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Suite séance 2 :

Le texte soumis à notre étude est extrait du chapitre V intitulé « de la société et


de la conversation », dans lequel LB critique la façon dont l’homme s’exprime
souvent de façon ridicule. Dans le fragment 6, LB critique déjà ceux qui utilisent
un « jargon qui leur est propre »et un language « extravagant ». Le fragment 7,
qui prend la forme d’un portrait, poursuit cette critique en faisant la satire d’Acis,
un homme qui privilégie les expressions complexes et obscures au détriment d’un
language simple, comme le verrons maintenant avec la lecture du fragment.
Dans ce fragment, LB met en scène un dialogue avec Acis de façon à faire
entendre le trouble généré par sa façon de parler.
PB : Nous cherchons donc à voir comment le moraliste utilise les ressorts (les
atouts) du discours pour dénoncer la façon dont l’homme s’apparent avec un
comédien ridicule quand il s’exprime avec un « pompeux galimatias ».
(Language obscure)
Notre explication suivra le plan du texte : Nous étudierons premièrement les
lignes 1 à 6 jusqu’à « parler comme tout le monde » dans lesquelles nous avons
un dialogue de sourds entre Acis et le moraliste, puis les lignes 6 à 10 de « une
chose vous manque » à « qui ne signifie rien », ou LB dénonce le manque d’esprit
d’Acis. Enfin nous verrons le dernier mouvement dans lequel LB donne des
conseils à Acis.
I. Un dialogue de sourds entre Acis et le moraliste (du début « parler comme
tout le monde »)
Le premier mouvement est composé de deux temps forts
a) du début a « je vous trouve bon visage »
LB exprime son incompréhension et son exaspération.
b) de « mais répondez-vous » a « parler comme tout le monde », nous trouvons la
protestation d’Acis et la réponse de LB.

a. L’incompréhension et l’exaspération du moraliste. Le fragment commence par


la transcription d’un dialogue de sourds entre Acis et le moraliste. Ce dialogue, est
incomplet car nous entendons uniquement les paroles du moraliste, qui exprime
son incompréhension et son exaspération, comme le montrent
a. Les questions, qui portent sur le sens des propos d’Acis
(Que dites-vous ? Comment ?)
b. L’aveu d’incompréhension a la forme négative (« je n’y suis pas »), et la
répétition de l’expression « y être », qui signifie « comprendre ».
L’expression « encore moins » qui traduit une dégradation de la communication.
L’invitation à répéter (vous plairait-il de recommencer ? »)
Le verbe « devine » semble marquer un progrès dans la communication, mais il
s’agit d’un progrès incertain et hasardeux. D’ailleurs, il ne s’accompagne d’aucun
soulagement chez le moraliste, qui invite Acis à parler plus simplement. Cette
invitation prend d’abord la forme d’une suggestion avec le verbe « dire » à la
forme interrogative (‘que ne disiez-vous… »), puis celle d’un conseil exprime par
une série de trois répétitions (« il fait froid ») est répété comme tout « il pleut, il
neige » et (« bon visage »). Ces répétitions soulignent l’idée du moraliste : pour
être clair et agréable ce que l’on dit doit être parfaitement identique à ce que l’on
veut dire. C’est l’exemple que LB donna à Acis.
Dans ces premières lignes, LB tait les propos d’Acis et on peut imaginer qu’il le fait
pour placer le lecteur dans la position de l’interlocuteur d’Acis. Tout comme le
moraliste doit « deviner » ce qu’Acis veut dire, le lecteur doit deviner ce qu’il dit.
b) La protestation d’Acis et la réponse du moraliste. La conjonction de
coordination « mais » introduit la protestation d’Acis, qui a une vision négative du
langage simple et clair. Pour Acis, ce type de langage a deux inconvénients.
Premièrement, il est « bien uni et bien clair » cad plat, ordinaire et ennuyeux.
Dans la bouche d’Acis, l’adjectif « clair » a un sens négatif et signifie « insipide,
fade, sans saveur », comme s’il qualifiait une soupe ou un vin. Deuxièmement, il
ne permet pas de se distinguer, comme le montre la quest. Rhétorique « qui ne
pourrait en dire autant ? ». On voit ici qu’Acis est plein d’amour propre et qu’il est
orgueilleux. Cpdt, le moraliste poursuit sa critique et répond par deux questions
rhétoriques. La première traduit une forme d’exaspération, et la seconde rappelle
que l’objectif du langage et d’être compris.
Après avoir repris Acis sur sa façon de parler, LB élargit la satire a tous ceux qui lui
ressemblent, comme nous verrons dans le 2eme mouvement.
II. Le manque d’esprit des « diseurs de Phoebus ».
Ce 2eme mouvement comprend deux temps forts : LB expose d’abord ce qui
manque à Acis et a ses semblables, puis ce qu’ils ont en trop.
a) Ce manque à Acis et a ses semblables. Le moraliste dénonce le manque d’esprit
d’Acis et ses semblables. Le mot « esprit » apparait seulement à la fin de la phrase
après avoir été annonce par le mot « chose ». Cela crée un effet d’attente, qui
tient le lecteur en haleine en suscitant sa curiosité, et cela témoigne du talent de
LB qui théâtralise son propos En outre, son manque d’être s’accompagne d’un
manque de clairvoyance et de perspicacité, car Acis ne se « défie… point »,
autrement dit ne se méfie pas, de ce défaut.
b) Ce qu’Acis et ses semblables ont en trop. La formule négative « ce n’est pas
tout » permet d’ajouter une critique en dénonçant la confiance excessive qu’Acis
a en lui. Ce défaut s’accompagne d’une forme d’orgueil manifeste dans ses
discours « pompeux », c à d qui manquent de naturel et qui sont pleins
d’emphases et grandiloquence.
Ensuite, il relie ce manque d’esprit d’Acis a son langage obscur grâce à la
métaphore de la « source » qui établit un lien de causalité et place la réflexion
dans une perspective étiologique (discipline de recherche de cause). A la fin, LB
cite 3 effets négatifs de l’orgueil. L’énumération crée un rythme ternaire qui
souligne la quantité d’effets négatifs imputables d’orgueil. Après ce diagnostic
sévère, LB donne des conseils à Acis dans le 3eme mouvement.
III. Les conseils pratiques proposés par le moraliste.
Dans le 3eme mouvement, LB donne des conseils à Acis en imaginant un cas
pratique. La « chambre » et les expressions « je vous tire par votre habit » et
« vous dit à l’oreille » dessinent une scène pittoresque qui contribue au plaisir du
lecteur. Le discours direct permet d’entendre la voix de LB, qui constitue un
exemple de langage clair. Cette clarté apparait dans la construction du conseil en
deux temps. D’abord, LB utilise la forme négative (« ne songez point ») pour dire à
Acis ce qu’il ne doit pas faire : chercher à briller. Ensuite, la forme affirmative
(« ayez ») expose ce qu’il doit faire : être simple. Le fragment se conclut alors sur
un paradoxe en forme de pointe : c’est en cherchant à limiter ceux qu’il croit
dépourvus d’esprit qu’Acis semblera peut-être avoir de l’esprit. Bien entendu,
cette chute est piquante : Acis manque tellement d’esprit que seul le langage
simple peut lui éviter le ridicule.
Vocabulaire :
 Pittoresque (nom et adj.) : qualifie un détail ou une description très
évocateur, très caractéristique d’une chose.
Exemple : La rue al-Muiez est la rue la plus pittoresque du vieux Caire.
 Un paradoxe : 1. Au sens étymologique, un paradoxe est une idée qui
s’oppose à l’opinion commune. 2. Au sens courant, un paradoxe est une
idée ou une proposition qui contient une contradiction interne.
 Une pointe : en littérature est une idée surprenante, qui étonne et fait
réfléchir. Les textes courts se terminent souvent par une pointe.
Conclusion :
 Dans ce fragment, LB ne se contente pas de parler d’Acis. En effet, il lui
parle et utilise habilement les ressorts au discours direct pour dénoncer
la bêtise et l’orgueil de tous ceux qui utilisent un langage inutilement
complexe pour briller en société.
 Ainsi, le moraliste utilise une écriture simple, et élégante pour corriger
ceux qui utilisent le langage comme un masque pour jouer un rôle.
Manifestement, l’écriture de LB est un outil puissant pour exposer et
dénoncer les ridicules de ceux qui jouent la comédie en société.
A la fin de chaque explication, il faudrait :
1. Faire une synthétique pour apprendre l’explication en vue de l’oral
2. Relever tous les mots de l’analyse littéraire de façon à se constituer une
boite à outils pour le commentaire à l’écrit
3. Relever le lexique et les tournures utiles en français pour enrichir son
expression

