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IUT Génie Thermique et Énergie Université Joseph Fourier, Grenoble


1ère année

COURS DE MÉCANIQUE DES FLUIDES

1e partie

Baudouin LISMONDE

année 2008
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INTRODUCTION

Dans l’enseignement d’un IUT de Génie thermique & Énergie, la mécanique des fluides joue un rôle central. En
effet, dans la plupart des systèmes de thermique industrielle, ce sont des fluides qui transportent la chaleur. C'est l'eau
qui intervient dans une installation de chauffage central, de l'eau ou du sodium dans une centrale nucléaire, de l’air
dans une centrale de climatisation. Dans une centrale nucléaire, les tuyaux de circulation des fluides prennent plus de
place que le réacteur. Dans un réacteur d’avion, c’est l’optimisation du parcours des gaz d’admission et de
combustion qui permet les grandes performances. Ces quelques exemples montrent que l’on ne pourrait pas enseigner
la thermique sans la mécanique des fluides. Ce cours se situe en amont des cours de convection, échangeurs, foyer,
turbomachines, climatisation...

La mécanique des fluides est enseignée à l’IUT sur les deux années, à raison de 24 heures de cours et 24 heures de
TD par an, soit 96 heures au total.

La première année est consacrée aux concepts de base, manière de décrire un fluide en mouvement, notion et rôle de
la pression, les lois de la statique et de la tension superficielle, le calcul des efforts de pression, l'équation locale
d’Euler, le théorème de Bernoulli et le théorème global d’Euler, les appareils de mesure de pression et de vitesse, le
calcul des pompes et des pertes de charge, les écoulements à basses vitesses, à viscosité prépondérante.

En deuxième année, les principaux résultats de la théorie de la couche limite sont fournis mais sans démonstration et
des compléments sont apportés aux calculs des circuits hydrauliques et des pompes. La théorie unidimensionnelle des
écoulements compressibles est exposée en détail, car son appareil mathématique est assez simple.

On ne décrit pas la turbulence en détail, on n’aborde pas en détail les écoulements à bas nombres de Reynolds (dit
écoulements rampants), non plus la théorie des écoulements potentiels, ni les propriétés liées à la vorticité qui sont du
ressort des écoles d’ingénieurs ou des maîtrises.

Ce qui suit, traite simplement la moitié du programme de première année.


- propriétés physiques des fluides
- statique des fluides - lois générales
- statique des fluides isovolumes - statique des fluides compressibles
- tension superficielle
- description du mouvement
- équations du mouvement d’un fluide
- les théorèmes globaux - bilan de quantité de mouvement
____________________

Bibliographie historique succincte

TORRICELLI E.(1641) De motu aquarum (sur le mouvement des eaux).(énoncé de la loi qui porte son nom)
PASCAL Blaise (1654) Traité de l’équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse d’air. (énonce la
statique, les vases communiquants, le vérin hydraulique, le poids de l'atmosphère).
EULER Léonhard (1749) Scientia navalis. (définition correcte de la pression)
EULER L. (1755) Principes généraux de l’état d’équilibre des fluides.
EULER L. (1755) Principes généraux du mouvement des fluides.
EULER L. (1768-1769) État de l’équilibre des fluides.
VENTURI J.B. (1797) Recherches expérimentales sur le principe de la communication latérale du mouvement
dans les fluides. Paris.
DARCY H. (1865) Recherches expérimentales sur l’écoulement de l’eau dans les canaux découverts. Paris.
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1- PROPRIÉTÉS PHYSIQUES DES FLUIDES


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1- Qu’est ce qu’un fluide, et comment l’observer ?


Les exemples de fluides sont nombreux : air, eau, glycérine, mercure, mais certains corps posent problème : sable,
farine très fine, argile mouillée (coulée), neige (avalanche) ou encore miel (très grande viscosité), yaourt, sable
mouvant (corps thixotropes).

Caractères pour reconnaître un fluide : ils n’ont pas de forme propre, et au moins à long terme, ils peuvent
s’écouler. Un solide peut se déplacer dedans. Surtout et c’est le critère que nous adopterons, ils sont incapables, au
repos, de supporter durablement des contraintes tangentielles en leur sein (les liquides à seuil sortent du cadre de
notre étude).
récipient

sable eau

il y a des contraintes il n'y a pas de contraintes


tangentielles tangentielles

Fig. 1-1- Pas de contraintes tangentielles au repos dans un fluide

Parmi les fluides, il est classique de distinguer les gaz, qui occupent tout le volume offert, des liquides qui n’en
occupent qu’une partie.

Comment observer un fluide ? Il y a deux méthodes :

a) l’observateur reste solidaire des parois solides qui contiennent le fluide (méthode d’Euler)
On ne suit pas le fluide dans son mouvement, mais on peut dire qu’en tel point, à tel instant, le fluide a telle
propriété (vitesse, pression, température...).
V

Méthode d'Euler méthode de


Lagrange

Fig. 1-2- Les deux méthodes principales pour décrire un fluide

b) l’observateur est entraîné par le fluide (méthode de Lagrange)


On suit le fluide dans son mouvement, il est alors très facile de dire si cette particule fluide accélère, est
chauffée... En revanche cette méthode est très difficile à mettre en oeuvre expérimentalement. Nous nous limiterons à
la description d’Euler.

2- Description d’un fluide


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Un fluide est considéré comme un milieu continu dont les caractéristiques varient d’un point à un autre. Les
caractéristiques du fluide sont donc des fonctions des coordonnées et du temps. Ces fonctions étant continues presque
partout, les caractéristiques varient peu dans le voisinage d’un point, aussi est-on amené à définir la particule fluide
qui est un domaine à propriétés quasi uniformes. Tous les raisonnements que nous ferons s’adresseront à une
particule fluide dont les dimensions dépendent du problème considéré, en général de quelques millimètres à quelques
centimètres.

Les grandeurs locales principales qui interviennent en mécanique des fluides sont :
la vitesse V (en m/s)
la masse volumique ! (en kg /m3)
la pression, p (en Pa)
la température T (en °C)

Les grandeurs p, !, T sont les grandeurs thermodynamiques habituelles, la vitesse caractérise le mouvement.

On peut définir d’autres caractéristiques : conductivité thermique, compressibilité, dilatabilité ... mais ces grandeurs
sont relatives au matériau et non à l’état instantané du matériau.

Écoulement permanent. Les caractéristiques du fluide en un point ne dépendent pas de l’instant considéré. Comme
le champ de vitesse dépend du repère d’observation, un écoulement permanent dans un repère peut être non
permanent dans un autre.

Fig. 1-3- Le mouvement du fluide est permanent dans un repère et pas dans l'autre

Lignes de courant. À un instant donné, une ligne de courant est une ligne où (en chaque point) la tangente est portée
par le vecteur vitesse en ce point.

Trajectoire. C’est la courbe parcourue au cours du temps par une particule fluide (qui est en un certain point à un
certain instant).

On démontre, et nous l’admettrons, qu’en écoulement permanent, les trajectoires et les lignes de courant coïncident.
Ce résultat n’est pas vrai en régime non permanent.

3- Échanges entre particules fluides


Un fluide en mouvement “advecte” avec lui de la masse, de la quantité de mouvement, de l’énergie thermique et
mécanique. Mais un autre processus permet des échanges entre particules fluides.

On sait qu’un fluide est formé d’une multitude de molécules en mouvement incessant. Ce mouvement permet une
“diffusion” des trois grandeurs qui se “conservent” :
masse diffusivité de masse D en (m2/s)
quantité de mouvement diffusivité = viscosité cinématique " en (m2/s)
énergie diffusivité thermique a (m2/s)

Cette diffusion est très simple à comprendre dans le cas d’un gaz puisque deux gaz de compositions différentes ont
tendance à se mélanger même sans mouvement d’ensemble (diffusion de masse). S’ils ont des vitesses différentes, ils
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se transmettent mutuellement de la quantité de mouvement (viscosité). S’ils ont des températures différentes, ils se
transmettent de la chaleur (diffusion thermique).

