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CHAPITRE VIII– GESTION INTEGREE DES RESSOUCES EN

EAU

8.1. Définition
La gestion intégrée des ressources en eau est un processus qui favorise le
développement et la gestion coordonnés de l’eau, des terres et des ressources
connexes en vue de maximiser, de manière équitable, le bien-être économique et
social en résultant, sans pour autant compromettre la pérennité d’écosystèmes vitaux.
(Partenariat mondial de l’eau/Comité Technique Consultatif)

8.2. Qu’est-ce que La GIRE?


Tout part de l’idée que les différentes utilisations des ressources en eau sont
interdépendantes.
- Gestion intégrée: veut dire que toutes les différentes utilisations des ressources
en eau sont prises en compte ensemble. Les attributions et les décisions de
gestion de l’eau prennent en compte les effets de chaque utilisation sur les
autres. Elles sont en mesure de tenir compte des considérations économiques,
écologiques, sociales, culturelles et techniques, y compris la réalisation du
développement durable.
- La gestion: d'une manière générale, la gestion est la procédure avec laquelle les
différents éléments de l’unité de gestion (ressource en eau) sont mis en œuvre
de manière à assurer son utilisation durable à long terme pour les générations
futures. - Gestion Intégrée des Ressources en Eau: C’est donc un processus
systématique pour le développement durable, l’attribution et le suivi de
l’utilisation des ressources en eau dans le contexte des objectifs socio-
économiques, environnementaux, politiques et juridiques.

8.3. Pourquoi La GIRE?


L’eau est vitale à la survie, à la santé et à la dignité humaine et elle est une
ressource fondamentale au développement humain, mais malheureusement il y a
une crise de l’eau. Les faits vérifiables :
- Seulement 0.4% de l’ensemble des eaux mondiales sont à la disposition des
humains. Les ressources en eau sont sous la pression croissante de la croissance
démographique, de l’activité économique et de la concurrence grandissante pour
l’eau entre les différents utilisateurs.
Les extractions d’eau ont augmenté à un rythme deux fois plus rapide que celui de la
croissance de la population.
- Plus de 2 milliards de personnes sont affectées par des pénuries d’eau dans plus
de 40 pays.
Un tiers de la population du monde vit dans des pays qui éprouvent un stress d’eau allant
de moyen à élevé.
- La pollution augmente d’avantage la pénurie de l’eau en réduisant l’utilité de
l’eau en aval : deux (2) millions de tonnes de déchets humains sont rejetés chaque
jour dans les cours d’eau. La moitié de la population du monde en développement
est exposée à des sources d’eau polluée qui augmentent l’incidence des maladies.
- Des imperfections dans la gestion de l’eau, une concentration sur la mise en
valeur de nouvelles sources plutôt que de mieux gérer celles qui existent, et des
approches sectorielles de gestion de l’eau du sommet à la base aboutissent en une
mise en valeur et une gestion non coordonnés de la ressource.
- Une plus grande mise en valeur signifie de plus grands impacts sur
l’environnement.
- Les préoccupations actuelles relatives à la variabilité climatique et au
changement climatique exigent une gestion améliorée des ressources en eau pour
faire face à des inondations et à des sécheresses plus intenses.
90 % des catastrophes naturelles dans les années 90 étaient liées à l’eau.

Gérer en tenant compte des impacts des activités humaines

Activités...
Exemples

Agriculture
Prélèvement
Usage Restitution avec
Consommation
domestique polluants
d’eau
Industrie
Navigation
Directement liée Pêche
à l’eau Support Energie
hydraulique
Indirectement Urbanisme Rejets, Lessivage
liée à l’eau Aménagement Imperméabilisation
de l’espace

IMPACTS POTENTIELS DE LA GIRE

 Accès équitable à l’eau pour tous les


usagers  Gestion durable des ressources en
eau :

