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H AT H A
YO GA
TOUTES
LES ÂSANAS
PAS À PAS
Flammarion
SOMMAIRE
Préface 7
André Van Lysebeth 9
L’apprentissage du yoga 11
Toutes les postures âsanas 41
La dynamique du souffle 295
L’énergie du yoga 333
Méditation et relaxation 383
Annexes 413
Préface
“
La découverte du yoga
Au début, André Van Lysebeth s’intéressait à l’hypnose comme hobby, mais Tout commence
n’en était pas totalement convaincu (obtenant des résultats probants sur à un certain moment
autrui mais pas sur soi). Par la suite, il « se tourna vers la méditation, la ou à une certaine date.
concentration, la relaxation et l’observation du souffle ». Et « tout naturel-
lement, de fil en aiguille », il découvrit le yoga.
André rencontra son Maître, Swami Sivânanda, à Rishikesh, peu
avant le décès de celui-ci. C’était écrit dans les étoiles !
À la demande du Maître, il lança une revue dont il était à la fois l’auteur,
l’éditeur et l’imprimeur, et ce, pendant quarante ans. Le mensuel soulignait
l’application du yoga au quotidien. Avec l’humour légendaire de l’auteur,
Yoga parlait de régimes alimentaires, du sommeil, de la santé, de la mémoire,
des images mentales, de sexualité et de l’Inde. Chaque numéro décortiquait
aussi un exercice postural, respiratoire, de relaxation ou de méditation.
S’ensuivit la publication de six livres, traduits en une douzaine de langues !
S’y ajoutait l’animation de stages d’été réunissant des milliers d’adeptes.
À côté de Gérard Blitz, cofondateur du Club Méditerranée, il impulsa
la fondation de l’Union européenne de yoga.
40 ans de pratique
Recueillie sur place par l’auteur pendant ses séjours en Inde, chaque étude
apporte la synthèse de l’enseignement de l’ashram de Swami Sivânanda
à Rishikesh, du Vishwayatan yogashram de Delhi, dirigé par Dhirendra
Brahmachari, du hatha yogi Srikantarao, de l’Ashtanga Yoga Nilayam
de Mysore, du Kaivalyadhama Samhiti de Lonavla. À tout cela, l’auteur
ajoute le fruit de son expérience personnelle accumulée en quarante ans
de pratique ininterrompue et d’enseignement du yoga en Occident. Ainsi,
il a pu noter les difficultés que l’adepte occidental rencontre en route et
les erreurs qu’il risque de commettre. Lisez et relisez les descriptions des
mouvements, examinez et réexaminez les postures : il vous arrivera sou-
vent de remarquer un détail qui vous avait échappé à la première lecture
et, répétons-le, en yoga, il n’y a pas de détails « insignifiants ».
L’APPRENTISSAGE
DU YOGA
Définition
Le hatha yoga, étant un ensemble de techniques, est neutre par défi-
nition, mais ce serait une regrettable erreur de ne considérer que cet
aspect technique, et d’ignorer l’esprit dans lequel les grands sages et
rishis de l’Inde antique l’ont conçu, esprit qui lui confère une indiscu-
table noblesse. Personne ne l’a mieux défini que Swami Sivananda dans
les lignes suivantes :
« Si l’on admet que l’homme est en réalité un esprit incorporé à la
matière, une union complète avec la Réalité exige l’unité de ces deux
aspects. Il y a beaucoup de vrai dans la doctrine qui enseigne que
l’homme doit extraire le meilleur des deux mondes. Il n’existe aucune
incompatibilité entre les deux, pourvu que l’action soit conforme aux
lois universelles de la manifestation. La doctrine qui prétend que le
bonheur dans l’au-delà ne peut être obtenu que par l’absence de jouis-
sance ici-bas, ou par la recherche délibérée de la souffrance et de la
mortification doit être tenue pour fausse. Le bonheur ici-bas et la béné-
diction de la Libération, tant sur Terre que dans l’au-delà, peuvent être
atteints en faisant de chaque acte humain et de chaque fonction, un acte
d’adoration. Ainsi le sadhak (l’adepte) n’agit pas avec un sentiment de
séparation. Il considère que sa vie et le jeu de toutes ses activités n’est
pas une chose à part, à conserver et poursuivre égoïstement, pour sa
propre cause, comme si la jouissance pouvait s’extraire de la vie par sa
propre force, sans aide.
Au contraire, la vie et toutes ses activités doivent être conçues comme
une part de l’action sublime de la Nature. Il perçoit que dans le rythme des
pulsations de son cœur, c’est le chant de la Vie universelle qui s’exprime.
Négliger ou ignorer les nécessités du corps, le tenir pour une chose non
divine, c’est négliger et nier la plus grande Vie, dont il fait partie ; c’est
falsifier la doctrine de l’Unité et de l’identité ultime de la matière et de
l’esprit. Gouvernés par de tels concepts, même les plus humbles nécessi-
tés physiques prennent une signification cosmique.
| Qu’est-ce que le hatha yoga ? 13
“
causent jamais de souffrance, au contraire !
2. La prise de conscience
Avant d’entamer la série d’âsanas, un certain temps s’écoule avant que les
pulsations et le souffle ne retrouvent leur rythme normal. Ce temps sera
consacré à la prise de conscience, qui doit constituer, en outre, une tran-
sition entre la vie ordinaire et la séance d’âsanas qui devient une oasis de
calme et de paix dans le tumulte de la vie.
La prise de conscience du corps
Pendant les âsanas, le mental contrôle
les mouvements du corps ; c’est essentiel et cela constitue
la base même du yoga, mais il est impossible
au mental de se concentrer sur l’alternance des contractions
et décontractions de groupes musculaires
dont il n’aurait qu’une imprécise perception consciente.
la nuque. Dans la pulpe des doigts appuyés contre le tapis naissent des
sensations très différentes de celles provenant des talons, par exemple.
EN PRATIQUE Concentrez votre attention sur les sensations produites dans chaque
doigt. Si vous portez une alliance ou une bague, habituellement vous n’en
avez plus conscience ; retrouvez maintenant ce contact du métal avec la
Il est évidemment impossible peau, de même que celui de votre bracelet ou votre montre, puis remon-
d’exécuter une prise tez le long du bras vers le coude jusqu’à l’épaule et sentez le tapis. Vous
de conscience aussi complète aurez ainsi exploré toute la surface de la peau. Si vous êtes couché au
en 2 ou 3 minutes, temps grand air, sentez, percevez les rayons de soleil qui vous réchauffent, ou
de transition prévu entre la mise la caresse du vent. Bref, récoltez un nombre maximal de messages senso-
en train et les poses. Cependant, riels en provenance de la peau.
avec de la pratique, on arrive
à la condenser en 3 minutes,
en parcourant rapidement Les muscles
les divers stades. Avant votre
L’éducation du sens musculaire constitue une bonne partie du système
séance de yoga, contentez-
culturiste et, bien que les objectifs du yoga soient totalement différents,
vous d’une prise de conscience
aiguiser le sens musculaire est indispensable à la pratique du yoga. Nous
« éclair ». Nous vous suggérons
allons donc maintenant nous efforcer de sentir nos muscles, d’abord les
de faire une prise de conscience
grands groupes, ensuite notre perception s’affinant avec l’exercice, nous
prolongée au lit, le matin
arriverons à « sentir » individuellement même les petits muscles.
au réveil ou le soir.
Pour prendre conscience des muscles, il faut les contracter, esquisser
de menus mouvements, presque imperceptibles.
La respiration
À présent, l’attention va se détourner de la musculature pour s’empa-
rer d’une fonction habituellement inconsciente : la respiration. Toute-
fois, nous ne nous étendrons pas outre mesure sur cet aspect de la prise
de conscience, ce sujet étant traité ailleurs. En bref, rappelons qu’il s’agit
d’abord d’observer le souffle, SANS l’influencer, d’être le témoin de la res-
piration. Essayez de vous rendre compte de la façon dont l’acte respiratoire
se déroule chez vous, sans aucune intervention de la volonté ; ne respirez
pas : laissez-vous respirer ! Sentez où et comment vous respirez, c’est tout.
Après avoir observé le souffle pendant quelque temps, ralentissez l’ex-
piration qui devrait durer le double du temps de l’inspiration. Après 5 à
10 respirations avec expiration freinée, nous pourrons aborder la phase
finale de l’exercice : la prise de conscience d’un organe.
EXERCICE
Les pieds
A Allongé sur le dos, remuez les orteils, l’un après l’autre, en vous
concentrant sur les muscles en mouvement : sentez, sous la peau, toute
cette « mécanique » se mettre en branle. Les sensations extérieures
ne doivent plus capter votre attention, mais uniquement les sensations
internes provoquées par les mouvements que vous esquissez.
L’abdomen
A Contractez la sangle, faites le tour de la ceinture, contractez les
muscles du bas du dos. Explorez le tronc et faites bouger tous les
muscles que vous pourrez, y compris les pectoraux et les muscles du
haut du dos. Le cou n’échappera pas à cette exploration systématique.
Le visage
A Une ample moisson de perceptions vous attend, étant donné
le nombre élevé de petits muscles très mobiles qui s’y trouvent.
A Sous les paupières closes, faites rouler les yeux dans les orbites,
serrez puis desserrez les paupières, froncez et relâchez le front,
relevez et abaissez les sourcils en sentant les muscles se contracter
sous le cuir chevelu.
Le haut du corps
A Maintenant, en partant du bout des doigts, remuez-les
individuellement, serrez un peu les poings et percevez la
musculature des avant-bras.
“
L’étirement musculaire
Dans les âsanas yogiques, les muscles sont délibérément placés dans une Dès que les muscles
situation exceptionnelle, voire anormale, ce qui n’est cependant pas syno- commencent à « tirer »,
nyme d’antiphysiologique, au contraire. En effet, l’état dans lequel les muscles il faut se détendre
doivent se trouver pendant le maintien d’une âsana est fondamentalement et ne pas laisser s’installer
différent de toutes les situations rencontrées dans la vie courante, que ce leur réaction de défense.
soit dans le sport, la gymnastique, le travail ou même le repos.
Pour saisir la différence qui existe entre ces activités et les âsanas
yogiques, posons naïvement la question : quelle est la caractéristique
essentielle du tissu musculaire ? La contractilité, bien sûr ! C’est parce
qu’il peut se raccourcir que le muscle met le squelette en mouvement
(nous ne considérons ici que les muscles volontaires attachés au sque-
lette). Quel que soit le mouvement exécuté, il est nécessairement provo-
qué par la contraction d’un ou de plusieurs muscles. Or, dans le yoga – et
dans le yoga seulement –, les muscles sont systématiquement étirés. Cet
20 L’APPRENTISSAGE DU YOGA |
La limite d’élasticité
Outre sa contractilité, le muscle est élastique, mais son élasticité est bien
différente de celle du caoutchouc, par exemple, qui se laisse étirer jusqu’au
point de rupture. Le muscle a une limite habituelle d’élasticité, et dès qu’on
approche de cette frontière, une résistance croissante se manifeste. Tous
les mouvements, qu’ils soient rapides ou lents, se situent dans cette zone
d’élasticité habituelle du muscle, et c’est elle qui détermine le degré de
souplesse ou de raideur d’un individu. Les âsanas yogiques visent toutes
à étirer un ou plusieurs groupes musculaires bien au-delà de leur limite
d’élasticité normale. Certaines conditions d’exécution des âsanas vont
donc découler des propriétés du muscle placé dans cette situation très
particulière. Le muscle accepte de transgresser cette frontière, mais sous
certaines conditions :
– qu’on le persuade de se détendre ;
– qu’on lui accorde le temps nécessaire ;
– qu’on le protège contre tout mouvement brusque pendant cet étirement.
Détendre le muscle
Lorsqu’il arrive à sa limite d’élasticité coutumière, sa tendance normale
est de se mettre en état de défense, de se contracter pour se protéger.
Cette réaction naturelle de défense doit être évitée et ne peut l’être que
par la décontraction volontaire. Dans la pratique des âsanas, dans la pince
par exemple, très vite on arrive au bout de la flexion, et si l’on insistait
pour aller plus loin, la sensation d’étirement déborderait bientôt dans la
douleur. Dès que les muscles commencent à « tirer », il faut se détendre et
EN PRATIQUE ne pas laisser s’installer leur réaction de défense. Lorsque la résistance à
l’étirement est perçue, il est permis d’aller jusqu’à la « douleur agréable »,
A Utilisez chaque expiration
c’est-à-dire jusqu’à cette sensation d’étirement non douloureuse, mais
pour aider le muscle à
qui deviendrait douloureuse si l’on forçait à ce moment-là. Il faut donc,
se détendre, à se laisser aller
calmement, s’intérioriser dans les muscles qui se rebiffent et les persua-
un peu plus loin.
der de se détendre.
“
Pourquoi l’étirement ?
Tout d’abord, l’étirement des muscles est indispensable pour les allonger. Une posture ne devient
On pourrait objecter qu’il est impossible d’allonger un muscle au-delà de sa une âsana qu’à partir
longueur normale, ce qui est vrai. Or, les muscles des sédentaires – sportifs du moment où l’on a dépassé
inclus – n’ont pas leur longueur normale, ils se sont raccourcis. Chez le la limite d’élasticité normale
sédentaire non sportif, parce qu’il manque de mouvement et que tout muscle du muscle et qu’on l’étire
dont on ne se sert pas tend à se rétrécir. Chez le sportif, pour la raison en douceur.
inverse : des muscles trop souvent contractés deviennent globuleux, durs
et moins longs qu’ils ne devraient l’être. Les gymnastes sont souvent assez
surpris de constater à quel point il leur est malaisé de prendre des postures
yogiques même relativement simples. En fait, en étirant des muscles rac-
courcis, le yoga leur rend leur longueur normale.
22 L’APPRENTISSAGE DU YOGA |
“
l’action sera intense et durable ; c’est ce qui est réalisé systématiquement
dans les âsanas. Et cela nous montre à nouveau que nous nous trouvons
en yoga dans une situation inhabituelle, pour ne pas dire anormale, ce qui Plus l’immobilité sera
aurait un sens péjoratif alors que, dans les postures de yoga, sauf en cas de prolongée, plus l’action sera
contre-indications, les effets sont toujours bénéfiques. L’immobilité – et elle intense et durable.
seule d’ailleurs – permet d’agir sur les viscères profonds.
Ce facteur « immobilité » est donc d’application constante dans les
postures de yoga et concerne chaque adepte, débutant ou chevronné : pas
d’immobilité = pas de réaction viscérale. Une même flexion de la colonne
aura donc des effets tout à fait différents selon qu’elle est effectuée pen-
dant un temps court, même à répétition, ou pendant une minute ou plus.
La différence de pression
Nous n’insisterons guère sur cet aspect, bien qu’il soit le moteur de cette
circulation avec le péristaltisme propulseur des capillaires lymphatiques
eux-mêmes. Les fluides tissulaires sont sous une pression plus forte que
la lymphe dans les capillaires lymphatiques. Par conséquent, la lymphe
| Une statue qui respire 25
“
sera chassée de la zone de pression plus élevée vers les zones de plus basse
pression. Elle s’écoule un peu comme l’eau de pluie qui descend à flanc de
montagne vers les zones de plus en plus basses, se rassemble en ruisselets, Le réseau lymphatique est
ruisseaux, torrents, etc. D’une façon similaire, de zone de pression plus une ligne de défense
forte à zone de pression moindre, la lymphe se récolte dans des conduits essentielle à l’intérieur
de calibre croissant. Toute la circulation lymphatique conflue vers le cou de la forteresse corporelle.
où se trouvent ses canaux de circulation les plus importants. Ce facteur
ne peut guère être influencé, même par le yoga, mais il est important de le
connaître.
La respiration
À chaque inspiration, la dépression créée dans le thorax produit une
succion sur l’ensemble du réseau de circulation lymphatique, tout
comme sur la circulation veineuse de retour, d’ailleurs. La respira-
tion yogique complète, lente et profonde, est donc l’un des activateurs
principaux de la circulation lymphatique autant que de la circulation
veineuse de retour. Nous reviendrons d’ailleurs sur la technique res-
piratoire pendant les âsanas. Signalons dès maintenant que, lorsqu’on
adopte une position de yoga et qu’on demeure immobile pendant un
temps prolongé, au bout d’un certain temps la respiration s’adapte à la
posture. Ainsi, dans la charrue, pendant la première minute, on peut
éprouver une certaine gêne respiratoire due à la compression abdomi-
nale, puis le centre de gravité de la respiration se déplace et s’adapte
à l’attitude : la respiration se localise dans les flancs et dans le dos.
Mais, facteur important : lorsqu'on veille à demeurer rigoureusement
immobile durant les postures, aussi immobile qu’une statue, les seuls
mouvements qui se produisent dans le corps étant ceux de la respira-
tion, celle-ci s’impose à la conscience, ce qui constitue un élément fon-
damental de l’âsana.
L’activateur yogique
À ces trois facteurs d’activation de la circulation lymphatique, le yoga
ajoute le facteur gravitation, dont nous avons déjà parlé à propos du sang.
26 L’APPRENTISSAGE DU YOGA |
“
aussi.
La respiration yogique Nous avons abordé plus haut le liquide céphalorachidien. Les poses
complète, lente et profonde, ont une influence profonde sur sa circulation, son renouvellement et le
est donc l’un des activateurs maintien de la pression correcte (ni trop ni trop peu). Si le système ner-
principaux de la circulation veux central est en bon état, le reste de l’organisme aura d’autant plus de
lymphatique autant que chances de fonctionner correctement.
de la circulation veineuse Ainsi, grâce à la pesanteur, la pratique des âsanas étend ses répercus-
de retour. sions profondes sur le corps. Sans doute cette action explique-t-elle en
partie comment des exercices en apparence aussi simples que les pos-
tures classiques du yoga provoquent des résultats parfois spectaculaires
dans l’organisme, alors que l’adepte ne ressent rien de bien particulier
pendant qu’il les pratique, hormis l’étirement des muscles et l’augmenta-
tion de pression dans certaines parties du corps, ou encore une sensation
de chaleur due à une meilleure irrigation sanguine.
“
Au-delà de 15 à 20 minutes, on entre dans la phase de volonté. Elle s’étend
jusqu’à 1 heure ou plus... Dans les anciens traités de yoga tels que le Hatha
Yoga Pradîpikâ, la Gheranda Samhitâ, il est mentionné qu’une âsana n’est La durée de l’immobilité est
réellement acquise que si l’on est capable de la tenir durant... trois heures ! un des facteurs qui détermine
Il serait intéressant de parler de ce qui peut se produire dans ces durées le degré d’intensité
(exceptionnelles à notre époque), tant sur le plan physiologique que sur le d’une âsana, beaucoup plus
plan psychologique. La posture marque profondément le fonctionnement que l’intensité extérieure,
du mental. Nous citons ce cas pour être complet, car en pratique il ne se c’est-à-dire l’exécution
présentera presque jamais en Occident. plus ou moins poussée
de l’âsana.
EN RÉSUMÉ
“
On peut être un vrai yogi
sans être d’une souplesse
extraordinaire.
Si l’adepte contracte vigoureusement certains muscles pour réaliser l’âsana, il ne
dépassera cependant jamais le seuil qui sépare une contraction normale d'une
contraction excluant un véritable effort. La frontière entre effort et non-effort
est floue et assez subjective, c’est vrai, mais si les muscles qu’il est indispensable
de contracter pour réaliser une âsana vibrent, il est certain qu’il y a effort.
Il y a effort lorsque l’on force un muscle à s’étirer, et donc qu'il se
défend contre la traction au lieu d’accepter d’aller au-delà de ses limites
habituelles d’élongation.
EXERCICE
A Enfin, point essentiel, imaginez que vos jambes sont très légères,
légères comme remplies d’air seulement.
EN RÉSUMÉ
Plus vous « travaillerez » votre yoga avec légèreté, avec une attention
focalisée, plus vous vous rapprocherez du vrai yoga. Et là, de nouveau,
chaque adepte se trouve quotidiennement dans la même situation,
chacun doit se remémorer et respecter les règles essentielles.
Ainsi, jour après jour, il contrôlera plus efficacement sa merveilleuse
mécanique corporelle. Et c’est ainsi que jusqu’à la fin de nos jours
nous serons toujours, et chacun d’entre nous, d’éternels débutants...
heureux de l’être !
Le contrôle du mental
Le yoga corporel, c’est du yoga mental qui prend
le corps comme objet. Une âsana doit être vécue
intérieurement. Plus nous ferons abstraction du monde extérieur
au profit d’une perception de l’univers intérieur, plus notre yoga
sera authentique et efficace.
Équilibrer le souffle
Pendant la prise de la posture et la phase dynamique, le souffle doit être, lui
aussi, équilibré dans le temps, nous l’avons vu, mais aussi dans l’espace. Il
faut s’efforcer de prendre conscience de l’ouverture du thorax, de chaque
demi-thorax afin de ne pas laisser un poumon prédominer sur l’autre. N’ou-
blions pas que c’est notre ordinateur central, le cerveau, qui commande tous ces
mouvements, que c’est lui qui est le programmateur et l’exécutant au premier
degré des ordres du mental, que ce cerveau est divisé en deux hémisphères
dont le droit s’occupe de la moitié gauche du corps, l’hémisphère gauche
de la droite. En travaillant symétriquement, nous mettons les deux hémis-
phères en action de manière équilibrée, nous activons également les deux
demi-cerveaux. Et cela d’autant plus que nous serons davantage conscients
32 L’APPRENTISSAGE DU YOGA |
“
Ne tolérez pas une mini-bougeotte à travers toute l’âsana ! Il est certain
que cela ne plaît guère au mental, au début tout au moins. Il va se rebiffer.
Il y a d’autres centres Rusé, il soufflera : « Voilà déjà assez de temps que tu consacres à cette
de conscience dans charrue ; si tu la gardes trop longtemps, tu n’auras pas le temps de faire
le corps ! les autres âsanas, et tu as tant de choses urgentes à faire aujourd’hui ! » Il
ne faut pas l’écouter.
L’immobilité du corps – le mental-singe le sait bien – va, petit à petit,
ralentir l’activité du mental, réduire le nombre de pensées qui vont surgir
dans le champ de la conscience, et c’est bien là le but recherché par les
yogis, du moins un des objectifs visés.
33
La technique de l’ultra-ralenti
Il est, dans le yoga, une multitude de techniques
et nous commençons seulement à entrevoir
l’extraordinaire richesse de cette science millénaire.
La technique étudiée dans ce chapitre est très simple, peu
connue mais d’une extraordinaire efficacité,
et je vous propose un essai sur-le-champ.
Exercice
Asseyez-vous sur votre chaise, veillez seulement à avoir la colonne vertébrale COMME L’OMBRE
très droite, puis posez la tête en équilibre au sommet de la colonne cervicale. SUR UN CADRAN
À ce moment, c’est-à-dire quand tous les muscles de la nuque et du cou sont SOLAIRE...
détendus, la tête semble n’avoir plus de poids. À titre de test, tournez la tête
Pendant qu’on effectue
vers la droite pour amener votre menton le plus loin possible vers l’épaule
ce mouvement de rotation
droite, comme si vous vouliez que ledit menton vienne se placer au-dessus
ultra-ralenti, au début, on sait
de l’épaule. Lorsque vous serez en fin de mouvement, remarquez jusqu’où
qu’on commande le mouvement
vous étiez arrivé, puis utilisez le mouvement ultra-ralenti.
volontairement, qu’on ordonne
Pour cela, travaillez les yeux fermés. Effectuez maintenant le même à sa musculature de guider
mouvement de rotation de la tête et poussez votre menton le plus lente- le menton le plus lentement
ment possible vers la droite. Le mouvement devrait être presque aussi lent possible vers la droite. Après
que celui de l’ombre projetée par la tige d’un cadran solaire qui avance au un certain temps, variable selon
fil des minutes. Le mouvement doit être continu, mais le plus lent possible. chaque adepte, on a l’impression
Autrement dit, cela peut, par exemple, prendre une minute entière, voire très bizarre que la tête tourne
plus, pour amener simplement le menton au-dessus de l’épaule droite. toute seule, irrésistiblement,
sans que l’on ait quoi que
Lorsque vous arrivez au bout du mouvement, ramenez le menton aussi len- ce soit à faire, sinon observer
tement que vous le pouvez vers la position de départ sans vous y arrêter, car vous sa progression. Elle avance aussi
allez poursuivre le mouvement en direction de l’épaule gauche. Lorsque vous inéluctablement que l’ombre
serez arrivé au bout, ramenez (toujours en ultra-ralenti) le visage vers l’avant. sur le cadran solaire dont nous
L’ensemble de ce seul va-et-vient de la tête peut prendre jusqu’à 4 ou 5 minutes ! avons parlé plus haut. Pendant
Nous avons oublié un détail : il faut, lorsque vous arrivez au bout du ce temps, l’on continue à respirer
mouvement, ouvrir les yeux et regarder où votre menton est arrivé en fin calmement et l’on maintient
de course. Il y a gros à parier que vous serez parvenu à l’avancer, sans effort, l’esprit attaché au mouvement
notablement plus loin qu’avec le mouvement ordinaire de tout à l’heure. de la tête et du cou. Il est
d’ailleurs assez facile de
se concentrer pendant
L’exemple de la pince cet exercice : le mouvement
captive toute l’attention.
Supposez que vous soyez arrivé au bout du mouvement tel que vous le réali-
sez habituellement et que vous soyez sur le point de vous immobiliser parce
que vous arrivez à votre limite confortable. Lorsque vous approchez de ce
34 L’APPRENTISSAGE DU YOGA |
point, freinez de plus en plus l’allure, de telle manière que votre menton ne
progresse plus en direction de vos pieds que millimètre par millimètre. Cela
sera correct lorsque vous aurez la même sensation que celle que vous avez
éprouvée pendant que vous faisiez la rotation de la tête, c’est-à-dire la sensa-
tion que votre corps bouge tout seul, sans participation de votre volonté.
Il est certain que vous devez accepter l’immobilité, mais cette immobilité
aura été acquise très progressivement. Pendant cette dernière phase du mou-
vement en ultra-ralenti, vos muscles se seront détendus au maximum et vous
serez surpris de constater avec quelle facilité vous parvenez à dépasser (peu,
mais chaque jour un peu plus quand même) votre limite de mouvement d’hier.
Laissez votre souffle se ralentir lui aussi, mais tout naturellement et très pro-
gressivement. Ne le forcez pas ! Il va d’ailleurs se ralentir presque de lui-même.
Lorsque vous serez dans la phase d’immobilité, respirez toujours
aussi lentement, en équilibrant prâna et apâna, c’est-à-dire en égalisant
la durée de l’expiration et celle de l’inspiration. Il faut aussi, en fin d’ins-
piration, que le souffle s’arrête progressivement, imperceptiblement, et
que le départ de l’expiration se fasse, lui aussi, avec lenteur. Pas d’arrêt
marqué, a fortiori pas d’arrêt brusque de l’inspiration ou de l’expiration.
En bout de course, il devrait être presque impossible de percevoir quand
cesse l’inspiration et quand commence l’expiration, et vice versa.
Petit à petit...
Lorsqu’on s’assied au tapis pour sa toute première séance de yoga, on
se trouve bien déçu. La simple et classique pince paraît une prouesse
bien inaccessible ! Ah ! ces genoux qui ne veulent pas demeurer au sol,
ce dos qui semble aussi souple qu’un manche de balai ! Puis, peu de
temps après, on a l’heureuse surprise de constater que, moyennant une
pratique quotidienne, sans forcer, on arrive à vaincre cette inertie de
la colonne et l’on s’aperçoit que la souplesse revient petit à petit. On
s’en réjouit, bien sûr. Légitimement ! Puis les progrès deviennent plus
lents, et à un certain moment, on plafonne, ce qui n’a aucune impor-
tance en soi. Cependant, grâce à la technique adéquate, l’on peut fort
bien reprendre de la souplesse, car nous sommes plus souples que nous
ne le croyons !
Nous croyons que ce ne sont que nos muscles et nos ligaments qui,
seuls, limitent notre souplesse et nos mouvements. Cela n’est que très
relativement vrai. Il est évident que les tissus de chacun ont leur résis-
tance propre, que certaines personnes sont plus « laxes » que d’autres,
tout naturellement et sans que cela leur donne nécessairement des avan-
“
tages décisifs. Des sportifs très musclés rencontrent une plus grande
résistance à assouplir leur corps que des adeptes n’ayant guère pratiqué
de gymnastique dans leur existence. Mais nous sommes corsetés menta- Nous sommes plus souples
lement et beaucoup plus que nous ne le croyons ! que nous ne le croyons !
“
ficelles. Toutefois, dans la pratique des postures, nous devrions pou-
voir volontairement déconnecter ces tensions presque aussi complè-
Pour accroître notre tement que si nous étions évanouis. C’est seulement une question de
souplesse réelle, contrôle du système nerveux, puisque c’est lui qui règle la tension
il est donc indispensable musculaire. Donc, nous pouvons nous assouplir infiniment plus par
de travailler au niveau une attitude mentale correcte que par une traction violente sur des
de la commande nerveuse, muscles qui résistent. Nous savons depuis longtemps, bien sûr, qu’en
c’est-à-dire d’agir yoga on ne lutte pas contre ses muscles par la force, que c’est la lenteur
mentalement et l’immobilité qui constituent les éléments décisifs dans la conquête
sur notre corps. de la souplesse musculaire.
“
vous vous sentez prêt à commencer l’âsana, en pensée, imaginez votre corps
s’installant dans la posture avec facilité et légèreté. Imaginez votre corps
plus souple, plus léger qu’il n’est en réalité. Commencez l’âsana en pensant Imaginez votre corps plus
« léger-souple-léger-souple ». Dès le premier essai, vous sentirez votre souple, plus léger qu’il n’est
corps effectivement plus léger et plus souple. en réalité.
Travaillez de préférence avec les yeux clos, afin de ne pas vous laisser
impressionner si les faits, c’est-à-dire l’attitude réelle du corps, démentent
un peu l’image que vous en créez dans votre cerveau. Le corset mental ne
se dissout pas en deux temps trois mouvements. Si vous gardez l’image
intérieure sans ouvrir les yeux, vous laisserez votre cerveau, petit à petit,
découvrir comment détendre les muscles au maximum. Plus que jamais,
gardez à l’esprit le principe qu’il ne faut pas « faire » les âsanas, qu’il faut
les laisser « se » faire. Et qu’en fin de compte, c’est le mental qui com-
mande tout.
En guidant ainsi votre pensée de bas en haut et de haut en bas, le long de votre
colonne vertébrale, vous en prendrez conscience, petit à petit, sur toute sa
longueur. Vous prendrez d’abord conscience de sa musculature, puis des diverses
vertèbres, jusqu’à ce que vous puissiez en percevoir l’intérieur.
Exercice
\ Positionde départ : couché au sol, sur le dos, les pieds sont légèrement
écartés l’un de l’autre, les bras sont le long du corps, sans le toucher
toutefois, les paumes orientées de préférence vers le haut.
\ Détachez l’attention de l’air qui entre dans les poumons en la repor-
tant sur l’afflux de sang en provenance de tout le corps, provoqué par
l’expansion du thorax. Au début, procédez analytiquement. Effectuez
d’abord une lente inspiration yogique complète en vous représentant
que vous aspirez du sang hors des jambes et vers le thorax, depuis
chaque orteil, et qu’il afflue dans les poumons.
| Le souffle circulatoire 39
Avant de commencer 42
Une salutation au soleil (Suryanamaskar) 46
Postures assises 53
Postures de flexion 73
Postures d'extension 118
Postures de flexion latérale 151
Postures de torsion 159
Postures debout 173
Postures en couché dorsal 182
Postures en couché abdominal 190
Postures inversées 228
Postures en élévation 268
Composer ma séance 285
Avant de commencer
Nous sommes tous des débutants. À chaque étape de
son évolution, l’adepte doit revenir inlassablement aux principes
essentiels, ceux-là même qu’on enseigne aux néophytes
et qui sont développés dans la 1re partie de cette encyclopédie.
Chacun peut ainsi perfectionner sa pratique indéfiniment.
1. Rester immobile…
L’immobilité physique n’acquiert tout son sens que dans la mesure où elle
accompagne et facilite l’immobilité mentale par l’observation et le contrôle
de la respiration.
Du débutant à l'initié
Chaque âsana comporte des paliers de difficulté croissante ; nous base-
rons notre étude sur la moyenne, sur ce qui est accessible en quelques
semaines à la plupart des Occidentaux. Les néophytes, grâce aux indi-
cations précises, pourront éliminer sans peine les obstacles du début.
À l’intention des élèves avancés, nous décrirons chaque fois une variante
plus poussée : ainsi, chacun y trouvera son compte.
La respiration en Ujjay
Pour l’essentiel, elle consiste à continuer à respirer plus profondément et plus len-
tement que d’habitude et cela durant toute la séance, mais en plus à veiller à équili-
brer rigoureusement la durée de l’inspiration et de l’expiration et à respirer en Ujjay
(c'est-à-dire avec fermeture partielle de la glotte et bruits caractéristiques, p.156).
C’est spécialement pendant la phase statique que cette méthode donne la pleine
mesure de son efficacité.
Quelle que soit la méthode utilisée jusqu’ici, je vous suggère de soumettre cette
dernière à un essai loyal de quelques semaines au moins, afin de pouvoir juger de la dif-
férence. Le principal critère d’appréciation sera une meilleure pénétration consciente
du souffle, une meilleure absorption du mental, une communion plus intime avec
votre corps. Ainsi pratiquées, vos âsanas deviennent du yoga très authentique.
| Avant de commencer 45
De quoi s'agit-il ?
La salutation au soleil se compose d’une succession de 12 mouvements, à
répéter plusieurs fois de suite, et met en action toute la musculature pour la
réchauffer et la « conditionner » pour les âsanas. C’est un exercice de mise
en train idéal, plus rapide que les mouvements yogiques habituels.
Toutefois, la salutation au soleil constitue un exercice complet, pou-
vant être pratiqué en dehors de la séance de yoga quotidienne. Tradi-
tionnellement, les yogis l’exécutent à l’aube, avant les âsanas. C'est un
splendide exercice sans lequel une séance de yoga ne se conçoit pas. Elle
prépare aux âsanas qu’elle complète, tonifie la musculature, accélère et
amplifie la respiration ainsi que le rythme cardiaque, sans conduire à la
fatigue ou à l’essoufflement.
Suryanamaskar procure la santé, la force, l’efficacité et la longévité à
laquelle chaque être humain a droit.
Effets bénéfiques
\ tonifiele système digestif en étirant et comprimant successivement
l’abdomen ; elle masse les viscères (foie, estomac, rate, intestins, reins),
active la digestion, élimine la constipation, évite la dyspepsie.
| Une salutation au soleil 47
Effets esthétiques
\ rafraîchitet satine l’épiderme. La peau évacue quantité de toxines, car
l’exercice bien fait amène une légère transpiration jusqu’à l’apparition
d’une moiteur. L’épiderme reflète la santé, le teint s’éclaircit, la peau
bien irriguée rajeunit.
\ améliore la musculature de tout le corps : cou, épaules, bras, poignets,
doigts, dos, reins, sangle abdominale, cuisses, mollets, chevilles, sans
alourdir ni hypertrophier la musculature. Fortifier le dos est un moyen PRENEZ VOS
simple mais efficace pour lutter contre bien des troubles rénaux. MENSURATIONS
\ modifiel’aspect et le maintien du buste de la jeune fille et de la femme.
La poitrine s’épanouit normalement, devient (ou redevient) ferme et Tour des cuisses, tour de taille,
élastique par la stimulation des glandes et le renforcement de la mus- de poitrine, biceps, cou.
culature pectorale. Dans six mois vous comparerez
et vous serez convaincu.
\ règle
l’activité de l’utérus et des ovaires, supprimant les irrégularités
menstruelles et les douleurs, et facilite l’accouchement. La pratique régulière
\ prévient la chute des cheveux et réduit la tendance au grisonnement. de la salutation au soleil :
\ contrebalance l’effet néfaste des hauts talons, des chaussures trop A efface les bourrelets adipeux,
étroites, des ceintures, cols et autres vêtements serrants, prévient les surtout la graisse « de luxe »
pieds plats, renforce les chevilles. à l’abdomen, aux hanches,
\ réduitla proéminence anormale de la pomme d’Adam grâce aux aux cuisses, au cou
flexions du cou vers l’avant et à la compression rythmique de la thy- et au menton.
roïde. A galbe le corps humain,
\ élimineles mauvaises odeurs corporelles en chassant les toxines par sans hypertrophier
les émonctoires naturels peau, poumons, intestins, reins. la musculature et en
réduisant l’excès de graisse.
\ donne de la grâce, de l’aisance aux mouvements et prépare à la pratique
des sports en général.
48 TOUTES LES POSTURES |
La concentration
Une participation active de la conscience est requise. Ne penser à rien
d’autre, éviter les distractions et les interruptions. Un rythme uniforme
est à maintenir au cours des salutations successives. Surtout le matin, les
premières peuvent être plus lentes et moins poussées car les muscles sont
encore engourdis. Il est recommandé de s’orienter vers le soleil levant ou
du moins vers l’est.
Pensez au soleil, concentrez-vous sur lui, le dispensateur de toute vie
terrestre. Toute votre énergie, même celle que vous utilisez pour effec-
tuer cette salutation, provient de son rayonnement. À un moment donné,
chaque atome de votre corps a fait partie d’une étoile semblable au soleil.
Pensez à la puissance cosmique qui se manifeste à travers le soleil. Cette
attitude ajoute un contenu plus élevé, insuffle un esprit à la salutation au
soleil qui cesse ainsi d’être un banal exercice musculaire pour englober
toute la personnalité.
Si vous pratiquez une autre salutation au soleil qui vous donne satis-
faction, continuez ! Toutes ses variantes sont valables, mais ne les mélan-
gez pas.
Cela constitue une ration moyenne qui peut être scindée en deux
séances, par exemple 5 minutes le matin et 5 minutes le soir avant
d’aller au lit.
A Les dames s’en abstiendront pendant les premiers jours des règles.
1
EXP.
Pour mieux expirer à fond,
écraser le thorax avec les poignets.
2
INSP.
Correct Incorrect
3
EXP. Correct Incorrect
4
INSP.
Correct Incorrect
5
EXP.
Correct Incorrect
Garder les pieds à plat sur le sol. Les talons ne touchent pas le sol. Le corps ne forme pas un V
renversé parce que le regard n’est pas tourné vers le nombril.
Le dos n’est pas étiré.
6
STOP
Correct
Incorrect
7
INSP.
8
EXP.
| Une salutation au soleil 51
9
Incorrect
10
EXP.
11
INSP.
12
EXP.
Variante
Il existe, entre autres, une formule beaucoup plus poussée de la salutation,
où la partie centrale, comprise entre les deux positions en V inversé, est
remplacée par un mouvement plongeant très gracieux, très stimulant, mais
qui requiert des poignets, bras et épaules solides, ainsi qu’un dos souple et
une bonne sangle abdominale.
La salutation proposée ici sollicite la colonne vertébrale d’une façon
beaucoup plus intense que l’autre. Elle assouplit merveilleusement cet
axe vital et prépare des postures telles que l’arc poussé, la roue et bien
d’autres. Par ailleurs, elle fortifie les bras et ventile bien les poumons.
Il est essentiel de synchroniser la respiration et les mouvements.
À nouveau, la complication n’est qu’apparente, ils se synchronisent aisé-
ment et il serait difficile de pratiquer autrement sans s’essouffler rapi-
dement. Si l’adepte rythme ses mouvements et sa respiration, il pourra
exécuter ses salutations sans essoufflement ni fatigue.
Pour vous faciliter la mémorisation, consultez les illustrations des
pages 49 à 51. Au début, tant que les mouvements ne vous sont pas
familiers, ne tenez pas compte des indications concernant la respiration,
laissez-la se faire naturellement.
Une autre caractéristique de cette salutation est son rythme. Assez
lent au début, il s’accélère progressivement à chaque nouvelle salutation
de la série. Pour fixer les idées, disons qu’à chaque attitude, au début de
la série, on s’immobilise durant deux ou trois secondes et que les mou-
vements sont relativement plus lents. Pendant les premières exécutions,
la durée totale d’une salutation peut atteindre quarante-cinq secondes,
pour diminuer progressivement jusqu’à vingt secondes et même parfois
moins.
Il y a donc deux arrêts dans cette salutation, le premier à poumons
vides (6) et le second (7) où l’on fait 10 respirations rapides.
Le diamant (Vajrâsana)
ÉTYMOLOGIE : Vajrâsana signifie l’âsana du tonnerre ou de la foudre.
1
EXP.
2
EXP.
3
INSP.
Poser les mains sur les cuisses, les paumes vers le bas.
Relaxer les bras et les mains : laissez-les prendre leur pli
d’eux-mêmes. En fait, il faut progressivement relaxer tous
les muscles, à commencer par la sangle abdominale. Ne pas
serrer les genoux l’un contre l’autre.
| Postures assises 55
Dans la position yogique complète, on s’assied non dans la cuvette formée par les talons et le
tendon d’Achille, mais sur le sol entre les mollets. La traction sur les ligaments et sur les muscles
est beaucoup plus intense. Elle permet une immobilisation plus longue que dans sa forme
atténuée où la pesée du corps sur les mollets et sur les ligaments du pied peut rendre la pose
inconfortable après quelques minutes. La circulation des jambes est moins entravée.
4
EXP.
5
EXP.
6
INSP.
56 TOUTES LES POSTURES |
Respiration et concentration
ERREURS À ÉVITER Quand la position est acquise, c’est-à-dire stable, confortable et relaxée, elle
sert de base à l’un ou l’autre exercice de concentration ou de prânayâma,
qui accaparera toute votre attention. S’il s’agit d’un exercice de concentra-
tion, vous pouvez le faire précéder de quelques respirations lentes et pro-
Il n’y a guère d’erreurs possibles
fondes pour harmoniser la circulation prânique dans tout le corps.
dans le cas de cette âsana !
Il faut cependant veiller à
ne pas s’asseoir sur les talons.
Pour les débutants
Vous passerez plus facilement le cap des semaines « douloureuses » en
concentrant votre attention précisément sur les points sensibles et en
relaxant les muscles des jambes. Imaginez que vous vous enfoncez molle-
ment vers le sol. La douleur, loin de s’intensifier, s’estompe si vous vous
concentrez sur elle, pourvu qu’elle ne soit pas trop vive dès le départ.
Effets bénéfiques
En précisant les buts de l’âsana, nous avons du même coup décrit ses effets.
Toutefois, certaines applications pratiques importantes sortent du cadre
de ses buts généraux. Il importe notamment de connaître ses effets circu-
latoires pour l’utiliser judicieusement.
Circulation sanguine
Dans la posture atténuée, la compression des muscles des jambes y freine la circu-
lation. Donc le sang que le cœur destinait normalement aux membres inférieurs
est en partie détourné vers les organes abdominaux. De là son influence sur le …
Tube digestif
Swami Sivânanda recommandait cette pose aux dyspeptiques, aux hépa-
tiques, bref à tous ceux qui souffrent d’atonie du tube digestif ou de ses
glandes annexes. Prise pendant quelques minutes, immédiatement après le
repas principal, et accompagnée de respirations profondes, elle assure une
digestion heureuse et facile. Mais cela ne doit pas pour autant dispenser
les dyspeptiques de soigner la mastication des aliments pendant le repas !
Colonne vertébrale
Vajrâsana rééquilibre la statique vertébrale. Elle soulage bien des reins fati-
gués (« reins » entendu au sens de région du dos et non d’organes). Elle est
très utile aux sédentaires et à toutes les personnes que leur métier oblige à
rester longtemps debout (coiffeurs, vendeuses, dentistes, etc.).
Organes génitaux
Chez la femme, la position particulière du bassin, de la région lombaire
et sacrée, ainsi que l’activation de la circulation dans le bas-ventre contri-
buent à éliminer certains troubles du cycle menstruel ou de la ménopause.
Chez l’homme, l’irrigation accrue des gonades normalise la produc-
tion des hormones, maintient une activité sexuelle normale sans surexci-
tation mais aussi sans diminution.
La posture parfaite (Siddhâsana)
ÉTYMOLOGIE : Siddha = parfait / Âsana = posture.
Effets bénéfiques
Mental
La réunion des pieds et la position des mains sont très reposantes pour
le mental. L’orientation des paumes vers l’avant et vers le haut a un effet
sédatif assez inexplicable, mais réel au point d’être utilisé dans certains
établissements psychiatriques pour calmer les « agités ».
Colonne vertébrale
L’orientation des biceps vers l’avant dégage l’épaule et le sommet du thorax, et
facilite le redressement de la colonne vertébrale. Le thorax s’épanouit, ce qui
favorise une respiration ample et aisée. La colonne vertébrale se place dans
l’attitude idéale grâce à la position correcte du bassin et des jambes, permet-
tant une longue immobilité, sans fatigue. Swami Satchidananda proclame :
« Seuls ceux qui n’ont pas de colonne vertébrale ont le droit de s’adosser. »
Respiration
Pendant l’inspiration, le ventre se gonfle un peu et le centre de gravité du
corps se trouve au milieu de l’abdomen. C’est la posture du Hara, prati-
quée au Japon et popularisée en Occident par le comte Dürckheim dans
le livre portant ce titre. Elle donne de l’assurance, de la sérénité et dissipe
les angoisses. Grâce à elle, la respiration se place automatiquement au bon
endroit. Elle favorise la concentration mentale.
58 TOUTES LES POSTURES |
1 Assis sur le sol, écarter les genoux afin que les jambes forment entre
elles approximativement un angle droit. En pliant la jambe gauche,
placer le talon contre le périnée.
2 Attirer la jambe droite à soi, de façon que le pied droit soit avec le talon
en face du nombril et tourné vers le haut.
Étendre les bras, avec les biceps tournés vers l’avant, les poignets
posés sur les genoux. Former le Jnana Mudrâ, le sceau de
la connaissance, en repliant l’index contre le pouce.
Les trois autres doigts sont joints sans raideur ; ils peuvent même être
un peu pliés. Aucune raideur non plus dans les bras, dont les muscles
sont détendus. La colonne vertébrale est parfaitement droite et verticale.
Technique
Si la technique de la pose en elle-même est fort simple et bien vite décrite,
il n’en va pas de même des exercices destinés à l’apprendre !
Chacun sait que la posture se prend en posant le pied droit sur la
cuisse gauche, puis le pied gauche sur la cuisse droite, croisant ainsi les
jambes. C’est tout… Ajoutez-y des détails concernant la position des bras
et des mains, voire des doigts, et tout semble dit à propos du lotus. Il est
loin d’en être ainsi.
Répercussions physiologiques
Le lotus occasionne une compression des cuisses qui entraîne un ralentisse-
ment de la circulation sanguine dans les jambes. Ce coup de frein donné au flux
sanguin se produit surtout dans l’artère fémorale, chargée de conduire le sang
artériel vers les muscles des cuisses, du mollet et du pied, lesquels sont parmi
les plus puissants du corps humain. Les effets du lotus découlent donc princi-
palement des modifications importantes produites sur la circulation sanguine.
60 TOUTES LES POSTURES |
Pour le spectateur, cette pose paraît beaucoup plus difficile que le paon
habituel. En réalité, comme le centre de gravité de l’organisme se trouve
déplacé vers l’avant par la position des jambes dans le lotus, cela favorise CONSEILS
au contraire la prise et le maintien de la position.
Citons rapidement Parvatanâsana, la pose de la montagne, dans
laquelle l’adepte se met en équilibre sur les genoux et lève les mains vers Comme toujours en yoga,
le ciel, âsana très difficile. N’oublions pas Kukutâsana, la posture du coq, patience et régularité font mieux
où l’on insère d’abord les avant-bras entre les cuisses et les mollets (très que force ni que rage. Ne forcez
difficile à réaliser, surtout si les cuisses sont très musclées), après quoi jamais, spécialement pendant
l’on se soulève sur les avant-bras. Dans ce cas, le coup de frein à la circu- les exercices où les coudes font
lation sanguine dans les bras s’ajoute à celui donné dans les jambes. levier sur les genoux, afin de ne
pas traumatiser les ligaments.
Padmâsana sert de position de départ classique à Matsyâsana, le pois- Moment idéal : après un bain
son. chaud.
Les yogis disposent ainsi de toute une panoplie d’exercices à exécuter
en lotus : flexion vers l’avant, torsion, etc.
Lorsque Padmâsana s’allie à un exercice exigeant l’emploi de la force,
comme c’est le cas par exemple pour Lolâsana, pour ne citer que cette
seule âsana, répondant à l’appel des muscles sollicités par l’effort, le cœur
bat plus vite et l’intensification générale de la circulation augmente les
effets bénéfiques de la pose du lotus. Donc les postures auxquelles le
lotus se surajoute conservent la totalité de leurs effets bénéfiques cumu-
lés avec ceux du lotus lui-même.
Le lotus en élévation
Un des exercices du hatha yoga « de force » est le lotus en élévation et à
répétition. Partant de la posture du lotus, l’adepte soulève le siège du sol en
contractant la sangle abdominale et en se soulevant sur les bras, toutefois
sans avoir inséré les avant-bras entre les mollets et les cuisses comme dans
Kukutâsana.
Il arrive que cette posture soit maintenue immobile durant un temps
assez long : elle exige alors beaucoup d’endurance et de force. Habituel-
lement, elle s’exécute à répétition : après s’être soulevé, l’adepte se laisse
retomber sur le séant, qui martèle le sol, provoquant ainsi un choc (voulu)
à la base de la colonne vertébrale et se soulève aussitôt pour recommen-
cer et ainsi de suite. L’adepte a l’air de jouer ainsi au marteau-pilon. C’est
surtout dans les techniques du yoga tantrique et tibétain que la posture
du lotus est utilisée de cette façon. Pendant la chute, en plein vol, ils se
croisaient les jambes et, arrivés au sol, ils se retrouvaient assis en lotus. Il
faut le faire ! Tout cela fait partie d’un ensemble d’exercices particuliers,
très secrets, de la Kundalini yoga. Je ne vous les révélerai pas pour deux
raisons :
\ iln’est pas indiqué de révéler ces exercices, dont la plupart sont très
dangereux ;
\ jene les connais pas moi-même… ! Cette seconde raison est évidem-
ment péremptoire.
62 TOUTES LES POSTURES |
UNE RECETTE
1
Très stable. Dans cette position, les bras sont le long du buste et
les mains placées sur le pied droit, paumes vers le ciel. Surtout
recommandée pour les exercices respiratoires.
On peut aussi poser les paumes sur les genoux.
Correct Incorrect
Le pied est posé sur la face intérieure Le pied est posé trop haut sur la cuisse ; la plante
de la cuisse gauche, la courbure de la du pied ne regarde pas vers le haut. D’où le genou
cheville est correcte. trop haut et impossibilité de le ramener au sol.
4 Cette âsana crée une pression très forte sur les articulations que la pose
du lotus concerne, surtout sur la cheville.
64 TOUTES LES POSTURES |
1 Formule A
2
Ventre gonflé par la profonde inspiration
diaphragmatique. Fermer les poings et les placer
contre les talons, les pouces tournés vers l’avant
et vers le bas.
66 TOUTES LES POSTURES |
T
4 Formule B
5
Dos étiré et aplati.
6
Variante du yoga Mudrâ
Concentration
Quand le front touche le sol, se concentrer sur la pression intra-abdominale.
Lorsque le menton est déposé sur le tapis, se concentrer sur l’étirement du
bas du dos.
Effets bénéfiques
Yoga Mudrâ est destiné à favoriser l’éveil de la Kundalini, cette puissance
mystérieuse qui « dort » – c’est-à-dire qui demeure potentielle et inactive –
au bas de la colonne vertébrale. Son éveil – c’est-à-dire son passage de l’état
latent à l’état manifesté et actif – est un des buts du yoga, mais il est inutile
d’approfondir cette question pour l’instant.
Il n’est pas indispensable de savoir ce qu’est la Kundalini (ni même
d’y croire !) pour effectuer l’exercice ni pour bénéficier de ses effets, qui
se localisent dans deux zones bien définies : le bas-ventre et la colonne
vertébrale.
Bas-ventre
C’est surtout le bas-ventre qui est visé par Yoga Mudrâ, plus particuliè-
rement le côlon ascendant et descendant. Les poings s’enfoncent dans la
masse viscérale de cette région, c’est-à-dire le gros intestin. La compres-
sion stimule le péristaltisme et combat la constipation. L’augmentation de
la pression intra-abdominale ne se limite pas au côlon, bien qu’elle atteigne
son maximum dans cette partie du tractus digestif. Pendant les respira-
tions profondes, le diaphragme s’abaisse et refoule les viscères vers le bas ;
il en résulte une stimulation générale de toutes les fonctions vitales ayant
leur siège dans l’abdomen. Citons en particulier une action puissante sur la
vessie et même sur les reins.
Colonne vertébrale
Au cours de la première phase (front au sol), il se produit une courbure du
dos, qui l’assouplit vers l’avant ; lorsque le menton touche le tapis, l’étire-
ment du bas du dos (surtout dans la région du sacrum) dégage tout spécia-
lement les vertèbres lombaires, agit sur la partie pelvienne du parasym-
pathique et contribue à stimuler tous les organes excrétoires ainsi que les
glandes sexuelles mâles ou femelles.
L’action de cette posture ne se limite cependant pas au bas de la
colonne vertébrale : l’étirement s’étend à l’ensemble du rachis, ce qui
tonifie la moelle épinière et les racines nerveuses à leur affleurement
aux trous de conjugaison des vertèbres ainsi que le sympathique, dont la
chaîne de ganglions longe la colonne vertébrale. Yoga Mudrâ exerce ainsi
des effets sur l’ensemble de l’organisme via le système nerveux ortho et
parasympathique.
Le héros ou la pose virile
(Virâsana Guptâsana)
ÉTYMOLOGIE : Vira = homme au sens mâle du terme et comme tout homme, un guerrier.
Vir = homme, guerrier, héros (le sanscrit rejoint ici le latin) / Gupta = caché, secret.
Effets bénéfiques
Sciatique
Les personnes souffrant du nerf sciatique qui pratiqueront cette âsana res-
sentiront des douleurs au début. Elles doivent persévérer, à moins que les
douleurs ne s’accentuent trop, auquel cas il faudrait interrompre, provisoire-
ment du moins, cette pratique et attendre que les crises se dissipent. C’est en
mobilisant l’articulation coxo-fémorale qu’elle soulage les douleurs.
1
Replier une jambe, ici la gauche (la pose doit s’effectuer
alternativement d’un côté puis de l’autre) et ramener le talon
contre mais pas sous la cuisse ou, pire encore, la fesse.
4
Vue de profil montrant la position du pied par rapport à la
cuisse et la rectitude de la colonne vertébrale.
Le lotus lié (Baddha Padmâsana)
ÉTYMOLOGIE : Baddha = lié, tenu / Padmâsana = posture du lotus.
Respiration
S’exercer à prolonger la pose jusqu’à être capable de la tenir pendant une
vingtaine de respirations aussi lentes, profondes et complètes que possible.
Il est permis d’y intercaler des rétentions de souffle à poumons pleins :
dans ce cas, effectuer Jalandhara Bandha.
Apprentissage
Lorsqu’on tente l’exercice, à moins de certaines facilités et prédisposi-
tions morphologiques (les longilignes minces sont assez favorisés), il faut
d’abord s’exercer patiemment à perfectionner son lotus, puis augmenter
la mobilité des épaules à l’aide d’exercices préliminaires illustrés dans les
pages suivantes.
Effets bénéfiques
RÉPÉTITION La posture ceinture énergiquement la taille en partant du bas-ventre où
elle provoque des réactions au niveau des organes d’excrétion : côlon, reins,
vessie. Elle agit aussi sur les surrénales et le pancréas, bien que son action
Cet exercice n’est pas destiné soit plus faible que celle de la torsion classique, par exemple. Le maximum
à être répété. Il est préférable d’effets se situe au niveau du côlon. Cette posture active les processus d’as-
de le tenir le plus longtemps similation aussi bien que ceux d’évacuation des scories de l’organisme. Elle
possible et de se contenter lutte contre la constipation ; elle est dynamisante par son action sur les
d’une seule exécution. surrénales (décharge d’adrénaline).
Cette posture agit puissamment sur les omoplates et libère bien la
ceinture scapulaire.
| Postures assises 71
4
En position finale, effectuer jusqu’à 20 respirations lentes
et profondes.
72 TOUTES LES POSTURES |
Effets prâniques
Cette posture a des effets prâniques importants. La position des jambes et
des bras place certains canaux subtils de circulation d’énergies prâniques
(nâdis) dans une situation telle que ces circuits modifiés développent
beaucoup d’énergie dans le corps. Certains maîtres en font même une des
attitudes de base pour la pratique du prânayâma. Les circuits prâniques
particuliers constitués lors de cette âsana sont uniques et agissent en pro-
fondeur sur les centres énergétiques (chakras) situés sous l’ombilic, c’est-
à-dire Muladhara Chakra et Svadhistana, et même le Manipura. Cette
âsana est très dynamisante, nous l’avons indiqué à propos des surrénales.
PLUTÔT LE MATIN ?
La charrue (Halâsana)
ÉTYMOLOGIE : Hala = charrue / Âsana = posture.
Durée
Lorsque Halâsana fait partie d’une série intégrée, c’est-à-dire une séance
normale de yoga, l’immobilisation dure entre 5 à 10 respirations normales,
sans rétention de souffle.
Les débutants se limiteront à 5 respirations et augmenteront progres-
sivement le nombre au fur et à mesure des progrès.
Quand les yogis pratiquent Halâsana (ou toute autre âsana) isolé-
ment, en endurance, ce temps peut atteindre 15, voire 30 minutes ! En
endurance, la difficulté n’est pas de maintenir la posture car, avec un
peu de pratique, elle devient confortable, mais bien de garder l’immo-
bilité absolue car après quelques minutes, le mental proteste ! Essayez
de tenir ainsi durant 5 minutes… vous verrez ! Souvenez-vous de la défi-
nition : toute position maintenue immobile, longtemps, sans effort est
une âsana.
Respiration
Durant tout l’exercice, le souffle restera normal et ne sera bloqué à
aucun moment, même en levant les jambes. La respiration doit s’ac-
complir indépendamment et à son rythme habituel. Quand les genoux
sont pliés, on peut respirer profondément pour accentuer le massage
abdominal.
74 TOUTES LES POSTURES |
2
Aplatir le dos contre le sol jambes allongées ; le débutant
pliera les genoux avant de lever et reposer les jambes au
sol.
4
Pour les adeptes les plus avancés
5
À partir d’une des 3 positions de départ citées, d’un
mouvement lent et continu, soulever les jambes à la verticale.
6
Pour les adeptes avancés
7
Par une traction des abdominaux, les jambes restant
droites, attirer les cuisses vers la poitrine, pour dérouler
le bas du dos. Vers la fin de la trajectoire, plier un peu
les jambes afin que les genoux frôlent le visage.
8
Le dos se soulève du sol et les orteils touchent le sol
au-dessus de la tête.
76 TOUTES LES POSTURES |
9 Phase statique I
10
À la fin de la phase statique I, les adeptes avancés
peuvent accentuer la courbure dorsale en pointant
brièvement les orteils et en repoussant les pieds encore
plus loin vers l’arrière. Ce serait cependant une erreur de
pointer les orteils pendant toute l’âsana.
