§ 2 – LES CONDITIONS DE FORME......................................................21
A – LES STATUTS........................................................................................22
a - Forme...........................................................................22
b – Contenu.......................................................................22
1/ Les mentions communes à toutes les sociétés :.....22
2/ Les mentions propres aux sociétés de personnes et à
la SARL :...............................................................................23
3/ Les mentions propres aux SA :................................23
B - SOUSCRIPTION DU CAPITAL ET LIBERATION DES APPORTS.........24
a - La libération des apports en numéraire........................24
b - La libération des apports en nature..............................25
C - LE DEPÔT DES FONDS EN BANQUE...................................................26
D - LA DECLARATION DE SOUSCRIPTION ET DE VERSEMENT............27
E – LES FORMALITES DE DEPÔT AU TRIBUNAL.....................................28
F – LA PUBLICITE DE LA CONSTITUTION.................................................28
Section 2 – LES SOCIETES ET LA PERSONNALITE MORALE.............29
§ 1 – LA DENOMINATION SOCIALE......................................................29
§2 – LE SIEGE SOCIAL ET LA NATIONALITE.......................................29
A – AU NIVEAU NATIONAL......................................................30
B – SUR LE PLAN INTERNATIONAL : SOCIÉTÉS INTERNATIONALES

ET SOCIÉTÉS multinationales.....................................................31
§3 – LA CAPACITE DE LA SOCIETE.....................................................32
§4 – LE PATRIMOINE.............................................................................32
section 3 – LA FIN DES SOCIÉTÉS..........................................33
Section 4 – CLASSIFICATION DES SOCIÉTÉS DE DROIT
PRIVE.................................................................................................34
§ 1 – SOCIÉTÉS CIVILES ET SOCIÉTÉS COMMERCIALES................34
A – LES CRITÈRES DE DISTINCTION...................................................................34
B – LES INTÉRÊTS DE DISTINCTION...................................................................35

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

§ 2 – SOCIÉTÉS DE PERSONNES ET SOCIÉTÉS DE CAPITAUX......36


A – LES SOCIÉTÉS DE PERSONNES (SNC ET SCS)..........................................36
B – LES SOCIÉTÉS DE CAPITAUX OU PAR ACTIONS (SA ET SCA).......................36
§ 3 – LA SARL.........................................................................................37
§ 4 – LES SOCIÉTÉS SANS PERSONNALITE......................................37
A – LA SOCIETE EN PARTICIPATION........................................................38
B –SOCIETE CREEE DE FAIT / SOCIETE DE FAIT...................................39
Chapitre 2 – LES SOCIÉTÉS DE PERSONNES...........................40
Section 1 – LA SOCIÉTÉ EN NOM COLLECTIF.......................40
§ 1 – LES CARACTERES GENERAUX..................................................40
A – LE CAPITAL ET LA RESPONSABILITÉ.................................................40
B – LA CAPACITÉ DES ASSOCIÉS.............................................................40
§ 2 – LA GESTION DES SOCIÉTÉS EN NOM COLLECTIF..................41
A – LES CONDITIONS DE LA GÉRANCE...............................................................41
B – LA CESSATION DES FONCTIONS..................................................................42
a. La révocation des gérants associés...............................42
b. La révocation du gérant non associé.............................42
C – LES POUVOIRS DU GÉRANT........................................................................43
a - Les pouvoirs du gérant face à ses associés.................43
b - Les pouvoirs du gérant face aux tiers...........................43
§ 3 - LES REGLES CONERNANT LES ASSOCIÉS...............................44
A – LE DROIT D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION......................44
a – L’information au siège social........................................44
b – L’information préalable aux assemblées......................44
B – LE POUVOIR DES ASSEMBLÉES.........................................................45
C – LA CESSION DES PARTS.....................................................................45
D - LA RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS................................................46
§ 4 – LA FIN DE LA SNC........................................................................46
Section 2 - LA SOCIÉTÉ EN COMMANDITE SIMPLE..............47
§ 1 - LES CARACTERES GENERAUX...................................................47
A- LES ASSOCIÉS........................................................................................47
B - LES APPORTS ET LE CAPITAL.............................................................48
§ 2 - LA GESTION DE LA SCS...............................................................48