…CLASSEUR
LB offre ici une sorte de maxime dans le 1er paragraphe et un portrait, qui
complète et illustre la maxime, dans le second. PB : Nous chercherons donc à voir
de quelle façon LB exploite successivement les ressorts de la maxime et du
portrait pour dénoncer les extravagances de ceux qui cherchent à paraitre plus
grands qu’ils ne sont et qui s’exposent ainsi au risque d’échec inhérent a toute
comédie sociale
Notre explication suivra le plan du texte. Nous étudierons 1erement le
er
1 paragraphe, autrement dit les lignes 1 à 4, dans lesquelles le moraliste s’en
prend à ceux qui jouent les princes. Ensuite, nous verrons le 2eme paragraphe ou
le moraliste fait le portrait d’André, un Parisien dont la comédie sociale est échec.
I. la dénonciation de ceux qui « se moulent sur les princes » (1er paragraphe)
Dans le 1er mouvement, LB propose une sorte de maxime ou il dénonce la
comédie sociale jouée par ceux qui veulent imiter les princes.
LB présente d’abord la cible de la satire (I. 1 et 2) et l’on comprend qu’il s’agit de
parvenus, autrement dit de nouveaux riches. Par conséquent, ils n’ont pas la
grandeur des nobles qui ont une histoire. En outre, on comprend qu’il s’agit
d’héritiers, « riches du négoce de leurs pères ». Ils n’ont donc aucun mérite. Ces
« particuliers » n’ont donc aucune raison d’être fiers et de s’exhiber. Le regard
désapprobateur du moraliste se voit :
 Dans le nom « égarement », mise en valeur par le déterminant exclamatif
« quel »
 Dans les adjectifs péjoratifs « excessive » et « ridicule »
 Dans L’exposé de ce que suscite l’attitude de ces personnes : ils se font
moquer de soi, et suscitent des « traits » et « la raillerie de toute une
ville ». Bien entendu, ici le mot « ville » est une métonymie qui désigne en
fait les habitants de la ville.

Quel est l’égarement de certains particuliers [qui, riches du négoce de leurs pères,
[dont ils viennent de recueillir la succession], qui se moulent sur9 les princes pour
leur garde-robe et pour leur équipage, excitent, par une dépense excessive et par
un faste ridicule, les traits et la raillerie de toute une ville, qu’ils croient éblouir, et
qui se ruinent ainsi à se faire moquer de soi !
Quel est l’égarement de certains particuliers !
 Qui riches du négoce de leurs pères se moulent sur les princes pour leur
garde-robe et leur équipage
-dont ils viennent recueillir la succession.
 (Qui) excitent par une dépense excessive et par un faste ridicule les traits et
la raillerie de toute une ville

Si LB critique ces « particuliers », c’est notamment parce qu’ils se trompent : ils


« croient éblouir » mais se « ruinent » en vain, malgré le « faste » qu’ils déploient
et que la phrase de LB rend perceptible.
Nous avons en effet une phrase longue et savamment construite avec six
propositions donc cinq subordonnées. Trois de ces subordonnées sont introduites
par le pronom relatif « qui » omis à deux reprises (qui excitent/et qui se ruinent).
La 1ere relative introduite par « qui » est complétée par une relative introduite
par « dont » et la 2eme relative introduite par « qui » est complétée par une
relative introduite par « que » (« qu’ils croient éblouir »). La complexité de cette
phrase traduit surement le faste des particuliers qui veulent être admires. Cela
dit, le faste syntaxique de la phrase crée par LB est le seul a efficace et à ne pas
être ridicule, comme le montre l’échec d’André, que nous étudierons dans le
second mouvement.

II.
Compte tenu de l’échec d’André, LB lui prédit une fin plus tragique que comique,
puisqu’il s’agit de l’indigence. Cette terrible prophétie est annoncée dans une
double antithèse :
 « Il court à l’indigence » annonce la pauvreté et contraste avec l’adjectif
« riches » de la ligne 1 et le nom « patrimoine » de la ligne 7.
 « Aujourd’hui en carrosse » s’oppose à « il n’aura pas les moyens d’aller à
pied ». On remarque ici que LB conclut ce fragment par une formule qui
ravive l’attention du lecteur en exigeant de lui qu’il comprenne le sous-
entendu.
La formule conclusive est excellente car elle est pittoresque, ce qui montre que le
moraliste pense au plaisir du lecteur. D’ailleurs, LB y pense souvent, comme le
prouvent les nombreux détails pittoresques, et parfois même amusants, que l’on
trouve dans ce fragment avec par exemple :
 L’évocation de lieux réels : l’Ile et le Marais.
 L’insertion d’une phrase au discours direct : « il est magnifique », qui
permet d’entendre la voix d’un flatteur peu intelligent.
 La multiplication des noms propres : André, Xanthe, Ariston et Elamire.
Manifestement, chez LB l’argumentation ne se fait jamais au détriment du plaisir
du lecteur.
Conclusion :
 Dans ce fragment LB propose d’abord une maxime dans le 1er paragraphe
puis un portrait dans le second. Ainsi, il allie les avantages de ces formes
d’argumentation de façon pour illustrer une réflexion générale par un
exemple pittoresque.
 Ainsi, il poursuit 2 objectifs. Tout d’abord, il dénonce les de ceux qui joue la
comédie en essayant d’imiter les grands. Ensuite, il met en garde contre les
dangers de la comédie sociale : tout comme une pièce peut échouer et
faire un four au théâtre, celui qui participe à la comédie sociale peut
échouer à se faire remarquer.
Vocabulaire : « faire un four » est une expression utilisée pour parler d’une pièce
de théâtre dont la représentation est un échec.

