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AMRITA
DEVELOPPEMENT PERSONNEL
Chez le m ê m e é d i t e u r
collection développement personnel
Le catalogue des Editions AMRITA est adressé franco, sur simple demande :
Editions AMRITA - 24580 PLAZAC
Tél : 05 53 50 79 54 - Fax : 05 53 50 80 20
e-mail : amrita.editions@perigord.com
Sri Aurobindo et la Mère m'ont montré
les nombreux objectifs du Yoga et de la transformation de soi.
Pionniers d'une nouvelle perfection humaine, ils nous transmettent
une représentation globale et dynamique de la vie
et ils nous communiquent l'impulsion nécessaire pour sa concrétisation.
LA CONNAISSANCE DE SOI
CHAPITRE 1
Nous vivons une époque difficile. Tout, aujourd'hui, concourt à nous mettre
sous pression. Les horaires de travail, la productivité, les responsabilités
professionnelles, les embouteillages, le soin et l'éducation des enfants, les tâches
ménagères et dans les villes, un environnement stressant, bruyant, laid, sans
vie, parfois pollué, souvent agressif ; par-dessus tout cela, il faut gérer les
conflits relationnels, supporter l'égoïsme de chacun et la banalité ou la frénésie
des jours qui passent.
Nous sommes sans cesse en train de courir, et même quand nous pouvons
nous arrêter, nous ne savons plus le faire. Nous remplissons notre tête de mille
informations, de mille désirs et mille soucis, comme si nous devions manger la
vie jusqu'à épuisement. Quelle folie boulimique nous saisit donc ?
La simple joie de vivre a disparu, et plus profondément encore, le sens de la
vie nous échappe, recouvert par tant de choses artificielles ; nous évoluons
dans une extériorisation permanente, accrochés aux lucioles de nos envies et
rongés par les démons de nos multiples stress. La tension intérieure nous
accompagne partout.
Notre mental est sans cesse en activité, mais il est pourtant, à de rares
exceptions près, peu productif. Si nous voulons bien nous arrêter un instant,
nous nous apercevrons que la qualité de la pensée est bien médiocre et que
notre tête est comparable à une place publique qui reçoit la plus cosmopolite
des présences.
L a pensée est tension
La pensée est tension à plus d'un titre. C'est d'abord une tension quasi
permanente parce que les pensées expriment un flot continu de courants
multiples : sensoriels, émotionnels, intellectuels, sans cesse renouvelés, sans
cesse différents, antagonistes et chaotiques. C'est un vacarme, une activité
incessante, un bruit de fond qui ne s'arrête jamais, qui, même s'il nous paraît
naturel, nous maintient dans un stress sournois parce qu'il est permanent. On
ne peut s'en apercevoir que lorsque la machine s'arrête un moment.
La pensée est une tension parce qu'elle est le véhicule de nos désirs, de nos
objectifs, de nos attentes, de nos espoirs et de nos aspirations, et en lui-même,
le désir est inséparable de la tension.
Elle est aussi le support de l'expression de nos émotions, de nos peurs et
d'une façon générale de tous nos stress.
Elle est encore l'expression d'un travail, d'un effort, et même souvent, pour
beaucoup, un labeur et une lutte pour saisir les idées, les grouper et les
exprimer. On peut fort bien s'en rendre compte par les tensions musculaires
dans les épaules, le cou et les yeux après tout travail intellectuel. Cette tension
est d'autant plus forte que l'activité intellectuelle dure longtemps et qu'elle
s'exprime au détriment du corps et du cœur.
Enfin, nous sommes extériorisés de façon quasi continuelle. Cela disperse
l'énergie autant mentale que nerveuse et nous oblige à faire un effort supplé-
mentaire pour compenser ce manque de tonus chaque fois que nous devons
faire appel à nos capacités intellectuelles.
Nos tensions ont une origine mentale, émotionnelle et nerveuse, mais le
mental amplifie tous les types de stress, parce qu'en les exprimant, il les
amène à la surface, puis les entretient.
Ainsi, nos difficiles conditions de vie et l'effondrement de nos capacités
d'adaptation ont engendré un stress dans le mental, chronique et permanent,
même s'il n'est pas toujours intense.
Cette tension permanente est sournoise parce que, en s'habituant à elle,
nous ne la remarquons plus mais elle épuise peu à peu notre système de
défenses physique, énergétique et psychologique.
