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1 6 février 1 789
Le comte Fenalik était très éduqué. Il maîtrisait plusieurs langues, dont certaines étaient parlées
dans des contrées lointaines comme l’Arabie et la Russie. Au grand ravissement des dames les plus
âgées de la cour, il connaissait aussi le latin. Féru d’histoire, il avait beaucoup voyagé. Mais bien
qu’il en reçût la demande à chacune de ses visites, il refusa toujours de se comporter en professeur
26 mai 1 789
Le comte était comme un soleil qui nous caressait de ses rayons et, tous autant que nous étions, nous
nous réjouissions de son plaisir. Sa compagnie était des plus agréables et il déversait sa lumière sur
tous ceux à qui il adressait la parole. Il était à la fois beau et éloquent ; lorsqu’il rendait visite à
la Reine, il était toujours accompagné d’une cour féminine. Ses festins étaient réputés pour être les
plus somptueux et les plus luxueux jamais donnés dans notre belle cité.
21 juin 1 789
Ce n’est que plus tard que nous nous aperçûmes qu’il portait le mal en lui, ce qui eut le don
d’enrager la Reine. Les hommes du roi attaquèrent le château, le détruisirent en grande partie et
arrêtèrent le comte.
Je ne le revis jamais.
Indice : Paris 2 – Extrait du rapport du capitaine Louis Malon
18 juin 1789
Lorsque nous arrivâmes au château, la fête battait son plein, des hommes et
des femmes en rut forniquaient tels des chiens. Nous nous lançâmes à leur
poursuite et arrêtâmes ceux pour qui personne ne pouvait se porter garant.
J’envoyai Huilliam et cinq autres braves capturer le comte et j’entrai dans les
pièces du dessous. Je ne puis vous décrire ce que je vis alors ; on eût dit que
nous venions de pénétrer dans quelque gigantesque fosse d’aisance de l’Enfer.
Je priai Dieu qu’Il nous protégeât.
Triste jour que celui où cette vermine noble de Fenalik vint s’établir à Poissy.
Si Dieu ne le punit pas pour ses péchés, alors le Roi s’en chargera
sûrement. Ce fut avec le sentiment de faire triompher la justice que nous
brûlâmes le château et ceux qui étaient encore à l’intérieur, et ce, malgré les
jérémiades du comte qui hurlait comme si nous venions d’incendier son âme
elle-même. Nous le conduisîmes alors à sa nouvelle demeure. Puisse-t-il
y pourrir.
Indice : Paris 3 – Extrait du journal de Lucien Rigault