11 Phase statique II
13
Phase statique unique (pour les adeptes avancés)
Concentration
CONSEILS AUX L’attention doit rester localisée en permanence sur l’exercice : le mental
DÉBUTANTS est à l’avant-plan, le corps doit simplement suivre, obéir. Durant la phase
dynamique, se concentrer sur l’exécution correcte du mouvement lent
et continu, sans saccades, et sur la décontraction de tous les muscles
L’assouplissement de la colonne
qu’il est possible de relâcher. Pendant la phase statique, la concentration
vertébrale s’obtient en laissant
porte soit sur la respiration (pour les débutants qui auraient tendance à
agir le poids des jambes.
« oublier » de respirer), soit sur l’immobilité absolue, soit encore sur la
Attendre que les orteils, grâce
colonne vertébrale et le cou où se trouve la thyroïde (pour les adeptes
à cette traction, se rapprochent
avancés).
d’eux-mêmes progressivement
du sol jusqu’à le toucher. Adopter
une attitude passive et relaxée.
Effets bénéfiques
Au début, on peut se sentir
mal à l’aise dans la position
Colonne vertébrale
(respiration gênée si l’on a du
ventre), mais cela s’améliore vite. Cette âsana constitue un puissant tonique car elle agit sur toute la colonne
Ce qui importe, c’est l’exécution vertébrale, qui contient et protège la moelle épinière et, en outre, est lon-
quotidienne correcte, sans hâte gée par la chaîne des ganglions sympathiques qui influencent toute la vie
ni impatience. Gardez le mental végétative ; il est donc compréhensible que cette âsana soit revitalisante et
neutre et soyez indifférent rajeunissante.
aux résultats extérieurs comme
L’étirement de la musculature du dos en chasse le sang, pour y pro-
s’il s’agissait d’un étranger.
voquer ensuite un afflux de sang frais. Les centres nerveux importants
situés à proximité en bénéficient. La souplesse de la colonne verté-
brale – si essentielle à la santé – est rétablie ou conservée par cette pos-
ture. La sangle abdominale est renforcée, car durant la phase dynamique
CONTRE-INDICATIONS c’est elle qui commande le mouvement, avec tous les effets heureux que
cela comporte pour le maintien en bonne place des viscères.
Il convient de rappeler que
Thyroïde
le yoga s’arrête où commence
la médecine. Donc, toute La glande thyroïde comprimée bénéficie d’un afflux de sang accru et voit
personne souffrant d’une affection son fonctionnement régularisé. En contrôlant le métabolisme, cette glande
aiguë attendra d’être guérie avant exerce une influence considérable sur la jeunesse de l’organisme et, par
de pratiquer le yoga. Dans le ses sécrétions hormonales, agit sur d’autres glandes, sur l’intestin, sur la
doute, consultez votre médecin. pression sanguine, sur la mobilité des cellules migratrices (globules blancs
qui luttent contre les infections) et sur l’excitabilité du système nerveux.
Pendant leurs règles,
Une hyperexcitation de la thyroïde provoque de la maigreur et de l’irrita-
les femmes éviteront de pousser
bilité. En contribuant au maintien du fonctionnement normal de la thy-
l’exercice trop loin, surtout
roïde, elle calme la nervosité. En revanche, les personnes dont la thyroïde
la phase de compression
ne produit pas assez d’hormones ont un métabolisme ralenti, la peau infil-
de l’abdomen. Les personnes
trée, la pression sanguine trop basse, une activité sexuelle insuffisante et
souffrant d’une hernie
manifestent une paresse physique et intellectuelle. Halâsana exerce une
importante ou étranglée
heureuse action dans ces cas, mais s’il s’agit d’une altération pathologique
doivent s’abstenir.
de la thyroïde, il faut consulter le médecin. Les indications ci-dessus valent
pour les légers écarts de la norme, en fait la majorité des cas.
| Postures de flexion 79
Circulation sanguine
Le lent déroulement de la colonne vertébrale sollicite toutes les vertèbres et
constitue un exercice orthopédique idéal. Cette pose est très rafraîchissante.
Le soir, quand on est las, il suffit de la prendre 1 minute ou 2 pour se retrou-
ver en forme. Le corps étant en position inversée, le sang afflue vers la tête,
d’où une meilleure irrigation cérébrale. Le visage reçoit un supplément de
sang artériel, surtout le front et le cuir chevelu : excellent pour prévenir les
rides ! En dehors de son action sur la thyroïde, cette posture a un effet béné-
fique sur la rate et les glandes sexuelles, surtout dans la phase finale, quand
les jambes sont repliées et que les cuisses rentrent dans le ventre, réduisant
l’espace disponible pour les organes abdominaux et les comprimant ; ainsi
le sang se trouve exprimé et les stases sanguines éliminées. L’organe le plus
visé par ce massage est le foie, qui est dégorgé, décongestionné et stimulé. Or,
une congestion, même légère, ou une stase sanguine dans cet organe a une
répercussion immédiate sur le fonctionnement de tout le tube digestif. Le
pancréas également est massé, dégorgé, tonifié. Dans certains cas, des dia-
bétiques ont pu réduire leur dose quotidienne d’insuline, ou même réussi
à normaliser complètement leur état, ce qui s’explique puisque le pancréas
renferme les îlots de Langerhans qui produisent l’insuline.
Transit
Cette âsana lutte contre la constipation, origine occulte d’innombrables
maladies, combat efficacement la cellulite et l’embonpoint, par l’amélio-
ration des fonctions du tube digestif et la normalisation du métabolisme,
et permet un massage mécanique des tissus adipeux dans la phase finale.
ERREURS À ÉVITER
Effets bénéfiques
Il ne surprendra personne d’apprendre que les effets de cette posture cor-
respondent d’abord à ceux de la charrue et même de la pince, mais d'autres
s'y ajoutent.
Position de départ
Se coucher sur le dos, bras allongés derrière la tête, en essayant de s’éti-
rer autant que possible. Certains auteurs conseillent de partir assis, ce qui
est peu recommandable : cela prive l’âsana d’une partie importante de ses
effets en l’amputant de la phase dynamique. Même un débutant ne doit pas
recourir à cette facilité et seuls les cas rebelles peuvent temporairement
bénéficier de cette tolérance.
Comme la charrue et le cobra, cette pose a une phase dynamique et
une phase statique.
Phase dynamique
La phase dynamique comporte trois déroulements successifs de la colonne
vertébrale, s’enchaînant en un seul mouvement lent et continu.
Premier temps :
Allongé sur le dos, étendre les bras derrière la tête et respirer à votre aise.
Après un bref relax, amener lentement les bras à la verticale, la tête restant
au sol, immobile. Les pouces sont entrelacés pour assurer une flexion dans
l’axe du corps, les muscles des bras aussi détendus que possible, au point
qu’en mettant un peu moins de force, ils ne se soulèveraient pas.
Deuxième temps :
Quand les bras sont à la verticale, l’arc de cercle parcouru par les mains
se poursuit vers les cuisses ; tandis que la tête et les épaules se soulèvent,
| Postures de flexion 83
le regard suit les doigts, mais le dos reste au sol : cela est très important.
Maintenant, le regard se dirige vers les genoux.
CONSEILS
Troisième temps : POUR DÉBUTER
Dès que les doigts ont touché les cuisses, pousser les mains vers les
pieds en frôlant la jambe le long des tibias ; soulevé, le tronc arrive ainsi Aux premiers essais, il est parfois
à la position assise puis se penche vers l’avant. Il est essentiel de dérou- malaisé de passer de la position
ler la colonne sur toute sa longueur. Les illustrations vous détaillent ce couchée à la position assise ;
mouvement. Tandis que les mains progressent lentement vers les pieds, dans ce cas, trichez un peu
le front descend d’abord vers les genoux, si possible jusqu’à les toucher, soit en pliant les genoux et en
puis s’avance le plus possible vers les pieds. Le corps se plie en deux, accrochant le pli du genou avec
comme un canif, la poitrine s’applique contre les jambes (débutants : les mains, soit en glissant les
voir encadré ci-contre). pieds sous un meuble. Bientôt, la
colonne vertébrale s’assouplit et
Retour au sol :
l’on arrive à se soulever d’abord
Revenir lentement à la position de départ en veillant à bien dérouler le dos avec un peu d’élan, ensuite
en sens inverse jusqu’au sol, en ne laissant les mains quitter les cuisses que sans. Pour que l’âsana soit
lorsque presque tout le dos touche le tapis. Replacer les bras derrière la parfaite, les jambes doivent être
tête. Il faut respecter ces détails, faute de quoi vous vous priveriez d’une droites et rester appliquées au
partie importante des effets de l’exercice. Répéter trois fois le mouvement sol, mais si c’est impossible
décrit ci-dessus constitue la phase dynamique. au début, il est toléré de plier
légèrement les genoux,
Phase statique car cela affecte peu la courbure
de la colonne vertébrale.
La phase statique se place à la fin du troisième déroulement et comporte
deux immobilisations :
\ première immobilisation : dans l’attitude du « crochet » de la façon
suivante : poser les pouces derrière les rotules, les autres doigts sous
le genou, les coudes près du corps (important). Attirer le front le plus
près possible des genoux, tandis qu’une poussée des bras vers l’arrière
attire le nez vers le nombril ; contracter l’abdomen pour accentuer la
courbure et l’étirement du haut du dos. Respirer cinq fois à fond dans
cette attitude ;
\ deuxième immobilisation : lâcher les genoux, pousser les mains le long
des tibias et saisir les orteils ; puis par une traction lente et continue
attirer la poitrine vers les genoux. C’est le stade final : respirer pro-
fondément cinq à dix fois. Durant tout l’exercice, le dos doit être aussi
passif et décontracté que possible. Le mouvement est réalisé à l’aide de
la musculature abdominale.
Variante poussée
Les adeptes avancés écarteront les pieds en orientant les orteils vers l’in-
térieur, et toucheront le sol avec le front ou avec le menton. S’immobiliser
dans cette attitude et respirer profondément.
84 TOUTES LES POSTURES |
4 Les paumes ont atteint les cuisses. Le dos reste encore sur sa
plus grande partie en contact avec le sol ; il va s’arrondir et se
dérouler vertèbre par vertèbre pendant la phase dynamique.
5
Correct Incorrect
C’est seulement après avoir touché les cuisses que Le dos se soulève sans que les mains se soient
les mains progressent vers les tibias ; le dos arrondi dirigées vers les cuisses ; il s’élève d’une pièce,
se soulève du sol. Le menton touche le sternum. sans se dérouler. C’est une erreur fréquente.
| Postures de flexion 85
8 Âsana complète
Durée
Le temps d’immobilisation variera beaucoup selon qu’il s’agit d’un débu-
ERREURS À ÉVITER tant ou d’un adepte avancé, et selon que la pose est intégrée à une série
d’âsanas ou pratiquée isolément.
Voici les erreurs les plus
fréquentes :
Dans une série intégrée
Concentration
Pendant la phase dynamique, concentrez-vous au choix soit sur le mouve-
ment lent et progressif, soit sur la décontraction des muscles du dos et sur
la respiration. Bien que cette pose étire le dos, ce n’est pas sur la colonne
vertébrale que le mental doit se concentrer, mais sur la région du plexus
solaire. Pendant la phase statique, vous pouvez vous concentrer sur le bas
du dos si vous le désirez.
Effets bénéfiques
Les effets procurés par la phase dynamique diffèrent de ceux obtenus pen-
dant la période d’immobilité qui lui succède. La phase dynamique produit
une stimulation générale des filets nerveux répartis le long de la colonne
vertébrale, grâce au lent déroulement qui donne en outre une élasticité par-
faite à l’épine dorsale, tonifie tout l’organisme, et agit sur les ganglions de
la chaîne sympathique. La musculature abdominale assure le soulèvement
du tronc et se renforce. Pendant la phase statique, les effets découlent de
| Postures de flexion 87
Colonne vertébrale
Paschimotânâsana et Halâsana se complètent, elles conjuguent leur
action : la phase statique de Halâsana agit surtout sur la partie supérieure
de la colonne vertébrale, tandis que Paschimotânâsana tonifie sa partie
pelvienne. Pendant ces âsanas, les vertèbres s’écartent légèrement, déga-
geant ainsi les filets nerveux émergeant des trous de conjugaison. L’étire-
ment poussé des muscles de la gouttière vertébrale en exprime le sang, ce
qui, au retour à la position normale, provoque l’afflux sanguin et favorise
l’irrigation de la moelle épinière.
Viscères abdominaux
Aucun organe de la cavité abdominale n’échappe à l’action stimulante
de cette âsana. Citons, entre autres, ses effets marqués sur la prostate.
L’activité sexuelle est influencée, dans le sens d’une normalisation ; elle
redynamise ceux dont la puissance décline sans provoquer de surexci-
tation morbide. Plusieurs adeptes nous ont signalé le réveil de l’activité
sexuelle normale à un âge avancé, alors qu’elle était éteinte depuis belle
lurette. Psychologiquement, cet indice de rajeunissement est très favo-
rable à l’équilibre et à l’affirmation de soi-même ; physiquement, la remise
en action des gonades, dont Serge Voronoff et bien d’autres ont démon-
tré l’importance de leurs hormones, a des répercussions profondes sur
la santé et est à l’origine de rajeunissements surprenants. Grâce au yoga,
cela se produit sans recourir à des extraits de glandes animales injectés ou
greffés, puisque ce sont les glandes mêmes de l’individu qui se remettent
à produire ces hormones irremplaçables. Cela s’applique au sexe masculin
aussi bien qu’à la femme où ce sont l’utérus et les ovaires qui en bénéficient.
Outre le pancréas, spécialement stimulé et tonifié par cette âsana, le foie,
les reins, la vessie sont influencés favorablement, tandis que le péristaltisme
intestinal est activé, surtout au niveau du côlon, ou gros intestin ; bien des
cas de constipation opiniâtre ont été définitivement éliminés, parfois en
peu de jours. Cependant, chez certaines personnes, maintenir l’âsana plus
88 TOUTES LES POSTURES |
Circulation lymphatique
Habituellement, seule la circulation sanguine nous intéresse. C’est une
grave erreur de sous-estimer l’importance de la circulation lymphatique
sur laquelle le yoga agit puissamment, ce qui nous arme dans la lutte contre
les infections. Une circulation lymphatique ralentie nous met dans un état
d’infériorité dans le combat contre les bactéries qui, dans certains cas,
peuvent remonter le courant et pénétrer en profondeur dans l’organisme,
ce qui est impossible quand la circulation lymphatique est normale.
Effets hygiéniques
Les effets hygiéniques de cette âsana découlent des paragraphes précédents ;
aussi nous contenterons-nous de les énumérer. Cette âsana agit spécifique-
ment dans les cas de constipation, hémorroïdes, diabète, dyspepsie, gastrite
et inappétence. Elle élimine de nombreux troubles fonctionnels du foie, de
la vésicule biliaire, des reins, des intestins, de la rate, et la faiblesse séminale.
Elle combat l’hypertrophie hépatique et rénale, aide à vider complètement
l’estomac et prévient ainsi certaines formes d’ulcère. Elle efface les lordoses.
Effets esthétiques
L’amélioration de la statique de la colonne vertébrale corrige le maintien,
et la souplesse vertébrale confère de la grâce à tout mouvement. Les effets
esthétiques de cette âsana découlent en outre de la disparition des bourre-
lets adipeux au ventre et aux hanches. La silhouette s’affine encore grâce
au renforcement de la sangle abdominale qui réduit le tour de taille.
Ardha-Paschimottanâsana -
améliorer la pince
Pour beaucoup d’Occidentaux, la pince correcte n’est pas
réalisable. À cause de l’habitude prise, ou plutôt imposée
dès l’enfance, de nous asseoir sur des chaises
(« ne t’assieds donc pas par terre : tu vas te salir ! »),
lesdits muscles de la face postérieure de la jambe
se sont peu à peu rétrécis. Leur rendre une longueur
normale ne va pas sans problèmes…
La présente âsana permet de les résoudre.
Effets bénéfiques
La longueur normale des muscles de la jambe, tant postérieurs qu’anté-
rieurs, constitue un élément essentiel de la statique correcte du bassin,
donc de toute la colonne vertébrale. Par conséquent, il faut être en mesure
d’effectuer la pince classique au sol sans que les jambes ne fléchissent. C’est
loin d’être courant en Occident, et l’exécution classique de la pince décrite
précédemment est souvent inaccessible. La traction exercée par les doigts
et les bras manque de la puissance nécessaire pour vaincre la résistance
opposée par les muscles rétrécis de la jambe. Il faut donc une action plus
énergique : c’est ce qu’on obtient par la pression que le genou replié exerce
sur son frère jumeau, pression qui le maintient plaqué au sol pendant tout
le déroulement de la posture.
Par la pratique de cette variante, des progrès rapides sont enregistrés
dans la pince normale. Des adeptes qui s’efforçaient vainement depuis de
longs mois d’atteindre le résultat voulu, en partant de l’exécution ordi-
naire, ont réussi en quelques semaines à atteindre leur objectif.
90 TOUTES LES POSTURES |
1
Beaucoup de débutants butent sur l’obstacle constitué par
la résistance des muscles de la face postérieure des jambes.
Ils sont incapables de se pencher vers l’avant sans fléchir les
jambes.
4
Position finale exécutée de l’autre côté. Il faut s’efforcer
d’amener le thorax contre la cuisse de la jambe repliée, ce qui
intensifie la pression et l’étirement consécutif des muscles de la
jambe. Respirer profondément dans les flancs et dans le dos.
5
Après avoir ainsi pratiqué en alternance des deux côtés,
effectuer la pince normale ou la variation ci-dessus qui consiste
à encercler les genoux des deux avant-bras, placés très
exactement sous le creux poplité des deux genoux.
Demi-pince en demi-lotus
(Ardha-Baddha-Padma
Paschimottanâsana)
Effets bénéfiques
Cette posture procure tous les effets bénéfiques de la pince classique en ce
qui concerne la colonne vertébrale. Toutefois, la stimulation des organes
abdominaux est infiniment plus forte que dans la demi-pince classique,
parce que l’abdomen est fortement comprimé quand le pied pénètre dans
la masse abdominale, d’où une intense stimulation de tous les organes du
bas-ventre, spécialement du côlon ascendant et descendant.
ERREURS ET CONTRE-INDICATIONS
Remarque
Cette posture soumet les genoux à une très forte pression ; il faut
avoir pratiqué le demi-lotus pendant un certain temps pour effectuer
cet exercice sans risque pour les ligaments du genou. Ne forcer en
aucun cas. La compression de l’abdomen, due à la pénétration du pied
dans le ventre lors de la flexion vers l’avant, ne doit causer aucune
réelle douleur ; celle-ci serait l’indice d’une situation anormale dans
l’abdomen. Il faudrait éventuellement consulter le médecin.
1
Assis dans la position de départ, une jambe allongée devant
soi, replier l’autre en demi-lotus. À l’aide des mains, refermer
au maximum l’angle formé par les cuisses. Plus le pied sera
remonté vers le côté extérieur de la cuisse et vers l’abdomen,
plus l’exercice agira sur les genoux et, pendant la pose finale,
sur l’abdomen.
| Postures assises 93
5
Une vue du déroulement vers l’avant après l’inversion de la
position.
Respiration
On respire aussi profondément que possible en prenant soin de relaxer les
muscles du dos.
Effets bénéfiques
Cette posture équilibre et complète le travail de la pose principale. Elle y
ajoute un travail en diagonale sur l’ensemble de la colonne vertébrale, tra-
vail qui stimule les racines nerveuses du rachis et intensifie le tonus vital
en général.
1 2
Assis dans la position de départ, une jambe allongée En partant de cette attitude initiale, pour ne pas s’affaisser
devant soi, replier l’autre en demi-lotus. À l’aide des au sol, prendre appui d’abord avec la main, puis...
mains, refermer au maximum l’angle formé par les
cuisses. Plus le pied sera remonté vers le côté extérieur
de la cuisse et vers l’abdomen, plus l’exercice agira sur
les genoux et, pendant la pose finale, sur l’abdomen.
3 4
Position finale
Dès qu’on est couché sur le dos (bien entendu sans lâcher la
prise du pied), projeter derrière la tête le bras demeuré libre
et repousser la main le plus loin possible derrière soi. Dans
cette attitude, respirer lentement, en égalisant la durée de
l’inspiration et celle de l’expiration. Se détendre dans cette
... avec le coude du bras replié avant de s’étendre position, ou du moins s’y efforcer. Au début, on éprouvera
sur le dos. Cette illustration montre le travail en de la difficulté à demeurer dans cette position sans lâcher la
diagonale de l’âsana sur l’ensemble du dos. prise du pied, mais avec un peu de pratique on y parviendra.
| Postures assises 95
Effets bénéfiques
Les effets bénéfiques de cette variante de Paschimottanâsana seront,
pour la majorité, communs à ceux que procure l’exécution classique
habituelle. Toutefois, et cela nous aide à mieux comprendre la technique
et les objectifs visés, ses effets sur la statique de la colonne vertébrale
seront assez différents.
Dans notre vie de sédentaires, non seulement nous sommes presque
tous condamnés au sédentarisme, mais encore notre travail implique
souvent l’élément aggravant d’une position courbée vers l’avant. D’où
le dos rond qui caractérise le gratte-papier vu par Courteline. Ce dos
rond semble favoriser la pince puisqu’il permet de rapprocher le nez
des genoux. Mais ce n’est pas là le but de la pince ! L’intention cachée
derrière la position caractéristique des mains dans le dos, qui bloque
le haut du dos, est d’obliger l’adepte à détendre et à dérouler le bas du
dos. C’est bénéfique à chacun, mais particulièrement aux personnes
voûtées, qui lorsqu’elles tenteront d’exécuter l’âsana sans les mains,
ne seront pas ravies de leur performance. Elles comprendront que plus
une âsana, même incomplètement réalisée, va à l’encontre d’une ten- CONTRE-INDICATIONS
dance habituelle, plus elle est utile et bénéfique et constitue la seule
chance de normaliser la situation. Donc : tant mieux si vous êtes déçu
Exécutée comme prescrit,
de votre exécution ! Persévérez.
cette posture ne présente
La posture a des effets particulièrement bénéfiques pour la muscula- aucune contre-indication,
ture du dos. En effet, chez tant de personnes elle est le siège de contrac- même si la colonne vertébrale
tures permanentes qui se traduisent, en fin de journée, par des maux est en mauvais état. Seuls la
de dos. Être éreinté est le mot qui convient. Mais de nos jours, nous ne musculature abdominale et
sommes plus éreintés parce que nous trimons dur aux champs, mais le poids du tronc produisant
parce que notre position au travail et notre immobilité prolongée dans le mouvement, il n’y a guère
une attitude non naturelle nous forcent à contracter en permanence des d’incidents à redouter.
groupes entiers de muscles attachés à la colonne vertébrale. Les pinces
en déroulement à partir du sacrum sont incomparables pour soulager
les dos endoloris par des contractures, mais il faut veiller à adopter une
attitude plus correcte pendant la journée, sans quoi on défait le jour ce
qu’on reconstruit pendant la séance de yoga. Souvent il suffit de fort peu
de chose pour améliorer nettement les conditions posturales au travail :
une chaise dont l’assiette est à la hauteur convenable, travailler sans s’ap-
puyer au dossier, changements fréquents de position de travail, etc.
96 TOUTES LES POSTURES |
ERREURS À ÉVITER
1
Position de départ
3 Position finale
La tortue (Kurmâsana)
ÉTYMOLOGIE : Kurma = tortue
Position de départ
Assis au tapis, les jambes étendues devant soi, légèrement fléchies, les
pieds distants de 40 à 50 centimètres. Plier la jambe gauche de manière à
poser la plante du pied au sol.
Durée
Au début, s’immobiliser durant 10 secondes de chaque côté ; augmenter
progressivement cette immobilisation jusqu’à une minute.
ERREURS À ÉVITER
Concentration
A travailler par saccades ; Focaliser l’attention sur la relaxation des muscles du dos qui subiront pas-
sivement la courbure.
A durcir les muscles du dos ;
Position de départ
L’attitude initiale est identique à celle de la demi-posture, sauf que les
genoux sont levés plus haut et que les pieds sont tous deux posés à plat
au sol.
Prise de la position
Le lecteur devine qu’il s’agit cette fois de glisser chaque bras sous le genou
correspondant avec la paume tournée vers le haut, ce qui empêche le coude
de se replier. Lorsque les bras sont en place, ils forment un angle obtus
dirigé vers l’arrière ; à ce moment, il faut pousser les talons vers l’avant en
tendant les jambes. Le dos doit subir passivement la poussée. Respirer cal-
mement. À chaque expiration, laisser le front s’abaisser d’un cran jusqu’à
toucher le sol. Dans cette position, il faut... se relaxer ! Je ne plaisante pas
en cataloguant cette âsana parmi les postures de relaxation ! Elle le devient
avec la pratique. Lorsqu’elle sera vraiment confortable et « relax », au lieu
d’appliquer le front au sol, c’est le menton qu’il faudra poser au tapis et
pousser le plus loin possible vers l’avant. Cela modifie considérablement
l’action de l’âsana sur la colonne vertébrale et accentue la compression
intra-abdominale.
Variantes
\ A.Au lieu de disposer les bras au sol en angle obtus, on peut les pla-
cer perpendiculairement au tronc, dans l’alignement des épaules. Cela
augmente l’efficacité de l’exercice mais aussi – hélas ! – sa difficulté.
On peut y accéder par paliers et chaque jour, après s’être immobilisé
durant quelques instants dans la position la plus confortable, avancer
un peu plus les mains.
\ B.Une autre variante est destinée à augmenter encore plus la com-
pression intra-abdominale, surtout dans la région du côlon : au lieu
d’amener les bras vers l’avant, on les fléchit vers l’arrière afin de pou-
voir les placer derrière le dos. Les médius devraient se toucher, les
doigts devraient même s’accrocher. Il va de soi que ces variantes ne
s’adressent qu’aux adeptes déjà bien assouplis.
Contre-pose
Si l’on s’immobilise plus d’une minute dans cette âsana, il est conseillé
de la faire suivre de sa contre-pose Matsyâsana (le poisson) pendant 15 à
20 secondes.
100 TOUTES LES POSTURES |
2
La pose de profil permet de se rendre compte de la position du
bras qui subit la poussée.
3
Vue de dos.
4
Voici la posture complète vue de face. C’est en tendant les
jambes pour propulser les talons vers l’avant que le dos est
plié. Au début l’on pose d’abord le front au sol, puis on avance
le menton le plus loin possible en touchant le tapis. Dans cette
position, se relaxer le plus complètement possible. Respirer
profondément.
| Postures de flexion 101
6
Vue de dos
Variante
Effets bénéfiques
Kurmâsana assouplit et tonifie toute l’épine dorsale, et active les fonctions
des viscères abdominaux ; elle est à la fois relaxante et dynamisante. Elle
apaise les nerfs : après l’avoir prise, on se sent rafraîchi comme après un
repos prolongé. Voici le détail de ces effets.
Colonne vertébrale
Cette posture, grâce à la pesée exercée par les jambes au niveau des
épaules, est d’une efficacité remarquable pour mobiliser la partie dor-
sale de la colonne vertébrale, si rigide chez tant de personnes. Comme les
jambes sont le seul élément actif pendant la prise de l’âsana, l’adepte peut
(et doit !) relaxer les muscles du dos : de ce fait, les vertèbres retrouvent
leur mobilité. En ce qui concerne le bas du dos, Kurmâsana étire toute la
région lombaire ; ainsi cette âsana soulage bien des dos endoloris par des
positions de travail incorrectes ou de longues stations debout.
Muscles et ligaments
Ce sont surtout les muscles et les ligaments de la colonne vertébrale qui
sont étirés et assouplis. Vidés de leur sang pendant la prise et le maintien
de l’âsana, ils aspirent du sang frais dès que la position est interrompue.
Cette posture favorise la pratique de la pince, de la charrue, et en général
de toutes les postures de flexion vers l’avant.
102 TOUTES LES POSTURES |
Système nerveux
Par suite de la flexion vers l’avant et de l’importante irrigation sanguine de la
musculature dorsale, les nerfs rachidiens sont bien nourris et stimulés, ce qui
explique l’effet tonifiant sur l’ensemble de l’organisme. En étirant le bas de la
colonne vertébrale, Kurmâsana peut dégager le nerf sciatique s’il se trouve
pincé à son affleurement, et soulager ainsi certaines formes de sciatique.
Viscères abdominaux
En général, les postures vers l’avant compriment l’ensemble de l’abdomen
et tonifient le plexus solaire. Dans Kurmâsana, toute la zone solaire est
dégagée, tandis que les organes du bas-ventre sont fortement comprimés
et tonifiés, principalement le côlon ascendant et descendant. Cette posture
lutte efficacement contre la constipation, le mal du siècle (ou plutôt « un »
des nombreux maux du siècle), en stimulant le péristaltisme intestinal. La
compression atteint même les reins qui sont stimulés, surtout si la prise de
la position et son maintien s’accompagnent de respirations profondes au
cours desquelles le diaphragme s’abaisse et intensifie encore la pression
intra-abdominale, en repoussant les organes.
Les reins sont donc stimulés – avec accroissement de la diurèse – et
les capsules surrénales également, ce qui agit sur la production d’adré-
naline, l’hormone du dynamisme. Cela explique l’effet tonique de cette
âsana. Certains adeptes s’abstiendront de la pratiquer le soir trop près du
coucher : elle peut les « dynamiser » au point de les tenir éveillés. L’ex-
périence et l’auto-observation vous renseigneront bientôt : il faut alors
renoncer à cette âsana ou l’effectuer le matin, avec l’inconvénient qu’au
réveil, on est beaucoup moins souple que le soir.
Le pied solitaire
(Eka Pada Shirshâsana)
ÉTYMOLOGIE : Eka = un, unique / Pada = pied / Sir = tête soit la « pose d’un seul pied à la tête ».
Technique
Premier temps
En position assise, fléchir légèrement la jambe droite1 et pointer les orteils
vers l’extérieur pour faciliter le maintien de l’équilibre. En effet, si la jambe
allongée au sol est tendue, le tronc penche légèrement vers l’arrière et au
moment de soulever le pied on risque de basculer. L’angle de flexion varie
selon les cas ; quelques tâtonnements vous permettront de trouver celui
qui vous est le plus favorable.
Deuxième temps
Saisir le pied droit avec la main opposée. Attention ! La position de la
main et la façon de tenir le pied sont capitales pour l’exécution correcte
de la posture. Examinez donc attentivement les illustrations !
Troisième temps
\ soulever le pied, puis amener le tibia parallèlement au sol, le talon à
hauteur du menton ;
\ faire pivoter légèrement le tronc dans l’axe de la colonne vertébrale ;
\ essayer de placer l’épaule sous le creux poplité ;
\ dernier détail : placer la main gauche contre la face interne de la
cuisse.
Respiration
La respiration sera diaphragmatique et profonde, afin d’accentuer le mas-
sage abdominal dont découle une bonne partie des effets de la pose.
Répétition et durée
Concentration
Pendant le mouvement, se concentrer sur l’exécution correcte de l’exer-
cice ; dans la posture finale, soit sur la respiration profonde et diaphragma-
tique, soit au bas de la colonne vertébrale.
Effets bénéfiques
Le pied solitaire apporte en fait tous les avantages de la pince classique,
tout en gratifiant l’adepte des bénéfices qui lui sont propres ; ceux-ci
résultent principalement :
\ dutravail important, et d’une nature très particulière, de la colonne
vertébrale, tout spécialement dans sa partie lombaire ;
CONTRE-INDICATIONS \ de la compression alternative de chaque moitié de l’abdomen.
Colonne vertébrale
Nous ne voyons aucune contre- Les effets diffèrent beaucoup de ceux de Paschimottanâsana, parce que le
indication particulière au pied pied solitaire travaille la colonne vertébrale asymétriquement. En effet, dans
solitaire. la pince classique, au sol, le dos se plie dans le plan sagittal de la colonne
vertébrale, tandis que le pied solitaire superpose à cette courbure une flexion
latérale. Ces deux courbures combinées entraînent, pour la colonne, des
| Postures de flexion 105
Muscles et ligaments
Toute la musculature dorsale se trouve étirée, allongée, irriguée de sang
frais. Tous les ligaments de la colonne vertébrale sont sollicités.
Abdomen
L’importance des répercussions abdominales de cette âsana découle d’abord
d’une compression accentuée de certains viscères. Mais c’est alternativement
d’un côté et de l’autre, et à raison d’une moitié de l’abdomen à la fois, que cette
compression s’effectue. Cela distingue le pied solitaire des autres postures
yogiques, et même d’Ardha-Matsyendrâsana. En effet, la torsion comprime
aussi chaque moitié de l’abdomen, mais dans ce cas, c’est l’ensemble du ventre
qui est travaillé par l’âsana, tandis que le pied solitaire agit électivement sur le
bas-ventre, sur le côlon ascendant et descendant, sur la région du foie (lorsque
la posture s’effectue à droite), et sur la région de la rate et du pancréas (quand
la pose se fait à gauche). Ces organes sont sollicités avec une très grande inten-
sité, vu la forte pression engendrée par la posture complète. N’oublions pas
de mentionner son action sur les reins ; or avec de bons reins, on peut devenir
centenaire même si le cœur est malade.
Effets hygiéniques
Les principaux effets hygiéniques du pied solitaire sont multiples :
\ certaines sciatiques, dues au pincement du nerf à son émergeance
rachidienne, peuvent parfois être soulagées de manière spectaculaire :
soit en ne pratiquant la pose que d’un côté, celui qui, à l’expérience,
s’est révélé favorable ;
\ la
constipation est combattue avec vigueur, mais il faut veiller à effec-
tuer le pied solitaire d’abord du côté droit, pour agir dans le sens du
péristaltisme intestinal ;
\ lefoie est dégorgé ; or une congestion même limitée de cet organe
retentit sur tout le système digestif ;
\ la posture stimule la rate et le pancréas ;
\ les reins sont touchés et massés (il est pourtant difficile de les atteindre
directement, protégés et enfouis qu’ils sont dans la masse viscérale).
D’où augmentation de la diurèse ;
\ la
stimulation du parasympathique pelvien se répercute particulière-
ment sur les fonctions d’excrétion, dont nous avons souligné l’impor-
tance par ailleurs.
106 TOUTES LES POSTURES |
La jambe droite est légèrement Ces deux façons de tenir sont incorrectes.
pliée (certains yogis la replient
complètement). La façon de
tenir le pied est très importante
pour la réussite de l’exercice. Le
tendon d’Achille est bien soutenu
par le médius, l’annulaire et
l’auriculaire, le pouce et l’index
n’étant pas actifs.
2
Premier mouvement et, pour les débutants, l’attitude finale !
Glisser l’épaule le plus loin possible vers le pli du genou :
3
Pour les adeptes plus avancés, prise de position finale :
baisser la tête, attirer le pied vers l’arrière tout en étendant la
jambe, et avec l’aide du puissant levier constitué par le bras
gauche, amener le pied le plus loin possible vers l’arrière.
Éventuellement le poser dans la nuque.
| Postures de flexion 107
Variante I
Décrivons d’abord la plus simple des deux variantes.
Position de départ
Pour les débutants : partir de la position assise, les jambes étendues
devant soi. Plier les genoux qui doivent rester joints, puis saisir les gros
orteils avec les médius (on gardera cette prise jusqu’à la fin de l’exercice).
Les pouces et les index des deux mains s’entrelacent afin que les pieds
restent joints et ne forment qu’un bloc. Arrondir le dos et soulever les
pieds du sol. Après quelques tâtonnements, vous découvrirez l’endroit
précis du coccyx où l’équilibre est obtenu. La tête se place à la verticale
de ce point d’appui, et y restera durant tout l’exercice. Les yeux fixent un
point au tapis. Continuer à respirer normalement, ne pas se crisper.
Premier temps
Déplier lentement les jambes et les tendre vers le haut, sans raideur. S’im-
mobiliser dans cette position, respirer profondément, relaxer le maximum
de muscles. Se concentrer, sans quoi on perd bientôt l’équilibre.
Deuxième temps
Après quelques respirations dans cette position, attirer les genoux vers soi
(symétriquement, pour sauvegarder l’équilibre) et avancer le nez vers les
rotules. Tenir le plus longtemps possible.
| Postures de flexion 109
Premier temps
Attirer les pieds à soi, vers la poitrine. Le point d’appui en équilibre est au
coccyx, comme dans la première position, et la tête se trouve à la perpendi-
culaire de ce point. Placer les coudes sur les tibias : très important.
Deuxième temps
Attirer les pieds vers le front ; en montant, ils ne doivent pas décrire une
courbe et s’éloigner du corps, mais suivre un trajet aussi vertical que
possible ; ainsi les cuisses compriment mieux le ventre, et l’action sur la
colonne vertébrale est plus puissante. Toujours respirer normalement. Le
mouvement sera lent et régulier, sans saccades ni temps d’arrêt.
Phase finale
Après avoir touché le front avec les pieds, si possible les amener plus
haut encore, vers le sommet de la tête, pour accentuer la pression intra-
abdominale et la courbure de l’épine dorsale. Cette âsana requiert de la
souplesse et de la concentration.
Quand pratiquer ?
Les deux variantes peuvent soit remplacer temporairement la pince classique,
soit s’insérer dans la série. Elles se placent alors après Paschimottanâsana.
110 TOUTES LES POSTURES |
Effets bénéfiques
Dans l’ensemble, les effets sont ceux de la pince au sol avec quelques diffé-
rences qu’il importe de connaître.
Tube digestif
La variante II agit sur le péristaltisme intestinal autant par la pression
exercée par les cuisses sur le côlon ascendant et descendant que par l’afflux
de sang vers le bas-ventre. Elle lutte contre la paresse intestinale.
Colonne vertébrale
La pince en équilibre, dans ses deux variantes, mobilise surtout la partie
dorsale de la colonne vertébrale. Les centres nerveux vitaux de cette région
– particulièrement importants puisqu’ils contrôlent l’appareil respiratoire,
y compris les bronches, l’estomac et le cœur – sont tonifiés et stimulés.
Conclusion
Ces deux variantes ne peuvent remplacer la pince au sol dont la phase dyna-
mique notamment est très précieuse par le déroulement lent, progressif et
complet de toute la colonne vertébrale ! Elles en constituent cependant un
complément important et méritent de prendre place dans notre série.
| Postures de flexion 111
1 Variante I
2
Observer la prise des orteils par les médius et l’entrelacement
des index et des pouces afin que les pieds forment un bloc.
Les genoux sont joints et le resteront durant tout l’exercice.
Remarquer que les épaules sont légèrement surélevées.
3
Les jambes se déplient lentement. En procédant par à-coups,
on risque la culbute. Cette âsana étire les muscles des fesses et
des mollets, ce qui facilite aussi la pince au sol.
4
Par une traction des bras, partie du coude et des épaules
(remarquez la différence de position des coudes sur
l'illustration ci-contre), les genoux se rapprochent du front et
réciproquement. Continuer à respirer normalement.
112 TOUTES LES POSTURES |
7 Avec les genoux bien écartés, soulever les pieds suivant une
trajectoire aussi rectiligne et aussi verticale que possible ;
amener les talons en contact avec le haut du front. Pousser
la tête vers l’avant (et non vers l’arrière, sinon la chute à la
renverse serait inévitable). Cet exercice libère toute la ceinture
scapulaire.
Respiration
La respiration revêt une importance toute particulière dans cet exercice.
En effet, à cause même de l’attitude et du fait que les cuisses se touchent,
lorsqu’on inspire aussi profondément que l’on peut, l’abdomen ne peut
guère entrer en expansion devant la poussée du diaphragme. Le souffle
cherchera une zone d’expansion qui ne se situera pas à la face avant du
corps, mais bien dans les flancs et dans le dos. Ayant pris conscience de
ce phénomène, l’adepte aidera consciemment son corps à respirer à cet
endroit, ce qui accroîtra la mobilité des côtes, indispensable à la respiration
yogique efficace ainsi qu’au prânayâma. S’immobiliser pendant au moins
20 respirations lentes et profondes.
Effets bénéfiques
Cette âsana produit une excellente relaxation de la musculature posté-
rieure du tronc. La respiration profonde dans cette attitude développe la
mobilité thoracique dans les flancs et dans le dos. Le travail du diaphragme
qui fait pression sur les organes abdominaux, eux-mêmes contenus par
les cuisses, soumet les viscères à un massage très efficace, qui dégorge
le foie, la rate, stimule le plexus solaire, active le péristaltisme intestinal
et lutte contre la constipation, un des « maux » du siècle. Cela pour la
formule « 1 ». Dans l’attitude « 2 », le travail libère les omoplates, agit sur
les points réflexes situés sous celles-ci, ce qui entraîne une décontraction
du trapèze.
Autre possibilité
Au lieu de faire voyager la conscience tout au long de la colonne vertébrale,
il est parfois indiqué de s’intérioriser à l’endroit où le front touche le sol et
de s’efforcer de prendre conscience du contenu de la boîte crânienne, de lui
ordonner de se détendre (donc de relâcher le cerveau, ce qui est moins dif-
ficile qu’on ne l’imagine) et, après avoir perçu les pulsations dans la tête, de
les percevoir plus particulièrement au point de contact du front et du tapis.
Dans le cas de ces intériorisations, la posture peut et devrait même
être tenue bien au-delà des durées indiquées.
| Postures de flexion 115
2
Sans modifier la position, entrelacer les doigts.
Correct Incorrect
Redresser les bras le plus haut possible. Les paumes doivent regarder le dos, non le ciel.
Continuer à respirer dans le dos et dans
les flancs.
L’huître (Kurmâsana)
ÉTYMOLOGIE : Kurma = tortue.
Définition
Il s’agit d’une posture de flexion vers l’avant, mais malgré les apparences, il ne
s’agit pas d’un dérivé ni d’un substitut de la pince. En effet, à propos de la pince,
il est toujours bon de rappeler l’étymologie du nom sanscrit « Paschima »
(ouest), « tan » (étirer, étendre) âsana. Paschimattanâsana (ou Paschimottanâ-
sana) a pour mission essentielle d’étirer toute la face postérieure du corps (face
ouest, puisque la salutation au soleil et les âsanas s’effectuent face au soleil
levant), cette face arrière commençant aux pieds et se terminant à la nuque.
Dans l’huître, il n’y a pas d’étirement de la colonne mais simplement
une flexion vers l’avant ; c’est dire que les buts et effets seront fort diffé-
rents de ceux de la pince.
Effets bénéfiques
ERREURS ET Effets hygiéniques
CONTRE-INDICATIONS
Les effets principaux de cette âsana se situeront au niveau de la colonne
vertébrale d’une part, des articulations des jambes d’autre part.
Il n’y a guère d’erreurs possibles
dans cette âsana et tout adepte Colonne vertébrale
capable de l’exécuter peut
Comme il s’agit d’une flexion vers l’avant, il y a assouplissement de la
le faire sans risque.
colonne vertébrale sur toute sa longueur avec un étirement de la moelle épi-
nière logée dans le canal central de l’épine dorsale. Cet étirement, ainsi que
le bâillement de toutes les articulations vertébrales, libèrent les racines ner-
veuses émanant de la colonne vertébrale et tonifient ainsi l’ensemble de l’or-
ganisme. Cette âsana modifie la pression du liquide céphalorachidien, dans
lequel baignent le cerveau et la moelle épinière, lesquels sont ainsi stimulés.
Articulations coxo-fémorales
Ces articulations sont très importantes. On n’y pense guère que lorsqu’on
commence à en souffrir. Une détérioration de cette articulation (coxar-
throse) est invalidante. Dans tous les cas, toute altération de sa mobilité fait
| Postures de flexion 117
souffrir. La vie sédentaire est très néfaste pour cette articulation, notamment
la position assise sur des chaises et des fauteuils. Cette articulation est ali-
mentée par une seule artère (de l’intérieur, l’articulation se nourrit par diffu-
sion), ce qui est suffisant si l’homme marche, court, se déplace à l’aide de ses
moyens de locomotion naturels, c’est-à-dire ses jambes. Cette âsana sollicite
et mobilise cette articulation dont elle entretient la mobilité et la santé.
Articulation du genou
Les genoux subissent, eux aussi, un effort dans un sens inhabituel, ce qui
les sollicite favorablement. Indirectement, cette âsana prépare au lotus.
Le poisson (Matsyâsana)
ÉTYMOLOGIE : Matsya = poisson
Technique
Classiquement, Matsyâsana se prend en lotus et s’exécute de telle façon
qu’elle permet de flotter. Le lotus étant exclu pour bon nombre d’occiden-
taux – et pas uniquement pour les néophytes ! – il existe, heureusement,
une variante à la portée de chacun, dont les effets sont, en pratique, iden-
tiques à ceux de l’âsana classique. C’est elle que nous décrivons ci-dessous.
Au départ, il faut s’asseoir au sol, les jambes étendues devant soi.
Premier temps
En inclinant un peu le tronc vers l’arrière et vers la gauche, poser le coude
gauche au sol et s'appuyer sur lui. De même, placer le coude droit par terre.
| Postures d'extension 119
Deuxième temps
Pousser la poitrine en avant et vers le haut, tout en renversant la tête en
arrière le plus loin possible, de façon à « voir le monde à l’envers ». Cambrer
les reins tout en s'arc-boutant sur les coudes.
Remarque
Chez quelques rares personnes (en général celles qui sont sujettes au mal
de mer et de l’air), cette position de la tête provoque des nausées et des
vertiges. Ces inconvénients sont liés à un défaut dans l’oreille moyenne,
auquel il est impossible de remédier. Dans ce cas, il est inutile d’insister ; il
faut renoncer à cette âsana et la remplacer dans la séance par un relax d'1
ou 2 minutes, accompagné de respirations profondes.
Position finale
Laisser descendre la tête jusqu’au sol en déplaçant les coudes vers l’avant.
Creuser les reins autant que possible pour former une arche reposant d’une
part sur le sommet de la tête, d’autre part sur le postérieur, avec appui
intermédiaire sur les coudes. Au départ, l’adepte se contentera de prati-
quer ainsi ; plus tard, l’aisance venant, il posera les mains sur les cuisses, ce
qui supprime – évidemment ! – l’appui des coudes.
Retour au sol
Le retour au sol ne s’effectue pas en sens inverse de la prise de l’âsana, mais
bien en relaxant le dos pour se coucher au sol ; se reposer ainsi pendant
quelques secondes.
Durée
Tenir la pose pendant 10 respirations profondes.
Respiration
Il faut placer la respiration le plus haut possible vers les clavicules.
Matsyâsana ouvre largement la trachée ; profitez-en pour ventiler à fond le
sommet des poumons. Écartez bien les côtes pendant que vous soulevez les
clavicules. La respiration abdominale est réduite, ce qui est prévu et voulu.
En expirant, contractez les muscles qui abaissent et rapprochent les côtes,
pour vider les poumons à fond. En finale, durcissez la sangle abdominale
pour expulser les derniers centimètres cubes d’air hors des poumons.
Répétition
Intégrée dans une série d’âsanas, une seule exécution suffit, mais si vous
disposez du temps nécessaire, une seconde exécution est recommandée.
Toutefois, il est préférable de recourir à deux exécutions successives plu-
tôt que de doubler le temps de maintien de l’âsana car la seconde fois, on
cambre mieux les reins.
120 TOUTES LES POSTURES |
Concentration
Il faut diriger l’attention alternativement vers la musculature du dos
contractée, puis sur la respiration profonde et haute.
Posture classique
Pour les personnes qui seraient éventuellement en mesure de prendre la
pose du lotus, tout ce qui précède reste valable, sauf évidemment la posi-
tion de départ. Autre différence : dans l’attitude finale, il faut saisir les pieds
afin d’exercer une traction qui accentue la cambrure des reins et accroît
l’efficacité de la posture.
Effets bénéfiques
Dans son rôle de contre-pose, elle assure la pleine efficacité de Sarvangâ-
sana et de Halâsana, en équilibrant leur action. Elle procure, au surplus,
des avantages particuliers qui concernent surtout le thorax, la colonne ver-
tébrale et l’abdomen.
Thorax et poumons
Matsyâsana agit surtout sur le thorax. En nous immobilisant dès l’en-
fance, durant de longues heures, sur les bancs d’école et à des pupitres, la
civilisation est responsable de bien des thorax étriqués dont les côtes, au
lieu de se placer dans l’angle correct, sont disposées en oblique par rap-
port à la colonne vertébrale, réduisant ainsi le volume disponible pour les
poumons, c’est-à-dire la capacité vitale, et rendant impossible une respi-
ration normale, au détriment de la vitalité et de la santé. Faites Uddiyana
devant un miroir ( voir p. 334) et observez vos côtes qui font saillie. Chez
les personnes de « style gothique », les côtes dessinent une ogive et sont
mal disposées ; si elles forment un dôme, votre thorax est normal. Pour
la catégorie « gothique », Matsyâsana est une bénédiction et ces adeptes
ont intérêt à la pratiquer assidûment, au besoin plusieurs fois par jour,
même en dehors de la séance quotidienne de yoga. Mesurez aujourd’hui
votre périmètre thoracique au niveau de la pointe du sternum (appen-
dice xiphoïde). Vérifiez d’ici six semaines : l’amélioration constatée vous
convaincra et vous encouragera. Les poumons étant solidaires du thorax,
votre capacité vitale aura augmentée d’autant. Pendant l’âsana, c’est surtout
le lobe supérieur du poumon, et plus spécialement la partie sous-clavière,
qui est le mieux ventilé.
Colonne vertébrale
Un thorax étriqué s’accompagne souvent d’un dos rond et rigide, surtout
vers les omoplates : Matsyâsana agit directement sur cette zone défavo-
risée. Au début, ces personnes auront bien du mal à prendre, même vaille
que vaille, la posture du poisson. Qu’elles ne se découragent pas : un travail
patient et obstiné vaincra l’obstacle. Le jeu en vaut la chandelle.
| Postures d'extension 121
Musculature
Matsyâsana fortifie surtout la musculature de la colonne vertébrale. Le dos
rougit, suite à l’augmentation de l’afflux sanguin, tandis qu’une agréable
chaleur s’y manifeste. L’âsana agit aussi sur la sangle abdominale qu’elle
étire, sans pourtant la distendre.
Système nerveux
L’abondante irrigation sanguine de la musculature dorsale citée ci-dessus
se propage à la moelle épinière, ce qui relève le tonus vital en stimulant
toutes les fonctions essentielles de l’organisme d’une façon physiologique
et douce. Le système nerveux sympathique en bénéficie aussi. La zone du
plexus solaire, souvent sous l’emprise de spasmes permanents dus à l’an-
xiété constante que distille notre vie survoltée, est décongestionnée par
l’étirement de l’abdomen, allié à la respiration profonde.
Viscères et abdomen
Cet étirement de l’abdomen, auquel s’ajoute le massage interne par la res-
piration profonde, tonifie en plus tous les viscères de la cavité abdominale ;
le foie et la rate figurent parmi les principaux bénéficiaires. Cette posture
est fort bénéfique à la femme, car les organes pelviens sont stimulés et
notamment les organes génitaux (ovaires en particulier). Matsyâsana sou-
lage les hémorroïdes douloureuses et saignantes, sans dispenser du traite-
ment médical approprié, auquel elle confère une efficacité accrue.
Glandes endocrines
Nous avons noté ci-dessus que les glandes génitales sont particulièrement
visées, ce qui favorise la sécrétion d’hormones sexuelles. Les surrénales
sont tonifiées, la production d’adrénaline et de cortisone est normalisée
sans risque de dépasser les normes physiologiques. Cette posture, en sti-
mulant aussi le pancréas, aide à combattre les cas de faux diabète d’origine
nerveuse.
Effets esthétiques
En remodelant le thorax et en redressant le dos, Matsyâsana assure un
maintien correct, ce qui n’est pas sans répercussions heureuses sur le plan
psychologique.
3
… déposer la tête au tapis. Au début,
les coudes peuvent rester au sol pour
servir de support intermédiaire à
l’arche formée par le dos, arche dont
les points d’appui sont d’une part le
sommet de la tête et d’autre part le
postérieur. Dans cette position,
la trachée s’ouvre largement : respirer
profondément pour ventiler le lobe
supérieur des poumons.
| Postures d'extension 123
Incorrect
5 6
7
l’eau sans faire le moindre mouvement.
Technique
Position de départ
Couché à plat ventre, étendre les bras perpendiculairement au tronc, les
paumes contre le tapis ; la position des bras peut varier mais c’est l’atti-
tude de départ avec les bras en croix qui convient le mieux, en général. Les
jambes sont jointes ; la plante des pieds est tournée vers le haut. Coucher
| Postures d'extension 125
Premier temps
Inspirer profondément en trois temps (abdomen, thorax et sommet de la
poitrine), en gonflant le ventre contre le tapis : c’est important. Bloquer le
souffle, sans à-coups. En gardant ainsi l’air scellé dans les poumons, comme
dans le cobra, soulever lentement la tête et le tronc en contractant les muscles
du dos pour amener le poids du corps sur l’abdomen qui se ballonne. La
masse viscérale, comprimée, refoule le diaphragme qui à son tour repousse
les poumons où il se crée une légère pression, voulue et inoffensive.
Deuxième temps
Réinspirer et répéter ainsi plusieurs fois l’exercice en déposant alternati-
vement la joue gauche et la joue droite sur le tapis. Si l’exercice provoque
une lassitude, se reposer et intercaler quelques respirations normales avant
de poursuivre.
Durée de l’exercice
La durée totale de l’exercice varie de 2 à 5 minutes, en moyenne. Ce n’est
pas la durée des rétentions isolées qui compte, mais bien le temps cumulé
de l’ensemble des rétentions. Trente secondes réparties sur quatre réten-
tions aisées sont préférables à une longue rétention d’une minute, qui fait
suffoquer sans procurer plus de bienfaits, au contraire. La durée moyenne
des rétentions varie en général entre 5 et 15 secondes.
Effets bénéfiques
Muscles
La musculature du dos est fortifiée, et à cet égard les effets sont similaires
à ceux de la phase dynamique du cobra.
Viscères de l’abdomen
L’augmentation de la pression n’est pas seulement ressentie dans le thorax,
mais aussi symétriquement sous le diaphragme. Le foie et sa vésicule, la rate
et le pancréas se trouvent pris en sandwich entre la masse viscérale compri-
mée élastiquement, d’une part, et le diaphragme, d’autre part. Ces organes sont
donc décongestionnés, massés en profondeur et stimulés physiologiquement.
CONTRE-INDICATIONS
Cet exercice est-il interdit aux emphysémateux chez qui les rétentions
sont, en principe, prohibées? Non, car l’emphysème étant une
lésion irréversible, la partie atteinte des poumons est de toute façon
irrémédiablement lésée : Sarpâsana ne peut donc aggraver le mal.
En revanche, elle peut remettre en activité la partie non utilisée
– donc demeurée intacte – des poumons. Nous connaissons le cas
d’un emphysémateux à qui la pratique régulière de cet exercice a
procuré des bienfaits importants. Les cardiaques seront prudents
mais non pusillanimes. Qu’ils essayent d’abord la forme atténuée, en
observant leurs réactions. Comme ce mouvement n’est pas brutal, il
est susceptible d’être contrôlé facilement.
1
Position moyenne de départ. Couché, une joue contre le sol,
les bras en croix, les épaules touchent le tapis. Se relaxer
et respirer calmement par le ventre. Avant de commencer
l’exercice, effectuer une inspiration complète et profonde, puis
bloquer le souffle.
3
Si l’exercice est trop dur avec les bras en croix, partir avec
les bras le long du corps, comme pour la sauterelle (p. 190).
Pour le reste, suivre les directives données.
4
Forme intensive de l’âsana. Partir avec les bras étendus devant
soi, puis les lever en regardant les doigts. Accrocher les pouces
pour que le mouvement soit symétrique.
Le chat et le serpent-roi
(Bhujangendrâsana)
La vie moderne fait de nous des sédentaires, immobilisés
durant des heures : la respiration devient superficielle,
le dos se voûte. Ce chapitre vous propose deux variantes
du cobra : le chat et le serpent-roi (Bhujangendrâsana).
Elles peuvent se pratiquer séparément ou se combiner
en un seul exercice qui redresse et assouplit les épines
dorsales les plus rétives.
Le chat
Cette posture étire la colonne vertébrale et s’appelle le chat parce que tous
les félins du monde, y compris ceux de l’Inde, s’étirent voluptueusement au
réveil suivant un rituel immuable, propre à leur espèce.
Position de départ
La position de départ est presque identique à celle du cobra, sauf que les
pieds et les genoux sont écartés.
Prise de la position
Soulever le postérieur, puis ramener les fesses en arrière jusqu’à ce que les
bras soient étendus ; pendant ce mouvement, le menton frôle le sol. Insister
jusqu’à ce que le dos soit complètement étiré.
Phase statique
Dans la pose finale, le dos est étiré au maximum et le menton touche le sol.
Regarder le plus loin possible devant soi. L’étirement doit surtout se mani-
fester entre les omoplates : se concentrer sur cette partie du dos. Respirer
profondément. Maintenir l’âsana au moins durant 5 à 10 respirations.
Le serpent-roi
Départ
Normalement, la finale du chat sert de départ au serpent-roi.
Premier temps
Relever la tête, tendre les bras et prendre ainsi la position indiquée sur l'il-
lustration n° 4. Ramener les mollets vers les fesses.
Retour au sol
Revenir à la position de départ en sens inverse. Ces exercices sont le com-
plément du cobra.
Respiration
Ainsi que nous l’avons indiqué, la respiration sera normale et continue.
Chez les adeptes exercés, la respiration peut se faire comme suit :
\ inspirer pendant le premier temps (prise de la position) ;
\ expirer
quand les pieds se rapprochent de la tête (deuxième phase du
mouvement) ;
\ tenir durant quelques secondes la position maximale avec les poumons
vides ;
\ inspirer à nouveau puis respirer normalement pendant le retour au sol.
Relaxation
Cet exercice étant assez poussé, le faire suivre d’un bref relax complet,
couché sur le ventre.
Concentration
Se concentrer sur la colonne vertébrale, surtout sur la région lombaire.
130 TOUTES LES POSTURES |
Répétition
Les adeptes occidentaux peuvent se contenter d’une seule exécution, en
complément au cobra. Si la posture du serpent-roi, précédée ou non du
chat, est pratiquée en lieu et place du cobra, elle se subdivisera en :
\ phase
dynamique : la phase dynamique consiste à répéter trois fois le
mouvement complet, mais sans s’arrêter au maximum ;
\ phase statique : dans l’attitude finale, s’immobiliser durant 10 à 20 res-
pirations.
