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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Université de Liège
Faculté des Sciences Appliquées

TRANSPORT ET DISTRIBUTION
DE L'ENERGIE ELECTRIQUE

Manuel de travaux pratiques destiné au cours


du Professeur Jean-Louis LILIEN
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Année académique 2012-2013


Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Introduction

Ce manuel complète harmonieusement les cours de "Transport et Distribution de


l'Énergie Électrique" et de "Réseaux d'Énergie Électrique".

Il comprend un rappel théorique, des exercices résolus et des exercices proposés.

L'étudiant pourra confronter sa connaissance à l'établissement de projets de lignes ou


de câbles souterrains.

Certes ces exercices restent limités dans leurs développements mais ils permettent
d'ouvrir, je l'espère, votre appétit à des difficultés liées à la réalisation de tels ensembles
regroupant les différentes sciences de l'ingénieur.

Regarder et comprendre, maîtriser la technologie, réduire les coûts, connaître les


ordres de grandeurs, c'est le but des visites et des exercices effectués dans le cadre du
cours.

Bonnes découvertes.

J.-L. Lilien
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Je voudrais remercier les étudiants moniteurs et assistants et chercheurs de mon unité


de rechreche, qui m'ont aidé à réaliser ces notes. A savoir Grégory Pelzer, Fabrice
Delfosse, Olivier Houet, Suzanne Guérard, Arnaud Gibault et Huu-Minh Nguyen
Juin 2013
J.-L. L.
1. CALCUL DES CARACTÉRISTIQUES « R-
L-C » D'UNE JONCTION TRIPHASÉE
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

1. CALCUL DES CARACTÉRISTIQUES « R-L-C » D'UNE JONCTION TRIPHASÉE ......... 1


1.1. Introduction ........................................................................................................ 3
1.2. Méthode Générale de calcul ............................................................................... 3
1.2.1. Rappels ....................................................................................................... 3
A. Schéma équivalent d'une ligne ................................................................... 3
B. Résistance longitudinale............................................................................. 3
C. Réactance longitudinale (Inductance) ........................................................ 5
D. Réactance transversale (Capacité).............................................................. 5
E. Systèmes équilibrés et déséquilibrés .......................................................... 6
F. Les réseaux symétriques............................................................................. 7
1.2.2. Etude des caractéristiques longitudinales................................................... 7
A. Induction magnétique créée par un conducteur seul .................................. 8
B. Géométrie du système à n conducteurs ...................................................... 8
C. Flux embrassé par deux conducteurs dans un système à n conducteurs .... 9
D. Tension induite entre deux conducteurs................................................... 10
E. Matrices des résistances et des inductances longitudinales linéiques ...... 11
F. Extension à un système triphasé équilibré ............................................... 12
G. Notion d’impédance effective .................................................................. 12
H. Notion de rayon moyen géométrique ....................................................... 13
1.2.3. Caractéristiques transversales .................................................................. 15
A. Champ électrique d’un axe chargé ........................................................... 15
B. Champ électrique d’une ligne au voisinage du sol - méthode des images16
C. Champ électrique de deux axes parallèles dans l’air................................ 17
D. Matrice des coefficients de potentiel........................................................ 18
E. Extension aux systèmes triphasés équilibrés............................................ 19
1.3. Exercice résolu ................................................................................................. 22
1.3.1. Enoncé...................................................................................................... 22
1.3.2. Résolution................................................................................................. 23
A. Schéma et description de la ligne............................................................. 23
B. Hypothèses ............................................................................................... 23
C. Simplification de la géométrie longitudinale de la ligne.......................... 23
D. Résistance de la ligne ............................................................................... 25
E. Inductance de la ligne............................................................................... 25
F. Schéma simplifié de la ligne .................................................................... 26
G. Etablissement de l'impédance longitudinale ............................................ 26
H. Le champ à l'intérieur du conducteur ....................................................... 28
I. Chute de tension ........................................................................................... 28
J. Modification de la distance entre sous-conducteurs ................................ 28
K. Modification de la distance entre phases.................................................. 28
L. Présence d'un deuxième terne .................................................................. 29
M. Ordre direct, inverse et homopolaire........................................................ 29
N. Cas de la liaison souterraine..................................................................... 29
O. Géométrie simplifiée de la ligne pour le calcul de l'admittance .............. 29
P. Schéma équivalent de la ligne.................................................................. 31
Q. Schéma équivalent complet de la ligne .................................................... 32
R. Chute de tension ....................................................................................... 32
1.3.3. Exercice proposé ...................................................................................... 33

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

1.1. Introduction

Les lignes aériennes constituent des circuits de transmission des réseaux triphasés
reliant des générateurs aux charges.
Chacune possède ses propres caractéristiques résistive, inductive et capacitive.
Ce chapitre vise à déterminer les valeurs de ces paramètres. Il fait la distinction entre
les caractéristiques longitudinales (résistances des conducteurs et les inductances entre les
conducteurs) et les caractéristiques transversales (capacité des conducteurs).

1.2. Méthode Générale de calcul

1.2.1.Rappels

A. Schéma équivalent d'une ligne

Une ligne aérienne (de longueur inférieure à 100 km) peut se mettre sous la forme du
schéma équivalent suivant :

Figure 1.1 : Modèle de ligne électrique

Le schéma est composé par :

• L'impédance effective longitudinale (composée de la résistance linéique R' et de la


réactance linéique X’ = jωL’) :
Z’longitudinale = R' + jX’ [Ω/m] (1.1)

• L'impédance effective transversale composée de la susceptance linéique :


Y’ = jω
ωC’ [S/m] (1.2)

B. Résistance longitudinale

Partons de la loi d'Ohm locale :


r r
J =σ⋅E (1.3)

où : J est la densité de courant [A/m2] ;


σ est la conductivité électrique [Ω-1m-1] ;
E est le champ électrique (dans le conducteur) [V/m].

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Appliquée à un conducteur de longueur ‘l’ [m], de section ‘S’ [m2] et de conductivité ‘σ’
-1 -1
[Ω m ], parcouru par un courant continu d’intensité ‘I’ [A], nous trouvons :
σ ⋅S
I= ⋅V (1.4)
l
La résistance d’un conducteur se définit de la manière suivante :
l ρ⋅l
R= = [Ω] (1.5)
σ⋅S S
où « ρ = 1/σ » est la résistivité du conducteur [Ωm].

Par extension, la loi d'Ohm est également utilisée en régime quasi-stationnaire.


Cependant, ce régime introduit des modifications dans la répartition du courant dans les
conducteurs.
Les courants alternatifs qui circulent dans les conducteurs créent un champ d'induction
magnétique (alternatif également) qui existe non seulement entre les conducteurs, mais aussi à
l'intérieur de ceux-ci. Un contour fermé à l'intérieur d'un tel conducteur embrasse un flux
d'induction variable et se trouve être le siège d'une tension induite qui provoque, à son tour,
l’apparition de courants dans le métal. Ces courants, appelés courants de Foucault, modifient
la répartition du vecteur densité de courant, ‘J’, admise uniforme en première approximation.
Plus la fréquence est élevée et l'épaisseur des conducteurs forte, plus l'effet des courants de
Foucault est important.
La répartition du courant à l'intérieur d'un conducteur (plein ou faisceau) est différente
en courant alternatif de ce qu'elle est en courant continu. Pour un conducteur plein, le courant
se concentre sur la surface externe (effet pelliculaire1). L’utilisation d’un faisceau de
conducteurs au lieu d’un conducteur unique améliore cette situation (meilleure exploitation
du matériau conducteur) ; ce n’est toutefois pas la raison pour laquelle on utilise des faisceaux
de conducteurs en HT.
Lors d'un défaut à la terre, la partie des courants de retour qui circulent par la terre
circulent essentiellement en surface (effet pelliculaire1) et suivent le tracé de la ligne (effet de
proximité2).

Figure 1.2 : Résistance linéique en fonction de la fréquence

1
La profondeur de pénétration de l'effet pelliculaire ou effet de peau est défini comme δ = 2 , avec ‘ω’
ωσµ0
la pulsation du courant, ‘σ’ la conductivité du milieu, ‘µ0’ la perméabilité du vide. La densité de courant en
surface est d'autant plus marquée que l'épaisseur du matériau est grande ou que ω est élevée. Vu que, à 50 Hz,
δ = 1cm (pour Cu ou Al), l’effet pelliculaire est faiblement marqué (quelques pourcents sur la valeur de la
résistance), sauf pour des diamètres de conducteur supérieurs à 3 cm.
2
L'effet de proximité est le phénomène par lequel le courant alternatif a tendance à emprunter des chemins aussi
voisins que possible pour l'aller et le retour.

Page 1.4
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

La difficulté d'introduire dans les calculs le conducteur terre provient du fait que les
dimensions de la couche de terre par où passe le courant sont mal définies, que la répartition
du courant dans cette couche n'est pas uniforme et que la résistivité du sol est irrégulière dans
l'espace et variable au cours du temps. Nous devons aussi nous attendre à trouver diverses
canalisations enterrées (eau, gaz, câbles, ...), particulièrement aux voisinages des lignes
électriques. La résistivité du sol peut ainsi varier, suivant l'endroit et les conditions
météorologiques, entre 0,1 et 106 Ω.m. La résistance du sol dépend fortement de la
fréquence, du courant (figure 1.2).

Pour un courant de fréquence 50 Hz, la profondeur de pénétration pour un conducteur


de cuivre vaut 10 mm et pour un sol de résistivité 100 Ω.m, elle vaut 100 m.
Nous pouvons donc assimiler le sol à un conducteur de 100 m de rayon. La résistance
du sol est donc de environ 70 mΩ/km.

La résistivité d'un matériau croît avec la température selon la loi 1.6 :


ρ θ = ρ 0 (1 + α ⋅ ΔT) [Ωm] (1.6)
-7
où ρ0 est la résistivité du conducteur à 20 °C [Ωm] (AMS : ρ0 = 0,325.10 Ω.m) ;
α est le coefficient de température [°C-1] (AMS : α = 0,004 °C-1) ;
ΔT est l’écart de température par rapport à 20°C [°C].

C. Réactance longitudinale (Inductance)

Une inductance (supposée linéaire) est toujours le quotient entre le flux embrassé par la
boucle conductrice et le courant qui la parcourt. Elle est déterminée par la relation (1.7) :
L = φ/i [H] (1.7)

où φ est le flux induit par le courant [Wb] ;


i est le courant circulant dans le conducteur [A].

Nous avons deux types d'inductances :


• L’inductance propre (ou self-inductance) d'un conducteur électrique parcouru par un
courant est définie, à un instant donné, comme étant le rapport entre les valeurs du flux
induit par le courant et ce courant lui-même.
• L’inductance mutuelle se manifeste par l'interaction entre les conducteurs de phases, entre
les conducteurs des différents ternes et entre tous les conducteurs parcourus par un courant
tel que le fil de garde et le retour par la terre.

D. Réactance transversale (Capacité)

Nous pouvons assimiler les lignes aériennes à un condensateur qui est constitué de deux
conducteurs (les conducteurs de phase et la terre). A cause de la présence des charges, sur ces
deux conducteurs, le potentiel a des valeurs différentes sur ces deux-ci. Si nous prenons
comme valeur du potentiel de la terre la valeur zéro (la référence), la valeur de la tension du
conducteur de phase représente la différence de potentiel.

La relation linéaire qui lie la charge électrique (q+, q-) sur les deux conducteurs et la
différence de potentiel entre ceux-ci est donnée par :
C = q/u [F] (1.8)

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

E. Systèmes équilibrés et déséquilibrés

Les réseaux sont dits "parfaitement équilibrés" si les amplitudes des courants de chaque
phase ainsi que les amplitudes des tensions entre phases et terre sont égales (I1 = I2 = I3 = I et
U1 = U2 = U3 = U).

Pour un système triphasé équilibré parfaitement, ceci se traduit par le système


d’équations (1.9).

 i1 = I ⋅ sin ωt
 2π
 i 2 = I ⋅ sin(ωt − ) = a ⋅ i1 [A] (1.9)
 3
i = I ⋅ sin( ωt + 2π ) = a 2 ⋅ i
 3 3
1


a = e-j.2ππ/3 ; I = 2 ⋅ I eff [A] (1.10)
et donc,
3

∑i
k =1
k = 0. (1.11)

Ce qui signifie que la somme des courants de phase est nulle.



 u1n = U ⋅ sin (ω t + ϕ)
 2π
 u 2n = U ⋅ sin (ω t + ϕ − ) = a ⋅ u 1n [V] (1.12)
 3
u = U ⋅ sin (ω t + ϕ + 2π ) = a 2 ⋅ u
 3n 3
1n


U = 2 ⋅ U eff [V] (1.13)
et donc
3

∑u
k =1
kn = 0. (1.14)

Ce qui signifie que la somme des tensions phase/neutre est nulle.

En haute tension, on peut considérer le réseau comme très bien équilibré (U et I) en


régime de fonctionnement normal.

Lors d'une perturbation sur une ligne (tombée de la foudre, défaut à la terre, ...), les
courants de phases ou les tensions phase/terre ne sont plus égaux. Nous avons un courant de
retour qui circule par le fil de garde (s'il existe) et/ou par la terre.

En pratique, il est impossible d’obtenir un équilibre parfait. Les systèmes déséquilibrés


géométriquement peuvent être compensés par des méthodes de transposition. Les systèmes
déséquilibrés électriquement sont traités par les méthodes de composantes : Clarck ou
Fortescue1.
Dans ce cas, il faut tenir compte des conducteurs de phases mais aussi du fil de garde et
de la terre.

1
Ces méthodes permettent d'étudier, à la place du système déséquilibré, trois sous systèmes équilibrés (direct,
inverse, homopolaire).

Page 1.6
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

F. Les réseaux symétriques

Tous les réseaux électriques peuvent être représentés à l’aide d’une matrice
d'impédance ‘Z’ telle que :
U=ZI [V] (1.15)
où ‘U’ est le vecteur tension phase/neutre et ‘I' le vecteur courant de phase.
Tous les réseaux équilibrés peuvent être découplés et finalement être étudiés sur base
d’un seul circuit monophasé équivalent dont les impédances dites « effectives » incluent les
couplages entre phases. La résolution de ce seul circuit donne alors immédiatement la
solution globale du circuit triphasé complet, il suffit de considérer un déphasage de 120° entre
les différentes phases.
Tous les réseaux déséquilibrés peuvent également être découplés, mais ceci nécessite
l’analyse de trois circuits séparés (régimes direct, inverse et homopolaire) dont les
impédances sont différentes. L’intérêt de ce découplage est qu’il permet de supprimer les
impédances mutuelles qui maintiennent un couplage fort entre phases.
La notion d’impédance « effective » introduite ci-dessus et au point 1.2.2.G permet de
s’affranchir des impédances mutuelles et de ne plus considérer, pour l’étude de circuits
triphasés, qu’un seul circuit non couplé.
La notion mathématique de diagonalisation de matrice trouve ici une application
concrète d’un intérêt primordial et dont l’interprétation physique est évidente tant en régime
équilibré (un seul système : direct) que déséquilibré (trois systèmes : direct, inverse et
homopolaire).

Finalement, le système équilibré décrit par 1.15 peut se réduire à trois relations
identiques (déphasées de 120°) si la matrice d'impédance ‘Z’ est de symétrie circulaire, soit :
 u1   Z A Z B Z C   i 1 
     
 u 2  =  ZC Z A Z B  ⋅  i 2  . (1.16)
u   Z   
 3   B ZC Z A   i 3 
L'analyse du système total se réduit alors à l'étude d'une phase unique (gain de temps).

Si la matrice d'impédance est de symétrie complète (ZB = ZC), le système se réduit à


trois relations identiques et nous pouvons, de nouveau, n’analyser qu’une phase.

1.2.2.Etude des caractéristiques longitudinales

Pour rendre compte des effets produits par la résistivité des métaux constituant les
conducteurs d’une ligne électrique et par la résistivité du sol (conducteur numéroté ‘n’), nous
allons introduire les notions de résistances linéiques : R1' , R2' , ... , Rn' [Ω/m].
Pour rendre compte des effets des flux d’induction magnétique circulant autour et entre
les conducteurs, voire à l’intérieur même de ceux-ci, nous introduisons également les notions
d’inductances linéiques propres et mutuelles : M’ii, M’ij [H/m].
Le « ’ » indique une valeur linéique, que ce soit pour une impédance ou une chute de
tension.

Page 1.7
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

A. Induction magnétique créée par un conducteur seul

Le passage d’un courant électrique d’intensité ‘i’, dans un conducteur cylindrique de


longueur supposée infinie, crée un champ d’induction magnétique circulaire dont la
composante tangentielle à l’extérieur du conducteur est donnée par le théorème d'Ampère :
B = µ 0 i /( 2πr ) [T] (1.17)
La figure 1.3 représente « B = f(r) » pour un conducteur plein, parcouru par le courant
‘i’.

Figure 1.3 : Composante tangentielle de l’induction, conducteur plein

Lorsqu’il y a plusieurs conducteurs, l’induction résultante est la somme des vecteurs


induction produits par chaque conducteur, pour autant qu’il n’y ait aucun corps saturable dans
le voisinage.

B. Géométrie du système à n conducteurs

Soit un ensemble de n conducteurs, cylindriques et creux, parcourus par les courants i1,
i2,.., in. Le sol est assimilé à un conducteur de propriété différente (l’indice n lui sera
attribué).

Figure 1.4 : Géométrie des n conducteurs

Nous définissons les grandeurs suivantes qui se rapportent à la figure 1.4 :


• rij = rji distance entre axes de conducteurs i et j ;
• rii rayon du conducteur i ;

Page 1.8
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

• ρi résistivité du conducteur i ;
• ii courant dans le conducteur i, compté positivement dans le sens des x
croissant ;
• uij tension transverse entre le conducteur i et le conducteur j ;
∂u ij
• u 'ij = accroissement linéique de la tension uij.
∂x

Remarque : Nous calculerons, en première approximation, toutes les inductances propres M’ii et
mutuelles linéiques M’ij comme si tous les conducteurs étaient creux. Ensuite, nous
ajouterons le supplément de l’inductance propre et, le cas échéant, de l’inductance
mutuelle correspondant aux conducteurs pleins. Dans ce cas, nous avons
l’expression de celles-ci corrigées :
µ 0 µ rn k n
M 'ij,cor = M 'ij + [H], (1.18)

avec « µ0 = 4 * π * 10 −7 [H/m] ».

µ 0 µ ri k i µ 0 µ rn k n
M 'ii ,cor = M 'ii + + [H], (1.19)
8π 8π
avec « µrn = µri = 1 », où ‘ µrn ’ et ‘ µri ’ sont les perméabilités relatives du
conducteur commun ‘n’ et du conducteur ‘i’. Les facteurs ‘kn’ et ‘ki’ sont nuls si les
conducteurs correspondants sont creux. Ils prennent une valeur unitaire s’ils sont
pleins ou encore une valeur comprise entre 0 et 1 si le tube conducteur est non
négligeable, ou lorsque nous voulons tenir compte de l’effet pelliculaire.

C. Flux embrassé par deux conducteurs dans un système à n conducteurs

Nous ferons l’hypothèse que la somme des courants est nulle. Nous pouvons choisir
l’un des conducteurs comme conducteur de retour (c’est le cas pour le sol qui sera considéré
comme le conducteur n).
in= - ( i1 + i2 + ...+ in-1 ) [A] (1.20)

Nous obtenons, de cette manière, un ensemble de (n-1) dispositions similaires formées


par des paires de conducteurs ‘1’ et ‘n’, et ‘2’ et ‘n’, ..., ‘n-1’ et ‘n’. Nous pouvons donc nous
limiter à l’étude d’une seule paire formée par un conducteur ‘aller’ et le conducteur de retour
‘n’, les phénomènes restant semblables pour les autres paires.
Par exemple, pour la paire ‘3’ et ‘n’ (fig. 1.5), le flux élémentaire Δφ3n (provenant de
chaque conducteur) embrassé par la boucle formée par ces deux conducteurs sur la longueur
Δ x est :
∆Φ 3n = ∆Φ 3n,1 + ∆Φ 3n,2 + ∆Φ 3n,3 + ∆Φ 3n, n [Wb] (1.21)

où ‘ Δφ3n ’ est le flux d’induction embrassé par un rectangle ABCDA, dont les côtés A-B
et C-D sont situés, respectivement, dans les conducteurs ‘3’ et ‘n’ à des endroits quelconques
à l’intérieur de ces derniers.

Page 1.9
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Figure 1.5 : Flux élémentaire embrassé par les conducteurs 3 et n sur ΔX

La relation entre le flux embrassé et l'induction est donnée par le théorème de Gauss :
r r
φ = ∫ B ⋅ n ⋅ dS [Wb] (1.22)
S

En précisant les limites d’intégration dans les expressions des Δφ3n ,k et en tenant
compte de l’équation (1.17), nous trouvons :
r 
r1 n
i µ
Δφ 3n ,1 = Δx ∫ µ 0 1 dr = Δx 0 ln 1n  ⋅ i 1 [Wb] (1.23)
r13
2πr 2π  r13 
r 
r3 n
i3 µ
Δφ 3 n , 3 = Δx ∫ µ 0 dr = Δx 0 ln 3n  ⋅ i 3 [Wb] (1.24)
r33
2 πr 2π  r33 

Nous noterons, à ce stade, que le fait d’ignorer le flux à l’intérieur du conducteur amène
l’introduction du terme correctif décrit précédemment.

D. Tension induite entre deux conducteurs

Choisissons un contour ABCDA ( dλ est le vecteur unitaire orienté selon la boucle)


l’élément est orienté est défini) qui passe à l’intérieur des conducteurs ‘3’ et ‘n’, aux
abscisses ‘x’ et ‘x+Δx’ (fig. 1.5). La tension induite par la variation du flux d’induction dans
le contour ABCDA est égale à la dérivée du flux embrassé dû à tous les courants voisins, y
compris le courant propre :
d∆Φ 3n
∫ E.dλ = − dt Relation de Faraday (1.25)
Nous pouvons exprimer ces deux grandeurs en remontant aux définitions de la figure
1.5. Nous décomposons le membre de gauche en quatre contributions :
B ur uur

∫ E.dλ = R 3∆x i3
'
(1.26)
A

Page 1.10
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques
C ur uur ∂u
∫B λ = u 3n + ∂x3n Δx = u3n + u3n’.∆x
E.d (1.27)
D ur uur

∫ E.dλ = −R n ∆x in
'
(1.28)
C
Aur uur
∫ λ = −u 3n
D
E.d (1.29)

R i ρi
avec : R 'i = = (1.30)
l Si
Pour le membre de droite de la relation (1.25), nous avons :
n
Δ φ 3 n = ∑ Δ φ 3n ,k (1.31)
k =1

‘ΔΦ3n,k’ est la part du flux dû au conducteur ‘k’.

Nous obtenons, pour le contour ABCDA :


d∆Φ 3n
− = R '3 ∆x i 3 + u '3n ∆x − R 'n ∆x i n ( +u 3n − u 3n ) (1.32)
dt

« R3' » et « Rn' » sont les résistances linéiques des conducteurs ‘3’ et ‘n’, définies par
∂u
(1.30) et « u'3n = 3n » est l'accroissement linéique de tension.
∂x
Par extrapolation à un conducteur quelconque, noté ‘k’, à partir des relations (1.31) et
(1.32), nous pouvons écrire (prenant en compte 1.20 et 1.21) :
n −1
1 n d∆Φ kn, j
-u'kn = R'k . ik + R'n ∑ i j + ∑ (1.33)
j=1 ∆x j=1 dt

E. Matrices des résistances et des inductances longitudinales linéiques

En exprimant les équations fondamentales de la tension induite (relation 1.33), nous


obtenons l’équation matricielle des accroissements linéiques de tension uin' le long du circuit
formé par les conducteurs i et n dus aux résistances des conducteurs, ainsi qu’aux flux
d’induction mutuels ou propres créés par l’ensemble des ‘n’ courants.

 − u 1' n  ( R '1 + R 'n + sM 11


'
) ( R 'n + sM 12
'
) ¨¨ ¨¨ ¨¨   i 1 
 '   ' ' ' ' '   
 − u 2n   ( R n + sM 21 ) ( R 2 + R n + sM 22 ) ¨¨ ¨¨ ¨¨   i 2 
 : = : : ¨¨ ¨¨ ¨¨  ⋅  :  (1.34)
     
 :   : : ¨¨ ¨¨ ¨¨   : 
− u '   ¨¨ ¨¨  i n −1 
 ( n −1 ) n   : : ¨¨¨

où « s = » est l’opérateur de dérivation par rapport au temps.
∂t

A partir des relations (1.23) et (1.24), nous pouvons exprimer les différents termes de la
matrice en fonction des paramètres géométriques et des caractéristiques des matériaux. Nous
réécrirons ainsi :

Page 1.11
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

µ 0 rjnrin
l'inductance linéique mutuelle M 'ji = M 'ij = ln [H/m] (1.35)
2π rijrnn
µ0 r2
l'inductance linéique propre M 'ii = ln in [H/m] (1.36)
2π rii rnn

A ce stade, il faut encore tenir compte de la correction à apporter aux deux valeurs de
l’inductance si le conducteur est plein (voir remarque précédente).

F. Extension à un système triphasé équilibré


3
Dans l’hypothèse d’un réseau triphasé parfaitement équilibré ( ∑ i k = 0 , In=0), nous
k =1
avons donc trois phases variant sinusoïdalement.

La relation matricielle (1.33) devient :


 − u 1' n   ( R 1' + sM'11 ) sM'12 sM'13   i1 
     
 − u 2n  = 
'
sM' 21 '
( R 2 + sM' 22 ) sM' 23  ⋅ i2  (1.37)
 '   
 − u 3n   sM' 31 sM' 32 '
( R 3 + sM' 33 )   i 3 
où « s = j.ω ».
Or, nous avons (régime équilibré) :
µ0 1
⋅ ln ⋅ (i 1 + i 2 + i 3 ) = 0 (1.38)
2π rnn
Ceci nous amène aux nouvelles expressions des inductances linéiques (1.34) et (1.35).
Les inductances M’ij sont renommées Ms’ij. Nous remarquerons que cette simplification a
modifié les dimensions et valeurs numériques des M’ij.
µ rjn rin
Ms 'ij = Ms 'ji = 0 ⋅ ln
2π rij
(1.39)
µ r 2
Ms 'ii = 0 ⋅ ln in
2π rii

A présent, elles sont indépendantes du rayon du conducteur de retour ‘rnn’.

G. Notion d’impédance effective

Nous pouvons aisément diagonaliser la matrice (1.37) sur base des relations (1.9) entre
courants. Nous obtenons alors :
 − U 1n
'
  R '1 + s(M' 11 +aM'12 +a 2 M' 13 ) 0 0  I
     
 − U 2n  =  ⋅I
' ' 2
0 R 2 + s(M' 22 +aM' 23 +a M' 21 ) 0
− U'   0 0 R '
+ s(M' aM' +a 2 M' 32 )   I 
 3n   3 33 31

Ceci revient donc à étudier séparément chaque phase, chacune ayant une impédance
dite « effective ».
A présent, considérons que la géométrie des trois phases est également symétrique.
Nous avons alors : M’12 = M’13 = M’23 = M ; M’11 = M’22 = M’33 = L et R'1 = R'2 = R'3 = R'.

Page 1.12
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Dans ce cas, l’analyse se réduit au cas simple (1.40) / (1.41) qui est identique pour
chaque phase. L’étude d’un seul circuit donne directement la solution globale du système
triphasé.
 − U'   R'+s(L'−M' ) 0 0  I
     
 − U'  =  0 R'+s(L'−M' ) 0  ⋅I (1.40)
 − U'   0 0   
R'+s(L'−M' )   I 
  

− U' = R'+s(L'−M' ).I = Z' eff ⋅ I (1.41)


Zeff = R’+s.(L’-M’) est donc l’impédance effective à considérer.

En pratique, nous ne pouvons éviter une dissymétrie géométrique. Toutefois, il est


possible de la corriger par transposition des phases. Ceci est coûteux n’est envisagé qu’au-
delà d’une certaine longueur (environ 50 km, c’est-à-dire quasiment jamais en Belgique, mais
souvent ailleurs en Europe ou dans le monde).
S’il n’y a pas de transposition et que la ligne est courte, nous pouvons suggérer, à titre
de simplification, de moyenner les impédances effectives des trois phases comme suit :
3 M' ij
Inductance mutuelle équivalente : M = ∑ (1.42)
i = 1 , j= 1 3
j≠ i
3
M' ii
Inductance propre équivalente : L=∑ (1.43)
i =1 3
3 R'
R=∑
j
Résistance équivalente : (1.44)
j =1 3

De ces transformations, nous obtenons trois relations identiques. Au lieu d'analyser tout
le système, nous pouvons n’étudier que le comportement d'une phase.
− U' = Z' eff ⋅ I = (R + j ⋅ X) ⋅ I (1.45)

où Z est l'impédance effective [Ω/m] ;


X=ω(L-M) la réactance effective [Ω/m] ;
R est la résistance linéique du conducteur [Ω/m] ;
L est la self inductance linéique [H/m] ;
M est l'inductance mutuelle linéique [H/m].

Ordres de grandeur :
R = 0,03
X = 0,3 (conducteurs en faisceaux) [Ω/km] (1.46)
X = 0,4 (conducteur simple)

H. Notion de rayon moyen géométrique

Les valeurs de « rii » de l’expression (1.34) demande l’introduction d’un rayon de


conducteur. Cette valeur n’est pas exactement la valeur du rayon extérieur du conducteur car
celui-ci n’est pas plein, il est constitué de torons. Il est remplacé par le RMG, « Rayon
Moyen Géométrique » tel que définit ci-dessous.
Cette même notion est également utile pour les conducteurs en faisceau. Le RMG du
faisceau est alors un rayon fictif équivalent au point de vue électrique.

Page 1.13
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

RMG des conducteurs toronnés :

Pour les conducteurs constitués de brins toronnés, les valeurs du RMG peuvent être
calculées à partir de la section utile S du conducteur et du nombre de brins ( fig. 1.6 et tableau
1.1).

Figure 1.6 : Conducteurs toronnés

Tableau 1.1 : RMG des conducteurs toronnés

RMG des conducteurs en faisceaux :

Un conducteur de phase peut être constitué d’un faisceau de 2 ou de plusieurs


conducteurs d’un même diamètre, disposé symétriquement les uns par rapport aux autres.
Dans ce cas, il est utile de connaître le RMG résultant du faisceau (tableau 1.1.).

Tableau 1.2 : RMG des conducteurs en faisceaux

Page 1.14
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

1.2.3.Caractéristiques transversales

Dans l'établissement des caractéristiques longitudinales, nous nous sommes occupés des
phénomènes liés aux courants dans les conducteurs et aux champs magnétiques que ces
courants créent, ce qui a permis de définir les caractéristiques linéiques R’, M’, L’. Lorsqu’il
n’y a pas de courant dans le sol (cas du réseau équilibré), nous pouvons complètement ignorer
sa présence, ce que nous n’avons pas le droit de faire pour l’étude des caractéristiques
transversales.
Les caractéristiques transversales rendent compte des effets des charges superficielles
des conducteurs de phase et du sol. Ces charges superficielles provoquent un champ
électrique perpendiculaire à la surface des conducteurs qui engendre des courants capacitifs
lorsque les charges varient. Ce phénomène est représenté par les capacités linéiques, C ' .Pour
son calcul, le fait qu’un conducteur soit creux ou plein ne joue plus aucun rôle puisque la
charge se concentre à la périphérie (loi de Faraday).

A. Champ électrique d’un axe chargé


Soit un cylindre de longueur infinie (conducteur métallique fin et très long) dont la
charge linéique est « q’ ». La permittivité du milieu environnant est donné par : ε = ε 0 ε r 2.
L’espace entourant le conducteur est limité par un second cylindre coaxial de rayon infini et
portant la charge -q’. Pour trouver l’intensité du champ électrique en un point situé à une
distance « r » de l’axe (fig. 1.7), nous faisons passer par ce point une surface cylindrique de
longueur « Δx » dont l’axe coïncide avec l’axe chargé.
Nous appliquons le théorème de Gauss qui exprime que le flux du vecteur D (vecteur
déplacement électrique) à travers une surface fermée qui renferme un volume V est égal à la
somme des charges qui se trouvent à l’intérieur de ce volume. La surface fermée, dans la
figure 1.7, est constituée par la surface du cylindre et par deux bases. La somme des charges
situées à l’intérieur du cylindre est « q’. Δx ».

Figure 1.7 : Surface cylindrique entourant un axe chargé

Le flux du vecteur ‘D’ ne traverse que r la surfacer latérale car le champ électrique d’un
axe chargé, de longueur infinie, est radial ( D = ε r ε 0 E ). Nous obtenons alors :
ur uur
∫ D.dS = q .∆x
'
(1.47)

où, l’intégrale vaut 2πrΔxD(r ) , donc :

2
« ε0 » est la permittivité diélectrique du vide, c’est une constante universelle qui vaut « 1/ (36.π.109) = 8,85
pF/m ». « εr » est la permittivité diélectrique relative, elle vaut « 1 » pour la plupart des gaz (notamment pour
l’air).

Page 1.15
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

ur q' uur
D(r) = .er (1.48)
2.π.r

Le champ électrique y correspondant est donné par :


ur q' uur
E(r) = .er (1.49)
2πε 0ε r r

Le potentiel (par rapport à une référence) est lié au champ électrique par :
r uuuuur
E = -gradV (1.50)

Dans le cas bidimensionnel et en tenant compte de la symétrie, cette relation devient :


ur δV uur
E=- .er (1.51)
δr

et le potentiel est déterminé par intégration :


r1
uruuur
V = - ∫ E.dr (1.52)
r0

où ‘r0’ localise la référence (point ‘A’ sur la figure 1.9) et ‘r1’ le point « P » dont nous
recherchons à déterminer le potentiel électrique.

Le potentiel scalaire par rapport au conducteur en un point quelconque situé à la


distance ‘r’ de l’axe est donné par :
r ur uur
-q' r
v(r) = - ∫ E.dr = ln (1.53)
r11
2πε r11

Dans le cas d’une ligne aérienne, nous pouvons remplacer ‘ε’ par ‘ε0’ car le milieu
ambiant est de l'air. Un raisonnement analogue pour les câbles souterrains nous donne : ε ≠ ε0
(car εr ≠ 1).

B. Champ électrique d’une ligne au voisinage du sol - méthode des images

Soit un système de ‘n-1’ conducteurs très longs soumis à des tensions électriques
continues ou à basse fréquence. Nous pouvons considérer que les ‘n’ conducteurs sont
chargés chacun par une charge linéique qi' (l’indice de la charge correspond au numéro du
conducteur). Les ‘n-1’ conducteurs métalliques sont tendus parallèlement à la surface du sol.
Le nième conducteur est le sol. Il est considéré comme un conducteur parfait (lignes de
champ électrique perpendiculaires à la surface). En vertu du principe de superposition, il est
équivalent de le remplacer par ‘n-1’ conducteurs, images des originaux, dont la charge est de
signe contraire et disposés symétriquement par rapport à l’interface sol-air (fig. 1.8). Le
champ ne s’en trouve ainsi pas modifié et le calcul devient immédiat.

Page 1.16
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Figure 1.8 : Coupe d’une ligne à n conducteurs

C. Champ électrique de deux axes parallèles dans l’air

Soit une paire d’axes parallèles ‘j’ et ‘j*’, de longueur infinie (fig. 1.9) et soit ‘+ q 'j ’ et ‘-
q 'j ’ les charges linéiques de l’un et de l’autre. En un point ‘P’, la résultante de l’intensité du
champ ‘Ej’ est égale à la somme vectorielle des champs dus à chacune des charges, avec :
r q 'j r
E= . e jp
2ε 0 πrjp
(1.54)
r* − q 'j r
E = .e
2ε 0 πrj*p j*p
dans lesquelles ‘rjp’ et ‘ r j*p ’ sont les distances respectives du point ‘P’ au conducteur ‘j’
r r
et au conducteur ‘j*’et e jp et e * sont les vecteurs unitaires orientés respectivement selon ‘pj’
jp
*
et ‘pj ’.
Nous sommons ensuite les contributions de chaque conducteur (principe de
superposition).

Plan médian

Image
Figure 1.9 : Champ électrique dû à deux axes parallèles (charges opposés)

Page 1.17
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Donc le potentiel du point ‘P’, dû à la paire de charges + q 'j et - q 'j , par rapport au plan
médian sera, en séparant les influences de + q 'j et - q 'j :
hj r*
q 'j j p
− q 'j q 'j hj q 'j rj*p q 'j r j*p
∫ε ∫
*
vp = dr − *
dr = ln + ln = ln (1.55)
rjp 0 2 πr hj ε 0 2πr 2πε 0 rjp 2πε 0 hj 2πε 0 rjp

Pour un ensemble de ‘n-1’ conducteurs, l’expression de la tension vaut :


1 n −1 ' rj*p
u pn = ∑ q j ln r
2πε 0 j=1
(1.56)
jp

Si le point ‘P’ est placé sur le conducteur ‘k’, la formule (1.55) permet de calculer la
tension entre ce conducteur et la terre :
1 n −1 ' rj*k
u kn = ∑ q j ln r
2πε 0 j=1
(1.57)
jk

où ‘rjk’ et ‘rj*k’ sont les distances entre l’axe géométrique du conducteur ‘k’ et
respectivement les axes des conducteur ‘j’ et ‘j*’. Pour j = k, « rk*k = 2.hk » représente la
distance entre le conducteur et son image, tandis que ‘rkk’ est le rayon du conducteur ‘k’.
Si nous posons :
1 rj*k
K kj = ln , (1.58)
2πε 0 rjk
la tension « ukn » s’écrit :
n −1
u kn = ∑ K kj q 'j (1.59)
j=1

puisque r j *k = rkj * et rjk = rkj , nous avons Kjk = Kkj.


Les coefficients « Kjk » sont appelés coefficients de potentiel ou coefficients
d’influence.

Semblablement au cas du calcul de l’inductance, la notion de rayon moyen géométrique


intervient pour tenir compte de l’effet du faisceau. Les phénomènes étant électrique et plus
magnétiques, ce rayon va s’exprimer d’une manière différente de celle donnée par les
tableaux 1.1 et 1.2.
1
n⋅r n
RMG = R ⋅   (2.60)
 R 

‘n’ ≡ nombre de sous conducteurs ;


‘r’ ≡ rayon effectif des sous conducteurs ;
‘2.R’ ≡ distance entre sous conducteurs.

D. Matrice des coefficients de potentiel


A partir de (1.59), nous pouvons écrire le système d’équations qui permet de calculer
les tensions ‘u1n ... ukn ... u(n-1)n’ par rapport à la terre lorsque nous connaissons les charges
linéiques ‘ q1' ... q 'j ... q n' −1 ’ des ‘n-1’ conducteurs.
Nous avons donc :

Page 1.18
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

 u 1n   K 11 K 12 ... ... K 1( n −1)   q 1' 


     
 u 2n   K 21 K 22 ... ... K 2( n −1)   q '2 
 : = : : ... ... : ⋅  (1.61)
     : 
 :   : : ... ... :   : 
     
 u ( n − 1 ) n   K ( n − 1 )1 K ( n − 1 ) 2 ... ... K ( n −1)( n −1)   q 'n −1 
Cette matrice ‘K’ est symétrique.

En général nous connaissons plutôt les tensions que les charges linéiques. Il peut être
utile de résoudre le système d’équations (1.61) par rapport aux charges :
( q’ ) = ( K )-1 . ( u ) (1.62)
-1
En posant (C’) = (K) , nous obtenons, en notation matricielle :
 q 1'   C 11 '
C 12 '
... ... C 1' ( n −1)   u 1n 
 '   '   
 q 2   C 21 C '22 ... ... C '2( n −1)   u 2n 
 = : : ... ... :
  :  (1.63)
 :   ⋅ 
 :   : : ... ... :   : 
 '   ' ' '   
 q n −1   C ( n −1)1 C ( n −1) 2 ... ... C ( n −1)( n −1)   u ( n −1)n 

La matrice ‘C’, appelée « matrice des capacités linéiques nodales » est une matrice
symétrique. Les coefficients ‘C'ij’ ont la dimension d'une capacité par unité de longueur [F/m].
1
C' ≡ (K ) −1 = (A) T [F/m] (1.64)
det(K )
Où « det(K) » est le déterminant de la matrice ‘K’ et « (A)T » la matrice transposée des
cofacteurs (mineurs avec signes) de cette matrice.

E. Extension aux systèmes triphasés équilibrés


3
Dans l’hypothèse d’un réseau triphasé parfaitement équilibré ( ∑ u kn = 0 ), nous
k =1
avons trois phases variant sinusoïdalement.
Si le réseau possède un fil de garde, son potentiel par rapport à la terre est nul (ugn = 0)
puisqu'il est connecté à la terre par un pylône ou par un conducteur de terre.
L’équation matricielle (1.61) devient, pour un réseau triphasé :
 u 1n   K 11 K 21 K 31 K g1   q'1 
     
 u 2n   K 12 K 22 K 32 K g 2   q' 2 
u  =  K ⋅ [V] (1.65)
K 23 K 33 K g 3   q' 3 
 3n
  13
  
u  K K K K   q' 
 gn   1 g 2 g 3 g gg   g 

Puisque ugn = 0, nous pouvons réduire cette matrice aux trois premiers accès3 :
 u 1n   K 11 K 21 K 31   q'1 
     
 u 2n  =  K 12 K 22 K 32  ⋅  q' 2  [V] (1.66)
u  K   
 3n   13 K 23 K 33   q' 3 

3
Cela revient à éliminer le terme « q’g » (dans les trois premières lignes du système 1.65) à partir de la relation
sur ugn de l’expression matricielle 1.65 (4è ligne), en l’exprimant comme une fonction des autres q’i.

Page 1.19
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

où les « K’ij » (de 1.66) sont les coefficient de la matrice « K’ » (de1.65) réduite aux
trois accès (K est renommée !).

Nous inversons cette matrice pour obtenir la matrice des capacités linéiques nodales :
C’ = K-1 (1.67)
 q'1   C'11 C' 21 C' 31   u 1n 
     
 q' 2  =  C'12 C' 22 C' 32  ⋅  u 2n  [C/m] (1.68)
 q'   C'   
 3   13 C' 23 C' 33   u 3n 
Ce système peut se mettre sous la forme du schéma équivalent représentée par la figure
1.10.

Figure 1.10 : Schéma équivalent du système triphasé

C’ correspond à la matrice (linéique) d’admittance aux noeuds : cfr. Chapitre sur le


load-flow pour le rappel. Les capacités des condensateurs représentés à la figure 1.10 se
déduisent des C’ij du système 1.68 à l’aide des relations suivantes :
C’11 = C11 + C12 + C13 ; C’22 = C22 + C21 + C23 ; C’33 = C33 + C31 + C32 ;
C’12 = - C12 ; C’13 = - C13 ; C’23 = - C23 ;

Réciproquement,
C11 = C’11 + C’12 + C’13 ; C22 = C’22 + C’21 + C’23 ; C33 = C’33 + C’31 + C’32 ;
C12 = - C’12 ; C13 = - C’13 ; C23 = - C’23 ;

Le triangle formé par les nœuds 1, 2 et 3 peut se ramener à une forme étoilée.
Le point ‘N’est au même potentiel que la terre.

Les valeurs de CN1, CN2 et CN3 se déduisent des


relations suivantes (transformation triangle-
étoile) :

ZN1 = Z12 . Z13 / (Z12 + Z13 + Z23)


Figure 1.11 : Schéma équivalent ZN2 = Z23 . Z21 / (Z23 + Z21 + Z31) [F/m]
en étoile ZN1 = Z12 . Z13 / (Z31 + Z32 + Z12)

Nous arrivons au schéma équivalent final suivant :

Sous l’hypothèse du régime


triphasé équilibré, le point N se
trouve au même potentiel que la
terre. Dès lors,
Céq = CNi // Cii = CNi + Cii
Figure 1.12 : Schéma équivalent final

Page 1.20
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Dans le cas particulier d'un système à symétrie complète (C11 = C22 = C33 = C’ii et C12 =
C23 = C31 = C’ij). Nous avons alors CN1 = CN2 = CN3 = 3. C’ij.
Dès lors, C’éq = CNi+Cii = Cii + 3. C’ij.

Dans le cas d'un système non symétrique, nous pouvons transformer les termes de la
matrice ‘K’ de la manière suivante :
1 g
K diagonal = ∑ K ii
3 i =1
(1.69)
1
K transfert = (K 12 + K 13 + K 23 )
3
Ceci revient à moyenner entre eux les termes diagonaux et non diagonaux.
De ces transformations, nous obtenons une matrice de symétrie complète que nous
développerons selon la démarche décrite précédemment.
Ainsi, le système se réduit à l'étude d'une seule phase. L'équation du système devient :
q' = C'éq ⋅U [C/m] (1.70)
où C’éq est la capacité linéique transversale [F/m]
Y’ = ωC’éq est l'admittance linéique transversale [µS/m].

Ordre de grandeur (pour une liaison aérienne) :


Y / 2 = 1,5 [µS/km] (1.71)

Page 1.21
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

1.3. Exercice résolu

1.3.1.Enoncé

Nous demandons d'évaluer l'impédance effective de la ligne Brume-Gramme.

Il s'agit d'une ligne 400 kV à un seul terne en drapeau. Chaque phase est constituée d'un
faisceau horizontal de deux conducteurs séparés de 45 cm. La section utilisée est un câble en
AMS à 61 brins de diamètre extérieur de 31,68 mm. La section totale d'un sous-conducteur
est de 593,5 mm2. Pour rappel, l'AMS possède une résistivité de 0,325.10-7 Ωm à 20°C et son
coefficient de température « α » vaut 0,004 K-1.

La console inférieure du pylône est à 34 m du sol (et à 7,4 m du plan de symétrie du


pylône), la médiane à 43 m du sol (et à 7 m du plan de symétrie du pylône), et la supérieure à
52 m du sol (et à 6,7 m du plan de symétrie du pylône). Le câble de garde (section 298 mm2
AMS, diamètre 22,4 mm) est à une hauteur de 59,5 m (et à 3 m du plan de symétrie du
pylône). Les chaînes d'isolateurs de suspension ont une longueur de 4,7 m, la portée moyenne
de 300 m. Les conducteurs sont posés de manière à respecter une flèche de 3% de la portée en
service "normal" (à 75°C).

Nous ferons le calcul pour un régime triphasé équilibré. L'impédance effective sera
moyennée de manière à fournir la valeur à introduire dans le schéma équivalent de la ligne.
Nous pourrons supposer que les conducteurs sont parallèles au sol et passent par les centres de
gravité des paraboles, formées entre les pylônes de suspension, qui les approximent.

Nous demandons ensuite :


- de calculer la chute de tension résistive et inductive, par kilomètre, pour un transit de
660 MW (facteur de puissance 0,9 inductif). Donnez la distance au-delà de laquelle
cette chute de tension sera supérieure à 8%.
- quelle sera l'influence d'une modification de la distance entre sous-conducteurs et
entre phases ?
- en quoi la présence d'un deuxième terne sur le même pylône influencerait-il la chute
de tension ?

Cas particulier :
- que devient l'impédance effective en cas de régime inverse ou homopolaire ?
- dans quel sens l'inductance évoluerait-elle en cas de liaison souterraine ?

Enfin, calculez l'admittance effective de la ligne Brume-Gramme, ainsi que la chute de


tension correspondant au schéma équivalent (R, L, C) de la ligne.

Page 1.22
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

1.3.2.Résolution

A. Schéma et description de la ligne


Caractéristiques :
- un terne en drapeau à 400 kV ;
- câble conducteur en AMS à 61 brins (593,5 mm2) ;
- câble de garde en AMS (298 mm2) ;
- résistivité ρ20°C = 0,325 10-7 Ωm et α = 4 10-3 ;
- portée moyenne de 300 m avec flèche de 3% à 75°C.

B. Hypothèses

- Régime triphasé équilibré ;


- Impédance effective moyennée pour le schéma équivalent ;
- Conducteur parallèle au sol et passant par le centre de gravité de la parabole formée
entre deux pylônes.

C. Simplification de la géométrie longitudinale de la ligne

Supposant la symétrie (points d’attache situés à la même altitude), le centre de gravité


se trouve à mi-distance entre les pylônes. De plus, la courbe dessinée par la ligne est
supposée de forme parabolique, soit, du type :
« y = a – b.x2 »

Page 1.23
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Moyennant les conventions de la figure suivante :


en x = 0 m, y = 9 m (flèche : 3 % de 300 m) ;
en x = 150 m, y = 0,
nous obtenons : a = 9 et b = (3/150)2.
L'équation de cette parabole est :
  x 2 
y = 9 ⋅ 1 −   
  150  
La position moyenne est estimée en égalant les aires sous-tendues par la parabole
équivalente et la droite horizontale constituant notre modèle, conformément à la figure qui
suit.
Nous calculons alors l'intégrale :
150

∫ y(x ) ⋅ dx
0

Cette intégrale doit être égale à la surface du rectangle hachuré, d'où :


150
  x 2 
150 ⋅ a = ∫ 9 ⋅ 1 −    ⋅ dx
0   150  

ce qui donne : a = 6 m.

Ce calcul pourrait être amélioré en utilisant l'équation de la chaînette sur laquelle se


base l'équation de la parabole, soit :
 x
y = y 0 − a. cosh   , avec y0 = 1260,5 et a = 1251,5.
a
Et, par un calcul similaire au précédent, nous obtenons a = 6,0014 m, donc une
différence de 1,4 mm, ce qui est négligeable par rapport à la hauteur du câble.

Afin de simplifier la géométrie du terne, nous devons diminuer toutes les hauteurs de 6
m. Nous obtenons finalement la géométrie ci-dessous.

Page 1.24
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

D. Résistance de la ligne

Remarque : dans les développements qui suivent, nous omettrons le « ’ » exprimant le


caractère linéique des paramètres de la ligne.
l
R =ρ⋅
S
l
donc R75°C = ρ 20°C ⋅ ⋅ (1 + α ⋅ ΔT )
S
2
où l = 1000 m/km et S = 593,5 mm pour un sous-conducteur, soit
1000
R75°C = 0,325 ⋅ 10 −7 ⋅
593,5 ⋅ 10 −6
( )
⋅ 1 + 4 ⋅ 10 −3 ⋅ 55 = 6,68 ⋅ 10 − 2

et comme chaque phase est constituée de deux conducteurs en parallèle :


R
R TOTALE = 75° C = 0,0334 Ω/km
2

E. Inductance de la ligne
Il y a sept câbles dans le système. Cependant, sous l'hypothèse de régime triphasé
équilibré, le câble de garde n’est traversé par aucun courant. De plus, chaque phase
(constituée de deux conducteurs) peut être ramenée à un câble équivalent dont les
caractéristiques sont les suivantes (cfr. 15, tableaux 1.1. et 1.2., faisceau de deux conducteurs
constitués de 61 brins chacun) :
RMG = 0,502 ⋅ S ⋅ d

où S = 593,5 mm2 et d = 45 cm, ce qui donne RMG = 74,2 mm.

Page 1.25
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

F. Schéma simplifié de la ligne

r11 = r22 = r33 = 74,2 10-3 m


r1n = 41,3 m
r2n = 32,3 m
r3n = 23,3 m
r12 = r21 = 9,005 m
r13 = r31 = 18,0 m
r23 = r32 = 9,009 m

G. Etablissement de l'impédance longitudinale

Ce qui, par les formules, donne les matrices suivantes :


 − u 1n  R TOT + R n + p ⋅ M 11 R n + p ⋅ M 12 R n + p ⋅ M 13  i1 
− u  =  R n + p ⋅ M 21 R TOT + R n + p ⋅ M 22 R n + p ⋅ M 23  ⋅ i 
 2n     2
 − u 3n   R n + p ⋅ M 31 R n + p ⋅ M 32 R TOT + R n + p ⋅ M 33  i 3 

où, vu le régime cissoïdal, p = j. ω = j. 314,1592 rad/s,

RTOT = 0,0334 Ω/km ;


µ  rin ⋅ r jn 
M ij = 0 ⋅ ln  ;
2 ⋅ π  rij ⋅ rnn 
M12 = M21 ; M13 = M31 ; M23 = M32 ; en négligeant les effets du champ à l'intérieur du
conducteur.

En développant les trois équations, le terme « Rn. ( i1 + i2 + i3 ) » apparaît et est nul en


vertu de l'hypothèse de régime triphasé équilibré.

Page 1.26
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

 − u 1n  R TOT + j ⋅ ω ⋅ M 11 j ⋅ ω ⋅ M 12 j ⋅ ω ⋅ M 13  i1 
− u  =  j ⋅ ω ⋅ M 21 R TOT + j ⋅ ω ⋅ M 22 j ⋅ ω ⋅ M 23  ⋅ i 
 2n     2
 − u 3n   j ⋅ ω ⋅ M 31 j ⋅ ω ⋅ M 32 R TOT + j ⋅ ω ⋅ M 33  i 3 
µ 1
De nouveau, en mettant en évidence, dans les ‘M’, le terme « 0 ⋅ ln », il
2⋅π rnn
multiplie (i1 + i2 + i3) et se simplifie. Nous pouvons remplacer les éléments de la matrice par
les expressions suivantes :
µ  rin ⋅ rjn 
M *ij = 0 ⋅ ln 
2 ⋅ π  rij 
Il reste à moyenner l'impédance effective à insérer dans le schéma équivalent :
* 1 µ  r2 ⋅r2 ⋅r2 
M ii = ⋅ 0 ⋅ ln 1n 2n 3n 
3 2 ⋅ π  r11 ⋅ r22 ⋅ r33 
* 1 µ0  r1n4 ⋅ r2n
4
⋅ r3n4 
M ij = ⋅ ⋅ ln  (i≠j)
6 2 ⋅ π  r122 ⋅ r232 ⋅ r132 
µ0
Les termes ⋅ ln (r12n/ 3 ⋅ r22n/ 3 ⋅ r32n/ 3 ) multiplient (i1 + i2 + i3) et donc leur contribution
2⋅π
est nulle. Le système se réduit donc à :

 − u 1n  R TOT + j ⋅ ω ⋅ M diag j⋅ ω⋅ M j⋅ω⋅ M  i1 


− u  =  j⋅ω⋅ M R TOT + j ⋅ ω ⋅ M diag j⋅ω⋅ M
  
 2n    ⋅ i 2 
 − u 3n   j⋅ω⋅ M j⋅ ω⋅ M R TOT + j ⋅ ω ⋅ M diag  i 3 
µ0
Où M "diag = − ⋅ ln(r11 ⋅ r22 ⋅ r33 )
6⋅π
µ
M " = − 0 ⋅ ln (r12 ⋅ r23 ⋅ r31 )
6⋅π
ce qui équivaut à :
[
− u in = R TOT + j ⋅ ω ⋅ (M diag − M ) ⋅ i i ] pour i=1, 2,3.