Séance 4 : explication du texte 3, « Theagene », IX,2.


Introduction :
Reprendre le 1er paragraphe des introductions précédente.
Le texte soumis à notre étude est extrait du livre IX intitule « Des grands ». Dans
ce livre, LB s’intéresse essentiellement aux nobles, autrement dit à ceux qui sont
juste au-dessous du souverain, dont il sera question dans le livre suivant (le livre
X, « Du souverain et de la république »). Dans le livre IX, LB rappelle que les
nobles doivent leur rang social à leurs qualités personnelles. En effet, bien que
« les grands croient être seuls parfaits » selon le fragment 19, le fragment 3 nous
apprend que leurs serviteurs « les égalent (souvent) par le cœur et par l’esprit »
et même les surpassant. Puisque la grandeur des nobles ne s’accompagne pas
nécessairement de grandeur d’âme, LB n’hésite pas à exposer les défauts de la
noblesse et notamment ceux qui apparaissent dans les interactions sociales.
Cela dit, LB imagine aussi parfois ce que devrait être la conduite d’un
grand qui serait un honnête homme. C’est le cas dans le fragment 2, soumis à
notre étude, ou LB fait le portrait de Theagene, qui serait selon certains une
image du duc de Bourbon, élève de LB et petit-fils du grand condé. Que cette clef
de lecture soit juste ou non, il importe surtout de voir que le moraliste propose ici
un portrait original dans lequel il légitime la comédie sociale dans certaines
conditions. Pour cela, il recourt à la fois à l’antithèse et un jeu de répétitions pour
dessiner, non pas un portrait trois portraits possibles. Nous chercherons donc à
étudier la façon dont LB utilise les ressorts d’un portrait atypique et savamment
construit pour définir les conditions dans lesquelles la comédie sociale pourrait
être un bien.
Notre explication suivra le plan du texte. Nous étudierons d’abord la 1ere
phrase, qui présente deux portraits négatifs de Theagene. Ensuite, nous
regarderons la 2eme phrase ou LB envisage le conduit que Theagene devrait avoir
s’il est un honnête homme.
I. Le double portrait négatif de Theagene.
Dans la 1ere phrase, LB imagine que Theagene est mauvais. Dans ce cas, il
porterait mal son nom, vraisemblablement emprunté au grec « théogénes », né
d’un dieu. On pourrait alors y voir un nom ironique nous rappelant qu’il ne suffit
d’être bien ne pour être quelqu’un de bon.
Dans cette 1ere phrase, le moraliste envisage deux situations. Dans la 1ere,
Theagene est né « vicieux », autrement dit « mauvais », alors que dans la seconde
il le devient. Dans le 1er, son défaut est donc inné, mais il est acquis dans le
second. Ces 2 situations sont distinguées par l’anaphore « si vous » et par des
parallélismes syntaxiques, puisqu’à chaque fois la proposition hypothétique et
suivie d’une principale avec un sujet a la 1ere personne permettant à LB
d’exprimer son opinion.
Si Theagene est né mauvais, LB se contente de le plaindre, ce qui équivaut
à exprimer un mélange de compassion et de résignation, ce qui semble indiquer
qu’on ne peut pas changer quelqu’un de fondamentalement mauvais. Si
Theagene est devenu mauvais, LB s’autorise à le mépriser car il s’est laissé
corrompre, ce qui traduit une forme de faiblesse. La condamnation de LB est
nuancée par la mention de ceux qui corrompent Theagene. Ils sont désignés par
une longue périphrase qui repose sur un rythme ternaire. Cette périphrase ne
permet d’identifier les corrupteurs avec précisions, mais elle montre bien qu’ils
sont nombreux et particulièrement pervers car ils s‘organisent pour corrompre.
Dans ce cas, Theagene serait une sorte de personnage tragique qui ne serait ni
tout à fait coupable ni tout à fait innocent.
Quoi qu’il en soit, LB ne s’attarde sur ces deux 1eres hypothèses, et préfère
s’intéresser aux conseils à donner Theagene s’il est bon. C’est ce que montre le
2eme mouvement du texte.
II. Le portrait élogieux de Theagene
Dans le second mouvement, LB imagine que Theagene est bon et il en fait un
portrait laudatif. Plus longue que la 1ere partie, cette partie est construite en 3
temps.
a) LB énumère les qualités du Theagene exemplaire.
b) LB conseille au Theagene vertueux de jouer la comédie.
c) LB légitime, justifie, explique son conseil surprenant.

A) LB inaugure ce portrait élogieux par la reprise anaphorique des « si


vous », qui inscrivent ce portrait à la suite des précédents. Cpdt, la conjonction
« mais » indique clairement qu’il s’agit ici d’un portrait antithétique. Ce 3eme,
portrait est mélioratif et constitue de 7 adjectifs et d’un long groupe
prépositionnel. Les adjectifs dessinent le portrait d’un homme exemplaire qui a a
la fois des qualités de bon chrétien (…), de philosophe (…) et d’honnête homme
(…). Ce portrait inclut aussi les qualités du noble véritablement au-dessus des
autres avec les mots « rang »et « naissance », que l’on trouve dans le groupe
prépositionnel (« d’un rang… »). Ce groupe prépositionnel est construit sur une
double antithèse opposant d’abord « donner des exemples » a « les prendre
d’autrui », puis « faire les règles » à « les recevoir ». Cette double antithèse insiste
sur le fait que Theagene ne doit surtout être influençable s’il veut pouvoir jouer la
comédie sociale dans son intérêt. Toutes les qualités exposées ici constituent une
condition sine qua non à remplir pour que jouer la comédie sociale soit
recommandée.
B) Le conseil du moraliste au bon Theagene. Si et seulement si Theagene possède
toutes les qualités énumérées précédemment, alors il peut lui être utile de jouer
la comédie sociale. C’est le conseil que lui donne LB avec l’impératif « convenez »
et l’infinitif « suivre ». LB n’encourage pas Theagene à devenir mauvais mais
plutôt a jouer volontairement et consciemment la comédie en imitant ceux qui
sont mauvais, comme le montrent a la fois l’expression « par complaisance » et
les trois occurrences du déterminent possessif de 3eme personne « leur(s) »

