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Les fonctions du roman

1) La fonction ludique (divertissement, fiction, évasion)


Le roman revêt une fonction ludique permettant de divertir les lecteurs en
leurs procurant du
plaisir a travers des histoires drôles et captivantes. C’est dans ce sens que le
roman peut être
considère comme une fable dans la mesure où il traite d’une histoire
visiblement inventée. La
fable symboliquement est l’art de dire bcp de choses en peu de mots, en alliant
diversité,
concision, élégance et humour. Ainsi le roman est un simple récit imaginaire,
une affabulation,
une fiction narrative. L’univers romanesque n’est qu’un mirage par rapport au
réel, au vécu
des hommes. Emile Lettre, philosophe positiviste français, disait dans ce sens
que << le roman
est un ensemble d’histoire feintes>>, une assertion que conforte Hugo en
considérant le
roman comme un <<conte dilue>>. Les personnages des romans n’existent
souvent pas dans la
réalité. Ils sont invente au même titre que leurs actions. Ramatoulaye dans Une
si longue lettre
n’existe pas en chair en os. Ses déboires conjugaux sont tout juste une
observation que
Mariama Ba a faite a partir des méfaits de la polygamie dans la société
Sénégalaise. A l’aide de
la fiction romanesque elle arrive à faire passer un message pour aider ses
soeurs et ses
concitoyennes à prendre conscience de la nécessite de s’émanciper. C’est dans
cette optique
qu’il faut comprendre cette assertion de François Mauriac : << L’oeuvre d’art
déforme plus
qu’elle ne renseigne (..) les vivants ne ressemblent jamais a des personnages
inventes. >>
Devant les goulots d’étranglement et les pesanteurs sociales et sous le faix du
train-train
quotidien, l’homme a besoin d’oublier momentanément ses problèmes, ses
soucis, ses
angoisses. C’est dans ce sillage qu’il faut comprendre cette pensée de Julien
Green :<< Le livre

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(Roman) est une fenêtre par laquelle on s’évade>>. Pour Green, le lecteur ne
doit pas
retrouver la grise et morne réalité quotidienne, mais au contraire, il doit
oublier les soucis et
les méfaits d’un monde de plus en plus agressif avec surtout la technique qui
enlève
progressivement toute personnalité de l’homme moderne. Comme pour
résumer ces propos,
Guy des Cars dira :<< Le but du roman n’est pas délivrer un message, mais de
nous distraire. >>
2) La fonction didactique
Le roman revêt une fonction didactique permettant d’éduquer les lecteurs. En
effet, les
productions romanesques, même dans leur diversité, ne sont pas gratuites,
elles cachent des
messages que le lecteur est chargé de décrypter. Ainsi le roman prêche la
morale. Dans ce cas
d’espèce, le héros nous est présenté comme un modèle auquel le lecteur a
tendance à
s’assimiler. Le héros devient ainsi un porteur de vertu. Par la parole et
l’exemple, il incarne une
certaine éthique, un code de bonne conduite. C’est le cas de certains romans
historiques tels
que Soundjata ou L’épopée mandingue de Djibril Tamsir Niane. Dans ce livre, le
héros nous
apparait de la manière la plus parfaite, imbu de vertus tels que la sagesse, la
bravoure, la
fidélité a la parole donnée, le sens de l’honneur et de la dignité, le haute degré
du patriotisme.
Le roman peur même dépasser le code de conduite dont parle Le Roy pour
devenir une leçon
de vie dans la mesure où le héros est un guide qui montre une façon pratique
de se conduire.
C’est le cas du docteur Rieux dans La Peste d’Albert Camus. Son
comportement, son
abnégation, sa générosité dans la lutte farouche et parfois sans espoir contre la
terrible
maladie qui sévit sur la petite ville d’Oran, n’est plus seulement un code de
bonne conduite,

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mais une façon très pratique de partager la souffrance, d’être solitaire, d’être
humain. C’est
cet humanisme que nous enseigne Antoine de St Exupery dans Terre des
hommes ou il prône
une conduite exemplaire fondée sur le sens de la responsabilité et de ce que
doit être la
fraternité entre les hommes. << Etre homme c’est être responsable; c’est
connaitre la honte
en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soit. C’est être fier d’une
victoire que les
camarades ont remportés, c’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à
bâtir le monde.
>> Ce haut degré de conscience utilitaire doit être un crédo pour chaque
homme, car c’est
sous le socle de la fraternité, de la solidarité et de l’amour que nous pouvons
bâtir la paix,
d’autant plus que << la littérature empêche les hommes d’être indifférents aux
hommes. >>
Eugene Ionesco?
3) La fonction engagement
Le romancier, a travers son oeuvre cherche à se mettre au service du peuple, a
remplir des
missions, a défendre des causes nobles. Il écourte religieusement sa
communauté dont il est
l’avocat, le porte-parole. Il représente par conséquent les exclus, les damnes,
les victimes
d’injustice, de domination, d’exploitation comme les ouvriers, les mendiants,
les pauvres qui
représentent la couche marginalisée. Chef de file du mouvement romantique,
Hugo affirme
dans cette lancée : << tant qu’il y aura damnation du fait des lois, des
problèmes sur la dignité
humaine, la déchéance de la femme, de l’enfant, des livres comme Les
Misérables peuvent
être utile. >> Beaucoup de romanciers ont mit l’accent sur les conditions de vie
défavorable
pour le peuple. Zola dans Germinal fustige cette misère des prolétaires
surexploités, souspayé.
L’assommoir du même auteur se dote du même parfum. Il s’agit de l’histoire de
Gervaise