Notant : X = ω ⋅ (M diag − M )

M "diag = 5,20 ⋅ 10 −7 [H/m]



Nous obtenons :  M " = −4,86 ⋅ 10 −7 [H/m]
 X = 0,316 [Ω/km]

Conclusion : le circuit R-L a pour résistance et pour réactance :

R = 0,0334 Ω/km
X = 0,316 Ω/km

Remarque : Valeur des paramètres linéiques M’ij, conformément aux formules (33) et (34), en
H/m : M’11 = 2,77E-6 ; M’22 = 2,67E-6 ; M’33 = 2,54E-6 ;
M’12 = 1,76E-6 ; M’13 = 1,56E-6 ; M’23 = 1,65E-6.
Valeurs moyennes : M = 1,65E-6 et Mdiag = 2,66E-6.

Page 1.27
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

H. Le champ à l'intérieur du conducteur

A cause du champ magnétique à l'intérieur des conducteurs, les inductances propres


µ 0 ⋅ µ ri µ 0 ⋅ µ rn
augmentent de + tandis que les inductances mutuelles augmentent de
8⋅π 8⋅π
µ 0 ⋅ µ rn
. Les perméabilités relatives des conducteurs i et n sont choisies égales à 1.
8⋅π
Dès lors, après correction,
R = 0,0334 Ω/km
X = 0,332 Ω/km

I. Chute de tension
Choix des valeurs de base : SB = 100 MVA ; UB = 400 kV
U 2B
ZB = = 1600 Ω
SB

Vu les données (P1 = 6,6 pu et cos(ϕ)=0,9), nous obtenons :


Q1 = 6,6. tan(arcos 0,9) = 3,20 pu
Posons : U1 = 1/0° pu
S1 = P1 + j.Q1 = 6,6 + j. 3,20 pu
*
 S 
I =   = 7,33/-25,8° pu
 U1 
U2 = 1/0° - (R+j.X). I = 0,999/-0,0747 pu
ΔU = 2U12 – 2U22 = 8,00.10-4 pu = 320 V

Conclusion : la chute de tension par kilomètre de cette ligne est de 320 V/km, d'où elle sera
supérieure à 8 % (32 kV) pour une ligne de 100 km.

J. Modification de la distance entre sous-conducteurs

Il est facile de constater que l'influence de cette modification apparaît dans le calcul des
‘rii’. Ainsi, une augmentation de ‘d’implique une augmentation des trois ‘rii’ équivalents et
donc une diminution de l'argument du logarithme népérien, ces termes se trouvant au
dénominateur. Cette modification provoque la diminution des termes diagonaux de la matrice
des inductances linéiques (Mdiag).
Une augmentation de « d » provoque donc une diminution de ‘X’ vu que X = ω.(Mdiag-
M).

K. Modification de la distance entre phases

Si la distance entre phases augmente, les termes qui augmentent sont les ‘rij’. Vu qu'ils
se trouvent au dénominateur de l'argument du ‘ln’, les termes de couplage (M) de la matrice
des inductances du système. Dès lors,‘X’ augmentera car il est proportionnel à « Mdiag-M ».

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

L. Présence d'un deuxième terne

Ici, les choses deviennent plus complexes : le système, sous forme matricielle, est le
suivant :
 − u 1  R 1 + p ⋅ M 11 p ⋅ M 12 p ⋅ M 13 p ⋅ M 14 p ⋅ M 15 p ⋅ M 16   − i 1 
− u   p ⋅ M R 2 + p ⋅ M 22 p ⋅ M 23 p ⋅ M 24 p ⋅ M 25 p ⋅ M 26  − i 2 
 2  21

 − u 3   p ⋅ M 31 p ⋅ M 32 R 3 + p ⋅ M 33 p ⋅ M 34 p ⋅ M 35 p ⋅ M 36   − i 3 
 = ⋅ 
− u 4   p ⋅ M 41 p ⋅ M 42 p ⋅ M 43 R 4 + p ⋅ M 44 p ⋅ M 45 p ⋅ M 46  − i 4 
 − u 5   p ⋅ M 51 p ⋅ M 52 p ⋅ M 53 p ⋅ M 54 R 5 + p ⋅ M 55 p ⋅ M 56   − i 5 
     
− u 6   p ⋅ M 61 p ⋅ M 62 p ⋅ M 63 p ⋅ M 64 p ⋅ M 65 R 6 + p ⋅ M 66  − i 6 

Les hypothèses de régime triphasé équilibré qui l’accompagnent se traduisent par : « (i1
+ i2 + i3) = 0 » et « (i4 + i5 + i6) = 0 ».
Le procédé précédent est encore valable mais il faut raisonner sur les deux systèmes.

M. Ordre direct, inverse et homopolaire


Entre le direct et l'inverse, il n'y a aucune différence étant donné que seul l'ordre des
phases change.
Pour le mode homopolaire, l'hypothèse de régime triphasé équilibré tombe et le fil de
garde joue maintenant un rôle et un courant « in = 3. iϕ » le parcourt ( iϕ = i1 = i2 = i3).
Une bonne approximation consiste à évaluer « Mdiag + 2. M » au lieu de « Mdiag – M »,
ce qui donne :
X = 1,87 Ω/km
En réalité, le calcul de l'impédance homopolaire est plus complexe (prise en compte du
retour par le câble de garde et la terre).

N. Cas de la liaison souterraine

Etant donné que la distance entre phases diminue, ‘X’ diminue. Il faut cependant garder
en tête que les effets capacitifs augmentent d'une manière importante.

Pour un câble de 150 kV, X=0,12 Ω/km (cfr. ‘Tableau B’, p.96) ;
pour une ligne de 150 kV, X=0,385 Ω/km.
L'impédance longitudinale d'une ligne est trois fois plus importante que dans un câble.

L'impédance transversale d'une ligne aérienne de 150 kV vaut 2,76 µS/km.


L'impédance transversale d'un câble de 150 kV vaut 57,81 µS/km.
L'effet capacitif est plus important dans le câble.

O. Géométrie simplifiée de la ligne pour le calcul de l'admittance

Cette géométrie est différente, étant donné que les phénomènes mis en jeux sont
électriques et non plus magnétiques. Pour cette raison, le RMG n'est plus correct. Sa valeur
s'exprime maintenant par :

Page 1.29
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques
1
n⋅r n
RMG = R ⋅  
 R 

où ‘n’ est le nombre de conducteurs, ‘r’ le rayon effectif de ces conducteurs et ‘2.R’ la
distance entre eux. Ici, le RMG vaut 84,4 mm et le schéma équivalent devient :

Equations :

Les formules à utiliser sont :


 u1n   K11 K12 K ...   q1 
u  = K   
 2 n   21 K 22 K ...  ⋅  q 2 
 u ...   K... K ... K ...  q... 
1 r j*i
K ij = ⋅ ln
2 ⋅ π ⋅ ε0 r ji

selon la méthode des images, où ‘rij’ et ‘ri*j’ sont respectivement les distances entre l'axe
géométrique du conducteur i et les axes du conducteur j et de son image. Nous obtenons alors
la matrice suivante :
6,886 2,101 1,227 2,007
 2,101 6,64 1,82 1,382 
K= . 1
1,227 1,82 6,313 0,924 2.π.ε 0
 
2,007 1,382 0,924 9,165

Selon les hypothèses, les valeurs moyennes sont, pour la diagonale et pour les autres
7,251 1,585
éléments, respectivement, « K diag = = 1,30.1012 » et « K = = 2,85.1011 ».
2 ⋅ π ⋅ ε0 2 ⋅ π ⋅ ε0
Etant donné que le câble de garde est mis à la terre, son potentiel est le même que celui
de celle-ci. En le prenant comme référence, la matrice ‘K’ peut se condenser en :
 7,251 1,585 1,585 1,585 
 
⋅  1,585 7,251 1,585 − 1,585 ⋅ [7,251] ⋅ [1,585 1,585 1,585]
1 −1
K cond =
2 ⋅ π ⋅ ε0  
 1,585 1,585 7,251 1,585 
ce qui donne, finalement :

Page 1.30
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6,904 1,239 1,239 


⋅ 1,239 6,904 1,239 
1
K cond =
2 ⋅ π ⋅ ε0
1,239 1,239 6,904

u1   q1 
Le système s’écrit : u  = K ⋅ q 2 
 2 cond
 u 3  q 3 

L'inverse de la matrice ‘Kcond’ est la matrice ‘Ccond’, matrice des capacités linéiques qui
est, elle aussi, symétrique, où « Cdiag = 8,51.10-12 » et « C = -1,30.10-12 » [F/m].

P. Schéma équivalent de la ligne


En exprimant chaque ‘qi’ en fonction des ‘Vi’, le schéma suivant ressort :

C11 = (Cdiag + 2 . C) = C22 = C33 = 5,93.10-12 F/m = Cd ;


C12 = C13 = C23 = -C = 1,2.10-12 F/m = Ch.

Ce schéma en triangle se ramène à un schéma en étoile vu sa symétrie et le point milieu


se trouve au même potentiel que la terre, donc :

Céq = Ch / 3 + Cd = 6,33 . 10-12 F/m ;


Y ω⋅C
= ~ 1 nS/m.
2 2

Donc, pour un kilomètre de ligne :


Y/2 = 1 µS

Lorsque la distance entre sous-conducteurs augmente, ‘Y’ augmente (évident).


Quand la distance entre phases augmente, ‘Y’ diminue car les termes étoilés dans le
calcul des ‘Kij’ augmentent plus que les termes non étoilés.

Page 1.31
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Q. Schéma équivalent complet de la ligne

R = 0,0334 Ω/km
X = 0,332 Ω/km
Y/2 = 1,54 µS/km

R. Chute de tension

En tenant compte de l'effet capacitif, la chute de tension devient (transit de 660 MW


sous un cos(ϕ)=0,8) :
ΔU = 8,003.10-4 pu = 320 V/km.

Conclusion : la chute de tension reste inférieure à 8% pour une ligne de longueur


maximale de 99,97 km.

Ceci montre à quel point le fait de tenir compte de l'effet capacitif n'apporte pas grand
chose dans le calcul d’une ligne aérienne.

Page 1.32
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

1.3.3.Exercice proposé

Il s'agit de la liaison de Tergnée (380 kV). La portée moyenne est de 300 m.

Chaque phase est constituée d'un faisceau horizontal de deux conducteurs séparés de 45
cm. La section utilisée est un câble AMS à 37 brins de diamètre de 32,2 mm. La section totale
d'un sous-conducteur est de 620 mm2.

Le câble de garde possède une section de 298 mm2 et un diamètre extérieur de 22,4 mm.
Les chaînes d'isolateurs de suspension ont une longueur de 4,72 m. Les conducteurs sont
posés de manière à respecter une flèche de 3% de la portée en service "normal" (75°C). La
résistivité de l'AMS est de 0,325*10-7 Ωm à 20°C (α = 4.10-3 K-1).

Nous effectuerons le calcul pour un régime triphasé équilibré. L'impédance effective


sera moyennée de manière à fournir la valeur à introduire dans le schéma équivalent de la
ligne. Nous supposerons que les conducteurs sont parallèles au sol et passent par le centre de
gravité de la parabole formée entre deux pylônes de suspension.

Les paramètres géométriques des pylônes sont décrits sur la figure de la page suivante.

Questions :

• Evaluer l'impédance effective pour un terne (longitudinale et transversale).


• Calculer la chute de tension résistive, inductive et capacitive, par kilomètre, pour un
transit de 1400 MW (facteur de puissance 0,9 inductif). Donner la distance au delà de
laquelle cette chute de tension serait supérieure à 8%.
• Quelle serait l'influence d'une modification de la distance entre sous-conducteurs et entre
phases, sur les grandeurs capacitives et inductives ?
• En quoi la présence d'un deuxième terne sur le même pylône influencerait-il la chute de
tension ?
• Dans quel sens l'inductance évoluerait-elle en cas de liaison souterraine ?
• Que devient l'impédance effective en cas de régime inverse et régime homopolaire ?

Page 1.33
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Page 1.34
2. LE SYSTÈME « PER UNIT »
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Table des matières

2. LE SYSTÈME « PER UNIT » .......................................................................................................... 1


2.1. Introduction ........................................................................................................ 3
2.1.1. Le schéma unifilaire ................................................................................... 3
2.1.2. Puissance, tension et courant de base......................................................... 4
2.1.3. Impédance et admittance de base ............................................................... 6
2.1.4. Chute de tension ......................................................................................... 7
2.1.5. Changement de base................................................................................... 7
2.2. Modélisation des lignes ...................................................................................... 8
2.3. Modélisation des transformateurs ...................................................................... 9
2.3.1. Le transfo. idéal dans les calculs de réseau .............................................. 10
2.3.2. Insertion d'un transfo dans un système per unit ....................................... 11
2.3.3. Schéma équivalent.................................................................................... 12
2.4. Modélisation des machines synchrones ........................................................... 12
2.5. Exercice résolu ................................................................................................. 14
2.5.1. Enoncé...................................................................................................... 14
2.5.2. Résolution de l'Exercice pu. ..................................................................... 14
A. Données :.................................................................................................. 14
B. Choix des grandeurs de base : .................................................................. 15
C. Schéma unifilaire : ................................................................................... 15
D. Grandeurs en pu et schéma en pu :........................................................... 15
E. Etat du système : ...................................................................................... 16
F. puissances transmises en chaque nœud :.................................................. 17
G. Puissances dissipées : ............................................................................... 17
H. Bilan de puissances : ................................................................................ 18

Page 2.2
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2.1. Introduction

Le système « Per Unit » est un système de grandeurs réduites qui permet à l'ingénieur
électricien d'avoir constamment à l'esprit des ordres de grandeurs relatifs de certains
paramètres indépendamment des niveaux de tension et de puissance. De plus, l'utilisation de
ce système simplifie certaines formules et schémas équivalents. En particulier, un bon choix
initial permet de s’affranchir de la présence des transformateurs idéaux et la formulation se
ramène à l’étude de circuits monophasés.
Ce système associe, à une variable quelconque « α », une valeur de base « αbase » et la
compare à sa valeur ‘vraie’ « αvraie » de manière à l’exprimer dans un système adimensionnel
« pu » (ou en % de sa valeur de base) dont les ordres de grandeur sont bien connus.

2.1.1.Le schéma unifilaire

Pour représenter les circuits rapidement et simplement, nous aurons recours à un


schéma unifilaire (one line diagram). La figure 2.1 montre les équivalences avec d’autres
schématisations et prouve bien l’avantage d’une telle représentation.

Figure 2.1 : Schéma unifilaire d’un système triphasé

Page 2.3
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

La figure 2.2 montre les différents symboles couramment utilisés pour représenter les
éléments à partir d’un schéma unifilaire.

Figure 2.2 : Symboles des schémas unifilaires

2.1.2.Puissance, tension et courant de base

Considérons un système d'alimentation triphasé tel que représenté sur la Figure 2.3.

Figure 2.3 : Ligne triphasée, tension entre phases et courant de ligne

A ce réseau sont associées les quatre variables complexes suivantes : U, tension entre
phases ; I, courant de phase ; S, puissance complexe et Ζ (=1/Y), impédance du circuit.

Page 2.4
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Dans un système triphasé équilibré, l’amplitude (module) de la tension entre phases et


celle la tension entre une phase (quelconque) et le point neutre sont liées entre-elles par la
relation 2.1.
U = 3.V [V] (2.1)

La puissance complexe traversant la section π est donnée par :


* *
S = 3.V.I = 3.U.I = P + j.Q [VA] (2.2)
Elle se décompose en - puissance active = P [Watt]
- puissance réactive = Q [Var]
La puissance apparente,2 S 2, s’exprime en Volts-Ampères ; le déphasage entre V et
ϕ’ dont le cosinus est appelé « facteur de puissance »
I est représenté par l’angle ‘ϕ

La tension (ϕ-N) et le courant sont liés entre eux par la loi d’Ohm :
V = Z⋅I (2.3)

Nous définissons le système de grandeurs réduites « Per Unit » de la manière suivante :


S U I Z
Spu = ; U pu = ; I pu = et Zpu = (2.4)
SB UB IB ZB
U B = 3.VB [V] (2.5)
S B = 3.U B .I B [VA] (2.6)
VB = Z B .I B (2.7)

Les grandeurs de base, indicées ‘B’, choisies judicieusement, permettent de simplifier


considérablement les calculs dans les réseaux d’énergie électrique. Dans le système de base,
la puissance se conserve et la loi d’Ohm reste également d’application. L’existence de ces
deux relations (cfr. 2.2 et 2.3) nous enseigne que seules deux parmi les quatre variables citées
précédemment sont indépendantes. Nous disposons donc de deux degrés de liberté pour le
choix des grandeurs de base. Ainsi, nous choisirons ‘SB’ pour ses propriétés de
‘conservativité’ et ‘VB’ pour son accessibilité (plus directe que courant et impédance par la
normalisation des niveaux de tension pour le transport). Nous choisirons souvent les valeurs
nominales du réseau pour la tension.

Dès lors, si nous choisissons une puissance de base ‘SB’ et une tension de base ‘UB’,
nous définissons implicitement le courant de base (définition de la puissance) ainsi que
l’impédance de base (introduite via la loi d’Ohm), donné par :

En divisant membre à membre les équations (2.1) et (2.5), nous obtenons :


Upu = Vpu [pu] (2.8)
Premier avantage : Lors de la résolution d’un problème à partir d’un schéma unifilaire
équivalent, nous n’avons plus besoin de nous poser la question de savoir s’il s’agit de la
tension entre phases ou entre phases et neutre car les valeurs sont identiques !
En divisant membre à membre les équations (2.2) et (2.6), nous obtenons :
*
S pu = U pu ⋅ I pu [pu] (2.9)
Second avantage : Suppression du coefficient « 3 » dans l'expression de la
puissance complexe.

Page 2.5
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Le système Per Unit conserve la loi d’Ohm et les lois de Kirchhoff. Nous laissons au
lecteur le soin de vérifier ces dernières remarques.

2.1.3.Impédance et admittance de base

Figure 2.4 : Charge (équilibrée) triphasée en étoile

Considérons une charge triphasée étoilée symétrique telle que représentée sur la figure
2.4. La puissance complexe absorbée par ces charges peut s’exprimer en fonction de la
tension entre phases (son module !) et l’impédance complexe (son conjugué !) :

V.V* (V)2 U2
S=3 *
=3 *
= *
[VA] (2.10)
Z Z Z

Dans le système lié aux grandeurs de base (qui sont, de préférence, réelles !), nous
avons :
2
UB
SB = (2.11)
ZB
2
UB
ZB = [Ω] (2.12)
SB
La puissance complexe en pu devient, en fonction de l'impédance ‘Zpu’ :

2
U pu
Spu = *
(2.13)
Zpu

Remarque : Nous définissons, de manière similaire à l’impédance (cfr. relation 2.12 et


2.4), l'admittance de base et l'admittance en pu :
S
YB = B [S] (2.14)
2
UB
Y
Y pu = (2.15)
YB
La puissance complexe en pu devient, en fonction de l'admittance Y en pu :

2 *
Spu = Y pu .Upu (2.16)

Page 2.6
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2.1.4.Chute de tension

Figure 2.5 : Variation de la tension dû au passage de courant à travers une


ligne impédante

Considérons une impédance de ligne ‘Z’ dans un système triphasé (figure 2.5).
En désignant par ‘V’ la tension phase/neutre (comme il est d’usage), nous avons
directement (Kirchhoff) :
V1 = V 2 + Z ⋅ I [V] (2.17)

D'après les définitions introduites plus haut, il vient :


Z B ⋅ I B = VB [V] (2.18)

Nous obtenons donc :


V 1pu = V 2pu + Z pu ⋅ I pu (2.19)

2.1.5.Changement de base

Généralement, les valeurs d’impédances des générateurs et transformateurs fournies par


les constructeurs sont donnée dans un système per unit dont les grandeurs de base
correspondent aux tension et puissance nominales (par construction) de l’appareil.
Lors de nos calculs, il conviendra de ne faire référence qu’à un seul système per unit.
Le problème qui se pose alors est celui d'uniformiser les données, soit, de convertir les
impédances et admittances - exprimées dans un système quelconque - dans le système lié aux
grandeurs de base (SB et VB) choisies pour le tronçon considéré.

Nous pouvons écrire, pour deux systèmes de base différents :

Z = Z pu1 ⋅ Z B1 = Z pu2 ⋅ Z B2 (2.20)


d'où :
Z B1 U 2 ⋅ S B2
Z pu2 = Z pu1 ⋅ = Z pu1 ⋅ B1
2
(2.21)
Z B2 U B2 ⋅ S B1

Pour les admittances, nous obtenons une formule analogue :

YB1 U 2 ⋅ S B1
Y pu2 = Y pu1 ⋅ = Y pu1 ⋅ B2
2
(2.22)
YB2 U B1 ⋅ S B2

Page 2.7
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Si nous choisissons une puissance de base de 100 MVA et une tension de base
correspondant à celle (nominale) du tronçon étudié, en se limitant aux niveaux de tension
usuels HT et THT en Belgique, nous obtenons les valeurs représentées dans le tableau 2.1.

UN [kV] IB [A] ZB [Ω
Ω] YB [µS]

70 825 49 20408
150 385 225 4444
220 262 484 2066
380 152 1444 693

Tableau 2.1 : Valeurs typiques des grandeurs de base associées à SB = 100


MVA et UB = UN kV

2.2. Modélisation des lignes

Le modèle mathématique d’une ligne aérienne ou souterraine peut, pour des longueurs
de lignes pas trop élevées (l ≤ 100 km) et à la fréquence du réseau, être représenté sous la
forme d'un schéma ‘π’ (figure 2.6). Ce schéma en ‘π’ possède une impédance longitudinale
comprenant la résistance linéique et la réactance linéique de la ligne et deux admittances
transversales d'extrémité reprenant chacune la moitié de la susceptance totale. Ce schéma se
met donc sous la forme :

Figure 2.6 : Modèle simplifié des lignes de transmission électriques

Où :
Ru est la résistance linéique de la ligne [Ω/m] ;
X = ω.Lu est la réactance longitudinale linéique de la ligne [Ω/m] ;
Y/2 = ω.Cu/2 est l'admittance transversale linéique [µS/m] ;
L est la longueur de la ligne [m].

Page 2.8
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2.3. Modélisation des transformateurs

Soit un transformateur monophasé possédant N1 et N2 spires respectivement au primaire


et au secondaire (n = N1/ N2). En transposant la branche magnétisante en tête du circuit, son
schéma équivalent peut se représenter comme ci-dessous :

U1 U'2 U2

Figure 2.7 : Modèle du transformateur

• R étant la résistance des enroulements primaires et secondaires :


R = R1 + n2 . R2 [Ω] (2.23)

• X étant la réactance de fuite du transformateur :


X = Xf1 + n2 . Xf2 [Ω] (2.24)

• Xµ étant la réactance magnétisante :


Xµ = n . XM [Ω] (2.25)

L’impédance caractérisant le transformateur s’exprime, généralement, à travers la


tension de court-circuit (Ucc) de ce dernier (en %).
‘Ucc’ représente le pourcentage de la tension nominale à appliquer à un des
enroulements pour qu'il passe un courant nominal dans l’autre enroulement, lorsque celui-ci
est court-circuité. Cette tension correspond à l'impédance de fuite lorsque sa valeur est
donnée dans le système per unit lié aux grandeurs nominales de l’appareil !
Dans le système pu, à partir du modèle de la figure 2.7, la tension de court-circuit se
déduit par : « UCC,pu = ZCC,pu . IN,pu », avec IN,pu = 1, naturellement. ZCC,pu représente
l’impédance du transformateur ( = Rpu + j.Xpu ) au cours de cet essai.

Nous pouvons retenir les ordres de grandeurs suivants, valables pour des
transformateurs de réseaux HT et THT :
Rpu = 0,01 pu ; Xpu = 0,04 à 0,18 pu ; Xµ,pu = 20 à 50 pu ; X/ω.R = 0,1 à 0,2 s

Ces valeurs sont données dans un système per unit prenant pour valeurs de base la
puissance nominale et une des tensions nominales du transformateur.
En principe, il faut ajouter, en parallèle par rapport à la réactance magnétisante, une
résistance tenant compte des pertes magnétiques négligées jusqu'ici. Notons toutefois que
cette résistance, dite « résistance fer », possède une valeur très élevée et est souvent négligée.

Page 2.9
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2.3.1.Le transfo. idéal dans les calculs de réseau

Dans ce paragraphe, nous prendrons les grandeurs de base comme étant les grandeurs
nominales du système.

Considérons une ligne électrique dont deux tronçons, « 1-1’» et « 2-2’», sont séparés
par un transformateur tels que sur la figure 2.7.
Les équations du transformateur idéal permettent de ramener les grandeurs du réseau ‘2’
à celles du réseau ‘1’ de la manière qui suit :
1
U' 2 = ⋅ U 2 (2.26)
n
I' 2 = n ⋅ I 2 (2.27)
Introduisons le système per unit en choisissant ‘SB1’ et ‘UB1’ comme puissance et
tension de base caractéristique du réseau ‘1’. Les grandeurs de base de ce réseau s'expriment
par :
1
U 1pu = ⋅ U1
U B1
(2.28)
1
I 1pu = ⋅ I1
I B1
Il en va de même pour les grandeurs du réseau ‘2’ ramenées au niveau du premier :
1 1
U' 2pu = ⋅ U' 2 = ⋅ U2
U B1 n ⋅ U B1
(2.29)
1 n
I' 2pu = ⋅ I' 2 = ⋅I2
I B1 I B1

Nous définissons, à présent, la tension de base du réseau ‘2’ comme suit :


U B2 = n ⋅ U B1 (2.30)
Cela revient à choisir une valeur de tension de base différente pour chaque tronçon
(séparé des autres par un ou plusieurs transformateurs) et dont la valeur est déterminé par le
choix initial sur le premier tronçon étudié.
Or, nous avons : SB1 = 3.IB1.VB1 ; SB2 = 3.IB2.VB2. En choisissant « SB1 = SB2 = SB »,
avec la relation 2.30, il vient :
1
I B2 = ⋅ I B1 (2.31)
n
Nous obtenons finalement les relations fondamentales suivantes :
1
U'2pu = .U 2 = U 2pu
U B2
(2.32)
1
I'2pu = .I 2 = I 2pu
I B2

Dans un système exprimé en per unit il apparaît donc qu’il convient de choisir les
valeurs de base telles que :
 le rapport de transformation, ‘n’, soit aussi le rapport des tensions de base des
deux réseaux (UB2 = n.UB1) ;
 les puissances de base soient de même valeur (SB1 = SB2).

Page 2.10
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

En effet, dans ce cas, les transformateurs idéaux seront rendus invisibles : « I2pu =
I’2pu » ; « U2pu = U’2pu » et pourront se modéliser de la manière représentée à la figure 2.8
(grandeurs en pu !).

Figure 2.8 : Modèle du transformateur en système per unit

Si, en plus, nous tenons compte du fait que R << X << Xµ, Ce transformateur, en
système per unit, se réduit à une simple inductance.

2.3.2.Insertion d'un transfo dans un système per unit

Nous considérons, ici, le cas où les tensions de base ne sont pas les tensions nominales.

Reprenons le schéma de base en introduisant le rapport ‘n’ des tensions de base (n =


UB2/UB1) et le rapport ‘r’ des tensions nominales (r = UN2/UN1) :

I1
I'2
U2
U1
U'2

Figure 2.9 : Modèle du transformateur à rapport de transformation variable

Le paramètre ‘e’ est introduit pour modéliser la possibilité de modifier le rapport de


transformation dans certaines gammes de valeurs. Le rapport de transformation total s’écrit,
en « pu » :
(1 + e) ⋅ r
ξ= (2.33)
n
Nous obtenons deux relations suivantes :
1
I 1pu = ( Ylpu + Ytpu ) ⋅ U 1pu − ⋅ Ylpu ⋅ U' 2pu (2.34)
ξ
1 1
I' 2pu = ⋅ Ylpu ⋅ U 1pu − ⋅ Ylpu ⋅ U' 2pu (2.35)
ξ ξ2
Les admittances s'obtiennent facilement par les règles du changement de base :
2
UB 1 ⋅ SN
Ypu = YpuN1 ⋅ (2.36)
U 2N1 ⋅ S B

Page 2.11
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2.3.3.Schéma équivalent

Quel que soit le système de référence utilisé, les équations en « per unit » suggèrent
immédiatement l'utilisation d'un schéma équivalent en ‘π’. En effet, en laissant de côté
l'indice ‘pu’, nous obtenons, à partir des relations (2.31) et (2.32), le schéma équivalent de la
figure 2.10 :

Figure 2.10 : Schéma équivalent du transformateur à rapport variable

D'un point de vue pratique, nous pouvons conclure que les transformateurs, les lignes et
les câbles peuvent être modélisés par un schéma équivalent en ‘π’. Dans le cas des lignes et
des câbles, le quadripôle ainsi formé est symétrique. Ceci n’est pas le cas pour les
transformateurs.

2.4. Modélisation des machines synchrones

Du point de vue des réseaux d'énergie, la machine synchrone ou ‘alternateur’, est un


convertisseur électromécanique qui, à partir de l'énergie mécanique fournie par un moteur,
renvoie dans le réseau de l'énergie électrique sous forme triphasée.
Les puissances ainsi mises en jeu varient considérablement : depuis quelques MW pour
un alternateur d'une petite centrale, jusqu'à 1300 MW pour un groupe de production d'une
centrale nucléaire. Le schéma équivalent d'une phase de la machine synchrone est :

Figure 2.11 : Modèle simplifié de la machine synchrone

« EV » est la tension induite aux bornes du rotor ;


« R » est la résistance d'un enroulement statorique ;
« XS » est la réactance synchrone. Son ordre de grandeur est de 2 pu dans la base qui
correspond aux paramètres nominaux de la machine.

Page 2.12
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

L'équation permettant de modéliser le comportement de la machine synchrone est :


_ _ _
U = EV -(R + jXS) . I (2.37)

Les valeurs de R et Xs dépendent du régime considéré :


Xs (pu) possède une valeur : - nominale ~1 à 2 ;
- transitoire ~ 0,10 à 0,5 ;
- sub-transitoire ~ 0,01 à 0,05.
Pour un calcul de répartition de charge (Load Flow), on considère la valeur nominale.
Pour un calcul simplifié de court-circuit, on considère la valeur transitoire ou sub transitoire.

Remarque : Des modèles plus complets existent, bien entendu !

Page 2.13
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2.5. Exercice résolu

2.5.1.Enoncé.

Un générateur de 100 MVA, XS = 100%, de tension nominale 18kV est relié par un
transformateur élévateur (18/70) de 50 MVA et de tension de court-circuit de 10 %, à une
ligne triphasée 70 kV de 25 km (R = 0.2 Ω/km, X = 0,4 Ω/km, Y = 3µS/km). Au bout de la
ligne, une charge est branchée derrière un transformateur abaisseur (70/16,5) de 40 MVA,
tension de court-circuit 15 %.

Nous avons relevé une tension de 15 kV aux bornes de la charge qui est inductive et
soutire une puissance de 25 MVA avec un facteur de puissance de 0,8.

Nous demandons :

- Tracer le schéma unifilaire correspondant à ce circuit ;


- Pour SB = 100 MVA, choisissez les autres grandeurs de base et calculer le schéma en
utilisant le système Per Unit.
- Que vaut (en grandeur réelle) la tension aux bornes du générateur ainsi que la f.e.m.
interne ?
- Sur un schéma résumé, reprendre les valeurs de U, I, P et Q chaque fois qu'ils peuvent
être calculés. Vérifier votre bilan en chaque nœud.

2.5.2.Résolution de l'Exercice pu.

A. Données :

 Générateur (G) :
SB,G = 100 MVA ;
XS,G = 100 % ;
UN,G = 18 kV1.

 Transformateur (T1) :
Rapport nT1 = 18/70 ;
SB,T1 = 50 MVA ;
XCC,T1 = 10 %.

 Ligne triphasée (L) :


UL = 70 kV ;
Longueur 25 km ;

1
UN est la valeur nominale de la tension qu'il faut connaître pour déterminer la valeur XS,G en pu. Ce
n'est donc pas la valeur de la tension exacte aux bornes de la machine dans les conditions d'exploitation.

Page 2.14
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

R = 0,2 Ω/km ;
X = 0,4 Ω/km ;
Y = 3 µS/km.

 Transformateur (T2) :
Rapport nT2 = 70/16,5 ;
SB,T2 = 40 MVA ;
XCC,T2 = 15 %.

 Charge :
U = 15 kV ;
S = 25 MVA;
cos θ = 0,8.

B. Choix des grandeurs de base :


Nous choisissons les grandeurs de base égales aux grandeurs nominales. La puissance
de base, SB, est fixée à 100 MVA. Les tensions de base sont choisies afin de respecter la
relation UB2 = n.UB1 et d'obtenir ainsi un transformateur ‘invisible’.
UB1 = 18 kV est la tension de base du côté gauche du transformateur T1 :
ZB1 = UB12 / SB = 3,24 Ω ;
UB2 = 70 kV est la tension de base du côté droit de T1 et du côté gauche de T2 :
ZB2 = UB22 / SB = 49 Ω ;
UB3 = 16,5 kV est la tension de base à droite de T2 :
ZB3 = UB32 / SB = 2,72 Ω.

C. Schéma unifilaire :

SB = 100 MVA SB = 100 MVA SB = 100 MVA


UB1 = 18 kV UB2 = 70 kV UB3 = 16,5 kV
ZB1 = 3,24 Ω ZB2 = 49 Ω ZB3 = 2,72 Ω

Générateur (G) Transfo (T1) Ligne de transport Transfo (T2) Charge

D. Grandeurs en pu et schéma en pu :

Toutes les grandeurs en ‘per unit’ doivent se référer à la puissance de base « SB = 100
MVA ».

 Générateur (G) :
SN,G = 100 / 100 = 1 pu
XS,G = 100 %[100 MVA ≡ 1 pu

Page 2.15
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

 Transformateur (T1) :
Rapport nT1 = 18/70 (= rapport des tensions de base) ;
SN,T1 = 50 MVA ≡ 50 / 100 = 0,5 pu ;
XCC,T1 = 10 %]50 MVA ≡ 0,1. 100 / 50 = 0,2 pu.

 Ligne triphasée (L) :


Longueur 25 km ;
R = 0,2 Ω/km ≡ 0,2. 25 / 49 = 0,102 pu ;
X = 0,4 Ω/km ≡ 0,4. 25 / 49 = 0,204 pu ;
Y = 3 µS/km ≡ 3.10-6 . 49. 25 = 3,68.10-3 pu ; ⇒ Y/2 = 1,84*10-3 pu.

 Transformateur (T2) :
Rapport nT2 = 70/16,5 (= rapport des tensions de base) ;
SN,T2 = 40 MVA ≡ 40 / 100 = 0,4 pu ;
XCC,T2 = 15 %]40 MVA ≡ 0,15. 100 / 40 = 0,375 pu.

 Charge :
U3 = 15 / 16,5 = 0,91 ∠ 0° pu ;
S = 25 / 100 = 0,25 pu ;
cos θ = 0,8.

Son schéma équivalent est le suivant :

EV UG I5 U1 I3 U2 I1 U3

j.1,0 pu j.0,20 pu 0,10 pu j.0,20 pu j. 0,38 pu

I4 Y/2 = j.1,8 *10-3 pu I2

E. Etat du système :

Puissance active consommée par la charge: PL = S. cosδ = 0,25. 0,8 = 0,2 pu ;


Puissance réactive consommée par la charge: QL = S. sinδ = 0,25. 0,6 = 0,15 pu.

Calcul du courant au niveau de la charge (I1) :


S = PL + j.QL = 0,2 + j.0,15 = U3 . I1* = 0,91 ∠ 0° . I1* ;
I1 = 0,220 - 0,165 j = 0,275 pu ∠ -37°.

Calcul du courant dans la ligne (I3) :


U2 = U3 + I1 . j.(0,375) = 0,971 + j.0,0825 = 0,974 pu ∠ 4,86° ;
I2 = U2 . j.1,84.10-3 = 1,79.10-3 pu ∠ 94,9°;
I3 = I1 + I2 = 0,274 pu ∠ -36,6°.

Calcul du courant au niveau du générateur (I5) :


U1 = I3 . (0,1 + j.0,2) + U2 = 1,03 pu ∠ 6,13°;
I4 = U1 . j.1,84.10-3 = 1,90.10-3 pu ∠ 96,1°;
I5 = I3 + I4 = 0,273 pu ∠ -36,3°.

Page 2.16
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Tension aux bornes et fem du générateur :


UG = I5. j.0,2 + U1 = 1,07 pu ∠ 8,29° ;
Ev = UG + I5. j = 1,28 pu ∠ 17,1°.

La tension réelle aux bornes du générateur vaut : UG . UB1 = 19,2 kV ∠ 8,29°.


La fem réelle du générateur vaut : EV . UB1 = 23,0 kV ∠ 17,1°.

F. puissances transmises en chaque nœud :

Nœud EV :
SV = EV . I5* = 0,348 pu ∠ 53,3°;
= PV + j.QV ;
⇒ PV = 20,8 MW ;
QV = 27,9 MVAr.
Nœud UG :
SG = UG . I5* = 0,292 pu ∠ 44,5°;
⇒ PG = 20,8 MW;
QG = 20,5 MVAr.
Nœud U1 :
S1 = U1 . I5* = 0,281 pu ∠ 42,4° ;
⇒ P1 = 20,8 MW ;
Q1 = 19,0 MVAr.
Nœud U2 :
S2 = U2 . I1* = 0,268 pu ∠ 41,7° ;
⇒ P2 = 20,0 MW ;
Q2 = 17,8 MVAr.
Au nœud U3 :
S3 = U3 . I1* = 0,25 pu ∠ 36,9° ;
⇒ P3 = 20,0 MW ;
Q3 = 15,0 MVAr.

G. Puissances dissipées :

Réactance synchrone :
QXs,G = I52 . 1 = 0,0744 pu ;
⇒ QXs,G = 7,44 MVAr.
Réactance de fuite de T1 :
QT1 = I52 . 0,2 = 0,0149 pu ;
⇒ QT1 = 1,49 MVAr.
Impédance de ligne :
• Impédance longitudinale :
SL = I32 . (0,1 + j.0,2) = 1,68 pu ∠ 63,4° ;
⇒ PL = 0,750 MW ;
QL = 1,50 MVAr.
• Impédance transversale :
Qtr,g = - I42 . (0,00184)-1 = - 0,00196 pu ;
⇒ Qtr,g = - 0,196 MVAr.

Page 2.17
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Qtr,d = - I22 . (0,00184)-1 = - 0,00174 pu ;


⇒ Qtr,d = - 0,174 MVAr.
Réactance de fuite de T2 :
QT2 = I12 . j.0,375 = 0,0284 pu ;
⇒ QT2 = 2,84 MVAr.

Remarque : Les pertes capacitives sont extrêmement faibles. Nous aurions pu les négliger
depuis le début de la résolution.

H. Bilan de puissances :

A partir du générateur, puissance actives :


PV = PG = P1 = 20,8 MW ;
P2 = P3 = PV – PL = 20,0 MW OK.

A partir du générateur, puissance réactives :


QV = 27,9 MVAr ;
QG = QV – QXs,G = 20,5 MVAr OK ;
Q1 = QG – QT1 = 19,0 MVAr OK ;
Q2 = Q1 – QL – Qtr,g – Qtr,d = 17,8 MVAr OK ;
Q3 = Q2 – QT2 = 15,0 MVAr OK.

Autre formulation : Sgénérée = Sconsommée + Spertes.

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3. CALCUL DE LOAD FLOW

Page 3.1
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Table des Matières


3. CALCUL DE LOAD FLOW ............................................................................................................1

3.1. Formulation du problème.................................................................................. 3

3.2. Constitution d'un réseau.................................................................................... 3

3.2.1. Les générateurs ......................................................................................... 3

3.2.2. Les charges................................................................................................ 4

3.2.3. Le réseau proprement dit .......................................................................... 4

3.3. Bilans de puissances et balancier...................................................................... 5

3.3.1. Bilans de puissances ................................................................................. 5

3.3.2. Le générateur balancier............................................................................. 5

3.4. Formulation à l'aide de la matrice d'admittance................................................ 8

3.5. Exercice résolu................................................................................................ 12

3.5.1. Enoncé..................................................................................................... 12

3.5.2. Résolution ............................................................................................... 13

3.6. Programme de Load Flow............................................................................... 16

3.7. Exercice proposé............................................................................................. 20

3.8. Annexes........................................................................................................... 21

3.8.1. Illustration de la méthode de Gauss-Seidel :........................................... 22

3.8.2. Illustration de la méthode de Newton-Raphson :.................................... 24

Page 3.2
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

3.1. Formulation du problème

Nous avons une série de charges à alimenter à partir de générateurs. Tous sont
dispersés et reliés entre eux par un réseau de liaison maillé. Les capacités de production des
différents générateurs étant connues, comment calculer l'état électrique complet du réseau,
c'est à dire les courants, tensions et puissances ?
Ce problème général est connu sous le nom de calcul de répartition de charges ou load
flow. Ce calcul fait référence à des conditions « normales » de fonctionnement et à un
régime établi.

3.2. Constitution d'un réseau

3.2.1.Les générateurs

Les générateurs peuvent fournir une puissance active et fournir ou absorber une
puissance réactive dans certaines limites. Les groupes importants tentent de maintenir à leurs
bornes un niveau de tension donné.

Figure 3.1 : Modèle du générateur et du transformateur en système p.u.

La machine sera modélisée (très simplement), dans le cadre de ce cours, par une force
électromotrice placée derrière une réactance. Pour l’étude d’un régime de fonctionnement
‘normal’, cette réactance représente la réaction d’induit et est appelée ‘réactance synchrone’,
notée XS et dont l’ordre de grandeur, dans la base de la machine, est de 1 pu (100 %).
Pour une étude en régime de court-circuit, la réactance à considérer est la réactance
transitoire (ordre de grandeur : 20 à 50 % dans la base de la machines) ou sub-transitoire (10
à 15 %). Chacun de ces régimes étant supposés établis dans les hypothèses de ce cours.

Page 3.3
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

3.2.2.Les charges

La consommation d'énergie électrique est le fait de tous les secteurs de la vie


économique : industries, services, ménages. Elle se présente sous des formes très diverses :
moteurs synchrones et asynchrones, appareils de chauffage, ...
Au contraire des générateurs, nous ne pouvons individualiser chaque consommation.
C’est l'agrégat de consommation en un nœud du réseau qui constitue la ‘charge’ (load)
caractérisant ce noeud.

Réseau

Réseau

Figure 3.2 : Modèle de la charge et du transformateur en système p.u.

La puissance appelée par la charge varie avec la tension et la fréquence qui règnent au
droit de cette charge. Toutefois, une analyse en régime stationnaire suppose la constance de
la fréquence. Dans le cadre de ce cours introductif, nous supposerons qu’une charge peut
être vue comme consommatrice de puissances active et réactive (PL, QL) constantes. QL peut
être positive (cas d’une charge inductive) ou négative (cas d’une charge capacitive).
Un nœud intermédiaire (poste d’aiguillage) qui n’est pas relié directement à une charge
et/ou un générateur sera considéré comme un nœud « charge » dont les valeurs de P et Q sont
nulles.

3.2.3.Le réseau proprement dit

Le réseau proprement dit sera constitué des divers éléments de liaison (lignes, câbles,
transformateurs) et les dispositifs associés (appareillages de mesure et de protection, ...).
Sous l'hypothèse de stationnarité et de symétrie triphasée1, il apparaît que le réseau
peut être représenté par un schéma unifilaire. L'utilisation d'un système de grandeurs
réduites (per unit) permet de modéliser ce réseau par un circuit composé d'éléments linéaires
provenant de l'association des divers schémas équivalents en π des éléments de liaison.
En Europe, ces réseaux sont généralement fortement maillés, c’est-à-dire qu’ils
possèdent de nombreux points de connexion entre les différentes lignes qui les composent.

1
Hypothèses que nous ferons systématiquement dans le cadre de ce cours introductif. Par exemple, les courts-
circuits seront considérés triphasés symétriques et on étudiera uniquement le cas du courant établi, sans
transitoires, ce qui correspond à une situation idéale imaginaire.

Page 3.4
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

3.3. Bilans de puissances et balancier

3.3.1.Bilans de puissances

Le bilan de puissance active du réseau s'écrit :

∑P G = ∑ PL + pertes actives du réseau (3.1)

La somme des puissances actives injectées par les générateurs est égale à la somme des
puissances actives absorbées par les charges, augmentée des pertes actives du réseau
(résistance des lignes, des câbles, etc.). L’ordre de grandeur des pertes est de 5 %.

Le bilan de puissance réactive du réseau s'écrit :

∑Q G = ∑ QL + générations ou consommations réactives du réseau (3.2)

La somme des puissances réactives injectées ou absorbées par les générateurs est égale
à la somme des puissances réactives consommées/produites par les charges augmentée de la
somme des consommations/productions réactives du réseau (réactance des lignes, des câbles,
transformateurs, banc de condensateurs etc.). L’ordre de grandeur des
consommations/productions réactives du réseau est très variable et peut être relativement
élevé.

Le problème qui survient à ce niveau est qu’il n'est pas possible de prédire les termes
qui viennent du réseau de manière directe. En effet, ceux-ci dépendent des niveaux réels de
tension et de la répartition du transit de puissance dans les lignes et les transformateurs. Or,
c’est précisément ce transit que nous cherchons à déterminer.

3.3.2.Le générateur balancier

Ne connaissant pas les pertes actives en ligne, nous ne pourrons pas imposer P en tous
les nœuds (générateurs et charges). Pour résoudre notre problème de « load flow », il faut
donc un nœud particulier (dont le rôle est assuré en pratique par un groupe important ou un
accès à un réseau important) auquel la puissance active ne pourra être imposée, mais résultera
de notre calcul. Nous avons vu qu’à chaque nœud d’un réseau il faut imposer deux des
quatre valeurs P, Q, V et δ (phase de V). Vu sa nature, ce nœud particulier se verra
également imposé comme référence de tension et de phase V∠δ (δ pris, assez naturellement,
à 0). Nous introduisons donc, dans le schéma équivalent du système étudié, un générateur

Page 3.5
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

particulier, dit « générateur balancier » ou « slack bus ». Celui-ci permettra de faire


intervenir dans les calculs les pertes actives du réseau tout en respectant les bilans de
puissances décrits au paragraphe précédent.

Considérons le problème élémentaire d'un générateur (VG, PG) alimentant une charge
(PL, QL) à travers une ligne triphasée. Celle-ci sera modélisée par son schéma équivalent en
π. Ce schéma doit répondre à la contrainte (en pu) :

S = U C ⋅ I*C = P + jQ
 C L L
 *
(3.3)
SG = U G ⋅ IG = PG + jQG

Ligne
Générateur Charge

G L
Figure 3.3 : Schéma unifilaire d’une transmission de puissance simple

Les inconnues de base ‘théoriques’ sont VG∠δG et VL∠δL. Nous en déduisons


aisément courant, puissance de transit, pertes en ligne, etc., soit la résolution complète du
calcul de la répartition de charges.
Les éléments connus sont : les caractéristiques du réseau c'est à dire Z ou Y, l'existence
d'un générateur (en principe PG et VG) et la charge (PL, QL). Tel quel, ce problème est
insoluble si PG ≠ (PL + pertes en ligne), ce qui est impossible pratiquement. Il importe donc
de fixer arbitrairement (mais logiquement) un niveau de tension dans le système. Cette
référence de tension s'exprime en module. Il nous faut encore une référence de phase. Il est
logique de faire jouer le rôle de référence de tension au générateur balancier. Le générateur
de la figure 3.3 apparaîtra donc comme un générateur aux bornes duquel nous imposerons le
module de la tension et la phase (usuellement VG∠0°). Ce concept de balancier est
indispensable au niveau du modèle utilisé et le problème du choix du générateur se pose.
Le schéma 3.3 se résout alors directement.

G L
PL
QL

Figure 3.4 : Introduction des modèles p.u. à partir du schéma descriptif

En l’absence de transformateurs (ou, à partir d’un modèle simplifié et dans le cas


particulier du système per unit, lorsque les transformateurs sont modélisés par une simple
impédance que l’on peut intégrer dans ZLine ), le schéma équivalent suivant se déduit.

Page 3.6
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

XG XLine RLine

VG∠δG PL, QL

Figure 3.5 : Schéma simplifié équivalent par phase du circuit (en p.u.)

Pour rendre ce cas réel, il faut imaginer que nous devons alimenter une charge « PL,
QL » à partir d’un générateur qui joue en fait le rôle de balancier ! En effet, il va devoir
s’adapter à la demande du réseau.

Les expressions des puissances actives et réactives injectées aux nœuds G et L sont
données par les formules 3.5. Elles font intervenir les tensions et phases de chaque nœud.
La connaissance des tensions et phases en chaque nœud nous permet de déterminer toutes les
puissances complexes injectées ainsi que les transits (S et I complexes) entre chaque nœud.
Selon les conventions de la figure 3.5 et notant ZLine = Z ∠γ , nous avons2 :

VG2 V V
PG = cosγ - G L cos(δG - δL + γ)
Z Z
2
V V V
QG = G sinγ - G L sin(δG - δL + γ)
Z Z (3.5)
2
V VV
PL = L cosγ - L G cos(δL - δG + γ)
Z Z
2
V VV
Q L = L sinγ - L G sin(δL - δG + γ)
Z Z

Les deux dernières lignes du système 3.5 consistent en un jeu de deux équations à
autant d’inconnues (VG et δG). Sa résolution permet de déterminer les valeurs de l’ensemble
des tensions nodales complexes !
En supposant que les tensions et phases sont connues en chaque nœud (donc que le
précédent système a été résolu), les deux premières lignes du système 3.5 permettent ensuite
le calcul PG et QG.

Remarque : En prenant l’exemple du réseau belge, l’ordre de grandeur des pertes


actives est de 5%. En régime de forte charge, la puissance consommée est voisine de15 MW.
5% x 15000 MW = 750 MW, ce qui correspond à l’équivalent d’un groupe nucléaire tel que
ceux actuellement en place à la centrale de Tihange ! On ne choisit donc pas un nœud
balancier au hasard. Concrètement, on augmente « fictivement » les charges de quelques
pourcents de manière à couvrir une grande partie des pertes de manière distribuée, le reliquat
provenant d’un nœud balancier raisonnable (point de liaison avec la France).

2
Cfr. paragraphe suivant pour l’établissement de ces formules.

Page 3.7
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

En résumé, le problème de la répartition de charge d'un réseau donné est correctement


posé si nous considérons, en chaque nœud du réseau, un des types de contraintes ci-dessous :
• P et Q imposés :
Nœud où est connecté une charge (avec le cas particulier P et Q = 0), représentent
environ 80% des noeuds.
• P et V imposés :
Nœud où est connecté un générateur destiné à soutenir la tension, (environ 20% des
nœuds).
• V et δ imposés:
Nœud où est connecté un générateur qui joue le rôle de balancier. Il n’y en a qu’un seul.

3.4. Formulation à l'aide de la matrice


d'admittance

Pour la résolution d’un problème de répartition de charges, il est plus commode de


travailler avec les admittances plutôt qu’avec les impédances. Nous commencerons par un
bref rappel des formules relative à l’application de la méthode dite « de la matrice
d’admittance » pour le calcul d’un réseau électrique quelconque.
Supposons que les éléments de liaison du réseau soient représentés par leur schéma
équivalent en π. Le circuit ainsi obtenu peut être vu par chacun des nœuds qui correspondent
aux jeux de barres du réseau. Vu la facilité avec laquelle les termes de la matrice
d'admittance peuvent être calculés, elle constitue le point de départ de la plupart des
méthodes de calcul de la répartition des charges. Cette méthode nous amène à la résolution
d’équations non linéaires.
Supposons que le réseau soit composé d'éléments linéaires. Le circuit obéit alors à la
loi :
I=Y⋅U (3.6)

où ‘ U ’ est la tension phase/terre et ‘ I ’ le courant injecté en un nœud. La matrice ‘ Y ’


est appelée « matrice d'admittance aux nœuds ».
Ii
i
Ui

Figure 3.6 : Vue nodale du réseau pour l’établissement de la méthode de la


matrice d’admittance

Page 3.8
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

La valeur des composantes de la matrice d'admittance est établie par inspection de la


manière suivante :
• L'admittance propre « Yii », associée au nœud ‘i’, est égale à la somme des admittances
des branches incidentes à ce nœud.
• L'admittance de transfert « Yki », associée aux nœuds ‘k’ et ‘i’, est égale à l'admittance de
la branche qui joint ces deux nœuds, changée de signe.