Effets bénéfiques
Dans l’ensemble, les effets sont ceux de la posture du cobra. Il faut cepen-
dant noter une mobilisation importante de la colonne vertébrale ; elle est
recommandée aux personnes qui ont du mal à pratiquer la pose de l’arc. La
posture du chat est très agréable et dynamisante ; elle libère toute la cein-
ture scapulaire, ce qui est utile pour conserver une attitude bien droite. Elle
facilite beaucoup la respiration correcte.
| Postures d'extension 131
2
Correct
Sans laisser les mains glisser vers l’arrière (elles doivent Incorrect
rester où elles se trouvaient au départ), s’étirer en
Le menton n’est pas appliqué au sol et le postérieur
laissant le menton glisser au ras du sol. Regarder le
se trouve trop haut, ce qui empêche le bon étirement du dos.
plus loin possible devant soi, rapprocher la poitrine
Les bras et le dos ne se trouvent pas rigoureusement
du tapis. Idéalement, vus de profil, le dos et les bras
en ligne droite.
devraient se trouver en ligne droite. L’étirement est
ressenti dans toute la colonne, particulièrement entre
les omoplates.
Technique
Position de départ
Se mettre à quatre pattes (à genoux), en posant l’avant-bras gauche au sol,
parallèlement à la ligne des épaules et sous celles-ci, la paume à plat au tapis.
Attitude préparatoire
La main droite saisit la cheville gauche. À ce moment, le corps est soutenu
par l’avant-bras gauche et la jambe droite. Il faut répartir le poids du corps à
égalité sur ces deux supports ; à cet effet, le bras ainsi que la cuisse qui sert de
second pilier seront à peu près perpendiculaires au sol. Le poids portera sur
le coude, non sur l’avant-bras, qui doit être aussi relâché que possible.
Prise de la position
Ne vous hâtez pas de prendre l’âsana. Prenez le temps de relaxer le dos avec
soin, puis tendez la jambe et poussez le pied gauche simultanément vers
l’arrière et vers le haut, ce qui arque la colonne vertébrale. Dirigez le regard
vers le plafond pour lever la tête et ainsi faire travailler la partie cervicale
de la colonne vertébrale. Le bras ne se plie pas ; il sert de lien passif entre la
cheville et l’épaule. Éviter de pencher la tête de côté, car cela ferait basculer
les épaules et le tronc. Pour pratiquer correctement, le nombril doit rester
immobile au-dessus du point du sol où il se trouvait dans l’attitude prépa-
ratoire.
Pose complète
Pousser le pied le plus haut possible pour accentuer au maximum la cour-
bure du dos. Le bras reste relaxé (important). Maintenir l’âsana durant
5 à 10 respirations. Revenir au sol et répéter en inversant la position des bras
et des jambes.
Respiration et concentration
Pendant tout l’exercice, respirer profondément, en s’efforçant d’amplifier
encore la respiration dans l’attitude complète pour accentuer le massage
intra-abdominal qui reste cependant très doux. La concentration se porte
sur le dos, en particulier sur les muscles transverses qui doivent cependant
rester aussi passifs et relâchés que possible.
Effets bénéfiques
Cette âsana procure sensiblement les mêmes effets que la pose de l’arc, sauf
ceux qui découlent de la compression du ventre.
2
Saisir la cheville gauche avec la main droite. Remarquer la
position du pouce qui n’enserre pas la cheville mais reste joint
à l’index. Au départ, le tronc est parallèle au sol, le regard fixé
vers le bas. Observer la position des orteils du pied droit. Le
poids du corps se répartit moitié sur le coude et moitié sur
le genou. Respirer calmement et ne passer au mouvement
suivant que lorsque les muscles du dos seront bien relaxés. Se
concentrer.
3
Par la seule tension des muscles de la jambe, pousser le pied
gauche vers le plafond. Le dos demeure relâché. Pendant ce
temps, lever les yeux au ciel afin de courber le plus possible
la partie cervicale ainsi que le haut du dos. Le bras droit est et
reste passif : son rôle consiste à servir de lien entre la cheville
et l’épaule. Ne pas le plier. Relâcher le biceps le plus possible.
Respirer le plus profondément possible. Il n’y a pas de rétention
de souffle dans cette âsana.
| Postures d'extension 135
4
Inverser la position des bras et des jambes, après être parvenu
au sol à la position de départ. Cette illustration montre
comment la posture travaille le dos en diagonale.
5
Correct
Incorrect Incorrect
La tête est penchée de travers. Le bras gauche saisit la cheville gauche au lieu de
la droite.
La pose de la fermeté
(Dhrityâsana)
Outre le nom du titre, elle s’appelle parfois aussi la pos-
ture de la roue (Chakrâsana) dont elle est considérée
comme une des formes. Nous préférons réserver le
nom de l’âsana de la roue à l’une de ses variantes que
nous étudierons plus loin (p. 140). Toutefois, cette âsana
pourrait tout aussi bien être baptisée l’« arc à genoux ».
Technique
Position de départ
La position de départ est à genoux, sans être assis sur les talons. Nous
devons cependant nous attarder un peu à cette position de départ, car la
prise correcte de cette attitude est déterminante pour l’exécution correcte
de la posture complète. Il faut d’abord s’immobiliser dans cette position
et déplacer le centre de gravité de façon telle qu’il soit possible de relaxer
les muscles des mollets, des cuisses, des fesses et du dos. Cela s’obtient en
portant le poids du corps sur les rotules, et en poussant très légèrement
l’abdomen vers l’avant. Il faut donc rechercher le point « zéro » où l’on se
trouve parfaitement en équilibre et détendu. Pendant toute la durée de la
posture, du départ à l’attitude finale, le poids devra rester au même endroit
et les mollets seront détendus. Les genoux peuvent être écartés, mais les
orteils doivent se toucher.
vertébrale qui doit demeurer aussi passive et détendue que possible. Veil-
ler à garder les mollets relaxés, ainsi que les cuisses, et pour maintenir le
centre de gravité à la verticale des rotules, il sera nécessaire de propulser ERREURS À ÉVITER
le pubis vers l’avant. Pendant tout ce temps, respirer aussi normalement
que possible.
L’erreur principale (d’ailleurs
Troisième temps d’exécution (position finale) très fréquente, car les traités
n’entrent en général pas dans
Libérer maintenant les mains et les poser sur les talons. Ici il convient
les détails d’exécution) consiste
d’être très attentif et de suivre exactement les indications, sans quoi la pos-
à répartir le poids du corps
ture, faute d’être effectuée correctement, perdra presque toute sa valeur et
sur les pieds autant que sur
son efficacité. Il ne faut pas considérer les bras comme des piliers destinés
les rotules. De ce fait (faites-en
à soutenir le corps, mais au contraire les regarder comme des haubans qui
l’expérience), les mollets et les
empêchent le tronc de basculer vers l’avant et se contenter d’affermir la
cuisses se contractent aussitôt,
position, justifiant ainsi le nom de l’âsana. En relaxant la musculature du
et il est presque inévitable
dos – ce qui est essentiel –, c’est le poids du tronc qui assure la flexion de
qu’il en aille de même pour
la colonne vertébrale, donc l’étirement des muscles et des ligaments de la
le dos. En tout cas, il est certain
colonne vertébrale. Cette âsana ne comporte pas de phase dynamique. On
que la sangle abdominale
maintient la posture le plus longtemps possible. Étant donné la gêne res-
(qui doit normalement rester
piratoire, il ne sera guère possible de demeurer plus de quelques secondes
détendue afin de subir
dans cette attitude.
passivement l’étirement
provoqué par l’exécution
Retour à la position de départ
correcte) sera contractée
Le retour à la position de départ se fait en redressant lentement la colonne et résistera à l’allongement.
vertébrale depuis le sacrum jusqu’aux cervicales. Pendant ce retour, le L’autre erreur très courante
poids reste toujours porté sur les rotules, les mollets étant relaxés. On ne consiste à s’appuyer sur les
reprend pas l’attitude intermédiaire avec les mains dans les reins. bras : de ce fait la pose perd
beaucoup en intensité, donc
aussi en efficacité. Cette dernière
Répétition erreur est cependant admissible
Selon le temps disponible, on peut s’en tenir à une seule exécution ou la chez les néophytes dont le dos
répéter deux ou trois fois. Dans ce dernier cas, procéder par paliers, c’est- n’est pas encore capable de
à-dire esquisser la pose lors de la première exécution sans pousser la cour- supporter l’épreuve de cette
bure trop loin. Ne pas la tenir longtemps. Ce n’est qu’à la troisième exécu- âsana effectuée classiquement.
tion qu’on ira jusqu’au maximum possible sans forcer et qu’on tiendra aussi Cette façon de procéder sera
longtemps qu’on le peut sans souffrir. tolérée, à titre transitoire, mais
devra être prohibée dès que
le regain de souplesse de la
Concentration colonne vertébrale le permettra.
Effets bénéfiques
Cette âsana offre tous les avantages de la pose de l’arc, sauf ceux décou-
lant de la compression abdominale qui est inexistante dans cette âsana. En
revanche, elle permet d’assouplir considérablement la colonne vertébrale
vers l’arrière et favorise nettement la pratique de la pose de l’arc au sol.
138 TOUTES LES POSTURES |
Dans cette âsana, seule la puissance des jambes produit la courbure vers
l’arrière de la colonne vertébrale. Or une bonne partie de l’effort est perdu
CONTRE-INDICATIONS dans le soulèvement du tronc, ou plutôt du thorax. Dans l’âsana de la fer-
meté, au contraire, la pesanteur devient notre alliée, et c’est le poids de la
tête, puis du thorax, et enfin du tronc presque entier, qui plie la colonne
Cette posture est interdite vertébrale vers l’arrière. Quand on songe que le tronc pèse plusieurs
aux personnes souffrant dizaines de kilos, on comprend quelle traction les muscles et les ligaments
d’hyperthyroïdie marquée. des lombes subissent. Toutefois, cet étirement demeure toujours dans les
Les personnes dont la colonne limites physiologiques normales, et on ne risque donc pas de créer une
présente une lordose lombaire anomalie, une hyperlaxité ligamentaire par exemple. Cette posture est
n’iront pas au-delà du deuxième idéale pour restituer toute leur souplesse vers l’arrière à nos colonnes rigi-
temps d’exécution. Ce deuxième difiées par la vie sédentaire que la « civilisation de la chaise » nous impose.
temps d’exécution leur sera très Elle facilite l’exécution de l’arc au sol.
favorable, car il n’agit que sur
la partie dorsale de la colonne
vertébrale et, loin d’accentuer Effets particuliers
leur lordose, il contribue à L’âsana de la fermeté assouplit tout particulièrement la partie lombaire
les débarrasser de leur défaut de la colonne vertébrale. Elle agit d’une façon très puissante sur le sys-
en éliminant la cyphose tème nerveux parasympathique pelvien qui contrôle les organes d’excré-
compensatrice, car chacun tion (côlon, vessie) et les organes génitaux. Elle combat donc à la fois la
sait qu’aucune déformation constipation, en stimulant le péristaltisme par voie réflexe médullaire ; et
de la colonne vertébrale n’est régularise le cycle menstruel de la femme. Le nerf sciatique, qui fait souf-
jamais isolée, mais se trouve frir tant de personnes, est bien dégagé à son affleurement vertébral, ce qui
compensée par une déformation peut soulager des cas de sciatique. Si la pratique de la posture accentuait
en sens inverse au niveau les douleurs d’une façon permanente, il faudrait y renoncer. Il arrive fré-
immédiatement supérieur, quemment que la pose provoque un tiraillement dans le sciatique, mais
ou inférieur selon les cas. dans la plupart des cas, ces douleurs disparaissent après peu de jours, et
En revanche, la posture complète cela élimine les accès de ce pénible mal. Il ne faut en aucun cas souffrir le
accentuerait leur défaut ; martyre pendant cette âsana. Si la souffrance est trop forte, il faut renoncer
elles y renonceront donc. à la pose, ou du moins s’en tenir à la phase intermédiaire.
Nous noterons tout particulièrement ses effets sur les surrénales.
Cette pose agit mécaniquement et par voie réflexe sur les nerfs néphré-
tiques, d’où augmentation de la diurèse d’une part, et stimulation des
capsules surrénales d’autre part. Cette posture est donc dynamisante,
car elle stimule la production d’adrénaline. En cas de « coup de pompe »,
de manque de dynamisme, la pratique de cette âsana durant quelques
secondes vous restitue tout votre allant. Les personnes stressées ou celles
dont le système orthosympathique est en état de surexcitation perma-
nente, donc celles qui prennent des tranquillisants sur ordonnance médi-
cale, surveilleront leurs réactions. Si cette pose devait accroître leur ner-
vosité, elles y renonceraient. Il arrive que cette posture, lorsqu’elle est
pratiquée le soir, empêche de s’endormir facilement ; dans ce cas, il faut
la placer dans la séance du matin ou y renoncer.
| Postures d'extension 139
1 Position de départ :
Correct Incorrect
Pour prendre la position finale, dégager Les bras servent de support au tronc. Cette
les mains qui étaient aux lombes ou au formule est toutefois tolérée chez les débutants.
sacrum et les poser sur les chevilles. Les
bras ne servent pas de support au corps.
Ils empêchent seulement de basculer vers
l’avant. Ils sont des haubans, non des piliers.
Le poids demeure toujours sur les rotules.
La roue (Chakrâsana)
ÉTYMOLOGIE : Chakra = roue.
Répétition
Comme il est impossible, surtout au début, de tenir très longtemps l’âsana,
il est permis de la répéter deux ou trois fois d’affilée, autrement dit de
répartir la durée totale de l’âsana sur deux ou trois exécutions successives.
Immédiatement après Chakrâsana, faire une posture de torsion.
Effets bénéfiques
Chakrâsana tonifie l’ensemble de l’organisme. Elle n’a pas sa pareille pour
assouplir la colonne et la libérer. Elle est dynamisante et rajeunissante. Elle
procure tous les effets de l’arc au sol, en les accentuant, sauf que la compres-
sion abdominale est remplacée par un étirement prononcé de l’abdomen, qui
augmente aussi la pression intra-abdominale. Détaillons ces effets bénéfiques.
Musculature
La musculature de la colonne vertébrale doit être aussi relaxée que pos-
sible pendant l’exécution et le maintien de l’attitude. La pose étire au maxi-
mum les muscles de la sangle abdominale et notamment les grands droits.
| Postures d'extension 141
Les muscles des bras se fortifient, ainsi que ceux des épaules (deltoïdes) et
les muscles du trapèze. Les jambes sont mises à contribution, elles aussi.
Squelette et ligaments
La courbure accentuée de la colonne vertébrale l’assouplit et lui assure une
mobilité absolue sur toute sa longueur. La traction mécanique exercée sur
les ligaments et les tendons profonds de la colonne vertébrale a des effets
importants sur l’activité nerveuse. En effet, grâce aux récepteurs nerveux
situés dans les muscles et dans les tendons, l’étirement musculaire, pratiqué
systématiquement dans le yoga, déclenche par voie réflexe diverses réac-
tions qu’il serait impossible de détailler ici. Retenons que l’étirement des
muscles agit sur l’ensemble de l’activité nerveuse, d’où un tonus vital accru.
Système nerveux
Chakrâsana étire la moelle épinière, ce qui déclenche des actions réflexes
s’étendant à l’ensemble des fonctions végétatives, outre une action tonique
(mais non hypertonique) sur la chaîne sympathique qui longe la colonne
vertébrale à gauche et à droite.
Cerveau
Le cerveau bénéficie aussi de la roue, car la position même du corps accroît
la circulation sanguine dans le cerveau, par la gravitation.
Organes abdominaux
La cavité abdominale voit sa forme et son volume considérablement modi-
fiés sous l’effet de cette âsana. L’intense flexion arrière de la colonne étire le
« sac » abdominal. En position normale, l’abdomen présente la forme d’un
ballon de football. Dans Chakrâsana, il se transforme en ballon de rugby
très allongé. Cet étirement exprime le sang stagnant dans les organes abdo-
minaux. Les organes congestionnés reprennent leur volume normal grâce
à la pratique de la roue, qui agit particulièrement sur le foie, le pancréas
et l’estomac. Les surrénales sont tonifiées, ce qui contribue aussi à renfor-
cer l’effet dynamisant de cette âsana. Pratiquée trop tard, le soir, elle peut
retarder l’assoupissement chez certaines personnes. Dans ce cas, il faut la
pratiquer suffisamment loin de l’heure du coucher ou le matin.
Cœur et poumons
Les organes de l’étage sous-diaphragmatique ne sont pas les seuls bénéfi-
ciaires de Chakrâsana. Le cœur profite largement de cette posture, notam-
ment par l’étirement de l’aorte. Celle-ci n’est pas un tube rectiligne : elle
forme plus ou moins une spirale extensible que la posture étire, ce qui a des
effets bénéfiques sur l’activité cardiaque. L’aorte abdominale est étirée, elle
aussi, ce qui maintient son élasticité, si essentielle à la santé totale de l’orga-
nisme. L’étirement des gros troncs veineux de l’étage abdominal doit égale-
ment être noté. Le foie se dégorge par la veine cave, ce qui décongestionne
cet organe si fréquemment engorgé et malmené par notre alimentation
trop riche et par notre respiration superficielle qui le prive d’un massage
indispensable à son bon fonctionnement. Les poumons sont étirés et ainsi
l’élasticité de l’éponge pulmonaire est entretenue et augmentée.
142 TOUTES LES POSTURES |
4
Replier ensuite la jambe gauche, ramener la cuisse vers le
ventre, puis lever la jambe le plus haut possible vers le ciel.
Redéposer le pied gauche au sol et recommencer avec la jambe
droite levée, comme représenté sur l'illustration ci-contre.
Le diamant couché
(Supta Vajrâsana)
Il se pourrait que Vajrâsana, posture de
méditation toujours utilisée comme telle par
les moines zen en particulier, ait été ainsi
nommée parce qu’elle mène à l’illumination
fulgurante. Vajra signifie à la fois foudre, éclair,
arme du dieu Indra, mais aussi diamant, joyau,
donc ce qui est le plus précieux.
Supta Vajrâsana
Premier temps
Lorsque les bras refusent de rester plus longtemps dans la position ci-dessus,
l’adepte peut passer à Supta Vajrâsana. Il se laisse descendre vers l’arrière,
en s’appuyant d’abord sur les coudes, puis soulève le postérieur, arque la
colonne et dépose la tête au sol, puis place les mains sur les cuisses. Il n’est
pas nécessaire de chercher à rapprocher la tête des pieds. Du moins dans
ce cas-ci. En revanche, l’adepte contracte au maximum les muscles des
lombes. Plus il y mettra de tension, mieux il réalisera la suite de l’exercice.
Dans cette attitude, il respire aussi profondément qu’il le peut dans les
flancs ou sous les clavicules. Après une vingtaine de respirations, il passe à
la phase suivante.
Attitude finale
Quelques remarques. Partant de la position décrite, l’adepte laisse redes-
cendre le postérieur en détendant les muscles des lombes et essaie main-
tenant de se coucher vraiment à plat dos sur le sol. La nuque, ça va. Les
épaules et le haut du dos aussi. Mais les lombaires !… C’est là que les tensions
se manifestent ! Or la position est censée être une attitude de relaxation, et
devra le devenir en effet. En attendant, nous sommes loin du compte, du
moins dans la plupart des cas : les lombes refusent de toucher le sol, elles for-
ment une voûte habitée de contractions musculaires qu’il va falloir vaincre
par la douceur, la persuasion, la patience. L’adepte s’intériorisera dans la
zone contracturée. Il n’attaquera pas d’emblée la partie la plus tendue, mais
s’efforcera plutôt de la dissoudre à partir des extrémités, c’est-à-dire à partir
du sacrum d’une part, du haut du dos d’autre part. Ainsi la relaxation conver-
gera vers le milieu de la masse musculaire contractée. Un à un les muscles se
détendent, la voûte s’affaisse, le dos se rapproche du sol. Dans la plupart des
cas, en Supta Vajrâsana, une très longue pratique est nécessaire avant d’éta-
CONTRE-INDICATIONS
blir et de conserver un contact parfait de la colonne avec le tapis, du sacrum
aux cervicales. Il faut aussi veiller à relaxer le maximum possible de muscles
Prise selon les règles énoncées, dans le reste du corps, sans omettre le visage. Et ne pas oublier de respirer
c’est-à-dire sans hâte ni effort lentement, calmement, vingt ou trente fois.
violent, il n’y a pas de contre-
indications à cette âsana, sauf
dans le cas d’atteinte déclarée
Effets bénéfiques
aux disques intervertébraux de Dans la partie technique, nous avons esquissé les effets bénéfiques atten-
la région lombaire (5e ou dus de la première partie, c’est-à-dire Vajrâsana avec les bras tendus. La
4e lombaire surtout). Dans ce statique de la colonne vertébrale est améliorée par la pratique persévé-
cas, Vajrâsana peut être pratiqué rante et quotidienne de cette posture qui agit sur toutes les déformations
comme décrit avec les plus non pathologiques de la colonne vertébrale, excepté les scolioses peut-être,
grands bénéfices, sauf Supta et encore ! Sa pratique persévérante assure une statique vertébrale parfaite.
Vajrâsana au sol, qui risquerait Dans cette position, l’adepte prendra conscience du volume de son corps
d'aggraver la situation. et de la surface de son dos en veillant soigneusement à équilibrer les sen-
sations dans les deux parties du corps. L’âsana doit être aussi totalement
symétrique que possible.
| Postures d'extension 145
Circulation sanguine
Constatons d’abord que cette âsana a des effets profonds sur la circula-
tion sanguine à cause de la position même des jambes. Il suffit de prendre
l’âsana pour se rendre compte que les muscles des jambes sont comprimés
et que la circulation sanguine y est ralentie. Comme les jambes sont dotées
des muscles les plus puissants et les plus volumineux du corps, c’est aussi
vers elles que partent les troncs artériels les plus importants. En freinant
la circulation au niveau des jambes, le cœur continue néanmoins à chasser
d’importantes masses de sang en direction des jambes comme si la circu-
lation était normale, et une bonne partie du sang se trouve ainsi déviée. De
même que si un embouteillage se produit dans une artère importante, les
voitures sont déviées vers les voies secondaires et les rues avoisinantes, la
circulation sanguine réagit de façon analogue et ce sont les organes du petit
bassin qui sont les principaux bénéficiaires de cette déviation de l’afflux
sanguin. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles les yogis recom-
mandent la pratique de cette âsana notamment pour favoriser la digestion.
La pose doit être prise de préférence immédiatement après le repas
principal, pendant 5 à 10 minutes : la digestion s’en trouve accélérée et
facilitée. L’âsana agit ¬ et beaucoup plus directement encore ¬ sur les
organes génitaux, masculins ou féminins, en y favorisant la circulation
sanguine. L’amélioration de leur irrigation sanguine extrait des hor-
mones en plus grande quantité tout en stimulant la production de ces
mêmes hormones, sans aucun risque de sur-stimulation.
146 TOUTES LES POSTURES |
Technique
La posture du diamant, point de départ et base de la présente posture, est
sans doute l’une des plus connues en Occident, puisqu’elle est souvent la
première posture assise enseignée dans les cours de yoga.
En Occident, on distingue et pratique surtout deux types d’exécution :
la « normale », c’est-à-dire la plus courante où l’adepte pose le siège dans
la cuvette formée par les pieds dont les talons sont écartés mais les gros
orteils en contact et l’autre, le Vajrâsana profond où les fesses touchent
le sol entre les pieds posés à côté des cuisses, à l’extérieur bien entendu.
En réalité, il existe quatre exécutions de cette âsana en apparence si
peu complexe : nouvel indice de la richesse du yoga.
L’âsana de départ sera, cette fois, le Vajrâsana haut. Par quoi se caractérise-
t-il ? Par le fait que les pieds sont joints et même serrés l’un contre l’autre ;
les malléoles se touchent, les tranches des pieds aussi, et les talons sont le
plus rapprochés possible. On dépose les ischions, ces deux protubérances
osseuses du bassin, sur les talons. On sent très bien d’ailleurs quand la pos-
ture est correcte et que ces ischions sont bien posés sur les talons : on a une
impression d’équilibre dans l’âsana. Chez certaines personnes, au début, des
douleurs peuvent apparaître dans les cous-de-pied. Dans ce cas – procédé
connu – disposer une serviette éponge pliée sous ces cous-de-pied jusqu’à ce
que l’étirement persiste mais sans plus causer de douleur. L’avantage de cette
façon de procéder ? Tout simplement étirer les ligaments des pieds dans le
sens longitudinal, ce qui est excellent pour la statique du pied, maltraité par
les chaussures illogiques et le manque d’exercice (la marche).
Prise de la position
Comme pour exécuter le poisson, déposer l’un après l’autre les coudes au
sol pour y prendre appui. Ici non plus, il ne faut pas se presser de passer à
la phase suivante !
Parmi les effets bénéfiques de cette posture détaillés plus loin, citons
déjà la décontraction des muscles du bas du dos qui font souffrir tant de
nos concitoyens, y compris des adeptes du yoga, et pas seulement les débu-
tants ! Si vous êtes sujet à des maux de dos localisés dans la région lom-
baire et sacrée souvent appelée « les refus » (exemple : « tour de reins »),
dès que vous sentez une résistance notable dans les muscles en question,
attendez ! Immobilisez-vous ; vous pouvez même laisser les genoux quitter
le sol. Ils ne devraient pas se soulever si l’on voulait s’en tenir à l’attitude
classique, mais dans ce cas n’ayez aucun scrupule à vous en écarter car c’est
le résultat qui compte. Respirez calmement et, éventuellement, faites des
mouvements de ciseaux lents et réguliers avec les genoux : écartez-les, puis
rapprochez-les successivement. Ces mouvements dont, avec un peu de
pratique, vous trouverez l’exécution la mieux adaptée à votre cas person-
nel, détendront bien les muscles du dos. Quand leur résistance aura cédé
ou du moins se sera atténuée au point de réaliser sans trop de difficulté la
phase suivante, vous pourrez enchaîner en position finale n° 1.
REMARQUE
Position intermédiaire
IMPORTANTE
Pour bien des personnes, cette phase représentera aussi l’attitude finale,
Cette âsana est destinée à du moins pendant un certain temps.
se substituer au poisson dans Déposer la tête au sol et laisser les bras se placer au tapis. Le dos est
le cours d’une séance, arqué, les fesses étant toujours supportées et surélevées par les talons.
c’est pourquoi les talons sont
joints pour surélever le siège et Cette position étant plus intense que la précédente, il est normal
provoquer la cambrure des reins. d’y rencontrer une certaine tension dans la musculature de la chute des
Il ne faut donc pas confondre reins. En continuant à respirer calmement, dissoudre peu à peu ces ten-
cette exécution avec l’autre Supta sions en ordonnant à vos muscles de se détendre.
Vajrâsana au départ de Vajrâsana S’il y avait à ce stade une douleur nette, lancinante, dans la région lombo-
profond, où l’on se couche sacrée (5e ou 4e lombaire), n’insistez pas : cette posture vous serait contre-
(ou du moins on essaie) avec indiquée, du moins temporairement. On peut tolérer des tensions, voire une
les épaules (et si possible avec légère douleur musculaire, si l’on est sujet à des lumbagos et autres réjouis-
toute la colonne) touchant le sol. sances du même acabit, mais pas de véritable souffrance. Si des disques inter-
L’âsana sert aussi de préparation vertébraux sont en mauvais état (hernie discale, même aux stades du début),
au Vajrâsana profond déjà cité, pincements de racines nerveuses par suite de l’aplatissement de disques inter-
qui peut suivre en enchaînement. vertébraux, etc., il serait déraisonnable de ne pas écouter le signal d’alarme
Dans ce cas, après être revenu qu’est la douleur. Respirez une dizaine de fois dans cette attitude.
à la position de départ, prendre
l’attitude du Vajrâsana profond, Posture classique finale
avec les fesses au sol, puis
s’incliner vers l’arrière, déposer Placer les mains jointes sur la poitrine, les bouts des pouces venant se
la tête, la nuque et le dos au sol placer à la fourchette du sternum. Classiquement, les genoux devraient
et s’y relaxer… si possible ! être bien serrés, mais si cela vous cause des désagréments, tolérer qu’ils
s’écartent, juste ce qu’il faut pour rendre la posture acceptable, au point de
vue confort s’entend.
| Postures de flexion 149
Effets hygiéniques
Lorsqu’elle est pratiquée en remplacement du poisson, elle apporte pra-
tiquement tous les effets bénéfiques de cette âsana et elle constitue la
contrepose de la charrue ou de la pince. Elle ouvre le thorax et permet de
bien ventiler le haut des poumons. Elle est surtout indiquée pour mobili-
ser et normaliser la situation musculaire dans le bas du dos comme nous
l’avons déjà indiqué plus haut. Dans ce cas, elle doit être prise pour elle-
même et non comme contrepose, sauf en prolongeant celle-ci jusqu’à ce
qu’elle devienne une véritable âsana dans la série.
Pour les douleurs lombaires, le résultat peut être spectaculaire, c’est-
à-dire provoquer une amélioration en quelques séances et après quelques
jours faire disparaître des contractures musculaires rebelles à bien des
traitements, sinon à tous.
Il est possible que l’on ressente aussi un fort étirement dans la mus-
culature de la cuisse : c’est parfait ! En effet, ces muscles, de même que
les psoas-iliaques, contribuent pour beaucoup à la statique correcte du
bassin, laquelle conditionne la statique de la colonne vertébrale. Cette
posture sera donc une des meilleures pour lutter contre la cause même
(ou du moins une des causes les plus fréquentes) des lordoses lombaires
exagérées. Donc, le fait d’avoir les reins trop creux, pour utiliser l’expres-
sion courante, ne constitue pas une contre-indication, bien au contraire !
Cette posture a des répercussions au niveau des organes abdomi-
naux. En effet, l’abdomen étant fortement étiré si l’adepte respire aussi
profondément que possible (bien que la respiration soit surtout du type
claviculaire), le diaphragme bouge quand même dans la cage thoracique
et masse les organes abdominaux, lesquels sont décongestionnés et
stimulés. La posture mérite donc d’être insérée dans notre pratique
quotidienne.
CONTRE-INDICATIONS
1 Vajrâsana haut
3 Position intermédiaire
4 Position finale
Le triangle (Trikonâsana)
ÉTYMOLOGIE : La parenté entre le sanscrit trikona (triangle) et le grec trigônos est frappante.
Ces temps peuvent être allongés, mais en restant toujours dans les
limites du confortable. Lorsque l’immobilisation dépasse 10 secondes,
stoppez la rétention et respirez profondément. L’âsana peut alors être
tenue pendant 1 ou 2 minutes.
ERREURS À ÉVITER
Répétition
Sous forme d’âsana : trois ou quatre fois le mouvement complet à gauche
Voici les erreurs les plus et à droite. Pendant la mise en train : jusqu’à ce que le rythme respiratoire
fréquentes : soit redevenu normal.
A expirer en descendant ;
Effets esthétiques
Trikonâsana rectifie la colonne vertébrale, équilibre et développe la cage
thoracique, amplifie les thorax étriqués, élimine la graisse et la cellulite
aux hanches. Ces effets s’obtiennent en maintenant la pose au moins pendant
1 minute au total de chaque côté et en l’accompagnant de respirations
profondes.
| Postures de flexion latérale 153
1
Insp./Exp.
2INSP.
Station debout. Écarter largement Tourner la paume gauche vers le haut, lever lentement le bras
les pieds afin de réduire les gauche en regardant la main. Veiller à ce que ce mouvement se
mouvements latéraux du bassin. fasse dans le plan déterminé par les jambes. Simultanément,
Paumes orientées vers le bas. abaisser le bras droit. Pencher le tronc vers la droite tandis que
la main droite descend vers le genou droit.
3
RESP X 5 OU
X 10
Quand la main droite touche le genou, laisser glisser le pouce
et l’index le long du tibia (celui-ci faisant en quelque sorte
office de rail). L’épaule, faut-il le dire, suit le mouvement
et le bassin pivote légèrement. Pencher le tronc jusqu’à ce
que les doigts touchent le pied. Simultanément, abaisser
progressivement le bras gauche et le placer parallèlement au
sol, en continuant à regarder la paume.
5
sol, à côté du pied droit. Coucher le flanc droit contre la cuisse
pliée et placer l’aisselle sur le genou. Pendant ce temps, le
bras gauche (paume tournée vers le tapis) pointe vers le haut.
La jambe gauche reste étendue, le tronc se place dans son
prolongement ainsi que le bras. Le corps est ainsi parfaitement
rectiligne. Tenir pendant 8 à 15 secondes en respirant
profondément. Se concentrer sur le remplissage du poumon
gauche (tourné vers le haut). Inspirer en revenant à la position
de départ. Répéter l’exercice de l’autre côté.
La demi-lune latérale
(Ardha-Chandra)
ÉTYMOLOGIE : Ardha = demi / Chandra = déesse de la lune.
Perfectionner l’exercice
\ Pour descendre le plus bas possible sans effort, et du même coup exécu-
ter correctement l’exercice, imaginer que les vertèbres s’ouvrent comme
un éventail pendant que la main descend vers le genou. Grâce à cette
représentation mentale, non seulement l’âsana est facilitée mais la mus-
culature de la moitié inférieure du tronc se trouve étirée passivement.
\ Maintenir tout le poids du corps réparti sur les deux pieds depuis la posi-
tion debout jusqu’à la position inclinée au maximum. Il y aurait une ten-
dance à transférer plus de poids sur le pied de la jambe le long de laquelle
la main descend. Ne pas céder à cette tendance ni à cette tentation.
Faites d’ailleurs l’essai contraire. Exécutez la posture une première
fois en laissant le poids se transférer sur un pied, puis faites le mouvement
en veillant à garder le poids du corps réparti avec soin sur les deux pieds.
Cet essai vous convaincra de la pertinence de cette recommandation.
Durée et répétitions
La durée d’immobilisation sera de l’ordre d’une dizaine de respirations
lentes dans la position finale.
Respiration
Outre le nombre de respirations (une dizaine de chaque côté, comme pré-
cisé dans le paragraphe « Durée »), il faut veiller à ouvrir le thorax le plus
possible du côté où le bras demeure levé. Les côtes, elles aussi, doivent
s’ouvrir en éventail, surtout lors de l’inspiration. Outre les effets sur la
mobilité de la colonne vertébrale, cet exercice a des effets importants sur
la mobilité du gril costal.
Effets bénéfiques
\ Complète les effets de la chaise yogique tout en assurant une bonne
mobilité à l’articulation « colonne-bassin ». En s’inclinant vers le côté
opposé, les côtes s’écartent et favorisent la mobilité costale et l’ouver-
ture thoracique.
\ Excellent exercice pour remodeler les thorax étriqués (avec le poisson,
d’ailleurs). Il faut écarter les côtes sans effort, de l’intérieur, par la pous-
sée du souffle. Les poumons agissent un peu comme une chambre à air
qui se gonflerait et repousserait l’enveloppe constituée par le thorax.
| Postures de flexion latérale 155
1
Position debout, pieds joints ; un seul bras est levé, l’autre
demeure plaqué au corps, la paume posée à plat contre la face
externe de la cuisse.
2
En continuant à respirer normalement, s’incliner latéralement
et faire glisser la main posée sur la cuisse, le plus bas possible,
c’est-à-dire jusque sous le genou. Tout doit se passer dans
le plan déterminé par le bassin. Lorsque l’exercice est pratiqué
correctement, c’est surtout la région de la 5e lombaire qui subit
la flexion.
3
Revenir à la position debout et répéter de l’autre côté.
Important
Durée et répétition
La durée moyenne de l’âsana finale va de 20 secondes à une minute,
rarement plus. La prise de l’âsana dure une dizaine de secondes, ce
qui situe sa durée totale entre 30 et 70 secondes selon le cas. Chiffre à
multiplier par deux, puisqu’elle est à répéter symétriquement de l’autre
côté.
Effets bénéfiques
Effets hygiéniques
CONTRE-INDICATIONS
Les effets bénéfiques de la spirale sont considérables, voire uniques, car
peu de postures combinent la torsion de la colonne avec l’étirement des
Toute personne physiquement en flancs et de la cage thoracique.
mesure d’effectuer cette posture
peut l’exécuter sans danger. Muscles et squelette
Elle ne comporte aucune contre-
Pour plus de clarté, nous allons associer l’étude des effets sur le squelette à
indication particulière.
celle des effets musculaires.
Si nous examinons une planche anatomique du squelette humain,
vu de dos, nous remarquons que les côtes sont solidaires de la colonne
| Postures de flexion latérale 157
Système nerveux
C’est surtout la moelle épinière qui bénéficie de la spirale ainsi que le sys-
tème sympathique dont la chaîne de ganglions longe la colonne dorsale
et lombaire. Chaque chaîne sympathique se fait étirer alternativement de
chaque côté de la colonne, et cette stimulation tonifie tous les organes du
tronc. La torsion spiralée s’étendant jusqu’au sacrum, il se produit aussi une
stimulation du parasympathique pelvien qui contrôle les organes génitaux.
Viscères de l’abdomen
Dans l’abdomen, la spirale crée une situation très particulière : une moitié
du ventre est étirée pendant que l’autre est comprimée. Cette âsana pro-
duit un massage très efficace de tout le contenu viscéral de l’abdomen. Les
organes d’élimination, notamment, sont tonifiés et stimulés : reins et côlon
(ascendant descendant autant que transverse). Les surrénales sont toni-
fiées, ce qui assure leur fonctionnement correct et nous donne du dyna-
misme et de l’entrain.
Poumons et diaphragme
Pour ne pas allonger outre mesure le paragraphe consacré aux effets sur la cage
thoracique, nous n’avons pas évoqué les effets de la spirale sur les poumons,
qui pareils à des éponges très élastiques, épousent toutes les modifications
158 TOUTES LES POSTURES |
1 2
Assis sur le sol, les jambes étendues devant soi, replier la Basculer le bras gauche au-dessus
jambe gauche et placer le talon contre le périnée. Écarter de la tête, la paume vers le ciel.
les genoux au maximum : l’angle ne sera jamais trop Placer la fourche « index-pouce »
ouvert. Le genou plié demeure fermement en contact sur le pied, au-dessus de la main
avec le sol. Partant de cette position : droite qui l’attend. Dès lors les deux
• avancer la main droite vers le pied, la paume vers le mains, paumes vers le ciel, tiennent
ciel. La fourche formée par le pouce et l’index se pose fermement le pied.
sur le cou-de-pied tandis que le coude s’insère dans
l’angle formé par les deux jambes ;
• s’incliner vers l’avant pour rapprocher le coude du sol et
l’épaule du genou.
3 4
La posture finale se prend par un double La vue de dos permet de se rendre compte de
mouvement : l’étirement des flancs que provoque la spirale.
• une traction des deux bras rapproche les épaules Essayer de glisser la tête sous le bras et de
du pied, étirant ainsi le flanc tourné vers le haut ; regarder vers le ciel.
• les muscles du dos et de l’abdomen conjuguent
leur action pour orienter le visage vers le ciel
et augmenter l’étirement du flanc, d’où une
torsion de la colonne qui justifie sa dénomination
« spirale ». Répéter la position de l’autre côté.
Postures de torsion
La torsion (Ardha-Matsyendrâsana)
Cette âsana, sans doute la plus plastique et la plus
esthétique, est une des seules à porter le nom du yogi
l’ayant inventée, le grand rishi Matsyendra. Toutefois,
la pose originale est très difficile et n’est accessible
qu’aux yogis accomplis ; on n’enseigne que la demi-
posture (ardha). Nous utiliserons son nom sanscrit,
bien qu’il arrive de rencontrer les désignations :
« pose de la torsion », « posture tordue »,
ou encore « posture de la spirale ».
À savoir
Tandis que les autres âsanas plient la colonne vertébrale, Ardha-
Matsyendrâsana la tord sur toute sa longueur. Cette âsana doit figurer dans
toute série d’âsanas ; elle clôture la succession des flexions vers l’avant et
vers l’arrière. Dès le départ, elle se singularise, car elle se prend à partir de
la position assise et non couchée, et ne comporte pas de phase dynamique.
Technique
Exécuter cette âsana est – heureusement ! – plus commode que la décrire.
Variante préparatoire
Nous suggérons aux néophytes de pratiquer d’abord la variante préparatoire
accessible à tous et qui procure les mêmes bienfaits que l’âsana complète. La voici.
Départ
Assis au sol, jambes étendues devant soi, pieds joints. Replier la jambe droite
(détail important !) et placer le pied droit contre la face extérieure du genou
gauche, la malléole externe – cette protubérance osseuse de la cheville – tou-
chant le pli du genou. Le pied se pose à plat au sol, parallèle à la jambe gauche.
Ensuite, placer le bras gauche contre le genou de la jambe droite
repliée. Normalement c’est l’aisselle qui doit se poser sur le genou, mais
ce n’est pas toujours possible au début.
160 TOUTES LES POSTURES |
Prise de l’âsana
Le bras servant de levier, ramener la main gauche vers la jambe gauche éten-
IMPORTANT due et essayer de toucher le tibia, voire de saisir le pied droit. La torsion de la
colonne vertébrale s’accentue par une poussée du bras droit, placé derrière
le dos, la main prenant appui au sol. La torsion part du sacrum pour gagner
Pendant toute l’âsana, le dos
de proche en proche toute la colonne, y compris la nuque par une rotation de
reste passif : les bras font pivoter
la tête. Revenir lentement à la position de départ en sens inverse, et pratiquer
les épaules et la colonne se tord
la pose de l’autre côté, donc en repliant la jambe gauche. Pendant la torsion,
sans résistance. Ne pas basculer
la ligne des épaules demeure, autant que possible, parallèle au sol.
le bassin : il faut rester assis
sur les deux fesses pendant
tout l’exercice. La rotation, lente Position classique
et progressive, s’effectue sur
l’expiration. La tête pivote en Après peu de temps, l’adepte passera sans difficulté à la pose classique, qui
dernier lieu et reste bien droite, ne diffère de la position préparatoire que par les détails suivants :
le menton assez haut. Retenir \ la jambe qui restait étendue se replie afin de placer le talon contre la cuisse ;
que :
\ le
bras qui s’appuyait au sol derrière le dos enlace la taille et la main
A le talon de la jambe repliée cherche à toucher la cuisse. Dans l’attitude finale, bien redresser le dos
touche le périnée tandis que pour accentuer la torsion.
le genou reste au sol ;
Effets bénéfiques
Les bénéfices de l’âsana découlent :
\ de la torsion de la colonne vertébrale ;
\ de la compression alternative d’une moitié de l’abdomen.
| Postures de torsion 161
Colonne vertébrale
\ Muscles et ligaments : la torsion étire et allonge tous les muscles et
ligaments de la colonne vertébrale où se produit un généreux afflux
de sang : le dos rougit. Ardha-Matsyendrâsana remet la musculature
de la colonne vertébrale en état, prévient ou efface les courbatures,
engendre une sensation de bien-être immédiate.
\ Nerfs : si nous considérons l’importance de la colonne vertébrale traver-
sée par la moelle épinière et longée par la chaîne des ganglions sympa-
thiques, nous saisissons aussitôt que cette âsana tonifie tout l’organisme
et pourquoi les yogis la considèrent comme un réjuvénateur puissant.
\ Colonne vertébrale : voici ce qu’en dit Kernéiz : « L’objet principal de
cette âsana est d’éviter la sacralisation de la 5e lombaire, c’est-à-dire
sa soudure avec le sacrum, ou d’y remédier lorsqu’elle commence
à s’installer. Cette immobilisation est si fréquente que ceux qui en
sont atteints la considèrent généralement comme toute normale et la
laissent se développer sans même y prendre garde, jusqu’à ce qu’elle
prenne l’acuité d’une infirmité, caractéristique de la vieillesse. Il est
rare, de nos jours, de conserver une faculté de marche normale passé
la cinquantaine, faute d’avoir entretenu la souplesse lombaire. L’hyper-
contraction qui résulte de ces ankyloses gagne insidieusement le
domaine psychique et détermine cette humeur chagrine et grincheuse
qui est une des caractéristiques des vieillards. »
\ Glandesendocrines : Ardha-Matsyendrâsana exerce une influence
bénéfique sur les surrénales.
Abdomen
Ardha-Matsyendrâsana tonifie tous les viscères en comprimant alternati-
vement chaque moitié du ventre. Le côlon est intéressé en premier lieu par
l’âsana ; il voit son péristaltisme accentué. Répétons qu’il faut toujours com-
mencer en pressant le côté droit du ventre pour agir dans le sens du péristal-
tisme. Cette âsana combat donc la constipation. Outre le gros intestin, le foie
et le rein droit sont stimulés durant la première moitié de l’exercice, la rate, le
pancréas et le rein gauche dans la seconde partie de l’exercice.
Effets hygiéniques
Les effets hygiéniques dérivent de ce qui précède. Ardha-Matsyendrâsana :
\ tonifie le système nerveux sympathique et revitalise l’organisme ;
\ corrige les déviations de la colonne vertébrale ;
\ prévient les lumbagos et « tours de reins », et même certaines formes
de sciatique ;
\ favorise la diurèse en stimulant les reins, surrénales incluses ;
\ combat la constipation, stimule et décongestionne le foie et tout le tube
digestif ;
\ lutte contre l’obésité et la cellulite au ventre.
162 TOUTES LES POSTURES |
1
En position assise, replier la jambe droite d’abord et placer le
pied droit contre la face extérieure du genou gauche.
3
Même départ avec la jambe gauche repliée.
5
Départ de l’Ardha-Matsyendrâsana
7
La même position vue de face.
10
Pose finale de l’Ardha-Matsyendrâsana classique.
Perfectionnons
Ardha-Matsyendrâsana
En modifiant la position finale d'Ardha-Matsyendrâsana,
il est possible d’accroître notablement l’efficacité
de la torsion.
Technique
Prenez la posture Ardha-Matsyendrâsana en veillant à répartir le poids du
corps également sur les deux fesses. Si c’est nécessaire, se pencher légère-
ment vers l’avant, ce qui augmente la pression intra-abdominale.
Premier temps
Glissez maintenant le bras gauche replié dans l’espace libre sous le genou de
manière que le dos de la main se place contre la face extérieure de la cuisse
gauche : l'illustration montre bien ce premier temps. Vous remarquerez aussi
que ce mouvement se réalise beaucoup plus facilement en prenant soin de
répartir le poids du corps sur les deux fesses, comme indiqué ci-dessus.
Deuxième temps
Repliez le bras droit qui enlace ainsi la taille, poussez la main droite vers
la gauche. Accrochez d’abord les doigts puis, peu à peu, essayez de saisir
le poignet.
Position finale
Vous voilà donc dans la position finale. La jonction des deux bras vous
donne une puissance accrue qui permet d’accentuer la torsion et de la
rendre plus efficace. À chaque expiration, tordez la colonne un peu plus, en
partant du sacrum vers le haut.
Pendant l’inspiration, restez immobile dans la position acquise, et
ainsi de suite. Quand la torsion maximale est atteinte, immobilisez-vous
et faites 10 respirations profondes, puis relâchez progressivement l’âsana.
Recommencez le même mouvement en inversant l’âsana.
Cette variante devient même plus confortable que la position habi-
tuelle. L’adepte s’y trouve bien et y reste volontiers plus longtemps que
dans l’attitude classique. Pour juger de la différence de « rendement »,
| Postures de torsion 165
Effets bénéfiques
Cette variante intensifie l’action d’Ardha-Matsyendrâsana classique, dont
nous résumons ci-dessous les effets :
Colonne vertébrale
\ Muscles et ligaments : la torsion étire et allonge les muscles et liga-
ments de la colonne vertébrale ; il s’y produit un afflux de sang : le dos
rougit. Ardha-Matsyendrâsana remet la musculature de la colonne ver-
tébrale en état, prévient ou efface les courbatures, engendre une sensa-
tion de bien-être immédiate.
\ Nerfs : parson action sur la colonne vertébrale, réceptacle de la moelle
épinière, longée par la chaîne des ganglions sympathiques, cette âsana
tonifie tout l’organisme. C’est pourquoi les yogis la considèrent comme
un puissant réjuvénateur.
Abdomen
Ardha-Matsyendrâsana tonifie les viscères en comprimant alternative-
ment chaque moitié du ventre. Le côlon est concerné en premier lieu par
l’âsana : son péristaltisme s’accentue. Rappelons qu’il faut d’abord compri-
mer le côté droit du ventre, afin d’agir dans le sens du péristaltisme. Cette
âsana combat donc la constipation. Le côlon ascendant, le foie et le rein
droit sont stimulés à la première moitié de l’exercice, le côlon descendant,
la rate, le pancréas et le rein gauche dans la seconde partie de l’exercice.
Glandes endocrines
IMPORTANT
Ardha-Matsyendrâsana agit principalement sur les surrénales.
1
Partir de la position classique d’Ardha-Matsyendrâsana, puis
glisser l’avant-bras gauche sous le genou plié. Le dos de la
main gauche se place contre la face extérieure de la cuisse.
2
Le bras droit enlace la taille et la main droite se glisse
vers la gauche qui l’attend. Essayer de saisir le poignet.
Bien « installé » dans l’âsana, respirer cinq à dix fois
profondément.
À chaque expiration, accentuer la torsion. À l’inspiration,
en revanche, il faut s’immobiliser.
3
Vue de face.
Mareechyâsana I
Cette âsana serait redevable de son nom au sage Mareechy
qui l’aurait enseignée le premier ; en fait, elle pourrait aussi
bien être la contraction de Maha Rishi, Maha
signifiant « grand » et Rishi « sage », ermite. Cette âsana
comporte plusieurs degrés : nous apprendrons d’abord
Mareechyâsana I, la forme la plus facile.
Technique
Position de depart
S’asseoir sur le sol, les jambes allongées devant soi.
Premier temps
Replier d’abord la jambe droite (il faut commencer par cette jambe), puis
ramener le talon droit contre le périnée. Dans cette attitude, le tibia est
pratiquement perpendiculaire au sol, le mollet touche la cuisse. Le pied se
place contre la cuisse gauche.
Deuxième temps
Pencher légèrement le tronc vers l’avant et le faire pivoter pour placer le
bras droit contre la jambe repliée.
Troisième temps
Disposant ainsi d’un solide appui, le bras servant de levier, entamer une tor-
sion de l’épine dorsale vers la gauche, pendant que la main gauche enlace la
taille. Tandis que le bras droit se replie, les deux mains se rapprochent puis,
lorsqu’elles se rencontrent, les doigts s’agrippent pour obtenir la torsion
maximale. Remarque : le tibia devrait rester perpendiculaire au sol.
Répétition
Une seule exécution au cours de votre séance suffit.
Effets bénéfiques
Mareechyâsana étire et tonifie tous les muscles et les ligaments obliques
de la gouttière vertébrale et assouplit l’épine dorsale, tout en corrigeant sa
statique. La phase finale B aide à réaliser correctement la pince.
Organes abdominaux
Tandis qu’Ardha-Matsyendrâsana comprime alternativement toute une
moitié de l’abdomen, ici la compression se limite au bas-ventre. C’est sur-
tout la partie inférieure du côlon (ascendant ou descendant selon le cas)
qui est stimulée par la poussée de la cuisse dans cette zone. Cette posture
combat la constipation. Le foie et le rein droit sont massés et tonifiés lors
de l’exécution de la posture à droite ; la rate, le pancréas et le rein gauche,
lorsqu’elle est prise à gauche. La réalisation de la phase B (flexion vers
l’avant) exige une puissante contraction de la sangle abdominale, qui la for-
tifie tout en comprimant et en massant les viscères. Toutes les fonctions
ERREURS À ÉVITER sont favorablement influencées.
Colonne vertébrale
Il n’est guère possible de se
La torsion est peut-être moins puissante qu’avec Ardha-Matsyendrâsana,
tromper dans l’exécution de
mais ce n’est pas un défaut : elle peut lui servir de substitut pour ceux qui ne
cette âsana. Les seules erreurs
peuvent la réaliser. En outre, la torsion est plus sélective que celle réalisée
possibles consisteraient à ne pas
par Ardha-Matsyendrâsana, qui travaille surtout les vertèbres lombaires.
ramener le pied suffisamment
La torsion de Mareechyâsana se localise plus haut dans le dos. Elle stimule
loin, ou à mal placer le bras.
donc en particulier les nerfs spinaux de la partie thoracique de la colonne
En cours d’exécution, l’angle
vertébrale, notamment ceux qui commandent les mécanismes musculaires
du tibia par rapport au sol
de la respiration. La musculature profonde ainsi que les ligaments obliques
ne peut varier ; donc,
de la colonne vertébrale sont étirés et renforcés. La phase B (flexion vers
ne pas pencher la jambe.
l’avant) procure grosso modo les mêmes avantages que Paschimottanâsana,
la pince en position assise.
| Postures de torsion 169
3 Mareechyâsana – phase A
4
Exécuter l’âsana de l’autre côté. Observer la position des bras et
des mains derrière le dos.
5 Mareechyâsana – phase B
Technique
Position de départ
Assis sur le tapis, replier la jambe droite et poser le pied droit sur la cuisse
gauche (demi-lotus).
Premier temps
Ramener le talon gauche près de la fesse, le pied posé à plat sur le sol. Le
talon droit touche le bas-ventre au-dessus du pubis.
Deuxième temps
Redresser le tronc, l’orienter en direction du genou droit et placer le bras
gauche contre le tibia.
Répétition
Revenir à la position de départ en sens inverse de la prise de position,
puis exécuter l’âsana de l’autre côté.
Concentration
La musculature dorsale doit subir la torsion aussi passivement que pos-
sible. Il faut donc se concentrer sur la relaxation de cette musculature, et
spécialement sur la torsion de la partie lombaire de la colonne vertébrale.
Effets bénéfiques
Les effets bénéfiques propres à cette variante s’étendent à deux domaines
particuliers : la sangle abdominale et la partie lombaire de la colonne ver-
tébrale – surtout la 5e vertèbre lombaire.
Sangle abdominale
Le yoga ne tend pas à développer outre mesure la musculature somatique ;
le corps des yogis ne présente jamais ces amas de muscles qu’exhibent avec
fierté les athlètes qu’on peut voir dans les magazines de « body building ».
Cependant, le yoga souhaite fortifier la sangle abdominale, la musculature
de la gouttière vertébrale et celle de l’appareil respiratoire, en raison de leur
énorme importance pour le fonctionnement correct des organes vitaux. La
variante proposée est d’une efficacité incontestable pour le renforcement
de la sangle abdominale (surtout des deux « grands droits »). Il est possible
que ces muscles soient quelque peu courbatus au début. Continuez à prati-
quer ; après quelques jours d’exercice, ils ne protesteront plus.
Région lombaire
Dans cette pose, la région lombaire bénéficie d’une torsion poussée qui
l’assouplit et la tonifie. Or cette région, base de l’édifice vertébral et sque-
lettique, constitue souvent un des points faibles de l’être humain, bipède
nanti d’une colonne vertébrale de quadrupède. Chez celui-ci, la dernière
vertèbre lombaire se contente d’être la charnière entre le sacrum et la par-
tie mobile de la colonne vertébrale : elle n’est pas comprimée, tandis que
chez l’homme, elle supporte tout le poids du corps – sauf celui des jambes,
bien entendu. Elle acquiert ainsi une importance « stratégique » exception-
nelle. Le déplacement de cette vertèbre ou le tassement de son disque sont
à l’origine de bien des maux de dos, sans parler des crises de sciatique, dues
au pincement du nerf à ce niveau. Les âsanas de torsion sont donc particu-
lièrement importantes.
172 TOUTES LES POSTURES |
1 2
Après s’être assis au tapis, l’adepte replie d’abord la jambe Redresser le buste avant de le faire pivoter dans
droite, place le pied droit sur la cuisse gauche, puis replie le mouvement suivant.
la jambe gauche et ramène contre le corps le talon
(qui ne doit pas obligatoirement toucher le périnée).
3 4
Le bras gauche contourne la jambe gauche. En expirant à Le bras droit enlace la taille ; la main droite saisit la gauche
fond et en se penchant vers l’avant, glisser la main gauche (ou vice versa).
le plus loin possible vers l’arrière. Regarder le plus loin possible derrière soi.
5 6
Cette vue de dos montre deux détails importants : la façon Se pencher vers l’avant en expirant. Puis, dans cette
correcte de placer le bras gauche et la prise des mains. Les position, respirer le plus profondément possible.
personnes du type longiligne saisiront facilement le poignet Essayer de poser le menton – et non le nez –sur le genou.
gauche, – inutile de préciser que c’est correct.
Postures debout
Son but
Son objectif principal : vider les poumons à fond. En effet, l’éponge pul-
monaire se vide très rarement à fond. Même après une expiration pro-
fonde (et nous verrons un test pratique vous permettant de le constater),
il reste encore une quantité très appréciable d’air résiduel – entendez par
là vicié – prisonnier des poumons. Partout dans les poumons où de l’air
résiduel stagne, l’air frais porteur de prâna, de vitalité, ne peut pénétrer.
Voilà pourquoi les exercices de respiration yogique débutent toujours par
une expiration profonde et lente. Dès le début d’une séance de yoga, il est
nécessaire de purger les poumons au maximum de l’air résiduel vicié ; dans
ce domaine, peu d’exercices dépassent en efficacité la mouette.
Technique
Il s’agit donc d’une expiration aussi totale que possible, mais au lieu de vider
les poumons d’une seule traite, on les évacue par paliers successifs, dont le
nombre dépend de chaque adepte, mais se situe généralement entre dix et
vingt. Pour expulser un maximum d’air vicié, on profite d’un mouvement
de compression des poumons provoqué par une succession de flexions
vers l’avant. Le but étant saisi, la technique est assimilée sans difficulté.
Test d’efficacité
Afin de tester l’efficacité de la mouette par comparaison avec une expira-
tion profonde (et même très profonde), procéder comme suit : au lieu de
commencer l’exercice en partant de la position debout, poumons pleins,
vider les poumons. Lorsque vous estimerez les avoir vidés à fond, sans
réinspirer, faites l’exercice de la mouette. Vous serez surpris de constater
quelle quantité supplémentaire d’air vicié il est possible d’expirer ainsi.
174 TOUTES LES POSTURES |
Effets hygiéniques
L’expiration valorise et conditionne l’inspiration. Mieux on vide ses pou-
mons, plus important sera le volume d’air frais qui pénétrera ensuite dans
les poumons, mais aussi plus grande sera la surface de contact pulmonaire
offerte aux échanges : c’est la justification principale de l’exercice. Acces-
soirement – mais important quand même –, il faut mentionner le mouve-
ment des lombaires. Ce mouvement de va-et-vient du tronc est commandé
en souplesse par la musculature de la région des lombes, et par elle seule.
Ainsi, non seulement cette région est mobilisée, sa musculature fortifiée,
mais il s’y ajoute une stimulation des racines nerveuses rachidiennes et
sympathiques de cette zone.
1
Redresser le dos et inspirer profondément.
2
Expirer modérément jusqu’à ce niveau où l’on s’arrête
un instant. Puis on relève le tronc de quelques centimètres
sans inspirer, ensuite…
6
Expirer en s’inclinant vers l’avant, la colonne demeurant
légèrement au-dessus de l’horizontale.
1
Respiration Debout, répartir le poids du corps sur toute la voûte plantaire. Vu de
x 10 profil, en partant des chevilles, il devrait être possible de tracer une ligne
droite jusqu’au bout des doigts. Si vous avez la curiosité de vérifier à la
règle, vous constaterez que l’on s’en rapproche. Dans cette attitude – ou
ce qui chez chacun s’en rapproche le plus –, s’immobiliser et respirer une
dizaine de fois. Surtout ne pas se presser de passer à la phase suivante !
