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Revue française d'histoire d'outre-

mer

Pour une histoire du règne d'Andrianampoinimerina (1787-1810)


Jean Valette

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Valette Jean. Pour une histoire du règne d'Andrianampoinimerina (1787-1810). In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome
52, n°187, deuxième trimestre 1965. pp. 277-285;

doi : https://doi.org/10.3406/outre.1965.1404

https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1965_num_52_187_1404

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POUR UNE HISTOIRE DU RÈGNE

D'ANDRIANAMPOINIMERINA

(1787-1810)

Dans
Hubert
une communication
Deschamps a pu,
présentée
aussi paradoxal
en 1960 1,
queM.cela
le puisse
paraître, écrire : « Bien que l'île (de Madagascar) ait été
des Arabes pendant le Moyen Age, et que sa découverte
par les Portugais date de 1500, c'est seulement cette année-ci
qu'en a été réalisée, par mes soins, la première histoire
» 2 Paradoxe, car M. le professeur Deschamps le
note avec raiion, « le nombre d'ouvrages consacrés, en tout
ou en partie, au passé de Madagascar apparaît plus
que pour toute partie de l'Afrique tropicale ».
Et l'auteur d'essayer avec bonheur d'analyser les raisons
<le cet état de choses, raisons sur lesquelles après lui, nous
ne reviendrons pas, car elles sont somme toute bien connues.
Mais néanmoins il est possible d'aller au-delà de la pensée
de M. Deschamps et d'étudier de façon plus profonde les
limites actuelles de l'historiographie malgache et d'essayer de
voir comment il est possible de dépasser les travaux déjà
réalisés pour arriver à une Histoire malgache plus élaborée
et sortant enfin de ses méthodes traditionnelles qui ont donné
des résultats certes non négligeables, mais fragmentaires.
Nous prendrons comme exemple la période qui a le plus

1. Conceptions, problèmes et sources de l'histoire de Madagascar, dans


Journal of African History, t. I, 2 (1960), p. 249 à 256.
2. Deschamps (Hubert), Histoire de Madagascar. Paris (Berger-
Levrault), 1960. In-8°, 348 p., 13 cartes, 29 ph.
— 278 —

retenu jusqu'à présent les historiens, celle sur laquelle il a


été le plus écrit, et qui devrait donc être la mieux connue :
le règne d' Andrianampoinimerina. Et de fait si l'on essaie de
dresser la bibliographie des travaux consacrés à ce roi on
s'aperçoit qu'il a eu, en s'en tenant aux histoires générales,.
la part belle. Son règne, chez le R. P. Malzac 1, occupe le
chapitre xm de la p. 83 à la p. 161, c'est-à-dire autant que
tous les siècles antérieurs. Il en, est de même chez Grandidier
(Ch. m, p. 85 à 152) 2. Dans son livre plus spécialisé,
politiques et sociales de Madagascar 3, G. Julien consacre
au personnage et à son œuvre les pp. 150 à 428 du t. I 4 (alors
que la période postérieure, de 1810 à 1895, n'occupe que les
pp. 429 à 631) Quant aux études de détail, elles sont aussi
nombreuses, tant en français et en anglais 5 qu'en malgache.
Nous ne retiendrons pas ici les raisons d'ordre
et politique qui expliquent cet engouement pour le
règne d' Andrianampoinimerina 6 et nous étudierons le
des sources de ce règne.
Le premier en date des historiens, le R. P. Malzac (1912),
étudie cette période à partir d'une source unique, les Tantara
ny Andriana, dont son ouvrage est d'ailleurs — et presque
uniquement — une traduction et une paraphrase. Sa
relative aux rapports merino-sakalava est tirée
des Documents sur l'histoire, la géographie et le commerce de la
partie occidentale de Madagascar, publiés par le commandant
Guillain en 1845 7. Ce sont là les deux seules sources du
R. P. Malzac.
L'ouvrage de G. Julien, à peu près contemporain de celui

