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La Bruyère : Giton, « Des biens de fortune », à adapter librement.

L’intro doit comporter les mots-clefs suivants :


Jean de La Bruyère (1645-1696) /connaît bien la Cour pour avoir été précepteur d’un
duc(duc de Bourbon) / grand observateur de la nature humaine et des comportements/
moraliste / « classique , partisan des « Anciens »/Académie Française/ Ecrit « Les
Caractères » en les présentant comme la traduction des caractères de Théophraste ,auteur
du IV e s avant JC, avec des ajouts « ou les mœurs de ce siècle »/ 8 éditions successives/
succès/ 16 livres (ou chapitres) en tout. Livre 6 : « des biens de fortune » / diptyque Giton et
Phédon / 1er portrait du diptyque= Giton
Projet de lecture : En quoi la fortune influence-t-elle les comportements en société et le
caractère ?
Mouvements : Un portrait physique et moral rapide / l’arrogance et l’assurance de Giton /
un bilan psychologique puis la chute, ou la pointe.

1- Portrait physique et moral


Son nom ouvre le texte, suivi de la juxtaposition d’éléments de description du haut du corps
Teint, visage et joues, l’œil, les épaules et la poitrine puis la démarche : Les adjectifs
qualificatifs sont plutôt valorisants « frais » « plein » « fixe et assuré » « large » « haut »
« ferme et délibérée » et donnent une impression de force et d’assurance, de santé.
Les dénotations sont donc plutôt positives, avec toutefois des éléments de mollesse « joues
pendantes » et « l’œil fixe » qui n’est pas forcément signe de vivacité ou de curiosité (on
parle plutôt d’œil vif, en ce cas).
LB met en mouvement le personnage, qui est montré dans sa marche.

2- C’est alors que se révèle son caractère assuré, voire arrogant et sans gêne : Giton est
décrit dans son rapport aux autres, en société.
D’abord dans la conversation, thème important au XVII e siècle (salons, Cour…) : abondance
de verbes de parole » parle » « fait répéter » « entretient » « dit »
L’attitude avec ses interlocuteurs est nette : La « confiance » le caractérise, et peu d’intérêt
et de respect pour l’interlocuteur. Il « fait répéter » comme s’il n’écoutait pas, « ne goûte
que médiocrement ce qu’il lui dit » :la négation marque ici l’euphémisme : en fait il
n’apprécie pas la parole d’autrui et s’en désintéresse.
Il est sans gêne dans ses actes : ni discrétion, ni élégance : Le « bas corporel » est évoqué : se
mouche, crache, éternue avec fracas et ostentation : Il « déploie » un « ample » mouchoir et
LB emploie des adjectifs comme « grand » (grand bruit quand il se mouche) et des
hyperboles : Fort loin, fort haut : effet d’insistance avec l’adverbe d’intensité « fort » /
Le lecteur peut, dès ce passage, se demander qui est Giton et comment il peut être perçu
par les autres.
On apprend alors qu’il est « grand dormeur » (connotations de paresse), qu’il dort « de
jour » et « de nuit » : L’antithèse accentue le côté indolent et somnolent du personnage, peu
actif apparemment…Plus étonnant, il est dit qu’il « ronfle en compagnie » : Qui peut à ce
point mépriser les règles de savoir-vivre et de politesse pour dormir en public ?
Enfin, LB nous le montre éveillé, à la promenade « avec ses égaux »et nous laisse entendre
qu’il les dirige (paradoxe si ce sont ses égaux). Il mène la cadence et il est suivi.
Le jeu des pronoms est clair : « il » s’oppose à « on » dans ce passage, où l’on croit voir Giton
marcher, s’arrêter, repartir. : C’est un portrait animé.
Il en est de même pour la conversation : Il mène, dirige : Il interrompt / on ne l’interrompt
pas (antithèse) Il redresse (= il corrige) / on est de son avis. La phrase « Tous se règlent sur
lui » conclut la scène et laisse perplexe car Giton n’a pas les qualités d’un honnête homme, il
y a même des connotations négatives au verbe « débiter » dans « on croit les nouvelles.
Qu’il débite » … On peut se demander ce qui cause tant de pouvoir en société.
C’est ensuite dans un salon qu’il est décrit.
C’est sa gestuelle qui intrigue : Comme dans une pantomime, il se donne en spectacle et
manifeste son sans gêne et son arrogance : Il s’enfonce dans un fauteuil, fronce le sourcil,
abaisse son chapeau sur ses yeux : mimiques plutôt hostiles ou méprisantes envers les
autres, ou bien, il relève son chapeau « par fierté et par audace ». Personne ne semble
s’opposer à lui, il est accepté tel qu’il est, ce qui est étonnant.
3- Le bilan :
Le portrait s’achève par un énumération d’adjectifs, parfois contrastés : certains plutôt
positifs : « enjoué », « grand rieur »et prouve de la bonne humeur, d’autres négatifs :
« impatient, présomptueux, colère » ou évoquant des traits de caractères « libertin »= libre
dans sa pensée ou « politique » , c’est-à-dire au courant des secrets d’état. « mystérieux »
venant renforcer « politique » .
Giton est excessif, manque de mesure, mais l’énigme se résout dans la pointe du portrait :
S’il est écouté, suivi, c’est parce qu’il est riche. Les 3 mots qui cloturent le texte, sans lien
logique exprimé permettent au lecteur de comprendre la cause.

CCL : La force de ce portrait tient bcp à sa composition, comme une énigme qui se résout.
LB montre que l’argent influe sur le caractère, le comportement de qq ‘un, mais aussi sur
ceux qui l’entourent.

Citation d’un moraliste du siècle suivant, Nicolas de Chamfort , mais qui s’applique bien ici :
« Au lieu de vouloir corriger les hommes de certains travers insupportables à la société, il
aurait fallu corriger la faiblesse de ceux qui les soufrent (= qui les supportent) )

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