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LINGUA E TRADUZIONE FRANCESE 3

LEZIONE 1
Bande dessinée, BD ou bédé : Séquence d'images, avec ou sans texte,
relatant une action au cours de laquelle les personnages types sont les héros
d'une suite à épisodes (bande feuilleton), (ex: Bécassine, Tintin, Astérix.).
[définition du Petit Robert 2007] : Suite de petits dessins qui racontent une
même histoire ou présentent un même personnage
On l’appelle 9ème art depuis 1964 – définition de l’historien et critique
cinématographique Claude Beylie.
David Weisner : parle de la BD comme art séquentiel
Will Eisner : décrit la BD en tant que « art séquentiel qui allie mots et
images dans le but de raconter une histoire ou de dramatiser une idée »
La critique littéraire italienne : s’est peu intéressée à la BD jusqu’aux
années 1980 – à l’exception d’Umberto Eco, qui s’en est occupé dans un
essai très important, Apocalittici e integrati, paru en 1964.
Il écrivait : La bande dessinée n’est qu’à ses débuts. Lorsque l’étude de la
bande dessinée aura dépassé le stade ésotérique et que le public cultivé sera
disposé à y prêter la même attention soutenue qu’il apporte aujourd’hui à la
sonate, à l’opérette ou à la ballade, on pourra, à travers une étude
systématique de sa signification, dégager son importance pour l’élaboration
de notre environnement quotidien et de nos activités culturelles.
Depuis lors, les choses ont changé à plusieurs essais théoriques sur la BD,
en Italie aussi
vocabulaire de la BD
Une planche de B.D.:
une planche : page entière de B.D., composée de plusieurs bandes.
une bande ou strip: succession horizontale de plusieurs images.
une vignette ou une case : image d’une bande dessinée délimitée par un
cadre.
une bulle ou un phylactère : forme variable qui dans une vignette contient les
paroles ou pensées des personnages reproduites au style direct.
un appendice relié au personnage : permet d’identifier le locuteur. Il prend
la forme d’une flèche pour les paroles et de petits ronds pour les pensées.
un cartouche : encadré rectangulaire contenant des éléments narratifs et
descriptifs assumés par le narrateur, appelés commentaires ou récitatifs.
Dans les bulles :
une onomatopée : mot qui imite un son ; les onomatopées constituent le
bruitage de la bande dessinée.
un idéogramme : icône, symbole ou petit dessin exprimant une pensée ou un
sentiment.
la typographie : manière dont le texte est imprimé : caractères, forme,
épaisseur, disposition...
le lettrage : réalisation à l’encre de Chine des textes et dialogues d'une bande
dessinée. Ce travail est parfois assuré par un spécialiste, le lettreur.
Plans :
les plans : (terme venant du cinéma = série d'images enregistrées en une
seule fois, par une prise de vue ininterrompue) ; en B.D., il s’agit d’une seule
image : façons de représenter le sujet, vu à des distances diverses permettant
de voir une plus ou moins grande partie du sujet, et produisant des effets
variés.
le plan panoramique : vue d’ensemble, de très loin ; prédominance du décor
; détails et personnages très réduits.
le plan général : vue d’ensemble, mais de moins loin ; décor important, mais
détails plus visibles et personnages moins petits.
le plan moyen (“en pied”) : il cadre les personnages en entier ; il précise
l’action.
le plan américain : décor secondaire ; prédominance des personnages,
coupés à mi-cuisse ; il concentre l’attention sur les gestes.
le plan rapproché : personnages vus de près ; coupés à la ceinture ; il met
l’accent sur l'expression psychologique.
le gros plan : le décor disparaît ; il cadre en général le visage et fait ressortir
les jeux de physionomie.

le très gros plan : il coupe une partie du visage ou de l’objet cadré et grossit
l’expression en attirant l’attention sur un détail

Angles de vue :
les angles de vue : différents points de vue sous lesquels se présente
chaque scène d'une bande dessinée ; ils représentent la position de la
“caméra” ou de l’œil du lecteur ; ils contribuent à la lisibilité, à l’ambiance et à
l’interprétation d’une scène.
la plongée : vue de dessus ; elle situe les personnages dans l’espace, les
uns par rapport aux autres et par rapport à leur environnement. Elle permet
également de dramatiser une scène en donnant un sentiment d’écrasement,
d’infériorité, voire de menace sur le sujet représenté.
la contre plongée : vue de dessous ; elle magnifie le sujet, lui donne un
aspect de supériorité et de domination.