On verra plus loin que les échanges (de masse, de quantité de mouvement, d’énergie) sont commandés par le gradient
d’une certaine quantité (concentration, vitesse, température).

Toutes les diffusions sont caractérisées par une “diffusivité” qui s’exprime en m2/s. Cette donnée nous permet de
trouver des ordres de grandeur, car on peut écrire a = L2/t .

Si on cherche le temps que met un processus diffusif pour progresser d’une certaine distance L, on trouve t , de même
si on cherche la distance de pénétration d’un phénomène diffusif au bout d’un temps t , on trouve L
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t!L L! at
a

Montrons que tous les processus de diffusion peuvent s’interpréter en terme microscopique comme une “marche
aléatoire”.
l B
A

Fig. 1-4- Marche désordonnée des molécules et processus de diffusion

Un promeneur a les yeux bandés, il avance d’un pas. On le fait tourner sur lui-même pour qu’il ne connaisse pas son
orientation. Il avance un deuxième pas, et ainsi de suite. Il effectue ainsi une marche aléatoire.

Soit l0 la longueur d’un pas et soit n le nombre de pas. On montre deux propriétés sur le segment AC qui joint les
points extrêmes du parcours. La direction du segment AC est quelconque, c'est-à-dire que toutes les directions sont
équiprobables. La longueur moyenne L du segment AC est n l0 .

l20 t
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on en déduit L = l0 n = l0 t = = at en posant a = l0
t0 t0 t0

Si on revient à l’image de l’agitation atomique pour un gaz par exemple, l0 est le libre parcours moyen et l0 / t0 est la
vitesse moyenne d’agitation des molécules.

Ainsi tous les phénomènes de diffusion moléculaire s’expliquent par l’agitation des molécules. Même mieux,
l'existence de processus de diffusion aurait pu permettre aux savants du début du XIXe siècle d'induire l'existence des
atomes.

4- Actions mécaniques
Notion de volume de contrôle. De même qu’en mécanique, on isole par la pensée un système de son environnement
et qu’on décrit les interactions par des forces, de la même façon, en mécanique des fluides, on définira un système.
Mais ce système sera attaché à un volume de l’espace et non à la matière (système ouvert). Le volume de contrôle
contient un certain nombre de particules fluides.

Les particules fluides sont soumises à des forces extérieures. On distingue classiquement les forces de volume
(pesanteur...) et les forces de surface (pression ou contrainte normales et cisaillement ou contraintes tangentielles).
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Pression. C’est la contrainte normale qui agit en un point sur une particule fluide. À cette pression est attachée deux
propriétés importantes. La pression en un point ne dépend pas de la direction d’application de la force. La pression
intervient sur une particule fluide principalement par son gradient

Fig. 1-5- Calcul d'une force de pression

Gradient de pression. C’est par définition le vecteur :

!p/!x dx
grad p = !p/!y si on pose dM = dy on obtient dp = grad p . dM
!p/!z dz
Il est facile de voir, sur la dernière relation, qu’une isobare, caractérisée par dp = 0 , est une surface perpendiculaire
au vecteur gradient en chaque point.

On voit aussi que le vecteur gradient a pour direction la direction de plus grande variation de la pression (on retrouve
une notion un peu analogue à celle de direction de plus grande pente pour une surface).

L’importance de cette notion de gradient est qu’une particule fluide soumise à une pression uniforme ne bouge pas.
Son mouvement n’est dû qu’à des pressions non uniformes. On montrera plus loin que la force de pression est
proportionnelle au gradient de la pression.

Contraintes tangentielles. Elles apparaissent quand le fluide est cisaillé.

plaque mobile V

profil de vitesse huile placée entre les plaques

plaque fixe

Fig. 1-6- Fluide cisaillé entre deux plaques de vitesse de translation différentes

On mesure sur la plaque fixe une contrainte tangentielle transmise par le fluide. On trouve la relation :

! = µ dU c'est la loi de Newton


dy

Dans la relation µ est la viscosité dynamique qui s’exprime en Pa.s (ou Poiseuille).
La viscosité cinématique est la diffusivité de quantité de mouvement. Elle s’exprime en m2/s et s’obtient par la
relation
! =µ
"
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2- STATIQUE DES FLUIDES

Lois générales de la statique


______________

1- Pression en un point
Soit un élément de surface dS orienté par le vecteur unitaire n, la pression est la contrainte normale exercée sur la
surface.
p = - dF dF = - p n dS p en N/m2 (Pa = Pascal)
dS

dF est l’action du fluide du côté défini par n sur le fluide (ou le solide) au-dessous.

Une propriété importante est que la pression en un point ne dépend pas de la direction n . Pourtant ce scalaire
engendre, à partir d'une surface donnée, une force qui, elle, dépend de la direction n . On dit que la pression est
isotrope. On le montre en considérant des sections obliques d’un cylindre horizontal dans un fluide au repos.

Fig. 2-1- Force de pression sur des facettes obliques

L’équilibre du corps impose que la somme des forces extérieures soit nulle, ce qui, projeté sur l’axe des x, conduit à
la relation :

dF - dF' cos! = 0 -pM dS + pM' dS' cos! = 0


or dS' = dS/ cos! donc -pM + pM' = 0

Si on fait tendre dx vers 0 on voit que la pression en M ne dépend pas de la direction.

2- Équation de la statique (en un point)


Considérons maintenant un cube dans un fluide au repos et écrivons l’équation de la statique.
z

dS M'

Fig. 2-2- Le gradient vertical de pression équilibre la pesanteur

La somme des forces extérieures est nulle. Ces forces se décomposent en forces de volume (ici, la pesanteur) et en
forces de surface (ici les pressions).
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!Fext = 0 "# force de pesanteur + forces de pression = 0

Sur l’axe des z , cela donne l’équation :

- ! g dS dz + pM dS - pM' dS = 0 soit pM' - pM + ! g dz = 0

Or les points M’ et M sont proches et la pression est continue, d’où


pM' = pM+ !p dz d'où l'équation sur z !P + " g = 0
!z !z

Sur l’axe des x, le même raisonnement conduit à la relation


!p = 0
!x
L’équation de la statique exprimée d’une façon locale s’écrit donc :

!p/!x = 0
!p/!y = 0 #$ -grad p - " g k = 0 #$ %Fext = 0

!p/!z + " g = 0

Cette équation signifie que sur une particule fluide au repos (dans un repère galiléen) la somme des forces
(volumiques) de pesanteur et de pression est nulle.

S’il y a d’autres forces de volume comme les forces centrifuges (dans un repère non galiléen) ou des forces
électriques, on les rajoute à l’équation. Toutes les forces sont exprimées en N m-3.

Surfaces isobares : ce sont des surfaces à pression constante. En statique, elles sont perpendiculaires au vecteur
gradient de pression. Si les seules forces de volume sont les forces de pesanteur, alors les surfaces isobares sont des
plans horizontaux. Par exemple, la surface libre d'un plan d'eau est une surface isobare et horizontale.

On montre qu’en statique, une surface isobare est aussi une surface isochore (! = cte) et une surface isotherme (T =
cte).

On remarque enfin que ce ne sont pas les pressions qui créent directement des forces résultantes, mais les gradients
de pression.

3- Forces de pression sur un corps (poussée d'Archimède)


On s’intéresse à la résultante des forces de pression sur un corps immergé dans un liquide. La somme des forces de
pression est l’intégrale des forces élémentaires -p dS soit encore :
F= - P n dS
S
La normale n à la surface est dirigée vers l’extérieur.