Valorisation de l’eau et création de richesse


Prévention et gestion des conflits liés à l’eau
Pérennisation de la ressource eau pour les générations futures
 Renforcement des capacités locales :
 Amélioration du capital humain

GIRE Levier du
développement durable

Approche coordonnée des politiques

Politique
agricole
Politique de
l’eau Politique de
l’énergie

Politique de
Politique de la santé
Politique
l’éducation industrielle

8.4. Objectif de la Formation


• L’objectif de la formation en « Gestion intégrée des Ressources en Eau »
est de former des acteurs qui auront la capacité dans le contexte du
processus de décision qui
caractérise la gestion de l’eau de conseiller les décideurs, de mener des
médiations au niveau du système de gestion et des usages, de concevoir des
projets de gestion de l’eau, de faire de la communication et de soutenir
l’action citoyenne, en somme d’administrer et de planifier les ressources en
eau.
L’eau étant une ressource transversale et essentielle pour un développement
durable, les principes et valeurs de la GIRE seront enseignés afin de soutenir les
projets de société. La formation devra déboucher sur une vue globale des éléments
de stratégie ainsi que les valeurs en tant qu’élément fondamental de la GIRE.
L’accent sera mis sur les mesures et approches à promouvoir dans la perspective
d’une exploitation durable des ressources et de leur répartition équitable entre les
différents usages

• La formation a donc pour objectif spécifique de doter l’étudiant :


Ŕ de techniques d’acquisition et d’évaluation des données sur les ressources
en eau ;
Ŕ de capacités d’analyse par l’initiation et la maîtrise d’outils modernes
d’investigation des ressources en eau ;
Ŕ d’une bonne connaissance sur les principes de planification des ressources
en eau en vigueur au niveau National et international.
• Les maîtres mots de la formation sont : la gestion des ressources en eau, le
développement durable, la planification des ressources en eau, les
programmes et projets de gestion de l’eau, les modèles hydrologiques,
hydrogéologiques.

Carrières
Les possibilités offertes sont :
Ŕ Carrière d’ingénieurs ou de consultants hydrologues, Hydrogéologues,
Chimistes des eaux, Eco hydrologues,
Ŕ Gestionnaires quantitative ou qualitative des ressources en eau,
Ŕ Chercheurs en sciences fondamentales ou appliquées

8. 5. Plan d’action GIRE

Nécessité d’un nouveau mode de gestion des ressources en eau (GIRE) inspiré des
principes approuvés lors de la Conférence ministérielle de Dublin (1992) et confirmés par
la suite :

- Conférence des Nations Unies sur le milieu environnemental et le développement,


Río de Janeiro, 1992,

- Conférence Ouest Africaine sur la GIRE, Ouagadougou, 3-5 mars 1998

- Second Forum Mondial de l’Eau, La Haye, 2000,

- Sommet Mondial sur le Développement Durable, Johannesbourg, 2002

- Troisième Forum Mondial de l’Eau, Kyoto, 2003,

- Quatrième Forum Mondial de l’Eau, Mexico, 2006,

8.6. Questions clés dans la gestion de l'eau

Crise de gouvernance de l'eau


Les approches sectorielles à la gestion des ressources en eau ont prévalu par le passé et
règnent encore. Ceci aboutit à une gestion et à une mise en valeur non coordonnées et
fragmentées de la ressource. D'ailleurs, la gestion de l'eau se fait habituellement par les
institutions du sommet à la base, des institutions dont la légitimité et l'efficacité ont été
de plus en plus remises en question. Ainsi, une gouvernance insuffisante aggrave la
concurrence accrue pour une ressource finie. La GIRE apporte une coordination et une
collaboration parmi les différents secteurs, en plus d’une stimulation à la participation
des parties prenantes, la transparence et une gestion locale rentable.