La puissance injectée au nœud ‘i’ vaut :


S i = U i .Ii* (3.7)
A partir de la relation 3.6, nous pouvons exprimer Ιi de la manière suivante :
n
Ii = ∑ Yik .U k (3.8)
k =1
Où « n » représente le nombre total de nœuds.
Dès lors,
 n 
S i = U i .  ∑ Y*ik .U*k  = Pi + jQ i (3.9)
 k =1 
et nous pouvons exprimer les composantes réelles et imaginaires de la puissance
injectée en chaque nœud de la manière suivante :

n
Pi = U i .∑ Yik .U k .cos(δi - δk - γ ik )
k =1
n
(3.10)
= U i .Yii .cos(γ ii ) + U i .∑ Yik .Uk .cos(δi - δk - γ ik )
2

k ≠i
n
Q i = U i .∑ Yik .U k .sin(δi - δk - γ ik )
k =1
n
(3.11)
= U i .Yii .sin(γ ii ) + U i .∑ Yik .U k .sin(δi - δk - γ ik )
2

k ≠i

A ce stade, il existe plusieurs façons de résoudre le système.


En exprimant les équations relatives aux Pi et Qi connus (Pi pour les nœud ‘PV’ des
générateur ; Pi et Qi pour les nœuds ‘PQ’ des charges et aucune pour le nœud PV), nous
obtenons un système d’équation3 dont la résolution est généralement plus complexe au fur et
à mesure que le nombre de nœuds croît. La résolution manuelle d’un tel problème n’est
envisageable que pour un nombre de nœuds très réduit. Les systèmes plus complexes
nécessiteront un soutien numérique à la résolution.

La solution la plus simple consiste à résoudre le système constitué par les équations
non linéaires 3.10 et 3.11 à l’aide d’un logiciel informatique adapté tel que Mathematica…

3
Si nous considérons ‘k’ nœuds de type ‘PV’, il y correspond ‘k’ δi inconnus et nous en tirons une équation ;
avec ‘m’ nœuds ‘PQ’, m Vi et m δi sont inconnus tandis que nous en tirons 2 x m équations ; le nœud ‘Vδ’
n’intervient pas. Le nombre d’équations de ce système correspond bien au nombre d’inconnues et permet la
détermination des tensions et phases en chaque nœud.

Page 3.9
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

ou, encore plus directement, par un logiciel spécialisé dans le calcul de load flow tel que
Power World,…
D’autres solutions, basées sur les méthodes itératives de Gauss-Seidel et Newton-
Raphson sont envisageables.
La méthode de Newton-Raphson est basée sur les équations 3.11 tandis que Gauss-
Seidel s’appuie sur l’équation 3.12 qui est une variante de 3.9 pour l’itération.

1  P imp − jQ imp n 
Ui = ⋅ i
Yii 
i
(
− ∑ Yik ⋅ U k ) (3.12)
U *i k ≠i 

Les deux méthodes utilisent des estimations des variables inconnues comme valeurs
initiales pour les itérations.

Les formules relatives à l’application de la méthode de N-R sont rappelées en annexe.


Elles font intervenir les dérivées partielles des relations 3.11 sous la forme de la matrice
Jacobienne. Cette matrice permet de calculer les incréments des inconnues à chaque itération.
On considère que la convergence est atteinte lorsque ces incréments (ou une fonction plus ou
moins complexe de ceux-ci) deviennent inférieurs à une valeur, relativement faible,
arbitrairement fixée. Les estimations initiales concernent les tensions et phases inconnues et
le système considéré est celui, discuté plus haut, permettant leur détermination. Les
équations 3.10 et 3.11 permettent de calculer des erreurs par rapport aux valeurs Pi et Qi
spécifiées et la méthode nous fournit les moyens des les traduire en corrections sur les
inconnues. Les matrices d’admittances sont généralement fortement éparses. Les
programmes de calcul en tiennent généralement compte pour limiter le temps de calculs.

Pour l’initialisation, la méthode de Gauss utilise également des estimations des


inconnues. Dans cette méthode, une itération consiste à corriger une à une les tensions de
l’ensemble des « n-1 »4 nœuds à partir de l’équation 3.12, puis d’en déduire les nouvelles
estimations des Pi et Qi inconnus. Quand les tensions des « n-1 » nœuds ont été corrigées une
première fois, nous revenons au nœud initial et nous recommençons l'ensemble des
opérations. De nouveau, ces étapes sont à répéter jusqu'à ce que les corrections (ou une
fonction de celles-ci) soient inférieures à une quantité fixée à l'avance.
La méthode de Gauss-Seidel consiste en une variante de la précédente en ce sens où le
membre de droite de l'équation (3.12) est calculé en utilisant les valeurs les plus récentes des
‘ Ui ’. Deux calculs successifs de ‘ U i ’ (le second se distinguant du premier par la correction
sur ‘ U i* ’ dans le membre de droite) sont parfois recommandés pour chaque nœud avant de
passer au suivant.
Pour la prise en charge des nœuds ‘PV’, la nouvelle valeur de U i obtenue après
l’itération est multipliée par le rapport « U i imposé / U i nouveau
», afin d’en conserver la valeur
(en module), imposée par le type de nœud. Ainsi, seule la valeur de la phase se trouve
modifiée après l’opération (nous gardons l’angle obtenu par le calcul et réinitialisons le
module de la tension à la valeur spécifiée).
4
Pas de correction sur le noeud ‘Vδ’

Page 3.10
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Le processus itératif d'un calcul de répartition des charges peut converger vers une
solution qui, physiquement, ne présente pas d'intérêt (Ui ≈ 0.2 pu). Ce cas risque de se
présenter lorsque les valeurs estimées des tensions sont très différentes des valeurs réelles.

Il existe une méthode plus simple pour faire l’estimation du « load flow ». Elle peut
également servir pour l’estimation des valeurs de départ des méthodes décrites
précédemment. C’est la méthode des courants continus.
Cette méthode est acceptable pour les réseaux aériens à haute tension car nous
négligeons la résistance et la réactance transversale de la ligne devant la réactance
longitudinale R >> XL >> XC. Elle consiste à admettre que toutes les tensions sont, en
module, égales à 1 pu (les écarts dans un réseau sain sont de l'ordre de quelques %) et que les
déphasages aux extrémités des lignes sont faibles (quelques degrés). A partir de la formule
3.10, la puissance active circulant dans la ligne du nœud m vers le nœud n (en tenant compte
des simplifications décrites) peut se réécrire :
n
Pi ≈ 12.Yii .cos(90°) + 1.∑ Yik .1.cos(δi - δk - 90°)
k ≠i
n
≈ 0 + ∑ Yik .sin(δi - δk )
k ≠i

δ i - δk
n
Soit : Pi ≈ ∑ (3.13)
k¹i Xik
où Xik est la réactance de la ligne située entre les nœuds i et k.
En écrivant le système associé à l’expression 3.13, nous pouvons dès lors estimer les Pi et δi
inconnus.
V − VB
Cette expression est analogue à la loi d'ohm : I = A en courant continu, d'où le
R
nom de la méthode.
On peut également compléter cette méthode par une relation du type ∆V ≈ X.Q, mais
elle est plus approximative vu que Q est loin d’être constante entre deux nœuds voisins.

Page 3.11
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

3.5. Exercice résolu

3.5.1.Enoncé

Données :

i k R (Ω
Ω/km) X (Ω
Ω/km) U (kV) l (km)
LIGNE 1 4 0 0,2875 150 75
LIGNE 2 3 0 0,21 380 70

i k R (%) X (%) S (MVA)


TFO 2 1 0 13 295
TFO 3 4 0 13 295

i P (MW) Q (MVAr)
LOAD 1 200 100
LOAD 2 825 200
LOAD 4 0 0

i P (MW) Q (MVAr) ІUІ (pu)


GEN 3 0 0 1
GEN 1 600 0 1,01

Topologie :
P2 = 825 MW
Q2 = 200 MVAr U3 = 1 pu
ϕ3 = 0°
Bus 2 Bus 3
380 kV

70 km

75 km

150 kV
Bus 1
Bus 4

P1L = 200 MW P1G = 600 MW


Q1 = 100 MVAr U1 = 1,01 pu Page 3.12
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

3.5.2.Résolution

Système pu :
GRANDEURS DE BASE :

SB1 = 100 MVA SB2 = 100 MVA


UB1 = 380 kV UB2 = 150 kV
ZB1 = 1444 Ω ZB2 = 225 Ω

LIGNE 1-2 (TFO) :


X = 0,13 pu]295 MVA ≡ 0,0441 pu]100 MVA.

LIGNE 2-3 :
X = 0,0102 pu]380 kV.

LIGNE 3-4 (TFO) :


X = 0,13 pu]295 MVA ≡ 0,0441 pu]100 MVA.

LIGNE 1-4 :
X = 0,0958 pu]150 kV.

CHARGE 1 :
P1L = 2 pu ;
Q1 = 1 pu.

CHARGE 2 :
P2 = -8,25 pu ;
Q2 = -2 pu.

GENERATEUR 1 :
P1G = 6 pu ;
U1 = 1,01 pu.

GENERATEUR BALANCIER 3 :
U3 = 1 pu ;
ϕ3 = 0°.

Page 3.13
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Schéma équivalent :

I3 I4
I6
2 3
X = j . 0,0102 pu

I7 X = j . 0,0441 pu I5 X = j . 0,0441
pu

1 X = j . 0,0958 pu
4
I2 I5
I1

Les grandeurs numériques sur le schéma équivalent sont des impédances.

Répartition des charges :


Utilisons la formulation de la matrice d'admittance (3.4) pour déterminer la répartition
de charges dans le système étudié.

Les composantes de cette matrice sont données par inspection :


 − j.55,8 j.22,7 j.33,1 
 
Y =  j.22,7 − j.121 j.98,2 
 j.33,1 j.98,2 − j.131

DONNEES ET INCONNUES :
• Nœud 1 - type « PU » :
P1 = 6 - 2 = 4 pu ; Q1 =?; U1 = 1.01 pu ; ϕ1 = ?

• Nœud 2 - type « PQ » :
P2 = -8.25 pu ; Q2 = -2 pu ; U2 = ? ; ϕ2 = ?

• Nœud 3 - type « Uϕ » :
P3 =?; Q3 = ? ; U3 = 1 pu ; ϕ3 = 0°

Page 3.14
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

METHODE DES COURANTS CONTINUS :


Nous utiliserons la méthode des courants continus pour déterminer les valeurs initiales
de la puissance active ‘P3’ et les déphasages ‘ϕ1’ et ‘ϕ2’. Notre système d’équations s’écrit :
 1 + 1 − 1 − 1 
 X12 X13 X X13  ϕ1 
 P1   12
1 + 1 − 1 ⋅ϕ 2 
 P2 = − 1
 P3   X121 X 21 1X 23 1 X 231   ϕ3 
− − +
 X31 X32 X31 X32 

ϕ1 = 0,0476 rad = 2,72 °


ϕ2 = -0,0593 rad = -3,40 °
P3 = 4,25 pu = 425 MW

Nous obtenons déjà de très bonnes valeurs de départ.5

VALEURS INITIALES :
U 1 = 1,01 ∠ 2,72° ; U 2 = 0,983 ∠ -3,39° ; 6 U3 = 1,0 ∠ 0°.

1ERE ITERATION :
Déterminons d'abord Qiimp via (3.11) :
Q1 = j.1,12 pu. (47)

Nous calculons ensuite « U1 », puis « U2 », par la formule (3.12) (2x), prenant soin de
U i imposé
multiplier ce premier par le rapport « » pour garder le module constant (nœud
U i nouveau
‘PV’).
U 1 = 1,01 ∠ 2,71° pu ; (48)
U 2 = 0,983∠ -3,46° pu ; (49)
Q3 = 1,57 pu (50)

2EME ITERATION :
Q1 = 1,13 pu ≡ 11,3 MVAr
U1 = 1,01 ∠ 2,71°
U2 = 0,98 ∠ -3,46°

Etc…

5
En effet, les valeurs finales sont, pour ϕ1 : 2,71° ; pour ϕ2 : -3,46° et pour P3 : 425 MW (pas de pertes actives
dans le circuit).
6
Cette valeur a été calculée à partir de l’équation (3.12), prenant « |U2| = 1,0 » pour première évaluation.

Page 3.15
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

3.6. Programme de Load Flow

Nous allons utiliser un des logiciels de load flow pour déterminer l'état du circuit
(logiciel : ‘Power World’).

Représentation du circuit :

L'interface graphique nous permet de mieux visualiser les grandeurs électriques du


circuit. Les transferts de puissances sont représentés par les flèches le long des lignes (vertes
pour l’actif). Au niveau du bus 2, nous avons interconnecté un banc de capacités qui est,
pour l'instant, inactivé.

But du banc de capacités :


Nous considérons une charge capacitive de réactance ‘X’, notons
‘U’ la tension à ses bornes et ‘IQ’ le courant réactif la traversant. Nous
IQ pouvons considérer, en première approximation, « ΔU = -X.ΔIQ ». Cette
U relation montre l'étroit couplage entre le module de la tension et la
puissance réactive.

Page 3.16
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

En fonctionnement normal, une injection de puissance réactive en un nœud a pour effet


d'accroître la tension en ce nœud et aux nœuds voisins, et inversement.
Cette relation montre aussi qu'une consommation exagérée de puissance réactive peut
entraîner des tensions inacceptables (chute de tension). Le transfert de puissance réactive
possède un autre inconvénient : il entraîne une augmentation du courant, pour une même
puissance active (puissance utile), d'où une surcharge et/ou la nécessité d'adopter des sections
de conducteurs plus grandes. Cette augmentation du courant entraîne également des pertes
actives supplémentaires.
Ces considérations montrent l'importance de compenser localement les charges
réactuves, étant donné la prépondérance inductive de bon nombre d'entre elles. Cette
compensation s'effectue le plus souvent en installant des condensateurs fixes ou commutables
en moyenne tension, généralement au secondaire des transformateurs abaisseurs.
Dans le même ordre d'idées, en complément de celles installées en moyenne tension,
des capacités sont installées dans le réseau à haute tension en vue de compenser les
consommations (plutôt que générations dans cas le plus général) de puissance réactive
« XI2 » et d'éviter la production et le transport de la puissance réactive correspondante.

Résultats du Load Flow :

Ce tableau représente les résultats du load flow, c'est à dire l'état électrique du circuit
pour les contraintes imposées (nœud PV, PQ et balancier). Pour chaque bus, la première
ligne en représente la tension nominale (kV), la tension actuelle (pu) et le déphasage par
rapport au balancier. Les autres lignes représentent les charges et les générateurs connectés
ainsi que les transits de puissance dans les lignes et les transformateurs. Nous pouvons
directement vérifier que la somme des puissances actives ou réactives arrivant à un nœud est
nulle.

Page 3.17
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Influence d'une consommation excessive de réactif au bus 2 :


Si nous augmentons progressivement la charge connectée au bus 2, la chute de tension
en ce nœud varie de la façon décrite sur la figure suivante.

La théorie avait prédit cette allure de courbe : l'absorption de puissance réactive en un


nœud à pour effet de diminuer la tension en ce nœud.
Il ne faut pas perdre de vue qu'une diminution de la tension en un nœud peut entraîner
la diminution des tensions des nœuds voisins. Cette réduction excessive de la tension peut
occasionner une instabilité de tension et provoquer le black-out local plus général.

Effet du banc de capacité au bus 2 :


Si nous augmentons la puissance des charges inductives pour différentes valeurs de la
puissance réactive des bancs de capacités, nous obtenons la figure qui suit.

La théorie est bien en accord avec les résultats obtenus avec le logiciel de calcul du
load flow (Power World).
Pour des charges fortement inductives, il faut injecter de la puissance réactive pour
soutenir la tension. Cette puissance doit pouvoir être régulée car, pour des injections
importantes (1000 MVAr), la tension du jeu de barre 2 est prohibitive (1,07 pu). En pratique,
nous aurons recours à des systèmes faisant intervenir des TCR (thyristor controlled reactor),

Page 3.18
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

des TSC (thyristor switched capacitor) et bien d'autres. En effet, une charge est fluctuante et
il ne faut pas transformer le problème local en surtension en cas déconnexion de la charge.

Stabilité de la tension :
La stabilité de tension concerne la capacité d'un système de puissance à maintenir des
tensions acceptables en tous ses nœuds, dans des conditions de fonctionnement normales ou
suite à une perturbation. L'instabilité de tension se produit généralement sous forme d'une
décroissance monotone de la tension qui, soudainement, s’effondre au-delà d’un certain seuil.

En fonctionnement normal, lorsque nous connectons des équipements consommateurs


à un réseau électrique, la tension au point de raccordement tombe légèrement et la puissance
totale consommée augmente.
Or, dans un réseau électrique comme dans tout circuit électrique, il existe une
puissance maximale transférable. Cette puissance est fortement influencée par la distance
électrique entre sites de production et de consommation. Elle est également contrainte par
les limites de puissance réactive des machines. Lorsque nous nous en approchons, la tension
tombe fortement. Au delà de cette limite, toute connexion supplémentaire d'équipement se
solde par une diminution de la puissance totale consommée.

Augmentons progressivement la puissance active du nœud 2 pour deux valeurs du banc


de capacités (0 MVAr et 500 MVAr) :

Nous obtenons un effondrement de la tension pour les grandes puissances. Nous


remarquons aussi une augmentation de la tension au nœud 2 lorsque nous installons un banc
de capacités.
Nous ne perdrons pas de vue que les variations de la puissance active transitée
influencent fortement le déphasage et peu le module de la tension, tandis que l’inverse est
vrai pour les variations de transfert de réactif.

Page 3.19
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

3.7. Exercice proposé.

Le système à étudier est le suivant :

Lignes : 150 kV
0,39 Ω/km

Chaque transformateur a un rapport unitaire ; la réactance de fuite est en % dans la base du


transformateur. Les résistances et capacités des lignes sont négligées. Le générateur du jeu
de barres 3 est un générateur équivalent que nous prendrons comme balancier, avec une
tension de 0,99 pu et phase nulle (référence). La compensation shunt au jeu de barres 4 est,
initialement, nulle.

Nous demandons :

- En prenant SB = 100 MVA, choisir les autres grandeurs de base et calculer le schéma en
utilisant le système ‘per unit’.
- A l’aide du programme de load flow (Power World), déterminer le déphasage des
tensions en chaque nœud ainsi que les transits de puissance. Vérifier le bilan de
puissance en chaque nœud, commenter les pertes et les valeurs obtenues pour le
générateur balancier.
- Appliquer la méthode des courants continus pour calculer le déphasage des tensions en
chaque nœud et les transits de puissance. Comparer avec les résultats du point précédent.
- A l’aide du programme de LF, étudier :
• l’influence d’une consommation excessive de réactif au nœud 4 ;
• l’influence d’une compensation shunt de 0, 300, 600 et 900 MVAr au nœud 4 ;
• La stabilité de tension au nœud 4, pour un shunt situé entre 0 et 400 MVAr.
Commenter…

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3.8. Annexes

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3.8.1.Illustration de la méthode de Gauss-Seidel :

Page 3.22
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

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3.8.2.Illustration de la méthode de Newton-Raphson :

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4. COURT-CIRCUIT ET STABILITÉ
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Table des matières

4. COURT-CIRCUIT ET STABILITÉ .......................................................................................... 1

4.1. Introduction ....................................................................................................... 3

4.2. Calcul des courants de court-circuit .................................................................. 3


4.2.1. Puissance de court-circuit........................................................................... 3
4.2.2. Court-circuit triphasé aux bornes d’un alternateur..................................... 4
4.2.3. Court-circuit triphasé en un nœud du réseau.............................................. 6

4.3. La stabilité statique............................................................................................ 8


4.3.1. Puissance naturelle ..................................................................................... 8
4.3.2. Equation dynamique de la machine synchrone .......................................... 9
4.3.3. Stabilité – Puissance transmissible et déphasages entre nœuds voisins... 10
4.3.4. Puissance transmissible (liaison sans résistance) ..................................... 12
4.3.5. Transferts actifs et réactifs ....................................................................... 13
4.3.6. Courant à vide dans un câble souterrain................................................... 15
4.3.7. Compensations statiques .......................................................................... 15

4.4. Exercice proposé ............................................................................................. 17

4.5. Utilisation des fichiers Matlab ........................................................................ 19

4.6. Exercice résolu ................................................................................................ 20


4.6.1. Enoncé...................................................................................................... 20
4.6.2. Résolution................................................................................................. 20

A. Puissance maximale transmissible par la ligne : ..................................... 21

B. Puissance maximale transmissible par le câble :..................................... 23

C. Compensations pour l = 20 km : ............................................................. 27

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4.1. Introduction

Les différents concepts intervenant dans le calcul de la puissance pouvant transiter dans
une ligne, ainsi que la notion de stabilité statique sont exposés ci-dessous. Vous trouverez
également une brève présentation des principaux moyens de compensation utilisés sur les
réseaux de transport et de distribution. Nous exposons également, dans le paragraphe suivant,
une méthode rapide et facile pour la détermination du courant de court-circuit triphasé
(symétrique) au niveau d’un nœud quelconque d’un réseau électrique.

4.2. Calcul des courants de court-circuit

Dans le cadre de ce cours, nous limitons notre étude au cas du court-circuit triphasé
symétrique. Ce cas a une faible probabilité d’occurrence, mais permet de rendre les calculs
très simples.
Les réseaux déséquilibrés seront étudiés relativement aisément en décomposant les
courants et tensions des trois phases à partir des composantes symétriques (théorème de
Fortescue).

4.2.1.Puissance de court-circuit

Par définition, la puissance de court-circuit d’un réseau vaut :

Scc = 3 .UN.Icc [W] (4.1)

Elle permet de déterminer l’impédance équivalente à la charge connectée à un nœud du


réseau et fournit également une image de la sensibilité de ce réseau à une perturbation. Plus
cette puissance est élevée, plus le réseau est insensible aux perturbations.

Icc = UN / ( 3 .ZRés ) [A] (4.2)

Sa valeur, convertie dans le système p.u., est équivalente au courant de court-circuit


dans la base choisie. Elle vaut encore l’inverse de la réactance par laquelle le réseau aval
(charge) peut être remplacé (équivalent Thévenin) :

Scc,pu = UN/UB.Icc,pu avec │UN│ = │UB│ ;


= Icc,pu avec ;
= UN/ZRés.1/IB avec IB = UB/ZB ;
= 1/ZRés,pu.

Page 4.3
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Les ordres de grandeur des puissance et courant de court-circuit, en Belgique et pour


différents niveaux de tension, sont représentés dans le tableau 4.2.. En pratique, la CPTE
(société pour la Coordination de la Production et du Transport de l’Energie électrique) publie
chaque année les valeurs des courants de courts-circuits à considérer aux différents jeux de
barres du réseau HT belge.

Réseau 15 kV 70 kV 150 kV 220 kV 400 kV


ICC (A) 3000 5000 45000 30000 45000
SCC 80 MVA 600 MVA 10 GVA 10 GVA 30 GVA

Tableau 4.1 : Puissances et courants de C-C caractéristiques du réseau belge

4.2.2.Court-circuit triphasé aux bornes d’un alternateur

La situation en charge est schématisée sur la figure 4.1.

V∞∠δ
Xd IL∠ϕ

A
E∠0 Ζ∞
A’

Figure 4.1 : Alternateur en charge

Lors d’un court-circuit entre ses bornes (AA’), la machine synchrone réagit comme
décrit sur la figure 4.2. La composante DC, rapidement amortie, dépend de la valeur de la
tension à l’instant du défaut. Elle est nulle si le défaut apparaît à l’instant où la tension
s’annule : V(t) = Vmax . sin(ωt+δ) = 0 et est maximale si le défaut apparaît lorsque V(t) =
Vmax.

L’intensité du courant de court-circuit permanent est donnée par la formule 4.3.

Icc = E / (j.Xd) [A] (4.3)

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Figure 4.2 : Court-circuit aux bornes d’une machine synchrone

Nous utiliserons la valeur Xd’’(<<Xd) pour une étude en régime sub-transitoire


(premiers instants du défaut) et Xd’ (<Xd) en régime transitoire. Les ordres de grandeurs de
ces paramètres sont donnés dans les tableaux 4.2 et 4.3.

Tableau 4.2 : Réactances typiques de machines synchrones triphasées I

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Tableau 4.3 : Réactances typiques de machines synchrones triphasées II

4.2.3.Court-circuit triphasé en un nœud du réseau

Le résultat du calcul de la répartition de charge avant apparition du défaut (cfr. chapitre


3) nous fournit l’état du système (Pi, Qi, Vi et δi).
La méthode décrite ci-dessous se base sur ces résultats pour la détermination du schéma
équivalent de Thévenin du réseau vu des bornes du nœud « i », lorsque celui-ci se ferme sur
une charge ‘Zi’ (figure 4.4).

Vi
Xd Ii
ZTh

E Ζi  ETh Vi

Figure 4.4 : Equivalent Thévenin du réseau vu du nœud ‘i’

Avec les notations de la figure 4.4, ETh et ZTh s’écrivent :

ETh = Vi [V] (4.4)

ZTh = jXd.Zi / (jXd+Zi) [Ω] (4.5)

La situation en cas de court-circuit triphasé au nœud ‘i’ correspond à celle où Vi tend


vers 0. La situation devient celle représentée sur la figure 4.5.

Le courant de court-circuit s’exprime par :

Icc = ETh / ZTh [A] (4.6)

Page 4.6
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

ZTh

ETh Vi → 0

Figure 4.5 : Court-Circuit triphasé au nœud ‘i’

Cette situation correspond à l’état résultant de la superposition des deux états décrits sur
la figure 4.6. Sur cette figure, le réseau situé à gauche correspond à la situation avant
apparition du défaut. Son état est déterminé par un calcul de répartition de charges (Vi
déterminé, donc ETh aussi !). Le courant traversant ZTh, noté ‘Ii1’, se calcule par 4.7 :

Ii1 = (ETh – Vi) / ZTh [A] (4.7)

Le courant de court-circuit calculé via le principe de superposition vaut donc la somme


des courant résultant de chacun des états décrits par la figure 4.6. Notant ‘Ii2’ le courant
traversant ZTh dans le réseau de droite, nous obtenons :

Icc = Ii1 + Ii2 = (ETh – Vi) / ZTh + (Vi) / ZTh = ETh / ZTh [A] (4.8)

ZTh ZTh

ETh Vi + -Vi

Figure 4.6 : Courant de court-circuit - Principe de Superposition

Le problème se résout donc simplement en suivant les étapes décrites ci-dessous :


- Déterminer l’impédance équivalente de Thévenin vue des bornes du nœud « i » ;
- Passifier le réseau ;
- Appliquer une tension « -Vi » aux bornes du nœud sujet au court-circuit ;
- Déterminer le courant circulant dans la branche ;
- Ce courant correspond à Icc (cfr. relations 4.4 et 4.6).

En pratique, le c-c est rarement symétrique au niveau des trois phases. Le calcul
général des différentes situations de court-circuit (mono- ou biphasés ; entre phases ou mise à
la terre) s’effectue à l’aide des composantes symétriques de Fortescue (directe, inverse et
homopolaire).

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4.3. La stabilité statique

Le présent travail consiste à déterminer la puissance maximale pouvant transiter dans


une liaison aérienne ou souterraine de section donnée, en régime statique, pour différents
niveaux de tension et différentes longueurs de ligne. Cette puissance maximale transmissible
est limitée par plusieurs contraintes :
- la chute de tension aux bornes de la liaison, qui doit rester acceptable ;
- la stabilité statique du système, qui limite l’angle de déphasage maximum entre les
extrémités de la ligne.
De plus, le courant pouvant transiter dans la liaison est limité par les effets thermiques.
Ces notions sont explicitées plus en détails dans le chapitre portant sur le dimensionnement de
la section d’un conducteur.

4.3.1.Puissance naturelle

Soit une ligne ou un câble de transport d’énergie représenté(e) par son schéma
équivalent en "π" et connectée à une charge Z0 :
0
R X

Y/2 Y/2 Zo
X = ωL
Y = ωC

Figure 4.7 : Schéma équivalent en PI d’une ligne

Si nous négligeons les pertes actives (R ≈ 0), la puissance naturelle ‘P0’ est celle qui
transite dans cette liaison lorsque celle-ci est fermée sur une résistance égale à l’impédance
caractéristique « Z0 = L C », où « L » est l’inductance de la liaison et C sa capacité (pour le
schéma équivalent, il faut bien sûr considérer les valeurs pour la longueur totale de la ligne).
Par conséquent, elle est indépendante de la longueur de la liaison et vaut :
U 2 3.V 2
P0 = = [W] (4.9)
Z0 Z0

Pour rappel, U est la tension entre phases et V la tension simple (entre phase et neutre).
A ce régime de transit particulier, les consommations inductives « ω.L.I² » sont
équilibrées par les productions capacitives « V²/ω.C » et la tension aux extrémités de la ligne
reste identique. Cette valeur est parfois utilisée comme puissance de base dans les
graphiques.

Page 4.8
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A titre d'information et afin de vous permettre d'effectuer des comparaisons entre lignes
et câbles, le tableau 4.4 fournit des ordres de grandeur pour la Belgique :

Type U (kV) X (Ω/km) Y/2 (µS/km) Pnat (MVA) Z0 (Ω)


Ligne 150 0,390 1,42 42,9 371
Câble 150 0,122 52,31 658,9 34

Tableau 4.4 : Puissance naturelle et impédance caractéristique : Ligne vs Câble

Nous pouvons considérer, grosso modo, que l’exploitation des lignes se fait entre 3.P0 et
6.P0 tandis que les câbles sont plutôt exploités à une fraction (0,3 à 0,5) de P01.

4.3.2.Equation dynamique de la machine synchrone

Pour rappel, l'équation simplifiée du mouvement du rotor d'une machine synchrone


fonctionnant en génératrice est la suivante:

I ω m d 2δ
= Pm − P − PJ (4.10)
p dt 2

- ωm = vitesse mécanique (ωm = θ& m ) [rad/s] ;


- θm = angle entre un repère solidaire du rotor et un solidaire du stator ;
- θ = angle électrique (θ = p.θm) [rad] ;
- p = nombre de paires de pôles (généralement 1 ou 2) ;
- δ = écart entre l'angle électrique ‘θ’ et une référence synchrone, c'est-à-dire un
vecteur tournant à la pulsation nominale « ωB  δ(t) = θ(t) - ωB.t » ;
- Pm = puissance mécanique transmise par la turbine au rotor [W] ;
- P = puissance électrique fournie par le stator [W] ;
- PJ = pertes joules [W] ;
- I = inertie du rotor [kg.m²].

Pour plus de précisions, se référer au cours d'Electrotechnique.

1
Cela dépend, évidemment, de la section des conducteurs et de la longueur de la liaison.

Page 4.9
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4.3.3.Stabilité – Puissance transmissible et déphasages entre


nœuds voisins

Nous nous plaçons dans le cas particulier et très simplifié dans lequel la génératrice
r
synchrone est représentée par une f.e.m. ‘ E ’ derrière la réactance synchrone ‘X’ :

E/δ
X

I/ϕ V∞/0
Figure 4.8 : Générateur et réseau « infini »

Remarque : La réactance ‘X’ reprend également la réactance équivalente du transformateur


élévateur de tension ainsi que celle de la ligne.

Pour rappel, cette modélisation n’a de sens que dans le cas d’un régime établi. Nous
considérons également que cette machine est raccordée à un réseau dit "infini", c'est-à-dire
dont les tension et phase restent constantes quelles que soient les perturbations imposées.

Le fonctionnement de ce système est alors décrit par l’équation (4.11), écrite en


notations polaires. Le réseau représente, ici, la référence synchrone. Cela se traduit par le
diagramme vectoriel de la figure 4.9 :

E δ − j X I ϕ = V∞ 0 (4.11)

ϕ
E/δ
XI

δ V∞∠0
ϕ
I/ϕ

Figure 4.9 : diagramme vectoriel des grandeurs électriques

Nous en déduisons directement :

X I cos(ϕ ) = E sin(δ ) (4.12)


E sin(δ )
⇒ I cos(ϕ ) = (4.13)
X
P = V∞ I cos ( ϕ ) (4.14)
E V∞
⇒ P= sin(δ ) (4.15)
X

Page 4.10
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Cette relation (4.15) fournit la puissance transmissible en fonction de l’angle de déphasage


‘δ’, existant entre la force électromotrice de la machine et le réseau infini. Le graphique de
cette puissance, fonction du déphasage, est donc une demi sinusoïde (figure 4.10).

P(δ
δ)

EV∞/X marge de stabilité


Pm statique
S

δ
0 44° π/2 π
Figure 4.10 : Puissance transmissible en fonction du déphasage entre
courant et tension

Les points « S » tels que ‘δ’ est inférieur à π/2 sont stables, tandis que les points « I » pour
lesquels ‘δ’ ∈ [π/2, π] sont instables. Ceci s’explique par les deux remarques suivantes : Soit
« Pm » la puissance mécanique fournie à la génératrice, cfr. figure (4.10),
- pour « δ < π/2 », si une petite perturbation survient, tendant à augmenter (resp.
diminuer) l'angle rotorique, la puissance électrique produite devient supérieure
(resp. inférieure) à la puissance mécanique. Etant donnée l'équation du
mouvement de la machine synchrone, l'angle δ tend à diminuer car « d2δ/dt2 < 0 »
(resp. augmenter). Dans les deux cas, il y a une propension du système à retourner
à l'équilibre.
- pour « δ > π/2 », le comportement est opposé : écarté de sa position d’équilibre, le
rotor tend à s'en écarter davantage !

Bien que, en théorie, la zone de stabilité s’étende de 0 à π/2, nous sommes limités, en
pratique, à une valeur de l’ordre de δmax ~ 30 à 35°, pour un réseau fortement chargé. La
marge de stabilité ainsi conservée permet de maintenir le système dans un état stable, même
en cas de perturbation transitoire telle qu'une modification de la répartition des charges lors
d'une reconfiguration du réseau, une modification de la génération d'énergie, voire en cas de
défaut temporaire ou perte de groupe générateur.

Remarque : Il faut distinguer l'angle ‘δ’ entre les tensions de deux nœuds voisins du réseau et
celui entre deux f.e.m. internes de machines qui est sensiblement plus grand.

Page 4.11
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

4.3.4.Puissance transmissible (liaison sans résistance)

Dans le schéma équivalent, nous négligeons, en première approximation, l’effet des


capacités et de la résistance propre de la ligne. Cette dernière (ou le câble, bien que
l’approximation soit moins bonne dans le cas souterrain) n’est alors plus représentée que par
une inductance ‘X’ comme représenté sur le schéma suivant

X
VS, VR = valeurs efficaces de la tension à la
fréquence industrielle (50 Hz)
V:S I VR
XSR = réactance série équivalente

δSR = angle de déphasage relatif de la tension


(origine en VR)
Figure 4.11 : Schéma simplifié de la ligne

Par un raisonnement similaire au précédent, nous déduisons que les transferts de


puissances sont guidés (en première approximation) par les expression 4.16 et 4.17. Ces
résultats peuvent également être obtenus à partir des équations de la répartition de charge (cfr
chapitre 3).
V V
P = S R sin ( δSR ) [W] (4.16)
XSR

VS VR V 2
Q= cos ( δSR ) - R [VAr] (4.17)
XSR XSR

Des perturbations dans le diagramme de charge du réseau se reflètent directement dans


cet angle δ, ce qui force à le maintenir, pour des raisons de stabilité, en deçà d’une valeur de
30-35°. Pour une liaison chargée à sa puissance naturelle, cet angle met une limite à la
réactance série, et fixe ainsi une longueur limite.

En éliminant δ à partir 4.16 et 4.17, nous obtenons :


2
 VR 2 
2
2  EV 
 Q +  +P =  (4.18)
 XSR   X 

Cette équation peut se réécrire de la manière (adimensionnelle) suivante :

1 1
Vpu 2 = - Qpu ± - Qpu - Ppu 2 (4.19)
2 4

Le système « pu » utilisé fait référence à VB = VS et SB = VS2/XSR (=Scc) (et ZB =


XSR). Nous avons PMax = ½ pu et QMax = ¼ pu (cfr. terme sous la racine).
Ces courbes sont représentées sur le graphe PV suivant.

Page 4.12
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Figure 4.12 : Courbes P-V (nose curves)

La puissance maximale transmissible correspond, pour un cos(ϕ) donné, au point de la


courbe situé à l’extrême droite. Semblablement au paragraphe 4.3.3, les points situés au-
dessus de cette limite seront stable tandis que les autres seront instables.

La sensibilité du réseau vis-à-vis de l’énergie réactive transitée se calcule comme suit :

δVR/δ δRS) – 2 . VR / XRS)-1


δQ = (VS / XRS . cos(δ (4.20)

δVR/δQ ~ (-VS/XRS)-1 ~ VS/Scc

Exprimée dans le système pu, nous obtenons :

δVR, pu/δ
δQpu ~ 1/Scc, pu (4.21)

Ceci nous indique qu’un réseau sera d’autant plus sensible aux variations de transfert
d’énergie réactive que sa puissance de court-circuit est élevée (δVR/δQ  0).

4.3.5.Transferts actifs et réactifs

R X

VS I VR

Figure 4.13 : Schéma de la ligne avec résistance

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VS∠δ ϕ

δ VR∠0
ϕ
I∠
∠-ϕ
ϕ R.I

Figure 4.14 : Diagramme vectoriel – Ligne résistive et inductive

Les projections sur les axes verticaux et horizontaux donnent les égalités suivantes :

VS.cos(δ) = VR + R.I.cos(ϕ) + X.I.sin(ϕ) (4.17)

VS.sin(δ) = - R.I.sin(ϕ) + X.I.cos(ϕ) (4.18)

Moyennant :
- VS ~ VR (=V) : les tensions entre deux noeuds voisins sont relativement
semblables ;
- Cos(δ) ~1 : R reste faible par rapport à X.

Nous obtenons :
(4.17) ΔV/V = ( V.R.I.cos(ϕ) + V.X.I.sin(ϕ) ) / V2 ;
(4.18) sin(δ) = ( V.X.I.cos(ϕ) – V.R.I.sin(ϕ) ) / V2.

Soit, notant que P = V.I.cos(ϕ) et Q = V.I.sin(ϕ) :

ΔV/V = ( R.P + X.Q) ) / V2 (4.19)

δ) = ( X.P – R.Q ) / V2
sin(δ (4.20)

Ces relations nous montrent que le transport d’énergie réactive aura une influence plus
marquée sur la chute de tension tandis que le transport d’énergie active influencera
principalement le déphasage (R << X). Ces conclusions s’inversent si R >> X.

Remarque : Concernant les transferts de puissances, il est important de remarquer que les
transferts d'énergie réactive vont toujours dans le sens des tensions décroissantes,
tandis que les transferts d'énergie active se font dans le sens des angles relatifs
décroissants.

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4.3.6.Courant à vide dans un câble souterrain

Lorsqu’un câble souterrain est relié à une source mais, pour une raison quelconque,
n’alimente aucune charge, il est quand même parcouru par un courant !
En effet, de par ses caractéristiques (capacité propre importante, de l’ordre de 50 µS/km), il
permet la naissance d’une "boucle" dans laquelle le courant peut se fermer. Ce phénomène
(effet Ferranti) est quasi inexistant pour les lignes aériennes, sauf si celle-ci est très longue.

US
I

Figure 4.15 : Courant à vide dans un câble sous tension

Nous pouvons déterminer ce courant en imposant une tension valant « 1 pu, phase : 0° » à
son entrée et en ne le raccordant pas à son extrémité.
Lorsque nous dimensionnons une liaison souterraine, il faut vérifier que ce courant à vide
ne dépasse pas la limite thermique du câble, sous peine d'un risque d'endommagement ou,
même, de destruction en cas de perte de la charge raccordée.

4.3.7.Compensations statiques

Dans le cas d'une ligne dont les extrémités sont tenues en tension, le profil des tensions
se présente comme indiqué à la figure 4.16 :
Aux régimes de forte charge ou après incident, il peut être nécessaire d'enclencher sur
un réseau des bancs de condensateurs afin de soutenir la tension et/ou pour éviter une
surcharge réactive des générateurs. A l'inverse, dans les réseaux à puissance naturelle élevée
et/ou aux régimes de faibles charge (creux de la courbe de consommation), nous devons
parfois mettre en service des bancs d'inductances.

V
P < P0

P > P0
x
0 L
Figure 4.16 : Tension le long d’une ligne compensée

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Soit un nœud du réseau en lequel la tension chute brusquement de la valeur ‘Vi’ à la


valeur ‘Vf’(<Vi) suite, par exemple, à une augmentation du transfert de puissance dans la
ligne. L'enclenchement d'une capacité en ce nœud a pour effet d'y injecter un courant « IQ =
j.ωCV » (donc, Q est proportionnel à V²) et, ainsi, d'y rehausser la tension. Dans l’exercice
qui suit, nous simulerons cette compensation shunt en modifiant les valeurs des paramètres
‘Ns’ et ‘Nr’ (cfr figure 4.17).
Il existe un autre type de compensation, dite « compensation série ». Elle consiste à
connecter, en série avec chaque phase, un banc de condensateurs destiné à contrebalancer
l’effet de la réactance de ligne. Ceci provoque la diminution de l'impédance série, donc des
pertes réactives et de la chute de tension. Nous la simulerons en modifiant la valeur de ‘Nx’
(cfr. figure 4.17).
Notez le comportement fondamentalement différent des compensations shunt et série :
lorsque le transfert de puissance dans la liaison augmente, la tension tombe. Dans ce cas, la
production réactive du condensateur shunt (# V²) diminue, tandis que celle du condensateur
série (# I²) augmente.
La compensation série est chère et rare ; les batteries de condensateur sont sous tension
et ainsi susceptibles, en cas de défaut, d'être parcourues par le courant de court-circuit. Il faut
donc les doter de dispositifs de protection.

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4.4. Exercice proposé

Nous souhaitons transporter de l’énergie électrique sous une tension soit de 150 kV, soit 15
kV, en utilisant une ligne aérienne ou un câble souterrain. Leurs caractéristiques électriques
sont les suivantes :

Ligne Câble
R X Y S Imax R X Y S Imax
(Ω/km) (Ω/km) (µS/km) (mm²) (A) (Ω/km) (Ω/km) (µS/km) (mm²) (A)
150 kV 0.074 0.385 2.76 475 940 0.0343 0.12 57.81 800 910
15 kV 0.352 0.4 3 95 340 0.196 0.117 86.39 120 380

Tableau 4.5 : Paramètres des liaisons (Données)

La ligne et le câble sont modélisés par le schéma classique "en Π". Le générateur est
r
représenté par une force électromotrice ‘ E1 ’ et par la réactance synchrone ‘X1’ (partie gauche
de la figure 4.17). Le réseau aval, partie droite, est représenté par une inductance ‘X2’ et une
r
force électromotrice ‘ E 2 ’.

Figure 4.17 : Schéma équivalent avec compensations

Nous disposons également des données suivantes :

• puissances de court-circuit des réseaux: 1. amont (S): 10 GVA en 150 kV


100 MVA en 15 kV
2. aval (R): 1 GVA en 150 kV
50 MVA en 15 kV
r
• les modules des tensions et certaines phases sont imposés : E S = 1 pu
r
E 2 = 0.93 pu
θ2 = 2.86° (0.05 rad)

Remarque : ‘S’ désigne le réseau amont (Sending) et ‘R’ le réseau aval (Receiving).
Questions :

1. Etablir (à l’aide de Matlab et des fichiers fournis) et comparer les courbes donnant la
puissance maximale transmissible par la ligne (ou le câble). Cette puissance est à
exprimer en ‘per unit’, prenant pour puissance de base la puissance naturelle de la ligne

Page 4.17
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(ou du câble). Observer les variations en fonction de la longueur de la liaison, en tenant


compte des critères suivants :

• Ligne : - chute de tension maximale admissible au nœud R : 5 % ;


- limite de stabilité à respecter : θ1 ≤ 44 ° ;
- limite thermique (Imax) de la ligne à respecter.

• Câble : - chute de tension maximale admissible au nœud R : 5 % ;


- limite de stabilité à respecter : θ1 ≤ 44 ° ;
- limite thermique (Imax) du câble à respecter ;
- puissance à vide du câble ne pouvant dépasser sa limite thermique.

2. Compenser, si nécessaire (et si possible), la ligne et le câble (à l’aide de compensations


série ‘Nx’ ou shunt ‘Ns’ et ‘Nr’) de manière à faire remonter la valeur du ‘cos(φ)’ :
- au-dessus de « 0,98 », la longueur étant fixée à 80, puis, 130 km, en 150 kV ;
- au-dessus de « 0,95 », pour les longueurs de 20 et 40 km, en 15 kV.

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4.5. Utilisation des fichiers Matlab

Vous disposez des équations décrivant ce système dans deux fichiers ‘Matlab’ que vous
pouvez exécuter après avoir rentré les données suivantes :

• Rl :résistance longitudinale kilométrique [Ω/km] ;


• Xl : impédance longitudinale kilométrique [Ω/km] ;
• Yl : admittance shunt kilométrique [S/km] ;
• U: tension nominale du réseau [V] ;
• SccR : puissance de court-circuit du réseau aval [VA] ;
• SccS : puissance de court-circuit du réseau amont [VA] ;
• Nx : compensation série (0 = pas de compensation) [%] ;
• Ns : compensation shunt amont [%] ;
• Nr : compensation shunt aval [%] ;
• lmin : longueur minimale de la ligne ou du câble = 5 km en 15 kV ;
= 20 km en 150 kV ;
• lmax : longueur maximale de la ligne ou du câble = 50 km en 15 kV ;
= 400 km en 150 kV ;
• pas : pas d’intégration = 5 km pour 15 kV ;
= 20 km pour 150 kV.

Ces données doivent être rentrées dans le fichier « donnees.m ». Le fichier « erdata.a »
doit être utilisé lorsque vous fixez la chute de tension à 95 % au jeu de barres ‘Er’. Le fichier
« t1data.m » sert lorsque vous fixez la limite de stabilité à θ1 = 44°.
Après résolution des équations, Matlab génère les fichiers de résultats suivants :
- « erdata.m » sort une matrice appelée « resultats_er » ;
- « t1data.m » fournit la matrice « resultats_t1 ».

Chaque ligne de ces matrices correspond à une série de résultats. Les symboles utilisés
ont pour signification :

• colonne 1 : l = longueur de la ligne ou du câble [km] ;


• colonne 2 : Ts = argument de la tension au nœud S [rad] ;
• colonne 3 : Tr = argument de la tension au nœud ‘R’ [rad] ;
• colonne 4 : Er ou T1 = module en ‘R’ ou argument au nœud 1 [rad] ;
• colonne 5 : E1 = module de la tension au nœud 1 [pu] ;
• colonne 6 : Sr = puiss. apparente injectée dans le réseau aval [pu] ;
• colonne 7 : Pr = puiss. active injectée dans le réseau aval [pu] ;
• colonne 8 : Qr = puiss. réactive injectée dans le réseau aval [pu] ;
• colonne 9 : CosPhi = cos(φ) du réseau aval.

Vous pouvez effectuer une prévisualisation rapide des courbes de puissance et du cos(φ) en
exécutant le programme « affich.m ».

Page 4.19
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

4.6. Exercice résolu

Vous trouverez, ci-dessous, la résolution d'un système analogue à celui décrit


précédemment, mis à part le fait que, dans l'exemple résolu, le réseau aval est fortement
producteur d'énergie réactive. La résolution du système était, à l'époque, effectuée par
‘Mathematica’ et non ‘Matlab’.

4.6.1.Enoncé

Le but du présent travail est, dans un premier temps, d'estimer la puissance maximale
que nous pouvons transmettre à travers une ligne (resp. un câble) à 15 kV dont la longueur
varie entre 5 et 50 km, sous certaines contraintes. Nous verrons, ensuite, s'il est nécessaire et,
surtout, possible de compenser cette ligne (resp. ce câble) dans le but de conserver un ‘cos(ϕ)’
supérieur ou égal à « 0,9 » pour une longueur de 20 km.

Les caractéristiques de la ligne et du câble sont :

R (Ω
Ω/km) X (ΩΩ/km) Y (µS/km) S (mm²) Imax (A)
LIGNE 0.352 0.4 3 95 340
CABLE 0.196 0.117 86.39 120 380

Nous travaillons à partir du schéma équivalent suivant (figure 4.18) :

Figure 4.18 : Schéma équivalent avec compensations

En outre, nous disposons des données (contraintes de fonctionnement) supplémentaires


suivantes :
• puissances de court-circuit des réseaux amont et aval : 100 MVA ;
• modules de tensions et phases imposées : Es = 1 pu ; E2= 0,97 pu ; θ2 = 0°.

4.6.2.Résolution

Dans les pages qui suivent, se trouvent différents graphiques mettant en relation les
puissances transitées en fonction de la longueur de la liaison.

Page 4.20
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

A priori, nous pourrions nous étonner d'y trouver des puissances réactives négatives.
En réalité, cela est dû au fait que la tension tenue par le réseau aval est supérieure à celle
existant à l'extrémité de la ligne (réseau amont). Dans ce cas, le réseau aval est lui-même
producteur d'énergie réactive. Il en résulte un transfert de cette puissance allant du réseau
aval vers le réseau amont, ce qui est le contraire de ce que nous rencontrons, en général, dans
les réseaux (le réseau aval se comporte comme s'il était trop fortement compensé). Nous
reviendrons plus en détails sur ce point dans la partie consacrée à l'étude des compensations.

Puissance maximale transmissible par la ligne :

Nous allons ici examiner et commenter les courbes fournies à l’aide de ‘Mathematica’.
Ces courbes représentent l'expression de la puissance complexe (S) maximale en fonction de
la longueur de celle-ci. La puissance est exprimée en pu avec, pour valeur de base, la
puissance naturelle de la ligne. Cette puissance vaut, dans le cas présent, « Pnat = 0,6 MW ».
Ensuite, nous vérifierons que le transfert de ces puissances ne conduit pas à des
courants trop élevés en service "normal" (c'est-à-dire en l'absence d'incidents).
Le système pu utilisé est aussi caractérisé par : UB = 15000 V.

Critère de chute de tension - Er = 0,95 pu -

La courbe obtenue est celle de la figure 4.16 :

Figure 4.19
Nous observons que la ligne travaille largement au-dessus de sa puissance naturelle (ce
qui est le cas général des lignes). De plus, la puissance maximale transmissible à travers cette
ligne diminue lorsque sa longueur augmente.

Critère de stabilité - θ = 44° -

Nous obtenons, pour ce critère, la courbe suivante :

Page 4.21
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Figure 4.20

A nouveau, il apparaît que la puissance maximale transmissible dans la ligne diminue


lorsque la longueur de celle-ci augmente. Cependant, nous remarquons que le critère visant à
garantir la stabilité est, de loin, moins restrictif que celui imposant de tenir une tension de
0,95 pu à l'autre extrémité de la ligne. Nous pouvons conclure que nous travaillons, pour cet
exemple, avec une très bonne sécurité au niveau de la stabilité.

Vérification du courant - critère : Er = 0,95 pu -

La norme du courant de ligne peut être déterminée de deux manières différentes :

1. via la connaissance des {E1, θ1, Es, θs, X1}, fournis par Mathematica, à partir de la
Es θs − E1 θ 1
relation I = ;
X 1 90°
S
2. grâce à la connaissance de ‘Sr’, via « I = ».
3.U

La détermination de cette valeur, pour différentes longueurs, nous permet de conclure


que nous nous situons bien en dessous de la limite thermique de la ligne. Cependant, pour
une longueur inférieure à 5 km, nous risquons de la dépasser. Nous ne disposons que d’une
faible marge de manœuvre. Ainsi, pour des longueurs inférieures à ~ 10 km, il existe un
risque élevé d'endommager la ligne.
Vérification du courant - critère : θ = 44° -

Le courant est, dans ce cas, déterminé de manière tout à fait analogue à celle du
paragraphe précédent, si ce n'est que, pour la première méthode, nous connaissons les
paramètres à l'extrémité ‘R’ (receiving) de la ligne.

Nous obtenons :

Page 4.22
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

I ligne en fonction de l

1200
1000
800

I (A)
600 Série1
400
200
0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.21

La longueur de la ligne devrait être supérieure à ± 27 km afin de conserver le courant de


ligne dans des limites thermiquement acceptables.

Synthèse

Reprenons, sur un même graphique, les puissances maximales transmissibles par la


ligne :

P max (pu) en fonction de l

40
35
30
25
Pmax (95%)
20
Pmax (44°)
15
10
5
0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.22

La puissance totale transmissible par cette ligne est, évidemment, celle vérifiant le
critère le plus restrictif ! Il s'agit donc de celle associée au critère de chute de tension (Er =
0,95). Dans ce cas, le courant qui y transite provoque un échauffement restant toujours
inférieur à la limite thermique de la ligne, du moins pour des longueurs supérieures à 5 km.

Pour assurer un service correct aux consommateurs des réseaux B.T. situés en dessous
du réseau 15kV, il est nécessaire de limiter la puissance que nous faisons transiter dans les
lignes afin de limiter les chutes de tension dans celles-ci. En pratique, nous essaierons de
toujours conserver la tension à l'extrémité de la ligne dans l'intervalle [0,95 ; 1,05] pu.

Puissance maximale transmissible par le câble :

Page 4.23
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Nous allons ici effectuer la même analyse que précédemment, pour le cas du câble.
La puissance naturelle vaut, ici : Pnat = 6 MW. Celle-ci est, de nouveau, choisie comme
puissance de base, tandis que ‘UB’ vaut toujours 15000 V. Elle est beaucoup plus élevée que
celle de la ligne étant donné que la capacité du câble est beaucoup plus importante et que son
inductance est plus faible.

Critère de chute de tension - Er = 0,95 pu -

Nous obtenons la courbe de puissance suivante:

Puissance max. transmissible en pu de Pnat.