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

§ 3 - LES REGLES CONCERNANT LES ASSOCIÉS............................49


A - LE POUVOIR DES ASSOCIÉS...............................................................49
B - LA CESSION DES PARTS......................................................................49
§ 4 - LA FIN DE LA SCS..........................................................................50
Chapitre 3 – LA S A R L..............................................................51
Section 1 – CARACTERES GENERAUX..................................52
§ 1 – CAPITAL ET RESPONSABILITE...................................................52
A – LE CAPITAL ET LES APPORTS.....................................................................52
B – LA RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS............................................................54
§ 2 – CAPACITE ET OBJET SOCIAL.....................................................55
A – LA CAPACITÉ DES ASSOCIÉS.............................................................55
B – L'OBJET SOCIAL....................................................................................55
Section 2 – LA GESTION DE LA SARL.....................................56
§ 1 – LE GERANT....................................................................................56
A – LES CONDITIONS DE LA GÉRANCE....................................................56
B – LA CESSATION DES FONCTIONS DE GÉRANT.................................56
§ 2 – POUVOIRS ET RESPONSABILITÉ DES GERANTS....................57
A – LES POUVOIRS.....................................................................................57
B – LA RESPONSABILITÉ DU GÉRANT......................................................57
a – La responsabilité civile.................................................57
b – La responsabilité pénale..............................................58
Section 3 – LA SITUATION DES ASSOCIÉS............................58
§ 1 – INFORMATION ET COMMUNICATION.........................................58
§ 2 – LES POUVOIRS DES ASSOCIÉS.................................................59
A – L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE ANNUELLE..........................59
B – L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDINAIRE..................................60
§ 3 – LA RESPONSABILITE DES ASSOCIÉS........................................61
§ 4 – LA CESSION DES PARTS............................................................61
Section 4 – LA DISSOLUTION DE LA SARL.............................63
Chapitre 4 – LA SOCIETE ANONYME..........................................64
Section 1 – LES CARCTERES GENERAUX.............................64
Section 2 – LA GESTION DE LA SA.........................................66
§ 1 - LA SA AVEC CONSEIL D’ADMINISTRATION...............................67

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

A- LE CONSEIL D’ADMINISTRATION..........................................................67
a – Composition.................................................................67
b – La cessation des fonctions...........................................68
c – La rémunération...........................................................68
d – Les pouvoirs du conseil d’administration.....................68
B – LA DIRECTION GENERALE DE LA SOCIETE : LE PDG OU LE DG.........70
a – Le directeur général et ses directeurs généraux
délégués...................................................................................70
1. Statut.......................................................................70
2 - Pouvoirs.................................................................71
b – Le président du conseil d'administration......................71
1. Statut.......................................................................71
2. Pouvoirs.................................................................72
§ 2 – LA S.A AVEC DIRECTOIRE ET CONSEIL DE SURVEILLANCE. 73
A – LE DIRECTOIRE.....................................................................................73
a – Conditions....................................................................73
b – Cessation des fonctions...............................................74
c – Pouvoirs du directoire..................................................74
B – LE CONSEIL DE SURVEILLANCE.........................................................75
a – Conditions....................................................................75
b – Pouvoirs.......................................................................76
Section 3 - LA SITUATION DES ASSOCIÉS.............................76
§ 1 – LES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES.................................................77
A - L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE...............................................77
a – Convocation.................................................................77
b – Déroulement................................................................77
c – Attributions...................................................................78
B – LES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES EXTRAORDINAIRES......................78
a – Principales attributions.................................................78
b - Quorum et majorité.......................................................78

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Droit des sociétés – S4 Droit privé 2016 - 2017

§ 2 - LES TITRES EMIS PAR LES SA....................................................79


A - LES ACTIONS.........................................................................................79
B - LES OBLIGATIONS.................................................................................80
C - LES CERTIFICATS D’INVESTISSEMENT..............................................82
Section 4 - LES MOYENS DE CONCENTRATION...................82
Chapitre 5 - LA SOCIETE EN COMMANDITE PAR ACTIONS.....83
Section 1 – CARACTERES GENERAUX..................................86
§ 1 – LES ASSOCIES..............................................................................86
A – LE STATUT DES COMMANDITÉS..................................................................86
B – LE STATUT DES COMMANDITAIRES..............................................................87
§ 2 – LE CAPITAL....................................................................................87
Section 2 – FONCTIONNEMENT..............................................88
§ 1 – LA GERANCE.................................................................................88
A – NOMINATION DES GÉRANTS.......................................................................88
B – REVOCATION DES GERANTS..............................................................89
C – ATTRIBUTIONS DES GERANTS...........................................................89
§ 2 – LES ASSEMBLEES D’ACTIONNAIRES........................................90
§ 3 – LE CONTROLE DE LA SCA...........................................................91
A – LES COMMISSAIRES AUX COMPTES.................................................91
B – LE CONSEIL DE SURVEILLANCE.........................................................92
a – Statut............................................................................92
b - Attributions....................................................................93
c - Responsabilité..............................................................94
BIBLIOGRAPHIE DE BASE..........................................................95
TABLE DES MATIERES..........................................................................98

110

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