Garantir l'eau pour les populations


Bien que la plupart des pays accordent la priorité à la satisfaction des besoins humains
fondamentaux en eau, un cinquième de la population du monde n’a pas accès à l'eau
potable saine et la moitié de la population n’a pas accès à un assainissement adéquat.
Ces insuffisances de service affectent principalement les segments les plus pauvres de
la population de notre pays. La réduction de moitié de la proportion de population qui
ne dispose pas de services d'eau et d’assainissement d'ici 2015 est un des Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Garantir l'eau pour la production alimentaire
Les projections de population indiquent qu’au cours des 25 années à venir, il faudra de
la nourriture pour encore 2 ou 3 milliards de personnes. L'eau est de plus en plus
perçue comme une contrainte majeure pour la production alimentaire, équivalent sinon
plus cruciale que la pénurie de terre. L'agriculture irriguée est déjà responsable de plus
de 70% de toutes les extractions d'eau (plus de 90% de toute l'utilisation à la
consommation de l'eau). Ce qui sous
entend, qu’au cours des 25 années à venir de sérieux conflits sont susceptibles d’arriver
entre l'eau pour l'agriculture irriguée et l'eau pour les autres utilisations des hommes et
de l'écosystème. La GIRE offre la perspective d’une plus grande efficacité de
conservation de l'eau et de gestion de la demande équitablement partagées entre les
utilisateurs de l'eau, et une plus grande réutilisation et un plus grand recyclage des eaux
usées pour compléter la mise en valeur de ressources nouvelles.

Protection des Écosystèmes indispensables


Les écosystèmes terrestres dans les zones en amont d'un bassin sont importants pour
l'infiltration des eaux pluviales, la recharge des eaux souterraines et des régimes de
débit des fleuves. Les écosystèmes aquatiques produisent une gamme d’avantages
économiques, y compris des produits tels que le bois de construction, le bois de
chauffe et les plantes médicinales, et ils fournissent également des habitats à la faune et
des lieux de reproduction. Les écosystèmes dépendent des écoulements de l'eau, du
caractère saisonnier et des fluctuations de la nappe phréatique et ils sont menacés par
la mauvaise qualité de l'eau. La gestion foncière et des ressources en eau doit assurer
que les écosystèmes indispensables seraient maintenus et que les effets nuisibles sur
les autres ressources naturelles sont pris en compte et si possible réduits en prenant les
décisions de gestion et de mise en oeuvre. La GIRE peut aussi aider à protéger une
“réserve environnementale” d'eau proportionnée à la valeur des écosystèmes par
rapport au développement humain.

Disparités Genre
La gestion formelle de l'eau est à dominance masculine. Bien que leur nombre
commencent à grandir, la représentation des femmes dans les institutions du secteur de
l'eau est toujours très faible. Ceci est important parce que la manière dont les
ressources en eau sont gérées affecte les femmes et les hommes différemment. Comme
gardiennes de la santé et de l'hygiène familiales et comme fournisseuses de l'eau et de
l’alimentation domestiques, les femmes sont les parties prenantes primaires de l’eau et
de l’assainissement du ménage. Cependant, les décisions sur les technologies de
l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, les emplacements des points d’eau,
l’exploitation et l’entretien des systèmes sont surtout assurés par les hommes.
L’Alliance du Genre et de l’Eau cite l'exemple d'une ONG bien intentionnée qui a aidé
les villageois à installer des latrines à chasse d’eau pour améliorer l’assainissement et
l’hygiène, sans avoir interrogé au préalable les femmes sur les deux litres
supplémentaires d'eau qu’elles devraient transporter depuis des sources éloignées pour
chaque chasse. Un élément crucial de la philosophie de la GIRE est que les utilisateurs
de l'eau, riches et pauvres, hommes et femmes, peuvent influencer les décisions qui
affectent leurs vies quotidiennes.