Cette intégrale se calcule assez facilement si la forme du corps est simple, mais Archimède en a donné une
démonstration générale très élégante :

Dans la première expérience, le solide est immobilisé. Les forces de pression sont représentées par l’intégrale vue
plus haut.
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Fig. 2-3- L'expérience de pensée pour trouver la poussée d'Archimède


Dans la première expérience, il faut prévoir une ficelle pour soutenir le solide

Dans la deuxième expérience, le solide a été remplacé par le fluide. La répartition des forces de pression est la même
(sur la surface S) que dans la première expérience. Le fluide étant en équilibre, on calcule facilement la force de
volume, c’est le poids du volume de liquide. On en déduit le théorème d’Archimède :

La résultante des forces de pression exercées par le fluide sur un solide immergé est égale à l’opposé du poids du
volume d’eau déplacée. Cette force est appliquée au centre de gravité de ce volume déplacé.

4- Cas particulier d'une pression uniforme


S’il n’y a pas de forces de volume sur le fluide, il n’y a pas de gradient de pression, donc pas de poussée
d’Archimède. On en déduit que l’intégrale des forces de pression sur une surface fermée est nulle
- p n dS = 0 si p = cte
S

On voit aussi que dans l’air où on peut souvent négliger l’action de la pesanteur, on pourra de la même façon,
négliger la poussée d’Archimède.

P
S S'

Fig. 2-4- Cas d'une pression uniforme sur une surface s'appuyant sur un plan

On déduit de ce théorème une importante propriété pratique : soit une surface courbe (S’) s’appuyant sur une surface
plane (S) la résultante des forces exercées par une pression constante est la même pour les deux surfaces.

On pourra donc dans ce cas remplacer une intégrale difficile par un simple produit.

Pour savoir si on peut négliger les forces de volume devant les autres, il faut en calculer un ordre de grandeur.

5- Équation de la statique dans un repère non-galiléen


On sait qu’il existe une classe de repères (qui se déduisent les uns les autres par une vitesse de translation uniforme)
pour lesquels la relation de Newton (F = m #) est valable. Quand un système fluide est au repos dans un repère non
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galiléen, il est soumis à des forces complémentaires qui se déduisent de la loi de combinaison des accélérations (#a
accélération dans le repère absolue, #r accélération dans le repère relatif, #e accélération d'entraînement, #c
accélération de Coriolis) :

Aa = Ar + Ae + Ac ici Ac = 0 car on est en statique

m Aa = ! Fext "# m Ar = ! Fext - m Ae ici Ar = 0

Ces forces complémentaires sont proportionnelles à l’accélération d'entraînement, c'est-à-dire à l’accélération par
rapport au repère absolu du centre du repère relatif. L’équation de la statique devient :

! Fext - m Ae = 0 " # - gradp - $ g k - $ Ae = 0

Il est très intéressant de combiner la pesanteur avec l’opposé de l’accélération d'entraînement. On introduit de la sorte
une pesanteur équivalente locale g*:

g* = g - Ae ! - gradp + " g* = 0

On en déduit la propriété suivante. Dans un repère non galiléen, l’introduction de la pesanteur équivalente locale (à la
place de la pesanteur) permet d’utiliser la même équation que pour les repères galiléens.1

Exemple d’application. Forme de la surface libre d’un liquide dans un récipient en accélération uniforme

la surface libre est perpendiculaire à la


- !e direction de la pesanteur équivalente

g* g

Fig. 2-5- Exemple de pesanteur équivalente

On ferait de même avec un récipient tournant. Dans ce cas, le champ de pesanteur équivalent n’est pas uniforme et la
surface libre n'est pas un plan mais un paraboloïde de révolution.
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1 Cette idée est le principe d'équivalence qui a été le guide pour A. Einstein pour développer sa théorie de la relativité générale. Elle est basée
sur l'égalité expérimentale de la masse pesante et de la masse inerte (expérience d'Eötvös, 1888).
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3- STATIQUE DES FLUIDES ISOVOLUMES


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On dit qu’un fluide est isovolume quand sa masse volumique reste constante, indépendante de la pression.

1- Équation de la statique
Puisque ! est constant, on peut intégrer l’équation de la statique dans la direction z :

dp + ! g dz = 0 " p + ! g z = cte

On voit que, dans un fluide isovolume, la pression varie linéairement avec l’altitude. Entre deux points d’un liquide
au repos, on a la relation pA + ! g zA = pB + ! g zB
z

liquide
B
P
Pa PA PB

Fig. 3-1- La répartition de la pression dans un fluide au repos

Expérience de PASCAL

Si on augmente (grâce à un piston par exemple) la pression en un point d’un fluide au repos, la pression augmente
partout de la même quantité.
F

Fig. 3-2- Augmentation homogène de la pression dans un fluide au repos

Vérin hydraulique (B. Pascal 1654)


S s

A B

Fig. 3-3- Principe du vérin hydraulique

Si on appuie du côté A , on a amplification du mouvement en B. Si on appuie en B , il y a amplification de la force


en A.

Principe des vases communicants


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Les niveaux en A et B sont les mêmes si le fluide est homogène (! le même partout) et immobile. A contrario, pour
un fluide non homogène, le principe ne s'applique pas (cf. figure de droite).

A B A
B
liquide dense

Fig. 3-4- Principe des vases communicants pour un fluide homogène

Mesure des pressions par un manomètre

Pour mesurer la pression dans un réservoir de gaz, on peut relier ce réservoir à l’extérieur par un tube en U qu’on
appelle manomètre. La différence de pression entre l’intérieur et l’extérieur est directement liée à la différence des
hauteurs notée h . pA = p0 +! g h
P0
C
PA h
B

Fig. 3-5- Un manomètre pour l'air

2- Forces exercées sur une paroi


La force exercée par un fluide sur une paroi solide s’écrit :
F= - p n dS n normale à la surface dS élément de surface
S
On peut souvent remplacer le calcul de l’intégrale par un équivalent plus simple en faisant apparaître la force dans un
système mécanique comprenant la surface.

Exemple : détermination d’une force verticale

On considère un hémisphère de rayon R sous une hauteur d’eau H. On demande de calculer la force verticale qui agit
sur l’hémisphère.

eau
H

hémisphère
R

Fig 3-6- Force des pressions sur un dôme hémisphérique

Le calcul peut se faire par une intégrale de surface, mais on gagnera du temps à considérer l’équilibre du volume qui
surplombe l’hémisphère. La force qui s’exerce sur l’hémisphère compense simplement le poids de l’eau, elle vaut
donc :
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F = ! R2 H - 2 ! R3 " g = ! R2 " g H - 2 R
3 3

Si on avait fait le vide sous la demi-sphère, il aurait fallu ajouter l’action de la pression atmosphérique à la surface
libre de l’eau. (pa $ R2). Il n'y a pas de contraintes tangentielles sur les surfaces latérales.

Calcul d’une force horizontale : vanne rectangulaire de largeur l et de hauteur h

eau vanne h

Fig. 3-7- Force des pressions sur un vanne rectangulaire


h

F=- p - p0 n dS = i ! g h - z l dz = 1 ! g l h2 i
S 0
2

Le point d’application de cette force est à 1/3 de la hauteur à partir du bas, comme on le trouve en calculant les
moments des forces réparties (cf. aussi cours de résistance des matériaux). On remarque dans ce calcul que le résultat
tient compte des forces exercées par l’air sur la face de droite de la vanne. C’est général. Quand on s’intéresse à
l’action d’un liquide sur une paroi solide avec présence d’air, on tient toujours compte de l’action de l’air. Mais on
constate, pour le calcul, que cela revient à considérer la pression relative (cf. théorème de Pascal).