Mort & vif de Prudhomme/Hautot : est un road comics halluciné, une


errance nocturne de deux paumés rattrapés par le passé, dépassés par le
présent. David Prudhomme s’empare de cette histoire pour livrer un récit
graphique d’une densité hallucinante. Il joue avec tous les codes de la bande
dessinée pour mieux nous entraîner dans ce voyage jubilatoire.
Philippe Moline, dit Flip, ouvrier dans l’usine Deleter, le leader européen de
l’ouvre-boîte, est quitté par son amoureuse, Patricia, alors même qu’il lui
confectionnait une Tour Eiffel en clefs à sardine. Le lundi suivant, en chemin
pour l’usine, il ne descend pas du bus. Tandis que ses collègues se heurtent
aux grilles fermées de l’entreprise dont les machines ont été vendues et
déménagées durant le week-end, Flip arrive au terminus de la ligne. Hagard, il
n’est plus littéralement que l’ombre de lui-même, une silhouette nonchalante
et sombre, quand il rencontre Trashy, un percussionniste en quête d’un
groupe qui accepte de jouer avec lui. Ensemble, ces deux paumés vont
effectivement se perdre en voiture dans la montagne ardéchoise → Sur cette
route crépusculaire, puis obscure, ils roulent sans but et sans lumière vers
une destination qu’on devine aussi sans espoir. A force de « désespérance »,
ils vont croiser Patricia et les collègues d’usine de Flip qui séquestrent le
patron-voyou les ayant privés de travail. Enfin, au bout de la nuit et du
chemin, à la fois morts et vifs, ils croiseront aussi leur destin… Mort et vif met
en scène des personnages en rupture, amputés du cœur ou de leur emploi,
malgré eux, privés de sens de l’orientation et de sens à leur vie, qui errent
dans un monde dont on les a exclus.
Mort & Vif :
A. Titre
B. Langage argotique / grossier
C. Alternance entre les différents registres linguistiques (surtout
courant/familier/vulgaire)
D. Attention aux onomatopées / aux jeux de mots / au lettrage
E. Emploi fréquent de phrases nominales
Procédés d’enchaînement des vignettes :

une scène : suite d’images se présentant dans le même décor.


une séquence : suite d'images ou de scènes formant un ensemble, même si
elles ne se présentent pas dans le même décor.
le zoom : succession de plans qui rapprochent progressivement le sujet.
le flash-back : “retour en arrière”. On l'utilise en général pour figurer ou
représenter le souvenir d'un personnage, ou pour raconter une action s'étant
déroulée avant la scène que nous sommes en train de lire.
l’ellipse : temps qui passe entre deux cases ou deux scènes. L'ellipse permet
de sauter des événements sans importance afin de ne pas casser le rythme
de l'action. (ou au contraire de ne pas montrer un événement important pour
accentuer un suspense, une sorte de frustration voulue)

L’ellipse : est un moment qui n’est pas montré. peut être utilisé comme
procédé rhétorique pour provoquer un effet comique. Mais de façon plus
courante, l’ellipse est constamment utilisée en bande dessinée pour résoudre
des problèmes pratiques.
Par exemple, dès qu’il est question de voitures , l’ellipse est très souvent
utilisée : la voiture se déplace vite dans des situations d’urgence. Pour se
mettre en marche, elle demande d’effectuer toute une série d’actions inutiles
pour un récit : déverrouiller le véhicule, ouvrir les portes, s’asseoir, refermer la
porte, chercher les clés, mettre le contact, etc.
Vrais ellipses sont utilisées pour créer des effets de mise en cases . Ex: un
effet comique (comme dans le premier exemple de Tintin au Tibet).
L’ellipse peut être utilisée à des fins tout à fait variées. Dans Quai d’Orsay,
elle est utilisée pour caractériser le personnage principal.
Pour un lexique en 4 langues voir :http://www.citebd.org/spip.php?article223