2
Respiration
Regarder en direction du bout des doigts et se pencher vers l’arrière en
pliant la colonne à partir du haut vers les lombaires. C’est là qu’il faut
x 10 s’intérioriser et percevoir les vertèbres qui bougent. Agir comme si l’on
voulait inverser au maximum la courbure dorsale.
3
Cette fois, il s’agit de s’incliner au maximum vers l’arrière en ajoutant à
l’inversion de la courbure dorsale non une accentuation de la cambrure
mais bien la bascule du bassin.
Pousser l’ombilic vers l’avant. Ne pas plier les jambes. Les lombaires
se creusent, c’est inévitable, mais elles ne font pas le travail ! Ici aussi,
s’immobiliser et respirer.
4
Variante : position debout en demi-lotus
5
dont la mobilité doit être sauvegardée à tout prix. Les genoux doivent être
aussi rapprochés que possible.
S’incliner vers l’arrière, mais en une seule étape cette fois. Le mouvement
sera beaucoup plus limité et intéressera surtout la partie dorsale de la
colonne. Ne pas laisser le genou quitter la position dans laquelle il avait été
placé au départ.
Perfectionner l’exercice
En basculant le bassin vers l’arrière (3), vous percevrez – c’est bien naturel
– un étirement de la musculature des cuisses pendant que le bassin s’in- ERREURS À ÉVITER
cline et que le corps se plie vers l’arrière. C’est normal et parfait. Continuez
ainsi. Évitez encore de cambrer les reins !
Éviter d’impliquer activement
les lombes dans ce travail. Tout
Effets bénéfiques le mouvement doit se localiser
entre les omoplates tout en
Rééquilibre l’ensemble de la colonne en recherchant la verticalité et la faisant basculer le bassin. Or,
rectitude. Les courbures normales subsisteront, mais par la pratique des souvent le mouvement est
postures tendant à les effacer, on agit correctivement sur toutes les défor- réalisé en accentuant surtout
mations. Ardha Chandra est une des pratiques yogiques les plus efficaces la cambrure lombaire.
pour réaliser cette verticalité et assurer la statique correcte de la colonne
vertébrale.
Postures debout / Flexion vers l'avant
Effets bénéfiques
L’exercice complet est un des meilleurs équilibrants pour la colonne ver-
tébrale. L’âsana constitue l’exacte contre-pose à la chaise non yogique !
Or tant d’heures sont passées sur des sièges, dans le cours d’une journée
de sédentaire… La sédentarité et la position inclinée vers l’avant finissent
par arrondir le dos (cyphose dorsale), tandis que l’appui contre le dossier
démuscle la colonne vertébrale. Dans la « chaise yogique », c’est exacte-
ment le contraire qui se produit : la musculature du dos est fortifiée, équi-
librée, la colonne redressée. La partie lombaire de la colonne vertébrale
est l’une des principales bénéficiaires de l’exercice qui agit correctivement
sur toutes les modifications habituelles de la statique de la colonne, c’est-
à-dire autant sur la lordose lombaire exagérée que sur la cyphose dorsale.
La puissante contraction des muscles des mollets et des cuisses les fortifie
certes, mais en outre elle comprime les veines profondes des jambes, donc
y favorise la circulation sanguine. Excellent pour prévenir les varices.
| Postures debout 179
1 Après avoir placé le bassin aussi horizontal que possible, en gardant les
pieds joints sur toute leur longueur, lever les bras et veiller à créer une
ligne rigoureusement droite du bout des doigts au talon…
Objectif
L’objectif ne sera donc pas de poser le nez sur les rotules, mais bien de
pousser le menton le plus loin possible en direction des pieds, afin d’étirer
les muscles du dos et, par une traction sur les orteils ou – éventuellement –
sur les chevilles, d’allonger les muscles postérieurs des jambes.
Perfectionner l’exercice
C’est du côté de l’étirement de la musculature des jambes
que se situe le problème pour beaucoup d’Occidentaux,
même adeptes de longue date : leurs jambes demeurent fléchies.
La cause ne doit pas être cherchée bien loin : il s’agit d’une conséquence
parmi tant d’autres due aux chaises et aux fauteuils. Chez l’homme
« naturel », qui marche beaucoup et se tient souvent debout, ces muscles
conservent leur longueur normale et il n’éprouve aucune difficulté, assis
par terre, à placer ses jambes rectilignes en contact avec le sol. Tout liga-
ment ou muscle non étiré se rétrécit : il est donc normal que les muscles et
les ligaments postérieurs des jambes se raccourcissent chez l’homme assis
en permanence.
Même des adeptes expérimentés éprouvent des difficultés dans cette
posture et leurs progrès vers l’exécution correcte sont souvent lents,
voire inexistants. Pourquoi ? Parce que pour leur rendre la longueur nor-
male, il faut une traction puissante, quoique sans excès, traction que les
bras seuls ne sont pas en mesure d’assurer.
Effets bénéfiques
Il n’est pas surprenant que les effets bénéfiques de la pince au sol et ceux
de la pince debout coïncident largement. On pourrait même les croire
identiques, ce qui est pourtant loin d’être le cas !
En effet, dans la pince debout, l’étirement de la musculature du dos ERREURS À ÉVITER
bénéficie du poids du buste et de l’attraction terrestre, ce qui ne demande
à l’adepte aucun effort musculaire notable. Il est bien plus facile de tra-
vailler avec les muscles du dos passifs en partant de la position debout Si l’on s’en tient à l’étymologie
plutôt que dans la position assise au sol. de Paschimottanâsana :
« paschima » = ouest (la face
Du côté de la circulation sanguine, les effets diffèrent sensiblement par arrière du corps) et « tan » =
rapport à la pince classique au sol : en effet, le buste demeurant penché étirer, il n’y a guère moyen de
vers le bas pendant au minimum 20 à 25 respirations, la pesanteur pro- se tromper.
voque un afflux de sang artériel vers la tête et 1a nuque, au point que la
posture pourrait presque être classée parmi les poses inversées.
Postures en couché dorsal
Le bâton (Dandâsana)
ÉTYMOLOGIE : Danda = bâton.
Essai
Faisons un essai, voulez-vous ? Couché sur le sol, efforcez-vous de vous
étendre, les jambes allongées au sol, le dos à plat contre le tapis depuis le
sacrum jusqu’aux cervicales, les bras allongés derrière la tête, en contact
avec le sol des épaules au bout des doigts en passant par les coudes. Puis
demandez qu’on contrôle le contact : bien rares seront les personnes chez
lesquelles il sera total. Il subsistera souvent des courbures lombaires qui
ne consentent pas à s’effacer, des dos ronds tangents au sol, des coudes
obstinément détachés du tapis. Dandâsana est une des postures les plus
efficaces pour obtenir cette mobilisation, si souhaitable, de l’épine dorsale.
| Postures en couché dorsal 183
Effets bénéfiques
Dandâsana est un exercice vertébral universel. Quelles que soient les défor-
mations non pathologiques de la colonne qui peuvent se présenter, toutes
sont favorablement influencées par cet exercice. La lordose lombaire
– entre autres – est combattue efficacement à la fois par l’action sur les
courbures de compensation au niveau dorsal et par une action directe sur
la lordose lombaire. Les scolioses mêmes ne constituent pas une contre-in-
dication, car l’exercice maintient la mobilité de la colonne, bien qu’il
n’agisse pas correctivement sur elles.
Outre l’effet correctif indiqué, le déroulement lui-même constitue
une stimulation douce mais efficace de toutes les racines nerveuses
émergeant de la colonne vertébrale par les trous de conjugaison entre
les vertèbres.
Un véritable automassage vertébral en profondeur est ainsi réalisé. CONTRE-INDICATIONS
Effectué sans aucune pression extérieure, le déroulement ne peut causer
le moindre désagrément. Il assure la stimulation quotidienne indispen-
sable à notre appareil nerveux central, sans oublier la chaîne des ganglions Nous ne voyons aucune contre-
sympathiques qui longe la colonne depuis les dorsales jusqu’aux lombes. indication particulière à cet
exercice.
La pratique régulière de cet exercice facilite aussi le travail des âsanas
classiques et permet de progresser, aussi bien dans les âsanas de flexion
vers l’avant que dans celles impliquant une courbure vers l’arrière.
184 TOUTES LES POSTURES |
1
Lorsque la prise de conscience et la relaxation de la colonne
sont terminées, adopter Setubandbâsana, qui n’est pas prise ici
pour elle-même mais comme point de départ du déroulement.
L'illustration requiert peu de commentaires, sauf celui-ci :
les tibias doivent être pratiquement perpendiculaires au sol,
les mains placées dans les reins, les pouces orientés vers la
colonne, les épaules et la nuque demeurant plaquées au sol.
Dans cette attitude, la respiration abdominale est pratiquement
la seule possible sans effort. Respirer quelques fois dans cette
position.
Effets bénéfiques
ERREURS À ÉVITER
Toute la dynamique de l'exercice découle de l'abaissement du diaphragme,
donc de la respiration aussi profonde que possible, qui fait pression sur
les organes abdominaux, et de la résistance opposée par la ou les cuisses L’erreur la plus fréquente
repliées. consiste à attirer le genou droit
vers l’épaule droite (et vice
Cette position intéresse donc en premier lieu les viscères abdomi- versa), ce qui fait que la cuisse ne
naux, plus particulièrement le côlon. Dans l'Ardha-Pavanamuktâsana vient pas se placer en diagonale
avec la jambe droite repliée, c'est le côlon ascendant qui subit – pardon ! – par rapport à l’abdomen. De ce
qui bénéficie de l'augmentation de la pression intra-abdominale. Dans fait la compression est réduite et
l'Ardha-Pavanamuktâsana à gauche, c'est le côlon descendant. Ceci pro- l’efficacité de l’exercice diminuée
voque une stimulation du péristaltisme intestinal et de ce fait l'âsana se d’autant. Dans la posture
révèle particulièrement utile pour évacuer les gaz intestinaux accumulés complète, l’erreur principale
par suite d'aérophagie ou de fermentations intestinales, justifiant ainsi serait de laisser les genoux
sa dénomination ! Cet exercice tonifie tout le contenu abdominal. Il lutte s’écarter.
contre la constipation.
L'âsana complète (les deux jambes sont repliées) produit un massage
très efficace du plexus solaire, qui est le plexus de l'anxiété.
Répétition
Après un temps de repos, répéter le processus. Il faut refaire
CONTRE-INDICATIONS
l'Ardha-Pavanamuktâsana à droite puis à gauche avant de reprendre le
Pavanamuktâsana complet. Il est préférable de répéter l'âsana plutôt que
de la prolonger : les effets sont plus prononcés. Il n'y a pas de contre-indications
bien particulières à la pratique
de cette âsana. Elle ne peut
causer aucune douleur dans le
ventre. Si c'était le cas, consulter
le médecin.
186 TOUTES LES POSTURES |
1
Phase 1
2 Phase 2
4 Phase 2
La lordose lombaire
Parmi les défauts les plus fréquents rencontrés en Occident, il faut citer la
lordose lombaire exagérée. Demandez à dix personnes de se coucher sur
le dos et d’essayer de plaquer la colonne sur toute sa longueur au sol, chez
sept ou huit personnes, plus particulièrement du sexe féminin, les lombes
formeront un « pont » sous lequel on pourrait glisser la main, parfois même
presque le poing ! Cette situation est la cause de bien des douleurs lom-
baires, sans parler des inconvénients pour la santé des organes du bassin.
188 TOUTES LES POSTURES |
Répétition
Après s’être reposé pendant quelques instants il est très utile de recom-
mencer l’exercice au moins une fois.
Il y a peu d’erreurs possibles dans cet exercice. Pourvu que vous
mainteniez le bas du dos bien plaqué contre le tapis, tout est correct. Il
est recommandé de ne contracter ni les cuisses, ni les mollets pour locali-
ser la contraction à la sangle abdominale. Les coudes doivent soutenir et
soulever la tête : très important !
Effets bénéfiques
Les effets bénéfiques ont déjà été partiellement définis dans l’introduction
à cette âsana, du moins ceux qui concernent la rectification de la colonne
vertébrale. Muscler la sangle abdominale est capital, non seulement pour
la colonne vertébrale mais aussi pour la santé de tous les viscères abdomi-
naux.
Pendant l’exercice, en respirant de la manière prescrite, du fait que la
sangle est contractée on respire automatiquement avec la sangle contrô-
lée, avec tous les effets bénéfiques que cela implique, notamment pour
le cœur et la circulation sanguine. Cet exercice est un tonique cardiaque
incomparable. Il stimule le fonctionnement de tous les organes abdomi-
naux et lutte contre la constipation.
| Postures en couché dorsal 189
1
Cette illustration nous montre la position exacte des mains,
des avant-bras et des coudes pendant l’exécution de
Merudandâsana. Les paumes doivent regarder vers l’arrière,
les pouces sont orientés vers l’extérieur. Les tranchants
des mains se touchent, les paumes se plaquent entre les
omoplates et s’efforcent de descendre le plus bas possible
tandis que les coudes se rapprochent et soutiennent l’arrière
de la tête. Cela libère la ceinture scapulaire et agit sur les
courbures du haut de la colonne vertébrale.
3 Prise de l’âsana
4 Position finale
La sauterelle (Shalabâsana)
C’est à regret que nous traduisons Shalabâsana par
« pose de la sauterelle » (shalaba = « sauterelle » en
sanscrit). En effet, il est bien dommage que le nom
scientifique de cet insecte, « locuste » qui sonne si
agréablement à l’oreille, soit peu usité en français,
contrairement à l’anglais ! « Posture du locuste », ne
serait-ce pas plus joli que « pose de la sauterelle » ?
Technique
Shalabâsana comporte plusieurs degrés de difficulté croissante :
Ardha-Shalabâsana ou la demi-sauterelle, ensuite la sauterelle complète,
enfin l’une ou l’autre variante plus poussée. À la différence des postures
du cobra, de la charrue, de la pince, etc., Shalabâsana est presque inté-
gralement dynamique, sa phase statique étant nécessairement très brève.
LA DEMI-SAUTERELLE (ARDHA-SHALABÂSANA)
Position de départ
Cette âsana suit et complète la pose du cobra. La position de départ est
presque identique dans les deux cas ; l’adepte est donc couché à plat
ventre, les jambes allongées l’une contre l’autre, la plante des pieds tour-
née vers le haut, comme dans le cobra, mais la position des bras et de
la tête change. Les bras se placent le long du corps, les paumes à plat
au tapis. Pendant l’exercice, il est fondamental de garder les bras contre
le sol, depuis l’épaule jusqu’au bout des doigts. Poser le menton sur le
tapis en le poussant le plus loin possible vers l’avant, ce qui d’une part
étire le cou, d’autre part, comprime la nuque. Une tranche importante
des effets bénéfiques de l’âsana dérive de ce travail dans la nuque (voir
« Effets bénéfiques » p. 193).
Note préliminaire
Cette âsana est fort simple et accessible à tous : il s’agit, en somme, de
soulever alternativement une jambe après l’autre, le plus haut possible…
mais pas n’importe comment !
Au départ, il faut s’imprégner de l’idée que, dans l’Ardha-Shalabâsana,
seule la moitié gauche du corps travaille, l’autre moitié étant relaxée
| Postures en couché abdominal 191
Exécution
Cela dit, allons-y ! Soulevez lentement la jambe gauche en contractant pro-
gressivement la musculature du bas du dos, avec l’appui du bras gauche
mais le poids des jambes se transmet en bonne partie à l’abdomen, où la
pression s’accroît. Éviter de :
\ plier la jambe ;
\ contracter les mollets ;
\ pointer les orteils avec force.
Le pied doit monter perpendiculairement à l’endroit où il était posé.
En trichant, c’est-à-dire en faisant basculer le bassin et en prenant appui
sur le genou opposé, vous iriez beaucoup plus haut qu’en pratiquant
comme décrit. Retenez toutefois que la hauteur à laquelle les pieds
montent est sans importance, l’essentiel étant la contraction des muscles
du bas du dos afin de provoquer un afflux abondant de sang frais vers
la région lombaire, et de compléter ainsi les effets du cobra. Marquer
un arrêt, puis ramener la jambe au sol. Pour se rendre compte combien
l’exercice perd d’efficacité en le réalisant d’une façon erronée, il suffit, à
titre d’expérience, de pratiquer l’âsana des deux façons pour saisir toute
la différence. En général, il suffit d’exécuter deux fois successivement
l’Ardha-Shalabâsana c’est-à-dire de soulever d’abord la jambe gauche,
puis la droite pour recommencer aussitôt, après quoi on exécute la sau-
terelle complète.
SAUTERELLE COMPLÈTE
Position de départ
L’attitude initiale est identique à l’Ardha-Shalabâsana, à un détail près :
il faut serrer les poings pour disposer de plus de force. Dans la sauterelle
complète, il faut – vous l’avez deviné – lever les deux jambes simultané-
ment, par une puissante contraction des muscles du bas du dos. Évitez
avec soin de plier les genoux, de durcir les mollets et de pointer les pieds
comme une danseuse étoile.
Plus encore que dans la demi-sauterelle, il est indispensable de main-
tenir les épaules et le menton en contact avec le sol durant tout le mouve-
ment. Au début, tant pis si les épaules se soulèvent : faites de votre mieux
192 TOUTES LES POSTURES |
VARIANTE I :
Question : Pourquoi les yogis ont-ils baptisé cet exercice « posture de
la sauterelle » alors qu’elle n’évoque guère l’insecte ? La variante I nous
donne la réponse : les bras repliés rappellent les pattes de l’insecte.
Lorsque vous serez bien familiarisé avec l’âsana normale, vous passerez
sans difficulté à cette variante. Remarquez que :
\ la main n’est pas posée rigoureusement à plat au tapis ;
\ la
paume forme une voûte et la poussée se fait en bonne partie avec le
bout des doigts ;
\ les épaules ne quittent pas le sol.
Position de départ
Elle diffère des précédentes par deux détails : le menton n’est pas poussé
le plus loin possible vers l’avant, c’est plutôt le nez qui touche le tapis ; les
doigts sont entrelacés, les bras rapprochés et placés sous le thorax.
Prise de l’âsana :
Tout le poids du corps repose sur la poitrine et les bras. Inspirer pro-
fondément, bloquer le souffle et, d’une puissante contraction, soulever
les jambes jusqu’à la verticale.
Respiration
Nous venons de dire qu’il fallait bloquer le souffle, mais c’est valable uni-
quement pour la variante II. Dans toutes les autres formes de Shalabâsana,
il faut continuer à respirer normalement. C’est plus difficile à réaliser dans
la pose de la sauterelle que dans les autres exercices yogiques ; il faut pour-
tant s’y efforcer et réserver les rétentions de souffle aux adeptes avancés.
| Postures en couché abdominal 193
Concentration
L’adepte doit concentrer toute son attention sur les muscles en action,
spécialement ceux du bas du dos (région lombaire et latissimus dorsi).
IMPORTANT
Durée
Shalabâsana prend fort peu de temps. L’Ardha-Shalabâsana comporte Même les adeptes avancés
un temps d’arrêt de quelques secondes, au moment où les pieds sont au doivent passer chaque jour par
point le plus haut, c’est tout. Dans la pose complète, un arrêt de 2 à 5 tous les stades de la sauterelle,
secondes dans la position finale suffit en général. donc demi-sauterelle, sauterelle
complète, éventuellement
Quant à la variante II, il est rare d’être à même de tenir plus de variante poussée, car chacune
10 secondes. prépare la suivante et procure
Après Shalabâsana, un relax-éclair s’impose. Attendre que le souffle des effets différents.
soit redevenu normal avant d’effectuer la posture suivante de votre série.
L’exercice complet peut être répété de deux à cinq fois.
Effets bénéfiques
Pour comprendre l’action bénéfique de cette âsana, un bref rappel d’ana-
tomie et de physiologie est indispensable. Souvenez-vous que toute l’ac-
tivité organique végétative, donc inconsciente et involontaire, se trouve
sous le contrôle du système nerveux autonome subdivisé en deux réseaux
séparés et antagonistes, l’un jouant le rôle d’accélérateur et l’autre celui
du frein. L’équilibre de ces deux actions conditionne le bon fonctionne-
ment de cette machinerie ultra-complexe qu’est l’être humain, donc sa
santé et sa longévité. Il s’agit de :
a) l’orthosympathique, qui comporte un double chapelet de ganglions
reliés entre eux par des filets nerveux répartis parallèlement à la colonne
vertébrale ;
b) le parasympathique, son antagoniste, comprenant lui-même deux
parties :
1. le pneumogastrique ou nerf vague, relié au bulbe – ce renflement
entre l’encéphale et la moelle épinière – et qui émerge de la colonne
vertébrale à l’endroit où elle supporte le crâne. Il innerve notamment le
cœur, les poumons, l’estomac et bien d’autres viscères avant de se perdre
dans cet imbroglio nerveux qu’est le plexus solaire ;
2. la partie pelvienne du parasympathique quittant la colonne verté-
brale dans la région lombaire pour innerver les organes du bas-ventre,
entre autres les organes génitaux.
Ces deux parties forment un tout fonctionnant harmonieusement. Il
est donc indispensable de les stimuler, de les tonifier d’une façon équilibrée.
La sauterelle est précieuse parce qu’elle tonifie la partie pelvienne du
parasympathique, par l’appel de sang dans le bas de la colonne vertébrale,
provoqué par la puissante contraction de la musculature de cette région.
194 TOUTES LES POSTURES |
Colonne vertébrale
Cette position assouplit la colonne vertébrale surtout dans sa partie lom-
baire.
Muscles
La musculature lombaire est considérablement renforcée, ce qui est pré-
cieux, car le manque d’exercice qu’entraîne la vie sédentaire menace la
plupart des sédentaires d’une atrophie larvée de cette musculature, ce
qui peut occasionner un déplacement de vertèbres, surtout vers la 5e lom-
baire, base de tout l’édifice vertébral.
Le renforcement de la musculature de cette région nous épargne bien
des désagréments. Que de lumbagos, « maux de dos » divers sont cau-
sés par une faiblesse musculaire et ligamentaire dans cette région ! Le
moindre choc ou faux mouvement peut y provoquer des subluxations
aux conséquences aussi variées que désagréables, par exemple certaines
sciatiques. Mentionnons au passage que nos sièges constituent souvent
une menace permanente pour cette région du dos, par la forme inadé-
quate de l’assiette et du dossier. Un dos souple et bien musclé ne court
aucun risque, mais on ne peut pas en dire autant du dos des sédentaires.
Cette situation est même alarmante au point que, chaque année, un Amé-
ricain sur sept souffre de maux de dos qui sont devenus, aux États-Unis,
la cause n° 1 de pertes de temps dans l’industrie. Le président Kennedy
et Elizabeth Taylor en étaient réduits à soutenir leur dos avec des corsets
spéciaux. N’est-il pas préférable de renforcer la musculature dorsale ?
Les ménagères ne sont pas épargnées et chez elles il faut incriminer la
mauvaise attitude au travail, par exemple repasser durant des heures à
une table trop basse, ou cuisiner sur des fourneaux trop bas. Soulever un
poids, même réduit, peut compromettre la statique d’une colonne verté-
brale non soutenue par une musculature suffisante. Shalabâsana n’est pas
la seule âsana qui la renforce, mais à coup sûr, c’est une des plus efficaces
pour immuniser la colonne vertébrale contre ces accidents.
Nerfs
Quant aux nerfs, la sauterelle recharge les centres du système nerveux,
spécialement ceux commandant le bas-ventre, ainsi que le plexus solaire.
| Postures en couché abdominal 195
Tube digestif
Cet exercice agit puissamment sur les reins, par « massage » interne
intense, donc la diurèse est favorisée. Dans l’ensemble, tout le système
digestif et ses glandes annexes sont massées, stimulées, tonifiées.
La sauterelle amène une amélioration notable du fonctionnement du
foie, du pancréas, ainsi que la régularisation des fonctions intestinales,
dont le péristaltisme est accru.
Circulation sanguine
Lever les jambes entraîne d’importants effets sur la circulation sanguine
et Shalabâsana complète ainsi les effets des poses inversées. D’abord, le
sang veineux excédentaire évacue les veines des jambes, ce qui prévient
les varices. En outre, le sang artériel doit lutter contre la pesanteur pour
atteindre les pieds, donc il irriguera le bas-ventre et la région sacrée où
s’accentuera encore l’afflux de sang provoqué par la contraction muscu-
laire.
Poumons
Chez les adeptes plus avancés, autorisés à retenir leur souffle pendant
l’exercice, la pression de l’air croît dans les poumons durant cette âsana.
Cette âsana fortifie les poumons car cette pression s’exerce sur la totalité
de la membrane pulmonaire, aide les alvéoles à se déplisser et assure une
meilleure fixation de l’oxygène.
Effets esthétiques
En corrigeant les défauts de courbure dans le bas de la colonne, la sta-
tique de toute la colonne vertébrale est influencée favorablement.
Effets occultes
Il est un domaine que nous n’aborderons pas parce que cela déborde du
cadre de cet ouvrage ; celui des résultats occultes obtenus par la pratique
de cette position. Cette âsana éveille Kundalini, mais il n’est pas néces-
saire de savoir ce qu’est Kundalini pour obtenir les effets dans l’orga-
nisme.
196 TOUTES LES POSTURES |
1
Correct Incorrect
Les jambes sont jointes, les épaules touchent Le menton n’est pas poussé vers l’avant.
le sol. Les paumes sont contre le tapis. Les épaules ne touchent pas le sol.
Remarquer la position de la tête. Le menton
s’avance le plus loin possible.
Incorrect Incorrect
Accumulation de toutes les erreurs possibles, ou La position de la tête et des épaules est correcte,
presque : la tête est mal posée au sol. Les épaules mais la jambe est pliée et ne se soulève pas à la
sont collées au tapis (correct), mais la jambe verticale de son point de départ. Le bassin bascule
se soulève en s’appuyant surtout sur le genou légèrement, ce qui est une autre erreur.
opposé. Le bassin quitte le sol et pivote. Essayez
cette façon de procéder : vous constaterez que
cela ne fait pratiquement aucun effet.
| Postures en couché abdominal 197
4
Sauterelle complète (variante I) : diffère de l’exercice
précédent par la position des bras. La poussée se fait
surtout du bout des doigts, la paume formant voûte.
Le menton et les épaules restent au sol durant tout le
mouvement.
5
Variante II (pour adeptes avancés). Départ : remarquez
la position du menton. Les doigts sont entrelacés, les
poignets rapprochés.
6
Exécution du mouvement : inspirer et bloquer le souffle.
D’une puissante contraction, soulever les jambes et le
bassin pour amener les jambes à la verticale. Les épaules
doivent rester le plus près possible du sol. Exercice assez
dur : à ne tenter qu’après un long entraînement à la
sauterelle normale.
L’arc (Dhanurâsana)
Technique
Position initiale
Dhanurâsana s’exécute après la sauterelle. L’adepte est couché à plat
ventre, les bras le long du corps. La position de la tête et l’orientation
des paumes importent peu. Relaxez surtout le dos, dont la décontraction
totale conditionne la réussite de l’exercice.
Premier temps
Soulevez le menton tandis que les mains saisissent simultanément les
chevilles. Les débutants peuvent prendre d’abord la cheville droite, la
gauche ensuite.
Prise de l’âsana
Précisons d’abord que les jambes sont le seul élément moteur pendant
l’exécution de Dhanurâsana. Même les bras restent passifs : à la façon
| Postures en couché abdominal 199
d’un câble ils se contentent de relier les épaules aux chevilles que les
doigts enserrent avec juste assez de force pour ne pas lâcher prise.
Pour exécuter l’âsana, il faut propulser les pieds vers l’arrière et vers
le haut par une contraction puissante des cuisses et des mollets, ce qui
soulève les épaules et courbe le dos. Donc pendant tout l’exercice, il faut
rester relaxé, à l’exception des jambes et des doigts : contracter le dos par
exemple, rend l’âsana impossible.
Souvent au début, les genoux restent désespérément collés au sol et,
s’ils se soulèvent quand même un peu, c’est au prix de douleurs dans les
muscles des cuisses ! Patience !
Dans l’attitude finale, les genoux doivent monter plus haut que le plan
du menton. En fait, le pli du genou devrait arriver au niveau du sommet du
crâne (position 2), et non dans la position 3 incorrecte où les genoux n’ar-
rivent qu’au niveau du menton. Dans ce dernier cas, le corps pèse en partie
sur les épines iliaques, ce qui réduit beaucoup l’efficacité de l’âsana. Dans la
position 2, où les genoux dépassent le niveau du menton, le pubis ne touche
plus le sol et le poids du corps porte sur l’épigastre, ce qui accroît nota-
blement la pression intra-abdominale et donne un maximum d’efficacité
puisque cette pression se transmet intégralement aux viscères de l’abdomen.
Concentration
Pendant les balancements, concentrez-vous à votre gré, sur les muscles
du dos ou sur l’abdomen.
200 TOUTES LES POSTURES |
Phase statique
La phase statique consiste à s’immobiliser dans la posture complète, sans
forcer, avant ou après la phase dynamique : essayez les deux formules et
adaptez la plus confortable.
Respiration et durée
Pendant la phase statique, respirez normalement. Les adeptes entraînés
feront de profondes inspirations suivies d’une rétention de souffle, tout
en restant dans les limites du confort, ce qui accentue les effets en aug-
mentant encore la pression intra-abdominale. Quant à la durée, 5 à 10 res-
pirations constituent la moyenne. Dhirendra Bramachari, gourou de feu
Mr Nehru, répète : « Hold as long as you can », c’est-à-dire « Tenez aussi
longtemps que possible » (sous-entendu, dans les limites de l’aisance).
Concentration
Si l’adepte s’est concentré sur le massage abdominal pendant les balan-
cements, il portera maintenant son attention vers le dos pour le relaxer
au maximum.
Retour au sol
Réduire la poussée des jambes et revenir lentement à la position de
départ. Se relaxer et attendre que le souffle soit normal avant de passer à
l’exercice suivant.
Position du menton
Nous avons déjà précisé la position respective du menton et des genoux,
mais la distance entre le menton et le sol a son importance aussi ; il faut
soulever le menton le moins possible afin de placer le poids sur l’épigastre.
Effets bénéfiques
L’arc, combinant le cobra et la sauterelle, en cumule les effets (nous ren-
voyons le lecteur aux descriptions des bénéfices de ces deux âsanas) en y
| Postures en couché abdominal 201
Colonne vertébrale
Comme dans le cobra et la sauterelle, la compression de la face dorsale
du rachis accompagne l’étirement de la face antérieure, ce qui agit sur
les ligaments, les muscles et les centres nerveux de la colonne vertébrale.
L’arc prévient la calcification prématurée des articulations vertébrales
et redresse ces dos arrondis par des années d’attitude penchée sur les
pupitres, bureaux ou tables de travail.
Muscles
Au début, cet exercice endolorit les cuisses et, s’il est vrai qu’un yoga qui
fait mal est un yoga mal fait, cette douleur musculaire est anodine ; d’ail-
leurs la pratique l’atténue et l’élimine bientôt.
L’étirement de la sangle abdominale facilite Uddiyana Bandha, la
rétraction abdominale. L’euphorie et la sensation de « libération » consé-
cutives à cette âsana proviennent de la stimulation des centres nerveux
de la colonne vertébrale, surtout du système nerveux sympathique dont
la chaîne de ganglions longe la colonne vertébrale.
Citons aussi les effets puissants sur le plexus solaire, ce complexe
nerveux situé au creux de l’estomac, zone des « coups bas » redoutés des
boxeurs. Le balancement le masse et le stimule avec une douce efficacité.
Nous savons que l’anxiété s’accompagne d’une sensation désa-
gréable au creux de l’estomac, due à la congestion de la zone solaire,
ce qui influence négativement les fonctions végétatives et cause bien
des troubles fonctionnels réfractaires aux thérapeutiques courantes. Le
balancement et l’étirement de la musculature abdominale, s’ajoutant au
massage résultant de la respiration profonde et diaphragmatique, dis-
sipent ces manifestations.
Cellulite et embonpoint
Dhanurâsana combat la cellulite, qui résulte en général d’une :
\ respiration insuffisante ;
\ tension nerveuse généralisée ;
\ mauvaise assimilation de la nourriture ;
\ circulation réduite dans les placards cellulitiques ;
La pose de l’arc agit en :
\ accentuant la respiration ;
\ décongestionnant le plexus solaire ;
\ agissant sur le système digestif ;
\ améliorant
la circulation dans les masses de cellulite ou de graisse par
un massage doux et régulier.
202 TOUTES LES POSTURES |
Glandes endocrines
L’arc agit sur les capsules surrénales ; la sécrétion accrue d’adrénaline
dynamise les personnes manquant d’entrain, sans devoir redouter un
hyperfonctionnement. La sécrétion de cortisone est régularisée, ce qui
combat diverses formes de rhumatisme. La cortisone autogène ne pré-
sente pas les inconvénients de l’hétérogène, administrée en injections
dans le traitement de certaines maladies.
Le pancréas voit son fonctionnement normalisé, et fabrique l’insu-
line indispensable au métabolisme des glucides. Des cas de faux diabète
engendrés par l’anxiété (on constate par exemple une glucosurie tempo-
raire chez des soldats au front et des étudiants en période d’examens),
s’éliminent radicalement en peu de temps, par la décongestion du plexus
solaire et la normalisation des fonctions du pancréas, dues à la pratique
de l’arc. Swami Sivânanda signale en outre une action sur la thyroïde.
1
Position de départ
2 Prise de la position
Incorrect
4 Position initiale
5 Position finale
Par une traction des bras et des muscles du dos, aidés par
une poussée de la sangle abdominale, les genoux et le
pubis quittent le sol. Les talons restent en contact avec les
fesses et le menton demeure au tapis. Respiration normale.
Jambes relâchées et passives : les bras sont l’élément
moteur principal. Dans cet exercice, les muscles relâchés
dans l’arc classique sont tendus et vice versa. C’est la
contre-pose de l’arc.
La sauterelle avec appui
(Ardha-Shalabâsana)
Classique du yoga, Shalabâsana, la sauterelle, se doit
de figurer dans toute séance de yoga, immédiatement
après le cobra qu’elle complète. Toutefois, la sauterelle
classique exige un effort musculaire relativement
important et, de ce fait, elle ne peut guère être tenue
que quelques secondes. Or il faudrait équilibrer en durée
la sauterelle et le cobra, ce qu'Ardha Shalabâsana rend
possible et facile même au néophyte.
Attention !
– ne pas contracter les muscles des lombes priverait l’exercice de la plupart
de ses effets bénéfiques ;
– il ne faut ni plier les jambes ni contracter les muscles des mollets et des
cuisses ;
– il ne faut pas soulever les épaules du sol ni pousser le nez dans le tapis :
c’est le menton qui doit le toucher.
Effets bénéfiques
Ils seront identiques à ceux de la demi-sauterelle classique.
CONTRE-INDICATIONS
1 Position de départ
2
Premier temps d’exécution
3 Position finale
Incorrect
Technique
Position de départ
Pour Halâsana, plusieurs positions de départ s’offrent au choix de
l’adepte tandis que la posture du cobra se contente d’une seule, facile à
prendre correctement, mais capitale pour le bon déroulement de l’âsana.
La voici : allongé face au sol, jambes étendues, pieds joints, la plante
tournée vers le haut. Les bras sont pliés, les mains posées à plat au sol, le
bout des doigts affleurant l’arrondi de l’épaule (très important), les coudes
près des flancs. Poser le front au sol avant de commencer à exécuter l’âsana.
Phase dynamique
Bhujangâsana est simple : il s’agit de lever la tête et le tronc le plus haut
possible pour plier la colonne vertébrale vers l’arrière, mais son exécu-
tion inclut un ensemble de détails qui révèlent le raffinement et la per-
fection technique du yoga. Chaque détail s’avère indispensable et pour
s’en convaincre il suffit d’en omettre un volontairement pour constater
combien l’efficacité de la posture s’en trouve amoindrie.
Avant d’aborder la technique, précisons que dans sa phase dyna-
mique, Bhujangâsana agit principalement sur le haut de la colonne verté-
brale, et sur l’ensemble de la colonne pendant la phase statique.
Premier temps
L’adepte est à plat ventre, le front au tapis. Il se relaxe un instant, se
concentre et pousse lentement le nez vers l’avant, en rasant le sol ; le
menton suit, frôlant le tapis et s’avance le plus loin possible, ce qui pro-
voque à la fois l’étirement du cou et la compression de la nuque. Par igno-
rance, cette phase initiale est souvent escamotée, ce qui est regrettable
car la partie cervicale de la colonne vertébrale est une zone stratégique
d’où partent de nombreux nerfs vitaux.
Deuxième temps
Lorsque le menton est arrivé aussi loin que possible vers l’avant, d’un
mouvement lent et continu, la tête se soulève par la contraction des mus-
cles de la nuque. Son ascension se poursuit par l’entrée en action succes-
sive des muscles dorsaux, donc sans l’aide des bras qui restent relaxés.
| Postures en couché abdominal 207
Le poids du bras repose sur la paume posée au sol. Les yeux regardent
le plus haut possible vers le plafond. Lorsque la contraction des muscles
dorsaux culmine, les jambes sont tendues sauf les mollets qu’il faut gar-
der relaxés et tout le poids du corps repose sur l’abdomen, où la pression
augmente ; le dos rougit, révélant l’important afflux de sang dans la mus-
culature dorsale superficielle et profonde.
Retour au sol
Le retour au sol s’effectue avec autant de soin que la montée. Le même
mécanisme se déroule en sens inverse, c’est-à-dire que d’abord les bras
relâchent peu à peu leur pression, tandis que les muscles du dos et des
jambes restent relaxés. Lorsqu’on atteint le point où, à l’aller, les bras sont
entrés en action, les muscles du dos prennent le relais et contrôlent la
descente jusqu’à ce que le menton revienne au sol, le plus en avant pos-
sible. Le menton est alors ramené vers l’arrière, puis le nez, jusqu’à ce
que le nez et le front soient à nouveau au sol, comme dans la position
de départ. Cela vaut la peine, une fois pour toutes, d’étudier soigneuse-
ment tous les détails d’exécution, afin d’acquérir la technique correcte,
qui n’exige pas plus de temps qu’une manière erronée. Répéter trois fois
avec un temps d’arrêt au point culminant.
Phase statique
La phase finale de l’âsana et l’immobilisation succèdent au troisième sou-
lèvement dynamique.
Une inversion complète se produit alors : les bras, passifs jusqu’ici,
vont devenir le seul élément musculaire actif, tandis que le dos subira
passivement la poussée. Cela aussi est généralement ignoré et réduit
l’efficacité de la posture.
Dès maintenant, les bras seuls agissent et courbent la colonne verté-
brale vers l’arrière. La perfection requiert une passivité totale du dos et
des jambes. Il est bon de marquer un temps d’arrêt avant de pousser avec
les bras, pour laisser au dos le temps de se relaxer.
Durant cette phase, l’adepte doit sentir la pression et la flexion partie
de la nuque se propager de vertèbre en vertèbre jusqu’à la partie lombaire
et sacrée de la colonne. Ne pas omettre de relaxer les fesses, les cuisses
et les mollets ; les pieds tendent alors à s’écarter un peu ; laissez-les se
placer d’eux-mêmes dans la position correcte. La rougeur dans le dos se
déplace vers le bas de la colonne (reins et sacrum).
Très important : à ce stade, veillez à tenir le nombril très près
du sol. Une autre erreur courante, qui réduit l’efficacité de la pos-
208 TOUTES LES POSTURES |
Pratiquée isolément
Si la posture est pratiquée seule, en endurance l’immobilisation peut
durer jusqu’à ce que la fatigue se manifeste. L’âsana peut être répétée
plusieurs fois, avec un temps de repos entre chaque exécution. La durée
totale atteint alors plusieurs minutes.
Respiration
Durant tout l’exercice, continuer à respirer normalement et sans arrêt,
sauf indications contraires d’un instructeur personnel éventuel. Pour
saisir l’importance de ce conseil, il suffit d’exécuter une fois l’âsana en
bloquant le souffle : le visage se congestionne aussitôt, ce qui est néfaste.
Pratiquée en rétention de souffle, elle fatigue, or le yoga ne peut jamais
provoquer de lassitude. Au contraire, après le yoga bien fait, on doit
déborder de dynamisme et d’entrain. Dans la phase statique, la respira-
tion s’écarte un peu de la normale, puisqu’il faut respirer aussi profon-
dément que possible, mais l’ampleur des mouvements respiratoires sera
réduite car l’abdomen est étiré.
| Postures en couché abdominal 209
Concentration
Pendant la phase dynamique : se concentrer sur le mouvement ; la pensée
suit la pression qui se propage le long de la colonne vertébrale, vertèbre CONTRE-INDICATIONS
par vertèbre.
Pendant la phase statique : se concentrer sur l’ensemble de la colonne Il n’y a pratiquement pas de
vertébrale. contre-indications, pourvu
que l’âsana soit pratiquée
correctement, sans violence
Effets et bénéfices ni saccades. Si, à un moment
quelconque, la posture entraîne
Les effets bénéfiques du cobra découlent non seulement de la magnifique
une douleur, diminuer l’intensité.
flexion de l’épine dorsale, mais aussi du renforcement marqué de l’im-
Soyez aimable avec vous-même,
portante musculature de la gouttière vertébrale.
ne vous faites pas souffrir ! Au
Durant la phase dynamique, le tronc se soulève avec appui sur l’ab- début, il peut arriver que le dos
domen où la pression interne augmente. Pendant la phase statique, le soit courbaturé et qu’une légère
ventre est étiré. Dans les deux cas, tout le contenu viscéral est tonifié. douleur se manifeste, mais elle
Cette âsana réchauffe le corps. doit disparaître après quelques
jours. Pour être pleinement
Colonne vertébrale efficace, la pose ne doit pas
être prise d’une façon trop
Souplesse = jeunesse. Cette incomparable âsana rend la colonne verté-
poussée au début. La rougeur
brale flexible, gage de santé, de vitalité, de jeunesse. La vie sédentaire
dans le dos qui se manifeste
rend notre épine dorsale rigide par l’absence de mouvement ; en outre,
au premier essai témoigne du
penchés sur notre travail, nous créons des cyphoses plus ou moins
travail d’irrigation sanguine qui
prononcées contre lesquelles Bhujangâsana lutte efficacement. Si la
se fait en profondeur dans toute
déviation est importante – cas fréquent – l’adepte aura certes du mal à
la musculature de la colonne
effectuer la posture, mais qu’il ne se laisse pas rebuter car Bhujangâsana
vertébrale, axe vital du corps.
est une véritable bénédiction pour lui.
Système nerveux
L’atrophie de la musculature dorsale et vertébrale, si répandue parmi les
sédentaires, entraîne une foule de conséquences néfastes, notamment
suite à la diminution de l’irrigation sanguine de la moelle épinière qui
est solidaire de la circulation dans les muscles autour des vertèbres. Il est
vital que cette musculature travaille chaque jour, ce dont Bhujangâsana
se charge efficacement. Il est superflu d’insister sur l’importance de la
moelle épinière. Toute l’activité nerveuse passe obligatoirement, à un
moment donné, par la colonne vertébrale qui, en outre, est longée par les
deux chaînes de ganglions du système nerveux sympathique, dont l’ac-
tion s’étend à tous les organes.
Si ces nerfs, ganglions et autres formations vitales reçoivent l’abon-
dant apport sanguin auquel ils ont droit, toutes les conditions sont réu-
nies pour que l’organisme soit en bonne santé. Par contre, si l’afflux de
sang est déficitaire, les organes qui dépendent de ces nerfs ne peuvent, à
la longue, maintenir leur intégrité et il en résulte des troubles fonction-
nels qui dégénèrent en lésions organiques diverses.
Pendant l’immobilisation, l’afflux de sang dans la région lombaire et
sacrée stimule la partie pelvienne du nerf vague-antagoniste du sympa-
thique qui équilibre celle des ganglions orthosympathiques.
210 TOUTES LES POSTURES |
Glandes endocrines
La glande thyroïde voit son fonctionnement normalisé s’il s’agit de légères
déviations de la norme. Les cas pathologiques (goitres, etc.) doivent être
traités médicalement. Bhujangâsana tonifie aussi les capsules surrénales
qui sécrètent l’adrénaline, l’hormone du dynamisme. Surrénale saine
signifie aussi production normale de cortisone et prémunit contre cer-
taines formes de rhumatisme.
Cage thoracique
L’assouplissement de la colonne vertébrale et notamment la correction
des cyphoses, améliore la statique du thorax qui s’épanouit.
Effets hygiéniques
Cette pose combat la constipation, les troubles utéro-ovariens (aménor-
rhée, dysménorrhée, leucorrhée) et régularise le cycle menstruel.
Elle soulage ceux qui souffrent de flatulence après les repas.
La vie sédentaire nous immobilise dans des positions anormales.
Il en résulte des maux de dos – surtout dans le bas – rendant la station
debout pénible. La pose du cobra, en faisant travailler la colonne, consti-
tue le meilleur et plus sûr remède. Des cas se sont produits où, grâce au
cobra, de petits calculs ont été chassés de la vésicule biliaire par le canal
cystique.
Certaines formes de sciatique sont améliorées, voire éliminées par le
cobra, quoique dans certains cas, la pose puisse accentuer les douleurs,
par compression du nerf sciatique, en cas de déplacement de vertèbres.
La douleur est toujours un signe qu’on va trop loin ; si la technique est
respectée, cela ne devrait jamais se produire. Si cela arrivait quand même,
il suffirait de pratiquer moins fort ou de stopper pour que tout revienne
à son état primitif.
Effets esthétiques
Un dos rond est inesthétique autant qu’un dos décharné. Vous n’aurez
pas à rougir de vos vertèbres faisant saillie lorsque vous porterez un
décolleté ou un deux-pièces, mesdames, car Bhujangâsana développera
la musculature dorsale et cachera ces vertèbres, sans vous donner l’allure
d’un lutteur de foire. Une bonne musculature donne un modelé incompa-
rable aux dos féminins… et masculins !
| Postures en couché abdominal 211
Effets psychologiques
Le dos courbé et les épaules engoncées créent un sentiment d’insécurité,
d’infériorité. En revanche, une attitude droite, digne d’un être humain,
une colonne souple et musclée vous donnent de l’assurance, non seule-
ment en maillot de bain, mais aussi en vêtements de ville.
1
Départ correct
Incorrect Incorrect
Les mains ne sont pas à la bonne place et les Les mains sont trop en arrière de la ligne des
jambes sont écartées. épaules. Nous déconseillons cette position aux
néophytes.
4
Fin de la phase dynamique. Toute la
musculature du dos est contractée pour
lever le tronc le plus haut possible. Les
mains et les bras sont toujours passifs
et relaxés. Respirer normalement.
La pression intra-abdominale atteint
un degré très élevé, le dos rougit
fortement. Les jambes demeurent
toujours jointes. Revenir au sol et
recommencer ce mouvement trois fois.
5
Phase statique. La phase statique commence
à la fin de ce troisième mouvement. Les bras
entrent en action et redressent le tronc le plus
possible. Pousser le nombril vers le tapis pour
accentuer la courbure lombaire (sauf pour les
personnes trop cambrées). Les bras entrent en
action et redressent le tronc le plus possible.
Le dos est passif, ainsi que les jambes : de
ce fait, les pieds s’écartent quelque peu l’un
de l’autre. Remarquer la position de la tête.
S’immobiliser et respirer profondément de
trois à dix fois.
Correct Incorrect
Certains yogis préfèrent cette variante Cette illustration illustre deux erreurs fréquentes :
qui diffère de la précédente par la
• les épaules sont soulevées au lieu d’être fièrement
position de la tête. Cette variante est
abaissées ;
plus complète ; elle est déconseillée aux
hyperthyroïdiens. • le ventre est trop loin du sol. Il faut pousser le nombril
le plus près possible du tapis. Ces erreurs privent
l’âsana de la plus grande partie de son efficacité.
Le cobra dynamique
(Bhujangâsana)
Respiration
Pendant toute la durée de l’exercice, continuer à respirer en équi-
librant la durée de l’inspiration et celle de l’expiration. À aucun moment
ne s’arrêter de respirer, notamment pour ne pas créer de congestion, si
minime soit-elle, dans la tête. Il n’y a aucun danger de véritable conges-
tion, rassurez-vous, mais la circulation sanguine ne serait pas favorisée
autant qu’il est souhaitable.
Effets bénéfiques
Dans cette forme de cobra dynamique, la contraction de la muscula-
ture du dos est beaucoup plus intense que dans l’exécution habituelle. Sa
pratique régulière renforce notablement la musculature de la face arrière
214 TOUTES LES POSTURES |
1
Position de départ
2
Contracter de proche en proche les muscles du dos (en commençant par la nuque) et pendant cette première
phase, ne pas laisser la contraction descendre plus bas que les dernières côtes. Ne pas monter au maximum,
mais s’autoriser quelques respirations à cet endroit. L’élément essentiel est la lutte entre les bras et les mains
d’une part, la nuque et le dos d’autre part. Contracter au maximum tous les muscles de la face arrière du corps,
donc de la plante des pieds au crâne, et s’immobiliser. Continuer à respirer, puis revenir lentement à l’attitude
de départ ; ne pas relâcher la pression d’un coup ni même trop vite. Se relaxer un moment, puis, après
quelques respirations, passer à la seconde partie de l’exercice décrit ci-après.
PERFECTIONNONS LE COBRA
Le cobra, grand classique du yoga, est aussi une des postures les plus
CONTRE-INDICATIONS utiles à l’Occidental sédentaire, dont la vie se passe le plus souvent pen-
ché vers l’avant sur son travail ou sa lecture, ce qui arrondit bien des dos !
Le cobra constitue un des principaux correctifs à cet état de choses, en
Cette posture ne comporte
assurant la mobilité maximale de la colonne vertébrale en flexion vers
aucune contre-indication
l’arrière. La présente variante, peu connue, permet de perfectionner
particulière. Les personnes trop
toutes les formes du cobra.
cambrées redouteront peut-
être de la pratiquer, craignant
d’aggraver leur défaut. Il n’y
Effets bénéfiques
a aucun risque d’aggravation
en prenant soin de répartir la Les effets bénéfiques sont, dans l’ensemble, ceux du cobra classique.
pression créée par l’âsana sur La caractéristique essentielle de cette variante de l’âsana est de per-
toute la longueur de la colonne mettre un travail beaucoup plus puissant de la part des bras et d’intensi-
vertébrale, en évitant de la fier la flexion vers l’arrière. La posture ne remplace pas le cobra classique,
localiser uniquement dans les mais le complète et le perfectionne. Il lui manque, par rapport au cobra
lombes. classique, la phase dynamique en contraction des muscles de la gouttière
vertébrale. Elle mérite cependant d’être incluse dans la série quotidienne
d’âsanas, car elle contribue à redresser les dos ronds et à libérer l’articu-
lation coxo-fémorale, si menacée par notre mode de vie.
2
Placer les deux mains sur le genou de la jambe repliée.
Attention : la main homologue à la jambe repliée se trouvera
sur le genou, l’autre venant se poser sur elle. Pousser
d’abord l’abdomen vers le sol, tandis que les bras, de leur
côté, effectuent une pression vers l’arrière qui plie la colonne
vertébrale sur toute sa longueur. Abaisser les épaules
pour accroître l’efficacité de l’âsana. Dans cette attitude,
respirer une dizaine de fois en moyenne, lentement et
profondément, en équilibrant la durée de l’inspiration et de
l’expiration.
3
Répéter l’âsana et la refaire en l’inversant. Remarquer la
position du pied de la jambe allongée : la plante regarde
le ciel, non vers le côté ! Ne pas laisser basculer le genou,
ni le pied, sans quoi la position du fémur ne serait pas
correcte et l’exercice perdrait une bonne partie de son
efficacité. Bien rentrer le menton, sans pencher la tête vers
l’arrière. On « sent » d’ailleurs quand l’exercice est effectué
correctement, car la pression se répartit bien sur toute la
longueur de la colonne vertébrale.
| Postures en couché abdominal 217
Le retour au sol…
… ne se fait pas en sens inverse par paliers ! Détendre lentement la colonne
sur toute sa longueur sans déplacer les mains et en une seule fois. Se repo-
ser à plat ventre, les bras le long du corps. Respiration lente ; parcourir par
la pensée toute la longueur de la colonne vertébrale.
Recommandations particulières
Les personnes souffrant de lordoses lombaires ne poursuivront pas l’exercice
en-dessous de la ceinture. Elles s’arrêteront dès qu’elles sentiront que la pres-
sion maximale gagne le bas du dos et omettront la dernière phase en contrac-
tion musculaire. Elles reviendront au sol et exécuteront immédiatement
après cela le cobra normal, avec sa phase dynamique et sa phase statique.
218 TOUTES LES POSTURES |
Effets bénéfiques
L’exercice a pour but de mobiliser toutes les vertèbres vers l’arrière en
détendant et en étirant la musculature de l’ensemble de la colonne verté-
brale. Il y a ainsi une stimulation successive et progressive de l’ensemble
de l’axe nerveux constitué par la moelle épinière. Il s’ensuit une stimula-
tion bénéfique de toutes les fonctions vitales. C’est un exercice revitalisant
remarquable : une pratique de quelques jours suffit à nous en convaincre.
1
Cette attitude n’est pas la position de départ décrite dans le texte
p. 217. Les bras sont devant soi, écartés en V, les paumes à plat au
sol. Ne commencer l’exercice qu’après avoir détendu toute la colonne
vertébrale ainsi que la musculature des jambes et des fesses.
À ce premier palier, c’est la partie haute de la région dorsale qui est
touchée, donc entre les omoplates. Remarquer que les bras sont
rectilignes. Le plus simple est de faire pivoter le pli du coude vers
l’intérieur afin de « tenir » avec un minimum d’effort de la part des
bras. Cinq respirations. À chaque inspiration, prise de conscience de
la région touchée (ici entre les omoplates). À l’expiration, détendre la
musculature de cette région.
2
Par paliers successifs (avec 5 respirations à chacun d’eux), rapprocher les
mains de la ligne des épaules, donc soulever progressivement le buste.
La pression doit se déplacer segment par segment, sans hiatus, du haut
de la colonne vers le bas. Ici la pression se trouve encore au-dessous de
la ceinture. Les personnes souffrant de lordose lombaire devraient tenir
beaucoup plus longtemps à ce niveau (10 respirations par exemple) et
ne pas aller plus loin, c’est-à-dire plus vers les lombes. Elles reviendront
alors au sol. S’il n’y a pas de lordose exagérée, poursuivre sans crainte
avec le palier suivant.
4
Cette phase est active. Et même très active ! Les mains sont
maintenant placées de telle façon à créer une pression maximale
dans le dos. Cette exécution intense du cobra est à réserver aux
colonnes bien musclées et intactes. Remarquer la position des paumes
et des doigts : le pouce regarde vers l’arrière, la paume ne touche
plus le sol. La puissante poussée des bras se répercute dans tout le
dos. Abaisser les épaules. La musculature du dos se contracte pour
pousser le nombril vers le sol. L’action conjuguée des bras refoulant
les épaules vers l’arrière et du dos poussant l’ombilic vers le sol, crée
une flexion intense de la colonne soutenue par une musculature active.
Respiration assez rapide qui devient d’ailleurs superficielle
(une vingtaine de fois environ).
Le chameau (Ushtrâsana)
ÉTYMOLOGIE : Ushtra = chameau.
Effets bénéfiques
Ils correspondent aux effets bénéfiques de l’arc, mais avec une flexion
limitée de la colonne vertébrale. Pour alléger la description technique de
l’âsana, nous n’avons pas évoqué le type de flexion de la colonne qu’il faut
réaliser. En effet, il faut s’efforcer de limiter la flexion à la partie dorsale de
la colonne vertébrale et concentrer toute son attention entre les omoplates.
On évite de plier la colonne lombaire. Dans la vie courante, le haut du dos
se trouve plié vers l’avant (cyphose normale, légèrement accentuée à cause
du travail penché vers l’avant). Dans la position du chameau, on s’efforce
d’inverser cette courbure et de remplacer la cyphose dorsale par une lor-
dose dorsale (pendant la durée de la pose seulement bien entendu), qui
s’avère très utile pour la statique normale de la colonne vertébrale. D’ail-
leurs, même dans l’arc classique au sol, il faut répartir la tension sur toute la
longueur de la colonne, et non « casser » les reins en focalisant tout l’effort
dans les lombes, ce qui est incorrect et à déconseiller, même s’il n’existe
aucune hyperlordose lombaire. Une augmentation de la pression intra-
abdominale se produit, quoique d’intensité modérée. Quand l’adepte res-
pire profondément pendant l’âsana, que l’exécution yogique soit complète
ou atténuée, l’abaissement du diaphragme refoule les viscères. Le ventre
étant plaqué contre le tapis, les organes ne peuvent esquiver la poussée en
gonflant l’abdomen, d’où une augmentation de la pression intra-abdomi-
nale qui dégorge les viscères abdominaux, si souvent siège de congestions
sanguines et de ralentissements du torrent circulatoire sanguin.
Le chameau classique
Cette exécution, présentée en illustration 4 ci-après, offre les mêmes avan-
tages que l’exécution atténuée mais sera réservée aux adeptes plus avancés.
220 TOUTES LES POSTURES |
4 Chameau classique
Utilité
Lorsqu’on se relaxe à plat dos, sans qu’on s’en rende compte la tendance
naturelle est de décontracter plutôt la face « avant » du corps et de négli-
ger la face postérieure. Dans l’attitude du crocodile il sera, par contre,
beaucoup plus aisé de détendre tous les muscles de la face « ouest » du
corps, des talons jusqu’au crâne.
Le balayage
Dès qu’on se trouve dans la posture correcte, ce qui se remarque à son
confort, procéder à un premier balayage de la face arrière du corps, qui
regarde le ciel, de la plante des pieds aux cervicales incluses. Puis, au
second balayage, ordonner à tous les muscles concernés de se détendre.
Après trois ou quatre balayages lents, nous utiliserons le souffle pour nous
relaxer à fond. Dans cette position, d’une part nous sommes couchés sur
le ventre, et d’autre part nous avons pris soin de repousser les coudes
très loin vers l’avant ; la respiration va s’installer tout naturellement dans
l’abdomen. On sent le ventre se gonfler contre le tapis ; du même coup le
bas du dos se soulève progressivement. L’adepte va s’intérioriser dans ce
double phénomène.
\ le gonflement de l’abdomen et
\ l’augmentation
de la pression intra-abdominale qui en résulte, avec le
soulèvement rythmique de la colonne à partir des lombes.
Plus la respiration devient profonde – et il faut s’efforcer de la rendre telle –,
plus la pression croît, plus le dos se soulève. En s’intériorisant dans la
colonne (bien détendue), on perçoit le soulèvement comme une ondula-
tion qui se propage de vertèbre en vertèbre et progresse en direction du
dos et des omoplates. À l’expiration, le phénomène inverse se produit,
bien entendu ; il faut en prendre conscience. L’exercice peut être pour-
suivi aussi longtemps qu’on le souhaite. Entre deux postures vers l’arrière,
5 à 6 respirations suffiront.