2,5

1,5

0,5

0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.23

Nous observons ici que, au contraire des lignes, le câble aurait plutôt tendance à
travailler en dessous de sa puissance naturelle (sauf pour les faibles longueurs) ! A nouveau,
la puissance transmissible diminue avec la longueur, surtout au début car c'est à ce moment
que l'augmentation des pertes se fait le plus ressentir.

Critère de stabilité - θ = 44° -

L'application de ce critère dans le cas du câble fournit la courbe de la figure 4.21. Nous
observons que la décroissance est moins abrupte que lorsqu'il s'agit de tenir la tension.

Page 4.24
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Puissance max. transmissible en pu de Pnat.

5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.24

Vérification du courant – critère : Er = 0,95 pu -

Les méthodes de calcul du courant circulant dans la ligne sont analogues à celle des
paragraphes précédents.

Nous obtenons :
I ligne en fonction de l

500
400
300
I (A)

Série1
200
100
0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.25

La longueur du câble doit donc être supérieure à ± 7,5 km afin de respecter sa limite
thermique.

Vérification du courant - critère : θ = 44° -

La figure 4.23 représente la valeur du courant de ligne respectant ce critère, en fonction


de la longueur du conducteur.
Pour ce niveau de puissance, il faudrait donc un câble très long afin de ramener la
valeur du courant dans une gamme admissible. De telles longueurs ne se rencontrent jamais
dans des réseaux de distribution à 15 kV.

Page 4.25
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

I ligne en fonction de l
1400

1200

1000

800
I (A)
600

400
380 A
200

0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.26

Vérification du courant à vide dans le câble

Le courant à vide circulant dans le câble peut se déterminer en imposant une tension
réelle valant « 1 pu » à son entrée et en ne le raccordant pas à son autre extrémité.
Grâce à un calcul très simple, nous obtenons les valeurs suivantes (en A) :
Courant à vide en fonction de l

30
20
I (A)

10 Série1

0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.27

Il n'y a donc strictement aucun problème de ce côté.


Néanmoins, nous observons que ce courant a tendance à augmenter rapidement avec la
tension. Il faut donc être attentif à cet aspect lors du calcul des câbles.

Synthèse

Comme pour la ligne, c'est la limitation de la chute de tension qui joue le rôle
prépondérant et limite la puissance que nous pouvons faire transiter dans le câble. Ceci est
illustré sur la figure 4.28.
De plus, il existe, en vertu du critère thermique, une longueur minimale pour le câble
qui vaut environ 7 km dans le cas considéré.

Page 4.26
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Pmax (pu)
5
P max (pu) en fonction de l

4,5

3,5

2,5

1,5

0,5

0
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
l (km)

Figure 4.28

Compensations pour l = 20 km :

Nous devons ramener le ‘cos(ϕ)’ correspondant à la liaison totale entre les deux f.e.m.
au-dessus de « 0,9 » pour une longueur de ligne (de câble) fixée à 20 km. Etant donné que le
réseau aval est injecteur de puissance réactive, il va être nécessaire de choisir des facteurs
‘Ns’, ‘Nx’ et ‘Nr’ négatifs, c'est-à-dire d'augmenter, par des bancs de condensateurs
(compensation shunt) ou de selfs (compensation série), la capacité et l'inductance de la ligne
(du câble). Cela aura pour effet d'injecter de la puissance réactive dans la ligne vers le réseau
aval et, ainsi, de faire remonter le facteur de puissance.
Nous n'envisagerons ce redressement que dans le cadre du critère de chute de tension.
En effet c'est ce critère qui, comme nous l'avons vu précédemment, limite la puissance
maximale pouvant transiter dans la ligne ou le câble. Il est donc inutile d'examiner les cas
issus du critère de stabilité.

Cas de la ligne

Nous ne sommes pas parvenus à faire repasser le facteur de puissance au-dessus de la


valeur seuil « 0,9 ».

Cas du câble

Pour ce qui est du câble, nous constatons que ‘Nx’ a une très grande influence sur le
cos(ϕ) : une légère augmentation de ce paramètre fait vite grimper sa valeur.
Les résultats sont :

Ns Nx Nr cos(ϕ
ϕ)
0 -25 0 0,9026

Pour ramener le ‘cos(ϕ)’ au-dessus de « 0,9 », il faut donc insérer, en série avec le
câble, une inductance valant « 0,00186 Henrys ». Cette valeur vaut environ le quart de

Page 4.27
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

l'inductance du câble de 20 km à 50 Hz. Ceci ne pose aucun problème de réalisation pratique


en HT.

Page 4.28
5. CALCUL D'UNE LIAISON SOUTERRAINE
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5. CALCUL D'UNE LIAISON SOUTERRAINE ............................................................................... 1

5.1. Introduction ........................................................................................................ 3

5.2. Méthode générale de calcul................................................................................ 4

5.2.1. Données nécessaires ................................................................................... 4

A. Point de vue technique ............................................................................... 4

B. Point de vue économique ........................................................................... 4

5.2.2. Critères techniques ..................................................................................... 5

A. Courant nominal......................................................................................... 5

B. Courant de court-circuit ............................................................................. 6

C. Chute de tension ......................................................................................... 6

5.2.3. Critère de stabilité ...................................................................................... 7

5.2.4. Critère économique .................................................................................... 8

5.2.5. Disposition des câbles .............................................................................. 10

5.3. Exercice résolu ................................................................................................. 11

5.3.1. Enoncé...................................................................................................... 11

5.3.2. Résolution................................................................................................. 13

A. Critères techniques ................................................................................... 13

B. Critère économique .................................................................................. 15

C. Conclusion................................................................................................ 17

D. Réponse à un échelon de courant ............................................................. 17

E. Réponse à un régime cyclique de courant ................................................ 18

5.4. Exercices proposés ........................................................................................... 20

5.4.1. Enoncé n°1 ............................................................................................... 20

5.4.2. Enoncé n°2 ............................................................................................... 21

5.5. Annexes............................................................................................................ 22

A. Tables Techniques.................................................................................... 22

B. Compléments de théorie........................................................................... 28

Page 5.2
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.1. Introduction

Cette section reprend la méthode générale permettant le choix d'un câble souterrain
(type, section) suivant certains critères techniques et économiques, pour une liaison triphasée
par câbles souterrains. Etant donné la grande diversité de types de câbles proposés par les
différents fabricants, cette méthode fait appel à de nombreux paramètres. Des normes existent
pour faciliter ce choix, et les constructeurs doivent s'y rattacher en effectuant des essais. Ces
essais permettent de fixer les limites de leurs câbles dans les conditions prévues par les
normes.

Pour rappel, les critères de choix sont les suivants :

- Le courant nominal IN dans des conditions standard de pose (température, type de


terrain, profondeur de pose, etc.), et des facteurs correctifs sont prévus si nous nous écartons
de ces conditions. Le conducteur devra supporter ce courant nominal pendant toute sa durée
de vie, ce qui correspond généralement à 30 années. Selon le type d'isolateur (papier
imprégné, XLPE), une température d'âme à ne pas dépasser est imposée.

- Le courant de court-circuit ICC à titre exceptionnel et pendant un temps bref. Nous


admettons que la température du câble s'élève depuis la valeur nominale jusqu'à un seuil
dépendant du type d'isolateur, la durée de vie ne devant pas être diminuée.

- La chute de tension doit être limitée. En effet, beaucoup d'appareillages électriques


sont optimisés pour les tensions normalisées. Une faible variation de la tension entraîne des
modifications importantes des caractéristiques électromécaniques de ces appareils (cas du
moteur asynchrone).

- Un critère économique intervient. Choisir une plus grosse section augmente le prix du
câble, mais diminue les pertes par effet Joule, et vice versa.

- Un critère de stabilité peut être utilisé. Pour cela, il convient de déterminer les
équivalents de Thévenin du réseau amont et aval (cfr. chapitre 4).

Les pages qui suivent détaillent les étapes à suivre lors du dimensionnement d'une
jonction souterraine. Ensuite, suivent successivement : un exemple d'application de cette
méthode et des exercices proposés au lecteur. Nous trouverons en annexe les paramètres et
caractéristiques techniques (provenant des Câbleries de Charleroi) permettant l'application de
cette méthode.

Page 5.3
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.2. Méthode générale de calcul

Le problème de dimensionnement d'une jonction souterraine se décompose globalement


en deux parties : critères techniques puis critères économiques. La section et le type de pose
choisis devront toujours satisfaire aux critères techniques, afin d'éviter l'endommagement du
câble en régime permanent et en cas de court-circuit.
Afin de pouvoir effectuer tous ces calculs, il est nécessaire de disposer de certaines
données, provenant des services de planification. Celles-ci sont détaillées dans le paragraphe
suivant.

5.2.1.Données nécessaires

Afin de pouvoir évaluer la section puis le coût d'une telle liaison, les données suivantes
sont nécessaires (unités entre crochets) :

A. Point de vue technique


 Tension nominale : U [kV] ;
 Puissance nominale en début de vie : Pdépart [MW] ;
 Facteur de puissance : cos(ϕ) ;
 Augmentation annuelle de puissance prévue durant la durée d'utilisation : a [%/an] ;
 Durée de vie planifiée : T [ans] ;
ΔU
 Chute de tension relative maximale : [%] ;
U
 Puissance de court-circuit : Scc [MVA] et durée de court-circuit : tcc [s] ;
 Longueur de la jonction : l [km] ;
 Conditions de pose du câble :
 Profondeur d'enfouissement : h [cm] ;
 Résistivité thermique du sol : ρsol [°C.cm/W] ;
 Température du sol : t°sol [°C]).

B. Point de vue économique


 Temps d'utilisation projeté par année tproj [h/an] ;
 Charge moyenne projetée (pleine charge, mi-charge, ... ) ;
 Prix du câble par phase Pphase [€/km] ;
 Prix de la pose du câble Ppose [€/m] ;
 Prix du kWh de perte Ppertes [€/kWh] ;
 Prix des jonctions de raccordement Pjonction [€/phase/raccord] ;
 Pourcentage d'accroissement du prix du kilowatt-heure b [%/an] ;
 Taux d'intérêt moyen i [%].

Remarque : Attention aux facteurs 103 ou 106 intervenant entre les unités de certaines données
(m ↔ km, ... ). Ces conversions sont incluses dans les formules qui suivent.

Page 5.4
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.2.2.Critères techniques

En service, le câble doit pouvoir supporter les quatre contraintes suivantes sans subir
aucun dommage :
1. Le courant nominal doit être inférieur à la limite thermique du câble ;
2. Le câble doit supporter le courant de court-circuit ;
3. La chute de tension induite par le câble doit toujours être inférieure à une valeur imposée ;
4. La stabilité du réseau doit être respectée.

La méthode de calcul consiste à choisir une section compatible avec les points 1 et 2
puis à vérifier si cette section satisfait aux points 3 et 4. Si ce n’est pas le cas, la section sera
augmentée jusqu’à ce qu’elle remplisse les quatre critères précédents.

A. Courant nominal

Nous devons, bien entendu, dimensionner le câble de telle façon qu'il puisse supporter
le courant qui va y circuler en fin de vie, c'est-à-dire à la fin de la période d'utilisation prévue.
En effet, c'est à ce moment que la puissance transportée sera la plus importante.
Nous déterminons tout d'abord la puissance qui circulera dans le câble après les ‘T’
années d'utilisation projetées. Cette puissance, ‘PT’, se calcule par la formule suivante :
PT = Pdépart . (1 + a)T [MW] (5.1)

Nous en déduisons le courant circulant dans chaque phase de la liaison par :


PT
IT = [A] (5.2)
3 .U. cos(ϕ)

A ce niveau, il faut être attentif au fait que les sections fournies dans les tables des
fabricants de câbles sont normalisées pour un sol dont la résistivité thermique est de 100
°C.cm/W. Il est donc nécessaire d’introduire un facteur correctif prenant en compte la
résistivité moyenne du sol dans lequel les câbles seront enfouis. En effet, considérant une
référence quelconque, un sol de résistivité thermique moindre dissipera la chaleur plus
facilement. Il conviendra donc de diviser le courant nominal par un facteur CF1, supérieur à
l’unité, et calculé dans les tables.
De même, les valeurs de section données se basent sur une de température de référence
du sol valant 20°C. Le facteur CF2 viendra corriger cet effet dans le cas où la température
considérée (sur le terrain) pour le sol diffère de cette référence.
La profondeur d’enfouissement joue également un rôle. Nous tiendrons compte de son
influence via le facteur CF3.
Moyennant « CF = CF1 x CF2 x CF3 », nous déterminons donc le courant à prendre en
compte lors du choix de la section par :
I
I= T [A] (5.3)
CF
Des valeurs pour ces facteurs correctifs sont données en Annexe A5, p.5.27.
A partir de ce courant ‘I’, nous trouvons les sections normalisées nécessaires pour le
critère du courant nominal dans les tables (Annexe A1, p.5.22). Il conviendra de choisir la

Page 5.5
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

section normalisée permettant de faire circuler un courant maximal juste supérieur à celui
calculé.

Remarque : Ces tables font apparaître les faits suivants :


- A section équivalente, la pose des trois phases en nappe permet de faire transiter
plus de puissance que la pose en trèfle car cette dernière permet un moins bon
refroidissement. Néanmoins, il faut creuser des tranchées plus larges (donc
surcoût) pour poser les câbles en nappe ;
- Le cuivre permet une bien meilleure évacuation de la chaleur que l'aluminium.

B. Courant de court-circuit

Nous déduisons directement ce courant de la formule donnant la puissance de court-


circuit :
S
I cc = cc [A] (5.4)
3 .U

Afin de trouver la section minimum permettant de supporter ce courant durant le temps


tcc, nous disposons de la formule suivante :
I . t
S = cc cc (∀ ∀ t < 5 sec) [mm²] (5.5)
a
[‘a’ est un facteur dépendant du type de matériau constituant l'âme du câble, calculé
dans les tables (Annexe A3 p.5.23)] :

Cette nouvelle valeur du courant conduit alors au choix d'une nouvelle section
normalisée (celle qui lui est juste supérieure).

Remarques : - le cuivre est toujours supérieur à l'aluminium pour une même section, étant donné
sa meilleure capacité à évacuer la chaleur ;
- la formule empirique fournie est basée sur un échauffement du câble supposé
adiabatique durant le court-circuit. Elle est démontrée en Annexes B1 p.5.28 de ce
chapitre.

C. Chute de tension

Il faut à présent vérifier qu'aucune des deux sections choisies dans les paragraphes
précédents ne va conduire, in fine, à une chute de tension supérieure à celle imposée.
Afin de déterminer la chute de tension dans le câble, nous nous basons sur le modèle
classique suivant (schéma équivalent monophasé) :

Figure 5.1 : modèle simplifié d’une ligne électrique

Page 5.6
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Les valeurs de « X = ω ⋅ L », de « Y / 2 = ω ⋅ C » et de « R » se trouvent dans les


2
tables (en annexe) pour les différents types de câbles. Elle sont calculées via les formules
obtenues lors du premier problème.
A partir de calculs très simples (en p.u. ou en unités "classiques"), nous déterminons la
chute de tension induite par cette liaison ; un procédé rapide consiste à imposer une tension de
1 pu à l'entrée du câble et à calculer la tension présente à l'autre extrémité. Ensuite, la formule
« ΔU = 2U12- 2U22 », fournit directement la chute de tension en pour-cent.

Remarque : attention au fait que les grandeurs fournies dans les tableaux sont relatives à 1 km
de câble !

Si la longueur de la liaison n'est pas trop importante (inférieure à environ 50 km),


Nouso pouvons négliger l'effet des capacités et la chute de tension se détermine alors
directement à partir du diagramme vectoriel régissant le transport de puissance dans la ligne :

U1
j.X.I

R.I
U2
I

Figure 5.2 : modèle réduit et représentation vectorielle

Il vient alors directement :


∆U I
≅ 3 ⋅ N ⋅ (R'70°C .l ⋅ cos(ϕ ) + X'.l ⋅ sin(ϕ )) (5.6)
U UN

ΔU = U 2 − U1 ≠ U 2 − U1 [kV] (5.7)

Si la chute de tension vient à dépasser la limite imposée, il faut choisir une section
normalisée plus grande, car celle-ci présentera une résistance plus faible. Nous referons les
calculs jusqu'à obtenir une section satisfaisant aux trois critères techniques.

5.2.3.Critère de stabilité

A ce niveau, nous avons donc déterminé une section normalisée minimum permettant
de satisfaire aux critères techniques.

Pour ce critère nous nous référerons au chapitre 4.

Page 5.7
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.2.4.Critère économique

Il faut évaluer le coût total de l'investissement pour l'achat, la pose du câble et son
utilisation durant le nombre d'années d'utilisation planifiées. En effet, le câble continue à
coûter de l'argent même après sa pose et sa mise en service : sa résistance crée en permanence
des pertes lors de son fonctionnement. Nous évaluerons également une section théorique qui
minimiserait le coût global actualisé sur la durée de vie du câble.

Nous pourrions nous demander, à priori, pourquoi une plus grosse section peut conduire
en définitive à un coût global moindre. Cela est dû au fait que, dans certains cas, même si le
câble coûte plus cher à l'achat, il est plus économique à l'usage vu sa moindre résistance (donc
moins de pertes), ... Sur plusieurs années d'utilisation, le prix gagné sur les pertes peut
compenser un plus gros investissement de départ !

Remarque : L'application de ce critère économique est souvent contraignante (choix d'une


section supérieure à celle donnée par les critères thermiques), d'où la nécessité en
pratique de connaître les prévisions d'utilisation de la ligne (heures de pleine
charge par an). Si ce facteur n'est pas suffisamment maîtrisé, le critère économique
n'a plus qu'une valeur fort relative quant à son utilité ...

Le coût total d'investissement pour le câble en fonction de sa section peut s'évaluer à


l'aide de la formule suivante :
C
CT = A + B ⋅ S + [€] (5.8)
S

avec : CT = coût global sur les ‘x’ années [€] ;


A = frais fixes (pose, coût fixe pour les trois phases, ... ) [€] ;
B.S = prix des câbles pour les trois phases [€] ;
C/S = coûts d'actualisation [€] ;
S = section du conducteur du câble [mm²].

Explicitons ces différents termes :

 Le terme « A » comprend tous les frais fixes, c'est-à-dire la pose du câble (creusement
des tranchées, paye des ouvriers, location de matériel, ...) ainsi que le coût des
jonctions de raccordement (en général, le câble est fourni par bobines de 1000 m).
Nous y incluons également la partie du prix du câble qui reste fixe (attention aux 3
phases !). Plus généralement, nous y regroupons tous les coûts fixes.

 Le terme en « B.S » représente la partie du prix du câble qui dépend de la section


(attention aux 3 phases !). Plus généralement, nous regroupons dans B tous les coûts
proportionnels à la section.

 « C = 3.ρ.l.I².N.p.f » est un terme tenant compte du coût des pertes.

ρ = résistivité du conducteur [Ω.mm] (attention à la température !) ;


Cuivre - résistivité à 20°C = 1,76 10-8 Ω.m
- coefficient de température : 3,8.10-3 °K-1

Page 5.8
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

AMS - résistivité à 20°C = 0,325.10-7 Ωm Ω.m


- coefficient de température : 4.10-3 K-1
Aluminium - résistivité à 20°C = 2,83 10-8 Ω.m
- coefficient de température : 4.10-3 K-1

l = longueur de la liaison [mm] ;


I = courant parcourant le câble en début de vie (car nous multiplions ce
courant par le facteur d'actualisation f) [A] ;
N = nombre d'heures par an d'utilisation à pleine charge du point de vue des
pertes (pour les pertes, une heure d'utilisation à mi-charge équivaut à un
quart d'heure d'utilisation à pleine charge) [h/an ;1
p = prix du kWh de pertes [€/Wh].

 Le paramètre ‘f’, facteur d'actualisation, prend en compte l'érosion de la valeur de


l'argent au cours des années. Il est calculé comme suit2 :

2
 a   b 
1 +  . 1 + 
Q 1− rT  100   100 
f= où Q = avec r = (5.9)
i 1− r  i 
1+ 1 + 
100  100 

a ≡ accroissement annuel de puissance à transiter [%] ;


b ≡ accroissement annuel du prix du kw.h [%] ;
i ≡ taux d’intérèt moyen [%].

La courbe représentant le prix du conducteur en fonction de sa section possède l'allure


générale représentée sur la figure 5.3.

Coût du conducteur
Coût [millions de

25,00
20,00
FB]

15,00
10,00
22
64
106
148
190
232
274
316
358
400
442
484

Section [mm2]

Figure 5.3 : Exemple de relation côut/section

La section optimale du point de vue économique est donc celle pour laquelle la dérivée
de cette fonction par rapport à S est nulle. A cette section, notée S*, correspond un prix
minimum « CT* ». Sa valeur peut être directement calculée : S* = (C/B)1/2.

8760 h
I 2 (t )
1
N= ∫
0
2
I MAX
⋅ dt où 8760 heures équivalent 1 an.
2
Explications supplémentaires sur l'obtention des formules en annexe B2.

Page 5.9
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

A ce niveau, deux cas sont à envisager :


- La section de coût minimum est inférieure à celle des critères techniques. Dans ce
cas, nous sommes amenés à conserver la section fournie par les critères techniques,
même si cela n'est pas optimum du point de vue économique ;
- La section de coût minimum est supérieure à celle des critères techniques. Dans ce
cas, c'est celle-là qu'il faudrait choisir afin de minimiser les coûts globaux.
Néanmoins, les câbles n'ont pas des sections fournies sur demande mais bien
standardisées. Il faut donc étudier la courbe de rentabilité au voisinage de cet
optimum afin de déterminer la section la plus avantageuse.

La section du conducteur des câbles ainsi que le coût global de la liaison sont à présent
déterminés.

5.2.5.Disposition des câbles

La pose en nappe est aussi toujours plus avantageuse pour une même section, mais
présente les inconvénients électriques suivants : elle introduit une légère dissymétrie au
niveau des trois phases (ce qui n'est pas le cas de la pose en trèfle) et la self-induction de la
liaison est presque deux fois plus élevée que lors d'une pose en trèfle. Nous pouvons
pratiquement pallier au premier inconvénient en permutant les phases au niveau des
manchons de raccordement, mais nous ne savons rien faire pour le second qui influence
surtout la chute de tension.

Page 5.10
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.3. Exercice résolu

Un exercice type est résolu dans ce paragraphe. Toutes les explications nécessaires se
trouvant dans les pages précédentes, la résolution se borne aux calculs et à quelques
explications succinctes.

5.3.1.Enoncé
Soit à dimensionner et évaluer le coût d'investissement optimal pour réaliser une
jonction souterraine à 15 kV en isolation synthétique (PRC ou XLPE) de 2 km avec les
données suivantes :

 Pdépart = 4 MW (cos ϕ = 0.8),


 P = 3 % par an (facteur ‘a’),
 durée de vie : 20 ans,
 Umax = 3 %,
 SCC = 350 MVA durant 1.5 sec au maximum,
 utilisation projetée : 6000 h/an à mi-charge,
 pose du câble : - 70 cm de profondeur
- ρsol = 70 °C.cm/W
Figure 5.4
- t°sol = 20 °C. Figure 5.4 : Tranchée (pose en nappe)

Nous disposons également des facteurs économiques suivants :

 prix du câble : (29,7 + 0,099 S) .103 €/km par phase,


 prix du kWh de perte : 0,062 €/kWh,
 pose du câble : 29,7 €/m (pour les trois phases),
 prix des jonctions de raccordement : 620 €pour les trois phases,
 pourcentage d'accroissement du prix du kWh : 2 % (facteur ‘b’),
 taux d'intérêt : 8,5 % (facteur ‘i’).

Nous demandons ensuite la réponse du câble :

 A une excitation en forme d’échelon :

Calculez le coefficient de surcharge admissible partant d'un régime « α.IN » (α <1) vers
un régime « k.IN » (k>1) pendant ‘Δt’ secondes, la constante de temps d'échauffement étant
‘τ’3, dans les cas suivants :

1) si α = 0,2 ; τ = 500 s ; Δt = 40 s ;
calculez ‘k’.

2) si α = 0,2 ; τ = 500 s ; k = 3 ;
calculez pendant combien de temps le câble supportera la surcharge.

3 −14405 613
Une valeur approchée de ‘τ’ est « τ = + ⋅ D », où ‘D’ est le diamètre extérieur du câble.
18 8

Page 5.11
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Nous admettrons une loi d'échauffement exponentielle :


 −τΔt 
 θ = (θ α − θ k ) ⋅  e  + θ k pour 0 < t ≤ Δt ;
 
 − Δt

 θ = (θ max − θ α ) ⋅  e τ  + θ α pour t > Δt.
 

Figure 5.5 : Loi d’échauffement exponentielle (échelon)

 A une excitation cyclique :


Calculez le coefficient de surcharge ‘k’ admissible en fonction de « α, τ, Δt1 et Δt2 »,
avec les valeurs suivantes :

α = 0,2 ; τ = 500 s ; Δt1 = 40 s ; Δt1 + Δt2 = 200 s


calculez ‘k’.

Figure 5.6 : Surcharge cyclique

Hypothèses : L’échauffement étant fonction des pertes Joule, nous ferons les suppositions
suivantes : θmax # IN2 (θmax = λ . IN2).
D’une manière générale, θp = λ . (p.IN)2, p ≡ k, α,...
Dès lors, nous écrirons : θα = λ . (α.IN)2 ; θk = λ . (k.IN)2 ; θi = λ . (i.IN)2.

Page 5.12
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.3.2.Résolution.
En trois parties : critères techniques, économiques, puis conclusion.

A. Critères techniques

Courant nominal :

Vu Pdépart = 4 MW et ΔP = 3% par an, la puissance circulant à travers le câble après 20


ans vaudra :
P20 = 4 . 1,0320 = 7,22 MW

Or, nous avons : P = 3 Vn In cos(ϕ) = 3 Un In cos(ϕ)


d'où 7,22 . 106 = 3 . 15000 . I20 . 0,8
et donc, I20 = 348 A

Le courant à considérer pour le choix de la section dans les abaques est donc, vu la
résistivité du sol :
348
I= ≈ 305 A
1,14
Nous trouvons alors les sections suivantes dans les tables (U=10-15 kV, Annexe A1,
p.5.22) :

câbles en cuivre :
pose en trèfle S = 95 mm² (Imax = 335 A)
pose en nappe S = 95 mm² (Imax = 360 A)

câbles en aluminium :
pose en trèfle S = 150 mm² (Imax = 330 A)
pose en nappe S = 120 mm² (Imax = 320 A)

Courant de court-circuit :

Ce courant se déduit directement de la formule donnant la puissance de c-c :

SCC = 3 Ueff ICC = 3 . 15000 . ICC = 350 . 106 A


ICC = 13,5
S ( mm ²) a
Vu I ( amp ) = , nous obtenons, et t = 1,5 sec
t (sec)
câbles en cuivre a = 137 (p.5.23) ⇒ Smin = 120 mm²
câbles en aluminium a = 90 (P.5.23) ⇒ Smin = 183 mm²

Donc à ce niveau, le câble en cuivre posé en nappe de section 120 mm² représente la
meilleure solution.

Page 5.13
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Chute de tension :

Les caractéristiques du câble Cu de section 120 mm², posé en nappe, sont les suivantes :

 R’max = 0,196 Ω/km (AC 50Hz, voir annexe, p.5.25)


 L’ = 0,604 mH/km (voir annexe, p.5.26)
 C’ = 0,275 µF/km (voir annexe, p.5.25)

Cela donne, à 50 Hz, pour une longueur de ligne égale à 2 km (nous travaillons en
schéma unifilaire, c'est-à-dire en supposant que les trois phases sont équilibrées) :

 R = 0,392 Ω
 X = (ωL’.2) = 314 . 0,000604 . 2 = 0,380 Ω
 Y/2 = (ωC’.2)/2 = 86,4 µS

Remarque : Nous voyons, ici, que ‘R’ et ‘X’ sont du même ordre de grandeur, ce qui n'est pas le
cas général des lignes aériennes, pour lesquelles l’inductance est généralement
beaucoup plus élevée que la résistance.

Calcul en système S.I :

Figure 5.7 : Schéma de la ligne : Conventions

Nous avons, selon les notations de la figure 5.7 ci-dessus :


U 2 = 15 ⋅ 10 3 /0° [V] et P = 7,22 106 [W] avec cos(ϕ) = 0,8
⇒ Q = P tan(ϕ) = 5,42 106 VArs
* P − jQ
⇒ S = 3 ⋅ U ⋅ I ⇒ I2 = = 347,6/-37° A
3 ⋅ U *2
15 ⋅ 103
donc I3 = U2 ⋅ jY = / 0° ⋅ j ⋅ 86,35 ⋅ 10− 6 = 0,748 / 90° A
3 2 3
⇒ I = I 2 + I 3 = 347,1 / − 37° A

Nous déterminons alors la chute de tension :


U 3 = 3.( R + j⋅ X ) ⋅I = 328 / 7,3° V
U 1 = U 2 + U 3 = 15200 / 0,09° V
I 4 = V 1 ⋅ j Y = 1,31 / 90° A
2
I 1 = I + I 4 = 346 / − 37° A
ΔU U 2 − U1
⇒ = = 0,0212 = 2,12 % < 3 %
U U1

Page 5.14
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Calcul en système P.U. :

Nous utiliserons le système p.u. suivant :


UB = 15000 V ; SB = 1 MVA ⇒ ZB = UB2/SB = 225 Ω.
*
Les paramètres équivalents du câble en pu sont donc : Rpu = 1,74 10-3 pu
Xpu = 1,68 10-3 pu
Y/2pu = 1,94 10-2 pu

Nous avons : U 2 = 1/0° pu et P = 7,2 pu, avec cos(ϕ) = 0,8


⇒ Q = P tan(ϕ) = 5,4 pu
* P − jQ
⇒ S pu = U pu ⋅ I pu ⇒ I 2 pu = pu * pu = 9,03/-37° pu
U 2 pu
Y pu
donc, I 3 pû = U 2 pu ⋅ j = j ⋅ 19,429 ⋅ 10 −3 = 0,019 / 90° pu
2
⇒ I pu = I 2 pu + I 3 pu = 9,02 / − 37° pu

Déterminons, à présent, la chute de tension relartive :

U 3 pu = ( R pu + j ⋅ X pu ) ⋅I pu = 2,19 ⋅ 10−2 / 7,3° pu


U 1 pu = U 2 pu + U 3 pu = 1,02 / 0,16° pu
Y
I 4 pu = U 1 pu ⋅ j pu = 1,99 ⋅ 10 − 2 / 90° pu
2
I 1 pu = I pu + I 4 pu = 9,01 / − 37° pu

ΔU U 2 pu − U 1 pu
⇒ = = 0,0212 < 3 %
U U 1 pu

Donc, le câble que nous avons choisi respecte bien le critère imposant une chute de
tension toujours inférieure à 3%. Ce câble est donc celui qui s'impose au vu des différents
critères techniques.

B. Critère économique
Evaluons à présent le coût d'investissement total pour la pose de ce câble et son
utilisation durant 20 années, ainsi que la section qui minimiserait ce coût. Le coût total
d'investissement pour le câble, en fct de sa section, s'évalue à l'aide de la formule qui suit :
C
CT = A + B.S +
S
Dans notre cas, cela donne :

A = 29,7 . 1000 . 2 + 3 . 620 = 61 260


En effet, la pose du câble coûte 29,7 €/m (creusement des tranchées, paye des ouvriers,
location de matériel, ...) et nous avons 2000 m de câble à poser. A cela, il faut ajouter trois
jonctions de raccordement, soit 1 au centre et deux aux extrémités, le câble étant fourni par
bobines de 1000 m.

Page 5.15
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

B.S = ‘3’ . (29,7 + 0,099 S) .103 . ‘2’ = 178 000 + 595 . S


En effet, le prix du câble en €/km vaut « (29,7 + 0,099 S) .103 » pour une phase. De
plus, nous devons poser 2 km de liaison triphasée, d'où les facteurs ‘3’ et ‘2’. Il faut
également souligner que, dans cette formule, ‘S’ s’exprime en mm².

C = 3 . ρ . l . I2 . N . p . f = 7780000
ρ = résistivité du conducteur (cuivre) = 1,76 10-8 Ω.m = 1,76 10-5 Ω.mm à 20°C
d'où, à 70°C (t° nominale), ρ = 1,76 10-5. (1+3,8 10-3. 50) = 2,09.10-5 Ω.mm ;
l = longueur de la liaison = 2.106 mm ;
4 ⋅ 106
I = courant parcourant le câble en début de vie = = 192 A ;
3 ⋅ 15 ⋅ 103 ⋅ 0,8
N = nombre d'heures par an d'utilisation à pleine charge du point de vue des
pertes. Or, pour les pertes, une heure d'utilisation à mi-charge équivaut à un
quart d'heure d'utilisation à pleine charge. Cela donne : 6000 h/an mi-charge =
1500 h/an pleine charge ;
p = prix du kWh de pertes = 0,062 €/kWh = 6,2 10-3 €/Wh
Q
f = facteur d'actualisation = = 18,0
8,5
1+
100

Le coût total estimé sur 20 ans en fonction de la section s’écrit donc :


7780000
CT = 240000 + 595 ⋅ S + où ‘S’ s’exprime en mm2.
S

Le graphique de cette fonction est le suivant :

0,7
0,65
0,6
Coût (M€)

0,55
0,5
0,45
0,4
0,35
0,3
20 70 120 170 220 270
Section (mm²)

Figure 5.8 : Fonction coût du conducteur

C
Nous trouvons alors une section de coût minimum valant : S* = = 114 mm²
B
Donc, du point de vue économique une section de 114 mm² est la plus intéressante et
conduit à un coût total estimé de 375.880 € sur 20 ans. La section de 120 mm² (critères
techniques) conduirait quant à elle à un coût total estimé de 376.040 € sur les 20 ans, soit une
différence très faible par rapport à l'optimum.

Page 5.16
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Etant donné qu'un câble de section S=114 mm² ne satisferait pas aux critères
techniques, nous sommes obligés de choisir une section de 120 mm².

C. Conclusion
Nous devons tabler sur un investissement total de 376.000 €,
en utilisant des câbles en cuivre dont la section vaut 120 mm².

Remarque : Dans notre cas, la disposition importe peu. Que ce soit en nappe ou en trèfle, les
contraintes seront respectées. La disposition en nappe supporte généralement une
intensité nominale plus importante, mais, vu la disposition des phases, elle introduit
un faible déséquilibre au niveau triphasé à moins de transposer les phases
régulièrement. La disposition en trèfle, géométriquement symétrique (en première
approximation), n'introduit pas ce déséquilibre.

D. Réponse à un échelon de courant


Notre but sera de calculer le coefficient de surcharge admissible de notre câble partant
d'un régime « α.IN » (α<1) et subissant un régime « k.IN » (k>1) pendant un temps ‘Δt’.

Nous connaissons la loi d'échauffement du câble :


 − Δt 
 θ = (θ α − θ k ) ⋅  e τ  + θ k pour 0 < t ≤ Δt
 
 − Δt 
 θ = (θ max − θ α ) ⋅  e τ  + θ α pour t > Δt
 

Comme nous supposons que la température ‘θp’ est proportionnelle à « (p.IN)2 », nous
pouvons écrire : θp = λ . (p.IN)2 avec p = 1 pour θp = θmax.

Les deux équation précédentes se réécrivent comme suit :


  −τΔt  

( 2 2
)
 θ = λ . (α .I N ) − (k .I N ) ⋅  e  + (k .I N )  pour 0 < t ≤ Δt
 2

   
  − Δt
 

( 2
)
 θ = λ . (I N ) − (α .I N ) ⋅  e τ  + (α .I N )  pour t > Δt
2 2

   

Notre contrainte est : θ(Δt) ≤ θmax

1) α = 0,2 ; τ = 500s ; Δt = 40s ; k = ?

En θ(Δt) = θmax, nous obtenons, en égalant les températures obtenues par les
formules précédentes :
(α2 – k2).e-Δt/τ + k2 = 1, soit,
k2 = (1 - α2.e-Δt/τ) / (1 - e-Δt/τ)
k2 = 12,5
k = 3,54

Page 5.17
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2) α = 0,2 ; τ = 500s ; k = 3 ; Δt = ?

Par un procédé analogue au point ‘1)’, nous obtenons :


 k2 − α2 
Δt = τ ⋅ ln 2 
 k −1 
Δt = 56,7s

Le tableau 5.1 permet d’illustrer différents cas.

τ [s] 500 5000 50 000 500 000


α=0,2 ; t=40 s
3,539 10,98 34,65 109,5
k =?
k=3 ; α=0,2
56,66 566,6 5666 56 660
Δt = ? [s]

Tableau 5.1 : Effet de la constante de temps d’échauffement (cas échelon)

E. Réponse à un régime cyclique de courant


Cette fois, l'excitation est pulsatoire. Nous faisons alors l'hypothèse que la température
atteint sa valeur maximale (θmax) a la fin du cycle d’échauffement :
− Δt

θ = (θ i − θ k ) ⋅ e τ
+θk pour t dans une zone d'échauffement.
− Δt

θ = (θ max − θ α ) ⋅ e τ
+ θα pour t dans une zone de refroidissement.

 − Δt

θ max = (θ i − θ k ) ⋅ e + θ k
τ
d'où  − Δt
θ = (θ − θ ) ⋅ e τ + θ
 i max α α

En éliminant « θi » entre ces deux équations et en remplaçant les températures par les
courants équivalents, il vient :
1 = [ (1-α2) . e-Δt2/τ + α2 ] . e-Δt1/τ + k2 . (1- e-Δt2/τ)

Ceci, en isolant k, aboutit à la formule suivante :


− ( Δt 1 + Δt 2 ) − Δt 1

k2 =
(1 − α )⋅ e
2 τ
+ α2 ⋅ e τ
−1
− Δt 1
τ
e −1

Nous obtenons :

τ [s] 500 5000 50 000 500 000


α=0,2 ; Δt1=40 s ; Δt2=160 s
2,039 2,183 2,198 2,199
k=?

Tableau 5.2 : Effet de la constante de temps d’échauffement (cas cycles)

Page 5.18
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Les valeurs de ‘k’ sont plus faibles par rapport à la charge "échelon". Ceci est tout à fait
normal car le câble subit des échauffement successifs et a de moins en moins le temps de se
refroidir.
Il est à noter que cette contrainte va introduire des dilatations et contractions des
éléments constitutifs du câble, ce qui aura pour effet de diminuer sa durée de vie. Des effets
de fatigues vont apparaître dans les métaux et peut-être les polymères et enveloppes. De plus,
vu que la dilatation ne se fait pas de manière isotrope dans tout le câble, certaines couches
vont être dilatées plus que d'autres ce qui ne manquera pas de poser des problèmes de
décohésion, de déchirement du papier s'il y en a, etc...

Page 5.19
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.4. Exercices proposés

5.4.1.Enoncé n°1
Vous devez transmettre en triphasé, à une tension U, 10 MW (facteur de puissance 0,9)
sur 50 km, en souterrain, avec des câbles à isolation synthétique (PRC).

Données du réseau :
La puissance de court-circuit maximale est de 1,0 GVA (durée 0,3 s).

Contraintes de fonctionnement :
Nous admettons une chute de tension maximale de 10 %.
Le nombre d'heures d'utilisation à la charge maximale est de 2000 h/an.

Pose :
Le câble est posé à un mètre de profondeur (prix de la pose 37,18 €/m).
Le câble (nous utilisons en fait 3 câbles monopolaires) est enroulé par bobines de 1000 m.
Les conditions de terrain sont standards (20°C et résistivité thermique de 1°C m/W).

Données économiques :
Le coût du câble peut être estimé par la formule suivante en €/km et pour chacune des phases
(nous avons 3 câbles monopolaires) : 371,84 . U(kV) + a . section (mm²),
où "a" vaut 74,37 €/mm2.km pour l'aluminium (résistivité à 20°C = 2,83 10-8 Ω.m) et 99,16
€/mm2.km pour le cuivre (résistivité à 20°C = 1,76 10-8 Ω.m).
Le coût des jonctions intermédiaires est de 818,05 €/câble et celui des terminales est de
2231,04 €/câble (main d'œuvre incluse).
Amortissement sur 20 ans (taux d'actualisation ‘i’ = 6%).
Le pourcentage d'accroissement annuel de la charge ‘a’ = 3,5 % (nous considérerons le même
pourcentage pour la puissance de court-circuit).
Le pourcentage d'accroissement du prix du kWh de perte (hors inflation) ‘b’ = 2 % (le prix à
l'année 0 est de 0,062 €/kWh).

Nous demandons :
1) la tension optimale "mathématique" et votre proposition normalisée (en supposant que vous
ayez toute liberté) – voir remarque ;
2) la section optimale par une démarche similaire, sa(ses) valeur(s) normalisées) ;
3) la vérification des contraintes imposées et le choix définitif ;
4) le coût de la transmission avec % de chaque parties (câble, accessoires, pose, pertes) et son
coût par km ;
5) commentaires sur le transit de réactifs.

Remarque : Afin de déterminer la tension optimale, il faut évaluer la fonction coût du câble
(CT). Dans le terme proportionnel à la section, faire apparaître la densité de
courant ‘δ ‘ [A/mm2]. Dans le terme des pertes actualisées, faire également
apparaître la densité de courant. Nous obtiendroons, finalement, pour une
puissance donnée, une fonction coût de la forme « CT= f(δ,U) » où la densité de
courant et la tension sont des variables indépendantes. Ensuite, il suffira de
déterminer la densité optimale et, par suite, la tension optimale.

Page 5.20
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.4.2.Enoncé n°2
Vous devez transmettre « P25 = 50 MW » en triphasé, sous une tension de 150 kV,
(facteur de puissance 0,9), sur 25 km, en souterrain et avec des câbles à isolation synthétique
(PRC).

Données du réseau :
La puissance de court-circuit maximale est de 10 GVA (durée 0,25 s).

Contraintes de fonctionnement :
Nous admettons une chute de tension maximale de 3 %.
Le nombre d'heure d'utilisation à mi-charge est de 8000 h/an.

Pose :
Le câble est posé à 1,2 m de profondeur (prix de la pose 37,18 €/m, pour 3 phaes).
Le câble (nous utilisons en fait 3 câbles monopolaires) est enroulé par bobines de 1000 m.
Les conditions de terrain sont : rsol = 1 °C.m/W
t°sol = 15 °C.

Données économiques :
Le coût du câble peut être estimé par la formule suivante en €/m et pour chacune des phases
(on a 3 câbles monopolaires) : (29,75 + 0,01.S) où S [mm2]
Le coût des jonctions intermédiaires est de 818,05 €/câble et celui des terminales est de
2231,04 €/câble (main d'œuvre incluse).
Amortissement sur 25 ans (taux d'actualisation ‘i’ = 7%).
Le pourcentage d'accroissement annuel de la charge ‘a’ = 3,5 %
Le pourcentage d'accroissement du prix du kWh de perte (hors inflation) ‘b’ = 2 % (le prix à
l'année 0 est de 0,062 €/kWh).

Il est demandé :
1) De dimensionner et d’évaluer le coût d'investissement optimal pour réaliser cette
jonction souterraine.
2) Le coût de la transmission avec % de chacune des parties (câble, accessoires, pose,
pertes) et son coût par km.
3) Lors de la vérification du critère de la chute de tension, effectuer les calculs
parallèlement en ‘SI’ et en ‘pu’.

Page 5.21
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

5.5. Annexes

A. Tables Techniques4

A1. Courants nominaux max. admissibles [A]

U : 10 – 15 kV
Section du Section de Conducteur en cuivre Conducteur en aluminium
conducteur l'écran en terre à l'air en terre à l'air
[mm2] [mm2] trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe

25 16 165 175 165 190 125 135 130 145


35 16 195 210 200 230 150 160 155 175
50 16 230 245 240 275 180 195 185 215
70 16 280 300 295 340 220 235 230 265

95 16 335 360 365 415 260 280 280 325


120 16 380 405 415 475 295 320 325 370
150 25 430 445 475 535 330 350 370 415
185 25 480 495 540 605 375 395 420 475

240 25 555 565 640 710 435 455 500 565


300 25 625 630 730 805 490 505 570 640
400 35 705 685 845 905 560 565 670 735
500 35 790 755 960 1015 640 630 775 835

630 35 885 830 1095 1145 720 705 895 955


800 50 950 840 1200 1185 795 735 1005 1030
1000 50 875 805 1130 1140
1200 95 890 755 1175 1100
1400 95 935 785 1245 1155

U : 20 – 30 kV
Section du Section de Conducteur en cuivre Conducteur en aluminium
conducteur l'écran en terre à l'air en terre à l'air
[mm2] [mm2] trèfle Nappe trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe

35 16 190 200 205 230 145 155 160 175


50 16 220 235 240 275 175 185 190 215
70 16 270 290 305 340 210 225 235 265
95 16 325 345 365 415 250 270 285 320

120 16 370 385 420 475 285 305 330 370


150 25 410 425 480 530 320 335 370 415
185 25 465 475 545 600 360 375 425 470
240 25 535 540 645 705 420 435 505 560

300 25 605 600 735 800 475 485 575 635


400 35 680 655 855 905 540 540 675 730
500 35 760 725 975 1015 615 605 785 835
630 35 850 800 1110 1145 695 675 905 950

800 50 915 810 1215 1195 765 705 1010 1025


1000 50 845 770 1145 1140
1200 95 855 725 1180 1105
1400 95 900 755 1260 1165

4
Sources : Société Nouvelle des Câbleries de Charleroi (CDC), BP 72, 6000 Charleroi, Belgique, 1997.

Page 5.22
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

U : 60 – 70 kV
Section du Conducteur en cuivre Conducteur en aluminium
conducteur en terre à l'air en terre à l'air
[mm2] trèfle Nappe trèfle nappe Trèfle nappe trèfle nappe

95 325 335 370 405 250 265 285 315


120 370 380 420 460 285 300 330 360
150 410 420 480 520 320 335 370 410
185 465 470 540 590 360 375 420 465

240 535 540 640 695 420 430 500 550


300 600 595 730 785 470 480 570 620
400 685 665 845 905 540 540 665 725
500 770 735 960 1015 615 605 770 825

630 855 800 1085 1125 695 675 880 930


800 945 865 1225 1250 780 740 1010 1055
1000 860 805 1135 1170
1200 915 845 1230 1245
1400 970 885 1315 1315

U : 110 – 115 kV
Section du Conducteur en cuivre Conducteur en aluminium
conducteur en terre à l'air en terre à l'air
[mm2] trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe

95 315 320 365 390 245 250 290 310


120 355 360 425 450 280 285 330 355
150 400 405 480 515 310 320 370 400
185 450 455 545 580 350 360 425 455

240 520 520 640 685 410 415 500 540


300 585 575 730 770 460 460 570 610
400 665 640 845 885 525 520 665 710
500 745 705 965 990 595 585 770 805

630 830 770 1090 1100 675 645 880 910


800 920 830 1230 1220 755 715 1005 1025
1000 835 775 1130 1140
1200 890 815 1225 1220
1400 945 850 1315 1290

U : 132 – 138 kV
Section du Conducteur en cuivre Conducteur en aluminium
conducteur en terre à l'air en terre à l'air
[mm2] trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe

95 315 315 370 385 245 250 285 300


120 355 355 425 445 275 280 330 345
150 400 400 480 510 310 315 370 395
185 450 450 545 570 350 355 425 450

240 520 515 640 670 405 410 500 530


300 585 570 730 760 465 460 570 600
400 660 635 845 875 525 520 665 700
500 740 700 965 960 595 580 765 800

630 830 765 1090 1090 570 645 875 900


800 930 835 1250 1225 750 710 1005 1020
1000 830 770 1130 1130
1200 885 810 1220 1205
1400 940 845 1310 1275

Page 5.23
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

U : 150 – 161 kV
Section du Conducteur en cuivre Conducteur en aluminium
conducteur en terre à l'air en terre à l'air
[mm2] trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe trèfle nappe

185 445 445 540 560 350 350 420 440


240 515 510 640 660 405 405 500 525
300 580 565 725 750 455 455 565 595
400 655 630 840 860 520 515 665 695

500 740 700 960 975 590 575 765 795


630 825 760 1085 1085 670 640 875 895
800 910 825 1225 1205 750 705 1000 1015
1000 830 765 1125 1125

1200 885 805 1220 1200


1400 935 840 1305 1270

A2. Conversion des tensions

U0 : SPECIFIED U0 a.1. U Umax Up Umax : HIGHEST


VOLTAGE EFFICIENT NET
[kV] [kV] [kV] [kV]
rated voltage at VOLTAGE
6 10-11 12 75
industrial current which can be
frequency between 8,7 15 17,5 95 maintained
the conductor and 12 20-22 24 125 between two
the screen and for 18 30-33 36 170 conductors in
which the cable is 21 36 42 200 normal operation.
designed. 26 45-47 52 250 Up : PEAK VALUE
U : RATED VOLTAGE 36 60-66-69 72,5 325 OF IMPULSE STAND
voltage at 40,5 70 82,5 380 VOLTAGE (CEI)
industrial 65 110-115 123 550 for which the
frequency between 76 132-138 145 650 cable has been
the conductors. 87 150-161 170 750 designed.

A3. Courants de court-circuit : paramètre « a »

Température initiale Température finale a


Conducteur en cuivre 90 °C 250 °C 137
Conducteur en Aluminium 90 °C 250 °C 90
Ecran en cuivre 80 °C 350 °C 169
Ecran en plomb 80 °C 240 °C 27

Page 5.24
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

A4. Paramètres électriques

R [Ω
Ω/km]

Section du Résistance DC à 20°C Résistance AC 50 Hz à 90°C


conducteur Cuivre Aluminium Cuivre Aluminium trèfle
[mm2] trèfle

25 0,727 1,20 0,927 1,539


35 0,524 0,868 0,668 1,113
50 0,387 0,641 0,494 0,822
70 0,268 0,443 0,342 0,568

95 0,193 0,320 0,247 0,411


120 0,153 0,253 0,196 0,325
150 0,124 0,206 0,159 0,265
185 0,0991 0,164 0,128 0,211

240 0,0754 0,125 0,0980 0,161


300 0,0601 0,100 0,0790 0,130
400 0,0470 0,0778 0,0632 0,102
500 0,0366 0,0605 0,0509 0,0802

630 0,0283 0,0469 0,0412 0,0635


800 0,0221 0,0367 0,0343 0,0513
1000 0,0291 0,0427
1200 0,0247 0,0377
1400 0,0212 0,0340

C [µF/km]

Section du U0 = 6 8,7 12 18 36 - 40,5 64 76 87


conducteur U = 10 15 20 30
[mm2] Umax = 82,5 123 145 170
[kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV]

25 0,204 0,169
35 0,222 0,183 0,161
50 0,252 0,206 0,180 0,141
70 0,281 0,229 0,199 0,155

95 0,317 0,256 0,222 0,171 0,139 0,092 0,077


120 0,340 0,275 0,237 0,182 0,147 0,099 0,084
150 0,371 0,299 0,257 0,196 0,158 0,111 0,093
185 0,397 0,318 0,273 0,207 0,166 0,120 0,101 0,083

240 0,461 0,368 0,314 0,236 0,188 0,136 0,120 0,105


300 0,494 0,393 0,335 0,251 0,199 0,143 0,129 0,114
400 0,569 0,451 0,383 0,285 0,224 0,159 0,148 0,134
500 0,624 0,493 0,417 0,309 0,242 0,170 0,159 0,147

630 0,715 0,562 0,475 0,349 0,266 0,185 0,172 0,162


800 0,765 0,601 0,507 0,371 0,292 0,202 0,187 0,184
1000 0,848 0,665 0,559 0,408 0,315 0,216 0,201 0,197
1200 0,908 0,711 0,597 0,435 0,335 0,229 0,212 0,208
1400 0,964 0,754 0,633 0,459 0,353 0,240 0,222 0,213

Page 5.25
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

L [mH/km]

Trèfle
Section du U0 = 6 8,7 12 18 36 - 40,5 64 76 87
conducteur U = 10 15 20 30
[mm2] Umax = 82,5 123 145 170
[kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV]

25 0,464 0,482
35 0,443 0,460 0,475
50 0,414 0,430 0,444 0,477
70 0,391 0,407 0,420 0,452

95 0,370 0,385 0,399 0,429 0,473 0,558 0,609


120 0,359 0,375 0,286 0,415 0,458 0,533 0,578
150 0,345 0,360 0,373 0,399 0,442 0,502 0,544
185 0,337 0,351 0,362 0,389 0,429 0,482 0,520 0,555

240 0,319 0,331 0,342 0,367 0,404 0,452 0,474 0,504


300 0,311 0,324 0,334 0,358 0,394 0,440 0,457 0,482
400 0,297 0,308 0,318 0,340 0,373 0,416 0,427 0,444
500 0,289 0,300 0,309 0,328 0,361 0,402 0,413 0,425

630 0,288 0,297 0,305 0,324 0,357 0,396 0,406 0,415


800 0,285 0,293 0,301 0,318 0,343 0,380 0,389 0,392
1000 0,276 0,284 0,291 0,307 0,332 0,368 0,377 0,379
1200 0,275 0,282 0,289 0,304 0,325 0,359 0,368 0,370
1400 0,271 0,278 0,284 0,298 0,319 0,352 0,360 0,362

Nappe
Section du U0 = 6 8,7 12 18 36 - 40,5 64 76 87
conducteur U = 10 15 20 30
[mm2] Umax = 82,5 123 145 170
[kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV] [kV]

25 0,740 0,745
35 0,714 0,718 0,723
50 0,678 0,682 0,686 0,696
70 0,646 0,651 0,655 0,665

95 0,616 0,621 0,625 0,635 0,652 0,691 0,719


120 0,599 0,604 0,608 0,618 0,634 0,669 0,693
150 0,579 0,583 0,588 0,597 0,614 0,642 0,664
185 0,564 0,569 0,573 0,583 0,599 0,623 0,643 0,662

240 0,533 0,537 0,541 0,551 0,566 0,589 0,601 0,617


300 0,519 0,523 0,527 0,537 0,552 0,574 0,583 0,597
400 0,492 0,496 0,500 0,509 0,524 0,545 0,551 0,561
500 0,476 0,480 0,484 0,492 0,507 0,528 0,533 0,540

630 0,462 0,466 0,469 0,478 0,497 0,517 0,523 0,528


800 0,452 0,455 0,459 0,467 0,477 0,497 0,502 0,504
1000 0,434 0,438 0,441 0,449 0,462 0,481 0,486 0,487
1200 0,425 0,428 0,432 0,439 0,450 0,469 0,474 0,475
1400 0,416 0,419 0,422 0,430 0,411 0,459 0,464 0,465

Page 5.26
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

A5. Facteurs de correction

CF = CF1 x CF2 x CF3

Résistivité thermique du sol : CF1

Résistivité thermique 50 70 100 120 150 200 250 300


°C.cm/W
Facteur de correction 1,27 1,14 1, 0,93 0,84 0,74 0,67 0,61

Température du sol : CF2

Température du sol 5 10 15 20 25 30 35 40 45
°C
Facteur de correction 1,10 1,07 1,04 1 0,96 0,92 0,89 0,85 0,79

Profondeur d'enfouissement : CF3

Profondeur d'enfouissement U = 10 à 15 kV U = 20 à 70 kV U = 70 kV
[m]

0,5 1,03 1,06 1,10


0,7 1 1,03 1,06
1 0,96 1 1,02
1,2 0,93 0,98 1
1,5 0,91 0,95 0,97
2 0,88 0,92 0,94
2,5 0,86 0,90 0,92

Page 5.27
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

B. Compléments de théorie

B1. Calcul de la section via le critère de courant de court-circuit

Nous supposons que l'intégralité des calories produites par effet Joule pendant la durée
tCC de passage du courant de court-circuit ICC va conduire exclusivement à augmenter la
température du métal selon un échauffement adiabatique.