1. Malzac (R. P.), Histoire du royaume Hova. Tananarive, éd. de 1930,


in-8<>, 645 p.
2. Grandidier (G.), Histoire politique des Merina, t. I. Paris, 1942,.
in-4°, 397 p.
3. Paris, s.d., 2 vol., in-8° de xn-644 et 375 p.
4. Le seul qui nous intéresse, le t. II étant consacré à la période
5. Cf. notre Bibliographie méthodique des Études relatives aux Sciences
humaines, dans Bull, de Madagascar, n° 208 (septembre 1963), p. 739 à
788, au mot Andrianampoinimerina.
6. Nous pensons d'ailleurs que des travaux ultérieurs devraient
le rôle et l'importance qui lui ont été jusqu'ici assignés dans
merina, et dans l'histoire malgache en général.
7. Paris, 1845, in-8°, 376 p. Référence que Malzac abrège le plus
en Documents historiques.
de Malzae quant à sa publication 1, ne possède pas
critique. Nous savons néanmoins que sa source quasi
unique est constituée par les Tantara ny Andriana 2.
Quant à Grandidier, qui a publié le t. I de son Histoire des
Merina en 1942, il prend soin, p. 85, de nous indiquer ses
sources relatives au règne d'Andrianampoinimerina, et nous
y relevons qu'à l'exception d'Ellis 3 et de Guillain déjà citér
il a utilisé presqu'exclusivement les Tantara ny Andriana, soit
directement, soit à travers ceux qui les avaient utilisés avant
lui 4. Il faut d'ailleurs reconnaître que l'ouvrage de Grandidier
constitue un progrès par rapport aux travaux antérieurs, car
il a, bien que timidement, fait appel à d'autres sources, telles
les Notes manuscrites de son père, Alfred Grandidier.
Les travaux particuliers que l'on peut signaler sur Andria-
nampoinimerina 5 relèvent eux aussi des Tantara ny Andriana
et en général ne sont que des traductions sans appareil

Ainsi l'historiographe du règne d'Andrianampoinimerina


est presque exclusivement basée sur une seule source : les
Tantara ny Andriana.

1. Le livre de Malzac est en effet la réédition de deux ouvrages déjà


publiés en malgache de 1899 à 1902, et avait déjà été publié en feuilleton
dans le journal Iraka.
2. Dans sa Préface, p. vu, Julien écrit en effet : « Certains d'entre
ces matériaux existaient déjà en des livres d'une indiscutable valeur
tels que les « Tantaran'ni Andriana et Madagaskara » du missionnaire
français Callet ; les autres furent extraits des archives mêmes du
malgache. Nous noterons que ces archives malgaches ne peuvent
être en tout état de cause antérieures à 1820 environ, date de
de l'écriture à la cour d'Imerina.
3. Ellis (W.), History of Madagascar, t. II, 1838, p. 122 à 128.
4. Le P. Malzac, le P. Soury-Lavergne, les PP. Abinal et de la Vais-
sière. Il est à remarquer d'ailleurs que les textes de Malzac et de
présentent une telle identité dans la forme que l'on peut établir
saris peine qu'ils procèdent l'un de l'autre, ou à tout le moins d'un
commun.
5. Cousins (W. E.), Translation of the farewell speech of Andrianam-
poinimerina, dans Antananarivo Annual, t. III (1885), p. 44 à 51 ;
(E. F.), Notes d'Histoire malgache, dans Notes, Reconnaissances et
Explorations, t. III (1898), p. 294 à 300; Malzac (R. P.), Dernières
recommandations d'Andrianampoinimerina (1810) d'après un manuscrit
du P. Callet, dans Bull. Acad. Malg., t. I, fasc. 2 (1902), p. 67 à 76 ;
Soury-Lavergne (R. P.), Tranche d'histoire : Andrianampoinimerina
roi du Nord. « Les sept ans de paix», (1787-1794), ibid., t. X (1912), p. 157
à 182 ; et du même, Un chapitre du Tantara du P. Callet, ibid., n.s., t. IV
(1918-1919), p. 71 à 130.
— 280 —