Exemple 2 de calcul d’une force horizontale : vanne cylindrique

vanne cylindrique h
eau

Fig. 3-8- Force des pressions sur une vanne cylindrique (représentée en coupe verticale)

Le calcul de la force horizontale est le même que pour la vanne rectangulaire. Il est facile de le démontrer en
remarquant que pour chaque surface élémentaire oblique, on peut calculer la force horizontale (obtenue en projetant
la force totale) et que cette force est la même que la force appliquée à la surface projetée (la projection de la force
totale est égale à la force sur la surface projetée).
z dF = p dS

!
dS !
dF cos ! = P dS cos ! = P dS'
dS' = dS cos !

Fig. 3-9- Composante horizontale de la force de pression sur une surface rectangulaire inclinée
(coupe verticale)

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4- STATIQUE DES FLUIDES COMPRESSIBLES


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On ne considérera dans ce chapitre que des gaz secs obéissant à l’équation de gaz parfaits.

1- Équations
On dispose de deux équations dp = -! g dz et p/!T = r ; r est la constante des gaz parfaits.
Pour l’air, r = 287 J kg-1 K-1 ; r = R / M = 8,32 / 0,029 ; ( R = 8,32 J K-1 mole-1 et M en kg/mole). Or il y a trois
inconnues p, !, T . Il faut donc avoir une relation supplémentaire pour calculer les grandeurs thermodynamiques.
Cette relation dépend du problème considéré.

2- Étude de l'atmosphère
Dans le cas de l’atmosphère, les météorologues utilisent les données des températures obtenues par ballon-sonde T =
T(z). Cette relation leur permet de trouver les autres grandeurs (l’humidité joue aussi un rôle).

a) Cas d’une atmosphère isotherme T = T0 (situation que l’on peut observer en hiver)

Le calcul de l’atmosphère est très facile :


dp = - ! g dz
" dp = - g dz " p = p0 exp - g z
p =rT p r T0 r T0
0
!

La pression diminue exponentiellement avec l’altitude.

b) Cas d’une atmosphère adiabatique :

On appelle atmosphère adiabatique, une atmosphère dont le profil de température est tel que si un petit volume d’air
monte, il se refroidit par détente mais reste constamment à la même température que l’atmosphère (dont la
température diminue vers le haut).
dp = - ! g dz
# dT = - " - 1 ! T g dz = - " - 1 g dz
" p " r
p" - 1 = cte # dp = - " dT
T" p " -1 T

dT = - 0,01 °C/m c'est le gradient adiabatique sec


dz

Dans une atmosphère adiabatique, la température diminue linéairement avec l’altitude de 1°C tous les cent mètres.
La pression diminue un peu moins vite que dans le cas isotherme mais pour de faibles dénivellations, cela ne se voit
guère. Si on tient compte des condensations possibles, le "gradient adiabatique humide" est d'environ la moitié du
précédent.

3- Stabilité de l'atmosphère
Nous allons montrer qu’une atmosphère dont la décroissance de température avec l’altitude est plus forte que
l’atmosphère adiabatique est instable : il apparaît spontanément des mouvements de convection (les ascendances).
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z adiabatique

atmosphère stable d'hiver


B B'
!z
T

Fig. 4-1- Stabilité d'une atmosphère hivernale

Si un volume d’air monte (AB), sa température passe de TA à TB en suivant l’adiabatique (car il n’a pas le temps
d’échanger de la chaleur). L’air ambiant est lui à TB’ > TB. Le volume d’air étant plus dense redescend, l’atmosphère
est donc stable puisqu’une perturbation entraîne des forces de rappel.
z

adiabatique atmosphère instable d'été


B' B

!z
T

Fig. 4-2- Instabilité d'une atmosphère estivale

En été, l’air est souvent surchauffé au sol. Un petit volume d’air qui monte se refroidit en suivant l’adiabatique, mais
il est environné d’air à température plus basse, donc plus dense. Le petit volume d’air continue à monter et amorce
une cellule convective (cumulus de beau temps, cumulo-nimbus d’orage). L’atmosphère est dite instable.

4- Ascension d'un ballon


Soit un ballon de volume V (constant) dont la masse totale sans le gaz est m. Le gaz ayant une masse volumique !
et l’air environnant ayant une masse volumique !a.
La force ascensionnelle vaut F = (!a - !) V g - m g
L’altitude maximale sera atteinte quand F = 0

(!a -!)Vg V

mg

Fig. 4-3- Ascension d'un ballon

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5- TENSION SUPERFICIELLE
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1- Expérience fondamentale
On considère une fourche en fil de fer et un brin de paille. Si on dépose une goutte d’eau savonneuse, on peut, en
tirant la paille, former un film liquide. On constate qu’il faut exercer une certaine force pour le faire.

Fig. 5-1- Expérience d'étirement d'une lame d'eau savonneuse

F=2!l ! est la tension superficielle en N/m et l la largeur du film

Le coefficient 2 a été mis en raison de l’existence de deux interfaces air-eau (au-dessus et au-dessous).

Pour le couple eau-air % = 75 10-3 N m-1

On trouve que cette valeur de la tension superficielle est très sensible à la pureté des liquides. En particulier, des
traces de surfactants ou des agents “tensioactifs” modifient profondément la valeur de %. Le savon la diminue par
exemple, facilitant le mouillage.

L’énergie liée à la tension superficielle se calcule par le travail que l’on a fourni :

W = F !x = 2 ! L !x = 2 S !

Cette énergie est proportionnelle à la surface de contact eau-air.

2- Loi de Laplace
Expérience : si on gonfle à l’aide d’une paille creuse une bulle de savon et qu’on arrête de souffler, la bulle se
dégonfle. On en déduit qu’il y a une surpression à l’intérieur de la bulle.

Laplace a calculé cette surpression.

Soit une bulle d’air dans l’air (de rayon R). On la gonfle à R + dR. L’augmentation de surface est dS = 8 $ R dR .
Considérons comme système la surface S; l’augmentation d’énergie superficielle est donc

dW = 2 % dS = 16 $ R dR %

Or cette augmentation d’énergie superficielle a été apportée par le travail des forces de pression au niveau de la
surface
dW = (pi - pe) dV = (pi - pe) 4 $ R2 dR
d’où la relation
17

pi - pe = 4 ! relation de Laplace pour une bulle


R

bulle de savon
goutte d'eau

Pe Pi
Pi

Fig. 5-2- Pression à l'intérieur d'une goutte ou d'une bulle

Dans une goutte d’eau pi - pe = 2% / R


Dans une bulle de savon dans l’air pi - pe = 4 % / R car les surfaces sont doublées.

Ces relations peuvent s’énoncer de la façon suivante : de part et d’autre d’une interface courbe fluide-fluide, la
pression est différente. Elle est plus grande dans la concavité d’une valeur 2 ! / R.

On peut généraliser l'expression 2 % /R à une surface autre qu'une sphère en utilisant la théorie de Gauss sur les
courbures. En effet, considérons une surface quelconque et plaçons nous en un point M. En ce point, on définit le
plan tangent à la surface. On définit en plus, deux plans normaux, perpendiculaires entre eux et perpendiculaires au
plan tangent. Il y a une infinité de couples de ces plans normaux. L'intersection de chacun de ces deux plans avec la
surface définit une courbe. Pour chacune de ces courbes, on détermine les rayons de courbure R1 et R2. Gauss a
démontré que 1/R1 + 1/R2 = cte quel que soit le couple des deux plans. On admettra la formule de Laplace
généralisée à une interface de forme quelconque :

pi - pe = % (1/R1 + 1/R2)

3- Contacts liquide-solide-gaz
Le contact entre deux fluides se fait en général par une surface. Le contact entre trois fluides ou bien deux fluides et
un solide a lieu le long d’une ligne.