Le roman graphique : a eu un grand succès, c’est un genre destiné aux


adultes, les auteurs n’ont pas de contrainte de longueur et de forme, on
l’achète dans les meilleures librairies et non plus chez les marchands de
journaux.
Selon Goffredo Fofi : le roman graphique est « il campo espressivo e
artistico più vitale oggi al mondo ».
Quel que soit le genre de bande dessinée, dessins et lettrage s’allient
intimement au texte en bulles et en cartouches pour faire défiler le sens avec
une rapidité presque filmique.
Roman graphique : est le domaine par excellence de l’expérimentation : les
auteurs agissent en toute liberté pour un public adulte restreint désormais
éduqué très tôt au verbo-iconique ; un public qui sait donc lire les différents
strates de chaque cadre-case.
L’auteur du roman graphique a besoin :
1. d’un scénario ;
2. de la compétence d’un dessinateur.
La lecture d’une BD est un décodage multi-strates ;
1. il y a d’abord une lecture globale, on se laisse imprégner par
l’ambiance, par le sens général qui s’offre sur les deux planches.
2. Nous parcourons le texte du haut à gauche vers le bas à droite.
3. Puis vient le moment réel de la lecture.
Ce qui essentiel dans toute BD, c’est le rapport de complémentarité entre
l’image et l’écrit qui devrait représenter aussi le centre de l’activité
traduisante.
Le travail d’un traducteur de BD : est de garantir l’harmonie du message
verbo-iconique. Dans le cadre d’une lecture rapide, le traducteur doit assurer
au destinataire le décryptage de la case unique, objet difficile à la fois isolé et
partie du tout narratif. une image animée par un désir d’autonomie mais qui
s’inscrit en même temps dans le récit.
La traduction de la BD : joue un rôle essentiel dans la diffusion de la BD.
Ce type de traduction interpelle aussi la traductologie, qui réfléchit toujours sur
toutes les typologies de transferts, dans les domaines interlinguistique et
intersémiotique ( →relatif à plusieurs modes de représentation)
Les 3 catégories de Roman Jakobson :
1. La traduction intralinguistique : est une interprétation des signes
verbaux au moyen d’autres signes de la même langue.
2. La traduction interlinguistique : est une interprétation des signes
verbaux au moyen d’une quelconque autre langue.
3. La traduction intersémiotique : est une interprétation des signes
verbaux au moyen de systèmes de signes non-verbaux.
Traduire la BD : c’est apprendre à lire la structuration verbo-iconique
complexe de la bande dessinée. Et procéder à l’analyse traductologique de la
bande dessinée, c’est analyser la prise en compte par le traducteur de cette
connivence de la lettre et de l’image.
Le traducteur de BDs doit être un traducteur intersémiotique.
Tout récemment, la traductologie a commencé à étudier la traduction de BDs.
Au début, on s’est surtout occupé :
● Des références culturelles
● Des citations
● De l’humour (comment traduire l’humour)
● Des jeux de mots
● De noms propres
● De la pseudo-oralité
● De la langue parlée relâchée
● De l’onomatopée

La théorie de la traduction et la véritable traduction : vont toujours


ensemble. Ce qui est important quand on analyse la BD, c’est de ne pas
oublier sa dimension d’art séquentiel, d’adopter une approche intersémiotique
pour inviter le traducteur à considérer le déroulement narratif de la BD et à
comprendre que dessin, couleur, lettrage, dimension et forme des cases,
bulles et cartouches forment un TOUT. L’image aussi est culturelle.

Le type de questions que le traducteur intersémiotique doit se poser ?


Le titre : le laisser en langue de départ, le traduire ou l’adapter ?
EX:
● L’autoroute du soleil en It Arrivederci amore
● Dans mes yeux traduit par Nei miei occhi
● Les Schtroumpfs traduit par Gli Strunfi ; et deuxième traduction I Puffi
Ces décisions sont souvent déterminées par des questions de marketing. Ces
choix reflètent la position traductive du traducteur, plus penché vers
l’adaptation culturelle ou vers la transmission culturelle du texte de départ.
La position traductive : le traducteur entretient un rapport spécifique avec sa
propre activité, c’est-à-dire a une certaine conception ou perception du
traduire, de son sens, de ses finalités, de ses formes et modes.
Le traducteur doit assurer d’un éventuel rapport du titre avec les images.
C’est-à-dire qu’il devra prêter attention aux jeux de mots qui dialoguent avec
l’image, par exemple.
Traduire en faisant attention :
● À l’emploi familier de certains pronoms
● Aux expressions qu’on ne peut comprendre qu’à travers le contexte («
ça va comme un lundi, non ?? »)
● Aux expressions idiomatiques (il y en a plusieurs)
● Au participe passé « censé »
● Au langage familier

PRONOMS EN ET Y: La règle générale d’emploi des pronoms en et y dit


qu’on ne peut pas utiliser y et en quand on se réfère a quelque chose
d’animé. Par contre, en parlant de quelque chose animé on devra utiliser à
elle, à lui, de lui d’elle etcetera. Cette règle on l’applique à la langue écrite et à
la lague orale mais dans le langage parlé cette règle n’est pas toujours
observée et donc on utilise y aussi quand on se réfère à quelque chose
d’animée. [ex Tu penses à tes enfants ? Oui, j’y pense beaucoup]
LEZIONE 2
La phrase nominale
La phrase nominale : ( peut aussi être formée d'un adjectif, d'un adverbe...)
est une phrase sans verbe. Privée de l'ancrage situationnel donné par le
verbe, la phrase nominale est particulièrement sensible au contexte.
Exemple: Soit un mot comme "silence". Seul le contexte, la situation
d'énonciation peuvent déterminer s'il s'agit d'une injonction, d'un constat,
d'une didascalie, d'un titre de livre ou de poème...
Deux types de phrases nominales :
● Phrase nominale à un seul terme
● Phrase nominale binaire