8.7. Les Principes de la GIRE

L’eau douce est une ressource limitée et vulnérable, indispensable à la vie, au


développement et à l’environnement/constat irréfutable qui interpelle les Etats:
- pour une approche intégrée de la gestion de l’eau, - sur les effets des
activités anthropiques sur l’eau.
Le développement et la gestion de l’eau devraient être fondés sur une
approche participative impliquant usagers, planificateurs et décideurs à tous les
niveaux/ Un principe moral qui appelle :
- à une participation réelle des acteurs (différente d’une consultation) et par
conséquent des prises de décisions échelonnées (principe de subsidiarité) -
au consensus.
Les femmes sont au cœur des processus d’approvisionnement, de gestion et de
conservation de l’eau/un principe moral qui invite à :
- une participation des femmes au processus de prise de décision en matière
d’usage de l’eau
Pour ses différents usages, souvent concurrents, l’eau a une dimension
économique. La mobilisation et la protection des ressources en eau ont un coût qui
confère à l’eau une valeur économique. C’est un cadre pour :
- gérer les usages multiples de l’eau en commun, sur la base de l’unité
hydrographique,
- la participation effective des divers groupes d’intérêt dans la gestion,
- promouvoir un accès plus équitable aux ressources hydrauliques et aux
bénéfices qui en dérivent comme un moyen de lutter contre la pauvreté,
- s’assurer que l’eau préservée est utilisée avec efficacité pour un plus grand
bénéfice en faveur des populations et pour la durabilité environnementale.

8.8. Mise en oeuvre de la Gire


La mise en oeuvre de la GIRE se fait mieux dans un processus d’étape par étape, avec
certains changements intervenant immédiatement et d'autres prenant plusieurs années
de planification et de renforcement des capacités.
Cadre Politique et juridique
Les attitudes changent pendant que les responsables se rendent compte de la nécessité
de gérer les ressources efficacement. Le processus d’actualisation de la politique de
l'eau est une étape majeure, qui exige une consultation élargie et nécessite un
engagement politique. Cadre institutionnel
Afin de mettre la GIRE en oeuvre, des arrangements institutionnels sont nécessaires pour
permettre :
- Le fonctionnement d'un consortium de parties prenantes impliquées dans la
prise de décision, avec la représentation de toutes les sections de la société, et
un bon équilibre Genre;
- La gestion des ressources en eau basée sur les frontières hydrologiques;
- Aux structures organisationnelles aux niveaux de bassin et de sous bassin de
permettre la prise de décision au niveau approprié le plus bas;
- Au gouvernement de coordonner la gestion nationale des ressources en eau à
travers les secteurs d'utilisation de l'eau.

CONCLUSION GENERALE

Dans les grandes zones d’aménagements hydro-agricoles d’Afrique, qui ont été l’objet
d’importantes interventions extérieures et le sont encore, le désengagement de l’Etat et
les impératifs de la compétitivité internationale se traduisent aujourd’hui par des
transitions difficiles à conduire. Si les ajustements économiques, organisationnels et
surtout institutionnels nécessaires ne sont pas effectués dans un avenir proche, les
risques de marginalisation des agricultures familiales, à la suite de la dégradation des
conditions de production, du fonctionnement des services de l’eau et de la
commercialisation des produits agricoles augmenteront.
- Dans le cas de la SEMRY, l’Etat camerounais n’a jamais lancé de débat
général entre tous les acteurs concernés sur l’avenir d'aménagements dont la
gestion demande pourtant une grande discipline. Il s'en est suivi une
dégradation progressive, entraînant des baisses de rendement et des
redevances de moins en moins bien perçues.
- L’Office du Niger a été réformé par les autorités maliennes en 1994, au terme
d’un second plan de restructuration auquel les représentants des producteurs
ont été associés, ce qui a permis de revoir le mandat de gérance des terres, de
recentrer l’ON sur ses fonctions d’aménagement et de gestion de l’eau, et de
lui en confier, à titre temporaire, certaines autres, d’accompagnement, dont
l’Etat a pris en charge les coûts (entretien des réseaux primaires, maîtrise
d’ouvrage des travaux de réhabilitation et extension, conseil rural et
recherche-développement).