C) La légitimation de la comédie sociale. LB reconnait que la conduite qu’il


vient de conseiller est une forme de comédie comparable à une « irone forte ».
Tout comme l’ironie implique un décalage entre ce qui est dit et ce que l’on veut
dire, la conduite conseillée ici implique un décalage entre ce qu’est Theagene
(exemplaire) et ce qu’il fait semblant d’être (aussi mauvais que les corrupteurs).
LB légitime ensuite ce conseil surprenant en disant qu’il est « utile », car il protège
l’honnête homme des « projets » malveillants forgées pour le corrompre.
En effet, les corrupteurs ne chercheront pas à corrompre quelqu’un qu’ils
croient déjà comme eux. Certes, cette comédie ne permettra pas de changer les
mauvaises personnes, mais elle protègera celle qui est bonne. Chacun restera
comme il est réellement, comme le montre l’antithèse finale, qui oppose les
marques de la 2eme personne (vos, vous) et celle de la 3eme personne (leurs, les,
ils).
Conclusion :
 Nous avons là un fragment original dans lequel le moraliste s’adresse à son
interlocuteur et imagine 3 situations auxquelles sont associés 3 portraits.
Dans un cas précis, LB recommande de jouer la comédie sociale : lorsque
on est exemplaire et que l’on veut se protéger de l’influence des mauvaises
personnes.
 La pensée audacieuse présentée ici nous rappelle que la réflexion de LB
n’est pas caricaturale. Elle est au contraire fine et subtile. Manifestement,
la comédie sociale, tout comme la comédie théâtrale, peut avoir une vertu.
Cpdt, a la différence du genre théâtral, la comédie sociale protège les
mœurs de l’homme bon sans corriger celles des hommes mauvais.

La Fontaine a beau être le plus grand fabuliste français, il n'est pas le seul à avoir écrit
des fables. C'est ce que nous rappelle Florian, un fabuliste et dramaturge du XVIlle
siècle, qui publie un recueil de cent fables en 1792, plus d'un siècle après le premier
recueil des Fables de La Fontaine (1668), et dans la préface qu'il rédige pour son livre,
Florian explique que « La Fontaine est si divine, que beaucoup de places infiniment au-
dessous de la sienne sont encore très belles ». La fable soumise à notre étude est
extraite du livre IV des

C'est la raison pour laquelle nous étudierons la façon dont Florian reprend la forme
de l'apologue en vers mêlés pour proposer une défense du courtisan, qu'il
dépeint comme un comédien talentueux capable de changer de costume à
volonté, dans l'intérêt de la patrie.

Notre explication suivra le plan du texte. Nous étudierons d'abord les vers 1 à 4 dans
lesquels Florian rappelle les critiques habituellement faites au courtisan. Puis, nous
nous intéresserons aux vers 5 à 16 dans lesquels Florian début son récit en présentant
le cadre spatio-temporel et le problème à résoudre. Enfin, nous nous pencherons sur
les vers 17 à 36, consacrés à la confrontation du courtisan et de Protée, avant de
conclure par l'étude des deux derniers vers, qui offrent une morale explicite.
Notre explication suivra le plan du texte. Nous étudierons d’abord les vers 1 à 4
dans lesquels Florian rappelle les critiques habituellement faites au courtisant.
Puis, nous nous intéressons aux vers 5 à 16 dans lesquelles Florian débute son
récit en présentant le cadre spatio-temporel et le Pb à résoudre. Enfin, nous nous
pencherons sur les vers 17 à 36, consacres à la confrontation du courtisan et de
Protée, avant de conclure par l’étude des 2 derniers qui offrent une morale
explicite
Vocabulaire :
 Un flagorneur est un individu qui flatte bassement quelqu’un pour en
obtenir des faveurs. Verbe : Flagorner.
 Apologue : un apologue est un genre littéraire argumentatif comparable à
la fable.
 On parle de vers mêlés quand un auteur utilise plusieurs types de vers dans
le même texte. Attention à ne pas confondre vers mêlés et vers libres car
cela n’a rien à voir

I. Le rappel de la critique traditionnelle du courtisan (v.1 à 4).


F commence par rappeler que les courtisans sont souvent critiqués, comme le
montre le vers 1. Il rappelle aussi les raisons de cette critique : les courtisans sont
jugés « inutile » pour le pays, car ils ne pensent qu’a eux et sont égoïstes, comme
le montre le vers 3.
Cela dit, F indique d’emblée son refus de poursuivre cette satire. On voit tout de
suite qu’il prend le contre-pied de la tradition grâce a « médisants » (v.4), qui
désigne ici ceux qui critiquent les courtisans. Cette prise de distance avec la
tradition semble soulignée par le choix des vers. En effet, les 2 alexandrins se
distinguent tout autant des octosyllabes que la pensée de F se distingue de la
tradition. Intriguées par ce début original, le lecteur est prêt à lire le récit qui
commence au vers 5.
II. La mise en place du récit et de l’apologue (vers 5 à 16).
F débute son récit en présentant le cadre spatio-temporel, qui se caractérise par
l’éloignement dans le temps (autrefois) et dans l’espace (en Syrie), et par une
forme d’imprécision car l’adverbe « autrefois » est vague. Cet éloignement et
cette imprécision donnent d’emblée au récit l’allure d’un conte merveilleux, ce
qui sera confirmé plus tard par l’apparition du dieu Protée
F résumé ensuite l’intrigue au vers 6 : il s’agit de l’histoire d’un courtisan qui
sauve sa patrie. Ce résumé contient aussi l’expression de la thèse défendue dans
l’apologue : un courtisan peut être utile à son pays
Les vers 7 et 8 exposent le pb des Syriens : la « peste » (v.8) ravage le « pays »
(v.7). On voit ici qu’il s’agit d’un pb grave et collectif. Ces détails sont importants
car ils vont donner de la valeur à l’action du courtisan : c’est parce qu’il réglera un
pb grave qui touche tout le pays que le courtisan méritera des éloges.
Au vers 9, F expose la solution au pb d’une façon qui rappelle les oracles de la
mythologie antique. Il souligne ensuite, la difficulté de cette solution :
 Par la tournure négative « n’est pas facile à vivre »
 Par l’adverbe « longtemps » (v12)
 Par la succession de 3 infinitifs (v.13 et 14), qui soulignent la quantité
d’actions à accomplir
 Par le portrait du dieu vers 15 et 16, qui insiste sur son caractère terrifiant
labile.