Il faudra Distinguer le thème et le propos dans une phrase


Le thème : est ce dont on parle dans la phrase.
Le propos : est ce qu'on en dit ; c'est ce qui fait progresser l'information.
Dans la phrase : Julia portait une robe longue orange à pois verts
Julia est le thème ; portait une robe longue orange à pois verts est le propos.
Le thème n’est pas toujours le sujet de la phrase. Si je dis : Dans le jardin,
on a planté des rosiers et des arbres :c’est le jardin qui est le thème.
Quand il est mis en relief par le présentatif c'est… que, le propos se retrouve
placé avant le thème.
C'est une robe longue orange à pois verts que portait Julia ce soir-là.
La phrase nominale à un seul terme :
● peut être un propos sans thème, c'est le contexte qui supplée à
l'absence de thème. Ex: Pas de chance! Quel âne! Délicieux!
s'appliquent à une personne, une situation ou un objet déjà nommé,
identifié par le contexte. Dans la BD, le contexte est souvent donné par
l’image.
● peut être un thème sans propos, peut énoncer un thème, en laissant
deviner le propos. Ex :Quand, dans "Tintin", la Castafiore hurle « Mes
bijoux ! », tout le monde sait qu'ils ont disparu, ou ont été volés.
La phrase nominale à un terme : cas particuliers
● peut aussi exprimer d'autres situations : "Nuit noire." "Silence sur la
ville. » est très fréquente en poésie
● peut aussi exprimer d'autres situations : Une didascalie, une indication
scénique : "à droite, une table avec un vase." Un titre : D’autres vies
que la mienne d’Emmanuel Carrère. Une apostrophe, une injure : «
Sale bout de petit matin. »
Autres exemples : Des interjections : "boum", "bof", "ciel".
Des apostrophes : "Achille" (deux fois).
Peut-être une simple notation, ou un thème sans prédicat : "une inspiration".
de nombreux prédicats sans thème: "comme ça", "grand fou !", "un cadeau ?",
"un désastre !".
On remarquera que l'essentiel de ces phrases nominales sont exclamatives,
et une interrogative.

La phrase nominale binaire : thème et prédicat


Très souvent, la phrase nominale est binaire : un thème suivi d'un prédicat.
Exemple: La mairie, tout droit ! Ce film, la barbe !
La phrase nominale binaire : prédicat et thème
phrase nominale binaire "prédicat + thème" est très courant aussi.
Exemple: Délicieux, ce gâteau !Nul, ce film ! Allô la terre, ici la lune.
« Pauvres gens, ces anglais. » « Privilégié, moi ? » (H. Vincenot)

LEZIONE 3
Eléments de traductologie (Jean-René Ladmiral et Antoine Berman) :

Pour Jean-René Ladmiral, dans la traduction il y a 2 tendances


principales :
● Les traducteurs sourciers : sont ceux qui s’attachent au signifiant de
la langue, en se focalisant sur la langue-source du texte de départ.
● Les traducteurs ciblistes : privilégient l’« effet » produit par la parole :
ils privilégient le discours, le texte, l’œuvre, qu’il conviendra traduire en
mobilisant les ressources de la langue-cible.
Parmi les traducteurs sourciers, on trouve, selon Ladmiral, Antoine Berman.
Antoine Berman : né en 1942 et mort en 1991. Il n'a publié qu’un ouvrage
achevé “L’épreuve de l’étranger (1984)”, et des articles qui seront publiés
après sa mort dans le recueil “La traduction et la lettre ou l’auberge du
lointain”. Son épouse, Isabelle, s’adonnera à la tâche de faire paraître un
ouvrage quasi achevé “Pour une critique des traductions: John Donne” et 2
séminaires prononcés au collège de philosophie : “L’âge de la traduction”.
Antoine Berman demeure dans le paysage intellectuel comme un des
fondateurs de la traductologie. Il était docteur en linguistique et directeur de
programme au Collège international de philosophie, il possède un bagage de
traducteur. Il a traduit de trois langues : l’allemand, l’anglais et l’espagnol.
Ses dernières années d’existence Berman se consacrait presque uniquement
à son œuvre de théoricien.
« Je ne suis traductologue que parce que je suis primordialement traducteur »
(Berman, 1984 :11). La traduction est sujet et objet d’un savoir propre […].
J’appelle l’articulation consciente de l’expérience de la traduction […], la
traductologie. » (Berman, 1984 :11).
Sono uno specialista della traduzione solo perché sono principalmente un
traduttore. La traduzione è soggetto e oggetto della sua stessa conoscenza
[…]. Chiamo l'articolazione cosciente dell'esperienza della traduzione […]
studi sulla traduzione. »
La traduction et la lettre ou L’auberge du lointain
Berman propose d’envisager l’espace traductif comme un lieu d’accueil pour
l’étrangeté du texte de départ
Dans les premières pages de L’épreuve de l’étranger nous pouvons lire :
«L’essence de la traduction est d’être ouverture, dialogue, métissage,
décentrement. Elle est mise en rapport, ou elle n’est rien ».
Berman Pour lui, la traduction est dialogue.