Cet ouvrage est la compilation, ou plus exactement la


par le R. P. Callef, S. J., des traditions orales merina
collectées de 1864 à 1873 par l'intermédiaire d'informateurs.
Il a été publié 1, après la mort du R. P. Callet, à partir des
manuscrits qu'il avait laissés. Il s'agit donc d'un ouvrage
posthume et inachevé, et ce fait a largement influé sur sa
rédaction. Comme l'écrivent G. S. Chapus et Emm. Rat-
simba, en introduction à leur traduction 2 : « Le défaut qu'on
trouvera à cette évocation de temps révolus était inhérent à
la méthode employée par le R. P. Callet. La composition y
fait parfois défaut. Il est certains récits qu'on retrouve dans
des parties éloignées l'une de l'autre 3. De ce fait il eût été
possible d'opérer quelques coupures. On a préféré conserver à
l'œuvre son caractère original... » Souci fort louable en soi, mais
qui rend le maniement de l'ouvrage d'autant plus difficile que
les tables annoncées par les traducteurs n'ont pas encoreparu.
Il convient de noter par ailleurs qu'aucune des éditions de
l'Académie Malgache 4 n'est une édition critique, et que le
— qu'il travaille sur le texte malgache ou sur sa
traduction française — n'a ainsi à sa disposition qu'un simple
document, une transcription en quelque sorte.
Cette absence d'une édition critique et d'une étude interne
de ce texte présente à notre avis de très sérieux inconvénients,
d'autant plus sérieux, il faut le reconnaître, que son auteur,
frappé par la mort avant d'en avoir terminé la rédaction, n'a
pu lui-même en ordonner les diverses sources et les confronter.
De plus, nous pensons, malgré ce qu'a écrit G. S. Chapus 5,

1. Callet (R. P.), Tantara ny Andriana et Madagascar, lre édition,


Tananarive, 1878, in-8°, 260 p. ; 2e éd., 4 vol. in-8°, 1878 à 1902, 795,
583, 674 et 347 p. ; 3e éd., Tananarive, 1908, 2 vol., in-8°, p. 1 à 482
et 483 à 1243 (il s'agit d'une réimpression donnée par l'Académie
qui est généralement utilisée par les chercheurs). Enfin l'Académie
Malgache a donné une traduction de cet ouvrage, œuvre de G. S.
et Emm. Ratsimba, dont le 1er tome a paru en 1953, les t. 2 et 3
en 1956 ; le 4e t. en 1958. Le t. V, qui devait renfermer les index, n'est
pas encore paru.
2. T. I, p. 3.
3. Et donnant des événements des versions différentes.
4. Celle du texte malgache de 1908, et la traduction en français publiée
à partir de 1953.
5. T. I, p. 3 : « De si vastes annales n'auraient d'ailleurs jamais pu
voir le jour si le compilateur n'avait été aidé par de nombreux
malgaches ».
— 281 —

que le R. P. Collet ri a pas réuni V ensemble des traditions orales


de VImerina. La lecture attentive de l'ouvrage, une enquête
menée sur le terrain, nous ont montré par exemple l'absence
des traditions propres au clan Mandiavato, qui diffèrent en
de nombreux cas des traditions recueillies dans les Tantara.
Ce point nous semble d'autant plus important que nous
peut-être là au côté faible de la compilation du R. P.
Callet : l'origine de ses informateurs.
Ses informateurs sont en effet originaires des clans
1 et Tsimiamboholahy 2, c'est-à-dire des deux clans qui
ont aidé Andrianampoinimerina à accéder au trône et à
son hégémonie sur les autres parties de l'Imerina, aide
dont ils ont été largement récompensés par la suite 3. On a
donc affaire aux vainqueurs et aux bénéficiaires d'une
que consciemment ou inconsciemment ils ne pouvaient
que louer.
On pourrait même peut-être avancer une hypothèse qui
demanderait beaucoup de prudence et de délicats
mais qui mérite d'être examinée : les Tantara ne
seraient-ils pas, à tout le moins en partie, une histoire officielle
élaborée pour servir à justifier une réussite politique, celle du
Premier Ministre Rainilaiarivony et de sa dynastie, réussite
obtenue au détriment de la dynastie royale par une classe
sociale, les Hova ou bourgeois, hommes libres, et en
parmi eux par les clans Tsimahafotsy et Tsimiamboholahy 4
que nous avons déjà rencontrés. Certains des faits rapportés
par les Tantara touchant à l'ordre de la succession royale, à
la succession de Radama Ier en particulier, se sont révélés
faux après une étude approfondie menée à partir d'autres
sources 5 qui a fortement ébranlé la légitimité de cette reine
qui a tenu son trône plus d'une révolte militaire que de sa

d' Andrianampoinimerina.
1. C'est-à-dire originaires d'Ambohimanga, le berceau de la famille
2. C'est-à-dire originaires d'Ilafy.
3. Situation quelque peu comparable à celle des premiers habitants
de Rome qui ont tiré profit de la conquête de l'Italie, puis du bassio
méditerranéen.
4. La famille du Premier Ministre appartenait au clan Tsimiamboholahy.
5. Ayache (Simon), L'Accession au trône de Ranavalona lre (1828)
à travers le témoignage de Raombana, dans Bulletin de Madagascar, n° 205
(juin 1963), p. 485 à 505 et n° 206 (juillet 1963), p. 609 à 626 (et tirés-
à-part, 39 p.).
19
— 282 —