Pour lutter contre elle, pour la dissoudre et régénérer nos capacités d'adaptation
et notre système de défenses, l'alcool, le tabac, les excitants, les « pilules du
bonheur » (calmants, antidépresseurs, etc) ne constituent pas une réponse saine,
constructive et durable.
Le yoga va chercher la solution à sa racine. C'est pourquoi les exercices
soulagent et apaisent profondément, puis ils nous apprennent à prendre du
recul, à nous élargir, à nous adapter ; ils nous renforcent et finalement changent
la condition même de notre mental.
Mais pour cela, nous devons nous prendre en charge et introduire dans notre
vie un peu de cet entraînement et de cette discipline qui nous libéreront et nous
conduiront à une nouvelle naissance.
En leur consacrant un petit peu de notre temps, ils ramèneront en nous la
paix intérieure, la disponibilité, l'efficacité, et ils nous reconstruiront.
Nous pourrons alors découvrir, de manière toute naturelle, nos formidables
capacités intérieures.
On ne p r e n d j a m a i s de recul
Comment bien penser, bien agir et bien vivre sans jamais prendre de dis-
tance ? Sans recul, on reste à la surface de soi-même, dans l'agitation et
l'excitation, et dans une représentation superficielle de soi-même, des autres et
du monde, sans racines, sans profondeur, sans richesse.
Ce sont donc le stress, l'extériorisation et l'ego qui nous maintiennent dans
l'action privée de réflexion, plongés dans le conditionnement et l'habitude, ou
dans la pensée négative, destructrice ou stérile. Tourner en rond dans ses actes,
ses comportements émotionnels, dans ses pensées, ne font pas d'un homme ou
d'une femme un être humain véritable.
L'extériorisation, le stress et l'individualisme - ce réflexe atavique de se placer
au centre de tout - se combinent et se renforcent pour épuiser notre vitalité, nous
déséquilibrer et étouffer notre âme. Car en nous identifiant constamment à
l'écorce de notre être, nous finissons par lui ressembler : dure, sèche, racornie.
Dans ces conditions, pouvons-nous prétendre au bonheur, à la joie de vivre, au
contentement, à l'essence de la vie ?
R e c o n n a î t r e la p r o f o n d e u r de n o t r e être.
C ' e s t d o n c p a r u n e d i s c i p l i n e et u n e n t r a î n e m e n t r é g u l i e r q u e n o u s p o u v o n s
c a l m e r les v a g u e s t u r b u l e n t e s d e n o t r e m e n t a l et r e t r o u v e r l ' é q u i l i b r e naturel
qui p e r m e t t r a à cette e x i s t e n c e p r o f o n d e d e v e n i r à la surface. C a r il est bien d i t
c l a i r e m e n t , e t c h a c u n p e u t le v é r i f i e r p a r s a p r o p r e p r a t i q u e , q u ' i l s u f f i t d e
c a l m e r et d e r é é q u i l i b r e r la n a t u r e e x t é r i e u r e p o u r faire é m e r g e r les r i c h e s s e s d e
notre nature profonde.
A t i t r e d e c o m p a r a i s o n , n o u s d é c r i v o n s ici les c a r a c t é r i s t i q u e s d e c e t t e
d o u b l e n a t u r e , e x t é r i e u r e et p r o f o n d e , d a n s le d o m a i n e m e n t a l .
1 - Le vital est la partie de l'être humain qui est l'instrument de la force de vie : impulsions et désirs,
dynamismes, intérêts et passions, réactions, émotions, sentiments, etc. C'est le domaine de la poitrine
et du ventre.