A partir de la lecture des Romantiques allemands mais aussi de sa réflexion


sur la traduction de La Bible par Luther, l’auteur va défendre l’idée que la
traduction doit être translation, elle doit être réflexion sur l’œuvre à traduire,
sublimer la pulsion de traduire, être décentrement. Celui-ci consiste à
renoncer à la suprématie de sa langue sur la langue du texte de départ. Pour
comprendre ma langue, pour déceler les trésors qu’elle recèle il faut
m’immerger dans la langue autre. André Gide, cité par Berman, écrivait : «
Dans l’apprentissage des langues, ce qui compte le plus n’est pas ce qu’on
apprend, le décisif est d’abandonner la sienne. De la sorte seulement,
ensuite, on la comprend à fond ».

Berman défend donc la traduction éthique, consistant à « reconnaître et à


recevoir l’Autre en tant qu’Autre », et considère que la traduction cibliste est
ethnocentrique. Pour lui, «ethnocentrique» signifie : qui ramène tout à sa
propre culture, à ses normes et à ses valeurs, et considère ce qui est situé en
dehors de celle-ci – l’étranger - comme négatif ou tout juste bon à etre
annexé, adapté…
Berman définit ce qu’est pour lui une mauvaise traduction (qu’il identifie à la
traduction ethnocentrique) : « J’appelle mauvaise traduction la traduction qui,
généralement sous couvert de transmissibilité, opère une négation
systématique de l’étrangeté de l’œuvre étrangère ».

A partir de ses lectures critiques et de son expérience de traducteur Berman


va esquisser une analytique des traductions qui s’en prend aux traductions
ethnocentriques et hypertextuelles
[«hypertextuel» renvoie à tout texte qui s’engendre par imitation, parodie,
pastiche, adaptation, plagiat ou tout autre espèce de transformation formelle,
à partir d’un autre texte déjà existant].

Dans le cadre de son analytique de la traduction, Berman relève et


analyse 13 tendances déformantes:
● la rationalisation,
● la clarification,
● l’allongement,
● l’ennoblissement et la vulgarisation,
● l’appauvrissement qualitatif,
● l’appauvrissement quantitatif,
● l’homogénéisation,
● la destruction des rythmes,
● la destruction des réseaux signifiants sous-jacents,
● la destruction des systématismes textuels,
● la destruction (ou l’exotisation) des réseaux langagiers vernaculaires,
● la destruction des locutions et idiotismes,
● l’effacement des superpositions des langues.
Cette analytique de la traduction va l’amener à proposer une éthique de la
traduction : «L’acte éthique consiste à reconnaître et à recevoir l’Autre en tant
qu’Autre».

Dans son ouvrage posthume Pour une critique des traductions : John Donne,
l’auteur propose une analyse des traductions productive.
Pour lui il faut aller à la rencontre du traducteur, le situer dans l’époque et
l’espace où il vit et a vécu, connaître ses œuvres diverses et l’idéologie qui le
conditionne.

L’auteur dans sa recherche sur le traducteur propose d’analyser la position


traductive du traducteur, qui est un compromis entre sa pulsion de traduire et
le discours dominant de son époque sur le traduire.
Ensuite, il demande de s’attarder sur le projet de traduction implicite ou
explicite et de comparer celui-ci avec le résultat de la traduction.
Enfin, il faut définir l’horizon du traducteur ; Berman s’appuie sur les travaux
de Jauss et Ricœur. Pour lui, le traducteur est conditionné par son époque, la
façon d’écrire qui domine, l’idée qu’on se fait de la traduction, etc. L’horizon du
traducteur « désigne ce qui clôt, ce qui enferme le traducteur dans un cercle
de possibilités limitées » (Berman, 1995 : 80).
C’est à partir de ces considérations que Berman propose sa méthode
d’analyse. Elle consiste à lire d’abord la (les) traduction(s) sans se référer au
texte de départ, puis à lire celui-ci en oubliant les traductions pour finir par une
comparaison du texte de départ avec la (les) traduction(s).