222 TOUTES LES POSTURES |
Effets bénéfiques
Si la posture est prise correctement – et quelques tâtonnements vous la
feront découvrir –, elle procure ipso facto une excellente relaxation. Elle
a l’avantage, déjà évoqué plus haut, de détendre des zones musculaires
dont on prend rarement conscience pendant les séances de décontraction
volontaire sur le dos. De plus, ces groupes musculaires sont parmi les plus
importants du corps, puisque ce sont eux qui assurent en bonne partie
notre statique corporelle tout au long de la journée. Mais la relaxation va
beaucoup plus loin que la simple détente musculaire. Dans Makarâsana,
le bercement du souffle introduit un élément beaucoup plus perceptible
que dans la position couchée sur le dos. Il est presque exclu de ne pas
prendre conscience du souffle dans cette posture. En outre, l’inspiration
rencontre une résistance due au poids du corps lui-même. Comme la
sangle abdominale ne peut céder, puisqu’elle est plaquée au sol, la pres-
sion intra-abdominale augmente à mesure que le diaphragme descend et
que les poumons se remplissent. Cela entraîne, en premier lieu, l’accrois-
sement de la pression intra-pulmonaire. L’augmentation de la pression
intra-abdominale provoque un massage doux mais profond de toute la
masse viscérale du ventre. Le plexus solaire, de son côté, est massé et
décongestionné. L’euphorie engendrée par cette attitude peut, en bonne
partie, être attribuée à ce massage et à cette décongestion de la zone
solaire. Et cela en douceur. Pratiquée pendant 1 ou 2 minutes, juste avant
de commencer votre série de postures vers l’arrière, elle conditionne
merveilleusement la colonne et la musculature en vue de ce type de pos-
tures de flexion. La pose peut aussi se prendre pendant quelques instants
en sandwich entre toutes les âsanas de flexion vers l’arrière. Si elle est
gardée pendant un temps assez long, pour elle-même et pour obtenir
une relaxation plus poussée, elle permet une détente très profonde, et le
problème des cervicales est résolu.
1 2
Commençons par examiner la pose incorrecte. Voici la position correcte. En principe, les
Nous observons deux défauts principaux : s’il est pieds doivent regarder vers l’extérieur. Essayez
vrai que les pieds ont l’écartement correct, en cependant de les tourner franchement vers
revanche, ils regardent vers l’arrière, ce qu’il faut l’intérieur. Si votre corps proclame que, pour vous,
éviter. Ensuite les avant-bras sont repliés, mais c’est plus confortable ainsi, suivez son conseil ! En
comme le menton repose sur eux, cela devient ce qui concerne les coudes, remarquez qu’ils sont
vite inconfortable et en tout cas exclut une bonne repoussés le plus loin possible vers l’avant pour
relaxation de la colonne cervicale. De plus, la tête bloquer les mouvements du haut du thorax. Notez
étant trop redressée, cela se répercute sur la partie que les avant-bras sont ramenés vers le corps
dorsale de la colonne et ne favorise pas non plus et que les poignets croisés offrent leur appui au
une bonne relaxation. front. Comme le menton, lui, se pose sur le sol,
le nez n’est pas écrasé et les cervicales sont bien
détendues.
Le demi-arc
(Ardha-Dhanurâsana)
Ardha-Dhanurâsana, le demi-arc au sol, qui complète
bien le travail de l’arc classique, apporte de la variété
à la séance et évite ainsi de tomber dans la routine. Il
présente aussi ses bénéfices propres.
Technique
Il existe deux types d’exécution, l’une « en parallèle », l’autre « en diago-
nale ».
Durée de maintien
La durée de maintien de la posture dépend autant de la résistance de
l’adepte que du temps dont il dispose, et du fait que l’Ardha-Dhanurâsana
se fait en complément ou en remplacement de l’arc.
Effets bénéfiques
La plupart des effets bénéfiques du demi-arc correspondent à ceux de
l’arc classique, notamment tous les résultats découlant du fait que le poids
du corps repose sur l’abdomen, d’où compression et massage des organes
abdominaux, avec assouplissement de la colonne vertébrale vers l’arrière
et tonification du système nerveux central consécutive à cette flexion.
Dans la variante, un travail très important s’effectue sur le thorax en ce
sens que le gril costal est travaillé et débloqué, ainsi que la ceinture sca-
pulaire. Dans l’exécution en diagonale, la colonne vertébrale est mobilisée
d’une manière très différente de celle réalisée par l’arc classique. Faites un
essai et observez vous-même les différences avec l’arc classique : vous les
expérimenterez directement.
224 TOUTES LES POSTURES |
1
Position de départ
Dans cette attitude déjà on s’efforce d’étirer la moitié du corps correspondant au bras
allongé devant soi. Ici donc la gauche. Ne pas se hâter de passer à la phase suivante :
s’intérioriser avec soin, respirer et surtout détendre au maximum tous les muscles de la
face arrière du corps, tournée vers le ciel. Replier la jambe en évitant pour ce faire de
contracter des muscles du dos. Détendre soigneusement le bras qui tient la jambe pliée :
ces muscles doivent demeurer détendus pendant toute l’exécution de la posture montrée
à l'illustration suivante.
Correct Incorrect
Comme pour l’arc classique, pousser avec L’erreur (très fréquemment commise) montrée ici
vigueur le pied tenu vers l’arrière et vers le consiste à lever la main et le pied gauches beaucoup
haut. Les muscles de la cuisse devraient être trop haut. Il faut les soulever à peine ! Comparer avec
l’unique moteur de l’âsana, du moins dans sa l'illustration précédente.
partie flexion vers l’arrière. Le dos devrait rester
aussi passif que possible, de même que le bras
tenant le pied. Une moitié du corps essaie de
se courber au maximum tandis que l’autre tente
de s’allonger et de se redresser le plus possible.
L’exécution
Le but visé par l’âsana est bien entendu de fléchir la colonne vertébrale
vers l’arrière, comme dans tous les cobras, mais cette fois uniquement
dans sa moitié supérieure, c’est-à-dire au-dessus de la ceinture et parti-
culièrement entre les omoplates, tandis que la moitié inférieure du dos,
du moins la colonne lombaire, demeure passive. L’adepte doit tout mettre
en œuvre pour inverser la courbure de la colonne vertébrale dans le haut
du dos. Autrement dit : d’abord effacer la cyphose dorsale normale, puis,
si possible, l’inverser. Tout le jeu musculaire, tous les détails relatifs à la
position du corps, s’interprètent en fonction de cet objectif. En pratique,
pour y parvenir, il faut :
• durant tout l’exercice, conserver l’abdomen à plat au sol et, pour en
être assuré, garder non seulement l’ombilic vissé au tapis, mais aussi les
fausses côtes. Ainsi, toute la pression se répercutera uniquement entre
les omoplates et légèrement plus bas mais en aucun cas sous les der-
nières côtes ;
• les bras esquisseront un mouvement de reptation vers l’avant. Ainsi, en
prenant appui sur les coudes et les avant-bras, il serait aisément pos-
sible d’attirer tout le corps vers l’avant. Il faut effectuer cette traction
qui part des paumes et des coudes, mais la neutraliser en attirant les
épaules vers l’arrière par la contraction des muscles du dos, entre les
épaules (rhomboïdes). Ces deux tendances opposées, la « traction »
vers l’avant et d’autre part la « flexion » vers l’arrière, s’additionnent
tout en se neutralisant. En essayant au tapis, vous saisirez rapidement
comment vous y prendre. Il faut percevoir un travail dans les biceps et
dans la musculature du haut du dos et sentir que celui-ci se fléchit vers
l’arrière ;
• pendant tout ce temps, les lombes, l’abdomen, les fesses, les cuisses, les
mollets et les pieds demeureront détendus.
226 TOUTES LES POSTURES |
Intensifier l’âsana
Il faut respirer aussi profondément que l’âsana le permet, surtout dans le
haut des poumons, sous les clavicules. Cette respiration sera « balancée »,
c’est-à-dire que l’inspiration durera aussi longtemps que l’expiration, et
l’ensemble du processus respiratoire sera ralenti dans les limites de ce
qui demeure confortable. Donc : 1) amplifier, 2) ralentir, 3) équilibrer
dans le temps l’inspir et l’expir. Si nécessaire, il est permis de compter sur
un rythme régulier pour assurer cet équilibre. Les adeptes qui désirent
fignoler peuvent aussi équilibrer en volume, c’est-à-dire s’assurer que la
moitié gauche du thorax s’ouvre autant que la droite. Ce dernier point
n’est pas toujours réalisable d’une façon parfaite, à cause de la dissymé-
trie fréquente existant entre les deux demi-thorax. Mais intérieurement,
subjectivement, l’expansion perçue des deux moitiés doit s’équilibrer : ne
pas laisser le demi-thorax droit dominer le gauche. Vient maintenant un
travail assez subtil de contractions rythmées par le souffle. Nous devons
distinguer les deux niveaux : au-dessus et en-dessous de la ceinture.
Le travail des bras une fois établi, le « dessus » demeure invariable
tout au long de l’âsana. Sous la ceinture il n’en va pas de même. Nous
avons commencé par relâcher la musculature du bas du dos jusqu’aux
orteils. Parfait ! Maintenant, vers la fin de l’expiration, nous contracte-
rons progressivement la musculature du bas du dos, des fesses, du péri-
née (en faisant Mula Bandha, c’est-à-dire en contractant le plancher pel-
vien et les deux sphincters de l’anus) et du bas-ventre. La sensation qui
vous apprendra si tout est correct est cette contraction centrée autour du
sacrum donc tout au bas de la colonne.
Pour résumer : en fin d’expiration, le haut du dos est fléchi vers l’ar-
rière et les muscles de la colonne tendus jusqu’au bas du dos. Ceux des
jambes (hormis les fessiers) demeurent détendus. Vient le moment d’ins-
pirer. À mesure que l’air entre dans les poumons, la contraction du bas du
dos, du plancher pelvien, des sphincters anaux et des fesses se dissout et
ils sont à nouveau bien détendus quand les poumons sont pleins.
Alternativement donc, sur le rythme de l’inspir et de l’expir, le bas du
dos sera tout à fait détendu ou contracté. La description paraît complexe ;
l’exécution est en fait très simple.
Il faut ajouter maintenant un élément supplémentaire. Pendant toute
la partie de l’exécution qui précède, le regard se trouvait dirigé vers l’avant.
Nous souhaitons ajouter un travail des cervicales. À cet effet, rentrer le
menton en gardant la tête haute, le visage dirigé droit devant soi. Il se
crée ainsi un étirement de la nuque qui est un des éléments importants de
l’âsana. L’ensemble de tout ce qui précède dure environ 20 respirations.
| Postures en couché abdominal 227
1
Observer la position des coudes par rapport aux épaules,
des côtes par rapport au tapis et la relaxation du corps à
partir des côtes jusqu’aux pieds. Ceux-ci peuvent être joints
(sans tension) ou légèrement écartés. Un double travail
musculaire s’effectue simultanément :
• les bras « tirent » le corps vers l’avant ;
• à l’opposé, les muscles du haut du dos attirent les épaules
vers l’arrière d’où il résulte une tension dans le haut du
dos entre les omoplates et une esquisse d’inversion de
la courbure dorsale. Effectuer 20 respirations lentes et
profondes. Pour le reste, se reporter à la page 226.
2 Contre-pose
Le scorpion en lotus
(Padma-Vrishikâsana)
Pourquoi des âsanas plus difficiles ?
Une question de principe peut se poser : pourquoi donc vouloir conquérir
des âsanas présentant des difficultés ?
Pour la raison bien simple qu’il n’y a pas d’âsanas faciles ni difficiles !
Chacun devrait, chaque jour, aller jusqu’à sa limite, notion très différente
en yoga de ce qu’elle inclut dans la pratique sportive, où la limite implique
l’effort maximale. En yoga, « limite » indique simplement le point où une
position cesse d’être tout à fait confortable et demande aux muscles un
étirement supplémentaire, qui doit être obtenu sans violence et à leur gré.
Cette situation est identique pour le débutant et pour le vétéran, seul
ce point d’« inconfort » diffère d’un adepte à l’autre.
En d’autres termes, on n’a « droit » à une posture plus poussée que
lorsqu’elle devient très accessible, presque facile. On ne doit pas la
rechercher : le moment viendra où la nouvelle posture sera mûre. En
CONTRE-INDICATIONS attendant, qu’on l’accepte ainsi, sans esprit de compétition, y compris
avec soi-même !
Il ne s’agit donc pas d’apprendre une posture pour elle-même ni – a
Les éventuelles contre-
fortiori – pour en faire étalage, mais bien pour acquérir une nouvelle
indications seraient les mêmes
maîtrise sur le corps, pour bénéficier des avantages corporels et psy-
que pour la pose sur la tête,
chiques de l’âsana.
c’est-à-dire, en gros, toutes les
affections infectieuses en phase L’acquisition de nouvelles postures se justifie aussi parce qu’elle
aiguë (abcès dentaires, otites, entretient l’intérêt dans la pratique posturale : une série immuable
sinusites, etc.). conduirait à la routine, au manque de concentration et d’intériorisation.
Dans la pratique, les poses Si l’on travaille « léger », même dans les âsanas qui paraissent diffi-
avancées font courir peu de ciles, on procède correctement. Si l’on force ou s’efforce (même dans les
risques, car le simple fait d’être âsanas simples), on passe à côté du yoga.
en mesure de les prendre
Il est bien vrai qu’un yoga parfaitement efficace et valable se conçoit
indique que le corps est prêt
sans acrobaties ni postures spectaculaires. Mais si elles se présentent
à les supporter sans danger.
dans les conditions désirées, les poses les plus difficiles peuvent être
Elles présupposent un corps
acceptées et utilisées : pourquoi pas ?
souple et en bon état, et ceux
à qui elles pourraient faire
courir des risques ne sont tout
simplement pas en mesure de
les effectuer. Il y a donc une
espèce d’autoprotection par la
difficulté même.
| Postures inversées 229
Effets bénéfiques
Outre les avantages des postures inversées, ce scorpion donne une bonne
maîtrise du corps et demande de la concentration pour arriver au point
zéro et s’y maintenir.
Par rapport au scorpion usuel, les différences se situent surtout au
niveau du travail lombaire. Dans le scorpion sans lotus, les lombes sont
passives et toute la musculature de cette région se détend et s’étire,
puisque c’est le poids même des jambes qui plie la colonne vers l’arrière.
Dans le scorpion en lotus, la musculature lombaire, au contraire, est
mise en action pour pointer les genoux vers le ciel. Il y a une action très
différente sur la région sacro-iliaque et lombaire, celle-ci étant active.
1 2
Un seul détail rend cette posture différente Pour nouer le lotus, replier d’abord
de la pose sur la tête habituelle : le poids une jambe…
du corps est porté sur le front, le bout du
nez touche même le sol. Aucun danger ni
inconvénient à condition d’être certain de
son cou et de son coup. En cas de chute, les
cervicales sont menacées.
230 TOUTES LES POSTURES |
3
Après avoir replié l’autre jambe, au début,
le lotus ne sera pas très « serré ». C’est
sans importance, cela a même l’avantage
de permettre de dénouer le lotus
instantanément (ou presque) en cas de
perte d’équilibre.
Considérations générales
Cette âsana doit l’essentiel de ses effets à la position inversée du corps, à
l’étirement de la nuque et à la stimulation de la glande thyroïde par la pres-
sion du menton contre le sternum. Quand nous étudierons Shirshâsana,
la pose sur la tête, nous détaillerons les effets bénéfiques de l’inversion du
corps, mais nous profiterons de la description de Sarvangâsana pour en
évoquer brièvement l’aspect ésotérique.
Les Orientaux (yogis inclus) admettent l’existence de courants positifs
et négatifs (Yinn et Yang des Chinois) et affirment qu’un flux d’énergie cos-
mique descend du ciel vers la terre ; donc dans la station debout, l’homme est
traversé verticalement de haut en bas. Dans les positions inversées, ce cou-
rant agit en sens opposé, ce qui aurait un effet équilibrant chez l’être humain,
le seul à se tenir verticalement, le seul aussi que ces radiations cosmiques
traversent sur toute sa longueur. Cela explique aussi l’importance accordée
par les yogis au maintien de la colonne vertébrale rigoureusement rectiligne
et verticale pendant le prânayama et la méditation.
Que faut-il penser de ces « courants » ? Qu’en dit la science occiden-
tale ? Tout physicien, tout météorologiste sait que la surface terrestre est
| Postures inversées 233
Technique
En elle-même l’âsana est simple. Dans l’attitude finale, le corps repose sur
les épaules et la nuque, ce qui justifie l’appellation anglaise « shoulder-
stand », « posture sur les épaules ».
Position de départ
Elle est identique à celle de la charrue (Halâsana), donc à plat dos.
Premier temps
Amener les jambes à la verticale. Joindre les pieds sans tendre les muscles,
en appliquant les reins au sol, afin d’éviter tout porte-à-faux néfaste à la
5e vertèbre lombaire et à son disque. Quand le dos est bien à plat au sol,
il n’existe aucun danger. Les personnes fort cambrées plieront les jambes
avant de lever les pieds ; si néanmoins les reins ne touchent pas le sol,
234 TOUTES LES POSTURES |
Arrêts intermédiaires
Comme indiqué pour la charrue, il est permis d’intercaler un temps d’ar-
rêt d’une à cinq respirations, quand les jambes sont à un angle respecti-
vement de 30° et de 60°.
Phase dynamique
La phase dynamique, peu connue en Occident, débute quand le corps est
vertical. Elle consiste à abaisser alternativement et lentement chaque
jambe vers le tapis, réalisant ainsi une demi-charrue. La jambe descend
de son propre poids, sans raideur, les muscles aussi relâchés que possible.
Si les orteils touchent ainsi le sol, c’est parfait, sinon, soyez patient, ils
finiront bien par toucher le tapis derrière la tête, sans effort ! Ramener
ensuite cette jambe à côté de celle restée dressée et immobile. Procéder
de même avec l’autre et répéter une seconde fois. Puis laisser les pieds
joints descendre vers le sol et les orteils toucher le tapis : pendant un
court instant, vous prenez ainsi la posture de la charrue ; sans s’immo-
biliser, ramener avec lenteur les jambes à la verticale. Cela clôt la phase
dynamique et prépare à la charrue qui succède à Sarvangâsana.
Phase statique
L’immobilisation du corps à la verticale avec tout le poids sur la nuque,
l’occiput et les épaules, constitue la phase statique de l’âsana. Pendant
ce temps, relâcher le maximum de muscles, des orteils à la tête. Respirer
ERREUR À ÉVITER : normalement.
Retour au sol
Évitez d’effectuer un mouvement
S’effectue en sens inverse de la prise de la position, avec ou sans arrêt à 60°
de ciseaux avec les jambes !
et 30°. Pour revenir au sol, dégager les mains en abaissant un peu les jam-
bes. Descendre avec lenteur en contrôlant chaque phase du mouvement ;
| Postures inversées 235
Respiration
Pendant tout l’exercice, il faut continuer à respirer normalement. Pen-
dant la phase statique, cette respiration sera presque automatiquement
diaphragmatique.
Concentration
Erreurs à éviter
\ partir
avec les reins cambrés et non soutenus, ce qui crée une énorme
pression en porte-à-faux ;
\ travailler par saccades ;
\ se
lancer pour arriver à la position verticale : s’il est impossible d’y par-
venir sans élan, s’aider d’un mur, placer les mains sous le postérieur, ou
passer par le demi-Sarvangâsana (voir « Pour les débutants ») ;
\ nepas appliquer le menton contre la poitrine, donc ne pas aplatir la TRÈS IMPORTANT
nuque au tapis dans la position finale (cela prive l’exercice d’une bonne
partie de ses effets) ;
La pose doit une partie
\ effectuer
un mouvement de ciseaux avec les jambes : pendant le mou- importante de ses effets
vement alternatif des jambes, l’une reste à la verticale ; bénéfiques à la position inversée
\ revenir lourdement au sol et sans contrôler le mouvement ; qui y fait affluer le sang à la
\ pendantle retour au sol, laisser la tête quitter le tapis qu’elle doit tou- tête et à la compression de la
cher durant tout l’exercice ; gorge : il faut donc veiller à bien
appliquer le menton contre le
\ écarter les jambes : les pieds et les genoux doivent rester joints pendant
sternum.
la prise de position ; ils ne peuvent se séparer que pendant la phase
dynamique et les jambes doivent se déplacer dans le même plan qu’à
la montée ;
\ respirer
par la bouche ou bloquer le souffle à un moment quelconque
de l’exercice ;
\ pousserle menton vers le sternum, au lieu d’appliquer le sternum
contre le menton ;
\ se relever brusquement après la position (voir « contre-pose » p. 235).
236 TOUTES LES POSTURES |
Fréquence et durée
L’Occidental qui consulte la littérature yogique peut être dérouté par les
divergences entre auteurs, tant au sujet de la fréquence qui varie d'une
à plusieurs exécutions quotidiennes, que de la durée recommandée qui
oscille de quelques secondes à 20 minutes !
Où est la vérité ? Qui se trompe ? D’un certain point de vue, tous ont
raison ! Il suffit de s’entendre, car il y a plusieurs façons de pratiquer le
Sarvangâsana et le yoga en général.
Le yogi hindou « full-time » se comporte tout autrement que l’adepte
occidental. Il peut pratiquer plusieurs fois par jour et tenir jusqu’à
20 minutes. Mais l’Occidental n’ayant qu’une demi-heure au total à
consacrer au yoga chaque jour, ne pourra lui réserver que 2 ou 3 minutes,
ce qui est la bonne mesure moyenne.
Au début, on peut se limiter à quelques secondes et augmenter peu à
peu. Le bon sens sera votre meilleur guide. Il est bon de la pratiquer deux
fois par jour : une première fois le matin, pendant la séance quotidienne,
puis dans le courant de la journée ou juste avant de se mettre au lit. Cela
aide souvent à s’endormir plus vite et plus profondément : faites un essai.
Que le « temps » ne soit pas une obsession ! Votre propre organisme
doit vous dicter le temps de maintien : nous sommes esclaves du chrono-
mètre toute la journée ; préservons-en notre séance de yoga. Comptez
plutôt vos respirations, ainsi vous n’oublierez pas de respirer, cas plus
fréquent qu’on ne le croit !
Effets bénéfiques
Une bonne partie des avantages de Sarvangâsana correspond à ceux de
Shirshâsana. Citons :
\ meilleure circulation veineuse ( jambes, abdomen) ;
| Postures inversées 237
Glandes endocrines
La position inversée et l’attitude particulière du cou qui accentue la cour-
bure de la carotide s’ajoutent à la compression de la région de la glande
thyroïde pour y provoquer une abondante irrigation. Sarvangâsana
nivelle ainsi les légères altérations fonctionnelles de la thyroïde qui
existent pratiquement chez chacun. Ce léger hyper- ou hypofonction-
nement, sans être pathologique, a cependant un retentissement marqué,
sur le métabolisme notamment. Sarvangâsana, en agissant sur la glande
thyroïde, influence non seulement toutes les fonctions, mais aussi notre
comportement : les hypothyroïdiens ont tendance à être lents, lourds,
indolents ; les hyperthyroïdiens, par contre (ils sont légion !), respirent
trop vite et superficiellement, font de la tachycardie, leurs intestins sont
spasmés et « ils parlent souvent si vite qu’il est difficile de les suivre et de
les comprendre » (Yesudian). La normalisation des fonctions de la thy-
roïde donne du calme, de l’assurance, et, sauf excès de table, elle stabilise
le poids. L’hypophyse et l’hypothalamus, considérés comme régissant la
production hormonale des autres glandes endocrines, sont également sti-
mulés, ce qui complète ainsi l’action de la pose sur la tête. Sarvangâsana
influence aussi le thymus, qui règle en majeure partie la croissance et
dont l’importance physique autant que psychique est primordiale chez
l’enfant et l’adolescent.
238 TOUTES LES POSTURES |
Respiration
La pression du sternum contre le menton empêche les mouvements de
respiration haute et limite les mouvements thoraciques ; de ce fait, la res-
piration devient forcément diaphragmatique. Il n’est donc pas étonnant
que Sarvangâsana ait des effets salutaires sur certaines formes d’asthme
et cette posture est apprise aux adolescents souffrant de ce défaut respi-
ratoire.
Un ami, adepte du yoga de longue date, nous a signalé que son fils
souffrant d’asthme a séjourné dans un établissement suisse où l’on fait
pratiquer Sarvangâsana et la pose sur la tête aux jeunes asthmatiques.
L’asthmatique respire du haut des poumons en soulevant les épaules, ce
qui lui est impossible dans Sarvangâsana : il est donc mécaniquement
forcé de respirer de l’abdomen. De plus, les viscères pèsent sur le dia-
phragme ce qui favorise l’expiration et restitue la mobilité à cet organe
figé chez l’asthmatique.
Un autre ami, adepte du yoga quoique souffrant d’asthme depuis très
longtemps, coupe les crises naissantes avec Sarvangâsana et la respira-
tion yogique ; cette âsana est donc un précieux adjuvant à la thérapeu-
tique médicale.
Organes abdominaux
Sarvangâsana combat les ptoses et produit un véritable drainage
décongestionnant de l’abdomen, effaçant les stases sanguines des vis-
cères, et éliminant, du moins temporairement, les congestions du bas-
ventre (prostate !).
Circulation sanguine
Dans l’ensemble, les effets de Sarvangâsana sont similaires à ceux de la
posture sur la tête. Notons spécialement les répercussions favorables sur
les veines des jambes (prévient les varices) et sur les hémorroïdes. Les
personnes souffrant de ces maux pratiqueront cette posture plusieurs
fois par jour (deux ou trois fois par exemple) même habillées, en sup-
plément au traitement médical. Sarvangâsana est spécialement recom-
mandée aux personnes que leur métier astreint à de longues heures de
station debout.
Effets esthétiques
Cette pose entraîne une abondante irrigation du visage, surtout du front
où la peau rosit dès les premières secondes. Elle prévient et fait même
rétrograder les petites rides naissantes. Sarvangâsana irrigue aussi le cuir
chevelu et nourrit les racines des cheveux.
| Postures inversées 239
1 Position de départ
3
Pendant que les jambes se soulèvent lentement,
le dos demeure appliqué contre le sol pour éviter
un porte-à-faux dans les lombes. Continuer à
respirer normalement. Ne pas tendre les jambes
(mollets, dessous des cuisses) ni pointer les pieds.
Relaxer le visage, les épaules et les bras : c’est
la sangle abdominale qui réalise le mouvement.
Facultativement, un temps d’arrêt dans l’ascension
des pieds peut se placer à cet angle (30°) et un
autre à 60°. Pendant cette halte, l’adepte continue
à respirer normalement.
4
Amener les jambes à la verticale. Jusqu’ici,
Sarvangâsana et charrue sont identiques.
240 TOUTES LES POSTURES |
Le tronc est vertical, Les pieds sont pointés, Le tronc devrait être plus vertical. Le sternum ne
toutefois ni les pieds, ni les donc les jambes sont touchant pas le menton, il n’y a aucune action
mollets, ni les cuisses ne tendues directe sur la thyroïde. Cette position peut
sont tendus. Le sternum cependant être admise au début. Pour la corriger,
touche le menton, la il faudrait descendre les mains et, par une poussée
nuque étirée est plaquée des avant-bras, redresser le tronc. Relâcher les
au sol. muscles de la nuque, pour qu’elle s’étire et se
rapproche du sol.
| Postures inversées 241
9
Laisser ensuite les deux jambes jointes
descendre de leur propre poids vers le sol.
Relaxer les mollets et les cuisses et continuer
à respirer calmement. Dès que les orteils
ont touché le sol, revenir à la position finale
pour la phase statique qui commence dès
cet instant (voir illustration 10) et pendant
laquelle il faut faire 5 à 10 respirations
profondes.
Incorrect Incorrect
Le retour au sol doit s’effectuer à l’inverse de la montée. Autre erreur fréquente : laisser les jambes
Pendant le retour, il est incorrect de se laisser retomber retomber à terre et la tête quitter le tapis. La
lourdement et de soulever la nuque. descente doit être lente et contrôlée jusqu’au bout.
12
Variante de la position finale
(pour adeptes plus avancés)
13
Placer ensuite les mains contre les cuisses.
Les bras sont aussi relaxés que les jambes.
Chercher le point « zéro » où l’équilibre est
parfait et où tout effort a disparu. Tenir
le plus longtemps possible en respirant
profondément.
| Postures inversées 243
PERFECTIONNONS SARVANGÂSANA
Technique
Position de départ
Cette position est bien connue : à plat dos, bras le long du corps mais sans le
toucher. Les paumes sont plaquées au sol. Ne vous hâtez pas de prendre la
posture ! Prenez soin de plaquer les lombes au sol en contractant les muscles
de l’abdomen ; s’il le faut, pliez très légèrement les genoux. Rentrez le men-
ton.
Intériorisez-vous au centre de force, situé environ 5 centimètres sous
l’ombilic et environ 7 centimètres dans l’abdomen.
Lorsque vous aurez soulevé les pieds aussi haut que possible et que
le sternum viendra buter contre le menton, vous passerez au second
triangle, tout simplement en repliant les bras et en appliquant les mains
bien à plat dans le dos. Un défaut fréquent consiste à ne pas placer les
deux mains rigoureusement à la même hauteur dans le dos.
Le second triangle, considérablement rétréci, est formé cette fois
par l’occiput, sommet invariable, les coudes et les bras, la base du triangle
relie les coudes.
Le troisième triangle, très réduit celui-là, se forme dès que vous pas-
sez à la posture finale, c’est-à-dire quand vous placez les mains sur les
cuisses, les bras le long du corps dressé sur les épaules.
Le dernier triangle a comme base la ligne des épaules en contact avec
le sol, le sommet étant toujours l’occiput. Dans cette position, l’étirement
de la nuque atteint son maximum.
Rappelons aussi qu’il est inutile d’adopter prématurément la posture
finale. Si, en levant les mains, vous ne ressentez pas un net accroissement
de l’étirement de la nuque, c’est-à-dire si le corps ne forme pas une belle
ligne droite, des épaules à la pointe des pieds et perpendiculaire au sol,
votre position est incorrecte. Dans l’attitude finale, il faut conserver le
maximum de poids sur le sommet de la tête et demeurer capable de res-
pirer sans difficulté.
Effets bénéfiques
Si les effets bénéfiques généraux de l’âsana demeurent inchangés par rap-
port à ceux attribués à Sarvangâsana, l’exécution en tension y ajoute un
élément intéressant au point de vue circulatoire.
La contraction puissante des muscles, notamment ceux du dos, forti-
fie la musculature de la gouttière vertébrale si souvent déficiente chez le
sédentaire ne pratiquant pas ou peu d’exercices physiques.
La tétanisation simultanée de la quasi-totalité des muscles du sque-
lette ajoute des effets circulatoires profonds à ceux déjà obtenus par l’in-
version du corps. Chacun sait que l’un des moteurs de la circulation vei-
neuse devrait être constitué par les contractions des masses musculaires.
Ces contractions compriment les veines profondes, refoulent le sang vers
le cœur, le « sens unique généralisé » étant assuré par les clapets anti
reflux que sont les valvules réparties dans tout le système veineux. Des
masses de sang veineux se trouvent ainsi refoulées avec vigueur vers le
cœur, puis vers les poumons pour y être purifiées et réinjectées dans la
circulation générale. Il s’ensuit une tonification générale de l’organisme.
Étant donné que cette variante ne prend pas beaucoup de temps, elle
mérite bien de s’insérer dans le cours de votre pratique quotidienne de
Sarvangâsana.
| Postures inversées 245
1 2
3 4
Pointer les orteils de la jambe
dressée et tétaniser tous les
muscles. Plus le corps sera vertical,
mieux cela vaudra. Simultanément,
repousser le pied de la jambe
tenue, le plus loin possible de
la tête. Il se crée une tension
contrôlée et voulue dans tout le
corps. Une dizaine de respirations
constitueront la dose moyenne. Il
n’est pas utile de tenir beaucoup
Le bras homologue à la jambe
plus longtemps. Il est préférable de
abaissée (ici la droite) se place
refaire le cycle plutôt que d’essayer
derrière la tête. On agrippe
de tenir 20 ou 30 respirations d’un
solidement le gros orteil, mais les
coup, par exemple.
muscles ne sont pas encore tendus.
Shirshâsana et Kapalâsana
Dans la littérature yogique, la pose sur la tête porte différents
noms entre autres Shirshâsana (la plus courante) et Kapalâsana
(le « trépied », pose plus accessible aux débutants). La pose
sur la tête, est sans doute la plus célèbre de toutes les postures
yogiques, au point que pour le public « yoga » et « se mettre sur
la tête » sont presque synonymes. Nous estimons que s’il fallait
ne pratiquer qu’une seule âsana, Shirshâsana serait celle-là.
La station debout
La station debout est le propre de l’homme, son apanage exclusif, fatal, car
en définitive c’est elle qui a fait l’être humain.
Chez les quadrupèdes (chien ou cheval, par exemple), la masse du
corps restant parallèle au sol, la pesanteur agit uniformément et comme
la circulation s’effectue à l’horizontale, son influence est négligeable.
Chez l’homme, en revanche, le circuit est vertical et la gravitation y joue
un rôle primordial.
En dessous du niveau du cœur, c’est surtout la circulation veineuse
qui en est affectée. En effet, pour remonter au cœur et aux poumons, le
sang veineux doit vaincre la pesanteur, grâce notamment aux contrac-
tions musculaires qui, en comprimant les veines, le refoulent vers le
cœur, les valvules faisant office de soupapes à sens unique, empêchant
tout reflux vers l’arrière. Cette solution est satisfaisante chez l’homme
naturel qui, pour subsister, doit se dépenser musculairement, mais chez
le sédentaire les contractions musculaires sont insuffisantes pour assurer
à la circulation veineuse sa vitesse normale, d’où il résulte une accumula-
tion de sang veineux dans les jambes, mais surtout dans l’abdomen où le
sang stagne dans les viscères, ce qui altère leur bon fonctionnement. Tou-
jours chez l’homme naturel, les amples mouvements respiratoires pro-
voquent, grâce aux mouvements de piston du diaphragme, un brassage
sanguin et une puissante aspiration de sang veineux dans les poumons
qui, telles des éponges, se gorgent à chaque inspiration non seulement
d’air mais aussi de sang. Plus l’inspiration est profonde, plus il entre de
sang dans les poumons. Respiration et circulation s’effectuent donc en
étroite corrélation.
Ce rôle de pompe aspirante joué par les poumons sur la circulation vei-
neuse est très insuffisant chez le sédentaire qui respire superficiellement.
Dans les parties du corps situées au-dessus du cœur, le retour du
sang veineux est facilité par la pesanteur mais par contre, la circulation
artérielle est freinée, vers le cerveau notamment ; ce qui est d’autant plus
| Postures inversées 247
Technique
Au moment de commencer l’apprentissage de Kapalâsana, persuadez-vous
qu’il ne s’agit ni d’une acrobatie ni d’un tour de force. Le plus ardu consiste
à prendre la position de départ correcte et à s’y maintenir durant quelques
secondes au début, puis augmenter progressivement, notamment pour
fortifier le cou et la nuque et habituer le cerveau à recevoir un afflux de
sang accru. Notez que la position préparatoire procure déjà – quoique atté-
nués – tous les effets de Shirshâsana. Veillez à placer correctement la tête
et les mains au sol. Si vous travaillez sur un sol dur, utilisez une couverture
pliée en quatre, non un coussin qui serait trop épais et trop mou, donc ins-
table et à déconseiller.
Effets bénéfiques
Les effets de la reine des âsanas sont si nombreux et variés que nous n’au-
rons pas l’ambition de les décrire tous. Nous examinerons les principaux,
sans nous noyer dans les détails, l’essentiel étant de savoir où et comment
ils se produisent.
Squelette
Considérons d’abord ses effets sur la statique de la colonne vertébrale.
Dans les pays où les femmes vont quérir l’eau dans de lourdes jarres qu’elles
portent sur la tête, on remarque que leur colonne vertébrale est parfaite et
leur démarche élégante et souple. Porter un fardeau en équilibre sur la tête
implique une certaine position du crâne et de la nuque, qui se répercute
dans toute la colonne vertébrale.
Dans les écoles de mannequins, pour acquérir une allure gracieuse,
les jeunes femmes s’exercent à marcher d’abord avec un seul livre sur
la tête, puis plusieurs. Shirshâsana produit automatiquement ces effets,
accentués puisque c’est tout le poids du corps qui repose sur le crâne.
Son action s’étend aussi au bas de la colonne, surtout à l’articu-
lation de la 5e vertèbre lombaire et du sacrum, sur lequel repose tout
l’édifice du squelette et s’empilent les vertèbres. La 5e lombaire sup-
porte ainsi tout le poids du corps humain, les jambes mises à part.
248 TOUTES LES POSTURES |
Elle est donc soumise à une pression maximale et son disque est particu-
lièrement vulnérable. Imaginez à quelle épreuve il est soumis pendant la
course ou l’équitation, par exemple ! Chez le quadrupède, le sacrum sert
surtout d’attache au bassin en liaison avec la colonne vertébrale ; il ne
supporte aucun poids.
En Shirshâsana, les vertèbres lombaires ne supportent plus que le
poids des jambes et du bassin. Quand la pose sur la tête est pratiquée
en équilibre parfait, automatiquement les vertèbres lombaires se placent
dans la position normale, la plus favorable. Voilà pourquoi Shirshâsana
dissipe en quelques instants ces « maux de reins » dus à la station debout
prolongée.
Les cervicales, il est vrai, reçoivent tout le poids du corps, ce qui ne
fait courir aucun risque à une nuque normale surtout tassée en position
de défense, c’est-à-dire rentrée dans les épaules : lorsque l’on vous sur-
prend par derrière, en saisissant brusquement la nuque avec les mains,
comme les enfants s’amusent à le faire entre eux, on place instinctive-
ment la tête dans cette position de moindre vulnérabilité.
Circulation
C’est sur la circulation que la pose sur la tête produit ses effets les plus
importants. Nous savons que la station verticale favorise la stase veineuse
dans les parties du corps situées au-dessous du niveau du cœur en raison
du freinage de la pesanteur sur la circulation de retour, tandis qu’au-dessus
du cœur, par contre, c’est l’afflux du sang artériel qui est freiné.
Shirshâsana inverse la situation : le sang veineux, aidé cette fois par
la pesanteur, évacue instantanément les veines des jambes, tandis que
les stases sanguines dans les organes abdominaux sont éliminées. Des
masses de sang veineux sont ainsi recyclées et voient leur retour au cœur
accéléré. Or, le volume du sang artériel circulant dépend de la circulation
veineuse de retour, puisque le cœur est une pompe foulante alimentée en
sang purifié et oxygéné par les poumons. En accélérant le retour du sang
veineux, les poumons reçoivent plus de sang chargé de toxines à purifier,
donc la pose sur la tête, accompagnée de respirations profondes, décrasse
l’organisme, sans fatiguer le cœur qui bat avec calme et puissance.
Le sang artériel afflue en abondance et sous légère pression dans le
cerveau, tandis que dans la station debout il doit vaincre la pesanteur
pour l’atteindre (voir les effets sur le cerveau, p. 250).
Les veines des jambes se reposent même beaucoup mieux que dans
la position couchée. Shirshâsana prévient les varices et les hémorroïdes ;
si vous y êtes prédisposé, elle contribuera à empêcher toute aggravation,
voire à les éliminer progressivement. Dans ce cas, il est bon de compléter
son action par des aspersions d’eau froide aux endroits touchés, en com-
plément à la thérapeutique prescrite par votre médecin.
Abdomen
L’abdomen est l’usine, le chantier de construction de l’organisme, et la zone
comprise entre le diaphragme et le bassin est vitale.
Outre une remise en circulation du sang stagnant dans les organes
abdominaux, Shirshâsana décongestionne les viscères du bas-ventre où la
| Postures inversées 249
Poumons
La pose sur la tête modifie radicalement la façon de respirer. En position
assise ou debout, les poumons sont logés à l’étage supérieur qui devient
l’étage inférieur dans la position inversée. Nous venons de préciser que les
organes abdominaux font alors pression sur le diaphragme : l’air enfermé
dans les poumons, pendant les éventuels temps de rétention du souffle,
se trouve donc sous légère pression, ce qui déplisse harmonieusement
les alvéoles pulmonaires et favorise le passage de l’oxygène à travers la
membrane pulmonaire, sans gêner pour autant l’évacuation du CO2, qui,
grâce à ses propriétés physiques, s’échappe très facilement.
Shirshâsana agit surtout pendant l’expiration, phase capitale de l’acte
respiratoire. Une expiration incomplète implique la stagnation perma-
nente d’air résiduel vicié, et toxique, dans les poumons, donc réduit la
quantité d’air qu’il est possible d’inspirer car on ne peut remplir un réci-
pient que dans la mesure où il a été vidé auparavant ! Combien de pauvres
poumons de sédentaires sont aussi mal ventilés que les locaux dans les-
quels vivent leurs propriétaires.
Shirshâsana facilite l’expiration profonde par la pression des organes
sur le diaphragme. C’est pourquoi les yogis disent que cette pose conduit
automatiquement au prânayâma, à condition de toujours respirer par le
nez.
250 TOUTES LES POSTURES |
Enfin, point capital pour notre santé, dans cette pose, le haut des pou-
mons est bien aéré, ce qui immunise contre la tuberculose, car le bacille
de Koch, responsable officiel de cette maladie, meurt au contact de l’oxy-
gène de l’air. Si chacun respirait à fond, l’on pourrait supprimer les sana-
toriums ou les transformer en centres de yoga !
Cerveau
Avant de parler des effets de Shirshâsana sur le cerveau, citons quelques
chiffres. Le cerveau, gigantesque fourmilière où des milliards de cel-
lules nerveuses vivent et travaillent, est l’organe le plus vascularisé de
l’organisme, car ses besoins en sang sont énormes comparés à ceux des
autres organes ou tissus. Le cerveau est irrigué quotidiennement par
2 000 litres de sang en moyenne. Nous répétons : 2 000 ! Les capillaires,
vous le savez, sont des vaisseaux sanguins ténus à l’extrême où circulent
les globules rouges. Mais savez-vous que leur longueur totale atteint
100.000 kilomètres (voir Dr Salmanoff, Secrets et Sagesse du corps) !?
Savez-vous qu’alors qu’un gramme de tissu musculaire contient envi-
ron 8 mètres de capillaires, un gramme de matière blanche cérébrale en
renferme déjà 300 mètres, tandis que dans l’écorce cérébrale, la fameuse
« matière grise » en recèle 1 000 mètres ? Songez : pour chaque gramme,
un kilomètre de vaisseaux sanguins vivants ! Ces capillaires sont élas-
tiques et très sensibles aux variations de pression. Distendus, lâches,
ils laissent trop facilement passer les globules. Crispés, spasmés, ils se
bouchent. Pendant Shirshâsana, le sang aidé par la pesanteur afflue en
abondance et sous légère pression (anodine sauf les contre-indications
énumérées plus loin) dans le réseau vasculaire cérébral, y provoquant un
rinçage au sens littéral.
Shirshâsana conserve ou restitue l’élasticité aux capillaires. L’abon-
dant rinçage et l’ouverture des capillaires cérébraux spasmés éliminent
la plupart des migraines et des céphalées et souvent comme par enchan-
tement, sans recourir aux drogues.
Shirshâsana favorise et stimule les fonctions intellectuelles. La
mémoire s’améliore, ainsi que la concentration ; la résistance à la fatigue
nerveuse augmente, bien des états d’anxiété et de nervosité se dissipent
par sa pratique quotidienne. Elle ne peut, bien sûr, muer un idiot en génie,
mais l’amélioration du fonctionnement physiologique cérébral permet à
chacun de mieux tirer parti de ses ressources intellectuelles.
Le crâne abrite aussi l’hypophyse, petite glande d’un centimètre et
pesant 6 grammes enfouie dans les profondeurs tièdes de la tête et de
l’hypothalamus qui orchestrent l’action de toutes les autres glandes
endocrines et influencent tout l’organisme. Shirshâsana régularise leur
fonctionnement et aussi celui de la glande thyroïde, qui règle notamment
le métabolisme et contribue puissamment à maintenir la jeunesse de l’or-
ganisme. L’ablation expérimentale de la thyroïde entraîne chez l’animal
un vieillissement précoce et une mort prématurée ; ses altérations patho-
logiques causent le crétinisme.
Shirshâsana aide à retrouver ou à conserver notre poids normal ; elle
fait maigrir ceux qui doivent perdre du poids et ajoute des kilos quand
c’est nécessaire.
| Postures inversées 251
Remarque importante
Mal pratiquée, Shirshâsana peut produire une sensation d’étouffement,
par suite d’efforts violents pour y parvenir ou par le blocage inconscient du
souffle. N’utilisez donc jamais la violence et continuez à respirer normale-
ment par le nez pendant toute la durée de la pose.
Pour éviter tout risque, bornez-vous d’abord aux exercices initiaux
qui vous accoutumeront à avoir la tête en bas, à regarder le monde à l’en-
vers et renforceront la musculature du cou. Ils préparent votre système
vasculaire cérébral à l’afflux de sang sous légère pression.
Au cours de ces exercices, les jambes ne se soulèvent pas à la verti-
cale, et comme la pression est proportionnelle à la hauteur de la colonne
de liquide (réminiscence du cours de physique !), elle reste toujours dans
la zone de sécurité !
CONTRE-INDICATIONS
Les contre-indications à la posture sur la tête sont moins nombreuses et draconiennes qu’on ne pourrait le craindre et
l’expérience a prouvé que les cas d’interdiction formelle sont rares ! Moyennant un entraînement progressif, Shirshâsana
est accessible à 90 personnes sur 100.
Personnellement, nous n’avons jamais enregistré de suites fâcheuses, bien que nous l’ayons enseignée à des centaines
de personnes même âgées de plus de 60 ans. Tout est question de mesure et de bon sens. La technique indiquée dans ce
livre élimine ceux à qui la pose pourrait nuire.
Il est évident que si les artères et artérioles du cerveau sont sclérosées, il faut s’abstenir ; de même dans les cas
d’anévrisme et d’hypertension marquée. Même alors, cependant, le danger est minime car des signes avertisseurs
suffisamment éloquents en informent l’intéressé. Si, par exemple, la pose sur la tête provoque aussitôt une violente
migraine qui s’aggrave à chaque nouvelle tentative, il faut y renoncer au moins temporairement.
Des bourdonnements d’oreilles qui s’intensifient à chaque essai doivent inciter à la prudence. Si un sifflement ou un
bourdonnement se produit aux premiers essais, mais s’atténue chaque jour, c’est normal et cela ne doit causer aucune
inquiétude. L’hypotension devient une contre-indication quand la tension artérielle descend en dessous de neuf. De légers
vertiges peuvent parfois se manifester, souvent dus au fait qu’après les exercices, on se redresse immédiatement ; ils
sont anodins. Dans tous les cas, aussitôt après la pose, il faut prendre une des deux attitudes décrites plus loin afin de
laisser la circulation se normaliser.
| Postures inversées 253
1 Kapalâsana
2
La tête et les mains étant placées aux sommets du triangle
en question, il s’agit d’appliquer correctement la tête au sol.
Le point d’application du poids du corps se situe vers l’avant
du crâne. C’est très important, car la façon dont la tête est
posée au sol conditionne la statique de la colonne vertébrale
pendant le maintien de la pose complète. Si le point d’appui
se trouve trop en arrière, le dos s’arrondira, et quand vous
voudrez vous mettre sur la tête, vous culbuterez.
Correct Incorrect
Certaines personnes préfèrent poser les Poser les mains en arrière est tout aussi néfaste.
mains comme ceci. C'est correct mais Le triangle est plus grand, mais la position
il faudra les maintenir ainsi durant tout anormale des avant-bras empêche de poser les
l'exercice. mains à plat au sol.
8
Correct Incorrect
Après la pose sur la tête, et même après les positions ceux qui pratiquent la pose sur la tête. Les pouces se
préparatoires, il faut se reposer dans l’une des deux placent à la racine du nez pour relaxer la nuque. Cette
attitudes ci-dessus (à votre choix), afin de laisser la position se maintient durant 15 à 30 secondes.
circulation se normaliser. Cette remarque ne s’adresse
pas aux seuls débutants, mais indistinctement à tous
11
ramasser le corps en chien de fusil. Puis contracter
le bas du dos (région lombaire), soulever un peu les
genoux des coudes. Lorsque vous sentez comment
le mouvement part des hanches, monter plus haut
en gardant le poids du corps appliqué au même
endroit du crâne. Si vous basculez, ramener les
genoux contre la poitrine, et vous roulerez sur le
tapis, au lieu de faire une lourde chute. Si vous vous
exercez au milieu de la pièce, assurez-vous qu’il n’y
a pas de meubles dans la trajectoire d’une culbute
éventuelle.
12
Après avoir amené les genoux à l’horizontale,
les soulever en gardant les mollets près des
cuisses. En général, au début on a tendance à
vouloir redresser les jambes trop tôt.
13 Shirshâna
16 17
Lorsqu’il est Pour vous redresser,
impossible de procédez comme
rapprocher les pieds pour Kapalâsana :
plus près du visage pointez les genoux
sans basculer vers vers le plafond avant
l’arrière, replier les de relever les pieds.
jambes en ramenant
les pieds contre les
fesses.
18 19
Maintenant,
cherchez le
point zéro,
Veillez à bien tasser
concentrez votre
la nuque ; ramenez
attention sur
les épaules le plus bas
le relâchement
possible, sinon vous
des muscles
vous fatiguerez vite.
depuis les orteils
jusqu’au cou et à
la nuque.
La chandelle en lotus
(Padma-Sarvangâsana)
Elle peut tout aussi bien se pratiquer en demi-lotus,
donc avec une seule jambe repliée. Les effets ne sont
pas sensiblement différents de la posture complète et
l’avantage qu’en retire l’Occidental est qu’il pratique deux
âsanas à la fois : la chandelle, bien sûr, mais en plus il
s’exerce au lotus, d’où un gain de temps. Il est paradoxal
de vouloir « gagner du temps » en yoga, où la patience
et la lenteur sont des principes établis ; toutefois, tant
d’adeptes occidentaux manquent de ce temps pour
pratiquer le yoga car leur horaire est souvent plus que
serré.
Effets bénéfiques
Ceux-ci sont similaires, en ce qui concerne les avantages apportés par
l’inversion du corps, à Sarvangâsana ordinaire. Nous rappellerons l’im- ATTENTION !
portance de Sarvangâsana pour la santé de la glande thyroïde, essentielle
à notre équilibre corporel dont elle règle notamment les échanges, sans
Si vous n’êtes pas (ou pas
parler de ses nombreuses autres fonctions. Que cette glande fonctionne
encore) en mesure d’exécuter
trop ou trop peu, la chandelle va la ramener progressivement vers la nor-
le lotus, ne vous empressez pas
male.
de passer outre en pensant que
cette âsana n’est pas pour vous.
Appareil respiratoire
Il est important de rappeler l’utilité de la posture pour la mobilité du dia-
phragme, car elle sera très utile aux asthmatiques. Elle les aide à expirer
et à mobiliser leur diaphragme et leur thorax, tout en agissant, par l’éti-
rement des cervicales, sur le centre respiratoire, ce qui leur est très béné-
fique. S’il y a de l’emphysème, Sarvangâsana n’aura aucun effet direct sur
cette affection, mais elle aidera à drainer l’appareil respiratoire des muco-
sités qui l’encombrent. Les asthmatiques qui pratiqueront régulièrement
retireront beaucoup de profit de toutes les formes de Sarvangâsana, avec
une restriction cependant : éviter de trop comprimer le menton contre
le sternum. L’asthmatique réduira l’intensité de la posture, travaillera en
douceur et en durée plutôt qu’en force. La dernière phase de Sarvangâsana
leur sera donc plutôt déconseillée.
Articulation sacro-iliaque
La présente variante de Sarvangâsana en lotus ou en demi-lotus est
particulièrement recommandée pour assurer la mobilité normale des CONTRE-INDICATIONS
deux articulations mentionnées. Or, bien des douleurs lombaires, bien
des « maux de reins » trouvent leur origine non dans une hernie discale,
somme toute beaucoup plus rare (heureusement !) qu’on ne le suppose, Les contre-indications ne sont
mais dans des micro-déplacements de la sacro-iliaque, c’est-à-dire la pas différentes de celles de
jonction entre les deux moitiés du bassin et le sacrum. Ces trois pièces Sarvangâsana classique, c’est-à-
ne sont pas soudées les unes aux autres, mais reliées entre elles par des dire de la chandelle usuelle.
ligaments très puissants. Autrement dit, il y existe une mobilité limitée,
c’est entendu, mais réelle, et qui doit être entretenue. La contraction et
la position des lombaires dans la partie préparatoire, c’est-à-dire le lotus
couché, travaillent déjà ces articulations et les lombes et aident à éli-
miner bien des contractures dans cette région. Si la posture provoquait
par la suite des douleurs, il est évident que cette formule en lotus ou en
demi-lotus devrait être évitée. Cependant, dans la plupart des cas, un
soulagement, soit immédiat soit progressif (quelques jours ou quelques
semaines), sera la règle, l’intensification des douleurs l’exception.
260 TOUTES LES POSTURES |
1
Note : l’exécution en demi-lotus n’est pas
illustrée, mais son exécution se déduit aisément
des illustrations de Sarvangâsana en lotus.
Au départ du lotus, se coucher sur le dos et
s’efforcer d’aplatir les lombes, ainsi que le reste
de la colonne, contre le sol. Respirer une dizaine
de fois dans cette attitude.
3
Monter lentement vers la posture en amenant
le poids du corps vers le sommet de la tête.
Repousser le tronc avec les mains. Tout cela
crée une forte pression du menton contre le
sternum et un étirement de la nuque.
4
Abaisser le genou gauche et le poser sur le
milieu du front (ou le plus près possible) ;
s’immobiliser pendant quelques respirations,
puis se redresser. Ensuite recommencer de
l’autre côté.
5 Posture complète
Technique
Les légendes accompagnant les illustrations suffiront pour en saisir le
déroulement général, mais non l’essentiel, c’est-à-dire la position exacte
des mains et leur rôle exact.
De quoi s’agit-il essentiellement dans la mudrâ inversée ? Ni plus ni
moins que de créer une intense pression très localisée, dans la région
des reins, en vue d’y activer la circulation sanguine d’une manière
262 TOUTES LES POSTURES |
Finale
Avant de revenir au sol, et après avoir déplacé les mains de façon à sup-
porter le bassin dans les paumes, creuser les reins et s’efforcer d’abaisser
le lotus le plus près possible de l’horizontale. Ensuite revenir au tapis et
se reposer en respirant et en s’intériorisant dans la région lombaire où la
sensation de chaleur va se manifester.
Erreurs à éviter
Il n’y a pas beaucoup de possibilités d’erreur, mais elles sont fréquemment
rencontrées chez les adeptes. Les voici :
– ne pas assez creuser les reins ; dans ce cas, la pression est insuffisante
pour provoquer les effets localisés de la mudrâ ;
– ne pas poser les reins dans la fourche formée par le pouce et l’index mais,
comme indiqué plus haut, répartir le poids sur la paume.
La pénalisation de ces erreurs n’est guère qu’une réduction des effets
| Postures inversées 263
Effets bénéfiques
Effets hygiéniques
Pendant le maintien de l’attitude, l’adepte continue à bénéficier des bien-
faits de Sarvangâsana. Les effets propres à Viparita Karani Mudrâ se
situent au niveau des reins et des surrénales. En effet, ces organes vitaux
sont efficacement stimulés mais d’une façon physiologique, qui ne com-
porte pas de risques d’hyperfonctionnement. Les reins – il est bon d’y
penser de temps à autre – sont des organes vitaux pour la désintoxication
de l’organisme. Si les reins cessent de fonctionner totalement, la mort sur-
vient en peu d’heures. On peut devenir centenaire avec de bons reins et un
mauvais cœur. Ils ont donc un rôle essentiel à jouer dans la purification de
notre sang et dans sa composition, car ils éliminent tout ce qui doit être
rejeté. Ils sont souvent malmenés par la vie sédentaire qui leur demande un
effort supplémentaire, par exemple à cause d’une alimentation qui apporte
trop de purines, génératrices de déchets uriques toxiques. Viparita Karani
Mudrâ, à raison de quelques secondes par jour, constitue un des meilleurs
activateurs rénaux. Cette mudrâ vise en particulier les surrénales ; ce sont
de petites glandes dont le poids excède rarement sept grammes chacune ;
leur importance est capitale. Si on la compare à un fruit, l’écorce joue un
rôle très différent du fruit lui-même. L’écorce, ou corticosurrénale, est
un laboratoire extraordinaire tant en fonction de la complexité des subs-
tances qui s’y élaborent que de sa miniaturisation. Elle fabrique plusieurs
hormones, dont la cortisone, si redoutable lorsqu’on doit l’administrer
sous forme de médicament, et d’un maniement si délicat ; mais quand il
s’agit de notre propre cortisone, l’organisme tout entier en bénéficie car
elle est physiologiquement dosée. Ces hormones (du groupe des stéroïdes)
règlent à la fois l’équilibre des électrolytes, le métabolisme des protéines et
des sucres, ainsi que la sécrétion des hormones sexuelles, lesquelles sont
très intimement liées à l’état de jeunesse de l’organisme. Quant à la pulpe
du fruit lui-même, appelé médullo-surrénale, elle sécrète l’adrénaline, qui
provoque entre autres l’élévation de la tension artérielle. C’est l’hormone
de la mobilisation de l’organisme lorsqu’il est menacé. Or, dans le monde
moderne, la plupart des gens vivent dans l’anxiété ; et celle-ci, par l’état
de stress qu’elle entraîne, provoque une surproduction d’adrénaline. Cette
dernière devient alors un poison pour l’organisme. Le yoga neutralise ces
stress par une attitude correcte devant la vie et ses vraies valeurs, par la
relaxation et la respiration, et des techniques telles que Viparita Karani
Mudrâ. Plus que quiconque l’homme moderne a besoin de surrénales qui
fonctionnent correctement et l’afflux accru de sang leur permet de rétablir
et de maintenir leur niveau de fonctionnement optimal.
Ces considérations montrent à quel point cette mudrâ est importante, eu
égard aussi au temps très court qu’elle requiert (une minute) et à l’action
264 TOUTES LES POSTURES |
prolongée qu’elle déclenche. Celle-ci perdure, ainsi que nous l’avons déjà
vu, pendant 20 à 30 minutes au moins d’une façon visible et perceptible,
mais sûrement plus longtemps quoique de manière atténuée.
Effets musculaires
L’intensification de l’afflux de sang dans la région lombaire est très béné-
fique pour les personnes ayant des contractures dans cette région et
notamment pour celles qui sont sujettes à des crises de lumbago. On peut
compléter ses effets pour la musculature en déplaçant les mains après
avoir exécuté la mudrâ comme décrit plus haut, c’est-à-dire en plaçant
les paumes (impossible cette fois d’utiliser la fourche index-pouce) sous
le sacrum et en creusant les reins. En maintenant cette pression pendant
une minute supplémentaire, dès le retour au sol, on perçoit au niveau des
muscles attachés au sacrum une chaleur bienfaisante, révélatrice d’une
irrigation sanguine intensifiée.