Une fois encore, ces détails vont donner de la valeur à l’action su courtisan : c’est
parce qu’il réussira une chose complexe qu’il méritera des éloges au lieu des
critiques. Heureusement pour les Syriens, le courtisan possède de précieuses
qualités, comme le montre le mouvement suivant.
Vocabulaire :
 Dans l’antiquité, on appelle oracle la réponse d’un dieu sollicitée pour un
pb. Le mot est parfois appliqué pour désigner le dieu quand il est
questionné, voire le lieu où se trouve
 Labile est un adjectif qui qualifie ce qui est changeant et se métamorphose
souvent
III. Le courtisan face au dieu Protée (v.17 à 36)
Le 3eme mouvement, qui expose la confrontation du courtisan et du dieu protée,
s’organise en 3 temps forts : les vers 17 à 23 présentent l’attaque du dieu a
l’arrivée du courtisan, les vers 24 à 34 montrent la riposte du courtisan, et les vers
35 et 36 disent la victoire du courtisan.
A) l’attaque du dieu protée a l’arrivée du courtisan (v.17 à 23).
L’arrivée du courtisan déclenche la colère du dieu comme le montre la rime des
vers 17 et 19 : c’est parce que le courtisan est « député » chez Protée que le dieu
est « irrite ». Dans les vers 20 à 23, le dieu se métamorphose pour effrayer le
courtisan. Le poète souligne alors le caractère effrayant et dangereux du dieu
avec les expressions « noir serpent », « empoisonnée », « dard messager du
trépas ». Il souligne aussi son caractère insaisissable, mis en valeur par le rythme
fluide des vers 22 et 23. Il y aussi le recours à l’allitération en [s] et en [ch] avec
des mots comme « se change, serpent, lance, messager, sa marche, glisse sur ».
Ces procédés se conjuguent pour rendre la description pittoresque de façon à
faire entendre les sifflements du serpent et de façon à faire voir ses ondulations.

Vocabulaire : l’allitération, c’est la répétition d’un son consonantique, et


l’assonance c’est la répétition d’un son vocalique.
B) la riposte du courtisan qui montre ses qualités. Les verbes des vers 24 et 26
montrent la réaction du courtisan, qui n’est pas déstabilisé par le dieu. D’ailleurs,
le courtisant exprime son assurance au discours direct aux vers 24 et 25. Ici, les
verbes « mordre » et « ramper » sont l’objet s’une syllepse, puisqu’ils décrivent
simultanément au sens propre ce que fais le dieu et au sens figuré ce que fait le
courtisan. Aux vers 27 et 28, le dieu tente une dernière riposte, mais le courtisan
réplique avec succès dans les vers 29 à 34. Ici, le courtisan expose ses qualités
avec 3 adjectifs au vers 31 et 3 compléments de l’infinitif « changer » au vers 33. Il
rappelle aussi son agilité au vers 34 et sa supériorité aux vers 25 et 31 avec les
comparatifs « mieux » et « plus que ».
Vocabulaire : On parle de syllepse (poétique) quand un mot est utilisé
simultanément avec 2 sens différents, qui sont le plus souvent le sens propre et
figuré.
c) La victoire du courtisan (v. 35 et 36) : Les actions du courtisan, exprimées par
une série de 4 verbes, sont condensées en deux vers, ce qui traduit surement
l’efficacité du courtisan qui remporte la victoire sur le dieu.
IV. Moralité de la fable et éloge du courtisan (v. 37 et 38) : les vers 37 et 38
constituent non seulement la moralité de la fable mais aussi un rappel de la thèse
énoncée au vers 6 : contrairement à ce que bcp pensent, le courtisan peut être
utile au pays car il sait s’adapter à des situations changeantes.
Conclusion :
 F propose ici une fable efficace et audacieuse dans laquelle il prend le
contre-pied de la tradition en défendant les courtisans, quitte à présenter
une morale politique un peu cynique.
 Manifestement, jouer la comédie sociale n’est pas uniquement un défaut
qui serait la marque des hypocrites. Ce serai aussi une compétence utile
que possède ceux qui savent s’adapter à toutes les situations.

Jeudi 9 novembre
Séquence II

Objet d’étude
Le théâtre du XVIIe siècle au XXI siècle

Œuvre au programme
Marivaux (1668-1763), Les fausses confidences (1737)

Parcours
Théâtre et stratagème
a) remue-méninges sur les termes du parcours

Théâtre :
 Comédie
 Rire
 Acteur
 Dramaturge
 Scène
 Ville
 Représentation

Stratagème :
 Ruse
 Tromper l’ennemi
 Stratégie/plan
 Obtenir un avantage
 Secret/cache

Séance d’introduction :
I. problématisation de la séquence

a. remue-méninges sur les termes du parcours

b. construction de problématiques de séquence. La réflexion menée sur les termes du


parcours nous amène à construire ces 2 pb de séquence :

 Quelle place, quelle forme et quelle fonction le stratagème a-t-il au théâtre ?

 Doit-on considérer l’intitule du parcours comme un oxymore dans la mesure


ou le théâtre est un genre voué a la représentation alors que le stratagème est
une sorte de ruse ou d’artifice volontiers tenu secret et donc caché ?

II. prise en main de l’œuvre.


a) éléments de contextualisation
 Lecture de la fiche biographique page 6 : on apprend que Marivaux est à la fois
dramaturge et romancier. En tant que dramaturge, il écrit des comédies dans lesquelles il
parle bcp d’amour. La façon dont Marivaux parle de l’amour a donné naissance au nom
« marivaudage » et au verbe « marivauder »
 Lecture de la présentation de la pièce page 10 : on apprend que l’amour et l’argent sont
les 2 thèmes principaux de la pièce, qui met en scène les stratagèmes et Dorante et de
son ancien valet Dubois pour séduire une riche veuve, Araminte. Dans cette pièce, le
marivaudage est ambigu car les intentions de Dorante sont complexes.
 Lectures des pages12 et 13 : On apprend qu’au XVIIIe siècle, il existe une autre troupe
que celle de la comédie Française. En effet, la troupe des comédiens italiens est rappelée
en 1716. Le jeu des italiens est plus libre que celui des Français et accorde plus de place
à l’improvisation. Il se caractérise aussi par les lazzi, qui sont des plaisanteries faites sur
scène. La comédie au programme est confiée aux italiens.