Soit un conducteur de longueur L, de section S et de résistivité ρ :

dE = R I2 dt = S L δ C dθ
θ
-1 2
= ρ L S (σ σ S) dt
2
= ρ L S σ dt = S L δ C dθ
θ

d'où la relation : ρ σ2 dt = δ C dθ
θ

δ est la masse spécifique [kg/m3] ;


C est la capacité calorifique supposée constante sur l'intervalle de température
considéré [J/kg K] ;
ρ = ρ0 (1+α θ) est la résistivité à la température considérée [Ω m] ;
σ = I/S est la densité de courant [A/mm2] ;
θ est la température ;
α = α20°C est le coeff. de variation de la résistivité en fonction de la température [K-1].

Nous avons alors :

α θ) σ2 dt = δ C dθ
ρ0 (1+α θ
et, après intégration :

 1 + α ⋅ (θfinale − θ0 ) 
2
I  δ⋅C
σ ⋅ t =  CC  ⋅ t CC =
2
⋅ ln  =a
2

 S  α ⋅ ρ0  1 + α ⋅ (θinitiale − θ0 ) 

I CC ⋅ t CC
S= [mm2]
a

où ‘a’ est constant pour un métal donné.

Page 5.28
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

B2. Calcul du facteur d'actualisation

Le coût total dû aux pertes se compose de deux parties : les frais d'énergie et le coût
associé à la puissance de pointe supplémentaire nécessaire pour couvrir les pertes.

Les pertes d'énergie pendant la première année s'expriment par :


3.ρ
ρ.l.I².N.P

Le coût de capacité de production additionnelle nécessaire pour compenser ces pertes


est :
3.ρ
ρ.l.I².D

‘D’ contient les frais annuels pour couvrir ces pertes [€/W.an].

Le coût global des pertes au cours de la première année s’exprime donc :


3.ρ
ρ.l.I².(N.P+D)

Si les coûts sont payés en fin d'année, leur valeur actualisée à la date d'achat de
l'installation est :
( )
3 ⋅ ρ ⋅ l ⋅ I 2 ⋅ (N ⋅ P + D )
1+ i (100
)
De la même façon, la valeur actuelle des coûts de l'énergie pendant ‘N’ années de
service, actualisée à la date de l'achat est :
( )
3 ⋅ ρ ⋅ l ⋅ I 2 ⋅ (N ⋅ P + D)
⋅Q
(1+ i
100
)
où ‘Q’ est un coefficient prenant en compte l'accroissement de charge, l'augmentation
du coût de l'énergie pendant les ‘N’ années et le taux d'actualisation :

Q=∑ r
N
( )
n −1
=
1 − rN
et r =
1+ a
100
2
(
⋅ 1+b
100
) ( )
n =1 1 − r 1+ i
100
( )
Dans notre cas, nous utilisons le coût du kWh de perte ‘p’ qui reprend le terme
« P+D/N », d'où, finalement :
Q
3 ⋅ ρ ⋅ l ⋅ I2 ⋅ N ⋅ p ⋅ .
1+ i
100
( )

Page 5.29
6. CALCUL D'UNE LIAISON AÉRIENNE
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Table des matières


6. CALCUL D'UNE LIAISON AÉRIENNE........................................................................................ 1
6.1. Introduction ........................................................................................................ 3
6.2. Les éléments des lignes électriques.................................................................... 4
6.2.1. Les conducteurs.......................................................................................... 4
A. Critère de courant nominal......................................................................... 5
B. Critère du courant de court-circuit ............................................................. 5
C. Critère de la chute de tension ..................................................................... 6
D. Critère économique .................................................................................... 6
E. Conclusion.................................................................................................. 7
6.2.2. Les Supports ............................................................................................... 7
6.2.3. Poids équivalent et angle d'inclinaison du câble ........................................ 8
6.2.4. Portée critique et choix de la constante « a » ........................................... 10
6.2.5. Flèche maximale et hauteur des conducteurs ........................................... 11
6.2.6. Détermination de la longueur de la chaîne de suspension ....................... 12
A. Règle de bonne pratique........................................................................... 12
B. Méthode développée par le Service de TDEE de l'ULg........................... 13
6.2.7. Distance phase/phase et phase/terre ......................................................... 15
6.2.8. géométrie des pylônes .............................................................................. 16
6.2.9. Calcul des efforts en tête de pylone ......................................................... 17
6.2.10. Evaluation du coût des supports .............................................................. 17
6.2.11. Effet de couronne..................................................................................... 18
6.3. Exercice résolu ................................................................................................. 19
6.3.1. Enoncé...................................................................................................... 19
6.3.2. Résolution................................................................................................. 21
A. Les Conducteurs ....................................................................................... 21
B. Les Supports ............................................................................................. 23
C. Conclusion................................................................................................ 35
D. Evolution de la liaison aérienne ............................................................... 36
6.4. Exercices proposés ........................................................................................... 37
6.4.1. Enoncé n°1 ............................................................................................... 37
6.4.2. Enoncé n°2 ............................................................................................... 39
6.4.3. Compléments de théorie …...................................................................... 41
6.5. Annexe : tables techniques ............................................................................... 43
6.5.1. Tableau de caractéristiques des conducteurs câblés................................. 43
6.5.2. Caractéristique de quelques lignes du réseau belge ................................. 45

Page 6.2
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.1. Introduction

Le dimensionnement d’une ligne aérienne dans le cadre d’un régime permanent se fait
en deux parties : choix de la section du conducteur et choix du gabarit des pylônes.

Le choix de la section du conducteur dépend de considérations électriques et


économiques tandis que le choix du gabarit des pylônes fait intervenir plutôt les aspects
mécaniques. Ces considérations ont déjà été abordées dans le cadre du calcul d'une liaison
souterraine.

Afin de choisir la section du câble, nous devons vérifier trois choses :


Quel est le courant nominal qui circule dans le câble ?
Supporte-t-il la puissance de court-circuit ?
La chute de tension est-elle bien inférieure à la limite ?
A partir d'un certain niveau de tension, nous devons aussi vérifier que l'effet de
couronne ne devient pas trop important. Nous aboutissons ainsi à une section techniquement
optimale mais non normalisée. Il faut décider donc de prendre une section normalisée
supérieure. Le calcul des différents coûts de la ligne nous aide à choisir celle qui convient le
mieux.

En réalité, il faudrait optimiser le coût global (câble + pylône) en tenant compte des
contraintes techniques et des pertes. C'est alors un calcul plus complexe auquel nous ajoutons
le choix du niveau de tension et la longueur de portée moyenne. Dans ce cas, nous avons
recours à une simulation par ordinateur.

Très souvent, le niveau de tension est imposé1 et les longueurs de portée également
(emplacement des pylônes imposé par la disponibilité du terrain). La démarche proposée
permettra à l'étudiant de limiter le nombre de calculs à effectuer tout en incluant la majorité
des critères et contraintes à respecter.

Rappels :

Les lignes assurent la continuité électrique entre deux noeuds du réseau et peuvent être
classées selon les types suivants :
- lignes de grand transport : entre un centre de production et un centre de consommation
ou un grand poste d’interconnexion ;
- lignes d’interconnexion : entre plusieurs régions ou plusieurs pays (secours mutuel) ;
- lignes de répartition : entre grands postes et petits postes ou gros clients nationaux ;
- lignes de distribution : vers les consommateurs BT.

Les différentes classes de tension en courant alternatif sont définie, par le RGIE, de la
manière décrite dans le tableau 6.1 (unités : Volts).

1
La tension de service est choisie en fonction de la puissance à transporter et de la distance sur laquelle cette
puissance doit être transportée en tenant compte du niveau de tension du point de raccordement à la source
d’énergie et du coût des investissements prévus.

Page 6.3
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Très basse tension U ≤ 50


ère
Basse tension 1 catégorie 50 < U ≤ 500
2ème catégorie 500 < U ≤ 1000
Haute tension 1ère catégorie 1000 < U ≤ 50 000
2ème catégorie U> 50 000

Tableau 6.1 : Classification des niveaux de tension

Les principaux composants des lignes aériennes sont :

- Les conducteurs (Phases + câble(s) de garde) ;


- Les isolateurs ;
- Le pylône ;
- Les fondations ;
- Autres accessoires (pinces de suspension, jonctions de connecteurs,
amortisseurs dynamiques,…).

Concernant les portées des lignes, étant donné la possible irrégularité des distances
entre pylônes, nous définissons les longueurs suivantes :
- Portée basique ou normale = La plus économique ;
- Portée moyenne = Moyenne arithmétique des différentes portées ;
n n
- Portée équivalente = Léq = ∑l ∑l
i =1
i
3

i =1
i . Cette valeur se rapproche

généralement de la portée moyenne lorsque le nombre de portées


augmente. C’est sur cette valeur que se calcule la tension horizontale à
appliquer au canton ;
- Portée « de vent » = La somme des deux demi portées adjacentes au
pylône. Elle correspond à la portée à considérer pour le calcul des efforts
en tête du pylône ;
- Portée « de poids » = La somme des distances entre le pylône et les points
les plus bas des deux portées adjacentes. Cette valeur est utilisée pour
déterminer le poids mort que représentent les conducteurs sur le support.

6.2. Les éléments des lignes électriques

6.2.1. Les conducteurs

Au niveau mécanique, le calcul de la résistance des conducteurs est soumis aux


réglementations internationales.
Les conditions climatiques doivent être connues (givre, températures, intensité du
vent,...).

Page 6.4
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Ce paragraphe explicite les critères électriques permettant le dimensionnement de la


section des conducteurs des lignes aériennes. Ils sont fort similaires à ceux associés aux
câbles, cfr. Chapitre5).

A. Critère de courant nominal


Nous devons vérifier que le câble supporte le courant nominal sur toute sa durée de vie.
Vu Pdépart et a donnés, nous déterminons tout d'abord la puissance circulant dans le câble
après les T années d'utilisation par la relation 6.1 :
PT = Pdépart . (1 + a)T [MW] (6.1)

Nous en déduisons le courant circulant alors dans chaque phase du câble :


PT
I N ,T = [A] (6.2)
3 .U. cos(ϕ)

B. Critère du courant de court-circuit


Nous déduisons directement ce courant de la formule donnant la puissance de court-
circuit :
S
I cc = cc [A] (6.3)
3 .U

La puissance de court-circuit Scc est fonction du réseau environnant la ligne étudiée,


mais du point de vue dimensionnement, nous retenons souvent les valeurs suivantes en
fonction des principales tensions caractéristiques :

Tension phase/phase Puissance de court-circuit Courant de court-circuit


U [kV] Scc [MVA] Icc [kA]
150 8000 30,8
70 2500 20,6
15 350 13,5
6 120 11,6

Tableau 6.2 : Puissance et courant de court-circuit

Afin de trouver la section minimum permettant de supporter ce courant durant le temps


tcc, nous disposons de la formule suivante, où a est un facteur dépendant du type de matériau
constituant le câble :
I . t
S = cc cc (∀ ∀ t < 5 sec) [mm²] (4)
a

Cette nouvelle valeur du courant conduit alors au choix d'une nouvelle section
normalisée (celle qui lui est juste supérieure).
Remarques : - le cuivre est toujours supérieur à l'aluminium pour une même section, étant donné sa
meilleure capacité à évacuer la chaleur ;
- les valeurs du paramètre a sont les suivantes : a = 105,3 pour le cuivre, a = 55,07
pour l'aluminium et a = 61,98 pour l'AMS.

Page 6.5
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

C. Critère de la chute de tension


Un rapide calcul nous donne la formule de la chute de tension :

Figure 6.1 : Modèle réduit de la liaison

∆U I
≅ 3 ⋅ N ⋅ (R'70°C .l ⋅ cos(ϕ ) + X'.l ⋅ sin(ϕ )) (6.5)
U UN
où ΔU = U 2 − U1 ≠ U 2 − U1 [V] (6.6)

Nous pouvons alors déterminer la résistance maximale de la ligne à 20°C.


Dans le cas des lignes, nous négligeons les effets capacitifs car les valeurs sont
approximativement 50 fois plus faibles pour les lignes que pour les câbles. Pour l'impédance
longitudinale, nous prendrons, généralement, comme valeur de départ : 0,4 Ω/km.

D. Critère économique
La forme de la fonction coût de conducteur adoptée est la suivante :
C
T1 (S ) = A + B ⋅ S + [€] (6.7)
S

où A est relatif aux frais fixes (installation, pièces et accessoires, etc.) [€], B.S
représente la partie du coût du câble qui est proportionnelle à la section ‘S’ [€/mm2] et C/S
reflète les coût d'actualisation et des pertes [€.mm2]. Les pertes sont inversement
proportionnelles à la section car une plus grosse section entraîne des pertes Joule moins
élevées.

Cette fonction est loin d'être parfaite mais, dans le cadre d'une première approche du
problème, elle est suffisante.
C = 3 . ρ . l . I 2N, début de vie . N . p . f [€.mm2] (6.8)

Le facteur ‘3’ permet de tenir compte des 3 phases ;


ρ = résistivité du matériau conducteur (généralement AMS) à 75° [Ω/mm] ;
l = longueur de la ligne (en millimètres) ;
IN,début de vie = courant nominal en début de vie de la ligne (en ampères) ;
N = nbre d'heures d'utilisation équivalant à la pleine charge au niveau des pertes [h/an] ;
p = prix du kWh de pertes, coût des pertes par kW.h [€/W.h].
2
 a   b 
1 +  . 1 + 
Q 1− rT  100   100 
f= où Q = avec r = (6.9)
i 1− r  i 
1+ 1 + 
100  100 

Page 6.6
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

La section optimale économique (SOE) est celle qui annule la dérivée de T1(S). Vu la
forme de T1(S), nous pouvons la déterminer directement :
C
S= [mm2] (6.10)
B

Fonction coût du conducteur

160
140
millions de FB
120
100
80
60
40
20
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900
section (mm2)

Figure 6.2 : Exemple de relation côut/section

E. Conclusion
Le critère économique est un critère plutôt flou. Le but est de justifier notre choix.
L’idéal est de comparer, en fonction de la section, les coûts à court terme et à long terme ainsi
que les investissements et pertes. Nous pouvons alors nous faire une idée de ce que nous
gagnons ou de ce que nous perdons en fonction de la section.

6.2.2. Les Supports

Nous devons d'abord déterminer le poids équivalent et l'angle d'inclinaison des chaînes
de suspension des conducteurs en s’appuyant sur deux hypothèses ‘H1’ et ‘H2’
(respectivement été et hiver).
Nous déterminerons ensuite la portée critique que nous comparerons avec la portée
moyenne.
En fonction du résultat de cette comparaison, nous déterminerons, parmi ‘H1’ et ‘H2’,
quelles sont les conditions météorologiques qui imposent les contraintes mécaniques les plus
importantes sur notre portée. Nous en tirerons alors la constante « a » de l'équation d'état
(dite de Blondel). Une fois cette constante obtenue, nous pourrons déterminer la tension
mécanique dans les câbles quel que soient les paramètres météorologiques.
Nous déterminerons ensuite la flèche maximale et la hauteur d'accrochage des
conducteurs, la longueur de la chaîne de suspension et les distances phase/phase et
phase/neutre.
L'étape suivante consistera à calculer les gabarits des pylônes d'alignement, d'angle,
d'ancrage. Les principaux types de supports que l’on rencontre sont décrits sur les figures 6.3
et 6.4. Ils se différencient principalement, entre ces deux figures, par la position verticale des

Page 6.7
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

conducteurs de puissance : dans la seconde figure, ces lignes sont suspendues à une hauteur
qui peut être considérée relativement constante.

Figure 6.3 : Types de supports à phases étagées

Figure 6.4 : Pylônes ou portiques à armement nappe ou nappe-voute

Le calcul des efforts en tête de pylône nous permettra d’obtenir une estimation du coût
des pylônes. Finalement, nous pourrons évaluer le coût global de la ligne.

6.2.3. Poids équivalent et angle d'inclinaison du câble

Nous allons utiliser deux hypothèses « H1 » et « H2 ». Elles représentent deux groupes


de paramètres qui correspondent respectivement à des conditions extrêmes HIVER et ETE. Il
serait en effet inutile d'utiliser simultanément les valeurs les plus critiques de ces paramètres.
L’idée se trouvant en amont du choix de ces hypothèses est que l’action d’une basse
température est surtout dangereuse pour les portées courtes (contraction thermique, cumulée à
une faible différence entre la longueur de la portée et la longueur du câble) tandis que l’action
du vent est surtout dangereuse pour les portées longues (effort transversal proportionnel à la
longueur).

Ces conditions sont définies par le R.G.I.E.2 de la manière suivante :

« Tous les éléments constitutifs de la ligne aérienne, à savoir les supports, ancrages,
ferrures et fondations éventuelles, sont calculés en tenant compte de l’état de sollicitation
résultant :

2
Règlement Général Belge sur les Installations Electriques

Page 6.8
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

- de la traction des conducteurs actifs, de garde et de terre ;


- du poids propre des conducteurs actifs, de garde et de terre, des isolateurs, des
ferrures et du support ;
- de la combinaison la plus défavorable des charges extrêmes résultant des
circonstances de vent et de température déterminées ci-après.

Le vent souffle dans la direction horizontale la plus défavorable dans les conditions
suivantes :
- à la température de +15°C avec sa force maximale normale ou exceptionnelle ;
- à la température de -15°C avec une force réduite. »

Ces valeurs varient en fonction de la situation géographiques et des conditions


climatiques.

Nous calculons donc l’angle d’inclinaison « θ » et le poids équivalent « péqu » (dans les
plans des conducteurs) pour les deux hypothèses via les formules 6.11 et 6.12 qui suivent.

Effort du vent :

F=c.q.A [N/m] (6.11)

Dans cette équation, « c » est le coefficient aérodynamique d’ensemble dans la direction


du vent, « A » la surface en m2 des pleins que l’élément présente au vent, perpendiculairement
à la direction dans laquelle il souffle et « q » est la pression dynamique (en pascal). Cette
dernière se déduit de la pression dynamique de base, « qb », donnée, en fonction de la vitesse
du vent (fonction de la hauteur au-dessus du sol), dans le tableau 6.3. Elle se calcule par la
formule : qb = aV2/2, où « a » représente la masse volumique de l’air (1,2 kg/m3) et « V » est
la vitesse du vent (en m/s). L’équation 6.11 peut se réécrire, dans le cas des lignes, « F = Cx .
q . d », où ‘Cx’ est le coefficient de traînée du câble et ‘d’, son diamètre.

Pour les conducteurs actifs, de garde et de terre, la hauteur à prendre en considération


est la hauteur du point d’attache aux isolateurs ou au support.

La pression dynamique « q » se déduit de « qb » par l ‘application d’un facteur


correctif : q = fc . qb. Les valeurs de ce facteur « fc » sont les suivantes :

Pour le calcul de l’effort du vent sur les supports, traverses, isolateurs :


- 0,8 pour le vent horizontal maximum normal ;
- 1,6 pour le vent horizontal maximum exceptionnel.

Pour le calcul de l’effort du vent sur les conducteurs actif, de garde et de terre :
- Pour les portées inférieures à 100 m :
- 0,7 pour le vent horizontal normal ;
- 1,4 pour le vent horizontal exceptionnel.
- Pour les portées supérieures à 100 m :
- 0,5 pour le vent horizontal normal ;
- 1 pour le vent horizontal exceptionnel.

Page 6.9
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Hauteur au-dessus du sol Vitesse du vent Pression dynamique de base (qb)


[m] [m/s] [Pa]
Jusque 25 35 750
De 25 à 50 36,6 800
De 50 à 75 37,27 850
De 75 à 100 38,36 900
De 100 à 125 39,41 950
De 125 à 150 40,43 1000
De 150 à 175 41,43 1050
De 175 à 200 42,21 1100

Tableau 6.3 : Vitesse du vent et pression dynamiqueen fct de la hauteur

En écrivant les équations d’équilibre projetées, aux extrémités du câble, nous obtenons
(cfr. figure 6.5) :

Selon X : p cos(φ) + F sin(φ) = péqu


Selon Y : p sin(φ) = F cos(φ)

ce qui donne, finalement :


F
φ = arctg   et péqu = p cos(φ) + F sin(φ) (6.12)
p

Figure 6.5 : Efforts appliqués

Remarque : En Belgique, les surcharges de givre ou de neige ne sont pas à considérer.

6.2.4. Portée critique et choix de la constante « a »

Pour chaque type de conducteur, il existe une portée critique en dessous de laquelle
l'hypothèse hiver sera plus défavorable, tandis qu'au dessus ce sera l'hypothèse été qui
conduira aux contraintes les plus élevées. Cette portée critique se calcule à l'aide de l'équation
d'état (dite de Blondel) en exprimant que les tensions dans le conducteur doivent être égales
pour les deux hypothèses en utilisant la tension maximale admissible, c'est-à-dire un tiers de
la tension de rupture. Nous avons alors :

24 ⋅ α ⋅ (θété − θhiver ) ⋅ TMAX 2


PC = 2 2
[m] (6.13)
p équ , été − p équ , hiver

avec TMAX = 1/3 TRUPTURE (imposé par le R.G.I.E.).

Page 6.10
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Dans le cas où la portée moyenne est inférieure à la portée critique, c'est la constante a
associée à l'hypothèse hiver qui sera retenue, sinon ce sera celle associée à l'hypothèse été.
Pour la calculer, c'est encore l'équation d'état que nous utiliserons :

2
p équ ⋅ P2 T
2
− −α⋅θ = a (6.14)
24 ⋅ T E⋅S

« péqu » est le poids équivalent dans l'hypothèse retenue [N/m] ;
« P » la portée moyenne [m] ;
« T » ≡ TMAX l’effort de traction maximal admissible [N] ;
« E » est le module de Young [N/mm2] ;
« S » la section [mm2] ;
« α » le coefficient de dilatation thermique [°C-1] et
« θ » la température dans l'hypothèse retenue [°C].
Ceci donne un paramètre « a » adimensionnel.

6.2.5. Flèche maximale et hauteur des conducteurs

Nous l'obtenons par l'hypothèse H3, dite de canicule. La température correspond


généralement à une ambiance de 40°C plus 30°C d'échauffement. Le vent nul impose au fil
d'être vertical.

Nous devons tout d'abord déterminer la tension qui règne dans notre portée. Pour cela
nous prendrons l'équation d'état dans l'hypothèse H3, qui se réduit à une équation du 3e degré
à 1 inconnue, « T ». Nous obtenons les trois racines (numériquement et/ou analytiquement).

2
p équ ⋅ P2 T T3
2
p équ ⋅ P 2

− − α⋅θ = a ⇔ − − (a + α ⋅ θ ) ⋅ T 2 + =0 (6.15)
24 ⋅ T 2 E⋅S E⋅S 24

Des trois racines obtenues, deux sont complexes et nous les rejetterons. La tension de
référence dans notre câble est donc déterminée. Maintenant, grâce à l’équation d’état, nous
pouvons calculer les tensions dans notre câble pour les hypothèses été et hiver.

Principe de la protection par éloignement : Les conducteurs des lignes aériennes sont
écartés du sol des voies publiques, des cours, des jardins et terrains surplombés et des
constructions d’une distance appelée « distance minimale d’éloignement ». Ces distances
sont calculées et contrôlées sous les hypothèses suivantes :
- pour les mesures dans le plan vertical : vent nul, t° du conducteur égale à 75°C
(lignes HTB installées après le 01/01/83) ou 40°C (autres lignes) ;
- pour les mesures dans le plan horizontal : vent horizontal maximal défavorable, t°
du conducteur égale à 15°C.

La formule qui suit exprime la flèche maximale en fonction de la tension, sous


l'hypothèse de canicule (H3, la plus contraignante à ce niveau) :
p équ ⋅ P 2
f MAX = [m] (6.16)
8 ⋅ TH 3

Page 6.11
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Les conducteurs devront être accrochés à une hauteur supérieure à « fMAX + garde au
sol ». Le R.G.I.E. impose, pour la garde au sol, une hauteur de base de 6 m (7 m pour une
voie traversée). Une majoration de cette distance verticale doit être prise en compte de la
manière suivante : + 1 m par rapport à une voie publique (contrairement au cas des cours,
jardins et terrains), sauf dans le cas basse tension inférieure à 500 V
+ (U – 50)/100, terme proportionnel à la tension3, dès que celle-ci
devient supérieure à 50 kV.
Soit, pour une ligne HT 2ème catégorie, la garde au sol peut s’écrire :

U − 50
H MIN = 6 + 1 + [m] (6.17)
100

Pour plus de détails, se référer à l’article 164 du RGIE.


Il conviendra de normaliser la hauteur au ½ m supérieur.

Le R.G.I.E. impose également que le pylône bénéficie de fondations pour toute tension
supérieure à 1 kV. La profondeur d'enfouissement est imposée par la NBN (normes belges) :

H
Pr of = +1 [m] (6.18)
10
avec un maximum de 3 m.

Le rapport entre la tension nominale dans le câble (sous l’hypothèse H4 : 15°C, sans
vent), et la tension de rupture est un critère important de dimensionnement. Ce rapport doit
être inférieur à approximativement 20%. Plus précisément, ce critère permet à notre câble de
rester en dessous de la courbe de Wöhler, et donc de ne pas subir de rupture par fatigue au
niveau des pinces d'ancrage.

6.2.6. Détermination de la longueur de la chaîne de


suspension

A. Règle de bonne pratique


Nous devons calculer le nombre d'assiettes nécessaires au maintien de la distance de
contournement. Pour une approche rapide, nous utilisons le tableau suivant :

Tension UN (kV) Nombre d'assiettes


15 1à2
90 5à6
120 6à7
150 7à8
Tableau 6.4 : Choix du nombe d’assiettes en fonction du niveau de tension

3
U représente la tension nominale en kV entre conducteurs.

Page 6.12
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

B. Méthode développée par le Service de TDEE de l'ULg4


Nous déterminons d'abord le degré de salinité, ensuite la tension de tenue aux chocs de
foudre « BIL » et finalement la longueur de fuite "théorique" « Lf » qui devra être respectée
par la chaîne de façon à protéger la ligne de façon correcte.
En fonction de la zone de pollution retenue, nous allons pouvoir attribuer une valeur à la
tension de contournement « β » [cm/kVϕϕ] (cfr tableau 6.5).

Degré de salinité :

Zones de pollution
I II III
Salinité 7 20 80 [kg/m3]
Niveau faiblement polluée moyennement polluée fortement polluée
Localisation majeure partie du zones éloignées de bord de mer et
territoire quelques kilomètres du proximité
bord de mer ou des d'industries
industries
β 1,48 1,83 2,34 [cm/kVϕϕ]
Tableau 6.5

Tension nominale de tenue aux chocs de foudre « BIL » :

Cette méthode, fait intervenir d’autres critères de dimensionnement (en plus de la


tension nominale). Nous avons, d’une part, la tension la plus élevée admissible par le
matériel (UM) et, d'autre part, la tension nominale de tenue aux chocs de foudre « BIL » (basic
insulation level). Les normes C.E.I. ont établi le tableau 6.6 :

Tension nominale Tension la plus élevée Tension nominale de tenue


de la ligne pour le matériel aux chocs de foudre
UN [kVeff] UM [kVeff] BIL [kVcrête]
3 3.6 40
6 7.2 60
Classe A : 10 12 75
1 ≤ Um ≤ 52 15 17.5 95
20 24 125
30 36 170
50 52 250
70 72.5 325
Classe B : 110 123 450
52 ≤ Um ≤ 300 130 145 550
150 170 650
220 245 750
Tableau 6.6 : Tension nominale de tenue aux chocs de foudre

4
Extraite de : "Réseaux de Distribution de l'Energie Electrique - Considérations Technico-Economiques", Louis
MAESEN, ULg, 1990. Réf. Bibliothèque Montéfiore : T2-90-050. Il est fortement conseillé d’y jeter un coup
d’œil ...

Page 6.13
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Ligne de fuite des isolateurs :

La longueur de la ligne de fuite des isolateurs se calcule par la formule 6.19 :


Lf = 1,1 . UM . β [mm] (6.19)

Choix de la chaîne d'isolateurs :

 Nous déterminons le ‘BIL’ (à partir de UN, tableau 6.6), le niveau de pollution (définit
la valeur de ‘β’ ) et l'effort de traction maximal ‘TMAX’ (par l’équation 6.14) auquel la
chaîne sera soumise.
 Nous considérons d'abord des assiettes de type « standard ». En fonction de l'effort de
traction ‘TMAX’ que la chaîne devra supporter, nous choisissons, parmi les modèles
d'assiettes convenant, celui de pas le plus petit parmi la liste proposée au tableau 6.7.
 En se référant au tableau 6.8, nous déterminons le nombre ‘N1’ d'assiettes nécessaires
via le modèle d'assiette (déterminé par le pas) et le ‘BIL’.
 Nous déterminons le nombre ‘N2’ en vérifiant que la longueur de la ligne de fuite est
suffisante :
Lf
N2 = (6.20)
longueur de fuite effective d' une assiette
 Comparant N1 et N2, si le module de leur différence est inférieur à 5, alors le nombre
d'assiettes est la plus grande des deux valeurs ‘N1’ et ‘N2’. Dans le cas contraire, nous
considérons que les conditions sont néfastes et avons recours à des assiettes de type
« antifog ». Ces dernières sont surdimensionnées au point de vue de la ligne de fuite
par rapport aux assiettes « standard ». Dans ce cas, nous recommençons le calcul en
se basant sur les tableaux 6.9 et 6.10.
 Une fois les caractéristiques de pas et masse de l'assiette ainsi que le nombre
d'assiettes déterminées, nous pouvons calculer la longueur « SL » et le poids de la
chaîne d'isolateurs.

type standard Effort en tête


70 100 120 160 210 240 300
Caractéristiques F70/127 F100/127 F120/127 F160/146 F210/170 F240/170 F300/195
d'une assiette
Pas [mm] 127 127 127 146 170 170 195
Ligne de fuite 320 318 315 380 380 380 485
[mm]
Masse [kg] 3,5 3,7 3,8 6,0 7,1 7,4 10,9

Tableau 6.7 : Caractéristiques d’assiettes standard

Page 6.14
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

type standard pas [mm]


127 146 170 195
nombre d'assiettes BIL [kV]
2 190 190 205 225
3 260 270 285 315
4 320 340 360 405
5 380 410 440 495
6 435 480 520 580
7 490 550 600 665
8 550 620 675 745
9 615 690 755 830
10 675 760 835 910
11 735 830 915 990
12 795 900 990 1070

Tableau 6.8 : BIL vs. Nbre d’assiettes (standard)

type antifog Effort en tête


100 120 160 210 240 300
Caractéristiques F100P/146 F120P/146 F160P/170 F210P/170 F240P/170 F300P/195
d'une assiette
Pas [mm] 146 146 170 170 170 195
Ligne de fuite 445 445 545 530 530 690
[mm]
Masse [kg] 5,6 6,7 8,5 9,5 10,4 15,2

Tableau 6.9 : Caractéristiques d’assiettes anti-brouillard

type antifog Pas [mm]


146 170 195
Nombre d'assiettes BIL [kV]
2 235 270 280
3 320 370 390
4 390 450 495
5 465 540 600
6 545 625 700
7 620 710 810
8 695 800 910
9 775 890 1015
10 855 980 1120
11 935 1070 1230
12 1015 1170 1340

Tableau 6.10 : BIL vs. Nbre d’assiettes (Antifog)

6.2.7. Distance phase/phase et phase/terre

L’écartement vertical entre phases, Eϕϕ, vaut :

UN
Eϕϕ = + CFI ⋅ fMAX + SL [m] (6.21)
150

Page 6.15
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

où UN est la tension nominale [kV] ; CFI coefficient qui dépend de la nature du


conducteur ; fMAX la flèche maximale [m] ; SL la longueur de la chaîne d'isolateur [m]. 5

La distance verticale min. entre phases et terre vaut :

EϕN = UN/150 [m] (6.22)

Pour des pylônes d’angle quelconque « β », la distance horizontale minimale entre


phases, imposée par le RGIE, est donnée par la formule 6.23 :

EHmin ≥ EV . 0,8/cos(β/2) [m] (6.23)

6.2.8. géométrie des pylônes

Le design des lignes électrique est fonction de la tension de ligne, du nombre de


circuits, du type de conducteurs et de la configuration des circuits. De plus, la protection
contre la foudre par des conducteurs de terre, terrain et l’espace disponible sur site doivent
être pris en considération.
Dans les régions fortement enneigées, il est recommandé de ne pas placer les
conducteurs dans un même alignement vertical, afin d’éviter les chocs lorsqu’un amas se
détache du conducteur supérieur.
Pour les niveaux basse- et moyenne-tension, un arrangement horizontal est préférable et
les câbles de terres sont omis.
En haute et très haute tension, une grande variété de configurations peuvent être
imaginées. Nous retiendrons la configuration dite « Danube » (dissymétrique : 1 phase d’un
côté et deux de l’autre, alternées), couramment utilisée en raison de ses faibles encombrement
et coût.

Nous limiterons notre étude à la proposition d’un modèle qui respecte toutes les
conditions mécaniques et électriques pour chaque type de pylônes (alignement/suspension,
angle, ancrage/arrêt).
Le but de ce paragraphe est de montrer que nous avons bien appréhendé la géométrie
des pylônes. Ce genre de calcul est habituellement réservé au génie civil. Il s’agit donc de
faire preuve d’ingéniosité, d’imagination et de bonne pratique tout en se rappelant qu’il n’y a
pas qu’un seul modèle valable, mais une infinité.
Il est difficile, à l’heure actuelle, de donner une méthode précise de cette recherche du
gabarit idéal. Nous conseillerons donc au lecteur de se reporter à l'exercice résolu.

5
Le R.G.I.E. donne les valeurs suivantes : CFI = 0,75 pour les conducteurs en cuivre et CFI = 1 pour les
conducteurs à base d'aluminium.

Page 6.16
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.2.9. Calcul des efforts en tête de pylone

L'appui est soumis à trois moments :


M1 = moment dû au poids propre de l'ensemble formé par les conducteurs, les chaînes
d'isolateurs et la ferrure.
M2 = moment dû à la force aérodynamique du vent s'exerçant sur les conducteurs.
M3 = moment dû à la force aérodynamique appliquée de façon répartie sur le support.

Pour obtenir l'effort en tête résultant, il suffit de diviser le moment résultant par la
hauteur hors-sol.

Ces moments sont déterminés aisément à partir de la connaissance des conditions


météorologiques dimensionnantes (H1 ou H2), permettant le calcul de la constante « a » de
Blondel, de la tension de la ligne et des angles d’application des efforts.

Remarques :
 M1 est nul pour les pylônes dont les conducteurs sont placés en nappe et nappe-voûte,
grâce à la symétrie. Il ne l’est pas pour les arrangements en triangle ou drapeau.
 M2 n’est jamais nul (idem pour M3). Par rapport au sol, le bras de levier correspond à la
somme des hauteurs d’ancrage des différents conducteurs soutenus par le pylône.
 Pour le calcul des coefficients aérodynamiques relatifs aux supports, se référer à l’article
155 du RGIE.

6.2.10. Evaluation du coût des supports

La fonction coût du pylône s'exprime comme une fonction de la hauteur et de l'effort en


tête. Nous y incorporons le coût des fondations. Cette fonction peut être obtenue par
régression des statistiques de l'ALE, par exemple : -285 + 1,24 . h2,3 + 3,97 . E euros (où « h »
est la hauteur totale du pylône et « E » l’effort en tête). Nous devons y ajouter le prix des
chaînes de suspension ou des chaînes d'ancrage et obtenir finalement le coût des supports.
Dans ce coût, nous ne tenons pas compte des différents obstacles géographiques qui
modifient les proportions entre pylônes d'alignement, d'angle et d'ancrage, ainsi que la garde
au sol. Nous avons également omis le prix de la ferrure.

Page 6.17
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.2.11. Effet de couronne6

L'effet de couronne est un phénomène difficile à quantifier et une littérature abondante


sur ce sujet est disponible dans les bibliothèques. Le critère souvent utilisé consiste à vérifier
que le champ superficiel reste bien inférieur à 18 kVeff/cm. Ce champ « EMAX » se calcule
par la formule 6.24 :
Veff
E MAX = [kVeff/cm] (6.24)
 2 H EPH 
r ⋅ ln 
⋅ MIN ⋅
 r ⋅ 4 ⋅ H 2 + EPH 2 
 MIN 

EPH représente l’écartement entre phases et HMIN la distance minimale entre un conducteur et
le sol.
Remarque : Les distances sont exprimées en cm et les tensions en kV.

6
Extrait de : "Réseaux de Distribution de l'Energie Electrique - Considérations Technico-Economiques", Louis
MAESEN, ULg, 1990. Réf. Bibliothèque Montéfiore : T2-90-050. Il est fortement conseillé d’y jeter un coup
d’œil ...

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.3. Exercice résolu

6.3.1. Enoncé

 Dimensionner (choix de la section, gabarit du pylône) et évaluer le coût d’investissement


pour réaliser une jonction aérienne à 36kV en conducteur AMS (alliage Al, Mg, SI) de 35
km devant transiter une puissance de 10MW (facteur de puissance 0,9 inductif). Nombre
d'années projetées, T : 20 ans ; augmentation annuelle de la puissance, a : 3%. L’alliage
conducteur possède une résistivité de 0,357.10-7 Ω.m à 20°C et son coefficient de
température « α » vaut 0,004 K-1.

Données du réseau :
Nous savons que la puissance de court-circuit à considérer ne dépassera jamais 700 MVA
pendant 1,5 secondes.

Contraintes électriques :
Nous admettrons une chute de tension maximale de 9%.
Nous pouvons tabler sur une utilisation de 2000 heures par an à pleine charge.

Données économiques :
Les paramètres concernant le facteur d'actualisation sont les suivants :
 taux d'intérêt, i : 8,5% ;
 pourcentage d'accroissement du prix du kWh, b : 2% ;
Nous ne les utiliserons que dans le calcul de ce facteur.
Le prix du kWh de perte vaut 0,062 €/kWh.
Le coût du conducteur est de 4,96 €/kg (y compris le tirage) et sa masse volumique à 20°C
vaut 2697 kg/m3.
Les accessoires coûtent 297,47 € pour une chaîne de suspension et 495,79 € pour une chaîne
d’ancrage.
Le coût des pylônes se déduit à partir de la formule suivante : « -285,08 + 1,24.h2,3 + 0,04.F »
et s’exprime en €, avec « h » [m] la hauteur totale du poteau (le sommet se situant au
niveau du point d’accrochage des conducteurs sur les chaînes de suspension) et « F »
l’effort en tête [N].

Données géographiques :
La ligne pourra être tirée avec une portée moyenne de 160m, avec 80% de pylônes
d’alignement, 10% de pylônes d’angle (30°) et 10% de pylônes d’arrêt.

Données météorologiques :
Les hypothèses à considérer seront les suivantes :
 H1 : + 15°C et vent de force maximale normale (été) ;
 H2 : -15°C et vent réduit (hiver) ;

Page 6.19
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

 H3 : +70°C sans vent (canicule) ;


 H4 : +15°C sans vent.
Le vent à considérer sera de 35 m/s, ce qui correspond à une pression dynamique de base qb
de 750 N/m2. Les supports seront en béton précontraint (coefficient de traînée 1,85), les
câbles sont torsadés (coefficient de traînée de 1,45). Nous considérerons une pression de
0,5.qb sur les conducteurs par vent de force maximale normale et de 0,25 qb pour le vent
réduit.
Rappel : Force linéique = Cx . q . φ (N/m) où Cx est le coefficient de traînée, q la pression
considérée et φ le diamètre du câble.
Pour le support, les calculs seront réalisés avec un vent horizontal maximal normal (facteur
correctif sur « q » = 0,8).

Nous demandons :

Choisir la section des conducteurs de phase de manière à respecter les critères de


dimensionnement conformément à la théorie. La température de service vaut environ 70°C, et
la température maximale environ 250°C.
Déterminer les efforts de tractions et flèches dans les trois hypothèses (H1 à H3), l’espacement
entre phases et déduire un gabarit du pylône.
Nous trouverons, ci-joint, un tableau des valeurs normalisées des sections AMS avec leurs
caractéristiques, incluant les intensités admissibles en régime nominal.

L’équation de changement d’état peut s’écrire :


p2 ⋅ S2 T
2
− − α ⋅ ϑ = Cte
24 ⋅ T E⋅A

où p est la charge linéique [N/m] dans le plan du câble ;


S la portée [m] ;
T la traction [N] dans l’état considéré ;
E le module d’élasticité [N/m2] ;
A la section du câble [m2] ;
α le coefficient de dilatation thermique linéaire [°C-1] (= 23.10-6 °C-1 pour l’AMS) ;
ϑ la température de l’état considéré.

Nous déduirons, de cette formule, la portée critique (pour laquelle la traction est identique
sous les hypothèses H1 et H2).

Pour l’inductance, nous considérerons « X = 0.4 Ω/km » comme valeur de départ.


Il n’est pas prévu de compensation réactive.

Page 6.20
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.3.2. Résolution

A. Les Conducteurs
Critère du courant nominal :

La puissance que notre liaison devra transiter vaut 10 MW sous une tension nominale
de 36 kV. Le courant nominal circulant dans la ligne se calcule par la formule suivante où le
cos(φ) vaut 0,9. Nous avons alors :
Puissance max. à transiter (après 20 ans) : P20 = P0 . (1+a)T = 18,1 MW ;
Intensité du courant en fin de vie :
Nous avons : PT = 3 ⋅ U⋅ I N,T . cos(ϕ )
P20 18,1 ⋅ 10 6
⇒ I N,20 = = = 322 A
3 ⋅ U⋅ cos(ϕ ) 3 ⋅ 36 ⋅ 10 3 ⋅ 0,9

La plus petite section normalisée que nos tables nous proposent et supportant un courant
de 322 A au moins vaut 95 mm². Toutes les sections supérieures respectent ce critère du
courant nominal.

Critère du courant de court-circuit :

Nous savons que la puissance de court-circuit reste inférieure à 700 MVA pendant un
temps de 1,5 s. Calculons d'abord le courant de court-circuit correspondant :
SCC 700 ⋅ 10 6
I CC = = = 11 200 A
3 ⋅ UN 3 ⋅ 36 ⋅ 10 3
I CC ⋅ t CC
S= [mm2]
a
où ‘a’ vaut 61,98 pour l'AMS (température de service 70°C et maximale 250°C) ;

Dans notre cas, le calcul nous donne une section minimale de 222 mm2.

Critère de la chute de tension :

Un rapide calcul nous donne la formule de la chute de tension :


ΔU IN ⋅ l
= 3⋅ ⋅ ( R 70°C ⋅ cos(ϕ) + X ⋅ sin(ϕ)) ,
U UN

ce qui, après calcul du courant nominal au départ, permet de déterminer la résistance


maximale de la ligne :
P 10 ⋅ 10 6
⇒ IN = = = 178 A
3 ⋅ U⋅ cos(ϕ ) 3 ⋅ 36 ⋅ 10 3 ⋅ 0,9
Rmax,70°C = ( 0,09/√3 x 36000/(178 x 35) – 0,4 x 0,436 )/0,9 = 0,140 Ω/km à 70°C ;
Rmax,20°C = 0,140/(1 + 0,004x50) = 0,116 Ω/km à 20°C.

Page 6.21
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Bref, toutes les sections de résistance électrique supérieure à 0,116 Ω/km sont à rejeter
car elles conduisent à une chute de tension supérieure à 9 %. La section minimale supportant
ce critère vaut de 288 mm2.

Critère économique :

Dans notre cas, le paramètre ‘A’ est nul car le tirage du conducteur est compris dans le
prix au kilo, et les accessoires seront comptés dans la deuxième partie de ce travail, mais ce
n'est pas toujours le cas : il est possible d’avoir un coût fixe pour le conducteur en plus du
coût au km.
Le câble coûte 4,96 euros par kg, tirage compris. La masse volumique à 20°C vaut
2700 kg/m3, soit, 2697 kg/m3 à 70°C.

B.S = 3 [phases] . 4,96 [€/kg] . 2697 10-9 [kg/mm3] . 35 106 [mm] . S [mm2]
= 1 404 . S [€] où S s'exprime en [mm2].

2 2
C = 3 . ρ . l . I début de vie . N . P . f [€.mm ]

où ρ = 3,57 10-8 [1 + 4.10-3.(70-20)] = 4,284.10-8 Ω.m = 4,284.10-5 [Ω.mm] ;


l = 35.106 [mm] ;
Idébut de vie = 178 [A] ;
N = 2000 [h/an] de pleine charge ;
P = 0,062 €/kWh = 6,2 . 10-5 [€/Wh] ;
r = (1+a/100)2. (1+b/100) / (1+i/100) = 0,997
Q = (1-rn)/(1-r) = 19,5
f = facteur d'actualisation = Q / (1+i/100) = 18,0

ce qui donne :
C = 0,318 109 €.mm2

Notre fonction coût globale s’écrit :


0,318.10 9
T1 ( S ) = 1,40.10 3 ⋅ S +
S
2
dans laquelle ‘S’ est exprimé en mm .
La section optimale économique (SOE) vaut :
C
S= = 476 mm2
B
Dans ces conditions, le coût global de la jonction vaut 1,34 millions d’euros.
Deux possibilités s'offrent à nous : soit choisir la section normalisée inférieure 318
mm2, soit choisir la supérieure 709 mm2.

SN = 318 mm2 SN = 709 mm2


Coût des conducteurs 1,45 millions d’€ 1,44 millions d’€
Coût à court terme
0,45 millions d’€ 1,00 millions d’€
(B.S)
Coût à long terme
1,00 millions d’€ 0,45 millions d’€
(C/S)

Page 6.22
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Tableau 6.11 : Comparaison des coûts des condicteurs

3,5

3
Coût (M€)

2,5
SOE
2

1,5

1
100 300 500 700 900
Section (mm²)

Figure 6.6 : fonction coût du conducteur

Conclusion :

Le critère économique est un critère plutôt flou. Le but est de justifier notre choix.
L’idéal est de comparer, en fonction de la section, les coûts à court terme et à long terme ainsi
que les investissements et pertes. Nous nous faisons ainsi une idée de ce que nous gagnons ou
de ce que nous perdons en fonction de la section.

Dans notre cas, nous pouvons choisir soit d'investir beaucoup et limiter les pertes sur la
ligne (S = 709 mm2), soit investir peu et avoir des pertes plus importantes (S = 318 mm2),
pour un coût global égal.
Nous choisissons S = 318 mm2 parce que l'investissement de départ est moindre.

B. Les Supports

Poids équivalent et angle d'inclinaison du câble :

La masse linéique est tirée des tables normalisées (tableau 6.17 en annexe). Elle vaut λ
= 878 kg/km, soit le poids linéique p = 8,85 N/m. Ce poids comprend le poids de la graisse
(24kg/km).

Hypothèse Eté :

q = 0,5. qB vent de force maximale normale ;


CX = 1,45 pour le conducteur ;
d = 23,2 mm cfr. tableau 6.17 en annexe.

q = 0,5. 750 = 375 N/m2 ;


F = CX . q. d = 12,6 N/m.

Aux extrémités du câble, par équilibre des forces en présence, nous obtenons :
ϕ = 55,0 °
H1  (ETE)
p équ = 15,4 N/m

Page 6.23
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Hypothèse Hiver :

q = 0,25. qB vent réduit.

q = 0,25. 750 = 187,5 N/m2


F = CX . q . d = 6,31 N/m
ϕ = 35,5 °
H2  (HIVER)
p équ = 10,9 N/m

Hypothèse Canicule :

q = 0 N/m2
ϕ = 0 °
H3  (CANICULE)
p équ = 8,85 N/m

Portée critique et choix de la constante ‘a’ :

Soient, TRUPTURE = 10250 daN, charge de rupture nominale du conducteur (cfr. tableau
6.17 en annexe) ;
TMAX = 1/3 TRUPTURE (imposé par le R.G.I.E.) = 34 200 ;
θété = 15°C et θhiver = -15°C ;
péqu,été = 15,4 N/m et péqu,hiver = 10,9 N/m ;
α = 23.10-6 °C-1.

Par Blondel, nous avons :


24 ⋅ α ⋅ ( θé té − θ hiver ) ⋅ TMAX
2
PC = = 402 m
p 2é qu,é té − p é2 quhiver
,

Nous savons que la portée moyenne, de 160 m, est largement inférieure à la portée
critique. Dès lors, c'est la constante ‘a’, associée à l'hypothèse hiver, qui sera retenue. Sa
valeur se détermine à partir de l’équation suivante :
p 2é qu ⋅ P 2 T
2 − − α⋅θ = a
24 ⋅ T E ⋅S
où péqu = 10,9 N/m
P = 160 m
T = TMAX = 34 200 N
E = 56.103 N/mm2 (cfr. annexes, tableau 6.17)
2
S = 318 mm
θ = -15°C

ce qui donne : a = -1,47 10-3

Flèche maximale et hauteur des conducteurs :

Nous nous basons à présent sur l’hypothèse ‘Canicule’. Nous cherchons à déterminer
l’effort maximal subi par liaison :

Page 6.24
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

2  T1 = 10600 N
T3 p équ ⋅ P2 
− − (a + α ⋅ θ ) ⋅ T +
2
= 0 ⇒ T2 = −6590 + 9820 i
E ⋅S 24 T = −6590 − 9820 i
 3
Nous rejetons, évidemment, les deux racines complexes. La tension dans notre câble
vaut donc TH3 = 10 600 N "canicule".

Maintenant, grâce à l’équation d’état, nous pouvons calculer les tensions dans notre
câble en fonction de l'hypothèse utilisée : TH1 = 26 400 N "été" ; TH2 = 34 200 N "hiver" et
cette dernière correspond bien au tiers de la tension de rupture.

Ensuite, il nous suffit d'exprimer la flèche en fonction de la tension :


p équ ⋅ P 2 8,85 ⋅ (160)2
f MAX = = = 2,67 m
8⋅T 8 ⋅ 10600

Les conducteurs devront être accrochés à fMAX + garde au sol, donc 2,67 + 6 + 1 = 9,67
m. Nous devons normaliser, soit 10 m, avec un enfouissement de 10/10+1 = 2 m dans le sol.
Finalement, le pylône aura la phase inférieure suspendue à une hauteur d’environ 10 m et sera
enfoui à une profondeur avoisinant 2 m.

Afin d’estimer les risques de rupture par fatigue, nous estimons la tension dans le câble
dans les conditions définies à partir de l’hypothèse 4 (15 °C, sans vent).
TH4 22800
TH4 = 22 800 N donc le rapport = = 22,3% .
TRUPTURE 102500
Nous constatons que ce critère donne un rapport très légèrement supérieur aux 20 %
max. préconisés.

Détermination de la longueur de la chaîne de suspension :

Bonne pratique :

Nous devons calculer le nombre d'assiettes nécessaires au maintien de la distance de


contournement. Pour une approche rapide, nous utilisons le tableau suivant dans lequel nous
interpolons la tension de 36 kV :

Tension UN (kV) Nombre d'assiettes


15 1à2
90 5à6
120 6à7
150 7à8

Tableau 6.12 : nombre d’assiettes selon la « bonne pratique »

Nous obtenons, par cette méthode empirique, un nombre d'assiettes égal à 3.

Méthode développée par le service de TDE (ULg) :

Tension nominale UN : 36 kV ;
Tension la plus élevée UM : 42 kV (cfr. tableau 6.6) ;

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Tension nominale de tenue de chocs de foudre ‘BIL’ : 195 kV (cfr. tableau 6.6).

Pollution saline
3
 faible β = 1,48 [cm/kVϕϕ] pour une salinité de 7 [kg/m ]
3
 moyenne β = 1,83 [cm/kVϕϕ] pour une salinité de 20 [kg/m ]
3
 élevée β = 2,34 [cm/kVϕϕ] pour une salinité de 80 [kg/m ]

Tableau 6.13

Ligne de fuite des isolateurs


 Lf = 1,1 . UM . β = 66,748 [mm]
 82,533 [mm]
 105,534 [mm]

Tableau 6.14

Type d'assiette : TMAX = 34,2 kN, donc notre choix se portera sur l'assiette F70/127 (cfr.
tableaux 6.7 et 6.8) dont les caractéristiques sont :

F70 / 127
pas 127 [mm]
ligne de fuite 320 [mm]
masse 3,5 [kg]

Tableau 6.15

Le pas est de 127 mm. Nous en déduisons le ‘BIL’ (cfr. tableau 6.6) = 195 kV, donc,
N1 = 3 assiettes.