filiation. Et des études comparatives n'ont jusqu'à présent


été effectuées que sur le point en question.
Passons maintenant aux possibilités d'une étude externe x
des Tantara. Cet ouvrage n'est pas en effet, bien qu'on l'ait
cru très longtemps, la source unique de l'histoire de cette
période. Des travaux récents que nous avons menés dans les
archives de Madagascar ou de pays étrangers, les documents
déjà signalés depuis longtemps mais qui n'ont pas attiré
l'attention des chercheurs, d'autres traditions orales enfin,
doivent en effet permettre de recouper et de vérifier les

M. Deschamps, dans la communication dont il a été parlé


plus haut, traite de ces traditions orales. « Les principales
traditions orales merina ont été collectées par le R. P. Cal-
let... Rien de comparable n'a été tenté pour les autres peuples ».
Et cela est infiniment regrettable, car certains de ces peuples
ont été en relation avec les Merina à une époque de leur
particulièrement importante, celle de leur conquête. Or
des traditions existent et se perpétuent chez ces peuples, et
elles ne concordent pas toujours avec celles des Merina. Nous
nous sommes personnellement livré à une étude fragmentaire
des traditions betsileo de la région de Kiririoka — Fandriana,
déjà d'ailleurs recueillies par des annalistes locaux et nous
avons relevé des divergences profondes avec la tradition
Merina. De même des divergences existent entre les Tantara
et l'ouvrage de Guillain au sujet des relations merino-sakalava,
en particulier au sujet de l'allégeance de Ravahiny à Andria-
nampoinimerina affirmée par les uns, et niée par les autres.
Ces divergences, d'ailleurs, sont tout à fait normales, et il
appartient à la critique historique de trancher entre elles.
Mais à côté de ces sources orales, il existe des sources écrites
sur la période d'Andrianampoinimerina, sources que nous
séparément selon qu'elles sont européennes et
ou malgaches et postérieures.
Nous connaissons actuellement trois sources européennes
contemporaines d'Andrianampoinimerina écrites par des
ayant vécu à Tananarive : le Voyage au pays d1 Ancove

1. En nous excusant d'employer ce mot clans un sens non classique,,


et de lui faire signifier : à partir d'autres sources.
— 283 —

en 1785 de Nicolas Mayeur 1, quelque peu antérieur donc au


début du règne d'Andrianampoinimerina, mais qui est
par les renseignements d'ordre politique, social et
qu'il confient ; le Journal 2 de Barthélémy Hugon,
traitant français qui a séjourné à Tananarive auprès
en avril-mai 1808, dont le texte a été déjà
signalé par Grandidier qui ne l'a que très peu utilisé ; des
fragments d'un Mémoire 8 de Lebel, autre traitant français,
non encore signalé jusqu'à présent, et qui nous apportent de
très importants renseignements sur l'Imerina en 1803-1804.
Dans le même ordre d'idée, il y a peut-être à glaner dans les
papiers des divers traitants qui fréquentèrent à cette époque
les côtes malgaches. On peut aussi, sans doute, trouver quelques
données dans les nombreux textes britanniques et français
écrits à Madagascar ou sur Madagascar dans les années qui
ont immédiatement suivi la mort d'Andrianampoinimerina *.
Ces sources européennes sont d'autant plus importantes
qu'elles sont datées et permettent ainsi, même si elles
que peu d'éléments nouveaux, de préciser une
qui fait totalement défaut aux Tantara ny Andriana
ce qui en rend malaisée la consultation.
Présentant encore un plus grand intérêt, il existe aussi,
bien qu'elles n'aient jamais été utilisées, des sources annalis-
tiques malgaches, non contemporaines certes, mais rédigées
avant les Tantara.
La plus importante de ces sources est Y Histoire de
de Raombana, écrite en 1854, sur laquelle S. Ayache 5
1. Édité dans le Bull. Acad. Malg., vol. XII (2e p.), 1913, p. 14 à 18-
Une étude critique de ce texte serait d'ailleurs à faire, le point le plus
important à élucider étant de savoir, le voyage ayant eu lieu en 1785,
et la rédaction du texte par Dumaine datant de 1793, à quelle époque
se rapporte réellement le texte, c'est-à-dire si Dumaine n'a pas
extrapolé et inclus dans les notes de Mayeur des renseignements
plus récents. Signalons que le mss. de ce Voyage est conservé au British
Muséum, Add. Mss. 18 128, fol. 99 à 118 v.
2. British Muséum, Add. Mss. 18 137 (original). Nous préparons une
édition de ce texte.
3. British Muséum, Add. Mss. 18 135, fol. 200 à 213 v. Nous préparons
une édition de ces fragments.
4. Nous pensons en particulier, et sans que cette indication soit
au mss. du capitaine Gouhot (Paris, Bibliothèque Centrale des
Archives de la Marine, mss. 47 et 48, Microfilm dans Arch. R.M., III Mi 1
et 2).
5. Cf. supra, p. 281, n. 5.
— 284 —