"Retrouver la p a i x intérieure "
La double nature dans le mental de surface et le mental profond
♦ extériorisée ♦profonde
- extériorisée et superficielle - intériorisée et profonde
- éparpillée, pas de centre - centrée
- agitée, toujours en activité - calme, sereine, capable d'immobilité
- tension, stress - paix, tranquillité
- peu formée, peu organisée, confusion - structurée, individualisée
- mental compliqué, tortueux - clarté d'esprit
♦ limitée et étroite ♦ vaste
- peu d'énergie, torpeur, fatigue - énergie abondante
- faible, peu de pouvoir, peu de - forte, indépendante, autonome,
volonté, influençable confiance en soi, forte volonté
- vision limitée, conscience linéaire, - vision vaste, compréhensive,
cartésienne, de séparation synthétique et unifiante
- qualité médiocre, privilégie l'inférieur - se tourne spontanément vers les
(mental physique et vital inférieurs) valeurs supérieures
♦fermée sur elle-même ♦ réceptive à toute la réalité
- égocentrique, exclusive, critique, - ouverte, réceptive, plastique
n'accepte pas les différences
- peu de réceptivité au présent, - en phase avec le réel, ici et
non disponible maintenant
♦peu consciente ♦ très consciente
- peu consciente, fonctionnement - attention, vigilance, présence
automatique et conditionné
- peu de recul, identifiée à son action - position naturelle de témoin
et aux objets des sens
♦ condition d'insatisfaction ♦ satisfaite et épanouie
- joie et bonheur rares - satisfaction, joie, béatitude
- dépendante de multiples conditions - liberté, indépendance, autonomie,
pour être satisfaite ; ni libre, ni spontanée contentement
♦ conscience de séparation, de division ♦ conscience d'unité et d'universalité
- connaissance indirecte et superficielle - connaissance directe et profonde
♦ conscience dualiste, instable ♦ équanimité, stabilité
- réactions extrêmes de préférence et - égalité d'âme, calme, stabilité
de rejet, d'attraction et de répulsion
♦ relation étroite au temps ♦ embrasse le présent, passé et futur
- vit dans un temps fractionné, met un - conscience vaste dans le temps,
maximum de repères sur le temps rythmes d'éternité
- relation avec le passé et le futur - embrasse largement le temps
étroite et artificielle passé et futur
- ne supporte pas la continuité du - vit dans le silence, est autant à
temps, ni le silence, ni l'immobilité l'aise dans l'immobilité que le
mouvement
Les dimensions i n c o n n u e s d u m e n t a l
1 - Le surmental correspond, pour Sri Aurobindo, à la conscience des dieux et des religions. C'est
aussi la conscience cosmique ou universelle des yogis, dans laquelle le principe d'unité prédomine sur
le principe de la multiplicité. Pour lui, le surmental est le dernier échelon de « l'hémisphère inférieur »,
à la limite de la conscience d'Ignorance et de la Vérité. Au-delà réside la conscience supramentale ou
gnostique.
CHAPITRE 2
A Q U O I S E R T L E M E N T A L ?
L'être conscient
A v a n t t o u t e c h o s e , n o u s d e v o n s d i s t i n g u e r les d e u x a s p e c t s d u m e n t a l , qui
s o n t la r e p r é s e n t a t i o n d e s d e u x p r i n c i p e s m é t a p h y s i q u e s : l'Etre
c o n s c i e n t et la N a t u r e . N o u s p a r l e r o n s d o n c d e la c o n s c i e n c e m e n t a l e
et d e s o n i n s t r u m e n t .
Les C i n q r ô l e s d u m e n t a l
D'un point de vue plus intérieur, le mental est donc avant tout une conscien-
ce ; celle-ci possède cinq rôles :
1- rechercher le connaissance, la vérité
2- rendre conscient l'être humain
3- guider et diriger l'être humain
4- centraliser et structurer l'individu
5- organiser la vie extérieure
Nous décrirons plus loin succinctement l'instrument mental et ses fonctions.
I- La r e c h e r c h e de la c o n n a i s s a n c e
1- L'Etre Psychique est, pour Sri Aurobindo, le Divin individuel derrière le Cœur profond. On peut
le faire correspondre à l'âme.
d e u r d e la c o n n a i s s a n c e d é p e n d e n t d e l ' i n s t r u m e n t m e n t a l q u e n o u s utilisons et
des représentations que nous choisissons.
Il n e suffit p a s d e r e c e v o i r l ' i n f o r m a t i o n p o u r a c c é d e r à la vérité, c a r elle est
l i m i t é e p a r n o t r e s y s t è m e s e n s o r i e l et n o t r e s y s t è m e cognitif, p a r n o s c o n d i -
t i o n n e m e n t s et p a r n o s r e p r é s e n t a t i o n s s o u s - j a c e n t e s .
N o t r e c o n n a i s s a n c e est indirecte, lointaine, superficielle, et elle est faussée.
Sri A u r o b i n d o d é c r i t les q u a t r e m o d e s d e c o n n a i s s a n c e :
- la c o n n a i s s a n c e d i r e c t e e n c o n t a c t a v e c l'objet (identification p r o c h e )
- la c o n n a i s s a n c e d i r e c t e sans c o n t a c t avec l'objet ( i d e n t i f i c a t i o n
lointaine)
- la c o n n a i s s a n c e i n d i r e c t e e n c o n t a c t a v e c l'objet
- la c o n n a i s s a n c e i n d i r e c t e sans c o n t a c t a v e c l'objet.