b) Lecture collective de l’acte I scène 1 et 2 : ces scène d’exposition montrent au spectateur que
Dorante et Dubois se connaissent car Dubois est l’ancien valet de Dorante. Cela dit, cela doit
rester secret dans la maison d’Araminte, car Dubois et Dorante ont conçu un « projet » (p.24,
l.12 et 21), une « entreprise » (p.25, l. 33), autrement dit une « affaire » (l.44) afin qu’Araminte
tombe amoureuse de Dorante. Page 25, le spectateur comprend aussi que les intentions de
Dorante sont ambiguës : certes, il dit aimer Araminte « avec passion » (p.25, l.56), mais il
n’oublie pas qu’elle est riche (p.25, l.49). Enfin, le spectateur comprend que Dubois va se
charger du stratagème (p.26, l.59-60).
Séance 1 : explication 1, « fausses confidences et vrai stratagème », acte I, scène 14, de « il
vous adore » (p.47, l.52) a « cela est fâcheux » (p. 48 l.72).
Dans la mise en scène de Didier bezace sur YouTube, l’extrait commence à 29 :30.
Dans la mise en scène d’Hubert Japelle sure YouTube, l’extrait commence a 24 :25
Le XVIIIe s est connu comme le siècle des Lumière, un mouvement européen qui
promeut la raison et qui est représenté par des écrivains philosophes. Cpdt, le XVIIIe s est aussi
un siècle sensible, comme le prouvent les auteurs qui s’intéressent aux sentiments et à l’amour en
particulier. Le romancier et dramaturge Marivaux fait partie de ses auteurs, comme le montre
Les Fausses confidences, une comédie crée en 1737, dans laquelle Dubois et Dorante, un valet et
son ancien maitre, imaginent un stratagème pour provoquer l’amour dans le cœur d’Araminte,
une jeune veuve fortunée.
Dès la scène 2 de l’acte I, une conversation entre Du et D relève au spectateur le projet secret
des 2 hommes : Dubois, qui est devenu le valet d’Araminte, a réussi à faire entrer Dorante chez
Araminte en tant qu’intendant et s’engage à le faire d’Araminte. Cela dit, les scènes suivantes
montrent que les obstacles sont nombreux. Premièrement, Araminte est riche et Dorante sans
argent. Deuxièmement, les parents semblent ligues contre Dorante : Monsieur Remy veut le
marier a Marton, et Madame Argante veut marier sa fille au comte Dorimont.
A la fin de l’acte I, dans la scène 14, Dubois profite d’un tête-à-tête avec sa maitresse
Araminte pour lui apprendre que Dorante l’aime. Surprise et peut être aussi charmée, Araminte
écoute Dubois lui parler de l’amour de Dorante. C’est à ce moment qu’intervient notre extrait,
qui prend la forme d’une scène d’aveu originale, qui rappelle le titre de la pièce et qui exploite
les ressorts de la rhétorique et du registre comique. PB : c’est en gardant ces caractéristiques
présentes à l’esprit que nous étudierons la façon dont Dubois fait un portrait de Dorante
qui donne naissance à une vraie scène de comédie tout en constituant le premier acte d’un
stratagème bien pensée et bien menée.
Notre explication suivra le plan du texte. Nous verrons d’abord les lignes 52 à 59, de « il vous
adore » à « elle lui coupe la gorge », dans lesquelles Dubois dépeint Dorante comme un homme
fou d’amour. Ensuite, nous nous pencherons sur les lignes 59 à 72 ou Dorante est décrit comme
un homme pauvre mais souvent courtisé.
I. le portrait d’un homme fou d’amour (l. 52 à 59).
Dans le 1er mouvement, Dubois présente Dorante comme fou amoureux d’Araminte. En bon
orateur, il poursuit surement 2 objectifs : montrer que Dorante est digne d’être aimé car il aime
profondément, et flatter Araminte en lui montrant la passion qu’elle suscite.
La passion de Dorante apparait dans un lexique hyperbolique qui véhicule différente images :
 Le verbe « adore » (l.51) qui appartient au vocab religieux et qui montre que Dorante,
Araminte est comme une déesse. On pourrait aussi mentionner le verbe « contempler »
qui apparait souvent dans un contexte religieux.
 L’adjectif « enchanté » (l.54) appartient au vocab de la magie et associe la femme aimée
à un être qui a des pouvoirs et qui charme ou envoûte les hommes.
 Le nom « démence » (l.58) appartient au vocab médical et rappelle le topos de l’amour
folie. Chez Marivaux, l’amour affecte le corps, comme le montre l’expression pittoresque
« elle lui coupe la gorge », qui évoque peut-être la façon dont l’amour entrave
l’élocution, voire la respiration de l’homme amoureux. La passion de Dorante est telle
qu’elle menace sa vie : « il n’en vit point », car elle le détruit : « elle le ruine ».
Vocabulaire : topos est mot grec qui signifie lieu. En littérature, le mot désigne un lieu commun,
c’est-à-dire une idée ou une image traditionnelle, et donc banale. Le pluriel du nom est topoi, et
l’adjectif est topique.
La passion de Dorante pour Araminte se voit aussi dans la façon dont il serait prêt, selon Dubois,
à se sacrifier pour la voir, comme cela apparait ligne 53.
La description de cet amour est hyperbolique et l’hyperbole est source de comique. Le
comique nait notamment de la disproportion qu’il y a entre ce que Dorante cherche (voir
Araminte un instant) et ce qu’il est prêt à faire pour y arriver (donner sa vie). Cette disproportion
comique pourrait être soulignée par le comédien s’il prononçait avec emphase la ligne 53, ce qui
rendrait ces propos un peu ridicules et donc comiques.
La réaction d’Araminte prouve que Dubois sait parler et que le 1 er acte de son stratagème
fonctionne. On voit qu’Araminte :
 Est émue/ touchée, comme le montrent la modalité exclamative et les interjections (Eh !
juste ciel !)
 Réinterprète ses 1ers échanges avec Dorante à la lumière des propos de Dubois, car rien
jusqu’à alors n’a indiqué au spectateur qu’Araminte a trouvé quelque chose
d’extraordinaire dans l’attitude de Dorante
 Veut en savoir plus, comme le montre la question l.57. Manifestement, Dubois a piqué sa
curiosité
Pour mener son stratagème a bien, Dubois poursuit le portrait de Dorante en le présentant
comme un homme courtisé bien qu’il soit désargenté.