S G S G G
fluides-solide
L L S L
mouillant mouillant non mouillant
parfait imparfait parfait

Fig. 5-3- Contact à trois phases. Liquide mouillant et non mouillant une surface

Un liquide mouille parfaitement un solide, s’il monte le long du solide et se raccorde tangentiellement (eau-verre très
propre). Si le raccord n’est pas tangentiel, il est mouillant imparfait. Un liquide est non mouillant s’il descend
(mercure-verre). Ces propriétés dépendent très fortement de la propreté et de l’état des surfaces solides.

! G-2
gaz
liquide 2
liquide 1
! G-1 ! 1-2
18

Fig. 5-4- Contact à trois phases fluides

Les trois % sont les tensions interfaciales. L’équilibre est obtenu pour l’annulation de la somme de ces trois vecteurs.

4- Loi de Jurin sur la capillarité


Si on introduit un tube fin (dit capillaire) dans l’eau, on voit l’eau monter par capillarité. Le phénomène s’explique
bien si on remarque que la pression est plus grande à l’intérieur du ménisque (loi de Laplace). Au point B, il y a donc
une dépression qui aspire le liquide.
!
r
A
B
h

liquide mouillant
imparfait

Fig. 5-5- Remontée capillaire d'un liquide dans un tube fin

On calcule la différence de pression par la loi de Laplace (on admet que la surface est une calotte sphérique).
pA - pB = 2 % cos & / R = ! g h

d'où la loi de Jurin h = 2 ! cos "


#gR

Plus le tube est fin, plus le liquide remonte dans le capillaire. Ce sont les forces de capillarité et la pression osmotique
qui sont à la base de la montée de la sève dans les arbres.

Dans les manomètres constitués de tubes de petits diamètres, ce phénomène peut fausser les mesures (sauf si le tube
en U a même diamètre de chaque côté). Mais il est facile de tenir compte de cet effet si on connaît la tension
superficielle du liquide. En pratique, au-delà de 8 mm, on pourra négliger la correction capillaire dans les tubes de
manomètre.

5- Pression osmotique
La notion de pression osmotique n'a rien à voir avec la tension superficielle. Il s'agit de la différence de pression
d'équilibre de part et d'autre d'une membrane semi-perméable séparant un fluide pur (solvant) et un fluide chargé
d'ions (comme le sel). La membrane laisse passer les atomes du liquide (solvant) mais pas les ions du soluté. Les ions
exercent sur la membrane une pression partielle qui est équilibrée par une hauteur d'eau plus grande du côté du
liquide pur.

C'est la pression osmotique qui explique certaines montées d'eau dans les systèmes biologiques.

_________________
19

6- MOUVEMENT DʼUN FLUIDE,

CONSERVATION DE LA MASSE
___________________

1- Description du mouvement et tube de courant


On ne cherche pas à suivre les particules fluides dans leur mouvement, mais on mesure la vitesse en différents points
(méthode d’Euler). Le mouvement est donc décrit par un champ de vitesse. Ce champ est continu presque partout,
c'est-à-dire que des points très voisins ne peuvent avoir des vitesses très différentes.

Notion de débit à travers une surface élémentaire : on distingue le débit masse en kg/s et le débit volume en m3/s
qu'on pourra noter respectivement qm et qv .
n
Vn

dS
V

Vt

Fig. 6-1- Débit à travers une surface élémentaire

Le débit élémentaire à travers la surface dS est d qm = ! V. n dS = ! Vn dS

On voit sur cette relation que c’est la composante normale de la vitesse qui fournit un débit.

On appelle ligne de courant, la courbe dont la tangente en chaque point est la vitesse du fluide en ce point (à un
instant donné). Si l’écoulement est permanent, la ligne de courant est aussi la trajectoire de la particule fluide.
V

ligne de courant

tube de courant

Fig. 6-2- Tube de courant

On appelle tube de courant, l’ensemble des lignes de courant s’appuyant sur une courbe fermée. La propriété la plus
importante d’un tube de courant, c’est qu’il est étanche ! Ce résultat un peu paradoxal car un tube de courant n'est pas
limité par un solide, résulte immédiatement de la définition de la ligne de courant.

2- Conservation de la masse en régime permanent


20

La conservation de la masse se traduit pour un fluide isovolume par la conservation du volume. Dans un écoulement
dans un tuyau, on montrera plus loin que la conservation de la masse se ramène à la conservation du débit à travers
une surface transversale.
Le débit masse est donné par qm = ! V. n dS
S

n est la normale à la surface sur laquelle, on mesure le débit. On voit sur l’expression mathématique que le débit est
le flux du vecteur ! V
profil de vitesse

S V

Fig. 6-3- Profil de vitesse dans la section transversale d'une conduite

Dans une conduite et pour un fluide isovolume, on définit une vitesse moyenne de débit :

Vm = 1 V dS on a alors qV = Vm S = cte
S S

Le profil de vitesse est la surface extrémité des vecteurs vitesses.

3- Accélération matérielle d'une particule fluide


u
La vitesse en un point est donnée par V(x,y,z,t) avec V = v
w

Si on se place en un point et à un instant voisins, la vitesse est légèrement différente :

dV = !V dt + !V dx + !V dy + !V dz soit dV = !V + !V dx + !V dy + !V dz
!t !x !y !z dt !t !x dt !y dt !z dt

Ce rapport de la variation de la vitesse sur la variation du temps correspondra à une accélération matérielle de la
particule fluide si on suit la particule dans son mouvement, c'est-à-dire si :

dy = v
dx = u dz = w ! = DV = "V + u "V + v "V + w "V
dt dt dt Dt "t "x "y "z

En écoulement permanent !V/!t = 0

On voit que l’accélération d’une particule fluide décrite avec la méthode d’Euler est beaucoup plus compliquée que
celle décrite par la méthode de Lagrange. Les mathématiciens ont montré que ce sont les trois termes supplémentaires
de la fin qui sont à l’origine de la redoutable difficulté des équations de la mécanique des fluides.

________________
21

7- ÉQUATIONS DU MOUVEMENT
____________

Nous considérons maintenant un fluide en mouvement. Ce mouvement engendre des forces supplémentaires qu’il
faudra prendre en compte.

1- Équation locale d'Euler

Appliquons l'équation de la dynamique m ! = " Fext à une particule fluide de volume petit #

! DV = " F
Dt #
S’il n’y a pas de mouvement, on doit retrouver l’équation de la statique : 0 = - grad p - ! g k

S’il y a mouvement, des forces complémentaires apparaissent, les frottements visqueux. On en déduit l’équation
générale de la dynamique des fluides, dite équation de Navier-Stokes (Navier 1821, Stokes 1845) :

! DV = - grad p - ! g k + forces visqueuses en (N m-3)


Dt

Si les forces visqueuses sont petites et négligeables, on obtient l’équation de la dynamique pour les fluides non
visqueux : c’est l’équation locale d’Euler (1750)

! DV = - grad p - ! g k en (N m-3)
Dt

le premier terme est lié à l’accélération matérielle dont on a calculé l’expression plus haut, le deuxième terme
représente les forces de surface, le troisième, les forces de volume (pesanteur).

Pression motrice (ou pression étoilée ou pression modifiée). On regroupe les deux termes de pression et de
pesanteur en posant pm = p + ! g z , c’est la pression motrice. Dans l’équation d’Euler, on peut regrouper les forces
sous l’opérateur gradient car il est linéaire.

grad p + ! g z = grad p + ! g k

l’équation d’Euler prend alors une forme plus compacte :

! DV = - grad pm
Dt

On en conclut que c’est le gradient de pression motrice qui est à l’origine de l’accélération, ce qui justifie le nom
donné à cette “pression”.

Si on utilise dans les calculs la pression motrice, et qu’un objet solide se trouve immergé dans le fluide, il faudra
penser à rajouter, pour lui, la poussée d’Archimède aux forces de pression. Lorsqu’on calcule avec les pressions
statiques ce n’est, bien sûr, pas nécessaire, mais les calculs sont plus compliqués.