Effets yogiques
Viparita Karani, en entendant par là toutes les techniques yogiques axées
sur l’inversion du corps, occupe une place importante dans la littérature
yogique. Voici les effets que lui attribuent les anciens traités classiques :
– le yogi conserve la jeunesse du corps et de l’esprit jusqu’à un âge très
avancé ;
– les cheveux demeurent luisants ; s’ils étaient gris, ils retrouvent leur
teinte naturelle et peuvent même repousser ;
– la peau, saine et lustrée, dégage une bonne odeur ;
– les dents demeurent saines et sont conservées jusqu’à la fin de la vie ;
– la puissance sexuelle se maintient intacte jusqu’à l’âge le plus avancé.
Ces effets sont dus, toujours selon les anciens traités, au fait que la
Soma Granthi, c’est-à-dire la « source de nectar » yogique localisée dans
le cerveau, envoie « l’ambroisie de la force vitale » dans tout le corps. Je
n’ai jamais pu prendre les yogis en flagrant délit d’erreur ou même d’exa-
gération et nous pouvons donc considérer que ces effets sont réels, mais
les durées requises atteignent deux, voire trois heures par jour !
| Postures inversées 265
4
Le même résultat peut être obtenu
au départ de Sarvangâsana, donc
sans passer par le lotus.
Shirshâsana en triangle
Considérée, à juste titre, par les yogis comme la reine
des âsanas, la pose sur la tête comporte un nombre
impressionnant de variantes : il serait presque possible
de se composer toute une séance en Shirshâsana.
Shirshâsana intéresse les néophytes aussi bien que les
adeptes avancés pour lesquels, moyennant une légère
modification, elle constitue un excellent exercice de
recherche du « point zéro » d’équilibre absolu.
Disons d’emblée que la pose est plus « spectaculaire »
que difficile. Le large triangle donne une base de
sustentation très stable.
Erreurs à éviter
– Mettre trop de poids sur les mains. Cette erreur rend la montée par-
fois impossible, mais dans tous les cas empêche de tenir plus de quelques
secondes et engendre la fatigue. Il faut déplacer le centre de gravité vers le
sommet du triangle, c’est-à-dire vers le crâne.
– Ne pas pointer d’abord les genoux. Dans ce cas, le bassin se place d’une
manière peu favorable et l’adepte n’arrive pas à prendre la position
CONTRE-INDICATIONS
correcte : les jambes rigoureusement dans le prolongement du tronc.
Effets bénéfiques
Les effets bénéfiques apportés par cette âsana sont pratiquement les
mêmes que ceux de la pose sur la tête. Elle améliore le sens de l’équilibre,
exerce le cervelet, accroît la concentration. Elle fortifie la musculature du
cou, et notamment le trapèze. Elle donne une grande maîtrise du corps.
| Postures inversées 267
1
Partant de la position à genoux, en redressant
les jambes, l’adepte se trouve dans la position ci-
contre. Remarquer que non seulement le dos de la
main s’appuie fermement contre le sol, mais aussi
le dos du poignet.
3
Ne pas pointer les pieds trop tôt ! Passer par la
position intermédiaire avec les genoux regardant le
ciel : ainsi le bassin se place correctement en vue
de l’âsana finale. Chercher dès maintenant le point
d’équilibre.
4
Redresser les jambes. Les néophytes garderont
les bras tendus tout en essayant cependant de
transférer le maximum de poids sur le crâne. Les
adeptes plus avancés relaxeront alors les mains,
puis les avant-bras, les bras, les épaules et enfin
les jambes : recherche du point zéro d’équilibre
parfait.
Postures en élévation
Le corbeau (Kakâsana)
ÉTYMOLOGIE : Kakâsana dérive du sanscrit Kakhâ qui signifie
« corbeau ». Les yogis l’ont sans doute baptisée ainsi parce que,
vue de profil dans l’attitude finale, elle évoque cet oiseau.
Technique
Position de départ
S’accroupir et placer les mains au tapis à 50 centimètres de distance envi-
ron, les genoux entre les coudes, tandis que les pieds sont distants d’envi-
ron 30 centimètres.
Pour la position exacte des mains, se référer à l'illustration 1 ; les bras sont
légèrement pliés. Regarder devant soi.
Premier temps
Se soulever le plus haut possible sur la pointe des pieds en gardant les bras
légèrement pliés, sinon l’équilibre serait précaire. Les genoux sont très
près des aisselles, les rotules touchent les humérus.
Durant tout l’exercice (sauf pendant la phase dynamique), fixer un point au
sol situé à 50 centimètres environ devant soi. Respirer calmement.
Quand les orteils ont quitté le sol, le poids du corps doit reposer sur la base
du poignet et sur les doigts (la paume est légèrement soulevée et les doigts
légèrement pliés). Dans l’attitude finale, attirer les mollets le plus près
possible des fesses par une puissante contraction de la sangle abdominale.
Continuer à respirer normalement, le regard fixé sur le point choisi tout à
l’heure. Rapprocher les pieds afin que les orteils se touchent.
Respiration
Durant tout l’exercice, continuer à respirer normalement.
Concentration
Se concentrer sur le maintien de l’équilibre ; veiller à garder le poids non
sur la paume, mais sur la base du poignet.
Retour au sol
Le retour au sol s’effectue en sens inverse de la prise de position.
Phase dynamique
Dès que cet exercice vous sera devenu familier, ajoutez-y la phase dyna-
mique suivante, qui n’a jamais été décrite. Bien qu’elle ne soit pas indispen-
sable, et par ailleurs assez ardue à réaliser, elle est néanmoins très impor-
tante.
Nous l’indiquons pour respecter notre principe qui consiste à pro-
curer à nos lecteurs une documentation complète, recueillie sur place et
souvent inédite.
Cette phase dynamique est délicate à réaliser certes, mais cela ne jus-
tifie pas d’en omettre la description et encore moins de se dispenser de
l’apprendre.
Technique
La phase dynamique consiste, en partant de la position statique finale, à
plier les coudes et à rapprocher lentement le nez du sol afin de ramasser
avec les dents un petit objet déposé par terre puis à revenir lentement à la
pose statique. Cela suppose un excellent contrôle de l’équilibre du corps.
Il faut réaliser ce mouvement non par la force mais par le déplacement
270 TOUTES LES POSTURES |
Respiration
La respiration sera normale et ininterrompue.
Effets bénéfiques
Poignets
Kakâsana est incomparable pour assouplir les poignets devenus rigides.
Sangle abdominale
Pour ramener les pieds le plus près possible des fesses, la sangle abdomi-
nale se contracte avec force, ce qui la fortifie et tonifie les organes abdomi-
naux par la même occasion.
Circulatoires
Le sang afflue en abondance vers la tête. L’irrigation du cerveau est cepen-
dant moins importante que dans la pose sur la tête ou dans Sarvangâsana,
ce qui peut être souhaitable dans certains cas.
| Postures en élévation 271
1
Position de départ correcte
2
Départ correct, les genoux
sont placés le plus haut
possible, presque sous les
aisselles.
3
Même départ correct ; vu de face.
272 TOUTES LES POSTURES |
4
Posture statique Incorrect
Les orteils sont joints et les pieds Cette illustration illustre deux erreurs
ramenés près des fesses. Le poids fréquentes qui réduisent beaucoup l’efficacité
du corps repose exactement à la de l’exercice :
base du poignet, et non sur le milieu
1. les orteils ne sont pas joints ;
de la paume ou sur les doigts, ce
qui demanderait un très gros effort. 2. les genoux sont mal placés ; en effet...
Remarquez que les biceps sont
a) la rotule n’est pas posée assez haut vers
décontractés : il faut tenir en équilibre et
l’aisselle ; ensuite...
non en force.
b) la face intérieure du genou, au lieu de la
rotule, est en contact avec le bras.
5
La même attitude de face.
Technique
Mayurâsana requiert des poignets souples, le sens de l’équilibre et aussi
de la force.
Position de départ
S’agenouiller, placer les mains au sol, les « talons » de la paume (c’est-à-dire
les os du carpe) en alignement avec les genoux écartés. Les doigts pointent
vers l’arrière. Les auriculaires et les tranchants des mains se touchent pour
mettre les poignets en contact. Important : il faut remonter les épaules
pour faciliter le rapprochement ultérieur des coudes.
274 TOUTES LES POSTURES |
Prise de la position
Premier temps
Incliner le buste en avant en regardant loin devant soi. Rapprocher les
coudes autant que possible : pour que la posture soit parfaite, ils devraient
se toucher. C’est généralement impossible au début. Placer la région ombi-
licale contre les coudes. Pendant l’apprentissage, il peut être utile de se ser-
vir d’une sangle.
Troisième temps
Allonger d’abord la jambe gauche, poser les orteils avec la pulpe au sol. Pro-
céder de même avec l’autre jambe. Les genoux se touchent, ainsi que les
chevilles, tandis que le front demeure au sol. Ainsi le corps forme un pont
en dos d’âne avec les avant-bras comme appui central et deux points de
contact aux extrémités : le front et les pieds.
Position finale
La position finale se prend en supprimant ces deux points de contact. Pour
cela il faut :
a) soulever la tête du sol et fixer un point devant soi. Respirer normale-
ment ;
b) ensuite soulever les pieds et les jambes du sol pour faire la « planche »
sur les coudes, mais sans utiliser d’élan.
Si vous redoutez le « pan », placez un coussin devant vous : c’est moins
glorieux, mais plus sage !
S’il est déconseillé de recourir à l’élan ou à la force, comment faut-il
procéder pour prendre l’attitude finale sans élan ni effort ? Voici : les
orteils poussent légèrement le corps vers l’avant pour amener le centre de
gravité à la verticale des paumes. Il faut prendre appui sur les « talons »
de la paume et non sur la main entière. Les avant-bras, qui étaient per-
pendiculaires au sol, se placent alors à un angle d’environ 70° par rapport
au tapis ; ainsi la masse du corps s’équilibre de part et d’autre des coudes.
Lorsque cet équilibre est atteint, une légère poussée du bout des doigts
suffit à soulever les pieds du sol. Au début, une sangle sera nécessaire,
car sans elle les coudes, n’étant pas assez rapprochés du centre du corps
glissent, s’écartent et c’est la chute.
Les orteils ayant quitté le tapis, le corps doit former une ligne droite paral-
lèle au sol. Pour obtenir ce résultat, il faut lever le front afin que les pieds ne
montent pas trop haut. Tendez le dos, joignez les genoux, ne pliez pas les
jambes : Mayurâsana n’est pas une position de repos !
| Postures en élévation 275
Respiration
En principe, il faudrait respirer normalement pendant l’âsana : Shundar
Goswami le mentionne expressément. En pratique, c’est impossible au
début, et ce n’est pas un drame si vous bloquez le souffle. Plus tard, quand
vous aurez acquis assez d’équilibre et d’aisance, vous pourrez respirer nor-
malement pendant tout l’exercice.
Concentration
Sur le mouvement lui-même.
Durée et répétition
Tenir aussi longtemps que possible, ce qui ne représente, de toute façon,
que quelques secondes. Les adeptes bien exercés tiennent pendant une
minute. Alain Daniélou dans Yoga, méthode de réintégration indique une
durée de 8 minutes avant l’acte de purification des intestins (basti) ! Une
telle performance paraît hors de la portée de l’Occidental.
Après avoir tenu la position durant quelques secondes et s’être reposé un
instant, recommencer l’exercice une seconde fois, voire une troisième fois.
Note essentielle : c’est pendant le repos qui la suit que Mayurâsana
produit ses effets les plus intenses. En effet, pendant l’âsana, le blocage
de l’aorte abdominale interrompt pratiquement l’afflux de sang vers le
bas-ventre et les jambes. Dès que la pose est finie, le sang y afflue en abon-
dance (voir « Effets bénéfiques »).
Erreurs à éviter
\ au départ, placer les paumes en avant de la ligne des genoux ;
\ ne pas pointer les doigts vers l’arrière ni tenir les poignets trop écartés ;
Effets bénéfiques
Généralités
Les effets de Mayurâsana découlent principalement de la compression de
l’aorte abdominale consécutive à la pénétration des coudes dans la région
ombilicale, ce qui modifie profondément la circulation sanguine, à quoi
s’ajoute l’augmentation de la pression intra-abdominale dans la zone du
plexus solaire. Analysons maintenant ces effets.
276 TOUTES LES POSTURES |
Plexus solaire
Les coudes compriment et étirent toute la région solaire, et par la stimula-
tion du plexus solaire qui en résulte, Mayurâsana influence indirectement
des organes qui ne sont pas touchés par la posture. En fait, toute l’activité
CONTRE-INDICATIONS organique est stimulée.
Poumons et cœur
Il est évident que les atteintes
graves de l’appareil digestif Les bienfaits de l’âsana ne se limitent pas à l’abdomen. La pression de l’air
(ulcère de l’estomac, gastrite augmente dans les poumons, ce qui déplisse les alvéoles. Le cœur est forti-
prononcée, etc.) constituent fié par la compression de l’aorte abdominale et par la résistance ainsi créée
autant de contre-indications. aux impulsions cardiaques. Notons aussi un afflux de sang important vers
Dans le doute, consultez le cerveau.
votre médecin. Le bon sens
empêche d’ailleurs ceux à qui Musculature
cet exercice serait néfaste de le
Mayurâsana fortifie la musculature du dos où le sang frais afflue, surtout
pratiquer. Nous croyons aussi
pendant la relaxation qui suit obligatoirement cette âsana. Il s’y manifeste
à la « sélection automatique » :
une agréable sensation de chaleur. La colonne vertébrale et tous les filets
cet exercice requiert de la force,
nerveux qui en émergent bénéficient aussi de la pratique de cette posture.
et ceux à qui la pose pourrait
être défavorable sont en fait
dans l’impossibilité physique de
l’effectuer. Les cardiaques seront
très prudents.
| Postures en élévation 277
Relaxation
Après Mayurâsana, il faut se relaxer pendant une minute environ en
Shavâsana et faire des respirations yogiques profondes.
Pour apprendre
Un dernier « truc » pour apprendre la posture : beaucoup de personnes
réussiront plus facilement à faire Mayurâsana en pratiquant avec les mains
posées sur le bord d’une chaise ou d’une table basse avant de travailler au
tapis.
1 2
Correct Incorrect
Se pencher vers l’avant; placer Les mains étant trop écartées, les coudes vont se
l’épigastre contre les coudes rapprochés. placer vers les flancs au lieu du creux de l’estomac.
Les avant-bras en contact sur toute leur On risque la chute, car les coudes vont glisser vers
longueur. Regarder devant soi. Respirer l’extérieur au moment de prendre la pose.
normalement.
278 TOUTES LES POSTURES |
9
l’avant, les avant-bras sont inclinés par rapport
au sol. Quand le corps est en équilibre, une
légère poussée du bout des doigts soulève
les pieds du sol. Tenir les genoux joints ; ne
pas plier les jambes. Tendre les muscles du
dos en regardant devant soi afin que le corps
reste parallèle au sol en formant une ligne
aussi droite que possible. La pression intra-
abdominale augmente. Continuer à respirer
normalement (si possible !).
11
Il est souvent plus facile d’apprendre
Mayurâsana sur le bord d’une chaise ou d’une
table basse qu’à même le sol.
15 Combinaison du paon et de la
sauterelle : le tronc peut être parallèle
au sol (ce qui corespond au paon
classique), mais l’on peut aussi,
par une puissante contraction des
muscles de la région lombaire, lever
les jambes le plus haut possible,
ce qui rassemble à la fois les effets
propres à la pose du paon et ceux
de la sauterelle. Remarquez que les
mollets sont détendus et que les
cuisses sont aussi relaxées. Observez
que les avant-bras sont accolés et
que, de ce fait, les coudes s'enfoncent
dans l’abdomen, exactement dans la
région de l’aorte abdominale.
Erreurs à éviter
Les erreurs se situent surtout au niveau de la position des mains. Si elles
ne sont pas placées correctement, le contrôle de la descente n’est pas pos-
sible ; en outre, si on les place trop loin sous le bassin et si, de surcroît, les
doigts manquent de souplesse, on peut les endolorir.
Effets de l’âsana
Les effets de l’âsana se situent au niveau de la souplesse de la colonne
lombaire. Cette âsana assure une excellente mobilité de la colonne verté-
brale dans cette région et facilite la prise d’âsanas plus poussées.
Du point de vue hygiénique, elle agira plus spécialement sur le système
nerveux parasympathique sacré. Nous savons que notre vie végétative est
réglée par l’action conjuguée et antagoniste du système nerveux sympa-
thique longeant la colonne vertébrale d’une part et du parasympathique
CONTRE-INDICATIONS
(ou vague) qui part du bulbe céphalorachidien d’autre part. Ce même
parasympathique comporte cependant une autre partie, importante mais
Les personnes souffrant de souvent quelque peu perdue de vue, le parasympathique pelvien, dont le
lordose lombaire exagérée ne rôle est notamment d’assurer la commande des organes génitaux et uri-
pratiqueront pas les phases les naires. Setu Bandhâsana agit puissamment sur cette partie du parasym-
plus intenses de cet exercice. pathique et assure une stimulation efficace des organes génitaux.
Elle favorise donc la santé et le bon fonctionnement de ces organes si
importants, du point de vue non seulement sexuel mais aussi hormonal.
D’une manière indirecte, par la stimulation de la production d’hormones
gonadiennes, elle agit sur l’ensemble du corps et constitue un exercice
incomparable de régénération et de rajeunissement. Cette stimulation
étant parfaitement physiologique, contrairement aux coups de fouet
chimiques ou autres, elle ne risque jamais de produire une surexcitation
quelconque ni une surproduction hormonale. Une fois le fonctionnement
optimal atteint, l’équilibre se maintient.
| Postures en élévation 283
1
La position de départ peut être Sarvangâsana, si l’on souhaite
effectuer le déroulement complet de l’exercice. Déplacer les
mains vers le bassin et s’immobiliser dans l’attitude représentée
sur cette illustration (Viparita Karani Mudrâ). Toutefois
lorsqu’on entamera la descente, il faudra orienter les mains
autrement, c’est-à-dire disposer les pouces vers l’extérieur.
2
Les mains vont servir de point d’appui et d’axe de rotation du
bassin et des jambes pendant leur descente contrôlée vers le
sol. Remarquer bien l’endroit où elles se trouvent ! Les pouces
sont nettement en dehors de la trajectoire future du bassin
qui va basculer. Le bassin repose sur la paume et les doigts,
non sur les pouces. Replier la jambe droite (par exemple). Elle
servira de contrepoids pour réaliser la descente contrôlée qui va
s’amorcer.
3
Laisser descendre la jambe gauche vers le sol (muscles
tendus), centimètre par centimètre. Au début, très vite on
perd le contrôle et on retombe au tapis. Avec de la pratique,
on contrôle la descente jusqu’au bout.
284 TOUTES LES POSTURES |
4
La jambe gauche vient de toucher le sol en
douceur. Remarquer qu’elle fléchit le moins
possible pendant tout le travail, qu’elle se pose au
sol le plus loin possible du dos et à plat au tapis.
6 Attitude finale
14 / 2 min 15 / 1 min - il est possible que pendant les crises, ces exercices soient impraticables à
cause des douleurs. Dans ce cas, attendre que la crise soit passée et dissi-
per les résidus par la pratique de la série anti lombalgique ;
- l’ordre des exercices doit être respecté ;
- ils ne doivent pas être poussés : en cas de douleurs, le simple fait de les
esquisser suffit pour produire les effets souhaités ;
16 / 2 min 17 / 1 min
- si un exercice augmente notablement les douleurs, l’interrompre et, le cas
échéant, le supprimer de la série.
Remarques relatives
n° 1 - relaxer toute la musculature dorsale ; l’intériorisation portera princi-
palement sur les muscles de la région lombaire ;
18 / 1 min 19 / 2 min
n° 2 à 7 - pas de remarques spéciales
n° 8 - S’intérioriser dans la musculature de la gouttière vertébrale et sen-
tir la tension augmenter dans les muscles attachés au sacrum. Descendre
jusqu’au moment où la posture intensifierait les douleurs ;
n° 9 - Protéger les lombes ! Ne plier qu’entre les omoplates ; essayer d’in-
20 / 1 min 21 / 2 min verser la courbure du haut du dos plutôt que de fléchir les lombes ;
n° 10 - Si les douleurs se localisent tout en bas du dos, les mains seront
placées sous le sacrum plutôt que dans les lombes ;
n° 11 - pas de remarques spéciales
n° 12 - La phase de contractions et détentes successives du bas du dos est
22 / 1 min 23 / 2 min très importante ;
| Composer ma séance 287
5 / 10 resp. 6 / 10 resp.
288 TOUTES LES POSTURES |
n° 26 - cette âsana remplace la torsion ; elle libère bien le bas du dos et aide
à lutter contre les douleurs du sciatique ;
n° 27 - si l’une ou l’autre forme de la pose sur la tête vous est accessible,
vous pouvez la pratiquer à volonté ;
n° 28 - le Nauli et les Kriyas pour le ventre sont très importants aussi pour
la décontraction de la musculature dorsale, bien que ne paraissant pas agir
7 / 3 x 10 sec. 8 / 2 min directement sur celle-ci.
La salutation au soleil se place donc, ainsi que vous le constatez, tout
à la fin de la série. Vous pouvez même, pendant un certain temps, la sup-
primer en attendant que votre dos soit rétabli.
Après une durée variable, allant de quelques jours à quelques
semaines, à mesure que les douleurs s’atténueront, vous pratiquerez
9 / 1 min 10 / 2 min la série sans difficultés. Vous pourrez, lorsque le dos sera entièrement
libéré, reprendre l’une ou l’autre série d’âsanas classiques, mais en
inversant l’ordre habituel, c’est-à-dire en exécutant d’abord les âsanas
de flexion vers l’arrière puis celles vers l’avant. Le nombre de postures
demeure le même et l’ordre dans chaque tronçon de série inchangé, il y a
simple inversion des deux groupes en bloc.
11 / 2 min 12 / 2 min
Autres conseils éprouvés
Faites de la bicyclette ! Quelques minutes sur route plate pour chauffer les
muscles, puis quelques minutes en côte. Le vélo fait travailler entre autres
les articulations coxo-fémorales et, avec un effort modéré, en tirant aussi
sur le guidon, tous les muscles de la colonne ;
13 / 2 min 14 / 4 min Nagez ! Le crawl sur le dos est idéal pour les muscles de la colonne.
7 / 1 min 8 / 2 min
Série moyenne équilibrée
1 -2 -3 : en enchaînement ; le temps indiqué inclut une relaxation sur le dos
d’environ 1 minute ;
4 : bien séparer les deux phases ;
a) la charrue normale, immobilisation une minute, puis 9 / 1 min 10 / 2 min
b) phase en tension ;
5 : le poisson peut aussi être pratiqué en lotus ;
6-7 : préparent Paschimottanâsana debout ;
8 : consacrer au moins 2 minutes à la pince debout. Avant de passer aux
11 / 2 min 12 / 1 min
postures vers l’arrière, vous pouvez intercaler une relaxation en crocodile
(1 ou 2 minutes).
9 : les postures vers l’avant ayant étiré la musculature dorsale, le cobra
dynamique servira donc de contre-âsana tout en préparant les autres
flexions vers l’arrière ;
10 : le cobra par paliers libère bien la colonne sur toute sa longueur ;
13 / 2 min 14 / 2 min
11-12 : la demi-sauterelle classique est remplacée par la formule avec appui,
suivie de la sauterelle normale (deux jambes levées) ;
13-14-15: bien préparé par l’âsana 13, l’arc se prend avec aisance, tandis que
la 15 détend bien la musculature dorsale ;
16 : l’adepte a le choix entre la torsion classique (ou toute autre âsana de
torsion) et la phase préparatoire du lotus lié, pendant laquelle on tord la
colonne en tirant sur le pied de la jambe repliée ;
15 / 1 min 16 / 2 min
17 : si vous préférez la formule classique, utilisez-la !
18 : Nauli peut être remplacé par Uddyiana Bandha ou les Kriyas pour le
ventre.
Les personnes ayant eu des problèmes de lombalgies peuvent pratiquer 1,
2, 3 puis 9 à 15 (arrière), suivis de 4 à 8 (avant) pour terminer normalement
par 16, 17, 18.
17 / 2 min 18 / 2 min
290 TOUTES LES POSTURES |
Perfectionnement général
Cette séance de perfectionnement, si l’on inclut la préparation complète, plus
une finale raisonnable, va occuper près d’une heure et demie. Est-ce beau-
coup ? Certains seront tentés de dire « oui » ! Mais il n’y a pas de miracles.
11 / 1 min 12 / 5 min Personne ne s’étonne que pour devenir un musicien acceptable (ne parlons
pas des artistes professionnels), il faille s’exercer au moins pendant ce même
temps chaque jour. Mais, comme toujours en yoga, cet « investissement » en
temps est le plus bénéfique qui soit, sur tous les plans. Nous n’avons pas le
droit de laisser notre corps ni notre psychisme péricliter prématurément.
Notre corps nous obéit sans discuter, mais en contrepartie nous avons aussi
des devoirs, des obligations. Notre époque est marquée par l’absence de dis-
13 / 2 min 14 / 2 min cipline. Le yoga en est une, quoique non frustrante ni mortifiante. Cette dis-
cipline apporte non seulement la santé physique, mais aussi la joie de vivre.
La finale
Une séance de yoga ne se clôture pas abruptement par la dernière âsana.
15 / 1 min 16 / 1 min Pour les yogis, la préparation et les postures sont les hors-d’œuvre, le
| Composer ma séance 291
19 / 1 min 20 / 1 min
Prânayâma
Pendant toute la séance d’âsanas, l’adepte n’a cessé de respirer, mais Séance de perfectionnement vers l'arrière
respiration et prânayâma sont deux activités bien distinctes, bien que
le prânayâma utilise le souffle comme support. Il faut donc inclure du
prânayâma après les âsanas. Un minimum conseillé serait de pratiquer
un Kapalabhati, puis un Bhastrika léger suivi de la respiration alternée.
En cas de manque de temps, cette dernière au moins devrait être prati-
quée. Ce n’est pas la vocation de ce livre de vous exposer les techniques
du prânayâma, qui ont fait l’objet de mon « Prânayâma, la dynamique du 1 / 2 min 2 / 2 min
souffle » où vous trouverez toutes les indications nécessaires. Il faudrait
pratiquer pendant un strict minimum de 10 minutes par jour.
La concentration
C’est après les postures matinales et le prânayâma que le mental est le plus 3 / 2 min 4 / 1 min
malléable et disposé à se laisser contrôler.
Commencez par Tratak, exercice de base dans ce domaine. Repro-
duisez le dessin ci-dessous au verso d’une de vos cartes de visite et
épinglez-la au mur, à une hauteur telle que, lorsque vous serez assis
pour votre exercice, le point central se trouvera légèrement au-dessus du
niveau des yeux. 5 / 2 min 6 / 2 min
Visualisation
Pour les techniques les plus subtiles, mais aussi les plus puissantes du yoga,
de même que pour disposer d’une bonne mémoire, d’un pouvoir créateur
accru, il faut être capable de visualiser à volonté un quelconque objet ou
sujet. Nous devons nous entendre à propos du terme « visualiser », car pour
beaucoup d’Occidentaux c’est une activité presque inconnue, en tout cas
13 / 1 min 14 / 1 min
rarement cultivée ou exercée. Visualiser consiste, les yeux étant clos (il est
cependant possible de visualiser les yeux ouverts), à « rêver » l’objet. Sup-
posons que vous souhaitiez visualiser le soleil levant. Les yeux clos, imagi-
nez que vous dormez et qu’en rêve vous voyez la mer, et le soleil émerger
des eaux : c’est aussi simple que cela ! En rêve, on « voit » les objets sans
15 / 1 min 16 / 1 min les yeux, avec le regard psychique intérieur ; de même pendant les visua-
lisations. Visualiser est à la portée de quiconque est capable de rêver en
dormant, c’est-à-dire en fait chacun !
S’il vous est impossible de visualiser le soleil, par exemple, visualisez
votre fruit préféré, puis dégustez-le en imagination. Si vous n’arrivez pas
à le visualiser, prenez un fruit réel, regardez-le en focalisant toute votre
17 / 2 min 18 / 2 min attention sur lui et en « mangeant » des yeux. Puis fermez les paupières
et « rêvez » ce même fruit.
Quand vous pourrez visualiser à volonté n’importe quel objet, vous
aurez développé un pouvoir de concentration et de création appréciable.
Si vous n’avez pas l’ouvrage sous la main, vous pouvez utiliser le
thème suivant : imaginez que vous vous trouvez sur une plage, par une
19 / 2 min 20 / 3 min
nuit tiède, et que vous écoutez les vagues molles s’étaler sur le sable,
écumer puis refluer vers l’océan primordial. Puis rêvez que le jour va
poindre ; le ciel pâlit à l’horizon, peu à peu le soleil apparaît, tel un disque
orange. Laissez-le émerger complètement, ensuite rêvez-le sphérique
21 / 2 min et laissez-le réchauffer votre « corps de rêve », plus particulièrement au
creux de l’estomac, tout en ressentant toujours en vous le mouvement des
vagues, rythmé maintenant sur votre souffle.
Séance de perfectionnement général
Relaxation finale
Lorsque votre mental sera rassasié de soleil, cessez et relaxez-vous.
Étendu sur le dos, sous une couverture bien moelleuse et chaude, faites une
relaxation complète et systématique de tous les muscles du corps, un à un.
Si le temps vous manque pour pratiquer toute cette « finale » et que vous
1 / 2 min 2 / 1 min remettez ces exercices au soir, il est indispensable de clôturer la séance de
yoga par cette relaxation, laquelle ne doit pas nécessairement être longue.
Ainsi donc si vous ne disposez pas du temps nécessaire à une relaxation
complète (c’est délicieux pourtant !), le strict minimum sera un relax éclair.
À cet effet, couché sur le dos, écartez les pieds d’environ 50 centimètres.
3 / 2 min 4 / 3 min l’un de l’autre ; les bras sont le long du corps, mais sans le toucher. Soulevez
bras et jambes (pieds et mains à 20 centimètres du sol, pas plus) en contrac-
tant tous les muscles du corps, en serrant les poings aussi fort que vous
pouvez. La tête aussi est soulevée de quelques centimètres. Quand tous
les muscles du corps sont contractés au maximum, d’un seul coup, « flop »
vous lâchez tout. Bras et jambes, ainsi que la tête d’ailleurs, retombent au
sol de tout leur poids. Puis vous vous abandonnez à la pesanteur et vous
5 / 2 min 6 / 3 min
| Composer ma séance 293
vous laissez fondre sur le tapis, vous devenez aussi flasque qu’une méduse.
En une minute ce relax éclair vous détend à fond.
Ce procédé de relax éclair peut, bien sûr, être utilisé à tout moment creux
de la journée, lorsque l’occasion se présente. Trois ou quatre de ces relax 7 / 2 min 8 / 2 min
en une journée font merveille : cela fait partie du programme de la journée
idéale du yogi occidental que vous êtes ou deviendrez sans aucun doute.
Conclusion
Les séances proposées dans ce livre ne sont ni les seules, ni nécessairement 9 / 2 min 10 / 2 min
les meilleures. Si vous pratiquez suivant un autre plan de séance qui vous
convient, conservez-le ! Il vous sera facile de l’enrichir ou de le modifier, à
partir de la règle très simple qui consiste à remplacer ou à compléter une
posture par une de ses variantes. Ainsi vous ne modifiez pas la structure
de la séance.
Vous pouvez, de cette façon, faire du « sur-mesure » et vous composer
des séances bien à vous. 11 / 2 min 12 / 2 min
Si vous travaillez avec un professeur de yoga, vous pourriez peut-être
détecter l’une ou l’autre discordance entre ce livre et ce qu’il enseigne.
Cela ne signifie pas qu’il ait tort, ni moi non plus ! Faites confiance à votre
professeur : il vous voit, vous connaît et peut vous aider. Les contradic-
tions ne concernent d’ailleurs souvent que des détails ou ne sont qu’appa-
rentes : il y a diverses écoles et méthodes de yoga. L’avantage du livre est 13 / 2 min 14 / 3 min
qu’il bavarde plus longtemps avec vous, et complète le professeur.
Si vous n’avez pas de professeur, sachez que je rencontre de nom-
breux adeptes qui travaillent très correctement à l’aide de livres : avec
de l’attention et du bon sens, il n’y a pas de problèmes ! Bonne pratique !
15 / 1 min 16 / 1 min
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294 TOUTES LES POSTURES |
LA DYNAMIQUE
DU SOUFFLE
“
devant moi, pâle, les traits tirés, son cou décharné flottant dans le col de
sa chemise devenu trop large. Il venait me voir sans grande conviction,
Les yogis mesurent sur le conseil d’un ami pour m’exposer son problème. Son état d’épuise-
la durée de vie en nombre ment et de nervosité était tel qu’il était incapable d’en faire le récit cohé-
de respirations. rent. Il me lisait des notes préparées pour notre entrevue. Marié, il avait
eu, voici quelques années, un choc émotif dont il ne m’a pas précisé la
nature et depuis, sa santé se détériorait progressivement.
Il souffrait de troubles digestifs, de palpitations, d’irritabilité, de
manque de concentration. Il maigrissait à vue d’œil, perdait le goût de
vivre, n’avait plus de courage. Il avait changé d’emploi depuis peu ; mieux
rémunéré, il se sentait dépassé par ses nouvelles responsabilités. Il avait
l’intention de l’avouer à son nouveau patron et de donner sa démission.
Que faire ? La gymnastique lui était interdite, car le moindre effort
l’épuisait. J’étais fort embarrassé : j’aurais voulu l’aider, mais il semblait
exclu de lui faire pratiquer du yoga, même ultra-élémentaire.
Pour faire le point, je lui demandai d’ôter son veston, de se coucher sur
le tapis et de respirer calmement. Ne remarquant aucun mouvement respi-
ratoire à l’abdomen ni au thorax, je lui dis : « Ne retenez pas votre souffle ! »
– Mais je ne le retiens pas, je respire normalement…, fut sa surpre-
nante réponse.
– Alors respirez aussi profondément que vous pouvez. »
Il fit un effort et sa poitrine se souleva… d’un centimètre ! Je palpai l’ab-
domen : il était dur et contracté. Cet homme était à ce point contracturé qu’il
ne respirait pratiquement pas, tout juste assez pour ne pas mourir asphyxié.
Cela expliquait bien des choses ! Il me regarda ahuri lorsque je lui appris que
sa respiration était presque inexistante : il ne s’en était jamais rendu compte !
Après une demi-heure d’essais, il réussit à se détendre un peu et à respirer
| Respirer, c’est vivre 297
du ventre. Ce n’était pas formidable, bien sûr, mais comparé à son état pré-
cédent, il inspirait au moins cinq fois plus d’air qu’auparavant. Trois quarts
d’heure plus tard, timidement, une touche de rose apparut sur ses joues, un
pâle sourire éclaira son visage et… il était capable de parler sans notes !
Ne croyez pas que tout fut simple par la suite, mais, par la magie du
souffle, ce corps humain revint à la vie, comme une plante étiolée qu’on
arrose. Avec l’aide de son médecin, il a pu reprendre une vie normale.
Cela est un cas extrême mais impressionnant, et depuis ce jour, j’accorde
une importance primordiale à la respiration ; j’observe que, presque sans
exception, les personnes qui ont une cage thoracique bien développée vivent
sans problème, c’est-à-dire réussissent à les résoudre au fur et à mesure
qu’il s’en présente. Ceux qui respirent mal se débattent dans des difficultés
sans nombre, dans tous les domaines : santé, profession, affectivité. Ils sont
– hélas – la majorité car, en fait, nous respirons tous plus ou moins mal !
Combien de pauvres poumons de sédentaires ne sont jamais ventilés à fond !
L’importance du sang
Tous les phénomènes vitaux sont liés à des processus d’oxydation et de
réduction : sans oxygène, pas de vie. Qu’un sang pauvre en oxygène circule
dans vos artères et la vitalité de chacune de vos cellules s’en trouve amoin-
drie : « réalisez » cette vérité première, imprégnez-vous-en, rendez-vous
compte que des milliards de cellules, prêtes à vous servir fidèlement jusqu’au
bout de leurs forces, sont tributaires de l’apport d’oxygène qui leur parvient
par l’intermédiaire de ce liquide magique : le sang. Votre devoir, au sens strict,
est de leur assurer cet approvisionnement en oxygène auquel ils ont droit.
Non seulement nous respirons très mal, mais souvent la qualité de l’air res-
piré est mauvaise, d’où notre manque de résistance aux maladies, à la fatigue,
notre répugnance à tout effort physique, notre nervosité, notre irritabilité.
L’apport d’oxygène est un aspect seulement de la fonction respiratoire qui
comprend aussi le rejet de CO2. Les cellules ne disposent d’aucun autre moyen
de se débarrasser des déchets qu’elles produisent, à part celui de les déverser
dans le sang, et la purification a lieu notamment dans les poumons. Or dans les
poumons mal ventilés, d’innombrables germes peuvent se développer.
“
nalité, ces thorax rigides comme des cuirasses, ces diaphragmes immo-
bilisés par des accumulations de gaz dans le tractus gastro-intestinal,
La respiration idéale est causées elles aussi par des spasmes. Il faut d’abord détendre tous ces
profonde, lente, silencieuse, muscles tendus en permanence qui empêchent toute respiration nor-
aisée. male : voilà pourquoi la relaxation est la porte d’entrée du yoga.
Primauté à l’expiration
Dans l’acte respiratoire, l’Occidental attribue la primauté à l’inspiration.
Le yoga, au contraire, affirme que toute bonne respiration commence non
seulement par une expiration complète et lente, mais aussi que cette expi-
ration parfaite est la condition sine qua non d’une inspiration correcte et
complète, pour la raison bien simple qu’on ne peut remplir un récipient
que s’il a été préalablement… vidé ! Impossible de bien respirer si nous
n’expirons pas d’abord à fond.
La respiration normale commence donc par une expiration lente et
paisible, réalisée par la relaxation des muscles inspiratoires. La poitrine
s’affaisse de son propre poids, ce qui chasse l’air. Cette expiration doit
être silencieuse, comme tout l’acte respiratoire et, de ce fait, elle sera
lente. À la fin de l’expiration, les muscles abdominaux peuvent aider à
vider les poumons aussi complètement que possible, par une contraction
qui chasse les derniers restes d’air vicié. La constitution spongieuse des
poumons ne permet pas de les vider à 100 % : il restera toujours de l’air
impur dans les poumons, l’air « résiduel », qu’il faut s’efforcer de réduire
au minimum, car l’air frais, apporté par l’inspiration, se mélange à cet
air résiduel pour former votre véritable air respiratoire. Plus vous aurez
expiré à fond, plus grande sera la quantité d’air frais qui pourra entrer,
plus pur sera l’air en contact avec la surface alvéolaire.
| Respirer, c’est vivre 299
La respiration abdominale
C’est de cette façon que respirent la majorité des hommes. Le diaphragme
“Votre esprit doit être
concentré entièrement
sur l’acte respiratoire.
s’abaisse au moment de l’inspiration, l’abdomen se gonfle. C’est la façon la
moins mauvaise de respirer. La base des poumons se remplit d’air, l’abaisse-
ment rythmique du diaphragme provoque un massage doux et constant de
tout le contenu abdominal et favorise le bon fonctionnement des organes.
La respiration costale
Elle s’effectue en écartant les côtes, en dilatant la cage thoracique comme un
soufflet. Cette respiration emplit les poumons dans leur partie moyenne. Elle
fait pénétrer moins d’air que la respiration abdominale, tout en requérant
plus d’un effort ! C’est la respiration « athlétique ». Combinée avec la respi-
ration abdominale, elle entraîne une ventilation satisfaisante des poumons.
La respiration claviculaire
L’air s’introduit en soulevant les clavicules. La partie supérieure des pou-
mons seule reçoit alors un apport d’air frais. C’est la moins bonne façon de
respirer. Elle est souvent l’apanage des femmes.
La respiration complète
La respiration yogique complète englobe les trois modes de respiration
qu’elle intègre en un seul mouvement ample et rythmé.
L’apprentissage est plus simple en position couchée sur le dos ; elle peut
donc se pratiquer au lit. Voici, brièvement décrites, les diverses phases :
\ videz les poumons à fond ;
LES BIENFAITS DE
\ abaissez lentement le diaphragme et laissez entrer l’air dans les pou- LA RESPIRATION
mons. Quand l’abdomen sera gonflé et que le bas des poumons aura été COMPLÈTE
empli d’air…
Quand vous vous sentirez fatigué,
\ écartez les côtes, sans forcer cependant, puis…
déprimé, découragé, faites
\ achevez d’emplir les poumons en soulevant les clavicules. Durant toute
quelques respirations complètes :
l’inspiration, l’air doit entrer progressivement, sans saccade, en flux votre fatigue disparaîtra comme
continu. Il est essentiel de ne faire aucun bruit en respirant ; par enchantement, votre mental
\ quand vous avez empli les poumons complètement, expirez dans s’en ressentira et vous vous
l’ordre de l’inspiration, toujours lentement, sans saccade ni effort. Ren- remettrez au travail avec
trez bien l’abdomen à la fin de l’expiration. Recommencez ensuite à un entrain renouvelé.
inspirer de la même façon.
300 LA DYNAMIQUE DU SOUFFLE |
“
Cet exercice ne doit provoquer ni gêne ni fatigue. Pratiquez-le autant
que vous le désirez, à tout moment ; chaque fois que vous y pensez, au tra-
Oui, respirer c’est vivre. vail, en marchant, en toute occasion, respirez consciemment et aussi com-
Mais respirer lentement plètement que possible. Peu à peu, vous acquerrez l’habitude de la respira-
c’est vivre longtemps. tion complète et votre façon de respirer s’améliorera au fur et à mesure de
Et en bonne santé. vos progrès. Mais il est indispensable de réserver chaque jour un moment
fixe selon votre choix (le matin au réveil est très favorable ainsi que le soir
avant de vous endormir) pour pratiquer pendant quelques minutes.
Tout comme l’expiration, l’inspiration doit être silencieuse, lente,
continue et aisée. Ne vous gonflez pas comme un ballon de football ou
comme un pneu. Respirez à l’aise, ne forcez jamais.
CONSEILS DE YOGIS
Alors que pour les âsanas il faut être à jeun, dans une tenue et un
lieu adéquats, la respiration volontaire peut se pratiquer n’importe
où, n’importe quand, sans même que l’entourage s’en aperçoive !
“
De quoi s’agit-il ?
L’inspiration se compose de trois phases partielles qui sont : Il est bon de fermer les yeux
a) la respiration abdominale, provoquée par l’aplatissement et l’abais- durant l’exercice pour mieux
sement du diaphragme ; vous concentrer.
“
Comment pratiquer la respiration diaphragmatique ?
On ne se relaxe vraiment Videz les poumons à fond, afin d’évacuer le plus possible d’air résiduel
à fond que lorsque vicié. Retenez le souffle durant quelques secondes. Vous percevrez bientôt
les poumons sont vides – que votre respiration veut se déclencher d’elle-même : relaxez le ventre et
sans expiration forcée –, laissez-la partir à cet instant. Pendant que l’air entre dans les poumons, l’ab-
parce qu’à ce moment domen gonfle et se soulève suite à l’aplatissement du dôme du diaphragme.
les muscles du diaphragme Il arrive souvent que des personnes croient, en toute bonne foi, « respirer du
sont au repos. ventre » en l’enflant par un travail de la sangle musculaire abdominale. En
fait, celle-ci doit être relaxée et le rester durant toute l’inspiration. Peu à peu
les poumons se remplissent d’air par le bas. L’inspiration sera lente, aisée
et vous en aurez la certitude en respirant silencieusement. Si vous ne vous
entendez pas respirer, votre respiration aura la lenteur voulue. Audible, cela
signifierait que vous inspirez trop hâtivement.
L’abdomen doit se soulever doucement comme un ballon qui se
gonfle et la sangle doit rester souple ; si vous souhaitez contrôler le mou-
vement, vous pouvez poser la main sur le ventre, à peu près au nombril
et en reposant le coude au sol. Ainsi, vous pourrez facilement suivre le
mouvement de dilatation de l’abdomen.
“
Que se passe-t-il au niveau du dos ?
Si vous ne vous entendez pas Pendant ce temps, le dos doit rester relaxé mais les côtes ne peuvent abso-
respirer, votre respiration aura lument pas bouger. Pour vous en assurer, vous pouvez appliquer l’autre main
la lenteur voulue. Audible, cela contre les flancs et vous rendre compte que les côtes restent bien immobiles,
signifierait que vous inspirez que la respiration abdominale est dissociée de la respiration thoracique.
trop hâtivement. Et si vos côtes bougeaient malgré tout en même temps que le gonflement
du ventre ? Dans ce cas, il faudrait immobiliser les côtes en sanglant le thorax
au moyen d’une ceinture que vous disposez à peu près à hauteur de la pointe
du sternum, au creux de l’estomac. Serrez la ceinture au cran voulu quand
les poumons sont vides. Pendant que vous inspirerez, les côtes se heurteront
à la résistance de la ceinture et ne participeront pas au mouvement, vous
forcerez automatiquement le diaphragme à s’aplatir et le ventre à se gon-
fler. Pendant que vous inspirez, vous devez vivre consciemment ce qui se
passe dans les profondeurs tièdes de votre thorax : bientôt, vous prendrez
conscience du diaphragme et de ses mouvements, vous pourrez scinder
les deux phases et vous passer de la ceinture.
| Respiration yogique complète 303
“
Effets de la respiration diaphragmatique
Cette respiration, outre qu’elle est relaxante, constitue un des moteurs les Les mouvements
plus actifs de la circulation. Le diaphragme est un second cœur puisque de va-et-vient du piston
ses mouvements de piston gonflent la base des poumons, lesquels aspirent diaphragmatique
ainsi du sang veineux en grande abondance. La circulation veineuse étant produisent un massage
accélérée, le cœur proprement dit est bien alimenté en sang par l’arrière ; il très efficace – à la fois
en résulte une amélioration notable de la circulation générale. doux et puissant –
des organes abdominaux.
Les mouvements de va-et-vient du piston diaphragmatique produisent un
massage très efficace – à la fois doux et puissant – des organes abdominaux.
Le foie est décongestionné et la vésicule évacue la bile en temps
opportun. La circulation accélérée dans le foie et cette stimulation de
la vésicule préviennent la formation des calculs. La rate, l’estomac, le
pancréas et tout le tube digestif sont massés, tonifiés. Les stases sanguines
sont éliminées. Il arrive souvent d’entendre des « glou-glou » pendant la
pratique de la respiration diaphragmatique, qui révèlent l’activation des
mouvements péristaltiques du tube digestif.
Avec l’exercice, cette respiration abdominale devient de plus en plus
ample, souple, relaxée, rythmée, alors qu’au début elle était saccadée et
difficile, du moins dans beaucoup de cas, notamment chez les personnes
tendues. Il faut mentionner ici l’action décongestionnante de cette respi-
ration sur le plexus solaire, ce cerveau abdominal végétatif dont l’impor-
tance échappe à la plupart de nos contemporains qui en ignorent souvent
même jusqu’à l’existence. C’est le plexus de l’anxiété, ce qui explique l’ef-
fet calmant, apaisant de la respiration abdominale.
Exercice
Cet exercice, qui ne présente aucune difficulté, permet d’acquérir le
contrôle des muscles abdominaux pendant la respiration, tout en rendant
au diaphragme toute sa mobilité perdue.
De quoi s’agit-il ?
Ces principes de base s’appliquent aussi pour le prânayâma et la respira-
“
tion yogique, dont un des piliers est constitué par le comportement actif
de la sangle abdominale, qui influence le déroulement du processus respi-
Le prânayâma sans contrôle ratoire et conditionne son efficacité. Le contrôle de la sangle abdominale
actif de la sangle abdominale permet au yogi de modifier à volonté la pression dans l’abdomen et dans le
est un non-sens. thorax, ce qui entraîne d’importantes répercussions. Aussi faut-il regretter
que l’adepte occidental soit laissé dans l’ignorance totale à ce sujet.
En Occident, nous connaissons bien la technique de la respiration
yogique complète, mais les instructions précises et complètes quant
au rôle éminemment actif de la paroi abdominale font pratiquement
défaut. Or, elles sont d’autant plus nécessaires que les techniques
yogiques du prânayâma diffèrent de nos conceptions occidentales
selon lesquelles la sangle abdominale doit rester passive et relaxée
pendant tout l’acte respiratoire. En cédant sans résistance à la pres-
sion que le diaphragme exerce sur les viscères, la sangle permet la
respiration abdominale, ainsi nommée d’ailleurs parce qu’elle s’ac-
compagne d’une dilatation de l’abdomen. Certes, la phase diaphrag-
matique de la respiration yogique est la plus importante ; cependant,
il est non seulement possible, mais même indispensable de l’exécuter
en contrôlant la sangle abdominale.
Le prânayâma sans contrôle actif de la sangle abdominale est un
non-sens.
RESPIRATION INCORRECTE
ATTENTION EXPIRATION ORDINAIRE SANS CONTRÔLE DE LA SANGLE
RESPIRATION CORRECTE
EXPIRATION DE PRÂNAYÂMA AVEC SANGLE CONTRÔLÉE EN RÉSUMÉ
Muscles
Oblique interne
grands droits
Répercussions physiologiques
EN D'AUTRES TERMES
Maintenir la sangle abdominale contrôlée et contractée pendant le
A À l’étage abdominal : prânayâma accentue considérablement la différence de pression dans le
pression plus élevée ; tronc, c’est-à-dire entre l’abdomen et l’air ambiant dans le thorax, donc
dans les poumons. En effet, la lutte entre le diaphragme qui s’abaisse et
A À l’étage thoracique : la sangle abdominale qui résiste agit directement sur les organes abdomi-
dépression pendant naux, mais n’influence pas le thorax.
l’inspiration (sans quoi l’air
extérieur ne pourrait pas La respiration avec sangle contrôlée accélère considérablement la
pénétrer dans les poumons). circulation du sang veineux dans l’abdomen et, en fin de compte, dans
Cette différence entre tout l’organisme. Grâce à ce puissant activateur, des masses de sang sta-
la pression positive accrue gnant sont recyclées, purifiées dans les poumons et réinjectées dans la
dans l’abdomen circulation générale : elles vont revitaliser tout l’organisme.
et la dépression normale
dans le thorax a des
Dans la pratique yogique
conséquences
très importantes sur L’importance du contrôle de la sangle abdominale m’est apparue le plus
la circulation sanguine. nettement en pratiquant, à l’Ashtanga Yoga Nilayam à Mysore, sous la
direction de K. Pattabhi Jois. J’y ai vu le Maître contrôler cette tension
pendant le prânayâma, notamment en pressant les pouces contre la sangle
abdominale au-dessus de la symphyse pubienne, à l’insertion des grands
droits, pour s’assurer que la tension était correcte.
En contrôlant la sangle à toutes les phases de la respiration (inspira-
tion, expiration, rétention), l’augmentation de la pression dans le tronc
est très perceptible. Après 1 ou 2 minutes de ce type de respiration,
| Contrôle de la sangle abdominale 313
il est normal, au début, d’éprouver une certaine fatigue dans les abdomi-
naux et également dans les intercostaux. On ressent néanmoins une sen- POUR LES CARDIAQUES
sation d’euphorie générale. L’agréable chaleur qui se manifeste d’abord
aux joues envahit tout le corps, indice que la respiration cellulaire a été
Étant donné – hélas ! –
stimulée.
que la moitié de la population
Je suis convaincu que les poumons fixent mieux l’oxygène et le prâna des pays industrialisés est
quand la pression intra-abdominale est plus forte. De plus, la contraction menacée de troubles cardio-
de la sangle abdominale pendant l’expiration, et spécialement à la fin de vasculaires (infarctus, etc.),
celle-ci, vide beaucoup mieux les poumons de l’air résiduel. on peut se demander si cette
respiration n’est pas dangereuse
Après une courte période d’adaptation, variable selon l’intensité de la
pour les cardiaques. Non, au
pratique et la qualité de la musculature respiratoire de l’adepte, on n’en-
contraire, car l’abaissement du
visage plus de pratiquer autrement.
diaphragme soulage le cœur :
à aucun moment il n’est
Comment apprendre seul ? comprimé. L’activation de la
circulation veineuse de retour
Le contrôle actif de la sangle abdominale s’applique à toutes les phases du allège son travail. Je précise
prânayâma, mais c’est pendant la rétention de souffle à poumons pleins cependant que les cardiaques
qu’il est indispensable. et les personnes aux poumons
fragiles doivent être très prudents
Avant d’apprendre par soi-même le contrôle correct de la muscula-
vis-à-vis des rétentions
ture, il est utile d’examiner la sangle abdominale d’un peu plus près.
de souffle.
Cette paroi musculaire comprend plusieurs couches de muscles,
certains disposés en oblique, d’autres horizontalement ou verticale-
ment. Les muscles dits « grands droits » qui vont du pubis au thorax
(sternum et côtes) sont parmi les plus importants. Ils jouent le rôle
principal dans la respiration contrôlée. Ils présentent notamment une
nette différence de résistance entre la partie située sous l’ombilic et
celle située au-dessus du nombril. La partie comprise entre le nom-
bril et la pointe de sternum – l’appendice xiphoïde, pour l’appeler par
son nom –, est beaucoup moins résistante que la partie inférieure. Pour
s’en assurer, il suffit de bloquer le souffle à poumons pleins, de durcir
la sangle abdominale, puis de frapper avec le tranchant de la main la
partie située sous l’ombilic : elle supporte sans douleur des coups même
assez violents. En revanche, au-dessus de l’ombilic, une percussion
beaucoup plus faible sera douloureuse.
Passons à la pratique !
\ Asseyez-vous en lotus, en Siddhâsana ou en Vajrâsana.
\ Redressez la colonne vertébrale en tendant la musculature du dos, et
basculez légèrement le bassin vers l’avant. Les reins sont légèrement
cambrés.
\ En lotus, pour que l’attitude devienne automatiquement correcte, il
suffit que les deux genoux touchent le sol, car pour cela il faut précisé-
ment tendre les muscles, qui doivent être contrôlés.
\ Quelle que soit la position adoptée, notez qu’il est pratiquement impos-
sible de réussir l’exercice si le dos est affalé, ce qui est presque toujours
le cas dans la pose dite du tailleur (assis au sol les jambes croisées).
314 LA DYNAMIQUE DU SOUFFLE |
\ Siaucune des âsanas citées n’est à votre portée, il vous est possible de
travailler assis sur une chaise basse.
Commencez par un essai volontairement incorrect pour avoir un point de com-
paraison.
dans le thorax, afin que la pression ne monte pas au-delà de la glotte, ce qui
se fait grâce à Jalandhara Bandha. Ainsi le visage ne se congestionne pas,
la pression demeure scellée dans les poumons, ce qui ne peut leur nuire,
car elle se répartit uniformément sur la surface totale de la membrane pul-
monaire (qui est de l’ordre de 140 m2 environ). En revanche, elle améliore
considérablement la qualité des échanges.
Et la respiration ordinaire ?
Le contrôle de la sangle ne doit pas être réservé au prânayâma seul.
La respiration normale, habituelle, devrait être cette respiration yogique
avec sangle contrôlée, quoique sous une forme atténuée. Au cours de la
journée, chaque fois que vous y penserez, raffermissez la sangle abdomi-
nale ; surtout dans sa partie sous-ombilicale. Même et surtout en voiture,
asseyez-vous de manière à pouvoir respirer en contrôlant la sangle. Vous
éviterez ainsi d’être affligé de la « ceinture de l’automobiliste », car un
ventre distendu se garnit bientôt d’un bourrelet de lard. Cette respiration
deviendra progressivement une seconde nature, ou plutôt un retour à la
nature, puisqu’il s’agit de retrouver le tonus abdominal de la véritable res-
piration naturelle.
1 Ne pas confondre avec le pouce anglais. Le « doigt » correspond à plus ou moins 2 centimètres.
318 LA DYNAMIQUE DU SOUFFLE |
Se concentrer
Pour parvenir à l’état de concentration maximal, le yoga nous recommande
de devenir conscient du souffle et de réduire progressivement sa longueur.
En pratique, asseyez-vous dans votre pose favorite, la colonne verté-
brale droite et verticale, la tête en équilibre. Relaxez-vous et immobilisez-
vous comme une statue. Prenez conscience du souffle ; seconde par
seconde, sans distraction, suivez son entrée et son expulsion. Pendant
l’inspiration – qui doit être complète et profonde –, sentez l’air pénétrer
dans les narines, dans le larynx nasal, dans la gorge, vers les bronches,
le plus loin que vous pourrez. À l’expiration, freinez le courant d’air qui
sort des narines, raccourcissez la longueur du souffle. La respiration doit
devenir de plus en plus silencieuse et douce, de plus en plus lente, tout
en restant profonde. Qu’aucune saccade ne heurte ni l’expiration ni l’ins-
piration. C’est dans ces conditions que les échanges gazeux et prâniques
s’effectuent le plus efficacement.
la rétention, il vous sera assez facile de focaliser votre conscience sur cette
zone. Vous pourrez y percevoir des vibrations.
Quoi qu’il en soit, imaginez que vous dirigez un courant de prâna vers
cet endroit, que vous concrétisez en l’imaginant sous forme de lumière et
de chaleur. Effectivement, après quelque temps de pratique, vous éprou-
verez nettement une sensation de chaleur dans cette région, voire un
picotement. Si aucune sensation particulière n’est perçue, cela ne signifie
pas que l’exercice soit sans effet : ceux-ci se produisent infailliblement.
Continuez votre pratique avec persévérance !
“
L’inspiration
Pendant l’inspiration, faites remonter votre conscience le long de la
colonne vertébrale ; représentez-vous que cette chaleur se déplace de bas Sauf en cas de force
en haut dans l’épine dorsale. Ainsi vous guiderez le prâna – qui obéit au majeure, n’interrompez pas
mental – le long de votre colonne vertébrale. brusquement l’exercice.
Pratiquez, si possible,
Sauf en cas de force majeure, n’interrompez pas brusquement l’exer- dans un endroit retiré
cice. Pratiquez, si possible, dans un endroit retiré où vous ne risquez pas où vous ne risquez pas
d’être dérangé. d’être dérangé.
RECOMMANDATIONS
Respiration en Ujjay
Il est préférable de réduire l’ouverture de la glotte pour freiner l’entrée de
l’air (respiration en Ujjay), qui produit un léger bruissement dû au frotte-
ment de cet air dans la glotte ; mais ce ne sont pas les cordes vocales qui
vibrent. Cela entraîne une augmentation de la dépression pendant l’inspi-
ration et de la surpression pendant l’expiration, et accroît notablement l’ef-
ficacité de l’exercice. Plus qu’ailleurs, il est important d’équilibrer l’inspir
et l’expir, c’est-à-dire d’égaliser en volume et en durée les temps consacrés
à remplir puis à vider les poumons.
Répétition
Inverser le mouvement et travailler de l’autre côté, cinq fois de la même façon.