II. Le portrait d’un homme sans argent mais courtisé (de « il est bien fait » à « cela est
fâcheux »)
Après avoir montré que Dorante aime, Dubois montre qu’il est aimé, ce qui est façon de rappeler
qu’il mérite d’être aimé.
Ce 2eme mouvement est organisé en quatre temps forts :
 1emrement, Dubois fait un portrait élogieux/ laudatif de Dorante l.59 et 60, en insistant
sur son physique et son origine sociale. Les 2 occurrences de l’adverbe « bien » et
l’adjectif « bonne » montrent que le portrait est positif. L’adjectif « passable » pourrait
surprendre car il n’est que partiellement positif. Il faut surement y voir l’expression d’une
forme de retenue qui rend l’éloge Dorante crédible, ce qui rappelle que Dubois est un bon
orateur.
 2ememnet, la conjonction « mais » introduit le seul défaut de Dorante : il n’est pas riche.
Une fois encore, L’honnêteté du valet sert la crédibilité de son discours. Cela dit, Dubois
ne s’appesantit pas sur ce défaut et le glisse entre 2 éloges
 3emement, Dorante est présenté comme un homme courtisé par de nombreuses femmes.
Dubois en parle d’abord de façon générale en insistant sur la quantité de femmes qui
l’aiment, comme le montre le pluriel « des femmes », et sur leurs qualités (elles sont
riches et généreuses), ce qui souligne la valeur de Dorante. Ensuite, il donne un exemple
en racontant une anecdote qui sert la crédibilité du discours et vise à susciter la jalousie
d’Araminte.
 4emement, lignes 68 à 71, Dubois expose la façon dont Dorante refuse toutes ces
femmes, ce qui prouve son amour pour Araminte. Ce refus absolu de toute autre femme
se voit :

o Dans les verbes « fuit » et « refuse » (l.68)


o Dans les négations « il n’y a pas moyen » et « je ne puis les aimer ».
o Dans le pronom « tout » (l.68)
o Dans la reprise du topos du cœur dérobé par la femme aimée (« mon cœur est
parti »).
En outre, l’expression pittoresque « la larme à l’œil » souligne toute l’émotion qui accompagne
ce refus.
Manifestement, Dubois est un valet habile, qui maitrise le langage et qui l’utilise efficacement
pour son stratagème. Par sa question l.66, Araminte montre que Dubois a piqué sa curiosité. En
outre, l’adjectif « fâcheux » (l.72) montre que le stratagème commence bien : Araminte
désapprouve la situation, mais elle le fait de façon très mesurée et peu convaincante.
Bien entendu, il convient d’être sensible au comique de l’échange entre Dubois et
Araminte. Le comique se révèle particulièrement de 3 façon :
 1erement, le comique est lié à l’assurance de Dubois, comme le montrent des formules
comme « ma foi » (l.62) ou « je le sais, je l’ai rencontrée » (l.64). Ces formules sont
comiques car rien ne prouve que Dubois dit ici la vérité. C’est donc le décalage probable
entre ce qui est affirmé et la vérité qui est source de comique. Ici, le spectateur assiste à
une scène de tromperie brillamment menée.
 2ememnet, le comique est lié à la façon dont Dubois semble inventer son histoire au fur
et à mesure. Bien entendu, c’est la diction du comédien sur scène qui donnera ou pas
cette impression en faisant des pauses entre les propositions des lignes 61 à 65.
 3emement, la façon dont Araminte questionne Dubois « avec négligence » est source de
comique, car en réalité la question d’Araminte prouve qu’elle est touchée par ce que dit
Dubois. Si la comédienne choisit de feindre la négligence, le comique de la réplique sera
plus fort.
Conclusion :
Manifestement, Dubois joue ici son rôle à la perfection en utilisant le langage avec habilité pour
mettre en place son stratagème et offrir au spectateur un vrai moment de comédie.
Ce texte nous rappelle que la parole théâtrale doit avoir un sens diffèrent pour les personnages et
pour le spectateur lorsqu’il s’agit de représenter un stratagème. En effet, le personnage trompé
par le stratagème doit croire la parole d’un autre personnage, mais le spectateur doit comprendre
que ce personnage en manipule un autre. L’étude du stratagème au théâtre est donc intéressante
car elle rappelle que la parole théâtrale se caractérise par la double énonciation dans la mesure où
elle s’adresse simultanément aux personnages et aux spectateurs, qui ne lui donnent pas toujours
le même sens.

Explication n.2 : « le stratagème d’Araminte », acte II, scène 13, de « écrivez le billet »
page 83 ligne 37 a « ciel ! je suis perdu », page 84 ligne 67.
Dans la mise en scène de Didier Bezace, la scène est à 1 :14 :53.
Dans la mise en scène d’Hubert jappelle, la scène est à 1 :01 :26.
Introduction :
(Reprendre le 1er paragraphe de l’explication 1) :
Le XVIIIe s est connu comme le siècle des Lumière, un mouvement européen qui promeut la
raison et qui est représenté par des écrivains philosophes. Cpdt, le XVIIIe s est aussi un siècle
sensible, comme le prouvent les auteurs qui s’intéressent aux sentiments et à l’amour en
particulier. Le romancier et dramaturge Marivaux fait partie de ses auteurs, comme le montre
Les Fausses confidences, une comédie crée en 1737, dans laquelle Dubois et Dorante, un valet et
son ancien maitre, imaginent un stratagème pour provoquer l’amour dans le cœur d’Araminte,
une jeune veuve fortunée.
Dans l’acte I, Dubois révèle a Araminte que Dorante est amoureux d’elle, et dans l’acte II c’est
au tour de Mme. Argante et du Compte Dorimont de l’apprendre. La révélation de cet amour
gêne Araminte, qui aurait préféré que cela reste secret. Dans la scène 13 de l’acte II, Araminte dit
vouloir tendre un piège à Dorante pour le contraindre à avouer lui-même son amour. Ainsi,
Araminte pourra légitimement se fâcher et congédier son intendant. Après avoir été victime d’un
stratagème à l’acte I, Araminte s’apprête ici à devenir l’auteur d’un stratagème dont Dorante est
la victime, comme nous le verrons grâce à la lecture (lire le texte).
Comme le montre la lecture, nous avons la une mise à l’épreuve de Dorante, contraint de
garder le silence face à la femme qu’il aime alors qu’elle l’oblige à écrire une lettre dans laquelle
elle déclare son amour à un autre homme. C’est donc au moyen d’un accessoire, en l’occurrence
d’une lettre que l’amour de Dorante pour Araminte se manifeste en même temps qu’il est mis à
l’épreuve, dans une scène qui allie comique et émotion et dans laquelle la tension dramatique
croit progressivement. PB : Nous étudierons donc la façon dont le stratagème d’Araminte lui
permet de constater la force de l’amour que lui porte Dorante/ la façon dont Marivaux
utilise les ressorts d’un accessoire et l’énonciation théâtrale pour représenter la mise à
l’épreuve du sentiment amoureux.
Notre explication suivra le plan du texte. Nous étudierons 1erement les lignes 37 à 53 dans
lesquelles nous assistions à la mise en place du stratagème et à la difficile mise au travail de
Dorante. Ensuite, nous verrons les lignes 54 à 67, ou Araminte met Dorante a l’épreuve en
exécutant son stratagème.
I. la mise en place du stratagème et la difficile mise au travail de Dorante (de « écrivez le
billet » a « il est vrai »).
Dans le 1er mouvement, le spectateur assiste à la mise en place progressive du stratagème
imaginé par Araminte et aux manifestions de plus en plus fortes du désarroi de Dorante, ce qui
est l’expression de son amour pour Araminte.
On peut considérer que ce 1er mouvement se compose de 3 temps forts :
 Dans un 1er temps, lignes 36 à 39 : Araminte définit la mission de Dorante : écrire une lettre.
L’impératif « écrivez » rappelle qu’Araminte est la maitresse de maison et que Dorante est
son employé, mais aussi qu’elle est ici le maitre du jeu dans le cadre du stratagème. La
mention de « tout ce qu’il faut sur cette table » est une didascalie interne qui permettra
d’interpréter correctement la remarque ligne 50 : si Dorante ne trouve pas le papier, c’est
uniquement parce qu’il est abasourdi par la situation. A ce stade de l’échange, la réplique de
Dorante est marquée par les modalités exclamative et interrogation, ainsi que par
l’interjection « eh », qui traduisent son étonnement et son incompréhension.
 Dans un 2eme temps, ligne 40 à 48, Araminte révèle à la fois le destinataire de la lettre et le
contenu de la lettre. Avec habilité, elle accroit progressivement la pression sur Dorante. La
progression du stratagème se voit :
o Dans l’identité du destinataire : le Compte, qui est un rival pour Dorante car il
cherche aussi à épouser Araminte.
o Dans la désignation de la lettre, non plus comme un simple « billet » (l.37) mais
comme un « petit mot » (41), ce qui annonce son contenu privé et intime.
o Dans l’antithèse « inquiet/agréablement » qui annonce l’effet que doit produire la
lettre, ce qui est façon d’annoncer qu’il s’agira d’un mot galant.
On comprend la stupéfaction de Dorante, qui se traduit de 3 façons :
o Par son immobilité, indiquée par la didascalie « ne va point à la table ».
o Par sa difficulté à rester concentrée, ce que montre sa réponse en décalage avec la
question posée lignes 44 et 45.
o Par la modalité exclamative et la mise en accusation de Dubois ligne 48.
Malgré l’émotion de Dorante, Araminte est déterminée à conduire son stratagème, comme le
montrent :
o Les 2 question ligne 43 et 44 qui sont à la fois des rappels à l’ordre et un commentaire de
l’attitude de Dorante
o L’aparté (l. 46-47), qui complexifie la situation d’énonciation en donnant à Araminte le
rôle de commentateur des réactions de Dorante. Cet aparté, qui montre la détermination,
est aussi une source de comique.