2- Théorème de Bernoulli (Daniel et Jean Bernoulli 1739)


22

C’est la traduction pour un fluide du théorème de l’énergie cinétique établi en mécanique. Nous allons l’exprimer
dans le cas d’un fluide isovolume, non visqueux, en régime permanent.

Fig. 7-1- Tube de courant élémentaire pour démontrer le théorème de Bernoulli

Soit un volume fluide contenu à l’instant t dans le tube de courant entre les sections AB et CD . À l’instant plus
tard t + dt ce volume sera compris entre A’B’ et C’D’.

La conservation du volume (! est supposé constant) s’écrit S1 dx1 = S2 dx2 = d'

On applique le théorème de l’énergie cinétique : “la variation de l’énergie cinétique de la masse fluide est égale au
travail des forces intérieures et extérieures”.
Variation d'énergie cinétique : 1 ! d" V22 - V21
2
travail des forces de pression : p1 - p2 d!
travail des forces de pesanteur : ! g z1 - z2 d"

On suppose nul le travail des forces visqueuses (viscosité négligeable). On en déduit le théorème de Bernoulli :

p1 + ! g z1 + 1 ! V21 = p2 + ! g z2 + 1 ! V22 = cte en Pa


2 2

En hydraulique, on appelle charge, la quantité (p + ! g z + 1/2 ! V2 )/!g . Elle est exprimée en mètres. Nous
adopterons cette dénomination même lorsque la quantité est exprimée en Pascals.

On peut alors énoncer le théorème de Bernoulli :

Dans un écoulement isovolume, permanent, à viscosité négligeable, la charge se conserve le long d’une ligne de
courant.

Remarques importantes sur le théorème de Bernoulli : ce théorème ne traduit pas la conservation de l’énergie
(premier principe de la thermodynamique). C’est un théorème de mécanique qui se contente de faire le bilan de la
seule énergie mécanique.

La charge, concept qui est fort utilisé en hydraulique, ne se comprend bien que si on voit comment on l’obtient dans
le théorème de Bernoulli. On écrit le théorème de l’énergie cinétique puis on divise le travail par le volume (soit
encore les puissances par le débit volume). La charge hydraulique est donc une puissance divisée par un débit
volume. Si un système présente une “perte de charge”, la puissance mécanique perdue s’obtient en multipliant la
perte de charge par le débit volume. Si une pompe est installée sur un circuit hydraulique, elle apporte de la charge,
c'est-à-dire une puissance mécanique (si on multiplie la charge par le débit volume).

P uissance = qv !p !p est l'apport de charge

La notion d’énergie de pression n’a pas de sens, de la même façon que l'énergie de tension pour une corde n'a pas de
sens, mais la pression (tout comme la tension ou une force en général) peut fournir un travail. La pression intervient
dans le travail des forces pour maintenir le mouvement.
23

On pourra montrer à titre d’exercice que le modèle d’une boule oscillante au bout d’un ressort n’a rien à voir avec
Bernoulli. En revanche, le modèle d’une boule pesante attachée au bout d’une ficelle, qu’un opérateur fait monter ou
descendre, peut être mis en relation avec le théorème de Bernoulli (travail de la tension).

3- Équation transversale de l'impulsion


On pourrait encore appeler ce paragraphe : “théorème sur la variation transversale de la pression motrice”

Ce théorème montre comment les forces centrifuges dans un mouvement à trajectoire courbe, se répercutent sur le
champ de pression. Ou d’une autre manière, c’est le champ de pression inhomogène qui permet à une particule fluide
d’amorcer une courbe.

Sur une ligne de courant, définissons un repère local passant par le point considéré, l’axe des x est pris dans la
direction du vecteur vitesse, l’axe des y passe par le centre de courbure de la trajectoire. Le rayon de courbure est R.
L'axe des z est perpendiculaire à la fois à x et à y,.

Fig. 7-2- Ligne de courant courbe et gradient de pression

Considérons une particule fluide centrée sur le point M et écrivons l’équation d’Euler dans le repère Oxy en nous
contentant de la projection sur l’axe des y (transversal):

2
! DV . j = - grad pm . j avec !DV . j = - ! V terme d'accélération centripète
Dt Dt R

!Pm
et comme grad Pm . j =
!y
on en déduit la relation :
!pm = " V2
en N m-3
!y R

Dans un écoulement permanent avec des lignes de courant courbes, la pression motrice augmente dans la direction
de la convexité (l’extérieur) comme le carré de la vitesse et comme l’inverse du rayon de courbure de la trajectoire.
En revanche dans la direction z la pression motrice reste constante.

Le champ des pressions motrices permet de comprendre comment une particule fluide change son mouvement. Si le
gradient de pression est vers l’avant, il y a freinage. S’il est vers l’arrière, il y a accélération. S’il est oblique, il y a
virage dans l’autre sens.
grad pm. i ! pertes de charge ou accélération ou décélération
grad pm. j ! forces centrifuges
grad pm. k = 0
24

Le fait que les forces visqueuses sont plutôt de même direction que l'axe des x nous permet d'affirmer que le
théorème reste valable même en prenant en compte la viscosité du fluide.

_______________
25

8- APPLICATION DU Th. DE BERNOULLI et de


L'ÉQUATION TRANSVERSALE DE L'IMPULSION
____________________

1- Application du théorème de Bernoulli aux écoulements en conduite


Dans une conduite rectiligne, les lignes de courant moyennes sont parallèles. L’écoulement moyen peut être
considéré comme un faisceau de tubes de courant.

C V

Fig. 8-1- Écoulement moyen dans une conduite

Sur un tube de courant élémentaire, la charge se conserve. Mais la charge n’est pas une grandeur dont on peut faire
un bilan (c'est une grandeur de tension, ce n’est pas une grandeur “extensive”). La grandeur que l’on peut sommer sur
la section est l’énergie cinétique qui s’obtient comme le produit de la charge par le débit volume. On en déduit la
relation :
p + ! g z + 1 ! V2 V dS = cte
S
2

Le théorème sur la variation transversale nous permet de dire que les deux premiers termes sont constants dans la
section (si la conduite est rectiligne), ils représentent la pression motrice. En revanche, la vitesse n’est pas uniforme.
Définissons le coefficient & appelé coefficient d’énergie cinétique :

!= 1 3
V dS avec Vm = 1 V dS
V3m S S
S S

On peut alors écrire la relation qui traduit le théorème de Bernoulli intégré dans une section droite de conduite
rectiligne :
p + ! g z qv + 1 " ! V2m qv = cte
2

soit encore p + ! g z + 1 " ! V2m = cte puisque le débit se conserve


2

Dans une conduite, le théorème de Bernoulli s’applique à la vitesse de débit à la condition de modifier le terme
d’énergie cinétique par un coefficient & . Heureusement les écoulements turbulents qui constituent la grande majorité
des écoulements industriels ont un coefficient & voisin de 1.

On pourra donc, pour des calculs ordinaires, écrire sans correction le théorème de Bernoulli sur l’axe de la conduite
et pour la vitesse de débit.