Durée
Il a été mentionné 5 respirations de chaque côté. Ce chiffre est purement
indicatif. Il est évidemment permis de pratiquer autant que l’on veut.
| Respiration dynamique 321
1
contractés (pointer les pieds), ce qui, avec l’aide
de la pesanteur, favorise le retour du sang veineux vers
le cœur et les poumons.
2
au sol et que le pied ne racle pas le tapis.
3
lombaire sera puissante, plus l’exercice sera bénéfique.
ERREUR COURANTE
4
A et les coudes ont quitté le tapis.
EFFETS BÉNÉFIQUES
Musculature
La musculature de l’ensemble de la gouttière vertébrale, ainsi
que celle de la nuque, est fortifiée. Sans une bonne musculature
dorsale, il est impensable d’assurer un maintien correct de
la colonne vertébrale, axe vital du corps. La sangle abdominale se
trouve très fortement contractée lorsque le genou est ramené contre
le nez, ce qui la fortifie et contribue autant au maintien des viscères
abdominaux qu’à la statique correcte de la colonne vertébrale.
Appareil respiratoire
La position et l’extension pendant l’inspiration favorisent
l’ouverture du thorax et permettent un déploiement optimal des
poumons. Inversement, pendant et en fin d’expiration, le repli
du corps sur lui-même et la contraction de la sangle abdominale
s’ajoutent à la compression d’une moitié de l’abdomen par
la cuisse : tout cela concourt à vider les poumons à fond. On
assure ainsi, mécaniquement, une ventilation très efficace des
poumons.
Colonne vertébrale
Outre que cet exercice fortifie la musculature de la colonne,
il la mobilise en douceur et sur toute sa longueur, c’est-à-dire
depuis la base du crâne jusqu’au sacrum. Il mobilise ainsi,
progressivement, toutes les vertèbres et tonifie toutes les
racines nerveuses émergeant des trous de conjugaison entre
les vertèbres. Cette stimulation tonifie l’ensemble des viscères ;
son action sédative la recommande pendant la séance de yoga
mais aussi comme dernier exercice, avant de se mettre au lit.
Le massage doux de la colonne et des viscères abdominaux
procure un sommeil plus profond, plus paisible. Le matin,
au saut du lit, il aide à bien commencer sa journée et remet
l’organisme en activité. Il aère à fond les poumons.
De quoi s’agit-il ?
S’il est un chapitre à connaître à fond, c’est bien celui-ci, car en exposant
les répercussions de la rétention du souffle, il permet de l’inclure sans
danger dans sa pratique personnelle afin d’en retirer d’immenses béné-
“
fices, tant sur le plan de la santé physique que pour son dynamisme psy-
chique.
Les yogis sont capables de bloquer leur souffle durant de longues Les yogis sont capables
minutes (une demi-heure et plus) sans effets néfastes, bien au contraire. de bloquer leur souffle durant
Ce fait pose une énigme troublante pour nos physiologistes. Comme on de longues minutes
s’en doute, ce n’est pas pour épater les physiologistes que les yogis réa- (une demi-heure et plus)
lisent ces prouesses, mais dans le but de contrôler le prâna et d’agir sur sans effets néfastes,
leur mental. Ces techniques sont si peu axées sur le « spectacle » que, bien au contraire.
durant des millénaires, leur existence même est restée secrète. Pour
les yogis donc, le prânayâma commence par les rétentions du souffle
ou du moins avec les exercices respiratoires impliquant des arrêts plus
ou moins prolongés du souffle. C’est aussi pour l’Occidental le moment
de ne pas s’emballer ! Il faut se préparer sérieusement aux rétentions,
et les exercices des chapitres précédents constituaient la base de cette
préparation. Vu les importantes réactions psychophysiologiques que
déclenche la pratique des rétentions de souffle (Kumbhaka, en sans-
crit), la prudence est de rigueur. Il est nécessaire, surtout en l’absence
d’un guide qualifié, de savoir très exactement ce qui se passe quand on
bloque le souffle.
Répercussions physiologiques
Les longues rétentions de souffle des yogis s’expliquent biologiquement.
Retenons que la rétention de souffle met en action des mécanismes psy-
chophysiologiques fondamentaux présents – à l’état rudimentaire – chez
l’homme et susceptibles de développement par l’exercice. À ce stade, une
question doit être posée : « Pourquoi et comment ? ».
324 LA DYNAMIQUE DU SOUFFLE |
Objectifs du Kumbhaka
La réponse ne peut pas être simple, parce que les techniques de prânayâma
visent tout le domaine psychophysiologique. Chez le hatha yogi, la réten-
tion du souffle provoque d’abord un dégagement d’énergie, de prâna, dans
le corps, suivi d’une meilleure répartition dans tout l’organisme. Le yogi
veut acquérir le pouvoir de le diriger à volonté vers toutes les parties de son
corps où il juge nécessaire de l’envoyer.
Les rishis de l'Inde antique ont fixé avec précision les règles
de la diététique yogique et déterminé quels aliments le yogi doit
choisir pour rester jeune et sain, mais les différences de climat,
de mode de vie, d'aliments disponibles, sont telles qu'il est
impossible en Occident de suivre leurs préceptes à la lettre.
Comme le yoga sans la diététique n'apporte pas tous les
bénéfices que l'adepte doit en attendre, la nourriture apportant
les matériaux de construction du corps, nous devrons, ensemble,
établir les principes diététiques applicables en Occident.
“
Bien mastiquer
Une nourriture bien mastiquée Bien sûr, nous savons qu'il faut mastiquer les aliments à fond. Des ali-
est à moitié digérée. ments insuffisamment mastiqués qui n'ont pas subi la prédigestion buccale
deviennent un lest dans l'estomac et l'intestin.
Les yogis mastiquent leur nourriture avec une patience de ruminant
pour en extraire tout le goût, jusqu'à ce qu'elle se liquéfie en bouche et la
triturent voluptueusement avec la langue, organe principal d'absorption
d'énergie prânique, après la muqueuse du nez.
Il faut mâcher, triturer, malaxer chaque bouchée, la tenir en bouche le
plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'elle passe d'elle-même dans l'œso-
phage. Ne comptez pas vos mastications ! Laissez agir la salive sur les
aliments, concentrez toute votre attention sur l'acte de manger, sur les
modifications de goût qui se produisent et vous découvrirez la véritable
saveur des aliments.
“
Résultats
Une preuve de l'efficacité de la méthode est donnée par les déjections : Réapprendre à manger est
les selles sont bien moulées, molles, ont l'aspect de terre glaise humide et une tâche ingrate, exigeant
ne sont plus malodorantes ; la constipation s'élimine. Vous en connaissez patience et persévérance.
les effets néfastes : les toxines produites par les bactéries de putréfaction Ne vous faites aucune illusion !
passent dans le sang et empoisonnent tout l'organisme. Il est très difficile d'éliminer
une habitude aussi ancrée
que celle de manger en hâte.
Carnivore ou végétarien ?
La diététique est une science ingrate car quel que soit le régime préco-
nisé, il est impossible de rallier l'unanimité des suffrages ; aucun système
n'est parfait ni valable universellement en toutes circonstances. En cette
matière, tout est individuel et dépend du cas particulier.
En Inde, les yogis sont végétariens, lacto-céréaliens pour préciser,
mais cela n'implique pas qu'un Occidental pratiquant une demi-heure
par jour doive pour autant renoncer à la viande. Toutefois, il faut consi-
dérer la question en écartant tout préjugé et se demander :
\ s'il est « indispensable » de manger de la viande ;
\ si « oui » quelle quantité faut-il manger ?
\ si « non », pourquoi et…
\ … par quoi la remplacer ?
RÈGLES À SUIVRE
Introduction
Les exercices abdominaux sont caractéristiques et spectaculaires et le
non-initié qui voit un adepte rétracter entièrement son abdomen en est
très impressionné. Mais Uddiyana Bandha ne présente aucune difficulté !
En hatha yoga c’est aussi élémentaire que la planche en natation, et lors-
qu’on en a saisi le mécanisme, il est fréquent de le réussir d’emblée.
Mécanisme
Que se passe-t-il pendant l’Uddiyana ? Après avoir vidé à fond les poumons
par une expiration forcée, sous l’effet d’une fausse inspiration, qui crée une
dépression dans le thorax, le diaphragme s’élève, aspirant à sa suite les vis-
cères qui remontent donc en partie dans la cage thoracique. Refoulé par la
pression atmosphérique, le ventre se creuse, s’efface et s’aplatit ; de profil,
l’abdomen semble avoir disparu.
| Uddiyana Bandha 335
LA TECHNIQUE INFAILLIBLE
Position
Pour trouver infailliblement la position correcte, il faut d’abord
s’accroupir ; ainsi, le dos est quelque peu arrondi. Puis se relever
lentement sans modifier la position du tronc, c’est-à-dire ni son
inclinaison ni la courbure du dos. Lorsque les jambes sont presque
droites (en fait, les genoux sont pliés comme pour le ski, la rotule
à la verticale des orteils), il suffit de poser les mains sur les cuisses
pour être dans la position correcte. Pour pouvoir relâcher la sangle
abdominale, les bras doivent soutenir les épaules et maintenir le corps
fermement en place durant tout l’exercice1, en poussant les coudes
vers l’avant, ce qui facilite l’exercice.
“
En procédant ainsi, automatiquement vos pieds seront à environ
30 à 40 centimètres l’un de l’autre et presque parallèles. Quand Uddiyana
vous sera devenu familier, vous pourrez vous dispenser de passer par Uddiyana Bandha peut
la position accroupie. Uddiyana Bandha peut aussi se pratiquer en lotus. aussi se pratiquer en lotus.
L’exercice commence
Premier temps
Expirez d’abord avec force, en contractant même les abdominaux pour
vider les poumons à fond ; moins il restera d’air résiduel dans les poumons,
plus la rétraction abdominale sera facile.
336 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Deuxième temps
CAUSES D’ÉCHEC En apnée, donc sans laisser rentrer d’air, relaxez rapidement mais complè-
ET REMÈDES tement la sangle abdominale que vous avez contractée pour achever l’ex-
piration forcée, puis écartez les côtes et faites le simulacre d’une profonde
inspiration thoracique. Dès que les côtes s’élèvent, le diaphragme monte et
Uddiyana ne peut pas réussir si :
vous verrez le ventre se rétracter. Tenez l’Uddiyana durant quelques ins-
A les poumons ne restent pas tants – 5 secondes au début – et augmentez progressivement la durée.
vides, et si vous laissez entrer
de l’air au moment de la Fin d’Uddiyana Bandha
rétraction.
En fin d’Uddiyana, laissez la cage thoracique reprendre son amplitude normale
Remède : au début, vous pouvez et le ventre revenir à sa position habituelle. Alors, mais alors seulement, inspi-
pincer les narines entre le pouce rez : ainsi l’air entrera en douceur dans les poumons. Si vous laissiez affluer
et l’index de la main gauche, par l’air en Uddiyana Bandha, la dépression régnant dans le thorax provoquerait
exemple, pour être sûr de rester un violent appel d’air dans les poumons. Vu leur structure très délicate et l’ex-
en apnée durant tout l’exercice. trême ténuité de la membrane alvéolaire, cela n’est pas souhaitable.
A la sangle abdominale reste
contractée. Dans la position
Uddiyana Bandha classique complet
de départ, poumons vides,
avec la main, tâtez L’Uddiyana Bandha se complète en faisant saillir les muscles obliques pen-
la musculature du ventre dant la rétraction de l’abdomen. Concentrez-vous et contractez les flancs ;
pour vérifier si elle est cela aide à isoler les obliques. Ne vous découragez pas si la réussite se fait
relâchée, sans quoi un peu attendre ! Vous retirerez déjà tant d’avantages de la formule simpli-
Uddiyana est impossible. fiée que vous serez conquis par cet exercice bénéfique entre tous.
Remède : voir paragraphe suivant.
oui, mais non le tube digestif ! Lorsque la digestion stomacale est finie, la
digestion intestinale se poursuit encore durant des heures.
CONTRE-INDICATIONS
L’estomac tire profit d’Uddiyana qui vide la poche des sucs digestifs
résiduels – surtout s’il est ptosé ; or, dans notre civilisation de grands
Toutes les affections aiguës des
mangeurs, l’estomac de chacun est plus ou moins déformé et distendu.
organes abdominaux constituent
Uddiyana et Agnisara Dhauti influencent les glandes annexes du tube une contre-indication : colite,
digestif. Le foie, logé sous le diaphragme, est stimulé, décongestionné, appendicite, etc. Si l’affection
ainsi que le pancréas, dont les îlots de Langerhans sécrètent l’insuline. était ignorée, Uddiyana Bandha
Les reins sont vivifiés ; il y a augmentation de la diurèse, tonification des provoquerait une douleur.
surrénales, décongestion du tractus génito-urinaire et soulagement des Dans ce cas, stoppez et
ptoses rénales. consultez votre médecin.
Les ptoses, en revanche, ne sont
Uddiyana combat l’aérophagie, provoquant l’évacuation des gaz, la pas une contre-indication ;
rate est stimulée et activée. cet exercice les soulage
beaucoup.
Plexus solaire
Le plexus solaire, déjà cité à propos de l’arc notamment, est une formation
nerveuse d’une importance capitale, un véritable « cerveau abdominal » qui
participe à la régulation de toutes les fonctions localisées dans l’abdomen, et
dont l’action se propage au système nerveux tout entier. Par la rétention de
souffle, Uddiyana agit sur le pneumogastrique et rétablit l’équilibre neuro-
végétatif. Uddiyana Bandha stimule le plexus solaire par l’étirement de toute
cette région et englobe aussi le plexus cœliaque dans son action.
Cavité thoracique
L’action d’Uddiyana Bandha ne se limite pas au seul étage abdominal : en
créant une dépression dans la cage thoracique, il intéresse aussi le dia-
phragme, les poumons et le cœur.
Chez tant de sédentaires, le diaphragme, qui devrait jouer un rôle
fondamental dans l’acte respiratoire et dont les mouvements de piston
devraient en outre masser les viscères tout en activant la circulation
sanguine, se trouve bloqué et peu mobile. Uddiyana Bandha et Agnisara
Dhauti lui restituent sa mobilité.
Uddiyana agit sur les poumons, qu’il stimule tout en leur rendant
leur élasticité tandis que l’apnée à poumons vides (exempte de danger)
les fortifie. Le cœur lui-même, posé sur le diaphragme, soigneusement
capitonné entre les poumons, bénéficie du massage provoqué par le sou-
lèvement répété du diaphragme.
Les cardiaques déclarés doivent d’ailleurs s’en abstenir ou consulter
leur médecin au préalable.
Conclusion
Uddiyana Bandha et Agnisara Dhauti sont des toniques intégraux que
Swami Sivânanda qualifiait à juste titre de bienfaiteurs de l’humanité sans
équivalent dans aucun autre système d’éducation physique.
Nauli Kriya –
la gestuelle abdominale
Nauli est un des exercices les plus puissants du yoga,
bien qu’il ne mette en action que peu de muscles.
Sa pratique est spectaculaire, surtout pour le non-initié
qui en est le témoin pour la première fois.
De quoi s’agit-il ?
L’adepte ayant d’abord « escamoté » l’abdomen grâce à Uddiyana, voici
qu’au milieu de la caverne creusée sous son thorax, saille sous la peau un
étrange pilier de chair reliant le pubis au sternum. C’est la première sur-
prise. Quand ce pilier se met en mouvement, roule de gauche à droite, puis
de droite à gauche, l’étonnement devient de la stupéfaction. On croirait
qu’un rouleau à pâtisserie triture le ventre en un mouvement rotatif qui
s’accélère ou se ralentit au gré du yogi.
Passons à la pratique !
Position de départ
Habituellement c’est la position debout, les pieds écartés d’environ
30 centimètres, les genoux pliés, les mains plaquées sur les cuisses et y
NAULI CENTRAL, prenant fermement appui, comme pour Uddiyana Bandha. Bien maîtrisé,
VARIANTE il se pratique en lotus.
\ Nauli à droite ;
\ Nauli central ;
\ Nauli à gauche ;
\ Uddiyana.
Vitesse d’exécution
Concernant la vitesse d’exécution, les écritures (voir Daniélou) disent
que le mouvement doit être pareil à celui d’une vague sur la rivière. Cette
comparaison est poétique certes, mais d’une précision toute relative. C’est
sans doute pourquoi l’on voit certains yogis de l’Inde pratiquer Nauli très
vite, d’autres le plus lentement possible, avec toute la gamme des intermé-
diaires. En fait, la vitesse a relativement peu d’importance, en aucun cas il
ne faut lui sacrifier la correction de l’exercice.
“
Durée de l’exercice
Les yogis indiens pratiquent Il faut y consacrer au minimum 3 minutes (repos inclus). Les yogis indiens
Nauli durant 15 à 30 minutes pratiquent Nauli durant 15 à 30 minutes par jour !
par jour !
Apprendre Nauli
Il m’a fallu du temps avant de me lancer dans l’explication de cet exercice,
car je cherchais la « technique » ou le « truc » permettant d’apprendre
facilement le Nauli. Que fait l’adepte lorsqu’il le pratique ? Il contracte et
relaxe des muscles. Il n’y a aucune explication à donner : on pense le mou-
vement et le muscle obéit. Nauli n’est rien d’autre !
Tout d’abord, il faut bien se représenter que conscience et mouve-
ment volontaire sont deux processus intimement liés.
La pratique assidue d’Uddiyana Bandha favorise cette prise de
conscience de l’ensemble des muscles de la sangle abdominale. Lorsqu’il
sera bien maîtrisé, vous pourrez aborder l’apprentissage de Nauli en vous
concentrant sur l’insertion des grands droits à la symphyse pubienne : il est
| La gestuelle abdominale 341
plus aisé d’acquérir le contrôle d’un muscle à partir de son point d’insertion.
D’autre part, la vue aide puissamment à localiser les muscles. Penchez-vous
légèrement en avant pour regarder le ventre pendant l’apprentissage.
“
La cavité thoracique est mise en dépression, ce qui replie les poumons sur
eux-mêmes, et maintient leur élasticité, élément capital pour leur santé.
Nauli est donc aussi
Quant au cœur, par l’alternance des pressions et des dépressions pro- important pour la santé
voquées par Nauli, suivi ou précédé de respirations avec sangle contrôlée, des poumons et du cœur
il est massé d’une façon à la fois douce et énergique, ce qui nourrit le que pour celle des organes
muscle cardiaque lui-même et constitue une des meilleures protections abdominaux.
contre l’infarctus notamment.
342 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Nauli est donc aussi important pour la santé des poumons et du cœur
que pour celle des organes abdominaux.
Massage du tronc
Les effets de cet exercice exclusif et caractéristique du yoga sont specta-
culaires. L’alternance de pressions et dépressions successives produit des
effets extraordinaires dans le tronc tout entier, intéresse tous les viscères
ainsi que certains plexus vitaux. Il en découle une accélération de l’irriga-
tion sanguine, non seulement dans les organes du tronc, mais aussi dans
“
l’organisme tout entier, jusque et y compris dans le cerveau et... les dents !
Quel que soit le procédé de massage utilisé, autre que Nauli, les vis-
Nauli Kriya constitue cères ne sont jamais touchés qu’au travers des couches musculaires (et
un massage abdominal souvent adipeuses) de la sangle abdominale. Dans le Nauli Kriya, c’est la
sans équivalent. sangle abdominale elle-même qui masse les viscères.
La différence réelle est beaucoup plus profonde qu’on ne pourrait
le supposer à première vue. Supposons un massage abdominal réalisé
au moyen d’un rouleau qui imiterait le mouvement circulaire du Nauli
Kriya. Nous aurions un massage par compression, exactement comme
avec un rouleau à pâtisserie qui écraserait la pâte pour en faire de la pâte
feuilletée. Dans la pratique de Nauli Kriya, la situation est totalement dif-
férente puisqu’il se crée une dépression. C’est un massage dépressif par
aspiration progressive de tous les organes. Au lieu d’en exprimer le sang
par compression, cette dépression y attire en grande abondance le sang
artériel qui chasse devant lui le sang veineux stagnant dans les organes
abdominaux, d’où une stimulation de tous les viscères de l’abdomen.
Cette stimulation augmente dans de fortes proportions le dynamisme
de l’organisme et la vitalité en général. Cette action s’exerce non seule-
ment sur le tube digestif proprement dit, où Nauli élimine radicalement
la constipation, mais aussi sur les autres émonctoires, et notamment les
reins. La diurèse est augmentée et la santé des reins assurée.
Plexus solaire
La structure la plus spectaculairement influencée par Nauli est le plexus
solaire qui se trouve décongestionné. Si l’on se souvient de son rôle de cer-
veau abdominal et de son action sur tous les organes de la cavité abdomi-
nale, on mesure toute l’importance de Nauli. N’oublions pas non plus que le
plexus solaire est aussi le résonateur physiologique de toutes nos anxiétés.
La pratique du Nauli dissipe les états émotionnels d’anxiété que déclenche
la vie moderne. Nauli a donc des répercussions même dans le domaine
émotif, ce que les adeptes du yoga croiront sans peine, mais qui pourrait
laisser sceptiques les non-initiés.
| La gestuelle abdominale 343
Conclusion
Citons en conclusion les versets II, 34 du Hatha Yoga Pradîpikâ : « Nauli
est la plus importante de toutes les pratiques du hatha yoga. Il augmente le
feu de la digestion, favorise l’assimilation, produit une sensation agréable
et détruit tous les malaises. »
Kriyas pour le ventre
ÉTYMOLOGIE : Kriya signifie « acte », « action », « processus ».
Technique
Les Kriyas se pratiquent en position couchée. Il faut que le dos soit aussi
plat que possible contre le tapis ; si, à cause d’une hyperlordose lombaire,
le bas du dos ne touche pas le tapis, il est préférable de travailler avec les
genoux repliés et joints, et les pieds l’un contre l’autre. Entre deux Kriyas
on peut toutefois se relaxer et laisser les pieds s’écarter.
“
Quatrième Kriya : à poumons pleins
Les cardiaques non Comme pour la précédente, les poumons seront modérément remplis d’air.
seulement peuvent, Toujours en position couchée sur le dos, gonflez l’abdomen suivant les
mais devraient pratiquer prescriptions ci-dessus puis rétractez-le, en conservant l’air enfermé dans
cet exercice. les poumons. Répétez ce processus plusieurs fois sur une même rétention
de souffle puis, lorsque cela cesse d’être confortable, videz lentement les
poumons et effectuez quelques respirations normales en position couchée
sur le dos. Répétez le processus une deuxième puis une troisième fois.
Cette Kriya est l’inverse de la deuxième décrite à la page précédente.
Effets bénéfiques
Organes abdominaux
Il est bien évident que l’étage abdominal est le premier bénéficiaire de ces
Kriyas. Pendant la pratique, les organes sont tour à tour étirés puis compri-
més, ce qui les décongestionne, les masse et les stimule. L’abdomen étant
l’usine où notre organisme s’élabore en permanence, l’importance de ces
Kriyas n’échappera à personne.
| Kriyas pour le ventre 347
Cœur et poumons
La dépression suivie de la compression créée pendant la pratique de ces
Kriyas est éminemment bénéfique pour le diaphragme dont il assure la mobi-
lité. Les poumons sont ainsi, tour à tour, soumis à une dépression nettement
plus forte que la normale puis, inversement, à une surpression ; cela stimule
tous les alvéoles pulmonaires et maintient la parfaite élasticité des poumons.
Normalement, des 300 millions d’alvéoles pulmonaires dont nous dispo-
sons, seule une petite partie se déplisse à chaque inspiration, étant donné la
faible ampleur de celle-ci chez le sédentaire moderne. Pendant ces Kriyas,
un nombre considérablement accru d’alvéoles pulmonaires se trouve impli-
qué dans l’acte respiratoire, ce qui produit un effet stimulant. Par ailleurs, le
cœur se trouve massé d’une manière très douce, à la fois par les mouvements
du diaphragme et par les modifications de pression dans les poumons qui
l’entourent, d’où une meilleure nutrition du muscle cardiaque (myocarde).
Vajra Mudrâ –
le geste de la foudre
ÉTYMOLOGIE : Vajra = « diamant » ; Mudrâ signifie aussi bien un sceau qu’un geste.
Technique
Première phase
Amenez la main gauche vers le flanc droit, à peu près à hauteur du
nombril. Saisissez cette main avec la droite. L’avant-bras doit se placer
d’une manière aussi transversale que possible par rapport à l’abdomen.
Par conséquent, il faudrait s’efforcer de disposer le coude du bras replié
de façon à l’installer sous les fausses côtes (côtes 8 à 10).
Deuxième temps
Tout en maintenant l’avant-bras transversalement par rapport à l’abdo-
men, videz les poumons à fond. Rétractez un peu l’abdomen puis, pro-
gressivement et à partir du sacrum, vertèbre par vertèbre, inclinez-vous
vers l’avant. N’arrondissez pas le dos, mais descendez au contraire avec la
colonne vertébrale aussi rectiligne que possible, excepté au niveau des ver-
tèbres lombaires et ensuite progressivement vers le haut du dos à mesure
que le buste descend en direction du sol. Bientôt l’avant-bras bute contre
les cuisses et à ce moment-là on peut soit lâcher la main qui tenait l’avant-
bras, soit la garder dans cette position. L’inclinaison vers l’avant se pour-
suit inévitablement, l’abdomen est comprimé de plus en plus fort contre
l’avant-bras, bloqué par les cuisses. La pression intra-abdominale aug-
mente progressivement. Arrêtez-vous au moment où vous percevez que la
pression atteint son maximum, c’est-à-dire lorsque la colonne vertébrale
se trouve à peu près à l’horizontale. Il ne faut donc pas se forcer à poser
le front ni le menton au sol, mais, au contraire, regarder devant soi pour
garder le haut du dos rectiligne.
350 L’ÉNERGIE DU YOGA |
1
de la colonne vertébrale et se limite aux vertèbres à partir
du sacrum. Pendant cette phase, la respiration se poursuit
normalement tandis que la pression intra-abdominale
s’accroît.
2
un massage abdominal très efficace. Effectuez une dizaine
de respirations, puis redressez et reprenez la position n° 1.
Dans cette attitude, s’il y a accumulation de poches de gaz
dans le tractus intestinal, placez une immobilisation plus
prolongée et attendez d’éventuelles évacuations avant de
reprendre la posture après avoir inversé la position des bras.
ERREUR COURANTE
3
recherché par l’exercice. Toutefois, pour les personnes
qui souhaiteraient précisément réduire cette pression
et se relaxer dans la position, elle serait acceptable,
mais il importait de préciser que ce n’est pas l’attitude
prévue classiquement.
| Vajra Mudrâ 351
Immobilisation
Dans cette attitude, immobilisez-vous et continuez à respirer d’une manière
aussi profonde que possible, en vous efforçant de gonfler l’abdomen, lequel CONTRE-INDICATIONS
se heurte à la résistance opposée tant par le bras que par les cuisses. Du
fait même de cette résistance, l’inspiration accroît encore la pression intra-
L’augmentation de la pression
abdominale, ce qui est – bien entendu – le but recherché. Effectuez au
abdominale peut, dans les cas
moins une dizaine de respirations dans cette position puis, en redressant
d’aérophagie notamment, causer
lentement le corps à partir de la nuque (donc exactement en sens inverse de
une gêne (très supportable), gage
la prise de position), revenez à la position de départ, Vajrâsana.
de l’efficacité de l’exercice, mais
non pas une douleur. S’il y avait
Répétition une réelle souffrance, consultez
votre médecin pour en établir
Cette mudrâ s’effectue une seconde fois en repliant l’autre bras. Précisons, la cause. Si cette douleur est
« au moins », car dans certains cas les adeptes ont intérêt à poursuivre cet due à une atteinte des viscères
exercice, et notamment les personnes souffrant d’aérophagie, pour les- abdominaux (exemple : colite
quelles nous donnerons ci-dessous des prescriptions particulières. Les aiguë), il faudrait soit réduire
autres pourront, après avoir répété l’exercice une seconde fois, se relaxer l’intensité de l’exercice, soit le
en position couchée sur le dos et pratiquer des respirations yogiques pro- supprimer jusqu’à ce qu’il n’y ait
fondes. plus de douleur, soit le supprimer
totalement.
En revanche en cas de
Effets bénéfiques constipation opiniâtre, avec
accumulation de matières
Aérophagie
durcies dans le gros intestin,
Un pourcentage de personnes beaucoup plus important qu’on ne le sup- celles-ci peuvent provoquer
pose souffre d’aérophagie, ce qui signifie littéralement « manger de l’air », des sensations douloureuses
bien que ce ne soit pas toujours causé par le fait qu’on avale de l’air en man- qui ne seraient pas une contre-
geant. Pour ces personnes, Vajra Mudrâ représente un moyen d’évacuer les indication à l’exercice, à condition
poches de gaz enfermées dans le tractus intestinal. Quelle que soit d’ail- qu’elles demeurent dans des
leurs l’origine de ces poches de gaz, Vajra Mudrâ agit avec la même effi- limites raisonnables. Il ne faut
cacité. Toutefois, cette pratique doit être complétée par une modification donc, en aucun cas, accepter de
des habitudes alimentaires. La véritable aérophagie est provoquée par la véritable souffrance.
déglutition d’air, notamment au moment des repas. Que faut-il faire dans
ce cas ?
\ Ne pas parler à table !
\ Ne pas avaler en inspirant.
Autrement dit, n’ouvrir la bouche pour prendre une bouchée de nour-
riture qu’après une inspiration et en retenant le souffle. La bouche étant
fermée pendant la mastication, on peut évidemment respirer normale-
ment. Il ne faudrait avaler la nourriture qu’après avoir fait une expiration
profonde par le nez. Il y a donc une petite discipline personnelle et de
nouveaux plis à prendre pendant les repas.
Il arrive souvent que l’on qualifie d’aérophagie des troubles dus en
réalité à des fermentations intestinales. L’inverse est tout aussi vrai. S’il
s’agit de fermentations intestinales, il y a lieu de revoir complètement son
régime alimentaire.
352 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Considérations générales
Nous faisons partie du cosmos, bien que nous ayons tendance à nous en
isoler : il y a « moi », c’est-à-dire « mon » corps et « mon » esprit, et « le
reste », qui inclut à la fois l’ensemble des êtres vivants et la matière ina-
nimée – ou du moins considérée comme telle. Cette vision des choses
est à reconsidérer. Il nous est impossible de nous dissocier de notre envi-
ronnement immédiat – et lointain, avec lequel nous sommes en relation
constante d’échanges sur tous les plans ! Un flux incessant de particules,
molécules et atomes, traverse notre corps, non seulement sous forme de
nourriture solide et liquide, mais sous forme gazeuse et subtile. L’air nous
apporte l’oxygène, sans doute, mais il est aussi chargé de vapeurs d’eau,
d’effluves subtils (les odeurs de la nature jouent un rôle très important) que
nous avons remplacés par les odeurs de gaz d’échappement. En outre, l’air
contient aussi de l’énergie directement assimilable, du prâna, dont une des
formes est représentée par les ions négatifs.
Ainsi donc, vivre c’est changer, c’est échanger. Notre permanence
n’est assurée qu’à travers une impermanence perpétuelle. Plus nous
vivrons en état d'équilibrer prâna et apâna lors d’échanges actifs avec le
monde qui nous entoure, plus nous serons vivants au sens le plus dyna-
mique du terme. L’isolationnisme n’existe pas dans le domaine de la vie.
“
Notre corps – pour ne citer que lui – est un tourbillon d’énergie dans
l’océan prânique universel.
Les yogis ont perçu ce courant perpétuel d’échanges entre l’individu Ainsi, les divers vayus
et son milieu. Ils ont même distingué les diverses spécialisations de ces sont des spécialisations
énergies qu’ils ont appelées vayus, c’est-à-dire « énergies subtiles ». Je de l’énergie vitale,
m’éloigne délibérément de la traduction habituelle « vayu » = « air », car des fonctions plutôt
si cette traduction se rapproche plus du sanscrit littéral, elle nous éloigne que des organes.
de l’esprit du yoga. En effet, pour l’Occidental, « air » fait penser à l’air
matériel que nous respirons, alors que les yogis ont surtout en vue les
énergies véhiculées par l’air. Ainsi, les divers vayus sont des spécialisa-
tions de l’énergie vitale, des fonctions plutôt que des organes.
354 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Technique
Position de départ
Se coucher à plat dos en veillant à plaquer la colonne vertébrale contre le
tapis, sans effort toutefois, en se détendant. La sangle abdominale peut et
doit même légèrement se contracter, notamment pour garder les lombes
contre le sol durant tout l’exercice. Il n’est pas question cependant de dur-
cir l’abdomen. La nuque est soigneusement étirée et allongée. Les pieds sont
joints sans raideur, les malléoles internes se touchent. Il est important de se
concentrer, de s’intérioriser et de percevoir les deux moitiés du corps avec
une égale intensité. Il s’agit d’équilibrer la perception des sensations corpo-
relles dans les deux moitiés du corps, sans laisser prédominer la droite chez
les droitiers, par exemple. Il faut avoir l’impression de peser autant à gauche
qu’à droite. Les bras sont posés le long du corps, la paume plaquée au sol,
les bras s’appuyant sur le tapis, depuis les épaules jusqu’au bout des doigts.
| Équilibrer prâna et apâna 355
L’exercice
Chaque hémicorps va travailler en alternance. Vous allez d’abord mettre
en action la moitié droite du corps. Dirigez toute votre attention vers cette
moitié, puis contractez les muscles de la jambe droite en attirant le pied
vers le tibia et en pliant les orteils en direction de ce même tibia.
Ensuite inspirez lentement en soulevant la jambe droite contractée ;
vous allez ainsi la lever et la rapprocher le plus possible du corps, sans
soulever ni plier l’autre jambe. En général, on va jusqu’à la verticale et
c’est parfait ainsi. À ce stade, la sangle abdominale est fortement contrac-
tée, surtout à droite, c’est-à-dire du côté de la jambe levée.
Vous arrivez donc à la verticale en fin d’inspiration. Il est important
de ne pas contracter les muscles de la moitié gauche du corps. Il faut aussi
s’intérioriser dans le demi-thorax droit et vous imaginer que vous ne res-
pirez qu’à droite. Il est évident que l’air entre dans les deux poumons,
mais il faut quand même essayer d’ouvrir au maximum le demi-thorax
droit, comme si vous pouviez n’inspirer que de ce côté.
Expiration
En fin d’inspiration, arrêtez-vous l’espace de 2 ou 3 secondes à poumons
pleins. Avant d’entamer l’expiration, pointez les orteils vers le ciel, comme
une danseuse qui fait des pointes. Vous percevez que ce sont alors d’autres
muscles qui se contractent dans la jambe (droite cette fois encore, évidem-
ment).
Puis expirez lentement en ramenant la jambe à sa position de départ,
au sol, à côté de la gauche. Elle ne doit toucher le sol que lorsque les pou-
mons sont vides.
1
La jambe est attirée à la verticale par
la contraction de la sangle abdominale.
Retenez le souffle 1 ou 2 secondes...
2
et d’entamer une expiration tout aussi lente
et synchronisée sur le mouvement de la jambe
pendant sa descente vers le sol.
3
et repartez sur une nouvelle inspiration.
Continuez ainsi le cycle à volonté.
Minimum : 5 fois de chaque côté.
| Équilibrer prâna et apâna 357
Répétition
Recommencez avec la même jambe ; toutefois, avant d’inspirer à nouveau, INDICATIONS
stoppez 2 ou 3 secondes, repliez le pied droit vers le tibia et ainsi de suite. IMPORTANTES
5 exécutions à droite seront suivies de 5 exécutions à gauche.
Afin de donner à l’exercice
Par quel côté commencer ? son maximum de signification
En travaillant en alternance comme nous l’avons décrit, il est préférable d’uti- et d’efficacité yogiques, il faut
liser d’abord la jambe droite si l’on est droitier. Si l’on fait 5 exécutions (ou veiller à ce que l’inspiration
plus, car il n’y a pas de limite, on peut pratiquer l’exercice autant de fois qu’on et l’expiration aient exactement
le souhaite), il est recommandé de commencer à droite, car la contraction la même durée et soient aussi
de la sangle abdominale triture l’abdomen et stimule le côlon dans le sens lentes que possible. Il faut
normal du péristaltisme. Cela n’est pas impératif, mais puisqu’il n’est pas plus réaliser une synchronisation
difficile de procéder ainsi, pourquoi ne pas respecter ces indications ? et un équilibre dans le temps
(ce qui est obtenu par la durée
égale de l’inspiration et de
Effets bénéfiques l’expiration) et dans l’espace,
c’est-à-dire à gauche et
Nous distinguerons les « effets hygiéniques », c’est-à-dire ceux qui justi-
à droite. La moitié du corps
fient physiologiquement les effets de l’exercice, et les effets « yogiques »,
qui ne travaille pas doit rester
basés sur la conception particulière des lois de la vie qui est propre au yoga.
rigoureusement inactive.
Muscles
Cet exercice, pratiqué avec intériorisation maximale, donne un bon
contrôle de la musculature et active chaque fois une moitié du corps. La
musculature de la sangle abdominale se fortifie progressivement, ainsi que CONTRE-INDICATIONS
la musculature des jambes. Le travail particulier du pied fortifie la muscu-
lature qui le commande, y compris celle de nos pauvres orteils, si oubliés
tout là-bas, au fond de nos chaussures (mal conçues, d’ailleurs !). Il n’y a pas de contre-indications
à cet exercice. Il présente
L’efficacité de ce travail se traduit parfois par des crampes. Si une crampe
même l’avantage de pouvoir être
se produisait, ne la laissez pas se développer. Manipulez immédiatement le
pratiqué sans devoir
pied avec vigueur dans le sens opposé à la crampe : vous la coupez instanta-
se déshabiller !
nément. Lorsque la crampe est passée, massez gentiment les muscles qui ont
été tétanisés, et la prochaine fois, travaillez plus légèrement. La pratique de
cet exercice réduira petit à petit la tendance aux crampes.
Squelette
“
À première vue, il ne paraît guère que cet exercice agit particulièrement sur
le squelette. Exécuté correctement, c’est-à-dire si la colonne est bien plaquée
au sol dans la région lombaire, il tend à replacer le bassin dans son angle La pratique de cet exercice
correct, alors que chez bien des personnes, les femmes plus spécialement, réduira petit à petit
il se trouve trop basculé vers l’avant. L’articulation coxo-fémorale conserve la tendance aux crampes.
sa mobilité, ce qui est important, car dès l’âge de 40 ans déjà, cette mobilité
tend à se réduire. Or il s’agit d’une des articulations les plus importantes du
corps ; en maintenir la mobilité prévient bien des souffrances, car lorsqu’elle
est perdue, ou seulement réduite, c’est la mobilité générale du corps qui s’en
ressent. Dans les cas les plus graves, cela aboutit à l’impotence prématurée.
Avantage de l’exercice : l’articulation travaille sans charge, donc dans
les meilleures conditions possible.
358 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Circulation sanguine
La respiration, lente et profonde, exerce automatiquement une puissante
action de succion sur la circulation veineuse ; le travail des jambes l’in-
tensifie notablement. Les contractions musculaires des jambes, dans la
marche et la course, compriment les veines profondes et constituent un
des moteurs essentiels de la circulation sanguine de retour ; le sédentaire,
qui marche de moins en moins, se prive ainsi d’une stimulation physio-
logique essentielle de son système cardio-vasculaire. Dans notre exercice,
la contraction de la musculature de chaque jambe ajoutée aux effets de la
respiration profonde accélère la circulation sans fatiguer le cœur.
Autre élément important : la position même dans laquelle l’exercice
est pratiqué. En position couchée, en effet, la circulation sanguine s’effec-
tue avec beaucoup plus de facilité que debout.
Un élément supplémentaire s’y ajoute encore. Tout le monde connaît
le principe de Pascal qui fait que la pression d’un liquide se transmet dans
tous les sens, et qu’elle est proportionnelle à la hauteur de la colonne de
ce liquide. Ce principe d’hydrostatique joue aussi dans le corps où la hau-
teur de la colonne liquide (constituée par la jambe qui s’élève) transmet
bien la pression dans tout le corps et favorise le retour du sang veineux
vers le cœur. Le muscle cardiaque voit donc son travail facilité ; en outre,
il est lui-même correctement nourri par un sang bien oxygéné. Excellent
exercice préventif de toutes les atteintes cardiaques ! Après un infarctus,
il peut être progressivement appliqué dès la période de convalescence.
Viscères abdominaux
Pour fonctionner correctement, les viscères de l’abdomen ont besoin de la
stimulation que leur procure la contraction rythmique de la sangle abdo-
minale dans la marche et dans tous les autres exercices physiques naturels.
Dans notre vie de sédentaires, cette stimulation est refusée pendant une
bonne partie de la journée, d’où une baisse du tonus vital de ces organes
essentiels. En soulevant la jambe, la musculature de la sangle, mise en
action, agit ainsi sur les organes abdominaux en les stimulant tous.
Cet exercice masse les viscères en douceur et en profondeur et est
très utile dans la lutte contre la constipation. Comme la sangle est auto-
matiquement contractée, la respiration se fait avec sangle abdominale
contrôlée (avec tous les avantages que cela comporte).
“
Effets yogiques
Équilibre et symétrie sont Équilibre et symétrie sont deux volets essentiels du yoga. L’équilibre cor-
deux volets essentiels porel et prânique se trouve réalisé en égalisant soigneusement la durée de
du yoga. l’inspir et de l’expir, en demeurant à tout moment très conscient de ce qui
se passe dans l’univers intérieur. L’attention ne doit donc pas être tournée
(c’est d’ailleurs une règle générale dans le travail des postures) vers l’exécu-
tion extérieure de l’exercice mais vers son vécu intérieur.
| Équilibrer prâna et apâna 359
“
Un autre aspect de l’exercice va retenir notre attention. Nous savons,
et l’avons rappelé dès l’introduction, que l’énergie vitale se spécialise
selon les grandes fonctions sans se localiser ni se figer dans tel organe Certaines zones sont plus
ou groupe d’organes. Il n’en demeure pas moins que certaines zones particulièrement régies
sont plus particulièrement régies par l’un ou l’autre des vayus. C’est par l’un ou l’autre des vayus.
ainsi qu’apâna vayu – plus particulièrement visé par notre exercice d’au-
jourd’hui – régit la zone s’étendant du nombril aux orteils. Or les orteils
jouent un rôle important dans le bon fonctionnement de l’énergie d’ex-
crétion, apâna, chargée d’évacuer l’urine, les selles, le sperme, les règles,
et présidant même à l’accouchement.
Pieds
Lorsque nous avons étudié apâna, l’énergie d’excrétion, nous avons appris
que les yogis la reliaient spécialement aux orteils, aux gros orteils surtout.
Dans cet exercice, le travail se localise dans toute la zone régie par
apâna vayu avec un effet plus particulier sur le pied et les orteils. Ce tra-
vail doit donc être effectué avec soin, en mobilisant au maximum le pied
et les orteils, notamment le gros orteil. Ainsi l’exercice acquiert son effi-
cacité yogique maximale. De plus, la concentration du mental doit se por-
ter plus activement encore sur ce qui se passe dans le pied et les orteils.
Conclusion
Le fait d’égaliser soigneusement la durée de l’inspiration et de l’expiration
exerce déjà automatiquement une action équilibrante sur prâna et apâna
vayu, nous le savons. Il faut y ajouter que, dans notre exercice, où l’on veille
à ce qu’une moitié du corps soit active, l’autre demeurant aussi passive que
possible, on stimule prâna et apâna d’une façon égale dans les deux moi-
tiés du corps. C’est pourquoi cet exercice n’est pas exécuté en soulevant les
deux jambes à la fois.
Kapâlabhâti
Bien que les Shastras1 classent Kapâlabhâti parmi
les Shat Kriyas – procédés de purification – en pratique,
cet exercice fait partie intégrante du prânayâma,
dont il constitue un des grands classiques que tout
adepte du prânayâma doit connaître et pratiquer.
1 Écritures classiques du yoga, telles que le Hatha Yoga Pradîpikâ et la Gheranda Samhitâ.
Étymologie
Kapâla 1 signifie « crâne » et Bhâti = « faire briller », « nettoyer » (le tout
se prononce « Kapâl’bhâti »). Kapâlabhâti signifie donc, au sens littéral :
« nettoyage du crâne ». « Crâne » désigne dans ce cas les conduits d’air de
la tête : les narines, les cornets du nez et autres passages de l’air jusqu’au
cavum, que l’exercice est censé nettoyer.
Applications
Kapâlabhâti devrait avoir sa place au début de chaque séance de prânayâma
et même au début de chaque séance d’âsanas, pour chasser tout l’air rési-
duel des poumons et provoquer une bonne oxygénation du sang.
Avant de commencer
Avant d’en décrire la technique détaillée, notons qu’il en existe plusieurs
variantes. La seule Gheranda Samhitâ décrit 3 variétés. Le nombre des
variantes souligne d’ailleurs l’importance de l’exercice. Je m’en tiendrai
aux deux variantes pratiquées le plus couramment. L’exercice de base
décrit ci-dessous correspond à ce que j’ai eu l’occasion d’approfondir au
Kaivalyadhama de Lonavla.
“
Kapâlabhâti consiste
en rafales brèves
d’expulsions d’air forcées,
Description succincte de l’exercice
et remarques préalables
À l’inverse de la respiration habituelle où l’inspiration est active et l’expi-
ration passive, dans Kapâlabhâti, l’expiration est active et presque brutale,
chaque fois suivies tandis que l’inspiration est passive.
d’une inspiration passive.
1 Se prononce « Kapâle » avec l’accent tonique sur le second â et un e muet à la fin. À rapprocher du
latin caput : « tête ».
| Kapâlabhâti 361
Technique
Position
Dans ses exécutions modérées, l’exercice peut être pratiqué dans n’importe
quelle posture convenant pour le prânayâma, c’est-à-dire Siddhâsana, Vajrâ-
sana ou le lotus. Dans ses formes poussées, et notamment pour atteindre
certains objectifs spirituels, le lotus est de rigueur. Les mains sont en Jnâna
Mudrâ. Parfois l’exercice se pratique debout, mais c’est exceptionnel. La
colonne vertébrale doit être droite, la tête bien en équilibre.
Le thorax
Kapâlabhâti est un prânayâma diaphragmatique pur, par conséquent abdo-
minal ; pourtant le thorax y joue un rôle important, précisément dans la
mesure où il demeure rigoureusement immobile.
Avant de commencer Kapâlabhâti, bombez le thorax qui doit rester
bloqué en position d’inspiration, avec les côtes écartées. Il demeurera
aussi immobile que possible pendant tout l’exercice : c’est une condition
sine qua non de réussite. Si vous observez le thorax pendant l’exercice,
vous verrez que, bien que bloquées, les dernières côtes bougent. Ce mou-
vement est inévitable et passif car il est dû à la traction exercée par les
muscles de la sangle abdominale reliés aux côtes. Ce qu’il faut éviter, c’est
tout mouvement actif, volontaire, du thorax.
La sangle abdominale
La sangle abdominale est le moteur de l’exercice. Le contrôle requis pour
Kapâlabhâti est totalement différent de celui de la respiration avec sangle
contrôlée.
\ Pour apprendre ce prânayâma, placez-vous dans votre position favo-
rite et après avoir redressé la colonne et bloqué le thorax bombé,
concentrez-vous sur ce qui se passe dans l’abdomen.
\ Placez le centre de gravité du tronc dans le bas-ventre, en dessous du
nombril. Relâchez maintenant la sangle abdominale : le ventre fait
saillie. Contractez brusquement – je dirais même brutalement – les
muscles de la sangle abdominale, les grands droits en particulier. Cette
contraction provoque l’expulsion brutale d’une certaine quantité d’air.
\ Relâchezaussitôt – lentement – la sangle abdominale : le ventre fait à
nouveau légèrement saillie et une certaine quantité d’air entre dans les
poumons, passivement et sans bruit.
362 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Erreurs
Chez de nombreux adeptes, un équilibre tend à s’établir entre la durée de
l’expulsion et celle de l’inspiration subséquente. C’est (avec la rétraction de
la sangle) l’erreur la plus fréquente. La force de l’expulsion étant réduite,
l’exercice voit son efficacité diluée. L’inspiration doit durer au moins trois
fois le temps de l’expulsion.
Contrôle de la glotte
Il existe deux façons de contrôler la direction du jet d’air expiré :
\ On peut le projeter par les narines : le bruit est presque celui que l’on
ferait en se mouchant... sans mouchoir ! L’expulsion est très bruyante
au niveau des narines et les mucosités sont rejetées : prenez la pré-
caution de tenir un mouchoir ouvert sous les narines. Pratiqué ainsi,
l’exercice justifie son nom : « nettoyage du crâne ». Il doit d’ailleurs être
poursuivi jusqu’à ce qu’il ne sorte plus de mucus.
| Kapâlabhâti 363
“
\ Si l’on poursuit l’exercice, ce qui est recommandé en tant que
prânayâma, il faut alors contrôler et freiner l’expulsion au niveau de la
glotte. Pour cela, il ne faut pas contracter la glotte comme dans Ujjay, Kapâlabhâti est un exercice
mais d’une façon beaucoup plus atténuée. À ce moment, l’expulsion de respiration abdominale,
produit un léger bruit dans la gorge et non dans les narines. L’inspira- mais très superficielle.
tion est silencieuse. En tâtonnant un peu, vous trouverez la technique
exacte.
Entraînement progressif
L’autre élément fondamental de Kapâlabhâti est constitué par le nombre
d’expulsions par rafale.
Ici aussi, il faut éviter de brûler les étapes. Kapâlabhâti est un exercice
vigoureux ; il faut que les poumons s’y habituent très progressivement.
Pendant la première semaine, effectuez des rafales de 10 expulsions (bien
entendu toujours suivies de l’inspiration freinée). Après la première rafale,
reposez-vous durant 30 secondes en respirant lentement, à l’aise. Effectuez
ainsi 3 rafales ou séries de 10 au total.
Chaque semaine, ajoutez 10 expulsions, jusqu’à ce que vous attei-
gniez, par paliers successifs, des rafales de 120 expulsions (soit une durée
d’une minute) suivie d’un repos de durée égale. Trois séries de 120 expul-
sions constituent une bonne mesure. En Inde, les yogis montent jusqu’à CONTRE-INDICATIONS
plusieurs centaines d’expulsions ! En fait, c’est la sangle abdominale qui
se fatigue la première !
Cet exercice est soumis
Si nous comparons Kapâlabhâti à la respiration habituelle, où nous aux mêmes restrictions que tous
constatons que nous respirons vingt fois par minute, dans Kapâlabhâti la les exercices de prânayâma.
vitesse est multipliée par six ! Toute personne souffrant d’une
Kapâlabhâti est un exercice de respiration abdominale, mais très affection pulmonaire déclarée
doit s’abstenir. Les cardiaques
superficielle.
pourront pratiquer cet exercice,
mais seulement après une
Concentration longue période de préparation
par la respiration avec sangle
\ Audébut, se concentrer sur la correction de l’exercice en lui-même : contrôlée, etc.
puissance de l’expulsion, freinage de l’inspiration, vitesse d’exécution,
maintien du thorax immobile et bombé, relaxation du visage (ne pas En principe, l’emphysème
grimacer !). n’est pas une contre-
indication, car de toute façon,
\ Par la suite, se concentrer sur la région du ventre située sous le nom- la partie atteinte par le mal est
bril, point d’impact de la contraction des muscles au moment de l’ex- irréversiblement touchée, donc
piration. Pendant les périodes de repos, continuer à s’intérioriser dans Kapâlabhâti ne peut l’aggraver.
cette partie du corps. Mais l’emphysème indique quand
même un état de fragilité des
poumons, qui doit inciter à une
grande prudence.
364 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Variante I
Pratiquez Kapâlabhâti comme indiqué, mais en bouchant la narine gauche
pendant 5 expulsions et inspirations. Inversez ensuite en obturant la narine
droite pendant le même nombre d’expulsions et d’inspirations successives.
Continuez ainsi jusqu’à la fin de la série. Exercice très facile à réaliser.
Variante II
Dans cette variante, la respiration est alternée à chaque respiration. La
difficulté consiste à respecter l’alternance, vu la rapidité des mouvements
respiratoires. Autrement dit :
\ on expire et inspire à gauche (narine droite bouchée) ;
\ on expire et inspire à droite (narine gauche bouchée) ;
\ on expire et inspire à gauche (narine droite bouchée) ;
\ onexpire et inspire à droite (narine gauche bouchée), et ainsi de suite
pendant toute la série.
Ne commencez la pratique de Kapâlabhâti en respiration alternée
qu’après avoir bien maîtrisé Kapâlabhâti normal. Lorsque le mouvement
sera devenu entièrement automatique, et que votre attention concentrée
deviendra disponible pour la manipulation des doigts, vous pourrez pas-
ser à cette forme de Kapâlabhâti. Commencez d’abord lentement et lais-
sez la vitesse augmenter d’elle-même très progressivement. À part cela,
toutes les autres recommandations restent de rigueur.
Effets de Kapâlabhâti
CO2
Kapâlabhâti provoque un rejet massif de CO2, dont le taux dans le sang
baisse rapidement. Il s’ensuit un décrassage total de l’organisme si l’exercice
est poursuivi pendant 2 à 3 minutes. Cette diminution du taux de CO2 dans
l’organisme est anormale, mais bénéfique. De plus, le taux normal de CO2 se
rétablit automatiquement et très vite après la cessation de l’exercice.
| Kapâlabhâti 365
Oxygène
Parallèlement, pendant Kapâlabhâti, le sang se sature d’oxygène. Les cel-
lules s’empressent d’en fixer leur part et de rejeter leur CO2 (voir ci-dessus).
Il en résulte un accroissement de l’activité cellulaire, spécialement
importante chez le sédentaire. Kapâlabhâti stimule ainsi la respiration
cellulaire, ce qui se manifeste par une sensation de chaleur dans tout le
corps. L’homme naturel, vivant à l’état sauvage dans la nature, se dépense
suffisamment physiquement pour maintenir automatiquement une
bonne activité métabolique des cellules. Le sédentaire vivant au ralenti
a besoin quotidiennement de ce supplément d’oxygénation du sang et de
ce coup d’accélérateur de la respiration cellulaire.
Circulation sanguine
J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’attirer l’attention du lecteur sur
le rôle du diaphragme en tant qu’activateur de la circulation sanguine. Il
joue le rôle de cœur veineux. Ce rôle est encore plus important pour le
sédentaire dont les contractions musculaires sont beaucoup moins fortes
que chez l’homme naturel et dont par conséquent la circulation veineuse
de retour s’effectue en permanence au ralenti, ce qui se répercute automa-
tiquement sur le débit cardiaque en sang artériel. Kapâlabhâti transforme
le diaphragme en pompe à grand débit, aspirant du sang veineux. Tout le
sang veineux est recyclé et ré-oxygéné. Il en résulte, après une pratique de
2 ou 3 minutes, une vibration de tous les tissus. Tout l’organisme tressaille
sous l’« effet » de Kapâlabhâti.
Les adeptes qui pratiquent un yoga à but spirituel, loin d’être dispen-
sés de la pratique de Kapâlabhâti et d’autres exercices de prânayâma,
doivent au contraire les pratiquer avec plus de vigueur et de durée que
les adeptes qui ne poursuivent qu’un but hygiénique ! En Occident, on
aurait tendance à supposer le contraire !
Kapâlabhâti produit une intense activité prânique dans l’organisme,
c’est pourquoi les adeptes qui pratiquent Kapâlabhâti pendant de lon-
gues minutes sont tenus à exécuter cet exercice en lotus. Les réactions de
l’organisme peuvent être très violentes et se traduire par des secousses
dans tout le corps. Il faut alors que les jambes soient solidement nouées
en lotus. Il est évident qu’une pratique poussée à ce point n’est autori-
sée que sous la surveillance directe d’un gourou éclairé. Le danger est
assez théorique en Occident, car ces réactions ne se produisent qu’après
une pratique si intense qu’elle est hors de la portée de l’Occidental dont
les muscles abdominaux seraient fatigués, épuisés, avant d’en arriver au
seuil dangereux.
366 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Poumons
Kapâlabhâti purifie et entretient la souplesse de l’éponge pulmonaire.
Les échanges deviennent plus actifs.
Diaphragme
Le diaphragme participe très intensément à Kapâlabhâti, mais d’une façon
passive. En effet, ce n’est pas la contraction de sa propre ceinture muscu-
laire qui l’actionne : ses mouvements sont produits par le fait que la sangle
abdominale repousse les viscères abdominaux vers l’arrière et vers le haut.
Le diaphragme est ainsi « manipulé » par la sangle abdominale, par l’inter-
médiaire des viscères. Il est donc très actif, mais sans contractions mus-
culaires de sa part ! Kapâlabhâti entretient la mobilité et la souplesse du
diaphragme, dont l’importance vitale ne saurait être surestimée.
Sangle abdominale
Kapâlabhâti procure un excellent contrôle de tous les muscles de la sangle
et tout particulièrement des grands droits, qui gagnent en force autant
qu’en souplesse, ce qui est particulièrement important pour la qualité de
la musculature abdominale. De plus, l’activité de la sangle abdominale tend
à éliminer les dépôts de graisse sur la paroi abdominale. Les tissus indési-
rables (cellulite, graisse excédentaire, etc.) tendent à disparaître par oxy-
dation grâce à la pratique régulière de Kapâlabhâti et des autres exercices
de prânayâma.
Organes abdominaux
Tous les viscères de la cavité abdominale sont tonifiés, sans exception,
et massés d’une façon physiologique. C’est particulièrement le cas du
tube digestif et de ses glandes annexes. La digestion devient plus active
“
et ne traîne pas, ce qui évite cette sensation de lourdeur après les repas1.
Kapâlabhâti active aussi le péristaltisme intestinal et lutte contre la consti-
Kapâlabhâti constitue pour pation, qu’elle soit de nature spastique ou atonique.
l’entièreté du système
nerveux un tonique Système nerveux
sans pareil.
Kapâlabhâti a des effets très profonds sur le système nerveux neurovégéta-
tif en particulier. L’hyperoxygénation du sang, combinée avec la baisse du
taux de CO2, qui est l’excitant naturel du centre respiratoire, apaise celui-ci,
ce qui se répercute sur l’ensemble de ce système neurovégétatif. Kapâlabhâti
constitue pour l’entièreté du système nerveux un tonique sans pareil.
1 Cela ne signifie pas que Kapâlabhâti doit être pratiqué peu de temps après un repas ! Trop près du
repas, il troublerait au contraire la digestion. L’effet cité est donc indirect.
Jnâna Mudrâ –
le geste de l’initié
Jnâna Mudrâ est un geste symbolique accompagnant
la méditation et certains prânayâmas. Il consiste
à orienter la paume vers le ciel, et à tendre tous
les doigts, y compris le pouce, puis à replier l’index
tandis que le pouce va à la rencontre de celui-ci.
En pratique
L’ongle de l’index se place au milieu du pouce, dans le pli de la phalange. Le
majeur, l’annulaire et le petit doigt demeurent tendus et joints. La réunion
du pouce et de l’index a une valeur symbolique particulière dans Jnâna
Mudrâ.