C ' e s t e s s e n t i e l l e m e n t cette d e r n i è r e q u e n o u s c o n n a i s s o n s .
N o u s r e t r o u v o n s c e t t e i d é e c e n t r a l e d u y o g a q u e la n a t u r e h u m a i n e e s t
limitée, i m p a r f a i t e et q u e n o u s p o u v o n s la d é v e l o p p e r et l'améliorer. C ' e s t a v e c
c e t é t a t d ' e s p r i t q u e n o u s d e v o n s c o n s i d é r e r la c o n n a i s s a n c e h u m a i n e et s o n
i n s t r u m e n t m e n t a l : a v e c t o u t e la relativité n é c e s s a i r e .
P o u r b i e n c o m p r e n d r e , n o u s d e v o n s d i s t i n g u e r les t r o i s n i v e a u x d e l a
m e n t a l i t é é v o q u é s , c i - d e s s o u s p a r Sri A u r o b i n d o . N o u s m a î t r i s o n s , p l u s o u
m o i n s b i e n , les d e u x p r e m i e r s m a i s ils s o n t insuffisants e n e u x - m ê m e s p o u r
t o u c h e r la c o n n a i s s a n c e e t la v é r i t é . S e u l le t r o i s i è m e n i v e a u p e u t n o u s y
conduire.
D ' u n p o i n t d e v u e p r a t i q u e , n o u s p a r l e r o n s , q u a n t à n o u s , d e trois c o u c h e s
mentales :
. le m e n t a l o r d i n a i r e
. le m e n t a l i n t e l l e c t u e l
. le m e n t a l s u p r a - c o n s c i e n t
L a c o n n a i s s a n c e e s t l ' a s s i s e s a n s l a q u e l l e a u c u n e m a î t r i s e - d e soi o u d u
m o n d e - n'est p o s s i b l e . L a c o n n a i s s a n c e c o m m e n c e l o g i q u e m e n t p a r s o i - m ê m e .
N o u s s o m m e s n o u s - m ê m e s l ' o b j e t d e c o n n a i s s a n c e le p l u s d i r e c t , le p l u s
p r o c h e . L a c o n n a i s s a n c e e s t le p r e m i e r p a s vers la m a î t r i s e et la t r a n s f o r m a t i o n
d e soi. E l l e p e r m e t d e s a v o i r d a n s q u e l l e direction diriger s a vie, d e lui d o n n e r
u n e l i g n e d i r e c t r i c e , u n c e n t r e , u n idéal. E l l e n o u s d o n n e aussi la c o h é r e n c e
i n d i s p e n s a b l e p o u r u n i f i e r t o u t e s les c o m p o s a n t e s d e notre être.
E n s'approfondissant, la c o n n a i s s a n c e révèle l ' u n i t é de l ' h o m m e , d e l'univers et
d e l'Absolu. C e t t e unité existe à tous les n i v e a u x : au c œ u r d e la matière, a u c œ u r
d e l'énergie, a u c œ u r d e la m u l t i p l i c i t é d e s êtres et d e s f o r m e s .
P o u r Sri A u r o b i n d o , la C o n n a i s s a n c e i n t é g r a l e d o i t r é c o n c i l i e r t o u t e s les
d u a l i t é s e t t o u t e s les c o n t r a d i c t i o n s d e la m a n i f e s t a t i o n , elle d o i t h a r m o n i s e r
e n t i è r e m e n t la v é r i t é d e l ' U n e t d u M u l t i p l e .
II- L a c r o i s s a n c e d e la c o n s c i e n c e
L a c r o i s s a n c e d e la c o n s c i e n c e m e n t a l e i n d i v i d u e l l e s e r é a l i s e à t r a v e r s u n e
c o n c e n t r a t i o n , u n e p r o f o n d e u r , u n e e x p a n s i o n et u n e é l é v a t i o n d e la v i s i o n e t
d e la p e r c e p t i o n .
P u r u s h a , l'être c o n s c i e n t , e s t c e l u i qui o b s e r v e e n t é m o i n , m a i s a u s s i c e l u i
qui j o u i t , q u i s o u t i e n t et q u i d o n n e s a s a n c t i o n .