 66,748  0,209
ligne de fuite totale   1
N2 = = 82,533  ⋅ = 0,258
ligne de fuite d' une assiette  320
105,534  0,330
en fonction du degré de salinité

|N1-N2| < 5 => Nous choisirons donc un nombre d'assiettes égal à 3.


La chaîne d’isolateurs possède ainsi une longueur « SL » valant : SL = 3x127 = 381
mm. De même, son poids vaut = 3x3,5 = 10,5 kg

Distance phase/phase et phase/neutre :

Distances verticales :

La distance phase/neutre, notée EϕN, vaut UN/150 = 0,24 m.


La distance phase/phase, notée « Eϕϕ », vaut :
U
Eϕϕ = N + CFI ⋅ f MAX + SL = 1,99 m
150

Remarque : CFI = 0,75 pour les conducteurs en cuivre et CFI = 1 pour l'aluminium.

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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Distances horizontales :

EHmin ≥ EV . 0,8 / cos(β/2) = 1,58 m pour un pylône de suspension.

Pylône d'alignement :

Nous nous limiterons donc à proposer un modèle qui respecte toutes les conditions
mécaniques et électriques. Le but des calculs qui suivent est de montrer que nous avons bien
appréhendé la géométrie des pylônes. Ce genre de calcul est habituellement réservé au génie
civil. Il s’agit ici de faire preuve d’ingéniosité, d’imagination et de bonne pratique tout en se
rappelant qu’il n’y a pas qu’un seul modèle valable mais une infinité.

Nous prenons un modèle couramment utilisé pour le 15 kV : modèle nappe-voûte.


Nous devons tenir compte de l'effet du vent, du poids de la chaîne
de suspension, des distances Eϕϕ et EϕN.

Par facilité, nous noterons conducteur 1 la phase supérieure


et indistinctement 2 et 3 les deux autres conducteurs en nappe
(choix).

Dans le cas de ce modèle de pylône, le plus dur est de


respecter la distance EϕN du conducteur 1, surtout compte tenu de
l'angle φ (H1) = 55° dû à l'effet du vent.

 E ϕN 
• Nous avons SL . sin(φ2) = EϕN, d'où : ϕ 2 = arcsin  = 39°
 SL 
ce qui donne φ1 + φ2 = 94° ! Figure 6.7

Ceci est beaucoup trop pour notre modèle de pylône. L’ordre de grandeur pour cet angle
est de 75°. Une solution couramment employée est de lester l'isolateur (augmenter sa masse
par l’ajout de poids). Nous pourrions aussi imaginer de prendre un meilleur CX ou un
conducteur de plus grande section. Voyons ce que cela donne. La masse totale contient la
masse de l'isolateur (10,5 kg) + le balourd. Nous avons considéré un cas où la masse de la
chaîne d'isolation ainsi que celle du balourd sont nulles donc la masse totale l'est aussi. Les
séries (70°, 75° et 80°) sont basées sur l'angle « α1 + α2 ».

Section 318 mm2 ; Pmoy 160 m ; Cx 1,45

100
80
70°
SL (cm)

60
75°
40
85°
20
0
100

150

200
0

10

50

60

80

m asse totale (kg)

Figure 6.8

Page 6.27
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Section 318 mm2 ; Pmoy 160 m ; Cx 1,25

80

60 70°

SL (cm)
40 75°

20 85°

100

150

200
0

10

50

60

80
m asse totale (kg)

Figure 6.9

Section 318 mm2 ; Pmoy 120 m ; Cx 1,45

100
80
70°
SL (cm)

60
75°
40
85°
20
0
100

150

200
0

10

50

60

80

m asse totale (kg)

Figure 6.10

Section 709 mm2 ; Pmoy 160 m ; Cx 1,45

60
50
40 70°
SL (cm)

30 75°
20 85°
10
0
100

150

200
0

10

50

60

80

m asse totale (kg)

Figure 6.11

Il apparaît bien vite, au vu des résultats précédents, que pour obtenir une longueur de
chaîne d'isolateur de taille raisonnable - 40 cm par exemple - il faut combiner correctement
les paramètres. Cela revient vite cher et pèse lourd. Nous choisirons de débuter à partir d’un
autre gabarit de pylône.

Page 6.28
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Soit le modèle suivant :

La longueur de la chaîne d'isolateur sera


arbitrairement majorée à 40 cm. Nous avons les
deux conditions :
SL . cos(α1) ≥ EϕN
SL . cos(α1 + α2) + L1 . sin(α2) ≥ EϕN

Afin de vérifier la première condition, il faut


que
 E ϕN 
α1 ≤ a cos  = 53,1°
 SL 
or, sans balourd (donc avec 10,5 kg dus à
l'isolateur), nous avons α1 = 53,8°, donc nous
devons ajouter un balourd :
 E ϕN   Fl ⋅ Pmoy  Figure 6.12
a cos  = arctg 
 SL   p ⋅ Pmoy + 9,81 ⋅ balourd 
 
 
Pmoy  Fl 
⇒ M balourd = ⋅ − p  − 10,5kg , soit un balourd de masse 3,5 kg.
9,81    E ϕN  
 tg acos SL  
    
Nous ne discuterons pas de l'endroit où placer ce balourd : une infinité de possibilités
peuvent être développées. Le tout est de respecter les distance EϕN et Eϕϕ.

La deuxième condition va nous donner un degré de liberté :


α2 L1 [cm]
E ϕN − SL ⋅ cos( α1 + α 2 ) 20° 36
L1 = , ce qui donne :
sin( α 2 ) 25° 37
30° 38
En observant des pylônes 15 kV de ce gabarit, nous constatons que α2 possède une
valeur voisine de 20° à 30°.
Finalement, nous choisirons arbitrairement α2 = 30°, L1 = 40 cm et balourd = 3,5 kg ce
qui renforce la sécurité.

Maintenant, nous allons positionner la branche de soutien au pylône. L'épaisseur du


pylône va de 20 à 40 cm. Nous lui attribuerons arbitrairement la valeur de 30 cm.

Le problème est de déterminer l'angle que cette branche peut prendre sans pénétrer dans
la zone interdite (cercle de rayon EϕN), obtenue en inclinant l'isolateur de 0° à 53,1°.

Suit un calcul de géométrie analytique qui aboutit à l'angle α3 :


≡ x2 + y2 = 642 ; ≡ y = a.x + b. Or, (15;64) ∈ d'où ≡ y = a.(x-15) + 64.

Page 6.29
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Cherchons l'intersection de et :

x2 + [(x-15).a + 64]2 = 642 ⇒


x2.(1+a2) + x.(128.a-30.a2) + (152.a2-30.64.a) = 0

Nous recherchons une racine double : Le


discriminant est nul, ce qui correspond à :

(128.a - 30.a2)2 - 4.(1+a2).(152.a2-30.64.a) = 0

de là, a = -7680/15500 = tg(-α3)

soit, α3 = 26,4°.

Cet angle est un angle maximal. L'ingénieur qui


devra vérifier la résistance de l'ouvrage pourra le
modifier afin de diminuer la contrainte aux nœuds de la
ferrure.

Maintenant, nous allons déterminer la longueur du


bras de soutien du conducteur 2 ou 3.
Nous avons :

(0,4 + L2 . cos 30°)2 + (L2 . sin 30°)2 = Eϕϕ2.

Comme nous avons choisi SL = 0,4 m, la distance


Eϕϕ change et vaut désormais 1,461 m.

D'où nous obtenons L2 = 1,10 m.


Nous constatons graphiquement que, même par
grand vent, le conducteur reste suffisamment éloigné de
la ferrure (de la masse).

Dans ce calcul, nous avons considéré un balourd


de 3,5 kg dans les conducteurs 2 et 3. Nous pourrions
nous en passer, ce qui diminuerait les contraintes dans
les bras de soutien. Tous calculs faits, L2 = 1,103 m : 3
mm de plus pour une réduction de poids de 4 kg !

Maintenant que nous avons déterminé tous les


paramètres du pylône, nous pouvons en dessiner le
gabarit. Figure 6.13

Il nous semble nécessaire de rappeler dans quelles conditions nous déterminons le


gabarit du pylône : nous voulons obtenir une ébauche, un modèle très primitif mais suffisant
pour notre étude. Ce gabarit devra être retravaillé par exemple via des programmes de
Résistance des Matériaux ou d'éléments finis.

Page 6.30
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Pylône d'ancrage et d'arrêt :

Pour le pylône d'ancrage (et d'arrêt), nous allons nous inspirer des pylônes 15 kV.
Cependant, il en existe de nombreux modèles. Nous allons donc en choisir un qui ne soit pas
trop difficile à étudier, tout en conservant des paramètres obtenus précédemment lors de
l'étude du pylône d'alignement.
Pour conserver un gabarit très général, nous allons nous limiter à déterminer quelques
paramètres, ceci afin de donner des exemples de calculs.

Nous allons conserver la disposition nappe-voûte ainsi que les distances entre
conducteurs obtenues dans le calcul du gabarit des pylônes d'alignement, ainsi que la distance
SL.

Nous devons déterminer


l'angle que fait l'isolateur avec
l'horizontale. Pour cela, nous
cherchons la valeur de la
dérivée de l'équation
"chaînette" du conducteur. A
l'encastrement, elle vaut
6,60.10-2 = tg(α4) donc :

α4 = 3,78°

Nous augmenterons SL
de 5 cm afin de laisser 8 cm
libres pour d’éventuels organes
de fixation.

Calculons la longueur du
fil dérivateur OB :

L3 . cos(α4) ≥ EϕN
⇒ L3 ≥ 0,241 m.

Nous devons tenir


compte du vent :
L3 . cos(55,7°) ≥ EϕN,
⇒L3 ≥ 0,426 m.
Figure 6.14

La tension qui règne dans le fil dérivateur est obtenue via le facteur ‘a’ de l'équation de
la chaînette. Elle vaut 2,20 N. La longueur approximative est dès lors très facilement
calculable :
0 , 45 2
 x
Longueur = ∫
− 0 , 45
1 +   dx = 1,44 m
a

Remarquons qu'il suffit d'ajouter un petit balourd à ce fil dérivateur pour pouvoir
augmenter la sécurité.

Page 6.31
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Pour que le conducteur 1 puisse


passer d'un canton de pose à l'autre, il faut
soit le faire passer sur le côté (entre les
conducteurs 2 et 3), soit le faire passer par
au-dessus du pylône. Dans les deux cas,
une chaîne d'isolation supplémentaire est
requise. En observant les modèles 15 kV,
nous constatons que cet isolateur a une
forme spéciale. Il est difficile de
déterminer la géométrie de cette partie car
trop d'éléments interviennent : bagues,
Figure 6.15 fusibles, etc.

Vu le prix de la chaîne d'ancrage, il est probable qu'elle consiste en deux isolateurs en


parallèle au lieu d'un seul.

Voici un schéma de ce que nous faisons en 15 kV :

Figure 6.16

Pylône d'angle :

Le pylône d'angle couramment utilisé en 15 kV est du même type que le pylône


d'alignement. Cependant, en 15 kV, la distance EϕN n'est que de 10 cm, tandis qu'elle est de
24 cm dans notre cas, et il est plus difficile de la respecter en 36 kV.
Il existe un autre modèle de pylône d'angle '15 kV', semblable au précédent pylône
d'ancrage. Nous avons alors repris ce modèle comme pylône d'angle, avec quelques petites
modifications.

Page 6.32
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

La distance ‘L4’ va dépendre de l'angle


que le pylône doit supporter. Par souci de
symétrie, nous placerons le pylône à la moitié de
l'angle. Nous avons :
2
 1,355507 
2
(
L + 55,1662 ⋅ 10
4 )
−2 2
= 
 cos 15° 
⇒ L4 = 1,2934 m
Cependant, ‘L4’ va dépendre de l'angle.
Soit nous le prenons associé à 30° et nous
acceptons que la tension mécanique varie
légèrement dans les conducteurs, soit nous
recalculons ‘L4’ pour chaque angle et alors il
faut prévoir, par exemple, un système de rails
permettant de déplacer l'ancrage des isolateurs le
long des bras de la ferrure.

Figure 6.17

Calcul des efforts en tête :

M1 = moment dû au poids propre de l'ensemble formé par les conducteurs, les


chaînes d'isolateurs et la ferrure ;
M2 = moment dû à la force aérodynamique du vent s'exerçant sur les
conducteurs ;
M3 = moment dû à la force aérodynamique appliquée de façon répartie sur le
support.

Les efforts de tête sont différents selon que nous considérons un pylône d’alignement,
d’angle ou d’ancrage.
Pour obtenir l'effort en tête, il suffit de diviser le moment résultant par la hauteur, à
savoir 9,95 m.

Pylône d’alignement :

M1 = 0
M2 = Fl . Pmoy. (somme des hauteurs d'accrochage des conducteurs)
= 12,6. 160. (9,95 + 9,4 + 9,4)
9 , 95
M3 = ∫C
0
x ,pylône ⋅ q pylône ⋅ A pylône ⋅ dz

= Cx pylône . qpylône . 0,3 . 0,5 . 9,952


Avec nos valeurs de Cx pylône et qpylône, nous déterminons rapidement l'effort en tête :
E1 = 7 490 N.

Page 6.33
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Pylône d’ancrage :

M1 = 0
M2 = 12,6 . 160 . (9,95 + 9,4 + 9,4)
M3 = Cx pylône . qpylône . 0,3 . 0,5 . 9,952

Ici, nous devons en plus tenir compte du moment longitudinal engendré par la traction
maximale dans les conducteurs :
M4 = TMAX . (9,95 + 9,4 + 9,4).

Ce qui est gênant, c'est que les efforts sont perpendiculaires et, pour être rigoureux,
nous devrions les combiner en utilisant le cercle de Mohr. Mais, vu les faibles valeurs de M2
2
et M3, nous nous limiterons à les combiner comme ceci7 : M TOTAL = M 24 + ( M 2 + M 3 )
L'effort en tête vaut alors : E2 = 99 000 N

Pylône d’angle :

M1 = 0
M2 = [2 Fl Pmoy cos(β/2) + 2. TMAX sin(β/2)].(9,95 + 9,4 + 9,4)
M3 = Cx pylône . qpylône . 0,3 . 0,5 . 9,952
Avec nos valeurs de Cx pylône et qpylône, l'effort en tête vaut :
E3 = 64 000 N

Evaluation du coût des supports :

Avec une portée moyenne de 160 m pour une ligne de 35 km de long, nous nous
attendons à obtenir à peu près 219 pylônes, dont 175 d'alignement, 22 d'ancrage (et d'arrêt) et
22 d'angle. Nous avons fait l'hypothèse que les portées étaient non dénivelées.
La fonction coût du pylône s'exprime comme ceci :
-285,08 + 1,24 . h2,3 + 0,04 E
où ‘h’ est la hauteur du pylône [m] et ‘E’ l'effort en tête [N]. Nous supposons qu'elle
incorpore le coût des fondations. La fonction coût peut être obtenue, par exemple, par
régression des statistiques de Tractebel.

Pour un pylône d'alignement, nous avons, si nous ajoutons le prix des trois chaînes de
suspension :
-285,08 + 1,24 . 112,3 + 0,04 E1 + 3 . 297,47 = 1212 €.

Pour un pylône d'ancrage, si nous ajoutons le prix des six chaînes d'ancrage, plus
l'isolateur de la phase supérieure (considéré au même prix qu'une chaîne de suspension) :
-285,08 + 1,24 . 112,3 + 0,04 E2 + 6 . 495,79 + 1 . 297,47 = 7222 €.

Pour un pylône d'angle, nous avons, si nous ajoutons le prix des six chaînes de
suspension, plus une pour la phase supérieure :
-285,08 + 1,24 . 112,3 + 0,04 E3 + 7 . 297,47 = 4644 €.

7
Dans la majorité des cas, il est permis de négliger tout simplement les moments M2 et M3 vis à vis de M4.

Page 6.34
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Au total, les supports vont donc coûter : T2 = 175 . 1212 + 22 . 7222 + 22 . 4644 = 473
000 €, soit, un peu moins de 0,5 millions de €.

Dans ce coût, nous ne tenons pas compte des différents obstacles géographiques qui
modifient les proportions entre pylônes d'alignement, d'ancrage (et d'arrêt) et d'angle, ainsi
que la garde au sol. Nous oublions aussi de compter le prix de la ferrure.

Inductance linéique de la ligne :

Un calcul rapide nous donne R = 0,126 Ω/km et X = 0,32 Ω/km8.

Un calcul plus approfondi9 permet d'obtenir la valeur de X = ω.(Mp - Mm)


où MP = 9,472.10-7 H/m et Mm = -1,176.10-7 H/m, et donc X = 0,335 Ω/km.

Effet de couronne10 :

Nous vérifions que le champ superficiel reste bien inférieur à 18 kVeff/cm. Dans notre
cas, nos considérons un écartement entre phases de 1,457 mètres et un HMIN de 8,859 mètres.
Dès lors, EMAX vaut :
36
V 3
= = 3,7 kVeff/cm
 2⋅H   2 ⋅ 8,859 ⋅ 1,457 
MIN ⋅ EPH
r ⋅ ln  0,5 ⋅ 2,32 ⋅ ln 
 r ⋅ 4 ⋅ H 2 + EPH 2   −2 2 2 
 MIN   ⋅ 0,5 ⋅ 2,32 ⋅ 10 4 ⋅ 8,859 + 1,457 

Cette valeur est bien inférieure à 18 kVeff/cm. Nous pouvons ainsi considérer que l'effet de
couronne est négligeable.

C. Conclusion

Après toutes les hypothèses et simplifications que nous avons dû faire, il est évident que
le coût total de notre ligne est sous-évalué. De toute façon, notre but était d'évaluer
rapidement ce coût. Il se chiffre à :

T1 + T2 = (1,45 + 0,473).106 = 1,92 millions d’€, soit environ 2 millions d’€,


ce qui revient à ~55 k€par km de liaison.

8
X = ω.L où L=µ0/(2.π).ln(EPH/RMG), avec EPH espacement entre phases et RMG rayon géométrique moyen.
9
Voir problème n°1 de ce présent fascicule.
10
Extrait de : "Réseaux de Distribution de l'Energie Electrique - Considérations Technico-Economiques", Louis
MAESEN, ULg, 1990. Réf. Bibliothèque Montéfiore : T2-90-050.

Page 6.35
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

D. Evolution de la liaison aérienne

Dans le cas où nous devrions compter sur une durée de vie de 20 ans et avec une
augmentation annuelle de la consommation de 4 %...

La puissance que la ligne devra transiter alors sera de :


20
P20 = 10 ⋅ (1 + 4% ) = 21,9 MW
Le courant nominal qui correspondra à cette puissance est :
P 21,9 ⋅ 10 6
I N 20 = = = 390,4 A ,
3 ⋅ U ⋅ cos(ϕ) 3 ⋅ 36 ⋅ 103 ⋅ 0,9
donc, toutes les sections normalisées conviendront.

Le courant de court-circuit restera le même, donc Smin = 221,834 mm2.

Le critère de la chute de tension sera modifié car le courant nominal est plus important.
Pour la plus grande section proposée, la chute de tension sera beaucoup trop élevée (13,8 %).
Il vaudrait mieux, dans cette éventualité, prévoir un pylône à deux ternes dont un seul
terne est installé pendant les x premières années.

Page 6.36
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.4. Exercices proposés

6.4.1. Enoncé n°1

Dimensionner (choix de la section, gabarit du pylône) et évaluer le coût


d’investissement pour réaliser une jonction aérienne à 70kV en conducteur AMS (alliage Al,
Mg, SI ; ρAMS,20°C = 3,57.10-8 Ω.m ; α = 4.10-3 °C-1) de 50 km devant transiter une puissance
de 10MW (facteur de puissance 0,9 inductif).

Données du réseau :
Nous savons que la puissance de court-circuit à considérer ne dépassera jamais 1 GVA
pendant 0,3 secondes.

Contraintes électriques :
Nous autoriserons une chute de tension maximale de 10%.
Nous pouvons tabler sur une utilisation de 8000 heures par an à mi-charge.

Données économiques :
Les paramètres concernant le facteur d'actualisation sont les suivants : taux d'intérêt, i : 6% ;
augmentation annuelle de la puissance, a : 3,5% ; pourcentage d'accroissement du prix
du kWh, b : 2% ; nombre d'années, T : 20 ans.
Le prix du kWh de perte pour l'année 1 vaut 0,062 €/kWh.
Le coût du conducteur est de 4,96 €/kg (y compris le tirage)
Les accessoires coûtent 297,47 € pour une chaîne de suspension et 495,79 € pour une chaîne
d’ancrage.
Les pylônes coûtent (-285,08 + 1,24 . h2,3 + 0,04 . F) en € avec h la hauteur totale du poteau
(le sommet se situant au niveau du point d’accrochage des conducteurs sur les chaînes
de suspension) et F l’effort en tête (N).
Les pinces soutenant les câbles pèsent 9 kg/pince.

Données géographiques :
La ligne pourra être tirée avec une portée moyenne de 180m, avec 80% de pylônes
d’alignement, 10% de pylônes d’angle (30°) et 10% de pylônes d’arrêt.

Données météorologiques :
Les hypothèses à considérer seront les suivantes :
H1 : + 15°C et vent de force maximale normale ou exceptionnelle (été) ;
H2 : -15°C et vent de force réduite (hiver) ;
H3 : +70°C sans vent (canicule) ;
H4 : +15°C sans vent.

La zone est peu polluée.

Page 6.37
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Le vent à considérer sera de 35 m/s, ce qui correspond à une pression dynamique de base qb
de 800 N/m2. Les supports seront en béton précontraint (coefficient de traînée 2,1 ; largeur
d'un pylône : 50 cm ; q = 0,8 . qb). Les câbles sont torsadés (coefficient de traînée 1,45). Nous
considérerons une pression de ‘qb’ sur les câbles par vent de force maximale exceptionnelle et
de « 0,25 . qb » pour le vent de force réduite (force linéique = Cx . q . φ [N/m], où ‘Cx’ est le
coefficient de traînée, ‘q’ la pression considérée et ‘φ’ le diamètre du câble).

Nous demandons :

Le choix de la section : nominal, c-c (température de service environ 70°C, température


maximale environ 250°C), chute de tension, économique ; les tractions et flèches dans les
quatre hypothèses, l’espacement entre phases, le gabarit du pylône, une estimation de
l'inductance longitudinale de la ligne ainsi qu'une estimation de l'effet de couronne.

Equation de changement d’état :


p2 ⋅ S2 T
2 − − α ⋅ ϑ =cste
24 ⋅ T E ⋅A
où p est la charge linéique [N/m] dans le plan du câble ; S la portée [m] ; T la traction [N]
dans l’état considéré ; E le module d’élasticité [N/m2] ; A la section du câble [m2] ; α le
coefficient de dilatation thermique linéaire [°C-1] et ϑ la température de l’état considéré.
Nous déduirons de cette formule la portée critique pour laquelle la traction sera identique et
valant la valeur maximale pour les deux hypothèses de calcul (vent max., haute température et
vent réduit par basse température).

Nous considérons ‘X=0.4 Ω/km’ comme valeur de départ. Il n’est pas prévu de compensation
réactive.

Page 6.38
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.4.2. Enoncé n°2

Dimensionner (choix de la section, gabarit du pylône) et évaluer le coût


d’investissement pour réaliser une jonction aérienne à 150kV en conducteur AMS (alliage Al,
Mg, SI ; ρAMS,20°C = 3,57.10-8 Ω.m ; α = 4.10-3 °C-1) de 40 km devant transiter une puissance
de 60MW (facteur de puissance 0,85 inductif).

Données du réseau :
Nous savons que la puissance de court-circuit à considérer ne dépassera jamais 8 GVA
pendant 0,3 secondes.

Contraintes électriques :
Nous admettrons une chute de tension maximale de 8 %.
Nous pouvons tabler sur une utilisation de 8000 heures par an à mi-charge.

Données économiques :
Les paramètres concernant le facteur d'actualisation sont les suivants : taux d'intérêt, i : 9 % ;
augmentation annuelle de la puissance, a : 3,5 % ; pourcentage d'accroissement du prix
du kWh, b : 2 % ; nombre d'années, T : 25 ans.
Le prix du kWh de perte pour l'année 1 vaut 0,062 €/kWh.
Le coût du conducteur est de 4,96 €/kg (y compris le tirage).
Les accessoires coûtent 297,47 € pour une chaîne de suspension et 495,79 € pour une chaîne
d’ancrage.
Les pylônes coûtent (-285,08 + 1,24 . h2,3 + 0,04 . F) en € avec h la hauteur totale du poteau
(le sommet se situant au niveau du point d’accrochage des conducteurs sur les chaînes
de suspension) et F l’effort en tête (N).
Les pinces soutenant les câbles pèsent 9 kg/pince.

Données géographiques :
La ligne pourra être tirée avec une portée moyenne de 200m, avec 70% de pylônes
d’alignement, 15% de pylônes d’angle (30°) et 15% de pylônes d’arrêt.

Données météorologiques :
Les hypothèses à considérer seront les suivantes :
H1 : + 15°C et vent de force maximale normale ou exceptionnelle (été) ;
H2 : -15°C et vent de force réduite (hivers) ;
H3 : +70°C sans vent (canicule) ;
H4 : +15°C sans vent.

La zone est peu polluée.


Le vent à considérer sera de 35 m/s, ce qui correspond à une pression dynamique de base qb
de 800 N/m2. Les supports seront en béton précontraint (coefficient de traînée 2,1 ; largeur
d'un pylône : 50 cm ; q = 0,8 . qb). Les câbles sont torsadés (coefficient de traînée 1,45). Nous
considérerons une pression de qb sur les câbles par vent de force maximale exceptionnelle et

Page 6.39
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

de 0,25 qb pour le vent de force réduite (force linéique = Cx . q . φ [N/m] où Cx est le


coefficient de traînée, q la pression considérée et φ le diamètre du câble).

Nous demandons :

1. Le choix de la section : nominal, c-c (température de service environ 70°C, température


maximale environ 250°C), chute de tension, économique ; les tractions et flèches dans les
quatre hypothèses, l’espacement entre phases, le gabarit du pylône, une estimation de
l'inductance longitudinale de la ligne ainsi qu'une estimation de l'effet de couronne.
p2 ⋅ S2 T
Equation de changement d’état : 2 − − α ⋅ ϑ =cste
24 ⋅ T E⋅A
où p est la charge linéique [N/m] dans le plan du câble ; S la portée [m] ; T la traction [N]
dans l’état considéré ; E le module d’élasticité [N/m2] ; A la section du câble [m2] ; α le
coefficient de dilatation thermique linéaire [°C-1] et ϑ la température de l’état considéré.
Nous déduirons de cette formule la portée critique pour laquelle la traction sera identique
et valant la valeur maximale pour les deux hypothèses de calcul (vent max., haute
température et vent réduit par basse température).

Nous considérons ‘X=0.4 Ω/km’ comme valeur de départ. Il n’est pas prévu de
compensation réactive.

2. Échauffement des conducteurs en régime permanent (cfr. § 6.4.3).


Rechercher la puissance active admissible lorsque la température ambiante est de 20°C,
la température d’équilibre du câble étant de 70°C (effectuer les calculs pour un vent de
0,6 m/s).

3. Échauffement des conducteurs en régime de surcharge temporaire (cfr. § 6.4.3).


Nous avons une charge initiale de 14 MW (cosφ = 0,85), une température initiale de
40°C. A l’instant initial (t = 0s), nous avons une surcharge de 30 MW.

Représenter l’évolution de la température au cours du temps. En combien de temps la


température admissible de 75°C est-elle atteinte ?
Quelle serait l’influence d’une diminution de la vitesse du vent ?

Données supplémentaires : A = 0,5 ;


WS = 1000 W/m2 ;
E = 0,6 ;
ρ = 2700 kg/m3 ;
C = 900 J/kg.°C.

Page 6.40
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.4.3. Compléments de théorie …

Résistance en courant continu en fonction de la température :

La résistance linéique en courant continu en fonction de la température est donnée par la


formule : RDC (θ ) = RDC (20°C ) ⋅ [1 + α ⋅ (θ − 20)] [Ω/km],
où ‘α’ est le coefficient d’accroissement de la résistivité de l’aluminium en fonction de la
température (α = 4.10-3 °C-1), ‘RDC’ (20°C) la résistance en courant continu, donnée par le
constructeur, et ‘θ’ la température en °C.

Résistance en courant alternatif en fonction de la température :

En courant alternatif, la résistance linéique est fonction de la température et de la


fréquence (effet pelliculaire). Elle est proportionnelle11 à la résistance en courant continu :
RAC = K.RDC
où le coefficient de proportionnalité ‘K’ est donné par le tableau suivant, en fonction du
facteur
f ⋅µ
x = 5,013246 ⋅ 10 −2 ⋅
RDC
avec ‘f’ la fréquence à laquelle nous voulons calculer, ‘RAC’, ‘µ’ la perméabilité magnétique
relative du matériau (en pratique égale à l’unité sauf pour les matériaux ferromagnétiques) et
‘RDC’ la résistance en courant continu à la température à laquelle nous voulons calculer ‘RAC’.

Tableau 6.16 : Facteur de prop. entre RDC et RAC, en fct de la fréquence (z)

11
‘Standard Handbook for Electrical Engineers’, D. G. Fink & H. W. Beaty, 12th Edition, McGraw-Hill, 1987

Page 6.41
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

a) Echauffement des conducteurs en régime permanent

A chaque température d’équilibre du conducteur correspond une charge bien définie.


L’équation donnant l’intensité du courant en fonction de différents paramètres est la suivante
WC + WR − WI
pour un conducteur torsadé : i (θ 2 ) = ,
R
où R est la résistance en courant alternatif à la température d’équilibre θ2 et WC, WR, WI sont
donnés par les formules :

Wc = 8,55 ⋅ (θ 2 − θ 1 ) ⋅ (v ⋅ d ) 0, 448 [échange par convection] ;


4 4
WR = π ⋅ E ⋅ S ⋅ d ⋅ (θ 2 − θ 1 ) [échange par rayonnement] ;
W I = A ⋅ d ⋅ WS [apport de l’ensoleillement],

avec i : intensité du courant traversant le conducteur [A] ;


θ1 : température ambiante [K] ;
R : résistance linéique en courant alternatif du conducteur à la température θ2 [Ω/m] ;
θ2 : température finale du conducteur [K] ;
v : vitesse du vent [m/s] ;
d : diamètre du conducteur [m] ;
S : constante de Stefan (5,7.10-8 W/m2) ;
A : coefficient d’absorption solaire ;
WS : intensité des radiations solaires [W/m2] ;
E : pouvoir émissif du conducteur par rapport à un corps noir.

b) Echauffement des conducteurs en régime de surcharge temporaire

L’équation permettant d’étudier les surcharges temporaires s’écrit :



ρ ⋅ C ⋅ Sec ⋅ + WC + WR − WI = R ⋅ i 2
dt

où différents termes ont déjà été définis en a), et où ‘ρ’ est la masse volumique du conducteur,
en kg/m3, ‘C’ la chaleur spécifique, en J/kg.°C, et ‘Sec’ la section du conducteur, en m2.

Page 6.42
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.5. Annexe : tables techniques

6.5.1. Tableau de caractéristiques des conducteurs câblés


(Alliage d’aluminium, AMS, en fonction de la section)
.
Section Section Nombre Diamètre Diamètre extérieur Masse par km Masse de graisse Résistance Charge de Module Coefficient de Intensité de
nominale Théorique de fils nominal du conducteur de conducteur 12 par km de électrique par km rupture nominale d’élasticité du dilatation linéique courant
conducteur 13 de conducteur 14 du conducteur conducteur 15 du conducteur 16 admissible
mm2 mm2 mm mm kg/km kg/km Ω/km à 20°C daN N/mm2 10-6 K-1 A
35 34,36 7 2,5 7,50 94 5 0,967 1105 59000 23 10-6 180
55 54,55 7 3,15 9,45 149 8 0,609 1755 59000 23 10-6 240
95 93,27 19 2,5 12,5 257 5 0,358 3005 56000 23 10-6 340
117 116,99 19 2,8 14 322 7 0,286 3765 56000 23 10-6 385
148 148,07 19 3,15 15,75 407 8 0,226 4765 56000 23 10-6 450
153 152,81 19 3,2 16 421 9 0,218 4920 56000 23 10-6 460
182 181,62 37 2,5 17,50 501 14 0,184 5845 56000 23 10-6 510
198 197,96 37 2,61 18,3 546 15 0,169 6375 56000 23 10-6 535
210 210,28 37 2,69 18,85 579 16 0,159 6770 56000 23 10-6 560
228 227,83 37 2,8 19,6 627 17 0,147 7335 56000 23 10-6 585
248 247,77 37 2,92 20,45 682 19 0,135 7980 56000 23 10-6 620
265 265,04 37 3,02 21,15 731 20 0,127 8985 56000 23 10-6 645
288 288,35 37 3,15 22,05 795 22 0,116 9285 56000 23 10-6 680
298 297,57 37 3,2 22,4 819 22 0,112 9585 56000 23 10-6 695
313 312,64 37 3,28 22,95 859 24 0,107 10070 56000 23 10-6 715
318 318,38 37 3,31 23,2 878 24 0,105 10250 56000 23 10-6 720
366 366,23 37 3,55 24,85 1009 28 0,0913 11795 56000 23 10-6 790
446 445,68 61 3,05 27,45 1230 37 0,0752 14355 54000 23 10-6 895
475 475,38 61 3,15 28,35 1312 40 0,0705 15310 54000 23 10-6 925
570 570,24 61 3,45 31,05 1573 48 0,0588 18365 54000 23 10-6 1035
621 620,90 61 3,6 32,4 1713 52 0,0540 19995 54000 23 10-6 1095
709 709,17 91 3,15 34,65 1964 63 0,0474 22840 54000 23 10-6 1185
851 850,69 91 3,45 37,95 2356 76 0,0395 27390 54000 23 10-6 1330
926 926,27 91 3,6 39,6 2562 83 0,0636 29830 54000 23 10-6 1410

Tableau 6.17

12
Basé sur une masse volumique de 2,70 kg/dm3.
13
Toutes les couches graissées sauf la couche extérieure.
14
Résistance linéique.
15
Ces valeurs sont données à titre d’information et ne doivent pas être considérées comme des exigences d’essais.
16
Ces valeurs sont données à titre d’information et ne doivent pas être considérées comme des exigences d’essais.
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Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

6.5.2. Caractéristique de quelques lignes du réseau belge


(υ=50 Hz)

U S R X Y/2 Smax X/R c Imax δ


[kV] [mm2] [Ω
Ω/km] [Ω
Ω/km]
-6
[10 S/km] [MVA] 6
[10 m/s] [A] [A/mm2]
70 93 0,359 0,410 1,48 31 1,1 285,2 255,7 2,749
70 228 0,146 0,410 1,48 53 2,8 285,2 437,1 1,917
150 298 0,125 0,424 1,47 180 3,4 281,4 692,8 2,325
150 475 0,074 0,385 1,38 245 5,2 304,8 943,0 1,985
150 926 0,042 0,390 1,42 370 9,3 298,5 1424,1 1,538
câble 150 400 0,060 0,122 52,31 185 2,0 87,9 712,1 1,780
220 396 0,082 0,300 1,63 240 3,7 317,7 629,8 1,590
220 405 0,084 0,379 1,43 320 4,5 301,7 839,8 2,074
380 1240 0,030 0,300 1,72 1420 10,2 306,2 2157,5 1,740
Tableau 6.18 : influence du diélectrique : εdiélectrique = 3 . εair

PAGE 45
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

PAGE 46
7. ETUDES DES VIBRATIONS EOLIENNES
ET DE LA FATIGUE SUR UNE LIAISON
AÉRIENNE

1
Qu’est-ce qu’une vibration éolienne ? ................................................................................................................. 3

Vibrations éoliennes et fatigue ............................................................................................................................. 3

Etude quantitative des vibrations éoliennes et de la fatigue.............................................................................. 4

Application1-énoncé.............................................................................................................................................. 4
Question 1 .......................................................................................................................................................... 4
Question 2 .......................................................................................................................................................... 4
Question 3 .......................................................................................................................................................... 6

Application 1-Resolution ...................................................................................................................................... 7


Question1- Courbes de fatigue ........................................................................................................................... 7
Question1- Calcul de la contrainte fictive équivalente....................................................................................... 7
Question 1- Calcul de dommage à l’aide de la loi de Miner Palmgren .............................................................. 7
Question2- Les vibrations qui contribuent le plus au dommage ........................................................................ 8
Question2- Puissance injectée par le vent versus puissance dissipée par le conducteur sans amortisseur à 20Hz
............................................................................................................................................................................ 9
Question2- Les courbes de rigidité et de phase d’un amortisseur .................................................................... 10
Question2- Introduction d’amortisseur(s) de type « 1 » ................................................................................... 11
Question2- Introduction d’amortisseur(s) de type 2 ......................................................................................... 14
Question2- Vérification de la durée de vie de la ligne et choix final ............................................................... 17
Question2- Discussion et choix final................................................................................................................ 18
Question 3 Choisir l’emplacement des amortisseurs........................................................................................ 19

Application 2-Enoncé.......................................................................................................................................... 20

References ............................................................................................................................................................ 21

Annexe Transparents du cours sur la fatigue des conducteurs....................................................................... 21

2
Qu’est-ce qu’une vibration éolienne ?

Les lignes électriques aériennes sont constamment soumises à l’action du vent. Sous certaines
conditions, l’interaction entre ce fluide et le conducteur conduit à des détachements alternés
de tourbillons dits de Von Karman, qui sont à l’origine des vibrations éoliennes. Le
mouvement du conducteur qui en résulte a lieu dans un plan perpendiculaire à l’action du vent
(si le vent souffle horizontalement, le conducteur vibre verticalement). Il existe une relation
entre vitesse du vent v [m/s], diamètre du conducteur d [m] et fréquence de détachement des
tourbillons (f [Hz]) [epri2006]:
Sv
f =
d

où S est le nombre de Strouhal, qui vaut environ 0.18 [epri2006].

Les conditions sous lesquelles se produisent les vibrations éoliennes sont les
suivantes [epri2006]:
• Vent de 1 à 7m/s,
• Fréquences de 1 à 200Hz,
• Amplitudes de l’ordre du diamètre du conducteur.
L’apparition d’un détachement alterné de tourbillons est d’autant plus favorisée qu’il y a peu
de turbulence.
La puissance qu’un conducteur peut dissiper par unité de longueur est d’autant plus faible que
sa traction est élevée. Il est utile de préciser que dans la réalité, la tension dans le conducteur
va continuellement varier. Elle sera maximale pendant les nuits froides de l’hiver. Dans
[epri2006], on peut voir en exemple le cas d’un conducteur Drake ACSR d’une portée de
200m dont la traction augmente de 50% (elle passe de 31 à 42kN) suite à une chute de
température de +10 à -20°C.

Vibrations éoliennes et fatigue

La fatigue des lignes aériennes résulte de la présence de vibrations, et principalement de


vibrations éoliennes. A cause de la précontrainte du conducteur, les couches de brins sont
écrasées les unes sur les autres. A tous les endroits où le mouvement du conducteur est
entravé (pince de suspension par exemple), la flexion alternée va créer un frottement répété
soit entre les couches des brins soit entre brins et pince. La répétition de ce frottement sur un
grand nombre de cycles va engendrer des fissures qui peuvent évoluer vers une rupture de
brin. Si aucune mesure n’est prise pour protéger le conducteur, le phénomène peut évoluer
jusqu’à la rupture du conducteur. Dans ce cas, c’est une ligne de transport d’énergie qui est
perdue pour l’utilisation du réseau. Dans le métier, on dit que l’on se trouve dans un état de
contingence. La situation peut alors évoluer vers des déclenchements en cascade de lignes et
un blackout [Azevedo2002]. Le risque potentiel qu’amène la fatigue est donc très important.
On comprend donc tout l’intérêt qu’il y a à étudier, comprendre et essayer de contrôler ce
phénomène.

3
Etude quantitative des vibrations éoliennes et de la fatigue

La méthode généralement utilisée pour quantifier les vibrations éoliennes et la fatigue est
expliquée dans le fichier « vibreole.pdf ». Nous allons illustrer son application dans la suite du
document.

Application1-énoncé

Une entreprise ayant dans ses actifs une ligne aérienne de transport de l’électricité de 150kV
fait appel à vous pour évaluer le risque d’apparition de fatigue sur cette ligne.
A partir de mesures réalisées sur site à l’aide d’un nouveau type d’appareil sur une des portées
de la ligne, on a pu extrapoler pour une année la matrice donnant le nombre de cycles à une
intensité fymax en fonction de la fréquence [Hz].

Frequences [Hz] fymax


<=20mm/s 20-40mm/s >40mm/s
0-5 11871194.9 0.0 0.0
5-10 29607684.1 0.0 0.0
10-15 75927439.5 53631286.6 180779.6
15-20 175075016.6 125340535.0 1285543.9
20-25 21392254.8 15265834.4 401732.5
25-30 20006277.7 0.0 0.0
30-35 4077584.7 0.0 0.0
>35 160693.0 0.0 0.0
Tableau 1 Matrice d’occurrence, nombre de cycles enregistrés sur une année
Les données du conducteur sont les suivantes :
Conducteur AMS621 (61 brins en alliage d’aluminium), brins de 3.6mm de diamètre,
diamètre extérieur de 32.4mm, masse linéique de 1.765kg/m, RTS=199.95kN.
On vous indique aussi que les portées de cette ligne ont toutes une longueur inférieure à
300m, que la turbulence mesurée sur site vaut 5%, et que le conducteur est tendu à 20% de sa
limite de rupture.

Question 1
On vous demande de montrer qu’un calcul de durée de vie en appliquant la loi de Miner
Palmgren conduit à une valeur inférieure à 10 ans. Comme expliqué dans la littérature, c’est le
minimum théorique de la rigidité en flexion du conducteur qui doit être pris en compte pour le
calcul de la contrainte fictive équivalente (voir vibreole.pdf). Cette valeur peut-être calculée
en sommant les rigidités en flexion individuelles des brins.
Rem. 1 : N’ayant pas à disposition de courbe de fatigue pour le système conducteur+pince,
on vous suggère d’utiliser la Cigré Safe Border Line

Question 2
On a à notre disposition deux modèles d’amortisseurs dont les caractéristiques sont données
dans la suite du document.
On vous demande de déterminer à l’aide de l’ « Energy Balance Principle» l’amortisseur le
plus adéquat pour atteindre l’objectif de durée de vie. Quel est le nombre d’amortisseurs à

4
introduire par portée pour que la durée de vie calculée par la loi de Miner Palmgren soit
supérieure à 10 ans ? (en introduisant le minimum théorique de la rigidité en flexion pour le
calcul). A votre avis, faut-il faire intervenir un (des) coefficient de sécurité dans vos calculs ?
Justifiez.

Rem. 2 : Dans [Cescotto1994], au chapitre 13 « Théorèmes énergétiques », on définit le


travail d’une force F(t) qui produit un déplacement cyclique Δ (t) de la manière suivante :
WEcycle = ∫ F (t )dΔ (t )
cycle

L’énergie dissipée par un amortisseur peut donc être visualisée en traçant sur un graphique la
force exercée par l’amortisseur et le déplacement à la pince de l’amortisseur. L’aire à
l’intérieur de la courbe représente le travail fourni. En tenant compte du déphasage entre force
et déplacement ( ϕ ), l’énergie dissipée par un amortisseur peut s’exprimer via la relation
suivante [Claren1969]:

Wdamper = πKu 2 sin(ϕ ) (Eq. 1)


où K est la raideur de l’amortisseur [N/m], u est l’amplitude de vibration mesurée à la pince
de l’amortisseur [m] et ϕ la phase entre force et déplacement. La dissipation maximale se
π
produit lorsque ϕ vaut .
2
Rem. 3 : la puissance dissipée par unité de longueur dans le conducteur en alliage
d’aluminium peut être estimée par la relation suivante, déduite d’essais en
laboratoire [Guérard2011]:

1 3
Pdiss = 113.8 * π 5 βγ 2 EI c12 (c 2 * N ) 0.5+δ 4
y max m 3 f 7 [W/m]
N


Pdiss est en [W/m]
c1=0.9 [adimensionnel]
c2=1[s²/(kg*m)]
β = 5 [kg*m²/s²]
γ = 5.8 [adimensionnel]
δ = 0.25 [adimensionnel]
EI = 1000 N.m²
N est la traction dans le conducteur [N]
y max est l’amplitude au ventre de vibration (0-crête)[m]
f est la fréquence [Hz]
m est la masse linéique [kg/m]

Rem. 4 : On estimera en première approximation que l’amplitude de vibration à la pince de


l’amortisseur vaut 50% de l’amplitude au ventre de vibration.

Rem. 5 : On modélisera la puissance injectée par le vent par le modèle de Rawlins (voir
document en pièce jointe extrait de [Rawlins1998]).

5
Rem. 6: le comportement de l’amortisseur est non linéaire et la vitesse en mm/s qui apparaît
sur les courbes est définie comme f*ymax, en [mm/s]

Question 3

A votre avis, à quelle distance de la pince de suspension faut-il placer le (les) amortisseur(s) ?
Expliquer

6
Application 1-Resolution
Question1- Courbes de fatigue
Les courbes de fatigue du système « conducteur+pinces » de cette ligne n’étant pas
disponibles, nous utiliserons la Cigré Safe Border Line [Cigre1988].
Cette courbe dérive de nombreux essais réalisés en laboratoire. Elle exprime une limite
inférieure conservative du nombre de cycles admissibles en fonction de l’ « amplitude de
sollicitation ». Cette dernière est généralement exprimée en fonction d’une grandeur
intermédiaire, appelée contrainte fictive σ a et définie dans « vibreole.pdf ».

Question1- Calcul de la contrainte fictive équivalente


La rigidité en flexion d’un conducteur varie en fonction de la courbure du conducteur. Il est
admis dans la littérature que cette valeur est comprise entre un maximum et un minimum
[epri2006]. Cette dernière valeur est obtenue en considérant la somme des rigidités en flexion
πd 4
de chacun des brins. Sachant qu’un brin a une inertie flexionnelle I = [m^ 4] , on en déduit
64
une rigidité en flexion minimale égale à environ 35N.m². Cette valeur permet de calculer la
contrainte fictive équivalente, grâce à la formule donnée au transparent 15 de « vibreole.pdf ».

Question 1- Calcul de dommage à l’aide de la loi de Miner Palmgren

Les amplitudes de vibrations sont définies par gamme (fymax allant de 0-20mm/s, de 20 à
40mm/s…). Pour une approche sécuritaire, on considère le maximum de l’intervalle en
question. Dans le cas du troisième intervalle (>40mm/s), on sait d’une part que les amplitudes
maximales des vibrations éoliennes sont de l’ordre du diamètre du conducteur et d’autre part
que ces maxima se produisent à basse fréquence (O.G. : quelques Hertz, voir par exemple
diapositive 24 de «vibreole.pdf »). Il semble donc réaliste de considérer un fymax maximum
de l’ordre de 100 mm/s.
La correspondance entre amplitude de vibration, contrainte fictive, nombre de cycles
admissibles et dommage est la suivante :

Gamme 1 Gamme 2 Gamme3


fymax <=20mm/s 20-40mm/s >40mm/s
Contrainte fictive 3.1 6.2 15.6
[N/m²]
Nombre de cycles 2.15421E+11 3.65194E+09 2.01711E+07
admissibles (Ni)

Dommage (ni/Ni) 1.58E-03 5.35E-02 9.32E-02

Figure 0-1Equivalence entre contrainte fictive, nombre de cycles admissible et dommage

A partir des données de ce tableau, on déduit une durée de vie de l’ordre de 6 ans, donc
inférieure à 10 ans.

7
Question2- Les vibrations qui contribuent le plus au dommage
On peut calculer la contribution au dommage (ni/Ni) en fonction de la gamme de fréquence
ou de la gamme d’amplitude. Ces résultats sont visibles à la figure 1 et 2.

Contribution au dommage en fonction de la gamme de fréquence

20-25Hz' 10-15Hz'
16% 16%

0-5Hz'
5-10Hz'
10-15Hz'
15-20Hz'
20-25Hz'
25-30Hz'
30-35Hz'
40Hz et plus'

15-20Hz'
68%

Figure 0-2 Contribution au dommage en fonction de la gamme de fréquence

Contribution au dommage en fonction de la gamme d'amplitude

1%

36%

Gamme 1
Gamme 2
Gamme 3

63%

Figure 0-3 Contribution au dommage en fonction de la gamme d'amplitude

8
L’analyse des deux graphiques nous permet de conclure que la durée de vie de la ligne est
largement altérée par les vibrations de fréquence 15-20Hz, les vibrations les plus dangereuses
étant celles de la gamme d’amplitude 3 (fymax>40mm/s).
C’est donc en priorité à ces vibrations qu’il faut s’attaquer pour augmenter la durée de vie de
la ligne.

Question2- Puissance injectée par le vent versus puissance dissipée par


le conducteur sans amortisseur à 20Hz

A 20 Hz, sans amortisseur, la puissance injectée par le vent calculée d’après le modèle de
Rawlins excède celle que le conducteur est capable de dissiper. Sur le graphique,
l’intersection entre puissance injectée et puissance dissipée par le conducteur ne se produit
que pour un rapport amplitude sur diamètre proche de 0.6. L’amplitude maximum de
vibration fymax prédite par l’Energy Balance Principle est donc largement supérieure à
40mm/s. La turbulence considérée est de 5%, identique à celle mesurée sur site.

Figure 0-4 Puissance injectée versus puissance dissipée à 20Hz, sans amortisseur

9
Question2- Les courbes de rigidité et de phase d’un amortisseur

La réponse d’un amortisseur est souvent décrite par des courbes montrant sa rigidité et sa
phase en fonction de la fréquence (voir par exemple la figure 5). Ces courbes permettent déjà
de juger de manière qualitative de l’adéquation d’un amortisseur avec la gamme de vibrations
à amortir.
Dans la gamme de fréquences à amortir, on évitera un pic trop étroit de rigidité en flexion
dynamique. D’une part parce qu’une valeur très élevée de rigidité se traduit par une difficulté
de mettre en mouvement l’amortisseur. En pratique, cela pourrait conduire à forcer un nœud
de vibration, ce qui certes ne permet pas de dissiper de l’énergie, mais est surtout
potentiellement dommageable pour le conducteur. D’autre part, qui dit pic très étroit, dit aussi
plage de fréquences protégées très (voire trop) étroite.

Si la rigidité en flexion dynamique d’un amortisseur est quasi nulle entre deux pics, on évitera
bien entendu de l’utiliser dans la plage de fréquences correspondante. Physiquement, une
rigidité proche de zéro signifie que l’amortisseur est très facile à mettre en mouvement. Dans
ce cas, l’équation 1 nous indique que l’énergie dissipée par l’amortisseur et donc sa capacité à
atténuer des vibrations éoliennes sont faibles.

Le choix d’un amortisseur a d’autant plus de chances d’être le bon que sa courbe de rigidité
dynamique présente un bon compromis entre les deux situations décrites précédemment (ni
nulle ni excessivement élevée).

L’équation (1) nous rappelle aussi que l’énergie dissipée est fonction du sinus de l’angle entre
force et déplacement. Comme on le montrera dans la section suivante, un déphasage proche
de zéro conduira à un amortissement proche de zéro. A éviter donc dans la gamme de
fréquences que l’on souhaite amortir.

10
Figure 0-5 Réponse d’un amortisseur en fonction de fymax [Cigré2005]

Question2- Introduction d’amortisseur(s) de type « 1 »

Le comportement de cet amortisseur est décrit à la figure 5. Autour de 20Hz, lorsque


l’amplitude de vibration passe de 4 à 40mm/s, la rigidité de l’amortisseur est comprise entre
50000 et 200000 [N/m], tandis que sa phase varie entre – une fraction de radian et-2 radians. 4
hypothèses de fonctionnement plausibles ont été considérées pour prendre en compte la non
linéarité de l’amortisseur:
1. Hyp. 1 : f=20Hz, F=50000N/m et phase=-0.01 rad (amplitude de vibration fymax de
l’ordre de 4mm/s)
2. Hyp. 2 : f=20Hz, F=200000N/m et phase=-2radians (amplitude de vibration fymax de
l’ordre de 40mm/s)

11
3. Hyp. 3 : f=15Hz, F=5000N/m et phase=-2.5radians (amplitude de vibration fymax de
l’ordre de 4mm/s)
4. Hyp. 4 : f=15Hz, F=50000N/m et phase=-0.25radians (amplitude de vibration fymax
de l’ordre de 40mm/s)
Introduisons un amortisseur sur la portée. On supposera aussi, comme indiqué dans l’énoncé,
que l’amplitude de vibration à la pince de l’amortisseur vaut 50% de ymax.

Pour les hypothèses 2 et 4, la puissance dissipée supplémentaire apportée par un amortisseur


suffit à absorber la puissance injectée par le vent.
Pour l’hypothèse 3, l’intersection entre les courbes de puissance injectée et dissipée se produit
pour fymax proche de 20mm/s (voir figure 6). Pour l’hypothèse 1, les amplitudes de vibration
prédites par l’EBP correspondent à A/d proche de 0.5, soit fymax largement supérieures à
40mm/s. Les amplitudes d’intersection des courbes de puissance diffèrent fortement de celles
des hypothèses. De plus, on ne connaît pas les courbes de rigidité et de phase de l’amortisseur
à de telles amplitudes. On ne peut donc garantir une protection adéquate avec 1 seul
amortisseur de type 1.