Signification du geste
Le pouce
Le pouce symbolise le soi et particulièrement son expression sous la forme
humaine. C’est le doigt le plus spécifiquement humain ; aucun autre ani-
mal ne possède un pouce. Même le singe, qui a cinq doigts séparés comme
l’homme, n’a pas de véritable pouce, car celui-ci ne peut se mettre en oppo-
sition avec les autres doigts. C’est cette opposition qui a transformé la patte
en main, c’est-à-dire en instrument créateur, capable de modeler la matière
brute et d’y insuffler de l’intelligence. Privés du secours du pouce, les autres
doigts seraient impuissants à exécuter le moindre travail humain.
Pour remplir son rôle, le pouce se tient à part des autres doigts et leur
fait face. Il les regarde, les juge, mais il est toujours prêt à collaborer avec
eux. C’est aussi celui qui a l’empreinte la plus personnelle ! Quand on
prend une empreinte digitale, c’est surtout celle du pouce qui importe !
L’index
L’index est le doigt de l’individualisation. Il symbolise le petit moi indivi-
duel. Il indique, d’où son nom : index. Quand, dans une assemblée, le chef
veut désigner un individu bien précis, il pointe son index vers lui. Le pouce
est le symbole du soi, l’index, celui du moi.
368 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Position de départ
Classiquement, cette position devrait être le lotus, exclusivement. Toutefois,
pour les Occidentaux n’ayant pas encore maîtrisé Padmâsana, Siddhâsana
convient, ou à la rigueur Vajrâsana. À titre d’ultime concession (tempo-
raire), il peut, à la rigueur, se pratiquer sur une chaise. Les mains sont dépo-
sées (superposées) dans le giron, les paumes orientées vers le haut. Il est
indispensable que la colonne vertébrale soit tenue très droite.
le giron, les paumes tournées vers le haut, les doigts un peu repliés. Vous
voilà prêt pour le deuxième temps d’exécution.
Quand la phase abdominale s’achève, les mains, dont les doigts écartés
sont toujours pointés vers le ventre, se trouvent au niveau de l’estomac,
à la hauteur du plexus solaire, en face de Manipura Chakra. L’inspiration
se poursuit avec l’expansion du thorax et l’écartement des côtes. Pen-
dant que les poumons se remplissent vers le haut, les mains poursuivent
leur lente ascension et les coudes s’éloignent du tronc : ainsi le thorax
s’ouvre harmonieusement. Les doigts, au lieu d’être pointés vers le corps,
se déplacent maintenant parallèlement au thorax, devant la poitrine. Ils
montent jusqu’à la fin de la phase thoracique. À ce moment, les mains
sont au niveau des clavicules, les coudes largement écartés du corps, les
bras parallèles au sol.
Concentration
Pendant l’inspiration
\ Phase abdominale : se concentrer sur toutes les parties de l’abdomen
à mesure que les doigts passent devant elles. Imaginer qu’un courant
prânique quitte les doigts par les bouts, irradie ainsi tous les organes,
les pénètre de conscience et de vitalité. Se concentrer tout particulière-
ment quand les mains passent devant le plexus solaire, sans cependant
marquer un temps d’arrêt ;
\ Phasecostale : pendant que les mains se déplacent devant le thorax,
imaginer l’air qui pénètre dans les poumons et les gonfle ;
\ Phase claviculaire : seconcentrer sur la chaleur des mains à la gorge et
au visage ; irradier de prâna le cou et les yeux ;
\ Rétention : laphase capitale de Prâna Mudrâ se situe pendant la réten-
tion du souffle, quand les bras sont ouverts et les paumes dirigées vers
le soleil levant (imaginaire ou réel, peu importe). Elle est basée sur la
conception yogique de l’interaction du corps et du mental. En termi-
nologie moderne, toute émotion a son expression corporelle. C’est vrai
chez l’animal : le chien montre sa joie en frétillant de la queue. Chez le
chat, au contraire, les mouvements de la queue traduisent l’excitation,
l’agacement. Chez l’homme, bien que la parole ait supplanté le geste,
celui-ci reste un moyen d’expression particulièrement intense.
S’il est bien connu que le corps traduit ainsi dans ses gestes et dans
ses attitudes les mouvements du psychisme, la réaction inverse, c’est-
à-dire celle où l’attitude corporelle conditionne un état psychique, est
moins couramment admise et utilisée. Le geste d’accueil auquel aboutit
l’exercice pendant la rétention est un geste d’acceptation, d’ouverture
à l’univers. Ouvrir ainsi les bras, c’est... non, il est préférable de ne pas
décrire ce qu’éveille cette attitude ! Soyez réceptif, intuitif, c’est tout !
372 L’ÉNERGIE DU YOGA |
E
374
Agnisara Dhauti
Uddiyana Bandha (voir p. 334) conduit tout naturellement
à Agnisara Dhauti.
Étymologie
Dhauti signifie « procédé de purification » et Agnisara = « par le feu ».
Agnisara Dhauti est donc la « purification par le feu ». Rassurez-vous, le feu
en question est tout simplement celui de la digestion.
EFFETS En pratique
BÉNÉFIQUES Ce Dhauti consiste en une série d’Uddiyanas à répétition, sans reprendre
haleine : quand le ventre est rétracté, laissez-le aussitôt revenir à sa posi-
La difficulté consiste à effectuer tion normale, pour le re-rétracter aussitôt après, et ainsi de suite, jusqu’à ce
ces rétractions en gardant que le besoin d’air vienne interrompre l’exercice. Prenez un peu de repos,
le ventre absolument relâché. puis recommencez.
Agnisara Dhauti constitue
Au début, procédez lentement. Par la suite, accélérez jusqu’au
un massage incomparable
rythme d’une rétraction par seconde par séries ininterrompues de 50 ou
de l’abdomen qui est trituré
60 uddiyanas ou plus encore, sans reprendre haleine. Faut-il préciser que,
et malaxé, facilite l’assimilation
tout comme pour Uddiyana Bandha, l’estomac doit être vide ?
de la nourriture et accélère la
digestion intestinale, justifiant Les yogis exécutent ainsi au moins 500 rétractions par jour, ce qui
ainsi l’appellation de « purification prend, repos entre les séries inclus, environ 5 minutes. Certains vont
par le feu (digestif) ». jusqu’à 1 000, voir 1 500 rétractions.
L’Occidental pourra se contenter de 100 à 150 rétractions quoti-
diennes.
Le lion (Simhâsana)
ÉTYMOLOGIE : Simha = « lion » / Simhâsana = « l’âsana du lion ».
Dans la position
Dans la position prescrite, faites le vide d’air dans les poumons à l’aide
d’une expiration forcée, puis effectuez la rétraction de la sangle abdomi-
nale par l’expansion du thorax. L’exercice se pratique ici en rétention de
souffle : poussez le menton le plus loin possible vers l’avant et vers le haut,
puis, comme un lion, ouvrez... – pardon ! – la bouche en poussant la langue
le plus loin possible en direction du menton.
Bandhas
Cette pose s’accompagne normalement (et pourquoi s’en priver !) de Mula
Bandha, la contraction des deux sphincters de l’anus. On peut aussi y ajou-
ter Jalandhara Bandha. Dans ce cas, l’exécution finale est légèrement diffé-
rente. Au lieu de pousser le menton le plus loin possible vers l’avant et vers
le haut, on commence par faire Jalandhara avant d’ouvrir la bouche. Autre-
ment dit, pressez le menton contre la fourchette du sternum et n’ouvrez la
bouche qu’ensuite, de ce fait la pression du menton contre la fourchette du
sternum est encore accrue. CONTRE-INDICATIONS
Muscles
Au point de vue musculaire, l’action se limitera au cou et au visage, sans
oublier les muscles de la mâchoire. Sans qu’on puisse affirmer que ces
muscles demeurent inactifs tout au long de la journée, puisque nous les uti-
lisons quand nous parlons et quand nous mastiquons, il est cependant rare
qu’ils soient contractés à fond. Cette contraction les fortifie et provoque du
même coup une activation de la circulation sanguine dans toute la région.
C’est en fait un automassage facial (entre autres).
N’oublions pas non plus l’écarquillement maximal des yeux et la
convergence oculaire, soit entre les deux yeux, soit vers le bout du nez.
Comme il faut loucher au maximum, force est de mettre en action les
muscles des globes oculaires. Cela tonifie leur musculature, d’où un
afflux de sang dans toute la région des yeux. La circulation du liquide vis-
queux qui emplit l’œil est accélérée. Tout cela est excellent pour les yeux.
L’ouverture maximale de la bouche reproduit en partie le bâillement,
action réflexe qui provoque une détente bien connue. La musculature
attachée au front est également mise en action, or elle en a rarement l’oc-
casion. Ne pas craindre que cela puisse favoriser la formation de rides au
front ou de pattes d’oie, mesdames, bien au contraire.
Glandes endocrines
La contraction maximale des muscles du cou entraîne une compression
de la région de la thyroïde. Elle tonifie cette glande, ce qui n’implique pas
qu’elle surstimulerait une thyroïde trop active (celle-ci verrait au contraire
son fonctionnement stabilisé, c’est-à-dire normalisé progressivement, sauf
dans les cas réellement pathologiques). Il faut aussi mentionner que le
fait de pousser et d’étirer au maximum la langue agit sur le plexus glosso-
pharyngien. Le lion est favorable aux cordes vocales. Les yogis affirment
que cet exercice améliore la tonalité de la voix.
Le lion est aussi destiné à assurer un bon fonctionnement des glandes
génitales par la compression de la zone du périnée qui entoure l’anus
(n’oublions donc pas de créer une bonne pression à cet endroit en posant
l’anus exactement sur le talon) et par la pratique de Mula Bandha qui
accompagne l’exercice.
Cette posture est très favorable pour la virilité, c’est-à-dire pour l’effi-
cience sexuelle de l’homme.
Ligaments
La posture a surtout des effets sur les ligaments des poignets et des doigts
qui sont assouplis ; elle favorise la pratique des postures suspendues telles
que le paon, le corbeau, etc.
| Le lion 377
1 2 3
Partant de la position Vajrâsana Placez les mains sur les cuisses. Les pouces Voici l’exercice proprement dit.
(à genoux), très ouverte, soulevez sont orientés vers l’extérieur, les doigts Le talon est au périnée, sous l’anus
un pied et croisez-le sur le tendon demeurent joints, le pli du coude pour être classique. Effectuez Mula
d’Achille de l’autre. regarde vers l’avant. Le bout des doigts Bandha (contraction des sphincters
s’approche au maximum du pli de l’aine. anaux) et Uddiyana Bandha (rétraction
abdominale) avant de contracter avec
force les muscles de la gorge, du cou,
des mâchoires et du visage. Le menton
est poussé le plus loin possible vers
le bas et l’avant. Les yeux écarquillés
visent un point entre les sourcils,
ou le bout du nez. Souffle tenu.
4 5
Vue de profil montrant la position Position finale vue de profil.
des pieds, des doigts et des poignets
(qui sont étirés).
Attention : ne pas laisser les doigts
s’écarter ! Au début, il faudra bien
tolérer cette imperfection,
mais seulement provisoirement...
Le lion en lotus (Simhâsana)
Simhâsana en lotus est unique pour la statique correcte
du bassin, tant par rapport aux jambes (fémur)
qu’à la colonne vertébrale, particulièrement sa région lombaire.
Conditions requises
La statique correcte du bassin est un élément essentiel à l’équilibre total
de la colonne vertébrale. Si le bassin est mal placé, il en résulte diverses
déformations de la colonne et en premier lieu des lordoses lombaires
exagérées. La pratique du lion en lotus étire des muscles et des ligaments
responsables de l’assise correcte du bassin et mobilise l’articulation coxo-
fémorale, si importante.
Simha Kriya
Le lion, avec ou sans le lotus, s’accompagne normalement d’un « rugisse-
ment ». Pratiqué à un moment quelconque de la journée, sans l’âsana, il
devient Simha Kriya, l’acte du lion.
Le geste de pousser la langue peut aussi se faire comme suit : bouche
fermée, repliez la langue de façon que le dessous de l’organe se place
contre le voile du palais, poussez de toutes vos forces la langue contre
ledit palais, donc en contractant au maximum les muscles de la langue.
Maintenez la pression pendant toute la durée d’une inspiration longue
et profonde.
Quand les poumons sont pleins, ouvrez brusquement la bouche et
projetez la langue, comme un ressort, le plus loin possible hors de la
bouche en direction du menton et en même temps expirez en émettant le
son « Hâââââ » aussi longtemps qu’il reste de l’air dans les poumons. La
tonalité du « Hâââââ » est importante. Il faut produire dans le fond de la
gorge une vibration qui soit bien perceptible pendant l’émission du son,
lequel ne doit donc pas être étouffé mais assez fort et clair. Quand les
poumons sont vides, ré-inspirez, bouche fermée, langue repliée et pres-
sée contre le palais. Répétez jusqu’à une dizaine de fois ou plus si vous en
avez le temps. Les indications relatives aux yeux demeurent inchangées
et accompagnent aussi la Kriya.
| Le lion en lotus 379
Effets bénéfiques
Les effets uniques du lion se situent plus précisément au niveau des articu-
lations du bassin et du coccyx.
En effet, nous oublions trop souvent que le bassin n’est pas monobloc.
Il est constitué, d’une part, de deux pièces principales qui lui donnent sa
forme creuse, les os iliaques, et d’autre part du sacrum avec son appen-
dice, le coccyx. Il est essentiel de s’imprégner du fait que le bassin est
articulé. Ces articulations sont : la symphyse pubienne et les deux arti-
culations sacro-iliaques, l’articulation du sacrum et du coccyx entre eux.
Elles ne permettent que des mouvements peu amples, c’est vrai, mais elles
ont – évidemment – leur raison d’être : la nature élimine l’inutile. Si ces
articulations ne sont pas exactement en place, il peut en résulter des dou-
leurs tenaces au niveau du bas du dos. Bien des lombalgies chroniques
lui sont dues, dont souvent la cause n’apparaît pas de manière évidente.
Le lion sollicite ces articulations, maintient leur mobilité normale, et plus
d’une fois, par la pratique régulière de Simhâsana, des douleurs lombaires qui
avaient résisté à tous les traitements ont disparu. Il est entendu que sa pratique
est inutile en période de crise (lumbago, par exemple). Il faut attendre que la
crise soit dissipée par le temps, ou par le traitement médical approprié.
Le lion agit aussi d’une façon particulière sur l’articulation coxo-
fémorale dont il entretient la mobilité à partir d’une position particuliè-
rement favorable, le lotus.
Coccyx
Il est utile de considérer ici une structure qui paraît bien insignifiante : le
coccyx. On n’y pense que quand... on y a mal ! S’il vous est arrivé de chuter
sur le postérieur et si le coussin fessier n’a pas suffisamment amorti le choc,
au point que le coccyx a été touché, vous connaissez sa sensibilité ! Même
sans chocs, il arrive que cette région soit le siège de douleurs lancinantes
qui se manifestent lorsqu’on est assis un peu trop longtemps en voiture,
pour ne citer que cet exemple.
Sans nous étendre plus amplement sur l’anatomie de cette région, citons
que le plexus coccygien envoie des rameaux au plexus hypo-gastrique. Or
notre coccyx est solidement attaché par des ligaments au sacrum et aux os
iliaques (entre autres). Par la pratique du lion, on sollicite vigoureusement
ces ligaments, et l’expérience a prouvé que le lion – et lui seul parmi les âsa-
nas yogiques – était en mesure de remettre bien en place un coccyx légè-
rement déplacé. J’en connais plusieurs exemples. Des personnes se sont
ainsi débarrassées de douleurs au coccyx dont elles souffraient depuis des
années : celles qui en sont les victimes comprendront. En revanche, le lion
ne déplacera jamais un coccyx mal orienté, précisons-le.
Mais ce n’est pas seulement en cas de douleurs que se justifie la pra-
tique du lion ; il est bénéfique pour chacun. Par les actions réflexes qu’il
déclenche en profondeur, il favorise la santé de tous les organes du bassin.
380 L’ÉNERGIE DU YOGA |
Amygdales
En Inde, les yogis proclament que le lion est très bénéfique aux amygdales.
En Occident, bon nombre de personnes ont subi l’ablation de ces organes,
considérés comme plus nuisibles qu’utiles lorsqu’ils sont sujets à des
inflammations répétées.
Le geste du lion accélère non seulement la circulation sanguine dans
toute la région de la gorge, mais en outre il draine la lymphe dans les
nodules lymphatiques répartis dans la gorge et l’arrière de la langue,
améliorant nos possibilités de défense contre les micro-organismes
infectieux.
Glandes salivaires
Le geste du lion comprime les glandes salivaires, et la tonification des
dites glandes leur permet, pendant la mastication, de sécréter abondam-
ment la salive indispensable à la digestion correcte des aliments. Comme
nous mangeons la plupart du temps simplement parce que c’est l’heure
et non parce que nous avons réellement faim, qu’en outre nous absor-
bons une nourriture cuite, molle, qu’on peut presque avaler sans masti-
quer, il se fait que nos glandes salivaires n’ont ni le temps ni l’occasion
de fonctionner pleinement. Simhâsana leur procure un massage interne,
ainsi qu’à tous les autres centres nerveux, glandes, etc., de la bouche et
de l’arrière-gorge.
| Le lion en lotus 381
1 2
Partez de la posture du lotus, Par une vigoureuse contraction
appuyez-vous sur les genoux de la musculature du dos et des fessiers,
et les mains. Placez les mains poussez le nombril le plus loin possible
comme est posée la main gauche vers le sol. Faites Simha Kriya.
sur le croquis : pouces vers l’extérieur, Ne pliez pas les bras.
doigts regardant vers l’arrière. (Les variantes relatives à la position
Le pli du coude regarde vers l’avant. de la tête peuvent être utilisées ici aussi.)
Épaules basses, tête haute.
3 4
La vue de profil de la position de départ Position finale vue de côté, sans Simha Kriya :
montre la position exacte des mains par on se rend compte que de puissants leviers
rapport aux épaules : elles sont projetées se mettent ainsi en action pour agir sur tous
devant la ligne des épaules. Les bras sont les ligaments et articulations de la région
bloqués en position rectiligne par l’orientation du bassin, y compris les articulations
du pli du coude sans aucun effort musculaire. sacro-iliaques et sacro-coccygiennes.
MÉDITATION
ET RELAXATION
OM 384
Concentration 387
Raja-yoga 390
Attention au stress 394
Neutraliser le masque 398
Relaxer la bouche 403
Relaxer la glotte 406
Relaxation rapide avec prise de conscience 408
OM
Considérations générales
Parmi les pratiques du yoga, la prononciation du « om » est peu courante en Occi-
dent, tandis qu’en Inde – voire dans toute l’Asie – cette syllabe accompagne partout
le voyageur. En Inde, « om » est sacré, et sans doute est-ce cela qui nous empêche,
en Occident, de lui accorder la place qu’il mériterait dans notre pratique yogique.
Pourtant « om » est un vocable unique ; le prononcer régulièrement, loin de
constituer une pratique absurde ou vaine, apporte beaucoup d’avantages aussi bien
sur le plan physique que mental : il mérite un examen objectif avant – éventuelle-
ment – de décider d’en rejeter la pratique.
Mais, au préalable, apprenons ensemble à émettre le son « AUM ». Couché ou
assis, les lèvres entrouvertes, après une inspiration profonde, l’expiration freinée
chasse le souffle qui, au passage, fait vibrer les cordes vocales en un « au » prolongé
jusqu’à vidange complète des poumons. Le son doit être aussi grave et uniforme
que possible. Émis correctement, la main posée à plat sur le thorax (sternum) au
niveau des clavicules, doit sentir une vibration. À la fin de l’expiration, fermer la
bouche et achever, en contractant les abdominaux pour exhaler les derniers restes
d’air en émettant un « m » musé qui bourdonne dans le crâne. L’autre main, posée
sur le sommet du crâne, doit aussi percevoir la vibration. En appliquant les paumes
sur les oreilles, vous entendrez d’autant mieux le « au... m ».
“
Effets vibratoires
Le « au » fait vibrer toute l’ossature de la cage thoracique, ce qui prouve que la vibra-
Le corps tout entier se relaxe
tion communique avec la masse d’air enfermée dans les poumons, et que la délicate
sous l’effet de ce vibro-
membrane des alvéoles en contact avec l’air vibre elle aussi, ce qui stimule les cel-
massage interne qui,
lules pulmonaires et permet un meilleur échange gazeux.
psychiquement, libère
des inhibitions, dépressions Les travaux du Dr Leser-Lasario sur les effets produits par les vibrations
et complexes d’infériorité vocales sur l’organisme humain ont établi, avec une rigueur scientifique absolue,
en harmonisant tout que l’émission de voyelles durant l’expiration provoquait un automassage vibra-
le psychisme. D’ailleurs, toire des organes. Ces vibrations atteignent les tissus les plus profonds et les cel-
n’est-ce pas par vibrations lules nerveuses :
que la musique produit
\ La circulation sanguine s’intensifie dans les tissus et organes intéressés.
en nous les émotions
les plus diverses ? \ Les glandes à sécrétion interne, qui déversent leurs hormones directement dans
| OM 385
Expiration lente
L’émission du son « au » ralentit le débit de l’air expiré. Or, les avantages de
la respiration lente vous sont connus.
Expiration régulière
Lorsque le son est uniforme durant toute l’émission, l’expiration est non
seulement lente, mais régulière, dépourvue de saccades.
Expiration complète
Le chapitre 3 consacré à la respiration nous révèle toute l’importance de
l’expiration lente et complète, afin d’expulser un maximum d’air vicié
des poumons et de réduire le volume d’air résiduel à l’extrême. Lorsque
l’émission du « om » cesse, vous avez la certitude d’avoir vidé les poumons
au maximum. Cette vidange intégrale influence aussitôt l’inspiration qui
devient ample et profonde elle aussi.
Concentration
« Le mental de l’homme ordinaire est rempli
d’innombrables pensées qu’il ne contrôle pas et, à cause de
cela, elles n’ont aucune puissance. Si, au lieu de cette foule
d’idées, il n’y en a qu’une seule qui occupe tout le champ
de l’attention, elle devient une puissance en elle-même
et peut exercer une très grande influence. »
Ramana Maharshi
Pour commencer
La pensée concentrée est une puissance. Pour les yogis, elle devient même
une force matérielle.
“
ou la personne qui vous l’aurait éventuellement offerte. Non, rien de tout
cela ne peut troubler votre mental ni même un seul mot.
Swami Sivânanda disait :
3. Dès qu’une distraction se produit – ce qui est inévitable –, notez « Même si le mental
le temps écoulé. Au début, après quelques secondes déjà, votre mental s’échappe pendant
s’évadera. N’en soyez ni déçu ni surpris, c’est normal. Recommencez la concentration,
inlassablement. ne vous faites pas
Swami Sivânanda disait : « Même si le mental s’échappe pendant la de souci. Laissez-le aller.
concentration, ne vous faites pas de souci. Laissez-le aller. Ramenez-le Ramenez-le gentiment
gentiment à l’objet de la concentration. » à l’objet de la concentration. »
388 MÉDITATION ET RELAXATION |
L’exercice
Vous vous exercerez donc à vous concentrer sur la trotteuse réelle, exté-
rieure, en la suivant du regard pendant 15, 30 secondes ou plus, puis vous
vous concentrerez avec les yeux clos sur la trotteuse imaginaire. N’imagi-
nez pas que les possibilités de l’exercice soient déjà épuisées ! La partie la
plus efficace, et même la plus passionnante, va commencer maintenant !
Elle consiste à synchroniser la progression de l’aiguille imaginaire avec
celle de l’aiguille réelle.
Fermez les paupières quand la trotteuse « réelle » touche la minute, et
lorsque la trotteuse imaginaire aura parcouru une demi-minute, ouvrez
les yeux et notez le décalage qui se sera produit.
S’il n’y a qu’une ou deux secondes de décalage (avance ou retard), sur
la montre réelle, c’est l’indice d’une bonne concentration, sinon il peut y
avoir jusqu’à 30 ou 50 % d’écart. Si vous ouvrez les yeux au moment où
l’aiguille imaginaire atteint le chiffre 15, alors qu’en réalité 10 secondes
seulement se sont écoulées, cela dénote une faible concentration.
Important : il ne faut pas compter mentalement pendant que vous
gardez les yeux fermés et que vous suivez la trotteuse imaginaire. Vous
fausseriez ainsi le jeu, et l’exercice perdrait la majeure partie de son inté-
rêt.
Commencez modestement avec un quart de minute. Lorsque vous
réussirez parfaitement, c’est-à-dire lorsque la montre intérieure, imagi-
naire, et la montre réelle seront synchronisées à la seconde près, augmen-
tez progressivement la durée à 1 demi-minute, à ¾, et enfin à 1 minute.
Après peu de temps, lorsque vous serez dans un « bon » jour, vous aurez
la joyeuse surprise de constater que vous ouvrez les yeux très exacte-
ment quand l’aiguille réelle franchit le cap de la minute.
| Concentration 389
Quelques recommandations
Retenez que le mental se rebiffe dès qu’on veut se concentrer, c’est-à-dire
le contrôler. Il essaye par tous les moyens de secouer toute contrainte.
L’absence de résultat tangible pendant un temps assez long est son arme
favorite. Souvent même on a l’impression de régresser. Ne vous découra-
gez pas ! N’abandonnez pas vos exercices ! La persévérance et la régularité
sont plus importantes que la durée de l’exercice. Il vaut mieux consacrer
régulièrement 3 minutes par jour à la concentration (même réparties sur
trois séances d’une minute) que de faire de longues séances pendant deux
ou trois semaines pour abandonner ensuite.
EN CONCLUSION
Introduction au raja-yoga
Parce qu’il a perdu le contact avec son soi profond, l’homme moderne
est insatisfait, déprimé, rongé par l’anxiété. Il est devenu un pur extra-
verti : le monde extérieur accapare presque toute son activité, car il est
“
persuadé d’y trouver le bonheur. Voilà l’erreur initiale : escompter le
vrai bonheur des circonstances extérieures, alors qu’il est le fruit d’une
Sans méditation, attitude intérieure. Pour trouver la paix et le bonheur, pour vivre plei-
il n’y a pas de paix, nement, et même pour résoudre ses problèmes dans le monde extérieur,
et sans paix, l’homme doit au préalable rétablir le contact avec le « soi », remonter à la
il n’y a pas de bonheur. » source de son être. Il est assez piquant de constater que l’Occidental est
extraverti au point que, même lorsqu’il veut cultiver sa vie intérieure, il
attend son salut de l’extérieur et le subordonne à l’aide d’un Maître. S’il
peut nous indiquer la voie, il ne peut faire le travail à notre place : c’est
l’élève qui doit se lever et marcher. À défaut d’aide extérieure, sachez que
vous avez en vous-même un guide infaillible, votre propre soi.
Pratiquez la méditation, remontez vers la source, vers le soi – qui est
votre moi réel – et vos difficultés s’aplaniront dans tous les domaines.
Pourquoi méditer ?
Êtes-vous assailli par une multitude de tâches urgentes ? Êtes-vous sub-
mergé, noyé dans le travail et les problèmes ? Quelle que soit l’urgence de
la tâche, il est indispensable de méditer pour libérer des forces latentes qui
vous permettront de faire face à la situation. Observez autour de vous : ce
sont toujours les mêmes personnes qui résolvent leurs problèmes avec élé-
gance et efficacité. Ce sont, hélas ! aussi toujours les mêmes qui pataugent
dans des situations inextricables et s’y enfoncent de plus en plus.
En yoga mental, comme en yoga physique, la condition essentielle et
presque unique du succès est la régularité.
Il faut réserver un moment précis dans votre horaire pour votre
méditation et pratiquer chaque jour, si possible à la même heure.
| Raja-yoga 391
Comment procéder ?
L’idéal serait de réserver à la méditation une pièce où vous seriez le seul
à pénétrer. Quant à la position, il serait souhaitable que ce soit une âsana
de méditation – lotus ou Siddhâsana –, mais ce n’est pas indispensable. En
Occident, la position assise sur une chaise convient aussi, car l’essentiel
est d’avoir la colonne vertébrale verticale et bien droite. Choisissez une
“
Il faut réserver un moment
précis dans votre horaire pour
votre méditation et pratiquer
chaque jour, si possible
chaise basse, afin de pouvoir poser les pieds à plat sur le sol, les genoux à la même heure.
pliés à angle droit, les mains posées dans le giron, la droite sur la gauche,
les paumes vers le haut, ou tout simplement appuyées à plat sur les cuisses
à la manière des statues égyptiennes.
Placez la tête en équilibre au sommet de la colonne vertébrale afin de
pouvoir relaxer les muscles du cou.
Faites le vide
Avant d’entamer la méditation proprement dite, pensez qu’en ce moment
plus rien ne compte sauf la méditation, oubliez vos problèmes et vos préoc-
cupations, vous les retrouverez tout à l’heure ! C’est par la relaxation qu’on
accède au monde intérieur.
\ Dirigez votre attention vers les pieds et relaxez-les : orteils, voûte plan-
taire, talon, cheville. Puis relâchez les mollets, les cuisses et les fesses.
Au passage, n’omettez pas de relaxer le dessous des genoux.
\ Relâchez la sangle abdominale et la poitrine.
\ Puis pensez à votre colonne vertébrale, ce pilier de votre corps, et
laissez votre attention remonter le long de votre épine dorsale, de bas
en haut. Percevez toutes les sensations qu’il vous est possible d’y res-
sentir.
\ Par la pensée, remontez ainsi plusieurs fois du sacrum à la base du
crâne et relaxez les muscles du dos.
\ Cherchez l’attitude stable qui vous permettra de rester immobile et
relaxé durant toute la méditation. Vous mesurez ainsi l’importance du
yoga physique qui vous apprend l’art de la relaxation, et seul un dos
souple est capable de rester immobile et droit.
\ Relaxez avec soin les épaules et le visage (les joues, les lèvres, les yeux
et le front).
“
Relaxez votre cerveau1
Concentrez-vous sur l’intérieur de votre crâne. Sentez-y la présence d’une Pensez : « Mon cerveau
masse qui palpite : c’est votre encéphale ! Nous avons tant de contractures se relâche, le sang l’irrigue en
intra-cérébrales, spasmes vasculaires surtout, qui font obstacle à la bonne abondance... Je suis calme et
irrigation du cerveau, instrument principal de votre yoga mental. Il faut détendu... »
les éliminer. Pensez : « Mon cerveau se relâche, le sang l’irrigue en abon-
dance... Je suis calme et détendu... » Relaxez la région des tempes ; le reste
se fait tout seul.
“
L’immobilité absolue
Pensez : « Je vis... » Autre préalable à la réussite : l’immobilité absolue ! Après avoir relaxé
vos muscles et trouvé la position stable autour de votre centre de gravité
situé au milieu de l’abdomen, là où votre respiration se place spontané-
ment, transformez-vous en statue vivante. Ne remuez plus ! Pas même le
petit doigt ! Ne plissez plus le front. C’est essentiel. Il suffit d’ailleurs de
décider de rester immobile pour qu’aussitôt vous sentiez des démangeai-
sons, au visage par exemple. Résistez à l’envie de vous gratter, restez aussi
immobile, aussi impassible qu’un Horse Guard du palais de Buckingham,
la sensation disparaîtra d’elle-même en quelques secondes. La méditation
proprement dite commence maintenant. Pensez : « Je vis... »
Émerveillez-vous de vivre !
Attardez-vous à cette pensée. Sous la forme de ce corps humain, vous avez
reçu la vie de vos parents qui l’avaient héritée de vos grands-parents, et
ainsi de suite. La vie est parvenue jusqu’à vous, sans interruption, depuis
son origine sur la terre, voici des millions d’années, et à travers toute l’évo-
lution. Il n’y a jamais eu de solution de continuité ni jamais de césure, sans
quoi vous ne seriez pas là.
Ainsi, en plein xxie siècle, siècle de la frénésie et de l’agitation, perce-
vez la vie surgie du fond des âges qui palpite en vous. Pénétrez-vous de
cette vérité.
Maintenant, imaginez votre fleur préférée. Visualisez-la, radieuse au
soleil levant, parée de gouttes de rosée, éphémères diamants scintillant
de lumière irisée. Sentez : « La fleur vit... » Car la fleur est, tout comme
vous, un être vivant, un univers en miniature. Sentez l’univers imbibé de
vie. La vie est partout, elle vous entoure, vous traverse.
Persévérez !
Il est évident que vous ne réussirez pas vos méditations d’emblée à la
perfection. Des distractions surgiront dans votre mental. S’il vagabonde
“
Il faut pratiquer
avec indifférence
quant aux résultats :
au cours de votre méditation, ramenez-le gentiment à l’endroit où vous vous les récolterez
voulez qu’il se tienne. Toutefois, dès les premiers essais, vous en retirerez en temps voulu.
des bienfaits sous la forme d’un calme accru durant toute la journée, d’un
début de paix. Il faut pratiquer avec indifférence quant aux résultats : vous
les récolterez en temps voulu.
La qualité des méditations varie beaucoup d’un jour à l’autre : c’est
normal. C’est la pratique seule qui compte : « Une once de pratique vaut
mieux que des tonnes de théorie. » Progressivement, vous vous sentirez
pénétré de sérénité.
Attention au stress
Comment y remédier ?
Beaucoup de sédentaires cherchent leur salut dans les tranquillisants. Tout
en admirant les savants qui découvrent ces produits, au prix de recherches
longues et difficiles, il faut reconnaître que ce n’est pas dans cette voie que
“Sauf ordonnance médicale,
ne prenez jamais
de tranquillisants.
se trouve la vraie solution parce que les drogues laissent subsister la cause,
c’est-à-dire l’état émotionnel négatif ; elles empêchent seulement la vic-
time de ressentir son mal. De plus, à la longue, l’organisme s’y accoutume,
il faut sans cesse augmenter la dose, et ces poisons ne sont pas exempts
d’effets secondaires néfastes. Sauf ordonnance médicale, ne prenez jamais
de tranquillisants. Il n’y a qu’un seul remède spécifique : éliminer les émo-
tions négatives en suscitant les émotions positives contraires. Vous pouvez
agir volontairement sur vos émotions. Cultivez la joie, la confiance. C’est
facile à dire, m’objecterez-vous. Peut-être, et au début vous n’y parviendrez
que progressivement, mais c’est la seule voie. Tout d’abord, rendez-vous
compte de l’inutilité de « s’en faire », de « se faire du mauvais sang ».
396 MÉDITATION ET RELAXATION |
“
Conclusion impérative : ne vous en faites jamais à n’importe quel
sujet. Soyez toujours « cheerful », c’est-à-dire de bonne humeur et joyeux,
Devenez un incurable quelles que soient les circonstances extérieures. Vous avez en vous la
optimiste. force nécessaire pour vaincre tous les obstacles. Swami Sivânanda a
dit : « Soyez aussi insouciants que les oiseaux, ayez confiance dans votre
propre soi. Vous n’êtes pas ce corps périssable. Vous êtes le soi qui inter-
pénètre tout. Même si vous n’avez plus rien à manger, même si vous
n’avez rien pour vous vêtir, ne bougez jamais d’un pouce de cette posi-
tion. Heureux celui qui vit sans souci, toujours souriant, et dont la joie
rayonne parmi les autres. » Modifiez votre optique. Voyez les événements
d’un autre œil, sous un autre angle. Devenez un incurable optimiste.
En pratique
L’entraînement au sourire
Cet exercice est basé sur le fait que toute émotion s’extériorise à travers l’ex-
pression corporelle correspondante (attitude du corps, gestes, mimiques).
La réciproque est tout aussi vraie.
Installez-vous comme indiqué ci-dessus, mais devant un miroir cette
fois, et regardez-vous. N’ayez donc pas cet air morose ! Souriez ! Ce mince
| Attention au stress 397
“
Attention !
Je ne prône pas la passivité devant les difficultés. Je n’encourage pas le Pratiquez la concentration
je-m’en-fichisme ou la négligence, sous prétexte de « ne pas se faire de et vous multiplierez
souci ». Ne devenez pas le jouet des événements. Au contraire, luttez, vos possibilités d’action.
défendez-vous ! Si vous vous trouvez dans une situation difficile, quelle Pratiquez la méditation,
qu’en soit la nature, ne vous affolez pas, ne paniquez pas. Analysez-la posé- et avec la paix intérieure,
ment, pesez les risques, évaluez les possibilités négatives, voyez ce qu’il vous trouverez la sérénité :
peut arriver de pire et considérez froidement cette éventualité, non pour le fantôme du stress
l’accepter comme inévitable, mais pour prendre sa mesure. Pensez aux s’évanouira définitivement.
ennuis passés : comme ils paraissent moins graves avec un peu de recul !
Regardez vos soucis actuels du même œil que vous les considére-
rez dans cinq ans. Ensuite, tracez-vous un plan d’action en vous fixant
des objectifs immédiats, puis plus lointains. Partagez les difficultés en
tranches puis, dans le calme, sans précipitation, ne considérant que ce
premier objectif limité, entrez en action. Quant à ce qui ne peut vraiment
être modifié, il faut l’accepter calmement, mais vous verrez que les situa-
tions désespérées ne le sont souvent qu’en apparence, qu’il y a presque
toujours une solution. Réfléchissez calmement, comme s’il s’agissait de
quelqu’un d’autre. Gardez la même attitude neutre dans l’action, et vous
verrez que le vent tournera en votre faveur. Pensez positivement : vous
changerez le cours des événements.
Pratiquez la concentration et vous multiplierez vos possibilités d’ac-
tion. Pratiquez la méditation, et avec la paix intérieure, vous trouverez la
sérénité : le fantôme du stress s’évanouira définitivement.
Neutraliser le masque
Les visées de cette pratique vont bien au-delà
de la relaxation du visage, pour atteindre une véritable
neutralisation émotive par le biais de la neutralisation
de toutes les expressions du visage.
Introduction
Pour en saisir la portée, il suffit de s’interroger sur l’importance de la
mimique faciale en tant que voie privilégiée d’expression émotionnelle. S’il
est vrai que toute émotion trouve son expression corporelle, notamment
par le geste et la posture, c’est l’expression du visage qui permet d’en expri-
mer le mieux les plus fines nuances émotives.
Pour les yogis, l’inverse est tout aussi vrai, quoique avec un certain
décalage. Dans le sens émotion-expression, c’est pratiquement immé-
diat. Dans le sens inverse, un certain laps de temps est nécessaire pour
« créer » à partir d’une mimique voulue l’émotion correspondante dans le
psychisme. Mais on finit toujours par ressentir l’émotion qu’on exprime
par l’intermédiaire d’une expression du visage. Les comédiens le savent
bien ! L’expérience prouve que neutraliser le visage, autrement dit lui
donner une expression aussi dénuée de signification émotive que pos-
sible, amène une neutralisation émotive correspondante, qui se traduit
par la quiétude et la sérénité.
Voyons ensemble le processus qui doit être suivi dans l’ordre indiqué
pour en dégager les effets.
Recommencer le périple
Nous avons ainsi neutralisé tout le masque, partie après partie, une pre-
mière fois. Nous avons décidé de ne pas nous attarder plus d’une dizaine
de secondes à chaque station, jugeant préférable de refaire le tour une deu-
xième, voire une troisième fois, plutôt que de consacrer trop de temps à
chaque étape et de se limiter à un seul balayage. Nous refaisons le périple à
nouveau, sans rien modifier à l’ordre indiqué.
Dès cette deuxième fois cependant, il faut s’intérioriser plus encore,
si c’est possible, au point de percevoir les pulsations du sang aux diverses
parties dont on prend conscience (ce n’est d’ailleurs pas possible par-
tout) ; elles sont particulièrement sensibles dans les lèvres, au menton, aux
tempes, au milieu du front, dans les paupières, derrière les yeux, dans les
ailes du nez, sans oublier le bout du nez ni la langue. Il n’est pas indispen-
sable de percevoir ces battements, surtout au début. Si l’on persévère, après
quelque temps, ils apparaissent discrètement, puis la perception s’intensi-
fie et, par conséquent, l’intériorisation également.
402 MÉDITATION ET RELAXATION |
La neutralisation émotive
Lorsque l’adepte juge que la neutralisation musculaire du masque est
atteinte, c’est-à-dire après 2 ou 3 parcours, l’exercice n’est pas terminé
pour autant. Sa phase finale essentielle consiste à prendre conscience de
l’ensemble du masque ainsi neutralisé, puis à s’imprégner du climat inté-
rieur qui doit se dégager de la non-expressivité faciale. Cette neutralisation
émotive n’est pas de l’apathie, de l’indifférence, mais plutôt une vigilance
détendue, confiante, presque souriante.
Cette partie de l’exercice peut se prolonger aussi longtemps qu’on le
souhaite. Dans la pratique, elle doit équivaloir en durée, au minimum, au
temps que l’on consacre à un « tour » complet du masque tel que nous
l’avons décrit.
USAGE DE L'EXERCICE
Relaxer la bouche
Les anciens « physionomistes » s’accordaient pour faire
de la bouche la région où se reflétaient les sentiments
et l’émotivité. Peut-être n’avaient-ils pas tout à fait tort.
Introduction
Comme nous l’avons déjà dit, nous vivons à l’âge de la peur, de l’anxiété.
Notre peur est devenue une anxiété perpétuelle, une inquiétude qui ne
nous quitte même pas lorsque nous allons dormir, nourrie par tous nos tra-
cas et soucis, réels ou imaginaires, amplifiée par l’atmosphère d’inquiétude
engendrée par la situation générale dans le monde.
Alors que la peur originelle galvanise, l’anxiété chronique aboutit au
stress qui corrode le psychisme et le physique.
Comment vaincre notre anxiété sourde et corrosive ? Ce chapitre n’ap-
porte pas de recettes magiques, mais bien des procédés pratiques, simples
mais éprouvés, pour dissiper cette anxiété. Ils sont basés sur :
\ la prise de conscience de la respiration naturelle et harmonieuse ;
\ la relaxation complète de la bouche.
Laissez-vous respirer
À cet effet, il suffit, couché sur le dos, d’observer sa respiration. Ce n’est
pas difficile. Le souffle ne pénètre – évidemment – que dans les poumons,
mais si vous observez votre respiration avec attention, en la laissant se faire
toute seule, vous percevrez que, telle une vague, elle parcourt tout le tronc.
Imaginez et sentez le souffle qui pénètre par les narines et s’en va jusqu’aux
profondeurs de votre abdomen, qu’il gonfle légèrement et rythmiquement.
Laissez le rythme – sans doute heurté et irrégulier au début – s’apaiser, se
régulariser. Ne vous emparez pas de la respiration : laissez-la s’emparer de
vous ! Ne vous préoccupez de rien d’autre. Si votre mental s’échappe et
retourne à ses préoccupations coutumières, ramenez-le gentiment vers la
respiration. N’intervenez pas par la volonté : n’amplifiez pas, n’accélérez
pas votre souffle. Après l’avoir observé pendant une minute environ, vous
passerez à l’essentiel de l’exercice : le relâchement total de la bouche.
404 MÉDITATION ET RELAXATION |
L’expressivité de la bouche
Notre visage exprime nos sentiments surtout par l’intermédiaire de la
bouche. Le sourire s’épanouit d’abord sur nos lèvres, puis gagne les joues et
les yeux. L’expressivité de notre visage avec ses possibilités infinies dépend
en grande partie de cette région, qui est la plus mobile.
Observez l’anxieux : sa mâchoire est serrée, ses lèvres sont pincées, un
pli triste et maussade à la commissure. Tout cela déclenche une série de
réactions en chaîne, car à une bouche contracturée correspond une gorge
serrée, un tube digestif spasmé – ce qui s’explique par leur origine embryo-
logique commune.
Depuis la bouche, la contracture gagne aussi le cou, les épaules, elle
remonte le long des joues vers les yeux, le front se plisse. Inversement, si
nous relaxons la bouche, le visage tout entier se détend. De même que les
émotions se reflètent dans l’expression de la bouche et du visage, la séré-
nité du visage relaxé finit par imbiber tout le psychisme. Les soucis s’es-
tompent, ne serait-ce que momentanément, les difficultés cessent d’être
des montagnes pour devenir les collines ou les... taupinières qu’elles sont
souvent en réalité.
Il n’est donc pas étonnant que la relaxation de la langue soit considé- La relaxation de la bouche
rée comme une des conditions essentielles pour l’apaisement du cerveau (et de la glotte) peut, et même
et du mental, les deux étant intimement associés. Généralement, nous ne devrait accompagner la pratique
sommes conscients que du bout de la langue et de sa surface supérieure, des âsanas.
garnie de papilles. Prenez conscience de la langue dans son ensemble, puis
relaxez-la de la base à la pointe. Laissez-la se ramollir et s’aplatir dans le
fond de la bouche . Gardez-la rigoureusement immobile et relaxée depuis
la pointe jusqu’à ses attaches, là-bas, bien loin vers l’arrière. Laissez aussi
les joues se détendre. Intériorisez-vous dans toute cette zone jusqu’à ce
que vous y perceviez des pulsations.
Que votre respiration soit calme, lente, silencieuse et consciente. Et
laissez-vous imprégner tout entier par cette délicieuse relaxation.
406
Relaxer la glotte
Parmi les zones-refuges des contractures ou contractions
inconscientes, il y a notamment la gorge et la glotte.
Introduction
Les contractions inconscientes et par conséquent incontrôlées de cette
région ont l’inconvénient de toutes les contractures : entraîner une déper-
dition permanente d’énergie nerveuse. De plus, ces zones contracturées
tendent à faire tache d’huile, c’est-à-dire à s’étendre aux groupes muscu-
laires voisins. Même des personnes qui s’estiment bien relaxées, souvent
à juste titre, présentent une légère contracture au niveau de la glotte et
du larynx. Pour tout le monde, en toutes circonstances, mais spécialement
avant de pratiquer les exercices de respiration yogique et de prânayâma,
il est indiqué de relaxer à fond cette zone. C’est d’autant plus indiqué que
c’est relativement facile.
En pratique
Avant de songer à la pratique, il faut se représenter les poumons suspen-
dus – si l’on peut dire – à l’arbre bronchique. Représentez-vous donc le
« tuyau » qui débouche dans l’arrière-gorge puis relaxez cette zone, et vous
aurez nettement l’impression que le « tuyau » est descendu d’un ou deux
centimètres dans le thorax, comme si le poids des poumons l’avait attiré
vers le bas, ce qui est d’ailleurs le cas.
En même temps, relâchez la gorge, le cou, la nuque et la bouche.
Lorsque cela s’est réalisé, dirigez la pensée vers le souffle, et vous sentirez
comme l’air glisse facilement vers le bas quand vous inspirez et comme il
s’écoule librement lorsque vous expirez. Vous ressentirez alors une sensa-
tion de facilité, d’aisance, dans votre respiration yogique, impression que
vous n’avez pas quand cette zone se trouve bloquée par des contractures.
Relaxation rapide
avec prise de conscience
Introduction
Notre civilisation de forcenés nous impose un rythme de vie tel que nous
ne trouvons même plus le temps de nous relaxer, au point que la méthode
de relaxation complète devient trop longue parce qu’elle requiert environ
20 minutes ! La technique de relaxation rapide indiquée dans ce chapitre,
qui est celle enseignée par Swami Satchidananda, rendra d’immenses
services. En une dizaine de minutes, elle permet d’accéder à un degré de
relaxation déjà très poussé tout en présentant l’avantage de se combiner
avec une prise de conscience. Dix minutes, c’est à la portée de tous, même
des lecteurs pressés ou surchargés .
Technique
Cette méthode de relaxation comprend une succession de relaxations
partielles. Pour relaxer successivement chaque partie du corps, il faut pas-
ser par les étapes suivantes :
a) prendre conscience du membre en y focalisant l’attention
(10 secondes environ) et vider les poumons ;
b) inspirer, bloquer le souffle à poumons pleins, puis tendre progres-
sivement les muscles de ce membre (ou d’une partie du corps) jusqu’à
atteindre la contraction maximale (3 secondes) ;
c) lever le membre à 45° (5 secondes), puis expirer d’un seul coup par la
bouche en le laissant retomber de son propre poids sur le sol ;
d) le secouer légèrement sur le tapis (2 secondes) ; respirer calmement
pendant ce temps ;
e) relaxer à fond cette partie du corps (5 secondes) en continuant à
respirer à l’aise ;
f ) passer au membre ou à la partie du corps suivante.
| Relaxation rapide avec prise de conscience 409
Séquences de la relaxation
Couché dans la posture de Shavâsana, donc en décubitus dorsal, les pieds
écartés, les bras éloignés du corps (cherchez le meilleur angle d’écarte-
ment), les paumes tournées vers le haut, les doigts un peu repliés.
Les membres sont à relaxer dans l’ordre suivant :
a) jambe droite (pointer les pieds pendant la tension) ;
b) jambe gauche (idem) ;
c) bras droit (serrer le poing pendant la contraction) ;
d) bras gauche (idem).
Ensuite, relaxer les autres parties du corps dans l’ordre suivant :
Tronc
L’abdomen :
La poitrine :
Tête
La nuque et le cou :
\ « chiffonner »le visage en crispant les lèvres, les ailes du nez, les joues,
les paupières, le front, tout en serrant les mâchoires (5 secondes) ;
\ relâcher brusquement ces muscles. L’expression du visage doit devenir
neutre. Éventuellement, un léger sourire peut être esquissé.
410 MÉDITATION ET RELAXATION |
Relaxer le cerveau
Il s’agit maintenant de relaxer le cerveau ! Les méthodes de relaxation
omettent de le relaxer, alors que c’est sans doute l’organe qui en a le plus
besoin. Comment s’y prendre ?
Pensez au crâne et à son contenu, sentez la présence du cerveau qui
remplit la boîte crânienne, ce qui s’obtient avec un peu d’exercice, puis
imaginez que toute cette masse cérébrale se ramollit, devient comme une
éponge où afflue le sang frais qui la rince. Sentez toute la matière cérébrale
devenir molle et détendue. Cela vous procure aussitôt une merveilleuse
sensation de détente, une libération, et cette désagréable impression de
« tête prise dans un étau » s’évanouit aussitôt. Cet exercice permet de faire
avorter instantanément une migraine naissante, en réduisant les spasmes
vasculaires intra-cérébraux.
Essayez : vous verrez combien c’est simple et efficace !
Tout ce qui précède peut s’accomplir avec un peu d’entraînement en
5 minutes. Maintenant, restez immobile et, avec votre conscience, parcou-
rez le corps tout entier pour vérifier s’il est bien relaxé.
Au lit
Faites cette relaxation au lit avant de vous endormir ! La seule modification
(faut-il le dire ?) est qu’il ne faut soulever ni les bras ni les jambes. Votre
sommeil sera plus profond, plus réparateur. Les chances seront grandes
que vous n’arriviez pas au bout de votre « relax » parce que vous vous serez
endormi avant la fin, ce qui est le but recherché !
ANNEXES
Index 415
Table des matières toutes les postures
Avant de commencer
Âsanas
Index
Agnisara Dhauti 336, 337, 374 Dhanurâsana 198, 200, 201, 202 Padmâsana 59-61, 65, 70, 145, 260, Scorpion en lotus 228, 229
Améliorer la pince 89 Dhauti 374 369, Serpent 124, 128-130
Apâna 34, 149, 258, 320, 322, 353, Dhirendra Brahmachari 9 Padma-Sarvangâsana 258 Setu Bandhâsana 282, 284
354, 359 Dhrityâsana 136 Padma-Vrishikâsana 228 Shalabâsana 190-197, 204
Arc 132, 136, 198, 219, 221, 223 Diamant 53, 348, 392 Paon 29, 60, 61, 73, 268, 270, 273, Shanti Mudrâ 369, 371
Ardha Baddha Padma Paschimot- Diamant couché 143 280, 281, 376 Shirshâsana en triangle 266
tanâsana 92 Diamant renversé 147 Paravritti Janusirâsana 156 Shirshâsana 232, 233, 236, 237,
Ardha-Bhujangâsana 225 Dvipada Shirshâsana 109, 112 Parvatanâsana 61 246-252, 256
Ardha-Chandra 154, 176 Eka Pada Shirshâsana 103, 104 Paschimottanâsana 82, 89, 92, 95, Siddhâsana 57, 58, 313, 361, 369,
Ardha-Matsyendrâsana 152, 159, Feuille pliée 113 108, 116, 177, 180, 181, 289 391, 396
160, 161, 164, 165, 168 Fœtus 185 Pavanamuktâsana 185 Simhâsana 378-380
Ardha-Paschimottanâsana 89 Geste de l’initié 367 Pied solitaire 103-105, 107 Souffle 9, 14, 16, 17, 19, 31, 34, 37-39,
Ardha-Shalabâsana 190, 191, 196, Geste de la foudre 348 Pince 20-22, 33, 35, 80, 82, 89, 91, 43-45, 52, 70, 73, 113, 114, 124, 125,
204 Geste inversé 261 92, 94, 95, 101, 104, 107-111, 116, 149, 151, 154, 160, 183, 192, 193, 195,
Ardha-Dhanurâsana 223 Halâsana 73, 78, 80, 87, 118, 120, 168, 180, 181, 190, 286, 287, 289, 290 199, 200, 208, 214, 217, 221, 222,
Âsanas 21-23, 25-29, 31, 32, 34, 35, 206, 233, 236, 315 Pince debout 82, 180, 181, 289 226, 235, 249, 252, 258, 262, 275,
37, 39, 42-46, 80, 87, 116, 132, 140, Hara 57 Pince en équilibre 108-110 291, 296-298, 300, 302, 308, 309,
142, 145, 159, 171, 183, 187, 198, 200, Hatha yoga 12, 43, 343, 354 Poisson 61, 99, 118, 120, 148-150, 313-315, 317-319, 323, 324, 337, 338,
221, 222, 228, 232, 233, 243, 247, Héros ou pose virile 68 154, 236, 289, 328, 329 344-347, 349, 351,
250, 258, 266, 285, 286, 288, 290, Huître 116 Pont 282, 284 369-373, 375, 384, 393, 403, 406,
291, 300, 308, 314, 316, 348, 369, Jalandhara Bandha 70, 189, 315, Pose de la fermeté 136 408-410
379, 405 375, 377 Posture parfaite 53, 57 Souffle circulatoire 38
Ashram 9, 21 Janushirâsana 180 Prâna 14, 34, 39, 114, 149, 157, 173, Sphinx 225, 227
Baddha Padmâsana 70 Jnana 14 258, 261, 313, 319, 320, 322-324, 334, Spirale 156-159, 287
Bâton 182, 187, 273 Jnâna Mudrâ 58, 361, 367, 368 353, 354, 359, 371, 372, 405 Supta Vajrâsana 113, 143, 144, 146-
Bâton en tension 187 Kakâsana 268, 270 Prâna Mudrâ 396, 371, 372 148, 150
Bhega Kriya 173 Kapalabhati 271, 360-366 Prânayâma 53, 56, 59, 72, 80, 113, Suryanamaskar 46, 47
Bhujangâsana 206, 209, 210, 213, 225 Kriyas 288, 289, 344-347, 360 143, 152, 157, 232, 249, 288, 291, 308- Sushumna Nadi 334
Chaise yogique 154, 178 Kukutâsana 61 313, 315, 316, 323, 324, 360, 361, 363, Swami Satchidananda 57, 326, 408
Chakrâsana 136, 140, 141 Kumbhaka 323, 324 365-367, 369, 375, 406, 407 Swami Sivânanda 9, 12, 56, 202,
Chameau 219, 220, 287 Kundalini 61, 67, 145, 195, 336 Puraka 324 276, 297, 337, 387, 396
Chandelle 120, 232, 258, 259, 263, Kurmâsana 98-102, 116 Râja 14, Tantra 14
282 Lion 287, 375-381 Raja-yoga 390 Tonnerre 53
Chandelle en lotus 258 Le lion en lotus 378 Rechaka 324 Torsion (mouvement général) 61,
Charrue 22, 25, 26, 30, 32, 37, 42, 73, Lolâsana 60, 61, 273, 281 Relaxation 9, 15, 29, 30, 39, 42, 45, 63, 70, 105, 132, 140, 151, 152, 156-
80-82, 101, 149, 190, 233, 234, 236, Lotus 53, 57, 59, 60-63, 65, 66, 70, 95, 98, 99, 113, 117, 129, 137, 144, 146, 171, 288, 289
239, 286, 287, 289 71, 92, 94, 117, 118, 120, 121, 123, 145, 160, 171, 184, 214, 218, 221, 222, 226, Torsion (posture) 159
Charrue en tension 80 170, 177, 179, 228-231, 258-262, 265, 227, 235, 263, 276, 277, 289, 292, Tortue 98, 100, 101, 116
Chat et le serpent-roi 128 273, 281, 287, 289, 313, 335, 338, 361, 298, 316, 362, 363, 385, 391, 397, 398, Triangle (posture) 151
Cobra 22, 73, 82, 125, 126, 128-131, 365, 369, 373, 375, 378, 379, 381, 401, 403, 405, 407-411 Triangle (terme générique) 243-
188, 190, 191, 194, 198, 200, 201, 204, 391, 396 Respiration 25, 295, 297, 321 245, 253, 254, 266
206, 209, 210, 213-218, 221, 225, 227, Lotus lié 70, 94, 289 Respiration yogique 25, 26, 113, 151, Trikonâsana 151, 152
289, 290 Makarâsana 221, 222 157, 173, 238, 297, 299, 301, 303-305, Uddyiana Bandha 289
Cobra dynamique 213, 215, 289 Manipura Chakra 370 307, 308, 312, 315, 316, 364, 370, Ujjay 44, 156, 189, 320, 363, 375
Contrôle du mental 19, 31, 386 Mantra 114, 378 406, 407 Ultra-ralenti 33, 34
Coq 61 Mareechyâsana I 167 Rétention du souffle 249, 314, 318, Urdhva Paschimottanâsana 108
Corbeau 268, 376 Mareechyâsana II 170 323, 324, 347, 371 Ushtrâsana 219
Crabe 273, 281 Matsyâsana 61, 99, 118-121, 123, 236 Roue 52, 136, 140, 141, 290 Utkatâsana 178
Crocodile 221, 287, 289 Mayurâsana 273, 275-277, 279 Sadhak 12 Uttytha Dhanurâsana 132
Dandâsana 182-184, 187 Merudandâsana 187-189 Sarpâsana 124, 126 Vajra Mudrâ 348, 351, 352
Demi-arc 223 Montagne 61 Sarvangâsana 118, 120, 232-239, Vajrâsana 53, 56, 113, 143-148, 150,
Demi-lune latérale 154 Mouette 173 242-245, 258-263, 265, 270, 282, 313, 348, 349, 351, 352, 361, 369, 377
Demi-lune vers l’arrière 176 Mula Bandha 114, 226, 245, 370, 283, 315 Vayu 353, 354, 359
Demi-pince en demi-lotus 92, 94 371, 375-377 Sauterelle 26, 73, 127, 190-198, 200, Viparita Karani Mudrâ 233, 261,
Demi-posture de la tortue 100 Nauli 15, 228, 229, 338-343 201, 204, 205, 221, 280, 287, 289 263, 265, 283
Demi-sauterelle 26, 190, 191, 193, Nauli Kriya 338-340, 342 Sauterelle avec appui 26, 204, 287 Virâsana Guptâsana 68
196, 204, 287, 289 Neti 80 Sceau du yoga 65 Yoga Mudrâ 65, 67
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