- L’action de la SAED, pour sa part, a évolué au fil de lettres de mission


successives du gouvernement sénégalais, d’une part, vers une maîtrise
d’ouvrage, déléguée par l’Etat, de réalisation des aménagements, de gestion
globale des réseaux primaires et d’entretien des infrastructures et des
aménagements, et, d’autre part, vers un appui aux communes pour la gestion
du foncier. Les producteurs sont organisés en associations d’usagers de l’eau,
qui collaborent avec la société d'aménagement pour la gestion et l’entretien
des infrastructures. Par ailleurs, des associations professionnelles participent
aux différents cadres interprofessionnels mis en place (pour la production de
riz, de tomates, d’oignons et le maraîchage). Des centres de prestation de
services appuient les acteurs de l’économie agricole de la vallée du fleuve
Sénégal (rive gauche sénégalaise exclusivement) en matière juridique,
comptable et de gestion.

- Dans le cas du lac Alaotra à Madagascar, après la disparition de la Somalac,


la France a continué à soutenir le développement de l’agriculture de deux
périmètres adjacents, le PC15 (situé au kilomètre 15) et la vallée Marianina,
qui couvrent une surface totale irriguée de 2 300 ha et bénéficient à 2 300
usagers. Ils sont maintenant gérés par une fédération d’usagers de l’eau qui
regroupe 16 associations et qui a bénéficié d’un transfert de gérance de l’Etat.
Le fonctionnement de cette fédération fait figure de modèle à Madagascar en
matière de gestion décentralisée de l’eau. La redevance perçue en nature, qui
atteint maintenant 65 kg de paddy à l’hectare, est la plus élevée de
Madagascar, ce qui permet d’ores et déjà de prendre en charge dans de bonnes
conditions l’entretien courant et la police des eaux. Des appuis financiers
dégressifs de l’AFD sont apportés à cette fédération pleinement
responsabilisée mais encore appuyée par une société d’ingénierie.
- Le cas d’un autre grand périmètre hydro-agricole, celui de Chokwe au
Mozambique, qui rencontre des difficultés similaires à celles abordées ci-
dessus. Il s’agit en effet d’un ensemble de 25 000 ha irrigables avec les eaux
du fleuve Limpopo, retenues à Maccaretane et, en période de débit
hydraulique normal, en partie régulées grâce au barrage de Massingir sur un
de ses affluents, le Rio Eléphantes.

Au vu de ces diverses expériences, les évolutions institutionnelles des grands


périmètres hydro-agricoles d'Afrique francophone dépendent en effet, d’une part, de la
capacité des Etats subsahariens, avec l’appui des bailleurs de fonds, à proposer aux
acteurs concernés une politique clairement définie et à faire appliquer les règles qui en
découlent et, d’autre part, de la maturité et du poids des organisations de producteurs.
Les transitions engagées sont donc nécessairement longues car les politiques restent,
aujourd'hui encore, délicates à définir et surtout à appliquer. Les sociétés
d’aménagement demeurent réticentes à voir remises en cause leurs prérogatives
antérieures ; les producteurs mettent également du temps à s’organiser et à maîtriser
les dossiers complexes que constituent la mise en valeur des grands périmètres irrigués
et la gestion de l’eau. L'une des nouvelles orientations à suivre avec attention est
l’éventuelle délégation à des intérêts privés, dans le cadre de concessions, de la gestion
Ŕ totale ou partielle Ŕ de l’eau, ce partenariat entre secteur privé et secteur public
devant prendre en compte l’avis de l’ensemble des usagers pour devenir durable.
Les enjeux dans le cas de l’Office du Niger

Les 66 000 ha irrigués actuellement dans la zone dépendant de l’Office du Niger


bénéficient d’une dynamique importante depuis la libéralisation du choix de cultures et de
la commercialisation des productions, mais aussi avec l’innovation technique majeure
qu’a constituée naguère l’introduction du repiquage.