Figure 0-6 Puissances injectée et dissipée avec un amortisseur de type 1, quatre hypothèses sont
considérées

12
Voyons comment évolue la situation en introduisant deux amortisseurs sur cette portée.
Cette fois, seule l’hypothèse 1 pose encore problème. Le système ne parvient pas à dissiper
suffisamment d’énergie (voir figure 7).

Figure 0-7 Puissances injectée et dissipée avec deux amortisseurs de type 1, quatre hypothèses sont
considérées

13
Question2- Introduction d’amortisseur(s) de type 2

Les courbes de cet amortisseur ont été mesurées par B. Godard (ULg) et V2i. Elles font
l’objet d’un rapport interne. Le comportement de cet amortisseur est représenté à la figure 8.
Les vitesses auxquelles a été testé l’amortisseur correspondent à des amplitudes fymax de
l’ordre 8, 16 et 32mm/s respectivement.
Pour prendre en compte le comportement non linéaire de l’amortisseur, on définira encore 4
hypothèses :

1. Hyp. 1 : f=20Hz, F=11000N/m et phase=40° (amplitude de vibration fymax de l’ordre


de 8mm/s)
2. Hyp. 2 : f=20Hz, F=5000N/m et phase=40° (amplitude de vibration fymax de l’ordre
de 32mm/s)
3. Hyp. 3 : f=15Hz, F=12000N/m et phase=70° (amplitude de vibration fymax de l’ordre
de 8mm/s)
4. Hyp. 4 : f=15Hz, F=6000N/m et phase=50° (amplitude de vibration fymax de l’ordre
de 32mm/s)

Comme le montre la figure 9, l’introduction d’un seul amortisseur conduit à des amplitudes de
vibrations telles que fymax est inférieur à 40mm/s.
L’introduction de deux amortisseurs conduit à des amplitudes de vibration inférieures à
20mm/s (voir figure 10).
L’amortisseur de type 2 est en meilleure adéquation avec l’objectif d’atténuer les
vibrations dans la gamme 15-20Hz.

14
Figure 0-6 Réponse d’un amortisseur de type 2 en fonction de la fréquence et de la vitesse à la pince de
l’amortisseur

15
Figure 0-9 Puissance injectée et dissipée avec un amortisseur de type 2, quatre hypothèses sont considérées

Figure 0-10 Puissance injectée et dissipée avec deux amortisseurs de type 2, quatre hypothèses sont
considérées

16
Question2- Vérification de la durée de vie de la ligne et choix final

On retiendra de l’analyses des amortisseurs de type 1 et 2 que :


• la non linéarité des amortisseurs a un impact considérable sur l’estimation de la
puissance dissipée par le conducteur,
• cette non linéarité a été prise en compte via 4 hypothèses ou scenarii de vibration,
• les résultats obtenus avec l’amortisseur de type 1 dans la plage de fréquences 15-20Hz
ne permettent pas de garantir la sécurité de la ligne.
• Avec un amortisseur de type 2, quelle que soit l’hypothèse, les vibrations sont
maintenues à une amplitude fymax inférieure à 40mm/s.
• Avec deux amortisseurs de type 2, quelle que soit l’hypothèse, les vibrations sont
maintenues à une amplitude fymax inférieure à 20mm/s.

Qu’advient-il de la durée de vie de la ligne si par un choix adéquat d’amortisseurs, on parvient


à maintenir fymax respectivement inférieur à 40mm/s ou 20mm/s dans la gamme de
fréquences 15-20Hz ?
L’introduction d’amortisseurs aura bien sur un impact favorable sur les autres gammes de
fréquences de vibration. Pour le connaître, il faudrait appliquer l’Energy Balance Principle
aux autres combinaisons (amplitude, fréquence).
Dans le cadre de cet exercice, on va juste vérifier si la durée de vie est supérieure à la
consigne de 10 ans demandée dans l’énoncée.

En limitant les amplitudes fymax à 40 mm/s dans la gamme 15-20Hz, la matrice de cycles
devient:

Frequences [Hz] fymax


<=20mm/s 20-40mm/s >40mm/s
0-5 11871194.9 0.0 0.0
5-10 29607684.1 0.0 0.0
10-15 75927439.5 53631286.6 180779.6
15-20 176174706 127421449 0
20-25 21392254.8 15265834.4 401732.5
25-30 20006277.7 0.0 0.0
30-35 4077584.7 0.0 0.0
>35 160693.0 0.0 0.0
Tableau 2 Matrice d’occurrence modifiée, fymax limité à 40mm/s dans la gamme 15-20Hz

On calcule un dommage égal à de l’ordre de 0.09, ce qui conduit à une durée de vie de l’ordre
de 11 ans.

En limitant les amplitudes fymax à 20 mm/s dans la gamme 15-20Hz, la matrice de cycles
devient:

Frequences [Hz] fymax


<=20mm/s 20-40mm/s >40mm/s
0-5 11871194.9 0.0 0.0
5-10 29607684.1 0.0 0.0

17
10-15 75927439.5 53631286.6 180779.6
15-20 303596154.3 0 0
20-25 21392254.8 15265834.4 401732.5
25-30 20006277.7 0.0 0.0
30-35 4077584.7 0.0 0.0
>35 160693.0 0.0 0.0
Tableau 2 Matrice d’occurrence modifiée, fymax limité à 20mm/s dans la gamme 15-20Hz

On calcule un dommage égal à de l’ordre de 0.056, ce qui conduit à une durée de vie
supérieure à 17 ans.

Question2- Discussion et choix final

Il existe de nombreuses limites à l’approche utilisée pour l’étude des vibrations éoliennes via
l’Energy Balance Principle et le calcul de la durée de vie. Certaines sont évoquées dans
« vibreole.pdf ».
En ce qui concerne la matrice d’occurrence en elle-même :
• Sur quelle période ont été réalisés les enregistrements ?
• Les mesures ont-elles été réalisées en continu ?
En effet, la sévérité des vibrations peut varier en fonction de la météo, de la saison d’un jour à
l’autre ou d’une heure à l’autre.
Pour la loi de Miner Palmgren :
• L’ordre d’application des sollicitations n’est pas pris en compte,
• L’impact d’amplitudes en-dessous de la limite d’endurance n’est pas pris en compte.
• La durée de vie est calculée en utilisant le dommage D. D’après Miner Palmgren, le
dommage survient lorsque D=Df=1. Or, il semble que cette approche soit discutable.
Dans la littérature (voir [Cardou]), on renseigne que Df peut varier entre 0.5 et 2.
• La Cigré safe border line, qui a été utilisée pour le calcul du nombre de cycles
admissible, peut conduire à une valeur conservative du nombre de cycles admissibles.
Pour l’Energy Balance Principle
• Ce modèle n’est pas capable de prendre en compte l’excitation simultanée de plusieurs
modes,
• Les données d’amortissement du conducteur et de puissance injectée par le vent sont
capitales, mais ces deux valeurs sont également difficiles à mesurer,
• Les mesures d’amortissement sont réalisées en laboratoire et ne permettent pas de
prendre en compte l’effet des extrémités de portée et les conditions réelles sur site
• L’effort axial dans le conducteur, que l’on a supposé égal à 20% RTS va
continuellement fluctuer. Comme expliqué dans les rappels, c’est lorsque la traction
est maximale que le conducteur dissipe le moins d’énergie. Ces épisodes se produisent
souvent en hiver, la nuit.
• Le comportement des différentes phases d’une même portée peut être différent…
Nous pourrions encore allonger cette liste.
Voici ce qu’il faut en conclure : que le calcul de la durée de vie d’un conducteur est une tâche
particulièrement complexe. La durée de vie calculée est entachée d’une incertitude
importante. Il est donc justifié de prévoir des coefficients de sécurité pour le choix du nombre
d’amortisseurs.

18
Compte tenu de ce qui précède, nous choisissons d’installer deux amortisseurs de type 2
par portée.

Question 3 Choisir l’emplacement des amortisseurs

L’équation 1 traduit le fait que plus l’amplitude de vibration à la pince de l’amortisseur est
élevée, plus l’énergie dissipée sera grande. On aura donc intérêt à placer l’amortisseur là où
l’amplitude de vibration est élevée.
Le choix de l’emplacement de l’amortisseur pour se protéger des vibrations éoliennes se fait
donc en fonction des modes de vibration du système étudié.
Or, l’installation sur une portée d’un amortisseur ou de tout autre équipement a un impact sur
les modes et fréquences propres de vibration.
On comprend dès lors la complexité du choix de l’emplacement des amortisseurs.
Idéalement, il est nécessaire de calculer les modes propres du système conducteur +
amortisseurs.
Dans [epri2006], on peut voir comment les formes des modes de vibration sont affectées par
l’introduction d’un amortisseur A ou B localisé à 50cm d’une extrémité. Dans le cas B,
l’amortisseur, trop difficile à mettre en mouvement force un nœud de vibration sur le
conducteur. Le choix de l’amortisseur B est donc à éviter.

Figure 0-9 Amplitude de vibration d’une système conducteur+amortisseur, zoom sur une extrémité de la
portée

19
Application 2-Enoncé
La matrice d’occurrence suivante a été relevée sur une portée d’une ligne équipée d’un
conducteur ACSR Curlew, dont les propriétés sont les suivantes : 1.9788kg/m, 591.4mm², 54
brins d’aluminium de diamètre 3.51mm, 7 brins d’acier de diamètre 3.51mm, diamètre
extérieur égal à 31.6mm, RTS=163.5kN [epri2006].

Le responsable des mesures indique que l’enregistreur utilisé pour cette campagne a réalisé
une mesure toutes les 15 minutes. Le chef de ce projet de recherche vous demande de
procéder à l’analyse des données. En particulier, il vous demande de déduire une matrice
d’occurrence de contraintes fictives puis d’estimer la durée de vie résiduelle de la portée en se
basant sur la Cigré safe border line.

Une autre ligne, cette fois équipée d’un conducteur ACSR Condor (voir propriétés dans le
tableau 2) passe à moins de 500 mètres du site où les mesures ont été effectuées. Cette
deuxième ligne est parallèle à la ligne équipée du conducteur Curlew. Le chef du projet de
recherche s’interroge et vous demande votre avis sur les points suivants: pourrait-on
extrapoler certains résultats obtenus sur la portée équipée de Curlew ? Sachant que le budget
initialement prévu pour les campagnes d’essais sur site étant pratiquement épuisé, que
proposeriez vous de faire/mesurer/vérifier à peu de frais pour essayer de prédire au mieux le
comportement vibratoire sur cette autre ligne ?

Amplitude Yb (micro-mètre, c-c)


Fréquence (Hz) 0-125 125-250 250-375 375-500 500-625 625-753 >753
0-2 1
2-5 49 3
5-10 591 219 7
10-15 737 342 9 2
15-20 1012 451 22 9 3 1
20-25 918 473 29 7 1
25-30 514 289 8
30-35 166 8 3
35-40 29 2
40-45 1
45-50
>50
Tableau 2 : Matrice d’occurrence, conducteur ACSR Curlew

20
References
[Azevedo2002] C.R.F. Azevedo, T. Cescon, “Failure analysis of aluminium cable steel
reinforced (ACSR) conductor of the transmission line crossing the Paraná
[Cardou] A. Cardou, L. Cloutier, S. Goudreau, “Fretting fatigue under spectrum loading-
application to overhead electrical conductors, a literature review”, Technical report, Gremca,
November 2002.
[Cescotto1994] S. Cescotto, Ch. Massonnet, « Mécanique des matériaux”, De Boeck
supérieur, 1994
[Cigré2005] Cigré WG11 B2 TF1, “Modelling of Aeolian Vibrations of a Single Conductor
plus Damper, Assessment of Technology”, Electra, vol. 223, December
[Claren1969] Claren et Diana 1969 : Claren R. and G. Diana 1969 a I “Mathematical Analysis
of Transmission Line Vibration”, IEEE Trans Power Appar Syst., vol. PAS-88 oo. 1741-71
[Guerard2011] S. Guérard, “Power Line Conductors, a Contribution to the Analysis of their
Dynamic Behaviour”, these de doctorat, Université de Liège, 2011
[epri2006] Epri, editor, “Transmission Line Reference Book”, Wind induced Conductor
Motion, Electric Power Research Institute, Palo Alto, California, United States, 2006.
[Cigre1988] Cigre SC22 WG04, « Endurance capability of conductors », Final Report, Paris,
1988.
[Rawlins1998] C.B. Rawlins, “Model of power imparted to a vibrating conductor under
turbulent wind”, Technical report, Technical note N°31, Alcoa 1998.

Annexe Transparents du cours sur la fatigue des conducteurs

Diapositive 1

Transport et Distribution de
l’Energie Electrique
Séance sur la fatigue des conducteurs

Novembre2011
ULg

Diapositive 2

21
Fatigue des conducteurs- structure
1. Introduction
2. Définition
3. Etude du phénomène
4. Limitations et incertitudes des méthodes
actuelles
5. Perspectives futures
6. Application

22
Diapositive 3

Fatigue des conducteurs


1. Introduction
Les conséquences de la fatigue
Une clame était placée en cet endroit
En janvier 2002, la (entretoise amortisseuse)
rupture par fatigue d’un
conducteur traversant le
« Rio Paraná » a
engendré un blackout
dans des états
du sud du Brésil,
plongeant 67 millions de
personnes dans le noir usure du
brin
(initialement
Rond)

Diapositive 4

Fatigue des conducteurs


1. Introduction
Les conséquences de la fatigue
Risque de rupture de brins, et si aucun remède n’est apporté, il y a risque
de rupture du conducteur, avec comme conséquence potentielle, le blackout

23
Diapositive 5

Fatigue des conducteurs


2. Définition
La fatigue des conducteurs est causée par la flexion alternée des conducteurs, là où leur
mouvement est entravé (pinces, clames d’amortisseurs, d’entretoises, parfois de boules
de balisage…)

Cependant, le phénomène n’est pas comparable à la fatigue de spécimens pleins

Il s’agit ici de « Fretting fatigue », qui prend place à la surface des brins à cause du micro-
glissement cyclique causé par le mouvement du conducteur, localisé aux points de
contact brin-brin et brin-clame [EPRI2006]

Diapositive 6

Fatigue des conducteurs


2.Définition- Fretting fatigue

Extrait de [EPRI2006]

24
Diapositive 7

Fatigue des conducteurs


2.Définition- Origines
La fatigue est principalement causée par les vibrations éoliennes
et dans une moindre mesure par le galop et les vibrations de sillage

Diapositive 8

Fatigue des conducteurs


2. Définition- Origines
Caractéristiques des vibrations éoliennes:

• Créées par des détachements de tourbillons de Von


Karman
• Par vent laminaire compris entre 1 et 7 m/s
• Ordre de grandeur de la vibration: de 0.01 à 1 diamètre
de conducteur
• Gamme de fréquence approximative: de 3 à 150Hz
• Sur conducteur nu ou uniformément chargé
• L’endommagement peut s’étaler sur quelques mois à
plusieurs années

25
Diapositive 9

Fatigue des conducteurs


3. Etude- les indicateurs de fatigue
Les indicateurs de fatigue les plus « utilisables »
en pratique sont

ymax: amplitude au ventre (0,cr) Yb: amplitude (cr,cr) mesurée à 89mm du


dernier point de contact avec la clame
métallique

Diapositive 10

Fatigue des conducteurs


3. Etude- les enregistreurs de vibrations
Dans le commerce, on trouve des « bending amplitude recorders »

Ex: Pavica

Qui mesurent Yb pendant quelques secondes toutes les 10-15’

(ces dispositifs fonctionnant sur batterie, afin de limiter leur


consommation d’énergie, on ne les laisse pas enregistrer en continu)

26
Diapositive 11

Fatigue des conducteurs


3. Etude- les enregistreurs de vibrations

[EPRI2006]

Les enregistreurs de vibrations comptabilisent dans une matrice d’occurrence


Les « Yb » mesurés (chaque ligne représente une gamme de fréquence et
chaque colonne une gamme d’amplitude)

Diapositive 12

Fatigue des conducteurs


3. Etude-estimation de la durée de vie
A partir des amplitudes mesurées, on calcule le dommage à l’aide de
« Miner’s cumulative damage law »

Nombre de cycles d’amplitude i sur 1 an


D
=Dommage cumulé
Nombre de cycles conduisant à la rupture
=1/durée de vie
pour l’amplitude i

Les « Ni » sont obtenus à partir de courbes de fatigue

27
Diapositive 13

Fatigue des conducteurs


3. Etude-Courbes de fatigue
Idéalement, des courbes de fatigues pour chaque combinaison
(conducteur+pinces) sont obtenues en laboratoire

Courtesy from EPRI’s Book


Fatigue stress

GREMCA’s lab (ULaval)

Le critère de ruine est la rupture de 3 brins Number


of cycles

Diapositive 14

Fatigue des conducteurs


3. Etude-Courbes de fatigue
Si aucune courbe de fatigue n’est disponible=> il reste la possibilité d’utiliser la
« Cigré Safe Border Line »

• déterminée à partir d’un nombre


important d’essais de fatigue
• limite inférieure (=>conservative)
du nombre de cycles admissible
pour différents niveaux de
contraintes

σ bF = C.N z
C=450 and z=-0.2 for N<=2*107 and
C=263 and z=-0.17 for N>=2*107

Attention, la contrainte est exprimée


en MPa

[Cigré1988]

28
Diapositive 15

Fatigue des conducteurs


3. Etude-Courbes de fatigue
Astuce pour le calcul de la durée de vie
Les courbes de fatigue renseignent souvent une contrainte fictive σa( fonction de
fymax ou de Yb) en fonction d’un nombre de cycles

Voici les formules permettant d’effectuer la conversion

m
σ a = πdEa fy max
EI

Avec x=89mm et
dE p 2 / 4
σ a = − px a Yb H
e − 1 + px p=
EI

Diapositive 16

Fatigue des conducteurs


3. Etude-Estimation de la durée de vie
Exemple extrait de Kiessling
Sera fait en classe

29
Diapositive 17

Fatigue des conducteurs


3. Etude- et s’il n’y a pas de données dispo?

=> Suivre les recommandations de la Cigré ou

Diapositive 18

Fatigue des conducteurs


3. Etude- et s’il n’y a pas de données dispo?
Si l’on connaît « le vent sur site » et l’amortissement du conducteur
=> Estimer les amplitudes maximales à l’aide de l’Energy Balance Principle (EBP)

Hypothèse: Puissance injectée par le vent=Puissance dissipée

Obtenue à partir d’essais en soufflerie Obtenue à partir d’essais sur portée de


laboratoire- mesure délicate à réaliser

=>l’amplitude au ventre A peut être déduite

Brika and Laneville 1995

30
Diapositive 19

Fatigue des conducteurs


4. Limitations et incertitudes de l’approche
actuelle
Ne sont pas pris en compte dans la loi de Miner:
- l’ordre « d’application » des amplitudes
- l’impact d’amplitudes en-dessous de la limite d’endurance

Les enregistreurs de Yb (bending amplitude) sont seulement actifs quelques


secondes toutes les 10-15 minutes=> de l’information vibratoire est perdue alors
que la sévérité des vibrations varie en permanence

Yb (bending amplitude) n’est pas un indicateur de fatigue applicable au cas des


clames AGS (« armor grip suspension »)

Des amortisseurs de vibration sont souvent placés aux extrémités de la portée.


Dans tel cas, la mesure de Yb derrière un amortisseur est-elle encore un choix
d’indicateur judicieux?

Diapositive 20

Fatigue des conducteurs


4. Limitations et incertitudes de l’approche
actuelle
• Plusieurs modes de vibrations peuvent être présents simultanément

• Or, les modèles basés sur l’Energy Balance Principle (EBP) ne sont pas
capables de prendre en compte l’excitation simultanée de plusieurs modes

• Les données sur l’amortissement du conducteur et sur la puissance injectée


par le vent sont d’une importance capitale, mais souvent difficiles à obtenir

• L’amortissement du conducteur est pris tel que mesuré en laboratoire; l’effet


des extrémités de la portée réelle (pylônes par exemple) n’est donc pas pris en
compte
• Les données de laboratoire présentent une certaine dispersion dans leur
évaluation

• Les conditions réelles sur site influencent la sévérité des vibrations

• Le comportement de différentes phases d’une même portée peut être différent

31
Diapositive 21

Fatigue des conducteurs


5. Perspectives futures
Modélisation

Objectifs
• Modéliser le comportement non linéaire des conducteurs (rigidité en flexion
variable, dissipation d’énergie…)
• Avoir un modèle réaliste pour le vent (avec des variations temporelles et
spatiales => excitation simultanée de plusieurs modes de vibration)
• Couplage entre fluide et structure

Il est probable que l’atteinte de ces objectifs nécessite encore de nombreuses


années de travail pour les équipes de chercheurs de par le monde…

Diapositive 22

Fatigue des conducteurs


5. Perspectives futures
Mesures sur site

Et si l’on utilisait ymax au lieu d’Yb pour les mesures sur site?

Opportunités
⇒ Possible de traiter le cas des clames AGS
⇒ Possible de traiter les cas où des amortisseurs sont placés en fin de portée,
⇒ Possible de traiter les cas où il y a des armatures sont placées aux sous les
pinces de suspension

32
Diapositive 23

Fatigue des conducteurs


5. Perspectives futures
Mesures sur site

Utilisation d’un dispositif de


surveillance en temps réel, capable de
mesurer les vibrations en continu

Opportunités
⇒ Prendre en compte le fait que la
sévérité des vibrations varie en
permanence
⇒ Si le « vent » est connu, peut
permettre de déterminer
l’amortissement du conducteur, et
cette fois, l’effet des extrémités de
la portée serait automatiquement
pris en compte

Diapositive 24

Fatigue des conducteurs


Exemple 5. Perspectives futures
Best fit for self damping properties Noiseux’s self damping estimation
Evaluated from on-site data
2
Antinode amplitude (Ymax) as a function of frequency, 5% turbulence
10
measured points
noiseux
1
10 best fit (l=2.3, m=5.5)

0
10
Ymax (mm)

-1
10

-2
10

-3
10

-4
10
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Frequency (Hz)
On-site antinode amplitudes
Effective damping properties can be evaluated thanks to on-site continuous
measurement

33
Diapositive 25

Fatigue des conducteurs


5. Perspectives futures
Mesures sur site

Nouvelle idée : développer une méthode originale basée sur une étude de
signature vibratoire pour détecter une rupture de brins

Une recherche sur ce thème est menée en collaboration entre ULg et ULaval
(Québec), et deux autres partenaires : Ireq et l’Université de Sherbrooke

34
Transport et distribution de l’énergie électrique-Tableau de pose

1 Courbe d’équilibre d’un conducteur


1.1 Equation d’équilibre et flèche d’un conducteur

La mécanique rationnelle nous apprend que l’équation d’équilibre d’un fil pesant inextensible est une chaı̂nette,
autrement dit un cosinus hyperbolique. Soient T la projection horizontale de la tension dans un conducteur et p
le poids linéique du conducteur sur une longueur de 1 mètre. On pose souvent P = Tp (m), P étant souvent appelé
”paramètre de chaı̂nette”, de facon à ce que l’équation de la chaı̂nette puisse s’écrire:
x
y = P cosh
P
dans le système d’axes (ox,oy) représenté à la figure 1.

Figure 1: Chaı̂nette

Pour des questions de facilité, on suppose souvent que la courbe d’équilibre d’un conducteur est une parabole.
Si l’on effectue un développement en série de la chaı̂nette jusqu’au deuxième terme, on obtient effectivement une
parabole. D’un point de vue physique, cette hypothèse revient à supposer que le poids d’un élément de câble ds
se confond avec celui de sa projection horizontale. L’équation de la parabole ainsi obtenue rapporté à son axe
vertical oy et à sa tangente au point bas est:

x2
y=
2P
En posant x = L2 dans l’équation précédente, on obtient que sous ces hypothèses, la flèche à mi portée pour une
portée de niveau vaut:
L2
f=
8P
L4 f
L’erreur ainsi commise a pour partie principale 384P 4 est tout à fait acceptable pour des rapports L faibles.

1.1.1 Exemples
• portée de 500m, P = 2000m
5002
f= = 15.625m
8 · 2000

1
5004
fchainette = f + = 15.645
384 · 20003
f
L’erreur commise par défaut est de 20mm (0.13% de la flèche). Le rapport L vaut ici 0.03.
• portée de 1000m, P = 2000m
10002
f= = 62.50m
8 · 2000
10004
fchainette = f + = 62.825
384 · 20003
L’erreur commise par défaut est de 325mm (moins de 0.5%de la flèche, mais quand même bien plus que le
f
diamètre du câble- voir tableau ci-dessous). Le rapport L vaut ici 0, 06.

Le tableau suivant illustre les caractéristiques des conducteurs en alliage d’aluminium couramment utilisés dans
notre pays.

Figure 2: Caractéristiques des conducteurs en alliage d’aluminium

2
1.2 longueur d’arc d’un conducteur
!
On obtient la longueur d’arc de chaı̂nette en intégrant l’élément différentiel de longueur d’arc ds = 1 + y ! 2 dx
L
sur la longueur de la portée, ce qui donne s = 2P sinh 2P . On retiendra comme valeur pour la longueur d’arc les
deux premiers termes du développement en série de la solution:

L3 8f 2
s=L+ 2
=L+
24P 3L

1.2.1 Exemple
Soit une portée telle que L=300m et P=1463.2m. La flèche de cette portée vaut alors 7.69m. La longueur d’arc
vaut alors
8 · 7.692
s = 300 + = 301.13m
3 · 300

2 Equation d’état
2.1 Généralités

Les expressions des flèche et longueur d’arc établies au paragraphe précédent ont été établies pour un conducteur
à l’équilibre, avec extrémités de niveau, soumis uniquement àl’action de son poids propre. Dans la réalité, il peut
aussi y avoir des dépôts de neige, de glace ou de pluie sur le conducteur, ainsi que l’action du vent. Pour en tenir
compte, on combine ces surcharges pour en déduire un poids apparent du conducteur.

Figure 3: poids apparent d’un conducteur

La force de traı̂née que le vent exerce sur le conducteur s’exprime par la relation suivante:
1
FD = ρair φCD V 2 .
2
Les différents facteurs intervenant dans l’expression précédente sont la masse volumique de l’air ρair = 1.2kg/m3,
le coefficient de traı̂née CD ∼
= 1.45 pour un ensemble de brins cylindriques et V qui est la vitesse relative du vent
par rapport au conducteur. Pour diminuer la résistance au vent d’un conducteur, on peut utiliser des conducteurs
dont la couche extérieure est plus lisse parce que ses brins sont en forme de Z; ces conducteurs s’appellent des
conducteurs ”aero-Z”. Grâce à la couche de brins en ”Z” à la surface du conducteur, on peut réduire le coefficient
de traı̂née jusque 0.6.
Penchons nous à présent sur la question de la longueur d’arc d’un conducteur. D’une manière générale, la longueur
d’arc d’un conducteur est fonction
• de la température du conducteur
• de la tension dans le conducteur,
• du poids apparent de ce conducteur,
• du fluage métallurgique du conducteur,

3
Figure 4: Conducteurs aero-Z, courtoisie de Nexans

• de l’allongement dû la mise en place des brins (ce phénomène est surtout présent durant une courte période
suivant la mise en place du conducteur).
Les deux derniers phénomènes conduisent à un allongement permanent du conducteur. La figure 1 montre qu’il
subsiste une déformation permanente après qu’un conducteur neuf ait été soumis à une tension mécanique crois-
sante (mise en place des brins après la pose du conducteur). Si en plus la charge appliquée est maintenue de manière
prolongée, l’élongation permanente se retrouve accrue d’une valeur qui dépend non seulement de la charge ap-
pliquée des caractéristiques du conducteur et de sa température, mais de sa durée d’application. C’est le fluage
métallurgique.

Figure 5: Elongation d’un conducteur en fonction de la charge applique

Il existe des formulations pour déterminer l’allongement inélastique des conducteurs, mais pour établir l’équation
d’état, on fait l’hypothèse que le conducteur a atteint son état final de fluage, quelques années après la mise en
service (le fluage très important directement après la pose, à cause de la mise en place des brins, décroit au cours
du temps). Evidemment, des surcharges temporaires du conducteur en cas de givre ou de glace vont fortement
influencer le fluage, mais ce sont des cas exceptionnels. On assimile généralement le fluage des conducteurs à un
échauffement fictif; un ordre de grandeur de 15◦ C est donné par Charles Avril ”Construction des Lignes Aériennes
Haute Tension”, éditions Eyrolles, pour un conducteur homogène en alliage d’aluminium. En pratique, cela signifie
que si l’on souhaite compenser le fluage d’un câble en alliage d’aluminium, on effectue le réglage de la tension de
pose à une température inférieure de 15◦ C à la température du conducteur.

4
2.2 Equation d’état

Supposons que l’on étudie une portée de niveau, dont les appuis sont rigoureusement fixes, et supposons que l’on
connaisse la température du conducteur , le poids apparent du conducteur et la tension du conducteur T1 dans un
état de base 1 (respectivement θ1 (K), p1 (N/m) et T1 (N )).
On veut déterminer quelle sera la tension dans le conducteur dans un autre état (2) caractérisé par une température
θ2 (K), et par un poids apparent p2 (N/m).
Pour ce faire, on sait que la longueur d’arc d’une portée de niveau (sous l’hypothèse d’un arc de forme parabolique)
s’écrit:
L3
s=L+
24P 2
T
si L est la longueur de la portée et P le rapport de la tension du conducteur sur son poids apparent: P = p.

Figure 6: Flèche (f), portée (L), longueur d’arc (s)

On écrit que la différence de longueur d’arc s2 − s1 entre l’état 2 et l’état 1 correspond la somme algébrique de:

• l’allongement élastique
T2 − T1
s1
ES
• et de l’allongement thermique
s1 α(θ2 − θ1 ),

où E est le module de young du conducteur (N/m2 ), α le coefficient de dilatation linéaire du conducteur ( m1K̇ ) et
S sa section.
Il vient:

p2 2 L 3 p1 2 L 3 T2 − T1
2 − = s1 + s1 α(θ2 − θ1 ).
24T2 24T12 ES
s1
En divisant les deux membres de l’équation par L, et en faisant l’hypothèse que L = 1, on obtient l’équation

d’état:

p2 2 L 2 T2 p1 2 L 2 T1
α(θ2 − θ1 ) = ( 2 − ES ) − ( − ).
24T2 24T1 2 ES
Cette équation est souvent écrite sous la forme suivante:

p2 L 2 T
2
− − αθ = a
24T ES
où a est une constante adimensionnelle. Lorsque l’on recherche T2 connaissant les conditions de l’état de référence
1, le problème consiste alors à trouver une solution l’ équation du troisième degré en T2 suivante:

p1 2 L 2 p2 2 L 2
T2 3 + T2 2 ( ES + α(θ 2 − θ 1 )ES − T 1 ) = ES
24T12 24

2.2.1 Exemples
Calculons l’extension l’allongement élastique d’un conducteur lorsqu’on applique une tension à ses extrémités. Le
conducteur est un AMS de section 228mm2. Les données relatives à ce conducteur se trouvent dans le tableau
indicé ”figure 2”. La longueur de la portée sur laquelle on installe ce conducteur vaut 300m, et la tension que l’on
applique à ses extrémités vaut 9000N. L’allongement mécanique correspondant vaudra:
TL 9000 · 300
= = 0.21m.
ES 5.6 · 1010 · 228 · 10−6

5
Le paramètre de chaı̂nette de la portée vaut:
9000
P = = 1463m
0.627 · g
Vu le paragraphe 1.2.1., la flèche de cette portée vaut 7.69m. On peut à présent calculer la longueur d’arc de la
portée:
8 · f2
s = 300 + = 300.53m
3L
La longueur hors tension mécanique nécessaire pour la pose vaut donc:

300.53 − 0.21 = 300.32

Calculons à présent l’allongement de ce conducteur sous l’effet d’un échauffement de 20◦ C. D’après le tableau
de données, le coefficient de dilatation linéaire vaut 23 · 10−6 (1/(m · K)). L’allongement du conducteur suite à
l’échauffement vaut donc:
23 · 10−6 · 20 · 300 = 0.14m
Sous l’action de la tension appliquée aux extrémités du conducteur et d’une augmentation de temprature de 20◦ C,
la flèche du conducteur passe de 7.69m à 8.68m.

2.3 Extension de l’ équation d’état

2.3.1 Canton de pose


Dans le paragraphe précédent, l équation d’état a été établie pour une portée simple dont les appuis sont rigoureuse-
ment fixes. En général, on a un canton de pose constitué d’une succession de portées entre chaı̂nes de suspension,
la longueur des portées variant sur le canton, les ancrages étant situés aux extrémités du canton. Dans ce cas,
les extrémités des chaı̂nes de suspension sont libres de se déplacer suite à des différences de tension entre portées
voisines. On montre qu’en introduisant la portée fictive de longueur
"
ΣL3
l=
ΣL
dans l’équation d’état, l’équation d’état reste valable pour calculer les variations de tension du canton. Démonstration
Exprimons que la différence du longueur du câble du canton entre deux états est la somme de l’allongement
élastique et de l’allongement thermique, en faisant comme hypothèse pour écrire ces deux derniers termes que l’on
peut assimiler la longueur du conducteur à la somme des longueurs des portées. Il vient:

p2 2 ΣL3 p1 2 ΣL3 T2 − T1
2 − = ΣL + ΣLα(θ2 − θ1 ).
24T2 24T1 2 ES

Divisant les deux membres de cette équation par ΣL, on obtient:

p2 2 ΣL3 p1 2 ΣL3 T2 − T1
2 − 2 = + α(θ2 − θ1 ).
24T2 ΣL 24T1 ΣL ES
En posant
ΣL3
= l2 ,
ΣL
on retrouve bien l’équation d’état.

2.3.2 canton avec portées dénivelées


Considérons tout d’abord une portée inclinée. Les paramètres utilisés dans la suite de ce paragraphe sont définis
à la figure 7. Pour obtenir une bonne approximation de la courbe d’équilibre de la portée inclinée, on peut
simplement considérer une chaı̂nette dont le point le plus bas coincide avec le point le plus bas de la portée. Si
X1 est l’abscisse du point le plus bas de la portée dans un système d’axes lié à l’éxtrémité de la portée (voir figure
7), on a comme courbe d’équilibre:
x − X1 X1
y = P (cosh − cosh )
P P

6
Figure 7: Portée inclinée

En développant en série la parabole précédente, et en se limitant aux deux premiers termes, on obtient la parabole
d’équilibre:

x2 L h
y= −( − )x
2P 2P L
Pour une portée inclinée on distinguera la flèche à mi-portée de la flèche au point le plus bas.
La flèche à mi-portée est obtenue en posant x = L2 dans l’équation précédente. On obtient le même résultat que
pour une portée de niveau:
a2
f=
8P
Remarquons que la dérivée de la parabole déquilibre en x = L2 vaut L h
et est donc parallèle à la droite joignant les
extrémités de la portée. Cette propriété est utilisée pour le réglage de la portée.
La flèche au point le plus bas est obtenue, comme on pouvait s’y attendre, en annulant la dérivée de l’équation
d’équilibre de la portée inclinée:
1 L Ph 2
f2 = ( − )
2P 2 L
Un raffinement de la méthode précédente consiste à appliquer le poids du câble sur la droite b qui joint les
extrémités de la portée, au lieu de le faire porter sur la projection horizontale de la portée. En clair, le poids
p
linéaire de la courbe devient cos(φ) (φ étant l’angle entre l’horizontale et la droite b), et donc le paramètre de
chaı̂nette devient P cos φ. En substituant P cos φ à P dans les équations précédentes, on obtient une meilleure
approximation des flèches à mi-portée et au point le plus bas.
Considérons maintenant les modifications à effectuer sur l’équation détat dans le cas d’un canton à portées
dénivelées. On montre que l’on peut réutiliser l’équation d’état pour calculer la tension du canton à condition
d’introduire la portée fictive:
#
ΣL3
l= 2 +b2
Σ( L 2L )
où L est la longueur horizontale de la portée et b la plus courte distance entre ses appuis.

3 Vibrations éoliennes
Les vibrations éoliennes sont des vibrations causées par des vents de vitesse comprise entre 0 et 7m/s. Elles
résultent du détachement alterné de tourbillons du dessus puis du dessous du conducteur. Ce détachement alterné
génère un déséquilibre de pression entre le dessus et le dessous du conducteur, poussant le conducteur à se mouvoir
successivement du bas vers le haut puis du haut vers le bas, perpendiculairement au flux d’air. La présence des
vibrations éoliennes est directement liée à l’apparition du phénomène de fatigue sur un conducteur, surtout sur ou
à proximité des clames de fixation.
Pour parvenir à respecter les distances suffisantes entre le conducteur et les obstacles, compte tenu des variations
possibles de température et du fluage du conducteur, il importe de le tendre d’une manière suffisante lors de la
pose. D’autre part, c’est un fait bien connu que les conducteurs toronnés deviennent plus sensibles aux vibrations
éoliennes lorsque la tension augmente. C’est parce que l’amortissement interne diminue quand la traction augmente
et comme l’amplitude de vibration résulte d’un bilan entre énergie apportée par le vent et dissipée par le conducteur,
plus la traction est élevée, moins il y aura d’auto-amortissement dans le conducteur et plus importante sera

7
l’amplitude de vibration. Ceci étant vrai à la fois pour les conducteurs simples ou pour les conducteurs en faisceaux.
Il importe donc de prévoir une limite supérieure à la tension des conducteurs sans surcharge. Voici quelques années,
la règle de bonne pratique consistait à limiter la tension dans le conducteur à 18% de la charge de rupture du
conducteur. Cette règle de bonne pratique ayant tout de même conduit à des ruptures par fatigue, des recherches
ont été menées pour trouver une règle plus pertinente. Finalement, c’est le paramètre de chaı̂nette du conducteur
qui a été retenu comme indicateur de risque de fatigue (pour rappel, le paramètre de chaı̂nette est le rapport entre
la tension horizontale dans un conducteur et son poids). A l’heure actuelle, pour le dimensionnement à la fatigue
des conducteurs, on dispose d’une série de tableaux, qui indiquent les zones de valeurs de tension conduisant à un
design sûr, en fonction du type de terrain, du type de conducteur (simple ou en faisceau), et en fonction du fait
que le conducteur soit amorti ou pas. A titre d’exemple, ci-dessous, une figure montre les zones de design sûr pour
un conducteur simple, situé sur un terrain plat et dégagé.

Figure 8: limitations de tension pour les conducteurs equipés d’amortisseurs

3.1 Exemple

Soit un conducteur en alliage d’aluminium de section 228mm2, dont le paramètre de chaı̂nette vaut 1500 et placé
sur une portée de 300m. Le paramètre LD
m vaut:

300 · 19.6 · 10−3 ∼


= 9.4(m3 /kg)
0.627
On voit que le conducteur se situe dans une zone où il faudra prévoir un système d’amortissement aux extrémités
de la portée.

4 Dimensionnement mécanique de la ligne


Les détails du dimensionnement d’une ligne sont expliqués dans le document suivant:
http://www.montefiore.ulg.ac.be/services/tde/new/pdf-cours/6.pdf
Voici les différentes étapes à suivre pour arriver à dimensionner une ligne.
• L’évaluation de la section de conducteur à placer est obtenue après vérification des critères de courant
nominal, de courant de court-circuit, de chute de tension et du critère économique.
• Une fois le rayon du conducteur connu, l’effet de couronne doit être vérifié, si nécessaire, on posera un faisceau
de conducteurs plutôt qu’un conducteur simple.
• Si l’on connaı̂t le matériau dans lequel la ligne sera réalisée, on connaı̂t aussi le poids de la ligne, mais aussi
la tension de rupture de celle-ci. Pour le dimensionnement d’une ligne aérienne, on prend un coefficient de
sécurité de 3, on limite ainsi la tension dans le conducteur à 13 de la tension de rupture:
1
Tmax = Trupt
3

8
• A présent que l’on connaı̂t la tension maximale, on peut calculer la longueur de la portée critique. Avant de
définir la portée critique, rappelons que l’ordre de grandeur des portée d’une ligne est choisi de manière à
minimiser le coût des pylônes. La portée fictive possédant une longueur égale à la longueur qui optimise le
coût des pylônes s’appelle la portée de réglage. On démontre que la longueur de la portée de réglage vaut:

ΣL3
Lrul =
ΣL
On peut donc dire que l’on connaı̂t approximativement la taille de la portée à dimensionner. Passons
maintenant à l’explication de ce qu’est la portée critique. La longueur de la portée critique peut être définie
de la manière suivante: cette longueur est telle que les portées de longueur inférieure à cette valeur seront
le plus sollicitées en hiver, lorsque par temps très froid la longueur d’arc du conducteur est faible, et donc
la tension au sein du conducteur très élevée, tandis que les portées de longueur supérieure à cette longueur
critique présentent une longueur d’arc plus élevée, offrant une plus grande prise au vent, conduisant à des
conditions plus critiques lorsque le vent souffle. Pour calculer la valeur de cette portée critique, on considère
que pour un état 1 dit ”hiver”, la tension maximale dans un portée de longueur Lcrit est atteinte pour une
température de Θete = 15◦ C et un vent de force maximale normale (ces conditions sont définies par des
normes et correspondent aux conditions critiques pour les longues portées). Ensuite, on considère que cette
portée de longueur Lcrit est soumise à une tension Tmax dans un état 2 dit ”hiver” tel que la vitesse du
vent est réduite et la température vaut Θhiver = −15◦ (ces conditions correspondent aux conditions critiques
pour une courte portée). L’équation détat écrite entre les états 1 et 2 de la portée critique nous permet de
déterminer la longueur critique:
#
2
24α(θete − θhiver )Tmax
Lcrit =
p2ete − p2hiver

Une fois la longueur critique connue, on sait sous quelles hypothèses calculer la constante de l’équation détat,
la tension étant Tmax (par exemple, conditions d’hiver pour une portée de longueur inférieure à Lcrit ).
• L’étape suivante consiste à déterminer la hauteur d’accrochage du conducteur au-dessus du sol, de facon
à respecter les distances de sécurité entre conducteur et le sol et tout obstacle éventuel (à ce sujet, voir le
paragraphe sur l’éxpérience ampacimon). Pour le calcul de la flèche maximale, on suppose que le conducteur
est soumis à des conditions de canicule telles que définies par les normes. L’équation d’état et la formule
de la flèche nous permettent de calculer respectivement la tension associée à des conditions de canicule et la
flèche maximale. Les normes définissent la valeur de la garde au sol à respecter; on y ajoute la valeur de la
flèche maximale pour obtenir la hauter à laquelle on doit fixer le conducteur. Le point correspondant à la
flèche maximale du conducteur sera le point de départ à l’établissement d’un tableau de pose du conducteur.
En effet, les conditions correspondant au jour de la pose du conducteur sont a priori inconnues. L’équipe
chargée de la mise en place de la ligne doit donc savoir à quelle tension soumettre le conducteur en fonction
de la température ambiante, ces valeurs étant souvent indiquées dans un tableau, le tableau de pose.
• L’étape suivante est la vérification de la ligne vis à vis des vibrations éoliennes (voir à ce sujet le point 3).
Si nécessaire, on envisage le placement d’un ou de plusieurs amortisseurs de vibrations.
• A ce stade, il reste à déterminer les distances entre phases et choisir les isolateurs pour éviter tout contourne-
ment de la chaı̂ne d’isolateurs (court-circuit phase terre), et tout court-circuit entre phases, en tenant compte
des possibilités de débattement des conducteurs (voir le cours théorique sur la coordination de l’isolement).On
positionne ensuite le câble de garde.
• La dernière étape est le choix du gabarit du pylône (en n’oubliant pas de prévoir un emplacement pour le
câble de garde).

4.1 Exercice de dimensionnement d’une ligne

Voir le point 6.3 du document


http://www.montefiore.ulg.ac.be/services/tde/new/pdf-cours/6.pdf

9
5 Application pratique-ampacimon
5.1 Introduction

A l’heure actuelle, la demande en électricité ne cesse d’augmenter. Pour s’adapter à cette demande, une aug-
mentation de la production d’électricité, ainsi que des capacités de transport et de distribution de cette énergie
est nécessaire. Alors que la construction d’un nouveau site de production d’énergie est relativement aisée, il est
de plus en plus difficile de parvenir à construire de nouvelles lignes électriques. En conséquence, les compagnies
d’électricité sont à la recherche de moyens pour maximiser la capacité de transport de leurs lignes électriques
tout en conservant les distances minimales par rapport au sol et la fiabilité mécanique des lignes. Un des moyens
possibles pour augmenter cette capacité est l’analyse dynamique de l’état thermique de la ligne. Le coût lié à cette
surveillance est nettement inférieur à celui engendré par la construction d’une nouvelle ligne haute tension. En
pratique, en optimisant l’utilisation des lignes, on ne va pas au-delà de la température maximale admissible, mais
on permet au conducteur de travailler à température maximale plus longtemps. Pour rappel, le fonctionnement de
la ligne est possible soit jusqu’à ce que la flèche de la ligne soit supérieure à une valeur acceptable soit jusqu’à ce
que la température de recuit du conducteur soit atteinte (la première des conditions vérifiées est contraignante).
En utilisant les systèmes de surveillance en temps réel, la capacité d’une ligne augmente en moyenne de 10 à 15%
Le respect des distances de sécurité entre le conducteur et les obstacles est primordial à la fois pour la sécurité des
personnes et la sécurité des équipements; aux Etats-Unis, la commission fédérale de de normalisation de l’énergie a
reconnu comme cause principale du blackout du 14 août 2003 une ”incapacité à maintenir un dégagement suffisant
entre la végétation située dans le corridor des lignes haute tension et la ligne haute tension”.

5.2 ampacimon

Ampacimon est un prototype de surveillance à placer directement sur la ligne électrique. Actuellement, le place-
ment d’un prototype s’effectue simplement en fixant le dispositif sur le câble, lorsque la ligne est mise à la terre,
par exemple à l’occasion d’un entretien annuel.
Ampacimon est le nom d’un ensemble de microsystèmes alimentés par soutirage direct d’une ligne haute tension,
grâce à un transformateur de courant. Le premier objectif du dispositif est l’évaluation de l’ampacité de la ligne sur
laquelle il est placé. Une connexion sans fil est établie entre le dispositif et la station de base située `a proximité, et
qui est elle-même connectée à un réseau, par exemple internet. Ce travail est basé sur les données enregistrées par
notre prototype actuel qui a été placé sur une ligne haute tension de 70kV de l’Association Liégeoise d’Electricité
qui relie Ans à Fooz via Hollogne. Le dispositif a été placé en juin 2004 sur le conducteur central de la portée
jouxtant le poste d’Ans où la station de base est établie. L’équipement installé sur cette version du prototype
comprend deux accéléromètres dont les axes sont situés dans un plan perpendiculaire à l’axe du câble, et un capteur
de température situé dans un boı̂tier proche du câble. Les données enregistrées par les deux accéléromètres sont
ensuite traitées en utilisant des transformées de Fourier, des ondelettes ou des techniques de matching pursuit ou
de Prony.
L’autre but que l’on souhaite atteindre grâce à ampacimon est lié à ses caractéristiques de fonctionnement. Les
informations concernant les fréquences de vibration du câble peuvent également être utiles pour un diagnostic
vibratoire du câble.

5.3 Calibration

Le mercredi 23 mars 2005, entre 15h30 et 17 heures, des mesures de la topographie de la ligne ont été réalisées en
collaboration avec le service de topographie de l’Université de Liège.
Lors de cette expédition, la longueur de la portée a été mesurée, ainsi que la dénivellation entre les ancrages et
les extrémités des chaı̂nes d’isolateurs pour les trois phases. Les mesures sont effectuées dans le système métrique
Lambert 72 et si l’on effectue une lecture de différentiels de cote (par exemple la différence d’altitude entre deux
points de la portée), la précision obtenue se chiffre à quelques millimètres.
Au moment de la calibration, la flèche mesurée par ampacimon était de 4.55m, tandis que la flèche mesurée grâce à
la station totale était de 4.51m. La différence entre ces deux valeurs est inférieure à 1%. La position des obstacles
situés en-dessous de la ligne a été déterminée précisément. On en a déduit que la flèche du conducteur ne pouvait
excéder 5.3m, ce qui correspond à une température du conducteur de 65◦ C, sinon la distance entre le faı̂te du toı̂t
d’une maison proche et le conducteur ne respectait plus les limites acceptables (dans ce cas- ligne 70kV- la limite
RGIE acceptable entre le conducteur et un obstacle est de 3.7m).
Le test de calibration de la portée nous a permis de connaı̂tre précisément la dénivellation entre les ancrages de la
portée et sa longueur. Finalement, les caractéristiques de la portée étudiée sont:

10
Figure 9: station de base

Figure 10: tests d’ampacimon au laboratoire

Figure 11: ampacimon sur site

11
Figure 12: calibration, mesure de la flèche et de la topographie de la portée

• longueur de la portée : L = 155m


• portée entre ancrages
• dénivellation entre les ancrages de la portée : e = 3.5m
• pylônes en béton armé
• conducteur simple en alliage d’aluminium
• masse du conducteur : m = 0.627kg/m
• module délasticité du conducteur: E = 5.6 · 104 N/mm2
• section du conducteur : S = 228mm2
• nombre de brins : 37
• diamètre du conducteur : d = 19.6mm
• coefficient de dilatation thermique : α = 23 · 10−6 K −1
• charge de rupture : 7335daN
• résistance électrique du conducteur à 20C : 0.147Ω/km

5.4 Mesures

Sur la figure 13 on voit la flèche mesurée par ampacimon évoluer sur la journée du 2 juillet 2004. Les pertes
par rayonnement, par convection ainsi que les apports de l’ensoleillement on été calculés grâce aux mesures d’une
station météorologique proche du site. Les pertes par effet joule ont été calculées grâce aux enregistrements du
courant mesuré par les transformateurs de mesure de la ligne. On vérifie qu’à chaque instant le bilan thermique
de la ligne est vérifié.
La figure 14 compare le tableau de pose reconstitué grâce aux mesure et à la calibration au tableau de pose
fourni par le bureau d’études. On constate en premier lieu que les mesures effectuées par ampacimon sont en
bonne concordance avec le point de calibration. En deuxième lieu, on constate que le tableau de pose n’a pas été
respecté.
La figure 15 montre la charge effectivement présente sur la ligne et la réserve disponible pour différents instants
du 2 juillet. On constate qu’à chaque fois, une réserve de courant est disponible. Si la réserve est aussi importante
(on pourrait parfois faire passer 10 fois le courant passant effectivement dans la ligne), c’est parce que la ligne
n’est pas utilisée au maximum de sa capacité.

12
Figure 13: flèche et bilan thermique de la ligne au 2 juillet

Figure 14: comparaison entre le tableau de pose fourni par le bureau d’études et le tableau de pose reconstitué
grâce aux mesures et à la calibration

Figure 15: Charge effective et réserve disponible

13
5.4.1 Exemple
Lors de la calibration, on a pu déterminer que la tension dans le conducteur était de ∼
= 4090N , pour une température
de conducteur estimée de 26◦ C. Sachant que sur le tableau de pose d’origine, la tension du conducteur doit être
de 8134N pour une température de 25◦ C, on souhaite calculer en terme déchauffement équivalent la différence
entre le conducteur décrit dans le tableau de pose et le conducteur réel.
la première étape consiste à calculer la tension du tableau de pose pour une température du conducteur de 26◦ C.
Pour ce faire, on écrit l’équation détat entre l’état T1 = 8134N , Θ1 = 25◦ C et l’état Θ2 = 26◦ C, T2 étant
l’inconnue.
On obtient T2 = 8034N.
A présent, on calcule l’échauffement Θ3 − Θ2 du conducteur à l’état 2 pour obtenir l’état 3 caractérisé par
T3 = 4090N . Pour ce faire, on écrit l’équation d’état entre l’état 2 et létat 3, Θ3 étant la seule inconnue. On
obtient Θ3 ∼= 113◦C. Finalement, on obtient qu’il faudrait échauffer le conducteur décrit dans le tableau de pose
de 87◦ C pour obtenir la tension mesurée lors de la calibration.

14
5.5 Conclusions

• la flèche déduite des mesures ampacimon diffère d’à peine 1% de celle déduite des mesures topographiques.
• La température maximale à laquelle le conducteur peut travailler ne doit pas excéder 65◦ pour respecter les
distances minimales de sécurité entre le conducteur et les obstacles situés dans le corridor de la ligne.
• Le tableau de pose initial diffère de manière significative du tableau de pose effectif.
• Le diagramme de réserve de charge montre qu’une réserve de charge importante est disponible sur la ligne
étudiée.

15
Cours de Transport et Distribution de l’Energie Electrique

Projet : étude de court-circuits

2012-2013
Table des matières
1 Question 1 14
1.1 Calcul de la force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.2 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3 Analyse fréquentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

2 Question 2 21

3 Question 3 25
3.1 Barre encastrée aux deux extrémitées . . . . . . . . . . . . . . 25
3.2 Superposition modale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.4 Contraintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.5 Modèle complet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.6 Déplacement du jeu de barres . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.6.1 Définition de l’élément poutre . . . . . . . . . . . . . . 34
3.6.2 Assemblage des matrices de raideurs et de masses . . . 36
3.6.3 Fréquences et modes propres de la structure . . . . . . 37
3.6.4 Calcul du mouvement de la barre . . . . . . . . . . . . 38

4 Question 4 40
4.1 Modèle du pendule simple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.2 Pendule-ressort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

Enoncé du projet
Les courants de court-circuit et notamment leurs effets mécaniques ont
une importance considérable lors du dimensionnement des réseaux d’énergie.
Ce projet a pour but de mettre en évidence les différents points à prendre
en compte pour assurer un dimensionnement en accord avec ces contraintes.
Il s’agit dans un premier temps de calculer le courant de court circuit Icc (cc
pour court-circuit). Nous étudierons plus en détail les conséquences sur les
jeux de barres rigides et souples.
Les points cités ci-dessus devront être analysés un à un et une étude
détaillée de certains est demandée.