a récemment attiré l'attention. Cette Histoire est l'œuvre du


secrétaire particulier de la reine Ranavalona Ire, Raombana,
qui, né en 1809, a pu interroger nombre de contemporains
d'Andrianampoinimerina, dans sa famille en particulier. Son
texte est rédigé en langue anglaise 1, détail d'une extrême
importance car il mettait son auteur, aux vues peu conformes
aux vérités officielles, à l'abri de la délation.
L'autre source, qui émane elle aussi d'un personnage à peu
près contemporain de Raombana, et disposant d'éléments
d'information tout aussi importants, est un manuscrit écrit
en 1864-1866 par l'un des derniers survivants des « Ombiasy »
ou devins de la reine Ranavalona Ire. Propriété d'Alfred Gran-
didier 2, il a été offert en 1954 par G. Grandidier à l'Académie
Malgache 3. Il n'a pas été utilisé jusqu'à ces derniers temps.
Une équipe d'élèves de l'École normale de Tananarive 4, sous
la direction de S. Ayache, procède actuellement à l'étude de
ce document, qui renferme de très nombreux renseignements
sur le règne d'Andrianampoinimerina et les périodes

Enfin nous signalerons un très important travail resté


manuscrit : V Histoire de Madagascar de Rainandriamam-
pandry 5. Certes l'auteur est de beaucoup postérieur au règne
d'Andrianampoinimerina, mais il convient de remarquer qu'il
a dû commencer à écrire vers 1875, donc à une époque
de celle où le R. P. Callet compilait ses Tantara. Il faut
aussi insister sur sa très forte personnalité. Élevé dans les
écoles de la London Missionary Society, membre de la
promotion de la « Normal School » de cette Société,
pasteur d'Ambohimanga, la ville sacrée des Merina, puis
de l'importante province de Tamatave, Rainandriam-
ampandry devait en 1895 devenir ministre de l'Intérieur,
et mourir début 1896 sous les balles françaises. Le caractère
original de l'ouvrage doit aussi retenir l'attention. Il s'agit

1. Les deux frères jumeaux Raombana et Rahaniraka avaient en


effet été élevés en Grande-Bretagne.
2. Une longue description de ce mss. est donnée par Grandidier dans
sa Bibliographie de Madagascar, t. I, 2e partie, p. 730 à 733.
3. Bull. Acad. Malg., 412 — Une table de ce mss. a été dressée par
les soins du Dr Raharijaona.
4. Dans le cadre des monographies de fin d'études normales.
5. Conservée aux Arch. R.M., SS 4 à 14.
— 285 —

en effet d'une véritable histoire de Madagascar, recouvrant,


la chose mérite d'être relevée, l'ensemble de l'île. Ce qui donne
à l'ouvrage toute son importance. Il n'a fait jusqu'ici l'objet
d'aucune étude *, et il est de ce fait difficile de savoir l'apport
nouveau qu'il peut renfermer.
Ainsi les récentes découvertes d'ordre archivistique, les
en cours sur des manuscrits déjà connus, mais jusqu'ici
non étudiés, laissent espérer qu'il sera bientôt possible, à
d'éléments nouveaux, de faire progresser nos connaissances
sur une époque charnière de l'histoire malgache, le règne
d'Andrianampoinimerina. En permettant de se livrer à une
étude critique de la seule source jusqu'ici utilisée, les Tantara,
les nouvelles sources que nous avons signalées plus haut
à tout le moins aux historiens la possibilité de vérifier
et contrôler ce qui a déjà été avancé.
Jean Valette.

1. Un autre groupe de normaliens, toujours sous la direction de


S. Ayache, travaille actuellement à l'analyse de cet ouvrage, dont il
existe plusieurs rédactions considérablement augmentées les unes par
rapport aux autres.

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