 Dans un 3eme temps, lignes 49 à 53, Araminte s’assure que Dorante est prêt pour
l’épreuve. Ce moment se caractérise par un jeu de scène autour d’un accessoire : le
papier. Ligne 51, on voit qu’Araminte répète les propos de Dorante. Ces propos
soulignent l’hébétude de Dorante, qui souffre d’imaginer qu’Araminte s’offre à un autre
homme, et la répétition de ces propos par Araminte est source de comique, surtout si la
comédienne les répète sur un ton moqueur.
Vocabulaire :
L’hébétude est l’état

A ce moment de la scène, le stratagème d’Araminte est en place et la mise à l’épreuve de


Dorante peut commencer.
II. l’exécution du stratagème et l’écriture de la lettre en guise d’épreuve, lignes 54 à 67, de
« écrivez » à « je suis perdu ».
Dans le second mouvement, Dorante écrit, sous la dictée d’Araminte et en son nom, une lettre
d’amour au Compte Dorimont. Par ce stratagème, Araminte espère contraindre Dorante à relever
son amour de façon à avoir une raison de le congédier.
Dans ce mouvement, il faut étudier : la façon dont la tension dramatique croit progressivement,
la façon dont Dorante peine à surmonter l’épreuve, et la façon dont Araminte contrôle la scène et
le stratagème.
A) la progression de la tension dramatique. La progression de la tension dramatique s’observe
dans la façon dont Araminte révèle de façon progressive son amour supposé pour le Comte :
a. elle affirme d’abord clairement cet amour l.55 (« votre mariage est sur) et 57 (« votre mariage
est sur »). La répétition de cette phrase à l’identique est liée a la situation d’énonciation :
Araminte dicte une lettre. Cela dit, elle permet aussi d’accroitre la pression sur Dorante et le
forçant à entendre ce qui est douloureux.
b. ensuite, Araminte feint d’être impatiente d’épouser le Comte, comme le montrent à la fois
l’impératif « hâtez-vous » (l.54) et les verbes « veut » (l.58) et « attend » (l.58). Cette impatience
se voit aussi dans la façon dont le passage est saturé de marques de la 2eme personne qui
désignent le Comte, par exemple lignes 57 et 58.
c. enfin, lignes 60 à 66, Araminte précise qu’elle n’est pas contrainte d’accepter ce mariage pour
une question pécuniaire ou judiciaire. En effet, elle prétend le désirer compte tenu du « mérite »
du Comte, ce qui est une façon de dire qu’elle trouve le Comte attirant. Bien entendu, cela
accroit la pression sur Dorante.
B) Cette déclaration d’amour d’Araminte pour le Comte *a beau être fausse, elle cause une
douleur réelle à Dorante. Le trouble de Dorante se voit :

*expression de la concession, aussi appelée cause inopérants


Structure verbale : avoir beau + l’infinitif
Il a beau travaillé, il n’a pas de bonnes notes
Conjonctions de subordinations :
Même s’il travaille, il n’a pas de bonnes notes
Bien qu’il travaille, il n’a pas de bonnes notes
Quoiqu’il travaille, il n’a pas de bonnes notes*

a. dans la façon dont son ouïe semble altérée, comme le montre la question qu’il pose l.57.
b. dans sa vaine tentative pour rassurer Araminte l.62-63.
c. dans l’aparté l.67
C) Pendent tout ce temps, Araminte reste maitre du jeu, comme l’attestent :
a. les impératifs « écrivez » (l.54) et « achevez » (l.64)
b. la façon qu’elle a d’inscrire Dorante dans la lettre l.58 et 64-65, pour essayer de faire craquer
Dorante.
Manifestement, lorsqu’il s’agit d’imaginer un stratagème, Araminte est aussi douée que Dubois.
Cpdt, le stratagème d’Araminte échouera alors que celui de Dubois réussira.
Conclusion :
 Le spectateur assiste ici à l’exécution d’un vrai stratagème. Celui-ci a beau être exécuté
par un maire, et non par un valet comme Dubois, il n’en est pas moins habile. Cela dit, il
échouera, contrairement au stratagème de Dubois.
 Ce stratagème est un échec pour Araminte, mais non pour Marivaux qui révèle ainsi la
profondeur de l’amour de Dorante pour Araminte et qui offre au spectateur une vraie
scène de comédie. Le stratagème a beau être construit sur un mensonge, il révèle ici la
vérité des sentiments, comme souvent dans Les fausses confidences.

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