Planches 1-4; pp. 3-6


● Traduire en faisant attention :
● À l’emploi familier de certains pronoms
● Aux expressions qu’on ne peut comprendre qu’à travers le contexte («
ça va comme un lundi, non ?? »)
● Aux expressions idiomatiques (il y en a plusieurs)
● Au participe passé « censé »
● Au langage familier

CNRTL – Définition de « moral » (subst. masc.)


B. − Disposition de l'esprit qui porte une personne à réagir plus ou moins
vigoureusement dans des circonstances difficiles.
SYNT. Bon, mauvais moral; moral bas, élevé, excellent, de fer; avoir, garder,
perdre le moral; avoir le moral solide; affaiblir, casser, épuiser, maintenir,
remonter, ruiner, saper, soutenir le moral (des blessés, des troupes); briser le
moral de l'adversaire.
− Loc., fam.
♦ Avoir le moral à zéro : Manquer de confiance, être très découragé.
Avoir le moral dans les chaussettes/dans les talons : Avoir le moral au
plus bas
● Avere il morale a terra
● Essere giù di corda/giù di morale
● Avere il morale sotto i piedi
REMARQUE : Pour "arriver", "se passer", "rester", ces verbes, qui peuvent
avoir une construction impersonnelle ou non, on a le choix : "Je ne sais pas ce
qui se passe" ou "ce qu’il se passe", "ce qui arrive" ou "ce qu’il arrive", "ce qui
me reste à dire" ou "ce qu’il me reste à dire"…
Être dans les choux: Être dans une mauvaise situation.
Faits divers : Trésor : « Menus événements du jour rapportés par la presse ».
P. méton. Rubrique d'un journal sous laquelle sont groupés ces événements.
Garzanti :
1. fatto di cronaca
2. pl. (pagina di) cronaca (f.): tu trouveras cet article dans les faits-divers,
troverai quell’articolo nella pagina di cronaca.
LEZIONE 4
Les tendances déformantes selon Antoine Berman
Qu’est-ce que la « lettre » du texte d’après Berman ?
En dépit de plusieurs interprétations erronées de cette expression, respecter
la lettre ne veut donc absolument pas dire « faire du mot à mot », la lettre
étant en quelques sortes la forme propre à chaque texte. La traduction de la
lettre doit porter son attention sur le « jeu des signifiants », les spécificités
phoniques, le rythme, dans la mesure où « lettre et sens sont à la fois
dissociables et indissociables » (Berman 1999 : 14).

[Mon] analytique [de la traduction] part du repérage d’un certain nombre de


tendances déformantes, qui forment un tout systématique, dont la fin est la
destruction, non moins systématique, de la lettre des originaux, au seul profit
du « sens » et de la « belle forme » […]
J’évoquerai ici 13 de ces tendances. Il y en a peut-être d’autres ; certaines se
recoupent, ou dérivent des autres ; certaines sont bien connues, ou peuvent
paraître ne concerner que notre langue classicisante. Mais en fait, elles
concernent toute traduction, quelle que soit la langue, du moins dans l’espace
occidental (Berman).

La rationalisation : – écrit Berman – porte au premier chef sur les structures


syntaxiques de l’original, ainsi que sur cet élément délicat du texte en prose
qu’est sa ponctuation. La rationalisation re-compose les phrases et
séquences de phrases de manière à les arranger selon une certaine idée de
l’ordre d’un discours. La grande prose – roman, lettre, essai – a, nous l’avons
brièvement dit, une structure en arborescence (redites, prolifération en
cascade des relatives et des participes, incises, longues phrases, phrases
sans verbe, etc.) qui est diamétralement opposée à la logique linéaire du
discours en tant que discours. La rationalisation ramène violemment l’original
de son arborescence à la linéarité (Berman).

dans une traduction de la prose de Gustave Flaubert Il y a un type de période


propre à Flaubert, et sur lequel il retombe immanquablement dès qu’il
s’applique davantage […]. C’est la période ternaire, dont les trois membres
sont souvent rangés dans un ordre de grandeur, soit croissante, soit
décroissante (Thibaudet).

Il se déclama des vers mélancoliques ; il marchait sur le pont à pas rapides ; il


s’avança jusqu’au bout, du côté de la cloche, — et, dans un cercle de
passagers et de matelots, il vit un monsieur qui contait des galanteries à une
paysanne, tout en lui maniant la croix d’or qu’elle portait sur la poitrine
(Flaubert).
Tableau flaubertien en trois parties :
● 1) Moreau se déclame des vers ;
● 2) il marche ;
● 3) il va vers la cloche
et, en outre, il voit la scène du monsieur et de la paysanne.