1
Forces en jeu
Lorsqu’un courant I1 passe dans un conducteur, il crée un champ ma-
gnétique, comme représenté à la figure 1, facilement calculable par

~ = µI1 ⇢
B ~ [T ] (1)
2⇡r
où µ représente la perméabilité magnétique du matériau entourant le conduc-
teur en H/m, I1 le courant passant dans le conducteur en A et ⇢ ~ le vecteur
unitaire orienté tangentiellement au cercle de rayon r. Si un deuxième fil dans


B
I

~ créé par un courant dans un conducteur rectiligne.


Figure 1 – Champ B

lequel passe un courant I2 est placé parallèlement au premier, comme mon-


tré à la figure 2, une force s’exercera dont l’orientation dépendra du sens de
passage du courant dans les deux conducteurs. Pour la situation représentée,
puisque les conducteurs sont parallèles, nous obtenons la force :

F~ = µI1~l ⇥ B ~
I1 I2 l
= µ ⇢
~ [N/m] (2)
2⇡r

Où ⇢
~ est un vecteur unitaire dans la direction de la force.

Exercice 1 : calcul de la force


Lors d’un court-circuit, nous modélisons le circuit sous la forme simpli-
fiée d’un circuit RL avec une fem. Calculez le courant instantané de court

2
⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F

⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F

⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F

⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F

⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F
⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F
I1 I2 ⃗ I1 I2

F ⃗ F ⃗
F
F

⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F

⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F

⃗ ⃗
F ⃗
F
F ⃗
F

Figure 2 – Force électrodynamiques entre conducteurs.

circuit i(t). Une constante de temps de ⌧ = L


R = 60 ms peut être utilisée.
L’expression de la fem est donnée par :
p
e(t) = 2Eef f sin(!t + ↵) (3)
Où Eef f peut être pris comme égal à la tension nominale du réseau.
Il est demandé de :
1. exprimer la force f (t) qui agirait entre conducteurs parallèles. Com-
parer ensuite au cas d’un défaut biphasé.
2. discuter les différents termes composants la force électrodynamique
et leur influence (composantes fréquentielles, importance des termes,
etc.).
3. pour une distance de 1m entre phases et un courant Icccrte = 15.6kA
pour un défaut entre deux phases, quantifier les expressions trouvées
précédemment et tracer l’allure de la force sur chaque phase pour
l’angle ↵ qui donnerait l’effort maximal sur la phase 1 (défaut tri-
phasé).

3
Z

Figure 3 – Court-circuit entre deux phases.

Réponse aux efforts appliqués


Pour la réponse des structures, nous demandons d’étudier deux cas ca-
ractéristiques. L’étude se fera dans un premier temps sur un jeu de barres
rigides et ensuite sur deux phases d’une ligne aérienne. Plusieurs modélisa-
tions seront proposées

4
Exercice 2 : jeu de barres rigides - modèle simplifié

Figure 4 – Jeu de barre rigide.

La première étude porte sur un jeu de barres rigides (4). Nous considérons
le cas représenté dans l’annexe 1 avec les caractéristiques fournies et le type
d’attaches qui y est décrit.
Une première modélisation simple est présentée à la figure 5, qui repré-
sente un conducteur rigide et un mouvement possible du support. L’ensemble
des masses (conducteurs + supports) est concentré au sommet. Étant donné
l’allure de la force appliquée, calculée au point précédent, exprimez les mo-
ments de forces aux endroits clés en fonction du temps (points I2 et S2 dans
l’annexe 1).
Discutez :
1. l’influence de la longueur et de la raideur des isolateurs et des supports
sur la réponse du système, discutez notamment les modifications de

5
la fréquence de résonance et leurs conséquences.
2. l’influence de la masse.
3. le temps de déclenchement et ré-enclenchement des disjoncteurs.
4. la validité et l’utilité de ce modèle.

Figure 5 – Système masse ressort.

Exercice 3 : jeu de barres rigides - modèle complexe


Pour le deuxième modèle, l’hypothèse de la barre rigide est relaxée et les
vibrations de celle-ci sont considérées. L’équation de flexion d’une barre est
donnée par :
@4y @2y
EI 4 + ⇢ 2 = f (x, t) (4)
@x @t
Où E est le module d’élasticité, I le moment d’inertie flexionnelle, y le dé-
placement à calculer, x l’abscisse , ⇢ la masse linéique et f (x, t) la force
appliquée. Les conditions limites doivent prendre en compte les caractéris-
tiques des supports et des isolateurs.
Dans un premier temps, considérez uniquement le cas d’une portée unique
avec deux attaches rigides. En déduire les contraintes apparaissant dans la
barre.
Si vous disposez d’assez de temps (question bonus)
Le développement complet consiste à utiliser le modèle représenté à la
figure 6, étendu au cas de l’annexe 1. Ici, l’étude de la vibration d’une barre
ne fait pas l’hypothèse de support rigides mais modélise les isolateurs et les
supports à l’aide de ressorts. Attention aux types d’attaches. Calculez main-
tenant les contraintes apparaissant dans les barres.
Pour la résolution de cette partie, ne considérez qu’un défaut entre deux
phases et négligez le ré-enclenchement.

6
Figure 6 – Support oscillants, barre flexible.

Exercice 4 : Lignes aériennes


La deuxième partie du problème consiste à étudier la réponse de lignes
aériennes. Afin d’étudier le déplacement des conducteurs, il est demandé
d’utiliser le modèle représenté à la figure 7.
L’angle du pendule suit la relation

J ¨ + mgs sin = M (t)


R
y(x)dm
s= distance au centre de gravité
Z m
J= y 2 dm moment d’inertie
Z
M= F (x)y(x)cos dx moment de force

Le système a étudier a les caractéristiques suivantes :

7
Figure 7 – Modélisation d’une ligne par un pendule

Données conducteur
Longueur portée : 400 m
Section conducteur : 570 mm2
Flèche : 10 m
Tension initiale : 61800 N
Masse linéique : 3, 1 kg/m
Module d’élasticité : 7 1010 N/m2
Distance entre les lignes : 10 m
↵: 23 10 6 K 1
⌧chauf f ement : 500 s
Données court-circuit
⌧ : 60 ms
Icc : 63 kA
tdéclenchement : 100 ms
Défaut : biphasé et pas de ré-enclenchement

Discutez ensuite :
1. l’allure du déplacement pour différentes valeurs de courants de court-
circuit.

8
2. l’allure du déplacement en fonction de la masse, de la longueur de la
portée et de la longueur de la flèche.
3. les valeurs critiques des caractéristiques de la ligne aérienne.
4. la validité du modèle en fonction des valeurs relatives au courant de
court-circuit (Icc et tdclenchement ) et des caractéristiques de la ligne.

Bonus : modèle amélioré de la ligne


Utilisez un modèle plus élaboré pour représenter la situation, comme
celui représenté à la figure 7.
Les forces tangentielles et radiales sont représentées à la figure 9 et les
relations (5) et (6) sont utilisées.

¨ = 1 ⇣ ⌘
2c˙g ˙ g sin( ) f (t)/M cos( ) (5)
cg
12cg T f (t)
c¨g = cg (t) ˙ 2 + g cos( ) sin( ) (6)
MS M
Où cg représente le centre de gravité, l la longueur du ressort équivalent
(lien jusqu’à la masse), M la masse du conducteur, K sa raideur équivalente,
l’angle formé avec la verticale, f (t) la force appliquée et T la tension dans
le câble. La tension est obtenue grâce à la relation :
✓ ◆
EA EA 8 2 2 T0
T (1 + ) = T0 ↵EA ✓ + (f fl , 0) +
Kl0 l0 3S l K
où l0 représente la longueur de la ligne, S la longueur de la portée, ✓ la
variation de température , ↵ le coefficient de température et fl la flèche. On
suppose que la température du câble est proportionnelle aux pertes Joule :

✓ = kI 2
avec k = 3, 54. La température suit la loi suivante :

t/⌧
✓ = (✓0 + ✓f )e + ✓f
pour l’échauffement et :

t/⌧
✓ = (✓max ✓0 )e + ✓0
pour le refroidissement. On suppose une température initiale de 40 C et
un courant nominal 10 fois moins important que le courant de court-circuit.
Discutez :

9
Phase 1 Phase 2

F(t) F(t)
m m

Figure 8 – Ligné modélisée par une association pendule-ressort.

Figure 9 – Force à considérer dans le cas d’une ligne modélisé par une
association pendule-ressort.

1. l’allure du déplacement pour différentes valeurs de courants de court-


circuit.
2. l’allure du déplacement en fonction de la masse, de la longueur de la
portée, de la longueur de la flèche et de la raideur du système.
3. les valeurs critiques des caractéristiques de la ligne aérienne.
4. la validité du modèle en fonction des valeurs relatives au courant de
court-circuit (Icc et tdclenchement ) et des caractéristiques de la ligne.

10
Modalités
Le travail est à rendre pour le vendredi 4 janvier au plus tard. Le rapport
est à faire individuellement. Le développement peut se faire sous le support
voulu mais des graphiques illustrant vos réponses sont demandés. La question
bonus vaut 3 points sur 20.

Annexes 1

11
1 Question 1
1.1 Calcul de la force
R

e(t) L

Dans le cas d’un court-circuit, nous avons la situation de la Figure ??


qui se présente. En reprenant les équations gouvernant un circuit RL, nous
pouvons écrire :

e(t) = Ri(t) + L di(t)


dt
p
Où e(t) = 2Uef f sin(!t + ↵) dans le cas d’un court-circuit biphasé.
Nous résolvons dans un premier temps l’équation homogène :

di(t)
L + Ri(t) = 0
dt
di(t) i(t)
+ =0
dt ⌧

t/⌧
iH (t) = Ce (7)

Puis, pour l’équation non-homogène :

di(t) p
L + Ri(t) = 2Uef f sin(!t + ↵)
dt p
di(t) i(t) 2Uef f
+ = sin(!t + ↵) (8)
dt ⌧ L
Et nous savons que (8) admet une solution du type

i(t)N H = A sin(!t + ↵) + B cos(!t + ↵)

En égalant les coefficients pour le sinus et le cosinus, nous obtenons :

14
p p
⌧ 2Uef f !⌧ 2 2Uef f
i(t) = 2 2
sin(!t + ↵) 2 2
cos(!t + ↵)
1+! ⌧ L 1+! ⌧ L
p
⌧ 2Uef f
= (sin(!t + ↵) !⌧ cos(!t + ↵))
1 + !2⌧ 2 L
p ✓ ◆
2Uef f L
= R sin(!t + ↵) ! cos(!t + ↵)
R 2 + ! 2 L2 R

En posant tan = !⌧ = R ,
!L
nous obtenons :

p
2Uef f
i(t)N H = R (sin(!t + ↵) tan cos(!t + ↵))
R2 + ! 2 L2
p
2Uef f R
= 2 2 2
(cos sin(!t + ↵) sin cos(!t + ↵))
R + ! L cos P si
p p p
Puisque cosR = R 1 + tan 2 = R2 + ! 2 L2 et en posant Z = R2 + ! 2 L2 ,
nous avons :

p
2Uef f
i(t)N H = sin (!t + ↵ )
p Z
= 2Ief f sin (!t + ↵ ) (9)

En combinant (7) et (9), et puisque le courant en t = 0 est négligeable,


nous obtenons finalement :
p ⇣ ⌘
i(t)bi = 2Ief f sin (!t + ↵ ) sin (↵ )e t/⌧ (10)

En se rapportant à la Figure 10, nous obtenons pour le défaut triphasé :


2 p ⇣ ⌘
t/⌧
i(t)tri = p 2Ief f sin (!t + ↵ ) sin (↵ )e (11)
3
Où les seules p
différences sont :
— le facteur 3 qui vient du défaut phase-neutre (et non phase-phase)
et,
— le facteur 2 dû au nombre de phases concernées par le courant de
court-circuit i(t)tri .

15
Ιcc 3 =
Zcc
∑R = somme des résistances en série,
avec U (tension composée entre phases)
correspondant à la tension à vide du ∑X = somme des réactances en série.
transformateur, laquelle est supérieure de 3 à Le défaut triphasé est généralement considéré
5 % à la tension aux bornes en charge. Par comme celui provoquant les courants de défaut
exemple, dans les réseaux 390 V, la tension les plus élevés. En effet, le courant de défaut
composée adoptée est U = 410 V, avec comme dans le schéma équivalent d’un système
tension simple U / 3 = 237 V . polyphasé, n’est limité que par l’impédance
Le calcul de l’intensité de court-circuit se résume d’une phase sous la tension simple du réseau.
alors au calcul de l’impédance Zcc, impédance Le calcul d’Icc3 est donc indispensable pour
équivalente à toutes les impédances parcourues choisir les matériels (intensités et contraintes
par l’Icc du générateur jusqu’au point de défaut électrodynamiques maximales à supporter).

Défaut triphasé ZL
Zcc

U/ 3
Ιcc 3 =
ZL V Zcc

ZL

Défaut biphasé ZL Zcc

U
U Ιcc 2 =
ZL 2 . Zcc
Zcc

Défaut monophasé Z Zcc


Figure 10 – Défaut triphasé
L
et biphasé, vue schématique.
U/ 3
V Ιcc1 =
ZLn Zcc + ZLn
Une fois l’expression du courant obtenu, il est aisé ZLnd’obtenir l’expression

de la force à partir de (2). Dans le cas d’un défaut triphasé, par unité de
longueur
Défautet pour la phase 1, Znous
terre L
avons l’expression Zccde la force suivante :
✓ ◆
µ i1 (t)i2 (t) i1 (t)i3 (t)
F (t)tri = + V [N/m]Ιcc o =
U/ 3
Zcc + Zo
(12)
2⇡ Z r12 r13 Z
o o

Avec la force appliquée perpendiculairement à la phase dans le plan formé


parFig.
les12 trois phases.
: les différents courants de court-circuit.
Vu que, dans le cas biphasé, le même courant de court-circuit circule dans
les deux phases concernées, l’expression se simplifie en :

µ i1 (t)2
Cahier Technique Schneider Electric n° 158 / p.12
F (t)bi = [N/m] (13)
2⇡ r12
Afin d’obtenir la valeur de ↵ qui donne la force maximale, différentes
valeurs écartée d’un petit pas sont essayées.

1.2 Résultats
L’ensemble des résultats obtenus pour des valeurs de Ief f de 15600 A et
une distance entre phase de 1 m sont repris sur les figures 11 à 13.

16
50

−50

−100
Force (N/m)

−150

−200

−250

−300

−350

−400
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4
Temps (s)
(a) Allure de la force f (t) sur la phase 1.

200

100

0
Force (N/m)

−100

−200

−300

−400
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4
Temps (s)
(b) Allure de la force f (t) sur la phase 2.

Figure 11 – Allure des forces perçues par les phases 1 et 2 dans le cas du
↵ conduisant à une force maximale sur la phase 1. (Court-circuit triphasé,
↵ = 192 )

17
50

−50
Force (N/m)

−100

−150

−200

−250
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4
Temps (s)
(a) Allure de la force f (t) sur la phase 1.

400

300

200
Force (N/m)

100

−100

−200
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4
Temps (s)
(b) Allure de la force f (t) sur la phase 2.

Figure 12 – Allure des forces perçues par les phases 1 et 2 dans le cas du
↵ conduisant à une force maximale sur la phase 2. (Court-circuit triphasé,
↵ = 132 )

18
350

300

250

Force (N/m)
200

150

100

50

0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4
Temps (s)

Figure 13 – Allure des forces perçues par les phases 1 et 2 dans le cas du ↵
conduisant à une force maximale. (Court-circuit biphasé, ↵ = 178 )

1.3 Analyse fréquentielle


En ce qui concerne les composantes fréquentielles de la force appliquée,
nous nous contenterons d’analyser l’expression de la force dans le cas biphasé.
Nous nous baserons sur l’étude des transformée de Fourier des signaux ainsi
que leur expression analytique.
En développant (13), nous obtenons successivement :

µ i1 (t)2
F (t)bi =
2⇡ r12
p ⇣ ⌘2
= 2Ief f sin (!t + ↵ ) sin (↵ )e t/⌧
µ n o
2 2 t/⌧
= 2Ief f sin (!t + ↵ ) 2 sin (↵ ) sin (!t + ↵ )e + sin2 (↵ )e 2t/⌧
2⇡r12
µ n
2 t/⌧
= Ief 1 cos(2!t + 2(↵ )) 4 sin (↵ ) sin (!t + ↵ )e ...
2⇡r12 f
o
. . . + 2 sin2 (↵ )e 2t/⌧

On observe :
1. un terme constant, 1,
2. un terme à 50 Hz, 4 sin (↵ ) sin (!t + ↵ ),
3. un terme à 100 Hz, cos(2!t + 2(↵ )),

19
4. un terme exponentiel décroissant, 2 sin2 (↵ )e 2t/⌧ .

On remarque que si ↵ = k⇡, k 2 N, le terme à 50 Hz et l’exponentielle


disparaîssent et nous obtiendront une cosinusoïde à 100 Hz (+ une constante)
comme réponse. Dans tous les cas, le terme à 50 Hz étant multiplié par une
exponentielle décroissante, la réponse tend vers une cosinusoïde à 100 Hz (+
une constante) lorsque t ! 1.
Les transformées de Fourier des différents cas étudiés précédemment sont
représentées à la figure 14. On remarque dans tous les cas les 3 compasantes
(continue, 50 Hz et 100 Hz). L’allure des courbes f (t) laissait voir la pré-
pondérance de l’amplitudes de certaines composantes par rapport à d’autres
(par exemple, composante continue faible pour la phase 2), ce qu’on retrouve
bien entendu sur ces graphiques. L’importance relative des pics à 50 Hz et
100 Hz dépendra de la fenêtre d’intégration choisie.

5 4
x 10 x 10
2 18

1.8 16

1.6
14

1.4
12
|F (f (t))|

|F (f (t))|

1.2
10
1
8
0.8
6
0.6

4
0.4

0.2 2

0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 0 20 40 60 80 100 120 140 160
Fréquece [Hz] Fréquece [Hz]

(a) Transformée de Fourier de f (t)tri . (b) Transformée de Fourier de f (t)tri .


4 4
x 10 x 10
16 18

14 16

14
12

12
10
|F (f (t))|

|F (f (t))|

10
8
8
6
6

4
4

2 2

0 0
0 20 40 60 80 100 120 140 160 0 20 40 60 80 100 120 140 160
Fréquece [Hz] Fréquece [Hz]

(c) Transformée de Fourier de f (t)tri . (d) Transformée de Fourier de f (t)tri .

Figure 14 – Transformée de Fourier de f (t)tri .

20
2 Question 2
Dans un premier temps, il est demandé d’étudier la réponse du jeu de
barre où l’approximation d’un système masse-ressort est utilisée. Nous nous
retrouvons donc avec l’équation régissant le système :

mẍ + kx = F (t) (14)


où m correspond à la masse, k à la raideur et F (t) à la force calculée dans
la section 1.
La fréquence propore de ce système se calcule de manière aisée grâce à
la résolution de l’équation différentielle homogène :

mẍ + kx = 0

où le polynôme caractéristique correspond à :

mz 2 + k
et qui accepte les racines :
r
k
z1,2 = ±i
m
La résolution de (14) se fait à l’aide de Matlab, en prenant les données
fournies en annexe. Nous prenons comme masse concentrée au sommet la
masse des éléments compris dans le cadre de la figure 15 et comme raideur
la rigidité flexionnelle des éléments suivi d’une flèche.

Figure 15 – Eléments considérés pour le calcul de la fréquence propre du


système masse-ressort.

21
En ce qui concerne la masse, nous obtenons :

Mtotale = mjeu de barre + misolateur /2 + mattache


= 11.5 ⇥ 6.04 + 85.7 ⇥ 2.1/2 + 18.2
= 175 [kg]

Et pour la raideur :

1
Ktotale = (1/Kisolateur + 1/Ksupport ) ;
6
= 1.44 10 [N/m]

Ce qui conduit à une fréquence propre de 14.4 Hz. On remarque que la


fréquence propre calculée de cette manière est éloignée de la fréquence de la
force. Il est déjà possible de dire que les composantes de la force à 50 Hz et
100 Hz n’auront que peu d’influence sur le déplacement de la masse.
En utilisant Matlab pour résoudre le système (14), nous obtenons le dé-
placement de la masse pour les différents cas de défauts et sur les différentes
phases aux figures 16 et 17, les lignes pointillées représentent les moments
de déclement et de ré-enclenchement. En particulier, la figure 17b illustre
le cas où la fréquence de résonance du système est choisie égale à 100 Hz,
fréquence d’application de la force. On remarque que dans ce cas la réponse
du système est très défavorable et le déplacement bien plus important. On
remarque néanmoins que la différence dans le rapport M K
devrait changer
dans des proportions énormes pour atteindre cette fréquence de résonance
(multiplication par un facteur 50). Il est à noter que si la fréquence de ré-
sonance du système est de 50 Hz, un comportement similaire est étudié et
que la modification des paramètres devrait être moins conséquente pour se
rapprocher de telles valeurs (multiplication du rapport M K
d’un facteur 16).
L’effet de la masse est bien entendu de rajouter de l’inertie au système. Si
celle-ci augmente, nous observerons d’abord une diminution de la fréquence
de résonance et ensuite une diminution de l’amplitude. La fréquence de réso-
nance du système étant inférieure à la fréquence d’excitation, le phénomène
de résonance ne sera pas observé. Lorsque la masse diminue, le contraire
sera observé et l’apparition de la résonance peut se faire pour des valeurs
extrèmes.
Le temps de déclechement et de réenclenchement sera bien entendu cri-
tique quant à l’amplitude du mouvement résultant. Par exemple, en étudiant
le moment de déclenchement, il est visible que l’amplitude du mouvement est
conservée (amortissement nul). Si celui-ci arrive à un maximum d’amplitude,

22
il s’agit d’un instant critique pour le système. Il peut être observé que ces
moments, dans le cadre de l’exercice, ont été choisis de manière défavorable.
Il peut être intéressant de remarquer que si une telle situation est défavorable
(maximum d’amplitude) plutôt que le cas d’un maximum de vitesse, c’est
parce que la valeur de la raideur est bien supèrieure à la valeur de la masse.
Dans l’analyse réalisée jusqu’ici, un seul mode est étudié, l’approximation
d’un système à un degré de liberté étant réalisée. Néanmoins, un système
continu comme celui de l’ensemble support-isolateur présente en réalité un
nombre infini de fréquence de résonance. L’hypothèse réalisée conduit à la
négligeance des modes supérieurs du système et n’est donc pas suffisante
pour un dimensionnement correct de l’installation.

−4
−3 x 10
x 10 8
2.5

2 6

1.5
4
1
Déplacement (m)
Déplacement (m)

2
0.5

0 0

−0.5 −2

−1
−4
−1.5
−6
−2

−2.5 −8
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Temps (s) Temps (s)

(a) Triphasé, réponse phase 1, ↵max pour (b) Triphasé, réponse phase 2, ↵max pour
phase 1. phase 2.

Figure 16 – Réponse de la masse dans le cas triphasé.

23
−3
x 10
2.5 0.2

2
0.15
1.5
0.1
1
Déplacement (m)

Déplacement (m)
0.5 0.05

0 0

−0.5
−0.05
−1
−0.1
−1.5
−0.15
−2

−2.5 −0.2
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
Temps (s) Temps (s)

(a) Biphasé, K et M énoncé. (b) Biphasé, K et M résonance.

Figure 17 – Réponse de la masse dans le cas biphasé.

24
Figure 18 – Réprésentation schématique de la barre encastrée.

3 Question 3
Cette question examine plus en détail les vibrations auquelles le jeu de
barres est soumis. En particulier, la première partie étudie les modes propres
d’une barre encastrée aux deux extrémitées et la seconde étudie un modèle
plus élaboré du jeu de barre prenant en compte les différents points d’attache
et les supports.

3.1 Barre encastrée aux deux extrémitées


Le système étudié est représenté à la figure 23. Un tel système reste assez
simple pour permettre une résolution analytique.
Nous avons l’équation qui régit le système :

@ 4 y(x, t) @ 2 y(x, t)
EI + ⇢ = f (x, t) (15)
@x4 @t2
où E représente le module de Young de la barre, I le moment d’inertie
et ⇢ la masse linéique de la barre.
La première étape de la résolution consiste à trouver les fréquences propres
du système à partir de la réponse libre du système, soit à étudier dans un
premier temps l’équation suivante :

@ 4 y(x, t) @ 2 y(x, t)
EI + ⇢ =0 (16)
@x4 @t2
Pour résoudre (16), nous utilisons la méthode de séparation de variable
en décomposant le déplacement de la barre y(t) en une fonction dépendant
uniquement du temps et une autre de la position, soit :

y(x, t) = Y (x)T (t)


ce qui donne, si l’on injècte le terme dans (16) :

25
d4 Y (x) d2 T (t)
EIT (t) + ⇢Y (x) =0
dx4 dt2
EI 1 d4 Y (x) 1 d2 T (t)
, =
⇢ Y (x) dx4 T (t) dt2
soit :

1 d4 Y (x) ⇢ 2
4
= ! (17)
Y (x) dx EI

et

d2 T (t)
= !2 (18)
dt2
En ne s’occupant pour l’instant que de la relation pour la position (17),
nous obtenons

d4 Y (x) ⇢ 2
4
! Y (x) = 0 (19)
dx EI
Le polynôme caractéristique de (19) s’écrit :
⇢ 2
z4 ! =0
EI
et admet les racines :
r r
4
⇢ 2 ⇢ 2
z1,2 = ± ! z3,4 = ±i 4 !
EI EI
⇢ 2
La solution de (19) peut s’écrire, en posant 4 = EI ! :

x x
Y (x) = C1 e + C2 e + C3 ei x
+ C4 ei x
(20)
En posant :

s1 ( x) = sin( x) + sinh( x)
s2 ( x) = s01 ( x)
s3 ( x) = s02 ( x)
s4 ( x) = s03 ( x)

26
on obtient :

Y (x) = C1 s1 ( x) + C2 s2 ( x) + C3 s3 ( x) + C4 s4 ( x) (21)
On peut maintenant poser les conditions au limites pour une poutre
encastrée aux extremités (déplacement nul, Y (x) = 0, et pente nulle, Y 0 (x) =
0, en x = 0 et x = L) :

En x = 0 :

C2 = 0
C1 = 0

En x = L :

C3 s3 ( L) + C4 s4 ( L) = 0
[C3 s4 ( L) + C4 s1 ( L)] = 0

Soit :

s4 ( L)
C4 = C3
s3 ( L)
C4 s1 ( L) s24 ( L)/s3 ( L) = 0

où la solution triviale C2 = 0 est à rejeter (pas de déplacement). Nous


obtenons donc :

s1 ( L)s3 ( L) s24 ( L) = 0

En utilisant les formes trigonométriques et hyperboliques, nous avons


finalement :

cos( L) cosh( L) 1=0

où la solution triviale = 0 est encore à rejeter (mode statique).


Pour trouver les fréquences propres de notre système, il nous suffit donc
de résoudre :

27
cos( L) cosh( L) = 1
1
, cos( L) = (22)
cosh( L)

Les solutions sont montrées graphiquement à la figure 19 avec l’intersec-


tion des deux courbes.

1 1
c o s h( β L )
cos(β L)
0.5
f (β L)

−0.5

−1

0 5 10 15 20
βL

Figure 19 – Solution de (22).

La figure montre que les fréquences propres élevées (n grand) peuvent


être approximée par n L = ⇡2 + n⇡, soit :

✓ ◆
⇢ 2 ⇡/2 + n⇡ 4
! =
EI n L
✓ ◆2 s
⇡/2 + n⇡ EI
!n =
L ⇢

Le tableau 1 reprend les valeurs de n exactes et approximées ainsi que


l’erreur absolue.

28
Table 1 – Valeurs de nL exactes et approximées.

nL exact nL approx. erreur absolue


4.73 4.71 0.02
7.85 7.85 0.0008
10.99 10.99 0.0001
14.13 14.13 0
17.27 17.27 0
20.42 20.42 0
23.56 23.56 0
26.70 26.70 0

Une fois les différentes fréquences propres de la barre obtenues, il est pos-
sible de calculer la réponse du système à la force par superposition modale.

3.2 Superposition modale.


En reprenant l’équation gouvernant le système :
@ 4 y(x, t) @ 2 y(x, t)
EI + ⇢ = f (x, t) (23)
@x4 @t2
et en exprimant la réponse du sysème comme la superposition des diffé-
rents modes propres du système pondéré par un facteur de participation :
1
X
y(x, t) = Yi (x)⌘i (t)
i=1
où Yi (x) est le ime mode propre et ⌘i (t) son facteur de participation, il
est possible de réécrire (23) :
1
X 1
X d2 ⌘i (t)
⇢ !i2 Yi (x)⌘i (t) + ⇢ Yi (x) = f (x, t) (24)
i=1 i=1
dt2
en utilisant :

Y (x) = C1 s1 ( x) + C2 s2 ( x) + C3 s3 ( x) + C4 s4 ( x)
d4 Y (x) 4
= (C1 s1 ( x) + C2 s2 ( x) + C3 s3 ( x) + C4 s4 ( x))
dx4
4
= Y (x)
⇢ 2
= ! Y (x)
EI

29
Finalement, en multipliant les deux membres de (24) et en les intégrant
sur la longueur, nous obtenons :

1
X Z L 1
X Z L
d2 ⌘i (t)
⇢ ⌘i (t) !i2 Yi (x)Yj (x)dx +⇢ Yi (x)Yj (x)dx
i=1 0 i=1
dt2 0
Z L
= Yj (x)f (x, t)dx j = 1, 2, ..., 1 (25)
0

Il est possible de démontrer l’orthogonalités entre les différents modes


propres (ce qui ne sera pas fait ici.) de telle sorte que :
Z L ⇢
0 si i 6= j
⇢Yi (x)Yj (x)dx =
0 1 si i = j
En utilisant cette propriété sur les modes propres, nous réecrivons (25)
en :
Z L
d2 ⌘i (t)
+ ⌘i (t)!i2 = Yi (x)f (x, t)dx i = 1, 2, ..., 1 (26)
dt2 0
L’équation différentielle (26) peut être aisément résolue sous matlab et
nous donne les résultats décrits à la section 3.3.

3.3 Résultats
En utilisant les fréquences propres trouvée à la section précédente et en
résolvant (26), nous obtenons la réponse de la barre décrite à la figure 20.

30
Figure 20 – Déplacement de la barre calculé par superposition modale. Le
court-circuit biphasé avec les caractéristiques de la question 1 est repris.

L’analyse fréquentielle de la réponse de la poutre, représenté à la figure


21 met en évidence les différents modes propres du jeu de barres, repris à
la table 2. On remarque que en prenant les modes 1, 3 et 5, nous aurions
suffisament d’information pour reconstruire le déplacement du système avec
précision.

31
2.5

|F (f (t))| 1.5

0.5

0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Fréquence [Hz]

Figure 21 – Trasnsformée de Fourier de la réponse de la barre. On remarque


la présence des pics aux premières fréquences propre du système.

Table 2 – Fréquences propres et facteurs de participation pour la réponse


au court-circuit.

nL fn [Hz] Facteur de participation


4.73 3607 0.6
7.85 9942 ⇠0
10.99 19491 0.25
14.13 32219 ⇠0
17.27 48129 0.16
20.42 67221 ⇠0

3.4 Contraintes
Les contraintes apparraissant dans la barre se calcule avec la formule
suivante :

d2 u
= zE
dx2
où z correspond à la distance par rapport à l’axe neutre, E au module
de Young et u à la déformation.
En appliquant cette formule à notre cas et en prenant z égal au rayon
de la poutre, soit 60.5mm, nous obtenons les contraintes représentées à la

32
figure 22.

Figure 22 – Contraintes apparraisant dans la barre.

3.5 Modèle complet


Dans cette section, un modèle plus complet est proposé. Cette fois-ci,
nous considérons d’une poutre de longueur L a comme support à chaque
extrémité et en son centre un ressort de rigidité correspondant à la rigidité
flexionnelle des isolateurs correspondants mis en série avec les supports dé-
crits dans les données du jeu de barre. En supplément, nous rajouterons en
ces même points une masse concentrée ayant une masse égale à celle des
isolateurs. L’étude d’un tel système négligera forcément certains modes de
la structure réelle mais a l’avantage de fournir une réponse plus précice que
les systèmes étudiés précédemment tout en restant assez simple quant aux
méthodes de résolution devant être utilisées.

33
M M M

Figure 23 – Modèle utilisé du jeu de barre.

3.6 Déplacement du jeu de barres


Afin d’obtenir le déplacement du système considéré, une résolution ana-
lytique devient ardue. Nous allons donc utiliser quelques approximations qui
permettront une résolution plus aisée de notre problème.
Afin de simplifier notre problème, nous allons considérer que notre jeu de
barre est constitué d’une série d’éléments (cf. méthode des éléments finis).
Ces éléments permettront de calculer de manière approximative les diffé-
rentes fréquences et modes propres de notre système, ce qui nous permettra
par la suite de poursuivre une résolution similaire à celle décrite dans la
section 3.2.
Remarque : Ce projet n’ayant pas pour but de faire un cours sur les
éléments finis, nous nous contenterons d’utiliser les principes qui en dérivent
sans nous étendre sur les justifications théoriques.

3.6.1 Définition de l’élément poutre


L’élément poutre utilisé possède quatre degrés de libertés, comme repré-
senté à la figure 24, correspondant respectivement à la translation et à la
rotation des noeuds.
u1 u2

✓1 ✓2

Figure 24 – Elément poutre.

En nous reportant à la figure 24, nous pouvons regrouper les déplace-


ments des degrés de liberté de l’élément dans le vecteur de déplacement ue :
ue = [u1 ✓1 u2 ✓2 ] T
Il est maintenant nécessaire de définir les fonctions de forme qui sont
C1 continue sur le domaine de l’élément et qui rencontre les conditions aux

34
limites (translation et rotation de noeuds d’éléments adjacents égales). Les
fonction les plus simples sont les Spline cubique d’Hermite :
1
Neu1 (⇠) = (1 ⇠)2 (2 + ⇠)
4
l
Ne✓1 (⇠) = (1 ⇠)2 (1 + ⇠)
8
1
Nu2 (⇠) = (1 + ⇠)2 (2 ⇠)
e
4
l
Ne✓2 (⇠) = (1 + ⇠)2 (1 ⇠)
8
où ⇠ = 2x
L 1. Nous considérons en effet que localement, chaque élément
s’étend de -1 à 1. Le Jacobien dxd⇠ vaut 2 .
L

L’interpolation pour le déplacement et la rotation entre les noeuds de


l’élément s’obtient donc via :
⇥ ⇤
ve = Neu1 (⇠) Ne✓1 (⇠) Neu2 (⇠) Ne✓2 (⇠) [u1 ✓1 u2 ✓2 ]T

En utilisant le principe des travaux virtuels (pas expliqué ici), nous pou-
vons trouver l’équation aux valeurs propres définie ci dessous :

( ! 2 M + K)vp = 0
où M représente la matrice de masse et K la matrice de raideur. C’est
en résolvant cette équation qu’il est possible de déterminer les fréquences
propres du système (! 2 ) et les modes correspondants (vp ).
Pour chaque élément, nous définissons la matrice de masse de la manière
suivante :
Z 1
L
Me = ⇢ NTe Ne d⇠
1 2
et la matrice de raideur :
Z 1
L T
Ke = EI N00 e N00 e d⇠
1 2
Etant donné les fonctions de forme utilisées précédemment, nous obte-
nons :

35
0 1
156 22L 54 13L
⇢L BB 22L 4L2 13L 3L2 C
C
Me =
420 @ 54 13L 156 22LA
13L 3L2 22L 4L2
0 1
6/L2 3/L 6/L2 3/L
2EI B
B 3 2 3/L 2 CC
Ke =
L @ 6/L2 3/L 6/L2 3/LA
3/L 2 3/L 2

3.6.2 Assemblage des matrices de raideurs et de masses


Dans le cas du système étudié, l’assemblage des matrices de masse et
de raideur des différents éléments se fait d’une manière aisée. En effet, nous
nous contentons d’assembler les différents éléments en leur extrimités de telle
sorte que les matrices se supperposent, comme montré pour 27 pour le cas de
l’assemblage de deux éléments. Cette assemblage est trivial lorsqu’on observe
la figure 25 .

0 1
1
M1,1 1
M1,2 1
M1,3 1
M1,4 0 0
BM 1 1
M2,2 1
M2,3 1
M2,4 0 0 C
B 2,1 C
BM 1 1 1 2 1 2
M3,2 M3,3 + M1,1 M3,4 + M1,2 2
M1,3 2 C
M1,4
B C
M = B 3,1
1 1 1 + M2 1 2 2 2 C (27)
BM4,1 M4,2 M4,3 2,1 M4,4 + M2,2 M2,3 M2,4 C
B 2 2 2 2 C
@ 0 0 M3,1 M3,2 M3,3 M3,4 A
0 0 2
M4,1 2
M4,2 2
M4,3 2
M4,4

On a le vecteur de déplacements généralisés :


T
v = u1 ✓1 u2 ✓2 u3 ✓3 (28)

1 2 1 2

1 2 3

Figure 25 – Assemblage des éléments. Les noeuds sont numérotés de ma-


nière relative au dessus et absolue en dessous.

36
Les masses et les ressorts considérés attachés aux extrémités et au centre,
puisqu’ils sont considérés ponctuels, peuvent être facilement rajoutés aux
noeuds correspondants. En prenant l’exemple du système complet, s’il on
considère deux éléments, on a :

0 1
1 +m
M1,1 1
M1,2 1
M1,3 1
M1,4 0 0
1
B M1 1
M2,2 1
M2,3 1
M2,4 0 0 C
B 2,1 C
B M1 1 1 2 1 2
M3,2 M3,3 + M1,1 + m2 M3,4 + M1,2 M1,32 2 C
M1,4
B 3,1 C
M=B 1 1 1 2 1 2 2 2 C
B M4,1 M4,2 M4,3 + M2,1 M4,4 + M2,2 M2,3 M2,4 C
B 2 2 2 +m 2 C
@ 0 0 M3,1 M3,2 M3,3 3 M3,4 A
0 0 2
M4,1 2
M4,2 M4,32 2
M4,4

0 1
1 +k
K1,1 1
K1,2 1
K1,3 1
K1,4 0 0
1
B K1 1
K2,2 1
K2,3 1
K2,4 0 0 C
B 2,1 C
B K1 1
K3,2 1 + K2 + k
K3,3 K 1 + K2 K 2 2 C
K1,4
B 3,1 1,1 2 3,4 1,2 1,3 C
K=B 1 1 1 2 1 2 2 2 C
B K4,1 K4,2 K4,3 + K2,1 K4,4 + K2,2 K2,3 K2,4 C
B 2 2 2 +k 2 C
@ 0 0 K3,1 K3,2 K3,3 3 K3,4 A
0 0 2
K4,1 2
K4,2 2
K4,3 2
K4,4

3.6.3 Fréquences et modes propres de la structure


Une fois les matrices de masse et de raideur construites, il est aisé de
calculer les fréquences et modes propres en résolvant

( ! 2 M + K)vp = 0 (29)
A titre de comparaison avec la solution analytique, nous obtenons les
résultats repris dans la table 3 pour la poutre fixées aux deux extrémités et
pour un nombre variant d’éléments.

37
Table 3 – Comparaison des valeurs des fréquences des différents modes propres obtenu
pour la barre fixée aux deux extrémités. La comparaison se fait entre les fréquences obtenues
pour la solution analytique en Hz (Sol. anal.) et un modèle éléments finis avec un nombre
variant d’éléments. Les colonnes f et |e| représentent respectivement la fréquence obtenue
et l’erreur relative par rapport à la solution analytique (en %).

Mode Sol. Nombre d’éléments


anal. 2 3 5 10 20
f |e| f |e| f |e| f |e| f |e|
1 3607 3665 1.6 3621 .4 3609 0 3607 0 3607 0
2 9942 13215 33 10140 2 9982 .4 9944 0 9942 0
3 19491 - - 23585 21 19760 1.4 19509 .1 19491 0
4 32219 - - 46871 45 32921 2 32303 .2 32223 0
5 48129 - - - - 55275 15 48404 .6 48147 0
6 67221 - - - - 82278 22 67941 1 67270 0
7 89495 - - - - 121440 36 91088 1.7 89611 .1
8 114950 - - - - 171780 49 117904 2.5 115194 .2
9 143590 - - - - - - 146670 2.1 144056 .3
10 175410 - - - - - - 195699 11 176249 .5

Un nombre plus élevé d’éléments permet bien entendu d’approximer plus


de fréquences propres du système considéré. L’erreur sur la valeur des fré-
quences propres les plus élevées est généralement assez importante.

3.6.4 Calcul du mouvement de la barre


Dans un premier temps, nous faisons apparaître les matrices de masse et
de raideur modale. Ces dernières sont obtenues via :

Mm = vpT M vp (30)
Km = vpT Kvp (31)
(32)

où vp correspond à une matrice contenant les vecteurs propres (vp =


[v1 ...vn ]). Les matrices Mm et Km ainsi obtenues sont diagonales (vecteurs
propres orthogonaux) et permettent de résoudre le système d’équations dif-
férentielles dépedant du temps indépendemment.
En effet, nous avions :

38
M v̈ + Kv = f (t)
où v correspond aux déplacement de chacun des degrés de libertés des
éléments.
Comme dans le cas de la résolution analytique, nous exprimons le dé-
placement avec une fonction dépendant uniquement du temps et une de la
position. La résolution de l’équation aux valeurs propres 29 nous permet de
trouver les différents modes de la structure, ce qui nous permet d’exprimer
le système comme suit :

M vp ⌘¨(t) + Kvp ⌘(t) = f (t)


Il suffit de multiplier les deux membres par vpT ce qui permet de faire
apparaître les matrices modales et ainsi de résoudre un ensemble d’équations
indépendantes :

vpT M vp ⌘¨(t) + vpT Kvp ⌘(t) = vpT f (t)


⌘ (t) + Km (i, i)⌘(t) = vpT f (t)
, Mm (i, i)¨ (33)

La résolution de (33) permet de trouver l’évolution des différents modes


de la structure considérée et ainsi d’obtenir l’équation du mouvement du
système considéré.

39
4 Question 4
Cette question a pour but l’étude du court-circuit dans le cas de ligne
aérienne. En particulier, nous nous intéresserons au déplacement des conduc-
teurs.

4.1 Modèle du pendule simple


Dans un premier temps nous nous intéressons au cas simplifié du pendule
simple, où l’on considère que la masse est concentrée au centre de gravité de
la ligne.
Tout d’abord, il nous faut calculer les coordonnées du centre de gravité
et le moment d’inertie du système. Nous avons :

Z L/2
y(x)ml
cg = dx
L/2 m
Z L/2
J = y(x)2 ml dx
L/2

où cg représente l’ordonnée du centre du gravité, J le moment d’inertie


de la ligne, L la longueur de la ligne, ml la masse linéique de la ligne, m
la masse totale du conducteur et y(x) est une fonction qui représente les
ordonnées des différents points de la ligne en fonction de l’abscisse.
Nous approximons cette fonction par une parabole y(x) = a + cx2 où
fl
a = fl , avec fl la flèche du conducteur, et c = (L/2) 2 , au vu des données.

Nous obtenons donc comme résultats :

2
cg = fl
3
8
J = ml Lfl2
15
Une fois ces éléments calculés, il est possible de résoudre l’équation dif-
férentielle régissant le système :

J ¨ + mgs sin = M (t) (34)


avec représentant l’angle du pendule et M (t) le moment de force ap-
pliqué sur la masse du pendule.

40
Il est aisé d’approximer la fréquence propre du système si reste petit
et en faisant la simplification sin ⇡ . En effet, la fréquence propore de ce
système se calcule grâce à la résolution de l’équation différentielle homogène :

J ¨ + mgcg = 0

où le polynôme caractéristique correspond à :

Jz 2 + mgcg
et qui accepte les racines :
r
mgcg
z1,2 = ±i
J
Nous obtenons directement :
r
mgcg
!= = 1.1 [rad/s]
J
Nous verrons par la suite que cette approximation est valable dans notre
étude.
La résolution de (34) se fait via Matlab et nous obtenons les résultats de la
figure 26. On remarque que la fréquence propre calculée avec l’approximation
sin = , égale à f = 2⇡ !
= 0.18 [1/s], soit une période de T = 1/f =
5.7 [s], est bel et bien observée.
Afin de discuter l’influence de la valeur du courant du court-circuit sur le
système, nous traçons l’évolution de l’angle maximum du pendule en fonction
du courant sur la figure ??. Nous nous arrêtons pour des valeurs menant à
un angle d’environ 90 , le modèle n’ayant plus de raison d’être passé cette
angle. Nous remarquons que l’évolution suit une parabole, la force étant
propotionnelle au carré du courant. Bien que erroné, l’évolution de l’angle
par rapport à la valeur du courant de court-circuit suivrait cette parabole
jusqu’à atteindre 180 , un courant plus élevé conduirait le pendule du modèle
utilisé à tourner sans s’arrêter.

41
30 x 10
5

30 3

20

Vitesse angulaire [rad/s] (pointillé)

Force appliquée [N] (trait plein)


10
20 2
Angle (°)

−10 10 1

−20

−30 0 0
0 1 2 3 4 5 6 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Temps (s) Temps (s)

(a) Evolution de l’angle du pendule. (b) Evolution de la vitesse du pendule.

Figure 26 – Réponse d’une ligne lorsque le modèle du pendule simple est


utilisé.

42
120 90

80
100
70

80 60
Angle max (°)

Angle max (°)


50
60
40

40 30

20
20
10

0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 5 10 15 20 25 30
Courant de court−circuit (A) 4
x 10 Masse [kg]

(a) Courant de court-circuit. (b) Masse linéique de la ligne.

80

70

60
Angle max (°)

50

40

30

20

10
−30 −25 −20 −15 −10 −5 0
Flèche [m]

(c) Longueur de la flèche.

Figure 27 – Evolution de l’angle maximal atteint par le pendule en fonction


de différents paramètres.

Lorsque la masse varie, on remarque que la frequence propre du pendule


n’évolue pas. En effet, nous avons :
r s r
mgcg mg 23 fl 5g
!= = 8 2
=
J 15 ml Lfl
4fl
et ! est indépendant de la masse. Par contre, en observant l’équation
différentielle qui régit le système :

J ¨ + mgcg sin = M (t)


, ¨ = M (t) mgcg sin
J J

43
nous remarquons que le terme multipliant le moment de force M (t) est
inversemment proportionnel à la masse. Intuitivement, nous pouvons ima-
giner que l’angle maximal du pendule sera d’autant plus important que la
masse sera faible, le moment d’inertie du pendule diminuant. Un tel com-
portement est observé à la figure 30b. Des observations similaires peuvent
être faites en ce qui concerne la longueur de la portée.
La flèche de la ligne influence directement les coordonées du centre de
gravité et le moment d’inertie du système. Vu l’expression de la fréquence
propre :
r s r
mgcg mg 23 fl 5g
!= = 8 2
=
J 15 ml Lfl
4f l
nous remarquons que celle-ci va augmenter lorsque la flèche diminue et
inversément. En ce qui concerne l’angle maximal atteint, le moment d’inertie
du système augmentant avec la flèche, nous nous attendons à ce qu’il diminue
lorsque la flèche augmente comme il peut être observé à la figure 28e.
Au vu de la fréquence propre du système avec les caractéristiques donn-
nées, il serait difficile de réaliser une ligne qui permettrait la résonnance
lors du court-circuit. En ce qui concerne le déplacement de la ligne, nous
remarquons qu’il est préférable d’avoir une masse, une flèche et une portée
élevée afin de le minimiser. De telles caractéristiques ayant pour conséquence
une augmentation des contraintes statiques, un compromis est à trouver. Le
modèle simplifié du pendule permet de tirer des conclusions quant au dépla-
cement de la ligne et une fréquence de résonance du système, néanmoins, il
n’est pas possible de l’utiliser pour en déduire les contraintes que subiraient
les attaches, les piliers, etc.

4.2 Pendule-ressort
Cette section réalisé une étude similaire au point précédent en considérant
cette fois un modèle comme celui schématisé à la figure 9. Nous représentons
le centre de gravité par cg (t) et la tension dans le câble par T . M correspond
à la masse totale de la ligne.
En introduisant ces nouvelles notations, nous résolvons le système d’équa-
tions différentielles suivant :

¨ = 1 ⇣ ⌘
2c˙g ˙ g sin( ) f (t)/M cos( ) (35)
cg
12cg T f (t)
c¨g = cg (t) ˙ 2 + g cos( ) sin( ) (36)
MS M

44
En utilisant les relations pour la tension dans le câble et la température
décrites dans l’énoncé.
En première approximation, nous considérons qu’il est possible de calcu-
ler les fréquences propres du système en combinant les fréquences propres du
pendule simple et du système masse-ressort. Pour le pendule, nous obtenons :

!p = 1.107456.35 [rad/s] ; Tp = 5.67 [s]


et pour l’ensemble masse-ressort :

!r = 56.35 [rad/s] ; Tr = 0.11 [s]


Et nous remarquons que la force appliquée à des composantes fréquen-
tielle éloignées des fréquences propres du système considéré.
La résolution du système (35)–(36) nous conduit à la réponse du système
illustré à la figure 28.

45
30 3

20 2

Deplacement horizontal [m]


10 1
Angle [°]

0 0

−10 −1

−20 −2

−30 −3
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Temps [s] Temps [s]

(a) Evolution de l’angle. (b) Evolution de la position horizontale.

0.7 0.17

0.6 0.16

0.15
Deplacement vertical [m]

0.5
Elongation ressort [m]

0.14

0.4
0.13

0.3 0.12

0.11
0.2
0.1
0.1
0.09

0 0.08
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Temps [s] Temps [s]

(c) Evolution de la position verticale par (d) Evolution de l’élongation du ressort.


rapport à la position au repos.

−5.8

−5.9

−6

−6.1
Position verticale [m]

−6.2

−6.3

−6.4

−6.5

−6.6

−6.7

−6.8
−3 −2 −1 0 1 2 3
Position horizontale [m]
(e) Evolution de la position pendant 10s.

Figure 28 – Réponse du pendule masse-ressort.


46
Nous remarquons que l’allongement du ressort est très faible, dû à la va-
leur élevée du paramètre K. Si nous divisons celui-ci par 10, nous remarquons
le déplacement de la ligne illustré à la figure 29 où l’élongation de la ligne
est dorénavant beaucoup plus importante. Dans ce cas-ci, l’approximation
d’une valeur constante du moment d’inertie au cours du temps n’est plus
pertinente, les résultats sont donc à prendre avec précaution.
−5

−5.5
Position verticale [m]

−6

−6.5

−7

−7.5

−8
−3 −2 −1 0 1 2 3
Position horizontale [m]

Figure 29 – Déplacement du pendule masse ressort avec une valeur faible


de raideur.

La variation de l’angle maximal de déplacement du pendule en fonction


de la valeur du courant de court-circuit est montré à la figure 30a. Nous
remarquons que l’angle atteint des valeurs similaire au cas du pendule simple,
la seule différence dans l’équation gouvernant la rotation étant la variation
de la position du centre de gravité qui reste faible. Encore une fois, l’étude a
été arrêté pour des valeurs supérieures à 90 , le modèle n’étant plus valable
lors d’une telle situation.
En ce qui concerne les dangers de la résonance, il est important de dis-
tinguer deux cas. Le premier concerne l’application de la force due au court-
circuit. Si le système a une fréquence propre de 100 Hz, il est possible d’abser-
ver des complications. Néanmoins, le cas considéré déclenche après 100 ms,
ce qui n’est pas assez pour observer une augmentation considérable dans les
amplitudes de mouvements. De plus, comme il a été énoncé précedemment,
les paramètres de la ligne pour que le pendule aie une fréquence propre de
100 Hz n’ont pas de sens. Il en va de même pour que le système masse-ressort
atteigne une telle fréquence.

47
En addition de la force due au court-circuit, nous remarquons qu’un
terme en rapport avec la vitesse angulaire apparaît dans (36). Il est donc né-
cessaire de se prémunir également contre un système masse-ressort ayant une
fréquence propre proche de la fréquence d’oscillation du pendule. Cette fré-
K/M
quence étant de fpendule = 1.107
2⇡ = 0.176Hz, il faudrait un rapport = 0.176 =
2

0.03 [N/m.kg], soit 80 fois plus petit que le rapport donné par les données
de l’énoncé, ce qui est encore une fois physiquement infaisable.

120 90

80
100
70

80 60

Angle max (°)


Angle max [°]

50
60
40

40 30

20
20
10

0 0
0 2 4 6 8 10 12 0 5 10 15 20 25 30
Courant de court−circuit [A] 4
x 10 Masse [kg]

(a) Courant de court-circuit. (b) Masse linéique de la ligne.

Figure 30 – Evolution de l’angle maximal atteint par le pendule en fonction


de différents paramètres.

48
Transport et Distribution de l'Énergie Electrique – Manuel de travaux pratiques

Ont collaboré à la réalisation de ce fascicule :

Fabrice Delfosse (Ingénieur Civil EME, promotion 1998)

Olivier Houet (Ingénieur Civil EME, promotion 1998)

Pierre-Yves Lepièce (Ingénieur Civil EME, promotion 1999)

Grégory Pelzer (Ingénieur Civil EME, promotion 1998)

Ludovic Willemaers (Ingénieur Civil ELGE, promotion 1999)

Nicolas Pochet (Ingénieur Civil EME, promotion 2001)

Suzanne Guérard (Ingénieur Civil EME, promotion 2004)

Arnaud Gibault (Ingénieur Civil EL, promotion 2012)

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