2- Applications aux pressions


Soit un écoulement permanent, les lignes de courant (trajectoires) sont faciles à visualiser. On peut donc connaître le
champ de vitesse en tout point de l’écoulement. Montrons que si on connaît la pression en un seul point (A), on peut
déterminer la pression en tout point (B). En effet, on peut aller de A vers B en passant par le point C qui se trouve sur
la même ligne de courant que B en suivant un chemin transversal. On passera de A à C par l’équation transversale de
l’impulsion. Puis, on passera de C à B en suivant une ligne de courant et en appliquant le théorème de Bernoulli.
26

C B

Fig. 8-2- Détermination de la pression en tout point connaisssant la pression en un point

Pression d’arrêt : c’est la pression au point d’arrêt quand on place un obstacle dans un écoulement. Le théorème de
Bernoulli nous fournit pA = p + 1/2 ! V2

Mesure de la pression sur une conduite : un simple trou sur la conduite relié à un manomètre nous fournit la
pression dans la conduite.
tube piézométrique
C

B
.

eau . A

Fig. 8-3- Tube piézométrique branché sur une conduite

Le théorème transversal de l’impulsion nous donne pmA = pmB et le théorème de la statique pmB = pmC. On en déduit
la relation :
pA = patm + ! g h

3- Application aux vitesses


.F
.
C
. B . A

E
h
D

Fig. 8-4- Tube de Pitot double pour mesurer la vitesse

Pour mesurer une vitesse, on peut utiliser un tube de Pitot double qui donne accès à la pression dynamique 1/2 ! V2
en mettant en opposition un Pitot d’arrêt et une sonde de pression statique. Dans le cas d'un Pitot double placé dans
l'air avec un manomètre à eau, on établira facilement le résultat :

2 !eau g h
V=
!air

À titre d'exercice, on pourra calculer la vitesse pour un Pitot double placé dans l'eau avec un manomètre (vers le haut)
rempli d'air.
27

4- Critères pour appliquer le théorème de Bernoulli sans correction


Le théorème de Bernoulli sans correction de pertes de charge, ne s’applique strictement qu’à un écoulement
permanent, isovolume et non visqueux. Cependant on l’applique aussi quand ces trois conditions ne sont vérifiées
que d’une manière approchée. Examinons ce point.

a) Écoulement lentement variable. Un écoulement est dit lentement variable si les forces qui le font changer sont
petites devant les autres forces en présence. D’une autre façon, on peut dire qu’un écoulement lentement variable est
un écoulement pour lequel les temps liés aux modifications de l’écoulement sont grands devant les temps typiques
d’instauration de l’écoulement.

On peut appliquer le théorème de Bernoulli à un écoulement lentement variable.

b) Écoulement de gaz. Un gaz est un fluide non isovolume. Néanmoins, à basses vitesses les variations de pression
induites par les vitesses sont en général petites devant la pression moyenne. Le critère pour appliquer le théorème de
Bernoulli est le suivant : les écarts relatifs de pression doivent être petits devant 1

!" ~ 1 !p ~ " V2 = $ % V =
2$ # P = a 2$ % Mmax = 2$
" # p 2# P "
Si ( = 0,01 => V = 46 m/s.
Si ( = 0,02 => V = 66 m/s.
M est le nombre de Mach de l’écoulement, rapport entre la vitesse et la vitesse du son. La condition porte finalement
sur le nombre de Mach. Les effets de compressibilité de l’air seront négligeables à bas nombre de Mach.

Sachant que la vitesse du son dans l'atmosphère est voisine de 330 m/s, on pourra prendre comme condition pratique
que V < 60 m/s. Pour des vitesses supérieures dans l’air, on doit tenir compte de la compressibilité dont les effets
deviennent déterminants lorsqu’on se rapproche ou on dépasse la vitesse du son (330 m/s).

c) Écoulements réels visqueux. Tous les fluides sont visqueux à température ambiante, mais pour les deux plus
importants, l’eau et l’air, la viscosité est faible. Le critère pour appliquer Bernoulli est double :

- d’une part, le nombre de Reynolds de l’écoulement doit être grand devant 1 (Re = V D/" , " étant la viscosité
cinématique du fluide, 10-6 m2 s-1 pour l’eau; 15.10-6 m2 s-1 pour l’air) ;

- d’autre part, il faut que le “moteur” de l’écoulement soit la pesanteur ou le gradient de pression, mais pas la
viscosité. Ce critère repose donc sur une analyse physique du problème. Il faut s’aider dans cette réflexion de
l’équation de Navier Stokes en termes qualitatifs.

exemple : jet d’air sortant d’un réservoir sous pression

Fig. 8-5- Jet à la sortie d'un réservoir sous pression

La mise en mouvement dans la partie AB est due à un gradient de pression, le théorème de Bernoulli est donc
applicable sur ce tronçon. En revanche sur le tronçon BC, les seules forces qui interviennent sont les forces
28

visqueuses qui ralentissent le fluide ; on ne peut donc pas appliquer le théorème de Bernoulli sans correction sur ce
tronçon.
On pourra montrer que pB = pD , que pA > pB et que pB = pC .
29

9- LES THÉORÈMES GLOBAUX

Bilan des quantités de mouvement (EULER)


_________________

1- Équations de bilan
Les lois de base de la physique sont des lois de conservation,
de la masse,
de la quantité de mouvement (l’impulsion des physiciens) et moment cinétique,
de l’énergie.

Pour pouvoir les formuler, on est amené à définir un système matériel et à l’isoler par la pensée de l’extérieur.

Définition : on dit qu’un système est isolé (pour une des trois lois) si la loi de conservation s’applique pour lui.

Pour les systèmes non isolés, ces lois de conservation ne s’appliquent pas, mais elles permettent de définir des termes
sources
masse d m = sources de masse
dt

quantité de mouvement d mV = sources de Q d M ! " Fext


dt

énergie d m e + V2 = puissance des forces extérieures et de la chaleur entrante


dt 2

Dans le terme de source est soutendue la notion de débit. On voit sur ces relations que les forces en mécanique sont
les sources de la quantité de mouvement.

En général, les systèmes étudiés en mécanique des fluides ne sont pas attachés à la matière mais définis plutôt par des
volumes (ceux des récipients). On les appelle volume de contrôle. Lorsque la matière peut traverser la surface qui
limite le volume de contrôle, le système est dit ouvert. On n’écrit plus alors une loi de conservation, mais on écrit
des équations de bilan. Cette façon de procéder est liée à l’adoption du point de vue d’Euler pour la description d’un
fluide.

Pour mieux comprendre cette notion, examinons le cas de la masse.

2- Bilan de masse et généralisation à un bilan d'une grandeur extensive

Vn
n

dS V
Volume de contrôle
Vt

Fig. 9-1- Le volume de contrôle et les débits


30

Soit un volume V fixe, limité par une surface S, le bilan de masse s’écrit d’une manière évidente : l’augmentation de
masse à l’intérieur est égale à la masse algébriquement entrante + sources éventuelles. Si une masse est sortante,
elle est comptée négativement dans le débit.

On préfère parler de la dérivée de la masse par rapport au temps ; on en déduit :

La dérivée, par rapport au temps, de la masse contenue dans le volume de contrôle est égale au débit masse
algébriquement entrant à travers la surface + le débit des sources éventuelles.

Cela se traduit mathématiquement par :


!" dv = - " V . n dS + débit des sources
V
!t S

Comme ! n'est pas uniforme dans le volume, il faut utiliser le symbole de dérivée partielle. Il faut bien regarder
comment on construit le terme de débit à travers une surface. La grandeur correspondant à la masse (!) est advectée
par la vitesse V. Mais pour le débit, ce qui compte, c’est la composante normale de ce vecteur (le produit scalaire de
la vitesse par le vecteur normal).

Si l’écoulement est permanent, le premier membre est nul. Le signe - pour le débit vient de la convention
mathématique des normales n orientées vers l’extérieur.