L e m e n t a l a la c a p a c i t é d ' i n t e n s i f i e r t o u s les m o u v e m e n t s d e la c o n s c i e n c e :
i m p u l s i o n s , s e n s a t i o n s , désirs, é m o t i o n s , i m p r e s s i o n s . . . P l u s o n e s t c o n s c i e n t
e t p l u s o n s e n t q u ' o n e x i s t e et q u e l'on vit. V i v r e c o n s c i e m m e n t , c ' e s t a u s s i
vivre intensément.
P r e s q u e t o u t e s les f a c u l t é s d u m e n t a l s e r v e n t c e b u t d e c r o i s s a n c e d e la
c o n s c i e n c e , e n p a r t i c u l i e r l ' a t t e n t i o n , l ' o b s e r v a t i o n , la c o n c e n t r a t i o n et c e t t e
c a p a c i t é s u p é r i e u r e d e d e v e n i r l ' o b s e r v a t e u r , le t é m o i n d é t a c h é et libre d e c e
qu'il o b s e r v e . O n a s s i s t e à u n e a m p l i f i c a t i o n d e la p e r c e p t i o n : d e l ' i n c o n s c i e n c e
à la demi-conscience, d e la vigilance à la supra-vigilance, du s o m m e i l à l'éveil, à la
lucidité, à l'acuité ; c'est être conscient de plus en plus clairement des m o u v e m e n t s
s e m i - c o n s c i e n t s t e l s q u e l e s s e n s a t i o n s , les h a b i t u d e s , les r é a c t i o n s e t l e s
c o m p o r t e m e n t s , les i m p u l s i o n s et les désirs, les é m o t i o n s o u les pensées.
Le plus facile est de c o m m e n c e r p a r l'observation des choses extérieures,
p u i s d e n o s m o u v e m e n t s intérieurs. C ' e s t ainsi q u e p e u t n a î t r e d a n s le m e n t a l
u n e v i g i l a n c e e x c e p t i o n n e l l e , u n e c o n s c i e n c e d e soi qui se d é g a g e d e s o b j e t s
e x t é r i e u r s et p r e n d s o n a s s i s e s u r u n s i l e n c e d e p l u s en p l u s stable qui, lorsqu'il
e s t b i e n installé, n'est ni t r o u b l é ni é l i m i n é p a r la p e n s é e .
L e p r i n c i p e m ê m e d e l ' é v o l u t i o n s u p p o s e u n e i n t é g r a t i o n , u n e e x p a n s i o n et
une élévation.
L a N a t u r e a c o m m e n c é a v e c d e s c o m b i n a i s o n s simples, a v e c des o r g a n i s m e s
v i v a n t s r u d i m e n t a i r e s , e n s u i t e elle a c r é é u n e c o m p l e x i f i c a t i o n c r o i s s a n t e d e s
é l é m e n t s d e base, p u i s d e leurs c o m b i n a i s o n s . L e s o r g a n i s m e s vivants se sont
a u s s i d i v e r s i f i é s et c o m p l e x i f i é s : d u m i n é r a l a u végétal, p u i s à l'animal. L a
c o n s c i e n c e s'est r é v é l é e p r o g r e s s i v e m e n t d a n s la f o r m e , d u végétal à l'animal,
p u i s à l'humain, et ce p r o c e s s u s s'est p o u r s u i v i a v e c l'être h u m a i n . E n effet, n e
v o y o n s - n o u s p a s a u t o u r d e n o u s u n e très g r a n d e diversité et des degrés d e qualité
de c o n s c i e n c e fort différents, autant d a n s l ' h o m m e vital q u e d a n s l ' h o m m e
mental ?
L e m e n t a l , p r i n c i p e d ' é v o l u t i o n d e l a vie
C'est le mental qui va rendre parfaite la première étape de la vie, cet élan
puissant pour la survie et la sécurité qui s'exprime dans l'animal par la lutte
pour la nourriture et pour le territoire. C'est le mental qui a rendu possible pour
l'homme la sécurité matérielle. Notre époque de matérialisme outrancier en est
l'éclatante démonstration. Sri Aurobindo a appelé cette partie du mental : le
mental physique.
C'est le mental qui va donner forme, amplifier et organiser les multiples
aspects du désir de possession et de jouissance, et de l'élan pour le pouvoir et
la domination. Ici, le mental vital joue un rôle prépondérant pour réaliser cette
deuxième étape de la vie.