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Macquart et Coupeau, vivant laborieusement a Paris mais honnêtement…
Confrontés à une
déchéance morale occasionnée par des conditions injustes, ils trouvent
réconfort dans la
boisson qui les assomme. Dans l’autre du roman social négro-africain, La grève
des Batu
d’Aminata Sow Fall expose cette injustice sociale: la marginalisation des
mendiants. L’aspect
politique est bien représenté dans la prise en compte du roman idéologique. En
effet, les
romanciers rejettent le plus souvent les dictatures politiques, injustices et
jugements
arbitraires dont sont souvent victime des opposants aux pouvoirs totalitaires
(Les soleils des
indépendances, d’Ahmadou Kourouma ; Ville cruelle, d’Eza Boto ; Notre dame
de Paris, de
Hugo...) Le roman permet aussi de corriger, de s’interroger sous le sens de
l’existence
humaine. A ce propos, le romancier véhicule de nouvelles idées par le biais de
ses
personnages et en fonction des actes et paroles de ces derniers. C’est
l’exemple de Meursault
dans L’étranger d’Albert Camus. L’auteur défend ses idées sur la philosophie de
l’absurde.
Cette oeuvre est une interrogation sur le fonctionnement de a société, elle
n’aime pas ce qui
ne lui ressemble pas, Camus déclare parallèlement:<< Ecrire c’est presque
toujours refuser le
monde tel qu’il est.>> Des expressions de roman telles que: La Nausée de Jean
Paul Sartre, le
héros Antoine Roquetin affirme:<< (…) si l’on m’avait demandé ce que c’était
que l’existence ,
j’aurais répondu de bonne foi que ça n’était rien, tout juste une forme vide qui
venait s’ajouter
aux choses du dehors, sans rien changer a leur nature.>> L’aventure Ambigüe
de Cheikh
Hamidou Kane et La Condition Humaine d’André Malraux sont conformes a ce
type de
philosophie qui perce la vanité de l’homme… Ana Maria Matute soutient
parallèlement:<< A la

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fois document sur notre temps et énoncé des problèmes de l’homme actuel, le
roman doit
blesser la conscience de la société avec l’espoir de l’améliorer. >>
4) La fonction vraisemblance
Au XXe siècle Georges Duhamel aurait propose:<< le romancier est l’historien
du présent, alors
l’historien est le romancier du passe>>. Et Virginia Woolf d’ajouter :<< le
roman, (…) est la seul
forme d’art qui cherche à nous faire croire qu’elle donne un rapport complet et
véridique de la
vie d’une personne réelle. >> C’est le réalisme romanesque dicte par un souci
de
vraisemblance nourri chez le romancier. Il s’agit de la copie conforme de la
réalité traduit par
la richesse des descriptions, la vraisemblance des intrigues, souvent inspire du
réel ainsi que la
psychologie des personnages. On y personnages appartenant a toutes les
classes de la société,
le défilé de plusieurs générations successives dans une perspective souvent
critique. Emile
Zola, fin naturaliste s’exprime:<< Nous autres romanciers, nous sommes les
juges d’instruction
des hommes>>. Cette volonté d’établir un monde romanesque à la fois
cohérent et complet
trouve son aboutissement dans la comédie de Balzac. Ce dernier entend édifier
un
nomenclature du genre humain:<< C’est classer la société en fonction des
professions ( voir la
hiérarchisation de la société bourgeoise expose par Flaubert dans Madame
Bauvary ); des
milieux ( expérimentes par Zola pilier naturaliste); des moeurs ( Stendhal les
dénude dans Le
Rouge et le Noir); du contexte historique ( Zola fixe la lutte des classes dans
Germinal et dans
La Bête humaine). Balzac confirme pareils dire lorsqu’il affirme:<< En dressant
des vices et des
vertus, en rassemblant des principaux faits des passions, en peignant les
caractères, celle des
moeurs. >> Cette attention particulière accordée au vrai conforte la thèse selon
laquelle dans

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l’entreprise réaliste:<< All Is true>>:<< La vérité, rien que la vérité>>. Stendhal
parachève après
le concurrent de l’état civil (Balzac) :<< Le roman est un miroir que l’on
promène le long d’un
chemin>>.__

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