Généralisation : soit une grandeur ! G dont on veut faire le bilan :

!"G dv = - "G V . n dS + débit des sources de "G


V
!t S

Dans cette expression G est une grandeur massique (par unité de masse).
- masse G = 1
- quantité de mouvement G = V
- pour l’énergie G = e + V2 / 2 (e est l’énergie interne massique)

Pour notre part, nous nous contenterons d’appliquer les théorèmes globaux en régime permanent. Comme les
écoulements sont en général turbulents, les fluctuations de la vitesse et de la grandeur G engendrent des termes
supplémentaires (dus aux corrélations V G ) lorsqu'on effectue les moyennes temporelles de l'équation instantanée
écrite plus haut. Nous négligerons cet aspect, et de ce fait, les équations globales seront seulement approchées
lorsqu'on les utilisera avec les valeurs des grandeurs, moyennées dans le temps, en écoulements turbulents.

Forme hydraulique des théorèmes globaux en régime permanent

Si on fait le bilan de la grandeur !G à un écoulement en conduite, et si on peut admettre que la vitesse et la grandeur
G sont uniformes dans une section droite, alors le bilan s’écrit :

qm G2 - G1 = débit des sources de !G

3- Théorème global d'Euler (théorème de Q d M, équation du bilan d’impulsion) (Euler 1750)

Le bilan de quantité de mouvement pour un volume de contrôle en régime permanent, se ramène à l’énoncé :

Le débit de quantité de mouvement (algébriquement) sortant de la surface limitant un volume de contrôle est égal
aux forces extérieures.
31

! V V . n dS = forces extérieures = forces de surface + forces de volume


S

Ce théorème sert à chaque fois qu’on veut calculer les forces exercées par un fluide sur une surface solide. Pour
l’appliquer, il faut définir soigneusement le volume de contrôle et écrire l’équation seulement après.

Le théorème d’Euler est vrai même si le fluide est visqueux, il suffit de tenir compte des forces visqueuses.

Forme hydraulique du théorème d’Euler en régime permanent

Si on applique le théorème d’Euler à un écoulement en conduite, et si on peut admettre que la vitesse est uniforme
dans une section droite, alors le théorème s’écrit :

qm V2 - V1 = forces de surface + forces de volume

Cette équation est très simple à appliquer, mais elle est moins générale que celle indiquée plus haut.

4- Autres théorèmes globaux (énergie cinétique, énergie)


On peut écrire pour une conduite le théorème de l’énergie cinétique. On trouve une forme globale du théorème de
Bernoulli (si on admet que la vitesse est uniforme, les coefficients d'énergie cinétique &1 = &2 = 1).

qm ! V2 - ! V2 = puissance des forces ext. et int.


2 2 1 1 (1)
2

On a déjà trouvé cette relation.

De même pour l’énergie (1er principe de la thermodynamique), on écrit, si l'énergie interne est uniforme dans chaque
section et si on appelle puissance thermique la puissance qui franchit la surface (du volume de contrôle) par
conduction ou qui est reçue dans le volume (chauffage infrarouge ou micro-onde par exemple).

qm e2 + 1 ! 2 V22 - e1 + 1 ! 1 V21 = puissance des Fext + puissance therm. (2)


2 2

En général, on isole dans la puissance des forces extérieures, les deux termes provenant du travail des forces de
pression P1S1u1 - P2S2u2 = qm(P1/!1 - P2/!2) et on combine ces deux termes avec les deux termes du premier
membre en faisant apparaître l'enthalpie du fluide (h = e + P/!) . Dans un écoulement en conduite, la vitesse à la paroi
est nulle et la puissance des forces extérieures visqueuses est nulle aussi :

qm h2 + 1 ! 2 V22 - h1 + 1 ! 1 V21 = puissance des Fext de volume + puissance therm. (3)


2 2

C'est cette équation qui sera utilisée dans le cours de deuxième année sur les écoulements de fluides compressibles.

On peut aussi éliminer l’énergie cinétique en retranchant membre à membre l'équation 1 à l'équation 2 . On obtient
alors :
qm e2 - e1 = - puissance des forces intérieures + puissance therm. (4)

Les forces intérieures comportent les forces de pression et les forces visqueuses. La puissance des forces de pression
proviennent de la compressibilité du fluide (changement de volume). Elles sont négligeables à basses vitesses
(nombre de Mach petit). Dans ce dernier cas, il ne reste que la puissance des forces intérieures visqueuses. L'opposée
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de la puissance des forces intérieures de viscosité est appelée fonction de dissipation et elle est notée D. La puissance
thermique est notée ) :
qm e2 - e1 = D + ! (5)

L’équation obtenue est appelée équation de la chaleur (voir cours de thermique). Elle est valable à faible nombre de
Mach pour des températures uniformes dans chacune des sections 1 et 2.

En comparant cette équation avec l'équation 3 , considérée elle-aussi à faible nombre de Mach (puissance cinétique
négligeable), on remarque que la puissance de dissipation visqueuse représente la différence entre les débits d'énergie
interne et d'enthalpie du fluide, c'est-à-dire la puissance des forces extérieures de pression. On pourra montrer
directement ce résultat intéressant, en guise d'exercice, en étudiant l'écoulement dans un tuyau de section constante.

L’intérêt principal des théorèmes globaux est que l’on n’a pas besoin de connaître le détail de l’écoulement à
l'intérieur du volume de contrôle. Il suffit de savoir ce qui se passe sur la frontière que l’on a choisie pour définir le
volume de contrôle.

5- Exemple d’application du théorème d’Euler pour le calcul d’une force


On va voir dans cet exemple qu'il est souvent judicieux, pour calculer les forces, de prendre les pressions relatives
plutôt que les pressions absolues.

Fig. 9-2- Force d'un jet sur une plaque plane

Soit un jet d’eau qui vient frapper une plaque plane, appliquons le théorème global d’Euler au volume de contrôle
défini par l'eau en grisé sur la figure. Ce volume est limité par une section droite amont S1, une surface latérale
compliquée SL, une section de sortie de l'eau en forme de cylindre S2 et la surface de contact avec la plaque SP.
Projetons l’équation sur x.
- qm V - 0 = - F eau/plaque + Pa S

Le terme Pa S est obtenu en considérant la force de la pression atmosphérique sur les trois surfaces S1, SL, S2. On
remplace alors la surface compliquée par la surface plus simple SP. (cf. corollaire du théorème d'Archimède).
Écrivons maintenant l’équation de la statique pour la plaque seule (F est la force horizontale qu'on doit exercer sur la
plaque pour la soutenir) :

Feau/plaque - pa S - F = 0

d’où F = qm V + pa S - pa S = qm V

La pression atmosphérique ne jouant aucun rôle dans le résultat, on aurait pu la remplacer par zéro, c'est-à-dire
calculer en considérant les pressions relatives plutôt que les pressions absolues (on a déjà rencontré cette propriété en
statique). Si on regarde plus finement le résultat, on voit que dans la force exercée par l'eau sur la plaque, il y a deux
termes. Un terme qui provient de la pression atmosphérique sur l'eau qui la transmet à la plaque. Ce terme est contre-
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balancé par la force de l'atmosphère sur l'autre face de la plaque. Et un deuxième terme qui provient des surpressions
générées par la courbure des lignes de courant de l'eau. C'est ce terme qui est à l'origine de la force cherchée.

Si on applique le théorème d’Euler à un jet d’air dans l’air par exemple, on trouve que la quantité de mouvement du
jet reste constante le long du jet. Comme le jet s'évase, le débit augmente (c'est le phénomène d'éjection utilisé dans
les ventilo-convecteurs pour la climatisation). On montre aussi que le débit d'énergie cinétique diminue.

Le théorème d'Euler s'applique aussi bien pour un solide que pour un fluide. On a souvent intérêt à choisir comme
système (volume de contrôle) un volume contenant le fluide et son enveloppe solide. Cette façon de procéder évite
d'avoir à considérer le solide dans un deuxième temps. Par exemple dans le cas étudié plus haut (jet sur une plaque),
on a intérêt à considérer l'ensemble volume d'eau + plaque et à lui appliquer directement le théorème global d'Euler.
On gagne une ligne de calcul.

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