C'est encore le mental, par le développement de la raison, l'apparition de
l'éthique et de la morale, qui permet le contrôle des pulsions primitives du vital
et l'apparition des principes supérieurs de la vie.
C'est l'Eveil de l'intelligence, la recherche de la connaissance, l'apparition
de l'idéal qui rendent possibles les formes supérieures du désir d'accomplisse-
ment de soi et de maîtrise de la vie intérieure et extérieure ; c'est le développe-
ment des qualités supérieures du mental qui permet d'harmoniser progressive-
ment le besoin de survivance de l'ego, de liberté personnelle et d'affirmation
de soi, ainsi que cette poussée de la Nature supérieure vers le don de soi
mutuel, l'association et l'amour, qui caractérise, pour Sri Aurobindo, le
troisième état de la vie.
Mais c'est parce qu'il y a derrière le mental et la vie un double principe
Il nous faut donc créer une continuité entre nos exercices en chambre et nos
activités de tous les jours.
Cette continuité, c'est d'abord l'apprentissage d'un réflexe : celui de
prendre du recul et de se désidentifier. Nous avons pris l'habitude de nous pro-
jeter et de nous identifier aux autres, aux événements, à notre environnement,
et probablement aussi à une image de soi face à soi-même et face aux autres,
génératrice d'une tension chronique. N'oublions pas que les autres et le monde
nous renvoient l'image que nous lançons sur eux.
Prendre du recul
Le c e n t r a g e d y n a m i q u e
Il existe donc des points et des lieux du corps qui sont des centres de
pouvoir sur soi ; nous abritons en nous des circuits d'énergie interne qui
peuvent être stimulés pour modifier nos humeurs, nos vibrations et nos
atmosphères intérieures, nos émotions et nos pensées. Ce sont ces centres et
ces circuits qui peuvent nous apporter le pouvoir de transformer notre vie
active dans le sens de la vastitude et de la plénitude que nous avons
découvertes dans notre pratique en chambre.
Nous ne ferons ici qu'une simple récapitulation de ces points, sans
reprendre le détail des différents chapitres sur la pratique.
Les premiers supports de notre vigilance sont le corps et la respiration.
Outre la relaxation des zones du visage liées à la tension, nous n'avons peut-
être pas assez insisté sur la statique du corps, c'est à dire l'étirement de la tête
et du dos, le dégagement de la poitrine, la relaxation des épaules et la fermeté
du ventre et des muscles fessiers. Car toute émotion, en contractant les
muscles, tasse et déforme la statique du corps. Rappelons ici aussi
l'importance du rééquilibrage de ces tensions par l'étirement musculaire,
comme nous pouvons le réaliser dans les asanas du yoga ou même encore par
une petite séance d'étirements doux, et dans la vie par des étirements
fréquents. Nous devons également insister sur l'équilibrage gauche/droite de
la perception interne du corps autant que de sa position extérieure. Là aussi,
l'émotion ou l'excès entraînent ce déséquilibrage et il nous est facile de le
corriger.
Nous découvrirons d'ailleurs un plaisir authentique à rééquilibrer la statique
du corps et la perception gauche/droite dans la vie active, une sorte de jouis-
sance du corps et une clarté mentale inconnue. Nous pouvons porter à la per-
fection ces deux centrages par la culture de la perception du corps tout entier,
globalement, dont nous avons déjà souligné l'extraordinaire capacité à
dissoudre le stress au cœur de l'action et à éveiller la vigileance et la
diponibilité intérieure avec une capacité naturelle d'organisation spontanée. Il
y a là, dans cette voie du corps, beaucoup plus à découvrir et à réaliser que ce
que nous pourrions le supposer.
Le support de la respiration est différent. En effet, par la respiration, nous
influençons le psychisme et nous établissons un pont entre lui et le corps. Car
le souffle agit sur le prâna, le Citta et le psychisme, tout comme le psychisme
modifie le Citta, le prâna et le souffle. En fait, ces quatre éléments inter-
agissent l'un sur l'autre dans toutes les combinaisons. Mais remarquons bien
que les possibilités multiples qu'apportent le contrôle du souffle dans la vie
active doivent être préalablement maîtrisées dans le calme et la concentration
avant de les appliquer à l'action, et que ces possibilités dépendent aussi de la
diversité des exercices et des angles d'approche du souffle, et de la subtilité
avec laquelle nous sommes capable de les pratiquer.