Il se déclama des vers mélancoliques ; il marchait sur le pont à pas rapides ; il


s’avança jusqu’au bout, du côté de la cloche, — et, dans un cercle de
passagers et de matelots, il vit un monsieur qui contait des galanteries à une
paysanne, tout en lui maniant la croix d’or qu’elle portait sur la poitrine
(Flaubert).
Camminava sul ponte a passi veloci, declamando fra sé versi melanconici. Si
spinse fino all’estremità, dalla parte della campana; in un crocchio di
passeggeri e di marinai vide un signore che faceva il galante con una
contadina, gingillandosi nel contempo con la croce d’oro che lei portava sul
petto (Flaubert traduit par Giuseppe Pallavicini Caffarelli - Mondadori).

Il se déclama des vers mélancoliques ; il marchait sur le pont à pas rapides ; il


s’avança jusqu’au bout, du côté de la cloche, — et, dans un cercle de
passagers et de matelots, il vit un monsieur qui contait des galanteries à une
paysanne, tout en lui maniant la croix d’or qu’elle portait sur la poitrine
(Flaubert).
Camminava sul ponte a passi veloci, declamando fra sé versi melanconici. Si
spinse fino all’estremità, dalla parte della campana; in un crocchio di
passeggeri e di marinai vide un signore che faceva il galante con una
contadina, gingillandosi nel contempo con la croce d’oro che lei portava sul
petto (Flaubert traduit par Giuseppe Pallavicini Caffarelli - Mondadori).
● les deux premières phrases ont été inversées et liées par une virgule
● la deuxième étant suivie par un point marquant une pause forte ;
● en outre, la conjonction « et », si typique du « trottoir roulant »
flaubertien, a été effacé
La clarification : « Il s’agit d’un corollaire de la rationalisation, mais qui
concerne plus particulièrement le niveau de ‘clarté’ sensible des mots, ou leur
sens. Là où l’original se meut sans problème (et avec une nécessité propre)
dans l’indéfini, la clarification tend à imposer du défini.
[La clarification] vise à rendre clair ce qui ne l’est pas dans l’original. Le
passage de la polysémie à la monosémie est un mode de clarification. La
traduction paraphrasante ou explicative, un autre ». (Berman)

Traduire l’expression « prendre du dos » dans Parade de Rimbaud


Parade est un fragment des Illuminations. La « parade sauvage » emprunte
des éléments à la parade d’un cirque : on y trouve des bohémiens, des
démons, des maîtres jongleurs, etc..
« Il y a quelques jeunes (…) pourvus de voix effrayantes et de quelques
ressources dangereuses. On les envoie prendre du dos en ville, affublés d’un
luxe dégoûtant. »

« Il y a quelques jeunes (…) pourvus de voix effrayantes et de quelques


ressources dangereuses. On les envoie prendre du dos en ville, affublés d’un
luxe dégoûtant. »
Li mandano a farsi le ossa in città, infronzoliti da un lusso disgustoso. (Diana
Grange Fiori - <<Meridiani>>, Mondadori)
Li mandano in città a farsi le ossa, agghindati con un lusso schifoso (Ivos
Margoni – Feltrinelli)

Il y a quelques jeunes (…) pourvus de voix effrayantes et de quelques


ressources dangereuses. On les envoie prendre du dos en ville, affublés d’un
luxe dégoûtant. »
Li mandano in città a prenderselo dietro, agghindati con lusso schifoso* (Gian
Piero Bona – Einaudi)
*note de Bona : « Non mi pare proprio nello stile di Rimbaud, il parlare di
giovani (…) agghindati con un lusso schifoso per essere poi spediti in città a
farsi le ossa (cfr. Matucci). La frase popolaresca ha un significato ancor più
rafforzato dal contesto, chiaramente osceno. Nel violentissimo Paradiso della
moina imbestialita dove vi sono crudeli maneggi di fronzoli! i damerini non
vanno certo a farsi le ossa, a formarsi, a quadrarsi le spalle, ma a prenderselo
in… »

« Il y a quelques jeunes (…) pourvus de voix effrayantes et de quelques


ressources dangereuses. On les envoie prendre du dos en ville, affublés d’un
luxe dégoûtant. »
Ci sono alcuni giovani (…) dotati di voci spaventose e di qualche risorsa
pericolosa. Vengono spediti in città a prendere di schiena, agghindati con un
lusso disgustoso.
L’allongement : « Toute traduction est essentiellement plus longue que
l’original. C’est là une conséquence, en partie, des deux premières tendances
évoquées. Rationalisation et clarification exigent un allongement, un
dépliement de ce qui, dans l’original, est ‘plié’. Mais (…) l’ajout n’ajoute rien
(…). Les explications rendent peut-être l’œuvre plus ‘claire’, mais
obscurcissent en fait son mode propre de clarté. L’allongement, en outre, est
un relâchement portant atteinte à la rythmique de l’œuvre » (Berman).