Dans le cadre du schéma directeur de développement des zones de l’ON, un certain


nombre d’enjeux importants sont en cours de discussion.
Le premier concerne les possibilités d’augmentation des surfaces irriguées, en liaison
avec la disponibilité en eau. Ce choix ne pourra se justifier que dans le cadre d’une
meilleure gestion de l’eau et d’un bon entretien des canaux, en relation avec la façon
dont sera aménagé à terme l’ensemble du bassin du fleuve Niger.

Un second enjeu se rapporte aux modes de mise en valeur à privilégier et donc aux
types d’agriculture à promouvoir. Aujourd'hui, prime encore une agriculture paysanne,
ne parvenant pas, faute de terres aménagées, à faire face à la demande d’attribution de
parcelles pour les enfants des cultivateurs pratiquant l'irrigation, les femmes et les
habitants des villages proches des périmètres de l'Office. Mais il existe aussi,
parallèlement, un grand périmètre sucrier et une première concession accordée à un
opérateur privé ; ce dernier a été obligé de mettre en fermage ses terres après l’échec
d’une mise en valeur reposant sur la motorisation. Enfin, une activité dite « agro-
industrielle », concernant des attributaires cultivant chacun une cinquantaine
d’hectares, est actuellement expérimentée.

Un troisième enjeu a trait à l’attribution et à la sécurisation du foncier. Une proposition


est actuellement à l’étude à ce sujet. Elle repose sur la création d’une société foncière
pouvant assurer une gestion transparente de l’attribution des terres à aménager et de la
mise en fermage des parcelles déjà mises en valeur.

L'un des problèmes les plus importants de l'ON reste le mode de financement des
réhabilitations des anciens périmètres, mais surtout des nouveaux. A l'avenir, les
attributaires Ŕ et même des investisseurs privés qui devraient alors recourir au système
bancaire Ŕ pourraient participer de façon accrue à ce financement.

On peut se demander également si le principal enjeu pour demain ne sera pas la place
effective de l’agriculture paysanne familiale à l’Office du Niger, sachant que les
producteurs devront rapidement renforcer leur compétitivité et leur poids économique
et améliorer leur
niveau actuel de structuration s’ils veulent peser dans les choix qui les concernent.

Des réformes à intégrer dans le cadre de politiques de l’eau

La gestion de l’eau par bassin fluvial reste parallèlement un problème politique parmi les
plus délicats. L’eau agricole constitue en effet un des principaux enjeux du
développement durable et de l’aménagement du territoire.

Bibliographie
1. B.B. Choumakov et autres. Aménagement et Economie de l’eau. 6. Irrigation.
Mémento. Ŕ Moscou. : Editions Agro-industrie, 1990. - 415 p.

2. Dementièv. V. G. Irrigation. Ŕ Moscou. : Koloce, 1979. Ŕ 303 p


3. Geert Diemer et Elleir Ch. W. Van der LA AN. L’irrigation au sahel. - Paris :
Editions Kart hala, 1987. Ŕ 232 p

4. Jean Verdier, Jean Louis Milo. Maintenance des périmètres irrigués. Ŕ Paris :
Collections du Ministère de la coopération et du développement. DOCFRAN,
1992. Ŕ326 p.

5. J. M. Eunel, G. Laucoin. Politiques d’aménagement hydro agricole. Ŕ Paris :


Agence de coopération culturelle et technique et le conseil international de la
langue française, 1980. Ŕ 212 p

6. A. H. Kostiakov. Fondements de l’aménagement hydro agricole. Ŕ Moscou : 6ème


Edition rurale élaborée et complétée, 1960. Ŕ 624 p

7. Krouzine .I. P. et Bosco I. A. Aménagement et l’utilisation des terres irriguées


dans les zones désertiques. Ŕ Moscou : Editions Agro-industrie, 1988. - 240 p

8. Semionov V.P. Cours d’aménagement hydro agricole. Ŕ Institut Polytechnique


de Leningrad. Groupe 514, 1988.- 45 p

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