Cependant, il faut reconnaître que c'est avec le centrage sur les points et les
zones de pouvoir que nous pourrons atteindre les résultats les plus profonds.
Citons l' espace global de Chidâkâsh, qui est spécifiquement un centrage pour
la vie active, et qui se réalise ici évidemment, comme pour les autres espaces,
en s'appuyant sur la perception de l'espace et non plus sa vision. Nous
pouvons aussi nous souvenir de l' espace supérieur de Chidâkâsh, juste en
dessous du sommet du crâne, que l'on cherchera à percevoir le plus large
possible, et l'espace frontal lointain lorsque nous aurons besoin de plus
d'efficacité pour nous désidentifier de la pensée ou de l'émotion.
C'est enfin, par ordre d'importance, le centre Bhrûmadhya, le centre Âjnâ et
le centre Brahmarandhra, qu'il ne faut pas hésiter à prolonger au-dessus du
crâne. Avec davantage de pratique, nous pourrons nous essayer aux doubles
concentrations qui sont, de loin, les plus riches et les plus prometteuses.
N'hésitons pas à expérimenter, car la vraie connaissance et la vraie maîtrise,
si elles commencent par l'imitation de l'expérience d'autrui, ne s'épanouissent
vraiment que dans l'expérimentation personnelle.
Quant aux kriyâs, ils demandent un minimum de disponibilité intérieure, ce
qui limite davantage leur utilisation aux moments où l'on n'a pas besoin d'une
concentration pour l'action extérieure. Ce qui arrive cependant plus souvent
qu'on ne le croit, car nous avons de nombreux moments où nous disposons
d'une certaine liberté. Les transports en commun constituent, bien sûr, l'un de
ces moments.
Une pratique prospère
A C
Agochari mudrâ, 165 Caturmukhi, 130
Âjnâ chakra, 167, 172 Chaïtya purusha, 20
Anuloma viloma, 148 Chakra, 147, 167
Âsanas, 91 Chidâkâsh, 64,177
Aum, 95, 139 Citta, 45, 84
B H
Bandha, 159 Hatha-yoga, 64
Bhoochari mudrâ, 161
Bhramari, 131 I
Bindu, 211, 167 Idâ, 141
Brahma, 130
Brahman, 77 K
Brahmarandhra, 168 Kâpâlabhâti, 127
Bhrûmadhya, 153, 156, 169 Kriyâ, 138
Buddhi, 44 Kumbhaka, 125
Kundalini, 41
M S
Manas, 45 Sâdhak, 40
Mantra, 96 Sahasrâra chakra, 142
Mâyâ, 77 Samâdhi, 41
Mudrâ, 159 Samatâ prânâyâma, 170
Mula bandha, 160 Samawritti prânâyâma, 125
Mûla, 160 Sat-Chit-Ânanda, 28
Mûlâdhâra, 216,142 Sattwa, 44
Muni mudrâ, 166 Savitri, 125
Shakti, 77,
N Shambavi mudrâ, 162
Nadî, 142 Shûnyaka, 124
Nadî shodana, 148 Sushumnâ, 143
Nasikâgra drishti, 165
Nirvana, 41 T
Tamas, 162
O Tantra, 79, 34
Oupanishad : voir Upanishad Trâtak, 115
Trikuti, 98, 134
P
Pingalâ, 141 U
Pourousha, 19, 13 Ujjayi, 126
Prakriti, 19 Upanishad, 19, 77
Prâna, 120, 84
Pranava, 139 V
Prânâyâma, 119 Veda, 77
Vedânta, 77
R
Râjas, 53 Y
Yoga, 64
Yoga nidrâ, 185
ANNEXE 2
Au service du corps
N° 1 - Le sport, 91
N° 2 - Le bain chaud, 91
N° 3 - Le bain de pieds ou de mains, 92
N° 4 - Le sauna, 92
N° 5 - L'assouplissement du cou, 92
N° 6 - Le massage du visage, 93
N° 7 - Les postures du yoga, 93
N° 8 - La relaxation musculaire , 93
Le chant et la musique
N° 9 - La musique, 96
N° 10 - Le chant, 97
N° 11 - Le chant de AUM, 97
CHAPITRE 8 : LES YEUX ET LE MENTAL
CHAPITRE 9 : LA VISUALISATION
- N° d'impression : 982510/1. -
Dépôt légal : mai 1998.
Imprimé en France