Exemple tiré de : Florence Gaillard, Étude de traduction et retraduction de La


cartomancienne de Machado de Assis

L’ennoblissement : rendre plus « beau » le texte de départ


« La rhétorisation embellissante consiste à produire des phrases ‘élégantes’
en utilisant pour ainsi dire l’original comme matière première.
L’ennoblissement n’est donc qu’une ré-écriture, un « exercice de style » à
partir (et aux dépens) de l’original » (Berman).
Exemples tirés de « Magrelli traduit De Chirico : concordances dans les
circuits du visible » - Emanuela Nanni
« Palmiers » devient « palmizi » au lieu d’un plus ordinaire « palme ». « Petit
chien amoureux » est rendu par « un piccolo cane amoroso » au lieu de «
cagnolino affettuoso/adorabile ». Le calque « amoroso » non seulement teinte
le vers italien d’étrangeté mais il est aussi un hommage à la poésie classique
italienne ( → Dante).
La destruction des rythmes: Berman rejoint les idées d’Henri Meschonnic,
pour qui le rythme est « le signifiant majeur du texte », « le mouvement de la
parole dans le langage ».
Pour Meschonnic, le rythme dans le langage [est] l’organisation des marques
par lesquelles les signifiants, linguistiques et extra-linguistiques (dans le cas
de la communication orale surtout) produisent une sémantique spécifique,
distincte du sens lexical, et que j’appelle la signifiance, c’est-à-dire les valeurs
propres à un discours et à un seul. Ces marques peuvent se situer à tous les
« niveaux » du langage : accentuelles, prosodiques, lexicales, syntaxiques
(Meschonnic).

La destruction des rythmes : Bonnefoy et L’infini de Leopardi

La destruction des réseaux signifiants sous-jacents : le cas de la


première traduction française de Se una notte d’inverno un viaggiatore (tiré de
O. Tajani, Après Berman, ETS, 2021)
« Toute œuvre comporte un texte « sous-jacent », où certains signifiants clefs
se répondent et s’enchaînent, forment des réseaux sous la « surface » du
texte, je veux dire : du texte manifeste, donné à la simple lecture. C’est le
sous-texte, qui constitue l’une des faces de la rythmique et de la signifiance
de l’œuvre » (Berman).

Stai per cominciare a leggere il nuovo romanzo Se una notte d’inverno un


viaggiatore di Italo Calvino.
Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver
un voyageur.
Sto cominciando a leggere il nuovo romanzo di Italo Calvino !
Je commence le nouveau roman d’Italo Calvino !
Una volta si leggeva in piedi, di fronte a un leggio (Calvino 1979 : 3-4).
Autrefois, on lisait debout devant un lutrin (Calvino 1995 : 9-10).

L’effacement de la superposition des langues : « Dans une œuvre en


prose – au premier chef romanesque – les superpositions de langues sont de
deux sortes : des dialectes coexistent avec une koinê, plusieurs koinai
coexistent […]. Dans les deux cas, la superposition des langues est menacée
par la traduction » (Berman).
● Mec
● Capote
● Boulot
● Rond -> ivre (voir aussi la diapositive suivante)
● Blase/blaze → nom
● Bol → chance

Les termes bourré (arg.), rond (pop.), saoul-soûl (fam.) sont des synonymes
de l’adjectif ivre.
Une chanson du chanteur toulousain Charles Nougaro joue sur ces
synonymes et sur des homophonies créées à partir de ces mots. Cette
chanson s’appelle Je suis sous : le chanteur essaye de pousser sa copine à le
pardonner et de la convaincre qu’il a arrêté de boire. Cependant, son discours
est très ambigu…
Écoutez la chanson et regardez la vidéo au lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=-BoR7V6oLKw
Ensuite, découvrez les paroles de la chanson dans la diapositive suivante →
Je suis sous sous sous sous ton balcon sous (préposition)/saoul homophones
Comme Roméo ho! ho! Marie-Christine
Je reviens comme l'assassin sur les lieux de son crime
Mais notre amour n'est pas mort, dis-moi que non
[…]
Je suis ron ron ron rongé d'remords « ron » (première syllabe de rongé)/rond
homophones
J'suis un salaud ho! ho! Marie-Christine
Je t'en prie, encore une fois montre-toi magnanime
Donne-moi une chance encore, dis, recommençons
[…]
J'suis bourré bourré bourré de bonnes intentions bourré plein ; ivre
J'ai trouvé du boulot ho ! Marie-Christine….

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